œ 3 Kerr Pas RSS RES ES a: LE He PAST FRA FE je rt M Hi ol ja ci je A pi ptet + Pl fl 1 | cs 7] CHENE 1/4 ml RATE HITS, #) 24 f EEE # $ ÿ 4 fi mm me he ne, | SIR WILLIAM CROOKES, D.Sc., FRS. Keoue générale ES Sciences pures el appliquées TOME TREIZIÈME AVE, Ë Dei # Fr U Fe Revue générale des S'ciences pures el appliquées PARAISSANT LE 15 ET LE 30 DE CHAQUE MOIS DIRECTEUR : Louis OLIVIER, Docreur Ès Sciences TOME TREIZIÈME 1902 AVEC NOMBREUSES FIGURES ORIGINALES DANS LE TEXTE Librairie Armand Colin 5, rue de Mézières, Paris 13° ANNÉE 15 JANVIER 1902 Revue générale D0S Scienc , DIRECTEUR : dans le grand amphithéâtre de Physique, une séance présidée par le général André, ministre de la Guerre, dans laquelle les anciens élèves de M. Mannheim ont Ecole Polytechnique : MM. Jourdan, Humbert, Poin- “caré, Painlevé, Sarrau, Léauté, Cornu, Becquerel, Lemoine, Rouché, Callandreau, A. Gautier, de l'Institut; me général André, le général Florentin, grand chan- …celier de la Légion d'honneur, les généraux Roux, Debatisse, Percin; tous les professeurs et examina- teurs de l'Ecole et les deux promotions des élèves. Des discours ont été prononcés par M. Mercadier, président du Comité de souscription; par M. Rouché, _ Sur les travaux scientifiques de M. Mannheim; par le | général Debatisse, commandant | Ecole; par M. Aubrun, | major des élèves, et enfin par le général André. $ 2. — Astronomie La planète Eros : détermination de la pa- rallaxe. — La campagne, la collaboration poursuivie avec tant de dévouement par un grand nombre d'ob- Servatoires ‘, est aujourd'hui terminée, quant à sa pre- mière phase d'observation, et il importe de savoir sile » Succès va répondre suffisamment aux efforts développés etàl'imposant ensemble des documents recueillis. Nous possédons déjà des renseignements très complets, mais il faut y regarder de prés pour apprécier si, dans la | réduction, dans la publication, il règne une harmonie Suffisante pour ne pas retarder longtemps encore la solution définitive du problème cherché — à moins de la fonder sur des données incomplètes. 1} | ( . Voyez à ce sujet : La planèle Eros et sa prochaine oppo- Sition, daus la Zevue du 15 décembre 1900, p. 1254 et suiv. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Et, tout d’abord, il faut dresser une table des matières des observations effectuées dans les différents établis- sements. Ici deux groupes : dans le premier, on effectue des observations photographiques, incomparablement plus faciles, moins fatigantes, et d'une répétition plus aisée que les observations micrométriques, et les prin- cipaux observatoires qui se distinguent par leur zèle sont ceux d'Alger, Cambridge, Oxford,..….; puis, les observations micrométriques, qui sont particulièrement multipliées à Besancon, Lyon, Marseille, Paris, très nombreuses aussi à Nice, Teramo, Williams-Bay. Mais là, déjà, nous allons nous heurter à une petite difficulté : pour déterminer les étoiles de repère des clichés, il faut réduire les observations mériiiennes ; or, chaque observatoire a son processus particulier, ses méthodes et ses tables propres, de sorte qu'il est fort à craindre que les données définitives ne présentent des anomalies qu'il serait superflu de vouloir discuter après coup. Au reste, il nous faudra revenir sur ce point, que nous indiquons seulement dans l'exposé sys- tématique des opérations. Quant au calcul des coor- données équatoriales des étoiles de comparaison, soit dans la série spéciale des clichés, soit sur les clichés directement consacrés à la photographie d'Eros, c’est là un travail considérable et qui ne laisse pas d'entrai- ner des frais élevés; sans doute, quelques personnes conseillent d'opérer d'une “manière expéditive, de ne mesurer que les étoiles de comparaison effective, mais c’est un mauvais conseil : on obtiendrait de la sorte une parallaxe bâtarde, qui pourrait gêner les recherches plus précises, et la fièvre de rapidité en cette occur- rence ne porterait pas de bons fruits. En outre, on avait décidé d'étudier l'action de cer- taines causes physiques, par exemple l'influence des traîinées que provoque le mouvement de l’astre pen- dant les opérations photographiques : les recherches furent faites dans des conditions variées, et l'on me- sura les distances des centres des traînées. La conclu- sion des observateurs est que les trainées ne semblent devoir introduire aucune erreur dans la mesure des coordonnées rectilignes; à notre avis, il n'y a rien à conclure des expériences, telles qu’elles ont été con- duites du moins. En effet, on est en présence de quan- 1 19 tités qui varient, sur une même plaque, de + 0,29 à — 0",38, soit 7 dixièmes de seconde; on en fait les moyennes suivant la grandeur stellaire, le tout au cen- tième de seconde, on obtient des nombres qui ne diffèrent plus que de 0,13, et l'on en conclutque tous cesnombres sont identiques, car l'erreur probable d'une distance est d'environ 0,1. Mais alors, pourquoi des écarts de 0",7? Et pourquoi l'intervention de tous ces centièmes de seconde dans les mesures au dixième près? Nous allons bientôt les retrouver, ces centièmes de seconde. Toutes les considérations qui permettraient de fixer déjà une erreur probable pour la parallaxe, déduite de deux observations seulement, sont bien prématurées : c'est là un petit jeu d'analyse combinatoire ; mais, aussi bien, à quoi sert-il, puisque, réellement, il ne sera pas calculé délinitivement avec deux observations? Aussi n'analysons-nous pas fout ce qui s'y rapporte, et l'at- tention doit être arrêtée seulement par une Notice de H. Struve ; il s’agit ici de savoir avec quelle exactitude on peut déluire la parallaxe dans un observatoire très boréal, où la base de triangulation parallactique est notablement amoindrie. L'erreur probable dans les observations de Struve, d'après leur concordance, est évaluée à --0",077, et l'on peut en conclure que la parallaxe ainsi calculée ne se trouverait affectée que d'une erreur probable de +0",03, abstraction faite, bien entendu, de toute erreur systématique. Ainsi les observations locales permetiraient déjà de résoudre le problème en question avec une précision assez salis- faisante; il faut donc attendre le plus grand bien de la collaboration entre tous; mais on voit aussi quil s'agit d'observations qui concordent autrement mieux que dans le cas précédemment cité de l'étude sur les trainées. Mais il n'y a pas à dire : la photographie el sa pré- cision absolue sont à la mode et, bien que l'étude des traînées soit reprise superficiellement par M. Lœæwy, il adopte l'opinion des premiers observateurs. Cependant, sa confiance est plutôt instinctive, et nous la trouvons bien exprimée de la manière suivante : « Il aurait fallu répéter plusieurs fois le travail (les pointés de trainées) en ayant recours à des observateurs différents. Mais, ayant d'avance la certitude que les légers écarts cons- tatés n'étaient qu'apparents et disparaitraient par la multiplication des opérations, il ne nous a pas paru utile d'entreprendre des labeurs considérables et peu justifiés. En résumé, cette nouvelle recherche confirme les résultats déjà indiqués dans la circulaire précé- dente. À l'aide de la planche ci-contre (reproduction d'un cliché agrandi deux fois), chaque astronome aura la facilité de pouvoir vérifier de visu les conclusions ui se dégagent des études que nous avons exécutées, sur le désir de la Conférence internationale. » Comment faut-il donc entendre une vérification scien- üfique de visu ? et que devons-nous penser de la re- cherche d'un résultat, quand on a, d'avance, une certi- tude? Tout simplement ceci : l'erreur correspondante ne doit pas être considérable si l’on opère toujours à peu près sur des grandeurs stellaires voisines, avec des temps de pose analogues; et, dans l'ignorance d’un tel effet, mieux vaut le négliger sciemment que de le réduire approximativement à zéro. Nous n'insisterons pas sur une aulre cause d'erreurs, d'ordre physique, à savoir la réfraction dans la direc- tion du mouvement diurne : il s’agit ici de termes cor- rectifs dont la détermination pratique est développée par un Mémoire de M. Comstock. Par ailleurs, M. Com- stock étudie la précision des observations d'Eros qui ont été effectuées à Madison, et le résultat concorde d'une manière intéressante avec celui de Struve : l'erreur probable peut être évaluée à 07,072 environ. De son côté, M. À. R. Hiuks indique la construction de diagrammes, qui peuvent faciliter l'analyse des ob- servalions de la planète Eros pour la parallaxe solaire, mais ceci nous feraitrentrer dans la solution définitive. Un autre groupe de recherches avait été décidé sur CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE la dispersion atmosphérique, en vue de la détermina- tion précise des positions d’Eros; en ce qui concerne l'influence de la seule dispersion photographique, deux clichés de spectres furent obtenus par M. Henry, et il suffisait d'examiner si la longueur d'onde moyenne de la lumière de la planète diffère de celle des astres en- vironnants. Pour chaque cliché on fit deux poses, l’une en suivant une étoile, l’autre en suivant la planète ; les mesures sont effectuées à 4 décimales ; mais, en réalité, on trouve, d’une étoile à la voisine, des différences de longueurs d'onde de 04,05. Si l’on veut ainsi réduire un peu la précision, etelle est peut-être encore suffisante, on peut dire que la constante de la réfraction ne varie pas avec la grandeur des étoiles, et que la planète Eros parait se comporter spectralement comme les étoiles; d'ailleurs, on savait déjà que la planète produit sur la plaque photographique une image égale, en intensité, à celle des étoiles de même grandeur visuelle. Mais nous ne pouvons songer à rendre compte plus en détail des travaux des différents observatoires ; c'est un volume qu'il nous faudrait écrire dès à présent. Nous avons signalé l'erreur qui consiste à vouloir atteindre une (rop grande précision, et nous sommes obligé d'y revenir en ce qui concerne les étoiles de repère, obtenues par des observations méridiennes ; un grand nombre sont entièrement réduites, et leurs positions peuvent être comparées, résultats de diffé- rents observatoires. Or, la conclusion est peu encoura- geante; d'un point à un autre, en parcourant quelques résultats, on trouve des ascensions droites qui diffèrent de 0,56, et des déclinaisons divergentes à 2,5 près. De tels écarts sont incompalibles avec la délicatesse appa- rente des mesures; comment va-t-on y remédier ? Nous pouvons pressentir déjà comment l’on va se tirer d'embarrras; dans un long mémoire, il nous est rendu un compte exact de la méthode des moindres carrés et de son application au calcul des erreurs. Est- elle applicable au tic à la cible tout comme aux variations des conditions météorologiques d'observa- tion? C’est ce qui n’est pas établi. Mais la tendance est bien indiquée; on va distribuer des poids aux observa- tions, manière comme une autre d'écarter discrète- ment celles qui gènent, puis fondre le tout dans un ensemble, Mais alors, nous craignons fort qu'il soit impossible de s'y reconnaître dans le mélange : pro- cédés différents pour-la réduction dans les différents observatoires, et observations taxées. En tout cas, le procédé n'est pas naturel. M. le directeur de l'Observatoire de Paris pense que | l’on pourra, d'ici à environ deux années, entreprendre le calcul de la parallaxe. Si l'on utilise les observa- M tions toutes réduites, affectées de coefficients, il est à | craindre que le calcul soit assez arbitraire, en quelque sorte, et que l’on ne puisse dire en pleine connaissance de cause quelle confiance il faut accorder au résultat ; si l'on veut employer les documents originaux, c'est un labeur immense. Quelque astronome sera-t-il assez audacieux pour y consacrer son existence? Sinon, il faudra créer un bureau de calculs pour obtenir lan parallaxe. De toutes façons le but est très élevé, et il serait extrèmement désirable de l’atteindre : reste à savoir quand, et comment, on y parviendra. Sur un cycle de variations périodiques, du Soleil. — La Aevue a, dans sa livraison du 15 n0 vembre dernier (p. 941), fait connaître à ses lecteurs la découverte, annoncée par Sir W. Lockyer à la Société Royale de Londres, d'un nouveau cycle ad variations périodiques du Soleil, dont la durée est d'environ 35 ans. M. Hallauer, inspecteur des Eaux et Forêts à Nice correspondant météorologique de la Revue de Viticul= ture, nous écrit à ce sujet qu'il a non seulemen signalé, déjà en 1898, ce grand cycle de 35 ans, mais qu'il en a indiqué les causes dans las?evue de ViticulA ture du 21 mai 1898. M. Hallauer a basé, sur celle, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 3 période solaire de 35 ans, toute une théorie des tem- pêtes périodiques, qu'il a publiée en février 1901; la réalisation complète de ces tempêtes a, du reste, prouvé l'exactitude de sa théorie. $ 3. — Physique Recherches sur la bobire d'induction. — Malgré de nombreux travaux consacrés dans ces der- uières années à la théorie de la bobine d'induction, plusieurs facteurs importants de son mode d'action sont encore insuffisamment connus. On sait bien, en revanche, qu'une chute très brusque du courant, au moment de la rupture du circuit primaire, est une con- dition essentielle d’une grande longueur d’étincelle; et c’est précisément dans le but d’abréger cette rupture et d'empêcher la formation de l'arc que l’on intercale un condensateur dans le primaire. Si la rupture pouvait être rendue absolument subite par d’autres moyens, on devrait considérer la présence du condensateur dans le circuit comme inutile, ou même comme nuisible jusqu’à un certain point. D'ailleurs, le condensateur ne peut agir d'une facon efficace que si l'induction propre dans le primaire est suffisamment réduite. Ces diverses questions viennent d’être soumises, par lord Rayleigh, à une étude expéfimentale qui l’a con- duil à des résultats particulièrementnets. Lesrecherches de l'illustre physicien ont porté sur la longueur d'étin- celle d’une bobine munie ou non d'un condensateur, et dont on cherchait à rendre la rupture aussi soudaine que possible. Les premiers résultats furent tout à l'avantage du condensateur. Ainsi, en provoquant la rupture au moyen d’un poids tombant de quätre mètres de hauteur sur une bascule, la longueur de l’étincelle était de 8um5 sans condensateur, et de 14 millimètres avec ce dernier, quel que fût l'interrupteur employé, alors qu’une inter- ruption faite à la main donnait, sans condensateur, une longueur d’étincelle de 8 millimètres. + Cependant la longueur de l’étincelle était augmentée lorsque, au lieu du grand condensateur de la bobine, on employait un simple carreau de Franklin, surtout si l’on diminuait le courant primaire en introduisant encore 1 ou 2 ohms dans le circuit, qui contenait un seul élément Grove. On pouvait en conclure que le “ondensateur, nécessaire pour supprimer l'arc des cou- -rants intenses, est moins'important pour les courants faibles, et que les premiers exigent une rupture encore beaucoup plus rapide que celle que l’on provoque par les procédés ordinaires. …._ Après divers essais infructueux, on recourut à la rup- “ture du fil par une balle de pistolet, et l'on obtint “immédiatement, avec trois ou quatre Grove, une lon- “cueur d'étincelle de 40 millimètres sans condensateur, “longueur sensiblement égale à celle que donnait l'in- | terrupteur à contacts de platine avec le condensateur. Puis, réduisant de moitié la longueur de Ja balle pour augmenter sa vitesse, on obtint une bonne proportion d'étincelles dans un intervalle de 50 millimètres, tandis que les éclatements étaient très rares avec l’interrup- teur à mercure dans l'huile et lecondensateur; la balle sans condensateur était donc préférable au meilleur interrupteur usuel avec le condensateur. Pour augmenter encore la vitesse, on employa une balle de fusil. Avec un intervalle de 60 millimètres, on | obtenait régulièrement de bonnes étincelles, alors que l'interrupteur à mercure avec le condensateur ne don- nait plus que des aigrettes, et il fallait écarter les pointes jusqu'à 70 millimètres pour obtenir des effets analogues dans l'emploi de la balle de fusil. Ces expériences montraient, d’une facon évidente, que le condensateur est absolument inutile lorsqu'on arrive à une suffisante soudaineté d'interruption. Mais il restait à déterminer l'effet du condensateur lorsque la première condition est réalisée. Ici, les résultats sont indiscutables et particulièrement instructifs. Tan- dis que, avec six Grove, la longueur de l’étincelle écla- tait régulièrement dans un intervalle de 90 millimètres sans condensateur, on n’en obtenait jamais lorsque le condensateur était dans le circuit. Ces expériences mettent définitivement en lumière un point très délicat de la théorie de la bobine, dont les constructeurs pourront, comme les physiciens, faire leur profit. K 4. — Photographie La précision des images photographiques. — Lorsqu'on examine, au moyen d'un microscope, l'image optique donnée par un bon objectif photogra- phique, on constate que la précision de cette image est incomparablement plus grande que celle d’un négatit photographique, obtenu avec le mème objectif dans les conditions ordinaires d'opération. La plaque photogra- phique à enregistré une image qui, à l'œil, peut paraitre nette à priori, mais qui ne supporte pas l’agrandisse- ment microscopique et dont la finesse est très infé- rieure à celle de l’image optique. Il était intéressant de préciser les causes de cette imperfection et de tenter d'obtenir des négatifs présen- tant le maximum de netteté. MM. A. et L: Lumière et M. Perrigot viennent de se livrer à l'étude de cette question, et ils ont pu mettre en évidence les prin- cipales causes de cette allération des images photo- graphiques. 1° Znfluence du grain de la préparation sensible. — On sait que le bromure d'argent, qui constitue la substance sensible des plaques photographiques, se présente sous forme de grains dont les dimensions varient avec la sensibilité de l'émulsion. MM. Lumière et Perrigot ont successivement exposé, à l’action de la lumière, des plaques photographiques préparées sur glaces planes à l’aide d’émulsions de sensibilités très différentes, depuis l'extrême rapidité correspondant à des grains de sel haloïde d'argent de dimension maximum, jusqu'à la lenteur limite que réalisent les émulsions spéciales uti- lisées dans la photographie des couleurs par le procédé Lippmann et dans lesquelles aucun grain n'est visible au microscope, quel que soit le grossissement. Ils ont alors constaté que la granulation de la couche sensible est la cause principale du manque de précision des images. Les particules de bromure d'argent diffusent la lumière qui les frappe. étalent les images et diminuent ainsi la netteté dans des limites d'autant plus étendues que les grains de la préparation sont plus gros; 20 Influence de faibles erreurs dans la mise au point. — Dansles appareils photographiques ordinaires, la mise au point n’est réalisée que d’une facon approximative : l'emploi d’une simple loupe, d'un verre dépoli ou douci toujours trop grossier, la non-coïncidence parfaite du verre dépoli et de la plaque sensible, le défaut de pla- nité de cette dernière sont des causes qui contribuent à diminuer la précision de la mise au point. MM. Lumière et Perrigot ont essayé de déterminer les limites de la tolérance et de fixer les écarts que l'on peut se permettre lorsqu'on veut obtenir des images d'une nettelé donnée. Pour l'appareil dont ils se ser- vaient, une tolérance de 0,25 millimetre leur a paru le maximum compatible avec l'obtention d'une boune image ; 3° Influence de l'aberration chromatique résiduelle. — La correction incomplète de l’aberration peut être incriminée pour certains objectifs; mais, pour les bons objectifs, son influence est tout à fait négligeable; 4° Influence du diaphragme. — Lorsqu'il s’agit d'étu- dier les détails les plus délicats des astres dans la lunette astronomique, ou des infiniment petits dans le micro- scope, on cherche toujours à augmenter l'ouverture des objectifs. En photographie, au contraire, on admet géné- ralement que l’on augmente la précision des épreuves en diaphragmant l'objectif. Les expériences de MM. Lumière et Perrigot montrent qu'il n’en est pas tout à fait ainsi. Le diaphragme au- mente bien, en effet, la netteté générale de l’image, en 1 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE corriseant cerlaines aberrations et surtout en augmen- laut Ja profondeur du foyer. Mais, si l'on considère seulement la région centrale de l’image, et en admet- tant, en outre, que la correction des aberrations de l'objectif soit suffisante,on peut constater, en agrandis- sant fortement cette image, que sa précision est d'autänt plus considérable que l'ouverture de l'objectif est elle- mème plus grande. En somme, il résulte de ces expériences que, lors- qu'on voudra obtenir, sur une plaque photographique, une image extrèmement précise, susceptible d'être agrandie fortement, il faudra : 1° Faire usage de plaques photographiques sans grain, analogues à celles que l'on emploie dans la méthode interférentielle; 20 Recourir à un dispositif permellant une mise au point aussi parfaite que possible; 3° S'assurer de la valeur de l'objectif, principalement au point de vue de la correction des aberrations, et modi- lier, s'il y a lieu, la mise au point, dans le cas où cet objectif aurait un foyer chimique ; 4 Siles aberrations de l'objectif sont suffisamment bien corrigées, opérer avec l'ouverture maximum. $ 5. — Chimie physique La règle des phaseset les cristaux mixtes. — La règle des phases! ne semble douteuse à aucun physico-chimiste; théoriquement établie par Gibbs, elle a toujours été vérifiée par l'expérience, et, tout en conservant le nom modeste de « règle », elle possède tous les titres à être considérée comme une loi fonda- mentale, régissant tous les équilibres, tant physiques que chimiques. Cependant, elle est encore assez jeune pour que l’on accueille avec faveur les résultats expé- rimentaux qui viennent la confirmer, tels que celui que vient de publier M. H.-W. Foote *. On sait que, lorsqu'une solution d'un mélange de deux sels À et B laisse déposer des cristaux mixtes, deux cas peuvent se présenter : ou bien l'on peut réali- ser des cristaux de forine invariable et dont la compo- sition varie depuis le sel B pur jusqu'au sel A pur; ou bien les phénomènes sont plus compliqués : il existe, par exemple, deux séries de cristaux mixtes, les uns dont la composition varie depuis le sel B pur jusqu'à AB, et les autres, de forme cristalline différente, ayant une composilion variable de AB (m"> 1m!) jusqu'au sel À pur, les cristaux intermédiaires entre AB et A,B n'existant pas. On peut appeler cristaux- limites ces corps AB et AB. Il résulte de la règle des phases que la composition de ces cristaux-limites est fonction de la température. En effet, il semble évident que la première série de cristaux, qui à pour limite AB, aura atteint cette li- mite, c’est-à-dire sa richesse maximum par rapport au sel A, lorsque la solution sera en même temps saturée par rapport aux cristaux de l’autre série, qui sont tous plus riches en sel À que les cristaux de la première; autrement dit, la limite sera atteinte lorsque les deux formes de cristaux se déposeront simultanément. A ce moment, le système comprend quatre phases eu pré- sence : la vapeur, la solution et les deux phases cris- tallines; il est constitué par trois composants indépen- dants : les deux sels et l’eau, de sorte que, dans la for- mule : V=C+2—9 qui exprime la loi de Gibbs, il faut faire c—3 et o — #4. On en tire v—= 1. Le système est donc univariant; comme les variables sont la température, la pression et les concentrations 1 Voyez à ce sujet l'article de M. H. Le Chatelier, dans la levur générale des Sciences du 30 octobre 1899, t. X, page 759 et suiv. ? American Chemical Journal, t. XXVI, p. #18, 1901. de la solution et de chaque phase solide, on voit que les variations de température devront entraîner des varialions dans les concentrations et dans la pression. M. Foote a entrepris de vérifier par l'expérience que Ja composition des cristaux-limites mixtes de sulfats de cuivre et de sullate de zinc est fonction de la tem- pérature. Son procédé n'offre rien de particulièrement intéressant; il semble même que les opérations pour- raient être conduites plus sûrement qu'il ne l'a fait; mais nous retiendrons ses résullats, qui, au moins qualitativement, sont hors de doute. Une solution de sulfate de cuivre, contenant peu de sulfate de zinc, dépose des cristaux mixtes tricliniques, à » molécules d’ean; la teneur en sulfate de zinc augmentant, la solution laisse déposer des cristaux mixtes clinorhombiques à 7 molécules d’eau; pour une richesse encore plus grande en sul!ate de zinc, ces cristaux clinorhombiques sont eux-mêmes remplacés par des cristaux mixtes orthorhombiques à 7 molé- cules d'eau. Le tableau suivant indique, en fonction de la tempé- rature, les compositions de : I. Cristaux-limites tricliniques (cristallisant avec les clinorhombiques); II. Cristaux-limites clinorhombiques avec les tricliniques); HT. Cristaux-limiles clinorhombiques avec les orthorhombiques); IV. Cristaux-limites orthorhombiques (cristallisant avec les clinorhombiques). Ces compositions sont exprimées : (cristallisant (cristallisant Pour I, en SO‘Cu. oH°0 °/,; et pour Il, IIL, IV, en SO‘Cu,7H°0 °}4. TEMPÉRATURE RE 120 250 35° 400 LL: 246 THON SSI 19,25 68,67 58,12 ILE + PS RS HT 08 23,45 25,39 24,56 111223 Le CARRE 13,51 12,28 » TRS: 3,09 2:53 2,21 » Les variations ne sont pas toujours grandes, mais l'ensemble en est assez net pour que, quelles que puis- sent être les difficultés expérimentales de ce genre de recherches, leur existence ne soit pas douteuse, et pour qu'on soit assuré de trouver là uue nouvelle véri- fication de la règle des phases. $ 6. — Zoologie Régénération et transplantation des vis- cères chez la Comatule. — On sait depuis long- temps que la Comatule (Antedon bilida) possède une puissance régénératrice peu commune, et que Je sac viscéral tout entier, comprenant le tube digestif, des vaisseaux variés, des centres nerveux, etc., peut être: enlevé sans que l'animal meure, et ne tarde pas à être régénéré en entier, pourvu, toutefois, quele centre ner- veux aboral soit resté intact. Przibram, dans une étude sur la régénération ‘, a confirmé ces faits connus, et à montré qu'on pouvait transplanter un sac viscéral d'une Comatule à une autre; il se soude parfaitement au squelette du disque; on peut avoir de cette manière un animal qui a des bras d'une certaine couleur et un sac viscéral d'uue teinte toute différente. Si, après que la soudure s'est effectuée, on sectionne les bras de l'animal composite, on remarque que la couleur du disque n'a aucune influence sur celle des bras régé- neres. $ 7. — Physiologie Les actions physiologiques des Rayons X- — Le docteur P. Oudin, qui répéta le premier en France a —s- C3 Experimentelle Studien über Regeneration. Arch. für Entw.-mech., Bd XI, 1901, p. 321. 7 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 5 les expériences de Rüntgen, et n’a cessé depuis lors d'en développer les applications à la Physiologie, vient de résumer ses observations en une étude d'un grand intérêt pour tous ceux que préoccupent les actions thé- rapeutiques des rayons, ou qu'effraient les nombreux méfaits qu'on leur attribue nou sans raison. La cause des inflammations superficielles ou profon- des, des ulcérations, de la chute des poils, et aussi des aclions curatives observées dans l'emploi des rayons avait été attribuée, par de nombreux auteurs, à l’effluve électrique, c'est-à-dire à une action directe de la bobine et non du tube producteur de rayons. M. Oudin com- mence par réfuter cette assertion, en citant de nom- breuses expériences personnelles très concluantes, telles que celle qui consiste à abriter deux régions voisines par une plaque mi-partie plomb et aluminium, réunie uu non à la terre. Dans tous les cas, on peut produire une inflammation sous l'aluminium, tandis que la portion protégée par le plomb reste indemne. L'analogie observéeentre des actions des rayons X émanés d'un tube et celles des radiations fournies par les substances radioactives est une nouvelle preuve de la même théorie. Quant au mécanisme intime de ces actions, il pourrait être dû à l’ionisalion des sucs, tout comme celui des effets produits par les courants de haute fréquence étudiés par le D' d'Arsonval, ainsi _que M. Guillaume l'a indiqué autrefois dans la Ztevue *. Les rayons X agissent, d’après le docteur Oudin, comme les rayons chimiques : « Les lésions qu'ils pro- voquent sur l’épiderme sont comparables au coup de soleil ou à la dermatite de Finsen. Mais, doués d'un pouvoir de pénétration que n'ont pas les rayons allant du bleu à l’ultra-violet, leur action dépasse l'épiderme, qui arrêle ces dernières radiations; ils vont produire, dans les tissus sous-jacents à l’épiderme, une irritation qui porte surtout sur les cellules nerveuses, et plus «“énéralement sur celles du réseau trophique périphé- rique. Très probablement cette action imitiale se pro- page aux fibres nerveuses; elle est d'abord centripète peudant la période que l’on pourrait appeler d’incu- bation des accidents, pour devenir centrifuge pendant la période d'état de la lésion. » Au sujet de la radiothérapie, M. Oudin est sceptique pour la tuberculose pulmonaire, où, à côté de quelques améliorations passagères, les rayons ont produit aussi de subites aggravations. En revanche, les affections cuta- nées comme le lupus, l'acné, la furonculose ont montré de sensibles améliorations et même des guérisons. Quant à l'épilation, elle réussit à coup sûr, avec quel- ques récidives et nouveaux traitements, après lesquels la chute définitive des poils semble assurée. Comme manuel opératoire, M. Oudin recommande d'employer des ampoules molles pour les affections cutanées, et dures pour un mal profond, de protéger par un masque de plomb les régions à préserver, de surveiller la constance de l’ampoule par la longueur d'étincelle, ainsi que Lenard l'a indiqué le premier, de graduer la durée de l'exposition, et d'interrompre dès qu'apparaît l’érythème pour ne reprendre le traitement que lorsque ce symptôme a disparu. Alors, on se tien- \ra aux durées inférieures à celle qui a provoqué la démangeaison, sauf cependant dans le cas du lupus, où l'on y reviendra lentement. $ 8. — Sciences médicales Les accidents consécutifs aux injections préventives de sérum antipesteux. — Nos lecteurs se rappellent encore les évéuements qui ont entravé le cours de la XIII° croisière de la Revue en Syrie et en Palestine et amené le débarquement au Frioul des cent soixante-seize passagers du Sénégal pour y subir une quarantaine. Par mesure de prudence, * Cn.-En. GurcLaume : Les Rayons Xet l'ionisation, dans la lievue générale des Sciences du 15 juillet 1897, t. VII, P- 524. les touristes reçurent, dès les premiers jours, une injec- tion préventive de sérum antipesleux; un pelit nombre seulement s’y refusèrent. Les injections de sérum antidiphtérique, antistrepto- coccique donnant lieu à des accidents connus, l'un des passagers du Sénégal, M. le Dr Ch. Leroux, a eu l'idée d'entreprendre, parmi ses compagnons, une enquête sur les suites éloignées des injections de sérum anti- pesteux, et c'est le résultat, très intéressant, de cette enquête que nous voulons signaler ici. Sur 176 passagers, 143 ont répondu d'une facon pré- cise au questionnaire du Dr Leroux. Parmi eux, 10 n'avaient pas été inoculés; aucun n'a présenté le moindre malaise. Parmi les autres, 73 n'ont rien éprouvé, ni pendant les premiers jours, ni ultérieure- ment. Par contre, 60 personnes ont présenté divers ac- cidents, bénins dans la grande majorité des cas, plu- sieurs sérieux, quelques-uns mème frès sérieux, soit une proportion de #4,7°/,. Ces accidents peuvent se diviser en trois groupes : 1° Accidents précoces : Is consistent en troubles di- gestifs, diarrhée avec fièvre, courbature, etc. (11 cas); adénites insuinales avec gonflement et rougeur au voi- sinage de l'injection (5 cas); 2° Accidents tardifs : Is consistent en : érythèmes variés (urticaire, érythème simple el érythème noueux), avec ou sans fièvre, courbature, pseudo-rhumatisme (13 cas); arthralgies, myalgies multiples (19 cas); pseudo-rhumatisme infectieux (2 cas); névrites diverses (5 cas, dont 1 assez sérieux) ; 3° Enfin, il y a eu un cas de complication grave (adénite et érythème inflammatoire du flanc droit), raais mal- heureus-ment de nature indéterminée. Il y a deux in- terprétations possibles : Ou bien la malade se trouvait, au moment de l'injection, en état d’incubation de la peste, laquelle peste aurail été atténuée par l'injection de sérum; ou bien il s’agit d'un accident grave dû au sérum, et tenant peut-être à une préparation ou à une conservalion imparfaites du flacon qui a servi dans ce cas particulier. De l'examen des diverses questions qui se posent à la suite de cette enquête, le Dr Leroux croit pouvoir con- clure qu'il n'y a pas toujours lieu de pratiquer d'office les injections préventives de sérum antipesteux dès qu'un cas de peste se déclare à bord d’un navire ou dans un port. Il convient d'établir des distinctions, basées sur les caractères de faible contagion habituels de la peste, sur les conditions spéciales de l'épidémie, et sur la situation des sujets qu'elle menace, suivant qu'ils s'éloignent ou non du foyer et suivant leurs con- ditions de santé et d'hygiène. Lorsque l'épidémie est légère et qu'il est possible d'isoler dèsle début les sujets indemnes, il faut différer l'injection préventive. Lorsque les sujets indemnes ne peuvent être éloignés du fover d'infection ou que l'épidémie revêt des carac- tères graves dès le début, il y à lieu de proposer tout de suite l'injection ou même de l'imposer. $ 9. — Géographie et Colonisation La Mission scientifique belge du Katanga. — Le Katanga est l’angle sud-est de l'Etat indépen- dant du Conso, situé eutre l'Angola portugais et l'Afrique centrale britannique. Cette région drainée par les branches supérieures du Congo et voisine du bassin du Zambèz-, entrevue par Livingstone et Came- ron, était encore jusqu ici très imparfaitement connue, malgré les reconnaissances effectuées, depuis 1890, par MM. Al. Delcommune, Le Marinel, Bia et Stairs. Gräce à l'importante expédition scientifique qu'y à récem- ment dirigée M. le Capitaine Lemaire, et dont cet explo- rateur a donné des comptes rendus au ouvement ge0- graphique belge’, à la Société de Géographie commer- 9: Scott. (reogr. ! Bull. Soc. Géogr. comm., 1961, p. 259 30 mars 1901, la Mag., 1901, p. 526. Dans sa livraison du 6 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ciale de Paris età l'Association britannique pour l'Avan- cement des sciences, cette lacune est désormais com- blée. Le Capitaine d'artillerie Charles Lemaire est un des hommes qui honorent le plus la Belgique. I n’est pas un nouveau venu en Afrique, ni un inconnu pour ceux qui s'intéressent aux choses du Congo. Sa première mission date de 1889. Aucune des questions congolaises ne lui est étrangère la météorologie, la flore et la faune, la linguistique, lui doivent d'importantes contri- butions.Il a résumé l’histoire et les progrès des commu- nications entre la Belgique et le Congo. La question de la main-d'œuvre, la plus importante avec celle du che- min de fer, ne l’a pas laissé indifférent, et il l’a étudiée dans son livre : Comment les nègres travaillent. Ces travaux antérieurs et les qualités multiples dont le Capitaine Lemaire avait fait preuve dans ses pre- mières expéditions lui firent confier la direction de la Mission du Katanga. L'expédition, qui a duré deux ans et demi, prit à l'aller la route du Zambèze et du Tan- ganika, d’où elle gagna la région qu'elle avait pour but d'explorer. Rien n'avait été négligé pour la doter d'un outillage tres complet. Les résultats obtenus par elle sont cousidérables dans toutes les branches des sciences géographiques. Nous signalerons quelques-uns des principaux. Les observations astronomiques, magnétiques et alti- métriques doivent faire l’objet de quinze mémoires. M. Lemaires'estattachéavecun soin particulier aux obser- vations magnétiques, qui. comme ille dit, n’ont pas moins d'intérêt dans l'Afrique tropicale que dans les contrées polaires, quoiqu'elles y aient été bien négligées jusqu'ici, si l’on excepte quelques observations faites par An- toine et Armand d'Abbadie en Abyssinie de 1837 à 1853, et par Delporie et Gillis au Congo belge en 1890-91. Les résultats des observations de M. Lemaire, communiqués à la Section des Sciences de l’Académie royale de Belgique, ont été publiés par elle‘. La Mission du Katanga à rapporté un itinéraire à grande écheile de 6.000 kil. par terre et de 600 kil. par eau. La carte de cet itinéraire a élé dressée en deux feuilles à 1/1.000.000° en quatre couleurs. Les planchettes géodésiques rapportées exigeront un re- maniement complet des cartes actuellement existantes ; les déplacements dépassent parfois un degré en lati- tude; tous les points se déplacent vers l'Ouest dans la zone orientale et méridionale, puis vers l'Est à partir de Ka-Songo. Au point de vue orographique et hydro- graphique, la ligne de faîte Congo-Zambèze était con- sidérée comme une région caractérisée par l'impréci- sion de son relief; il y avait là, croyait-on, des marais dont l'écoulement se faisait indifféremment, au nord vers le bassin du Congo, au sud vers le bassin du Zam- bèze; en réalité, la ligne de faite Congo-Zambèze, re- coupée vingt-cinq fois par l’'Expédition Lemaire entre 229 et 270 KE. Greenwich, est d'une netteté absolue; c'est un dos d'âne, le long duquel ne se trouve aucun marécage, et qui est même eu partie privé d'eaux cou- rantes. Le lac Dilolo, que les manuels de Géographie indiquaient comme s’écoulant à la fois vers le Kassaï el vers le Zambèze, est un petit étang fermé qui, aux fortes pluies, envoie son trop-plein vers la Lo-Tembwa, affluent du Zambèze. La Mission a reconnu les véritables sources du Congo, qui sont celles de la Kou-Léchi, par 11°24' de lat. S. et 24027! Jong. E. Greenw., à 1490 m. d'allitude au-dessus du niveau de la mer. Il ne s’agit ici ni de la source la plus éloignée de l'embouchure, ni de la ri- vière qui apporte le volume d'eau le plus considé- rable. Le critérium est plus rationnel et plus scienti- fique : Ce sont là, comme le dit M. Lemaire, les « sources primaires » ou les « sources historiques » du Congo. C'est la branche du Congo qui, depuis le temps levue a également donné un premier apercu des principaux résultats dé la Mission Lemaire. 1 Bulletin n° 2, février 1901. le plus long, envoie ses eaux à l'Atlantique, et c’est sur cette branche primordiale que sont venus se gref- fer ultérieurement des rameaux, par lesquels s'écou- lèrent les grands lacs quiont jadis occupé le bassin central du Congo actuel, avant de se vider par les défilés creusés à travers les Mitumba. L'existence de ces anciens lacs, soupconnée, dès 1885 par A.-J. Wauters, confirmée par les géologues Ed. Dupont et J. Cornet, est désormais un des faits les plus certains et les plus frappants de la géographie africaine. ; Les études géologiques et minéralosiques de la Mis- sion étaient confiées à MM. Kemper-Voss et Questiaux. Les roches dominantes au Katanga sont les grès, les schistes, les limonites, les quartz, les quartzites, les conglomérats quartzeux, la magnétite, la dolomie, el, par places, le granit. Les richesses minérales attribuées Jusqu'ici, sans preuves, au Katanga ne se sont pas révé- lées aux explorateurs; toute la région abonde en mi- nerais de fer, entre autres en magnétite presque pure, formant des pitons très caractéristiques dans le sud de l'Etat du Congo. Vient ensuite : le cuivre, presque exclusivement sous forme de malachite imprégnant des schistes, enfin, le cobalt, Aucune trace de métaux précieux. Trois postes d'observation météorologique ont été établis par la Mission : le premier à Moliro (lac Tanga- nika); le second sur le lac Moéro; le troisième dans la vallée de la Loufia, à Loukafou; ce dernier poste a été établi de façon permanente et n'a pas cessé de fonc- tionner depuis 1899. Parmi les phénomènes météoro- logiques observés par l'Expédition Lemaire, il faut noter en particulier les basses tempéralures nocturnes : par une altitude de 1.200 à 1.300 mètres, le thermomètre descendait la nuit jusqu'à 2° au-dessus de zéro. Ce sont là des conditions avantageuses pour les Euro- péens. Au point de vue de la faune, l'éléphant et le lion sont rares, les zèbres et les antilopes nombreux. L'hippopotame, le phacorhère et l'oryctérope du Cap se rencontrent assez fréquemment. Au fond, dit M. le Capitaine Lemaire, l'insupportable moustique et la dévorante fourmi sont les seuls et vrais fauves de l'Afrique. Quant à la mouche tsétsé, peut-être a-t-on exagéré sa puissance venimeuse,; en tout cas, elle se montre presque partout dans la région parcourue par la Mission sans que le bétail en souffre. Le gros bétail prospère partout, et toutes les stations euro- péennes en possèdent. Le caoutchouc existe, sans être aussi abondant que dans le Congo central. Le tabac et le chanvre sont très cullivés par les indigènes. Les collections zoologiques et botaniques rapportées ont été déposées au Musée de Tervueren, où elles sont étudiées par deux Commissions spéciales. Au point de vue de l'occupation du pays par les Européens, M. Lemaire pense qu'on ne doit pas déses- pérer de voir un jour les hauts plateaux du Katanga faire l’objet de tentatives de peuplement par la race blanche. Il conçoit cette œuvre comme une sorte d'entrainement exercé sur l’indigène, qui n'aime pas les températures basses, par l'Européen, qui l’amé- nera à sa suite sur les plateaux. Les Pères blancs du cardinal Lavigerie, dont M. Lemaire a beauvoup ad- miré les missions du Tanganika, lui déclarèrent qu'ils préféraient le climat du pays à celui de l'Algérie; ils ont parfaitement réussi à acclimater les cultures et légumes d'Europe : blé, pomme de terre, etc. Les pe- tits pois sont cultivés couramment chez certaines tribus au sud du Tanganika :ils auraient été introduits, disent les vieux chefs, par un Européen, venu il y a de lon- gues années : peut-être s'agit-il de Livingstone. M. le Capitaine Lemaire a foi en la science pour ré- soudre les problèmes qui se présentent dans l’occupa- tion du centre africain. Les Européens ont à y réparer le crime de leurs ancêtres, l’'homicide d'une race; la justice qui répare est mère de la prospérité qui récom- pense. La conquête du continent noir sera le fait, non des fusils et des canons, même à tir rapide, mais CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE des hommes qui ont le sentiment de la solidarité humaine. Telles sont les théories coloniales de M. le Capitaine Lemaire. On ne saurait faire de lui un plus bel éloge que de dire qu'il les met en pratique. Augustin Bernard, Professeur de Géographie à l'Ecole préparatoire à l'Enseignement supérieur des Lettres à Alger. $ 10. — Enseignement La pérennité de lAgrégation en Médecine. — M. Auguste Broca, agrégé de la Faculté de Médecine de Paris et président de la Société des Agrégés de Paris, s'est fait, dans une solennité récente, l'interprète de ses co!lègues, en réclamant pour eux la pérennité de la fonction d’agrégé dans les Facultés de Médecine. Nous détachons, à ce sujet, de son discours les passages sui- vants : « La manière dont est organisé notre enseignement est une anomalie dans l’enseignement supérieur. Droit, Lettres, Sciences sont enseignés par des hommes qui, maitres de conférences, professeurs adjoints, chargés de cours, titulaires enfin, ne quittent leur chaire que pour recevoir de l'avancement. Chez nous, au contraire, au bout de 9 années, l'agrégé est congédié ; et nous pensons que là e:t le principal motif pour lequel l’enseignement est loin d'être, dans nos Facultés, aussi systématique et efficace que dans les autres branches de l’enseignement supérieur ; pour lequelles examens prêtenttrop souvent, chez nous, le flanc à la critique. « À ces hommes qui, pendant trente ans, vont profes- ser, on peut demander des cours à programme soigueu- sement élaboré. De nous, qui sommes appelés trois ou quatre fois en 9 ans à faire un cours sur un programme changeant, souvent connu quelques mois seulement à l'avance, il est impossible d'exiger quelque chose de semblable. Car l'exposé didactique d'un programme complet nécessite un long travail de digestion. Ce n'est pas dès la première année qu’un professeur réussit à mettre au point une série de lecons formaut réellement un fout. On se plaint de plus en plus que, dans notre Faculté, les cours soient délaissés par les étudiants; nous sommes persuadé que c'est parce qu'ils ne répon- dent pas bien aux besoins scolaires et que le changement serait grand le jour où l’enseignement serait pour nous une fonction définitive et non plus temporaire, presque accidentelle. « La pérennité de l'agrégation aurait encore l'avantage considérable que, le corps examinant étant plus nom- breux de facon permanente, et non plus augmenté par moments à l’aide de rappels intermittents à l'exercice, on pourrait revenir, pour les examens, au système ancien et excellent des séries à peu de candidats, système auquel, avec nos ressources actuelles en personnel, on a dù renoncer, parce que notre population scolaire s’est accrue dans des proportions formidables, en même temps que le nombre des examens augmentait par des dédou- blements. « La science, enfin, tirerait grand bénéfice de"cette mesure, car le système actuel empêche beaucoæp d’entre nous de s’y consacrer comme ils le devraient et le dési- reraient. Il est douloureux, par exemple, de constater qu'à la Faculté de Paris il n'y a pas d’anatomiste de carrière : tous les agrégés d'Anatomie, sauf un histolo- giste, sont en même temps, et surtout, chirurgiens ou médecins des hôpitaux. La faute n'en est pas aux hommes, mais à l'Université, qui refuse à ces hommes à | | la fois une position scientifique stable et les moyens matériels d'existence. Ce n'est pas avec la perspective de 4000 fr. d'appointements pendant 9 ans que l'Univer- sité peut avoir la prétention de s’altacher des hommes de science. « Cette nécessité d’une carrière fixe, à échelons suc- cessifs, l'Etat l’a comprise pour toutes les branches de l'enseignement supérieur, sauf pour la Médecine. Pour- quoi cette exception? Et pourquoi avons-nous mis si longtemps à nous en plaindre? « Parce que, de toute évidence, le diplôme de docteur en médecine, le titre d'agrégé nous permettent de gayner notre vie par la clientèle en dehors de l'Université, au lieu que cela est impossible pour les Facultés des Lettres et des Sciences. Et de là résulte aussi que, parmi nous, tous ceux à qui la clientèle est possible n’ont pas eu à souffrir. Pour ceux-là, l’enseignement seul a souffert; leurs intérêts matériels n’ont pas périclité. «Or, ceux-là étaientla presque totalité à l’époque loin- taine où fut élaboré le premier statut de l'agrégation et même à celle, plus proche de nous, où Briquet, mé- decin de la Charité, connu par ses travaux sur l'hystérie, était agrégé. de Physique; à celle, plus proche encore, où l'Histologie n'existait pas; à celle, enfin, toute mo- derne, où un seul agrégé était à la fois anatomiste, phy- siologiste, histologi-te. Par la force même des choses, étant données les exigences actuelles de la science, tout cela a dû changer : le nombre des agrégés qui devraient n'avoir ni service d'hôpital, ni clientèle est beaucoup plus grand qu'autrefois. Il n’est donc pas étonnant que leurs désirs se manifestent à l'extérieur d'uue façon plus intense. « Je dois ajouter tout de suite qu'on ne saurait, à cet égard, établir une distinction entre les agrégés de Patho- logie et les autres. Car, de plus en plus, en Pathologie, et surtout en Pathologie interne, la part du laboratoire devient grande. D'hier sont nées la Médecine expéri- mentale, la Bactériologie, la Pathologie générale scien- tüifique, l'Histologie pathologique ; il est plus que pénible pour un agrégé qui, pendant 9 ans, s'est consacré aux études de ce genre, de se trouver, en pleine maturité, éloigné d’une Faculté dans laquelle et pour laquelle il a jusque-là travaillé, de n'avoir même pas droit à un laboratoire, d'être obligé de demander une hospi'alité que ses maitres ne lui refusent jamais, mais qui n’est pas un droit. Il est non moins pénible, pour un agrégé de Pathologie, en exercice ou hors d'exercice, de ne pouvoir participer à l’enseignement dans les hôpitaux que s’il est inscrit sur une liste spéciale : non seulement on ne lui envoie pas d'office des stagiaires, mais on lui refuse ceux qui désireraient s'attacher à lui. « Avec le système actuel, les agrégés sans clientèle sont donc sans aucune sécurité matérielle; indépendam- ment de toute question pécuniaire, nous n'avons pas, dans notre enseignement, la continuité nécessaire à la réussite; pour lesexamens, notre nombre insuffisant oblige à une surcharge fâcheuse des séries de candidats; au point de vue scientifique, nous pouvons d’un moment à l’autre être privés de toutes ressources; au point de vue moral, enfin, nous n'avons pas, dans le corps enseignant, une situation comparable, de loin, à celle des agrégés de Droit, des maitres de conférences de Lettres et de Scien- ces. « Les agrégés de Médecine considèrent, en résumé, que, dans tout l'enseignement supérieur, tel qu'il a été réorganisé, pour le plus grand honneur de la France, ils sont soumis à un régime d'exception, mauvais pour eux, mauvais pour l’enseignement : ils demandent, tout simplement, à rentrer dans le droit commun. » 8 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX IL n'est pas rare qu'on trouve certains tissus «d'une plante envahis par quelqu'un des microor- ganismes divers qu'on réunit sous le nom de microbes ; de plus en plus, il apparait que c'est là pour les végétaux, comme pour les animaux, bien plutôt une règle assez générale qu'une rare excep- lion. De semblables infections ont élé constatées dans deux cas bien différents. Il arrive qu'une infeclion soit accidentelle, qu'elle se produise pour certaines plantes d’une espèce sans que d’autres plantes de la même espèce soient atteintes. On peut, par exemple, trouver des Choux dont les racines, infestées par un /lasmodiophora, s'hypertrophient en formant des hernies, landis que d’autres Choux sont indemnes, et ont des racines normales. La présence de Lernies indique, à première vue, les plantes | qui sont infestées. En général, il existe ainsi des symptômes indicateurs des infections accidentelles. C'est le plus souvent l'existence de semblables symptômes qui a attiré l'attention sur les plantes accidentellement infeslées, et qui a conduit à prévoir et à rechercher l'infection dans les cas de maladies microbiennes. Muis il arrive, au contraire, qu'une infection soit normale, el s'étende à toutes les plantes d'une même espèce; les symptômes que ces plantes peuvent présenter sont alors communs à toutes; ils cessent, par là même, d’altirer l’atlention. On sait, par exemple, que toutes les plantes de l1 famille des Légumineuses ont leurs racines nor- inalement infeslées par un bacille; aux points où ce bacille pénètre, les tissus de la racine proli- firent, de l’amidon s'accumule, une nodosité se produit; telle est l’origine, qui n’est plus douteuse, des tubercules radicaux, dont l'existence est depuis longtemps connue. Ch. Royer, qui s'est beaucoup préoccupé d'uliliser en spécification les caractères les organes souterrains des plantes, donnait, dans sa Flore de la Côte-d'Or, la présence de tubercules sur les racines comme un caractère constant des jantes à corolle papilionacée : « Ces petits corps, .ditil, ont été parfois regardés comme un produit morbide, dû à la présence de bactéries; mais un produit morbide ne peut être qu'un accident, une exception, et ne saurait être normal et général, comme le sont les granules. » Certes, si Ch. Royer avait trouvé une fois seulement des tubercules sur une racine de Légumineuse, il n'aurait pas hésité à | les considérer comme une production pathologique due à l'atteinte de la plante par quelque larve ou par quelque microbe; le même caractère, parce | | | qu'il est commun à tout un groupe de plantes, cessait d'avoir pour lui une telle signification. De même, en général, les symptômes des infec- tions normales ne peuvent plus apparaitre comme des symplômes indicateurs. Ces infections sont, pour celte cause, plus difficiles à découvrir que les infections accidentelles. En fait, elles ont élé con- nues plus tardivement et mises surtout en évidence par des recherches statistiques; des symptômes apparents ne les ont pas généralement fait prévoir, et, aujourd'hui même, alors que nous connaissons des exemples nombreux de plantes normalement infestées, de tels symptômes restent le plus souvent inconnus. Cela ne veut pas dire, nécessairement, que ces symptômes n'existent pas, mais, dans plus d'un cas, sans doute, qu'on n'a pas su les chercher là où il faudra bien qu’en définitive on les trouve : dans des caractères normaux des plantes norma- lement infestées, caraclères que les botanistes descripteurs ont depuis longtemps catalogués, et dont la connaissance nous est devenue familière. C'est ce que je chercherai à montrer en faisant l'histoire de quelques plantes normalement infes- tées par des champignons endophytes; les Orchi- dées, surtout, me serviront pour celle étude. I. — CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE L'INFECTION | CUEZ LES ORCHIDÉES. L « Parmi les Monocotylées à structure anomale, | dit Fabre’, les Orchidées se font remarquer par plusieurs singularités, qui, depuis longtemps, ont captivé l’altention des botanistes. Les formes bizarres de leur périanthe, les profondes perturba- tions qu'a éprouvées la symétrie de leurs fleurs, la structure insolite de leur pollen, leurs graines innombrables et microscopiques, l'étrange déhis- M cence de leurs capsules, enfin les tubercules ) didymes, que beaucoup d’entre elles portent à leur base, sont autant de caractères qui font de cette famille l'une des plus intéressantes pour l'élude des anomalies végétales. » Le naturaliste remarquable qui à su, en écrivant l'histoire aussi bien des Orchidées que des Insectes, communiquer au lecteur l'intérêt et la vie de ses» observalions, commence ainsi le premier des Mémoires qu'il a consacrés à ces plantes singu- lières, en rapportant ieur étude à celle des a70ma- lies végétales. La connaissance d'un de leurs carac- CE on hr LÉ | | | | HER 1 : 1 1 Ann. Se. Nat. Bot. 4° série. T. II, 1855, p. 253. î NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX 9 tères, que Fabre ignorait, ajoute un sens profond à l'idée qu'il énonce : les Orchidées sont, à Pélat normal, toujours infestées par des champignons filamenteux; leurs tissus sont plus largement et plus apparemment alleints par ces microorga- uismes que ne le sont, dans la plupart des cas, ceux de plantes que l'invasion de champignons rend, par accident, malades. Il suffit de casser les grosses racines charnues de queiques-unes de nos Or- chidées indigènes pour y voir, à l'œil nu, la région infestée, que sa couleur brune distingue (lig. 1). Les champignons qui vivent là forment, à l’intérieur même des cellules, par l'en- Fig. 1. — Section chevêlrement de leurs hyphes transv le d'une P rt RE ‘a comme des pelotes de fil (4g.2). dorum abortivum. — c, cylindre cen- tral; , région in- feslée. Ce cas- typique d'infection normale fut l'un des premiers connus à l'époque où les tra- vaux de Frank attirèrent l'at- fention sur de semblables phénomènes : Wahr- lich ‘, qui fit une statistique portant sur plus de 500 Orchidées d'espèces différentes, les trouva sans exception infeslées. Il n’est plus douteux aujourd'hui qu'une telle infection soit, pour les Fig. 2, — Portion de l'écorce infestée d'un rhizome de jeune Orchis montana. — Les cellules sont remplies de filaments mycéliens, vivants daus les cellules périphériques, morts et digérés en partie dans les cellules centrales: p, cellule à peloton de mycélium digéré; n, noyau. plantes de cette famille, un fait général et constant. Les champignons endophytes des Orchidées peu- vent vivre en dehors de ces plantes et se cultiver sur des milieux variés. Les champignons qu'on obtient à partir des plantes les plus diverses _ de cette vaste famille, présentent entre eux la plus * Waëruicu : Beitrag zur Kentniss der Orchideenwurzel- pilze. Bot. Zeit., 1886. grande analogie: ce sont des Ascomycètes, donnant en culture des formes imparfaites, caractérisées par l'existence de deux sortes de spores (fig. 3); ils se classent tous dans le genre Æusarium. Les cham- pignons de ce groupe sont des microorganismes fort répandus dans la nature : la Flore de Saccardo en indique plus de 250 espèces, qu'il est déjà prati- quement impossible de distinguer si l'on ne fait pas intervenir leur lieu d'origine comme caractère de détermination. Or, si l’ou veut se servir de ce caractère, la Flore en question est fort loin d'être complèle : il existe déjà, en effet, plus de 6.000 es- pèces d'Orchidées, qui sont, autant qu'on sache, infestées par de semblables champignons. Il fau- drait ajouler, de ce fait, dans le genre Æusarium, quelques milliers au moins d'espèces nouvelles, sans avoir de caractères morphologiques suffisants pour les distinguer. La classification est done pro- visoirement illusoire : les Æusarium paraissent être des formes banales de microbes du sol, capables d'infester les racines de beau- coup de plantes. L'expérience seule pourra trancher la ques- lion de savoir s'il faut multi- plier beaucoup, dans ce grou- pe, le nombre des espèces ou voir, dans les endophytes de végélaux divers, simplement des races ou des variétés de quelques espèces très répan- dues. Quoi qu'il en soil, ces champignons vivent le plus souvent librement dans le sol; la vie dans les tissus de plantes supérieures n’est qu'un épisode dans leur histoire, elle n’est pas nécessaire à leur dévelop- pement. Les Orchidées, au contraire, ne paraissent jamais vivre sans héberger d'endophytes; ces plantes, qui sent sans doute infestées depuis fort longtemps, n ont pas disparu : la vie, dans ces conditions, ne va pas, pour elles, sans quelques difficultés, mais elles ont, pour les résoudre, des moyens qu'il est ulile d'envisager. Les endophytes qui ont pénétré dans les racines d'une Orchidée peuvent, pendant quelque temps, passer de chaque cellule aux cellules voisines el contaminer de proche en proche les tissus. L'ob- servalion des lissus qui sont ainsi atteints montre que toute cellule que l'endophyte a pénétrée ne s'accroit plus notablement par la suite et ne se divise jamais; les Lissus infestés, incapabies de croissance, de prolifération cellulaire et de diffé- renciation, sont pour la plante comme des tissus morts. Les plantes infestées périraient sans doute Fig. 3. — Chlamydo- spores arrondies et conidies arquées du champignon endo- phyte d'une Orchi- dée (Epipactis pa- lustris). Gross. 590. 10 sielles se laissaient complètement envahir; mais la progression de l'endophyte dans leurs tissus n'est pas indéfinie : elle se trouve limitée au moins par deux moyens différents. D'une part, les « tissus embryonnaires », dont les cellules sont en voie de continuelle division, paraissent opposer à l'infection envahissante un obstacle infranchissable ; les endophytes s'arrêtent à leur limite et ne les pénètrent pas. Si l’on suit, par exemple, la croissance des racines d’une de nos Orchidées indigènes (Neottia Nidus-avis), on voit d'abord les endophytes progresser régulièrement vers la pointe de la racine, en restant loujours en Fig. 5. Fig. # et 5. — Racines de Neottia Nidus-avis. Coupes lon- gitudinales. — c, coiffe; 7, région infestée; ce, cylindre central. Fig. #. — Racine en voie de croissance normale. — v, point végétatif. Fig. 5. — Racine bourgeonnante. — t, tubercule terminal de parenchyme embryonnaire amylacé. arrière de la région où les cellules croissent encore etse divisent. Le point végélatif, qui produit sans cesse de nouvelles cellules, semble fuir devant l'in- fection tout en évoluant d'une manière normale (ig. 4.) Le plus souvent, les phénomènes changent d’allure, après un certain temps, et l’on voit se former, à la pointe de la racine, une masse globu- leuse de tissu embryonnaire indifférencié, formé de petites cellules qui se remplissent d'amidon (fig. 5). Le petit tubercule qui se forme ainsi en avant de la zone infeslée reste indemne tant que ses cellules ne s'accroissent pas; il peut, avant .que l'endophyte ne l'atteigne, produire un bour- | 1 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX geon et devenir ainsi l'origine d'un pied nouveau de la plante. Cette prolifération cellulaire anor- male du méristème terminal de la racine apparaît, en ce cas, nettement comme un moyen de défense, qui permet à la plante d'enrayer momentanément l'infection. D'autre part, un certain nombre au moins des cellules que l’endophyte a pénétrées peuvent le détruire : on voit, dans ces cellules, le peloton de mycélium accolé au noyau dégénérer peu à peu pour se réduire, en définilive, à une masse amorphe, irrégulière, où les filaments ne peuvent plus se distinguer (p, fig. 2). Les cellules qui réagissent ainsi digèrent les champignons qui les ont péné- trées à la façon dont un globule blanc du sang digère les bactéries qu'il absorbe. Il s'agit, en un mot, d'une infection contre laquelle la plante réagit et se défend. Soit par les deux moyens que je viens de dire, soit par d'autres encore, l'infection se trouve limi- tée en général aux organes absorbants (racines ou rhizomes), les seuls que les endophytes pénètrent : les tiges aériennes, les feuilles, les fleurs, les fruils el les graines restent toujours indemnes. L'infec- lion se trouvant ainsi limitée, les tissus seuls qui sont directement atteints cessent complètement de croitre et de se différencier; mais les tissus qui sont indemnes peuvent pourtant être inté- ressés par la présence des endophytes dans le corps de la plante. Les champignons qui vivent dans les organes absorbants doivent, en effet, mêler à la sève brute leurs produits de sécrétion; ils peuvent modifier ainsi, chimiquement, le milieu intérieur el avoir par là une aclion sur tous les tissus et sur tous les organes. Les faits que je rappellerai maintenant m'amè- nent à croire que les endophytes ont bien une action de ce genre, et que les Orchidées se com- portent comme des plantes normalement inlox1i- quées par des parasites dont jamais elles n'arri- vent à se débarrasser d’une manière définitive. IT. — GERMINATION DES ORCHIDÉES ‘. Les Orchidées ne germent que dans des condi- lions toutes particulières et elles se développent d'une manière entièrement anormale: c’est en rapprochant les conditions de leur germination des premiers phénomènes de leur développement qu'on peut le plus aisément comprendre quelles transfor- malions profondes l'infection leur a fait subir. Toutes les Orchidées produisent des graines en nombre immense; c'est, le plus souvent, par mil- 1 Cf N. BernanD : Sur quelques germinations difficiles, Rev, gén. de Bot. T. XII, 1900. En tel A "À NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX lions qu'il faudrait compter celles qu'une seule plante produit après chaque floraison. Ces graines d'Orchidées (fig. 6 et 7), lorsqu'elles se disséminent, sont à un état de développement très imparfait : elles ne contiennent, sous un tégument membra- _neux lâche, en parlie gonflé d'air, qu’un embryon rudimentlaire, sphérique ou ovoïde, ayant parfois un suspenseur (fig. 6). Les graines de la plupart des végétaux, au début de leur développement dans les fruits, passent par un état comparable à celui des graines mûres d'Or- chidées, mais elles ne se disséminent qu'après l'avoir dépassé de beaucoup, c’est-à-dire quand l'embryon a formé sa radicule, sa tigelle et ses Fig. 6. Fig. 7 Fig. 6. — Graine d'une Orchidée (Cattleya) avec suspenseur ; : aspect extérieur. — t, tégument; e, embryon: s, suspen- + seur. …l'ig. 7. — Coupe transversale d'une graine d'Orchidée (Neot- | tia Nidus-avis) sans suspenseur, — t, tégument; s, pôle ; suspenseur de l'embryon. “premières feuilles, le suspenseur, organe transi- toire, ayant disparu. A la vérité, il arrive qu'on trouve, dans des fruits “mûrs d'autres plantes, — le fait n’est pas rare pour les baies de pommes de terre, —des graines avortées dont l'embryon, resté à un état rudimentaire, est enfermé dans un tégument läche en partie gonflé d'air; mais les graines de cette nature, disséminées “ayant d'être arrivées à terme, sont considérées - comme mauvaises : on les reconnait à ce qu'elles flottent sur l’eau tandis que les bonnes graines s’y enfoncent et on les rejette si l’on veut faire un semis. Mais, chez les Orchidées, aucune graine ne dépasse jamais cet état imparfait; toutes flotte- raient sur l'eau : a dissémination avant terme devient ici un phénomène normal. Les horticulteurs ont, en fait, pendant longtemps rejeté toutes ces graines comme mauvaises et les 11 ont tenues pour incapables de germer. Cette opinion élait commune encore au début du siècle passé : Salisbury annonça pour la première fois en 1802! qu'il avait vu germer dans la Nature les graines de quelques Orchidées; mais, s’il fut dès lors eroyable que ces graines pouvaient se développer, on n'en resta pas moins, pendant longtemps encore, sans moyens pour les faire germer. Quand, vers 1820, on commença à cultiver les Orchidées en Europe, les horticulteurs, faute de pouvoir faire des semis de graines, se procuraient à grands frais des plantes entières venant des pays d'origine. Prises dans les forêts de l'Inde, de l'Amé- rique du Sud où de la Malaisie, sur les branches des arbres où la plupart d’entre elles vivent com- munément, elles arrivaient dans les serres d'Europe en assez piteux état, réduites à des bulbes ou à des rhizomes desséchés, portant de longues racines charnues. On songea d'abord, pour se rapprocher des con- ditions naturelles où se trouvent les Orchidées, à les cultiver suspendues en l'air, soit dans des paniers garnis de fragments de brique ou de charbon recouverts de mousse humide, soit, plus simplement encore, sur des bûches ou sur des planches de sapin. La culture, ainsi comprise assez généralement tout d'abord, allait fort mal malgré les soins qu'on lui donnait : faire fleurir une plante, qu'on perdait le plus souvent ensuile, était toute l'ambition des horticulteurs, qui ne trouvaient le dédommagement de leurs mécomptes que dans les prix fabuleux qu'atteignaient alors ces plantes extraordinaires. Les horticulteurs n’ont pas tardé à s'apercevoir qu'ils faisaient fausse route en cherchant, comme on le disait plaisamment, à nourir leurs plantes de l'air du temps. Un des progrès essentiels de la cul- ture moderne a été de cultiver les Orchidées dans des sols moins pauvres ; aujourd'hui, on élève com- munément en pots même les espèces qui, dans la nature, sont le plus parfaitement adaptées à la vie sur les arbres, et la culture ainsi conduite réussit fort bien. Le choix d’un sol convenable reste en vérité important : tel horticulteur emploie le Poly- pode haché ou la terre de bruyère mêlés à du spha- gnum humide, tel autre, plus simplement, le terreau Naturel des forêts où vivent un bon nombre de nos Orchidées indigènes. Mais, ce point élant réglé, l'entretien d’une propreté rigoureuse des serres, le réglage de la température et de l’humidilé deviennent pour l’horticulteur les seuls sujets de préoccupation : les Orchidées sont aujourd'hui, dans les serres, des plantes bien acclimatées. Les horticulteurs sont arrivés, par ces moyens, à 4 Trans. Linn. Soc., VIII. 12 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX cel. “hs un premier résullat, qu'ils n'ont pas recherché et, qu'au reste, il ne soupconnent généralement pas encore : ils ont acclimaté dans leurs serres, en même temps que les Orchidées, el aussi parfaitement qu'elles, leurs endophytes habituels. Quand Wahr- lich examina les Orchidées d'une serre à Moscou, il trouva leurs racines tout autant infestées que celles de plantes prises dans leurs stations nalu- relles. L'infection des Orchidées de serres est un fait général facile à constater; les racines des plantes cultivées en pots sont plus régulièrement et plus largement infestées que les racines de celles qu'on cultive en paniers suspendus. Ce résullat, d'ailleurs, est aisé à comprendre : les Orchidées d'impor- lation transportent dans leurs racines ou dans leurs rhi- zomes des champi- gnons capables de vivre isolément dans l'humus et de conlaminer les sols où la culture se fait. Un second résul- tat s'est en même lemps trouvé at- leint : la germina- lion des graines d'Orchidées, impra- licableautrelois, est devenue possible avec ces conditions de la culture mo- 0 0 do N do € . derne el se fait ré- ra + É A? te Dose te de parfaitement. Or, PR NT ‘ig. 8. — Début de la germination d'une graine de Neottia Nidus- £ : qulièrement. Elle se avis, montrant l'infection du pôle suspenscur. — t, tégument; $, pôle tandis que mes produit, en somme, du suspenseur. Ê Le 1 us À graines, qui ne ger- ee SALE Fig. 9. — Coupe optique d'une très jeune plantule d'Orchidée (Lœælia). Re ANSE d'une maniere assez — Cette coupe montre l'infection, de la région du saspenseur. maient pas, élaient , lacile pour qu'il puisse parailre étonnant qu'on y ait vu autrefois de si grandes difficultés : souvent, les graines qui lombent d'un fruit el se disséminent nalurelle- ment sur le sol où croit leur plante mère germent là, sans qu'on ail à s'en occuper spécialement. Les graines tombées sur les racines qui rampent à la surface du sol germent parfois les premières et le inieux; les horticulteurs ont d'abord conseillé de les semer ainsi, mais la précaution n'est pas indis- pensable : la germinalion peut se produire en tous les points du pot el j'ai vu plusieurs fois de minus- cules plantes venues de graines reprendre, comme elles le pouvaient, la vie aérienne qu’elles ont dans la Nature en se développant sur l'étiquette de bois blanc dont chaque pot est pourvu. La seule précaution qui paraisse réellement utile est de semer les graines sur le sol même où vit la plante qui les a produites; on la trouvera recom- mandée dans tous les traités d’horticulture mo- dernes. Une Orchidée vivante, disent les horticul- teurs, assainit le sol où elle se développe, et permet la germination des graines qui, semées interprétalion répondait. Un moyen sûr d'avoir un sol sain est de le stériliser; on peut semer des graines d'Orchidées en sol stérile sans introduire de germes, en prélevant simplement, dans un fruit mûr, ces graines minuscules avec un fil de pla- tine flambé. L'expé- rience est facile à mettre en train, mais les graines. qu'on sème ainsi, si elles ne pourris- sent pas, ne ger- ment pas non plus; j'en ai gardé des mois entiers, qui ne montraient pas de changements, et qui, finalement, se desséchaient sans s'ètre développées. Cependant, des grai- res des mêmes fruits, semées dans une serre d'Orchi- dées, germaient en quelques semaines et se développaient | 4 autrement, pourriraient. J'ai cherché à savoir à quel fait précis cette certainement asep- tiques, celles dont l'horliculleur qui voulait bien m'aider oblenait le développement élaient réguliè=\ rement contaminées dès le début de leur vie, et pénétrées d'endophytes dès le premier moment où elles se transformaient (fig. 8 et 9). J'ai eu ainsi lieu de croire que les Orchidées adulles ne sont pas uliles à la germination des graines dans nos serres en assainissant le sol, mais qu'elles interviennent d'une façon sn opposée en l'in/eslant des endophytes sans les= quels la germination ne se produirait pas. # Il est, certes, difficile d'affirmer que la germina=" lion est impossible sans le concours de ces cham= pignons ; un jour peut-être, on la réalisera sans eux, mais, pour le moment, cela ne parait pas s’êlr fait. D'une part, en effet, la méthode de semis des NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX I: horliculteurs revient à semer régulièrement les graines dans des sols infestés, et, d'autre part, les botanistes comme Irmisch, Fabre, Prillieux, qui ont décrit des germinalions d'Orchidées observées dans des condilions diverses, ont trouvé, dans les cellules des plus jeunes plantules, de ces masses brunes qu'on prenait autrefois pour des amas de résine, et qui sont, comme j'ai dit, des formes de dégénérescence de pelotons mycéliens plus faciles à voir que les champignons mêmes. J'ai eu la bonne fortune de trouver, dans la Nature, des mil- liers de graines en germinalion d'une Orchidée indigène (Neolttia Nidus-avis); elles étaient toutes plus largement infestées encore que les germina- tions d'Orchidées que j'ai vues dans les serres. Il y a là un singulier phénomène, qui pourra paraitre en contradiclion avec ceux que j'ai indi- qués dans les précédents paragraphes, où j'ai groupé des faits qui permettent de comparer les champignons endophytes des Orchidées à des para- sites. La manière de voir que j'ai indiquée ainsi tout d'abord est contraire à l'opinion classique, qui veut que les champignons et les plantes supé- rieures soient associés en symbiose harmonieuse pour le plus grand profit de chacun d'eux. Au moins pour la gerniination, on peut dire que les champignons sont utiles aux Orchidées, et je n'y vois pas d'obstacle. Il importe, cependant, de se rappeler que la production de graines rudimen- taires, qui est un fait assez général chez les plantes normalement infestées de champignons, parait n'être pas sans rapports avec l'infection même. Si l'endophyte aide, en délinilive, à la germination des graines, il est sans doute intervenu d'abord en lesempêchant d'arriver dans les fruits à un plus complet développement. Les graines, en nombre immense, que produit une Orchidée infestée, et qui ont besoin, pour germer, de rencontrer des condi- tions très parliculières, sont, en fait, dans la Nature, en grande majorité perdues et, à tout bien compter, l'endophyte n'intervient pas seulement pour rendre la reproduction par graines plus aisée. Le chauffeur qui a écrasé.un piéton peut l'in- demniser de la perte d’une jambe en lui offrant des béquilles; il sert ainsi, en définitive, à sa marche, mais il n'acquiert à sa reconnaissance que des droits qu'on peut contester. ITL. — TUBÉRISATION DES PLANTULES D'ORCINIDÉES. Ainsi, non seulement les Orchidées sont norma- lement infestées à l’état adulte, mais encore elles le sont dès le début de leur développement. L’in- “ lection apparait comme un phénomène étroitement et nécessairement lié aux phénomènes généraux de Tévolution de la plante. pare % Il faut remarquer que le cas des Orchidées, pour n'être pas, comme je le dirai, absolument isolé, es au moins fort rare chez les végétaux. Les graines de la plupart des plantes peuvent germer en mi- lieux stériles, el l’on sait, nolamment, qu'il en esl ainsi pour les graines de végélaux qui sont nor- malement infestés à l'état adulte, tels que, par exemple, les Pins, dont les racines sont toujours entourées de mycélium, ou les Légumineuses, dont j'ai rappelé le mode d'infection. Or, les graines d'Orchidées, qui ne germent ainsi que dans des condilions toules particulières, donnent des plantules qui ne ressemblent presque en rien aux jeunes plantules de l'immense majo rilé des végétaux. Il est naturel de rattacher à l'in- fection, caractère très parliculier des jeunes plan- tules d'Orchidées, les phénomènes très particuliers que leur développement présente. J'indiquerai ici en quoi ces phénomènes différent de ceux qu'on est habitué à constater dans l'étude des germi- nalions. Les embryons de la plu- part des végélaux pas- sent, au cours de leur dé- veloppement, par un état semblable à celui de l'em- bryon des graines mûres d'Orchidées. D'ordinaire, le développement se pour- suit, à partir de cet état, d'une manière très uni- forme pour des végélaux très divers : une racine se différencie à l’un des pôles de l'embryon (pôle suspenseur), les premières feuilles et le bourgeon terminal apparaissent au pôle opposé. Les graines d'Orchidées se développent d'une tout autre manière; les horticulteurs, mieux que personne, connaissent cerlains caractères aberrants de leur germination. Les graines, qu'ils sèment sur la mousse humide qui couvre leurs pots, s’y perdent rapidement : ils les soignent sans les voir pendant plusieurs mois. Un mois au plus tôt, quel- quefois un an seulement après le semis, ils peu- vent conslater que ces graines lèvent. Elles ont donné, à ce moment, de minuscules plantes, de forme massive, dont la taille ne dépasse pas 2 ou 3 millimètres. Le développement se fait avec une lenteur extrême : pour arriver à faire fleurir ces Orchidées de semis, il faut s’armer de -patience, car elles n'atteignent jamais l'élat adulte avant plusieurs années. Quand, plusieurs mois après le semis, l'horliculleur veut isoler les plantules pour Fig. 10. — Jeune plantule d'Angræcum maculatum sortant du tégument de la graine (d'après E. Prillieux). 14 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX Fig. 11. Fig. 12. Fig. 11. — Coupe longitudinale d'une plantule de Neotlia Nidus-avis. — r', points végétatifs des premières racines: p, cellule infestée ; v, cellule à peloton de mycélinm dégénéré. Les cellules du parenchyme central contiennent des grains d'amidon. Fig. 12. — Aspect extérieur d'une autre plantule. — t, tégument de la graine. les transporter dans un sol nouveau, c'est avec une loupe qu'il les examine, et l’allumelte taillée en pointe avec la- quelle il les prend est le premier ins- trument qu'il ait à employer dans cetle étonnante culture. Si l'on suit les phénomènes de plus près, ce qu'on conslale, tout d'abord, c'est l'infection des graines; celte infec- tion est ici, pour ainsi dire, le premier phénomène de la germination. Elle se produit toujours en un point déter- miné de l'embryon (pôle suspenseur), et c'est seulement après que les champi- gnons ont pénétré quelques cellules de ce pôle qu'on voit, au pôle opposé, se faire les premiers cloisonnements cellu- laires. Le développement de la plante apparaît ici comme une véritable réac- tion qu'elle présente à l'infection. Une conséquence de cette infection du pôle suspenseur est immédiatement appréciable : les cellules infestées, sui- vant la règle générale que j'ai indiquée, ne s’accroissent ni ne se divisent; la croissance de l'embryon se fait unique- ment par le pôle non infesté, où se mon- trent bientôt les rudiments des pre- mières feuilles. Mais, au pôle suspenseur, où d'ordinaire, chez les végétaux, se forme une racine primaire, on ne voit, dans ce cas, aucune racine se différen- cier; les cellules de ce pôle, atteintes par les endophytes, sont comme mortes, elles ne forment aucun organe nouveau. L'absence de racine terminale, carac- tère commun à toules les plantules d'Or- chidées, parait ainsi être une consé- quence directe de leur constante infec- tion. Ces plantules, qui ne s'accroissent que par un de leurs pôles, prennent, en se développant, une forme «en toupie » (Hg. 10). Cette forme massive caractéris- tique permet, à elle seule, de comparer ces jeunes plantes à de petits tubercules; il faut, de plus, remarquer que, très sou- vent, on trouve, dès le début de la vie, de l’amidon mis en réserve dans leurs tis- sus en quantité appréciable (fig. 44 et12). Pour résumer l'ensemble des carac- tères qui, en dehors de l'absence de ra- cine terminale, sont particuliers aux jeunes Orchidées : à savoir, la forme massive, la lenteur de la croissance et de la différenciation, la formation pré- coce de réserves, je dirai que ces jeunes plantules sont fubéri- sces; elles paraissent bien ca- pables d'absorber des aliments, puisqu'elles aceumulent de l'a- midon, mais elles ne semblent pas pouvoir les assimiler pour former rapidement de nou- veaux tissus et de nouveaux or- ganes, comme cela arrive d'or- dinaire lors du premier déve- loppement des végélaux. L'absence de racine termi- nale est un caractère qui s'ex- plique par l'arrêt de dévelop- pement des cellules qui sont directement alteintes par l’en- _ dophyte. .La tubérisation ré- _ sulte, au contraire, d’un mode | particulier de développement plantule que l'endophyte n'at- | teint pas; elle peut être attri- _ buée à une intoxication géné- . rale de la plantule par les cham- _ pignons qu'elle héherge. Des arguments de Biologie com- parée amènent forcément à . | ! . croire que la tubérisation est bien liée ainsi à l'infection. | La tubérisation se produisant dès le début du développement est un phénomène qu'on ob- serve très rarement chez les végétaux. Il en existe, cepen- dant, quelques exemples autres que celui des Orchidées, dont le plus frappant s’observe pour les Lycopodiacées. Ces plantes — qui sont des Cryptogames vasculaires et qui s'écartent, par conséquent, des Orchidées à presque tous lés points de vue — présentent cependant avec elles, au début de leur développement, une ressem- blance inattendue (fig. 13 et 14). Suivant le mode général d’é- -xolulion des Cryptogames, les -Lycopodes donnent des spores qui se développent en prothal- les sur lesquels se forment des œufs qui produisent de nou- mvelles plantes feuillées. Mais, andis qu'à l'ordinaire les pro- thalles sont des organismes de tous les jeunes tissus de la NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX 15 CE D SE {1 P a AN OT LEZ, 1 ECS D œ SÉUN 7) = TS) EF, Ce Fig. 13, Fig. 14. Fig. 13 et 14. Si Aspect extérieur et coupe d'un ‘prothalle de Lycopodium com- planatum (d'après Bruchmann). — $s, pointe; wh, poils radiculaires; e, épi- derme; r, couche corticale infestée; p, tissu en palissade à réserves; ec, cylindre central; g, tissu génératif; m, méristème; h, protubérance anthéridienne en formation; an, anthéridies; ar, archégones; k, jeune plantule. 16 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX dont l'existence est courte et la forme très simple, dans le cas des Lycopodes leur développement est au contraire très lent, leur existence longue et ils prennent des formes lubereuleuses tout à fait inu- sitées. Les figures que je donne ici (fig. 11 à 14) suffisent à montrer quelle étroite ressemblance il y a entre ces prothalles et les jeunes plantules d'Orchidées. C'est, au reste, un fait frappant, qui à déjà été plusieurs fois remarqué . Or, il est visible que dans ce cas, tout différent de celui des Orchidées, la tubérisation précoce coïncide encore avec une infeclion par des cham- pignons qui se produit au début de la vie. Sans dé- velopper longuement les arguments par lesquels ce fait peut être établi, je me bornerai à constater que, dans les rares essais de germination des Lycopodes qu'ils ont faits, les botanistes ont rencontré pré- cisément des difficultés analogues à celles qu'ont trouvées les horticulteurs pour la germination des Orchidées. Spring (1842), s'appuyant sur l'insuccès constant des tentatives failes pour faire germer des spores, admettait que ces spores n'étaient pas comparables à celles des autres Cryptogames, mais bien à des grains de pollen incapables de donner de végétaux autonomes, et il concluail qu'il existe seulement des plantes mâles chez les Lycopodiacées, les plan- tes femelles ayant disparu dans quelque cataclysme ou n'ayant jamais été créées. Hofmeister (1851), persuadé, au contraire, que ces spores doivent donner des prothalles, constate, pourtant, n'avoir jamais obtenu de germinations dans des semis répétés de plusieurs Lycopodes. De Bary, le premier, montra que les spores élaient capables de germer. Il oblint le développe- ment de celles du ZLycopodium inundatum en les semant sur le sol même qui avail nourri leur plante mère. Plus tard, Treub, ayant fait venir à Leyde, en 1878, des spores de Lycopodes tropicaux, les sema dans ses serres sans avoir le moindre résul- lat; dès son arrivée à Java, au contraire, ayant semé des spores de Lycopodium cernuum sur une espèce de terre glaise dans laquelle croissent les prothalles dans leurs stations naturelles, il ob- tint facilement des prothalles, bien que le semis eût été fait simplement dans sa chambre sur des assiettes remplies de la terre en question. Or, Treub constala — et non sans s'en élonner — que les prothalles ainsi obtenus étaient habmés par un champignon endophyte. Bruchmann, qui, plus récemment, a trouvé en grand nombre des prothalles de Lycopodes, y constate toujours une 1 Tneus: Annales de Buitenzorg, t. VIII. — GorpeL : Orga- nographie der Pflanzen. II. Lena, 1900. infeclion largement étendue (fig. 14), qui se pro- duit, à n'en pas douter, à l'époque de la germinu- lion des spores. Je ne vois à ces fails qu'une explication : dans ce cas, comme dans celui des Orchidées, les diffi-- cultés qu'on rencontre pour obtenir des germina- tions dans un sol quelconque tiennent à l'absence d'endophytes dans ce sol. Dès que, comme le font les horticulteurs pour les Orchidées et comme l'ont fait ici De Bary et Treub, on sème les spores sur un sol infesté, elles se développent en s'infestant. Treub, qui à suivi le développement des œufs qui se forment sur les prothalles infestés du Zycopo- dium cernuum a, d'autre part, constaté que les plantules qu'ils donnent s'infestent Lôt, se tubéri- sent et ne forment pas de racine primaire. Il a, d'ailleurs, mis en évidence, dans ce cas, la conver- gence extraordinaire qui existe entre les prothalles et les plantules du Zycopodium cernuum, d'une part, et entre ces organismes et les plantules d'Or- chidées, de l’autre. Tant de ressemblances inec- coulumées ne peuvent s'expliquer, à ce qu'il me parait, que par l'infeclion précoce et nécessaire qui, dans ces cas divers, entraiue la tubéri- sation. Les deux caractères aberrants des jeunes plan- tules de Lycopodiacées et d'Orchidées : absence de racine el tubérisalion, se retrouvent à l’état adulte chez cerlaines Orchidées comme chez certaines Lycopodiacées. On sait; en effet, d’une part, que certaines Orchidées (Æpipoygium, Corallorhiza) aussi bien que cerlaines Lycopodiacées (Psilotun Tmesipteris) ne produisent jamais de racines pen- dant tout le cours de leur vie. Des faits de tubé- … risation à l'état d’adulte — $se traduisant, en « définilive, par la formation de tubereules — se « présentent, d'autre part, pour les Orchidées, dans M toute une tribu de celte famille (les Ophrydées) et, pour les Lycopodiacées, chez le Phylloglossum. Lam queslion se pose de savoir si de semblables carac- tères de plantes adultes peuvent être encore con- sidérés comime des symptômes d'infection. Dans” ce qui va suivre, j'examinerai cette question seu- î lement pour le cas des plantes à tubercules. | ; { )! IV. — EVOLUTION DES ORCIHIDÉES À TUBERCULES. = Les Orchidées à tubercules ou Ophrydées, abon- dantes dans nos prairies ou dans nos bois, lesh Orchis, les Ophrys, les Loroglossum, présentent une grande similitude d'aspect et se dévelop pent à forl peu près de la même manière. Les. différences qui s'observent d’une Ophrydée à l'au tre sont assez peu importantes pour qu'on puisse résumer les phénomènes du développement des ces\ plantes en ne retenant que les cañactères généraux ë| NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX 17 qui sont communs à loutes celles de la tribu; c'est ce que je ferai ici. L'embryon rudimentaire des minuseules graines de ces Orchidées se développe en donnant, dès l'abord, un petit tubercule ({ubercule embryon- uaire) largement infeslé vers sa pointe, portant à son extrémité élargie les premières feuilles d’un jeune bourgeon (fig. 15). Ce premier bourgeon de aberrant de développement des racines infestées du Neottia Nidus-avis, dont le point végétatif, après un certain temps de fonctionnement normal, donne une masse indifférenciée d’un lissu embryonnaire où de l’amidon s'accumule (voyez fig. 5). Le mode de développement d'une Ophrydée dans sa pre- mière année peut s'y comparer exactement : le bourgeon apparu sur le tubereule embryonnaire | Pig-Am Fig. 19. Fig. 20. … Fig. 15 à 20. — Evolution d'une Ophrydée. — Fig. 15, 16 et 11, pendant les deux premières années. — à, tubercule em- * bryounaire; b, bourgeon terminal; i, zone infestée; {, premier tubercule; r, rhizôme, {, second tubercule. — ; Fig. 48, 19 et 20, dans l'année de la floraison. — T, tubercule: B, bourgeon: b, b., bourgeons de second ordre; T', nouveau tubercule; r, racine; 1 zone infestée. - la plante, après avoir formé seulement quelques - feuilles rudimentaires, cesse d'en produire de nou- - velles : il ne donne pas de rameau; sur son flanc apparaît un mamelon de plus en plus renflé, qui init par donner un tubereule (f, fig. 16) ayant à - peu près la laille du tubercule embryonnaire - (quelques millimètres de long.) A la fin de la pre- . mière année, ce tubercule s'’isole en terre avec le ..bourgeon qui l'a produit; le tubercule embryon- . näire se flélrit et disparait. … J'ai indiqué, au début de cet article, le mode “—_ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. infesté ne se développe pas longtemps d'une ma- nière normale et l'aliment disponible, qui n’est plus régulièrement assimilé, s’'accumule dans le mame- lon, qui se forme par une prolifération cellulaire anormale des Lissus. Dans ce cas, au reste, comme dans celui des racines du MVeottia Nidus-avis, le jeune tubercule n'est pas atleint par l'endophyte et, au moment où il s’isole avec le bourgeon qui l'a produit, il est encore indemne de toute infection. Ce bourgeon, qui réagit en se tubérisant et qui s'isole avec son tubercule, s’est, par là même, añriu- # 18 NOEL BERNARD — INFECTION ET chi de l'infection. Celte première tentalive que fait la plante, si j'ose ainsi dire, pour se débarrasser de l'endophyte, reste sans succès : le bourgeon isolé avec le petit tubercule se développe en un court rhizome (r, fig. 17), couvert de poils absor- bants, qui s’infeste bientôt dans le sol, ainsi que quelquefois au moins, —le tubereule lui-même. Le bourgeon, qui se retrouve alors dans les mêmes conditions, évolue dans la seconde année comme dans la première : après avoir produit quelques feuilles nouvelles, il se tubérise et, pour la seconde fois, s'isole avec le nouveau tubercule qu'il a produit (/', fig. 17). Pendant tout le cours de sa vie, une Ophrydée produit ainsi, chaque année, un ou plusieurs tu- bercules, à partir de certains bourgeons; mais, à mesure que la plante avance en âge, ils sont de plus en plus volumineux, jusqu'au moment où, les tubercules ayant atteint un maximum de taille, variable suivant les espèces, le mode de végétation de la plante prend un cours régulier. Sans suivre plus longtemps, année par année, le développement de la plante venue de graine, voyons tout de suite ce qui se passe quand l’état adulte est alteint, par exemple dans l'année où la plante qui provient d’un tubercule ayant son maximum de taille, arrivera à fleurir. Le tubercule prêt à s'isoler (mai) entraine un bourgeon dont le développement est assez peu avancé (B, fig. 18). Ce lubercule n’est pas infesté, mais il est, cette fois, assez volumineux et contient assez de réserves pour que le bourgeon puisse vivre d'abord uniquement à ses dépens; la plante ne développera qu'au bout de quelque temps des organes absorbants (racines), qui s'infesteront dans le sol. Elle est, cette fois, pour un temps notable, débarrassée de l'endophyte ; il est intéressant de voir comment, dans ces condilions nouvelles, elle va se développer. Dès le mois d'août, le développement du bour- geon, isolé avec son lubercule, devient actif : ses feuilles anciennes s’accroissent tandis que de nou- velles se forment à la partie centrale: dans le cours de septembre, on peut distinguer au centre du bourgeon la jeune hampe florale, qu'il a formée et qui se déploiera au printemps. À ce moment, à l’aisselle des feuilles inférieures sont apparus de nouveaux bourgeons (}, 2, fig. 19), qui ont, d'abord, une apparence normale, forment leurs premières feuilles et ne paraissent en rien distincts des Jeunes bourgeons qui, chez la plupart des plantes, sont l’origine des rameaux. La différenciation a, en un mol, suivi jusqu'ici la marche qui est nor- male chez le plus gran nombre des végétaux; la plante ne s'est pas encore infestée. Mais, à La fin de septembre, des racines absor- TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX bantes sortent de la base de la Lige, s'étendent dans le sol, et, dès qu'elles ont atleint quelques centimètres de long, on les trouve régulièrement pénétrées d'endophytes venus du sol. Dès ce mo- ment, les racines resteront ainsi infestées jusqu'à l'époque où elles se détruiront après la floraison. Dès ce moment aussi, les phénomènes du dévelop- pement de la plante vont devenir notablement dif- férents. Les jeunes bourgeons axillaires cessent, en effet, à peu près complètement de former des feuilles nouvelles et, dans le cours d'octobre, on voit l'un d'eux au moins se renfler en un tubercule qui grossit rapidement. Quant aux autres jeunes bour- geons axillaires, qui ne donnent pas, en général, de tubercules volumineux, ils meurent souvent en été sans s'être différenciés davantage ; mais, s'il arrive qu'ils se développent, c'es{ toujours en se tubérisant. On sait, par exemple, que si l'on coupe la tige principale d'une Ophrydée en voie de déve- loppement, aucun des bourgeons axillaires ne se développe en une tige nouvelle, mais que plusieurs donnent alors des tubercules : c’est un moyen de mulliplier la plante. Il arrive fréquemment qu'en l'absence de toute lésion de la tige principale, il se produise à la fois plusieurs tubercules, dont un seul volumineux (T', fig. 20). Jamais, en tout cas, les jeunes bourgeons axillaires ne se développent eu rameaux. Seul, le bourgeon principal, arrivé avant l'infection de la plante à un haut degré de développement, donne une tige et ne produit pas de tubercule. Il n’a, pour ainsi dire, qu'à déployer M au printemps les feuilles et les fleurs: qu'il avait formées en automne. La hampe qu'il donne se des- sèche bientôt après, les fruits qu'elle porte ne ren- … ferment, comme je l'ai dit, que des graines rudi- mentaires dont l'embryon est resté à un élat très imparfait de développement. | La différenciation de la plante s'est donc achevée M presque entièrement dans une première et courte période (août, septembre), à l'époque.où elle n'était pas infestée. Dans la seconde période, beaucoup plus longue (octobre à juin), qui a suivi l'infection, il ne s'est plus différencié de parties nouvelles; tous les jeunes bourgeons se sont montrés Inca pables de donner des rameaux; ils sont morts ous Èl se sont tubérisés. $ Le mode général de développement de la plante change, en un mot, dès que l'infection se produits et il y a lieu d'opposer, à la première période des non-infection et de différenciation active, unes} seconde période d'infection et de tubérisation. ; | L'infection, qui se produit dès le début de la vie et qui reste à peu près permanente pendant les pres mières années, entraine la tubérisation de l’ems bryon d'abord, du premier bourgeon ensuite, el cè | 4 } [Le NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX dernier, sans arriver à achever son évolulion, pro- duit successivement plusieurs lubercules. Quand l'état adulte est atteint, chaque plante qui provient d’un gros tubercule non infesté a, pour ainsi dire, le temps de différencier des feuilles, des fleurs, des bourgeons, avant que l'endophyte ne l’atteigne ; elle se développe donc, tout d'abord, à la manière de tous les végétaux. Mais, dès qu'elle s’infeste de nouveau, son développement reprend une marche anormale : les jeunes bourgeons meurent ou se tubérisent, et les fruits ne peuvent produire que . des graines atrophiées. La présence de tubercules, qui apparaît ainsi chez les Ophrydées comme une conséquence et un _ Symptôme de l'infection, est un caractère assez constant pour servir à définir ce groupe d'Orchi- dées. On classe les Ophrydées dans les Flores en utilisant, partiellement au moins, les caractères de forme de leurs tubercules. J’ai,-cependant, eu, une . seule fois, l'occasion d'observer une Ophrydée dont un bourgeon axillaire, au lieu de former un tuber- | prennent un développement anormal, Il se forme cule, avait donné, en mars, un rameau presque aussi développé que la tige principale. Or, cette _ plante présentait, de plus, ceci de remarquable qu’elle n'avait encore développé aucune racine; à « l'ordinaire, les racines sortent er automne et s’in- — festent. Il y avait donc, ici, un retard anormal de la sortie des racines, et la plante était restée jus- - qu'en mars sans s'infester. Le développement d'un des bourgeons en rameau s'observait par consé- … quent, en ce cas, pour une plante restée indemne “ exceptionnellement. —…._ Fabre a vu, une seule fois aussi, un phénomène analoguë se produire chez une Ophrydée qu'il cultivait, dont les bourgeons donnaient des ra- meaux au lieu de se tubériser comme à l'ordinaire. …« Ce cas, dit-il, qui, dans l’immense majorité des Négétaux, serait conforme à la règle, et qui n'est ici qu'une exception, parait être fort rare, car, sur un nombre très considérable de pousses observées à tous degrés de développement, une seule m'a offert cette curieuse anomalie ‘. » Fabre, qui à indiqué lui-mème comme « une anomalie végétale » la singulière transformation des bourgeons en tubercules chez les Ophrydées, peut, à juste titre, s'étonner en retrouvant, excep- lionnellement, chez ces plantes un développement régulier de bourgeons en rameaux. La tubérisation des bourgeons parait bien être, chez les végétaux, une anomalie, je dirais presque une monstruosité, mais elle devient assez générale dans tout un groupe de plantes normalement in- festées pour que les plantes de ce groupe, qui sont indemnes et qui se développent à la manière de 1 Ann. Sc. Nat. Bot., 4 série, t. LI, 1855, p. 222. 19 tous les végétaux, soient à citer comme de rares exceptions. k V. — POSSIBILITÉ D'UNE GÉNÉRALISATION. CAS DE LA FICAIRE. La lubérisation, chez les Ophrydées, se présente sous divers aspects : au début du développement, c'est l'embryon tout entier qui se tubérise après l'infection. Quand l’état adulte est atteint, et que la plante se multiplie régulièrement par tubercules, il y a des périodes de non-infection, alternant régulière- ment avec des périodes d'infection. Chaque fois qu'une contamination nouvelle se produit, la plante à pu auparavant différencier hautement un de ses bourgeons, produire une tige, des feuilles, parfois des fleurs. Toutes ces parties, qui sont différenciées déjà, ne sont pas profondément modifiées après que l'infection s'est produite. Seuls, les tissus em- bryonnaires de jeunes bourgeons réagissent et ainsi, sur la plante, des tubercules bien individua- lisés, à partir de ces jeunes bourgeons isolés les uns des autres. On conçoit parfaitement à première vue, et il arrive effectivement, que les choses se passent d’une autre manière. Certaines Orchidées, comme par exemple le Neottia Nidus-avis, sont infestées pen- dant tout le cours de leur vie, et ne s'affranchissent Jamais. Le premier bourgeon apparu sur l'embryon a alors en tout temps un développement très lent, un mode de végélalion constamment anormal; il se développe en un rhizome charnu, qu'on peut envi- sager comme formé par une série continue de tubercules. Il y a, en un mot, en ce cas, {ubérisation permanente d'un même bourgeon, il ne se forme pas, par conséquent, de tubercules individualisés. Le formation de tubercules chez les Ophrydées dépend donc non seulement de l'infection par un champignon déterminé, mais encore du mode par- ticulier de l'infection, quiest, dans ce cas, régulière- ment périodique. Pour celle raison, en particulier, et pour plusieurs autres, on ne doit pas s'attendre à ce que toutes les plantes infestées produisent des tubercules: l'infection peut entrainer des déforma- tions de plus d’une nature, et, de.ce côté, une classification des cas, qui est entièrement à faire, doit précéder toute tentative de généralisation. La théorie que je donne pour expliquer le cas des Ophrydées n'a donc pas pour conséquence nécessaire que toutes les plantes infestées doivent produire des tubereules. Doit-elle, au moins, con- duire à admettre que toutes les plantes qui, comme les Ophrydées, tubérisent périodiquement leurs bourgeons se comportent ainsi parce qu'elles sont infestées? 20 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX Il faut bien remarquer que celte généralisalion n'a encore rien de nécessaire et que des déforma- tions comparables peuvent se présenter, en plus d'un cas, pour des végélaux qui sont dans des con- dilions bien différentes. Un des meilleurs exemples qu'on en puisse citer est celui de certaines plantes parasites de végétaux supérieurs comme les Oro- banches, qui ont acquis des caractères aberrants suffisamment comparables à ceux de plantes infes- tées, pour qu’on ail pu avoir quelque peine à éla- blir une distinction netle entre les deux cas, et qu'on ait considéré longtemps le Veottia Nidus- avis ou le Monotropa hypopitys, par exemple, comme des plantes parasites. La possibilité d'une généralisation dans le sens où je l’envisage acquiert pourtant quelque vrai- semblance par le fait, signalé en particulier par Stahl!, que les plantes à bulbes ou à tubercules sont du nombre de celles qu'on trouve le plus régu- lièrement infestées. J'ai cherché à savoir si l'hypo- thèse qui est, pour les Orchidées, entièrement vraisemblable, est possible à faire dans le cas de plantes qu'on leur peut comparer. Je n'entends qu'indiquer ici comment celte comparaison peul se poursuivre, Sans prétendre par là résoudre, en général, une question dont la complexité m'est connue. On se trouve, quand on aborde l'étude de plantes à tubercules, autres que les Ophrydées, dans des cas qui sont loin d'être aussi typiques : d'une part, parce que les infections qu'on peut constater sont beaucoup moins élendues; d'autre part, parce que les anomalies qui s’observent au cours du dévelop- pement sont beaucoup moins marquées. Une Renonculacée très commune dans lous nos bois, où elle épanouit dès le début du printemps ses fleurs d'un jaune d'or, la Ficaire, me servira de premier exemple. Cette plante se rapproche d'une facon étroite des Ophrydées, d'abord parce qu'elle produit des tubercules morphologiquement com- parables aux leurs, ensuile parce qu'elle donne, dans les rares cas où elle fruclifie, des graines à embryon indifférencié. Si l'on suit la germination de ces graines, les premiers phénomènes qu'on puisse constater sont parfaitement normaux : l'embryon, pendant Ja digestion de l'albumen, s'organise en une pelile plantule ayant une tige, un bourgeon terminal, une prémière feuille qui se déploie, et une racine terminale bientôt ramifiée dans le sol. Mais les phénomènes, qui— au contraire de ce qui se passe chez les Ophrydées — ont pris ainsi tout d'abord une marche normale, changent d’allure après quelques mois, et le bourgeon terminal, au lieu de continuer à évoluer en rameau, produit un tubereule(£, fig. 21). Or, en examinant, au moment où ce premier tubercule apparait, les racines qui commencent à s'élendre dans le sol, on y trouve constamment un endophyte qui vient de les pénétrer. Le premier développement de l'embryons’estdonc fait ici sans qu'il y ait infection; les endophytes ne pénètrent la plante que par ses racines, une fois qu'elles sont formées et sorties; la lubérisation ne se montre qu'à partir de ce moment. Dans le cours de sa vie, la plante se multiplie par tubercules de l1 même manière que les Ophry- dées; ici encore, la conta- minalion coïncide avec la sortie des racines. C'est à partir du moment où elle se réalise que se forment des tubercules nouveaux. La seule différence qu'il y ait, au point de vue où je me place, entre ce cas et celui des Ophrydées, est que, chez la Ficaire, les ra- cines grèles et ramifiées sont infestées plus pauvre- ment et d’une façon moins régulière, mais elles le sont constamment,d’aprèsce que j'ai pu voir, et l’'analogie se poursuit encore par le fait. que le champignon qu'on obtient en culture à partir de ces racines infestées est aussi un Fusarium. Ce cas de la Ficaire doit intérèt à ce que la constitution des graines et la tubercules présentent les mêmes ca- ractères que chez les Ophry- dées. Il y a entre ces plan- tes, de familles bien diffé- renles, une convergence étroite, frappante, sou- vent remarquée déjà’, et qu'on ne peut logique- ment chercher à expliquer que par une condition commune : je ne vois comme lelle que l'infection. Des plantes sauvages comme les Ophrydées et la son Fiz. 21.— Plantule de Fi- caire. — a, tige; c, pre- mière feuille; r, racines iulestées ; b, bourgeon terminal ; {, premier tubercule. nalure des Ficaire, qui vivent loujours dans les mêmes lieux où elles se reproduisent par tubercules, peuvent se réinfester à chaque généralion, et on conçoit sans peine que la tubérisation puisse être, chez ces { Der Sinn der Mycorhizenbildune. Pringsheims Jahrb., .1899. 1 VAN Trecneu : Observations sur la Ficaire. Ann. Sc. | Nat. Bot. 5° série, t. V, IS66. distinctes : NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX 2 plantes, un caractère constant : elles réagissent toujours de la même manière à une condition constante du milieu où elles vivent. Mais il existe des plantes à tubercules, dont la plus connue est la Pomme de terre, qui présentent un mode de végélalion comparable à celui des Ophry- dées, bien qu'on les change sans cesse de sol, el qu'on puisse en réussir la cullure en tous lieux. Peut-on, dans ces cas, encore considérer la forma- tion des tubercules comme le symptôme d'une infection? C'est la question que j'aborde maiute- nant. VI. — CAS DE LA POMME DE TERRE. $ 1. — Mode de végétation. a La végétation de la Pomme de terre, dit Aimé Girard ‘, présente à l'observateur deux périodes des tubercules mis en terre, trois semaines environ après la plantalion, sortent d'abord des tiges, qui, aussilôt, se garnissent de radicelles ; et, pendant un mois, six semaines quel- quefois, c'est au développement simultané de ces ligeset de ces radicelles que le travail végétal se borne. Puis, à cetle période en succède une se- conde; à la base des liges s’allongent des rameaux souterrains dont l'extrémité s'arrondit sous forme de tubercules féculents. Ceux-ci vont ensuite gros- sissant pendant un lemps qui, suivant les variétés, se prolonge de deux à trois mois. » Les deux périodes que distingue A. Girard peu- vent être appelées « période de différenciation » et « période de tubérisalion »; elles se comparent à celles que j'ai distinguées pour les Ophrydées. Chacune d'elles correspond, encore dans le cas de la l’omme de terre, à un état général de la plante et non à l'état particulier de certains bourgeons. Pendant la première période, en effet, fous les bourgeons se montrent capables de se développer en rameaux. Pendant la seconde, au contraire, /es jeunes bourgeons ne se montrent plus capables que de donner des tubercules. Si, par exemple, au début de la végétation, on coupe la jeune tige, un bourgeon de second ordre se développe en une tige nouvelle. Si, plus tard, au contraire, on coupe les jeunes tubereules, c'est en formant de nouveaux tubercules que d’autres jeunes bourgeons évoluent, et la tubérisalion peut alors atteindre aussi bien les bourgeons aériens que les bourgeons souter- rains. Dans la « période de tubérisalion », l'appareil aérien cesse de se développer: les jeunes feuilles ou les fleurs qui s'étaient formées déjà se déploient encore, mais il ne s’en différencie pas de nouvelles. ? fecherches sur la cullure de la Pomme de terre indus- triclle et fourragère, Paris 1900, p. 55. Souvent, la plante ne donne pas de fruits, soit parce que ses fleurs ne se forment pas ou ne s'épanouis- sent pas, soit parce qu'elles tombent aussitôt épa- nouies. Il n'est pas illogique de chercher à attribuer à une intoxicalion générale de la plante, se produi- sant à un moment donné, ce changement d'état qui se manifeste par le changement complet du mode de développement de tous les bourgeons. Le tout est de savoir si cette intoxication peul êlre rap- portée à l'infection de la plante par un microorga- nisme. A ce point de vue, il faut remarquer, tout d’abord, que /e parenchyme d'un tubercule de Pomme de terre parait étre un milieu aseptique. Si l'on pré- | lève, avec des précautions suffisantes, une portion de ce parenchyme interne et qu'on l'abandonne, vivant, dans un lube stérile, il finit par mourir en se desséchant, sans qu'il s'y soit développé de mi- croorganismes. Naturellement, la surface du tuber- | cule, la partie externe de son écorce abrile des germes de microorganismes divers; mais aucun de ces microbes, dont j'aurai plus loin à parler, ne vit dans l'inlimilé des Lissus d'un tubercule sain. On peut done admettre qu'une Pomme de terre, au moment où on la plante el où ses bourgeons com- mencenl à se développer, est indemne de toute infec- lion ; elle se développe, à ce moment, d'une manière normale. En est-il encore ainsi quand la plante a atteint son complet développement, quand elle porte des tiges aériennes, de jeunes tubercules et des racines abondamment ramiliées? J'ai, pour le savoir, fait la flore des microbes qui se développent sur des racines de Pomme de terre lavées avec soin, aus- sitôt après leur récolle, dans de l’eau stérile et mises à l'abri de tout apport de germes par l'air. A parlir des racines ainsi traitées, on obtient, comme on doit s'y allendre, des microbes divers. Mon altenlion s'est portée surtout sur les champignons. Or, je n'ai récollé ainsi avec quelque constance, comme champignons filamenteux, que des Æusa- | rium. , A l'examen microscopique, on trouve très fré- quemment les racines des Pommes de terre envahies de mycélium pendant la période de tubé- risalion ; il ne s’agit point, là encore, à la vérité, d'un cas d'infection aussi lypique que celui des Ophrydées. Certaines radicelles paraissent in- demnes, d’autres ne sont infeslées que par points. Mais, d'une part, la Ficaire, qu'il paraît si légitime de rapprocher des Ophrydées, présente une infec- tion qui n'est guère plus manifeste ni plus étendue ; d'autre part, il faut remarquer que les racines de la Pomme de terre sont grêles et que leur ensemble ! présente une longueur de plusieurs mètres, tandis 19 19 que les racines charnues des Orchidées'restent courtes et simples. Ainsi, l'infection, moins visible dans le cas de la Pomme de terre par l'examen de radicelles isolées, peut être, dans l'ensemble, d'une importance comparable à celle des Orchidées, dont les racines sont, en chaque point, contaminées d'une façon plus régulière et plus apparente. 7] m'a done paru possible de faire l'hypothèse que la tubé- risalion de la Pomme de terre est due, comme celle de la Ficaire ou des Ophrydées, à l'action d'un Fusarium infestant les racines pendant la période de tubérisation. La lubérisation des bourgeons n’est pas, à beau- coup près, un fait aussi régulier et aussi constant dans ce cas que dans celui des Ophrydées. « La récolte des Pommes de terre, dit M. E. Couturier ‘, est, sans contredit, une des plus attrayantes..…....… L'attention y est continuellement tendue; on marche à la découverte, car on se trouve dans l'in- connu. À chaque coup de crochet, on met à l'air un produit plus ou moins important par son abon- dance ou par sa beauté. Tantôt, c'est un succès exceptionnel; tantôt, c'est une complète décep- lion. » Quiconque a récolté des Pommes de terre a eu, en effet, la surprise de ne trouver, au pied de plantes qui paraïissaient saines et vigoureuses, que des tubercules en très pelit nombre et de petite taille; il arrive même qu'on n'en trouve pas du tout. Il est donc assez légitime, dans l'hypothèse où : Je me place, d'admettre que l'infection puisse être, chez la Pomme de terre, plus irrégulière que chez les Orchidées ; mais il n’en reste pas moins à expli- quer que la cullure faite à partir de tubercules réussisse communément dans des circonstances diverses, dans des pays et dans des sols variés. Ce fait s'explique, à ce qu'il me semble, par la constatation que /es {ubercules servant à la semence transportent régulièrement les Fusarium capables de contaminer les racines. On sait depuis long- temps qu'un Fusarium intervient fréquemment dans les maladies des tubercules. De Martius avait cru que ce champignon causait la « gangrène sèche », maladie dans laquelle on le rencontre souvent. Mais, le Æusarium solani se ren- contre, dans des cas très divers de maladie des tubereules, associé à d'autres microorganismes, et il parait être plulôt un parasite banal se dévelop- pant sur les tubercules avariés que le parasite spé- cifique d'aucune de leurs maladies. Si l’on abandonne en milieu stérile des tuber- cules sains, lavés d’abord au sublimé pour dé- truire les germes accidentellement tombés sur eux, on récolte bientôt sur ces tubercules des Æusarium qui s’y sont développés. Dans des essais de ce ! Agriculture moderne, 1896. NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX genre que j'ai faits pour des tubercules de la va- riété Marjolin, j'en ai trouvé dans la proportion de six fois sur sept. Les germes de ces champi- gnons existent, selon toute vraisemblance, dans les assises subéreuses gonflées d'air de la surface du tubercule, où ils sont, dans une certaine mesure, protégés contre l’action des antisepliques; je ne suis pas arrivé à les détruire sans endommager gravement les bourgeons. IL est donc vraisemblable que le Fusarium solani existe normalement à la surface des tubercules sains. Cela explique, d'une part, qu'il puisse conta- miner fréquemmentla masse des tubercules atteints de pourriture sèche ou humide ou de maladies di- verses. D’autre part, cela permet de comprendre comment, quand on plante un champ de Pommes de terre, les Fusarium transportés par les tuber- cules peuvent, en se développant dans le sol, arri- ver à conlaminer les racines. On concoit, dès lors, que l'infection par un Fusa- rium puisse être, chez la Pomine de terre, un fait aussi fréquent que la tubérisation. $ 2. — Introduction en Europe et culture de la Pomme de terre. La Pomme de lerre fut, comme on sait, importée d'Amérique vers la fin du xvr° siècle; elle se répan- dit peu à peu, d'abord en Angleterre, puis dans l'Europe centrale et, enfin, en France, où, grâce aux efforts admirables de Parmentier, sa cullure prit, dès la’ fin du xvim° siècle, l'importance qu'elle a gardée. Un premier fait important à noter est que l'in- troduction de la plante a été faile au moyen des tubercules, qui transportent le Fusarium, et non au moyen des graines, qui ne le transportent pas. J'ai dit, à propos des Orchidées, comment les soins de la culture et l'emploi de sols soigneusement choisis ont eu pour premier résultat d'acclimater, en même temps que ces plantes, les endophyles qu'elles hébergent. On a, de même, pour la Pomme de terre, employé, dès le début de la culture, une mé- thode essentiellement favorable à la propagation des microbes que les tubercules apportaient. « Les engrais des trois règnes, dit Parmentier’, sont bons pour la reproduction de la Pomme de terre; il s’agit de les distribuer convenablement, en metlant, dans les trous creusés par la bèche ou dans les sillons creusés par la charrue, des fumiers placés immédiatement sur ie tubercule. » Je me suis assuré que le Æusarium solani, ensemencé dans du fumier, pouvait le contaminer rapide- dement et dans toute sa masse. Celle méthode de 1 Traité sur la culture et les usages deS Pommes de terre, de ja Patate et du Topinambour. Paris, 1189, p. 74. NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX 93 Parmentier, qui est encore employée dans certains pays, est donc essentiellement favorable au déve- loppement et à la propagation du mycélium depuis les tubercules-semence jusqu'aux racines et jus- qu'aux tubercules nouveaux. Un des faits caractéristiques de l'histoire des Orchidées consiste en ce que la multiplication de ces plantes par graines, impraticable autrefois, n’est devenue possible que quand la culture a été régulièrement faite dans des sols infestés. Un docu- ment précis montre de même que les premiers semis de Pomme de terre qu'on ait faits en Europe n'ont donné qu'un résultat décevant. Charles De l’'Esclude, qui, le premier sans doute, à la fin du xvi° siècle, cultiva la Pomme de terre en Allemagne et contribua à la répandre parles envois qu'il fit de tubercules ou de graines, rapporte, dans son Æario- rum plantarum Historia*, que « l’on ne doit comp- ter, pour la conservation de l'espèce, que sur les tubercules ». Les graines qu'il avait envoyées à ses amis germaient parfaitement, mais les plantes obtenues donnaient des fleurs et ne produisaient pas de tubercules. Les choses se passent aujour- d'hui différemment : les agriculteurs qui font de la Pomme de terre l’objet d’une culture spéciale, pratiquent les semis; mais généralement les plantes qu'ils obtiennent donnent, dès la première année, des tubercules et ne fleurissent pas. Un grand nombre de variétés qu'aujourd'hui l’on cultive ont ainsi des semis pour origine; elles sont, autant que d’autres, contaminées de Æusarium, comme le prouve à elle seule l'histoire de leurs maladies. Ainsi, les horticulteurs d'Orchidées obtiennent maintenant par semis des hybrides tout autant infestés que les plantés parentes, bien que les graines ne le soient pas. Dans un cas comme dans l'autre, ce n'est qu'à partir du moment où les endophytes ont été acclimatés aussi bien que les plantes mêmes, qu'on obtient des semis le résultat qu'on en attend et que la tubérisation paraït héré- ditaire. L'introduction par tubereules, qui, en définitive, a réussi, n’a pas été non plus sans difficultés. Un des premiers Mémoires de Parmentier est consacré à la dégénération des Pommes de terre. « Malgré les avantages réunis de la saison, du sol et de tous les soins que demande sa culture, dit-il, la Pomme de terre dégénère, et cette dégénération, plus marquée dans certains cantons, a été portée à un tel degré que, dans quelques endroits du Duché des Deux-Ponts et du Palatinat, la plante, au lieu de produire des tubercules charnus et farineux, n'a plus donné que des racines chevelues et fibreuses, quoiqu'elle fût pourvue, comme à l'ordinaire, de “ Publié à Anvers en 1601. feuilles, de fleurs et de fruits ou baies ‘ ». Parmen- tier montre ensuite qu'il n'y a lieu d'attribuer ni à la gelée, ni au défaut de maturité des tubercules, ni à la multiplication par œilletons « cette espèce de calamité pour les pays qui l’éprouvent »; il y voit un résullal « de l’affaiblissement du germe des racines ». L'étude des Ophrydées m'a fourni deux exemples d'une semblable dégénération par la culture, qui est bien plutôt, comme l’observe Fabre, un retour de ces végétaux aberrants à un développement normal. Si les Ophrydées étaient aussi largement cultivées que la Pomme de terre, il n’est guère douteux qu'il y aurait plus de deux cas de dégéné- ration à citer. M. Lindet à fait récemment connaître un cas de dégénération de la Pomme de terre, par l’action prolongée des antiseptiques, qui donne une raison de croire que la dégénération peut bien être attri- buée au défaut d'infection. Dans le but de combattre la gale, maladie bacté- rienne des tubereules, M. Lindet, continuant les expériences d’Aimé Girard, traile par le bichlo- rure de mercure les tubercules qui doivent être plantés. Pour d’autres lots, il emploie le bichlorure à l’arrosage du sol où se fait la culture. Par ce trai- tement, la végétation ne parait pas gênée, les rendements sont bons aux premières récoltes. Le traitement est poursuivi pour les tubercules récoltés et continué pendant quatre générations ; des tubercules provenant de pieds mercurés sont, chaque fois, cultivés comparativement sans subir de traitement nouveau. À la seconde gé- nération, les rendements diminuent de 33 et de 22 °/,, suivant que les Pommes de terre ont été, au moment de la plantation, mercurées ou non. A la troisième génération, les rendements dimi- nuent de 60 et 67 °/,; à la quatrième, de 68 et 51°/, : « Le bichlorure de mercure, dit M. Lindet, a donc diminué d'une façon indiscutable les qua- lités reproductives des Pommes de terre de se- mence ?. » A mon avis”, on a fait ici une sorte de stérili- sation, fractionnée de tubercule en tubercule, pour aboutir, en définilive, à n'avoir qu'une infection faible et irrégulière du sol et, par suite, un rende- ment insignifiant. C’est, au moins, une explication logique que je puis donner d’expériences que je n'ai pas suivies de près moi-même. Le fait que la dégénération n'est ni immédiate ni complète ne peut guère étonner : l’action des antiseptiques, pro- ! Mémoire 30 mars 1786, = Bull. Soc. Nat. d'Agriculture, mars 1901. 3 M. Lindet, qui a eu l'obligeance de me faire connaitre ce | cas, en a lui-même donné cette interprétation. lu à la Société Royale d'Agriculture, le 2% NOEL BERNARD —— INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX longée seulement assez peu pour que les bourgeons ne soient pas gravement atteints, est insuffisante, en effet, pour détruire complètement les germes que le tubercule entraine. J'avais opéré ainsi moi-même pour obtenir à parlir de tubercules le Fusarium à peu près purement et noncé à débarrasser par ce moyen des Pommes ., j'avais re- racines, du mycélium développé en culture pure, de telle manière que la conlaminalion soit rapide et se fasse régulièrement. Dans ces conditions, j'ai obtenu entre les deux lots ainsi cullivés des différences frappantes, surtout au début du développement. Les Pommes de terre du deuxième lot développent bientôt leurs bour- Fig. 22, — Pomme de terre dont les bourgeons se développent en rameaux, avec un seul tubercule d'apparition tardive (infection de terre d’endophytes pour les culliver sans eux. Dans les tentatives expérimentales que j'ai faites jusqu'ici, j'ai employé une méthode inverse. J'ai cullivé comparativement, d'une part, des Pommes de terre dans un sol pauvre (sable), où la propa- gation lente du mycélium ne doive assurer qu'une contamination tardive eLirrégulière des racines, et, d'autre part, des Pommes de terre comparables, dans le même sol, en plaçant, autour des jeunes tardive). geons souterrains en tubercules, landis que celles du premier donnent, avant de se tubériser, de longs rameaux souterrains ou aériens et ne produisent dem tubercules que tardivement. Les photographies qui sont reproduites ici représentent les cas extrêmes: des variations que j'ai observées (fig. 22 et 23). La différence esl surtout manifeste au début de la culture; cependant, en laissant celle-ci se pour: suivre, j'ai toujours oblenu un plus grand nombre F2 | | | | { NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX (SE =) de tubercules et un rendement plus régulier dans le lot infesté: mais les différences de rendement en poids de l’un à l'autre lot restent assez minimes pour qu'il n'y ait point là, au point de vue agri- cole, un bénéfice capable de compenser les frais qu'entrainerait la cullure ainsi comprise. En un cence n’est pas fatale et qu'on peut maintenir des rendements élevés si l’on a le soin de sélectionner. pour la plantation, les tubereules des pieds à grand rendement. Il est certain qu'on peut conserver ainsi les qualités héréditaires des sujets dont ces tubercules proviennent. Il n’est pas non plus dou- À \ \ { À NC : se | & er i \ | Fig. 23. — Pomme de terre dont les bourgeons produisent immédiatement des tubercules (infection précoce). mot, je n'ai nullement la prélenlion de résoudre ici, même théoriquement, la question complexe du rendement des Pornmes de terre. La dégénérescence des Pommes de terre se produit à peu près régulièrement, en dehors de toute condition particulière, quand on cultive pen- dant longlemps une même variété dans un même lieu. Aimé Girard a montré que cette dégénéres- =. teux qu'en récoltant les tubercules de pieds lar- gement infeslés, on doit récolter aussi les Æusariun de ces tubercules plus régulièrement qu'en prenant! ceux de plantes coureuses et peu fertiles, pau- vrement infestées. En d'autres termes, le cullivateur qui opère cette sélection, à mon sens, sélectionne, maintient et conserve, en même temps que les plantes, la maladie qui lui permet de les uliliser. 26 NOEL BERNARD — INFECTION ET TUBÉRISATION CHEZ LES VÉGÉTAUX La Pomme de terre capable de se reproduire facilement par les graines bien constituées qu'elle donne, qui dégénère fréquemment, et qu'on ne maintient à l’état de plante régulièrement tubérisée que par la sélection et les soins d'une culture attentive, présente, évidemment, un cas de tubé- risation beaucoup moins net et beaucoup moins accentué que les Orchidées; elle présente aussi une infection beaucoup moins régulière et étendue. Les arguments de Biologie comparée que j'ai dévelop- pés dans cet article amènent, d’une façon continue, du cas typique des Orchidées au cas moins net de la Pommefde terre, et cela, surtout, me paraît auto- riser la généralisation que je lente. Si l’on résume l'idée que j'ai développée en disant que les tubercules de Pommes de terre sont comparables à des tumeurs végétales, dues à l'ac- tion d'un parasite sur la plante, elle heurte, par plus d'un point, nos habitudes ou nos idées pré- conçues, Mais, qu'on cherche à se mettre dans l'état d'esprit d’un biologiste isolé dans quelque île loin- laine, qui ne connaitrait la Pomme de terre que comme une plante rare dont il étudierait quelques exemplaires. Ce biologiste, en voyant de jeunes bourgeons de celte plante si singulièrement tumé- fiés, aurait, je pense, assez naturellement, l'idée de les fendre pour voir s'il n'existe pas dans leur inté- rieur de parasile dont la présence puisse expliquer leur déformation. S'il apprenait que ces tubercules peuvent servir à bouturer la plante, il n'aurait pas plus lieu de s'en étonner qu'en sachant que certaines galles des feuilles d’un saule peuvent garder leur vitalité une fois tombées à terre et s’enraciner dans le sol". Et si, par aventure, il venait à savoir que, dans des contrées lointaines, on mange ces tuber- cules bouillis dans l’eau ou cuits sous la cendre, il se souviendrail, sans doute, que dans l'ile de Scio on fait, avec les galles d'une Sauge, des confi- lures estimées ? ou encore que, dans l'Inde, on 1 BeyeriNk : Ueber das Cecidium von Nemalus capreæ an Salix amyqdalina. Bot. Zeit. 1888. ? 11 s'agit d'une galle du Salvia pomifera L. Cf. H. Foc- mange les bourgeons d'un Acacia hypertrophiés par l’action d'une Urédinée parasite ‘. En dehors de nos préjugés et de nos habitudes, ce qui pourrait seulement l’amener à croire que la production de tubercules n'est pas un phénomène pathologique, c'est qu'il ne verrait pas de parasile dans le parenchyme de ceux qu'il étudierait. Je pense avoir montré que cette raison n’a pas une valeur décisive et que l’on doit concevoir la pro- duction des tubercules commedue à une intoxication générale de la plante beaucoup plutôt qu'à une infection locale des bourgeons qui se modifient. Je sais bien que le biologiste que j'imagine, trans- porté subitement dans une exposition générale d'Agriculture et d'Horticulture, où il verrait, par exemple, à côlé de tubercules de Pomme de terre, des racines monstrueuses de belteraves, des fraises, dont les graines minuscules sont portées par un réceplacle floral hypertrophié, des fleurs aux pé- ltales multiples le plus souvent privés d'organes reproducteurs”, pourrait se croire dans une expo- sition où les hommes ont accumulé les exemples de pathologie végétale que leur a fournis leur cul- ture. Mais son erreur serait-elle si facilement réfu- table qu’elle ne puisse, si l'on s'applique à la démontrer, être en quelque mesure utile et servir à nous éclairer? ? Noël Bernard, Maître de Conférences à la Facullé des Sciences de Caen. KEU : Sur quelques Cécidies orientales. ÆRev. gén. de Bol., t. IX, 1897 ! Barccay. Description of a new fungus Æcidium escu- lentum Sp. n. op. Acacia eburnea. Journ. of the Bombay Nat. Hist, Soc., V, 1890. * M. Molliard est amené, dans divers cas, à considérer la preducetion de fleurs doubles chez les plantes comme le résultat d'une association parasitaire. Il cite, en particulier, le cas, qui m'intéresse ici, de Saponaires infestées par un Fusarium, chez lesquelles la duplication des fleurs s’ac- compagne régulièrement d'une tubérisation anormale du rhizome. (Fleurs doubles et parasitisme. Comptes Rendus, 1 oct. 1901.) # Cet article est, en partie, le résumé d'un travail plus étendu : Etudes sur la Tubérisation, Thèse de Doctorat, Paris 1901 et Rev. Gén. de Bot. T. XVI, 1902. | L. MASCART — LE CABLE SOUS-MARIN TOURANE-AMOY 19 1! LE CABLE SOUS-MARIN TOURANE-AMOY La càble de Tourane (Annam) à Amoy (Chine) est le premier càäble français posé en Extrème- Orient ; il offre une importance considérable. Chacun sait avec quel soin les Anglais ont installé autour du globe un filel à mailles serrées de réseaux télégraphiques absorbant toutes les communica- tions du monde. Il est malaisé, à Sans même envisager l'hypothèse d'un conflit désastreux, nous voyons notre commerce affranchi, el opérant par une voie rapide et directe avec la Chine du Sud. La présence du télégraphe amène le développe- ment des affaires, en créant des relalions cons- - tantes, qui pro- fitent aux pays l'heure actuelle, de lutter contre les positions ac- quises ; aussi de- xOns-nOuS nous féliciter de l'exis- lence de ce nou- veau càble, qui nous permet de télégraphier de l'Indo-Chine à Paris sans être astreints à la sur- veillance des bu- reaux anglais. Comme on peut le voir sur la carte de la figure 1, nos dépêches trouvent à AmOYy les cäbles danois de la Grande Compagnie du Nord, reliant Amoy à Vladi- xoslok. De là, elles gagnent Pé- tersbourg par les voies russes, puis Calais par les cà-: bles danois de la même Compa- JS Pétersbourg correspondants . Le cäble Tou- rane-Amoy a élé fabriqué et posé par deux mai- sons françaises, la Sociélé Indus- trielle des Télé- phones, qui a fait la plus grande partie du travail, et la maison A. Grammont, qui a construit les atterrissements . Une description de la composi- lion de ce càble donne, aux di- mensions et à quelques détails près, la compo- silion générale des càbles sous- marins (fig. 2,3, 4 et 5). Au centre, un conducteur cuivre, Composé de gnie. C'est donc un premier pas très heureux fait dans la voie, que réclamait l'opinion publique, de l'émancipation de la censure britannique, que nous avons si durement sentie depuis la guerre du Trans- waal. Nous avons vu nos colonies séparées de la métropole, et avons compris l'isolement complet qui les menace en cas de guerre. Grâce à ce nouveau câble, l'Indo-Chine a une voie, sinon tout à fait française, du moins bienveillante et neutre. Fig. 1. — Aéseau des câbles sous-marins en Extrême-Orient. | F. Porremans Se. d'une cordelelte de fils fins, à très haute conducti- bilité, qui est le fil télégraphique, isolé à la gulta-percha. Ensemble conducteur et isolement constituent ce qu'on appelle l'âme, en terme de télégraphie sous-marine. Il est très important que l'application des diffé- rentes couches de gutta constiluant l'isolement soil faite avec le plus grand soin, de facon à assurer une adhérence parfaile du cuivre à la première cou- et des différentes couches entre elles. La che, 19 ee préparalion et l'épuralion de la gutla sont des opéralions délicales, la composition chimique de celte malière ayant une influence énorme sur ses qualités d'isolement et de conservalion. La fabri- LS Fig: 2. Fig. 3. Fig. 4. 2 à 4. — Coupes de divers types de câbles sous-marins (côtier, intermédiaire, grand fond). cation de l'âme est, sans aucun doute, la partie la plus difficile de l'usinage du câble. Autour de l'âme, nous voyons un ruban de toile, qui a pour but de protéger la gulta contre les aspé- rités accidentel- les des matières formant les cou- chesextérieures. Puis, dans les ss [/7|\] types d’atlerris- sements et les intermédiaires, un ruban de cui- vre est enroulé sur l'âme pour empêcher les «teredos » de péné- trer jusqu'à la gulta. Ces animaux sont, malheu- reusement, très friands de la gutta, et, dans les mers chaudes surtout, ils détruisent rapidement les càäbles, si l’on ne prend la précaution d'opposer à leurs ravages une enveloppe continue de cuivre. Au-dessus de l'à- me, recouverte ou non de cuivre, se trouvent deux cou- ches de jute tanné, qui ont pour but de garantir l'âme du contact de l’arma- ture, dans les points où le cäble, par suite de coques ou de frottements, tend à se déformer : c'est un matelas protecteur. Enfin, vient l'armalure, composée de fils d'acier. Ces fils sont variables suivant les différents Lypes de càbles, les plus gros étant aux alterrissements. Tous ces fils d'acier sont galvanisés. Au-dessus de l’armature, nous trouvons une dou- Fig. 6. — Coupe du type d'atterris- sement du câble Brest-Cap Cod. Fig. 5. — Profil en long d'un câble sous-marin, montrant les divers revélements. L. MASCART — LE CABLE SOUS-MARIN TOURANE-AMOY ble couche de jute, enduite de composition dite « compound », mélange variable de brai, gou- dron, ete., qui doit protéger l’armature et tout le cäble en formant une enveloppe étanche. A titre d'indication, nous donnons ci-dessous le tableau des poids et résistances à la rupture des types du câble Tourane-Amoy : RÉSISTANCE à la rupture POIDS TYPE par mille marin Atterrissement . 10.000 kilos. 20.000 kilos. 1 Côtier : 1.500 — 5L0DDE Intermédiaire. 4.000 — 1.500 — Grand foud . 2,000 — 6.000 — Le simple examen des coupes de câbles fait com- prendre le rôle de chacune des parties : cependant, il nous parail utile de dire quelques mots des arma- tures. On concoit qu'il faille, dans les petits fonds, où les mouvements de la surface se font sentir, prolé- ger cette àme si délicate contre les blessures que lui è feraient les as- périlés du fond. Aussi voyons- nous le càäble d'atterrissement muni d'une ar- mature de fils de8 millimètres. Dans certain {y- pes de gros cà- bles transatlantiques, on a même mis deux arma- tures superposées. La figure 6 montre la coupe du lype d’alterrissement du càble Brest-Cap Cod, fait par la Société Industrielle des Téléphones. Le grand poids d'un tel câble le rend immobile sur le : fond, et, s'il frotte sur ce fond, l’armature le pré- servera des avaries. Le cäble intermédiaire, destiné à êlre placé dans les fonds de 100 à 500 mètres, est déjà beaucoup moins gros; les fils de l’armature ont de 4 à 5 mil- limètres. Le cable de grand fond a des fils de 2 à 2uu 5, Évidemment, tes armatures répondent à des besoins différents : comme nous venons de le dire, les gros càäbles sont protégés contre les frottements el les accidents extérieurs (ancres de navires, filels de pêcheurs, ete...) par une armature de gros fil=. Les cäbles de grand fond ne ‘craignent pas ces avaries, parce que l'eau est probablement immo- bile, et qu'aucune manœuvre d’ancres ou filets ne vient troubler les grandes profondeurs de l'Océan. Mais, supposons que nous ayons un càble sans armature, et que nous voulions le réparer : il faudra le remonter à la surface. Pour que cette opération puisse réussir, le càble ne doit pas casser; donc il doit supporter le poids d'une longueur au moins igale à la profondeur. 3 L. MASCART — LE CABLE SOUS-MARIN TOURANE-AMOY 29 son propre poids (au DHL de l’eau près), 5.000 ment d'un càble, on a toujours, au-dessus du fond, une longueur de cäble supérieure à la profondeur. Nous devons donc chercher à obtenir, dans la dé- - Lermination de l'armature d’un càble de grand fond, que le càble puisse, au moins, supporter le poids de sa longueur qui sera suspendue dans l'eau. Si cette condition ne donne pas une longueur de sécurité Par exemple, une âme de cäble qui a 59 kilos de cuivre et 59 kilos de gutta par mille marin, sup- porte, par les fonds de 5.000 mètres, rien que par une tension de 118 X Tr 455 — 318 kilos pour une longueur égale à la profondeur. Cette lension fera inévilablement casser l'âme si celle-ci n’est entourée d'une armature qui supporte l'effort. Ce raisonne- ment est d'autant plus exact que, lors du relève- difficiles à effectuer, et on fera pour le navire des longueurs de càble aussi grandes que possible, selon le programme de la pose. Il est mauvais de multiplier les épissures et joints faits à bord, | où l’on se trouve dans de moins bonnes conditions de travail qu'à l'usine. Au fur et à mesure que l'on fait les soudures de l’âme, celle-ci passe dans une série de càbleuses qui la recouvrent des divers éléments de protec- tion. Au sortir des cäbleuses et de la machine à recouvrir de composition « compound », le câble | est fabriqué. Pendant tout le travail d'usine, on mesure constamment la conductibilité de l'âme et son iso- lement, afin d'être prévenu, si un accident se pro- duisait à une machine, et ne pas conlinuer à fa- | briquer avec une « faute » dans le càble. momètre ; “suffisante, nous sommes sûrs que nous aurons des difficultés presque insurmontables lors des répa- rations. C'est ainsi que certains càbles, dont les armatures ont été rongées par la rouille, ou dé- composées par certains sels du fond, sont irrépa- rables et ont élé abandonnés. Ayant examiné les diverses parties d'un cäble ous-marin, nous ne nous appesanlirons pas sur la fabricalion même du cäble, ce qui nous entrai- nerait trop loin ‘. Indiquons seulement que, pen- - dant sa fabrication, l'âme est soumise à des … essais électriques nombreux, de façon à s'assurer - qu'il n'y a pas de défauts dans la gutta : manques d'adhérence des diverses couches, bulles d'air emprisonnées, etc. Une fois que l'âme est finie, elle se compose de morceaux plus ou moins longs, qui sont réunis par des « joints » les uns aux autres : ces joints sont À $ ! Voir la bibliographie à la fin de l'artic'e. ITS Coupe schématique du « François-Arago ». — C, chandiére; - câbles; P, P’, poulies pour le relèvement ou la pose des ‘câbles: A F, table de friction; M, machine: I, II, II, IV, cuves pour le lovage des R, machine de relèvement; T, machine de pose; D, dyna- L, laboratoire. La gutta s’altère rapidement à l'air sec, elle perd ses qualités d'isolement el de souplesse. | Aussi, dès que le cäble est fabriqué, on le love dans des cuves étanches, et on le recouvre d'eau. | Il se conserve ainsi indéfiniment et peut attendre l'embarquement sur le navire de pose. Les diverses parties du càble sont donc lovées dans les cuves de l'usine, proches du quai du port, et conservées sous l’eau. Les opéralions purement! industrielles sont Lerminées; il ne reste plus que le travail de la « pose ». Le navire destiné à poser les càbles sous-marins est tout à fait spécial et possède des installations particulières. Le croquis ci-joint (fig. 7) représente la coupe schématique du vapeur François-Arago, de la Société Industrielle des Téléphones, qui a effectué, entre autres travaux, la pose du cäble de Tourane à Amov. La figure 8 en donne une vue d'ensemble. Le cäble est lové à bord, dans des cuves en tôle ‘30 L. MASCART — LE CABLE SOUS-MARIN TOURANE-AMOY cylindriques à base circulaire (1, If, II et IV), pla- cées dans les cales du vapeur: Il est soigneusement lové par « galettes » horizontales, très régulière- ment formées, et maintenues par les parois des cuves et par un cône central en charpente, sans aucune aspérité. On aura idée des dimensions de ces cuves, en sachant que la cuve IT a une hauteur de 5,60 et un diamètre de 10",56. Lorsque le cable est lové, un tuyautage permet d'introduire de l'eau dans les cuves, et, autant qu'on peut le poulies À et B fixes, et une poulie G mobile entre deux guides verticaux. Le câble passe sur A et B, et en dessous de C. S'il n'y a aucune tension, C repose sur son support. S'il y a une certaine ten- sion, la poulie C montera, et une échelle graduée donnera par la position de la poulie la tension, qui est fonction de son poids. La machine de relèvement (R, fig. 7) se compose d'une grande poulie ou tambour, mue par un moteur à vapeur el sur laquelle on enroule le càäble ou le Fig. 8 — Le « François-Arago », navire pour la pose des câbles sous-marins appartenant à Ja Société Industrielle des Téléphones. faire à la mer, le câble est maintenu immergé. A la partie avant du navire, sont installées des poulies, P de 1 mètre à 1%,20 de diamètre, sur les- quelles passeront le câble ou les filins lorsqu'on relèvera ou posera par l'avant. À l'arrière du na- vire, une poulie P' identique servira à la pose par l'arrière. Sur le pont, on voit, à l'avant, un dyna- momètre, puis, la machine de relèvement R; à l'arrière, un dynamomètre D et la machine de pose T. Ces dynamomètres sont destinés à donner à chaque instant la tension du filin ou du cäble. Leur principe est le suivant (fig. 9) : Soient deux filin à relever. Le diamètre du lambour est de 17,80 environ, afin d'éviter les courbures à faible rayon et de donner une adhérence suffisante pour empê- cher le glissement du câble. On fait, en effet, quel- | quefois des efforts de 15.000 kilos. Le moteur à. vapeur de ces machines à une puissance de 150 à 200 chevaux. La machine de pose (T, fig. 7) a aussi un tam-v bour, identique à celui de la machine de relèvement: son rôle est, non de rentrer à bord le câble ou le filin, mais de le laisser au contraire aller au dehors, à la vitesse que l’on veut. Cette machine est, à cet« effet, munie de freins lrès puissants, consistant, en ? .- L. MASCART — LE CABLE général, en poulies de grand diamètre, frottant sur des sabots en bois serrés par des cercles en fer (fig. 10). Elle possède aussi un moteur à vapeur, beaucoup moins puissant que celui de la machine Fig. 9. — Dynamomètre pour la mesure de la tension des câbles. — A, B, poulies fixes; C, poulie mobile. de relèvement, et qui ne sert guère que pour l’em- -barquement du câble, A côté de la machine de pose, nous voyons une sorte de table inclinée, dite table de friction (F, fig. 7). Les masses de fonte B (fig. 11) peuvent s’ap- procher ou s’écarter, opposant au mouvement du cäble un frottement plus ou moins fort. C’est encore un modérateur du mouvement. Songeons, en effet, que les tensions du câble seront considérables. Avec du grand fond comme celui du eàble Tourane- Fig. 10. — Freins de la machine de pose des câbles. Amoy, qui pèse 2.000 kilos le‘mille (1.852 mètres), nous aurons une tension de 4.000 kilos par les fonds de 3.600 mètres, le navire étant stoppé sur le câble (déplacement d’eau à part). Il faut que les freins puissent y résister. Enfin, sur le pont du navire, sont installés de nombreux rouleaux-guides, permettant de con- duire le câble d’une cuve quelconque aux machines, et réciproquement. Sous la passerelle, se trouve le laboratoire (L, lig. 7), qui est muni de tous les appareils de mesures électriques et d'échange de signaux télé- graphiques avec les guérites. Le lecteur curieux de connaitre les détails de ces mesures pourra recourir SOUS-MARIN TOURANE-AMOY al aux volumes que nous indiquons dans la bibliogra- phie. Il nous suffit de savoir que les essais consis- tent en mesures de résistances et de capacités. La précision de ces mesures étant indispensable pour le succès des opérations, nous avons, à bord des navires télégraphiques, les instruments les plus | perfectionnés. | IL Maintenant que nous connaissons le navire, sup- posons-le venu le long du quai, proche des cuves de l'usine qui contiennent le câble fabriqué. Nous allons procéder à l’embarquement dans l’ordre prévu pour les opérations de pose, ou, plus exacte- ment, dans l’ordre inverse, de façon que les parties Fig. 11. — Table de friction. — B, masses de fontes mobiles. que nous devons poser les premières soient à la | partie supérieure des cuves. | Ainsi que nous l'avons dit plus haut, pendant la | dernière phase dela fabrication, l'usine nous a pré- | paré les fractions de cäble par grandes longueurs ; nous n’aurons donc pas d’épissures ni de joints à faire. Le cäble sortant de la cuve de l’usine passe sur une série de rouleaux-guides, et arrive à bord où il est tiré par la poulie d'un treuil ou d’un moteur quelconque. Cette poulie est munie d'un « jockey », qui assure l'entrainement du câble (fig. 12). De cette | poulie, lecàäble descend dans la cuve, où des hommes | le lovent soigneusement. On a soin de laisser tou- | jours les bouts de chaque morceau à l'extérieur, de facon à pouvoir faire les mesures en y fixantles fils de secours qui vont au laboratoire. Le chargement d'un navire comme le François- Arago, qui prend 2.500 | tonnes de càble, de- 5) $ | mande une dizaine de . "a be ©) | | jours. Dès que tout le càble est embarqué, on remplit les cuves d'eau, et on fait les mesures de résistance du cuivre et d'isolement. Le navire, étant chargé de càble, se rend sur les | lieux de travail. Les opérations de la pose se font généralement de la manière suivante : Fig. 12.— Poulie munie d'un Jockey pour assurer l'en- trainement du câble. L. MASCART — LE CABLE S OUS-MARIN TOURANE-AMOY 1° Sondages (s'ils n’ont pas été faits avant) sur la ligne du càble projeté, et reconnaissance exacte des atlerrissements; 20 Pose des atlerrissements; 3° Pose des intermédiaires et du grand fond. L'importance des sondages est considérable. Lorsque le càble est au fond, il est nécessaire, pour sa conservation, qu'il repose complètement, c'est-à- dire qu'il ne franchisse pas en « pont» une dénivel- lation, une vallée sous-marine par exemple. À cet effet, lorsque nous posons sur une pente, nous mettons une longueur de càble plus grande que la distance horizontale des deux points extrêmes, de facon que le câble repose partout. Mais nous ne pouvons met- tre du «mou» d'une facon judi- cieuse que Si nous connais- sons parfaite- ment les pen- tes, et si la déclivité n'est ainsi pas lrop con- sidérable. Comme il existe, en cer tains points, de véritables chaînes de montagnes sous-marines, il est indis- pensable les éviter. Les réparations seraient, en ces endroits, sinon impossibles, du moins extrè- de mement difficiles. De plus, lorsque nous posons le càble, nous sommes obligés de le retenir; sans quoi, entrainé par son poids, il prendrailune vilesse énorme else mettrait en paquets sur le fond. Il faut, pour savoir la Lension à faire subir au câble, afin qu'il ait un « mou » déterminé, connaître la profondeur. Nous ajouterons qu'il serait, bien souvent, utile de connaitre à l’avance exactement les profondeurs et les températures du fond, pour établir le projet même du càble. L'isolement de la gutta varie très rapidement avec la pression et la température, et nous pourrions, sur des bases exactes, calculer l'isolement à demander au câble en usine pour être sûrs d'avoir un isolement donné pour le càble posé. Il est donc indispensable d'effectuer des son- Fig. 13. — Lovage, Sur un chaland, du câble d'atterrissement Brest-Cap Cod. dages précis, et rapprochés autant qu'il le faudra pour être sûr du profil du fond. Les appareils de sondages par grand fond sont nombreux, et consistent presque lous en un poids plus ou moins lourd, pendu à un fil d'acier à haule résistance (230 kilos par millimètre carré), de faible ! diamètre (0%%,75), dit « corde à piano ». Ce poidsest destiné à rester sur le fond après avoir indiqué, par la chute de tension du fil, qu'il est arrivé au fond, el, en même temps, avoir enfoncé dans le sol un tube ou tout autre appareil, qui rapportera un échantillon de la nature du fond. Quant aux atterrissements, on les étudie très exactement pour éviter les dangers locaux que peut courir le càble (ancres de navires, arêtes de ro- chers, gros brisants à la plage, cou- rants vio- lents, etc:). La pose des al- terrissements se fait géné- ralementavec des chalands ou des em- barcations, car il est rare que le navire puisse appro- mentla plage. La figure 13 d'atterrissement. Pour amener le bout du câble sur la plage, dans la tranchée qui doit le recevoir, on le suspend, dans l'eau, à des flotleurs (barriques) quelconques, et on häle le bout à terre. Lorsque le bout est à terre, amené à la guérile où commence la ligne aérienne ou soulerraine, on coupe les liaisons du cäble avec les flotteurs, el il coule dans le fond. Il ne faut pas oublier que le poids des câbles d’atterrissement d'un chaland, d'un câble chersuffisam- . montre le lo-. vage, à bord. est très grand, de 10 à 20.000 kilos par mille, et on conçoit la difficulté de placer en un point donné un pareil conducteur. Lorsque le chaland a atteint le navire et que le bout du câble est à terre, on peut commencer la pose du reste du càäble d’atterrissement, en se dirigeant sur la ligne déterminée à l'avance pour le tracé du cäble. La figure 14 montre, schématique ment, le travail d'un chaland sur un alterrissement: L. MASCART — LE CABLE Dès que le navire commence la pose, le labora- toire commence une série d'essais, consistant en mesures et en signaux réguliers avec la guérite. On appelle guérite le bureau télégraphique où se trouve le bout du càble. Le navire reste donc en communicalion télégraphique constante avec la guérile. {l importe d'être prévenu immédialement si une faute se déclare dans le SOUS-MARIN TOURANE-AMOY 33 alterrissement, le posera, puis il se meltra en route pour poser le câble de grand fond. en suivant le lracé aussi exactement que possible. Lorsqu'il approchera de la bouée du premier atterrissement, il la relèvera et aura à bord les deux bouts de la ligne. Après épreuves, il fera :e joint, puis l'épissure des armatures. Lorsque l'épissure est finie, le câble, en double, ne câble, pour la réparersans A tient plus à bord que par - perle de temps. | Lesfaulesen _ cours de pose, - heureusement rares, sont dues généralement aux causes suivantes : éclatement d'une bulle d'air _emprisonnée dans la gutla, corps étranger incor- - poré à la gutta, ou pénétrant dans le câble jusqu'à l'âme. Ce dernier cas s'est produit plusieurs fois de suite pendant la pose du premier càble trans- - atlantique : des morceaux de fil de fer tombés sur . le câble dans les cuves .y étaient enfoncés. £ Lorsque le navire atteint la limite fixée pour le câble d'atterrissement ou l'intermédiaire, on - arrête la pose et on met le càblé « sur bouée » (fig. 15). ï Cette opération consiste à couper le càble, à le Fig. 14. 4 | \ Ah LUE A à Fig. 15. — Mise sur bouée de l'extrémité d'un câble d'atterrissement. fixer à une chaine maintenue sur le fond par un champignon et reliée à une bouée par un filin. Lorsqu'on voudra, à la fin de la pose, relier le | bout du grand fond à celui de l'intermédiaire, on maura qu'à relever le filin fixé à la bouée pour | repêcher le bout du cäble. Nous avons donc mis sur bouée ce bout du premier atterrissement. Le navire ira à l'autre REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 4902. a S — Travail d'un chaland sur un atterrissement. une « bosse » enfilin (fig.16). C’est l'épissure finale. Un coup de hache sur la bosse, le câble coule et la pose est terminée. Telle est la marche générale d'une pose, dans le cas où le navire est assez gros pour porter tout le cäble. Dans le cas contraire, il s'arrête de poser quand il est au bout de son chargement, met le cäble sur bouée et revient à l'usine prendre le reste du câble. En retournant à la bouée, il relève le câble, fait l'épissure et repart, en con- Fig. 16. — Dernière période de la pose d'un câble sous-marin. tinuant la pose comme dans le premier cas. Nous allons donner un exemple numérique pour mieux faire comprendre la chose. Supposons que nous ayons à poser, entre deux points À et B, un càble composé de : A ( Atterrissement . . - . : 8 milles. RES tIntermédiaire... 2260 4— Grand fond. .- - + LAS 100 — j°* 31 L. MASCART — LE CABLE SOUS-MARIN TOURANE-AMOY ap... Intermédiaire. . . ... 65 milles. faut faire disparaitre, avant de continuer les * | Atterrissement . . . . . 410 — Les poids des trois types sont, par mille, de 10.000 kilos pour l'atterrissement, 5.000 pour l'in- termédiaire et 2.000 pour le grand fond. _Atterrës # À | & milles 200 rrilles Grand Jond Intermed: À 26 rulles Alterris{ B 10 les 5oo rralles &: = 1 A ERRREYR 2e Interméd. B | 65 milles Fig. 117. — Chargement des cuves pour la pose des cäbles, Nous ferons notre chargement de la façon sui- vante (fig. 17) Cuve I. Cuve IT. Cuve IT. Cuve IV. 210.000 kg 1.900.000 400.000 425.000 Poids total, 2.035 tonnes. Nous poserons dans l’ordre suivant (fig. 18) : Atlerrissement et intermédiaire de À, mise sur | bouée en C; pose de l'alterrissement et intermé- diaire de B, pose du grand fond en faisant route | sur C. Arrivé en C, on relève le ÆEpissure finale 5 LA 2 5 câble, puis on À -#: 2 IN UN D Zrtermed At? B mentd'unefaute, fait l'épissure signaux, en ramenant le câble à l’état neutre, sans quoi on à des superposilions. L'alphabet Morse, qui est généralement employé sur les lignes sous-marines, composé de traits et de points, est interprété comme points par les dévia- tions à droile ou les points en haut d'une bande de papier, et comme lraits par les dévialions à gauche ou les points en bas. On conçoit qu'on ait grand intérêt à faire des signaux par points et par traits, par des émissions de courants de sens contraire, pour réduire la lon- gueur de l'onde électrique et ramener plus vite le càäble à l'état neutre. Pendant l'exploitation du càble, on fait des mesures à intervalles réguliers, et on enregistre les résullats pour suivre l’élat général du cäble. IL est rare, en effet, qu'une faute se déclare brusque- ment, ou du moins amène l'interruption brusque des communicalions, à moins que ce ne soil une rupture complète produile par un effort mécanique extérieur. Souvent, une faute se manifeste, d’abord légère, puis va en s'accenluant, sans que les communi- cations soient interrompues. Il arrive même ce fail, qui parait paradoxal, qu'une faute d'isolement aug- mente la vilesse de transmission en rendant les signaux plus nets : en effet, le càäble revient plus vite à l'état neutre. Certains esprits novateurs ont songé à uliliser celte qualité en créant des fautes artificielles: elles ont, malheureusement, l'incon- vénient de ne pas comprendre leur rôle et de devenir des fautes graves. Quoi qu'il en soit, il faut suivre 4 : soigneusement le développe- pour prévoir le finale en C. F:g. 18. — Schéma de la pose d'un câble. moment où elle Si nous n'a- vons pas pu prendre tout le cäble, nous nous arrêlerons dans la pose en un point D où nous mettrons sur bouée le grand fond, et nous vien- drons le reprendre là quand nous aurons été cher- cher le reste à l'usine. III L'exploitation des càbles sous-marins se fait d’une facon différente de celle des lignes aériennes, à cause de la grande résistance de la ligne et de sa grande capacité. La propagation de l'électricité y a lieu d'une facon assez lente, et la rapide succession des signaux lélégraphiques ordinaires y produirait, sur le galvanomètre récepteur, des dévialions ou signaux inintelligibles. Le câble se comporte comme un condensateur; il prend une charge qu'il deviendra dan- gereuse et où il faudra la réparer. Les principes suivants forment la base de la recherche des fautes : si l’on a un défaut d'iso- lement en un point, que le cuivre communique avec la mer, une mesure de résistance faite de la guérile donnera un résultatinférieur à la résistance lotale du câble, puisque le défaut créera une terres en ce point. Si l’on a une rupture de l'âme sans contact avec la mer, une mesure de capacilé don- nera, par comparaison avec la capacité du càble non avarié, la posilion de la faute. Les localisations" de fautes sonltrès difficiles, quelquefoisimpossibles lant que la faute est légère. Mais, à mesure qu'el'e s'aggrave, la localisation devient plus facile, et a moment où la réparation s'impose, on a généra lement une indication nette de la position. On marque celle posilion sur la carte, et on Mstiten ones commen te nette Dont de ho do nd sd D: P. DESFOSSES — LE PANSEMENT MODERNE D'UNE PLAIE 35 - = — envoie un navire télégraphique, muni d’un approvi- sionnement de câble neuf. La première opération est de mouiller une bouée, à côté de laquelle sta- tionne le navire, pour en déterminer la position par des observations astronomiques. Cette bouée sera - Ja base du travail reporté sur la carte et le point de repère pour rechercher le câble, dont on connait la position, aux approximations du calcul nautique près. Après avoir sondé, le navire descendra un grappin Fiz. 19. — Section d'un câble défectueux et relèvement < du mauvais bout. : 4 ; : au fond et commencera à draguer le câble suivant une perpendiculaire à la direction générale du cäble. Si l'on est dans les petits fonds, ou que, dans es grands fonds, le cäble ait assez de « mou », on relèvera le grappin lorsque le dynamomètre indi- “quera qu'on à croché le câble, et on amènera le “cable à bord, en double. On coupera le cäble après “avoir soigneusement bossé les deux bouts, et, en “essayant au laboratoire, on s'apercevra que la faute “est d'un côté ou de l’autre de la rupture. Le bon bout étant remis à l’eau, « sur bouée », on relève le mauvais jusqu'à ce qu'on ait la faute à bord, à moins que les mesures n’indiquent la position de “cette faute comme trop éloignée, auquel cas on ë V peut avoir avantage à aller draguer plus près d'elle. Si l’on est par grands fonds et qu'on ne puisse amener à bord le câble en double, à cause de la tension exagérée qu'on lui ferait subir, on le cou- pera dans le fond avec un grappin spécial, et on ira le draguer un peu plus loin pour l’amener à bord (fig. 19). Cette opéralion est plus longue; on peut être obligé de faire trois dragages avant d’avoir le bout mauvais à bord; on risque donc d'être inter- rompu par du mauvais temps. Lorsque la faute est à bord, et qu’on reconnait, après avoir coupé le càble, qu'on est en communi- cation avec la guérite, on fait l'épissure sur du càble neufde l’approvisionnement, et le navire pose vers la bouée qui porte le bon bout, où il fait une épissure finale, comme s’il s'agissait de la fin d'ure pose. Chacun des détails de cette opération, largement esquissée, est délicat et les circonstances du moment amènent autant de facons de procéder. Aussi bien il n'existe aucune règle absolue dans cet ordre d'idées; l'ingénieur doit s'inspirer de la situation pour surmonter les difficultés qui sur- gissent à chaque instant. IV Pendant de longues années, les travaux de cäbles sous-marins ont été monopolisés par les Anglais. Depuis quelques années, les efforts de l'industrie française ont permis de créer un personnel et un matériel qui ne le cèdent en rien à ceux de nos rivaux. Les poses de cäbles neufs, les réparalions difficiles exécutées avec succès par nos compa- triotes ne se comptent plus. En particulier, nous pouvons dire que la pose du cäble de Tourane- Amoy est une preuve éclatante de la perfection de notre industrie !. L. Mascart, Lieutenant de vaisseau Commandant le Francois-Arauyo. D ‘ LE PANSEMENT MODERNE D’UNE PLAIE Toute plaie qui n'est pas immédiatement mor- telle, présente une tendance naturelle à la guérison. Le plus grand, on pourrait dire l'unique, obs- tacle à la réunion des plaies est l'infection. L'infection des plaies est causée par des micro- organismes vivants, qui empêchent la coalescence des tissus et déterminent la formation du pus. Le Siaphylococcus pyogenes, le Streptococcus sont les principaux, les plus fréquents agents d'infection des plaies. Le Sfaphylococcus pyogenes est le microbe des furoncles, des panaris; c'est l'agent des suppurations communes. Le S/replo- coccus est l'agent des suppurations graves; une 1 Bibliographie. — E. Wunscaenporrr : Traité de Télegra- phie sous-marine. — H.-D. WirxixsON : Submarine cable Laying and Repairing. —dJ. Ecrox YouxG : Electrical teslin{ for Telegraph Engineers. variété de Streptococeus est l'agent de l'érysipèle. Dans certaines plaies, on observe parfois une coloration bleuâtre du pus; cette coloration est due au Bacillus pyocyaneus, Slaphylocoque, streptocoque, bacille pyocyani- que peuvent vivre en présence de l'air ; d'autres agents d'infection des plaies sont, au contraire, anaérobies : ce sont le microbe du télanos (bacille de Nicolaïer), le vibrion septique et un grand nombre de bacilles que les publications de Veil- lon et de son école ont montré agents des pro- cessus gangreneux et fétides. La Chirurgie moderne à sa naissance crut que les germes infectant les plaies élaient apportés par l'air ; la lechnique antiseptique de Lister était dirigée contre l'infeclion par l'air, et c'étaient les micro-organismes de l'atmosphère que Lister croyait détruire par ses appareils à pulvérisation, son spray. Pasteur ne pensait pas ainsi; en 1878, à l'Aca- démie de Médecine, il a dit : « Si j'avais l'honneur d'être chirurgien, pénélré comme je le suis des dangers auxquels exposent les germes des microbes répandus à la surface de tous les objets, particulièrement dans les hôpitaux, non seulement je ne me servirais que d'instruments d'une propreté parfaile, mais, après avoir nettoyé mes mains avec le plus grand soin et les avoir soumises à un flambage rapide, ce qui n'expose pas à plus d’inconvénients que n'en éprouve le fumeur qui fait passer un charbon ardent d’une main dans l'autre, je n'emploicrais que de la char- pie, des bandeleltes, des éponges préalablement exposées dans un air porté à la température de 130 à 150°; je n’emploierais jamais qu'une eau qui aurail subi la température de 110 à 120°. Tout cela est très pratique. De cette manière, je n'aurais à craindre que les germes en suspension dans l'air ‘ autour du lit du malade ; mais l'observation nous montre chaque jour que le nombre de ces germes est pour amsi dire insignifiant à côté de ceux qui sont répandus dans les poussières, à la surface des objets ou dans les eaux communes les plus limpides. » La Chirurgie, aujourd'hui, se conforme aux idées de Pasteur. II La condition primordiale du pansement d'une plaie doit êlre d'empêcher l'infection des plaies, de tenir les micro-organismes nocifs éloignés de la plaie. .. . , . 1? | Si une plaie était absolument privée de germes, | D' P. DESFOSSES — LE PANSE MENT MODERNE D'UNE PLAGE le seul rôle du pansement serait d'empêcher l’ap- port des germes à la surface des plaies; mais toute plaie est plus ou moins infectée. Les plaies mêmes que le chirurgien fait avec des instruments stériles ne sont qu'exceplionnellement exemples de germes. Auché et Chavannaz, en ensemençant du liquide puisé dans le péritoine à la fin d'opérations abdo- minales, n'ont vu que dans trois cas seulement, sur 24 laparatomies, le liquide puisé ne donner aucune culture ; dans tous les autres cas, les cul- tures ont montré des microbes divers, staphyloco- ques principalement. Des résultats analogues avaient été obtenus par Riggenbach, par Brünner, par Budinger, par Lanz et Flach, par Garnier. Le chirurgien infecte la plaie qu'il produit: on peut supposer a priori que les plaies accidentelles, causées par des instruments ou des objets non stériles, ne sont pas aseptiques; en fait, tous les auteurs qui on étudié la bactériologie des plaies accidentelles ont trouvé que, dans presque tous les cas, les micro-organismes foisonnaient. Le chirurgien, en présence d'une plaie, doit done se demander comment empêcher l'action nocive des micro-organismes répandus à la surface de la plaie. Au début de la période antiseptique, on essaya de tuer les germes à la surface des plaies. On irri- gua abondamment les plaies avec des solutions fortes d'acide phénique. Or, pour qu'une substance chimique arrive à tuer un microbe, il faut un temps relalivement long; de plus, certains mi- crobes, outre leur forme ordinaire de développe- ment, ont une forme plus résistante, qui est la spore, contre laquelle les antisepliques chimiques sont presque sans action. Si, par exemple, une solu- tion d'acide phénique à 2 °/, est capable de tuer en une minute les bacilles du charbon, une solution plus forte, à 5 °/,, agissant plusieurs jours, n’exerce aucune influence nocive sur les spores de la même bactérie. D'autres antiseptiques, le sublimé, l'iode, arrivent à détruire ces spores, mais il leur faut un temps long : vingt-quatre heures environ. Dans une plaie, les micro-organismes ne sont pas disposés à la surface, en semis ; mais il sont plus ou moins enfouis dans les Lissus, enrobés dans les caillots sanguins, inelus dans les flocons grais- seux; l'antiseplique passe sur eux sans les atteindre. Que l’on prenne des fils de soie chargés de microcoques pathogènes, qu'on les imprégne d'huile, on peut les exposer ensuite des semaines et des mois aux solutions les plus concentrées d'acide phénique de sublimé, les germes resteront intacts. Les graisses, dans les plaies, ont un rôle isolateur semblable à celui de l'huile dans l'expérience précédente . Les recherches de Bossowski de Tavel, de ou D' P. DESFOSSES — LE PANSEMENT MODERNE D'UNE PLAIE 31 Stoeheli, etc., ont montré que les plaies opéra- toires faites et pansées suivant la méthode anti- septique contenaient presque toujours des germes. Les solutions anlisepliques n'arrivent donc pas à tuer tous les micro-organismes; certaines d’entre elles sont nocives pour les tissus du corps humain. Les faits de gangrène d'un doigt ou de l'extrémité d'un doigt à la suite des applications d'acide phé- nique étaient, il y a quelques années, relativement fréquents. Que l'on regarde avec attention une plaie fraiche, que l’on soumet à une irrigalion avec une solution forte d’acide phénique, on voit la plaie, tout à l'heure rouge, prendre un aspect gri- sèlre ou blanchâtre, se couvrir d’une couche grise d'éléments cellulaires nécrosés. Eicken a étudié allentivement les modifications apportées aux tissus par les antiseptiques; il a vu que tous les _antisepliques alléraient les lissus et que les alté- rations les plus profondes élaient causées par l'acide phénique. Uue irrigation, même prolongée, faite avec une solution antiseptique, est donc incapable de désin- fecter une plaie ; elle peut être nuisible. Ce qu'il faut faire, c'est débarrasser, par le net- toyage, la plaie de la plupart des germes importés; “et, en second lieu, empêcher l’action nocive des germes restants, par l'emploi d’un pansement ab- sorbant. Nettoyage, détorsion mécanique des plaies d’une part; absorption des sécrétions des plaies d'autre part, sont les bases de tout pansement. Dans toute plaie s'accumulent plus ou moins des - caillots sanguins, des fragments de tissus détachés ou sphacélés. Caillots sanguins, sécrétions, frag- ments de tissu sont les réceptacles des microbes, chnine n’amenaient pas la mort de l’animal, si la plaie était pourvue d’un pansement à la gaze lége- rement humide. De même, des plaies expérimen- tales faites à des chiens et couvertes de sang putride guérissaient sans suppurer si on les recou- vrait de pansements absorbanis. Tout pansement doit donc être précédé d'un net- toyage aussi complet que possible de la plaie; la siccité parfaite des surfaces cruentées est une dilion d’une importance extrême, reconnue de tout temps. La suture de la plaie sera effectuée aussi souvent qu'on le pourra, car la suture, en rappro- chant les tissus, favorise leur coaptation, empêche les sécrétions, diminue considérablement les chances d'infection. La suture n’est bonne que si les ussus sont sains et coupés nettement. Toute plaie profonde anfractueuse dont l’hémostase est incom- plète sera drainée ; sans cela, la suture, laissant au-dessous d'elle un espace mort, serait nuisible, en favorisant la stagnation des liquides septiques. Le pansement doit être absorbant : c’est une des principales conditions ; la gaze, à ce point de vue, est le meilleur agent de pansement, non pas qu'elle soit extréèmement absorbante, mais elle évapore bien, tandis que l’ouate hydrophile, si elle absorbe davantage, évapore mal. De plus, la gaze est un tissu cohérent, qui ne laisse pas de brindilles col- lées à la surface de la plaie, comme la charpie ou le coton hydrophile. La gaze légèrement humide, telle que celle qui est stérilisée par la vapeur fluente sous pression, est préférable à Îa gaze absolument sèche, car elle absorbe plus vite. Le pansement doit assurer en même temps la perméabilité du dedans en dehors, et l'occlusion con- « ce sont des milieux de culture excellents pour le …— développement des germes pathogènes. w — La phagocytose arrive assez facilement à débar- k rasser une plaie des germes nocifs, s'ils ne sont du dehors en dedans. Il est à la fois absorbant pour les germes de la plaie, occlusif pour les germes extérieurs Une autre - pas en trop grande abondance, ou s'il ne sont pas doués d'une virulence excessive. Le pansement devra aider l'organisme dans sa tâche en ne laissant pas s'accumuler de liquide dans la plaie, en absorbant les sécrétions de la plaie au fur et à mesure de leur production. Il est impos- Sible d'enlever tous les micro-organismes de Ja plaie ; on les rendra inoffensifs en débarrassant la plaie de leurs produits de sécrétion. Preobajensky a montré qu'un pansement qui réalise des conditions d'absorption et d’évapora- tion suffisantes suffit à empêcher la pénétration des principes toxi-infectieux dars l'intérieur de l'organisme. La souris blanche est très sensible à la strychnine; quelques milligrammes suffisent pour la tuer ; or, des plaies superficielles ou pro- fondes faites à des souris el recouvertes de stry- condition, également nécessaire, de tout pansement, est que le pansement ne soit pas par lui-même une cause d'infection. Il faat donc poser en principe que « loute substance destinée à être mise en contact avec une plaie doit être abso- lument privée de germes » (G. Schimmelbusch). Le pansement doit, en outre, protéger la plaie contre les heurts extérieurs, cause de souffrance pour le blessé. Aussi est-il nécessaire, en général, d'ajouter, par-dessus les couches de gaze stérilisée absorbante, une certaine épaisseur de ouate des- tiné à faire matelas, tampon, contre les chocs, et à rendre la pression de la bande fixatrice plus égale et plus efficace III IL est uu certain nombre de pratiques transmises par l’ancienne chirurgie et qu'il faut abandonner : 35 ce sont le lavage des plaies avec une eau quelconque non stérilisée, l'exploration intempestive des plaies. Schimmelbusch montre, par un exemple, l'in- fluence néfaste que peut avoir le lavage des plaies avec une eau souillée de germes. Par de multiples expériences faites à la clinique de von Bergmann, il avait constaté qu'à l'heure de la leçon du profes- seur, le nombre de germes qui se déposaient en une demi-heure sur une surface de un décimètre carré variait de 60 à 70; ce chiffre était encore plus réduit quand l'expérience était faite, à l'air libre, dans le voisinage des bätiments de la clinique. Le long des installations de cette clinique passe la Sprée, dont les eaux contiennent en moyenne 31.525 germes par centimètre cube. « Or, dit-il, admettons qu'un batelier de la Sprée se blesse et supposons que cette plaie présente une surface d'un décimètre carré; s'il se rend à la clinique avec ja plaie laissée à nu, intacte, exposée au contact de l'air et qu'il s'écoule une demi-heure avant l'appli- culion du pansement, au maximum 60 à 80 germes se seront déposés sur la blessure, tout superficiel- lement, à la surface du sang coagulé. Mais, si le blessé, suivant un usage bien enraciné, arrose lente- ment et à fond la plaie pour la « nettoyer » avec un litre d’eau puisée à la Sprée, on peut calculer que 31 millions de microbes auront été en contact avec elle ». On ne doit donc laver une plaie que si l’on a.de l'eau propre (bouillie ou stérilisée sous pression) à sa disposition. Sinon, il est préférable d'appliquer un pansement après avoir laissé saigner la plaie ; le sang aseptique venant de la profondeur nettoie suffisamment les blessures. L'exploration des plaies à l’aide des doigts ou des stylets doit être abandonnée. Qu'importe la profondeur de la plaie; si elle est aseptique, elle guérira sans incidents. Une exploration faite avec des instruments quelconques n'aurait d'autre effet que de favoriser l'infection et de provoquer parfois une hémorragie. L'exploralion d'une plaie ne doit ètre faite que par Île chirurgien muni des instru- ments nécessaires et dans des conditions données : dans une plaie de la main, par exemple, pour sutu- rer des tendons coupés ; dans une plaie de l'abdo- men, pour arrêter une hémorragie interne, pour suturer un intestin ouvert. Les personnes insuffisamment instruites ou insuf- fisamment outillées doivent se contenter d'appli- quer un pansement : quelques couches d'une sub- slance sèche aseplique maintenues par une bande. Si l’on n'a pas de gaze stérilisée, il faut se rappeler que les linges fraichement lavés ou fraichement repassés ne renferment en général que fort peu de germes et conviennent parfailement pour un pan- sement d'urgence. L'hémostase sera assurée par la D. D' P. DESFOSSES — LE PANSEMENT MODERNE D'UNE PLAIE compression exercée par le pansement fixé par la bande modérément serrée. IV A moins d'une hémorragie redoutable, qui néces- site une intervention immédiate, être propre doit être la première pensée d'une personne appelée à faire un pansement. Au moment de faire un pansement, on doit : Faire disposer sur une table tous les objets nécessaires au pansement : eau bouillie pour le lavage des mains, eau bouillie pour le lavage de la plaie, instruments flambés stérilisés ou stérilisés par l'ébullilion, compresses de gaze, ouate et bandes ; Faire garnir le lit du malade, s'ilest couché, d'une alèze ou de servieltes placées au-dessous de la partie du corps lésé pour éviter les souillures. Dans les manœuvres de pansement, il faut agir sans brusquerie, avec grande douceur, mais avec fermeté. Un débutant tâtonne et fait souffrir le patient; le chirurgien exercé agit vile, mais il a « la main douce ». La désinfection des mains sera pratiquée d'après les règles usuelles : 1° brossage et lavage à l'eau chaude et au savon ; 2° brossage et lavage à l'alcool; 3° lavage dans l’eau stérilisée ou dans une solution de sublimé. Le brossage et lavage à l'eau chaude et au savon constitue le temps principal de la désin- fection des mains. Le malade étant assis ou couché, on nettoiera alors la plaie et la périphérie de la plaie avec des compresses stérilisées, légèrement humectées d'eau stérile. Il est inutile’ de laver à grande eau; il faut simplement déterger la plaie des débris qui peuvent la souiller. Si des croûtes se sont amassées au pourtour de la plaie, il faut les détacher avec une spatule. En pratiquant le lavage, veillez à nettoyer d'abord la plaie, puis la péri- phérie de la plaie; ne ramenez pas sur la solution de continuité le tampon qui a balayé la erasse pé- riphérique. Quand il s'agit d'une plaie de la main ou du pied chez des ouvriers dont les téguments sont souvent souillés des enduits gras des machines ou des malières colorantes des peintures, il est nécessaire d'avoir recours à un lavage complet à l’eau chaude et au savon, puis à l'éther et à l'alcool. La plaie, réunie ou asséchée, est recouverte de plusieurs couches de gaze stérilisée, par-dessus lesquelles est placée une épaisseur de plusieurs centimètres d'ouate hydrophile; le tout sera main tenu par une bande roulée, une écharpe ou um bandage. à Il y à quelques années, et en commémoration HE he cap dr ton, Le dé F HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION 39 . probablement du pansement ouaté de Guérin, on croyait indispensable à la bonne guérison des plaies l’entassement de quantités énormes d’ouale ordinaire; un malade, par exemple, venu à une consultation hospitalière pour une plaie du doigt insignifiante, repartait souvent avec une masse énorme, un véritable ballot d’ouate, appendu à l'extrémité de son bras. On revient de ces exagé- rations. L'emploi des bandes souples a singulièrement facilité l'application du mode de contention des pansements; on se contente d’enrouler la bande autour du membre lésé en exerçant une pression modérée, et l'élasticité de l’ouate assure une adhé- sion suffisante du pansement au membre. Il faut, - cependant, agir avec une certaine méthode, et l'application d'une bande diffère suivant les régions. Les chirurgiens modernes ne nous ont rien appris de nouveau dans l’art d’enrouler avec soli- dité et élégance une bande autour d'une partie du corps. Pour connaître l'art de maintenir un panse- ment, il faut remonter aux anciens auteurs, dont on se contente généralement, dans les livres de petite chirurgie, de recopier les descriptions et les figures. 5 _ Tous ceux qui ont vu des momies égyptiennes ont pu admirer avec quel art ces anciens prépara- . teurs savaient faire épouser à leurs bandelettes les formes du corps humain. Y Abandon des antiseptiques chimiques, emploi de substances de pansement stériles et absorbantes, telles sont les bases du pansement moderne d'une plaie. Cette méthode suffira pour assurer, dans la plupart des cas, une réunion rapide de la plaie, une guérison sans incidents. Certaines plaies, cependant, présentent un carac- tère de gravité tel qu'elles échappent à l'action des moyens usuels de pansement; telles sont les plaies produites par les crocs des chiens enragés, les plaies produites par les crochets des reptiles venimeux, les plaies souillées par le microbe du tétanos, ete. L'agent infectieux a, dans ces cas, une pénétration si rapide, une intensité d'action si ter- rible que le rôle du pansement est à peu près nul. Dans ces cas, il ne faudra pas compter non plus sur l'action des substances chimiques, sur l’effica- cité des caustiques. Seules les méthodes pasteu- riennes présentent une réelle valeur. La rage, dont le caractère d'inéluctable fatalité a si long- temps terrorisé l'humanité, est aujourd'hui vain- cue par le génie de Pasteur; le principe toxique que renferme la moelle du lapin inoculé de la rage permet, après préparation spéciale, de lutter contre le virus rabique dont la salive du chien a souillé la plaie. Les expérimentations sur les animaux ont montré qu'on peut prévenir par des inoculations préventives les dangers de l'infection tétanique. Calmette a doté la médecine d'un sérum capable d'arrêter dans l'organisme l’action nocive des venins de serpent. Les résultats oblenus jusqu'ici justifient les plus audacieux espoirs; pour le traitement des plaies, on a maintenant des données encore incom- plètes, mais positives. La Chirurgie eut ses premiers pas guidés par l'empirisme; elle marche désormais appuyée sur la Science. D' P. Desfosses REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D’EXPLORATION On ne saurait dire qu'on ne s'intéresse pas, en q : France, à la grande œuvre de reconnaissance de la | Terre, qui aura marqué la seconde moitié du dix- neuvième siècle. Une brillante exploration africaine, asiatique ou polaire excite la curiosité générale, et nous savons des « Voyageurs » qui comptent parmi les « célébrités » aux faits et gestes desquelles le public s'intéresse. Toutefois, parmi les considérations que les voyages suscitent, durée, longueur, difficultés ren- contrées du fait de la nature ou des hommes, con- Séquences politiques ou économiques, il en est d'un certain ordre qui sont presque entièrement négli- gées : nous voulons parler des voies et moyens financiers de l'exploration. Ce serait, cependant, une question inléressante à se poser que la suivante : Quelle somme a coûté, depuis un siècle, la décou- verte de la Terre? On n'y pourrait, d’ailleurs, donner que des réponses parlielles, car, s’il est possible, très approximativement, de savoir le capital que représente, pour une période déterminée, l'entretien de grands services publics, lels que l’armée fran- çaise, ou la marine, ou la diplomatie, il n’en est pas de même de l'exploration. Il nous semble, cependant, qu'on pourrait dislin- guer, dans les ressources dont elle a disposé et dispose encore, les catégories suivantes : Ces ressources peuvent être d’origine privée. Si invraisemblable que le fait paraisse au commun des hommes, il s'est rencontré, il se rencontrera encore 40 HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION des savants, possédés d’une telle passion de la découverte, que, donnant déjà leur temps, leur talent, et trop souvent leur santé, ils y ont, par sur- croit, ajouté leur argent. C'est dans ces conditions qu'Antoine d'Abbadie a voyagé en Ethiopie, le vicomte de Foucauld au Maroc, Junker sur le Haut- Nil. D'autres expédilions de découvertes n'ont pu être entreprises que grâce à la générosité de Mé- cènes. Il y a, en effet, un Mécenal géographique comme un Mécenat artislique ou scientifique. Si Nordenskiôld put accomplir ses croisières longues et répétées dans les mers polaires, il le dut au concours infaligable de ses amis et notamment d'Oscar Dickson et d’Alexander Sibi- riakov. M. Renoust des Orgeries, en laissant à la Société de Géographie une somme de 300.000 francs, grâce à laquelle la Mission Foureau-Lamy a réussi à mener à bien cette traversée du Sahara dont nous rendions compte ici mème l'an dernier, à fait un acte de Mécenat posthume. La Fondation Garnier, dont dispose l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, rentre dans la même calégorie de res- sources‘. On a également vu fréquemment des Sociétés savantes, des Académies, des Sociétés de Géo- graphie, défrayer certains voyageurs sur les res- sources provenant des cotisations cu des dons de leurs membres. Parfois, un Comité se forme en vue de l’élude d'une région limitée. Tel ce Tanganika Exploration Committee, gräce aux subsides duquel Moore a pu accomplir la reconnaissance dont il est question ci-dessous. Le Comité de l'Afrique fran- gaise a de même, depuis dix ans, contribué aux dépenses de plusieurs voyages dans nos possessions africaines. Enfin, l'Etat, surtout en France, a contribué pour une part très importante aux progrès des connais- sances géographiques. Les célèbres voyages mari- times du premier liers du xix° siècle, celui du capitaine de Bougainville sur la Thétis et l'£'spe- rance, celui de Dumont-d'Urville sur l’Astrolabe, celui de Vaillant sur la Ponile, appartiennent essen- tiellement à l'exploration officielle. C’est, de même, grâce aux crédits du Gouvernement, que la décou- verte de la partie occidentale du Soudan à pu être, depuis une vingtaine d'années, conduile par des officiers francais au point que l'on sait. La Commission des MisSions el Voyages scien- tiliques et littéraires, instiluée par le Ministère de l'Instruction publique, subventionne également chaque année des « missionnaires scientifiques » français. Souvent, d'ailleurs, les dépenses d'une 1 Cette fondation, dont le revenu annuel est de 15.000 francs, est affectée aux frais d'un voyage scientifique à entreprenure par un ou plusieurs Francais désignés par l'Académie, dans l'Afrique centrale ou dans les régions de la Haute-Asie. exploration sont supportées conjointement par des particuliers, par des Sociétés savantes et par l'État. Telles sont les sources diverses d'où proviennent les sommes nécessaires pour couvrir ce qu'on pour- : rait appeler « les frais de la découverte de la Terre ». A toutes, les explorateurs dont nous exposons ici les travaux ont puisé, dans des mesures varia- bles. L'activité exploratrice est grande de notre temps : il n'y a guère de région du globe qui n'en subisse les heureux effets. Tenter de rendre compte de tous ces efforts serait nous condamner à une énumération fastidieuse et, pour la satisfaction d'être complet, nous deviendrions illisible. Aussi bien, des revues spéciales permettent-elles de sui- vre mois par mois le progrès des connaissances géographiques". {ci, nous exposons en délail les résultats de quelques travaux, sans que ce choix implique que d'autres, forcément laissés de côté, manquent d'intérêt. I. — Les CycLanes. La connaissance géographique des nombreuses iles de la mer lonienne et de la mer de l'Archipel n'a pas atteint, pour toutes, un égal degré de perfection. Tandis que celle des iles Joniennes et celle de certaines îles voisines de la Turquie, telles que Thasos, Lemnos, Mytilène, est fort avancée, surtout grâce aux beaux travaux de M. de Launay, l’élude géographique, sinon archéologique, des Cyclades avait été jusqu'à présent plutôt délaissée. M. Alfred Philippson, professeur de Géographie à l’Université de Bonn, qui a fait du monde helléni- que son domaine, a eu la curiosité de les étudier. Il s'est promené d'ile en ile, s'embarquant, selon l'occurrence, tantôt sur un vapeur postal, lanlôt sur un de ces pelils voiliers de 7 à 10 tonneaux, qui font le cabotage dans l'Archipel, et comme, aux nolions recueillies dans ce voyage, qui remonte déjà à 1896, il a joint une connaissance lilléraire très approfondie de son sujet, il s’est trouvé solide- ment muni pour publier une monographie des Cyclades”. Elles comprennent 24 grandes îles (fig. 1), plus un grand nombre de petits ilots, dont la surface totale atteint 29.000 kilomètres carrés; elles ont pour soubassement un plateau sous-marin situé à en- viron 500 mètres de profondeur; par leur disposi- ! En France : La Géographie, bulletin de la Société de Géographie. Les Annales de Géographie. — En Allemagne : Petermann's (icographische Mittheïilungen. — En Angle- terre : The CGcographical Journal. — En Belgique : Le Mou- vement (iéographique. ? ALraeD Puiriprsox : Beiträge zur Kenntniss der griechis- chen Inselwelt. Petermann's Mittheïilungen. Ergænzungs- heft n° 13%, Gotha, 1901. 1] AMG a, 14 h vent. BhDbe en hiver ; . néanmoins, l'été nest pas aussi . Grèce propre et on yobserve des nes très abon- ._ sont, celles à sol . Lées, très riches tion, elles affectent la forme générale d’un triangle dont Andros, Milo et Syrnos représentent les som- mets. Toutes ces terres sont grecques, sauf Asty- palæa et Syrnos, restées turques. Le climat des Cyclades est doux, plus doux que celui de la Grèce continentale. Au niveau de la mer, il gèle rarement et la neige, quand il en tombe sur ies sommets, ne tient pas plus de quel- ques jours. En été, la chaleur est atténuée par les vents élésiens, qui soufflent avec une telle violence sur les hauteurs, qu'ils empêchent la croissance des arbres et s'opposent à la marche de l'homme; ils ne s'élèvent généralement que le matin et à midi; encore cette constance relative ne se mani- feste-t-elle qu'à la fin de l'été; au début de la saison, les jour- 1 HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION 41 que des céréales ; encore la terre y reste-t-elle une année sur deux en jachère; les figues et les oliviers ne croissent qu'à l'état sporadique entre les champs. Plus bas, des oliveltes serrées apparaissent déjà, et, plus bas encore, le sol est réservé aux cullures riches, aux arbres fruitiers, surlout aux citronniers et aux cédrats, à la vigne, aux légumes. Le vin et les légumes constituent les produits les plus rému- nérateurs, et la prospérilé d’une île dépend de la quantilé qu'elle en peut exporter; Naxos, Syra, Paros, Santorin sont privilégiées sous ce rapport. L'élevage forme encore une ressource appré- ciable. Mais la répartition des moutons et des chèvres est très inégale. Tandis que, dans les iles septentrionales, on n'apercoit que quelques bêtes päturant: dans nées de calme allernent avec les journées de La pluie tom- dE ho fÀ 1 Sémphos se Siph nos complètement sec que dans la rosées noctur- dantes. Les Cyclades Zolykandros calcaire excep- lZormemeann de S, nr. ” q= io a é, Jikiros 2 À Nios VS D es les champs en- clos de murs,on voit, dans cel- les du sud, de grands trou- peaux sans ber- ger el abandon- nés à eux-mê- mes. Dans la suile des temps, il y eut de longues périodes pen- dant lesquelles les Cyelades ne Jouèrent aucun & rôle; à certains TEE moments, au Santorin en sources, et les ruisseaux - conservent de l'eau jusqu'au milieu de l'été, mais il n'y a de fleuves constants que dans les plus grandes et les plus élevées, Naxos et Andros. . Elles paraissent devoir bien se prêter à la crois- sance des arbres; mais, les hommes ayant besoin de bois de construction et de bois de chauffage, les - chèvres avides de jeunes pousses, les ont presque complètement déboisées; il subsiste seulement quelques forêts de chênes à Naxos et à Céa, et des maquis dans quelques autres iles. L'influence de la constitution géologique du sol sur sa fertilité est très marquée. Dans les iles cal- caires, la culture est misérable; dans les iles schis- teuses, au contraire, pas un pouce de lerre n'est _ perdu, et les travaux qu'on y voit, murs de soutène- _ ment, murs de séparalion, témoignent du prix qu'on attache au sol. Les cultures y sont variées et généralement de valeur croissante avec l'abaisse- ment de l'allitude. Sur les pentes, il n'y a guère Fig. 1. — Le groupe des Cyclades. contraire, elles furent le théälre d'événements qui appartiennent à l’histoire générale. Dans la haule antiquité, les Cyclades, qui s nent entre l'Asie Mineure et la Grèce, ont facilité les rapports entre les deux bords de la mer Egée. Leur importance commerciale est bien prouvée par l'àäpreté que les Iloniens, les Athéniens, les Rhodiens, les Ptolémées ont mise tour à tour à les dominer. Après la croisade de 120%, elles devinrent un domaine colonial pour les Génois et surtout pour les Vénitiens. Les nobles vénitiens s’y taillèrent des domaines, y élevèrent des châteaux et des forteresses, dont beaucoup sont restés debout; tout un monde de fonctionnaires, de soldats s’a- battit sur ce pays. L'influence italienne a été assez profonde pour que des vestiges en subsistent encore aujourd'hui, dans les noms de famille et dans le langage usuel; toute trace de catholi- cisme n'a pas disparu; Tinos, notamment, comple un certain nombre de catholiques romains, que ‘égr è- 42 HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION les Grecs orthodoxes qualifient de « francs ». La populalion lotale des Cyclades s'élevait, en 1896, à 134.500 habitants environ, soit 50 habi- lants par kilomètre carré. Elles sont plus peuplées que la Grèce propre, qui n'a que 37 habitants par kilomètre carré. Syra, qui possédait, en 1896, 26.500 habitants environ, soit 332 par kilomètre carré, l'emporte sur toules les autres pour la densité de la population. En général, lesiles du nord ont plus d'habitants que celles du sud; San- torin (14.500 habitants; 179 par kilomètre carré) fait exception. 11. — LA PATAGONIE. Le Chili et la République Argentine ayant, en 1881, jugé opportun de fixer la frontière entre leurs lerritoires respectifs, signèrent un traité dont l’ar- ticle [était ainsi formulé : « La limite entre la République Argentine et le Chili est, du Nord au Sud, jusqu'au parallèle 52° de latitude, la Cordillère des Andes. La ligne frontière sera marquée dans cette étendue par les sommets les plus élevés des- dites chaines (Cordillères), qui partagent les eaux et passera entre les versants qui s'inclinent de partet d'autre... » Mais ni cet acte, ni le protocole ultérieur de 1893 n'aboutirent aux fins que leurs rédacteurs s'étaient proposées. Contrairement à une idée qui, pendant des années, a été acceptée comme un dogme géographique, dans les Andes la ligne des sommets et la ligne de partage des eaux ne concordent pas. D'où deux théories : les Chiliens tenaient que la frontière devrait suivre la ligne de partage des eaux, les Argentins préten- daient qu'elle devrait se confondre avec la ligne idéale tracée par la jonction des hautes cimes. Après bien des polémiques, la question a été sou- mise à l'arbitrage du Gouvernement britannique. Mais, pour apporter des arguments à l'appui de leurs thèses respectives, le Chili et l'Argentine ont mulliplié sur le territoire contesté les missions d'études. Ces travaux viennent d’être habilement résumés par M. L. Gallois, qui a accompagné son étude d’une fort belle carte au £ : 4.500.000° et de nombreuses photographies *. D'autre part, un voya- geur français, M. H. de La Vaulx, vient de par- courir la Patagonie argentine du nord au sud, du Rio Negro à l'ile des Etats *. Enfin, M. C. Martin *, de Puerto Montt, a publié une étude sur les régions sud-chiliennes, Llanquihue et Chiloé. Ces travaux nous permettent de préciser les caractères géogra- 1 L. GazLors : Les Andes de Patagonie. Extrait des Annales de Géographie. Tome X, 1901. ? Comte HENRI DE LA VAULX : in-12, Paris, Hachette, 1901. 3 C. Magix : Llanquihue und Chiloe, Sud Chile. Peter- manns Mittheïilungen, 1901, 1, p. 11-18. Voyage en Patagonie, 1 vol. phiques de la partie la plus méridionale du conti- nent américain. Un simple coup d'œil jeté sur la carte laisse aisément voir que la Patagonie se divise orographi- quement, de l’est à l'ouest, en trois régions : la plaine et le plateau argentins, la Cordillère des Andes, la bande littorale du Chili. Sur nos cartes à petite échelle de l'Amérique du Sud, les Andes apparaissent comme une chaine très longue et lrès étroite. Mais, en fait, leur lar- geur alteint toujours au moins 100 kilomètres, souvent 200 et parfois 300. Un tracé schématique des Andes présenterait les traits suivants : Deux chaînes courant du nord au sud à une dislance variable l'une de l’autre, la plus élevée à l’ouest; entre les deux, une dépression non continue, par- tagée elle-même par des montagnes transversales. Beaucoup de sommets des Andes dépassent 2,000 mètres, plusieurs 3.000, tels que le Trona- dor (3.400), la Cimo San Lorenzo (3.660), la Cimo San Valentin (3.876) ; l'Aconcagua s'élève à 7.130 mètres: c’est une des plus hautes montagnes du Globe. Cette région andine présente, aux yeux des voya- geurs, une extrême variété d'aspects, comme les admirables photographies jointes au Mémoire de M. Gallois permettent de s’en rendre compte. Les Andes sontencore caractérisées par la quan- lité, l'étendue et la beauté de leurs lacs; ils sont généralement plus longs que larges, de forme irrégulière, curieusement découpés en golfes pro- fonds et en presqu'iles élancées; ils ressemblent à des fjords continentaux. Les plus grands sont le Lago Argenlino, le Lago Viedma, le Lago Pueyrre- don, enfin le Lago Buenos Aires, dont la longueur d'est en ouest dépasse 200 kilomètres !. Mais la perle des Andes est le Nahuelhuapi. « Cette splen- dide nappe d’eau, de plus de 70 kilomètres de lon- gueur, se continue au nord par les deux lacs Espejo: et Correntoso, qui n'en sont séparés que par des alluvions. De hauts sommets la dominent au nord et à l'ouest, parmi lesquels une des merveilles des. Andes, la masse imposante du Tronador, étince- lant de glaciers, dont les ruptures retentissent en coups de tonnerre qui ont valu son nom à la mon- lagne ”. » Les trois grands fleuves de la Patagonie argen- Une sont : le Rio Limay, cours supérieur du Rio Negro, le Rio Chubut, le Rio Santa Cruz. Là aussi se forment les grands fleuves qui traversent la Pata- gonie chilienne : Puelo Manso, Yelcho Futaleufu: ? Nous noterons, à simple titre de curiosité, queles savants et voyageurs européens n'ont pas été oubliés dans la topa nuymie andine : il existe un Lago Nansen, un Lago Lapparent un Lago Stellen, un Lago Burmeister. °° ? GALLOIS : ouvrage cité, p. 15. HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION 43 L'hydrographie andine présente ce caractère que _ Jaligne des hautes cimes ne partage pas les fleuves . en un réseau Allanlique el un réseau Pacifique. Par _ suite de phénomènes de capture, certains cours . d'eau, qui devraient théoriquement couler vers l’ouest, prennent leur cours vers l'est, et récipro- . quement. Entre le rebord oriental-du plateau Patagonien, ou Précordillère, et la Cordillère, s'étendent des vallées d'altitude modérée, de climat sans extrêmes, et partant très favorables à la vie des Européens _ou des individus d’origine européenne. La colonie militaire de San Martin de Los Andes a été établie à l'extrémité orientale du Lac Lacar, la colonie » galloise du 16 octobre (date de la promulgalion de Ja loi argentine sur les territoires nalionaux) dans la haute vallée du Futaleufu. Le succès de ces colo- nies et de plusieurs autres a prouvé la valeur des terrains en litige et explique l’âprelé avec laquelle le Chili et la République argentine se les disputent. Il s'en faut de beaucoup que la Patagonie argen- tine présente autant d'intérêt que la Patagonie andine. Elle est traversée par trois grands fleuves : le Rio Negro, au courant très rapide et qui atteint, à la fonte des neiges un kilomètre de largeur, le Rio Chubut, le Rio Santa-Cruz, que Darwin fut, en . 1834, à l’époque où il accomplit sa célèbre croi- 4 sière sur le Feagle, le premier Européen à remonter. des plateaux arides, couverts de cailloux, qui portent seulement quelques misérables plantes rabougries et dont l'aspect faisait dire à Darwin : « La malédiction de la stérilité s’est abattue sur ce - pays. » La vie n’est possible que dans les vallées, et c’est cette désolation qui avait valu à la Pata- gonie, avant la découverte des belles terres andines, * sa réputation d'’inferlilité. étendues de plaines : l'ile de Chiloe et la région de -Llanquihue, où s'élèvent les villes de Puerto — montagne arrive jasqu'au bord de l'Océan. Tandis ….que, dans le Llanquihue, on a pu établir une route qui relie Puerto Montt à Osorno et un chemin de « fer qui fait communiquer Osorno et Valdivia, il n'y —… à pas, dans le reste du pays, d'autres voies de com- … munication que les rivières et les lacs, la montagne — étant couverte d’une forêt impénétrable. _ Cette côte du Pacifique est profondément dé- coupée. Elle projette des presqu'iles dans l'Océan, et l'Océan à son tour entre dans l'intérieur des terres par des fjords profonds et très ramifiés. ait beaucoup progressé depuis quelques années, les régions inexplorées sont encore vastes. Mais, en Entre ces rivières et leurs affluents s'étendent | La Patagonie chilienne comprend deux vastes | Montt, Osorno et Valdivia. Partout ailleurs, la | Quoique, pour les raisons politiques exposées plus haut, la connaissance de cette partie du Globe | dehors des services qu'ils rendront à la Science par leurs découvertes, les futurs voyageurs ont chance, en parcourant la Patagonie andine et chilienne, d'y contempler, les. premiers, d'admirables spec- tacles naturels. III. — HaurEe-EcYPpTE. On dit souvent que les explorateurs vont chercher bien loin du nouveau alors que les pays réputés connus leur offriraient la matière d'intéressantes études. Il y a du vrai dans cette formule, comme le prouve la récente publication d'un voyage accompli par Schweinfurth dans la Haute - Egypte ‘. On serait dans l'erreur en supposant que la carte détaillée d'un pays d'accès aussi facile que l'Egypte, et depuis si longtemps fréquenté par les Européens. est entièrement établie. Pendant tout le x1x° siècle, on a vécu, sans trop l'avouer, sur les travaux accom- plis par les savants de l'expédition d'Egypte, par ces membres de la Commission des Sciences et Arts, dont on ne saurait (rop louer le courage et l'ardeur scientifique. Depuis quelques années, le Ministère égyptien des Travaux publics à publié | une carte de la vallée du Nil au 100.000, sur laquelle figurent la zone cultivée, les villages et les canaux. Mais la contrée désertique, qui s'étend à quelques kilomètres à droite et à gauche du cours même du Nil, est encore très mal connue. Les tou- ristes qui, chaque année, remontent et descendent le fleuve, ne se doutent pas qu'en cerlains points ils n'auraient, du bateau de plaisance sur lequel ils sont confortablement installés, qu’à lever les yeux pour apercevoir le rebord d'une vérilable terra incognita. M. Schweinfurth, dont la réputation fut établie dès 1870 par le voyage qu'ilaccomplit sur le Haut Nil, a, depuis, porté son attention sur d'autres contrées africaines, notamment sur la côte italienne de la mer Rouge et sur l'ile de Socotora. Mais l'Egypte est restée son étude de prédilec- tion. Il se permet de temps à autre une fantaisie; mais, son caprice satisfait, il revient à l'objet de sa préférence. En 1882, il avait fait, dans le désert libyque, entre Edfou et Farchout, un voyage dont il avait jusqu'à présent conservé la relation par devers lui. Considérant l'insuffisance des notions répandues sur celte contrée, il vient de la publier, et nous ne pouvons que nous en féliciter. D'Edfou à Keneh (fig. 2), le Nil suit une direction générale sud-nord ; à Keneh, il fait brusquement un coude et, pendant cinquante kilomètres, coule vers l’ouest. Quiconque navigue sur cette section du Nil apercoit, à une certaine distance dans l'ouest, une 4 G. Scuwenrurtn : Am westlichken Rande des Niltbals | zwischen Farschut und Kom Ombo. Petermann's Miltheïlun- gen, 1901, p. 1-10. rs En HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION hauteur continue qui a l'apparence d'une chaine de montagnes, qu'on appelle même communément, quoique à tort, la chaine libyque, mais qui n'est que le rebord du plateau dans lequel le Nil s'est frayé une voie. Celle hauteur ne présente pas à l'observateur une surface régulière ; on y distingue, comme dans une forlificalion, des saillants el des angles rentrants. L'un des plus marqués de ces saillants porte le nom d'El Homra es Schante. La distance entre ce plateau el le Nil varie beau- coup. Tandis qu'elle est de 40 kilomètres à la hau- teur d'Edfou, elle n'est plus que de 14 à l'ouest d'Esneh etse ré- certains furent martyrisés. Et il émet l'hypothèse que cette caverne aurait peut-être servi de refuge aux persécutés, el serait, par tradition, restée, après huit cents ans, un lieu de pèlerinage. Cette partie de l'Egypte étant située au nord de la limite méridionale des pluies d'hiver méditerra- néennes et au nord de la limite septentrionale des alizés tropicaux, est extrêmement sèche. On n'y rencontre aucune de ces citernes naturelles qui caractérisent certains cantons du désert arabi- que. Néanmoins, on y distingue de vraies vallées Ouadi Chibrouk, Ouadi Abousselem, Ouadi Esneh, d'érosion duit à 6 ou 7 en face de Louq- sor. L'allitude de la presqu'ile formée par la boucle du fleuve entre Resegat et Farchout varie entre 300 et 100 mètres au- dessus ni- veau de la mer. Ce rebord du plateau libyque est naturelle- ment beaucoup trop éloigné du Nil pour se pré- ter à la culture, el, cependant, toute trace d'ac- tion humaine n'y fait pas dé- faut NC'estla: du Chor Battaghah. Ce dernier, que Schweiofurth à parcouru, for- me une coupure aux lèvres for- tement mar- quées. La hau- teur des parois, de 30 mètres seulementau sommet de la vallée, s'élève ensuite à 450 ou 170. Elles sont constituées par des poudingues à silex, si régu- liers qu’on pour- rait les croire en certains points faits de main d'homme. Un grand nom- = AN Oasis de Hurkitr [e) notamment, que s'ouvre la Vallée des Rois, .Ja nécropole fameuse des souverains thébains. Schweinfurth a découvert au sud, à la hauteur d'Esneh, un autre vestige des générations qui se sont succédé dans la vallée du Nil. C'est une petite grolte, dans la quelle de pieux visiteurs ont perpé- tué leur mémoire par des inscriptions à la craie rouge, les unes en grec, les autres en copte, loutes, d'ailleurs, très brèves. Un visiteur se donne pour : « Un archiprêtre de la ville de Lalopolis » (Esneh); d'autres se reconnaissent « les pénitents » ou les « humbles serviteurs du Seigneur Jésus-Christ ». Quelques inscriptions sont datées de l'ère cople, « 26 tube 801 », ce qui correspond à l'année 1083 de l'ère chrétienne. Schweinfurth rappelle que soit Latopolis fut, en 284 après Jésus-Christ, le théàtre d'une lrès violente persécution de chrétiens, dont Fig. 2. — La rive gauche du Nil, entre Edfou et Girgeb. { bre de vallées secondaires, vingt et une à droite, seize à gauche, viennent s’embrancher dans la vallée principale. La pente du Chor Baïtta- ghah est si douce, qu'une voiture pourrait y rou- ler sans accident. Les coupures qui, de distance en distance, s'ouvrent dans le plateau ont été uli- lisées par les caravanes et partent de la vallée du Nil pour atteindre les oasis du désert et récipro- quement. Une route suit l'Oued Esnah, ou plutôt la corde de l'arc décrit par cette vallée, une autre, le Chor qui aboutit à Resegat, et c'est par là que l'expédition Rohlfs passa en 1874. Enfin, au sud d'Abydos, à 2 kilomètres et demi d’une très vieille forteresse en ruines, nommée par les habitants Schunet es Sebil, le « magasin de raisins secs », un col étroit et profond, ayant 1 kilmètre de long et des parois rocheuses abruptes, offre un passage D Te 06 ot SP dd Gares da | NE ARS M RTE ÈS eme ut ” RS + CAT Do EL RC ne at. . deuxième et le troisième quart _ du xix° siècle, È 4 È . l . . Je soulèvement DduMahai. Mais, versement régime qu'il avait conséquence - de la victoire remportée le 2 ._ septembre1898 . par les troupes HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION 45 vers la grande oasis. On voit, par ces détails, que l'étude du désert n’est pas aussi ingrate qu'on pourrait le supposer à première vue. IV. — SOUDAN ÉGYPTIEN. L'exploration du Soudan Egyptien, si brillam- | ment condui- te, pendant le | raleurs s'élant jusqu'à ce jour Le choix du terrain était heureux, les explo- écartés de la contrée qui s'étend entre les deux Nils. Nous ne possédions guère, jusqu'à présent, que les renseignements recueillis par Cailliaud en 1821 et par]. M. Schuver en 1881. On peut supposer que la Géogra- phie bénéficiera des relalions suivies que le Gou- vernement du avait été arré- lée Lout net par depuis le ren- du institué, anglo-égyptien- nes à Omdur- man, les Euro- péens peuvent -derechef voya- ger en sécurité. Il paraît donc probable que les notions dé- ’ Dognolpp 4 yogd 770 Soudan Egyp- lien parait dé- sireux d'enlre- tenir avec l'E- thiopie. Le ma- jor Gwynn n'a encore publié que l'ilinéraire graphique de son voyage el quelques pho- tographies pri- ses en cours de route. De ces maigres docu- ments, on peut CRU cependant con- clure que la fa- laise éthio- pienne se pro- longe du nord au sud, du Fa- zoql au marché Galla de Gida- mi, de 10°,30 à 9, soil sur 160 jà abondantes e kilomètres de - que l’on possé- Ës fr long. Deux dait sur la ré- TS membres de la Dern du Haut =. Mission de Bon- - Nil vont encore == champs, Mau- “s'accroitre no- ER rice Potter et tablement. Faivre, ayant Deux offi- Dee jadis exploré la ciers du Royal Fa j partie de cette Engineers, le Fig. 3. — Le Sobat et la falaise occidentale d'Ethiopie. même falaise major Gwynn et le major Austin, ont, en 4900, exploré la frontière soudano-éthiopienne‘. Le major Gwynn à remonté le Nil Bleu jusqu'à Famaka; puis, traver- Sant le Fazoql du nord au sud, il a longé le pied de la plaine éthiopienne, est monté sur le plateau que cetle falaise limite à l’ouest, par la trouée du Yabous, , et à enfin atteint le Jokau ou Garre, affluent de droite du Baro (fig. 3). | AS Major H. H. Austin : Survey of the Sobat region. The | Geographical Journal, 19014, vol. XVII, p. 495-512, située entre le Baro et l’Adjoubba, il ne reste plus à en reconnaitre que la courte section qui s'étend entre Gidami et le Baro. Du Fazoql jusqu'au Yabous, le major Gwynn a trouvé sept cours d’eau, et il a exploré le sys- tème du haut Yabous. Il confirme l'existence du marché de Gidami', situé sur le plateau, mais à l'entrée de la plaine, et qui doit être le point de con- tact entre les populations nilotiques et les Gallas. 4 M. Charles Michel avait, sur sa carte, marqué au même endroit la localité de « Goum babi». Vers Fachoda, 1 vol. in-8, Paris, 1900. A6 HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION Le voyage du major Austin est moins inléressant que celui du major Gwynn. S'il avait donné suite à son projet primitif, qui était, en partant du Sobat, d'atteindre le lac Rodolphe, il aurait certainement enrichi la géographie africaine de mainte notion nouvelle, mais il s'est contenté de remonter le Sobat jusqu'à Goré, voie qu'il n’est pas, lant s'en dant, lepre- mier à parcou- | | | | | | Cette condition physique devra préoccuper les ingé- nieurs qui établiront le tracé de la ligne de chemin de fer d'Omdurman à l'Ouganda, si jamais elle se fait. V. — LE ROUWENZORI. Le haut massif qui s'élève entre les lacs Albert- Édouard et Al- bert, le Rou- rir. Le major Austin ne pa- raît pas se douter que le Sobat avait été exploré bien avant lui. Qu'il ignore d’Ar- naud et Wer- ne, c'est par- donnable ; qu'il ne cite pas Junker, c'est déjà plus étrange; mais, surtout, qu'il passe sous Si- lence les tra- vaux de la Mis- sion de Bon- champs, Île livreetles car- tes de M.Char- les Michel, voi- là qui dépasse la permission. Répélonsdone, puisqu'on feint de l'igno- INDÉPENDANT ÉTAT wenzori, COn- linue à sollici- ter l'attention des teurs. Elle les préoccupera longlemps en- core, car l'exis- tence de champs de neige et de glaciers sous phénomènes propres aux régions froi- des du globe dans la zone torride, cons- lilue un con- traste dont on pe cessera de s'émerveiller. Les « Monta- gnes de la Lu- ne » sont en- core bien plus extraordinai - res que Ptolé- méeetles géo- graphes ara- bes du Moyen- rer, que, dès 1896-1897, la Lac Mission de L Albert Edouard Bonchamps Æ.PBorremans Je. Trr avait remonté et descendu la vallée du Ba- a Fig. 4. — Massif du Rouwenzori. Age ne se les figuraient. La réalité l'em- porte de beau ro°. Du voyage du major Austin, ce qu'il y a de | coup sur les données de l'imagination. Quand plus intéressant à retenir, c’est l'absence de netteté du régime hydrographique de la région situce entre le Baro etle Pikor, dans laquelle bêtes et gens de l'expédition pataugeaient à qui mieux mieux. 1 Le major Auslin vient, cette année même, de tenter de passer du Nil au lac Rodolphe. Il a réussi, mais au prix de difficultés inouïes, et après avoir perdu les trois quarts de ses hommes. Les résultats géographiques de celte explora- tion n’ont pas encore été publiés. 2 La carte publiée dans le Geographical Journal de mai 1901: } le chemin de fer de Mombasa à Port-Florene sur le lac Victoria sera achevé, ce qui ne tardera pas; quand ce lac lui-même sera traversé par des lignes régulières de vapeurs, de Port-Florence à l'Ouganda, ce qui ne tardera pas davantage, le The Sobat river and part of the Blue Nile, retarde, en € qui concerne la falaise éthiopienne au sud du Baro, sur cell de Charles Michel parue un an auparavant. Les géographe anglais ne se tiennent pas au courant de ce qui se fait en France. explora-* l'équateur, de . HENRI DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE DE GÉOGRAPHIE ET D'EXPLORATION 47 Rouwenzori, qui n'est qu'à trois ou quatre cents kilomètres à l’ouest de l'Ouganda, deviendra un lieu d’excursions fréquenté; gageons que d'ici quinze à vingl ans l'ascension du Rouwenzori sera devenue un exploit habituel des alpinisies euro- péens, disposant de longs loisirs et munis de ressources pécuniaires quelque peu abondantes. C'est à préparer ces voies que les explorateurs travaillent présentement. Après Slanley, qui dé- couvrit le Rouwenzori en 1888, et Stairs, l'un de ses lieutenants, qui en gravit partiellement les pentes l'année suivante; après Sluhlmann et Scott Elliott, voici M. Moore et Sir Harry Johnston qui, à quelques semaines d'intervalle, viennent, en 1900, “d'en tenter l'ascension. À vrai dire, M. J. E. $. Moore était parli en Afrique pour explorer, ñon une montagne, mais un lac, non le Rouwenzori, mais le Tanganika, sous les auspices d'un 7Zan- ganika Exploration Commitlee, organisé par un savant bien connu des lecteurs de la Revue, le professeur Ray Lankester.-Mais, ayant rencontré -de la part des fonctionnaires de l'Afrique orientale allemande des facilités peu communes pour explorer le lac Kivou et le Rouwenzori, il jugea opporlun d'en profiter'. Moore aborda le Roüwenzori (fig. 4), non du côté occidental, comme Stairs et Stuhlmann, mais par est. Des vallées qui descendent vers le lac Rui- “samba, prolongement septentrional du lac Albert- Édouard, l’une, celle du Mobouko, a un long développement. . Pour pénétrer dans le massif, Moore suivit ce chemin tout tracé qui le conduisit presque au pied de l'un des grands glaciers du massif. Voici comment Moore décrit le Rouwen- “z0ri : « Couvrant du nord au sud un espace de 110 -à 130 kilomètres, il est constitué par trois massifs -plus ou moins neltement séparés l'un de l’autre, Le massif central, Ingomouimbi, paraît le plus élevé : quatre de ses sommels au moins sont “couverts de neige. Il est borné au nord et au sud par des vallées dont la partie supérieure est “occupée par des glaciers. Au delà de ces vallées se dressent le massif septentrional, dont les som- mets portent les noms de Kraepelin, Saddle, _ Kanyangugoué, etle massif méridional, nommé Mœbius. Entre ces trois massifs, deux cols per- metlraient, au dire des indigènes, de passer du versant est sur le versant ouest, par conséquent du lac Ruisamba dans la vallée de la Semliki. Scott Elliot a avancé naguère que l'altitude du pic le plus élevé atteignait 4.950 mètres. Moore estime qu'actuellement il est impossible de dire quel est le plus élevé et par conséquent de préciser sa hauleur. A peine Moore avait-il redescendu les pentes du Rouwenzori, que Sir Harry Johnston ‘ les gravis- sait à son tour. Gouverneur de l'Ouganda, Sir Harry Johnston ne croit pas avoir rempli lout son devoir quand il à correctement expédié sa besogne administrative. Doué d'une avide curiosilé scientifique, il s'intéresse aux phénomènes physi- ques et naturels, ainsi qu'aux indigènes du pays où les hasards de sa carrière le transportent. Il avait déjà observé dans le British Central Africa Protectorate, autrement dit Nyassaland, que, pour gouverner sagement un pays, il faut d'abord le bien connaître. Il a transporté dans l'Ouganda ces habitudes, qui, bien que peu administratives, lui avaient déjà réussi ailleurs. Obligé à un déplacement dans l'extrême ouest de son Gouvernement pour conférer avec voisins, les fonctionnaires de l'État indépendant du Congo, il en a profilé pour gravir le Rou- wenzori. Il est arrivé jusqu'à 4.400 mètres. En ce point, Sir Harry Johnston et ses deux com- pagnons se sont trouvés en face d’une paroi de rocher qu'ils n'ont pas pu escalader. La dernière partie de l'ascension a dû se faire sur le glacier, à la corde et au piolet. Moore et Sir Harry Johnston ont tous deux éprouvé un très mauvais temps: pluies continues, tempête de neige. Les lermes « torrents of rain », « deluge of rain », reviennent fréquemment sous la plume de Moore. Ce haut massif montagneux est donc certainement un puissant condensateur de vapeur d'eau. De ses pentes orientales, plusieurs rivières descendent vers le lac Ruisamba, et les torrents qui dévalent sur ses pentes occidentales vont grossir la Semliki. Mais que l’eau descende à l’ouest ou à l’est, c’est toujours le Nil qui en bénéficie, et si les Monts de la Lune ne constiluent pas sa source unique, comme le supposaient les anciens géographes, ils contribuent notablement à le former. ses Henri Dehérain, Docteur ès Lettres, Sous-Bibliothécaire de l'Institut. # J. E. S. Moore : Tanganika and the countrynorthofit. Geographical Journal, 1901, p. 1-31. ‘ Sir Harry Johnston’s recent journeys in the Uganda protectorate. Geographical Journal, 1901, 1. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE 48 ANALYSES 4° Sciences mathématiques Borel (Emile), Maitre de Conférences à l'École Normale Supérieure.— Leçons sur les Séries diver- gentes. — 1 vo/. 1n-8° de 18% pages, avec figures. (Prix : 4 fr. 50.) Gauthier-Villars, éditeur, 55, quai des Grands-Augustins. Paris, 1901. Ce volume fait partie d'une série d'ouvrages, indé- pendants les uns des autres, que M. Borel consacre à la Théorie des Fonctions; c'est le troisième de la série. L'auteur y présente, sous leur forme actuelle, nos con- naissances sur l'emploi des séries divergentes, en tenant compte des recherches les plus récentes, recher- ches auxquelles il a lui-même pris part d'une façon remarquable. Son petit volume apporte une importante contribution à l'étude d'un point de la théorie des séries qui, autrefois, a soulevé bien des polémiques. Tandis qu'au milieu du xix° siècle on écartait systémaliquement toute série divergente, certaines de ces «séries avaient auparavant retenu l'atten- tion des mathématiciens, et la plupart d’entre eux s'accordaient avec Euler pour les conserver dans les calculs, sous certaines réserves. Lorsque vinrent les méthodes de l'Analyse moderne, introduites dans la Science par Abel et Cauchy, et caractérisées par le souci de la rigueur du raisonnement, on se fit quelque scrupule à employer les séries divergentes. Abel et Cauchy se préoccupèrent de justifier l'emploi de séries divergentes ; mais Cauchy seul laissa quelques travaux à ce sujet, notamment un Mémoire sur la série de Sürling. Après la mort de Cauchy, on cessa de s'occu- per des séries divergentes. Leur étude n'a été reprise : que depuis une vingtaine d'années; elle s’est enrichie de travaux très remarquables quant aux considéralions nouvelles qui s’y font jour. Ce sont d'abord : d’une part, le Mémoire de Slieltjes; d'autre part, celui de M. H. Poincaré ; puis, les recherches, plus récentes, faites prin- cipalemeut par M. Borel, et, pour ce qui se rattache plus particulièrement aux rapports de la question avec les fractions continues, celles de M. Padé. C’est à cette nouvelle période qu'est consacré le livre de M. Borel. L'auteur a soin de faire précéder son exposé d'un court apercu historique. Puis, il examine, dans le chapitre 1, les séries asympiotiques. Le germe de cette théorie se trouve dans les travaux de Cauchy, la théorie générale n'a cependant été établie que plus tard par M. H. Poincaré. Dans le chapitre suivant sont étudiés les rapports entre les séries divergentes et les fractions continues. C'est Laguerre qui, le pre- mier, a montré l'utilité qu'il y a de transformer une série divergente en une fraction continue convergente ; mais les travaux fondamentaux dans ce domaine sont dus à Stieltjes et à M. Padé. Le chapitre se termine par une généralisation des résultats obtenus par Stieltjes. Le chapitre ut a pour titre : la théorie des séries Som- mables. M. Borel examine les méthodes basées sur les valeurs moyennes d'après M. Cesaro et la méthode de sommation exponentielle. La théorie des séries som- mables présente des relations très intéressantes avec la théorie du prolongement analytique. Ces relations font l’objet du chapitre 1v. Enfin, dans le dernier chapitre, intitulé :les dévelop- pements en séries de polynomes, sont exposés le théo- rème de M. Mittag-Leffler ‘ relalif à l'étoile de conver- 4 G. MirraG-Lerrer : Sur la représentation aualytique d'une branche uniforme d'une fonction monogène. Extrait des Acta mathematica: première note, mars 4899; deuxième et troisiènte notes, août 1900. ET INDEX gence, les développements de M. Mittag-Leffler et leur rapport avec la théorie générale des séries diverzentes. H. Feur, Professeur à l'Université de Genève. 2° Sciences physiques Guillaume (Ch.-Ed.), Directeur adjoint du Bureau international des Poids et Mesures. — La Conven- tion du Mètre et le Bureau international des Poids et Mesures. — Une brochure in-4° de 23$ pages avec 88 figures. (Prix : T fr. 50.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1901. Ce n'était pas chose facile de présenter au publie un exposé précis et intéressant du but de la Convention du Mètre et du Bureau international des Poids et Mesures chargé des services concernant les protolypes interua- lionaux. É L'extrême précision exigée dans les opérations mélro- logiques, l'emploi de dispositifs délicats et compliqués, l'usage de méthodes minutieuses sont des sujets bien éloignés de ceux qu'on choisit d'ordinaire pour popula- riser la Science moderne. : M. Ch.-Ed. Guillaume a réussi de la manière la plus heureuse à rendre son ouvrage non seulement facile à lire, mais même attrayant, grâce à la clarté de son exposition et aux nombreuses gravures qui l'accom- pagnent. Parmi les chapitres qu'on peut recommander à l'at- tention du lecteur tant soit peu versé dans la connais- sance des instruments de précision. je cilerai la des- cription des comparateurs pour les règles à traits, celle de la nouvelle règle géodésique, constituée par une barre d'acier-nickel, rigide quoique légère, grâce au profil de sa section, et qui demeure presque invariable dans l'intervalle des températures ordinaires. C'est justement M. Guillaume qui a découvert les propriétés si curieuses de ces alliages fer-nickel et si utiles à la Métrologie et à l'Horlogerie. Je citerai encore, outre les recherches de Thermo- métrie, les beaux travaux d'Optique interférentielle exécutés suivant la méthode de Michelson pour expri- mer la longueur du mètre international en longueurs d'onde lumineuses, méthode qui permet de vérilier la permanence du prototype et, au besoin, de le repro- duire avec la plus haute précision, s'il venait à être altéré ou détruit. L'auteur n'a pas manqué d'ajouter à la fin de son livre les documents scientifiques officiels qui ont pré- paré la Convention diplomatique du Mètre et l'entente internationale pour la diffusion du système métrique, particulièrement le Rapport de Jacobi, de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, puis celui de Dumas, au nom de l'Académie des Sciences de Paris, concluant à l’organisation d’un Etablissement interna- tional, qui finalement a été créé et installé au Pavillon de Breteuil. Les opérations et les recherches de loute nature qui s'y exécutent aujourd'hui sous l'habile et Savante direc- tion de M. Benoit, ont une importance chaque jour croissante, non seulement pour contribuer à la diffu- sion du système métrique chez les peuples civilisés, mais encore au point de vue purement scientifique pour perfectionner les méthodes d'observation. L'ouvrage de M. Guillaume offre done, à ce titre, un intérêt qui s'étend à toutes les branches des Sciences expérimentales. A. CORNU, Membre de l'Académie des Sciences et du Bureawdes Longitudes, Professeur à l'Ecole Polytechnique, Le CP ER ET, LR VE Me Gr Ru ee SES Geschwind (Lucien), Ingénieur-Chimiste. — Indus- tries du Sulfate d'Aluminium, des Aluns et des Sulfates de Fer. — 1 vol. 1n-8 de 364 pages, avec 195 fiqures, de l'Encyclopédie industrielle. (Prix : 10 fr.) Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1901. ls Le livre de M. Geschwind est un ouvrage à la fois … théorique et pratique; pour le spécialiste qui s'occupe des composés industriels du fer et de l'aluminium, il constitue une petite bibliothèque riche en renseigne- ments de tout genre sur la fabrication et les usages des “ intéressants produits dont il s'occupe. La partie théorique générale, très complète, formant …— le premier chapitre de l'ouvrage, ne vise naturellement … pas à l'originalité; mais elle rendra service à l'industriel, qui na pas beaucoup de traités scientifiques sous la main. Le plus grand intérêt du volume réside en ce que lauteur est bien réellement du métier. Dans les cha- pitres techniques, il ne se borne pas à reproduire la … série des procédés que fournissent la bibliographie et … les brevets, mais, dans beaucoup de cas, il cite des observations personnelles et introduit des critiques que … Jui a suggérées son expérience, Nous ne sommes donc pas là en présence d’une de ces œuvres quelconques, . compilées d'une manière plus où moins heureuse par “ une personne étrangère à la matière, comme on en | rencontre malheureusement beaucoup trop dans la littérature aujourd’hui. Le passé et le présent-trouvent place dans l'ouvrage de M. Geschwind. Il a pensé sans doute que, si les anciens procédés n'ont plus d'utilité immédiate, il n’en est pas moins intéressant de considérer l’évolution pro- gressive d'une industrie, les modernes devant toujours … quelque chose à leurs’devanciers. En outre, les antiens reparaissent fréquemment sur la scène, quand des découvertes qui leur sont postérieures permettent d'appliquer leurs conceptions d'une manière plus proli- table et plus pratique. C'est dans cet ordre d'idées qu'on … lira avec intérêt ce qui concerne les anciennes pré- … parations des aluns, la fabrication de l'acide fumant de Nordhausen, qui sont sur le point d'entrer dans le domaine des temps passés. . Je recommanderai surtout le livre de M. Geschwind à ceux qui cherchent des: données numériques sur la préparation des petits produits qu'il décrit; la deuxième - partie de l'ouvrage est riche en renseignements de cette nature, non moins, d'ailleurs, que la troisième partie, réservée aux applications des sulfates de fer et d'alu- minium. Dans la quatrième partie enfin, l'analyste trouvera des procédés usuels pour l'examen des + matières que l’on rencontre dans ce genre d'industrie. l G. ARTH, Directeur de l'Institut chimique de la Faculté des Sciences de Nancy. 4 3° Sciences naturelles % Chevalier (Aug.), Préparateur au Muséum. -— Mono- graphie des Myricacées : Anatomie et histologie, organographie, classification et description des espèces, distribution géographique. (Thèse de la —— Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. in-8 de 260 pages, avec planches et cartes. Le Maout, im- Rrimeur. Cherbourg, 1901. En 1898, M. Chevalier nous faisait connaître quelques points de l'anatomie des Myricacées et nous laissait espérer une monographie complète de ce petit groupe de plantes appartenant à la série des Amentacées. C'est ce travail, interrompu par une longue et fructueuse ex- ploration dans l’Afrique occidentale francaise, que nous présente aujourd’hui l'auteur. De l'ensemble des caractères que fournit l’histolagie des diverses espèces des Myricacées, et dont l'exposé constitue, avec l'historique, les premiers chapitres, il mous faut retenir quelques particularités. — /acine. Sa structure est normale, — Tige. Le cylindre li- &neux forme un anneau complet, et le liber, protégé REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX rs © par des arcs scléreux péricycliques, est composé de plages criblées alternant avec des plages de paren- chyme. L'écorce ne renferme ni canaux sécréteurs ni cellules sécrétrices, mais seulement quelques cellules tanifères et oxalifères; le périderme est d’origine sous- épidermique. — feuille. Le système fasciculaire du pétiole est en arc; les stomates sont répartis uniquement à la face inférieure, épars ou localisés dans des cryptes, enfoncés et protégés par 5 à 10 cellules épidermiques rayonnantes. Le- poils tecteurs sont unicellulaires et sclérifiés; quant aux poils glanduleux, ils sont unicel- lulairesouunisériés outerminés par un massif sécréleur, et, dans ce cas, ils sont pédicellés et fréquemment situés au fond de cryptes produites par des invaginations de l'épiderme. L'inflorescence des Myricacées est une grappe simple où rameuse avec desfleurs apérianthées ; l'ovaire renferme un seul ovule orthotrope dépourvu de funi- cule, et la fécondation est micropylaire. Le fruit est variable et fournit les meilleurs caractères taxinomiques de genres; c'est un akène chez les Comptonia, une noix chez les Gale et un fruit particulier chez les HM/yrica, présentant un endocarpe parenchymateux plus ou moins écrasé, un mésocarpe scléreux et un exocarpe parenchymatoide, pourvu d’un revêtement cireux ou garni d'émergences. L'une des particularités biologiques des plus inté- ressantes de cette famille est la présence de {ubercules radicaux, sortes de petites excroissances coralloïdes que l'on rencontre sur les racines ou parfois sur les organes souterrains de bon nombre d'espèces. Ces productions, constantes chez le Gale palustris d'Europe, sont occasionnées par l'action d'un cham- pignon parasite voisin des P/asmodiophora, le Frankia Brunchorsti Müll. Ces tuberculoïdessont, comme chezles Légumineuses, des racines arrêtées dans leur développement : les uns sont monostéliques, les autres polystéliques ; l’auteur se réserve de poursuivre l'étude des relations de l’or- ganisme producteur avec la plante nourricière. La deuxième partie de la thèse de M. Chevalier est ré- servée à la classification et à la description des espèces : on y trouve exposée la morphologie externe et interne, ainsi que l'aire de dispersion géographique de chaque type ou variété. Nous y relevens les espèces nouvelles suivantes : Gale japonica, Myrica nana, avec les deux variétés Integra et luxurians, M. Dregeana, myrtifolia, glabrissima, elliptica, comorensis, Funekii, ainsi que plus de six variétés ou hybrides non encore décrits. En résumé, la famille est nettement scindée en trois genres : 1° le genre (rale avec une seule espèce type, le G. palustris, et trois sous-espèces secondaires; 2 le G. Comptonia, qui ne renferme de même qu'une seule espèce, le G. peregrina de l'Amérique du Nord, à fruit protégé par une sorte de cupule provenant des deux bractéoles ; 3° le genre Myrica, avec cinquante et une espèces africaines ou américaines. Le Gale palustris, à lui seul, possède une aire de dispersion plus étendue que celle de toutes les autres espèces. Cette plante, le Comptonia et quelques Myrica sont seuls hygrophiles; ajoutons qne l'on ne rencontre aucune Myricacée en Australie ni dans lesiles de l'Océanie. Comme ïl est facile d'en juger par cette courte analyse, le travail de M. Chevalier est une excellente monographie dans le sens le plus large du mot, et nous le félicitons bien sincèrement de s'être adressé aussi bien à l'organogénie qu'à l'anatomie pour établir sa classification; il faut avouer cependant que l'anatomie, chez des espèces mal fixées, fournit des caractères d'une bien faible importance taxinomique. Il semble qu'on ne puisse adresser à l’auteur de cette monographie qu'une seule critique : c'est d'avoir péché par excès de modestie en ne faisant pas ressortir d’une facon suffisante les faits nouveaux mis en lumière par ses patientes et minutieuses recherches et en obligeant le lecteur à parcourir la brochure en entier pour découvrir les espèces et les variétés créées par lui. Cette 1*** b] j BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX première publication nous fait cependant bien augurer de l'avenir, et nous voulons terminer ainsi, en expri- mant le souhait d'un prompt relour au jeune explo- rateur sur le point de repartir pour ces régions encore inexplorées du Tehad;il y fera, de nouveau, une ample moisson et puisera largement dans les richesses bota- niques du continent noir pour enrichir la Sci-nce de matériaux encore inconnus, d'observations inédites et de travaux personnels des plus intéressants. EMILE PERROT, Docteur ès sciences, : Agrégé, Chargé de Cours à l'Ecole Supérieure de Pharmacie de Paris. Vigier (D: Pierre), Préparateur-adjoint d'Histologie à 14 Faculté de Médecine de Paris. — Le Nucléole. Morphologie, Physiologie. — 1 vol. in-8 de 114 pages, avec figures dans le texte. (Prix : 4 fr.) Carré et Naud, éditeurs. Paris, 1901. Ce travail sur le nucléole, « cet organe en appa- rence si simple et si minime dans Je complexus cellu- laire », est loin d'être inutile. Plus petites et plus simples en apparence sont les choses, plus elles sont difficiles à comprendre, et plus il y a d'auteurs accourus pour s’en disputer l'interprétation et d'opinions con- tradictoires produites. Tel est le cas du nucléole. M. Vigier a done droit à la reconnaissance des cher- cheurs, pour avoir mis de l’ordre dans la question de la morphologie et de la physiologie du nucléole, si embrouillée et bibliographiquement si encombrée. Il a fait du nucléole une bibliographie très étendue, qu'il déclare n'avoir pas voulu faire complète pour éviter de la rendre inutile et fastidieuse, et pour demeurer clair. Nous nous permettrons, cependant, de remarquer à ce sujet que, daus une question bibliographique, la clarté, si elle n'est obtenue que par des suppressions inten- tionnelles, est artificielle et presque criminelle, puis- qu'elle supprime, en effet, des existences scientifiques, faits constatés ou opinions exprimées. Ce travail a pour point de départ des recherches originales de l’auteur sur le mécanisme histologique de la sécrétion, en particulier dans les glandes à venin du Triton. Parmi les conclusions les plus importantes, citons les suivantes : Les nucléoles sont souvent creusés de vacuoles; — les nucléoles accessoires proviennent vraisemblablement du nucléole principal; — les nucléoles sont dus, sans doute, à une différenciation du réseau chromatique ; — le rôle du nucléole est encore problématique; il est, sans doute, un organe actif du noyau au repos, intéressé dans l'élaboration des produits de la cellule. Le travail de M. Vigier nous donne un résumé utile et déjà très complet d'une question cytologique inté- ressante, et sera lu avec fruit. A. PRENANT, Professeur à l'Université de Nancy. Ferronnière (G.). — Etudes biologiques sur les zones supralittorales de la Loire - Inférieure. (Extrait du Bulletin de la Société des Sciences Natu- relles de l'Ouest de la France). — 1 vol. in-8° de 45% pages, avec figures et planches. Secrétariat du Muséum d'Histoire naturelle, Nantes, 1901. Après avoir défini la concurrence vitale dans les milieux aériens, d’eau douce, marins, d'eaux sursalées, M. Ferronnière étudie l'influence de ces milieux prin- cipalement sur les Vers, parce que ce groupe comple des représentants du typé nageur errant et sessile. L'auteur étudie la faune des localités immergées d’eau stagnaute, à salure constante où variable, à eau de mer vive ou courante, à desséchement intermittent et celle des lieux plus ou moins éclairés où abrités, etc; il conclut que ces conditions modifient la zone comme étendue et comme faune. Il décrH la grande côte du Croisic, à rochers verti- caux et battus par les vagues. Les animaux marins ont ‘tendance ici à remonter à un niveau plus élevé qu'ail- leurs. Cette zone supralittorale se trouve donc réduits à une bande étroite où se rencontrent les espècee marines les moins exigeantes et quelques espèces ter- restres capables de supporter l'eau de mer quelques instants. La zone des’ roches abruptes est donc très réduite, mais c’est le contraire pour la zone des rochers à pente faible. L'étude des mares supralittorales mon- tre qu'il s'y produit un triage d'espèces causé par le changement multiple de salure ou la résistance à la des-iccation; de plus, la concurrence vitale isole en quelques milieux défavorables des espèces disparues ou devenues rares aux endroits bien situés, où plusieurs autres espèces mieux armées s'opposent à leur déve- loppement. En résumé, les êtres qui vivent dans ces mares appartiennent à des formes résistantes, parfois chassées du milieu normal et transformées par la nou- velle vie et nettement acclimatées à elle. La grande quantité de vase dans les golfes profonds, comme le traict du Croisie, n'est pas la seule cause de l'appauvrissement de leur faune; il faut y ajouter les changements de salure et surtout le grand calme des eaux, si défavorable à l'aération de ce milieu. La sélection d'espèces formant la faune sursalée des marais salants du Croisie se renouvelle à chaque prin- temps, au moment où la sursalure commence à se faire sentir. La caractéristique des eaux saumäâtres et dou- ces est leur variabilité extrême de salure (par la pluie, l'évaporation, etc.). Là encore s'opère une sélection analogue à celle de la zone supralittorale. Dans les eaux courantes où les transitions existent, la faune saumatre plonge, repoussée par l'eau douce qui surnage, et parfois quelques espèces marines s'accli- matent à des salures très réduites; M. lerronnière cite le cas d'un P?sammoryetes transformé en Potodrilus (?) très typique. Nous ferons remarquer que ce fait pren- drait plus d'importance si M. Ferronnière avait observé des formes de passage. L'étude de certaines familles nous à paru ici un peu rudimentaire ; les Æirudinées en particulier, sont laissées de côté. Dans une deuxième partie, l’auteur tente de repro- duire expérimentalement les changements de milieu et les conséquences qui en découlent. La résistance à la dessiccation (que M.Giard a si bien nommée anhydro- biose) est variable pour certaines espèces très rappro- chées. En mentionnant certains cas d'adaptation avec modifications anatomiques, M. Ferronnière discute certaines conclusions d'un travail que nous avons publié en 1897. Or, nous n'avons jamais dit que la queue des Lombries habitant la terre dure prend une forme aplatie, tandis que celle des Lombries à vie aqua- tique prend une forme cylindrique. Nous nous som- mes, au contraire, borné à constater que les Vers canali- sateurs, vivant dans des terrains frais et peu humides, possèdent une queue aplatie, présentant ainsi une surface d'appui plus étendue dans le sens transversal et, par conséquent, une puissance dynamique plus con- sidérable dans le sens longitudinal. C’est donc la fonc- tion locomotrice et non le milieu ambiant qui a trans- formé la forme primitive de la partie caudale de ces Vers. En résumé, nous dirons que la partie caudale des Vers sédentaires pourra être polyédrique, mais jamais aplatie comme celle des Vers canalisateurs. M. Ferronnière ajoute que les AJurus prennent une forme cylindrique lorsqu'on les fait vivre dans le sable mouillé. Ce fait cor- robore au contraire nos conclusions, car les A//urus sont des Lombricides absolument sédentaires, non migra- teurs. Au reste, leur anatomie musculaire, celle de la par- tie caudale de l'intestin en croix de Saint-André, que nous avons décrite en 1900, s'opposent à ce que ces Vers prennent une forme aplatie. Quant à l'influence de là vie aquatique sur la disparition du clitellum, M. Ferron= nière mentionne qu'il estarrivé aux mêmes conclusions que nous. Suit une étude intéressante sur l'influence du passage de l’eau de mer à l'eau douce sur quelques. animaux. Le protoplasme recoit d’abord l’eau, puis il cède une partie de ses sels. Cette acclimatation est rare chezles Polychètes; elle l’est moins chez les Oligochètes BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 51 Plusieurs auteurs ont étudié la résistance qu'ont cer- tains animaux d’eau de mer lorsqu'on les plonge dans de l’eau sursalée. M. Ferronnière étudie leurs conclu- sions en élargissant beaucoup le champ des expériences. Il constate que les espèces qui résistent à l’eau sursa- lée sont aussi les mêmes qui résistent à l’eau douce; et ce sont précisément celles qui, par leur habitat, ont été habituées aux changements de salure; en un mot, ce sont les animaux supralittoraux. De là vient cette sin- gulière anomalie entre le facies des eaux saumâtres et celui des eaux sursalées. L'auteur termine par une étude sur l'influence de la lumière sur certaines espèces. En résumé, un animal réagit toujours lorsqu'il y a manque d'équilibre entre lui-même et le milieu ambiant ; s’il peut résister, il parvient à un nouvel état d'équilibre et il se modifie. Plus le milieu change . fréquemment, plus l'animal devient mieux armé pour . résister aux changements de n'importe quel ordre. Ces caractères acquis par adaptation sont plus ou moins - héréditaires. Enfin, il existe aussi certaines espèces qui - ne se modifient pas, tout en s’acclimatant; d'autres perdent des organes inutiles, ou s’enkystent. La mort immédiate, l'au‘otomie, les contractions : violentes, les tactismes, les tropismes, l’exagération des fonctions, les modifications de formes, l’acclima- tation finale sans modification, tels sont, en résumé, les résultats qu'a obtenus M. Ferronnière en reprodui- sant expérimentalement les conditions de vie normale constatées dans la première partie de cet intéressant ouvrage, qui jette un jour nouveau sur l'évolution bio- logique des Vers supralittoraux. E. DE RIBAUCOURT, Docteur ès sciences, à Préparæteur à la Faculté des Sciences de Paris. | 4 Sciences médicales - Hartenberg (D' Paul). — La Névrose d’angoisse. — 4 vol. 1n-8° de 82 pages (Prix : 2 fr.) Félix Alcan, pour réclamer droit de cité dans la science neurolo- gique en laveur d'une forme névropathique nouvelle, la néviose d'angoisse. 1° La névrose d'angoisse, proposée eu 1895 par Freud, de Vienne, comme type morbide autonome et distinct de la neurasthénie, est caractérisée, dans sa forme - pure, par les symptômes suivants : a) Surexcitation nerveuse générale; b) Etat d'an- 7 éditeur. Paris, 1902. Le travail de M. Hartenberg est un éloquent plaidoyer goisse chronique ôu « attente anxieuse »; c) Accès d'angoisse aiguë paroxystique, avec dyspnée, palpita- “tions, sueurs profuses, etc.; d) Equivalents de la crise Dd'angoisse et crises rudimentaires, tels que : troubles “cardiaques, troubles respiratoires, troubles digestifs, “vertiges, paresthésies, phénomènes musculaires, phé- “nomènes sécrétoires, phénomènes congestifs, troubles “urinaires, variations de la nutrition générale, etc.; “e) Phobies et obsessions. De tous ces symptômes, le plus constant et le plus significatif est l'angoisse. Les désordres fonctionnels sont plus ou moins variables, s'associent diversement entre eux et peuvent se remplacer les uns les autres. Les phobies se développent à la faveur de l'angoisse, et “leur objet, qui n'est que la forme intellectuelle dans laquelle l'angoisse se justifie, dépend uniquement du . hasard des circonstances. 2° D'après Freud, la névrose d'angoisse aurait une origine exclusivement sexuelle, et serait due à des excitations sexuelles insatisfaites, comme dans le cas d'excitation fruste des fiancés, du coit réservé et inter- rompu, de l'impuissance relative, de l’abstinence volon- taire, de la masturbation habituelle, etc. Mais, tout en reconnaissant que ces causes déterminent effectivement la névrose d'angoisse, on peut penser qu'elles ne seront pas seules à la produire, et que toute fatigue, tout sur- menage, lout épuisement, toul traumatisme du s\stème nerveux viscéral est également susceptible de la provo- quer. 3° En effet, d'après l’étiologie et les symplômes cli- niques, consistant en désordres cireulatoires, yaso- moteurs et viscéraux, on peut supposer que la névrose d'angoisse a pour siège le système nerveux sympa- thique. Elle exprimerait une fatigue, un épuisement du sympathique. comme la neurasthénie vraie traduit la fatigue du système cérébro-spinal. Il paraît donc /gi- time de séparer la névrose d’angoisse, maladie du sym- pathique, caractérisée par l'angoisse, de la neuras- thénie, maladie du système cérébro-spinal, caractérisée par l’asthénie. Toutefois, comme, dans la vie, les causes de surmenage de l’un et de l’antre systèmes se ren- contrent fréquemment associées, il est naturel que l'on rencontre aussi les symptômes de la névrose d'angoisse et de la neurasthénie associés dans des formes mixtes. 4° Le terme de névrose d'angoisse paraît utile pour différencier de la neurasthénie, dont la compréhension devient trop large, un groupe naturel de symptômes représentant « une maladie primitive de l’émotivité », qui constitue le terrain d'élection pour le développement des phobies. Son mécanisme pathogénique éclaire, en outre, singulièrement la psychologie des peurs morbides, et apporte une démonstration clinique éloquente en faveur de la doctrine de la priorité de la vie affective dans la constitution des phobies et des obsessions. 5 Le traitement s'attaque aux désordres somatiques par les moyens ordinaires de la thérapeutique ner- veuse : hygiène, repos, isolement, hydrothérapie, élec- trothérapie, calmants (opium), traitements locaux, elc. Les troubles psychiques, les phobies, rebelles le plus souvent à la suggestion hypuotique ou vigile, seront combattus avec succès par la méthode des exercices d’accoutumance répétés par le malade à son insu, sous la direction immédiate du médecin. Telles sont les conclusions de ce sérieux travail, bien documenté et bien construit, dont les idées nouvelles et les points de vue originaux méritent de retenir l’at- tention de tous les chercheurs qui s'intéressent aux progrès de la Neurologie. JA 5° Sciences diverses Choublier et Delvolvé. — Conférences du Groupe français de l’Ecole internationale des Expositions, à l'Exposition universelle de 1900, avecune Lettre- préface de M. Léox BourGeois, Président de T Ecole internationale des Expositions. — 4 vol. in-$ de xxIx-567 pages. Arthur Rousseau, éditeur. Paris, 1901. On connait cette grande Ecole internationale, qui a fonctionné, en 1900, pendant l'Exposition. Les secrétaires du Groupe francais ont pensé qu'il y avait intérêt à publier certaines des Conférences don- nées à l'Ecole, et ainsi est né le présent volume. Parmi les lecons faites, nous relèverons principa- lement les suivantes, qui ont trait à la Science et à l'Industrie : L'Eclairage électrique à l'Exposition, par M. Bai- gnières; les Récents développements de i Industrie des alcools, par M. Barbet; les Fers et les Aciers, par M. Block; la Fabrication de la Céramique, par M. de Blottefière ; le Traitement des minerais d'or au Trans- vaal, par M. Bousquet; l'Histoire de l'imprimerie en France, par M. Christian; les grandes Industries chi- miques à l'Exposition (sept conférences), par M. L. Guillet; les Progrès de l'Industrie houillère dans le siècle, par M. E. Gruner; le Traitement des métaux, par M. Jannetaz; les Mcyens de transport, par M. Mi- chotte et par M. Pillon; la fabrication des Lampes à incaudescence et la Verrerie à l'Exposition, par M. Paul Séguy; la Photographie appliquée à l'illustration du livre, par M. Vidal; le Soudan français, par M. Gidel; les Slaves des Balkans, par M. A. Malet; Ja Culture indus- trielle di Nord, par M. Lefèvre, elc., etc. 52 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ; L DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 16 Décembre 1901. Séance publique annuelle pour 1901. M. F. Fouqué rappelle le nom des membres de l'Académie décédés pendant l’année et résume leurs travaux. — M. le Se- crétaire perpétuel proclame ensuite le nom des lauréats des prix de l’Académie en 1901. — M. G. Darboux lit l'éloge historique de Joseph Bertrand. Séance du 23 Décembre 1901. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard présente quelques remarques sur la nature des périodes des inté- grales doubles. — M. A. Pellet communique la suite de ses recherches sur le calcul des racines réelles des équations. — M. Riquier étudie le calcul par chemine- ment des intégrales de certains systèmes différentiels. — M. R. Perrin est parvenu, à l’aide de considérations géométriques élémentaires, à résoudre, par des for- mules simples, tous les problèmes qui se rattachent à la recherche, à la séparation et au calcul par approxi- malions successives des racines réelles des équations numériques. — M. Edm. Maillet étudie les cas où les nombres e et z et leurs puissances rationnelles ne peuvent être racines d'équations. — M. R. de Saussure cherche le mouvement le plus général d’un corps solide qui possède deux degrés de liberté autour d’un point fixe. Il montre que le couronoïde joue, dans les mouve- ments à deux degrés de liberté autour d'un point fixe, le même rôle que la couronne, c’est-à-dire la rotation, | dans le mouvement à un degré de liberlé. — M. G. Bi- gourdan à retrouvé des Notes de Delambre indiquant les corrections à apporter aux angles azimutaux trouvés par Méchain dans sa mesure de la méridienne de France. La plupart des angles sont ainsi sensiblement améliorés. — M. À. de la Baume-Pluvinel lait connaître le résul- tat de ses observations de l’éclipse annulaire de Soleil du 11 décembre au Caire. L'élat du ciel n’a pas gêné les observations spectroscopiques, mais à nui aux essais de photographie de la couronne. Le spectre très précis de la lumière solaire rasant le bord de la Lune n'a pas décelé de phénomènes d'absorption attribuables à la présence d'une atmosphère lunaire, même très rare. Ce résultat paraît décisif. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Carvallo remplace les énoncés de Maxwell par les trois lois suivantes, qui sont, toutefois, implicitement contenues dans ses for- mules : 1° Un élément conducteur non magnétique, où le courant est p et le champ magnétique «, subit une force électrodynamique représentée par le vecteur {p &]. 2° Un élément conducteur, non magnétique et en mouvement, où la vitesse est x! et le champ «, est le siège d'une force électromotrice d'induction repré- sentée par le vecteur {xx}. 3° La force électromotrice d'induction dans un contour fermé est la somme de deux termes : d'une part l'intégrale du vecteur || x'«| le long du contour, d'autre part la dérivée changée de signe du flux de l'induction magnétique à qui traverse le contour supposé fixe. — M. J. Thovert indique une nouvelle méthode pour l'étude de la diffusion. Elle con- siste à mesurer la déviation d’un rayon lumineux tra- versant les milieux diffusants, déviation qui est sensi- blement proportionnelle à la dérivée de la concentration. -— M. H. Pellat signale quelques phénomènes nouveaux qu'il a observés dans des tubes de Geissler placés dans un champ magnétique. — M. P. Compan a déterminé à nouvezu le pouvoir refroidissant et la conductibilité de l'air. Le facteur de refroidis-ement dû à l'air est, d'après Dulong et Pelit, donné par l'expression mp°{?,p Stant la pression, {l'excès de température du corps sur l'enceinte et » une constante pour un même corps. L'auteur a trouvé que h — 1,232 et c — 0,45 pour toutes les pressions supérieures à 15 millimètres. Au-dessous, ces valeurs augmentent. La conductibilité de l'air à.09 est de 0,0000479 et son coefficient de température de 0,00130. — M. B. Brunhes a observé plusieurs fois, à l'Observatoire du Puy de Dôme, le phénomène des cou- ronnes antisolaires ou du spectre de Brocken. Le dia- mèlre des couronnes varie avec le temps. — M. Debu- raux expose un projet de traversée du Sahara par un ballon non monté, pourvu d'un équilibreur et de déles- teurs automatiques, ainsi que d'instruments enregis- treurs. La constance des vents alisés d'octobre à avril lui permettrait d'effectuer sa traversée en cinq jours. — M. L. Baudin à employé l'éther de pétrole léger, de densité 0,647 à Æ 150, pour un thermomètre destiné aux basses températures. Cette substance ne s’est pas congelée dans l'air liquide. — M. A. Colson a déter- miné les températures auxquelles diverses solutions se diluentsans changer de température. Ce sont: KCI 649,5; NaAz0O® 1160; KAZO® 1220. — M. Guntz a obtenu le stron- tium en chauflaut très lentement son amalgame dans le vide. Dans un courant d'hydrogène, il se produit un hydrure de formule SrH?. — M. G. Baïlhache a cons- taté qu'en dehors de l’oxyde bleu dérivé du bioxyde de molybdène et trouvé par M. Guichard, il existe toute une série d'oxydes bleus constitués comme les molyb- dates et n'en différant que par le remplacement du métal par un radical composé tétratomique Mo*0*, que l’auteur désigne sous le nom de molyhdyle. — M. M. Descudé, en faisant réagir le chlorure de benzoyle sur le trioxyméihylène, a obtenu le chlorobenzoate de méthylène, CSH5.C00.CH?.CI, liquide incolore, bouillant à 120-1229 sous 12 millimètres, et le dibenzoate de mé- thylène {CSH5.C00 *CH?. Ce dernier, traité par l’ammo- niaque, donne l’éthylènedibenzamide. — M. A. Wahla constaté que toutes les amiues aromatiques primaires donnent des hyposulfites normaux répondant à la for- mule (RAzZH?)*H°5°0%. Ce sont des corps bien cristallisés et stables, peu solubles dans l’eau. Ils se décomposent par la chaleur suivant l'équation : (RAZH?)*H°S°0" = 2 RAZH? + H°0 + SOLS. — M. E. E. Blaise a constaté que les dérivés éthéro-organomagnésiens réagissent sun les nitriles en donnant des combinaisons qui sont dé-. truites instantanément par l'eau avec production de, célones. Cette réaction est très générale et a lieu dans la série cyclique comme dans la série grasse. — M. R: Fosse montre que les xanthènes sont des bases sans azote dans lesquelles l'oxygène possède des propriélés basiques et doit être considéré comme tétravalent. Les dérivés monolalogénés sont en quelque sorte des hypo- chlorites de ces bases. — M. M. Guerbet, en chaulfant vers 230° les alcools propylique et butylique normaux avec leurs dérivés sodés respectifs, a obtenu les alcools dipropylique et dibutylique. L'alcool dipropylique est liquide et bout à 148°; il possède la formule C*H°.CH= (CH*),.CH°OH. — M. G. Bémont a étudié l'alcool amy= lique de fermentation. Il bout à 431° et donne par oxy dation un acide valérique actif bouillant à 175°, qui semble être le méthyléthylacétique. Il ne pourrait con tenir que peu d'acide isopropylacétique. — M. A. Etardi indique une méthode de séparation de la leucine et d l'acide glutamique daus les produits d'hydrolyse des protoplasmides. Elle se base sur le fait que le chlorhy drale de leucine est très soluble, tandis que celui de l'acide glutamique est d’une insolubilité remarquable. = M. G. Bertrand a reconnu que le bleuissement de cer ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 33 . tains champignons est dû à l'oxydation d'un principe qu'ils contiennent, le bolétol, oxydation qui n’a lieu qu'en présence de laccase et d'un métal quelconque. — M. G. André a étudié les variations de la matière organique pendant la germination. 3 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Houssay a déter- . miné, chez la poule, l'influence du régime carnivore sur l’excrétion et la variation du rein. L’urée excrétée - est près de trois fois plus abondante qu'avec le régime - du grain; on constate, en outre, l'apparition d'un peu - l'acide urique. Les reins ont gagné en poids près d'un - tiers. — M. R. Cambier, en combinant convenablement _ l'action de la soude et du sel marin, est arrivé à cons- tiluer de toutes pièces un bouillon qui permet, à l’aide des cultures en bougies, de séparer à coup sûr le bacille typhiaue d'un colibacille déterminé. — MM. Lambert et Heckel ont coustaté que l’ibogine possède des pro- priétés anesthésiantes comparables à celles de la co- caine. À dose élevée, elle détermine la mort par arrêt du cœur. — M. R. Saint-Loup considère qu'il y a une elation entre les phénomènes de multiplication cellu- aire et la spécificité du milieu où les cellules évoluent. 1l indique une méthode qui permet de mesurer numéri- quement les activités cytologiques. — MM. P.-P. Dehé- rain et E. Demoussy ont fait, sur le trèfle, des expé- riences qui fournissent deux exemples intéressants de Vinfluence qu'exercent sur les Légumineuses le milieu et l'inoculation. Le trèfle croît dans la terre de Bretagne aussitôt qu'on apporte du calcaire et des phosphates, c'est-à-dire aussitôt que le milieu devient favorable à ‘sa végétation ; il reste misérable, au contraire, dans la terre de bruyère, malgré la création d'un milieu favo- rable, tant que la terre de jardin n'apporte pas les bactéries efficaces. — M. E. Laurent à constaté que “l'addition de superphosphate stimule la production des nodosités radicales chez le Pois, la Vesce velue et la Vesce cultivée, et surtout chez le Lupin jaune. C'est le “contraire chez la Fève ; chez cette dernière, les engrais azotés excitent la formation des nodosités, tandis qu'ils la paralysent chez les autres Légumineuses étudiées. — M. J. Dumont a reconnu que le défaut de nitrilica- lion des sols tourbeux a pour cause efficiente un état particulier de la matière azotée qui se trouve contenue lans ces sortes de terres, et qui se traduit loujours par “üuu défaut absolu d'ammonisation. Cet état est une con- Séquence du manque de potasse active, puisqu'il suffit d'incorporer au sol du carbonate de potasse pour rendre Phumus nitrifiable en favorisant l’action des ferments ammoniacaux. — M. A. Jurie signale un nouveau cas de variation de la vigne à la suite du greffage mixte. Ce Cas vient à l'appui dés théories de M. Armand Gautier. M. Ed. Gain a constaté que les graines de Graminées résentent avec l’âge une altération graduelle de l’em- bryon. Il jaunit d'abord, puis subit un brunissement noir rouseätre, très apparent à l'œil nu. Il est déjà très accentué au commencement du second siècle. — M. L. Petit a observé les globules réfringents du paren- chyme chlorophyllien des feuilles, qu il appelle sphéru- Mlins. Ceux-ci existent, tantôt dans tous les genres d’une mème famiile ou du moins dans la grande majorité; Liantôt on ne les rencontre pas du tout ou dans quelques wenres seulement. Ils se montrent surtout chez les familles supérieures. — M. A. Guillermond a reconnu, chez les Saccharomycètes, une fusion de deux cellules Sœurs S'unissant pour former un asque; cette fusion s'accompagne d'une fusion nucléaire. C'est un cas | typique de conjugaison par isogamie. — MM. L. Cayeux | et Ed. Ardaillon ont constaté que le Trias existe bien en Grèce, comme l’a supposé M. Douvillé. Le grand massif calcaire du Cheli, en Argolide, appartient en | partie, sinon en totalité, au Trias supérieur et non au Dithonique. Il faut renoncer à faire figurer le calcaire du Chéli parmi les preuves de la transgressivité du Jurassique "supérieur dans les régions méditerra- | néennes. — MM L. Bertrand et O. Menget présentent quelques observations sur le synclinal d’Amélie-les- : Bains, qui modifient notablément les données fournies sur cetle région par M. Roussel. — M. L. de Launay a étudié le décrochement quartzeux d'Evaux et Saint- Maurice (Creuse). L'âge de cet accident, certainement post-dinantien, semble d'autre part antérieur au Sté- phanien. — M. E. Maury a découvert, aux environs de Ponteleccia (Corse), une formation marine appartenant au Miocène et dont la faune diffère essentiellement de celles qui ont été signalées dans l'ile. — M. E. Martel signale de nouveaux exemyles de contamination des résursences (sources vauclusiennes) des terrains cal- caires en France, par suite du pouvoir filtraut nul ou très faible des fissures de ces terrains. Louis BRUNET. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 17 Décembre 1901. Séance publique annuelle de 1901. — M. E. Vallin lit le Rapport général sur les prix décernés en 1901. Puis M. le Président proclame les noms des lauréats. Séance du 24 Décembre 1901. M. le Président annonce le décès de Sir W. Mac- Cormac, correspondant étranger, et de M. E. Ossian- Bonnet, correspondant national. — L'Académie pro- cède au renouvellement de son bureau pour 1902. M. Riche, vice-président en 1901, devient de droit pré- sident pour 1902. M. Lancereaux est élu vice-pré- sident. M. E. Vallin est maintenu, par acclamation, secrétaire annuel. MM. Hayem et Chauvel sont élus membres du Conseil. L'Académie procède à l'ouverture de deux plis cache- tés, l'un contenant une note de M. G. Schneider sur un parasite observé dans le sang de scarlatineux, l’autre renfermant une note de M. E. Doyen sur la présence habituelle d'un microcoque dans les tumeurs épithé- liales. — M. A. Laveran présente un rapport sur la prophylaxie du paludisme en Corse, affection qui para- lyse tout progrès dans ce pays. Il propo-e les trois me- sures prophylactiques suivantes : Traiter énergiquement par la quinine tous les malades atieints de paludisme, de facon à empêcher l'infection des Anopheles; détruire les moustiques, les Anopheles en particulier; prendre les mesures nécessaires pour protéger tous les indivi- dus malades ou saius contre les piqûres de moustiques. Comme conclusion, le rapporteur demande à l'Académie d'adopter le vœu suivant élaboré par la Commission : « L'Académie, considérant que l'usage de la quinine a pris une importance aussi grande pour la prophylaxie que pour le traitement des fièvres palustres, émet le vœu que la vente des principaux sels de quinine soit soumise, dans toutes les régions palustres de la France, de la Corse et de nos colonies, à une législation spéciale qui permette aux plus pauvres de se procurer parlout de la quinine de bonne qualité età bon marché, comme cela a lieu en Italie. » Ce vœu est adopté à l'unanimité. — M S. Arloing a repris les expériences de M. R. Koch sur la non-identité des tuberculoses humaine et animale et est arrivé à des résultats absolument différents. Pour lui, la virulence du bacille de la tuberculose étant va- riable et capable de s'adapter à certains organismes, il n'est pas surprenant que le bacille humain puisse mani- fester sur certains animaux moins d'activité que le ha- cille de la tuberculose bovine; mais l’on peut trouver et entretenir en cultures pures des bacilles humains aptes à tuberculiser le bæuf, le mouton et la chèvre. Ki l'on en trouvait d'intapables à produire ce résultat, et il en existe certainement, ils ne se rattacheraient pas pour cela à une tuberculose absolument distincte. L'au- teur persiste donc à admettre l'unité de la tuberculose humaine et de la tuberculose animale à bacille de Koch et recommande de maintenir les précautions édictées à l'égard de la viande et du lait suspects de receler le bacille de la tuberculose. — M. le Dr Roché lit une note sur l’étiologie de l’entérite cholériforme. — M. le D' Hamy donne lecture d'un travail sur les déforma- tions artificielles du thorax. ES Séance du 31 Décembre 1901. M. Brouardel présente un rapport sur le mémoire du Dr Hamyv relatif aux déformations du thorax. Il s'agit du cas d'une femme qui avait porté les corps busqués et baleinés qui furent à la mode pendant le troisième quart du XVIII: siècle. L'examen de son squelette pré- sente une série d’altérations ayant eu pour résultat de donner à la cage thoracique une forme spéciale, com- parable à celle d’un baril. — M. Panas fait un rapport sur un travail du D' Dianoux, relatit à l’'énueléation et à ses inconvénients chez les enfants. Il y a substitué un procédé conservateur, qui consiste en une cautérisation en forme d'étoile avec perforation au centre, puis talouage après cicatrisation. Le résultat obtenu est excellent. — M. Larger donne lecture d’un mémoire intitulé : Faits nouveaux relatifs à l'action de l'hérédité etfde la dégénérescence en obstétrique. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 7 Décembre 1904, M. G. Daremberg a observé qu'un sang normal, après une heure de centrifugation, donne un sérum aussi incolore que l’eau pure. — M. Ch. Féré a étudié l'action de la pilocsrsine sur le travail; plus la sécré- tion provoquée pa: : pilocarpine est abondante, plus le travail diminue rapidement et plus tôt arrive la fatigue. — M. N. Gréhant a analysé l'air du Métropo- politain; celui du souterrain est moins vicié que celui des wagons. Dans ces derniers, la quantité de CO? à varié de 0,15 à 0,75 /5. — MM. R. Lépine et Boulud ont constaté, post mortem, la présence fréquente de maltose dans le foie de chiens, même nourris exclusi- vement de viande. — M. A. Billet a observé la pré- sence constante de l'hématozoaire de Laveran dans tous les cas de paludisme de son service à l'Hôpital militaire de Constantine. — MM. R. Anthony et J. Sal- mon ont fait l'étude anatomo-histologique de deux monstres anidiens, et présentent quelques considéra- tions sur la classification des Omphalosites. — M. V. Balthazard a observé une augmentation de la léci- thine dans les foies d’oie gras. — MM. P. Nobécourt et Sevin montrent que, chez l'enfant, le ferment amy- lolytique apparaît d'une façon précoce dans le sérum, Se peut être, dès le premier mois, aussi actif que chez l'adulte. — M. J. Jolly à constaté que les myélocytes du sang, dans la leucémie, ne sont pas des cellules mortes ou dégénérées, ni des leucocytes hypertrophiés ou transformés. Ce sont des cellules spéciales, vivantes et mobiles. — MM. E. Cassaet et G. Saux établissent que des substances toxiques peuvent se développer du fait de la digestion des viandes; elles ont une spécificité bien déterminée et ne sont nullement artificielles. Elles proviennent des transformations subies par les albuminoïdes. — M. F. Arloing à reconnu qu'admi- nistré par la voie veineuse en même temps qu'une cul- ture tuberculisène, le sérum antituberculineux se montre impuissant à développer une action thérapeu- tique quelconque vis-à-vis de l'infection tuberculeuse, même avee des bacilles atténués. Dans certains cas fréquents, il favorise plutôt l'extension de la tubercu- lose. Une longue imprégnation par le sérum ne confère à l’économie aucune qualité lui permettant de résister à l’inoculation intra-veineuse du bacille de Koch, — MM. Ch. Achard el A. Clere ont constaté que la liga- ture du pédicule rénal est suivie d’une augmentation notable du pouvoir amylolytique du sérum sanguin. — M. C. Phisalix a étudié l’action physiologique de l'ibo- gaine. Elle peut être rangée parmi les agents modifica- teurs du système nerveux. A faible dose, elle produit une légère ébriété; à doses plus fortes, il se produit une véritable ivresse hallucinatoire avec parésie et incoordinalion des mouvements. A dose excessive, la respiration est atteinte, les muscles se paralysent, l'animal meurt dans le collapsus et l'algidité. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES \ ‘beaucoup moindres que pour les mêmes notes sur le a SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES < Séance du 13 Décembre 1901. M. T. R. Lyle montre que l'action magnétique d'une bobine quelconque peut être remplacée par celle. d'un ou plusieurs circuits filamentaires dans lesquels » circulent des courants en relation simple avec le cou-" rant de la bobine. Il indique une méthode qui permet de calculer le rayon des filaments circulaires et leur distance suivant les dimensions axiales et radiales des bobines. — MM. E. H. Barton et $S. C. Laws ont étudié le rôle de la pression de l'air dans les instru- ments de musique en cuivre. On sait que la note donnée par un de ces instruments est produite par J'emploi simultané du mécanisme et de l'embouchure correspondante où l'air sort à une pression convenable. Les expériences faites sur le trombone ténor, la trom- pette et le cornet ont mis en lumière les points sui-" vants : 1° Toutes choses étant égales, plus la note est forte, plus la pression de l'air est élevée; 2° Plus la note jouée sur un instrument donné est haute, plus la pression de l'air est grande ; 3° Les courbes formées en | portant en abscisses les logarithmes des fréquences des notes et en ordonnées les pressions sont des lignes droites; 4° La pression de l'air nécessaire pour donner une note avec une intensité donnée est approximative- ment PrOROrIQNnERe à sa hauteur définie par son loga- rithme; 5° Là où des positions alternatives des doigts | sont utilisées pour une même note, les pressions sont . pratiquement les mêmes; 6° Les pressions pour des notes identiques sur la trompette et le cornet sont presque les mêmes pour une intensité donnée, mais « TA trombone ; 7° Les pressions nécessaires pour des notes basses et fortes peuvent excéder celles des notes hautes et douces. M. D. J. Blaikley a fait des expériences sur le même sujet qui l'on conduit à des conclusions analogues. Toutefois, il a constaté que, si l'intensité est réduite au minimum possible pour chaque note d'une série donnée, les pressions minima sont directe- ment proportionnelles aux fréquences et non à leurs logarithmes. La pression minimum à laquelle une note peut être produite paraît dépendre seulement de sa hauteur absolue et non de la ‘place de la note, de l'ins- trument employé et du calibre de l'instrument. — M. E. B. H. Wade décrit une nouvelle méthode hygro- métrique. Dans cette méthode, le thermomètre est mouillé, non avec de l’eau, mais avec de l'acide sulfu- rique de concentration telle que la température de la boule acide soit celle d’une boule sèche. La tension maximum de l'acide à toute température est connue d’après les tables de Regnault. Deux ou trois détermi- nalions avec cet instrument el avec un hygromètre sec et mouillé en même temps permettent de déterminer les constantes des deux instruments. L'expérience montre que les lectures de l'instrument ne sont pas affectées par la ventilation. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 21 Novembre 190. M. H.-P. Stevens a obtenu le chlorhydrate de thio- carbamide CSAz*H‘HCI en dissolvant la thiocarbamide dans un excès d'HCI concentré chaud; il éristallise en prismes, fondant avec décomposition au-dessous de 100, solubles dans l’eau et l'alcool. La méthode de Glutz donne un produit très impur. — MM. F.-B. Power et F.-H. Lees ont trouvé, dans l'huile essentielle d'Asarum canadense, les constituants suivants : 1° un phénol C'H®0*; 2°un pinène; 3° du dlinalol; 4° du /-bornéol ; 5° du /-terpinéol; 6° du géraniol; 7° du méthyleugénol; « S° une huile bleue, bouillant au-dessus de 260° et cons- Lituée par des composés oxygénés de nature alcoolique; 9° une lactone C'#112°0*; 10° de l'acide palmitique; 119 de l'acide acétique; 12° un mélange d'acides gras CH CO à CI2H°'0*, La quantité de méthyleugénol, déter- . minée par la méthode de Zeisel, est de 36,9 °/,; la . quantité d'éthers, d'environ 27,5 °/,; laquantité d’alcools - libres, de 13,3 °/,; la quantité de pinène n'est guère que . de 2 °/,. — M. H.-C.-H. Carpenter a étudié l'oxydation . de l'acide sulfureux en acide dithionique par les oxydes . métalliques ; il a obtenu les résultats suivants : ACIDE DITHIO- SULFATE OXYDES HYDRATÉS NIQUE °/ 9/0 Ferrique. . . . . . . 96,06-96.23 Non déterminé Manganique . . . . . 15,52-74,53 25,42 Gohaltique tr... 36,97-35,07 63,80-63,33 Nickelique. . . . . . (MS 101,4 — Le rendement en acide dithionique est d'autant plus “élevé qu'il faut une plus grande quantité d'énergie pour réduire l’oxyde hydraté. La production de sulfate pro- “vient de la décomposition de l'acide dithionique en “acide sulfurique et SO?. M. Carpenter n'a pas obtenu “d'acide dithionique en réduisant les peroxydes de “plomb et de baryum par l'acide sulfureux. —M. A. Me- Kenzie a résolu l’acide f-hydroxybutyrique inactif {préparé en réduisant l’éther acétoacétique par l'amal- Same de sodium) au moyen de la quinine avec l’eau “comme solvant. Par cristallisation, on obtient le sel neutre /-acide-/-quinine, éristallisant avec 4 1/2 H°0; 15 —— 129°,9. L'acide Zhydroxybutyrique lui-même donne [a] 5 —— 24°,9. M. Mc-Kenzie a préparé un peu de cet acide au moyen dè l'urine diabétique par la méthode de Magnus-Levy; il a obtenu les mêmes cons- “tantes. — MM. J.-B. Cohen et H.-D. Dakin, en rédui- sant le 1:3: 5-trinitrobenzène et le 2:4: 6-trinitroto- luène. par H°S en solution alcoolique, ont obtenu les “dinitrohydroxylamines correspondantes. Ces dernières, “par l'action de HCI, perdent de l'oxygène et donnent les dinitroamines correspondantes. MM. W.-A. Bone et C.-H.-G. Sprankling ont préparé les cyano- tricarballylates d'éthyle à partir des acides succiniques par deux méthodes : 4° action des cyanosuccinales d'éthyle sodés sur les éthers des acides gras «-bromés ; 2° action des monobroinosuccinates d’éthyle sur le sodio- “cyanacétate d'éthyle. Des deux méthodes, la première est plus générale et préférable. Les auteurs ont obtenu es acides suivants : : Û t POINT CONSTANTE de fusion dedissociation ACIDES Ac. tricarballylique . . . . . 1570-1590 0,022 : i li 190 0322 — a-méthyltricarbaliylique .\ Fi sie 00480 ; ( (1) 2080-2070 0,4050 Gas diméthyl - — .)2) 1140 00545 l(3). 143 0,0572 — aa-diméthyl == *( ° 4430 0,0318 & (4). 1173 01930 n ca-disopropyl — (2) 156 0:1625 Les éthers monométhyliques des acides tricarballylique “et 2-diméthyltricarballylique ont élé préparés par “trois méthodes : 4° éthérification directe partielle des “acides; 2 hydrolyse partielle des éthers triméthy- “liques; 3° solution des anhydro-acides dans l'alcool “mélhylique. Les constantes de dissociation des pro- . duils obtenus montrent que les éthers obtenus par la remière méthode ont probablement les formules “CH*(CO*H).CH(CO*H).CH°{CO°CH') et (CH‘)C(CO*H).CH (CO*H).CH2(CO?CHS), tandis que les éthers obtenus par les deux autres méthodes ont la formule CH?(CO*H).CH (CO°CH:‘).CH*{CO’H). L'anhydro-acide a donc la consti- tution : CH°.COH | CH. CO | No. CH2.C0/ = MM. W.-A. Tilden et H. Burrows ont poursuivi l'étude de la limettine. Elle donne un composé dibromé, qui, traité par la potasse, fournit un acide C'‘H°0°Br; ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 33 l'action prolongée de la potasse ne peut éliminer le second atome de brome. Comme la dibromocoumarine se comporte de la même facon, il est probable que la dibromolimettine possède la constitution : CH : CBr (CHOXCHBr/ | No co: L'action de la potasse donne un acide coumarilique : CH. (CHO)C'HBr à Ÿc.con. — MM. H.-E. Armstrong et T. M. Lowry ont obtenu, par la nitration de l'a$-dibromocamphre, outre l'a5- dibromonitrocamphre, l'acide $-bromocamphorique C‘HSBr;CO*H}, fondant à 208°-210°. Il se forme encore un tribromocamphre C!‘H#Br*O, fondant à 66°. Par réduction de l'$-dibromonitrocamphre, on obtient le $-bromonitrocamphre, fondant à 4129. On obtient aussi des dérivés &-bromés du camphre en décomposant par la chaleur les sulfobromures dérivés des acides de Reychler. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 29 Novembre 1901. M. E. Goldstein étudie quelques actions réversibles de la lumière. On sait que le chlorure d'argent, exposé à l'influence de la lumiere solaire dans un tube scellé, noircit peu à peu, mais que, placé à l'obscurité, il redevient blanc au bout d’un certain temps, à la suite de la réabsorption du chlore dégagé. Cette régénération peut se produire, dans certaines circonstances, sous l'influence de la lumière même. M. Goldstein a provoqué le noircissement d’une masse de bromure d'argent gra- nulé ou en poudre en l’exposant plusieurs fois à l’in- fluence d’un faisceau puissant de rayons cathodiques produits à très faible pression. Si l’on place ensuite le sel noirci dans un tube de verre scellé de 16 à 18 mil- limètres de diamètre, de facon à ce qu'il soit à moitié rempli, et qu'on l’expose à l’action de la lumière solaire directe, au bout de 3/4 d'heure l’intérieur de la masse est devenu complètement blanc et tout à fait semblable à du sel fraichement précipité; il n'y a plus qu'une mince couche noircie à la surface éclairée. A la lumière diffuse, la régénération se produit également, mais demande beaucoup plus de temps. On obtient le même résultat avec des préparations de sels d'argent qui ont noirci par exposition à la lumière à l’air libre. Le méca- nisme de la régénération en espace clos semble être le suivant : Le côté insolé, où la tension de dissociation est forte, dégage du brome libre et se noircit de plus en plus; à l'opposé et dans l'intérieur peu éclairé de la masse, la tension de dissociation est faible; le brome mis en liberté d'autre part y diffuse graduellement et s'y recombine avec les parties noircies pour régénérer du sel blanc. M. Goldstein à observé d’autres phéno- mènes plus complexes de régénération dans les tubes cathodiques mêmes. Du bromure d'argent préparé par la méthode d'Abegg noircit très rapidement lorsqu'on l’expose dans un tube au flux cathodique négatif; mais si l'on incline le tube, de facon à faire passer la masse noircie dans le champ de la lumière positive stratifiée, elle se régénère presque instantanément. Avec l'iodure d'argent, l’auteur a constaté aussi une série de phéno- mènes intéressants. — M. E. Goldstein a observé le phénomène des « ombres fuyantes », absolument ana- logue à celui qui se produit durant les éclipses totales de Soleil, dans les conditions suivantes : Sur la paroi montagneuse qui domine Paneveggio (Tyrol) se trouve un fort muni d'un projecteur puissant. Dans la soirée du 20 août, alors que la lumière du projecteur tombait sur une route recouverte de poussière calcaire dolomitique et semblable à un écran presque blanc, on vit se mou- voir sur cette route un système de longues bandes som- 56 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES bres parallèles, équidistantes, presque droites, avec quelques rares sinuosités. Ces bandes avaient environ 2 centimètres de largeur et 20 centimètres d'écartement; elles se déplacaient, perpendiculairement à leur lon- gueur, d'environ 3/4 de mètre à la seconde, allant de la vallée vers la montagne. La grande régularité du phènomène ne permet pas de l’attribuer à des courants ou à des différences de densité dans toute la couche d'air de la vallée. D'après l'auteur, il proviendrait plütôt de différences de densité dans la couche surmontant directement la route. — M. J. Micheli présente ses recherches relatives à l'influence de la température sur la dispersion des rayons ultra-violets dans le sel gemme, le spath fluor, le quartz et Le spath calcaire. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 24 Octobre 1901. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Hans Meyer, en se basant sur l'inactivité optique et les réactions chimi- ques de l'arécaïdine et de son éther méthylique, l'aréco- line, conclut que ce sont des combinaisons 4 et que ces deux alcaloïdes répondent aux formules suivantes : CH CH Off c.COON CÉNccoocm * el Jens at je 5 NA AzCHS AZzCHS 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Hans Rabl a observé l'existence d’une substance tantôt fibreuse, tantôt gra- nuleuse, qui se trouve fréquemment dans le corpora fibrosa des ovaires de vieilles femmes; elle possède les propriétés tinctorielles de l’élastine, mais se gonfle dans les alcalis et les acides. Séance du T Novembre 1901. 4° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Matuschek : Sur le ferrocyanure ferrique. — M. A. Bodart à cherché à préparer des dérivés heptacétylés des monoses en acé- tylant le lactose par l’anhydride acétique et les acides concentrés. Avec H*S0*, on n'obtient guère que l'x- pentacétylglucose ; avec HCI gazeux, on parvient à l'hep- lacétylchlorolactose, corps bien cristallisé fondant vers 1209. — M. R. Foerg a obtenu d'une facon ana- logue l'heptacétylchloromaltose, avec lequel on prépare facilement l'heptacétylméthyl- et l'heptacétyléthyl- maltoside. Ces composés sont différents des composés analogues de Fischer et Armstrong : ces derniers appartenant à la série $, les premiers sont donc de la série «. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. C.-F. Siebenrock dé- crit un nouveau genre de tortue, le ?seudemvydura, appartenant à la famille des Chelydide d'Australie. Ce genre est voisin de l'£mydura Bonap. Il s'en distingue par uue mâchoire inférieure plus étroite, par la grandeur du plastron et par la pelilesse et la position de la cara- pace humérale. Ce dernier caractère donne au plastron du Pseudemydura quelque ressemblance avec celui du Chelodyna Fitz. Séance du 14 Novembre 4901. SCIENCES NATURELLES. — M. Ad. Faidiga communique une monographie complète du tremblement de terre de Sinj, du 2 juillet 4898. — M. H. Molisch: sur l'éclat doré du Chromophyton Hosanoffii Woron. — M. V. Hammerschlag a recherché expérimentalement la posi- tion du centre réflexe du muscle moteur du tympan dans la moelle allongée. Les expériences ont été faites sur des Chats dont la moelle allongée, mise à nu, était sectionnée à diverses hauteurs en même temps qu'on mettait en jeu leréflexe du tenseur, On a copsialé ainsi que le centre proximal s'étend jusqu'à la protubérance antérieure et qu'il se répartit de là comme un disque sur les deux tiers de la moelle allongée. Séance du A Novembre 1901. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. C. Hillebrand com- munique un mémoire sur la visibilité simultanée du Soleil et de la Lune totalement éclipsée en général, et en particulier pendant les deux éclipses de Lune de 1902. On sait qu'au moment de la totalité d’une éclipse de Lune, le Soleil et la Lune peuvent être vus simultané- ment au-dessus de l'horizon, en totalité ou en partie, grâce à la réfraction. Ce phénomène se produit pour toute éclipse totale de Lune, mais sa région de visibilité est si petite que son apparition dans une contrée déterminée peut être considérée comme un événement rare. L'auteur montre que, pour les deux éclipses de Luue de 1902, le phénomène sera visible dans certaines régions de l'Autriche, et il en calcule les conditions de visibilité. — M. J. Holetschek a recherché, sur quel- ques amas d'étoiles plus ou moins dispersés (18 visibles à l'œil nu et 5 télescopiques), jusqu'à quel point la luminosité totale d’un amas d'étoiles était représentée par la somme des clartés des étoiles isolées qui forment, le cumulus. Il à trouvé que l'impression de clarté observée est déjà si bien représentée par un nombre relativement minime des éloiles les plus claires, que les plus faibles n’ont pas besoin d'entrer en ligne de compte; il suffit, en général, de considérer les étoiles qui, parmi les plus claires, se répartissent sur un intervalle de une à deux grandeurs. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Billitzer a étudié la dépolarisation cathodique de l’acétylène et trouvé qu'elle se produit dans les acides et les bases sur platine platiné, mais non sur d’autres électrodes. Les produits de dépolarisalion sont l'éthylène et l'éthane, dont les polentiels de formation ont été déterminés; la connaissance de ces derniers permet d'obtenir l’éthylène de l'acétylène en quantité théorique à des potentiels déterminés. A des potentiels plus élevés, il se produit un mélange d'éthylène et d'éthane, et enfin d'éthylène, d'éthane et d'hydrogène. Avec des cathodes de mercure, il se forme dans l'acide sulfu- rique des traces d'alcool. — Le même auteur à mesuré la solubilité de l'acétylène dans les acides et dans les bases. Dans ces dernieres, elle est influencée par deux facteurs : une augmentation de solubilité par a for- mation de sels, et une diminution due à l’action de ces sels; on arrive dans cerlains cas à un maximum de solubilité pour une concentration déterminée de la solution. L'auteur a déterminé, pour lacétylène : la dissociation, qui est approximativement égale à celle de l’eau, et l'acidité, qui est d'environ 1/600 d'acide carbonique. D'autres expériences ont conduit à attri- buer à l'ion CC une tension de dissociation anodique de 0,75 volt. — M. R. Gotz, en condensant l’anhydride de l'acide diphénique avec le benzène, a obtenu un corps qui parait être la 5-benzoylfluorénone. Il se prépare également par l'action du chlorure de l'acide diphénylènecétonecarbonique sur le benzène. 5 Décembre 1901. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. S. Kantor : Sur les parentés de degré / en R, sur M, et sur les courbes. — M.G-. Jäger calcule, par trois méthodes différentes : l'équation de Clapeyron-Clausius, les équations fon- damentales de l'Hydrostatique et la théorie cinélique des gaz, une formule pour la tension de vapeur saturée, et, par la mise en égalité des formules, il trouve le théorème : L'énergie cinétique moyenne des mouve- ments de propagation des molécules des fluides et des molécules de leur vapeur saturée est une seule et même gran teur. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Kramer : Recherches chimiques et d'analyse spectrale sur la matière colo- rante jaune de l’endosperme des fruits de céréales. — M. J. Klimont : Sur la composition de l'huile de coco. Séance du Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 13 ANNÉE N°2 30 JANVIER 1902 Revue générale D Ciences pures el appliquées DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CRÉATION D’UN SERVICE RÉGULIER D'EXPLORATION SCIENTIFIQUE DANS LES COLONIES FRANÇAISES La longue suite d’études que la Revue à susci- tées dans nos colonies et quelques pays étrangers pour arriver à présenter, en de substantielles monographies, un tableau exact de leur état actuel et de leurs besoins”, a, croyons-nous, surabon- damment démontré le haut intérêt des recherches scientifiques en ces contrées pour y préparer une intelligente exploitation. Ni l’agriculteur, ni le commerçant ne sauraient y tenter, avec chances de succès, leurs entreprises, si, avant eux, le bota- niste, le géologue et l’ethnographe n'y ont passé. Convaincu que le progrès de l'investigation scientifique dans notre domaine extérieur doit devenir l’une des principales préoccupalions de notre polilique coloniale, nous voulons essayer d'organiser dans nos possessions lointaines — et tout d’abord en Afrique, — une campagne systé- matique et prolongée d'observations dont le sol, 1Voyez à ce sujet : sur le CoxGo FRANÇAIS, les articles publiés dans la Aevue du 15 novembre 1894; sur MapaGascar, les articles publiés dans la Revue du 15 août 1895 (et réunis ensuite en un vol. gr. in-8°, chez Ollendorf): sur la Tunisie, les articles parus dans la Æevue des 30 novembre et 15 dé- cembre 1898 (et publiés ensuite en un vol. gr. in-8°, chez Delagrave): sur la Bosnie et l'HerzÉGOvixE, les articles parus dans la Revue des 30 mars et 15 avril 1900 (et réunis en- suite en un vol. gr. in-8°, chez A. Colin); sur la Srcice, le volume publié à l'occasion de la xne croisière de la Zevue (chez Flammarion). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. les productions naturelles et les habitants seront l’objet. A cette effet, sur le conseil et avec l’aide très précieuse de notre éminent collaborateur M. Alfred Le Châtelier, nous nous sommes appli- qué, depuis un an, à instituer, pour divers points de l'Afrique occidentale et de l'Afrique centrale, un service régulier d'exploration fondé sur le con- cours : d’une part, de nos grands établissements scientifiques ; d'autre part, des administrateurs et chefs militaires en résidence dans nos possessions. A notre demande, de savants techniciens ont bien voulu rédiger, sous forme de Notices, des ins- tructions d’un caractère pratique, qu'il suffit de suivre à la lettre pour selivrer utilement à la recon- naissance géologique des pays à étudier, à la récolte des végétaux qui y croissent et des docu- ments anthropologiques, linguistiques et histo- riques susceptibles de nous renseigner sur l'origine et la condition présente des populations visitées. Nous avons distribué bon nombre d'exemplaires de chacune de ces brochures à quelques gouver- neurs et officiers supérieurs, qui, ainsi armés de bonnes méthodes, poursuivent actuellement, avec leurs subordonnés, des recherches importantes dans les territoires de leur ressort. Il est convenu qu'ils nous enverront, el certains nous ont déjà adressé des spécimens de {out ce qui se trouve au- ] 58 LOUIS OLIVIER — EXPLORATION SCIENTIFIQUE DES COLONIES FRANÇAISES tour d'eux, —- roches, minéraux, plantes, produits végétaux, petils animaux, — avec l'indication de l'usage indigène, du nom régional et du lieu de prélèvement. Nous offrons ces collections aux laboratoires les plus qualifiés pour les étudier; puis, nous nous efforçons de leur procurer, en quantités aussi con- sidérables que possible, les substances dont le trai- tement ne peut se faire sur petits échantillons. Chaque fois que de ces recherches se dégageront des faits nouveaux intéressant la science pure ou l'application, la /?evue s'emploiera à les mettre dans le domaine public, soit qu'elle en accueilie l'exposé dans ses colonnes, soit qu’elle leur consa- cre des fascicules spéciaux, ou que, selon les cir- constances, elle en assure la description dans des périodiques plus techniques. Nous occupant d’abord du Dahomey, nous y avons distribué deux Notices, l’une relative à l'exploration géologique pratique, l’autre à la récolle des latex à caoutchouc. A cette dernière plaquette, nous avons joint des fiches de récolle imprimées pour échan- tillons, en vue d'une enquête générale sur les latex de la colonie”, Grâce au concours de la Compagnie des Chargeurs Réunis pour les transports, la Revue a recu deux premières collections, l’une de Géologie, l’autre de Botanique. M. le gouverneur Liotard avail joint à cette dernière un questionnaire relatif . à l'utilisation des latex de qualité inférieure. Notre savant collaborateur M. H. Lecomte a bien voulu se charger de l'examen de ces échantillons, comme aussi de toutes les investigations requises. pour répondre aux desiderata de M. Liotard. La collection géologique a été, d'autre part, remise au laboratoire de Géologie de la Sorbonne, où elle fait l’objet par- ticulier des recherches de M. Haug et de M. Gentil. Une autre série, fort importante, de spécimens des principales roches de la région comprise entre l'Oubanghi et le Nil, a été confiée au même labora- toire, de la part de M. le D' Cureau, qui l'avait re- cueillie lorsqu'il était le collaborateur de M. Liotard dans le Haut-Oubanghi‘. Les Mémoires consacrés à ces utiles recherches de Botanique et de Géo- logie par les savants dont la Revue a eu la bonne fortune d'obtenir le concours, permeltront pro- ? Les descriptions et études, publiées sous la signature des auteurs, indiqueront toujours la part de collaboration qui appartient aux gouverneurs, administrateurs civils et com- mandants militaires, ainsi que le genre de concours apporté par leurs subordonnés. ? Ces fiches comprennent chacune huit cases répondant aux rubriques : 1° Colonie; 20 Région; 3° Auteur: 4° Nu- méro; 5° Nom indigène; 6° Récolte; 7 Coagulation; 89 Emploi. * Comme premier aperçu de l'état de cette région, lire les articles de M. Cureau dans la Æevue du 30 juin et du 15 juil- let 1901. chainement d'en reconnaitre l'intérêt exceptionnel. Avec M. Alfred Le Châätelier, nous avions, en. même temps, été appelé à nous occuper du terri- toire militaire du Tchad, dont M. le lieutenant-colo- nel Destenave désirail engager activement l'explo- ralion scientifique. Aux Notices préparées pour le Dahomey, nous avons pu ajouter une instruction de M. R. Basset, l'éminent directeur de l'Ecole su- périeure des Lettres d'Alger, sur les étudeslinguis- tiques et les recherches d'Histoire dans la région du Tchad. Nous avons, en outre, fait graver et tirer à quelques centaines d'exemplaires une carte provi- soire de ces contrées pour faciliter les reconnais- sances géographiques sur place, et avons joint aux exemplaires distribués 2.000 sacs avec étiquettes pour collections géologiques, ainsi que le matériel nécessaire à la constitution d'un herbier. La Æevue a le sentiment de servir ainsi la grande cause coloniale, telle qu'il faut la comprendre au xx° siècle, maintenant que l'ère des conquêtes et des partages diplomatiques semble à peu près close. Le remarquable Mémoire sur le massif des M'Brés qu'elle publie aujourd'hui (page 71), à litre » de spécimen des résullats qui, même à bref délai, peuvent être obtenus dans cette voie, justifie, si 4 nous ne nous trompons, celle ambition et cette espérance. Nous laissons à nos lecteurs le soin d'apprécier eux-mêmes toute la portée de l’exem- ple donné par M. le lieulenant-colonel Destenave et tout le mérite du travail exécuté par M. le capi- taine Truffert sous la direction du Commandant du. Tchad. Bien des sympathies se porteront, nous n'en doutons pas, vers ces bons Français, qui, continuateurs avisés des Crampel, des Bretonnet, « des de Béhagle, des Genlil, des Foureau et Lamy, voient dans l’invesligation scientifique le complé- ment obligé de l'exploration. La destruction des, dernières bandes laissées par Rabah témoigne de leurs résolutions vigoureuses dans l’action. La mo- nographie qui nous arrive des bords du Chari, où elle a été composée avec toute la précision d'une étude de cabinet, montre non moins nettement ce que l’on peut attendre de leur application au tra= vail pacifique. Fonder un Comité qui s'imposerait de pour suivre, en l’élargissant, l'œuvre que la Revue en treprend, serait, à nos yeux, chose si important que, le moment venu, nous n'hésiterons pas demander à nos lecteurs d'y coopérer avec nous Dès maintenant nous serons heureux de recevoir le concours et les avis qu'ils voudraient bien nous donner pour étendre une propagande dont les pres miers résullals attestent l'utilité. Louis Olivier. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 59 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Astronomie Planètes trans-neptuniennes. — M. Hans E. Lau, de Copenhague, continue ses intéressantes recherches sur le mouvement d'Uranus dont les iné- galités, selon lui, peuvent faire présumer l'existence de deux planètes trans-neptuniennes ; voici, d'ailleurs, dans deux approximations successives, les éléments fournis pour ces corps problématiques : 1re planète : Longitude moyenne, 1900.0. 26900 27404+ 300 Distauce moyenne . . . . . 46,5 46,5 Révoluiion sidérale. .: . . . 317,1ans. » Masse de la planète. . . . . 1 1 11.800 36.000 + 6.000 2e planèle : Longitude moyenne, 1900,0. 33106 15409 204 Distance moyenne . . . . . 11,8 . 71,8 Révolution sidérale. . . . . $08,Tans. » Masse de la planète, . . . . 1 1 2.150 1.000 1.300 Cependant, la détermination des longitudes moyen- nes et des masses présente des incertitudes assez con- sidérables; et, outre les facteurs dépendant des posi- tions relatives de ces corps, il ne faut pas oublier qu'il n'est tenu aucun compte des excentricités des orbites. De plus, malheureusement, l’arc décrit par Neptune depuis sa découverte est bien faible et ne permet aucun contrôle, aucune rectification de ces éléments. Néanmoins, l’auteur a foi dans les derniers éléments, pour 1esquels il à tenu compte de 1.400 observations méridiennes de Neptune réparties sur un intervalle de quarante-neuf ans : il assure que la position de la seconde planète ne pourrait être erronée de 10°, quand bien même on admettrait l'existence d'une troisième planète aussi puissante qu'elle, et située au delà de son orbite. En tout cas, il assigne sa position actuelle dans les environs de 5 du Liou et lui attribue l'aspect d'une - étoile de 10° grandeur. … Sitous ces calculs sont exacts, il n'y a plus qu'à “trouver cette planète. . | $ 2. — Physique — La couleur bleue du ciel. — Dans un récent article publié par la Monthly Weather Review, le Pro- fesseur Dorsey examine les diverses théories émises - jusqu'à ce jour sur la couleur de la lumière céleste et l'état de sa polarisation. L'une des premières explications présentées est celle -de Léonard de Vinci, suivant laquelle la couleur bleue du ciel serait due au mélange de la lumière solaire blanche, réfléchie par les couches supérieures de l'air, avec le noir intense de l’espace. La théorie de Newton est basée sur les analogies; _ dans ses recherches optiques, entreprises vers 1675, il avait été conduit à étudier les couleurs produites par la réflexion de la lumière sur des pellicules minces de | Substances transparentes, et il avait constaté que ces , couleurs dépendaient de l'épaisseur des pellicules; | avec des pellicules très minces, on avait le noir, et, à | mesure que l'épaisseur augmentait, on obtenait le bleu, | puis le blanc, le jaune, le rouge, ete. Ce bleu, qui appa- | raissait d’abord, et que l’on retrouvait autour de la | lache noire des bulles de savon, Newton l’appela Dleu | de premier ordre, et il pensa que c'était la même teinte que celle du ciel. Pour lui, cette teinte des cieux Sexpliquait alors par la réflexion de la lumière solaire | Sur les petites gouttes d’eau contenues dans l'atmos- , phère. Cette théorie fut longtemps admise sans conteste ; mais, en 1847, Clausius (Poggendorfs Annalen) la soumit à une analyse mathématique serrée et prouva que, si le bleu du ciel est le bleu de premier ordre ré- sultant de la réflexion de la lumière par des corps transparents, ces corps doivent affecter la forme de minces plaques ou de sphères creuses à mince paroi. Ce ne peuvent être des sphères pleines, car, dans ce cas, les objets astronomiques ne seraient jamais bien dé- finis : une étoile apparaïtrait aussi grosse que le Soleil, et le Soleil immensément plus grand; tous les objets célestes se montreraient comme de larges disques de lumière, brillants au centre, et dont les couleurs s'éteindraient à mesure qu’on s'écarterait du centre. Il fallait donc que les corps réfléchissants fussent des vésicules d’eau.— Cette théorie fut, d’ailleurs, reconnue inadmissible depuis; mais il n’en est pas moins vrai que les travaux de Clausius ont ruiné la théorie de Newton. Nous ne nous arrêterons pas ici sur le lucimètre de Bouguer, le cyanomètre de de Saussure, le colorigrade de Biot, l'uranophotomètre de Wild, dont on peut facile- ment trouver les résultats dans les livres classiques. En 1853, Brücke montra que la lumière émanant d'un milieu trouble est bleue et, en 1869, Tyndall fit une belle expérience à ce sujet, prouvant que, si les par- ticules, cause du trouble, sont excessivement fines (trop petites pour être vues au microscope), la lumiere, d'un bleu magnifique, est polarisée dans le plan d'émission, la polarisation étant maxima pour un angle de 90° avec la lumière incidente. L'expérience de Tyn- dall donnait la clef du problème. Lord Rayleigh (1871- 1899) entreprit l'étude analytique du sujet et montra que, si la lumière blanche est transmise à travers un nuage de petites particules, la lumière diffractée laté- ralement est polarisée dans le plan de diffraction, avec maximum de polarisation à 90°, les intensités des com- posantes de la lumière difiractée variant, du reste, en raison inverse de la quatrième puissance de leurs lon- gueurs d'onde. — Il n’est pas tenu compte ici de Ja lumière ayant subi plus d'une seule diffraction. Si l’on admet, avec Maxwell, une atmosphère de 83 kilomètres d'épaisseur, avec 19 X 10!* molécules par centimètre cube, la diffraction seule entrainerait un bleu moins foncé que celui du ciel; mais ce dernier nombre est assez élastique; lord Rayleigh l'évalue à 7 X 10!%, en le déduisant de l'absorption atmosphérique. Récemment (1899), lord Rayleigh a montré que, de cette facon, le tiers environ de l'intensité totale de la lumière du ciel peut être expliqué par la diffraction due aux molécules d'oxygène et d'azote qui se trouvent dans l'air, sans tenir aucun compte de la présence des poussières, vapeur d’eau ou autres matières étrangères. D'après la théorie élastique ordinaire, la lumière est propagée sous forme de vibrations transversales des atomes ou corpuscules d’un milieu agissant comme un solide élastique; c’est quelque chose d’analogue aux ondulations qui courent le long d'une corde dont l'une des extrémités est ébranlée, avec cette différence, tou- tefois, que, dans le cas de la lumière, il s’agit d’un mi- lieu infini. Quand on parle d’un faisceau de lumière polarisé, cela veut dire que toutes les vibrations de ce faisceau prennent place dans le même plan, et le plan de polarisation peut être défini comme étant celui qui passe par la direction de propagalion de la lumière, mais perpendiculaire à la direction des vibrations, et par conséquent perpendiculaire au plan de vibration. Imaginons maintenant un faisceau de lumière paral- lèle s’avançcant à travers uu milieu homogène, l’éther, dans une direction verticale ; il n’y aura de lumière pro- pagée que dans cette direction; il n'y aura pas de lu- mière dispersée. Mais, s’il existe dans ce milieu des par- 69 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ticules optiquement plus denses que l’éther, et assez petites pour que leur longueur soit de même ordre que ia longueur d'onde de la lumière, il y aura déviation latérale. L'effet de ces particules est d'augmenter loca- lement l'inertie effective de l’éther, tandis que sa rigi- dité reste invariabie ; donc, quand une onde, avancant à travers le milieu, atteint une de ces particules, le dé- placement du milieu, en ce point est moindre qu'il ne l'eût été si la particule avait été absente. Si l’on appliquait à chaque particule une force conve- nable, force qui doit naturellement être dirigée dans le sens du déplacement et proportionnelle à la diffé- rence des densités de la particule et de léther, on rendrait à l'amplitude la valeur qu'elle aurait eue si la particule eût été absente; les choses se passeraient alors comme s'il n'y avait pas de particules dans l’éther etil n'y aurait pas de lumière déviée. En revanche, la lu- mière déviée, ou diffractée comme on dit, se produit même en l’absence de particules, si l’on applique à une partie de l’éther cette même force en sens inverse; l'ap- plication de cette force donne lieu à une onde plane polarisée dont l'intensité est symétrique par rapport à la direction de la force prise comme axe, nulle dans la direction de celle-ci, maxima dans le plan perpendicu- laire à cette direction. L'effet exact d’une force de ce genre a été étudié analytiquement par Stokes et aussi par lord Rayleigh. Plusieurs circonstances secondaires méritent aussi d'être examinées. Le ciel est plus bleu au zénith que partout ailleurs, évidemment parce que le chemin par- couru par la lumière dispersée est alors le plus court, de sorle que ceite lumière subit dans une moindre pro- portion le mélange avec la lumière blanche; le ciel est, aucontraire, moins bleu vers l'horizon, et, quand le Soleil est bas, il peut prendre une teinte rouge et orangée. La lumière du zénith est la plus inteuse quand le Soleil est plus près du zénith, comme au midi vrai, et son bleu est le moins pur au moment le plus chaud de | la journée, parce que, à ce moment, les grosses parti- cules de poussière et de vapeur constituant la brume sont en quantité maxima. Arago a découvert qu'il existe un point, situé à 15° environ au-dessus du point diamétralement opposé au Soleil (le point antisolaire), où la polarisation est nulle ; entre ce point et l'horizon, la polarisation est horizon- lale, Babinet a découvert un point similaire au-dessus du Soleil, et Brewster en a trouvé un autre au-dessous. Entre les points neutres, la polarisation est horizontale ; au-dessous du point de Brewster et au-dessus de celui de Babinet, elle est verticale sur une petite étendue de chaque côté des points neutres; le plan de polarisation est incliné à 45° environ sur la verticale, ce qui semble indiquer que, à la polarisation due à la dispersion dela lumière solaire directe, se superpose une polarisation horizontale due à quelque cause secondaire. On a sug- géré que cette polarisation horizontale était due à une diffraction secondaire de la lumière venant des couches inférieures de l'atmosphère. D’autres points neutres ont été observés dans des cas rares. En fait, la distribution des particules serait prépondé- rante et l'hypothèse possible est très lâche : si les volumes totaux de chaque dimension sont égaux, on à le bleu normal, avec les bien singulières différences qui existent entre les expériences de lord Rayleigh, Vogel, Crova.. Ce ne sont pas là des spéculations pures, car, en donnant la prédominence à tel groupe, l'on sait, par Tvndall, Abney, Hurion, comment on peut réaliser des teintes variées avec leurs caractères de polarisation. La position des points neutres, l'intensité de la pola- risation maxima, aussi bien que la couleur du ciel, sont intimement liées aux autres phénomènes météorologi- ques; mais, jusqu'à présent, les observations à cet égard sont trop peu nombreuses et trop disparates pour per- mettre de mettre en évidence les lois de cette relation. D'après M. A. Cornu, d’une façon générale, la quantité de lumière céleste polarisée est liée d’une manière si directe à la radiation de l'atmosphère, qu'il a été conduit à croire qu'elle est caractéristique de l'état de l’at- mosphère. La plus grande clarté des cieux correspond à la pola- risation la plus intense; les cirrus et les brouillards diminuent la polarisation et peuvent même la sup- primer. « Ce qu'il y a de particulièrement intéressant, ajoute-t-il, c’est que le moindre changement dans l’état de l'atmosphère est nettement montré par le polarimètre plusieurs lieures avant qu'aucun autre indice météoro- logique (variation barométrique, halos et phénomènes optiques divers) permette de le présager. Dans ces con- ditions, il serait utile d’instituer des observations mé- thodiques et de comparer les variations polarimétriques avec les autres éléments caractéristiques de la condition de l'atmosphère... La polarisation augmente à mesure que le Soleil s'enfonce au-dessous de l'horizon jusqu'à un certain maximum, au delà duquel la polarisation disparait rapidement. La loi de cette augmentation de la polarisation avec le temps est très importante, car elle paraît devoir donner la distribution verticale du brouillard dans l'atmosphère ; si l'augmentation est ra- pide, c’est que les couchesinférieures sontbrumeuses, et les couchessupérieures transparentes; si l'augmentation est lente, c'est que l'atmosphère est plus homogène. » Les observations les plus complètes sur la polarisation sont celles de Rubenson ét de Brewster, sur la couleur de la lumière céleste, celles de Crova et d'Abney. Le premier s’est limité aux observations faites par des temps clairs, et le second s’est surtout occupé de la dé- termination de la position des divers points neulres. Rubenson et la plupart des autres observateurs ont surtout cherché à étudier l'intensité de la polarisation à son point maximum dans le cercle vertical à travers le Soleil. C’est indubilablement le point où les observa- tions sont le plus aisées, et les résultats obtenus peuvent avoir une grande valeur méléorologique, mais l’inter- prétation en est rendue difficile par la variation de la longueur du chemin parcouru par la lumière ditfractée aux différentes heures du jour. Ce n’est pas ici le lieu de discuter pour le moment le côté hygiénique de la question, mais c’est encore là une application pratique inattendue de cette étude, très théo- rique en apparence, du bleu du ciel; cependant, nous ne pouvons négliger les nombreuses mesures de M. Aitken sur la détermination, aux divers lieux, du maximum et du minimum du nombre des grains de poussière par centimètre cube. Ainsi, par exemple, un Jour d’atmosphère épaisse, ce nombre variait de 4.000 à 11.000 entre Le pied et le sommet du Righi. Puis, il faut encore considérer la question au point de vue mé- téorologique : l'orage, ou même le tonnerre seul, éclair- cit-il l'atmosphère? Les recherches de M. Aïtken lui permettent encore de répondre à cette question de la inanière suivante : avant un orage, il note 38.000 parti- cules de poussière par centimètre cube; quand l'orage approche, il en compte 3.000; pendant l'orage 700 et, le jour suivant, 400 seulement. Il est vrai que le domaine exploré est ici plus restreint : les poussières de M. Aïtken sont certainement très grosses, ce sont celles de l'atmos- phère inférieure, et elles n'ont pas d'influence immé- diate sur le bleu du ciel. Quoi qu'il en soit, l'observation de la couleur et de la polarisation de la lumière solaire doit fournir des données précieuses sur la quantité de particules flot- tant dans l'air et sur leurs dimensions, que ce soit de la poussière ou de l’eau; or, comme tout changement dans l'état de l'atmosphère affecte ces quantités, les observations de cette nature offriraient une grande im- portance pour la Météorologie. Mais il faudrait tout d'abord qu'une longue série d'observations fussent faites en différents lieux et dans toutes les conditions, puis comparées aux renseignements météorologiques relevés aux mêmes points et en même temps. Il y a là, pour nos observatoires météorologiques, une tâche nouvelle et des plus intéressantes à assumer. Il serait assurément très désirable que tous se déci- dassent dès à présent à l'entreprendre. : CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE GI $ 3. — Chimie organique Oxydation et transposition de la fénone- imine par l'oxygène de Pair. — M. F. Mahla à récemment montré que, sous l’action d’un courant d'air barbottant dans de la camphrimine chauffée au bain- marie, on obtient le nitrile dihydrocampholénique par une transposition particulière au noyau du campbhre. La même réaction, appliquée à la fénone, donne des résultats analogues ‘. La fénone-imine C'°H'° : AzH s'obtient aisément en traitant par l’ammoniaque la fénone-nitrimine, obtenue, elle même, dans l’action de l'acide nitreux sur la fénone oxime. Elle bout à 83° (15%). Le picrate fond à 2020. L'oxydation de la fénone-imine, par un courant d'air à une température de 105°, conduit, comme dans le cas du camphre, au nitrile dihydrofénolènique C!°H1747. L'amide obtenue par hydratation fond à 13095; l'acide C!H'S0* bout à 145-1460 (13mm), L'oxydation par le courant d'air fournit également un oxynitrile C!‘H{70Az, bouillant à 153 (23m): on obtient 400/, de nitrile, 35 °/, d’oxynitrile et 15 °/, de résines. Si l’on adopte pour la fénone la formule de Wallach, on pourra représenter la réaction par le schéma : CH? —— CH — CH — CH* CH? —— CN —— CI — CH* CH —C—CIF — | (cm | ] CH?— CI Fénone. CH°—— CH — CH — CHE Co CHE — CH — C = AzH Fénone-imine, CH? —— CH —— CH — CHE | CH° — C— CH 5 CH — C— CH 4 | - CA? CII? CAZ CH°—— CIT.OH CAz Nitrile dihydrofénolénique. Oxynitrile, $ 4. —_ Chimie biologique La fermentation forménique de la cellu- lose. — Après avoir fait, il y a quelques années, de très belles recherches sur la fermentation hydrogénée de la cellulose, et en avoir décrit l'agent spécilique, M. Omélianski a repris les anciennes expériences de Hoppe-Seyler sur la fermentation forménique de la même substance *. Comme ces deux fermentations évo- Jluent dans des conditions absolument identiques et prennent naissance presque simultanément, il a été extrêmement difficile de les séparer et d'en isoler les microbes respectifs, et cela d'autant plus que ces micro- organismes ne se développent pas dans nos milieux ordinaires de culture, ce qui rend presque impossible de les isoler à l’état de pureté. Un procédé ingénieux à cependant permis à l’auteur d'obtenir à volonté tan- tôt la fermentation hydrogénée, tantôt la fermentation forménique. Voici quelles sont ses conclusions : 1° La fermentation forménique dela cellulose, de même que la fermentation hydrogénée, est un processus microbien bien caractérisé, dû à un microbe spécifique; 29° Ce microbe se rapproche par ses caractères mor- phologiques du bacille de la fermentation hydrogénée ; mais ni l’un ni l'autre n'ont rien à voir avec l'Amylo- hacter, auquel on avait jusqu'à présent l'habitude d’at- tribuer la fermentation forménique de la cellulose; 3° Cette fermentation forménique se caractérise par la mise en liberté, en plus de gaz de marais et d'acide carbonique, d’une quantité considérable (jusqu'à 50 °/,) d'acide volatils, principalement d'acide acétique. Destruction des toxines par le bioxyde de calcium et les oxydases animaies et vêgé- tales. Mme Sieber, qui remplace actuellement, à l'Université de Saint-Péterbourg, le regretté Professeur 1 F. MaërA : Ber. chem. (resellsch., t. XXXIV, p. 3711. * Archives des Sciences biologiques de Saint-Pétersbourg, vol. III, 1901-1902. Nencki, dont elle fut, comme on sait, l’assidue colla- boratrice, vient de faire toute une série d’intéressantes expériences sur la destruction des toxines ‘. L'auteur a constaté que le bioxyde de calcium et l'eau oxygénée détruisent les toxines diphtérique et tétani- que et un glucoside végétal, l’abrine. Les oxydases, d'origine auimale ou végétale, neutralisent bien les toxines, mais n’exercent aucune action sur l’abrine. Pour donner une idée de ce pouvoir neutralisant ou destructeur, il suffira de rapporter quelques chiffres : ainsi, un demi-gramme de Ca0® peut neutraliser : 1° en dix minutes, une ‘dose vingt fois mortelle? d'abrine : 2° en # heures, jusqu'à 5.000 doses mortelles d'abrine. L'action sur les toxines diphtérique et tétanique n’est pas moins énergique ; ainsi, la même dose de bioxyde de calcium, soit un demi-gramme, neutralise jusqu'à 1.000 doses mortelles de l’une et de l'autre toxine. Pour ce qui concerne l’eau oxygénée, son emploi à des doses élevées est contre-indiqué, en raison de sa toxicité ; mais, déjà à la dose de 0,5 ce, dose nullement toxique, elle neutralise 600 doses mortelles de toxine diphtérique. Ilen est à peu près de même pour les oxy- dases, excepté qu'elles restent sans action sur l'abrine. Fait intéressant, l’action neutralisante des oxydases sur les toxines se manifeste non seulement 2 vitro, mais encore chez l'animal auquel on injecte le mélange d'oxydase et de toxine aussitôt que ce mélange est préparé, et même dans les cas où l’on injecte ces deux substances dans différentes parties du corps. Coloration des sédiments urinaires avec le sel de soude de Facide alizarine-sulfoni- que. — La coloration des éléments cellulaires ou des cylindres que l’on obtient par la centrifugation de l'urine varie suivant les conditions de la réaction. M. Knapp* vient de constater que, si l’on s'adresse à la réaction colorante donnée par le sel de soude de l'acide alizarine-sulfonique, on peut distinguer les pro- duits de l'inflammation récente de ceux de l’inflam- mation chronique. Ainsi, le ton jaune indique une réaction acide, le ton violet une réaction alcaline, le ton rouge une réaction neutre ou faiblement acide. Les leucocytes de l'inflammation aiguë sont incolores, ceux des inflammations chroniques se colorent en jaune. Cela s'explique en admettant que, dans le premier cas, le protoplasma de la plupart des slobubles blancs, étant à l’état vivant, réduit la couleur dans son dérivé Jeuec. En effet, si l'on tue ces leucocytes par la dessiccation. ils retiennent fortement la couleur de l'alizarine. Ces observations, si l’avenir les confirme, offrent une portée considérable, sur laquelle il semble inutile d'iosister aujourd'hui. $ 5. — Physiologie L’audition colorée familiale. — La /evue à plusieurs fois‘ attiré l'attention de ses lecteurs sur le curieux phénomène de l'audition colorée. Un récent Mémoire de M. Laignel-Lavastine apporte de nouveaux faits à la discussion du sujet. On sait que l'audition colorée est la faculté que pos- sèdent certains sujets de percevoir une couleur du fait qu'ils entendent un son. Cette impression de couleur n'a pas l'intensité d'une sensation réelle; elle est, comme l’image, un rappel de sensation. L’auditif-coloriste, en même temps qu'il entend un son, voit, dans le champ de sa vision mentale, une image colorée, un photisme. L'audition colorée s’observe surtout chez les visuels. On la rencontre aussi chez les auditifs à imagination concrète. ! Arch. des Sc. biol. de St-Pétersbourg, vol. II, 1901. L'unité de la dose mortelle est la quantité (en poids) qui tue 1 kilogramme de substance vivante. 3 Cb1. fur inn. Med., 1902, n° 1. * Voyez notamment JEAN CLaviërE : L'audition colorée, dans la Revue du 30 août 1900, t. XI, p. 975 et suiv. 62 | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Comme les individus d'une même famille ont souvent même facon de penser, l'audition colorée familiale n’est pas rare. Tel est le cas célèbre des deux frères Nuss- baumer ; tels sont aussi lesexemplesde Bleuler,samère, son oncle, etdes trois filles de cet oncle; de Mme B..., de sa mère, de son frère et de la fille de ce frère; entin de la baronne de X... et de son mari. M. Laignel-Lavastine‘ vient de décrire un nouvel exemple d'audition colorée familiale : Neuf membres d'une même famille sur onze, échelonnés sur trois géné- rations, ont présentéle phénomène del'audition celorée", L'audition colorée se comporte donc quelquefois comme si elle était héréditaire. Il faut remarquer que l'audition colorée ne constitue pas un trouble mental au sens pathologique du mot; vraisemblablement, elle se transmet dans une famille, des adultes aux enfants, par une sorte de contagion psy chique. Ce qui est héré- ditaire, ce n'est pas l'audition colorée, mais la manière d'être de la mémoire et de l'imagination. $ 6. — Sciences médicales Propriétés infectieuses du Micrococeus catharalis (de R. Pfeiffer). — Ce microbe a été d’abord décrit par Frosch et Kolle, dans les Micro- orgañismes de Flügge, d’après une communication orale de Pfeiffer, qui l'avait trouvé dans des cas de broncho- pneumonie chez l'enfant. Confondu avec le microbe de la méningite cérébro-spinale (Ritschie), retrouvé par Petrusky, par Frosch et Kolle dans un cas de bronchite avec expectoration purulente, ce microbe offre des analogies avec le gonocoque. C’est un diplocoque, par- fois un tétracoque, souvent intra-cellulaire, ne prenant pas le Gram, ayant une forme que l'on peut rapprocher de celle du grain de café. Ghon et Pfeiffer * ont observé le Micrococcus catla- ralis dans des cas de bronchite purulente, seul ou associé au pneumocoque, au bacille pseudo-diphtérique, au coccobacille de l'influenza. LE ont cultivé ce mi- crobe sur les milieux habituels. Sa pathogénité pour la souris, le cobaye et le lapin est faible. On peut pour- tant l'exagérer par passages successifs. Les lésions observées, lésions que l’on obtient également si l’on injecte des cultures préalablement tuées à 60°, sont la tuméfaclion de la rate et une dégénérescence grais- seuse du foie. Les cultures permettent de distinguer ce microbe d'une part du microbe de la méningite cérébro-spinale, d'autre part du gonocoque. Action antiseptique de l'acide urique. — James Moore affirmait déjà, en 1809, que l'ouverture des articulations goutteuses était sans danger. D'autre part, on admet que les goutteux ne sont que rarement sujets à l'infection par le bacille de Koch (Musgrave, Morton, Pidoux, Lecorché); on peut parler d’une phtisie goutteuse, caractérisée par sa marche lente et sa tendance à la guérison. M. Bendix*se demande si cela ne tient pas à l’action antiseptique de l'acide urique. Il a étudié cette action de l'acide urique et de l'urate de soude sur le bacille typhique, le colibacille, le strep- tocoque, le staphylocoque, le bacille de Koch. Il constaté qu'elle est absolzment nulle. Toutefois, il serait peut-être bon de faire de nouvelles expériences avant de trancher la question. L’infection sarcosporidienne chez les sou- ris. — Si l'on connaît assez bien l’évolution des sar- cosporidies à l'intérieur des fibres musculaires, on ne sait rien sur l'étiologie de ces affections parasitaires Un zoologiste américain, Th. Smith#, ayant observé 4 Revue Neurologique, n° 23, 1901. 2 Zeitschrift für klhin. Medizia, t. XLIV. 3 Z. {ur kl. Med ; L. XLIV. * Tneogars Surru : The production of Sarcosporidiosis in the Mouse by feeding infected muscular tissue. The Journal qu'une forte proportion de souris grises, vivant dans une grande cage en bois, présentaient une infection à sarcosporidies, a pensé à une contagion par les voies digestives, et il à institué des expériences pour le démontrer. Ces expériences, fort bien conduites, ont confirmé son hypothèse et lui ont donné les résultats suivants : L'infection du tissu musculaire n’est vraisemblable (examen microscopique à l'état frais et sur coupes) que plus de quarante-cinq jours après l’ingestion de la nourriture infectieuse. Après ce délai, les souris examinées étaient infectées dans la proportion de 63,6 °/,, alors que 8 °/, seulement des souris de con- trôle ont montré l'infection spontanée. Quant à la facon dont se faitle passage du sporozoïte ingéré au parasite intramusculaire, M. Th. Smith est réduit à de pures hypothèses. De nouvelles expériences sont également nécessaires pour élucider le cycle évo- lutif des sarcosporidies des herbivores et surtout les circonstances de la contagion. Les anticorps des levures et le sérum des cancéreux. — On sait que divers expérimentateurs et même quelques hardis cliniciens ont eu l'idée d'éprouver, en injection sous-cutanée ou en ingestion, l'action de la levure de bière et d’autres levures agents de la fermentation alcoolique des sucres, contre cer- taines maladies, en particulier contre le diabète et la furonculose. Entre certaines mains, d'autant plus avan- tureuses qu'elles étaient peu exercées, ces médications se sont montrées désastreuses. Cependant il faut dire que l'emploi tout empirique de certaines levures en ingestion à semblé à d'excellents cliniciens constituer un,remède souvent efficace contre la furonculose. L'attention des physiologistes s'étant ainsi trouvée appelée sur les modifications que ces saprophytes peu- vent faire subir à l’économie, plusieurs savants ont entrepris des recherches méthodiques en vue de préci- ser cette action. M. Broubha, de Liège, s'est, depuis quel- que temps, attaché à déterminer les phénomènes qui se produisent dans le sang ou le sérum d’un animal soumis à des injections répétées de levures banales, et il a ainsi coustalé! que le sérum de ces animaux acquiert la propriété d'agglutiner la levure ou tout autre Blastomycète employé, et, en outre, d'aviver, à l'égard de ces mêmes micro-orgänismes, le pouvoir agglutinant des autres sérums. Ce sérum contient donc une de ces substances que les bactériologistes ont, depuis quelques années, appris à dépister et “qu'ils nomment sensibili- satrie es D'autre part, le même auteur a constaté que le sérum des cancéreux n’est ni agglutinant, ni sensibilisateur à l'égard des levures DAROÈRSS connues (étudiées notamment par Curtis, Pluvuini, San Felici). Peut-être y a-t-il à tirer de ce fait argument contre la théorie blastomycélienne du cancer. Cancer et malaria. — Il y a deux mois, M. Lœf- fler, dont le nom est attaché à la découverte du ba- cille de la diphtérie, a publié? un article dans lequel il se demandait s'il n'existait pas une sorte d'an- tagonisme entre le cancer et la malaria, et si, dans ces conditions, l’inoculation d'hématozoaires à un can- céreax ne pouvait amener la guérison du cancer. Pour édifier cette hypothèse, M. Læffler invoquait une observation de Trunka, datant de 1775 et rédigée en latin, Cette observation racontait l’histoire d’ une jeune lille qui avait une tumeur du sein, laquelle tumeur dis- parut quand la malade contracta une fièvre tierce. Un autre fait sur lequel s'appuyait M. Læffler était la of experiment. Medicine, t. VI, n° 1, 29 novembre 1901, p. 1-21, pl. I-IV. ! Brouna : Sur les propriétés du sérum des cancéreux au Fans de vue des anticorps des levures. C.f. Bakteriol., 1 Abt., . XXX; p.945 (31 déc. 1904). 3 Deutsche med. M oche nschr., 1901, n°. 42 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE rareté du cancer sous les tropiques, là justement où la fièvre intermittente est si fréquente. Mais ces deux faits ne pouvant être considérés que comme de simples indications, M. Lœffler admettait que sa conception ne reposerait sur une base solide que si la statis- tique venait confirmer cet antagonisme entre le can- cer et la malaria. : Or, la statistique que réclamait M. Læffler vient d'être publiée par les soins du professeur Kruse (de Bonn). Disons tout de suite que cette statistique ruine complè- tement l'hypothèse de M. Lœæffler, en montrant que, dans aucun pays, il n'existe d'antagonisme entre la fréquence du cancer et celle de la malaria. Ainsi, de 1887 à 1S91, sur 10.000 habitants, sont morts de : MALAKIA CANCER En Italie. . 5,81 4,28 Prusse . » 4,20 Irlande . PAL AN 10:09 4,42 AUIMENER TE MC ee » 4,98 Ecosse . 0,05 6,3% Aneleternes-#..-1-2070 00:06 6,53 REED tee 2 040 1,28 Ainsi, le nombre de personnes qui ont succombé au cancer en Prusse, en Autriche et en Irlande est pro- portionnellement le même qu’en Italie, tandis que, dans ce dernier pays, séule la malaria est une cause fréquente de la mort. Or, une mortalité de 5,81 (de malaria) °/60 suppose une morbidité cent ou deux cents fois plus élevée, et, malgré cette extension considérable de la malaria, le cancer est aussi fréquent en Italie qu’en Prusse, où la fièvre palustre est presque inconnue. Mais, à cette statistique, déjà passablement probante, on peut objecter qu'elle prend les chiffres en bloc et - suppose que le cancer el la malaria sont distribués uni- formément dans toute l'Italie. Il est donc intéressant if VF e PRTS "LU SLT ETS de considérer la fréquence de ces deux affections dans les diverses régions de la péninsule. Le tableau ci- dessous, où + es 71 | = \ a ne o T aussi extraordinaire de supposer que, dans les nébuleuses, quelques-uns seulement des corps chimiques connus sont représentés. L'explicalion donnée plus haut résout de la facon la plus simple cette difficullé, parce qu'elle admet que les parties extérieures seules (ou tout au moins à un degré prédominant) des nébuleuses émettent de la lumière. Elle s'accorde également bien avec les descriptions de l'apparence des nébu- leuses : les parties qui, d'après la configuration, paraissent présenter la plus grande densité gazeuse, ne sont pas celles qui luisent le plus; ce sont les bords qui se distinguent par un dégagement de lumière relativement plus fort. Les nébuleuses planétaires et annulaires peuvent être citées comme exemples. Les petites particules peuvent s'agglomérer en centres plus gros, ou des météorites peuvent péné- trer dans la nébuleuse; ainsi se forment des noyaux de condensation, qui transformeront progressive- ment la nébuleuse en amas d’étoiles. XIII Les conceptions que je viens de développer pré- sentent de nombreux points de ressemblance avec celles qu'a professées de Mairan il y a cent soixante- dix ans; d'après ce dernier, les aurores polaires proviendraient de poussières cosmiques, qui se ma- nifesteraient également dans la lumière zodiacale. Mais il croyait que celle poussière tourne autour du Soleil dans un anneau, et ne se propage pas radialement. Il ne croyait pas non plus que cette poussière possédàt une charge électrique, et il cherchait à expliquer d’une autre facon les actions magnétiques (et électriques) de l'aurore boréale. La coïncidence partielle des vues, depuis longtemps oubliées, de de Mairan avec celles que j'ai exposées, montre que quelques interprétations exactes des faits observés étaient à la base de ses hypothèses, ce qui est bien souvent le cas pour des vues con- sidérées comme. vieillies. À beaucoup d'autres égards, ma théorie rappelle des hypothèses an- ciennes, aujourd'hui oubliées, qui étaient fondées sur des observations en partie exactes. Svante Arrhénius, Professeur à l'École Supérieure de Stockholm. Revus GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES (Vuméro du 30 Janvier 1902). PLancne I. Nord Vrai v 3 orne Les viandes consommées sont celles d'antilope de cabri, de poule et de pintade. serranside À : k boucle La chasse fournit aussi son contin- d'oreille. gent. La mort d'un éléphant est une fête pour la tribu. Elle donne lieu à des festins interminables. Beaucoup de convives mangent au point de ne plus pouvoir se lever. Le poisson, pêché au commencement de la baisse des eaux, est fumé et conservé pour la saison sèche. Les indigènes mangent aussi de la salade de pourpier, qu'ils appellent « cocros ». La bière de mil fer- mentée, appelée « pipi», ne se boit que dans des cas déterminés. L'anthropophagie ne se pratique qu'en temps de guerre et lorsque l'occasion se présente. Il n'existe pas de marchés de viande humaine et les morts de la tribu sont à l'abri de la voracité des survivants. Un porteur marouba, mort la veille de l’arri- vée aux M'Brés, fut dé- terré et dévoré par les porteurs N'Gapous libé- rés. Le fait fut rapporté par un chef M'Brés, dont les adminislrés arrivè- rent sans doute trop tard pour prendre possession de l’aubaine tom- bée sur leur territoire. Fig. 41. — Modes indigènes consistant à Se percer les narines et les lèvres pour y introduire des morceaux d'ivoire ou de fer. &_., 11. Industrie. Commerce. — La principale indus- trie consiste dans la fabrication du fer et la forge des armes. 90 J. TRUFFERT — LE MASSIF DES M'BRÉS Le minerai, introduit dans des tubes cylindriques en argile, est disposé ingénieusement dans des hauts-fourneaux de deux à trois mètres de hauteur, de façon que la flamme se répande sur une surface maximum. Les hauts-fourneaux sont chauffés au charbon de bois. Dans une prochaine étude, nous décrirons d'une facon complète cette industrie, primitive, mais ingénieuse. Les fers de flèche et de sagaies présentent une assez grande variété de formes et un certain cachet artistique, ainsi qu'on peut le voir sur les figures 25, 26, 28 et 30. Les couteaux de jet (fig. 31) ont une forme assez bizarre. Ils servent de cognées pour dé- broussailler et d’armes de jet au combat. La vannerie est em- ployée à de nombreuses applicalions : paniers, nattes, enveloppes gourdes, chapeaux, bou- cliers, etc. Nous avons donné, plus haut, des échantil- lons de la poterie. Le commerce est fai- ble et se fait par trocs ou échanges en nature. La perle de pacotille commence à devenir une monnaie assez courante. Les indigènes mani- ssl aspiratoire. feStenl l'intention de se D inaes Nbre livrer à l'exploitation du ou bagba. caoutchouc, abondant dans la région. Ils chassent l'éléphant et possèdent cerlaines réserves d'ivoire qu'ils cachent avec soin. Fourneau - en bois. de 12. Agriculture. — Toutle monde estagriculteur et les champs sont l’objet d'un travail assidu. Les M'Brés et les Maroubas possèdent de très belles plantations de mil et de manioc. Les N'Gapous et les Dakpas ne se livrent qu’à la culture du manioc. Les plantations sont immenses chez les Dakpas. Le maïs est cullivé un peu partout, surtout par les M'Brésetles Maroubas. On trouve l’arachide partout. Les ignames et les patates sont un peu plus rares. Le tabac est cullivé dans les villages mêmes. Chaque case est entourée de plants de tabac. Le tabac est consommé soit en le fumant, soit en le «prisant. La pipe ou « bagba » affecte une forme de perles ou autres choses, pas plus de la part des singulière (fig. 42). Le fourneau est allongé et est pris, à première vue, pour le tuyau même. La partie aspiratoire, au contraire, est formée par un énorme haricot, fruit d’un arbre appelé « Colzo », qui force le fumeur à ouvrir démesurément la bouche. L'indigène remplit ses poumons par plusieurs aspirations précipitées, puis passe la pipe à son voisin en expulsant des nuages de fumée. 13. Justice. — La justice est rendue par le chef du village. Nous avons vu, au paragraphe « Ma- « riage », les pénalités concernant l'adultère, à En cas de meurtre, le meurtrier est condamné à donner deux esclaves, hommes ou femmes, à la famille de la victime. La famille ne tue le meur- « trier que lorsque celui-ci ne paie pas son amende. Le vol est très sévèrement puni. Le coupable est condamné à payer vingt fois la valeur de l’objet M volé. Pour un cabri volé, le voleur doit en rendre - vingt, ou un esclave, ordinairement une femme « avec un enfant de sa famille. Gràce à ces lois draconiennes, le vol est presque inconnu. Pendant toute la durée du voyage, il n'a été constaté aucun vol ou tentalive de vol d'armes, porteurs, renouvelés souvent, que de la part des | populations visilées. Lorsqu'un indigène était vic- time d'un détournement de la part d’un soldat ou porteur du détachement, il n’hésitait pas à venir se plaindre au commandant du détachement. Bien entendu, il était récompensé de sa confiance par un bon dédommagement et le châtiment du coupable. Ces indigènes, si respectueux de la propriété entre eux, deviennent des pillards terribles lors- « qu'ils sont introduils, soit comme porteurs, soit comme guides, dans des villages étrangers, et qu'ils savent être du côté du plus fort. 4. Vocabulaire. — La langue du pays est lew « Banda », parlé par tous les peuples voisins compris par les Arabes de Senoussi : | VIII. — LANGAGE. è x Chef. inquéré. Esclave kanga. Homme . couaci. Femme Jachi. Fille . ouïa. Garçon. bouloucouaci. Vieux bozou. Jeune oboro. Malade. komouka. Mort. ozoutititchou, Père . aba. Mère. Gyimé. Fils . oboro némé. Oncle ; ala. Forgeron. bolo. nébou houdia. neboubousouna. boubourouka. Chasseur , Pêcheur ,. Sn TE Etoffe européenne. . . . . J. TRUFFERT — LE MASSIF DES M'BRÉS 91 Etoffe indigène . . RIBCREN SENTE È SAR ALES. CUEUNE \ Bouclier . . . .. Couteau | Bâton . k Cases." 208 Montagne. . . . Marigot. “LT Mine de fer. $ Chemin , Soleil 22 Lune: 198 Va Pause sur. ; A RDA HET pre à PONS Feu" BOIS Qt Pierre à ; ne Arbre à éloile 1e BAISE En: Manioes..2:. +2 LUS ESS Li Bambou 3 à Ale IP nr. :. Jénames.. :. : ee . à. Arachide., .-. L £: ARMES. = HAPICOU 2 - ONCE 2: Ê Caoutchouc. . . . d VOTE MU UE LRO ER D Tronc, ventre. . À URSS NME ONE ] Jambe . Barbe . : À Bouche. : . BÉTHAD EP | Hippopotame . . . Antilope-cheval . Antilope commune Phacochère, . . Chien . Cabri “Oiseau . . (ET Poule . ‘Serpent -Caïman Lézard . Poisson . . 5 Mouche maconne É Abeille. . ; Mouche 00... ÉDUEMI. 2%. IÉTRASRES RES Nintue.. Matin Midi . SOIT .. : Hier: Demain None : TS NE LEONE" 1 MES bon...» L] lou ba. konakra. doudou. an vela. kamba. yoyo. n'danda, kago. nqou. boukaga. aoua. lolo. Ypé. n'Jou. chocho. WOuWOuU. 0yo. épé. ik. hbandza. n'qalé. darou. n'qala -kouakoura. aba. comba, bindi. banga. n'{a0. binga. o’zou m'bala. koumeé. VOupr Ou. mené. koukou. nana. kressa. 1ane6. toutou. Souma. olo. Ouéoué. ama. toutou. ZIZ1. péne. nr bala. Kono. bita. tàEa. m'binque. 1apr'Ou. 10brou. odo. COCO n ’gato. -12 ’qato. kokouro. mourOUHGOU. koumi. soun jou. plapla. autro. didri. appoué. sokro. STOU (Ou. krokidde. in brindé. dédé. oSoukra. m b1. käâtima. lou. fou. 1oufou. Excellent; . Mauvais . Entendre. Voir... Dormir. Manger Boire eue Marcher . . Courir . Pleurer Rire . Partir : Venir Paire Tu as I ÉRREEEAE Nous avons. Vous avez Ils ont, Chien . . Un chien. Mon chien Ton chien Son chien Viens ici . Va-t'en. JAUNES . Je n'ai pas vu. Bonjour Comment cela va ? ? Cela va bien Faire la guerre . Faire Ja paix . .. foukat . . {ou nin] 0. INA 71: . .« INOu6. lolo. . mzéré. . InINj0. CEE : pé. Te . .« MOUMOU. Dana. nakam. . anémé. . änézi. . animi. anaha. . änazoumc. . läzOu. . laprou. . laprou bare. . laprou némeé. . laplou nézi. . laprou nézéli. . H0(äaIn, . gou. . moué. . à OU nInl. . bésétouma. teorouna ? . arouna kissem. toco. co kakaï. Le peu de mots recueillis ne nous permettent pas d'établir les règles de la syntaxe, qui paraissent, d'ailleurs, assez simples. On remarque, toutefois, l'usage de pronoms affixes, qui se lient indiffé- remment aux verbes et aux substanlifs. La néga- tion comprend deux termes : ma précédant, et mini suivant le verbe. Il y a là une cerlaine ressemblance avec la syntaxe de la langue arabe. Nous signa- lons le fait sans en tirer de conclusions. 2. Numéralion. — La numéralion est quinaire. 1 Baré. 2 Bissi 3 Touta 4 Vana 5 Mintou Mintou pa baré à 7 Mintou pa bissi, 8 Mintou pa vouta 9 Mintou pa vana. 10 Worfo À Morfo amana baré Morfo amana bissi Morfo amana vouta . 4 Morfo amana vata. 15 Griveta Griveta amana baré. Griveta amana bIssi. Griveta amana vouta. Griveta amana vana. Lorsque les indigènes énoncent un nombre, ils l'accompagnent toujours d'une mimique avéc les mains et les doigts (fig. 43). un doigt. deux doigts. trois doigts. quatre doigts. main fermée. main fermée tenant uu doigt de l’autre main. main tenant 2 doigts. — 3 = LELOTRREE claquement des 2 mains. claquement, plus 1 doigt. claquement et une main fermée, etc. J. TRUFFERT — LE 20 21 54 =) DALOUHATE ME ENT Zazou baré amana bare. Zazou baré amana min- tou. Zazou baré, amana min- tou, pa baré. Zazou bissi Zazou vouta. Zazou vana. Zazou mintou. Zazo mintou pa baré. Zazou mintou pa bissr. Zazou mintou pa voula. Zazou mintou pa Vana. deux claquements, etc. trois claquements, etc. 90 100 Les indigènes arrétent là leur numération. Au- Six Sept Fig, 43. — Mimique de la numéralion chez les M'Brés. dessus de cent, ils se contentent de dire «zazou bi », chiffre indéterminé dépassant la centaine. On remarquera qu'à partir de 20, la numération cesse d'être régulière et est à la fois un mélange de numéralion décimale et de numération quinaire. IX. — Hisroire. Les M'Brés n'ont guère que les traditions des anciens de la tribu. Ils se rappellent avoir habité le marigot de Bafoudja, à l'Ouest du Mont Bayéré, el en avoir été chassés par les N'Gapous. Ils cherchèrent un refuge au Mont Bayéré et y vécurent en paix pendant une trentaine d'années. Altaqués par Senoussi, ils durent encore aban- donner cette retraite et vinrent habiter aux Monts M'Bré et M'Vro, d’un abord plus difficile. Ils s’y défendirent avec succès, il y a dix ans, contre un rezzou de Senoussi, qui dut se relirer après une bataille de quatre jours, perdant beaucoup de monde et une partie de ses fusils. MASSIF DES M'BRÉS Caractère etavenir de larace. — Les M'Brés sont d'une intelligence assez développée et d'un naturel peu sauvage. Ils sontbons agriculleurs et guerriers courageux. Ainsi que nous l'avons vu, l'industrie du fer est assez développée et leurs armes ne man-! quent pas d'un certain cachet de bon goût. Leurs mœurs sont douces et familiales et la peine de mort rare dans leur code. Ils ne peuvent échap- per à la loi commune des peuplades qui les entou- rent et, commeelles, ils ont de la prédilection pour les repas de chair humaine. Toutefois, l’anthropo- | phagie n'est pas la base de leur état social et les cas | Quatre Huit Neuf où elle manifeste sont encore relativement rares. Les M'Brés forment un groupe plus dense que“ les groupements voisins. Leur organisalion est assez forte, el leur chef Doumba pourrait concen- trer, en temps de guerre, environ 1.500 guerriers- Les M'Brés, quoique n'ayant pas de marchés, sembleraient assez disposés à se déplacer pour commercer. Ils se sont mis à l'exploitation du caoutchouc dans le but de se procurer nos éloffes. Il y a peu de réformes à faire dans leur état social, qui suffit à leur degré de culture et semble les rendre heureux. Notre autorité leur donnera læ tranquillité, qui leur manque, en faisant disparaitr ces rivalités entre peuplades et même entre vil lages, source incessante de guerres qui empê= chent le développement de la race et la mise erk valeur du pays. se 3. Truffért. Capitaine d'Infanterie*breveté Hors Cadres R. LEZÉ — UNE MACHINE THERMIQUE IDÉALE 93 UNE MACHINE THERMIQUE IDÉALE Nous nous proposons, tout en respectant les lois physiques connues et admises, de construire en imagination une machine thermique idéalement bonne, la machine la meilleure qui se puisse con- cevoir pour transformer, dans les conditions les plus avantageuses, des calories en nombre pro- portionnel de kilogrammètres, sans, du reste, nous occuper présentement de savoir si cette ma- chine idéale est réalisable ou non dans la pratique. Nous voulons synthétiser la machine parfaite, afin d'être à même, par la suite, de déterminer, par comparaison, en quoi s'écartent de la perfec- tion nos moteurs usuels, machines à vapeur ou à pétrole, voire même nos moteurs animés; de découvrir leurs défauts-et d'étudier les moyens de perfectionner, dans la mesure de notre puissance, les machines dont nous nous servons d'habitude. Nous donnons le nom de fransformateur à un appareil susceptible de produire du travail poten- tiel proportionnellement à un certain nombre de “calories mises en action, ou, réciproquement, de donner des calories en échange de kilogrammètres, “et toujours proportionnellement; c’est dire que la chaleur doit être matérialisée dans ce transfor- -maleur idéal, qu’elle doit être exclusivement em- ployée à échauffer le corps du transformateur sans Ségarer dans des travaux accessoires de dilatation où de modifications quelconques de sa substance, ou enfin, en résumé, que cette chaleur est pro- portionnelle à l'augmentation de température de e corps. D'après la définition même, si le transformateur t à une température ou à un potentiel f{, il con- ent un nombre de calories proportionnel à #, soit Rf, ou le nombre de kilogrammètres correspondant ARt, si À est l'équivalent mécanique de la calorie. — Il est indifférent d'évaluer l'énergie potentielle du transformateur en calories ou en kilogram- mètres. . Les kilogrammètres sont représentés par le pro- duit d'un poids par une hauteur; pourvu que le produit soit constant, on peut disposer à volonté d'une de ces quantités, poids ou hauteur. Le potentiel du transformateur est { en calories, Ph en kilogrammètres, et ph—R{, R étant une constante comprenant le coefficient A. Examinons comment nous pourrons nous pro- curer du travail avec ce transformateur, et à quelles conditions ce travail va être obtenu : Au lieu des p kilos que possédait le transfor- mateur, ne lui laissons plus que p,, en enlevant Die Le travail (p — p,)A devient disponible et peut être utilisé. Mais l'énergie a diminué d'autant, la tempé- ralure du corps s'est abaissée proportionnellement d'un certain nombre de degrés. Si l'énergie (ou la température du corps) doit rester constante, il faut réparer la perte de chaleur causée par la disparition de (p — p,)h, et apporter des calories en nombre proportionnel. Si, pendant la période de travail, la tempéra- ture d'un transformateur reste constante, c'est qu'il y a compensation exacte entre le nombre de kilogrammètres mobilisés et le nombre de calo- ries apportées ou enlevées. Mais si, lorsqu'il n’y a pas de variation de tem- pérature, l'énergie reste en réalilé bien constante, il faut remarquer cependant que l’arrangement des kilogrammètres a varié : le poids était devenu moindre par exemple, l'effet de l'apport de calo- ries a été d'élever ce poids plus petit à une hauteur plus grande, car ph doit rester constant. Ce n'est qu'à température constante qu'il y a compensation; el, par conséquent, un transforma- teur ne fonctionnera dans de bonnes conditions économiques que si sa température reste cons- tante pendant la marche. Cherchons à évaluer le travail que donnera un transformateur lorsqu'on délestera le poids p d'une petite fraction de sa valeur : p devient p, ; h prend la valeur ,, et PB —pih, PIP, H, H avec PAPE combinaison PH est plus avantageuse que PA Or, si nous portons le transformateur à la tem- pérature T en lui donnant à la fois des calories et des kilogrammètres, nous n’arriverons jamais qu'à une combinaison du genre de P,H,, parce que la chaleur à contribué à élever la hauteur. Dans le cas de la fourniture exclusive en kilo- grammètres, nous ne disposons pas à volonté de P et de H; ces deux quantités sont, au contraire, entièrement déterminées par deux conditions : tout le travail donné au transformateur a seul déterminé l'élévation de température : (=) — = S (PR — pa) = s(r— 0; or, cette valeur du travail est constante lorsque H est proportionnel à 2, car on a alors pour Cette marche remarquable a été découverte et énoncée pour la première fois par Carnot, et il a appelé adiabatique le chemin que devait suivre le: corps qu'il considérait lorsqu'il passait d’une tem- péralure à une autre sans adjonction de chaleur. Une conséquence très importante se déduit des remarques précédentes : Si l’on détermine, à la température f, une suite de positions en hauteurs de poids divers tels que le produit ph soit constant, puis que l’on considère, à la température T, les points correspondants, le travail utilisable entre deux points H, et H, du ni- veau T est proportionnel au travail correspondant entre les deux points b, et h, si les positions H et 2 se trouvent toujours sur une même marche écono- mique ou adiabatique. En particulier, si l’on a an niveau / une suite de positions 2 en progression géométrique, les posi- lions H seront aussi en progression géométrique au niveau T; le travail sera le même entre deux termes consécutifs H, et H,,, comme il était le même entre L, et h,4,; il est proportionnel à la température. (P + p)(H — à), si H = mh, + Fe) tn = = n(%, + 1) —1). RT mh III Nous voyons dès lors comment, en disposant d'une source chaude T, nous devrons faire fonc- tionner le transformateur pour obtenir le plus avantageusement possible la conversion de calo- ries en kilogrammètres. 1. Au transformateur qui était à la température ambiante, nous allons faire l'avance d'un certain nombre de kilogrammètres, nous allons le charger, le préparer pour le travail; mais il estbien entendu que nous allons lui avancer des kilogrammètres éludiés en vue de n'avoir pas à donner de calo- ries, des kilogrammètres en marche économique et constitués de telle sorte, dans le produit PH, que h celle de P... H... est connue. 2. Puis, nous ferons travailler le transformateur à la température T, toujours sans ghangement de soit constant. La position p... h... étant donnée, La première est que PH représente l'énergie à T degrés, PH — RT; la seconde doit exprimer que température (c'est.la marche la plus avantageuse) ; le travail sera proportionnel à T. AE PL PT NT VE 4 ” ' or Li Lot Dh he à nt ne 3. Nous ferons revenir le transformateur, épuisé pratiquement, à la température { par une marche économique; il restituera alors ce qui lui à été avancé dans la première période. 4. Le transformateur est revenu à la température d'origine, mais avec des aptitudes un peu allérées. Résumonsles mouvements : 1° Il a passé de pA (1) à PH (2) avec un rapport H == TE l 2 De PH à PH, en travaillant utilement ; 3° De PH, à p,4, par une marche économique H ——M—=—. avec un rapport = PP b, h Par conséquent, si H, est plus grand que H, 2 est plus petit que 2. Le transformateur n'est plus dans ses formes de l'origine, et, pour l’y ramener, il faut lui redonner du travail en lui retirant de la chaleur ; c'est la dé- — pense inévitable de la quatrième période, elle cor- . respond à un travail négatif, à une perte, mais qui heureusement est moindre que le travail utilisable, … puisqu'elle n'est proportionnelle qu à £, qui est plus | _ petit que T. —…_ En résumé, si le transformateur a parcouru le per à t, PH àT, PH, à T, p,2, à {, pour revenir Il a recu de pA à PH, des avances S; … Il a travaillé de PH à PH, proporlionnellement ET; 4 À avancé S ; Le travail utilisable est proportionnel à T—4. Le travail disponible était T; le rendement de : D otre machine idéale est ions fe c'est celui qui a été T liser tout T; ce n’est pas le cas ordinaire. - Il n'est pas vrai de dire que l’on dispose de cette “chute T, car, en fait, on ne peut pas descendre au- dessous de la température ambiante; on ne dispose “pas de T, mais seulement de T — ©, etune machine qui D léerait celte chute T — @ serait une machine parfaite. Il est inutile d'insister, nous nous retrouvons dans des chemins connus; si nous appelons |entropie le rapport du travail à la température, il est clair que les points que nous avons désignés | par D, b,, b,, .…, et qui sont des points séparés par des quantités ue de travail, sont situés sur $ | R. LEZÉ — UNE MACHINE THERMIQUE IDÉALE des chemins 2H, …, bH,, ..., d'égale entropie, et que, si: De _ hs h PAT Ad les chemins 2H, 2,H,, A,H,, .…, sont séparés les uns des autres par des intervalles égaux d'entropie: par conséquent, dans la machine thermique idéale, l’entropie générale ne varie pas; elle est com- pensée aussi bien dans les deux périodes conju- guées d’avances et de restitutions que dans celles de travail utile et de travail résistant. IN En exprimant que le travail avancé au transfor- mateur est uniquement suffisant pour élever le potentiel au niveau T, on arrive à trouver la loi de relation entre les poids et les hauteurs dans la marche économique. Cette loi est celle-ci : « Dans une marche écono- mique, le rapport de la variation de poids au poids primitif est proportionnel au rapport de la varia- tion de hauteur à la hauteur primitive. Si le corps passe de la position ph à la lempéra- ture {, à la position PH à T, on a : » gH—A diesr: P—p P+p On obtient cette équation en écrivant que tout le travail apporté pour passer de ph à PH élève le potentiel de PH— p}. Celle équation très remarquable caractérise donc la marche économique, et elle indique en même temps l’état d'aptitude du transformateur. Si P est grand et H petit, le transformateur fournit facilement du travail utilisable, à partir de certaines valeurs de P; mais, à mesure que P dimi- nue, que H augmente au delà d’autres limites pra- tiques, le travail est de plus en plus malaisé à obtenir. Dans toutes nos machines usuelles, machines thermiques, électriques, etc., nous retrouvons les mêmes règles, les mêmes marches, partout une | dépense préalable nécessaire pour charger le trans- formaleur, puis une période de travail utile qu'il faut, autant que faire se peut, laisser s'accomplir à potentiel constant ; enfin, deux périodes de resti- tution et de travail négalif, que l’on a le tort bien souvent de négliger. Partout aussi nous constatons les mêmes allures : les machines à faible potentiel sont volumineuses et lentes dans leurs mouvements; les machines de- viennentplussveltes à mesure quele potentiels’'élève, elles sont moins coûteuses de matières premières, mais la construction en est plus délicate; et, enfin, la limite se trouve dans ces potentiels élevés qui cor- 96 D: D. E. SULZER — LE MÉCANISME OCULAIRE DE LA VISÉE EEE EEE respondent presque à des explosions; les trop hauts potentiels deviennent fort difficiles à domestiquer. C'est en de justes milieux qu'il convient de se maintenir. Cependant, les progrès de la Mécanique moderne permettent d'utiliser des potentiels de plus en plus élevés, au grand profit des rendements industriels. Enfin, disons, pour terminer, que ces vertus que nous avons altribuées à un transformateur idéal, | | ne correspondent pas à d’irréalisables conceptions de l'esprit; il existe au moins un transformateur, celui dont l'agent de transformation est constitué par un gaz parfait. 4 Le travail que peut produire un kilogramme de gaz parfait par sa détente est proportionnel à sa M température absolue. R. Lezé, Professeur à l'École de Grignon. LÉ MÉCANISME OCULAIRE DE LA VISÉE Tandis que la balistique a élé développée et approfondie à loisir, l'acte de la visée est passé sous silence ou à peine mentionné dans les traités et règlements ayant pour sujet le tir des armes à feu. Et c'est pourtant l'acte fondamental du tir. Quel est le mécanisme physiologique qui permet à l’œil de donner à deux points rapprochés, le cran de mire et le guidon, une disposition relative telle que la ligne droite qu'ils déterminent passe par un troisième point fort éloigné, le but? Dans cette ques- tion, comme dans beaucoup d’autres, Helmhol{z à donné une explication qui n'a pas élé discutée. depuis, à cause du grand nom de son auteur; el cependant, elle n'est pas conforme aux faits obser- vés par les bons tireurs. Nous attribuons cette erreur du grand savant à ce qu'il n'avait pas lui- même pratiqué l'art du Lir. Au milieu d'une expli- cation longue et vague, il semble attribuer la visée à la mise en coïncidence de l'image nelle du guidon avec les centres des images floues du but et du cran de mire. Tout tireur sait que la première condition est de « voir le coup », c’est-à-dire de percevoir simulta- nément les images nettes el superposées de la mire, du guidon et de la cible. De ces objets, l'un se trouve à moins de 40 centimètres de l'œil, l’autre à 1 mètre à peu près, et le troisième à plu- sieurs centaines de mètres. Par quel mécanisme, en effet, notre appareil vi- suel arrive-t-il à percevoir, nettes et simulta- nées, les images de trois objets aussi éloignés les uns des autres, et qui mettent en jeu par consé- quent des accommodalions aussi différentes ? Cela semble à priori une impossibilité optique. Nous avons observé pendant des années un cé- lèbre tireur sur but mobile, dont le cas est d'autant plus intéressant que sa connaissance de l'optique physiologique et son sens critique noloire don- nent un intérêt tout particulier à l'examen qu'il pratiquait très soigneusement sur lui-même. A l'âge de trente-cinq ans, la visée sur but mo- bile et la visée sur but fixe éloigné de plus de 400 mètres devinrent subitement pour lui d'une difficulté inconnue jusqu'alors; pendant l'acte de la visée, le but disparaissait le plus souvent. Con- vaincu qu'il s'agissait d'un accident de la vue, le tireur fait examiner son organe visuel. L'acuité visuelle est le double de la normale, comme aupa- ravant. Les deux yeux présentent une légère hyper-. métropie (une dioptrie environ). Tout l'appareil visuel est normal, à une seule exception près : le pouvoir de l’accommodation est légèrement infé- rieur à ce qu'il devrait être par rapport à l’âge et à la réfraction du sujet. Celui-ci remarque très bien qu'en mème temps que diminue sa sûreté de tir, mise à l'épreuve au moins une fois par se- maine, il éprouve une certaine fatigue à la lecture, le soir surtout, et commence à éloigner le livre. L'affaiblissement de l'accommodation et les diffi- cultés pour le tir ont donc commencé en même temps, et cependant, à ce moment, son accommo- dation lui permettait parfaitement de voir le gui don; il aurait don: eu, dans la théorie d'Helmholtz, la possibilité de viser aussi bien que par le passé Fallait-il attribuer directement à l'affaiblisse ment de l’accommodation la difficulté de viser? se transformer en paralysie complète au bout de trois mois. Ce fut une crise aiguë, dont la guéri son fut complète au bout d'une année, l’amélioras tion ayant commencé huit mois après le début de l'affection et ayant procédé par étapes successive Or, pendant tout ce temps, la faculté de tirer est restée proportionnée au pouvoir d'accommodalion D' D. E. SULZER — LE MÉCANISME OCULAIRE DE LA VISÉE 97 réapparaitre plusieurs mois après, lorsque l'accom- modation fut rétablie en partie. Le diamètre pu- pillaire n'avait suivi que de loin les oscillations de l'accommodätion. À l'époque de la paralysie com- plète de l'accommodation, la pupille était quelque- fois légèrement dilatée ; mais, aux époques de l'affai- blissement de l'accommodation, époques les plus importantes pour notre observation, la pupille restait étroite. Le diamètre pupillaire dut donc être éliminé des facteurs qui influencèrent le tir dans son cas. L'emploi de l’ésérine, tenté spontanément par le malade pour renforcer son pouvoir accommodatif, nous donna des indications précieuses. L'ésérine, la principale subs!'ance active contenue dans la fève de Calabar (Physostigma venenosum), produit, inslillée dans l'œil, un fort resserrement de la . pupille et une contracture de l’accommodation. ; ; “ : è ; <. Q pillaire, une période variant de quinze à quarante LA , Elle agit directement sur les fibres musculaires de l'iris et du corps ciliaire, et son action s'exerce alors même que les fibres nerveuses produisant l'accommodation et Je jeu de la pupille sont para- lysées. Notre sujet employait, au commencement, une solution d'ésérine au 100. Le fort rétrécissement pupillaire produit par ces inslillations lui permit d'obtenir des résultats de tir, médiocres il est vrai, mais contrastant bien avec l'impossibilité absolue existant lors de la paralysie complete de l’accom- modation en dehors de l'ésérinisation. Nous avons pu nous convaincre que ces résultats étaient obte- nus grâce au resserrement de la pupille. La pupille, fonctionnant comme trou slonopéique, suppléa à laccommodation. Cette suppléance ne produisit qu un résultat médiocre: le trou était trop grand pour donner des images tout à fait distinctes par le mécanisme simple de la chambre noire. Mais ce n'est pas là le résultat le plus intéressant obtenu gràce à l’ésérine. Lorsque le rétablisse- ment de l’accommodation avait à peine commencé, 'ésérine procura, avant d'agir sur le diamètre pu- minutes, pendant lesquelles le tir fut moins diffi- eile et meilleur que pendant la période de la con- traction simultanée de la pupille et de l'accommo- dation. Des mesures subjectives et objectives (striascopie) montrèrent qu'à l'époque du rétablis- sement de l’accommodation, les instillations d'ésérine rendaient à l’accommodation, avant de produire sa contracture, totalité ou partie de son élasticité perdue. De longs tàtonnements permirent de trouver le moyen de maintenir cette période pendant une demi-journée. La solution au 100° fut remplacée par une solution au 500: et, au lieu d'instiller l’ésé- rine, le sujet touchait seulement le globe avec le bout de l'index mouillé légèrement de cette solu- tion à des intervalles de lemps que lui indiquait l’état de son accommodation mise à l'épreuve du tir, et qui variaient de dix à trente minutes. Les épreuves ordinaires de l'accommodation nous montrèrent que, chez ce malade, l'ésérinisa- tion ainsi praliquée augmentait le pouvoir accom- modatif affaibli, sans influencer d’une facon sensi- ble le diamètre et les mouvements pupillaires. Cet ensemble de fails s'orientant lous vers le même point imposa la conclusion que, contraire- ment à l'avis de Helmholtz, la faculté de viser dépend, chez le sujet observé, directement de l'accommodation. Le tir n’était parfait que quand l'accommodation possédait, spontanément ou grâce à l'emploi de très petites doses d'ésérine, toute son élasticité. Restait à savoir si cette conclusion est générale ou si l'habitude de ce tireur conslilue une exception. LI Les faits que nous avons pu rassembler pour trancher cette question semblent indiquer que la grande majorité des lireurs vise par des variations de l’accommodation. Les officiers instructeurs de tir, qui ont l'habitude d'observer les élèves, me communiquèrent un ren- seignement lrès précieux. Les recrues peuvent se diviser, au point de vue de l’æil, en deux classes. La première, la moins nombreuse, oblient d'emblée un certain résultat, médiocre il est vrai; ce résultat est atteint sans effort; ces tireurs trouvent le ir facile, mais se perfectionnent peu ou point au cours de leur instruction; ils sont franchement mauvais dans le Lir aux grandes dislances. Leurs yeux sont presque toujours sensibles à la lumière, mais la grande lumière leur est nécessaire pour pouvoir tirer Ce sont, le plus souvent, des blonds à yeux bleus. La seconde classe est composée de ceux qui n'apprennent le tir qu'avec peine, mais qui donnent les tireurs moyens, et c'est parmi eux qu'une inslruction méthodique développe un certain nom- bre de bons tireurs. Nos observations nous ont montré que la pre- mière classe contenait des individus à pupille ordi- nairement resserrée, ils tirent de la même facon que notre sujet tirait quand sa pupille se trou- vait resserrée sous l'influence de l'ésérine. Leur pupille leur sert de trou sténopéique. Grâce à elle, les trois images, cran de mire, guidon, cible, sont également distinctes, quelle que soit la mise au point de l'œil; mais ces images ne sont que d’une nettelé relative et d'une intensité lumineuse faible. Elles permeltent d’aligaer, à peu près, les trois points, sans demander pour 98 D: D. E. SULZER — LE MÉCANISME OCULAIRE DE LA VISÉE cela un effort ou une grande tension de l'attention. Restent ceux de la seconde classe. Nous croyons qu'ils tirent à l'aide de leur accommodation, et nous exposerons brièvement les faits qui militent en faveur de cette manière de voir. La presbyopie influence, sans exception, la faculté de tirer. Chez les personnes qui, arrivées à l’âge de la presbyopie, éprouvent des difficultés de tir, on trouve toujours le punelum proximum à une dis- tance plus grande de l'œil que celle qui sépare l'œil de la mire pendant l'acte du tir. Beaucoup de ces tireurs ont, du reste, changé, depuis quelques années, la posilion de leur tête, de facon à agrandir cette distance. Mais, à un moment donné, ils se sont trouvés dans l'impossibilité absolue de voir distinctement le cran de mire: Deux cas se produisent alors : le tireur est hy- permétrope et peut voir distinctement la mire avec un verre convexe qui le laisse hypermétrope ou le rend tout au plus emmétrope, lui permettant ainsi de voir nettement, à grande distance, en même temps qu'à la distance de la mire. Dans ce cas, le tir reste possible. Quand, par contre, le verre convexe nécessaire pour voir distinctement la mire rend le tireur myope, le lir devient impossible (c’est le cas du presbyte emmétrope ou hypermétrope). Un verre convexe, plus faible, permettant de voir à peu près net, à distance, et de voir la mire moins in- distincte qu'à l'œil nu, mais sans permettre de la voir distinctement, donne tout au plus un résultat relalif. Nos expériences au sujet de la correction de la presbyopie chez les tireurs peuvent se résumer ainsi : aussi longtemps que le tireur dispose d’une latitude d'accommodation, allant du cran de la mire au bu, le tir est possible. III Tout tireur sait qu'au moment où il touche la détente, il voit la silhouette nette du guidon, placée dans le cran de mire, se peindre sur l'image nette de la cible, à l'endroit choisi par le tireur. Les deux facultés de notre œil qui permettent de voir, à la fois, distincts, trois objets, dont l'un est placé de 0®,20 à 0";,30 (cran de mire), l’autre à 1 mètre (guidon), et le troisième à des distances variant de 150 à 900 mètres, ce sont l’accommoda- tion et la persistance des images réliniennes. A elles se joint une troisième faculté, celle de ne pas percevoir les images inutiles. Elle est peu connue, mais d’un usage journalier. En effet, quand on fixe binoculairement un objet, il est vu sirgple; mais les objets plus rapprochés ou plus éloignés, ne formant pas leurs images sur des points correspondants des rétines, doivent être vus doubles. Or, l'expérience montre que la plupart. des observateurs les voient simples, en faisant abstraction des images floues données par un de leurs yeux. Un exercice convenable permet cepen- dant à tout le monde de voir des images doubles. Dans la vie ordinaire, nous ne tenons compte que des sensations floues d’un seul œil, appelé l'œil directeur. Cette centralisation peut même s'étendre aux images nettes. Nombre de microscopistes et de tireurs opèrent avec les deux yeux ouverts. On sait que la persistance des images rétiniennes est de 0"062 en moyenne. Le temps d'accommoda- tion, c'est-à-dire le temps que prend l'œil pour passer de la mise au point, ou inversement rap- prochée, à la mise au point éloignée est de 0'"02 environ ‘. L'œil peut donc passer de la mise au point pour la cible à la mise au point pour le guidon, y rester quelques centièmes de secondes, et passer à la mise au point pour le cran de mire, pendant le temps que l’image de la cible persiste. Dans ces conditions, nous avons au même point de la rétine, par accommodation successive, lrois images nettes simultanées noyées dans des images floues. Ce qui précède nous fait comprendre que nous pouvons aisément faire abstraction de ces dernières. L'expérimentation est venue confirmer cette manière de voir. Il y à une dizaine d'années, j'ai reproduit, dans le laboratoire de Physique du Professeur Soret à l'Université de Genève, l'acte visuel du tir par la disposition suivante: un fusil et une cible sont placés dans l'axe d’un objectif de photographie. Le cran de mire se trouve à 30 centimètres de l'ob- jectif, distance moyenne qui sépare de la mire l'œil du tireur ; la cible — une croix noire sur fond blane, de 25 centimètres de hauteur sur 20 centimètres de largeur — est placée à 30 mètres, pour des rai- sons de convenance. La plaque dépolie de la chambre noire est mise au point pour la cible. Disposé devant l'objectif, un disque rotatif fait passer alternativement devant celui-ci, et à des intervalles égaux, une découpure vide, une lentille auxiliaire, qui met au point l’image du guidon, et une lentille auxiliaire, qui met au point l'image de la mire. Les apparitions de ces images sont sépa- rées par des intervalles d’obseurité dont les durées sont égales à la moitié de la durée de chaque image. Quand la découpure vide du disque est placée de- ‘ Certains auteurs donnent des chiffres supérieurs, 2"5 par exemple. Il y a, en effet, de grandes varialions indivi- duelles. Dans nos recherches personnelles, faites en colla- boration avec M. André Broca, nous avons vu la mise au point très exacte et un acte psychique s'accomplir en 6/003. Dans ces conditions, le temps d'accommodation n'atteint. pas 0"004. D' D. E. SULZER — LE MÉCANISME OCULAIRE DE LA VISÉE 99 vant l'objectif, on voit sur la plaque dépolie de la chambre l’image nette et lumineuse de la cible, _ entourée des images floues et moins lumineuses du guidon et de la mire. La plus faible des lentilles auxiliaires y fait apparaître nette l'image du guidon, entourée des images floues de la cible et de la mire, tandis que la lentille auxiliaire la plus forte - rend distincte l'image de la mire, indistinctes les deux autres. Quand le disque tourne lentement, on voit appa- raitre, sur la plaque de verre dépoli, successive- : ment les trois images distinctes entourées de leurs images floues. La vitesse du disque augmen- tant, il arrive un moment où, grèce à la persistance des impressions rétiniennes, les trois images réli- niennes se superposent. L'observateur placé der- _rière la plaque dépolie voit alors l'image de la - mire, du guidon et de la cible, se superposer de la . même façon que dans letir. + Au moment où les trois images distinctes se icpoccit — et ce fut là un résultat tout à fait - inattendu de l'expérience — les images de diffu- sion disparaissent. Nous les neutralisons. Elles “existent néanmoins, car, si l'on photographie les “images distinctes avec cette vitesse du disque, elles s'inscrivent fortement voilées par lesimages de diffusion. Ce n'est pas là la seule différence entre l'image composée percue par l'œil et celle fixée par la plaque photographique. Dans l’image composée, percue par læil sur la plaque dépolie, les images de la mire et du guidon l'emportent en intensité sur l’image de la cible, ainsi que c'est le cas pendant le tir. Tous les tireurs savent que c'est l’image de la cible qui s’efface le plus facilement. j Sur le cliché photographique, l'image de la cible est au moins aussi intense que les images de la ire et du guidon. IV Nous avions abandonné depuis longtemps nos xpériences sur le rôle de l'œil dans l’acte de la isée, lorsque des recherches entreprises, dans un autre ordre d'idées, nous donnèrent l'explication de ces inégalités apparentes. — Recherchant, en collaboration avec M. André “Broca, le temps minimum pendant lequel l’image “de deux points rapprochés doit impressionner Jœil pour que ces deux points puissent être percus distincts, séparés, nous trouvâmes les lois Suivanles : Le temps pendant lequel une image doit frapper la rétine pour que l'œil distingue sa forme et ses détails, est d'autant plus grand que l'angle visuel Sous lequel ces derniers sont vus est plus petit. Pour l'angle visuel de 25’, le temps nécessaire pour distinguer des traits noirs sur fond blanc est de 00013; il devient de 0'"O1 quand ces mêmes traits apparaissent sous un angle visuel de 1’. Mais, quand on arrive aux extrêmes limites de la visibilité, qui sont comprises dans les angles vi- suels de 20” à 1’, le temps minimum pendant le- quel un objet doit agir sur la rétine pour être neltement distingué, devient bien plus long. Chez certains sujets, ce temps peut atleindre 0"50, alors même que l’objet à percevoir est fortement éclairé. Quand l'éclairage est faible, le temps nécessaire pour la perception augmente, alors même que l'angle visuel est loin de sa limite. Tous les tireurs savent que le tir devient d'au- tant plus difficile que le but est plus éloigné. Avec les cibles employées pour le tir de l'infanterie, cette difficulté se manifeste surtout pour les dis- iances supérieures à 300 mètres. Or, l’accommoda- tion ne peut être la cause de cette difficulté. Nous accommodons de la même façon pour voir à la dis- tance de 100 mètres que pour voir à 1.000 mètres. Au delà de 100 mètres ou même de 50 mètres, l'accommodation ne varie plus, car les irrégula- rités des milieux optiques de l’œil sont bien supé- rieures à cette très légère inexactitude de mise au point. Une accommodation poussée au delà de 20 mètres ne produirait plus aucune amélioration de l’image rétinienne. L'augmentation du temps de réaction ou temps perdu de la rétine, qui accompagne la diminution de l'angle visuel, rend, par contre, très bien compte de la difficulté du tir à grande distance. Pour chaque grandeur de cible, il arrive qu'à une dis- tance donnée, le lemps de réaction nécessaire pour percevoir la cible devient trop grand pour que son image soit pereue, pendant que l'image du guidon et celle du cran de mire persistent encore, pour qu'il soit possible que, dans les limites du temps de persistance des images, l'œil mette au point pour les trois objets et percçoive les trois images. À cette limite, le tir devient impossible ou possible seule- ment lorsque le tireur est bien disposé. Nous avons, en effet, remarqué que la fatigue allonge le temps de la réaction rétinienne et le temps de réac- tion totale. La grandeur de l'angle visuel ou la distance d’un but de grandeur déterminée, pour lequel le tir devient impossible, varie selon le sujet, donnant les temps d’accommodalion et de perceplion. Mais, il existe probablement pour tous les sujets une limite où ils distinguent encore les détails d'un but à la fixalion libre, mais les perdent en visant. Quand le temps pendant lequel une image im- pressionne l'œil est trop court pour que ces élé- ments soient distingués, cette image fait l'impres- 100 sion d'une plage grisätre unie. Dans l'expérience du disque tournant, placé devant l'objectif, il ar- rive que le temps est suffisant pour que l'œil per- çoive les images distinctes et bien tranchées, tandis que les images de diffusion produisent l'im- pression d'une plage unie. Les images de la mire et du guidon, dont la grandeur est loin de la limite de l'acuité visuelle, sont aisément perçues pendant le temps court où l'accommodation les fixe distinctes sur la rétine. Selon nos expériences, 2 à 4 millièmes de seconde suffisent pour les percevoir. L'image du dessin de la cible, par contre, se rapproche, dans certains détails, de la limite de l'acuité visuelle. Pour qu'elle soit perçue, un temps plus long est nécessaire; elle disparait par moments ou perd quelques-uns de ses détails. Même complète, elle est moins in- Lense, moins facile à retenir que les images de la mire et du guidon. Le fait qu'un temps plus long est nécessaire pour percevoir une image quand elle est à la limite de la visibilité, explique, nous l'avons vu, les difficultés du tir à grandes distances. Ici encore, l'expérience du tireur et l'expérience du laboratoire concordent : c'est la difficullé de retenir pendant la visée l'image du but qui constitue la difficulté du lir à grandes distances. Les images se rapprochent de l'extrême limite de l'acuité visuelle, où le temps nécessaire pour reconnaitre une image devient relativement grand. V L'acte physiologique complet du tir est celui-ci : Sous le contrôle de l'œil, organe sensoriel, qui, par des changements d'accommodation rapides, super- pose les images mire, guidon, cible, les bras recoi- vent des impulsions motrices telles que le fusil est dirigé de facon à placer les centres de ces trois images au même point. À ce moment, on presse la détente. . La vitesse des mouvements accommodatifs est la D' D. E. SULZER — LE MÉCANISME OCULAIRE DE LA VISÉE condition sine quanon du bon tir. Nous avons cons- taté la lenteur de ces mouvements chez des per- sonnesoùrien d'autre, ainsi que cela arrive souvent, n’expliquait leur nullité au tir, persistante malgré tous les efforts. : Cette lenteur de l’accommodation se rencontre surtout chez les astigmates non corrigés ou tardi- vement corrigés. D'une façon générale, elle peut être vaincue quand les exercices de tir ont com- mencé dans la jeunesse, à partir de treize ou quatorze ans. Les exercices de tir créent une rapidité crois- sante de l’accommodation et une coordinalion étroite entre les bras et l'œil, coordination qui per- fectionne le tir par l’abaissement du temps qui s'écoule entre la perception visuelle et l'exécution de l'impulsion motrice. Cette coordination musculaire peut devenir telle, dans quelques cas exceptionnels, qu'elle puisse se passer, jusqu à un cerlain point, du contrôle vi- suel. Certains tireurs, après avoir fixé la cible, épaulent et tirent les yeux fermés. Sans obtenir des résultats bien remarquables, ils ne manquent que rarement la cible. Le tir est donc un exercice de coordination de tout premier ordre; il nécessite l'éducation d’une fonclion inconsciente, « l’accommodation », qui, en produisant une perceplion visuelle composée et spéciale, permet d'établir la coordination œil-bras. Or, ces coordinations œil-bras sont d’ane impor- tance pratique considérable. Le tir mériterait done d'entrer systématiquement dans la pédagogie moderne. Enseigné de bonne heure, non seulement il relè- verait la moyenne des tireurs au point de vue mili- taire, mais encore il développerait la vitesse de l’'accommodation, fonction musculaire, et celle de la perception des formes, en un mot ce qu'on est habitué à appeler « le coup d'œil », et dont l'utilité est si grande dans un si grand nombre de circons- tances. D" D. E. Sulzer. | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 101 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Hatzfeld (Ad.), Professeur honoraire au Lycée Louis- le-Grand. — Pascal. — 1vol. in-8° de 291 pages. (Prix 5 fr.) Félix Alean, éditeur. Paris, 1901. De l'ouvrage considérable qu’Ad. Hatzfeld a consacré à Pascal, et dont la publication a pu ètre achevée après la mort de l’auteur, grâce à M. l’abbé Piat, une bien petite partie doit être étudiée ici. A quelques pages près, ce livre s'adresse aux philosophes plus qu'aux savants, et peut-être aux théologiens plus qu'aux philo- sophes. La partie scientifique elle-même, due à M. le lieutenant Perrier, est déjà partiellement connue des lecteurs de la Revue, qui ont pu en apprécier par eux- mêmes, il y a quelques mois!, un chapitre presque entier, celui qui est relatif à Pascal créaleur du Calcul des Probabilités et précurseur du Calculintégral. Cette étude a été placée en second lieu, par M.le lieu- tenant Perrier. Le premier-chapitre est cousacré aux découvertes physiques ; il débute, d'ailleurs, par un rap- pel des prodiges bien connus qui ont signalé l'enfance : du grand homme et dont le plus célèbre est la recons- litution des propositions d’Euclide jusqu'à la trente- deuxième. À ce sujet, l'auteur cite une remarque de Montucla, d’après lequélle cette dernière « dérive de deux autres des lignes parallèles qu'il n'est pas impos- sible à un esprit juste et né pour la géométrie d’aper- cevoir, quoique, peut-être, il ne püt se les démontrer rigoureusement ». Mais il nu admet point que Pascal ait suivi cette voie et s'en tient au témoignage de Me Pé- rier, qui représente son frère comme étant arrivé au théorème en question par une série de définitions, d’axiomes et de-démonsiralions rigoureuses. Ce n'est point ici le lieu de discuter comment a pu se former l'opinion de Me Périer. Mais, j'avoue que le fait de retrouver, même en suivant la voie supposée par Montucla, le théorème sur la somme des angles d'un triangle, me parait suffisamment extraordinaire en lui-même. Quant à la chaîne de définitions et . d'axiomes à laquelle fait allusion Mr: Périer, était- elle à la portée d'un seul génie, si puissant qu'on le suppose? L'édifice euclidien n'est pas sorli tout construit du cerveau d'un géomètre. Les causes aux- quelles il doit sa naissance sont assez différentes de celles qui nous le font conserver et admirer aujour- d'hui. Elle sont avant tout d'ordre historique et dé- pendent de tout un mouvement philosophique où les argulies des sophistes, par exemple, jouent un rôle #ssentiel. Un esprit soustrait à ces influences de milieu a-t-il pu être amené à une construction analogue à celle d'Euclide ? Cela me paraît bien douteux, Je croi- lai volontiers qu'un Pascal, par la seule force de son génie, eût pu y parvenir, s'il l'avait voulu. Mais j'ai peine à admettre qu'il ait pu en apercevoir l'utilité. Après nous avoir montré l'inventeur pratique dans la Machine arithmétique, M. le liéutenant Perrier nous fait admirer le physicien dans les célèbres expériences relatives à la question du vide et au baromètre. Il a su, dans l'espace étroit dont il disposait, nous donner d'intéressants renseignements sur les contestations de priorité qui ont eu lieu avec Descartes. En terminant, il nous montre l’œuvre scientifique de Pascal d'autant plus extraordinaire qu'elle n'a jamais tenu qu’une place Secondaire dans la vie de celui que l'auteur appelle un | | —… ! E. PerRter : Pascal, créateur du Calcul des Probabilités etprécurseur du Calcul intégral, Revue générale des Sciences du 30 mai 1901, no 10, p. 482. 4 «amateur de génie ». On sait, en effet, que Pascal ne considérait pas les résultals scientifiques comme vrai- meut dignes des efforts de l'homme ; et 1l évita de se pro- noncer sur la question du système du monde et « trouve bon qu'on n’approfondisse pas l'opinion de Copernic ». Ainsi que je l'ai dit plus haut, la partie relative au Calcul des Probabilités et au Calcul infinitésimal a été publiée tout au long dans la Æevue, de sorte que je n'ai pas à y insister. Tout au plus signalerai-je cette remar- que, qu'au xvu: siècle les problèmes du Calcul intégral ont naturellement précédé ceux du Calcul différentiel. L'histoire des Mathémaliques nous montre ainsi comme étant la première et la plus naturelle des notions du Calcul infinilésimal, celle d’intégrale définie que je serais disposé, pour plusieurs autres raisons, à consi- dérer comme telle. Jacques Hanamarp, Professeur adjoint à la Sorbonne, Professeur suppléant au Collège de France. 2° Sciences physiques Millot(C.), Ancien Lieutenant de Vaisseau, chargé d'un Cours complémentaire de Météorologie à la Faculté des Sciences de l'Université de Nancy. — Notions de Météorologie utiles à la Géographie physique. — 1 vol. qr.iu-8° de vi-287 pages, avec 74 fiqures dans le texte. (Prix : 8 fr.) Berger-Levrault et Cie, édi- teurs. Paris et Nancy, 1901. | M. Ch. Millot est un des premiers maïlres qui aient professé la Météorologie dans une Université. Son Cours, inauguré en 1884, a été publié en deux tomes lithographiés, malheureusement à un trop petit nom- bre d'exemplaires. En rédigeant ces Notions, l'auteur a songé surtout, comme le titre l'annonce et comme lui-même s'en explique, aux apprentis géographes des Facultés des Lettres, pour lesquels n’est organisé aucun enseignement régulier de cette science auxiliaire, mais primordiale; à ceux qui étudient la Météorologie moins en l'air (si l’on peut dire) que sur terre. Mais M. Millot ne sacrilie pas exclusivement à l'intérêt géographique : les phénomènes locaux ne masquent pas le jeu des lois générales. Son ouvrage n'est pas une revue des différents climats du globe, mais un traité, où les expli- cations théoriques et les vues d'ensemble dominent. L'ordre des matières nous paraît dicté par la raison géographique : le premier chapitre, qui a le caractère d'une introduction, est consacré à l'atmosphère; ce chapitre exige l'intelligence des formules mathémati- ques; mais, après ces pages, les £éographes se retrouvent dans un cadre plus familier : température, humidité, pression barométrique, circulation atmosphérique, telles sont les rubriques successivement développées. Si l'exposé ne s’'encombre d'aucun appareil d’érudition, on sent, par quelques indications appropriées, que l'au- teur est au courant des travaux les plus récents, par exemple sur les explorations des ballons-sondes, sur les données enregistrées à la Tour Eiffel, etc. Si M. Mil- lot invoque à plusieurs reprises, et avec la plus légitime autorité, des faits qu'il a notés sur son champ d'obser- valion, en Lorraine, il s'inlerdit, trop sévèrement à notre gré, tout jugement personnel. C’est ainsi qu'il rappelle, sans l'adopter ni la rejeter, la division classique et traditionnelle des climats français, laquelle semble mériter quelque critique; de même, il reproduit,sans les interroger avec trop d'indiscrétion, les matériaux statis- tiques de source officielle ou autre. Mais l’auteur à limité sa tâche et son ambition; il a voulu, en une démonstration sobre et concise, mettre en lumière : l'unité de ce mécanisme complexe, de ce « brassage » 102 dont l'atmosphère est le théätre, et dont le climat est l'expression. C'est parce qu'il v a réussi que ce volume se recommande, non seulement à la clientèle restreinte des étudiants, mais à tous ceux qui s'intéressent autre- ment qu'en conversation à la pluie et au beau temps. B. AUERBACH, Professeur de Géographie à l'Université de Nancy. Zenger (Prof.K. W.).— Die Meteorologie der Sonne. — 1 broch. in-8° de 80 pages, avec une planche hors texte. Rivnae, libraire, Prague, 1901. Cet ouvrage est le développement des observations et des théories que l’auteur a exposées dans la /tevue du 45 septembre 1896, t. VII, p. 763. Thomas (V.), Préparateur de Chimie appliquée, à la Faculté des Sciences de Paris. — Les Matières colorantes naturelles. — ! val. in-S° de 180 pages de l'Encyclopédie scientifique des Aide-VMémoire. (Prix: broché, 2? fr. 50; cartouné, 3 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1901. Le titre de cet ouvrage comporte une restriction im- portante et appelle un sous-titre. 11 n'y est, en effet, traité ni de l'indigotine, ni de l'alizarine, ni de l'héma- téine, mais seulement des malières colorantes jaunes appartenant aux groupes de la benzophénone, de la xantlione et de la favone. Jusqu'à l'apparition de l'industrie des matières colo- rantes artificielles dérivées du goudron de houille, c'est presque exclusivement du règne végétal que le teintu- rier tirait, et depuis fort longtemps, les colorants néces- saires à son art. Les matières propres à l'obtention des nuances jaunes, notamment, étaient en nombre consi- dérable. Les extraits de la gaude, de la sarrette, de la genestrole, du bois jaune, du quercitron, du fenugrec, du fustel, du rocou, des graines de Perse et d'Avignon, du curcuma, du safran et de quelques autres, étaient largement utilisés. Ce n'est qu'au commencement du siècle dernier que les chimistes se préocupèrent d'extraire et d'étudier les principes colorants définis enfermés dans ces végétaux. Les noms de Chevreul, de Caventou, de Braconuot, de Bolley, se trouvent ins- crits aux premières pages de l'histoire de ces composés. Hlasiwetz, Tromsdorff, Lecomte, Schutzenberger vinrent à la suite de ces premiers expérimentateurs. Mais le problème consistant à élucider les formules de constitulion de corps possédant une structure aussi compliquée était trop ardu pour êlre résolu à cette époque. Il ne pouvait recevoir sa solution que grâce aux découvertes de la Chimie organique moderne. Une légion de chercheurs s’est acharnée à l'étude de ces questions si intéressantes. Les travaux de MM. Graebe, Ciamician et Silber, EtÜ, Friedlaender, Benedikt, Herzig, von Kostanecki, G. A. Perkin, entre autres, ont jelé une vive lumière dans cette obscurité. Si certains points particulièrement délicats sont encore controversés, d'autres sont maintenant hors de discus- sion. Pour certains colorants, tels que l'apigénine, les formules déduites de l'analyse ont pu même être véri- fiées par la synthèse. Tous ces travaux sont relatés dans une masse impo- sante de Mémoires, publiés dans divers pays : en Alle- magne, en Angleterre, en Autriche, en Amérique. Aussi est-il extrêmement difficile de se faire une idée générale sur l'ensemble de la question. M. V. Thomas, actuellemeut maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Rennes, a eu l'idée de réunir et de conden- ser en un volume les faits saillants de l'histoire de ces colorants naturels. Ceux-ci se divisent en trois groupes naturels : L 1° Groupe de la benzophénone, comprenant la ma- clurine (colorant du bois jaune) et ses dérivés, la caté- chine (du cachou) et ses dérivés, la kinoïne ; 2 Groupe de la xanthone, comprenant l'acide euxan- thique (du jaune indien), la gentisine (de la gentiane), Ja datiscéline du Datisca cannabina ; BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 30 Groupe de la favone, comprenant la chrysine des bourseons de peuplier), l’apigénine (du persil), l'acacétine (du faux acacia), la lutéoline (de la gaude), la quercétine (du quercitron), la rhamnétine et la rham= nazine (des graines de Perse), la fiséline (du bois de fustel), le morin (du bois jaune), la myricétine (du: Myrica nagi), la kaempféride et la galangine (de la racine de galanga), et la lotoflavine (du Lotus arabicus)M A chacun de ces groupes est consacré un chapitre En tête de chaque chapitre se trouvent exposées les propriétés physiques et chimiques, le mode de syn- ihèse des noyaux initiaux : benzophénone, xanthone et flavone. À la suite vient l'étude particulière de chacun des colorants qui en dérivent et qui se trouvent cités plus haut. 4 Dans sa forme concise d'aide-mémoire, ce volume rendra service aux chimistes désireux de se documenter sur cette question quelque peu embrouillée. Grâce à une bibliographie très soigneusement faite, le lecteur pourra facilement se reporter aux Mémoires originaux. J. Duponr. i 3° Sciences naturelles Lecomte (H.), Membre du Conseilde perfectionnement des Jardins d'essais coloniaux, Professeur au Lycée Saint-Louis. — Le Vanillier, sa culture. Prépara- tion et commerce de la Vanille. — 1 vol. in-89, de 228 pages, avec 26 figures. (Prix 5 fr.) Naud éditeur. Paris, 1901. Lorsque, en 1874, Tiemann et Haarmaun parvinrent” à reproduire la vanilline avec les seules ressources du. Laboratoire, on put croire que la culture du vanillier allait, par cela même, se trouver singulièrement me= nacée. Et cependant, malgré les admirables perfection- nements apportés, d'une facon continue, aux procédés. de production artificielle, malgré le fléchissement sur=. prenant du cours de la vanilline, la gousse de vanille n'a rien perdu de la faveur dont elle jouissait, et — les, statistiques publiées par M. Lecomte l’établissent — son. écoulement n'a été limité jusqu'ici que par sa produc= tion. Il s'agit là, d’ailleurs, d’un fait absolument général dans l'inaustrie des produits aromatiques et, si para- doxale que puisse paraître la proclamation de la pros- périté solidaire des deux industries des parfums naturels et des parfums artificiels, elle n’en est pas moins légi= time, pour les raisons que nous avons eu l’occasion de, développer ici-même. Cependant, en ce qui concerne la vanille, il n'est guère possible d'espérer que la situation sera toujours aussi favorable, Quoi qu'il puisse en advenir, nous ne pensons pas qu'il soit téméraire de dire que le sujet de l'ouvrage dont nous allons faire l'analyse présente. un grand intérêt d'actualité, d'autant que les questions: coloniales paraissent commencer d'avoir raison de l'indifférence publique. M. Lecomte était particulièrement qualifié pour traiter, une de ces questions, car il appartient à cette pléiade de «vaillants champions de la vérité qui — selon l'ex- pression de M. Flahault — des pôles à l'équateur, des forèts tropicales aux neiges éternelles, forcent la Nature à leur livrer ses secrets ». Il s'en est allé au loin, étu- dier l'agriculture et la flore exotiques. Joignant à la sa= gacilé du savant la compétence du technicien, et péné= tré de cette vérité que « l'avenir de nos colonies est intimement lié au développement des entreprises agri= coles », il s'est attaché à recueillir à leur source même pour les répandre ensuite, les plus intéressants et les plus rares documents relatifs à la production coloniale; dans le but de favoriser le développement de ces entre= prises, livrant à tous le bénéfice de ses lointains voyages Et ce sont là les vrais apôtres de la colonisation, caë point ne sert de « provoquer l'exode de nos comp triotes vers des colonies lointaines », il faut avant tout. «les renseigner sur ce qu'ils pourront tenter et les armer du bagage de connaissances nécessaires pou éviter autant que possible les expériences inutiles eb -onéreuses ». Certes, on trouve là tout un programme, et combien vaste ce programme ! C'est celui que M. Le- — comte s'est tracé et à la réalisation duquel il consacre, avec une conviction ardente et communicative, tous - ses efforts, toute sa science. Le livre qu'il vient de publier, comme tous ses écrits antérieurs, possède la - caractéristique des œuvres de ceux qui ont vu : la cer- _titude de documentation, la logique des conclusions. Après un chapitre historique très nourri et très pitto- -resque, l’auteur décrit les principales espèces, fort nombreuses, de vanilliers, en insistant tout spéciale- ment sur le Vanilla planifolia, espèce la plus répaudue «et, en même temps, celle qui fournit la vanille la plus estimée. Il fixe ensuite, avec précision, les conditions de climat et de sol qui paraissent les plus favorables à la culture du vanillier. - Les questions relatives à la création et à l'entretien d'une vanillerie sont exposées dans les quatrième et “cinquième chapitres avec une grande compétence. Il importe, pour le planteur, de connaître les ennemis éventuels des végétaux qu'il cultive ; aussi M. Lecomte a- t-il consacré quelques pages aux nombreux parasites qui ravagent les plantations de vanilliers. La pollinisation et la fécondation, ces deux sédui- santes questions qui, actuellement, alimentent d'une façon si heureuse les conceptions philosophiques sur la variation des races et des espèces, sont l'objet d’un important chapitre, dans lequel les tigures, essentielle- - ment originales, méritent d'être signalées à Pattention du public : les unes mettent minutieusement en évi- dence la technique de la pollinisation artificielle, les “autres donnent une idée aussi nelte que possible des varialions qui se produisent dans l'ovaire à la suite de ‘elte-opération. - - Parmi les sujets que M. Lecomte à su rendre particu- lièrement intéressants, nous signalerons la préparalion de la vanille. Le lecteur trouvera, en effet, non seule- “ment la description détaillée et précise des procédés, mais encore — chose rare — Ja critique äe ces procédés en même temps que des vues origiuales sur le méca- nisme de la formation du parfum de la vanille. Ces vues ont, d’ailleurs, été récemment précisées par l’auteur “ans une iutéressante Note présentée à l'Académie des Sciences. y . Enfin, toutes les questions relatives à la chimie de Ja vanille : composition de la plante, industrie de la vanilline, altérations, falsifications, « vanillisme », aussi bien que celles relatives à sa production et à son com- merce, sont magistralement traitées. Nous ajouterons que cet excellent livre a été publié avec la collaboration d'un praticien de talent, M. Chalot, directeur du Jardin d'essais de Libreville. Il est copieu- sement illustré et imprimé avec soin, ce qui contribue encore à en rendre la lecture agréable, Le Vanillier est un de ces ouvrages originaux el utiles dont M. Etard, dans sa Revue annuelle de Chimie, déplore à juste titre la pénurie parmi les publications innombrables qui encombrent la librairie. EUGÈNE CHARABOT, Docteur ès Sciences. (Henri), Préparateur au Muséum d'Histoire … naturelle de Paris. — Contribution à l'étude de la vascularisation intestinale chez les Cyclos- —_ tomes et les Sélaciens. (Thèse de Doctorat de la …_Haculté des Sciences de Paris.) — 1 vol. in-$ de M 116 pages et 1 planche. (Annales des Sciences natu- M relles, Zoologie, 8° série, vol. XILL) Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1901. ti chez les Sélaciens et les Cyclostomes, un Système chylifère semblable à celui que l'on connaît le ez les Vertébrés supérieurs ? Telle est la question que Plusieurs auteurs se sont déjà posée et que M. Neuville Mient d'aborder dans son travail. Ses recherches lui per- “mettent de répondre définitivement par la négative : ni les Cyclostomes, ni les Sélaciens ne possèdent de Système chylifère, et les vaisseaux qui ont été regardés à ( BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 103 par plusieurs naturalistes comme des lymphatiques appartiennent en réalité au système veineux, Chez les Cyclostomes, les dispositions offertes par le tube digestif et par les Vaisseaux qui en dépendent sont extrèmement simples. Les villosités, restées à l'état embryonnaire, sont réduites à de simples lames, résul- tant d’une évagination de la muqueuse, et l'intérieur de ces replis est en communication directe avec le sys- tème veineux. Il en résulte ainsi la formation d'une sorte de tissu caverneux sous-muqueux. Les lacunes veineuses des Cyclostomes ont donc le même rôle que les chylifères des Vertébrés : les mêmes veines qui ramènent dans la circulation générale le sang ayant servi à la nutrition de l'intestin, y ramènent aussi les éléments nutritifs élaborés par le tube digestif. Le pro- cessus de formation des villosités n’a pas été suivi de la haute différenciation qui, chez les Vertébrés supé- rieurs, a amené dans ces organes la formation d'un appareil absorbant compliqué et appartenant à deux systèmes distincts, sanguin et lymphatique. Il n'en est pas autrement chez les Sélaciens, mais, ici, les dispositions des gros troncs artériels et veineux qui desservent le tube digestif sont moins simples et varient d'ailleurs avec les genres. L'auteur les étudie principalement dans les genres Acanthias, Zyqæna, Scyllium, Galeus, Centrophorus el Raja, et il les représente dans leurs rapports avec l'estomac, l'intes- lin valvulaire, les glaudes annexes du tube digestif, ete. Je mentionnerai plus particulièrement le chapitre rela- tif au système sus-hépatique. D'importantes variations s’observent en effet chez les Sélaciens relativement à ce système : la plupart d’entre eux offrent un sinus hé- palique, mais quelques-uns n'offrent qu'un plexus (Lamna) et d’autres enfin ne possèdent ni plexus ni sinus (Spinacidés). Ce dernier type est incontestable- ment le plus simple et le plus ancien. On aurait pu croire que ces varialions étaient en rapport avec les profondeurs différentes auxquelles vivent les Sélaciens ; M. Neuville montre au contraire que ces variaüons tiennent uniquement à des faits évolutifs et que le sinus hépatique manque chez les formes abyssales, non pas parce que ces dernières vivent dans de grandes profondeurs, mais parce qu'elles sont plus anciennes et moins évoluées que celles qui habitent les couches superficielles de l'Océan. ‘Le travail de M. Neuville fixe donc d'une manière définitive un point intéressant de l'anatomie comparée du système circulatoire ehezles Vertébrés inférieurs. D' R. KŒHLER, Professeur de Zoologie à l'Université de Lyon 4 Sciences médicales Pouchet (G.), Membre de l'Académie de Médecine. — Leçons de Pharmacodynamie et de Matière médicale. Deuxième série : Hypnotiques ; Modifi- cateurs intellectuels. — 1 vol. grand in-8° de 885 pages, avec 56 figures dans le texte. (Prix : 16 fr.) Octave Doin, éditeur, Paris, 1901. La première leçon, consacrée, suivant l'usage, aux généralités, se propose de mettre en évidence l’1mpor- tance des préparations galéniques en Thérapeutique. Elle n’est, au fond, que la paraphrase du passage de Fonssagrives qui lui sert de conclusion : « Les théria- ques naturelles dans lesquelles la Nature enveloppe les alcaloïdes, ne méritent pas le dédain que l’on est disposé aujourd’hui à concevoir pour elles; et, lancés à fond de train à la poursuite de ces quintessences medi- camenteuses, dont je ne nie certainement pas l’impor- tance, nous oublions trop les substances naturelles d’où la Chimie les extrait. Une analyse clinique plus attentive et pénétrant davantage dans les nuances nous révélerait, entre l'action de ces médicaments complexes et les principes qu'on en retire, des différences, qu'il n'est pas permis d'abstraire au profit de notre repos. Les Aypuotiques susmentionnés font l'objet des lecons IL à V. À signaler particulièrement l'hypothèse 104 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX séduisante de M. Pouchet relative à uue relation entre l'action hypnotique et la structure moléculaire du pro- duit considéré. Cette in{luence, qui lui paraît devoir jouer un rôle prépondérant, résiderait dans la situation d'un atome de carbone central: NÉ 3 T2 CH AE CH Nr AZI NAS H/. \H u/ CH50/ Alcool éthylique. Aldéhyde. Uréthane. DEN OAS ONCE DNA CAEN FR 0TCTE" cm” Nsozcenr cm Nsocn cn NSo:.CHs Sulfonal. Trional. Tétlronal. Et l’auteur en fournit une preuve d’une certaine force: tandis que les dérivés sulfonés dans lesquels les deux groupes SO? sont unis à un même atome de car- bone sont de véritables hypnotiques, au contraire les dérivés sulfonés dans lesquels les groupes SO? sont unis à deux atomes de carbone différents, ne présentent aucune propriété hypnolique : SON SO2.( A7 N : SO?.C.N M7 SOIN M—50°.C.N Dérivés sulfonés avec groupes SO® liés à deux atomes de car- bone différents. Non liypnotiques. Sulfonalides vrais, avec groupes SO? liés au méme atome de carbone. Hypnotiques. Enfin, à ne considérer que l'activité bypnotisante de chacun des dérivés, il est remarquable que l’action est d'autant plus accentuée que le dérivé renferme un plus grand nombre de groupes éthyle. Les lecons VI à XIX étudient les a/coo!s, et plus spé- cialement l'alcool éthylique. Les affinités chimiques, le processus de la fermentation alcoolique, les pro- priétés physiologiques de l'alcool, l'alcoolisme aigu et” chronique, l’intoxication par les essences, les considé- rations médico-légales relatives à l'alcoolisme aigu et chronique, la!cool envisagé aux points de vue alimen- taire et thérapeutique, toutes ces questions sont succes- sivement traitées avec ampleur et compétence. Nous signalerons l'opinion, si autorisée, de l’auteur, relative à l'emploi thérapeutique de l'alcool. En cette époque où les abstentionnistes absolus mènent une si violente campagne et où dé virulents plaidoyers ne visent à rien moins qu'à la proscription formelle de l'alcool de la pratique thérapeutique hospitalière et privée, il est intéressant de constater que le professeur de Pharmacologie de la Faculté de Paris, d'accord en cela avec de hautes autorités médicales étrangères (Liebreich, Lauder Brunton), se prononce neltement en faveur de l'utilité de l'alcool en Thérapeutique. Après avoir rappelé avec complaisance l'opinion si ration- pelle de Todd, il ajoute: « Il est inutile de faire ressortir ici le rôle considérable que l'alcool, judicieusement employé, peut remplir. Je vous ai parlé, à propos de l'emploi de l'alcool au point de vue hygiénique, de sa valeur alimentaire; je vous ai montré l'influence effi- cace avec laquelle l'alcool pouvait lutter contre une nutrition insuffisante ou même contre la dénutrition de l'individu. Cet emploi judicieux de l'alcool dans des conditions déterminées permet de faire atteindre la période de retour et de reconstitution des réserves, c'est-à-dire permet aux individus, qui en apparence ne s'alimentent pas, d'atteindre la période où ils pourront de nouveau s’alimenter et solder les frais de leur maladie. » Les lecons XX à XXXIV constituent l'étude la [plus complète que nous connaissions de l'opium et de ses dérivés; la pharmacologie, la pharmacodynamie, la toxicologie en sont exposées avec une grande préci- sion et un souci évident de la pratique médicale et pharmaceutique. La lecture enest des plus recomman- . dables aux médecins qui ont le désir de faire de la thérapeutique rationnelle, c’est-à-dire une application raisonnée des données de la Pharmacodynamie à la Physiologie pathologique. Le sujet est d'un rare intérêt pour le clinicien; tous les chapitres ontété rédigés avec une égale conscience, quelques-uns sont plus particulièrement originaux. La constitution chimique de la morphine est très longuement étudiée et, parlant du noyau de la base morpholique, qu'il prend comme centre de figure, M. Pouchet propose la formule suivante, qui contient la figuration des échanges d'atomicités et qui met eu évidence le noyau du phénanthène : ( (6 HC CH, /NOSCHACE ire VAR Gao ——/\t À CH C\ ee nu on : : (RE DE C.CI HON CH PA AZCH A l'occasion de la posologie de l'opium et de ses alcaloïdes et de ses indications physiologiques, méde- cins et pharmaciens trouveront de nombreuses et pré- cienses indications pratiques relatives aux équivalences des médicaments galéniques à base d’opium, à leur préparation, aux formules dans lesquelles ils peuvent entrer, à leurs synergies, etc. Le résumé historique de l'emploi de l'opium s'étend d'Homère à Claude Bernard. On y trouvera, en particu- lier,le fameux passage de Sydeuham, extrait de ses OEuvres imprimées à Londres en 1685, el qui renferme en substance toute la pharmacodynamie de l'opium. L'étude des différences pharmacodynamiques exis- … tant entre l'opium et ses alcaloïdes fournit à l’auteur l’occasion d'affirmer à nouveau l'utilité de l'emploi des médicaments complexes, « des thériaques naturelles », dont l’opium est le type. Il s'élève à ce sujet contre l'expression de Claude Bernard qualifiant de « gangue inutile » les principes immédiats accompagnant les alcaloïdes et contre son affirmation que la Thérapeu- tique offrait bien assez de difficultés par elle-même sans qu'on vint encore les augmenter en continuant « d'employer des médicamentscomplexes comme l’opium, n'agissant que d’une manière souvent extrèmement va- riable. Il se prononce, au contraire, au nom d'un empi- risme « corroboré par une suite concordante d'obser- vations séculaires », pour l'emploi, en certains cas, de l'opium en nature. Il faudra lire l'étude de l’action cardiaque de l’opium, de son action sur le système nerveux, du mécanisme physiologique, du sommeil morphinique en particulier, et le parallèle si intéressant entre l’opiomanie des Orientaux et l'alcoolisme des Occidentaux. L'antagonisme partiel de l’opium et de la belladone est l’occasion d'une étude générale sur l’antagonisme thérapeulique et l'antidotisme. L'auteur s'élève avec force contre la croyance à l’antidotisme vrai. Pour lui, «il n'existe qu'un seul fait d'antagonisme vrai : la neutralisation des nitriles de la série grasse par l'hypo= sulfite de soude ». Les autres cas qu'on a cités ne sont, pour la plupart, que des phénomènes d’antagonismé partiel, qui peuvent sans doute, dans une certaine mesure, aider dans le traitement des individus empoi= sonnés par des doses toxiques de certains médica= ments, mais sur lesquels on aurait le plus grand tort de compter pour obtenir de leur emploi exclusif une action efficace suffisante. L'étude de l’action de la morphine sur la tempéra= ture, la respiration, la circulation, est très documentée el illustrée d'un grand nombre de graphiques des plus démonstratifs. La morphinomanie est ensuite étudiée longuement. ! La dernière leçon est consacrée à l'étude du chanvre, indien. Dr ALFRED MARTINET. 4 - DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 30 Décembre 1901. M. Albert Gaudry est élu vice-président de l'Acadé- mie pour 1902. — M. le Secrélaire perpétuel annonce le décès de Sir J. Gilbert, Correspondant de la Section d'Economie rurale. — 42 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Niels Nielsen com- munique ses recherches sur les séries de factorielles. — M. Alfr. Loewy a étudié les équations différentiel- es linéaires qui sont de la même espèce. — M. E. Lin- delof communique quelques théorèmes nouveaux sur es fonctions entières. Dans certains cas, le genre d'une fonction entière définie par une série donnée dépend, non pas de l’ordre de grandeur des coefficients de cette série, mais de leurs propriétés analytiques. — M. A. Guldberg a étudié les relations entre les invariants intégraux et les paramètres différentiels. — M. R. de Saussure délermine le mouvement d’une droite qui possède trois degrés de liberté. — M. Mesnag'er recher- che les tensions intérieures produites par deux forces égales et directement opposées agissant sur un solide indéfini. … 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. E. Carvallo, en étendant és lois de Kirchhoff, aobtenu les deux lois générales suivantes : 1° Le flux du courant total à travers toute sur- face fermée est nul; 2° La force électromotrice totale qui gne dans lout circuit fermé est nulle. — M. W. de Ni- solaiève a observé, dans le champ électrostatique qu'il à manifesté dans le sein des électrolytes pendant le pas- sase du courant, une réaction spéciale : les tubes de ce hamp coincident avec les lignes de courant; par suite, les matières isolantes, qui sont diélectriques pour les tubes du champ ordinaire, se comportent dans les élec- rolytes comme des matières diélectriques parfaites, desi-à-dire: dépourvues de perméabilité électrique. — : Th. Tommasina a constaté que, dans le rayonne- nent d'un tube contenant un mélange de chlorures de adium et de baryum, il existe des rayons qui subissent a réflexion. — M. Gouy a déterminé les maxima élec- Wo-capillaires de quelques composés organiques en solu- ion dans l'eau pure ou ne contenant que de faibles quantités d’eau. — MM. Ph. A. Guye et Ed. Mallet ont mesuré les constantes critiques et la complexité molé- sulaire de quelques hydrocarbures élevés : durène, di- phénylméthane, biphényle, naphtaline. Les valeurs rouvées montrent que ces corps doivent être considé- és comme des fluides normaux entre le point d'ébulli- ion et le point critique, aussi bien dans la phase liquide que dans la phase vapeur. — M. de Forerand a déter- niné la chaleur de formation de l’hydrate de chlore, la mesure directe (18 cal. 57) et par l'étude des courbes de dissociation (18 cal. 461. La moyenne est de S cal. 36. — M. M. Guédras a reconnu que l’action hérapeutique de l’ergot de seigle est due à l'acide phacélinique, à la cornutine, ainsi qu'aux sels de cet ide et de cet alcaloïde. 3° SciENCES NATURELLES. — M. Ant. Pizon pense que phénomène de la vision est simplement la consé- quence de l'accumulation de granules pigmentaires en Htains points de la surface du corps et du pouvoir orbant de ces granules pour les rayons lumineux. M. L. Guignard a étudié le phénomène de la double écondation chez les Solanées et les Gentianées:; il s’ef- ectue essentiellement de la même facon que dans les b autres plantes où il a pu être observé jusqu'à ce jour. — MM. Ch. Eug. Bertrand et F. Cornaille ont étudié 2 régions d'une trace foliaire de Filicinée. — MM, H. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES -MAUX : 105 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE L'ÉTRANGER Borûier et Lecomte ont fait des expériences d’applica- tion directe des courants de haute fréquence sur les ani- lapin, cobaye, rat. On observe toujours des acci- dents mortels, dus probablement à des phénomènes d'inhibition développés par ces courants dans les centres nerveux respiratoires. Ces faits montrent bien que les courants de haute fréquence ne s'écoulent pas superfi- ciellement par la peau, mais pénètrent dans les uissus. M. d’Arsonval pense que les accidents mortels signalés par les auteurs précédents sont dus à la chaleur déve- loppée dans les tissus et aux coagulations ou embolies qu'elles déterminent. — M. Et. Joukowsky a étudié les éclogites es Aiguilles Rouges. On y constate une trans- formation du diopside et du grenat dans des minéraux du groupe de la hornblende, transformation qui est pro- bablement due à l’intrusion de la granulite. Seance du 6 Janvier 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Cotton étudie des systèmes d'équations linéaires aux différentielles totales qui sont une généralisation des systèmes de Lie. — M. A. Korn démontre la possibilité d'une infinité de vibrations universelles de la malière pondérale. — M. P. Duhem élend le critérium de Lejeune-Dirichlet à la stabilité, pour des perturbations quelconques, d'un système affecté d'un mouvement de rotation uniforme. — M. G.-B. Flamand a délerminé la position géogra- phique d’In Salah, oasis de l'archipel touatien (Tidikelt). La latitude moyenne est de 27°10'46" nord et la longi- tude moyenne de 0°7/30" est de Paris. r 2° ScIENCES PHYSIQUES. — M. E. Carvallo donne l'in- terprétation dynamique et formule l'expression analy- tique de ses deux lois fondamentales de l'Electrodyna- mique; il les applique au cas des conducteurs et des diélectriques parfaits en repos et compare ses résultats à ceux de Maxwell. — M. W. de Nicolaiève décrit une expérience sur le champ électrostatique autour d'un courant électrique dont les résultats concordent exacte- ment avec ceux prévus par la théorie de Poynting. — M. Th. Moureaux indique la valeur absolue des élé- ments magnétiques au 1°" janvier 1992, d’après les obser- vations faites à l'Observatoire du Val-Joyeux. — M. G. Lippmann montre comment l'on peut mettre au foyer un cCollimateur ou une lunette par la simple mesure d'une parallaxe. Il donne également une méthode optique pour vérifier si une glissière ou une règle sont rectilignes. — M. A. Job indique une nouvelle méthode pour, la mesure des températures élevées. Un gaz dé- gagé par un voltamètre s'échappe successivement par deux tubes capillaires, l’un froid, l'autre placé dans la source de chaleur à étudier. Par suite de la variation de la viscosité du gaz avec la température, la vitesse d'écoulement se modifie et l'excès de pression dans le voltamètre passe de 2 à H. Le rapport H/ varie comme une fonction linéaire de la température et permet de mesurer celle-ci. — M. H. Moissan, par l'action de l'hydrogène sur le potassium à une température de 360°, a obtenu un hydrure blanc cristallisé, de formule KH, instantanément décomposable par l'eau, prenant feu à froid dans le fluor, le chlore et l'oxygène sec, possé- dant des propriétés réductrices très énergiques. — M. A. Mailhe a fait réagir le tétrahydrate de cuivre sur des dissolulions de sulfates et a obtenu en général des corps mixtes bien cristallisés : 2 SO'R, 3 CuO, 12 H°0. — MM. Ch. Moureu el R. Delange, en faisant réagir des .carbures acétyléniques sodés sur des éthers-sels, ont obtenu dans beaucoup de cas, à côté des aldéhydes acé- tyléniques, des éthers B-cétoniques. — M. Th. Schloe- sing fils a fait des expériences sur l’alimentafion des a%+* D] 106 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plantes en phosphore et il montre que les phosphates solubles à l’eau tiennent une place importante daws la nutrition. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Lannelongue signale un cas de tumeur du tendon d'Achille. Celle-ci, qui d'abord était molle et paraissait liquide, s'est peu à peu transforinée et durcie,en devenant opaque aux rayons X. Il s'agit probablement-d'un kyste hydatique ayant subi la transformation crétacée. — M. Bra a constaté, dans le sang des épileptiques, la présence constante d’un microorganisme à l'approche des attaques, pendant ou immédiatement après les crises. Ce sont tantôt des corps isolés ou réunis en diplocoques, ou bien des vermi- cules. Il s'agirait d'une variété très spéciale de strepto- coque. — MM. A. Charrin et Brocard ont déterminé l'utilisation des sucres (hexoses) par l'organisme. Le lévulose occupe le premier rang, le galactose le deuxième et le glycose le troisième. — M. E. L. Bou- vier présente de nouvelles observations sur l’évolution et l’origine des Péripates. Avec M. Kennel, il considère les orifices anormaux comme les pores excréteurs des néphridies sexuelles de l'ancêtre aquatique du groupe. — M. E. Topsent communique quelques remarques sur l'orientation des Crinorhiza. — M. G. Vasseur a trouvé le terrain nummulitique dans un sondage exécuté à Saint-Louis (Sénégal). Il arrive à cette conclusion que, vers la fin de la période éocène inférieure, la mer for- mant un vaste golfe dans la partie orientale du désert lybique et dans le désert arabique, et recouvrant une partie de l'Algérie, contouruait au nord-ouest le conti- nent africain et suivait à distance la ligne du rivage actuel de l'Atlantique pour atteindre au sud le bassin de Saint-Louis. — M. A. Bresson a étudié la nappe de recouvrement des environs de Gavarnie et de Gèdre. Louis Bruner. ACADEMIE DE MÉDECINE Séance du 7 Janvier 1902. M. Guyon, président sortant, fait le tableau des travaux accomplis par l’Académie en 1901. — M. Riche prend place au fauteuil de la présidence. — M. Lom- bard donne lecture d'un mémoire sur l'emploi de la gélatine contre les troubles résultant du défaut de plasticité du sang. Séance du 14 Janvier 1902. L'Académie vote un certain nombre de conclusions qui font suile au Rapport de le Commission de l’Hy- giène de l'enfance: 1° L'allaitement de l'enfant par sa mère et, à son défaut, par une autre femme, doit être préféré à tout autre mode d'allaitement; 2 si le lait de femme manque, le lait animal (ànesse, vache, chèvre, etc.) doit constituer Ja nourriture exclusive du jeune enfant; 3° tout lait animal doit être donné non contaminé, ou bouilli, ou, mieux, stérilisé: 4° le biberon à tube doit être légalement interdit; 5° l’assis- tance médicale gratuite doit être accordée aux nour- rissons de parents insolvables: 6° l'assistance judiciaire doit être accordée aux nourrices pour permettre de poursuivre la récupération des salaires qui leur sont dus par les parents des nourrissons qu’elles élèvent. — M. Le Roy des Barres lil un mémoire sur la relation comparée de cinq épidémies de diphtérie à la Maison nationale d'Education de Saint-Denis de 1827 à 1901. SOCIETE DE BIOLOGIE Seance du 14 Décembre 1901. M. R. Bensaude a étudié quelques modifications du sang au cours d'une ascension en ballon. L'hyperglo- bulie du sang de la carotide du chien à 4.000 mètres n'a été que de # à 6 °/,. — MM. Moussu et Marotel ont observé une coccidiose intestinale du mouton coexis- tant avec la strongylose gastro-intestinale. — M. R. Larger communique plus de six cents observations montrant que les mêmes stigmates obstétricaux sont engendrés par les mêmes antécédents héréditaires. — M. Ch. Féré a reconnu que l’action calmante de la valériane et du valérianate d'ammoniaque s'explique par la provocation d'une excitation préalable qui préei- pite la fatigue, — M. R. Dubois répond aux critiques de M. Mosso sur sa théorie du sommeil par autonarcose carbonique. — MM. Arloing et P. Courmont ont cons- taté que l'action de certains antiseptiques (formol) et du froid permet de conserver sans modifications notables pendant quelque temps les cultures liquides homogènes de bacille de Koch destinées à l'agglutination. — M. M. Lambert à reconnu que lintoxication ibogénique pré- sente une analogie frappante avec celle que produit la cocaine. — M. G. Carrière a observé que le suc gastri- que normal, 27 vivo ou in vitro, n'exerce aucune action bactéricide sur le bacille de Koch. — MM. Calug'areanu et V. Henri ont reconnu que la corde du tympan s'est régénérée, chez un chien, aux dépens des fibres du nerf hypoglosse. — MM. L. Lévi el P. Bonnier ont étudié les réactions immédiates de l'appareil de l'ouie consé- cutivement à l'injection de sérums inorganiques; l'acuité auditive a généralement été améliorée. — M. J. Lar- guier des Bancels à constaté que le pouvoir digestif de la macéralion pancréatique est très sensiblement accru par les extraits de levure de bière. — MM. Lesné et P. Ravaut montrent que, par destruction des héma- ties, on peut, suivant les doses de substances globuli- cides employées, déterminer : à petite dose, de l'urobi- linurie seule; à dose plus élevée, de l'urobilinurie et de la cholurie ; à dose plus forte encore, de l'hémoglobinurie suivie du stade précédent. La Société procède au renouvellement de son bureau. M. E. Marey est élu président pour cinq ans. MM. Ca- pitan et Hénocque sont élus vice-présidents. Séance du 21 Décembre 1901. MIS I. Ioteyko et M. Stefanowska ont trouvé la loi suivante, qui régit l’anesthésie des nerfs: Sous l'in- fluence de l'agent anesthésique (chloroforme, éther, aicool), qui atteint simultanément le nerf sur toule sa longueur, l'excitation de la partie supérieure du nerf cesse d’être efficace bien avant l'excitation de sa partie inférieure. Plus un trajet est éloigné du muscle et plus vite disparaît son excilabilité. L'ordre inverse est suivi pour le rétablissement des fonctions après le réveil. — Les mêmes auleurs ont constaté que, dans l’anesthésie locale des nerfs, l'excitabilité des fibres sensitives dis- parait avant l'excitabilité des fibres motrices. — MM. S. Arloing el A. Descos ont reconnu que, sur des sujets bien portants, l’action toxique immédiate de Ja tuber- culine peut être supprimée par l'addition à la tubercu- line d'une dose convenable de sérum antiluberculineux. La toxicité subsistant dans le mélange peut être attri- buée aux toxones de la tuberculine. — M. F. Arloing a constaté que la mucine exerce une aclion incontes- table sur la virulence du bacille de Loeffler, mais n’en a pas sur la loxine diphtérique. EU serait donc bacté- ricide, mais non antitoxique. — M. L. Dor à observé que le sérochrome est avide d'oxygène et qu'il l'absorbe en se décolorant; ensuite, il n'a plus d’avidité pour l'oxygène. — M. G. Linossier a étudié l’action des alcools de fermentation sur les poissons. La toxicité augmente avec le poids moléculaire. Une certaine ac- coutumance peut être obtenue par l’action ménagée des alcools. — MM. A. Mossé et Sarda ont cherché la valeur de l'examen du sang et de la formule leucocy- taire dans le diagnostic des abcès du foie. L'hyperleu- cocytose est insuffisante pour permettre de faire un diagnostic; le pourcentage des polynucléaires neutro- philes aurait une valeur séméiolozique plus grande. — M. E. Maurel a reconnu que le chlorhydrate d'émétine, employé par la voie hypodermique, peut être considéré comme un anesthésique, au moins chez le lapin. Il se pourrait que cette propriété pût être utilisée chez l'homme. — M. P. Armand-Delille a provoqué, par introduction intra-arachuoïdienne du poison scléro- RE RS an — É— F 4 : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 107 sant du bacille tuberculeux, une méningite spinale plastique. — MM. H. Roger et P. Garnier ont déter- miné, chez de jeunes animaux, des lésions thyroi- diennes, qui ont été suivies d'un arrêt très marqué du développement, — M. A. Clere a constaté, dans le cours des infections subaiguës chez le lapin, des varia- tions des ferments sanguins (lipase, amylase) analogues à celles observées chez l'homme, et en particulier chez les malades tuberculeux. — MM. J. Hulot et F. Ra- mond ont injecté à des cobayes du foie d'un autre cobaye en suspension dans du sérum, et ont observé des lésions des cellules hépatiques; l'injection avait donc produit la formation d'une substance hépatoly- tique. — MM. A. Gilbert et P. Lereboullet moutrent que le diabète par anhépatie ne peut qu'exceptionnel- lement se réaliser et surtout se constater dans les cir- rhoses avec insuffisance hépatique; mais les faits où on l'observe suffisent à détruire l'objection faite contre sa conception. — M. A. Mayer a étudié la viscosité des liquides de l'organisme et son rôle dans l'économie. Ces recherches ont été faites avec un nouveau viscosi- mètre. — M. A. Gouget a éludié certaines altérations hépatiques cousécutives aux injections répétées d'urée à haute dose. Pour lui, la rétention de l’urée est au moins un des facteurs des altéralions hépatiques de l'urémie. — M. J. Rehns a constaté des variations dans le pouvoir agglutininogène de différents bacilles d'Eberth, tenant à la moindre teneur du microbe en substance agglutinable. — MM. Rodet et Galavielle ont étudié l'influence de la dessiccation sur les moelles rabiques et la marche de la perte de la virulence, soit dans la dessiccation, soit dans le séjour prolongé en glycérine. Dans les deux cas, on ne rencontre pas tous les intermédiaires entre la virulence intégrale et la perte de virulence; il n'y a pas de gamme graduelle de décroissance. — MM. J. Castaigne et F. Rathery ont étudié les troubles consécutils à la ligature unilatérale de l'artère rénale, de l'uretère ou du pédicule. Dans tous les cas, on observe des accidents très graves se ‘terminant par la mort. Ces accidents paraissent dus en grande partie à des lésions du rein opposé à celui qui a subi la ligature. Séance du 28 Décembre 1901 M. Coakley-Byron à fait de nombreuses injections directes de solution physiologique de chlorure de sodium dans le parenchyme de divers organes ; pour lui, elles favorisent à la fois la leucocytose locale et, par lavage, l'entrainement des toxines. — MM. Leredde et Pautrier ont observé un développement plus rapide des tétards de Riana temporaria sous les radiations bleues que sous les radiations rouges. — M. C. Delezenne a constaté que le suc intestinal joue un rôle très actif dans la digestion yptique des matières albuminoïdes, grâce à l'entéroki- nase. Cette entérokinase paraïl se retrouver dans l’intes- tin de tousles Vertébrés. — M. A. N. Vitzou a étudié, sur un chien; les effets de l’extirpation partielle d'un rein, suivie, un mois après, de l'extirpation totale de l'autre. L'animal a survécu ; l'auteur pense que c’estune nou- velle preuve de l'existence d'une sécrétion interne des reins. — M. G. Weiss présente un appareil de démons- tration pour l'étude des mouvements oscillatoires. Il a étudié d'autre part, au moyen de l’oscillographe, les appareils magnéto-laradiques employés en physiologie et en médecine. — MM. P. Carnot et A. Chassevant ont étudié les conditions de fixation de la pepsine sur les albuminoïdes. L'acide chlorhydrique parait, dans ce cas, jouer un rôle analozue aux mordants de teinturerie. — M. G. Meillère montre que tout le chlore des urines est à l’état d'acide chlorhydrique ou de chlorures, pré- cipilables en milieu aqueux par le nitrate d'argent. Si le chlore entre dans une combinaison organique, ce ne peut être que sous la forme de chlorhydrate d’une base organique et non de combinaison chlorée organique proprement dite. — Le même auteur estime que, pour toutes les analyses qui intéressent le biologiste, il y aurait avantage à ne considérer daus l'urine que les résultats de l'analyse élémentaire exprimée en ions ou restes électro-négatifs et électro-positifs. — M. Ed. Long conclut de ses recherches que les fibres à myé- line du faisceau pyramidal direct ne subissent pas de décussation dans la commissure antérieure de Ja moelle; il n'est pas non plus prouvé qu'elles y fas- sent passer des collatérales de petit calibre. Les seules fibres connues jusqu'à présent dans la commissure antérieure sont des fibres endogènes. — M, F. Suchard expose le rôle dela valvule de Brucke dans la respira- tion bucco-pharyngienne de la grenouille. — M. P. A. Zacchariadès a étudié la structure de la fibrille élé- mentaire du tendon ; elle est composée de deux subs- tances, douées de propriétés absolument différentes et qui ne se colorent pas de la même facon au bleu de méthyle. — M. J. Jolly a observé qu'à la suite d’un long jeûne, la régénération sanguine provoquée par l'en- graissement chez les Tritons adultes se fait au moyen de cellules spéciales contenant très peu ou pas d'hémo- globine et se multipliant par mitose. — M. R. Petit a employé du sérum de cheval chauffé, déposé dans le péritoine, au cours des laparotomies chez l'homme, en vue d'utiliser son action stimulante sur les phago- cytes pour prévenir l'infection. — MM. CI. Regaud et A. Policard ont mis en évidence, dans les cellules épi- théliales des divers segments du tube urinifère, des for- mations intra-protoplasmiques étroitement liées à la sécrétion rénale. — MM. Hanriot et Clerc ont caracté- risé la lipase chez le fœtus dès l’âge de cinq mois ; par contre, ils n’ont pas trouvé l'amylase. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 20 Décembre 1901. M. C. Raveau: Sur l'observation de la réfraction couique intérieure où extérieure. 4° Un faisceau de rayons émanés d'un point lumineux donne naissance, à la sortie du cristal, à un second faisceau, qui com- prend un cylindre G et un cône T. Ce cône et ce cylin- dre se coupent suivant deux courbes sensiblement planes, dont l’une, vu la très faible inclinaison des généralrices du cône sur celles du cylindre, est très voisine de la ligne de contact de chacune de ces sur- faces avec une des nappes de la surface caustique des rayons émergents. Cette courbe est sur la nappe du cône qui s'ouvre du côté de la source. Quand on pro- jette un petit trou à travers une lame cristalline, il faut, pour obtenir une ligne brillante circulaire, que le rayon central du faisceau éclairant soit dirigé suivant l'axe oplique; ce qu'on observe alors, c'est la ligne de contact du cylindre avec la caustique; la réfraction conique extérieure, dont la considération permet de se rendre compte lrès simplement de la position de cette lisne, ne modifie en rien les apparences obser- vées; l'ouverture du faisceau n'exerce, sur l'éclat et la netteté de l’image focale circulaire que l’on projette, d'autre influence que celle qu'elle aurait dans toute autre expérience. 2 Au lieu de limiter le faisceau incident qui éclaire le petit trou, il reviendrait au même de disposer une ouverlure circulaire dans le plan focal de la lentille de projection; on retomberait alors sur un dispositif connu. En déplaçant l'ouverture de facon que son centre coïncide avec l'image du sommet du cône T, on pourrait, au moyen d'une autre lentille, projeter une seconde focale circulaire, très voisine de la première et qui serait la ligne de contact du cône avec la caustique. Ici encore, l'existence de la réfraction conique intérieure ne modilie pas les phénomènes. 3° La seconde nappe de la surface caustique présente un point singulier, qui est le sommet du cône T; elle est asymptote au cylindre C. Elle se réduit sensible- ment, sauf à l'infini, à une ligne, car les surfaces d'onde normales aux rayons émergents admettent, comme la surface des ondes de Fresnel, un plan tan- gent sinsulier normal aux génératrices du cyli dre G; et les deux nappes se coupent suivant une courbe très res- serrée. On observe, en effet, à foute distance, sauf au 108 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES voisinage immédiat du foyer de la lentille, une tache Jumineuse très brillante au centre du champ. — M. Armagnat présente les appareils récents destinés à observer et à enregistrer la /orme des courants alter- natifs. La methode par points, appliquée, ily a vingt ans déja, par M. Joubert, a fourni des renseignements très importants sur les courants alternatifs. M. Blondel, en 1891, l'a rendue automatique, et M. Hospitalier, par des perfeclionnementsintéressants,estarrivé à créer un nou- vel appareil, l’ondographe, capable de rendre de grands services. Dans l’ondographe, un contact instantané s'é- tablit entre l'alternateur étudié et un condensateur; celui-ci, chargé au potentiel qui correspond à la posi- tion de contact, se décharge ensuite dans un galvano- mètre enregistreur. En donnant au point de contact un mouvement retardé par rapport au mouvement de l’al- ternateur, on arrive à prendre la valeur du potentiel à chaque point de la période, et le galvanomètre enregis- treur trace la courbe 1 = / (t), comme si la période du courant était beaucoup plus lente. Pratiquement, le retard du contact mobile sur le courant à mesurer est obtenu à l’aide d’un rouage tel que, pour 1.000 pério- des de l'alternateur, le contact fait seulement 999 tours. Comme le tambour sur lequel se fait l'enregistrement est commandé par le même moteur synchrone qui fait tourner le contact, les tracés successifs des périodes consécutives se superposent exactement, ce qui permet d'employer un seul appareil pour enregistrer’ succes- sivement diverses courbes : intensité, différence de potentiel, ete., avec leur différence de phase réelle. M. Hospitalier a fait fonctionner lui-même son appareil devant la Société à la fin de la séance. M. Blondel, trouvant la méthode par points insuffisante pour certaines recherches, s’est attaché à l'étude des galvanomètres capables de suivre les variations plus rapides des cou- rants alternatifs industriels. L'étude théorique de la question l’a conduit, en 1893, à énoncer les principes devant servir de base à la construction de ces appareils, dont il réalisa à cette époque un premier modele. C'est: par la réduction à la limite de l'inertie des organes mobiles, de facon que la période propre du galvano- mètre soit {rès petite devant la période du courant à mesurer, que M. Blondel a résolu le problème. Les appareils de cette nature, auxquels M. Blondel donne le nom d'oscillographes, ont été décrits en détail par l’auteur ici-même; nous renvoyons le lecteur à cet article *. La solution proposée par M. Abraham diffère totalement de la précédente, et l'appareil qu'il a réalisé, avec M. Carpentier, part d’un tout autre principe. Le rhcographe est caractérisé par ce fait que l'oscillation propre du galvanomètre est beaucoup plus longue que la période du courant à étudier. En outre, comme il n'est pas possible de négliger l’action de l'amortisse- ment et celle du couple de torsion du galvanomètre, M. Abraham compense les deux facteurs au moyen d'un dispositif de transformateurs et de résistances. Cette compensation se fait expérimentalement, par l'obser- valion d’un courant périodiquement interrompu. Le rhéographe est composé d’un galvanomètre à cadre mo- bile, de petites dimensions, placé dans le champ d'un électro-aimant, La lable de compensation renferme les transformateurs et une résistance. Le déplacement du point lumineux en fonction du temps est obtenu en éclairant le galvanomètre au moyen de deux fentes croisées, l’une rectiligne, l’autre en forme de dévelop- pante de cercle et tournant d'un mouvement uniforme. Les courbes données par ces appareils montrent immé- diatement la forme des courants et permettent de voir quelles perturbations apportent les différents facteurs. Si nettes qu'elles soient, ces courbes sont affectées par les perlurbations non périodiques, de sorte qu'il est impossible de leur appliquer les moyens d'analyse gra- phique qui permettraient de s'en servir pour détermi- 4 À. Bsoxpez: L'inscriplion directe des courants électri- ques variables. Rev. gén. des Sciences des 15 et 30 juillet 1901. S pe LAPS ee 7 * = ù Ê ner l'équation du courant. Un courant alternatif peut toujours être représenté par une série de Fourier, de À sorte que, si l'on peut déterminer l'amplitude et la phase de chacun des termes, l'équation se trouve éta= blie. M. Armagnat a repris la méthode de résonance; proposée en 4893 par M. Pupin, en se servant des oscil- lographeet rhéographe; il a pu ainsi obtenir les deux fac- teurs cherchés, tandis que la méthode originale donnait seulement l'amplitude. La méthode de Pupin consiste à envoyer le ceurant à étudier, ou une dérivation de ce courant, dans un résonateur formé d’une bobine de self-induction Let d'un condensateur C, reliés en série. En agissant sur L ou sur C, chaque fois que la période d'oscillation du résonateur est égale à celle d'un des harmoniques, le courant qui traverse le résonateur passe par un maximum dont la valeur indique l'ampli- tude de l'harmonique visé, tandis que le produit 27VLG donne la période. Avec l’oscillographe, ou le rhéogra- phe, l'observation de la résonance est des plus faciles. En faisant varier Let CG, on observe des courbes de formes très variables; mais, dès que l’on approche de la résonance, ces courbes deviennent plus régulières el finissent par être d'amplitude uniforme, sans ventres «« ni nœuds. Le nombre des oscillations observées indique l'ordre de l’harmonique; son amplitude est proportion- nelle à l'amplitude des courbes. Il suffit de connaitre la résistance ohmique du circuit; la capacité et la self induction peuvent être quelconques. De plus, au mo- ment de la résonance, le courant observé est en phase avec l'harmonique étudié, de sorte que si, avec un appareil double, on observe simultanément la courbe du courant et l'harmonique, on peut mesurer très faci- lement la phase de ce dernier. Pour les mesures d’in- ‘ensité, la même méthode s'applique aisément à l’aide d'un transformateur sans fer; la phase mesurée est simplement relardée d'un quart de période. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 43 Décembre 1901. M. G. Bertrand a repris d'anciennes expériences de M. Berthelot‘ sur la transformation de la glycérine en sucre par le tissu testiculaire. L'auteur s'est servi de testicules de chiens, de lapins, de cobayes et de coqs, extraits aseptiquement aussitôt après la mort des ani- maux, et introduits aussitôt dans des matras renfer- mautune solution aqueuse deglycérine pure au dixième. Les résultats de trente-huit expériences ont été des plus nets : ce n’est ni le tissu testiculaire ni ses produits so= lubles qui transforment la glycérine en sucre réducteur; ce sont des microbes, apportés selon toute vraisem- blance par le testicule lui-même. En effet, les matras qui n'ont pas fourni de sucre sont restés stériles, landis que les autres ont donné lieu à des cultures microbiennes: Une goutte du liquide de ces derniers, transportée danss un des matras stériles, y provoquait bientôt la réduc= tion, Le sucre produit parait être la dioxyacétone, déjà obtenue par l'action de la bactérie du sorbose. — M. On Boudouard, en étudiant la fusibilité des alliages d’alu= minium et de magnésium, avait prévu l'existence de plusieurs combinaisons définies de ces métaux. L'ap plication de la méthode de superposition des mé taux à la production de ces alliages définis ne lui a pas donné de bons résultats, par suite de la facilité avec laquelle le magnésium brûle à l'air. L'utilisation des procédés de la métatlographie microscopique lui a pe mis, par contre, d'isoler trois combinaisons : 4° culot formé de 30 parties d'Al pour 70 de Mg, traité par le chlorhydrate d'ammoniaque à 10 c/,, laisse comme résidu une poudre cristalline, de composition AlMg# (d=— 2,03); 2° Les culots 40 Al— 60 Mg ou 50 Al 00 Mg, traités de la même facon, donnent un composé AlMg (d— 2,15); 3 Le culot 70 A1 —30 Mg, traité p HCI à 10 °/,, laisse une poudre AlFMy (d=— 2,58): > Ann, de Chim.et de Phys., 3e sér., t, L, p. 369-76 (1857); résultat de leurs recherches sur la lupinine. Ils pro- posent une nouvelle formule C!°H'*AzO pour remplacer celle de Baumert C?'H‘Az°0?, manifestement fausse puisque la lupinine bout sans décomposition à 255° sous la pression ordinaire. La nouvelle formule est épuré sur de nombreuses analyses de la base et de plusieurs de ses dérivés, ainsi que sur la eryoscopie. L'action de l'acide chromique sur la lupinine donne l'acide lupinique C'H!AzCO®H, contenant le même nombre d'atomes de carbone que la lupinine; celle-ci “est donc un alcool primaire; elle est, de plus, saturée, car le permanganate de potasse en solution sulfurique n'a pas d'action sur elle. Elle ne renferme pas de grou- pement méthyle à l'azote et, néanmoins, c’est une base erliaire ; elle doit donc contenir un système bicyclique à l'azote. C’est ce qu'a confirmé l'application de la méthode d'Hoffmanu. La première phase donne de la néthyllupinine, la seconde de la diméthyllupinine, la isième enfin de Ja triméthylamine et un corps non Saturé, sans azote, probablement un alcool à trois dou- bles liaisons. L’azote concourt donc par ses trois valences la formation d’un double anneau; une constitution analogue à été observée dans la cinchonine par Miller et Rohde.— M. C. Martine, au cours de ses recherches sur la benzylidènementhone, réputée incristallisable, a pu obtenir ce composé en magnifiques cristaux inco- lores, insolubles dans l'eau, très solubles dans l'alcool, léther et la ligroïne, fondant à 50°. Après une première cristallisation dans l'alcool, et en solution dans ce dis- solvant, le pouvoir rotatoire est [xln — — 186°,50. — M. Meunier présente, au nom de M. Vincent, une note sur la présence du tellure dans certains échantillons d'argent. — M. Darzens dépose une note sur l'essence dylang-ylang. — M. H. Le Châtelier a essayé un orand nombre de corps comme réactifs pour l'attaque des surfaces métalliques en vue des observations micros- copiques. La soude et la potasse en solutions aqueuses lui ont donné, dans quelques cas, de bons résultats. Séance du 27 Décembre 1901. M. P. Lebeau expose le résultat de ses recherches sur l'état du silicium dans les fontes et les ferrosili- ciums pauvres. Il n'a jamais rencontré le silicium à Pétatlibre; celui-ci paraît exister toujours àl'étatcombiné sous forme de siliciure SiFe?. L'auteur à pu préparer rois siliciures de fer définis. Mais le corps S°Fe ne se orme qu'en présence d'un grand excès de silicium ; le corps SiFe, de même, est facilement dissociable et ne peut exister dans un milieu pauvre en silicium. SiFe* seul n’est pas dissociable ; il doit donc se retrouver dans les fontes. Il est extrèment soluble dans le fer et donne avec facilité une solution solide dans laquelle son élat dextrème division le rend attaquable par les réactifs ; st pourquoi on ne le retrouve pas dans les résidus attaque. — M. G. Bertrand a étudié le phénomène de uissement que présentent certains champignons du nre Boletus lorsqu'on les casse..Ce bleuissement est ù à l'oxydation diastasique d’un acide phénol parti- culier, le holctol, existant dans ces champignons en très ible proportion. A l’état cristallisé, le bolétol est de ouleur rouge orangé vif, comme l'alizarine ; en solution Miqueuse étendue, il est jaune. Le bolétol semble exister Sous deux états d'agrégation moléculaire différente ; le lus simple est très soluble dans l’eau, l'acool et l'éther ; autre, correspondant à l’état cristallisé, est, au con- raire, peu soluble. Les recherches de l’auteur montrent ue le bleuissement des Bolets exige le concours de six teurs différents : le bolétol et l'oxygène, la laccase et emanganèse, que cette dernière substance porte géné- lement avec elle; l'eau, qui agit à la fois comme dis- olvant et surtout comme agent nécessaire d'hydrolyse; Bin, un métal alcalin, magnésien ou alcalino-terreux. est le premier exemple d'une réaction diastasique uSsi complexe. — MM. Moureu et Delange, en con- nsant les éthers-sels avec les carbures acétyléniques, lb obtenu des acétones acétyléniques R-C=—C-CO-R! et | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 109 des éthers S-cétoniques correspondant aux éthers-sels employés. — M. M. Delépine a préparé un grand nombre de dérivés de l'éther imidodithiocarbonique, c'est à-dire les composés du type RAz— C{SR'}. Ilen a étudié le caractère basique, qui se manifeste par la l'or- mation de sels, parmi lesquels les picrates cristallisent bien ; ce caractère basique se manifeste aussi par la for- mation de chloroplatinates, de chloromercurates et d'io- domercurates. Enfin l’azotate d'argent, l'oxydation par l'acide nitrique et l’'hydrogénation par le sodium en présence d'alcool, produisent des réactions toutes en accord avec la formule précitée. — M. Debierne rap- pelle d'abord les propriétés principales des éléments radio-actils. Il communique ensuite, au nom de M. P. Curieet au sien, diverses expériences sur le phé- nomène de la radio-activité induite. Il résulte de ces expériences que la radio-activité se présente comme une forme spéciale d'énergie, qui est dégagée d'une facon continue des éléments radio-actifs et qui peut se fixer sur une matière quelconque. — M. Léger a isolé, parmi les produits de l’action de Na°0* sur la barba- loïne, une matière sirupeuse, presque incolore, don- nant avec SO*H*dilué la réaction du furfurol sur le pa- pier à l’acétate d'aniline. Ce sirop fournit une osazone cristallisée en aiguilles microscopiques jaunes: il est lévogyre, réduit la liqueur cupropotassique et la solu- tion commerciale de nitrate d'argent. La barbaloine, elle-même, en solution dans l’acétate d'éthyle, est net- tement lévogyre. Ces faits viennent confirmer l’exacti- tude de la formule proposée par M. Léger pour la bar- baloïne', qui se trouve ainsi être le premier terme d’une classe nouvelle de composés : /es glucosides non dédoubiables par les acides diluës. La barbaloïne, comme tous les corps actifs, peut s'isomériser sous l'in- fluence de la chaleur. En chauffant à 160° une solution aqueuse de la barbaloine, on la transforme en une autre aloine. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES. Ed. Schuncek : Contributions à la Chimie de la Chlorophylle. VIII. Modifications subies par la chlo- rophylle dans son passage à travers le corps des animaux. — Les fèces des animaux nourris exclusi- vement avec des aliments végétaux verts ne contiennent pas de chlorophylle; celle-ci est remplacée par des substances qu'on peut supposer en dériver, soit par l'action des acides, soit par l’action d'un des agents auxquels les aliments sont soumis dans leur passage à travers le corps. Parmi ces substances, l’une semble être identique avec la phylloxanthine, produit bien connu de décom- position de la chlorophylle. Une autre possède des propriétés bien définies et ressemble beaucoup à la phyllocyanine, sans lui être identique. Celle-ci n’a pas, autant que l'auteur l'a pu constater, encore été obtenue comme produit de décomposition de la chlorophylle en dehors du corps des animaux. M. Schunck la considère donc comme une substance sui yeneris, caractérisée par sa belle couleur pourpre-bleu et son lustre métal- lique brillant. L'existence d'autres produits de décomposition est possible. Dans un cas, en particulier, on a obtenu un corps cristallisé défini, qui paraissait caractéristique, mais on n'est pas certain qu'il dérive de la chlorophylle. 20 SCIENCES NATURELLES. A. D. Waller : Sur les courants de la peau. II. Observations sur les chats. — Voici les conclusions de ce mémoire : L'effet électrique normal d'une exci- tation indirecte de la peau est un courant d'entrée dans le galvanomètre. L'effet électrique et principal d’une excitation directe est un courant de sortie. Un ! Bull. Soc. chim., (3), t. XXV-XXNI, p. 1359; 1901. 110 courant d'entrée peut être obtenu par l'excilation directe immédiatement après la mort. L'auteur suppose que les deux forces opposées coexis- tent au même moment dans la peau excitée, et que la déviation du galvanomètre n'est que l'expression de leur résultante. Toutefois, l'existence de ces deux courants opposés est moins évidente dans le cas de la peau de chat que dans ceux de la peau et de la pru- nelle de grenouille. K. Pearson : Sur l'hérédité des caractères mentaux chez l’'homme.— {1° M. Francis Galton, dans ? son Âérédité naturelle, a, je crois, essayé le premier de donner une appréciation quantitative de l’hérédité des caractères mentaux chez l'homme. Les documents de M. Galton n'étaient pas très nombreux et, à défaut d'une méthode d'examen quantitatif des caractères qui ne sont pas capables d'une mesure exacte, il ne Jui a pas été possible de déduire des résultats absolu- ment concluants. Cependant, M. Galton donna de bonnes preuves que le tempérament et l'instinct artistique étaient des caractères héréditaires. Le 19 novembre 1899, un mémoire fut lu devant la Société Royale, qui montrait comment on peut dé- ! duire l'hérédité des caractères dont il n'est pas possible de donner une mesure quantitative exacte. Dans ce mémoire, je me suis basé sur les statistiques de M. Galton et j'ai montré que la corrélation fraternelle au point de vue du tempérament est de 0,3167 et que la corrélation paternelle au point de vue de l'instinct artistique est de 0,039. Ces chiffres sont quelque peu bas, et pas entierement salisfaisan(s. Je désire donner, dans cette nolice préliminaire, quelques résultats d'observations très rigoureuses qui ont élé faites pendant le cours de ces dernières années. 2° Les matériaux furent réunis de deux facons dif- à férentes. Dans la première série, la série des mesures familiales, les caractères physiques furent seuls obser- vés. Ces séries furent commencées il y a six ans et: plus de 1.100 familles, père, mère, deux fils et deux filles, furent mesurées. Les séries furent closes il y a deux ans, et, l’année dernière, le Dr Alice Lee a com- plété la réduction de cette grande quantité de matériaux. Sous cette forme réduite, soixaute-dix-huit tables de cor- rélation ont été établies, donnant autant de coeflicients de corrélation portant sur l'hérédité directe et indirecte. Ce sont probablement les séries les plus étendues de coefficients d’hérédité que l'on ait encore obtenues, chacune basée, comme règle, sur plus de 1.000 couples. Ma seconde série sera encore plus étendue, mais elle se rapporte seulement à l'hérédité collatérale, fraternelle. Son but est d'observer une grande quantité de caractères physiques et mentaux dans des couples d'enfants des écoles. J'ai recu l'aide la plus'aimable d'un grand nombre de maîtres et maitresses des écoles publiques, des écoles supérieures, des écoles primaires et secondaires de toutes classes. Mais, quoique le travail soit commencé depuis trois ans, nous n'avons assez de matériaux que pour tirer des conclusions dans les cas de paires de frères, dont plus de 1.000 ont été observés. 3° Trois seulement des mesures physiques de ces longues séries ont été réduites et les observations de sœur à sœur et de sœur à frère devront être con- tinuées encore pendant un ou deux ans, avant qu'elles soient suffisamment nombreuses. Il faudra alors deux ou trois ans-pour labler et calculer tous les matériaux réunis. Mais, comme le problème de l'hérédité des caractères mentaux et de leur corrélation avec le physique avait occupé notre attention, l'infatigable D' Lee à entrepris le calcul et la réduction en tables des coeflicients d'hérédité dans le cas de sept caractères mentaux et trois physiques; le nombre des couples traités a été dans chaque cas de 800 à 1.000. La méthode adoptée est celle du mémoire sur « l'Hé- rédité des caraclères qui ne sont susceptibles de ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES k mesures quantitatives exactes ». Ainsi, sous le litre : « Délicatesse de conscience », il y a deux divisions, développée et faible, et le maitre peut placer une croix sous l'une ou l’autre ou sur la ligne de séparation. Des divisions semblables sont faites dans les autres catégories, à l'exception de l'Intelligence qui a été divisées en six et du Tempérament en trois, etc. Mon seul objet, dans cette notice préliminaire, est d'atlirer l'attention sur les résultats suivants : Cocfficients de l'hérédité collatérale. (Corrélation de couples de frères.) CARACTÈRES MENTAUX (Observations de l'école) CARACTÈRES PHYSIQUES (Mesures familiales) Taille. mOn AN Intelligence . . . . 0,4559 Avant-bras . 0,912 || Vivacité . - NO 24702 Longueur dela main. 0,5494 | Délicatesse de cons- Coloration de l'œil . 0,5169 cience : ..#, 1. 0/502hR 0 0,5044 Popularité . Ê 68 . Tempérament Conscience de soi- MEME... ONDIIDILE Timidité . "2.2. ,00/5281 Moyenne. . . 0,5214 (Observations de l’école) Index céphalique. . 0,4864 Couleur des cheveux. 0,5452 SANTÉ. Re 5203 Moyenne. "105111 :l Les caractères ci-dessus ont été mesurés ou observés sur deux groupes d'individus entièrement différents: dans un cas des adultes ont été examinés, dans l’autre des enfants. Les deux groupes, cependant, ont donné des résultats presque identiques; si nous nous basons. sur les moyennes des caractères physiques et mentaux, nous sommes amenés à une conclusion parfaitement: définie : c’est que les caractères mentaux chez l'homme sont lérédités de la même manière que les caractères physiques. Notre nature mentale est, autant que notrem nature physique, le résultat de facteurs héréditaires. ; L'erreur probable des coefficients donnés est d'en-s viron 0,02 au plus; les différences entre les valeurs, individuelles et leur signification seront examinées dans le mémoire final. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 5 Décembre 1901. M. G.-T. Morgan a étudié l'influence des substitu- tions sur la formation des diazoamines et des composés aminoazoïques. Les dérivés bisubstitués de la m-phé= nylènediamine ayant une position para ou ortho libre par rapport aux radicaux aminés réagissent avec les sels de diazonium pour donner des composés amino= azoiques presque en quantité théorique. Les diamines de formule générale : ayant des substitutions à la fois en para et ortho se condensent beaucoup moins facilement, et le rende- ment est faible. Par contre, les deux séries de bases se combinent avec la primauline diazotée sur la fibre de colon, les diamines de la première série donnant des composés azoïques rouge brun, tandis que celles de la deuxième série fournissent des matières colorantes brun jaune. D'autre part, la 1-chloro-2-naphtylamine réagit sur les sels de diazonium en donnant des diazoa- mines stables du type: Cl (OÉErE | DORE Dans ce composé, le groupe azoïque n'a pas de ten“ dance à émigrer dans le noyau aromatique, probable- ment à cause d’une action préservatrice du chlore en position ortho. — MM. A.-D. Hall et F.-J. Plymen ont “cherché à déterminer dans les sols, au moyen de sol- - vants dilués, les substances nutritives utilisables par les plantes. Ils concluent que : 4° On ne peut établir - aucune distinction définie entre l'acide phosphorique et la potasse utilisables et non utilisables dans les sols ; Sables est donc empirique et dépend de Ja force et de la nature de l'acide employé; 2° les solvants faibles -donnent, sur les besoins d’un sol donné en engrais mi- néraux, des indications plus dignes de confiance que celles qu'on obtient avec HCI fort; 3° parmi les acides examinés, la solution d'acide citrique à 1 °/, donne des “résultats préférables, quoique la même interprétation ne puisse être basée sur des résultats semblables obte- pus de divers types de sols. — MM. A.-D. Hall et E.-J. Russell décrivent une méthode pour la détermination des petites quantités de carbonates dans les sols. La matière est placée dans un ballon fermé, et les carbo- nates sont décomposés par H?S0* dilué. On note le changement de pression dû au dégagement de CO. On met le ballon en relation avec un second, de volume connu, où l’on a fait le vide. On-note de nouveau le hangement de pression, et de ces données on déduit Ja quantité de CO* dégagé. — MM. F.-B. Power et F. Shedden ont préparé de nouveaux dérivés de l'acide gallique : le dinitrogallate d’éthyle C‘(AzO*}{0H)5. (GO*C*H5, paillettes jaunes, F. 453-154; le dinitrodia- cétylgallate d'éthyle, K. 165°: le dinitrotriacétylgallate Déthyle, F. 1459-146°; le diazogallate d'éthyle, F. 182». — M. K.-C. Browning a étudié les méthodes suivantes our préparer le sous-vxyde de phosphore : 1° Oxyda- n du phosphore, à la fois à l’état solide et en solu- n, au moyen d'air dilué par C0; 2° action de métaux r l'oxychlorure de phosphore; 3° action de l'anhy- de acétique sur l'hypophosphite de soude. Les résul- lats obtenus confirment, en général, ceax de Chapman et Lidbury, et ceux de Burgess et Chapman; cependant, lauteur croit que le sous-oxyde peut exister sous cer- faines conditions. — MM. W.-A. Bone et C.-H.-G. Sprankling, en chauflaut l'acide triméthylsuceinique avec du brome à 130° en tube scellé, ont obtenu l’'anhy- dride bromotriméthylsuccinique, K. 4979-1980. Par la méthode de Hell-Volhard-Zelinsky, et en traitant par Palcoo!, on obtient un mélange du corps précédent et de bromotriméthylsuceinate d'éthyle. Ce dernier réagit sur le sodiocyanacétate d'élhyle en donnant un éther yané, qui, par hydrolyse, fournit, non l'acide 1-cam- Phoronique, comme on pourrait s’y allendre, mais ide «:-diméthylbutane-zx/8-tricarboxylique isomère, 137-138°. — MM. H.-E. Armstrong et T.-M.Lowry, en décomposant par la chaleur les sulfobromures des cides camphorsulfoniques non substitués de Reychler, nt obtenu un bromocamphre fondant à 79°; [x], — 18° n solution dans l’acétone. C'est le 8-bromocamphre, ar il donne par oxydation l'acide 8-bromocampho- que. — M. O. Forster, en bromant directement le Ehydroxycamphène en solution acétique glaciale, a bbtenu le même £-bromocamphre. Il cristallise en iguilles prismatiques incolores. La potasse alcoolique e transforme en un acide non saturé appartenant pro- bablement à la série campholénique. — MM. A.-W. rossley et H.-R. Le Sueur, en traitant le 2:6-dicéto- &f-diméthylhexaméthylène par le pentachlorure de osphore, ont obtenu le 2:6-dichloro-4:4-diméthyldi- robenzène. Traité par le sodium, il fournit le 4:4- éthyldihydrobenzène, homologue avec les terpènes. MM. H-.E. Armstrong el E. Horton poursuivent leurs recherches sur le rôle joué par l'alfinité rési- üelle dans la formation des dérivés de substitution. JS déterminent l'influence orientatrice du soufre en étudiant comparativement les éthers thiobenzénoïdes et les éthers oxygénés correspondants. Il semble que, Sal est protégé contre l'oxydation, le soufre se com- porte comme l'oxygène. À ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tout procédé de détermination des substances utili-- 111 ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 5 Décembre 1901 (suite). SCIENCES NATURELLES. — M. A. von Kælliker envoie un mémoire sur un noyau de cellules nerveuses encore inconnu dans la moelle épinière des Oiseaux. — M. R. von Wettstein indique les résultats prip- cipaux de l'Expédition qu'il à dirigée dans le Sud du Brésil à la demande de l’Académie. — M. J. Cvijic expose les résultats tectoniques de ses nombreux voyages en Macédoine et dans la Vieille-Serbie, dans le massif du Rhodope. Deux phénomènes tectoniques principaux ont été établis : le plissement préoligocène et les rejets oligocènes et néogènes. Les nombreuses direc- tions des plis se laissent réunir en deux groupes : la direction des couches paléozoïques et mésozoïiques de la Macédoine occidentale indique le groupement des plis nord-dinariques et albanais. Séance du 12 Décembre 1901. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Oekinghaus: La statistique mathématique au point de vue général et dans son application aux mouvements de la popu- lation. 2° SCIENCES PHYSIQUES — M. H. W. Hirschel, en chauffant le pyrogallol avec la potasse et le bromure d'éthyle, a obtenu, outre l'éther triéthylique, un mé- Jlange de substances d'où il à retiré, par distillation fractionnée dans le vide : 4° l’éther triéthylique de l'éthylpyrogallol, donnant des dérivés nitrés caracté- ristiques ; 2 l’éther diéthylique de l'éthylpyrocaté- chine, donnant également des dérivés nitrés; la forma- tion de ce corps doit être attribuée à une réduction interne au cours de l’alkylalion du pyrogallol. L'auteur a également préparé des dérivés bromés et nitrés de l'éther triéthylique du pyrogallol. — MM. J. Herzig et J. Pollak ont poursuivi l'étude de la brésiline et de l'hématoxyline. Le dérivé acétylé du produit de réduc- tion de la brésiline contient quatre atomes d'oxygène, dont trois sous forme de groupe hydroxyle. Les auteurs ont également préparé des dérivés déhydrogénés. — MM. S. Frankel et A. Kelly, eu traitant la chitine par l'acide sulfurique concentré, ont obtenu un produit so- luble dans l’eau, insoluble dans l'éther, crislallisant de l'alcool méthylique, fondant à 190° avec décomposition, et quiestune monoacétylchitosamine acétylée à l'azote. Ils ont obtenu, en outre, une monoacétyldichitosamine isomère avec la chitosane. Les auteurs croient que la chitine ne dérive pas d'un biose, mais d'un polysac- charide. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. F. Steindachner a étu- dié les Polychètes de profondeur recueillis par M. E. von Marenzeller en 1893-94,au cours de l'expéditionautrichien- ne de la Méditerranée orientale et l'Adriatique. Il n'a pas trouvé de nouveaux genres, mais une série de formes rares, qui n'avaient été rencontrées jusqu'à présent que dans l'Océan Atlantique. —M. R. Wagner décrit la struc- ture et le mode de floraison des panicules de PAlox paniculata. — M. J. Steiner a étudié les lichens re- cueillis en 1898-99 par M. O. Simony au cours de l'Ex- pédition autrichienne dans le sud de l'Arabie, à Soco- tora et dans les iles voisines. Sur dix-huit espèces, il y en à dix nouvelles. — M. A. Jakowatz expose ses recherches comparées sur le prothalle des Fougères. Le développement commence, chez toutes les formes étudiées, par un stade filamentaire ; celui-ci se termine très fréquemment par la formation de cellules inca- pables de division (papilles). La formation superficielle du prothalle est précédée de la production d’une cellule de coiffe sur le côté du stade filamenteux. Celle- ci concorde souvent avec la formation d'un rameau, dans l'axe duquel se trouve la cellule de coiffe. Le dé- veloppement de la surface du prothalle se fait ensuite par segmentation de la cellule de coiffe. Les segments ont une croissance limitée et se termineut souvent par des cellules papillaires. — M, Palla rend compte de 112 son voyage scientifique à Buitenzorg; il a surtout étu- dié les Champignons et les Cypéracées. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 28 Décembre 1901. 1° SGIENGES MATHÉMATIQUES. — M. J. de Vries : Une formule pour le volume d'un prismoïde. Le volume de tout polyèdre, ayant pour bases deux polygones quel- conques situés dans des plans parallèles, et pour faces latérales des trapèzes ou des triangles, est exprimé par 1e x ae : la formule r h (S+I+44M), où À désigne la distance ) des deux faces parallèles, S l'aire de la face supérieure, I l'aire de la face inférieure, et M l'aire de la section moyenne, équidistante des deux bases. L'auteur la remplace par : DR D 1e 1 sa] EE 4 Ga |. 6 P q pq q ou M’ représente l'aire de la section parallèle, dont les distances aux faces supérieure etinférieure sont entre elles comme pet g. Il en déduit les deux cas particu- liers liu+sMi), et + Dit LS = + < Ù + Ed | + LE Se M. P. H. Schoute présente, au nom de M F.-J. Vaes : Décomposition en facteurs. En 1643, Fermat décomposa un nombre, proposé par Mersenne. Dans une lettre datée « Toulouse, le 7 avril », on trouve : « Vous me demandez si le nombre 100.895.598.169 est premier ou non, et une méthode pour découvrir, dans l’espace d'un jour, s'il est premier ou composé. À cette question, je réponds que le nombre est composé et se fait du. produit de ces deux : 898.423 et 112.303, qui sont pre- miers ». Au contraire, en 1640, Fermat croyait encore que 2? 1 donne des nombres premiers pour /outes les valeurs de n, tandis que, presque un siècle plus tard, Euler trouvait que le nombre 2° 1 de dix chiffres est décomposable en 641 et 6.700.417. Si, en 1643, Fer- mat était en possession d'une méthode qui lui permit de décomposer un nombre de 12 figures, pourquoi ne l’appliquait-il pas à ce nombre de dix chiffres? L'auteur, qui vient d'inventer un petit code d'algorithmes pour la décomposition de nombres considérables, est porté à croire que Fermal ne possédait qu'une méthode parti- culière applicable à des nombres particuliers, et que, d'avance, il avait imposé une condition limitante aux nombres qu'on lui proposerait. Peut-être, la corres- pondance entre Fermatl et Mersenne donne-t-elle des indications là-dessus? Dans ce cas, elle nous peut apprendre si parfois une des méthodes de l’auteur, trop subtiles pour être développées ici, a quelque res- semblance avec la méthode originale de Fermat.— Sont présentés : 1° au nom de M. K. Bes : « Les systèmes de racines d’un système de n équations homogènes à n+-1 variables », et 2 au nom de M. C. Easton: « La distribution de la lumière galactique, comparée à celle des étoiles relativement brillantes dans la voie lactée boréale ». Sont nommés rapporteurs du premier travail MM. Kluyver et W. Kapteyn, du second travail MM. J.-C. Kapteyn et E.-F. van de Sande Bakhuyzen. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Kamerlingh Onnes présente, au nom de M. L.-H. Siertsema: La dispersion de la rotation magnétique du plan de polarisation dans les solutions de sels à rotation négative. Cette commu- nication, qui porte le sous-titre : « Suite des recherches avec le prussiate rouge de potasse », contient les résul- tats de nouvelles mesures faites avec des appareils améliorés ; elle corrige donc les résultats obtenus aupa- ravant (Archives néerlandaises, série 2, tome V, p. 4#1). — M, P. Zeeman présente, au nom de M. J.-W, Giltay : que l'exclusion de sa propre bobine est un moyen plus ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES téléphoniques. Seconde partie (pour la première partie, voir ltev. géuér. des Se., t, XII, p. 1151). L'auteur attaque le problème de l'influence du noyau de fer doux, de deux autres manières. Dans la première partie, il a tenu compte de l'influence nuisible, aussi bien que de l'influence favorable ; ici, il publie une méthode où l'influence nuisible est éliminée, et une autre méthode intermédiaire. Il attribue à deux causes différentes le phénomène observé, que le fer rend moins de service” dans les bobines d'ordre supérieur : d’abord, à ce que le fil secondaire des bobines d'ordre supérieur est enroulé sur un cylindre de plus grand rayon, de manière que les lignes de force qui émanent du fer coupent deux fois l'espace creux du cylindre; ensuite, à l'affai- 4 blissement qu'éprouve le courant primaire quand on fait entrer le fer dans le cylindre, par l'augmentation de l'induction propre, affaiblissement plus grand chez les bobines d'ordre supérieur. Voici ce que le service téléphonique peut mettre à profit. Dans le cas de câbles M téléphoniques assez longs, où l’on doit éviter toutes les petites influences qui exercent une aclion affaiblissante \ sur le transport du son, on à la coutume, pendant qu'on recoit une dépêche, d'exelure, en poussant un bouton, le fil secondaire de sa propre bobine, afin que le courant téléphonique ne soit pas affaibli par l’'induc- tion propre de ce fil secondaire entourant le noyau de fer doux. En se servant d’une bobine à. plus d'enroule- ments, et en supprimant le noyau de fer, cette induc- tion propre serait beaucoup plus petite, et peut-être l'exclusion ennuyeuse du fil secondaire, pendant qu’on. écoute, ne serait-elle plus nécessaire. Mais, il va sans dire efficace. — M. H. E. J. G. du Bois présente : T'oupies polarisées asymétriques. On ne connaît pas une solu= tion générale du problème : déterminer le mouvement de rotation pure — exempt de glissement, — d’un corps solide asymétrique polarisé autour de son centre de gravité, quand il se trouve dans un champ uniformé- ment dirigeant. Plusieurs mathématiciens (Sophie Kowalevski, R. Liouville, T. Levi-Civita, N. Joukoysky,. W. Hess et O0. Staude) se sont, il est vrai, occupés de problèmes analogues, et ont étudié des cas très parti= culiers, plus ou moins intégrables. Ces considérations, pour la plupart très ingénieuses et admirables, n’ont toutefois que peu d'importance pour des projets phy- siques, à l'exception des recherches de M. Staude (Journal de Crelle, t. GXIHI, p. 318, 1894), qui ne se caractérisent pas par une spécialisation trop limitante. Récemment, l'auteur s'est occupé du cas de la toupie magnétocinétique (Archives néerlandaises, série 2, tome V, p. 242; tome VI, p. 581). Dans la dernière de ces deux publications, il s'est servi de quelques for- mules, dont il fait suivre ici la démonstration. Il con- sidère le cas où la position iaitiale d'un des axes 07 de l'ellipsoide central d'inertie coïncide avec la direction du champ, et suppose que la composante M: du moment de polarisation suivant cet axe s'annule, de manière qu'on n'ait affaire qu'à une polarisation équa- toriale dans le plan OXY, mobile avec la toupie. L'ac- tion résultante du champ magnétique est décomposée en une influence isopériodique, et une influence adiaba- tique, ete. — M. J. D. van der Waals présente, au nom de M. Ph.-A. Kohnstamm : 1° la thèse : « Recherches expérimentales sur la théorie de van der Waals. La surface PTX. Etudes préparatoires et méthodes », et 2 une communication : Sur la forme d'une isotherme empirique d'un mélange binaire. Dans cette communi- cation, l’auteur amplifie et corrige quelques résultats publiés dans sa thèse. (A suivre.) P.-H. ScHourTe. Le Directeur-Gérant : Louis OLrvier. Paris. — L. MARETUEUX, imprimeur, 1, rne Cassette. 2: k DIRECTEUR : 12 N°3 15 FÉVRIER 1902 Revue générale des Sciences 1 pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. e. $ 1. — Solennités scientifiques ‘Hommage au Professeur J.-E. Marey. — Le dimanche 20 janvier, — alors que la chronique de otre précédente livraison était déjà en pages, — une chante cérémonie réunissait au Collège de France es élèves et amis du Professeur Marey. Ceux-ci remet- aient à l'illustre physiologiste une médaille destinée commémorer le cinquantième anniversaire de ses rémiers travaux scientifiques. À cette occasion, des scours ont été prononcés :par M. Gaston Pàris, au m du Collège de France; par M. Francois Frank, au nom des élèves du Maitre; par M. Chauveau, l'ami et le collaborateur depuis quarante-deux ans de M. Marey; fin par M. Leygues, ministre de l'Instruction publique, ù nom du Gouvernement. M. Marey, en remerciant ceux qui venaient de lui bfrir ce témoignage d'estimeet d'affection, a dit quelques üts de la grande œuvre à laquelle il s'est attaché plus ticulièrement depuis quelques années et à laquelle désire consacrer désormais la plus grande part de son Hivité : le contrôle des instruments de Physiologie et fication des méthodes d'inscription. Grâce au con- rs de l'Association internationale des Académies, Stitut de contrôle est né; les grands services qu'il est pelé à rendre aux sciences expérimentales seront un re de gloire de plus pour celui dont la vie scientifique té une longue préparation à cette utile entreprise. Election d’un savant français au Polyteeh- sum de Zurich. — Notre collaborateur M. Pierre “Weiss vient d'être nommé titulaire de la chaire nouvel- “lement créée à l'Ecole Polytechnique fédérale, à Zurich, bpour l'enseignement, en langue francaise, de la Phy- ue expérimentale. Au regret de voir M. Weiss quitter l'enseignement il avait si bien commencé à Lyon, se mêle, pour Mümiversité de Francé, la salisfaction de constater combien est appréciée à l'Etranger la jeune et brillante Ecole de Physique qu'elle a formée : l'hommage qu'un pays ami rend aujourd'hui à l’un des plus distingués Meprésentants de cette Ecole, touchera, nous n'en doutons pas, tous nos lecteurs. | … REVUE GÉNÉRALE DES SGIENCES, 1902. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à A. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Pour qui sait, d'ailleurs, le soin avec lequel le Conseil scolaire suisse procède à toute proposition au sujet de la nominalion des professeurs de son ressort, le choix qu'il vient de faire de notre compatriote parailra par- ticulièrement honorable. $ 2. — Nécrologie Charles Maunoïir, — Une perte particulièrement douloureuse a été éprouvée par la Société de Géogra- phie de Paris : Charles Maunoir, qui avait été si long- temps son secrélaire général, a succombé récemment aux suites d'une longue maladie. Né à Poggi-Bonsi (Toscane) le 23 juin 1830, Charles Maunoir, tils d’un médecin renommé de Genève, fit ses études dans cette vilie et vint à Paris, où il fut reçu à l'Ecole Centrale en 1851. Il se fit nalturaliser Francais et s'engagea dans les Chasseurs à cheval; mais un grave accident l’obligea à quitter l'armée ; il fut alors atta- ché au Dépôt des cartes du Ministère de la Guerre, et il dirigea ce service pendant de nombreuses années avec une rare compétence. Membre de la Société de Géographie depuis 1859, il en fut secrétaire général pendant lrente ans, de 1867 à 1897. Durant cefte longue période, il exerça une action des plus profilables au développement de cette association. Quand Maunoir assuma les lourdes fonc- tions de secrélaire général, la Société n'“tait encore qu'un groupement de quelques érudits. Il contribua puissamment à en faire cé qu’elle est aujourd'hui, une association nombreuse et considérée, une véritable institution nationale. En favorisant ainsi, après nos malheurs, le réveil des études géographiques, il a fait une œuvre éminemment utile au pays. Il a, par là, pré- paré le grand mouvement d'expansion qui a marqué ces dernières années, car il a éveillé ainsi la vocation et le zèle chez beaucoup de voyageurs, auxquels il n'a ménagé ni les conseils ni les appuis. Par son tact parfait, par son esprit conciliant, par la rectitude de son jugement, par sa modestie, Maunoir était un noble et exquis caractère. À ces hautes qua ités, il ajoutait une science profonde. Il en a donné des preuves dans de nombreux mémoires savants, où il à 114 traité notamment des questions relatives à la Topo- graphie et aux procédés d'exécution des cartes, dans les volumes de l'Année géographique qu'il a publiés (1876-1877-1878) en collaboration avec son ami Henri Duveyrier, mais surtout dans ces Rapports annuels sur les travaux de la Société de Géographie et sur les pro- grès des sciences géographiques, qui sont de vrais mo- dèles du genre, aussi remarquables par la précision des informations que par la sûreté de la critique et l'élégance de la forme. Réunis en trois volumes (Paris, 1895-1896-1898, in-8°), ils constituent une source pré- cieuse de renseignements pour l’histoire de la Géogra- phie de 1867 à 1892. G. Regelsperger. Le Docteur Ballay. — Le D' Ballay, gouverneur uénéral de l'Afrique occidentale francaise, est mort à Saint-Louis (Sénégal), le 25 janvier, des suites de l’af- fection diabétique dont il souffrait depuis longtemps. C’est un deuil pour le monde colonial et une grande perte pour le pays tout entier, qu'il a servi avec un dévouement sans bornes. Après s'être distingué comme explorateur, il a fourni dans l'administration coloniale une magnifique carrière. Né à Fontenay-sur-Eure (Eure-et-Loir), le 14 juillet 1847, Noël-Eugène Ballay entra dans le Corps de Santé de la Marine et, en 1875, il fut choisi par M. de Brazza pour l'accompagner en qualité de médecin. De 1875 à 1878, ils explorèrent ensemble l'Ogooué et découvrirent le cours supérieur de l’Alima et de la Licona. Ballay retourna en Afrique après un court séjour en France et continua ses explorations avec M. de Brazza. En juillet 14882, il remouta l'Ogooué et, par la rivière Lékéti, atteignit l'Alima, qu'il réussit à descendre pour la première fois jusqu'au Congo. Il fit sur l’Alima et le Congo d'importants levés topagraphiques, qui per- mirent d'établir la carte de celle région nouvelle. Le D' Ballay séjourna au Congo jusqu'au mois de mai 1884. ; De retour en France, il fut délégué par le Gouverne- ment pour prendre part aux travaux de la Conférence de Berlin. En 1885, il fut nommé, avec le Comman- dant Rouvier, membre de la Commission de la délimi- tation du Congo francais et de l'Etat indépendant; il rapporta de cette Mission de précieuses observations géographiques. Le Dr Ballay quitta alors le Service de Santé de la Marine et, le 27 avril 1886, ful nommé lieutenant-souverneur du Gabon. En 1890, Ballay fut chargé par le Sous-Secrétaire d'Etat des Colonies, M. Etienne, d'organiser la haute administration des Rivières du Sud, qui venaient d'être détachées du Sénégal, et il fut le premier gouverneur de la nouvelle colonie, devenue la Guinée francaise, de laquelle dépendirent jusqu'en 1893 la Côte d'Ivoire et les Établissements du Bénin. Asonarrivée dans les Rivières du Sud, Konäkry n’était qu'un village de quelques paillotes dans l’île de Timbo. En peu d'années, il a su, grâce à son aclivité et à son habile administration, en faire une véritable ville européenne et l’un des ports les plus importants de la Côte occidentale d'Afrique. La prospérité de la colonie de la Guinée française est l’œuvre du D' Ballay. C'est aussi grâce à lui qu'a été décidée l'exécution d’un che- min de fer destiné à rejoindre Konakry au Niger navi- gable. En 1900, au moment où la fièvre jaune venait d'écla- ter au Sénégal, faisant de nombreuses victimes, le D: Ballay s'offrit spontanément pour faire l'intérim du Gouvernement général de l'Afrique occidentale, à la place de M. Chaudié, que sou état de santé obligeait à . rentrer en France. C'était un aclo d'héroïque dé- vouement. Grâce aux mesures sévères qu'il prit, il réussit à rassurer les esprits et à conjurer le fléau. Peu de temps après, il fut nommé gouverneur général; mais sa santé était déjà ébranlée et, lorsqu'en novem- bre dernier il retournait encore une fois à son poste, il semblait aller, comme il en eut lui-même la claire vision, au-devant de la mort. G. R. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE , $ 3. — Mécanique La loi des déformations élastiques. — Dans un ouvrage très répandu en Allemagne, ÆJas- tieitæt und Festigkeit, M. Bach conclut, d’un impor- tant ensemble d'expériences, que la loi des déforma-. tions élastiques en fonction des efforts, loin d'être linéaire, comme on l’admet en général depuis Hooke, … est une loi exponentielle, de la forme : ns 1 , dans laquelle le coefficient A et l’exposant m varient suivant les corps, le dernier pouvant être plus grand ou nlus petit que l'unité. Cette loi étant admise, on remarquera que, pour de {rès petites forces, le rapport des déformations aux efforts pourra devenir nul ou infini, et ne s’approchera … d'une limite que dans le cas où l’exposant est égal à 1, c'est-à-dire, conformément à l'interprétation moderne de l’idée de Hooke, lorsqu'il existe un module d'élasti- cité limite bien défini. Lorsque, daus l'application des formules de l’élasticité, on ajoute à l'expression élémentaire de la loi de Hooke … des termes correctifs, on leur donne en général une forme telle qu'ils deviennent des infiniment petits du { deuxième ordre au moins, quand l'effort est un infini- ment petit du premier ordre. C’est dans cette hypothèse que l’on peut admettre l'isochronisme des petites oscil- lations, tandis que, dans l'application de Ja loi de Bach, on devrait s'éloigner d'autant plus de l'isochro- serait plus nisme que l'amplitude des vibrations faible. L'importance des changements que l'adoption de la loi de Bach apporterait dans nos conceptions concernant les plus petits mouvements de la matière, comme aussi la grande et légitime autorité de l'émiuent professeur de Stuttgard, exigeaient que la question fût soumise à un nouvel examen expérimental par les soins d'un métrolo- giste accompli. C’est ce que vient de faire M. Kohlrausch, dans un travail fort bien conduit, exécuté avec la col- laboration de M. Grüneisen. Les écarts de proportionnalité étant, dans l'hypothèse de Bach, particulièrement sensibles pour les petites déformations, il était nécessaire de partir d'un état de la matière en repos élastique complet. Les expériences de flexion ont donc été faites sur des baguettes minces, placées de champ sur un support, et dont on déterminait les courbures dans le sens horizontal, par l'observation de la variation d’incli- naison relative de deux miroirs fixés aux extrémités de la lame, lorsqu'on la déformail par une force dirigée horizontalement. Les expériences ont porté- sur le laiton, la fonte grise, le fer forgé et l'ardoise. Les plus petites défor- mations mesurées étaient de l'ordre d’un dix-millionième pour la fibre la plus tendue. Les plus grandes défor- mations étaient de 300 à 1.000 fois supérieures aux petites. Voici les résultats auxquels ces expériences ont con-. duit L'er forgé : Les expériences, compensées au moyen d'une fonction linéaire, s'écartent de cette dernière, en moyenne, de 1/3.000 environ de la plus grande déformation observée; Laïton : La proportionnalité est moins parfaite que dans le fer, mais la compensation est bonne avec un terme quadratique très pelit. Les résidus élastiques dans les grandes déformations rendent le résultat un peu incertain; ; Fonte grise : Les déformations vont sensiblement plus vite que les efforts, suivant une forme un peu compliquée, qu'une formule du deuxième degré repré- sente insuffisamment. En revanche, la formule : 3 = = A+ PIE, -< eatil oduit d'une manière très salisfaisante les données l'expérience. Dans ce cas aussi, les nombres ne nent pas la moindre indication d'une discontinuité à voisinage des forces nulles; Ardoise : Même pour ce corps, les résultats ont 6 très réguliers, montrant seulement une marche ésèrement accélérée des déformations par rapport aux efforts. Il est intéressant de mentionner la valeur kg ï mue re fout à fait de l’ordre du module des bronzes de bonne qualité. - L'ensemble de ces expériences, comme aussi les observations faites sur les lames vibrantes, conduisent à conclure que rien, jusqu'ici, n'autorise à abandonner une loi des déformations élastiques dérivée de celle module de l’ardoise, égale à 11.400 c'est -à- de Hooke et se réduisant à cette dernière pour des déformations très petites. $S 4. — Chimie générale La notion de valence et les combinaisons non saturées. — La considération de la valence des atomes, dérivant de l'ancienne théorie des types de Gerhardt, a été d’abord accueillie très favorablement. Cet accueil, dù à la facilité d'exposition que cette no- on introduisait dans la classification des métalloides Dumas, fut encore justifié dans la suite par la pério- cité de la valence qui ressort du tableau de Men- déléef, périodicité si remarquable que M. Sabatier a 1 baser sur elle une classitication des éléments en -sept séries naturelles très homogènes’. Cependant, la valence d’un élément a paru être, à mesure que l'on _découvrait de nouveaux composés, une grandeur si variable, que les chimistes ont une tendance très mar- _ quée et très naturelle à renoncer à cette notion. Dans _ sa dernière Revue annuelle de Chimie?, M. Etard ca- ractérisait cette tendance par cet énoncé pittoresque : Tous les éléments ont toutes les atomicités : ils font > qu'ils peuvent dans des conditions déterminées, ou qu'ils veulent pour être au mieux dans le milieu où ENature les met. » : Cette queslion préoccupe pourtant encore certains himistes, en particulier M. F. Willy Hinrichsen, qui monce comme prochaine la publication d'un travail ilulé : « Sur l'état actuel de la théorie des valences. » Un résumé de son opinion sur la théorie des combi- aisons non saturées’ va montrer, en effet, que la éorie de la valence n'a peut-être pas fourni tout ce elle est capable de donner, et que, s'il convient, nme le dit M. Etard, d'en diminuer l'importance dans nseisnement, elle est encore susceptible d'intéresser s chimistes et de soulever des controverses. On appelle composé non saturé, en Chimie inorga- que, un composé dans léquel certains atomes n'in- ennent qu avec une capacité de combinaison # in- ieure à une certaine valeur maximum; un tel mposé offre la particularité de pouvoir donner des roduits d'addition jusqu'à formation d'un composé aturé, dans lequel le maximum en question est atteint. Remarquons, d'ailleurs, que parler de combinaisons urées et non saturées comporte tacitément l'hypothèse e la valence d’un atome possède une valeur constante: ousidérer la valence comme variable et attribuer, par emple, à la variabilité de lavalence dusoufre l'existence 0° et de SO*,ce n'est pas donner une théorie, c'est üt Simplement exprimer des faits, ou encore énoncer loi des proportions multiples. Une véritable théorie composés non saturés devra, en partant de l’hypo- 4 “Ann. Fac. Sc. Toulouse, 1890. Se hevue géuër. des Sciences, t. XIT, p. 1079, 15 déc. 1901. .Zeilschr. f. physik. Chem., t. XXXIX, p. 304, 1901. Nous n'employons cette expression qu'à défaut d’une illeure; on pourrait aussi bien dire, au lieu de capacité combinaison, nombre d'affinités échangées, ou nombre liaisons. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 115 : thèse d'une capacité de saturation invariable, expliquer pourquoi, dans certains cas, la capacité de combinaison n'atteint pas son maximum. Et cela est si vrai que, dans la Chimie organique, dont le développement est relativement récent, Ja théorie atomique considère l'atome de carbone comme quadrivalent; elle admet qu'il ne peut pas exister de valences libres du carboue non saturées{, et fait intervenir les doubles et les triples liaisons. Nous ver- rons tout à l'heure quelles critiques on peut formuler contre cette hypothèse des liaisons multiples; mais, pour le moment, nous nous contenterons de remarquer que : 1° cette distinction entre les combinaisons non saturées de la Chimie organique et celles de la Chimie inorganique est loin d'être satisfaisante pour l'esprit; 2° d'après la définition donnée ci-dessus pour les com- posés non saturés, l’ammoniac sera un de ces compo- sés, puisque, dans AzH”*, Az ne possède que trois liaisons avec l'hydrogène, tandis que, par addition, on pent former le composé AzH'Cl, où Az atteint sa capacité de saturation : 5. M. Hinrichsen a essayé d'éviter ces objections, et sa théorie est basée sur les remarques suivantes : M. Vant’ Hoff a déduit, de certaines hypothèses sur la relation entre l’état ciuétique d'un atome et sa va- lence, que les affinités doivent être d'autant moindres que la température est plus élevée. Les exemples de dissociation, tant des corps composés que de la vapeur d'iode, par exemple, semblent bien vérifier cette loi. D'autre part, M. Blomstrand a pu observer que, chaque fois que le caractère électrochimique, positif ou négatif, d'un élément, est bien net, cet élément présente Ja capacité de combinaison mivimum. Par exemple, dans l'acide sulfhydrique H°S, où le soufre est, sans aucun doute, l'élément électronégatif, S est divalent; si son caractère négatif diminue, sa capacité de combinaison augmente : on ne connait pas de combinaison SO, il existe SO*, et SO est encore plus stable. Cette hexavalence semble correspondre à la satu- ration, comme cela résulte encore de la très grande stabilité de l'hexafluorure de soufre SF°, où le caractère électronégatif du soufre a tout à fait disparu. En géné- ralisant un peu cette remarque de M. Blomstrand , on peut énoncer : La quantité d'énergie que possède un atome (ou peut-être mieux : l’activité d'un atome) d'autant plus grande qu'il possède une moindre va- lence. Effectivement, le passage de. SO? à SO* est accompagné d’un dégagement de chaleur, c'est-à-dire que, lorsque le soufre passe de l'état quadrivalent à - l'état hexavalent, il y a perte d'énergie. Puisqu'il est ainsi établi que certains facteurs : tem- pérature, caractère électrochimique, peuvent avoir de l'influence sur la capacité de combinaison des atomes, rien n'empèche de supposer que, si, dans les comhi- paisons non saturées, certains atomes paraissent n'avoir qu'une capacité de combinaison inférieure à leur capacité habituelle, c’est que les circonstances ne sont pas favorables à la capacité maximum, el que, à cause de ces circonstances mêmes, cerlaines valences restent libres. C'est là l'hypothèse de M. Hinrichsen, d'après laquelle, dans AzO, Az présente une valence libre, de même que Hg dans HgCI, tandis que C dans CO et Sn dans SnCl° présentent deux valences libres. Ce qui est surtout intéressant dans cette théorie, c'est qu'elle s'applique aussi aux combinaisons non saturées de la Chimie organique, et qu’elle permet alors une unité de vues tout à fait satisfaisante. Voici quelques-uns des arguments par lesquels M. Hinrichsen établit la supériorité de sa théorie sur l'hypothèse des liaisons multiples : À HAE. Le passage de l’éthane à l’acétylène n’est autre chose qu'une simple décomposition en : est 4 On nérlige le cas de l'oxyde de carbone, ou on le consi- dère comme une exception, ou encore on S'en débarrasse en prétendant qu'il appartient à la Chimie inorganique, ce qui est une défaite bien puérile. 116 | CIE — CH° = CH — CH +211, | qui n'implique pas la formation d'un lien plus intime entre les deux atomes de carbone, et qui est d'accord avec la remarque de M. Vant’ Hoff. Le passage de la chaîne acétylénique à la chaine éthylénique ou saturée se fait avec dégagement de chaleur, c'est-à-dire perte d'énergie. Cela cadre tout à fait avec l'observation précitée de M. Blomstrand. De plus, dans l’acélylène et dans ses dérivés, les carbures métalliques, le carbone est nettement électronégatif, ce qui s'accorde avec sa capacité de combinaison moindre. Enfio, il est un fait d'expérience : c'est que le volume moléculaire est, ainsi que la réfraction moléculaire, gé- néralement plus grand dans les cas où l’on admet des doubles liaisons entre les atomes que dans les cas de liaisons simples; or, on concevrait, au contraire, qu une double liaison produisit un rapprochement des atomes dans la molécule; tandis que, si l'on admet qu'un atome ayant des valences libres possède une énergie plus grande, on conçoit que les mouvements de cet atome exigent un espace plus grand, c’est-à-dire que le volume moléculaire soit augmenté. Nous n'insisterons pas sur un dernier argument, qui offre plutôt le caractère d’une réponse à une objection possible : dans cette théorie, rien ne s'oppose à l’exis- tence d'un composé CIF — CH ; | or, dans des recherches récentes, M. Nef a dû, pour interpréter certains résultats d'expériences, admettre l'existence de semblables corps. Quel que soit l'avenir de cette théorie, et quelque vraisemblance qu'il y ait à ce qu'elle fasse prochaine- ment place à une autre, sort commun à toute théorie, celle-ci possède, du moins, le mérite de suggérer des recherches expérimentales du genre de celles que nous venons d'indiquer. Remarquons qu'il y aurait un intérêt particulier à expliquer par les rapports mutuels des atomes les combinaisons dites moléculaires, et que, comme le dit fort justement M. Hinrichsen, « toute dimi- nution du nombre des combinaisons moléculaires devra être considérée comme un progrès de la théorie des valences ». $ 5. — Chimie biologique Recherches sur la constitution chimique de la leueine. — La leucine est une substance azo- tée, cristallisable, qu'on obtient par la digestion avancée des matières albuminoïdes; elle existe quelquefois dans l'urine, où l'on en a trouvé à l’état de dépôt. Sous l'in- fluence de certains réactifs, tels que la baryte et les acides étendus, presque toutes les matières albumi- uoïdes étudiées en fournissent. On comprend donc que la connaissance de cette substance soit très importante au point de vue de l'étude intime des matériaux azotés de ia cellule vivante. Mais, comme l’a fait observer M. Etard, on peut pré- voir l'existence de 31 leucinesisomères. Est-ce toujours la même qu'on obtient quand on s'adresse à des matières albuminoïdes différentes? Y a-t-il, au contraire, des leu- cines caractéristiques de certaines de ces matières? Jusqu'ici, il serait prématuré de l’affirmer, les expé- riences faites dans ce sens précis et nouveau n'étant pas encore assez nombreuses. On peut, en tout cas, se demander quelle est la constitution de la leucine ordinaire, de celle qui aété obtenue par la plupart des chimistes. D'après des expé- riences de Hüfner, certains auteurs admettent que cette leucine est un acide normal «-aminocaproïque : CHS — CI — CHE — CH? — CH(AZH?) — COH; CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1 mais, d'après celles de Limpricht, Schülze et Likernik,: d'autres pensent qu'elle a pour formule : CH CH — CHE — CH /AzH°) — CO'H. CI” Or, ces conclusions, tirées de la constitution présu- mée du valéral, qui a servi à la synthèse, reposent en. réalité sur une base peu solide : il y a trois valérals pos- sibles, et l'on ne connaissait point, à l’époque où fut faite » la synthèse, la constitution de celui qu'on avait misen… œuvre. MM. Etard et Vila ‘ viennent de reprendre cette ques-" tion délicate, et, commeils sont partis de l'alcool amyli=" que préparé récemment par M. Bémond : CIF — CIE — CH — CHÉON, | CH la constitulion du valéral et de la leucine qu'ils ont successivement obtenus se trouve fixée d'une manière définitive. En outre, comme celle leucine artificielle, probable= ment identique à celle qu'on avait préparée avec des: valérals impurs ou indéterminés, diffère certainement de la leucine extraite des tissus animaux, il faut con- clure, contrairement à l'opinion classique, que la syn thèse de la leucine ordinaire est encore à réaliser et qu'on s'est trop hàté d'admettre comme établie Ja for=" mule de constitution de cette substance. Action des tanins et des matières colo- rantes sur Factivité des levures. — M. Rosens- thiel, l'éminent chimiste à qui la science des matières colorantes doit quelques-unes de ses principales acqui-. sitions, à montré, il y a quelques années, que les matières astringentes du jus de pomme exercent sur les levures une action qui se résume ainsi : fonction: ferment abolie, facultés reproductrices conservées. | M. Rosensthiel a fait, depuis, de nouvelles observa= tions, qui lui ont permis d'expliquer les auciennes* : Le moût deraisin, coloré et stérilisé par son procédé se décolore en partie quand on l’ensemence avec de la levure. Cette décoloration est de #5; mais, quand le vin est fait, elle n'est plus que de 2/3. Il y a donc deux causes de décoloration : une passagère, une définitive: La décoloration passagère est due à l’action réduc trice des levures, qui transforme des matières cola rantes du raisin en dérivés incolores, qui se recolorent ensuite. ; La décoloration permanente est due à la fixation dem la matière colorante du raisin sur Ja levure, qui est am seule matière solide contenue dans les moûts stérilisés Si l'on verse sur cette levure teinte une nouvelle quan tités de moûls colorés, la fermentation se fait lente ment, et elle peut même s'arrêter tout à fait. La levure chargée de matière colorante perd donc son pouvoir ferment. La levure fixe aussi les couleurs d'aniline, de la série de l’acridine, de la thionine, de la safranine. Elle sen comporte comme la laine et la soie; elle épuise le bain si la quantité de matière colorante ne dépasse pa 3 °/, du poids de la levure sèche. En présence d'un excès de couleur, la levure absorbe 8 v/, de son poids de fuchsine, et 6°/, de vert malachite. La levure ne fixe pas les couleurs dérivées de la benzidine, excepté la benzopurpurine. 4 La levure fixe de même le tanin : un litre de moûts qui contient 2 grammes de tanin, n’en renferme plus après fermentation, que 0:,2, Les pigments du raisim sont de la famille du tanin, et se comportent commes lui vis-à-vis de la levure. La levure chargée de tani 1 Comptes rendus Ac. des Se., séance du 13 janvier 1902 = RosexsrmeL : De l'action des tanins et des matières colo rantes sur l'activité des levures. (Comptes rendus de l'Acas démie des Sciences, t. GXXXIV, n° 1.) CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | {17 de matière colorante peut encore se culliver. Mais lle a perdu son pouvoir ferment. Faisons remarquer, à ce propos, qu'à l'Institut asteur on charge les microbes pathogènes de matière olorante pour “diminuer leur pouvoir pathogène. {. Sergent y a obtenu l'immunisation du lapin au moyen “un pneumocoque coloré par le violet de méthyle. $ 6. — Botanique Le diagnostic des bacilles encapsulés. — n comprend sous le nom de bacilles encapsulés un Sroupe de bactéries dont le type est le pneumobacille de riedländer, et dont les principaux représentants sont Je bacille du rhinosclérome, le microbe de l’ozène -d'Abel, le Bacterium Lactis aerogenes, etc. Il ya eu et il y a encore de nombreuses discussions sur l'identité ou la non-identité de ces diverses espèces, qui ont pour caractères génériques d’être encapsulées, immobiles, dese présenter ordinairement sous la forme de grands bäâtonnets polymorphes, de ne pas donner de spires, de se décolorer par le Gram, de former sur les milieux de culture habituels des enduits abondants,-glaireux, et de donner en piqûre de gélatine des cultures en forme de clou de tapissier, sans liquéfaction. Un savant étranger, M, P. Clairmont‘, vient de con- -sacrer béaucoup de temps à la tâche de débrouiller ces différents types. Il a rassemblé un peu partout trente- “huit. races pures, de provenance garantie, et les a étudiées comparativement. La partie la plus importante, ou du moins la plus laborieuse de ses recherches, con- cerne des expériences faites en vue de différencier ces espèces par le séro-diagnostic. Il aimmunisé des lapins par des injections sous-cutanées progressives, d'abord de cultures en bouillon stérilisées, puis vivantes, et enfin par des injections de cultures sur agar émul- sionnées. La durée de l'immunisation variait de 140 à 218 jours. Mais, à lire ses procès-verbaux d'ex- _périences, on est frappé de voir que plusieurs des | animaux qu'il considèrecommeimmunisés présentaient, à la fin dela période de vaccination, des abcès quelque- … fois énormes avec nécrose de la peau, et l’on se demande _ parfois si la mort est due à ces abcès ou à la saignée terminale. En tout cas, il ne parait pas qu'il ait obtenu immunité bien solide. b Le sérum de chaque animal immunisé avec une 5 a été examiné au point de vue de son pouvoir agglutinant sur l'espèce homologue et sur les autres. Or, de tous les sérums examinés, aucun n'était agglu- Hinant pour l'espèce homologue, sauf le sérum obtenu n immunisant l’animal avec le Bacterium Lactis aero- “jeunes retiré des selles de nourrisson. Les autres espèces ne produisant pas, dans le sang des animaux “traités, de substances agglutinantes, il était impossible * “de chercher à les différencier par cette méthode. L'auteur s’est alors rabattu sur l’essai de la valeur préventive de ces divers sérums; mais il l’a (trouvée nulle Bt par conséquent inutilisable pour son but. Il ne lui restait donc qu'à étudier en détail les carac- ères de culture et les propriétés biochimiques de ces bactéries. C’est ce qu'il a faitavec beaucoup de patience. Il conclut à la on-identité du bacille de Friedländer et “du Bacterium Lactis aérogène, en s'appuyant sur ce que ce dernier coagule le lait, donne plus d'acide dans le petit-lait tournesolé, plus de gaz dans les milieux “sucrés, et présente quelques légères différences de nuance dans les cultures sur agar etsur pomme de terre. M. Il identifie le Friedländer et le bacille de l'ozène, en faisant remarquer toutefois que ce dernier se distingue ar sa non-pathogénéité pour le cobaye. Dans le groupe du Friedländer, mais se différ enciant par l'absence de éaction acide dans le petit-lait tournesolé et par sa non- pathogénéité pour la souris, rentre le bacille du rhinos- “lérome. Ps Un ne Ge 4 P. Craimuowr : Recherches sur le diagnostic entre les différents « bacilles encapsulés ». Mafectionkrankheïten, 9 janvier 1922. (Zeitschrift f. Hygq. und $ T7. — Anatomie et Physiologie Les phénomènes histologiques de la séecré- tion lactée. — Dans un travail très bien exécuté, M. Lémon vient de préciser un certain nombre de faits relatifs aux diverses étapes de la sécrétion lactée", Dans une cellule en voie de sécrétion, la sécrétion s’accumule dans la partie distale; la partie basale ren- ferme le ou les noyaux (généralement 2) et des fila- ments allongés, prenant les couleurs basiques, que l’auteur assimile à l’ergastoplasme des frères Bouin et de Ch. Garnier. Par un phénomène de fonte, toute la partie distale de la cellule tombe dans la lumière de la glande, quelquefois avec des noyaux, en dégénérescence (graisseuse ou pycnique) ou en parfait état. La partie basale, dont les formations ergastoplasmiques sont devenues ramassées el trapues, reproduit la cellule entière, et le processus recommence. Pendant tout ce temps, Île noyau renferme un nucléole tout à fait carac- téristique. Les noyaux se reproduisent par amitose. Dans une glande qui ne fonctionne pas, il n'y a pas de formations ergastoplasmiques et le noyau n'a pas son nucléole. M. Lémon conclut que « le cytoplasme élabore le produit de sécrétion par l'intermédiaire de filaments ergastoplasmiques situés à la région basale ». Ds tr} sseisits $ 8 — Pathologie L’Akathisie. — On a déjà décrit, sous le nom d'astasie, d'abasie, une curieuse affection qui se traduit par l'impossibilité pour un sujet de se tenir debout, sous peine de tressauter, de bondir même, aussitôt que les pieds viennent à toucher le sol. Cette affection s'observe chez les hystériques. Sous le nom d'akathisie (de « privatif, x40l£w, je m'asseois), M. Haskovec (de Prague) vient de décrire ane variante de celte maladie, caractérisée par l’im- possibilité de se tenir assis, sans aussitôt sursauter de facon incoercible. Cet auteur en a communiqué deux cas à la Société de Neurologie de Paris?. Dans le premier cas, il s'agissait d’un homme de quarante ans. A peine D el qu'il était pris brusquement et involontairement de soubresauts intem- pestifs, qui le faisaient retombernon moins brusquement sur son siège. Ces mouvements semblaient vraiment automatiques, involontaires, forcés, et le malade les considérait aussi comme tels. Ce phénomène était ici de nature hystérique. Le deuxième cas concerne un neurasthénique de cinquante- quatre ans, qui ne pouvait rester assis un certain temps sans sursauter malgré lui et avec vio- lence. Quelquefois, en se cramponnant à une table, il maïitrisait ces sauts involontaires. D’autres fois, mais plus rarement, il n'éprouvait dans la position assise qu'un malaise, comme un sentiment de crainte d'être sur le point de sursauter. Dans l'akathisie, la position assise normale est donc interrompue par de brusques ressauts; dans l’asfasie- abasie, la station debout et la marche normales sont rendues impossibles par des contractions involontaires des membres inférieurs, par des sauts irréguliers. Or, les malades de M. Haskovec étaient parfaitement tran- quilles dans la station deboutet marchaient avec aisance. De même, certains astasiques-abasiques courent avec facilité ; d'autres progressent en marchant à quatre pattes. La station debout et la marche normales sont seules impossibles dans ces derniers cas; la position assise seule ne peut être conservée normalement dans l’akathisie. Astasie-abasie et akathisie sont probablement des phénomènes nerveux de même genre et même nature, purement fonctionnels, et ne dépendant que d’un état transitoire d’ hyperexcitabilité des centres corticaux. OR nl En AU EN 1 Journal de l'Anatomie et de la Physiologie, t. XXXVII, 1909, no 4, p. 14-35. ? Revue de Neurologie, 1901, n° 11. 118 $ 9. — Hygiène L'immunisation contre la peste bovine. — Les Archives des Sciences biologiques (de Saint-Péters- bourg) nous apportent la relation de curieuses et très importantes expériences, poursuivies sans relâche de- puis 4899 par M. E. Wijnikewitch sur l'immunisation cohtre la peste bovine‘. En 1896, M. Nencki el Me Sieber ont constaté que le sérum des animaux ayant guéri de la peste bovine renferme une substance qui protège l'animal neuf contre cette maladie. Cette observation a servi de point de départ à une longue série de recherches entreprises par M. Nencki et ses élèves, et parmi ceux-ci M. Wijnikewitch. Il y a quelques années, ce dernier fut chargé d'organiser un laboratoire dans la région transbaïkalienne pour l'étude et surtout pour la préparation sur place de grandes quantités de sérum antipesteux selon le procédé de Nencki et de ses élèves. Voici en quoi consiste ce procédé : On commence par préparer du sérum antipesteux; à cet effet, on choisit un bœuf très vigoureux et bien portant, on lui injecte sous la peau 0,2 ce. de sang pesteux et, deux heures après, une certaine quan- tité (40 ce. environ) de sérum d'un animal ayant eu la peste. Dès que le bœuf se rétablit, on renouvelle les inoculations, d'après le procédé décrit; on injecte d'abord des doses de 1,5 cc. de sang pesteux et on finit par en injecter 5 litres. A ce moment, l'immunisa- tion est considérée comme terminée. Le sérum obtenu dans ces conditions est capable, à la dose de 20 à 30 cc., de préserver un animal contre la peste. Ainsi, un bœuf solidement immunisé pouvait fournir assez de sérum pour vacciner trois cents animaux de grande taille. Voici maintenant le procédé élaboré par M. Nencki pour vacciner les animaux : On injecte sous la peau 0,2 co. de sang pesteux et, deux à quatre heures après, 20 à 50 cc. de sérum anlipesteux. Dix jours après, on procède, suivant l'expression de M. Nencki, à la fixation de l'immunité, pour la rendre définitive ou, du moins, durable ; on y arrive par une nouvelle injection du sang pesteux (0,2 à 0,5) seul, sans sérum. Les animaux ne manifestent généralement aucune réaction, ni ther- mique, ni locale, à cette seconde injection, et la vac- cination est obtenue. M. Wijnikewitch a vacciné, en tout, plus de 242.000 animaux et déclare que les résul- tats étaient toujours excellents. La destruction des rats par un bacille pathogène.— Nos lecteurs savent combien peut im- porter, pour la prévention de certaines maladies conta- gieuses, notamment de la peste, la destruction des rats. C'est là un problème auquel s'intéressent spécia- lement les personnes qui, par nécessité ou pour leur plaisir, voyagent en Orient, visitent l'Inde ou simple- ment nos escales du Levant. Non seulement sur la terre ferme, mais aussi à bord des navires, on se préoccupe à bon droit de faire disparaitre ces véhicules ordinaires de la peste, Un savant russe, M. Issatschenko, a ré- cemment institué une série d'expériences suivant la méthode que Pasteur avait voulu inaugurer pour tuer les lapins en Australie ?. Il avait isolé déjà, en 1898, un microbe particulier chez un rat gris, En l'étudiant de près, il a vu que ce microbe, introduit par la voie buccale, est très virulent pour les rats et les souris, eten même temps complète- ment inoffensif pour les animaux domestiques (cheval, bœuf, porc, mouton, poule, chien, chat), ce qui l'a LE. Wuxkewircn: De l'immunisation contre la peste bovine dans la région transbaïkalienne. pendant les années 1899, 1900" ét 1901. (Archives des Sciences biologiques, t. IX, fase. 2 x = ISsamSCuENKO : Recherches sur un bacille pathogène des rats. (Centralblatt für Bakteriologie, n° 4. 4902.) CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE . s’est attaché M. Bruel avec beaucoup de soin et engagé à utiliser ce microbe pour la destruction des! rats et à en préparer un grand nombre de cultures! D'après les renseignements qui lui sont parvenus. de divers points de la Russie, où ses cultures ontété employées sur une grande échelle, l’auteur conclut que les résultats ont été favorables dans 70,1 °/, des ca Dans le courant de l'année 4899, le laboratoire du Minis tère impérial de l'Agriculture a effectué 7.881 ENVOIS $ 10. — Géographie et Colonisation La région du Chari. — Deux conférences intt ressantes ont été faites récemment, à la Société de Géographie de Paris, sur la région du Chari: l'une sur le Haut-Chari, par M. l'administrateur Bruel; l'autre, sur le Bas-Chari, par M. le commandant Robillot. L exposés des deux collaborateurs de M. Gentil ont. été nécessairement assez différents, tant par la personna= lité de leurs auteurs que par le caractère même/des régions décrites, les études de M. Bruel ayant un carae tère plus scientifique, alors que M. le commandant Robillot a dû surtout raconter les événements surven dans le territoire, plus récemment conquis et plus imparfaitement soumis, dont il avait le commande ment. M. Georges Bruel était administrateur au Congo fran cais depuis sept ans, et avait collaboré à la deuxièm Mission Gentil, lorsqu'il fut placé par le Commissai général à la tête du Territoire civil.'Le pays avait é reconnu dans ses grandes lignes, depuis 1891, par les Missions Crampel, Dybowski, Maistre, Gentil. Reslaib à en faire une étude plus complète, à en dresser la carte, à réunir des renseignements sur la contrée, 1 habitants, les ressources économiques. C'est à quoi succès; il publiera prochainement une carte de cet région, qui sera une importante contribution géogra= phique *. : 4 Le sol, dans le Haut-Chari, est généralement form de fer hydroxydé et d'argile; dans l'Est, de très € rieuses saillies granitiques, connues sous le nom. Kagas, percent ce manteau; M. Bruel, dont la colle tion de photographies est peut-être la plus belle q ait jamais été rapportée jusqu'ici des pays tropicaux, à projeté des vues de ces Kagas, types d'érosions grant tiques dignes de prendre place dans les manuels elas siques. : La région du Haut-Chari emprunte une importance particulière à ce fait que c’est par là que s'opère liaison entre les deux bassins du Congo et du Cha et que doivent passer le personnel, le matériel, les r& vitaillements. M. Bruel a donc eu à porter une attens tion particulière sur l’hydrographie des cours d'eau dé la région, affluents de l'Oubangui, comme la Kémo: l'Ombella et la M'poko, ou branches supérieures du Chari, comme le Gribingui, le Bamingui et le Bahr-Sara ce dernier identifié avec la Ouam par MM. Bernard @ Huot, dans leur itinéraire du Gribingui à la Sang Quant à la recherche d’une route par le Logone, € ce dont s’est occupé un des collaborateurs du co mandant Robillot, M. le capitaine Leclerc; sa Mission dont les résultats seront prochainement connus, tram chera définitivement ce qu'on a appelé le « problèm de la Sangha », qui depuis si longtemps préoccupe! géographes, au point de vue théorique, et les colonia au point de vue pratique. Les indigènes du Haut-Chari appartiennent, d'ap M. Bruel, à trois races distinctes : Banda, Mandjia, Sarë qui se sont mêlées et enchevêtrées, de telle sorte qu'un carte ethnographique ressemblerait à un véritable man teau d’Arlequin, les Mandjia formant d'ailleurs le fon 1 Voyez aussi, sur une partie de la région du Haut-Cha la remarquable étude publiée par le capitaine J. Trufle sur le Massif des M'Brés, dans la Revue gén. des Scien du 30 janvier 1902, t. XILI, p. 71 et suiw” la population. M. Bruel a cherché à se rendre chiffre de la population du Haut-Chari, question très importante, car c'est par là qu'on peut déterminer, au moins en partie, ce que peut devenir un pays comme débouché commercial, ce qu'il peut rendre comme impôt de capilation et quelles sont ses ressources de main-d'œuvre. 11 estime — et c'est là un des points les ‘plus nouveaux et les plus intéressants de ses recherches — que la population est beaucoup plus dense qu’on ne le supposait; il n’y a pas entre chaque tribu, comme on l’a prétendu, des terrains de chasse déserts sur une ou deux lieues de marche: ce qui l'a fait croire, c’est que les premiers explorateurs ont ompte, d'une manière aussi exacte que possible, du CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 119 simplicité et de modestie, les efforts faits par lui pour organiser le territoire vierge confié à ses soins, rendant justice à ses collaborateurs et n’oubliant que lui-même. Il a dit les reconnaissances effectuées par le lieutenant Kieffer sur le Logone, de Fort-Lamy à Lay, par le lieu- tenant Faure, de Fort-Archambault à Lay, par le lieu- tenant de Lamothe, de Fort-Lamy à Abougher, par le capitaine Leclerc, dans la Haute-Sangha, etc. Il a ra- conté les difficultés rencontrées pour réorganiser le pagayage et pour construire les postes pendant la saison des pluies, alors que les briques produisaient du mil et du mais sous les hangars où elles devaient sécher, Cinq postes ont été installés dans le Bas-Chari, et les indigènes eu des guides qui ne tenaient pas à leur faire con- naître les villa- ges, et les me- maient dans la brousse par des sentiers passant loin des agglomé- rations. Le Haut- Chari aurait, d'a- près les évalua- tions de M. Bruel, 32.000 habitants, soit plus de 9 au kilomètre carré. Le Congo fran- cais parait, d'ail- leurs, au confé- rencier, beau- coup plus peuplé que ne l'indi- quent les statis- tiques oflicielles, et aurait, non 8 millions, mais 12 à15 millions d'ha- bitants. Tous les coloniaux au cou- ant de ces ques- tions compren- dront l'importan- ce d'une reclifi- ation de ce genre, sans quil Soit nécessaire Py insister. Ac- eptons-en l'au- ° Bettaraba o Ÿ FORT DE COINTÈT RÉGION DT CHARI —_——— FORT LAMY groupés autour de ces postes; au bout d'un an, il y enavait déjà 5.000 autour de Fort- Lamy. Ainsi, le commandant Ro- billot a réalisé le programme que lui avait tra- cé M. Gentil, et qu'il a défini une application rationnelle des principes d'’ad- ministration de Rabah aux popu- lations arabes. M. Georges Bruel s’est dé- claré convaincu que tout le Congo francais, et en particulier le Chari, est rempli ; de richesses la- ù tentes de toutes Re sortes, qu'avec du temps et de la patience on arri- vera à metire en valeur. M.le com- mandant Robil- Jot a foi, lui aus- si, dans l'avenir du bassin du Tchad, en voyant ce qu'un terri- toire, bouleversé LAC FITRI ES" Æ gure, et espérons qu'iln'yaurapas, Sous ce rapport, de mécompte comme à Madagascar. M. Bruel avait à assurer, avant out, le ravitaillement des troupes du Bas-Chari, à lever porteurs et faire passer des charges. Il a admirable- nent réussi dans cette tâche délicate, dont il avait fait pprentissage dans son ancien poste de Mobaye. Le lage ou le pagayage, qui sont des calamités véri- les, s'ils sont mal compris, s'ils -écrasent et tuent les populations, sont, au contraire, pour elles une excel- ente école si on ne leur demande qu'un effort raison- hable. On a réussi également à faire admettre par les ndigènes un léger impôt, perçu en nature, sous forme de caoutchouc, en échange de la sécurité, inconnue avant notre arrivée, dont elles jouissent. … Avant d'être placé à la tête du Territoire du Bas-Chari, f: le commandant Robillot avait participé, au Soudan, a colonne Combes et à la colonne Joffre, et comman- it, au combat de Kouno, la colonne du centre, sous ordres de Lamy. Il a raconté, avec beaucoup de Fig. 1. — Région du Chari. par trente ans de guerre, a déjà repris en un an. Tout en faisant la part de l'enthousiasme qu'éprouvent nécessairement des administrateurs et des officiers jeunes et pleins d'ardeur pour un pays que, sous les ordres de leur chef éminent, M. Gentil, ils sont justement fiers d'avoir donné à la France, nous croyons qu'on peut s'associer à ces espérances d'avenir. La mort de Fadel-Allab, dernier acte de la longue lutte engagée contre la puis- sance de Rabah, est un événement heureux. Il y à au Chari des populations qui deviendront rapidement rom- breuses, si elles ne le sont déjà, de grands cours d’eau navigables, enfin, de la «houille blanche», fouruie par les chutes de ces mêmes cours d'eau : toutes choses qui manquent si radicalement à ce Sahara devant lequel tant de coloniaux français sont malheureusement hyp- nolisés. Tout compte fait, nous pensons que la résion du Chari, malgré son éloignement de la côte, peut. de- venir, avec le temps, une des meilleures parties de notre domaine colonial. Augustin Bernard. 120 LES FACULTÉ Je désirerais examiner, dans cet article, l'on entend par facultés psychiques chez les In- secles. Je commencerai par les fourmis el consi- ce que dérerai d'abord leur cerveau. 1. — CERVEAU ET ORGANES DES SENS. Pour délerminer la valeur psychique d'un sys- Lèrne nerveux central, on doit d'abord examiner Lous les centres nerveux qui servent à des fonctions inférieures, avant tout à l'innervation directe des muscles et aux organes des sens. L'étendue de ces complexes de neurones ne dépend pas de la com- plication du travail intellectuel, mais du nombre correspondant de fibres musculaires, des surfaces sensorielles el des appareils réflexes, ainsi que de la grandeur de l'animal. Des instincts compliqués demandent déjà l’inter- venlion d'une plus grande quantité de travail plas- tique et ne peuvent éclore uniquement avec ces centres. Le cerveau des fourmis nous offre un bel exemple de ce fait que les combinaisons intellectuelles com- pliquées demandent un centre nerveux supérieur aux centres sensoriels et musculaires. Une colonie de fourmis se compose généralement de trois sorles d'individus : la reine (la plus grande), l'ou- vrière (plus pelite) et le mâle, qui est un peu plus gros que l'ouvrière. Les instincts compliqués et les facultés intellectuelles-neltement discernables (mé- moire, plasticité, el.) se rencontrent, avant tout. chez l'ouvrière, beaucoup moins chez la reine. Le mälé est incroyablement sot, amis elennemis et ne pouvant retrouver son che- min vers le nid. Cependant il a des yeux et des antennes lrès développés, c'est-à-dire les deux organes des sens qui sont en rapport avec le gan- glion cervical ou sus-æsophagien et qui lui per- meltent de saisir la reine au vol. Le ganglion sus- wsophagien ne dessert directement aucun muscle. Ces faits facilitent la comparaison des organes de la vie mentale, c'est-à-dire du cerveau (corpora pedunculata), chez les trois genres. Le cerveau est très gros chez l'ouvrière, plus petit chez la reine, presque complètement étiolé chez le mâle, que, chez ce dernier, tandis les lobes visuels et olfactifs sont très développés. Le cerveau de l'ouvrière pos- sède, en outre, une écorce extrêmement riche en cellules. ILest de mode, depuis quelques années, de ra- baisser l'importance de la me Tag du cerveau pour la psychologie et aussi pour la physiologie AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES S PSYCHIQUES DES INSECTES ne distinguant pas. des nerfs. Mais les modes ne doivent pas influencer la vraie recherche ; on ne doit pas non plus faire. dire à l'Anatomie ce qu'elle ne dit pas. La lésion du cerveau a, d'ailleurs, chez fourmi, les mêmes résultats que chez le pigeon. Les Insectes possèdent sûrement quatre sens: las vue, l'odorat, le goût et le toucher; l’ouïe est dou- À teuse. Peut-être l'ouïe n'est-elle qu'un toucher mor, difié pour de petits ébranlements. ns On ne rencontre nulle part un sixième sens. Un sens photodermatique, modifié pour l'impres- sion lumineuse, doit être considéré comme une variété du toucher; il se présente chez beaucoup. d'Insectes: il n'est, dans aucun cas, de nature optique. Chez les Insectes aquatiques, l’odorat et le goût se confondent vraisemblablement en partie, (Nagel), car les deux discernent des substances chimiques dissoutes dans l’eau. L L'organe de la vue, les yeux réliculés sont dispo- sés spécialement pour la vision des mouvements, c'est-à-dire du déplacement relalif de l'image réti- uienne. Pendant le vol, ce sens localise distincte- ment de grandes étendues, mais il donne des objets des contours moins nets que notre œil. L'œil à. facettes ne donne qu'une seule image droite (Exner), dont la clarté augmente avec le nombre des facettes et la convexité de l'œil. Exner est parvenu à photo= graphier celteimage chezle Lampyris. L'immobilil de l'œil empêche nécessairement la vision des objets sur les côtés d'un Insecte en’ repos. C’est pourqu les Insectes en repos sont si faciles à saisir par di mouvements lents. Pendant le vol, les Insecte s'orientent dans l’espace au moyen des yeux. faceltes. L’odorat ne les attire que lorsqu'ils fl rent quelque chose dans une certaine direclio l'on bouche les yeux à facettes, toute possibilité. d'orientalion dans l'air disparait. Par des déplace= ments de pigment, beaucoup d'Insectes peuvent accommoder leurs yeux pour le jour et pourlan Les fourmis perçoivent l'ultra-violet avec leu yeux. Les abeilles et les frelons distinguent} couleurs, mais évidemment avec d’autres nuänt que nous, car ils ne peuvent pas être trompés pa les plus belles fleurs arlificielles ; peut-être cela tient-il à un mélange de rayons ultra-violets non perçus par nous. gr Les ocelles jouent un rôle subordonné et ne ser: vent probablement qu'à la vision rapprochée QE s les espaces sombres. | Le sens de l'odorat a son siège dans les anten ee ss en parliculier dans leur scape, plus spécialement dans leurs glomérules olfactlifs; par sa position te AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES 124 mobile et extérieure à possède au moins deux propriétés qui manquen aux Vertébrés et, en particulier, à l'homme : _ 1° La faculté de reconnaitre, par le contact direct, _ les propriétés chimiques d'un corps (olfaction de contact); 2° La faculté de reconnaitre et de distinguer, au . moyen de l'odorat, l’espace et la forme des objets, ainsi que la forme de la trace propre de l'Insecte, comme aussi de garder les souvenirs associés. L'odorat de beaucoup d’Insectes leur fait con- naïître les relations exactes de l’espace, et peut servir à l'orientation de l'animal qui se meut sur le sol. J'ainommé odoral lopochimique ce sens qualitatif, qui diffère ainsi de notre odorat dans son énergie spécifique. Vraisemblablement, les lamelles po- reuses servent à l’odorat à distance et les glomé- . rules olfactifs à l’odorat de contact, mais ce n'est - qu'une supposition. L'ablation des antennes détruit la faculté de distinguer les amis des ennemis et enlève aux fourmis le pouvoir de s'orienter sur le sol et de trouver leur chemin, tandis qu'on peut leur enlever trois paltes et une antenne sans détruire essentiellement ce pouvoir. Le sens topo- chimique permet à la fourmi de distinguer tou- jours les deux directions de sa trace, ce que Bethe prend pour une polarisation mystérieuse. La sen- sation des différentes odeurs varie notablement chez les divers Insectes.-Ce qui sent pour les uns est sans odeur pour les autres (et pour nous), el inversement. Les organes du goût siègent dans les pièces buccales. Les réactions guslatives des Insectes sont très analogues aux nôtres. Will habituait des guêpes à chercher du miel à ne certaine place; il y plaça üne fois de la quinine. Les guêpes le remarquèrent immédiatement, tour- hèrent autour et nerevinrent plus. Il en futde même lorsqu il remplaça le miel par de l’alun : elles revinrent une première fois et, lorsqu'elles eurent Cialion. Pour l'ouie, on a trouvé et décrit différents i laisse à entendre la possibilité d’une fausse ïe, qui ne serait que la perception de fines vibra- ions au moyen du toucher (Dugès). — Le toucher est partout représenté par les poils et Jes papilles tactiles. 11 réagit tout particulièrement près Les faibles ébranlements de l'air ou du sol. - Certains Articulés, particulièrement les arai- | _&nées, s'orientent surtout par le toucher. Ve ” l'extrémité de l'antenne, il | t On reconnait aisément que les Insectes, d'après leur espèce et leurs conditions de vie, combinent l'emploi de leurs différents sens pour s'orienter et reconnaitre le mondeextérieur. Aux uns manquent les yeux et, par conséquent, la vue. Les autres ont, par contre, un très faible odorat; certaines formes | ne possèdent pas l'odorat de contact, par exemple la plupart des Diptères. La merveilleuse faculté d'orientation de certains animaux volants, comme les Oiseaux (pigeons voyageurs), les abeilles, elc.…., repose certaine- ment sur le sens de la vue et la mémoire visuelle. Le mouvement dans l'air l’'augmente encore. Les arceaux du nerfacoustique sont, pour les Vertébrés, un sens de l'équilibre et donnent des sensations d'accélération et de rotation (Mach-Breuer), mais ils n’orientent pas vers l'extérieur. J'en ai donné la preuve ailleurs. Il n’y a pas de pouvoir d'orienta- tion spécifique, magnétique ou autre, indépendant des sens connus. Les faits précis que nous venons d'exposer cons- tituent la base de la psychologie des Insectes. Les Insectes sociaux sont des sujets particulièrement favorables, à cause de leurs relalions réciproques variées. Lorsque nous désignerons les synthèses de leurs actions par des expressions empruntées à la psychologie humaine, qu'il soit bien entendu qu'elles ne doivent pas être interprétées anthropo- morphiquement, mais seulement comme des ana- logies. II. — DOMAINE DE LA GONNAISSANCE. Une première constatation qui peut êlre faite, c'est que beaucoup d'insectes (vraisemblablement tous à un degré plus rudimentaire) possèdent de la mémoire, c'est-à-dire amassent dans leur cerveau des impressions provenant de leurs sens et les réa- lisent de nouveau plus tard. Elles ne sont pas mises en jea seulement par l'excitation directe des sens, comme Bethe sel'imagine. Huber, Fabre, Lubbock, Wasmann, von Buttel-Reepen et moi-même, nous l'avons prouvé expérimentalement. Voici un fait particulièrement démonstratif : les abeilles, les guêpes, ete., volant dans l'air, retrouvent, malgré le vent et la pluie (done avec une absence complète de traces odorantes), même après la section de leurs antennes, le chemin vers un lieu caché, non directement visible de leur nid, où elles avaient trouvé quelque chose qui leur plaisait, mème quand ce lieu est passablement éloigné, et même après des jours et des semaines. On voit done qu'elles reconnaissent les objets à leur couleur, à leur forme, particulièrement à leur position dans l’'es- pace. Elles retrouvent cette position par la situation | respective et la suite des gros objets de l'espace, 122 que leurs yeux à facettes leur indiquent dans leur vol rapide. Les expériences de von Buttel et de moi-même .ne laissent aucun doute à cet égard. Von Buttel en à aussi donné une contre-preuve par le fait que la narcose éthérée ou chloroformique enlève tout Souvenir aux abeilles. Elles prennent leurs enne- mis pour des amis; elles ont perdu tout souvenir de lieu et doivent les retrouver par un nouveau vol d'orientation. Or, on ne peut pas oublier, si l'on ne s'est pas souvenu. Le sens lopochimique des antennes donne aussi des ‘preuves évidentes de la mémoire des fourmis, des abeilles, etc. Une fourmi fait un chemin pénible jusqu’à 30 mètres de son nid détruit, trouve là une place qui convient à la construction d'un nouveau nid, retourne (en s'orientant avec ses antennes), trouve une compagne qu'elle roule au- tour d'elle et la porte jusqu'à l'endroit qu'elle a trouvé. Celle-ci retrouve à son tour le chemin, et toutes deux emmènent une troisième compagne, et ainsi de suite. Le souvenir qu'il existe là-bas quel- que chose de convenable à la formalion d'un nid, doit se lrouver dans le cerveau de la première fourmi; sinon, elle ne reviendrait pas juste à cet endroit, chargée d'une compagne. Les fourmis esclaves (Polyerqus) entreprennent des expéditions de pillages, conduites par des ou- vrières seules, qui ont, pendant des jours et des semaines, exploré auparavant le pays à la recherche de nids de lormica fusca. Souvent, les fourmis perdent leur chemin, s'arrêtent et cherchent pen- dant longtemps jusqu'à ce que l’une ou l'autre ait relrouvé la trace topochimique et donné aux autres, pur des coups rapides, l'impulsion et la direction pour la marche en avant, Alors, les larves du nid découvert de Formica fusca sont retirées des profondeurs, dérobées et trainées jusqu'à la maison (souvent éloignée de 40 mètres et plus). Quand le nid pillé renferme encore des larves, les ravisseurs reviennent le même jour ou le jour suivant pour continuer le pillage; lorsqu'il ne contient plus rien, ils n'y relournent pas. Comment les Polyerqus savent-ils qu'il y a encore des larves ou qu'il n'y en a plus? L'odorat ne peut pas les attirer directement aussi loin, encore moins le vue ou un autre sens. La mé- moire seule, c'est-à-dire le souvenir qu'il reste encore beaucoup de larves dans le nid pillé, peut les déterminer à y retourner. J'ai suivi d'une facon précise un grand nombre de ces expéditions. Tandis que les diverses espèces de fourmis pour- suivent soigneusement et péniblement leur trace topochimique sur de nouveaux chemins, elles con- naissent si bien la position des environs directs de leur nid qu'elles sont à peine troublées si l'on 22 AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES NSECTES remue le sol et qu'elles retrouvent immédiatement leur chemin, comme Wasmann et moi-même l'avons très souvent observé. Cela ne provient pas d'une excitation lointaine de l'odorat. Le pouvoir olfactif du genre Formica, comme celui des abeilles, ne s'étend pas à une aussi grande distance; tous ceux qui connaissent ces animaux l'ont démontré par de nombreuses expé- riences. Or, certaines Fourmis peuvent reconnait leurs amis encore après plusieurs mois. Chez les fourmis et les abeilles, il existe done des combinaisons et des mélanges olfactifs très compliqués, qui ont été très justement distingués … par von Bultel, comme odeur du nid, odeur de la colonie (de la famille) et odeur individuelle. Chez les fourmis s'ajoute encore l'odeur d'espèce, tan- dis que l'odeur de reine ne joue pas, chez aise le rôle qui lui incombe chez les abeilles. _ De Lous ces faits et de beaucoup d’autres, il ré- sulle que les Hyménoplères sociaux entassent dans leur cerveau des images visuelles et olfactives topo- chimiques et les combinent en perceptions ou en quelque chose d'analogue et qu'elles associent toute perception de sens très différents, comme la … vue, l’odorat et le goût, pour obtenir les images de l’espace. Aussi bien Huber que von Bultel, Wasmann et moi-même, nous avons loujours trouvé que ces. animaux, par la répélition mulliple d’un acte, d'un chemin, etc., gagnent en exactitude et en Roue dans la réalisation de leurs instincts. Il se forme aussi chez eux, et même très rapidement, des habi- tudes. Von Butlel en donne des exemples merveilleux chez les abeilles voleuses, — d’abord hésitantes et ensuite toujours plus audacieuses, — c'est-à-dire chez les abeilles ordinaires, isolées, qui prennent l'habitude de voler le miel des ruches étrangères. Mais, qui dit habitude, dit automatisme secondaire et adaptation plastique antérieure. Von Buttel en donne une preuve dans le fait que les abeilles qui n ont pas encore volé hors laruche, « même quand elles sont plus vieilles que d'autres qui ont déjà volé », ne retrouvent pas leur chemin à peu de mètres de celle-ci, si elles ne peuvent pas la voir directement, landis que de vieilles abeilles con-" naissent Lous les environs, souvent jusqu'à six ou sept kilomètres. De toutes les observations concordantes des sa- vants, il résulte que les impressions des sens, les perceptions, les associalions, les décisions, la mé=" moire et les habiludes suivent, chez les Inseeles sociaux, somme toute, les mêmes lois que chez les: Vertébrés et chez nous. Très frappante aussi chez les Insectes est l'attention, qui prend un caractère d'obsession et qu'il est difficile de détourner. AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES 123 Par contre, chez ces derniers, l'automatisme cultés signalées plus haut ne s’exercent que très faiblement en dehors du domaine de l’automatisme instinctif fixé de l'espèce. Un Insecte est singulièrement bêle et inadaptable pour tout ce qui n'appartient pas à son instinct. J'appris à un Dytiseus marginalis à manger sur ma table. Dans la Nature, il ne mange que dans l'eau. Aussitôt mis sur la table, il faisait un mouvement maladroit d'extension des pattes antérieures, qui le mettait sur le dos, et il continuait à manger en se tenant sur le dos sans pouvoir se défaire de ce mouvement, qui est approprié pour manger dans l'eau. Par contre, lorsque j'entrais dans la chambre, il cherchait à sauter hors de l’eau (au lieu de s'en- fuir dans le fond du vase) et il mordait familière- ment l'extrémité des doigts que je lui tendais. Ce sont là des anomalies plastiques de l'instinet. De même, de grosses fourmis algériennes, que j'avais _ acclimatées à Zurich, apprirent à fermer, dans le cours de l'été, la large ouverture de leur nid avec des boulettes de terre, parce qu'elles étaient pour- suivies et importunées par nos petites Lasius niger. A Alger, je n'ai jamais vu l'ouverture du nid autre- _ ment que grande- ouverte. Nombreux sont les exemples analogues, qui montrert que ces petils animaux mettent à profit plus tard quelque peu de leur expérience, même lorsque ce peu s’écarte de leur instinct habituel. - Que les fourmis, les abeilles et les guêpes se fassent des communications qu'elles comprennent entre elles est un fait qui a été si souvent démontré qu'il est inutile d'y insister. L'observation d'une seule expédition de pillage des Polverqus avec arrêt de l’armée et recherche - du chemin perdu suffit à le démontrer. Mais ce - n’est pas une langue, au sens humain ! Aux signes ne correspond aucune idée abstraite. Il s'agit de » signes héréditaires automatisés inslinctivement : il en est de même de l'intelligence de ceux-ci - (signes de tête, claquement des mâchoires, cadence » avec les antennes, ébranlement du sol avec la - partie postérieure du corps, ete.). L'imitation joue ici un grand rôle; les fourmis, les abeilles, etc., initent leurs compagnes et les suivent. On se tromperait donc complètement (Wasmann, von Buttel et moi-même sommes complètement d’ac- cord là-dessus) en attribuant une réflexion et une intelligence humaines à cetle langue instinctive, comme l'a fait en partie P. Huber, pour ne parler d'aucun autre. On peut aussi se demander si une représentation générale matérielle (par exemple, la représentalion d'une fourmi, d'un ennemi, d'un nid, d'une larve) peut se former dans le cerveau d'une fourmi. Cela est difficilement démontrable. La * héréditaire l'emporte considérablement. Les fa- perceplion et l'association peuvent sans doute commencer d'une manièré très simple, animale, sans arriver à des choses aussi compliquées. Toute- fois, les preuves d'une telle hypothèse nous man- quent. Mais ce qui ressort de certains faits signalés ci-dessus est assez intéressant et important en soi, et nous donne un aperçu de la vie cérébrale de ces animaux. Un bon exemple illustrera, mieux que toutes les généralités, ce qui vient d'être dit: Plateau avait prétendu que, lorsqu'on recouvre des couronnes de dahlias avec des feuilles vertes, les abeilles y retournent néanmoins immédiate- ment. Il avait d’abord recouvert ses dahlias incom- plètement (seulement les feuilles extérieures), puis plus complètement, mais encore avec des lacunes, et il avait conclu du résullat que les abeilles sont altirées par l'odorat et non par la vue. Le 10 septembre, à 2 heures 1/4, sur une plate- bande de dahlias visitée par beaucoup d'abeilles, et comptant environ quarante-trois fleurs de colo- ralions différentes, je recouvris complètement d'abord dix-sept, puis vingt-huit fleurs avec des feuilles de vigne repliées (a), que je fixai au-dessous par des épingles. De quatre fleurs (2), je ne recou- vris que le cœur jaune; d'une fleur (c), par contre, je ne recouvris que les pétales colorés extérieurs, en laissant le cœur libre. IL y avait tellement d'abeilles sur ces dahlias que souvent deux ou trois se trouvaient ensemble sur la même fleur. Résultat : Aussitôt toutes les fleurs entièrement recouvertes cessèrent d’être visitées par les abeilles. Le dahlia c continua à être visité comme les dablias grands ouverts. Les abeilles volèrent souvent jus- qu'aux dahlias b, mais les abandonnèrent bientôt; quelques-unes parvinrent cependant à aller sous la feuille jusqu'au cœur. Lorsque j’enlevai ensuite la couverture d'un dahlia rouge, les abeilles y volèrent de nouveau rapidement; bientôt, une fleur mal re- couverte fut aussi trouvée et visitée. Plus tard, une abeille à la recherche découvrit d'en bas ou de côté l'entrée d'un dahlia recouvert. Depuis ce mo- ment celte abeille, et seulement celle-là, revint à chaque dablia recouvert. Cependant, d'autres abeilles cherchaient mani- festement les autres dahlias subitement disparus. Vers cinq heures et demie, quelques-unes avaient, à leur tour, découvert les fleurs de dahlias recou- vertes. À partir de ce moment, elles furent rapide- ment imitées par les autres, et, en peu de temps, loutes les fleurs recouvertes furent de nouveau vi- sitées. Aussitôt qu'une abeille avait découvert mon stra- tagème et l'entrée des fleurs cachées, elle volait sans hésitalion, à sa visite suivante, vers l’ouverture 124 AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES inférieure de la feuille de vigne. Aussi longtemps qu’une abeille avait seule trouvé quelque chose, elle n'était pas suivie par les autres: mais, dès qu'elles élaient plusieurs {au moins quatre ou cinq), les autres les suivaient bientôL. Plateau avait donc mal expérimenté et fausse- ment conclu. Les abeilles voyaient encore ces dah- lias d'abord incomplètement recouverts. Lorsqu'il les recouvrait ensuite entièrement, mais seulement par-dessus, les abeilles avaient déjà été rendues attentives au stratagème, et voyaient encore les dahlias par le côté. Plateau avait compté sans la mémoire et l'attention des abeilles. Le 13 septembre, je composai avec de petites têtes de Hieracium jaunes, que je plantai dans une fleur de pétunia, de grossières imitations artifi- cielles de fleurs de dahlia et je les placai parmi les dahlias. Ni les pétunias ni les //ieracium ne furent visilés par les abeilles. Cependant, beaucoup d'abeilles et de bourdons volèrent d'abord vers mes contrefacons presque aulant que vers les dah- lias, mais ils les abandonnèrent aussitôt qu'ils re- connurent leurerreur, vraisemblablement à l'odeur. Il en fut de même pour un dablia dont le cœur avait été remplacé par le cœur d'un //ieracium. Comme contre-parlie, je plaçai un beau cœur de dahlia parfumé parmi les chrysanthèmes blancs et jaunes, délaissés par les abeilles, et qui se trou- vaient sur le bord de la plate-bande de dablias. Pendant une demi-heure toutes les abeilles volèrent à quelques centimètres au-dessus du cœur sans le remarquer ; enfin, vint une abeille, qui fut suivie par hasard d'une seconde. Dès ce moment, ce cœur de dablia, qui se trouvait dans la direction du vol, fut visité comme les autres, tandis qu’inversement les contrefaçons pétunias-Hieracium furent aban- données comme des trompe-l'œil. Plateau à démontré que des fleurs artificielles, même très bien imitées (pour nous), sont dédai- gnées par les Insectes. J'en placçai quelques-unes parmi les dablias ; elles furent, en effet, complète- ment mises au ban. Peut-être les abeilles distin- guent-elles, comme je l'ai déjà supposé, les cou- leurs chlorophylliennes de nos couleurs artificielles par des mélanges ultra-violels ou quelque chose d'analogue. Comme Plateau s'est imaginé que les fleurs artilicielles repoussent les Insectes, je fa- brique le 19 septembre les fleurs suivantes, en papier grossièrement découpé : &, une fleur rouge; 6, une fleur blanche; y, une fleur bleue; à, une fleur bleue avec un cœur jaune fait d'une feuille morte : z,un morceau de papier rose avec un cœur de dahlia séché; €, .une feuille de dablia verte (non modifiée). Il est 9 heures du matin. Je pose une goutte. de miel sur chacune des six contrefacons glissées | Lu sous les dahlias. Pendantun quart d'heure, de nom- breuses abeilles volent très près de mes contrefa- cons sans remarquer le miel; elles ne le sentent done pas. Je reviens une heure après. La contre- façon à n’a plus de miel, elle a donc certainement été découverte par une abeille ; toutes les autres sont complètement intactes et sont,restées igno- rées. Avec peine, je cherche alors à placer & lrès près d'une abeille posée sur un dablia. L'attention des abeilles est toutefois tellement attirée par les dahlias que je dois répéter l'essai quatre à cinq fois jusqu'à ce que je réussisse à porter le miel di- rectement sur la trompe d’une abeille. Celle-ci commence alors aussitôt à sucer le miel de la fleur en papier. Je marque cette abeille d'une couleur bleue, sur le dos, pour la reconnaitre, et je répète l'expérience avec 8 et <, dont je colore les abeilles en jaune et en blanc. Bientôt l'abeille bleue, qui s'est enfuie pendant l'intervalle, revient de la ruche, vole vers &, va et vient en hésitant, puis vers à, où elle butine, puis de nouveau vers «, mais plus du tout vers les dah- lias. Plus tard, l'abeille jaune revient vers 8 et bu- line, vole ensuite vers « et à, où elle butine aussi, mais se soucie aussi peu des dahlias que sa com- pagne bleue. : Enfin, arrive l'abeille blanche: elle cherche &, mais ne la trouve pas tout de suite et butine à quelques dahlias. Mais elle ne s'arrête qu'un instant à chaque dahlia, comme si la présentation forcée du miel l’obsédait. Elle revient aux contrefaçons, dont elle n'associe toutefois pas encore exactement la perception avec le souvenir du goût du miel; mais elle trouve enfin une partie détachée de € tombée un peu plus bas, et en suce le miel. Dès ce moment, les trois abeilles marquées, et | celles-ci seulement, reviennent régulièrement aux contrefacons sans plus faire attention aux dablias. Je considère comme très important le fait que ces abeilles peintes découvrent entièrement d'elles- mêmes, sans doute par suile d’une conclusion d’analogie instinetive, les autres contrefaçons aus- sitôt qu'elles ont été rendues attentives au miel de l'une d'elles, et bien que les contrefacons soient éloignées l'une de l'autre et de coloration diffé- rente. Les dahlias qu'elles visitaient auparavant sont cependant de coloration différente. Ainsi, l'abeille bleue vole vers «, 8, y et à, la jaune vers 5, «, è et y, la blanche vers &,«, Bet ô. Il en va ainsi pendant un demi-heure. La feuille £ verte n’a pas élé trouvée, vraisemblablement parce qu'elle ne se distingue pas du feuillage vert. Enfin, une abeille, probablement rendue atten- = live par les trois autres, vient d'elle-même à à, et butine; je Ja marque avec du carmin. Elle vole en- aussi AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES 1 suite vers & et chasse l'abeille bleue. Une autre abeille est conduite par moi vers e et marquée avec du cinabre. Enfin, une abeille encore va d'elle-même vers 6 et est marquée en vert. Il est midi vingt; l'expérience dure donc depuis plus de trois heures, et six abeilles seulement connaissent les contrefaçons, tandis que la grande masse va encore aux dahlias. Mais ces dernières commencent à remarquer leurs six compagnes. Une, puis deux, puis trois et plus les suivent, et les couleurs me manquent pour les désigner. À chaque instant, je dois renouveler le miel. Je vais alors déjeuner et je reviens à une heure vingl-cinq. À ce moment, sept abeilles butinent ensemble sur 8, deux sur «, une sur 7, trois sur à, la blanche seule sur e; plus de la moitié d'entre elles sont de nouvelles imitatrices non marquées. Dès lors, un vérilable essaim d'’abeilles se précipite sur les contrefaçons.et enlève les dernières traces de miel. C’est seulement alors, après plus de quatre heures, qu'une abeille de l’essaim découvre la con- trefacon € jusqu'à présent ignorée à cause de sa couleur et reslée pleine de miel. Comme une meule de chiens sur un squelette dépouillé, l'essaim d'abeilles entièrement détourné des dahlias se précipite toujours sur les contrefa- cons totalement dégarnies de miel, qu'il cherche en vain dans tous les recoins. Il est une heure cin- quante-cinq; les abeilles commencent à se disper- ser et à retourner aux dahlias. Je remplace alors « et 5 chacun par un morceau de papier rouge el blanc, ne contenant aucune trace de miel, et ne possédant par conséquent pas l'odeur de ce der- nier. Malgré cela, les morceaux de papier sont visi- tés et explorés par différentes abeilles, dont le cer- veau a gardé la mémoire de la présentation forcée du goût du miel. L'abeille blanche, par exemple, explore le papier blanc pendant lrois à quatre mi- nutes. Il ne peut être ici question d'une force inconnue où d'une attraction par le parfum ou l'éclat des fleurs. Ces faits ne peuvent s'expliquer que par un souvenir d'espace, de forme, el de couleur associé à un souvenir de goût. J'enlève alors toutes les contrefacons avec ma main gauche pour les emporler. Deux ou trois abeilles me suivent, entourent ma main et cher- chent à se poser sur les contrefaçons vides. L'image de l'espace a encore changé ; la couleur et la forme de l’objet peuvent seules servir aux abeilles pour le reconnaitre. Cette expérience est si nette el parle si claire- ment que je l'ai choisie entre beaucoup d'autres. Elle prouve : 1° Le pouvoir de perception de l'espace, de la forme et des couleurs chez les abeilles. Que celui-ci 19 QC ne soit rendu possible que par les yeux à facettes, d'autres expériences le prouvent (vernissage des yeux, section des antennes et des organes buccaux, ete.); 2 La mémoire des abeilles à miel, et en parli- culier leur mémoire visuelle et gustalive ; 3° Leur pouvoir d'association entre les souvenirs gustatifs et visuels: 4° Leur capacité de former des conclusions d'ana- logie instinctives : Si on leur présente une fois du miel dans une contrefacon, elles explorent d'autres contrefacons, même colorées diversement el jus- qu'alors complètement délaissées, qu'elles compa- rent à cause de leur similitude relative avec la première, au moyen du sens de la vue, et qu'elles reconnaissent comme semblables, quoique de tels objets ne soient pas communs pour des abeilles ; 5° Leur mauvais pouvoir olfactif, qui leur permet seulement de flairer de très près ; 6° L’imperfection et le cercle étroit de leur atten- tion ; 1° La formation rapide d'habiludes : 8° Les limites de l’imitation des abeilles entre elles. Il va sans dire que je ne me permetlrais pas de lirer ces conclusions d'une seule expérience, si elles n'étaient pas confirmées par d'innombrables observations des chercheurs les plus habiles dans ce domaine. Lubbock a montré clairement qu’on peut entrainer une abeille pendant quelque temps sur une couleur déterminée, de facon à l’engager à dédaigner toutes les autres couleurs. C'est seule- ment ainsi qu'on peut démontrer son pouvoir de distinclion des couleurs. Mes abeilles étaient, au contraire, accoutumées à des objets de couleurs différentes (dahlias et contrefacons); c’est pourquoi elles ne remarquaient pas les différences de cou- leurs. Si l'on en avait conclu qu'elles ne distin- guent pas les couleurs, on se serait trompé. Par d'autres expériences, j'ai d’ailleurs confirmé plei- nement les résultats de Lubbock. À 2 h. 20, loutes mes abeilles, y compris les abeilles marquées, reviennent aux dablias. Le 27 septembre, done huit jours après, je vou- lus faire une nouvelle expérience avec les mêmes abeilles. Je me proposais de placer des disques de coloration différente à divers endroits d’une longue échelle de clarté, consistant en une grande feuille de papier peinte du blanc au noir en passant par le gris. Je voulais d'abord habituer une abeille à une couleur. Mais j'avais compté sans la mémoire des abeilles, qui déjoua lous mes plans. À peine avais- je mis mon papier et mes disques sur le gazon au voisinage de la plate-bande de dablias, puis posé une ou deux abeilles sur des disques bleus et mar- qué celles-ci, qu'elles commencèrent à voler vers 126 tous les disques rouges, bleus, blanes, noirs et autres, avec ou sans miel et à explorer ceux-ci. En peu de temps, d'autres abeilles arrivèrent des dahlias, et bientôt un essaim entier se précipitait sur les disques de papier. Nalurellement, ceux recouverts de miel étaient davantage visités, car les abeilles y séjournaient ; mais des disques com- plètement vierges de miel furent aussi assaillis par les grappes d'abeilles qui suivaient, puis, il est vrai, bientôt abandonnés. Les abeilles renversèrent aussi la boite à couleurs et, parmi elles, une à laquelle j'avais coupé les antennes ; elle avait aupa- ravant sucé du miel sur des disques bleus, et elle élait retournée à la ruche. Elle explora le morceau de couleur bleue dans la boîte à couleurs. En résumé, mon expérience était impossible parce que toutes les abeilles avaient encore dans la tête les contrefaçons antérieures, diversement colorées et pourvues de miel, et visitaient par con- séquent tous les disques de papier colorés de la même facon. L'association goût du miel et disques de papier avait été de nouveau réveillée par la per- ception de ces derniers, et avait gagné de la con- sistance ainsi qu'une imilation rapide et puissante, parce qu'il se trouvait aussi, en effet, du miel sur quelques-uns des disques. Avec le pouvoir de perception et d'association se manifeste aussi celui de tirer d'expériences indi- viduelles des conclusions d’analogie simples et instinctives, sans lesquelles les perceptions et le travail de la mémoire ne sont pas possibles. Nous venons d'en signaler un exemple. J'ai montré anté- rieurement que des bourdons, dont j'avais placé le nid sur ma fenêtre, lorsqu'ils y revenaient, con- fondaient souvent d'autres fenêtres de la même facade avec la mienne et les exploraient longtemps avant d'arriver à la vraie. Lubbock rapporte des faits analogues. Von Butlel a montré que des abeilles, habituées à une chambre et à une fenêtre, apprenaient par là à chercher chambre et fenêtre dans d’autres maisons. Lorsque Pissot obstrua l'entrée d'un nid de guëpes par un réseau dont les maillesmesuraient22 millimètres, les guêpes s'éton- nèrent d'abord, se dirigèrent vers le bord et firent mille circuits. Mais elles apprireént bientôt à voler à travers les mailles. Le sens de la vue, considéré dans le vol, convient particulièrement à ce genre d'expériences, qui ne peuvent être faites avec les fourmis. Mais ces dernières tirent, sans aucun doute, des conclusions analogues de leur sens antennaire topochimique. La découverte d’une proie ou d'une nourriture quelconque sur une plante ou un objet les pousse à visiter des plantes ou des objets semblables, etc. Il y a cependant, d'autre part, des Insectes très bêtes, comme les mäles des fourmis, les Diptères, AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES EEE les Éphémères, à cerveau misérable, qui sont inea- pables d'apprendre quoi que ce soit, de synthétiser les impressions des sens plus loin qu'en un simple automalisme, et chez lesquels une fixation des images mémorielles est à peine perceptible. Ces derniers ne répondent guère que directement aux excitations des sens: leur vie s'adapte aux cir- constances les plus simples. C’est iei que l’on cons- tate le mieux la différence, et ces faits prouvent clairement, par la comparaison et le contraste, le plus que possèdent les Insectes plus intelligents. III. — DOMAINE DE LA VOLONTÉ. La conception de la volonté, dès qu'on l'oppose à celle de réflexe, suppose, entre l'impression des sens et le mouvement qui en dépend, un certain temps et des processus cérébraux intermédiaires compliqués. Dans les actions des automatismes propres de l'instinct, qui se produisent dans une succession déterminée, il y a aussi un temps inter- médiaire, rempli par des processus internes, dyna- miques du cerveau, comme dans la volonté. Ce ne sont pas des réflexes purs. Ces actions peuvent être interrompues pour un temps, puis recommencées. Mais leur réalisation a lieu en grande partie par une chaine de réflexes compliqués, qui se suivent for- cément ainsi et non autrement. C’est ce qui justifie l'expression d’automatisme ou d'instinet. . ‘Pour parler de volonté au sens étroit du mot, nous devons considérer des décisions individuelles, qui se forment d'après les événements, c'est-à-dire qui sont modifiables, qui peuvent rester déposées un certain teuips dans le cerveau et qui peuvent ètre ensuite de nouveau réalisées. Cette volonté n'a pas besoin d'être encore la volonté humaine com- pliquée, qui consiste en résultantes de composan- tes extrêmement compliquées, longuement prépa- rées et combinées. Les fourmis montrent des phé- nomènes de volonté positive et négative, qui ne peuvent être méconnus. La Formica L. se distingue particulièrement par ses aclivités psychiques individuelles. Ses déménagements de nids cités plus haut font reconnaitre les plans individuels d'un travailleur, exécutés avec la plus grande ténacité. Pendant des heures, une fourmi peut surmonter une quantité de difficultés pour parvenir à un but "1 qu'elle s’est proposé. Ce but n'est pas toujours tracé instinctivement, parce qu'il existe beaucoup de possibilités, et il arrive souvent que deux four- mis font deux travaux opposés. À l'observateur superliciel, cela paraît stupide. Mais ici se dénote la plastique des fourmis. Pendant quelque temps les deux petits animaux se gènent mutuellement; puis ils finissent par le remarquer, et l'un cesse, s'en va, ou aide l’autre. S AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES 127 La construction des nids ou des chemins offre . les meilleures occasions d'observation, par exemple … chez la Formica rufa, où encore mieux chez la _ Æ. pratensis. Mais on doit suivre pendant des - heures quelques fourmis pour se faire une concep- tion nette, el il faut pour cela beaucoup de pa- _ tience et de temps. Les guerres des fourmis per- mettent aussi de reconnaitre certains buts d’action, . très conséquents, par exemple ce que j'ai nommé - les combats à froid. Après que deux partis (deux - colonies) ont conclu la paix, on voit souvent quel- ques fourmis seules poursuivre certains individus de l'autre camp et les maltrailer. Elles les portent quelquefois lrès loin, pour les écarter de leur nid. Si l’exilée peut y revenir d'elle-même, et que son ennemie la retrouve, elle est de nouveau appréhen- dée et emmenée encore plus loin. Dans un cas ana- - Jogue, que j'ai observé chez les Zeplothorax, la _ fourmi persécatrice parvint à entrainer sa victime - au bord de ma table. Elle tendit la tête et laissa tomber son ennemie sur le sol. Ce n'élait pas un hasard, car elle répéta la chose deux fois de suite, lorsque j'eus replacé sur la table la fourmi tom- bée. Parmi les divers individus du parti ennemi, . maintenant allié, elle avait reporté et concentré son » antipathie sur celui-ci et elle cherchait à lui rendre le retour impossible. . On doit avoir une opinion forlement préconçue pour dénier aux fourmis, dans beaucoup de cas “semblables, des décisions individuelles et leur mise à exéculion. Il est vrai que ces choses se pas- sent dans le cadre des voies de l'instinct spécifique, et que les différentes périodes de l'exécution d'une ‘décision ont lieu instinctivement. D'autre part, je me refuse expressément à mettre des pensées humaines et des conceptions abstraites dans cette Volonté des fourmis. Néanmoins, nous sommes obligés de reconnaitre que, par contre, chez nous, hommes, il se glisse constamment dans l'exécution de nos décisions des automatismes tant secon- daires qu'héréditaires. Pendant que j'écris ces lignes, mes yeux travaillent avec des automatismes en partie acquis, et ma main avec des automa- ismes secondaires. Mais, naturellement, un cerveau humain est seul capable de réaliser la complication de mes innervations et des réflexions abstraites qui les accompagnent. . Une fourmi, qui poursuit un des buts signalés et combine des instincts dans celte direction spé- “ciale, ne peut associer et penser quelque chose de concret qu'à la facon d’une fourmi. Tandis que les instincts, chez la fourmi, ne peuvent être dissociés ou réunis que pour des buts simples peu différents, par quelques adaptations plastiques ou des asso- ciations individuelles dans leur enchaînement, chez transmis aussi bien qu'héréditaires ne sont que des fragments ou des instruments au service d’un travail cérébral plastique considérable, dominant tout. Soit dit en passant, l'indépendance relalive de la moelle épinière et des centres cérébraux infé- rieurs par rapport au cerveau, chez les Vertébrés inférieurs (et aussi chez les Mammifères inférieurs), s'explique de la même facon, quand on la compare avec la profonde dépendance du puissant cerveau dans laquelle se trouvent ces organes et leurs fonctions chez l’homme et en partie déjà chez le singe. Ces derniers étreignent et dominent leurs automatismes (Divide ef impera). Tandis que, dans le succès, la hardiesse comme la ténacité de la volonté des fourmis augmentent visiblement, on peut voir survenir,"par des insuccès répétés ou à la suile d'une attaque subite par de puissants ennemis, un découragement aboulique, qui conduit parfois à l'abandon des instincts les plus forts, à la fuite lâche, à la destruction ou au rejet des œufs, à l'abandon du lravail, etc. Il y a un découragement chronique dans les colonies dégénérées et un découragement aigu après une bataille perdue. Dans ce dernier cas, on peut voir de grosses et fortes fourmis fuir sans chercher à se défendre devant une seule petile ennemie qui les poursuit hardiment, alors qu'une demi-heure au- paravant celte ennemie aurait été tuée par quelques morsures des fuyardes. Il est remarquable de constater comment le vainqueur s'aperçoit el pro- fite vite de ce découragement aboulique. Les four- mis découragées ont l'habitude de se réunir après la fuite, et elles recouvrent bientôt volonté et cou- rage. Cependant, elles n'offrent, par exemple, qu'une faible résistance à une attaque du même ennemi le jour suivant. Même un cerveau de fourmi n'ou- blie pas si vile un échec subi. Dans des combats répétés entre deux colonies presque de même force, la ténacité du combat et la volonté de vaincre augmentent jusqu'à ce que l'une soit décidément vaincue. Dans le domaine de la volonté, l’imitation joue un grand rôle. Chez les fourmis aussi, la préoccupation et le décourage- ment sont contagieux. IV. — DoMAINE DU SENTIMENT. Il peut paraitre plaisant de parler des senti- ments. Si nous considérons cependant combien notre vie sentimentale humaine est profondément et héréditairement instinctive, combien manifestes sont les affections de nos animaux domestiques et combien elles sont liées aux impulsions, nous de- vons admettre des sentiments et des affections dans la psychologie des animaux. Ceux-ci se laissent si clairement reconnaitre 128 AUGUSTE FOREL — LES FACULTES PSYCHIQUES DES INSECTES chez les Insectes sociaux, que mème un Uexküll dut se senlir persuadé lorsqu'il les examina plus attentivement. Nous en lrouvons quelques-uns entremèlés dans ce que nous avons dit de la volonté. La plupart des affections des Insectes sont étroite- ment unies aux instincts: ainsi, la jalousie de la reine des abeilles, qui tue ses rivales; la peur de ces dernières, qui sont encore dans leurs cellules; la rage des fourmis, des abeilles et des guêpes guerrières, le découragement déjà signalé, l'amour de la couvée, le sacrifice des abeilles ouvrières qui se laissent mourir de faim pour nourrir leur reine, ele., etc. Mais il y a aussi des sentiments indivi- duels, qui ne dépendent pas forcément de l'instinct, comme, par exemple, la recherche par des fourmis seules d'adversaires déterminées pour les mal- traiter. Par contre, comme je l'ai prouvé, des services d'amis (alimentation) peuvent être rendus excep- tionnellement à une ennemie et avoir pour suite des sentiments de sympathie réciproque, même entre fourmis d'espèce différente. En outre, les sentiments de sympathie, d'antipathie et de colère s’augmentent, chez les fourmis, par la répélition et par les actions qui leur correspondent, comme c’est le cas chez d’autres animaux et chez l'homme. Le sentiment du devoir social est inslinctif chez les abeilles, mais il présente de grandes variations individuelles, temporelles et occasionnelles, qui trabissent une certaine plasticilé. V. — RELATIONS PSYCHIQUES RÉCIPROQUES. J'ai rapidement parcouru les trois domaines principaux de la psychologie des fourmis. Natu- rellement, ils ne se laissent, ici pas plus qu'ailleurs, nettement séparer. La volonté se compose de résul- tantes centrifuges des perceptions des sens et des | sentiments, mais elle réagit à son tour puissam- | ment sur eux. L'observation de l'antagonisme entre différentes . Sensations, sentiments et impulsions volontaires chez les fourmis et les abeilles, et la facon dont l'altention, toujours lrès restreinte et forcée (obses- sionnelle) chez ces Insectes, est enfin détournée d'une chose sur l’autre, sont très intéressantes. L'expérience enseigne ici beaucoup. Aussi longlemps que des abeilles s'assemblent sur une espèce de fleur déterminée, elles ne remar- quent rien d'autre, même les autres fleurs. Mais détourne-t-on leur attention en leur pré- sentant du miel qu'elles n'avaient pas encore apercu, alors elles n'ont plus d'yeux que pour le miel. Un sentiment intensif, comme l'essai- mage chez les abeilles (von Bultel), fait oublier à ces Insectes toute inimitié et même leur vieille ruche-mère, où ils ne reviennent jamais. Mais, si celte dernière est peinte en bleu et que l'essai- mage soit interrompu par l'enlèvement de la reine, alors les abeilles se souviennent de la couleur bleue de leur ancienne ruche et volent vers les ruches peintes en bleu. Deux sentiments se com- battent souvent chez les abeilles sans reine, in- quiètes et bourdonnantes : celui de la haine contre les abeilles étrangères et celui du besoin d'une” reine. Sion leur procure alors artificiellement une … reine étrangère, elles la maltraitent ou la tuent; parce que le premier sentiment domine d'abord. Les apiculteurs leur donnent, à cause de cela, une reine élrangère emprisonnée dans un filet. L'o- deur étrangère les trouble moins, parce qu’elle est. plus éloignée: et elles ne peuvent maltraiter la reine. D'ailleurs. elles reconnaissent l'odeur spéci- fique de reine, et elles peuvent nourrir la reine étrangère à travers les mailles du réseau au moyen de leur trompe. Cela suffit pour tranquilliser aussi- tôt la ruche. Le deuxième sentiment devient alors prédominant; les ouvrières s'habituent rapide- ment à l'odeur étrangère, et, après trois ou quatre jours, on peut sans danger délivrer la reine. Chez les fourmis, on peut opposer la gourman- dise au sentiment du devoir, en faisant attaquer. une colonie par des ennemis apportés intention- uellement et en présentant du miel aux défenseurs qui sortent du nid. Je l'ai fait chez la Formica ” pratensis. D'abord, les fourmis touchèrent un peu au miel, mais ce ne fut qu'un instant. Le sentiment du de- voir fut vainqueur, el loutes, sans exception, cou- rurent au combat, la plupart-à la mort. 4 Ici, une décision ou un iostinet plus haut domine un penchant inférieur. VI. — CoxcLcsions. Nous tirerons de ce qui précède les conclusions suivantes : i° Au point de vue de l'Hisloire naturelle, on doit maintenir l'hypothèse d'identité psychophy= siologique (monisme) par opposition au dualisme: parce qu'elle s'accorde seule avec les faits et spé cialement avec la loi de la conservation de l'éner- gie. Notre esprit doit être étudié à la fois directe= ment de l'intérieur et indirectement de l'extérieur, au moyen de la /iologie et en tenant compte du dé=" veloppement concomilant de toutes ses facultés. Ily a donc une Psychologie comparée des autres à côlé de Ja Psychologie subjective. Le recours à l'analogie, dans les limites d'un prudent emploi; est ici indispensable: . 2° Les sens des Insectes sont les nôtres; il n'y que le sens de l'ouïe qui reste douteux, quant à. e son siège et à l'interprétation que nous en donnons. L'existence d’un sixième sens n'est pas prouvée, du moins jusqu'à présent; et un sens propre de direc- _ Lion et d'orientation manque certainement. L'appa- reil vestibulaire des Vertébrés ne correspond qu'à un sens d'équilibre donnant des sensations internes d'accélération; mais il n'oriente pas dans l’espace extérieurement au corps. Par contre, les sens de la vue et de l’odorat offrent, chez les Insectes, des va- riélés de fonctionnement et d'énergie spécifique (vision de l’ultra-violet, mode fonctionnel des yeux à facettes, sens antennaire topochimique et odoral de contact); euses centrales, plastiques, s'adaptant à chaque individu, passent insensiblement de l'un à l’autre. Des complications plus élevées de ces fonctions cérébrales ou psychiques correspondent à des appareils plus compliqués de complexes de neu- _rones supérieurs (cerveau); 4 Sans qu'il y ait opposition, l'aclivité nerveuse centrale se complique, chez les différents groupes et espèces d'animaux, de deux facons : d'abord, par l'hérédilé (sélection, etc.) d'automatismes ou d'ins- tincts compliqués, plus particulièrement con- formes; puis, par les possibilités, loujours plus variées, d'aclivilés plastiques adaptables indivi- duellement, liées à la faculté de former graduel- lement des automatismes secondaires individuels (habitudes). Le deuxième mode exige beaucoup plus d'éléments nerveux. Par des dispositions héré- dilaires d'espèce plus où moins déterminée (ins- lincis non terminés), il passe au premier mode; 5° Chez les Insectes sociaux, il y a un rapport irect entre les facultés psychiques développées et la grandeur du cerveau; 6° Chez ceux-ci, on peut mettre en évidence de la émoire, des associalions d'images sensorielles, des perceptions, de l’altention, des habitudes, un analogie, l'utilisation d'expériences individuelles, _3° Les réflexes, les instincts et les activités ner- | AUGUSTE FOREL — LES FACULTÉS PSYCHIQUES DES INSECTES ouvoir élémentaire de tirer des conclusions par | 129 ainsi que quelques applications ou adaplalions plastiques individuelles; 1° On trouve aussi une forme correspondante, très simple, de la volonté, c'est-à-dire l'exécution de décisions individuelles dans un temps plus ou moins long par différentes chaines d’inslincts; puis. diverses sortes de sentiments de joie et de cha- grin, ainsi que des relations et des antagonismes entre ces diverses forces psychiques; 8° Dans les actions des Insectes, l’activité de l'attention est très superficielle et se concentre au premier plan. Elle limile strictement son domaine et rend l’animal aveugle (inattentif) aux autres impressions des sens. Plus le développement et les adaptations de l’ac- tivité neurokymique centrale, plastique ou aulo- matique, sont divers dans les différents cerveaux d'animaux, plus on reconnailra des suites de phé- nomènes déterminés et leurs lois fondamentales. Aüjourd'hui encore, je maintiens fermement la septième thèse que je posai en 1877 dans ma ré- ceplion comme privat-docent à l'École Supérieure de Munich : « Toutes les propriétés de l'intellect humain peuvent être déduites des propriétés de l'intellect des Animaux supérieurs. » J'y ajoute encore ceci : « Et toutes les propriétés de l'intellect des Animaux supérieurs se laissent déduire de celles de l'intellect des Animaux inft- rieurs. » En d'autres termes, la loi de l'évolution se véri- fie aussi exactement dans le domaine psychique que dans tous les autres domaines de la vie orga- nique. Malgré toute la différence des organismes animaux et de leurs conditions de vie, les fonc- lions psychiques des éléments nerveux semblent obéir à certaines lois fondamentales, même là où les distinctions sont si grandes qu'on s’y attendrail le moins. Auguste Forel, Ancien professeur de Psychiätrie à l'Université de Zurich. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902 430 M'e A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES LES RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES | A L'INSTITUTION ROYALE DE LONDRES : À Pendant longtemps, les recherches sur les basses températures ont semblé l'apanage de l’Institution Royale. Reprenant, après un tiers de siècle, les tra- ditions de Davy et de Faraday, le Professeur Dewar a donné aux travaux de cet établissement un nou- veau caractère en en élargissant le cadre. Il a voulu étendre et approfondir ses investigations sur les propriétés de la matière soumise à des conditions particulières qu'on n'avait encore jamais pu réa- liser. Mais, à cet effet, une dépense énorme d'efforts, de temps et d'argent est nécessaire, sans parler des risques dont nous menacent les forces naturelles, dans leur révolle contre la contrainte mécanique qu'on leur impose. L'ensemble de toutes ces conditions rendu nulle part aussi complètement que dans le laboratoire de l'Institution Royale. Ces résultats sont dus, en majeure partie, à la géné- rosité d’un bienfaiteur', mais beaucoup d’autres y ont aussi contribué. La munificence de la Société des Orfèvres a, par deux fois, résolu des embarras financiers: les dons de simples particuliers ont fourni d'indispensables secours. Voici, en quelques mots, les résultats obtenus à l'époque où la fondation Hodgkins vint permettre de continuer les recherches : Tous les gaz connus, excepté l'hydrogène et le fluor, avaient été liquéfiés dans des conditions sla- tiques, et, seul, l'oxygène liquéfié refusait de se solidifier en s'évaporant sous pression réduite. Le froid obtenu était seulement de 73° C. au-dessus du zéro absolu (— 273° C.), et l'on avait pu déterminer les nouvelles propriétés électriques et chimiques de corps variés, refroidis à — 182° C. En raison de la diminution progressive de la résistance des métaux purs, observée à mesure que la tempéra- ture s’abaissail, on pouvait s'attendre à voir celle résistance disparaître totalement au voisinage du zéro absolu, tandis que pour les alliages la résisti- vité diminuait peu, et que celle du carbone suivait n'a élé ! Dans les premiers jours de l'année 1895, feu M. Thomas G. Hodgkins légua à l'Institution Royale une somme de 100.000 dollars, dont les revenus devaient être employés à « rechercher les relations et les corrélations existant entre l'homme et son Créateur ». Le 6 février suivant, les admi- nistrateurs résolurent d'exécuter les volontés du donateur n appliquant ces ressources aux travaux de l'Institution, »Ile-ci se propose d'atteindre la vérité, et constitue un “ectif de « diriger la pensée vers la source de toute productif | | une marche inverse. On avait noté les particula- conservation et à l'observation des liquides froids rités, curieuses à cet égard, des différents métaux. C'est ainsi que la résistivité du fer est réduite à 1/23, et celle du cuivre seulement à 1/11, quand la température passe de 1089 à —197° : à cette dernière température, le fer conduit mieux que le meilleur cuivre à la température ordinaire. Le Professeur J.-A. Fleming collaboraitdans ces recherches avec le Professeur Dewar. Celui-ci dé- couvrit, le 10 décembre 1891, la propriété magné- tique de l'oxygène liquide. Il constata encore lu persistance, après condensation, d'autres proprié- tés bien connues de ce gaz. L'’oxygène liquide, tout comme l'oxygène gazeux, est mauvais conducteur de la chaleur et de l'électricité, mais transparent pour les radiations thermiques. Son spectre d'ab- sorption est aussi virtuellement le mème que celui du gaz. On pouvait conclure de tous ces faits que là constitution moléculaire de cet élément est peu affectée par ce changement d'état. Les difficultés pratiques qui s'opposaient à Ja furent dans une très large mesure surmontées par l'emploi de vases à double enveloppe, inventés » par le Professeur Dewar. Le vide qui existe entre les deux parois empêche si bien l'accès de la cha- leur par convection ou rayonnement, que l'évapo- ration tomba du coup à 1/50 de sa valeur première, et la perte fut encore diminuée par le dépôt d'une mince couche de mercure à la surface du vase in- térieur. De nouveaux perfectionnements dans la construction réduisirent la perte à une faible frac- tion de ce qu'elle était dans des vases non proté- gés, et les fluides volatils purent être conservés trente fois plus longtemps qu'auparavant. En outre, l'ébullition cessant, ils n'étaient plus en agitation perpétuelle, et la manipulation deve- nail aisée. Ces progrès essentiels furent réalisés à la fin de 1892. Ainsi, au début de la période de sept années dont nous allons faire l'histoire, la marche em avant élait opiniälre et continue, et maint nouveau domaine avait été annexé et exploré. Il restait. | encore au delà une région peu étendue, il est vrais mais d’un accès tout hérissé de difficultés. Et pour lant, il y avait quelque espoir de s’en rendre com plètement mailre par l'amélioration des méthodes et l'usage de l'expérience acquise au cours den leur application. Ÿ | M'° A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES 131 J. — LIQUÉFACTION DE L'HYDROGÈNE. Le problème le plus important qui restait à résoudre était de condenser l'hydrogène. Ce gaz, le plus léger de tous les corps connus, ressemble cependant à un métal : il est fortement électro-po- sitif; il conduit bien la chaleur et l'électricité, et forme, avec le palladium, le sodium et le potas- sium, des composés possédant quelques propriétés des alliages. Guidé par ces faits, Faraday avait annoncé que l'hydrogène solide devait avoir l'éclat métallique. La liquéfaction en fut publiée pour la première fois par M. Wroblewski, de Cracovie, en jan- vier 1884. On put voir, pendant un instant, un brouillard d'hydrogène quand le gaz, préalable- ment refroidi à la température d'ébullition de l'azote dans le vide, était subitement soustrait à une pression de 180 atmosphères. Ce phénomène passager fut reproduit par M. Olszewski; mais aucun de ces deux savants ne réussit à obtenir le liquide sous forme maniable. Ce succès élait réservé à l'Institution Royale, et formait la résultante d’une longue série d'efforts, fréquemment infructueux et repris loujours avec obstinalion.Les conditions à réaliser étaientapproxi- _ mativement connues; en partant dela détermination des constantes critiques de l'hydrogène au moyen ‘ de la formule de Van der Waals, par Wroblewski. Ce savant fixait à — 240° C. la température sine quii non, pourrait-on dire, la pression correspon- dante étant 13 atmosphères, et le point d’ébullition — 250° C. Le Professeur Dewar fit, dans ces condi- lions, une expérience préliminaire, en mêlant un peu d'air ou d'azote à l'hydrogène, pour obtenir ainsi un gaz capable de se liquéfier par l'emploi de l'air liquide. Ce mélange gazeux, soumis à une pres- sion énergique. à la température de 200° C., pro- duisait, quand on le laissait se détendre, un froid Supérieur à tout ce qu'on avait obtenu auparavant. Il en résultaitun dépôt d'air solide, joint à un liquide limpide, de faible densité, trop volatil pour'pouvoir ètre utilement recueilli par un dispositif quel- conque. C'était là le premier échantillon d'hydro- gène vraiment liquéfié qu'on eût jamais montré. M. Dewar ne voulait pas ne faire qu'entrevoir l'hydrogène liquide; il tenait à s’en rendre tout à fait maitre. Enfermé sous pression dans un tube de verre, ce produit restait encore relative- ment inaccessible : jusqu'au jour où l'on sut l'accumuler à son point d'ébullition dars les vases à enveloppe de vide, il n'avait pas été possible d'en étudier les propriétés d'une facon salisfai- sante. L'introduction du serpentin régénérateur permit d'atteindre ce but. Déjà, en 1857, Siemens avait employé à la production du froid la mé- thode par laquelle un corps se refroidit lui-même davantage. Les années suivantes, le procédé fut appliqué à des entreprises industrielles par Cole- man, Solvay, Linde, et d’autres encore, tandis que le D' Kamerlingh Onnes y recourait dans son laboratoire de Leyde, en 1894*. Ce fut alors une opéralion courante que la liqué- faction prompte et abondante des gaz perma- nents; mais c’est à l'institution Royale seulement qu'étaient assurées les facilités permettant d'éten- dre largement le champ des recherches. En décembre 1894, le Professeur Dewar lut à la Société Chimique de Londres une communication où il décrivait le mode de production et l'emploi d'un jet d'hydrogène liquide. Par suite du rapide mouvement du gaz en train de se condenser, et aussi de la faible densité du liquide qui en résul- tait, les essais pour recueillir ce dernier restèrent infructueux. Mais on pouvait espérer réussir avec un isolement thermique plus parfait, et des vases à enveloppe de vide mieux appropriés. Pourtant, les recherches à environ 20° ou 30° au- dessus du zéro absolu étaient déjà rendues prati- cables par l'emploi d'un jet d'hydrogène liquide comme agent de réfrigération. C'étaient seulement des difficultés d'argent qui barraient la route; mais elles ne purent arrèter complètement le progrès en marche. Le type d'appareil régénérateur employé en 1895, el reconnu satisfaisant, fut considérable- ment agrandi pour l'air liquide, avec un dispositif spécial pour permettre de traiter aussi l'hydrogène. La construction en exigea une année, et plusieurs mois se passèrent encore à en vérilier les services. La perfection nécessaire pour contraindre le gaz à une défaite sans conditions éclala enfin quand le fluide condensé se mit à couler goutle à goutte dans un vase à enveloppe de vide et triple revêtement, le 10 mai 1898. Par une sorte de curieuse coïnci- dence, la première démonstration publique de celte substance, hors nature en quelque sorte, fut faite à la conférence du Professeur Dewar pour le cente- naire de l’Insütution Royale, le 7 juin 1899. Un vase sphérique argenté et protégé par un manteau de vide contenait un litre d'hydrogène liquide, et était plongé dans un bain d'air liquide, exposé, sur la table d'expériences, aux regards des savants des deux continents. Grâce à ces précautions, l'évapo- ration n'était pas trop rapide. Mais, quand on vint à enlever du col du vase le tampon d’ouate qui le fermait, il y eut aussitôt un dépôt d'air sous forme de neige. De même, quand on emploie ou qu'on manipule l'hydrogène liquide, on est constamment ! Voyez à ce sujet : E. Mararas : Le laboratoire cryogène de Leyde, dans la Revue du 30 avril 1896, t. VII, p. 381. W. A. Trpex: L'appareil du D Hampson pour la liqué- faction de l'air et des gaz, dars la Revue du 15 avril 1896, p. 329. 4132 embarrassé par l'air atmosphérique qui se solidifie et bouche les tubes. Il. — TuERMOMÈTRES POUR BASSES TEMPÉRATURES. Ce brillant résultat, oblenu après une longue série d'essais décourageants par leur insuccès, n'élait que le prélude d'entreprises nouvelles. Il n'y a pas de terme final dans la Science : la vérité marche toujours ’en avant : elle pousse ses fidèles à aborder des régions de plus en plus difficiles et accidentées, et cela est vrai surtout des recherches relatives à la production artificielle du froid. A chaque pas en avant, les obstacles deviennent plus insurmontables et les conditions plus critiques. La seule détermination exacte des températures alteintes est toute remplie de difficultés : les mé- thodes habituelles pour mesurer la chaleur se trouvent en défaut dans ces conditions extraordi- naires. Aussi, le simple choix d'un thermomètre pour fixer le point d'ébullition de l'hydrogène con- stiluait un travail de la plus délicate subtilité. Les instruments qui donnent les variations de température au moyen de la résistance électrique étaient des plus faciles à employer; mais leur con- struction repose sur une loi empirique, et on ne pouvait guère espérer d'eux des indicalions encore exactes un peu au delà des limites de l'expérience. On pouvait ensuite recourir aux thermomètres à gaz du type « à volume constant », remplis d'hydro- gène, d'hélium, d'oxygène ou d'acide carbonique. Ces deux derniers gaz servirent à décider si la con- traction reste uniforme quand le froid augmente au voisinage des points d'ébulliiion des corps choisis pour points de repère. La réponse fut tout à fait rassurante : On constata qu'un gaz, simple ou composé, peut servir à déter- miner exactement les tempéralures jusqu'au mo- ment de la liquéfaction. Les résultats obtenus avec les thermomètres à hydrogène et à hélium étaient parlieulièrement dignes de confiance, par suile de leur exacte concordance. On conclut par ce moyen que l'hydrogène bout sous la pression atmosphé- rique à — 25295 C.,ou à 20%5 au-dessus du zéro absolu, sa température critique étant — 241° C. L'hydro- gène liquide ne présente pas de ressemblance avec les mélaux : il ne conduit pas l'électricité el se soli- difie en un corps analogue à la glace, 40 fois plus léger que l’eau. D'une transparence parfaite, il ne donne pas de spectre d'absorption et reste absolu- ment incolore. Sa chaleur spécifique, quoique assez peu différente de celle de l'hydrogène liquide quand on Ja rapporle au volume, est 12 fois plus grande à poids égal; elle est 6 fois celle de l’eau. L'importance scientilique de ce nouveau corps ne résulte pas, cependant, uniquement de ses qua- M'° A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES lités exceptionnelles, mais aussi de sa puissance comme agent frigorifique. On ne sut bien l'em- ployer dans ce but qu'après plusieurs mois de pé- nibles expériences, les substances extraordinaire- ment froides élant aussi peu maniables que les corps portés à une chaleur excessive. Les obstacles qu'il avait fallu vaincre pour l'air liquide se présen- laient, plussérieux encore, avecl’hydrogène liquide, qui complique les opérations en solidifiant tout l'air ambiant. Il fallait ainsi empêcher l'accès, non seu- lement de la chaleur, mais même d'un élément universellement répandu. Mais les faits enseignés par l'emploi de ce nouvel agent doivent se ranger parmi les dépouilles opimes de la Nature; ils sont les glorieux trophées de celte lutte acharnée. III. — EFrETS PRODUITS PAR LE FROID. C'est dans le domaine presque tout entier de la Physique qu'on a examiné les effets de ces froids excessifs sur la matière dans ses relalions avec la lumière, la chaleur, l'électricité et le magnétisme. Les questions qui se rapportent au mode d'action des forces de cohésion et d’affinité rentrent plei- nement dans ce domaine, d’où on ne peul davan- tage exclure l'examen des complications de la struc- ture moléculaire, ou même les considérations sur l'essence de la matière. Ces ullimes problèmes forcent l'attention des « cryogénistes » les moins portés aux rêveries; et plus on pourra s'approcher du zéro absolu, et plus aussi il sera légitime d’'es- pérer les résoudre un jour d’une facon définitive. C’est vers ce « pôle du froid » que M. Dewar à hâté sa marche pendant vingt années. Peut-être sera-t-il à jamais impossible d’attein- dre effectivement ce terme, mais la distance qui nous en sépare sera ramenée à un minimum. Le terrain gagné dans l'intervalle a élé soigneusement exploré. En même temps que les incessants efforts en vue de liquéfier l'hydrogène, les expériences se poursuivaient vigoureusement à la tempéralure de l'air liquide. En 1893, et pendant les années qui suivirent, les Professeurs Dewar et Fleming exécutèrent une série étendue de recherches, avec des applications plus complètes qu'auparavant, sur la production de grandes quantilés de matières réfrigérantes. Les fils métalliques soumis aux expériences élaient préparés aussi avec plus de soin encore, et les mesures physiques effectuées avec les plus minu- tieuses précautions. Il fut confirmé, comme on l'avait vu d’abord, que la résistivité de tous les mélaux purs décroit à froid augmente, mais de nombreux faits particuliers et anormaux furent mis en lumière. Ainsi, les divers mesure que le métaux ne gardent pas, dans tous les cas, leurs RÉ ne ES de à ee à ue M': A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES 133 mêmes places dans la série. À -— 200° C, le cuivre est meilleur conducteur que l'argent, le fer conduit mieux que le zinc, et l'aluminium mieux que l'or. Les singularités électriques du bismuth coûlèrent aux chercheurs des efforts prolongés. L'origine de ces anomalies fut découverte dans des impuretés chimiques extrêmement minimes, car elles dispa- raissaient par l'emploi du bismuth électrolytique. On découvrit encore que l'accroissement de résis- tivité du bismuth dans le champ magnétique est beaucoup augmenté à la température de l'air liquide. De même, les isolants : verre, ébonite, gutta-percha et paraffine, isolent d'autant mieux qu'on leur enlève plus de chaleur. Les alliages suivent une voie contraire à celle des métaux purs, mais seulement à moitié, et avec toutes sortes d’ir- régularilés embarrassantes. Quand on sut se servir de l'hydrogène liquide, il devint possible de pousser beaucoup plus loin ces recherches. À ce degré de froid, la résistance du cuivre est 105 fois moindre qu'à la température de la glace fondante, et celle de l'or, 30 fois moindre, tandis que le fer con- L LME ASS ; serve g de sa résistance iniliale, Le résultat d'en- semble élait aussi très significalif. D’après l’allure des métaux purs jusqu’à — 200° C., on avait très logiquement conclu qu'au zéro absolu ils cesse- raient lout à fait de dissiper l'énergie du courant électrique qui les traverse. Mais, à—252°C., l'allure changea d'une façon très nette : au lieu de continuer à s'abaisser suivant une ligne droite, les courbes de résistance se relevaient et montraient qu'au zéro absolu subsiste encore une valeur finie pour cette propriélé. Il fallait donc se garder d'admettre trop vite la continuité de la variation. L'effet thermo-électrique avait fait l'objet des études du Professeur Tait, à des températures supérieures à 0° C. Les modilications produiles par un froid de — 200° C. furent établies par les Profes- seurs Dewar et Fleming, en 1895. Elles n'offrent pas un caractère uniforme. Les courbes qui repré- sentent la variation de pouvoir thermo-électrique des divers métaux avec la tempéralure ne se rédui- sent, dans aucun cas, à des droites, même approxi- mativement. Quelques-unes d'entre elles — spé- cialement celles du fer et du bismuth — offrent de brusques changements de direction, qui indiquent le renversement de l'effet Thomson en ces points. D'autres, par leur inflexion, font penser qu'au zéro du froid il y a aussi un zéro de pouvoir thermo- électrique. Mais ces indications sont très proba- blement illusoires. Il y a tout lieu de croire que le taux de la diminulion du pouvoir thermo-électri- que diminue lui-même bien avant qu'on atteigne ce point extrême. l'influence du froid sur le développement du ma- gnétisme. Comme on s'y attendait, le moment magnétique gagne proportionnellement à la perte de chaleur. Dès que les corps essayés ont, après quelques altérations, atteint un état stable, la valeur de ce moment augmente généralement de 30 à 50 °/,, quand la température s’abaisse de — 75° G à — 182° C. Cette remarque souffre cepen- dant des exceptions; ainsi, un aimant d'acier au nickel se comporte à l'inverse d’un acier au car- bone. Ces expériences servirent encore à montrer que l’un des meilleurs moyens de vieillir un aimant est de le plonger plusieurs fois dans l'air liquide. On écarte ainsi le magnétisme sub-per- manent, et l’on provoque l'établissement de con- ditions qui permettent des observations précises. La perméabililé magnétique du fer a été l’objet de longues et laborieuses comparaisons sur toute une série de températures décroissantes. Elle diminue légèrement par immersion dans l'oxygène liquide; c'est-à-dire qu'il faut alors une force ma- gnétisante plus puissante pour produire dans le barreau refroidi une intensité d'aimantation don- née. Comme d'ordinaire, on rencontra des excep- tions : ainsi, le fer durci présente l'allure inverse de celle du fer doux. Sa perméabilité croit aux basses températures, jusqu'à cinq fois même pour certaines valeurs de la force magnétisante. D'autre part, la perte par hystérésis, ou la dissipation d’é- nergie provoquée quand on fait parcourir au corps un cycle d'aimantation, ne varie que fort peu avec la température, si même elle varie. Tous ces effets divers sont, d'après le Professeur Fle- ming, dus à une agrégation, rendue plus étroite par le froid, de ces aimants moléculaires qui, en s'alignant, ont pour résultante le moment magné- tique extérieur. Leurs groupements et leur action mutuelle pourraient ainsi subir des modifications dont les conséquences compliquées ne seraient susceplibles que d’être partiellement pressenlies. On entreprit, en 1897, l'examen des constantes diélectriques, ou capacités inductives spécitiques des électrolytes congelés. On rencontra dans ce travail de nombreuses difficultés; mais, aussi, les conclusions en furent extrêmement importantes et se résument ainsi: Les substances telles que la glace et l'alcool peuvent, aux basses températures, agir à la facon des diélectriques, bien que certaines d’entre elles possèdent à l'état liquide une conduc- libilité électrolytique relativement élevée. Elles ont des constantes diélectriques d’une valeur con- sidérable au voisinage de leur point de congélation, et ces valeurs diminuent ensuile beaucoup vers — 900° C. Au zéro absolu, ces valeurs sont proba- blement devenues toutes égales entre elles, soit Une autre série d'expériences servit à étudier | environ le double ou le triple de la constante dié- 134 M'° À. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES lectrique du vide. Au voisinage de ce point, tous les électrolytes tendent à acquérir une résistivité infinie ou à devenir des isolants parfaits au point de vue électrique. Enfin, aux températures très basses, les électrolytes congelés sont des isolants presque parfaits, el ils reprennent très vile une conductibilité sensible à des températures très éloignées de leur point de fusion. L'oxygène et l'air, qui, à l’état liquide, isolent d’une facon remarquable, pouvaient par suite être regardés comme devant compter parmi les diélec- triques. Il était donc désirable d'exprimer leurs constantes diélectriques au moyen de celle du vide prise pour unité : on obtint ainsi 1,493 et 1,495. On trouva une différence marquée entre la suscep- libililé magnétique de l'oxygène gazeux et celle de l'oxygène liquide : elles sont dans le rapport de 1.594 à 4 pour des volumes égaux; en d’autres termes, cette susceplibilité magnétique est presque doublée, pour des masses égales, par le fait de la liquéfaction. Il faut en conclure que cette pro- priélé n'appartient pas seulement à « la molécule en elle-même, mais qu'elle dépend encore de l'état d'agrégation ». On obtint, en outre, une remar- quable vérification de la loi de Maxwell reliant la perméabilité magnétique, le pouvoir inducteur spécifique et la puissance réfractive. Des expé- riences supplémentaires, faites, en 1898, sur l’oxy- gène liquide, d’après un principe différent de celui qu'on avait adoplé précédemment, confirmèrent encore d’une manière éclatante celte loi suivant laquelle la susceptibilité magnétique varie direc- tement comme la densité du corps paramagné- tique, et en proportion inverse de sa lempéralure absolue. Bien loin de manifester quelque tendance à se résoudre en « poussière cosmique », la malière prend une cohésion d'autant plus grande qu'elle est portée à une température plus basse, Une tige métallique peut supporter à — 182° C. quatre à cinq fois plus grand qu'à 0° C., toul en présentant le même allongement. Une hélice de fil d'un métal fusible, qui se briserait aussitôt sous la tension de quelques grammes à la tempéra- ture ordinaire, supporte plus d'un kilo et vibre comme un ressort d'acier dès qu'on l'a immergée dans l'air liquide. La méthode la plus exacte pour déterminer les varialions de cohésion produites par le froid consiste à comparer les efforts néces- saires pour la rupture des métaux à des lempé- ralures moyennes et très basses. Ces expériences exigent, il est vrai, de nombreux litres de liquides froids très dispendieux ; elles furent cependant exécutées d’une facon satisfaisante à l'Institution Royale, en 1893, et prouvèrent que la ténacité de tous les mélaux communs et des alliages croit un poids | beaucoup avec le refroidissement. Les exceplions qu'il fallut faire pour le zinc, le bismuth et l’anti- moine coulés, devaient certainement être plus apparentes que réelles ; il était tout naturel de les expliquer par la structure cristalline de ces corps; les tensions internes qu'y produit l'extrême abais- sement de tempéralure ont tout naturellement pour effet d’affaiblir certains plans de clivage, d'où une ruplure comparativement plus facile. La constante d'élasticité connue:sous le nom de « module d'Young » devient quadruple ou quin- tuple quand on passe de + 15° C. à — 182° C. Des sphères de fer, d’étain, de plomb ou d'ivoire rebon- dissent beaucoup plus haut, après le traitement à l'air liquide, quand on les laisse tomber tou- jours de la même hauteur sur une enclume de fer. L'ensemble de ces mesures rend évident ce fait que la cohésion augmente quand on rapproche les particules, comme cela a lieu aussi pour la gravi- tation. Les expériences du Professeur Dewar avec l'air liquide prêtent ainsi un appui à l'idée de lord Kelvin, qui pense pouvoir expliquer la cohé- sion par la gravitation. On découvrit aussi des variations très marquées dans les propriétés optiques de certains corps aux basses températures. Tout d'abord se manifes- tèrent des changements de couleur, indices d’un changement dans l'absorption spécifique de la lumière. Le vermillon et l’iodure de mercure pas- sent de l'écarlate éclatant à un orangé faible. Le nitrate d'uranium et le chlorure double de platine et d’ammonium deviennent blancs : dans lous les cas, la couleur propre réapparait dès qu'on restitue de la chaleur. Les bleus, cependant, restent insen- sibles au froid, et les couleurs organiques ne sont que faiblement altérées. On sait, depuis longtemps, que la température joue un rôle important dans les phénomènes de phosphorescence. Il semblait donc désirable d'en reprendre l’élude dans les conditions que les gaz liquéliés par le Professeur Dewar permettaient de réaliser, On rencontra ainsi toute une série de faits du plus haut intérèt. En général, la phosphores- cence des corps est fortement exallée par le refroi- dissement à — 182° C. La gélatine, le celluloïd, la paraffine, l'ivoire, la corne, la gutta-percha, — toutes substances chez lesquelles d'ordinaire cette propriété est insensible, — émettent une lumi- : nosité bleuätre quand on les illumine électrique- ment, après immersion dans l'oxygène liquide. Les solulions fluorescentes d'alcaloïdes deviennent toujours phosphorescentes aux basses tempéra- tures. La glycérine, les acides sulfurique, nitrique et chlorhydrique brillent vivement, comme la plupart des corps contenant un groupe cétonique.r Le lait est très phosphorescent, l'eaupure l'est un ! 4 L 2 l peu. Un œuf brille comme un globe de lumière bleuàtre. Des effets saisissants s'offrent encore avec beaucoup d’autres produits organiques, tels que : plumes, coton, écaille de tortue, papier, cuir, loile, éponge, el certaines espèces de fleursblanches, mais surtout avec le blanc d'œuf, qui, convenable- ment traité, prend une luminosité propre très vive. On fut ainsi amené à trouver dans la com- plexité de structure l’une des principales condi- tions requises pour l'existence de celte propriété. Aussi ne s’attendait-on guère à la retrouver dans l'oxygène, seul parmi les gaz simples. Un courant d'oxygène passant dans un tube à vide, après expo- sition à une étincelle électrique, émet une lumière nébuleuse blanchâtre, et la formation simultanée . d'ozone rend évident le progrès des changements _ dans la molécule. La présence de l'hydrogène ou la moindre trace de matière organique supprime complètement cet _ effet. À la température de l'hydrogène liquide, la phosphorescence est encore plus intense, et même à — 250° C. elle peut être, exceptionnellement il est vrai, produite par une lumière privée de rayons _ultra-violels. L'excitation électrique des cristaux soumis au . froid y produit des décharges effectives entre les molécules. Dans quelques plalino-cyanures et dans le nitrate d'uranium, la température de l'air liquide suffit à développer des phénomènes électriques et lumineux très marqués, exaltés encore et généra- lisés par l’action de l'hydrogène liquide. M. Dewar, dans la Conférence bakérienne du 13 juin 1901, a mis en relief l'importance d’une étude systéma- tique de la pyro-électricité faite dans ces conditions. L'affinité chimique est presque complètement abolie par le froid. Le phosphore, le sodium, le potassium restent inertes dans l'oxygène liquide, et les éléments de piles, à cette tempéralure, ne donnent plus de courant électrique. Cependant, les pellicules photographiques conservent environ 1/5 de leur sensibilité ordinaire, laquelle ne disparait même pas complètement dans l'hydrogène liquide. Il est possible que la force qui effectue ici la dé- composilion soit mécanique èt non chimique. S'il en est bien ainsi, aucune trace d'impression photo- graphique ne devrail apparaitre, si l'on pouvait faire -le développement dans les mêmes conditions de froid que pour la pose. Une série d'expériences très soignées sur la … transparence thermique, effectuées en 1897-1898, — démentit absolument la conclusion de Pictet que, — pour un degré donné de froid, les substances non conductrices ne sont plus isolantes. IL fut prouvé — qu'elles gardent intacte cette propriété au point d'ébullition de l'air : les transports anormaux de chaleur qu'on avait observés à Genève étaient dus, M A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES 135 non pas aux matières elles-mêmes, mais plulôt à l'air interposé dans les interstices. On put aussi constater l'utilité qu'il y avait à examiner les pro- blèmes de transmission de la chaleur à l’aide de l'air liquide. Il y avait lieu de comparer en même temps l'absorption des rayons Rüntgen par divers corps froids. On pensait déjà que le poids atomique de l'argon est double de sa densité rapportée à l'hy- drogène : cette vue fut confirmée par les opacités sensiblement égales qu'on trouva pour cette sub- stance à l’état liquide, pour le chlore liquide et pour le potassium. Ce fut là la première applica- tion des rayons Rüntgen pour fixer un poids alo- mique. IN. — LIQUÉFACTION DU FLUOR. La liquéfaction du fluor fut d'une année anté- rieure à celle de l'hydrogène. Le caractère des composés de ce corps avait, depuis longtemps, fait sûrement pressentir que la condensation de cet élément serait particulièrement difficile. Ainsi, tandis que le chlorure d'éthyle bout à + 12° C., le fluorure d'éthyle bout à seulement — 32° C.; de même, les points d'’ébullition du chlorure et du fluorure de propyle sont respectivement + 450° el — %, Les divers composés halogénés inorganiques fournissent des relations analogues pour cette constante. L'obstination du fluor à garder la forme gazeuse dut enfin céder devant deux énergies com- binées. M. Moissan, spécialiste dans la pralique chimique de cet élément, apporta à l'Institution Royale son appareil à produire le fluor pour la conférence qu'il,fit le 28 mai 1897; et, le lende- main, ce générateur servit, avec le réfrigérateur du Professeur Dewar, à obtenir le premier spécimen du fluor liquide. C'est un liquide jaune clair lrès mobile, bouillant à l'air libre à — 187° C., et qu'une température de —210° C. ne réussit pas encore à solidifier. Voici les principales de ses autres pro- priétés bien établies : il est soluble dans l'air et l'oxygène liquides; sa densité rapportée à l'eau est 1,14; sa constante capillaire est moindre que celle de l'hydrogène liquide; il n'a pas de spectre d'absorption et n’est pas magnétique. L'énergie d'affinité qui caractérise ce gaz est presque entiè- rement supprimée par le froid extrême nécessaire à sa condensation. Le liquide n'attaque pas les vases de verre ; il est indifférent devant l'oxygène, l'eau et le mercure. Seuls, l'hydrogène et les hydrocar- bures l’amènent à réagir avec incandescence. NV. — HYDROGÈNE, OXYGÈNE ET AIR SOLIDIFIÉS. La congélation de l'air atmosphérique fut réa- lisée, pour la première fois, par le Professeur Dewar, en 4893. Un litre d'air liquide, soumis à 136 M* A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES l'évaporation forcée dans un vase argenlé et à en- | par congélation un solide vitreux et transparent, veloppe de vide, fournit environ la moitié de son volume d'un solide incolore et transparent, qui peut persisier en cet état pendant une demi-heure. Sous l'influence de l'aimant, l'oxygène liquidevse | dirige sur les pôles et sort des mailles de la « gelée d'azote » qui forme la partie réellement solide de cette glace d'air. Ce corps ne peut être observé que dans le vide ou dans une atmosphère d'hydro- gène, car il fond instantanément au contact de l'atmosphère, et produit en même temps une nou- velle liquéfaction d'air. On peut observer l'exis- tence simultanée et le mélange de ces deux aclions, qui sont curieuses à séparer. La différence entre les conditions de congélation de l'oxygène et de au voisinage de — 190°C. L'hélium, d'autre part, est plus volatil que l'hydrogène : sa liquéfaction donnera donc une température plus basse encore, — donnera, disons-nous, car ce n'est point un fait accompli. Cet élément rare et étrange de notre À planète est l’un des corps accessibles qui restent. | invinciblement gazeux à la fin du xx° siècle. Il n'yM l'azote dépend de ce fait que la tension de vapeur | du premier corps est inappréciable, quand il bout dans un récipient évacué, tandis que celle du deuxième est beaucoup plus grande. L'oxygène solide ne peut être obtenu qu'au moyen de l'hydro- gène liquide: il forme une glace bleuâtre et! trans- parente. L'hydrogène lui-même fut solidifié par le Professeur Dewar en 1899, non sans une extrème difficulté. Ce produit ultime de réfrigération pos- sède un point de fusion placé à environ 15° du zéro absolu, avec une tension de vapeur de 55 mil- limètres. Il se présente sous forme d'une glace parfaitement pure, sans aucun caractère mélal- lique. Ce fut un vrai triomphe quand, devant un auditoire rassemblé dans l’amphithéâtre de l'Insti- tulion Royale, le 6 avril 1900, ful présenté un état de la matière obtenu au prix de tant d'’efforls! Mais la réflexion devait lempérer ce légitime or- gueil; car la voie ouverte par l'hydrogène vers le zéro absolu cessait avec la solidification de ce corps, et laissait sans poinls de repère un inter- valle, bien faible à la vérilé, mais d’une importance capitale. « L'ère des « gaz nouveaux » commença en 1894, quand on isola l'argon: l'hélium fut, peu après, extrait de la clévéite et d’autres minéraux rares. Le kryplon, le néon et le xénon furent, en 1898, retrouvés au spectroscope comme éléments de l'at- mosphère, par le Professeur Ramsay et le D° Tra- xers, qui emplovaient la méthode de fractionne- ment aux basses températures. Ces découvertes a aucune raison, cependant, de douter que l'hélium - liquide ne forme, au xx‘ siècle, un nouveau trophée » de la recherche scientifique. Ainsi se réalisera la. prévision de lord Kelvin, annonçant un corps qui. permeltra de réduire de 15° à 5° la distance qui. nous sépare du zéro absolu. VI. — ÉLÉMENTS INERTES DE L'ATMOSPHÈRE. Les « éléments inertes » de l'air atmosphérique » peuvent former une classe spéciale de corps. Ils. réunissent un certain nombre de particularités exceptionnelles. Ainsi, ils ressemblent au mercure par leur monoalomicité ; l'unité physique, ou molé- cule, est, chez eux, identique avec l'unité chimique, improprement nommée atome. Par suite, leur den- sité rapportée à l'hydrogène n'est que la moitié de leur poids atomique. L'absence d'affinités chi- miques les sépare de tous les autres corps connus. » Ils sont susceptibles d'être un peu dissous par cer- tains liquides, etabsorbés par quelques minéraux ; ‘mais ils sont striclement non-valents : ils ne for- ment pas de véritables combinaisons. Pour cette raison, et encore par suite des minimes proportions suivant lesquelles on rencontre ces corps, les essais ordinaires ne peuvent servir à en déceler la pré- sence. On ne leur-voit pas de fonction dans la na- | ture: ils existent comme par suite d’une survivance successives eurent pour effet de suggérer des pro- | blèmes tout nouveaux et inaltendus: elles fourni- | rent encore l'occasion de nouvelles recherches d'investigation. L'argon, il est vrai, se condense avec ce qu'on pourrait maiotenant nommer une facilité relative. Un échantillon de ce gaz, envoyé par le Professeur Ramsay, en 1895, à M. Olszewski, fut réduit par ce dernier en un liquide incolore, bouillant sous lapressionatmosphérique à—187°C., et une fois et demie plus dense que l'eau. Il forme à un ordre antérieur des choses. Peut-être, alors. que la Terre était encore à l'âge des nébuleuses, jouaient-ils un rôle qui leur était assigné. Ils possè- dent une volatilité surprenante par rapport à leur deusité, et ce fait les rend particulièrementinléres- sants pour les cryogénistes. Le petit tableau qui suit donne, suivant Ramsay et Travers, les aensités et les points d'ébullition des cinq membres du groupe présentement connus : TagLeau I. POINT d'ébullition (centigrade) || POIDS ÉLÉMENT DEXSITÉ e atomique an-drssous de — 2620 env.— 2399 — 1870 —1520 —109° 3,96 envir. 20,0 " nr! a "+ bs _ Lord Rayleigh a prouvé que le pouvoir réfrin- gent de l'hélium n'est que de 0,1238, celui de l'air étant 1,0 ; la même constante a, pour l'hydrogène, la valeur 0,469, presque quatre fois plus grande, quoique les densités diffèrent entre elles en sens contraire. La constitution monoatomique de tous ces gaz à été établie par la constance du rapport 1,66 trouvé entre leur chaleur spécifique à pres- sion constante et à volume constant. Bien qu'ils n'exercent sur la lumière aucune absorption appré- ciable, ils s'illuminent brillamment sur le passage de la décharge électrique. Un tube de néon doune une lueur rose orangé. Le krypton est violet päle, le xénon, bleu de ciel. Les spectres correspondants sont extrêmement vifs et bien caractéristiques. A mesure qu’on avancçait dans les recherches sur les basses températures, on était amené à des décou- vertes partielles qui en préparaient d'autres encore. Dans un Mémoire paru ea 1894, dans le Philoso- phical Magazine, « sur les spectres de la décharge électrique dans l'oxygène, l'air et l'azote liquides », les Professeurs Liveing et Dewar rapportaient que, pendant la distillätion et la concentration de l'oxygène et de l'air liquides sous pression réduite, ils avaient vu apparaitre deux raies brillantes nou- velles aux longueurs d'onde 557 et 555, la première coïncidant approximativement avec la principale raie de l'aurore boréale. Plus tard, le Professeur R amsay et le D° Travers l'attribuèrent au krypton. Puis, quelques lignes brillantes appartenant au Spectre du néon, non encore reconnu et identifié, furent observées, en 1897, par le Professeur Dewar sur un tube à vide rempli d'un gaz provenant de la source King's well, à Bath, et recueilli grâce à aimable permission de la Corporation de cette rille. Ce puits constitue l'une des sources Les: plus récieuses pour se procurer les éléments rares de latmosphère. MIL. — LES BASSES TEMPÉRATURES APPLIQUÉES ‘a A L'ANALYSE. On pourrait presque établir une nouvelle section lans la Chimie pneumatique avec l'analyse des az au moyen du froid, que le Professeur Dewar a éée de toutes pièces en 1897. Le 4 novembre de cette année, il décrivit, devant 1 Société Chimique de Londres, un appareil ser- ant à fixer la proportion de tout élément de l'air & Se condensant pas encore à — 210° C. et inso- ible dans l’air liquide sous la pression normale. ès expériences préliminaires prouvèrent qu'on Quvait, avec la méthode nouvellement décrite, éceler un millième d'hydrogène dans l'air : el que air liquide peut dissoudre d'hydrogène un cin- ième de son propre volume. L'hélium se montra M'° À. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES 137 soluble dans l'azote, quoique à un degré moindre. Le puissant secours fourni par l'hydrogène liquide pergit de continuer ces recherches l:s années suivantes. L'extraordinaire énergie de réfrigération que possède ce corps se manifeste dans la production rapide de vides élevés par ce moyen. On a calculé que la pression de l'air dans des tubes scellés, évacués par immersion dans l'hydrogène liquide, ne pouvait pas dépasser un millionième d'atmo- sphère, à moins qu'il n'y eüt un peu de tension pro- venant de la persistance, en proportion bien mi- nime, d'un gaz plus réfractaire encore que l'oxy- gène et l'azote. Autrement dit, l'épuisement obtenu au moyen du froid est le mème qu'en chassant Je gaz par la vapeur de mercure. Dans la pratique, la première méthode se montra meilleure encore avec des tubes soigneusement préparés; le vide était si parfait qu'il fallait les réchauffer un peu pour que l'étincelle pût les traverser. L'examen spectrosco- pique permit d'y constater des faits d'un intérèt bien particulier. Les bandes de l'oxyde de carbone y existaient généralement, mais pouvaient prove- nir d'émanations dues au verre lui-même; elles étaient accompagnées par des lignes de l'hydro- gène et de l'hélium et par la raie jaune caractéris- tique du néon. La voie ainsi ouverte fut poursuivie, en août 1900, par un procédé perfectionné. On remplit quelques tubes à une pression assez basse, avec les gaz les plus volatils de l'atmosphère. Toutes traces d'azote, d'argon et de composés car- bonés avaient élé chassées par un bain d'hydro- gène liquide, et l'étincelle fit alors éclater brillam- ment les spectres de l'hydrogène, de l'hélium et du néon, avec un grand nombre de raies brillantes d'origine inconnue. L'excitation produite par des décharges électriques continues communiquait aux tubes ainsi préparés un vif éclat orangé. Les re- gions violettes et ultra-violettes du spectre fourni ainsi semblent cependant rivaliser d'intensité avec les radiations rouges et jaunes, autant du moins qu'on peut en juger au spectrographe. Les plaques sensibles étaient fortement impres- sionnées jusqu'à la longueur d'onde 314, malgré l'opacilé du verre pour des vibralions aussi rapides. Les photographies étaient cbtenues, il est vrai, au moyen d'un système aplique de quartz et de calcite, mais il fallait cependant toujours compter avec le verre des tubes. Les Professeurs Liveing et Dewar mesurèrent, par cette méthode, les longueurs d'onde de presque 300 raies du spectre obtenu ainsi avec les gaz atmosphériques résiduels qui ne se condensent pas à la température de l'hydrogène liquide : ils em- ployaient comme terme de comparaison le spectre d'élincelle du fer. Parmi ces raies, 69 furent 138 reconnues d'une facon certaine ou probable comme provenant de l'hydrogène, de l'hélium ou du néon; et, fait d’une bien haute importance, on y remarque quatre termes de la série ultra-violette de l'hydro- gène. Dans les circonstances ordinaires, elles ne sontémises que par les gaz soigneusement purifiés. Ici, cependant, elles apparaissaient assez facilement en comparaison, sur des plaques exposées à la lumière provenant d'un mélange hétérogène. Voilà done une indication inattendue relative aux con- ditions qui peuvent tendre à modifier le spectre de l'hydrogène, en passant d'une étoile à l’autre. On s'appliqua à rechercher encore, parmi les lignes nouvelles, des coïncidences avec les raies des nébu- leuses, de la couronne solaire ou de l'aurore boréale ; mais le succès en fut douteux ou seulement partiel. Il n'était pas impossible que le « nébulum » restàt encore caché, à notre époque, dans l'atmosphère terrestre, bien qu'à dose presqueinfinitésimale. En effet, un tube qui, grâce à un traitement un peu différent, avait gardé des traces d'azote et d'argon, donnait une faible raie supplémentaire, laquelle coïncidait approximativement avec la principale ligne brillante des nébuleuses gazeuses, placée à À— 500,7. On projetait encore d'autres obser- vations pour vérifier celte intéressante hypothèse. Un grand nombre de lignes secondaires dans les spectres de tubes tombaient très près des régions assignées aux radiations de la couronne solaire; cependant, ici encore, il fallait une confirmation avant de pouvoir regarder seulement comme pro- bable la présence du coronium sur notre terre. On remarque encore une tendance à des coincidences avec le spectre de l'aurore boréale. Quelques-unes d'entre celles-ci sembleut devoir être bien réelles. C'est sûrement celte voie-là qui permet le mieux d'espérer résoudre le décevant problème des lumières boréales. L'emploi de l'hydrogène liquide comme agent d'analyse permet de distinguer au spectroscope le néon par sa raie jaune à À —585,3 dans 25 centi- mètres cubes d'air ordinaire. Celte méthode est bonne surtout pour les recherches d'investigation, si l’on considère que le gaz existe ici seulement dans la proportion de 1/40.000. La ligne principale du néon prédomine dans le spectre du résidu de l'at- mosphère, tout comme la raie voisine de l’hélium dans le spectre prismatique fourni par la portion la plus volalile du gaz des eaux de Balh. Les deux radiations existent dans les deux spectres, mais avec des intensilés inverses. Les recherches du Professeur Dewar ont établi que l'hélium est un élément constitutif invariable de notre atmosphère; elles ont mis en association avec l'hydrogène. Dans tout échantillon d'air, il y a de l'hydrogène, 1/5.000 en volume, d’après la récente évidence son Mie A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES détermination de M. Armand Gautier. Si, comme le veut le D' Stoney, les vitesses de ses molécules sont, dans leur long parcours, insensibles à la gravité, il faut que la perte produite soitcompensée du dehors ou du dedans. Peut-être des sources souterraines comblent- elles ce déficit, ou bien l'espace interplanétaire rend-il autant de ces molécules vagabondes qu'il en a recu lui-même. Il s'établit forcément quelque balance, d'une manière ou d'une autre. Dans une communicalion ultérieure à la Société Royale, lue le 20 juin 1901, les Professeurs Liveing et Dewar traitèrent le sujet des gaz les moins vola- tils de l'atmosphère, comme, antérieurement, ils s'étaient occupés des plus volatils. Séparés de l'air liquide par une minutieuse distillation, le xénon et le krypton furent examinés au spectroscope, et la variation de leurs spectres avec la nature de la décharge électrique attira tout particulièrement l'attention. Le nombre de raies mesurées et enre- gistrées était de 25 pour le xénon, et de 182 pour le krypton. VIII. — LES BASSES TEMPÉRATURES ET LES PHÉNOMÈNES DE LA VIE. L'étude des phénomènes vitaux -aux basses températures est d'une importance capitale. Nos idées sur l'essence de la vie, et nos hypothèses touchant son histoire à la surface de notre planète, doivent tenir compte, dans une large mesure, des expériences sur la résistance des êtres vivants aux températures extrèmes, chaudes et froides. On atteint maintenant aisément la limite supérieure d'endurance : jamais elle ne dépasse + 100° C., et, d'ordinaire, elle est située beaucoup au-dessous. Les animaux à sang chaud périssent sûrement et promptement, quand on les expose au froid. Mais l'énergie de résistance augmente avec la simplicité d’organisalion, et les derniers atomes de la vie, si on peut appeler ainsi les bactéries, supportent impunément un froid indéfini. Le Professeur Mac Kendrick trouva, en 1893, qu'une heure d'exposi- tion à —182° C. ne suffisait pas à stériliser les objets. Des échantillons de sang, de viande, de lait, enfermés dans des tubes scellés, subirent la putréfaclion à la manière ordinaire, après une immersion prolongée dans l'hydrogène liquide. De même, le pouvoir germinalif des graines ne fut pas atteint par un traitement analogue. Pendant sept ans, le D' Allan Macfadyen a exécuté une série très élendue d'expériences de ce genre, à l'Institulion Royale, sous la direction personnelle du Professeur Dewar. L'action de l'air liquide sur les bactéries fut exa- minée la première, el reconnue absôlument inoffen- Après vingt heures d'exposition à —199°C., leur faculté de croissance, ou dans quelqu'une > leurs activités fonctionnelles. Les organismes hosphorescents procurèrent un exemple frappant suspension et de reprise des phénomènes ux par congélation el dégel successifs. Refroidis ans l'air liquide, ils n'émettent plus de lumière ; ais l'oxydation intra-cellulaire produisant la puos- iorescence recommence vigoureusement, dès la température se relève. La brusque suspen- n et la rapide reprise de la propriété phologé- e des cellules, malgré des changements exces- dans la température, constiluent des faits inemment instructifs. Un séjour d’une semaine l'air liquide ne fut pas plus nuisible que ingt heures à la vie des bactéries; même résultat our l'expérience faite à la température de l'hydro- ène liquide. Les séries d'organismes les plus ats ne souffrirent nullement de ce traitement 21° absolus, et, probablement, la vie peut conti- üer à exister beaucoup plus près encore du zéro. Elle peut persister ainsi, même dans des condi- ons qui abolissent entièrement l'activilé chimique bqui suppriment presque l'activilé moléculaire, nsi que l’a fait remarquer le D'° Macfadyen : « Ces nnées nouvelles nous forcent à nous demander après tout, la vie dépend de réactions chimiques ur se continuer. » é Aussi les biologistes, ajoutait-il, « suivent avec plus vif intérêt les patients efforts du Professeur èwar pour arriver au zéro absolu ». Et le succès cesavant leur a déjà ouvert un nouveau domaine expérimentalion, et a mis entre leurs mains un Sent d'investigation par l'emploi duquel ils euvent espérer conquérir quelques vues nouvelles » le grand mystère de la vie elle-même. L'intérêt éeulatif de ces recherches fournit le stimulant le is puissant à les poursuivre. On a souvent agité question de la possibilité d'une transmission de es ou de germes vivants de planète à planèle. 1 < ait maintenant que le froid des espaces célestes serait vraisemblablement pas un obstacle à cette msmission. Mais il reste d'autres difficultés bins faciles à écarter, et même, s’il était possible établir une communauté d'origine organique ur les espèces de bactéries, en serions-nous us avancés vers le cœur du mystère de l’origine la vie? IX. — PROBLÈMES IRRÉSOLUS. Le développement de la chimie des basses tempé- Mlures est un des traits les plus frappants de istoire scientifique des dix dernières années du ne pouvait apercevoir aucun affaiblissement : M'° A. M. CLERKE — RECHERCHES SUR LES BASSES TEMPÉRATURES 139 ont reçu une réponse par ce moyen, qui a fourni des vues de détail sur les secrets les plus cachés de la Nature. L'unique condition qui persiste ici est que la limite nec plus ultra ne peut reculer à mesure qu'on s'en approche. Le zéro absolu forme un terme immuable, une limite qu'on ne peut dépas- ser : c'est, en quelque sorte, une asymptote à la courbe du progrès futur. Et chaque pas pour s'en rapprocher est plus pénible que les précédents. Parmi les causes nombreuses qui augmentent les difficultés, il y a ce fait que les chaleurs latentes moléculaires: de vaporisation diminuent avec la température absolue d’ébullition ; aussi faut-il prodi- guer une quanlilé de plus en plus grande de matière frigorifique pour produire le froid voulu. Quoique le zéro de l'échelle des températures ne puisse jamais être réellement atteint, l’espace qui nous en sépare sera sûrement encore beaucoup diminué. Mais jamais, pouvons-nous prédire en loute sûreté, jamais nous n’assisterons à la « mort de la matière ». A l'élape que nous avons conquise, la matière ne parait nullement moribonde. Sur elle et dans son sein agissent toujours des forces : la gravité el la cohésion gardent leur énergie normale. Le passage de l'électricité dans les métaux les plus purs et les meilleurs conducteurs est sen- siblement empêché. Les particules les plus déli- cales de la matière peuvent encore recevoir et modifier les vibrations lumineuses. L'affinilé chi- mique semble éteinte ; les diverses espèces de matière cessent de réagir les unes sur les autres. La prochaine conquête cryogénique péut, il est vrai, changer l'état des choses tel que nous le voyons. Nos vues fondamentales peuvent êlre bouleversées, car nous sommes présentement à une phase critique de la recherche scientifique; ainsi, par exemple, la liquéfaction de l’hélium peut déci- der de bien des choses : elle peut calmer certains doutes et offrir des solutions inatlendues. Les conditions de ce progrès ont élé clairement exposées dans la Conférence bakérienne mention- née plus haut. Elles peuvent se réaliser par l'emploi de méthodes dès maintenant applicables. Cette dernière forteresse de l’état gazeux ne peut plus être regardée comme imprenable, quoique la conquête doive en coûter des sommes très élevées. L'hélium gazeux, pour commencer par lui, est d'une rareté extrème : et les raretés coûtent à se procu- rer. La condensation n'en peut être effectuée qu'en le soumettant au même procédé qui réussit avec l'hydrogène : il faudra cependant employer l'hy- drogène liquide au lieu de l'air liquide, comme agent primaire de refroidissement par exhaustion. On obtiendra un liquide bouillant à 5° absolus, ou — 268° C., mais bien plus coûteux par rapport à l'hydrogène liquide que celui-ci l’est lui-même par 140 B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST rapport à l'air liquide. En comparaison, l'or pota- ble ne serait qu'une vile liqueur. Et ce précieux mélal, sous cette forme ou sous toute autre, ne peut être employé à un but intellectuel plus élevé que celui d'encourager et d'étendre des recher- ches aussi pleines de promesses illimitées et de caplivant intérêt que celles qui sont poursuivies à l'Instilution Royale. M''' A. M. Clerke. LE CANAL DU NORD-EST « La Chiers se peut rendrenavigable depuis Long- wy jusqu'à la Meuse. La navigation de la Sambre se peut aussi prolonger de Maubeuge à Landrecies. On prétend même qu'elle se peut joindre à l'Oise. La navigation de l'Escaut se peut remonter jusqu à Cambrai par un canal. Ledit Escaut se peut com- muniquer, par un canal de Tournai à Lille, à la Deûle, et de là à la Lys. La Lys se peut communiquer à la rivière d'Aa par le Neufossé... La rivière d'Aa se peut communiquer à Dunkerque par la Colme ». Ainsi s'ébauchait, dans l'imagination de Vauban’, le canevas d'un réseau navigable dans le Nord et l'Est de la France. Plusieurs de ces sèches et fugitives indications ont été réalisées; d'autres ont passé inapercues. Dans les plansde mise enétat des rivières lorraines, la Chiers ne fut guère mention- née : ceux de Bilistein” et de Lecreulx? la négli- gent; seul, le programme élaboré sous la Restaura- lion par l'ingénieur Dutems ‘ proposa « la jonction de la Meuse à la Moselle par Ze Chiers (sic), l'Othain et l'Orne sur un développement de 146 kilomètres, au prix de onze millions, en vue d'assurer « la communication entre les places frontières du Nord et de l'Est». Et d'autre part — chose curieuse — ni Vauban, qui réva la connexion de toutes les arlères de la Flandre francaise, niceux qui se sont inspirés de ses idées pour les simplifier, ne songentà relier la Meuse à la Sambre et à l'Escaut*! Aujourd'hui encore, sur la carte des voies navigables (fig. 1), le contraste est frappant et peu harmonieux à l'œil entre les mailles serrées, qui se croisent depuis la ligne de l'Oise à la Sambre jusqu'à la mer, et le blanc qui, de l'autre côté, s'étend jusqu'à la fron- tière du Luxembourg et de la Lorraine annexée et que l'unique el maigre trail du canal de l'Est fait paraitre plus vide encore. W. de Vauban. Paris, Corréard, 1843, IV, 1 Oisivetés de p. 136. ? Essai de navigation lorraine, Amsterdam, Constupel, 176%. * Mémoire sur les avantages de la navigation des canaux et rivières qui traversent les départements de Ja Meurthe, - des Vosges, de la Meuse et de la Moselle. Nancy, Barbier, an III. * Histoire de la navigation intérieure de la France, 1829, IT, 327. * La jonction préconisée par Vauban entre la Meuse el l'Oise par l'Aisne (anal des Ardennes) ne se prolongeait pas au delà de l'Oise {ouvr. cité, p. 103). Ce n'est point seulement l'image cartographique qui souffre de cette dissymélrie. Les hommes ont senti qu'il manquait là un trait d'union. Ce lrait d'union doit êlre le canal du Nord-Est. Cette déno- imination commune ‘ unit deux troncons, solidaires dans la réalité, et selon la raison géographique, mais administrativement indépendants et que l’on distingue sous les deux noms de canal de la Chiers et canal de la Meuse à l'Escaut. Le projet semble récent; à vrai dire, il est né à la vie officielle voilà un peu plus de vingt ans; il eut, comme tant d'aulres de ses congénères qui aspirè- rent à sortir des limbes, le parrainage de M de Frey- cinel”, il reçut le sacrement du baplème parlemen- taire ou du moins un ondoiement”. Il fut salué aussitôt, non seulement par ceux dont la nouvelle artère devait, par un contact immédiat, desservir les intérêts riverains, mais par ceux-là encore qui comptaient à la fois capter et vivifier le courant de son trafic. La Chambre de Commerce de Dun- kerque formula une des premières ses vœux et ses ambitions‘. Manifeslalion éphémère; le silence se fil: les études se poursuivirent sans bruit, etsans frais, du moins pour le Trésor public; car les pro- moteurs, c'est-à-dire les industriels du bassin de Longwy,une marchandèrent pas leurs subventions”. Le nouveau chapitre de cette histoire pourrait s'intituler : « Vingt ans après ». Espérons que c'est le dernier. Le projet dormait d'un sommeil presque inviolé quand le signal du réveil retentit, sous la forme d'une circulaire du Ministre du Commerce en date du 17 février 1900. Ce n'étaient plus les longs espoirs et les vastes pensées qui enflaient les pro- ! C’est celle aussi qu'emploie M. Georges Villain : Les voies navigables. Journal Le Temps, 11 et 21 juin, 2 juillet 1901. > ]1 figure dans le programme auquel cet homme d'Etat attacha son now (loi du 5 août 1879). # Canal de la Chiers. Rapport de M. Marquiset. Doc. Parler. Chambre, 1881, p. 215,n0 3.360. Canal de la Meuse à l'Escaut. Rapport de M. Alfred Girard, Zb;4., 1882, p. S91, n° 608. Les Rapports reproduisent l'exposé des motifs qui précède le projet de loi; pour le canal de la Meuse à l'Escaut, cet exposé des motifs reproduit la notice de M. Quinette de Ro- chemont, alors ingénieur en chef à Lille, un des documents fondamentaux du dossier. 4 Délibération du 8 mars 1881. 5 Conseil général de Meurthe-et-Moselle. Session d'août 1885, p. 364. Les études furent terminées en 1887. » P:, B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST 14 S M ent, c'était « le classement, par ordre d'urgence, les travaux d'amélioration ou d'extension à effec- tuer sur les voies ferrées, sur les voies de naviga- les autres tout battant neuf — qui réclamèrent l'urgence : preuve flagrante que le pays ressent les imperfections de son appareil circulatoire, et cette inquiétude même est de bon augure. En ce qui concerne le canal du Nord-Est, la néces- sité de l’entreprise s'était, pendant la période d'ac- Tentes ee LD 7 j L\\ ÆArnières et canaux concédes D À n lorts etrembouchures marines LLLILLLLLLA | lôies navigables admrnistrees 2 BR OVRIOTE EEE SRE PEU PRE # + + # + x * ÿ La +LUX EMBOURG? x x ++ % 4 + + \ Er r+tty £ | x Dun 3-Æeuse’ \ À erd o LE LS + * 4 + TL + * * VE + ALLEMAGNE * x Bar le Due membre : © X o x \ x _72 à é = N Nancy ue DNS RE N È S. CAC SE Disièro T Froussevaz % * 2 pZaneunepitré, << Le S AA À À N & got 3 FRE è Ë HN na. il { EPRETSS NI LAN 1: 1 cd Ds J/ ESS: Ÿ/ | 2£prral, © Chaumont Î| 7 EX DS * R A * È EE + (C É FE + x nan pen Æ Porremuns 5 nue Hautefouille Près lassement par ordre d'urgence, qui définissent nettement le butet la portée del’enquête. » Cetappel rudent et discret fut entendu sur tous les points le la France ; il fut trop bien entendu. L'Ænquéte r les voies de communication‘ contient une liste -‘ Imp. uat., 1900, in-40, p. 259. Fig. 1. — Tonnage des voies navigables dams le Nord-Est de la France. calmie, — pour des motifs qui seront exposés plus loin, — plus impérieusement emparée des esprits. Aussi, moins de deux mois après l'apparition de la circulaire ministérielle, les intéressés se réuni- rent en un congrès à Nancy (7 avril): dix Chambres de Commerce y furent représentées”. L'on y agita { Bar-le-Duc, Belfort, Châlons-sur-Marne, Charleville, Epinal, Reims, Saint-Dié (Chambre cousultative), Sedan, Troyes, Naucy. — Etaient présents également : MM. les on = 19 la question des voies decommunications régionales ; celles du bassin de Longwv-Briey eurent les hon- neurs de la priorité *. Enfin, le Conseil supérieur du Commerce et de l'Industrie, dans sa session d'octobre 1900, procéda à une sélection suprême et définitive. Entre tous les projets qui se disputaient le premier rang — et quelques-uns sont considérables et de grande enver- gure — figurent dans le classement adopté, avec le numéro 1 sous la rubrique des voies navigables : Jonction de la Chiers à la Meuse et à l'Escaut et amélioralion des canaux qui relient T Escaut à Dun- kerque:; el avec le numére 4 sous la rubrique des ports maritimes : Dunkerque et Marseille ex & quo. Le canal du Nord-Est sortait de ce concours, en quelque sorte national, avec le premier prix. C'élait un succès moral : il restait à l'assurer matérielle- menL. C’est à quoi s’employèrent sans retard les promo- teurs : les Présidents des Chambres de Commerce se concertèrent à Paris, le 7 mars 1901, et les Chambres de Commerce des régions du Nord et de l'Est Llinrent une conférence à Charleville le 25 avril suivant, à laquelle assistèrent MM. André Lebon, auteur, avec M. Charles Roux, du Rapport général sur l'Enquête, Georges Villain, les ingé- nieurs Rigaux et Barbet, etc.” De toutes ces déli- béralions, se dégage la signification de l'œuvre officiellement consacrée par le projet de loi du 1° mars 1901 et par les rapports parlementaires qui sanctionnent et recommandent le complé- ment de l'outillage national”. ingénieurs Thoux et Villain, MM. Weiss, sous-directeur de la Compagnie de l'Est, et Dreux, maitre de forges, admi- nistraleur de la Société des Aciéries de Longwy. (Compte rendu du Congrès du T avril 1900 des Chambres de Com- merce de la Région de l'Est, Nancy, imp. Nancéienne, 1900, 6+ pages). ! Le Congrès classa en tête des chemins de fer : les lignes de Briey à Hussigny-Villerupt, — de Baroncourt à un point à déterminer de la ligne de Briey à Hussigny, — doublement de la voie de Longuyon à Pagny-sur-Moselle; en tête des voies navigables : le canal de la Chiers, dont les études sont faites, et le canal de l'Escaut à la Meuse, avec soudure à Mézières entre ces deux canaux, en appelant l'attention de l'Administration sur la nécessité d'une exécution sinon simultanée, du moins consécutive dans un délai rapide, et cela en raison du concours que ces deux voies se prêteront. ? Projet des canaux de la Chiers, de l'Escaut à la Meuse. tésumé des Communications faites à la réunion des Prési- dents des Chambres de Commerce tenue à Paris le mars 1904, Charleville, Anciaux, 1901, 16 pages). Conférence des Chambres de Commerce des régions du Nord et de l'Est sur le concours financier à offrir à l'Etat pour l'exécution du canal de la Chiers et du canal de l'Escaut à la Meuse, tenue à Charleville le 25 avril 1901. (Charleville, - Anciaux, 1901, 20 pages). # Le Rapport sur le canal du Nord-Est a été rédigé par M. Guillain {Doc. Parl. Chambre, session extraord., 1901, n° 2729). Cf. le Rapport général de M. Aimond, n° 2599. Outre la préoccupation d'ouvrir des chantiers aux ouvriers que l'achèvement de l'Exposition laissait inemployés, l'ini- üative commune de MM. Millerand et Pierre Baudin s'est B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST Sa signification, elle la Lire du triple foyer de vie dont elle est destinée à renforcer l'énergie et la" puissance naturelle : la région minière et métallur- gique de Ja Lorraine, les contrées houillères du Nord de la France, le port de Dunkerque. Sans déprécier les autres intérêts en cause, on a le droit d'affirmer que la région industrielle de Lorraine sera la nourrice du trafic : c’est sa fortune qui est en jeu. | Ce coin extrême de la terre de France, que doit sillonner le canal de la Chiers, est privilégié; il a, parmi les autres pays de France, sa fonction spé- ciale, son originalité ; c’est le pays du fer. C'est un bloc d’entre 50 et 60.000 hectares, dont l'exten- sion souterraine se développe sur 40 kilomètres du Nord au Sud, sur une largeur de 7 à 24 kilomètres dans le sens horizontal" : ce bloc n'est lui-même. qu'un morceau de la nappe ferrugineuse, aujour- d'hui englobée dans la Lorraine annexée et le Grand-Duché de Luxembourg *. Ce bassin de Briey, nom générique qui com- prend loute la partie nord du département, se divise en lrois groupes (fig. 2) : 1° groupe septentrional ou de Longwy; 2° groupe du milieu ou de Landres; 3° groupe du Sud ou de l'Orne *. A ce district septentrional, qui sera desservi par la voie à créer, s'en soude un autre, plus favorisé: déjà, car il est drainé par les canaux de la Marne au Rhin et de l'Est: c'est le bassin de Nancy. Celui-ci couvre 18.500 hectares, chiffre de la super- ficie des concessions. sans doute inspirée d'une pensée politique plus haute, quil ne nous appartient pas d'exposer dans cette /evue. 1 G. RozLano : Sur les gisements de minerai de fer ooli- thiques du nouveau bassin de Briey(C.R. Acad. Se.,t. CCXXVI, 1898, p. 285-90 avec carte.) CF. Notice de la Carte géol. au SU.000° (feuilles de Longwy et de Metz). ? Pour en mesurer les limites de ce côté, consulter à C'ebersichtskarteder Eisenerzfelder des westlichen Deutsch= Lothringen (Strasbourg, 1899, à l'échelle 1/80.000), avec la liste des concessions : Verzeichniss der im. w. D. L. ver- liehenen ÆEisenerzfelder. Dritte nach dem Stande voux 15 August 1899 berichtigte und ergänzte Auflage, 10 p. 3 C'est la division proposée par M. l'ingénieur F. Villain, le connaisseur le plus autorisé de ce pays du fer. (Vie LAIX : Sur le gisement des minerais de fer en Meurthe-et Moselle. Rev. Industr. de l'Est. Numéro spécial du 1tr juil= let 1900, avec atlas de 5 planches.) Tirage spécial. Les chiffres donnés par M. Villain forment un tota de 60.000 hectares environ, et dépassent celui de M. Rolland, 54.000 hectares. La division de M. Villain parait devoir être admise. Q doit rejeter, comme n'étant pas topique ai précise, la rubrique de « bassin d'entre Meuse-et-Moselle », que l'on a propos d'appliquer aux nouvelles concessions obtenues à la limite des soudages opérés de 1893 à 1899. Voyez Cu. PALGEN Les nouveaux sondages du bassin minier entre Moselle-et Meuse. Extrait des Mém. de l'Union des Ingénieurs de Lou vain. Bruxelles, Impr. de l'Economie financière, 4900, p. 40: Le bassin est marqué par une teinte grise, sur la carte annexe à 1/80.000. 4 B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST f 143 Les contours que l’on peut dessiner sur la carte sont en quelque mesure factices : ils coïncident avec le cadre des terrains concédés; les limites na- turelles sont le plus souvent occultes et souler- produetrice de la masse minérale. Cet élément a pu être évalué avec une précision nouvelle à la suite des sondages opérés dans ces toutes der- nières années (1895-1899) entre la frontière alle- CR CO . Pa | ô 1 qaset ee: N _ RETUXES à e Ÿ = LEE rase x > + +° 2 V _ ee ts Mirtin e } > x D 7) L RL : Re k A Long à Ë < 1 RE, e A Oo LOS / Herserange ge 7 + Fe a » <, 5 7 “ z 7. ue P Hexy ne eee € ichon Codbrangeo Ceù + RE d ; LA e « Hussigp À | À ; = + NN € #6 Ab o, € ile Qi + = Hontiqny < y € e # | Foier's BAS CC EEE “ms = e eee. k our = E o x 77 Hi Ë Tülerupt À kr ; oimey 7 Eire elet à “ ere | | 6€ SA Longuyor E * Petit-Mpry * _ £ - 4 JTE : o Le] ON VPett Fly ° Beuveille Ê PSE) ‘ 2 * A Le Nr ER * : m5 egrund Fay MERE Be 4 p2 © # Arrane : , £ à L FINE, © - monte Sales Ê AAICES # 7 Le NN £ S € Tr, * NL = £ > x . eo Harvo 2 ES Ê >, : = > 2 Te ne E à “ - Hercy-le -Ba$ Le * = 20 te -Duss 7 $ ne) "| C \ & ins) & = | € + | + + nd ss À Aer = | AT ©. # <<, FOND Pan Frs | e £ ; Ke FENDENT Êr= o. ee + \ | a 54 2.2 Hurville | oAndermy a | Ê ’ | ’ à = \ l | | 4 JSpincourt = =, Lu tres Ÿ Bonrillers | € Houdeaucrrt E ca Hz = à { 2 | ==/N = » - air /@ | 74 \ =: \ Picequegraa @ Bouligray / Pa 4x 1 oZoudrrnille Légende 4 d Lo + : Cnal projeté de Longuyon & Jœuf —= É LI Canal de la Chiers __ 2 _—— À D ‘ Lén-s [1 A | : ? À == s DETTE AFS NE — ue / h £ eus . | EE A ñ antécourt | PÉRCIID NTI TL À pee EEE EC EEE UNS L | CT OEM ENS = = | | € | Lirnite di gite, férrifère DIEPTTVENT] n | | LHETE GITE FO OSCAR SE ER À = Hauts fourneaux existants. -_-- e » d° d? propetes--___-___ © | Luirs d'extraction --______________W | ] CONTES Q | Seorres de dephosphoration.- _ _____à Cl MODES ER Re = p- A , . , . . : Fig. 2. — Carte de l'arrondissement de Briey. …— raines'. C'est d'ailleurs moins une estimation de | …. surface qui importe, que la puissance et la valeur | ! Les « limites d'exploitabilité » sont dessinées par G. Rol- | land sur les feuilles précitées de la carte géol. Cf. VizLaix, ‘Atlas, planche V. S mande, Briey, Audun-le-Roman et Baroncourt (Meuse). L'exploration mérite d’être signalée ici, non seulement à cause de sa portée économique, mais parce qu'elle touche à un problème digne d'intéresser les géographes. L'origine des dépôts B. AUERBACH — LE ferrugineux a été fort discutée. Le regretté Blei- cher en a suivi la trainée sur 120 kilomètres en ligne verticale, en a déterminé la place dans la hiérarchie des strates entre le Lias supérieur et l'oolithe inférieure, en a défini, grâce à la faune fossile, l'âge et l'état civil : il a distingué le minerai liasien de l’oolithique; « le premier, sur- tout exploité dans le groupe de Nancy, à une faune de haute mer », tandis que l’autre offre plutôt « le caractère litloral »; c’est ce dernier qui affleure en ourlet sur le flanc des côtes en sur- plomb sur la Moselle, ou se déroule en diadème à la base de la crête bajocienne. Mais on rencontre aussi, disséminé en grains à fleur de sol, et sur- tout dans des cavités et des poches, un minerai, dit fer fort, jadis plus renommé el plus exploité que de nos jours, surtout autour de Saint-Pancré, mais qui est, selon Bleicher, un témoin éloquent et pré- cieux dans l'histoire du relief lorrain. Il en raconte l'épisode le plus décisif peut-être, la dénudation ou le démantèlement des croupes à l'arête rigide des socles découronnés : l'énorme masse de malé- riaux, de 200 mètres d'épaisseur, qui les surmon- lait, aurait été abrasée, et, en même temps que ces malériaux, pour la plupart calcaires, s'écroulaient, ils se dépouillaient, selon Bleicher, de leur chaux, ils se décalcifiaient pour s’imprégner de silice. « L'imprégnation siliceuse s'est souvent accompa- gnée d'imprégnation ferrugineuse, el l’on peut ad- mettre que, sur la masse considérable de fer qui, sous la forme des nodules de fossiles pyriteux ou hydroxydés, d’oolithes, se trouvait disséminée dans les 200 mètres de couches délavées, une partie s’est concentrée dans les argiles plus ou moins pures du fond des fissures et des dépres- sions, pour se déposer sous la forme de fer fort noduleux ou pisolithique ». Oulre la théorie cu- rieuse de mélarmorphisme où métasomatose s'af- firme ici hypothèse chère à notre regretlé collègue, celle de la dénudation du plateau central de Have, hypothèse qui ne saurait être aussi étroitement localisée, mais s'appliquerait à l'ensemble du pla- teau lorrain !. Ce n'est pas le lieu ici de critiquer celte con- ception; il suffit d'en signaler l'intérêt géogra- phique. C’est à ce Litre aussi qu'il en faut men- tionner une autre, non moins suggeslive et ingé- ‘ Bueicaer : Recherches sur la structure et le gisement du minerai de fer pisolithique de diverses provenances francaises et étrangères (Bullet. Soc. Sciences Nancy, 1894. — Le minerai de fer de Meurthe-et-Moselle (Bullet. Soe. Indust. de l'Est, 2 série, 1894). — Sur la dénudation du plateau central de Haye (C. R. Acad. Se., 15 janvier 1900). — Sur la dénu lation de l'ensemble du plateau lorrain et sur quelques-unes de ses conséquences (/hid., 26 févr. 1900). — Sur les phénomènes de métamorphisme de produelion de minerai de ler consécutifs à la dénudalion du plateau de Haye (5 févr. 1900). CANAL DU NORD-EST nieuse, celle de la formation des minerais par des émissions souterraines. La structure du bassin de Briey est affectée par des accidents géologiques, des failles, qui, entre aulres conséquences, telles que le redressement du faîte d'entre Meuse et Moselle, la texture du réseau fluvial, etc., ont com- mandé la répartition et le plongement des couches de minerai‘. Orientées dans le sens général Sud- Ouest-Nord-Est, ces failles (failles de l'Orne, d'Avril, de Fonloy, d'Audun-le-Roman, d'Audun- le-Tiche) sont croisées par un système de cassures perpendiculaires : c'est dans ces déchirures, ébau- chées sous le lit de la mer, qui couvrait encore le terriloire, que débouchèrent des sources ferrugi- neuses. Ce n'est donc point postérieurement au dépôt des minerais que le sol aurait été disloqué ou raviné de la sorte; mais, au contraire, ces mou- vements l'auraient précédé, et ne se seraient ac- cenlués que dans la suite. Telle est la théorie des « failles nourricières », que M. Villain a exposée d'abord dans une conférence à la Société indus- trielle de l'Est (27 juin 1900), et qu'il se réserve de développer dans un ouvrage spécial ?. Nous n'avons point compétence pour traiter, encore moins pour trancher le problème de la genèse du minerai. Relenons, des arguments pro- duits, les conséquences d'ordre pratique et qui nous ramènent à notre sujet. Outre la facilité de l’extraclion, due au mode d'affleurement ou au jeu ” des compartiments faillés, voici la plus saillante : une seule des couches exploitables, la couche. grise, dans les 30.000 hectares où elle se déploie à travers le bassin de Briey, sur une épaisseur ja- mais moindre de 2 mètres, -qui se grossit parfois jusqu'à 8, recèle au delà de 2 milliards de tonnes de minerai, Même avec le déchet de la moitié, c'est une provision d'un milliard de tonnes qui s'offre; à raison d'une consommalion annuelle de 10 mil- lions, double du taux actuel, c'est l'activité d'un siècle (grande mortalis ævi Spatium) au moins qui est défrayée et soutenue. Alors que seront bientôt épuisés les gisements de Bilbao et d'autres centres, le bassin de Briey a devant lui une longue perspeclive de prospérité et de progrès fécond. Le passé, d’ailleurs, est garant de l'avenir. De longue date, l'industrie, fille du sol, a fleuri sur le ! B. Acergacu : Le plateau lorraïn, p. 201, suiv. * M. Villain admet la dénudation pour le minerai des couches plus j-u es, dispersées et charriées vers l'Ouest, et dont la Lorraine serait la patrie d'origine, de mme pour les minerais du diluvium et des plateaux..Sa théorie n'est done pas exclusive de celle de Bleicher. Elle à été contestée par M. G. Rolland (C.R. Acad. Se.). Tous ces documents, mémoires el graphiques ont été reproduits, souvent d'une facon fort défectueuse, dans une brochure de M. Francis Laur : Ztude complèle du bassin ferrifère de Briey et de la formation ferrugineuse lorraine (Paris, Soc. des Public. scicatifiques et Industrielles, 1901, 96 p., une carte hoxS texte). nds dt rose in den M ne état nd à Ge A neo + ve plateau de Briey ; sans remonter aux siècles loin- à _tains, à la veille de la Révolution, plus de 5 millions . de livres de fonte sortaient des forges de Moyenvic, . Longuyon, Lopigneux, Villaney, Villerupt, Ottange, _alimentées par le minerai de Saint-Pancré !; de celles de Longuyon el de Lopigneux encore, 1.200.000livres de feren barres. Toutefois, les établis- sements des Vosges et du Barrois, également bien - pourvus de bois, rivalisaient avec ceux de Lorraine. eu Moyenvic et la manufacture d'armes de Lon- guyon recevaient, par des charrois très coûteux, des charbons de Sarrebruek ?. L'afflux des houilles, - d'abord par la Moselle aménagée, puis par wagons - depuis le milieu du xix° siècle, provoqua un essor inoui*, qui ne s'est pas ralenti depuis lors, si bien que la zone industrielle de Lorraine apparait comme la génératrice d'un trafic intense. - Elle tire de son sein généreux le minerai, qu'elle transforme en fonte, en fer, en acier. Elle ne garde pas RUPPnpPpnsement pour elle seule la matière première ‘. Le bassin de Nancy, d'après les relevés de M. F. Villain, exporte en minerai, vers la Haute- Marne, le Nord, la Belgique, l'Allemagne, 300.000 tonnes; sauf 40.000 tonnes, ce tonnage emprunte la voie d'eau *. En attribuant 200.000 tonnes à la 4 irection Nord et Belgique, ce fret sera véhiculé par le nouveau canal. . Le bassin de l'Orne, le plus riche, n'es! encore entièrement sollicité. M. Villain assure qu il dispensera 600.000 tonnes aux hauts-fourneaux que quatre sociélés propriétaires de concessions ont édifiés dans le Nord, à Vezin, Aulnoye, Mau- beuge, Marchienne en Belgique, et Denain. Ajoutez l'appoint, qui n'augmentera pas, de 100.000 tonnes fourni par Longwy, voilà, semble-t-il, en dehors de la consommation locale, une fière cargaison de pas “1 Drerrica : Description des gites de minerai de la Lor- aine méridionale, Paris, an VII (p. 452 Jhid., p. 436, #43. “: À partir de 1849, on signale, gräce à l'amélioration de la “oie d'eau, une baisse considérable du fret. En 1837 encore, la tonne de honille amenée de Sarrebruck à Uckange coù- ait 12 fr. 25; à Pont-à-Mousson IS fr. 06. En 1849, ces prix Sont respectivement tombés à 6 fr. 15 et 10 fr. 32. Les arrivages étaient alors de 61.000 tonnes pour le premier point, de 14.000 pour le second (Conseil général, Moselle, ession août 1849, p. 86). Entre 1852 et 1856, on constate e la production métallurgique double. Depuis 1856, les iers sont fabriqués (pour 2.400.000 francs en 1856); en 489, 24.000 tonnes de rails sont livrées, 85.000 tonnes de fonte, 32.000 de fer. Les industriels réclament un chemin de er de Longuyon à Arlon. Ces renseignements sont tirés es Comptes rendus, assez sommaires, de la session du Conseil général; les Rapports des chefs de service y sont à éine résumés. Voir aussi GeorGes Viccaix : Le fer, la mhiouille et la métallurgie à la fin du dix-neuvième siècle. Pa- ris, A. Colin, chap. 1v. ; Toutefois, il est des années, 1894 par exemple, où l'ex- Pportation du minerai se réduit à rien. ? Congrès de Nancy, p. 21. REVUE GÉNÉRALE DES SCIEXCES, 1902. B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST 125 900.000 tonnes batellerie * Un second article d'expédition est le produit si- dérurgique sous sa première forme, la fonte. Les usines de Meurthe-et-Moselle sont de véritables mères gigognes : 580.000 tonnes ent 1880, 1.084.000 en 1890, 1.576.009 en 1899; et, comme partout des hauts-fourneaux vont éclore, ce chiffre s’enflera sous peu d'années : il atteindra, selon M. Villain, plus de 2.000.000 de tonnes”. Ce sera encore, pour partie, une aubaine pour le canal du Nord-Est, qui drainera vers Dunkerque les produits destinés aux pays d'outre-mer, jusqu'ici captés par Anvers, qui facilitera l'écoulement vers les forges, fon- deries et usines de transformation de l'intérieur de la France. Cette Lorraine industrielle si vibrante est un foyer d'appel et d'absorption pour les houilles et les cokes. Elle est donc doublement génératrice de trafic, par ce qu'elle distribue au loin et par ce qu'elle attire. En 1899, le bassin de Nancy a con- sommé 1.050.000 tonnes de combustibles, dont 2,5 venus par eau — c'est toujours M. Villain qui nous documente; — celui de Longwy-Villerupt 1.450.000. Ces 2.500.000 tonnes de charbon sont de prove- nances diverses : qui se confiera volontiers à la BASSIN de Nancy BASSIN de Longwv-Villerupt 480.000 tonnes. 520.000 450.000 * 640.000 tonnes. 100.000 310.000 Nord français . Belgique. . Allewagne Le canal futur aura peur rôle de mettre la région consommatrice en relations plus directes et plus intimes avec les charbonnages français, de ma- nière à refouler la houille belge, peut-être aussi à évincer la houille anglaise, voire l'américaine, qui tentent de s'insinuer. Les bassins du Nord et du Pas-de-Calais sont assez riches pour salisfaire aux appétits les plus voraces ; alors que la consomma- tion totale de la France, de 1850 à 1898, a augmenté du sextuple, laproductionde ces bassins à presque vingtuplé. Aujourd'hui, ils pourvoient pour la moitié environ aux besoins nationaux. L'exploitation des gisements du Pas-de-Calais 1 En 1898. la France a exporté 2.900.000 quintanx de miaerai de fer, dont 1.201.000 pour la Belgique, 625.000 pour les Pays--Bas, 673.000 pour l'Angleterre, 417.000 pour l'Allemagne. Il est impossible de faire, dans les tableaux du Commerce général, le départ pour chacun des lieux d'ori- gine. 2 Le bassin de Nancy pourra exporter 700.000 tonnes, le groupe Orne-Briey 550.000, le groupe Longwy-Villerunt 850.000, soit un total de 2.100.000 tonnes, sans compter les scories de déphosphoration, laitiers, etc. 3 Celui de l'Orne. représenté actuellement par le seul éta- blissement de Wenilel, a consommé 300.000 tonnes. 4 Il entre aussi dans les.arrivages de ce groupe une pro- portion de charbons anglais. B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST n'est qu'à ses débuts. Il n’est donc pas chimérique d'espérer que c'est de ce côté que la Lorraine industrielle demandera les 4.200.000 tonnes supplé- mentaires qui, d'ici dix ans, devront défrayer ses usines. Le courant houiller, si l’on peut dire, s'ani- mera singulièrement si l’on songe que Meurthe-et- Moselle et Ardennes ont absorbé, en 1899, 4.700.000 tonnes, dont 2.000.000 à peu près des bassins fran- cais, soit 41 à 42 ‘/,, et si l'on compare cette pro- portion à celle de 1818, invoquée par Quinette de Rochemont : les Ardennes ne demandaient alors aux fosses françaises que 3°/,, Meurthe-et-Moselle 17°/,". Mais ce courant aura, jusqu à l'achèvement du canal désiré, à lutter contre la distance. Aujour- d'hui même, malgré la réduction de tarifs consentie par les Compagnies du Nord et de l'Est, les char- bons francais ne peuvent soutenir la concurrence avec leurs similaires belges et allemands, qui centre de rassemblement des houilles du Nord, les élapes ou escales Mézières, Pont-à-Vendin, débou- ché du pays noir de Lens, Denain, petite métropole d'une agglomération des plus vibrantes, dont le rivage elle port sont singulièrement animés. Mais la ligne à créer n’est qu'un troncon de la grande voie qui se développera jusqu'à Dunkerque, sur près de 440 kilomètres, dont 209 sont faits. C'est au point extrème de la vaste cité métallur- gique qui se dresse au seuil même de la frontière de France, que le canal s’amorcera. Depuis les acié- ries de Mont-Saint-Martin, il dévalera par un escalier d'écluses frôlant les quais des usines et fabriques échelonnées. Il longera docilement, par une succes- sion de courbes d'un rayon très réduit, les boucles gracieuses que la Chiers dessine, épousant les si- nuosilés de ce couloir étroit, où la rivière serpente entre des berges hautes d’où les localités géminées Mérières Sedan p ARS (22707) AHouron Nota « chifires indiquent des élus rdre larigran FR Heseñvoin de MS Wartir PR atratasx 74 longer © Ce, OT Sarnetx NS £ Borremans Je 3. — Plan géuéral du Tracé gagnent du champ, et pénètrent jusqu'à Paris, Jusqu'à Lyon. Le canal raccourcira les distances : c'est ce qu'illustre une brève description du tracé. IT La ligne s'allongera sur 240 kilomètres, depuis Mont-Saint-Martin jusqu'au bief de Denain-sur- l'Escaut. Elle se divise en sections naturelles le canal de la Chiers, qui se termine dans la Meuse, ou plus proprement dans le canal de l'Est: celui-ci sert de trait d'union avec la seconde section : Meuse au canal de la Sambre à l'Oise; ce dernier relie la seconde section à la troisième, Sambre-Escaut. Les têtes de ligne sont : Longwy et Valenciennes, ‘ Nous avons pu consulter, gräce à la complaisance de M. Villain, un substantiel travail de M. La Rivière, ingé- nieur en chef des Ponts et Chaussées à Lille, sur « les con- séquences, pour l'accroissement probable du tonnage des voies navigables du Nord », du développement de la pro- duction dans les bassins du Nord et du Pas-de-Calais. Mais l'auteur comprend, sous la rubrique groupe de l'Est, les départements des Ardennes, Marne, Meurthe-et-Moselle, Vosges, Doubs, Jura, Haut-Rhin. Ses statistiques et con- clusions débordent donc notre cadre. au 1/80.000° du Canal de la Chiers. se regardent face à face. Si, dans cette fissure, le ruban ferré trouve à ‘peine à se poser, le canal est obligé de s'élever à flanc de coteaux évoluant d'une rive à l’autre. Les figures 3 et 4 dénoncent, mieux, que toute description, un profil tourmenté'. A la sortie de Meurthe-et-Moselle, le canal est descendu, par les écluses dant, au-dessous de Montmédy, où la Chiers se replie en une sorte de triangle, le canal perce droit par une tranchée entre Vigneul-sous-Montmédy et Chau- venay-le-Chateau; aussi, dans ce trajet à travers le département de la Meuse, tandis que la proportion des alignements droits s’aceuse à 66 "/,, celle de ! Nous devons le plan général du tracé ainsi que le pro en long à l'extrême obligeance de M. Rigaux, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Charleville, qui à dressé , presque accolées sur 38 kilomètres, . de 61%,80, avec de fatigantes contorsions *. Cepen- l'avaut-projet définitif du canal. Nous saisissons cette OCCA= sion de lui adresser nos plus sincères remerciements. La notice explicative qui copieuse où les intéressés ont puisé leurs arguments. ? La proportion des courbes aux alignements droits es de 54 0}; accompagne ces documents gra= phiques est la source à la fois la plus sûre et la plus sept courbes ont un rayon de 100 mètres D: | 37, un rayon compris entre 100 et 200. B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST courbes s'est réduile à 44 °/,, en même temps que les rayons se sont allongés; enfin, à mesure qu'il . gagne la vallée de la Meuse, le profil devient plus F | rigide, 69 °/,, contre 31 °/,; les courbes s'élirent _ encore, avec un rayon d'un demi-kilomètre au . moins. Sur les 93 kilomètres de parcours, la chute 147 d'un bout à l'autre 12 mètres de largeur, une pro- fondeur de 2",50, et de spacieuses plates-formes (3 ou 5 m.) pour le halage. Les écluses rachèteront leur fréquence par leurs dimensions : 40 mètres de longueur utile, 5",50 entre les deux parois, 2",50 de hauteur d’eau sur les bases". Piunéros des écluses dans leur ordre la Hleuse Rio Plan de comparaison distances Hdometriques | nee des écluses dans leur orctre. Plan ete coriparaison istances Htlométriques WMumnéras des écluses F | dan. NT ordre nn de comparaison 2122 2324 25 26 27 (l . i 1 ï ! 1 i l ï i la Ciers À Département de Meurthe-et-Moselle. Fig. 4. — Profil en long au 1/S0.000e du canal de la Lotale est de 104 mètres, accentuée surtout dans la » Section haute, où les biefs ne dépassent guère . 1.900 mètres, tandis que, plus bas, ils se tendent “Sur 3 à 4 kilomètres dans la Meuse, sur 5 à 6 dans - les Ardennes. . Au moins, sur celte voie d'un relief accidenté, les bateaux cireuleront à leur aise, car ils trouveront ( | | | | | | | | Chiers. En se confondant avec les eaux Meusiennes, le ! L'alimentalion de la section supérieure du canal sera assurée pendant la période de sécheresse par un système d'élévation mécanique des eaux qui refoulera vers l'amont les débits accrus par les apports de la Crusne. Une usine élévatoire est projetée à Longuyon; et, pour parer aux défaillances, un réservoir d'une contenance de 2 millions de mètres cubes à Mont-Saint-Marlin. 118 canal de la Chiers perdra son nom et sa personnalité. Du Petit-Remilly à Mézières, sur une distance de 32 kilomètres, l'artère aménagée de longue date, mais isolée jusqu'ici, servira de trait d'union avec le canal de la Meuse à l'Escaut. Du point de raccordement jusqu'au bief de par- tage, la montée sera de 53 mètres; ce bief, atteint au bout de 32 kilomètres, est franchi au faite du Liart en un souterrain de 2 kilomètres à travers la falaise crélacée. Le plan d'eau s’est haussé jusqu'ici par 14 écluses. L'autre versant se profile à travers les vallons de la Thiérache, et, au delà de l'Oise, coupe un coin extrême de la Picardie. Jusqu'au canal de la Sambre à l'Oise, la descente est mo- dérée; mais, au delà, elle se précipite, et les écluses se pressent en un escalier, ou plutôt en une échelle très raide, surtout entre Ors et la coupée de la de tarifs. Ici, nous touchons un point critique, la Selle, affluent de l'Escaut. La chute totale depuis | le faile est de 165 mètres, rachelée par 42 écluses. M. Quinette de Rochemont recommandait la sub- stilution aux escaliers de plans inclinés et d'éléva- teurs. Quelles que soient les difficullés techniques de l'entreprise, un résullat est certain : le raccourcis- sement des distances entre les points desservis, nous entendons les distances par eau. VOIES VOIES DIFFÉ- DISTANCE actuelles projetées RENCE De Valenciennes à Longwy . #15 252 123 — Nancy . . 470 113 57 Et le trajet sera non seulement plus court, mais aussi plus accéléré : car ce n'est pas seulement le nombre des kilomètres qui est diminué, c'est celui des éclusages ?. Mais ce parcours réduit dépasse encore celui des chemins de fer. Comparons d’abord les longueurs (après ouverture du canal du Nord-Est DISTANCE FER EAL DIFFERENCE De Valenciennes à Longwy . 236 2853 19 — Nancy ….- - 33 103 13 De Pont-à-Vendin à Longwy. 302 330 2s — Nancy... 398 418 50 De Dunkerque à Longwy . . 390 138 48 — Nancy. . . 486 556 7Ù 1 Quixerre DE RocaEmoNT : Canal de jonelion de l'Escaut à la Meuse. Notice sur l'avant-projet.. (Valenciennes, Gand et Seuliu, s. d., 62 p., 6 pl.). Des variantes ont été proposées. M. Guillain assure, avec son autorité particulière (Rapport, p- 8), que le tracé primitif, qui a servi de base à la loi décla- rative d'utilité publique du 8 juillet 1882, est seul acceptable. ? Entre Valenciennes et Nancy, le nombre des écluses sera réduit de 195 à 113; entre Pont-à-Vendin et Nancy, de 194 à 116. 3 On remarquera une légère différence (7 kilomètres) avec le chiffre donné par M. Barbet. (Canal de l'Escaut à la Meuse. Rapport d'ensemble de l'ingénieur en chef, 1901. Valenciennes, Impr. deY/mpartial du Nord, 35 p.) s B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST | aucune de leurs forces vives, cette restauralion | à coup sûr, ont fait preuve aussi de vitalité; ce dont III Mais est-ce une queslion de kilomètres? On répondra d'abord que, pour les marchandises trans- portées par voie d’eau, le tempsnefaitrienàl'affaire. Ce n'est pas une lulte de vitesse, c'est une guerre concurrence des deux frères — ne disons pas : ennemis — disons : rivaux, le chemin de fer et le canal ou, plus exactement, le cours d’eau praticable. Sans nous engager dans la controverse, il nous plait seulement d'invoquer quelques faits. Depuis un quart de sièele, les voies d’eau, que les chemins de fer, pendant leur ère triomphante, avaient prétendu stériliser et condamner à la mort par langueur et inanition, reprennent, avec la vie, la conscience de leur mission. Dans tous les États civilisés, qui ressentent la nécessité de ne négliger Î s'accomplit : en Angleterre, aux Etats-Unis, et, plus près de nous,en Allemagne. Cet exemple voisin est particulièrement suggestif : en Allemagne, où l'Etat ‘et non l'Empire) esl propriétaire de sen réseau ferré, il semble qu'il se fasse tort à lui-même en régularisant les fleuves, en creusant des ca- naux. Il suffit de répondre à cette thèse par quelques chiffres empruntés à un spécialiste des plus auto- risés, Sympher. ; Voies navigables. PARCOURS TONNAGE AUGMEN- kilométrique LONGUEUR kilométrique TATION (augment.} 1835. . 410.000 2.900.000.000 1595 10.000 1.500.000.000 159 0/0 159 2) Voies ferrées. 1875 21.500 10.000.000.000 1595 4.500 26.000.000.000 153 0/0 44 %/0 Les deux instruments de transport se sont déve- loppés avec une puissance presque égale, dans cet espace de vingt ans: les voies navigables, bien qu'améliorées et ranimées, n’ont rien enlevé aux chemins de fer de leur clientèle ni de leur prestige: leur part au trafic total a passé de 21 à 22 °/.. En France, les rivières etcanaux, moins favorisés fait foi le tableau suivant, emprunté au dernier album paru de Sfatistique graphique : à ‘ Die Zunahme der Binnenschiffahrt in Deutschland von 1875-1895. Berlin, Siemenroth et Trashel, 1899, 16 p. (Lable et statistique, ? cartes.) Cf. Wazruer Lorz : Die Verkehrs- entwicxlung in Deutschland, 1800-1900, Leipzig, Teubner; 1900 (avec une copieuse bibliographie). 3 Ces chiffres s'appliquent aux marchandises. B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST 149 LONGUEUR MOYENNE L exploitée LL RL, TONNAGE KILOMÉTRIQUE - en milliers de tonnes VOIES VOIES VOIES VOIES ferrées navigables ferrées navigables 1882. . 25.610 12.230 10.835.647 2.264.586 4895. . 36.337 12.281 12.898.456 3.166.819 L Le rapport du tonnage kilométrique des voies _ navigables à celui du chemin de fer a progressé, pendant celte période, de 20 à 29 °/,, sans que la fortune des chemins de fer ait élé compromise. . Soit! dira-l-on, mais à quoi bon construire un . Il ne semble pas que la zone industrielle de Lor- . raine — pour ne parler que d'elle seule — soit des- fisantes. Elle est striée au nord par la ligne des Ardennes, mais la section qui sillonne le cœur du . pays, de Pagny à Longuyon, n'est qu'à simple voie ; les riches gisements du groupe central devront être drainés par des embranchements de Briey sur . Hussigny et Villerupt, et de Baroncourt vers Auduo- _ le-Roman‘. Ceux-là mêmes qui, pour compléter le réseau, _ consentent un gros sacrifice, inoui dans les annales de la construction des chemins de fer, jugent que le _canal sera, non pas une inutile doublure, ni un . concurrent envieux, mais un collaborateur discret. Il transportera de Dan en bout 1.500.000 tonnes, selon les meilleurs augures; minerais, fontes et - produils métallurgiques, laitiers, scories, ethouilles, _alimenteront le fret dans les deux sens, sans parler des denrées agricoles qui seront captées, _des bois et pierres et autres malières pondéreuses pour qui le baleau est un meilleur véhicule que le désertés?, et pourront cotoyer fralernellement la voie d'eau. _ Celle-ci aura pour terminus Dunkerque. De lous les ports francais, il n'en est pas dont la fortune ait été plus merveilleuse et plus rapide depuis un quart 1 Le Congrès de Nancy a réclamé ces lignes, dont le coût total est estimé à 21 millions; les industriels et conces- sionnaires ont souscrit une subvention de 7.250.000 fr., y com- pris 500.000 fr. accordés par le département. « Ces sub- xentions, a déclaré le Congrès. accordées parles particuliers, les communes et le département, sont les plus considérables Qui aient jamais été fournies pour la construction de che- mins de fer » (p. 17). C'est une considération qu'a négligée V. de Lespinats, aucien maitre de forges, en son plai- oyer pour les chemins de fer (Canal de la Meuse à Longwy, l'Escaut, et son prolongement de Longuyon à la Moselle. En sous-titre : Supériorite des chemins de fer comme moyen économique de transport. Limoges, Ducourtieux, 1901, 64 p. - ? I suffit, pour s’en convaincre, de consulter le tonnage des lignes qui desservent le seul bassin de Briey | Statistique des hemins de fer français au 31 décembre 1898. Documents divers, {re partie, Tableau n° 20, n° d'ordre 32, p. 258). Il faut admettre aussi que le chemin de fer, S'il partage avec > canal le transport de la houille crue, eHectuera seul celui du coke, qui pätit des transhordements. Wagon. Quant aux rails, ils ne risquent pas d'être | . canal coûteux là où la ligne ferrée assure le trafic? . servie par des voies d'accès et de dégagement suf- | de siècle; ce n’est point du mouvement des navires que Dunkerque tire son importance — car il n’est guère fréquenté par les paquebots à passagers — mais de celui des marchandises: à ce titre, il se classe au troisième rang, après Marseille et le Havre, avant Bordeaux. C'estun emporium outillé pour sa fonction commerciale. Il a une spécialité, que lui vaut sa situation géographique et dontila, pour celte raison, dépouillé le Havre : c’est le port lainier de France. Il introduit les toisons de l'Amérique du Sud, que travaillent les manufactures de Roubaix et Tourcoing'. Or, Dunkerque communique avec son arrière-pays par eau; les canaux qui s'ouvrent sur le port ont lransporté en 1900 près de 1.800.000 tonnes, et cette sphère d'influence peut s'étendre à l'intérieur ; les éléments d’un trafic par batellerie avec la région mélallurgique sont là. Dunkerque imporle de 450 à 200.000 tonnes de minerais de fer riches, nécessaires aux usines; depuis 1896, il tend à supplanter Anvers pour les arrivages de | manganèse des Indes, dont il défraie Longwy et les élablissements de la Société de Denain et Anzin- celle-ci a choisi Dunkerque comme tête de ligne paturelle d'un service régulier avec Bilbao et avec Saïgon et Haïphong. Mais, si les relations par voies navigables avec la région lorçaine sont amorcées, Si Dunkerque expédie du minerai à Jarville, du riz à destination de Nancy, s'il reçoit du sel de Saint- Nicolas, Dombasle, etc., des phosphates de Pompey, cela représente un chiffre insignifiant *. Dunkerque s'obstine, cependant, à réclamer la construction du canal du Nord-Est, qui permettrait, dit la Chambre de Commerce, « à notre établissement maritime, de lutter avantageusement contre le port d'Anvers dans le riche bassin de Longwy L'inlérèt par- ticulier et l'intérêt national se confondent heureu- sement dans cette ambition ‘. 1 C'est depuis 1882-S83 que l'importation de Dunkerque (58.000 balles) a dépassé celle du Havre (51.000); l'année pré- cédente, la proportion était encore de 21.000, contre 67.000. Aujourd'hui, Dunkerque accapare cet article : sur 286.000 balles entrées par les ports francais en 1898-99, 245.000 sont venues par Dunkerque; sur 188. 000 balles en 1899-1900, 173.000 par Dunkerque (Dunkerque, son port, son commerce, Notice publiée par la Chambre de Commerce pour l'Exposition de 1900. Imprimerie Dunkerquoise, 89 p., figures et planches. Statistique maritime el commerciale du port de la circons- cription consulaire. Publication de la Chambre de Com- werce, 1901, 163 p.). ? Tableau général de Commerce de la France, P- 44. 3 Un peu plus de 15.000 tonnes, en y comprenanl les arri- vages et expéditions en provenance ou à destination des Ardennes et de la Meuse (Chambre de Commerce Dunkerque. Réponse au questionnaire annexé à la circu- laire de M. le Ministre du Commerce en date du 1°r fé- vrier 1900, p. 13). 4 Par le canal du Nord-Est, la distance de Longwy à Dun- kerque sera de 445 kilomètres, supérieure de 20 kilomètres seulement à la distance par voie d'eau sur Anvers. 1898, vol. II, de ( 150 B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST Ainsi donc celle entreprise, qui s’alimentera aux seins nourriciers d'une zone d'industrie intense, d'une région houillère, d’un port en pleine pros- périté, cette entreprise est viable. Mais elle ne doit pas vivre d'une vie précaire et faclice; elle doit devenir à son tour une source de richesse et de profit. Il faut, selon l'expression américaine, que le canal « paie ». La dépense Lotale, d'après des pré- visions qui excèdent les premiers devis, ressortira à 131 millions, dont moitié versée par l'Etat, l’autre moilié, subvention des intéressés. Cette somme de 60 millions et demi — à laquelle s'ajoutent 8.700.000 francs comme charge d'intérêts interca- laires pendant les cinq premières années d’exécu- tion, qui seront sèches — cette somme de 74 millions sera demandée à l'emprunt, et l'amortissement en soixante ans — lerme adopté — imposera une annuilé de 2.795.000 franes'. On y fera face par une taxe de péage et une laxe de traction, taxes qui ne porteraient que sur les voies de nouvelle création. Nous n'avons point qualité pour discuter les évaluations émises : chaque tonne kilométrique serait grevée de 8 millimes”, charge qui, avec le temps, serait atténuée et même abolie. Le chemin de fer peut-il offrir des conditions aussi avanta- geuses? On en doute et, d’ailleurs, on a foi que, sui- vant une jurisprudence tutélaire des voies nawi- gables, ces tarifs de concurrence ne seraient pas homologués *. Garantie artificielle et contre-nature, s'écrient les détracteurs de l’entreprise, les avocats des chemins de fer, qui contestent toutes les évaluations comme autant d’hypothèques sur l'avenir. Pour n'être ni incomplet ni partial, notre exposé devrait résumer tous les griefs et objections, mais il risquerait de s'égarer dans les minulies et subtilités d'une controverse où un millime est un argument de poids. Quelques exemples, dégagés autant que possible de la gangue des chiffres, dénonceront les difficultés du problème“. Les droits de navigation des voies d’eau nou- “velles — tel est le Zeit-motiv — compenseront et annuleront le bénéfice du raccourcissement des : Les premières évaluations, qui ressortissaient à 120 mil- lions, ont dû être majorées. ? V. discussion dans les articles précités de G. Villain. C'est un chiffre moyen, car le taux du péage varie entre 5 millions pour les cokes et minerais et 11 millions pour les produits métallurgiques. # Réunion Paris (p. 10), Conférence Charleville (p. 17), Répouse Dunkerque (p. 8). Allocution de M. Baraban, direc- teur de la Compagnie de l'Est. Rev. Industrielle de lESst, 3 mars 1901. * Nous empruntons ces données à la brochure de M. V. de Lespinats. Les promoteurs du canal ont répliqué par deux brochures : Projet des canaux de la Chiers, de l'Escaut et de la Meuse. Réponse à une première de M. de Lespinats, Paris, Renouard, juin 1901, 29 p.) et une note intitulée : Prix du fret (ibid., sans date, 7 p.). distances. Ainsi, la tonne, convoyée par eau du bassin de Nancy à la région du Nord, paiera plus cher pour effectuer 45 kilomètres de moins que sur les canaux actuels. Mais, une fois les taxes abolies ou atténuées— et rien n’oblige d'appliquer le maxi- num concédé", — le trafic prendra au plus court. Quelques articles seront passionnément disputés entre le chemin de fer et la navigation, et surtout le coke. Assurément, seules les usines frôlées en quelque sorle par le canal recevront leurs cokes par bateaux; celles qui ne communiquent pas avec l'artère conductrice continueront à s'approvisionner par wagons”. Mais même, selon M. de Lespinas, les premières auront avantage à recourir à la voie ferrée ; en effet, de Mont-Saint-Martin à Douai, à Lens, aux charbonnages du Pas-de-Calais, l’abais- sement du fret sur canal sera balancé par les ma- nipulations successives, les transbordements, les relards et déchets qui grèveront les frais bien au delà de la différence entre tarifs par eau et larifs par rails. Les chiffres ressortent de Mont-Saint- Martin à Lens par canal (335 kilomètres) à 5 fr. 84 la tonne, par chemin de fer (300 kilomètres) à 6 fr. 40, soit un avantage de O fr. 56 pour le pre- mier des instruments de transport; mais le déchar- gement, la détérioration par la pelle et la fourche, par la mise en stock sur le carreau de l'usine sont autant de causes de renchérissement; si bien que J'emploi de la voie ferrée, affirme-t-on, procurera une économie entre 1 franc et 1 fr. 70 par tonne. Mais on réplique que les intéressés sauront ob- vier à ces inconvénients, d’abord par l'organi- sation de la batellerie : les usiniers se feront leurs propres transporteurs et échapperont ainsi aux exigences des mariniers; leur floltille emportera vers le Nord des minerais, fontes, aciers, sco- ries, etc., et ramènera des combustibles, fret de retour assuré. Charbons et cokes seront débarqués rapidement et confortablement par des engins mécaniques, grues, transporteurs aériens, elc. Enfin, la traction électrique établie sur le canal, outre qu’elle sera moins coûteuse que le cheval au pas tranquille et lent, accéiérera et du même coup régularisera les allées et venues *- On prédit encore, non seulement au canal futur, ! Héponse, p. 11. © M. Rigaux (Notice explicative, p. 8) énumère parmi les premières : Réhon, Longwy-Bas, Gouraincourt, la Chiers, Mont-Saint-Martin, Senelle-Maubeuge: dans la seconde caté- gorie, Saulnes, Hussigny, Villerupt-Laval-Dieu, Villerupt- Aubrives, Micheville. | * Ce progrès a été réalisé aux établissements d'Auby, près M de Douai, où la Société lorraine de carbonisation a installé des fours à coke capables de produire 250.000 tonnes par an. Le chargement des bateaux s'y opère par des moyens méca- niques. Et non seulement les usines riveraines s'outilleront à cette fin, mais peut-être aussi celles qui sont situées à une certaine distance du canal, comme Hussigny et Villerupt. Réponse, p. 5). mais aussi aux houillères françaises du Nord qui le sollicitent, un mécompte singulièrement grave. Le fret du charbon par rails, de Charleroi, Liége ou Mons à Mont-Saint-Martin, devra être « à peu près égal au fret majoré des frais supplémentaires de transport par eau ‘ ». Mais, si ces frais supplé- mentaires s’amoindrissent ou disparaissent ? — En second lieu, les établissements industriels de Longwy et des Ardennes « auront intérêt à con- tinuer de prendre à l'Étranger une forte partie de leurs approvisionnements et à ne pas augmenter notablement leurs commandes aux charbonnages du Nord de la France ». L'on a négligé, il est vrai, d'expliquer les raisons de ce mauvais vouloir. . Cette polémique mérilait d’être signalée, d'abord parce qu’elle a provoqué, sur les débouchés et les destinées, si l'on peut dire, de quelques produits intéressants — on citerait encore les minerais et _ les laitiers — des enquêtes détaillées, mais surtout parce que cet épisode éclaire d'une lumière très vive le conflit de plus en plus aigu entre voies navigables et voies ferrées. Dans ce champ d’ex- -ploitation intensive, mais très limilé, qu'est le . bassin industriel de Lorraine, les deux concurrents se mesureront avec une puissance mécanique égale : le canal ne sera plus cette allée étriquée, mélancolique entre deux rangées de peupliers, où musait le long de la rive quelque chaland à la lourde carcasse ; il s'ouvrira en une large avenue, où des bateaux, qui dissimuleront dans leurs flancs une cargaison plus grosse que celle d'un train, fileront allègrement sous la traction mystérieuse d'un cäble et grimperont par bonds légers à travers les écluses accolées*. Comment s'opérera entre l’un êt l'autre agents de transport le partage géogra- phique d’un domaine qui semble condamné à l’in- “division ? La fusion, la solidarité, qui font l'honneur et la prospérité de la région du Nord, pourront-elles se réaliser ici? : IV Au lieu de ces spéculations sur l'avenir, indi- ‘quons une dernière considéralion, non la moins curieuse, car, sous sun apparence d'intérêt local, elle est un symptôme décisif dans l'histoire écono- mique, el peut-être dirait-on mieux, sans épithèle, pour l'histoire de notre pays. Par qui l’entreprise sera-t-elle administrée? Elle est patronnée, on le sait, par les Chambres de Commerce des départements traversés; mais, indi- viduellement, isolément, chacune de ces institn- ions est dépourvue d'autorité etde moyens d'action. Ce groupe des Chambres de Commerce, formé en | De Lespiuats, p. 31-32. LE = Bien que le chômage et la congélation soient pour les canaux une cause d’infériorité, toutefois. pour les deux agents Je transport, les saisons de trafic intense correspondent. B. AUERBACH — LE CANAL DU NORD-EST 151 vertu de la loi du 5 avril 1898, peut être doté de la personnalité civile au même titre que les syndicats des communes. Tel sera, sans doute, l'organe de gestion ou de contrôle. Mais, si celle formule ne tranche pas toutes les difficultés juri- diques et financières, elle a la verlu de créer une de cesindividualités collectives, foyers d’énergiques initiatives qui préparent l'œuvre de décentralisation et le réveil de la vie régionale. Il ne s'agit plus de la vie régionale, encadrée et comme étouffée dans les limites d’une province historique; c'est la Géographie, c’est la Nature qui, par la distribution des ressources minérales, par le modelé du relief, par le concours du réseau hydrographique,comman- dent l’action concertée et la communion d'intérêts ou d’idéal à des régions que la distance ou la diver- sité de leur complexion et de leurs traditions semblaient séparer. Le canal du Nord-Est sera, en quelque sorte, un lien matériel et moral, moins superficiel que le rail, grâce à un échange de substance intime entre les pays de France dont il sollicitera et solidarisera les forces productrices. La ligne navigable de ia mer du Nord à la Lorraine", qui joint l'Escaut, la Sambre, l'Oise, la Meuse et qui tend vers la Basse-Moselle, qui resserre ainsi et consolide un admirable faisceau fluvial, a sa fonction bien marquée; sa fonction nationale d’abord, en altendant que, comme artère conli- nentale, elle devienne la doublure ou plutôt la rivale de la ligne d'Anvers à l'Europe centrale. Jusque-là, qu’elle desserve des intérêts francais : c'est le rêve de l'heure présente; nous n'osons dire : la réalité de l'heure prochaine *. B. Auerbach, Professeur de Géographie à l'Université de Nancy { Peut-être la conception d'un canal se terminant par la Chiers semblera-t-elle incomplète après l'exploration du bassin de l'Orne. Aussi a-t-il paru nécessaire et logique de prolonger le canal jusqu'à proximité du gisement le plus riche, où. dans quelques années, quinze hauts-fourneaux seront en activité, et de doter d’un canal le bassin minier de Briey. L'idée émise par l'ingénieur Lapointe (ev.indus- trielle de l'Est, 12 mai 1901) a pris corps. Les établisse- ments intéressés, qui comptent parmi les plus considérables de France, ont demandé, par une lettre au Ministre des Travaux publics, en date du 30 juin 1901, de mettre le projet à l'étude. Le tracé, s'amorcant à Longuyon, sur le canal de la Chiers, suivrait le val de Crusnes, puis celui de Pienne jusqu'à son chevet, par une montée de 96 mètres jusqu'au bief de partage entre Landres et Mairy; de là, il descendrait sur Jœufet rallierait l'Orne après une descente de 124 mètres ce parcours de 47 kilomètres serait accidenté de 55 écluses de 4 mètres de hauteur. De l'Orne, une nouvelle section de canal chercherait la Moselle à Pagny-sur-Moselle, pour des- servir le bassin de Nancy. Les pétitionnaires n'ont abordé ni la question technique, ni la question financière. ? La Chambre des Députés a, dans ses séances des 27 et 28 janvier 1902, voté en bloc le programme de | « outillag: pational », d'après l'ordre d'importance et d'urgence des travaux, c'est-à-dire en maintenant au premier rang de leur tableau respectif le canal de l’Escaut à la Meuse et celui de la Chiers. Il est à craindre que la crise métallurgique et le déficit budgétaire retardent la mise à exécution de ces projets. 152 P.-P. DEHÉRAIN — REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE REVUE ANNUELLE D'AGRONOMIE Il. — CRISE DE PLÉTHORE. 1. Blé. — Les efforts persévérants de la science agricole ont réussi à augmenter les rendements : notre production de blé s'est élevée en moyenne, pendant ces dernières années, à 110 millions d'hec- tolitres, bien que les surfaces ensemencées res- tent à peu près stalionnaires à 7 millions d'hec- tares, avec une légère tendance à diminuer. En 1898 et 1899, nous avons recueilli 128 millions d'hectolitres, 119 en 1900, 109 environ en 1901. Naturellement, les fortes récoltes amènent une baisse de prix, qui diminue les bénéfices des pro- ducteurs. Ils se plaignent, tentent de faire in- tervenir les Pouvoirs publics, qui, très heureuse- ment, ont résisté aux sollicitations dont ils ont été l'objet. Rien n’est plus difficile, en effet, qu'une inter- vention efficace; on a élevé le droit d'entrée des blés étrangers, supposant que la baisse des prix constatée, il y a quinze ans, élait due à l'entrée en franchise des blés américains; la hausse espérée nes’est pas produite. Il a bien fallu reconnaitre que les prix sont réglés par l'abondance ou la faiblesse de nos propres récoltes, et que, si les droits de douane maintiennent nos cours plus élevés qu'à Londres, les différences ne représentent pas les 7 francs par 100 kilos qui frappent les blés étran- gers à leur entrée en France: pendant les der- nières semaines, en France, le blé valait 20 francs les 100 kilos, on le payait à Londres 16 fr. 25, la différence n'est donc que de 3 fr. 75. On risque, quand on élève artificiellement le prix d'une marchandise, de déterminer une pro- duction exagérée, qui, fatalement, amène la baisse. {l n'y a d'autre remède à l'abondance de la pro- duction que l'ouverture de nouveaux débouchés; le blé peut non seulement servir à l'alimentation humaine, mais aussi à celle des animaux de la ferme, aux oiseaux de la basse-cour, et, déjà, avec profit, des cultivateurs avisés y emploient tous les déchets que donne un triage exécuté avec grand soin, ne réservant pour la boulangerie et les semailles que les grains d'excellente qualité. 2. Production du sucre. — La pléthore est due parfois à des lois imprudentes. C’est le cas pour la production du sucre. Il est perçu sur sa consom- malion un impôt énorme, qui triple le prix du pro- duit; voulant encourager la culture, dont il Lire si grand profit, l'Elats’estavisé, en 1884, d'abandonner aux fabricants une partie de l'impôt. On a estimé . Londres, les nations sucrières concurrentes, et no- qu'ils devaient tirer d'une tonne de betteraves un cerlain poids de sucre, sur lequel ils paieraient le » droit entier de 60 francs par 100 kil.; s'ils dépas- saient cette quantilé de 77 kilos 5 de sucre par … tonne de belteraves travaillées, ils ne paieraient plus que 30 francs par 100 kilos pour le sucre . obtenu en surplus jusqu'à une production de. 100 kilos par tonne de betteraves, et auraient … encore 15 francs sur les quantités de sucre extraites « au delà de 100 kilos. Trèsrapidement, les fabricants ont su obtenir des. planteurs d'excellentes racines, et, comme les opé- … rations des sucreries sonttrès bien conduiles, on a extrait beaucoup plus de sucre que la loi ne l'avait prévu; les fabricants ont ainsi pris une partde plus en plus grande de l'impôt payé par le consom- maleur. La fabrication est devenue très lucrative, elle s'est accrue, el nous arrivons maintenant à produire un million de tonnes de sucre, bien que la consommation, entravée par l'énormité de l'im- pôt, cesse de croître el reste presque invariable-. ment à 450.000 tonnes. Un énorme stock de sucre M fabriqué se trouve donc sans emploi; il faut absolu- ment l'exporter, et, pour qu'il puisse lutter par son | bas prix avec celui qu’expédient, sur le marché de tamment l'Allemagne, on a demandé et obtenu des Pouvoirs publics des primes d'exportation, de telle sorte que, bien que l'impôt continue à être payé par les contribuables, qui, à 60 francs par 100 kilos, versent annuellement 270 millions, la. fraction de cet impôt qui reste dans les caisses de l'Etat est tellement diminuée par les bonis de fabri- cation, par les primes, que le budget de 1901, qui. avait supposé pouvoir consacrer aux services» publics 199 millions sur les 270 perçus, s'est trouvé en déficit de 1 millions, dus à la très forte et très bonne récolle de 1900, laissant entre les mains des producteurs des sommes considérables. Les lois actuelles sont ainsi faites que le Trésor public est en déficit quand on oblient de bonnes récoltes de blé ou de betteraves, et fait d'excellentes. recettes, pendant les mauvaises années, où nous importons du blé et ne fabriquons que peu de sucre. Il est manifeste que la loi de 1884, qui a rendu, au moment où elle a élé volée, un très grand service à la fabrication du sucre en France, est aujourd'hui à reprendre, et il importe de saisir, dans quel sens elle doit être modifiée pour qu'en. maintenant la sucrerie prospère, elle serve dans la. plus large mesure les intérêts agricoles. x La culture de la betterave doit être maintenue dans notre pays pour plusieurs raisons, qu'il faut clairement indiquer, car la solution à donner aux difficultés actuelles découle nettement de leur exposé. La betterave est une des plantes de grande cul- ture qui bénéficient davantage des engrais qu'elle eçoit; ils déterminent une augmentation de récolte assez forte pour qu'on n'hésite pas à les prodiguer; la Lerre est ainsi enrichie, et le blé qui suit la bette- rave donne des rendements élevés, bien qu'il vive sur les résidus des engrais fournis à la betterave, et qu on ne fasse pour lui aucune dépense spéciale. … Si, sous l'influence des fortes fumures azotées, le poids des betteraves récoltées s'accroît, leur qua- lité diminue, et la crise qui a précédé la loi volée en 1584 avait été déterminée par la pauvreté des racines recueillies à cette époque, où elles étaient quises par les fabricants à prix invariable, quelle que fût leur teneur en sucre. La loi de 1884, en reportant l'impôt du sucre achevé à la lonne de betteraves travaillées, a introduit une grande amé- lioration ; les fabricants, ayant intérêt à avoir de très bonnes racines, pour atteindre un poids de Sucre qui surpassàt les rendements prévus, et leur permit de percevoir, à leur profit, la fraction de Pimpôt accordée aux “excédents, établirent, avec leurs planteurs, des marchés à prix variableavec la teneur en. sucre, délérminée par la densité du jus. Ce mode d'accord est aujourd'hui passé dans les sages el il faut absolument le maintenir. - Avec la loi actuelle, les fabricants ont le plus srand intérêt à obtenir des betteraves très riches en sucre : les producteurs de graines de betteraves - La belterave, en effet, ne sert pas seulement à la oduction du sucre : quand elle a été lavée dans les diffuseurs, qu'elle y a abandonné le sucre elle renferme, elle laisse un résidu désigné sous l& nom de pulpe et qui constitue un excellent ali- ment pour le bélail: les pays sucriers engraissent, ‘ous les hivers, les bœufs maigres qui leur arrivent de toutes les contrées où l'alimentation, pendant celle saison, est rare et couteuse. - Les cultivateurs de betteraves reçoivent des su- Ps les résidus de la fabrication, des puipes qu'ils font consommer dans leurs fermes; la masse de fumier produite s'accroît, et la fertilité du do- Maine augmente. IL y a donc un intérêt agricole de premier ordre 4 favoriser la culture d'une variété de betterave Le réseau de base du nivellement général de la France comprend, on le sait, le réseau de premier ordre, dit réseau fondamental, et le réseau de deuxième ordre. Pour le réseau du premier ordre, les opérations sur le terrain sont terminées depuis 1892, el, dès 1896, on avait dressé l: tableau détaillé des erreurs accidentelles et systématiques des diverses sections de ce réseau et obtenu, pour ces sections, les valeurs des corrections de compensation. Des nécessités d'ordre pratique n'avaient pas permis d'attendre, pour fixer les altitudes des repères de ce réseau, l'achèvement des travaux sur le terrain et des calculs concernant les nivellements du deuxième ordre. Les premiers ont été finis en 1898 et Jes seconds en 1899, et on a pu dresser, pour les erreurs des deux réseaux, le tableau ci-dessous : Erreur Erreur accidentelle systématique Développement probable probable total. kilométrique. kilométrique. Réseau fondamental ou de Len ordre ut Réseau de 2e ordre : Lignes nouvelles. . 13 Lignes de l'ancien nivellement de Bour- dalouë, incorporées après rectification . . 3.222 kil. 1723 kil. + (um + puns .946 kil. —+ Juw( + (mm? + 2mn3 + (um) Les lignes nouvelles de deuxième ordre présentent, ou le voit, une erreur systématique à peu près double de celle du réseau fondamental; mais, pour l'erreur accidentelle, les coefficients diffèrent peu. Rationnelle- meut, on eût dû, par suite, faire entrer dans la com- peasation générale les lignes nouvelles de deuxième ordre conjointement avec les sections de premier ordre. Si, comme nous l'avons dit, des nécessités pratiques n'ont pas permis de le faire, il n’en était pas moins intéressant de rechercher après coup quels écarts peuvent exister entre les altitudes officielles, fixées en 1896 pour les repères du réseau fondamental, et les altitudes rationnelles, déduites de la compensation géné- rale entendue comme nous venons de le dire. Ces recherches ont été effectuées en 1899. Le Rapport de M. Lallemand donne une carte sur laquelle sont figurées les courbes d’égales corrections : les cotes inscrites sur ces courbes ou à côté de points importants, expriment les centimètres qu'il faut ajouter 1 Voir Revue générale des Sciences, t. V, page 335, et t. VIII, page 163. ET INDEX aux allitudes officielles pour avoir les allitudes ration- nelles correspondantes. Dans le nord de la France, les écarts atteignent 5 et 15 centimètres ; ils sont impu- tables aux nivellements défectueux faits dans cette région en 1884, et qui ont d’ailleurs été recommencés en 1897. Partout ailleurs, les écarts sont minimes. Quant aux cotes des niveaux moyens des mers, elles n'ont pas été sensiblement modifiées par les nouveaux calculs. Les écarts dont nous avons parlé atténuent les dis- - cordances que M. Lallemand avait constatées entre les altitudes oflicielles et les altitudes Bourdalouë, rectiliées par le colonel Goulier; mais, cependant, pas assez pour altérer ses précédentes conclusions touchant l'existence d'erreurs systématiques notables, jusqu'alors inconnues, dans le nivellemeut de Bourdalouë. Le Rapport donne 19 planches de diagrammes, sur lesquels sont figurées, sous une forme aussi concise et aussi claire que possible, les circonstances d'exécution du nivellement pour les 12.000 kilomètres du réseau fondamental, : L'état d'avancement du nivellement général est ré- sumé dans le tableau suivant : Opérations effectuées avant 188%. Dépenses corresponilantes. 454.000 fr. 613.000 821.000 fr. Longueurs. Nivellements divers . 5.500 kil. Bourdalouë. 12.200 Eusemble . 17.300 kil. Nivellements effectués de 1884 à 1900 inclus. ASE OTÜT EE. VENTRE 11.800 kil. 410.000 fr. 2e — 14.300 400.000 ac — ART ETS TT: 42.300 260.000 4e Ms à OR CT 5.900 106.000 Ensemble . 44.300 kil. 1.176.000 fr. Nivellements restant à effectuer. 22.000 kil. 462,000 fr. 142.000 9,556 000 : 164.000 kil. 3.018.000 fr. 226.000 kil. LE 1 : ordre. = Ensemble . Totaux généraux . 5.021.000 fr. Enlin, les observations marémétriques, régulièrement poursuivies, eu 4899 et 1900, dans les 1 stations éche- lonnées sur le littoral francais, ont donné, pour les cotes du niveau moyen de la mer, rapportées à celui de la Méditerranée à Marseille, des valeurs différant très peu de celles obtenues précédemment. Les conclusions données, dès 1890, par M. Lallemand, touchant l'égalité de niveau des diverses mers qui baignent le territoire de la France, restent donc complètes. GÉRARD LAVERGNE, Ingénieur civil des Mines. 2° Sciences physiques Ginestous, Professeur au Collège Sadiki, à Tunis. — Les Pluies en Tunisie. — 4 hroch.in-$° de 108 pages. Direction de l'Enseignement publie de la Regence: Tunis, 1902. La direction de l'Enseignement publie en Tunisie, à. laquelle est rattaché le Service météorologique de la Régence, vient de publier une brochure sur Les Pluies® en Tunisie, dont l’auteur est M. Ginestous, professeur au Collège Sadiki. Dans cette étude très consciencieuse ont été appliquées ies règles de calcul adoptées par les météorologistes les ‘plus autorisés. Les moyennes qui y sont établies ré- _sultent des observations pluviométriques faites en Tu- nisie de 1886 à 1900 inclusivement, c'est-à-dire durant quinze années. Elles sont suffisantes pour donper une _idée exacte de la valeur de l'intensité et de la réparti- tion des pluies sur la Régence. Avant d'entrer dans la discussion des nombres, l’au- _ teur a fait un court exposé du phénomène pluvial, de ses causes et de ses relations avec le vent dominant et le relief du sol. Cette dernière partie a nécessité une | étude au préalable des vents dominants et un exposé » géographique de la Tunisie, exposédes plusintéressants. r Au point de vue pluvial, l’auteur à établi quatre zones principales : 1° Zone très pluvieuse (plus de 600 mètres d'altitude) : Kroumirie (1.260 de pluie annuelle) et Mogods (687%); 2° Zone pluvieuse (de 400 à 600 mètres d'altitude) : Région côtière du golfe de Tunis (465%), presqu'ile du Cap Bon (##8wv), Dakla (574nm), vallée basse de la Medjerdah (496%), Zaghouan, - Le Fas et Bir-Mecherga (465%), Häuts-Plateaux, Plaine du Sers, Ouartane (485): 30 Zone peu plu- - vieuse (de 200 à 400 mètres d'altitude) : Région de Grom- balia (337%), Versant sud-est de la Dorsale tunisienne, -Guemouda(348"m), Sahel(323%®) golfe de Gabès(204mm), Matmata (307mm); 40 Zone très peu pluvieuse (moins de - 200 mètres d'altitude) : Région des Chotts (121), - Puis, il a mis en relief le régime particulier aux ré- gions les plus importantes prises dans chacune de ces zones. , . Nous ne saurions entrer plus avant dans l'analyse de cette étude, il faut dire, cependant; qu'à côté du chiffre qui intéresse le météorologiste se trouve le terme de comparaison qui la rendra accessible au public. En effet, presque toutes les régions francaises ont été, au point de vue des pluies totales, comparées aux diverses régions-{lunisiennes. Le rapprochement ainsi obtenu permettra à ceux qui ne connaissent pas notre colonie d’avoir une idée exacte de ses pluies. _ L'ouvrage est de la plus grande importance pour toutes les entreprises coloniales dans la Régence : il donne des renseignements précis sur un élément essen- tiel du climat, élément qui, en Tunisie, au point de vue agricole, prime toutes les autres données climatolo- giques. D' ApriEN Loir, Directeur de l'Institut Pasteur,” à Tunis. ipperer (D° CI). — Die Schokoladenfabrikation (2° édition). — 1 vol. in-8 de 306 pages. (Prix, bro- … ché: 7 mk-50.} Krayn, éditeur. Berlin, 1901. La fabrication du chocolat est déjà ancienne en rance, où elle est devenue une de. nos industries alimentaires importantes. La Suisse et l'Allemagne ont vu, dans ces derniers {emps, cette industrie se déve- lopper également chez elles : aussi, le livre de M. Zip- -perer, auteur connu et apprécié par ses travaux sur la chimie du cacao, ne peut-il être indifférent aux manu- facturiers francais que la question intéresse. D'ailleurs, e livre en est à sa seconde édition, et il est considéré comme le meilleur travail écrit en allemand sur le sujet. Une première inspection rapide de l'ouvrage montre que tout l'outillage décrit par l'auteur, el dont les ligures illustrent le texte, est l'outillage allemand. A ce point de vue, on pourrait presque croire par instants que le livre n’est qu'un catalozue détaillé de la maison Lehmann, de Dresde. Je sais bien qu'il est naturel que, dans un ouvrage allemand, on préconise les machines construites en Allemagne, mais nous n'avons pas la même raison qu? l'auteur de ruettre de côté les “fabricants d'appareils qui ont fait faire en France et cn Angleterre de grands progrès aux machines de cho- Colalerie. Qu'il nous suffise de citer Savy à Paris, et aker à Londres, deux fabricants dont les appareils Sont non seulement appréciés et utilisés en France, mais qui le sont aussi en Suisse et en Allemagne. Cette réserve faite, il faut maintenant reconnaître que M. Zipperer a bien traité son sujet. De. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 161 Ainsi que je l'ai dit, les machines servant à fabriquer le chocolat ont été considérablement perfectionnées, et on s’est appliqué surtout à améliorer le brovage et le mélange des deux constituants du chocolat : sucre et cacao. Actuellement, la fabrication comporte : en premier lieu, le broyage du sucre, qu'on réduit en poudre impalpable; puis, le broyage du cacao, qui s'opère dans des moulins horizontaux, maintenus à une douce chaleur. On mélange ensuite le sucre en poudre et le cacao broyé et fondu. Ce sont les Suisses qui ont poussé le plus loin la perfection du broyage des chocolats en préparant les chocolats dits « fondants ». Dans ces chocolats, le mélange du sucre et du cacao est réalisé d’une manière très parfaite. Cette partie de la fabrication intéressera les industriels francais, dont les produits sont parfois broyés insuffisamment. J'aurais voulu, dans le même ordre d'idées, trouver dans l'ouvrage de M. Zipperer des indications détaillées sur la fabrication du chocolat au lait, fabrication qui a pris un assez grand développement en Suisse; mais M. Zipperer ne traite que très sommairement ce sujet. Quant à la torréfaction des cacaos, l’auteur décrit divers appareils permettant d'opérer la torréfaction à la vapeur; mais il fail observer, et je suis tout à fait de son avis, que la température que l’on atteint dans la torréfaction à {la vapeur, et qui, souvent, ne dé- passe pas 130 à 140°, est insuffisante pour déter- miner tous les phénomènes chimiques engendrant le parfum du cacao torréfié. Ce n'est pas une véritable torréfaction qu'on oblient, mais une dessiccation très prononcée. Il vaut mieux revenir à la torréfaction à feu uu. M. Zipperer traile de la fabrication du cacao en poudre, dit cacao soluble. On-sait que le cacao destiné à cette préparation subit un traitement spécial, qui a pour but de le rendre soluble, ou plus exactement de le désagréger, pour qu'il se maintienne plus facilement en suspension dans l’eau. La désagrégation se fait soit au moyen de l’eau chaude avec ou sans préssion {procédé dit francais), soit au moyen des carbonates de potasse, de soude ou de magnésie (procédé dit hollandais), soit au moyen de l’'ammoniaque ou du carbonate d'ammoniaque (procédé dit allemand). Le cacao est soumis à la désagrégation par ces réactifs, puis il est pressé à chaud pour éli- miner une notable partie de beurre, et, enfin, il est pulvérisé. - Ces préparations de cacao en poudre jouissent d'une grande vogue en Angleterre, en Hollande, en Alle- magne, en Suisse. La consommation s'en répand moins rapidement en France. En outre de la partie relative à la fabrication pro- prement dite, M. Zipperer a consacré plusieurs cha- pitres à l’étude chimique du cacao et du chocolat; ces chapitres ne sont pas superflus pour l'industriel, qui a toujours intérêt à avoir des notions scientifiques exactes sur les produits qu'il met en œuvre ou qu'il produit. X. RocquEs, Ingénieur-Chimiste, Ancien Chimiste principal du Laboratoire municipal de Paris. 3° Sciences naturelles Glangeaud (Ph.). Maitre de Conférences à T'Univer sité de Clermont-Ferrand. — Monographie du vol- can de Gravenoire, près Clermont-Ferrand. — Extrait du Bulletin des Services de la Carte géolo- gique de France, n° 82, vol. XIT, 1901. Depuis le célèbre Mémoire de Guettard, écrit en 1752, Sur certaines montagnes de la France qui ont été des volcans, tous ceux qui se sont intéressés à l'histoire de la Terre ont visité l'Auvergne. Depuis un siècle, des géologues de tous pays ont étudié les volcans éteints de la France centrale ; mais jamais les progrès accomplis Q#* 2] 162 dans la connaissance de ces volcans n'ont été plus rapi- des que dans ces dernières années, grâce à l'impulsion et aux travaux de MM. Fouqué et Michel-Lévy, Boule, Lacroix. L'histoire d'un volean est faite d'un grand nombre de données, que chaque savant est enclin à envisager d'une facon plus ou moins personnelle, selon sa tour- nure d'esprit et la nature de ses études. Celui-ci s'attache aux particularités stratigraphiques; celui-là, à la composition chimique où à la constitution pétrogra- pique des laves; cet autre étudie surtout les minéraux formés par l’action volcanique. D’aucuns considèrent le soubassement du volcan ou cherchent à fixer l’äge de ses éruptions. Enfin, certains ne sont satisfaits que lorsqu'ils ont compris le mécanisme de sa formation, sa genèse ct la série des phénomènes géologiques qui ont conduit à son édification. Pour atteindre ce but, la méthode des monographies détaillées est éminemment recommandable, et, à ce tre, la Monographie du volcan de Gravenoire, près Clermont-Ferrand, due à M. Glangeaud, mérite une mention spéciale et les plus grands éloges. En 1802, Léopold de Buch conseillait à ceux qui voulaient voir des volcans de visiter d’abord le volcan de Gravenoire, comme une excursion préparant dignement aux grands objets qu'ils observeront au Puy de Dôme ; ils trouve- ront aujourd'hui, dans la monographie de M. Glangeaud, un guide savant et sûr. | Le volcan de Gravenoire, le plus complet peut-être de tout le Massif Central, est situé sur le bord de la Limagne et adossé au plateau cristallin supportant la chaine des Puys ; il domine, au Nord et au Sud, deux vallées profondes de 400 mètres, entaillées dans la falaise granitique qui surplombe le bassin tertiaire. Ce volcan est installé sur la grande faille occidentale de la Limagne, qui a produit cet escarpement et le long de laquelle l'Oligocène redressé et plissé au Mio- Pliocène s'est effondré. Par cette cassure, élargie sous forme de fente, sont sorties, lors du Quaternaire infé- rieur, les projections formant le cône actuel et les ‘ coulées de lave qui s'étendent : d’une part, vers Royat; de l’autre, vers Boisséjour. Sur les failles parallèles, dénivelant le Tertiaire et les coulées, plus anciennes, du volcan (Miocène ?) de Charade, en gradins successifs vers le centre du syncli- nal de la Limagne, s'édifièrent, aux environs de Beau- mont, et à la même époque, au moins trois petits vol- cans. Deux d’entre eux (Cône du Mont Joli et Cône de Beaumont) donnèrent deux coulées de lave : l'une, dirigée vers Clermont-Loradoux; l’autre, vers Aubière. Le poids des voussoirs qui s'enfoncaient au pied du plateau cristallin fut, sans doute, l'une des causes prin- cipales de la sortie des laves, qui suivirent ainsi les chemins où la résistance était minimum, c’est-à-dire les failles déjà esquissées à la fin du Miocène. La genèse de ces volcans, installés sur des failles, rappelle celle des volcans analogues décrits par Keil- hack et Thoroddsen en Islande et celle des volcans du Latium, telle que l’a indiquée Portis. Ce sont, croyons- * nous, les premiers volcans francais signalés sur des failles. Les coulées de lave, issues de Gravenoire, qui se dirigè- rent vers Boisséjour, et celles des volcans de Beaumont s'étendirent dans des vallées du Pliocène supérieur, qu'elles comblèrent au moins en partie. Le fond de ces anciennes vallées, recouvert d’alluvions surmontées de coulées de basalte, est parcouru aujourd'hui encore par des ruisseaux, qui donnent naissance aux sources de Boisséjour, Beaumont, Saint-Jacques et Loradoux. Depuis le Quaternaire, l'érosion a creusé latérale- ment, dans les sédiments tertiaires, les deux vallées de l'Artière et de la Tiretaine, dominées par les nappes basaltiques formant un plan légèrement incliné vers la Limagne. Les laves issues des volcans de Gravenoire et de Beaumontoffrent de grandes analogies aux points de vue chimique et pétrographique. Ce sont des basaltes à | des recherches de M. Pizon, dont le présent Mémoire, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 50 °/ de silice, très feldspathiques, à grands cristaux de pyroxène et d'olivine, rares el d'assez faible taille.et à microlites de labrador abondants. Le magma fondu produisit un métamorphisme diffé- rent suivant les points avec lesquels il fut en contact. Parfois, le métamorphisme fut seulement mécanique et calorilique : la cuisson des argiles, transformées en briques, a provoqué un magnétisme qui s'est conservé depuis l'époque quaternaire et qui fournit de curieuses notions sur ce sujet ; dans d’autres cas, des blocs de calcaires etde roches cristallines arrachées de la profon- deur furent en partie ou complètement résorbés (méta- morphisme chimique). Les études de M. Lacroix sur les enclaves de ces roches volcaniques ont montré la transformation du calcaire en grenat, wollastonite, augile, anorthite, comme dans les volcans italiens du Latium et de la Somma. Celle des roches quartzeuses ou quartzo-feldspathiques ameua la production de cristaux d'augite, d'andésine, de spiuellides, de silli- manite el de Zéolites. Les fumerolles volcaniques découvertes par MM. La- croix et Gautier leur ont montré une double action évidente : d'abord, un phénomène de fusion dans la profondeur ; puis, une réaction des vapeurs acides agis- sant postérieurement au rejet de ces blocs. Ces fume- rolles, en attaquant les blocs arrachés de la profondeur et fondus, vitrifiés à leur surface, donnèrent naissance aux minéraux suivants : {er oligiste, magnétite, pseudo- brookite, augite, augite &gyrinique, biotite, labrador, andésine, anorthose, apalite, ete. Cette formation de minéraux variés est analogue à celle des tufs de Nocera, du Vésuve et de Santorin. L'activité volcanique de la région considérée n'a pas disparu. Elle se mauifeste encore aujourd'hui, le long des failles volcaniques ou des failles hydrothermales, par la sortie de nombreuses sources chaudes,"bicarbo- natées, chlorurées et parfois bitumineuses et ammo-, niacales (sources de Royat et de Clermont), dont quel- ques-unes ont formé des traversins assez étendus (Clermont). Par plusieurs failles sort du bitume (Puy de l'Ecorchade, Puy Chateix). Enfin, les dégagements d'acide carbonique, seul sont très abondants. Malgré sa faible étendue, le volcan de Gravenoire se distingue réellement comme un des types les plus” complets des volcans. Il justifie encore les prédilections des fondateurs de la Géologie, qui le préféraient au Vésuve et à l'Etna ; car, tandis que dans ces deux der- nières montagnes, une éruption postérieure couvre les produits de celles qui l'ont précédée, ces courants sont à découvert à Clermont, depuis la sortie du flanc de la montagne jusque dans la plaine, où ils se sont arrê- tés. On en découvre tous les détails, et leur nature n'est point équivoque. Ces conditions naturelles exception=" nelles et les beaux essais de synthèse dont les volcans d'Auvergne ont été l'objet dans ces dernières années expliquent le succès des excursions répétées auxquelles viennent de prendre part successivement, pour les étudier, les membres du Congrès géologique interna= tional, et ceux de l'Association géologique de Londres. La belle monographie de M. Glangeaud, dont nous venons de donner un apercu, est du nombre de celles qui font avancer la science, en Ja rendant à la fois plus positive et plus attrayante. Cu. Barrois, Professeur adjoint de Géologie et de Minéralogie : 04 à la Faculté des Sciences de Lille: Pizon (Antoine). — Etudes biologiques sur les Tuni- ciers coloniaux fixés. (Extrait du Bulletin de là Société des Sciences naturelles de l'Ouest de la France.) — 1 broch. in-8 de T2 pages, avec fiqures et planches. Nantes, Secrétariat du Muséum d'Histoires Naturelle, 1901. - La /tevue générale des Sciences a déjà rendu compte ” (mofettes) ou accompagnant la sortie des eaux chaudes, À BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 163 est la suite. L'auteur fait vivre en captivité des colonies _ d’Ascidies composées ; il y observe la succession des . générations de blastozoïdes, l'apparition, la durée et la disparition de chacune, la série des pontes. Il y a d’au- tant plus d'intérêt à obtenir ces résultats que ces ani- maux sont assez difficiles à conserver en aquarium. Il faut, toutefois, se rappeler, dans l'interprétation des . faits, que l’on acquiert ainsi des données plutôt quali- tatives que quantitatives; la vie en aquarium, si pré- caire, est nécessairement étiolée. Celte fois, M. Pizou a complété des observations antérieures sur les Botryl- lidés. Chez le Botrylloides rubrum, il a obtenu la forma- tion d'une colonie à partir de la larve ou oozoïde, alors que, précédemment, sou point de départ avait été une colonie déjà constituée de douze individus. Il a étudié aussi des espèces du genre Botryllus. Voici les princi- paux résultats : les générations successives de blasto- zoides se suivent selon un rythme régulier assez uni- forme, durant chacune 20 à 25 jours, depuis la première ébauche à l'état de bourgeons jusqu'à la disparition complète par atrophie ; la période adulte et fonction- nelle est de 4 à 5 jours. Le cœur continue à battre pen- . dant très longtemps, alors que la désorganisation est - trèsavancée. Pendant la belle saison (juillet-septembre), . les diverses générations successives donnent des larves | et leur durée n’en est pas augmentée. Entre autres questions connexes, M. Pizou a précisé le mode de for- . malion des lubes vasculaires qui parcourent les colo- . nies de Botryllides, le fonctionnement de la circulation dans ces tubes et ses rapports avec les contractions car- - diaques des individus, le rôle des ampoules terminales. . Pour ces dernières, il rejette, avec raison suivant nous, toule parlicipation à la blastogénèse. 9 M. CAuLLERY, Professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Marseille. 4 Sciences médicales MetcbnikofT (Elie), Chef de service à l'Institut Pas- . teur. —L’Immunité dansles Maladiesinfectieuses. — 1 vol. in-8° de 600 pages, avec 45 fiqures dans le texte. (Prix : 12 francs.) Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1902. ” Daus son remarquable Rapport sur l’Immunité au Congrès international de 1900, M. E. Metchnikoff avance : «que les propriétés humorales ne représentent qu'une certaine fraction dans l’ensemble des phénomènes de Pimmunité, cette dernière étant déterminée par des pro- priétés cellulaires ». La justilication de celte proposition se trouve déve- oppée dans le beau livre que le même auteur vient de faire paraître sur l'rmmunité dans les Maladies infec- tieuses. Le livre est, de plus, l'aboutissant nécessaire des études entreprises par M. Metchnikoff sur le rôle des cellules du mésoderme dans la digestion, acte phy- stologique, d'une part, dans l'inflammation et la lutte contre les maladies, d'autre part, actes pathologiques en apparence, mais qui comportent en réalité la réalisa- lion de phénomènes de même nature. LM. Metchnikofr dit lui-même que c’est la lecture du Draite de Pathologie générale de Conheim qui a incité Son esprit à poursuivre des recherches surles fonctions dévolues aux cellules amiboïdes du mésoderme. I] n’en a pas fallu plus pour le conduire, lui, zoologiste, à la Médecine, comme la Cristallographie avait conduit Pas- teur à l'étude des fermentätions et de leur rôle dans Jes processus morbides. Aussi l'ouvrage récent de M: Metchnikoff nous apparaît-il comme le complément et le développement de son livre sur l'Inflammation, . publié il y a dix ans. | La conception fondamentale de l’auteur était juste le ontraire de ce qu'on enseignait en Pathologie, On Sayait que les globules blancs se chargeaient de corps étrangers à l'organisme, de microbes notamment, mais à pensait que les microbes se servaient de ces cellules mme de raoyen de transport et de dissémination dans l'organisme. M. Metchnikoff émit l’idée que la réaction inflammatoire des cellules amiboïdes ne pouvait être comprise qu'en admettant que les globules blancs faisaient la chasse aux microbes et les détruisaient. C’est ainsi que naquit la théorie dite phagocytaire. La phagocytose n’est pas un acte simple, consistant en la prise de possession et en la destruction des mi- crobes, phénomènes qui assureraient la défense de l'organisme et constitueraient l’état d'immunité. S'il est vrai que les leucocytes peuvent absorber des microbes vivants, comme cela est prouvé pour certaines bactéries mobiles dont les mouvements sont encore visibles dans l'intérieur des cellules qui les ont englobées, il est certain aussi que celte absorption est rendue possible par des actes préparatoires qui se passent à di-tance, dans les milieux extra-cellulaires. Parfois même, la destruction des microbes y est presque achevée, avant que les leucocvytes, doués de propriétés phagocytaires, aient semblé jouer un rôle. Aussi, un nombre consi- dérable d'auteurs et non des moindres, M. Bouchard en France, M. Koch, M. Flügge, M. Buchner, etc., en Allemagne, ont-ils soutenu l'idée que l'immunité résidait entièrement dans des propriétés dévolues aux humeurs, sans que les cellules y aient une part quel- conque. L'expérience capitale de Pfeiffer, connue sous le nom de « phénomène de Pfeiffer », et qui réalise la transformation en granules, puis la destruction des microbes en dehors de toute connexion apparente des globules blancs, a semblé donner le dernier coup à la théorie phagocytaire. C’est à convaincre ses contra- dicteurs et à démontrer que leurs objections, loin de ruiner sa théorie, en prouvaient, en définitive, la soli- dité, que M. Metchnikoff a consacré dix années, dont le travail est exposé dans son livre sur / Zmmunite. Les humeurs, et notamment le sérum sanguin, con- tiennent des substances, connuessousle nom d’alexines, qui sont éventuellement capables de provoquer la des- truclion des microbes. Pour que leur action s'exerce, elles ont besoin d'y être sollicitées par la présence d'une substance nouvelle, dite 2ntermédiaire par Ebrlich, ou sensibilisatrice par Bordet. L'état d'immunité con- siste justement dans ie développement de cette subs- tance intermédiaire, fixatrice, qui permet aux 2/exines ou cytases d'opérer la destruction des microbes ou des cellules étrangères à l'organisme (bactériolyse et cyto- lyse). Or, cytases et sensibilisatrices sont des produits d'origine cellulaire. Si les premières sont des ferments solubles essentiellement intracellulaires dont la mise en liberté n'est provoquée que par une altération des éléments qui les contiennent, les secondes sont réel- lement humorales; mais, quoique circulant dans le plasma, leur origine est identique. Buchner reconnait bien aujourd'hui que les alexines proviennent des glo- bules blancs dont la fonction serait de les sécréter. Le rôle ultérieur de ces derniers éléments se bornerait à absorber les microbes détruits dans les humeurs. M. Metchnikoff n'admet pas cette sécrétion, mais seu- lement la mise en liberté des alexines contenues nor- malement dans les leucocytes, et soulient, d'autre part, que ceux-ci restent capables d’englober les microbes encore vivants et virulents. Ces dernières divergences sont les seules qui divisent encore actuellement le savant allemand et M. Metch- nikoff. On voit par là combien la théorie phagocytaire, considérée comme une hypothèse gratuite au temps où l’on faisait résider l'immunité dans des propriétés pure- ment humorales, a gagné de terrain. Le livre de M. Metchnikoff vient à son heure, au moment où la lutte est sur le point d’être close et la victoire acquise. La lecture en est captivante pour tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la Médecine et de la Biologie générale. Elle nous surprendra toujours par le nombre et l'ingéniosilé des travaux qua nécessités à l'auteur et à ses élèves le triomphe définitif de la théorie phagocytaire. D' H.'VAQuEz, Professeur agrégé À la Faculté de Médecine. Médecin des Hôpitaux 16% ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 13 Janvier 1902. 49 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard pré- sente des recherches sur les périodes des intégrales doubles et sur une classe d'équations différentielles linéaires. — M. A. Guldberg étudie les paramètres intégraux, qui sont une généralisation directe des paramètres différentiels. — M. P. Boutroux signale certains résultats qu'il à obtenus dans la théorie des fonctions entières et dont quelques-uns se rapprochent de ceux de M. Lindelüf. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M, P. et Mn° $. Curie expo- sent les idées qui les ont guidés dans leurs recherches sur les corps radio-aclifs. Pour eux, la radio-activité est une propriété atomique des corps. Chaque atome radio- actif peut posséder, à l'état d'énergie potentielle, l'éner- sie qu'il dégage, ou bien c’est un mécanisme qui puise à chaque instant au dehors de lui-même l'énergie qu'il dégage. On ne peut pas encore décider entre ces deax hypothèses. — M. V. Karpen énonce le principe sui- vant : Dans un milieu magnétique soumis à l’action d'un certain nombre de forces magnétomotrices, le parcours des lignes d'induction est tel que l'énergie intrinsèque du milieu est maximum. — M.F. Beaulard rectifie certains chiffres qu'il a donnés précédemment pour la différence de potentiel relative à une certaine distance explosive. Quoi qu'il en soit, la vibration de l’étincelle électrique oscillante a une force pendulaire très amortie, ce qui est bien conforme aux idées de MM. Poincaré et Bjerkness. — M. H. Stassano pré- sente de nouvelles observations qui montrent une rela- tion constante entre les différentes périodes et les dif- férentes phases des aurores boréales et la variation de la pression barométrique mensuelle et diurne. — M. G. Weiss signale divers phénomènes qui se produi- sent lorsqu'on regarde des surfaces lumineuses à travers un trou d'épingle percé dans une plaque et les attribue à l'aberration de sphéricilé de lœæil. M. E. Ducretet a fait des expériences de téléphonie sans fil; le circuit microphonique et téléphonique était fermé par la terre seule. La parole s'est reproduite avec une netteté remarquable sans bruits parasites, — M. G. Belloca poursuivi ses recherches sur la thermo- électricité des aciers et des ferro-nickels. La forme générale des courbes de f.é.m. en fonction de la tem- pérature est parabolique. Les aciers à 5 et à 28 °/, ont présenté, à partir de 400 et 500°, des variations brus- ques, révélatrices d'une transformation moléculaire. — . M. H. Moissan a obtenu avec le sodium, comme avec le potassium, un hydrure cristallisé de formule NaH, avant des propriétés réductrices très énergiques ei soluble dans les métaux alcalins. — M. H. Gautier à constaté que l'hydrure de strontium est un puissant réducteur; il se range à côté de l'hydrure CaH° décou- vert par M.Moissan. — MM. G. Charpy et L. Grenet ont étudié l'équilibre chimique des systèmes fer-car- bone. La séparalion du graphite s'amorce à une tempé- rature d'autant plus basse que la teneur en silicium est plus forte. Une fois commencée, elle se continue aux températures inférieures à celle où s'amorce la réac- tion. — M. À. Rindell a fait des recherches sur la solu- bilité du phosphate bicalcique dans l’eau pure. La con- centration de la solution croit avec le temps et la masse du sel en contact avec un volume £onné d'eau. Le rapport de H°PO* à CaO, d'abord très peu différent. de l'unité, croit avec la concentration. — MM. V. Gri- gnard et L. Tissier, en faisant réagir les combinai- DE L'ÉTRANGER sons organomagnés'ennes mixtes sur le trioxyméthy- lène, ont réalisé la synthèse d’alcools primaires gras et aromatiques. — M. M. Delépine à étudié les éthers imidodithiocarboniques RAz : C (SR‘}*. Ce sont des bases faibles, solubles dans les acides, liquides, à odeur forte. — M. P. Petit a déterminé la chaleur dégagée par l'inversion du saccharose au moyen des chaleurs de combustion et de dissolution. Elle varie de 2 cal. 639 à 2 cal. 675 entre 5895 et 639. — M. F. Weil a reconuu que, dans le dosage volumétrique, par le chlorure stan- neux, du cuivre, du fer, de l’antimoine, du zinc en poudre, du soufre dans les sulfures, etc, on peutopérer à froid aussi bien qu'à l'ébullition en prenant certaines précaulions. — MM. A. Etard et A. Vila ont réalisé la synthèse d'une leucine isomère (voir p. 116). —M. A. Rosenstiehl a étudié l'action du tanin et des matières colorantessur l'activité deslevures (voir p.116). — M. G. Bertrand a extrait le bolétol, principe chromogène de certains champignons. C’est un corps cristallisé, d'uu beau rouge vif, ne contenant pas d'azote. Il parait exis- ter sous deux états d’agrégation moléculaire différents. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. H. Soret a étudié la fracture de l'avant-bras qui se produit dans la mise en marche des moteurs d'automobile. C'est une fracture directe de la diaphyse du radius, avec fracture indi- recte de la partie épiphysaire du cubitus. — MM. C. Va- ney et A. Conte ont trouvé dans le Rhône, à Lyon, deux espèces intéressantes : l’Æmea lacusiris et le Blennius alpestris. La présence en eau douce d'un Blennius, qui appartient à un genre essentiellement marin, montre le pouvoir d'adaptation de ces Poissons. — MM. J. Bonnier et Ch. Pérez ont recueilli, dans la Mer Rouge, sur des Pagures, un Crustacé parasite d’un genre nouveau, qu'ils nomment Gnathomysis Gerla- cher. A appartient aux Schizopodes, où il formera le type d’une famille nouvelle. — MM. P.-P. Dehérain et E. Demoussy ont cultivé la luzerne sur des terres sans calcaire, renfermant, quoique en petit nombre, les ger- mes des bactéries propres à la symbiose avec la luzerne et le trèfle. Ces bactéries déterminent l’apparilion de nodosités, mais la végétation est languissante. L'addi- tion de calcaire la rend plus vigoureuse. L'inoculation à l'aide de la terre de jardin est toujours très favo-, rable parce qu’elle apporte de nombreuses bactéries. — M. F. de Montessus de Ballore a constaté, dans l'Erzgebirge, trois genres de phénomènes géologiques impliquant l'instabilité au moins temporaire : champs de fracture, lignes de moindre résistance volcaniques et thermales, plissements. Le dernier seul a conservé une vitalité notable, qui se traduit de nos jours par des tremblements de terre. — M. E. Fournier a reconnu que les réseaux hydrographiques souterrains des ré- gions calcaires sont tous dans un cycle excessivement instable. Ils sont anastomosés; leur régime varie cons- tanment en même temps que varie l'état des précipi= talions atmosphériques; les phénomènes de capture. peuvent s'y produire avec une grande facilité. — M. Re- pelin signale la découverte dans la Basse-Provence, entre Bagnoles et Roquebrussanne, de silex taillés et d'une dent d'Ælephas primigenius. Il existait donc l&w une station chelléo-moustérienne. | Séance du 20 Janvier 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Boutroux four- nit quelques indications complémentaires sur une propriété de la dérivée logarithmique d'une fonction entière, — M. P. Painlevé signale l'importance des résultats obtenus par M. Boutroux, et en fait l'applica tion aux équations différentielles du second ordre. M. N. Nielsen donne quelques applications de sa formule pour le développement d’une fonction en série de factorielles. — M. J. Mascart montre qu'il existe des raisons cosmogoniques prédisposant aux Coinci- dences d'éléments de planètes, que l’on rencontre tou- jours en plus grand nombre que la théorie ne l'indique. On peut admettre que l’action de Jupiter tend à dimi- nuer le nombre de ces coïncidences, peut-être par des perturbations séculaires. — M. E. Guyou indique le moyen de calculer la longitude à la mer par les dis- tances lunaires au moyen des seules éphémérides ordinaires. — M. P. Duhem a cherché à établir les conditions aux limites en Hydrodynamique en se basant sur les principes relatifs à la viscosité et au frottement. 20 ScrexcES PHYSIQUES. — M. Liénard se propose de démontrer, contrairement à l'opinion de M. Cavallo, qu'un raisonnement rigoureux, appliqué au calcul des équations de Lagrange, conduit bien aux équations exactes du mouvement de la roue de Barlow.— M. E. Carvallo étend aux corps en mouvement ses deux lois fondamentales de l’Electrodynamique établies pour les corps en repos. Il donne les équations générales de l’é- . lectrodynamique pour les corps en mouvement; cesont - les équations des travaux virtuels. L'équation de l'éner- . gie s'en déduit comme en Mécanique. — MM. Ph.-A. . Guyeet Ed.Mallet out mesuré les constances critiques d’une nouvelle série de corps gras el aromatiques. L’aui- . sol, le phénétol, le m-crésol, l'aniline, la diméthylaniline, . Ja diméthyl-o-toluidine ne sont pas polymérisés à l’état . critique, et peu ou pas entre le point d'ébullition et le - point critique. Les nitriles aliphatiques, par contre, - sont, dans les deux cas, nettement polymérisés. — - MM. de Forcrand el Fonzes-Diacon ont déterminé * quelques propriétés physiques de l'hydrogène sélénié. Point d'ébullition : — 42% sous la pression normale; densité à 42°— 2,12; point de fusion —6%°; solubilité : MSivol.31 à 130,2 et 2 vol. 10 à + 22,5. — M. H. -Moissan a observé quelques propriétés de la chaux en fusion. Elle agit sur le carbone en formant du carbure de calcium et de l’'oxyde de carbone; si elle est en excès, elle oxyde le carbure et donne du calcium et de oxyde de carbone. Elle agit sur le bore en formant un borate, sur le titane en formant un titanate. Elle oxyde Cr, Mn, Fe, Ni, Co à l'état d’oxydes. Elle attaque le platine, qui renferme ensuite 2 à 3 °/, de Ca. — M. M. Guichard présente quelques remarques sur les oxydes de molybdène; la pluralité des oxydes bleus ne lui semble pas démontrée. — M. F. Gaud a étudié la -décomposilion de l’acétylène pendant sa combustion. l a reconnu que si, dans certaines circonstances, la chaleur dégagée par la matière du bec brüleur peut se transmettre au gaz et favoriser sa décomposilion en ses éléments, il est certain que constamment la pré- -sence de H?S et des produits thioniques suffit pour provoquer celte décomposition dès la formation de la arnme. — M. M. Berthelot a analysé quelques objets “métalliques antiques. Une statuette chaldéenne conte- ait du cuivre et du plomb, avec un peu de S, Fe et 0. Une statuette babylonienne contenait Cu, Su, Fe, O, Ca CO* ; un piédestal babylonien renfermait Cu, Sn, Fe, ). Enfin, une matière provenant d'une nécropole égyp- ienne était constituée par un mélange d'argile, de blorure et de carbonate de Pb; elle provenait sans doute de l'altération d’un objet en plomb. —M. R. Fosse à obtenu des dérivés trihalogénés du naphto- anthène, où l'oxygène fonctionne comme élément étravalent. — M. F. March, en faisant réagir l'x-bro- mopropionale et le G-chloropropionate d’éthyle sur J'acétylacétone sodée, a obtenu l’&-méthyl-66-diacé- tylpropionate d'éthyle et le 88-diacétylbutyrate d'éthyle. — MM. E. Charabot et A. Hébert ont constaté que Vaddition de chlorure de sodium au sol a pour effet “d'accentuer : 1° l'augmentation de la proportion centé- “Simale de matières organiques dans la plante; 2 la “perte relative d'eau. En même temps, le chlorure de sodium favorise l'éthérification et entrave, au contraire, a transformation du menthol en menthone, — M. J. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Gautrelet a reconnu que soit dans le sang, soit dans les carapaces ou coquilles des Crustacés ou des Mol- lusques, il existe du phosphore sous les deux formes élémentaires-: minérale et organique. — M. P. Mazé a constaté que le mycélium de l’£urotyopsis Gayoni peut s'organiser entièrement à partir de l'alcool et de l’'ammoniaque sans perte sensible de matière. — MM. Charrin et Brocard ont étudié l'utilisation des bihexoses par l'organisme. En général, ils ne subissent l'assimilation qu'après avoir été dédoublés. Dans cer- fains cas, l'absorption s'opère plus rapidement que Je dédoublement; dans d’autres, il y a prédominance du dédoublement sur leur passage en nature dans la cir- culation. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Robin et M. Binet: Les indications de la prophylaxie etdu traitement de la tuberculose basées sur la connaissance de son terrain (voir ci-dessous).—M. Le Hello signale l'apparition, chez une pouliche, de lésions analogues à celles qui sesont présentées chez sa mère à la suite d'un accident sur- venu pendant qu'elle la portait. — M. A. Giard pré- sente quelques faits qui montrent le passage de l’her- maphrodisme à la séparation des sexes par castration parasitaire unilatérale. — M. G. Bohn oppose, à la théorie purement mécanique et physique de la vision exposée récemment par M. Pizon, une théorie où la formation de l'œil et la vision sont fonctions de phéno- mènes chimiques. — M. Chifflot montre que les deux nouvelles maladies des chrysanthèmes, signalées ré- cemment par M. Joffrin, sont connues depuis longtemps. La maladie indiquée comme dueau Ty/lenchus est due, en réalité, à l'Aphelenchus et a été décrite par Oster- walder. La maladie attribuée à un Septorra nouveau est due au Septoria chrysan'hemi Cav., connu depuis longtemps. — M. St. Meunier a étudié le tuffeau sili- ceux de la Côte-aux-Buis, à Grignon. Il ressemble aux tuffeaux du nord de la France et de la Belgique, mais en diffère en ce qu'il n'est pas subordonné à des sables. Louis BRUNET. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 21 Janvier 1902 M. Ch. Monod présente un appareil, dit {ermo- plasme électrique, dù au D' Larat, et permettant de chauffer, au moyen de l'électricité, une compresse souple pouvant se mouler sur foutes les parties du corps. — MM. A. Robin et M. Binet ont reconnu que l'aptitude exasérée de l'organisme à fixer de l'oxygène et à faire de l’acide carbonique, c'est-à-dire à se con- sumer, constitue l’une des caractéristiques des états propathiques, du terrain de la phlisie. 11s en concluent que les états de déchéance prétuberculeuse relèvent d'une vitalité exaspérée jusqu'à l'autoconsomption et non d'une vitalité amoindrie; ils repoussent les idées directrices de la prophylaxie et du traitement de la phtisie. Celles-ci ne doivent, selon eux, faire état que de médicaments et d'agents capables de restreindre les échanges respiratoires : l'huile de foie de morue, l'arséniate de soude à la dose de 5 milligrammes, et le cacodylate de soude à la dose de 5 centigrammes pos- sèdent cette propriété. — M. Darier lit une note su deux analgésiques presque exempts de toxicité : l'acoine et la dionine. Séance du 28 Janvier 1902. M. Lucas-Championnière indique une nouvelle mé- thode de traitement du pied bot; elle consiste dans l'ablation de la totalité des os du tarse, sans immobi- lisation ni appareil orthopédique. Il a déjà pratiqué trente et une fois cette opération; le raccourcissement du pied est manifeste, mais la forme est bonne. — M. Guépin lit un travail sur le diagnostic des fausses cystites. — M. Netter communique une étude sur les vaccinations anlidiphtériques. 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 11 Janvier 1902. M. J.-P. Langlois a pu metire en évidence, chez les animaux dits à sang froid, l'existence d'un système rudimentaire de régulation thermique. — M. C. Phi- salix a observé, chez les Vertébrés inférieurs, que les cellules propres de la rate sont susceptibles de se trans- former directement en globules rouges, et que cette fonction hématopoïétique apparait à une époque très précoce du développement, avant que les capillaires artériels se soientouverts dans les lacunes de l'organe. — M. Ch. Féré a constaté que les irrilalions gastriques produites par l'introduction directe de condiments dans l'estomac ont des effets dépressifs sur le travail manuel et l'activilé volontaire. — M. Tribondeau a étudié les granulations sécrétoires contenues dans les cellules des tubes contournés du rein chez les serpents. — M. E. Maurel indique un rapport entre, d'une part, l'ordre de sensibilité des principaux éléments Aaues à l'émétine, établi expérimentalement, et, d’aulre part, l'importance de la thérapeutique par l'éméline. — Le même auteur rectifie une interprélation inexacte donnée à sa note sur l'hyperleucoc ytose dans les affections du foie. — M. J.-B. Charcot a préparé un sérum antican- céreux par injection à des animaux de tumeurs cancé- reuses broyées; ce sérum peut être injecté en assez grande quantité sans produire d'accidents autres que de l'urtic aire. — M. Ed. Sergent a injecté à des lapins, dans les veines ou dans le péritoine, des pneumoco- ques colorés par le violet cristallin, et cela sans acci- dents. Les lapins ainsi traités supportent sans danger des inoculations très virulentes. — MM.J. Castaigne et F. Rathery ont fait l'examen de l’exsudat et de la per- méabilité pleurale au cours d'un certain nombre de pleurésies rhumatismales. — M. CI. Regaud a observé, dans toutes les cellules à fonction sécrétoire, des varia- tions quantitatives et qualitatives de la chromatine nu- cléaire. Les chromatines nucléaires sont morphologi- quement et histochimiquement mulliples et variables. — M. Malassez à remarqué des poils dont le côté de la racine estblane et la pointe colorée; pour lui, ce chan- gement de coloration serait dù à une modification dans leur formation. — MM. Léon Bernard et Bigart ont observé, au cours de certaines affections du rein, des lésions qu'ils désignent sous le nom de sclérose em- bryonnaire intrabéculaire.— MM. P. Teissier et L. Lévi ont constaté que l'injection à petites doses de solutions salines concentrées a pour conséquence habituelle et très rapide l'abaissement de la pression artérielle ; il s'agit là, sans doute, d’une action vaso-motrice sur la périphérie circulatoire. — M. Ch. Dopter a fait le cyto- diagnostic d’un épanchement pleural de nature rhuma- tismale. Il a trouvé : 1° des hématies rares; 2° des leu- cocytes abondants, les polynucléaires prédominant; 3° une abondance extrême de cellules endothéliales. — MM. Em. Boix et J. Noé ont essayé de neutraliser quelques toxalbumines dans l'organisme animal par l'hyposulfilte de soude; les résultats ont été négatifs. — Miles I. Ioteyko el M. Stefanowska ont constaté qu'il existe une graduation dans l’envahissement des hémisphères cérébraux par les anesthésiques; la sensi- bilité disparait avant la motilité; le réveil de la moti- lité précède le réveil de la sensibilité. — Les mêmes auteurs proposent l'anesthésie comme moyen de disso- ciation des propriétés sensitives et motrices du système nerveux. — M. E. Retterer a reconnu que tous les ganglions lymphatiques possèdent la même structure et les mêmes fonctions; ce sont des glandes hémolym- phatiques qui fabriquent et de la Ilymphe et des héma- ties. I] suflit de modilier la pression sanguine et, par suite, la circulation lymphatique, pour convertir les mêmes organes, soit en ganglions pâles ou gris, soit en glandes hémolymphatiques de teinte rouge. — M.J. Noé a constaté que si,après la période d'hibernation, la puissance d'assimilation est plus active chez le hérisson, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES en hiver la teadance à la dénutrition est beaucoup plus intense. Le sommeil hibernal constitue donc un méca- nisme d'épargne. Séance du 18 Janvier 1902. M. G. Weiss a recherché l'influence réciproque de deux excitations portées en deux points différents d’un nerf; elle est absolument nulle. — M. I. Dewitz a observé qu'une pâte formée pâr broyage de larves de mouches noircit à l'air sous l'influence d’une oxydase qu'elle renferme; ce serait aussi un enzyme qui pro- duirait la coloration des pupes de mouches. — Le mème auteur pense que la métamorphose s'accomplit sous l'influence d'un enzyme (oxydase). — MM. A. Conte et C. Vaney : Sur la distribution géographique de quelques formes marines et leur adaptation aux eaux douces (voir p. 164). — M. Ch. Féré a constaté que l’ergotine a, sur le système nerveux, une action excitante qui précède les troubles qui peuvent être attribués à l’intoxication et au spasme vasculaire. — MM. S. Arloing et Descos ont observé que la tuber- culine neutralisée par le sérum et réduite à ses toxones ne donne pas, dans la lutte contre la tuberculose, des résultats meilleurs que la tuberculine ou le sérum antituberculineux employés isolément; ces toxones jouissent d'une certaine toxicité, et favorisent le déve- loppement de la tuberculose expérimentale. — M. L. Dor indique un procédé d'extraction de l'urobiline des Gastéropodes; celle-ci se transforme, beaucoup plus facilement que celle de l'homme, en biliverdine, bili- rubine, sérochrome, ete. — M.J. Rehns a observé que des cultures du bacille du choléra colorées au bleu de métbylène peuvent être injectées sans danger à dose quatre fois mortelle. — M. G. Loiïisel conclut de ses recherches que le testicule (tubes séminipares et cel- lales interstitielles) dérive d’une glande primitive (in- différente au point de vue sexuel) dont le rôle se con- tinue chez l'adulte : 1° dans la sécrétion interne du testicule; 2° dans les glandes prétesliculaires des Oiseaux ; 3° dans le corps jaune des Batraciens; 4° dans l'organe de Bidder des crapauds. — M. A. Borrel a oblenu le virus claveleux débarrassé de tous les mi- crobes d'impureté en le diluant avec de l'eau bouillie; le liquide filtré, stérile dans toutes les conditions de culture jusqu'ici réalisées, reste virulent pendant long- temps. — Le même auteur a découvert un organisme très pelit, appartenant au groupe des Protozoaires, et dont il a pu faire plusieurs cultures successives. Il Je désigne sous le nom de Micromonas Mesnil. — M. N. Gréhant a constaté qu'un animal empoisonné parl'oxyde de carbone meurt souvent au bout de plusieurs heures quaod il continue à respirer dans une atmosphère con- finée qui renferme beaucoup moins de CO que celle qui a produit l’'empoisonnement primitif. Il est nécessaire, pour maintenir la vie, de faire respirer de l'air pur, ou mieux, de l'oxygène. — M. P.-A.Zachariadès a étudié l'influence des acides sur les tissus tendineux; le gon- flement va en augmentant d'intensité dans les solutions de plus en plus faibles, passe par un maximum et devient nul dans les solutions les plus faibles. Les. diverses eaux ont une influence différente sur le gon- flement des tendons; cela tient probablement à leurs impuretés. — M. J. Jolly à reconuu que la division indirecte des protohémoblastes (érythroblastes), chez … les tritons anémiés par le jeûne, se produit effective en dans le sang même.— M. J. Cluzet a constaté que lc cenes satisfont, comme les nerfs normaux, à la loi de Weiss; mais, lorsqu’ ilya hyperexcitabilité, les coefi- cients a et D sont plus petits qu'à l'état normal ; dans l'hypoexcitabilité, ils sont plus grands. — M. Marage a diminué les tintements d'oreille par l'emploi de l'hé- thylcarbonate de quinine, corps qui ne réagil pas sun le liquide de l'oreille interne comme le chlorhydrate de quinine, — MM. Sabrazès et L. Mathis ont examiné” l'état du sang dans la syphilis, le fabes et la paralysie générale. Dans aucun cas, ils n’ont remarqué d'anémie ” Lhshhs nerfs présentant des syndromes de dégéné-… nn sde dés nd d'un haut degré, non plus que des modifications mor- phologiques notables des hématies. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 17 Janvier 1902. é Ë La Société procède au renouvellement de son bureau pour 1902. M. H. Poincaré, vice-président en 1901, devient président. M. C.-M. Gariel est élu vice-pré- _sident. M. Abraham continue ses fonclions de secré- - taire général. — M. H. Pellat, président sortant, résume les travaux de la Société pendant l’année écoulée. - M.E. Marey rappelle les expériences qu'il a publiées - en 1893 sur le mouvement des liquides. On enregistre . par la photographie le mouvement de perles brillantes . ayant la même densité que le liquide et entrainées par un courant de vitesse variable à la rencontre de plans . inclinés sous différents angles ou à la rencontre de . corps de formes variées. On peut ainsi suivre la tra- | jectoire de chaque perle brillante représentant une molécule liquide et obtenir sa vitesse à chaque instant; - celle-ci est, en effet, fournie en fonction de l'écarte- ment des perles brillantes, et elle est d'autant plus considérable que cet écartement est plus grand. Parmi les photographies projetées pendant la séance, celle relative à l’action d'un courent liquide sur un plan incliné montre que les différents filets liquides arrivent sur l'obstacle suivant des directions plus ou moins obliques; près du bord inférieur du plan incliné, il se produit un partage de ces filets, tandis qu'en arrière de obstacle les filets de liquide exécutent des remous “capricieux. Dans le cas d‘un obstacle, pisciforme, les “eines fluides suivent la paroi; il se produit en arrière du corps des remous peu prononcés on très prononcés, suivant que le liquide abandonne le corps du côté de son extrémité aiguë ou du côté obtus. Les photogra- phies relatives aux chañgements du profil des liquides dans les ondes montrent des ventres et des nœuds, lest-à-dire des crêtes et des creux occupant tantôt des points fixes, comme dans les clapotis, tantôt se dépla- çant avec des vitesses variables, comme dans les vagues et la houle. Les observations relatives aux tra- Jectoires suivies par les particules d'air rencontrant un obstacle sont de date récente; les déplacements gazeux sont représentés par des filets de fumée obte- mus par la filtration du courant d'air à travers des gazes de soie à mailles égales; la photographie des umées est obtenue à l’aide d'un éclair magnésique. Lorsque aucun obstaclen’entravelecourantd'air,lesfilets de fumée apparaissent rectilignes et parallèles entre eux. Si l'on place dans le courant un plan incliné, les filets de fumée s'élargissent, ce qui prouve déjà que leur vitesse diminue; les uns remontent vers le bord supérieur du plan, les autres glissent sans se mélanger eb S'écoulent par le bord inférieur. La vitesse du cou- ant d'air aux différents points de son parcours est ailleurs obtenue en soumettant la masse en mouve- ent à un ébranlement latéral, provoqué par un trem- eur électrique de dix périodes par seconde; dès lors, filets de fumée, au lieu d'être rectilignes, présen- t une série d'inflexions latérales qui se conservent pendant toute la durée de leur parcours. Rien n'est ortuit dans les résultats obtenus, et l'expérience, étée deux fois de suite dans les mêmes conditions, hit deux images, identiques et superposables entre les, pour tous les points qui ne se trouvent pas dans L région des remous. La méthode qui précède fournit ès renseignements de cinématique dans le cas des liquides et des gaz; elle peut aussi donner des rensei- ements de dynamique; il suffit de photographier les placements à des intervalles égaux; on mesure la force par l’accéléralion qu'elle produit. Cette méthode té appliquée par M. Marey à l'étude des efforts mus- Culaires effectués par des athlètes venus à Paris, au moment de l'Exposition de 1900, pour le lancement on corpslourd.—M.G.Lippmann décrit une méthode ä ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 167 pour la mise au point des lunettes et des collimateurs. Pour amener la fente d'un collimateur dans le plan focal de l'objectif, on interpose, entre le collimaleur et la lunette qui vise la fente, une lame de verre ayant environ 3 centimètres d'épaisseur. Si le réglage du col- limateur pour l'infini n'est pas effectué, l'image obtenue dans la lunetie se déplace lorsqu'on incline la lame par rapport à l'axe du collimateur; dans le cas où la lame de verre n'intercepte que la moitié du faisceau pénétrant dans la lunette, on apercoit dans le champ de la lunette deux images : l'une d'elles, fournie par les rayons qui ont traversé la lame de verre, se déplace lorsqu'on ineline celle-ci, tandis que l’autre reste fixe. Le réglage est obtenu lorsque les deux images restent en coincidence, quelle que soit l'orientation de la lame de verre. On peut, au lieu d'interposer une lame de verre, oblenir un résultat équivalent en visant la fente du collimateur avec une lunette à large objectif et en déplacant le collimateur parallèlement à lui-même; l’image de la fente doit conserver une position inva- riable dans le champ de la lunette. La précision du réglage est limitée par l'épaisseur de la glace dans le premier cas et par les dimensions de l'objectif de la lunette dañs le second cas; cette méthode présente l'avantage. de permettre le réglage en utilisant la Lota- lité du faisceau lumineux 'qui émerge de l'objectif du collimateur. Ê SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 10 Janvier 1902. La Société procède au renouvellement de son bureau, qui est ainsi composé pour l’année 1902 : Président d'honneur : M. M. Berthelot. Président : M. H. Moissan. Vice-présidents : MM. A. Carnot, Auger, A. Haller et G. André. Secrétaires : MM. G. Bertrand et A. Béhal. Vice-secrétaires : MM. Moureu et Hébert. Tresorier : M. Petit. Archiviste : M. Desgrez. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 20 SCIENCES NATURELLES. XV. M. Bayliss et E. H. Starling : Sur la cause de la « secrétion réflexe périphérique » du pancréas. — On sait, depuis longtemps, que l'introduction d'un acide dans le duodénum cause un écoulement du suc pancréalique, et Popielski, Wertheimer et Le Page ont montré récemment que cet écoulement se produit encore après l'isolement nerveux du duodénum et du pancréas. Wertheimer mentionne aussi que l'écoulement peut être excité par une injection d'acide dans le jéjunum, mais non par l'introduction d'acide dans la partie infé- rieure de l'iléum. Ces auteurs concluent que la sécrétion est un réflexe local, les centres étant situés dans les ganglions épars du pancréas, ou pour le cas du jéjunum, dans les gan- glions du plexus solaire (Wertheimer). $ La sécrétion excitée par l'introduction d'un acide dans le jéjunum ne peut être réflexe, puisqu'elle se produit après l’extirpation du plexus solaire et la des- truction de tous les filaments nerveux passant dans l'anse isolée du jéjunum. Elle se produit aussi après uns injection intraveineuse de 0, 04 gramme de sul- fate d’atropine. Elle doit donc être due à l'excita- tion directe des cellules de la glande par une substance ou des substances transportées de l'intestin dans la glande par le courant sanguin. La substance excitante n'est pas acide. Wertheimer a montré que l'injeclion, dans le courant sanguin, de 0, 4 °/, de HCI n'a pas d'influence excitante sur le pancréas. La secrélion doit être due cependant à quelque sub- 168 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES stance produite dans la membrane muqueuse de l'in- testin sous l'influence de l'acide, et transportée de là par le courant du sang dans la glande. Cette conclusion a été tout de suite confirmée par l'expérience. Lorsque la membrane muqueuse du jéjunum ou du duodénum est exposée à l'action de 0,4 °/, de HCI, un corps est produit, lequel, quand il est injecté en doses minimes dans le courant sanguin. produit une sécré- tion copieuse du suc pancréalique.Ce corps, que pour le moment les auteurs appellent sécrétine, est associé à un autre corps qui à pour effet d'abaisser d’une façon pro- noncée la pression sanguine. Les deux corps ne sont pas identiques, puisque les extraits acides de la partie iuférieure de l'iléum produisent l'effet dépressif, mais n'ont pas d'influence excitante sur le pancréas. L'action de l'acide est de séparer la sécrétine d'un précurseur, la prosécrétine, qui se trouve en quantité relativement grande dans la membrane muqueuse du duodénum et qui diminue graduellement à mesure que l'on descend dans l'intestin. La prosécrétine est apparemment d'une faible solu- bilité dans une solution à 0,9 /, de NaCI. Elle n'a pas d'influence sur la sécrétion pancréatique. La sécrétine peut aussi être séparée de son‘précurseur en la faisant bouillir avec 0,9 /, de sel. - L'extrait acide peut être bouilli, neutralisé, et filtré sans perdre de son activité. Le filtratum contient quelques albumoses primaires, qui peuvent être préci- pitées par l'addition d'une grande quantité d'alcool et d'éther, et qui n'ont pas d'action sur le pancréas. Le fillratum alcoolique éthéré contient seulement une petite quantité de matière organique; mais, en l'éva- porant jusqu'à siccité, et en reprenant le résidu avec de l'eau, on obtient une solution aussi active que l’infusion originale. Les résultats indiquent que la sécréline est prohable- ment un corps d'une composition très définie et d’un poids moléculaire faible. Le D' Osborne est occupé en ce moment à la recherche de ses caractères chimiques et de son identité. On à souvent admis qu'il existe une sympathie chi- mique entre différents organes,comme parexempleentre l'utérus et les glandes mammaires; mais les auteurs croient que c’est le premier cas dans lequel une preuve expérimentale ait été donnée d'une telle relation. Il est probable cependant que l'on prouvera que ce méca- nisme acide-duodénum-pancréas est seulement un mé- canisme d’une classe similaire; son étude accroîtrait considérablement notre contrôle sur les fonctions chi- miques variées de notre corps. A la lumière des résultats notés ci-dessus, une revi- sion des expériences de Pawlow est nécessaire. Aucune de ces dernières n'exclut une expulsion possible de l'acide de l'estomac dans le duodénum. Les auteurs n'ont pas encore réussi à obtenir un effet sécréteur sur le pancréas par la stimulation du nerf vague: aussi sont-ils plutôt sceptiques, quant à la présence dans ces nerfs de fibres secrétomotrices du , pancréas. Ils continuent leurs expériences sur ce point. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 13 Décembre 1901. M. E. Goldstein présente ses recherches sur les rayons cathodiques visibleset invisibles. Lorsque, dans un tube cathodique pas très large, à cathode en forme de disque, on augmente progressivement la raréfaction, on observe que le faisceau cathodique visible se rétrécit et ne forme plus qu'une petite colonne, partant ‘du centre de la cathode, Cependant, la paroi du tube qui fait face à la cathode continue à présenter une phos- phorescence sur une surface à peu près égale à celle de lacathode. M. Villard a méconnu cette phosphorescence ; M. Webhnell, qui l'a remarquée, l'attribue à une diffusion du faisceau central. M. Goldstein montre qu'il n'en est rien et qu'elle est due à des rayons cathodiques invisibles émis par la périphérie de la cathode. Si l’on trace, en | effet, des dessins sur Ja cathode, ils se détachent en sombre sur la partie phosphorescente, montrant que des rayons sont émis par les parties périphériques. Le rétrécissement du faisceau visible est dû à la formation | d'une anode secondaire sur la paroi de verre qui avoisine la cathode. Les rayons cathodiques invisibles possèdent les propriétés suivantes : ils excitent une vive phosphorescence, ils projettent une ombre dis- tincte des corps solides, ils sont déviés et déformés par l'aimant, ils se propagent en ligne droite. En somme, ils sont très analogues aux rayons visibles; toutefois, ils en diffèrent par quelques points; ils pro- duisent des rayons secondaires plus faibles, ils dégagent moins de chaleur. — M. E. Goldstein présente une | deuxième communication sur les rayons canalaires, qui se forment, comme l'on sait, dans les conditions : suivantes : On prend un tube étroit, qu'on sépare complètement en deux parties au moyen d'un disque cathodique percé de trous ou de fentes; pour un vide suffisant, il se produit des rayons cathodiques entre la | cathode et l'anode et des rayons canalaires dans l’autre moitié du tube. M. Goldstein a constalé que le disque cathodique n'a pas besoin d'être aussi large que le tube et de le sépareren deux parties pour que le phénomène | se produise; mais, avec un disque étroit, les rayons canalaires se forment des deux côtés de la cathode et se superposent en partie aux rayons cathodiques, ce qui en rend l'observation difficile. Dans l'hydrogène, le phénomène est plus visible. Un objet, mis dans la | région des rayons canalaires, porte ombre. Les rayons | canalaires n'ont rien à faire avec l’anode et ne sont | pas influencés par elle; ils ne sont pas influencés | par l’aimant, ce qui permet de les séparer des rayons | cathodiques. Ils excitent très faiblement ou pas du | | La td fn ce tout la fluorescence du verre. — M. Alfred Denizot a étudié un problème sur le pendule déjà traité par Euler : âu mouvement oscillatoire d'un pendule autour | d'un axe cylindrique roulant sur un plan horizontal. | C'est une généralisation du problème du pendule ordinaire; la différence consiste en ce que, dans le | pendule ordinaire, la masse oscille autour d’une droite | comme axe, tandis que, dans le problème d'Euler, la masse est fixée à un cylindre circulaire, supporté à ses deux extrémités par deux plans horizontaux de même | niveau el roulant sur ces plans sans frottement. | L'équation différentielle donne une intésrale qui con- duit en partie à des fonctions elliptiques, calculées | approximativement par Euler. pour de faibles oscil- lalions. Jullien, dans ses Problèmes de Mécanique | rationnelle, dit que cette intégrale ne peut s'oblenir | sous forme finie. M. A. Denizot démontre que le temps | d'oscillation, dans le problème considéré, peut s'ex= | primer sous forme d'une intégrale fermée, et à l'aide de fonctions elliptiques. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 19 Décembre 1904. MM. J.-J. Dobbie et A. Lander ont poursuivi l'étude des produits de décomposition de la corydaline. L’acide | CéHAz (CON, obtenu par oxydation de la corydaline, | se transforme par oxydation subséquente en acide 2:43: 4: 6 - pyridinetétracarboxylique: c'était donc probablement l'acide 2-méthyl-3 : 4 : 6-pyridinetricar= boxylique. L'acide corydilique C'2H*Az (OCH*)(CO®H} | donne, par oxydalion, de l'acide m-hémipinique et l'acide C°H#Az(COH}. L'acide corydique C“H°Az(OCH#À (CO*H =, oxydé par le permanganate de potasse, fournit un acide jaune bibasique, C'#H°Az (OGH:)° (CO2H}°. La corydaline s'oxyde en perdant # atomes d'H et en donnant la déhydrocorydaline, base jaune. Elle cor respond à la tétrahydroberbérine qui, par oxydalion, perd également 4 H pour donner la berbérine. Les 4 atomes d'O de la corydaline sont à l’état de groupes méthoxyles. Oxydée par le permanganate, la corydaline fournit un mélange d'acides hémipinique et métahémis pinique et de corydaldine C!‘H*470*, dérivé de liso= = . quinoline. Avec. l'acide nitrique dilué, la corydaline s'oxyde en déhydrocorydaline, puis en acide corydique, et celui-ci en acide corydilique. Les auteurs repré- sentent la corydaline par la formule suivante : CU mi de [1 $ a OCHS CHAN (ti Le cH cHfelb|cu cu CH CH® Par oxydation, les noyaux I et IV donnent respecli- vement les acides hémipinique et métahémipinique, - le noyau II l'acide C*H'Az (CO*H}*. La corydaldine con- tient les noyaux IILet IV : 1, et l'acide corydilique par oxydation du noyau III dans ce dernier : : C.COSH C.CO®H à de ce Nc.co:H cH edf C.CIF - 2 No cue cH0.c/ N/ NS. cH0.C/ N/ \S me | Az : É AZI “3 2 FH30 * CO cmo.cX À 7H cxo.c\ lc.con ci € CIE ui … Une comparaison entre les formules de la corydaline et de la tétrahydroberbérine explique la ressemblance de ces deux substances et de leurs produits d'oxyda- tion. L'absence de dérivés de la corydaline analogues au berbéral et à l'acide berbérylique provient de la présence d'un groupe méthylique attaché à l'atome de, arbone 2 du noyau Il, laquelle empêche l'introduction un atome d'oxygène à cette place. Les auteurs, par l'oxydation de la berbérine avec l'acide nitrique dilué, ont obtenu un acide C*Ht'AzO® correspondant à l'acide corydique el qu'ils nomment acide berbéridique. —- M: W. H. Perkin sen. considère la rotation magnétique des hydrates de carbone. Pour le glucose et le fructose, elle est plus faible que celle des substances aldéhy- diques et cétoniques; elle correspond, au contraire, à Ja rotation de substances contenant un atome d'oxy- ène oxyéthylénique ou lactonique. Le glucose aurait donc en solution la formule de Lowry: CIPOH.CHOI. CH. CHOIT. CHOH.CHOH ee Gelte formule, légèrement modifiée, peut aussi repré- senter le fructose dans un étatisomérique, en rendant également compte de sa rotation magnétique en solu- ion. Le saccharose peut être considéré comme formé de glucose et de fructose, tous deux à l'état isomérique, vec élimination d'eau. Le maltose et le lactose ont une tuclure analogue, mais une constitution différente du accharose. Ils seraieut formés d’une molécule de glu- ose ou de galactose à l'état isomérique, et d'une mo- écule de glucose à l’état aldéhydique ordinaire, moins “une molécule d'eau, la partie aldéhydique subissant le changement isomérique à un degré plus ou moins ‘Prononcé quand ces disaccharoses sont dissous dans | eau; ainsi s'expliquerait leur birotation. — M. M. O. Forster et Me F. M. G. Micklethwait ont préparé : l'-x!-benzoyl-x-bromocamphre, par l'action du brome rM-hydroxy-2-benzoylcamphène ; F. 1140: {æiy ——100 L L'acide corydique est formé par destruction du noyau | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 169 dans le benzène; 2 l’&-benzoyl-2!-bromocamphre, par l'action de l'hypobromite de potassium sur le même corps; F. 2140; «ln —— 5302 dans le benzène : 3° l'#- benzoyl-a-chlorocamphre; F 88 :{4l, ——270,9 dans le chloroforme ; 4° l'&-henzoyl-x'-chlorocamphre; F 219: {&]n—+-26°,2 dans le chloroforme. — M. W. H. Per- kin jun. poursuit ses recherches sur la brésiline et l'hématoxyline. L'acide brésilique, C'*H'20°, produit par l'oxydation de la triméthylbrésiline, est monoba- sique et contient un groupe méthoxyle et un noyau résorcylique, et en outre un groupe carbonyle en posi- tion y par rapport au groupe carboxyle; chauffé avec l'acide sulfurique, il perd H°0 et se convertit en acide déhydrobrésilique CH0", monobasique, qui est oxydé par le permanganate avec formation d'acide p-méthoxy- salicylique ; traité, d’autre part, par la baryte, il se dédouble en acide formique et en un acide C‘H‘:05, dont le dérivé méthylé, C'2H05, fond à 1470. L'auteur est | parvenu à faire la synthèse de ce dernier en traitant le diméthylrésorcinol par le monochlorure de l'acide succinique ; le dérivé méthylé est donc l'acide 2: 4-di- mélhoxybenzoylbutyrique et l'acide C!H#?05 est l'acide 2-hydroxy-#-méthoxybenzoylbutyrique : ee | CO.CIE.CH?, CO? Ne O.CIP.CH®.COH Les autres composés doivent donc posséder les consti- tutions suivantes : O0 0 RE CIFO de X0H).CH2.CO: :. CH?.C0? NAN H).CH?.CO°H NASA CH?.CO°H Acide brésilique. Acide déhydrobrésilique, O0 de en 1 | l | Ca ANT A NS / cNOu) Ce Brésiline. OH L'hématoxyline n'est qu'une brésiline ayant un groupe OH de plus en 1 dans le noyau I. — M. G. Martin pense que le seul vrai moyen de distinguer les éléments est de nalure chimique et repose sur le fait que chaque élément donne une série particulière de composés. Les propriétés physiques ne sont pas suffisantes. Or, jus- qu'à présent on n'a pu préparer aucun composé de l'argon et on n'a fait de ce corps un élément que d'après ses propriétés physiques. L'auteur conclut qu'il ne faut passe presser d'admettre la nature élémentaire de ce gaz. — M. A. E. Dixon, en faisant réagir le tri- chlorure de phosphore sur le thiocyanate de potasse en solution alcoolique, n'a pu obtenir le phosphotrithio- uréthane P (AzH. CS. OC*H°)°. Il se dégage de l'acide thiocyanique, et il reste une huile acide contenant du phosphore et de l'acide isopersulfocyanique. — M. E. P. Perman à étudié l'influence des sels et d’autres substances sur la tension de vapeur de l’ammoniaque en solution aqueuse : 1° Les sels alcalins augmentent beaucoup la tension, mais les substances qui n’ont pas d'action chimique surl’ammoniaque (urée, manuite, etc.) ont peu ou pas d'effet; 2° Le sulfate de cuivre forme avec l'ammoniaque en solution des complexes qui ten- dent à se décomposer par échauffement; 3° L'effet du sulfate de potassium est semblable à celui du sulfate de sodium et élève la tension. — MM. J. B. Cohen el J. T. Thompson ont fait réagirl'hypochlorite de sodium sur le benzène-sulfonanilide, La réaction se passe en deux phases : C'HSSO®. AzHCSHS + CE — CSHSSO®?.AzCI.CSH5 + TICI C°H5SSO?. AzCI. CSS — CSHSSO®. AzH. CII *CI 170 € ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Il se forme principalement du benzène-sulfonyl-0-chlo- ranilide et un peu de p-chlorauilide. — MM. J. T. Hewitt el S. J. M. Auld, en décomposan! le benzène- azo-2-naphtol acétylé, ont obtenu de l’aniline el non de l'acétauilide. Par réduction partielle, on obtient, d'autre part, un dérivé hydrazoïque C°H°. AzH. C!H5. 0. COCH*. Ces laits montrent quele benzène-azo-:-naphtol est bien un composé oxyazoique el non un dérivé quinone- hydrazonique selon Mühlau et Kegel. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 19 Décembre 1901. {2 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Waelsch : L’ana- lyse binaire de notre espace. — M. G. von Escherich : La variation seconde des intégrales simples. 20 'SCIENGES PHYSIQUES. — M. Egon von Oppolzer : Le mouvement de la terre et l'éther. — M. H. Ma- che a étudié la dispersion de l'élechicité dans l'air confiné d'après la méthode d'Elster el Geitrl. La dis- persion augmente avec le temps pour atteindre, après une quinzaine de jours, une limite qui dépend de l'air et ne varie plus. Cette limite est peut-être la valeur normale; elle diminue linéairement avec la pression, mais n'est pas influencée par la température entre 169 et 60° C. — M. P. Czermak a éludié la dispersion de l'électricité pendant les tempêles atmosphériques (fühn). Les recherches de ses prédécesseurs ont montré trois faits : 49 On observe les plus faibles coefficients de dispersion dans l'air nuageux ou prêt à la conden- salion, tandis que les plus hauts coefficients se pré- sentent avec un temps très clair; 2 le coeflicient de dispersion augmente considérablement avec la hauteur; 3° le rayonnement ultra-violet du Soleil produit une forte ozonisation de l'air, surtout perceptible dans la tempête. L'auteur en déduit que la transparence et l'ionisation de l'air des tempêtes doivent leur cause à uve forte dispersion électrique. Des observations faites à Innsbruck confirment ses conclusions. — M. F. von Lerch, par des mesures sur les solutions de CuCF et de Cd, montre que la polarisation dépend encore, dans une cerlaine mesure de la force du courant quand on emploie des forces électromolrices élevées, ce qui se traduit par des points de fléchissement de la courbe de polarisation pour crrlaines forces de courant. Ces poiuts indiquent le dédoublement d'ions complexes en ions plus simples. — M. Ad. Lieben à éludié J'aclion des acides dilués sur les glycols. Les glycols 1 : 2 don- uent sans exception des aldéhydes ou des cétones ou un mélange des deux. Mais celle règle n’est pas géné- rale pour lous les glycols; la réaction dépend essen- tiellement de la position des hydroxyles. Les glycols 1:#4et 1 : 5 ne donnent ni aldéhydes ni cétones, mais des oxydes 1: 4#et 1 : 5 avec formation d'un anneau. Les glycols 1:3 montrent une grande diversité; ils donnent ou des aldéhydes, ou des célones, ou des oxydes 1 : 3, ou des oxydes doubles, formés de deux molécules de glycol avec séparation de deux molé- .cules d'eau. — M. R. Kudernatsch, en chauffant le chlorure de méthylène avec le benzènesulfonéthyla- mide sodé, a obtenu une huile, qu'il-n'a pu purifier. Par ébullition dans le vide, elle se décompose avec dégagement de phényldisulfide; traitée par HCI, elle forme de la méthylamine. — M. F.von Hemmelmayer a examiné l'ononine brute du commerce el n'y à pas trouvé moins de sept substances différentes. L'ononine vraie est décomposée par les alcalis en acide formique et onospine, el par les acides dilués en formononétine et en sucre; l’action prolongée des alcalis donne l'ono- néline ebun sucre. La formononétine correspond à la formule C'*H'10° et renferme un groupe hydroxyle et un groupe méthoxyle. L'onone, C*H#0*?, est un gluco- side très peu soluble. La pseudo-ononine ressemble beaucoup à l'ononine. Par ébullition avec les alcalis, elle se transforme en pseudo-onospine, C*H*#0", qui existe sous deux formes isomères; elle est décomposée par les acides en sucre el en une substance amorphe, ( | non encore identifiée. — M. F. Emich indique une nouvelle méthode de préparation de la soie tourneso- lée bleue; au moyen de celte dernière, il a pu mettre en évidence l'oxydalion du soufre par l'oxygène de l'air à la température ordinaire. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. J. Cvijic a éludié le groupe dinarique-albanais. Les plis du système dina- rique s'écartent souvent de la direction NW-SE. Presque tous les plis extérieurs orientaux se recourbent dans la direction W-E. Aux environs de Scutari, tous les plis dinariques s'incurvent mème vers le NE pour former la plus haute chaine du système dinarique, le Prokletije. Les plis septentrionaux du système albanais présentent le même phénomène; de la direction NS, ils passent à la direction NE. Ils forment les chaines de Pastrik, Ko= ritnik et Sarga. Entre ces deux systèmes se dressent, sur « le plateau de Scutari, quelques arêtes de calcaire à radiolithes. Séance du 9 Janvier 1902, 41° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Aug. Adler présente un travail sur le problème des normales aux surfaces du second degré, traité au point de vue de la géométrie descriptive, avec un appendice sur la méthode de cons- truction de Smith avec les éléments imaginaires. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Jaeger : Sur la loi de répartition des vitesses des molécules gazeuses. Soit un * liquide, dont la vapeur obéit à la loi de Boyle-Charles, et dont, par conséquent, la chaleur de vaporisation et le volume sont indépendants de la température. Pour un Jiquide semblable; on déduit immédiatement de l'équation de Clapeyron-Clausius la relation entre la « tension de vapeur et la température. Mais on peut aussi formuler celte relation d'une facon exacte d’après les principes de la théorie cinétique des gaz, si l'on admet une loi de répartition entre les vilesses des molécules gazeuses. Celle-ci est introduite d'abord comme fonc- tidn inconnue de la vitesse. En égalant les expressions obtenues par les deux méthodes pour la tension de va- peur, on oblient, pour la répartition des vitesses, la loi, formulée par Maxwell. Cette déduction est remarquable en ce sens qu'elle ne repose sur aucune hypothèse relative à la constitution et aux chocs des molécules. — M.J. Hann à étudié les variations des précipitations atmosphériques à Padoue de 1725 à 1900, à Klagenfurt de 1813 à 1900 et à Milan de 176% à 1900. II a constaté” dans ces variations une période d'environ 35 années, qui est celle de Bruckner. Voici quelles seraient les années moyennes sèches et humides de ces périodes : 1843 1878 (1913) 1859 1893 (1928) 1S08 1823 1738 1753 1773 1188 Humides . Sèches . . Il y aurait aussi une certaine périodicité dans les pré- cipitations mensuelles. — M. A. Kirpal a transformé, par la réaction de Hofmann, l'éther méthylique den l'acide cinchoméronique en acide amidonicolinique;, ce dernier, chauffé à 3500, perd CO* et donne de la, y-amidopyridine. L'éther primitif était donc un éther y. Le même éther, chauffé longtemps à 154°, se transpose en acide apophyllénique : COOCIF ii) COOH “NC00H | | Mme: 7 NX 0 X2 CHAZ L'acide apophyllénique serait done la bétaine £-car- boxylée de l'acide isonicotique. 4 3° SCIENCES NATURELLES. — M. K. Gorjanovic-Kram- berger : Sur le Budmania et d'autres Limnocardiés subpontiques de la Croatie. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 28 Décembre 1901 (suite). 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M, H. W. Bakhuis Rooze- boom : Solutions de sels à deux points d'ébullition et x phénomènes qui s'y rapportent, La présente note fait suite à une série de recherches, terminées déjà en 1889, sur . les lignes de la tension de vapeur de solutions saturées. Ces recherches sur les systèmes se composant de gaz et d'eau, d'eau et de sels, ou d’'ammoniaque et de sels, _conduisaient à ce résultat que, dans tous ces cas, les lignes de la tension de vapeur des solutions saturées, c'est-à-dire des solutions en contact avec une phase solide, présentent une forme analogue, qui ne varie pas avec une des suppositions que celte phase solide se rapporte à une des deux substances, ou à une combi- naison de ces deux substances. Dans le cas d'eau et de sel, on commente, à des températures assez basses, par des solutions très peu concentrées. Ordinairement, la concentration de la solution saturée augmente avec la température, jusqu'à ce qu'on arrive, dans le cas le plus idéal, au point de fusion du sel, qui forme la phase solide, et qui peut être soit un hydrate, soit un sel anhydre. Dans tous les cas où l’on parvient à ce point de fusion, la ligne de la tension de vapeur montre . la forme indiquée dans la figure 1 par ABC. Donc, la . tension de la vapeur s'accroît de À jusqu'à B, atteint un maximum en B, et diminue de B jusqu'au point de . fusion du sel. Pour faire ressortir la concentration croissante de la solution, on à indiqué, par des lignes pointillées de 0 jusqu'à 10, les lieux des points corres- . 5 Fig. 1. — Courbe des tensions de vapeur d'une solution saline à deux points d'ébullition. pondant à des tensions de vapeur d’eau, de solutions à 46, 20, .… 100 molécules pour cent de sel, de manière que la ligne 10 corresponde à la tension de la vapeur du sel fondu. Sur la ligne AB, Ha vaporisation de la solution saturée est accompagnée d’une absorption de chaleur. ÆEn laissant de côté de petites quantités de sel qui se trouvent dans la vapeur, le phénomène se caractérise par : : _ Solution saturée — Sel solile + Vapeur d'eau. _ Aussi longtemps que la solution contient une grande quantité d'eau, la vaporisation de l'eau exige plus de chaleur que n'en donne la cristallisation du sel qu'il contient. Ainsi la tension de la vapeur croît avec la température. Mais, en même temps, la concentration de a solution augmente, de manière qu'on arrive bientôt à un point B, où les deux quantités de chalenr devien- nent égales. Ici, l'effet thermique-est zéro. A des tempé- ratures encore plus élevées et pour des solutions de plus en plus concentrées, sur la partie BC de la ligne, au ntraire la vaporisation de la petite quantité d'eau exige moins de chaleur que n’en dégage la cristallisa- tion de la grande quantité de sel dissous qu’elle contient; ainsi la vaporisation de la solution saturée fait naître e la chaleur et la tension de la vapeur diminue. Si lon négligeait la vaporisation du sel, la tangente en C la courbe BC devrait être parallèle à l'axe des ten- ions. Jusqu'à présent, l'auteur n'avait observé la forme ‘emarquable de la ligne ABC que dans le cas de solu- ions saturées de CaCl,6H°0. À cause de la petitesse 2: tensions, cet exemple ne permeitail pas d'en faire Saisir la grande importance, et d'autres recherches . Simposaient. C'est M. A. Smils qui s’est chargé de cette AUADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 171 partie des recherches, sur quelques sels anhydres dont on peut pousser la courbe de solubilité jusqu'au point de fusion C du sel. Sice point de fusion C est situé assez loin au delà dé 100°, la solubilité à cette tempéra- ture est encore insignifiante, de sorte que toutes les solutions saturées appartiennent à la partie AB de la ligne de tension de la vapeur. Menons une droite DEFG. parallèle à l'axe des températures, à une hauteur d'une atmosphère, coupant la ligne ABC d'abord au point E situé au delà de 1009, faisant connaître la température de la solution saturée sous une pression d’une atmos- phère. En commençant à des températures plus basses, on fera monter la pression de la vapeur de A jusqu'à E par l'addition de la chaleur. Seulement, dans un vase ouvert, une addition continue de chaleur, au lieu de faire croître la température, vaporisera la solution à sec. Car, en effet, nous y trouvons réunies les trois phases : sel solide, solution et vapeur, sous la pression constante d'une atmosphère. On parvient au même résultat en se servant d'une solution diluée D houil- lant à 4°. En chauffant, la concentration de la solution augmente el l'on parcourt tout le segment de droite DE jusqu'au point de saturation E. La substance conti- nue de bouillir, si l'on ajoute encore de la chaleur, mais le point d'ébullition ne monte plus, parce qu'en même temps que l’eau se vaporise, du sel solide se forme de manière que la concentration ne varie pas. Cet ordre de choses a été observé par plusieurs physi- ciens. L'auteur s’est assuré seulement que la tempéra- ture reste en E très constante, quand, pour oblenir une ébullition uniforme, on y fait passer de la vapeur d’eau et que l'on chauffe à l’aide d’un bain d'huile. Le point E forme ce que l’auteur appelle le premier point d'ébul- lition. Aussilôt que la solution est vaporisée à sec, la température peut s'accroitre et l'on suit le segment de droite EF, se terminant à un second point d'intersec- tion F avec la ligne de la tension ABC. Aussitôt qu'on a franchi ce point, on arrive sur FG dans la partie des solutions insaturées. 11 faut donc qu'en F se forme de nouveau de la solution. Donc, en F, on se trouve en face du phénomène rencontré en E, mais pris en sens inverse, de la solution se formant en faisant disparai- tre une quantité correspondante de sel solide et de vapeur d'eau. Ainsi un échauffement prolongé, au lieu de faire monter la teinpérature, fait résoudre tout le sel, ce qui n’exige qu'une petite quantilé d'eau. D'ici on parviendra, en continuant, à des solutions de plus en plus exemptes d'eau jusqu'à ce qu’on atteigne en G le point d'ébulition du sel même. L'auteur appelle le point F le second point d'ébullition de la solution Salurée ; seulement, le phénomène du bouillonnement ne se présente pas ici après échauffement, mais après refroidissement. Pour y arriver, on n'a qu'à suivre le TABLEAU I. PREMIER SECOND | POINT SEL point point | de d'ébullition | d'ébullition | fusion KAZzO®. . 115 331 NaAzO® . 120 310 NA CLOS NES RTL 126 255 { NSP NET EE RE 133 191 MAZOER ERA 105 196 | même chemin en sens inverse. On peut fondre le sel, et y ajouter de la vapeur d'eau de manière à obtenir la solution correspondant au point C'. En refroidissant et en continuant d'ajouter de l'eau, on parcourt le segment de droite C'F, jusqu'au point F en question. Alors un refroidissement continu ferait cristalliser du sel solide de manière que la pression se conforme avec la ligne FB; cela étant impossible, sous la pres- 172 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES sion d'une atmosphère, la solution commence à bouillir à sec, la température restant constante. Le bouillon- nement est plus fort à mesure que le refroidissement est soudain. En continuant loujours, on devrait consta- ter, au point E, que la solution s'empare de nouveau de vapeur d'eau. Le tableau I contient les résultats de M. Smits; il montre que le second point d'ébullition est situé généralement à proximité du point de fusion. Ensuite, l'auteur indique plusieurs phénomènes en rap- port avec les observations précédentes : la présence d'eau dans les roches plutoniques, remarquée par Bunsen, l'oxydation des métaux fondus, les fluides contenant de l'oxygène saturé avec des métaux solides, le phé- nomène de l'expulsion de l'oxygène pendant la cristal- lisation de l'argent, ete. — Puis M. Roozeboom pré- sente, au nom de M. E. Cohen : L'énantiotropie de le- tain. Septième communicätion (voir, pour les parties précédentes, Rev. génér. des Se., t. X, pp. S00, 887; t. XI, pp. 102, 564, 1074; (. XIE, p. 152). Dans le village d'Ohlau, en Silésie, l'église catholique possède un orgue, qui fut réparé en 1833. Parmi les tuyaux nou- veaux posés à cette époque, 28 ont subi une corrosion très forte, tandis que les tuyaux anciens sont restés intacts. En 1883, le phénomène fut remarqué pour la première fois. Le toit en bois de l’église se trouve immédiatement au-dessus de l'orgue ; ainsi l'orgue est exposé alternativement à la chaleur en été et au froid en hiver. Température moyenne d'hiver — 1°6#, tempéra- ture d'été 7°97. L'auteur se demande encore si la pureté du métal influe sur l'érosion; il fait ressortir que les échantillons qu'il a examinés ne contenaient que des dix-millièmes d'autres métaux. — M. W.-H. Julius pré- sente la thèse de M. L.-J. Terneden : « Un dilatomètre pour des objets très petits à des températures élevées. » 20 SCIENCES NATURELLES. — MM.C. Winkler et G. van Rynberk : Sur la fonction et la structure des atomes dermiques du torse (Suite). (Voir Rev. gén. des Se., t. XII, p. 1152). Recherche sur la manière dont les champs noyaux et les champs marginaux em- piètent les uns sur les autres. — Ensuite, M. Winkler présente, au nom de M. J.-K.-A. Wertheim Salomon- son : L/ne nouvelle loi d'irritation. I est généralement connu qu'on fait croitre l’effel en augmentant Ja force de l'irritation. Seulement, jusqu'à présent, une relation précise entre ces deux quantités — cause et effet — n'a pas été trouvée. Il est vrai que, pour un certain groupe d'irrilations affectant quelques-uns de nos sens, il existe une loi faisant connaitre approximativement de quelle manière l'observation de ce sens dépend de l'irritation : Tarceau II A —10,93176 B — 0.090832 C—53.20285 5.0385 7,1910 8,5593 8. 9,4275 9.6 9,9788 | 10:: 10,3288 10.5 ,D212 | 10.6 PT 0,0615 0,1910 la loi psycho-physique due à Weber el Fechner. Mais celte loi ne se vérilie pas dans le cas de substances contractiles. D'un autre côté, la loi myophysique de Preyer, analogue à celle de Weber-Fechner, est censée un insuccès. Un examen crilique de la littérature ré- cente sur ce sujet mène à la conclusion qu'on ne con- nait pas encore une loi salisfaisante entre cause et effet. L'auteur croit avoir trouvé, en parlant de pré- misses déterminées, une loi s'accordant avec une grande précision avec les résultats des observations. Les prémisses sont au nombre de trois : 4° pour des accroissementsinfinitésimaux de l'irritation, les accrois- sements de l'effet sont proportionnels aux accroisse- ments de l'irritation; 2 la quantité de substance ana- lysée dans un temps infiniment petit est proportionnelle à la quantité de substance présente; 3° l’eflet est pro- portionnel à la quantité de substance analysée. La loi elle-même s'exprime par l'équation : 0 e—A j{—e-»m—0)f où < représente l'effet, R la force de l'irrilation, e la base 2,718.28... des logarithmes népériens, tandis que À, B, C indiquent des constantes. L'auteur applique sa formule aux résultats des expériences magistrales de Tigerstedl. (Stockholm, 1844). Pour faire connaître le degré de correspondance entre l’effet calculé E. C. et l’ef- fet observé E. 0. nous donnons au tableau IT une série d'expériences, où © désigue l'erreur, et p. m. l'erreur moyenne, — M. P.-P.-C. Hoek s'occupe de l'état moins favorable de la culture des huitres, accusé par un en- graissement retardataire des huîtres, une grande mor- talité en certaines années, et une mortalité plus grande qu'auparavant dans ces dernières années. L'auteur considère successivement les trois suppositions sui- vantes : 4° les circonstances naturelles de la culture sout changées; 2 l’huitreelle-même estchangée ; 3° l'état moins favorable est dû à la culture, La construction de la digue du chemin de fer à Wonsdrecht, en 1867, qui a coupé la communication entre les deux branches de lEscaut, à sans doute influencé la teneur en sel de l'Escaut oriental, où se trouvent les huîtrières renommées; seulement, l’état moins favorable date de 1885 environ, Une dégénération des huitres de Zélande ne peut être invoquée; car des huîtres très petites de l’'Escaut (à Grévelingen), transportées en quelques en- droits de l’Escaut occidental, au Zuiderzée, près de l'ile de Texel même, ont donné des résultats magnifiques. IL semble donc que l'épuisement du sol est cause de cette rétrogradation. Les résultats très favorables des pre- mières années, la concurreuce qui fit monter énormé- ment les prix d'amodiation du terrain ont imposé des exigences de plus en plus grandes aux régions produc- trices. Confiant dans les quantités énormes d'eau mises en mouvement par les marées, et croyant que l'huitre se nourrit avec les microorganismes du plankton, amenés par l’eau courante, il sembla que la quantité d'huitres qu'on pourrait cultiver était illimitée. Seule- ment, des expériences récentes ont prouvé que l'huilre se nourrit avec de petits organismes végélaux, avec des diatomées, des « benthos ». Ces diatomées du sol dépendent exclusivement du caractère du sol. — Rap- port de MM. A.-A.-W. Hubrecht et Hoek sur une com- munication de M. J.-Th. Oudemans : ltude sur la position de repos chez les « Lépidoptères », et de MM. J.-M. van Bemmelen el G. van Diesen sur une communication de M. J. Lorié : « Description de quel- ques nouveaux percements du sol (Il). » Ces travaux paraitront dans les Mémoires de l'Académie. — M. C. Hoffmann présente, pour les Mémoires de l'Acadé- mie : « Zur Entwicklungsgeschichte des Symphaticus. Il. Die Entwicklungszeschichte des Symphalicus bei den Urodelen. » — M. J.-M. van Bemmelen présente au nom de M. G. Reinders : « Communication sur la distribulion du minerai de fer, en partie poudreux, et en partie en forme cylindrique, des provinces de Groningue et Drente. » Sont nommés rapporteurs MM. Schrœder van der Kolk et van Bemmelen. — M. van der Waals présente au nom de M. P.-H. Eyk- man : « Photographies de mouvement aux rayons de tontgen. » Sout nommés rapporteurs : MM. Winkler et Place. P.-H. Scuoure. Le Directeur-Gérant : Louis Orivier. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, ; { | 13 ANNÉE N° 4 28 FÉVRIER 1902 Revue générale HP NCiences pures el appliquées DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Astronomie . Perturbations périodiques des petites pla- - nètes. — La Aevue a récemment indiqué (livraison » du 30 août 1901) l'importance des études relatives à l'anneau des petites planètes, tant au point de vue - cosmogonique qu'à celui des perturbations prépondé- Ée de Jupiter ; et, quel que soit le système adoplé pour les coordonnées, elle a cherché à montrer qu'il serait préférable de toujours subdiviser l'anneau en 3, 6, … régions, limitées et définies par les relations de commensurabilité, suivant l’ordre infinitésimal auquel on veut s'arrêter : on entre ainsi directement dans les - vues de Kirkwood relativement au rôle de Jupiter, créa- teur de marées dans la nébuleuse solaire en voie de condensation, et susceptible d'arracher des anneaux successifs. Or, tandis que M. de Freycinet croit devoir diviser l'anneau en trois ou cinq régions et rapporter les planètes au plan de l'équateur solaire, M.J. Mascart, dans ses études statistiques, trouve plus logique de les rapporter au plan de l'orbite de Jupiter, planète trou- blante essentielle. D'autre part, au point de vue des perturbations, S. Newcomb et Doberck ont trouvé une tendance des érihélies et des nœuds à se rapprocher du périhélie et du nœud de Jupiter; et, cependant, la statistique ne évèle pas de pareilles condensations d'une manière …seusible. La question est fort importante, puisqu'elle est connexe au développement de la fonction perturbatrice, “développement qui sera possible ou non d'une facon …convergente, qui introduira des termes strictement pé- siodiques, ou bien encore des termes séculaires. … C'est dans cette voie que M. A. Féraud a fait d'impor- “antes études, dont les résultats ont été publiés passrm “aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences et dans les Annales de l'Observatoire de Bordeaux. Voici S sr : : CEE 1 la position de la question : La partie principale “ de la fonction perturbatrice a pour expression : L — YA» m! Eïcni+m'll) — XBy m!Ei me + mr DE A 1 1 Aétant la distance des deux planètes dont v, v', /, l'sont REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, les anomalies excentriques et moyennes. Les coefli- cients A et B ont pour expression : ELA = f) UxdyVES RES XI ymi+1 A dxdy L m2 TE 4n°B = Es mm = +lyni+ilA prises le long des circonférences (x) —1 et (y) —=1. Si les quantités a, a!,w, w', valeurs des grands axes et de l’angle de la ligne périhélie avec la ligne des nœuds, sont considérées comme données, les coefficients Amymi Et Bn,nu Sont alors des fonctions des excentricités et de l'inclinaison mutuelle J des deux orbites : ces fonctions peuvent être développées suivant les puis- sances des excentricités et de sin], ou encore suivant : RE SANTE) AT les puissances des excentricités, de sin* — et cos* =- M. Féraud s’est proposé, précisément, de rechercher les conditions de convergence de ces développements dans les deux hypothèses suivantes : 1° Lorsque, l’une des orbites étant circulaire et l’autre elliptique, le grand axe de l'orbite elliptique est con- fondu avec la ligne des nœuds; 20 Lorsque, l’une des orbites étant circulaire et l’autre elliptique, le grand axe de l'orbite elliptique est per- pendiculaire à la ligae des nœuds. Les principes de la solution de pareils problèmes ont été indiqués par M. Poincaré dans le t. XV du PBulle- tin Astronomique; le savant géomètre montre d'abord que les coefficients Am et By,m sont développables suivant les puissances des excentricités et de l’inclinai- son, que les limites de convergence de ces développe- ments sont les mêmes pour tous ces coefficients Ant €t Bmima, et que ces limites sont les mêmes pour tous les coefficients, quels que soient les entiers et m*; puis, il établit les valeurs critiques des excen- tricités et de l'inclinaison. Ainsi, les deux problèmes que se pose M. Féraud ont été trailés en vue de l'application aux petites planètes dont les orbites remplissent sensiblement les conditions théoriques qu'ils supposent; dans ces deux hypothèses, la distance des deux astres présente de précieuses L CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE symétries; on peut supposer nulle l’excentricité de Jupiter et nous nous trouvons en présence d'une heu- reuse application des éléments des orbites rapportés au plan de Jupiter, comme cela était logique. Trente-quatre petites planètes offrent sensiblement les conditions du premier problème : pour chacune d'elles, les coefficients Am et Bmim Sont développables suivant les puissances de l’excentricité et de sind, à l'in- térieur des cercles ayant pour centre l’origine et pour rayons l’excentricité et la valeur de sin] relatives à la planète. Le second problème correspond approximativement à 61 astéroïdes : pour 58 d’entre eux, les dévelop- pements de Am, et Bh,m Suivant les puissances de l'excentricité et de sinJ peuvent être effectués dans les inêmes conditions que précédemment. Pour les trois dernières planètes, 183, 225 et 361, ces mêmes coeffi- cients peuvent être développés suivant les puissances ; Le a) 2 de l’excentricité, de sin* >! de cos’ = pour toutes les valeurs de l'angle J et à l'intérieur d'un cercle ayant pour centre l’origine et pour reyon l'excentricité de la planète. Tels sont les importants résultats obtenus : M. Féraud est un des rares astronomes, en France du moins, qui s'efforcent d'appliquer les nouvelles méthodes de la Mé- canique céleste; l'intérêt de-ses recherches et l'élé- sance des résultats acquis prouvent assez l'utilité qu'il y aurait à rompre un peu plus avec l’ancienne routine. $S 2. — Chimie physique Sur la rotation magnétique de quelques alcools polyhydroxylés, d'hexoses et de sac- charobioses.— Le singulier phénomène de la multi- rotation des sucres à donné lieu à plusieurs explications différentes. Une de celles qui sont le plus généralement adoptées dans le cas du glucose a été donnée par Fischer. Ce savant suppose que, premièrement, le glucose C‘H°205 est purement et simplement dissous dans l'eau; il possède alors le pouvoir rotatoire on = + 1059,16. Après six heures, on trouve am — 52,49; c'est qu'il s’est formé une combinaison C°H'07. M. Perkin‘ vient de se demander si, réellement, il en est bien ainsi et si l'intervention de la rotation magné- tique, qui, entre ses mains, à servi à résoudre quelques délicats problèmes de ce genre, ne pourrait pas jeter quelque lumière sur ce sujet. Si l’on examine successivement les valeurs des rota- tions magnétiques de l'alcool méthylique, du glycol, de la glycérine, de l’érythrite, etc., on trouve que les valeurs obtenues ne croissent pas proportionnellement avec le nombre des groupes OH qui remplacent un atome d'hydrogène. Ainsi, l'augmentation, qui est de 0,163 entre le glycolet l'alcool éthylique, n’est plus que de 0,028 entre la mannite et le groupement (rotation Magnétique calculée) CH? + CSH7(0H)S. Un premier résultat est donc que l'influence de la substitution d'un groupe OH devient sensiblement nulle quand cette substitution a eu lieu déjà 7 ou 8 fois. On sait que l’auteur a calculé autrefois les constantes rela- tives aux différentes fonctions. Si, d’après cela, on cal- cule la rotation magnétique du glucose, ce dernier étant considéré comme une aldéhyde, on ne trouve pas le résultat expérimental, mais un nombre assez différent (6,913 au lieu de 7,723). Au contraire, si l'on admet la formu:e oxydique : OH.CH.CH.CH.CH.CHOH.CHONT, IKette| OH OH les déterminations théorique et expérimentale con- cordent. 1 WW. H. Perkin sen. : Chem. Soc., t. LXXXI, p. 1717. Donc, en solution, le glucose possède Ja formule de Tollens (forme & de Tanret). L'auteur a été égale- ment conduit, par des déterminations analogues, à admettre que : 1° le galactose, en solution, se comporte comme le glucose, mais il ne prend que partiellement la forme oxydique; 2° le sucrose est formé par l'addi tion d'une molécule de glucose $ et d'une molécule de fructose B& avec élimination d'eau; 3° le maltose est formé par la réunion d'une molécule de glucose aldé- hydique (glucose à) et une molécule de glucose oxy- dique (glucose £) avec élimination d'eau; de même, le lactose contient une molécule de glucose à et une mo- lécule de galactose £. Les nouvelles formules obtenues en traduisant les résultats fournis par les rotations magnétiques con- cordent toutes avec les pouvoirs réducteurs des sucres considérés. K$ 3. — Agronomie Deux maladies parasitaires du maïs. — Depuis deux ou trois ans, les plantations de maïs du Midi de la France et du Nord de l'Espagne ont eu à subir de graves dommages par suite de la propagation de deux papillons nuisibles : le Sesamia nonagrioides de Lefèvre et l'Heliothys armigera de Hubner. Ayant eu à s’occu- per des moyens de combattre ces deux insectes, un agronome espagnol, M. Vicente de Laffitte, vient de faire, sur le développement de leurs larves et les ravages qu'elles commettent, des observations qu'ilnous paraît intéressant de résumer ici. Le Sesamia nonagrioides appartient à la grande famille des Noctuelles, genre Sesamia, dont les larves vivent dans les tiges de diverses plantes (Graminées, Typhacées, Cypéracées, etc.). Ce Lépidoptère, à l’état d'insecte parfait, c'est-à-dire de papillon (fig. 1), a la tête, le corps, les antennes et l’abdo- men d'une couleur jau- nâtre, semblable à celle des cannes sèches. Les ailes antérieures sont de la couleur du café au lait, avec un léger reflet mé- tallique; les postérieures sont un peu plus blanches sur les deux faces. Les antennes présentent l'aspect d'une lime. Ces papillons volent le soir près de l’en- droit où ils sont nés. Les chenilles de cet insecte (fig. 2) sont blanches, un peu jaunâtres, avec le revers légèrement rosacé; la tête aplatie est d'une couleur gris-rouge : elles ont 14 pattes, # à l'avant, 8 au milieu et 2 à l'arrière. Leurs dimensions sont très variables, car elles dépendent de la nourri- ture et de l'espace que ces chenilles trouvent pour se développer. Au printemps, de mai à juin, la femelle du Sesamia, une fois fécondée, pra- tique, au moyen de sa trompe, un petit trou, imper- ceptible à l'œil, dans la tige du maïs (fig. 3), lorsque celui-ci a trois ou quatre semaines, et elle y dépose ses œufs. Il en nait bientôt de petits vers, presque imperceplibles, qui, en sortant, perforent la tendre feuille, puis reviennent à la tige et pénètrent jusque dans l'intérieur. Au fur et à mesure qu'ils se dévelop- pent, ils ouvrent de longues galeries et détruisent la moelle (fig. 4). La forme de ces galeries varie : parfois, elles sont lon- sues et étroiles; d’autres fois, courtes et sphériques. Généralement, la partie de la tige du maïs altaquée tout d'abord est l'intervalle compris entre le dernier nœud et la racine. Les galeries élant tracées dans cet espace: Fig. 1. — Sesamia nonagrioï- des à l'état d'insecte parfait. Fig. 2. — Chenille du Sesa- mia nonagrioides. Tr mn CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ———__ || et la partie médullaire étant détruite, les chenilles se transforment en chrysalides dans leur étroite prison, Fig. 3. — Aspect extérieur d'une tige de maïs attaquée par le Sesamia nonagrioides. — A, trou par lequel est entré l'insecte pour déposer ses œufs. | e après avoir pratiqué une sorlie pour le papillon. Malgré la terrible blessure causée au maïs, la vita- lité de cette graminée est si grande B C que la plante continue à se déve- HE lopper, et l'épi arrive à maturité ; Haut mais, la base de la tige étant mi’ : née, la moindre rafale, le poids de l'épi ou une forte averse suffi- sent pour abattre la tige. Quelquefois, soit que les che- nilles de la partie inférieure de la tige n'y restent pas, mais, en per- forant les nœuds, pénètrent dans les autres sections de la canne; soit que divers papillons se soient - placés sur les différentes parties de la tige séparées par les nœuds, on observe que plusieurs chenilles vivent réunies dans chacune de ces parties, et qu'une fois la tige perfo- rée sur une grande échelle et toute la moelle rongée, elles se rassem- blent pour attaquer l’épi, qu'elles détruisent en dévorant les grains. Enfin, lorsque la plante est en- core petite, la chenille attaque les fleurs mâles en formation, ainsi que l'épi femelle. Si ces fleurs ne sont pas détruites entièrement, l'attaque vrovoque, tout au moins, l'avortement de l'épi femelle, Alors la plante ne se développe guère; elle reste très petite et périt bientôt. Vers la fin de juillet ou le com- mencement d'août, M. de Laffitte à remarqué que les chenilles ont atteint tout leur dé- eloppement, et qu'elles se transforment en chrysa- lides. Vers la mème époque, il a recueilli des chrysa- Rig. 4. — Intérieur d'une tige de maïs attaquée par le Se- Samia nonagrioi- des. — A, trou d'entrée de l'in- secte; B, C, gale- ries; D, chenille. 175 lides sur la section inférieure de la tige, sur les autres sections el sur l'épi, et il a obtenu, au bout de cinq à six jours, de beaux papillons, Quelque dix ou quinze jours après la métamorphose, les papillons sortent des chrysalides contenues dans les tiges du mais; ils s’accouplent ensuite et, aussitôt, les femelles, étant devenues fécondes, déposent leurs œufs sur les plants de maïs semés plus tard et dont les tiges sont encore vertes. Quelques jours après l’éciosion, les petites chenilles nées de la deuxième génération com- mencent leur œuvre destructrice. L Pendant le mois de septembre, ces nouvelles chenil- les atteisnent tout leur développement : une partie d’entre elles, leur évolulion terminée, se transforment en chrysalides, de la même facon que celles de la pre- mière génération, tandis que les autres se préparent à l'hivernage. C'est de ces deuxièmes chrysalides que sortent les papillons, environ quinze jours après la mé- tamorphose, pendaut la première moitié d'octobre: ceux-ci donnent lieu à une troisième génération, mais, alors, partielle. C’est ce qui explique qu'à la fin d'oc- tobre on trouve des chenilles nouvellement nées dans quelques champs de maïs à fourrage, et que les pa- pillons se rencontrent, dans les champs de maïs, de mai ou juin à la fin d'octobre. Les chenilles provenant de la deuxième génération qui ne sont pas transformées en chrysalides, amsi que celles issues de la troisième génération partielle, dans le cas où elles peuvent compléter leur développement, passent l'hiver cachées sous les tiges de maïs sèches ou bien sous terre, se transforment au printemps, et les papillons sortent enfin vers mai ou juin, époque à laquelle l’insecte recommence son œuvre d'extermina- tion. Les chenilles du Sesamia nonagrioides supportent parfaitement les basses températures d'hiver, dans}le Nord de l'Espagne et le Midi de la France. On trouve donc, au printemps, des chenilles de l’an- née précédente avec celles qui viennent de naître. La présence, à une même époque, de chenilles de tout âge, ainsi que la rapidité de leur développement, font comprendre l'importance des dommages causés par cet insecte. Le second ennemi du maïs que M. de Laffilte a étudié, l'Heliothys armigera, a été sigualé depuis longtemps dans les champs du Midi de la France et du Nord de l'Espagne. C'est un papillon de 38 millimètres (fig. 5), ressemblant considéra- blement à la Noctuelle qui porte le nom de /e- liothys peltigera Dup., mais s’en distinguanttou- jours facilement par le dessous des ailes supé- rieures, qui porte deux points noirs, tandis que l’Heliothys peltigera n'en possède qu'un. Lorsque l’épi du maïs commence à se former, la femelle de cet insecte dépose ses œufs dans un petit trou qu'elle perce dans l'involucre de l’épi. Quel- ques jours après, les che- nilles (fig. 6) naissent et commencent à pénétrer dans l'intérieur de l’épi pour dévorer les grains qui sont sur le point de mürir (fig. 7). Presque s û toujours, l'épi est attaqué par l'extrémité où se trou- vent les fleurs femelles. On peut en trouver plusieurs dans un épi. 1 4 Cette chenille offre deux variétés distinctes : l'une, verte, finement rayée de blanc, avec une bande blan- châtre sur les côtés; l'autre, jaunätre où d’un brun jauuâtre, finement rayée de brun, avec bande jaunâtre surmontée de brun sur les côtés et une ligne dor- Fig. 5.— Heliothys armigera à l'état adulte, Fig. 6. — Chenille de l'Helio- thys armigera. 176 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE sale brune bordée latéralement d'un peu de jaune. Ces deux variétés ont le corps parsemé de petits tubercules noirâtres, qui donnent naissance à autant de poils raides. Parvenue à toute sa croissance, on la trouve en août et en septembre; elle fait uue coque lâche dans l'extrémité de l'épi ou s'enfonce en terre pour chrysalider, ce qui a lieu ordinairement en oc- tobre. Les chrysalides sont d'une couleur marron clair. Une moilié environ des chrysalides éclôt au bout de quinze jours; l’autre moitié passe l'hiver et ne se trans- forme en papillon qu'en juin de l'année suivante. Le papillon éclôt depuis le mois de juin jusqu'en septembre. L'Heliothys armigera et sa chenille vivent sur des plantes fort diverses. On l'a signalée sur le réséda jaune (/eseda lutea), le plantain, l'a- jonc marin, la jusquiame (Hyoseyamus niger).Elle attaque aussi les têtes de Canabis (Chanvre) et mange les graines, se nourrit également des feuilles et des fleurs de courges, des feuilles de -tabac et de luzerne. Dans l'Amérique du Nord, cet insecte est parfois fort nuisible au mais, aux tomates, aux cucurbita- cées, au coton, etc. On compte cinq géné- rations annuelles de cet insecte dans les pays chauds, d'après certains auteurs; d'après d’au- très, seulement deux ou trois. M. de Laftitte compte, dans le Midi de la France et le Nord de l'Espagne, deux généra- tions. Le nombre doit alors varier suivant le climat. On voit par là que l’Heliothys est fort nuisible dans les années où il se mulliplie con- sidérablement. Les habi- tudes carnassières des chenilles d’Æeliothys, et en particulier d’ÆHelio- thys armigera, ont été maintes fois observées : lorsque les chenilles sont nombreuses, elles se dé- vorent entre elles. M. de Laflitte a insti- tué, dans le domaine de Toledo, aux environs de Saint- Sébastien, des expériences, sur une étendue de trois hectares, pour combattre les ennemis du mais. Les moyens qui lui ont semblé des plus pratiques pour préserver le maïs des dégâts commis par les chenilles du Sesamia nonagrioides et de l'Heliothys. armigera sont les suivants : Il faut soumettre les terres à des labours répétés pour détruire les nombreuses chrysalides et Jarves qui s'abritent sous le sol afin d'y séjourner pendant l'hiver et qui n'ont pas été détruites soit par les oiseaux, soit par le changement subit de température. Il est indispensable d’arracher les plantes de mais aussitôt qu'on constate que celles-ci ont été attaquées par les chenilles de ces insectes. Après la récolte du maïs, il faut ramasser avec grand soin toutes lés tiges de cette Graminée, c'est-à-dire toutes les parties non utilisées du maïs, les chenilles hivernant duns les cannes de ces plantes; en détruisant Fig.7. — Epi de maïs attaqué . = | : par l'Heliothys armigera. ces tiges par le feu, avant le printemps, on prévient ainsi l'invasion pour l’année suivante. Un moyen pratique pour détruire la chenille de l'Heliothys armigera consiste à écraser à la main sur l'épi même du maïs les vers de la première génération. Cette opération est bien simple, puisqu'on reconnaît très facilement les plants de maïs attaqués par cet insecte grâce au petit trou que la chenille perce à l’extré- mité de l’épi. On peut en finir de la même facon avec les chenilles de la deuxième génération. Cette opération est très importante, parce que, en la pratiquant, on évite la propagation de cette dangereuse Noctuelle. Pour enrayer les progrès de ce fléau, on peut em- ployer des pulvérisations avec des solutions de sulfate de cuivre ou d'arsenic. Si, malgré tout, les papillons éclosent en été, on peut, au moment du vol, en détruire un grand nombre par la méthode des lampes-pièges, spécialement avec la lampe à acétylène Vermorel, qui vient d’êlre employée avec succès, et, à défaut des lampes, en allumant de grands feux où les papillons viennent se brüler. Il est bien entendu que les mesures de prévention adoptées doivent être appliquées d’une façon générale dans toute la région contaminée. On ignore encore quels sont les parasiles qui font la guerre au Sesamia nonagrioides et à l'Heliothys armigera. $S 4. — Zoologie L'embranchement des Mésozoaires. — Dans un Mémoire sur les Orthonectides ‘, MM. Caullery et Mesnil discutent la valeur du groupe des Mésozoaires, créé par van Beneden, et la place des Orthonectides et Dicyémides. Ils adoptent la manière de voir de Hatschek, qui a signalé la ressemblance très grande de ces êtres avec les larves Planula des Hydroïdes, et, par suile, acceptent le nom de P/anulordea, qu'il a proposé pour grouper ces formes parasites; il est possible que ce soient des Cnidaires dégradés, mais cela est assez in- certain pour qu'il soit permis de faire des P/anuloidea un embranchement isolé. Quant à l'ancienne concep- tion qui les érigeait en Mésozoaires, c'est-à-dire êtres à deux feuillets (ectoderme et endoderme), véritables Gastrules fixes, intermédiaires entre les Protozoaires et les Métazoaires à trois feuillets, il n'y a plus lieu de la retenir; on ne sait plus trop ce qu'est un feuillet, et la Gastrea-Theorie laisse bien indifférents la plupart des zoologistes; ces grandes théories morphogéniques, âgées maintenant de quelque vingt-cinq ans, nous. paraissent avoir surtout un intérèt historique, comme l'unité de plan de composition de Geoffroy-Saint-Hilaire. Les autres formes placées parmi les Mésozoaires {pour s’en débarrasser), Salinella, Trichoplax, Trep- toplax, Pemmatodiseus, n'ont aucun rapport entre elles, non plus qu'avec les Planuloidea, et il est prudent d'en faire un groupement expectatif en Adelotacta Zoologica, suivant l'expression de Monticelli. — Physiologie La toxicité de l'air expiré. — On sait que, jus- qu'à présent, les diverses tentatives faites pour déceler des substances toxiques dans l'air expiré sont demeurées infructueuses. Plusieurs observations, surtout c:iniques, semblent pourtant démontrer, dans les gaz expirés; l’existence d'un. véritable poison. Tout récemment. MM. Sanarelli et Biffi * ont entrepris de nouvelles expé- riences sur ce sujet. Ils s'étonnent que personne n'ait encore admis qu'il faut chercher l'origine de ces substances dans les fer= mentations qui ont lieu dans l'intestin, quoique M. Bei= 1 Recherches sur les Orthonectides, Archives d'Analomi® microscopique, t. IV, 1901, p. 381. ? SanaRELLI et Brrri : Sur la toxicité de l'air expiré, et sum la valeur de l'indication donnée par l'acide carbonique: (Anpali d‘Igiene sperimentale, Roma, 4902, vol. XII, p: 204) » CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | set ait déjà émis cette opinion et exécuté des expérien- ces à l'appui. MM. Sanarelli et Biffi expérimentent avec l'ammonia- que, l'hydrogène sulfuré, l'acide bulyrique et l’acétone; ils les introduisent dans l'intestin et peuvent en constater l'élimination par les poumons. Ils pensent qu'il ne peut y avoir aucun rapport entre la quantité de ces sub- stances toxiques éliminées par les poumons et la quan- tité d'acide carbonique éliminée dans le même temps. Cela résulte des considérations théoriques et de leurs expériences. Ils concluent qu'il ne doit pas suffire de déterminer la teneur en acide carbonique pour savoir si de l'air confiué est encore respirable. Ces expériences mérileraient d'être reprises et éten- dues à un plus grand nombre de substances; peut-être conduiraient-elles à uue solution définitive de la ques- tion. $ 6. — Hygiène Le Service de surveillance locale et médi- cale des sources. — M. le Dr Roux, sous-directeur de l’Institut Pasteur, a signalé, il y a quelques années, le haut intérèt qu'il y aurait à créer, dans la région des sources qui alimentent d'eau. potable notre grande aggloméralion urbaine, un Service de surveillance locale et médicale, chargé, en particulier, de faire des enquêtes sur les cas de fièvre typhoïde signalés et de prendre immédiatement toutes les précautions prophy- lactiques nécessaires. L'organisation de ce Service a été confiée à MM. A.-J. Martin et H. Thierry, qui viennent d'exposer, dans la Revue d'Hygiène, les principaux résultats de son fonc- tionnement depuis sa créalion. Rappelons, à ce sujet, que la fièvre typhoïde n'a fait, à Paris, en 1901, que 343 viclimes contre 867 l'année précédente. Une bonne partie de ce résultat encourageant doit certainement être attribuée au Service de surveillance médicale des sources. La prophylaxie de la fièvre jaune à Cuba par la destruction des moustiques. — Les ex- périences de la Commission américaine de Cuba, pré- sidée par le major Reed, ayant démontré le rôle pré< pondérant des moustiques dans la propagation de la fièvre jaune, les autorités ont pris, dans le cours de l'année dernière, des mesures énergiques de préserva- tion, sur lesquelles le D' Gorgas‘ nous apporte les inté- ressants renseignements qui suivent : Depuis le 15 février 1901, le gouverneur de la Havane et le maire ont uni leurs efforts pour chercher à extirper la fièvre jaune de la ville en détruisant les moustiques. On agit de deux facons : 1° Localement, en détruisant tous tes moustiques ailés de la maison où se déclare un cas de fièvre jaune et des trois ou quatre maisons conliguës de chaque côté; les chambres sont closes et scellées, et l'on y fait brûler de la poudre insecticide ; 2° Sur toute la ville et les faubourgs, en Supprimant autant que possible les flaques d’eau sta- gnante, et en traitant au pétrole les dépôts d'eau qui ne peuvent être supprimés. En particulier, dans chaque maison, on verse un peu de pétrole dans les water- “closes, les éviers, etc. Des mesures sévères sont prises contre les propriétaires négligents. Cent hommes sont constamment occupés à cette des- lruction des insectes parfaits ou dés larves. L'élat sanitaire de la ville, au point de vue de la fièvre jaune, a été excellent. On en jugera par quelques chiffres. Pendant chacune des années antérieures à 1901, la fièvre avait, à partir du 7 mai, sévi d'une facon continue. En janvier 1901, alors qu'on n'avait pas encore appliqué les mesures préventives, 23 cas de fièvre jaune et 7 décès furent enregistrés. Le 16 fé- W. C. GorGas: Vital Statistics of Havanna, Guanabacoa and Regla, Avril-Septembre. vrier, la prophylaxie fut instituée; on constata alors : En février . . . 8 cas et 5 morts. En mars . 2 cas. En avril . 2 cas, pas de décès. En mai. . . . . 4 cas, pas de décès. En juin 0 Enfin, en septembre, il y eut 2 morts par fièvre jaune, alors que la moyenne des dix dernières années pour seplembre est de 70 morts{minimum : 16 en 1899). Une autre conséquence heureuse de cette destruction raisonnée des moustiques fut la diminution considé- rable des décès dus au paludisme, qui ne causa, ce même mois, que 11 décès au lieu de la moyenne 32. En résumé, du 1% avril au 1‘ octobre 1901, ik n'y à eu que 5 morts par fièvre jaune au lieu de la moyenne 296. Ce chiffre de 5 morts semblera bien faible si l’on note aussi qu’en 1899, année du minimum de mortalité par la fièvre jaune, elle avait causé 36 décès. Comme l’état sanitaire obtenu en 1904 ne s'était pas présenté depuis cent cinquante ans, il y a tout lieu de l’attribuer aux mesures prises contre les moustiques. Ces résultats doivent encourager à une destruction méthodique de ces Diptères dans tous les pays où règnent, non seulement la fièvre jaune, mais encore le paludisme et la filariose. Toutefois, pour ces maladies à forme lente ou à rechutes, il faudra plusieurs années avant qu'on puisse apprécier les bienfaits résultant de la destruction des moustiques. $ 7. — Pathologie La diphtérie nasale. — [La diphtérie nasale n’est pas une maladie aussi rare qu'on le croit géné- ralement. Elle simule souvent un simple rhume de cerveau, et, grâce à sa marche relativement bénigne, on ne consulte pas le médecin, ou bien, si on le con- sulte, la véritable nature de la maladie lui échappe dans la majorité des cas. Et, cependant, il est très important que le diagnostic soit établi de bonne heure, cette rhinite étant une source continue de contagion pour le malade lui-même et pour son entourage, et d'au- tant plus grave que l'on ne se doute de rien. M. Neumann‘ vient de faire connaitre cinq obser- vations personnelles de diphtérie nasale, sans fausses membranes, sans aucune autre localisation; l’une de ces observations est assez instructive. Il s’agit d'un enfant de trois semaines, né bien por- tant, et qui, depuis quelques jours, commençait à avoir de l'écoulement purulent du nez; lorsque, quelques jours après, on conslata chez cet enfant de la tumélac- tion des conjonctives el un peu d'écoulement des yeux, on pensa à l’origine gonococcique de l'affection; mais, au lieu du gonocoque, on trouva des bacilles longs et courts, ressemblant tout à fait à ceux de la diphtérie. Ces bacilles poussaient bien sur sérum et gélose glycé- rinée, et’ donnaient des colonies caractéristiques de la diphtérie. Injectés sous la peau d'un cobaye, ces microbes ont déterminé la mort en trente-huit beures, un ædème au niveau de l'inoculation, avec hyperéwie des capsules surrénales et exsudat pleural. C'était done bien le bacille diphtérique. Nulle part on n'avait trouvé sur l'enfant de fausses membranes, ni dans le pharynx, ni sur les amygdales, ui dans les fosses nasales. Quinze jours après, la sœur de ce petit malade fut atteinte d'une angine diphtérique des plus caractéris- tiques, qu'elle avait évidemment contractée par l'inter- médiaire du mucus nasal de son frère. Dans les quatre autres cas cités par M. Neumann, la nature diphtérique de la rhinite serait passée égale- ment inapercue, si l'examen bactériologique n'avaif 1 M. Neuwanx : Bacilles diphtériques virulents au Cour* de la rhinite simple. Centralblatt für Bakteriologie, 1902, n°? 2 178 pas été fait. Et pourtant, cette rhinite est aussi grave, au point de vue de la contagion, que l’angine diphté- rique, contrairement à l'opinion générale. Aussi M. Neumann recommande-t-il vivement l'em- ploi du sérum antidiphtérique dans ces cas de rhinite diphtérique primitive. Le Trophædème.— De toutes récentes observa- tions ramènent l'attention sur le {rophædème. Sous ce nom, M. Henry Meige a proposé, il y a quatre ars', de grouper un certain nombre d'observations d'œdème blanc, dur, indolore, à répartition segmentaire sur les membres. La caractéristique de cette dystrophie œdémateuse est d'être essentiellement chronique. Elle occupe, de préférence, les membres inférieurs. Elle offre une disposition segmentaire, frappant un seul segment, ou deux, ou le membre tout entier. Exemple: le pied seul, ou le pied et la jambe, ou encore pied, jambe et cuisse. Tantôt un seul membre inférieur, tantôt les deux, sont enveloppés de l’épais manchon blanc œdéma- teux. Le pied est comme enfoncé dans un chausson d'œdème; la jambe est euveloppée d'un bas ædémateux qui peut mesurer jusqu'à 50 centimètres de circon- férence à la partie moyenne du mollet; les membres inférieurs, s'ils sont-pris tout entiers, sont de véritables poteaux œdématiés. Le tissu conjonctif sous-cutané contribue seul à cette hypertro- pbhie. Aucune altération muscu- laire, partant aucun trouble de la motilité, sauf une certaine lour- deur dans la marche; le sujet at- teint de cette affection se sert convenablement de ses membres ædématiés. La peau qui les re- couvre est de teinte normale. La trophœdème chronique peut exister comme manifestation 1s0- lée, frappant un seul sujet dans une famille. Il se présente aussi comme une dystrophie hérédi- taire et familiale : Milroy en a décrit 22 cas, qui, dans une même famille, étaient répartis sur 6 gé- néralions; M. Lannois en a.noté 4 cas sur 3 générations; M. Henry Meige, 8 cas sur 4 générations. aussi, être familial. Cerlains cas, * décrits sous le nom d'éléphantiasis des nouveau-nés, rentrent assurément dans cette va- riété de trophædème. En dehors des observations récentes, on retrouve dans la littérature médicale une série de faits épars, qualifiés d’« ædème segmentaire, œdème rhumatismal chronique, œdème blanc essentiel, œdème névropa- thique, neuro-arthritique », etc., dont la descriplion et l'évolution sont assimilables à celles du trophædème. Bien des cas étiquetés « éléphantiasis nostras » appar- tiennent à ce même groupe nosologique. En rapprochant tous ces faits, qui ne diffèrent entre eux que par des dénominations disparates, mais qui présentent objectivement le même aspect et qui sem- blent bien réaliser un même type clinique, M. Henry 1 Congrès des médecins neurologistes et aliénistes, Angers, 4 août 1898; Presse médicale, 14 décembre 1898. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Fig. 1. — Pelite fille atteinte de tro- Il existe également un trophæ- phœdème des. trois segments du mant toute la figure de la ma- à De DELA : membre inferieur gauche, vue de dème congénital, qui peut, lui PES lade. Meice a été amené à concevoir l'existence d'une dys- trophie spéciale : « le trophædème chronique, carac- térisé par un œædème blane, dur, iudolore, occupant un ou plusieurs segments des membres, notamment de l'un ou des deux membres inférieurs. Le trophædème est, parfois, un accident sole. D'autres fois, il est héréditaire et familial. Enfin, il peut être aussi congénital !. » Quelle est l'origine de cette affection ? — Le terme de trophædème donne à entendre qu'il s’agit d’un acci- dent dystrophique. Les centres trophiques de la moelle seraient accidentellement lésés ou congénitalement mal formés, et le trophœædème serait la conséquence de cette lésion ou de cette malformation. M. Rapin (de Genève)®a vu le trophædème apparaître à la facon de la paralysie infantile, c'est-à- dire à la suite d'une période fébrile de quelques jours de durée. D'ail- leurs, le trophœdème est souvent précédé de maladies infectieuses, fièvre typhoide (Henry Meige), scarlatine (Lannois), variole (Ra- pin), rougeole (Hertoghe). Dans la plupart de ces cas, l'infection ne semble avoir agi qu'en vulné- rant une moelle prédisposée (dans les cas familiaux, en particulier). La disposition segmentaire est un argument en faveur de lalésion ou de la malformation médul- laire, surtout si l'on admet les localisations métamériques de M. le Professeur Brissaud. Des cas récents montrentque, si le trophædème siège de préférence aux membres inférieurs, il peut aussi frapper les membres supé- rieurs; la disposition y est en- core segmentaire. Chez une autre malade de M. Rapin, les mains sont comme revêtues de gants d'escrime et l'œdème occupe sy- métriquement les deux mains ainsi que les avant-bras. Enfin, il faut encore signaler la possibilité - d'une localisation du trophœdème sur la face, comme dans un cas de M. Rapin, et dans un autre de M. Hertoghe (d'An- vers)#, où l'affection était canton- née à la seule joue droite; celle-ci, d'une épaisseur énorme, semblait une volumineuse tumeur défor- M. Henry Meige a groupé der- nièrement les observations les plus récentes de trophædème dans un fascicule de la Nouvelle Iconographie de la Salpétrière (1904, n° 6). Nos figures 1 et 2 reproduisent un des beaux exemples rapportés par M. Hertoghe (d'Anvers) dans ce numéro. Ces faits viennent conlirmer les idées émises antérieurement par M. Henry Meige : Le trophæ- dème est bien un accident dystrophique qui frappe le tissu conjonctif sous-cutané. Cette dystrophie œdéma- teuse peut être mise en parallèle avec d’autres accidents trophiques, notamment avec la dystrophie musculaire. L'exemple rapporté par M. Rapin est judi- cieusement comparé par cet auteur aux cas de poliomyélite antérieure aiguë (paralysie infantile). Le Nouv. Iconographie de la Salpétrière, n° 6, 1901. Soc. de Neurologie de Paris, 5 nov. 1901. Nouvelle Iconographie de la Salpétrière, n° 6, 1901. w 1 = > fr Sleep NET STORES ANS > nd om. Ms ne NL CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 159 trophædème familial est à rapprocher de la myopathie familiale. Le trophædème peut exister à l'état isolé ou s'associer à d’autres dystrophies, musculaires, squelettiques, etc. 11 faut sisnaler ses analogies avec la lipomatose, la maladie de Dercum, le myxædème. Mais il s’en dis- tingue par plus d’un caractère clinique. Il diffère éga- lement des œdèmes aigus circonscrits (maladie de Quincke), bien qu'il relève vraisemblablement de causes pathogéniques analogues. En résumé, l'affection isolée par M. Henry Meige présente des caractères cliniques assez tranchés pour justifier une description nosogra- phique spéciale. Sa thérapeutique, comme celle de toutes les dystro- phies, reste à trouver. Toutes les médications, y compris les prépa- rations thyroïdiennes, sont restées jusqu'à ce jour sans succès sur le trophædème. Le traitement du tétanos _ par la méthode de Baccelli. — Depuis quelques années, on a traité, ea Italie surtout, un nombre assez considérable de cas de téta- nos par une méthode imaginée par le Professeur Baccelli. Cette mé- . thode consiste essentiellement à . introduiresousla peau des malades, . au moyen de la seringue à injec- tionshypodermiques, des solutions | d'acide phénique. Le phénol est - rapidement absorbé et son action - se traduit par une sorte de fixation È de l’état de la maladie; dans les cas \ favorables, aucun symptôme nou- veau n'apparait après que les pre- È mières injections d'acide phénique - ont été régulièrement pratiquées; quant aux symptômes existant déjà, ils ne sont pas alténués tout abord; au bout de plusieurs jours seulement, ils s’effacent peu à peu. DL M. Cioffi a fait récemment une étude d'ensemble des cas de té- tanos traités par la méthode de - Bacceili et dont quatre-vingts envi- _ron ont été publiés. D'après cet auteur, le traitement de Bac- . celli donne des résultats beaucoup Se salisfaisants que ceux que — fournissent les autres méthodes. “ Les slalistiques, en effet (Zeri, — Ascoli, Benvenuti, Cioffi), signa- lent une mortalité de 12 à 13 0/, pour les cas de tétanos traités par la méthode de Baccelli; la mortalité est de 50 à 80 v/, dans le trai- tement du tétanos par le sérum antitétanique (Holesti, « Haberlinge, Lambert, Stintzing). La différence est énorme; même à ne considérer que les cas graves et “très graves, la méthode de Baccelli conserve sa supé- -riorité. La mortalité monte alors, il est vrai, à 30 °/,; “mais cette proportion n'a rien d’excessif quand on se nr te Lt ni és nt. but .* E. Ciorrr : Tetano reumatico e traumatico e tetano spe- muwentale di fronte al metodo Baccelli, Riforma medica, 20, 21 et 22 janvier 1902. Fig. 2. — La même, vue de dos. rappelle que la mortalité, dans les cas graves de diph- térie, malgré le traitement par le sérum antidiphtérique, se maintient au taux de 37 °/5. Les bons effets du traitement de Baccelli sont sur- tout appréciables si les injections d'acide phénique ont été pratiquées dès le début du tétanos. Alors, si le ma- lade peut parvenir au septième ou huitième jour, on peut prédire presque à coup sûr que l'issue sera favo- rable. Quant à la dose d'acide phénique, elle doit être assez élevée. À moins de conditions spéciales, elle ne sera jamais inférieure, pro die, à 50 centigrammes (D'Ales- sandro). Fiorioli, Lapponi ont pu, sans inconvénient, injecter des doses journalières représentant jusqu'à 3 grammes d'acide phé- nique pur. Si le traitement de Baccelli donne de nombreux succès dans le tétanos de l’homme, il semble sans action dans le tétanos ex- périmental : les recherches de M. Cioffi, comme celles de Mur- zio, de Courmont et Doyon, de Josias, et contrairement à celles de Babès, ont démontré que l'acide phéuique ne réussit pas à sauver les animaux tétanisés. Les résultats expérimentaux ne peuvent, cependant, en aucune facon infirmer les constatations de l'observation clinique. La con- tradiction n’est, d'ailleurs, qu'ap- parente: en clinique, dans la forme du tétanos à marche très rapide et à symptômes tumultueux, l'acide phénique ne produit pas de meil- leurs effets que n'importe quelle autre médication, Or, la forme expérimentale est toujours le téla- nos suraigu, rapidement mortel. On manque, par conséquent, de terme de comparaison si l'on en- visage la forme clinique ordinaire, plus lente. Lorsqu'en elinique un tétanos se rapproche du tétanos expérimental par l'invasion brusque et la géné- ralisation rapide, par la violence extrême des symptômes, par l'in- toxication profonde du sujet, par l'intensité de ses réactions, l'in- saccès du traitement est absolu; l'acide phénique n'a pas le temps d'agir et de produire son effet bienfaisant. Dans les cas subaigus et à évolution un peu lente, même s'ils sont très graves, la méthode de Baccelli peut amener des guérisons inespérées. é En somme, les cliniciens ne doivent pas se laisser influencer par des insuccès de laboratoire; le mode d'inoculation el l'animal inoculé ne rappellent que de très loin l'infection accidentelle et l'homme infecté. On s'en tiendra au fait acquis grâce à l'observation cli- nique : la méthode de Baccelli est le traitement de choix du tétanos chez l'homme; les injections de solutions d'acide phénique à dose suffisante guérissent ordiuai- rement les cas de tétanos d’allure assez lente et de gra- vité moyenne. 180 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE LA PRÉPARATION INDUSTRIELLE ET LES APPLICATIONS DE L’ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE PREMIÈRE PARTIE : PRÉPARATION, LIQUÉFACTION, CONSERVATION L'acide carbonique joue, de toute évidence, un rôle à part au milieu des autres gaz liquéliés; comme l'air, c'est un gaz atmosphérique, inof- fensif dans une large mesure, sans action chimique sur la plupart des corps solides, et dont la vertu capitale est d’être à extrêmement bon marché. Dans une précédente étude”, nous avons vu que l'industrie de l'air liquide est dans l'enfance, et qu'on ne fabrique annuellement les autres gaz liquéfiés que par dizaines et, au plus, par centaines de tonnes. La production de l'acide carbonique liquide, par contre, est de plusieurs milliers de tonnes en France, et a atteint, dès 1899, en Alle- magne, le chiffre de 14.000 tonnes! L'importance économique absolument prépondérante de l'acide carbonique jusiifiera, pensons-nous, et au delà, celte monographie séparée. Comme pour les autres gaz, nous en étudierons successivement la prépa- ration, la liquéfaclion, la conservation et le trans- port, et enfin les multiples applications. I. — PRÉPARATION INDUSTRIELLE. Il ya deux sortes de sources de l'acide carbo- nique industriel : 1° celles qui donnent d'emblée un gaz assez pur pour être liquéfiable immédiale- ment après une épuration préalable, ou même sans épuralion ; 2° celles qui fournissent des mélanges gazeux contenant, en même temps qu'une propor- tion de CO? variable de 15 à 35 °/, en volume, des gaz inertes comme l'air et non absorbables par une lessive alcaline ?. Dans ce dernier cas, le passage du mélange gazeux dans une telle lessive transformera le car- . bonate alcalin en bicarbonate, et arrêlerala majeure partie de l'acide carbonique, tandis que les gaz inertes non absorbés pourront être évacués dans l'atmosphère; la dissocialion ultérieure de la solu- tion bicarbonatée sous l'influence de la chaleur fournira un gaz carbonique pur, prêt à être liquéfié après avoir été desséché. $ 1. — Préparation directe. Les sources qui fournissent d'emblée un gaz pur 1 Voyez E. Maruns : La préparation industrielle et les ap- plications des gazliquéliés, dans la Revue gén. des Sciences des 30 octobre et 15 novembre 1901. ? Dans tout ce qui suit, nous appellerons lessive alcaline une solution aqueuse d'un carbonate alcalin, sont : les sources naturelles d'acide carbonique, la fermentalion des grains et l’action des acides sur les carbonates naturels. 1. Sources nalurelles d'acide carbonique. — Les volcans actifs ou éteints dégagent des quantités énormes d'acide carbonique; les régions volcani- ques anciennes sont également le siège de dégage- ments continus de ce gaz. C'est ainsi que, dans quelques localités de l'Autriche, dans la Toscane, dans l’ouest et le sud de l'Allemagne, et particuliè- rement sur les bords du Rhin, il y a de très abon- dantes sources naturelles d'acide carbonique, parmi lesquelles on peut citer celles d'Eyach, près de Stuttgard, d'Oberlahnstein sur le Rhin, de Herste en Westphalie, de Pergine en Toscane, etc. De l'idée d'utiliser les sources naturelles à celle: d'en créer de toutes pièces, il n’y avait qu'un pas; c'est la même idée qui a conduit à forer des puits. artésiens. En forant des puits en différents points. des régions volcaniques anciennes de l'Allemagne, on a rencontré, à des profondeurs diverses, notam- ment à Burgbrohl (83"), à Sondra (194), à Lin- demberg (348"), à OEynhausen, des dégagements intenses et réguliers de gaz carbonique qui sont utilisés industriellement, le plus souvent pour la préparation de l'acide carbonique liquide, quel- quefois aussi pour préparer à l’état de pureté les sels des mélaux alcalins et alcalino-terreux qui sont naturellement impurs. Quelques-unes des sources donnent uniquement du gaz carbonique, et pas d’eau : ce sont les sources sèches; d'autres donnent, en même temps qu'un dégagement de CO?, de l’eau gazeuse plus ou moins souillée de terre. Le débit des sources naturelles. ou artificielles atteint quelquefois 3 ou 4 tonnes d'acide carbonique à l'heure ; c’est ce qui explique que le gaz liquéfié provenant des sources nalurelles ou des puits forés forme les deux tiers de la con- sommation annuelle de l'Allemagne. Le plus souvent, le gaz des sources naturelles contient plusieurs centièmes d'oxygène et d'azote, qui n'empêchent pas sa liquéfaction immédiate. Celui qui provient du puits profond foré à OEyn- hausen contient jusqu’à 11 ?/, d'azote en volume ’; ilest bien évident que, lorsque la proportion des gaz inertes est trop considérable, il faut, de toute 1 Dr H, Lancer : Wochenschrilt f. Brauerei, M février 1898: ” À E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 181 nécessilé, passer par la bicarbonatation des lessives alcalines. 2. Acide carbonique de fermentation. — L'acide carbonique, dans le cas de la fermentation alcoo- lique, provient de la transformation du glucose en alcool ordinaire et acide carbonique, avec de petites quantités de glycérine et d'acide succinique. L'équation incomplète : C5H!°05 — 20H60 + 2C0* montre que la proportion en poids d'acide carboni- que formé est sensiblement égale à celle de l'alcool; il se dégage ainsi, dans les brasseries et les distille- ries, des quantités énormes de gaz carbonique. La récupéralion de l'acide carbonique de fermentation . est à peu près nulle en brasserie; la raison en est que les volumes de moût trailés sont relativement faibles, et que, dans les brasseries bien installées de fermentation basse (bières allemandes), la fermen- _ tation dure douze jours au moins, le dégagement de gaz étant très lent. Comme, de plus, le dispositif né- cessaire à la récolte du gaz carbonique parait exer- - cer une influence fàcheuse sur la clarification et la conservation de la bière, que les dépenses d’instal- lation du matériel à liquéfaction sont grandes, et le prix de vente de l'acide carbonique liquide peu élevé, les brasseurs allemands préfèrent perdre leur acide carbonique : il n'y a guère en Allemagne - que l'École de Brasserie de Munich où l'acide car- bonique de fermentation soit recueilli et liquéfié, Le gaz ainsi recueilli est remarquablement pur; mais il contient des matières odorantes, en quan- lité inappréciable à l'analyse, qui laissent au gaz liquéfié l'odeur caractéristique des cuves de fer- imentation. En fermentation haute (bières anglaises), la fer- # Û . . ” . . ss est courte et vive, comme en distillerie, “ct le dégagement gazeux abondant; mais, comme “elle s'opère dans des fûts de 100 à 300 litres au plus, la récolte du gaz dans ce cas est fort difficile. “En fait, aucune brasserie anglaise n'ulilise l'acide - carbonique de fermentation. … Par contre, les grandes distilleries françaises de grains liquéfient leur acide carbonique de fermenta- tion, obtenu par le procédé dit de l’Amylo, et purilié -par le procédé Moeus. La méthode de fermentation -Amylo à élé brevelée par Calmette, Colleite et Bordin; elle a pour principe‘ la saccharification de l'amidon de maïs, cuit sous pression et refroidi dans des cuves slérilisées, par une moisissure : VAmylomyces Rouxii; le glucose ainsi formé est » Voyez à ce sujet E. Bouraxcer : L'emploi des Mucédi- -nées en Distillerie, dans la Revue du 15 août 4901, p. 689. et cela à Litre de réclame. » ensuite fermenté simultanément par l'Amylo- myces et par des levures alcooliques acclimatées à une température de 37-38°, et dans des condi- tions aseptiques. Dans le procédé Moeus, le gaz sortant des cuves se rend à un gazomètre, d’où une pompe l'extrait pour le faire passer à travers une série de filtres destinés à l’épurer. Ces filtres sont formés de cylindres contenant des matières liquides dont la composition est tenue rigoureuse- ment secrète ; de là, le gaz passe dans l'acide sulfu- rique pour se dessècher, puis se rend aux compres- seurs pour être liquéfié !. Dans le cas d’une installation produisant 3.000 kilos d'acide carbonique liquide par jour, provenant d'une distillerie fonctionnant d’après le procédé Amylo-Moeus, M. Léon Guillet donne les chiffres suivants : Devis d'installation. 1 gazomètre de 500 à 800 hectolitres. . . . 5.000 francs. 2 jeux de pompes à liquéfier . . . . . . . 40.000 — 2Hhatterieside filires CS EM NT AE (00 Tuyauterie et robinetterie Nes Rs 4.000 — Licence (procédé Moeus) . . _ . . «40.000 — CORRESP PR CT 800 — 8.000 bouteilles à 30 francs. . . 210.000 — Total. . . . . , 345.800 francs. La force motrice nécessaire à une telle usine est de 20 à 25 chevaux; la consommation d’eau est de 80 à 90 hectolitres à l'heure. En supposant que l'usine travaille 300 jours par an, et que l'installation coûte en nombre rond 400.000 francs, les dépenses annuelles sont les sui- vantes, dans le cas où la force motrice ne coûle rien et est fournie par la distillerie : Iutérèts et amortissement 60.000 francs. Main-d'œuvre : 6 hommes à 3 francs. D AU0RE— INPTÉTDIENESIVErS EE NE EU 7.000 — LOTA RE REEENArS 72.400 francs. Les recetles sont données par la vente de l’a- cide carbonique liquide, dont la production est de 300 X 3.000 — 900.000 kilos; le prix de revient par kilo d'acide carbonique liquide est d'envi- ron 0 fr. 08. Si l’on vend le kilo de gaz liqué- fié O fr. 50, le bénéfice net est de 360.000 francs par an. 1 Léox Gurzcer : État actuel de l'industrie des produits inorganiques en France, Moniteur scientifique, 4° série, t. XV, p. 96: février 1901. 2 Il est difficile de ne pas remarquer que, si l’on payait les hommes 5 francs par jour au lieu de 3 francs, le bénélice ne diminuerait pas d'une facon appréciable, et que cela serait plus humain. Le salaire peu élevé des ouvriers s'explique jusqu'à un certain point par la difficulté de vendre tout l'acide carbo- nique liquide que l'on produit, et par ce fait qu'en hiver lt vente est à peu près nulle, de même que la production. En été, au contraire, la production journalière ne suffit pas à la consommation. 182 3. Décomposition des carhonales naturels par les acides. — C'est la vieille méthode de prépara- lion du gaz carbonique, encore ulilisée aujourd'hui par les petits fabricants d’eau de Sellz et de limo- nade, et malheureusement aussi, il faut le dire, par l’une des fabriques d'acide carbonique liquide de notre pays. Pratiquement, on emploie la craie et l'acide sul- furique ; la réaction classique : COSCa + SO‘H? — SO‘Ca + H°0 + CO? s'effectue à la température ordinaire dans des appareils doublés intérieurement de plomb. Le kilo de gaz revient environ à Ofr.175"; il faut y ajouter les frais de liquéfaction. Cette méthode n’a que des inconvénients : le dégagement du gaz est lent et les appareils sont encombrants; de plus, la prépa- ration ne donne aucun sous-produit utile dont la vente puisse diminuer le prix de revient du gaz, qui est trop élevé. Enfin, le gaz obtenu entraine de l'acide sulfurique et des sels de plomb à un degré de division tel que les flacons laveurs ne peuvent arréler ces matières, lesquelles se retrouvent né- cessairement dans les boissons préparées à l'aide du gaz; à cause de son caractère antihygiénique, la préparation des boissons gazeuses par l'acide carbonique retiré des carbonates à l’aide des acides est interdite en Suisse et dans plusieurs États de l'Allemagne : cette mesure devrait être généralisée et adoptée dans tous les pays. $ 2. — Préparation indirecte par bicarbonatation. La bicarbonatation des lessives alcalines par les mélanges gazeux riches en gaz carbonique et le dégagement ultérieur du gaz pur par la dissociation de la lessive bicarbonatée constituent la méthode générale appliquée aujourd’hui dans tous les pays, avec des variantes qui proviennent de l’origine du mélange gazeux employé. Les mélanges gazeux ont pour origine, le plus souvent, soit la combus- tion des matières carbonées ou hydrocarbonées uaturelles, soit la calcination de la pierre à chaux ou du carbonate de magnésium naturel; toutefois, la méthode s'applique sans modification à l'acide carbonique naturel trop impur pour être liquéfié «directement, et à l'acide carbonique de fermenta- lion recueilli dans des cuves ouvertes et, par suite, mélangé d’une forte proportion d'air. 1. Combustion des matières carhonées ou hydro- carbhonées. — Le procédé consiste à brûler, dans un violent courant d'air, le coke, le charbon de bois, ou mème certains goudrons liquides; l'excès d'air 4 ViLLon : Dictionnaire de Chimie industrielle, article : Acide carbonique », t. I, 2e fascicule. E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE a pour but de réduire autant que possible la pro- portion d'oxyde de carbone, gaz qui se forme, comme on sait, même quand on brûle du carbone dans l'oxygène pur. En supposant que tout l'oxy- gène de l'air soit absorbé, ce qui n'arrive jamais, le mélange gazeux obtenu contient Az, CO* et CO, auxquels il faut joindre les produits d’oxydation ou de réaction des impuretés contenues dans les corps que l’on brûle. Le maximum d'économie est réalisé quand le combustible le meilleur marché est aussi celui qui donne, à poids égal, la plus grande teneur en C0?; le charbon de bois étant, sous ce dernier rapport, inférieur au coke, n’est pas employé, el il parait en être de même de la combustion de certains goudrons, qui avait été préconisée par MM. Seigle, Villon et Génin'. Le procédé dit au coke est, au contraire, extrêmement répandu en Allemagne, en France et en Angleterre ; comme le coke contient généralement des sulfures, le mélange gazeux obtenu contient de l'acide sulfu- reux et un peu d'acide sulfhydrique. La méthode primitive, consistant à employer des fours spéciaux, en maçonnerie, remplis de coke d'une facon continue, et traversés en sens contraire par un violent courant d'air, est à peu près aban- donnée, car la marche des fours est difficile à con- duire; selon les cas,on a peu ou beaucoup d'oxyde de carbone, qui est une forme perdue du carbone. A cette cause d'infériorité se joint l'absence com- plète de sous-produits, capables de diminuer le prix de revient de l'acide carbonique. Au lieu d'obtenir d'un-seul coup le gaz carbo- nique mêlé de plus ou moins d'oxyde de carbone, on peut faire l'opération en deux temps. Au moyen d'un gazogène, tel que celui de Lencauchez, par exemple, on fait passer de l'air saturé d’eau sur un combustible incandescent tel que le coke; on ob- tient ainsi un gaz à l'eau contenant une forte pro- portion (40 à 50 °/,) d'azote, lrès peu d'acide carbo- nique, et beaucoup d'hydrogène et d'oxyde de carbone. Ce mélange est ensuite brûlé complète- ment dans un appareil spécial, le carbone étant alors à peu près tout entier sous la forme de gaz carbonique mêlé à de l'azote et à de l'acide sulfu- reux; le gaz ainsi obtenu est d'abord lavé, pour enlever l'acide sulfureux, puis dirigé sur un scrub- ber pour la bicarbonatation. Dans le procédé au coke par gazogène, le gaz pauvre qui sort du générateur a besoin d'être re- froidi avant de pénétrer dans le Lriileur; à cet effet, on le fait passer dans un r'égénérateur de chaleur dans lequel il abandonne une notable partie de sa chaleur, laquelle sert ensuite à chauffer l'air qui doit passer dans le brûleur pour y trans- Dictionn. de Chimie industr., art. cit. x 1 VILLON : ; _ former l’oxyde de carbone en acide carbonique. _ Le procédé au coke est utilisé, en France, dans les _ usines de Villers-Saint-Sépulchre (Oise), de Lyon, de Bobigny, de Nancy; il est employé presque exclusivement en Suisse el en Angleterre; c'est aussi le procédé que l’on préfère en Allemagne, _ pour la préparation du gaz carbonique par voie chimique. 2. Procédé des fours à chaux. — Il consiste à décomposer par la chaleur le carbonate de chaux naturel : il se dédouble alors en acide carbonique et en chaux vive, laquelle est un produit commercial d'un prix tel que le gaz obtenu ne coûte rien. Les - fours sont de modèles divers; les meilleurs sont des fours continus, se chargeant par la gueule, et - où l’on place, par couches successives, le combus- tible et la pierre à chaux. Le calcaire doit être convenablement humide pour la facilité de sa - décomposition, et ne contenir que peu d’alumine et de silice; le coke doit avoir été préalablement lavé, et ne contenir que le moins de soufre pos- sible. Enfin, il ne faut pas dépasser la température de 900°, qui est suffisante pour la totale décompo- sition du calcaire, et qui est trop basse pour la formalion du silicate et de l'aluminate de calcium. L'air nécessaire à Ja combustion complète du “coke est insufflé par une tuyère ou par un lirage naturel ; quant au mélange gazeux obtenu, il est aspiré à la partie supérieure du four au moyen “d'un ventilateur; il se compose de Az, CO?, CO, avec de pelites quantilés de SO?. Au commence-” ment de l'opération, quand on vient de charger, … Pour remplacer les fours monumentaux en ma- connerie, qui ont 12 à 15 mètres de haut et même -phalie, construit, pour la calcination des carbonates aturels, un four en fer breveté, représenté par la igure 1 *. Dans une chambre a est disposé un gril b, ui chauffe, au moyen de coke incandescent, une laque d surmontée du calcaire à calciner; celui-ci est introduit par un arbre creux en fer 7, mis en mouvement par des roues d’engrenage }. Un an- Méau , solidaire de l'arbre creux, est relié par . des tiges de fer / à une spirale e, qui pousse gra- } duellement le calcaire du centre vers les bords de : la plaque 4; on règle les choses de façon que la Chute de la matière, qui s'effectue dans un canal Dr M. Aurscuuc : Zeitschrift für komprimierte und flüs- | Sige Gase, 3° année, p. 134; 1899, E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 183 annulaire X, d'où elle est retirée par un moyen approprié, n'ait lieu que lorsque le calcaire est complètement décomposé. Le dispositif tout entier est enfermé dans une boile en fer /', qui présente en »1 un tube par lequel se dégagent à la fois le gaz provenant de la décomposition du calcaire et celui qui provient de la combustion du coke, lequel est passé dans la chambre supérieure par le tube de dégagement €. La méthode des fours à chaux, beaucoup plus économique que la méthode des fours à coke, a l'inconvénient d'exiger de grandes quantités d'eau pour refroidir les gaz qui se dégagent, avant de les utiliser pour la bicarbonatation. A l'usine de Luzech (Lot), pour une production moyenne de 1 kilo d'acide carbonique liquide par minute, on Fig. 4 — Four à chaux en fer. Système allemand. — à. chambre; b, gril; c, tube de dégagement: d, plaque à rôtir; f, tiges de fer soutenant la spirale e; g, anneau solidaire de l'arbre creux : ; À, canal anoulaire; h, train d'engrenages ;: 1, boite en fer; m, tube de dégagement du : gaz. emploie de 20 à 25 litres d'eau par minute, soit de 29 à 36 mètres cubes d'eau par vingt-quatre heures. Il n'y a pas lieu d'insister sur la calcination du carbonate de magnésium naturel, produit dont les mines de l'ile d’Enfer alimentent plusieurs usines d'Allemagne. Si le carbonate de magnésium coûte sensiblement plus cher que la pierre à chaux, par contre, le résidu de la calcination, ou magnésie, a une valeur beaucoup plus grande que la chaux et sert en particulier à faire des briques réfractaires qui entrent comme fondant basique dans la cons- truclion de certains fours. 3. Bicarbonatation. — Pour effectuer cette opé- 1 On construit dans le même but des fours à chaux ordi- uaires avec garniture extérieure en tôle; on peut de mème signaler que l'usine de Luzech possède un four à chaux dont le ciment armé constitue l’armature extérieure. 184 ration importante, il y a trois méthodes. Dans la première, ou méthode allemande, la lessive alcaline qui doit absorber CO est contenue dans des cylin- dres horizontaux de 5 mètres de long et de 1",40 de diamètre, dans l'axe desquels tourne un arbre porteur de palettes faisant 120 tours à la minute. Le niveau de la lessive est à 20 centimètres en contre-bas de l'arbre; les paleltes pénètrent de 1 centimètre ou 2 seulement dans le liquide et, en tournant, elles le projettent en goutteletles qui offrent une surface énorme à l'action du mé- lange carbonique qui parcourt le cylindre au-dessus du liquide. Une fabrique qui produit 40 kilos de CO° à l'heure doit employer une batterie de quatre cylindres. Il est bien entendu que les lessives, 1 Jortée | du liquide Liquide: | Î L | [ziquade £Eruree du liquide Fig. 2. — Circulation méthodique du liquide monocarbonaté et du mélange gazeux dans la méthode allemande. d'une part, les mélanges gazeux, de l’autre, che- minent en sens contraires dans les appareils, de facon que les solulions les moins carbonalées soient au contact du gaz le plus pauvre en CO?, et les solutions les plus carbonatées au contact des mélanges les plus riches en CO* (fig. 2). Pour faire circuler les gaz, on se sert du tirage de la chemi- née, ou bien l’on emploie un ventilateur, ce qui consomme de la force motrice. La méthode des cylindres horizontaux a l’incon- vénient d'exiger une force motrice assez considé- rable, car chaque cylindre absorbe quatre chevaux. Comme des arbres pleins de 5 mètres de long se- raient trop lourds, on emploie des arbres porteurs de paleltes creux, qui sont d’une construction assez difficile. Cette méthode est employée par la Carbonique liquide de Bordeaux. La deuxième méthode consiste à faire passer les E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE gaz dans une tour analogue aux tours de distilla- tion, c'est-à-dire contenant un lrès grand nombre de plateaux horizontaux criblés de trous en forme de courts cylindres, que coiffent des chapeaux (fig. 3). Les gaz vont de bas en haut et barbottent dans le liquide en soulevant les chapeaux. Cette méthode a l'inconvénient d'introduire une pression totale assez considérable pour qu'une compression préalable du mélange carbonique soit nécessaire dans le but de vaincre toutes les contre-pressions, ce qui absorbe de la force motrice. La troisième méthode, due à M. Ch. Picot et appliquée par lui à l'usine de Luzech, réunit les avantages des précédentes, lout en évilant leurs inconvénients. M. Picot fait une tour de Glover avec de la pierre calcaire: il emploie à Luzech trois tours de 7 mètres de haut et de 70 cenli- mètres de diamètre. Le mélange gazeux parcourt successivement ces trois lours de bas en haut, tandis que la lessive à bicarbonater circule en sens inverse de haut en bas, ce qui exige qu'on la monte à l'aide d'une pompe. Un ventilateur placé immédiatement avant l'entrée du gaz dans la première tour donne à celui-ci un excès de pression sur l'atmosphère d’envi- ron 40 cm. d'eau; cela 3 facilite la combinaison t de l'acide carbonique avec le carbonate alcalin, ; c'est-à-dire la bicarbonatalion. Il y a,évidemment, : circulation méthodique de la lessive alcaline et du M mélange gazeux, afin d'épuiser, autant que pos-M sible, l'acide carbonique avant que le gaz ne re- s ? ; ï Fig.3.— Coupe schématique d'une tour de bicarbonatation. tourne à l'atmosphère. Avec le procédé des cylindres horizontaux, le mélange gazeux qui a parcouru les quatre cylin- dres et qui se dégage dans l'atmosphère conlienil encore 10 ©}, de CO* en volume. On ne peut pass espérer absorber tout l'acide carbonique, à cause de la tension de dissociation des bicarbonates als. calins; la perte relative sera d'autant plus faible qu'on utilisera des mélanges plus riches en CO*. I faut donc empêcher que la teneur de ce gaz n8 descende au-dessous d'une certaine valeur, 2 % par exemple. A cet effet, l'emploi d'un appareil Orsat, qui analyse les gaz sortant du four, s'impose et permet de régler d'une façon satisfaisante les charges du four. 4. Choix de la lessive alcaline. — On peut ems ployer les carbonates de sodium ou de potassium; le premier est beaucoup moins cher que le second; ” “ HE. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 185 _ mais aussi beaucoup moins soluble dans l'eau, de sorte qu'à titre égal de solution (apprécié à l'aréo- mètre de Baumé), la quantité de CO* absorbée est beaucoup plus grande avec la lessive potassique qu'avec la lessive sodique; par conséquent, pour dégager ultérieurement l'acide carbonique, il y aura beaucoup moins de liquide à chauffer avec la première lessive qu'avec la seconde. En outre, le gaz dégagé du bicarbonate par la chaleur pro- duit des effervescences formidables, qui engor- gent les tuyaux de dégagement; or, les lessives de potasse moussent beaucoup moins que les EEE | TL ls L Fig. 4. — Chauffage des solutions bicarbonatérs (Système du Dr W. liaydt). — a, cavité générale; h, claies horizon- tales ; c, tubes percés de trous; d, conduite d’eau géné- rale; e, réservoirs secondaires: f, tube réchauffeur ou réfrigérant; g, entrée des gaz. d'environ 21° Baumé. Pour toutes ces raisons, et malgré le prix plus élevé du carbonate de potassium, c’est à lui que lon doit donner la préférence. = meilleur rendement est 5. Chauffage de la solution bicarbonatée. — Le chauffage peut avoir lieu directement soit au char- : bon, soit au coke; mais, dans ces conditions, l’opé- tation n’est pas facile à régler. On trouve générale- ment préférable d'employer la vapeur d'eau passant à l'intérieur de serpentins en fer, ce qui conserve le titre de la lessive chauffée au lieu de le diminuer, comme cela arrive quand la vapeur barbotte direc- tement dans la solution bicarbonatée. Pour avoir un bon dégagement, il faut chauffer à 103-105°, à cause de la contre-pression du gazomètre. On peut évidemment, ou bien décomposer la lessive bicar- bonatée dans le scrubber même où la bicarbonata- tion s’est effectuée précédemment, ou bien entrainer la lessive hors du scrubber, et la décomposer dans une chaudière spéciale. La première manière de faire est suivie dans l'appareil imaginé par le D' W. Raydt, de Slultgard (fig. 4). Dans un espace à, obturable hermétiquement, sont disposées des claies horizontales 2 criblées de trous et sur lesquelles est étalé du carbonate de sodium. Au-dessus de ces claies sont disposés des tubes c, percés de trous et alimentés par une con- duite d’eau générale d, par l'intermédiaire des réci- pients e. Les claies étant garnies de carbonate, on remplit les récipients e au moyen de la conduite W, qui est ensuite vidée, fermée à sa partie inférieure, puis reliée à une conduite à air comprimé. Celui- ci entraine dans les tubes c l’eau des récipients e, et la projette, finement partagée, sur le bicarbonate. Un mélange gazeux contenant de l'acide carbonique est ensuite envoyé dans 4, au moyen d’une souffle- rie, par le tube inférieur g; après l’absorplion de CO? par le carbonate, on introduit par le tube fun courant réchauffeur, pour décomposer par la cha- leur le bicarbonate formé; après quoi, de l'eau froide est envoyée par le tube / pour ramener le carbonate régénéré à sa température initiale. On peut alors recommencer les opérations précé- dentes, sans qu’on ait à renouveler le carbonate de l'appareil. La seconde manière de faire est la plus fré- quente; elle est suivie en particulier à l'usine de Luzech, qui fonctionne d’après le procédé Picot”, représenté schématiquement par la figure 5, grâce à laquelle on a une idée d'ensemble de la prépa- ration industrielle de l'acide pur à Luzech. Le mélange gazeux sortant du four à chaux passe dans le laveur À pour enlever l'acide sulfureux, puis dans le compresseur B, qui l'envoie dans la tour de bicarbonatation CD, où il rencontre, venant en sens contraire, la solution de carbonate de potassium qui arrive du réservoir R en D, où sa chute sur une pierre plus grosse que les autres l’éparpille en tous sens. La solution bicarbonatée s'écoule par le tube y dans la citerne E. Le gaz qui { Dr M. Aurscauz : Zeitschrift für komprimierte und fus- sige Gase, 3° année, p. 133 ; 1899. 2 Voir l'Ingénieur français (publication de l'Ofñce Picard), numéro d'octobre 4900, p. 117-119. 186 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE a échappé à la combinaison va par le tube G dans le réservoir ÿ, où il abandonne, avant de s'échapper dans l'atmosphère, le liquide qu'il a entrainé; le liquide ainsi abandonné retourne par le tube F à la citerne E. De là, la solution bicarbonalée, puisée par l'élé- vateur H, passe dans le réservoir I et, par le tube M, arrive à la partie inférieure de l'appareil à décom- position J. Là, elle s’'échaufle au contact du tube K, par lequel s'échappe, à la façon d’un trop-plein, la solution décarbonatée. La solution bicarbonatée, s'échauffant, monte de plus en plus; en J, elle est chauffée par la vapeur d'eau qui cireule dans un serpentin horizontal N et dégage son acide carbo- nique; elle est alors évacuée par le trop- plein K et le tube o dans la citerne P*. Quant à l'acide carbonique chaud et humide dégagé en J, sollicité par l’aspi- rateur T il entre dans le serpentin verli- cal L, dans lequel la lessive entraînée se | dépasse pas 10 centimètres d'eau en plus de la pression atmosphérique. Au lieu de chauffer les solutions bicarbonatées pour les dissocier, il semble qu'if y aurait avantage, pour les usines à force hydraulique, à les électro- lyser. Fabre et Roche ont, en effet, signalé en 1874 que les bicarbonales alcalins électrolysés donnent un dégagement d'acide carbonique et d'oxygène à l'anode, d'alcali et d'hydrogène à la cathode, d'après l'équation : 2CO*KH — (2C0? + O) + (K°0 + H?). Le gaz recueilli à l'anode est un mélange de deux volumes d'acide carbonique pour un volume d'oxygène". Dans le procédé qu'il a fait breveter, M. Pi- col propose de comprimer ce mélange dans un réser- voir muni de condense, et où il se refroidit en même temps qu'il réchauffe la so- lution bicarbonatée qui arrive par M. Le liquide de condensation se sépare du gaz en Q et se rend dans la citerne P, d’où la pompe $ l’en- voie dans le réservoir R, où il est prêt à servir de nouveau; quant au gaz refroidi, il passe de T dans le gazo- == mètre. L'aspira- teur T a une grande impor- lance, car il diminue la pression de l'acide carbo- nique en J et facilite ainsi son dégage- ment gràce à la tension de dissociation du bicar- bonate. Comme, d'autre part, l'accumulation du gaz dans le gazomètre produit une contre-pres- sion, il faut agir sur les contrepoids du gazomètre, de facon que la pression dans ce réservoir ne 1 1 La figure schématique 5 est nécessairement incomplète. On n'a figuré qu'une tour CD à bicarbonatation, alors qu'il y en a trois en série avec circulation méthodique des les- sives. D'autre part, la récupération de la chaleur, indiquée par la disposition de l'appareil à décarbonatation J, est com- plétée par un deuxième échangeur de température, placé à la suite de J et dans lequel une circulation d'eau froide abaisse la tempéralure de la lessive décarbonatée aux envi- rons de 40°, afñu qu'elle puisse servir de nouveau à l'absorp- tion de l'acide carbonique. Fig. 5. — Préparation industrielle de l'acide carbonique, d'après le procédé Picot. — A, laveur: B, compresseur: CD, tour de bicarbonatation; R, réservoir de carbo- nate de potassium; y, tube d'écoulement; E, citerne: G, tube de dégagement de l'acide carbonique: y, séparateur de liquide; F, tube d'écoulement daus la citerne du liquide récupéré: H, élévateur: I, réservoir; M, tube: J, appareil à décompo- sition: K, 0, tubes d'écoulement de la solution décarbonatée; P, citerne: L, tube de désagement de l'acide carbonique: N, circulation de vapeur; Q, séparateur; T, aspirateur; S, pompe. deux ajuta- ges, l'un placé à la partie in- férieure, l’au- tre placé à la parlie supé- rieure., Le mé- lange gazeux sous pression se sépare par- tiellement sousl'influen- ce de la difté- rence des den- sités.Si, alors, on ouvre l'a- julage supé- rieur, l'oxy- gène s'échap- pera de préfé- rence, et le mélange restant, beaucoup plus riche en acide carbonique, pourra être liquéfié directement à la température ordinaire, et le liquide soutiré par ‘ Un tel mélange n'est pas liquéfiable à la tempé- rature ordinaire; en effet, les expériences de Th. An- drews ont montré (Mémoire posthume) que, quand on introduit dans CO? Fr d'azote en volume, la température + critique s'abaisse à + 149, tandis que la pression critique monte à 98 atm.: si l'on introduisait > d'azote en volume, c'est-à-dire à peu près le double, le point critique descen-. drait aux environs de 0°. En remplacant l'azote par l'oxy=« gène, la température critique remonterait certainement, mais pas assez pour que la liquéfaction fût possible à la température ordinaire. 4 à . | J | E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 187 lajutage inférieur. Quant au mélange d'acide car- bonique et d'oxygène que l'on a évacué par l’aju- tage supérieur, il suffit de le faire passer sur une lessive alcaline pour récupérer CO? et obtenir l'oxy- gène pur. Quant à l'acide carbonique liquide soutiré par l'autre ajutage, il contiendra une très petite quan- tilé d'oxygène provenant de la faible solubilité de ce gaz dans le gaz liquéfié, ce qui n'aura aucun inconvénient pour cerlaines ap- plications de l'acide carbonique liquide, pour la fabrication de l'eau de Sellz notamment. IT. — LIQUÉFACTION. 1. — Purification du gaz avant liquéfaction. L'acide carbonique renfermé gaz humide arrive par la partie inférieure et | chemine en sens contraire. La pression développée par une bouteille d'acide carbonique liquide A . force l'acide sulfurique concentré à passer d'un 23 '. a . + » . Ts premier réservoir B à un second réservoir C, d’où, -par un jeu de siphons D, le liquide s'écoule dans : là tour E, tandis que l'acide carbonique qui entre : humide en F sort desséché en G:; l'acide dilué s'ac- cumule dans une citerne H ou dans un réservoir disposé à cet effet. Il faut maintenant enlever l'acide sulfurique qui L été entrainé par l'acide carbonique; il suffit, pour cela, de faire passer le gaz dans une tour [ à car- bonate de chaux. Remarquons, avec les ingénieurs. que la facilité avec laquelle est arrêté cet acide sul furique par la tour contraste avec l'impossibilité d'en faire autant lorsque le gaz carbonique sorl d'un appareil dans lequel l'acide sulfurique a réagi sur la craie. l'acide carbonique humide; G, sortie de CO? desséché: I, tour à carbonate de chaux: J, en- + PS) É trée de CO?; K, sortie de CO? purifié; H, citerne à acide sulfurique. Le procédé au chlorure de calcium est beaucoup , plus simple que le précédent; c'est celui qui est employé à l'usine de Luzech. À cet effet, on forme une tour dont la partie inférieure con- tient des briques en quinconce pour diviser le gaz; au-dessus, se trouve du chlorure de cal- cium anhydre en morceaux. Le gaz arrive par la partie inférieure et sort desséché par la partie supé- rieure, tandis que le liquide dans le gazomètre sent la lessive an co’ et aussi la chaudronnerie de fer ; D EEK Ÿ il peut aussi arriver qu'il tombe - des saletés dans les bassins de es Si «| lessive, d’où de mauvaisesodeurs. Fe De Ml HibRee On les enlève en faisant passer . me 21. le gaz dans un filtre obtenu en e à E 3 1e I entassant, dans une ou plusieurs nel F dé na lours, environ 200 kitos de char- Dur tu NEC ne -bon de bois: on nettoie ce filtre ANGES A . . tous les deux ou trois mois. On né sc] | DE (ge a alors un gaz pur et ino- ARTE 2 Fa NÉE dore, mais humide. Pour le AN PROD dessécher, on peut employer B A REUTERS Ame soit l’acide sulfurique, soit a os et A =? e chlorure de calcium. Mie) RE == (rar a LR Dans le. procédé à l'acide Et =) mile “sulfurique (fig. 6), on em- | 77 1) / s -ploie des cylindres de plomb | PAU de 50 centimètres de diamè- Fig. 6.— Purification du gaz carbonique à l'acide ÿ Drm, nn Ahmad teine 77 remplis de pierre ponce: D, siphons: E, tour à dessiccation ;F, entrée de /,/// / provenant de la liquéfaction du chlorure hydraté tombe à la partie inférieure de la tour, d'où il s'écoule par un siphon. $ 2. — Liquéfaction. Le gaz est alors pur, sec et parfaitement inodore; on le liquéfie ordinairement au moyen d'un com- presseur en cascade. L'un des meilleurs est celui que construit la maison Mollet-Fontaine, de Lille”. Le gaz carbonique pur passe d'abord dans un —— 1 Je tiens à exprimer toute ma gratitude à l'adminis- 188 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE premier compresseur à basse pression, qui donne | au gaz une pression de 10 kilos’. Ce compresseur (fig. 7) est à double effet, aspirant et foulant; il pos- sède trois sou- papes d’'aspi- ration hori- zontales, une à l'arrière et deuxenavant, et deux sou- papes de re- foulementver- ticales situées aux extrémi- tés du corps de pompe et au-dessus. Le cylindre, tout entier en fon- te, est à dou- ble enveloppe etest traversé par une circu- lation d'eau. Le piston, en acier, est d'u- ne seule pièce avec la tige: il est garni avec des seg- F. Borremans _ De, y MAVONÈES 27 N° —= LL & N 4 N F, Borremans - Del. @ NN bY Fig. 1. — Ælévation et plan du cylindre à basse pression à double effet Mollet-I'on- taine.— M, corps du compresseur avec circulation d'eau (basse pression); à, couvercle et soupape d'aspiration arrière: b,soupapes d'aspiration avant; e,soupapes de refou- lement; d,graisseur des calfats: e, piston du compresseur; /, calfat du compresseur. ments en bronze ayant en dessous des bagues de | d'entrer avec facilité caoutchouc ; lecaoutchouc, se gonflant sous l'action de l'acide car- bonique, as- sure au pis- ton une étan- chéité parfai- te. Le presse- étoupesest du système Lin- de, avec des bagues anti- friction en tration de celte maison, à la bienveillance de laquelle je dois les dessins du compresseur à machine frigorifique qu’elle construit. 1 Voir’la convention des ingénieurs dans notre précédente étude, n° du 30 octobre 1901, p. 902. | £ Borremans_ De! Fig. 8. — Cylindre de haute pression à simple effet compresseur avec circulation d'eau en fonte serrée acide carbonique et de la Mollet-Fo haute pression soupape d'aspiration; b, soupape de refoulement; e, graisseur des calfats; d, piston du compresseur avec circulation d’eau intérieure; e, calfat du compresseur. spirale ; le serrage se fait par des bagues en bronze inverses, en spirale également; la chambre mé- diane, rem- plie de glycé- | rine, est en rapport avec l'aspiration pour récupé- rer les fuites de gaz carbo- nique.Ce stut- fing-box est continué par un calfat en corde talquée suifée. Les soupa- pes d'aspira- tion sont en acier, avec guide et boîte en bronze qui protège tout le mécanisme des soupapes; elles sont très accessibles. Les ressorts de ces soupa- pes sont très : doux el per- mettent au gaz aspiré dans le cylindre. Les sou ntaine. — M, corps du ; a, couvercle et » papes de re- foulement sont construi- sébhnt tes et dispo- sées comme les précéden- tes : seule- ment, leurs ressorts sont. plus puissants et doubles, afin d'éviter. les chocs -eb les mouve= ments brus-. ques produits. par le com- presseur. Le gaz com- L primé est envoyé dans un serpentin entouré d'eau froide (fig. 9); puis, il est aspiré pan un second compresseur, qui porte le gaz à la press E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 189 sion de liquéfaction correspondant à la tempé- rature de l'eau du réfrigérant. Ce nouveau com- presseur (fig. 8) est à simple effet; comme le pré- cédent, il est en fonte, à double enveloppe avec circulalion d'eau. Le piston n’a pas de garniture, il est creux avec circulation d'eau intérieure; il a même diamètre que la tige et même presse-étoupes que celui du compresseur à basse pression; les soupapes sont aussi les mèmes. Le compresseur à l’acide carbonique liquide est reliée au second cylindre du compresseur par un conduit métallique flexible fixé par deux raccords. La bouteille vide est alors placée sur une bascule P; connaissant le poids de l'enveloppe vide, on peut, à chaque ins- tant, savoir par la bascule le poids de CO* entré dans la bouteille. Le serpentin du compresseur à basse pression et le condenseur du cylindre à haute pression sont | F. Borremans Del. (D a LIEU LIU F Porremans Del . — Plan d'installation d'une fabrique d'acide carbonique liquide produisant 30 kilos à l'heure. — A, com- presseur à basse pression; B, compresseur à haute pression; C, condenseur: D, soupape d'arrêt au refoulement du compresseur A; E, soupape d'arrêt au refoulement du compresseur B ; F, G, soupapes de sûreté; H, poche à glycé- rine du condenseur à basse pression; [, collecteur supérieur du condenseur à haule pression; J, collecteur inférieur ‘lu condenseur à haute pression; K, séparateur de glycérine et de gaz; L, soupape d'arrêt du collecteur inférieur du con- denseur à haute pression; M, distributeur-filtre ; N, soupapes à soutirer et leur colonne; 0, appareil à vérifier l'étan- — chéilé des soupapes; P, balances; Q, manomètre au refoulement du compresseur à basse pression; R, manomètre au —… refoulement du compresseur à haute pression; a, refoulement du compresseur A; b, aspiration du compresseur B: e, : refoulement du compresseur B; 6, e, conduits allant au distributeur et aux soupapes à soutirer. haute pression B (fig. 9) refoule le gaz dans un Séparateur de gaz et de glycérine K, puis dans deux Serpentins,réunis par un collecteur supérieur I et | un collecteur inférieur J, où il se liquéfie. Du collec- leur inférieur, le gaz liquéfié passe dans un filtre, puis dans un distributeur M où il est recueilli dans | des bouteilles. Sur le distributeur, il y a deux sou- papes à soutirer N, pour qu'on n'arrête pas le rem- plissage des bouteilles ; la bouteille qui doit contenir ci réunis dans la même cuve; l'eau arrive par le bas et se déverse par un trop-plein à la partie supérieure. Le fonctionnement des compresseurs Mollet-Fontaine est remarquable à tous les points de vue. ; La figure 9 représente le plan et l'élévation d'une installation permettant de liquéfier 30 kilos d'acide carbonique à l'heure. On obtient un meilleur rendement en adjoignant REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, = ET 122 1e 190 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE à l'appareil Mollel-Fontaine un précompresseur, portant le gaz de la pression de 10 centimètres d’eau, qu'il a dans le gazomètre, à celle de 4 kilo; alors, le premier cylindre du compresseur porte la pression à 25 kilos et le second donne la liquéfaction. Tous ces appareils étant opaques, il est abso- Fig. 10. — Enregistrement automatique de la pression pen- dant le remplissage des bouteilles à l'usine de Luzech. Diagramme dé 24 heures fourni par un appareil Richard. lument nécessaire de suivre toutes les phases de la compression sur le diagramme tracé par un manomètre métallique enregistreur. Tant qu'il n'y a pas de liquide dans la bouteille, la pression aug- mente; puis, elle devient constante pendant la liquéfaction; quand la bouteille est pleine de liquide, la pression monte subitement, ce qui pré- vient l’ouvrier qui surveille le remplissage, lequel peut être distrait. S'il y a un peu d'air mêlé à l'acide carbonique, si peu que ce soit, la pression va tou- jours en :roissant; au delà de 3 °/, d'air, la liqué- faction est pratiquement impossible. Le diagramme ci-dessus (fig. 10), obtenu au moyen d'un enregis- treur Richard, donne le détail d'une fabrication de vingt-quatre heures à l’usine de Luzech (Lot); chaque petite dentelure correspond au remplissage d'une bouteille contenant 8 kilos de gaz liquéfié ; il y en à huit à l'heure. Les grandes dentelures cor- respondent aux bouteilles contenant 20 kilos de liquide et qui, pour se remplir, meltent environ vingt minutes, soit une minute par kilo d'acide carbonique liquide. $ 3. — Purification de l’acide carbonique liquide. L'acide carbonique liquide obtenu industrielle- ment n'est pas chimiquement pur; en supposant même que le gaz le soit avant sa liquéfaction, la pompe de compression introduit inévilablement de petites quantités d'air, à moins qu'on n'emploie des dispositifs analogues à celui qu'a imaginé M. Ka- merlingh Onnes pour la compression des gaz purs et coûteux, et qui a été décrit dans cette Aevue!; mais un tel appareil n’est pas industriel. Il importe de remarquer que les phases liquide et gazeuse, qui sont en présente dans les bouteilles du commerce, n'ont pas la même proportion d’im- puretés. Si, comme on le fait souvent, on analyse la partie gazeuse, sa composition ne donnera ni celle de la phase liquide, ni la composition générale du gaz qu'on a liquéfié. Les recherches de M. A. Lange * démontrent que le pourcentage en volume de l'air contenu dans le liquide est extrêmement voisin du pourcentage général, et que cette pro- portion est beaucoup plus faible que pour la phase gazeuse. On a donc un gaz beaucoup plus pur lorsqu'on puise CO? par un ajutage plongeant dans Fig. 11.— Purification de l'acide carbonique liquide, système de M. Dirk Byl de Vroe. — A,A,A, tubes métalliques inclinés; B, auge refroidie; C, auge chautfée; u,d,d, pointeaux réglant le dégagement des impuretés et le refroi- dissement de B; 1 entrée du gaz; 1 a, sortie du gaz pur; 2, tube de dégagement des impuretés; 3, courant chaud. le liquide que quand on recueille directement la partie gazeuse, ce qui est la manière de faire habi- tuelle. ù Les petites quantités d'air subsistant dans l'acide carbonique liquide ne gênent pas dans beaucoup { E. Marmias: Le Laboratoire cryogène de Leyde, Revuë générale des Sciences, t. VII, p. 388 ; 1896. ? A. Lance : Die Chemische Industrie, t. XXIII, 15 dé- cembre 1900. Ne E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 191 _ d'applications; pour certaines applications d'ordre . chimique, il faut, au contraire, un gaz liquéfié abso- lument exempt d'air. Il peut donc être nécessaire . d'enlever l'air d’un acide carbonique liquide donné; . il est alors commode d'employer le procédé sui- vant, imaginé par M. Dirk Byl de Wroe !, lequel s'applique à toutes les impuretés dont le point d'ébullition est inférieur à celui de l'acide carbo- nique (— 80°). Le gaz liquéfié à purifier pénètre par le tube 1 (fig. 11), de bas en haut, dans un premier récipient incliné À, et s'élève lentement jusqu'au trop-plein formé par le tube 1a, de ma- nière à donner à l'air mélangé le temps de se réfugier à la partie supérieure de A. Par 1a, le liquide coule dans le réservoir suivant, où la sé- _ paration se produit de la même façon, etc. Celle- ei est facilitée par une auge C, chauffée par une TagLeau |. — Dimensions et poids des circulation passant dans le tube 3, et dans laquelle | de ces bouteilles, porte deux eanaux à angle droit; l’un d'eux, placé dans l'axe de la bouteille. sert à contenir le pointeau qui ferme la bouteille et qui est terminé ordinairement à l'extérieur par un pelit volant qui sert à le manœuvrer; quel- quefois aussi, le volant fait défaut et le pointeau se termine par une extrémité en forme de prisme qua- dratique; pour manœæuvrer le pointeau, il faut alors posséder une clef de fer, percée d'un trou carré qui épouse exactement la forme de l’extré- milé du pointeau. Le second canal, qui sert à la sortie du gaz, se termine par une pièce munie d'un pas de vis extérieur, laquelle permet, par l'intermédiaire d’un raccord, de relier la bouteille d'acide carbonique à un autre appareil. Conformémentaurèglement du 12 novembre 1897, les bouteilles qui voyagent sont munies d'un pied carré qui les empêche de rouler dans la position bouteilles à CO° liquide supposées vides. CHARGE CAPACITÉ DIAMÈTRE de la bouteille extérieur en kilos CRE en de CO? liquide litres millimètres 2 2,70 100 3 Ê 4,05 100 5 Pa y ( ; 140 8 10,70 140 10 13,40 140 15 20,20 170 20 26,80 205 25 33,50 205 ÉPAISSEUR HAUTEUR POIDS EN KILOS | de la paroi de la bouteille de la bouteille vide | . en . en avec le chapeau | millimètres millimètres et le pied # 480 6.250 | 4 680 8.150 | 5 620 13.900 | 5 910 18.800 | 5 1.100 22.150 6 1.280 31.000 me) 1.080 42.800 7,5 1.315 50.600 pénètrent les parties supérieures des tubes A, Inversement, les parties inférieures nr dans une auge B, refroidie par le serpentin 2, que tra- “verse l'air refroidi qui s'est délendu à travers les robinets d. Comme cet air est encore mélangé à de l'acide carbonique, pour récupérer celui-ci ilest tout “indiqué de le faire repasser de nouveau sur l'acide carbonique liquide des récipients A. L'acide car- onique qui sort, en 14, du dernier des tubes A, est complètement exempt d'air. III. — CoNSERVATION ET TRANSPORT DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE. $ L. — Récipients. & Les récipients qui servent actuellement pour la conservation et le transport de l'acide carbonique liquide sont des bouteilles cylindriques, à fonds hémisphériques, faites en acier embouti, étiré, sans Soudure et convenablement recuit. Un bouchon métallique, vissé à force à la partie supérieure horizontale, et d'un chapeau d'acier, vissé sur la bouteille, destiné à protéger l'extrémité du robinet. Le tableau I, emprunté à la maison Brunon et Vallette, de Rive-de-Gier (Loire), donne les dimen- sions et les poids des bouteilles à CO* supposées vides. L'extrémité supérieure du pointeau, quand elle est terminée par un volant, est susceptible de se briser par suite d'une chute de la bouteille. M. Paul Kegel, d’'Iloweiche (Allemagne), a cherché à éviter cet inconvénient au moyen du dispositif breveté suivant (fig. 12)'. Dans la tête de la bouteille est vissé un bouchon à contenant deux cavités à angle droit. Dans la cavité verticale est logée la soupape D, qui est pressée contre la partie supérieure du bouchon par un res- sort D’, s'appuyant sur un boulon creux € vissé à la partie inférieure du bouchon et servant aussi à gui- der latige dde lasoupape. Celle-ci est creusée d’une rigole e qui, par l'intermédiaire du trou f, fait com- muniquer l’intérieur de la bouteille avec l’espace £. Dr M. Arrsenur : Zeitschrift für komprimierte und Aus- . Sige Gase, 1e année, p. 78 ; 1897, 1 Dr M. Arrscuuz : Zeitschrift für komprimierte und Aus- sige Gase, 3° année, p. 458 ; 1900. 192 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L’'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE Le corps de la soupape est muni d’une rigole ÿ, en communication avec les canaux 2 et 1 qui traversent la tête / de la soupape. Dans la cavité horizontale du bouchon se trouve une goupille de pression », munie d'une tête contre la tige de laquelle un disque o et une bague de caoutchouc p Fig. 12. — J'ermelure automatique des bouteilles à CO? liquide, système Kegel. — a, corps du bouchon; b, corps de la soupape; D', ressort; ce, boulon creux; d, tige de la soupape ; €, rigole longitudinale communiquant avec le trou f; g, rigole annulaire; h, 1, canaux traversant la tête / de la soupape; », goupille de pression : 0, disque; p. bague de caoutchouc; g, vis réunissant 0, », p;s, rigoles transversales de la tête de la goupille de pression; r, anneau de caoutchouc; k, partie métallique sur laquelle est vissé le raccord qui fixe le tube de sortie du gaz sur la bouteille. sont pressés et réunis au moyen d'une vis g. La soupille » est creusée dans toute sa longueur d'un canal communiquant avec les trous transversaux $ qui traversent sa tête. Ce dispositif est maintenu par un anneau de caoutchouc r encastré dans la parlie k, sur la surface extérieure de laquelle se visse le raccord qui réunit le tube de sor- tie du gaz à la bouteille. Le bord saillant de ce tube presse contre l'anneau de caoutchouc p quand on visse le raccord; quand le tube est suffisamment enfoncé, il pousse la gou- pille » sur la tête de la soupape /, qui recule ec fait alors. communiquer l'intérieur de la CO° liquide, lesquelles communiquent par en haut el par en bas respectivement avec des conduites € et d commandées par les robinets d'arrêt e et . Le chariot est conduit de l’usine à l'endroit où doit se faire la livraison du gaz liquéfié. Là, un tube 2 relie la conduite € à la bouteille à remplir g, tandis qu'un tube 1 relie d à une pompe destinée à dépla- cer l'acide carbonique au moyen d’un liquide plus lourd que lui, tel que l’eau ; à mesure que la pompe introduit le liquide dans les bouteilles 2, l'acide carbonique s'amasse dans la bouteille g, après que, l'air en ayant été chassé, on a vissé de nouveau, mais incomplètement, le pointeau de cette bouteille. $ 2, — Règlements de police. Les règlements de police relatifs à la conser- vation et au transport de l'acide carbonique liquide sont exactement les mêmes que pour le protoxyde d'azote ; le lecteur est donc prié de se reporter, pour ce sujet, à notre premier article (t. XII, p. 978). La pression de vapeur saturée de l'acide carbonique à° la température ambiante étant très élevée, la limite de remplissage édictée par le règlement de 1897 doit être observée strictement; pour la même rai- son, le transport des bouteilles doit avoir lieu soil dans des voilures fermées, soit dans des voitures ouvertes recouvertes d'une bâche ; or, nombre de voiluriers et de bateliers n’observent pas celte der- nière précaution, et laissent les bouteilles chargées d'acide carbonique liquide en plein soleil. Comme pour l'anhydride sulfureux liquide, l'Ad- ministration allemande, dans le but de favoriser … l'extension de l'induslrie de l'acide carbonique bouteille avec l'extérieur. Si on dévisse le raccord, la soupape D se ferme sous l'in- fluence du ressort 2’, et l'acide carbonique cesse de s'écouler. Non seulement le matériel des bouteilles est encombrant et coûteux !, mais, de plus, ke transport par voiture de ces lourds réci- pients métalliques est désagréable et oné- reux. Le disposiüif suivant, imaginé par MM. W. et A. Raydt, de Stulligard, réduit au minimum ce matériel” (fig. 13). Un chariol à porte des boutefñles 2 remplies de ! Voir le devis de la page 181. ? Dr M. Arrsonuz : Zeitschrift für komprimicrle und Aüs- sige Gase, 3° année, pp. 124-125 ; 1899. lié; Fig. 13. — Transport de l'acide carbonique liquide (système Raydbs — à, chariot; b, bouteilles; ce, L, tuyau de dégagementdu gaz liqué- d, 1, tuyau d'arrivée de l'eau; g, bouteille à remplir; €, # robinets d'arrêt. ‘ liquide, admet ce produit à l'expédition par wa= | gons-cilernes. Ceux-ci, d'un poids supérieur à 10.000 kilos, sont astreints aux mêmes conditions! de solidité et de remplissage que les bouteilles ordinaires. On peut compter, dans le pare des wagons des Chemins de fer allemands, 20 wagons: citernes servant au transport de l'acide carbonique x LOUIS OLIVIER — L'INSTITUT MAREY liquide dans toutes les parties de l'Allemagne‘. Les accidents qui se sont produits, tant en Alle- magne qu'en France, avec des bouteilles à acide carbonique liquide, se rapportent exclusivement à des bouteilles en fer. Or, M. C. Bach a montré” que les récipients en acier doux, éliré, sans sou- dure, convenablement recuits, soumis à une pres- sion intérieure excessive, se fendent suivant une génératrice, sans perdre quoi que ce soit de leur poids; leur rupture, n'ayant pas lieu par éclate- ment, est donc tout à fait sans danger. Telles qu'on les construit aujourd'hui pour satisfaire à l'épreuve officielle, renouvelée tous les trois ans, constatant 193 qu'elles supportent sans fuite et sans déformation permanente une pression de 250 kilos, les bouteilles ne cèdent généralement qu'à une pression inté- rieure de 400 atmosphères; la manipulation d'une bouteille d'acier recuit, contenant de l'acide car- bonique liquide, ne doit donc donner lieu à aucune crainte. Dans un prochain article, nous examinerons quelques-unes des nombreuses applications de l'acide carbonique liquide. E. Mathias, Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Toulouse. L'INSTITUT MAREY Dans son précédent numéro, la Revue s’est asso- * ciée à l'hommage éclatant que- venaient de rendre à son illustre collaborateur, M. Marey, les physiolo- gistes du monde entier. A cette occasion, elle a eu soin de signaler un projet à la réalisation duquel l'éminent savant a résolu de consacrer désormais toutes ses forces : la création d'un Établissement international pour contrôler les appareils enregis- teurs et unifier les méthodes de mesure et d'in- scription en Physiologie. Cette idée, M. Marey s'est employé depuis - quatre ans à la répandre et à lui gagner des adhé- rents. En ces derniers temps, il l’a exposée, nolam> - ment. lors de la réunion de l'Association interna- tionale des Académies, puis au Congrès interna- tional des Physiologistes, qui a tenu ses assises à - Turin du 16 au 18-septembre 1901. Rarement idée pratique reçut tout de suite accueil aussi favorable. Les plus hautes autorilés - scientifiques de tous les pays non seulement se sont empressées d'en proclamer l'utilité et de lui accorder leur appui, mais, de plus, ont proposé de Monner au nouvel Etablissement le nom d'/nstitut … Marey, afin de rendre à l'initiative du fondateur _ de la méthode graphique la justice qui lui est due et d'assurer à l'œuvre la direction du chef le plus _ désigné pour la mener à bien. Sans doute a-t-on “voulu aussi, en plaçant cette grande entreprise . Scientifique sous l'égide de l’une des gloires les plus élevées de la Biologie contemporaine, lui concilier dès l’origine la sympathie des physiolo- _gistes de toutes les nations, qui se déclarent les . disciples de notre illustre compatriote et sont tous tributaires de ses méthodes et de ses découvertes. … Die Chemische Ludustrie, 11 novembre 1900. C. Bacu : Zeitschrift des Vereine s Deutscher Ingenieure, 28 mars et 13 juin 1896. — Voir aussi le Génie civil de 1891. Nous allons essayer, dans les lignes qui vont suivre, d'indiquer l'origine, le but et le développe- ment possible de l'institution que M. Marey consi- dère comme le couronnement de sa carrière seien- tifique. Depuis de longues années, le savant professeur étudie le mouvement des êtres vivants. Il a créé des méthodes et des instruments qui permettent d’ana- lyser des actes trop rapides on trop compliqués pour être saisis par l'observation directe. C'est ainsi qu'il a traduit, soit par des courbes, soit par la Chronophotographie, les mouvements du pouls, les battements du cœur, les actions musculaires, enfin les différents types de la locomotion animale, sur terre, dans l'air ou dans les eaux. Ces méthodes, répandues en tous pays, ont provoqué la construction de nombreux instru- ments. Mais, cette construction n'étant pas soumise à des règles précises, il en est résulté que certains appareils sont infidèles et que, d'une façon géné- rale, les indications que fournissent les divers enre- gistreurs sont très difficilement comparables entre elles. Il s'ensuit, pour les physiologistes, une situa- tion analogue à celle qui, récemment encore, tenait à la diversité des poids et des mesures dans les divers pays. On sait comment la fondation d'un Bureau International des Poids et Mesures à fait cesser tous ces désaccords. Un Établissement ana- logue est nécessaire pour faciliter et faire con- corder les travaux des divers physiologistes. Du reste, dans toules les sciences, on observe aujourd'hui cette tendance à rec hercher la pré- cision, à créer des unités de mesure internatio- nales, à réaliser enfin une entente aussi parfaite 4194 que possible entre les travailleurs de tous pays. Est-il besoin de rappeler l'immense service qu'a rendu à la Science le Congrès international des Électriciens tenu en 1881? En adoptant, pour la mesure des phénomènes électriques, un système indépendant des appareils qui les engendrent, et en choisissant, pour ces mesures, des unilés reliées à celles du système métrique et susceptibles d'être, d'après leur définition théorique, réalisées sous la forme pratique d'éfalons concrets, le Congrès a permis à la science et, par suite, à l'industrie élec- triques, de progresser d’une façon régulière, sans discussion stérile, par l'effort combiné de tous les physiciens. Les instruments de mesure pour l’élec- tricité ont été construits avec le plus grand soin el soumis à des contrôles sévères; ils sont tous com- parables entre eux. Il s’est déjà formé de par le monde divers Établis- sements destinés au contrôle des appareils. Tous nos lecteurs connaissent le Pavillon de Breteuil, sis à Sèvres. L'Allemagne a créé le Physikalisch- technische Reichanstalt, de Charlottenbourg, pour le contrôle de certains instruments de Physique; la Russie, l'Établissement de Kiew pour les instru- ments d'Optique; l'Angleterre et la Suisse s’appli- quent avec très grand soin au contrôle des chro- nomètres; il se fonde partout — même en France, entin! — des laboratoires de Mécanique pour l’es- sai et le contrôle des machines et des matériaux de construction. La Physiologie ne serait-elle pas assez avancée pour exiger aussi le contrôle de son outillage el l'adoption d'unités de mesure identiques dans tous les laboratoires? Personne n’oserait émettre une pa- reille assertion. Aussi, lorsque, au 4° Congrès inter- national des Physiologistes tenu à Cambridge en 1898, M. Marey insisla sur la nécessilé de contrôler sévèrement les instruments inseripteurs employés en Physiologie et d'en rendre autant que possible les indications comparables entre elles, trouva-t-il tous les esprits préparés à adopter cette idée. Le résultat de cette mémorable séance a été publié dans une Note à l'Académie des Sciences par M. Marey lui-même”, Quelques emprunts à ce Rapport nous permettront d'exposer les vues de l’auteur. La Physiologie, disait-il, ne progresse aujour- d'hui que par l'effort commun d’une légion de chercheurs répandus dans le monde entier. Bien des obstacles rendent difficile cette collaboration internationale : la diversité des langues n'est pas le moindre d'entre eux. II semble cependant que le physiologiste se trouve dans une siluation parti- * Mesures à prendre pour l'unification des méthodes et le contrôle des instruments employés en Physiologie. Comptes Rendus, séance du 29 août 1898, pages 376 et suivantes. LOUIS OLIVIER — L'INSTITUT MAREY culièrement favorable, grâce à l'emploi de la mé- thode graphique, dont il use largement. Quand il exprime par une courbe les phases d'un phénomène observé, il se sert d'une langue universelle, sou- mise à des règles très simples, sur lesquelles il sera facile de s'entendre. Il suffira d'adopter, par une convention internationale,les mêmes unités de lon- gueur pour exprimer les durées et les intensités des divers phénomènes. Rien n'est donc plus simple que de se mettre d’accord sur la manière de repré- senter les variations des phénomènes par des courbes. La situation est plus embarrassante en ce qui concerne l’emploi des appareils inscripteurs, car, outre que ces instruments tracent à une échelle arbitraire la courbe des phénomènes, ces courbes sont parfois inexactes, à cause de l'imperfection des instruments. « À leur apparition, les appareils inseripteurs physiologiques semblaient promettre l’expression authentique des phénomènes eux-mêmes. Les choses, malheureusement, n'étaient pas aussi simples : on s'aperçut bien vite que le même phé- nomène, inscrit par des appareils différents, don- nait des courbes différentes. Un manomètre à mer- cure, par exemple, en traçant les phases de lx pression du sang dans une artère, fait interférer avec ces variations les oscillations propres de sa colonne de mercure, landis qu'un levier léger obéit plus fidèlement aux changements de pression qu'il trace. « Les leviers, toutefois, n'ont pas une masse négli- geable, et les effets de l’inertie altèrent parfois la courbe d'une manière d'autant plus prononcée que le mouvement communiqué est plus rapide. « Que d’interprélations hypothétiques n'a-t-on pas données pour expliquer physiologiquement des inflexions d’une courbe qui n'’élaient dues qu'aux vibralions propres du style traceur! Inversement, que de fois n'a-t-on pas attribué à des vibrations du style cerlains détails de la courbe qui apparte- naient réellement au phénomène enregistré! « C'est que la construction des instruments ins- cripteurs est extrêmement délicate; presque tous, dans leur forme primitive, donnaient des courbes infidèles » ; beaucoup d’entre eux sont encore très imparfaits. « Il existe des principes qui doivent présider à la construction de ces instruments, et, d'autre part, des méthodes qui permettent d’en contrôler la fidé- lité, et de déterminer jusqu'à quelle limite de vitesse leur style trace des courbes exactes. « Le principe dominant pour la construction de ces appareils, c'est qu'il faut éviter les effets de l'inertie des masses en mouvement, effets qui sont. proportionnels à ces masses elles-mêmes et au x : 1 | 4 ; 4 | È ? LOUIS OLIVIER — L'INSTITUT MAREY carré de la vitesse qui leur est communiquée. On devra donc, pour mesurer les variations de la pression du sang dans le cœur ou dans une artère, ou pour mesurer la traction élastique d'un muscle qui se contracte, opposer à ces forces, non pas des poids, mais des ressorts. Et comme les ressorts eux-mêmes n'ont pas des masses entière- ment négligeables, les effets de leur inertie se font sentir proporlionnellement au carré de la vitesse. C'est donc cette vitesse qu'il importe de réduire en ne donnant aux tracés qu'une très faible amplitude. On ne manquera pas, ensuite, de moyens pour amplifier optiquement une courbe presque micro- scopique. « Sur ce principe de l’atténuation des effets de l'inertie ont été construits des instruments d'une fidélité admirable. On connaît les merveilleux ré- sultats obtenus par Schneebeli, par Hensen, par L. Hermann, qui ont réussi à inscrire, avec leurs caractères les plus délicats, jusqu'aux ondulalions de l'air produites par la voix humaine, avec une fréquence qui atteint parfois plusieurs milliers de vibrations par seconde. « La plupart des mouvements qu'étudie le phy- _ siologiste sont relalivement lents; aussi, des instru- ments qui seraient absolument incapables d’ins- crire des actes très rapides peuvent encore donner de bons tracés du pouls et de la pulsation du cœur, si l'amplitude et la fréquence de ces mouvements - ne sont pas trop grandes. C'est ici qu'interviennent les méthodes de contrôle qui ont pour but de déter- . miner les limites dans lesquelles on peut avoir corf- - fiance dans la fidélité d’un enregistreur. « Ces méthodes sont nombreuses »... Pourquoi faut-il qu'elles ne « soient pas généralement en - usage et que chaque physiologiste ne sache pas . exactement quel degré de confiance méritent les # instruments qu'il emploie? Que d'efforts perdus, lorsque, à la suite d’un long travail, on n'a obtenu . que des résultats sans valeur par la faute de l’ins- ‘trument employé! De tels travaux ne sont pas seu- lement inutiles, ils sont nuisibles; ils encombrent … la bibliographie de documents erronés, qu'on ne peut souvent distinguer de ceux qui sont exacts. Chaque jour aggrave cette siluation fàcheuse et compromet une méthode sur laquelle on fondait - légitimement les plus belles espérances. | 1 « Ce danger pressant », tous les physiologistes le connaissent: ils doivent « rechercher les moyens d'y remédier ». - … Le remède est dans l'emploi de méthodes pré- “cises et uniformes; un courant irrésistible emporte toutes les sciences dans cette direction. En Physio- | logie, l'analyse des gaz, la Calorimétrie, la Chrono- Photographie donnent déjà des résultats d’une précision absolue. Les courants électriques des 195 nerfs et des muscles sont mesurés par les méthodes qu'emploient les physiciens. Donnons à tous nos appareils des indications exactes et comparables entre elles, et « notre science n'aura rien à envier aux plus avancées ». Pour réaliser ce progrès, il était nécessaire de constituer une Commission internationale de phy- siologistes dévoués à cette œuvre. Que chacune des nations représentées au Congrès, demandait M. Ma- rey, élise un commissaire et lui donne pouvoir pour participer à la conduite des travaux, pour se choisir des collaborateurs, pour s'éclairer auprès de ses collègues sur les desiderata les plus impor- tants, enfin, pour prendre les avis des physiciens ou des mécaniciens les plus capables, afin de recon- naître et de surmonter les difficultés de la tâche. On arrivera ainsi, bien vite, à constituer une série d'instruments dont la Commission pourra recom- mander l'emploi aux physiologistes, parce qu'ils se rapprocheront plus que les autres de la perfec- tion désirée, Cette proposilion, discutée dans une séance spé- ciale du Congrès, a été adoptée et a donné lieu à la résolution suivante : Il est créé une Commission internationale pour létude des moyens de rendre comparables entre eux les divers inscripteurs physiologiques, et, d'une façon générale, d'uniformiser les méthodes em- ployées en Physiologie. Cette Commission est formée de MM. Bowditcb, Fosier, von Frey, Hurthle, Kronecker, Marey, Mislawsky, Mosso et Weiss. Chacun de ces commissaires, dans le pays qu'il représente, recueillera les avis de ses collègues et ceux des physiciens les plus compétents. Il se tiendra en relation avec M. Marey. Enfin, tous les commissaires se réuniront en septembre 1900 à Ja Station physiologique de Paris, où seront centræ- lisés et discutés les résultats déjà acquis. IT Un important succès venail d'être obtenu au Congrès de Cambridge : la Commission de contrôle était formée. Il s'agissait maintenant de savoir si le même accueil serait fait aux idées de M. Marey par les physiologistes qui n'avaient pas assisté au Congrès. Cet accueil fut des plus favorables; une seule objection fut émise, et nous n'en parlerions même pas, tant elle nous semble peu fondée, si M. Marey lui-même n'avait tenu à y répondre, par déférence- pour le collègue qui l'avait formulée : « L'obligation d’un contrôle pour les instruments inscripteurs ne va-t-elle pas restreindre la liberté du physiologiste, entraver son initiative, l'empêcher 16 LOUIS OLIVIER — L'INSTITUT MAREY de recourir à ces mille artifices ingénieux d’où sont nées toutes les découvertes? » Une telle inquiétude eût été vite dissipée si elle se fût produile dans une séance de congrès. En effet, le but de la Commission de contrôle n'est pas d'imposer aux physiologistes le choix de certains instruments, mais de signaler à ceux qui le désirent les instruments dont les indications sont exactes et comparables entre elles. Quant à limiter le choix des moyens d'investiga- tions, personne n'y a jamais pensé. Quand il s'agit d'aborder l’élude d'un phénomène, chacun, sui- vant son ingéniosité propre, recourt à des moyens qu'il improvise à son gré. Mais, si, au cours d'une expérience, il a besoin de faire une mesure, il faut nécessairement qu'il recoure à des instru- ments aussi exacts que possible. Si, par exemple, il veut connaître les phases de la variation de la pression du sang, celles de la température d’un organe où ses changements de volume, l'appareil employé doit enregistrer fidèlement ces phases. Si la Commission réussit, comme elle se le pro- pose, à éclairer les physiologistes sur la valeur des instruments qu'ils emploient,-elle aura déjà rendu un grand service. Et si, en éclairant les construc- teurs sur les principes qui doivent les guider, elle ‘obtient la créalion de types nouveaux d'instru- ments, à la fois exacts et comparables entre eux, son succès sera complet. Il ne sera pas besoin d'imposer l'usage de pareils instruments; les physiologistes adoptleront d’eux- mêmes un oulillage qui leur donnera le moyen de se comprendre les uns les autres, d'associer leurs efforts et d'assurer la valeur de leurs travaux. Revenons à la Commission elle-même : la voici constituée ; mais elle manque de tout. Les locaux de la Station physiologique se prêtent mal à ses besoins; il faudrait obtenir un bäliment spécia- lement aménagé pour elle. Fort de l'appui du Congrès -des Physiologistes, M. Marey s’adressa au Gouvernement français, et M. le Ministre de l’Instruction publique sollicita des Chambres un crédit pour les constructions nouvelles. L'allo- calion demandée fut réduite à 50.000 francs par la Commission du budget. Dès que cette somme fut votée ‘, on cormenca les constructions. Le bàli- ‘ On lit dans le Rapport de la Commission du budget pour l’année 1899 : « Voici comment le Gouvernement motive cette demande de crédits : « Le crédit est destiné à la construction d'un laboratoire pour le contrôle interaational des appareils inscripteurs et l'unification «es méthodes en Physiologie. à Le Congrès a été frappé de l'arbitraire qui règne dans l'emploi de la méthode graphique; la construction des appareils enregistreurs physiologiques, trop souvent livrée à des mains iuhabiles, a produit un grand nombre d'appareils défectueux. En conséquence, une Commission. où figure un ment, resté incomplet par suite de l'insuffisance des crédits, a cependant permis à la Commission de se mettre à l'œuvre dès le mois de septembre 1900. Déjà, certaines études préparatoires avaient élé faites: M.Marey, dans un article-programme ‘, avait exposé les développements qu'a pris la méthode graphique pendant la seconde moitié du xrx° siècle et comment elle s'applique aujourd'hui à des usages divers. Elle inscrit les variations des forces mécaniques, électriques, thermiques; les phases des mouvements mécaniques, soit dans les fonc- tions de la vie organique, soit dans celles de la vie de relation : locomotion sous formes diverses, phonation, etc. D'autre part, des expériences de contrôle avaient été commencées à la Station physiologique sur un certain nombre d'instruments qu'on avait pu se procurer. Ces études avaient montré que, parmi les appareils à cylindre tournant, construits en différents pays pour l'inscription des divers phé- nomènes, il en est un grand nombre qui sont très remarquables sous le rapport de la régularité de leur marche; que, du reste, le contrôle permanent de cette marche au moyen du chronographé met à l'abri de toute erreur au point de vue de l'appré- ciation des durées; mais qu'il est indispensable qu'une entente s’établisse afin que les constructeurs adoptent cerlaines vitesses toujours les mêmes pour chacun des principaux phénomènes qu'il y à lieu d'inscrire; de cette sorte, l'aspect des courbes ne serait plus altéré par les différences de vitesse du HÉLISS qui les reçoit. lusieurs instruments à levier ont été épalemer comparés entre eux, et l’on a constaté que, soumis à un même mouvement, ils traçaient parfois des courbes très sensiblement dissemblables. C'est donc particulièrement aux instruments traceurs que la Commission devait s'attacher afin d'apprécier exac- tement la valeur relative de chacun d’eux. et, si elle n'en trouvait pas d'absolument fidèle, de chercher à réaliser de nouveaux types irréprochables,. Ici, le rôle de la Commission devenait parti- culièrement délicat. En effet, personne n'a qualité nou UDC ni pour condamner uniquement délégué des huit principales nations, a été chargée du contrôle de ces appareils. « Les notes et travaux des délégués seront centralisés à la Station physiologique du Parc des Princes. Cette Com- mission se réunira pour la première fois en assemblée plé- nière en août 1900. « Notre pays ne peut décliner | Roneie qui lui est fait; mais la Station physiologique ne possède pas de locaux suffisants ; il est donc indispensable de procéder à la cons- truction d'un bâtiment spécialement aménagé pour les travaux de contrôle des appareils. » ! Cinquante ans d'applications de la méthode graphique en Physiologie. Volume jubilaire de la Société de Biologie, Paris, 1899. Le - t LOUIS OLIVIER — d'après son appréciation personnelle la valeur de tel ou tel instrument. Un appareil de contrôle, inat- _Laquable dans son principe, peut seul intervenir en pareil cas. On l’a vu maintes fois, des questions Lenues pour litigieuses tant qu'elles étaient restées soumises à la seule appréciation des observateurs, ont été jugées en dernier ressort par l'intervention _ d'instruments de mesure. L'inscription de la plupart des phénomènes phy- siologiques consiste à traduire les phases de la va- riation d'une /orce élastique. Ces conditions s’enre- . gistrent tout aussi bien quand on étudie la pression _ du sang que lorsqu'il s’agit des changements de longueur d'un muscle. Pour mesurer celte force _élastique, on lui oppose celle d’un ressort, ‘de pion que la prédominance de l’une de ces deux forces antagonistes sur l’autre engendre un mou- vement qu'un levier amplifie et inscrit sur un cylindre. - Suivant que, dans l'appareil inscripteur, le mou- vement se transmet à des pièces plus ou moins massives, et, surlout, suivant que ces pièces recoi- vent une vitesse plus ou moins grande, la forme des tracés diffère sensiblement; plus ou moins allérées ar les vibrations propres du levier inseripteur, les vibrations qui interfèrent avec les inflexions de la courbe tracée la défigurent parfois complètement. D'autre part, quand on comprime un liquide dans un système de tubes élastiques, la masse du liquide, nimée de mouvements alternatifs, prend parfois “des vibrations propres, et-la forme des courbes se modifie de ce chef sans que l'appareil inscripteur soit responsable de ces-changements. Pour se mettre à l'abri de celle cause d'erreur, M. Marey comprime dans ses tubes non pas de l’eau, ais de l'air, c'est-à-dire un fluide dont la masse légligeable ne donne pas lieu à des altérations du iouvement qu'il s’agit d'inscrire. Les premiers essais de contrôle faits montrent que les résultats seront tout à fait salisfaisants avec un appareil construit sur le même principe, maïs ans des conditions moins imparfaites. { TITI F2 … Au moment où les travaux de contrôle commen- aient à s'organiser, il se produisit dans le monde Scientifique un événement de haute importance. L'Association internationale des Académies se fon- dait. C'est-à-dire que l'élite des savants du monde enlier se réunissait en une puissante fédération, dont le but; défini par l’article 3 de ses statuts, était « de préparer où de promouvoir des travaux scien- | lifiques d'intérêt général, qui seront proposés par ) Dune des Académies qui font partie de l'Associa- | lion, et, d'une manière générale, de faciliter les rap- “ L'INSTITUT MAREY 197 ports scientifiques éntre les différents pays ». Cette définition répondant entièrement au pro- gramme de la Commission internationale de con- trôle, celle-ci a pensé qu'il lui serait très avan- -tageux de se placer sous le patronage de cette puissante autorité. En conséquence, M. Marey demanda à être entendu par le Comilé permanent de l’Associalion internationale des Académies sié- geant à Paris le 9 août 1900. Il exposa le but que se proposait la Commission de contrôle, et, après déli- bération, le Comité permanent admit à l'unanimité -que ce genre de travaux était bien de ceux aux- quels devait s'intéresser l'Association. Plus tard, le 16 avril 1901, une réunion plénière de l'Association se réunit à Paris. M. Marey, officiellement délégué par l’Académie des Sciences, fit connaître en détail devant: cette Assemblée le but que visait la Com- -mission de contrôle, les travaux déjà exécutés, les principes qui permettraient de corriger les défauts des appareils inscripleurs ; il ‘exposa les appli- cations de la Chronophotographie à l'étude des mouvements des êtres vivants, etc. A la suite de ce Rapport, l'Association tout entière se rangea à l'avis émis par son Comilé permanent et prit sous ‘son patronage la Commission de contrôle, lui don- nant ainsi le plus grand appui moral qu'elle pût sou- haiter. On se souvient des honneurs rendus par le Gouvernement et par la ville de Paris aux délégués de l'Association des Académies. On saluait en elle la plus haute représentation du génie humain, la plus haute autorité dont pût se réclamer une œuvre scientifique. L'Association accepta de désigner des membres nouveaux pour faire partie de la Commission de contrôle, afin de lui apporter le concours de physio- Jogistes et de physiciens éminents. Trois membres nouveaux furent ainsi choisis par l'Association des Académies : M. L. Fredericq, de Liége, et MM. A Chauveau et A. Cornu, membres de l'Académie des Sciences de Paris. A dater de ce jour, la Commission de contrôle entrait dans une phase nouvelle : elle devenait une émanalion de l'Association internationale des Aca- démies et se soumettait à ses statuts. Au mois de septembre de la même année, la Commission de contrôle se réunissait à la Station physiologique, discutait les résultats déjà obtenus -et formulait une série de propositions à transmettre aux physiologistes. Ces propositions étaient présentées sous forme de vœux, la Commission ayant pour .principe de s'éclairer de tousles avis compétents. En indiquant les mesures qui lui semblaient capables de pro- duire une entente efficace entre les physiologistes, elle sollicitait les critiques de chacun d'eux. Nous ne pouvons reproduire en entier les vœux 198 LOUIS OLIVIER — L'INSTITUT MAREY L présentés par la Commission": ils élaient au nombre de 24; nous donnons seulement les 6 premiers : 1° Zl est désirable que, dans les tracés que l'on publie, les temps Soient représentés par des unités nétriques, c'est-à-dire que la seconde y corres- ponde au centimètre, à ses multiples ou à ses sous- multiples (un cylindre qui tourne avec une vitesse d'un centimètre par seconde aurait une vitesse convenable pour les tracés du pouls, du cœur et de la respiration ; un décimètre à la seconde convien- drait pour la myographie; les sous-multiples du centimètre serviraient pour inscrire les phéno- mènes très lents); 2 Les tracés devront toujours se lire dans le sens de l'écriture ordinaire, c’est-à-dire de gauche a droite ; 3° La reproduction typographique des tracés devra se faire par des procédés dérivés de la pho- tographie, c’est-à-dire sans l'intervention de la main du graveur ; 4 Les temps seront toujours tracés au chrono- graphe, celui-ci inscrivant en même temps que les autres styles traceurs ; 9° Une lettre majuscule devra être gravée sur tout cliché qui ne portera pas de texte, afin d'éviter qu'à Timprimerie le cliché soit retourné ; 6° Quand on se servira de styles traceurs, il sera à préférer que ces styles écrivent sur une surface horizontale, les indications des leviers étant ainsi plus fidèles. Ces exemples montrent qu'il est d'ores et déjà facile de s'entendre sur bien des points, pour faire disparaitre quelques-unes des causes qui rendent les tracés physiologiques si difficilement compa- rables entre eux. D'autres vœux sont relalifs à la technique instru- mentale. Sur ce sujet, il a élé fait, en ces der- nières années, d'importants travaux par des phy- siologisles, dont les uns font partie de la Commis- sion de contrôle et dont les autres lui sont étran- gers. Il faut que tous ces travaux soient utilisés pour l'amélioration de l'outillage. A cet effet, des sous-commissions ont élé formées pour l'étude de divers points. particuliers. Elles devront s'éclairer des avis de tous les physiologistes qui ont en ces malières une compétence spéciale. Ces sous-commissions auront à s'occuper de questions variées : de la Chronographie, de l'ins- criplion des mouvements, de celle des pressions, des quantités de chaleur, des phénomènes élec- triques, etc. Il y aura lieu, également, d'établir une entente sur la manière de tracer les courbes des 1 Ces vœux ont été publiés in extenso dans les Archives italiennes de Biologie. Dans le Compte Rendu de la pre- mière session de la Commission internationale de contrôle. Turin, 40 décembre 1899, différents phénomènes, afin que cette représen- tation soit, en tous pays, claire, saisissante et uniforme. On a, enfin, constitué une Commission spéciale de terminologie, qui devra choisir ou créer les noms les plus convenables pour désigner en tous pays les instruments ou les méthodes d'inscription des phénomènes. Cette terminologie devra être soumise à l'appréciation des physiolo- gisies avant d'être proposée par la Commission pour un usage international. IV Au mois de septembre dernier, pendant la durée du Congrès international des Physiologistes sié- geant à Turin, les membres de la Commission de contrôle se sont réunis dons celte ville, afin d'échanger leurs vues sur la suite à donner à leurs travaux ultérieurs. Une exposition d'instruments avail été organisée sous la direction du Professeur Mosso. Les appa- reils nouveaux qui y étaient présentés prouvaient que cerlains constructeurs s'éient déjà préoc- cupés de réaliser les perfectionnements que la Commission avait signalés comme utiles. Ainsi, ils ont cherché à substituer aux membranes de caout- chouc des substances moins altérables et d'une élasticité plus constante. Deux types d'inscripteurs à levier, l'un formé d'un tambour à membrane en celluloïd, l’autre muni d’un cylindre à piston étanche, ont été adressés à la Commission par M. Milding Sandstrom, de Lund (Suède), afin d'être soumis au contrôle. M. Marey se hâte de donner la forme définitive à l'instrument qu'il a imaginé dans le mème but. D’autres appareils sont annoncés encore. La Commission doit procéder d'une manière . régulière aux divers contrôles. Ce sont les membres de cette Commission, où siègent cinq délégués de l'Association internatio- nale des Académies, qui, voulant témoigner à M.Marey leur reconnaissance pour l’iniliative qu'il a prise et leur confiance dans sa direction, ont décidé de donner au nouvel Établissement le nom d'Znstitut Marey. Ils ont rédigé les slatuts de cet Institut, et, inlathenc cs à après les avoir signés, les ont adressés au Comité permanent de l'Association internationale des Aca- démies sous la forme que voici : Statuts de l’Institut Marey. ART. dr, — La Commission internationale, créée, au Congrès de Physiologie de Cambridge en 1898, pour le contrôle des instruments enregistreurs et l’unification des méthodes en Physiologie, est placée depuis 1901 | sous le patronage de l'Association internationale des LOUIS OLIVIER — L'INSTITUT MAREY Académies, dont elle constitue une Commission spé- _ ciale. Elle est soumise au $ 10 des Statuts de l'Associa- tion internationale des Académies et au Règlement qui _ le complète. ART. 2. — La Commission a son siège à Paris, dans le nouveau bâtiment construit pour elle au Parc des Princes avec une subvention spéciale de l'Etat francais. L'Institution prendra désormais le nom d’Institut _ Marey. ART. 3. — La Commission se compose : 1° des mem- bres nommés par le Congrès de Physiologie de Cam- bridge et agréés par l'Association des Académies; 20 de membres nommés par les Académies constituant PAssociation des Académies *,. ART. #4. — Le Président, le Vice-Président et le Se- crétaire sont nommés par la Commission elle-même. Tous les trois ans, la Commission procédera à une nouvelle formation de son Bureau, les membres sor- tants étant rééligibles. ART. 5. — La Commission se réunit au moins une fois par an pour discuter les questions à mettre à l'étude et pour approuver les rapports. C’est dans ces réunions que sera examinée l'opportunité de l’adjonc- tion des membres nouveaux à présenter par l’Associa- tion des Académies. ART. 6. — Toutes les propositions ou rapports pour la réunion annuelle de la Commission devront être transmis, par l'intermédiaire du Secrétaire, à chacun des membres, un mois avant cette réunion, ART. 7. — Toutes les publications officielles seront faites par les Archives italiennes de Biologie ?. ART. 8. — L'un des devoirs de la Commission sera de créer une collection choisie d'instruments de Phy- siologie, dont l’essai et l'étude seront à la disposition de tous les physiologistes. Après avoir arrêté les présents Statuts, la Commis- sion a décidé, à l'unanimité, qu'un rapport sera fait au Président du Comité permanent de l'Association inter- nationale des Académies pour demander l'intervention de ce Comité auprès de l'Etat francais, de la Ville de Paris et de diverses Académies, afin d'obtenir des sub- ventions annuelles, destinées à assurer le fonctionne- ment dudit Institut. ! La Commission se compose actuellement de MM. Marey, Président; Kroxecker, Vice-Président; Weiss, Secrétaire. Membres nommés à Cambridge : MM. Bowprrcu, Foster, von Frey, HüRTaLE, KRONECKER, Marey, MisLawsky, Mosso, WEIss ; Membres nommés par l'Association des Académies MM. Cuauveau, Connu, FREDERICQ, WALLER. .? La Commission espère disposer ultérieurement de plu- sieurs organes pour la publication de ses travaux. 199 ÿ Nous venons de décrire, d'après les documents qui nous sont parvenus, la lente et laborieuse création de l’Institut Marey. Bien des obstacles ont été surmontés, grâce à la ténacité de notre éminent physiologiste. Des difficultés d’un autre ordre l'attendent au- jourd'hui : il faut beaucoup d'argent pour l’achè- vement des constructions, l'achat d'fnstruments coûteux et l'entretien d'un personnel spécial. On peut dire que, dans un établissement de ce genre, les résultats oblenus sont en raison directe des ressources matérielles. L'Association internationale des Académies ne peut guère offrir à M. Marey que son appui moral. Plusieurs des Académies qui la constituent se sont, il est.vrai, engagées à lui fournir des subventions temporaires; d’autres Académies suivront peut-être cet exemple ; mais ces ressources sont nécessaire- ment insuffisantes. C’est sur l'initiative privée qu'il faut compter pour soutenir un établissement autonome et fondé dans l'intérêt général. Une souscription interna- tionale est ouverte à ce sujet. M. Marey, ne voulant assumer aucune respon- sabilité dans la gestion des sommes qui lui seront offertes, a prié trois de ses amis de former un Comité pour en surveiller l'emploi. MM. Brouardel et Chauveau, de l'Institut, M. Labbé, professeur à la Faculté de Médecine, ont accepté de constituer ce Comilé. M. Pierre Masson, éditeur, en est le trésorier. Enfin, des élèves, des collègues et des amis de M. Marey : MM. Carvalho, François-Franck, Charles Richet et Louis Olivier, se sont chargés de faire connaître, par la Presse, le but de l'Institut de contrôle, ses développements successifs el ses besoins matériels. Louis Olivier. 200 W. NERNST — MÉTHODES ET THÉORIES ÉLECTRIQUES EN CHIMIE LES MÉTHODES ET LES THÉORIES ÉLECTRIQUES EN CHIMIE Les phénomènes électriques, par la diversité des ltransformalions auxquelles ils se prêtent, ont occupé au xiIx° siècle le premier rang dans les Sciences et dans les Arts industriels; notamment, tnt en théorie qu’en pratique, ils ont exercé une action prépondérante sur la marche de la Chimie soit pure, soit technologique. Nous nous proposons d'indiquer, dans les pages qui vont suivre, le rôle possible des méthodes et des théories électriques dans le domaine chimique. Avant d'aborder ce sujet, il semble utile d’appe- ler l'attention sur cette tendance de la Physique moderne à abandonner la théorie des deux fluides électriques et à considérer l'électricité comme un mode de mouvement. Celle manière de voir nous paraît peu justifiée. Il est vrai qu'on a pu ramener les phénomènes lumineux à des mouvements oscil- latoires el qu'on a fait de l'Optique une branche de l'Électricilé au moyen de la théorie électromagné- tique de la lumière, ce qui prouve que les deux sortes de vibrations ont même origine commune. Mais cela ne suffit pas pour résoudre la question de savoir si l'électricité est une matière pondérable ou un mode de mouvement. Voici un exemple qui va éclaircir cette question : On sait que les sensations sonores sont dues à des vibrations de l'atmosphère; mais on ne peut pas en conclure que l'air est un mode de mouve- ment, eh bien, on a tendance à commettre une erreur analogue en Électricité. Comme c'est la Chimie qui nous à renseignés sur la composition de l'air, nous croyons, en généralisant l'exemple pré- cédent, que ce seront des méthodes analogues à celles que l’on emploie en Chimie qui nous révéle- ront la vraie nature de l'électricité. On connait les rapports qui existent entre la constitution de la molécule à partir des atomes et le caractère électroposilif et électronégatif de ces atomes, autrement dit, les liens qui existent entre la Chimie et la théorie des jons. À cause du rôle déjà important des ions en Chimie, on voit tout de suite l'influence que pourra avoir l'électricité en Électrochimie et en Chimie proprement dile. Tout ce qui, en Électricité, se rapportera aux ions sera d'une grande utililé en Chimie. En particulier, nous savons que la dissolution des corps dans l’eau les résout en ions pour la plupart, ce qui lient probablement à ce que l’eau possède une forte constante diélectrique. Les dissolutions dans l’eau seront donc d'un usage très approprié pour l'étude des phénomènes électrochimiques. Chaque fois qu'il sera question d'électricité en Chimie, on pourra traiter le phénomène par les ions. Ainsi, quand nous considérerons un sel dissous dans l’eau, nous déterminerons immédiate- ment son poids moléculaire d'après les règles de Van l'Hoff et Avogadro ; Arrhénius, le créateur de la conception moderne de la dissociation électro- lylique, nous 4 montré comment on peut en tirer des renseignements sur la quantité et la qualité des ions, dans lesquels le sel s’est dédoublé, sur- tout si l’on y raltache des considérations d’analogie chimique; Hittorf nous a montré que les radicaux chimiques sont aussi des ions. Et la manière de se " comporter d'un sel au point de vue chimique suffit “ pour nous faire connaître ses propriétés. D'autre … part, on peut se servir de méthodes purement élec- mélaux el les dissolutions nous donne le nombre el. la nature des ions de la solution. Les mesures de conduclibilité électrique et de force électromotricen ‘lriques; la force électromotrice qui existe entre les offrent donc une grande importance pour des“ recherches purement chimiques. L Grâce aux travaux de Kohlrausch, la détermina-" tion de la conductibilité a atteint une grande sim= plicité et un haut degré de.précision. Il suffit d'une bobine d'induction, d'un pont de Wheatstone, d'une boile de résistances, d'un téléphone et d’un vases muni d’électrodes. Nous ne saurions passer en" revue ici les applications de cette méthode à lan Chimie tout entière; contentons-nous d'en cite” un exemple qui, depuis les travaux d'Ostwald, à pris une grande importance. 3 On sait, depuis longtemps, que les acides dissous dans l'eau possèdent des caractères variables: avec la concentration; la formule scientifique de différents acides dissous n'a cependant pu être déterminée qu'en ces temps derniers, grâce à la théorie des ions et à la connaissance de l’action | de masse. Les acides dissous mettent en liberté un | Î ! certain nombre d'ions d'hydrogène; et toutes les réactions à caractère acide seront des réactions de ces ions d'hydogène. A cause de l'action de masse, le nombre de ces atomes d'hydrogène se | montre d'autant plus considérable que la concens tration de l'acide est plus forte. La conductibilité électrique de la solution, qui nous donne le nombre | >» - d'ions d'hydrogène libres, nous donnera donc aussi Ja concentration de l'acide. Dans les cas compliqués, quand il s'agit de sels - complexes, la mesure de la conduclibilité et l'étude de la résolution en ions marchent côte à côte. Quand on étudie par l’électrolyse une solution et - qu'on détermine ainsi les variations de concentra- . tion qui correspondent à la mise en liberté des | jons, on résout la question de savoir si un élément - ou ün radical se dépose dans le sens du courant ou . en sens contraire, c'est-à-dire si l’on à un ion po- silif ou négatif. Hittorf a déjà montré par des mesures exactes, dont il a poussé les calculs jus- - qu'au bout, que l’on peut savoir ainsi si l’on a un sel type ou un sel complexe. _ La conductibilité d’un sel est donnée par la D des conductibilités de tous les ions dans - lesquels il se résout; dans le cas des sels com- - plexes, le nombre d'ions est considérable; les résultats ne sont pas simples. Mais la détermina- tion de la force électromotrice peut cependant donner le nombre d'ions d’une espèce bien déter- minée; en effet, la différence de potentiel aux “électrodes ne dépend qüe de la concentration des ions que ces électrodes envoient en solution, ions qui sont d’une espèce bien déterminée. Le maté- -riel requis pour ces mesures se réduit à peu de chose : un galvanomètre ou un électromètre sen- sibles, un élément étalon et une boite de résis- lances suffisent dans la plupart des cas. Ainsi, en déterminant la force électromotrice existante entre un fil d'argent et une solution, on btient des données sur la quantité d'ions d'argent qui se trouvent libres dans la solution. Il existe ne relation entre la force électromotrice et le ombre d'ions d'argent, qui permet d'estimer des concentrations extrêmement faibles qu'aucun autre “procédé, même l'analyse spectrale dans les condi- “tions les plus favorables, ne peut donner. Ici aussi, je dois me borner à un exemple : L'eau à l'état de pureté n’est presque pas conductrice de électricité ; en d'autres termes, une proporlion | extrêmement faible se trouve décomposée en ions d'hydrogène et ions d'hydroxyle. Or, les premiers de : ces ions sontdutype acide,les seconds du type basi- | “que; l'eau est donc à la fois acide faible et base faible. | IL importe pour une foule de réactions de connaître le degré d’acidité ou de basicité de l’eau, et, pour . cela, il faut déterminer le très petit nombre d'ions d'hydrogène libres dans une solution neutre ou, . mieux, alcaline. Ostwald et Arrhénius ont résolu ! la question simultanément et indépendamment. Ils } ont déterminé la force électromotrice d’une élec- | trôde en platine chargée d'hydrogène, ce qui donne la concentration en ions d'hydrogène, quoiqu'elle : Soit extrêmement petite. he d: TT" W. NERNST — MÉTHODES ET THÉORIES ÉLECTRIQUES EN CHIMIE 20] Les méthodes électriques que nous venons de citer sont des sortes de sondes qui conduisent le savant aux eombinaisons chimiques, et grâce aux- quelles il peut y goûter pour ainsi dire. D'autre part, l'électricité est comme un outil puissant, car elle détruit les combinaisons chimiques, grâce à l’électrolyse; on vient, par ce moyen, à bout des combinaisons les plus stables. Le mécanisme de l'électrolyse est très facile à saisir : Les électrodes sont chargées par le courant, l'une positivement, l'autre négativement ; la pre- mière attire les ions négatifs, la seconde les ions positifs. Ces ions, qui étaient chargés d'électricité, passent ainsi à l'état neutre et deviennent mauvais conducteurs ; on comprend que le courant puisse être affaibli. Le courant arrache, en somme, à un certain nombre d'ions leur charge d'électricité. Cet effet est d'autant plus considérable que la force élec- tromotrice est plus forte. Comme nous pouvons augmenter celle-ci indéfiniment, nous arriverons à bout des forces chimiques les plus intenses. Les ions peuvent être des radicaux complexes : mais ils peuvent aussi être des corps simples. Si l'élément séparé par l’électrolyse n'a pas d'aclion sur le milieu dans lequel on opère, on aura cet élément à l'état de liberté. C'est ainsi que Davy isola les métaux alcalins en électrolysant les hydrates fondus ; il fallait opérer à l'abri de l’eau, car ces métaux agissent sur l'eau. Il y a une quin- zaine d'années, Moissan est parvenu à isoler le fluor, cequi avait été jugé jusqu'alors un problème insoluble, et il est curieux de rapprocher ces deux découvertes. Car, si les métaux électropositils décomposent l’eau par déplacement de lhydro- gène, le fluor la décompose aussi en metlant l'oxy- gène en liberté. Le problème fut résolu quand Moissan eut un électrolyte d'où l’eau était absente. en rendant l'acide fluorhydrique conducteur par l'intermédiaire du fluorure de potassium. Si l'on électrolyse un fluorure dissous, on obtient de l'oxy- gène, dû à l’action du fluor sur l’eau. Et, comme le fluor, en décomposant l’eau, donne de l'oxygène ozonisé, il sera très probable que l'oxygène obtenu par électrolyse d’un fluorure contiendra de l'ozone. Enfin, on sait que, depuis Davy, on à obtenu les métaux alcalins par des moyens purement chimi- ques, Il est possible qu'il en soit de même pour le fluor, qu’on sait être un agent très puissant d'Oxy- dation, puisqu'il décompose l'eau. Si le courant électrique décompose les subs- tances, inversement, de l'énergie chimique peut se changer en courant électrique. Le mécanisme de celte transformation a été aussiexpliqué par la théo- rie des ions et la théorie de la pression osmotique. La dissolution du zinc dans un élément de pile a quelque chose de semblable à la dissolution d'une 202 W. NERNST — MÉTHODES ET THÉORIES ÉLECTRIQUES EN CHIMIE substance dans un dissolvant. Mais, ce qu'il y à de particulier ici, c'est que ce ne sont pas des molécules neutres qui entrent en solution, mais des ions. Il est donc nécessaire qu'il se produise une certaine poussée électrique, et, dans des cir- constances appropriées, cela se manifeste par un courant électrique. Même si l’on opère sans précau- lions particulières, le zine se dissout dans un acide: mais, si les ions de zinc entrent en solulion, un nombre équivalent d'ions d'hydrogène sont mis en liberté à l'état neutre en cédant leur charge. En électrolyse, la différence de potentiel est le facteur important; de même, ici, le phénomène est déterminé par la différence de potentiel entre le métal et la solution. La nalure électrique de ces phénomènes ne peut pas être pénétrée davantage. Mais le sens des transformations chimiques pourra très bien se déduire du potentiel des ions. IT On à vu, par le phénomène de l'électrolyse, l’im- portance du rôle joué en Chimie par les forces élec- triques; plusieurs actions chimiques débutent par une dislocation des charges électriques. On peut donc se demander si les forces chimiques ne sont pas de nature électrique. Voyons d'abord comment on peut mesurer les forces chimiques. Quand deux substances se com- binent avec une grande rapidité par l'effet de sim- ple contact, on dit qu'elles ont une grande affinité l'une pour l’autre; mais, inversement, on ne peut pas dire que, si deux substances se combinent très lentement, leur affinité est faible; cela dépend de la nature des résistances que la réaction rencontre. Ainsi, l'hydrogène et l'oxygène peuvent demeurer mélangés à la température ordinaire sans se com- biner. De même que l'intensité d’un courant est proportionnelle à la force électromotrice et en raison inverse de la résistance, on dira que la vitesse d'une réaction est proportionnelle à l'affinité et inverse- ment proportionnelle à la résistance. Dans un élé- ment de pile, ces deux lois se trouvent être iden- tiques : la résistance est la même, l'intensité du courant est égale, d’après la loi de Faraday, à la vitesse de réaction, et laffinité chimique peut se mesurer par la force électromotrice. Mais la loi d'Ohm est vraie pour des phénomènes où la Chimie n'intervient pas : dans les dynamos, dans les piles thermoélectriques. De même, la loi chimique aura lieu dans des phé- nomènes où il n'y a pas de courant électrique : ainsi dans les phénomènes de combustion, et quand l'ac- lion s'exerce entre substances isolées électrique- ment. L'analogie entre ces deux lois conslilue, en tout cas, un rapprochement entre les réactions chi- miques et le courant électrique, ou, plutôt, les phé- nomènes de décharge électrique. L On voit, en particulier, que la détermination de la force électromotrice donne une mesure de l'affinité chimique. Ce n’est pas qu'il n'y ait pas d’autres procédés. Mais la mesure de la force électromotrice est la plus exacte, et nous voyons ainsi qu'une mé- thode purement électrique convient le mieux pour la détermination d'une grandeur chimique de la plus grande importance. On à admis assez souvent qu'il n'y avait guère lieu de s'inquiéter de la nature des forces chimi- ques, une fois que l’on savait quel était le travail qu'elles pouvaient fournir. Je n'aime pas beaucoup cette manière de voir. Si je considère en plein mou- vement une machine qui m'intéresse vivement, je ne serai pas satisfait quand je saurai le nombre de chevaux qu'elle peut fournir; je voudrai savoir si c'est un moulin, une machine à vapeur, une dynamo, ou autre. De même en Chimie. La recherche scien- lifique doit approfondir le mode d'action et la nature intime de chacune des forces en présence, si hypothétique que puisse être le terrain dans lequel on s'engage et si éloigné que l'on se trouve d'une réponse satisfaisante. Au point de vue historique, nous avons d'abord, comme essai d'explication à ce sujet, la théorie dua- listique provenant de l'étude de la Chimie inorga- nique. Les éléments ou radicaux sont rangés en deux catégories : les électroposilifs et les électronégatifs. Deux radicaux réagissentavec d'autant plus de force l'un sur l’autre que l’un est plus fortement électro- positif et l'autre plus fortement électronégatif. C'est le fondement de la théorie électrochimique de Ber- zélius. Mais le faitque les éléments ou radicaux sont les uns électropositifs, les autres électronégatifs est de peu d'importance; ce n’est qu'une traduction en termes physiques de faits chimiques. Ce que Berzélius cherchait, c'était d'expliquer le dualisme, si souvent remarqué dans les combinaisons chimi- ques, par comparaison avec les phénomènes des deux électricités. Survint ensuite la Chimie organique etses innom- brables combinaisons chimiques, qui ne rentrent pas dans la théorie dualistique. On a créé alors la théorie unitaire de constitution des composés organiques, c'est-à-dire la théorie de la valence, qui ne s'occupe d'aucun dualisme. Actuellement, on peut dire que ces deux théories, prises séparément, sontinsuffisantes: en Chimie, il y a lieu de tenir compte et de forces effectives, comme “celles qui constituent l'attraction newlonienne entre deux masses, et de forces polaires, comme les forces | électriques. italie W. NERNST — MÉTHODES ET THÉORIES ÉLECTRIQUES EN CHIMIE Le dualisme énoncé par Berzélius peut se rame- ner, par certains côtés, à la théorie des ions. Les éléments et radicaux qui sortent de combinaison comme ions positifs forment une des deux catégo- ries; les autres forment l’autre. Mais les radicaux libres ne sont pas chargés comme le considérait Ber- zélius; ils ne le sont qu'après combinaison dans une molécule, quand cette molécule se scinde en deux dans des condilions appropriées. Celte séparation électrique se manifeste surtout par conductibilité électrolytique; le courant électrique sépare alors la combinaison en radicaux libres. Mais elle peut se manifester aussi, comme Hittorf l’a montré, par de petits échanges d’un radical positif contre un autre, ou d'un radical négatif contre un autre, c’est- à-dire par une double décomposition. Hittorf a exprimé cela en ces simples mots : Les électrolytes sont des sels. Berzélius prenait comme degré de positivité ou de négalivité, si l’on peut s'exprimer ainsi, la charge électrique du radical. Or, oa sait, depuis Faraday, que la charge d’un ion ou radical est indépendante de la nature et, par suite, de la force de ce radical ; l'ion de potassium a autant de charge que lion d’ar- gent; l'ion de fluor, autant que celui d'iode, La positivilé ou négalivité se mesurera, au contraire, par la force avec laquelle cette charge se trouve attachée à l'atome. Ainsi, il suffit d'une force électromotrice très faible pour décomposer l'iodure d'argent, tandis qu'il en faut une très considérable pour décompo- ser le fluorure de potassium. La formule expérimentale de ce fait que tous les radicaux ont même charge électrique est la loi de Faraday : « Des quantités égales d'électricité mettent en liberté, dans différents électrolytes, des quan- tés équivalentes de matière. » Tout ce que nous savons vérifie l'exactitude de cette loi. On peut donc _ considérer comme précise la loi sur légale charge des différents ions monovalents. Quant aux ions polyvalents, on trouve que les ions bivalents ont une charge double, les trivalents une charge triple, etc. Ces faits si remarquables s'expliquent aujourd'hui très facilement, comme Helmhollz l'a montré dans son discours sur Fa- raday. Si nous admettons que l'électricité est bien un fluide malériel, ce qu'on peut toujours faire, comme Helmholtz l'a répété maintes fois, les ions sont une sorte de combinaison chimique entre les élé- | ments ou radicaux et les charges électriques. Si, maintenant, nous tenons compte de ce que les élé- ments ou radicaux les plus divers se combinent toujours à la même quantité d'électricité libre ou à une quanlité multiple simple de celle-là, nous woyons que la combinaison entre la malière et 203 l'électricité est soumise aux mêmes lois que les combinaisons entre matières diflérentes : loi des proportions définies, loi des proportions multiples. Rappelons-nous qu'il y à environ un siècle la découverte de ces lois fondamentales a permis d'introduire la théorie alomique dans l'étude des faits naturels et que, jusqu'à ce jour, ces lois sont restées le fondement de la théorie moléculaire : que, de plus, sans la théorie atomique, nous n'’ar- riverions guère à saisir le sens de ces lois fonda- mentales. Il en est exactement de même pour les lois analogues de l’Électrochimie : si nous admettons que le fluide électrique est continu, ces lois nous semblent inexpliquables ; si, au contraire, nous supposons que la quantité d'électricité se compose de particules de grandeur invariable, les lois précitées en seront évidemment une econsé- quence, Nous avons ainsi une théorie chimique de l'élec- tricité, sur laquelle nous allons jeler un coup d'œil. III En plus des éléments chimiques connus, il y en aura deux autres : l’électron posilif et l’élec- tron négatif. Ces électrons sont monovalents, c'est- à-dire que la valence d’un élément monovalent est satisfaile par un électron, etc. Le poids atomique de cet électron peut être considéré comme négli- geable vis-à-vis des autres grandeurs chimiques de même ordre. Des recherches faites dans un tout autre ordre d'idées, se rapportant surtout aux rayons cathodiques, et qui ont élé exposées par le D' Kaufmann, ont amené à considérer le poids atomique de l'électron négalif comme probable- ment égal à 1/2.000 du poids atomique de l'hydro- gène. En réalité, la question reste encore posée de savoir s'il s'agit d’une masse effective, au vrai sens du mot. En tout cas, celte grandeur est tout à fait négligeable dans les travaux chimiques, car elle est toujours inférieure aux erreurs inévitables d'expé- rience qu'on est habitué à faire jusqu'ici dans les analyses même les plus rigoureuses. Quant à l'électron positif, nous ne savons pas si son poids atomique n'est pas identique, ce qui pourrait bien être, car les phénomènes se rappor- tant aux rayons cathodiques n'ont encore rien découvert à ce sujet. Ce qui place ces deux éléments complètement à part, ce sont les forces d'une pature toute particu- lière qu'ils possèdent et qui sont si différentes de l’attraclion newtonienne. Les phénomènes relatifs à ces forces conslituent la partie physique de l'étude même de l'électricité, qui, depuis Coulomb et Ampère, s'occupe des lois qui régissent ces forces. 204 W. NERNST — MÉTHODES ET THÉORIES ÉLECTRIQUES EN CHIMIE J'ai parlé, dans la première partie de mon exposé, de ce qui se rapporte à la Chimie, c'est-à-dire con- ductibilité électrolytique, dispersion électrolytique, production du courant électrique, et j'ai constaté que ces phénomènes s'expliquent très facilement en partant des lois fondamentales de l'électricité, Siquelqu'un venait demander pourquoi ces deux éléments de caractère polaire opposé occupent une place à part vis-à-vis des autres éléments, on ne pourrait certes pas lui répondre. Mais c'est comme si l'on venait demander : Pourquoi le chlore est-il du chlore? ou pourquoi le sodium a-t-il les proprié- tés du sodium? Chaque corps a ses propriétés par- ticulières, que nous devons prendre telles qu'elles sont. Tout au moins, on peut cependant dire que la manière de se comporter de l’électron positif et de l'électron négatif rappelle, mais de très loin, deux corps opliquement isomères. Ainsi qu'on l'a déjà fait remarquer, les tons sont comme des combinaisons saturées entre les élé- ments ou radicaux et les électrons. Prenons du chlorure de sodium : remplacons le sodium par l'électron négatif, nous aurons l'ion de chlore chargé négativement; remplaçons le chlore par l'électron positif, nous aurons l'ion de sodinm chargé positivement. On peut ainsi considérer les phénomènes où entrent des ions comme des substitutions, pourvu que l'on fasse appel à la conception atomique de l'électricité. En même temps, on voit la différence énorme qu'il ya entre le chlore et l'ion de chlore, entre le sodium et l'ion de sodium. De même que le chlore libre et le sodium libre se comportent, au point de vue physique, tout autrement que le chlorure de sodium, de mème ils se comportent différemment dans leurs combinaisons avec les électrons. On peut voir, entre autres, de la manière suivante, que les ions se comportent comme des combinaisons saturées : On sait qu'il existe des combinaisons moléculaires; ainsi, le chlorure de platine s’unit à six molécules d'ammoniaque. Or, l'ammoniaque se trouve, dans ces combinaisons, remplacable par des ions, comme Werner l’a établi par ses recherches. On voil ainsi que, par la facullé d'entrer dans des combinaisons moléculaires, les ions viennent se pla- cer à côté de combinaisons salurées. La question se pose maintenant de savoir si l'on peut subsliluer aux deux atomes chlore et sodium, dans le chlorure de sodium, l'électron négatif. On aurait ainsi une molécule, combinaison des deux électrons, qui serait neutre au point de vue électrique, impondérable où lout au moins presque impondérable. Nous ne encore rien sur cette molécule et sur le rôle qu'elle peut jouer dans les réactions chimiques. l'électron posilif et savons spécial parvient à les isoler, un nouveau monde den ee serait à découvrir. Et il me semblen joue un rôle Henels constitution de l'éther, cel agent F4 encore complètement hypothétique. IV qui existententre la théorie dualistique et la théor unitaire. Les différents éléments (ou radicaux) pos sèdent des affinités chimiques différentes pour Pun ou l'autre électron; les uns possèdent de l'affi= nié pour l’électron posilif, ils forment le groupe positif: les autres, qui tendent à s'unir à l'élec tron négalif, forment le groupe négatif. Mais, en dehors de cela, les éléments possèdent une cer taine affinité chimique qui n'a pas ce Caractère po laire. Ainsi, sans que les électrons aient à interve nir, deux atomes d'un mêmeélémentpeuvent former | une combinaison stable. Je rappellerai seulement l'énergie avec laquelle s'unissent deux atomes. d'hydrogène ou deux atomes d'azote. Il en est dé même de beaucoup de combinaisons dans lesquell entrent deux métalloïdes, comme le chlorure d'iode le sulfure de phosphore. De même, les métaux peus vent donner lieu à des combinaisons nombreuses | sans que les électrons aient à y prendre part. Le ÿ carbone, en particulier, qui constitue la ligne démarcation entre les éléments positifs et les élé= ments négalifs, peut s’unir avec les éléments deux catégories sans que les électrons aient à intel venir. On conçoit, dès lors, la possibilité d'une. ment négalif entrent en combinaison, la possibili de la rupture en ions apparait; c'est-à-dire qu’e même lemps que celle réaction a lieu, il y a mation où décomposition d'un certain nombre ces molécules électriquement neutres, dont nou avons parlé. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que, dans ces æ | naison de deux métalloïdes a les caractères des, éléments composants. Mais un métal réagissant s un métalloïde donne lieu à quelque chose de con sodium offre de très grandes différences avec ss. composants, et de telles combinaisons se font aussi! avec des forces chimiques très intenses. 4 Naturellement, il ne semble pas impossible que, | dans les transformations non polaires, on trouve aussi, au fond, des forces électriques, et l'on peut >» D' HENRY MEIGE — LOCALISATIONS CÉRÉBRALES ET ÉPILEPSIE JACKSONIENNE 205 espérer ramener, comme l'Optique, l'attraction new- Mais cela est du domaine du futur. Pour le présent, 1 faut séparer soigneusement les forces de nature polaire et celles de nature unitaire. - Ce que nous avons exposé montre la possibilité qu'a un élément ou radical de réagir sur un électron sans que l’autre électron se combine en même lemps avec un autre élément. Si cela arrivait, par analogie avec les phénomènes chimiques, l’électron rait mis en liberté jusqu'à ce qu'il ait produit, par Sa présence, une tension de dissociation détermi- née. Il semble que, grâce aux rayons de Becquerel, on ait isolé quelques-uns de ces agents chimiques. Mais, comme on n'a isolé jusqu'ici que des électrons négalifs, il en résulterait que les électrons positifs sont beaucoup plus attachés aux éléments de nature nétallique que les électrons négatifs aux métal- loïdes. É V : . En voulant appliquer les méthodes électriques les i bien que l'expérience immédiate a disparu pres- ue de nos yeux. Pour l'électricité, nous avons “les données des expériences antérieures et les mé- Lonienne, elle aussi, aux phénomènes électriques. - par le courant électrique et à mesurer les conducti- bilités des solutions. Les théories physiques et chi- miques naissent et passent, quoiqu'elles ne soient pas toujours aussi périssables qu'on le croit quel- quefois : Nec perit in toto quidquam, mibhi eredite mundo Sed variat, faciemque novat. Ce mot d'un poète romain, qui peut s'appliquer aux considérations modernes des savants sur la constitution de la Matière, s'applique probable- ment aussi à ces hypothèses et théories scientifi- ques qui nous ont fait connaitre tant de phénomènes du monde extérieur; la force de telles théories est aussi, semble-t-il, impérissable. Aussi, je crois que la théorie de la nature matérielle de l'électricité, abandonnée et méprisée, ne disparaîtra pas complé- tement, si elle revient sur le tapis en se présentant sous une forme un peu nouvelle. Certes, on est loin de croire qu'en particulier la conception d'Helmholtz sur une nature atomique de l'électricité est un ancien ensemble scientifique usé. Mais j'ai voulu présenter celte théorie, que j'ai désignée comme théorie de l'Électricité, avec les conséquences qu'elle comporte et peut-être en l'élendant en quelques-uns de ses points. Il s'agit de donner à la jeunesse savante son pain quotidien, c'est-à-dire de nouveaux problèmes et l'impulsion à de nouveaux travaux ‘. W. Nernst, Professeur de Chimie physique, à l'Université de Güttingue. ET L'ÉPILEPSIE ux établies en Physiologie et en Médecine, celle Localisations cérébrales. Cette question a fait ns intérêt de résumer aujourd'hui les enseigne- nts. On verra, pensons-nous, qu'il n'est pas ossible de concilier les opinions, en apparence Lorsque, en 1861, Broca put localiser, à la suite l'autopsie d’une aphasique, la mémoire motrice rbale dans le pied de la troisième circonvolution ntale gauche, il i inaugura la doctrine des locali- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902 LA DOCTRINE DES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES JACKSONIENNE salions cérébrales, dont la théorie phrénoiogique de Gall n'était qu'une bien vague ébauche. En même temps, il ouvrait le champ de toute une série d’études nouvelles, basées soit sur l'anatomie pathologique, soit sur l'expérimentation physiolo- gique. Là, se sont signalés Fritsch, Hilzig, Flech- sig en Allemagne, Ferrier en Angleterre, et surtout, en France, Charcot, Vulpian, François-Franck, Pitres, etc. La méthode analomo-pathologique consiste, étant donnée une affection motrice, sensitive, sen- sorielle, psychique même, à chercher, après l'au- topsie, la lésion causale dans l’encéphale, Le physiologiste opère différemment : il excile, * Le texte original de l’auteur, écrit en allemand, a été traduit par M. Louis Bernheim. 206 D: HENRY MEIGE — LOCALISATIONS CÉRÉBRALES ET ÉPILEPSIE JACKSONIENNE généralement à l’aide d'un courant induit, ou bien encore il détruit une zone corticale; et, par les résultats de l'excitation ou de la destruction, il détermine la localisation de moteur, sensitif, ele. On concoit que, dans la pratique, au lit du malade comme au laboraloire, surgissent un très grand nombre de difficultés. Expérimentalement, on n’est jamais sûr de n’exciter qu'un point de l'écorce céré- brale, laquelle, en outre, se fatigue, s’altère même rapidement. Du reste, si l'excitation des centres moteurs à pu donner des résultats incontestables, il n'en est pas de même de celle des centres sensi- tifs, sensoriels, et surtout psychiques. De son côté, le clinicien n'arrive pas toujours à une analyse suf- fisamment précise des syndromes qu'il d'ob- tel ou tel centre, a l’occasion server. I n'y à donc pas lieu de si, quarante après la découverte de Broca, nous som- mes encore dans le doute sur la nature exacte des fonctions d'une grande par- tie du cortex — plus de la moitié — et si, même en ce qui L- concerne lescentres £ les mieux s'étonner ans L Fr. Fr., Lobe frontal: . Par., Lobe pariétal: connus æ L. Temp., Lobe temporal: et les plus étudiés, Z. Occ., Lobe occipital: il subsiste encore 7° bien des obscuri- tés. Toutefois, quel- ques faits semblent définitivement acquis. Voici les principaux : Chez l'homme, le sillon de Rolando sépare l’une de l'autre les circonvolutions frontale ascendante et pariétale ascendante. Or, sur la première, sem- blent bien réunis la plupart des centres moteurs. D'abord, le centre des mouvements d'articulation des mots, dont la lésion détermine l’aphasie mo- trice, occupe le pied de la troisième frontale gauche (Aph). Tout à côté, à la base de la frontale ascendante, se trouve le centre moteur de la face (Fa). Au-dessus de ce dernier, occupant la partie antérieure et moyenne des circonvolutions rolan- diques, les centres moteurs du membre supérieur (Ms). Plus au-dessus encore, à la région supérieure des frontale et pariétale ascendantes, les centres (Mi). Le pied de la deuxième frontale gauche est du membre inférieur EU Hémisphère gauche, avec les principales localisations. [,. 40 circonvolution frontale, P,. 1" circonvolution pariétale, etc., T',. 1re temporale, etc. 0,. 1re occipitale, etc. ‘a. centre de la face: Aph., de l’aphasie: Ms., du membre supérieur: : Agr., de l'agraphie; Ai., du membre inférieur: Cr., de la cécité verbale: Vis., de la vision; Aud., de l'audition; Sv., de la surdité verbale. veau de l'Homme se différencie de celui des Mam- occupé par le centre des mouvements de l'écriture (Agr). Sa lésion détermine l'agraphie. Le pied de la deuxième pariétale gauche, ou lobule pariétal inférieur, renferme le centre de la mémoire visuelle des mots (Cv), dont la lésion cause la cécité verbale. Le centre de la mémoire auditive des mots, dont la lésion amène la surdité verbale, est dans la ré- gion moyenne de la première temporale gauche (Sy). Tout proche est le centre auditif, qui occupe la région moyenne et postérieure des première et deuxième temporales (Aud). Enfin, le centre visuel semble bien siéger (Vis à la partie postérieure de la région occipitale. Aller plus loin serait prémaluré. Les résultats qu'ont donnés l’expéri- mentation ou l'ana- lomie pathologi- que, en ce qui con- cerne le reste des hémisphères, ne sont pas assez cons- à fait probants. On tend à localiser les fonctions psychi- ques dans le lobe frontal, à en faire un centre d'inhibi- üon volontaire; et, de fait, c'est sur- tout par le dévelop- pement considéra- ble de sa partie an- térieure que le cer- etc.s Fa., Frontale ascendante. Pa., Pariétale ascendante. mifères supérieurs. D'autre part, les cas ne sont pas rares où l’on a découvert, à l’autlopsie, de grosses lésions des lobes frontaux, qui ne s'étaient accompagnées, pendant la vie, que de troubles psy- chiques insignifiants ; inversement, on à pu ob- server de graves psychopathies sans lésions de la région frontale, appréciables du moins par nos procédés actuels d'investigalion. Mais voici un autre sujet d'étonnement. Chaque hémisphère contient les centres moleurs des mem- bres du côté opposé; cela, à la vérité, n'a rien que de très naturel, étant donné l'entre-croisement des fibres motrices dans l'axe cérébro-spinal. Mais, pourquoi certains centres, ceux du langage en parti- “culier, occupent-ils l'hémisphère gauche, el unique- ment l'hémisphère gauche? Que sont les régions correspondantes de l'hémisphère droit? Quelles sont tants pour être tout. 1 40 D° HENRY MEIGE — LOCALISATIONS CÉRÉBRALES ET ÉPILEPSIE JACKSONIENNE 207 d'autre part, les associations qui réunissent l’un à l'autre deux centres identiques, ou les divers cen- tres entre eux, ou avec les lobes antérieurs? Il faut °1 - l'avouer, malgré les remarquables recherches entre- . prises depuis nombre d'années, ce sont encore là AE . des inconnues. Quoi qu'il en soit, du seul fait de la connaissance exacte des centres cités plus haut, la pathologie cérébrale a acquis une précision incontestable. Etant donnée une contracture, une paralysie loca- lisée à telle région du corps, on peut presque à coup sûr, une fois l'origine cérébrale du symptôme admise, délerminer le point du cerveau touché par la lésion. Le diagnostic de la nature de la lésion est même parfois assez facile. Une paralysie survenant subi- tement ne peut guère avoir comme origine que la brusque rupture d’un vaisseau, une hémorragie; au contraire, un syndrome qui se manifeste peu à peu dénote un ramollissement lent de la sub- stance cérébrale, à la suite d’une oblitéralion arté- rielle progressive. Il L'épilepsie jacksonienne est un des accidents ‘au sujet desquels on a mis le plus souvent à contri- bution la doctrine des localisations cérébrales. On connait l’épilepsie vraie, généralisée, et dite primilive. Bien que l’épilepsie, quelle qu’elle soit, semble n'être qu'un réflexe (Brissaud), il y a cepen- - dant des différences entre le « haut mal »et le syn- _drome décrit en 1827 par Bravais, puis étudié plus - complètement en 1866 par Jackson, dont on lui a . donné le nom. Ici, l'attaque est précédée de phéno- - mènes avertisseurs, caractéristiques, quelquefois “un rien, un souffle, qu'on appelle « aura ». Le - malade perçoit une sensation de fourmillement “ou d’engourdissement en un point du corps, par exemple à l'extrémité d'un membre; puis, cette AR remonte le long du membre; bientôt, celui-ci est agité de secousses convulsives : l'at- « laque jacksonienne est constituée. Lorsque la face «est prise, le malade perd connaissance. Les convul- «sions qui suivent, l'incontinence fréquente d'urine, la pàleur de la face rappellent bien la grande attaque d’épilepsie vraie, et il semble que, parfois, l'épilepsie jacksonienne puisse en réaliser presque tous les symplômes; mais, caractère distinctif essentiel, dans l’épilepsie jacksonienne, les con- vulsions restent localisées à un groupe musculaire, ou, tout au moins, à une moitié du corps. Aussi a- t-on distingué trois types : facial, brachial, crural, ; Suivant la région du corps qui se convulse fa pre- mière. …_ Les expériences de Vulpian, F. Franck et Pitres, “Ch. Richet, Eulenburg, Unverricht, Tamburini, Albertoni, Sherrington, Horsley, Beevor et autres, ont prouvé surabondamment que l'excitation d’une zone motrice corticale provoque un accès épilep- tiforme intéressant les muscles de la région péri- phérique correspondante. On en a conclu, un peu hätivement peut-être, que toute attaque d’épilepsie jacksonienne reconnait pour cause une lésion corticale rolandique, située au niveau du centre moteur correspondant au groupe musculaire par où débutait l'attaque. Ce sont ces conclusions que M. Dieulafoy sem- blait avoir, pour sa part, considérées comme défi- nitivement acquises, et dont l'observation qu'il a rapportée lui à paru devoir infirmer l’absolutisme. Il avait soigné pendant quelque temps un ma- lade présentant des attaques jacksoniennes à type brachial droit. Il diagnostiqua en conséquence une tumeur de la région rolandique. Le malade mourut; on pratiqua l'autopsie. « Quel n'a pas été notre étonnement, dit l'éminent professeur, quand nous avons constaté l'intégrité absolue des circon- volutions motrices et la localisation de la tumeur à la partie inférieure du lobe frontal! Ce fait était d'autant plus troublant, qu'au cas d'intervention chirurgicale, le chirurgien aurait opéré sur de fausses indications; il aurait trépané le crâne au niveau de la région rolandique et il n’aurait trouvé aux circonvolutions motrices aucune lésion. » Et M. Dieulafoy conelut : « Il faut donc admettre, jusqu'à plus ample informé, qu’il y a une épilepsie jacksonienne rolandique et une épilepsie jackso- nienne frontale, absolument identiques. » Ce fait, qui, dans l'esprit du rapporteur, sem- blait porter une « grave atteinte à la doctrine des localisations cérébrales », a été longuement commentée à l'Académie de Médecine. Tout d'abord, il faut bien ie dire, les cas ana- logues à celui de M. Dieulafoy ne sont pas d’une extrème rareté. Les chirurgiens qui ont pris part à la discussion, M. Lucas-Championnière en particu- lier, ont déclaré en avoir observé eux-mêmes un bon nombre; de même, les médecins : le Professeur Raymond, M. Laborde. Plusieurs de ces cas, signalés dans la littérature médicale, avaient aussi entrainé un diagnostic erroné. Et maintenant, si l’on examine les faits en eux- mêmes, deux questions se posent, auxquelles il a été répondu, à la première par M. Lucas-Cham- pionnière, à la seconde par le Professeur Pitres, de Bordeaux. En premier lieu, est-il démontré que, cas de M. Dieulafoy, la région rolandique fût absolument saine? Le chirurgien aurait-il trépané dans cette région sans succès? M. Lucas-Cham- « Le fait qu'à l’'autopsie, dans le pionnière a objecté : M. Dieulafoy n’a pas trouvé de matière gommeuse 208 D' HENRY MEIGE -— LOCALISATIONS CÉRÉBRALES ET ÉPILEPSIE JACKSONIENNE dans la région motrice n'implique pas du tout que celle-ci fût saine au moment de l'accès. Si l’on était intervenu par la trépanalion, il est infiniment pro- bable qu'on eût trouvé un état congestif extrême- ment prononcé, une surface cérébrale rouge, un tissu sous-arachnoïdien distendu par le liquide. On eût trouvé de ces modilications inflammatoires dont les traces ne persistent pas après la mort, mais que j'ai rencontrées nombre de fois au cours de mes trépanalions. » Or, dans ces conditions, on est autorisé à penser qu'une trépanalion large eût amené une décompression el une décongestion salutaires au malade. Mais, supposons que la zone rolandique ail été, même, absolument saine, anatomiquement nor- male. S'ensuit-il fatalement qu'il y ait une épi- lepsie jacksonienne frontale, et que la valeur des doctrines localisatrices soit réduite à néant? Assu- rément non. Vouloir demander aux caractères d'une crise jacksonienne l'indication topogra- phique d'une lésion, c'est demander aux localisa- tions cérébrales plus qu'elles ne peuvent donner. Ainsi ont pensé Ferrier, Nothnagel, Seppilli. Enfin, tel était l'avis de Charcot, qui écrivait, en 1883, avec le Professeur Pitres, cette phrase, que ce der- nier a rappelée à l’Académie de Médecine : « Il n'y a pas, entre la forme de l’épilepsie partielle et la topographie de sa lésion corticale provocatrice, de rapport constant. » Il est, en effet, dans l’épilepsie jacksonienne, une loi qui frappa dès l’abord les premiers obser- valeurs. L'attaque suit presque toujours, selon son début, l’un des cycles que voici : Face, — membre supérieur, — membre inférieur; ou bien : Membre supérieur — face — membre inférieur: ou enfin : Membre inférieur, — membre supé- rieur, — et, en dernier lieu, la face. Pour expliquer ces propagations, loujours les mêmes, le Professeur Brissaud a proposé, dans ses Lecons sur les maladies nerveuses (Salpêtrière, 1894), une théorie ingénieuse. Du foyer lésé, et, naturellement, le premier irrité, partiraient des ondes d'irritation concentriques, s'étatant à la sur- face de l'hémisphère ,enalteignant progressivement tous les centres moteurs, «comme on voit, en laissant tomber une pierre dans l’eau, grandir le certle des ondes concentriques ». Et, naturellement, si, par exemple, le centre lésé est celui du ras, les ondes atteindront d'abord le centre de la face, puis, en dernier lieu, celui de la jambe, le plus éloigné. Les convulsions se produiront, dans le même ordre, aux membres intéressés. Eh bien, considérons maintenant une lésion sié- geant en avant du lobe frontal, comme dans le cas de M. Dieulafoy. Ne peut-on admettre qu'à un moment donné, les ondes d'irritation atteindront _ drome jacksonien. la zone rolandique, — de quelque nature que soit, « du reste, la propagalion, — et détermineront des phénomènes convulsifs dans les parties correspon- dantes du corps? Sans doute, ce n'est là qu'une image hypothétique. Mais elle est autorisée par les. fails d'observation. À supposer que l'hypothèse ne. | soit pas fondée, elle n'en conserve pas moins une utile valeur de comparaison, en ce sens qu'elle permet de comprendre et de se rappeler le mode de propagation à peu près constant des phéno- mènes convulsifs. Enfin, l'épilepsie jacksonienne est-elle toujours" d'origine corticale? Le trajet moteur n'intéresse- t-il pas plusieurs neurones? Ilexiste des relais, soit dans les hémisphères, plus bas que le cortex, soi dans la protubérance, soit même dans la moelle ; il y à des neurones d’associalion, des commissures tout du long de l'axe cérébro-spinal. Et il n’est pas douteux que tous ces éléments jouent, dans les phé-= nomènes moteurs, un rôle qui peut devenir de toute première importance. Sur ce point, nos con- naissances anatomiques, et surtout physiologiques, sont encore peu précises. Mais on peut se deman- der si l'on est en droit de réserver à la seule écorce cérébrale le pouvoir de déterminer des phéno mènes de l’ordre de ceux qui constituent le syn- III En se contentant des données actuellement ad: mises, voici ce qu'on peut dire en manière de con: clusion : ‘4 Si, d'une part, l’'Anatomo-clinique et la Physio logie sont d'accord pour nous enseigner qu’une lésion rolandique sé traduit fréquemment par des crises jacksoniennes, — d'autre part, ni la Physio logie, ni l'Anatomo-clinique ne nous autorisent à conclure que toute épilepsie jacksonienne a néces sairement pour cause une /ésion rolandique. Dans le cas particulier, une tumeur frontale pu fort bien, pendant des années, ne se manifester par aucun symptôme, — on en connait des exemples; — mais l'on peut concevoir qu'elle exercé, de proche en proche, une irritation attek gnant, à un moment donné, les centres moteurs ce moment est donc encore, on le voit, la con quence d’une irritation de la zone rolandique: M qu'elle peut indiquer, demeure encore conforni aux données de l’Anatomo-clinique et de l’expéri mentalion. D' Henry Meige. 1° Sciences mathématiques NS. Isely (L.), Professeur à l'Académie de Neuchätel. — 3 Histoire des Sciences mathématiques dans la —_ Suisse française. (1 vol. in-12, de 3 Lnprimerie Nouvelle. Neuchätel, 1901. # Dès le xvr° siècle, la Suisse française, « ce coin de erre resserré entre les Alpes et le Jura », participa au mouvement scientifique. Genève, devenue le boulevard du protestantisme, étonna bientôt le monde par son développement intellectuel, tandis que la catholique Fribourg se distinguait par son activité industrielle. - Un des premiers noms à retenir est celui de Michel “ Varo, dont le De motu tractatus (1584) renferme une ‘théorie exacte de la pesanteur; malheureusement, ce mathématicien ne songea pas à déduire des principes posés les lois de la chute des corps, lois que Galilée établit expérimentalement quelques années plus tard. - Aussi, le silence se fit-il autour de Son œuvre. Délaissons les rêveries alchimiques du médecin allemand Henry Corneille Agrippa, qui séjourna quelque temps en Suisse, les travaux de l'ingénieur Jean Juat, qui leva, en 1634, le plan géométrique de Fribourg. et l'ouvrage Curvi ae Recti Proportio, dans lequel Souvey (plus connu sous le nom latinisé de Soverus) étudia les pro- priétés fondamentales des rapports, des ares de cercle, des angles, des triangles et de leurs segments, des co- niques, etc. 3 - Dans le pays de Vaud, les progrès des Mathématiques furent plus lents, et, pour rencontrer un savant de “quelque envergure, il faut arriver à J.-P. de Crousaz (1663-1750), dont les nombreux livres, sans révéler un génie transcendant, se distinguent par une remarquable larté d'exposition. En particulier, ses Réflexions sur Dutilité des Mathématiques (1715) et son Commentaire Sur l'analyse des infiniment petits (1721) fourmillent de considérations ingénieuses. Enfin, dans son 7raïté *e (1726), il s'occupa de la nature des racines 215 pages. instants d’une carrière astronomique qui s'ouvrait sous les plus brillants auspices. Ses Mémoires posthumes (Lausanne, 1754) attestent la puissance de son raison- nement, la précocité de son esprit inventif. Il découvrit Ja comète de 17##4, et calcula les éléments de son orbite. … Puis, vint pour la « Rome protestante » l’âge d’or stientilique. Les compatriotes de Rousseau se mirent à cultiver l'Histoire naturelle, la Physique, les Mathéma- tiques et la Médecine avec ardeur. Les naturalistes rembley et Charles Bonnet, les physiciens Deluc, H:-B. de Saussure (1740-1799) et Aimé Argand, le phy- sologiste Tronchin s'acquirent une réputation euro- enne daus chacune de ces spécialités. De leur côté, les mathématiciens soutinrent dignement le renom de Suisse francaise. Louis Bertrand (1731-1812) s'attaqua incipalement à la théorie des parallèles et ses mé- “hodes servirent de point de départ à Lobatschefsky, le C éateur de la Géométrie non euclidienne. Les recher- œhes de J.-A. Mallet sur la gnomonique et la mesure du temps lui attirèrent l'estime des astronomes con- | Æmporains, tandis que Cramer, par son /ntroduction “ilanalyse des lignes courbes (1740), se placait à un ug distingué parmi les algébristes. | Dans la première moitié du xix° siècle, nous avons, . dans l’ordre des Mathématiques, deux grands chercheurs | Suisses à mentionner : Simon Lhuilier, collaborateur zélé des Annales de Gergonne, et son élève, Charles |'100 | L < | + BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 209 Sturm (1803-1855), qui professa la Mécanique à la Sorbonne, et devint membre de l'Académie des Scien- ces de Paris. Signalons enfin, avant de clore cette trop rapide esquisse, les Neuchâtelois : J.-F. Osterwald (1773-1850), dont les travaux cartographiques sont très estimés; E. Plantamour (1815-1882), un astronome de haute valeur; Adolphe Hirsch (1815-1901), directeur de l'Observatoire de sa ville natale et géodésien éminent. Comme ce tableau permet d'en juger, le petit livre do- cumenté de M. Isely apporte d’utiles contributions à l'histoire générale des Sciences. Jacques Boxer. 2° Sciences physiques Arldt (C.), Oberingenieur. — Elektrische Kraftu- bertragunge und Kraftvertheilung (LA TRANSMISSION ET LA RÉPARTITION DE LA FORCE PAR L'ÉLECTRICITÉ). 3° Ausgabe.— 1 vol. in-12 de 388 pages avec 257 fig. {Prix : 5 fr.) J. Springer, éditeur, 3, Monbijou- platz. Berlin, 1901. Cet ouvrage, édité sous les auspices de l'A//gemeine Elektricitaets Gesellschaft, a un double but. L'un, d'intérêt général, est de faciliter aux techniciens, mécaniciens, métallurgistes, ingénieurs des mines, etc., l'intelligence des phénomènes qui se passent dans le transport et la répartition de la force par l'électri- cité; l’autre, de nature plus spéciale, est de faire con- naître le mode d'emploi des multiples machines et appareils que l'A//gemeine Electricitaets Gesellschaft construit dans le domaine des applications mécaniques de l'électricité. Le livre est divisé en six sections. La première est consacrée à la transmission électrique de la force, et traite successivement de la dynamo productrice de cou- rant, des conducteurs électriques ef des électro-moteurs transformant le courant en force mécanique. Dans la deuxième section, l’auteur examine les divers modes de transmission de la force, et compare, en particulier, les transmissions électriques aux transmissions méca- niques. Dans les exemples qu'il donne, l’économie de force réalisée par les premières sur les secondes peut aller de 6 à 72 2/4. La troisième section nous montre l'électro-moteur au travail. Après quelques indications sur les stations primaires et sur la mise en parallèle des dynamos à courant continu ou à courants polyphasés, l’auteur décrit le mode d'emploi des divers électro-moteurs et leur accouplement avec les machines auxquelles ils doivent fournir la force motrice. La quatrième section est une description très com plète des divers dispositifs mécaniques auxquels là commande électrique a été appliquée jusqu'ici avec succès : ventilateurs, pompes, appareils d'élévation, grues, machines-outils, machines à lisser, à filer, à imprimer, machines agricoles, minières, métlallur- giques, etc. La cinquième section se compose de tableaux don- nant, d'une part, le travail, le poids, le prix et les me-ures des diverses machines (dynamos, transforma- teurs et électromoteurs) construites par l'A. Æ. G.,et, d'autre part, les prix et les dimensions des stations primaires d'énergie électrique jusqu'à 100 kw. Eufin, la sixième section renferme, sous forme de questionnaire, loutes les indications nécessaires pour élablir une installation de transport de force par l'électricité. Somme toute, cet ouvrage contient un grand nombre des données essentielles de l'Electrotechnique, sous la 210 forme même où l'ingénieur-mécanicien pourra le mieux les utiliser, et sa valeur s'augmente de ce fait qu'il est, d'autre part, le résultat des expériences pra- tiques, des écoles, dirions-nous, de l'A. Æ. G. dans ce domaine, A une époque où les applications de l'électri- cité s'étendent de plus en plus, où l’utilisation de cette modalité de l'énergie commence à procurer de sen- sibles économies sur l'emploi des autres systèmes de production et de transmission de la force, le livre de M. Arldt est appelé à rendre d'importants services. L: B: Siebert (G.), Professeur à l'Ecole réale supérieure de Wiesbaden.— Lehrbuch der Chemie und Mine- ralogie für hohere Lehranstalten. — 3 vol. in-S° comprenant 360 pages et de nombreuses figures. (Prix cartonné : 5 fr. 35.) F. Vieweg und Sobn. Brunswick, 4901. L'ouvrage de M. Siebert est un traité élémentaire de Chimie à l'usage des Ecoles secondaires allemandes. La première partie est une introduction à l'étude de la Chimie, qui nous a paru rédigée dans un bon esprit pédagogique. L'auteur présente aux élèves un certain nombre de réactions très caractéristiques, prises un peu partout, mais non au hasard, dansle vaste domaine de la Chimie, et, de l'examen des faits, il déduit peu à peu les considérations théoriques qui en découlent. C'est là le programme de la première année. Muni de ces nolions, qui ne sont plus pour lui des abstractions, mais qui correspondent à quelque chose de déjà vu, l'élève peut entreprendre avec fruit l'étude systématique des métalloïdes et des métaux, — c’est le programme de la seconde année, —- puis celle des prin- cipaux corps de la Chimie organique, — c'est la ma- tiére de la troisième année. M. Siebert a ajouté à son premier volume quelques notions simples de Minéralogie et de Cristallographie, et, tout en étudiant, dans les deux autres, les composés minéraux et organiques, il signale les propriétés cris- tallines des plus caractéristiques d’entre eux. 3° Sciences naturelles Lacroix (Alfred), Professeur de Minéralogie au Mu- séum. — Minéralogie de la France et de ses colonies (Description physique et chimique des minéraux. Etude des conditions géologiques de leurs gisements), t. TI, première partie. — 1 vol. in-8° de vi-400 pages, avec figures. (Prix : 45 fr.) Ch. Bé- ranger, 15, rue des Saints-Pères. Paris, 1902. Le présent fascicule, qui ouvre le tome IIT et avant- dernier de l'ouvrage‘, se rapporte à des espèces qui appartiennent toutes au groupe si important des oxydes et des hydroxydes, le reste de ce groupe devaut être traité dans la seconde partie.- Les espèces décrites aujourd'hui sont les suivantes : eau ou glace, molyb- dite, tungstite, arsénolite, sénarmontite, claudétite, valentinite, bismite, quartz, quartzine, calcédonite, lutécite, calcédoine, silex, pseudocalcédonite, tridymite, lussatite, brookite, anatase, rutile, zircon, cassitérite, polianite ou pyrolusite, corindon, hématite, crichtonite et ilménite, pseudobrookite, cuprite, ténorile, massi- cot, meymacite, opale, malacon, diaspore, bauxite, gæ- thite, manganite, lépidocrucite, hydrargillite, limonite. | On remarquera, sans qu'il soit besoin d'insister, l'im- | portance, au point de vue des applications, de la plupart des minéraux étudiés dans ce volume : pierres d’orne- ments ou minerais riches et faciles à exploiter; signa- | lous spécialement la monographie du quartz, qui com- prend à elle seule une centaine de pages. LÉON BourGeors, Répétiteur à l'Ecole Polytechnique. 2 Voir Revue générale des Sciences, notamment t. IX, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1898, p. 86. Moussu (Gustave). — Recherches sur l'origine: do la lymphe de la circulation lymphatique périphé- rique. (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris.) — 1 broch. in-8° de 48 pages. Félix Alcan, éditeur Paris, 1901. Les anciens physiologistes ont considéré la produc- tion de la lymphe comme un simple phénomène de filtration, lié d’une facon intime aux variations de la pression sanguine. La lymphe n'était, pour eux, qu'un ? excès de plasma transsudé, non utilisé pour la nutri- tion des tissus; la pression artérielle jouait le principal rôle pour provoquer la transsudalion capillaire et représentait la vis à lergo poussant le liquide jusque dans les gros troncs, et, de là, dans les veines. 1 Mais, à partir de 1890, une nouvelle opinion, énoncée et magistralement défendue par Heidenhain, se fait jour. L'éminent physiologiste de Breslau établit que les variations de la quantité de lymphe produite ne suivent. pas toujours les oscillations de la pression sanguine; … par conséquent, si la pression joue un rôle dans la. lymphogénèse, et Heidenhain ne le conteste pas, il faut, pour expliquer l'ensemble des faits expérimentaux … connus, faire intervenir un autre facteur. Ce second facteur, c'est, d’après Heidenhain, l’activité vitale M sécréloire des fellules endothéliales des capillaires « sanguins; certafnes substances organiques, telles que la peptone, certains extraits organiques, tels que les macéralions de muscles d’écrevisses, qui ont un pouvoir lymphogène considérable, agiraient en excitant M au maximum le pouvoir sécrétoire de ces cellules. Starling, dans d'importants Mémoires, démontre que l'interprétation de Heidenhain n'est pas exacte, el qu'il convient de rapporter les modifications de la lympho- génèse à une modification physique de la perméabilité. des parois capillaires sanguives. Enfin, Hamburger, par des expériences ingénieuses et délicates, établit de facon définitive que la pression n'est pas le facteur unique réglant la quantité de lymphe produite. En présence de ces résultats, M. Moussu s'est demandé si les variations de la pression sanguine exercent réel- lement une action sur la lymphogénèse, et, dans l'affirmative, quelle est la grandeur de cette action. Tous les physiologistes qui avaient étudié la lympho- génèse, sauf Hamburger, avaient expérimenté sur de petits animaux, notamment sur des chiens, dont ils avaient préparé le canal thoracique à son embouchure. M. Moussu fait ses expériences sur le cheval ou sur le” bœuf, et prépare la veine lymphatique du cou, qui re-= cueille la lymphe de la tête seulement. En opérant ainsi, il évite le mélange de lymphe et de chyle, et la super= posilion de deux fonctions indépendantes : la fonction lymphogène et la fonction d'absorption chylifère. d La préparation étant achevée, on recueille la lymphe; qui s'écoule en dix minutes, et on en détermine les poids; ce poids, variable suivant le sujet en expérience (de 0 gr. 60 à 2 gr.), ‘est sensiblement constant pour les même sujet au repos absolu. On détermine alors soib une vaso-dilatalion unilatérale de la tête (avec abaïs- sement de la pression locale) par section du sympathi= que cervical correspondant, soit une vaso-constriction. unilatérale de la tête (avec élévation de la pression locale) par excitation du bout supérieur du sympathique cervical correspondant sectionné. Il se produit ur faible diminution dans le premier cas, une faib augmentation dans le second, de l'écoulement de | lymphe.— On peut également déterminer des variations de la pression sanguine dans la tête en faisant varier la pression générale, soit par une injection intraveineuse. abondante d'eau salée physiologique, soit par uné abondante saignée; dans le premier cas (élévation de la pression), il se produit une augmentation de là quantité de lymphe; dans le second cas (abaissement: de la pression), une diminution de cette quantité. Ces expériences établissent ainsi, d'une facon indi cutable, car elles sont faites daus des conditions d précision remarquables, que la pression sanguine joue x éellement un rôle dans la lymphogénèse; et cette onclusion présente d'autant plus d'intérêt que les physiologistes, après avoir admis le rôle exclusif de la pression, tendaient, depuis les publications d’Heiden- bain et d'Hamburger, à négliger totalement ce facteur. M. Moussu l’a définitivement réhabilité. Jl faut toutefois noter que les variations de la pres- ‘sion sanguine, quelque grandes qu'elles soient, ne pro- duisent jamais que des variations petites (2 grammes au lieu de 1 gr. 50, ou 1 gr. 50 au lieu de 1 gramme, en - dix minutes) de la quantité de lymphe qui s'écoule par . Ja veine lymphatique du cou. … Le grand facteur des modifications de la lympho- génèse, c'est l’activité, le fonctionnement physiologique “des organes dont elle provient. En faisant manger ses nimaux à fistule lymphatique du cou, M. Moussu a vu à quantité de lymphe décupler (passer des valeurs de “repos 0 gr. 6 à 2 grammes aux valeurs de 6 à 32 gram- es). Ces variations ne sauraieut êlre atlribuées aux modifications de pression sanguine accompagnant le travail physiologique, car les modifications de la lym- ‘phogénèse consécutives aux variations si importantes de la pression provoquées par les actions portées sur le ympathique cervical, sont 5, 10 et 15 fois plus petites. Pendant la masticalion, les muscles se contractent, les glandes salivaires sécrètent ; la suractivité Iympho- sène est essentiellement commandée par les muscles, car l'excitation du nerf sécréloire des glandes parotides e détermine aucune modification de l'écoulement de Ja lymphe. . M. Moussu, ayant élubli ces fails par des expériences remarquablement exécutées, reprend une expérience faite par Hamburger, daus un autre dessein. Il fait marcher un cheval à fistule lymphatique du cou dans instrument agricole appelé piétineuse, qui permet de faire travailler le cheval des quatre membres, sans que la tête intervienne, cette tête étant immobilisée par des Jonyes convenablement disposées. Dans ces conditions, Pécoulement de la lymphe céphalique s'accélère; il passe de O0 gr. 60 à 3 grammes. M. Moussu attribue cette exagération de la lymphogénèse an travail statique accompli par la tête, qui s’immobilise et se maintient dans une position fixe. Cette interprétation est très vraisemblable ; mais il en est une autre également raisemblable et qui m'est suggérée par les travaux de Starling sur les variations de la perméabilité de l’en- dothélium capillaire. On peut supposer que, sous l'in- uence du travail, certains produits de la désintégra- lion musculaire passent dans le sang et modifient la perméabilité de tout l'appareil circulatoire. Cette hypo- thèse n'est pas absolument gratuite, car on a démon- tré, et M. Moussu lui-même en cite des exemples typiques, que certaines toxines, certains résidus cellu- ïires augmentent la lymphogénèse sans augmenter la pression ou la tonicité musculaire. Peu importe, d'ailleurs, l'interprétation que les expériences futures Jjustilieront; retenons le fait indiqué autrefois par Hamburger et noté de nouveau par M. Moussu. En soumettant l'animal en expérience à l'action de ergotine, on provoque un écoulement abondant de nphe, tant pendant le repos que pendant la masti- lon. Or, l’ergoline agit sur l’ensemble des fibres usculaires lisses de l'organisme, et en détermine la ntracture soutenue. M. Moussu y trouve, avec raison isemblablement,une démonstration durôle important üé par le système musculaire dans la Ilymphogénèse. En soumettant l'animal en- expérience soit à l’action 2 la toxine diphtérique, soit à l’action de la tuber- line, il observe une exagéralion de la lymphogénèse ans les deux cas, bien que la toxine diphtérique et tuberculine aient une action inverse sur la pression nguine, la première l’éleyant, la seconde l'abaissant. = Moussu admet que c'est grâce à leur action toxique nérale portant sur tous les tissus que ces toxines ont lymphagogues. « Les tissus imprégnés du poison 1 à diffusé, dit-il, réagissent à leur facon. Le travail ique auquel ils président est assurément très BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 241 différent, en apparente, du travail mécanique que l’on provoque par l’alimentalion et la mastication; mais, en réalité, il s'agit toujours de modifications physiolo- giques et chimiques traduisant l’activité vitale de ces tissus ; et c'est pourquoi Je pense que la principale source de l'élaboration de la lymphe se trouve dans leur travail - organique, sous toutes ses formes. » Il conviendrait peut-être de se demander si l'action des toxines ne pourrail pas être également rapportée à une modification de la perméabilité de la paroi des capillaires sanguins. Mais ce ne sont là que des hypo- thèses difficiles, et même actuellement impossibles à juger. On ne possède présentement aucun moyen de déterminer ce qui, dans la lymphogénèse, revient à l'élément vasculaire et ce qui revient à l'élément tissu- laire : une augmentation de la lymphogénèse peut avoir pour cause soit une augmentation de la transsudation capillaire, soit une augmentation de l’exsudation tissu- laire, soit une cause mixte, à la fois capillaire et tissu- laire. M. Moussu, avant toutexpérimentateur, s'est borné à constater les relations intimes de la lymphoyénèse et du travail musculaire; c'est là un fait expérimental de première importance. Eût-il dù, dépassant l'expérience, bälir des théories et énoncer des hypothèses? Assuré- ment non. Louons-le sans réserve d'avoir su éviter la tentation si douce de dépasser le fait expérimental pour se perdre en pleine théorie, M. Moussu est un ex- périmentateur d’une habileté consommée; son travail nous en fournit une nouvelle preuve, en même temps qu'il nous montre comment il convient de rester dans le domaine inattaquable des faits expérimentaux. MAURICE ARTHUS, Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur de Lille. 4° Sciences médicales Roger !{G.-H.), l’rofesseur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. — Les Maladies infectieuses. — 2 vol. in-8° de 1.520 pages, avec 117 figures dans le texte. (Prix : 28 francs.) Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1902. Dans cet excellent ouvrage, M. Roger, se plaçant à un point de vue scientifique et philosophique, résume toutes nos données actuelles sur les maladies infec- tieuses. Au lieu de passer en revue dans le détail cha- cune de ces maladies, ce qui est l’œuvre des ouvrages de Pathologie descriptive, l’auteur s’est attaché à mettre en relief ce qu'il y a de commun dans tous les processus infectieux, et à les suivre dans leur ge- nèse, leur évolution, leur terminaison, leurs consé- quences. Il étudie les causes de l'infection, les modes de contage, les réactions diverses que l'infection pro- voque dans l'organisme, la signification physiologique de ces réactions, et les moyens de diriger dans un but thérapeutique les réactions défensives. Nous ne pouvons, dans celte courte analyse, que don- ner une-idée du plan suivi par M. Roger. Les maladies infectieuses sont constituées par les phénomènes que présente un organisme subissant l’ac- tion des toxines que produisent certains parasites, et réagissant contre elles. Cette définition distingue les maladies infectieuses des affections parasitaires dans lesquelles le germe vivant ne détermine qu'une action locale limitée et ne produit pas de phénomènes d'in- toxication de l'organisme entier; mais elle permet, en outre, de saisir les transitions qui existent entre les alfeclions parasitaires et les maladies infectieuses, puis- qu'un agent d'infection peut avoir, à l’état saprophy- tique, une action purement locale, et qu'un parasite comme l'Oïdium albieans peut, dans certaines condi- tions, devenir un agent d'infection. La Bactériologie seule ne peut servir à classer les maladies infectieuses; un microbe, comme le pneuro- coque, peut produire des affections diverses; une ma- ladie comme l’endocardite infectieuse peut êlre causée par différents germes. La Bactériologie doit être aidée de la Clinique et de l'Anatomie pathologique. 212 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX On peutdiviser les infections en deux grandes classes : les infections spécifiques, comme les fièvres éruptives, la peste, la fièvre typhoïde, ete., et les infections non spécifiques, comme les seplicémies et les inflamma- tions exsudatives, suppuratives, dégénératives, pseudo- membraneuses, ulcéreuses, gangréneuses, portant sur les divers organes et tissus. j Les infections spécifiques elles-mêmes forment deux groupes : 1° Celles qui évoluent avec le type d'une infection générale, produisant des réactions de l'organisme tout entier; elles affectent: les unes, l'allure éruptive (lièvres éruplives, syphilis, ete.) ; les autres, celles d'une sepücémie (fièvre typhoïde, peste, grippe, charbon); d'autres déterminent des productions nodulaires(morve, tuberculose et pseudo-tuberculose, lèpre); 2° Celles où la localisation viscérale est si importante qu'elle attire tout de suite l'attention du clinicien (cho- léra, dysenterie, dipthérie, télanos, rhumatisme arli- culaire aigu, etc.) Depuis les travaux de Davaine, de Pasteur, de Koch, il est établi que les maladies infectieuses sont dues à des parasites, végétaux ou animaux, la plupart de na- ture bactérienne. M. Roger étudie les propriétés biolo- tiques de ces organismes et montre le rôle de l’expé- rimentalion dans l'étude des maladies infectieuses. Ces maladies reconnaissent deux origines différentes: 1° Tantôt les germes morbides viennent de l'extérieur ; ils nous sont transmis quelquefois par contact direct; le plus souvent, ils sont apportés indirectement par l'eau ou par le sol, par le moyen des Invertébrés, par les objets, les tentures, les vêtements, les plantes, les aliments, etc.; d'où la nécessité des désinfections : 2° D'autres fois, les germes infectieux sont ceux qui existent dans l'organisme normal et qui, vivant habi- tuellement à l’état de saprophytes, deviennent patho- £ènes sous l'influence de certaines conditions. Les infections sont aidées dans leur genèse par des causes adjuvantes, tenant à la région, au climat, à la saison, à la race, à l’âge, au sexe, à l'hérédité, à l’ac- lion des agents externes, des poisons, à l'état de jeûne ou de fatigue, ele. Il faut, en résumé, tenir compte, dans toute infection : 1° du microbe; 2° de l'organisme. La réaction développée par le microbe tient elle- même : au nombre de microbes introduits dans lorga- nisme, à leur virulence, à leur nocivité pour certains organes ou tissus, à leur porte d'entrée. L'action des microbes sur l'organisme se réduit, en définitive, à une intoxication, et c'est là ce qui constitue la différence entre l'infection et le parasitisme. Il «st donc important d'étudier les principales toxines pro- duites par les microbes pathogènes. En outre, les dé- chets cellulaires au cours des infections produisent des toxines dont l’action s'ajoute à celle des toxines excré- tées par les microbes; ce qui établit un lien entre les maladies infectieuses et les maladies résultant de l’auto- intoxication. L'expérimentation démontre que les associations microbiennes facilitent l'infection; de même, l'étude des maladies montre le rôle des infections secondaires, successives ou simultanées, et la fréquence des infec- tions combinées au niveau de la peau et des cavités muqueuses riches en microbes saprophytes, comme le tube digestif, la gorge, etc. L'introduction d'un microbe dans l'organisme pro- voque aussilôt des réactions intenses, de nature défen- sive. Les principaux organes préposés à la défense sont: les ganglions lymphatiques, l'épiploon, le foie, le poumon; d’autres, comme le rein, servent à l’élimi- nation des microbes et toxines. L'inflammation, les exsudats séreux, fibrineux, pseudo-membraneux, la dia- pédèse et la phägocytose sont les principaux moyens de lutte mis en œuvre par l'organisme. Parmi ies processus éveillés par l'infection, certains méritent une étude approfondie : telles sont la suppu- ralion, la gangréne, la septicémie, l'évolution nodu- Jaire, les dégénérescences cellulaires. M. Roger passe en revue le rôle des microbes, de leurs sécrélious et des substances non microbiennes dans la génèse des sup- puralions; les causes qui amènent le développement de la gangrène, processus complexe relevant, en général, d'infections associées; les principales localisations des suppurations et des gangrènes; les agents des septicé- mies et pyrexies, el en particulier de la seplicémie va- riolique due à l'action d’un protozoaire étudié par MM. Roger et Weil. L'auteur fait une étude très com- plète des processus nodulaires dans les infections : la morve, la tuberculose, la p cudo-tuberculose, l'infec- tion oiïdienne, lactynomycose. Il expose ensuite le mécanisme de la fièvre, les caractères de la fièvre dans les principales infection:, et la valeur sémiologique des courbes thermiques. Une partie est consacrée à l'étude, à la fois expéri- mentale et clinique, de l'influence des infections sur les différentes parties de l'organisme, en premier lieu sur le sang el les organes hématopoïétiques, sur les glandes à sécrétion interne (thymus, thyroïde, capsule surrénale), sur le système nerveux, les organes des sens, la peau, les muscles, les os et les ar!'iculalions, le système cardiovasculaire, le système respiratoire, l'ap- pareil digestif et ses annexes, les reins, les organes sénitaux. On trouvera là l'exposé de beaucoup de re- cherches originales, en particulier sur la moelle os- seuse, le thymus, la thyroide,'le foie. M. Roger montre ensuile qu'on peut distinguer dans l'évolution des maladies infectieuses aiguës, diverses périodes : l'incubation, l'invasion, la période d'état, la décroissance; il décrit les différents modes de termi- naison : les crises, la convalescence, les rechutes, les récidives, la chronicité, la mort. Revenant à l'étude expérimentale, il établit le méca- nisme de l’immunité dans les maladies infectieuses, et se rattache à la théorie émise par le D' Bouchard, qui attribue l'immunilé à l’état bactéricide ou antitoxique des humeurs de l'organisme. Il fait remarquer que, parmi les substances qui servent à limmunisation, l'aléxine, qui est secrétée par les leucocytes, passe dans le sérum, et la sensibilisatrice paraît être développée directement dans le sérum sous l'iufluence des agents d'infection. M. Roger éludie aussi le rôle de l'hérédité dans la lransmission aux fœtus, des infections, des intoxica- lions et de l’immunité. Revenant enfin à la pratique, il fait la critique des différents procédés de diagnostic clinique, bactériosco- pique, cyloscopique, oroscopique (humoral), thérapeu- tique, toxinique (tuberculine, malléine), et établit les bases du pronostic dans les infections. Les recherches techniques sur l'infection ont abouti à des conclusions pratiques extrêmement importantes, à la découverte d'une thérapeutique nouvelle, appli- cable aux infections : l’antisepsie, les antitoxines, les spécifiques, la Bactériothérapie, et surtout la Sérothé- rapie. Mais ces méthodes spécifiques ne doivent point faire négliger les méthodes physiologiques qui s'oppo- sent aux principales manifestations nuisibles de l'in- fection; les hémorragies, l’hyperthermie, l’asthénie réclament un traitement particulier : les antithermi- ques, les bains; la saignée, les injections de sérum ar- tüiliciel, en feront les principaux frais. Enfin, c'est sur une base scientifique, bactériologique, que reposent aujourd'hui l'hygiène individuelle et l'hygiène sociale qu'on oppose aux infections. L'ouvrage de M. Roger est à la fois le livre d’un sa- vant et celui d'un clinicien, d'un expérimentateur et d'un observateur; il communique au lecteur la convic- tion profonde que les recherches de laboratoire doivent aller de pair avec les recherches cliniques. Ce qui rend particulièrement instruetive la lecture de cel ouvrage, c'est qu'outre qu'il résume fort claire- ment les données de Ja science actuelle, il est très riche en documents originaux de haute valeur. ManceLz LaBn, Chef de laboratoire à la Faculté de Médecine. 1 ES MMACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS k Séance du 27 Janvier 1902. $ La Commission spéciale présente la liste suivante de candidats pour la place d’Académicien hbre, vacante par suile du décès de M. de Jonquières : {° M. Alfred | Picard; 2 M. Léon Labbé et M. Jules Tannery; 3° M. N. Grehant et M. J. Vallot. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. I. Fredholm étudie une classe de transformations raliunnelles. — M B. Lévi démontre la possibilité d’une transformation bi a- tionuelle d'une surface algébrique quelconque en une autre qui n'ait que des singularilés ordinaires. — M. G.Lippmann présente un nouvel appareil pour me- surer les varialions des pelites distances zénithales; il … peut fonctionner sans réglage et même sans stabilité ; . il permet de remplacer l'observation visuelle par la _ photographie. 20 ScExcEs PHYsiQues. — M. H. Becquerel décrit quelques propriétés nouvelles du rayonnement des corps radio-actifs. L’uranium ne possède pas, comme le radium, de parlie non déviable et très absorbable dans son rayonnement. La partie déviable du rayonnement du radium, identique aux rayons cathodiques, trans- forme le phosphore blanc en phosphore rouge. — M. L. Benoist présente.un appareil, uommé radiochro: … womètre, destiné à définir les diverses sortes de rayons X;ilest constitué par un disque d'aluminium, divisé en . douze secteurs, dont les épaisseurs vont en croissant de _ 1 à 12 millimètres; le centre du disque est évidé et “occupé par un disque d'argent de 0,11 millimètre d'épais- . seur. Les rayons sont caractérisés par le numéro du sec- . teur qui donne la même ombre que le disque d'argent. .— M. J.Fényi décritun appareil pour l'enregistrement | automatique des décharges de l'atmosphère, et dont organe principal est un cohéreur. Cet appareil à per- “mis d'enregistrer tous les orages qui se sont produits “en 4901 dans un rayon de 100 kilomètres autour de Kalocsa (Hongrie). — M. L. Teisserenc de Bort a éludié les varialions journalières des éléments météo- _rologiques dans la verticale. Les principales causes des variations thermiques sont : la détente de Pair par dépression, le refroidissement par l'arrivée d'air froid, puis par rayonnement, les inversions produites par la ormation des nuages bas. — MM. de Forcrand et Fonzes-Diacon ont déterminé les tensions de vapeur de l'hydrogène sélénié. Ce gaz forme un hvdrate cris- fallisé incolore, dont la lension de dissociation est de “h32 mm. à + 2°35, de 760 mm. à + 8° et de 11 atm. 30° ; c'est le point critique. La chaleur de formation “est de 16,82 cal. — M. P. Lebeau a combiné l'antimoine “et le lithium, mais la chaleur dégagée par l'union directe est si forte qu'il est pratiquement impossible d'obtenir ainsi un composé défini. Au contraire, en élec- “irolysant un mélange à poids égaux de LiCI et de KCI avec une cathode de Sb, on obtient un antimoniure “défini, cristallisé, peu fusible, répondant à la formule bLi®. — M. H. Moissan, en réduisant au four élec- rique par le charbon l'acide tantalique, provenant de a décomposition du fluotantalate de polasse, a obtenu du tantale métallique ou une fonte de tantale. Le tan- late est attaqué par Cl, Br, I, O, à des tempéralures plus ou moins élevées. Le tantale réduit à chaud SO, P°05, H'AsO*, les oxydes de plomb et de manganèse. Le tantale n'est pas attaqué par les acides. — M. Léon -Guillet, en réduisant l'oxyde de fer Fe*0* et l'oxyde de “manganèse Mn*°0* par l'aluminium en présence d'un xcès de ce métal, a pu isoler les combinaisons sui- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES LO C2 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER vanles : FeA]5, FeAl®, Mn°AÏ5, MnAÏ, MnAl‘. — M. A. Mailhe, en faisant réagir l'hydrate de cuivre sur les solutions de nitrates métalliques, a obtenu des sels mixtes de formules générales R (Az0°}. 3Cu0. 3H:0 (où R—Cu, Co, Ni, Mn) ou bien des sels basiques R!(Az0°)°. R'O. H?0 (où R'—Hy, Pb.). — M. V. Auger a constaté que l'acide arsénique et la glycérine réagissent fort bien l’un sur l’autre en produisant des éthers-acides avec départ de { mol. à 2 mol. d’eau; mais le produit obtenu est immédiatement hydrolysé au contact de l'eau froide, ce qui exclut la possibilité de préparation d’un arsénioglycérate par voie humide. — M. P. Mazé a éludié l'assimilation de l'acide lactique et de la gly- cérine par l'Æurotyopsis Gayoni. La composition ‘élé- mentaire du mycélum cultivé, dans les deux cas, ne diffère guère de celle du mycélium recueilli sur milieu sucré. Les éléments absorbés pour la constitution du mycélium sont donc à peu près ies mêmes. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. R. Dubois à recherché le mécanisme de la formation de la pourpre chez les Murex. Il existe, dans les glandes de ces mollusques, deux substances, dont l'une, la purpurine, après action d'un ferment nommé purpurase, est rendue susceptible de se co'orer à la lumière. — MM. P. Por- tier et Ch. Richet ont étudié les effets physiologiques du poison des filaments pêcheurs et des tentacules des Cælentérés. Il produit, sur le pigeon, des effets de som- nolence et d'impuissance motrice, qui peuvent aller jusqu'à la mort par arrêt respiratoire. Les auteurs désignent ce genre de poison sous le nom d'hypno- toxine. — M. G. Pruvot a constaté que les organes segmentaires des Syllidiens jouent un rèle mécanique, comme adjuvant de la locomotion; au moment de la reproduction, ils servent aussi à l'expulsion des sper- matozoides. — MM. Ch.-Eug. Bertrand ct F. Cornaille étudient les chaines de divergeants fermés et d'apo- laires des Filicinées. — MM. L.Mangin et F.Viala ont observé un dépérissement des vignes causé par un Aca- rien, le Cæpophaqus echinopus. Seul, le sulfure de car- bone a enrayé complètement l'extension de ce parasite. — M. E.-A. Martel déduit de ses études géologiques que le creusement des collecteurs souterrains et la genèse de la fontaine de Vaucluse sont antérieurs au Pléistocène, tout au moins d'âge pliocène, sinon de la fin du Miocène. Séance du 3 Février 1902. M. Alfred Picarä est élu Académicien libre, au deuxième tour de scrutin, en remplacement de feu M. de Jonquières. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ed. Maiïllet présente quelques remarques sur les fonctions entières. — M. P. Duhem démontre la proposition suivante : Un liquide, de profondeur et de hauteur infinies, coule dans un lit dont les parois cylindriques ont leurs génératrices pa- rallèles à Oz; la vitesse, indépendante de 7, est tou- jours parallèle au plan des (x, y); le lit s’élacgit intini- ment en amont et en aval. Si le liquide adhère au solide, il ne peut présenter aucun régime permanent autre que l'équilibre. — M. J. Guillaume présente ses observa- tions du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon pendant le second trimestre de 1901. L'aire totale tachée à beau- coup augmenté; les groupes de facules ont aussi auc- menté. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. Ch. Nordmann à Cous- taté que le Soleil n'émet pas de radiations électriques se propageant le long des fils etcapables d'impressionner les radio-conducteurs, ou que, s'il en émet, elles sont complètement absorbées par son atmosphère et les par- lies supérieures de l’atmosphère terrestre. — M. J. Chaudié a observé que la force électromotrice d'un élément Daniell croit quand la concentration du sulfale ‘de zinc diminue à partir de Ja saturation ; elle passe par un maximum pour une solution à 4/2 °/,, puis décroit pour des concentrations plus faibles. Le coefficient de [OMPERSIes d’abord négatif, croit et s’annule vers 1-8 °/,, passe par un maximum, décroit et s’annule de nouveau pour une solution à 1/2°/4. a observé les orages lointains dans la région de Tortosa, au moyen d'une ligne aérienne de 288 mètres, faisant avec le méridien magnétique un angle de N28°E etreliée à la terre, et d’un galvanomètre sensible au dix-millio- nième d'ampère. — M. Sebillaut a observé à Périers (Manche) une chute de pluie renfermant un abondant dépôt de silice; il pense qu'il s s'agit de l’eau d'un étang peu profond, enlevée par un vent violent et retombée sous forme de pluie. — MM. de Forcrand el Fonzes- Diacon ont déterminé quelques propriétés de l'hydro- gène sulfuré : Eb = — 6106 (766 mm.); F — — 86°; den- sité à l’état liquide — 0,86; chaleur de formalion de l'hydrate = 16,34 cal. I?S et H?Se ont des propriétés aussi voisines que possible, mais très différentes de H°0. — M. P. Lebeau a constaté que le lithium-ammonium réagit sur l’'antimoine en donnant un composé ayant, comme le produit obtenu par électrolyse, la formule SbLi. Ce corps se dissout dans lammoniac liquide et s’y unit pour former la combinaison SbLi*AzH*. L'anti- moniure de lithium est beaucoup moins fusible que ses constituants; il jouit de propriétés réductrices très éner- giques. — M. H. Moissan, en faisaut réagir, à Ja Lem- pérature ordinaire, l'anhydride carbonique sur l'hy- drure de potassium, a obtenu du formiate de potassium : CO +KH— HCOK. L'oxyde de carbone réagit de même en formant un mélange de carbone et de formiate 2 CO + KH = HCO*K+C. — M. C. Marie a préparé plusieurs sels et éthers de l'acide oxyisopropylhypo- phosphoreux. Ce corps se scinde à 120° en acide hypo- phosphoreux et acétone; il possède probablement la constitution suivante : CIS. OH 4 cu” NT No M. R. Marquis a cherché à hydrolyser l’uréthane py- romucique, dans le but d'arriver à la furfuraneamine ; mais ses essais n'ont encore donné aucun résullat. — M. H. Cousin a constaté que l’action de l'acide nitrique sur les vératrols trichloré et tribromé donne naissance à des dérivés mononitrés. Dans ce cas, la réaction est toute différente de celle qui a été obtenue avec les vé- ratrols tétrahalogénés et avec les gaïacols trihalogénés, douce donnait des dérivés quinoniques. — M. E. Roux a préparé de nouveaux dérivés de la glucamine : dérivés cuprique, pentaet hexacétylés, glucamine- urée, glucamine-phénylurée, etc. — M. M. Desfontaines à fait réagir le chlorure d'aluminium sur les anhydrides a-diméthylglutarique et aæ- -diméthylsuccinique. Dans le premier cas, il se forme de l'isocaprolactone et de l'acide téré bique ; dans le second, on obtient de l'acide diméthylacrilique. — M. P. Mazé a reconnu que la di- gestion des matières grasses dans les graines en voie de germination se fait par fixation progressive d'oxygène avec, probablement, une légère perte de carbone, pour aboutir, en dernière analyse, aux sucres 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. Nicolle et Adil-Bey ont découvert le microbe de la peste bovine; c’est un organisme invisible, qui peut traverser la bougie Berke- feld dans certaines conditions, c'est-à-dire NE to esl libre. Mais il peut “ue intra-le ucocytaire, et, dans ce cas, il est arrèté par la cloison poreuse. — M. Paul Vuillemin à observé un second cas de trichosporie de- la moustache à Nancy. Le parasite est identique au Trichosporum Bergeli, déjà trouvé dans le premier cas. — MM. H. Stassano el F. Billon ont constaté que la lécithine produit une augmentation signalée du ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES nombre des hématies; la résistance de ces cellules augmente également. La lécithine provoque aussi une. poussée considérable de globules blancs mononucléai- res. — M, I. Athanasiu a enregistré les contractions des muscles antagonistes dans les mouvements volon-. taires chez le cheval. Le fléchisseur externe et l’ex= tenseur antérieur du métacarpe ne se contractent pas en même temps; de plus, l’antagoniste qui n'est pas en activité se relâche au delà de sa tonicilé. — M.R. Dubois, à propos de la théorie mécanique de la vision. donnée par M. Pizon, rappelle celle qu'il a exposée il y plusieurs années déjà. — M. A. Policard a observé M que le testicule impubère de la Jiaie présente, dans sam pius grande partie, une structure lympho-myéloïde, On. peut vraisemblablement lui assigoer : 4° une fonction leucocytopoiétique; 2 une fonction dans la nutrition des ampoules spermaliques. Il ne paraît pas avoir de rô'e hématopoiétique. — M. P. Stephan a élé amené, à la suite de ses recherches sur les organes génitaux | des Poissons, à considérer les éléments à sécrétion « comme une adaptation secondaire des éléments géni- taux. — M. A. Vayssière a déterminé les Opisthobran- ches recueillis, en 1883, par l'Expédition du eee. ke Sur sept espèces, il y en a trois nouvelles : Le PAyIli- diopsis Berghi, le Discodoris Edwardsi et le Ptero- trachæa Talismani. — M. $. Jourdain pense que MM. Mangin et Viala ont incriminé à tort le Cæpo- phagus echinopus comme agent d'une maladie de la vigne. Cet Acarien est détriticole ; il n'attaque jamais la vigne bien portante; tout au plus peut-il hâter la destruction des parties déjà malades pour une autre cause. — MM. A. Maige et C.-L. Gatin ont observé que la tuberculisation des racines du T'hrincia tuberosa est due au fonctionnement actif des assises génératrices circulaires; dans les tissus secondaires qui en résul- tent se localisent les réserves d’inuline, qui sont utili-=M sées ultérieurement par la plante. — M. E. Perrot donne la description d’une plante originaire de Mada= sascar, nommée Asopo par les Sakalaves. Elle est iden- tique au Menabea venenata de Baillon ou T'anghin dem Ienabe. Elle renferme un poison très violent. — M. A.M Leclère a entrepris l'étude chimique des roches érup-m tives et métamorphiques du massif granitique de Fla-. manville. La granulite, postérieure au granit, n’en dif- fère que par une teneur supérieure en silice. Le porphyre, encore plus récent, est moins siliceux et plus alumineux. — M. J. Gosselet a constaté la pré sence générale de plis dans les couches de craie phos- PSE de la Somme. Le plissement s’est fait pendant la durée du dépôt de l’assise à Belemnites quadratus. — M. A. Gaudry compare les dents de l'homme à. celles des singes anthropoïdes. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 25 Janvier 1902. M. Ch. Richet a étudié les variations, suivant les sai-" sons, de la ration alimentaire par unité de surface chez le chien. La ration d'hiver est dans le rapport dem 3 à 2 avec la ration d'élé. — M. Ch. Féré a observés une influence dépressive sur le travail manuel par l'introduction directe de peptones dans l'estomac. — M. M.-E. Gellé a remarqué l'existence de cyclones dans la parole chuchotée. — M. R. Dubois : Méca- nisme intime de la formation de la pourpre chez lem Murex brandaris (voir p.209). — M. F. Dévé a reconnu que les kystes échinocoeciques nés des scolex peuvent. devenir fertiles. — MM. G. Linossier et G.-H. Lemoine ont reconnu que, lorsqu'on met en contact de la pré cipiline (sérum aclif précipitant) et de la substance précipitable, en quantités à peu près équivalentes, une partie seulement se sépare à l’état de combinaison in= soluble. Entre les portions des deux substances qui restent en dissolution dans le liquide, il s'établit un état d'équilibre, qui peut être rompu par addition d'un excès soit de l’un, soit de l'autre des corps réagissants;. il se produit alors une nouvelle précipitation. — M. P. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 21 QE .» eblane a reconnu l'existence de l’achondroplasie 1ez leS animaux domestiques, en particulier chez le eau ; celle-ci s'accompagne souvent de myxædème et de cachexie pachydermique. — M. J. Rehns a observé quen mettant en contact des globules de sang de œuf débarrassés de sérum et une solution d’une toxalbumine végétale (ricine, abrine, crotine), les glo- bules fixent la toxalbumine et la solution surnageante n'a plus aucun pouvoir. — MM. CI. Regaud et A. Po- Jicard ont étudié le segment cilié du tube urinifère de . la Lamproie ; il n’a aucune fonction sécrétoire; il règle probablement le flux du liquide issu de la capsule. — … M. M. Arthus a conslalé que le sang du chien qui … s'écoule en baignant une plaie cutanée coagule plus … vite que le sang qui ne touche pas à la plaie. Ce fait provient de ce que les tissus de la plaie cèdent au sang une substance qui hâte sa coagulation. — M. J. Noe à étudié la toxicité urinaire du hérisson; la moyenne générale du coefficient urotoxique est de 5 kil. 900. M. G. Meillère est élu membre de la Société. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 7 Fevrier 1902. … M. P. Villard décrit quelques expériences curieuses … sur des propriétés des corps traités par l'ozone. L'oxy- - gène ozonisé, préparé par la méthode ordinaire, est à eu près sans action sur le gélatinobromure d'argent. n obtient, au contraire, une action intense en mettant . sur la plaque sensible, ou à quelques millimètres de celle-ci, un corps capable de détruire l'ozone (papier, caoutchouc, etc.). Une pièce de monnaie donne ainsi, au contact, une effigie très marquée : l’aclion n'existe pas si la pièce a été préalablement chauffée au rouge. … Il n’est pas nécessaire que l’objet actif soit mis en pré- - sence de la plaque sensible pendant l'ozonisation. La pro- …priété d'impressionner le sel d'argent persiste plus de vingt-quatre heures après que l’ozone a cessé d'agir. On Mbtient des résultats analogues avec des substances _inorganiques, par exemple des métaux préalablement | par la chaleur rouge : certains d'entre eux ac- “quièrent, sous l'influence de l'ozone, une activité assez grande, qui persiste pendant plus d'un jour. Le bismuth “est dans ce cas, mais les résultats sont très irréguliers et semblent attribuables à un corps étranger. L'alumi- “nium donne des résultats assez constants; toutefois, “impression photographique n’est pas uniforme; elle e compose d'un semis de points noirs sur un fond gri- “sâtre. L'aluminium silicié s’est montré extrêmement actif, sans qu'il soit cependant certain que le fait soit dù au silicium. L'action exercée sur la plaque sensible lieu à une distance de plusieurs millimètres. Il semble “même que l’'émanation ou le rayonnement émis soient. “susceptibles de traverser une feuille très mince d'alumi- nium laminé. Le fait a été observé une fois avec l’alumi- nium silicié très actif. Il n’est pas encore possible, surtout en l'absence de phénomènes d'ordre électrique, de relier ces faits par une hypothèse. Mais on entrevoit la possi- bilité d'expliquer simplement un grand nombre d'ob- Servations très diverses ; en particulier, les propriétés des papiers insolés rentreraient dans cette catégorie. On it d'ailleurs que Thénard attribuait leur activité à l'ac- tion de l'ozone. À propos de la Communication de M. Vil- ard, M. A.Cornu siguale les expériences de Moser, rela- ives à l'inscriplion, sur plaque daguerrienne, de l'effigie une médaille en argent, bien nettoyée, mais mani- pulée avec les doigts ; on avait déjà admis à cette époque que l'impression photographique était due à une éma- nation gazeuse ; M. Cornu ajoute que Fizeau préconisait emploi de l'essence de lavande pour le lavage d'un suerréotype sur argent poli, et qu'il considérait comme GA sa buche d'essence ; l’action photographique est excité» par la présence de la substance organique. Ces fails Ed. Guillaume résume les résultats des travaux récents e MM. Ramsay et Travers, et de MM. Liveing et Dewar | sur les gaz de l'atmosphère. Ces recherches ont déjà été exposées, à diverses reprises, aux lecteurs de la Revue’. — M. Abraham présente et fait fonctionner le télésraphone de M. V. Poulsen. Cet appareil a été également l’objet d'une description détaillée dans la Revue? SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 24 Janvier 1902. M. Guerbet, chauffant en tubes scellés l'alcool pro- pylique normal avec son dérivé sodé, a obtenu un alcool de formule C‘H#0, que ses propriétés identifient avec le méthylpropylcarbinecarbinol : CH® Nc — CH20H. CH7/ Dans les mêmes conditions, l'alcool butylique normal C*H!°0 lui a fourni un alcool nouveau, l'alcool dibuty- lique C$H#0, liquide incolore, huileux, bouillant à 181° à la pression de 756 millimètres; de densité 0,8483 à 00. M. Guerbet à montré antérieurement que, dans les mêmes circonstances, la condensation de l'alcool éthylique donne l'alcool butylique normal, celle de l'alcool isoamylique donne l'alcool diamylique, celle enfin de l'alcool œnanthylique donne l'alcool diænan- thylique. Il en conclut que la réaction est générale ; elle revient à l'élimination d'une molécule d'eau entre 2 molécules d'alcool avec formation d’un alcool deux fois plus condensé : 2 CrH?2r +20 — H°0 — C2affin +2 ( ), M. A. Haller expose ses essais en vue de la prépara- tion d'homologues supérieurs de l'acide homocampho- rique, dans le but d'obtenir avec ces corps de nou- velles cétones bicycliques. Ses premiers essais ont porté sur la préparation d'un éther à la fois campho- carbonique et camphoacétique. Cet éther prend nais- sance quand on fait agir de l’éther méthyliodacétique sur l’éther camphocarbonique sodé. Il a pour formule : CHE — CO2CHS C 7 C2 | Noces Nco et constitue une huile épaisse qui distille entre 190-200 sous 45 millimètres. Quand on chauffe cette huile avec de l’éthylate de soude à 200-220°, dans le but de pro- voquer la rupture d’un des noyaux, on n'obtient qu'un acide visqueux incristallisable. Si on le saponifie, au contraire, avec de la potasse alcoolique, on réussit à isoler un corps cristallisé, fondant à 175°, et qui n’est autre chose que de l'acide camphoacélique : CH — CH? — COSH CCI CO homologue supérieur de l'acide camphocarbonique. L'auteur se propose de préparer le composé : CH2— CH? — CO2H CHU SN cooH ’ homologue supérieur de l'acide homocamphorique, en saponifiant par la potasse l’éther cyanocamphoacé- tique, qui doit se former dans le traitement du camphre cyané par l’éther iodacétique. — M. H. Moissan à étudié les hydrures de sodium et de potassium, et dé- 4 Voyez notamment : W. Ramsay et M. TRAVERS : et ses compagnons, dans la Revue du 15 décembre 1900, t XI, p. 1259et suiv. Mie A.-M. Ccerke : Les recherches sur les basses tempé- ratures à l’Institution Royale, dans la /tevue du 15 février 1902. 2 L. Orivier : Une révolution en téléphonie, dans la Revue du 30 juin 1900, t. XI, p. 170 et suiv. L'argon 216 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ecrit leurs propriétés et leurs réactions. (Voir p. 105 el 164.) — M. Guichard, examinant les différents oxydes bleus de molybdène indiqués dans des publications ré- centes, pense que tous ces oxydes, qui ne présentent pas de propriétés différentes de celles qu'il a indiquées, sont identiques avec l'oxyde bleu préparé par lui.—M.Tardy, étonné que MM. Gildemeister et Hoffmann, dans leur livre sur « Les huiles essentielles », mettent en doute l'existence et la formule de la cétone anisique décou- verte par M. Bouchardat et lui dans l'essence d’anis, et qu'il retrouva dans l'essence de fenouil, expose et maintient les faits suivants : 14° Il existe dans les essences d’anis et de fenouil un corps combinable au bisultite, bouillant à 263°, de formule C1°H1202; 2 L'oxy- dation par le permanganate donne de l'acide anisique et de l'acide acétique : c'est donc une cétone; 3° Cette réaction d'oxydation et le fait de se combiner au bi- sulfite lui font assigner la formule CH*0 — CH! — CO — CH$, On n'a pas pu l'identifier avec l'éthylanisyl- cétone de Wallach. Cette formule a été indiquée depuis, par MM. Béhal et Tiffeneau, pour une célone obtenue en oxydant par l'iode-et HgO le parapseudopropényl- anisol dont ils avaient fait la synthèse. Leur cétone bout à 263° et se combine au bisulfite. Son oxime fond à 720, M. Tardy a fait l'oxime de son produit et observé le même point de fusion : 72°. I y a donc identité, et la synthèse, postérieure à la découverte du produit na- turel, confirme l'existence et la formule de la cétone anisique. — M. Simon entretient la Société de la suile de ses recherches sur l'acide pyruvique. — M. Béhal présente : une note de M. Guntz sur un appareil de chauffage électrique; une note de M. Aloy sur l’action de l’oxyde de bismuth sur diverses solutions métalliques; une note de M. Maïlhe sur l’action des hydrates de cuivre sur les dissolutions aqueuses des sels métalliques; une note de M. Henri Lasne sur le phosphateammoniacocalcique ; unenote de M.E. Pozzi- Escot intitulée : Propriétés catalytiques des hydrogé- nases, identification de la catalase de M. Lœw et du philothion de M. de Rey-Pailhade ; et deux notes de M. Favrel sur quelques hydrazones. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 24 Janvier 1902. M. J. Swinburne expose quelques considérations sur les facteurs de la chaleur. Dans toutes les branches de la Physique, excepté dans la Chaleur, l'énergie est divisée en paires de facteurs. La chaleur seule est con- sidérée comme une sorte d'énergie indivisible et est traitée comme un tout, de sorte que l'on a une conduc- bilité calorifique, une capacité calorifique, une chaleur spécifique, etc. La capacité calorifique et la chaleur spé- cifique sont donc prises, quand elles comprennent un travail extérieur, à pression constante; de sorte que la capacité est calculée comme capacité pour une énergie qui existe seulement en partie dans la substance. La chaleur est si peu considérée comme énergie qu'elle a sa propre unité, et que les équations qui impliquent avec elle d'autres formes d'énergie ont besoin d’un coefficient. La température peut être un facteur de la chaleur, mais il n'y à pas de facteur de quantité cor- respondant. Il n'y a pas d'unilé vraie de température ; celle-ci est mesurée en degrés qui ne se relient à rien d'autre. La température est quelquefois traitée comme facteur de tension, avec la chaleur comme facteur de quantité; la chaleur serait donc son propre facteur de quantité. L'entropie est parfois employée incorrectement comme facteur de quantité correspondant à la tempé- rature. L'auteur en arrive à proposer un système où l'énergie calorifique est divisée en deux facteurs + el z; + est proportionnel à la racine carrée de la température et est appelé par l’auteur /asis ; l’autre facteur + est appelé posot. Dans un gaz quelcorque, le {asis est pro- portionuel à la vitesse effective et le posot au moment. Le tasis et le posot sont analogues aux facteurs de ten- sion et de quantité employés pour toutes les autres .point, les essais répétés de fractionnement des sels de « formes de l'énergie. La conductibilité du posot suit la loi de Ohm et la capacité d'un corps pour le posot est constante, M. Everett objecle au système de M. Swin- burne que ses deux variables, le fasis et le posot, ne sont pas indépendantes, au moins pourles gaz parfaits. L'énergie du gaz étant représentée par ‘/, mv?°, le tasis. est v et le posot mv; il n'ya donc qu'une variable indépendante, et des variations arbitraires dans «la. condition du gaz ne peuvent être représentées. D'autre part, le posot est d'une nature douteuse; le moment, est toujours un vecteur en Physique et ici le posot est un scalaire. M. G.-H. Bryan trouve que le système de M. Swinburne a de grands désavantages en comparai- son de la méthode conventionnelle de la Thermody- namique. — M. E. Large présente quelques cristaux mäclés de sélénite. E SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Scance du 16 Janvier 1902. MM. E. Rutherford et F. Soddy ont étudié le pou- voir radioactif des composés du thorium et cherché, en particulier, à résoudre les trois questions suivantes : 1° La thorite, dont le pouvoir émissif à été fortemen diminué par la calcination, peut-elle reprendre se propriétés originelles par un traitement chimique ? 2 Le pouvoir émissif est-il une propriété spécilique du: {horium ou est-il dû à la présence d'un corps étranger» 3° L'émanation radioactive en elle-même ressemble= t-elle, au point de vue chimique, à une substance con= nue? La première question est résolue par l’affirmative : la thorite calcinée, dissoute, puis reprécipilée, présente la même radioactivité qu'à l’origine ; la calcination ne produit donc qu'une obiitération et non une destruc= tion du pouvoir émissif. En ce qui concerne le second Thorium n'ont pas donné des substances différant sen= siblement de pouvoir radioactif. Toutefois, la présence de vapeur d'eau augmente et la dessiccation diminue le. pouvoir émissif. Enfin, les recherches sur la troisièm question ont montré que l'émanation thorique possè tous les caractères d'inertie chimique des membres de la famille de l'argon. Elle n'est pas détruite par son passage sur du chromate de plomb, du noir de platine ou de palladium, du magnésium et de la poudre zinc chauffés au rouge. Une observation remarquable élé faite sur les solutions dont le thorium a été précipi par AZH*; quoique ces solutions soient exemples thorite, elles présentent une radioactivité considérabl possédant lous les caractères de celle du thorium. séparalion de cette substance soluble ne diminue p beaucoup la radioactivité du thorium précipité; tou lois la radioactivité en ligne droite décroit d'une facon appréciable. Pour les auteurs, la radioactivité du tho rium doit donc être attribuée à l'émanation d'une subs lance ThX, existant en très petite quantité dans le (ha rium, mais d'un pouvoir radioactif considérable. = M. A.-G. Perkin à poursuivi l'étude de la myricétine CSH0%.H0. Elle devient anhydre à 160 et fond à 357% Elle fournit un dérivé tétrabromé et un dérivé peuta méthylé CH°03 (OCH*); ce dernier fournit par décon position l'éther triméthylique de l'acide gallique l'éther monométhylique du phloroglucinol. Elle dont également naissance à un dérivé hexaméthylé, quis décompose d'une façon analogue. La myricétil C*H#20%.120 devient anhydre à 160 et fond à 1999-20 c'est un glucoside de l'écorce du A/yrica nagi; elle € Jécomposée par les acides en myricétine eten rhamnos MM. F.-D. Chattaway et J.-M. Wadmore ont étudié la constitution des acides cyanhydrique, cyanique cyanurique. La facon dont se comportent les chlorure bromure et iodure de cyanogène montre que, dans ces composés, l'halogène est relié à l'azote; ils ont donele drique et les cyanures sont des composés analogué c'est-à-dire de nature iminique : € : Az.H, C : Az: . , relation des cyanures avec les cyanates et la » “cyanhydrique indique, pour ces derniers, la probabilité d'une constitution so : O:C:Az.H, O:C:A7.K. L'acide cyanurique donne un dérivé dans lequel tous les H sont remplacés par Cl, et dans lequel le Clest certaine- ment lié à l'azote ; les cyanurates font de même. Tous ces corps sont donc aussi des dérivés iminés et non hydroxylés : (R] Passe LYS I. AZ Az.H K.AZ Az.K | | | O:C CG: 0 O:C (D4E Naz/ Naz/ | | 4 H K MM. Dobbie, C.-E. Groves, Lapworth et Forster présentent de nombreuses objections aux conclusions précédentes et soutiennent l'existence de formules hydroxylées. — MM. J.-T. Hewitt et T.-S. Moore dé- erivent une modification de la méthode de Zeisel pour a détermination des groupes méthoxyles. Le conden- sateur est remplacé par une colonne fractionnante, ce qui dispense de l'emploi des boules contenant la potasse et le phosphore rouge. — M. W.-C. Ball décrit une nouvelle réaction colorée de l’hydroxylamine, qui est assez sensible pour déceler ce corps dans des solu- tions si diluées qu’elles ne réduisent plus la liqueur de Fehling ni à froid, ni à chaud. On fait bouillir la solu- tion d'hydroxylamine avec quelques gouttes de sulfure d'ammonium jaune jusqu'à précipitation de soufre; on ajoute alors 2 à 3 centimètres cubes d’une solution d'ammoniaque à 0,880 et finalement un égal volume d'alcool fort pur. Il se forme alors une coloration pourpre intense, possédant un spectre d'absorption caractéristique. — M. A.-W.-C. Menzies a étudié la sensibilité des thermorétulateurs. Avec quelques pré- œautions, un thermorégulateur ordinaire, chauffé au gaz, a pu être maintenu à la température constante de 18° avec une variation totale de 0°008, c’est-à-dire “0004 dans chaque sens. Au bout de 24 jours, il marquait la même température qu'au commencement. MM. A.-G. Perkin et S.-H.-C. Briggs ont déterminé les matières colorantes de l’'ébène vert (Zxcoecaria HandulosaouJacarandaovalifolia). L'une, l'excoécarine, 2°H°05, est jauneet teint faiblement les fibres animales. Elle forme un dérivé tribenzoylé et un éther dimé- hylique; par fusion avec les alcalis, elle donne de hydrotoluquinone et de l'acide hydroquinone-carboxy- que. L'excoécarine, oxydée par le brome en présence étate de potasse alcoolique, se transforme en excoë- one C'*H#O%. L'autre matière colorante, la jaca- andine, C**H#20%, ressemble à la lutéoline au point de ue colorant et donne des dérivés diacétylé et diben- ylé. Par fusion avec les alcalis, elle donne un acide, ivant apparemment du catéchol. — MM. A. Senier BW. Goodwin, en faisant réagir l’iodure de méthylène l’aniline, les toluidines et les xylidines, ont obtenu arylméthylènediamines. Avec la d-cumidine, par bntre, il y a condensation, et l’on obtient un dérivé ëlacridine, l'hexaméthylacridine. L'« et la f-naphty- ines donnent de même l’x et la f-naphtacridines. IM. A. Senier et T. Walsh ont observé la polymé- sation de l'acide cyanique; il se forme en même ps de l'acide cyanurique et de la cyamélide; on eut les séparer par traitement à l'eau, la cyamélide y nt pratiquement insoluble. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LONDRES. 1 Séance du 6 Janvier 1902. 2 Comité de l'arsenic présente un Rapport sur la herche et la détermination approximative de faibles A ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 2417 | quantités d'arsenic dans la bière, les matières premières de la brasserie, les aliments et les combustibles. Ce Comité avait été uommé à la suite de l'épidémie d'em- poisonnement par la bière arsenicale qui à eu un si grand retentissement en Angleterre. Après un examen des diverses méthorles de recherche de l’arsenic, le Co- mité recommande celle de Marsh-Berzélius. Avectoutes les précautions qu'il indique, on peut arriver à déceler dans une substance 1/7.000.000 d’arsenic. — M. J.-T. Hewitt présente ses recherches sur l'influence retarda- trice des aldéhydes sur la maturation des alcools de consommation. L'auteur conclut que la maturation des liqueurs ne consiste pas seulement dans une transfor- mation des produits présents dans la substance brute, mais aussi daus une perte directe decertains constituants par diffusion à travers les tonneaux et évaporation à la surface extérieure ; ces substances ainsi perdues seraient en majeure partie des aldéhydes. La question de la dis- parition des alcools supérieurs pendant la conservation reste ouverte, car les déterminations de l’auteur n'ont pas permis de trancher ce point. Les alcools supérieurs jouent un rôle dans la saveur des liqueurs, et, comme il est rare de les obtenir débarrassés d’impuretés qui peuvent être plus actives physiologiquement que les alcools mêmes, il est douteux que leur élimination constitue un avantage. Dans la détermination des éthers composés des liqueurs, il faut prendre soin de distin- guer l'acide libre de l'acide organique total; la pratique qui consiste à déterminer l’acide organique total après hydrolyse, et à le compter comme s’il était entièrement présent à l'état d’éthers, est défectueuse. Il serait dési- rable de faire progresser l'étude des bases présentes dans les liqueurs, car plusieurs bases oxygénées pa- raissent avoir une action physiologique puissante. SECTION DU YORKSHIRE. Séance du 21 Janvier 1902. M. Ch. Lamb a étudié la solidité à la lumière des cuirs teints avec des couleurs d’aniline. Environ 1.500 mor ceaux de cuir tanné au sumac, teints avec diverses couleurs, ont été placés sous une serre et exposés à la lumière vive. Ces morceaux ont été examinés à diverses époques et, à chaque examen, on notait ceux dont la couleur avait passé. Voici les noms de quelques couleurs qui avaient disparu : à la fin de la première période (9 jours) : éosines, naphtol vert B, phloxines ; à la fin de la deuxième période (31 jours) : violets acides 6B,RS,2B, chrysoïdines RE,AG,O,J, verts impériaux G1,62,G3, vert malachite, violet méthyle 2, verts russes, bleus turquoise; à la fin de la troisième période (69 jours) : bleus alcalins 6R,6B, auramines 2,0,G, bruns Bismarck, chrysoïdines G,R,Y,YY, cannelles, jaune naphtol, phosphines 1,2,3,4,N,3R; à la fin de la qua- ième période (124 jours) : rouges d’acridine, violets acides BN,;FS, verts acides, bleus indigo, violets méthyle 2R,3R,4R,3B,6B,BB, phosphines E,L,G,R,WA, rouges russes; à la fin de la cinquième période (190 jours) : jaunes azo, bruns acides, ponceaux doubles, nigrosines, oranges, ponceaux, écarlates ; à la fin de la sixième période (272 Jours) : violet acide 3BA, indulihes, bleu de méthylène B, safranine 2, noir Victoria; à la fin de la septième période (294 jours) : jaune Cuba, flaxin- duline 2, rouge méthylène G, tartrazine, bleus à l’eau R,3R,BB; à la fin de la huitième période (322 jours) Bordeaux S, bleus coton BB,L, nouveaux bleus méthy- lène, rhodamine B, violamine R ; à la fin de la neuvième période (397 jours) : violamine, nigrosine WG, bleu solide 5B et violet acide 4R. Plusieurs couleurs ont pré- senté des changements de teinte avant leur disparition. Il est intéressant de noter que les couleurs solides sur laine ne le sont pas nécessairement sur cuir; les matières colorantes basiques qui sont, en général, fugitives sur laine, ne le sont pas autant sur cuir. — M. F.-A. Blockey a fait l'analyse d’un grand nombre de matières tannantes employées surtout en Australie, aux Indes et en Amérique. Voici quelques-uns de ses 218 résultats, obtenus par la méthode de l’Association inter- | intenses et fortement absorbables, présentent des colo- nationale des Chimistes des Industries du cuir : Matière tannante ©/, Acacia pyenantha. . . 10,24 49,5 Acacia decurrens norm. . 41,4 Acacia penninervis . Sr Acacia dealbata . 12,2 Eugenia Smithii. . 10,7 Caesalpina digyna. . 43,9 Terminalia oliveri . 31,1 PIS{aCia Ver A REC 0 30,1 Rhus\glabradfeuilles)- "+220. 0. 196 R'AUSIPDINITANLAN EEE, 1 se RME Fhus cotonoïdes (id.) 20,4 Fhus cotinus (id.). 16,1 RhuSieOTIArTaNAUE) RE EU ST Extraits tannants solides provenant de : Bruguiera gymnorhiza. . 60,3 Pentacme siamensis. 66,0 Pterocarpus marsupium. 70,6 Terminalia bellerica. 70,4 Xylia dolabriformis. VS TC TR OUR ACACIAICALEC RUES 2 EL UN ONE AE SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 10 Janvier 1902. MM. E. Gehrcke et O. Lummer communiquent de nouvelles recherches sur la résolution des lignes spec- trales les plus fines. Seance du 2% Janvier 1902. M. E. Goldstein communique des expériences iné- dites, faites il y a vingt-deux ans dans le Laboratoire d'Helmholtz, et qui sont de nature à expliquer quelques phénomènes qui se passent dans les tubes de Geissler. Plusieurs observateurs ont éprouvé de la difficulté à reconnaître si certains phénomènes lumineux, produits par la décharge dans les tubes à vide, sont dus à la lumi- nescence d’une couche gazeuse mince située contre la paroi ou à celle de la paroi intérieure même du tube. L'auteur, donne pour la solution de cette question, le cri- térium suivant : Quand, dans un tube à décharge, des particules gazeuses émettent de la lumière, on aperçoit le contour de la lumière à l'intérieur du verre; au contraire, si c'est la paroi intérieure qui luit, la lumi- nescence apparait à l'œil sur la paroi extérieure. M. Goldstein montre que ce phénomène est attribuable à une illusion optique, due à la réfraction des rayons lumineux par le verre et à leur réflexion totale à la sortie. — M. A. Gleichen a entrepris la détermination de la courbure verticale de l’image sur la rétine en tenant compte de l’existence de couches dans le cris- tallin. On sait que la dioptrique de l'œil humain a été longtemps basée sur un œil schématique, possédant une lentille homogène. Mais le cristallin est, en réalité, formé de couches consistant dans une augmentation continue des coefficients de réfraction de sa substance en partant de ses deux surfaces et en allant vers le centre. La loi des stratifications à été trouvée par L. Matthiessen el vérifiée sur de nombreux exem- ples; son auteur en a déduit les conséquences quant à la marche du rayon visuel dans l'œil, mais ses travaux semblent ignorés des ophtalmologistes. C'est ce qui a engagé M. Gleichen à reprendre l'étude de la courbure de l’image rétinienne au moyen du théo- rème bien connu de Petzval, mais en y appliquant la loi de Matthiessen. Après d'assez longs calculs, l’auteur arrive à cette conclusion qu'un objet plan donnera une image rétinienne dont le rayon de courbure sera, pour la vision à l'infini, R——15,7 mm., et, pour la vision rapprochée, R=——13 mm. Il n’y aurait donc plus de plan de l'image dans l'œil et l’orthoscopie n’existerait pas; l’image n'est pas semblable à l'objet : à des lignes droites de l'objet correspondent des cercles de l’image. —M. G. Holzknecht a observé que certaines substances, après avoir été exposées à des rayons de Rôntgen ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES | rations plus ou moins marquées, semblables à celles «| que M. Goldstein a observées après l’action des rayons « cathodiques et &e la lumière ultraviolette. Ces colora- tions sont très sensibles à la lumière ordinaire, qui les détruit. Les substances ainsi impressionnables sont : le chlorure de sodium (coloration jaune chamois), le chlo- rure de potassium (héliotrope à violet clair) et le bro- mure de potassium (bleu vert). ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 25 Janvier 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. W. Kapteyn : Sur l'équation différentielle de Monge. Etude générale du cas particulier r — 2%{ + y = 0, traité auparavant sous des conditions limitantes par rapport aux fonctions À et p. — M. P. H. Schoute présente, au nom de M. F. J. Vaes : Décomposition en facteurs. Seconde partie (pour. la première, voir fev. génér. des Sc., t. XIII, p. 112). — Rapport de MM. J. C. Kluyver et W. Kapteyn sur un. mémoire de M. K. Bes : Les systèmes de racines d'un système de n équations homogènes à n +41 variables. Recherches sur le nombre des points d’intersection, indépendants entre eux, de deux courbes planes et de trois surfaces. Le mémoire paraîtra dans les publica- tions de l’Académie. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. E. J. G. du Bois: Toupies polarisées asymétriques; suite de l’article pré- cédent (Rev. génér. des Se., 1. XII, p. 112). Etude du cas où l’axe d'inertie OZ est normal à la direction du champ. Influences isocinétique et adiabatique du champ. Phénomènes d’induction dans le cas d'un essaim de toupies indépendantes les unes des autres. M. J. M. van Bemmelen présente la thèse de M. C. H. Ketner : Het stelsel natriumcarbonaat, enz. (Le système carbonate de soude, alcool éthylique et eau.) — M. C. A. Lobry de Bruyn présente, au nom de M. J. J. Blanksma : Sur la pentanitrophénylméthyl- nitramine, le létra- et le pentanitrophénol. On sait, depuis longtemps, que l’aniline et le phénol se trans- forment facilement, sous l’action d’eau de chlore ou - de brome, en des produits de substitution trihalogénés, de même que le phénol donne facilement du trinitro- phénol (acide picrique) sous l’action de l'acide nitrique. Alors, les trois atomes halogènes et les trois groupes « nitro occupent toujours les trois positions méta libres et donc, par rapport à AzH° et OH, les positions ortho et para, jamais les deux positions méta restantes. Il y a quelque temps, M. Langer à publié des recherches systématiques sur la façon dont se comportent les dérivés de l’aniline à ce point de vue; jusqu'à présent, des recherches analogues sur les dérivés du phénol font encore défaut. M. Blanksma s'est proposé de combler cette lacune. Nous indiquons ici les substances, en partie nouvelles, qu'il vient de préparer. La trichloro=s et la tribromodinitroanilines se forment facilement : ee er nt ER TRS ER RS SE dm Lee 2 AZI, AZI | É à C/ ‘ | == | Az0, AzO, A A0, F AO; Az0, su J A0, En second lieu, l’auteur soumit à l'action de l'acide nitrique la métanitro- et la métamétadinitrométhyl= aniline. Ainsi, il obtint la tétranitrophénylméthylni- tramine, découverte en 1889 par M. van Romburgh, ets le dérivé pentlanitré correspondant : AH Az0, H . AzO, AZ Cu, AZ CH, AZ CH, ACH, : A20, NS Az20, 4 A20,// A20, : | LM EI A20, \ 7 A20: Az0,\° /A20; AO A20, AzO, AzO: La dernière substance est un corps jaune bien cris- allisé, fondant à 132°; en l'échauffant, elle fait explo- sion. Enfin, M. Blanksma s'est occupé de la réaction du métanitro- et du mélamétadinitrophénol avec l'acide itrique concentré, qui donne lieu à la formation de tétra- et de pentanitrophénol fondant à 140° et 190° : OH oH ou oH A20// A7, AS A0. AZO, Lil: Len 2 A AZ; AZU, AzO, à Az0, \U7AZOs Az0, A0: \0,\ Az E L Az0, Az0, - Les détails des recherches de M. Blanksma paraîtront sous peu dans le Aecueil des Travaux chimiques des Pays-Bas. — M. H. G. van de Sande Bakhuyzen pré- sente, au nom de M. E. Engelenburg, un mémoire : Zur täglichen Variation des Erdmagnetismus (Sur la variation diurne du magnétisme terrestre). Pre- mière partie : Déclinaison. Sont nommés rapporteurs MM. P. Zeeman et H. Haga. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. C. A. Pekelharing : … Sur la pepsine. L'auteur rappelle le mode de prépara- “tion de la pepsine, indiqué par lui il y a quelques “années (Aev. génér. des Se., t. VIL, p.732), etse basant sur la digestion de la muqueuse de l'estomac du porc à. 37°C. avec HCI à 1/2 °/,. La matière albumineuse ainsi obtenue possédait à un très haut degré le caractère et l’action de la pepsine; de plus, elle perdait la faculté de digérer de l’albumen à la température même où elle coagule en solution acide. L'auteur en conclut que la matière en question contenait non seulement la zymase, mais qu'elle formait elle-même la zymase. Toutefois, il fut impossible d'obtenir une certitude sur e point, la pepsine disponible ne présentant pas un egré satisfaisant de pureté, comme le prouvait sa variabilité en teneur de phosphore. Aujourd'hui, après des tentatives plusieurs fois répétées, l’auteur doit avouer qu'il lui a été impossible d'extraire la muqueuse de l'estomac de manière à obtenir une substance de omposition invariable. C'est pour cela qu'il a pour- vi ses recherches avec du suc gastrique d’un chien, sécrété pendant un repas fictif, après qu'on eut pratiqué hez cet animal, suivant la méthode de Pawlow, à la fois une fistule gastrique et une fistule æsophagienne. À l’aide de la dialyse aqueuse, on peut en séparer une matière, correspondant dans.ses propriétés entiè- ement à l'extrait de la muqueuse de l’estomac, et pré- sentant toujours très sensiblement la même composi- tion, savoir : G 51,99 H 7,07 AZ 14,4% S 1,63 4 Le te matière ne contient pas de phosphore. De plus, matière dialysée, séparée par filtration du précipité, sontient encore une quantité considérable de pepsine. En saturant le fluide à moitié avec du sulfate d'ammo- am, on obtient un précipité qui, après être débarrassé sel, correspond en propriétés et en composition élémentaire avec la matière albumineuse obtenue par écipitation dialytique. Quand ce précipité se forme tement, soit par dialyse, soit sous l'influence du ate d’'ammonium, il se présente, non dans l'état morphe, mais sous forme de petits globules réfrin- ts, ressemblant aux globulites de l'albumen de uf, obtenues par la méthode de Hofmeister. Par un Méchauffement rapide de la solution acide, la substance se décompose, de manière qu'un des produits de la omposition se précipite sous forme d’une matière oluble dans l’eau neutre et acide, facilement s0- le dans les alcalis. Cette matière, qui se transforme ébullition avec les acides minéraux en bases pu- jues et en un pentose, ne peut pas être considérée me un nucléoprotéide, le phosphore y faisant défaut. De plus, en la traitant avec les alcalis, on n'obtient pas cide nucléique ; mais, en perdant une partie de son oufre, elle fournit une matière albumineuse qui jouit es propriétés d'un acide et qui est à peine soluble dans ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 219 l'eau, absolument pas dans les acides faibles, et facile- ment dans l'alcool chaud. L'auteur croit pouvoir con- clure que la matière albumineuse, préparée maintenant à un degré satisfaisant de pureté, est la zymase elle- même. Le suc gastrique, privé de cette substance à l’aide d’une demi-saturation avec du sulfate d'am- monium, a perdu en même temps la faculté digérante. Alors toute la pepsine se trouve dans le précipité, qui forme une albumine de composition invariable, per- dant précisément à la température de coagulation la propriété de pepsine. Cette albumine très complexe présente encore, avec la pepsine, la propriété de ne pas se modifier au contact de la formaldéhyde. La quantité de cette albumine dans le suc gastrique est proportion- nelle à la faculté digérante. On pourrait croire que la préparation artificielle de suc gastrique ne donnant pas de réaction albumineuse est incompatible avec la théo- rie de l’auteur ; toutefois, c’est une opinion erronée. En effet, la solution de l’albumine pure dans HC] d'une concentration de 2 °/,, jouit encore d'une faculté digé- rante assez forte, à un degré de dilution où toutes les albumines connues donnent un résultat négatif. Non seulement la matière pure digère de l'albumen, mais, en solution acide, elle transforme aussi l'albumose en plastéine, et, en solution faiblement acide ou neutre, elle fait coaguler le lait. Elle ne présente pas la moindre trace de l’action d’une lipase, quoique le suc gastrique frais du chien, dont l’auteur s’est servi dans ses expé- riments, montre très clairement la réaction sur le lait et le jaune d'œuf, décrite par Vollhard. Quant à la pos- sibilité du fait que la même molécule jouisse de dif- férentes propriétés zymatiques, l’auteur se rapporte aux expériences récentes de M. Nencki et de Mr: Sieber, se joignant tout à fait au résultat qu'ils en déduisent. — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente, au nom de M. E. Dubois : Sur le transport de soude et de chlore vers la mer par les rivières. L'auteur publie un tableau faisant connaître, pour les rivières et les lacs les plus importants du monde-entier, la teneur en Na et en CI sur un million de parties d'eau. (Tableau [) : TABLEAU I. RIVIÈRES ET LACS Na 1 Les torrents des Pyrénées . . .| 0,35 2 BTE RMLIPSSEE PCR 00 02 3e Rin(aMayence) 0 12:48 | 4 Le Lac des Quatre-Cantons. DE TA 5 | La Vistule (à Culm) 5 2,76 6 | Le Danube (à Vienne) . 2,82 1 L'Elbe (à Tetschen). . FE 3,44 8 Le Lac Léman (à Genève). . . 4,12 9 La Seine (à Bercy) . 4,85 10 | La Meuse (à Liége). . c 5,46 11 | La Moldau (à Prague). . . . . .| 5,98 42 Le Rhin (aBonn) er 0693 43, | Le Rhin (à Arnheïm)."... : {5 9,18 | 1% | Le Mississipi (cours supérieur) .| 10,00 | 15 La Tamise (à Londres) . . . . .| 14,23 | Ab Ta Sprée (Berlin) "#05; 20 | 17 | La Plata (cours supérieur) . . .| 15,10 | ABPIULeNI (an Gaire) MAPS 2519 | 19 | Le Mississipi (New-Orléans). . .| 31,00 | 20 | La Plata (à Buenos-Aires). . . .| 51.30 Les conséquences déduites de ce tableau se basent sur une comparaison des teneurs en Na et en Cl entre elles. Ainsi, au Caire, le surplus de Na est excessivement grand à cause de la vaporisation excessive, d'après Murray, quatorze fois plus grande qu’au bassin de la Meuse, etc. — M. Th. Place présente, au nom de M. J. Boeke : Sur le développement de lentoderme, de la vessie de Kuptfer, du mésoderme, de la tête et de l'infundibulum chez les Murænoïdes. Parmi les œufs des JMurænoïdes qui se trouvent dans le plankton du golfe de Naples 220 pendant les mois d'août et de septembre, M. Raffaele a déterminé cinq espèces bien distinctes. En 1893 et 1896, MM. Grassi et Calendruccio ont confirmé ce ‘résultat, toutefois sans étudier davantage les œufs en question. Pendant l'été de 1900 et de 1901, M. Boeke a eu l’occasion de récolter une belle collection de plu- sieurs centaines de ces œufs, et d'examiner le dévelop- pement des embryons jusqu'à la période critique. Ainsi, non seulement il a pu confirmer encore une fois l’exac- Utude des observations de M. Raffaele, mais il a trouvé, de plus, (rois espèces nouvelles de Murænoïdes, rigou- reusement distinctes des cinq espèces connues. Cepen- dant, les processus de développement qu'il décrit dans ce mémoire-ci n'ont trait qu'aux cinq espèces connues, les trois espèces nouvelles n'étant représentées dans sa collection que par quelques exemplaires isolés. Pour ces processus, nous renvoyons au travail original. — M. C. Winkler présente, au nom de M. J. K. A. Wert- heim Salomonson Une nouvelle loi d'irritation. Suite de la communication précédente (Rev. génér. des Se., t. XIII, p. 172). Dans la première partie, l’au- teur à essayé sa loi sur le rapport entre le degré d'irrita- tion et l'effet musculaire. [er, il l'applique à l'excitation électrique de la fibre nerveuse. Il emprunte les maté- riaux d'expérience nécessaires à plusieurs publications de M. A. D. Waller. Pour faire connaitre la correspon- dance très salisfaisante entre l'effet calculé (E. C.) et l'effet observé (E. 0.), nous reproduisons le tableau I : Tagceau Il A —1409,1756" B —0,16336, °C —0,61809 EC E. 0. £ 35,434 39 — 0,434 39,075 40 + 0,925 48,897 50 + 1,183 292997 60 + 0,003 70,685 70 — 0,685 84,006 85 + 0,994 108,074 105 — 3,074 108,946 110 + 1,054 109,129 L 110 —+ 0,871 109,169 110 + 0,831 26 —15,8172, Em = 1,5032 — Rapport de MM. C. Winkler et Th. Place sur le mémoire de M. L. J. J. Muskens : « Observations sur la physiologie et la pathologie des mouvements et des positions gênées, et des déviations correspondantes dans l’innervation des globes de l'œil », et sur le mé- moire de M. P. H. Eykman : « Photographies de mouve- ment aux rayons de Rüntgen. » — Rapport de MM. J. M. van Bemmelen et J. L. Schræder van der Kolk sur le mémoire de M. G. Reinders : Sur la distribution du mi- nerai de fer, en partie poudreux et en partie en forme cylindrique, des provinces de Groningue et Drente. Tous ces mémoires parailtront dans les travaux de l’Aca- démie. — Rapport annuel de la Commission géologique. P.-H. SCHouTE. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 16 Janvier 1902. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. P.-K. Puschl : Sur l'état calorilique des gaz. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Siebenrock décrit deux tortues rares de la collection herpétologique du Muséum de Vienne : le Platemys radiola Mik. et l'Aci- nixys planicauda Grandid., — M. A. Nestler a étudié la secrétion des poils glandulaires du genre Primula et son action excitante sur la peau. Les Primula obconica ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Se Hance, sinensis Lindl., Sreholdii Morren et cortusoides L. possèdent toutes à des degrés divers cette sécrétion excitante. L'action de cette dernière peut être neutra=" lisée ou considérablement diminuée par traitement à l'alcool à 96 °/,. Par sublimation, on peut obtenir à l'état pur une certaine quantité du poisen de la Pr.obeo- nica. La poudre farineuse des Primula Auriculata L. capitata Hooker el farinosa L. donne aussi, par subli- mation ou par dissolution, une substance se rappro chant des poisons précédents et donnant comme eux la réaction de l’acroléine; mais elle en diffère par d'autres. réactions. — M. V. Uhlig : Contribution à la géologie des Monts Fatrakrivan. — M. W. Laska : Rapport su les observations de tremblements de terre à Lemberg en 1901. { Séance du 23 Janvier 1902. SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. von Geiïtler a reconnu que la déviation de l'aiguille aimantée par les rayons À cathodiques, qu'il avait précédemment observée, est due, en majeure partie, à un autre phénomène qui est venu troubler les expériences. Les rayons cathodiques, en À traversant le tube de laiton contenant l'aiguille aimantéem pour la préserver des influences électrostatiques, le | touchaient en certains endroits et l’échauffaient ; entre ces parties échauffées et d’autres plus froides se pro= duisait un courant thermoélectrique, agissant sur l'ai- guille dans le même sens que l'effet prévu pour less, rayons cathodiques. Les résultats annoncés par l'au- teur doivent donc êlre retirés, mais l’idée théorique qui à servi de base aux recherches subsiste entière. —N M. E. Haschek a étudié le spectre d'étincelles et d'arc de l’europium. Il se compose en partie de lignes très fortes, en partie d’un grand nombre de lignes faibles. Le passage de l’étincelle à l'arc ne modifie pass les premières, mais bien les dernières. Le caractère du Hi spectre conduit à la même conclusion que celle formulée, par E. Demarçay à la suite de l'étude chimique : c’est que l’europium n'est pas un élément simple. — M. S. Meyer a déterminé les valeurs de magnétisation de trois préparations de M. Demarcçay. Il trouve, pour la susceptibilité atomique du samarium, 0,85 X 10°, pour celle de l’europiurm 4,9 X 10°, et pour celle du gadoli- uium 26,5 X 106, — M. V. von Cordier a constaté que le fer contenant du carbone et de l'azote, dissous dans un acide dilué, présente une odeur distincte d’iso- nitrile pendant le dégagement de l'hydrogène ou quand on le sature avec un alcali ou AzH°. Le fer chimique- ment pur ne donne pas cette réaction, non plus que le fer contenant uniquement soit du carbone, soit de l'azote. Cette odeur intense provient d'une combinaison" très volatile, insoluble dans l’eau, mais facilement retenue par les acides minéraux dilués. Cette combi- naison est très vraisemblablement l’éthylcarbylamine. Celle-ci a été caractérisée en la transformant par l'acide sulfurique en acide formique, neutralisant par la soude, chauffant le formiate de soude avec l'acide phospho=\ rique sirupeux et recueillant le CO qui se dégage dans une solution de chlorure de palladium ; celle-ci se colorem immédiatement en noir. — M. K.Kaas communique ses recherches sur l'acide cinchoméronique et l'acide apo, phyllénique. L'éther monométhylique du premier se transforme par fusion en acides cinchoméronique et apophyllénique. Ce dernier se forme également dans, la réaction de l’éther méthylique de l'acide cinchomé=A, ronique avec l'iodure de méthyle, et lorsqu'une com= binaison additionnelle d'anhydride cinchoméronique et, d'iodure de méthyle est cristallisée de l'alcool méthy=… lique. Enfin, l’auteur est parvenu à préparer l'éther m0 noéthylique G encore inconnu (par saponification par tielle de l'éther neutre de l'acide cinchoméronique), e à le distinguer de l’éther à. | L Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. à, | 1 Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. % _ 13° ANNÉE N° 5 15 MARS 1902 Revue générale RU NCIenc pures el appliquées DIRECTEUR : Adresser tout ce qui concerne la rédaction LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travuux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Géodésie -— Les mesures de l'accélération de la pesanteur faites “à l'intérieur des continents, au bord de la mer ou dans des iles ont montré qu'il existe des compensations à “upeu près complètes des inégalités de forme de la sur- face de la Terre, de telle sorte que, conformément à l'hypothèse de l'archidiacre Pratt, les écarts entre les “sommets et les bas-fonds sont beaucoup moindres que ne l'indique le calcul dans lequel on fait intervenir les … attractions locales". Toutefois, l'accélération n'avait pas été mesurée encore en pleine mer avec une précision suffisante pour que l'on püût faire intervenir les résultats connus ins le calcul de sa répartition. Ce travail, vivement désiré par les géodésiens, vient d'être ébauché, sur la À proposition de M. Helmert, par M. Hecker, qui a fait les déterminations continues dans une traversée de Hambourg à Bahia. La méthode employée est celle qui a été indiquée, il y a quelques années, par M. Guillaume, et qui con- miste à comparer un baromètre à mercure à un ther- «momètre hypsométrique. La température d'ébulli‘ion “le l'eau indique la pression absolue en chaque point, “tandis que les hauteurs brutes du baromètre fournissent mclles-mêmes le facteur de réduction de la pesanteur. Une méthode semblable a été employée déjà, par M. Mohn, à la détermination des intensités en diverses stations météorologiques, en vue de la correction du baromètre, mais elle semble avoir été utilisée sur mer pour la première fois par M. Hecker. Les mesures ont été faites entre le 47° de latitude mord et le 12° de latitude sud, par des fonds variant entre 40 et 4.500 mètres. —._ Les résultats, dont M. Helmert vient de donner un “court résumé, sont d'une assez grande précision; les erreurs probables, conclues de la concordance des + —. 1 On lira avec intérêt, sur la question des anomalies de la pesanteur, le Rapport présenté au Congrès international de Physique de 1900 par M. le Commandant Bourgeois. (Rap- ports, ti HI) REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. | L'intensité de la pesanteur en pleine mer. | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE cm mesures, atleignent, au maximum, 0,05 pour un sec? groupe de mesures, c'est-à-dire 1/20.000 en valeur rela- tive. En comparant entre eux cinq groupes de valeurs correspondant à des profondeurs très diverses, M. Hel- mert arrive finalement à la conclusion que la distribu- tion de la pesanteur dans les grands fonds de l’Atlan- tique, entre Lisbonne et Bahia, est à très peu près normale, conformément à la formule déduite des me sures continentales. M. Fridjof Nansen, au cours de son célèbre voyage, avait déjà exécuté des mesures à l’aide du pendule, à bord du Fram pris dans les glaces, et était arrivé à une conclusion analogue. Partant de cel ensemble d'expériences, M. Helmert pense que les anomalies du géoïde, comparées à un ellipsoïide compensé, ne dépassent pas une valeur maxima de + 100 mètres en plus ou en moins, $ 2. — Chimie physique Activité chimique relative des acides azo- tique et chlorhydrique. — On sait que, d'après la théorie de la dissociation électrolytique, le degré de dissociation des acides, qui est proportionnel à leur conductivité électrique, détermine aussi leur activilé chimique. Des mesures faites sur les acides chlorhy- drique et nitrique ont établi que ces deux acides ont même activité. Or, dans une communication récente, M. Kühling ‘a cru pouvoir déduire de ses expériences que l'acide azo- tique est un acide plus actif que l'acide chlorhydrique. La fécondité merveilleuse de la théorie d'Arrhénius a donné à celle-ci ‘une telle valeur, qu'on devait ac- cueillir avec une certaine méfiance un énoncé la contre- disant aussi nettement; et les critiques n'ont pas tardé à surgir : M. Sackur, d’une part*, M. Bodlænder, de l'autre$, viennent d'interpréter les expériences dé M. Kühling de manière à en faire une confirma- + 1 Berichte der deutsch. chem. Ges., t. XXXIV, p. 3941; 1901, 2 Jd.,t. XXXV, p. 94: 1902. 8 Id.) t- XXX NV: p.99; 492; CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE tion de Ja théorie de la dissociation électrolylique. Voici en quoi consistent ces expériences : on met un | oxyde métallique (plomb, mercure) en suspension dans | une solution de chlorure ou de nitrate de sodium, et on fait agir l'anhydride carbonique : l’oxyde métallique se transforme en sel neutre ou basique, notablement | dans le cas du chlorure, peu ou point dans le cas du nitrate; M. Kühling conclut de ce fait que l'acide azo- tique est plus « fort » que l'acide chlorhydrique. | D'après M. Bodlænder, cette conclusion n’est pas légitime, et voici comment il convient d'interpréter les faits : Etudions d'abord le cas simple où l'on se contente d'ajouter de l’anhydride carbonique à uue solution de chlorure ou de nitrate de sodium. L’acide carbonique formé est dissocié à l'état d'ions CO'H et H; les pre- miers se combinent aux ions sodium pour donner du bicarbonate CO*NaH non dissocié ; quant aux ions hydro- gène, ils restent libres, parce que, dès que leur con- centration n'est pas excessive, les acides chlorhydrique et nitrique sont totalement dissociés. Remarquons, en outre, que le produit des ions CO‘H et H! doit rester constant, de sorte que, des ions CO'H passant à l'état de bicarbonate, il doit apparaître des ions H en plus grande quantité, c'est-à-dire qu'une nouvelle quantité d'anhy- dride carbonique se dissoudra. Dans les deux cas, la réaction chimique est représentée par : CO? + HO + NaCl — CO'NaH + HCI CO? + H#0 + AzOSNa — CON a} + AzOVT. Passons maintenant au cas où la solution de sel de sodium contient un oxyde métallique en suspension : En vertu du mécanisme que nous venons d'exposer, il y à formation, pour chaque molécule de bicarbonate de sodium produite, d'une molécule d'acide, qui trans- forme alors en sel la quantité équivalente de l’oxyde métallique. On voit done que cette transformation de l'oxyde en sel, neutre ou basique, doit aller d'autant plus loin qu'il y a plus de bicarbonate formé. Or, la loi des masses actives montre que la quantité de celui-ci varie en sens inverse du nombre des ions métalliques libres; en effet, supposons qu'il s'agisse d'oxyde de plomb : on a, en représentant la concentration d'un ion par son symbole chimique entouré d’une parenthèse : Pb).(0OH} = x,, et, comme (H).(OH)= x, (Pb) x, NTIE — pur K3. L'anhydride carbonique se dissolvant dans l'eau, (H). (COS) — x, ; donc : (Pb).(CO*H} = k,k2— ks. Comme, d'autre part, il y a équilibre entre le bicar- bonate non dissocié et ses ions, on a : CO*H).{(Na) a: (CONaH) KE d'où (Pb).(COSNaH® x, Na}° 0 Donc, à concentration constante du sel alcalin, on doit | avoir : (Pb}.(COYNaH} = constante. Le chlorure de plomb est moins soluble que le ni- trate*, de sorte que, dans le cas du chlorure, il y a ! On sait que l’on désigne par cette expression abrégée le produit des concentrations des ions. * La différence, déjà notable dans l'eau pure, est accrue par la présence du chlorure alcalin. 0,25 beaucoup moins d'ions métalliques dans la solution, par conséquent plus de bicarbonate formé, et plus d'oxyde transformé en chlorure. C'est le résultat trouvé par M. Kübling. vont È ] Il semble donc bien que celui-ci se soit trop avancé en voulant tirer de ses expériences un argument contre la théorie d'Ostwald, et que les physico-chimistes pour- ront continuer sans scrupule à utiliser dans leurs re- cherches les guides précieux que sont la dissociation électrolytique et la loi des masses actives. S 3. — Chimie biologique La coagulation des solutions de peptones par la papaïne. — On connaît le phénomène très intéressant découvert par Danilewsky, et qui consiste à transformer la peptone, par l’action de la présure, en. une matière albuminoïde coagulée. M. Kurajeff ! vient de le reproduire avec des solutions de papaine de Merck, et plusieurs expérimentateurs. russes ont trouvé aussi la même propriété chez diffé- rentes diastases digestives; ils considèrent cette trans- formation comme une action diastasique antagoniste de. celle de la protéclyse et dont les agents se trouveraient toujours ensemble dans les liquides digestifs. Le produit coagulé est une substance albuminoïde, qu'on a appelée plastéine, insoluble dans l'eau, peu so- luble dans les solutions de chlorure de sodium, trèsn soluble dans les acides et les alcalis, d'où elle précipite par neutralisation. Si on la chauffe, elle devient plus difficilement soluble. Elle se forme aux dépens des albumoses, tandis que la vraie peptone n’en donne pas. La plastéine dissoute dans l'acide chlorhydrique est digérée par la pepsine, et il se forme de nouveau des albumoses, La plastéine dissoute dans une solution à« °/ de carbonate de soude est de nouveau préci- pitée par l'action de la papaine. M. Kurajeff a essayé sans succès de séparer, dans la papaine, la propriété de précipiter les albumoses de la propriété de coaguler le lait et de digérer les albumines. CS el vs Emploi de l'eau oxygénée comme antidote des cyanuwres. — Il y a quelques annés, MM. Kober et Krohl ont signalé l'emploi possible de l’eau oxygénéen comme antidote des cyanures, mais il ne paraît pass que cette méthode soit entrée dans la pratique courantes M. O. Hertig® a entrepris de la faire sortir de l’oublr où elle était tombée, et, après de nombreuses expé= riences, il recommande l'usage d’une solution à 30 °/6 pour l'usage interne et d’uue solution à 3 °/, pouf injections sous-cutanées. D'après ce savant, l'eau oxygénée produit une oxy= dation de l'acide cyanhydrique en le transformant en oxamide (produit inoffensif) : CO AzH° 9 [CAzH] + H°02— | COAZIE, Depuis trois ans, cette méthode serait appliquée aveen succès pour les cas d’empoisonnement par le cyanur dans les districts miniers anglais. À $ 4. — Botanique Le reboisement et la Société françai des amis des Arbres. — Non seulement les pays montagneux, mais encore de nombreuses régions fran caises sont intéressés à la question du reboisements Aussi l’on comprend que la Société française des amis des Arbres poursuive avec ardeur sa tâche du repeu= ! Kunuger : Sur la coagulation des solutions de peptones” pèr la papaïne. (Beiträge zur Chem. Physiol, und Pathole, vol. I, p. 121.) * 0, HerriG : L'eau oxygénée employée comme antidote | de l'acide cyanhydrique. Moniteur scientifique, février 1902 ŒExtrait du Zeitschrift für angewandte Chemie, 1901, p. 619.) 1 >» _! plement des terrains dénudés. L'an dernier, elle dis- tribuait gratuitement 200 kilos de graines de Pin. Sylvestre; cette année, elle met de nouveau une belle provision de Pin Sylvestre et de Pin d'Alep à la dis- position des instituteurs et des Sociétés scolaires forestières, dont une cinquantaine fonctionnent déjà. Une Section de cette Société s'occupe plus spécialement de la propagation de bonnes espèces d'arbres frui- tiers, atin de lutter contre l'importation, sans cesse * croissante, des fruits étrangers venant surtout des Etats-Unis, où l'industrie fruitière s'est considérable- ment développée depuis quelques années. Enfin, une autre Section étudie les arbres d'ornement et s'efforce aussi d'empêcher l’abatage des arbres historiques. S 5. — Anatomie et Physiologie Structure et fonctions des glandes hémo- Iymphatiques. — Les glandes hémolymphatiques ont été découvertes en 1884 par Gibbs, chez l'homme, dans le tissu conjonctif entourant les vaisseaux san- guins qui vont aux reins; mais, jusqu'a aujourd'hui, les “connaissances que nous possédions sur ces organes étaient fort incomplètes. Deux savantsitaliens, MM. Mo- randi et Piato !, viennent d'en faire l'étude détaillée et de jeter quelque lumière sur les fonctions qu'ils rem- “plissent. Ils ont trouvé ces glandes très répandues chez l’homme et chez le chien, à tous les âges; leur présence est rigoureusement constatée dans les régions “où l’on trouve les glandes lymphaliques ordinaires. On eut facilement les distinguer de celles-ci par l'aspect -macroscopique : elles sont; en général, plus petites et plus rouges ; à l'examen microscopique, on y voit de “nombreuses cellules contenant des globules rouges et “lu pigment, et on voit que dans leur sinus s'ouvre un aisseau sanguin. À — Des expériences entreprises pour établir le rôle de “ces glandes hémolymphatiques, MM. Morandi et Piato ‘concluent qu'elles sont le lieu de formation des lym- phocytes et de destruction des érythrocytes. Ils n'ont Jamais pu constater la moindre trace d'une activité hématopoiétique. En effet, chez les animaux dératés, on constate une augmentation considérable de leur 4 fonction hémolytique, et, chez les animaux injectés avec des substances hémolytiques, on trouve ces “laudes littéralement bôurrées de globules rouges en destruction. | . D'autre part, dans les cas d’anémie expérimentale ai- £ué, où la fonction hématopoiétique de la moelle “des os est sûrement insuffisante, au point que, mème “lans la rate, il y a formation de globules rouges, les auteurs n'ont jamais rencontré, dans les glandes hémo- Jymphatiques, des globules rouges avec noyau, ni des cellules géantes. … Le phénomène de l’hémolyse.— Depuis quel- ques années, les recherches sur l’hémolyse des globules nguins se multiplient et se précisent sans que, toute- Mois, le mécanisme de ce phénomène ait été complète- ment élucidé. Deux savants allemands viennent d'ap- | de nouvelles et intéressantes contributions à : W'étude de cette question : M. Matthes? s'est proposé de recherchersi la sortie de Phémoglobine,qui a lieu lors du phénomène del hémolyse, te une manifestation liée à la mort des globules rouges. Ibemploie comme réactif de la « vie cellulaire » l’action S ferments protéolytiques. D’après Matthes, les glo- bules rouges vivants ne subissent aucune modification ; Skon les plonge dans une solution de pancréatine de : Kübne. Au contraire, des érythrocytes préalablement traités par la solution de Hayem (sublimé), érythrocytes SE. Monaxor et Praro : Sur la structure et la fonction les,glandes hémolymphatiques. (Archivio per le Scienze Mediche, vol. XXV, p. 538.) M: D : Ueber Hämolyse. (WMunch. med. Woch., 1902, Le ° À : L CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 293 qui ne se dissolvent pas dans l'eau distillée, laissent sortir leur hémoglobine lorsqu'on les plonge dans cette solution de pancréatine. Le même phénomène apparait si l’on emploie des globules rouges conservés pendant quatre jours à l’étuve ; ces globules, d’après Matthes, ont cessé d'être vivants(?). Il en résulte donc que, seuls, les érythrocytes morts subissent l'action dissolvaute des enzymes protéolytiques. Les globules rouges ayant fixé la sensibilisatrice spé- citique sont-ils vivants ? A cela, M.Matthes répond par l’afirmative; en effet, ces érythrocytes ne sont pas atta- qués par la pancréatine. Pourtant, entre l'action de cette sensibilisatrice et celle du sublimé, il y a une ana- logie. Les globules rouges, préalablement traités à l’aide de la liqueur de Hayem, subissent l’action dissolvante d'un sérum normal, par lui-mème incapable de dis- soudre les érythrocytes normaux. L'action hémolytique du sérum normal vis-à-vis de ces globules tués par le sublimé est diminuée par un long séjour ou par le chauffage. M. Sachs*', sous la direction d'Ehrlich, a repris ces recherches. D’après cet auteur, les globules sensibilisés à l'aide d’un sérum spécifique résistent à l'action diges- tive de la pepsine, de la pancréatine, de la papaine et de l'érepsine de Cohnheim. Il n’y a pas lieu, comme le veut Matthes, d'établir une analogie entre l’action du sublimé et celle de la sensibilisatrice. En effet, siles érythrocytes, traités préalablement par la liqueur de Hayem, se dis- solvent dans un sérum neuf, cela tient au fait que l'albumine de ce sérum débarrasse ces érythrocytes du sublimé qu'ils contiennent et qui empêche la sortie de l'hémoglobine. Ce sérum, à l'encontre de ce que l'on a établi pour ce qui concerne les alexines, conserve son pouvoir hémolysant vis-à-vis des globules rouges trai- tés par du sublimé, même si l’on à soin de le chauffer pendant une demi-heure à 56°, D'ailleurs, la sortie de l'hémoglobine a lieu lorsqu'on plonge les globules rouges ayant fixé du sublimé dans une solution très faible d’iodure de potassium ou d'hy- posulfite de soude. Or, ces sels agissent de la même façon que les albumines du sérum : ils débarrassent les érythrocytes du sublimé qu'ils renferment. Action de divers médicaments sur les In- fusoires ciliés. — M. Sand*® a eu l'idée assez ori- ginale, pour élucider l’action de substances thérapeuti- ques sur l'Homme, d’expérimenter celles-ci sur des Infusoires, plongés dans le liquide médicamenteux, de même que les cellules du malade sont plongées dans la lymphe; il a pris des précautions minutieuses pour opérer sur des Stylonychia identiques, l'une laissée dans un milieu nutritif pur, l’autre dans ce même mi- lieu additionné de doses connues de médicament : Ja mesure de l'effet produit est fournie par la vitesse de multiplication de l'Infusoire. Gelui-ci se multiplie plus rapidement que le témoin lorsque l’eau renferme une quantité d'acide arsénieux évaluée à un dix millionième, ou un deux cent cinquante millième de sulfate de quinine; par contre, il reste en retard dans le liquide additionné d'alcool (quelque faible que soit la dose) ou de perchlorure de fer. Donner à une cellule de la quinine ou de l'arsenic, c'est donc la suralimenter par un processus du reste inconnu; lui administrer de l'alcool, c'est la sous-ali- menter. Nous ne savons pas si la méthode de M. Sand le conduira à des résultats thérapeutiques utiles, et nous nous perniettons même d'en douter; mais elle est inté- ressante par son extrême précision et sa sensibilité : les expériences montrent que l’optimum du médicament est compris entre des limites lrès rapprochées; un peu ! Hans Saous : Ueber den Austritt des Hæmoglobins aus sublimatsehärteten Blutkürperchen. (Munch. med. Woch., 1902. n° 5. * R. Sax: Action thérapeutique de l’arsenie, de la qui- nine, du fer et de l'alcool sur les Infusoires ciliés. Ann, de la Soc. Royale des Sciences de Bruxelles, t. X, 1901. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE plus, "et il devient nuisible; un peu moins, son action est nulle, Un procédé de conservation en vue de lexamen microscopique. — M. R. Rohnstein ‘ vient de décrire un procédé très simple, qui permet de conserver pendantlongtemps, sans modification, des élé- ments cellulaires ou microbiens et de s’en servir ulté- rieurement pour le diagnostic microscopique. Ce procédé consiste à laisser déposer les matières solides qui peuvent se trouver en suspension dans différents liquides de l'organisme, et, lorsque le dépôt est formé, à remplacer le liquide surnageant par un liquide fixateur et conservateur, exempt d'albumine, Il estsouvent nécessaire de laver plusieurs fois le dé- pôt solide: on le laisse se reformer chaque fois en présence d'un petite quantité de thymol, et à la tem- pérature de la glacière. Finalement, on remplace la dernière eau de lavage par une égale quantité du liquide suivant : 20 gr. 125 gr. 200 gr. FOR ESA re Ne Glycérine Eau distillée. environ. M. Rohnstein prétend que, même après trois ans de conservation, les éléments cellulaires ainsi traités con- servent leur forme, comme s'ils étaient encore à l'état frais. S 6. — Psychologie Psychologie et eriminalité. — Le savant cri- minaliste italien M. Lombroso vient de publier dans la Nuova Antologia un intéressant travail de Psychologie sur le brigand Musolino, coupable de 24 homicides avant d'être tombé aux mains des carabiniers tardifs, La question que le savant italien s'était posée étail « Musolino est-t-il un criminaloide où un eriminel-né?» Devant cet anxoissant dilemme, M. Lombroso déclare, avec une sage prudence, que le brigand calabrais par- ticipe à la fois de l’un et de l'autre types. Musolino tient du criminel-né en ce que, dès sa plus tendre jeunesse, il montre des instincts batailleurs et vindicatifs; en ce qu'il est incapable d'un travail suivi: en ce qu'il est atteint de mégalomanie (Adieu, peuple! disait-1], dédaigneux, à la foule accourue sur son passage lors de son emprisonnement). Il est encore un criminel- né par l'hérédité : un oncle et trois cousins maternels furent de dangereux malfaiteurs; son hérilage pater- nel ne fut pas moindre. Son grand-père, en effet, était un alcoolique, et son père souffre de ces vertiges «qui constituent la forme embryonnaire de l'épilepsie ». Lui- même fut sujet à des crises entre sa douzième et sa quinzième année. Or, d'après la théorie de M. Lombroso, l'épilepsie est la cause première de la eriminalité-née. La vanité maladive de Musolino est grande: il se croit porte, el ses vers, comme ceux de tous les criminels, reflètent un égocentrisme excessif : Pour soi la liberté, mais la mort pour les autres! s'écrie-t-il dans un morceau qui a élé publié et pour l:quel M. Lombroso se montre bien indulgent. D'autre part, les raisons pour lesquelles M. Lombroso voit en Musolino un criminaloïide sont les suivantes : 1° Il est né dans un pays où l'homicide est une légère faute et où la vengeance est un devoir; % iln'a pas par couru toute l'échelle criminelle; 3° dans sa justice bar- barv, il proportionnait le châtiment au crime; c'est ainsi qu'il lirait dans les jambes des carabiniers à qui il n'en voulait pas personnellement; 4° il montrait de l'affection pour sa lante et surtout pour sa mère! 5 il ne présente pas le type criminel complet, car on ne trouve chez lui les stigmates de la dégénérescence EE ! Renuann Rouxsren : Sur un procédé simple de conser- vatiun, pouvant servir au diagnostic microscopique en cli- nique. Fortsehritte der Medicin, n° 2, 45 janvier. qu'en nombre restreint : asymétrie faciale et front : fuyant. Après avoir pesé la valeur respective de chacune de ces deux calégories de symplômes, M. Lombraso conclut que Musolino tient à la fois du criminaloide M et du eriminel-né, mais qu'il doit être considéré plutôt comme un criminaloide. S Te — N Bactériologie Le microbe de la peste bovine.— On sait qu'il existe des microbes assez petits pour être invisibles au microscope et pour passer à travers les parois poreuses qui retieunent les bactéries ordinaires. Tels sont les microbes de la péripneumonie et de la fièvre aphteuse des Bovidés. MM. Nicolle et Adil-bey ‘ ont pensé que l'agent de law peste bovine, qui a échappé jusqu'à présent à toutes les recherches, était peul-être un microbe infiniment petit. Pour s'en assurer, dès 1898 ils ont filtré sur bougie Berkefeïd de grandes quantités de liquide cépbalo-rachidien où de sérum sanguin étendus d'eau, provenant d'animaux alteints de peste bovine. Le filtrat, injecté à des veaux à haute dose (250 centimètres cubes à plusieurs litres), leur a donné tantôt la maladie ; caractérisée, tantôt l'immunité. Ces expériences prélimi- naires démontraient que le microbe de la peste bovine traverse la bougie Berkefeld, qui, cependant, avait arrêté des bactéries très petites, comme celle du choléra des poules, ajoutées aux liquides virulents. Les microbes sont évidemment très peu nombreux dans le filtrat, puisqu'il est nécessaire d’injecter de très grandes quantilés pour obtenir un effet. La bougie a retenu presque tous les éléments virulents, et n’en a. laissé passer que quelques-uns. Pour la rendre plus ‘perméable, MM. Nicolle et Adil-bey ont diminué son. épaisseur de facon à la réduire de 8 à 5 millimètres. Sur la bougie amincie, ils filtrentle liquide de lavage dun péritoine d'un bœuf atteint de peste bovine, auquel ils ajoutent une culture de choléra des poules. Le pro= duit de la filtration est tout à fait limpide; il ne donne pas de culture sur les divers milieux, il ne se trouble pas à l’étuve, il ne contient pas de cocco-bacille du cho- léra des poules. L'épaisseur de la paroi poreuse étaib donc suflisante pour arrêter les bactéries ordinaires, mais elle à laissé passer un plus grand nombre d’élé= ments virulents de la peste bovine, puisque 10 centi= mètres cubes du liquide filtré ont donné à un veau la maladie mortelle. MM. Nicolle et Adil-bey concluent de leurs expé= riences que le microbe de la peste bovine doit prendr& place à côté de ceux de la péripneumonie et de la fièv aphteuse., Comme eux, ilest invisible au microscope, il passe à travers les bougies poreuses. D’après ces savants; il est surtout contenu dans les globules blancs. C’est pour cela qu'il reste en grande partie sur la paroi des bougies, adhérant aux débris cellulaires. J Dans ces derniers temps, M. Borrel a montré que le virus de la clavelée passe, lui aussi, à travers des bougies liltrantes qui arrêtent les bactéries ordinaires. L'impor lance de ces microbes invisibles augmente dunc chaque Jour, puisqu'ils sont les agents de maladies aussi graves, que la péripneumonie, la fièvre aphteuse, la peste boss vine, la clavelée, le horse-sickness. À Les micro-organismes des matières fé Î cales de lhomme.— Un savant japonais, M.T. Ma zuschita®, a fait récemment à l'Université de Giessen dans le laboratoire du Professeur Saffter, des recherches importantes sur la présence des micro-organismes daus les fèces de l'homme. “ NICOLLE et ADIL-BEY t., t. CXXXIV, p. 321. > Teisr Marzuscaira : Recherches sur les micro-organisme des matières fécales de l'homme. Arch. Hygiene, vol. X Je fascicule. U Etiologie de la peste bovi . Il est parti de ce fait d'observation que le nombre milieux artificiels ordinaires par l'ensemencement des matières fécales est très au-dessous de ce que l’on serait en droit d'attendre d'après l'examen microscopique direct des selles. Et il a cherché les méthodes et les milieux de culture donnant le plus grand nombre pos- sible de colonies, Les milieux dont il a tenté de véri- fier la valeur sont au nombre d'une trentaine. Il à expérimenté des agars et des gélatines au foie, au pancréas, à Ja rate, à la substance cérébrale, à la muqueuse intestinale, etc. Avec ces divers inilieux solides, il a fait des plaque: aérobies et des plaques anaérobies par la méthode de Botkin, et il s’est livré sur elles à de très nombreuses numéralions de colonies. De ces études, il ressort deux constatations intéres- Santes. La première, c'est que le milieu le plus favorable la culture des bactéries fécales est de l'agar préparé avec une décoction de foie. La deuxième, c’est que, dans les conditions de l'anaérobiose, — dans une atmosphère hydrogène, — on obtient infiniment plus de colonies que dans celles de l’aérobiose. Le chiffre le plus élevé que M. Matzuschita ait atteint est de 18 millions de co Jonies par millimètre cube de matière fécale. Il a pu isoler, sur 48 échantillons, #4 espèces microbiennes, Ce “qui est curieux, c'est que ces constatations n'ont pas -couduit l'auteur à rechercher les espèces strictement anaérobies. Les espèces qu'il décrit sont toutes des aérobies ou des facultatifs, On peut s'expliquer cette éfectuosité dans ce travail par l'idée — encore courante dans certains milieux scientifiques — qu'il n'y a pas d'anaérobies stricts dans l'intestin, D'autre part, la éthode de culture employée (méthode de Botkia) nest guère favorable à l'isolement des anaérobies Stricts. $ 8. — Pathologie et Clinique La théorie de M. Behring sur la diphtérie. — Le Professeur Schanz', de Dresde, vient de publier quelques remarques intéressantes sur la théorie de la diphtérie exposée récemment par Behring. On sait que ifderetHoffmann, qui ont découvert le bacille pseudo- diphtérique, ont remarqué le rapprochement qu'il y a lieu d'établir entre ce bacille et le microbe de la diphté- lie, mais ont affirmé l'existence de différences cons- lantes entre ces deux agents figurés. L'identité, sou- enue en France par Roux et Yersin, a été combattue Allemagne, surtout lorsqu'on a découvert la mé- ode de diagnostic basée sur la présence des corpus- les de Ernst-Babès. … M. Schanz fut l'un des premiers à soutenir l'identité entre le bacille diphtérique et le pseudo-diphtérique. Pour lui, la sécrétion de toxines, comme aussi l'élabo- tion d'acides ne sont pas des caractères permettant séparer entièrement ces deux microbes. Behring, dans sa théorie, semble partager l'opinion s auteurs français et de Schanz. Il dit que le bacille phtérique est ubiquitaire, et si, jusqu'à présent, le nre humain n'a pas été détruit par ce bacille, c'est Lya lieu de faire intervenir un des deux facteurs ivauts : On peut admettre que le bacille de Lôffler & devient pathogène qu'à la condition qu'un autre ëleur intervienne, un facteur inconnu, ley de Petten- fer. On peut également penser que la résistance naturelle de l'homme vis-à-vis de ce bacille peut, dans aines conditions, fléchir. Behring trouve plus acceptable cette seconde hypo- thèse. Il pense que le sérum normal de l'homme ren- Lerme une quantité d'antitoxine diphtérique suffisante Pour rendre non pathogène le bacille diphtérique, en eutralisant ses sécrétions. “Lorigine de celte antitoxine normale de l'homme 16 précisée par Neisser et Kahnert. Ces auteurs exa- ScHaxz (Dresde) : Zur Behrings neuester Diphterietheorie. ch. med. Woch., 1902, janvier. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE et la variété des colonies que l'on obtient sur les minent la teneur en antitoxine du sérum provenant de deux individus atteints d'ozène, et trouvent une valeur d’un dixième d'unité et d’une unité entière. On a pu cultiver, chez ces malades, des microbes diphtériques non toxiques, Ce qui aulorise ces savants à conclure que des bacilles de Lôffler non pathogènes peuvent en- gendrer de l’antitoxine. Bebriug admet que ce phénomène a lieu fréquem- ment et que c'est là l'origine des antitoxines normales. On concoit comment des causes indéterminées peuvent intervenir pour diminuer le pouvoir antiloxique normal du sang de l'homme, et créer ainsi une réceptivilé à l'égard du bacille diphiérique. Behring ajoute qu'il serait peut-être indiqué de tenter l’immunisation active chez l'homme, en inocu- lant, dans la gorge ou ailleurs, des bacilles diphtériques atténués. M. Schanz ne partage pas cette opinion; il pense qu'il faut tenir compte de l'intervention d'un facteur nou- veau, non précisé encore. Influence de l’'opium sur Fimmunité. — Le D: Oppel! vient de faire connaître des expériences très intéressantes relatives à l'influence de l’opium sur l'immunité. Des animaux inoculés avec Ja dose maxima non mor- telle de bacille typhique, et qui ont recu en même temps de l'opium, en injection sous-cutanée, au niveau de la cuisse ou bien dans l'épaisseur de la paroi abdo- minale, meurent au bout de vingt-quatre à quarante- huit heures. La dose de teinture d'opium injectée élait de 1 gramme pour 200 à 2.000 grammes de poids aui- mal. L'action de l'opium, injecté dans la proportion de 1 : 3.000, est nulle. L'injection de teinture d’opium supprime également l'immunité acquise artificiellement. M. Oppel a voulu se rendre compte du mécanisme de cette suppression de l’immunité naturelle ou acquise chez les animaux injeclés avec de l'opium. Eu étudiant les exsudats, il a constaté que, dans ceux-ci, la leucocytose et, avec elle, la phagocytose sont bien diminuées. Aussi la suppression de l’immunité par l'injection d'opium doit-elle être attribuée à la diminution et à l'insuflisance de la phagocytose. La tuberculose des animaux à sang froid. — M. Herzog*, au cours d'une série de recherches sur la tuberculose des animaux à sang froid, a réalisé récemment une expérience, malheureusement unique, mais que nous croyons intéressant de signaler ici : L'auteur injecte des bacilles de la tuberculose humaine dans le sac dorsal d’une grenouille ; soixante jours après, il prélève un fragment de foie de cette gr-- nouille, qui est couvert de tubercules miliaires, et en prépare une émulsion, avec laquelle il injecte deux autres grenouilles et un cobaye, dans la cavité périto- néale. De ces deux grenouilles, uue est morte après quatre jours, l'autre après vingt-deux jours; quant au cobaye injecté dans le péritoine, il a été sacrifié après huit semaines, et, à l’autopsie, on n'a pu constater aucune lésion ni macroscopique, ni microscopique. L'auteur en conclut que le bacille de la tuberculose humaine, à la suite de son séjour pendant soixante jours dans le corps de la grenouille, s’est modifié à tel point que sa virulence pour les grenouilles se trouvait exaltée, alors que sa virulence primitive pour le cobaye se trouvait complètement abolie. Celte expérience, très intéressante, aurait certaine- ment présenté plus de valeur si elle n'était pas unique, et si iauteur avait pu démontrer que les deux gre- nouilles sont réellement mortes à la suite de tuber- 1 De Orpez : De l'influence de l’opium sur l'immunité,. Archives russes de Pathologie, octobre 1901, récemment recu. # JEerzoG : Contribution à l'étude de la tuberculose des animaux à sang froid. Centralblalt fur Bakter., 1902, n° 3. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | culose, ce qui ne ressort pas avec assez de netteté de ses expériences; enfin, pour ce qui concerne le cobaye, l'auteur aurait bien fait de nous apporter, en plus, une expérience de contrôle qui aurait montré que l'émulsion de foie laissée pendant soixante jours, in vitro, à la température du corps de la grenouille, et injectée ensuite dans le péritoine d'un cobaye-témoin, avait produit une péritonite tuberculeuse. La réaction des leucocytes vis-à-vis de l'iode. — M. Kaminer vient de communiquer, à la Société de Médecine interne de Berlin, de curieuses recherches sur une réaction particulière des leuco- cytes, caractérisée par la coloration brun-acajou du protoplasma en présence de l'iode; au cours de ses expériences, il a noté trois stades successifs : 4° colo- ration diffuse ; 2° granulations fines ; 3° granulations volumineuses. Ehrlich avait constaté une réaction ana- logue dans divers états infectieux. Kaminer la découvre dans des globules de pus et dans des leucocytes pro- venant d'animaux qui ont recu des streptocoques et d’autres microbes pathogènes. Cette réaction apparait assez vite, quelquefois en huit heures; elle est absente Gans l'infection par le choléra des poules. Les toxines, en particulier le poison diphtérique, l'engendrent {rès rapidement ; la Loxine tétanique fait exception; ce qui, d'après M. Kaminer, démontre, con- formément aux recherches de Wassermann, que cette toxine ne se fixe pas sur les leucocytes. L'injection préalable de sérum antidiphtérique em- pèche l'apparition de la réaction iodée, dans le cas de la toxine diphtérique. L’abrine et la ricine se com- portent comme cette dernière toxine. Dans les infections chroniques, la réaction iodophile est plutôt rare : telest le cas de la tuberculose et de la morve. L’adipose douloureuse (MALante DE DERGUM). — Dercum à fait connaître, en septembre 1888, au Congrès de l'Association des Neurologistes américains, un type clinique essentiellement caractérisé par une sorte de dystrophie du tissu conjonctif, qui s'infiltre de graisse, et par des douleurs accompagnant le développement de cette stéatose. A la notion de l'adiposité de la maladie de Dercum, à celle des douleurs spontanées ou provoquées, d'autant plus vives que l’on considère une région plus infiltrée de graisse, est venue se joindre la connaissance de quelques symptômes d'ordre secondaire, qui précisent ce tableau morbide. Ainsi, le tissu adipeux se localise suivant une dis- position particulière : il forme le plus souvent des masses arrondies, des pelotes graisseuses plus ou moins volumineuses, sortes de tumeurs plus ou moins con- fluentes soulevant irrégulièrement le revêtementcutané. La {opographre est telle, que les racines des membres et le tronc sont frappés davantage; le visage et les extrémités sont épargnés et peuvent même conserver une certaine maigreur, qui contraste avec l'aspect boursouflé du reste du corps. La peau qui recouvre les masses graisseuses demeure, en général, blanche, souple, fine; elle conserve les caractères d'une peau normale. A ces détails morphologiques, il convient d'ajouter certaines notions étiologiques : la maladie n'apparait guère que chez des: femmes, et chez des femmes d'un certain äge (de cinquante à soixante ans), ayant un passé nerveux, où commencant à présenter des troubles psychiques et névropathiques en même temps qu’elles deviennent adipeuses et qu'elles éprouvent des dou- leurs. Depuis un an, les observations se sont multipliées. MM. Achard et Laubry, Simionesco, J. Roux et Vitant, Rénon et Heitz ont successivement communiqué des cas nouveaux à la Société de Neurologie de Paris. Enfin, tout récemment, les neurologistes ont été amenés à considérer les associations de l'adipose dou- ‘ prescrivit de l’iodure de potassium et des verres colorés loureuse'. M. J. Roux en a décrit un cas coexistant avec le goitre exophtalmique; MM. Oddo et Chassv out vu l’adipose douloureuse accompagnée de troubles vaso-moteurs et de sclérodermie. L'existence de ces associations dystrophiques confirme l'opinion de Dercum : l'adipose douloureuse est bien une dystrophie, dont il faut rechercher l’origine dans une anomalie encore mal définie du système nerveux. L'ingestion de corps thyroïde de mouton ou de prépa- rations thyroïdiennes, — traitement qui a donné des succès dans plusieurs dystrophies, le myxædème et l'infantilisme en particulier, — a déterminé une atté- nuation des symptômes douloureux et une diminu- tion de la surcharge graisseuse dans quelques cas d'adipose douloureuse, A cette dystrophie nouvellement isolée, il semble done qu'on puisse déjà espérer opposer quelques moyens de défense thérapeutiques. Un cas de cécité temporaire dû à l’ob- servation d’une éclipse de Soleil. — A une. récente réunion de la Section du Yorkshire de la British medical Association, le Dr S. Suell, profes- seur d'Ophtalmologie à l'University College de Shet- field, a communiqué un cas assez rare de cécité produite par l'observation du Soleil au cours de l’éclipse du 28 mai 1900 *. Le sujet regarda d’abord le Soleil à travers un verre: bleu, puis à travers un verre rouge, et enfin à l'œil nu. Quelques heures après, il constata que sa vision directe: élait troublée; le soir, il ne put lire son journal. Il y avait comme une sorte de brume au centre du champ» visuel; le sujet ne voyait distinctement que sur les bords. Le lendemain 29, le Dr Snell vit le malade pour la première fois. Chaque œil était affecté, mais on ne: put découvrir aucune lésion à l'ophtalmoscope. On La tache centrale diminua peu à peu, et, en novembre, le sujet avait recouvré sa vision normale. Toutefois, encore aujourd'hui, ses yeux sont plus seusibles qu'au trelois aux lumières vives. | Ce n’est pas la première fois qu'on observe une cécité de la rétine à la suite de l'observation directe du Soleil le cas présent est intéressant en ce que les deux yeux furent symétriquement affeclés. Il montre, en outre une fois de plus, que les verres protecteurs, encore trop souvent employés pour observer les éclipses, sont d’une inefficacité absolue, é Nouvelles recherches sur lagentde la ma ladie causée par la mouche tsétsé. — On sai depuis longtemps que la mouche tsétsé, si commune dans l'Afrique du Sud, y exerce de tels ravages qu'ellé | rend impossible, dans une grande partie de ces régions non seulement la colonisation, mais même l'explora tion. Pendant de longues années, l'agent et le méca nisme de la maladie provoquée chez les animaux par la piqüre de cet insecte restèrent inconnus. Il y a six ans le major Bruce trouva, le premier, dans le sang des an maux malades un infusoire flagellé appartenant at geure Trypanosoma, auquel il attribua la maladi Depuis lors, les recherches sur cet organisme se soi multipliées; MM. Bradford et Plimmer * ont apporté ré cemment de nouvelles contributions à la biologie du Trypanosoma Brueïi. s Le sang de l'animal est coloré par un mélange “dé bleu de méthylène au potassium et d'érythrosine. Dan ces condi ions, on observe les formes suivantes, qi paraissent constituer tout le cycle évolutif du Trypæ& nosoma Brucii : } 1° Des divisions longitudinales de formes flagellée > ‘ Société de Neurologie de Paris, 9 janvier 1902. 4 * British medical Journal, n° 2142, p. 130 (18 janvier 1902} * J. R. BrapronD et H. G. Primmer : The 7rypanoso Prucii, {he organism found in Nagana of Tsetse fly disease Quart. Journ. of microsc. Science, vol. XLN, part 3, février! 1902, p. 444-473, pl. 24 et 25. L < ; 4 4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE … 2° Des conjugaisons des mêmes formes flagellées, les trypanosomes s'unissant par leurs extrémités posté- mieures, et les micronuelei (centrosomes de Laveran et Mesnil) se fusionnant pour se diviser ensuite. Après la fusion, les individus conjugués se séparent, et sont aptes à se diviser longitudinalement avec une nouvelle énergie ; : - 3° Des formes « amæboïdes » et « plasmodiales », ces dernières provenant de formes amæboïdes fusionnées. Après la fusion, il y a, dans le plasmode, active mulli- - plication des noyaux; et, ensuite, de petites formes . flagellées s'en détachent. Les détails que MM. Bradford et Plimmer donnent des divisions longitudinales sont en complet accord avec ceux fournis antérieurement par MM. Laverau et Mesnil. Toutefois, ce que les auteurs anglais regardent comme conjugaison, MM. Laveran et Mesnil le consi- dèrent comme agglutination, et ils nient la fusion des micronucléi. Enfin, pour MM. Laveran et Mesnil, les formes amæboïdes sont des stades d'involution: les formes plasmodiales proviennent de formes involutives qui se sont agslomérées secondairement. On retrouve les mêmes formes, les auteurs anglais en conviennent eux-mêmes, en conservant 12 vitro du sang à trypano- - somes, c'est à-dire dans des conditions où ce sang perd vite ses propriétés virulentes. MM. Bradford et Plimmer - ont étudié aussi la sensibilité des divers Mammifères au nagana et la distribution du parasite dans leur orga- .nisme durant l'évolution de la maladie. Ils cons- - tatent en particulier la sensibilité du pore [Cf. Laveran “et Mesnil}. — Enfin ils insistent sur les caractères différentiels entre le Trypanosoma Brucii et le Trypa- nosome des rats sauvages (Tr. Lewisi). Une maladie épizootique des chevaux aux Philippines. — Tandis queles Anglais, dans la guerre sud-africaine, ont à lutter contre la maladie causée par a mouche tsétsé, qui décime leurs chevaux, les Amé- -ricains, dans leur conquête des Philippines, se trouvent aux prises avec des difficultés analogues. M. L.-M. Mans !, dans le Rapport du Bureau sanitaire insulaire pour septembre 1901, récemment recu, donne des ren- Seignements intéressants sur l'épizootie qui sévit dans ces résions. Dans le sang, on trouve un « spirille » dont la lon- “cueur est le double, la-Jargeur la moitié du diamètre dune hémalie; cet organisme est très mobile; on observe des « pseudopodes » sur ses bords. L'auteur a eu évidemment sous les yeux un Trypanosome. Les symptômes de la maladie sont, d'ailleurs, ceux dune maladie à Trypanosomes : fièvre, ædèmes de diverses régions du Corps, émaciation, etc. Certains Chevaux, particulièrement parmi ceux importés par les Américains, guériraient. Les autres, et en particu- lier les chevaux indigènes, succombent. = En somme, le « calentura » n’est probablement qu'une forme de « surra », dont l'existence a été Le reconnue dans des régions assez voisines : en Indo- “Chine et dans les iles de la Sonde. Lrophæœdème. — Dans le dernier numéro de la Revue, pages 178 et 179, les figures 1 et 2, relatives au “rophœdème représentent, — non pas le cas rapporté par M. Hertoghe (d'Anvers), — mais un malade dont istoire à été publiée, sous le nom de Dystrophie Onjonctive myélopathique, par M. Rapin (de Genève). Les photographies ont été reproduites d'après la Nou- lle Iconographie de la Salpétrière (n° 6, 1901). $ 9. — Géographie et Colonisation Conférences sur le Paraguay et le golfe ersique à la Société de Géographie com- erciale. — Dans sa séance générale du 18 février L.-M. Mas : The equine « Calentura » of the Philipines. ew-York Med. Jour., 8 février 1902, p. 243.) À 19 19 —! 1902, cette Société a entendu les souvenirs d’un voyage au Paraguay de M. le D° Machon, et le récit d'un voyage autour du golfe Persique, en Mésopotamie et en Perse, de M. Gaston -Bordat. Le premier de ces explorateurs a donné des détails intéressants sur les nids de Termites qui, daus certaines régions du Para- guay, peuvent atteindre 4 mètres de hauteur; et, après avoir décrit les mœurs des indigènes, il a montré que ce pays, plat et marécageux, est impropre à la coloni- sation européenne. M. Gaston Bordat a considéré le golfe Persique au point de vue économique. L'influence anglaise y est prépondérante, à tel point qu'on a souvent dit que ce golfe était un /ac anglais. La création de voies nouvelles entre Constantinople et Bagdad va susciter de ce côté l'attention de l’Europe. C'est surtout avec Mascate et les ports de la côte persane que l'Europe entretient des rapports commerciaux. Mascate, la capitale du pays d'Oman, est, dit-on, le pays le plus chaud de la Terre. C'est aussi le dernier coin du monde arabique qui jouisse d’une entière in- dépendance. Les habitants témoignent aux Français une affection particulière, que notre commerce pour- rait meltre à profil s’il voulait y entretenir des agents. Dans le golfe, les îles Bahrein sont le centre des pêcheries de perles, qui durent de mai en septembre et occupent 12.000 bateaux avec 300.000 pêcheurs arabes. En 1899, le trafic des perles du golfe Persique a rapporté #4 millions de francs. Bassorab, surnommée la Venise arabe à cause de ses canaux et de ses lagunes, est un centre de production etun grand marché de dattes. Parlant ensuite de la Perse, M. Bordat fait remarquer que ce pays, si souvent décrit au point de vue artistique, est peu connu sous le rapport des richesses paturelles. Ce pays, dit le conférencier, se présente sous deux aspects : un explorateur dans le nord, entre Téhéran et la mer Caspienne, dira que c'est la forêt de Fontai- nebleau; ,un Anglais, qui n'avait visité que le sud, déclarait que c'est le Sahara. En somme, certaines régions sont d’une fertilité remarquable, mais sont mal cultivées. De plus, les richesses minérales sont inexploitées et mal connues. Le principal obstacle au développement économique de ce pays consiste en l'absence de voies de communication; il n'y a qu'une voie ferrée, et elle mesure en tout 9 kilomètres ! La France est aimée des Persans; notre langue détient une grande supériorité sur les idiomes étrangers. Dans les écoles de Téhéran, 90 0/0 des élèves appren- nent le francais; les 10 autres pour 100 sont partagés entre l'anglais et le russe. C’est une situation favorable que notre commerce ne devrait pas oublier. Les chemins de fer vers les grands laes africains. — L'Europe, l'Asie et l'Amérique sont traversées par de grandes voies ferrées qui, allant de l'Est à l'Ouest, suivent la direction ordinaire des com- munications commerciales entre les peuples, direction qui est en même temps celle de la plupart des relations humaines. A son tour, l'Afrique semble destinée à avoir un jour son transcontinental Est-Ouest, dont deux troncons importants seront fournis par le chemin de fer dit de l'Ouganda, qui vient d’être achevé, et par celui du Congo au lac Albert, qui va être bientôt cons- truit. Quelques indications sur ces deux grandes entre- prises semblent actuellement opportunes. De Mombasa, sur la côte orientale africaine, part le chemin de fer anglais de l’Ouganda, qui relie l'Océan Indien au Victoria Nyanza. C’est le 19 décembre der- nier que la rive du grand lac intérieur a été atteinte. La longueur totale de la ligne est de 966 kilomètres. Les travaux avaient été commencés le 5 août 1896, à la suite de la Mission d'exploration et d'étude aecom- plie, en 1891 et dans les années suivantes, par le major Mac-Donald. Le premier tronçon de Mombasa à Ma- kindo a été ouvert aux voyageurs le 24 octobre 1898; äu 31 mars 1899, la ligne était rendue au kilomètre 298 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 460, c’est-à-dire à peu près à la moitié de la distance à parcourir. Il a donc tallu moins de cinq ans et demi pour achever ce chemin de fer. L'ingénieur en chef qui l’a entrepris, M. G. White- house, a rencontré de grandes difficultés, la ligne traversant un terrain d'un relief très inégal. Du port de Kilindini, dans l'ile de Mombasa, elle franchit, par un pont d'environ 500 mètres, le bras de mer qui sépare l'ile du continent, puis elle s'engaze dans les monts Rabaï, qui, bien qu'élevés de 250 mètres seule- ment, constituaient un obstacle assez sérieux. On péuètre ensuite dans le désert de Tarou, qui se prolonge jusqu'à la rivière Tsavo. Après les rivières Dérajani et Masongoléni, sur lesquelles ont été jelés des ponts im- portants, la voie atteint, en montanttoujours, Kibouezi, Makindo, Nyrobi, et passe à pen près à égale distance entre le mont Kénia, au Nord, et le mont Kilima N'djaro, au Sud. Au delà de Nyrobi, la voie entre dans la région boisée, cultivée et très peuplée, que coupent les contre- forts de la chaine de Kikouyou. Là se présente la plus orientale des deux grandes dépressions géologiques de cette partie de l'Afrique, celle qui, marquée à son extrémité sud par le lac Nyassa, est occupée, plus au nord, par les bassins sans issue des lacs Manyara, Natron, Naivacha, Baringo. La voie, après avoir franchi le Kikouyou à 2.400 mètres d'altitude, descend à 41.700 mètres au fond de cette faille gigantesque, ou « Rift », longe le lac Naivacha, et passe entre les deux lacs Elmenteïta et Nakouro. Pour en sortir, elle escalade le rebord occidental, ou escarpement de Maou, qui, orienté comme le Kikouyou et plus formidable encore, s'élève jusqu'à 3.000 mètres. C'est à 2.530 mètres au-dessus du niveau de la mer que le chemin de fer franchit cet escarpement : c’est là le point culminant de la ligne. La voie descend brusquement vers le lac Victoria par un affluent du Nyando, puis par le Nyando lui-même, et elle l'atteint au fond de la baie Ougomé, où se trouve un havre bien abrité, aux eaux profondes, Port- Florence. En choisissant ce point comme terminus du chemin de fer au lieu de Port-Vicloria, qui avait été d'abord désigné, on a réalisé une réduction de 110 ki- lomètres. Cette voie de pézétration dans l'Ouganda, la première qui s’avance jusqu'aux grands lacs, drai- nera tout le commerce de la région; par le Victoria Nyanza, elle touche au Nil, et, mettant l'Ouganda à trois jours de la mer, elle permettra au besoin à l'Angleterre de porter rapidement des troupes du littoral au cœur de l’Afrique. Le voyage que Sir Harry Johnston, gouverneur du Protectorat de l'Ouganda, vient de faire dans cette colonie, et qu'il a poussé jus- qu'à la Semliki, aura sans doute pour résultat d'assurer l'exploitation économique des régions que la voie ferrée vient de rendre plus facilement accessibles. De leur côté, les Belges ont cherché une voie de pénétration de l'Ouest à l'Est; le Congo ne pouvait qu'en partie la leur fournir. Les obstacles qu'à son embouchure il présente à la navigation ont été sur- montés par la création du chemin de fer de Matadi à Dolo; puis, un long bief navigable s'étend du Stan- ley-Pool aux Stanley Falls; mais, là, de nouvelles chutes empêchent encore toute navigation. Ce brusque arrêt venant, sur cetle magnifique route commerciale, inter- rompre le trafic et entraver toute entreprise, il fut décidé que des voies ferrées, partant du cours navigable du Congo, seraient dirigées vers les grands lacs. Le principal projel qui vient d'être adopté uuit directe- ment le Congo au Nil. Les reconnaissances sur le ter- rain ont été exécutées depuis 4899 par l'ingénieur belge A. Adam, qui a été précédemment chef de service des études du chemin de fer de Matadi au Stanley-Pool. La construction du « Chemin de fer du Congo supé- rieur aux grands lacs africains » a été concédée à une Société qui recoit, en outre, un domaine d'environ 4 millions d'hectares, qui sera exploité par l'Etat pour compte commun, concession qui comporle aussi celle du sous-sol minier. Le point de départ de la ligne est Stanleyville, en aval. des Stanley Falls; elle doit aboutir au village de Mahagi, à l'extrémité septentrionale du lac Albert, un peu en amont du point où le Nil en sort s'écoulant vers le nord: Entre les deux points extrêmes de la ligne, il y a en ligne droite 750 kilomètres. La vaste région que doit traverser la ligne nous est surtout connue par l'expédition de Stanley au secours d'Emin-pacha en 1887, par l'expédition du baron Dha- nis, eu 1896-97, par les reconnaissances de divers offi- ciers de l'Etat indépendant, notamment du major Mal- fait et du lieutenant Henry. Aucune contrée de l’Afri- que n'est plus difficilement accessible; elle est couverte par celte grande forêt équatoriale, dont Stanley a révélé l'existence et dont il a décrit la merveilleuse et exubé=- rante végétation en même temps qu'il nous en a dit l'humidité persistante et l'insalubrité. C’est Stanley aussi qui, remontant l’Arouhouimi, à fait connaitre le cours entier de cette rivière jusque près du lac Albert. De Stanleyville, qui est à 428 mètres au-dessus du. niveau de la mer, le pays monte en terrasses succes- sives jusqu'au rebord de la seconde grande dépression, ou « Graben » de l'Afrique orientale, celle qui est située le plus à l’ouest et qui est remplie par la série. des lacs Tanganyika, Kivou, Albert-Edouard, Albert. « Le terrain s'élève jusqu'à 1.200 et 1.500 mètres, et domine alors cette faille profonde. La première section de la ligne suit la rive gauche de la rivière Tchopo et en franchit de nombreux « affluents, puis le Tchopo lui-même à Bafouaboli. Dépas- sant le pays mamelonné qui marque la ligne de faîte” Tehopo-Lindi, la voie descendra dans le bassin de cette . dernière, la traversera en amont de Kapamba, et. atteindra l'Ituri, cours supérieur de l'Arouhouimi, à Maouambi, jusqu'où le tracé est définitivement arrêté. Quittant alors la forêt vierge, la ligne s'infléchira vers le nord-est par Kavali, où, le 17 février 1889,. Stanley rencontra Emin-pacha. Des plateaux élevés qui. dominentle lac Albert, elle atteindra, après une courbe. et une descente rapide, la rive de cette nappe d'eau, à. Mahagi. | Ayant ainsi alteint le bassin du Nil, les uns par le Victoria Nyanza, les autres par le lac Albert, un jour viendra où Anglais et Belges établiront une jonction entre leurs deux lignes ; alors le transafricain sera fait. w Il sera vraisemblablement aussi raccordé avec les che- mins de fer égypliens dont la tête est aujourd'hui à Khartoum, circonstance qui peurrait donner au chemin de fer du Nil une tout autre valeur économique que s'il ne devait rester que l’amorce de la ligne problé= matique du Caire au Cap. Plus au sud, les Belges ont encore une autre ligne, en projet; elle doit unir le haut Congo au lac Tanga- nyika. En amont des Stanley Falls, le Congo offre un nouveau bief navigable s'étendant jusqu'aux chutes qui avoisinent Nyangoué. C'est de ce dernier point que. partira la voie ferrée. Elle suivra d'abord la rive droite du fleuve, puis elle se dirigera vers l’est par la vallée de la Loukouya et atteindra le Tanganyika au nord d'Albertville. - Sur l’autre rive, un peu plus au nord, aboutira à Oudjidji le chemin de fer allemand, dont le point de départ doit être Dar es Salam, sur l'océan Indien. De la station de Tabora, un embranchement sera dirigé sur le Victoria Nyanza, qui, ainsi, sera uni au Tanganyika; par leurs ports sur ces deux grandes mers intérieures,. les Allemands attireront donc sur eux aussi de leu“ côlé une partie du trafic de l'Afrique centrale, auquel la ligne qu'ils projettent de construire donnera un facile débouché vers la mer. Gustave Regelsperger. Les trappeurs du Youkon, au Canada. — De- puis que la soif de l'or a amené dans l'Alaska des nuées de prospecteurs et. d'aventuriers, les bêtes à fourrure sont chassées sans merci, surtout dans la vallée supé= rieure du Youkon, Environ 40.000 peaux sont venues} l'a 1 dernier, s'étaler sur le marché de Dawson-City, pour aboulir ensuite sur les marchés de Londres et de New- York. Ours, Castors, Loutres, Visons, Renards, Martres, Loups sont poursuivis, triqués, impitoyablement. Aussi l'on peut s'attendre à une disparition rapide de cette faune des paysages glacés de l'Alaska. La statistique de l'an dernier nous apprend que 3.000 Ours noirs, argen- tés, bruns ont succombé, 2.500 Castors ont été tués, 1.500 Visons et 30.000 Martres ont été pris au piège; 200 Loutres seulement ont élé capturées ; 2.000 Renards rouges sont tombés dans le panneau; 2.000 Lynx et 2.000 Loups noirs ou gris ont été tués. La plus jolie capture a été celle de 30 Renards rayés et de 7 Renards noirs, dont les peaux ont émerveillé les amateurs du marché de Dawson-Cily. La vente de toutes ces pelleteries ne se fait pas de gré à gré; c'est le marché de Londres qui en règle les cours deux fois par an, en mars et en août, par une sorte de Conseii, composé de notables commerçants en fourrures. L'échelle établie ainsi est appliquée dans ous les pays du monde, sauf en Russie. - Mission Chevalier. — Sur le Rapport de M. Hamy, - professeur au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres a prélevé sur les arrérages de la fondation Garnier une somme “de 20.000 francs, pour aider M. Chevalier, docteur ès sciences naturelles, à accomplir une mission scien- tilique dans la région du’ lac Tchad. Ce jeune savant, auteur de plusieurs travaux de Botanique coloniale, est un ancien membre de la Mission organisée dans le Soudan par le général de Trentinian. _ Mission du Bourg de Bozas. — Au cours de l'une des dernières séances de la Sociélé de Géographie, des nouvelles ont été données de la Mission du Bourg de Bozas, partie pour Djibouti au commencement de 1901. Après avoir traversé le pays des Somalis, cette Mission, avec l'appui de Ménélik, a parcouru les pro- “inces équatoriales d'Ethiopie. Malgré la mouche tsé-tsé, qui décima les animaux de la caravaue et notamment it succomber 120 chameaux, le pays fut exploré sur une grande surface. Le vicomte du Bourg a confié la 4 opos:aphie et l'Astronomie au lieutenant Burth d’An- “nelet, l'Éthnographie et la Zoologie à M. de Zeltner, la olanique et la Géologie au D" Brumpt, et le comman- dement de la caravane à M. Golliez. 10. — Universités et Sociétés savantes Caisse des Recherches scientifiques. — ant à la loi de finances de 1902: « Chaque année, il sera prélevé sur les fonds du pari mutuel, pour être versées dans la Caisse des Recherches ientiliques: 1° A la Section des Sciences médicales, our les recherches relatives à la Physiologie et à la athologie des plantes cultivées, une somme de 25.000 fr. minimum; 2 A la Section des Sciences mathé- hatiques, Mécanique, Astronomie, Histoire naturelle, hysique et Chimie, une somme de 193. 000 francs au | minimum. ….« Ces allocations pourront être portées à un chiffre lus élevé, sur la demande du Conseil d'administration de la Caisse, par la Commission spéciale instituée au inistère de l'Agriculture pour la répartition des fonds pari mutuel ». 2 … Association des Anatomistes. — La quatrième union de l'Association des Anatomistes aura lieu à Montpellier les 24, 25 et 26 mars prochains, sous la pré- | de M. le Professeur Sabatier, doyen de la Fa- lté des Sciences; MM. les Professeurs V ialleton, Gilis 4e ont bien voulu accepter d’être vice-prési- dents, 2% “Le dimanche 23, à 9 heures du soir, les C :ongressistes | à recus à la Faculté de Médecine ; les séances - CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE auront lieu le 24 et les jours suivants, à 9 heures du matin, dans les amphithéâtres de la même Faculté. Tous les anatomistes francais et étrangers sont invités à prendre part à cette réunion. Bureau des Longitades. — Sont nommés pour 1902 : Président du Bur eau : M. le général Bassot : Vice-Président : M. Gautier; Secrétaire : M. Lippmauo. Bureau central météorologique. — Sont nommés pour 1902 Président du Bureau : membre de l'Institut ; Vice-Président: M. Darboux, secrétaire perpétuel de l’Académi: des Sciences, doyen de Ja Faculté des Sciences de Paris ; Secrétaire : M. Anthoine, ingénieur en chef du Ser- vice de la Carte de France et de la Statistique gra- phique. M. Bouquet de la Grye , Personnel universitaire. — Parmi les récentes nominations universitaires, nous signalerons les suivan- tes, qui intéressent l’enseisnement scientifique dans les Facultés et dans les lycées ; M. Lucien Poincaré, Recteur de l'Académie de Chambéry, est nommé Inspecteur général de l'Iestruc- tion publique (Enseiynement secondaire, ordre des Sciences), en remplacement de M. Fernet, admis à la retraite. M. Joubin, Doyen de la Faculté des Sciences de Besancon, est nommé Recteur de l’Académie de Cham- béry, en remplacement de M. Lucien Poincaré, appelé à d'autres l'onctions. M. Matruchot, Maître de Conférences de Botanique à la Faculté des Sciences de Paris, est nommé Maitre de Conférences de Botanique à l'Ecole Normale Supé- rieure, en remplacement de M. Costaulin, nommé Professeur au Muséum d'Histoire naturelle de Paris. M. Molliard, docteur ès Sciences, Chef des Travaux pratiques du Laboratoire de Physiologie végétale, est nommé Maître de Conférences de Botanique à la Fa- culté des Sciences de Paris, en remplacement de M. Matruchot. M. Sauvageau, Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de l'Université de Dijon, est nommé Professeur de Botanique à l'Université de Bordeaux, en remplacement de M. Millardet, admis à la retraite. M. Cousin, docteur ès Sciences, est nommé Profes- seur de Calcul infinitésimal à l'Université de Bordeaux. M. Bernard, docteur ès Sciences, agrégé, Prépara- teur à l'Ecole Normale Supérieure, est nommé Maitre de Conférences de Botanique à la Faculté des Sciences de Caen, en remplacement de M. Léger, décédé. M. Curtel, docteur ès Sciences, est nommé Directeur de l’Institut régional agronomique et œænologique de Bourgogne (#ondation de l'Université de Dijon). M. Perreau, Maitre de Conférences de Physique à la Faculté des Sciences de Nancy, est chargé d’un Cours de Physique à la Faculté des Sciences de Besancon. M. Gutton, docteur ès Sciences, Chef des Travaux de Physique à la Faculté des Sciences de Nancy, est nommé Maître de Conférences de Physique à la même Faculté, en remplacement de M. Perreau. M. le docteur Roussy, Maitre de Conférences au Laboratoire de Physique biologique du Collège de France, est nommé Directeur adjoint dudit Labora- toire. M. Vigouroux, Muiître de Conférences de Chimie industrielle à la Faculté des Sciences de Bordeaux, est nommé Professeur de Chimie industrielle à ladite Faculté (création nouvelle). M. Ricôme, docteur ès Sciences, Préparateur de Botanique, est nommé chef des Travaux pratiques du Laboratoire de Physiologie végétale, en remplacement de M. Molliard. M. Bénard, docteur ès Sciences, est nommé Maire de Conférences de Physique à l'Université de Lyon. 230 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE LA PRÉPARATION INDUSTRIELLE ET LES APPLICATIONS DE L’ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE DEUXIÈME PARTIE : APPLICATIONS Dans un premier arliele", nous avons examiné successivement la préparation et la liquéfaction du gaz carbonique et les moyens employés pour le conserver à l'état liquide. Nous allons maintenant passer en revue quelques-unes de ses applications. Les applications de l'acide carbonique liquide sont très nombreuses el très importantes ; contrai- rement à ce qui se passe pour les autres gaz liqué- liés, les applications d'ordre chimique sont peu développées comparativement d'ordre physique et aux applications alimentaires. Tandis que, pour les autres gaz liquéfiés, les appli- calions physiques se réduisent à peu près uniquement à la production in- dustrielle du froid, l'acide carbonique aux applications | simple effet, le piston long et creux rafraïchi par une circulation de liquide incongelable. La boîte à | étoupes est munie d'une garniture extérieure ali- mentée de glycérine et en rapport avec un gazo- mètre E dans lequel s'accumule le gaz carbonique. qui a traversé la boîle à éloupes. Enfin, le liqué- facteur C est rafraichi par l'acide carbonique dé- tendu et très froid qui revient du bac à glace D à l'aspiration du compresseur, ce qui abaisse la. température de liquéfaction. Presque contem- poraine de la pré- cédente est la ma-. chine de Windhau- sen, dont les types. verticaux et hori-. zontaux sont carac- térisés par un com- joue un rôle im- mense comme force motrice, en parli- culier dans l'indus- trie de la bière, qui, en Allemagne, en consomme des quantilés énormes, el où son microbicide s'allie si heureuse- ment à Sa puissance mécanique. rôle I. — APPLICATIONS FRIGOR!FIQUES, On peut en citer trois : les machines frigorifiques proprement dites, le cryogène Cailletet et les gla- cières Brouquier et Fritz Müller. 1. Machines frigoriliques à acide carbonique liquide. — En principe, ces machines sont iden- liques à celles qui fonctionnent avec les autres gaz liquéfiés; toulelois, la grandeur des pressions qu'il faut surmonter pour liquéfier les vapeurs d'acide carbonique et la facilité des fuites exigent une construction plus soignée que pour les autres appareils frigorifiques. La première machine qui ait fonctionné avec de l'acide carbonique liquide est celle de Raydt (1884) (fig. 1)°. Le compresseur A est horizontal, à ! Voyez la Revue du 28 février 1902, t. XIII, p. 180. ? Comime dans mon premier travail, j'ai emprunté la Fig. 1. — Vue d'ensemble de la machine Raydt. — À, compresseur refoulant l’acide carbonique par a au condenseur B, puis par € au liquéfacteur C; d, tuyau amenant le gaz liquéfié au robinet de détente e du bac à glace D; f, tuyau de retour du gaz refroidi au liquéfacteur C:; g, tuyau de retour du gaz refroidi à l'aspiration du compresseur; E, gazomètre recevant par hhh les fuites de la gar- niture du compresseur et les restituant au condenseur B par k, Y, W, a, au moyen de l’injecteur qg alimenté par 1 d'acide carbo- nique liquide. | revenant, le piston B refoule le liquide, qui remplib presseur compounl qui récupère les fui- tes de gaz et de li-. quide. La figure 2 représente en coupe le compresseur h0- rizontal compound. de la machineWind= hausen de 1889, construite par la société Cail= Halot. La compression s'opère en deux temps: l'acide carbonique, venant par d du bac à glace à travers la soupape d'aspiration à, est refoulé par le piston B via Ab l'a au-dessus de l’eau glycérinée qui remplit en partie le corps de pompe A'. En complètement A', chassant devant lui, par Ja soupape de compression b', le gaz dans le liqué= facteur. Les fuites de gaz qui ont traversé le piston B° sont refoulées par lui, à travers le clapet p, dans le tube y et de là en A'; enfin, les fuites de glycé rine qui arrivent en »1 sont, dans la phase di compression en A, aspirées en (/, puis refouléess en A'. = Le perfectionnement, par les constructeurs, de là machine de Windhausen a produit les machines frigoriliques actuelles dites de Hall, de Esche Wyss, elc. descriplion des machines de Raydt et de Windhausen a Rapport de M. G. Richard : Revue technique de l'Exp0Si tion de 1899 ; Industries chimiques, £. 1, p. 224-231. > E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 234 La figure 3 donne la coupe verticale d’une machine, système J. et E. Hall, construite par la « Société anonyme de travaux Dyle et Bacalan » L'appareil a une forme extrèmement ramassée ; le faction, résultat auquel Rayÿdt n'arrivait qu'avec un dispositif plus compliqué. La même disposition générale se retrouve dans les machines « Pôle Nord »; elle convient surtout aux machines de faible puissance, produisant de 10 à 40 ou 50 kilos de glace à l'heure. Dans les machines à très grande puissance, la dif- férenciation des divers organes et leur indépendance relative s'imposent. Les machines frigoritiques « Mollet-Fon- taine et Ci° » se composent d’un compres- seur, d’un condenseur, d'une soupape-ré- gulatrice du froid, et d’un réfrigérant. Le compresseur (fig. 4) est en fonte spéciale serrée pour haute pression; c'est une pompe à double effet, aspirante et foulante, avec trois soupapes d'aspiration Fig. 2. presseurs. | compresseur, qui est vertical, se voit à droite eten » haut; le gaz comprimé, après avoir abandonné - dans un épurateur la glycérine qu'il avait entrainée, - arrive de haut en bas dans un serpentin liqué- . facteur plongé dans un bain d'eau annulaire. La paroi intérieure de ce bain d’eau s'élève au-dessus -du liquéfacteur d'environ la moitié de sa hauteur centrale du liquéfacteur, un matelas d'air mauvais conducteur de la chaleur. L'acide carbonique iquide, partant de la partie inférieure du liqué- acteur, s'élève par un tube droit à travers le atelas d'air et arrive à un robinet à pointeau qui commande la détente qui doit s'effectuer dans le éfrigérant. Deux manomètres métalliques voisins ndiquent, l'un la pression du gaz liquéfié avant a détente, l’autre la pression du gaz détendu : ce ernier arrive de haut en bas dans le réfrigérant ar un tube central qui, à la partie inférieure de elui-ci, s'épanouit en un serpenlin. C'est dans ce Serpentin, baigoé par un liquide incongelable, que le gaz qui se délend remonte pour redescendre ensuile à l'aspiration du compresseur. Le cycle des ansformations de l'acide carbonique est alors fermé. — La disposition du réfrigérant au centre du liqué- facteur fournit un appareil compact et tenant ex- “rémement peu de place ; en outre, la chaleur, que “réfrigérant, aussi bien isolé que possible par le malelas d'air qui l'entoure, emprunte au dehors, st prise ici au liquéfacteur, dont elle abaisse la lempérature et réduit ainsi la pression de liqué- et limite, autour du réfrigérant, qui occupe la partie” F BoRREMANS 3€ — Compresseur compound de la machine de Windhausen. — A, cylindre; B, B', B°, piston à deux diamètres; A, deuxième cy- lindre rempli partiellement par un bain de glycérine; a, a*, sou- papes d'aspiration: b, b', soupapes de refoulement; mpog, appareil récupérateur des fuites: x, y, cireulation d'eau autour des com- horizontales, une à l'arrière et deux à l'avant, et deux soupapes de refoulement verticales, situées à la partie supérieure et aux extrémités du corps de pompe. Pans la double enveloppe du cylindre cireule le gaz carbonique aspiré du réfrigérant, ce qui permet de refroidir le cylindre sans avoir recours à l'eau. Le piston est en acier, d'une seule pièce avec la lige; il est garni, ainsi que les. Fig. 3. — Coupe verticale d'une machine frigorifique di J. et E. Hall fonctionnant par l'acide carbonique liquide. presse-étoupes, de rondelles de cuir ayant en des- sous des rondelles de caoutchouc qui se gontlent sous l’action du gaz, et assurent ainsi au piston et 932 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE au presse-étoupes une élanchéité parfaite. Le presse- éloupes comporte, en outre, une garnilure en corde talquée suifée. Lés soupapes, dont le parfait fonclionnement est une condition indispensable de bon rendement, sont construites avec des soins tout particuliers ; elles sont à peu près identiques à celles du com- presseur de la même maison employé dans les fabriques d'acide carbonique liquide. Elles sont très accessibles, et, comme le compresseur com- porte des soupapes d'arrêt, on peut démonter les SOUPApes SANS perte ble d'acide carbonique. Les soupa- pes d'aspira- tion commu- niquent avec la double en- Sensi- dans le condenseur vient à la soupape pour y subir une nouvelle volatilisation, et passe ensuile dans les serpentins du réfrigérant. Quant aux réfrigérants, ils ont des formes diffé- rentes suivant l'usage que l'on veut en faire, et suivant qu'ils doivent être placés dans un bac à liquide incongelable, dans un bac à glace, dans un frigorifère à air sec, etc. Le principe de ces réfrigé- rants est toujours le même ; le gaz liquéfié se détend dans des serpentins réunis entre eux par un collec- Leur supérieur en communication avec l'aspiration et un collecteur inférieur en communicalion avec la , soupape régulatrice. Dans l'intérieur des réfrigé- ranls placés dans les bacs à liquide incongelable, il y a un mouvement d'agilation du liquide inconge- lable. Pourlades- cription des Lypes Escher- Wyss de Zu- veloppe,etles rich', Villon soupapes de et Génin :, refoulement nous renver- avec un con- rons le lec- duitde la dou- leur à ces au- ble enveloppe leurs, pour ne séparédel'as- pas allonger | piralion par indéfiniment deux cloisons cet article. en fonte. Le Comme pour. graissage du lesautres ma- compresseur est produit riliques à gaz automatique - liquéfiable,. ment par une le rendement pompe à gly- frigorilique, cérine dispo- .. PE “'est-à-dire le SLT à P° Fig. 4, — ÆElévation et plan du compresseur de la machine frigorifique Mollet-Fon- c'est-à-dire j sée à proxi- taine. — M, corps du compresseur; A, arrivée d'acide carbonique; B, refoulement rapport du mité: la pres- d'acide carbonique; #, couvercle et soupape d'aspiration arrière ; b, soupapes d'aspi- nombre de ca- sion de la pompe, véri- fiée par un manomètre spécial, doit loujours être un peu supérieure à la pression d'aspiration. Le condenseur se compose d'une cuve cylin- drique, dans laquelle sont placés les serpentins qui recoivent l'acide carbonique comprimé. Les ser- penlins sont reliés entre eux par un collecteur supérieur en communication avec le refoulement du compresseur, et par un collecteur inférieur qui est mis en communication avec la soupape régula- trice. L'eau de condensation arrive par la base et se déverse par un trop-plein à la partie supérieure. Dans l'intérieur du condensateur, il y a un mouve- ment pour l'agitation de l’eau. La soupape régulatrice est placée entre le con- denseur et le réfrigérant. L'acide carbonique liquéfié ration avant; e, soupapes de refoulement; d, piston du compresseur; €, calfat du . compresseur. | | | | lories absor bées par Île réfrigérant à l'équivalent calorifique du travai indiqué au compresseur, diminue quand la tem= pérature s'élève”. Les chiffres suivants montrent comment le nombre de kilos de glace à l'heure; par cheval indiqué au compresseur, varie, dan une machine de Hall, avee la température initiale de denseur à acide carbonique * : ‘ NVaizcox : Jievue de Chimie industrielle, t. AV, p. 469 1893. ? ViLLox : Revue de Chimie industrielle, t. TU, p. A 1892. 3 P * Prière de se reporter à la première partie du travail: “Voir la communicalion de M. Hesketh, de la maiso J. et E. Hall de Dartford, au Congrès d'Ipswich de la Britisi Associalion (Engineering, 1r novembre 1595). à x ; E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 233 TEMPÉRATURE DE L'EAU POIDS DE GLACE . de condensation. à l'heure en kilos. —+- 100 11,6 SAUMUR 10,9 + 900 . ETS NET NS VAR he RON FE EC MT EN ET NN 673 23008. PA RNORES 4,1 SLA SRE LT MERE RER TE) Dans les expériences exécutées, il y a plusieurs années, à Ja Station d'essais de Munich, pour - comparer les rendements de deux machines frigo- - rifiques de même production, l'une à ammoniaque anhydre du système Linde, l'autre à acide carbo- - nique, une varialion du même ordre avec la - température a été obtenue ; il est intéressant de - constater en passant que la machine à acide carbo- - nique consiruite pour ces essais par la Fabrique - de machines d'Augsbourg, sur les données du Pro- fesseur Linde, avait un rendement notablement - plus élevé qu'une machine de Hall. - La chaleur de vaporisation de l'acide carbonique - s'annulant à 31°,35 (sa température crilique), on - croyait, avant que les expériences précédentes ne - fussent faites, que la machine frigorifique à acide - carbonique ne produirait plus de glace au-dessus “de 31°,35 et qu'elle ne fonctiounerait pas dans les pays chauds, où l'eau de condensation du liqué- “faclteur dépasse souvent celte température. Rien “n'est plus inexact. Lorsque le compresseur comprime l'acide carbonique à la température de 40°, par exemple, le corps resle certainement azeux, laquelle que soit pression à laquelle on le oumet; arrivé dans le réfrigérant, le gaz com- primé se détend; en supposant que cette détente ait lieu sans vitesse sensible, le phénomène de Joule-Thomson indique que l'abaissement de Ja mpérature du gaz est d'environ 1°,056 par almosphère de chute. Si l’on produit une chute de : ression de 60 atmosphères dans ces condilions, D de la température de l'acide carbo- nique sera d'environ 63°; en réalité, la délente ayant lieu avec dépense de force vive, la réfrigéra- lion sera encore plus énergique. Si donc le rende- ment frigorifique de la machine à acide carbo- nique diminue quand là température de l’eau de _Condensation augmente, ce qui se produit pour toutes les machines frigorifiques quelles qu'elles Soient, il né s'ensuit nullement qu'une telle machine me puisse plus fonctionner au-dessus au point cri- lique du gaz carbonique. .m Bien qu'un peu inférieure à la machine à ammo- | niaque anhydre au point de vue du rendement | économique, la machine à acide carbonique a, sur elle, l'avantage indéniable d'un volume beaucoup plus petit, à production égale. En pratique, le fongtionnement des machines frigorifiques à acide carbonique est très satisfai- sant. 2. Cryogène Cailletet. —- Cet appareil est trop connu pour quil soit besoin d'’insister longuement sur lui’; il suffira de rappeler que la détente, jusqu'à la pression almosphérique, de l'acide carbonique liquide sec contenu dans une bouteille en acier permet d'abaisser, en très peu de temps, jusque vers — 10° la température de lamasse d'alcool qui baigne le serpentin el qui est contenue dans un vase métal- lique soigneusement isolé au point de vue ther- mique. Si l'acide carbonique liquide employé est humide, l'eau se congèle dans le serpentin et l'obs- true, et la manœuvre du cryogène est tolalement arrêtée jusqu'à ce que, la température s’élevant, la glace fonde dans le serpentin. 3. Glacière Brouquier. — Cet appareil dérive historiquement du précédent, la source de froid étant la même; il permet d'oblenir, par la détente complète de l'acide carbonique liquide, au moyen d'un pulvérisateur d'une grande simplicité, la con- gélation.et la pulvérisation d’un liquide, en parti- culier des crèmes, sirops de glaces et sorbets. Il se compose d'une marmite en fer-blanc ou en cuivre, à double paroi, garnie de substance iso- lanle. Le couverele est muni d'ouvertures appro- priées, permeitant l'échappement du gaz carbo- nique sans projection de matière. Le pulvérisaleur est placé au fond de la marmite, langentiellement, pour imprimer un mouvement de rotation; il se compose d'un simple tube à petit orilice, dont la section doit être soigneusement calculée. Si la seclion est trop petite, le pulvérisateur est congelé instantanément et obstrué; si elle est trop grande, la détente se fait au pointeau de la bouteille à acide carbonique, et la congélation du liquide de la mar- mile ne se produit pas. Il faut naturellement s'ar- ranger pour que l'acide carbonique arrive liquide au pulvérisateur. Il suffit de trente à quarante secondes pour qu'un litre de liquide sucré se trouve congelé sous forme d'une pâte onctueuse absolu- ment semblable à celle des fromages glacés ordi- naires; la dépense d'acide carbonique est, en inoyenne, d'un kilo pour un litre de liquide à con- geler. La fin de l'opération est indiquée par un bruissement spécial. Cette glacière est ulilisée également par les pharmaciens des petites villes pour obtenir im- médiatement la glace nécessaire au traitement de certaines maladies et qu'il est impossible de se procurer loin des grandes villes. La glacière Brou- 1 Carzcerer : Compte rendu des séances de la Société fran- çaise de Physique, 1er mai 1591. 231 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE quier est un appareil absolument remarquable par la facilité et l'économie de son emploi. Fig. ÿ. — Armoire-glacière Fritz Müller. — f, glacière médiaue à liquide. incongelable: 4, couvercle de la gla- cière: À, tube de dégagement de CO® détendu dans l'air : ïi, cul-de-sac pour retenir le liquide incongelable entrainé par CO?; k, robinet Servant à produire une atmosphère carbonique dans l'armoire: /, tube métallique dans lequel se détend CO? et qui sert à refroidir l'air intérieur de l'armoire et le liquide incongelable de f, 4. Armoire-qlacière Fritz Müller !. — L'acide carbonique coule d’une bouteille située derrière l'armoire et se détend dans un tube métallique /, qui fait un grand nombre de tours dans le but de refroidir toutes les parties de l’appareil (fig.5). Le tube / se termine dans une caisse / contenant un liquide incongelable et séparant en deux l'armoire à double paroi; des mouleaux introduits dans celle caisse permeltent d'avoir à volonté de la glace artificielle. Dans le couvercle y, que fixent des écrous à oreilles (fig. 6 est un tube Fig. 6. — Coupe de l'armoire - glacière Fritz Müller. , ‘des compartiments d’une lunette. Tout en poussant que la vapeur d'eau dans la machine à vapeur, on peut, au contraire, sans fournir de chaleur, utiliser M sa forte pression de vapeur saturée à la température M ambiante : l'acide carbonique liquide sert alors au, soulirage de la bière, à la projection des bouillies cupriques dans les vignes; il est, enfin, utilisé dans la carabine de chasse Giffard. 1. Machine thermique à acide carbonique liquide. — Dans l'appareil inventé par l'Américain Lewis Boyd White‘, un réchauffeur élève la pression du gaz, qui passe de là dans un organe où il eflectue un travail; après quoi, on le liquéfie de nouveau, et on le ramène au réchauffeur pour fermer le cycle. Le dispositif employé dans ce but est le suivant (fig. 7): Dans le réchauffeur à se trouve le serpentin , rempli d'acide carbonique liquide, qui est vapo- risé jusqu'à atteindre une pression de 170 à M 200 atmosphères. Le gaz chaud arrive par la con- | duite 4 dans la machine e, où la pression exercée M par lui sur un piston mobile met en rotation un arbre de couche. Le gaz sortant de e possède encore une pression d'environ 17 atmosphères; par. le tube /, il parvient dans un condenseur g, muni de cylindres À reliés les uns aux autres à la facon les compartiments successifs, le gaz s'échappe par. les interstices annulaires permettant aux cylin- dres À de jouer les uns dans les autres, et il vient. se détendre dans l'espace Æ, où il se rassemble sous forme de neige, qui fond aussitôl. L'acide carbonique gazeux, aspiré par la pompe m par l'in- termédiaire du tube ?, est liquéfié en 722, puis refoulé h par lequel se dégage le gaz car- bonique complètement détendu, lequel abandonne dans le cul-de- sac i le liquide entrainé mécani- quement. Au moyen du robinet X, placé sur le tube /, on peut produire, dans l'intérieur de l'armoire, une atmosphère de gaz carbonique qui joint son action antiputride à celle du froid. Fig. 1. — Machine thermique de a, réchauffeur; b, serpentin; e, dans la machine motrice e: r, tuyau conduisant le gaz qui a travaillé dans un White à acide carbonique liquide. foyer; d, tuyau conduisant les gaz chauds IT, — EmPpLor COMME Force MOTRICE, On peut faire jouer à l'acide carbonique, dans une machine thermique appropriée, le même rôle condenseur-détendeur g: h, h, compartiments cylindriques glissant les un sur les autres comme les compartiments d'une lunette: k, espace où se ras: semble la neige carbonique; /, tuyau conduisant le gaz aspiré par la pompe » aussitôt dans le réchauffeur. L'intérêt d’une mas chine thermique à acide carbonique fonctionnant. * Dr M. Azrscuus : flüssige Gase, 4 annnée, p. 191. Zeitschrift für komprimierte und “Dr M. Arrscuuz: Zeïtschrift für komprimierte und flüss sige Gase, 3€ année, p. 15; 1899, | | | | 1 E.. des lempératures absolues T, et T, est que, LT. étant ici très petit comparativement à T,, le ren- en Lhéorique —_ est notablement plus 1 élevé que celui de la machine à vapeur, sans qu'on soit obligé d'employer une température T, trop élevée. En réalité, on n’a pas encore obtenu, jus- qu'ici, un bon moteur à acide carbonique liquide. Conservation et soutirage de la bière et des boissons fermentées.— La véritable raison de l'ap- plication de l'acide carbonique liquide au soutirage des boissons fermentées n'est pas tant l’utilisation de la pression considérable qu'il peut développer que l'action conservatrice qu'il exerce sur ces bois- sons en empêchant les fermentations parasites de -se produire. Les ferments qui font {ourner le vin, la bière, etc., sont tous des ferments aérobies, qui, par conséquent, ne peuvent se développer dans une atmosphère d'acide carbonique; il est donc tout indiqué de remplir avec ce-gaz les barriques, foudres, etc., contenant des boissons fermentées et qui sont momentanément en vidange. À ce point de vue, l'emploi de l'acide carbonique liquide s'impose aux vignerons qui, pour fournir leur clientèle, sont obligés de vider leurs foudres peu -à peu, au hasard des demandes; à la condition de remplacer chaque barrique enlevée par son volume de gaz carbonique, le vigneron achète pour quelques “centimes sa tranquillité absolue et la certitude que on vin ne peut ni tourner, ni s'éventer, nis’'aigrir'. Lorsque l’on veut faire passer le vin d’un premier foudre dans un second, l'emploi de l'acide carboni- ‘que s'impose également; il est bien évident que, à craindre pour l'étanchéité des foudres. Le soutirage de la bière est l'application relative x boissons fermentées qui utilise le plus d'acide cave au Here ne on se sert encore en . SR d'endroits de pompes à air; pour éviter Lles principes nuisibles charriés mécaniquement L par l'air qui se trouve au niveau des soupiraux des | Caves, on exige que la pompe puise l’air au moins 42 mètres du sol. ; Parmi les innombrables dispositifs employés # Si le kilo de CO? liquide coûte 0 fr. 50, comme il cor- eSpond à 500 litres de gaz, l’hectolitre de celui-ci coûte Ur. 40 et le contenu d'une barrique, 0 fr. 22. E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L’ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 235 pour le soutirage de la bière, nous remarqueron; le siphon de M. Joseph Paer, de Berlin, qui se compose d’une bouteille à bière à, fixée d'une façon appropriée sur le réservoir à acide carbonique / et fermée hermétiquement par un couvercle à travers lequel débouche le tube 7, qui alimente le robinet g (fig. 8). Le réservoir communique avec l'intérieur de la bouteille à bière par le tube D, qui se raccorde à l'embouchure # d'un canal pra- tiqué dans l'épaisseur du couverele, et débouchant en c dans la bouteille. La pince z1, analogue à une pince de Mohr, permet d'obturer le tube 2 et de limiter le débit de gaz; le tube 2 sert également Fig. 8. — Siphon à bière Paer. — à, bouteille à bière D, réservoir à acide carbonique ; g, robinet de RE b, tuyau à CO? ; m, pince ; 0, raccord du tube ; k, embon- chure d'un canal creusé dans le couvercle de F bouteille etqui se termine en c. au remplissage du réservoir D, l'orifice À étant obturé. Les appareils à longs tubes, dans lesquels la bière demeure pendant la nuit sous pression, com- muniquent à celle-ci un goûl métallique désa- gréable. M. L. Nenstiel, de Vlotho-sur-le-Weser, évite très simplement cet inconvénient en renvoyant la bière dans le tonneau tout le temps qu'on ne la débite pas ?. 4 Dr M. Azrscaur : Zeitschrift für komprimierte und flus- sige Gase, 4 année, p. 92 ; 1900. 2 Dr M. ALTSCHUL : Zeitschrift für komprimiert sige Gase, 4° année, p. 93 ; 1900. und flus- 236 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE Dans la figure 9, on suppose que le débit de la | n'est percée de canaux que dans le plan horizon- tal qui passe en E et dans | bière sous pression d'acide carbonique a lieu; le robinet à deux voies & est dans la position 4 et la Fig. 9. — Soutirage de la bière, système Ed. Nenstiehl. — 2, tuyau transmettant la pression réduile du gaz liquéfié contenu dans la bouteille f jusqu'au robinet à 2 voies c; g. tuyau transmettant la pression réduite de CO? à la bière du touneau inférieur; d, pointeau; e, tuyau par lequel monte la bière au robinet b: 1 et 2, positions du robinet c. pression du gaz détendu de la bouteille f s'exerce sur la bière du tonneau par acgd; la bière est alors poussée par le Lube e dans le robinet 2. Si le débit est interrompu, le robinet € est mis dans la posi- Lion 2; dès lors, la pression de l'acide carbonique s'exerce par 4 sur le liquide contenu dans le robinet h et la conduite 6, et le renvoie dans le tonneau. À son rôle comme moteur et comme mi- un plan E’ situé au-des- SUS. Dans la région E s'em- bouche un tube en spi- dont le contenu correspond à la quantité de liquide à débiter cha- que fois (un bock), supé- rale F, dont l'extrémité rieureaboutitdans la seconde région ulile E’ de la clé du robinet de dé- bit; dans la même s'em- bouche un tube G, qui aboutit à la parlie supérieure du récipient CG, et une dérivation H de ce tube, qui prend naissance à un niveau supé- rieur à celui du région E’ Jiquide de CG et vientdéboucheren avant, c’est-à-dire à 90° des tubes G et F. Quand on veut servir un verre de boisson gazeuse, la poignée qui com mande la clé du ro- binet de débit est placée de façon que les canaux qui lieu arrèlant les fermentalions aérobies, l'acide carbonique joint celui de gazéifier el de rendre mousseuses certaines boissons hygiéniques. Pour la vente au délail de la bière blanche et des boissons fortement ga- zeuses, M. Bach, de Berlin, a fait breveter le dispositif suivant (fig. 10). La pression, convenablement réduite, d’une bouteille à CO° fait monter le liquide du lonneau dans le récipient C, dont la partie inférieure ést reliée par un lube D à la région E du robinet de débit, dont la clé * Dr M. Arrsenuz : Zeitschrift für komprimierte und Aüs- sige Gase, 3° année, p. 156-157; 4900, Fig. 11. — Projection horizontale des régions E et E! du robinet de débit dans les deux positions du robinet (système Bach). La région E’ est figurée en haut, la région E en bas. Fig. 10. — Dispositif pour le débit M et | des boissons gazeuses (système Bach). — B, tuyau amenant dans le récipient C la bière du tonneau | inférieur sous pression réduite de CO?; D, tnyau amenant le liquide dans la réwion E du robinet de. débit B; F, serpenlin de la conte- nance d'un bocx laisant commu- niquer la région E avec la région . E' du robinet; &, tube allant de la. région E! à la partie supérieure du récipient C; H, tube allant de la. récion E! se brancher sur G au- dessus du niveau du liquide en C; J, robinet d'arrêt du tube H. RS E. MATHIAS -—- PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 237 ee qu'il ait atteint le niveau du liquide du réci- . pient C. On tourne alors la poignée du robinet d'un quart de tour en sens inverse du mouvement des aiguilles d'une montre ; dès lors, les tubes D et G sont obturés, tandis que la pression de l'acide car- bonique qui surmonte le liquide de C s'exerce par H et pousse le liquide de F {exactement la contenance d'un verre) à lravers le canal w qui sort parallèlement à l'axe de la clé du robinet. Lorsque le liquide s'est écoulé, l'acide carbonique sous pression s'écoule dedans et le sursature de gaz ._ jusqu'à ce qu'un quart de tour de clé du robinet _ ramène celui-ci dans la position 1. Fig. 3. Emploi de l'acide carbonique en Viticulture. L'expérience a montré l'efficacité du traitement Vignes de bouillie pulvérisée au moyen de pompes sposées à cet effet et manœuvrées à bras btient que de l’arrosage : la bouillie n'est plus érente, et il faut beaucoup plus de matière pour enir la même efficacité. Aujourd'hui, on rem- place la force motrice humaine par celle de l'acide carbonique ; ce gaz, dont la pression est réduile à 3kilos et demi, est disposé au-dessus de la bouil- lie dans des vases métalliques appropriés, munis une lance terminée par une pomme d’arrosoir. it kilos d'acide carbonique liquide, donnant + REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. | 4.000 litres de gaz, peuvent pulvériser 18 hecto- litres de bouillie. Avec l'appareil à projection car- bonique, un homme fait beaucoup plus de travail qu'avec la pompe à main. Outre les appareils à dos d'homme, il y en a d’autres disposés pour être portés à dos de cheval (fig. 12) ‘, et d'autres fails pour aller sur roule et trainés par un cheval. La pulvérisation des bouilliescupriques par l'acide carbonique n'est pas seulement plus économique, elle rend encore le lraitement plus efficace; en effet, tant que l'oxyde de cuivre précipité n’est pas transformé en carbonate, la bouillie est inerte; à l'air, la carbonalation se fait lentement; avec 12. — Appareil à dos de cheval pour Ja pulvérisation des bouillies cupriques par l'acide carbonique. l'acide carbonique, elle est à peu près immédiate; la bouillie est immédiatement efficace, et son adhé- rence est plus grande. 4. Carabine de chasse Giflard. — M. Paul Gilard a eu l'idée de remplacer, dans le fusil à vent, la force motrice de l'air comprimé par celle de l'acide carbonique liquide. La balle étant dans la culasse du canon, on fait arriver derrière elle, à un moment donné, une certaine quantité de vapeur saturée d'acide carbonique qui, en se détendant, produit la propulsion du projectile. A eet effet, en dessous du canon de fusil est disposée une cartou- che pleine de gaz liquéfié, qui se visse sur la boîte- culasse; lorsque le chien part, il frappe sur une tige solidaire de la soupape de pression qui obture 1 Je dois cette figure à la bienveillance de M. Delbreil, directeur de l'usine d'acide carbonique de Luzech (Lot), que je remercie tout spécialement. 238 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE la cartouche, et débouche l'orifice ; une certaine quantité de gaz arrive alors à la partie postérieure du canon et fait partir la balle. Sous l'influence de la pression du gaz liquéfié restant, la soupape de la cartouche referme l'orifice, et ramène le chien en arrière ; la carabine peut ainsi tirer plusieurs cen- laines de coups sans qu'il soit nécessaire de rechar- ger la cartouche d'acide carbonique. Contrairement aux fusils ordinaires, qui s'échauffent par le tir précipité à tel point qu'on ne peut plus toucher la culasse, la carabine Giffard se refroidit de plus en plus, ce qui est facile à comprendre. III. — APPLICATIONS ALIMENTAIRES. Parmi ces applicalions, nous signalerons seule- ment la préparalion de l'eau de Seltz et des autres boissons gazeuses, la cham- pagnisation du vin et du lait, et la conservation des aliments en général. 1. Préparation de l'eau de Sellz et des limonades gazeuses. — C'est, sans contredit, l'applicalion ali- mentaire la plus impor- tante de l'acide carbonique liquide, La préparation, au moyen de l'acide carboni- que pur, des boissons ga- zeuses évite totalement l’in- troduction dans l'organis- me de l'acide sulfurique et des sels de plomb qui Fig. 143. — Coupe d'une bouteïlle à sparklet.— L, chapeau à oreilles; M, col du sparklet avec petite rondelle en caoutchouc: N, pointe qui perce le sparklet: O, méplat pour la clé de démontage, lors- qu'on veut démonter le tube et le raccord afin de nettover Ja boule: P, renflement métallique en forme de boule; R, grande rondelle de caoutchouc: S, vis pour fixer le bouchon sur la bou- teille : T, tube ; V, écrou du bout du tube. accompagnent invariable- ment le gaz préparé par l'action de l'acide sulfuri- que sur la craie. Pour ne pas allonger outre mesure cet article, nous ne décri- rons pas les appareils que l'on emploie dans l'indus- trie de l’eau de Seltz et des limonades au moyen de l'acide carbonique liquide; qu'il nous suffise de dire que la « Carbonique lyon- naise » et la Compagnie pro- priétaire de l'usine de Bapeaume-les-Rouen utili- sent la plus grande partie du gaz liquéfié qu'elles fabriquent à la préparalion des boissons gazeuses. On a eu l'idée de permettre aux personnes qui habitent à la campagne loin des villes, ou aux colonies, de préparer elles-mêmes instantanément les boissons gazeuses qu'elles désirent. Pour cela, deux choses sont nécessaires : un liquide et la petite . quantité d'acide carbonique qui doit gazéilier le liquide ; au besoin, on peut y adjoindre une petile quantité d'une essence, pour aromatiser le liquide. La Société « The Continental Sparklets C° limited » fournit dans ce but l'acide carbonique liquides pur dans de petites capsules ovoïdes en acier ous sparklets *. Le liquide à gazéifier, aromatisé ou non, est introduit dans une bouteille dont le goulot est muni d'une garnilure (fig. 13), sur laquelle on. peut visser un bouchon métallique formé d'une par- tie renflée surmontée d'un chapeau à oreilles. Dans. la partie renflée du bouchon est une cavité garnie d'une rondelle de caoutchouc; au fond de la cavité et dans l'axe de celle-ci est une pointe. On place. un sparklet, le col en bas, de façon qu'il soit main- tenu verticalement par la bague de caoutchouc et affleure la pointe. On le recouvre alors du chapeau à oreilles, que l'on visse sur la partie renflée; le Fig. 14, — Système de fermeture Sterné, pour capsules à acide carbonique liquide. — a, col de la capsule: b, an neau entourant le chapeau métallique g: d, bouchon fer mant le trou dans le chapeau; c, marge du col suppors tant le chapeau. $ sparklet, pressé contre la: pointe, se trouve alors perforé et l'acide carbonique est mis en liberté ;. gaz se dissout aussitôt dans le liquide, mais il € bon d'en faciliter la dissolution par une agitatioi de quelques instants. Au bout de quelques minute on extrait le liquide de la bouteille, soit commt d'un siphon ordinaire, en appuyant sur un levier convenablement placé, soit en dévissant avec pré caution la partie renflée du bouchon. Au lieu de perforer la fermeture des capsules, 0 peut les munir d'une soupape de compression," pointe perforatrice étant émoussée, auquel cas manœuvre précédente du bouchon à oreilles mais est trop compliqué pour un objet qui vend au détail 0 fr. 10. M. Emile Sterné, . u = » » . me 4 ! Sparklet veut dire, en anglais, petite étincelle ; c'est une! appellation commerciale comme beaucoup d'autres. 4 Ne E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE 239 perforation, tout en permettant à la capsule de servir de nouveau ‘. A cet effet, le réagissement .ovoïde est muni d'un col à (fig. 14) dans lequel on introduit un chapeau métallique y, reposant sur la marge « et percé d'un trou obturé par un bou- _chon d, formé d’une matière facilement destruc- _tible par l’eau; par-dessus le chapeau est placé un anneau épais D. _ L'acide carbonique est introduil dans la cap- . sule à travers l’espace annulaire qui reste entre L col et le chapeau coiffé de l'anneau; le remplis- sage fini, la marge du col est étranglée de facon à obtenir une fermeture solide, et le bord du col rabattu sur l'anneau pour empêcher tout mouve- ment du chapeau vers l'extérieur. Quand on veul se servir de la capsule, on met celle-ci dans le liquide que l’on veut gazéifier, la bouteille étant fermée ; l’eau détruit ou dissout la matière qui -obstrue l'orifice du chapeau, et l'acide carbonique . est mis en liberté. nant Le. 2. Champagnisation du vin et du lait. — La cham- - pagnisation des vins blancs de Saumur est une - industrie qui commence à se développer et qui con- -somme d'assez grandes quantités d’acide carbo- “nique liquide. Malheureusement, nous sommes imités en cela par les Allemands, qui, au moyen de coupages convenables, que masque d’ailleurs l’ad- jonction de l'acide carbonique, transforment nos vins blancs d'Algérie en vins dits « de Cham- pagne » et diminuent par ce moyen l'exportation | 4 É À } Le lait se champagnise comme le vin et se con- serve alors très longtemps sans altération en cons- Lituant une boisson très agréable ; il faut six litres de gaz carbonique pour champaguiser un litre de ait ; ce procédé est exploité industriellement?. Application à la conservation des aliments. — . Belzon a fait breveter l'application de l'acide arbonique liquide à la conservation des aliments * Qu'il s'agisse d'aliments plastiques ou respiratoires, Popération est la même : il suffit de les enfermer ans un récipient hermétiquement fermé, après j avoir remplacé l'air par l’acide carbonique, dont la CE résence est nécessaire pendant tout le temps de la Méonservation. Les aliments traités en vase clos par Vacide carbonique se conservent à l'air libre aussi Mnstemps que le gaz absorbé par eux demeure dis- Sous en quantité suffisante. Son évaporation, qui se | produit à l'air libre ou pendant la cuisson des ali- ments, ramène ceux-ci à leur état primilif sans Dr M. Acrscuur : Zeitschrift für komprimierte und flüs- Sige Case, 2% année, p. 175-116 : 1899. “ONiLcox : Revue de Chimie industrielle, t. IN, p. 286 ; 1892. de nos vins de Champagne authentiques. 4 île Viccon : Revue de Chimie industrielle, t. IL, p. 284; 1891. aucune altération, sans en changer ni la couleur, ni le goût, ni les qualités nutritives. IV. — APPLICATIONS DIVERSES, Nous citerons, pour terminer, les applications de l'acide carbonique comme bactéricide, au tannage des peaux, à l'extinction des incendies et à la mé- tallurgie. 1° L’acide carbonique sous forte pression est un bactéricide énergique, comme l’a montré M. d’Ar- sonval, surtout si la température s'élève à 40° et si l’action dure longtemps ; dans ces conditions, aucun germe ne résiste el la stérilisation est com- plète. On se sert pour cela d’un appareil, en forme d'autoclave, construit par MM. Ducretet et Lejeune. En abaissant convenablement la température et en réglant la pression du gaz et la durée de l'expé- rience, on peut, au lieu de stériliser les cultures, les obtenir à l’état affénué, ce qui peut être utile dans certains Cas; 2° L'acide carbonique est d’un précieux usage en tannerie ; il sert d'abord pour purger les peaux de la chaux qu'elles renferment au sortir de l’épilage et ensuite pour le gonflement des peaux avant leur entrée dans les jus tanniques. Enfin, pendant le tan- nage proprement dit, on envoie l'acide carbonique à la pression de 2 atmosphères et demie dans des cuves herméliquement fermées, renfermant les peaux suspendues verticalement les unes près des autres. On obtient ainsi des cuirs d'excellente qua- lité et nullement spongieux ! 3° L’extinction des an des par l’acide carbo- nique est entrée dans les habitudes allemandes. Lorsque le feu se déclare dans un appartement ou un édifice, il suffit de remplir celui-ci de volumes suffisants de gaz carbonique pour que, en quelques secondes, le feu soit absolument étouffé. Pour que ce procédé soil efficace, il faut une installation préa- lable de gaz liquéfié dans la maison ou l'édifice; per- mettant de débiter de 50 à 100 mètres cubes de gaz à la minute, le succès élant à ce prix. Si l’on songe que l'acide carbonique gazeux ne détériore rien, tandis que, dans la plupart des incendies, l’eau fait plus de dégàts que le feu, on trouvera élégant ce nouveau mode d'extinction des incendies. Dans l'appareil suivant”, M. W. Raydt, tout en revenant à l'extinction par l’eau, utilise à la fois la force motrice et le ns d'extinction de l'acide carbonique. A l'avant d’une voiture (fig. bouteille d'acide carbonique liquide à, reliée par le tube € à l’intérieur d’un récipient D RÉ d’eau et 15) est une grosse 1 Vizzon : Revue de Chimie industrielle, t. I, p. 29; 1890, 2 Dr M. Arrscauz : Zeitschrift für komprimierte und Alus- sige Gase, 4 année, p. 132. 9210 E. MATHIAS — PRÉPARATION ET APPLICATIONS DE L’'ACIDE CARBONIQUE LIQUIDE placé à l'arrière de la voiture. Le tube € se lermine par une partie / criblée de trous, par lesquels s'échappe le gaz carbonique, ramené par un déten- deur d à une pression que mesure le manomètre e. A la partie inférieure de b estun tube g, muni d'un robinet L, sur lequel on visse la lance à incendie. Lorsque la pression est suflisante dans D et que L est ouvert, l'eau jaillit, mêlée intimement à l'acide carbonique, et ces corps associent leurs pouvoirs d'extinction. % Nous aurons épuisé la liste des principales applicalions de l'acide carbonique liquide quand nous aurons signalé la facon très ingénieuse dont il est employé, depuis plus de quinze ans, par l'usine Krupp, soit pour le fretlage des canons usés, soit pour l'oblention de lingots d'acier sans souf- flures ; on utilise, dans le premier cas, son pouvoir réfrigé- 13 sociétés par actions, 9 sociétés d'exploitation à durée limitée, 18 usines privées. Le capital engagé dans ces usines et leurs dépen- ! dances est d'environ 19 millions de francs, sur lesquels le prix d'achat des 500.000 bouteilles d'acier servant à contenir et à transporter l'acide carbonique liquide intervient pour 12 millions 500.000 francs. À l'origine, le kilo d'acide carbonique liquide alteignait le prix rémunérateur de 2 fr. 50; actuel- lement, il est descendu à 0 fr. 15 et même au-des-. sous ; aussi, beaucoup d'anciennes usines ont-elles dû suspendre leur exploitation. Quant aux anciennes usines qui ont résisté, leur capital a subi une perte d'un liers sur la valeur des bouteilles d'acier, dont | le prix s'est abaissé d'autant. Le développement rant énergique et, dans le second, la pression énorme qu il développe à volume constant lorsqu'on le porte à une tempéra- excessivement ture excessif de la produc- tion de l'acide carbo- . nique liquide en Al- lemagne cause un malaise général, dont l'avilissement des. prix n'est que le élevée au moyen symptôme trop cer- d'une masse incan- descente d'acier fon- du. V. — APERÇU SUR LE tain. Ce pays con-. somme annuellement environ {0.000tonnes d'acide carbonique li- quide; comme il en DÉVELOPPEMENT DE L'INDUSTRIE DE L'A- CIDE CARBONIQUE Li- QUIDE. Celte industrie est née à Hanovre, peu de temps après l'année 1870 ; elle s’est surtout dé- veloppée après l'apparition de la machine frigori- fique de Raydt, suivie elle-même des applications -de l'acide carbonique liquide à la Métallurgie dans les Établissements Krupp. C'est donc en Allemagne qu'il convient d'étudier d'abord le développement de cette nouvelle industrie; la production totale d'acide carbonique liquide a atteint dans ce pays! : En 1884 dun «se 2e 122.000 kilos. 1889 1.000.000 — 1898 11.500.000 — 1899 14.000.000 — Il existe actuellement, en Allemagne, 40 usines de production se répartissant ainsi : 4 Gazette de Voss : septembre 1900. Fig. 15. — Pompe à incendie mue par l'acide carbonique, système W. Raydt. — a, bouteille d'acide carbonique liquide: b, récipient plein d'eau, porté comme a par un chariot; c, tube de dégagement du gaz carbonique dans le récipient b: d, déteudeur de pression: e, manomètre métallique: f, tube criblé de trous par où se dégage dans l'eau le gaz carbonique venant de a: g, tube de dégagement de l'eau; h, robinet d'arrêt de l'eau, produit 14.000, il faut qu'il exporte le sur- plus. Or, les pays voisins ont suivi son exemple et se suffi sent à peu près; pour ee écouler sa surpro- duction, l'Allemagne est obligée d’avilir les prix, ce qui menace très sérieusement notre industrie carbonique naissante. Aussi, l’année dernière, le 28 janvier, MM. Meyer, Christophle (Isère), Flo= rent, Émile Rey, Antide Boyer et Lachièze, dépu=m Lés, ont-ils déposé un projet de loi tendant à pro, de l'acide carbonique liquide d’un droit de 20 francs par 100 kilos au tarif minimum et de 25 francs a usines esl, sauf erreur, celle qu'indique le tableau I. Î Il est à peu près impossible d'être fixé sur la pro ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES 244 _ duction française actuelle en acide carbonique liquide. Dans son remarquable Rapport sur l'état actuel de l'industrie des produits inorganiques en | France, présenté au Congrès de Chimie appliquée de 1900, M. Léon Guillet admet que notre produc- 1 l'heure actuelle notre production annuelle n’est pas inférieure à 6.000 tonnes, Je ne saurais mieux terminer cette longue étude qu'en exprimant à toutes les personnes qui ont bien voulu faciliter ma tâche, et notamment à MM. Ed. | TABLEAU I. — Répartition des Usines d’acide carbonique liquide en France. | l LOCALITÉ TITRE DE LA SOCIÉTÉ MÉTHODE EMPLOYÉE | BiParis : - . .. . . - « .| La Carbonique francaise . . . . . . .| Calcination du carbonate de magnésie. | 3 Villers-Saint-Sépulchre c Bobigny (Pantin) . . id. ° Aubervilliers . ? id. | La Carbonique lyonnaise . . . . . . . id. | Nancy. . . . Re nt Glacières de l'Est. . . . Marseille (Vélaux). Euzech - : : . . . . . . . . . . . .| Société nationale des gaz liquéfiés. . . id. | PNEUS e MalCarbonique liquides -0°. 7000 id MARODS AIO OT NDistillerie Springerteti (is Mu. 2 Bapeaume-les-Rouen. . . . . . . .| Ci° parisienne de matériel hygiénique EMEA DAZEUSES EN Er 9 nt) nt one te | be pe et d Lg! A © =] . Chambéry. , . . . Procédé au coke. id. Calcination de la pierre à chaux. Acide carbonique de fermentation. il, > 9 i-mtiions à. du but | mais cette stalistique ne portait que sur septusines ; - depuis 1899, se sont fondées les usines de Bobigny, de Luzech, de Bapeaume-les-Rouen, de Nancy et -d'Aubervilliers, de sorte qu'il est bien probable qu'à hommes ont de plus en plus besoin de communi- percussion considérable les unes sur les autres. Un premier mode de communication immédiate doit donc correspondre à la réunion de deux points fixes, entre lesquels des appareils posés sur le terrain ne sont exposés à aucune dégrada- Miôn. C'est le cas des communications entre IWilles en temps de paix. Aucune solution, actuel- ëment, ne vaut celle que nous donne la télé- graphie électrique, avec ses appareils qui per- mettent les transmissions de plusieurs dépêches % ET 2 4 L.. Gurzcer : Moniteur scientifique, 4° série, t. XV, p88-89; février 1901. A mesure que la civilisation se perfectionne, les ! - lion totale, en 1899, s’est élevée à 3.800 tonnes ‘ ; | Deiss, A. Desvignes, Longuillet, P. Juppont, G. Lamboi, Mendès, Ozenne, P. Petit, Ch. Picot, G. Richard, l'expression de ma gratitude. E. Mathias, Professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Toulouse, LES SIGNAUX OPTIQUES ÉTUDE DES COULEURS FAIBLES ET DES LUMIÈRES BRÈVES par le même fil, qui permettent aussi l'enregistre- ment des signaux avec une très grande rapidité, ou le fonctionnement, plus rapide encore, au moyen du parleur, les employés reconnaissant au son seul les traits et les points dont les alternances cons- tituent le langage conventionnel inventé par Morse. Je ne m'occuperai pas aujourd’hui de ces pro- cédés, ni de ceux de la télégraphie sans fil, qui rend des services éminents quand le terrain entre deux points n’est pas accessible pour une raison ou pour une autre, mais qui nécessite des appareils assez compliqués et une installation, sinon abso- lument fixe, au moins peu mobile, quand on veut communiquer à distance notable. Je m'occuperai des procédés qui permettent de ccmmuniquer entre deux points mobiles, comme des vaisseaux ou des trains en marche, ou entre une installation fixe et un mobile de cette espèce, ou entre deux positions fixes, quand on ne peut installer la télégraphie avec ou sans fil: Pour la résolution de problèmes de ceite nature, r L'Émbill 4 242 ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES d nous ne pouvons nous adresser qu'aux moyens les | longue, l'œil est impressionné immédiatement par plus simples qui nous avertissent de la présence | la lumière. 4 des énergies extérieures, c'est-à-dire aux organes Si nous nous adressons à nos autres organes, nous M de nos sens. Ceux-ci ont des propriétés qu'il nous | voyons des faits du même ordre. Dans les limites M faut connaître pour savoir quels services nous pou- vons leur demander; c'est l'exposé des propriétés les plus essentielles du plus important d’entre eux, au point de vue qui nous occupe : l'œil, que je vais faire aujourd'hui. Voyons d'abord quelle sensibilité aux actions infiniment petites nos organes présentent. Il est de mode, . aujourd'hui, d'admirer de confiance tous les résullats de la science moderne, et beaucoup de personnes croient que nos appareils de Physique ont une sensibilité illimitée. C'est là un sentiment bien compréhensible, élant donné le perfectionne- ment admirable que la science présente chaque jour, mais c’est un point de vue auquel se refuse absolument le physiologiste, surtout quand il considère ce qui se passe pour l'œil. Nous connaissons l'existence des radiations de l'éther au moyen de l'œil, des procédés thermo- électriques ou des actions photographiques. Chacun de ces procédés ne fonctionne que dans une étendue limitée du spectre solaire ; l'œil, par exemple, ne nous indique l'existence que des oscillations com- prises entre 2,5 quadrillionièmes de seconde et 1,3 quadrillionième de seconde. La plaque photo- graphique ne nous permet de percevoir que Jes oscillations à périodes très courtes ; les procédés thermo-électriques ne s'étendent aisément que sur la région des périodes très longues. Quand on prend une radiation qui a une action à la fois sur les appareils thermo-électriques et sur la rétine, on voit que celle-ci est infiniment plus sensible. Ainsi, les appareils thermo-électriques les’ plus délicats permettent de déceler un flux d'énergie de un cent millionième de petile calorie par seconde et par em?. Cela correspond à l'émission d'une petite calorie en trois ans environ. Si l’on admet maintenant, avec Tumlirz, qu'une bougie décimale rayonne en énergie visible, sur une pupille de 7 mm. d’ouver- ture, une petite calorie en 450 jours, et qu'elle est encore visible à 12 kilomètres (ce qui me semble exagéré d’ailleurs), on trouve que notre œil est encore sensible à une énergie assez faible pour dissiper une calorie en 50 millions d'années à tra- vers notre pupille. Si nous prenons maintenant une plaque photo- graphique et que nous la placions dans le plan qui correspond à sa sensibilité maxima, nous voyons immédiatement que, longtemps avant que la plaque puisse être impressionnée, même par une pose très je veux en montrer un exemple dans l'œil même. où ils sont sensibies, ils le sont infiniment plus que ; les appareils les plus perfectionnés de nos labora- M toires. C'est là une conséquence de la grande loi de Darwin, celle de l'évolution et de l'adaptation au milieu. Nous avons besoin, dans la lutte pour la vie, de voir le mieux possible, même à la lumière faible de la Lune par exemple, et nos cellules réti- niennes se sont spécialisées et adaptées par des modifications qui ont duré un temps qui doit se compter par millions d'années. Quand nous créons, m dans nos laboratoires, des appareils qui nous per- mettent de mesurer la grandeur des agents physi- ques, où de garder une trace durable de leur action, » nous sommes bien loin de pouvoir réaliser ce que . la Nature à mis un temps si long à réaliser dans nos organes. Puisque je parle de l'adaptation au milieu, M Langley, a cherché dans les diverses régions du spectre, celle qui impressionnait la réline avec la quantité minima d'énergie lumineuse nécessaire, et il a trouvé qu'elle était dans le jaune-vert. En même temps, il a mesuré l'énergie totale rayonnée par les M diverses radiations du spectre solaire. Il a trouvé que la radiation qui donne, dans ce spectre, le maxi- mum d'énergie est précisément celle pour laquelle l'œil présente la sensibilité la plus grande. Nous utilisons donc le mieux possible cette radiation-là. Pourquoi maintenant n'utilisons-nous pasles autres aussi bien? C'est que les cellules ne peuvent être sensibles également à toutes les énergies, c'est que la spécialisation des appareils dans l'organisme est soumise aux mêmes lois que celle des appareils de nos laboratoires. Quand nous construisons un gal- vanomètre extra-sensible pour les courants électri- ques, il ne nous sera pas plus utile pour déceler l'existence de la lumière qui l’éclaire, que si son organe électrique n'existait pas. Il en est de même pour nos cellules. Toutes sont sensibles à toutesles énergies; elles répondent par leur fonctionnement propre à toutes Les excitations, mécaniques, électri= ques, chimiques, calorifiques, nerveuses; mais chacune d'elles a son énergie adéquate, à laquelle elle est infiniment plus sensible qu'aux autres. C'est l'énergie mécanique pour le sens musculaire, le tact, M l'audition et peut-être l’odorat, l'action chimique pour le goût, la lumière pour l’œil. Mais nous voyons que, quand l'énergie change de qualité en ne chan geant pas de nature profonde, tous nos sens varient. de sensibilité. Toutes les actions chimiques ne pro voquent pas également la gustation; de même, toutes les actions mécaniques ne produisent pas égale= | ment la sensation de contact et celle de bruit. Notre à | ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES 4 * è périodiques rapides de l’air, au lieu que notre oreille a pour ce mouvement une sensibilité exquise. Elle ne perçoit pas, au contraire, les mouvements à pé- riode très lente, ou ceux à période très courte. Nous voyons donc que la spécialisation des organes à une forme très peu variable de l'énergie est une des lois restrictives de l’évolution des êtres; chacune de nos cellules ne peut arriver à la perfection que pour une forme de l'énergie : la division du travail est la loi de l'organisme, comme celle de la société. . Nous comprenons donc immédiatement que, - quand nous allons demander à notre œil, pour nos communications à distance, des renseignements d’une autre nature que ceux qui sont indispensa- bles chez l'animal à l’état sauvage, nous allons nous heurter à des difficultés. Nous allons trouver un organe admirablement adapté à ses fonctions natu- -relles, et qui, par cela même, ne sera pas adapté directement à la fonelion que nous lui demandons. Ce que nous devrons faire intelligemment, ce sera de plier nos exigences aux propriétés physiologi- -ques de notre organe ; nous devrons nous pénétrer - de son mode de fonctionnement normal, afin de lui ‘imposer seulement un travail qui lui convienne. Nos organes des sens sont des transformateurs d'énergie; fait curieux : pour pouvoir différencier -par nos perceptions les diverses énergies exlé- rieures, il faut qu'elles viennent sur nos terminai- “sons nerveuses périphériques se transformer, et il “est probable que la transformation produit une énergie toujours de même forme, celle qui se pro- age le long du nerf, l'influx nerveux. Si nous dis- inguons ces énergies, c'est que les aboutissants des bres nerveuses dans le cerveau ne sont pas les “mêmes, c’esi à cause des localisations cérébrales. Helmholtz disait : « Si nous pouvions couper le nerf optique et le nerf acoustique, et si nous pouvions ouder le bout périphérique de chacun d'eux au out central de l’autre, de manière à ce que l’inté- rité de la fonction se rétablit, nous entendrions léclair, et nous verrions le tonnerre ». IT “Maintenant que nous avons compris comment ous pouvons distinguer les énergies, étudions la Maçon dont peut se faire la transformation dans la métine. Ce que je vais tâcher de faireressortir, ce sont Wles analogies frappantes des phénomènes physiolo- tgiques avec ceux de la matière inerte. L'année der- Mière, j'ai montré, à propos de la télégraphie Sans fil, que les lois des perturbations électri- jues étaient les mêmes que celles des pertur- lions élastiques de la matière. Aujourd'hui, bc r_ peau est insensible ou à peu près aux mouvements J° forme de lois s'étend encore à ceux des phénomè- nes que nous connaissons dans l'œil. Est-ce à dire que nous sommes prêts à en émettre une théorie qui nous guiderait pour la coordination des faits connus et la recherche des faits nouveaux? Bien loin de là; même dans le domaine de la Physique inorganique, dans la théorie des phénomènes lumineux et élec- triques, nous sommes obligés de reconnaitre notre impuissance, en disant : tout se passe comme s'il y avait un éther doué d’élasticité et de masse; mais nous n'avons aucune certitude à ce sujet. Celte hy- pothèse nous rappelle seulement que les phéno- mènes visés par celte théorie sont tels que, quand une perturbation se produit, ils reviennent à l'équilibre par une série d’oscillations amorties, et qu'ils se propagent avec une vitesse finie, cons- tante dans un même milieu. Voilà des phénomènes dont nous connaissons les équations à n’en pas douter, et dont la théorie est bien loin de nous; nous leur attribuons bien des raisons suffisantes, nousen ignorons la raison qui, à la condilion d'être suffisante, joigne celle d'être nécessaire. À plus forte raison en est-il de même pour les phénomènes physiologiques. L'évolution de la science est bien loin, dans ce cas, de ce qu’elle est dans la Physique pure; nous sommes bien loin de pouvoir mème définir des paramètres à faire entrer dans des équations qui représenteraient des phénomènes: nous en sommes réduits à l’expé- rience pure; mais ce que je vais montrer, C'est la conformité des lois expérimentales connues avec celles de la malière inerte. En étudiant la lumière et l'électricité, nous avons vu les équations des phénomènes prendre la même forme que celle des phénomènes matériels, en y in- troduisant les constantes quenous avons pu définir. Je vais m'efflorcer de démontrer maintenant que, si, dans quelques dizaines ou quelques cen- taines d'années, les hommes arrivent à définir, pour les énergies organiques, des paramètres me- surables, ils trouveront toujours les mêmes formes de lois pour ces phénomènes que pour les phéno- mènes lumineux, électriques, ou matériels. Certes, nous trouverons, chemin faisant, des complications très grandes; mais il est philosophique de penser qu'on en trouvera l'explication dans des phéno- mènes élémentaires encore inconnus. Quand nous voulons ébranler un système maté- riel pour lui faire subir une transformation dans un certain sens, nous avons toujours affaire avec des phénomènes analogues à ceux de l'adhérence. Voici un poids sur un plan ineliné : il faudra donner à ce plan une certaine inclinaison pour que le poids glisse. Si nous prenons maintenant une auge élec- trolytique, nous voyons que, si notre force élec- éxais lâcher de montrer que cette identité de | tromotrice ne dépasse pas une certaine limite, 1 ANDRÉ BROCA — 19 ee = LES SIGNAUX OPTIQUES î l'électrolyse ne se produira pas. Une plaque photo- graphique, quand elle est placée dans une lumière suffisamment faible, restera indéfinimentsans subir aucune impression. Les phénomènes sont identi- ques pour l'œil. Quand la lumière est assez faible, elle ne produit aucune sensation, sente une cerlaine inertie; pour déclencher le sens lumineux, il faut une énergie par seconde minima. Cette énergie est extrèmement faible, Voiei les résultats des expériences faites à ce sujet : Le minimum lumineux perceptible est extrème- ment variable suivant l’état de la rétine. Quand celle-ci est placée à l'obscurité, elle s'adapte, comme on dit, et son minimum perceptible peut devenir 2.500 fois plus faible que quand elle vient de regarder une lumière moyennne (Charpentier). Avec une adaptation moyenne, comme celle qu'on a la nuit dehors, ce qui n’est jamais l'obscurité absolue, les résultats de-Tumlirz indiqués tout à l'heure montrent bien la sensibilité absolue de notre œil. Mais un fait fort suggestif, établi par Charpentier, nous montre que, quand une lumière est vue, on peut la diminuer beaucoup sans cesser de la voir, le minimum de disparition étant infé- rieur à celui d'apparition, fait remarquable et tout à fait compréhensible, vu l'assimilation déjà faite aux phénomènes de frottement. Le minimum de disparition est, en moyenne, trois fois plus faible que celui d'apparition; nous voyons donc que, une fois notre rétine excitée, on peut, en diminuant la lumière, voir encore une surface lumineuse qui rayonnerait sur elle une. petite calorie en 150 mil- lions d'années. Nous avons donc là des phénomènes d'inertie considérables; ils sont conformes à nos idées mé- cuniques. Notre œil, par adaptation darwinienne, est amené à une sensibilité énorme. Les procédés de ki Nature ont élé ceux que nous cherchons à imiter dans nos instruments mécaniques, auxquels nous n'arrivons à donner une grande sensibilité qu'en leur donnant une grande inertie. notre œil pré- Voilà pour la sensibilité brute; mais ce phéno- mène de seuil d'excilalion se reproduit pour lous les états de la rétine. excilation lumineuse, Quand elle est soumise à une il lui faut une surexcitation notable pour que nous percevions une différence, et le seuil de différenciation est d'autant plus élevé que l'excilation primitive est plus grande. Voici une plage éclairée vivement, et une deuxième source plus faible. Faisons porter ombre sur la première plage par une tige opaque éclairée au moyen de la deuxième source ; nous voyons qu'il ya une limile au-dessous de laquelle l'œil ne voit aucune diffé- 5 s | rence sur là plage entre l'ombre et les parties voi- sines. Le rapport de ce seuil différenciable à l'éclai- rement du fond est à peu près constant pour avoir soin de placer toujoursles projecteurs sur un l'éclairage moyen : c’est la loi de Bouguer, Celle-ci, d'ailleurs, est absolument fausse à basse lumière, On déduit de là, au moyen d'une hypothèse plau- sible, que la sensalion croît bien moins vite que l'excitation, Nous pouvons dire, en considérant l'œil comme une machine, que son rendement diminue . Lrès vite quand son régime augmente. fl y a à cela une raison profonde. Nos machines s'usent en fonc- lionnant, mais leur usure est lente; il est vrai que la reconstilution est lente aussi, il faut remplacer les pièces usées. Ge que nous réalisons d'une ma nière discontinue dans nos appareils, notre orga- nismele réalise d'une manière continue. Nos organes s'usent en fonctionnant, mais le sang leur apporte constamment des éléments de reconstitution, et un régime permanent s'établit, équilibre entre la des- truction par l'agent extérieur el le phénomène de restilulion. Ces phénomènes sont limités par l'afflux sanguin ; aussi voit-on notre œil, par exemple, pré- senter des phénomènes de défense contre la lumière quand celle-ci augmente: la pupille se contracte, et divers phénomènes se passent sur la rétine. trop. longs à décrire pour trouver place ici. L'expérience de Bouguer a, au point de vue des signaux opliques, une grande applicalion. Il faut fond sombre. Le jour, il faut se placer autant que possible au devant d'un bois, et, même la nuit, il. faut éviter que les projecteurs ne se détachent sur. le ciel. Dans ce cas, en effet, on a à distinguer Ja différence entre la lumière et le fond. | La fatigue de la réline par les fortes lumières. est aisée à constater. Voici un are électrique qui jaillit pendant un instant. Si un observateur porte ensuile son regard sur une surface uniformément éclairée, il verra l’image de l'are se détacher en: noir ; sa rétine est devenue moins sensible. Mais: si, au lieu de regarder un fond éclairé, il regardes un fond noir, il voit au contraire l'image se déta=u cher en clair. Ce n'est pas là un phénomène pur de persistance des impressions; je parlerai tout à l'heure de ce dernier ordre de phénomènes. L'étude Ï approfondie de ces images subjectives nous montre qu'elles doivent probablement être dues à la reconslitulion de la rétine usée par une lumière vive ; au point de vue pratique, notons Ssoigneusé ment leur existence, elles nous expliqueront pour quoi les signaux optiques se distinguent mal quand) la lumière est trop vive. | Étudions maintenant d'un peu plus près notre | rétine. Sa surface est divisée en petites régions qui | | correspondent chacune à un élément sensible. La l éléments sensibles portent, en Anatomie, le nom et de bälonnets ; ils sont fonctionnelenen np les uns des autres, cônes ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES 245 _— formes. Supposons, en effet, que deux cônes excilés par la lumière soient séparés par un cône non excilé : nous aurons la notion de deux points distinets. Chacun des éléments ainsi constitué aura done son individualité propre, il sommera les im- pressions de lumière qui lui arriveront. Une expé- rience simple permet de le voir. Soit une fente dont on peut faire varier l'ouverture et l'éclairage indépendamment. Si on la rend très fine, et si on l'ouvre un peu, les observateurs placés assez loin n'auront pas la notion qu’elle augmente de largeur, mais seulement qu'elle augmente d'éclat. Si, main- tenant, on la rend de nouveau fixe,et qu'onaugmente son éclairage, la sensation est exactement la même. IIT Nous avons par ce qui précède les éléments né- cessaires pour aborder la vision des couleurs et celle des feux colorés. Un premier fait est que la notion de couleur est éminemment variable avec l'intensité lumineuse. Ainsi, quand on regarde un arc électrique à travers un verre coloré; l'arc lui- mème parait presque absolument blane, les parties latérales seules du verre donnent la notion de cou- leur; l'arc parait blanc, sauf avec le verre rouge. Dans ce cas, la notion de couleur est très dimi- “nuée, mais elle résiste cependant. Notons ce fait : le rouge est la couleur qui résiste le mieux “à l'augmentation d'intensité. À faible lumière, il en est de même. Voici une expérience coneluante : Une fente peut se déplacer dans un spectre, dont on peut varier l'éclat en diaphragmant plus ou moins l'objectif qui le pro- duit. En produisant une image agrandie de cette augmente toutefois certainement avec l'intensité. - Voyons maintenant ce qui se passe quand, l'éclat restant le même, la surface de l'image diminue. Nous verrons que c’est le cas des projecteurs. L’ex- érience va encore nous renseigner. Produisons Ie petite image d'une fente vivement éclairée par e couleur spectrale. Quand elle est fine et dans à bleu, elle parait incolore ; la couleur apparait couleur apparait après celle de lumière..Le rapport des quantités d'énergie nécessaire pour produire ces deux notions est ce qu'on nomme l'intervalle photochromatique. Il est'd'autant plus grand que la couleur est plus réfrangible ; pour le rouge, il existe, mais il est difficile à saisir. Étudions maintenant la facon dont on aperçoit une lanterne colorée destinée à un signal. Le verre coloré est placé devant un miroir ou une lentille qui concentre la lumière. Cela constitue un projecteur. Que la concentration soit effectuée par le moyen d'un miroir ou par celui d'une lentille, les résultats sont identiquement les mêmes. On voit aisément que, quand la surface éclairante à des dimensions suffisantes, et cela est toujours réalisé dans la pratique, la surface utile du projecteur agit comme une source de lumière ayant précisément l'éclat de la source qui sert à l'éclairage. Suppo- sons maintenant que la lumière s'éloigne de l'ob- servateur; son image rétinienne diminuera de grandeur en suivant la loi de l'inverse du carré des distances, et, si la pupille garde le même dia- mètre, la quantité de lumière reçue par l'œil variera suivant la même loi. Donc, l'éclat intrinsèque de l'image sera constant. Il semble donc que nous serions dans le cas de la deuxième expérience de Lout à l'heure, où nous faisions varier l'étendue de la plage illuminée en laissant son éclat constant. Nous savons que, pour toutes les couleurs, sauf le rouge, l'intervalle photochromatique dans ces con- ditions est considérable ; il y a donc une distance où le feu coloré sera vu comme lumière sans être vu comme couleur. Mais, si nous calculons la distance à laquelle un feu de 30 cm. de diamètre donne une image rétinienne égale au plus à un cône de la rétine, nous trouvons cetle distance égale à 1 kilo- mètre. À partir de cette distance nous aurons la notion que l'éclat varie, sans avoir celle que l'étendue de la surface varie ; nous serons dans le cas de l'expérience faite tout à l'heure avec une fente dont on pouvait faire varier à volonté soit l'éclat, soit la largeur. Dans ces condilions, la notion de couleur varie extrêmement vile. On peut aisé- ment réaliser l'expérience dans la chambre noire, avec un petit trou coloré de 0"",1 de diamètre fait avec une pointe d'aiguille. On voil, dans ces condi- tions, que, à partir de 3 mètres environ, on ne per- coit plus la couleur, même rouge, et qu'on a encore une notion de lumière jusqu'à 4 mètres ou 4°,50. Cela concorde avec la pratique des marins, qui reconnaissent leurs feux de position jusqu'à 7 ou 8 kilomètres la nuit. Dans ces conditions d’ailleurs, comme dans celles de la chambre noire, le rouge lui aussi présente un intervalle photochromatique notable : c'est que la rétine a été mise à l'obcurité, elle-a pris l'état que l’on nomme adaptation à ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES l'obscurité. L'expérience montre que, dans ce cas comme dans celui de la rétine non adaptée à l'obscurité, le rouge est cependant la couleur qui apparaît le plus facilement. Ces expériences nous expliquent pourquoi les marins reconnaissent toujours les feux rouges longtemps avant les feux verts, qui, cependant, sont plus éclatants, et sont vus de plus loin comme lumière. L'étude précédente nous montre que le rouge doit absolument être adopté pour les signaux, et qu'il faut prendre comme deuxième couleur celle qui se distingue le mieux à la fois du rouge et du _jaune des flammes que nous nommons blanches, tout en étant le moins possible réfrangibie, puisque l'intervalle photochromatique nuisible croît avec la réfrangibilité. C'est pour cela qu'on a pris le vert; le bleu serait absolument impossible à recon- naitre, du moins pour la majorilé des yeux. Il y a cependant un inconvénient grave à l'adop- tion du rouge, c'est la fréquence du daltonisme. Dans cette viciation, quand elle est complète, on ne peut voir la lumière rouge, et, dans bien des degrés faibles, on voit mal le rouge; l'intervalle photochro- matique pour le rouge est très étendu. Aussi des épreuves sont-elles prescriles pour l'examen de la vision de ceux qui veulent entrer dans la marine. Bien des accidents graves sont dus cependant à l'existence de cette viciation du sens chromatique. C'est que l'alcoolisme, ce fléau qui ravage notre pays, à pour conséquence fréquente une maladie -qu'on nomme le scotome central, dans laquelle la vision des couleurs est abolie très rapidement au centre de la rétine. C'est là un accident qui se déclare à lout âge, et ceux qui en sont atteints peuvent causer les accidents les plus graves, car c'est préci- sément avec le centre de la rétine qu'on regarde les signaux qui se présentent sous forme de petils points. Pour examiner les yeux viciés, on leur donne à classer un grand nombre d'écheveaux de soie de toutes couleurs, où la saturation dela teinte varie. On reconnait les yeux légèrement viciés à ce que, dans les teintes peu saturées très lavées de blanc, ils ne distinguent plus le rose du vert très -clair. Il est mieux encore de faire une épreuve de nuit avec des sources de lumière de peliles dimensions. Enfin, je veux indiquer un procédé pour reconnaitre les feux, même dans le cas de doute : il consiste à les regarder successivement avee des verres colorés identiques à ceux qui servent pour les produire. Un verre rouge n’affaiblit pas sensi- blement le rouge et affaiblit au contraire beaucoup le vert, et inversement un verre vert affaiblit beau- coup le rouge, sans affaiblir notablement le vert. Il serait donc très simple de munir les vigies ou les mécaniciens de deux verres de cette sorte ; peut- être pourrait-on ainsi éviter bien des accidents. Mais nous sommes, dans les deux cas de l’ouïe et de | | Laissons de côté maintenant la question des cou- leurs et occupons-nous de la vision des signaux télégraphiques proprement dits. ; | IV | La télégraphie optique emploie des signaux ana- | logues à ceux du télégraphe Morse. Son organe essentiel est encore un projecteur, et la source lumi- neuse est disposée de manière à ce qu'on puisse l'intercepler au moyen d'une palelte qui passe devant un diaphragme. On donne alors successive- ment des éclats longs et des éclats courts; l'obser- vateur les note, et il peut ainsi lire, par un procédé analogue à celui qu'on emploie fréquemment en télégraphie électrique, et qui consiste à comprendre une dépêche par le son seul des appareils. Les noms qui viennent de l'enregistrement graphique des signaux ont élé conservés : on nomme lraits les éclats longs et points les éclats courts. On a pour habitude de donner à un point la même durée; on donneautrait, pour qu'ilsoit perçu nettement, lalon- gueur de quatre points; l'intervalle de deux signaux est d’un point, l'intervalle de deux lettres est d'un trait, l'intervalle de deux mots est de deux traits. ES mnt re DIS A l'œil, en présence de deux appareils différents : l'œil et l'oreille ont des organisations tout à fait distinctes. Quand où prend, d’après lord Rayleigh, la quantité d'énergie minima nécessaire pour im- pressionner l'oreille, on voit que celle-ci est de cinq fois environ moins sensible que l'œil ; il lui faut une énergie qui dépenserait, à travers le conduit" auditif externe, une pelile calorie en 10 millions d'années. Si nous appliquons maintenant aux organes de nos sens les mêmes considérations qu'à nos appareils de physique, nous voyons qu'à une sensibilité plus grande doit correspondre une inertie plus grande el un retour à l'équilibre plus lent. On comprend donc que l'œil doit percevoir des signaux distincts moins aisément que l'oreille. Nous trou-M vons, par la pratique, que la télégraphie oplique donne une vitesse limite de transmission deux fois” plus faible que le télégraphe électrique au parleur. Si les rapports ne sont pas mieux conservés, c'est qu'il ya, à côlé des phénomènes particuliers aux organes des sens, des phénomènes généraux qui! tiennent aux centres nerveux mêmes. Examinons ces phénomènes avant d'étudier les phénomènes réliniens purs pour les lumières varia= bles. Marey à vu, il y a quelques années, que, quand deux excitalions électriques agissaient successive ment sur le cœur de la grenouille, elles avaient des eflets variables suivant leur rythme. Quand elles sont trop rapprochées, la seconde peut être nulle | el non avenue : le cœur présente une phase réfracs | ou ds ge taire. J'ai vu, avec Ch. Richet, que des phénomènes analogues se passent dans le cerveau, et que deux -excitations devaient avoir plus de 0,1 seconde d'intervalle pour donner des excitations régulières. Si donc une deuxième excilation suit la première à _ moins de 0,1 seconde, elle ne produit aucun effet, si elle n’est pas trop considérable. Ces phénomènes Le tout à fait analogues à ceux quenous réalisons pour ramener au zéro un appareil sensible présen- tant desoscillationslentes. Prenonsun galvanomètre balistique à 8 secondes de période. Son retour au zéro est très lent, et nous ne pourrons arriver à faire deux observations successives que si elles sont fort espacées. Mais j'arriverai à observer bien plus facilement si, au lieu de l’abandonner à son retour normal à l'équilibre, je lui donne une -impulsion brusque qui le ramènera rapidement au zéro, et si, en ce point, je l'arrêle par une impulsion de sens inverse. C'est un procédé analogue qui a été employé par lord Kelvin pour transmettre rapi- “dement des dépêches par câble sous-marin, et évi- ter la gène due aux périodes électriques très lentes “de ces organes. On comprend qu'avec un système analogue à celui-là, une impulsion arrivant pendant le relour rapide n'ait pas d'autre effet que de retarder le retour à l'équilibre, si elle n’est pas assez grande. C'est, en effet, ainsi que les phénomènes se passent. Nous voyons donc que nous ne pourrons jamais distinguer complètement deux impressions Ë successives, si elles n'ont pas entre elles au moins run dixième de seconde. « Je vais montrer qu'il en est bien ainsi pour les ignaux opliques. Prenons un disque rotatif por- tint deux fentes, situées à un dixième de circonfé- rence l'une de l’autre. Faisons tourner le disque à un tour par seconde dans le plan d'une pre- mière jimage réelle d'une fente de lanterne dont projelte sur un tableau une deuxième image : n commence par voir deux éclats distincts; si l'on Wugmente un peu la vitesse, les éclats se confondent, en donnant lieu à une sensation de papillotement. “1 faut donc au moins un dixième de seconde pour ‘ommencer à avoir la sensation de noir entre deux Signaux. Il faut même, pour que le noir soit tout fait indubitable, un temps un peu plus long. élude de la courbe de la sensation va nous montrer d'autres temps-limites qui viennent empê- “Cher la grande rapidité des signaux optiques. Mais, Lpour l'oreille, il semble que cet appareil à faible | ne soit limilé dans son fonctionnement que la période cérébrale, un télégraphiste exercé ivant à pouvoir donner au moins six intervalles à seconde. La limite est la même que pour la vi- se possible de manipulation, et sa cause est la ème : la période réfractaire du cerveau. ‘œil est un appareil à grande inertie; il lui faut ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES 19 L ! donc longlemps pour arriver à son régime perma- nent, longtemps pour revenir à son équilibre. Le temps nécessaire pour arriver au régime permanent est aisé à voir. Il suffit de produire une lumière très brève. On voit que, même si l'éclat de la source est considérable, elle peut disparaitre. Ce phéno- mène a fait l'objet d’études de Richet et Bréguet, de Bloch et de Charpentier. Voici l'expérience : Un disque, qui développe environ un mètre de circon- férence, tourne à 10 tours à la seconde environ. Il porte une fente de 2 millimètres, qui laisse passer 1 un éclat de —— 3.000 de seconde environ. Dans ce cas, on peut régler la lumière pour que ce qui passe soit au-dessous du seuil de l'excitation. Quand on arrête le disque, on voit un éclat très considérable. Ce phénomène a été étudié quantitativement par Charpentier, qui a déterminé la courbe de la sensa- tion en fonction du temps; elle se confond pres- que avec des droites à l'origine, et le maximum est d'autant plus marqué et plus proche de l'origine que la lumière est plus forte. Donc, une durée d'éclair enlève, dans le cas d’une lumière faible, la moitié de l'éclat, par exemple, alors qu'une lumière forte atteindra dans le même temps son éclat entier. C’est là la raison péremptoire pour laquelle la cadence de la télégraphie militaire doit être beaucoup moins rapide quand les feux sont juste visibles que quand ils sont intenses. L'expé- rience nous montre le fait; en ouvrant l'œil-de-chat d'une lentille de projeclion, on peut augmenter l'éclat de l'image et l'on constate que le phénomène est infiniment moins accentué, quoique la diminu- tion reste parfaitement sensible, qu'avec des feux près de la limite de visibilité; on comprend immé- diatement qu'une manipulation rapide puisse faire disparaître ceux-ci, alors qu'ils sont parfaitement visibles en régime permanent. C'est ainsi que le télégraphe optique fonctionne à 212 kilomètres entre Nice et la Corse, quand l'atmosphère est assez pure, ce qui arrive une nuit sur trois. On peut arri- ver à lire des signaux dans ces conditions quand on à pour le point une durée de 0",5 ou 0”,6 envi- ron, alors qu'avec les intensilés convenables on arrive à 0",2 ou même, en extrême limite, à 0",15. Nous voyons ainsi la nécessité qu’il y a à avoir, pour la télégraphie optique, des éclats suffisam- ment puissants. Mais il ne faut pas aller trop loin dans cette voie, car bientôt lesimages accidentelles, dont nous avons déjà parlé, prennent naissance, el empêchent l'œil de bien percevoir. La fatigue inter- vient puissamment avec les lumières vives, surtout quand on emploie des éclairages intermiltents. Il est assez difficile de donner de cela la raison vé- rilable. Je crois, pour ma part, que cela est dû à des phénomènes rétiniens, à ces réflexes de dé- ANDRÉ BROCA — LE »] SIGNAUX OPTIQUES fense dont j'ai parlé Lout à l'heure. On s'aperçoit quand on étudie les images acciden- telles, comme Exner l'a fait, que ces images ont un maximum d'éclat aux environs de 0",2. Cela tient à ce que, à ce moment, pour les’ fortes lumières, la sensalion à déjà acquis depuis long- temps son maximum, et que les réflexes rétiniens de défense n'ont pas encore eu le temps de se produire, Si l'on sollicite fréquemment la réline par D excitalions de celte nature, on comprend aisément la fatigue qui peut er résulter. Il ressort, en effet, d'expériences que je suis en train de faire en ce moment avec M: D. Sulzer, el qui ne sont pas encore publiées, que la sensation maxima peut être deux fois et demie plus grande que la sensation en ré- gime permanent, et cette fatigue intensive du papillotement nous montre que son abaissement est dù bien certainement à des réflexes de défense. Les mêmes expériences dont je viens de parler montrent que, pour les autres lumières, le maximum est atteint à environ 0",02 à 0",03, mais que le régime permanent n'est atteint qu'au bout de 0",3 ou 0”,4 On comprend qu'il faille toujours attendre celle période pour que les signaux ne produisent pas; sur la rétine, des images accidentelles qui, pour des si- gnaux de 0" de durée, seraient deux fois plus intenses que pour ceux de 0,25, Nous trouvons ainsi, pour la durée minima du point en bonne lumière, la durée de 0”,30 environ, qui est bien conforme avec les données de la pralique de la télégraphie optique. Eludions maintenant ce qui se passe quand la lumière cesse, Nous allons retrouver là encore des phénomènes très voisins de ceux de la Mécanique. Et d'abord, nous allons retrouver un phénomène de retour rapide à l'équilibre, identique à celui que J'ai décrit pour le cerveau. Charpentier a mon- tré que, quand une excitation brusque se produit en un point de la rétine, il y a une ondulation transversale des éléments rétiniens, se manifes- tant par des phénomènes visuels, qui ont une pé- aisément, de seconde, et qui se pro- riode double de À 3 30 10 pagent sur la rétine, autour du point excité, avec une vitesse de 72 millimètres par seconde, Ces oscillations sont dues, au point de vue physiolo- gique, à des périodes d'inexcilabilité, comme dans le cas du cerveau. On peut le constater de la facon suivante : Un disque rotatif, porteur d'un secteur blanc, est éclairé vivement. peu près à 1 tour par seconde ; l’on fixe l'œil, si l'on ne suit pas le secteur dans son mouve- ment, on voit bien neltement une bande noire sur Faisons-le tourner à la plage blanche à une petite distance angulaire du bord qui sert de proue au mouvement. Les yeux exercés peuvent même distinguer deux bandes équidistantes et très légèrement grises venant après la première. Ces phénomènes ne sont visibles qu’à haute lumière. À basse lumière, on ne peut les saisir: C'est peut-être l'explication de ce fait que, à lumière basse, la sensation se prolonge pendant un temps plus long qu'à haute lumière. Ces phénomènes de prolongation, de résonance, donnent lieu à un ordre de phénomènes que je veux étudier à part maintenant, celui de la persistance des Hopie sions lumineuses. v Nous savons que, quand des excitations lumi- neuses se succèdent assez vite, nous avons la sen- sation d'une lumière continue, Cela tient à ce que la sensation baisse assez lentement après une excitalion, et la durée de la persistance nous indique la limite du temps au bout duquel la sen- salion n'a pas baissé suffisamment pour nous. donner une différence perceptible. Ce temps varie énormément avec l'éclairage: à très haute lumière, peine le centième de seconde; il est de l'ordre de 2 A il peut atteindre à à très basse lumière, se déclenchent pas comme ils font à haute lumière, Mais, pour sortir de la théorie et pour entrer dans la pratique, nous en tirerons cette conclusion, déjäm obtenue pour une autre raison, que les signaux optiques à basse lumière ne peuvent se faire que très lentement. | J'ai déjà dit iQ les projecteurs avaient pou éclat ébalà Gelée de l’objet lumineux, et j'ai me. qué qu'à partir d’une faible distance tout se passe | comme si la source, vue comme un simple poiut changeait seulement d'intensité. C’est à ce moment | seul que la question devient intéressante, et aus nous la prendrons. | Les appareils en usage sont très divers : il ya .d | petit appareii à pétrole de 10 centimètres de dia mètre, ceux de 14 centimètres, de 24 centimètres, | de 30 cenlimètres, de 40 centimètres, de 50 cent mètres, de 60 centimètres; dans les grands appas, reils, on emploie aussi l'acétylène ou la lumière} électrique. Je ne décrirai pas en détail les dispos silfs; il suffit d'avoir un appareil en [main pour, les comprendre immédiatement. J'insisterai sur e point que les signaux, pour chaque appareil, > "| d os à où | 3 dixièmes de seconde. Gela tient, je crois, à ce que, ‘ à basse lumière, les processus de retour rapide ne peuvent s'observer soit à l'œil nu, soit à la lunette. Le rôle de celle-ci est extrèmement simple à saisir. En somme, nous recevons dans l'œil toute la lumière qui a traversé l'objectif, si l’an- neau oculaire est convenable, et l'usage de la unette revient exactement à remplacer notre pupille par l'ouverture de l'objectif. Il y a donc une énorme différence entre les deux modes d'emploi, et il y aurait lieu, pour avoir tous les intermédiaires, de munir les objectifs d'un dia- phragme à œil-de-chat, permettant de régler toujours la lumière à sa valeur la plus propice. Les praticiens savent bien que, quand ils ont un appareil d'émission puissant placé trop près, il faut diaphragmer l'objectif. Un procédé analogue à celui de l'œil-de-chat-objectif, dont je vous parlais out à l'heure, consislerait à avoir une série de pupilles artificielles, forméesde petits trous dansune lame opaque, qui permettrait alors aux télégra- phistes de recevoir parfaitement bien les signaux d'un projecteur, sur loute la zone où sa lumière est sensible. Les deux appareils pourraient peut-être se remplacer avantageusement par un bon dia- phragme iris dans l’anneau oculaire de la lunette. lais la construction de ces organes est assez déli- ate, et l’autre solution serait peut-être plus simple. Voilà ce que nous pouvons dire sur la perception des lumières brèves des signaux. Mais il nous reste indiquer encore ce qui a rapport à la distinction Ues deux espèces de sigaaux, les brefset les longs, bu, pour parler le langage de Morse, les traits et les points. L’intensité de la lumière joue encore ici un grand rôle, et celx se comprend d'après ce que nous avons dit. À basse lumière, la sensalion met in temps très long à s'établir puisque, aux limites le visibilité, elle peut atteindre 0",3, et, de même, èlle met fort longtemps à s'éteindre quand l'exci- ation a cessé. On dislingue donc fort mal, dans ces onditions, les brèves des longues. À haute lumière, e bonstélégraphistes lisentavec des longues égales d (rois brèves; aussitôt que la lecture devient lifficile par abaissement de l'intensité, il faut longer les longues et les porter parfois à la durée cinq brèves. Ce sont là des données de la théorie ue la pratique vérifie chaque jour. ( | | | | ANDRÉ BROCA — LES SIGNAUX OPTIQUES 249 VI Et, maintenant, je ne veux pas terminer l'exposé de ces considérations sans en tirer une conclusion générale. Nous avons été guidé, dans cette élude des signaux optiques, par les propriétés lhéorique- ment connues de la rétine; les résultats pénible- ment acquis dans le laboratoire et scientifique- ment coordonnés nous montrent ce que la pratique a de bon, et dans quel sens ses perfectionnements pourraient encore se faire. Mais je veux remonter plus haut encore. Nous avons compris tous ces faits, si complexes au premier abord, en prenant pour guide les résultats obtenus par la Mécanique, résullats que les phénomènes électriques et lumi- neux nous On! appris à généraliser. Nous avons suivi dans ses moindres délails la comparaison des phénomènes nerveux et rétiniens avec ceux des corps inertes. N'est-ce pas là une preuve bien manifeste de l'excellence des tendances physio- logiques actuelles, qui cherchent à expliquer le plus possible de la vie par des phénomènes physico-chimiques? Mais ne nous leurrons pus d'un trop grand espoir el ne croyons pas avoir ainsi trouvé la panacée universelle. Iei, comme dans le cas des phénomènes électriques, nous avons pu alteindre par l'expérience les phénomènes de perturbation et les régimes variables, et nous avons trouvé que ces régimes variables biologi- ques élaient soumis aux mêmes lois que tous les régimes variables. Mais cela ne nous éclaire en rien sur la nature inlime des phénomènes, et ilne faut pas croire que nous soyons bien avancés dans celte connaissance. Certes, il est philosophique de montrer que les lois biologiques rentrent dans nos cadres connus, mais cela même nous prouve que les phénomènes variables, si intéressants qu'ils soient, ne nous renseignent en rien sur la nature profonde des choses. C’est à d’autres expérimenta- tions que nous devons demander une réponse à celte question, dont nous n'enlrevoyons même pas la solulion : comment se produisent la notion de lumière et celle de couleur? Ë André Broca, Professeur agrégé de Physique à la Faculté de Médecine de Paris. 250 REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE I. — MORPHOLOGIE DE LA CELLULE. Les travaux récents relatifs à la cellule végétale se rattachent : d'un côlé, aux questions que soulève la division cellulaire, origine et constitution des fuseaux achromatiques et présence de centrosomes aux pôles de ces fuseaux; de l’autre, à l'existence de communications protoplasmiques entre cellules d'un même Lissu et à la croissance centrifuge de la membrane cellulaire. $ 1. — Fuseaux achromatiques et centrosomes. L'origine et la constitution des fuseaux achro- matiques forment l’une des questions les plus con- troversées de la Cytologie. Certains observateurs décrivent dans le fuseau achromatique deux por- une portion centrale, étendue sans intérrup- tion d'un pôle à l’autre et dite flaments unissants, et une portion extérieure, formée de flaments péri- phériques partant des pôles et se jetant chacun sur un chromosome. Les autres nient l'existence d’un fuseau central de filaments unissants, indépen- dants du fuseau des filaments périphériques. Quant à l'origine de ces fuseaux, les opinions sont entore plus divisées : elle pourrait être soit extra-nucléaire, soit intra-nucléaire, soit mixte. Il est vrai que la majorité des botanistes se rallient à l'opinion de MM. Strasburger et Guignard, qui considèrent tous les filaments du fuseau comme étant d'origine cyto- plasmique ou mieux kinoplasmique. Si l'on songe, enfin, que la découverte récente de fuseaux multi- polaires a introduit, dans ce sujet, une difficulté de plus, on conçoit que les chercheurs se sentent atti- lions : rés vers un point où les résultats obtenus ne peu- vent avoir qu'un intérêt réel. M. Lawson ‘ a fait porter ses observations sur les cellules mères du pollen du Gladiolus, quiconstitue, en raison de la taille desanthères et descellules polli- niques, un excellent sujet d'études pour les phéno- mènes nucléaires. Lorsque la division nucléaire approche, on voil s’accumuler autour du noyau une zone granuleuse, aux dépens de laquelle se constitue un réseau serré de fibres kinoplasmiques entourant complètement le noyau. Dans ce réseau se consti- tuent les pôles des multiples fuseaux achromati- ques, et la membrane du noyau persiste jusqu à ce que les cônes des fuseaux soient complètement for- més. Les fibres résultent uniquement de l'allon- gement des mailles du réseau kinoplasmique ; ni la membrane nucléaire, ni les nucléoles, ni le réseau 4 Lawsox : Bot. Gaz., 1900. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE à) .cléaire, en rangées concentriques de granules, qui Le figure Hé le c est à la même + clusion, c'est-à-dire à l'origine cytoplasmique du fuseau cinétique, qu'arrive Amanda M'Comb * dans ses recherches sur le développement du fuseau achromalique dans le méristème de la racine de« l'Allium cepa, du Vicia faba et de l'£rythronium, où les fuseaux sont presque toujours d'emblée bipo= laires. Miss Édith S. Bixbee * a aussi étudié le déve-Ml de Lavatera. Tout en reconnaissant la part impor-M tanle que prend le cytoplasma dans la constitution des fibres du fuseau achromatique, elle soutient l'intervention des fibres de linine; elle n’a jamais" rencontré de centrosomes. | M. R. Wilson Smith *, dans le développement desWw cellules mères des spores de l’'Osmunda regalis, à W vu le fuseau achromatique naître tout entier aux. dépens du eytoplasma. Au stade du spirème, le ki=W noplasma se dispose autour de la membrane nu=n finalement, se massent en deux points opposés du} noyau. Le fuseau est bipolaire dès l’origine, et l'url des cônes est formé assez longlemps avant l'autre. Le fuseau ere formé ne Re dis=, pér one riques, el il n'existe point de corps qui puis- sent être interprétés comme des centrosomes. Durant l'anaphase, de nouvelles fibres secondais| res se forment autour des pôles et se rejoignenb dans la région équatoriale, puis entrent en dégés} nérescence ainsi que les fibres primaires, prenant l'apparence de filaments granuleux et ensuite de gra a dr: ment point aux dépens des granules formés par la | destruction des fuseaux de la première division: Les phénomènes de la seconde division répèlent exactement ceux de la première; la seule exception] remarquable est que quatre fuseaux secondaires forment par l'union des fibres secondaires produit durant l'anaphase de cette seconde division. En étudiant la division du noyau dans le déve loppement des spores d'une Hépatique, le Pelliä 1 le Professeur B.-M. Davis * a constaté aussi que le fuseau se développe aux dépens d'un kinoplasme! granuleux qui enveloppe le noyau, mais il arriveàn ® 20 1 Amaxoa M'Cous : ? Enrra E. BIxB&E 3 R, WILSON SMITH : # B.-M. Davis : Bull. Torr. Bot. Club, 1900. . : Proc. California Acad, Sci., 4900: Bot. Gaz., 1900. Ann.of Bot., 1901, pp. è 1471-80. » F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE 251 des résultats contradictoires avec ceux qu'avait btenus M. Farmer dans cette même plante, en ce qui concerne l'existence des centrosomes et des fu- eaux quadripolaires. M. Davis n'a jamais vu de useaux quadripolaires ni de centrosomes aux pôles de ces fuseaux. M. Farmer’ maintient l'exactitude de ses premières observations. Ce sont encore des Hépatiques, l'Anthoceros et le Marchantia, qui ont été étudiées par M. J.-M. Van Hook * au même point de vue. Dans la division des cellules du pied de l'ar- chégone du Marchantia, l'auteur a vu des centro- sphères, qu'il n’a pu découvrir dans la division des cellules mères des spores de l'Anthoceros. En ce qui concerne plus spécialement les fuseaux multipolaires, c’est par les zoologistes qu'a été apportée une contribution importante à leur signi- ficalion et à leur existence générale dans les deux règnes. On sait que ces fuseaux multipolaires ont été vus surtout, jusqu'à présent, dans les cellules égétales. Or, M. Karl von Bardeleben*, dans un tra- vail récent, qui n’est qu'une Note préliminaire, vient de signaler la présence de fuseaux multipolaires au oment de la seconde division de maturation de ertains spermatocytes de la Paludina vivipara, spermatocytes qui produisent des spermalozoïdes “ermiformes, différents des spermatozoïdes nor- “maux en forme de poils. Les nombreux pôles des fuseaux contiennent chacun un corpuscule, ayant de toute évidence les caractères d’un centrosome. ‘auteur voit dans ce fait, à peu près unique jusqu à présent chez les animaux, un résultal capable d'éclai- rer l'histologie des plantes supérieures et un argu- ment en faveur de l'existence des centrosomes chez ces dernières. L'objection faite par les adversaires de cette hypothèse repose surtout sur le peu de raisemblance qu'il y aurait à admettre autant de centrosomes que de pôles de fuseaux, et que ces cen- trosomes multiples puissent ensuite se réunir aux deux pôles du fuseau bipolaire. Or, c'est précisé- ment ce qui se passe dans les spermatocytes de second ordre de la Paludina vivipara, et l'auteur conclut qu'il est très probable que les phénomènes Se passent ainsi dans les cellules mères du pollen. À un autre point de vue, ce sont encore les zoolo- gistes qui ont apporté les arguments les plus favo- brubles à l'existence des centrosomes chez les végé- faux supérieurs. On sait que, dans le Ginkyo etdans le Zamia, il existe, au moment de la karyokinèse, Se transforment en anthérozoïdes, des corps parti- uliers, entourés d’une auréole, situés dans l'axe Le: J.-B. Faruer : Ann. of Bot., 1901, pp. 431-33. > J.-M. Vax Hook : Bot. Gaz., 1900, pp. 68-71. % K. von BARDELEBEN : Verhandi. der. Anat. Gesellsch., A901. ? # pôles. Tandis que MM. Ikeno et Hirasé regardent ces corps comme des centrosomes, M. Weber, dont l'opinion est partagée par M. Strasburger, leur refuse cette qualité. Sans parler de leur non-con- tinuité de cellule à cellule, le principal argument invoqué par M. Weber est leur situation à une dis- lance assez grande des pôles du fuseau et leur non participation à la division nucléaire. Mais cet argu- ment, dont on ne saurait nier l'importance, perd de sa valeur par le fait des découvertes récentes de MM. Meves et von Korff ‘ d’un côté, de MM. Bouin et Collin * de l’autre, découvertes qui ont montré que les mêmes phénomènes se présentent dans la divi- sion des cellules génératrices des Myriapodes. $ 2. — Communications protoplasmiques. La question des communications protoplasmiques entre cellules pourvues de membranes et apparte- nant à un même tissu reste toujours une des plus attachantes de l'Histologie végétale par le retentis- sement qu'elle peut avoir sur la conception des êtres pluricellulaires, en substituant à l'idée d’une colonie d'éléments indépendants, vivant chacun pour son compte, l'idée d'un organisme composé à individualité bien marquée, gagnant en unité ce que ses éléments ont perdu en indépendance. Les communications protoplasmiques ont été d'abord découvertes chez les plantes. Eîles ont été entrevues par quelques naturalistes dès le commencement du xix° siècle ; mais c'est à Thuret et Bornet*? que revient l'honneur de les avoir nettement vues et décrites. Tangl', en 1879, en découvrait de nou- velles, et Kienitz-Gerloff°, en 1891, résumait l'his- toire chronologique de leur découverte. Cette année, la littérature s’est enrichie de deux travaux importants sur ce sujet. M. F.-G. Kohl° a trouvé que les communications protoplasmiques de cellule à cellule sont de deux sortes, entre lesquelles il n’y a généralement pas de condition intermédiaire. Dans un premier cas, les filaments conneclifs protoplasmiques, en plus ou moins grand nombre, ne perforent que la membrane des ponctualions et peuvent être appelés /laments agrégés; dans un second cas, ils perforent soli- tairement une portion quelconque de la membrane cellulaire ; ce sont les flaments solitaires. Il est rare de trouver ces deux sortes de connexions dans le même tissu ou dans la même cellule. Pourtant, l’albumen du Chamærops excelsa présente une exception à cette règle. Dans les cellules périphé-. 1 Meves et Vox Korrr : Archiv f. mikrosk. Anat., 4901, 2 Bouin et Coin : Anat. Anzeiqg., 1901. 3 Taurer et Borner : Etudes phycologiques, 1878. # TANGL : Pringsheim's Jahrb. f. wiss. Bot., 1879-1881, 5 KieniTz-GERLOFF : Bot. Zeit., 1891. 5 Kouz : Ber, Deutsch. Bot. Ges., 1901. 9259 -J2 F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE riques, les filaments connectifs sont principale- ment ou exclusivement agrégés, landis que, dans les cellules centrales, ils sont à la fois solitaires et agrégés. L'épaississement de la membrane en dehors des ponetualions laisse persister les con- nexions protoplasmiques; dans le cas de commu- nications solitaires, la membrane ne présente pas de tels épaississements. M. Arthur W. Hill! a recherché la nature et la distribution des communications protoplasmiques dans l'hypocotyle, les cotylédons etla racine de la plantule du Pinus pinea el dans la tige, la feuille et la racine adultes du Pinus sylvestris. Des com- munications protoplasmiques peuvent étre obser- vées dans tous les cas où la membrane reste à l'état de cellulose, où du moins possède un carac- tère mucilagineux, et dans les méristèmes. Dans le Pinus pinea, les cellules de l’albumen, les cellules de l’épiderme de l'embryon et du tissu sous-jacent sont abondamment pourvues de filaments connec- lifs. Dans les stomates com- municalions protoplasmiques existent entre les cellules de bordure et les cellules épidermiques voisines. Dans le péricycele, les filaments unissants sont courbés. Le sommet de la racine montre de nombreuses communications, en rapport, sans aucun doute, avec la fonction de cette région dans la perception des excilations. Dans le Pi syl- vestris, les caractères de ces filaments dans le tissu cortical adulte ressemblent à ceux de la plantule. Mais l’auteur n'a trouvé de telles com- ni dans le des cotylédons, des da munications, ni dans le lissu libérien, bois. $ 3. — Croissance centrifuge de la membrane et protoplasma extra-cellulaire. M.F.Schült” a étudié, chez les Péridiniées (Cera- lium et Podolampas), chez les Diatomées (Cyclo- tella socialis) et chez les Desmidiées, le mode de formation des bandes, des épines, de ailes et, généralement, des ornements variés que l'on ren- contre à la surface des cellules de ces plantes. Ces épaississements, que ne peuvent expliquer ni l'in- tersusception ni l'opposition, ont leur origine dans l’activité d'une porlion du protoplasme qui s'est échappée de l'intérieur de la cellule en passant à travers les pores dont la paroi est percée. Ce pro- toplasme extra-cellulaire se montre sous la forme d'un réseau de filaments émettant des pseudo- podes et doué de mouvements amæboïdes, et pro- voque, à la surface de la membrane, la formation de pustules qui, en grandissant, peuvent prendre les formes les plus variées. 1 À: W. ? SCHUTT ele 1899. Hier : Proc. Roy. Soc. : Pringsheim's Jahr be I[. — CoNTENU CELLULAIRE ET SÉCRÉTIONS. | Les substances produites par la cellule végéta | et RES dans son Hintérieur à l’élat dissous € connus. M. Tschirch' décrit avec détail le mode de for mation des cellules à résine dans le Cinnamonuilm cassia. Ces cellules, remplies de proloplasma, subés :| rifient graduellement leur membrane, et, en méroi) temps, transforment en mucilage les portions in ternes de cette membrane. Plus tard, les strates | internes de la couche à mucilage sont absorbées, et | c'est de la fusion du protoplasme avec le mucilagei que résulte la couche résinogène. Pour M°° Schwa= bach*, au contraire, la résine est formée directe ment dans les cellules de bordure des canaux rési neux, et excrétée ensuite dansle canal. Cette excré tion commence dès que les cellules de bordure du canal sont différenciées. Dans les Abies, les PE nus et les Juniperus, les parois des cellules sécré trices ne s'épaississent pas et continuent à verse de la résine dans le canal. Ces parois s’épaississenb au contraire, dans les Picea, dès la première année, au point de faire disparaitre presque entièrement la cavité cellulaire. La sécrétion est, dans ce cas® limitée; mais la résine peut quelquefois apparait comme un produit secondaire. Les objections éles vées par M. Tschirch contre les conclusions M: Schwabach ont provoqué, de la part de cett dernière, une nouvelle Note’, confirmative de ses” premières observations. Mais M. laisse point convaincre et maintient ses conclu sions. arabica, des chromatophores violets, presque ble noir. Ces chromatophores, que l’on trouve GE l'épiderme et dans la couche hypodermique, son} en forme d'aiguille où ramifiés de manières di verses. Mais, ici encore, les résultats obtenus pa cet observateur sont contestés par M. Kræmer® qui prétend que ces chromalophores ne sont autr chose que des cristaux violets contenus dans Ja vacuole centrale des cellules épidermiques et hypo dermiques du péricarpe. M. Mœbius® a isolé la matière colorante des" 1 4 ! Tscaircu : Fetschr. 1. Schwendener, 1899, ? ScawaBacu : ler. deutsch. Bot. Gesell., 1899. * Scuwagacu : Zhid., A9O01, “ Tscuiren.: Bot. Cent., 1900. 5 KRrOEMER : Bot. Cent., 1901, 5 Mogmius : Ber. Deutsch. Bot. _Ges., 190). v faches noires de la corolle du Vicia faba, et y a trouvé un pigment brun, dissous dans le suc cel- présente, dans ses propriétés opliques etchimiques, ine grande ressemblance avec la phycophéine des Algues, mais n'est point, comme ce dernier, à l'état chromatophore. L'antophéine se rencontre ssi dans les pétales de diverses espèces de Delphinium : mais son existence est loin d’être pslante, et la couleur brune de plusieurs fleurs ait être produite par un mélange de chlorophylle d'anthocyanine. En étudiant la distribution des oxydases dans ès Phanérogames, M. Passerini' a constaté que, dans cent espèces de plantes à fleurs, appartenant à quarante-neuf familles, toutes, sauf une ving- ine, contenaient des traces de ferment oxydant. st dans la racine que sa présence est la plus nstante. Dans la lige, l'écorce en contient plus ue le cylindre central. Dans la feuille, les oxy- isés sont ou absentes ou en quantité très faible. Ë nt plus abondantes dans le pistil que dans les éta- ines. Dans les fruits, elles abondent dans le péri- pe et présentent une réaction très nette dans les nes qui changent de couleur à l'air. Dans la graine, elles disparaissent avant la maturité. Les plantes aquatiques ne contiennent point d'oxydase. M. M. Clautriau parait avoir donné une solu- ion définitive à la question si controversée des propriétés digestives de la sécrétion des urnes des Nepenthes. Il a entrepris une série d'observations sur deux espèces, le Nepenthes Sedeni et le N. me- tiphora, dans leur habitat même, à Java. En rai- on, sans doute, de la rareté des petits insectes, il da jamais trouvé dans l'urne qu'un faible nombre ceux-ci. Mais le corps des insectes capturés était Oujours plus ou moins complètement digéré. &lle digestion n'était point due à l’action des obes, ainsi qu'il a pu s’en convaincre en em- ant de l’albumine stérilisée. La sécrétion de irne est neutre ; mais, en dehors de l’urne ou par introduction d'un corps étranger, elle devient Gide. La diastase qui produit la digestion parait re une pepsine plutôt qu'une trypsine. Le Professeur H. Molisch * a publié cette année “üimportant traité sur les latex ct ies mucilages. bus ne pouvons donner ici que les conclusions de & remarquable travail. Les laticifères sont des “cellules vivantes et multinucléées dont la mem- ane est doublée d'un protoplasme pariétal, con- PASsERINI : Vuov. Giorr. Bol. ilal., 1899. M: CLaurriau : Mémoires couronnés de l'Acad, roy. de gique, 1901. \ BMouscn : Studien üb. d. Milchsaft u. Schleimsaft d. Dllanzen, Lena, 1901. … REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902 lulaire, auquel il a donné le nom d'antophéine. Il la fleur, quand les oxydases existent, elles : F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE | 4 » tenant des noyaux, des leucoplasles, des va- cuoles, et d’autres corps. Les noyaux diffèrent grandement par leur forme et leur taille dans les diverses plantes: ils se distinguent des corps similaires par leur membrane, qui est toujours distincle. Sous le nom de /eucoplastes, l'auteur comprend non seulement les corps qui forment l'amidon, mais aussi ceux qui sécrèlent des corps gras et des corps azotés. L'amidon n'a été observé que dans les laticifères des Euphorbiacées, du Nerium oleander et de l'Allamanda. Les leucines protéiques abondent dans le latex du Cecropir | pellata. À côté de ces leucines se placent les corps albuminoïdes siremarquablesdes Aroidées, les cris- talloïdes albuminifères des Apocynées, et les cris- talloïdes des vacuoles des Jatropha et des Musa. Le latex est ordinairement acide, très rarement neutre, ‘amais alcalin; il doit être considéré coinme un suc cellulaire plutôt que comme une forme du protoplasma. Il contient parfois de grandes quantités de chaux (Æuphorbia lathyris) ou de magnésie (Æicus elastica.) Dans quelques cas (Carica papaya), il contient un ferment; le latex des Musacées et des Aroïdées est également riche en ferments. Le mucilage n'est pas aussi largement distribué que le lalex, mais il est enfermé dans des tubes Spéciaux. Les tubes à mucilage résultent de la coa- lescence des rangées de cellules. Chaque chambre contient un ou plusieurs noyaux, et souvent un faisceau de raphides. Le contenu à ordinairement une réaction acide. Une nouvelle substance, la latéolinine, est décrite comme existant sous la forme de sphéro-cristaux dans le mucilage de nombreuses Amaryllidées, Liliacées, Commélr- nées, Graminées et Lobéliacées. M. Gaucher! a pris pour objet d'études les fonc- tions des lalicifères, et s'est attaché à rechercher si leur contenu doit être considéré comme une sub- stance de réserve, ou, suivant l'opinion de M!!° Le- blois, comme un produit d'excrétion. Ses observa- üons, qui ont principalement porté sur les Euphor- biacées, confirment la première opinion. Les raisons qu'il invoque sont les suivantes : La composition du latex, qui contient des peptones, de l'amidon, du sucre, des substances grasses, du tanin et du malophosphale de calcium, est celle des substances que la plante met d'ordinaire en réserve. La riche distribution des laticifères dans la feuille, leurs rapports élroilts avee le Lissu chlorophyllien, et certaines expériences physiologiques tendent à prouver que le latex est puisé dans la feuille. Il est ensuile distribué aux organes par la voie des lati- cifères, comme paraissent le montrer leurs rela- { Gavcuer : Ann. Sc. Nat., 1900. tions avec les vaisseaux du bois et avec divers parenchymes de réserve. La réduction du paren- chyme des nervures foliaires, quand l'appareil Jaticifère est très développé, est aussi un fait à l'appui des précédents. Pour toutes ces raisons, l'auteur croit que les laticifères ont pour fonction de transporter aux diverses régions de la plante les matières de réserves puisées par eux dans la feuille, et accumulées dans leurs rameaux sous forme de latex. III. — SrRUCTURE DES TISSUS ET DES ORGANES. La morphologie des organes végétatifs des Pha- nérogames et surtout de leur appareil conducteur a suscité d’inléressants (ravaux, qui introduisent des vues nouvelles à leur sujet ou précisent nos connaissances sur la genèse de leurs éléments cons- tilutifs. De ses études sur l'ordre de formation des élé- ments du cylindre central dans la racine et dans la tige, le Professeur G. Bonnier” conclut à l'identité de structure de ces deux membres. On sait que, dans la tige, c'est le vaisseau le plus interne de chaque faisceau ligneux et le tube criblé le plus externe de chaque faisceau libérien qui se différencient les premiers. L'auleur nomme ces premiers vaisseaux : pôles ligneux et pôles libériens. Dans le méristème qui sépare les deux pôles opposés d'un même futur faisceau, la différencialion se fait dans l’ordre cen- trifuge à partir du pôle ligneux et dans l’ordre centripète à partir du pôle libérien. Ces deux direc- ions de différenciation convergent vers une zone médiane, qui n’est autre que l'assise génératrice. Dans la racine, le pôle ligneux, au lieu d'être à l’in- térieur et à l'opposé du pôle libérien, devient péri- phérique comme ce dernier; mais la marche de la différenciation des tissus définitifs dans le méris- (ème qui sépare ces deux pôles reste la même et se fait d'un pôle vers l’autre. Il en résulte que, si les premiers vaisseaux du bois de la racine se différen- cient bien en direction centripète, il n’en est plus de même pour les suivants, qui naissent en direc- tion tangentielle et les derniers presque en direc- tion centrifuge. Ces deux directions de différencia- lion se rejoignent vers l'arc générateur intra-libé- rien. Une autre conséquence de cette interprétation est que les rayons médullaires de la racine ne cor- respondent point aux rayons médullaires de la tige, mais aux portions de bois et de liber primaires immédiatement adjacentes à l'assise génératrice de cette dernière. La différenciation du cylindre cen- tral suit done la même marche dans la tige et dans la racine; seule, la place des pôles ligneux est 1! G. BONNGER : C. R, Acad. Sciences, 1900. 51 F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE changée, et, pour constituer le cylindre central de la racine, il suffit de faire tourner les deux moiliés … de chaque faisceau libéro-figneux de la tige en sens opposé, autour du pôle libérien, pour amener les demi-faisceaux ligneux, deux à deux, à la périphé- rie du cylindre central entre les faisceaux libériens. Ce changement d'orientation, qui amène le premier vaisseau du bois à se développer au contact de. l'écorce conduisant la sève brute, assure le transport le plus direct des liquides nourriciers. Poursuivant ses recherches sur la continuité des tissus dans les organes axiles et appendiculaires, le Professeur G. Bonnier établit, dans une seconde Note’, que l'uniformilé démontrée dans la formation des éléments du cylindre central de la racine et de la tige se poursuit aussi dans la feuille. La conti- nuité est complète entre les tissus de la feuille et les tissus correspondants de la lige, el l'on peut regarder la tige comme le résultal de la concres- cence des bases prolongées des feuilles. La bilaté- ralité de la feuille, en opposition avec la symétrie axile de la tige, est une conséquence de l'extension du limbe en surface, extension en rapport avec l'absorption du gaz carbonique d’un côté, et des radiations solaires de l’autre. M. Flot” confirme entièrement l'opinion de M. Bonnier, en montrant que la continuité des tissus entre la feuille et la tige d’un côté et entre le bour- geon et la tige et la feuille de l’autre, doit être élen- due au méristème vasculaire et même à la moelle. On pourrait dire que le sommet de la tige, au-dessus de la première ébauche externe des feuilles, est constitué uniquement par la juxtaposilion de seg- ments qui, chacun, renferment en puissance une feuille et son bourgeon axillaire. M. Flot confirme en même temps cette opinion, qui domine l'anatomie des plantes vasculaires, à savoir, que, pour former les tissus primaires, dans le cône végétatif existent certaines couches de mé- ristème destinées d'avance à ne produire que tels ou tels Lissus définis. Cette opinion n’est point celle formulée par M. Ba- ranetzky * à la suite de ses recherches sur les füis- ceaux bicollatéraux. ne croit point que les diverses assises du méristème ne puissent donner naissance qu'à des tissus bien définis, que la destination de ces assises soit déterminée dès leur première apparilion et qu'elles restent morphologiquement et histologiquement distinctes l’une de l’autre. L'au- teur a déjà démontré que, dans la tige des Mono- cotylédones, ce n'est que la partie la plus centrale de la tigeet les parties moyennes des faisceaux vas- culaires qui proviennent du mérislème primilif: 1 G. Boxxter : €. R., 1900. ? For : C. ZR., 1900. 3 Baraxerzki : Ann. Se. Nal., 1900, p. 261. ê F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE 19 Cr >} | ‘tous les autres tissus de la tige, ainsi que l'écorce, dérivent d'un méristème secondaire formé par l’as- _ sise cambiale superficielle. Mème chez les Dicoty- Jédones, où Lous les Lissus primaires se différencient _ immédiatement du méristème primitif, si certains d'entre eux se forment certainement de couches “définies de ce méristème, il en est d'autres qui ne remplissent pas cette condition. Parmi ces derniers se trouvent les faisceaux bicollatéraux. M. Bara: netzky conteste la propriété de ce terme appliqué à certains faisceaux vasculaires des Dicotylédones, qu'on se place au point de vue histologique ou au point de vue de leur développement. I! n'existe, pour Vauteur, que des faisceaux complets, c’est-à-dire formés de bois et de liber, et des faisceaux incom- plets, formés de liber seulement. Ce n'est que chez és Cucurbitavées et les Mélastomacées qu'il existe des faisceaux présentant, sur leur bord interne, un Second amas de liber, qui embrasse le bois à la manière du liber externe. Partout ailleurs, les fais- eaux de liber interne sont toujours séparés du bois par une couche plus ou moins épaisse de paren- thiyme et forment un système autonome, entière- ment indépendant des faisceaux normaux et capable de s'accroitre en épaisseur par l’aclivilé d'un cam- bium unilaléral qui lui est propre. Dans le Aumex, le Aheum et d’autres genres, les faisceaux du rang interne sont complets vers le milieu de leur lon- -gueur, mais deviennent graduellement incomplets vers leurs extrémités. Dans les Solanées, les Ascle- Viadées, les Apocynées, les Myrtacées, les Convol- vularées et d’autres ordres, les faisceaux internes ne présentent jamais de bois. # Ces faisceaux prennent loujours naissance dans assise commune du méristème actif (anneau forma- Li), qui, pour cela, s'élargit graduellement sur son bord intérieur. La transition entre cet anneau for- -matif et la future moelle est tout à fail insensible, cet il y a là une zone où il est impossible d'attribuer aux assises du méristème une spécialisation bien arrêtée. Pour l'auteur, la formation de faisceaux “asculaires internes constitue un phénomène nor- mal. E. M. Chauveaud® étudie le mode de formation des tubes criblés dans la racine des Dicotylédones et | complète ainsi les recherches qu'il avait déjà pu- bliées sur la formation de ces tubes dans la racine des Monocotylédones. [ci, comme chez les Monoco- oi les premiers tubes criblés, qui consti- luent l'élément caractéristique du faisceau libérien, se forment par le cloisonnement d'une cellule mère, “qui donne le tube criblé et sa cellule sœur. Quand Ja-cloison qui divise la cellule mère est inclinée de 5" sur le plan diamétral passant par l'axe du tube L Cacveaun : Ann, Sc. ! fat., 1900, criblé, ce dernier prend une forme losangique tout à fait caractéristique (Ranunculus, Lamium, Auri- cula, etc.). Quand la cloison de séparation est tan- gentielle, le tube criblé est penlagonal et il est superposé à sa cellule sœur de facon très régulière (Raphanistrum, Trapa, ete….). Enfin, quand cette cloison est orientée différem- ment, le tube criblé détaché ne prend aucun aspecl spécial et on ne peut le reconnailre sûrement que quand il acquiert sa différenciation maximum (Vitis, Geranium, ete…..). \ A la suite de recherches sur les tuberculisations précoces chez les Végétaux, recherches qui l'avaient amené à conclure que la présence de Champignons endophytes est une cause assez générale de tuber culisalion, M. Noël Bernard a été amené à for- muler des hypothèses intéressantes sur la forma- tion des tubercules de la pomine de terre‘. Il avait déjà signalé, dans les racines des pieds tuber- culisés, la présence constante d'un champignon endophyte, le Fusarium solani, qui végèle fré- quemment en saprophyte sur les tubercules de pommes de terre alteints de maladies diverses, mais qui existe aussi normalement à la des tubercules sains. Pour démontrer que la tuberculisation était liée à l'infection, M. Bernard a cultivé des tubercules, qu'on ne peut stériliser sans détruire les bourgeons, dans un milieu peu favorable à la propagation du mycélium, dans du sable siliceux. Seize tubercules avaientété répartis en deux lots: les huit tubercules du premier lot ont été infectés expérimentalement par l'introduction à côlé d'eux de cultures de Fusarium sur pomme de terre; pour les huit tuber- cules du second lot, l'infection devait être tardive ou accidentelle pour les racines qui viendraient à toucher un point contaminé comme semence. Les cultures, interrompues au bout de soixante jours, ont donné des résultats très nets : surfacu du tubereule pris NOMBRE TOTAL de stolons ae Le tuber- nontuber- culisés culisés Plantes infectées expérimentalement . . 23 î Plantes noninfectéesexpérimentalement. 4 21 IV. — REPRODUCTION ET EMBRYOLOGIE. $ 1. — Gymnospermes. Depuis les découvertes de MM. Ikeno, Hirasé et Weber, les recherches sur la reproduction des Gymnospermes se sont multipliées, en prenant une orientation spéciale; les observateurs concentrent { Voyez à ce sujet : . BeNarD : Infection et tubérisation chez les Végétaux, de la Revue du 15 janvier 1902, 250 tous leurs efforts sur la connaissance des phéno- mènes intimes qui accompagnent l'évolution ou la copulation des éléments sexuels. C'est le D' J.-P. Lotsy' qui entra le premier dans celle voie, en prenant pour objet d’études l’embryo- logie du Gnelum Gnemon et en montrant que cette plante, qui, à d'autres points de vue, présente des affinités singulières avec les Angiospermes, s'en rap- proche encore par une distinction très nette entre un endosperme végétatif et un endosperme générateur. Plusieurs sacs embryonnaires ou mégaspores se forment dans l'ovule et chacun d’eux multiplie ses noyaux, mais, ordinairement, un seul atteint son complet développement. À l’état de maturité, ce dernier présente un sac protoplasmique pariélal avec de nombreux noyaux libres. Au moment de la fécondation, il se contracle en une portion inférieure plus étroite et une portion supérieure plus large. Dans la portion inférieure, il se forme, par apparition de cloisons, un tissu que l’auteur regarde comme un prothalle, comme un endosperme végélalif, landis que, dans la portion supérieure, les noyaux restent libres. Ges noyaux libres repré- sentent l'endosperme générateur. Un ou plusieurs tubes polliniques arrivent au contact du sac em- bryonnaire, mais les deux noyaux générateurs seuls y pénètrent. Chacun des noyaux mâles s’unit avec l’un des noyaux libres, de sorte que chaque tube pollinique produit deux embryons. En se développant, ces embryons forment de longs tubes ou proembryons, qui s'insèrent sur les parois de la portion supérieure, tandis qu'eux-mêmes péuètrent dans le prothalle qui grandit en refou- lant le nucelle. À ce stade, la graine tombe de l'arbre. M. V. H. Blackman a étudié les processus cytologiques dont le corpuseule du Pinus sylvestris est le siège, depuis la formation de la cellule du canal jusqu'au développement de l'embryon. Dès que le noyau de l’oosphère, après la séparation de la cellule du canal, s'est porté rapidement vers le centre de sa cellule, il s'accroît en grandeur par la formation d’une substance spéciale, qui remplit sa cavilé en obscurcissant la chromatine et que l’auteur, d'après M. Strasburger, appelle méta- plasme. Au moment de la fécondation, tout le contenu du tube pollinique passe dans l'intérieur de l'oosphère, à savoir, le noyau du tube pollinique, le noyau du pied de l’anthéridie (Stalknucleus) et les deux noyaux généraleurs. De ces deux derniers, l’un reste au sommet de l'œuf, tandis que l'autre avance rapidement vers le noyau femelle et pénètre graduellement à son intérieur jusqu'à ce qu'il y 1 Loxsy : Bot. Centralbl., 1898, p. 257. # BLackuas : Proc. Roy. Soc., 1898. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE soit presque complèlement enfermé. Après celte pénétralion, les chromosomes apportés par chacun des noyaux peuvent être encore distingués « deux groupes. Le nouveau noyau formé ne reste pas au repos. Le fuseau situé obliquement at centre de l'œuf est, au début, multipolaire, et, à ct stade, les chromosomes commencent à se fendre longiludinalement, mais ils peuvent encore être distingués en deux groupes. La suite du dévelop: pement est normale. M. Blackman n'a pas vu de centrosomes. Ë Le Professeur Chamberlain ‘, dans ses recherche! sur l'embryologie du Pinus Laricio, confirme da leurs points essentiels les résullats obtenus pa M.Blackman. La cellule du canal disparait habiluel lement dès qu'elle est formée; quelquefois, elle per siste,etson noyau devient aussi volumineux que celu de l'oosphère présentant la même série de dévelop pements. Dans le noyau de l’oosphère en voie formation, la chromatine prend la forme de granu lalions, qui, finalement, se rassemblent de tous les points du noyau en une plage voisine du centre se développent en un spirème typique. Après qué le noyau màle estentré dans le noyau de l'oosphère la chromatine des deux noyaux se montre sous forme de deux masses distinctes. Bien que 1 centrosomes ne se soient pas montrés d'une fa évidente, il ÿ a des apparences en faveur de « fait, qu'ils doivent accompagner les noyaux mâle M. W. À. Murril” a pris pour objet d'élude développement de l'archégone et la fécondatio dans le Tsuga Canadensis. Les archégones dérivent de cellules superficielles dans chacune desquell se produit l'habituelle division qui détache la @ lule qui forme le col; à la maturité, ce dernier & formé de deux cellules, mais le nombre de € cellules peut varier. Dans la division de la cellu centrale, le fuseau prend naissance aux dépet d'une masse fibreuse, située sous le noyau, s'accroit dans la cavité nucléaire jusqu'à ce quil soil rejoint par les fibres parties du pôle supérieu très pelit. Le noyau de l'oosphère s'accroit else porte vers le centre, tandis qu'en dessous de A cellule du canal se trouvent de petites vacuoles quil constiluent le lieu d'imprégnation de l'oosphèré Le contenu du tube pollinique qui entre da l'oosphère comprend : le noyau végélatif avec S0 | cytoplasma et des grains d'amidon, le noyau.d pied de l'anthéridie entouré d'un cytoplasn rempli de vacuoles et les deux anthérozoïde inégaux. Le plus gros de ces derniers va se come Juguer avec l’oosphère, landis que le plus pel est graduellement résorbé. Le noyau de l'anthf ! CuaMBERLAIN : Bot. (razelte, 1899. * Muriz : An». of Bot., 1900, p. 626-659. rozoïde aclif et le noyau de l’oosphère conser- ent leurs membranes distinctes longtemps après 1 sont venus en contact; la chromatine de acun d'eux se rassemble sous forme d’un fila- dent noueux, et les deux masses restent distinctes isqu'à ce que le plasma commence à se segmenter. amembrane deséparation disparaîtalorsetlacavité iucléaire devientunique. Le fuseau estmullipolaire ; louze chromosomes sont fournis par chacun des oyaux. Une seconde division succède bientôt, et les tre noyaux libres résultant grandissent et se jortent vers la base de l’archégone. M. Arnoldi a publié, sous le nom de Contributions bla morphologie des Gymnospermes, quatre Mé- oires importants sur l'embryogénie de ce groupe. ans les deux premiers", l'auteur s'est allaché à vre le développement de l’endosperme, des ar- iégones et des tubes polliniques dans le Sequoia mpervirens. Le fait saillant de ces recherches est que l'endosperme du Sequoia présente une distinc- on, décrite jusqu'à présent dans l'unique Gnelum, énlre un endosperme générateur, aux dépens du- quel se formeront les archégones, et un endo- eperme végétatif, qui servira à nourrir le futur embryon. À une période précoce, le protoplasma me, dans le sac embryonnaire, une couche parié- le, dans laquelle sont distribués de nombreux oyaux qui se multiplient par voie karyokinélique. couche protoplasmique s’accroit en épaisseur et Saccumule aux deux extrémités du sac, où se cons- lue l'endosperme végétalif par formation cellulaire bre; mais, dans la partie centrale, le tissu qui éviendra l'endosperme générateur se forme de äcon différente : là persiste une grande vacuole, ntourée de tous côtés par du protoplasma où sont ielus des noyaux. Dans ce protoplasma se trouvent ëé nombreuses alvéoles disposées autour de Vchaque noyau; plus tard, ces noyaux se diviseront étformeront un Lissu: c'est aux dépens de ce tissu, érivé de la formation préliminaire d'alvéoles, que se conslitueront les archégones. Les archégones se forment, en effet, latéralement s l’'endosperme et sont simples ou associés en groupes. Leur structure ressemble à celle des arché- ones des Cupressinées, mais ils ont un col bicel- Mlulaire et, suivant l’auteur, sont, comme ceux des Jupressinées, dépourvus de cellule du canal. Une ouche de recouvrement n'est jamais formée autour les archégones; les cellules de l'endosperme rem- plissent celte fonction. Les tubes polliniques, dont b Structure ressemble à ceux des Cupressinées, vent traverser le nucelle et l’endosperme pour arriver jusqu'aux archégones. ARNOLDI : 900, p. 405. Bull. Soc. Imp. Nat. Mloscou, 1899-1900 et F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE Le Or 1 Dans son troisième Mémoire”, consacré à l'embryo- génie du Cephalotaxus Fortunei, M. Arnoldi montre que, par les particularités de ses cellules généra- trices, cette plante se rattache aux Cycadées et au Ginkgo, tandis que. par le développement de son embryon, elle se rapproche des Conifères. Dans le Cephalotaxus, comme d'ailleurs M. Blackman l'avait vu dans le Pinus, les deux cellules végétatives et les deux noyaux générateurs pénètrent au sein de l’oosphère. La substance des noyaux générateurs,au moment de leur arrivée au contact de l'archégone, ne renferme plus de chromatine, mais est cons- tituée par un métaplasme. Le noyau actif vient se placer au contact du noyau del'oosphère et la chro- matine ne réapparait qu'un peu avant la fusion. Le second noyau male paraît subir un cerlain nombre de divisions par amitose. Il n'y a pas, dans le Cepha- lotaxus, de cloison entre la cellule du canal et l'oo- sphère. L'auteur décrit, en outre, dans les cellules qui forment autour de l’oosphère une assise de re- couvrement, une fragmentation du nucléole unique | que conliennent ces cellules et une émigration de ces fragments nucléolaires dans le protoplasma de l’oosphère. C'est un fait de même nature que M. Arnoldi aborde dans son dernier Mémoire”, relatif aux rési- cules germinalives ou corpuseules de Hofmeister de l’oosphère des Abiélinées. Hofmeister a découvert, dans l'oosphère des Abiétinées, des corps arron- dis qu'il a considérés comme des éléments figures, auxquels il a donné le nom de vésicules germina- # Lives, tandis que M. Strasburger en fait de simples vacuoles protéiques. M. Goroschankin a cherché à meltre en évidence leur analogie avec des noyaux. C'est aussi l'opinion de M. Arnoldi, qui, dans | les Pinus cembra, montana et chez l'Abies | sibirica, cherche à démontrer que les noyaux de l'assise de recouvrement émigrent dans le proto- plasma de l'oosphère. Dans le Dammara Australis, il!n'y a pas émigration du noyau tout entier, mais simplement émission de fragments nucléolaires, comme cela a lieu chez le Cephalotaxus, le Ginky0 et le Cycas. M. Cavara * a étudié l'embryogénie d'Abies pecti- nala. Il se forme généralement deux ou trois cor- puscules dans l’endosperme. Chacun d'eux est sur- monté d'un col, composé d'un petit nombre de cellules entre lesquelles se trouve un étroit canal. À la base du col, la cellule du canal, en forme d'enlon- noir, est séparée de l'oosphère par une cloison oblique et sinueuse. Le corpuscule est de forme variable et toujours séparé de l'endosperme envi- ronnant par une couche bien définie de cellules Re ne ArNoLDI : Flora, 1900, p. 46. 2 ArxoLot : J'lora, 1900, p. 194. 3 Cavara : Pull. Soc. Bot. ital., 1900, p. 317. 258 enveloppantes. Le proloplasme de l’oosphère se aistingue par des caractères particuliers et pré- sente,comme dans toutes les Abiétinées et probable- ment dans toutes les Conifères, nombre de vési- cules germinalives ou corpuscules de Hofmeister. Au centre du protoplasme de l'oosphère se trouve une aréole correspondant au noyau, mais n’en pré- sentant pas les caractères, car on n’y distingue ni membrane nucléaire, ni réseau de linine, ni nucléoles. Quand le tube pollinique entre dans la cellule du canal, une différenciation se manifeste dans l'oosphère, consistant apparemment, en une expulsion de chromaline et en l'apparition d'une vraie substance nucléaire. M. Ikeno' publie les résultats d'importantes recherches qu'il à entreprises sur les phénomènes intimes de la fécondation dans le Ginkgo biloba. Ses observations commencent au moment de la formation de la cellule du canal. Le noyau de cette cellule est alors tout à fait semblable à celui de Foosphère ; mais il ne tarde pas à se désorganiser, tandis que le noyau de l’oosphère descend vers le centre et grossit graduellement en s’entouran! d'une striation rayonnante assez nelle. On peut observer quelquefois, avant la disparition du noyau de la cellule du canal, un grossissement notable de ce noyau, grossissement qui n’a rien d'étonnant si la cellule du canal doit être regardée comme l’ana- logue d'une oosphère qui avorte normalement. Le même fail a été vu par M.Chamberlain*, avec une grande nelleté, dans le Pinus Laricio. La maturation du noyau de l'oosphère s'accom- pagne des faits suivants: il se remplit d'une subs- tance finement granuleuse, que M. Blackman‘ a dési- gnée, d’après M. Strasburger, sous le nom de méta- plasme. Dans ce métaplasme, on peut distinguer une masse irrégulière de chromatine et quelques nucléo- les. Bientôt, le noyau grossit, le métaplasme et la chromaline ne peuvent plus être distingués l'un de l'autre, et la cavité nucléaire renferme alors, outre quelques nucléoles assez gros, une charpente nucléaire constituée par un nombre de granulations disposées en files, qui, sans doute, prennent nais- sance aux dépens du métaplasme et de la chro- matine intimement mélangés. Le noyau de l'oo- sphère a ainsi atteint sa maturilé el est alors prêt à s'accoupler avec le noyau spermatique. À l'approche de la fécondation, chez le Ginkqgo comme chez le Cyeas, les deux anthérozoïdes, la cellule prothallienne antérieure et les deux noyaux végétatifs se rassemblent à l'extrémité du tube polli- 1 JKkENO : Etude de la fécondation chez le Ginkgo biloba, Ann. Sc. Nat. Bot., 1901. ? CHAMBERLANN : Oogenesis in Pinus Laricio, Bot. Gaz., 1899. 3 BLACKMAN : Phil. Trans., 1898. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BUTANIQUE ‘nier noyau produit au sommet une dépression en nique quiest dirigée vers l'oosphère. D'autre part, on a signalé, chez le Pinus Srylvestris (Blackm le Larix dahurica (Wnicezicki') et le Cephalotax Fortunei (Arnoldi*), qu'au moment de la féconda: lion les deux cellules végétatives, aussi bien que les deux noyaux générateurs, pénètrent toutes au seir de l'oosphère, et que le noyau spermatique, qui n'intervient pas dans la fécondalion, y demeu l | | | seul des deux anthérozoïdes pénètre dans l’oosphère: l’autre se désorganise. mique dans l'oosphère. Le passage du noyau mâle vers celui de l’oosphère se fait très rapidement. Che le Cyeas, M. Ikeno avait déjà signalé qu'au mome de la fécondation, avant que le noyau spermatiqu ne vienne au contact de celui de l’oosphère, ce der forme de cratère, qu'il a désignée sous le nom cavilé d'imprégnation. Chez le Ginkgo, celte dépre sion ne se forme pas; il n’y a donc pas, dans noyau de l'oosphère, de place préférée ; la copulas tion se produit à l'endroit où a lieu le contact. qu'il y a de plus remarquable, c'est la différence de taille entre les deux noyaux (de 1 à 10), différence qui ne se trouve nulle autre part chez le Gymn sperme. Le mode de copulation des noyaux sexuels ment, les substances des deux noyaux sexuels $ mélangent intimement. Comme ces faits concof observations de M. Blackman sur le Pinus sylres tris, le Taxus baccata, le Larix dahurica et ! WNICZICKI, en russe, analysé dans Bot. Zeit., 1900. ? ARNOLDI: Flora, 1900. La au mode décrit dans le Cycas. Le noyau grossit bientôt et prépare sa division par la formation préalable du fuseau multipolaire. > M. Ikeno remarque que, bien que la fécondation des ovules tombés des arbres ne soit pas impossi- ble, le fait n'a pas été établi définitivement. $S 2. — Angiospermes. . La reproduction des Angiospermes a été, comme toujours, l'objet de nombreux travaux, qui ont eu plus spécialement pour objets le sac embryonnaire et le développement de sa cellule mère primordiale omparé à celui de la cellule mère pollinique, la pollinisation, la double fécondation, la parthénogé- nèse et la polyembryonie. 1. Sac embryonnaire. — De nombreux observa- teurs se sont attachés à décrire le sac embryon- paire adulle dans les plantes les plus diverses ; Sils n'ont pu observer la double fécondation, les résultats qu'ils ont obtenus méritent cependant d'êlre retenus. M. Hill‘ signale, dans le sac embryon- naire du 7riglochin maritimum, la présence de trois quatorze antipodes, la séparation des noyaux po- laires au moment de la fécondation, et la formation de noyaux libres d'albumen. M. Ramaley”, dans le Sac embryonnaire du Zeucocrinum, à Vu, au Con- raire, les noyaux polaires se fusionner avant la condation et le noyau définitif se porter vers la artie postérieure du sac avant de se diviser. Dans Avena fatua, d'après M. W. A. Cannon’, les anti- podes se multiplient dans le sac embryonnaire après fécondation et atteignent le nombre de trente- x et plus, puis commencent à se désorganiser ec le développement de l'albumen. Il existe un suspenseur formé d'un seule cellule. M. Ernst‘ a suivi le développement du sac “embryonnaire du Zulipa Gesneriana. La première ivision du noyau du sac embryonnaire se produit amédiatement avant l'ouverture de la fleur et est compagnée d'une réduction dans le nombre des omosomes, qui, de vingt-quatre, tombent à douze. phénomènes qui aboutissent à la formation du te embryonnaire ne diffèrent pas des phénomènes ui se passent chez les autres Liliacées, tels qu'ils nt été établis par M. Guignard. Il y a cependant, moment de la fécondation, des ovules dans les- els les divisions du noyau du sac embryonnaire mt complètement ou partieilement supprimées : qui expliquerait ce fait, signalé par M. Guignard, ue le Tulipa Gernesana donne moins d’ovules ondés que le Tulipa Celsiana et le Tulipa sylves- Liz : Ann. of Bot., 1900. RauaLey : Proc. Am., 1899. 2 CANON : Proc. Calif. Acad. Sci., 1900. I Enxsr : Flora, 1901. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE 19 © co tria. Les antipodes disparaissent soit avant, soit immédiatement après la fécondation ; leur fonction dans la première nutrition de l'embryon est remplie par un cordon de cellules situées à l'extrémité anti- podiale du sac embryonnaire. Il s'écoule un inter- valle de huit à dix jours entre la pollinisation et la fécondation. M. Dumée‘ a étudié le développement du sac embryonnaire des Orchidées et constalé que, con- formément à l'opinion de Hofmeister et contraire- ment à l'opinion de M. Strasburger, le sac em- bryonnaire de ces plantesestd'origine épidermique. Pour former le sac embryonnaire, une cellule épi- dermique axile se divise par une cloison langen- tielle, et c’est la cellule inférieure qui devient la cellule mère du sac embryonnaire. Mais les faits les plus intéressants dans cet ordre d'idées sont ceux qui ont élé signalés par M. Campbell dans le sac embryonnaire du Pepe- romia et qui lui paraissent être une particularité constante dans cette plante. Dans un premier Mé- moire ?, cet observateur montre que les noyaux nés de la division du noyau du sac embryonnaire se comportent de façon anormale. Après la première division, les deux noyaux filles au lieu de se sé- parer restent unis, et, après la division suivante, les quatre noyaux sont disposés à égale distance l'un de l’autre. Ce stade est suivi d’un autre, où les huit noyaux se disposent à égale distance les uns des autres, à la périphérie du sac, qui estrempli de pro- taplasme granuleux sans l'habituelle vacuole cen- trale. Il n’y a jusqu'ici aucun signe de polarité et aucun indice d'appareil sexuel, d'antipodes ou de noyaux polaires. Une nouvelle division survient, donnant seize noyaux distribués à la périphérie du sac embryonnaire, Dans un second Mémoire”, M. Campbell indique que toutes les espèces de Peperomia ont réguliè- rement seize noyaux dans leur sac embryonnaire, et que ces noyaux ne présentent aucune lrace de la polarité qui esthabituelle chezles Angiospermes. Un des noyaux silués à l’extrémité micropylaire gran- dit et devient l'oosphère. On trouve à son côlé un à trois noyaux, qu'on peut considérer comme les équivalents des synergides et qui ne jouent aucun rôle dans la fécondation. Plusieurs noyaux, ordi- nairement huit, se fusionnent pour former le noyau secondaire et sont les homologues des noyaux polaires des Angiospermes typiques. Ce fait montre à l'auteur que la fusion des noyaux polaires n’est pas un phénomène sexuel. Pour lui, le Peperomia est le type le plus primitif d’Angio- EE 3 session d'Hyères, 1 Dumée : Zull. Soc. bot. 1899. ? CamPr8eLc : Ann. 01 Bot., 1899, p. 62. 3 CampsELz : An». of Bot., 1901, p. 103. de France, 260 spermes et doit être séparé des autres Pipéracées ; en revanche, il montre de grandes affinités avec les Monocotylédones inférieures, notamment avec les Aracées. 2. Division en létrade de la cellule mère primor- diale du sac embryonnaire. — Partant de celte hypothèse, déjà ancienne, que le sac embryonnaire des Phanérogames est homologue de la cellule mère des spores chez les Pléridophytes, M. H.-0. Juel cherche à établir qu'il doit être produit par une division en tétrade, semblable à celle qui pro- duit les spores ou les grains de pollen. Cette ma- nière de voir lui paraît confirmée par ses observa- tions sur le développement de la cellule mère primordiale du sac embryonnaire dans une Abié- ünée, le Zarix sibirica. Cette cellule, par deux divi- sions successives, se partage en quatre cellules filles, dont la plus inférieure et la plus large se transforme en sac embryonnaire. Dans la première de ces divisions, le nombre des chromosomes est la moitié de celui des noyaux du nucelle, et le même nombre réduit se retrouve dans les noyaux lors de la seconde division. La première division du noyau de la cellule mère primordiale du sac embryon- naire est donc hétérotypique et correspond exacte- ment à la première division de la cellule mère des spores ou des grains de pollen; la seconde divi- sion est homotypique. Lorsque le sac embryon- naire est constilué, la première division de son noyau est typique, c'est-à-dire semblable à la division des noyaux végétalifs, sauf en ce qui con- cerne le nombre des chromosomes. Il en est de même dans le grain de pollen. La cellule mère primordiale du sac embryonnaire est donc homo- logue de la cellule mère des spores ou des grains de pollen et les deux divisions par lesquelles le sac embryonnaire et ses trois cellules sœurs sont for- mées constiluent une véritable division en télrade. Cette hypothèse de l’auteur se heurte à de nom- breuses difficullés, dont la plus grave n'est point le développement linéaire de la tétrade, mais bien ce fait, que la cellule mère primordiale peut se trans- former directement en sac embryonnaire ou bien se diviser en un nombre de cellules filles très sou- vent inférieur, quelquefois supérieur à quatre. M. Juel espère triompher de ces difficultés en mon- trant que de telles anomalies existent dans le développement de la cellule mère des grains de pollen. Dans ce but, il a d’abord suivi le dévelop- pement du pollen dans les hybrides et spécialement dans un hybride du Syringa vulgaris et du S. per-- sica; il a trouvé que la stérilité presque complète de cet hybride est due à la grande variété des ano- malies que présente la formation des létrades. Ces anomalies se présentent sous trois types : avor- F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE Re ._Yucca, de Canna et de Podophyllum. Dans ces tement des cellules mères avant la période de division, irrégularités dans la division elle-même, nombre anormal des létrades ou des noyaux dans les cellules de la tétrade. 1 D'un autre côté, les Asclépiadées et les Cypéra= cées présentent celte particularité que chaque cellule mère ne produit qu'un seul grain de pollen. L'auteur a étudié le processus dans le cas du (rex acuta, et a trouvé que le grain de pollen unique est enfermé dans une membrane qui n’est autre que la membrane de la cellule mère épaissie ; il provient toutefois d'une tétrade qui était complète à une période précoce du développement. Mais, dans cette tétrade, une seule cellule fille s'est développée em grain de pollen et son développement est parfaite: ment normal. La seule différence avec les autres Angiospermes est que, dans chaque tétrade, les trois autres ne poursuivent pas leur développement. C'ests exactement ce qui se passe dans la division de la cellule mère primordiale du sac embryonnaire. C'est à la même conclusion qu'est conduits M. Kôrnicke’ par ses observations sur les processus de la division nucléaire dans la cellule mère pri mordiale du sac embryonnaire et dans la cellule mère pollinique de cerlaines espèces d’/ris, dem plantes, contrairement à de récentes observations; l’auteur a observé la division de la cellule mère primordiale du sac embryonnaire en quatre cel lules filles. De plus, la réduction dans le nombre des chromosomes s’y montre Loujours, comme dans | la cellule mère des grains de pollen, avant la pro | phase de la première division. | M. Karl M. Wiegand?, en étudiant le Sac em bryonnaire d'autres Monocolylédones, a trouvé que | | | | | notamment dans le Convallaria maialis, le dévelop pement et la croissance de la cellule mère primor diale du sac embryonnaire sont identiques à ceux de la cellule mère pollinique. 3. Pollinisation. — MM. Pirotla et Longo* se proposent de fixer la significalion des termes Jasie gamie, acrogamie et mésogamie, aujourd'hui usuel lement employés pour indiquer les divers trajelsm que peut suivre le tube pollinique. La basigamiem est le procédé observé dans les Casuarinées, les Bétulacées, le Corylus, ete…., où la course du tube@« pollinique est endolropique, c'est-à-dire où le tube pollinique accomplit son trajet à travers les Liss en se dirigeant vers la base de l'ovule; c'est I chalazogomie des auteurs. L'acrogamie est le pro cédé ordinaire où le trajet du tube pollinique esfn | : Kornicke (S.-B. Niederrhein. Ges.. Nat... u. Heik kunde, Bonn., 1900. Voy. aussi Bot. Zeit., 1900. | 2 WieGanp : Bot Gaz., 1900. 3 Prrorra et LonGo : Afti R. Accad. Linçei, 1900. tropique, c'est-à-dire où le tube pollinique mplit son chemin le long du tissu conducteur et pénètre dans le sac embryonnaire à travers le micropyle. Ils réservent le nom de mésogamie au procédé intermédiaire, Lel qu'il a été décrit dans genre L/mus, dans les Cannabinées, et tel qu'ils t éludié eux-mêmes dans le Cyromorum ceineum, et l'un d'eux seulement dans le Cucur- pepo. Dans le C‘ynomorum coccineum", Vovule dépourvu de micropyle, et le tube pollinique , pour arriver jusqu'au sac embryonnaire, (ra- er un cône de tissu vacuolaire et amylacé qui e la région micropylaire. Dès que la traver- esl opérée, le cône se subérifie aussitôt, empèê- dant la pénétration d'un nouveau, tube pollinique. Le Professeur B. Longo décrit des phénomènes logues dans le Cucurbila pepo*. Le lube polli- que, progressant le long du tissu conducteur qui continue sur le funieule, alteint ce dernier et, en impant d’une manière tortueuse, traverse la rtie externe du tégument qui couvre le sommet unucelle, puis pénètre dans le canal micropylaire, tau sommet même, soit plus souvent au-dessous, se dirige en ligne droile vers le sac embryon- daire, en se renflant à son sommet en une sorte de lbe plus large que le sac. Les autres Cucurbita- ë6s nè présentent pas ee mode de pollinisation. M. Murbeck * a constaté l'existence de la chalazo- mie dans l'A/chemilla arvensis, appartenant à la lion des Aphanes. Dans cette Alchemille, comme ans d'autres espèces, le micropyle de l'unique égument se ferme à une période précoce. Le tube bllinique, descendu le long du style, trace son iemin à travers le court funicule vers la base de wule presque orthotrope, pénètre daus le tégu- ent et se dirige vers les noyaux sexuels. M. Correns ‘, dans une série d'observations qui porté principalement sur le Mirabilis Jalapa, Lt proposé de détérminer l'influence du nombre grains de pollen sur la fécondation, en d'autres èrmes, les relations entre le nombre des ovules condés et le nombre des grains de pollen appli- Lqués sur le stigmate, et, d’un autre côté, le rapport | peut exister entre le nombre des grains de len appliquéssur le stigmateetles caractères des ines et des plantules. Les résultats obtenus dé- ntrent les avantages d'une abondante applica- on de pollen sur le stigmate. Dans le Wirabilis pa, il n'y à qu'un grain de pollen actif sur üatre, et deux ovules fécondés sur trois. Dans le abilis longiflora, il y a un grain de pollen HF sur trois et deux ovules fécondés sur …Pinorra et Loxco : Loc. cit. 2 LOxGo : Atli. r. Accad. Lincei, 1901. ÉMunseck : Lund's Univ. Arss. Kr., 1901. LCORREXS : Ber. Deutsch. Bot. Ges., 1900. à. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE 261 quatre. Si le stigmate est pollinisé par une grande quantité de pollen, les produits obtenus sont plus puissants, par suite de la coopération des grains de pollen actifs; les graines et les plantules sont d'au- lant mieux développées que la pénétration du tube pollinique dans le style est plus précoce. 4. Double fécondation. — A la liste déjà longue des Angiospermes où la double fécondation a élé observée, le Professeur Guignard vient d'ajouter deux nouvelles espèces, le Zea Mays et le Naias major, et M. Land deux nouvelles Composées, l'Ærigeron philadelphicus et le Silphium lacinia- Lun. Bien qu'il fût évident que la double fécondation devait exister dans le maïs, chez lequel les phéno- mènes de xénie ne peuvent recevoir d'autre expli- cation rationnelle, M. Guignard' a tenu à la recher- cher dans cette plante et à voir si elle ne s’accom- pagne pas de phénomènes capables d'éclairer certains points encore obscurs dans l'hybridation de ces plantes. Le tube pollinique développé montre à son extrémité les deux cellules génératrices ordi- naires, qui existaient déjà dans le grain de pollen à l'état de repos. Leur noyau est en forme de bâton- net grêle, droit, ou courbé en croissant. L'ovule, relativement volumineux, bitégumenté, présente, à l'état adulte, un sac embryonnaire qui n'occupe qu'une très faible partie du nucelle et dont l'or- ganisalion offre quelques particularités intéres- santes. Les synergides et l'oosphère situées au som- “met du sac sont volumineuses. Au contact de l'oo- sphère se trouvent les deux noyaux polaires accolés, mais jamais fusionnés avant la fécondation. Dans la parlie inférieure, plus étroite, du sac embryonnaire, les antipodes présentent une anomalie signalée dans un certain nombre de plantes et fréquente chez les Graminées : leur nombre, qui habituelle- ment est de trois, s'élève jusqu'à douze. Au moment de la fécondation, le tube pollinique paraît déverser son contenu dans l’une des synergides. Des deux noyaux mâles que l'observateur a vus vers la base de l'une des synergides, l'un va s'unir au noyau de l'oosphère, l'autre aux noyaux polaires, accolés tous deux à cette dernière cellule. Cette double union se fait avec une grande rapidité. Dans le Naïas major, M. Guignard” a pu non seu- lement constater l'existence de la double fécon- dation, mais encore confirmer la généralité du parallélisme de la réduction chromatique dans les éléments mâles et femelles, et montrer, en outre, que, si le développement de l’albumen précède ordinairement celui de l'embryon, après la féconda- ! L.-Guicexaro : Journal de Bot. (Morot), 1901. 2 L. Guicnaro : Journal de Bot. (Morol), 1901. 262 tion, c'est tout le contraire qu'on observe dans celte plante. L'étude du développement du pollen avait déjà montré à M. Gaignard' que les noyaux des cellules mères polliniques, et ceux qui en déri- vent, présentent le phénomène de la réduction chromalique ; au lieu de contenir les douze chro- mosomes qui caractérisent les noyaux des tissus végélatifs, ils n’en offrent plus que six. Les mêmes caractères se retrouvent dans les noyaux du sac embryonnaire. L'appareil sexuel femelle adulte présente les caractères ordinaires, sauf en ce qui concerne les antipodes, dont la supérieure présente un noyau plus volumineux et qui persiste long- temps après la fécondation. Les deux noyaux polaires ne se fusionnent que peu de temps avant la fécondation. Lorsque le tube pollinique arrive au sommet du sac embryonnaire, l'une des synergides est désorganisée, par suite de la pénétration du contenu du tube renfermant les noyaux mâles; l'autre synergide reste intacte, même après la fécondation. L’un des noyaux mâles va se placer au contact de l'oosphère, et l’autre à celui du noyau secondaire. Après la fécondation, l'œuf entre aussi- tôt en développement, et, contrairement à ce qui se passe dans la majorité des cas, celte division pré- cède celle du noyau secondaire. Le Najas a, de plus, fourni à M. Guignard un cas intéressant de polyembryonie. Il a rencontré plusieurs fois, au sommet du même sac, deux embryons à peu près semblables, présentant tous les caraclères des embryons normaux, formés par fécondation. Entre ces deux embryons se trouve un gros noyau, qui n’est autre que le noyau secondaire non fécondé. On peut admettre que celui des deux noyaux màles qui s'unit d'ordinaire au noyau secondaire a servi à féconder l'une des synergides et à donner le second embryon. M. G. Land” a aussi découvert la double féconda- tion dans deux Composées, l'Zrigeron philadelphi- cus et le Silphium laciniatum. Dans l'£rigeron, il se produit un phénomène analogue à celui qui se passe dans le Najas. L'albumen se développe le premier; le noyau secondaire, dès qu'il est fécondé, se divise rapidement et remplit le sac d'une masse de noyaux. L'oosphère fécondée ne se divise qu'après une période plus ou moins longue de repos. La double fécondation dans le Si/phium présente les caractères ordinaires. À la suile d'expériences de croisement entre- prises sur les diverses races de maïs, M. Weber* a été amené à formuler des hypothèses intéressantes, dans le but d'expliquer diverses anomalies que présentent les phénomènes de xénie chez ces 1 L. GuiGxaro : Arch. d'Anat. microsc., 1899. ? Lano : Bot. Gaz., 1900, % Weser : U. S. Département of Agricullure, 1900. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE plantes. Après avoir établi que, conformément à règle posée par Kornicke, la Xénie se manifesté seulement dans l’albumen, l'observateur constat donner des graines colorées, il y a cependant de cas où les graines hybrides restent incolores comme celles de la plante mère. D'autre part,” trail caractéristique de la xénie n'apparait, dan cerlains cas, que par places sur les graines, et pat fois sur une moitié de la même graine. Dans les où la xénie n’est pas visible, où les grains rest incolores comme ceux de la plante mère, M. Web& pense que le noyau secondaire du sac embryon naire s’est développé sans fécondation préalable Puisqu'il y a des embryons parthénogénétiques, dl peut y avoir des albumens parthénogénéliques Pour expliquer l'apparition par places de la xénil M. Weber émet plusieurs hypothèses. Le secont noyau générateur, bien que pénétrant dans le sa embryonnaire, peut ne pas s'unir avec les deu noyaux polaires. Dans un tel cas, il peut être capable de se diviser séparément, en même temp que le noyau secondaire, et le sac embryonnaire devra renfermer deux sortes de noyaux, les uns dérivés du noyau mâle, les autres du noyau secor daire; lorsque des cloisons cellulaires se sert formées entre ces noyaux, les noyaux primitifs de chaque sorte pourront donner des ilols possédant les uns les caractères des noyaux mâles, les autres ceux des noyaux femelles. Ainsi s'expliquerait l'ori gine des grains bigarrés, dans lesquels l'albumeñ ressemble, en partie à celui du père, en partie celui de la mère. Cette manière de voir (rouve ui point d'appui dans les faits observés dans l'œuf dem certains animaux, el notamment des Oursins; JE spermatozoïde qui a pénétré dans un fragment d'œuf énucléé peut parfois se diviser d’une facon indé pendante. Une seconde hypothèse consiste, po M. Weber, dans la possibilité d'une fusion second noyau mâle avec l’un seulement des noyaux polaires, le second noyau polaire se divisant sép rément, Il y aurait ainsi groupement, d'une part, de noyaux à la fois mâles et femelles, et, d'autre part de noyaux uniquement femelles. Dans ses observa tions sur la double fécondation dans le maïs, M. À Professeur Guignard n'a vbservé aucun fait qu confirmäl ces hypothèses. ». Parthénogénèse. — La parthénogénèse vraie c'est-à-dire celle où l'embryon résulte du dévelop pement de l'oosphère qui n’a pas recu de fécond tion préalable, est très rare chez les plantes. À peine peut-on citer, parmi les Cryplogames, le Chara nl [hénogénétiques se multiplient asexuellement par cellules pouvant provenir d'organes divers, is n'ayant pas les caractères de vrais œufs vez le paragraphe suivant : « Polyembryonie »). phénomènes si curieux décrits par M. Treub s le Balanophora elongata et, plus récemment, par M. Lotsy dans le Balanophora globosa, ne sont ux-mêmes qu'un mode de reproduction asexuelle. issi la découverte d'une parthénogénèse indé- ble dans l'Antennaria alpina par M. Juel, et ans l'AZchemilla par M. Murbeck, prend-elle une mportance toule particulière. Dans l'Antennaria alpina, M. Juel' a constaté que, ontrairement à ce qui se passe dans l'Antennaria jica, où l'oosphère et le noyau secondaire se déve- bppent normalement après fécondation, la parthé- génèse est très fréquente en raison de la rareté cessive des pieds mâles. Dans le développement ü sac embryonnaire de cette plante, il n'y a pas mation de létrade ; la cellule mère donne nais- ance au sac embryonnaire sans division; l'oo- bhère se développe en embryon parthénogénéti- iement. et l'albumen dérive également par voie arthénogénétique des deux noyaux polaires qui ntrent en division sans fusion préalable. Le cyele omplet de la plante s'accomplit sans augmenta- n ni réduction dans le nombre des chromo- mes. Dans toutes les espèces d’Alchemilles apparte- nt à la section des Ænalchemilles, M. Murbeck * lit de même qu'une parthénogénèse vraie est us ou moins constante. Dans l'A/chemilla alpina, josphère commence à se diviser avant que la ‘ur soit épanouie, les anthères étant encore rmées et dépourvues de pollen. Le développement loosphère non fécondée est normal. La fusion S noyaux polaires se produit à une époque tar- ve; le noyau secondaire résullant de cette fusion divise et donne deux noyaux d’albumen. Cet bumen est parthénogénétique au même litre que nbryon. Bien différents sont les phénomènes remar- bles décrits par M. Lotsy * dans le Balanophora obosa. 11 n'y a pas de vraie fleur; sur l'axe de nllorescence apparait une protubérance formée n petit nombre de cellules. L'une des cellules S-épidémiques se transforme en sac embryon- e, tandis que la cellule sus-jacente s'allonge un tube ressemblant à un style. Le sac embryon- Akal., 1900: Arss. Ar., 1901. Buitenzorg., 1899. JuEL : Zlandi. K. Svensk Munseck : Lund's Univ. “Lorsy : Ann. Jard. bot. F. PÉCHOUTRE — REVUE ANNUELLE DE BOTANIQUE -mode ordinaire, 263 naire se courbe et à chaque extrémilé, suivant le se forment quatre noyaux. Mais l’oosphère, les synergides et les noyaux de la base ne tardent pas à disparaître. Il ne reste ainsi qu'un seul noyau, qui se divise en deux cellules dont l'inférieure disparait graduellement, tandis que la supérieure forme l'albumen. C'est aux dépens d'une cellule de cet albumen que se développe l'embryon, formé d’un petit nombre de cellules. La couche superficielle d'albumen qui l'entoure devient avec son épiderme un testa à cloisons épaissies. Polyembryonie. — À l’occasion de phéno- mènes de polyembryonie qu'il a observés dans le Tulipa Gesneriana et qui résullent d'une division du jeune embryon en plusieurs fragments, phéno- mène déjà observé dans quelques (Cupressinées, quelques Aiétinées et dans l'Erythronium. M. Ernsl' a groupé, dans le tableau suivant, tous les cas de polvembryonie signalés jusqu'à ce jour : A. Pseudo-polyembryonie. 1. Coalescence des ovules (Pyrus, Malus, Loranthus europaens, Viscum album). 2. Division du nucelle (Worus albus, Orchis morio, Gymnadenia conopsea, Coflea arabica). 3. Développement de plusieurs sacs embryonnaires dans le nucelle (Cheiranthus cheiri, Rosa livida, Trifolium pratense, Taraxacum oflicinale). B. Polyembryonie vraie. a. EMBRYONS SITUÉS EN DEHORS DU SAC EMBRYONNAIRE ET PRENANT NAISSANCE AUX DÉPENS DE CELLULES F2 EXTÉRIEURES AU SAC EMBRYONNAIRE. 4. Développement d'embryons adventifs aux dépens de cellules du nucelle (Æunkia ovata, Nothoscor- don fragrans, Citrus aurantia, Mangifera indica, Evonymus latifolia, E. americanus, Cœlebogyne ilicifolia, Clusia alba, Opuntia vulgaris). 2. Dév eloppement d'embryons adventifs aux dépens de cellules du tégument interne (A//1um odorum). D. EMBRYONS SITUÉS EN DEDANS DU SAC EMBRYONNAIRE ET FORMÉS AUX DÉPENS DES ÉLÉMENTS DU SAC. 1. Existence normale de deux oosphères (Santalum album, Suninghia Lindleyana). . Embryons provenant des synergides (Glaucium luteum, Mimosa Denhartii, Schrankia uncinata, Lilium Martagon, 1ris sibirica, Vincetoxieuni uigrum, V. medium, Allium odorum, Taraxacum officinale, Aconitum napellus). 3. Division du rudiment originaire de l'œuf (LZoranthus europaens). | . Développement d'un suspenseur avec Roue embryons (Ærvéhronium americanum, Æ. deus- eanis, Tulipa Gesnerianä). 1 rs F. Péchoutre, Professeur au Lycée Buflon. 1 Eexst : l'lora, 1901. 26% BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Comité international des Poids et Mesures. Procès- verbaux des séances. Sessions de 1900 et 1901. — 2 vol. in-8° de 103 et 181 pages. Gauthier-Vil- lars, éditeur. Paris, 1902. Le Comité international des Poids et Mesures, chargé de la haute direction du Bureau auquel la France a donné l'hospitalité au Pavillon de Breteuil, se réunit en des sessions généralement bisannuelles, et annuelles par exception. Il y prend connaissance des travaux exécutés au Bureau, discute les programmes futurs, décide des questions budgétaires, et prépare les Conférences générales qui se tiennent tous les six ans el qui, tout en recevant à leur tour les communications du Comité, discutent les questions relatives à la pro- pagation du Système métrique. Les procès-verbaux rédigés par le secrétaire du Co- mité furent, jusqu'à l'avant-dernier volume, l'œuvre du regretté D' Hirsch; le dernier volume a été rassem- blé par M. P. Blaserna, élu secrétaire du Comité dans la dernière session. L'ensemble de ces procès-verbaux, qui forment déjà une série de vingt-trois volumes, contient toute l'histoire administrative du Bureau et celle des unités et des étalons métriques depuis un quart de siècle, en même temps que, par les Rapports de M. Benoit, le très distingué Directeur du Bureau, présentés en session, nous avons une vue en raccourci de l’activité scientifique de l'Etablissement, activité dont chaque point particulier fait ultérieurement l'objet d'une publication très étendue. Nous apprenons, par les deux derniers Rapports an- nuels du Directeur que, dans ces derniers temps, le Bureau à réalisé les travaux suivants : Construction (à titre exceptionnel) et étude de nombreux étalons du décimètre, divisés en millimètres, et fournissant des valeurs bien connues de toutes les longueurs infé- rieures à 100 millimètres; première vérification des kilogrammes distribués en 1889, vérification qui a porté sur huit étalons, dont deux seulement semblent présenter, par rapport aux anciennes valeurs, un écart de 3 à # centièmes de milligramme; construction de règles normales divisées, pour l'usage du Bureau; étude et rectification d'une machine à diviser; recher- ches sur la dilatation des gaz et sur la mesure des températures par les procédés électriques; nouvelle détermination de la pression de la vapeur d’eau; poursuite des recherches sur la masse du décimètre cube d’eau; études sur les alliages et leurs applications métrologiques ; détermination de nombreux étalons à bouts pour les usages industriels ; études en vue de la construction d'une règle géodésique d'un nouveau mo- dèle, dont le premier exemplaire, destiné au Service géographique de l’armée française, est actuellement terminé et prêt à rejoindre l'Expédition de l'Equateur, établissement d’une base pour les mesures géodésiques, notamment en vue de la détermination des fils em- ployés dans la Géodésie rapide, et premières études au moyen de celte base; construction de nouveaux appa- reils auxiliaires de la Géodésie rapide; enfin, diverses publications et l'établissement de nombreux certificats. Ce vaste programme, d'un travail de deux ans, a été accompli par M. Benoit et ses deux collaborateurs, MM. Chappuis et Guillaume, aidés d’un seul préparateur, M. Maudet,.dans des conditions rendues partliculière- ment difficiles par l'exéculion de constructions nou- velles et la réfection complète de tous les laboratoires. Les deux volumes que nous avons sous les yeux - ET INDEX donnent un apercu de ces travaux et des discussi auxquelles ils ont donné lieu au sein du Comité. Celui-ci constitue, sous le contrôle de la Conféren: générale, la première autorité en ce qui concerne définitions relatives au Système métrique. Comme te il aeu, dans ces deux dernières années, à préciser la dé finition dulitre, lequelest égal au volume de 1 kilogram d’eau pure à son maximum de densité et sous la pressie atmosphérique normale, et celle du poids normal kilogramme-force, qui est l'effort exercé par la ma du kilogramme soumise à l'accélération normale de. pesanteur, délinie elle-même comme étant égale valeur de la pesanteur au Bureau international, divisé par le facteur 1,000 332 2, exprimant la réductiol théorique à 45° et au niveau de la mer. 4 Le dernier volume est accompagné de quatre à nexes, dont l’une traite du danger de l'introduction températures normales secondaires dans la définition des unités métriques, et dont les trois autres sont com sacrées aux législations, à un catalogue des publica tions du Bureau et à un résumé de toutes les décisions scientifiques prises par le Comité et les Conférences générales. Nous trouvons à la fois, dans ces annexes, une image réduite, mais très complète de l'extension dt Système métrique dans le monde entier, et l'indicatioi de ce que sont toutes les unités métriques, non s&l précis qu'exige aujourd'hui la Métrologie. Louis OLIVIER. 2° Sciences physiques 1n-8 de 978 pages, avec 228 1llustrations. (Prix ca tonné : 39 fr. 50.) Archihald Constable and C9, éd teurs. Londres, 1901. % Depuis sept ou huit ans que la fabrication du carb de calcium et la préparation de l’acétylène pour l'éclai rage sont entrées dans le domaine pratique et oi peu à peu constitué une branche importante de l'indu trie chimique, plusieurs traités didactiques, consacr uniquement à cette question, ont vu le jour : ceux Pellissier et de Perrodil en France, celui de Liebeta en Allemagne, pour ne parler que des principau Toutefois, ces ouvrages excellents datent déjà de que ques années; ils ont paru à un moment où l'induste de l’acétylène était encore en voie de transformatio et, depuis lors, de nombreux résultats nouveaux 50h venus s'ajouter aux anciens. L Aujourd'hui, une sorte d'arrêt semble se faire senti et il a paru à M. Lewes que le moment était partie lièrement choisi pour réunir, pour ainsi dire en üB corps de doctrines, tous les faits acquis sur l'acétylène non point que cette industrie soit arrivée à son dé loppement complet, mais les grandes voies paraissent tracées et les progrès qui restent à faire consisterol surtout dans des perfectionnements de détail. Le traité du Professeur Lewes se divise en trois pal ties. La première envisage la question de l’acétylè au point de vue purement scientifique. Après un hi torique qui va depuis la découverte de l'acétylèneen 1836 par Davy jusqu'à son entrée dans le domain® commercial en 1895, l’auteur décrit successiveme les modes de préparation (par union directe des co tituants, par combustion incomplète des gaz contena de l'hydrogène et du carbone, par passage de vapeul ét de gaz organiques à travers des tubes chauffés, par composition de certains composés organiques, enfin décomposition des carbures métalliques au contact l'eau, seule méthode vraiment pratique) et les pro- étés physiques et chimiques du gaz, en particulier Son pouvoir éclairant, cause de son application pra- ique, et ses propriétés explosives, seul obstacle sérieux la généralisation de son emploi. Dans la deuxième partie de son ouvrage, M. Lewes visage le côté technique de la fabrication de l'acé- ne au moyen du carbure de calcium. Il passe en ue : les fours électriques destinés à la préparation carbure (il décrit une quarantaine de types et quel- es installations en France, Angleterre Allemagne et ts-Unis) ; puis, les matières premières employées et urs impuretés, qui ont une grande importance parce uelles se retrouveront en partie dans le carbure et us tard dons l'acétylène; enfin, la fabrication même es rendements. 'ient ensuite la production de l’acétylène au moyen carbure et de l'eau; c’est le chapitre le plus impor- tde l'ouvrage, car le nombre des générateurs qui été proposés pour cette opération dépasse l’imagi- ion : il suffit, pour s'en rendre compte, de jeter un p d'œil sur la littérature des brevets pris en ces ernières années tant en Europe qu'aux Etats-Unis. appareils, malgré leur multiplicité, peuvent cepen- Mdant se ramener à deux types : l’un, dans lequel l'eau st amenée au contact du carbure, ce dernier se trou- int en excès pendant la première partie des opéra- ions ; l’autre, dans lequel ie carbure est jeté dans l'eau, elle-ci étant toujours en exéès, Dans le premier type, peut distinguer : les générateurs où l’eau s'élève Jus- Qu au contact du carbure, ceux où l’eau tombe goutte à outte sur le carbure et ceux où un vase plein de car- te est plongé dans l’eau, puis se relève lorsque la production d'acétylène est trop forte. Quelques généra- sieurs sont automaliques, c’est-à-dire ne produisent le az que suivant les besoins; d’autres le fabriquent ne façon continue : le gaz esl alors emmagasiné “dans un gazomètre. M. L'auteur examine les diverses impuretés contenues Mans l’acétylène commercial et les moyens de s'en arrasser ; il étudie ensuite le pouvoir éclairant et lorifique de ce gaz et les divers types de brûleurs, bbes etréflecteurs, qui ont été imaginés:; ilcompare ce iode d'éclairage aux autres, au point de vue du prix et lu rendement. C'est là un sujet que M. Lewes était par- ticulièrement qualifié pour traiter, tant par ses études antérieures sur la luminosité des flammes que par ses nctions de superintendant du Service du gaz de la e de Londres. ba partie techniquese termine par l'étude de l'emploi & lacétylène dilué par divers autres gaz (hydrogène, D; CO* azote, méthane); puis, par l'exposé des meilleures méthodes d'analyse soit du carbure et de vses matériaux de fabrication, soit de l’acétylène. La troisième partie de l'ouvrage ne sera pas la moins appréciée : elle renferme les lois, arrêtés et règlements vigueur dans les divers pays en. ce qui concerne la Lication et l'emploi de l'acétylène; puis, un résumé tous les brevets prisen Angleterre pour des généra- urs ou des brûleurs. L'ouvrage de M. Lewes a été édité avec un grand luxe Mpar MM. Constable et Ci; dans chaque chapitre, de nbreux sous-titres sont imprimés en rouge et en tmchette; cette disposition, qui tranche sur le texte Oir, permet de consulier avec beaucoup de facilité norme masse de documents rassemblés par M. Lewes. üt-être pourra-t-on reprocher à l’auteur quelques xactitudes ou quelques oublis, inévitables lorsqu'il it de traiter un sujet aussi vaste. Mais on sera nime à reconnaître le grand travail que s'est im- é l’auteur et Ja compétence avec laquelle il l'a compli. Pour notre part, nous considérons son ou- 2e comme une des meilleures publications techniques ait vu paraitre l'année 1901. PB: 3 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 265 3° Sciences naturelles T. A. Coghlan, Sfatisticien du Gouvernement. — The Wealth and Progress of New South Wales. — 1 vol. in-8° de 1048 pages. W. Applegate Gullick, imprimeur. Sydney, 1901. Cet ouvrage constitue une monographie complète de la Nouvelle-Galles du Sud au commencement du xx° siècle. L'auteur traite successivement de l'histoire du pays, de sa géographie physique, de sa géologie, de sa faune et de sa flore, de sa population, de sa consti- tution et de son gouvernement, de ses mines, de son agriculture, de son industrie, de son commerce, des voies de communication, de l'instruction publique, des finances, des œuvres sociales, ete. Quelques chiffres empruntés aux statistiques de M. Coghlan donneront une idée du grand développe- ment pris par cette colonie australienne : 1559-60 1899-1900 Population . 336.572 hab. 1.356.650 hab. Longueur des lignes de chemin de fer. . . . 70 milles 2.106 milles Bureaux de poste. 289 1.518 — detélégraphe. 36 916 Lettres et cartes pos- tales expédiées . . . 4.230.800 16.981.700 Télégrammes . AS 14.200 2,866.600 Tonnage des navires entrés dans les ports. 321.835 t. 3.468.591 t 173.075 fr. 948,950 fr. Importations . 219.457.625 fr. 504. Exportations . 194.512.800 fr. 623. Valeur des minerais extraits depuis l'origine . CHE COURRRE 3.143.925.000 fr. ee \ Receltese, 5 243.814.375 fr. Mdeeanauel péténsest à. 0 243.352.500 fr. RELte PUDlITUE ONE NE RS 1.350.066.975 fr. . Le livre de M. Coghlan est à la fois un travail statis- tique remarquable et un document précieux pour l'histoire des procédés de colonisation. LES B: 4 Sciences médicales “Mosso (Angelo). — La Respirazione nelle Gallerie e l’Azione dell’ Ossido di Carbonio. — 1 vo/. 1n-8° de 322 pages, avec gravures et planches, Tipografia Fratelli Treves. Milano, 4901. A la suite des nombreux cas d’asphyxie qui se sont produits chez le personnel des trains dans les tunnels « dei Giovi », et dont quelques-uns ont eu de terribles conséquences, M. A. Mosso: a été chargé par le Ministre des Travaux publics de son pays de déterminer les causes de ces accidents et, en même temps, de recher- cher les moyens les plus propres à y remédier; le professeur de Turin a réuni dans ce volume la série des études faites par lui-même et par ses collaborateurs sur la question qui lui était soumise. L'ouvrage ne comprend pas moins de seize Mémoires, dont le premier est le seul qui n'ait pas un intérêt physiologique : dû à M. Simonettli, ingénieur, il est consacré à la description des voies ferrées, « dei Giovi » aux détails de leur exploitation, aux conditions d'aéra- tion des tunnels. Tous les autres ont trait principale- ment à l’intoxication par l'oxyde de carbone, à son mécanisme, à ses effels sur les grandes fonctions de l'oranisme et sur les propriétés des tissus, aux moyens à lui opposer. Nous indiquerons brièvement les con- clusions essentielles de ces travaux, en suivant à peu près l'ordre dans lequel ils se succèdent. Les analyses de l'air dans le tunnel du chemin de fer de Ronco, par M. Benedicenti, ont montré que ce n'est ni l'augmentation de CO?, ni la diminution d'O qu'il faut rendre responsables des accidents observés, mais bien la présence de CO, qui peut alteindre la proportion de 0,8 à 0,9 °/, autour des trains en marche et jusqu'à 1,3 °/, sur la plate-forme de la locomotive. MM. Benedicenti et Ricchi ont constaté que les con- 266 ditions défavorables de l'atmosphère dans les tunnels et la fatigue n'ont pas d'influence sensible sur la fonction visuelle du personnel des chemins de fer. D'après les expériences de MM. Benedicenti et Sandri, le pouvoir réducteur des muscles : 1° ne se modifie pas sensiblement chez les grenouilles qui séjoarnent dans des gaz inertes, H ou Az; 2° augmente quand la soustraction lente d’'0 s'accompagne de l'accumulation progressive de CO?; 3° diminue d'abord sous l'influence de CO par suite de la consommation plus grande et de l'élimination plus rapide des substances réduc- trices, pour augmenter quand l’état général de l'animal s'aggrave. MM. Benedicenti et Treves ont porté leur attention sur quelques points controversés de l’action physiolo- gique de CO, en analysant spécialement les variations de la pression sanguine du pouls, de la respiration : celles-ci ne diffèrent pas de celles que l’on observe dans les processus d'asphyxie lente. A dose élevée, CO peut amener une paralysie du cœur et une mort pr2sque foudroyante, sans qu'il y ait lieu de faire inter- venir, avec certains expérimentateurs, une action di- recte ou réflexe sur le système nerveux. L'influence de CO et de quelques autres gaz sur les propriétés et le travail des muscles a été étudiée par M. Webmeyer chez des animaux privés d'hémoglobine, chez les écrevisses, par M. Audenino, chez les gre- nouilles. Chez les premières, les modifications que subit la contraclilité musculaire sont analogues à celles que produit la privation d'O. Chez les grenouilles, M. Aude- nino a observé sous ce rapport, entrel'empoisonnement par CO et l'asphyxie simple, quelques différences qu'il tend à attribuer à ce que l'hémoglobine muscu- laire qui a fixé CO ne peut plus servir à la fonction respiratoire. M. Foa à trouvé que l'hémoglobine dissoute dans le plasma se combine plus lentement avec CO que celle qui est contenue dans les globules rouges et qu'elle se prête beaucoup plus difficilement aux échanges gazeux. L'action de CO sur les centres nerveux n'a rien de spécifique, d’après les expériences de M. Herlitzka. Quand on donne rapidement de fortes doses de ce gaz, on a des phénomènes qui ne sont autres que ceux de l’'anoxyhémie et qui sont caractérisés par de la dyspnée, des convulsions loniques et clonuiques, puis par une respiration lente et irrégulière, àlaquelle correspond la perte de l'excitabilité corticale, enfin par la disparition des réflexes. Quand l'administration de CO est lente, les manifestations sont les mèmes, si ce n'est que les convulsions font défaut et que, par contre, au début, l'excitabilité corticale est augmentée. Dans le premier cas, la privation rapide d'O entraine l'abolition rapide des fonctions; dans le second, les phénomènes d'ex- citation doivent se rattacher à une intoxication du système nerveux, provoquée par | l'accumulation de substances incomplètement oxydées. M. A. Mosso a étudié chez l'homme, le singe, le chien, l'influence de CO sur la température du corps. Celle-ci présente un abaissement, mais précédé et suivi d'une augmentation qui, jusqu'à présent, avait échappé à l'attention des observateurs. L'auteur rapproche ces variations de la chaleur animale de celles qu'il a cons- talées à la suite de la saignée. L'oxyde de carbone, comme l'anémie, produiraient l'un et l’autre : 1° une irritation d’où dépend la légère élévation de température du début; 2° une dépression du système nerveux et par suite un ralentissement des combustions: 3° puis, un travail de réparation de l'organisme et de renou- vellement du sang, avec une deuxième augmentation de température. 5 M. A. Mosso à encore décrit les symptômes de l’asphyxie tels qu'on les observe dans les tunnels ou qu'on les provoque en soumettant expérimentalement l'homme à l’action d'une atmosphère plus ou moins riche en CO. Un sujet à pu rester assez longtemps, sans se sentir incommodé, dans un milieu contenant 0,30 à 0,33 °/, de gaz toxique; des mélanges à 0,35 ou BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 0,40 °/,, respirés pendant une heure environ, ont donné. lieu à des phénomènes d'empoisonnement, mais peu: graves en somme. Par contre, un séjour de vingt six minutes dans une atmosphère à 0,43 °/, am un état des plus alarmants, qui exigea des seco immédiats. Chez les mêmes sujets, M. U. Mo a inscrit la courbe de la fatigue au moyen de l'ergogn phe, et, bien que la diminution de l'énergie muscula soit un des faits les plus caractéristiques de l’empo sonnement, il a noté cependant que dans certain conditions elle pouvait être augmentée, te qu'il attrib à l'excitation corticale signalée par M. Herlitzka. nu M. A. Mosso a confirmé les expériences de Haldane, d'après lesquelles des rats qui meurent dans une atm®: sphère contenant 0,20 °/, de CO, à la pression ordinaire peuvent vivre si on leur fait respirer un mélange con posé moitié de CO et moilié d'O comprimé à de atmosphères. En outre, il les a répétées sur des chien des chats et des singes : alors que ces animaux combent dans de l'air qui contient moins de 0,50 du gaz toxique, ils résistent à un mélange à 4 °/,, si pression est portée à 8 atmosphères. Un animal qui séjourné pendant vingt minutes dans ce milieu, meun empoisonné si on l'abandonne ensuite à lui-mêm mais, si on continue à le soumettre pendant une den heure à l’action de l'air comprimé, il a ie temps se débarrasser de CO combiné avec l’hémoglobine etäl survit. 4 Sur le cœur, CO à fortes doses exerce une influence de même sens et de même nature que l'irritation du pneumogsastrique, en modifiant, comme le fait le ner inhibiteur, la nutrition du muscle cardiaque; à petil doses, il paralyse le centre modérateur bulbair Le cœur répond d’ailleurs! toujours de la même faco au déficit d'O, quel que soit le procédé employé po diminuer la ration de ce gaz nécessaire à son font tionnement régulier. Sous le nom de réaction l'auoxyhémie, M. A. Mosso décrit un ensemble curie de variations périodiques et synchrones de la re piration du pouls et de la pression artérielle qu'il observées sur les Alpes comme dans l'intoxication par CO. sur la ressemblance de cet empoisonnement avec mal des montagnes. Les palpitations, aggravées par plus léger mouvement musculaire, le mal de tête, le nausées et les vomissements, les troubles respiratoires et particulièrement la respiration périodique, la te dance au sommeil et à la perte de connaissance, son! autant de traits communs à l’un et à l’autre. Un œdème aigu du poumon, semblable à celui que produit la section des pneumogastriques et dà, en effets à la paralysie de ces nerfs, est encore un caractère q établit un rapprochement entre les deux états anoxyhé miques. En traitant de ces altérations pulmonaires M. A. Mosso montre en même temps, par des appareils les phénomènes physiologiques du mal des montagnes Reste la question des secours à administrer dans l'empoisonnement par CO. On a déjà vu plus haut les | effets de l'O ou de l'air comprimé; M. A. Mosso appelle de plus, l'attention sur ce fait que, si on ouvre le thorax d’un auimal qui a succombé à l’action de CO, le cœur exposé à l'air recommence à battre, s'il ne s'est pas) également remettre cet organe en mouvement sans ouvrir le thorax, si, au moyen d'un trocart, on fai arriver à son contact de l'O comprimé. L'emploi d cet agent rendra donc de précieux services dans les intoxications. A un autre point de vue, la quantité de CO qui sl dégage de la cheminée des machines pourra ëlre réduite dans les tunnels de plus des deux tiers, si On} injecte de JO dans le foyer. On voit que, dans cette série de travaux, la plupanb des questions relatives à l’action physiologique de COM, é soulevées et soumises à l'expérimentation. ‘e fondamentale qui se dégage de ces recherches ue toutes les manifestations par lesquelles se traduit joisonnement sont la conséquence de la dimi- n de l'oxygène du sang, que cette anoxyhémie distingue en rien de celle qui est due à toute cause, telle que la respiration d’un gaz inerte, ou Az, ou la dépression barométrique ; et ainsi alyse du mal des montagnes bénéficiera des études nt pour objet l'asphyxie par CO et s’en trouvera fiée. Enfin, ces vues sur le mécanisme de l'in- ication comportent, comme application immédiate, ploi, contre les accidents qu'elle occasionne, de ne comprimé, dont l'utilité, déjà démontrée par , est appuyée par de nouvelles preuves dans les iences de M. Mosso; la quantité d'O qui se ut dans le plasma sanguin suffira à entretenir vie quand les globules rouges ne seront plus aptes ir de véhicule à ce gaz. -A. Mosso a voulu que la mission qui lui était ée « laissät une trace dans la Science » : l'histoire mpoisonnement par CO et celle de l’anoxyhémie, néral, devront, en effet, à l'éminent physiologiste et ollaborateurs de nombreux et importants déve- E. WERTHEIMER, - Professeur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Lille. 5° Sciences diverses 1 (Charles), Correspondant de l'Institut, Chargé de Cours à la Faculté des Lettres de Paris. — En Méditerranée, Promenades d'Histoire et d'Art. — “rol. in-8° de 286 pages. (Prix 3 fr. 50.) Librairie Armand Colin. Paris, 1902. Charles Diehl m'a fait l'honneur de me dédier ce e, tout empli du souvenir de nos pérégrinations com- nes en Méditerranée. C'est, en effet, sous sa direc- on que, mes compaznons de croisière et moi, nous ns étudié les civilisations, éteintes ou vivantes, dont nous entretient aujourd'hui. Cette circonstance npéchera d'’insister, comme je voudrais le faire, ble mérite de son nouvel ouvrage. Elle ne saurait udant m'interdire de signaler aux délicats le régal leur réserve, aux raffinés, désireux à la fois de ruire et de se délecter, le haut enseignement et ès vives impressions d'art qu'ils y trouveront. J'en elle aux touristes qui ont applaudi à bord l'éloquente role de M. Diehl, aux auditeurs de son cours en Sor- üne, aux familiers de ses nombreux écrits : aucun n'imputera à un sentiment de simple courtoisie s lui un hommage que tous rendent à sa science à son talent. ; )n sait que l’auteur n’est pas seulement un érudit de rque et un chercheur heureux, habile à interroger extes et les monuments : en même temps qu'attiré an l'énigme du monde ancien, il excelle à dépister, us les décombres d’un lointain passé, les sociétés parues, il jouit, en artiste de tout ce qu'elles ont duit d'exquis dans l'ordre du Beau, il dégage, en philosophe, la lecon particulière que leur histoire, mieux nue, apporte à l'humanité. Et, comme, sans faire étalage de toutes les pièces qui ont déterminé son juge- nt, il ne veut rien affirmer qu'il ne prouve, cons- iment il prend soin de nous initier à sa critique et (Ménous exercer à ses procédés : avec lui, nous appre- ons à lire ce que disent les ruines, à les restaurer sur foi des documents écrits et en puisant à toutes les rces d'information ; nous nous habituons à considérer œuvres de l'architecte, du statuaire et du mo- le dans leurs rapports avec les hommes pour les- els elles furent créées, à discerner aussi ce qu'elles us révèlent de la culture qui les engendra. Ainsi claire l'Archéologie par l'Histoire; ainsi se com- e l'Histoire par l'Archéologie. livre s'ouvre sur le palais somptueux que Dioclé- h, «vieilli, malade, lassé du fardeau de l'empire », BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 267 | s'était fait construire sur le littoral dalmate. Cet édifice extraordinaire, auquel le Maître, en y enfermant avec lui «une armée de serviteurs, de gardes et de courti- Sans », avait donné les proportions d'une ville, loge, depuis treize cents ans, une ville tout entière. Trois siècles après la mort de l'empereur, les habitants de Salone, fuyant devant l'invasion croate, vinrent y chercher refuge, accrochant « au flanc des remparts el des tours, dans l'intérieur des vastes salles vides, dans l'entrecolonnement des portiques » leurs « misérables demeures : et ainsi naquit Spalato ». Encore aujour- d'hui, bien que la majeure partie de la population se soit répandue hors des murs, le cœur même de la cité reste emprisonné dans l'enceinte du palais. A l'ombre des antiques bastions, non loin de la chapelle de Zeus, au voisinage des sphinx rapportés d'Egypte, se sont entassées des constructions variées du Moyen-Age chré- tien et de la Renaissance : le Dôme, qui émerge aujour- d'hui de ce chaos de pierres et dresse dans les airs son campanile roman; d'élégantes maisons véniliennes, dont subsistent les « hautes portes blasonnées », les .« fenêtres trilobées », les escaliers à balustrades: de sor- dides masures, nichées dans l'épaisseur même des mu- railles ou distribuées au hasard des concavités inté- | rieures de la forteresse impériale. Ces vieilles bicoques, \ asiles actuels des petits métiers, bordent des ruelles étroites et sombres qui, de prime abord, semblent ser- penter indéfiniment sous les voûtes à travers le dédaie des péristyles, des arcades et des encadrements. Le touriste qui s’aventurerait sans préparation histo- rique dans ce labyrinthe d'allées sinueuses, risquerait d’en sortir presque aussi ignorant qu'il y serait entré. Pour tirer profit d'une telle promenade et en goûter pleinement la saveur, quelque initiation parait néces- saire : il ne suflit pas de relever le plan de la cons- truction primitive, d'en noter les dispositions architec- turales, comme aussi tous les détails d'ornementation caractéristiques; il faut, de plus, comparer l'édifice, sous le rapport du style, du système décoratif et des dimensions, aux palais que l'Occidentet l'Orient avaient auparavant connus et à ceux qu'érigèrent plus tard Jltalie médiévale et l'Empire grec ; il faut, s'aidant des annales et discutant les légendes, se donner la vision de ce qu'était le monde romain au moment où un Dio- clétien put concevoir etréaliser en une œuvre de marbre et de pierre son rêve d'orgueil et de jouissance. Fort aimablement, M. Diehl nous épargne la peine de com- poser nous-mêmes un tel tableau. Mais il ne se contente pas de nous offrir une image lumineuse de ce temps, pas plus qu'il ne se borne à restaurer devant nous le palais, Lel que l'avait fait la volonté impériale. Rap- prochant des traditions les faits mêmes que met sous nos yeux la visite des ruines, sa pénétrante analyse décèle, entre l’organisation de ce colossal édifice et l’état de la monarchie vers la fin du 11° siècle, de secrètes correspondances. Depuis l'avènement des Autonins, le contact avec l'Orient avait entrainé les Césars à manifester, par une transformation des signes extérieurs de leur puissance, l’évolution morale qui avait conduit Rome du régime républicain à l'omni- potence impériale. Au costume très simple d'autrefois ils avaient substitué « les vêlements somptueux et le diadème de perles des grands rois ». Quand, avec l'anar- chie militaire, commenca le démembrement de l'Em- pire, plus ils sentirent leur fragilité, plus ils aimèrent, comme pour se la cacher à eux-mêmes, « se faire appe- ler des noms de Maitre et de Dieu ». La robuste intelli- gence de Dioclétien ne le préserva pas de ces enivre- ments du pouvoir, et, lorsque, las et désabusé, il se décida à l’abdication, le barbare illyrien qui était en lui entendit conserver son prestige de « monarque de droit divin » : créant autour de lui une étiquette compliquée, s’enveloppant de la pompe des cérémonies de l'Asie, il résolut de vivre à l'écart du peuple, « volontairement invisible, comme un être supérieur à l'humanité ». Si le palais grandiose destiné à abriter sa vieillesse devait se prêter à un déploiement de « mœurs fastueuses et ser- 268 BIBLIOGRAPHIE — viles », il fallait aussi qu'il mit l'auguste personne du prince en sécurité contre la jalousie de ses successeurs. De là, cet appareil « de murailles, de créneaux et de tours » qui fit de Spalato une véritable citadelle. L'em- pereur décora l'édifice à sa manière, qui était celle d'un guerrier auquel sa « rude éducation militaire » n'avait donné « ni grandes curiosités d'esprit, ni grands raffi- nements d'élégance ». Cependant, ses tournées d’ad- ministrateur lui avaient fait voir des styles très variés : il ambitionna de les combiner en des formes nouvelles, et ses architectes s'ingénièrent à imaginer des modes compliqués d'ornementation, qui exisèrent à la fois le concours du mosaïste et celui du sculpteur, d'ouvriers grecs aussi bien que de tâcherons d'Egypte; et, dans celte étrange résidence, où l'empereur entretenait pru- demment une petite troupe de soldats, son plaisir était de rassembler des productions artistiques d’origine loin- taine, de garnir les voûtes d’élincelantes verreries, de revéur les murailles de syénites bigarrées de Thé- baïde, de marbres chatoyants de Numidie et d'Afrique. Ainsi a-t-il légué à la postérité un monument d'un intérêt exceptionnel pour l'histoire de l'Art. Avec ses archivolles, ses coupoles superposées, ses niches, ses arcatures, ses dentelles de pierre, jusqu'alors inconnues en Europe, le palais de Dioclétien procédait des grands édifices romains d'Asie, dont Laodicée, Palmyre et Pétra avaient offert de parfaits modèles. En Occident, il fut pour tous un sujet de profond étonnement: sa structure singulière, son mode d’ornementation frap- pèrent les artistes et contribuèrent puissamment à les aiguiller d'une part vers les styles byzantins, d'autre part vers l'architecture, plus simple et plus élancée, de nos grandes nefs chrétiennes. Cette brève analyse de l'un des chapitres du livre de M. Diehl suffira, je l'espère, pour indiquer l'esprit dans lequel l'ouvrage tout entier a été concu. L'auteur nous conduit successivement à Salone, en Grèce, en Turquie, en Palestine, et partout prend occasion des monuments ou des œuvres d'art quil rencontre pour réédifier le passé et le faire revivre devant nous. Dans la plaine où fut Salone, il nous fait découvrir, disséminés cà et là au ras du sol, les restes d’un am- phithéâtre, de thermes, de remparts et de tours, témoins de la splendeur de la grande cité disparue. Mais c'est principalement sur ses basiliques, plus par- ticulièrement encore sur ses cimetières du rni° au v° siècle qu'il attire notre attention. Par les inscriplions, infiniment précieuses, qu'elles ont mises au jour, les fouilles pratiquées dans ces immenses nécropoles ont, en effet, apporté à l'une des questions les plus intéres- santes de l'hagiologie chrétienne une solulion aussi dé- cisive qu'inattendue : grâce aux recherches de M*° Bu- lich et de quelques autres savants, les récits célèbres relatifs aux persécutions contre les chrétiens et à l'hé- roisme des premiers confesseurs de la foi dans la Dal- matie romaine, récits « où l'on n'avait voulu voir que d'édiliants romans », ont recu une éclatante confirma- tion. Et, tout joyeux du triomphe d'une science qui, entre toutes, lui est chère, M. Diehl proclame, en nous l'expliquant, la haute valeur de ces documents « recon- quis à l'Histoire par la vertu de l'Archéologie ». A Constantinople, au Mont Athos, à Rhodes, en Chypre, à Jérusalem, c'est encore la même méthode qu'il applique, et les grandes cathédrales gothiques de Famagouste, aussi bien que le Saint-Sépulere et la mosquée d'Omar. nous racontent, par sa plume, l'odyssée des Croisés, la lutte épique du monde latin et de l'Islam. A Delphes, remontant beaucoup plus loin dans le passé, c'est, en quelque sorte, toute l'histoire politique et religieuse de l'Hellade qu'il résume. « Dans ce site srandiose et sauvage » où « la vive imagination des Grecs éprouva de bonne heure le recueillement involontaire et la secrète terreur qui fondent les primitives reli- gions », il relève d'abord la trace des Pélasges, qui y adorérent « les forces obscures de la Nature, Gœa, la ANALYSES ET INDEX terre, Zeus, le ciel lumineux », et nous les mont cherchant « dans les obscures crevasses ouvertes & pied du Parnasse », daus l'écume blanche des source « dans le frémissement mystérieux des arbres », @ surnaturelles et prophétiques révélations ». Puis, nous fait assister à l'envahissement progressif du san tuaire par les dieux du dehors : Dionysos, le thrace Poséidon, le dieu des mers, introduit par les Crétois « Apollon, enfin, que les conquérants doriens appors tèrent des bords lointains du Pénée dans la Grèce cet trale, et qui, par la hauteur des conceptions morales attachées à son culte, supplanta vite dans la vénératio des peuples les autres immortels ». Cette évolutic qui fit de Delphes « l'un des facteurs essentiels des civilisation hellénique », méritait d'être expliquées. détail. En même temps qu'elle fonda ce que.M. Homolle a très heureusement appelé le « pouvoir temporel sacerdoce pythique », par la constitution du Conse amphictyonique elle groupa autour du sanctua nombre de cités de l'Attique, de l'Argolide et du Pél ponèse, et suscita chez elles ce sentiment de fratern relative, qui, développé par la nécessité de la la commune contre le monde barbare, fit la grandeur la Grèce. J Il faut lire dans le livre de M. Diehl la descrip savante des merveilles de Delphes, pour comprend l'influence fascinatrice que le culte d’Apollon exe sur les esprits, des rives occidentales de l'Asie à ce de la Sicile, dé l'Italie méridionale et même de. Gaule. Les substructions des temples et des chape les statues magnifiques, les stèles, les trésors, les # chesses prodigieuses, les offrandes dont, indépend ment des habitants de la Grèce, les rois de Lydie « lointaine Cnide, la lointaine Cyrène », les LyransM Sicile, la « lointaine Marseille », tinrent à honneur doter le sanctuaire vénéré d'Apollon, témoign encore de la piété et de l'admiration que lui vouèref durant une longue suite de siècles, tous les peuplé civilisés. A Examinant les principales de ces œuvres architecte rales et sculpturales, M. Diehl nous fait suivre pas à pas, parallèlement au progrès de la puissance politiqu religieuse de Delphes, la marche ascendante de IA qui y prit naissance. Et il termine en rappelantle! service de prix qu'ont renda à la Science, par l'exple ration méthodique du vieux sanctuaire, notre glori Ecole francaise d'Athènes, et, en particulier, l'éminé érudit qui la dirige actuellement, M. Homolle. De tous les autres chapitres de ce bel ouvrage, Je saurais rendre compte sans dépasser les bornes d' analyse déjà longue. Toutefois, je ne donnerais livre qu'une idée bien incomplète, si je n’ajoulais, la curiosité de l'auteur, loin de se concentrer exel vement sur les monuments des âges passés, s'est aus portée, en tous pays, sur la société moderne ebsé besoins. C'est ainsi qu'au cours de nos promenades, Adriatique, en Turquie, en Asie-Mineure, il à élud les institutions, relevé les faits variés, les pri paux traits de mœurs qui nous renseignent sur r présent de ces régions. Les pages qu'il consacre Slaves de l'Occident, à la question des races en matie, aux souvenirs qu'a laissés en ce pays l'occup& tion francaise, les détails, parfois piquants, qu'il nous donne au sujet des rapports de l'impérieuse Monarchie austro-hongroise avec ses humbles administrés dû Bosnie et d'Herzégovine, ses remarques relatives à D fluence française en Syrie et à la possibilité de relever, attireront très utilement l'attention du lectet vers un groupe de questions extérieures que nobë polilique a le devoir de considérer. Ù | De tels livres n'offrent pas seulement l'intérêt din truire et de guider : ils élèvent, élargissent et affine l'esprit, en lui faisant sentir l'importance particulié qu'offre, pour l'avenir de notre civilisation, la rechereln} même de ses origines. “ À Lauis OLIVIER. ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS k. Séance du 10 Février 1902. GIENCES PHYSIQUES. — M. H. Deslandres à déter- 16 la trajectoire du ballon de -M. Santos-Dumont, sa sortie du 19 octobre, au moyen de seize photo- phies prises par diverses personnes. Cetle trajectoire e notablement de celle donnée par M. Armengaud. it montre la nécessité d'appareils et de méthodes écises propres à fournir tous les éléments de la tra- Gloire des ballons. — M, Ed Branly décrit des lioconducteurs à contact unique qu'il a imaginés et Hi sont formés de trois tiges métalliques dont les trémités inférieures oxydées reposent librement sur M plan d'acier poli. Ces appareils sont (rès sensibles. L. de Broglie a utilisé un ampèremètre thermi- our la réceplion des radiations envoyées dans la égraphie sans fil, et il a constaté que cet appareil bond par une déviation à l'arrivée des ondes sur mienne réceptrice. — M. H. Pellat a constaté que, ins un champ magnétique intense, le faisceau catho- que qui s'échappe d’une cathode en forme de plateau essine exactement le tube de force magnétique ayant ur base la surface de la cathode, les rayons catho- ques partant uniformément de toute la surface du äteau. — M. A. Ditte-a recherché la cause de la nation du sesquioxyde de chrome cristallisé lors- Von fond un mélange de bichromate de potasse et de arin. Ce fait n'est pas attribuable à la solubilité et oxyde dans les chlorures alcalins en fusion, mais la formation de chlorochromate de soude, qui se porise et se décompose en chlore, oxygène et ses- oxyde de chrome qui cristallise. — MM. Ch. Moureu Æ. Desmots exposent une nouvelle méthode de èse d'alcools secondaires.à fonction acétylénique ma condensation des carbures acétyléniques vrais ec les aldéhydes (voir p. 271). — M. P. Brenans : Sur elques phénols iodés (voir p. 271).— M. P. Genvresse, faisant réagir l'acide arsénique sur le pinène, à tenu un corps ayant une odeur différente d» celui ba servi de point de départ, du terpinène, un peu -cymène et de terpinéol. SCIENCES NATURELLES. — M. A. Gautier : Sur un itement spécifique très puissant des fièvres paludéen- xoir p. 270). — MM. L.-R. Regnier et H. Didsbury onstaté que l'application des courants de haute fré- ce sur les dents pendant quelques minutes permet les insensibiliser assez complètement pour pratiquer isdouleur la plupart des opérations dentaires. —M.F. aud décrit un appareil permettant aux aveugles écrire et de lire par le toucher dans le même sens. M: Ed. Grynfeltt a étudié la vascularisation des ps surrénaux chez les Scy/lium à l'aide d'injections a gélatine colorée ou au nitrate d'argent. — M. Ed. ckel décrit, d'après des échantillons envoyés de dagascar, le Menabea venenata Baïllon, appelé par sindigènes Aissoumpa où Kimanga, et qui fournit le ion nommé f‘aughin de Ménabé. La description plèle celle donnée autrefois par Baillon et montre > cette plante se rattache aux Cynanchées. — : Vuillemin a constaté que l’association du N/ucor anus et d'un Micrococcus avide de sucre a pour ët de permettre le développement de la bactérie sur pomme de terre, grâce à la saccharification de l’ami- On par le champignon, et la fabrication d'une grande antité de pigment jaune orangé par le Mucor, grâce la consommation du maltose par le A/1crococeus. — _ Ch. Eug. Bertrand et Cornaïlle adressent une - REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. ® ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 269 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER note sur la pièce quadruple des Filicinées et ses réductions. — M. G. Vasseur a découvert un nouvel horizon de calcaire lacustre fossilifère intercalé dans les mollasses miocènes de l'Ariège. La présence, dans ce dépôt, de fossiles caractéristiques de la formation de Sansan autorise à attribuer le nouvel horizon au terrain miocène, dont il pourrait représenter un niveau assez inférieur. — M. P. Termier a étudié le granite du Fillila (Algérie). C’est un granite alcalin typique, absolument dépourvu de calcium. Mais ses aplites deviennent légèrement calciques lorsqu'elles touchent le calcaire. Séance du 17 Février 1902. M. Ch. André est élu Correspondant pour la Section d'Astronomie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Edm. Maillet étudie les propriétés des fonctions quasi-entières. — M. R. d'Adhémar communique ses recherches sur une classe d'équations aux dérivées partielles intégrables par approximations successives. — M. W. de Tannenberge donne une interprétation géométrique simple des sroupes qui se rattachént aux transformalions de con- tact du plan et qui transforment un cercle quelconque en un autre cercle. — M. Jean Mascart a étudié les perturbations du grand axe des petites planètes sous l'influence troublante de Jupiter; les équations aux- quelles il arrive renferment : 1° des termes périodiques, indépendants de p et g (p étant l'excentricité et g la position du périhéiie); 2° des termes séculaires du pre- mier degré en p et g; 3° des lermes périodiques du premier degré en p et g. — M. M. Loewy présente une étude sur les conditions à réaliser dans l'exécution des clichés pour obtenir l'homogénéité et le maximum d'exactitude dans la détermination des coordonnées des images stellaires; il donne également des formules pour évaluer l'influence de l’ensemble des causes d'er- reurs qui altèrent les résultats. — M. G. Lippmann montre comment son appareil pour la mesure photo- graphique des petites distances zénithales peut servir également à la mesure précise des différences de longi- tude. 20 SciexcEs PHYSIQUES. — M. G. Meslin a utilisé, pour la détermination des températures, la mesure de la va- riation thermique de la force électro-motrice d'un élé- ment de pile, tel que le Latimer-Clark, dont le coeffi- cient de variation thermique est assez considérable. Il emploie la méthode d'opposition, avec adjonction de deux boites de résistance. — M. P. Langevin a étudié les gaz ionisés et trouvé que le rapport du nombre des recombinaisons au nombre des collisions entre des ions de signe contraire doit, si la théorie est exacte, rester toujours inférieur à l'unité et s’en rapprocher vraisemblablement d'autant plus que la mobilité des ions est plus faible. L'expérience a confirmé ces prévi- sions. — M. Ch. Nordmann a poursuivi l'étude de la transparence des liquides conducteurs pour les oscilla- tions hertziennes. Les épaisseurs maxima, après la traversée desquelles les ondes hertziennes employées sont encore sensibles, c'est-à-dire les transparences pour ces ondes, varient dans le même sens que les résistances; elles croissent moins vite que celles-ci el plus vite que leurs racines carrées. — M. P. Curie à reconnu que les rayons du radium et les rayons Ront- gen agissent sur les diélectriques liquides comme sur l'air en leur communiquant une certaine conduelibilité électrique. Si le rayonnement est assez fort, le courant est proportionnel à la tension jusqu'à une limite élevée. — M. M. Hamy a éludié les propriétés des franges de EP 2 270 réflexion des lames argentées:; les unes sont localisées dans le plan focal de la lentille, les autres non. Leur visibilité dépend de différents facteurs. — M. S. Leduc ‘donne l’explicalion d'un certain nombre de phénomènes par l'application de la notion et du mode de représenta- tion des champs de force de Faraday aux mouvements moléculaires qui se passent dans les liquides. — M.F. Gonnessiat présente le résumé de ss observations météorologiques faites à l'Observatoire de Quito du {et mars au 31 août 1901. — M. L. Cailletet a constaté que la gélatine étendue sur le verre en couche épaisse y adhère fortement en se desséchant et qu’elle ne se délache qu'en enlevant des particules vitreuses. IL s: forme ainsi des dessins, d'effet décoratif, qui peuvent être variés en dissolvant des sels dans la gélatine. — M.C. Matignon a déterminé les principales constantes physiques du chlorure de praséodyme. Il signale l’exis- tence d'un nouvel hydrate PrCFH°0. Le chlorure anhydre se prépare facilement en chauffant ce dernier à 1650-185° dans le gaz chlorhydrique sec. — M. H. Moissan a constaté que l'hydrure de potassium réagit sur l'iodure d'éthyle et le chlorure de méthyle en fixant de l'hydrogène sur ces composés avec formation d'éthane ou de méthane et en enlevant l’iode ou le chlore sous forme de composé binaire, iodure ou chlo- rure alcalin. Cette réaction se fait en tube scellé entre 1809 ef 200v, avec la plus grande régularité, sans dépôt de charbon et sans mise en liberté d'iode ou de chlore. — MM. R. Lépine et Boulud ont dosé les sucres dans le sang par la réduction des sels de cuivre et par le po- larimètre, dans l'extrait original, dans l'extrait chauffé, dans l'extrait fermenté par la levure, dans l'extrait inverli. Ces divers dosages sont nécessaires pour mon- trer l'existence d'acide glycuronique, de saccharose. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Stassano et F. Bil- lon concluent, de leurs recherches sur la membrane périæsophagienne de la grenouille ayant reçu des injections de lécithine, que les leucocytes mononu- cléaires, après avoir grandi et s'être chargés en granu- lations basiques, aux frais de la lécithine, sortent des vaisseaux pour se répandre dans l'économie. Les cel- lules endothéliales retiennent, à leur tour, la lécithine en se bourrant de granulations semblables. — M. F. Houssay a observé que les poules nourries avec de la viande fournissent un nombre d'œufs bien supérieur à celui de leurs congénères exclusivement nourries de grains; le poids est également un peu plus élevé dans le premier cas que dans le second. — M. G. Pruvot a reconnu que le bourgeonnement stolonial est régi, chez les Syllidiens, par la loi suivante : le bourgeonne- ment, tant céphalogène qu'urogène, est d'autant plus rapide et plus actif que le tronçon qui le présente occupe une plus grande partie du corps total. Le déve- loppement des néo-formations céphalique et caudale est en raison inverse chez un même animal. — M. G. Quin- taret décrit deux lianes à caoutchouc qu'il a observées en Indo-Chine. L'une, nommée dans le pays Wack-hao- nqua, estl'Ecdysanthera micrantha ;Yautre parait être une espèce nouvelle. L'auteur la désigne sous le nom de Micrechites Napeensis ; son latex donne, par coagu- lation à l'acide citrique, un excellent caoutchouc brun- rougeätre. — M. Bouygues à étudié l’origine et la diffé- rencialion des méristèmes vasculaires du pétiole. — M. Ed. Heckel décrit la morphologie externe de l'ap- pareil radiculaire du Menabea veuenata Baïllon (Tan- ghin de Ménabé). — M. A. Müntz a étudié les condi- Uons économiques de la production du vin dans les vignobles à hauts rendements du Midi de la France. Pour lui, le facteur essentiel de l'augmentation des récoltes est l'application des tailles dites généreuses; toutefois, l'exagération de ce procédé produit une dimi- pution de la qualité, en particulier du degré alcoolique du vin, et un abaissement du prix de vente de ce der-: nier. Il y aurait plus d'avantage, dans la période de mévente actuelle, de modérer la production pour obte- nir des vins supérieurs. — M, P.-W. Stuart-Menteath adresse une note sur l’origine du flysch des Pyrénées. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES , ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 4 Février 1902. M. Galippe est élu Associé libre de l'Académie. —M M. Neumann est élu Correspondant national. | M. Chauvel présente un rapport sur un mémoire du D' A. Darier, relatif à deux analgésiques presque exempts de toxicité qu'il emploie en chirurgie oculaire. La dionine permet d'atténuer et même de supprimer les douleurs oculaires profondes; elle peut aussi être utilisée dañs les névralgies dentaires. L'acoïne agit sur- tout sur les plaies ulcérées ou dans les injections. Séance du 11 Février 1902. M. Richelot présente un malade opéré, par le D' Mo- restin, pour épithélioma primitif du cou d'origine branchiale. — M. Armand Gautier préconise l'emploi du méthylarsinate disodique dans le traitement des fièvres paludéennes, Les malades ainsi traités, et qui tous étaient restés réfractaires à l’action des sels de quinine à haute dose, ont été complétement guéris.M L'arsenic donné sous cette forme ne délabre pas l'esto- mac et provoque une reformalion rapide d'hématies. — M. H. Huchard a étudié la question de l'adminis- tration du chloroforme chez les cardiaques et est arrivé. aux conclusions suivantes : 4° Les accidents imputables au chloroforme ne sont pas plus fréquents, dans la majorité des cas, chezles cardiopathes ou les aortiques, M. que chez les malades atteints d’autres affections; 2 Les affections cardiaques ou aortiques ne sont pas des con- tre-indications à l’anesthésie chloroformique, aux con- ditions suivantes : qu'elles ne soient pas infectieuses à l'état aigu ou qu'elles ne siègent pas sur un organisme trop affaibli; que les cardiopathies chroniques ne soient pas arrivées aux périodes asystolique ou dyspnéique, ni constituées par des symptômes évidents de symphyse péricardique : 3° Chez les cardiaques et les aortiques, la chloroformisation doit être pratiquée à doses légères, progressives el continues, jusqu'à suppression presque totale du réflexe palpébral. — M. A. Mossé apporte un certain nombre de faits nouveaux montrant non seule- ment l'innocuilé, mais l'utilité et la facilité d'emploi de l'alimentation aux pommes de terre dans le diabète et les complications chirurgicales diabétiques. Séance du 18 Février 1902. M. le Président annonce le décès de M. H. P. Barella, Correspondant étranger. Une discussion s'engage sur la communication de M. Huchard relative à la chloroformisation chez les car- diaques. M. Berger est d'avis, avec M. Huchard, que le chloroforme peut être donné avec sécurité, même aux cardiaques, pourvu qu'il soit administré avec la pru- dence, l'attention et la connaissance parfaites que l'on doit toujours exiger de ceux à qui l’on confie son admi- nistration. M. Bucquoy considère que le danger d'une syncope mortelle en cours de chloroformisation n'est pas sensiblement augmenté par le fait d’une lésion car- diaque, surtout s'il ne s'agit que de certaines lésions» orificielles. Toutefois, les lésions qui intéressent l’orifice aorlique étant aussi celles qui exposent le plus à lasyn- cope et aux morts subites, il y a lieu plus particulière- ment de s'en défier. M. Chauvel est d'un avis analogue; ilne croit pas qu'il y ait lieu de créer un corps de chloro- formisateurs de profession, mais le médecin a le devoir M de diriger avec attention l'administration du chloro- forme. MM. Le Dentu, Lucas-Championnière el Ri- chelot formulent des considérations de même nature. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 1% Février 1902. M. L. Camus a observé que le sérum d'immunisé n'est spécifique que pour l’ensemble des matières albu-. ruinoïdes du sang. — M. Ed. Retterer à conslalé que l'atrophie qui suit l'abstinence prolongée se traduit dans en cellules libres ou leucocytes. La macération, les agents mécaniques ou chimiques conduisent au mème ésultat. Le ganglion lymphatique de l'homme e:t une glande hémolymphatique au même titre que celui des tutres mammifères, et il subit des altérations identiques. — M. A. Raiïlliet a étudié quelques formes nouvelles de Sclérostomiens parasites des Ruminants et des Por- cins. Ce sont l'Agriostomum, le Bunostomum et le Cha- costomum, voisins du genre Uncinaria, mais s'en dis- tinguant par l'absence de tunnel dorsal. — MM. A. Raïlliet et A. Henry ont observé, chez les Equidés, le Sel. equinum, le Sel. edentatum et le Scl. vulgare; à état adulte, ils se trouvent tous trois dans le cæcum et le gros côlon; à l’état immature, le premier se ren- contre dans les parenchymes, le second est très erra- tique, le troisième est le parasite des vaisseaux, des nglions et des nodules sous-muqueux de l'intestiv. M. F.-J. Bosc à constaté que le sang des moutons oculés avec la clavelée est virulent aussi bien pen- “dant la périole prééruplive que dans la période érup- tive. IL produit une clavelée mortelle. D'autre part, les lésions claveleuses peuvent êlre identifiées complète- ent, d'après le même auteur, avec celles de la vac- cine, de la variole, de la sypbhilis et du cancer, au point vue macroscopique et histologique. Enfin, dans toutes les lésions claveleuses virulentes et dans le sang istent des corps particuliers, de structure précise, i peuvent être comparés, au point de vue structural évolulif, à un sporozoaire (cylozoaire). — MM. E. Bardier et J. Cluzet ont reconnu que, d’une manière nérale, les liquides de l'organisme présentent une nsion superficielle voisine, mais inférieure à celle de au. — M.P.-A.Zachariadès peuse que le gonflement s tendons dans l'eau distillée est attribuable à la ssolulion d'une petite quantité de NaCI des fibres, quelle se dissocierait électrolytiquement et agirait ustaté que la quantité de potasse abandonnée par les mmes de terre pendant l'ébullition dans l’eau est fable. Sous le rapport de la teneur en potasse, il n'ya S une grande différence entre les pommes bouillies bu rôties. — MM. Carré et Vallée pensent que les subs- lances toxiques des sérums normaux sont des produits acocytaires mis en liberté au moment de la mort des eucocyles, lors de la coagulation du sang.—M.E.Apert onsidère le myxædème et l'achondroplasie comme feux affections lotalement différentes et ne pouvant ètre rapprochées. — MM. CI. Regaud et A. Policard asécrétion de l'urine dans les cellules des tubes con- burnés du rein chez les Serpents se fait par un pro- essus mixle séro-granuleux. — M. L. Bouchacourt a udié les propriétés de l’organothérapie placentaire. le aurait surtout une action excitante sur la glande mammaire. — M. M. Arthus a constaté que les macé- ons d'organes, comme l'eau de lavage de la plaie, tentla coagulation du sang de chien en accélérant la emation du fibrinferment. — M.F. Rathery a observé _ splénomésalie du type myéloide sans myélocy- . — M. A. Briot a reconnu que, si le sérum nor- de cheval empèche la pepsine d'agir dans certains est surtout à l’alcalinité ou aux sels du sérum il faut l'attribuer. — M. G. Carrière a constaté que, ans la coqueluche au début, la leucocytose est de ègle, mais peu accusée ; à la période d'état, elle est lus accentuée ; à la convalescence, elle diminue, mais ersiste. La formule leucocytaire peut servir à distin- her la coqueluche de l'adénopathie trachéobronchique. . Séance du 8 Février 1902. M. E. Marey a observé que la mächoire des vieillards n'ont plus de dents se déforme d'une facon parti- ulière sous l'influence des efforts musculaires. — LE. Grynfelt : Sur la vascularisation des corps surré- rtout par les ions H. — MM. A. Mossé et Mailhe out nt étudié le segment à bordure en brosse du tube uri- üifère de la Lamproie. — M.Tribondeau a reconnu que | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 271 ganglion lymphatique par la raréfaction du tissu et | naux chez le Seyllium (voir p. 269;. — M. P. Stéphan transformation du protoplasma commun et continu | considère que l'organe de Bidder n'est pas exactement l'homologue des organes à sécrétion interne décrits par Loisel chez les Vertébrés inférieurs; pour lui, c'est une adaptation secondaire d'un hermaphrodisme rudimen- taire glandulaire. —M. A. Policard : Sur la constitution du testicule des jeunes Rajidés (voir p. 214). — MM. Laquerrière et Delherm ont étudié la réaction au niveau des électrodes de l'excitation voltaique de l’in- teslin grêle. — MM. M. Sarmento et C. França décrivent leurs recherches sur les Culicides portugais. Dans les localités salubres, ils n'ont trouvé que des Cuiex; dans les régions paludiques, on rencontre l'Ano- pheles maculipennis. — MM. R. Oppenheim et Loeper ont observé les lésions des glandes surrénales dans quelques intoxications expérimentales. — MM. H. Stas- sano et F. Billon : Action de la lécithine sur les hématies et absorplion de ce corps par ces dernières (voir p.214 et 270). — MM. Widal, Sicard et Ravaut ont reconnu, chez des malades atteints d'ictère chronique très intense, que le liquide céphalo-rachidien présente des modifications de coloration allant depuis la simyle fluorescence jusqu'à une teinte jaune-verdàtre ou jaune- foncé rappelant la coloration de l'urine. — MM. G. Pa- tein et E. Dufau ont étudié le nitrate acide de mercure au point de vue de son emploi comme défécaleur des solutions sucrées avant de les soumettre à l'analyse. — M. J. Larguier des Bancels a délerminé l'influence de la température extérieure sur la ration d'entretien chez l'oiseau. Le pigeon consomme d'autant moins que la température est plus élevée. PS SOCIETE CHIMIQUE DE PARIS Séance du 14 Février 1902. MM. E. Charabot el A. Hébert ont éludié les modi- fications chimiques chez les plantes soumises à l'in- fluence du chlorure de sodium ; ils se sontadressés pour cela à la menthe poivrée. Celte plante élabore un alcool terpénique, le menthol, les éthers et la cétone corres- pondants; et c’est la variation de ces produils, parallè- lement à la marche générale de la végétalion. que les auteurs mettent en relief sur deux lois de plantes, l'un arrosé le 23 mai avec une solution à 2,5 °/, de NaCI, l’autre se développant dans les conditions ordinaires de la végétation. Les observations failes par MM. Charabot et Hébert peuvent se résumer de la facon suivante : L'addition de NaCl au sol a pour effet: 1° D'augmenter la proportion ceutésimale de matière organique dans la plante ; 2° D'accentuer la perte relative d'eau; 3° De fa- voriser l’éthérificalion du menthol et de réduire la trans- formation en meuthone. Mais l'influence défavorable de NaCIl diminue la récolte dans une proportion telle que, malgré son action bienfaisante sur l’éthérikcation, le rendement en produits terpéniques esL inférieur à celui qu'on obtient avec les plantes témoins. — M. Au- ger, en étudiant la préparation des arsénioglycérates, a constaté qu'ils ne peuvent pas exister en solution aqueuse et que l’on ne peut les obtenir que par la voie sèche. En faisant réagir l’oxyde de méthylarsine en pré- sence de soude sur l’iodure de méthyle, il a obtenu le cacodylate de sodium. L'oxyde de cacodyle, en présence d’un alcali, réagit de même sur l'iodure de méthyle eu fournissant de l’oxyde de triméthylarsine. — MM. Ch. Moureu et Desmots exposeut une méthode générale de synthèse d’alcools secondaires à fonction acétylénique : R—C—=C—CHOH—R!, qui consiste à condenser les car- bures acétyléniques vrais R—C—CH avec les aldéhydes R'-CHO. Leurs expériences ont porté sur quatre car- bures et sur six aldéhydes. Ils décrivent la préparation et les propriétés de 10 alcools acétyléniques, tous com- posés nouveaux, qui sont les premiers alcools secon- daires acétyléniques connus. — M. P. Lebeau fait con- naître plusieurs modes de préparation et les propriétés d’un nouveau composé, l'antimoniure de lithium (voir p. 213 et 214). —M. P. Brenans établit la constitution du triiodophénol et du diiodophénol, obtenus, avec l'ortho- iodophénol, dans l’action de l’iode sur le phénate de soude en suspension dans le sulfure de carbone. Le dé- rivé triiodé est le composé OH—C5H—]* (1:2:4:6). Le diiodé a été transformé, par la réaction de Reimer, en aldéhyde paraoxybenzoïque, diiodé (COH)(OH)—.C°H°1* (1:4#:3:5), et avec l'iode et l'oxyde de mercure en triodo- phénol OH CSH?—I (1:2:4:6), ce qui démoutre que ce phénoldiiodéest OH—C‘H°—1(1:2:6). L'auteur a préparé quelques éthers-oxydes du diiodophénol (1:2:6) : les éthers méthyl, éthyl, propyl, isopropyl, allyl et benzyl- phényliques diiodés. Dans l'action de l'acide azotique fumant (D—1,478) sur ce diiodophénol, M. Brenans à obtenu le paranitrophénol diiodé OH—C'H?—AzO (1:#: 2:6}, accompagné du nitrophénol monoiodé OH—C'H— AzO®—T (1:2:6), fusible à 110° et non à 90-91°, comme l'a cru M. Busch, qui l’a considéré comme l'isomère (1:2:5); il décrit les éthers méthylique et acétique de ces deux nitrophénols iodés. Dans certaines conditions, l'action de l'acide azotique sur ce phénol diiodé fournit l'acide picrique. Sous l'influence de ce réaclif, léther métlhiylphénylique diiodé (1:2:6) donne nais Az — Cl — CII — Az — CIS — SOI, cs” qui se seinde, sous l'influence des alcalis, en p-dimétli amidobenzaldéhyde et en acide sulfanilique. On trot dans la même réaction de la diméthylaniline, la cobase du violet hexaméthylé et un corps qui se forn en très pelite quantité, peut-être le produit de condi sation normal. L'étude en est réservée. Dans des C0 ditions identiques, avec la p-phénylènediamine el tétraméthyldiamidobenzhydrol, MM. Guyot et G derye ont obtenu, avec un rendement assez faible, produit qui n’est autre que la p-diméthylamidoben? dène-aniline-para-amidée : CH Az — C9H5— CH — Az — C°H' — AZIIE. CH5/ — MM. P.-Th. Muller et Ed. Bauer ont appliqué, certain nombre de composés oximidés de la grasse, la méthode optique indiquée par l'un d'e On étudie la réfraction (et la dispersion) moléculal de la solution aqueuse du corps et du sel de soude la même concentration moléculaire. Ils ont pu consta * Récemment obtenue par R. Mühlau et M. Heinze : BPM t. XXXV, n° 1, 368, 4902. | # D. R. P., n° 64.270. bd * H. Wei: Ber., t. XVII, n° 3, 3.216,-1594 hi + Bull. Soc. Chim., t. XXII, p. 610, 1900. + : ne les composés oximidés, à lendance acide, n'ont a même constitution que leurs sels de soude; jaune à une autre structure que la molécule re incolore. En un mot, ces dérivés oximidés sont pseudo-acides. Les recherches ont porté sur l'isoni- omalonate de méthyle, l'acide oximido-cyanacé- e, l'isonitrosoacétone, l'isonitrosocamphre, l'isoni- o-acétyl-acétate d'éthyle et de méthyle. s SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES . T. Heycock et F. H. Neville : Sur la consti- ion des alliages de cuivre et d’étain. — En ier 1901, les auteurs ont publié un premier mémoire ir les résultats du refroidissement des alliages de aivre et d'élain ; el, au Congrès de la Pristish Asso- ion, à Glassow, en 1901, ilsont donné un apercu de ques conclusions auxquelles ils sont arrivés relati- ement à la nature des alliages riches en cuivre. Le FR 60 1 . ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ] 273 veau et vérifié par des expériences presque tous ces chiffres pyrométriques. L'examen microscopique des alliages non refroidis n'est pas non plus nouveau, des résultats intéressants ayant été obtenus par Charpy et par Stead; par exem ple, l'existence des composés Cu* Sn et Cu Sn a été forte ment soupconnée, sinon entièrement prouvée. Mais les auieurs pensent que des résultats concluants ne seront jamais oblenus sinon par l'examen des alliages systématiquement refroidis à des températures choisies, et c’est cette méthode et l'interprétation des résultats qui en découlent qui constitue la partie nou- velle de ce travail. De plus, même avec l’aide des alliages refroidis, l'interprétation aurait été très impar- faite sans le concours de la théorie des solutions solides du Professeur Bahhuis Roozeboom. La méthode et le but du refroidissement des alliages peuvent être décrits en quelques mots. Un certain nom- bre de petits lingots du même alliage, chacun pesant Pourcentage en poids d'étain 70 75 0 85 s0 9 100 50 Fe 100 Iliages de cuivre et d'étain, et le diagramme de la aure 4 qui les accompagne en présente les résultats bus une forme concise, mais très complète. L'impor- ance de ces résultats et de la méthode qui a permis de obtenir et de les figurer nous a paru suflisante pour iériter une analyse détaillée du mémoire de MM. Hey- ock et Neville. Quiconque s'occupe d'un sujet qui a été aussi étudié le peut donner une idée compréhensible du phénomène Sans utiliser dans une large mesure les résultats des hercheurs antérieurs. Par exemple, dansletravail pyro- iétrique nécessaire pour déterminer la courbe du point e fusion ACDGH du diagramme, les auteurs ont été idés, pour quelques détails importants, tels que les sin- ülarités en G et H, par les résultals déjà obtenus par r W. Roberts-Austen et le Dr Stansfield. C'est encore > cas pour les dégagements de chaleur qui ont lieu ans les alliages Ales pendant leur refroidissement, bqui sont des indications importantes de changement nierne. La ligne eutectique 'C' et la courbe très ortante XD'E'F' sont dues aussi à ces savants. 1M: Heycock et Neville ont cependant examiné à nou- ésent mémoire étend leurs conclusions à tous les: Fig. 1. — Solidification des alliages de cuivre et d'élain. environ 5 grammes, furent fondus et refroidis lente- ment, et, à des températures spécialement choisies, les lingots furent retirés du fourneau et refroidis par immersion dans de l’eau froide. Ainsi, dans une grande mesure, les auteurs stéréo- typent la structure qui existe dans l’alliage à la tempé- rature considérée, et ils peuvent ensuite l'examiner à la manièreordinaire, parle polissage et l'attaque. Si l’alliage est e2 partie liquide quand il est retiré du fourneau, généralement il devient plus ou moins granuleux par l'opération du refroidissement; le microscope montre alors qu'il consiste en grands cristaux riches en cuivre, formés avant le refroidissement, et entourés par un réseau de cristaux beaucoup plus petits, mais très sem- blables, formés pendant le refroidissement, le tout étant noyé dans une substance mère riche en étain. On peut ainsi déterminer par le microscope à quelle distance de la solidification complète l’alliage se trouvait au moment du refroidissement. C’est de cette manière que les auteurs ont tracé les branches A2 et /cdef &u solidus. Dans le cas ci-dessus mentionné, il n'est pas tout à fait correct de dire que la structure existant avant le refroidissement est stéréotypée par lui, mais 19 1 = cela est suffisamment exact. D'un autre côté, quand un alliage s'est solidifié avant le moment du refroidisse- ment, les changements ultérieurs sont ou entièrement arrêtés, ou obligés de se produire sur une échelle si petite qu'ils deviennent invisibles. Le pourceulage atomique de l'étain dans lalliage, ainsi que le pourcentage en poids de l'étain, sont indi- qués au haut du diagramme. Le pourcentage atomique, étant l’ordonnée horizontale dans le diagramme, appa- rait comme une échelle de distances égales, el, par con- séquent, le pourcentage en poids est indiqué sur une échelle qui s’accroit graduellement; par interpolation, on peut facilement trouver n'importe quel pourcentage intermédiaire. Le bord de la figure sur la gauche cor- respond au cuivre pur, celui de droite à létain pur. L'échelle de température est dressée verticalement en degrés centigrades. Dans un tel diagramme, si nous parcourons une ligne verticale du haut en bas, nous considérons le mème alliage (en tant que le pourcentage total est con- sidéré) à des températures différentes et ainsi dans des états différents d'agrégation. Chaque compartiment fermé du diagramme correspond à un état différent d'agrégation, et les phases formant les agrégals sont indiquées pour chaque compartiment. On peut ainsi, d’après la position du point, déterminer {out de suite l'état de l'alliage. Voici les phases qui se produisent : (1) Liquide. (2) (3) (4) Cristaux mélangés de trois fypes à, 8, y. Chacun est une solution uniforme contenant du cuivre et de l'élain, mais de pourcentage variable comme dans le cas d’une solution liquide. (5) Le cocps E!, qui compose tout l’alliage au point E’. Cette phase est certainement dans beaucoup de cas le composé pur Cu*Sn, mais il peut y avoir des com- partiments dans lesquels la phase, appelée encore E, est une solution solide de Cu‘Sn et de quelque autre corps. (6) Le corps H, qui apparaît le premier dans cerlains alliages quand ils ont été refroidis à une température de 400° C. Il y a différentes raisons pour croire que H est le composé CuSn, mais on n'a pas encore obtenu une preuve coucluante qu'il cristallise habituellement à l'état pur. (?) Le sclide cristallisant sur la branche IK, qui doit être de l'étain pur. Chacun de ces sept solides peut exister en contact avec le liquide à des températures et à des concentrations appropriées. (8) Il y a aussi la substance D', que l'on ne trouve jamais én contact avec le liquide. La substance D' est pure au point D', où les auteurs la croient être le composé Cu'Sn. Celle phase sera examinée un peu plus tard. Les relations des sept premières phases peuvent être mieux établies en considérant le solidus (les auteurs désignent ainsi la courbe du point de fusion). Le soli- dus est une ligne brisée consistant dans les hanches Ab,ledef, E,E,, et H'H”. Le solidus et le liquidus (ou courbe du point de con- gélation) sont dans une relation telle que, si l’on tire une horizontale, c'est-à-dire une ligne isotherme cou- pant le solidus et le Jiquidus, les points d'intersection donnent les composilions pour cent du solide et du liquide qui peuvent exister en équilibre à une tempé- rature donnée. Pour prendre un exemple, l'isotherme de 900° C. coupe les lignes Ab et ABLC en des points qui correspondent respectivement à un solide uniforme contenant 3 atomes pour cent d'élain et un liquide conteriant 11 atomes pour cent. Ces deux seraient en équilibre, car, si le liquide est refroidi, il commence à déposer le solide, etsi le solide est chauffé il commence à fondre et forme le liquide. Toutes les fois qu'une branche du solidus est inclinée, comme Ab, ou incurvée comme /ecdef, la phase solide consiste en une série de cristaux mélangés. D'un autre côté, quand une branche du solidus est verticale comme E, E, et H'H”, on peut conclure que les cristaux ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES mélangés ne sont pas furmés. Les auteurs considèrent comme possible de s'être trompés en dessinant le lignes #, E, et H'H" lout à fait verticales ; la phase EM peut consister ici en Cu’Sn ayant un peu de H en solus tion solide, et la phase H peut aussi contenir un pet de Cu*Sn ou d’étain en solution solide, auquel {cas 18 solidus ne serait pas une ligne droite verticale. Mais 118 ont plusieurs raisons, dont quelques-unes seron données ultérieurement, pour penser que la solubililé« mutuelle de ces corps n’est pas grande. : L'augle C du /iquidus indique que la composition dem la phase solide change brusquement à cette tempéra ture, car, tandis que la branche ABC correspond à solidus Ab, la branche CD correspond au solidus le L'angle C a été une grande pierre d'achoppement pout les auteurs aussi longtemps qu'ils ont examiné seul ment les alliages qui n'avaient pas été refroidis, ma la théorie de Roozeboom explique de la façon la plt parfaite tout le phénomène à cet angle. Elle nous di que juste au-dessus de la température GC, le liquide saturé en train de se refroidir dépose, et est en équ libre avec le cristal mélangé «, dont la composition @ donnée par le point b, tandis que juste au-dessous d la température C le liquide forme des cristaux mélan gés 8, beaucoup plus riches en étain et dont la compos sition est donnée par le point /. Ainsi, tandis que liquide saturé se refroidit à la température GC, une transformation isotherme a lieu : «liquide > £. La chaleur développée par cette réaction est bien indiquée par les courbes de refroidissement. Aucun cristal mélangé uniforme, de pourcentage compris entre h 1, ne peut exister. L’angle D indique probablement uné autre interruption daus la série des cristaux mélangés mais il n’a pas été possible de découvrir une interrups tion correspondante dans le so/idus. Cependant, les auteurs proposent d'appeler les cristaux mélangés d la branche edef, cristaux mélangés y, pour les distinguet des cristaux $ de la branche /e, et, sur la suggestion du Professeur Roozeboom, ils ont dessiné une ligne obliquem parlant de e pour enregistrer la lacune possible dans les séries entre le dernier des cristaux & et le premienm} des cristaux y. E | Ainsi la branche ABLC du liguidus dépose des cris taux mélangés «, la branche CD dépose des cristau mélangés & et la branche DEFG dépose des crista mélangés y. La branche GH du liquidus dépose à plaques cristallines de la substance E', qui est presque du Cu’Sn tout à fait pur. La branche HI dépose des cristaux de la substance H, laquelle est probablement du CuSn, quoiqu'elle puisse renfermer uue impurelé dans la solution solide. Le liquide de la branche IK dé pose des cristaux d'étain pur. En dessous des lignes Ab, lcdef, E, H' et H' K', les alliages devraient être entiè= rement solides; mais, à cause de transformations imparfaites, ce n’est pas toujours le cas dans la pra tique. Les points B, L, C, DE, F, G, H, I, divisent les alliages en groupes chacun ayant des qualités spéciales. Voi la description du refroidissement complet d'un alliage de chaque groupe : : 1° A/liages AB, contenant moins de à alomes pou | cent d'étain. Quand ces alliages commencent à se soli dilier, ils forment, pendant qu'ils sont dans la surface AbC, un mélange de cristaux «& et de liquide. Quand Ja température d’un alliage est tombée au-dessous de læ liyne Ab, il consiste en cristaux uniformes «, englobés: dans une substance mère très peu riche en élain. Ce petit résidu de substance mère est absorbé, à des tem= pératures inférieures à DC, par les cristaux «,et modifiem leurs bords; mais, malgré les apparences contraire ces alliages, à toutes les températures au-dessous de Ab, consistent véritablement en une phase, savoir, la solution solide uniforme «. FI 20 A/liages BL, contenant de 5 à 13 atomes pour ceniM d'étain. Ces alliages commencent à se solidifier par las formation des cristaux x; mais, quand k température Os est alteinte, la réaction : cristaux & + liquide C>=>æn taux f, commence et se continue jusqu'à ce que le quide G soit tout épuisé. Ainsi, quand la température nence à tomber au-dessous de C, l’alliage est rement solide et consiste en cristaux « du pour- tage b, englobés dans des cristaux $ du pourcentage Ces cristaux $ sont uniformes et jouent le rôle d’une übstance mère des cristaux «, qui s'accroissent main- enaut aux dépens des $, pendant que l’alliage solide se éfroidit à travers l'échelle de température D}. Quand à température tombe au-dessous de 500° C (ligne utectique de Roberts-Austen et Slansfeld), le résidu se décompose dans un eutectique tres faible d'a et dans corps richeen étain D', que les auteurs supposent être u' Sn. Ainsi, à toutes les températures inférieures à C!, ce groupe d'alliage forme un complexe de «+ D'. #39 Alliages LC, contenant environ 13 à 15,5 atomes cent d'étain. Ces alliages commencent leur solidi- ion avec la formalion des cristaux «; mais, à la empérature C, ceux-ci sont complètement changés en staux 6 du pourcentage /, et alors les cristaux $ réa- nt tout le long des lignes Je et CD avec le liquide iduel. Quand la température est tombée au so/idus ’alliage est une solution solide uniforme. Celte ution solide uniforme continue à exister jusqu'à ce la température lombe au-dessous de la ligne /C'; ilors, les cristaux uniformes £ deviennent saturés d'a, et, au-dessous de cette ligne, les cristaux « cristallisent n grands cristaux riches en cuivre, En somme, comme ans le cas précédent, à 500° C, le résidu £ se change ans l'eutectique C'. En dessous de la ligne 2'C', ces lliages, comme le groupe précédent, consistent dans 8 complexe & + D'. “10 A/liages CD, contenant de 15,5 à 20 atomes pour mt d'étain. Ces alliages commencent à se solidifier en brmant des rayons de $, comparalivement riches en tivre et qui, solides, forment une masse uniforme de ju de cristaux y. Cette solution solide uniforme dure assi longtemps que la température est au-dessus de la je CIXD'. Ces solutions solides sont très homogènes, bill n'a pas été possible aux auteurs de trouver une ifférence entre les cristaux £ et y. Quand la tempé- ture tombe au-dessous de C'XD', la phase D' cristal- La substance entre les cristaux de D' est cependant niforme jusqu'à ce que la température X soit atteinte; ors, la solution solide résiduelle se change dans l’eu- éctique C! complexe de & et D'. Ainsi, dans la région D,D', les alliages sont un complexe de $ et D', tandis dau dessous de XD?, ils forment un complexe de « et : L'alliage Sn,,, quoiqu'il subisse une transformation tothermique bien marquée à la température D, reste éellement uniforme. Le fait qu'il a recristallisé est ndant prouvé par des traces minimes de l'eutecti- le C/, visibles entre les grands cristaux de Cu'Sn. Il peut que le composé chimique Cu‘Sn n'existe pas au- us de la température D". 50 AJJiage DE, contenant de 20 à 25 atomes pour cent étain. Entre le Ziquidus et le solidus, ces alliages con- ennent des rayons primaires de y. Sur le solidus, ces yons remplissent l'alliage, et juste au-dessous ils ment une solution solide uniforme; mais il est très Îicile, dans cette région, d'éviter un commencement transformalion propre à la courbe D'E'. Cependant, S alliages refroidis fournissent la preuve que l'état mal des alliages entre de et D'E' est celui d'une bution solide uniforme. Quand la température tombe Un point sur la courbe D'£', des barres riches en élair, igues, droiles, très uniformes, se séparent de la lution solide. Ces barres sont réellement des plaques ÆE!, vues plus ou moins de côté. Elle doivent être du Sn pur, ou des cristaux mélangés de Cu Sn et Cu* nsi, dans l'aire D'E'E,F'E', les alliages sont un plexe de Ey. Mais Roberts-Austen et Slansfield prouvé que ces alliages DE montrent, quand ils Mbent à la température D', un dézagement de cha- ir. Ceci doit être dû à la conversion du résidu y en “de facon à ce qu'au-dessous de D'E", les alliages for- nt le composé D'HE'. ni ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES . 6° Alliages EF, contenant de 25 à environ 27,5 alomes pour cent d'étain. Ceux-ci subissent les mêmes élats : y + liquide, ensuite y pur, ensuite y + E'; mais, à la température G, le résidu y se transforme en E et dans le liquide G. T° Alliages FG, contenant de 27,5 à42 alomes pour cent d'étain. Ces alliages, comme les précédents, commen- cent à former le composé y + liquide; leur état, quand Ja température G est atteinte, est : cristaux y du pour- centage fet liquide du pourcentage G. La transforma- tion isotherme des cristaux y > E' + G liquide com- mence alors. Des courbes de refroidissement montrent que ce changement est isothermique et soudain, beau- coup de chaleur étant développée par les alliages près de /, mais peu par les alliages près de G. Parconséquent, la transformation en G est l'inverse de la trans'ormation en C. Quand un alliage FG a été refroidi en dessous de G, la phase E' cristallise d’un liquide qui devient de plus en plus riche en étain. Ce processus continue entre la température G de 6339 et la température H de 400°. En dessous de 400°, les alliages FG suivent le même cours que le groupe suivant. 8° AJ/iages GH, contenant de 42 à environ 88,5 atomes pour cent d'élain. Quand ces alliages commeu- cent à cristalliser, ils déposent des plaques de E! et ce processus continue jusqu'à ce que le liquide possède la composition H et soit à la température de 400°. A cette température, le corps E' devient moins stable que le corps H et la réaction E'— liquide > H, commence. Cetle réaction doit se compléter elle-même isothermi- quement jusqu'à ce que tout E ou tout le liquide soit transformé; mais les auteurs trouvent que la réaction est bientôt arrêtée parce que les plaques d’E! se recou- vrent complètement d'H, et sont ainsi protégées contre une action ultérieure du liquide. Quand ceci arrive, la température continue à diminuer et H cristallise du liquide jusqu’à ce que le point eutectique I soit atteint. Le résultat de cette réaction imparfaite est qu'il y a quatre compartiments dans l’espace E,SUH, dans chacun desquels une destrois phases qui s’y trouvent n’existe- rait pas siles transformations d'équilibre avaient été terminées. Cette partie de la figure montre que la for- mule du corps H est CuSn. 9 A/liages HI, contenant 88,5 à 98,3 atomes pour cent d'étain. Danscesalliages, le solide quiestle premier formé est H et le diagramme s'explique suffisamment. 10° A/liages IK, avec plus de 98,8 atomes pour cent d'étain. Ces alliages contiennent des rayons d'étain pur dans un eutectique de H + Sn. En terminant, les auteurs font remarquer que, quoi- qu'ils aient représenté le so/idus par une ligne définie, la méthode de détermination de celui-ci n’est pas tout à fait aussi exacte que pour le Ziguidus, Il y aura lieu de reprendre l'étude du solidus ; la détermination des points de fusion, au lieu de celle des points de solidi- lication, donnera probablement des résultats intéres- sants. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 14 Février 1902. La Société procède au renouvellement de son bureau pour 1902, qui est ainsi constitué : Président : M. S.-P. Thompson ; Vice-Présidents : MM. T-.H Blakesley, J.-D. Eve- rett, S. Lupton et J. Walker; Secrétaires : MM. H.-M. Elder et W. Watson; Secrétaire étranger : M. R..-T. Glazebrook; Trésorier : M. H.-L. Callendar ; Bibliothécaire : M. W. Watson. MM.S.-P. Langley et H.-A. Lorentz sont élus mem- bres honoraires. Le Président résume les travaux de la Sociélé pendant l'année écoulée et traite de l'obtention des brevets d’in- vention par les savants. — M. Littlewood présente une machine d’Atwood perfectionnée. 276 SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 6 Février 1902. M. M. O. Forster a constaté que le f-bromocamphre, formé par l'action de Br sur l'1-hydroxycamphène, donne, par réduction avec le zinc et l'acide acélique, du camphre, et, par hydrolyse avec la potasse alcoo- lique, de l'acide &-campholénique. Le $-chlorocamphre se forme par action de CI sur l’4-hydroxycamphène en solution acélique; F. 132,5 ; [als — + 390,5 dans le chloroforme. Le f-chloro-«-bromocamphre se forme dans l'action du Br sur le 8-chlorocamphre. L'1-hydroxy- camphène donne facilement des éthers éthylique et méthylique. — M. W. R. Innes a déterminé l'élévation moléculaire du point d'ébullition du benzène à diverses pressions, } due à la dissolution de phénanthrène, de benzophénone et de benzyle. L'élévalion moléculaire a élé également calculée par deux formules. Les résultats sont assez concordants. D'autres déterminalions ont été faites avec des substances anormales, comme l’acide benzoïque, l'acide o-bromobenzoïque, la monoxime du &-benzyle, le tartrate diméthylique. Pour tous ces corps, la dissociation des molécules complexes augmente avec la température de 5% à 80°; entre 80° et 93, il y a une diminution de dissociation pour le premier et le troi- sième ; pour les deux autres, le degré de dissociation dépend de la dilution. Des poids moléculaires aux di- verses températures, l'auteur a déduit les chaleurs de dissociation de ces corps. — M. W. H. Perkin sen. à comparé la rotation magnétique des acides mono et dicarboxylés et des cétones de la série des ({ri-, tétra-, penta- et hexaméthylènes avec celle des membres cor- respondants de la série aliphatique, el a trouvé une ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES différence uniforme de — 0,60 entre les rotations des . deux séries. La différence est de 0,988 entre les compo- sés hexaméthyléniques et les composés benzéniques avec doubles liaisons. Le formation d’un anneau double ou noyau ponté affecte la rotation de — 1,290 pour le camphre et le bornéol, tandis que le menthol qui n’a qu'un seul noyau, donne une rotalion de l’ordre de celle des composés aromaliques ordinaires. Pour le camphène, qui a également un noyau ponté, mais non saturé, la différence est de — 1,337, tandis que, pour les limonènes isomères à noyau simple non saturé, la rotation se rapproche de celle de l'hexaméthylène. — MM. D. B. Steele et R. B. Denison décrivent une méthode pour la mesure du nombre de transport des ions dans une solution (rès diluée. Les mesures faites sur le chlorure de potassium concordent avec celles faites sur des solutions plus concentrées et vérifent l'hypothèse de Kohlrausch, d'après laquelle le nombre de transport est constant jusqu'aux plus grandes dilu- tions, Les auteurs ont égaleraent déterminé le nombre de transport des ions calcium par des mesures sur le chlorure, le nitrate et le sulfate. — M. W. N. Hartley a étudié la composition du platine cassant : le carac- tère fragile et cristallin du métal est dû probablement à la présence de faibles quantités de phosphore ou de carbone ; en le refondant dans un creuset de chaux à la flamme oxhydrique, sa malléabilité s'améliore. — MM.S. Ruhemann et H. E. Stapleton ont obtenu, par l'action de l'iodure de méthyle sur la tétrazoline, deux substances, l’une en aiguilles bleues, C*H°Az'15, décom- posée par l’eau avec séparation d'iode, l’autre incolore CSH'AZ'I. — M. J. S. Lumsden a étudié les solubilités des sels de calcium des acides de la série acélique. Le for- miate anhydre est normal. Les autres sels contiennent de l'eau-de cristallisation, et, quand la température s'élève, diminuent de solubilité jusqu'à un minimum, au delà duquel la solubilité croit. La solubilité croît du formiate au propionate, puie diminue rapidement, les sels des iso-acides étant plus solubles que ceux des acides nor- maux. Le même auteur trouve que les courbes qui représentent la solubilité des sels de calcium n'ont rien d’anormal, si l'on considère l’action de la chaleur sur chacun des facteurs qui produisent l’équilibre d'une solution saturée. Ces facteurs sont : l'affinité entre le solide et le solvant, l'énergie thermique du solide et. pression des particules dissoutes. Si chacune de «@ forces varie directement avec la température, la cour de solubilité sera une ligne droile; sinon, la cou sera convexe vers l'axe des températures. — MM. J. W Mellor et W. R. Anderson ont étudié l'effet Drape c'est-à-dire la dilatation momentanée que subit un m lange à volumes égaux d'hydrogène etde chlore expos à un éclat lumineux. Ce phénomène ne se produit” avec le chlore seul, ni avec un mélange de chlore et de vapeur d'eau, d'air, d'azote, de CO?, de CO, de méthami Quand l'effet atteint une certaine valeur, le mélan explode. L'effet Draper se produit également sous lin fluence d'élincelles répétées à des intervalles d'um demi-heure ou d’une heure; il s'accompagne alors d'une légère combinaison. M. F. S. Kippir a résolu l'hydrate de trimétbylhydrindonium en constituants optiquement actifs au moyen de l’ae d-bromocamphorsulfonique. .Il a également réso l'acide méthylbenzylacélique au moyen des sels dé quinine, le sel de l'acide droit étant de beaucoup de moins soluble. L'acide d-méthylbenzylacétique est une huile; [an = + 209,3. Il donne un chlorure égalemen actif, quoique présentant des traces de racémisation Ce chlorure, traité par AICF, se condense en méthyllt drindone active, [xls — + 259; mais celle-ci est ce tainement racémisée déjà en partie. Elle se racémi complètement à son point d'ébullition, ou lorsque la traite avec un peu de soude caustique ou de carb nate de soude; il se produit alors vraisemblablemen un changement céto-énolique. La méthyl-hydrindoi active fournit une oxime et une hydrazone inactive et un mélange de semi-carbazones active et inactiw — MM. A. Lapworth et W. H. Lenton ont égaleme résolu l'acide méthylbenzylacétique en ses composan actifs; mais, ayant appris que M. Kipping étudiaitl même sujet, ils ont abandonné leurs recherches. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LIVERPOOL. Séance du 29 Janvier 1902, M. T.-H. Byrom a constaté que l'acide phosphoriqu est un excellent dissolvant pour les ferro-chrome contenant de 10 à 50 °/, de chrome. La solution complète en 15 à 20 minutes; le chrome est ensuile oxydé par le permanganate et titré par le su ferreux et le bichromate. Les résultats concor exactement avec ceux donnés par les méthodes usuel qui reposent sur la fusion ou [a calcination de l’allia et la conversion du chrome en chromate. — M. Carey étudie l'influence, sur l'industrie chimique, de loi anglaise de 1901 sur les usines et ateliers et du b proposé pour modifier la loi sur les fabriques d’ale et autres produits chimiques. L'une des clauses de dernier bill, relative à la quantité maximum de sulfureux et nitreux qui peuvent s'échapper dans I à Ja suite de la fabrication de l’acide sulfurique, créerait, si elle était adoptée, aucune difficulté fabriques actuelles d'acide sulfurique par le procé des chambres de plomb, mais elle pourrait porte préjudice à d’autres procédés ou empêcher l'introduts/ tion de nouvelles méthodes. II y aurait lieu de md difier celte clause dans un sens plus large. M. Carey engage fort les chimistes, qui se confinent trop sous, vent dans le côté technologique des industries, àMe | | | étudier de plus en plus le côté législatifet économia et à intervenir lorsqu'il y a lieu pour empêcher la pr@ mulgation de lois qui pourraient plus tard causer di préjudices au développement des industries chimiqu Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 14 Gi 13° ANNÉE des D DIRECTEUR : N° 6 _ $ 1. — Solennités scientifiques e cinquantenaire de M. le Professeur udry. — Le dimanche 9 mars, une cérémonie tou- nte, dont n'a pu parler la Aevue du 15 de ce mois, alors sous presse, réunissait, dans les superbes galeries & Paléontologie du Muséum d'Histoire naturelle, les lèves et les amis du Professeur Gaudry. Ceux-ci remet- nt à l’'éminent paléontologiste une plaquette des- inée à commémorer le cinquantenaire de ses premiers ravaux scientifiques. Cette plaquette, œuvre du graveur non, présente à l’avers le profil de M. Gaudry, et revers unie jeune déesse grecque penchée sur les les de Pikermi. A cette occasion, des discours ont ononcés : par M. Edmond Perrier, Directeur du um; par M. Boule, au nom des élèves du Maitre; r M. Liard, Directeur de l'Enseignement supérieur, résentant le Ministre de l'Instruction publique. f Edmond Perrier a parlé un beau et poéuique lan- e. « L'atmosphère, dit-il, est ici, comme dans les em ples antiques, toute frissonnante encore de la gloire es dieux; notre sol est pétri de découvertes; quand uissent parmi nos cèdres, aux heures apaisées de la uit, les murmures mystérieux et changeants de la se qui passe, ce sont les strophes grandioses de fon, les fières et majestueuses périodes de Cuvier, és poétiques idylles de -Bernardin de Saint-Pierre, qu'ils éveillent en nos souvenirs, où résonnent encore M voix éloquentes et loyales de Quatrefages et de laude Bernard ; quand arrive jusqu'à nous la rumeur batailles philosophiques, ce sont les noms des harck, des Geoffroy-Saint-Hilaire, des Edwards, qui ntillent dans le chiquetis des arguments, et sur le Valhalle écroulé des anciennes légendes se dressent omphantes les intangibles découvertes de cette Pa- mtologie, née ici même au début de l’autre siècle, et Best si rapidement devenue la prestigieuse évoca- ice des mondes disparus. &.. À peine docteur, vous rêvez de reprendre l'œuvre résurrection commencée par Cuvier, et vous partez ar celte Athènes dont vous auriez été, au temps de splendeur, l’un des citoyens les plus accomplis. Là, ans Le site de Pikermi que vous avez rendu célèbre et 0 “REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. 30 MARS 1902 Revue générale NC Len C F4 _ pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE que dominent de loin les pures lignes du Parthénon, au milieu de fouilles qui semblaient devoir vous tenir exclusivement penché vers la terre, la poésie de l’anti- que Hellade vous saisit ; il semble, à vous lire, que les dieux mêmes de l'Olympe vous aient aidé à exhumer les restes des êtres qui furent peut-être leurs contem- porains, puisque vous retrouvez la chèvre Amalthée dont ils buvaient le lait divin, le sanglier d'Erymanthe aux tragiques fureurs, et le coq d'Esculape au chant sonore, trop rarement victorieux. « À la Grèce elle-même, vous dédiez une de vos plus belles découvertes, l'Helladotherium, la superbe créa- ture qui vient — à peine modifiée — de surgir des pâturages du Congo, comme pour prendre part à ce jubilé, et que nous voudrions pouvoir vous montrer un Jour vivante dans nos parcs. « Votre admiration pour la faune magnifique des temps tertiaires que vous avez rendue à la science, vous la traduisez avec une éloquence émue.… Vous vous demandez quelles ont pu être l’origine et la des- tinée des êtres que vous ressuscitez. Vous croyez im- possible que la Nature ne soit pas continue, que la faune d'une époque ne soit pas fille de celles qui l'ont précédée, mère de celles qui l'ont suivie. La vie vous apparait comme un fleuve majestueux el paisible, dont les ondes se déroulent sous la protection d’un Dieu bienveillant qui les pénètre et les dirige. Vous vous appliquez, dès lors, à suivre les contours de ces ondes sans vous lasser jamais, el, devant un auditoire étonné et ravi, vous exposez les enchainements du monde ani- mal, patiemment renoués par vous durant foute votre existence, dans celte chaire de Paléontologie, fondée pour un des vôtres, et qui vous doit un nouvel essor. » M. Marcellin Boule, assistant de M. Gaudry au Mu- séum, rappelle combien a été grande l'influence du Maître sur la jeunesse qui, vers 1880, fréquentait les amphithéâtres d'Histoire naturelle. « Votre livre, dit M. Boule, n'avait pas seulement pour nous l'attrait d'une belle œuvre de science; nous le considérions aussi comme un acte d'indépendance et de courage. Il y a vingt ans, en effet, la plupart de nos professeurs se posaient en ennemis du transformisme; quelques-uns se tenaient dans une prudente réserve; très peu étaient 6 278 assez hardis pour baser leur enseignement sur la théorie de l’évolution; ils avaient contre eux les princes de la science, dispensateurs des places et des faveurs. -« Vos Enchaïnements ont entrainé l'adhésion des na- turalistes que les simples vues de l'esprit ou même les arguments tirés de l'Anatomie comparée et de l'Embryo- logie n'avaient pas convaincus. » M. Gaudry a remercié ses amis et collaborateurs de leur témoignage d'estime et d'affection, puis il a parlé des progrès accomplis par la Paléontologie, qui a fourni à la doctrine de l’évolution sa base la plus solide. « Malgré leurs changements d'aspect, dit M. Gaudry, le monde passé et le monde présent ne font qu'un. Les espèces sont de simples phases de développement de types qui, sous la direction du divin ouvrier, pour- suivent leur évolution à travers les âges. Nous décou- vrons des enchaînements depuis les jours des Trilo- bites jusqu'au temps où l'Humanité apparait. Qui dit enchainement, dit union; qui dit union, dit amour. La grande loi qui domine la vie, c’est la loi d'amour. » $ 2. — Mathématiques Le genre des fonctions entières. — Deux travaux récents, l'un de M. Ernst Lindelüf, l’autre de M. Pierre Boutroux, viennent de trancher, et cela dans un sens assez imprévu, une question de théorie géné- rale des fonctions dont la solution, obtenue, d'une ma- nière générale, il y à une dizaine d'années, gardait encore un point obscur. Les transcendantes les plus simples et dont l'étude s'offre le plus naturellement dans la théorie dont nous parlons sont, on le sait, les fonctions entières, carac- térisées par ce fait qu'elles sont finies, continues et dérivables pour toute valeur réelle où complexe de la variable, et développables en une série de Maclaurin partout convergente : fonctions qui jouent, dans le domaine transcendant, un rôle analogue à celui des polynômes entiers dans la théorie des fonctions algé- briques, et auxquelles Weierstrass a réussi à étendre une propriété fondamentale des polynômes, la décom- position en facteurs. De même qu'un polynôme entier est décomposable en autant de facteurs du premier degré qu'il admet de racines (distinctes ou non), une fonction entière est décomposable en facteurs pri- maires, Correspondant, eux aussi, aux différents zéros de cette fonction. Seulement, ces facteurs primaires ne sont pas tou- jours aussi simples que les facteurs linéaires des poly- nôûmes ordinaires. Leur forme dépend d’un certain entier (qui peut être infini), le genre, que joue, pour les transcendantes entières, mulatis mutandis, un rôle analogue à celui que joue le degré des polynômes. De mème que celui-ci fait connaître le nombre des racines, le genre règle, en général, la loi asymplotique suivant laquelle croit le nombre des zéros contenus dans un cercle ayant pour centre l’origine, lorsque le rayon de ce cercle augmente. La question était de savoir si cette analogie entre le genre des transcendantes et le degré des polynômes se poursuivait sous d'autres points de vue. Rien n'est plus simple, en effet, que la notion de degré, et rien de plus aisé que de reconnaître comment ce degré se com- porte dans les opérations élémentaires, telles que la dérivation, ou encore l'addition ou la soustraction des polynômes entre eux. Peut-on reconnaitre aisément le genre d'une fonc- tion entière, à l'inspection de ses coefficients ? D'autre part, étant donnés les genres de deux fonc- tions entières, est-on renseigné sur ceux de leurs dérivées ou celui de leur somme? La réponse à ces questions est, en général, affirma- tive. Le genre se calcule par l'intermédiaire d'un cer- tain nombre positif, l’ordre apparent de M. Borel. Si cet ordre apparent n'est pas entier, le genre est connu sans aucune hésitation; si, au contraire, l’ordre appa- rent estentier, il y a un doute d’une unité. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Par conséquent, aussi, la somme de deux fonctions entières de genre p, dont l'ordre apparent n'est pas entier, est au plus de genre p. { Mais, dans le cas de l’ordre entier, il restait à savoir si la somme de deux fonclions de genre p était certai- nement du même genre (au plus) et non de genre p+1. La réponse à la question ainsi posée avait été jus-. qu'ici cherchée sans succès. C'est cette réponse que viennent d'obtenir, indépen- damment l’un de l'autre, MM. E. Lindelüf et P. Bou- troux. À Elle est négative. On peut trouver deux fonctions de. genre p dont la somme soit une fonction de genre p+-1. Ce résultat est certainement surprenant. Il le pa- raitra moins si l’on songe que le genre dépend d’une question de convergence. On sait, en effet, que la notion de convergence, très simple dans les cas généraux, ceux qu'on rencontre véritablement en pratique, devient très compliquée lorsqu'on en vient à considérer certains cas de convergence ou de divergence très lente. La. division des séries en convergentes et divergentes appa- rail alors, en quelque sorte, comme une classification très peu naturelle. Or, ce sont précisément ces cas limites qui se présentent dans le cas où l'ordre appa- rent est entier. C’est à cette circonstance qu'est dû le phénomène exceptionnel mis en évidence par MM. Lin- delüf et Boutroux. Pour la dérivée d’une fonction entière, une réponse analogue n’a pu être obtenue jusqu'ici, et la question reste en suspens. Nous devons également noter un autre résultat re- marquable, relatif au genre des transcendantes décou- vertes par M. Painlevé dans ses recherches sur les équations différentielles, genre qui vient d'être déter- miné par M. Painlevé lui-même et, d'autre part, par M. Boutroux. Cette détermination soulevait des diffi- cultés toutes spéciales; el, d'un autre côté, elle conduit à cette conclusion curieuse que l’une des transcendantes en question est de genre infini. Il est bien aisé de former des fonctions entières présentant cette propriété; mais elle ne s'était rencontrée chez aucune des fonc- tions que les analystes aient eu, jusqu'ici, à faire inter- venir particulièrement dans leurs recherches. Toutes celles-ci : — fonctions trigonométriques, fonctions de Jacobi ou de Weiïerstrass, fonction d'Euler, fonction de Riemann, etc. — étaient de genre fini, et même égal à zéro où à un. Elles croissaient à la facon d'une expo- nentielle portant sur une puissance de la variable. La transcendante de M. Painlevé se distingue donc de toutes les précédentes en ce que son mode de erois- sance est beaucoup plus rapide : il ne peut s'exprimer que par deux exponentielles superposées. $ 3. — Chimie Les nouveaux gaz de Pair. — Lorsque, il ya près de huit ans, la nouvelle se répandit que lord Ray- leigh et le Professeur Ramsay avaient trouvé un gaz nouveau dans l'atmosphère terrestre, l'émotion causée par l'annonce de cette découverte résulta beaucoup plus de la quantité relativement considérable de ce gaz que de son existence en elle-même. Toute découverte d’un corps nouveau marque assurément un pas important dans la connaissance de la Nature ; mais, lorsqu'il s'agit d'un élément qui n'existe qu'à l'état de traces, l'intérêt qu'il suscite réside surtout dans les procédés employés pour l'isoler, et dans l'appui qu'il apporte à l'un ou l’autre des groupements périodiques. Il n'en était pas de mème pour l’argon, dont notre atmosphère possède des milliers de milliards de tonnes, et la surprise fut presque tout entière dans le fait qu'on ne s'était pas douté précédemment de son existence. Tant qu'il resta seul de sa série, l’argon put être con- sidéré, en lui-même, comme le type du corps peu inté- ressant, en raison de sa complète indifférence, de l'im- possibilité presque complète de le faire entrer en combinaison. Toutefois, ainsi que nous le verrons, cette ST Ne CE CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 219 indifférence au point de vue chimique constitue, comme - le fait remarquer M. Ramsay dans un récent mémoire, « à + une particularité qui, au point de vue physique, pour- rait conduire à quelque remarquable résultat. Aujourd’hui, la position de l’argon s’est sensiblement modiliée; son existence a énormément gagné en intérêt par la découverte de toute une série de corps possédant des propriétés analogues, mais variant progressivement, comme dans toutes les séries naturelles définies dans le système périodique de Mendeleef. Les procédés très ingénieux employés pour séparer les nouveaux gaz de l'air : hélium, néon, krypton et xénon à l’état de pureté, ont été décrits dans la Revue* par MM. Ramsay et Travers, en même temps que les propriétés les plus importantes de ces gaz, et il n'y a pas lieu d'yrevenir pour le moment. Mais il est intéres- sant de reproduire ici quelques-unes des conclusions auxquelles a conduit la discussion des résultats des re- cherches plus récentes, et dont MM. Ramsay et Travers viennent de donner une relation détaillée dans les PAi- 1osophical Transactions de Londres?. Il convient, en premier lieu, de remarquer que les nouveaux gaz, en raison de leurs masses atomiques, se 30 série des corps les plus indifférents que l'on connaisse. Si l’on dresse un diagramme dans lequel on prenne comme variables les masses atomiques, et comme or- données les équivalents de réfraction, on voit aussi les gaz inertes occuper des positions bien définies, comme le montre la figure 1, où l’hélium, le néon, l’argon, le krypton et le xénon se placent aux pointes inférieures de la ligne brisée qui réunit tous les points du dia- gramme, en allant constamment vers la droite. Quant aux volumes atomiques à la température d’ébullition, ils fournissent aussi des caractéristiques de classement très nettes, indiquées dans la figure 2. Là, ce sont les alcalis, à l'exception du lithium, qui occupent les pointes. Entre ces sommets, la courbe forme une anse plus ou moins régulière, dans laquelle on peut reconnaitre, sinon l'ébauche d’une loi, au moins un groupement systématique, et, sur cette courbe, les nou: veaux gaz se placent sans la moindre difficulté. La nouvelle série, si bien caractérisée par des pro- priétés dont la variété progresse régulièrement, pouvait faire espérer que les relations approximatives sur les- quelles est fondé le classement périodique se change- raient, pour ses divers constituants, en des relations 25 20 10 placent tout naturellement entre le groupe des halo- gènes et celui des alcalis. Pour des raisons au sujet desquelles M. Ramsay renvoie à un Mémoire de M. Orme Masson, il complète le groupe des balogènes en y incorporant l'hydrogène, et établit le tableau suivant des masses atomiques : RE + 2: { Li r FL Na 23 CI 0 K 39 He ORNE sû Ru. z 85 RER er 11497 Cs 133 PRE Pare # Be 9 NÉS RE LS se OÙ M: 24 PR NC Le * L'AÙ CAPI: 2 EU-SRED Kr $2 SOMS 2hSA PORPO 1 Xe 128 Ba 137 La progression des masses atomiques, dans les quatre groupes portés au tableau, sans être d'une régularité parfaite, est cependant très frappante, soit qu'on la considère dans une mème série, soit que l'on compare les termes homologues des diverses séries. Il est inté- vessant aussi de noter que, entre les deux groupes qui, au point de vue du classement des affinités, occupent es extrémités de l'échelle chimique, vient se placer la 4 W. Ramsay et M. Travers : L'argon et ses compagnons, evue du 15 décembre 1900. 2 W. Rauwsay et M. Travers: Argon and its companions, hi]. Trans., t. CXCVII, A, 288, p. #1 et suiv. Poids atomiques 60 Fig. 1. — Courbe des équivalents de réfraction des corps simples en fonction des masses atomiques. exactes. La progression des propriétés des éléments est, en effet, indéniable; toutefois, elle n'est pas parfaite- ment régulière, pour des raisons qui nous échappent encore, et par le fait que la loi encore inconnue qui préside à cette multiple progression est très probable- ment perturbée, pour chaque élément, par des phéno- mènes parasites, enlevant aux relations élémentaires la simplicité qu'elles auraient sans doute si ces causes perturbatrices n'existaient pas. Il se produit, au sujet de ces loisinconnues, ce qui serait advenu si la recher- che des lois du mouvement des astres avait été faite postérieurement à l’époque où vivait Kepler, en un temps où les mesures auraient atteint une précision suffisante pour montrer que les trois lois du moure- ment des planètes ne sont qu'approximatives, en raison des perturbations produites par les autres pla- nètes. Les relations périodiques des éléments pour- raient, inversement, prétendre à une plus grande régu- larité si des mesures étaient moins précises, et si les nombres admettaient une plus grande élasticité. L'espoir de trouver une simplicité plus grande dans la progression des propriétés des nouveaux gaz résidait dans le fait qu'ils sont monoatomiques, c'est-à-dire qu'ils sont à l'état le plus simple auquel nous connais- sions la matière, sans énergie interne de la molécule, au moins de celle que la chaleur seule est susceptible de lui fournir. De plus, leur inertie chimique presque absolue empêche tout phénomène dù à l'affinité d'in- tervenir pour modifier les propriétés physiques. 280 MM. Ramsay et Travers ont cherché en vain, dans les nouveaux corps, une régularité et une simplicité de relations d'un degré supérieur à celles que fournissent les autres groupes, mais n’ont pas trouvé même l’ébau- che d’une loi numérique. « Il est possible, disent-ils, qu'une telle expression existe; et nous osons espérer que, là où nous avons échoué, d'autres réussiront, mieux doués pour les Mathématiques que nous le sommes. » La série des corps découverts et étudiés par MM. Ram- say et Travers semble aussi complète que les séries voisines, d'où l’on pourrait conclure qu'il n'existe pas d'autres corps de la même série. Cependant l’atmo- sphère contient encore d'autres gaz, non encore ren- contrés à l'état de combinaisons chimiques, et que, pour celle raison, on pourrait aussi croire inertes. Récemment, MM. Liveing et Dewar recueillirent une certaine quantité d'air liquide dans une éprouvette refroidie par de l'air bouillant sous une pression réduite. Laissant échapper les premières portions, qu'ils rassem- blaient dans un vase refroidi par de l'hydrogène liquide, ils trouvèrent, à l'analyse, un mélange d'hydrogène, 80 70 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ci-dessus, ou bien si des causes diverses n'ont point agi pour éliminer de l'atmosphère ceux qui occupent les extrémités de la série. Pour les premiers, la théorie cinétique de la conser- vation des atmosphères nous donne des indications bien nettes, L'hélium etle néon n'ont pas été retenus par des combinaisons; ils sont demeurés à l’état gazeux, et se sont comportés comme els à toute époque de l'évolution du Globe. Leur masse moléculaire est faible; la vitesse propre de leurs molécules est donc considérable, et, à une époque où la température de notre Globe était encore élevée, une forte proportion de leurs molécules. ont pu atteindre la vitesse critique, peu supérieure à 11 kilomètres par seconde, qui suffil pour qu'un pro- jectile sorte définitivement du rayon d'action de Ja Terre, L'argon, dont la masse moléculaire est du même ordre que celles de l'oxygène et de l'azote, est resté, comme eux, attaché à la Terre en proportion plus forte. Le krypton et le xénon ont pu s'éliminer par une action inverse. Cez gaz sont probablement solubles dans. l'eau, comme l'hélium; et,comme leur densité est consi- 40 30 70 FBoprewyts Fo, 140 Poids atomiques Fig. Courbe des volumes atomiques des d'hélium, de néon, et d’autres gaz en plus ou moins grande quantité. Mais, dans une autre expérience, les premières portions passaient d’abord dans un serpen- tin refroidi par l'hydrogène liquide, et seules les par- ties non condensées arrivaient à un tube de Geissler, dont on examinait le spectre, composé d’un grand nom- bre de lignes, dont quelques-unes appartenaient au néon et à l'hélium, mais dont la plupart n'étaient pas encore identifiées. Quelques-unes, cependant, sont tellement voisines des raies du coronium que l’on peut, au moins à titre provisoire, admetlre que ce gaz, connu jusque-là seulement par son spectre dans Ja couronne solaire, se trouve réellement dans notre atmosphère, qu'il y est en très petite quantité, et qu'il est extrèmement volatil. Au sujet des gaz nouveaux, d'autres questions se posent, auxquelles il est intéressant de donner une réponse, si hypothétique qu'elle puisse être. Si l’on envisage les quantités des divers gaz inertes que contient notre atmosphère : {1 millionième d'hé- lium, 10 de néon, 9.370 d'argon, 1 de krypton, et enfin { vingt-millionième de xénon, on est frappé de l'inéga- lité considérable de ces nombres. Tandis que Jl’argon existe dans la proportion de 1 °/,, le xénon est à peu près aussi rare dans l'air que l'or dans l'eau de mer. En face de ces nombres, on est immédiatement conduit à se demander si ces divers corps existent, dans l'Uni- vers, dans une proportion comparable aux nombres corps simples en fonction des poids atomiques. dérable (4 fois celle de l'oxygène pour le xénon), leur solu- tion aqueuse a probablement une assez forte densité, qui facilite la diffusion vers le bas. Or, la température critique du xénon est de 44°,75 et sa pression critique de 43,5, de mercure. Done, dans les conditions de température et de pression qui se trouvent réalisées à une profon- deur de moins de 6C0 mètres au-dessous du niveau de la mer, le xénon existe à l'état liquide. A cet état, sa densité est trois fois et demie plus considérable que celle de l'eau. Si donc des parcelles de ce corps se sépa- raient de la solution sous forme de goutteleltes, elles tomberaient rapidement au tond de la mer. On conclut de cette suite de raisonnements que, si le xénon à existé à une époque quelconque en quantité notable à la sur- face de la Terre, il a dû disparaître en presque totalité au fond des mers. De là à penser qu'il en a été vraiment ainsi, il n'y à qu'un pas, qu'il serait assurément impru- dent de franchir, mais dont il est intéressant d’envisa- ser le résultat possible à titre de simple hypothèse des- linée à guider les recherches. Dans un autre ordre d'idées, la présence du coronium dans notre atmosphère, gaz probablement très inerte, - extraordinairement volatil et de très faible masse molé- culaire, vient bien à point corroborer la belle théorie par laquelle M. Arrhénius a tenté d'expliquer les aurores polaires. Si cette théorie d'un bombardement solaire est exacte, on doit retrouver dans notre atmosphère, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 281 . en très petite quantité, les corps dont l'analyse spec- - trale nous révèle la présence sur notre astre central. Mais cette théorie soulève d’autres questions sur les- quelles il y aura lieu de revenir dans une étude ulté- rieure. Ch.-Ed. Guillaume, Directeur-adjoint du Bureau international des Poids et Mesures. $S 4. — Physiologie Sur Fhypnotoxine des Cælentérés et sur son action anaphylactique. — Les nématocystes des filaments pêcheurs des Physalies sécrétent un poi- son doué de propriétés remarquables que viennent de nous révéler MM. Portier et Richet. On sait que les Physalies se servent de ces filaments pêcheurs pour capturer les proies passant dans leur voisinage; on sait aussi que le contact de ces filaments produit, chez l'homme, des effets urticants intenses. En préparant des macérations aqueuses de ces fila- ments, on obtient des liqueurs qui, injectées à doses suffisantes dans l'épaisseur du muscle pecloral du pigeon, provoquent la mort plus ou moins rapide. « Les effets de cette toxine sont singuliers, disent MM. Portier et Richet. Elle ne produit aucune douleur au point d'inoculation; elle est plutôt anesthésique qu'hyperesthésique. Si la dose a été suffisante, l’ani- mal, au bout de 15 à 30 minutes, est plongé dans une somnolence invincible; il ne réagit que difficilement aux excitations psychiques, il est comme engourdi et indifférent à tout ce qui l'entoure. Des excitations for- tes parviennent à le tirer de cette torpeur; mais, après avoir fait quelques mouvements, il retombe dans cet état de demi-coma. Le cœur est accéléré, la sensibilité est complètement abolie; la station est titubante, les yeux sont demi-clos, et ce qui domine la scène, c’est l’affaiblissement de toute spontanéité d'ordre psychi- que. Si la dose est plus forte, les effets d'impuissance motrice et de somnolence sont plus rapides et plus intenses, et la mort survient par un arrêt respiratoire qui succède à une période de respirations précipitées et presque asphyxiques. » Pour rappeler les effets hypnotiques de ce venin, … MM. Portier et Richet le désignent sous le nom d'hyp- ÿ notoxine, et en font le type d'une série de venins plus «ou moins semblables, existant dans les nématocystes des | Cælentérés, et dont ils ont obtenu certains échantillons “ en faisant macérer dans la glycérine des tentacules de … Méduses, d'Actinies, de Vélelles. —_ Les poisons sécrétés par les tentacules de l'animal … vivant sont au moins analogues à ceux qui passent dans le liquide de macération de leurs tentacules. On constate, en effet, que « dès qu'une grenouille ou un “poisson arrive au contact des filaments urticants des Physalies, au lieu de se débaltre et de fuir, ce qu'il Ditére e facilement faire, semble-t-il, il est comme sidéré et immobilisé, si bien qu'il peut être, sans résis- … tance de sa part,amené au contact des organes digestifs. — L'extrait glycériné de tentacules d’Actinies est toxique … pour le chien comme pour le pigeon : la mort survient - quand on injecte dans les veines une dose égale ou su- … périeure à 0,15 cc. par kilo de chien. A la dose de 0,15 ce. à 0,30 cc. par kilo, la mort survient en # ou à jours; au-dessus de 0,30 ce. elle survient en quelques heures. Pour des doses inférieures à 0,15 cc. par kilo, l'animal survit, après une période de maladie de 4 à 5 jours. Si, au lieu d'injecter ces doses à des animaux neufs, on les injecte à des animaux ayant recu trois semaines auparavant une dose non mortelle, on constate toujours * une aggravation des accidents : des doses non mortelles pour l'animal neuf (0,08 cc. par exemple) sont rapide- ment mortelles pour l'animal préalablement injecté “ (ayant recu 0,10 cc. par exemple trois semaines aupa- ravant). Les auteurs de ces recherches désignent sous le nom d'anaphylactique (contraire à la phylaxie) cette propriété dont est doué un venin de diminuer au lieu … de renforcer l'immunité lorsqu'il est injecté à doses non - mortelles. Cet effet anaphylactique est d'ailleurs lent à se pro- duire : si la seconde injection est faite peu de jours après la première, l'animal se comporte comme un ani- mal normal. On ne saurait d’ailleurs rapporter cet élat anaphylactique à un mauvais état général de l'animal, les chiens anaphylactisés étant en excellent état, gais, alertes, le poil luisant, mangeant bien, et augmentant de poids après la baisse des premiers jours. Les auteurs de ces très remarquables recherches appellent, à juste titre, l'attention sur l’analogie entre cette immunité diminuée (anaphylaxie) après l'injection d’actinotoxine et l'immunité extrêmement diminuée des animaux tuberculeux contre la tuberculine. : $ 5. — Pathologie L’immunisation des animaux contre la diphtérie et la préparation du sérum anti- diphtérique. — Un savant russe, M. Dzierzgowsky, vient de publier un grand nombre d'observations, d'ordre surtout pratique, qu'il a pu faire depuis quil est chargé de la préparation du sérum antidiphtérique à l'Institut de Médecine expérimentale de Saint-Péters- bourg‘. Nous croyons intéressant de signaler à nos lecteurs les suivantes : L'antitoxine est élaborée par l'organisme au niveau même de l'injection de la toxine. On réalise les meil- leures conditions, au point de vue de la fabrication d'antitoxine, en injectant la toxine dans le tissu cellu- laire sous-cutané. L'injection dans le tissu musculaire donne lieu à une réaction locale, mais elle est peu pro- pice à la formation d’antitoxine. L'introduction de la toxine directement dans le sang donne des résultats que l'on peut considérer comme nuls. La quantité d'antitoxine sécrétée par les cellules ne dépend pas de la force et de la dose absolues de la toxine injectée, mais plutôt de la quantité relative de toxine par rapport aux injections antérieures. La réaction thermique n'est pas indispensable à la formation d'antitoxine. Toutes les causes qui déter- minent une élévation de température ou des troubles fonctionnels de l'organisme entraînent une baisse du taux antitoxique du sang. Chaque cheval soumis à l'immunisation arrive à une certaine limite (soit à un maximum antitoxique), qui dépend, entre autres, du procédé d'immunisation. De nouvelles injections de toxine, faites à un cheval à la période où il a atteint son maximum d'immunité, entrainent une baisse dans le pouvoir antitoxique du sang. Le procédé d'immunisalion mixte donne de bons résultats, car il est moins nuisible que les autres à l'état général du cheval. Le procédé d'immunisation par des toxines faibles, fréquemment injectées, est préférable aux injections de doses massives et espacées. Les toxones ne contribuent guère à l’immunisalion ; il faut donc les éviter. A la fin de son travail, l'auteur fait part de ses tenta- tives ayant eu pour but de diminuer ou de supprimer les accidents dus au sérum. En comparant différents sérums, il à pu constater que le sérum des animaux ayant été soumis à une longue immunisation et ayant subi des saignées répétées, donne plus souvent lieu à des accidents sériques que le sérum des chevaux immu- nisés depuis peu de temps. Voici pourquoi, depuis trois ans, dès qu'un cheval a atteint le maximum d'immu- nilé, il le saigne à blanc. Ce procédé présente, d'après M. Dzierzuowsky, les avantages suivants; il permet : {1° D’avoir un meilleur rendement en sérum; 20 D'éviler la baisse du pouvoir antitoxique du sang, que l’on observe chez les chevaux se trouvant depuis longtemps en immunisation ; Dzrerzeowsk» : De l'immunisation des animaux contre la diphtérie et de la préparation du sérum antidiphtérique, (Archives des Sciences biologiques, L. IX, n° 5, p. 281.) 282 3° D’éviter la perte des chevaux, inévitable au cours d'une longue immunisation:; 4° D'avoir du sang des animaux dont les organes n'avaient pas subi la dégénérescence graisseuse; 5° De pouvoir contrôler par l’autopsie l’état des organes des chevaux ayant fourni le sérum antidiphté- rique. Lésions transversales totales de la moelle épinière. Paraplégies flaccides et paraplé- gies spasmodiques. — Lorsque la moelle épinière subit une injure du fait de la maladie ou du fait d’un traumatisme, il en résulte une paralysie des deux membres inférieurs, portant à la fois sur la motilité et sur la sensibilité. Il va sans dire que l’une des deux fonctions peut être plus atteinte que l’autre, que cha- cune peut être diversement troublée sur l’une et l’au- tre jambe, etc. Il y a, dans tout cas particulier, des variantes en ce qui concerne les troubles moteurs et les troubles sensitifs; elles dépendent de l'étendue de la lésion médullaire, de son intensité, de sa diffusion, de sa localisation sur la surface de coupe du segment de moelle lésé. La paralysie des membres inférieurs — parapléqie — peut être flaccide où spasmodique. La paraplégie flac- cide, celle où les membres sont flasques, tombants, comporte l'abolition des réflexes rotuliens. Dans la paraplégie spasmodique, les jambes sont raides: le mouvement réflexe qui répond à un léger choc sur le ligament de la rotule est exagéré; le clonus, sorte de trépidation prolongée, se produit si, de la main, on re- lève brusquement la pointe des pieds paralysés. Ordinairement, voici ce qui se passe : pendant un temps, la paraplégie est flaccide; puis, peu à peu, elle devient spasmodique, à cette condition toutefois que: les nerfs issus de la moelle au-dessous de la lésion soient dans un état d’'intégrité suffisante, En somme, il est courant, il est habituel de constater la paraplégie spas- modique quelques semaines après le début de certaines affections de la moelle, qu'elles soient d’origine trau- matique ou infectieuse. Mais, dans ces cas, la lésion transversale n’est pas totale; qu'il s'agisse d'un foyer central de myélite, de la constriction exercée par une viroie de méningo-myélite, de la compression due à une tumeur intra-rachidienne, d’une section trauma- tique partielle, la partie de la moelle située au-dessous de la lésion n’est fonctionnellement pas séparée des centres supérieurs. Au niveau de la lésion, il persiste une certaine quantité de fibres saines; il n'y a pas d'interruption complète dans la continuité de la moelle. Dans ces conditions, on observe très souvent des para- plégies spasmodiques. Il n’en va plus de mème lorsque la section transver- sale de la moelle est totale. Dans ces dernières années encore, on admettait, presque sans conteste, que les paraplégies liées à une interruption complète des fais- ceaux de la moelle, dans la région cervicale comme dans la région dorsale, étaient des paraplégies flaccides, et qui restaient telles indéfiniment, jusqu'à la mort du malade. Mais il faut tout de suite faire une distinction, sui- vant qu'il s'agit de paraplégies subites ou de paraplé- gies ayant mis un certain temps à s'établir. Le type du premier genre est la paraplégie par section trauma- tique totale de la moelle : un individu recoit au milieu du dos un coup de couteau; celui-ci, entre deux lames vertébrales, pénètre dans le canal rachidien: la moelle est coupée, les deux bouts sont séparés. L'homme s'ef- fondre, avec une paralysie totale et complète de toute motilité et de toute sensibilité dans le train inférieur. Or, de pareils traumatismes ne comportent générale- ment pas une longue survie. Au bout de quelques jours, de quelques semaines, quelquefois de quelques. mois, le malade est emporté par l'infection vésicale ou des accidents de décubitus aigu. La paraplégie est demeurée flaccide du premier au dernier jour; elle n’a pas eu le temps -de devenir spasmodique. 2 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Dans d'autres cas, la séparation entre les deux s ments de la moelle, entre celui qui est situé au-dessi de la lésion et celui qui est au-dessous, n’est pas com plète. Les deux bouts de la moelle ne sont plus iso ils sont encore rattachés l’un à l'autre. Cependan ciment qui les unit n'a plus rien de médullaire; ec du tissu de cicatrice ou de sclérose, une rondelle d? substance indifférente. Si cette dernière semble rattacher les deux bouts de la moelle, en réalité elle ne lais subsister aucune continuité entre les fibres de la partie supérieure et les éléments de la partie inférieure. Mi terruplion, alors, n'est pas effective; elle est seulemen fonctionnelle. Les cas de ce genre, suffisamment démonstratifs sont rares. Ils ont un gros intérêt, car ils établissent Je notions suivantes : lorsque la conduction dans la moell est interrompue, une paraplégie spasmodique peut êt la conséquence de cette interruption; alors le segmet médullaire inférieur, bien qu'ayant perdu toute con nexion fonctionnelle avec la moelle supérieure et l'encé phale, n'en conserve pas moins sa qualité de cent pour l'exécution des mouvements réflexes. . Tout récemment, MM. Brissaud et Brécy ont apporté à la Société de Neurologie de Paris, un exemple d ce genre : Chez une femme de vingt-huit ans, quM avait été frappée d'un coup de couteau dans le dos,dés paraplégie, d'abord flaccide, est devenue spasmodique deux mois après le traumatisme. Les réflexes, d’abord absents, reparurent peu à peu et s'exagérèrent. Il avait même des mouvements involontaires presq incessants des membres inférieurs. Sept mois après le traumatisme, les réflexes ayant, encore été constatés dans les derniers jours, la malad mourut. À l’autopsie,on ne trouva pas la moelle sépar en deux, mais seulement entamée comme par un coin! environ jusqu à la moilié de son épaisseur. Des coupes transversales, praliquées à ce niveau, firent constater le disparition des fibres nerveuses dans le tissu qui sem blait être le reste de la moelle. Il y avait là une cica trice inerte, et non les éléments constitutifs du tisst médullaire. Ce cal hétéromorphe n'avait servi, pendant sept mois, qu'à maintenir bout à bout les deux segment de la moelle. Ce fait démontre que la partie inférieure de la moelle séparée fonctionaellement de tout l’axe cérébro-spin peut continuer à vivre et à servir de centre réflexe. Cette vérité est encore affirmée-par des faits quelque peu différents : il s’agit encore de sections de la moelle de lésions transversales. Mais ces sections pathologe ques, médicales pourrait-on dire, mettent un tem extrêmement long à devenir tolales. C’est une virol de méningo-myélite tuberculeuse, dans un mal de Pc par exemple, qui, d'année en année, devient plus épaiss et étrangle davantage la moelle, finalement réduite un fil. C'est une tumeur issue d’un côté des méning spinales, qui grandit lentement, peu à peu repoussé] laxe médullaire et l’aplatit sur la paroi osseuse du cô opposé du canal rachidien. Dans les cas de ce genre, et notamment dans ceu dont il sera fait mention dans un instant, la paraplég a progressé proportionnellement au degré de la com pression : lourdeur et simple paresse des membre tout d'abord, ce n'est que peu à peu, très lentement qu'elle est devenue paraplégie complète, absolue. Dans ces conditions, quelle a été la période de fla dité transitoire du début des paraplégies? En général, elle n'a pas été observée, et, cliniqu ment, elle n'a pas compté. Lorsque la paralysie membres inférieurs est découverte, celte paraplé est déjà spasmodique, et demeure telle jusqu’au de mier jour. Voici plusieurs faits à l'appui : l’un a été commu niqué au Congrès de Limoges par MM. Brissaud Feindel, et décrit récemment avec plus de détails d les Archives de Neurologie. C'était un cas de pa plégie causé par un mal de Pott (tuberculose des ve bres) datant d'une vingtaine d'années : elle avait gu! ait reparu, avait guéri encore. Enfin, dans ces der- ères années, la paralysie des membres inférieurs blit définitivement et, s’accentuant de plus en plus, vint absolue. Elle resta dès lors spasmodique. Le malade mourut. A l’autopsie, on vit qu'au niveau le la gibbosité du mal de Pott, la moelle était considé- blement diminuée de volume; elle était comprimée la pachyméningite et par la saillie osseuse corres- dant à la coudure des rachis, résultat de l'écrase- nt des corps vertébraux. La compression avait trans- mé la moelle, au niveau des 7°, 8° et 9° paires ales, en un tissu compact de cicatrices, n'ayant s rien de médullaire, si ce n'est un tout petit nom- de fibres à myéline, déformées et hors d'état de Fe en communication les deux segments de la elle. u Congrès de Limoges‘, et, tout récemment, à la ociété de Neurologie de Paris*, MM. Raymond et tan ont montré les pièces anatomiques provenant deux cas de paraplégie spasmodique, demeurée lle, l'une cinq ans, l’autre dix ans. Dans les deux cas, s'agissait de compression de la moelle dorsale, par tumeurs à évolution lente, des psammomes. La ompression avait réduit la moelle à l'état de mince anière. interruption de la moelle était histologique- ient complète dans les deux cas. Déjà, en 1897, Senator * avait rapporté un cas de mmome, tumeur de la région cervicale de la moelle, nt causé, pendant plusieurs-années, une paraplézie smodique, malgré une destruction complète d'un ment médullaire. , L'ensemble de tous ces faits comporte une conclu- n bien précise : c'est que la partie inférieure de la oelle, séparée de la partie supérieure et de l’encé- iale par un processus lentement destructif, conserve n pouvoir de réflectivité; les malades dont il a été lestion ont conservé jusqu'à leur mort une parapléqie Dasmodique avec trépidation spinale. Cependant, la Ction pathologique était bien complète, /a lésion nsversale de la moelle était totale. n'était pas inutile d’insister assez longuement sur es faits, qui sont d'une importance capitale au point de vue de la {héorie des réflexes. Les mouvements réflexes sont-ils d’origine unique- lent spinale? ou dépendent-ils de quelque partie de céphale? Peuvent-ils même être d'origine corti- e? À l'heure actuelle, aucune opinion ne paraît ièrement fondée. Malgré des travaux importants présentés et discutés au Congrès de Limoges ?, l'an dernier, la question de étude avant de comporter une solution satisfaisante. endant, les faits signalés précédemment ne sau- $ 6. — Géographie et Colonisation Hission Alluaud. — M. Charles Alluaud qui, après usieurs voyages en Afrique, s’est voué à l'étude dela ne de Madagascar et des îles voisines, vient d’accom- Fr sa quatrième Mission dans ces régions. Dans ce Yage. qui a duré un an, M. Alluaud, accompagné de femme, s'est occupé surtout du sud de Madagascar. ès avoir exploré les forêts du nord de Fort-Dauphin, rendit à Fianarantsoa et à Tananarive par le centre l'ile. C'est particulièrement vers les Sciences natu- les que ce voyageur a dirigé ses recherches. 2 Congrès des médecins aliénisles et neurologistes tenu limoges. 1-8 août 1901. = Soc. de Neurologie de Paris, 6 tévrier 1902, et Revue nburologique, 1902, n° 4, p. 174. Éd Deut. Zeit. f. klin. Med. Moy. J. Croco : Rapport sur la physiologie et la patho- ie des réflexes. — Grasset : L'appareil nerveux du tonus. ngrès de Limoges, 1901. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 283 S T. — Universités et Sociétés savantes Assemblée générale annuelle de la So- ciété Zoologique de France. — Le mardi 25 fé- vrier a eu lieu, à l'Hôtel des Sociétés savantes, l'Assem- blée générale annuelle de la Société Zoologique de France, sous la présidence d'honneur du Dr Perroncito, professeur à l'Université de Turin. Cette séance a été marquée principalement par une importante commu- nication du DrJ. Richard, directeur du Muséum océano- graphique de Monaco. Cette communication, relatant les résultats scientiques obtenus à la suite de la dernière campagne de la Princesse-Alice, a valu à S. A.S. le prince de Monaco l'envoi d'un télégramme de félicita- tions. É Le jeudi suivant, les membres de la Société Zoolo- gique de France, réunis en un banquet, au restaurant Champeaux, fêtaient leur ancien secrétaire général, le à l'organisation Professeur R. Blanchard, et lui remettaient solennelie- ment la médaille à son effigie, gravée avec tant d'art par son collègue et ami, le Dr P. Richer, membre de l’Académie de Médecine. C’est la juste récompense de vingt-deux années de secrétariat général (1879 à 1900) et du service incontesté rendu à la science par la fon- dation des Congrès internationaux de Zoologie. Outre de nombreuses adresses de félicitations adressées au Professeur R. Blanchard, nous tenons à signaler un télégramme de M. Nasi, ministre de l'Instruction pu- blique d'Italie, lui annonçant sa nomination de com- mandeur de la Couronne d'Italie, par décret royal du même jour. Le Congrès s’est terminé le vendredi soir par une très intéressante conférence sur /es Papillons, faite par un spécialiste bien connu, M. A. Janet, dans le grand ampithéâtre de l'Hôtel des Sociétés savantes. L'Institut Marey. — Dans sa séance du 18 Mars, la Chambre des Députés a voté, à l'unanimité de 499 vo- tants, un crédit de 25.000 francs pour être affecté à l’Ins- titut Marey. La Zevue, dans son numéro du 28 février dernier, a montré ce que devait être cet établissement, duquel l’éminent physiologiste a résolu de consacrer toutes ses forces. M. Leygues, ministre de l’'Instruction publique, a appuyé vigoureu- sement la demande de crédit déposée par M. Denys Cochin : «Ilfaut, a-t-il dit, encourager cet illustre d réflectivité médullaire sera encore souvent mise à savant et lui permettre de continuer et d'achever son œuvre. » Il ne nous reste qu'à souhaiter que cette somme, ajoutée aux subventions des Académies et à la souscription internationale ouverte à ce sujet, permette à M. Marey de triompher bientôt des difficultés d'ordre matériel. Conférences du Muséum. — L'Administration du Muséum d'Histoire naturelle vient d'organiser une série de Conférences publiques du dimanche. Ces con- férences, qui ne manqueront pas d'être fort appréciées par tous ceux qui s'intéressent au mouvement scienli- fique, auront lieu dans le grand amphithéâtre, à 3 heures de l'après-midi, et aux dates-suivantes : 6 avril : Le Muséum d'histoire naturelle de Paris, par M. E. Perrier. 13 avril : Le grisou et les catastrophes dans les mines de houille; l'origine et l'utilisation des gaz souterrains naturels, par M. STANISLAS MEUNIER. 20 avril : La radio-activité de la matière, par M. Bec- QUEREL. 27 avril : Les mouches à miel, par M. E.-L. Bouvr. 4 mai : Les bordures de trottoir de Paris; ce qu'elles nous apprennent sur la biologie des roches, par M. A. LAcroIx. 11 mai : L'œilet la vision, par M. GRÉHANT. 25 mai : Les créatures géantes d'autrefois, par M. Bouzx. ÿ 4er juin : Tombouctou, par M. Hawy. 8 juin : La culture du bléen France, par M. DEHÉRAIN. 15 juin : La Botanique au Muséum, par M. Bureau. 284 L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL CONFÉRENCE FAITE A LA SOCIÉTÉ D'ENCOURAGEMENT POUR L'INDUSTRIE NATIONALE ! Mesdames, Messieurs, L'empereur Napoléon 1", à qui nous devons la création de l'Industrie sucrière en France, dit un jour, en 1811, à Deyeux, son pharmacien, profes- seur à l'École de Pharmacie, membre de l’Institut: « Monsieur Deyeux, que pensez-vous de la culture de la betterave? » Deyeux, qui savait que le terri- toire était souvent exposé à la famine, crut prudent de répondre : « Sire, j'y vois un inconvénient, c'est qu'elle enlève de la Lerre à la culture du blé.» L'Empereur, rapporte la chronique, se retourna avec dédain et dit : « Je ne sais pas prévoir les malheurs de si loin! » ; Aujourd'hui, gràce à la culture intensive, la ré- colte du froment a doublé sur une même superficie, le blé pousse à côté de la betterave, et l’on voit même le cultivateur assurer sa récolte de blé en semant celui-ci sur des terres qui, l'année précé- dente, ont porté des betteraves etontrecu l’engrais. Le prix de revient du blé est, par cela même, diminué, et nous paierions notre pain plus cher si la betterave n'existait pas. La belterave est donc devenue indispensable pour l'agriculture comme pour la population qui mange du pain. Voilà le malheur que Napoléon I‘ se refusait à prévoir. Eh bien! cette culture de la betterave est mena- cée aujourd'hui; on fait trop de sucre comme on fait trop d'alcool : l'Europe regorge de sucre qu'elle ne peut parvenir à consommer. De ce côté, les débouchés sont limités; mais il n'en est pas de même des débouchés de l'alcool, qui peut concur- rencer le pétrole élranger dans ses emplois à l'éclai- rage, au chauffage et à la force motrice. C'est ce qu'ont compris différentes sociétés (Association des Chimistes de sucrerie et de dis- tillerie, Association pour l'emploi industriel de l'alcool, Société des Agriculteurs de France, etc.), différentes personnalités politiques, industrielles et scientifiques, MM. Deleaune, Dansette, Barbier, Chalmel, Sorel, Durin, Loreau, Aubin, Trillat, Ara- chequesne, Linder, Sidersky. C'est ce qu'a com- pris M. Jean Dupuy, Ministre de l'Agricullure. Ses moyens d'action étaient plus étendus que ceux dont nous disposions; secondé par M. Vassilière, Directeur de l'Agriculture, par M. Dabat, sous- Directeur, et par M. Famechon, Commissaire délé- ! On trouvera dans le Bulletin de cette Société les dessins qui représentent les lampes et les réchauds cités dans cette conférence. L. LINDET — L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL je viens vous parler aujourd'hui. I. —— APPAREILS BRULANT L'ALCOOL A L'ÉTAT LIQUIDE: dénaturé, concours qui a été suivi d’une Expos tion que plusieurs d’entre vous ont pu visiter; c'est des résultats obtenus par le Jury du Concours pour les appareils d'éclairage et de chauffage que Les appareils d'éclairage et de chauffage peuvent être ramenés à deux types : les uns brûlent de l'al= cool à l'extrémité d'une mèche, ils brûlent l’alcooM liquide; les autres gazéifient au préalable l'alcool elle brûlent à l’état gazeux. Quel que soit l'appareil que ce soit un réchaud ou une lampe, qu'il soit alimenté par de l'alcool dénaturé ou de l'alcool carburé, nous pourrons toujours le cataloguer dans un de ces types : il brûle de l'alcool à l’état liquide il brûle de l'alcool! à l’état gazeux. $S 1. — Lampes. Les appareils d'éclairage de ce type vous sont connus : ce sont les lampes dont on se sert pour brûler le pétrole, légèrement modifiées. Le liquide, aspiré par des mèches de colon, se consume à l'ex: trémité de la mèche, en présence d'un double cou: rant d'air. ‘ Mais, comme l'alcool, brûlant à flamme libre, n'a aucun pouvoir éclairant, on ajoute, à cet alcool, de la benzine provenant de la distillation de la houille à la dose de 95 à 35 °/,. Les lampes qui figuraient au Concours nous ont élé soumises bien plutôt para montré que les meilleures dépensent de 5 à 7 gr d'alcool carburé par bougie-heure. Nous verrons} lampes fonctionnant par gazéificalion, dépense est sensible. $ 2. — Réchauds. Les réchauds qui appartiennent à cette catégorié vous sont connus également : ce sont les anciens” réchauds, dont nous faisons depuis longtemps, usage, ce sont les lampes à esprit'de vin; ils sont e un réservoir. Vous verrez tout à l'heure, quand ue les réchauds à gazéification. Ils ont été pré- tés au Concours par MM. Dusart, Sénéchal, Pigeon, Fouillen et Drouard, Malen, etc. - Le réservoir du réchaud inventé par M. Pigeon rempli de feutre imbibé d'alcool, de sorte qu'il t être renversé sans qu'une goutte d'alcool L. LINDET — L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL 19 ee] © II. — APPAREILS BRULANT L'ALCOOL A L'ÉTAT GAZEUX. Les réchauds et les lampes qui brûlent l'alcool préalablement gazéifié sont construits et fonclion- nent d’après des principes identiques. L'alcool est gazéifié dans une petite chaudière, qui, dans certains cas, se réduit à un simple tube. Il faut amener l'alcool dans cette chaudière. En général, c’est per ascensum que l'on obtient cette alimentation. L'alcool est aspiré par la capillarité TagceAu l', — Lampes et réchauds présentés au Goncours d’appareils à alcool. NATURE de l'éclairage L|HSRpE à project. Domestique. Domestique. .| Voie publique.,etc. pelmotte. Bec Monopol. . : . . .. Voie publique. Domestique. MPomeyrol et Soupiron. Bec Simplex . . Domestique. Société continentale. Bec Préféré Domestique. — Bec 1900. Domestique. MSociété Denayrouse (bec sans pression).| PDomestique. — (bec à pression) . {alvéolaires). . . MSociété Washington. Bec Washington. ! = Bec Kornfeld. . . Id. MER ea MS DU. e Domestique. RÉCHAUDs : AE en Domestique. C Compagnie générale de l’ Alcool . Domestique. SR EE te CARE Domestique. en 4e HI CN ETS .|Serres, bains, etc. MO, MORE ' Dowestique. ue | Domestique. Suciété continentale nouvelle . Domestique. | Société Denayrouse APE MERE Laboratoires. Re ei dre Domestique. Société Polo .| Voie publique,etc. 5 Domestique, etc. | Alcool carburé. Voie publique,etc. NATURE MODE D'ALIMENTATION MODE DE CHAUFFAGE| du liquide de la de la chaudière de employé. chaudière de gazéification. gazcification. Pression artificielle dans) le réservoir. Capillarité des mèches. Capillarité des mèches. Alcool carburé. } Récupération. Alcool dénaturé. Alcoo! dénaturé. Récupération. Récupération. \ Au-dessus de la Alcool! dénaturé.| Capillarité des mèches. ) aime | = - ( Pression artificielle de Alcool dénaturé.} RTETEUTE Récupération. e : Pression artificielle tin ÉpÉt Alcool carburé. ; EU Récupération. Dans la flamme. Veilleuse permant® Alcoo! dénaturé. Alcoo! dénaturé. Alcool dénaturé. Capillarité des mèches. Capillarité des mèches, Pression artificielle sur / Dans mn réservoir. \ Capillarité des mèches. Pression artificielle sur réservoir ou extérieure. Capillarité des mèches. Récupération. Au-dessus de la flamme. | Récupération. | | Alcool dénaturé. Alcool dénaluré ou carburé. Au-dessus de la | flamme. id. | Veilleuse permant: Afcoo! dénaturé : ; ress xtérieure. En Lan Dores Pression extérieure Id. Id. Alcool dénaturé.| Capillarité des mèches. —— Dans la flamme. | Dans la flamme. | Récupération. Récupération. Flamme dérivée. | Dans la flamme. | Flamme dérivée. Récupération. Flamme dérivée. | Per descensum. Per desceusum. Capillarité des mèches. Pression extérieure. Per descensum. Per descensum. Per descensum. Capillarité des mèches. Capillarité des mèches. Alcool dénaturé. Alcool dénaturé. Alcoo!l dénaturé. Alcool carburé. Alcoo! dénaturé. Alcool dénaturé. Alcool dénaturé. Alcool carburé. Alcoo! dénaturé. échappe; quelquefois, le réservoir contient une nge d'amiante, que l’on imbibe d'alcool au ment d'y mettre le feu (réchaud de M. Chapuis, M. Lefèvre, etc.) ou une pierre poreuse (réchaud M. Lebrun). ous devons rattacher à ces appareils ceux qui bt destinés à brûler de l'alcool dit « solidifié », st-à-dire de l'alcool emprisonné, soit dans du bton-poudre, Emeraudine (Société des Alcools lidifiés), soit dans un savon (Compagnie générale l'Alcool). Nous nous contentons de donner ici un résumé des lérents procédés adoptés, par les constructeurs de lampes de réchauds, pour l'alimentation et le chauffage des chau- de mèches de coton; ou bien il est poussé vers la chaudière par une pression intérieure, et, dans ce cas, cetle pression peut être donnée, soit par l'échauffement des parties métalliques de la lampe, et par conséquent la dilatation de l'air contenu dans le réservoir, soit par une pompe placée sur la lampe ou sur un réservoir extérieur relié à la lampe par une tuyauterie métallique. L'alimentation de la chaudière peut être obtenue également par l’écoulement de l'alcool, placé en charge à quelques centimètres au-dessus de la chau- dières de gazéification, et nous renvoyons le BE ur à la nent, où publication du Bulletin de la Société d'Encourage ont paru les coupes de ces différents appareils. 286 L. LINDET — L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL dière; l'alimentation, dans ce cas, a lieu per descen- sun]. Voici donc l'alcool dans la chaudière; il s'agit de l'y vaporiser; pour cela, on peut, pendant toute la durée de l'allumage, chauffer la chaudière par une veilleuse permanente; on peut la chauffer par une flamme dérivée de la flamme générale; la chauffer encore par la flamme même; la chauffer enfin par une tige métallique récupératrice de la chaleur. Nous trouverons ces différents modes de chauffage dans les réchauds et les lampes qui nous ont été soumis. L'alcool volatilisé, gazéifié, va sortir avec violence par un injecteur qui surmonte la chaudière et va entrer dans un bec Bunsen, entrainant avec lui l'air nécessaire à sa combustion. Il va brûler avec une flamme bleue, une flamme extrèmement chaude, qu'il suffira de surmonter d'un manchon Auer pour la transformer en flamme éclairante. Les lampes et les réchauds sont donc un seul et même appareil; interposez un manchon, vous avez une lampe; supprimez le manchon, vous avez un réchaud. La meilleure preuve de ce que j'avance, c'est que nous avons eu à examiner des réchauds et des: poêles dans lesquels la chaleur était produite par un bec de lampe sans manchon; il en est ainsi des poêles alimentés par des becs Préférés ou des becs 1900, construits par la société « la Continen- tale Nouvelle », par des becs Denayrouse, etc. Nous donnons (page 285) un tableau qui indique, pour chaque appareil, examiné par le Jury du Con- cours, de quelle facon la chaudière est alimentée d'alcool, et de quelle facon elle est portée à la tem- pérature où l'alcool se gazéifie. IT. — RÉSULTATS DES ESSAIS DE LAMPES ET RÉCHAUDS A ALCOOL. Le Jury du Concours a décidé de confier les essais des lampes à M. Couderchon, inspecteur de l’éclai- rage à la Ville de Paris; les essais des réchauds à M. Villard, professeur suppléant au Conservatoire des Arts et Métiers; les essais des poèles, ete., à M. Grouvelle, professeur à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures; les essais des appareils divers à M. Lindet, professeur à l'Institut National Agrono- mique. Les résultats obtenus par ces opérateurs ont permis au Jury de classer les appareils suivant leur mérite; mais celui-ci a tenu compte, dans l'attri- bulion des points, des qualités de la flamme et de sa fixité, de son intensité lumineuse ou calorifique, de la facilité d'allumage, de la construction de l’ap- pareil au point de vue de sa sécurité et de son élégance. Les lampes étaient allumées, pesées et photomé+ trées; on les abandonnait à elles-mêmes pendan trois ou quatre heures; on notait les qualités ou les! défauts qu'elles présentaient pendant ce temp puis on les photométrait et on les pesait de no veau. Les deux observations photométriques fo nissaient un chiffre moyen, et la différence des de pesées permettait de calculer la consommation par bougie-heure!. ; Les réchauds étaient étudiés au point de vue. leur puissance calorifique, c’est-à-dire que 1 cherchait la consommation et le temps nécessa pour élever un litre d’eau à l’ébullition. L'examen des chiffres relatifs aux lampes (Tæ! bleau Il) conduit à des remarques fort intéressantesé Tout d’abord, on est surpris de voir combi l'intervention d'un manchon Auer augmente l'in tensité lumineuse. M. Sorel a montré que l’aleo@ll brûlant à flamme libre est si peu éclairant quil en faut consommer près de 150 centimètres Cubes pour avoir une bougie-heure. Si l'on interpose 4 forte. Une lampe à flamme libre dépense, par b gie-heure, environ 6 grammes d'alcool carburé, € à peine À gramme quand l'alcool carburé est, l’état de gaz, brûlé sur manchon. Le mode de chauffage de la chaudière semble] influer bien peu sur le rendement (Bec Préféré n°4 et bec Decamps n°2; intensité 36 b. 4 et 32 b. 54 consommation 3,3 et 3 centimètres cubes. — Ba Préféré n° 2 et bec Denayrouse sans pressionk intensité 23,2 et 22,8 bougies; consommation 2,8 € sommation est naturelle; que les calories néces- saires à la gazéification soient prises à l'alcook brûlant sur mèche, ou à l'alcool ayant brûlé sur manchon, cela revient au même. Si l'on place unë tige de récupéralion dans la flamme, celle-ci convertil pas en lumière. On remarque également que l'alcool carburé à conduit, pour une même intensité, à une consom=| mation moindre d'un tiers ou d’une moitié. Cela carburé à 50 °/,. Une même lampe Kornfeld, brû lant de l'alcool dénaturé, puis de l'alcool carburé, & { La bougie-heure est la vingtième partie de l'étalo Violle. Celui-ci représente l'intensité lumineuse qui se dégag d'un centimètre carré de platine, au moment de la solidif cation. Un carcel vaut 9 bougies 62. lé sa puissance lumineuse (257 et 610 bougies), ommé, dans le premier cas, 1,2 ce., et dans econd 0,5 ce. de liquide. Un éclairage est, en général, d'autant plus écono- 1e qu'il est plus intense. La bougie-heure coûte ns cher dans une lampe de grande puissance dans une lampe domestique. Cette loi se ouve dans l'étude des chiffres cités plus haut. x becs Hantz de 85 et de 123 bougies ont con- imé : l’un 2,4 ce., l’autre 1,9 ce., par bougie- re. Les chiffres fournis pas les becs Decamps, becs Washington, etc., par les becs Denayrouse naires ou alvéolaires, confirment également L. LINDET — L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL 287 jeté plus nettement, entraîne dans un espace plus restreint la quantité d’air qui doit le brûler, el fait un cône de flamme analogue à celui que fournit le chalumeau ; et, si la forme du manchon est con- venablement choisie, s'il emboîte exactement la flamme, celle-ci est complètement utilisée, et le manchon prend son maximum de pouvoir éclairant. De ces trois dernières observations, il résulte que, pour les grands éclairages, ceux qui se chiffrent administrativement, il convient d'employer l'alcool carburé, qui, au cours acluel de la benzine, est économique; il convient de prendre des lampes intenses, puisque la bougie-heure se traduit par TABLeAU IL. — Consommation des Lampes (Essais de M. Couderchon). LAMPES SANS GAZÉIFICATION. LAMPES A GAZÉIFICATION. n° 2. ni ashington no 1 n° 2 Kerafeld ARE | Decamps n° 2 . | Denayrouse (Pression 12 (alvéoluire), n° 1. . no 2, n° 5. n° 6. Aenol carburé, 50 0/o. \ Kornfeld. . Société continentale. Préféré, n° 1 . — — — NO a — — 1900 . Société Régina. 5 Pomeyrol et Soupiron | - Decamps n°1. : —— 0 9 Alcoo] dénaluré. u CE a _ Denayrouse (Pression) 6 — (ordinaire). -É Hantz n° 1. Er sans pression), n° 3. n° 4. | RÉRMENETNE CONSOMMATION] DÉPENSES CONSOMMATION du bec du bec par du bec = : 5 en C. c. en centimes | bougie-heure en bougies ë par heure par heure en c.c. «| 9,6 69,1 3,9 52 | 36,4 109.2 5,5 353 23.3 65,2 3.3 2,8 18.4 148.9 V5 1.9 23:9 SS.# + ,4 3.1 he | 100. | 5,0 4,0 18,9 90701 4,5 4,8 32,9 96,5 4.8 3,0 346,2 380,6 19,0 Lt 22,8 52.4 2,6 2,3 55.5 205.2 10,2 2,4 123.2 234,1 | D 19 149,6 103.9 20,2 2,1 354.8 674.1 43,7 1,9 257.0 298.4 a) 1.2 3$.0 19.8 4.0 2) | 485.0 339.5 17.0 0.7 16,3 106.8 5,3 | 1.4 185,5 129.8 | 6,5 | 0.7 3.6 Let | 0.6 3.1 Jr 18,4 0,9 1,9 82,3 131.7 bb 1.6 140.0 IX2:0) | 9.1 1.5 } DA éelte loi, à laquelle je viens de faire allusion. Enfin, on constate que la pression avec laquelle alcool arrive à l'injecteur augmente l'intensité du ver, el diminue, par conséquent, la dépense par nité de lumière. Toutes les lampes munies de éservoirs à pression ont donné une consommation ible. 11 suffit, pour s'en convaincre, de remarquer s chiffres relatifs à la consommation du bec 1900, s becs Denayrouse (à pression), des becs Was- hington, Kornfeld, Hantz, ete., comparativement à eux fournis par les becs Préférés, les becs Régina, es becs Decamps, le bec Pomeyrol et Soupiron. Be fait tient à ce que le jet d'alcool gazéifié est pro- L'alcool dénaturé et l'alcool carburé sont comptés à 0 cent. le litre, prix qui doit être considéré aujourd'hui Comme un maximum. une dépense plus minime; il convient enfin de choisir les lampes à pression, puisque, munies de manchons bien adaptés, elles produisent un excès d'intensité. Mais, dans les ménages, où l’on ne saurait brûler d'alcool carburé sans risquer d’avoir une flamme fuligineuse, où l’on ne saurait dépasser une inten- sité de 25 à 30 bougies, où l'on ne saurait avoir un réservoir de pression, il convient, quitte à dépenser quelques centimes de plus par soirée, d'employer l'alcool dénaturé, dans des lampes de petite inlen- silé et sans pression. : L'examen des chiffres relatifs aux poëles et appareils divers, est également d'un grand intérêt. Les réchauds brûlent des quantités variables réchauds, 288 d'alcool] ou d'alcool carburé {Tableau I). Mais, ce qu'il importe de connaitre, c'est la consommation L. LINDET — L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL réchauds à gazéification. Les premiers, ainsi que nousl'avonsditplushaut,utilisentdoncbien l'alcool Tasceau III. — Consommation des Réchauds (Essais de M. Villard). RÉCHAUDS SANS GAZÉIFICATION. Dusart. . . Hauvet Chapuis . I RAR MM OST SELON. co Compagnie des Alcools solidifiés . Compagnie générale des Alcools Alcool dénaturé. Alcool solidifié. 3 RÉCHAUDS A GAZÉIFICATION. Polo Decamps. . Prevoteau . Barbier 1e ( Denayrouse . . t Fouilloud Alcool dénaturé. Alcool carburé. POUR ÉLEVER Î LITRE D'EAU A L'ÉBULLITION ï | le < 4 | CONSOMMATION il a fallu à l'heure Temps en minutes EME (LE Alcool en c.c. M2 19 © CO NO 12 TDiIJ2H — © 0 = æ © N 19 19 en fonction du travail produit. Dans cet ordre d'idées, et en faisant abstraction du temps qui a Tagceau IV. — Consommation des Poëles (Essais de M. Grouvelle). CONSOMMA- TION à l'heure { Société continentale : CALORIFÈRES \ Alcool Bec Prélére. A < dénaturé. Bec 1900 GAZÉIFICATION. Calorifère Polo Alcool carburé. Fouilloud . , . été nécessaire, nous voyons qu'avec les réchauds à mèches, on à brûlé, pour porter un litre d'eau à TaBLEAu V. — Consommation des Appareïls divers (Essais de M. Lindet). CONSOMMA- TION à l'heure en CC. | | | | 195 107 À | Longuemare. Wintenberger . Société générale de chaullage. { Pierre. sn Fouilloud . EOLIPYLE. L | FER A REPASSER. LE | CHAUFFERETIE. . { « Aicool "\ dénaturé. 2e 6 238 178 203 S93 3000 LAMPE SOUDEUSE. . FER A SOUDER , Alcool CHALUMEAU A BRA-( carburé. SERRE: l’ébullition, de 52 à 69 centimètres cubes d'alcool dénaturé, et de 42 à 50 centimètres cubes avec les considération les dépenses des poêles et des appañ reils divers qu'en raison des résultats obtenus (Tableaux IV et V). Si le chalumeau à braser de M. Fouilloud à dépensé 3 litres d'alcool carburé àW l'heure, si le fer à repasser de M. Wintenberger 4 dépensé 107 centimètres cubes d'alcool dénaturé ces appareils ont exécuté des travaux dont les rés | sultats pécuniaires peuvent être considérés com proportionnels. IV. — CoMPAHAISON AVEC LES AUTRES PROCÉDÉS." Celte conférence serait terminée si vous n’atten diez pas de moi que je compare, au point de v l de la dépense, l'éclairage et le chauffage à l'alcool! avec les procédés d'éclairage et de chauffage au é | quels nous sommes déjà habitués. Je ne pa jamais de l'emploi de l'alcool sans que l’on me pa cette question : « Est-ce plus cher que le pétrole? Généralement, je ne réponds pas; je trouve, effet, que, surtout pour l'éclairage domestique,onn doit pas se préoccuper outre mesure, à quelqu centimes près, de la dépense à faire. Aucun del nous n'a songé à mesurer, Ce que, à son bureai dans son salon, il dépense par bougie-heure aveu l'électricité, avec le gaz, avec le pétrole, etc. Quand on adopte un procédé d'éclairage, on achète, nom seulement sa lumière, mais aussi la commodité, le bien-être, l'élégance qu'il nous apporte. | Cependant, comme quelques-uns d'entre vous | s'en iraient mécontents de cette salle si je ne fa] sais pas cetle comparaison, el comme je ne e.: pas me soustraire, je m'exécuterai. » J'éviterai tout d’abord la comparaison avec ile. Une lampe brûle 42 grammes d'huile par rcel, c'est-à-dire 6 centimes; cela représente e plus, on ne peut demander à l'huile un éclairage ense. Et, cependant, c'est le meilleur des éclai- es, le seul qui préserve nos yeux. Faut-il comparer l'alcool à l'électricité et au Fre L'électricité est, surtout dans certains pays où il ma une force motrice naturelle, produite à très compte, quelquefois même à un prix déri- ire. IL n’en est pas de même à Paris. Une lampe 25 bougies, consommant 75 walts, brûle pour centimes d'électricité. (Un bec Préféré de 25 bou- lBies brûle pour 3 cent. 3 d'alcool.) L'éclairage à cest plus économique. Une lampe de 250 bou- es, consommant 225 watts, dépense 5 à 6 cen- re cube, il = moins cher que l'alcool. Un bec 7 à 8 carcels, soit 70 à 80 bougies, par incan- scence (bec de la ville de Paris), brûle de 100 à lairage d'intensité analogue : nous trouvons le bec 00, qui, pour 78 bougies, brûle 7 cent. 5 d'alcool naturé, soit le double; le bec Denayrouse, sans ession, qui, pour 76 bougies, brûle 5 cent. 3 d'al- ol carburé. La conclusion est qu'à cause de leur ble dépense, de leur facilité d'allumage et de ur propreté, il faut préférer l'électricité et le gaz alcool. Mais combien d'usines, de gares, de vil- S, de os de campagne, de PACS qi role. à comparaison est difficile, car nous n'avons affaire à la même lumière. Le pétrole ne peut de difficilement fournir une lumière à incandes- nue, qui encrasse les injecteurs. Le pétrole ne le done que sur une mèche; il faut, si l’on re- érche le maximum d'intensité lumineuse que l’on lumières qui ne sont pas semblables. Je prends, dans le Rapport que M. Ringelmann a fait à la Société nationale d'Agriculture, les chiffres ivants : INTENSITÉ CONSOMMATION DE PÉTROLE ES 11,8 bougies 13 cent. cubes. CR. PRIMES 133 Æ SRE FDA, fee 241 L. LINDET — L'ÉCLAIRAGE ET LE CHAUFFAGE PAR L'ALCOOL 289 Comparons la lampe de 11 b.8 avec la lampe Alko- lumine de 9 b. 6 brûlant 69 centimètres cubes d’al- cool carburé. C'est le même chiffre, c’est-à-dire la même dépense. Brülant sur mèche, l'alcool carburé à 35 °/, et le pétrole se valent. Mais l'avantage reste à l'alcool si l'on compare les résultats de la lampe n° 2, brûlant du pétrole sur mèche, et ceux des lampes de même intensité (bec Préféré, bec Régina, bec Decamps) brülant l'alcool gazéifié sur manchons. La dépense est moi- lié moindre. Nous n'avons pas, dans le tableau II, de lampes de 52 bougies, mais nous avons la lampe de M. Hantz, qui consomme autant (234 c. c.) et qui a une intensité double. Si, au lieu de considérer l'alcool, nous considé- rons l'alcool carburé, l'avantage s'accentue encore au détriment du pétrole. Mais, dans le choix d’une lumière, il ne convient pas seulement de s'occuper de son économie; il faut prendre en considération d’autres points de vue. L'alcool présente, sur le pétrole, des avantages et des inconvénients. En bon avocat, commençons par les inconvénients : L'allumage est lent; je ne doute pas qu'un jour on arrive à le rendre plus rapide. L'alcool est plus inflammable que le pétrole. Ce- pendant, il faut considérer que les dangers d'in- flammation sont extrêmement réduits, et la meil- leure preuve, c'est que nous avons manié, au Jury, des centaines de lampes dans une salle très étroite, que l’on en a manié des centaines à l'Ex- position, en présence d’un publie nombreux et quelquefois imprudent, touche-à-tout, et qu'il n'y a eu aucun accident. Les lampes à esprit-de-vin, dont nous nous servons chaque jour, sont con- struites dans des conditions bien moins parfaites que ces lampes à gazéificalion. Mais, à côté de ces inconvénients, quels avan- tages! L'alcool, en brûlant, ne répand aucune odeur, ne donne pas de flamme fuligineuse, et, surtout, la lampe qui le contient ne suinte pas: vous pouvez prendre la lampe sans exposer vos doigts à être souillés. Vous allez me demander maintenant de compa- rer les réchauds entre eux. M. Helshofer, directeur de la Centrale für Spiri- tus de Berlin, a montré que l'alcool dénaturé, brü- lant dans un réchaud à gazéificalion, donne la même quantité de chaleur que 1 mètre cube de gaz. La facilité d'allumage laisse l'avantage à celui-ci, mais nous sommes à la campagne el nous n'avons pas de gaz. Devons-nous prendre un réchaud au pétrole, où un réchaud à alcool? Nous devons prendre le pre- mier si nous voulons faire des économies de cen- times: car le pétrole fournit près de deux fois plus 290 FÉLIX LE DANTEC — LA MATURATION DE L'OEUF de chaleur que l'alcool. Mais nous devons prendre le réchaud à alcool, si nous nous préoccupons de n'avoir ni odeur, ni flamme fuligineuse, ni suinte- ment. Là encore nous achetons, en même lemps que la chaleur, notre bien-être. Tel est, Mesdames et Messieurs, l'état actuel de la question de l'éclairage et du chauffage par l'alcool. Tout n’est pas au mieux encore dans le meilleur des mondes; il reste des progrès à faire, au point de vue de la rapidité d'allumage, de la construeti générale. Mais de très gros efforts ont été faits, | je suis persuadé que le Concours international q | va s'ouvrir au mois de mai prochain, sous les a: | pices du Ministère de l'Agriculture, fera faire à question un nouveau pas en avant, au grand béni - fice de l’agriculture française. | | L. Lindet, Professeur à l'Institut National Agronomique Rapporteur du Jury du Concours. LA MATURATION DE L’ŒUF Les expériences de MM. Lœæb, Delage, etc., sur la parthénogénèse artificielle des œufs ont modifié les idées des biologistes au sujet de la fécondation, et, comme cela arrive souvent en pareil cas, le mou- vement de réaction a été trop violent et l'on a abandonné trop complètement l’ancienne concep- tion des phénomènes sexuels. On considérait, il y a quelques années encore, que les êtres appartenant aux espèces sexuées pouvaient, suivant les cas, donner naissance, soit à des œufs parthénogéné- tiques se développant par eux-mêmes, soit à des ovules réellement femelles et incapables de se dé- velopper sans le secours d'un élément mâle. Entre ces deux sortes de cellules reproductrices, il y avait donc un abime, que les expériences dont je viens de parler ont d'abord paru combler. Tout le monde a été stupéfait quand Lœb a annoncé qu'une im- mersion convenable dans une solution saline ap- propriée permettait, sans le secours du sperma- tozoïde, le développement des ovules femelles de quelques Echinodermes. De là à penser que l’action du spermatozoïde dans la fécondation était, au moins en partie, analogue à celle d'une solution saline; il n'y avait qu'un pas; M. Delage a fait remarquer que le pronueléus mâle apporté par le spermatozoïde, se gonflant par imbibition après avoir pénétré dans le protoplasma femelle, déshy- drate par là même ce proloplasma, phénomène comparable à celui que produit l'immersion de l'ovule dans les solutions salines de Lœb. Mais je m'empresse d'ajouter que M. Delage n'a pas réduit à cela le rôle du spermatozoïde ; il a fait, dans cette Revue même, la remarque suivante : La fécondation a un double but : 1° mettre l'œuf mûr en état de se développer et de former un être nouveau, c’est-à-dire déterminer l'embryogénèse; 2 donner à cet être nouveau deux parents (au lieu d'un seul comme dans la reproduction agame et la parthénogénèse), c'est- ! DeLage : Les Théories de la fécondation, er. Se., 15 novembre 1901. géa. des à-dire introduire dans son évolution l’amphimivie ave@a les avantages d'une double lignée ancestrale. Et le savant professeur réserve naturellement Ié rôle du spermatozoïde dans l'amphimixie quand il attribue à cet agent une action déshydratante qui facilite le développement de l’ovule.' Le passage précédemment cité de l’article den M. Delage donne un exemple des considérations finalistes dont on entoure toujours l'explication dé la fécondation. L'influence de Weissmann a été néfaste à cet égard. On dit couramment que l’ovulé mürit, élimine une partie de sa substance, pou pouvoir accueillir dans son sein un spermatozoïdt et assurer ainsi à l'être futur les avantages de l’am phimixie. Je crois que ce langage a pour résultä | de compliquer inutilement le problème ; il est pos= | sible, dans l'état actuel de la science, de poser question de la maturation sans recourir à l'argument téléologique. ‘ Qu'est-ce que la maturation, quand il s'agit des éléments sexuels ? On fait à cette question des réponses différentes suivant que l’on se place au point de vue histolo» gique où au point de vue embryologique; mai avant les expériences de Læb, on s'accordait à diré que, dans les cas de sexualité vraie (je laisse intentionnellement de côté les cas de parthénogés nèse partielle ou facultative), l'ovule devenu mürt perdu la faculté d’assimilation (c'est cette facu d'assimilation que M. Delage appelle le pouvoir déterminer l’embryogénèse), et qu'il ne peut recouvrer que lorsqu'il est fécondé par un sperm& tozoïde également incapable d'assimitation. L'assk milation, où augmentation de la quantité des sub stances vivantes d’un élément cellulaire, est, sa contredit, un phénomène chimique; elle résulte de réactions qui se produisent, dans l'intimité de substance vivante, entre cette substance vivan FÉLIX LE DANTEC — LA même et les éléments chimiques venus de l’ex- ur à son contact. Si donc l’ovule mûr est inca- e d’assimilation dans un milieu qui contient toutes les substances chimiques nécessaires, c'est “éidemment que les éléments indispensables aux ions assimilatrices ne se trouvent plus tous is à son intérieur, et cela peut se produire de x manières : 1° soit que la substance active de vule ne soit plus de la substance vivante com- ie, c'est-à-dire qu'il y manque certains éléments tant normalement dans une cellule de l'espèce isidérée; alors la maturation de l'ovule serait sentiellement un phénomène chimique, une des- uction partielle de la substance vivante; 2° soit que l'état particulier dans lequel se trouve l'ovule che les échanges osmotiques avec l'extérieur, ‘qu'ainsi une substance vivante, chimiquement mplète, soit dans l'impossibilité d’assimiler, parce ie les éléments nécessaires existant dansle milieu é peuvent plus venir à son contact; alors la matu- ion de l’ovule serait essentiellement un phéno- ne physique‘. \ | est la grande question de la Biologie que de r distinguer, dans une manifestation quel- nque de la vie cellulaire, quelle est la part des lénomènes chimiques et des phénomènes phy- ques, et cette question est d'autant plus complexe ieces deux ordres dephénomènesretentissent fata- ment les uns sur les autres. Que l’on s'arrête à nterprétation chimique ou à l'interprétation phy- jue de la maturation del'ovule, on comprend éga- nent le rôle du spermatozoïde dont l'introduction ënd l'assimilation possible, soit en complétant chi- iquement les substances vivantes de l'ovule par dpport de substances mäles qui ÿ manquaient, it en y introduisant un organe nouveau (centro- me déterminant les échanges avec l'extérieur? ronucléus déshydratant enlevant l'excès des juides nuisibles à l'osmose? etc.). Le fait donc avoir conslalé que le spermatozoïde, en entrant ans l’'ovule mûr, y rend l'assimilation possible, iSsait, par conséquent, entière la question de Voir si la maturation de l’ovule est un phénomène imique ou un phénomène physique. Les expé- mences de Lœb et Delage ont-elles résolu la ques- on dans un sens ou dans l’autre ? En y regardant de près, nous verrons quil est impossible de l’ad- neltre, malgré l'apparence contraire. IT Je laisse de côté l'hypothèse d’une action spéci- Mique des ions métalliques des solutions salines. M Ce serait un phénomène physique même si c'était l’exis- nce d'une substance chimique donnée à son intérieur x ® MATURATION DE L'OŒUF 291 Lœb a successivement abandonné et repris celte manière de voir et, d’ailleurs, les expériences de Bataillon suffisent à prouver que la parthénogénèse artificielle peut s'obtenir en dehors d’une interven- tion métallique. Lœb et Delage sont d'accord pour attribuer une importance considérable à la concentration de la solulion saline employée, mais ils ne sont pas d'ac- cord sur l’équivalence des solutions isotoniques comme agents déterminants de la parthénogénèse artificielle; les expériences entreprises par Delage sur le rôle particulier du chlorure de manganèse ne sont d'ailleurs pas encore terminées. Quoi qu'il en soit, il est bien établi que, sous l'in- fluence de certaines actions purement physiques, un ovule peut se développer sans fécondation. Voici la conclusion de Delage dans son dernier Mémoire: « L'œuf est dans un état d'équilibre instable, et une excitation convenable, mais non spécifique, suffit à le déterminer à se développer. Indépendamment des solutions salines employées par Læb, la parthénogénèse peut être produite, non seulement, comme l'avait re- connu Læb, par des agents chimiques ne modifiant pas la pression osmotique, ou même par des solutions sali- nes hypotoniques, mais aussi par un agent physique, la chaleur, appliquée à un degré déterminé et à un mo- ment précis de la vie de l’œuf. Les actions de la chaleur, d'HCI et des solutions salines s'ajoutent, ce qui prouve qu'elles ne sont pas de même nature, chacune étant employée à son optimum. » # Faut-il conclure de tout cela que la maturation de l'ovule est un phénomène physique? que, si l'ovule mür est incapable d'assimilation, c’est uni- quement à cause d'un état physique particulier, d'un équilibre instable, comme dit M. Delage, qu'une excitation (?) convenable suffit à faire disparaitre? Si l'on se reportlait uniquement aux expériences dont il vient d'être question, on pourrait, en effet, être tenté de l'admettre ; mais il ne faut pas oublier qu'il y a d’autres observalions sur les produits sexuels et que ces observations meltent en évidence, d'une manière indiscutable, une différence chimique entre l'ovule et le spermalozoïde. Je me conten- terai de signaler, à ce point de vue, les caractères sexuels secondaires si différents dans les deux sexes et qui résultent certainement des excrela des glandes génitales. Y aurait-il done contradiction entre les faits nouvellement découverts et ceux qui étaient connus autre fois? Il est évident que, si l'ovule est mür et incapable de se développer parce qu'il a perdu une certaine partie, chimiquement définie, de sa substance vivante, savoir, l'ensemble de ses (substances inhibitrices) qui arrêtait les échanges en modi- fiant les propriétés osmotiques de l'ovule. 1 DerAGE : Etudes expérimentales sur la maturation cyto- plasmique et sur la parthénogénèse artificielle chez les Echi- nodermes. Arch. Zool. exp. et gén., 1901. éléments mâles, une action purement physique ne saurait lui rendre la capacité d’assimilation. Mais il suffit d'examiner de près les résultats des dernières expériences de M. Delage pour se rendre compte de l'importance énorme du degré de maturation dans la réussite de la parthénogénèse artificielle. Et c'est là qu'est, je crois, le nœud de la question. Considérons, en effet, un ovule en voie de matu- ration. Si la maturation est une destruction pro- gressive des substances mâles de la cellule (des- truction dont la cause nous échappe encore), on comprend que, suivant le temps pendant lequel agit la cause destructive, cette maturation puisse aller plus ou moins loin, Lorsque celte destruction s'arrête de bonne heure, il peut rester encore dans la cellule une quantité suffisante de substances mäles, et alors l’ovule, incomplètement mûr, est encore capable d'assimilation ; il y a parthénogénèse naturelle. Chez certains êtres, à certaines époques, il se produit normalement des ovules ayant subi peu ou pas de maturation (œufs parthénogénétiques). Chez les Abeilles, la maturalion s'arrête toujours assez tôt pour que, d'une part, la partie de l'ovule encore compensée par des substances mäles puisse se développer par elle-même (faux-bourdon),etque, d'autre part, il y ait une quantité de substances femelles non compensées, suffisante pour expliquer l'introduction d'un spermatozoïde et la formation d'un œuf fécondé (ouvrières et reines)". Chez l'As- terias glacialis, la maturation n’est pas toujours complète; certains ovules, arrivés au terme de la destruction maturative, sont encore capables d’as- similation; mais ils contiennent trop peu de sub- stance mâle pour que leur développement aille bien loin; la parthénogénèse naturelle ne conduit ces ovules qu'à un stade embryonnaire peu avancé. Cela suffit à prouver qu'il y a toute un série de phases intermédiaires entre la maturation totale et la parthénogénèse naturelle. Quelles sont les causes qui font mürir l’ovule, c'est-à-dire qui détruisent progressivement toutes ses substances mâles, nous ne le savons pas encore, mais nous trouvons une fort simple expériences MM. Læb, Delage, etc., dans le fait que l'interven- explication des de tion d’une cause physique, comme, par exemple, la déshydratation par une solution saline, arrête la maluralion ; ainsi, telle cellule qui, dans les con- ditions où elle se trouvait avant l'intervention, était en train de devenir un ovule mûr, incapable d'as- similation, verra arrêter plus tôt la destruction de ses substances mäles et sera susceptible de par- thénogénèse. Telle cellule, arrêtée à un stade ana- logue à celui qui est normal chez les Abeilles, sera FÉLIX LE DANTEC — LA MATURATION DE L'OEUF susceptible soit de parthénogénèse, soit de fécon- dation. Je vais montrer que cette interprétation est complète; voici les conclusions de M. Delage : « Il existe pendant la vie de l'œuf un moment cri- tique, celui où, pour la première division maturative, la membrane nucléaire se détruit et laisse diffuser le suc nucléaire dans le cytoplasma. A ce moment, qui est celui où la fécondation mérogonique du cytoplasma devient possible chez l'Asterias, les agents de la parthé- nogénèse sont particulièrement efficaces. C’est un point singulier dans la courbe physiologique de l'œuf, où la moindre action disturbante peut le faire verser dans la parthénogénèse. « Chez l'Oursin, la parthénogénèse expérimentale se produit après la maturation complète et, malgré la réduction chromatique quantitative, le nombre normal de chromosomes se retrouve le même dans la larve sans père que dans celle provenant d'un œuf fécondé. Cela confirme une conclusion de mes expériences anté- rieures, d’après laquelle la thèse de l’individualité des chromosomes de Rabl et Boveri est insoutenable et doit faire place à ma théorie de l’autorégulation de ce nombre par action spécifique de la cellule. « Chez l’Astérie, la parthénogénèse expérimentale à lieu, le plus souvent, sinon toujours, après expulsion d'un globule polaire, et les agents déterminant la parthé- nogénèse agissent en inhibant le deuxième globule et plaçant ainsi l'œuf dans les conditions habituelles de la parthéuogénèse naturelle. » Toutes ces conclusions sont d'accord avec l'inter- prétation que je viens de donner, mais j'ai souligné intentionnellement les mots après la maluration complète, dans le passage relalif à l'œuf d'Oursin. Il faut s'entendre sur la signification des mots. Les histologistes accordent naturellement une impor- tance prépondérante aux phénomènes figurès de la cellule et considèrent, par suite, comme produi- sant la maturation définitive, les modifications obser vables dans la cellule au cours de cette matu- ralion, savoir : principalement, la disparition de la vésicule germinative et la formalion des globules polaires, c'est-à-dire l'apparition de deux divisions consécutives sans phase de repos intermédiaire. Chez l'Oursin, dont il est question ici, il estcertain, en effet, que ces deux phénomènes se produisent au cours de la maturation; mais rien ne prouve que læ maturation, telle que nous l'avons définie plus haut, soit terminée aussitôt qu'ils ont eu lieu. Au con- traire, l'ensemble des résultats mêmes de M. Delage prouve que cette maturation continue encore chi- miquement après qu'ont pris fin les phénomènes histologiques !. Ce que M. Delage appelle un mo- meut critique dans la vie de l'œuf, c'est précisé- ment celui où, la maturation chimique étant em train de s’opérer, les agents extérieurs et des expé- riences de Lœb peuvent l'arrêter. Avant que la maturalion soit commencée et après qu'elle est chi- miquement terminée, l'influence de ces agents est nulle. ! Le Daxrec : L'hérédité du sexe vivant, Paris, Alcan, 1901). dans l'Unité dans l'être | | | | ‘ De même que pour le spermatide qui subit encore des modifications pour devenir spermatozoïde. FÉLIX LE DANTEC — LA MATURATION DE L'OEUF 293 41 III . Tous les résultats des expériences de parthénogé- nèse artificielle se comprennent donc admirable- ment dans l'hypothèse, suggérée par d’autres faits, d'une maturation chimique de l’ovule consistant en une destruction progressive des substances mâles. Sila maturation est terminée, il faut que le spermatozoïde apporte à l'ovule les substances mâles qui lui manquent, et l’on voit alors que le rôle déshydratant du pronucléus mâle n'a rien de commun avec l'action des solutions de Læb. Si la maturation est arrêtée avant que toutes les sub- stances mâles soient détruites (et ceci peut se pro- duire naturellement ou artificiellement), il y a par- thénogénèse et cependant possibilité de féconda- tion ! à cause de l'existence d’une certaine quantité de substance femelle non compensée (c'est ce qui se produil normalement chez l'Abeille) ; enfin, s'il n'y a pas maturation du tout, il y a parthénogénèse sans possibilité de fécondation. Le nombre des réussites dans les expériences de parthénogénèse artificielle doit varier suivant l’état dans lequel se trouvent les ovules au moment où on les traite par des agents capables d'arrêter la maturation. Or, c'est précisément ce que prouvent les expé- “riences déjà faites, et il y aura lieu de reprendre “ces expériences, au printemps prochain, avec des “oyules dont on connaitra exactement le degré de - maturalion. Par exemple; pourles œufs de l'Asterias …jlacialis, on pourra légitimement admettre que la “disparition de la vésicule germinative marque un _ point précis dans le processus de destruction chi- . mique et cela donnera un bon point de départ. « Ce phénomène morphologique de la disparition “de la vésicule germinative est, d’ailleurs, fort inté- “ressant par lui-même ; il y a deux ans déjà, dans “cette Revue même, j'en signalais l'importance dans “l'explication de la fécondation, mérogonique « .… La substance nucléaire dont une grande partie u moins, nous l'avons vu, pendant la karyokinèse, se trouve mélangée au cytoplasma et, dans l'ovule, reste mélangée au cytoplasma. » —_ M.Delage adopte cette manière de voir dans son “dernier Mémoire : « Le cytoplasma fécondable de l'œuf en voie de maturation diffère, dit-il, du cytoplasma non fécondable de l'œuf non mûr, “par la pénétration du sue nucléaire à son inte- rieur. » (Op. cit., p. 289.) C'est là ce que le savant «professeur appelle la maturation cytoplasmique. I 1 Et alors, ainsi que le montrent les expériences de M. Delage, l'œuf fécondé contenant plus de substance “ivante que l'œuf parthénogénétique correspondant donnera naturellement un développement plus rapide. DES : 2 - = L'équivalence des deux sexes dans la fécondation, Aev. gén. des Sc., 1899, n° 22, p. 862. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, me semble qu'il y a encore autre chose dans la ma- turation eytoplasmique; je ne vois, en effet, aucune raison pour admettre que la maturation chimique se produise dans le noyau seul; je crois, au con- traire, que les causes qui déterminent la matura- tion dans le noyau doivent en même temps la pro- duire dans le protoplasma, et c'est même à cela qu'est due, à mon avis, la disparition progressive de la vésicule germinative. Qu'est-ce, en effet, que la membrane nucléaire, sinon un état particulier de la substance du noyau au contact de la substance du cytoplasma ? Et il est tout naturel que, la sub- stance du noyau et celle du protoplasma subissant à la fois le phénomène de la maturation, leur sépa- ration ne reste plus comparable à ce qu'elle était auparavant; il y a donc, alors, mélange entre les substances mürissantes du cytoplasma et du noyau. Ces considérations m'empèchent d'admettre la con- clusion de M. Delage : « Que la pénétration du suc nucléaire dans le cytoplasma est nécessaire, peut- ètre pour empècher l'œuf de se développer parthé- nogénétiquement, sûrement pour fournir au pronu- cléus mäle l’eau nécessaire à son évolution dans l'œuf. » Les phénomènes fiqurés qui accompagnent la maturation de l’ovule doivent être considérés bien plutôt comme une conséquence de la maturation que comme la cause même de cette maturation *. Il est probable que, si M. Delage avait réussi, comme il l’a essayé, à crever la paroi de la vésicule germi- native, il n'aurait pas, pour cela, mûri le cytoplasma de l'ovule. La paroi de la vésicule germinative devient perméable, non pas pour que le cytoplasma mürisse, mais parce que l'ovule tout entier est le siège du phénomène de la maturation. Quant au nombre des chromosomes, il soulève une question qui n'a aucun rapport avec le déterminisme de la parthénogénèse artificielle *. Je voudrais avoir montré, dans ces quelques pages, que les expériences de Lœæb, Delage, etc., loin d'enlever de sa valeur à l’ancienne conception de la fécondation, lui donnent, au contraire, une force nouvelle, pourvu que l’on s'en tienne à des explications dépourvues de finalisme et que l’on renonce à faire intervenir, dans les phénomènes, des excilations mystérieuses qui rappellent les forces catalytiques de l’ancienne Chimie. Félix Le Dantec. Chargé de Cours à la Sorbonne. 1 C'est à une maturation analogue que j'ai attribué la dis- parition de la membrane nucléaire dans les karyokinèses normales. (V. L'Hérédité, clef des phénomènes biologiques. Rev. gén. des Sce., juillet 1900). = Les éléments figurés de la cellule et la maturation des produits sexuels. Æev. Scient., 1900. 3 Deux états de la substance vivante. C. A. Acad. des Sciences, 28 octobre 1901. 6* 294 J. JOTEYKO — LE SIÈGE DE LA FATIGUE LE SIÈGE DE LA FATIGUE' L'envahissement des appareils nerveux moteurs par la fatigue présente une succession de phéno- mènes qu'il est intéressant de connaitre. L'inégale résistance de ces appareils à la fatigue fournit les éléments d'une dissociation fonctionnelle. On admet généralement que les centres nerveux volontaires sont éminemment fatigables. Cette opi- nion s’est formée d'une façon toute théorique : on a voulu comparer les effets de la fatigue à ceux des substances anesthésiques, qui excitent tout d’abord avant de paralyser, et qui portent leur action d'une facon prédominante sur les centres nerveux. Il n'y à qu'un seul fait qui semble démon- trer la grande fatigabilité des centres nerveux : ce sont les expériences de A: Mosso, faites en alter- nant l'incitation volontaire avec l'excitation élec- trique des muscles ; dans ce cas, on s'aperçoit que les effets de la contraction volontaire disparaissent avant ceux de la contraction artificielle. Mais, outre que la comparaison entre ces deux modes d'excita- tion ne peut êlre rigoureuse”, surtout à cause de la douleur aiguë qu'occasionne l'application du cou- rant électrique aux muscles de l'homme, applica- tion qui nécessite l'emploi des poids légers, Mosso lui-même a été le premier à reconnaitre que, malgré tout, « les phénomènes caractéristiques de la fatigue ont leur siège à la périphérie et dans les muscles, que l'influence psychique n'exerce pas une action prépondérante, et que nous devons transporter à la périphérie cerlains phénomènes de fatigue qu'on croyait d’origine centrale, » Ce n’est donc pas en adversaire de Mosso que je m'érige en soutenant que le premier siège de la fatigue est situé à la périphérie; je m'élève uni- quement contre ceux qui, sans preuves à l'appui, considèrent le siège central de la fatigue une vérité établie à priori, et aussi contre certains continualeurs de l’œuvre de Mosso, qui ont poussé à l'extrème les conséquences qui découler naturellement de la comparaison faite comme semblaient entre la résistance de la courbe ergographique volontaire et la résistance de la courbe artificielle. Mes expériences sont les premières en date où le problème a été posé et résolu d'une facon 1 Communication faite au ë° Congrès international de Phy- siologie de Turin (septembre 1901). 2 Je renvoie, pour les critiques, à mon travail : Participa- tion des centres nerveux aux phénomènes de fatigue mus- culaire, Année Lsxehologique, t. VII, 1900. méthodique. Il suffit de rappeler brièvement que j'ai mesuré la résistance à la faligue des centres psycho-moteurs de l'homme au moyen de deux pro- cédés qui me sont personnels ! ; Le premier procédé, que j'appellerai ergo-dvna- mométrique, consiste à fournir des courbes ergo- graphiques avec une main et à examiner l'état d'excitabilité post-ergographique des centres nerveux au moyen de mesures dynamométriques, prises sur l'autre main, qui est restée au repos. Un premier point à noter, c'est que l’excilabilité de la main qui na pas travaillé à l'ergographe est influencée par le travail ergographique de la main du côté opposé, et que les modifications de son excitabilité sont toujours de même sens chez les mêmes individus. En effet, tandis que, chez certai- nes personnes ({ype dynamogène), la force dynamo- métrique subit une augmentation, chez d'autres personnes ({ype inhibitoire), elle subit une dimi- nulion après le travail ergographique accompli avec l’autre main. Par conséquent, le travail ergo- graphique épuise totalement la force des fléchis- seurs du médius, puisque, vers la fin de la courbe, il y a abolition complète du mouvement volontaire; mais il n'épuise pas la force des centres nerveux : qui commandent au mouvement. L'élat d'excitabi- lilé du centre présidant à l'exercice ergographique s'est propagé au centre du côté opposé, et celui-ci. n'a pas accusé de fatigue bien prononcée; bien au contraire, chez certaines personnes, il a accusé un état d'excilabilité augmentée, permettant de saisir, dans les centres psycho-moteurs, l'existence d'un phénomène qu'on n'avait décrit jusqu'à présent que dans le muscle et dans la moelle épinière, , connu sous le nom d'escalier (Treppe) ou d'« ad- dilion latente ». Par conséquent, cerlaines person- nes se trouvent encore dans la phase de l'« escalier psycho-moteur », alors que leurs muscles sont devenus complètement paralysés par la fatigue. Les autres, moins résistantes, accusent déjà au même moment un début de fatigue cérébrale. Le peu d'intensité de la fatigue centrale permet néanmoins la conclusion que le siège de la fatigue des mou- vements volontaires est situé à la périphérie. : J'ai exposé les résultats de mes recherches dans deux Mémoires : L'effort nerveux et la fatigue (Archives de Bio= logie, de Van Beneden, Liége, t. XVI. 1899) et Participation des centres nerveux aux phénomènes de fatigue musculaire \unée Psychologique, t. VI, 1900). — Voir aussi mes Com- munications au Congrès de Psychologie (Paris, 1900), à l'Aca= démie des Sciences de Paris (1899, 1900) et à la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles. Un troisième Mémoire est sous presse. ñ J. JOTEYKO — LE SIÈGE DE LA FATIGUE 293 Le second procédé est celui du quotient de | vaux de Hoch et Kraepelin, et développée ensuite [ I {atique, J'ai ap- pelé ainsile rap- port numérique qui existe entre la hauteur to- tale (exprimée en centimètres) des soulève- ments dans une courbe ergogra- phique et le nombre de sou- lèvements. Déjà Ioch et Krae- pelin avaient re- marqué qu'on pouvail séparer ces deux fac- teurs consli- tuants de dla courbe ergogra- phique, et que * La Hauteur était l'expression du travail des mus- cles, tandis que le nombre élait l'expression du lravail des cen- tres nerveux. Plusieurs au- teursitaliens (Berninzone, etc.) ont confir- mé ces données de Hochet Krae- pelin, et expériencesleur ont fourni une base expéri- mentale. J'ai introduit mes en ergographie un terme nou- veau, celui de quotient de fati- que Ô car il sert à désigner une orientation nouvelle les recherches. Celle-ci a été donnée tout d'a- bord par les tra- dans II . [V V Fig. 1 — Cinq ergogrammes (fournis par M. Decraenc), à des intervalles de trois minutes, avec le rythme d'une contraction toutes les deux secondes et soulèvement d'une charge de 3 kilogrammes. — Le repos de trois mi- nutes entre les ergogrammes étant insuffisant pour la réparation, on observe une accumulation de fatigue de plus en plus prononcée, qui se tra- duit par une dimiuution graduelle de travail mécanique et par une décrois- sauce de la valeur du quotient de fatigue des courbes successives. Voici les chiffres respectifs (H étant la hauteur (otale des soulèvements dans une courbe, N étant leur nombre, et quot. le quotient de fatigue) : : 3 H 240 L Courbe I. — 71,20 kgm. DN = Ti 7,14 quot. : e H 95 Courbe IT. — 2,85 kgm.—=— — — 2,90 quot. N 33 : I 80 Dr Courbe ll. — 2,10 kgm.—=— — —2,76 quot. £ N 29 : : D , H 12 3 Courbe IV. — 2,16 kgm. ==— — — 2,50 quot. E N 29 H 60 } be [oO —— = , Sy; ! Courbe V. 1,0 kgm,. — N—= & —* 10 quot. Nous voyons que, sous l'induence de la fatigue, le nombre des soulèvements est devenu deux fois moindre qu'au début, la hauteur est devenue qualre fois moindre! Il y a ici un phénomène qui rappelle la loi de Fechner-Weber. dans mes tra- Vaux person- nels. Jusqu'à présent, toutes les évaluations en ergographie étaient basées uniquement sur la somme de travail mécani- que,c’est-à-dire sur des mesures quantitatives. Or, le quo- tient de faligue mesure la qua- lité du travail accompli. À ce point de vue, il peut être com- paré au quo- tient respira- toire, qui, élant ‘le rapport entre deux valeurs mobiles, ne nous fournit au- cune donnée sur les valeurs ab- solues d'acide carbonique ex- halé et d'oxy- gène absorbé, mais nous don- ne uniquement le rapport de ces deux va- leurs ; il me- sure donc la fonction respi- raloire qualita- tivement. Il en est de même du quotient de fali- gue, qui mesure le rapport entre l'effort muscu- laire et l'effort central dans un ergogramme d'ailleurs ne s'oppose a Ct Rien que, dans les évaluations er- gogr iphiques, 296 J. JOTEYKO — LE SIÈGE DE LA FATIGUE F la qualité du travail soit enregistrée concurremment avec la quanlité ; on aura alors des données exactes et complètes sur le travail ergographique. Pour voir si l'accumulation de fatigue est d'origine centrale ou périphérique, j'ai eu l'idée d'examiner les variations du quotient de fatigue dans les ergo- grammes pris en étal de fatigue. Le sujet épuise totalement sa force à l’ergographe ; après un court repos, qui n à accusé qu'une restauration partielle, il donne un second ergogramme, inférieur au premier au point de vue du rendement; et ainsi plusieurs fois de suite, jusqu'à ce qu'il ait épuisé totalement sa force (fig. 1). La loi de l'épuisement, qui régit le quotient de fatigue de ces ergogrammes, pris en état d’accumulation de fatigue toujours grandissante, exprime qu'à chaque nouvelle courbe : sais HER la valeur du quotient de falique N diminue; en d'autres termes, à mesure que diminue le travail mécanique, les deux facteurs constituants du quo- tient de fatigue ne subissent pas une décroissance adéquate, mais ladiminution de hauteur est toujours plus marquée que la diminution du nombre *. La loi de la décroissance du quotient de fatigue s'est observée chez tous les sujets soumis aux expériences (vingt étudiants de l'Université de 3ruxelles) et parait être la règle chez les individus sains et jeunes. Par conséquent, même quand il y a accumulation de fatigue, c’est toujours le muscle qui se fatigue plus que les centres nerveux. La décroissance du quotient de fatigue ne s’ob- serve que dans le cas d’accumulation de fatigue. Mais, si le sujet fournit deux ergogrammes, en prenant soin d'assurer la restauration complète, alors, à l'égalité du travail mécanique des deux ergogrammes correspondra une égalité complète des deux quotients de fatigue. Si, pour une raison quelconque, la restauration d'un tracé à l’autre est si bien assurée que le sujet accuse même une légère augmentation de force, alors, à l’augmen- tation du travail mécanique du deuxième ergo- ! Loi de la décroissance du quotient de fatigue : Le quo- tient de fatique (5): qui est le rapport numérique entre la hauteur totale des soulèvements (exprimée en centimètres et leur nombre dans un ergogramme, et qui, dans des con- ditions identiques, est mathématiquement constant pour cha- que individu (quotient personnel), subit une décroissance progressive dans les courbes ergographiques qui se suivent à des intervalles de temps réguliers et insuffisants pour assurer la restauration complète d'une courbe à une autre. La loi de la décroissance du quotient de fatigue exprime que la fatique des mouvements volontaires envahit en pre- mier lieu les organes périphériques, car, des deux facteurs constituants du quotient de fatigue, le premier (hauteur est fonction du travail des muscles, le deuxième (nombre) est fonction du travail des centres nerveux volontaires, Le travail des centres est fonction du temps ; leur fatigue est proportionnelle au ombre des impulsions motrices. gramme correspondra une légère augmentation 4 de la valeur du deuxième quotient (signe que» l'excitation est d'origine cérébrale). Il est difficile de trouver une meilleure contre-épreuve de la. loi précédemment posée. Enfin, la corrélation de ces tests mérite d'être signalée. Elle nous montre d'une facon frappante le bien-fondé de l'affirmation sur laquelle j'ai basé la notion du quotient de fatigue. Examinons les rapports qui existent entre les variations du quo- tient de fatigue et les variations de la force dyna- mométrique. Chez le type inhibitoire, nous voyons, d'une part, la force au dynamomètre de la main gauche fléchir dans la proportion d'un cinquième après plusieurs ergogrammes accomplis avec la main droite, et, en même temps, nous voyons dimi- nuer dans une mesure adéquate le nombre de sou- lèvements dans les tracés successifs *. En revanche, chez le type dynamogène, le dynamomètre accuse une excitation post-ergographique des centres ner- veux, et, chose remarquable, chez ces individus le nombre de soulèvements du second ergogramme s'accroît légèrement, au point que la diminution de travail mécanique se fait exclusivement aux: dépens de la hauteur. Le nombre de soulèvements . est donc réellement fonction du travail des centres nerveux : à une dépression (s'accusant au dyna- momètre) correspond une diminution propor- tionnelle du nombre de soulèvements ; à une dyna- moyénie centrale correspond une augmentation adéquate du nombre de soulèvements. Toutes ces séries de recherches montrent qu'il est possible de saisir quelques légers signes de fatigue des centres psycho-moteurs, mais ils sont tellement faibles que leur part est minime dans les phénomènes de paralysie motrice. Et même, chez cerlains sujets, cette participation est nulle. Nous devons donc admettre que le premier degré de fatigue est périphérique, et que seulement dans les cas d'efforts excessifs pourront s'observer les signes de la faligue centrale. Or, j'ai montré, à par des recherches appropriées *, que les centres réflexes de la moelle sont « pratiquement infati- ; gables » (fig. 2). Nous excitons un nerf sciatique A, el nous empêchons la contraction névro-réflexe de. se produire (grenouilles normales ou très légère- rement strychnisées) en arrêtant temporaire { Cette diminution du nombre de soulèvements n'est jamais en opposition avec la loi de la décroissance du quo=" tient de fatigue. car la diminution de hauteur l'emporte toujours sur la diminution du nombre de soulèvements. J'ai signalé l'existence de quotients individuels. À ? Voir mes travaux : Rech. exp. sur la résistance des cen- tres nerveux médullaires à la fatigue (Annales de la Sociétem des Sciences méd. et nat. de Bruxelles), 4899, et Travaux de l'Institut Solvay, &. HI, ainsi que mes communications à la Société de Biologie de Paris (1899) et à l'Académie des Sciences de Paris (1900). J. JOTEYKO — LE SIÈGE DE LA FATIGUE 9297 la transmission dans le nerf sciatique B {électroto- nisation ou éthérisation d'une portion de ce nerf); : Secondes Fig. 2. — Graphique démontrant que les centres nerveux de la moelle épinière sont plus résistants à la fatigue que les organes périphériques (expérience sur la grenouille). Nous excitons par le courant faradique tétanisant le nerf sciatique d’un cêté (A) et nous obtenons deux réponses presque simultanées : l'excitation suit la voie des filets nerveux moteurs du côté excité et provoque la contraction névro-directe (tracé inférieur) : elle suit aussi la voie des filets nerveux seusitifs, pénètre dans les neurones de la moelle épinière et est projetée dans les filets nerveux mo- teurs du sciatique du côté opposé (B! et provoque la con- traction névro-rétlexe (tracé supérieur). 11 s’agit mainte- nant de savoir si c'est la moelle ou le muscle qui se fatigue en premier lieu. L'expérience se déroule de la facon suivante (suivre les deux tracés simultanés de gauche à droite) : 1° Contractions d'essai; les névro-directes sont plus intenses que les névro-réflexes : 2° Le nerf B est éthérisé à sa partie moyenne (à partir de E sur le tracé) ; 3° Après plusieurs secondes, l'excitation tétani- sante du nerf À est reprise et elle est maintenue jusqu à la fin de l'expérience; ie nerf directement excité donne une belle courbe de tétanos, tandis que l'excitation qui a traversé la moelle est arrêtée dans l'autre nerf B auniveau du point éthérisé: à peine observons-nous un léger sou- lèvement de ce côté; 4° Au bout d'un certain temps, la fatigue musculaire survient du côté A et le tétanos direct commence à s’abaisser ; avant le relâchement complet du muscle. on opère la déséthérisation rapide de l'autre côté D sur la figure) et, dix secondes après, on obtient un téta- uos névro-réflexe assez intense, et dont la présence sert de réactif à l'activité non éteinte de la moelle. La moelle est donc plus résistante au travail que le muscle, car les phénomènes moteurs sont limités dans les conditions ordinaires par la fatigue périphérique et non par la fatigue ceutrale. Dans d'autres expériences, l'éthérisation a été maintenue plus longtemps, e faournissant la preuve d'une résistance médullaire encore plus grande. Ces expériences sont encore plus démonstratives sur les grenouilles très légèrement strychnisées. les centres nerveux n'en seront pas moins excités par le courant électrique télanisant: ils seront Seulement incapables de manifester au dehors leur état d’excitation, car la contraction névro- réflexe est empêchée. Au bout d'un certain temps d'irritation tétanisante de la moelle épinière par l'intermédiaire du sciatique À, on lève maintenant sur le nerf B l'obstacle qui empêéchait la produc- tion de la contraction névro-réflexe (l'irritation du sciatique À étant constamment maintenue): la contraction névro-réflexe se produit instantané- ment, sans déceler le moindre signe de fatigue de la moeile. L'excitabilité de la moelle n’était done pas éteinte après ce long travail. On peut ainsi calculer quantitativement la somme de travail que peuvent fournir les centres réflexes de la moelle : ce travail est au moins quatre fois plus considérable que celui des organes terminaux. N'ayant pas, et pour cause, poussé mes recherches au delà, je ne puis assigner une limite au travail médullaire. C’est ici le moment de faire remarquer que mes re- cherches sur la fatigue spinale ont devancé de plus d'une année celles de Max Verworn‘ sur le même sujet, et le physiologiste allemand a recouru à des méthodes tout à fait pareilles aux miennes sans me citer. Il est certain que mon travail lui est resté inconnu IT Nous arrivons donc nécessairement à cette con- clusion que le siège de la fatigue, n'étant situé ni dans les centres psycho-moteurs, ni dans les est situé dans les muscles” Quel est le premier signe de la fatigue musculaire ? Helmholtz avait cru que la diminution de hauteur centres médullaires, de la secousse sous l'influence de la fatigue débu- tait l'allongement de la secousse. On a reconnu, depuis, que l'allongement simultanément avec de la secousse précédait de beaucoup la diminu- tion d'amplitude. Rollett, à qui nous devons prin- cipalement ces recherches, a montré que, non seulement l'augmentation de durée de la contrac- tion précédait la diminution d'amplitude, mais que, même pendant le phénomène de l'escalier, quand il y a augmentation croissante de l'amplitude, on observe déjà l'allongement croissant de la secousse. Ce phénomène est done le premier à apparaitre. L'allongement porte principalement sur la ligne de descente de la courbe de la contraction muscu- laire. Quand la l'escalier est interrompue par un arrêt série des contractions pendant d'assez longue durée, alors la première contraction après l'arrêt est plus basse que la dernière contraction avant l'arrêt, les effets de l'entrainement ayant disparu (Rollett). Le repos pendant la période de l'escalier a donc pour effet de produire un abais- sement des contractions. Or, ce paradoxe cess ! Archives de Pflüger, 1900, décembre. 298 d'exister en regard du fait que la réparation, dont l'effet élait de diminuer la hauteur de la contrac- tion, augmente l'excitabilité dans l'unité de temps : l'arrêt, la durée du raccourcissement est abrégée. Nous devons donc distinguer, dans la fatigue musculaire, une diminution double d'exci- tabilité : la diminution d'excilabilité dans l'unité de temps, qui se traduit par l'allongement de la secousse, et la diminution de travail mécanique, qui se traduit par un abaissement de la hauteur de la contraction. Quelle signification faut-il attribuer à chacun de ces effets de la fatigue musculaire ? La période de relächement de la secousse est déterminée par la force élastique qui permet au musele de revenir à sa longueur primitive. Dans le muscle fatigué, l'élasticité de retour est plus faible et moins par- faile. Le premier effet de la fatigue consiste donc en une modification de l'élasticité musculaire, phé- nomène qui apparait avant la diminution de hau- teur. Nous voyons donc que, même dans le cas où l’on considérerait la diminution de hauteur comme due à Ja diminution de force de l'impulsion motrice, il faudrait bien reconnaitre que le pre- mier signe de fatigue est périphérique, car il con- siste en un phénomène purement musculaire. après Ces résultats sont à comparer avec les formes du pouls capillaire asthénique de A. Binet et Courtier. Ces expérimentateurs ont que, dans la fatigue, il y avait une modification du pouls capil- laire, dont l'amplitude est diminuée; le dicrotisme est remonté et a une forme amollie. La fatigue produit une diminution du lonus vasculaire, qui se traduit par un amollissement du dicrotisme: il montré J. JOTEYKO — LE SIÈGE DE LA FATIGUE est des individus dont le tracé capillaire est un réac- | tif extrèmement délicat, permettant de déceler Ja moindre trace de fatigue. Or, le tonus vasculaire est déterminé par l’élasticité des parois des arté- rioles. Le muscle renferme deux éléments excitables : la fibre musculaire et les terminaisons nerveuses motrices intra-musculaires. Dans le but de recon- naitre lequel de ces deux éléments est le plus fati- gable, j'ai institué! une série de recherches, dont voie iles principaux résullats. Les effets de la fatigue, bien que périphériques, ne peuventêtre assimilés à une auto-curarisation. La prétendue action curari- sante de la fatigue (Waller, Abelous) provient d'un produitartificiel, dû à l'altération du tronc nerveux par le contact avec les électrodes. On peut facile- ment s'en convaincre en produisant la fatigue de la préparation névro-musculaire de grenouille par PRO UE PR ! Voir mon Mémoire : Recherches sur la fatigue névro musculaire et sur l'excitabilité électrique des muscles et des nerfs, Annales de la Soc, des Sciences méd. et nat. de Bruxelles, vol. IX, 4900. =. un moyen quelconque, pourvu que les électrodi ne touchent pas le nerf exploré (électrodes dans moelle, électrodes sur le nerf sciatique du côt opposé, électrodes sur le muscle même, fatigue produile par l'action du champ de force de à bobine, ete.). Dans ces conditions, le rapport entr l'excitabililté directe du musele et son exeitabilité indirecte se maintient dans la fatique tel qu'il exis lait à l'état frais, et se renforce même. Si, pa exemple, avant la fatigue, le quotient ER (M étant la hauleur de la contraction musculair obtenue par application directe des électrode exploratrices sur le muscle, N étant la hauteur d la contraction musculaire obtenue par applicatioi des mêmes électrodes sur le tronc nerveux), dan la fatigue il sera égal à 1/3. Avant l'expérience l'excitabilité indirecte est deux fois plus élevé que l'excilabilité directe; après la fatigue, elle lu est encore plus considérable, La fatigue a dont pour effet d'abaisser la valeur de ce quotient. C'es l'inverse de l’action curarisante. à Devons-nous en conclure que la substance mus culaire est fatigable au même litre que les termiu naisons nerveuses motrices? Pour résoudre [Je question relative à la résistance comparée à là fatigue de la fibre musculaire et des terminaison nerveuses, ilest indispensable de trouver un moyen absolument sûr d'énervation (la curarisation es insuffisante). Or, de même qu'on a pu dissocier les propriétés physiologiques des fibres musculaires päles d'avec celles des fibres rouges en s'appuyan sur leurinégale résistance àla fatigue et sur la forme de la contraction musculaire qui leur est propre, i n'a élé possible dé faire une distinction de mêmé ordre entre l'élément nerveux intra-musculaire el la fibre musculaire striée ordinaire, en prenant pour mesure leur inégale fatigabilité et la forme de la contraction qui leur est particulière. Quelques explicalions supplémentaires me paraissent néces saires. Il n'y a qu'un seul fait qui prouve d’une irréfulable l'irritabilité propre du musele : c'es la présence de la contraction io ne la suile d'une excitation directe par le couranl galvanique, par les actions mécaniques ou chi= miques, el l'augmentation relative que subit cetten contraction par l'effet de tous les agents | diminuent ou annihilent l'excitabilité du nerf Schiff, qui l'a découverte, il y a plus d’un demi Î lui à donné le nom de contraction idi musculaire, par opposition à la contraction névro musculaire, qui est produite par l'intermédiaire dt | | | | | | | | | | | | siècle, * Henmanx : Physiologie, 11, p. 85; Wunpr: Phyÿsiolog e p. 394. | % ( J. JOTEYKO — LE SIÈGE DE LA FATIGUE 209 f. La contraclion névro-musculaire est la ousse brève, si bien connue et décrite, qui se oduit sous l'influence de n'importe quel excitant, il vienne agir sur le nerf ou qu'il vienne agir sur muscle ; la contraction névro-musculaire appa- ilra tant que les terminaisons nerveuses seront citables, car la condition de son apparition est erminée par une excitation directe du tissu ner- ai vient à son tour agir sur la fibre musculaire. contraction névro-musculaire peut donc être similée à la contraction physiologique. Que aflux nerveux vienne des centres volontaires ou nerf, ou même des terminaisons nerveuses citées directement, nous aurons la contraction o-musculaire. La contraction 1dio-musculaire, en revanche, est soulèvement lent qu’on observe quand un exei- int quelconque (à l'exclusion du courant d'induc- on) vient agir sur le tissu musculaire même. ais, tant que les terminaisons nerveuses sont Xcitables, la contraction idio-musculaire est mas- ée par la contraction névro-musculaire ou n’ap- ait qu'à l’état rudimentaire (raccourcissement alvanotonique, contracture, etc.). Pour la mettre en en évidence, il faut opérer sur des muscles iés, énervés soit par l'anémie, soit par les intoxi- ions diverses (Schiff). Il n'existe qu'un seul moyen pour comparer la istance à la fatigue des faisceaux musculaires “avec celle des terminaisons nerveuses motrices. Ce procédé, que j'ai employé pour la première fois avec méthode, consiste à énerver le muscle au moyen de la fatigue. Le but m'a donc servi de oyen. L'expérimentalion montre qu'une plus ande résistance à la fatigue est dévolue à la re musculaire ; elle est prouvée par les deux {s suivants, que j'ai mis en lumière : 4° À un îgré intermédiaire de fatique, la contraction idio- usculaire possède une amplitude plus grande que à contraction névro-musculaire; 2 un degré de > contractions idio-musculaires. La fatigue abolit donc en premier lieu l’excitabilité de l'élément -On s'accorde à considérer la fatigue musculaire ümme étant le résultat de deux causes : consom- alion de réserves et intoxication par les produits la désassimilation musculaire. Je pense que la ligue des faisceaux musculaires pourrait être due ux, et c'est l'influx nerveux né de cette excitation: à la consommation des réserves, tandis que la fa- tigue des terminaisons nerveuses pourrait être due à une intoxication. Le muscle fournirait, en se contractant, des poisons, auxquels il serait lui- même réfractaire. Cette supposition concorde avec les phénomènes connus du chimisme musculaire ; nous savons, en effet, que la fatigue survient avant l'épuisement de toutes les réserves. En résumé, l'envahissement par la faligue des organes nerveux moteurs est successif et présente plusieurs phases. Voici la liste des appareils par ordre de susceptibilité : 1° Terminaisons nerveu- ses motrices intra-musculaires ; 2 Centres psy- cho-moteurs de lécorce ; 3° Moelle épinière ; 4 Trones nerveux. La fibre musculaire (dont l'ex- citabilité directe n'entre jamais en jeu dans les - conditions physiologiques) est bien plus résistante que les terminaisons nerveuses, mais il est difficile de lui assigner sa vraie place. Il est presque inutile de faire la remarque que la graduation des effets de la fatigue est l'opposé de la graduation des effets des anesthésiques. Pour les anesthésiques, les centres nerveux ouvrent la liste; pour la fatigue, ils la ferment. Nous voyons, par conséquent, que le premier siège de la fatigue est périphérique et qu'il existe une hiérarchie des mieux accentuées entre les tissus au point de vue de leur résistance à la fati- gue. Les phénomènes de fatique motrice sont dus à l'arrêt des fonctions des terminaisons nerveuses intra-musculaires. Tout le mécanisme de la fatigue est constitué de facon à assurer la proteclion des centres nerveux vis-à-vis des excitations nocives. Avant que les centres nerveux aient eu le temps de se fatiguer, l'abolition des fonctions des terminaisons nerveu- ses périphériques arrête toute réaction. Ce rôle défensif de la fatigue apparait nettement quand on songe que la fatigue poussée à l'extrême peut provoquer des phénomènes pathologiques graves, et même la mort. En Biologie, les phénomènes de la fatigue doi- vent prendre place à côté des processus tels que l'épuisement par le jeûne, qui assurent le bon fonctionnement des centres nerveux, organe le plus noble, aux dépens d'organes d'importance moin- dre. Faut-il rappeler que, dans le jeûne, la graisse disparait en premier lieu; puis les muscles, la rate el le foie perdent plus de la moitié de leur poids normal. Seuls, le cœur et le cerveau ne dépérissent et ne maigrissent point (Chossat, 1843). Dans le désastre qui doit anéantir la vie, les tissus les moins importants sont détruits pour conserver ceux qui le sont davantage, et, pour employer le langage expressif de À. Mosso, « dans l'inanition, le cœur recueillera jusqu'à l'instant suprème les 300 STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN À GALETS STRIÉS derniers résidus d'énergie des organes pour les transmeltre au cerveau, et le dernier échange se fera avec la dernière systole du cœur ». La physiologie de la fatigue présente un exem- ple analogue : nous retrouvons ici la même supré- malie du cerveau et tout un ensemble de procédés permettant d'assurer son bon fonctionnement au milieu de troubles qui deviennent si souvent funes- tes pour l'individu (migration des oiseaux et autres grands déplacements, construction des nids, soins maternels, incubation des œufs, luttes, etc.). Tels se présentent les phénomènes que j'avais à faire connaitre relativement au siège de la fatigue. ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN À GALETS STRIÉS DES PRÉALPES VAUDOISES La carte géologique des Préalpes vaudoises affecte une zone relativement très large à des for- malions superficielles qui y sont qualifiées de « terrain glaciaire ». Ce sont des placages d’argile sableuse, dans laquelle sont noyés d'innombrables galets, la plupart calcaires, et qui, dans ce cas, présentent à leur surface des paquets de stries fines, disposées comme des coups de burin entré- croisés. Il y a bien longtemps maintenant que ces galets striés ont été remarqués, et l'on peut dire qu'ils ont constitué le principal argument à l'appui de l'ori- gine glaciaire attribuée aux terrains qui les ren- ferment. Depuis l'époque d’Agassiz, c'est comme un axiome que les glaciers seuls sont capables de slrier les pierres, et l'illustre promoteur des études scientifiques sur ce grand chapitre de la Géologie a posé quelque part en fait qu'il suffit d'observer une seule strie sur la surface d’un galet pour qu'on soit en droit d'en conclure, sans autre examen, que ce galet est de formation glaciaire. À cet égard, on ne trouverait aucune divergence d'opinion entre les géologues de tous les pays, et il peut sembler téméraire de soumettre à une nou- velle étude un sujet sur lequel un accord aussi parfait (et si rare dans la science) a été obtenu. Cependant, depuis une dizaine d'années, j'ai été constamment, el comme malgré moi, ramené en présence des placages caillouteux dont il s'agit les : je ai. vus sous toutes sortes d'aspécts, grâce à * larges coupures faites au travers de leur masse par des travaux considérables, ponts, chemins de fer, et je ne me suis pas senti libre de ne pas laisser les fails parler devant moi. J'ai bien vu que la conclusion allait être en désaccord avec les idées roules, _ 0 Ce serait dépasser les faits que de vouloir en tirer quelques conclusions relativement à l’origine de la fatigue. Néanmoins, cette élude pourra être maintenant abordée avec fruit, car il est du ph haut intérêt de savoir à quoi est due cette grande résistance des centres nerveux à la fatigue, et quoi est due la grande fatigabilité des terminai sons nerveuses intra-musculaires'. J. Joteyko, Docteur en médecine, Lauréate de l'Insüt (Académie des Sciences de Paris), « Adjointe au Laboratoire psychologique Kasimil de l'Université de Bruxelles. reçues et j'ai fait tout ce que j'ai pu pour me désin téresser de la question. Mais elle s’est imposée à moi, en dépit vraiment de mes efforts, et, aujour- d'hui, j'en suis arrivé à comprendre d'une facon ! Pour terminer, je vais répondre brièvement à quelques objections qu'a cru devoir me faire le D' Z. Treves au Congrès de Turin. La première objection a trait à l’inter prétation que je donne des variations de la force dynamo métrique sous l'influence du travail ergographique. Ces variations sont-elles réellement le reflet de l'état d’excitabi: lité des centres qui commandent aux mouvements volon- taires? On pourrait tout aussi bien supposer qu'elles tra duisent l'état d'excitabilité de quelques autres centres situés plus bas dans la voie motrice. J'estime, avec le Dr Z. Treves, que les preuves décisives manquent, en effet, pour affirmer que les variations dynamo métriques en question se passent dans les centres psycho moteurs de l'écorce. Mais c'est là un point tout à fait secons daire, et ce qui est essentiel, c'est la localication de cette action dans les centres nerveux supérieurs. Car ce retentis sement du travail d'une main sur la main du côté opposé ne peut se faire que par l'intermédiaire du système nerveux central, et peu importe pour le moment son mécanisme: Comme nous ne connaissons pas les différences dans la résistance qui existent peut-être entre les divers territoires cérébraux vis-à-vis de la fatigue, il m'a paru uaturel de localiser les phénomènes de dynamogénie ou d'inhibition: observés dans mes expériences, dans les centres qui sont le point de départ de l'impulsion motrice, c'est-à-dire dans les centres psycho-moteurs. Jusqu'à présent, on a fait tou: jours dépendre la force dynamométrique des centres voli tionnels, du moment qu'il s'agit de mouvement volontaire: Enfin, comme j'avais, d'autre part, la preuve que les centres réflexes de la moelle présentent une résistance très consi dérable à la fatigue, je pouvais exclure la moelle de mom appréciation. Je crois donc avoir suffisamment motivé Je choix des centres psycho-moteurs comme siège des phéno mèues post-ergographiques. La seconde objection du Dr Treves viserait un point autre ment important, si elle était fondée. Le quotient de Ie fatigue représente-t-il quelque chose de réel? En admettant que le nombre de contractions soit dû aux conditions mé caniques du travail ergographique et reste invariable dans les courbes qui se suivent, on comprend pourquoi le quo” tient décroit progressivement : c'est que la hauteur doi LA 1 STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN A GALETS STRIÉS 301 l logique une importante modification. _…_. Pour fixer les idées, nous pouvons tout d'abord “choisir comme exemple une localité où le terrain qui nous occupe se présente avec sa nelteté maxi- ma. Ce sera, si l'on veut bien, le lieu dit « En “Saumont », sur la rive gauche de la baie de Clarens, juste au-dessous de Pacoresse, que domine le col de Sonloup, entre le mont Cubli et le mont Folly. L'érosion pluviaire a, dans cet endroit, apporté sa collaboration à l'usure torrentielle des bases, et le Sol montre une falaise de plus de 100 mètres, tou- jours avivée et sur laquelle apparaissent nettement tous les détails de sa structure. Les galets, par nilliers et par milliers de milliers, sont empälés dans une argile grisâtre, pleine de petites pierrailles et de grains de sable quartzeux, dont la proportion “varie d’un point à l’autre, mais qui ne manque nulle part. Leur nature est ordinairement calcaire, mais beaucoup d’entre eux ont une autre composition. 1: y en a de gréseux ou de brèchoides, et plusieurs sont de roches cristallines, spécialement de chlori- toschiste, de granulite à épidote et de serpenline. diminuer forcément avec-la diminution du {ravail méca- “nique. - Inutile d'entrer dans de longs débats pour montrer le non fondé de cette objection; des faits que j'ai mis en lumière sont tout à fait contraires à cette supposition. Il uffit de voir la figure 1, pour se convaincre que le nombre ne reste pas stationnaire, mais qu'il subit une diminution onstante dans les courbes qui se suivent (de 58 à 25 dans Je cas actuel); seulement sa décroissance est moindre que la décroissance de la hauteur. D'ailleurs. les variations du mombre des contractions-sont bien d'ordre psycho-physiolo- gique, et, déjà dans mon premier travail sur la question, j'ai suffisamment indiqué Jeur dépendance de l'état fonctionnel des centres psycho-moteurs, car, à une dynamogénie cen- trale correspond une augmentation du nombre de soulève- ments, à une dépression centrale correspond une diminution du nombre de soulèvements. J'ai indiqué qu'une loi régis- …_ D'ailleurs, des faits bien antérieurs à mes expériences prouvent avec évidence que le nombre de soulévements Best pas dû aux conditions mécaniques du travail. et c'est même sur ces faits, constatés par A. Mosso, que Koch et “Kræpelin se sont basés pour affirmer que le nombre de sou- évements était lié au travail des centres nerveux. A Mosso observé une diminution de force sous l'influence de Ja latique intellectuelle, diminution qui portait principalement “sur le nombre de soulèvements. En employant ma termi- “nologie, je dirai que, sous l'influence de la fatigue intellec- tuelle il y a une augmentation du quotient de fatigue. La “fatigue psychique et la fatigue physique diminuent donc le “travail mécanique ; mais, dans le premier cas, la diminution orte surtout sur le nombre de soulèvements. et le quotient de la fatigue est augmenté (preuve de l’origine centrale de “li fatigue), tandis que, dans le second cas, la diminution _ porte principalement sur la hauteur des soulèvements. et le “quotient de la fatigue est diminué (preuve de l'origine péri- érique de la fatigue). Ge Quand ils sont calcaires, ils sont très arrondis, mais de forme extrêmement variable et d'un poli dont la perfection est tout à fait remarquable. L'épaisseur totale de celte singulière formation est évidemment supérieure à celle que le décapage du sol a rendu visible : il est difficile de l'apprécier exactement. Quant à la surface recouverte, elle est considérable et se poursuit sur les deux rives du torrent de même que sur les flancs des vallons qui s’en détachent de part et d'autre. Le long de la baie de Montreux, ou Chauderon, et spécialement entre Glion et Les Avants, comme entre Les Avants et Chaulin, se présentent, à chaque pas des faits du même genre. Quand on peut embrasser d'un coup d'œil, ce qui suppose qu'on a pris assez de recul, une surface suffisamment large du terrain qui nous occupe, on est frappé de l'apparence d'une sorte de stratifica- tion incomplète, qui est riche en enseignements. Elle se trahit par un grossier alignement des galets dans une direction sensiblement horizontale et, dans plusieurs gisements, par une alternance très nelte de zones à gros galets et de zones dont les éléments sont beaucoup plus fins : c'est ce qu'on voit, par exemple, au-dessous du lieu dit« En Cor- naux », auprès de Brent, sur la rive gauche de la baie de Clarens. Cette stratification, tout imparfaite qu'elle soit, est absolument contraire à la supposi- tion glaciaire que nous rappelions il n°y à qu'un instant et suffit déjà pour faire admettre une modi- fication nécessaire dans ce point de vue. Au con- traire, elle rappelle exactement la disposition qu'on rencontre, pour ainsi dire d'une manière fatale, dans les accumulations d’éboulis. C'est, en effet, comme on va le voir, à cette caté- gorie de dépôts que je me suis vu peu à peu con- traint de rattacher les placages de boue à galets calcaires des Préalpes vaudoises. Quand recoupe une simple décharge publique, on est lrès frappé de voir que les matériaux quelconques qui y ont été vidés, par des lombereaux venant de points très divers, se sont règulièrement étalés les uns sur les autres, de telle façon qu'une coupe ver- ticale, au travers de cette superposition désordon- née, donne comme une illustration de stratificalion régulière. Il en est idenliquement de même dans les deltas de boue qui s’étalent dans les montagnes, au débouché des gorges torrentielles. En plusieurs circonstances, j’en ai reconnu la structure en lits superposés, dont chacun correspond à un écoule- ment distinct. Par exemple, il est clair que la débäcle de Saint-Gervais-les-Bains a élalé, sur le delta déjà existant, une enveloppe nouvelle qui, sur une coupe verticale, serait bien visible. En outre, mais sur un plan secondaire, la dénuda- tion pluviaire, alternant avec des élalements suc- on 302 cessits d'éboulis, peut isoler, à la surface supérieure de chacun d'eux, comme un cordon de pierrailles lavées des matières fines qui les séparaient et dessiner ainsi une grossière représentation d'un élat de choses stratifié. En tous cas, le glacier qui accumule sans trève les malériaux de ses moraines ne’ saurait donner rien de pareil et, dans les formalions vraiment glaciaires, comme celles des Vosges par exemple, l'absence de stratification a toujours été considérée comme un caractère absolument distinelif. 1 ia Un autre ordre de considéralions qui a fixé mon attention à maintes reprises et que je crois fécond en conséquences importantes, c’est que les placages de boue à galets striés manifestent des liens évi- dents de situation avec des accumulations d'éboulis ordinaires, qui ont d’ailleurs avec eux un certain nombre de traits morphologiques communs. C'est, par exemple, ce que l’on reconnait, sous des formes variées, le long de la route qui va de Glion aux Avants. À maintes reprises, les reliefs du sol sont dus, suivant les altitudes relatives, tantôt aux amas de galets striés, tantôt aux amas d’éboulis proprement dits. Jusqu'à 900 mètres environ, la route a mordu sur des placages à galets calcaires striés, mais, plus haut, on trouve surtout des pla- cages à blocs anguleux sans poli superficiel. Le passage de l’un à l’autre de ces états est si ménagé que l'idée se présente tout de suite qu'ils pourraient bien représenter deux phases succes- sives dans une même série de transformations. En un point silué par 4.000 mètres, j'ai relevé une coupe remarquable puisque, au-dessus de 6 mètres environ de placage à blocs anguleux, elle montre 3 mètres de placage à galets polis et striés. Mais ces faits se complètent par une autre série d'observalions qui tendraient à faire prévoir que la forme du terrain, et surtout celle du substratum des placages, est liée à la structure de la masse et à l'état des pierrailles qu'elle renferme. On a fait récemment à En-Cornaux une tranchée pour le chemin de fer qui doit aller de Vevey à Chamby par Blonay. Cette tranchée recoupe préci- sément les terrains à blocs dont nous avons vu la section naturelle sur les berges très escarpées de la rive gauche de la baie de Clarens. Mais, ici, à quelques centaines de mètres du premier point, le sol est sensiblement horizontal et présente une grande stabilité relative. Les blocs calcaires, noyés dans la boue sableuse, ne sont ni polis ni striés : d'ailleurs, on remarque également tout de suite que la proportion de boue, par rapport aux galets, est plus grande que dans l'escarpement, bien qu'il 2 STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN À GALETS STRIÉS | | moins continus, rappelant la constitution des del- s'agisse, sans aucun doute possible, du même pla cage de matériaux récents. F Des faits du même genre, et plus nets encore, ont élé observables pendant plusieurs mois sun la route nouvelle de Blonay à Brent, où une longue el profonde tranchée avait élé ouverte au travers. d’un magnifique placage de boue à blocs calcaires Il se trouve qu'au lieu d'intéresser ce terrain, comme dans les autres localités, tangentiellement au flanc des montagnes, où l'on ouvre des routes avec une déclivité aussi faible que possible, on l'avait recoupé suivant une ligne de grande pente et il en était résulté, à mon point de vue spécial, des enseignements tout nouveaux. 1 En effet, cette ligne de pente est très diversement inclinée suivant les points, et, tandis qu'elle plonge rapidement sur le flanc du coteau, elle tend plus. haut vers l’horizontalité. Aussi retrouve-t-0n; comme à En Cornaux, des allures différentes des pierrailles incluses dans la boue, qui sont polies et striées dans le premier cas, avec interposition de peu de boue conjonclive, el qui, dans l’autre condition, sont beaucoup moins émoussées et, dépouvues de stries, avec excès de parties fines qui constituent même souvent de petits lits plus où tas boueux mentionnés tout à l'heure. Comme on ne saurait trop insister sur ce point, je mentionnerai encore un exemple qui montre bien nettement qu'il n’y a pas striation quand les placages reposent sur un support dont la forme n'est pas favorable à des glissements. Il est” procuré par les petites collines qui coupent l'ho- rizontalité de la vallée du Rhône, auprès de Noville.… On y voit les blocs de calcaire de toutes les dimen- sions, entassés sans ordre les uns sur les autres et dont les formes ront restées anguleuses. C'est une remarque dont nous pourrons tirer parti un peu plus loin. III Sans entrer dans un plus grand luxe de détails descriptifs, que la place dont nous disposons ous oblige à restreindre, nous pouvons tirer de ce qui précède une vue qui semble rationnelle su l'origine des placages boueux des Préalpes vaudois ses. Dans les parties hautes de la montagne, l'intem- périsme’ réalise sans relâche la désagrégation dess portions rocheuses exposées aux aclions atmosphé- riques. Les débris résultants s'accumulent au pied des pentes et avec une abondance qui dépend du ! J'ai, depuis longtemps, fait usage de cette expression d'intempérisme, comme synonyme du wetthering des Anglais et de la we/terung des Allemands, pour exprimer l'ensemble des actions qui résultent des causes météorologiques, pluie, vent, etc. La relief du sol autant que de sa rature pétrographique. Dans la région qui nous intéresse le plus en ce moment, c'est-à-dire dans les bassins hydrogra phiques du Chauderon et de la Tinière, la quantité en est parfois considérable, Ainsi les débris pro- venant de la Dent de Jaman et de sa voisine, la Dent de Hautaudon, comblent en grande partie le petit vallon de Jaman. Le fond de cette dépression est complètement masqué par un épais placage de débris de toutes grosseurs, d’ailleurs parfaitement perméable, et au travers duquel disparait le ruis- seau, déversoir du petit lac, rappelé au jour à une certaine distance en contre-bas. Ces placages d'égravats, comme on les nomme en plusieurs pays, continuent tout naturellement de subir les influences dénudatrices, et c'est préci- sément du fait de celles-ci que résulle la série des transformations que nous nous proposons de décrire. . Les eaux sauvages, c’est-à-dire celles qui ruissel- lent sur le sol, exercent d’abord un certain lavage sur les mélanges rocheux et en retirent les parties relativement fines, les parties délavables et les par- ties solubles. Sous leur action aussi, les blocs, d'abord auguleux, tendent à s'émousser progressi- vement. Mais, une portion folable de ces eaux filtre au travers des placages, et un volume relalivement considérable, arrêté par les roches continues sous- jacentes, doit se constituer à l’état de nappe, très intermittente et très variable d'un moment à l’autre. Elle use, sans aucun doute, le substratum rocheux” et poursuit l’œuvre de l’abaissement progressif des montagnes sous le manteau des débris accumulés. | C'est exactement ce qu'elle continuera à faire plus | bas, où, malgré la persistance tout apparente de la pellicule de terre végétale, renouvelée en réalité à chaque instant, elle réalisera le même travail de corrosion souterraine. En conséquence de ce mécanisme, les placages dont nous venons de voir l’origine descendent peu à peu sur le flanc des montagnes, amoindries elles- mêmes à chaque instant, et, en même temps qu'ils descendent, ils se modifient, dans leur composition et dans leurs caractères exlérieurs, par la perte de éertains de leurs éléments, par le changement de forme et d'aspect de ceux qui subsistent. Et c'est ici qu'intervient un phénomène de la plus | haute importance, qui a été complètement méconnu, particularités qu'on a si inconsidérément rattachées à une origine glaciaire. - L'argile conjonctive des pierrailles est mélangée Mune notable proportion de sable quartzeux, de con que l'on peut très justement la comparer à la "et qui détermine, dans la masse, la production des | poudre d'émeri et à la « potée d'étain » dont les STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN A GALETS STRIÉS 303 marbriers se servent pour polir les pierres. Si l'on en frottait les blocs calcaires qu'elle contient, on arriverait à leur donner un poli qui ne serait gâté que par les rayures produites en même temps par des grains quartzeux de volume trop considérable. Or, ce qu'on obtiendrait ainsi artificiellement, la Nature le réalise d'une manière extrèmement sim- ple. En effet, l'eau qui circule dans la masse y trouve, en très grande abondance, une fine poussière cal- caireprovenantdelatrituration desrocheset, comme celte eau est chargée de la proportion d'acide car- bonique qui ne manque jamais dans l'eau de pluie, elle dissout ce calcaire et l’entraine au dehors. Ce premier faitest contrôié à chaque pas, on peut le dire, par la grande propension à l'incrustation des sources qui sortent de toutes parts des placa- ges boueux. Dans tous les points précédemment mentionnés, on voit des travertins calcaires signa- ler les griffons d'eaux fournies par les placages, et, parfois, ces travertins prennent des dimensions con- sidérables. C'est ce que nous veyons aux Avants (à la « Tuffière » et ailleurs), c'est ce que nous retrouvons entre Glion et Territet, entre En Cornaux et En Saumont, au lieu célèbre désigné sous le nom de « Scex que Ppliau » ou : Pierre qui pleut. C'est ce qu'on voit également à Brent, où d'énormes mas- ses de tufcalcaire ont été recoupées toutrécemment, ou encore (car nous sommes bien éloigné d'épuiser ainsi la liste qu'on pourrait dresser) sur la rive droite de la baie de Clarens, en plusieurs points qui ont fourni, comme les autres, des pétrifications élé- gantes, animales et végétales. La masse de calcaire retiré des placages par ce procédé presque occulle est donc gigantesque. Mais on ne peut concevoir cette soustraction sans reconnaître en même temps que le terrain qui la subit doit éprouver du même coup un tassement continu, Il est dépourvu de loute cohésion et, par conséquent, il se refuse à la production de vides dans sa masse. Il faut done qu'il comble au fur et à mesure tous les déficits de matière, et il en résulte, au propre, une véritable friction des blocs par la boue qui les enveloppe : une friction analo- gue à celle que le lapidaire réalise sur les plaques de marbre qu'il travaille. NI Voici done, sans hypothèse, expliquée dans tous ses détails, la structure des placages, parvenus au maximum de leurs caractères, c'est-à-dire appau- vris en matière fine conjonctive et ne renfermant plus, en fait de blocs calcaires, que des galets polis et striés. Il n'est pas inutile, à cette occasion, d'insister sur la difficulté qu'aurait dû rencontrer l'asser- lion que la striation de ces galets est le fait des glaciers quaternaires. En effet, pour qu'un galet soit strié par un glacier, il faut de toute nécessité qu'il occupe une situation très particulière et évidem- ment exceptionnelle. Il faut qu'il soit pincé entre la glace dans laquelle il est enchässé et le substratum rocheux : strié par la roche en place, il la strie en retour et y trace même parfois les cannelures et les «coups de gouge» qui sont si caractéristiques. Comme le galet peut tourner sur lui-même au cours de son travail, on conçoit qu'après avoir recu un certain nombre de stries dans un sens déterminé, il en reçoive dans un sens différent. Mais il n'y a pas beaucoup de chances pour que ces vicissitudes soient très nombreuses et, d'habitude, un galet qui a reçu une strie plonge dans la masse de glace el se trouve soustrait dès lors à tout burinage ulté- rieur. En somme, les galets striés ne sauraient être qu'une minorité infime parmi ceux que le glacier accumule dans ses moraines et, quand on visite celles-ci (je parle expressément des moraines des glaciers actuels), d'ordinaire on n'en rencontre pas un seul. Or, les placages de boue caillouteuse des Pré- alpes nous procurent tout autre chose, car, non seulement tous les galets calcaires y sont striés sans exception, mais tous présentent des paquets de stries dans les directions les plus diverses. Enfin, on y trouve des stries, non seulement sur les par- lies saillantes et qui auraient dû seules porter sur le substratum rocheux, mais même dans des parties concaves de la surface, c'est-à-dire là où la friction des rochers extérieurs ne pouvait évidemment pas se faire sentir. Il ne faut pas oublier que plusieurs géologues se sont préoccupés d'expliquer l'abondance des stries à la surface de certains galets glaciaires, et Hogard à émis à ce sujet des vues qui ont été adoptées tout de suile par Ed. Collomb et rééditées bien plus tard par M. Falsan et même par M. Schardt. Elles consistent à raltacher le phénomène aux pressions exercées par un glacier sur le lit de matériaux inter- posés entre lui et la roche en place sous-jacente et qui est désigné sous le nom, fréquemment employé, de « moraine profonde ». Il est incontestable que ces débris, de toutes grosseurs, soient charriés en une masse plus ou moins cohérente, qui a à subir à la fois la compression du glacier superposé et la fric- lion de la roche sous-jacente; mais il faut recon- nailre aussi que chaque galet, pris à part, n'éprouve pas toujours le frottement des galets voisins ni même celui des grains plus petits contenus dans la boue conjonclive. En conséquence, il peut être strié, mais il ne l’est pas nécessairement et, de fait, dans les portions; d'ailleurs restreintes, où l'on peul observer les moraines profondes ac/uelles, les galets 301 STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN A GALETS STRIÉS ‘caires sont striés dans la moraine profonde, ajoute | avec autant de vraisemblance, qu'ils n'ont jamais striés ne sont qu’en minorité dans le nombre total. Le plus souvent, au lieu de moraines vraiment, actuelles, au sens absolu du mot, ce sont simple- ment des moraines très récentes qu'on observe, comme en avant des glaciers de Rosenlaui et de Grindelwald. Mais leur récence n'est pas telle que ces moraines n'aient déjà subi, comme les morainesm quaternaires, les actions ultérieures, indépendantes. des glaciers, et auxquelles nous attribuons la stria- tion. | Ce qui nous autorise pleinement à formuler cette opinion, c'est que, parmi les points où, dans les Vosges, par exemple, se rencontrent les galets striés sont, non seulement des moraines profondes, mais aussi des « moraines frontales », comme à Wesser- ling et à Saint-Amarin, moraines frontales qui n’onl pas été écrasées par leur glacier et pour lesquelles le mécanisme de striation proposé ne convient en conséquence aucunement. Cette remarque, qu'on pourrait répéter pour des pays très nombreux et très divers, s'applique tout. spécialement à la région bavaroise, à cause des belles études dont elle a été l’objet de la part d'un. géologue des plus distingués, M.C. de Zittel. Celui- ci, décrivant le paysage morainique au sud de Munich”, et ayant constaté que tous les galets cal- à l'égard de la moraine frontale : « Les débris cal- caires et, en partie aussi, les blocs et les cailloux de grès y sont forcément striés et ont évidemment cheminé de la moraine profonde jusqu'au bord du glacier. » Cet « évidemment » est le complément du calme avec lequel l'auteur reconnait, incons-. ciemment d’ailleurs, que la moraine frontale ne contiendrait aucun galet calcaire si la moraine pro- fonde n'était là pour lui en fournir. | Enlin, il faut reconnaitre que les vraies moraines profondes des temps quaternaires, c'est-à-dire les cailloutis éparpillés entre deux moraines frontales successives d’un même glacier en voie de diminu= lion, ne présentent d'ordinaire aucune strie. On dira qu'ils ont été dépouillés de la boue qui les pro= tégeait contre l’intempérisme, mais on peut penser, élé dans des condilions favorables à la striation. Ces considérations ne sont pas inutiles ici, et nous avons le devoir d'y insister puisque c'est, comme l'on sait, la découverte des stries qui con slitue le principal argument en vertu duquel on qualifie de « glaciaire » le terrain à pierrailles des Préalpes vaudoises, et il est évidemment de la plus haute importance de constater que cet argument ne signifie aucunement ce qu'on a prétendu lui faire. dire. ! Voyez Dezor * Le paysage morainique, p. 2. Ed STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN À GALETS STRIÉS 205 Reste à donner au processus de striation par voie ‘de dénudation souterraine, auquel les observations nous ont conduit, la sanction irréfutable qu'on est en droit d'exiger pour lui. Elle nous sera procurée ‘par une application convenable dela méthode expé- rimentale. La pression dont nous pouvons disposer dans un “laboratoire étant très faible, comparée à celles qui, dans la Nature, représentent le poids des masses caillouteuses se tassant peu à peu, il était indispen- sable d'employer, pour jouer le rôle des galets cal- caires, des objets beaucoup plus faciles à entamer. Après diverses tentatives, je me suis arrêté à des galets de plâtre qui, malgré ce qu’on pourrait ‘Supposer à première vue, sont éminemment propres au but poursuivi. Pour les obtenir facilement et avec le degré désirable de poli, je coule du plâtre à mouler très liquide dans des ballons de verres à panse sphérique ou ellipsoïde (matras d'essayeurs), ‘que je brise avec précaution après la prise. En second lieu, pour réaliser des tassements éner- giques et rapides, et pour représenter Île calcaire qui, dans la Nature, est dissous lentement par les - eaux, je mélange au sable quartzeux, dont les grains “ doivent agir comme burins, une proportion suffi- - sante d'une poussière soluble dans l'eau. Enfin, je dispose les choses de facon à pouvoir développer, “non seulement un tassement de haut en bas, mais -des déplacements obliques à la verticale. … L'appareil consiste en une caisse rectangulaire en” bois de 40 centimètres de hauteur sur 45 centimè- tres de longueur et 20 centimètres de largeur. On place à son intérieur, et en contact avec l’une ou l’autre de ses parois, suivant les cas, un ou plu- “sieurs coins en bois, qu'on pourra enlever lente- ent ou brusquement au cours de l'expérience, de facon à provoquér des glissements latéraux. La caisse est remplie d'un mélange d'un volume de sable quartzeux de calibre approprié avec un à deux volumes de gros sel de cuisine. Souvent j'ai recouvert le fond de la caisse de plusieurs centi- mètres de sel sans mélange de sable. Pendant le remplissage, on dépose dans la masse les galets de plâtre, qu'on protège d'ailleurs de tout frottement étranger à l'expérience en les enveloppant d’une one de sel humide. Une fois la caisse pleine, on “recouvre le contenu d’une planchette qu'on sur- charge d'un poids de 20 à 30 kilos. Pour provoquer le glissement, on fait arriver de eau au contact du mélange, tantôt sous la forme un jet de robinet ou de pluie d’arrosoir, tantôt par mmersion de la caisse dans un réservoir. Le sel se dissout et la matière s'écroule; on retire les coins, vec une allure variable d'un cas à l'autre et, pour La mettre fin à l'expérience, on n’a qu'à retirer le poids et à ouvrir une porte latérale par laquelle s'écoule lentement le sable sous l’action d'un filet d'eau. Les blocs de plâtre, bien lavés et desséchés. se prêtent à un examen intéressant : on peut en résu- mer les conclusions en constatant qu'il cadre exac- tement avec celui des galets naturels. Les stries ont en général quelques millimètres de longueur et sont rectilignes ; elles commencent toujours et elles finissent souvent en pointe. On reconnait parfois que le petit burin a quitté le bloc pour le reprendre dans la même direction, après un glissement plus ou moins long. Très souvent, on trouve plusieurs stries qui se sont réunies en un faisceau, avec une direction commune. Le même spécimen renferme ordinairement des stries de directions très diffé- rentes et qui peuvent s'entre-croiser sous des angles quelconques. Aux stries fines sont associées d'ordinaire, comme sur les galets naturels, des slries plus grosses et même des traces pareilles à celles que produit une compression sans glisse- ment : c'est un acheminement vers la reproduc- tion des « galets impressionnés », qui s’est réalisée dans quelques expériences, mais sur laquelle je n'ai pas à insister en ce moment. Cependant, le poli n'a pu être imilé, et même le poli primitif a été diminué ; mais cela s'explique par la nature du plâtre et par le peu de durée de l'ex- périence. Ajoutons, d'ailleurs, que si les produits artificiels sont beaucoup moins riches en stries que les galets naturels, il est clair qu'on les enrichirait indéfiniment par une prolongation ou par une répétition suffisantes de l'expérience. Les mêmes essais, dont il suffit d'indiquer ici l'esprit général, ont permis d'aller encore plus loin dans l'interprétation des faits naturels. En mettant dans l'appareil des plaques de plâtre, obtenues par moulage dans une cuvette de porcelaine et en con- séquence parfaitement polies, on les a couvertes de stries en différentes directions. On a même obtenu ces stries saccadées que les glacialistes ont regardées comme spécialement caractéristiques. Ces divers résultats ne sont d'ailleurs pas aussi faciles à obtenir qu'on se l'imagine volontiers ; et, par exemple, on n’a réussi qu'à la condition d'employer un sable bien serré, c'est-à-dire dont les grains soient maintenus en présence les uns des autres et mis dans l'impossibilité de tourner aisé- ment sur leur centre. Dans ce dernier cas, en effet, un grain de sable ne fait pas de stries ; il ne touche le plâtre que d'une facon intermittente et y laisse des ponctuations plus ou moins équidistantes. Il résulte de ces faits, qui montrent que le striage peut être réalisé sur des surfaces calcaires immobiles par le tassement progressif des pla- l'influence de la dénudation souter- | Cages sous | 306 STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN À GALETS STRIÉS raine, qu'on ne peut pas plus invoquer le témoi- gnage de ce striage que celui des galets eux-mêmes pour affirmer l'origine glaciaire de la région où ils se présentent. On doit même, à cet égard, faire une remarque complémentaire qui comporte des conséquences importantes. C'est que le poli et la striation des roches ‘calcaires sont des caractères éminemment fragiles, qui tendent à chaque instant à se laisser effacer et qui doivent constamment être rétablis par le mécanisme que nous avons décrit. De telle sorte que, si, conformément aux idées généralement admises, les polis et les stries étaient dus aux anciens glaciers, c'est-à-dire dataient de l'antiquité des temps quaternaires, il y a bien longtemps qu'ils auraient disparu, par le fait de la circulation de ces eaux souterraines, qui se trouvent, au contraire, en êlre les artisans. C'est bien à tort, par exemple, qu'en trouvant des surfaces polies et burinées sur des roches calcaires, telles que celles de Lourdes, débarrassées dans un but architectural des terrains superficiels, on a pensé que ceux-ci les avaient préservées de la dénudalion depuis « l'époque gla- ciaire ». On les a, au contraire, privées désormais des agents préposés à leur entretien. VI La conclusion de nos études sur le terrain à galets striés des Préalpes vaudoises est donc extrèmement nette. Elle peut avoir d'autant plus d'intérêt que, sans aucun doule, on l'appliquera sans variante à une foule d’autres régions qui pré- sentent les mèmes particularités géologiques. On peut la formuler en disant que ce genre de for- maltions ne se rattache aucunement à l'origine glaciaire qu'on lui attribue universellement : c'est, au contraire, un produit, toujours en voie de renou- vellement, de la dénudation souterraine. Mais on ne peut arliculer une semblable asser- lion sans se préoccuper de ses conséquences, et, tout d’abord, il convient de rechercher comment elle s'accorde avec les idées jusqu'ici recues sur l'histoire géologique de la région qu'elles concer- nent. Or, il faut répéter que la principale raison pour affirmer l'ancienne présence des glaciers dans les gorges de la Veveyse, de la baie de Clarens, du Chauderon et de la Tinière, c'est la présence, sur leurs flancs, des placages de boues à cailloux striés. Cette présence, perdant sa signification, et le terrain dit glaciaire devenant un terrain d'éboulis, doit-on, pour cela, renoncer à croire que le « grand glacier du Rhône » a jadis reflué dans les vallées qui vieunent d'être nommées ? S'il en était ainsi, il n'y aurait plus de raison pour altribuer à ce glacier 1.000 m. d'épaisseur par le travers du lac Léman, et, de proche en proche, il faudrait diminuer considérablement l'actif de la « Période glaciaire » En examinant l'état des choses, on reconnaît d'abord que le gisement même des placages n& cadre pas aussi bien avec la doctrine qu'on se« plait souvent à le répéter. Ils s'élèvent jusquà 1.000 mètres, il est vrai, mais cette altitude est loin de les rencontrer partout et on ne comprend pas comment les moraines latérales qu'ils constituent, dans celte manière de voir, manquent dans une foule de points où la glace aurait dû parvenis comme ailleurs. Du reste, quand on descend vers le lac, on voit bientôt tout vestige de galets striés disparaitre, el c'est encore une chose bien inexplis cable, car le glacier, en se rapetissant, n'aurait pas manqué de laisser la trace de toutes ses dimen tions successives, par des lambeaux du terrain qu'il édifiait sur ses bords. En réalité, dès qu'on atteinte le hiveau de la mollasse, on ne voit plus rien dem comparable à ce que montre, avec tant d'abon- dance, la zone des calcaires crétacés et jurassiques qu'on rencontre plus haut. | Les galets striés se présentent incontestablemen comme des matériaux descendus des sommets voisins et aucunement comme des blocs venant dem loin et qui auraient élé charriés transversalement, IL est vrai, et c'est un point sur lequel les glacia= listes insistent volontiers, que si la grande majorité de ces galets est de la même substance que le subs- tratum du bassin hydrologique dans lequel on les recueille, une portion se rapporte cependant à des roches toutes différentes et dont on ne peut trouver le gisement originel que dans les parties plus hau- tes de la chaine des Alpes. C'estainsi que dans la région que nous avons eu surtout en vue dans ce qui précède, on rencontre; de côlés et d’autres, à la surface du sol des blocs plus ou moins gros d'un poudingue rougeàtre, iden= tique à celui qui affleure dans la vallée du Rhône, au-dessus de Collonges, près d'Evionnaz. Il en est qui sont faits du poudingue éocène de Chaussy, près des Ormonts, et c’est le cas pour un bloc qui git à 1.475 mètres d'altitude, à 50 mètres au-dessus. d'un petit chalet sur le sentier qui conduit de Cau à Chamosallaz. Dans la vallée de la Tinière, ce sont des poudingues de Vallorcines qui se présentent en blocs disséminés ; ils y sont en grand nombre et spécialement aulour des Clavons, à 1.000 mètres environ d'altitude. 1 Les géologues ont beaucoup discuté pour expli= quer le gisement de ces matériaux. M. le D° H: Schardt écrit à ce sujet : « On est surpris, à jusle en un point où l'arête de Naye a 1.700 mètres d'als titude et celle du Mont-d'Arvel 1.930, au signal de 4 Malatrait. Le point 1.718 de l'arète de Naye, les La blocs erratiques et le signal de Malatrait se trou- ent presque exactement sur une ligne droite. Or, il n'est pas admissible que le glacier soit venu par- dessus l’arête de Malatrait, qui a encore 1.600 mè- es, à 2 kilomètres au Sud-Est, hauteur que le glacier Mavait pas dans cette région. Il est ainsi probable “que la glace du grand glacier a réellement refoule Ile du petit affluent de la Tinière en formant une sorte de golfe dans la vallée. » . Pour le bloc qui git entre Cau et Chamosallaz, il “présente des réflexions analogues : « Ce bloc, dit- il, est le plus élevé que nous ayons remarqué parmi ceux appartenant certainement au glacier “du Rhône. Plus haut, se trouvent encore de nom- “breux blocs calcaires qui peuvent être attribués au glacier local. On pourrait attribuer ce bloc de pou- “dingue éocène au glacier de l'Hongrin, affluent de Celui de la Sarine, et qui charriait presque excelusi- “vement des blocs de cette roche. Etant donné que le col de Jaman n’a que 1.485 mètres d'altitude, lest-à-dire 10 mètres seulement de plus que le “bloc observé, il se pourrait que le glacier de l'Hon- grin eût dépassé le niveau de ce col; mais dire quil ait franchi le col de Jaman et déversé ses “blocs et ses graviers sur le glacier du Rhône, c'est à une supposition qui n'est guère probable. En ffet, sous quelle impulsion aurait-il pu remonter J'étroit vallon de Jaman pour arriver sur le versant occidental de l'arète du Mont-Cau ? On peut donc admettre avec certitude que ce bloc de flysch des Ormonts a été déposé là par le glacier du Rhône, met que celui-ci a atteint et dépassé peut-être le niveau de 1.475 mètres. » Mais il semble que la question comporte une Solution beaucoup plus Simple et qui a, à nos veux, le mérite de concorder avec celle qui s'est appliquée à l'histoire des galets striés. C'est que le transport des blocs s'est effectué par simple ébou- “lement le long des pentes, dont le profil s'est depuis lors profondément modifié en conséquence des progrès de la dénudation sub-aérienne. On ne peut qu'être très frappé, en effet, de l'é- nergie avec laquelle le sol des Préalpes vaudoises est travaillé par les agents de dénudation aqueuse, et, dans cette direction, une attention spéciale doit être accordée au mode d'’aclion des torrents. En Noici un exemple particulièrement bien choisi. - La montagne des Pléiades, qui domine Vevey, et dont la constitution géologique, comme les parti- arités tectoniques, a fourni aux savants suisses Ji matière de recherches intéressantes, est bien “connu2 des touristes. Quand on la regarde de evey, c'est-à-dire du Sud-Ouest, on est frappé de la profonde écorchure verticale qu'elle présente, toujours maintenue à vif et dont la couleur blan- hâtre contraste avec le vert foncé des bois Devens, + STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN À GALETS STRIÉS 307 qui s'étendent sur ses flancs. Cette écorchure est un ravin à parois abruptes, dont le mode de forma- tion jette du jour sur un phénomène fréquent dans les montagnes : on peut y saisir, en effet, l'allure énergique que présente, dans les circons- lances favorables, la régression des torrents. Au fond de ce ravin coule un filet d’eau, qu'on doit regarder comme la source principale du ruis- seau désigné sous le nom d’ « Ognonax » et qui, après avoir passé aux Chevalleÿyres-Devant et à Blonay, se jette dans le lac Léman, entre Vevey et la Tour-de-Peilz. Ce ruisseau n'a qu'un très faible volume, sauf au moment de la fonte des neiges où il est plus abondant, mais seulement pendant un temps très court et sans jamais atteindre un débit considérable. Aussi est-on frappé du travail énorme qu'il a réalisé sans qu'on puisse lui supposer d'autre collaborateur que l’eau ruisselant sur le sol à chaque pluie. La vue du ravin donne l'idée d’un trait de scie, qui menace de couper la montagne en deux parties. Ce travail se propage très visiblement de la base vers Je sommet des Pléiades, qui n’est pas encore alteint, mais qui ne sera pas longtemps indemne. C'est donc bien d’une forme particulière du phéno- mène de la régression des torrents qu'il s'agit ici. En l'étudiant de près, on lui reconnait une série de traits de détail qu'on relrouve dans des acci- dents nombreux, situés dans des régions très diverses. On en conclut que, si l'on a affaire ici, sans conteste, au phénomène banal du ravinement des montagnes par les torrents, les choses sy pré- sentent avec une netteté qui en rend l’interpréta- tion exceptionnellement éloquente. Par exemple, le pied du ravin est un point de | départ pour des trainées de boue avec fragments calcaires, qui vont se déposer, à des époques inéga- lement distantes, dans les régions plus basses. Elles nous font assister à la production de ces pla- cages boueux, regardés comme glaciaires par les auteurs de la Carte géologique de la Suisse. Or, cette disposition des choses rend facile à comprendre, sans l'intervention des glaciers gigan- tesques, la situation de blocs de roches parfois très gros sur un sol très différent d'eux-mêmes et dans des points qui sont séparés de leur gisement pri- mitif par des sillons très profonds. En effet, des blocs qui sont descendus sur le flanc nord des Pléiades, par exemple, seront avant peu séparés de leur lieu d'origine par ce sillon des Chevalleyres, destiné sans aucun doute à disjoindre deux som- meis aux dépens de la montagne aujourd'hui unique. On sera alors tenté, pour rendre compte de leur gisement, de supposer l'existence passée d'un glacier qui aurait comblé l'intervalle et fait un pont sur lequel les blocs auraient été charriés. 308 STANISLAS MEUNIER — ÉTUDE GÉOLOGIQUE SUR LE TERRAIN A GALETS STRIÉS 3 [4 On voit à quel point cette supposition peut être inexacte. C'est cependant celle qu'on fait à chaque instant, dans des conditions analogues, et par exemple dans ce même pays des Préalpes vau- doises, pour expliquer le gisement, sur la mollasse, de blocs provenant des chaînes centrales, Il faut se rappeler que les sillons ouverts mainte- nant sont, en général, d'âge très postérieur à celui du soulèvement du sol, et que le jeu des cours d'eau de tous ordres, depuis les ruisseaux jusqu'aux torrents, consiste à débiter la surface du sol en seg- ments séparés les uns des autres par des traits de scie plus ou moins orthogonaux, dont la multipli- cation amène progressivement un abaissement général du pays. On a élé souvent très éloigné de bien com- prendre ce mécanisme, cependant si évident en tant de lieux, et auquel se rattache la production d'innombrables cols, accidentant les chaînes mon- tagneuses de structure homogène. Pour l'appliquer tout spécialement à notre sujet, nous pouvons considérer l'ensemble de sommets qui, parallèle- ment à la rive droite du Rhône, comprend la Dent de Jaman, les rochers de Naye, Chamossaire et la cime des Diablerets avec 3.251 mètres d'altitude. Aujourd'hui, tous ces points sont séparés par des cols profonds, dans chacun desquels coule un torrent. Mais il est facile de s'imaginer que, par un comblement convenable, toutes ces dépres- sions soient supprimées et que le profil découpé d'aujourd'hui soit remplacé par une pente continue, le long de laquelle la descente progressive des « égravalis» ne rencontrerait aucun obstacle. L'ouverture ultérieure des cols est venue accidenter la surface primitive, en coupant la communication entre les points de départ et les points d'arrivée actuelle des charrois pierreux. VIT En résumé : 1° Sans contester, et bien au contraire, la pro- priété des glaciers de strier d’une facon tout à fait caractéristique certains galets de leurs moraines profondes, et en reconnaissant que la découverte de cette catégorie de galets doit, dans des circon- slances convenables, contribuer à faire reconnaître l'ancienne existence de glaciers maintenant dis- parus, — nous avons cependant constaté que des galets de calcaire, ou d’autres roches tendres, comme les schistes vosgiens et les grès bavarois, peuvent êlre striés de la même facon en dehors de toute intervention glaciaire ; 2° La présence de galets striés très abondants au sein d'anciennes « moraines frontales », comme celle de Wesserling, dans les Vosges, ou de Munich, empêche d'appliquer à leur histoire le processus | ‘ raine et en dehors de toute intervention glaciaire M GET décrit par Hogard, par Ed. Collomb et plus récem= ment par M. Falsan. On doit admettre que ces. stries, malgré leur présence sur des matériaux incontestablement morainiques, ne sont pas néces: sairement d’origine glaciaire ; 1 3° Pour ce qui est du terrain à galets striés des" des eaux d'infiltration depuis l'époque quaternaires 4 On trouve une liaison évidente entre la pré sur les pentes accentuées que les stries existent ; 5° On observe une filiation très ménagée des placages à cailloux striés avec les éboulis placés plus haut, où les blocs sont anguleux et semblent devoir se polir et se strier par le seul fait de l'exercice, à leurs dépens, des phénomènes de la | dénudation souterraine ; 6° Des expériences variées permettent, en effet,s de reproduire, dans tous ses détails essentiels, le phénomène de la striation des galets et des dalles rocheuses par voie de dénudation souter* 1° Les galets et les roches striés étant la seule raison pour faire admettre l'ancienne extension des glaciers dans les vallées des Préalpes vaudoises on peut se demander s'il ne conviendrait pas de modifier les cartes géologiques en ce qui concerne les placages caillouteux que nous avons étudiés. M Il y a, dans ce Résumé, plusieurs assertions quim sont diamétralement contraires aux opinions classi- ques et dont ne saurait s’accommoder la doclrine d'une ou de plusieurs « époques glaciaires ». Celle-cix a élé si unanimement acceptée qu'il suffit de fairem mine d'y toucher pour provoquer contre soi des protestalions qui prendraient facilement la forme d’anathèmes. Mais il y a trop d'exemples de doc- trines inexactes universellement adoptées, pour qu'on se laisse émouvoir outre mesure d'une sem blable disposition des esprits. Pour ma part, je ne me dissimule aucunement lem peu de chances que j'aiactuellement de faire accepte le résultat de mes études et de voir, d'ici longtemps, les carles géologiques consacrer une diminution sensible dans la zone d'extension des terrains gla ciaires dans les Alpes et dans les régions compa: rables. Mais j'ai confiance que l'exposé qui précèdes. disposera quelques-uns de mes lecteurs à soumeltre, | à un examen nouveau une question qui, sans doute; 4 a été résolue trop hätivement. Stanislas Meunier, Professeur de Géologie au Muséum d'Histoire naturelle! La 1° Sciences mathématiques &odefroy (M.). — La fonction Gamma. — 1 vol. gr.- in-8° de 94 pages. (Prix : 3 fr. 50.) Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1901. - Dans la plupart des traités d'Analyse, on aborde étude de la fonction Gamma en partant de l'intégrale finie que Legendre a désignée sous le nom d'intégrale lérienne de seconde espèce. Quelquesauteurs, cepen- nt, étudient la fonctiou F en ayant recours à la consi- ration de limite d'un produit; c’est la voie adoptée r Gauss et Liouville, et c’est aussi celle que suit + Godefroy dans l'excellente monographie qu'il vient consacrer à la fonction PF, La définilion basée sur la tion de limite d'un produit permet Jd'atteindre le imum de simplicité en partant des notions les ns élevées, et nous pouvons dire que l'exposé que us présente M. Godefroy fait nettement ressortir les ntages de cette méthode. > L'auteur débute par un court apercu historique, dans léquel il rappelle les travaux de Wallis, de Stirling et Euler, les précurseurs et le fondateur de la théorie de fonction l'; puis, il indique la part qu'ont prise au veloppement de cette théorie les analysfes du siècle rnier, entre autres Gauss, Legendre, Weierstrass, Prym et Hermite. L'exposé synthétique de la théorie de la fonction F mprend six chapitres; te sont les suivants : tude générale de la fonction F. — Propriétés de la ction L. — Fonction de Binet. — Fonctions ® (x) (x). — Développements en séries entières. — Ap- plications. Dans ces divers chapitres-se trouvent condensées, us une forme remarquablement claire, les propriétés sentielles de la fonction T étudiée au point de vue iqué plus haut. Ils sont accompagnés de nombreux seignements bibliographiques qui font de cet ouvrage | guide précieux pour tous ceux qui s'intéressent à la : éorie de cette importante fonction. ; H. Femr, T2 Professeur à l'Université de Genève. 2° Sciences physiques el (G.), Ancien Président de la Société des Inge- mniours civils de Paris. — Travaux scientifiques exécutés à la Tour de trois cents mètres, de 1889 &1900.— 1 vol. gr. in-4° de 262 pages avec 2 planches hors texte et 1 carte. Masson et Ce, éditeurs, Paris. 1902. à A l'époque, déjà lointaine dans.un siècle qui va si ite, où il fut pour la première fois question d'édifier, en plein Paris, une tour gigantesque, cette tentative ful | diversement appréciée des diverses fractions du mpublic. Tandis que les artistes, invoquant des motifs d'esthétique, lançaient contre elle une protestation, ingémeurs voyaient, dans le projet, un essai du plus aut intérêt pour l’art de la construction, alors que les ns de science, escomplant les résultats auxquels rraient conduire les observations suivies en un point isolé à une grande hauteur au-dessus du sol, pplaudissaient à cette construction sans précédent. Sans doute, la science n'a point encore tiré de la ur tout ce qu'elle peut donner; les recherches se mtassez tôt ralenties, et seules les installations per- mentes établies dès l’année 1889 au sommet ont jurni une suile longue et parfaitement coordonnée de sultats dont le temps ne fera qu'accroitre l'intérêt. . | k- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ETZINDEX 309 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX Les usages scientifiques de la Tour ont été et sont encore très divers. Au premier rang se placent tout naturellement les observations méléorologiques, exécu- tées dans une station complèle, dépendant du Bureau Central, et dont les indications sont automatiquement transmises à ce dernier. L'intérêt de telles observations réside dans l'existence simultanée de deux observa- toires, dont l’un est au ras du sol, tandis que l’autre, presque dansla même verticale, se trouve en unlieu qui n'est que très peu influencé par la présence du terrain. A ce point de vue, l'observatoire du sommet de la Tour possède certaines qualités qu'on ne retrouve que sur une très haute montagne. Dans l'ouvrage que nous avons sous les yeux, la Météorologie tient naturellement une grande place. Les chapitres consacrés à cette science sont, d’ailleurs, en partie extraits des savants Mémoires publiés par M. Angot dans les Annales du Bureau central météoro- logique, et nous enseignent un certain nombre de faits carieux et inattendus. Par exemple, la différence entre la pression observée et calculée entre la base et le sommet n'est pas tout à fait la même, cette dernière étant en léger excès au ras du sol. Les variations de la température, de, l’état électrique de l'air, etc., ont donné lieu à des comparaisons analogues ; les courbes reproduites dans l’ouvrage nous montrent des minima de température pendant lesquels une marche parallèle se poursuit pendant plusieurs jours, avec un écart négatif de 3 à 4 degrés au sommet. Dans les maxima, l'inversion est fréquente, surtout pendant la nuit, où elle atteint 6 à 7 degrés. Parfois aussi, l'inversion acci- dentelle se produit en hiver, alors que Paris est dans le brouillard, tandis qu'au sommet l'air est remarqua- blement pur. Ces grandes inversions d'hiver précèdent généralement les changements de temps. _ L'observation du vent au sommet de la Tour a fourni des résultats intéressants. Sa vitesse est toujours beaucoup plus grande qu'au sol, généralement double, et souvent quadruple dans sa moyenne diurne, Sur- tout, on y observe de très grands coups de vent, avec des vitesses instantanées dépassant 50 mètres par seconde. En 2191 jours, on a enregistré pendant 58 jours des vitesses supérieures à 25 mètres, et pen- daut 289 jours des vitesses excédant 20 mètres par seconde. Sous l'effort du vent, la Tour fléchit sur sa base, mais beaucoup moins qu'on ne l'avait prévu. Son som- met décrit de petites ellipses dont le plus grand axe xesuré n'a jamais dépassé 10 centimètres. La tempéra- ture a une action plus prononcée. La tour se dilalant du côté exposé au Soleil s’infléchit du côté opposé, et le sommet a pu, ainsi, décrire des courbes irrégulières d’une vinglaine de centimètres d'amplitude. Les autres observations faites sur la Tour ou par son moyen, bien que moins importantes, présentent cepen dant un assez grand intérêt; elles se rapportent à la visibilité des lieux éloignés, à des expériences de télé- photographie, de télégraphie optique, de télégraphie sans fil. De belles planches en héliogravure donnent un exemple intéressant de ce qu'il est possible d'obte- nir au moyen des téléobjeclifs. Sur l’une d elles, par exemple, le Panthéon, d'une extrème netteté, à plus de 20 millimètres de hauteur. Re Dans l'étude de l'absorption de la lumière par l'atmosphère, le projecteur de la Tour à été utilisé comme point lumineux éloigné. Elle a servi de suppor € installé à un mauomètre à air libre de grande hauteur, ins par MM. Cailletet et Colardeau; enfin, elle a permis au D" Hénocque d'étudier les modifications de la respira- 6** 310 tion, de la tension vasculaire, du pouls, de l'activité de réduction de l'oxyhémoglobine dans les ascensions. Il est encore un service que la Tour rendrait à peu de frais, et qui pourrait être très grand; il consisterait à donner, chaque soir, un signal d'heure optique très précis, qui pourrait être apercu de toutes les localités situées dans son périmètre visible. Cette idée avait été émise, il y a quelques années, par un ami que nous avons eu la douleur de perdre, M. Paul Vacher, et qui rèvait de la voir se réaliser, lorsqu'il a été enlevé par une mort prématurée. Le problème pourrait être repris, au grand profit de nombreux habitants de Paris et de la banlieue, qui ne savent où se procurer l'heure exacte. Lorsque le signal aurait fonctionné pendant quelque temps, et permis un contrôle journalier des horloges publiques, il conduirait sans doute à faire enfin doter Paris de son premier système de distribu- tion de l'heure d'une précision compatible avec les exigences de la vie moderne. CH.-Ep. GUILLAUME, Sous-Directeur du Bureau international des Poids et Mesures. Bougault (Joseph), Sous-Chef de Laboratoire à la Pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris. — Oxy- dation de l'anéthol et des composés analogues à chaîne latérale propénylique (Thèse de la Facullé de Paris). —1 vol. in-8° de 96 pages. Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1902. Le travail de M. Bougault a consisté dans l'étude de l'action de l'iode et de l’oxyde jaune de mercure sur les composés cycliques à chaine latérale propénylique. Cette réaction a conduit l’auteur à préparer de nouvelles aldéhydes contenant un at. d'oxygène de plus que le composé propénylique. Voici comment, d’après M. Bou- gault, on peut l'expliquer! : 2(R.CH : CH — CH?) + HgO + 31 + H20 = 2(R.CH.0H — CHI.CH°) + Hyl?, 2(R.CH.OH.CHT.CH?) + HgO UN = 2 (R.CH —CH— CH) + Hel° + H20 [8] TON ,/CHO R.CH—CH— CH —R — CH£ aus La réaction est générale et ne parait comporter d'exception que pour certains corps contenant dans le noyau benzénique une ou plusieurs fonctions phénol ou amine libres. Elle a été vérifiée avec l’anéthol. l'iso- safrol, l’isométhyleugénol, l'isoapiol. Appliquée aux composés allyliques R.CH?— CH : CH? isomères des pré- cédents, elle donne bien lieu à la formation d'un pro- duit d'addition avec l'acide hypoiodeux; mais ce dernier, sous l’action de HgO, ne fournit point d'al- déhyde *. Ë . Le styrolène C‘H°— CH — CH fournit également une iodhydrine, qui est susceptible de fournir l’aldéhyde C'H° —— CH°— CHO par traitement ultérieur avec le nitrate d'argent. Toutes les aldéhydes obtenues, ainsi traitées par l'oxyde d'argeut en milieu alcalin, sont converties en l'acide correspondant : . ; ne ; Il ne nous semble pas que ce soit là la vraie théorie de "+ réaction; il parait plus vraisemblable de supposer que iodhydrine formée daus la première partie subit la trans- position pinacolique : on CHA R.CH.OH.CH.I.CI — R.CH/ CH° _OH CH£ CHO > R.CH OH —> R.CH/ k CH: NCA: ? Ce fait est tout à l'appui de la thèse en que nous prés o dans la note précédente. Il présentons BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Le mélange chromique agissant sur l'aldéhydé ou l'acide conduit à la cétone K.CO.CH*. n Le permanganate de potassium en liqueur alcalinen transforme cette cétone en acide æcétonique R.CO0.CO?H qui, lui-même, oxydé en milieu acide par le même réactif, donne finalement l'acide R.CO*H. Cette série de dégradations successives de la chaine propénylique a été observée sur l’anéthol, l’isosafro l'isométhyleugénol et l'isoapiol. En somme, le travail de M. Bougault est fort intéres" sant; il décrit un grand nombre de corps nouveaux et surtout, nous donne un moyen nouveau de préparer une certaine classe d’aldéhydes; aussi est-il à sous haiter que, dans la littérature chimique, la réaction de l’iode et de l’oxyde de mercure sur les composés: aromatiques contenant une chaîne latérale propény: lique porte le nom de réaction de Bougault. G. BLANC, Docteur ès sciences. M 3° Sciences naturelles Brunotte (Camille), Agrégé de Pharmacie. Recherches embryogéniques et anatomiques sur quelques espèces des genres Impatiens L. et Tropæolum L. (Thèse pour le Doctorat de Ja Faculté des Sciences de Paris). — Une brochure des 178 pages, avec planches. Berger-Levrault, éditeur Naney, 1901. La mode vint un jour, parmi les botanistes, dé professer du dédain pour les études de morphologi A en croire certaines personnes, les sciences biologin ques avaient dit leur dernier mot, les êtres vivants élaient soumis aux lois physico-chimiques au même litre que les corps inertes et les forces physiques sans plus ni moins. L'intérêt des études biologiques se, limitait à la recherche de la formule exprimant le plus brièvement possible les /ois qui régissent la structure de la plante et de ses organes, leurs fonctions, leurs rapports réciproques. L'être vivant n’est que le substratum de phénomènes physiques et chimiques, le creuset où se produisent les réactions. Cependant, les zoologistes, à côté de nous, poursui vaient activement leurs recherches et nous révélaienti l'infinie variété des formes sous l'unité du plan généraln Certains s’avisaient de suivre les maîtres du transfor= misme etentrevoyaient l'influence de l’adaptalion sur less formes et la part de l'hérédité. Quelques-uns, préparés par l'observation directe de la Nature, peu satisfaits des formules synthétiques, les mettaient à l’épreuve reconnaissaient sans peine qu’elles ne s'appliquaien qu'à des cas particuliers. L'engouement fut vite passé et les naturalistes se remirent modestement à l'œuv désireux de rattraper le temps perdu. Beaucoup bons travaux publiés depuis vingt ans leur ont donn raison. M. C. Brunotte, qui a le mérite de connaitre le plantes, a étudié l’embryogénie et le développement de la jeune plante dans quelques espèces de deu geures seulement : Zmpatiens et Tropæolum, Balsaminen et Capucine, en langage vulgaire. Il ya observé des” différences de structure telles, qu'elles font déSirer des, études monographiques, non seulement de gen voisins, mais encore d'espèces voisines appartenant à un même genre. . | Il ne s’agit pas seulement ici de différences tardives imputables à l'adaptation à des conditions spéciales plusieurs sont marquées dans l'embryon lui-même bien avant qu'il passe à l'état de repos; d’autres SEM mauifestent très Lôt dans l'embryon accru au début de la germination. C’est ainsi que l'embryon de l'Zmpa tiens noli tangere manque complètement de raci principale; les poils absorbants qui se développent si BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 311 base au moment de la germination n’appartiennent à une racine. D'autres espèces de Balsamines ont r racine principale normale, persistante ou plus ou oins temporaire. Dans le cas où la racine principale existe pas, des racines latérales, au nombre de huit moins, disposées en deux étages, naissent de bonne re dans le jeune embryon, avec une coiffe normale une poche digestive. Ailleurs, la racine principale à peine développée; à côlé d'elle, il existe quatre ines latérales qui s’accroissent après elle. Ailleurs ore, il n'y a pas trace de racines latérales. La struc- e des téguments et les phénomènes de la germination sont pas moins variables avec les espèces. hez les Capucines aussi, on constate aisément que embryon possède des caractères héréditaires. Quelle que soit la forme des feuilles adultes, par exemple, les illes embryonnaires sont toujours divisées plus ou moins profondément en trois lobes. M. Brunotte révèle aussi une série de faits parti- culièrement intéressants, puisqu'ils établissent, dans les espèces voisines, des différences profondes, où idaptation au milieu actuel ne peut avoir aucune rt; elles montrent combien l'hérédité peut être fondément marquée chez des plantes, d’ailleurs voisines par leur morphologie générale et par rs caractères adaptationnels. C. FLAHAUET, Professeur à l'Université de Montpellier. au héraïin (P.-P.). — Traité de Chimie agricole, e édition. — 4 vol. 1n-8° de 969 pages, avec nom- “breuses figures dans le texte. (Prix : 18 fr.) Masson “et Cie, éditeurs. Paris, 1902. La Science marche à grands pas et nous assistons à “une éclosion d'idées qui remettent en question bien des points qu'on avait regardés comme définitivement olus. AE a Chimie appliquée à l'Agriculture n'est pas restée Larrière de ce mouvement. Des notions nouvelles, isées sur des faits inattendus, sont venues modifier notre conception des phénomènes qui président à la oduction des récoltes. Il était donc utile de réunir en corps de doctrine l’ensemble de nos connaissances la Chimie agricole, en y introduisant les donuées travaux les plus récents. «C'est ce que M. Dehérain a fait, et d’une facon ma- gistrale, dans le beau volume qu'il vient de publier el qui est une réédition, considérablement augmentée et se au courant des dernières conquêtes de la Science, l'ouvrage dont ce savant éminent avait déjà doté griculture il y a quelques années. Mais les addilions les modifications sont à tel point importantes et t une si haute portée, qu'on peut considérer à bon it ce livre comme une œuvre nouvelle. out en étant un ouvrage didactique, exposant l’en- nble de nos connaissances sur les conditions de la production des récoltes, c’est en même temps une œuvre philosophique qui, non seulement fait mesurer hemin parcouru, mais fait entrevoir aussi les sen- ers où le chercheur s’engagera demain. Le lecteur, ainsi placé à une grande hauteur, peut embrasser du même coup d'œil ce que nous possédons déjà et ce que ous pouvons acquérir encore. xec un sens critique très sûr, à chaque travailleur -Dehérain donne sa juste part, en éliminant ce que etemps ou l'examen plus approfondi n'a pas consacré. à livre n’est donc pas encombré de données devenues nutiles, parce qu'elles sont controuvées. Par contre, É idées si fécondes qui ont vu le jour dans ces der- mers temps sont développées avec une clarté et une ision qui les fait saisir du premier coup. Dans cet semble de travaux exposés, ceux qui sont personnels lauteur tiennent le rang que leur méritent leur importance et leur influence sur les procédés cultu- iux. M. Dehérain a donc rendu un nouveau service à iculture par cette publication qui vient à son heure, in moment où le public agricole avait déjà une vague lion des modifications apportées aux anciennes conceptions par les travaux modernes, mais où iïl manquait encore du guide dont il avait besoin pour lui exposer et lui faire sentir l'importance des idées nouvelles. . Mais M. Dehérain ne perd pas de vue que, si son livre est destiné à nous exposer les connaissances des phénomènes qui interviennent dans la production des récoltes, il a aussi et surtout pour but de montrer comment les notions de la science pure peuvent être appliquées à l'obtention de cultures rémunératrices et contribuer ainsi à l'augmentation de la richesse na- tionale. Dans la première partie de son volume, M. Dehérain étudie les conditions du développement des végé- taux, des phénomènes chimiques dont la plante est le siège, des sources où elle puise les éléments qui entrent dans sa constitution, de l'élaboration des prin- cipes immédiats qui s'accumulent dans ses lissus pen- dant l'accroissement et la maturation. Les origines de l'azote des plantes, de cet élément qui tient le principal rang par son importance et par l'attention que le culti- vateur doit lui donner, font l'objet d’un chapitre du plus haut intérêt. Ces origines étaient mystérieuses pendant longtemps et très controversées. Ce n'est que depuis peu d'années qu'il a été démontré que, sous l'influence d'organismes microscopiques, l'azote libre de l'atmosphère peut entrer en combinaison et servir d'aliment aux plantes. Les travaux de M. Berthelot, de MM. Hellriegel et Wil- - farth, de MM. Schlæsing fils et Laurent, d’autres obser- vateurs encore, ont jeté un jour nouyeau sur cette question. Nous savons aujourd'hui de quelle manière, et aussi dans quelle mesure, s'effectue cet appoint, d'une si grande importance pralique. Parmi les sujets de haute actualité que M. Dehérain a particulièrement traités, il faut citer l'étude des ferments solubles, à laquelle M. G. Bertrand a apporté de si intéressantes contributions. La seconde partie du Traité de Chimie agricole est consacrée à l'étude de la terre arable, considérée, non seulement comme la source des aliments minéraux, mais aussi comme le réservoir où les racines doi- #vent trouver un ample approvisionnement d'eau, des- tiné à maintenir la puissance végétative. Aussi M. Dehé- rain iusiste-t-il beaucoup sur l'ameublissement du sol, condition essentielle de la fertilité, en raison de son influence sur l'aptitude à retenir l’eau. Par des rech-rches poursuivies depuis de Jongues années déjà, M. Dehérain a montré toute l'attention qu'il faut porter à l'état physique du sol, à ce point de vue spécial de l'emmagasinement de l'eau. Les fermentations dont la terre arable est le siège, et qui ont une si grande influence sur la nutrition végétale, sont étudiées d’une facon lumineuse, et le rôle des divers organismes qui interviennent dans ce travail interne de la terre es exposé dans tous ses détails. Les amendements forment l'objet de la troisième partie. M. Dehérain passe en revue leur effet sur les réactions chimiques du sol et sur ses aptitudes physi- ques, et montre leur grande importance dans la pra- tique culturale. L : Wie Dans la quatrième partie, la théorie et l'application des engrais sont exposées avec autant de clarté que d'ingéniosité. M. Dehérain montre quels sont les résul- tats qui ont été obtenus depuis que l'Agriculture est entrée dans la voie de l'emploi des engrais chimiques; il insiste particulièrement sur les moyens d'empêcher, par la généralisation des cultures dérobées d automne, la déperdition si considérable des éléments azotés qui se produit dans la terre nue. C’est un chapitre nouveau, d'une grande portée pratique et dans lequel l'utilité des engrais verts est mise en relief. À Le fumier de ferme est étudié à fond, tant au point de vue de son emploi et de ses effets sur les cultures qu'à celui de sa fabrication et de sa conservalion, el les plus petits cultivateurs, comme les plus grands pro- 312 priétaires, tireront un grand profit de cesenseignements. S'élevaut à des considérations générales, M. Dehérain jetteun coup d'œil d'ensemble sur les progrès faits dans le domaine des sciences agricoles dans ces dernières années et sur les résultats que l'avenir peut en espérer. La notion de l'intervention des infiniment petits, ce prolongement, en Agronomie, de l’œuvre de Pasteur, a métamorphosé la science agricole et à fait éclore des idées nouvelles, qui ne tarderont pas à devenir fécon- des. Déjà des tentatives de culture des micro-organis- mes utiles ont été faites et, en réalité, les facons ara- toires données à la terre sont autant destinées à favoriser le développement de ces infiniment petits qu'à facililer la végétalion des plantes destinées à fournir les récoltes. Montrant l'importance de l'eau pour la production végétale et l'augmentation dans les rendements qui est obtenue par l'emploi judicieux des irrigations, M. De- hérain estime, avec juste raison, que la grande entre- prise agricole du xx° siècle sera la généralisation de la pratique des arrosages, qui assurera la prospérité de la France, ce pays si privilégié au point de vue de la distribution des cours d'eau. Le beau livre de M. Dehérain est une œuvre de relè- vement national; il s'adresse aux chercheurs, qui y trouveront les données précises sur l'état actuel de la Science et le germe des idées qui feront les découvertes de l'avenir; il s'adresse tout autant aux agriculteurs, qui y puiseront des notions saines et des enseigne: ments féconds, dont ils trouveront l'application dans l'exploitation de leurs propriétés. Acn. Münrz, de l'Institut. Larbalétrier (Alb.), Professeur à l'Ecole d'Agricul- ture de Grand-Jouan. — La Tourbe et les Tour- bières. — 1 vol. in-16 de 190 pages, de l'Encycelo- pédie des Aide-Mémoire. (Prix : broché, à fr. 50; cartonné, 3 fr.) Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1901. La tourbe est à l’ordre du jour. La tourbe, si long- temps confinée dans l’humble rôle de combustible du pauvre, semble appelée à de hautes destinées indus- trielles. Deviendra-t-elle litière ou fourrage, alcool ou papier ? Elle deviendra tout cela à la foiset avec un égal succès, si l'on en croit les chercheurs qui s’attachent à tirer parti de cetle matière première remarquablement abondante et économique. Grâce à ce petit livre, ceux qui s'intéressent à la question pourront apprendre rapi- dement tout ce qu'il est nécessaire d'en connaître : le mode de formation de la tourbe, ses différentes va- riélés, leur composition chimique et les propriétés diverses qui en découlent. A la suite d'un guide par- faitement renseigné, ils parcourront les tourbières fran- caises, plus nombreuses qu'on ne supposerait, mais d'étendue restreinte, et celles, plus vastes, de la Hol- lande, de l'Allemagne et de l'Irlande: ils seront initiés aux procédés d'exploitation anciens ou modernes, aux divers emplois industriels déjà consacrés par la pra- tique, dont quelques-uns sont intéressants et peu connus; ils seront enfin préparés à suivre avec inté- rêt, sinon à poursuivre pour leur propre compte, les tentatives nouvelles d'utilisation auxquelles nous fai- sions allusion plus haut, et dont l'opportunité ne sau- rait être méconnue. D' RÉpix, Attaché à l'Institut Pasteur. 4° Sciences médicales Roehet (V.), Professeur agrégé à la Faculté de Me- décine de Lyon, Chirurgien de l'Antiquaille. — Chi- rurgié du Rein et de l’Uretère. Indications. Ma- nueël' opératoire. — 1 vo/. in-12 de 367 pages, avec 50: figures. Prix, cartonné : 6 fr.) G. Steinherl, éditeur. Paris, 1901. Ce volume fait suite à celui de la Chirurgie de lurètre, de la vessie et de la prostate: réunis, ils donnent un exposé de toute la chirurgie des voies uri- naires. Ce deuxième volume est particulièrement inté- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ressant, car on y trouve l'exposé d'une série d'op rations nouvelles, en particulier sur l’uretère et. bassinet, opérations dont la description était faite dan! de nombreux Mémoires séparés et que l'on trouve ici réunies. De I. HARTMANN, Professeur agrégé ‘ à la Faculté de Médecine de Paris. Bertin-Sans (H.), Professeur agrégé à la Facul de Médecine de Montpellier. — Hygiène expéri mentale. L’Habitation. Procédés de Recherche et de Contrôle. Fascicule premier : L’Empla ment de l'Habitation. Préface par le Professeur BROUARDEL, de l'Institut. — À volume gr. in-8° de 224 pages, avec 82 figures dans le texte. (Prix 8 fr.) d.-B. Baillière, éditeur. Paris, 1902. : Emprunter à toutes les branches des connaissances humaines, quelles qu'elles soient, tous les procédés d'examen, toutes les méthodes d’expérimentation pou vant servir à la préservation, à la conservation, au perfectionnement de la santé, tant pour l'application des notions sanitaires antérieurement acquises, qu pour l'acquisition de nouvelles lois et de nouvea principes, telle est la tâche considérable entreprise p l’auteur de ce livre. Sans doute, M. Bertin-Sans n’annonce encore au public qu'une partie de cette œuvre, celle qui concerne l'habitation de l'homme. Il comprend sous cette déno mination la maison proprement dite, le domicile privé puis aussi les logements collectifs, écoles, casernes hôpitaux, édifices publics, ete., jusqu'à l’agglomération de toutes ces unités de l'habitat en cités et en villes. Dem cette première partie, déjà si étendue, il ne nous donne aujourd'hui que le premier fascicule, relatif l'emplacement de l'habitation. Mais nous pouvons dé juger, par l’esprit, la tendance et l'étendue de ce volume, de ce que sera l’ensemble de celte publication Le présent fascicule traite successivement de la conf” guration superficielle de emplacement, de l'orientation de la construction, de son altitude, de ses voisinages, de la nature, de la structure, des propriétées du s0 de sa nappe d’eau souterraine, de la thermalité, des souillures, des microbes du sol, ainsi que des infiltra tions dont l'emplacement de l'habitation peut être aussi bien le point de départ que l’aboutissant. Sous le titre d’{/ygiénologie, chacun de ces chapitres est précédé d’un paragraphe où sont définies le conditions pathogéniques qui réclament les recherches ou les contrôles sanitaires dont l’auteur va exposer Ja méthode. * S'il est nécessaire, comme l'indique M. Brouarde en présentant l'ouvrage, « aux personnes qui s'occupeni de l'Hygiène publique et privée », s’il est obligatoire que l’hygiéniste serve d'intermédiaire d’une part entre le médecin, et, d'autre part, le chimiste, le physicien! le géologue, l'architecte, l'ingénieur, il convient aus! de limiter à la mesure du possible l'instructiot technique à exiger de l'hygiéniste. M. Bertin-Sansu voulu réunir, à l'usage de ce spécialiste, l’ensemble d connaissances qui lui sont nécessaires. On doit le lou! d'avoir exposé en détail toutes les techniques relativ aux infiltrations du sol, à ses souillures organique à sa contenance en micro-organismes, à sa nappe d'eë souterraine, à sa structure, saperméabilité, satherrt lité, à ses insolations, à ses voisinages. Mais peut-être aurait-il pu restreindre et raccourcir quelque peu instructions qui concernent l'orientation de l'habitas tion, la configuration superficielle de l’'emplaceme considéré au point de vue de l’habitabilité. Est-il vrai ment besoin de se servir du théodolite, de détermine les latitudes comme un géodésien, et d'absorber de pages et des pages de formules et de calculs, pou bien choisir l'emplacement et l'orientation de sa ma son ? Ces développements excessifs ne peuvent, pe sons-nous, qu'effrayer le lecteur et le détourner d ouvrage où, pourtant, ilaurait profit à puiser cà et là. La . . CCS ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 24 Février 1902. A. Baïllaud est élu Correspondant pour la Section d'Astronomie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Painlevé précise quelques propriétés des transcendantes méromorphes nouvelles définies par les équations différentielles du Second ordre. — M. E. Goursat communique ses herches sur quelques transformations de Backlund. - M. P. Duhem poursuit ses études sur l'impossibilité certains régimes permanents au sein des fluides squeux. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. P. Janet a mesuré de les coefficients de self-induction par une méthode velle, consistant à mettre la self-induction avec un condensateur dans nn circuit en dérivation sur un arc kacourant continu. Il se produit le phénomène de l'arc “chantant de Duddell. — M. P. Boley décrit une nou- Mvelle forme d'électromètre capillaire, qu'il appelle élec- tromètre à goutte libre, et qui pourra servir à mesurer s différences de potentiel au contact des amalgames quides et de certains électrolytes. — MM. P.Freundler ét L. Béranger ont reconnu que la réaction de Friedel Crafts ne peut être utilisée pour la préparation des oïiques à fonction cétonique à partir de l’azo ou de hydrazobenzène. Au cours de leurs recherches, ils nt obtenu une combinaison moléculaire du diacétyl- Ydrazobenzène avec l'azobenzène : 2 [C°H5. Az (CO. CH). Az (COCH:). C‘H]. CSH5. Az : Az. C°H5. — M. M. Guer- bet a constaté que les alcools dibutylique et diænan- ylique ont respectivement pour formule de constitu- | tion : | CH®°.CH.CH?.CH?OH &r [ (i CH*(CH°},CH. CH. CO®H CH: M La soudure des deux molécules alcooliques d'où résulte leur formation s’est faite par le deuxième atome de “carbone à partir du groupement fonctionnel. — M. L. “Maillard a reconnu que le bleu d'indigo naissant ossède une formule simple, tandis que l’indigotine rdinaire est, en réalité, une polyindigotine, tout au moins une bis-indigotine. Les solutions chloroformiques indigotine contenant un peu de HCI se transforment acilement par isomérisation en indirubine. — M. L. Meunier a préparé l’alcoolate de magnésium en faisant éagir l’'amalgame sur l'alcool éthylique. L'action de J'amalgame sur l’aldéhyde donne le $-y-dioxybutane. — M. Arnaud a déterminé la constitution de l'acide tari- rique, provenant du dédoublement du glycéride de la graine d'une Tarirée. Il possède la formule CH* (CH*)". “C—C (CH°)‘. COH. Il donne, en effet, par oxydation l'acide adipique C‘H‘’0' et de l'acide laurique 2H#0?. — M. P.-Th. Muller décrit une méthode nou- e de caractérisation des pseudo-acides{voir p.272-3). : M. H. Carette a transformé la méthylnonylcétone nitrile-alcool par fixation de l'acide cyanhydrique; nmhydratant ce dernier, il a obtenu, d’une part, l’acide- alcool CH° (CH) C (OH) COH et, d'autre part, un mamide-alcoo! (CH*) (C°H*) C (CO. AzH°) (OH). — M. M.-E. Pozzi-Escot a reconnu que les hydrogénases ne peuvent pas donner de réaction colorée avec la teinture alcoo- ique de résine de gaïac; aussi, en présence d’un mé- nge de diastases, la teinture de résine de gaïac ne ourra donner aucune indicalion si l’on se trouve en résence d'hydrogénases. — M. V. de Luynes, pour étacher la glacure des produits céramiques aux fins ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 313 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER d'analyse, les recouvre d’une couche de colle qui, en se desséchant, détache des lamelles de l’enduit vitreux ; on dissout ensuite la colle dans l’eau et on recueille les lamelles sur un filtre. — M. H. Causse extrait les acides gras des eaux en les précipitant à l’état de sels de baryte, qui sont ensuite soumis à la distillation ou décomposés. Les acides gras ne sont pas nuisibles par eux-mêmes, mais sont un indice presque toujours cer- fain de contamination. —M. J. Gnezda a observé. chez une aliénée, une sécrétion conjuguée d'indoxyle et d’urée dans l'urine. Pour lui, il existerait dans l'orga- nisme une source d'indoxyle d'origine non bactérienne, résultant sans doute de l'oxydation d'un groupement indoxylique dérivé de la molécule albuminoïde. 3 SGrENCES NATURELLES. — MM. Calugareanu et V. Henri ont déterminé la résistance des globules rouges du sang par la conductibilité électrique. Par cette méthode, ils ont trouvé que les globules rouges peuvent perdre une partie de leurs sels sans laisser sortir au dehors leur matière colorante. — M. Hanriot a fait l'analyse de l'atmosphère d'un certain nombre de fosses d'aisance; dans aucune, la quantité d'H?S n'eût suffi à provoquer l’asphyxie; celle-ci proviendrait plutôt du manque d'oxygène. Aussi le meilleur moyen d'éviter les accidents dans les fosses est de les ventiler énergiquement. — M. Ed. Perrier présente quelques remarques sur l’origine des formations stoloniales chez les Vers annelés, à propos de la note récente de M. Pru- vost. — M. Ed. Heckel a étudié la germination chez les Onquekoa et les Strombosia. Elle se rapnroche de celle des Ximenia par l'inclusion des cotylédons; le mécanisme de la séparation de la graine d'avec la tige, l'épanouissement du cotylédon au dehors et l'élonga- tion énorme de l'axe hypocotylé sont particuliers aux Onquekoa et Strombosia. — M. L. Bertrand a étudié la tectonique des environs de Biarritz, Bidart et Ville- franque (Basses-Pyrénées). Les plissements secondaires des couches comprises entre les deux nappes de Trias de la région semblent démontrer qu'il s’agit de nappes charriées dont les racines sont inconnues, mais doivent vraisemblablement étre trouvées plus au Sud. — M. R. Nicklès a observé, dans la zone subbétique, des phénomènes de recouvrement qui présentent les plus vrandes analogies avec ceux des régions classiques à grands plis couchés vers le Nord, telles que la Pro- vence. — M. A.-J. Bourdariat présente un essai de carte géologique du Bambouk (Soudan francais). Il y fait ressortir : l'existence d’une grande faille, ayant donné lieu à la zone d’affaissement située à l’ouest des montagnes de Tambaoura; l'énorme développement des latérites, qui sont interrompues, en certains points, par des formations graniliques ou schisteuses ; l'exis- fence d'une puissante assise gréseuse s'étendant à l'est de la grande faille. — M. J. Thoulet communique quelques remarques sur la constitution du sol sub- océanique. Séance du 3 Mars 1902. M. J. Kuehn est nommé Correspondant pour la Sec- tion d'Economie rurale. 10 SGIENGES MATHÉMATIQUES. — M. Ed. Maïillet présente ses recherches sur les lignes de décroissance maxima des modules et les équations algébriques ou transcen- dantes. — M. P. Boutroux indique une méthode pour l'étude des fonctions entières de genre infini et des transcendantes méromorphes découvertes récemment par M. Painlevé. 2 NO 20 SGIENCES PHYSIQUES. — M. P. Compan à étudié le pouvoir refroidissant de l'air aux pressions élevées ; il 314 est représenté par la même formule qu'à la pression ordinaire. Pour l'air en mouvement, la vitesse de refroi- dissement est proportionnelle à l'excès de température et à la racine carrée de la vitesse de l'air. — M. V. Cré- mieu décrit un relais électrostatique qui, adapté à un électromètre sensible, en équilibre stable, permet de régler automatiquement, avec une grande précision, le potentiel d’un condensateur à partir de 1.000 volts. — M. L. Poincaré rappelle, à propos de la note récente de M. P. Boley, qu'il a décrit en 1891 une forme d'élec- tromètre capillaire permettant la mesure des différences de poteutiel au contact des amalgames et des électro- lytes. — MM. H. Deslandres et Décombe admetlent que le Soleil émet des ondes semblables aux ondes hertziennes, mais celles-ci sont probablement toutes absorbées par les parties supérieures de notre atmo- sphère eLil faudra une lungue série d'observations pour décider en dernier ressort si la surface de la Terre en reçoit une partie. — M. Ch. Nordmann explique quel- ques phénomènes célestes par les ondes herzliennes‘. — M. P. Langevin à reconnu que dans l'air, sous la pression normaie, il y a environ une recombinaison sur quatre collisions entre des ions de signes contraires. — M. H. Nagaoka el K. Honda ont constaté que les variations de dimensions des alliages de fer et de nickel soumis à des aclions magnéliques sont assez faibles pour qu'il n'y ait pas lieu d'en tenir compte dans la pratique; toutefois, elles ne suivent en aucuue facon la loi des mélanges et sont beaucoup plus considérables que celles du fer ou du nickel pris isolément. — M. Ch.- Ed. Guillaume montre que les résultats précédents peuvent se concilier avec la théorie de M. Dumas sur les alliages de fer et de nickel en supposant que, sous l'action d'un champ magnétique, l'état de transforma- tion moléculaire puisse être augmenté à température constante; on devra observer alors une augmentation de volume, ce qui est le cas. — MM. G. Charpy et L. Grenet ont déterminé la dilatation des aciers aux températures élevées. Les coefficients restent presque égaux pour les diverses teneurs en carbone jusqu’à 6500. Au-dessus de la zone de transformation, on retrouve des coefficients à peu près égaux pour les aciers conte- nant moins de 0,85 °/, de carbone; au-dessus de cette teneur, les coefficients sont beaucoup plus élevés. — MM. C. Matignon et E. Monnet ont déterminé la cha- leur spécifique du vanadium d'après celle d'un de ses alliages AlVa ; elle est de 0,1235, et la masse atomique qu'on en déduit est de 6,35, identique à celle qui est obtenue par des considérations d'isomorphie. — MM. H. Moissan et V. Dilthey, en maintenant de la chaux en fusion en présence d'un excès de silicium, ont obtenu un composé de formule CaSi, analogue au sili- ciure de Wohler. L'eau le décompose lentement avec production d'hydrogène. HCI étendu l'attaque beau- coup plus rapidement, mais il ne se produit pas d'hydrure de silicium solide. — M. A. Ditte montre que la production de peroxyde de fer cristallisé dans la caleination du sulfate de fer hydraté avec du sel marin est due non à la solubilité de l'oxyde ferrique dans le sel marin, mais à la formation de vapeurs d'acide chlor- hydrique qui conslitue un bon minéralisateur. M. V. Thomas communique ses recherches sur les combinaisons thalliques. Il a préparé er particulier les chlorure et bromure TIC, 4 H°0 et TIBr®, 4H°0, qui servent de points de départ à la formation des composés mixtes. — MM. P. Sabatier et J.-B. Senderens ont effectué la synthèse du méthane soit à partir de CO, soit à partir de CO?, par leur méthode d'hydrogénation directe au moyen d'hydrogène gazeux en présence de nickel récemment réduit: — M. Arnaud, par oxydation ménagée de l'acide taririque, a obtenu l'acide dioxyla- ririque, F. 989, de formule CH#(CH?)"°CO.CO(CH?)CO"H. Dissous dans l'acide sulfurique, l'acide taririque fournit un acide cétataririque, F. 55°, de formule CH*(CH2)‘° ! La Fevue publiera prochainement un exposé détaillé des recherches de M. Nordmann. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ‘roches filoniennes curieuses qui traversent la duni CO,CH?(CH?)*CO?H. — MM. A. Guyot et M. Granderye: | Sur les produits de condensation du tétraméthyldiam dobenzhydrol avec quelques amines primaires arom tiques à position para occupée (voir p. 272). — M. E. Blaise, en faisant réagir les dérivés organo-magnés sur l'oxyde d’éthylène, a obtenu en petite quantité monobromhydrine du glycol. L'action des mêmes d rivés sur le trioxyméthylène conduit aux éthers d &-oxyacides primaires. — MM. Rosenstiehl et Su ont étudié l'action des sulfures, des sulfites et hydrosulfites sur les matières colorantes azoïques ” trées. — M. F. Bourion a obtenu des combinaisons cristallisées des chlorures de manganèse et de co avec l'alcool : MnCE. 3C°H°0, d— 1,35; 2CoCE .6C*H! d=—1,32. — M. M. Berthelot a fait l'analyse d’un vas antique trouvé à Abou-Roach.1l contient principaleme du plomb, du chlore et de la silice. Il a été prépa probablement par réaction d’un sable fin sur un lange de litharge et de chlorure de sodium. 30 SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Stassano et Billon ont constaté que le volume des globules roug ne varie pas toujours en raison inverse de la con tration des solutions. Chez les oiseaux, le volume d hémalies augmente "d'abord d’une facon marqué partir de la solution isolonique quand croît la conce tration. — M. J. Winter présente quelques considér lions sur la notion du volume en urologie. — MM. An dré Broca et Alf. Chatin ont employé l'arc électrique au fer pour la photothérapie ; ils ont obtenu de bo résultats tout en supprimant les réfrigérants. — M. A Laveran décrit un nouveau trypanosome découvert pa M. A. Theiler chez les Bovidés du Transvaal (voir p. 317} — M. H. Jumelle décrit le Pachypodium Retenbers gianum, plante textile de Madagascar qui donne Ja filasse de Bontaka. — M. L. Dupare signale quelques 4 massive du Koswinsky (Oural). Ce sont : une granulité filonienne à plagioclases, une albitite, uue diorite anor: thique, une webrlite. L. BRuNEr. ACADEMIE DE MEDECINE Séance du 25 Février 1902. M. A. Gautier signale un nouveau médicament arse nical, le méthylarsinale de soude ou arrhénal, qui pré sente de grands avantages sur le cacodylate. Il peut être administré à volonté par la bouche ou en injections hypodermiques, quine sont pas douloureuses. 1] a don des résultats très encourageants dans le traitement de la tubereulose, de l’'emphysème, de l’hémichorée, de l& chorée, des vomissements de la grossesse, du paludisme — M. Perroncito présente ses recherches sur le déve- loppement des échinocoques. — Suite de la discussio sur la chloroformisation, en particulier chez les car diaques. La Æevue consacrera ultérieurement un article détaillé à cette question. Séance du 4 Mars 1902. ‘ M. le Président annonce le décès de M.Chédevergue, Correspondant national. 4 M. Perroncitu décrit uu nouveau mode de dévelop- pement des kystes hydatiques. Il à observé la transfor= mation du scolex en hydatide par la formation d'u membrane culiculaire identique à celle des vrais kyst hydatiques. — Suite de la discussion sur la chlorofor misation. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 15 Février 1902. è MM. N. Vaschide et C1. Vurpas ont provoqué le dédoublement des images visuelles hallucinatoires d'une hystérique en plaçant un prisme devant son œil» La malade voyait également doubles les objets réelss — MM. H. Stassano et F. Billon ont observé une hyperleucocytose chez les lapins, à la suite de l'injec= tion de lécithine; on rencontre d'abord dans le sang de its mononucléaires, puis de grands mononucléaires euant forlemeut les colorants. Chez les cobayes, jection de lécithine dans le péritoine provoque aussi e leucocytose à gros monouucléaires qui englobent polynucléaires. — MM. Portier et Ch. Richet ont ervé que certains venins, en particulier la toxine teutacules des Physalies, ont la propriété de dimi- er au lieu de renforcer l'immunité lorsqu'ils sont eetés à doses non mortelles (anaphylaxie). — E. Mau- déterminé les doses d'ergotine de Bonjean minima rtelles pour certains Vertébrés ; elles sont d'environ amme pour le congre et le lapin, de 3 grammes m la grenouille, et supérieures à 3 grammes pour le Igeon. — M. A. Rodet communique des expériences elatives au B. coli qui montrent qu'il n'existe pas de ation constante entre l’agglutinabilité et le pouvoir lutininogène. — MM. Carré et Vallée ont observé parallélisme étroit entre la propriété hémolytique “le pouvoir toxique d'un même sérum. — M. A. Lave- indique la meilleure technique à suivre pour l'étude flagelles de l’hématlozoaire du paludisme et des atozoaires similaires des Oiseaux.—M. R. Anthony ie le rôle de la compression dans la genèse des ons. M. Hanriot cite une ‘nouvelle expérience ntrant que la lipase du sang saponifie les graisses, rairement à une conclusion récente de M. Arthus. =M.E. Maurel pense que, dansles cas où l'alimentation en rapport avec les besoins que la température biante impose à l'organisme, la richesse globulaire aple à ces besoins. Pour M. Malassez, chez l'homme n parfaite santé, la richesse du sang est dans un per- ue] état de variations. — MM. R. Lœwy et A. Paris étudié les modifications du sang dans l'anesthésie le chloroforme; la principale consiste dans une olynuecléose neutrophile. — M. A.-M. Bloch expose recherches sur le sens de l’auto-topographie. — M. C. França et M. Athias out constaté que, dans la aladie du sommeil, on trouve un grand nombre de mazellen dans les parois des vaisseaux corticaux rés. Ces cellules plasmatiques sont encore plus ombreuses que dans la paralysie généraie. Séance du 22 Février 1902. . J. Lefèvre chérche à démontrer l'invraisem- nce de l'hypothèse de la superposition pure el mple des conditions énergétiques du travail à celles urepos. — M. Hanriot : Sur l’asphyxie par les gaz des ses Jd’aisances (voir p. 313). — MM. D. Calugareanu LV. Henri: Elude de la résistance des globules buges par la méthode de conductibilité électrique ir p. 313).— M.J. Rehns a reconnu que les solutions ortelles de toxalbumines végétales (ricine et abrine) tuent plus lorsqu'elles sont acidifiées, mais qu'elles eviennent mortelles par neutralisation. — M. M. hus a observé que la vitesse de coagulation du g de prises successives augmente rapidement ; cette élération, produite par une hémorragie antérieure, maintient pendant deux semaines au moins chez le chien. — M. J. Lefèvre continue l'examen des hypo- thèses admises sur les conditions énergétiques du tra- 1 et du repos et trouve également inadmissibles les antes : 1° soustraction lotale des énergies calori- ües du travail et du repos; 2° proportionnalité de chauffement au travail extérieur ; 3° invariabilité du ndement au travail. — M. A. Lippmann a observé, is un cas de kyste hydatique suppuré gazeux du , du pus strictement anaérobie. — M. V. Ball à bservé chez un chien le goitre d’une glandule thyroïde essoire juxla-aortique. — M. Dominici indique une éthode de technique histologique appropriée à l'étude du système hématopoïétique ; elle est basée sur l'utili- sation d'un liquide fixateur, consistant en une solution dro-alcoolique de HgCE, HgCII et I libre. — MM. Le- ble et Dominici décrivent un nouveau procédé de ion du sang, consistant à exposer le sang desséché étalé aux vapeurs qui se dégagent d’une solulion ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 313 volique de HgCF et I. — M. Launoy à étudié les | phénomènes nucléaires dans la sécrétion de la parotide du Zamenis viridiflavus. — M. J. Noé a constaté que, chez le hérisson, le coefficient d'utilisation azotée di- minue beaucoup pendant la période de torpeur hiver- nale; en été, au contraire, il est très élevé. — M. de Sinéty cite des observations qui ne sont pas favorables à l'idée d’une action des produits placentaires sur la sécrétion lactée. — MM. F.-J. et E. Bosc ont observé que l'infection vaccinale est caractérisée histologique- ment par un processus prolifératif et hypertrophique intense, épithélial et conjonclivo-vasculaire, à mono- nucléose, sans hyperleucocytose, capable d'édifier des néoformations à vascularisation réduite, qui ne peu- vent être mieux comparées qu'aux productions cancé- reuses. Séance du 1° Mars 1902. M. A. Laveran a observé sur divers Culicides des organismes parasites; peut-être trouvera-t-on un jour un microbe pathogène pour ces Insectes, qui permettra de s’en débarrasser. — Le même auteur à examiné un lot de Culicides provenant de la région palustre de Diego-Suarez; parmi eux se trouvaient de nombreux Auopheles superpictus.— M. G. Weiss a conslaté que, lorsqu'on excite séparément le 9° el le 10° nerfs qui se rendent au gastrocnémien de la grenouille, la somme des tractions obtenue dans chaque cas est supérieure à la traction exercée par le muscle excité en une seule fois. — MM. H. Claude et V. Balthazard ont étudié l'effet de la décapsulation du rein chez le chien; la fonction rénale n'est pas modifiée sensiblement, mais la circulation rénale est ralentie. — MM. L. Camus et E. Gley montrent qu'il y a deux sortes de sécrétion paucréatique, l'une inactive, produite sous l'influence des acides, l’autre active (protéolytique), produite, entre autres, sous l'influence des injections de peptone. — MM. M. Doyon et A. Morel ont constaté que les éthers existant normalement dans le sang et le sérum diminuent peu à peu in vilro en présence d'oxygène; cette diminution est liée à l'existence des globules du sang, car elle est extrêmement faible dans le sérum centrifugé. — MM. G. Billard et Dieulafé ont mesuré l'abaissement de la tension superficielle des liquides par les sels biliaires et les savons; dans les deux cas, il est très faible. — M. E. Maurel a reconnu que, des deux éléments figurés du sang, c’est le leucocyte qui est le plus résistant à l’ergotine. Les doses minima mortelles chez le lapin n'agissent que sur les hématies, et les leucocytes n'ont aucun rôle dans la mort. — M. L. Vialleton signale les caractères lymphatiques de certaines veines chez quelques Squales. — MM. M. Arthus et P. Vansteenberghe ont préparé un sérum précipitant le sérum de sang humain en injectant au chien du liquide d’ascite humaine, recueillant le sérum de ce dernier et le conservant par adjonction de fluorure de sodium. — M. J. Lefèvre présente quelques obser- valions critiques sur la grandeur des rations énergéti- ques et sur la valeur du rendement mécanique de l'or- ganisme. — MM. J. Rehns et L. Roux ont constaté que l'action hémolysante de certains glucosides (digi- taline, saponine, cyclamine) provient de la fixation énergique de ces corps sur le stroma des globules rouges, Ces trois glucosides employés simultanément agissent avec une synergie parfaite; leurs actions sont complètement additives. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX k Séance du 4 Février 1902. M. J. Sellier a trouvé la lipase dans le sérum san- guin d'un certain nombre de Poissons, de Crustacés, de Gastéropodes, de Céphalopodes et de Vers. — M. G. Denigès délermine l'acide citrique dans le lait en le transformant en acide acétonedicarbonique par oxydation avec le permanganate et en précipitant cet acide à l'état de combinaison double avec le sulfate mercurique. M. J. Rouget a observé la présence 316 d'une Filaire caractéristique dans le sang d’un soldat atteint de la maladie du sommeil. Ce fait vient à l'appui de ceux cités par Manson. — M. H. Sérégé a constaté que chaque lobe du foie fonctionne séparément et à des moments différents de la digestion; la teneur en urée, qui est la même chez l'animal à l’état de jeûne, varie donc dans chaque lobe suivant la phase digestive. — M. Gentes a étudié les terminaisons nerveuses des îlots de Langerhans du pancréas. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 21 Février 1902. M. E. Mercadier décrit les modifications et perfec- tionnements qu'il a apportés depuis deux ans à son système de télégraphie multiplex et qui consistent prin- cipalement dans la réduction du nombre des bobines d'induction employées et dans la substitution au relais télémicrophonique différentiel d’un transformateur à trois fils égaux. Une série d'expériences a élé faite à l'aide de six opérateurs, avec trois transmetteurs et trois récepteurs microléléphoniques placés à chaque bout ! d'une ligne artificielle représentant environ 150 kilo- mètres de ligne télégraphique réelle : des résonateurs placés sur les microtéléphoues permettaient à tous les auditeurs d'entendre les signaux sonores produits. M. E. Mercadier a montré ainsi : 1° Que plusieurs transmissions de signaux pouvaient être faites simulta- nément dans le même sens sans se confondre ; 2° qu'il en était ainsi, en particulier, pour des signaux dont les périodes vibratoires ne différaient que d'un demi-ton ; 3° que plusieurs signaux pouvaient être transmis simul tanément, sans confusion, en sens contraire, par suite de l'extinction complète des effets des signaux transmis sur les récepteurs monophoniques du poste transmet- teur; 4 enfin, qu'on pouvait transmettre simultané- ment des signaux ondulaloires detélégraphie multiplex et des signaux intermittents usités en télégraphie ordi- naire, dans le système Morse par exemple : un récep- teur Morse a fonclionné ainsi pendant la séance. SOCIÈTE CHIMIQUE DE PARIS Séance du 28 Février 1902. M. Henri Moissan expose ses recherches sur quel- ques réactions des hydrures alcalins. Après avoir rap- pelé l’action de ces composés sur l'eau et sur l'acide chlorhydrique gazeux, il fait voir que l’on peut rap- porter à ce groupe l’action de l'hydrure de potassium sur l'acide: formique ou sur l'ammoniac. L'hydrure peut agir par addition sur un anhydride : synthèse du for- miate de potassium par union avec l'acide carbonique. 11 peut agir aussi sur un composé chloré, bromé ou iodé : préparation du gaz élhane par décomposition de l'iodure d’éthyle par l'hydrure. Enfin, il signale la décomposition à froid du cyanogène par l'hydrure de potassium, avec formation d'acide cyanhydrique et de cyauure de potassium. — M. Béhal a repris l'étude du corps que MM. Blaise et lui avaient découvert et désigné sous le nom d'acide cétocampholénique. Il en décrit di- vers dérivés et montre que l'oxydation de la lactone cor- respondante fournit de l'acide diméthylhexanonoïque, de l'acide diméthyl-lévulique et de l'acide oxalique. Après avoir rappelé les expériences de Tiemann, il montre que les formules de ce dernier ne sont pas acceptables et qu'on doit considérer l'acide célocampholénique comme un acide oxydique, hypothèse émisepar Tie- mann el à laquelle il se rallie, mais en en modifiant la formule ainsi qu'il suit : CH°-CH° ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES amines réagissent avec expulsion de mercaplan & ce qui explique sa saturation, car l'acide libre ( saturé, la lactone ne l'étant pas. Il s'ensuit dès Jo qu'un acide à fonction oxyde en position 3:4 p fournir, par l'action de la chaleur seule, une lacto fonction éthylénique en position 2. Inversement, u lactone 4 : 4, ayant une fonction éthylénique en positi 2:3, pourra donner, sous l'influence des alcalis, un aci saturé à fonction éther-oxyde en position 3:3 ou M. Béhal vérifie ce fait avec l’isocaprolactone. Il pose, en terminant, d'utiliser une nomenclature calqu sur celles proposées par von Baeyer et Wallach pour les terpènes. Les carbures saturés correspondant au acides campholéniques seraient désignés sous le non d'« et de B-campholanes. Le chiffre 1 serait attribué“ la chaîne portant la fonction acide. — M. P. Lebeau rappelle qu'il a fait connaître antérieurement la prépæ ration d'un arséniure de lithium AsLi, par réduction de l'arséniate de lithium au moyen du charbon, & four électrique. Il a pu obtenir à l’état de puretéle même composé par électrolyse d'un mélange de chlos rure de potassium et de chlorure de lithium avec une cathode d’arsenic. Cet arséniure est soluble dans le gæ ammoniac liquéfié, avec lequel il donne une combi paison cristallisée. 11 est décomposable par l’eau, €& donnant de l'hydrogène arsénié mélangé d'hydrogè L'acide chlorhydrique étendu donne ce dernier parfaitement pur. — M. M. Delépine, continuant recherches sur l'action des éthers halogénés sur thiosulfocarbonates, expose les résultats obtenus à moyen : 4° des thiosulfocarbonates d'amines secon daires; 2° des thiosulfocarbonates d'amines primaires 3° du thiosulfocarbonate d'ammonium. 1° La premi réaction conduit aux éthers dialcoylthiosulfocarba miques RR'Az.CS-SR". Ce sont des corps cristallisés où cristallisables, distillant plus baut que les éthers im dodithiocarboniques précédemment décrits. Ces uré thanes donnent la moitié de leur soufre sous forme d'acide sulfurique quand on les oxyde. 2° La seconde réaclion conduit aux composés AzH.CS.SR'. Ces corp ont été déjà indiqués à propos des produits accessoi dans la préparation des éthers imidodithiocarbonique On les à quantitativement, pour ainsi dire, si l’on ne met qu'une seule molécule d’éther halogéné. Une nou velle molécule d’éther halogéné conduit aux sels éthers imidodithiocarboniques. L’ammoniaque et conduisent aux urées sulfurées. Cette nouvelle mé thode permet donc de préparer les urées sulfur sans avoir à préparer les sénevols. 3° La troisième réaction engendre les uréthanes AzH°.CS.SR. avec D plus grande facilité. Deux seulement de ces corps avaient été jusqu'ici préparés en faisant absorbeb l'hydrogène sulfuré par les éthers sulfocyaniqu Leur réaction avec les amines à 100° ne conduit qu’au sulfocyanates d'amines. Avec une nouvelle molécul d'éther, ils engendrent des sels de bases indifférent au tournesol et à la phlaléine, sans doute les sels dé éthers : SR AzH — CL 2, Nr! engendrés par une réaclion toute parallèle à celle qui sert à préparer les éthers imidodithiocarboniques. E dernier lieu, M. Delépine présente les résultats obtenus dans la préparation des éthers imidodithiocarboniques. dérivés de l’aniline et de la paratoluidine. Enfin, p l'action de l'iode en milieu alcalin et alcoolique, il à transformé les éthers C'H°AzH.CS.SCH' et CH*.0‘HE AzH.CS.SCH* en dérivés du thiurame, pour lesque il convient d'admettre les formules : SCHS\ ? SCH\2 "| (cnsar= ce et C'H?Az= CC E NS Ns | \ Il désirait ne communiquer qu'ultérieurement ces! faits parce que la question de la constipution des éthers osulfocarbamiques s’y trouve touchée de près, mais ote de M. Braun, dans les Berichte du 22 février, gage à signaler les résultats acquis. Le travail de un à trait, en effet, aux isothiuramedisulfures, -dire à des corps du type ci-dessus. Cet auteur ploie des méthodes différentes de préparation; la ration signalée reste donc acquise. _ SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. Norman Lockyer el F. C. Penrose : Essai détermination de la date de la construction onehenge d'après son orientation. — Stonehenge ne localité anglaise où se trouvent des ruines qu'on Wibue à un temple solaire, précédées d'une avenue emonolithes. Les auteurs partent de cette hypothèse orientation du temple et celle de l'avenue coïn- aient, au mament de la construction, avec la direc- n du lever du Soleil, au jour le plus long de l’année t là une coutume commune aux temples grecs et tiens). On peut alors, par des mesures et des uls astronomiques, retrouver très approximative- nt l'époque de cette construction. D'après les au- rs, elle remonterait à 1680 avant J.-C., avec une ur probable de +200 ans. 20 SCIENCES NATURELLES. H. Marshall Ward : Sur des cultures pures Pune Urédinée, la Puccinia dispersa Eriks. — L'au- fait germer dans un tube en verre, contenant une taine quantité de solution minérale nutritive de op, des graines de Zromus, stérilisées à 65°, qu'il ce sur un pelit tampon de coton à la surface du ide. Au bout de huit jours, la jeune plante s'est loppée et présente une ou deux feuilles vertes. A moment, les Zromus sont infectés avec des spores Puccinia; une partie des tubes sont traversés par courant d'air pur, les autres sont clos. Au bout n temps variant de 8 à 16 jours, l'Urédinée com- nce à se développer en produisant des taches et des ules sporifères. Le développement se fait plus rapi- ement el mieux dans les tubes clos que dans les tubes és. L'auteur estime que, par celte méthode, on peut enir des cultures pures d'Urédinées, de la même acon que des cultures bactériennes. Ward a, en outre, étudié l’action de divers milieux itifs sur le développement des spores. | | A. P. WW. Thomas : La+ L'affinité du Tmesipteris ec les Sphenophyllales. — L'auteur cherche à ontrer que l'opinion de Bower, qui considère les ganes fertiles du Tmesipteris comme l'équivalent ne simple feuille avec deux lobes, portant le synan- um sur sa face adaxiale, et celle de Scott, qui consi- e que le synangium et son axe peuvent correspondre sporangiophore ventral des Sphenophyllales, sont lement correctes el peuvent se concilier. ÆE. W. Mac Bride : Le développement de l’Echi- S esculentus. — L'auteur montre comment les ers organes de l'Zchinus adulte se forment d'après structures correspondantes de la larve pluteus. Le éveloppement complet, depuis la fécondation jusqu'à fin de la métamorphose, dure #à jours. IL est très Mférent de celui de l'Asterina gibbosa. D. Bruce : Note sur la découverte d’un nouveau ypanosome. — L'auteur a recu du sud de l'Afri- ue des spécimens du sang d’un bovidé, qui contient ne nouvelle espèce de Trypanosoma. Cette nouvelle spèce peut être distinguée tout de suite des Trypa- omas du Surra, de la maladie de la mouche Tse-tse, du Rat, par sa plus grande taille ; elle est presque ux fois plus grande que ceux-ci. Au point de vue de pparence générale, ce Trypanosome ressemble beau- up à ses congénères; il possède, comme eux, un Corps 2 Re SÉÈES ACADÉMIES ET SOCIËÈTÉS SAVANTES 317 protoplasmique ovale, une membrane longitudinale en forme de nageoire et un seul flagellum. Ce nouveau Trypanosoma a été découvert dernièrement par le Dr A. Theiler, directeur du Laboratoire bactériologique du Service de Santé à Prétoria (Transvaal\. Le D° A. Theiler déclare que, tout d’abord, il erut avoir simplement rencontré le Trypanosoma familier à la maladie de la mouche Tse-tse. Cependant, il fut frappé par sa grande taille et essaya quelques expé- riences d’inoculation. Il trouva que le nouveau Trypanosome infecte seule- ment le bétail. Les chevaux, les chiens, les chèvres, les lapins et les cochons d'Inde sont tous réfractaires ; ils ne montrent ni symptômes de maladie, ni présence de parasites dans le sang. Avec le même sang, il infecta deux veaux qui montrèrent une réaction fébrile dis- tincte, et en même temps les parasites apparurent dans le sang. Le D° A. Theiler découvrit le parasite pour la pre- mière fois dans le sang d'un jeune bœuf, qui venait de guérir d'une attaque de peste bovine; depuis, il a ino- culé avec succès deux veaux de deux autres troupeaux. Il décrit la maladie comme étant une anémie aiguë pernicieuse avec de graves changements dans le sang, ou une anémie générale sans déformation des éléments du sang, ou enfin seulement une légère fièvre ; d'autre part, il existe une immunité naturelle du bétail pour ce Trypanosoma. L'opinion du D" A. Theiler est que cette maladie est la même que celle étudiée par le D" Kolle dans le sud de l'Afrique avec Koch, et qu'il a décrite sous le nom de malaria bovine. Le Trypanosoma a échappé au D: Kolle, qui a vu seulement que la maladie était infec- tieuse et qui a cru observer des parasites endoglobu- laires et du pigment dans les corpuscules rouges du sang. Comme cette découverte parait à l'auteur très inté- ressante et comme le Dr A. Theiler mérite beaucoup d'éloges pour ses observations, il propose que ce Try- panosoma soil nommé Trypanosoma Theïleri. SOCIETE DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 19 Février 1602. M. H. Baker à préparé de l'oxygène et de l’hydro- gène extrêmement purs et secs par l'électrolyse d'une solution de baryte pure. Un mélange de ces gaz secs peut être chauffé au rouge dans des tubes sans qu'il y ait combinaison, mais la présence d’un peu d'humidité provoque la combinaison avec explosion. Dans un mé- lange de gaz ayant séjourné deux jours sur P°0° distillé, il y a une faible combinaison par échauffement ; on voit que l'humidité n’est pas le seul facteur de la combi- naison; la température ne paraît pas être l’autre fac- teur, car, à la température de fusion de l'argent, les gaz secs ne s'unissent pas. — M. J.-A. Brown à examiné l’action de l’invertase sur le sucre de canne; il trouve que la vitesse de son action diffère essentiellement de celle d'une action de masse et ressemble à celle de la fermentation. Cette vitesse, représentée graphiquement, se rapproche d'une ligne droite quand elle n'est pas influencée par l'accumulation des produits d'inversion. C’est l'influence retardatrice de ces produits qui donne lieu à la courbe de O’Sullivan et Thompson et a fait croire à ces savants qu'ils se trouvaient en présence de la courbe logarithmique de l’action de masse. Mais quoique l’action de l’inversion ne suive pas la loi de l'action de masse, elle n'est pas indépendante de l'in- fluence de masse, celle-ci étant toutefois restreinte par une autre influence. L'auteur pense que ce serait celle du temps comme facteur des changements complexes accompagnant l'inversion. Dans toute réaction chimique simple, l'influence de masse règle le nombre de con- tacts moléculaires entre les molécules réagissantes dans l'unité de temps; mais, si un facteur de temps entre en jeu, il y a un point au delà duquel le nombre de chan- gements moléculaires ne peut augmenter par suite de 318 la diminution du temps d’action, et ce point sera déter- miné par la fréquence relative des contacts moléculaires et la durée relative des changements moléculaires. Il y a de bonnes raisons de croire que, dans l’inversion du sucrose, ce sucre entre en combinaison moléculaire avec l’invertase avant la réaction, ce qui présuppose un changement complexe et l’existence d'un facteur de temps. Dans ces conditions, il est très probable que ce facteur limite l'effet de l'action de masse dans les solu- tions de concentration ordinaire; mais, pour les solu- tions de sucre de canne, il y a une dilution où l’invertase agira en conformité avec l’action de masse. L'auteur a vérilié par l'expérience qu'il en est ainsi pour les solu- tions inférieures à 1 °/,; l'existence d’un facteur de temps est done confirmée pour les solutions plus con- centrées. La fermentation alcoolique et l'action de la lipase suivent la mème loi que l'inversion. — MM. H.T. Brown et T.-H. Glendinning ont constaté que la vitesse de l'hydrolyse de l’'amidon par la diastase ne suit pas la loi logarithmique; il y a augmentation continue du coefficient de vitesse, effel inverse de celui que pro- duit généralement l'accumulation des produits de la réaction. L'analyse critique de la courbe montre que, jusqu'à une hydrolyse de 30 à 40 °/,, la transformation est presque une fonction linéaire du temps; le reste de la courbe est approximativement logarithmique. — M. O. Silberrad a préparé une troisième série de pro- duits de polymérisation de l’éther diazoacétique, dont le type le plus stable est l'imidoazoacétamide : AzH : C(COAZH?) Az : Az.C(COAZH?) : AzH. Avec l’ammoniaque, il donne un sel imidique. Avec la baryte, il fournit l’imido-azoacétate de baryum : Az.C(AzH) CO? Il Ba: Az. C(AzH) CO2/ Enfin, la soude concentrée à 100° donne l’acide’bis-dia- zoacétique : En Z% AZ CO. CH SCIL.CO. NA: Az — M. $. Ruhemann a poursuivi l'étude des produits de condensation des phénols avec les éthers des acides non saturés. L'action du gaïacol sur le chlorofumarate d'éthyle conduit à l'acide mélhoxybenzo-1 : 4-pyrone- carboxylique, que l’auteur se propose de transformer en hydroxybenzo-1 : 4-pyrone. L'action du chlorofuma- rate sur l'a-naphtol conduit principalement à deux nouveaux composés, dérivant de deux types que l'auteur désigne sous le nom de naphtarone et de bisnaphtharonyle. — M. F. Clowes a éludié les réac- tions chimiques qui se produisent quand on plonge du plomb dans l'eau. Avec de l’eau pure, le plomb passe en solution en grande partie à l’état d'hydrate et peut être retenu par filtration; le composé qui reste sur le filtre parait être 3PbCO*.Pb(OH)*. Pour élucider le rôle joué par l'oxygène de l'air et CO*, l'auteur a fait des ex- périences avec de l’eau distillée absolument exempte de gaz et de l'eau contenant des quantités connues de gaz. Il a reconnu que l'oxygène est l'agent principal et primordial de dissolution du plomb et que CO* exerce plutôt une influence restrictive: il se forme d’abord un hydrate, qui est précipité à l’état d'hydroxycarbonate par l'acide carbonique présent. — MM. F. C. Garrett et J. A. Smythe ont déterminé les bases contenues dans l'huile de schistes de Broxburn (Ecosse). Ils ont trouvé, dans la_ portion bouillant au-dessous de 164° : pyridine, a-picoline, «y-diméthylpyridine, aÿ'-diméthyl- pyridine, «-diméthylpyridine, ayx'-triméthylpyridine. — MM. P.F.Frankland et R. C. Farmer signalent un travail récent de Bruni et Berti sur le sujet qu'ils ont précédemment étudié : le peroxyde d'azote liquide comme solvant. Ces deux travaux, faits indépendam- ment, se complètent heureusement, les deux savants italiens ayant étudié ce corps par la cryoscopie, tandis | que les savants anglais l'ont étudié par l’ébullioscopie. ! ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ANGLAISE | DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE NEWCASTLE Séance du 30 Janvier 1902. M. S.-H. Collins a étudié l'absorption de l’arsenic l'orge. Sur une série desix pots de terre, l’un futgai comme témoin etles cinq autres additionnés : {°d’acit arsénieux; 2° d'acide arsénique; 3° de superphosphate; desuperphosphate et d'acide arsénieux ; 5° desuperpho phateet d'acide arsénique.La proportion d’arsenic(As?0# était de 11 livres par acre, celle d'acide phosphoriq {P#05) de 170 livres par acre. De l'orge fut planté d chaque pot et récollé à maturation. Chaque plant divisé en quatre parties : partie inférieure de la tig partie supérieure de la tige, épi et balle, grain, © furent analysées par la méthode de Reinsch ainsi que des échantillons du sol en fin de culture. Les résultà ont été les suivants : En moyenne, les grains d'or contenaient & onces d'arsenic par acre, les autres p ties de la plante 4 ‘/, once par acre. Mais une S prise attendait l’auteur; en examinant le sol témoi qu'il croyait exempt d’arsenic, il en trouva une quanti s'élevant à 50 livres par acre. Ce fait enlève aux ré tats une partie de leur portée. Toutefois, en attenda le résultat de nouvelles expériences, l’auteur croit po voir conclure : 1° que le sol peut contenir des quant tés insoupconnées d’arsenic ; 2 que l’orge qui pous sur ce sol en contient également de grandes quantité 3° que le superphosphate n’a pas d'action définie st la proportion d’arsenic dans l'orge. SECTION DE NEW-YORK Séance du 24 Janvier 1902. M. J.-M. Matthews a étudié les propriétés tineto riales de l’indigo synthétique et de l'indigo nature On a affirmé, depuis longtemps, que l'indigo natu non raffiné contenait, à côté de l’indigotine, de peti quantités d'impuretés douées d'une grande influen sur son pouvoir tinctorial, en particulier de rouge d'indigo, ce qui assurerait une certaine supériorité & produit naturel. Les recherches de l'auteur lui inspi rent des doutes sérieux sur la vérité de cette hypo thèse. Toutefois, s’il était prouvé que la présence rouge d'indigo estésseutielle pour la production couleurs bonnes et durables, on pourrait facilemen remédier à son absence dans l’indigo synthétique en l'y introduisant en quantité voulue, car le rouge d'in digo peut être obtenu en grande quantité comme sous produit dans le raffinage de l’indigo naturel. Il peut aussi être récupéré, avec une certaine quantité d'indi gotine, des eaux de lavage acides dans la teinture pan l'indigo. Enfin, il a été préparé synthétiquementà l’état pur et se trouve dans le commerce. Mais l’auteu pense que, s’il y a quelque différence appréciable entr les qualités tinctoriales de l’indigo pur et de Pindi naturel en faveur de ce dernier, la cause en est à autre facteur que la présence d'indigo rouge. M. E.-H. Gane rappelle que la présence fréquente traces de cuivre a été signalée dans divers produit chimiques et médicaments pulvérisés. Récemment l'auteur a vu refuser toute une livraison de carbonat! d'ammoniaque en poudre, qui avait pris une tein bleue par suite de la présence de cuivre. Ce méta avait été cependant proscrit de toutes les parties di pulvérisateur. Toutefois, on découvrit que les morceau des courroies de transmission étaient assujettis par di rivets en cuivre; lorsque ceux-ci venaient frotter su les poulies, il se détachait des particules métalliqu qui venaient se déposer sur le produit pulvérisé. M. L.-J. Matos a étudié la teinture par les noirs sou frés et son action sur les fibres du coton. Les no soufrés s'obtiennent généralement en fondant ensembl des matières organiques azotées, de Ja soude cars ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 319 e, du sulfure de sodium et du soufre. Pour la tein- e, ces substances sont dissoutes dans l’eau, avec eu de sulfure de sodium, quelquefois avec de la e êt avec du sel ordinaire ou du sel de Glauber. n introduit alors le coton et on fait bouillir pendant ie heure en remuant. Les substances dissoutes dans bain sont donc : NaCI, Na°S04, NaS, NaOH, Na°CO*. auteur a recherché si elles exercent une influence avorable sur la fibre cellulosique ; il a constaté cette influence est presque nulle. Mais le défaut age de la substance teinte et fixée est une cause faiblesse de la fibre, car des traces d'acides restent s celle-ci. Par contre, un lavage répété n'a pas t défavorable sur la solidité de la fibre teinte. SECTION DE NOTTINGHAM \ Séance du 29 Janvier 1902. + F.-J.-R. Carulla entretient la Société des nom- x accidents qui peuvent survenir au matériel dans abriques d'acide sulfurique par le procédé des imbres de plomb, surtout par suite de l’action cor- isive des matières mises en œuvre et du produit Il indique un grand nombre de moyens pour parer ces divers dégâts à peu de frais et insiste sur igilance que doit déployer l'ingénieur chargé de la icalion pour éviter des accidents sérieux. ECTION D'ÉCOSSE Séance du 28 Janvier 1902. M: Ch. A. Fawsitt présente une communicalion sur peroxyde d'hydrogène, sa fabrication, ses propriétés “ebson emploi. Parmi les procédés de fabrication, un est couramment employé : la décomposition du xyde de baryum par les.acides; nous ne reviendrons S Sur ce sujet, qui a été exposé avec détails aux lec- ars de la Revuet. L'auteur à étudié les conditions de lastabilité de H20°. L'évaporation appauvrit rapidement les solutions; l'agitation n'est pas une cause de décom- Sition, mais l'exposition au Soleil en est une très üissante. L'eau oxygénée sert d'agent de blanchiment ur la laine, la paille, les os, l’ivoire, les cheveux, et omme antiseptique. Pour ce dernier usage, il est bon Velle soit absolument débarrassée de corps solides; teur indique les moyens d'y parvenir. — MM. W. C. erson et J. À. R. Henderson communiquent leurs cherches sur les charbons du Bengale et du Japon. puis quelques années, l'extraction de la houille s’est ormément développée dans ces deux pays. En 1900, Indes ont fourni plus de six millions de tonnes, it les 5/6 par le Bengale; dans ces charbons, la Oportion d'humidité est faible et varie peu (1,35 à 3,30 °/); le pourcentage de cendres est plutôt élevé; pouvoir calorifique varie, mais n’est pas très considé- ble (11 à 13 1/2 livres d'eau par livre de charbon); proportion d'azote, calculée sur la matière organique e, est très constante. Au Jaron, la production a été 4.600.000 tonnes en 1900. Ces charbons sont carac- sés par l'inclusion assez générale de petits grains ésine; la proportion d'azote y est variable, mais ent très élevée (jusqu'à 3, 6 °/,); le soufre est assez uent, quelquefois abondant. Le charbon des îles .nord et du sud du Japon est généralement de très mne qualité, celui de l’île du Milieu, d'une qualité | rieure. Au cours de leurs recherches, les auteurs ont constaté que la pyriline est le meilleur solvant des matières organiques du charbon. SECTION DE MANCHESTER L Séance du 7 Février 1902. M: W. F. Sutherst a étudié les modifications chimi- ques qui se produisent pendant la maturation du fro- ISF. Dour : Le raffinage en sucrerie et la fabrication a bioxyde de baryum. Zevue du 15 septembre 1897. mage. La portion du lait caillé qui sert à la préparation des fromages consiste en un mélange de paracaséine, de graisse, de lactoglobuline avec un peu de sucre de lait. Les agents de la maturation des fromages sont des bactéries et des enzymes. Le premier constituant atta- qué est le sucre de lait, qui est rapidement transformé en acide lactique par un bacille spécial. Puis les subs- tances azotées, en particulier la paracaséine, sont alta- quées à leur tour par divers agents :des bactéries pepto- nisantes, auxquelles Duclaux a donné le nom général de Tyrothrix, et un ferment qui préexiste dans le lait, la galactase, découverte par Babcock et Willcox. Sous cette action combinée, il se forme une albumose inter- médiaire, qui se décompose en peplones, et celles-ci en acides aminés : leucine, tyrosine, acide glutamique, acide diamino-acétique, etc. Le produit final de décom- position est l’ammoniaque. Les graisses ne paraissent pas se modifier ; une saponification peut avoir lieu : toutefois, si l’on trouve des acides gras dans le fromage, on n'y a jamais décelé de glycérine libre. Certains fro- mages reuferment des moisissures, qui ont pour prin- cipale fonction d'oxyder l’acide lactique en acide car- bonique et de diminuer l’acicité. Enfin, chaque fromage possède des micro-organismes spéciaux qui lui donnent son odeur et ses propriétés parliculières. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 7 Février 1902. M. F. Neesen présente quelques remarques sur un travail de G. Kahlbaum relatif aux pompes pneumati- ques à mercure. Il montre que le voluménomètre dont on se sert souvent pour mesurer le degré de vide obtenu donne des indications très différentes, suivant qu'il est placé près des corps de pompe ou près du récipient à vider. Pour de grands récipients, les pompes à mercure fonctionnent moius bien que les pompes à piston. La disposition dans laquelle le piston est en communication avec le récipient pendant sa course entière est la plus favorable. — M. F. Kurlbaum présente ses recherches sur la température et l'émis- sion sélective des flammes éclairantes. — M. W. Mul- Aer-Erzbach communique de nouvelles observations sur les phénomènes d'adsorption. I à constaté en par- ticulier que le sulfure de carbone «dsorbé par l'alu- mine ou l’oxyde de fer est déposé en majeure partie à la surface, et qu'il peut être séparé de nouveau à l’état liquide en jetant le corps adsorbant dans l'eau ou en versant de l'eau à sa surface. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 6 Février 1902. 10 ScueNces Paysiques. — M. O. Dechant a étudié la variation de la diathermanéité des liquides avec la tem- pérature. Celle-ci était mesurée en valeur absolue au moyen d'un actinomètre d'Angstrom; pour l'eau et les solutions d’alun et de chlorure de cobalt, elle diminue presque linéairement avec la température. L'eau et la solution d’alun ont, à la température ordinaire, presque la même diathermanéité, mais le coefficient de tempé- lalure de la première est plus élevé.— M. G. Jaumann: Sur la production de chaleur dans les liquides visqueux. — M. E. Haschek a recherché, dans le spectre des amalgames et des alliages, la relation entre la longueur d'onde et la quantité de vapeur luminescente et a trouvé un rapport entre le déplacement des raies et le pour- centage. Une formule donne la longueur d onde mini- mum et le déplacement maximum. Sur ces faits, on peut baser une méthode d'analyse spectrale quantitative, dont l’auteur indique des applications possibles aux phénomènes astro-physiques. — M. J. Nabl à observé que les gaz qui se dégagent à l'électrode active d'un inter- rupteur de Wehnelt sont toujours chargés positivement, que l'électrode active soit positive (dégagement d'O) ou qu'elle soit négative (dégagement d'H). Dans le second cas, toutefnis, la charge est environ 1U fois moindre, ce qu'on peut attribuer au dégagement d’H sur la pointe de platine. Elster et Geitel ont, en effet, montré que le platine incandescent produit, dans une atmosphère d'H, une charge négative; celle-ci compense alors en partie la charge positive produite par l'électrolyse. — M. F. von Hemmelmayr a observé que, dans l’élec- trolyse du tartre émétique par de forts courants, l’an- timoine pulvérulent qui se précipite à la cathode est en réalité un produit oxygéné. Il ne s'agit pas, toutefois, d’un nouvel oxyde d’antimoine, mais d'un mélange d’antimoine et de trioxyde d'antimoine. Il se forme en même temps du tartre et deux volumes d'H. — MM. S. Fränkel et A. Wogrinz ont trouvé que l'arome du tabac est dû à un alcaloïde, dont le picrate fond à 214 et qui est différent de la nicotine. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. G. Haberlandt a cons- taté que des cellules végétales (du tissu en palissade ou du parenchyme), isolées artificiellement et placées dans une solution nutritive convenable, peuvent vivre pendaut plusieurs semaines et donnent lieu à des phénomènes qui jettent une vive lumière sur la vie élémentaire des cellules et leurs relations dans l'organisme. Séance du 13 Février 1902. 1° SCIENCES. PHYSIQUES. — M. R. Wegscheider a étudié l'influence de la constitution sur les constantes d’aflinité des acides organiques. L'action négative des halogènes diminue généralement du chlore à l'iode. Chez les acides gras, l'influence des substitutions dimi- nue d’abord rapidement, puis lentement, à mesure que le nombre d'atomes de carbone situés entre le carboxyle et le substituant augmente. A partir de la position à, les variations sont faibles. Toutefois, les substitutions d'alkyles forment une exception; en «, elles agissent tantôt positivement, tantôt négativement; en Ê, néga- tivement; à partir de à, positivement. L'auteur montre, qu'on peut calculer approximativement les constantes d’affinité des acides bi- et polybasiques; elles sont la somme des constantes de chaque groupement acide. La théorie concorde bien avec l'expérience, sauf pour quelques acides particuliers. — Le même auteur a déterminé la-conductibilité électrique de quelques acides et acides-éthers. Les acides sulfoniques paraissent obéir à la loi de dilution d'Ostwald, fait qui aurait une grande importance, car les écarts à cette loi ne seraient plus fonction de la concentration des ions, mais dépen- draient de la nature chimique des ions. Les mesures sur les acides-éthers avaient pour but de démontrer la loi de l’auteur d'après laquelle les constantes d’affinité des acides dicarboniques sont la somme des constantes de chacun de leurs deux éthers acides. L'expérience concorde assez bien avec la théorie. — Enfin, M. Wegs- cheider applique les résultats des mesures de quelques constantes d’affinité à la détermination de la consti- tution de quelques acides-éthers. Ceux du groupe de l'acide camphorique correspondent bien à la formule de Bredt. — M. G. Piccoli a préparé l'acide méthylhexa- hydrocinchoméroniqueetl'atransformésans difficulté en un iodométhylate qui, sous l'action de la potasse ou de la baryte, perd HI et se saponifie en un acide C'*H!*O‘A7, qui n'est autre qu’un acide diméthylamidocyclopentane- dicarbonique. Par fusion énergique avec les alcalis, il se forme, au contraire, un acide C’H°0°, identique à l'acide 2:3-diméthylpentanetricarbonique. Ces réactions sont analogues à celles qui se produisent avec l'acide méthylcincholoïponique homologue; elles vérifient la constitution de ce dernier et celles de la cinchonine et de la quinine. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. E. von Oppolzer : Sur la théorie des couleurs de Young. ACADEMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Janvier-Feévrier 1902. {° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Bianchi : Sur les symboles à quatre indices et sur la courbure de Rie- mann. — M. Dini: Sur une extension de la méthode ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES de Euler-Laplace pour l'intégration d’une équation à dérivées partielles du second ordre.— M. Somiglia Sur le principe des images de Lord Kelvin et su équations de l'électricité. — M. Levi-Civita : Influent d'un diaphragme conducteur sur le champ électroma gnétique d'un courant alternatif parallèle au dia phragme. — M. Severi : Sur les espaces plurisécants d'une simple infinité rationnelle d'espaces. Représent tion d’une forme quelconque par combinaison linés de plusieurs autres. — M. Tubini : Sur les équatic différentielles linéaires à coefficients rationnels. 20 SciENCES PHYSIQUES. — M. Sella donne, dans une note, les résultats de ses recherches sur la radioactivité. par induction. — M. Straneo : Mesure de la diffu électrolytique, des nombres de transport et de la mo lité des ions. — M. Carpini: Détermination du po tiel électrolytique à l’aide de la déformation d'une face liquide. — M. Guglielmo indique la manière déterminer les variations et la valeur absolue de pression atmosphérique avec le ludion. — M. Ci toni présente les mesures pyrhéliométriques qu'il exécutées à Sestola pendant l'été de 1901. — M. G blovitz établit, par une étude comparative, la vite de propagation des tremblements de terre. M. Agamennone donne la description d’un appa destiné à enregistrer les fortes secousses séismiques:® M. Bellucei : Sur le tétraiodure de platine. — M. Odd Détermination du poids moléculaire, avec la métho ébullioscopique, des substances volatiles. — M. BP lizzari : Sur la formule du triazol. — MM. Bruni Meyerhoffer : Sur les équilibres hétérogènes en cristaux mixtes d'hydrates salins isomorphes. 39 SciENCES NATURELLES. — MM. de Stefani et Dai nelli présentent une note dans laquelle ils étudient, terrains éocéniques des alentours de Bribir, en C tie. — M. Dainelli s'occupe de l'état actuel des gla | du Mont Rose. — M. Zambonini indique le résultat.de, ses observations sur la Wavellite de Manziana, dans province de Rome. — M. Pirotta : Origine el diffé ciation des éléments vasculaires primaires dans la cine des Monocotylédonées. — MM. Lo Monaco Panichi : Sur le phénomène de l’agglutination dans: sang des malades de fièvre paludéenne. — M. Mon sano : Sur quelques altérations des ganglions Iympl tiques dans les dermopathies dystrophiques. Ernesto Mancini. Erratum.— Dans l'étude de M. Forel sur les F'acull psychiques des Insectes, que nous avons publiée. 15 février dernier, et dont la traduction en franc n'avait pas été soumise à l’auteur, quelques inex tudes se sont glissées. Lire : ‘ A la page 120, 2e colonne, 10 ligne : « On n'a pu montrer l'existence. » au lieu de « on ne rencontre A la page 124, 2° colonne, 1'° ligne : « parmi dablias », au lieu de « sous les dahlias » ; à Mêmes page et colonne, 31° ligne : « obsession »jak lieu de « présentation forcée »; 5 A la page 126, 1° colonne, 10° ligne : «assiégèrent au lieu de « renversèrent »; Même page, 2° colonne, 16° ligne en remontant genre Formica », au lieu de « La Formica »; A la page 127, 2e colonne, 3° et 5° lignes en rem@ tant : « états émotionnels », au lieu de « affections A la page 128, 1'° colonne, 2° ligne : « devrait tuler, s'il les », au lieu de « dut se sentir persu c A la page 129, 2° colonne, 22: ligne : « l Universite au lieu de « 7 Ecole supérieure »; à Mème page, 24e, 25° et 29° lignes : « on peut la dériver », au lieu de « déduire »; . Enfin, même page, 28° et 29e lignes : « de l'âme»; lieu de « de l'intellect… » Le Directeur-térant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1; œue Cassette. L NE: DIRECTEUR : È NS 15 AVRIL 1902 Revue générale De Strenc pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. …Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux L " ve # publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Astronomie réfracto-réflecteur. — M. E. Schær, astro- adjoint de l'Observatoire de Genève, s’est proposé uire la longueur ordinaire d’une lunette au tiers distance focale de l'objectif; pour cela, il place emier miroir plan au premier tiers de cette dis- e,et un second au-dessus de l'objectif, tous les deux ement inclinés par rapport à l'axe optique, afin renvoyer les rayons dans l’oculaire placé au-dessus remier miroir. La figure 1 montre suffisamment la arche optique ABCD. < n instrument construit suivant ce principe avait élé enté, en février 1900, à la Société de Physique et Stoire naturelle de Genève : le diamètre de l'ob- était de 16 centimètres, et la longueur de l'ins- ient atteignait 83 centimètres. M. E. Schær est MMS — Marche des rayons (ABCD) dans le réfracto- réflecteur. sur cette question dans les Astronomische lmichten (n° 3689-91) en présentant une nouvelle elte de ce genre (fig. 2) qu'il a construite; l'objectif de 22 centimètres, la distance focale de 4m,53, et ument, avec sa longueur de 1,50, parait donner résultats satisfaisants. Ici, l’objectif se compose d’un biconvexe à courbures égales et d’un flint plan- 8, les deux lentilles étant séparées par une dis- de 8 centimètres afin de pouvoir entièrement er le disque de crown qui a 16 millimètres de plus iamètre que le flint. n, par autocollimation sur un miroir, l'objectif Dporte irès bien un grossissement de huit cents fois. x réflexions sur miroir argenté influencent-elles UE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE la définition d'un objet ? L'auteur prétend que non, et cependant, à mettre en balance avec les avantages, il est incontestable qu'il y a inconvénient à introduire ces deux nouvelles surfaces. Quant à la perte de lumière, il est exact qu'il ne faille point trop s'y arrêter; elle est du même ordre que la réduction inévitable pré- sentée par les objectifs à plus de deux verres ayant pour but de réduire la distance focale. L'achromatisme de l'objectif est très parfait — parait- if; la chose est vraisemblable et peut s'obtenir assez facilement avec un aussi faible rapport entre l’ouver- ture et la distance focale (1 à 21). Pour les aberrations de sphéricité, elles auraient été enlevées par des re- touches locales selon la méthode de Foucault et d’Al- van Clark; ceci n'intéresse pas particulièrement l'ins- trument en question plutôt que tout autre, mais nous devons saisir cette occasion pour mettre en garde contre ces fameuses retouches locales, dont tout le inonde parle sans que personne ait une idée très nette de leur valeur; il faut rester jusqu'à présent assez sceptique à l'égard de ce genre de construction et de correction des verres. En employant, comme le propose M. E. Schær, deux miroirs en verre non argenté et en ayant soin de faire sortir du tube de l'instrument les rayons qui tra- versent les miroirs, on obtient une lunette très appro- priée à l'observation et à la photographie du Soleil. Ur obturateur d'un cinquantième de seconde et des plaques ordinaires donnent de bonnes épreuves. La chose est fort possible; mais l’auteur se laisse un peu entraîner par son sujet : la lunette ne peut plus alors servir qu'à l'observation exclusive du Soleil, — car il va de soi que la transformation d'un type à l'autre est une grosse opération, délicate, entraînant un nou- veau réglage, etc... Les miroirs, d'ailleurs, peuvent être entièrement libres dans leurs supports: en effet, il faut remarquer que le glissement des miroirs sur leurs supports n'en- traîne aucun décentrage de l'objectif à cause du paral- lélisme des surfaces, parallélisme dont le réglage, il est vrai, n’est pas très difficile et n'exige pas une rigueur absolue. D'ailleurs, l'aryenture des miroirs, si elle pré- sente encore quelques points délicats, se trouve 1ci dl 322 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE dans de bonnes conditions; comme le tube de la lunette peut être fermé aussi hermétiquement que l’on veut, l'altération de la surface d'argent se trouve réduite au minimum. De plus, ces miroirs travaillent dans de bonnes con- ditions, sous une incidence très voisine de la normale, ce qui diminue les chances de déformation de l'image, — mais ils peuvent encore s'échauffer s'il s’agit d’ob- servation du Soleil. M. E. Schær pense alors que les surfaces deviennent légèrement concaves sans s’éloi- gner d'une surface de révolution, ce qui pourrait être corrigé par la mise au point; c'est là, bien entendu, 2. — Vue extérieure du réfracto-réflecteur monté sur chariot. une vue très optimiste à laquelle nous ne saurions nous associer. En consentant à une perte de lumière de quelques centièmes par miroir, les observatoires pourraient mettre ainsi des objectifs trois fois plus grands dans leurs coupoles; mais ce n’est pas là l'avantage essen- tiel du système : tout d'abord, un objectif d’une ving- taine de centimètres devient un instrument très ma- niable pour les amateurs d'astronomie; puis, il est beaucoup plus aisé d'obtenir de la stabilité avec cet appareil que dans le cas des grands instruments, en même temps que le poids relativement faible permettra la diminution considérable des flexions, une meilleure marche des mouvements d'entraînement, des déplace- ments plus faciles pour l'observateur, etc. Enfin, les sidérostats et les équatoriaux coudés ont des miroirs d’un plus fort diamètre que l'objectif em- ployé, et les réflexions se font sous un angle d'inci-. dence très grand. La moindre déviation du plan rigou-. reux des miroirs, produite par les changements de. température, se fait alors immédiatement sentir dans. la qualité de l’image, ce qui n’est pas le cas du sys-\ tèmeactuel. Ainsi, selon M.Schær, pendant l'observation. du Soleil, les images restent bonnes bien que la mise au foyer change de plus en plus; les miroirs argentés deviennent convexes; les miroirs non argentés, mais! noircis derrière, deviennent concaves. De toutes facons, avec ses défauts comme avec ses qualités, c’est là un nouveau type intéressant qu'il serait utile d’éprouver sur un instrument un peu puissant. $ 2. — Art de l’Ingénieur L'amélioration de la Loire maritime et de la Loire fluviale. — Nos lecteurs n'ont probable- ment pas oublié les articles publiés dans la /evue en 1896 et 1897 sur nos principaux fleuves, et particulière- ment sur la Loire ‘. Au moment où les desiderata formu- lés par M. C. Lechalas vont recevoir enfin une solution, à la suite du vote par la Chambre de la loi de 1902 sur les grands travaux publics, il nous semble utile de rame- ner un instant l'attention sur cette question. Ce qui concerne la Loire présente un intérêt de pre- mier ordre, parce que son embouchure est bonne et, de plus, perfectible, comme l'ont prouvé les travaux faits récemment sur la barre des Charpentiers, en aval de Saint-Nazaire. Il est bien remarquable que des tra- vaux d'importance modérée suffisent actuellement pour entretenir les profondeurs artificielles des barres de Boulogne, Calais, Dunkerque et Saint-Nazaire. Comme il a déjà été dit dans les articles précités, on se fai- sait autrefois illusion sur l'importance des sables mis en mouvement dans bien des cas, et notamment sur le debit solide au droit des quatre ports en question. Il en a été de même en ce qui concerne la Loire fluviale, car, au lieu des 10 millions de mètres qui, dans les idées du public, passaient chaque année sous les ponts de Nantes, c'est de 400.000 mètres seulement qu'il s'agis- sait, comme l’a démontré depuis longtemps l'ingénieur Comoy,etcomme l’a soutenu, depuis 1869, M. Lechalas,. auteur du projet d'amélioration de la Loire maritime dont la Chambre a récemment voté l'équivalent. La démonstration matérielle du bien fondé des affirmations de MM. Comoy et Lechalas est faite maintenant, puis- qu'on entretient les grandes profondeurs du chenal entre Nantes el Le Pellerin par le dragage annuel de 500.000 mètres, comprenant les vases remontées de la mer outre les sables descendus d'amont. En ce qui concerne la Loire fluviale, la Chambre a également émis un vote favorable, s'appliquant, pour ce qui se rapporte aux premiers travaux, à la Section Angers-Chalonne. Si le Sénat partage l'avis de la Cham= bre des Députés, nous verrons bientôt commencer deu grandes entreprises, dont les populations attendent les plus heureux effets pour un grand nombre de départe= ments, Concours international de moteurs et d'appareils utilisant l'alcool dénaturé. — Le Ministre de l'Agriculture a constitué de la facon suivante le Jury de ce concours, qui aura lieu dans la deuxième quinzaine de mai : Première division (Moteurs). — Président : M. Michel Lévy, membre de l'Institut; Secrétaire : M. Ringel= mann, directeur de la Station d'essais de Machines agricoles. Deuxième division (Appareils de chauffage et d'éclai= rage). — Président : M. Violle, membre de l’Institut; { M. C. Lecnaras : La navigation de la Loire, dans JE lievue du 15 septembre 1896, t. VII, p. 746. In. : La navigation de la Garonne et du Rhône. Compas. raison de ces fleuves avec la Loire, dans la Revue du 30 août, 1897, t. VII, p. 645. ; CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 3923 Secrétaire : M. Lindet, professeur à l'Institut National Agronomique. - Le Comité d'organisation a réglé les conditions rela- tives aux diverses épreuves, spécialement la course de vitesse et les concours de consommalion et de véhicules industriels. Les épreuves que le Jury aura à apprécier auront surtout pour but de développer la consomma- tion de l'alcool en vue de la production de la lumière, de la force motrice et du chauffage. « Aucune question, à dit le Ministre en inaugurant les réunions du Jury, ne tient dans nos préoccupations une place plus large. C'est de sa solution que dépend la diminution et la fin d’une grande crise qui affecte la viticulture, les eaux- de-vie de fruits et les alcools de betterave du Nord. » $ 3. — Chimie biologique Rôle des hydrates de carbone dans Putili- sation des sels insolubles par l'organisme. — On admet généralement que les sels insolubles, et en particulier les phosphates terreux que contien- nent nos aliments, sont dissous par l’acide chlorhy- drique du suc gastrique. Guidé par ses recherches antérieures, relatives au rôle que joue le lactose dans le phénomène de la dissolution du phosphate de chaux dans le lait, et sur celui des sucres dans les migrations des phosphates insolubles chez la plante, M. Vaudin ‘ vient de montrer que l'agent principal de la dissolution des sels terreux est la matière sucrée produite aux dépens des hydrates de carbone alimentaires par l’ac- tion diastasique de la salive. Ainsi, en maintenant à 37° pendant deux heures du pain divisé dans de l’eau additionnée de 2 °/, d'acide “chlorhydrique, puis filtrant au tube de terre poreuse, “on obtient un liquide contenant 0,46 °/,, de cendres “nsolubles, tandis que, toutes choses égales 'ailleurs, le même pain, simplement insalivé et délayé dans de Peau distillée, donne un filtrat à 0,94 °/,, de cendres insolubles. Le dosage du sucre formé en même temps “montre que, dans des expériences de ce genre, la disso- Mution des sels insolubles et l'hydrolyse marchent parallèlement. … Dans la deuxième partie de son travail, M. Vaudin “Sefforce d'établir qu'inversement, au moment de la Mixation des hydrates de carbone dans le foie sous la “orme de glycogène, il se fait parallèlement un dépôt des sels terreux qui ont suivi les hydrates de carbone “dans leur migration et qui repassent sous la forme QUE en même temps qu'eux. De nouvelles et plus ombreuses déterminations sont nécessaires pour établir ces faits d'une manièr2 certaine, mais la voie “est ouverte à des recherches intéressantes. Ces recher- ùches établiront sans doute une fois de plus combien Vest intime le lien qui unit dans l'organisme les matières minérales aux substances organiques, et combien nos Mraisonnements a priori sur la solubilité probable d'un orps minéral dans un milieu organique complexe peu- “xent être mis en défaut à chaque pas. + à Composition des «Cristaux de Florence ». e— En 1896, M. Florence, de Lyon, a observé que des extraits aqueux de taches de sperme, traités par une solution d'iode dans l'iodure de potassium, fournissent “une quantité considérable de cristaux, d'aspect carac- “téristique, très semblables aux cristaux de Teichmann (cristaux d'hémine du sang), et que M. Florence a considérés d'abord comme dérivés de la spermine ou Cette nouvelle et intéressante réaction des taches de sperme, à cause de l'importance médico- “légale qu'elle présentait, a suscité un nombre considé- Mrable de travaux, qui ont établi que la réaction de MHorence se produit non seulement avec le sperme, “mais encore avec des extraits d'organes divers, de foie 2 L. Vaunix : Sur un rôle particulier des hydrates de car- one dans l'utilisation des sels insolubles par l'organisme, aris, 1901, et Annales de l'Institut Pasteur, 1902, p. 85. et de cerveau par exemple. Mais la composition des cristaux, successivement rapportés à la créatinine, à la créatine, à la choline, restait indéterminée. M. Boca- rius‘, après avoir préparé des quantités plus consi- dérables de ce composé en partant du sperme d'homme et de bœuf, du foie de bœuf, du foie et du cerveau humains, l’a transformé en chloroplatinate et a iden- tifié ce sel avec le chloroplatinate de choline. $ 4. — Zoologie appliquée Le Concours d'animaux gras. — Au cours de l'une des dernières séances de la Société nationale d'Agriculture, il a été rendu compte du Concours géné- ral d'animaux gras tenu au commencement de mars, au Grand Palais des Champs-Elysées. Les animaux y étaient plus nombreux que l’année dernière. La race charolaise était bien représentée, aussi ce sont les animaux de cette race qui ont obtenu les trois prix d'honneur : bœufs, vaches et bandes de bœufs. Par contre, les moutons francais étaient peu nombreux et médiocrement représentés; alors que les échantil- lons des races Southdown et Dishley étaient abondants et magnifiques. Quant aux porcs, les types francais dominaient, surtout les craonnais; les pores normands sont plus rustiques que ceux d'Outre-Manche. Dans cette même séance de la Société d'Agriculture, il a été question de la consommation du marc frais de vin par le bétail. Les volailles en sont aussi très friandes etle canard en mange jusqu'à l'ivresse. L’Apiculture en France. — L'apiculture apris, dans ces dernières années, en France, un développe- ment considérable ?. Aussi dans certaines régions, où l’on ne rencontrait naguère que quelques ruchers isolés, on voit aujourd'hui de nombreuses et belles colonies d'abeilles. Il y a une dizaine d'années seulement, on pensait que le climat de la France n'était propice à l’apiculture que dans une partie restreinte du territoire. L'expérience a démontré suffisamment que c'était là une erreur. C'est ainsi qu'en Savoie on s'est risqué à peu près partout à élever des abeilles industriellement, et partout on a recueilli de la cire et du miel en abon- dance. Sans doute, il convient de préserver la demeure de l’abeille des trop grandes ardeurs du soleil ou des hivers trop rigoureux. Mais, pourvu que sa ruche soit confortablement agencée et le grenier aux provisions bien garni, l'abeille ne redoute même pas les froids intenses. Ainsi le célèbre apiculteur américain Dadant, dont les ruchers sont renommés, fhabite l'Illinois, où le thermomètre descend jusqu'à — 30°. La conclusion àtirer de cette remarque, c'est qu'en France on peut faire de l’apiculture partout, jusqu’à un millier de mètres d'alti- tude, et même au delà. Chamonix, au pied du Mont- Blanc, est à 1.044 mètres au-dessus du niveau de la mer, et son miel est délicieux. Tous les touristes qui ont parcouru la vallée de Saint-Gervais ont dégusté le miel exquis du Mont-Joli, récolté dans ces hautes alti- tudes. On conçoit cependant que, dans ces régions, la saison mellifère doit être courte et l'hivernage des colonies fort rude. $S 5. — Physiologie Ovalbumine et albuminurie.— On sait, depuis longtemps, que, si l'on injecte dans les veines ou sous la peau d'un animal une solution aqueuse de blanc d'œuf, les urines deviennent généralement albumi- neuses; il en est de mêmesi l’on fait ingérer à l'animal une grande quantité d'œufs crus. Les cliniciens ont également observé une augmentation de l’albuminurie 4 N. Bocarivs : Zur Kenntniss der Substanz, welche die Bildung von Florence schen Krystallen bedingt (Ze'(schr. physiol. Chem., t. XXXIV, p. 339, 1902). ? Voyez à ce sujet : R. Hommezc : L'état actuel de l'Api- culture en France, dans la Revue du 15 janvier 1896. des néphrétiques à la suite d'ingestion d'œufs crus; et les physiologistes ont noté la présence de petites quan- tités d'albumine dans l'urine de l'homme sain à la suite . de l'absorption per os d'une grande quantité d’oval- bumine. Quelle est la nature de l'albumine urinaire dans ces circonstances? La réponse était jusqu'ici difficile à for- muler ; aussi les uns ont-ils prétendu que c'était l'oval- bumine elle-même, les autres que c'était l'ovalbumine modifiée, les autres enfin que c'était de la sérumalbu- mine. La méthode des sérums précipitants spécifiques permetde résoudre la question. On sait que, sil'oninjecte sous la peau ou dans le péritoine d’un lapin, à plusieurs reprises, une liqueur albumineuse provenant d’une autre espèce animale, le sérum de ce lapin acquiert la propriété de précipiter cette seule liqueur albumineuse, provenant de la seule espèce animale considérée. M. Ascoli, assistant à l'Université de Pavie, prépare ainsi un sérum précipitant l’ovalbumine de poule et le sérum d'homme, ou le sérum de lapin (en s'adressant pour ce dernier au cobaye); il injecte, dans les veines ou sous la peau de lapins, de l’ovalbumine de poule, et il recueille les urines; dans celles-ci, il peut manifester la présence d'ovalbumine, et aussi des substances pro- téiques du sérum de lapin. L'expérience, faite sur l’homme, a donné les mêmes résultats. En faisant in- gérer des œufs crus à des lapins, il a pu obtenir des urines albumineuses contenant l'ovalbumine et des albumines de lapin; en faisant ingérer des œufs crus à des hommes albuminuriques, il a pu retrouver dans leur urine, à côté d'albumines humaines, de l'ovalbu- mine; en faisant ingérer à des hommes sains des œufs crus en abondance, il a également noté une légère albuminurie mixte. Ges faits présentent, au point de vue de la physiologie pure, un triple intérêt. Ils Jéta- blissent qu'au moins dans le cas d’ingestion très abon- dante d’ovalbumine crue, une partie ‘de cette substance est absorbée dans le tube digestif sans avoir subi la peptonisation, et confirment ce fait déjà indiqué par les physiologistes. Ils permettent, d'autre part, de consi- dérer l’ovalbumine comme un poison rénal; en effet, l'albuminurie observée ne tient pas à la seule perméa- bilité du rein pour l’ovalbumine, mais à une modifica- tion des propriétés des tubes rénaux, puisque les glo- bulines du sérum ne sont plus retenues dans Île sang. Ils nous font, enfin, sentir l'importance que présente, au moins dans certains cas, la dénaturation protéosique des albumines dans le tube digestif. On sait, par les recherches classiques de Neumeister, que les protéoses et peptones redeviennent substances albumineuses en traversant la paroi intestinale; c’est vraisemblablement pendant celte transformation que la substance pro- téique recoit le cachet spécial qui va en faire une albu- mine de l'espèce animale nouvelle à laquelle elle va appartenir. 8 6. L’'Acide sulfureux contre les moustiques. — Jusqu'à ces temps derniers, les mouches et les mous- tiques étaient simplement considérés comme des gê- neurs ; mais, maintenant qu'il est prouvé que ces insectes peuvent transmettre des maladies contagieuses, il est bon de savoir les détruire, et il est du devoir des hygiénistes d'indiquer les meilleurs moyens pour arri- ver à ce but. Les moustiques transmettent particuliè- rement les germes de l'infection de Ja malaria, de la filariose et de la fièvre jaune. — Hygiène On a proposé divers moyens pour exterminer les moustiques et leurs larves ; mais il faut aussi avoir un moyen pratique pour débarrasser de ces insectes les appartements où ils sont installés. Il est certain qu'un gaz seul peut amener ce résultat : il était donc intéres- sant de connaître la valeur des gaz que nous utilisons jusqu'à ce jour comme désinfec lants. Les gaz employés avec le plus de succès pour la désinfection contre les bactéries sont-ils aussi les meilleurs insecticides ? M. Rosenan, directeur du Laboratoire d'Hygiène, à CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à Washington, vient de faire des expériences de destrue = lion des moustiques et autres insectes par la formal-" déhyde et par SO*. Nous n’entrerons pas dans le détail de ces expériences intéressantes; nous nous conten- terons d'en signaler les principaux résultats. si Lorsqu'on cherche à faire la désinfection d'un espace: clos, les moustiques, qui ont l'instinct de la conserva- tion assez développé pour chercher un refuge dans les coins les moins accessibles à la pénétration du gaz, se dérobent, et on ne les trouve jamais dans les endroits où ce gaz atteint son plus fort pourcentage. On sait. que la formaldéhyde entre rapidement: en combinaison avec le protoplasme des microbes et. est, par conséquent, un très bon germinicide. Mais elle n'est pas toxique pour les animaux plus élevés dans le. rang de l'échelle des êtres. Elle irrite les muqueuses des rats, souris, cobayes, lapins, et des Mammifères en gé-" néral, mais ne leur est pas nécessairement fatale, même lorsque la durée de l'exposition est prolongée. Les insectes mis assez longtemps en contact direct avec ce gaz à une forte concentration sont tués, quelle que soit a méthode de production employée pour l'ob- tention du gaz. Les moustiques meurent en quelques. minutes; mais, si la dose est faible, ils peuvent vivre plus de vingt-quatre heures. La condition nécessaire,. c'est-à-dire le contact direct, ne peut pas toujours êtres réalisée dans la pratique. Les chambres ne sont pass. assez bien closes pour conserver la concentration du gaz voulue. Les moustiques ne peuvent pas être main- tenus en contact direct avec le gaz; ils échappent à cause de leur instinct de conservation. La période d'irritation durant plusieurs minutes, les insectes peuvent choisir des places convenables, telles” | que les plis des vêtements, des draperies, les fentes. des murs ou des boiseries, où le gaz ne pénètre. pas en quantité suffisante. La formaldéhyde est, du reste, même pour les microbes, un désinfectant de. surface ; son pouvoir de pénétration est presque nul. | La quantité de formaldéhyde qui est, aux Etats-Unis,, | prescrite par les règlements de la quarantaine comme suffisante pour faire une désinfection, doit être assez forte pour pouvoir détruire les microbes sans spores placés dans la poche d'un habit ou sous quatre épais- seurs de toile. Si l’on fait cette expérience en mettant des moustiques à côté de ces microbes sans spores, les” derniers seuls sont détruits. L’analogie entre la résis- tance des spores des microbes et celle des moustiques est mise en évidence absolue par cette expérience. Mais, comme nous le disions plus haut, même avec lan quantité de formaldéhyde voulue pour tuer les micro bes qui ont desspores, on n'arrive pas à tuer les mous- tiques qui sont dans le même espace clos, à cause de l'instinct de conservation de ceux-ci. Dans une expérience où la quantité de formaldéhyden avait été suffisante pour tuer les germes du charbon en six heures, les moustiques mis “dans un tube à essai, et d'autres roulés dans une serviette, ne furent pas tués. Les microbes placés dans les mêmes conditions avaient été détruits. — De petites boîtes en carton, contenant des microbes et des moustiques, furent ns ,. : + dans les poches d’un habit, et les moustiques seuls furent retrouvés vivants. Des microbes de l'anthrax, le bacille pyocyanique, des staphylocoques furent exposés au gaz destiné à, détruire des moustiques, et les résultats furent les mêmes que dans les expériences citées plus haut. À Il est évident que, si l'on met dars une chambre lan quantité de gaz voulue pour tuer les microbes qui ont” des spores (c'est-à-dire les plus résistants), les moustis ques échappent plus difficilement à la mort; mais on en retrouve néanmoins encore de vivants après l' expé-# rience. Pour arriver à tuer tous les moustiques dans um espace clos avec la formaldéhyde, il faut qu'une grande. | quantité de gaz soit lancée à la fois dans la chambre, de facon à ce qu'il puisse diffuser en même lemps et en. quantité suffisante dans toutes les parties de la pièce destinée à être désinfectée. 4] ni CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 325 Pour obtenir ce résultat, toutes les méthodes qui servent à produire la formaldéhyde sont. bonnes; . mais il est préférable de se servir de celle qui permet . d'en obtenir la plus grande quantité dans le moins de temps possible. : Les fentes par lesquelles l’air peut pénétrer doivent être hermétiquement bouchées, car les moustiques s'y réfugient et échappent ainsi à la désinfection. La chambre ne doit pas avoir de draperies, dans les plis desquelles les insectes puissent s'introduire et se sous- traire ainsi aux effets du gaz. Pour comparer les mérites de la formaldéhyde à ceux de S0?, dans la désinfection contre les moustiques, des expériences semblables furent faites avec SO*, pro- duit, soit en brûlant du soufre, soit en évaporant du gaz liquéfié. On vit que de très petites quantités de SO? sec détruisaient les moustiques alors que ce gaz ne produi- sait aucun effet sur les bactéries, surtout sur celles qui avaient des spores. On obtint la mort des mous- tiques avec une quantité de SO* qui ne produisait aucun effet sur les bactéries, même sans spores, et en laissant les insectes exposés au gaz pendant un très court espace de temps. On avait pris soin de dessécher l'acide sulfureux de façon à voir si le gaz absolument sec avait une action sur les moustiques, car on admet, dans la | désinfection des bactéries par SO*, qu'il faut l'humidité _ pour former de l'acide sulfurique qui,seul, est considéré comme ayant une action sur les microbes. Contraire- ment à ce qui arrive pour la formaldéhyde, qui requiert une exposition et une concentration de gaz suffisantes, pour détruire les spores et les moustiques mis dans une pièce, le gaz SO tue les moustiques mème lorsque la quantité et le temps sont si réduits que les bactéries sans spores ne sont pas affectées. L'acide sulfureux a été longtemps en usage, pour ‘la désinfection de la fièvre jaune en particulier, et nb semblait être efficace, lorsque des expériences de daboratoire vinrent démontrer que cet SO? n'avait pas Me pouvoir de tuer les spores du charbon. On cessa de “suite de faire usage de Ce gaz. Mais nous savons main- “tenant qu'il tie facilement les moustiques et nous com- “prenons pourquoi on obtenait de bons résultats dans la Mdésinfection de la fièvre jaune par S0*, puisque ces insectes sont l'agent de transmission de la maladie, De plus, on sait aussi que SO* détruit les microbes els que ceux de la peste, du choléra, du vaccin, etc., et ce n'est pas parce que les spores du charbon résistent à son action qu'il faut le rejeter absolument comme oyen de désinfection. L'acide sulfureux est donc un excellent insecticide. MUne atmosphère très faible de ce gaz tue rapidement résultat qu'il soit sec ou humide. fre Contrairement à la formaldéhyde, il a un pouvoir de Ipénétration surprenant : il tue les moustiques rapide- ent, même lorsqu'il est dans de faibles proportions. “En résumé, la formaldéhyde, qui est un très bon erminicide, puisqu'elle détruit rapidement les microbes let leurs germes, n'est qu'un très faible insecticide. …L'acide sulfureux est, au contraire, un moins bon ger- minicide ; il ne détruit, en effet, que les microbes qui mont pas de spores ; mais ses qualités le mettent au premier rang des insecticides. Il est évident qu'il peut ‘être considéré comme le meilleur désinfectant pour les Wmaladies contagieuses pouvant être transmises par les insectes. D' A. Loir. 6 $ 7. — Pathologie …La lutte contre le cancer en Allemagne, = La Commission du budget de la Chambre des Dépu- tés allemande a voté les sommes demandées par le Gouvernement pour les recherches scientifiques sur la mature du cancer et les moyens d'en diminuer les mayages. Le représentant du Gouvernement a fait con- Maître qu'on établira, à l'Hôpital de la Charité, à Berlin, ün, laboratoire d'études, et que, d'autre part, une Mes moustiques. Il est aussi efficace pour obtenir ce somme de 150.000 marcs, provenant de dons particu- liers, a été consacrée à l'établissement d’un Institut pour les recherches sur le cancer. Déjà les médecins de Francfort-sur-le-Main ont fait parvenir au Comité de cette ville les résultats de l'étude de plus de 1.200 cas; de ce Rapport, il ressort que le cancer n'est pas héréditaire, mais infectieux. L'existence précolombienne de la syphilis dans le Nouveau-Monde. — Depuis que l’on a reconnu que les divers symptômes de la syphilis ne sont que les phases d'une seule et même affection spécifique de l'organisme, c’est-à-dire depuis les der- nières années du xv° siècle, deux points de l'histoire de cette maladie ont fait, parmi les médecins et les archéologues, l'objet d'une controverse qui dure encore aujourd’hui : La syphilis existait-elle en Amérique avant la découverte de ce continent par Christophe Colomb ? La syphilis a-t-elle été introduite du Nouveau dans l’Ancien-Monde ? La plupart des savants qui se sont occupés de ces questions sont aujourd'hui d'accord pour répondre affimativement à la première. Toutefois, l'évidence n'est pas telle qu'il ne faille encore accueillir avec grand intérêt tous les faits de nature à confirmer l’exis- tence précolombienne de la syphilis dans le Nouveau- Monde. C'est à ce titre que nous désirons signaler les découvertes récentes de M. Th. Gann, chirurgien du district de Corozal dans le Honduras britan- nique #. M. Gann s’est depuis longtemp livré à l'étude des restes des anciennes civilisations de l’Amérique cen- trale et il y a mis à jour, en particulier, plus d’une centaine de tumulus funéraires. L'un de ceux-ci, situé daus Le nord du Honduras britannique, près de San Andres, lui a révélé des faits intéressants. Au centre du tumulus, à une profondeur d'environ deux pieds, il a trouvé un pot de terre renfermant des statuettes grossières en terre cuite; celles-ci représentent un prêtre Maya, assis sur un siège, et sont caractérisées par un développement hors de proportion des organes génitaux, sur lesquels diverses incisions ont été faites. A six pieds de là, se rencontre une petite chambre renfermant les ossements d’un homme de taille moyenne; ils n'offrent aucune trace de crémation et sont normaux, à l'exception des tibias, qui présentent une série de lésions tout à fait analogues à celles que cause aujourd'hui la syphilis. Les caractères de ce tumulus permettent de lui attri- buer une date de construction notablement antérieure à celle de la découverte de l'Amérique. Il ne semble pas douteux non plus que l’homme qui y a été enseveli a été atteint et a peut-être succombé à une affection syphilitique. Les incisions des organes génitaux sur les statuettes font certainement allusion à un traite- ment d’une affection de cette partie; les lésions typiques des tibias militent aussi en faveur de cette hypothèse. Enfin, le fait que le corps du mort n'a pas subi la crémation, comme c'était la coutume générale, est encore une preuve, car on sait, par les historiens espa- gnols, que les aborigènes de l'Amérique décédés de syphilis étaient ensevelis d’une facon spéciale. Les découvertes de M. Gann apportent donc une contribution nouvelle et précieuse à la thèse de l’exis- tence précolombienne de la syphilis dans le Nouveau- Monde. L'étiologie de la dysenterie aiguë aux Etats-Unis.— Les auteurs des travaux récents (Shiga au Japon, Flexner et Strong aux Philippines et à Porto- Rico, Kruse en Allemagne) s'accordent à reconnaître que l'agent de la dysenterie aiguë est une bactérie, voisine du Bacterium coli, désignée sous le nom de Bacillus dysenteriæ Shiga. Cette bactérie diffère du The Lancet, t. CLXI, n° 4076 et The Clarion, t. NII, n° 235, 326 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE B. coli par quelques caractères culturaux et surtout par le fait que, seule, elle est fortement agglutinée par le sérum des dysentériques. MM. Wedder et Duval‘, travaillant sous la Girection de Flexner, viennent, dans vingt-deux cas de dysen- terie aiguë (cas sporadiques et dysenterie d'asiles) des Etats-Unis, d'isoler un microbe identique à ceux de Shiga, Flexner, Kruse et Strong. Ils croient devoir con- clure que toutes les dysenteries aiguës, aussi bien les dysenteries d’asiles que les sporadiques ou les épidémi- ques, sont dues au Bacillus dysenteriæ Shiga; ils font remarquer que, en ce qui concerne la dysenterie d'asiles, leurs résultats sont en désaccord avec ceux, tout récents, de Kruse. Présence de spores tétaniques dans la gélatine. — Il y à quelque temps, deux savants allemands, MM. Lévy et Bruns*, de Strasbourg, consta- taient que, dans plusieurs échantillons de gélatine du commerce, se trouvaient des spores tétaniques, capables de provoquer le télanos chez des souris. Récemment, le Dr Schmiedicke*, de Charlottenburg, a confirmé ce fait, Il introduisait des morceaux de gélatine au fond de tubes remplis de gélose et il a vu que, parmi les microbes qui se développaient dans ces conditions, se trouvait le bacille tétanique, pouvant donner le tétanos à des souris. Etant donnés les multiples usages de la gélatine, il y à lieu d'appeler l'attention sur les dangers que pour- rait faire courir un produit ainsi infecté. $ 8. — Géographie et Colonisation Deux plantes pour la soif. — On sait depuis longtemps que, dans certaines régions tropicales, où l’eau est rare et même absente, il existe des plantes dont la sève abondante peut servir de breuvage à l’in- digène ou au voyageur européen. Nous croyons inté- ressant de résumer ici les observations que nous avons faites au Congo sur deux végétaux de ce genre. Le Musanga Smithii, parfois appelé en Afrique Para- solier, est un arbre d'assez grande taille, très répandu dans tout le bassin du Congo et aussi dans le Congo français. Il est remarquable par ses larges feuilles composées peltées, à quinze folioles, et aussi par ses nombreuses racines adventives, qui, de la partie infé- rieure de la tige, descendent en se ramifiant dans la terre. Ce sont de véritables échasses. Au milieu de la forêt, l'arbre paraît avoir été déchaussé par un cou- rant d’eau. Il repousse l’un des premiers dans les ter- rains mis en culture, puis abandonnés par les indi- gènes. Pourvu d'un ample feuillage et d’un système vascu- laire très développé, le Musanga est traversé par une sève abondante. M. H. Lecomte‘, lors de son voyage au Congo francais, a observé la grande quantité d'eau qu'un tronc coupé à une certaine distance du sol a laissé exsuder en l’espace de treize heures : plus de 9 litres. Les nègres du Haut-Congo connaissent bien Ja pro- priété du Wusança de renfermer de grandes quantités de sève, et ils l'utilisent dans les régions où l'eau est rare, Sur les crêtes qui séparent les bassins des ri- yieres. I en est ainsi au pays des Bajandés, situé dans la grande forêt africaine, au nord du cours inférieur de l’Aruwimi. Des indigènes de cette région, enrôlés dans l'armée de l'Etat indépendant, me contèrent Je fait lorsque je passais à Basoko, au mois de février 1896. L'expérience suivante fut faite avec leur collaboration ? E. B. Wenper et C. W. Duvar : The Etiology of acute Dysentery in the United States. The Journal of experim. Medicine, t. VI, n° 2, p. 151. 2? Deutsche medicin. Woch., 1902, n° 8, p. 130. 3 Jbid., 4902, n° 41, p. 491. * Comptes rendus, t. CXIX, p. 181, 1896. sur un pied de J/usanga d'environ 30 centimètres d diametre. Le 5 février, à sept heures du matin, deux racines. de grosseur moyenne furent sectionnées. Pendant une demi-heure, l'eau a coulé des plaies; le phénomène à complètement cessé dès que la radiation solaire fu assez vive, par suite de la transpiration. Le soir, à six heures, au moment du coucher du so leil, on a placé des récipients sous les deux racines coupées le matin et sous une troisième racine plus* grosse qui venait d'être coupée. Le lendemain matin, à six heures, celle-ci avait fourni 2 lit. 5 d’eau et cha cune des deux autres environ un litre. Le même jour, à six heures du soir, on replace les récipients sous les trois racines mises en observations. mes collaborateurs renouvellent les sections de la grosse racine et de l’une des deux autres, puis en frap= pent avec force les troncons restés adhérents au tronc à l’aide d'un morceau de bois. L'observation leur & appris l'utilité de ces deux opérations : la première met à nu les vaisseaux non desséchés; la seconde a sans doute, pour effet de détruire les bouchons gom meux qui se forment dans les vaisseaux et qui en dé2 terminent la fermeture. Le 7 février, à six heures du malin, des deux racines. dont les plaies avaient été rafraichies, la plus grosse avait donné # litres d’eau et l’autre 2 lit. 5. Mais les deux bocaux qui avaient servi à recueillir l’eau avaien débordé; les chiffres indiqués sont donc inférieurs aux: volumes d’eau exsudés. Quant à la troisième racine, qui n'avait pas été cou pée à nouveau et n'avait pas reçu de coups, elle n'a- vait émis que quelques centimètres d’eau. A six heures et demie, la grosse racine donnait» 140 grosses gouttes par minute, et cependant le soleil. montait à l'horizon et ses rayons devenaient ardentss Au soir, les sections des trois racines furent ravivées Le lendemain matin, la grosse racine avait rejeté 3 litres d'eau et chacune des deux autres 500 centi mètres cubes. Un voyage à Stanleyville m'empêcha de continuer mes observations les jours suivants; je les ai reprises! à mon retour, le 13 février. Au soir, je renouvelai les sections des racines coupées huit jours auparavant; celles-ci étaient taries. D'après les nègres Bajandés qui m'avaient inspiré cette expérience, leurs congénères qui f{s'établissen loin des rivières et des sources se procurent l’eau dont ils ont besoin pour leur boisson et la préparation de leurs aliments en coupant les racines aériennes des: Musanga de la forêt. Chaque famille possède un certai nombre d'arbres, dont chacun fournit de l'eau pendan cinq ou six jours. J'ai eu l'occasion d'observer une deuxième plante que les nègres utilisent pour se désaltérer dans leurs voyages à travers la forèt. C'était sur la rive droite du Lualaba-Congo, entre les chutes de Nyangwé et celles de Stanley, au cours d’une excursion dans les environs de Lokandu (Riba-Riba). Un nègre m'apporta un tron con de liane, long d’un mètre, d’où sortit en re dans de l’eau bien limpide et très bonne à boire. Quand. l'émission d'eau fut arrêtée, l’indigène frappa violems, ment la tige contre le sol et aussitôt il se fit une nou=« velle expulsion d'eau. J'ai vu la liane en place dans la forêt; la tige était très longue, épaisse de $ à9 centimètres, et son écorces fortement subérisée. Coupée transversalement, elle. montrait des vaisseaux larges de 0,3 à 0,4 millimètres, d'où s'échappait une matière gommeuse qui recouvrai la section. Sur une coupe longitudinale, la même sub= stance se retrouve à l'intérieur des trachées et y form des bouchons de distance en distance. Le choc de troncons de tige contre le sol détruit les amas gom meux et permet à l’eau de s'échapper par les plaies. De celte curieuse liane, je n'avais rapporté qu'un échantillon de rameau, pourvu de vrilles opposées aux, feuilles, qui sont alternes, M. E. De Wildeman, le sa=u CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE vant descripteur de la flore du Congo belge, trouve que cette espèce a une certaine analogie avec des Ampéli- dacées, mais il estime que l'échantillon est trop rudi- mentaire pour permettre une conviction. ; Sur la rive droite du Lualaba-Congo s'étendent d'immenses solitudes, toutes recouvertes par la forêt équatoriale. Les indigènes qui les parcourent ont soin de couper les tiges de la liane en question et en empor- tent des troncons afin de se désaltérer aux endroits privés de sources ou de cours d’eau. : Comme on vient de le voir une fois de plus, les pri- mitifs, dans la grande Sylve africaine, en connaissent bien les ressources diverses et savent les utiliser avec beaucoup d'ingéniosité. Emile Laurent, Professeur à l'Institut agricole de l'État, à Gemblour (Belgique). $ 9. — Universités et Sociétés savantes Association des Anatomistes. — L'Association des Anatomistes vient de tenir sa quatrième réunion à Montpellier, sous la présidence de M. le Professeur Sabatier. Plus de 60 membres y assistaient. Parmi les savants étrangers, on remarquait MM. Bardeleben, Bugnion, Ramon y Cajal, Eternod, Fusari, Julin, Keibel, Romiti, Swaen, Waldeyer, Van der Stricht, etc... Plus de 30 communications ont été faites, suivies de nom- breuses démonstrations. Une excursion aux Laboratoires maritimes de Cette et de Banyuls a complété cette session. La prochaine réunion aura lieu à Liége, sous la pré- sidence de M. le Professeur Swaen (MM. Julin, Van der Stricht, Francotte, vice-présidents), du 6 au 8 avril 1903. Société de Géographie commerciale. — Cette Société vient de renouveler son bureau pour l'année 1902. Il est ainsi constitué : Président : Prince Roland Bonaparte; Vice-Présidents : MM. Expert-Besancon, Fumouze, le Myre de Vilers et Octave Noël; Secrétaire général : M. Ch. Gauthiot; Secrétaires : MM. Cravoisier et Guillot; Trésorier : M. Mégemont; Bibliothecaire : M. Deville. Dans sa séance du 18 mars dernier, la Société de Géographie commerciale a décerné les médailles sui- vanies pour l’année 1901 : Médaille Berge : MM. le capitaine Joalland, le capi- taine Meynier et l’adjudant Bouthel. Médaille Henri d'Orléans : M. P. de Barthélemy. Médaille Meurand : M. L. Laffite; Médaille Carllé : MM. Hostains et le capitaine d’OI- lone ; Médaille Crevaux : MM. H. de la Vaulx et D. Levat; Médaille de la Chambre des Négociants-commission- naires : MM. Bons d’Anty et Cl. Aulagnon; Médaille Dewez : M. Lemaire, capitaine de l’armée 8 belge ; Médaille de la Presse coloniale : M. J.-M. Bel. Médaïille Castonnet des Fosses : MM. Marcel Dubois et Terrier; Médaille de la Société : MM. H. Hauser, P. Jousset et Prudhomme. Les Amis de l'Université de Paris. — L’as- semblée générale de la Société des Amis de l'Université de Paris a été tenue récemment, à la Sorbonne, sous la présidence de M. Casimir-Périer. Le secrétaire général, M. Lyon-Caen, membre de … l'Institut, a fait approuver son Rapport sur la gestion du Comité de direction et sur la situation morale et finan- cière de l'Association. Il a été procédé ensuite au re- … nouvellement du bureau, dont voici les membres élus : 4 Mon ami M. H. Lecomte, avec qui je causais tout ré- - cemment de cette curieuse liane, m'affirmait l’avoir égale- ment observée au Congo francais, où elle est aussi employée comme réserve d’eau par les indigènes. 327 Président : M. Casimir-Périer. Vice-présidents : MM. Gréard, vice-recteur, membre de l’Académie française ; Mazeau, premier président de la Cour de Cassation; Poirrier, sénateur; Ribot, député, Queen ministre; de Rothschild; de Selves, préfet de la eine, Secrétaire général : M. Lyon-Caen, membre de l'Institut. Secrétaires : MM. le président de l'Association générale des Etudiants; Dubasty. Trésorier : M. Durand, secrétaire de l'Académie de Paris. Membres du Comité : MM. Paul Leroy-Beaulieu, Halévy, Charles Ferry, Donon, Brouardel, Paul Beur- deley, G. Berger, P. Meyer, Charmes et Bischoffsheim. Parmi les subventions et les bourses accordées par cette Société, nous relevons celles qui intéressent les recherches scientifiques. Des bourses de voyage ont été accordées à M. Krempf, qui va s'occuper de l’étude de la faune des côtes africaines de la Méditerranée, de la mer Rouge et de l'Océan Indien; à M. Germain Martin, qui doit examiner, dans les centres industriels de l’An- gleterre, les questions relatives aux distributions muni- cipales de force motrice; à M. Roux, qui fera, dans les principaux centres industriels de l'Allemagne, une en- quête sur lés habitations à bon marché et assistera, en juin, au Congrès de Dusseldorf. Le Laboratoire de Biologie de Roscoff, que dirige M. Delage, recoit une subvention de 500 francs, pour l’organisation d'une salle de Chimie biologique, « la Biologie et la Chimie étant sciences étroitement soli- daires ». M. Vélain, professeur à la Faculté des Sciences, pourra faire l'achat, pour son laboratoire de Géographie physique, d'une collection de plans en relief des Alpes suisses, d'une valeur de 1.000 francs. M. Collignon, professeur à la Faculté des Lettres, recevra une sub- vention de 1.000 francs, qui lui permettra d'organiser un Musée d'Archéologie. Enfin, à l'Ecole de Pharmacie, les laboratoires de Zoologie (M. Coutière) et de Chimie générale (M. Gautier) recevront chacun, pour l'achat d'instruments, 800 francs. Une Ecole de Médecine à Hanoï. — Avant de quitter l’Indo-Chine, M. Doumer, gouverneur géné- ral de cette colonie, a inauguré à Hanoï une Ecole de Médecine indigène. Cette école aura pour but de former des médecins asiatiques capables d'assurer, avec des médecins français et sous leur direction, le Service de santé en Indo-Chine et de contribuer aux recher- ches scientifiques intéressant l’étiologie et le traitement des maladies du pays. Personnel universitaire. — M. Janet, docteur ès lettres, docteur en médecine, chargé du cours de Psychologie expérimentale à la Faculté des Lettres de Paris, est nommé professeur de Psychologie expéri- mentale el comparée au Collège de France, en rem- placement de M. Th. Ribot, admis à une pension de retraite. M. le contre-amiral Aubry de la Noë est nommé membre du Conseil de l'Observatoire de Paris et membre du Conseil de l'Observatoire d'Astronomie physique de Meudon, en remplacement de M. le contre-amiral Na- bona, placé dans la deuxième section du cadre de réserve de l'Etat-major général de l’armée de mer. M. Magnin, professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de Besancon, est nommé doyen de ladite Faculté pour trois ans. M. Le Dantec, docteur ès sciences, préparateur de Zoologie, est chargé d’un cours complémentaire d'Em- bryologie générale à l’Université de Paris. M. Pruvot, docteur ès sciences, est chargé d’un cours d'Anatomie comparée, avec direction des travaux pra- tiques, à l'Université de Paris. M. Gaudry, professeur de Paléontologie au Muséum d'Histoire naturelle, est nommé assesseur du directeur de cet établissement pendant l’année 1902. 328 L'alcalinilé du sang joue un rôle très important dans un grand nombre de fonctions physiologiques de l'organisme; aussi s'est-on beaucoup attaché à en mesurer le degré, et le nombre des travaux faits sur cette question est très considérable. Il y a intérêt à reprendre cette étude en se pla- gant au point de vue des théories modernes de la Chimie physique. Nous commencerons par la eri- tique des méthodes employées pour la mesure de Falcalinité du sang. D'après les théories de la Chimie physique, tout corps, dissous dans l’eau, conducteur de l'électri- eité, ou, comme on dit, tout électrolyte est considéré comme dissocié en ions, les uns chargés d’électri- cité positive, les autres chargés négativement; cette dissociation électrolytique est plus ou moins complète suivant les corps et suivant les dilutions. Ainsi, par exemple, une solution de chlorure de potassium KCI contient des ions (positifs) potas- sium K’, des ions (négatifs) chlore Cl! et des molé- eules non dissociées KC]; dans une solution déci- normale, les mesures physiques (conductibilité électrique) indiquent que 86 */, du chlorure de po- tassium se trouve à l'état d'ions (à la température de 18°). Si nous prenons un acide, par exemple HO, il sera dissocié en ions hydrogène H: et ions chlore Cl’; pour un autre acide, par exemple l'acide acé- tique CH'COH, on aura de nouveau des ions hydro- gène H: et des ions CH*CO”; d'une manière géné- rale, la formule d’un acide monobasique étant HR, il sera dissocié dans l’eau en ions hydrogène H: et ions R’. Lorsque nous aurons un acide bibasique, l'acide sulfurique par exemple, Ja dissocialion pourra être plus complexe : elle se fera soit en ions IH: et ions HSO”, soit en ions H:, H: et ions SO ta charge de ce dernier étant double de Ja charge d'un ion monovalent tel que le chlore. Il ressort de ces considérations que tous les ressemblent au point de vue de leur acides se dissociation électrolytique, ils ont tous comme ion posilif l'hy- drogène: c'est une propriété appartenant à tous les corps acides, et n'appartenant qu'à cette calégorie de corps; par conséquent, on peut se servir de cette propriété pour définir l'acidité : on dira qu'une solution. est acide toutes les fois qu’elle contiendra des ions hydrogène en liberté. Pour les corps à réaction basique, nous trouvons V. HENRI — LA DISSOCIATION ÉLECTROLYTIQUE ET L'ALCALINITÉ DU SANG LA DISSOCIATION ÉLECTROLYTIQUE ET LA MESURE DE L'ALCALINITÉ DU SANG une définition analogue; en effet, la soude par exemple, NaOH, est dissociée en ions Na: et ions OH', la potasse KOH l'est en ions K: et ions OH!, l'ammoniaque AZH'‘OH l’est en ions AzH‘: et ions OH' et, d'une manière générale, une base de for. mule MOH sera dissociée en ions posilifs M: et ions négatifs OH'; dans tous ces cas, la partie com mune est formée par les ions OH'; on dira doné qu’une solution est alcaline lorsqu'elle contiendra des ions OH' en liberté. Telles sont les définitions des corps acides et basiques adoptées en Chimie physique. Reste à savoir maintenant comment peut s'exprimer le degré d’acidilé ou d’alcalinité d’une solution. IT Lorsqu'on étudie la marche d'une réaction chi- mique qui se produit sous l'influence d'un acide ou d'un alcali, on trouve que la vitesse d'une telle réaction est proportionnelle au nombre d'ions H- qui se trouvent dans la solution acide, ou au nombre d'ions OH' dans la solution alcaline. Ainsi," par exemple, l’inversion du saccharose ou la décomposition de l’acétate de méthyle peut être produite par un acide quelconque, et la vitesse de ces réactions catalytiques sera proportionnelle au nombre d'ions H: présents dans la solution acide. De même, la saponification de l’acétate de méthyle produite par un alcali quelconque aura une vitesse proportionnelle au nombre d'ions OH'dans la solu- tion. Ce sont des résultats qui ont été vérifiés pour un grand nombre de réactions diverses; on peut donc énoncer la proposition que voici : Le degré d’acidité d’une solution est exprimé par le nombre d'ions H: présents dans cette solution, et, de même,” le degré d'alcalinité est représenté par le nombre d'ions OH'. Par conséquent, lorsqu'on se propose de mesurer le degré d'acidité ou d'alcalinité d’une solution, il faudra déterminer le nombre d'ions H: ou d'ions OH' de celte solution. Cette détermina- lion peut être faite par plusieurs procédés, dont le. choix dépendra de la nature de la solution. Avant d'examiner ces procédés, il est nécessaire d’exami-« ner en quoi consiste, d'après la Chimie physique, les phénomène de la neutralisation. Supposons que nous ayons, d’une part, une solu- tion étendue d'un acide fort, tel que l'acide chlorM hydrique, et, d'autre part, une solution d'une base forte, la soude par exemple; la première solution V. HENRI — LA DISSOCIATION ÉLECTROLYTIQUE ET L'ALCALINITÉ DU SANG 329 ntiendra presque exclusivement des ions H:et ! et la deuxième solution des ions Na: et OH'; la quantité des molécules HCI ou NaOH non disso- ciées sera extrêmement faible. Si nous ajoutons à la solution acide la solution alcaline, nous mettrons n présence les ions : H: + Cl'+ Na: + OH": Les ions chlore et sodium resteront sans modifica- on; nous savons, en effet, que le chlorure de dium est un sel fortement dissocié. Au contraire, s ions H: et OH' se combineront pour donner les molécules d'eau H°0 ; par conséquent, le phéno- mène de la neutralisation consiste dans la combi- paison des ions H: et OH' et la formation de l’eau; a neutralisation sera complète lorsque tous les ions hydrogène se trouveront combinés avec des ions OH, c'est-à-dire lorsque la quantilé de soude ajoutée sera équivalente à la quantité : acide de la Solution. Supposons maintenant que nous ayons une solu- tion d'un acide faible, tel que l'acide acétique; cet ide est faiblement dissocié (ainsi que l’indiquent d'une facon concordante les mesures des divers phénomènes : conductibilité électrique, vitesses de action, forces électromotrices de piles de concen- ration) ; nous aurons donc en solution des ions H: en concentration c,, des ions CH°CO* en concen- tration ce, (égale à c, dans ce cas) et des molécules JH°CO*H non dissociées en concentration ce; le degré d'acidité de cette solution est donc repré- senté par la concentration €, des ions hydrogène. La dissociation de Facide acétique étant faible, il xiste, entre la partie dissociée et la partie non dissociée, un équilibre, et Ostwald a montré que la loi de cet équilibre‘ était la même que pour les dis- Sociations chimiques: Le produit des concentrations des composantes est égal à la concentration de la vartie non dissociée. mullipliée par une constante; n peut donc écrire la relation : Ci Ca— Ke 1 … L'exactitude de cette loi fondamentale à été rouvée expérimentalement pour un grand nombre cides et de bases; voici, comme exemple, les Valeurs de la constante K, déduites des mesures de onductibilités électriques, pour les acides acétique lactique, et les bases ammoniaque et éthyla- ; : A mine prises dans des solutions depuis 8 normale sq; une erreur a été commise par certains auteurs (Hollard, educ) dans la désignation de la loi d'Ostwald. C'est ce résultat qui porte le nom de Joi d'Ostwald; CONCENTRATION DEN TEUUe Re É — = normale. . . (0,00180 0,0137 0,0023 0,056 _ — ... 0,00179 0,0139 0,0023 : 0,058 5 — ... 0,00182 0,0139 0,0023 0,057 a — ..: 0,00179 0,0139 0,0023 0,035 _. — ... 0,00179 0,0137 0,0023 0,05£ ee — ... 0,00180 0,0133 0,0024 0,033 5 e 0,00180 0,0134 _. IT 0 0135 On voit que la constance des valeurs de K, : S ee, ! c’est-à-dire du rapport ne est parfaite. Cette loi fondamentale permet de calculer quan- titalivement comment se déplacera un état d'équi- libre lorsque l’un ou plusieurs des facteurs €,, €, ou e seront modifiés. Ainsi, lorsque €, sera augmenté, il en résulte que €, devra diminuer; donc, il y aura formation d’une certaine quantité du corps non dissocié. Appliquons ces considérations au cas de l'acide acétique. Ajoutons une certaine quantité d’une solution de soude, c’est-à-dire d'ions Na: et OH'; les ions OH’, se trouvant en présence d'ions H-, se combineront avec eux pour former de l'eau; les ions sodium ne seront pas modifiés, car nous savons que l’acétate de soude est un sel fortement dissocié; donc, la concentration des ions H- se trouve diminuée; le facteur €, diminuant, l'équilibre entre la partie non dissociée de l'acide acétique et la partie dissociée se lrouve rompu, une certaine gen it de molécules CH°CO'H se dissocie en ions jusqu'à ce que la rela- tion c’,c', — Kc' se trouve satisfaite. Si nous ajoutons encore de la soude, nous combinons de nouveau les ions hydrogène avec les ions OH' et une nou- velle portion des molécules d'acide acétique se dis- socie. Ces phénomènes se produiront tant qu'il y aura encore des molécules CH*CO*H non dissociées, et la neutralisation sera complète lorsque la quan- tité d'alcali ajoutée sera équivalente à la quantité d'acide acétique (dissocié et non dissocié) présente dans la solution. Ce que l'on mesure donc, dans cet acte de neutralisation, ce n’est pas la concentration des ions hydrogène qui se trouvaient dans la solu- tion primitive d'acide acétique; on détermine la quantité totale d'hydrogène de l'acide, c ’est-à-dire les ions hydrogène, plus l'hydrogène inclus dans les molécules non dissociées (la quantité d'hydro- gène remplacable comme on dil ordinairement); cette valeur peut être bien différente de celle qui correspond à la concentration des ions H: qui se trouvaient dans la solution primilive. "A, 144 330 Considérons un autre exemple de l'application de la loi ee, —Ke. Supposons qu'à la solution d'aeide acélique nous ajoutions une solution d'un acétate quelconque, par exemple de l'acétate de soude; cette solution étant fortement dissociée (ainsi que nous le montre la conductibilité électrique), nous aurons dans cette solution des ions Na: et CH°CO”. En additionnant l'acétate de soude à la solution d'acide acétique,.nous augmentons la concentration e, des ions CH°C0?'; l'équilibre entre les ions H, es ions CH°CO?' et les molécules d'acide acétique est done rompu, et, pour qu'il se rétablisse, une certaine quantité d'ions H- se combineront avec des ions CH°CO®*' pour former des molécules non äisso- ciées CH*CO‘H. Par conséquent, la concentration de la solution en ions H- diminuera, ce qui signifie que le degré d’acidité de cette solution se trouve abaissé. On peut énoncer celte règle générale que l'acidité dune solution d'un acide faible sera diminuée par l'addition d'un sel neutre de cet acide. L'expérience est très simple à faire : prenez 100 cc. d’eau et ajoutez-y 5 à 10 gouttes d'acide acétique, la solution colore en rouge le méthylorange; versez dans cette solution une solution d'acétate de soude neutralisé : le méthylorange virera au jaune. Si, au lieu du mé- thylorange, on prend du tournesol, on le voit virer du rouge au violet par l'addition de l’acétate de soude; l'expérience réussit aussi bien avec n'im- porte quel acide faible. Au lieu de se servir d’un indicateur coloré, on peut observer une réaction se produisant sous l'influence de l'acide et s'assurer que cette diminution d’acidité se fait bien dans les proportions exigées par la formule fondamentale e,.2,—=Ke.Voïci, en effet, quelques nombres obtenus par Arrhenius, qui déterminait la vitesse d’inver- sion du saccharose par différents acides et les mo- dificalions de cette vitesse par l'addition de diffé- rents sels neutres : VITESSE DNYERSON observée calculée CHCO H0,25 normale; s. Me 2... 100 0,75 — + CH*CONa 0,0125 normal. 0,122 0,129 — — _— 0,025 _— 0,070 0,070 _ — _ 0,05 —= 0,040 0,038 — + — 0,125 — 0,019 0,017 = +. — 0,25 2 0,0105 0,0100 On voil donc que l'addition de l'acétate de soude en quantité équivalente à celle de l'acide acétique fait baisser l'acidité de la solution de 73 fois, et les vitesses calculées d'après la formule précédente correspondent bien aux vitesses observées. Voici encore un exemple pour l'acide formique : VITESSE D'INVERSION HCO*H 0,25 normal . . . > 55 calculée 0,72 0,75 0,24 0,117 0,1 _ 0,25 0,24 0,11$ — + = Dans ce cas, l'acidité se trouve donc diminuée de vingt-cinq fois par l'addition d'une quantité équi- moléculaire de formiate de soude. Un raisonnement identique, appliqué à une base faible telle que l'ammoniaque, montre que l’addi- tion d'un sel de cette base diminue le degré d'alca= linité de la solution de base. En effet, dans une solution d'’ammoniaque, nous avons des ions OH! en concentration €,, des ions AzH*: en concentration e, et des molécules non dissociées AzH‘OH en concentration €; la relation €c,.c, —Kc mont que, si nous augmentons €, en ajoutant un sel d'ammoniaque, par exemple du chlorhydrate d'ammoniaque, €, devra diminuer; il y aura forma tion de molécules d'ammoniaque non dissociées e le degré d’alcalinité de la solution sera abaissé. Il est facile de diminuer ainsi le degré d'’alcalinité d'une solution d’ammoniaque de plus de cent fois par l'addition d’un sel neutre d'ammoniaque. L'ex- périence est très simple : mettez 5 gouttes d'ammo- niaque dans 100 centimètres cubes d’eau et colorez en rouge par la phénolphtaléine, puis ajoutez une solution concentrée de chlorhydrate d'ammoniaque bien neutre; la liqueur rouge deviendra incolore. L'expérience réussit avec toute basé faible, par exemple la benzylamine et le chlorhydrate de benzylamine. Les faits précédents conduisent done à cette règle générale que Zacidité dun acide faible ou l'alcalinité d'une base faible se trouvera diminuée par l'addition d'un sel neutre du même acide ou de la même base; ce résultat général ne pouvait pas ètre prévu et expliqué par des considérations de la Chimie classique, et c’est la théorie des ions qui a permis de l’établir. III Dans la plupart des liquides de l'organisme, l’aci- dité ou l’alcalinité sont dues à des acides ou des bases faibles, tels que les acides phosphorique, car- bonique, lactique et l'ammoniaque, de sorte que les considérations précédentes trouvent une appli- cation directe dans l'étude de la réaction de ces liquides. Et même, dans un grand nombre de cas, les acides et les bases sont tellement faibles queces considérations ne suffisent pas pour rendre compte des différentes réactions chimiques des liquides ; c'est précisément le cas qui se présente dans l'étude du sang, qui contient beaucoup de sels, dont la majeure partie est formée par le carbonate, le bicar= bonate et le phosphate de soude. C'est surtout la quantité de ces différents sels que doit être attribuée la réaction alcaline du sangs° Pour com= prendre cette alcalinité, il nous est indispensable de dire quelques mots sur un phénomène très | fréquent, celui de l'Aydrolyse. 331 autres (conductibilité électrique, vitesses de réac- ion, forces électromotrices de piles à gaz),et on tres. Si nous mettons dans l’eau un sel de formule R d’un acide très faible, c'est-à-dire d'un acide RH qui est très faiblement dissocié, nous aurons dans la solution des ions M: et R' qui se trouveront en présence des ions H: et OH' de l’eau ; puisque l'acide RH est très faible, une certaine proportion des ions R' se combinera avec des ions H- de l'eau - pour former les molécules non dissociées RH. Les ions hydrogène de l’eau étaient en équilibre avec une quantité équivalente d'ions OH'; donc, une certaine quantité de ces ions H: disparaissant, il y ‘aura formation d'une nouvelle quantité d'ions OH, jusqu'à ce que l'équilibre s'établisse entre les composantes RH, R', H:, OH’ et H°O: dans cet équilibre, les ions hydrogène se trouvent partagés entre l'acide et l'eau; il en résulte donc que la solution contiendra un excès d'ions OH': elle aura done, par définition, une réaction alcaline. Le résultat auquel nous arrivons est donc qu'une solu- tion d'un sel d'acide très faible a une réaction _alcaline ; ce phénomène porte le nom d'hydrolyse. Un raisonnement analogue montre qu'une solu- tion d'un sel de base très faible a une réaction acide. Fr - Non seulement nous pouvons ainsi expliquer la _ réaction d'une solution de sel d'acide ou de base faible, mais, en appliquant la formule fondamen- tale cc, — Ke, nous pouvons calculer quantitati- lution hydrolysée; nous ne nous arrêterons pas sur ce calcul; passons à l'étude des!sels qui inter- viennent dans l’alcalinité du sang. Le carbonate de soude est assez fortement dis- socié dans l’eau; on a, dans une solution, des ions Na’, des ions HCO”, des ions CO”, et des molécules “non dissociées Na°CO* et NaHCO'; l'acide carbo- nique, dont la formule doit être H°CO*, étant un acide très faible, par conséquent très peu dissocié, les ions HCO”' et les ions CO”, se trouvant en face d'ions hydrogène de l’eau, se combineront en partie avec ces ions pour donner des molécules non dissociées H°CO0*’; un certain état d'équilibre S établira entre les composantes suivantes : _NaHCO®, Na°CO*, Na’, HCO”, CO*", H°CO*, H-, OH', H°0. LU . . Dans ce système, les ions H: entre H°CO° et l'eau; donc nous aurons un excès d'ions OH, c'est-à-dire la solution aura une réac- _vement le degré d'’alcalinité ou d’acidité;de la so- sont partagés | tion alcaline. L'alcalinité de cette solution augmen- tera avec la concentration du carbonate de soude, mais il n'y aura pas de proportionnalité entre la quantité de carbonate de soude qui se trouve dans la solution et la quantité d'ions OH! en excès dans cette solution; ce manque de proportionnalité pro- vient de ce que la dissociation du carbonate de soude change avec la concentration. Soit une solution de carbonate contenant 7 OH'; en diluant cette solu- tion deux fois, on dilue les ions OH! préexistants. Mais de nouvelles molécules de Na*CO* s’étant dis- sociées, de nouveaux ions CO°' ont apparu, et comme l’alcalinité ou le nombre d’ions OH' dépend du nombre d’ions CO”, on concoit qu'à la suite de la dilution de deux fois, on aura dans l'unité de n 3 À Mi rare ; eZ volume = + x ions OH, c'est-à-dire que l'alcalinité aura baissé moins de deux fois. Shields a étudié quantitativement ces variations d’alcalinité des solutions hydrolysées; voici les valeurs qui se rapportent au carbonate de soude : Na°CO 0,19 normale. . . . 2,12 °/, hydrolysé. = 0,09€ — 3,17 = — 0,047 — 4,87 — — 0,0238 — 1,10 — Ce résultat nous montre que, en diluant une solution de carbonate dix fois, on ne diminue pas l'alcalinité de cette solution de dix fois, mais en- viron de trois fois. IL en résulte une conclusion pratique : on peut être induit en erreur lorsque l’on fera une titration de l’alcalinité d’une solution de carbonate après l'avoir diluée avec de l'eau. Hamburger ‘ avait remarqué que, si l’on neutralise d'une part un centimètre cube d’une solution demi- normale de Na°CO*, et d'autre part un centimètre cube de la même solution dilué à 10 centimètres cubes par l’eau, on trouve que, daus le second cas, il faut plus d'acide que dans le premier, résullat conforme aux considérations précédentes ; l'expli- cation que Hamburger donne de ce phénomène nous semble incomplète, mais nous ne nous y arre- terons pas. IV Les conditions qui peuvent influer sur la concen- tration des ions OH!, c'est-à-dire sur l'alcalinité d'une solution de carbonate de soude, sont très nombreuses; nous pouvons dire, d'une manière générale, que lout facteur qui influencera soit le degré de dissociation du carbonate de soude, soit la concentration des ions sodium ou des ions HCO” et CO”, soit enfin la dissociation de l’eau, produira une modification du degré d'alcalinité de la solu- tion. Le nombre de ces différents facteurs est très : Du Bois-Ravuowp : Arch. f. Physiologie, 1898, p.3et 4. considérable, aussi ne pouvons-nous pas les énu- mérer tous; nous nous contenterons d'en indiquer quelques-uns qui interviennent dans les méthodes employées pour doser l’alcalinité du sang. Les considérations précédentes indiquent d’abord d'une facon évidente que tout sel neutre modifiera la dissociation du carbonate de soude, c'est-à-dire influera sur la quantité d'ions HCO” et CO‘ et, par suite, changera la concentration des ions OH' de la solution. Or, nous voyons que, dans la plupart des méthodes employées pour doser l'alcalinité du sang, on fait arriver le sang dans une solution con- centrée de sel neutre; les uns emploient du chlo- rure de sodium à 20 ou 30 °/,, d'autres prennent du sulfate de sodium à 20°/,, d'autres enfin du sulfate de magnésie à 30°/,, et l’on faitarriver, dans 10 centimètres cubes d’une telle solution, 5 ou 10 centimètres cubes de sang; quelquefois même on ajoute, à 45 centimètres cubes de la solution concentrée de sel, 5 centimètres cubes de sang. Puis on dose en ajoutant un acide faible, — phos- phorique, oxalique ou tartrique, —en concentration 33 Où x normale, et on note le moment où la liqueur rougit le papier de tournesol neutre. Il serait très compliqué d'analyser complètement les différents changements de dissociation produits d'abord par l'addition de ces sels neutres, et en- suite par les acides; mais on peut atfirmer d'avance que les changements produits peuvent être consi- dérables et peuvent conduire à des erreurs très fortes. L'expérience montre une confirmation com- plèle de ces prévisions théoriques; nous donnons comme exemple quelques résultats obtenus en 1 5 normal, dif- férentes solutions de carhonate de soude en pré- sence du tournesol : titrant, avec de l'acide oxalique au ACIDE 10 10 cc. eau +5 cc. Na#COS à lo/, 9Tce 20 10 cc. NaCl à 300/, +5 cc. _- il 12,2 3° 10 ce. Na*SO' à 20 +5 cc. — 1 14% #9 10 ce. MgSOt à 30 + 5 cc. — 1 FO LE 1) 50 40 cc. H°0 +5 ec 2 VOS Ee 6° 10 ce. NaCI à 30 L 5 cc. — 0,5 5,1 70 10 ce. Na?SO! à 20 + 5 cc. — 0,5 Spb) 89 10 cc. MgSO# à 30 + 5 cc. - 0,5 ,9 On voit que les nombres obtenus dans les titra- tions, en présence des sels, sont bien différents des résultats pour les solutions aqueuses de car- bonate; l'écart peut alteindre facilement 25 °/,. Si donc, dans le cas de solulions aussi simples que les précédentes, il se produit des irrégularités de ce genre, on doit être sceptique sur les dosages d'alca- linité faits dans les mêmes conditions avec le sang. ‘La comparaison des résultats du dosage de l’al- calinité du sang reçu dans une solution saline con- . V. HENRI — LA DISSOCIATION ÉLECTROLYTIQUE ET L'ALCALINITÉ DU SANG centrée, qui ne détruit pas les globules rouges, avec ceux que l’on obtenait en recevant le sang dans de l’eau, qui détruit les globules, avait conduit certains auteurs à affirmer que les globules, en se dissolvant, changent l'alcalinité du sang; les expériences pré- cédentes nous montrent maintenant qu’une pareille conclusion ne peut pas être tirée tant que l’on n'a pas fait d'autres expériences de contrôle. Quelques auteurs ont également proposé d'autres liquides pour diluer et fixer ou laquer le sang; citons celui qui est formé d'alcool à 60 °|, et celui qui contient de l’eau et de la glycérine en quantités égales. Dans ces cas encore, nous pouvons affirmer d'avance que les résultats pourront être faussés, puisque nous savons que l'alcool ou la glycérine dans ces proportions font baisser considérablement le degré de dissociation des électrolytes. L'expé- rience est bien simple : mettez d'une part, dans 10 centimètres cubes d’alcool à 60°, 5 centimètres cubes de carbonate de soude à 0,5 °/,, et, d'autre part, le même volume de carbonate dans 10 centi- mètres cubes d'eau; ajoutez aux deux solutions le même nombre de gouttes de tournesol et puis versez-y 24 c.c., d’une solution d'acide oxalique 1 ë ; au 53 normal; la solution alcoolique sera un peu plus bleue que la solution aqueuse; mais, si l’on attend 10 ou 20 minutes, on voit la différence aug- menter: la solution alcoolique bleuit considérable- ment. La discussion du problème est, dans ce cas, encore plus complexe que dans le cas des sels, puisque l'alcool influe de manières différentes sur la dissociation du carbonate de soude, de l'eau, de l'acide ajouté et du lithmate de chaux, de sorte que l'on pourra obtenir des variations dans des sens op- poséssuivantla concentration de ces différents corps. Nous voyons donc, en définitive, que, même en ne considérant que ce qui se passe pour une solu- tion de carbonate de soude, on se heurte à chaque instant à des difficultés, qui font apparaitre tous les dosages de l'alcalinité du sang comme au moins suspects, et qui nous rendent très sceptiques envers la valeur réelle des mesures innombrables faites sur cette question. On se} demande donc si la Chimie physique, après avoir donné lieu à celle critique générale, ne pourrait pas nous indiquer les procé- dés que l’on devrait employer dans les dosages d’alcalinité du sang. Nous n’exposerons pas ici ces procédés en détails; nous nous contenterons d’en indiquer les principes. V ‘ Deux méthodes générales sont employées en Chimie physique dans des cas de ce genre. Le premier procédé consiste à mesurer la vitesse 7 { “ L- i à PO TP Der Te É V. HENRI — LA DISSOCIATION ÉLECTROLYTIQUE ET L'ALCALINITÉ DU SANG 333 _ d'une réaction qui se produit sous l'influence des ions OH! (ou des ions H: dans le cas d’une solution acide). Le nombre de ces réactions catalytiques est _ très considérable, et, puisque la vitesse est propor- tionnelle à la concentration des ions OH, on peut, . en déterminant la vitesse d’une telle réaclion, en déduire la concentration des ions OH'. Dans le cas du sang, il semble que l'application de cette mé- + thode ne puisse pas être faile à cause de la com- plexité de la solution : la réaction employée géné- ralement dans des cas de ce genre est la saponifi- cation d'un éther, par exemple de l’acétate de mé- thyle; elle ne peut pas ètre employée, puisque cette saponification peut être produite par des corps _ très différents, dont quelques-uns se trouvent dans le sang ‘. Une autre réaction, étudiée par Will et Bredig, est la transformation de l’hyoscyamine en atropine sous l’influence des ions OH'; mais, pour la suivre, on doit employer le polarimètre, et puis elle peut aussi être influencée par d’autres corps se trouvant dans le sang. On est donc amené au second procédé, pure- mént physique, qui a l'avantage de prendre le liquide tel quel, et de n'y ajouter aucun réactif : c'est la mesure des forces électro-motrices de piles à gaz, et l'application de la formule de Nernst pour les forces électromotrices de piles de concentra- tion. Indiquons, en quelques mots, le principe æe cette méthode. Si l'on construit une pile en prenant une lame d'argent plongeant dans une solution de nitrate d’ar- gent de concentration €,, une autre lame d'argent plongeant dans du nitrate d'argent de concencen- tralion €,, et en réunissant les deux solutions par un siphon (rempli par l’une ou l’autre de ces deux so- lutions ou par une solution neutre quelconque), puis _que l’on mesure la force électromotrice de cette pile de concentration, on {trouve que celle force électro- motrice + est égale à une constante K mullipliée par le logarithme du rapport des concentrations FETES (Cette formule peut être établie par des considé- rations théoriques ; l'exactitude en a été vérifiée un très grand nombre de fois.) IL est important de remarquer que la force électromotrice de cette pile - ne dépend pas desions autres que l'argent. On peut done, étant donnée une solution contenant des ions d'argent en concentration inconnue, mesurer cette -concentralion en prenant celte solution comme un des liquides d'une pile de concentration; ainsi on plongera une lame d'argent dans celte solution de . 4 Soit dit en passant, l'influence deces différents corps du sérum n a pas été suffisamment éliminée dans les recherches faites sur la saponification de la monobutyrine par le sérum. concentration x en argent, on plongera une autre lame d'argent dans une solution de nitrate d'argent de concentration €,, on réunira les deux solutions par un siphon et on mesurera la force électromo- trice de celte pile; cette force électromotrice sera : - C,. h égale à r, —Klog = par conséquent, on pourra en déduire la valeur de x. La mème méthode pourra être employée pour la mesure de la concentration d'un liquide en ions H- ou OH'. En effet, une lame de plaline recouverte de noir de platine (platine platiné) se charge d'hydro- gène lorsqu'on la plonge dans une atmosphère d'hydrogène, et elle se comporte alors au point de vue de ses propriétés électriques comme une lame d'hydrogène. Supposons que nous ayons deux so- lutions acides, l’une de concentration c, en ions H, l’autre de concentration €, ; réunissons ces deux s0- lutions par un siphon et plongeons danschacune une lame de platine platiné chargé d'hydrogène; nous obtiendrons une pile de concentration, dont la force électromotrice dépendra du rapport des con- centrations €, et e, des ions H- dans les deux solu- tions acides; cette force électromotrice sera égale à r = Klog _ Si, maintenant, nous prenons une solution acide dont nous ne connaissons pas le degré d'acidité, nous pourrons construire avec celte solulion et une solution c, une pile de concentration, en nous ser- vant des électrodes de platine chargées d'hydro- gène; il suffira alors de mesurer la force électro- motrice de celte pile pour en déduire la valeur de la concentration x des ions hydrogène dans la so- lution donnée. On voit donc que, dans cette méthode électromé- trique, on ne change pas la composition du liquide étudié, on ne le dilue pas, on n'y ajoute aucun réac- tif, on l'étudie tel qu'il se présente, condition très importante puisque, nous venons de le voir, toute modification influe sur le phénomène étudié. Il serait intéressant d'étudier si la méthode électro- métrique re pourrait pas s'appliquer à la détermi- nation de l’alcalinité du sang; il faudrait, pour cela, étudier si, dans le cas d'un liquide aussi complexe que le sang, la formule donnant la force électromo- trice des piles de concentration peut encore être appliquée avec le même degré de précision que dans les cas de solutions simples. Un essai d'appli- cation de la méthode électrométrique à la détermi- nation de l’alcalinité du sang a déjà été tenté par Hôber : mais l’auteur n’a pas fait cette étude préli- minaire, de sorte que le travail est à recommencer. Victor Henri, Docteur en Philosophie de l'Université de Güttingue Préparateur de Physiologie à la Sorbcnne. P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LES MÉTHODES D'EXPANSION COMMERCIALE DE L'ALLEMAGNE « Un combat décisif, écrit M. G. Blondel, est engagé sur toutes les mers, dans tous les ports, . . + pour notre vie quotidienne, le commerce est deu venu, en même temps que la forme actuelle de la% dans tous les comptoirs, dans toutes les usines de l'Univers. Nous sommes arrivés à une heure où les nations vont prendre, pour longtemps sans doute, leur place dans le monde. La politique n'est-elle point, d’ailleurs, chaque jour, plus étroi- tement dépendante des intérêts économiques? Ne point se pourvoir, c’est s'ensevelir volontairement parmi les nations en décadence ou les peuples morts! ». Telle est bien, en effet, la caractéris- tique de l'heure présente. Et, quelque dédain que l'on professe pour les intérêts matériels, quelque amour que l’on ait de l'idéalisme et des vues désin- téressées, il faut convenir que, chez un peuple, la grandeur de l'esprit ne saurait se passer d’un Corps vigoureux. D'après l’un des écrivains les plus compétents de l'Italie, M. Sergi”, professeur d'Anthropologie à l'U- niversité de Rome, la prétendue « décadence » des races latines n'aurait pas d'autre cause que leur obstination à ne point abandonner la forme vieillie du mililarisme, alors qu'elles pourraient retrouver dans toutes les œuvres de la paix, commerce, in- dustrie, sciences, beaux-arts, leur suprématie d'autrefois. Que l'on se place ou non à ce point de vue, il n'en reste pas moins acquis que l'emploi de la force armée n'est plus nécessaire pour s'as- surer la prépotence économique, et que c’est dans les laboratoires et les usines que se gagnent aujourd'hui les batailles. « Chaque fois qu'une in- dustrie nationale, écrit M. Decugis, périclite au profit d'une industrie étrangère, c’est une défaite _essuyée, qui affaiblit d'autant la nalion atteinte. Un peuple plus instruit, des usines mieux instal- lées, des méthodes commerciales plus perfection- lutte pour la vie, application des principes darwi-" niens, un facteur nouveau dont les répercussions ont, en un demi-siècle, transformé les problèmes. politiques. Le commerce est, en effet, le premier et le der- nier mot de l'industrie. Devant la nécessité de se procurer à bon compte les matières premières, l'industriel doit commencer par se faire commer-" cant, et, de ses aptitudes dans l’art d'acheter, au- tant que du perfectionnement de ses machines, dépend la réussite de son entreprise par l’établis- sement d’un prix de revient favorable. Et c'est. encore au commerçant que l'industriel s'adressera pour écouler ses produits et éviter les crises de surproduction qui le guettent chaque jour davan- tage. Grèce aux découvertes incessantes de la science, produire est devenu chose relativement facile : la difficulté réside dans la vente, le placement des. produits. Pour que l’industrie puisse se développer, il faut absolument qu'elle s'assure des débouchés; sa puissance est proportionnelle à l'étendue et à l'importance du marché qu’elle alimente; il serait même facile de soutenir que c’est le débouché qui produit l'industrie. La lutte pour la vie est done devenue la lutte pour les débouchés. Et les na- tions clairvoyantes ont bien compris toutes les conséquences de cette transformation économique. Or, tandis que notre commerce extérieur est dans un état inquiétant de stagnation !, celui de l'Allemagne a pris, depuis dix ans surtout, un essor remarquable, sans exemple jusqu à ce jour en Europe ?. Il n'y a qu'à parcourir, pour s'en con- mt nd cttoteitnÙ-d tn de nes DE de ou ts st Ed a hs vaincre, le livre précité de M. Blondel. Les produits nées, des grèves moins fréquentes et surtout un | —— esprit d'entreprise plus soutenu et plus éner- e M. Brcuon : Le Commerce extérieur de la France au É ER Da — ae à xixe siècle, dans la /evue générale des Sciences du 30 août gique, voilà aujourd'hui les véritables instru- | 1901 ments de lutte. L’essor actuel de l'Allemagne en est un exemple frappant. L'Allemagne fonde sa puissance par les mêmes moyens que l'Angleterre ? Voici, en milliers de mares, la statistique du commerce extérieur pendant les cinq dernières années : IMPORTATIONS EXPORTATIONS naguère. Ce n'est plus, comme autrefois, le sol 1801 EE 4.557.951 3.153.822 L quil s'agit de conquérir, ce sont les marchés5. » 1897 . 4.864.644 3.186.241 | a RARE MR !, : 1898 . 5.439.676 4.010.565 Ainsi, par la vertu de la solidarité économique et 1899 . 3 783.628 4.368.409 | grace à la nécessilé des échanges internationaux 1900 . 5.833.312 4 1 L'essor-industriel et commercial du peuple allemand, 3e éd., Paris, 1900. . ? Decadenza delle nazioni latine, Turin, 1900. 5 Revue bleue, 26 mai 1900. 009201 L'Allemagne subit, à l'heure actuelle, une ‘crise écono- mique que, malgré son importance, il ne faut point exa- gérer. Due un peu aux difficultés générales du moment, elle est surtout une crise de croissance, survenant après une période d'activité fébrile de cinq années, pendént laquelle Ve de in Germany‘ font une concurrence victo- euse à ceux des autres nations. Tous les Rapports nsulaires en font foi, et, de Moscou à Londres, Europe. M. Halpérine-Kaminsky, chargé d'une ssion en Russie par le Ministère du Commerce l'Office national du Commerce extérieur, procla- mait récemment* la nécessité d'imiter les Alle- -mands dans leurs procédés. Il est donc pour nous n haut intérêt de connaître les causes et d'étu- er les méthodes qui ont développé d’une façon remarquable le commerce extérieur de l'Alle- gne. J olonté, union, esprit scientifique et esprit nitiative, intervention intelligente et énergique de l'Etat, telles sont, avec l'accroissement de la population, les causes de la prospérité économique de l'Allemagne. - La volonté est un don acquis par la race, à tra- vers les âges, dans-une double lutte contre les hommes et contre la Nature. Les efforts prodigieux réalisés pour mettre en valeur les rudes terres in- fécondes de la grande plaine du Nord ont donné aux Allemands des qualités d'énergie qui portent aujourd'hui leurs fruits et auxquelles est encore venu s'ajouter le sentiment très fort de la confiance en soi, causé par les dernières victoires. À une volonté tenace, les’ Allemands ont joint ette force invincible qui s'appelle l'union. « La na- tion tout entière, de l’adolescence à la vieillesse, écrit M. V. Bérard, est enrôlée aujourd hui dans es corps multiplés de l’armée scientifique. Chacun y doit prendre son rang. Laboratoire, atelier ou bibliothèque; plume, microscope ou marteau, chacun, à sa place et avec son outil, concourt à lœuvre commune, au développement pacifique de outes les richesses nationales. Affabilité, cordia- lité, politesse, sociabilité, cette qualité foncière de la race avait été disciplinée depuis un siècle par les prédications morales des philosophes, tournée par eux, sous la loi du devoir, en une solidarité nationale. C'est elle qui, après avoir fait la réelle -unilé de l'Allemagne impériale, a donné l'admi- rable et fraternelle coopération de l'Allemagne traficante. Cette entente commune a groupé, dans haque ville d’abord, puis dans chaque État parti- culier, et enfin dans l'Empire entier, toutes les l'Allemagne a vu trop grand, peut-être, et a créé précipi- tamment un outillage nouveau, colossal. Une spéculation effrénée sur les valeurs industrielles a également sa part dans les responsabilités du malaise présent. “ EE. Wicuiaws: Made in Germany, Londres, 1891. > M. Scuwor : Le danger allemand, Paris, 1891. …_ ? Le Temps, 1e août 1901. | A "NA CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE 339 volontés et tous les efforts attelés à la même œuvre. Des syndicats, petits ou grands ou gigan- tesques, en sont nés, qui ont tressé, en câbles irré- sistibles, les mille fils ténus et pliants des énergies et des capacités individuelles‘ ». L'esprit d'initiative et l'esprit scientifique déri- vent aussi, et en quelque sorte, de l’action du milieu. « Le climat, dit M. Ch. Mourre, a donné à l'Allemand un tempérament lourd et lymphatique, mais aussi patient et méthodique, qui lui donne, en malière commerciale et industrielle, une grande supériorité sur un peuple brillant et léger, comme les Francais. L'Allemand, avant d'entreprendre quelque chose, réfléchit longuement; s'il échoue, il se demande pourquoi il a échoué, et il recom- mence un nouvel essai, en s’y prenant mieux ». Ces qualités, on peut dire climatiques, de méthode et de patience ont produit des résultats merveil- leux. « C'est indubitablement, dit un Rapport con- sulaire anglais, cité par M. Bérard, grâce à la per- feclion des méthodes dans toutes les branches du trafic, que l'Allemagne s'est élevée au premier rang des peuples commerçants. Aucune invention des Allemands n'a été géniale ni énorme. Dans leur concurrence avec le reste du monde, ce ne sont pas de grands changements qui leur ont donné la victoire, c'est une masse énorme de petits efforts et de petites innovations. Leur pros- périté industrielle et commerciale n'est que le résultat direct de l'excellence de leurs méthodes d'éducation, de protection et de distribution. La seule méthode scientifique, c'est-à-dire la patiente expérience et la rationnelle généralisation, à tout fait. Ce que, dans la première moitié de ce siècle, l'érudilion du docteur philologue a fait pour la conquête du monde antique, celte étude minu- tieuse, patiente, inlassable, à laquelle aucun détail n'échappait et qui savait pourtant reconstruire les ensembles, nous la voyons aujourd'hui transportée dans la conquête du monde moderne par l'indus- trie du commis voyageur * ». Toutes ces qualités du caractère allemand ne suffisent pas encore à justifier l’essor industriel et commercial de ce peuple. Il faut y ajouter l'inter- vention énergique de l'Etat et la politique com- merciale qu'il a suivie. Les Allemands, du reste, sont profondément étatistes, et ils acceptent vo- lentiers cette ingérence du Gouvernement. « Nous reconnaissons à l'État, dit le Professeur Træltsch, non seulement le droit, mais le devoir impérieux d'intervenir dans l'intérêt de la communauté, de guider l’activité économique afin d'adoucir le choc 1 Revue de Paris, 15 février 1900. , 2 D'où vient la décadence économique de la France, 1900. 3 Le Temps, 1er août 1901. Darie Paris, 336 P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE des intérêts: et, loin de regretter cette évolution, nous y applaudissons de toutes nos forces. » Ajou- tons que le pouvoir politique s’est toujours montré à la hauteur de sa tâche et que son action, parfois indiscrète, est en général réfléchie et relativement impartiale. Il a toujours cherché à réaliser un moyen terme qui donnàt satisfaction à tous sans sacrifier personne. Et force est d’avouer qu'entre libre-échangistes et protectionnistes, entre indus- triels et agrariens, il n’est pas bien facile de main- tenir la balance en équilibre. Le Gouvernement allemand a su prévoir l’im- portance toujours croissante de la lutte écono- mique actuelle. Les paroles que le comte de Ca- privi prononcait à la tribune du Reichstag, en 1892, se sont pleinement réalisées : « La tendance des nations européennes, disait-il, est aujourd'hui d'assurer le marché national aux produits natio- naux.. Mais, maintenant que notre industrie à grandi, il faut nous occuper avant tout de trouver des débouchés. Cette question est pour nous, au- jourd'hui, d’un intérêt capital ». Et toute la poli- tique extérieure de l'Allemagne dans ces dernières années, voyage en Palestine, occupation de Kiao- Tchéou', etc., a été dirigée vers ce but unique : multiplier les débouchés pour les produits alle- mands. Le grand essor économique de l'Allemagne achève enfin de s'expliquer pas l'accroissement rapide de sa population. Cette augmentation est un puissant facteur de développement du commerce, car, en même temps qu'elle nécessite une importation plus considérable des objets d'alimentation, qu’elle agit puissamment sur la production et, par conséquent, sur l'entrée des matières premières et l'exportation des produits manufacturés, elle maintient un im- portant courant d'émigralion, source de nouveaux débouchés. Les colonies « spontanées » d'émi- grants allemands, établies dans toutes les nations civilisées, aussi bien en Europe que dans les autres continents, sont, pour la production allemande, des sources naturelles de consommation et de place- ment. Et, pour ne prendre que les deux principaux centres d'immigration, quand on pense qu'en 1888 on comptait sur les rives de la Volga 250.000 Alle- mands, que les Etats-Unis, depuis quatre-vingts ans, en ont reçu cinq millions, on comprendra ! C'est ainsi que, le 8 février 1898, M. de Bülow justifiait en ces termes l'acquisition de Kiao-Tchéou: « 11 fallait à l'Allemagne une porte d'entrée commerciale dans le conti- nent chinois, telle que la France en a une au Tonkin, l'Angleterre à Hong-Kong, la Russie dans le Nord. Sans point d'appui territorial, l'intelligence et les forces indus- trielles et.commerciales allemandes s’éparpilleraient et ser- viraient d'engrais aux champs d'autrui, sans fertiliser notre . propre jardin. Une station navale nous était donc absolu- ment indispensable. » humble soit-il, ils concourront à la grandeur l'importance de ce dernier facteur sur les destinées économiques du pays’. ÿ. IT arrivons à la partie pratique de notre étude, ki description des méthodes employées, méthodes d'éducation d’abord, méthodes de distribution ensuile. J trait récemment à ses compatriotes que l'éducation moderne doit devenir commerciale. Or, dans aucun pays, l’enseignement commercial n’est aussi déve-m loppé qu'en Allemagne. Les enfants y sont élevés à atteindre, et dans l’idée que, par leur travail, si que, I ; de leur pays. Les Allemands ont compris, les premiers, que. | l'apprentissage commercial gagne à n'être pas pu- rement empirique. Ils ont constitué de toutes pièces un enseignement commercial dont leurs. rivaux ont longtemps méconnu l’ulilité et que, chacun cherche à imiter partout aujourd'hui. Dès. 1817, au lendemain des guerres de l'Empire et du blocus continental, l'Institut Commercial de Gotha, le doyen probable des établissements de ce genre, élail fondé sur l'initiative de la Corporation des négociants. Il y à aujourd'hui, en Allemagne, 365 écoles de commerce, avec un total de plus de 31.000 élèves. « Et, malgré cela, ajoute M. Blondel, on se plaint encore. On signale, avec un zèle infa- tigable, les lacunes ou les défauts dans l’organi- sation*. » k A l’école de commerce succèdent l'apprentissage et les voyages. « Pour nos voisins, remarquent fort justement MM. Jourdan et Dumont, l’école” prépare à la maison de commerce, mais ne la rem- place pas; ils pensent, en effet, et, selon nous, avec raison, que l’enseignement de la comptabilité ne doit pas s'étendre à l'étude de l'infinité des systèmes particuliers, qui varient d'une maison dem commerce à une autre. ELils estiment que, lorsque l'étudiant possède à fond les grandes lignes et Ë système général du savoir du comptable, ce n’est qu à la pratique des affaires qu'il doit demander, no L 1” \ ? Cf H. Hauser : Colonies allemandes impériales et SpOn=M tances, Paris, 1900, et J. Srorckui : Les colonies et l'émIi= gration allemandes, Paris, 1888. 2Op:Ncit # … p. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALEEMAGNE 331 complément de son instruction ‘ ». Aussi, l'ap- entissage est-il considéré comme obligatoire ou compris comme tel. Il s'achève généralement à Etranger, souvent dans les pays les plus lointains, c’est ainsi que le jeune Allemand devient le “ommercant-né, le voyageur sans rival, contre lequel il est devenu si difficile de lutter aujourd'hui. _ L'éducation commerciale se continue par le 11. Les Allemands ont très bien compris le and pouvoir que la presse exerce à notre époque. J'ai maintes fois été frappé, écrit M. G. Blondel, l'atlention avec laquelle les Allemands suivent t ce qui peut intéresser le monde des affaires. s tous les journaux, des suppléments écono- niques, parfois remarquables, donnent des statis- ues, indiquant au négociant les pays qui peu- ntoffrir de nouveaux débouchés, à l'industriel branches sur lesquelles il doit diriger son ort, et s'appliquent à intéresser les lecteurs à ce qui concerne l'industrie et le commerce de Allemagne et dé l'Etranger. Si la presse allemande enferme peu d'articles à sensation, elle contribue éclairer l'opinion publique, à instruire ses lec- eurs et à attirer l'attention générale sur des pro- lèmes que nous négligeons, au contraire, un peu Op ?. » 4 Si les populations laborieuses de l'Empire se montrent très sensibles dès que l’on touche à leurs inlérèts matériels, il faut en chercher la cause dans enseignement social et pratique des Universités ulemandes, érigées en « écoles d'opinion publi- 4 ue », et orientées vers le présent, vers les œuvres l'aujourd'hui et de demain. Deux cours, en parti- ulier, sont empreints de cet esprit : l'Économie politique el la Géographie. Les théories agissantes de MM. Brentano, Wagner, Schmoller, notamment, sont déjà profondément entrées dans le domaine les faits, carelles sont plus sociales, plus humaines lus accessibles que celles de nos économistes assiques*. Quant à la Géographie, les professeurs qui enseignent cette branche däns les Universités allemandes ne craignent point d'aborder les ques- ions se rapportant au commerce ou à la colonisa- on. Parmi les sujets de thèses donnés par M. le Professeur Fischer, de Marburg, nous relevons les suivants : Le golfe Persique, son importance au int de vue du commerce général. — La part de Syrie dans le commerce du monde. — La situa- On économique et commerciale du Maroc dans ses Papports avec les conditions géographiques*, ete. 2 Les Ecoles de Commerce en Allemagne et en France, och., Paris, 1900. Op. cit. Cf: C. Boucré: Les Sciences seciales en Allemagne, s, 1896, à Cf. J. Brunes : Instituts géographiques et Chambres de REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, III Les méthodes d'organisation commerciale va- rient à l'infini. Une volonté tenace s'y révèle par- tout, dirigée constamment par cet esprit scienti- fique et cet esprit d'initiative que nous avons signalés plus haut et dont nous allons maintenant donner des preuves. Recherche et étude des goûts du client; produc- tion constante de nouveautés; réclame intelligente, très étendue et très variée; diffusion, sur tous les points du globe, d'une armée de voyageurs con- naissant parfaitement les régions qu'ils ont à par- courir; création d'agents d'exportation qui sont les auxiliaires indispensables du producteur; spé- cialité d'articles à bon marché s'adressant à la masse des consommateurs ; large crédit allant jus- qu'à douze mois de terme, telles sont les formules et les innovations au moyen desquelles les Alle- mands sont devenus des maitres dans l'arf de vendre. — Quelques faits pour illustrer ces diffé- rents points : « Il y a quelques années, écrit M. Williams, l'Angleterre exportait en Russie des quantités con- sidérables de mouchoirs rouges, qui servaient sur- tout de mouchoirs de tête pour les femmes. Ils étaient de forme oblongue. Les femmes russes les auraient voulus carrés, mais les fabricants du Lancashire se trouvaient meilleurs juges, d'autant plus qu'un changement de forme eût impliqué un changement d'outillage. Les jeunes filles russes continuaient à se plaindre, lorsqu'un jour leur tris- tesse fut changée en joie par l'arrivée d'un voya- geur allemand. La fabrique qu'il représentait avait été informée de leur désir. Aujourd'hui, les têtes des jeunes filles russes sont toujours égayées de mouchoirs pourpres, mais ils ne viennent plus de Manchester‘. » L'Esportazione italiana raconte les faits sui- vants : ë Au Brésil, on ne veut rien en noir. Les Anglais expédiaient dans ce pays d'excellentes aiguilles à coudre, mais elles étaient enveloppées dans du pa- pier noir. Informés par leurs agents du mauvais effet que produisait cette coutume, les fabricants de Saxe ont envoyé sur le marché des aiguilles, peut-être inférieures, mais qui élaient enveloppées dans du papier rose. Le marché brésilien a été ainsi conquis en peu de temps. Au Maroc, tout le sucre consommé provenait, il y a peu de temps, des raffineries de Paris. Des voyageurs allemands survinrent et eurent l'idée commerce en Allemagoe, dans la Aevue internationale de l'Enseignement, 15 janvier 1901. 1 Op. cit. P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE ngénieuse d'offrir des pains de sucre plus petits de moitié. On se les disputa. Notre Consul prévint les fabricants français, mais ceux-ci refusèrent de changer leurs moules pour satisfaire quelques Arabes. Aujourd'hui, ils ont perdu le marché du Maroc !. L'agent d'exportation, — dont nous parlerons plus loin, — par sa connaissance des goûts des pays étrangers, réussit souvent à créer des modes exotiques. Un agent de Hambourg, M. Broderson, possède des correspondants dans toutes les villes de l'Amérique centrale et méridionale. Ceux-ci sont chargés de le tenir au courant des moindres événements poliliques ou mondains de ces loca- lités, et de lui envoyer immédiatement des photo- graphies pour les illustrer. I1 s’empresse alors de commander, à ses risques et périls, des objets de faïence et de porcelaine portant le portrait d'un héros local ou d'une chanteuse populaire, et il ex- pédie en toute hâte ces nouveaux modèles à Mon- tevideo ou à Rio-de-Janciro, où ils sont enlevés en peu de temps. Ainsi, il y a quelques années, lorsque vint la mode de la vaisselle ornée de paysages, il s'empressa de lélégraphier à ses cor- respondants de l'Argentine de lui envoyer les pho- tographies des plus belles vues de Buenos-Avyres. Aussitôt qu'il les eut reçues, il les adressa aux meilleurs dessinateurs de Paris et de Munich, en les chargeant de tirer de toutes ces vues un paysage idéal ; un des motifs élaborés par ces artistes fut exécuté sur faïence, et M. Broderson vendit à Buenos-Ayres plus de cent mille cuvettes et pots à eau ainsi décorés. Une autre fois, quand vint la mode de décorer d'oiseaux la vaisselle, il lit venir des reproductions de toutes sortes de variétés et confia encore à des artistes le soin d’en lirer un type idéal, lequel fit pendant longtemps la fortune du commerce de faïence en Allemagne. Au point de vue de l’organisation de la réclame, l'Allemagne n’est guère dépassée que parles États- Unis. Les catalogues les plus coûteux sont en- voyés sur simple demande et toujours accompa- gnés d’une lettre des plus encourageantes. Ces catalogues sont libellés dans la langue, la mon- naie, les poids et mesures du client. Très souvent, les maisons prennent à leur charge les ennuis des formalités douanières. Un éditeur de Brême, après avoir visité le Japon, eut l'idée de publier un journal allemand-japonais, ainsi que des catalogues et prix courants en langue japonaise, qu'il fait distribuer dans ee pays. Il vient d'en faire autant en Chine, et les consuls allemands de ces régions ont été officiellement invités à lui faciliter sa tâche. Un aytre journal chinois, qui parait à Berlin, a choisi el ! La Revue, 15 octobre 1904, DANS LE COMMERCE DE L’ALLEMAGNE pour but essentiel le développement de l’exporta= tion allemande en Chine; il est expédié à tous Less grands négociants chinois, aux vice-rois et à x. mandarins. Les élèves de l'École officielle des lan gues orientaies se sont vu imposer, comme sujets de thèmes, la traduction de tous les prospectus des grandes entreprises industrielles. Des gravures, superbement encadrées, représentant les nouveaux navires des grandes Compagnies de navigation, sont affichées dans tous les grands hôtels de l'E rope. Le voyageur de commerce allemand représente la réclame vivante. Actif, intelligent, à la fois souple et tenace, il est « invincible », suivant l'ex: pression de M. Schwob. Il à appris et sait Les lan gues étrangères, dans la certitude qu'elles sont la clé du commerce international. C'est un pionnier des marchés neufs ou abandonnés. Au lendemain de la dénonciation de nos traités de commerce avec l'Italie et la Suisse, des nuées de voyageurs allemands s’abattaient sur ces deux pays et em>= portaient rapidement toutes les positions que n0SM produits avaient lentement conquises. La Deu/scheM Wochenschrift aus den Niederlanden publie un extrait du Consul général de France à Batavia dans lequel il est dit: « Pendant deux ans, un voyageur de commerce allemand a exploré tous les coins et recoins des Indes néerlandaises. CeM voyageur vendait de tout, depuis les épingles et | les brosses à dents jusqu'aux locomotives et aux wagons de chemins de fer. Il avait avec lui une collection complète des articles qui peuvent se vendre sur échantillons. Pour les autres articles il mettait à la disposition de l'acheteur de splen- dides albums et prix courants. » M. W.-J. CuderdykM agent consulaire hollandais, qui à récemment tra versé la Sibérie pour se rendre en Chine, s'exprime | en termes encore plus élogieux dans son Rapport à son Gouvernement : « Nos voisine, les Allemand ‘ | nous surpassent, dans tous les pays, pour l'établis= sement des relations commerciales. En Sibérie, | notamment, le commerce allemand s’est créé um champ d'activité productif. Partout l'on trouve des voyageurs et des représentants ou des chefs dé maisons de commerce allemandes, qui se rendent personnellement comple des conditions locales el | font connaissance avee les marchés de ces régions ils arriventnaturellement, par ce moyen, à des ré» sultats bien supérieurs à ceux que l’on obtienbl par des volumes de rapports consulaires. » Hambourg possède un organisme commercial qui n'a son équivalent nulle part ailleurs. C'est l'agent d'exportation. « Le commerce d'exporta | üon, dit l'un d'eux, M. Deurer, comprend quatr éléments différents : le producteur, l'agent, l'ex porlateur et l'acheteur d'outre-mer. Le rôle del | : ! | | l i ) | | | | | | # Jagent est des plus importants : il doit savoir dé- couvrir {Le right article for the right man in the ight place. L'agent tient, dans son Æxport-Muster- er, des échantillons de marchandises d’un cer- tain nombre de producteurs, pour les montrer à l'acheteur ou à son représentant, l'exportateur. Si acheteur vient en personne à Hambourg, il se présente à l'Export-Musterlager avec son exporta- ur, et là, on lui explique les qualités et les avan- ges des différentes marchandises. Après cela, il retourne en général chez lui, et charge l'exporta- teur de sa commande. Celui-ci achète les marchan- dises choisies par l'intermédiaire de l'Export-Mus- terlager. L'agent d'exportation reçoit sa commis- Sion du fabricant et ne demande aucune rétribution i à l’exportateur, ni à l'acheteur; il est vrai qu'il de fait pas de crédit et ne court aucun risque. Chaque Export-Musterlager est l'unique représen- fant à Hambourg d'un certain nombre de fabri- ques. Le dépôt ne réussira pleinement que s'il a our chef un homme capable d'expliquer à l'ache- leur pourquoi il lui est avantageux d'acheter telle “ou telle marchandise, ou de lui indiquer un fabri- tant encore inconnu ou très solide. Les produc- “teurs eux-mêmes n'exposeront jamais dans un “musée de commerce leurs meilleurs modèles, par rainte de l’imitation, et, de même, l'acheteur, par peur de la concurrence, ne fera pas ouvertement ses commandes dans ur de ces musées. Les agents d'exportation ne laissent jamais pénétrer dans leur Export-Musterlarger des fabricants avec lesquels Mils ne sont pas en affaires ; et, lorsqu'ils soupçon- ent un client d'être un fabricant déguisé, ils ne lui donnent que des réponses évasives el des indi- ions erronées qui le déroutent. Ils n'admettent, d'ailleurs, que les âächeteurs accompagnés de leurs exportateurs, ceux-ci élant presque tous connus”. » IV Les institutions collectives, développées par l’es- t d'union, ne sont pas moins intéressantes que “les formules individuelles du savoir-faire commer- Mcial; presque toutes sont originales. À côté d'asso- ïations comme les Unions pour l'exportalion el es kartells, on trouve des formes ingénieuses de la . réclame collective, telles qu'expositions flottantes 6 produits nationaux, expositions ambulantes larticles étrangers, dépôts d'échantillons, foires, ju des institutions mixtes comme les musées de | commerce. “Les Unions pour l'exportation (Exportverein), Mraiment allemandes d'origine, sont formées en bd Bibliothèque universelle et Revue Suisse, Lausanne, P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE 339 vue du développement de la colonisation et du commerce extérieur. Nous décrirons rapidement la plus importante d'entre elles, celle de Dresde. Créé en 1885, l'Exportverein du royaume de Saxe est formé de membres payant une cotisation an- nuelle de 20 mares. Chacun d’eux a le droit de demander des renseignements sur tout ce qui con- cerne l'exportation, de visiter les expositions d'échantillons de produits étrangers et d'utiliser une place d'un mètre carré dans l'exposition des produits nationaux, pour y déposer ses propres échantillons, ses prix courants, ses annonces, ses modèles. Enfin, les membres, moyennant une com- mission déterminée, peuvent charger la Société de vendre leurs produits. Bien qu'établissement semi- officiel, l'Exportverein du royaume de Saxe ne reçoit aucune subvention du Gouvernement; ses seules ressources sont les cotisations de ses mem- bres et les commissions de vente. Son budget varie de 20 à 25.000 marcs. Les agents spéciaux envoyés à l'étranger sont payés par les maisons qu'ils représentent. Les moyens d'action de l'Exportverein sont très variés. D'abord, il entretient, dans les principales places de commerce étrangères, des agents chargés de faire la plus active réclame aux articles saxons. Le rapport du Verein pour 1896 en mentionne 46 en Europe et 53 dans les autres parties du monde, sans compter des représentants établis partout dans des centres de moindre importance. Le Verein ne fait pas les choses à la légère. Un agent n'est en- voyé sur un point quelconque qu'après assurance que cet endroit peut devenir un débouché. Aussi, pour acquérir cette certitude, la Société envoie sans cesse, et un peu partout, des personnes compétentes chargées de faire des reconnaissances. De 1885 à 1895, elle a dépensé, à cet effet, 380.000 mares. L'Exportverein use beaucoup de la réclame. Pendant ses dix premières arnées, il a distribué 100.000 catalogues et 48.000 albums luxueusement imprimés. En 1893, la succursale du Verein à Sofia publia un almanach bulgare avec des annonces d'industriels allemands et le distribua très libéra- lement à tous les commercants de la principauté. En 1898, la Sociélé a préparé un nouveau cala- logue d'exportation en cinq langues, qui renfermait les adresses de presque toutes les maisons indus- trielles de la Saxe et de la Thuringe, ainsi qu’un indicateur des marchandises classées de facon à faciliter beaucoup les recherches. Ce catalogue à été publié à 15.000 exemplaires et distribué par les agents du Verein et les consuls allemands sur toute la surface du globe. La Société publie, en outre, chaque année des Winke (suggestions) et des Rathschlage (conseils), brochures d'un caractère confidentiel, qui ne sont 340 P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE pas mises en vente, mais distribuées à ses membres. Ces brochures ont pour auteurs les agents envoyés par le Verein; elles font connaitre aux industriels les nouveaux marchés, leur indiquent comment ils doivent s'y prendre pour s'assurer ces débouchés, sur quels articles ils doivent porterleur altention et quelles mesures de précaution il faut observer. Comme les trusts américains, les Xartells alle- mands, créés en vue de limiter la production, exercent une influence indirecte sur le commerce extérieur, en accordant des primes aux exporta- teurs, généralement sous forme de réductions de prix sur les matières premières. L'utilité de ces instilutions, par les économistes, nous dispense d'entrer dans plus de détails à leur sujet". Plus originales et rentrant mieux dans notre très discutée étude sont les différentes expositions de produits commerciaux. Les Æxpositions flottantes, d'abord, ont été organisées à Brême, il ÿ a deux ans, par le Syndicat allemand des négociants exportateurs. Voici en quoi elles consistent, d'après le Joniteur officiel du Commerce. Le syndical adresse à tous les industriels el commercants des circulaires ex- posant le but de l'opération et les conditions aux- quelles chaque adhérent peut y participer. Quand les inscriplions recues sont suffisamment nom- breuses, le syndicat frète un navire, spécialement aménagé pour la circonstance, et les adhérents envoient au port d'embarquement Jeurs échantil- lons, accompagnés d’un tableau indicateur des prix et conditions de vente. Le navire va de port en port, de pays en pays. À chaque stalion, des vendeurs, désignés soit par le syndical, soit par les exposants, donnent aux visiteurs Lous les rensei- gnements qui leur sont demandés. Ces vendeurs sont choisis parmi des jeunes gens et des jeunes filles sortant des écoles de commerce, et parlant, au moins, deux langues. Des interprètes sont pris sur place dans chaque contrée de langue nouvelle. Outre munis d'échantillons parcourent le pays à l'intérieur. les visites à bord, des vendeurs Les participants paient au syndicat une commis- sion ad valorem à débattre sur les produits vendus, plus une part proportionnelle du coût de l'affrète- ment du navire et des frais généraux. Ces eXposI- tions, inaugurées il y a deux ans, ont donné des résultats inespérés : 22 millions de mares d'affaires pour 800.000 mares de frais. Les Expositions ambulantes ont un but différent. Elles mettent les fabricants allemands au courant de la produelion étrangère, sous toutes ses for- mes et dans tous les domaines de l'industrie, Elles 4 P. pe ROUSIERS : {er janvier 1901. Les Kartells, dans la Reyue de Paris du constituent le meilleur moyen de connaître le goûts de l'acheteur exotique et d'assurer le succès de produits exportés. C'est ainsi qu'une exposition de produits de l'Asie orientale, arrivée à Breslau en: janvier 1899, comprenait environ 5.000 échantil lons que la Commission, envoyée en 1897 en Asie pour y éludier les relations commerciales qui pour | raient être établies avec les pays de l'Extrême Orient, a rapportés de son voyage. La collec- tion comprenait principalement des arlicles soie, de laine et de coton, des filés de fibr de plantes et des tissus de ces filés, des naites paille, de jonc et de copeaux de bois, des tapis de jute, des échantillons de papier et des articles bureau, etc., tous objets susceptibles d'imitation. Les dépôts d'échantillons (Export-Musterlager | | 1 | | genre, nous parlerons rapidement des différen services de cet organisme, qui est en quelque sorte lasynthèse des associations précédemment étudiées: commerce extérieur; — 3° un bureau spécial de renseignements sur les entreprises industrielles : l'Étranger; — 4° une bibliothèque et une ou plu: sieurs publications périodiques. , Les collections renferment : 1° des échantillon de produits destinés à l’exporlation; — 2° des (matières premières ou produits alimentaires); 3° des échantillons d'emballages conformes, à la fois, au goût de l'acheteur, aux conditions du clin mat el aux moyens de communicalion. | Enfin, l'étiquette de chaque échantillon porte # 1° la mention du pays d'origine: — 2° l'étendue d avec celle de l’année précédente; — 4° le prix € la solidité de ce prix; — 5° le coût de transport di — 6° les conditions et les modes de paiement; 1° la manière dont on peut se le procurer; etes, Telle est, à grands traits, l'organisation du pl | ancien et du mieux compris de ces musées de coms P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE 341 merce, celui de Bruxelles, qui a servi de modèle à ux qui se sont établis postérieurement, comme celui de Francfort. V - Nous avons dit plus haut l'importance de la part qui revient à l'Etat dans la prospérité économique : diplomatie, politique douanière, ‘avaux publics, colonisation. Après avoir été bel- la politique allemande est devenue, de nos jours, franchement commerciale. C'est ce que la fin de notre étude tächera de démontrer. . « La diplomatie allemande, écrivait récemment M. Raphaël Georges Lévy, ne néglige aucune occa- ion d'assurer des commandes à ses nationaux par laction combinée des banquiers, des industriels et es négociants, qui marchent dans une étroite union à la conquête des marchés étrangers et procurent, ar un chiffre sans cesse étendu de transactions, un ment incessant à l’activité des ports el de la flotte marchande. Les exemples de cette intervention sont nombrables; on en cite tous les jours les effets, ien connus des chancelleries et des concurrents appartenant à d'autres nationalités, qui regrettent de se voir moins énergiquement soutenus par leurs ambassadeurs et leurs chefs d'Etat, » C'est ainsi que le prince de Bismarck, alors chancelier de l'Em- pire, recevant un jour pour affaires diplomatiques Pambassadeur de Chine, ne voulut pas laisser partir e mandarin avant de l'avoir amené à consentir ün achat important de rails d'acier au profit d'une aison allemande. Le corps consulaire de l'Em- pire est formé sur ce modèle et poussé officielle- nent dans cette voie. Beaucoup de ses membres ne tonsidèrent pas comme indigne d'eux de remplir le le d'agents de maisons de commerce allemandes. Mn certain nombre de consulats sont également pourvus d'aftachés techniques, chargés d'études ciales dans les pays où ils résident. La légation mande de Bucarest possède un personnel qui a our fonction de recueillir loutes les informations üi intéressent les commercants et les industriels allemands. Si une entreprise est annoncée, le Gou- nement impérial en est aussitôt averti, de sorte umissions en temps opportun ; il en est de même our toutes les affaires commerciales. | Entre le libre-échange absolu et un protection- |nisme exagéré, Pr à su BienGFel une > heu- “Anvers, Gênes et Hambourg, dans la Zevue des Deux- des du 1er juillet 1901. sait naguère en ces termes : « … Bien qu'il soit difficile de concilier le désir de s'assurer le marché national avec l'intérêt, capilal aujourd'hui pour nous, de trouver des débouchés, il n'est pas im- possible d'arriver à conclure des traités de com- merce. C'est même le moyen de garder la dose de protection nécessaire, en évilant l'incertitude déplo- rable où le manque de limites contractuelles laisse tous les États qui se laissent entrainer à une véri- table course au clocher dans la voie du protection- nisme. » Après avoir choisi les marchés qu'elle désirait, l'Allemagne conclut une série de trailés de com- merce, d'abord avec ses deux alliées politiques, l'Autriche-Hongrie et l'Italie (1891), puis avec la Suisse, la Belgique, la Serbie, l'Espagne (1893), et enfin la Russie (1894). Dans tous ces traités, la diplomatie allemande eut la main heureuse; elle se fit partout la part du lion. Elle accorda peu et reçut beaucoup en échange. Le traité de 1894 avec la Russie peut servir d'exemple. La politique des traités de commerce a tenu toutes les promesses que l’on avait fondées sur elle. Les différents rapports des Chambres de Com- merce en reconnaissent les bons effets. « Alors même, disait la Chambre de Commerce de Kiel, qu'on pourrait leur adresser quelques critiques de détail, il faudrait être aveugle pour ne pas recon- naître qu'ils ont abouti à d'heureux résultats. Ils ont contribué, dans une large mesure, à l'admirable essor économique de l'Allemagne contemporaine, et ont amené une grande stabilité dans nos rela- tions commerciales. » En réponse aux attaques des agrariens, la Chambre de Commerce de Hambourg déclare que cette politique a été une « bénédiction pour le pays * ». Le bon marché et la facilité des transports exer- cent une influence très favorable sur le développe- ment du commerce. « L'ulilisalion des voies navi- gables, écrivait, il y a quelque temps, M. Victor Cambon, est un facteur essentiel de la prospérité allemande. » L'Allemagne possède, en effet, un admirable réseau de voies fluviales et de canaux. Ses fleuves, plus réguliers que les nôtres, s'éten- dent sur une longueur de 28.000 kilomètres. Pour le Rhin seul, il a été dépensé, de 1830 à 1894, 339 millions de francs. Les Allemands ont bien vu que les voies d'eau forment le mode de transport le plus économique et le plus pratique pour la grosse marchandise”. Aussi, l'industrie s’en sert beaucoup. Le marquis d'Héricourt décrit ainsi la méthode employée : « On a d'abord rendu navigables les grandes artères qui mènent à la mer; puis, on les 4 G. BLoNnEL : Op. cit. 2 Sur le Rhin, le prix de transport de la tonne kilomé- trique s'élève à 0 fr. 004. 9 49 242 a organisées en les pourvoyant de ponts, de quais, de magasins, de docks. On a établi des écoles spé- ciales de batellerie, des bourses pour le fret, elc. En même temps, et à côté des grandes maisons de transport, il se créait des Compagnies importantes pour l’exploilalion de ces voies de navigation... El ces résullats ont répondu aux espérances qu'on avait conçues. Le long des fleuves et des canaux, l'industrie s'est considérablement développée. Grâce au développement de la batellerie, le com- bustible et les matières premières sont amenés à bon marché par tout l'Empire, et les produits des fabriques, même les plus lourds, peuvent être con- duits dans les pays voisins ou à la mer, dans des conditions de bon marché telles que le prix du transport ne les grève pas trop et leur permet la concurrence avec les articles étrangers. » Le développement des voies ferrées s'est exécuté parallèlement à celui des voies fluviales. Ces deux modes de transport se prêtent un mutuel appui. L'encombrement des voies ferrées est ainsi évité; on les réserve pour les marchandises chères et celles qui réclament un transport rapide. Les voies flu- viales reçoivent les autres produits, très nombreux dans un pays de grosse industrie comme J'Alle- magne. Tandis qu'au point de vue de la construction et de la répartition, on constate l'absence de centra- lisation dans les lignes allemandes, il existe, au contraire, une unité remarquable dans l'étude de tout ce qui peut faciliter les voyages et le transport des marchandises. Une Union, dont le siège est à Berlin, englobe, avec les chemins de fer allemands, ceux de l'Autriche, de la Hollande, du Luxembourg, plusieurs lignes de Belgique et de Pologne, c'est-à- dire un total de 90.000 kilomètres, sur lesquels «les voyageurs et les commercants allemands jouissent d'avantages que nos compatriotes n'obtiennent pas souvent chez nous ». Les chemins de fer allemands appartenant pour la plus grande partie à l'Etat, celui-ci ne craint pas de les faire servir, avant tout, aux intérêts du tarifs ont été et de l'industrie. Les établis dans ce but. commerce C'est ainsi que les produits allemands qui devaient figurer à l'Exposition de Chicago ont été transportés gra- tuitement aux ports d'embarquement. Et cette ré- duction des tarifs de transport, aussi bien par voies ferrées que par voies fluviales, constitue un appoint très sérieux pour le commerce d'exportation. Le développement des ports et de la {lotte mar- chande est en rapport avec celui des voies inté- rieures. Tout se tient et s'enchaine admirablement: Les ports allemands, dont quelques-uns sont placés naturellement à la sortie des grandes artères flu- viales qui desservent les régions les plus riches de l'Empire, — la Westphalie et la Prusse rhénane P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L’'ALLEMAGNE î il exceplées, — sont admirablement agencés pour i l'embarquement et le débarquement des marchan- … dises. Hambourg, Brême, Stettin et Dantzig possè-" dent des ports francs qui ont beaucoup contribué à leur extension. Le port libre de Hambourg occupe … une étendue d'environ 1.000 hectares. Les bassins, dont les quais ont 17 kilomètres de long et dont les entrepôts couvrent une superficie de 18 hectares, sont directement reliés par voies ferrées aux gares adjacentes et possèdent un grand nombre de grues, dont la plus forte soulève 150 tonnes. Les frais de port n’y dépassent guère en moyenne la moitié de ceux que les navires acquittent en France. « Le port franc de Brême, écrit M. Ed. Lockroy, est un des plus beaux et des plus fréquentés par les na- vires. Il contient le plus grand bassin de l'Europe. Ce bassin à 2.300 mètres de long, en ligne droite. Il est bordé, de chaque côté, d’un bout à l’autre, par deux rangées de magasins et par des lignes de chemin de fer. Les grues électriques s'y dressent, à droite et à gauche, à des distances égales, jus- qu'ici aussi nombreuses que les reverbères sur nos trottoirs. Tel qu'il est, le bassin est cependant devenu trop petit. On va en construire un autre, de même taille, qui doit être achevé dans trois ans”. » Les autres ports de l'Empire sont aussi bien pourvus, malgré leur moindre importance. On sent partout présente la pensée de Guillaume II : « Notre avenir est sur mer ». Elle a puissamment encouragé le développement de la marine mar- chande. L'Allemagne possède, à l'heure actuelle, les paquebots les plus grands, les plus rapides et” les plus confortables. On se souvient du concours de vitesse qui eut lieu, en septembre 1900, entre les deux paquebots Xaiser Wilhelm der Grosse, du Lloyd allemand, et le ZJeutschland, de lan Compagnie Hambourg-Américaine. Ce dernier emporta le record, en effectuant en cinq jours, sepb\ heures, trente-huit minutes, la traversée New York-Plymouth. | Il y à vingt ans, les navires allemands traver- saient le canal de Suez dans la proportion de 1 ° lol cetle proportion est aujourd'hui de 12 °/,, et l’Alle- magne vient aussitôt après l'Angleterre dans le”! tralic du canal. En 1870, les Allemands possédaient 179 vapeurs; en 1898, leur marine comptait | 3.693 navires (dont 1.171 à vapeur), jaugeanb| 1.555.371 (onnes (dont 969.800 pour les vapeurs) et montés par 42.488 hommes d'équipage. De | 1873 à 1895, le tonnage de la marine allemande 4 ainsi augmenté de 124 °/,. À il Douze Compagnies de navigation à vapeur, dis-| | “ Du Weser à la Vistule, lettres sur la marine allemande; || Paris, 1901, — Cf. A. Arrazrox : Le développement des prin= cipaux ports maritimes de l'Allemagne, dans la Revue) d'Economie politique, février et mai 1901. ‘ posant de capitaux s’élevant à près de 5 milliards . 800 millions, ont à Hambourg leur point d'attache. La plus importante est la « Hambourg-Amerika Linie ». Ses grands paquebots sillonnent l’Atlan- tique, la Méditerranée, l'océan Indien et le Paci- “fique. Pour servir les intérèts commerciaux et poli- tiques du pays, elle a créé des services réguliers de vapeurs entre Canton, Hong-Kong, Shang-haï, et des services postaux entre Shang-haï, Kiao- “Nchéou, Tchéfou et Tientsin; elle organise actuel- lement un nouveau service entre Yokohama et San-Francisco. Pour faire face à l'augmentation constante du trafic, ainsi qu'aux exigences des navires nouvellement construits, qui calent 10 ou 12 mètres, la Hambourg-Amerika procède à des travaux d’approfondissement de-l'Elbe. En 1902, ses paquebots rapides partiront de l’avant-port de Cuxhaven, qui sera relié alors avec le réseau des chemins de fer. De cette façon, elle pourra assurer un transport rapide et commode des passagers de Hambourg à Cuxhaven. - La deuxième Compagnie de navigation allemande est le « Norddeutscher Lloyd » de Brème. Tandis que la Hamburg-Amerika possède aujourd'hui 249 unités de navigation, dont 113 vapeurs de haute mer, jaugeant 615.000 tonnes, le Norddeuts- cher Lloyd, presque aussi puissant par la valeur matérielle et financière et le tonnage de ses trans- ports, accuse un total de 143 vaisseaux, sur esquels 62 de haute mer, d'une capacité de 500.000 tonneaux !. Les Allemands ont également manifesté leur activilé dans l'établissement des câbles sous-ma- rins. Quatre càbles relient l'Allemagne à l'Angle- terre, un cinquième est en construction. Reprenant pour son compte le projet d’atterrissement aux Acores, abandonné par la France en 1896, l’Alle- -magne a relié, à travers l'Atlantique, Emden à New- 1 I faut également signaler la création récente d'un nou- veau mode de transport maritime et fluvial, que les jour- naux allemands sigaalent comme devant être le navire de Wavenir, les 2//èges de mer (Seeleichter), sortes de chalands qui, remorqués, peuvent tenir la mer et sont fort écono- niques, tant pour la construction que pour l'exploitation. P. CLERGET — L'ESPRIT SCIENTIFIQUE DANS LE COMMERCE DE L'ALLEMAGNE 343 York. En 1899, le Gouvernement impérial a favo- risé la création d’une Compagnie, la « Deutsch Atlantische Telegraphen Gesellschaft », dont l'objet est de réunir l'Allemagne à l'Amérique du Nord et à l'Amérique du Sud. D'autre part, un effort plus puissant encore est fait pour établir un réseau télé- graphique allemand en Extrême-Orient. L'exécu- tion de ce projet est déjà commencée. Dès le début d'octobre 1900, un cäble était posé de Kiao-Tchéou à Tché-fou, point où aboutissent les nouveaux cäbles établis, également en 1900, par la Compagnie danoise « Great Northern Telegraph » et par la Compagnie anglaise « Eastern Extension Australia and China Telegraph ». De plus, Kiao-Tchéou va être bientôt relié à Shang-haï, et ce câble sera pro- longé jusqu'à Canton. Cette possession se trouvera ainsi en communication directe avec les deux grands ports chinois. Ce que nous venons de dire au sujet de Kiao- Tchéou montre bien la manière dont l'Allemagne entend se servir de ses colonies. Les colonies alle- mandes ont été créées, en effet, dans le double but de multiplier les débouchés et d'affranchir le pays de ses contributions au commerce étranger, par la culture des plantes tropicales. Née de l'iniliative privée de marchands de Hambourg et de Brème, défendue immédiatement par un parti colonial qui se forma vers 1888 et trouva tout de suite un centre dans la « Deutscher Kolonial Verein », l'œuvre coloniale allemande a pris un développe- ment qui est loin d'être achevé. Là encore, la volonté, l'union, l'esprit scienti- fique et l'esprit d'initiative, l'intervention intelli- gente et énergique de l'État, ont accompli de con- cert leur œuvre bienfaisante, souvent, malgré la Nalure même, comme autrefois, lorsqu'il s'agissait de gagner à la culture les terres infertiles de l’Alle- magne du Nord. Nous connaissons maintenant les remèdes qui s'imposent à la stagnation de notre commerce. Il nous reste à vouloir, tous ensemble, État et individus. P. Clerget, Professeur à l'École de Commerce du Locle (Suisse), REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE I. — LE V® CONGRÈS INTERNATIONAL DE ZOOLOGIE. Le V' Congrès international de Zoologie s’est tenu à Berlin, du 12 au 16 août 1901. Le volume qui renfermera 11 exlenso les mémoires communiqués ne paraitra que plus tard, mais les Tageblælter distribués pendant le Congrès renferment les ré- sumés des communications et permettent d'en donner une analyse succincte. La Revue a déjà publié un article sur l'organisation générale du Congrès’ et a reproduit le discours prononcé en séance générale par M. Delage sur les théories de lu fécondation” et celui de M. Forel sur les facultés psychiques des Insectes”. Les zoologistes s'étaient divisés en sept sections, consacrées: la première, à la Zoologie générale: la deuxième, à la Zoologie expérimentale; la troisième et la quatrième, aux Vertébrés; la cinquième, aux Invertébrés ; la sixième, aux Arthropodes, et la sep- tième, à la nomenclature. 4 ef 2° sections. — Je mentionnerai d'abord les communications de Perrier sur la fixation des alli- tudes avantageuses par l'hérédité, d'Emery sur l’atavisme, de Wilson sur la parthénogénèse des Echinodermes, et de Piepers sur le mimétisme. Ce dernier auteur s'efforce de montrer que la sélection n'a influé que d’une manière très restreinte sur le mimétisme. Wedekind a cherché à prouver que la parthéno- génèse ne dérivait pas de la reproduction sexuelle, mais que l'œuf parthénogénétique élait l'œuf pri- milif, la fécondation ne se montrant que plus tard. Simroth a soutenu que, s'il est possible de dire, en se plaçant au point de vue physiologique, que le règne animal est parasite du règne végétal et que l’état herbivore a forcément précédé l'état carnivore, cette asserlion n'esl pas en harmonie avec les données phylogénétiques, l'inverse se pré- sentant très souvent. Enfin, Schenk a développé, sur le déterminisme du sexe, des considérations qui ont donné lieu à une assez longue discussion. ‘ 3°et 4° sections. — Plate entrelient le Congrès des Cyclostomes de l'hémisphère sud, notamment du genre Geotria, dont il a pu suivre toutes les mélamorphoses, et Zograff d’un poisson très curieux du lac Baïkal, le Comephorus Baikalensis, de la famille des Cottidés, qui peut descendre à des pro- fondeurs considérables (1.600"). Fritsch s'occupe { Revue générale des Sciences, t. XII, p. tembre 1901. ? Jd., t. XII, p. 864, du 15 octobre 1901. # JZd., t. XIII, p. 120, du 15 février 1902. S46, 30 sep- D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE : l’alolo après un intervalle d’un mois. de la coloration et de l'ornementation des tégu-. ments chez les Poissons électriques et discute les. circonstances aui influent sur cette coloralion. Thou s'étend longuement sur le développement de l'Hyla arborea. La blastulation et la gastrula- tion ne présentent rien de particulier; mais la suite du développement, et surtout la formation des. replis médullaires, ainsi que le mode de fermeture du blastopore, rappellent le Lepidosiren. Plus tard, les larves, par les caractères du squelette viscéral. et de l'appareil auditif, se rapprochent du Cera- todus. I y a donc ici un mélange intéressant dans l'embryogénie, que peut expliquer l'origine com- mune des Batraciens et des Dipneustes. Je mentionnerai encore les communications de Schiemenz sur les services que la Zoologie peut rendre à l'industrie des pêches, de Schauisland sur l’'embryologie des Vertébrés et de Hubrecht sur celle du 7arsius. »° section. — Les communications ont élé très nombreuses dans cette section, qui comprenait les Invertébrés à l'exception des Arthropodes. Je ne ferai qu’indiquer celles d'Ijima, qui a présenté une superbe collection d'Eponges siliceuses du Japon, d'Apathy sur les trois formes de cellules visuelles des Hirudinés, de Pizon sur l'origine et les carac- tères des granules pigmentaires des Tuniciers, et. de Hoyle sur les organes lumineux intra-palléaux de certains Céphalopodes. En décrivant deux Néoméniens capturés au sud du 70° lat. par la Zelgica, Pelseneer fait remar- quer que ces deux formes, d’ailleurs nouvelles, sont différentes de toutes celles qui sont connues dans les mers boréales et qu'elles appartiennent à deux genres qui ne sont pas non plus bipolaires. Simroth, étudiant l'organe digestif des Mollusques, montre l'influence de la nourriture sur les caractè- res anatomiques : longueur de l'inteslin, caractères de la radula, du foie, des glandes salivaires, etc. Osawa apporte des observations très intéres- santes sur deux Polychètes japonais qui se rappro- chent du Palolo du Pacifique. Le plus curieux s'appelle Zatzi en japonais, et il se distingue du Palolo parce qu'il représente la partie antérieure du ver, tandis que le Palolo en est la partie posté- rieure; en outre, le Za/zi fait sa deuxième appa- rition après un intervalle de quinze jours et le Mac Bride explique comment il à pu réussir l'élevage des larves d'Oursins jusqu'à la métamor- phose, en sélectionnant les larves et en leur four- { nissant une nourriture appropriée. 4 {l # ! | | g à) D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE - 6° section. — Les communications présentées à tte section ont été fort peu nombreuses et je ne is guère à signaler que celles d’Absolon sur les lhvsanoures des cavernes, de Forel sur l'odorat des sectes, et de M®° von Linden sur les causes mor- ologiques et physiologiques qui produisent les orations et les dessins des ailes chez les Insectes. Enfin, la dernière section s’est occupée de ques- de nomenclature, dont les principales ont été iées dans la Æevue du 30 septembre 1901. certain nombre de conférences ont, en outre, ites dans des séances générales. Les plus ssantes sont celles de Patten sur l’origine des brés et de Poulton sur le mimétisme; celte ère était accompagnée de projections fort re- quables. J'ai déjà signalé les discours de Delage les théories de la fécondation et de Forel sur la > psychique des Fourmis. II. — ZOOLOGIE GÉNÉRALE. Dans la Revue annuelle de l'an dernier, j'ai onsacré un chapitre à l'exposé des phénomènes si urieux de la parthénogénèse expérimentale. Les ravaux publiés en 1901, sans apporter l'explication ces phénomènes, ont néanmoins fourni quelques its nouveaux fort intéressants‘. Les recherches de age sur les œufs des Echinodermes sont parti- eulièrement imporlantes. Cet auteur a d’abord onstaté qu'il y a dans l'œuf, à côté de la matura- ion nucléaire, une maturation cytoplasmique orée jusqu'alors. En voici la preuve. Les œufs istéries ne subissent leur maturation qu'une ou x heures après leur sortie de l'ovaire et au con- ict de l'eau de mer. Or, les fragments anucléés, enus par les procédés ordinaires de mérogonie œufs possédant encore la vésicule germinative bnt absolument infécondables. Mais, dès que la ésicule a pris l'aspect froissé caractéristique et ue la barrière entre le suc nucléaire et le cyto- sma a disparu, les fragments anucléés de- nnent fécondables, alors que quelques minutes avant ils ne l'étaient pas. Le suc nucléaire, diffu- ant dans le protoplasma, lui apporte sans doute des substances qu'il ne possédait pas et modifie sa composition. Le moment où la membrane nucléaire se détruit onstitue également un stade critique dans la par- nogénèse expérimentale, car les œufs traités, à moment précis, par les agents appropriés, phy- ques ou chimiques, ont donné à Delage une pro- rtion de larves beaucoup plus élevée que les œufs traités plus tôt ou plus tard. { Comptes rendus de l'Acad. des Se. de Paris, t. CXXXIII, 6, et Archiv. Zool. exp., 1901. - 349 La tendance des œufs d’Astéries à la parthéno- génèse naturelle a été parfois invoquée pour expli- quer la parthénogénèse expérimentale. Delage cons- tate qu'à Roscoff cette tendance est bien réelle, mais elle ne se manifeste que par quelques segmentla- tions et de très rares blastulas. Comme les agents physiques ou chimiques exagèrent considérable- ment cette tendance, et permettent d'obtenir jusqu'à 80 °/, de fécondations au lieu d'une proportion très restreinte, leur action est indéniable. Le nombre de ces agents actifs est également augmenté par Delage : ainsi les sels de manganèse ont une ac- tion plus énergique que les sels alcalins; la tempé- rature, à elle seule, peut aussi provoquer la par- thénogénèse, elec. Enfin, il est à remarquer que, chez l'Oursin, où la maturation de l'œuf s'effectue dans l'ovaire, la par- thénogénèse expérimentale fait développer les œufs ayant expulsé les deux globules polaires, tandis que, chez l'Astérie, où la maturation s'effectue hors de l'ovaire, les agents interviennent en inhibant la sortie du deuxième globule polaire et en pla- cant l’œuf dans les conditions de la parthénogé- pèse naturelle. Comment se comportent les chromosomes dans ces œufs ainsi rendus parthénogénétiques? Delage a déjà montré que les larves mérogoniques prove- nant d'un fragment d'œuf anucléé et fécondées par : nl un spermatozoïde, lequel n'apporte que — chro- mosomes paternels, arrivent à former dans leurs cellules 7 chromosomes, tout comme celles qui proviennent d'un œuf fécondé, dont les 7 chromo- n nl somes comprennent — paternels et = maternels. Or, les larves d'Oursins obtenues par parthénogénèse expérimentale, provenant d'œufs ayant expulsé les $ . : nl deux globules polaires et qui possèdent — chromo- somes maternels, arrivent aussi'à acquérir le nombre » réglementaire. Dans les deux cas, ce nombre n se rétablit par aulo-régulation el la per- sonnalité des chromosomes n'a rien de réel. Cette personnalité a été admise pendant long- temps comme un dogme, et l'on croyait à la fixité des chromosomes, aussi bien dans les divisions ordinaires que dans celle de l'œuf en segmenta- tion. Les observations de Delage nous montrent que le nombre des chromosomes dans l'œuf peut être quelconque au début, et qu'il se régularise au cours du développement. Il n’est donc point imposé ni réglé d'avance. Cette notion nouvelle est bien en harmonie avec tonte une série d'observations qui viennent modi- fier les anciennes idées sur les premiers phéno- |! mènes du développement. Ainsi, lon s'accorde D'° R. KŒHLER — REVUE : ANNUELLE DE ZOOLOGIE assez généralement à considérer maintenant l'œuf comme isotrope, et l’on admet que chacune de ses parties n'est pas fatalement destinée à donner une partie de l'embryon‘. Les z0ologistes tendent aussi, de plus en plus, à refuser aux trois feuillets em- bryonnaires cette fixité, cette spécificité, qu'on leur attribuait jadis. La doctrine de l'homologie des feuillets dans tout le règne animal a d'abord été fortement ébranlée par l'étude des phénomènes de régénération et de multiplication asexuée. J'avais déjà mentionné ces observations et les conclusions qu'on devait en tirer dans la Revue annuelle de 1897, et, l'an dernier. en résumant le travail de Calvet sur les Bryozoaires, j'indiquais que, chez les Ectoproctes, tous les bourgeons s'établissent aux dépens de l'ectoderme exclusivement et que ce feuillet seul se perpétue à travers la colonie. Voici maintenant que des observations précises nous montrent des substitutions de feuillets dans l'onto- génie elle-même. Chez les Insectes Aptérygotes, le tube digestif se forme aux dépens de l'endoderme ; mais, chez les Ptérygotes. cet endoderme disparait, et, comme l'a montré Lécaillon, il est remplacé par des éléments ectodermiques. Au contraire, chez la Scolopendre, d'après les recherches récentes d'Heymons ”, l'endoderme primaire disparaît éga- lement; mais il est remplacé par d'autres éléments endodermiques, qui formerontle tube digestif. Chez les Céphalopodes, Faussek * a montré que l’endo- derme disparaissait et que le mésentéron était formé par le mésoderme. Chez les Nématodes para- ‘ a observé que l’'endoderme, après avoir formé un tube digestif provisoire, entre en sites, Conte régression complète pour faire place à un nouvel intestin, d'origine mésodermique ou ectodermique. Chez les formes libres, au contraire, ce phénomène ne se produit pas et le Lube digestif endodermique persiste pendant toute la vie. En reprenant l’étude du développement des Ces- todes, Saint-Remy” vient de montrer que ces ani- maux n'offrent pas de feuillets germinatifs dis- tincts, et ce fail est, sans doute, en rapport avec la dégradation organique profonde de ces êtres. Le développement est abrégé, condensé à un degré extrème. Il n'y a, en somme, qu'un seul et unique feuillet, et, sil'on voulait. dit Saint-Remy,retrouver absolument chez les Cestodes les deux feuillets pri- mordiaux, ce sont les éléments de l'enveloppe externe (cellules vitellophages, qui devraient être, avec le plus de raison, considérées comme représen- tant l'endoderme : assimilation qui est évidemment 1 Voir le résumé de la question dans Houssay : La forme | et la vie, p. 610-612. É Zoologica, Bd. XII. 3 Mith. Zool. Stat. Neapel, Bd. XIV. Comptes rendus, 1904. Arch. de Parasitologie, t. II et VI. s exagérée; aussi Saint-Remy conelut-il, avec Hey mons, « qu'il n'existe entre les feuillets germinatifs" aucune différence histologique ou physiologique profonde, qu'ils ne possèdent aucune spécificités réelle, mais seulement une spécificité apparente, résultant de ce que, le plus souvent, ils se trouvent” placés dans les mêmes conditions ». A la suite de ses recherches sur le développementi des Céphalopodes, Faussek avait déjà développé des considérations analogues. « Si, dans la plupart des cas, écrivait-il, l'endoderme et l'ectoderme évo luent suivant des processus de développement par- ticuliers et ne donnent toujours naissance qu'à des complexes organiques bien déterminés, cela doit dépeudre des conditions mécaniques du dévelop: pement, au sens le plus large, et non de propriétés vitales intimes des cellules des deux feuillets. » Nous voici bien loin de la doctrine de l’homologi absolue des feuillets. Ce revirement qui s'opère parmi les zoologistes doit être noté, et il est certaini que, plus on va, plus on attribue d'importance aux conditions purement mécaniques dans la for mation des tissus. Est-ce à dire que le terme et même la notion de feuillets devront disparaitre des l'Embryologie? Évidemment non. Si les feuillets nes. possèdent pas cette spécificité admise jadis comme“! une nécessité, ils n'en constituent pas moins dess. termes de repère fort précieux; ce sont des cadres dans lesquels il est commode de ranger les phéno mènes embryogéniques. Tous les zoologistes recons naissent que l'espèce n'est pas une entité réelle, qu'elle se transforme continuellement, eLnéanmoins personne ne voudrait abandonner cette notion, qui reste la base de nos classifications. Il en sera d même des feuillets, qui constituent un point de départ dans l'étude et l'exposé des embryogénies: | Ï | Ÿ e III. — ZOOLOGIE SYSTÉMATIQUE. — MORPHOLOGIEN, S > 1. — Protozoaires. Les travaux les plus importants concernant cet embranchement se rapportent aux Sporozaires el. et à quelques Flagellés. J'ai déjà signalé, dans la Revue de l'an dernier, les lentatives, couronnées de succès, de Siedleckim! et de Léger pour trouver chez les Grégarines des phénomènes de reproduction sexuée. De nouvelles recherches de Léger chez les Stylorhynques® lui ont ‘ Comptes rendus, 1901. rélude de l'acte reproducteur est un enkystement e deux Grégarines, et l’on peut dire que l'une de s Grégarines est mâle, l’autre femelle, car toutes _Jes gamètes mâles seront formées par la première Fa toutesles gamètes femelles parla seconde.Chaque “Grégarine occupe la moitié du kyste. — A la surface de chacune d'elles apparaissent de nombreuses petites éminences de protoplasma, renfermant chacune un noyau : c'est le stade de erlage. Dans la Grégarine femelle, les boules ne andissent pas beaucoup, et leur protoplasma reste air : ce sont des ovules. Mais, dans la Grégarine âle, les boules s'allongent en grossissant et devien- dront de petits corps cylindriques, plus gros que les ovules, pourvus en avant d'un bec clair, renfer- mant un noyau à chromatine condensée, et munis postérieurement d’un long flagellum, quise continue dans le corps de l'élément pour aboutir à un cen- femelle et s'enfonce progressivement dans celle-ci. Comme, non seulement le noyau, mais encore tout le cytoplasma du mäle s'ajoute à la femelle, on voit celle-ci grossir pendant ce temps, et elle ne montre plus que quelques rares mouve- mrines, et les deux gamètes sont aussi différenciées que chez les êtres supérieurs. Mais ce qui donne au phénomène un caractère tout à fait particulier, 3 c'est qu'ici le spermatozoïde porte avec lui la plus “grande partie de la réserve nutritive, tandis que œuf, beaucoup plus petit, n'en renferme qu'une quantité insignifiante. - Il a été tout récemment démontré‘ que plusieurs -mäladies graves atteignant les animaux domestiques avaient pour agents pathogènes des Trypanosomes. — du Comptes rendus, 1901; Soc. de Biol., 1901; Ann. Inst. Pasteur, t. XV. * & 4 D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 947 J'ai exposé, dans la Revue annuelle de 1899, les recherches de Durham et Kantack, établissant que la Nagana, ou maladie produite chez le bétail afri- cain par la piqûre de la mouche Tsé-Tsé, était due à l'inoculalion, par ce diptère, d'un Trypanosome. Il a été reconnu aussi qu'une maladie très grave et contagieuse des chevaux dans l'Inde, la Surra, ainsi que la Dourine, ou mal de coïît, qui affecte les chevaux en Algérie, étaient dues loutes deux à des Trypanosomes. Nos connaissances ‘sur ces Flagellés étant encore très sommaires, Laveran et Mesnil’ ont cherché à les étendre, et ils se sont adressés plus parlicu- lièrement à un Trypanosome assez commun dans le sang du rat (7. Lewisi), sans loutefois négliger ceux de la Dourine (7. Rougeti) et de la Nagana (T. Brucii). Toutes ces espèces ont la même orga- nisation. Le flagellum, qui continue la membrane ondulante, prend naissance vers le milieu du corps, sur un petit corps que les auleurs, par comparai- son avec les bourgeons flagellés des Nocliluques, considèrent comme un centrosome commandant les mouvements du flagellum et de la membrane ondulante. La multiplication s'opère par une divi- sion longitudinale inégale, précédée par une divi- sion du noyau, du centrosome et d’une portion du flagellum. On trouve parfois des figures en rosace, dues à des divisions incomplètes; mais il ne parait pas yavoir d'autres modes de multiplication que la division pure et simple. Il en est de même pour les Trypanosomes de la Nagana et de la Dourine, et les auteurs contestent absolument les conclusions de Plimmer et Bradford, qui avaient admis, chez le 7. Rougeti, une Conjugai- son aboutissant à la formation de corps amæboïdes et de plasmodes: ils pensent qu’en raison de la grande tendance que les Trypanosomes ont às’agglu- tiner, on a pris pour des formes de reproduction de simples agglutinations accidentelles. Les vrais Trypanosomes ne comprennent que des Flagellés parasites du sang des Vertébrés. La- veran et Mesnil les distinguent des Trichomonas, qui sont construits sur le même type, mais qui sont plus compliqués et possèdent une sorte de sque- lette interne. Les parasites déjà connus dans le sang du Brochet et de la Sole appartiennent aussi au genre 7rypanosoma, mais le Rotengle offre une forme différente, caractérisée par un flagellum à chaque extrémité : les auteurs lui donnent le nom de 7rypanoplasma. $ 2. — Nématodes. La biologie des Nématodes a élé très négligée jusqu'à présent ; aussi, je m'étendrai quelque peu EME e 7 heu 1 Archiv. Zocl. exp., 1900 et 1901. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE sur deux Mémoires de Maupas, se rapportant l'un à l'hermaphrodilisme et à la parthénogénèse, et l'autre aux mues d'évolulion chez ces animaux. L'hermaphroditisme a déjà été signalé chez quelques Nématodes:; mais, d'après les recherches de Maupas, cette particularité est beaucoup plus fréquente qu'on ne l'avait cru : il l'a observée chez 18 espèces, la plupart nouvelles. L'hermaphrodi- tisme n'a pas affecté d'une façon spéciale les carac- tères généraux et spécifiques des Nématodes uni- sexués, qui tous répondent à la forme femelle de l'espèce. L'appareil génital fonctionne d'abord comme testicule, et les jeunes cellules germinatives donnent des spermatozoïdes qui sont conservés dans une sorte de réceptacle séminal. Puis, les cel- lules accumulent du vitellus et forment de gros ovules qui seront fécondés par ces spermatozoïdes. Il y à done ici hermaphroditisme protandrique et fécondation autogame. Cette fécondation s'effectue dans la consanguinité la plus stricte, les ovules et les spermatozoïdes, provenant d'une même glande, étant des produits frères au sens le plus rigoureux. Mais une chose curieuse et commune à lous les Nématodes éludiés par Maupas, c'est l'insuffisance de leur hermaphroditisme : le stock de spermato-. zoïdes ne suffit guère qu'à féconder le tiers des œufs, et ceux qui seront pondus après son épuise- ment se désorganiseront rapidement. En cherchant attentivement, on rencontre parmi ces femelles quelques mâles rarissimes, mais bien complets. Ces mâles ont perdu tout instinet et tout appélit sexuel : on ne les voit jamais faire la moindre tentative d'accouplement, et leur indiffé- rence contraste avec l’ardeur sexuelle du mâle chez les espèces dioïques. L'hérédité paternelle se trouve ainsi complètement supprimée au bénéfice de l'hé- rédité maternelle, qui persiste seule. Bien plus, Maupas a tenté de reféconder, par leurs mâles rarissimes, les hermaphrodites ayant épuisé leur provision de sperme, et il a vu ses essais rester presque toujours infructueux. Dans une des rares espèces où il a réussi, cette féconda- tion hétérogame eut une influence arrénotoke sur les produits, la s'étant beaucoup élevée. La présence de ces mâles est proporlion des mâles intéressante à connaitre, car ils sont les derniers manifestants d'un ancien état dioïque : ce sont des mâles ataviques, comme les mâles complémentaires des Cirripèdes. Ces constalalions amènent nalurellement Maupas à conclure que l'hermaphrodilisme des Nématodes est acquis secondairement el que la dioïcité est. l'état primitif. Il aurait été fort intéressant de savoir si les Né- matodes hermaphrodites pouvaient se reproduire indéfiniment par simple aulofécondalion et si leurs générations se maintiendraient loujours intactes dans celle consanguinité absolue. Maupas incline à le croire, sans en avoir néanmoins la preuve définitive, car si, au bout d’une cinquantaine de. générations successives, ila observé des dégénéres- cences, ces phénomènes coïncidaient avee des élé-. valions de température qui paraissent avoir été la cause de l'extinction des cultures. È Cerlaines espèces étudiées par Maupas ne lui ont jamais montré un seul mäle, malgré des observa- tions réitérées ; elles méritent donc bien le nom de parthénogénétiques. Les Nématodes offrent, comme les Arthropodes, des mues d'évolution qui sont fort mal connues; dans toutes les espèces étudiées par Maupas, le nombre de ces mues s'est invariablement maintenu. au chiffre quatre. L'existence de ces êtres est donc. divisée en cinq stades, et les mues correspondent toujours à des états parfaitement identiques pour chacune d'elles. Ilestassez probable que cechiffre se retrouvera chez d’autres Nématodes. La régularité dans le nombre et la succession des mues crée un. nouveau rapprochement entre les Nématodes et les Arthropodes et justifie, une fois de plus, la créa-. tion du groupe des Chitinophores. $ 3. — Arthropodes. J'ai rendu compte, dans la Revue de 1898, des premières observations de Malaquin sur les Mons- trillidés. Dans un nouveau travail’, l'auteur expose avec détails le développement absolument extraor- dinaire de ces Crustacés et leur parasitisme évolutif. # Les Monsirillidés sont des Copépodes qui, à l'état adulte, sont pélagiques et ont le tube digestif atrophié. Pendant une certaine phase de leur déve- loppement, ils vivent en parasites dans les vaisseaux de certains Serpuliens (Salmavyna el Filigrana). Les premiers stades du développement se pas- sent comme chez tous les Copépodes libres. Il sort de l'œuf un Nauplius, rappelant par sa forme celui des Copépodes, mais dépourvu de tube digestif. Pour continuer son évolulion, ce Nauplius doit rencontrer un Serpulien, sur les téguments duquel il se fixe et au travers desquels il pénétrera. Une. fois la pénétration accomplie, le Nauplius perd ses, appendices el sa culicule; en même temps qu'il chemine vers la profondeur, il se transforme en une simple masse de cellules et l'œil disparait hys tolysé : c'est un véritable retour à un état embryon= naire. L'embryon arrive dans le cœlome, en che- minant à la manière d'un élément amæboïde, et il va enfin se loger dans un vaisseau de l'Annélide,h généralement le vaisseau ventral, où il subira une évolution particulière; c’est la phase de parasite ! Archiv. Zool. exp., 1901. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE interne, à laquelle Malaquin donne le nom d’em- bryon hémopote. Le résultat de cetle évolution - sera la transformation de la masse cellulaire en un nouveau Nauplius, offrant une paire d'antennes “antérieures articulées, une paire d’antennes pos- térieures inarticulées considérablement allongées et se présentant comme deux longs appendices tentaculiformes ; la troisième paire d'appendices du Nauplius, qui manque parfois, a la même forme que les antennes postérieures. Le corps, cylin- ‘drique, se termine en pointe en avant et en arrière; il n y a pas trace de segmentalion, et le tube diges- if n’est représenté que par l'invagination stomo- déale. Cette larve interne répond absolument aux fauplius des formes à embryogénie condensée : il ne peut y avoir de doute sur les homologies de ces “appendices, dont la forme tient au parasilisme; aussi, Malaquin propose-t-il de donner à la larve e nom de Nauplius hémopote. Les deux longs tentacules servent à puiser, dans le sang de l'hôte, les aliments nécessaires à ia nu- ition du Nauplius hémopote. La fin de la vie parasilaire est marquée par des mouvements de plus en plus violents, qui finissent par provoquer la rupture du corps de l’Annélide et la sortie du parasite. Les tentacules se détachent et restent dans le système circulatoire, où ils se résorberont; quant à la blessure des téguments, elle se cicatrise en quelques heures. Les organes sexuels s'étaient développés pendant la vie parasitaire du Monstril- lidé et, quand celui-ci est mis en liberté, il n'a qu'à Subir une mue pour devenir apte à la reprodue- tion. La vie du Monstrillidé libre est. d'ailleurs, très courte, car il manque de tube digestif : il est très fréquent d'en capturer qui sont ercore lrès actifs et dont les organes internes, ainsi que les yeux, sont plus ou moins atrophiés. « Les Annélides parasités peuvent renfermer un Ou plusieurs embryons. Malaquin a observé que, lorsque deux ou trois embryons se développent dans un même hôte, ils deviennent tous des mâles ; and il n’en existe qu'un seul, il pourra devenir, Soit mâle, soit femelle ; la règle est formelle. En résumé, dans l’évolution des Monstrillidés, premier stade larvaire ou Nauplius libre suc- CIESL de nn: CRT Ce. ci Ses développé d'une facon progressive, comme si les conditions du développement étaient celles d’une embryogénie d ondensée, où l'embryon, muni d’un vitellus abon- dant, développe tous ses organes et PRENUICE : van: l'éclosion. Les phénomènes si curieux découverts par Mala- in chez les Monstrillidés sont donc comparables à ceux que Delage a signalés chez la Sacculine, après pénétration de la larve Cypris dans l'inté- rieur du Crabe. Heymons! a publié un Mémoire considérable sur l'embryologie de la Scolopendre, qu'il consi- dère comme une forme inférieure d'Arthropodes, et il cherche à montrer que son développement est intermédiaire entre celui des Annélides et des Arthropodes supérieurs; cette préoccupation se manifeste à chaque pas dans son lravail. Au début, le vitellus offre en son centre un cer- tain nombre de noyaux, entourés de protoplasma, qui se multiplient. Le vilellus se divise ensuite en pyramides ou macromères endodermiques, entre lesquelles émigreront les noyaux centraux pour devenir superficiels et former le blastoderme. En un point qui répond au pôle végétatif, des cellules se séparent de ce blastoderme pour constituer des micromères endodermiques qui envelopperont les pyramides vitellines. Cet endoderme primaire n'est pas définitif, et, après avoir servi à absorber le vitellus, il sera remplacé par un disque imaginal, ayant d’ailleurs la même origine que lui et situé vers le proctodeum. Comparant ce processus avec ce qui se passe ailleurs, Heymons conclut que la Scolopendre, chez laquelle une partie seulement des micromères est conservée pour donner l'endo- derme définilif, est bien intermédiaire entre les Annélides, où l’endoderme primaire est conservé tout entier, et les Plérygotes, où cet endoderme primaire est remplacé par des éléments ectoder- miques. Il est intéressant de suivre le développement des organes d'origine mésodermique, appelés cordons lymphatiques, tubes acides, etc., et qui fonctionnent comme les néphridies des Annélides. L'auteur à pu s'assurer qu'ils provenaient des mêmes parties qui, chez le Peripatus, forment les néphridies ; il les considère done comme des organes segmentaires rudimentaires. Une portion importante du travail d'Heymons est consacrée à la morphologie du cerveau de la Scolopendre. Cet organe s'établit aux dépens de quatre ébauches : 1° un rudiment impair silué dans l'acron; 2° deux rudiments pairs préoraux; 3° trois ganglions postoraux disposés métamérique- ment dans les segments correspondants ; 4° enfin une portion impaire viscérale. Les deux premières ébauches se soudent au premier ganglion postoral pour former le syncerebrum, qui est homologue au cerveau des Annélides. Heymons s'occupe enfin de la métamérisation de la tête, non seulement de la Scolopendre, mais de tous les Arthropodes, et il distingue les types { Zoologica, Bd. XII. 300 D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE ayant six métamères céphaliques de ceux qui en ont sept. Il divise, à ce point de vue, les Arthro- podes en : 4° Chelicerafa, sept métamères (Arachnides, Limules); 2 Atelocerata, à six méla- mères; la deuxième paire d'antennes manque (My- 3° Teleiocerala, à six méta- à riapodes, Insectes): mères; la deuxième paire d'antennes est présente (Trilobites, Crustacés.) $ 4. — Mollusques. Les Mollusques ont fait, en 1901, l'objet de nom- breux travaux, dont les plus importants se rappor- tent à l'étude de différentes formes anciennes. Ce sont d'abord les Pleurotomaires, dont une espèce, le P. Quoyana, a déjà été étudiée précédemment par Bouvier et Fischer. Quelques exemplaires de P. Beyrichii, provenant du Japon, ont permis à ces deux auteurs‘ d'examiner l'appareil respiratoire. Cet appareil est caractérisé par le faible dévelop- pement des branchies et leur localisation dans la moitié antérieure de la chambre. Cette disposition confirme l'hypothèse de Bütschli, d'après laquelle l'appareil respiratoire des Diolocardes primitifs serait formé par le déplacement en avant de deux branchies qui se trouvaient en arrière, à droite et à gauche du rectum, chez les ancêtres chitoniformes du groupe. Entre les deux branchies, le plafond palléal est richement vascularisé et il ressemble absolument à un poumon d’Aelix. De son côté, Woodward”a pu étudier quelques autres organes de ce mème ?. Leyrichii. La radula offre une structure très simple avec des caractères primitifs. La structure des branchies présente des caractères assez inattendus et le squelette cartila- gineux, situé sur le côté dorsal des lamelles bran- chiales, rappelle tout à fait les Céphalopodes. Cette relation est d'autant plus intéressante que, par la présence d'un cæeum stomacal spiral, les Dioto- cardes se rapprochent encore des Céphalopodes. Quantaux reins, Woodwardconelut, comme Perrier, que le rein unique des Monotocardes est homo- logue aux deux reins des Diotocardes. Drew * s'est occupé du développement d'une forme inférieure de Lamellibranches, la Nucuta delphinodonta ; quoique les embryons se dévelop- pent ici dans un sac incubaleur, l'embryogénie ne parait pas différer sensiblement de celle des Yoldia. Plate * a publié, en ces dernières années, plu- sieurs Mémoires sur l'anatomie et la phylogénie des Chitons ; le dernier date de 1901. Ce savant fait descendre tous les Mollusques des Turbellariés, qui auraient donné, d'une part les Annélides, ! Comptes rendus, 1901. ? Quart. Journ. Micr. Sc., 3 Ibid. * Zool. Jahrbücher, Supp. Bd. IV et V. 1901. d'autre part les Solénogastes ; de ceux-ci vien- draient, en divergeant, les Céphalopodes, les Chi: tons et les ancêtres de tous les autres Mollusques. C'est en se basant sur la constitution du système nerveux, sur les relations entre le cœlome et les“ reins, sur le développement des œufs dans des follicules, ete., que Plate éloigne les Céphalopodes des Chitons pour les faire descendre directement de la souche commune. Enfin, les Placophores et les Aplacophores, bien que reliés par certains caractères, sont en réalité très différents. Les trois Mémoires de Plate constituent une œuvre considérable, renfermant, pour l'histoire des Chitons, de nombreux documents, dans l'analyse desquels il m'est impossible d'entrer ici. Plate avait déjà affirmé que la métamérie des Chitons n'élait pas primitive. L'étude des reins et des vaisseaux, les caractères d’asymétrie et de variabilité des branchies, ete., ont conduit Pelse neer ! à formuler la même opinion dans un Mé moire consacré aux Mollusques archaïques. Ce travail est surtout descriptif. Dans plusieurs de ses conclusions, l’auteur est en désaccord avec Plate ainsi, il affirme les affinités et même l'identité presque absolue des Placophores et des Aplaco phores, en raison de la disposition du système nerveux et de la situation du péricarde. Pelseneerm| insiste aussi sur la parenté des Placophores et des Aspidobranches. Pour lui, les Amphineures sont de vrais Mollusques et ce sont même les plus“ archaïques; ils ont des affinités avec les Polychètes, errants et les ressemblances sont particulièrement sensibles entre les Chitonidés et les Euniciens. Pelseneer s’est aussi demandé lequel des deux reins des Diotocardes correspondait au rein unique. des Monotocardes. Contrairement aux théories de! Perrier, reprises par Woodward, qui nécessitent une translocation du rein droit vers l’autre côlé dun, rectum, Pelseneer voit dans le rein gauche l'homo= logue du rein unique des Pectinibranches, et cela, bien que, chez les Patelles, ce rein gauche soit le plus petit, ce qui avait fait croire qu'il était en voie de disparition. Il reste encore, comme on les voit, bien des points obscurs, dans les affinités des. Chitons et la morphologie des Diotocardes. sieurs formes curieuses ou litigieuses de Gastéros podes pulmonés, telles queles Siphonaria, Gadini Oncidiella, Otina, etc., et il prouve que toutes @ formes conteslées, que certains auteurs ont rappors lées aux Nudibranches, sont bien des Pulmonés; mais des Pulmonés spécialisés. ! Mém. Cour. Ac. Se. Bruxelles. t. LMII. * Mem. Ac. R. Belgiquezt. LIN. D' R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE 351 de Lacaze-Duthiers possède une origine différente ie celle de la masse principale du cerveau. Il prend, Len effet, naissance après la constitution du centre cérébral, par une invagination ectodermique homo- logue à celle qui donnera le corps blanc des Cépha- En: (Faussek) et l'organe nuqual des Poly- Mchètes. On s'explique ainsi pourquoi ce lobe offre ncore, chez les Limnées et les Planorbes adultes, IV. — GÉOGRAPHIE ZOOLOGIQUE. FAUNES. J'ai exposé, en 1899, les recherches de Pruvot sur la faune marine de nos côtes du Roussillon. LA et “espagnole de Gerone. Il à ainsi pu recueillir, sur les fonds et la faune de cette région, des maté- : Haux de comparaison avec nos côtes francaises du “Roussillon et de la Provence. Le re du plateau français, avec les sont qu ‘il ce dans la Région de Banyuls, se gone Animaux qui, dans le golfe du Lion, sont cantonnés, S uns dans la vase pure, les autres dans les sables. | Ce mélange des faunes est, d’ailleurs, en harmonie avec la nature intermédiaire des sédiments el jus- tifie encore l'attribution que Pruvot a faite à une même région, la région côtière, de la vase côtière ) et des sables du large. 7% Max Weber a fait, en 1899-1900, à bord du Si- : Doya. une exploration zoologique dans l'archipel À Arch. Zool. experim., 1901. TE - Malais. Cette région marine est l'une des plus riches du globe, et les collections obtenues sont d'autant plus importantes que le Siboga a effec- tué de nombreux dragages profonds. Aussi la publi- cation qu'il commence promet-elle d’être intéres- sante. Le premier fascicule, dû à Sluiter, est consa- cré aux Holothuries, et l'un des résultats les plus saillants de cette étude est que plusieurs formes abyssales ont été rencontrées par le Sibogaà des pro- fondeurs bien moindres que celles où on les capture d'habitude. Des types qui n'avaient encore été trouvés qu'au delà de 2.000 mètres ont été dragués entre 500 et 1.000 mètres; un Pathyplotes nouveau a même été capturé à 56 mètres. Des formes abys- sales typiques peuvent donc se rencontrer à de fai- bles profondeurs et s'y adapter, et la limite d'exten- sion supérieure des Holothuries abyssales est notablement élevée à la suite de ces découvertes. Le Gouvernement belge a commencé la publica- tion des résultats du voyage de la Belgica. Des trois fascicules parus, un seul concerne la Zoologie : il traite des Ophiures et des Échinides étudiés par moi-même. J'ai résumé dans la Revue de l'an dernier mes conclusions, qui contredisent formellement la théorie de la bipolarité. Les Æésullals des Campagnes scientiliques du prince de Monaco se sont augmentés du travail de Thoulet sur les fonds sous-marins et d'un beau fascicule de Studer sur les Alcyonnaires. Enfin Milne-Edwards et Bouvier ont publié les Crustacés Brachyures et Anomoures du Zulisman. Parmi les autres Mémoires relatifs aux faunes marines, il convient de citer un fascicule des Zrge- bnisse de l’'Expédition du Plankton, consacré aux Hypérines par Vosseler; deux fascicules de la Fauna arclica, renfermant plusieurs monogra- phies (Alcyonnaires, Astéries, Bryozoaires, Sipho- nophores, Pantopodes, Poissons), etles publicalions d'H. Gadeau de Kerville sur les faunes marines de Normandie. Les colleelions recueillies par l’Znves- tigator dans l'Océan Indien ont fourni à Alcock malière à deux gros volumes sur les Décapodes, et Willey a découvert parmi elles un nouvel Acranien du genre Pranchiostoma. Cet auteur en a profité pour reviser la classification de ces êtres ! Ferronnière” a publié des études biologiques sur la faune supra-littorale de la Loire-Inférieure, notamment des environs du Croisic, ainsi que de la région maritime de la Loire entre Saint-Nazaire et Nantes. Son travail renferme des renseignements assez précis sur la faune des marais salants du Croisie et surtout l'exposé de nombreuses expé- riences en vue d'élucider les effets du passage des animaux de l'eau douce à l’eau salée et sursalée. 1 Quart. Journ. micr. Se., 1901. 2 Thèse de la Fac. Sc. de Paris, 1901. 392 D’ R. KŒHLER — REVUE ANNUELLE DE ZOOLOGIE Parmi les travaux se rapportant aux faunes d'eau douce, je ne ferai que signaler celui de Coutière” sur les Palémonides des eaux douces de Madagas- car, avec des considérations sur la distribution géographique de ces Crustacés, et de Pénard” sur les Rhizopodes de la faune profonde du lac Léman. Je m'arrêterai plus volontiers à des recherches récentes sur la faune du lac Baïkal. L'intérêt qui s'attache à l'étude de ce lac provient de son origine marine récente et de la grande profondeur qu'il peut atteindre (1.800 m.) Les explorations de Dy- bowski* ont fait connaître une faune très remar- quable par sa richesse, par le coloris des animaux, surtout chez les Crustacés, et par ses caractères marins. Les représentants les plus curieux de celte faune sont des Crustacés voisins de types de la mer Blanche (Pallasea Kessleri et P. cancelloides), un Nudibranche, l'Ancylodoris Baicalensis, qui rap- pelle la Doris verrucosa; un Gammaride pélagique (Coristantia Branickii), qui est très fréquent; de nombreux Mollusques (Zaikalia, Valvata, Hydro- bia, ete.), et enfin deux Polychètes (Zyhowscella Baïcalensis et D. Godlewskii). Comme les autres Polychètes d'eau douce (Manayunkia, Caobangia et Haplobranchus), les Dybowscella sont des Sabelli- diens:; mais ils ont les sexes séparés, tandis que les trois genres ci-dessus sont hermaphrodites. Un voyage plus récent a permis à Korotneff* de retrouver les 2yhowseella et de découvrir toute une série de formes nouvelles : des Éponges très cu- rieuses, une Planaire de très grande taille, qu'il appelle Æimacephalus, une Némerte, qui n'appar- tient à aucun groupe déjà connu et qui s'écarte de toutes les autres formes d’eau douce (Baicalone- mertes), et enfin un Bryozoaire cténosome, voisin des Palludicella, VEchinella placoides, qui forme des croûles de 15-25 millimètres de diamètre. Malheureusement, Korotneff n'a pas pu explorer les profondeurs, qui auraient sans doute réservé bien des surprises. Le seul type abyssai que l’on connaisse, et que Dybowskia signalé, est un Cottidé, le Comeplorus baicalensis. Ce Poisson, dépourvu de nageoires ventrales, a les yeux fortement proé- minents, et les léguments peu pigmentés: il vit d'ordinaire entre 700 et 1.500 mètres; mais, après le mois de novembre, les femelles s'approchent des côtes pour déposer leurs œufs. A propos de la faune des Entomostracés du vieux Danube, êt après un savant exposé, que je passerai sous silence, des caractères et des varia- tions du Plankton, Steuer* aborde l'examen de la { Ana. Sc. nat., Zool., vol. XII, 1901. 2 Rev. Suisse Zool., 1899 et 1901. 3 Kosmos, Bd. XXV. 4 Biol. Centralblatt, Bd. XXI. > Zool. Jahrb., Abth. 1. Systematik, Bd. XW. répartition des Entomostracés dans les eaux douce de l'Europe. Utilisant ses propres recherches € celles de Zograff, il propose une division de € continent en cinq régions, qui se suivent du nord au sud avec des associations fauniques caracté: | ristiques, et qui sont les suivantes : La l'° région, ou région arctique, comprend Péninsule scandinave, la Russie occidentale, l'Is=4 lande, etc. Elle se caractérise par la rareté des Diaptomides, qui se développent plus au sud, et la présence des Bosmina obtusirostris, B. arclica Diaptomus glacialis et D. baccillifer. Cette dernièr espèce se retrouve plus bas, dans les Alpes: Le 2° région se limite au sud par une ligne allam de l'embouchure de l’Elbe à Berlin, et se relevan vers Varsovie; elle est caractérisée par l'Heteron cope appendiculata et Y Eur ytomera lacustris; La 3° région est limitée au sud par une ligne qui | suit, avec quelques sinuosités, le 50° lalitude nord très étroite en son milieu, elle s'élargit de part e d'autre pour embrasser, à l’est, une grande parties de la Russie, à l’ouest, la Belgique et la Hollande Cette région n'offre guère que des caractères néga tifs : absence des types de la région précédente avec Diaptomus graciloides de la région suivante La 4° région comprend la France, la Suisse, la Hongrie, les steppes de la Russie méridionales| Elle est caractérisée par les petits Bosminiés, pan les Diaptomus vulgaris en France, et 2). gracilis en Bohême. Il est à remarquer que, dans les massifsi MY de la région arctique : Diaptomus baccilifer, laciniatus, ete. ; les Pyrénées et le Caucase offrent une même réapparition de types boréaux ; La 5° région, ou région circumméditerranéennem est caractérisée par son Plankton pauvre en Ento mostracés, et comparativement riche en Rotateurss Steuer observe une concordance assez exacte el très suggestive entre les limites des régions qu'il établit et celles des différentes époques glaciairesh tracées par Geikie. Ainsi, sa 2° région a des limites méridionales presque calquées sur celles de las 3° période glaciaire de Geikie; la limite sud de la! 3° région est très voisine de celle de la 2° périodël glacière. La carte que publie Steuer indique ces coïncidences d'une manière très claire. moslracés. Des travaux de ce genre, et aussi bi documentés, offrent un réel intérêt, et il serait désirer que des recherches semblables fussen faunes d'eaux douces. L L' R. Kœhler, L2 1° Sciences mathématiques _B gourdan (G.), Aséronome titulaire à l'Observatoire de Paris. — Le Système métrique des Poids et … Mesures. — 1 vol. 1n-8° de 458 pages, avec figures, « planches et portraits. (Prix : 10 fr.) Gauthier-Vil- - lars, éditeur. Paris, 1902. Aucune histoire détaillée du Système métrique n'avait écrite depuis l’époque où, très près des événements, elambre consignait, dans un ouvrage justement cé- re, les nombreuses et délicates opérations d’où sont ortis les premiers étalons du mètre et du kilogramme. Et, cependant, la période historique du système n’a asété close le jour où la Commission du Mètre, con- ite par Laplace, présentait au Conseil des Cinq-Cents, uis au Conseil des Anciens, les étalons qui devaient ester, pendant près d’un siècle, ceux du premier sys- me de mesures appelé à devenir universel. Mais l'indif- ence est venue; aux discussions très vives auxquelles Système avait donné lieu, a succédé, au moins en ance, le silence qui descend lentemert sur les choses ue l’on a toujours connues, et qui ont, depuis long- nps, cessé de surprendre par leur nouveauté. Il n’en était pas de même partout; et, dans tous les pays, nombreux dans ces derniers temps, où le système fait son apparition, il a été accueilli avec un grand nthousiasme. Enfin, le besoin de plus en plus grand des mesures précises, non seulement dans la science, mais dans les industries les plus diverses, a remis par- ut en faveur l'étude de ce système qui, seul, par son admirable ordonnance et par l'organisation puissante ui en facilite l'application précise, est capable de four- In à la science et à l’industrie ce que l’une et l’autre gent aujourd'hui d'un système de mesures. Le moment était donc particulièrement bien choisi ur Suivre pas à pas, pendant tout un siècle, la nais- ince et le développement du système, pour montrer, ns les périodes antérieures, les Lentatives prématurées Punification, pour faire revivre le milieu où il est né, et époque qui, seule, peut-être, dans l’histoire du monde, ouvait prétendre à la création, avec quelques chances succès, d’un système fait de toutes ‘pièces, sans au- ne réminiscence des systèmes passés ou présents. leurs, cette histoire, que M. Bigourdan, avec beau- p de talent et une très grande érudition, sait rendre ante, est, en bien des époques, intéressante comme n roman, pleine de passionnants épisodes, issus, les ns des circonstances très particulières dans lesquelles > système a vu le jour, les autres des luttes qu'il a fallu vrer contre la routine et le mauvais vouloir pour lui surer une définitive victoire. Cependant, comme toute institution viable, le sys- e métrique n'est pas né, ainsi que beaucoup de per- onnes le croient, d’un seul coup et sans préparation : uton, en 1670, Picard en 1671, Huygens en 1673, lent proposé de prendre l'unité des mesures dans la Nature. En 1747, La Condamine était revenu à cette idée, soutenue un peu plus tard par Prieur. Au com- | mencement du règne de Louis XVI, Turgot avait tenté _ d'uniformiser les mesures, Enfin, en 1789, un grand | nombre de bailliages consignèrent le vœu d’une réforme dans leurs cahiers, « comme un moyen efficace, disait le bailliage d'Amiens, d'entretenir l'abondance, de untenir, dans toutes les provinces, le juste équilibre ins les prix des mêmes denrées, et d'augmenter le mmerce par la simplification des calculs à la portée tous les individus ». La campagne de mesures de l'arc du méridien, entre- Œ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, ; - BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 393 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX prise dans le Nord de la France par Delambre et dans le Sud par Méchain, est classique, et la plupart de ses épisodes ont été fréquemment racontés : les clochers servant de signaux détruits au cours des mesures, l'obligation de substituer, aux toiles blanches destinées à les rendre plus visibles, des banderoles tricolores afin de manifester la haine pour les rois, la captivité et fina- lement la mort de Méchain, à la suite d’un déplorable accident. Parmi tous ces épisodes, M. Bigourdan fait un choix judicieux, ne gardant que ceux qui contri- buent à donner des passions de cette époque une idée bien nette, et à faire toucher du doigt l'incroyable énergie quil fallut pour mener à bien les mesures. On connaît moins les difficultés que la Commission rencontra à Paris même : l'impatience de la Convention « à vouloir faire jouir Le plus tôt possible la Nation fran- caise de ce bienfait de la Révolution, en effacant jusqu'à la trace des divisions territoriales et féodales dont les diversités des anciennes mesures étaient une suite », impatience qui la conduisit à constituer une Commis- sion temporaire, puis l’épuration de cette Commission, à laquelle on enleva Condorcet et Lavoisier, enfin les modifications successives des définitions, qui valurent plus tard au système l'accusation de versalilité par laquelle on chercha à le faire repousser. M. Bigourdan nous conduit très sürement à travers celle histoire mouvementée, faisant des citations nombreuses de do- cuments peu répandus et d'une saveur bien particu- lière aujourd'hui. < Cependant, grâce aux efforts de la Commission, grâce aussi, il faut le dire, à la vigueur que les divers gou- vernements qui se succédèrent au pouvoir mirent à le propager, le système se répandit assez rapidement, jusqu'au moment où, en 1812, le Gouvernement impérial eut la malencontreuse idée de vouloir ménager une période de transition en instituant le pied et la toise métriques. On rentrait ainsi dans le gâchis, qui ne cessa que par l'application de la loi de 1837, entrée en vigueur le 1° janvier 1840, et quiconsacra définitivement le système métrique comme le seul légal en France. Si les origines du système sont bien connues dans leurs grands traits, en revanche, il est peu de personnes qu'ait intéressé jusqu'ici l'époque de sa résurrection, assez terne au point de vue historique, et que n'agitent plus les grandes passions auxquelles la genèse du système avait été intimement mêlée. Les discussions qui eurent lieu à cette époque sont dignes cependant d'être étudiées; elles montrent bien nettement, par les documents qu'elles mettent en lumière, combien un système de poids et de mesures est fortement ancré dans l'âme du peuple, et quelle est l'extrême dif- ficulté de tout changement dès que l’on veut moditier les bases de toutes les transactions commerciales. Le système métrique commençail aussi à se répandre à l'étranger. En 1816, les Pays-Bas, alors réunis, l'avaient adopté, tout en conservant les désignations locales; plusieurs provinces d'Italie le possédaient; l'Espagne ne tardait pas à l'introduire, et, vingt ans après, lorsque les premières Expositions universelles commencèrent à porter leurs fruits, on vit se produire, dans un grand nombre de pays, une vigoureuse poussée en faveur du système. La septième décade du siècle fut décisive, à la fois par la rapide extension que prit le système, el pat l'évidence avec laquelle se fit jour la nécessité d'une entente irternationale, destinée à en assurer en tous pays l'application uniforme. En 1867, l'Association géodésique internationale avait émis le vœu de la créa- tion d’un mètre européen, copié sur le mètre des Archives de France, mais qui serait la propriété q* commune d'un groupe d'Etais; en 1869, Jacobi pré- sentait, à l'Académie des Sciences de Paris, au nom de l'Académie de Saint-Pétersbourg, un Rapport afin de provoquer une action commune, sous les auspices du Gouvernement français. Bientôt fut constituée la Com- missioninternationale, dont les délibérationsaboutirent, en premier lieu, à fixer les bases nouvelles du système métrique, mis d'accord avec les exigences des mesures de précision de l'époque actuelle, el ensuite à créer le Bureau internationnal, auquel ont été confiés tous les travaux de haute Métrolosie, en vue du perfection- nement des mesures et de la diffusion des étalons métriques les plus précis que l'on puisse faire. Cette dernière partie de l'ouvrage de M. Bigourdan est consacrée en entier à l'histoire du Bureau interna- tional, histoire à laquelle ont été intimement mêlés les plus grands noms de la science française, en raison de la part prépondérante dévolue à une Commission issue de l’Académie des Sciences pour la construction matérielle des étalons. Les débuts du Bureau international, les nombreux débats auxquels ont donné lieu les modifications aux définitions primitives des unilés métriques sont assez peu connus, et sont intéressants à lire, en ce qu'ils montrent l'évolution nécessaire du système à mesure du progrès de la science, et font pressentir les chan- gements que les définitions devront encore subir pour tenir compte des influences de plus en plus petites que le progrès des mesures parvient à déceler. Cette partie de l'histoire du système est donnée en détail dans l'ouvrage de M. Bigourdan. Les installations du Bureau international y sont plus rapidement indiquées, ainsi que ses travaux les plus récents. A ce point de vue, cet ouvrage est complètement indépendant d'une publi- cation que j'ai eu l’occasion de consacrer récemment au Bureau, et qui constitue en quelque sorte la suite et le complément de celui dont nous nous occupons. L'étude récente des progrès du système métrique montre que le Bureau international en a réellement assuré l’uniformité dans tous les Etats qui ont adhéré à la Convention du mètre. Et, comme conséquence, ces Etats, qui reconnaissent, comme seule obligation, de concourir à l'entretien du Bureau, ont presque tous rendu le système ou facultatif ou seul légal. Un grand pas à été fait récemment par son adoption facultative par la Russie; les pays anglo-saxons le reconnaissent par une série de lois dont chacune marque un progrès sur l'état antérieur. Dans le Royaume Uni, les bureaux locaux sont pourvus d'étalons métriques destinés à vérifier ceux du commerce. Aux Etats-Unis, le yard est déduit, par un rapport numérique, de l’étalon du mètre, qui constitue le véritable étalon national des mesures. Les récents congrès ont assuré l'unification, sur les bases métriques, des pas de vis, des fils textiles, des Jauges commerciales. Enfin, par l'introduction des tropomètres dans la marine, les angles seront bientôt comptés en divisions décimales du quart de cercle, et, par conséquent, les mesures itinéraires seront expri- mées en kilomètres, et non plus eu milles, correspondant à la minute sexagésimale du degré. Tel est l’état actuel de la glorieuse histoire du système auquel, dans peu d'années, aucun pays ne demeurera étranger, et qui continuera, d'âge en âge, à répandre ses bienfaits. Cu.-En. GUILLAUME, Directeur adjoint du Bureau international des Poids et Mesures. 2° Sciences physiques Claude (Georges). — L'Électricité à la portée de tout le monde. (Nouvelle édition). — 4 vol. in-8° de 360 pages, avec nombreuses gravures dans le texte. (Prix : 6 fr.) V*° Dunod, éditeur. Paris, 1902. Combien de fois avons-nous entendu des ingénieurs de notre génération déplorer leur ignorance et l'insuffi- sance de leurs études premières en présence de Ja rapi- dité d'évolution de la science électrique, qui ne leur BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX - laissait pas un moment de répit pour se mettre au cou: rant des nouvelles découvertes. Il y a à peine vingt= cinq ans, bien modeste était le bagage de l'Electrici telle qu'on l’enseignait dans les écoles. Un peu d'éle tricité statique, les piles, les actions respectives courants et des aimants, les bobines Ruhmkorff et comme applications, les sonnettes, la télégraphie, quel ques machines d’induction employées en Physiologie © dans les laboratoires et de timides essais d’éclair. Beaucoup de théories, très peu d'utilisations pratique Aussi l'étudiant d'alors était-il peu entrainé à s'assi ler consciencieusement des phénomènes qui n'’étaie pas encore sortis du domaine de la curiosité. Depui cette époque, l'Electricité a fait beaucoup de chemin: les progrès réalisés dans la construction des machin à vapeur ont grandement profité aux dynamos de tou puissance, dont l'emploi s’est multiplié pour la produc tion des courants continus et alternatifs; les accumu teurs ont été créés, ces admirables réservoirs d’'énergil qui servent de volants régulateurs dans la distribution enfin, on à appliqué aux dynamos le principe de k réversibilité qui est, sans contredit, la raison principal du développement prodigieux de l'Electricité auqu nous assislons, puisque viennent s'y rattacher les m liples questions de transport de force à distance, qi intéressent toutes les industries. Cette série ininterro pue de nouveautés était bien faite pour dérouter le personnes auxquelles leurs occupations journalières permettent pas l'étude approfondie d’un sujet deven ardu, tant en raison de la suppression presque absol des anciennes théories que par suite du vocabulaire spécial nécessairement créé. De nombreux ouvrages plus ou moins élémentaires pouvaient être évidemment consultés avec fruit, mais aucun d'eux n'avait jama été écrit en vue des besoins de la généralité des lecteur à la fois très ignorants des définitions et principes très désireux de comprendre rapidement le pourquoi le comment des applications. Le livre de M. Claude a comblé cette grosse lacune: Son titre : l'Electricité à la portée de tout le monde est plus que justifié, car il nous a été rarement donné de voir présenter des questions aussi sévères et aus arides sous une forme plus enjouée et plus attrayante Il n’est pas besoin de s'armer de courage pour parcous rir d'un bout à l'autre les 360 pages qui forment le volume, et l'intérêt du lecteur augmente à chacun de chapitres dont l'ordre est très logique et la successio bien ménagée. Les multiples analogies entre les phéno mènes électriques et hydrauliques, auxquelles se come= plait l'auteur, ont cet immense avantage de simplifier des raisonnements souvent ingrats et de laisser da l'esprit une trace profonde, même à première lectu C'est là un moyen mnémotechnique que nous avons sur tout apprécié dans la partie de l'ouvrage qui a trait aux courants variables et alternatifs. Un résumé très su cinct et très clair termine chacan des treize chapitr où la théorie est exposée, et la réunion de tous ces résus més, qui tiendrait seulement en quelques pages, contien pour ainsi dire toute la science électrique. D'autres cha pitres intermédiaires, en caractères plus fins, se rappo tent aux applications. Ils ne sont pas indispensables la suite des raisonnements, mais c'est là que se dél sera le lecteur, en y retrouvant décrits et figurés les nombreux appareils qu'il coudoie dans la vie courante les principes des récentes inventions dont les journa sont pleins, comme la lampe Nernst, les rayons X, télégraphie sans fil, la télégraphie multiple, etc., Il est évident que le succès d'un tel ouvrage, écrit p un ingénieur de talent doublé d'un savant modeste, es tout à fait mérité el nous ne saurions trop y applaudie ExiLe DEMENGE, Ingénieur métallurgiste, Lancaster (A.), Directeur du Service météorolo: qique de Belgique. — Annuaire météorologique l'Observatoire royal de Belgique pour 1901. = { ro. jn-16 de 516 pages, avec planches. Hayez, imprimeur. Bruxelles, 1904. œ % 3 Sciences naturelles rue (H.). Zngénieur agricole. — Le vin. — 1 vol. ° de 208 pages, avec 6 figures, de lEncyelopédie - scientifique des Aide-Mémoire.(Prix : broche, 2 fr. 50; - cartonné, 3{r.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1902. M. Astruc est préparateur à la Station œnologique de ude depuis plusieurs années. 11 a donc été placé dans xcellentes conditions pour étudier la vinitication au oint de vue théorique et au point de vue pratique. arbonne est, en effet, l'un des centres principaux de production des vins du Midi et, dans la Station œæno- logique, dirigée par un ænologue très distingué, M. Semi- chon, ont été effectuées de nombreuses et intéressantes herches scientifiques. auteur connait donc bien son sujet, et il l’a traité irement, mais d'une manière peut-être un peu trop necincte ; le cadre des Aide-Mémoire était un peu étroit. rtaines parties auraient gagné à être un peu plus iguement développées et le volume eût été un excel- nt vade-mecum pour les viticulteurs. Tel qu'il est, il ourra déjà leur rendre de grands services. n sait quelle crise traverse en ce moment la vilicul- ure. Plus que jamais, il faut que les viliculteurs produi- nt bon et à bon marché. Pour la production des vins ordinaires, c'est dans les grandes installations, utilisant les procédés préconisés par la Science et pourvues d’un matériel pertectionné, que l'on peut le plus facilement atteindre ce but. Pour abaisser autant que possible le prix de revient du vin, M. Astruc insiste avec raison sur l'importance que présente l'utilisation des sous-produits, marcs, lies, tc., etc. C’est, en effet, un principe d'Economie indus- Irielle de réduire au minimum les non-valeurs. Cela ient d'autant plus important que, si le vin a baissé e valeur dans des proportions considérables, les sous- produits ont conservé à peu près la leur. X. RocqQues, Ingénieur-Chimiste, Ancien chimiste principal du Laboratoire municipal de Paris. v Decrock (Elie). — Anatomie des Primulacées (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris). —1 vol. in-8° de 202 pages, avec figures dans le texte. Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1901. - Depuis quelques années, nous dit l’auteur en com- mencant, Les travaux anatomiques ont été un peu aban- donnés ; c'est, ajoute-t-il, qu'ils n'avaient pas tenu leurs omesses. Il aurait pu, sans peine, établir qu'ils étaient ort incomplets et que la Science en a liré peu de profit. Decrock a voulu faire beaucoup mieux, et il y a AsSi. Il semble superflu d'affirmer que, pour faire sur des antes un travail instructif, il n'est pas inutile de les en connaître. Quelques auteurs s’en préoccupent peu, pourtant, et leurs travaux sont surtout remarquables r l'ignorance qu'ils révèlent. On s'imagine trop aisé- nent que, pour faire une bonne étude d’analomie égétale, il suflit de faire habilement des coupes ou voir un serviteur capable de les bien faire. Ce n'est ourtant pas tout; il s'en faut. De nombreux Mémoires, i encombrent les Revues depuis quelques années, onnent un démenti à cette manière de voir. Pour bien arler des choses, il faut les connaître, et pour les bien nnaître, il faut les voir venir; il y a un siècle qu'on l'a « C'est par là que M. Decrock a commencé. S'il s’est attaché à l'étude des Primulacées, c'est qu'il avait ap- récié par lui-même l'intérêt qui s'attache aux plantes 8 cette famille ; il les avait recherchées dans la Nature. les a cultivées dans les conditions normales de leur ; il les connait et savait ce qu'il demandait d'elles. st pour cela qu'il a pu faire un excellent travail, int de départ, il nous le fait espérer, d'une étude spéciale pour laquelle on le sent préparé. “S'il est permis de regretter quelque chose dans ce BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Q2 © OC Mémoire, c’est la condensation extrême de la pensée de l'auteur. À travers ces descriplions anatomiques d’un style bref, aphoristique, transperce à chaque page une connaissance profonde de la morphologie. On sent que l’auteur eût pu dire beaucoup plus; il a voulu demeurer strictement fidèle aux promesses de son titre et n'étudier que l’Anatomie ‘des Primulacées. Mais que de fois il nous laisse regretter de ne pas savoir ce que lui a appris l’organogénie de la fleur et l'embryogénie, l'ana- tomie comparée des espèces! Nous ne Jui en tiendrons pas rigueur s'il nous donne bientôt une œuvre magis- trale dont nous voulons ne voir que l'introduction dans le Mémoire que nous analysons. Il y a bien des nouveautés dans celte Anatomie des Primulacées. Quelques-unes sont d'ordre général; les Primulacées ont fourni à l’auteur l'occasion de les révéler. Le type de structure de ces plantes ne s'écarte pas, dans son ensemble, du type dicotylédone normal, et l'on peut étendre au groupe entier certaines conclusions suggérées par leur étude. C'est ainsi que le cylindre central de la racine est considéré par l’auteur comme un faisceau conducteur libéro-ligneux et non comme une série de faisceaux libériens et de faisceaux ligneux. La valeur morphologique de la tige, en tant qu'organe axile, n'est pas comparable à la valeur morphologique de la racine. Des coupes failes au sommet des tiges ne montrent jamais un cylindre central nettement défini. A ce niveau, le système conducteur de la tige est tou- jours dans le prolongement direct des traces foliaires ; la tige n’est donc pas un organe homogène, mais l'as- sociation des rachis foliaires. Il n'y a pas lieu de distinguer le bois primaire du bois secondaire dans la tige; les premiers vaisseaux se diffé- rencient aux dépens d’un cambium à cloisonnements tangentiels et non aux dépens de cellules procambiales. Laissant de côté l'anatomie descriptive des genres, qui révèle l'abondance des malériaux mis en œuvre par M. Decrock, et la caractéristique anatomique de la famille, portant sur tous les organes, depuis la racine embryonnaire jusqu'à l'ovule et à la graine, arrètons- nous un instant sur les résultats relatifs à la systéma- tique et à la biologie des Primulacées; ils sont moins arides et d’un intérêt plus général. La famille des Primulacées se divise naturellement en deux sous-familles, dont la valeur se déduit à la fois de caractères morphologiques et de caractères anato- miques. Les Primulacées sont avant tout des plantes hygrophiles. Néanmoins, dans les deux sous-familles, il y a des genres xérophiles, présentant, dans les détails de structure, des caractères dus à l'influence du milieu. Des deux côtés, il y a un type de structure hygrophile et un type de structure xérophile. Le genre Primula doit être considéré comme le genre nodal de la famille ; il est, en même temps, le type hygro- phile des Primuloïdées. Autour de lui se rangent quel- ques genres à peine distincts des Primula, puis les genres Pomatosace et Hottonia, qui doivent leurs carac- tères communs au milieu aquatique, enfin les So/da- nella, Bryocarpum, Dodecatheon, étroitement unis entre eux par les caractères tirés de la feuille, de l'in- florescence et de la fleur. Le genre Androsace se rattache d’une part aux l’ri- mula par ses types hygrophiles, au genre Aretia par ses espèces xérophiles. Grâce à son tubercule et à sa réserve d'eau, le genre Cyclamen s'isole des Solanella, Bryocarpum et Dodecatheon. k L'adaptation a imprimé aux genres Dionysia, Aretia, Douglasia, un port et une structure uniformes. Entre les Aretia et Douglasia d'une part et les Primula d'autre part, se trouve toute une série d'Androsace dont les termes extrêmes sont hygrophiles ou xérophiles et servent de trait-d'union entre les Primuloidées xéro- philes et les Primuloïdées hygrophiles. La plupart des Lysimachioïdées sont vivaces el hygro- philes. Par la présence de rhizomes qui végètent dans le sol humide, elles paraissent mieux adaptées que les 356 Primuloïidées hygrophiles, dont la tige se détruit rapi- dement dans sa partie souterraine. C'est vraisembla- blement le genre Lysimachia qui a servi de point de départ à une série de divergences qui nous conduisent aux Anagallis, aux Coris, aux Samolus et au Glaux. Les Lysimachioidées sont supérieures en organisa- tion aux Primuloïdées. Ces deux groupes sont essen- tiellement hygrophiles, et toutes les différenciations morphologiques profondes de l'appareil végétatif qui séparent les genres Primula et Lysimachia des autres genres de la famille, doivent être attribuées à l'in- fluence xérophile du milieu. Nous devons nous borner à ces quelques données générales. Ajoutons, pour conclure, qu'aucune mono- graphie anatomique d'une famille naturelle de Phané- rogames n'a été poussée aussi IQin ni avec autant de méthode que celle-ci. C’est pourquoi nous en demandons la suite avec insistance. C. FLAHAULT, Professeur à l'Umversité de Montpellier. De Mortillet (Gabriel et Adrien). — Le Préhisto- rique. Origine et Antiquité de l'Homme. 3° édition. — 1 vol. in-8°, de 709 pages, avec fiqures. (Prix 8 fr.) Schleicher frères, éditeurs. Paris, 1901. M. Adrien de Mortillet vient de faire une nouvelle édition du livre, très connu, de son père. Cependant, ce n'est pas une simple réédition : c'est une refonte complète de l'ouvrage, commencée du vivant de M. G. de Mortillet en collaboration avec M. A. de Mortillet, et continuée par ce dernier seul, après la mort de son père, qui fut un des fondateurs des études préhisto- riques en France. D'ailleurs, le volume n'embrasse pas tout le Préhistorique, ou, mieux, toute la période de la pierre, comme les éditions précédentes. Il n’y est ques- tion que de la pierre taillée ou Paléolithique. Tout ce qui concerne le Néolithique paraîtra dans un autre volume, dans lequel sera aussi traité l’âge du bronze, qui n’a pas élé touché du tout dans l'ouvrage original de M. G. de Mortillet. C'est toujours une chose délicate que de vouloir aug- menter el corriger une œuvre connue ; souvent, à force de la « mettre au courant des dernières découvertes », on finit par la transformer complètement. Le meilleur exemple du genre est offert par les éditions succes- sives de la Géographie de Malte-Brun, qui finirent par rendre méconnaissable l'ouvrage original : oubien, dans l'ordre d'idées qui se rapproche le plus de notre sujet, les éditions du « Vülkerkunde », de Peschel, déformées à tel point par M. Kirchhof que les héritiers et les édi- teurs ont jugé à propos de faire la huitième édition tout simplement en réimprimant la première sans aucune correction. Si nous disons cela, ce n'est pas pour décourager M. A. de Mortillet de nous donner la suite de l'ouvrage, mais pour signaler les difficultés de la tâche, et cela aussi bien pour l’auteur-éditeur que pour le critique. L'œuvre étant forcément moins hétérogène, les diffé- rentes parties doivent être jugées plus ou moins sévè- rement.Ainsi, on pourrait reprocher à M. A. de Mortillet d'avoir trop insisté sur les «os rayéset impressionnés », et sur « les traces laissées par l’homme sur les os » dans les gisements supposés tertiaires; et, cependant, s'il ne l'avait pas fait, on pourrait, avec autant de rai- son, lui faire le reproche d’avoir écourté et mutilé la pensée de son père. De même, il eût mieux valu faire rentrer dans le chapitre x1 (Précurseur de l’homme anthropopithèque) la question du Pithecanthropus, qui figure au chapitre x1r (Singes fossiles), et parait être ainsi résolue dans le sens de la nalure simiesque de cet être énigmatique. Par contre, dant le tertiaire, mouvements des mers, etc. » n'a rien à faire, suivant nous, dans le chapitre x1, à côté du « Précurseur de l'homme », et en a été, en effet, séparé dans la première édition du l'réhistorique 1883). D'ailleurs, l'ordre des matières n’est plus le même que dans l’ouvrage original, dans toute la partie BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX l'Europe pen-. consacrée au quaternaire (les 6/7 de l'ouvrage). On voit d'abord traitée l'industrie ou technologie, puis l'homme ou anthropologie, la faune ou zoologie, la flore ou botanique, la géologie, et enfin la géographie de tout le quaternaire, au lieu de l’apercu d'ensemble pour cha cune des périodes (Chélléen, Moustérien, etc), comm cela était dans la première édition. Personnellement, nous aimons mieux cette manière de traiter; mais elle bouleverse complètement le plan de l'œuvre originale et l'exposé-s'en ressent. j Nous aurions pu formuler plusieurs réserves en ce qui concerne l'oubli de nombreuses publications ré- centes, concernant la succession de plusieurs période glacières en Europe ou la craniologie préhistorique; mais il est impossible qu'un ouvrage contenant des dizaines de faits mentionnés à chage page puisse être sans fautes et sans omissions. L'ensemble est plein de renseignements et le vo- lume est édité avec un grand soin. Le nombre d figures a été doublé par rapport à la première édition, L'index, à la fin du volume, est copieux et exact. J. DENIRER, . Bibliothécaire du Muséum d'Histoire naturelle. 4° Sciences médicales Martel (Henri), /nspecteur des Services sanitaires au Ministère de l'Agriculture. — Recherches expé- rimentales sur la variabilité du Bacillus anthracis (T'hèse de la Faculté de Paris). — 1 vol. in-8° de 86 pages. C. Naud, éditeur. Paris, 1902. L'observation la plus superficielle montre que les. êtres vivants subissent l'influence du milieu où ils séjournent. En faisant varier à volonté les conditions de culture 2n vivo et in vitro de certains végétaux très! inférieurs, on peut déterminer, au sein de ces orga- nismes, des variations morphologiques et biologiques des plus intéressantes. Mieux qu'aucune autre bactérie, la bactéridie charbonneuse se prête à ce genre de recherches. Elle en est le prototype. Elle a servi de point de départ aux belles études de Davaine et de Pasteur. C'est encore à elle qu'a recours M. H. Martel pour approfondir, dans de nombreuses recherches ori- ginales et personnelles, l’étude de la variabilité micro- bienne. L'auteur étudie l'influence de la composition chimi- que du milieu de culture, le rôle de la lumière, la part qui revient aux milieux vivants parasités, et l’action de. la température et de la pression sur les cultures en voie de développement. Puis, cessant de contrôler les: réactions morphologiques, il s'attache à l'étude des variations biologiques de ce bacille. Il constate ce fait intéressant que le mycelium fila- menteux — forme normale du Bacillus anthracis cultivé en milieu nutritif liquide — se fragmente en bâtonnets droits plus ou moins courts sous l'influence des cul- tures successives dans l'organisme du chien. Les bacilles sont parfois si courts qu'ils peuvent donner l'illusion de cocci. Un autre fait, également curieux, estrelatif au pouvoir pathogène de la bactéridie. Un Bacillus anthracis de virulence moyenne, c'est-à-dire inactif sur le chien adulte, même après des inoculations à doses massives, devient apte à se développer plus aisément, dans l’orga- nisme du chien adulte et en bonne santé, lorsqu'il a traversé l'organisme de l'animal atteint de rage spon- tanée ou expérimentale. En dehors de cette question très attrayante de la variabilité du Bacillus anthracrs, il convient encore de noter que les conclusions auxquelles conduit cette étude ne sont pas seulement d'ordre scientifique pur; elles peuvent présenter un intérêt direct pour la pratique médicale : la création d'une race hypervirulente, pour une espèce donnée, pouvant permettre de reprendre. dans de meilleures conditions l'étude de la sérothé- rapie de la pustule maligne de l’homme. : 1 | ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS g Séance du 10 Mars 1902. … M. Winogradsky est élu Correspondant pour la “Section d'Economie rurale. - 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Lebesgue démontre que, si une fonction donnée admet un développement gonométrique, c’est la série de Fourier. — M. J. C. Kluyver expose les résultats qu'il a obtenus sur les éries de factorielles, indépendamment de M. Nielsen. M. P. Duhem montre que le théorème de Lagrange pplique à tous les points d’un liquide visqueux in- ompressible, sauf à ceux qui, à un instant donné, uraient joué le rôle de point singulier ou se seraient trouvés sur une ligne singulière. — M. J. Guillaume adresse ses observations du Soleil faites à l'Observatoire le Lyon pendant le troisième trimestre de 1901. Il y a une diminulion considérable de la surface tachée; semble que le minimum undécennal des taches s’est “présenté vers le milieu du mois de septembre. M 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. Leduc et Sacerdote écrivent quelques expériences relatives à la cohésion des liquides. — M. Ch. Nordmann expose une théorie “électromagnétique des aurores boréales et des varia- tions et perturbations du magnétisme terrestre. La evue reviendra prochainement sur ce sujet, — M. J. overt a étudié les phénomènes de diffusion au moyen e la méthode optique qu'il a précédemment décrite. es coefficients obtenus s'accordent assez bien avec “ceux qu'on déduit des données électrolytiques par la théorie de Nernst. — M. F. Osmond, à propos de Ja ïüle récente de MM. Nagaoka et Honda sur la magné- riction des aciers au nickel, émet l'hypothèse que, our les aciers reversibles non affectés d'hystérèse et ont les {transformations sont terminées à la tempéra- e ordinaire, les choses, en tenant compte des causes erreur, se passent à peu près comme si l’on avait faire à de simples mélanges de fer et de nickel. — . G. Charpy et L. Grenet ont étudié les transfor- ations des aciers par la méthode dilatométrique. es sont au nombre de deux: l’une, brusque, se pro- sant à 700° avec contraction de volume et corres- dant à l’absorption de chaleur observée au point horilique à dans la méthode pyrométrique; l’autre, gra- duelle, semblant correspondre à une contraction pour saciers à moins de 0,85 °/, de Cet à une dilatation pour aciers à plus de 0,85°/, de C, et prenant fin à une ipérature voisine de a,. Le point a, ne correspond à Aucune variation de volume. — MM. H. Moissan et Smiles, en solidifiant, grâce à l'air liquéfié, tous produits condensables formés par l'attaque du sili- e de magnésium au moyen de HCI étendu, ont enu un mélange qui, par fractionnement, leur a né un gaz et un corpsliquide spontanément inflam- ble à l’air. Ce dernier est un hydrure de silicium de rmule SiH$5, — M. de Forcrand a constaté qu'il existe s degrés différents de peroxydation du zine : Zn°0r, 07 et Zn0° ; le premier est stable à 100v; le dernier bextrèmement instable à froid. Ces corps sont tous ratés. Il n'existe pas d’iutermédiaire entre Zn0 et #0"; les produits obtenus par Thénard, Kouriloff et S sont des mélanges. — M. H. Joulie à préparé un Seau phosphate de soude Na‘H°P°05 en versant de de phosphorique officinal sur du phosphate diso- ue cristallisé jusqu'à réaction neutre au tournesol. nouveau sel est très soluble dans l’eau et est actif à 2 moindre que le phosphate disodique. — MM. A. nstiehl et E. Suais ont reconnu que la réduction Re - "2 ou ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 3 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER des matières colorantes azoïques orthonitrées se fait en deux degrés sans dislocation du groupe azoïque. Le terme final est un dérivé du phénylpseudoazimido- benzène. — MM. J. Minguin et E. Grégoire de Bolle- mont ont remarqué que la transformation du bornéol en son éther formique produit une augmentation du pouvoir rotaloire en valeur absolue; puis celui-ci va en diminuant graduellement dans la série : formiate, acé- tate, propionate, etc. — M. P. Thomas, en traitant un mélange de glucose et de galactose par le Saccharo- myces Ludiwigii, a observé que ce bacille fait fermenter le glucose et laisse le galactose inaltéré; celui-ci peut être retiré presque pur avec un rendement de 85°/,. — MM. Lesage et Dongier ont constaté que la mesure de la résistance électrique permet de suivre la marche des fermentations, en particulier celle du lait. La ré- sistance du lait frais est en moyenne de 250 w; elle diminue progressivement jusqu'à 180 w, point où se produit la coagulation spontanée; puis elle diminue encore à mesure que se poursuit la fermentation. — MM. M. Doyon et A. Morel: Recherche sur la fonction lipolytique du sang (voir p. 315). 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. N. Vaschide et Cl. Vurpas ont étudié la vie biologique d'un monstre xiphopage. Chaque sujet a une vie biologique nette- ment délimitée au point de vue des fonctions circula- toires, respiratoires, musculaires, de même que pour les besoins organiques. Toutefois, il semble exister une sorte de parallélisme des deux vies, qui évoluent distinctement, mais dont les fonctions biologiques s’ac- complissent suivant un rapport préalable qui existe entre elles, —M. J. Winter poursuit ses considérations sur la notion du volume en urologie. — MM. R. Lépine et Boulud ont retiré du sang de chiens asphyxiés des leucomaïnes, qui, in vitro, ont entravé la glycolyse du sang normal. — MM. A. Prenant et G. Saint-Rémy ont trouvé, chez les Couleuvres, trois sortes de forma- tions dérivées des poches branchiales proprement dites: 1° des bourgeons pleins, produits par l'épaississement de la paroi d’une évagination dorsale; 2° des ébauches creuses, produites par l'évolution de toute la paroi du cul-de-sac formaut le fond de la poche ; 3° des ébauches creuses, provenant d'un petit segment de la région moyenne de la poche. — M. J. Beauverie a constaté qu'une Marchantiacée, la Fegatella conica, est, à l’état végétatif, presque constamment et largement infestée par un champignon filamenteux, appartenant au genre Fusarium. Cette association a le caractère d’une sym- biose et profite aux deux plantes. —_ M. B. Renault décrit une Fougère fossile, hétérosporée, trouvée dans les silex de Grand-Croix près de Saint-Elienne, appar- tenant à la base du houiller supérieur. Elle lui paraît être l'ancêtre des Parkériées; il lui donne le nom de Parkerioidea stephanensis. — M. A. Muntz poursuit l'étude des conditions de végétation des vignobles à haut rendement. Ceux-ci ont besoin de plus fortes quantités d'éléments fertilisants, mais ces dernières ne croissent pas proportionnellement aux quantités de matériaux sucrés élaborés. Pour produire le maximum de quantité compatible avec la qualité, il faudrait établir un équilibre entre la proportion de feuilles el celle de raisins, calculé de telle sorte que le raisin fût en quantité strictement suffisante pour recueillir le sucre que la feuille élabore à son intention. Séance du 17 Mars 1902. M. Yermoloff est élu Correspondant pour la Section d'Economie rurale. l 1° SCIENCES {MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard présente 398 quelques remarques sur les périodes des intégrales doubles qui n'ont pas de résidu et leur emploi dans la transformation des surfaces alsébriques. — M. L. Au- tonne communique ses recherches sur les groupes réguliers d'ordre fini. — M. B. Levi présente quelques considérations sur la théorie des fonctions algébriques de deux variables. 20 SCIENCES PHYSIQUES — M. A. Leduc a étudié la con- servation de l'énergie réfractive dans les mélanges d'alcool et d’eau. Il montre que l'indice de réfraction doit être maximum pour un mélange contenant 78 °/, d'alcool en poids; l'indice serait alors de 1,3673. Ce résultat a été vérifié expérimentalement. — M. P. Lan- gevin décrit une méthode pour la détermination de la mobilité des ions dans les gaz. — M.G.Contremoulins détermine la quantité de rayons X émis dans un temps donné et le degré de pénétration de ces rayons par lec- tures simultanées fournies par la fluorescence d'un écran au platino-cyanure de baryum, disposé derrière deux fenêtres confondues par un de leurs bords, avec une troisième fenêtre éclairée par une lumière artifi- cielle d'intensité variable. — M. A. Ponsot démontre la loi suivante : La chaleur mise en jeu dans la réaction totale de corps pris sous l'état solide et supportant une pression produite par la tension des vapeurs qu'ils émettent, et la chaleur mise en jeu dans la réaction totale et sous volume constant des mêmes corps pris à l'état gazeux, tendent vers la même valeur au zéro absolu. — M. Massol a déterminé : {° la chaleur de dis- solution de l’ammoniaque liquide à—75°(#1,77 cal.); % Ja chaleur de dissolution de l’'ammoniaque solide (—0,068 cal); 3° la chaleur latente de fusion de l’am- moniaque solide (—1,838 cal.) — M. C. Matignon a préparé les sulfates acides et basiques de néodyme et de praséodyme Nd(SO‘“H}*, (NdO}*S0*‘, Pr(SO‘H}, (PrO#SO, — M. V. Thomas indique un procédé de dosage volumétrique des sels thalliques. On ajoute un excès d'hyposulfile de soude titré, puis d'iodure de potassium, puis de l'empois d'amidon et on fait cou- ler de la solution d'iode jusqu'à coloration bleue. — M. A. Astruc signale une méthode de dosage alcalimé- trique du méthylarsinate disodique ou arrhénal basée sur ce fait que, en présence du tournesol, du tournesol- orcine et surlout de l'acide rosolique, { mol. du corps exige pour la neutralisation une molécule d'acide mono- basique. — M. G. Chavanne a préparé, par la méthode de Kænigs et Knorr, un acélochlorarabinose et un acé- tobromarabinose tout à fait purs C'H5O(C*H°0°):CI! Br]. — M. R. Fosse montre que le binaphtylèneglycol de Rousseau n'est autre chose que le dinaphtoxanthydrol : CLHS; CHOU/ >0. £ CH M. P. Th. Muller a reconnu que la constante qui per- met de calculer la réfraction moléculaire des acides, et dont la valeur moyenne est de 1,5 à 1,6, s'élève jusqu'à 3,5 et 4 pour les pseudo-acides; c’est un nou- veau moyen de caractériser ces derniers. —- M. Th. Schloesing à délayé diverses terres dans l'eau pure et recueilli les divers lots qui se déposent après 15 sec., 1 min., 5min., 1 h., etc... de repos. On constate une progression rapide des proportions d'acide phosphori- que et de fer dans la série des dépôts, ces deux corps se trouvant toujours dans des rapports compris entre des limites très voisines. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. N. Vaschide et H. Pierron ont étudié les phénomènes psychiques du xiphopage qu'ils avaient précédemmentexaminé au point de vue physiologique. La majorité des actes psychiques s'esquissent presque simultanément. — M. À. Mou- neyrat a reconnu que le méthylarsinate disodique est, dans la plupart des cas, impuissant à lui seul contre la phosphaturie des tuberculeux. L'administration simultanée de phosphore organique sous forme d'acide nucléinique a produit, au contraire, les meilleurs résul- tats. — M. L. Léger montre que le genre Leptomonas ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES doit être complètement supprimé et que le genre Her petomonas doit subsister pour désigner les Monadine aciculées du Trilobus et de la Musca dom. — M. P.-P Dehérain a constaté qu'il est avantageux de serrer betteraves fourragères dans la culture; on obtient ain plus de matière sèche, plus de sucre et moins de sals pêtre qu'en les laissant écartées. Il serait également préférable de les remplacer par des demi-sucrières. M. G. André a étudié l'action de la température su l'absorption minérale chez les plantes étiolées. La com paraison de l’étiolement à 15 et à 30° montre une à mentation remarquable de la silice dans le second cal corrélativement avec une augmentation de la vas culose. — M. P.-G. Charpentier a cultivé à l'ét pur une Algue unicellulaire verte, le Cystococcu humicola. À la lumière, elle se développe en consom mant tout le sucre mis à sa disposition, avec un rende ment élevé; à l'obscurité, elle pousse moins rapi ment et met en réserve de gros grains d’amidon. M. J. Binot fait l'étude de la flore microbienne neiges, glaciers et eaux du massif du Mont-Blanc. nombre des germes est, en général, très faible. Ces des bactéries sporulées, des levures, des Streptotric et quelques Mucédinées à spores résistantes. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 11 Mars 1902. La Commission nommée à la suite de la communi tion de M. Bucquoy sur la quarantaine du Sénégal Frioul présente son Rapport et propose l'adoption d mesures suivantes, pour répondre aux critiques f mulées sur le lazaret du Frioul et l'Administration san taire : 1° Réparer et compléter les pavillons du lazar du Frioul, qui ne répondent plus aux nécessités d l'hygiène moderne ; 2 Créer, à la pointe N. E. de Pom gues, une station sanitaire plus indépendante service de désinfection du lazaret; 3° Placer e permanence à la tête du lazaret un médecin en che nommé par le Ministre, ayant les mêmes attribution: que le médecin en chef d'un hôpital par rapport @ directeur de la santé d’un port ou d'un corps d'armée 4° Remplacer sans délai les règlements très anciens € surannés du lazaret par un règlement intérieur approuvé par le Ministre, déterminant les droits et les devoirs de chacun et servant de base pour l’exéculio du service; 5° Demander à M. le Ministre de la Marine de vouloir bien comprendre le sérum antipesteux 6 les instruments nécessaires à son emploi dans la menclature des médicaments dont doivent être munis les navires de commerce voyageant au long cours. Ré duire la durée de la quarantaine d'observation des pas sagers inoculés au lazaret avec le sérum antipesteux 6° Chercher, à l’aide d'expériences scientifiques et pr& tiques, les meilleurs procédés pour détruire rapidemer et sûrement les rongeurs avant le déchargement de navires arrivant dans un port, sans détériorer les mat chandises, et rendre cette destruction obligatoire pou toutes les provenances de ports infectés. — M. Lance reaux montre que la plupart des cas de mort rapid et subite, loins d'être dus à des ruptures du cœur ou de vaisseaux où à tout autre désordre matériel, ne pr sentent, la plupart du temps, aucune lésion organique ne sont que les effets d'un trouble nerveux de l'estom qui arrête instantanément les fonctions du cœur. = M. Motais à constaté que le mécanisme de la rotatio de l'œil de l'homme n'est pas analogue à celui des énarthroses, mais qu'il comporte d'abord une inflexio des couches graisseuses post-bulbaires et du nerf optique dans le sens de la rotation du globe; puis I& capsule, adhérente aux deux pôles du globe, suit néces sairement son mouvement; mais, grâce à son élasli et à Ja laxité d’un repli, le mouvement propice du glol prend un peu d'avance sur celui de la capsule. M. Albarran lit un mémoire sur le traitement radica de l'hypertrophie de Ja prostate par la prostatectomie péritonéale, +. Séance du 18 Mars 1902. — M. Sevestre présente un rapport sur un mémoire de MM. Netter, Bourges et Bergeron, concernant la pro- mphylaxie de la diphtérie par les injections préventives “de sérum. De ce mémoire se dégagent les faits suivants: Les injections préventives de sérum ont une action “manifeste; elles produisent l’immunisation chez les enfants exposés à contracter la diphtérie. Elles n'ont “jamais donné lieu à des accidents sérieux; mais la période d'immunisation n’a qu'une durée de trois à quatre semaines au plus. Les injections de sérum sont “spécialement indiquées dans les familles où s'est déve- “loppé un cas de diphtérie pour préserver de la contagion “les autres enfants, ou pour les enfants appartenant à une agglomération (école, crèche), où un cas a été “signalé. — M. Le Dentu présente un rapport sur un mémoire de M. J. Fontan relatif à la chirurgie du cœur. L'auteur a pratiqué la suture du cœur dans deux cas de blessures par incision et a obtenu la guérison de ses malades. — M. A. Laveran, à propos des conclusions ‘du Rapport de la Commission de la peste, demande de proclamer la nécessité absolue de soumettre à la désin- fection tous les navires qui ont touché des ports conta- minés par la peste, alors même qu'il n'y-à pas eu de malades à bord. — MM. Didsbury et Reynier signalent “un nouveau procédé d’analgésie des dents par l'élec- miricilé. — MM. Chipault et Lefur communiquent un “cas de névralgie des 8, 9 et 10° racines dorsales, avec tic abdominal par lésion méningée localisée, traité par “la résection radiculaire. — M. Routier donne lecture d'un Mémoire sur un cas de plaie du cerveau avec perte de substance correspondant au centre moteur cortical du membre supérieur; il s'ensuivit une paralysie motrice immédiate, qui guérit dans la suite. — M. Mendel lit un travail sur un procédé de traitement direct des affec- tions broncho-pulmonaires. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 8 Mars 1902. M. R. Anthony a étudié l'adaptation des muscles à la compression. Le muscle s'aplatit d'abord, se lamine en quelque sorte; puis, la substance musculaire est | complètement expulsée et la portion de l'organe com- » primée est totalement transformée en tendons. Si la compression augmente encore, le tendon s'amincit, “init par disparaitre, et le muscle transporte son inser- “lion au point où la compression n'existe plus. — M. Gellé a observé une tension extrême du voile du palais dans l'émission des sons de fausset; c'est elle qui amène l'absence de résonance nasale. — MM. L. Ca- umus et J.-P. Langlois ont constaté que le chloralose “na pas pour les rats une toxicité supérieure à celle qu'il a pour la plupart des autres animaux. — M. F.-J. Bosc a reconnu que la clavelée produit dans le foie, à côté des lésions de dégénérescence graisseuse et des lésions Yasculaires, un cancer véritable, un épithélioma d'ori- “sine trabéculaire. — M. R. Dubois a observé que les … marmoltes, en dehors de la période hivernale, ne pré- sentent aucune résistance spéciale au jeùne; elles se “comportent, sous ce rapport, comme des rongeurs non nm hivernants. — MM. G. Billard et Dieulafé ont constaté “que les émulsions des solutions de sels biliaires avec l'huile ou le chloroforme sont toujours instables; les “savons, au contraire, donnent des émulsions stables. “Les mêmes auteurs ont reconnu que l'addition de sels minéraux aux urines contenant de la bile produit “loujours un abaissement de la tension superficielle. — _MM.G. Linossier et G.-H. Lemoine communiquent des “expériences montrant que la spécificité des précipilines est loin d'être aussi absolue qu'on l'a cru jusqu'à pré- “sent. — MM. Déléarde et Hautefeuille ont constaté “que le phénol, le salol, le bétol, dont l'ingestion affai- blit ou fait disparaitre la diazoréaction d'Ehrlich, pa- -raissent agir sur les substances de l'urine productrices de la diazoréaction grâce à leur fonction phénol, — | | | ls ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES M. C. Delezenne a reconnu que les follicules clos de l'intestin interviennent activement dans la production de l'entérokinase. Les leucocytes et les ganglions lym- phatiques renferment également un produit diastasique possédant les mêmes propriétés que l'entérokinase, c'est-à-dire capable de favoriser la digestion tryptique des albuminoïdes. — M. J. Lépine a observé une forte éosinophilie chez un malade porteur d'un kyste hyda- tique. — M. M. Lafont a constaté que la présence de deux groupes méthyle dans un composé organo-métal- lique diminue considérablement la toxicité du métal ou du métalloïde. — MM. H. Stassano et F. Billon ont observé une augmentation du volume des hématies des oiseaux dans certaines solutions hyperisotoniques. Les hématies, sous l’influence de solutions de sel même isotoniques, présentent d’ailleurs des modifications hisio-chimiques très nettes. Séance du 15 Mars 1902. MM. E. Rist et J. Mouchotte ont étudié bacté- riologiquement trois cas d'infection utérine après avortement. Dans deux cas, ils ont trouvé le Bacillus perfringens; les autres microbes pathogènes n'ont pas encore été décrits. — M. E. Rist a examiné bacté- riologiquement sept cas de salpingite suppurée; dans plusieurs cas, le pus était stérile; dans d’autres, il renfermait beaucoup d’anaérobies. — M. F. Arloing a reconnu que la mucidine exerce, sur les cultures micro- biennes, une action dysgénésique et bactéricide plus nette pour les microbes aérobies que pour les anaéro- bies. — M. M.-E. Gellé montre que, dans la phonation, les vibrations de l'air inclus dans les cavités de la face, bien que non ressenties, s'ajoutent au son émis, même en l'absence de toute communication entre celles-ci. — MM. Lesbre et Forgeot ont observé un cas d'herma- phrodisme glandulaire alterne et tubulaire bilatéral chez un jeune bovin. — M. A. Mouneyrat : Sur une médication afsénio-phosphorée dans le traitement de la tuberculose (voir p. 358). — M. E. Retterer a étudié la réaction du ganglion lymphatique à la suite d’irri- tations -culahées. — M. Rappin a constaté que l'urée et, plus entore, le carbonate d’ammoniague, ont une action empêchante sur les cultures en bouillon du bacille de Koch. — MM. G. Linossier et G.-H. Le- moine ont déterminé l'influence de certains facteurs (température, acides, alcalis, sels) sur l'action des sérums précipitants. — M. G. Rosenthal à observé un microbe auaérobie strict, le strepto-bacille fusi- forme, qui ne peut se développer qu’en symbiose avec un autre bacille. — M. M. Marckwald a reconnu que la digestion du lait maigre par les jeunes chiens se fait plus difficilement et plus lentement que celle du lait gras; ce dernier même n’est digéré qu'incomplè- tement. — MM. G. Billard et L. Dieulafé ont conslaté que la dilution aqueuse de la bile au delà d'une certaine limite élève sa tension superlicielle. — M. F.-J. Bose a observé que, dans la variole, la lésion essentielle et conslatite est une hypertrophie et une prolifération désordonnée des cellules épithéliales et conjonctivo- vasculaires des organes lésés, surlout marquée au niveau de la peau, du poumon et du foie. — MM. Sa- brazès et Muratet ont examiné le sang du cœur d'un fœtus humain à la onzième semaine de la vie intra- utérine. — M. P. Jousset à reconnu que l'exposition de crachats tuberculeux à la lumière diffuse ou à la lumière solaire pendant quarante-huit heures est né- cessäire et suffisante pour leur stérilisation complète. — M. Malloizel a étudié les rapports entre la sécrétion de Ja salive et la nature de l’excitant. Avec les divers excitants, le temps d'attente entre l'ingestion et la sécrétion, la quantité de salive sécrétée et sa viscosité sont tout à fait différents. — MM. V. Henri et Mal- loizel ont déterminé l’activité diastasique de la salive sou$-maxillaire produite par divers excilants; elle pré- sente de notables variations. — M. J. Lesage présente un chien porteur d'une lésion d'un tubercule quadri- jumeau postérieur et du pédoncule cérébelleux moyen; 360 la station quadrupédale lui est devenue impossible. Les lésions constatées à l'autopsie se rapportent exactement aux symptômes constatés sur l'animal vivant. — MM. Ch. Achard et M. Lœper ont constaté que la suppression de l'élimination rénale, tout en provoquant une certaine augmentation de la concentration du sang, n'abolit pas l'action régulatrice qui tend à rétablir l'équilibre osmotique artificiellement troublé par l'injection de liquides anisotoniques. — Les mêmes auteurs ont observé le passage du ferrocyanure de potassium dans l'humeur aqueuse en cas d’obstacle à l'élimination rénale. — M. H. Frenkel signale que la réaction pour la recherche des acides biliaires, appelée communément réaction de Haycraft, est due en réalité au Professeur Hay, d'Aberdeen. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 4 Mars 1902. M. F. Jolyet à reconnu que les chiffres d'hémoglo- bine et de capacité respiratoire du sang de Dauphin sont notamment supérieurs à ceux trouvés communé- ment pour le sang des Mammifères ordinaires. — MM. Cavalié et Beylot ont éludié, au point de vue histologique, la glande albuminipare de l’escargot, Il existe, dans les tubes sécréteurs de la glande, deux variétés de cellules : 1° des cellules volumineuses, prismatiques, glandulaires ; 2° des cellules centro-tubu- leuses. Les voies d’excrélion sont représentées par : le canal excréteur de l'organe, les canaux centraux des tubes sécréteurs, les canalicules inter et péricellulaires, ces derniers formantun riche réseau en dentelle autour des grosses cellules glandulaires. — M, Cavalié à observé dans le testicule, chez le lapin et le poulet, : des filets nerveux formant de riches réseaux autour des capillaires et des tubes séminifères.— M. H. Sérégé a étudié les variations horaires d'excrétion de l'urée chez l'homme en rapport avec les phases de la digestion. Chez l'homme aussi, les deux lobes du foie fonction- nent séparément, le foie gauche étant tributaire de la digestion gastrique, le foie droit, de la digestion pan- créalique et intestinale. SOCHTÉ FRANÇAISE DE PILYSIQUE Séance du 7 Mars 1902. M. H. Dufet, au cours d’une étude cristallographique et optique des sulfates de néodyme et de praséodyme, y à constaté des phénomènes de dispersion anomale au voisinage et dans l'intérieur des régions du spectre riches en raies d'absorption. Ces phénomènes se maui- festent d'abord par Ja variation de l'angle des axes optiques, ce qui est surlout en rapport avec le poly- chroïsme, C'est-à-dire avec ce fait que les spectres d'absorption diffèrent avec la direction des vibrations lumineuses, En secoud lieu, les axes d'élasticité optique, placés dans le plan de symétrie de ces cristaux clino- rhombiques, présentent, dans les mêmes régions du spectre, une dispersion anomale ; le phénomène est sur- tout très marqué dans le sulfate de néodyme. Les courbes qui donnent soit l'angle des axes optiques, soit les angles des bissectrices pour différentes couleurs en fonction du carré de l'inverse de la longueur d'onde, présentent la plus grande analogie de forme avec les courbes bien connues qui représentent les indices de réfraction en fonction de £ - — M. E. Colardeau pré- sente quelques remarques sur les eflets de relief stéréo- Scopique. Quand on examine directement un objet très éloigné, il paraît absolument plat. A mesure qu'il se rapproche, son relief s'accentue, et, à une certaine dis tance, on percoitses dimensions exactes en profondeur. Si on l'e*amine à des distances de plus en plus petites à partir de celle-là, on continue à apprécier exacte- ment sa profondeur, et, bien que la dissemblance des images rétiniennes et la variation de l'angle de conver- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES - à meltre en gence des yeux continuent à augmenter, ces dimensions en profondeur ne paraissent pas augmenter pour cela on continue à avoir la perception de l'épaisseur vraie de l'objet, comparativement à sa hauteur et à sa lar- geur, et on ne lui attribue, à aucun moment, une forme plus allongée d'avant en arrière que celle qu'il a réel- lement. En est-il de même quand on prend une pho= tographie stéréoscopique de cet objet, à des distances de plus en plus petites à partir de celle pour laquelle l'examen de l'épreuve au stéréoscope donne la notion de la profondeur exacte ? M. Colardeau a étudié métho- diquement cette question et a constaté qu'il n’en est pas. ainsi. La dimension en profondeur de l’objet paraît aller en augmentant, et, dans l'examen stéréoscopique, cet objet finit par paraître beaucoup plus allongé d'avant en arrière qu'il ne l’est réellement. La conclusion toute naturelle de cette observation est que, pour avoir un relief correct quand on prendra une photographie sté- réoscopique à courle distance, il faudra opérer avec un: écart des objectifs plus petit que celui des yeux, et qui, devra décroître systématiquement à mesure qu'on opé- rera de plus près. M. Colardeau décrit un banc stéréo-. scopique qu'il à imaginé pour réaliser ces condilions,. même quand on ne disposé que d'un appareil photo- graphique à écart d'objectifs fixe. En même temps, cet. appareil corrige l'inconvénient de décentrement des images par les objectifs droit et gauche, décentrement eu vertu duquel la partie commune aux deux épreuves (la seule pour laquelle apparaît le relief) se réduit à une bande de plus en plus étroite, dont la largeur peut mème tomber à zéro quand on opère d'assez près. La pièce essentielle de ce banc stéréoscopique consiste en une réglette, le long de laquelle peut glisser l'appareil photographique. Cette réglette tourne autour d'un. point situé derrière cet appareil. En tournant cette réglette d'un angle déterminé pour faire les deux poses avec les objectifs droit et gauche, on obtient le cen- trage des deux images à toute distance, et l’on fait tra= vailler les objectifs avec un écart fictif inférieur à leur. écart réel sur la chambre noire. Cet écart fictif peut. d'ailleurs être réglé à telle valeur que l’on veut en déplacant le centre de rotation de la réglette. Un dis- positif mécanique convenable permet de faire varier ce centre, depuis les objectifs jusqu'à l'infini, en arrière de l'appareil, et, par suite, d'obtenir, pour un objectif donné et à une distance donnée, tous les degrés de relief que l'on désire. Des photographies stéréoscopiques d'un mouvement de montre obtenues avec cet appareil. sont présentées aux membres de la Société. Elles donnent l'illusion d'une montre qui, tout en gardant un diamètre constant, prendrait une épaisseur variable de zéro à plusieurs centimètres. Parmi ces épreuves, l'une donne l'illusion correcte de l'épaisseur réelle de. la montre : c'est celle qui à été prise avec un écart fictif des objectifs égal à 6 millimètres environ, la dis-. lance de la montre à l'appareil étant de 15 centimètres. M. Colardeau cherche à expliquer la divergence qui se manifeste, au-dessous d’une certaine distance, entre la vision binoculaire directe et la vision stéréoscopique d'épreuves faites avec un appareil dont l'écart des objeclifs est égal à celui des yeux. Il rappelle qu’en dehors des causes ordinaires de perception du reliefs (dissemblance des images et variation de l'angle de convergence des yeux), il en existe bien d’autres, en. particulier la variation du diamètre apparent des objets avec la distance, la distribution des ombres et des lumières, le recouvrement partiel réciproque des objets les uns par les autres, etc. Dans un essai de reproduc- tion artificielle du relief, il y aura évidemment intérêt concordance toutes celles de ces causes qui peuvent intervenir. La disparition partielle ou com- plète de l'illusion du relief serait la conséquence de la discordance d'une ou de plusieurs de ces causes avec les autres. Après avoir présenté le stéréoscope comme. un instrument qui peut faire voir les objets avec une forme différente de celle qu'on leur voit quand on les regarde directement, M. Colardeau cherche, dans la uxième partie de sa communication, à mettre en évi- ence la supériorité de cet appareil sur la vision recte pour l'examen de certains objets particuliers, sont précisément les photographies elles-mêmes. ers objets semblables, mais de grandeurs diffé- tes, sont photographiés simultanément. Ils sont cés à des distances de l'appareil photographique i sont entre elles comme les rapports de similitude ces objets, de manière qu'ils soient tous vus sous le même angle. L'épreuve photographique, examinée à l'œil nu, les laisse tous croire absolument identiques, de me grandeur, et rangés côle à côte à la même dis- ce; elle donne une impression absolument inexacte. Si, au contraire, cette épreuve est regardée au stéréo- 0pe, ee à la sensation de profondeur que donne cet ppareil, et à la variation de l'angle de convergence s yeux quand on passe de l'examen de l’objet le plus proché au plus éloigné, on reconstitue la vérité. our rendre l'impression exacte qu'on éprouve, il ne affit même pas de dire que le stéréoscope fait juger objet le plus éloigné comme devant être le plus grand : st plus exact de dire qu'elle le fait réellement voir us grand, malgré l'identité de dimensions de son mage rétinienne et de celle de l'objet le plus proche. mme conséquence de ces faits, M. Colardeau est mené à signaler un inconvénient que peut avoir, dans exercice du dessin, l'habitude bien connue de prendre, distance et à bras tendu, avec une réglette graduée, mesures des dimensions relatives des divers objets faire figurer sur le dessin. Une épreuve d'un dessin dans ces conditions est projetée : il a un aspect olument contraire à la réalité. Un autre, fait par un sinateur qui s’est astreint à ne pas prendre de me- ures et à s'en rapporter à son seul Jugement, donne n, au contraire, l'impression des grandeurs relatives S objets qui y sont figurés. Les contradictions et exactitudes relevées sur les épreuves précédentes mettent finalement en évidence ce fait, qui, d’ailleurs, déjà été signalé bien souvent : dans la photographie plane, l'importance des premiers plans, au point de vue de la dimension des objets qui y figurent, est for- tement augmentée, au détriment de celle des derniers ns, qui est fortement diminuée. La vision stéréo- opique rectifie ces défauts et rend naturelle une image ai, examinée à l'œil nu, serait inacceptable. Il est un ütre genre d'inexactitude que le stéréoscope corrige ans une épreuve photographique : c'est celle qui est à une inclinaison très prononcée de l'appareil, soit ers le haut, quand on prend une vue d’un monument vé, soit vers le bas, quand on prend une vue plon- eante. Ces épreuves, d'aspect souvent inacceptable nd on les observe à l'œil nu, reprennent l'aspect i des objets, dans le stéréoscope, à la condition rienter celui-ci précisément sous l'inclinaison même avait l'appareil photographique au moment où le ujet a été photographié. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 14 Mars 1902. M. Tanret pense que l'extraction des sucres réduc- eurs (monoses) peut se faire aussi bien au moyen des drazones solubles dans l’eau que des hydrazones olubles ou peu solubles. Il chauffe vingt minutes à o, en matras scellé, la solution sucrée concentrée >c le double de la quantité de phénylhydrazine cal- ulée. On enlève l'excès de celle-ci par plusieurs la- es à la benzine, puis on agite la liqueur avec de éther acétique, qui se charge de l’hydrazone; on le istille, et le résidu est décomposé par de l’aldéhyde benzoïque qui met le sucre en liberté. Si la solution sucrée contient des hydrazones peu solubles, on les are pour les traiter à part. En étudiant ces der- ières, M. Tanret a obtenu une hydrazone nouvelle, le de l'arabinose. Elle est cristallisée et blanche; e fond à 153° et est très légèrement dextrogyre. Son de solubilité dans l’eau (dans plus de 85 parties ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 361 à 15°) pourra servir à la purification de l'arabinose. En appliquant son procédé à la manne de frêne, M. Tanret en a extrait du lévulose et du glucose, qu'il a fait cristalliser. Ces sucres y existent libres et n'y sont pas accompagnés de saccharose. — M. Henri Moissan présente, en collaboration avec M. Smiles, des recherches sur un nouvel hydrure de silicium. En traitant du siliciure de magnésium impur par de l'acide chlorhydrique étendu, on obtient un mélange d'hydro- gène et d'hydrogène silicié, spontanément inflammable au contact de l'air. Si l’on fait passer ce gaz dans un tube en U refroidi par de l'air liquide, on obtient un corps solide blanc, qu'il est ensuite facile de fractionner. On recueille à la température ordinaire un gaz et un liquide. Ce liquide bout à +52 et, par refroidissement à — 2009, il cristallise ; son point de fusion est de — 1380. Il possède la curieuse propriété de s’enflammer au contact de l'air, et sa vapeur rend le gaz hydrogène spontanément inflammable. Il est décomposé par une solution de potasse ou de soude en hydrogène et en silicate alcalin. Son analyse conduit à la formule Si*H®. — M. M. Tiffeneau expose les résultats obtenus par lui dans l'étude du méthoéthénylphène et des trois méthoéthényltoluènes 0., m., et p., dont il avait déjà exposé sommairement quelques propriétés‘. Les al- cools tertiaires qui conduisent à ces carbures ont été obtenus soit par action de l’iodure de méthylmagné- sium sur l’acétophénone et sur la paracétotoluone ou encore sur les éthers benzoïque et toluylique, soit par action sur l’acétone des dérivés organomagnésiens du bromobenzène et des o-et m- bromotoluènes. Tous ces alcools sont distillables, du moins en petite quantité, à la pression ordinaire, à l'exception du diméthyl-o-tolyl- carbinol, F. 41°, qui ne peut être distillé, même dans le vide, sans perte d'H*0. Les carbures obtenus par déshy- dratation de ces alcools possèdent les constantes sui- vantes : méthoéthénylphène, Eb. 160-1629, d, — 0,9231; méthoëéthényltoluènes, ortho, Eb. 173-175°, d, — 0,90%6; méta, Eb. 184-1869, d, —0,9115; para, Eb. 183-185°, d,—0,9122. L'hydrogénation de ces carbures, par le sodium et l'alcool absolu à l’ébullition, fournit facile- ment, et avec des rendements presque quantitatifs, les carbures benzéniques correspondants dont on réalise ainsi la synthèse : Cumène, Eb. 151-1539; Paracymène, Eb.-174-176°; Métacymène, Eb. 174-1769; l'hydrogéna- tion de l’ortho-méthoéthényltoluène donne un carbure ne fixant plus le brome, mais sans que le point d'ébul- lition et la densité soient notablement changés (Eb. 173-175°, d, — 0,893), alors que les constantes de l'or- thocymène qu’on devrait obtenir sont : Eb. 157°, d,, — 0,8582 *. L'action de MnO'K sur les carbures à chaine méthoéthénylique fournit non pas des glycols, mais COCH* CH5—CO— CH et CH CH: I et HgO sur les mêmes carbures donnent des iodhy- drines; que AzO%Ag transforme en acétones combinables au bisulfite, montrant ainsi la généralisation de la migration moléculaire déjà signalée pour le méthoéthé- nylphène. Les carbures à chaine méthoéthénylique fixent 2Br en donnant des dérivés dibromés liquides. Le CH?Br C'H5— C— Br CH° soumis à l'ébullition avec H20 et CO*Ba fournit, en même temps qu'un peu d'acétophénone, le glycol : CH°OH | CSH5 — C — OH, | CH* 1 Bull. Soc. chim., (3), t. XXV, 976. ? Sprinkmeyer, Ber. d. d. ch. Ge t. XXXIV, p- 1950. 362 F. 37-38°; ce glycol se transforme en aldéhyde hydra- tropique (semicarbazone, F. 210°) par chauffage avec SO'HE à 25 °/,. Le mème glycol se forme également, soit dans l'hydratation de la chlorhydrine : CH°CI | C°H5 — C— ON | CH° par l’eau bouillante, soit encore, eten même temps que d’autres produits, par action de IMgCH* sur le benzoyl- carbinol C°H5. CO. CH°OH. L'action de CIOH sur le méthoéthénylphène fournit, entre autres produits, une portion abondante bouillant vers 118-1249 sous 16 mm. et possédant la composition d'une chlorhydrine. M. Tif- feneau l’a identifiée avec une chlorhydrine synthétique (Eb. 120-122° sous 16 mm.), obtenue par action du C°H$. MgBr sur la chloracétone et dont la constitution est : CH°CI | C'H5 — C — OH; | CH par distillation à la pression ordinaire, une telle chlo- rhydrine perd H*0 en donnant un corps C'H°CI (Eb. 213-2150), lequel fixe deux atomes de brome. M. Tiffe- neau montre ensuite que, dans la migration des iodhydrines sous l'influence de AzO*Ag, ce n’est pas le CH“, mais bien le C°H° qui migre. En effet, si c'était une migration du CH*,onobtiendrait une propiophénone, tandis que la migration du phényle explique bien la formation d'une phénylacétone. D'ailleurs, la possibilité de la migration d'un C°H° par l’action de AzO'Ag a été mise en évidence en réalisant la transformation en désoxybenzoïine du phénoéthylphène où diphényléthy- lène (l'alcool correspondant (C°H°). COH. CH* fond à 80-84) : G°H° Nc=CH > C'H5—CO—CH?— CeH5, ces” M. H. Le Chatelier présente, au nom de M. Maynard, conducteur des Ponts et Chaussées à la Rochelle, une étude sur le dosage de la chaux libre dans les ciments. La glycérine sirupeuse se combinerait à la chaux libre sans attaquer les silicates, ni les aluminates. On dose, après filtration, la chaux dissoute dans la glycérine. Pour rendre l'attaque complète, il faut chauffer pendant 5 jours à 40°, et ensuite effectuer la filtration à la tempé- rature de 60°, qui est nécessaire pour donner à la glycé- rine une fluidité convenable. — M. Béhal présente une note de M. Bodroux : Sur quelques expériences de cours ; et deux notes de M. Pozzi-Escot : Sur une importante cause d'erreur dans la recherche des dias- tases et Sur les hydrogénases du sang et les propriétés catalytiques de la fibrine. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES NATURELLES. J. A. Mac William : Sur les propriétés des vaisseaux artériels et veineux. — Parmi les points importants qui ont élé mis en lumière par les recher- ches de l’auteur, il faut signaler : 1° La persistance remarquable de la vitalité dans les artères d'un animal sain {quatre jours après la mort); 2° La grande impor- tance de la présence ou de l'absence de la contraction post-mortem, laquelle influe sur : 4) la réponse aux changements de température; b) l'extensibilité des | fragments de parois artérielles lorsqu'on y suspend des poids ; c) la relation de la capacité cubique avec les changements de pression interne; d) l'élongation ac- compagnant l'élévation de pression interne; e mentation pulsatile de volume pendant des élévations brèves, soudaines, de pression interne. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l’'aug- | Les résullats discordants obtenus par divers observas teurs (Marey, Roy et autres), en ce qui concerne. distension des artères, sontexplicables,en grande partiè par l'absence ou la présence (à des degrés variables) des la contraction post-mortem dans les artères qu'ils ont utilisées pour leurs expériences. ï SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES 5 Séance du 28 Février 1902. L M. J. D. Everett lit un mémoire sur les lign focales et les ondes frontales en forme de tore. Quan un petit cône de rayons tombe obliquement sur uné surface réfléchissante ou réfringente sphérique, rayons, après réflexion ou réfraction, ne forment plu un vrai cône; mais, au lieu de se rencontrer en u# point, ils forment un col étroit, rabattu en deux points appelés points focaux, les plans de rabattemen étant perpendiculaires. Quelques opticiens donnen le nom de /ignes focales aux sections du faisceau « rayons faites, aux poiuts focaux, par des plans perpend culaires à l'axe du faisceau; mais, d’après l’auteur, dl vaudrait mieux réserver ce nom aux sections qui res semblent le plus à des lignes, quel que soit l'anglew qu'elles fassent avec l'axe. L'auteur examine alors le où l'onde frontale, dans une de ses positions, est uñ tore. Même si le faisceau est très ouvert, il y a toujours“ deux lignes focales bien définies, la ligne focale pr maire étant l'axe circulaire du tore et la seconde uné partie de la ligne autour de laquelle tourne le cerelé générateur pour former le tore. Les ondes frontales toriques peuvent être produites par réflexion, sur un. miroir formé par révolution d’une ellipse autour d'une ordonnée élevée sur un foyer, de rayons divergeai d'une petite source placée au second foyer. La lign primaire est toujours réelle; la seconde est réelle où virtuelle suivant la position d'incidence du faiscea M. R. J. Sowter fait remarquer que les lieux de rabat: tement du faisceau réfléchi ou réfracté par une sphère sont les lignes focales et non les points focaux; ces lignes focales coupent le rayon principal ou axe dun faisceau aux points focaux véritables. Le critérium pour la formation d'ondes frontales en forme de tore est q les lignes focales soient respectivement un cercle et une ligne droite perpendiculaire au plau du cercle et se trouvant dans son axe. — M. J. D. Everett a étudié le théorie du pouvoir de résolution des objectifs. M applique, à la séparation des objet vus au microscope; les formules de Dawes et Airy sur la séparation des étoiles doubles par les télescopes. Toutefois, les objets microscopiques ne sont pas lumineux par eux-mêmes; comme les étoiles doubles ; ils sont vus en lumière transmise. S'il n'y a pas de condensateur, le faiscea. de lumière envoyé par un point de l’objet à l'objectif consiste en rayons de diverses sources ; le résultat est d'agrandir et de rendre floue l’image de l'objet. Pout éviter cet inconvénient, il faut employer un conden: seur de bonne qualité, amenant sur chaque point de l'objet une image définie de la source lumineuse Chaque point agit alors comme s’il était lumineux par lui-même, et le pouvoir de l'instrument est augmenté Ces considérations justifient l'emploi d'un condenseut achromatique ; on sait qu'autrefois Abbe recommandaits un condenseur non achromatique. L'auteur donné ensuite une explication des avantages de l'illuminatiow oblique. — M. R. W. Wood a étudié l'absorption, Je dispersion et la coloration superficielle du sélénium L'auteur a examiné la dispersion au moyen de prismes de la même manière que pour la cyanine; mais, 1 sélénium étant plus transparent, il a pu employer des" prismes d'un angle de # à 5°. Il a également préparé des pellicules uniformes de sélénium et des pellicu en forme de coins. Des déterminations d'indice ont faites jusqu'à la longueur d'onde 40, au-dessous dé laquelle l'absorption devient trop forte et empêche les mesures, La courbe des indices de réfraction en-foné& tion des longueurs d'onde présente un maximum pouf . ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 363 longueur d'onde 50 (0,00005), où l'indice est de 3,13. mesures photométriques de la lumière transmise k permis d'établir une courbe avec les longueurs nde en abscisses et les coefticients d'extinetion en années. Le coefficient d'extinction augmente conti- lement à mesure que la longueur d'onde décroît ’à la longueur d'onde 22, où il est aussi élevé que les métaux. L'auteur conclut que l'absorption est on à une seule bande, mais à une série de bandes vauchant les unes sur les autres. Il ne parait pas y de retour à la transparence partielle dans l’ultra- et, quoique ce retour puisse être masqué par le fficient de réflexion du sélénium. Les réflexions tiples sur les surfaces de sélénium ne donnent ne trace de coloration. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LONDRES Séance du 3 Février 1902. -M. À. Dupré, à la suite de l'incendie suivie d’'explo- ïon d’une fabrique de chlorate de potasse à Saint elen, a fait des expériences sur l'explosibilité de ce Il arrive à la conclusion que le chlorate de potasse t exploder sous l’action de la chaleur seule; il est ulement nécessaire pour cela que la chaleur agisse dement, afin que le chlorate atteigne le point d’ex- ion avant qu'une trop grande partie ait été décom-- sée. M. O. Guttmann pense que les barils en bois contenaient le chlorate et qui ont brûlé d'abord t joué un rôle dans l'explosion. M. J.-W. Kynaston usse l'hypothèse de l’explosibilité propre du chlo- e. Pour lui, les fonds des barils, après avoir été onsumés, donnèrent passage au chlorate, qui tomba à l'étage inférieur ayec violence ; en même temps, une de quantité de poussière de matière carbonisée > produisit et exploda dans l'atmosphère d'oxygène dégagée par le chlorate. — M. F. Clowes décrit la nou- e lable photométrique et la nouvelle lampe étalon pantane employés actuellement pour vérifier le pou- éclairant et la pureté du gaz d'éclairage de la ville Londres. D SECTION LE LIVERPOOL Séance du 26 Février 1902. J.-T. Conroy présente une communication sur la alyse et ses applications industrielles. La Revue la publiera prochainement 12 extenso. SECTION DE NEW-YORK + Séance du 21 Février 1902. -MM. C. Richardson et E. C. Wallace ont déterminé d quel état se trouve le soufre dans le pétrole de Beau- mont (Texas). Une partie se trouve à l'état d'hydrogène ulfuré. Si l’on enlève ce dernier par un courant d'air tb qu'on filtre le produit sur le filtre de kaolin de Day, m obtient plusieurs fractions qui contiennent beau- p moins de soufre. L'une d'elles, soumise au repos ndant un mois, laisse déposer de beaux cristaux taédriques de soufre. Ce corps paraît donc exister lussi à l’état libre dans le pétrole de Beaumont. — E, Ch. B. Jacobs décrit une nouvelle méthode de éparation des composés solubles du baryum. Quant R iraite, au four électrique, un mélange de sulfate et le sulfure de baryum en proportions convenables, on tient de la baryte d'après l'équation : 3BaSO' + Bas &BaO HE 4S0*. La réaction est très complète; il ne Le que 2 à 3 % de sulfate non transformé et un peu BaS. (Dans la pratique, le mélange de sulfate et de ulfure est obtenu par la réduction préalable, au four ectrique, du sulfate par le charbon, d'après l’équa- on : #BaSO* — 4C — BaS — 3BaSO* + 4C0). Le produit final est dissous dans l’eru chaude et filtré. La solution filtrée contient de lhydrate de baryie et un peu de sulfhydrate; le premier cristallise par refroidissement en beaux cristaux Ba(OH}°—+ SH°0; le second reste dans les eaux mères et peut être transformé en d'autres sels de baryum. L'hydrate de baryte a de nombreuses applications en sucrerie, en tannerie, dans la purifica- tion de l’eau et la fabrication des couleurs blanches. — M. R. W. Moore a analysé de nombreux échantil- lons de cyanure de potassium commercial, et y a trouvé constamment du cyanure de sodium, en quan- tités allant jusqu'à 54 %.— M. G. L. Norris a employé à la détermination de l’arsenic dans le fer et l'acier la méthode généralement utilisée pour le cuivre, c'est-à- dire la distillation avec le chlorure ferrique. Il a obtenu de bons résultats. SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 26 Février 1902. M. W. P. Rix rappelle les expériences de M. T.-E. Thorpe sur la préparation de frittes de plomb inoffen- sives pour la couverte des poteries, lesquelles ont conduit le Gouvernement anglais à interdire l'emploi, pour caûse de santé, des couvertes de plomb contenant plus de 2 % de plomb soluble dans HCI. Cette mesure a rencontré une grande opposition de la part des po- tiers, qui objectent qu'elle leur crée des difficultés, de nature économique et technique, très pénibles à sur- monter. M. Rix examine la valeur de ces objections, puis la préparation, la composition et l'emploi des frittes insolubles. IL conclut que l'emploi des frittes solubles et du plomb brut offre, en effet, de grandes facilités de travail, mais qu'il est tellement funeste pour la santé des ouvriers qu'il est nécessaire d'y re- noncer; il y a lieu de faire de nouvelles expériences pour arriver à simplifier le travail avec les frittes insolubles. SECTION DU YORKSHIRE. Séance du 24 Février 1902. MM. B. North et W. B. Lee ont comparé les diverses méthodes de détermination des hydrates et bicarbonates alcalins en présence de mono-carbonates. La méthode de Ridenour leur a donné d'excellents résultats, à condition d'employer des réactifs très purs; elle est encore utilisable en présence de petites quantités de sels. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 21 Février 1902. M. F. K. Martens décrit une expérience de cours permettant de montrer l’aberration sphérique des len- tilles au moyen d'un appareil à projection ordinaire, dont le condenseurne se compose que de deux lentilles simples. Avec les condenseurs à trois lentilles, l'expé- rience ne peut être faite. — Le même auteur indique ensuite un dispositif pour produire les franges d'in- terférence de Fresnel au moyen d'un prisme à angle droit. — M. ©. Lummer expose une nouvelle hypothèse sur les phénomènes qui se passent dans la réflexion totale. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 20 Février 1902. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Sterba : Sur les formules de tangentes elliptiques. — M. F. J. Cben- rauch : La projection imaginaire des courbes de l’es- pace de quatrième ordre et de première espèce. — M. E. Grunberger : Représentation des lignes d'égal éclairement des surfaces courbes. — M. E. Waelsch : Analyse binaire de la rotation d'un corps fixe. — M. F. Mertens : Une démonstration du théorème fonda- mental de Galois. 20 SciENGES PHYSIQUES. — M. V. Conrad expose la 364 suite de ses recherches sur l'électricité atmosphérique. Il a étudié quantitativement le mode d'action de diffé- rents collecteurs de gouttes pour trouver les con- ditions favorables dans lesquelles ils peuvent être em- ployés aux stations météorologiques pour la mesure de l'électricité de l'air. Il a constaté, d'autre part, que les nuages non chargés d'électricité n’ont qu'une influence négligeable sur le champ électrique à la surface de la Terre ; les nuages chargés, par contre, ont une action puissante, qui résulte de l’électrisation des précipita- tions. — M. B. W. Stankewitsch communique les mesures magnétiques qu'il a effectuées au Pamir, dans l'été 41900. — M.S. Meyer montre que le travail maxi- ma dépendant de la courbe de saturation se laisse cal- culer au moyen de l'équation d'état réduite, lorsqu'on fait r — 2/3. On sait que M. Dieterici avait trouvé expé- rimentalement pour + la valeur 0,77. 3 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Berwerth a exa- miné une grosse masse de fer météorique trouvée à Mukerop, dans le Sud-ouest africain allemaud. Elle présente deux particularités intéressantes : La masse de fer cristallisé n'est pas composée d’un seul individu, comme c'est généralement le cas, mais de quatre par- ties nettement tranchées, qui semblent former le pre- mier exemple d'une gigantesque mäcle par répétition. D'autre part, l’un des côtés du bloc présente une zone de transformation, qui semble provenir d’un échauffe- ment secondaire de la masse après sa cristallisation. — M. Th. Fucks a étudié les transformations tertiaires d’'Eggenburg. — M. F. Nopcsa jun. décrit les restes de Dinosauriens trouvés à Siebenbürgen. Ils consistent dans le frontal, la base du crâne, le nasal et le maxil- laire d'un Mochlodon et les plaques de la cuirasse d’un nouveau Dinosaurien, l'Onychosaurus hungaricus. — Le mème auteur présente diverses notes sur les Dino- sauriens crétacés. Dans la première, il montre que les noms de Struthiosaurus et de Cratæomus désignent un seul et même genre; il en est de même de ceux d'Acanthopholis et d’'Anoplosaurus. Ces genres, avec ceux des Polacanthus et des Syngonosaurus, devraient rentrer dans une sous-famille des Acanthopholididæ. Dans la seconde, il décrit une dent de Mégalosaurien, trouvée à Nagy-Baroth, et qu'il attribue à une nouvelle espèce, le Megalosaurus hungaricus. Dans la troisième, il décrit une vertèbre d’un Sauropode, trouvée en Pata- gonie, et qu'il attribue à une nouvelle espèce de Bo- thriospondylus où à un nouveau genre voisin. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 22 Février 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. J. C. Kluyver : Séries de polynômes. On à tàché de déduire d’une série de puissances donnée, représentant une fonction analy- tique F(x) à l'intérieur d'un cercle de convergence déterminé, d’autres développements de cette fonction, admettant une autre région de convergence. D'abord une autre série de puissances s'est présentée; cepen- dant, cette nouvelle série entraine le désavantage que chacun de ses coefficients dépend de tous les coefficients de la série originale. Au contraire, on désire que le terme d'ordre » du nouveau développement soit par- faitement déterminé par les » premiers termes de la série donnée. A cette condition suffit le développement de F(x) en une série de polynômes, d'après les notions introduites par M. Mittag-Leffler ; aujourd'hui, on peut trouver, comme l’on sait, pour chaque fonction, un nombre infini de développements différents de ce caractère. Ici M. Kluyver se propose de faire connaître une déduction simple de ces séries de polynômes el d'y joindre quelques exemples simples en faisant res- 4 = 14; ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sortir les conditions d'existence. Chemin faisant, il in- troduit une notion nouvelle, celle de la marque de con- vergence d’un développement dans un certain point, . quantité qui, d’après sa définition, reste comprise entre. zéro et l'unité. Application aux fonctions log (1-x), are lang x. Calcul approximatif de x,'etc.— M. J.Cardinaal: Sur le mouvement de systèmes variables. Dans le cas de systèmes qui varient projectivement, l’auteur cons- truit le point A admettant une direction donnée de vitesse et le plan focal de ce point; ensuite, il s'occupe des problèmes inverses, où il s’agit de trouver la direc- tion de vitesse et le plan focal d'un point donné A, et le foyer et la on de vitesse de ce foyer d’un plan donné. Il consiueg# les trois cas principaux de réalité du tétraèdre mom grandeur des vitesses. — M. H. G. van de Sande Bakhuyzen : La relation entre la clarté d'un point lumineux et les moments où on le voit apparaitre ou disparaïtre. Dans la séance de nai 1886, l’auteur s’est occupé de quelques expériences sur la détermination de l'influence de la clarté d'un point lumineux sur l'erreur personnelle dans l'observation du moment où on le voit apparaître ou disparaître. Plus tard, les résultats d'expériences nouvelles sur ce sujet ont été publiés dans les Archives néerlandaises, série M, t. VI, p. 727. Récemment, il a étendu ces épreuves à des ob- servations de points lumineux de clarté différente, en adaptant, avant la petite ouverture de l'écran de cuivre faisant passer la lumière d'une lampe à pétrole, un verre coloré en forme de coin. Les résullats de ces expériences sont : Grandeur de l'astre. Et m2 8,6 9,5 Erreur personnelle à l'apparition . 0s,275 0s,316 05,413 0s,530 Erreur personnelle à la disparition . (05,314 05,329 05,387 0S,489 Il va sans dire que la valeur absolue de l'erreur person- nelle dépend d’abord de l'observateur, ensuite de son instrument. Seulement, les variations de l'erreur per- sonuelle avec la clarté ne dépendent plus de ces deux influences. L'auteur remarque encore le rapport de ses résultats avec les observations d’occultations d'étoiles par la Lune. — M. P. H. Schoute présente au nom de M. F. J. Vaes : Décomposition en facteurs. Troisième parlie (pour la première et la seconde, voir Rev. génér. des Se., t. XII, p. 412 et 218). — Rapport de MM. E. F. van de Sande Bakhuyzen et J. C. Kapteyn sur le mémoire de M. C. Easton intitulé : La voie lactée boréale comparée à la distribution des étoiles cataloquées. Le mémoire paraîtra dans les publications de l’Académie. (A suivre.) P. H. ScHouTE. ErraTum. — Dans l’article de M. Mathias sur la pré- paration industrielle et les applications de l'acide car- bonique liquéfié, paru dans la Revue des 28 février et 45 mars, lire : Page 183, 2° colonne, 13° ligne en remontant : fle d'Eubée au lieu de « île d'Enfer »; Page 239, 1re colonne, ?° ligne : de « réagissement ». Page 241, 2 colonne, 3° ligne avant la fin, Léon Guillet au lieu de « Longuillet ». renflement au lieu Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, ruc Cassette. tané PQRS des points de coïnci- dence. Ses constructions sont indépendantes de Ja 2, “ | 43° ANNÉE 30 AVRIL 1902 Revue générale des Serenc pures et appliquées DIRECTEUR 22 Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $S 1. — Nécrologie Mort de M. Alfred Cornu. — Le monde savant vient de faire une perte cruelle en la personne de M. Alfred Cornu, membre de l'Institutet du Bureau des Longitudes, Professeur à l'Ecole Polytechnique. Dans sa prochaine livraison, la Æevue retracera à ses lecteurs la vie et les travaux de l'illustre physicien francais. $ 2. — Chimie physique La nature du phosphore rouge. — Le phos- phore blanc et le phosphore rouge sont-ils deux varié- tés polymorphiques d'une même substance, ou l’un d'eux est-il polymère de l'autre? Les opinions à cet égard sont partagées, mais M. Rudolf Schenck‘ vient de faire des expériences qui le portent à croire que le phosphore rouge est une variété polymère du phosphore blanc. Il a été guidé dans cette recherche par les considé- rations théoriques suivantes : Si le phosphore rouge est nn produit de polyméri- sation du phosphore blanc, une molécule de rouge doit être formée par plusieurs molécules de blanc, et la réaction de translormation est polymoléculaire. Si, au contraire, cette transformation consiste en un passage à une forme polymorphe, la constitution de la molécule n'est pas changée, et, de même que dans une cristallisation, la réaction est monomoléculaire. Supposons que nous fassions produire la transfor- mation du phosphore blanc en phosphore rouge au sein d'un dissolvant (n’exercant naturellement aucune action sur le phosphore), et que nous opérions tou- jours avec des solutions étendues, de manière à pou- voir leur appliquer les lois de la Chimie physique. On sait que, dans ces conditions, si la réaction de transformation est monomoléculaire, la vitesse de réac- tion, à température constante, est proportionnelle à la concentration (théorie de Guldberg et Waage); autre- …. Berichte d. deutsch. Chem. Gesellschaft, t. XXXV, p. 351, 02. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. ment dit, en appelant C la concentration du phosphore blanc dans la dissolution à un instant {, on a : dC FR — kC, dont l'intégration donne : 1 C (a) k=;lo8S- Au contraire, si la {transformation du phosphore blanc en phosphore rouge intéresse n molécules de phosphore blanc, se condensant en une molécule de phosphore rouge, qui se sépare de la solution, la vitesse de réac- tion est proportionnelle à la puissance n°" de la con- centration : dC arr el 1 1 t'n—41 \O—t Cn—i)* Cela étant, on partira d’une solution de phosphore blanc de concentration conoue C,, et, la température restant constante, on déterminera sa concentration C à chaque instant {, d'après la quantité de phosphore rouge déposée à cet instant. Chaque valeur de GC, por- lée dans l'équation (x) et dans les équations obtenues en faisant successivement n — 2, n — 3, dans l’'équa- tion (£), fournit des valeurs de k égales à k,, k,, k,, … On obtient ainsi, pour une série de concentrations C, C!, C!', … correspondant aux instants #, {', ('', ... piu- sieurs séries de valeurs : — kCr,, ou : (F) k=— el end An équation : x k, kla, k! © + 8, n =? Ka, ls, Ka. Û = pa ;telc Il se trouve que les nombres de l'une de ces séries sont tous égaux entre eux; l'équation qui les a fournis est donc la bonne, et cela donne la valeur à attribuer à n. Pour appliquer cette très intéressante méthode, 8 M. Schenck emploie comme dissolvant le tribromure de phosphore, qu'il prépare très pur et, en particulier, parfaitement exempt de phosphore. Il emploie une solu- tion à 1 °/, de phosphore blanc dans ce dissolvant; il en met une mème quautité dans plusieurs tubes de verre qu'il place en même temps dans un bain à tempéra- | ture constante; puis, sortant ces différents tubes du bain à différents instants, il recueille le phosphore rouge séparé, et, comme celui-ci est mélangé d'un peu de silice provenant de l'attaque du verre par le tribromure de phosphore, il le dose à l’état de pyro- phosphate de magnésium *. Chaque tube fournit une valeur de C, et chaque équation une série de valeurs de Æ. On se rendra compte de la précision que l’on peut atteindre dans ce genre de recherches par les résultats du tableau I], extrait du mémoire de M. Schenck : TABLeau |. — Résultats des expériences sur la trans- | formation du phosphore blanc en phosphore rouge. l en minutes TEMPÉRATURE 0,4635 0,4174 0,3792 0,3103 0 ,00967 0.00909 0,00963 0 ,00962 0,0298 0,0302 | | 0,0383 || | 0 ,0440 0,00315 0,00276 0,00249 0 ,00221 Quoique l'accord ne soit pas parfait, il ressort nette- | ment de ce tableau que 7— 2 fournit une valeur à peu près constante pour #, c'est-à-dire satisfait beaucoup mieux que les autres valeurs de 7 à la loi sur les vitesses de réaction, et, par conséquent, que 2 molé- cules de phosphore blanc se transforment en une molécule de phosphore rouge. L'allotropie du phosphore consisterait donc en une polymérie el non en une polymorphie. $ 3. — Chimie biologique Sur l'hydrolyse de quelques amides et ani- lides par les diastases. — L'étude des réactions provoquées par les diastases hydrolysantes reste tou- Jours pleine d’obscurité, parce que, d’une part, l'agent de la réaction, la diastase, ne peut encore être saisi en taut qu'individu chimique, et que, d'autre part, | le corps qui subit la réaction, quand il s’agit des matières protéiques par exemple, est d'une extrème complexité. On doit donc accueillir avec intérêt des recherches sur le dédoublement que font subir les diastases à des corps de constitution bien connue. Une telle étude a été faite par M. Gonnermann®? sur les composés que voici : formamide, acétamide, oxa- | mide, succinamide, benzamide, salicylamide, formani- lide, acétanilide, oxanilide et benzanilide. Le résultat a été plus souvent négatif que positif. La ptyaline, | l'invertine et la malline sont sans action, et l'émulsine n'agit que sur l’acélamide et la formanilide, La pepsine dédouble la formanilide et l’'acétanilide, et la trypsine atteint aussi ces deux anilides et l’acétamide. Le champ d'action des histozymes (sous la forme de purée d’or- ganes hachés) est plus étendu. Le foie (de mouton) ‘ Il convient de remarquer que le phosphore rouge est : lécérement soluble dans le tribromure de phosphore, de sorte que, de chaque valeur de C mesurée, il faut retrancher la concentration en phosphore de la solution saturée de phosphore rouge à la température de l'expérience, ? M. Goxxenwanx : Ueber die Verseifbarkeit einiger Säure- \mide und Säure-Anilide durch Fermente (PAlüger's Arch. t. LXXXIX, p. 493-516, 1902). CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE dédouble la formamide, l’acétamide, la succinamide, la benzamide ct la formanilide, tandis que le rein (de mouton) hydrolyse la formamide, la benzamide, salicylamide, la formanilide et la benzanilide. Toutes ces réactions ont été étudiées en présence de! 107, de fluorure de sodium et accompagnées d'expé- riences de contrôle dans lesquelles la diastase avait été détruite par l’ébullition. Toutes les réactions de con trôle ont été négatives. te Les destinées de la quinine dans l'orga nisme animal. — On connait les destinées et le produits de transformation dans l'organisme d'un nombre considérable de médicaments ou de substances diverses, principalement de celles qui appartiennent à la série aromatique, et cet ensemble de connaissances! sur la manière dont l'organisme traite telle molécule ou telle fonction constitue l’une des acquisitions les plus intéressantes de la Physiologie moderne. A ce point de vue, un des médicaments les plus employés, la qui= nine, est encore fort mal connu, sans doute à cause de la complexité de sa molécule. M. A. Merkel! à montr réceminent que, chez le chien, 86 à 88 °/, de la quinine ingérée sont complètement détruits; les 12 à 14 °/, res: tants passent dans l'urine sous la forme d'un produit de transformation, de nature basique, plus riche en carbone que la quinine, et dont la constitution reste à déterminer. Au point de vue pratique, l’auteur conclut de ses recherches que la large destruction de la qui-« nine dans l'organisme conduit à cette règle de toujours administrer la dose maxima compatible avec chaque cas, parce que, de trop petites quantités étant trop rapi dement détruites, on n'arrive pas à accumuler dans l'organisme une dose de médicament suffisante, c’est à-dire efficace. $ 4. — Physiologie Recherches expérimentales sur un xipho- page. — M. N. Vaschide, chef de travaux à l'Ecole des Hautes-Etudes, à eu l’occasion de faire récemment l'étude minutieuse d'un xiphopage monompbhalien de quatorze ans, mâle, né à terme. Cette élude, entreprise en collaboration avec M. Vurpas*, d'une part, et avec M. Pieron*, de l’autre, a conduit à des résultats intéres- sants que nous allons résumer : Les deux sujets sont réunis par une bande cartilagi- neuse, formée par les appendices xiphoïdes, renfermant probablement aussi une lame de tissu hépatique; de chaque côté de cette bande, ôn peut même saisir un léger pouls. La longueur du pont membraneux est, hori- zontalement, de 5 centimètres en haut, de 9 cm.5 en bas, el, verticalement, de 8 em. 5; la circonférence attein en moyenne 22 cm. 5; elle est variable de 4 em. 5 sous l'influence de la respiration et des efforts musculaires. Chez les deux sujets, le cœur est à gauche; chez celui de droite, la pointe du cœur ne rentre pas sous la paroi thoracique ni à droite ni à gauche ; l’auscultation révèle deux bruits bien frappés, mais l'intensité est sensible= ment la même, que l'on pratique l’auscultation à droite ou à gauche du point d'élection. La coordination motrice est parfaite, et, grâce à une entente préalable, les sujets peuvent courir et sauter Les besoins organiques peuvent s’accomplir séparé ment; il en est quelquefois ainsi; mais, le plus souvent, ils se produisent ensemble. Nous donnons dans le tableau I les résultats de l'étude de la vitesse du cœur, de la pression sanguine, de la mesure de la température, de la force musculaire, et de la sensibilité. Chaque chiffre du tableau représente la moyenne d'un nombre important d'expériences. 2; © A. Meuket : Stoffwechselproducte des Chinins (Arch. f. exp. Path. u. Pharm.,t. XLVII, p. 165-177, 1902. — Labora= toire du professeur Schmiedeberg à Strasbourg). * Comptes rendus, 10 mars 1902. * Comptes rendus, 11 mars 1902. examen de la sensibilité auditrice révèle une légère inution, à peine appréciable, du côté interne; il en de même pour la région interne des champs visuels. Les sensibilités tactile, thermique et douloureuse ÿsont plus fines chez le sujet de gauche. : } Les sujets peuvent s'endormir et se réveiller indivi- uellement. Pourtant, la grande majorité de leurs actes ychiques est dictée par un automatisme psycholo- que admirablement et préalablement réglé; leurs nsations internes sont suffisamment coordonnées r qu'ils puissent se dispenser des communications érbales. Les sensations générales, telles que la faim, la if et les différents besoins, se produisent presque ultanément, et à des intervalles à peu près régu- L'exploration sensorielle du point d'union démontre istence d’une zone tout à fait insensible, qui s'étend 1t le long du diamètre vertical, avec de rares régions terruplion, qui ont la particularité d'être légère- nt sensibles ; l'hypoesthésie est néanmoins notoire. que fois que l’on louche, avec le compas de Weber, points, un de chaque domaine sensoriel et de que côté de la zone anesthésique, à la partie supé- re de la zone médiane antérieure, les deux sujets sent deux sensations au lieu d’une; il parait donc y avoir une fusion préalable des sensations percues,et cela ndition d'exercer une pression assez forte (au moins CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 367 L'attention des sujets est également variable : le sujet de droite est plus attentif, plus éveillé et s'adapte facilement à un travail intellectuel. Voici la durée du temps de réaction de leurs sensations auditives et tactiles : Sensations auditives. RÉACTIONS RÉACTIONS SIMPLES de choix ne PE 20,5 (excit. commune). “1 Sujet droit. . . f 15,1 (excit. distincte). 29,5 = 22,1 (excit. commune). e Sujet gauche. . | 16,6 (excit. distincte). s 34,2 Sensations tactiles. x 0e Æ 19,0 (excit. commune). } Sujet droit. . . | 11,3 (excit. distincte). 2 EUR 24,1 (excit. commune). Sujet gauche. . À 20.2 (excit. distincte). É K Le sujet droit a les-temps de réaction plus rapides; leur réaction sensorielle gagne quand les excilations ont lieu individuellement pour chaque sujet. Rappelons encore que, malgré le fait que le sujet gauche est gaucher pour la force musculaire, pour l'habilelé motrice il est droitier. Pour la sensibilité à la douleur, le même sujet trouve insupportable une pression de 60 grammes (algomètre Verdin), tandis TagLeAu I. — Résultats des déterminations faites sur un xiphopage. NOMBRE RARES RTE FORCE MUSCULAIRE de pulsa- È à NOMBRE ES LE : = du sang : pulmonaire | ns : £ : … SUJETS tions ..— |des respira- é TAILLE MESURES ANTHROPOMÉTRIQUES 2 (radiale) spiromètre : (pouls radial|, * Potai tions EE main main debout) (RPPÆE9 tam) erdin) droite gauche 92 14 cm. 22 1 1. 76 2% kil. 5 18 kil. 15365 |La grande majorité un peu su- périeures au sujet gauche. sû 15 em. 28 111.27 47 kil. 5 | 24 kil. 5 1m350 |La grande majorité inférieures | au sujet droit. | grammes), et que les deux pointes du compas ne nt pas écartées de plus de 15 millimètres. outes les fois que l’on exerce une excitation tactile s cette même région, mais un peu dans le creux de cade cartilagineuse de chaque côté, les deux sujets sent des sensations, quoiqu'il n’y en ait qu'un seul arlequel lasensation ait été provoquée mécaniquement. u point de vue de la psychophysiologie des émo- ons, chaque sujet les subit indépendamment; le jet de gauche est plus émotif que celui de droite; le Is capillaire s'elface sensiblement, la respiration ient superficielle ou profonde, tandis que, chez le et de droite, on ne constate rien simultanément. &eurieux : si l'émotion se prolonge chez le sujet de auche, on remarque des troubles sensibles sur les burbes graphiques de son frère, sans toutefois que le ujet ait conscience des troubles produits. Le sujet de auche subit plus facilement et plus rapidement les ubles émotifs de son frère. Il arrive pourtant que les sujets prennent conscience de leurs troubles secon- daires. On peut calculer le temps qui s'écoule entre Lexisteuce de troubles primitifs et de troubles secon- daires. La respiration est différente chez les deux sujets, non | seulement comme fréquence, mais aussi comme am- litude et rythme; ils possèdent pourtant la faculté | d'accommoder leur rythme avec une spontanéité notoire. ( L'effort respiratoire d'un sujet se répercute sur la res- üration de l’autre assez sensiblement pour être déce- à lable; si l'on empêche un sujet de respirer, quelque à temps après (une seconde et même plus) un observe une * diminution remarquable de la respiration de l’autre | sujet. | ‘1 M À qu'elle était supportable pour le sujet droit même à 100 grammes. Enfin, l'examen de la mémoire et des autres facultés psychiques est péremptoirement en faveur du sujet de droite ; les recherches sont pourtant délicates, à cause de la langue étrangère et surtout à cause du peu d'instruction des sujets. Leur caractère est gai et garde encore l'empreinte enfantine ; quoique inséparables, ils se disputent parfois vivement à propos de motifs futils. En résumé, malgré ces différences entre les deux vies | biologiques, il faut remarquer que, toutes distinctes qu’elles paraissent, elle subissent néanmoins des per- turbations dans le sens individuel de leur modalité. Il semble exister, en d'autres termes, une sorte de paral- lélisme de deux vies, qui évoluent distinctement, mais dont les fonctions biologiques s’accomplissent suivant un rapport préalable, qui existe entre elles. La polypnée thermique chez les poikilo- thermes. — On sait, par les recherches classiques de M. Charles Richet, que le chien, qui ne possède pas de glandes sudoripares, lutte contre l'échauffement par la polypnée qu'il manifeste lorsque la température exté- rieure ou la température interne atteint un certain degré. Cette polypnée ou tachypnée thermique recon- nait deux causes différentes : soit une cause extérieure, l'action de la chaleur sur les terminaisons nerveuses cutanées, déterminant, par voie réflexe, une modifica- tion du rythme respiratoire; soit une cause interne, l'excitation, suivant un mode spécial, du centre respira- toire par le sang surchauffé. M. Richet a nettement établi que Ja polypnée thermique diffère essentiellement de l’asphyxie : les causes en sont différentes, les mani- 368 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE festations en sont dissemblables; il ÿ a plus : la polypnée ne peut se manifester chez un animal en état d asphyxie, ou de dyspnée même légère; elle a, comme condition nécessaire, une hématose absolument parfaite. M. J.-P. Langlois, dans un fort intéressant mémoire’, vient d'établir que-cette polypnée thermique peut s ob- server avec une remarquable netteté chez certains Sauriens, animaux à température variable, tels que le Lézard des palmiers (Uromastix acanthirinus) et le Varan des sables (Varanus arenarius), qu'on rencontre dans les oasis de l'Algérie méridionale. Le fait est d'au- tant plus intéressant. qu'on admettait universellement jusqu'à ce jour que les animaux à température variable sont livrés sans défense aux variations de la tempéra- ture ambiante. . En plaçant au soleil la cage contenant ces animaux, on voit leur température interne (température rectale) suivre une marche parallèle à celle du milieu ambiant : en moins d’une demi-heure, la température rectale passe de 17° à 38, et les animaux passent, de l’état d'en- “ourdissement presque léthargique dans lequel ils se trouvaient, à celui d’une extrème agilité. Enmêèmetemps, la respiration s’est accélérée régulièrement; les mouve- ments respiratoires atteignent le nombre de 70 et même 80 par minute au moment où la température interne est de 38°. Puis, brusquement, quand la température interne atteint 380,5, l'animal ouvre la gueule, tire une langue rutilante et accomplit 180, 200 et jusqu à 360 mou- vements respiratoires par minute. à A partir du moment où s'établit cette polypnée, la température rectale cesse de suivre la température exté- rieure avec la même exactitude; elle reste inférieure de quelques degrés, dans un cas même de 59, un Uromas- tix polypnéique ayant 42° dans une enceinte à #7°. La polypnée, chez ces Sauriens, est donc efficace, comme elle l'estchezle chien, pour lutter contre l'échauffement. En analysant ce phénomène de polypnée des Sauriens, M. Langlois a pu établir qu'il existe deux sortes de polyp- née : une polypnée d'origine périphérique et une polyp- née d'origine centrale. La polypnée s'établit quand la température interne du Saurien, exposé au soleil, atteint 389,5; — mais, si le même animal est placé dans une enceinte chauffée par une source de chaleur obscure, sa tenipérature interne peut atteindre 42° sans que la polypnée se soit établie. Ce fait montre le rôle joué par les radiations lumineuses dans la genèse de cette polypnée. Suppo- sons que le Saurien exposé au soleil commence à de- venir polypnéique; placons brusquement un écran entre l'animal et la source de chaleur et de lumière (soleil, lumière du gaz condensée par des réflecteurs puissants) : la polypnée cesse, et la respiration reprend le rythme normal en moins de 2 secondes; dès qu'on enlève l'écran, la polypnée réapparaît en moins d’une seconde. L'expérience réussit également bien quand on couvre la tête seule de l'ombre de Pécran; elle ne réussit pas quand l'ombre est portée sur une autre partie du corps. Toutefois, la chaleur lumineuse frappant la tête de l'animal n'est pas une condition suffisante de l'établis- sement de la polypnée : un Saurien exposé au soleil ne devient polypnéique que lorsque sa température interne a alteint 389,5. Cette dernière condition, insuffisante à elle seule pour provoquer la polypnée, étant remplie, la polypoée est déterminée par l’action exercée par la cha- leur lumineuse à la surface du cràne : la polypnée est d'origine extérieure ou réflexe. Si, sur la tête d'un animal polypnéique, on dépose une goutte d’eau, la polypnée cesse de se produire pendant un certain temps; par conséquent, la cause de cette polypuée ne doit pas être recherchée dans une action de la lumière sur la rétine. M. Langlois fait remarquer incidemment que les Sauriens possèdent un œil pinéal. placé dans la région où agissent les rayons solaires et où agit la goutte d’eau, ce qui tendrait bien un peu à ‘ Journ.de Physiol. et de Pathol. gén., t.1V, n° 2, p: 249. justifier l'opinion émise par certains naturalistes. sujet des fonctions de cet énigmatique organe : ce sera un appareil de sensibilité thermique. : A côté de cette polypnée d'origine périphérique, on peut noter une polypnée d’origine centrale : M. Langlois en indique seulement l'existence, sans en étudier rigou reusement les conditions. Quand l'animal à été po néique pendant un quart d'heure environ, il n’est plus possible de suspendre la polypnée par l'interposition d l'écran entre l'animal et la source de chaleur lumi neuse. +] Commé la polypnée du chien, la polypnée des Sau- riens nécessite une hématose parfaite; si, dans um: enceinte contenant un animal polypnéique, on fait pas ser un courant d'acide carbonique, le nombre des mous vements respiratoires tombe brusquement de 260 à 30 et ceux-ci présentent le (ype dyspnéique le plus net. Cette polypnée entraine une perte sensible de vapeu d'eau, atteignant jusqu'à 42 grammes par kilo et par heure. Elle constitue une ébauche de régulation thermique, la température rectale cessant à ce moment de s'élever parallèlement à la température extérieure Ces faits démontrent donc nettement que la distin: tion si absolue établie par les physivlogistes entre animaux homéothermes, ou animaux à sang chaud, les animaux poikilothermes, où animaux à sang froid! les uns possédant un appareil régulateur thermique, les autres n'en possédant pas, n'a que la valeur d’une come mode classification; entre les deux classes, on trouve des intermédiaires. Ce sont d'abord certains Mammifères nouveau-nés (homme, etc.), qui ne possèdent qu'un appareil thermo-régulateur rudimentaire; ce sont, en suite, les Mammifères hibernants, qui ne possèdent d’ap= pareil thermo-régulateur que dans certaines conditions | de température extérieure; ce sont, enfin, les Sauriens étudiés par M. Langlois, qui possèdent, quand leur tem pérature atteint 3$°,5, un appareil thermo-régulateur a moins rudimentaire. $ 5. — Psychologie Psychologie zoologique.— Ilvient de se fonder à l'{nstitut psychologique, un groupe d'études de /'syz chologie zoologique. Ce groupe à choisi pour prési dent M. Edmond Perrier, pour vice-président M. Espis nas, et comme secrétaires MM. Marchal et Ménégaux: Parmi ses membres, nous remarquons MM. Delage, Giard, Humbert, membres de l'Institut; Bouvier, Ousla letet Vaillant, professeurs au Muséum ; Couteaux, séna teur. Le but de ce groupe est : 4° d'éludier loutes les mani festations psychiques des animaux par des méthodes d'observation et d'expérimentation rigoureuses; 2° de provoquer, par son influence, ses publications ou som assistance, des recherches dans le mème ordre d'idées: 3° de coordonner et de comparer les résultats acqu pour en tirer des conclusions conformes aux données, de la science. Le domaine de la Psychologie zoologique est vas car il s'étend depuis les différentes formes d’excitabilit ou les réflexes simples, que l'on observe chez les Proto= zoaires, jusqu'aux instincts complexes où à l'intelligencen et la conscience des animaux supérieurs. Dans une notice qu'il publie, ce groupe d'études di qu'il accueillera la collaboration de tous, quelles qu puissent être les opinions au sujet de l'interprétation philosophique des faits; une seule condition sera im posée : celle de n'apporter que des faits précis, autan que possible contrôlables, et des travaux conduits d'aprè les méthodes de l'observation et de l'expérimentation: scientifiques. : Des observations isolées, non coordonnées dans un but déterminé, et portant sur un animal que l'on pos=. sède, tel qu'un chien ou un oiseau par exemple, sont, em général, de médiocre valeur, et, pourtant, ce sont elles: qui comportent les développements les plus longs dans la plupart des publications consacrées à la Psychologie ( + La: CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE animaux. Ce que demande le nouveau groupe tudes, ce sont des observations concises, dépourvues développements ayant une visée purement littéraire, qui contiendraient quelque fait nouveau, autant que ssible contrôlable. our les Mammifères, par exemple, l'étude analyti- ue des transformations qui se produisent dans l'état chique des animaux sous l'influence de la domesti- on et du dressage semble constituer l’une des mé- des de recherches les mieux appropriées au but rsuivi. Les éleveurs et les chasseurs ont à leur dis- sition un riche champ d'étude, et les résultats de xpérience d’un praticien qui posséderait le sens criti- e scientifique seraient particulièrement appréciés. our les Oiseaux, il serait utile de centraliser les ocuments concernant leurs migrations etles causes qui régissent, les études spéciales. à la colombophilie, monographie d'une espèce sauvage ou de l'une de races domestiques, l’étude des variations que peut senter un instinct, tel que celui de la nidification ou ui de la sociabilité, suivant les conditions extérieures, out les climats et la race. our les Insectes, il y aurait intérêt à présenter la mo- raphie des facultés psychiques d'une espèce donnée, vétudier les variations qu'un instinct déterminé éprouve ivant les individus d'une même espèce, suivant le mat, et suivant les conditions anormaies que pourra er l'expérimentateur. Les recherches devront être si dirigées vers l'étude des facultés primordiales, les que la mémoire, et devront viser la dissociation périmentale des instincts compliqués en phénomènes émentaires. Toutes les classes zoologiques sont susceptibles d’être diées d'une facon analogue, et celles dans lesquelles s manifestations psychiques sont les plus simples peu- t fournir des données qui permettront de résoudre téressants problèmes. Les classes inférieures cons- uent un champ d'étude qui doit être exploré avec tant de zèle que celui qui nous est offert par les ses les plus différenciées au point de vue de l'ins- tinct et de l'intelligence. n somme, tel qu'il est constitué, le Groupe de Psy- ologie zoologique, par ses recherches, par ses publica- ns, et par la création d’une bibliothèque et de labo- oires, pourra rendre de grands services aux travail- urs et aider aux progrès de la science psychologique. $ 6. — Hygiène publique Les légumes crus et l’épandage. — Depuis lusieurs années, on s’est préoccupé de l'influence que uvaient avoir, sur la santé publique, les légumes et Les its qui, ayant été arrosés parles eaux d'égout, étaient suite mangés crus par la population parisienne. Afin éviter tout danger à cet égard, M. Baudin, ministre S Travaux publics, a proposé par la lettre suivante, ressée au Président du Conseil, de prendre les me- nécessaires : « Monsieur le Président du Conseil, A la suite des discussions récemment soulevées au lement et dans la presse par les opérations d’épan- ge des eaux d'égout de Paris sur les nouveaux champs d'épuration de Méry, Pierrelaye et de Carrières-Triel Seine-et-Oise), l'opinion publique s'est vivement émue $ dangers que pourrait présenter la consommation des légumes provenant des champs irrigués à l'eau égout. + « J'estime que ces appréhensions sont fondées. Il est & craindre, en effet, que les fruits et légumes qui se ne: trouvés accidentellement en contact avec des eaux usuffisamment épurées n'arrivent sur le marché con- inés de microbes ou de débris organiques suscep- tibles de les rendre malsains. …. Les eaux de lavage emportent la plupart des élé- ments pathogènes, et l’ébullition les rend absolument fensifs. Aussi peut-on affirmer que les légumes cuits ebles fruits pelés n'offrent accun danger. Mais il n’en 369 est pas de même des légumes et des fruits qui se mangent crus, comme, par exemple, les salades et les fraises. « IL me parait indispensable de parer au danger qui peut en résulter pour la santé publique et, pour arriver à ce but, je n’apercois qu'un seul moyen : c’est de sti- puler nettement, dans les contrats de concession d’eau d'égout passés par la Ville, l'interdiction, pour les usa- gers, de cultiver les fruits et légumes destinés à être mangés Crus. « Si vous partagez ma manière de voir, j'adresserai sans retard des instructions dans ce sens à M. le Préfet de la Seine. » Saisi de cette lettre, le Comité consultatif d'Hygiène publique à nommé une Commission de trois membres, chargée d'étudier scientifiquement cette question. Cette Commission, composée de MM. le Dr Roux, de l'Institut Pasteur, le D' Ogier, directeur du Laboratoire de Toxi- cologie, et le D' Wurtz, agrégé de la Faculté de Méde- cine, a chargé ce dernier de rédiger un Rapport sur les expériences qu'elle a effectuées. D’après les conclusions de ce Rapport, qui a été approuvé par le Comité consul- tatit d'Hygiène publique, il y aura lieu d’exclure de l'exploitation agricole dansles champs d'épuration tous les légumes et fruits quise mangent crus et qui poussent près du sol, comme, par exemple, les radis, les salades et les fraises. Les légumes qui se mangent crus, mais qui viennent à quelque distance du sol, comme les tomates et les artichauts, ne seraient pas compris dans cette interdiction. En conséquence, le Comité d'Hygiène a émis le vœu que, dans les contrats de concession d'eau d’égout passés par la Ville de Paris, il soit désor- mais interdit aux usagers de cultiver des fruits et légumes destinés à être mangés crus. Pour justifier cette interdiction, il suffit, d'ailleurs, de remarquer qu'après une pluie, les fraises, par exemple, sont salies par les éclaboussures de terre mouillée. Or, si ces fraises sont arrosées avec de l’eau d’égout, chaque éclaboussure sera un nid à microbes. Il en est de même pour Ja salade, qu'il est si difficile de laver complète- ment. Enfin, ainsi que l'a fait remarquer M. le D' Brouardel, dans les pays où l’on arrose les cultures maraichères avec le « tout-venant », avec l'engrais humain, on a constalé une recrudescence d'accidents intestinaux. Assurément, la part qui doit revenir, dans la fréquence plus grande de ces accidents, à l'emploi d'un pareil engrais n'a pu être déterminée avec préci- sion, mais elle est indéniable. Ajoutons que l'inconvénient que le Comité d'Hy- giène voudrait faire disparaître existe ailleurs que dans les champs d'épandage de la Ville de Paris. Dans cer- tains départements du Nord, en effet, ce qu'on appelle « l’engrais flamand » est très répandu. Mais, ici, on ne peut prendre aucune mesure officielle ; on peut, du moins, souhaiter que les résultats des expériences de la Commission technique dont nousvenons de parler soient connus des cultivateurs et leur donnent l’idée de réformer leurs procédés. $ 7. — Médecine expérimentale. L’immunisation avec les substances immu- nisantes. — On sait que certaines substances immu- nisantes, telles que les hémolysinesou les spermotoxines, injectées à des animaux, donnent lieu à des anticorps correspondants: antihémolysines et antispermotoxines. MM. Kraus et Eisenberg' se sont demandé si l'on peut obtenir des anticorps en partant d'autres sub- stances immunisantes, telles que l’antitoxine diphté- rique, l’agglutinine typhique et le lactosérum. Ils ont injecté pendant un certain temps ces sub- stances à différents animaux, puis ils ont cherché, dans les sérums de ces derniers, l’antiantitoxine, l'antiagglu- tinine et l’antilactosérum. 1 Kraus et ErsenserG : De l'immunisation avec les sub- stances immunisantes (Centralblat für Bakter., 1902, n°5). 10 Pour ce qui concerne l’antitoxine diphtérique et l’an- tiagglutinine typhique, leurs résultats furent tout à fait négatifs. Ils ont ensuite essayé d'obtenir un sérum contre l'agglutinine des globules rouges, mais ils n’ont pas réussi; ils admettent cependant la possibilité de cette aotiagylutinine. Enlin, ils ont vacciné une chèvre et un chien contre du lactosérum actif vis-à-vis du lait de chèvre. Au bout de six semaines environ, ils ont étudié les sérums de ces deux animaux au point de vue de leur pouvoir anti- lactoSérique. Or, le sérum du chien s’est montré com- plètement inactif, alors que celui de la chèvre avait acquis la propriété de neutraliser le lactosérum, c’est- à-dire d'empêcher l’action précipitante que ce lacto- sérum exerce sur le lait de chevre. Au sujet des antiagglutinines que les auteurs n'ont pas pu obtenir, il faut remarquer ceci : S'il est impos- sible d'obtenir un sérum coutre l'agglutinine typhique spécifique, comme le disent les auteurs, il ne s'ensuit pas que, d'une façon générale, un sérum antiaggluti- nant n'existe pas. Au cours de ses expériences sur le bacille typhique, M. Besredka a constaté qu'en injectant à un lapin, par exemple, du sérum de cobaye, qui est normalement agglutinant pour le typhique, on voit que le sérum du Japin ainsi traité devient nettement anti- agslutinant, c'est-à-dire empêche le sérum de cobaye d'agslutiner le bacille typhique. Il serait donc inexact d'affirmer, d’une facon générale, que des sérums anti- agglutinants ne peuvent pas être obtenus. La destruction des rats par le bacille de Danysz. — Nous avons signalé récemment ! les essais de destruction des rats par un microbe pathogène faits en Russie par M. Issatschenko. Un savant autrichien, M. Mandl, vient d'entreprendre des expériences ana- logues *. 11 a étudié l’action des cultures du bacille de Danysz sur les rats des égouts de Vienne. Il a commencé par s'assurer de leur virulence vis- à-vis des rats gris et des souris blanches, en leur injectant des cultures de vingt-quatre heures en bouillon. A la suite des inoculations sous-cutanées et intra- péritonéales, les rats succombaient en trois jours; les rats qui ont été nourris avec ces cullures tombaient malades après deux jours, puis succombaient au sep- ième ou au neuvième jour, L'auteur à ensuite cherché quelle était la virulence des organes (foie, rate) des rats ayant succombé à l'in- gestion des cultures. Ses expériences ont montré que cette virulence existe seulemen! jusqu'au troisième pas- sage, après quoi les organes des rats infectés, donnés en nourriture à des rats neufs, ne déterminent plus la mort; M. Mandl croit que le microbe de Danysz pro- voque plutôt une infection intestinale qu'une véritable seplicémie. Les cultures filtrées ne tuent pas la souris, mais tuent les rats. Lorsque la cullure perd sa virulence, on n’a qu'à l'aire un passage, au moyen d'un sac de collodion, dans le péritoine du lapin ; on obtient aussitôt une cul- ture qui tue par ingestion. Les tentatives faites pour exaller la virulence des microbes au moyen des passa- ges par l'intestin ont donné des résultats négatifs. L'auteur conclut en considérant le microbe de Danysz comme un moyen efficace pour lutier contre les rats, et cela d'autant plus qu'il est inoffensif pour l’homme et les animaux domestiques; mais il ne faudrait pas compter exclusivement sur ce moyen. S 8. — Géographie et Colonisation La pêche en Tunisie. — L'Enseignement colo- nial libre, fondé sous le patronage de l'Union coloniale, et organisé par M. le Professeur Raphaël Blanchard, a ! Voyez la Revue du 15 février, p. 118. ? Manoz : De la valeur du bacille de Danysz dans la des- truction des rats. Centralblatt für Baktériologie, 1902; n° 5. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE donné celte année, dans le grand amphithéâtre di Muséum, une série de 14 conférences sur la Tun L'une de ces conférences, faite par M. Seurat, doc ès sciences, actuellement en mission à Tahiti, où il y étudier les pêcheries de perles, a porté sur la zoolo. appliquée de la Tunisie et plus particulièrement sur Je pèches maritimes. Cette question e:t une des plu importantes parmi celles qui intéressent l'avenir. notre protectorat; mais il est à craindre qu'une expl tation irraisonnée et sans méthode de ces fonds, cepen dant fort riches, ne tarde pas à les appauvrir. Il no paraît denc utile de résumer cette conférence fl documentée, afin de donner aux lecteurs de la Re un supplément d'informations, qui s'ajoutera à ce a été écrit ici par M. J.-A. Deiss‘ en 1896. La pêche est une des industries les plus importan de la Tunisie : elle y fait vivre plus de 60.000 p sonnes, et elle donne lieu à un grand mouvement d'affaires dans les ports tunisiens, surtout dans celu de Sfax. C'est avec raison que M. Seurat a particuliè ment attiré l'attention sur la pêche des Eponges. sait*, en effet, que l'Eponge est un produit dont la consommation augmente de jour en jour, tandis que la. production est forcément limitée, car les gisements spongifères n'existent que dans un nombre restreint de localités : côtes de la Corse, Adriatique, Archipel grec côtes de Caramanie, de Syrie, de Tripolitaine et dem Tunisie, dans la Méditerranée; Bahamas, Cuba, côtes de la Floride, de la Martinique et de la Guadeloupe, en Amérique. L'exploitation des bancs d'Eponges de lan Tunisie devrait être basée sur une réglementatio résolument protectrice et reposant sur des données scientifiques sérieuses; sinon, c'est leur complet épui sement à bref délai. Aussi M. Seurat, après avoir examiné les principaux faits concernant la biologie de l'Eponge tunisienne, montre l'intérêt qu'il y aurait à déterminer, d'une facon précise, l'époque de l'expulsion des larves, le mode de fixation de celles-ci et la duré de leur croissance. L'Administration tunisienne admet que l'expulsion des larves a lieu au printemps; cepen dant, à la suite de divergences de vues avec la Chambre de Commerce de Sfax, qui s'appuie sur l’opinion de Lo Bianco, de Naples, la Direction générale des Travaux publics de la Régence à reconnu la nécessité d’obser zations méthodiques; mais, jusqu'ici, rien n'a été fait, rien même ne parait avoir été entrepris dans cette voie. Aussi bien, les pêcheurs, sans se soucier de l'avenir. et sans être inquiétés, utilisent les engins les plus des- tructeurs, et en particulier la gangave, sorte de drague qui arrache indistinctement tout ce qu'elle rencont sur son passage, y compris les Eponges de petite taille que l’on ne ramasse pas. Ces Eponges, séparées de leur support, tombent au fond de la mer el sont perdues sans profit pour personne, car toute Eponge déracinée est, en effet, condamnée à périr. La pêche des Eponges, pratiquée par 1.271 bateaux: tunisiens, grecs, italiens et turcs, à produit, pendant l'année 1900, 85.597 kilogrammes d'Eponges lavées et 10.364 kilogrammes d'Eponges brutes, d'une valeur de 1.534.845 francs. En 1899, les 1.256 bateaux qui se livraient à cette pêche avaient recueilli 112.000 kilo grammes d'Eponges. | L'Huitre perlière a pénétré dans le golfe de Gabès, où | elle à été signalée depuis une dizaine d'années; cette huître est la petite Pintadine de la Mer Rouge (Marqa ritifera vulqaris Schum.), dont la nacre n'a pas de valeur. L'Huitre commune (Ostrea edulis) existe surles côtes de Tunisie. La pêche des Poulpes constitue une branche impor= tante du commerce d'exportation. Ces Mollusques, que | | | | | | | À .fd.-A. Dreiss : La pêche en Tunisie. Revue générale des Sciences, 1896, p- 1138. ) #Y. Derace et M. Gopgrroy : Etat actuel de la biologie et de l'industrie des Eponges, Revue générale des Sciences, 1898, p. 733. ts CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 371 _—_—_—.._._.._._._._"""""""""""" Lo « l'on prend au trident ou à l'aide de pièges formés par des gargoulettes fabriquées à l'île de Djerba, sont, après avoir été battus sur le sol, mis à sécher sur des cordes tendues au soleil, et expédiés en Grèce, où ils consti- tuent la base de l'alimentation du peuple pendant les deux carêmes imposés par la religion grecque. En 1899, il a été expédié ainsi 179.000 kilogrammes de Poulpes “secs ; en 1900, 280.000 kilogrammes, représentant une valeur de 420.000 francs. - Sur les côtes septentrionales de la Régence, la pêche plus importante est celle de la sardine. Les pêcheries du lac de Bizerte sont concédées à la Compagnie du port de Bizerte, pour une durée de douze ans. Les an- Ciennes pêcheries ont été détruites et remplacées par “des barrages et des bordigues situés en amont. Ces “pécheries, dont le revenu est considérable, fournissent surtout de la daurade et du mulet. Les pêcheries de thons ou {honaires sont aussi d’un excellent rapport. La thonaire de Sidi-Daoud, située au large du cap Bon, est de beaucoup la plus impor- tante. La queue de la madrague de Sidi-Daoud est une longue ligne de filets qui s'étend, perpendiculairement à la côte, sur une longueur de 2 kilomètres. La thonaire de Monastir, qui appartient à une Société française, est aussi très prospère. En 1900, il a été pèché, dans ces égions, 988.443 kilogrammes de thons, d'une valeur de 296.533 francs. Les conserves à l'huile absorbent la plus grande partie du poisson recueilli. » Dans le sud de la Régence sont installées des pêche- ries fixes. On enferme une portion de mer à l’aide de bordigues en brindilles de palmier, qui retiennent le poisson lors du retrait de la mer. Une grande partie du poisson capturé dans cette région est consommée à fax. En résumé, les pêcheries tunisiennes sont remar- quables par leur variété et leur richesse : la pêche des éponges, celle des poulpes et celle des thons, donnent à ces pêcheries un caractère spécial. Enfin, il importe, si l’on veut conserver à la Tunisie cette source de revenu, d'établir une réglementation basée sur des faits scien- tifiques rigoureusement observés; et, pour cela, il sufti- rait que l'Administration fasse appel au concours de zoologistes qui, sur place, étudieraient d'une facon “approfondie la biologie de l'éponge commune. Or, c'est chose facile, il nous semble, car ils ne manquent pas es naturalistes désireux de mettre au service d'une aussi bonne cause leur savoir et leur temps. E. C Une entreprise du Muséum d'Histoire natu- relle de New-York. — Un intéressant problème de “Géographie et d'Histoire sollicite actuellement l’atten- tion du monde scientifique des Etats-Unis. L'Asie et - l'Amérique ont-elles formé autrefois un seul et même “continent? En d'autres termes, ces deux continents, aujourd'hui séparés par la mer, étaient-ils jadis réunis par un isthme de façon qu'on pouvait passer de l’un à Pautre par terre? Et, dans ce cas, l'Amérique a-t-elle été peuplée par l'Asie, ou celle-ci par l'Amérique? C'est . pour résoudre ces questions difficiles que le Muséum de … New-York vient d'organiser à grands frais et d’expédier - simultanément sur divers points des deux continents - des Missions scientifiques nombreuses. …. Les autorités russes soulevèrent d'abord des difficultés - au sujet du séjour prolongé des Missions sur le terri- « toire sibérien. Mais, à la suite d'instructions venues de … Saint-Pétersbourg, la bienveillance a succédé à l’hos- - tilité, et maintenant les autorités sibériennes aident de leur mieux les explorateurs du Muséum. Cet heureux revirement est dû surtout aux efforts de M. Jesup, riche financier et président de la Chambre de Commerce de - New-York, lequel s’est porlé garant que la Mission amé- ricaine limiterait ses recherches aux questions géogra- | - phiques et historiques. M. Jesup a fait plus : il a mis … des fonds con-idérables à la disposition du Muséum. — Aussi, sil faut en croire une revue américaine, ce finan- — cier porterait à cette entreprise du Muséum un intérêt infiniment plus vif qu'à ses entreprises commerciales, Voilà au moins un fivancier américain qui ne se désin- téresse pas des choses de l'esprit. $S 9. — Universités et Sociétés savantes Statistique des étudiants dans les Univer- sités de France. — Le Minisière de l'Instruction publique vient de publier la statistique des étudiants et étudiantes dans les Universités de France, au 15 jan- vier 1902. La récapitulation de cette statistique donne les résultats suivants : Facultés de Droit : 9.608 Français, #11 étrangers, 10 Françaises, 11 étrangères. Total : 40.120. 1 Facultés de Médecine : 6.843 Francais, 454 étrangers, 260 Francaises, 152 étrangères. Total : 7.709. Facultés des Sciences : 3.709 Francais, 236 étrangers, 40 Françaises, 58 étrangères. Total : 4.043. - Facultés des Lettres : 3.008 Francais, 189 élrangers, 180 Françaises, 189 étrangères. Total : 3.566. Ecoles de Pharmacie : 2.822 Francais, 33 étrangers, 73 Françaises. Total : 2.928. : Facultés de Théologie protestante : 121 Français, 6 étrangers. Total 127. i Ecoles de Médecine extra-centrales : 928 Français, { étranger, 57 Françaises, 1 étrangère. Total : 987. Ecoles d'Alger : 796 Français, #1 etrangers, 53 Fran- çaises. Total : 890. Les totaux généraux sont : 27.835 étudiants francais, 1.451 étrangers, 673 étudiantes françaises, 411 élran- gères. Soit ensemble : 30.370. Thèses de Doctorat ès sciences naturelles. — Les thèses suivantes ont été soutenues, dans la se- conde quinzaine de mars, devant la Faculté des Sciences de Paris. M. Conte, préparateur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lyon, a présenté un travail sur l’'Embryo- logie des Nématodes. M. Vaney, chef des travaux de Zoologie à la Faculté des Sciences de Lyon, a présenté un travail sur les Larves et les métamorphoses des Diptères. M. Jean Friedel a soutenu sa thèse sur l’Assimilation chlorophyllienne aux pressions inférieures à la pression atmospherique. M. Paul Vignon, préparateur à la Faculté des Sciences de Paris, a présenté le résultat de ses Recherches de cytologie générale sur les épithéliums. M. Edouard Lamy a présenté une thèse sur le sujet suivant : techerches anatomiques sur les trachées des Araignées. Congrès international de Zoologie. — La 6° session de ce Congrès se tiendra en 190%, à Berne, sous la présidence de M. le Professeur Th. Studer. Deux prix seront’ décernés, pour lesquels la Commission internationale des Prix met au concours les questions suivantes : 1° Prix DE S. M. L'Empereur ALExANDRE III — On demande de nouvelles études sur l’analomie et lem- bryoloqie des Solifuges; 20 Prix pe S. M. L'Empereur Nicoras Il. — On de- mande de nouvelles études sur l'anatomie et l'embryo- logie des Myzostomides. Les mémoires présentés au concours pourront être manuscrits ou imprimés. Ils devront être envoyés, avant le 47 mai 1904, soit à M. le Professeur Perrier, membre de l’Institut, directeur du Muséum d'Histoire naturelle, président de la Commission internationale, soit à M. le Professeur Blanchard, membre de l'Académie de Médecine, secrétaire général de la Commission internalionale. j Conformément aux règlements, les naturalistes suisses, chez lesquels doit avoir lieu le prochain Con- grès, sont exclus du concours. 12 D’ GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS LES OBSÉDÉS ‘ Mesdames, Messieurs, Le médecin chargé de faire une conférence se trouve d'ordinaire dans une situation difficile. Moins favorisé que ne le sont ses collègues de la Faculté des Sciences, moins favorisé que ne le sont surtout ses collègues de la Faculté des Lettres, qui n'ont qu'à puiser au hasard dans leur répertoire pour y trouver des sujets attrayants, le médecin en est réduit à parler des seules choses qu'il sache, choses tristes à raconter el pénibles à écouter : de maladies. Je suis bien obligé, ce soir, de subir cette fâcheuse nécessité. Du moins, les malades dont je me propose de vous parler sont-ils de ceux qui méritent d’être bien connus : d'abord, parce qu'ils sont nombreux; vous en rencontrez souvent dans la rue sans vous en douter, vous en coudoyez dans le monde, et je ne serais pas autrement surpris que le hasard en ait amené ici ce soir quelques échantillons. C’est à leur propos qu'on pourrait rééditer le mot de « Le monde est si plein de têtes faibles, qu'il n'est pas nécessaire d'aller les chercher dans les maisons de santé ». Et puis, ce sont des malades particulièrement malheureux ; d'abord, parce que ce sont des malades ; ensuite, parce que ce sont des malades incompris : incompris quelquefois d'eux- mêmes, car ils sont souvent portés à se demander si les singularités de leur esprit constituent bien une maladie et ne sont pas de simples bizarreries ; incompris de leur entourage intime, qui les tient volontiers pour de simples fantasques ou pour de purs malades imaginaires, comme s'il y avait des malades imaginaires ! Gæthe : Ces malades sont les obsédés. Qu'est-ce qu'un obsédé? C'est un malade qui à une obsession. Mais qu'est-ce qu'une obsession ? Le mot a une double signification, signification dans le langage courant, signification dans le lan- gage médical. Vous savez tous ce que, dans le lan- sage Courant, on entend par obsession : c'est une idée qui s'impose avec plus ou moins de ténacité à l'esprit, qui le laquine et le tourmente. À ce titre, nous avons {ous eu des obsessions, ne fût-ce que l'obsession de la visite ennuyeuse à faire, l'obses- sion de la dette à payer, l'obsession…. de la confé- rence à préparer. ‘ Conférence faite, à la Sorbonne, sous le patronage de la iété des Amis de l'Université de Pa L'obsession pathologique qui, par bien des côtés, ressemble à celle dont je viens de parler, est cepen- dant tout autre chose. N'attendez pas que je vous 1 définisse : rien n'est difficile, vous le savez, comme de donner une définition, et ce n’est pas sous les voûtes de la Sorbonne qu'il est nécessaire de le rap peler : aussi j'aime mieux, dès l'abord, vous citer des exemples. Un homme de quarante ans exerce, dans une petite ville d'un département voisin de la Seine, la profession de géomètre-expert; en cette qualité, il est appelé à faire des calculs, et ces calculs abou- tissent nécessairement à des opérations élémen- taires d’arithmétique, à des soustractions ou à des additions; notre homme remplit ses fonctions avec succès depuis une dizaine d'années, et il s’est. créé une belle clientèle. Mais un jour se produit un incident imprévu qui, d’abord, le surprend et l'étonne : il vient de faire comme d'ordinaire une addition; arrivé au bout, il éprouve le besoin de la vérifier; rien de bien surprenant jusque-là; mais, après avoir fait une première vérification, il se sent instinclivement poussé à en faire une seconde, une troisième, une quatrième... une sixième. Troublé par ce qui lui arrive, il se décide, après effort, à jeter son papier; mais alors ilest pris d’un sentiment par- ticulièrement pénible, d'une angoisse indicible; il ressaisit son papier et cherche vainement à se con- vaincre que son addition est exacte; il reste, dès lors, dominé par un doute qui le trouble. Et le phénomène, que cet homme espère passager el transitoire, vase reproduirependantdes semaines et des mois, chaque fois qu'il voudra faire un calcul, si bien qu'il sera forcé d'abandonner sa profession, non pas parce qu'il ne sait pas calculer, mais parce qu'il ne peut pas arriver à la conviction que ses calculs sont justes. Voilà le douteur. Autre exemple : Un jeune homme de lrente-cinq ans, d'une intelligence remarquable, artiste de talent, occupant une très haute situation dans une administration privée, fait un jour une promenade aux Champs-Élysées; au niveau de la place de la Concorde, un chien passe près de lui: il ne fait pas attention à cet incident et continue sa route; mais, arrivé au rond-point, une pensée lui traverse l'esprit : « Si ce chien l'avait mordu et si, par hasard, il avait la rage ». Il reconnail immédiate- ment l’absurdité d'une pareille idée, et il poursuit son chemin sans y attacher d'importance. Mais, au voisinage de l'Are de Triomphe, ce qui n'avait été | d'abord qu'une appréhension vague devient une | — D' GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS 373 …crainte tout à fait précise; il sait bien, au fond, qu'il | malheureux, aussi anxieux que si le motif de sa “ n'a pas élé mordu, car son intelligence est intacte ; “il n'en est pas moins obsédé à la pensée qu'il — pourrail avoir été mordu, et cette crainte, inopiné- ment apparue, va persister et torturer le cerveau du malheureux pendant des mois. Rencontrera-t-il - un ami dans la rue, sa première pensée sera pour - se demander si cet ami n'a pas par hasard eu de contact avec un chien, et si ce chien n'était pas enragé. Dinera-t-il dans le monde, immédiatement il adressera à sa voisine une question captieuse pour savoir si elle ne fréquente pas de chien: et, s'il apprend qu'il en est ainsi, il sera pris d'angoisse à un - degré tel qu'il se verra forcé de quitter la réunion. Voilà ce que nous appelons, dans notre jargon médical, une phobie. Troisième exemple : Une jeune femme est assise dans son-salon près de sa petite fille âgée de quatre ans ; elle se livre au travail de la couture el a, près | d'elle, un nécessaire renfermant les instruments habituels, notamment un poinçon et une paire de | ciseaux ; tout à coup, il lui semble qu'elle est prise de l'impérieux désir (pensée horrible pour une mère) d'enfoncer son poincon dans le cœur de son enfant; elle se lève out émue, se promène, espé- rant que la chose va passer ; mais quelles ne sont pas sa stupéfaction el sa douleur en s’apercevant que l'affreuse pensée ne s'est pas dissipée! Et elle va persister des semaines ! _ Voilà l'impulsion. - Le doute, la crainte ou phobie, l'impulsion, telles | sont les trois catégories d’obsessions que nous allons avoir à passer en revue : les douteurs, les craintifs, | les impulsifs, voilà les malades que j'ai à vous dé- crire. Mais, avant d'aller plus loin, permettez-moi de . vous indiquer, sans entrer dans trop de détails | _ techniques, qui seraient ici déplacés, quels sont les caractères généraux de l’obsession, et de préciser | en quoi l'obsession morbide diffère des obsessions | normales, dont j'ai cité quelques exemples. Elle en diffère par plusieurs caractères : d'abord, elle est irrésistible ; l'obsession normale, nous la chassons assez aisément, en la raisonnant; l'obsession patho- logique ne se raisonne pas; plus on la discute, plus elle domine l'esprit et le torture. Voilà son premier caractère. Deuxième caractère : elle n'est pas, comme on dit dans le langage de l'École, adéquate à la cause qui la provoque. Quand nous avons une crainte, dans les circonstances ordinaires de la vie, cette crainte est d'autant plus marquée, d'aulant plus pénible, qu'il y a plus de raison de craindre. Il n'en est pas de même de la crainte pathologique : l'obsédé qui appréhende de s'être souillé les doigts en touchant une pièce de monnaie est aussi | phobie était beaucoup plus grave. Enfin, et c'est là un des caractères dominants de l'obsession pathologique, l’obsession s'accompagne toujours d'angoisse. Qu'est-ce qu'une angoisse? Il importe que je vous en trace très sommairement el brièvement la description. L'angoisse, sans laquelle il n'y à pas d'obsession morbide, se caractérise par deux catégories de Symptômes : un symptôme tout mental, qui est un sentiment de malaise, de douleur intérieure, de douleur morale, très analogue à celui qu'a fait éprouver à plus d’un d’entre vous par exemple la perte d'un être cher; puis, des phénomènes phy- siques, que nous retrouverons plus tard et qui sont les suivants : d'abord une sensation d'anxiété, soit à l’épigastre, soit au cœur ; un sentiment de serre- ment à la gorge, d'accélération des mouvements respiratoires; des battements à la tempe, une ac- célération et, quelquefois, des irrégularités des bat- tements du cœur; quand l’obsession est plus forte, quand l'angoisse est plus marquée, des éblouisse- ments, des tintements d'oreilles, des sueurs au visage et aux extrémités, et, dans les cas extrêmes, un sentiment de tremblement des jambes, quel- quefois une demi-syncope, et parfois, dans les cas exceptionnels, la syncope complète : voilà les phé- nomènes physiques de l'angoisse. Retenez-les bien, car nous aurons à revenir sur leur rôle dans les phénomènes de l’obsession. Abordons maintenant la description des diffé- rentes catégories d'obsédés. IT Les douteurs, d'abord, puisque ce sont les dou- teurs que nous avons cilés en premier lieu. Je ne m'arrêterai pas sur la forme banale et courante du doute, sur le douteur qui revient s'assurer vingt fois que la porte de son appartement est bien close, sur celui qui, après avoir écrit une lettre, la déca- chèle à maintes reprises pour se convaincre qu'elle renferme bien ce qu'il a voulu y mettre. Permet- tez-moi de vous citer quelques exemples moins vul- gaires. On divise les douteurs en plusieurs caté- gories : il y a les métaphysiciens, les réalistes. Les métaphysiciens sont ceux chez lesquels l'obsession du doule se produit, comme le mot l'in- dique, à propos de queslions qui sont plus ou moins d'ordre métaphysique : pourquoi la Terre est-elle ronde? Pourquoi le Soleil est-il lumineux el chaud? Pourquoi les feuilles sont-elles vertes ? Question que le douteur arrive d'autant moins aisément à résoudre qu'elles sont, par essence, pour la plupart insolubles. J'ai rencontré récemment de cet un malade ordre, qui est en proie à une des angoisses les plus vives qu'il m'ait été donné d'observer. Cette an- goisse est survenue dans les conditions que voici : Autrefois, dans les traités de Philosophie, il est une question qu'on se plaisait à agiter; c'était comme un souvenir de la fameuse discussion entre les réalistes et les nominalistes: quand nous regardons autour de nous, nous percevons des sensations; ces sensations ont-elles un objet réel ou sont-elles purement subjectives? en d’autres termes, le monde a-tl une réalité ou n'est-il pas simplement une sorte de conception de notre esprit? Question bien futile, que ne s'amusent plus guère à discuter les philosophes d'aujourd'hui,mais qui, parfois, préoc- cupe encore quelques douteurs. Le malade auquel je fais allusion se l'est précisé- ment posée, à la suite de la lecture d’un traité déjà ancien, et, comme, pour des raisons que vous enlre- voyez, il n'a pu en trouver la solution, le doute, un doute horriblement angoissant, s'est emparé de son espritetle torture depuis des semaines. Après les douteurs métaphysiciens, les douteurs réalistes. Bien que je veuille éviter ce soir de vous rappeler les exemples qui trainent partout, laissez- moi cependant vous citer celui qu'a rapporté naguère Baillarger, parce qu'il est vraiment très typique. Il s'agit d'un malade chez lequel l'obses- sion du doute apparaissait chaque fois qu'il ren- contrait une femme. Il se demandait impulsivement si elle élait laide ou jolie, et, comme il lui était impossible, à cause de l'indécision maladive de son esprit, de résoudre celte question, quelque simple qu'elle fût dans la plupart des cas, il avait pris le parti d’attacher à sa personne un compagnon qui ne le quittait jamais et la résolvait pour lui. Etant un jour appelé à Marseille pour affaires, il prend avec son homme de confiance le train à la gare de Paris-byon. Mais, à peu de distance de Paris, il songe tout à coup que son billet lui a été délivré non par un receveur, mais par une rece- veuse. Est-elle laide ? est-elle jolie? Il pose la question à son compagnon qui, déjà à moilié endormi, a l'étourderie de répondre qu'il n'a pas remarqué l’employée. Aussitôt angoisse vive : il faut descendre à la prochaine gare et revenir par le train prochain s'assurer à Paris si la receveuse est jolie ou laide. Une jeune femme de vingt-quatre ans, habitant une petite ville de l'Ouest, éprouve, en sa qualité de douteuse, le besoin impérieux de vérifier chaque soir, point par point, l'intégrité des cou- tures de la robe qu'elle vient de quitter. Si elle ne se livrait pas à ce travail de patience, dont vous entrevoyez la durée, elle se coucherait en proie à une angoisse vive el pénible. Elle passe donc plu- sieurs heures chaque jour à examiner avec minutie D' GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS ses vètements. Elle n’a de répit que si elle a déjà, la veille et l’avant-veille, procédé à ses vérifications ; aussi en est-elle arrivée à porter toujours la même robe. Mais une bonne maitresse de maison ne s'occupe pas seulement de ses effets, elle doit également prendre soin de ceux du mari; si le mari va dans le monde et change d’habit, c’est, pour la pauvre obsédée, un surcroit d'occupation et d'an- goisse; ausst finit-elle par demander à son époux et par obtenir qu'il fasse comme elle, renonce à diner en ville et porte toujours le même veston. Mais il n’y a pas seulement les vêtements qui aient des coutures, il v à aussi le linge; et, un jour, la | jeune femme se jette aux pieds de son mari et lui dit : « Vousêtes le meilleur des hommes, vous avez consenti pour m'être agréable à porter toujours le même habit; j'ai un dernier sacrifice à vous deman- der : ne changez plus de chemise. » Ce jour-là, on s'aperçutqu'ilétait temps de consulter un médecin. Il est une catégorie de douteurs qui sont parlicu- lièrement nombreux : ce sont les scrupuleux. On a défini le serupule, le doute d'une àme bien faile; on pourrait le définir aussi : le doute d'une âme ma- lade. Les douteurs sont souvent des scrupuleux, ou plutôt des scrupuleuses, car il s'agit surtout de femmes. Je ne vous citerai pas toutes les formes que peut revêtir le scrupule, ce doute moral; je ne vous en indiquerai qu'une. Cerlaines femmes, et ce sont les honnêtes, se demandent anxieusement si elles ont bien toujours été fidèles à leurs devoirs conjugaux. Une dame de quarante ans, intel- ligente, spirituelle, distinguée, jolie, qui, par con- séquent, a dû être, au cours de sa carrière, très adulée et très choyée, aborde un jour son mari en lui disant : «Je suis une honnête femme, et, pour- tant, il me semble qu'hier, à ce diner, j'ai écouté les fadaises que mon voisin me débitait avec un peu trop de complaisance : n'ai-je pas manqué à mes devoirs? » Et le mari fait ce que vraisembla- blement nous aurions tous fail à sa place : il sourit et lève les épaules. Le lendemain, sa femme s'ouvre à nouveau : « Te souviens-tu, il y a huit jours, à ce bal,ce monsieur avec lequel j'ai dansé : ne me suis-je pas laissé serrer de trop près? » Le mari sourit encore; mais les questions se multiplient; elles se répètent jusqu'à vingt fois dans la journée, si bien que le pauvre homme prend le parti de déserter la maison; au moins a-t-il le sommeil tranquille. Mais voilà qu'une nuit, il est tout à coup réveillé brusquement. Que se passe-t-il? Est- ce un malheur, un incendie? Non! C'est {out sim- plement sa femme, qui le secoue en lui disant : « Te souviens-tu, il ya quinze ans... » Ce jour-là, le mari comprit que la situalion devenail grave, et, au médecin auquel il contait ses ennuis, il dépei- gnait d'une facon un peu brutale son infortune: D' GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS 15 « Monsieur, j'aime ma femme, mais j'aimerais mieux qu'elle m'ait trompé dix fois et qu'elle me laisse tranquille. » Voilà pour les douteurs. III Arrivons aux phobiques. Il y en a de bien des catégories. Imaginez les craintes les plus variées, les plus singulières, et vous serez à peu près sûrs qu'elles peuvent se réa- liser dans la pratique; aussi bien, n'attendez pas que je vous donne ce soir la nomenclature de toutes celles qu'on peut rencontrer. Il y a, de même que pour le doute, des formes habituelles, courantes : la crainte des boutons de portes, celle des pièces de monnaie, celle des épingles. Les malades qui sont affectés de ces phobies ont des allures et des habitudes particulières : quand ils veulent ouvrir une porte, par exemple, ils pren- nent le pan de leur habit et évitent de saisir direc- tement le bouton. Ils se layent constamment les mains, dix fois, vingt fois dans la journée, et pen- dant des heures. Quand une mère vient trouver le médecin et lui dit, ce qui arrive souvent : « Doc- teur, je ne sais ce qu'a ma fille, mais elle se lave constamment les mains et pendant un temps infini », le médecin ne s'y trompe pas: il devine vite qu'il a affaire à une jeune personne atteinte de la crainte des contacts, qu'on appelle aussi la folie du toucher. Une phobie aujourd'hui très commune est celle des microbes, qui est apparue depuis que les journaux entretiennent le public des récentes con- quêtes de la science au sujet des germes patho- gènes. En voici un exemple : Une femme de soixante- sept ans, grand'mère, a pris auprès d'elle son petit-fils pendant l'absence de la mère; l'enfant a contracté la rougeole et la granl'mère l’a soigné avec beaucoup de sollicitude. La mère revient et reprend son fils. Quand l'enfant est parti, la grand’ mère se rappelle qu'un des linges de l'enfant a été déposé sur un secrétaire et se dit : « Mais si, dans ce linge, il yavait eu des microbes etsi ces microbes avaient pénétré dans le secrétaire! » Elle fait alors venir un médecin, elle le supplie d'examiner avec elle tous les recoins du secrétaire en question, afin de l'assurer que le secrélaire ne renferme pas de microbes; quand elle a lassé un premier médecin de ses questions fastidieuses, elle va en quérir un second, puis un troisième. Et elle passe ainsi en revue, sans parvenir à dissiper son obsession, tous ceux, parmi les plus notables, qu'elle suppose avoir une compétence spéciale en malière de microbes. Vous avez tous entendu parler des agoraphobes; ce sont les malades qui ne peuvent pas, sans angoisses, traverser un boulevard, une large place. Il leur faut, pour lutter contre l’obsession du vide, le voisinage d'une aulre personne, quelquefois simplement d'une voiture, ou d'un objet qui leur sert de point d'appui. Un officier ne pouvait tra- verser en civil la place de la Concorde; quaud il élait en tenue militaire, il s'y risquait lrès bien, son épée suffisait à le rassurer. En opposition avec les agoraphobes, il y a les claustrophobes; ce sont ceux qui ont peur des en- droits fermés : vont-ils dans une réunion, au théâtre, ils recherchent les places les plus rappro- chées des couloirs et de la sortie; si, par hasard, il se rencontre ici, ce soir, des claustrophobes, c’est certainement au voisinage des issues que nous devons les chercher. Récemment, j'ai observé un claustrophobe bien curieux. Il est de ceux chez qui existe une crainte assez commune, celle d’être en- terré vivant ou que les êtres qui lui sont chers puissent êlre ou avoir été enterrés vivants. Chez lui, celte crainte est devenue récemmentune phobie . obsédante. Le malade, qui a eu le malheur de perdre sa mère il y a une dizaine d'années, tout à coup, il y à quelques jours, a songé : « Mais si ma mère avait été enterrée vivante! » Et, pendant des semaines, ce malheureux n’a cessé d'être angoissé, à un point que je ne saurais dire, par celle pensée que sa mère aurait pu être enterrée vivante, On a trouvé moyen de dissiper assez vite celte phobie; mais bientôt une autre du même genre s’y est sub- slituée; cet homme habite la campagne; or, récem- ment, en allant aux water-closets, il a cru entendre un bruit particulier, comme le cri d’une poule qui serait malencontreusement tombée dans la fosse : et le voilà angoissé à la pensée de celle pauvre poule, se trouvant! là à l’étroit et dans une situation pénible. Il nous déclarait qu'il souffrait horrible- ment quand il lui semblait que sa mère avait pu être enterrée vivante, mais qu'il ne souffrait pas moins en songeant que sa poule püût être à l’étroit dans la fosse d'aisances. C’est ce qu'on pourrait ap- peler la claustrophobie pour les autres. Parmi les craintifs, je dois vous signaler encore ceux qui craignent d'être malade : les nosophobes, comme on les appelle. Laissez-moi vous en citer quelques exemples : Vous avez tous vu de ces malheureux qu'angoisse l’appréhension chimérique d’une phtisie, d'une ma- ladie du cœur; ce sont ceux-là qu'on considère com- munément comme des malades imaginaires. D'au- tres ont la crainte vague de la mort : ils vont mourir, ils ne savent trop de quoi, mais ils vont mourir ; et, chose étonnante, il est fréquent que ces malades se suicident, preuve que la crainte perma- nente, durable et prolongée de la mort est plus | pénible que la mort mème. 376 Une autre catégorie curieuse de nosophobes, ce sont ceux que le Professeur Debove a faitconnaitre sous le nom de basophobes. Ils craignent de ne plus pouvoir marcher. J'ai beaucoup connu un mé- decin éminent qui élait un remarquable exemple de basophobie ; il ne pouvait faire son service à l'hô- pital qu'à la condition d'être cerlain d'avance que certaines chaises étaient, dans ses salles, espacées d'une certaine façon; il ne s'y asseyait jamais; mais elles étaient pour lui une sorte d'appui mo- ral; si, par hasard, une des chaises avait été déran- gée, il était pris d'angoisse et se hâtait de quitter le service. Il ne consentait à aller en consultation en province qu’à la condition qu'on lui donnät l'as- surance formelle qu'une voiture l’attendrait dans la cour mème de la gare. Un jour, il est appelé à quelques lieues de Paris ; à l'arrivée à la station, il demande où est la voiture; on lui fait remarquer qu'en raison de quelques réparations qui ont lieu devant la gare, on à été obligé de la faire sta- tionner à quelques mètres plus loin; immédiate- ment il est angoissé et n'hésite pas à remonter en wagon et à rentrer à Paris. Une autre forme de crainte, qui a élé bien décrite, il y a quelques années, par deux médecins français, Pitres et Régis, et, vers la même époque, par un médecin russe, Bechterew, est la crainte de la rou- : vous avez vu tous des jeunes gens qui rougissent facilement: parmi ceux- là, il en est qui, ayant fait la triste expérience de la facilité avec laquelle ils rougissent, deviennent geur, ou éreuthrophobie obsédés par l’appréhension de rougir, et les plus malheureux des obsédés. Pour vous donner une idée de la souffrance mo- rale que ressentent ces pauvres gens, permettez- moi de vous citer l'extrait d'une lettre que m'écri- vait récemment l'un d'eux : « Oh ! être comme tout le monde ! pouvoir m'occuper, travailler, respirer en repos! sans être sans cesse poursuivi par cette idée qui ne me quitte pas! pouvoir vivre au milieu de mes semblables sans sentir ces craintes qui par- fois se révèlent sur ma figure cramoisie! quel rève!.. Je suis tenté, si vous ne trouvez pas pour moi un remède, de meltre fin moi-même à mes souffrances. » Tels sont, Messieurs, les douteurs et les crain- tifs; voyons maintenant une autre catégorie d’ob- sédés : les impulsifs. I\ Les impulsifs sont ceux qui se sentent poussés ou croient se sentir poussés à commettre malgré eux un acte déraisonnable ou criminel. Il en est qui éprouvent le besoin impérieux de répéter un mot. Un de mes malades, s’il lui arrive de jeter les D: GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS veux sur une affiche, dans la rue, et de remarquer. un terme technique qu'il ne comprend pas, « zoolo- gique », par exemple, va répétant des centaines de - fois le mot qui l'a frappé! Ce mot ne le quitte pas, il le redil jour et nuit; puis, petit à petit, le mot. s'altère et se transforme ; notre homme finit par le perdre; alors il est pris d'angoisse, d’une angoisse horriblement pénible; il se lève au milieu de ia. nuit, sort dans la rue et va devant l'affiche pour . relire son mot, en s'aidant d'une allumette. 1 Vous n'êles pas sans avoir -entendu parler des … kleptomanes, qui sont poussés instinctivement au vol. Le vol pathologique se rencontre dans des siluations très diverses ; la seule forme dont j'ai à vous parler, c'est la forme impulsive : il s'agit du vol qui résulte d'une impulsion irrésistible à voler. Mais d'abord, la kleptomanie existe-t-elle? On en a douté. Pourtant, sa réalité est certaine. La créa-. tion à Paris des grands magasins avec leurs éla- lages, qui sont une sollicitation pour l'impulsion même pathologique, en ont multiplié les exemples. Au Louvre et au Bon Marché, on arrête un nombre considérable de personnes prises en flagrant délit de vol. Je n'ai pas besoin de vous dire que toutes ne sont pas des kleptomanes, même pas toutes celles qui prétendent avoir élé poussées par une impulsion irrésistible; mais, dans le nombre, il y en a chez lesquelles la kleptomanie est facilement re- connaissable. Ce sont d'habitude des femmes dont il s'agit. En général, leur situation sociale jure avec le délit qu'elles viennent de commettre; ce sont sou- vent des personnes du meilleur monde, dans une siluation à l'aise, et chez lesquelles le vol s'explique mal. D'autant plus que les objets dérobés sont en général de peu de valeur; ce sont des cargaisons de peignes, d’épingles à cheveux, de coupons d'étoffe de peu de prix que les voleuses entassént chez elles sans songer à les utiliser ou à les vendre. L'impulsion au suicide est bien connue. C'estune obsession souvent héréditaire, et l’on a vu, dans cer- taines familles, les gens se suicider de père en fils au même àge; elle se développe sous l'influence de l'imilalion chez des individus, bien entendu, qui sont prédisposés. On a cité partout le fait du cou- loir des Invalides, où treize pensionnaires de la maison sont venus successivement se suicider; celui de la guérite du camp de Boulogne, où trente et quelques soldats se brülèrent la cervelle ou se pendirent, parce qu'un factionnaire, quelques jours auparavant, leur avait donné le mauvais exemple. Y a-t-il une impulsion irrésistible à l'homicide? A coup sûr, il y a des gens qui s’en croient affectés. Dans le ménage de M. de Humbold, se trouvait une jeune bonne qui soignait les enfants du grand savant avec une sollicitude particulière; un jour, elle alla trouver M: de Humbold, et lui dit : « Vous 4 # ê PP € D' GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS C 1 CA | savez si j'aime vos enfants; eh bien, il faut que je vous quitte. — Et pourquoi? — Parce que, si je reste, je finirai par étrangler votre petite fille que j'adore; quand je la déshabille, je me sens poussée _ à l'étouffer et je crains de céder. » Je ne crois pas qu'elle l'eût fait: l'impulsion . homicide est bien plus une crainte qu’une impul- sion véritable. Calmeil à rapporté le cas, qui traine un peu par- tout, d'un certain Glénadel, qui se sentait poussé invinciblement à frapper sa mère; ce Glénadel, pour échapper à l'horrible impulsion, s'élait en- _gagé; en revenant du service, il s'était senti repris de son obsession; il écrivit alors au directeur de la Maison de Charenton : dans votre Maison ; on me croira guéri: parmoments, je pourrai feindre de l'être; ne me croyez jamais; je ne dois jamais sortir; quand je solliciterai ma ‘sortie, redoublez de surveillance; je n'userais-de la liberté que pour commettre un crime qui me fait horreur. » Je crois que Glénadel, pas plus que la servante de M. de Humbold, n'étaient de vrais impulsifs homicides; ces malades, en général, ne commettent pas l'acte qu'ils redoutent; ce sont, avant tout, des phobiques. Je ne répondrais pas, toutefois, que le meurtre impulsif n'existe pas; on en a cité des exemples. Vous avez tous entendu parler, sans doute, d’un * crime qui fut célèbre naguère, celui de Papavoine : Papavoine, dans le bois de Vincennes, tua un jour deux enfants qu'il n'avait jamais vus, qu'il n'avait aucun intérêt à tuer; Papavoine fut condamné: à cette époque, les magistrats étaieni moins éclairés qu'aujourd'hui et ne se doutaient pas qu'il pût y avoir une folie homicide. Il y à quelques années, tout près d'ici, dans la rue Cujas, un homme venait s'asseoir à la table d'une brasserie, demandait un verre de bière, et, au moment où la fille de service le lui apportait, il sorlait un couteau de sa poche et la frappait en pleine poitrine. Le cas de Touviot fut l’objet de discussions nombreuses, car il était épileplique, et on n'a jamais bien liré au clair la question de savoir, s'il avait commis son crime sous l'in- fluence du délire post-épileplique, ou, ce qui ne pa- rait pas invraisemblable, sous l'influence d'une impulsion homicide. Y Voilà, Messieurs, ce que sont les obsédés, dou- teurs, craintifs, impulsifs. Ces malheureux, qui sont avant tout des émotifs, comme les appelait Morel, passent souvent dans leur milieu pour ce qu'ils ne sont pas, pour de « Monsieur, je vais entrer | | 1 véritables aliénés. Et il faut reconnaître que quel- quefois les apparences sont trompeuses. Une dame, âgée actuellement de soixante-deux ans, refuse un jour un appartement qu’on lui pro- pose, parce que la chambre à coucher est trop près de la salle à manger; une autre fois, après avoir achelé un manteau de valeur, elle en fait, sans rai- son apparente, brusquement cadeau à sa bonne. Un autre jour encore, elle fait changer, sans motif plausible, la tenture de son salon. Ne voilà-t-il pas des actes de folie? On les a, en effet, jugés tels dans son entourage. Et pourtant la pauvre femme qui l'eût cru ?) se conduit avec logique. Si elle agit de la sorte, c'estque depuis vingt ans elle est, sans en avoir rien dit à personne, sauf à son mari et à son médecin, poursuivie par l'obsession des couteaux et du sang. Si elle ne veut pas d'un appartement où la chambre à coucher est voisine de la salle à manger, c’est que, dans les tiroirs de la salle à manger, il y a des couteaux ; si elle a fait cadeau de son manteau à sa bonne, c’est que, deux jours auparavant, elle a lu dans un journal le récit d'un assassinat: que, par mégarde, le journal a été posé sur un guéri- don; que le manteau, lui aussi, a été mis sur le même gvéridon, et qu'elle est obsédée à la pensée de porter un vêtement qui, par association d'idées, lui rappellera le crime dont la lecture l'a angoissée. Un jour, le fils de la malade va trouver le méde- cin, et lui tient le langage suivant : « Vous doutez que ma mère soit folle; je vais pourtant vous donner la preuve qu'il en est, hélas! ainsi : depuis un certain temps, nous n'avons pas de cuisinière : ma mère à fini par en trouver une qui réunissait toutes les conditions requises: elle entre à la mai- son, et, au bout de trois heures, ma mère l'a mise à la porte. Savez-vous pourquoi? Parce qu'elle s'appelle Antoinette. N'est-ce pas de la folie cela ? » Et lorsque je demandai à la malade la raison de sa conduite : « Vous ne comprenez donc pas? Antoi- nette, Marie-Antoinette; Marie-Antoinette! la guil- lotine! et vous voulez que j'aie chez moi une cuisinière dont le nom me rappellera sans cesse un aussi pénible souvenir ? ». Ceci montre combien les obsédés sont malheu- reux; gardez-vous, si vous en rencontrez autour de vous, de les traiter avec dédain, moins encore avec ironie; ayez pour eux de la compassion, écoutez- les avec patience, ils ont besoin qu'on les remonte, qu’on les soutienne. Quelquefois, je me plais à le reconnaître, ils sont singulièrement exigeants : une malade de J. Falret, une scrupuleuse, lui disait : « Mon bon docteur, je vous en supplie, répétez- moi quarante fois : Non, Madame, en faisant ce que vous venez de faire, vous n’avez pas eu de mauvaise intention ». Et le excellent homme. s'attachait à la satisfaire ; or. comme il ve- médecin, 318 D' GILBERT BALLET — LES OBSÉDÉS nait de répéter la phrase pour la quarantième fois, elle lui dit : « Ah! dans une des phrases que vous avez prononcées, vous n'avez pas suffisamment insisté sur les liaisons, cela ne me satisfait pas : recommencez ». L'histoire ne dit pas si le médecin reconmmen(ça. Ilest rare — mais cela arrive — que ces malheu- reux obsédés, sous l'influence de la souffrance qui les domine, se livrent à des actes dommageables pour autrui ou pour eux-mêmes. Permettez-moi de vous ciler à cet égard un fait dramatique, qui ma été conté récemment par l'un des témoins. Une dame de soixante-huit ans, habitant la pro- vince, est affectée de pneumonie; l'affection ne. pré- sente aucun caractère particulier de gravité; mais, comme il s'agit d’une personne ägée, le médecin, pour couvrir sa responsabilité, demande une con- sultation. Il appelle un de ses maitres qui, à l’ar- rivée, est recu par le fils de la malade; celui-ci, tout ému, tremblant, se jette aux pieds du médecin : « Je vous en supplie, Monsieur, assurez-moi que ma mère ne va pas mourir. » On essaye de le calmer et on se rend près de la malade. Au cours de l'examen, le jeune homme se tient au pied du lit, le visage couvert de sueur, en proie manifes- tement à une indicible angoisse. Les médecins pas- sent pour causer dans une pièce voisine; le fils les y suit: « Assurez-moi, Monsieur, que ma mère ne va pas mourir. » On le rassure, tout en le priant de se retirer quelques instants. Or, pendant que les mé- decins sont en train de causer, ils entendent un bruit sinistre, comme la délonation d’une arme à feu; puis un deuxième, un troisième bruit sem- blable. Effrayés, ils se précipitent dans la chambre d’où vient le bruit, et se trouvent en présence d'un horrible spectacle : la mère git sur son lit, le cœur traversé par une balle, et le fils est étendu sur la descente de lit, la tête fracassée par les deux autres. VI Messieurs, si je parlais devant un auditoire exclusivement médical, après celte étude descrip- tive des obsessions, j'aurais bien d’autres questions à envisager; j'aurais notamment à me demander ce qu'est le lerrain sur lequel germent et se dévelop- pent les obsessions, comment il se constitue et se prépare; j'aurais à vous montrer que l'hérédité intervient surtout ici; mais j'aurais aussi à prendre la défense des obsédés, qu'à mon sens on à un peu calomniés en les considérant tous comme des dégé- nérés : il y a des obsessions acquises par les fati- gues. par le surmenage, acquises par loules les causes qui peuvent débiliter le système nerveux. J'aurais encore à vous parler du mécanisme cé- rébral intime, c'est-à-dire de la psychologie patho- logique des obsessions. Tout phénomène de cet ordre suppose : un élément intellectuel, l'idée à la- quelle va se rattacher la phobie, l’idée de la rage, du microbe, des couteaux ou du sang; un élément émotif, la crainte et l'angoisse: et des troubles phy- siques concomitants, accélération des baltements du cœur, des mouvements respiratoires, troubles de la circulation périphérique. Si je vous deman- dais dans quel ordre se succèdent ces éléments constitutifs de l’obsession, vous répondriez, sans doute, que l’idée fait naître fa crainte, et la crainte les phénomènes physiques de l'angoisse. Eh bien, Messieurs, les psychologues sont en train de changer tout cela. L'idée semble, par elle- même, tout à fait indifférente : elle ne serait ni agréable, ni désagréable ; mais elle agirait sur les fonctions musculaires : elle déterminerail des troubles de la respiration, des troubles du cœur, des troubles de la circulation cutanée; et c’est à la faveur de ces phénomènes physiques qu’elle engen drerait les troubles du sentiment qui constituent le côté mental de l'obsession. En réalité, quand nous rencontrons un animal qui nous effraye, d'après la théorie dont je parle, ce n’est pas parce que nous avons peur que nous tremblons ; au contraire, nous avons peur parce que nous tremblons. Quand nous assistons à un spectacle qui nous émeut ou qui nous remplit de salisfaction, notre cœur ne bat pas parce que le spectacle nous fait plaisir; nous éprouvons du plaisir parce que notre cœur bat. Si cette théorie est exacte, et s'il s’est rencontré ici ce soir, par hasard, un physiologiste discret qui, par un procédé à lui, ait trouvé, au cours de cette conférence, le moyen d'enregistrer votre respira- tion, vos battements du cœur, l’état de votre circu- lation périphérique, je crains bien qu'en dépouil- lant ses observations, il n'arrive à cette conclusion que les phénomènes musculaires que j'aurai provo- qués chez vous ne sont pas de ceux qui font naîtré l'intérêt et l'agrément, mais, au contraire, la lassi- tude et l'ennui. S'il en était ainsi, après avoir éprouvé, au début de cette conférence, le besoin de plaider les cir- constances atténuantes pour le sujet que j'ai dû choisir, j'éprouverais, en terminant, le besoin de vous présenter des excuses. D' Gilbert Ballet, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Médecin de l'Hôtel-Dieu. CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE 3179 RECHERCHES SUR LE ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE Les idées de Maxwell, d’après lesquelles la lumière est un phénomène électromagnétique, ont recu une première et éclatante confirmation le jour où Hertz démontra la nature ondulatoire des phénomènes produits dans le milieu diélec- trique par une décharge, au moyen de l'expérience classique des interférences entre les ondes élec- tromagnétiques directes et les ondes réfléchies normalement par une paroi métallique. Hertz réalisa également la réfraction de ces ondes et montra leur état de polarisalion. Ces premiers résultats avaient évidemment une importance philosophique capitale en ce qu'ils confirmaient l’analogie, ou, peut-être mieux, l'iden- tité de nature, déjà soupçonnée, de ces phénomènes avec les phénomènes lumineux. Les nombreuses recherches exécutées depuis, pour voir si l'accord entre les deux ordres de phénomènes se poursui- vait, ont élargi ce champ d'étude. On a trouvé que, conformément aux idées de Maxwell, les ondula- tions électriques se propagent avec la vitesse de la lumière; on a pu reproduire avec ces ondes la plupart des phénomènes de l'Optique : les inter- férences, les phénomènes des lames minces et de la diffraction, la polarisation par réflexion, la ré- fraction simple et double, la réflexion totale; les quelques insuccès qu'on a rencontrés peuvent être altribués à l'influence des phénomènes de diffrac- üon, qui sont prépondérants dans le cas des grandes longueurs d'onde. Enfin, M. Rubens, par sa remarquable découverte des rayons reslants', a montré qu’une source lumineuse, telle qu'un bec à incandescence, est capable d'émettre, d’une manière continue, des rayons de très grande longueur d'onde qui, dans le spectre, et si l'on adopte l'échelle logarithmique, se placent plus près des ondes électriques ies plus courtes que de la limite du spectre visible. D'autre part, M. Rubens a montré que ces ondes sont de nature nettement électromagnétique, et que leurs propriétés les rapprochent beaucoup plus des ondes hertziennes que des ondes lumineuses. Il semble donc que la justesse des idées de Maxwell soit à peu près démontrée; la plupart des physiciens pensent actuellement que la lumière est un phénomène électromagnétique, et les plus modernes théories de l'émission (celle de Planck 4 Voyez Rusess : Recherches sur le spectre infra-rouge, dans la Revue du 45 janvier 1900, t. XI, p. 7 à 13. et celle d'Ebert, par exemple) ont à leur base cette hypothèse. Or, ces considérations, si on les applique aux problèmes de l’Astronomie physique, paraissent de nature à en éclairer plusieurs. Déjà, dans son ancien ouvrage sur le Soleil, le P. Secchi pensait que « les variations de l’activité solaire pourraient se communiquer à la Terre (en produisant sur notre globe des phénomènes météorologiques ou électriques) par quelque moyen encore inconnu, par exemple l'induction électrodynamique. » Plus récemment, en 1892, dans son Adresse prési- dentielle à la Société Royale de Londres, Lord Kelvin s’exprimait ainsi : « Guidés par la lhéorie électro- magnétique de la lumière de Maxwell et la théorie ondulatoire dela propagation de laforce magnétique, nous pouvons espérerrésoudre ce problème, pendant depuis bientôt cinquante ans, de l'action directe du Soleil sur les orages magnétiques terrestres, quoique, jusqu'ici, tous les efforts tentés dans cette direction aient été infructueux. » Divers autres savants ont exprimé des opinions analogues, no- tamment MM. Huggins, Ebert, Wiedemann, Puppin, Veeder, etc. Les propriélés fondamentales des ondulations électromagnétiques sont aujourd'hui suffisamment connues pour que nous puissions essayer de montrer, d'une manière précise, le haut intérêt qu'il y aurait à les faire inlervenir en Physique céleste. On sait que la photosphère du Soleil nous envoie des radiations lumineuses qui agissent sur la rétine, et d’autres obscures (ultra-violeltes ou infra- rouges). Les premières ne doivent les qualités qui nous les font paraître de nalure différente qu'à &« une sorte de hasard physiologique », suivant l'expression de M. Poincaré. « Pour le physicien, dit l'illustre savant, l’infra-rouge ne diffère pas plus du rouge que le rouge du vert; la longueur d'onde est seulement plus grande; celle des radiations hertziennes est beaucoup plus grande encore; mais il n'y a là que des différences de degrés. » Et il semble, si les idées de Maxwell sont vraies, qu'il n'y ait pas de base philosophique pour une distine- tion physique entre un rayonnement visible et un rayonnement hertzien émanés du Soleil. On peut donc considérer comme une hypothèse extrème- ment vraisemblable que la photosphère émet des ondes hertziennes. 380 CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE L 2 4 Mais il est d'autres causes qui, sur le Soleil, doivent engendrer des radiations électromagné- tiques. La plupart des astronomes ont admis depuis longtemps que, dans les mouvements extrèmement violents de la surface solaire, il y a séparation d'électricilés positive et négative, binent par des décharges analogues aux décharges électriques de nos éruptions volcaniques terrestres, mais incomparablement plus intenses. D'ailleurs, l'étude oculaire et spectrale des protubérances éruplives a conduit, depuis longtemps, à penser que ces phénomènes sont dus à des décharges électriques. Dès 1873, MM. Tacchini et Delarive ont M. Fizeau, en 1891, les a appuyées de preuves nouvelles. Enfin, M. Deslandres a déduit de l'étude des formes variées et du spectre des protubérances éruptives que celles-ci sont illuminées électriquement et sont produites par des décharges analogues à celles des orages ter- reslres. Or, dans ces décharges, il doit fréquem- ment se produire des ondes hertziennes, comme qui se recom- émis ces idées; celles de nos orages almosphériques(que MM. Popoff en Russie et Tommasina en Suisse enregistrent ré- gulièrement à l'aide. d'antennes et de radio-conduc- teurs). L'émission de ces ondes se superpose à celle des ondes hertziennes émises par la photosphère. On sait, d'autre part, que la fréquence et l'intensité des prolubérances est intimement liée à la présence sur le Soleil des centres d'activités (taches et fa- cules). De tous ces faits, on est logiquement amené à déduire la proposition suivante : Le Soleil doit émettre des ondes hertziennes, et cette émission doit être particulièrement intense dans les régions et aux époques de la plus grande c'est-à-dire dans la région des des facules, et au moment du maximum activité solaire, taches et des taches solaires. Incontestablement, cette proposition a, jusqu'à un certain point, le caractère d’une hypothèse, et il en sera ainsi jusqu'au jour où l’on aura pu enregis- trer, d'une façon cerlaine, des radialions hertziennes netlement émanées du Soleil et sensibles à nos appareils; mais cette hypothèse semble logique- ment déduite de la théorie électromagnétique de la lumière et de l'étude spectrale et oculaire du Soleil; d'autre part, elle n’est contredite par aucun fait; enfin, nous allons montrer qu'elle permet de jeter quelque clarté sur un certain nombre de problèmes importants de la Physique céleste. Mais, auparavant, nous voulons rappeler brièvement que les expériences faites, en ces dernières années, dans le but de déceler un rayonnement hertzien émané du Soleil, onttoutes conduit au même résultat négatif. Cette recherche à faite d’abord 1896, à élé en Potsdam, par, MM. Wilting et Scheiner, en laissant | tomber, à l'aide d'un héliostat, les rayons solaires sur un appareil à résistance variable sensible aux ondes hertziennes: elle a été reprise par moi-même, l'été dernier, sur les pentes du Mont-Blanc, à l’aide. d'une longue antenne horizontale disposée sur le glacier des Bossons (dont la grande épaisseur, à l'endroit choisi pour les expériences, éliminait une cause d'erreur possible provenant de l’interférence entre les -ondes solaires directes et les ondes réfléchies par le sol conducteur) et à l'aide de radio-conducteurs très sensibles, placés dans une enceinte constituée par du mercure et que l'on. ouvrait au moment voulu. Le caractère négalif du résultat obtenu par MM. Wilting et Scheiner, puis. par moi-même, peut s'expliquer facilement par l'action absorbante que Ja partie supérieure et raréliée de l'atmosphère terrestre doit exercer sur. les ondes solaires hypothéliques, conformément à une propriété connue des ondes hertziennes. Mes expériences ont été failes à une époque où il n'y avait aucune tache sur le Soleil; il pourrait être intéressant de les reprendre lors d’un maximum de l’activilé solaire. À ce moment, eneffet, l'intensité des ondes hertziennes solaires doit être maxima, d'après la proportion établie plus haut, et suffisante peut-être pour qu'une partie de ces ondes puisse. vaincre l'aclion absorbante de l'atmosphère supé- rieure. 2 > — PETER De IEEE ENT se PR Rs IT La proposition établie plus haut paraît de nature à jeter quelque lumière sur les curieuses particula- rités de la couronne solaire. Toutes les observations d'éclipses faites depuis l'invention du spectroscope ont montré que la cou- ronne est formée de deux parties essentielles et. distinctes : d'une part, de filaments brillants et de jets lumineux, d'une grande extension et de formes variables, dont le spectre continu indique qu'ils. sont constilués par des particules liquides ou soli- des incandescentes; et, d'autre part, d'une atmo- sphère de gaz incandescents, assez uniformément distribuée autour du Soleil, dont le spectre montre notamment les raies brillantes de l'hydrogène et de l'hélium el surtout la raie verte caractéristique 1 du coronium, que l’on peut observer jusqu'à une distance du limbe solaire beaucoup plus grande que pour les autres raies. Il semble que les filaments lumineux sont indé- pendants de celte atmosphère gazeuse, car les raies gazeuses brillantes sont aussi intenses dans l'inter- valle obscur de deux filaments qu'au milieu del'un d'eux. Les phases de ces deux parties de la cou- ronne sont d'ailleurs exactement inverses : les fila- # ments de particules incandescentes de la couronne s'étendent à une distance du Soleil beaucoup plus CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE 381 sidérable lors d'un minimum des taches que s d'un maximum. Young a, le premier, reconnu ce fait à la suite des éclipses de 1867 et 1878, qui eurent lieu lors des minima des taches, et qui éclipses de 1889 et 1900 l'ont rigoureusement firmé. Au contraire, la partie gazeuse de la cou- de l’activité solaire. En 1874, par exemple, d'un maximum des taches, M. Stone a pu déce- , pendant une éclipse, la raie du coronium à plus 45! du bord du Soleil, et cette raie était très bril- Resultats de Aürpens d" Les stations tropicales FA éclipses ont confirmé ces fails, et, notamment lors l'éclipse de 1900 (année de minimum des taches), a couronne étaient courtes et diffuses. nfin, il parait démontré que le rayonnement olaire (nous ne parlons pas du rayonnement élec- magnétique) est moins intense lors d’un maxi- des taches que lors d’un minimum. Nous ons nous étendre un peu sur ce point, car, récem- nt, M. Arrhénius a établi une partie de la remar- uable théorie qu’il a émise, dans la Revue générale s Sciences, pour expliquer les aurores boréales, r l'hypothèse exactement inverse : à savoir que Soleil rayonne plus de chaleur aux époques du 4 qu'aux époques du minimum des laches. On sait que les taches nous envoient moins de cha- | leur que la surface générale du Soleil : cela résulte | de l'étude de leur spectre, qui indique une absorp- tion générale marquée par rapport au spectre de la REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. bolométriques de Langley, qui ont établi que l’om- bre d'une tache émet environ 54 °/, de la chaleur émise par une surface correspondante de la photo- sphère. Les taches ont donc pour effet direct de refroidir la Terre. La surface totale couverte par les taches dépasse rarement 1/40 de la surface totale du Soleil. Il doit donc s’ensuivre (pour une pareille éten- due des taches et en admettant, d'après Langley, que le rayonnement des taches est la moitié de celui de la surface photosphérique voisine) une diminution de 1/80 du rayonnement solaire et, par suite, une , diminution d'environ 1° de la température terrestre moyenne. En réalité, les choses sont plus compli- quées : lors du maximum des taches, il y a un plus grand nombre de facules (et on sait que les facules rayonnent plus de £haleur que la photosphère), ce photosphère ; cela résulte également des recherches | qui doit tendre à diminuer l'effet précédent; d'autre Variation de la temperature moyenne des stations de l'Inde JL E Life 2 80 85 30 95 800 Variation. de la lenp.moyerne arvuelle de Buenos-Ayres et Bañia-Blanca’. Gurbe inversee de la, fréquence des taches Solaires (Wolf) Fig. 1. — Déviation de la température moyenne annuelle par rapport à la normale. part, lors du maximum de l’activité solaire, l'épais- seur de la chromosphère (c'est-à-dire son action absorbante) est augmentée par les éruptions du gaz intérieur, et ceci tend au contraire à renforcer l'effet précédent. De sorle que, somme toute, la théorie est incapable de faire prévoir d'une manière certaine si le maximum des taches est accompagné d'un moindre rayonnement solaire, quoiqu'elle indique une certaine probabililé dans ce sens. Seule, l'expérience peut donc trancher définitive- ment la question. Or, les plus modernes recherches à ce sujet ont établi, par la comparaison des températures moyen- nes annuelles des divers points du globe, qu'il y a une diminution de la température moyenne, netle bien que légère, les années de maximum des taches: M. Gould a trouvé, d'après les observations de tem- pératures de l'Amérique du Sud, une différence dans ce sens de 1°75 Fahr. entre les années de maximum et de minimum des taches; M. Stone, au Cap, a trouvé, d'après trente années d'observations, une g* 992 CH, NORDMANN —— ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE différence d'environ 0°75 dans le même sens: à Édimbourg, Piazzi-Smyth a trouvé, dans les regis- tres des thermomètres des rochers, une période défi- nie de onze ans, dans le même sens, et dont l’am- plitude est d'environ 1° Antérieurement, Gautier avait été conduit au même résultat par les observations de nombreuses stations s'étendant sur plus de dix-huit ans; plus récemment, divers auteurs, et notamment Korpens, ont conclu dans le même sens, ainsi qu'en fait foi la figure 1. Enfin, si nous nous reportons au travail actinométrique de Savé- lief, sur lequel M. Arrhénius base son hypothèse, nous voyons que, outre les trois séries de nombres cités par M. Arrhénius, Savélieff en donne trois autres qui ne conduisent pas à la même conclu- sion: Savélieff ajoute, d’ailleurs, lui-même dans son mémoire (et telle est également l'opinion de Scheiner) que la valeur même de la constante solaire est encore sujette à discussion et connue avec trop peu de précision; il semble donc préma- turé d'entreprendre l'étude de ses variations, et, pour toutes ces raisons, les résultats de Savélieff ne paraissent pas de nature à infirmer sérieusement les résultats contraires cités plus haut. Il semble done qu'on peut affirmer, avec de grandes chances de probabilités, que le Soleil rayonne moins de chaleur lors du maximum que lors du minimum des taches. Dans ces conditions, l'explication des diverses particularités de la couronne parait facile à l’aide des considérations qui précèdent : 1° L'incandescence de la partie gazeuse de la couronne doit étreattribuée à une origine électrique ; cela résulte, en particulier, de ce fait que son spectre gazeux contient les raies de l'hydrogène, et que l'on n'a pu obtenir ces raies caractéristiques que par une action électrique, bien que l'hydrogène ait été traité depuis longtemps de toutes les manières et notamment par la combustion. D'ailleurs, les plus récentes recherches sur l'émission des gaz ont montré que, aux plus hautes températures que l'on ait pu réaliser, la chaleur seule est incapable de faire émettre un spectre de raies par les gaz. D'autre part, si l’on essaie de se faire une idée de la température qui doit régner dans les parties exté- rieures de la couronne (par exemple à l’aide de l'élégante méthode indiquée par M. Guillaume), on trouve que la température dans ces régions ne doit pas dépasser sensiblement les plus hautes tempé- ratures réalisées dans les laboratoires. Enfin, il résulte de l'exposé fait plus haut que la partie gazeuse de la couronne a sa plus grande étendue et son plus grand éclat précisément quand le Soleil rayonne le moins de chaleur. De toute cette dis- Fahr. cussion, il ressort donc nettement que la couronne gazeuse est illuminée électriquement : nous pen- astronomes ont poursuivi cette étude. Vogel, no sons que ce sont les ondes hertziennes du So qui illuminent les gaz de la couronne, conform ment à la propriété connue de ces ondes. Ain s'explique que l'incandescence de la couro gazeuse ail son plus grand éclat et sa plus gran étendue lors du maximum des taches, puisqu ainsi que cela a été établi plus haut, l'émission d ondes hertziennes solaires doit avoir précisément sa plus grande intensité à ce moment. 2° La pression de radiation ou force de Maxwell Bartoli doit être le principal agent de la répulsi loin du Soleil des corpuscules incandescents des filaments de la couronne; comme l'énergie lui est proportionnelle, doit l'être parallèlement, et les filaments doivent être alors moins étendus, qui est bien conforme aux faits observés. ‘ La pression de radiation produite par les ondes. herlziennes doit être d'ailleurs négligeable, les ondes hertziennes les plus courtes que l'on con- naisse ayant une longueur d'onde notablement supérieure au diamètre que le calcul permet d'at- tribuer aux particules incandescentes des rayons’, COronaux. III Examinons mainlenant, à l’aide des mêmes rai- sonnements, les, phénomènes qui se produisenl dans les comètes. On a, depuis longtemps, signalé les grandes analogies de formes qui existent entre. les queues des comètes et les filaments coronaux du Soleil. On admet généralement aujourd’hui que la force répulsive émanée du Soleil, qui donne aux queues cométaires leurs formes caractéristiques est la pression de radiation de Maxwell-Bartoli Lebedeff et, récemment, M. Arrhénius ont déve loppé ce point. Toutefois, si l'on considère, non plus la forme des comètes, mais la nature de la lumière qu'elles émettent, on se trouve en présence de nouveaux problèmes. ; Depuis Donati, qui, en 1864, appliqua le premier le spectroscope à l'observation des comètes, divers tamment, et Hasselberg ont étudié avec soin spectres de nombreuses comètes, et ont fait di mulliples recherches de laboratoire, destinées à reproduire des spectres identiques, afin de con: naître les conditions exactes dans lesquelles se produit la lumière des comètes. Toutes ces rechers, | ches ont établi que, outre un spectre continu, dû | en partie à la lumière solaire réfléchie, et en partie à la lumière propre des particules solides ou, | liquides incandescentes des comètes, celles-ci, émettent un spectre de bandes, dû à un mélange, CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE 383 d'hydrocarbures et d'oxyde de carbone. Le pre- mier caractère qui frappe dans ce spectre est que ‘es deux bandes qui caractérisent les hydrocar- bures dans le rouge et le violet en sont absentes. Or, ces bandes sont également absentes du spectre des hydrocarbures produit à basse température ‘dans les laboratoires. Ceci indique que les gaz lumineux des comètes sont à une température peu élevée, ce qui écarte l'idée d’une émission produite À la chaleur; nous allons voir, d'autre part, que ce spectre n'est pas produit par une combustion comme celui que l’on observe dans la flamme du bec Bunsen), et qu'il a pour origine des phénomènes ectriques d’une nature parliculière et nettement déterminée. Vogel et Hasselberg, chacun de son côté et par des voies très différentes (Vogel en étu- diant le spectre des gaz contenus dans diverses météorites, et Hasselberg en produisant artificiel- lement, et dans des condilions très diverses, le Spectre d'un mélange d'oxyde de carbone et d'hy- “drocarbures), sont arrivés aux conclusions sui- vantes : 1° Le spectre gazeux des comètes est émis par un mélange d'hydrocarbures et d’oxyde de arbone, mais de telle sorte que toujours le spectre des hydrocarbures est prédominant; 2 ce spectre estsemblable à celui que produisent des décharges électriques disruptives, et très différent de ceux Que produisent, soit une décharge continue, soit une combustion; 3° on ne peut produire un spectre Semblable à celui des comètes qu'en opérant à basse température. - Les curieuses anomalies spectrales de la comète de mars 1882 et de la grande comète de septem- bre 1882, qui, toutes deux, s'approchèrent très rès du Soleil et montrèrent dans leur spectre la aie jaune du sodium, apportèrent de nouvelles preuves en faveur de ces conclusions et montrèrent netlement, en outre, que les phénomènes élec- triques qui illuminent les gaz des comètes de- Miennent plus intenses quand celles-ci approchent du Soleil, de sorte que l’origine de ces phénomènes électriques doit être dans le Soleil‘. mènes de luminescence, produits dans les gaz aréfiés par les ondes hertziennes, ont tous les aractères des phénomènes produits à basse tem- pérature par les décharges disruptives : les ondes hertziennes émanées du Soleil doivent donc être lagent de l'incandescence des gaz cométaires. Ainsi Se trouvent expliqués les caractères des spectres — Voyez à ce sujet Scueiner : Astronomical Spectroscopy, _ p. 207 à 221. des comètes; ainsi s'explique également le fait (qui résulte des ur de che que l'inten- sité lumineuse des comètes est la plus grande lors des maxima des taches solaires, puisque, à ce moment, les ondes hertziennes rayonnées par le Soleil doivent avoir leur plus grande intensité, ainsi que cela a été établi plus haut. L'axe central obscur de la queue des comètes se trouve également expliqué : la tête de la comète joue le rôle d’un écran qui intercepte les rayons électro-magnétiques du Soleil, et empêche ceux-ci d'illuminer les gaz qui se trouvent directement derrière elle. IV La considération des ondes électromagnétiques solaires parait également propre à expliquer, dans une certaine mesure, la nature et la cause des tempêtes magnétiques et des varialions pério- diques du magnétisme terrestre. On a remarqué depuis longtemps que, fréquem- ment, les orages magnétiques se produisent sur la Terre simul‘anément avec certaines perturbations de la surface solaire et le passage de taches ou de facules importantes au méridien solaire. La relation de cause à effet de ces deux ordres de phénomènes n'est plus guère contestée aujourd'hui. Et, cepen- dant, si l’on essaie de considérer ces effets comme dus à une action magnétique directe du Soleil (re- gardé comme un aimant ou un électro-aimant), on rencontre des difficultés insurmontables. Tout d'abord, le fait seul que les orages magnétiques coïncident en général avec le passage de taches au méridien solaire, prouve que l'agent physique de ces orages à une origine nettement localisée dans certaines parties du Soleil et ne provient pas d'une modification de l'élat général de celui-ci (telle qu'une variation brusque de son aimantation). D'autre part, divers auteurs, et notamment lord Kelvin, ont montré par le calcul que la grandeur des variations d'intensité du magnétisme terrestre dans la plupart des orages magnétiques est telle que, pour pouvoir les atlribuer intrinsèquement à une action magnétique ou dynamique directe du Soleil, il faudrait supposer que celui-ci peut pro- duire alors, en quelques heures, autant d'énergie mécanique qu'il en produit sous forme de chaleur et de lumière dans l’espace de plus de quatre mois. Grèce aux considérations qui précèdent, allons pouvoir examiner la question sous un autre jour et voir que, dans les perturbations magné- tiques, l’effet du Soleil doit être simplement de pro- duire, par une sorte de déclanchement, la mise en jeu de forces qui existent à l’état latent sur notre globe, de même que, dans la télégraphie, un cou- rant électrique très faible est capable, grâce à nous 384 CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE l'intermédiaire du relai, de produire des effets mécaniques relativement considérables. On admet que l'intensité du magnétisme terrestre et les variations de celte intensité sont en relation intime avec les courants électriques généraux de l’atmo- sphère, qui cireulent principalement dans les cou- ches supérieures raréfiées et, comme telles, meil- leures conductrices, et que Lemstrôm appelle le « conducteur atmosphérique D'autre part, M. Righi' a montré que, sous l’in- fluence des ondes conductibilité d'un tube à gaz raréfié est notablement augmentée ? ce tube se comportant comme une sorte de radio- conducteur). Quelque chose d'identique doit se produire dans notre atmosphère : sous l'influence des ondes hertziennes intenses qui prennent nais- sance, comme nous l'avons indiqué, dans les per- turbations de la surface solaire, la conductibilité des couches supérieures raréfiées de l'atmosphère est notablement accrue; il s'ensuit une augmen- tation considérable de l'intensité des courants électriques qui y circulent, el, corrélativement, une variation de l'intensité du magnétisme lerrestre, en vertu des lois de l'Électromagnétisme. Il est un caractère des orages magnéliques qui nous parait fournir un argument assez important en faveur de la théorie précédente : On a observé souvent que les orages se produisent d'une ma- nière absolument synchrone avec la perturbation solaire correspondante reconnue au spectroscope ou au télescope; telle est la célèbre observation faile par Carrington, en 1859, de sorte que Young a pu déduire de cette observation, et d'un certain nombre d’autres faites par lui-même, que chaque perturbalion importante de la surface solaire se transmet à notre magnélisme terrestre avec la vitesse de la lumière. Or, les ondes hertziennes ont précisément cette vitesse. On sait, enfin, que l'intensité du magnélisme ler- restre subit des oscillations très nettes, d'une pé- riode de onze ans, et que la courbe qui représente ces oscillations est exactement parallèle à la courbe de fréquence des taches solaires; or, c'est bien ce que notre théorie permet de prévoir : lors du maximum des taches, sous l'influence des ondes hertziennes plus intenses émises par le Soleil, hertziennes, la ‘ RiGni: Rend. della R. Ac. dei Lincei, 1 novembre 1891: Î'end. della R. Ac. di Bologna, 29 mai 1898. * On pouvait en quelque sorte prévoir cette propriété. Les plus récentes recherches sur la conductibilité des gaz ont, en effet, montré que la luminescence d'un gaz parait intimement liée à son état de conductibilité. Or, les ondes herlziennes illuwinent les gaz raréliés en y produisant les phénomènes cathodiques et doivent donc les rendre con- ducteurs. Les agents directs de cette conductibilité sont: probablement les rayons cathodiques ainsi produits : on sait, en effet, que ces rayons out la propriété de rendre l'air onducteur. intime entre le spectre de l'aurore boréale et celui du magnétisme terrestre est augmentée. V Si nous examinons maintenant les aurores bo= réales (dont la production parait intimement liée à celle des tempêtes magnétiques, et qui, par suite, doivent être attribuables à la même cause que celles-ci), les raisonnements précédents semblent de nature à apporter quelques nouveaux éléments d'appréciation dans cette myslérieuse question. Ainsi que le rappelait récemment M. Arrhéniu dans un article publié ici même’, les recherches de M. Paulsen ont montré qu'il y a un accord de la lumière qui entoure la cathode d’un tube contenant de l'oxygène et de l'azote. Il semblerait en résulter que l'aurore boréale est un phénomène cathodique se produisant dans l'atmosphère supé: rieure raréfiée. L'orientation caractéristique des rayons de l'aurore, le fait que les aurores boréales sont plus intenses et plus fréquentes quand on s'éloigne de l'équateur, et plusieurs autres parti- cularilés de l'aurore, s’expliqueraient alors facile- ment par suite de la propriété connue qu'ont les rayons cathodiques de s'orienter suivant les lignes de force d'un champ magnétique. Mais, comme le dit fort justement M. Arrhénius, qui a développé en détail les considérations précédentes, cetle théorie n'offre qu'une difficulté : le défaut d'expli- cation de la production de ces rayons cathodiques Or, les travaux de MM. Ebert et Wiedemann ont élabli qu'un tube contenant de l'air suffisamment raréfié (que ce tube soit ou non muni d’électrodes) s'iliumine sous l'action des oscillations hertziennes, et que la luminescence ainsi produite dans ce tube est précisément identique aux phénomènes cathodiques des tubes de Geissler. Il nous parait donc vraisemblable que les aurores boréales sont des phénomènes cathodiques, produits dans l’at- mosphère supérieure par les ondes hertziennes rayonnées du Soleil, conformément aux propriétés connues de ces ondes. Nous expliquons alors facilement la période undécennale des aurores boréales qui, comme on sait, concorde exactement avec la période des taches solaires, de telle sorte que les aurores sont plus nombreuses lors de la plus grande fréquence des laches : les radiations hertziennes du Soleil» doivent, en effet, comme nous l'avons établi plus L { Annn£xius : La cause de l'aurore boréale, dans la Revue | du 30 janvier 1902, t. XIII, p. 65. ï | CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE 355 | haut, avoir leur plus grande intensité lorsqu'il y a beaucoup de taches, et les aurores boréales (qui sont produites directement par ces ondes) doivent … donc également être alors plus nombreuses. La "] ériode des aurores qui semble correspondre à la période de rotation synodique du Soleil s'explique ‘de même : les centres de la plus grande activité E qui sont, en même temps, comme nous rue vu, les principaux centres d'émission des 40 hertziennes) exécutant une rotation totale n viagt-six jours environ, il doit s'ensuivre natu- rellement une période identique dans la fréquence des aurores boréales. On voit facilement qu'une explication analogue s'applique à la période diurne des aurores boréales : la plus grande fréquence des aurores doit correspondre au maximum du ayonnement solaire en un lieu donné, c'est-à-dire u passage du Soleil au Fr de ce lieu; mais les aurores sont masquées à ce moment par l’éciat du jour, et leur maximum apparent doit se pro- duire dans les premières heures de la soirée. C'est bien ce qui a lieu. Récemment, M. Arrhénius a donné une explica- tion différente de ces phénomènes, en partant de hypothèse que le Soleil, par l'effet de la pression de radiation de Max well-Bartoli, émet des particules négativement chargées qui arriveraient dans cet élat jusqu'à la Terre. La théorie de M. Arrhénius nous parait soulever un certain nombre d'objections né- cessaires : Il nous parait, entre autres, difficile d'imaginer comment les particules émises par le Soleil, et sou- mises, d'une façon continue, au rayonnement ultra- violet sans cesse renouvelé de celui-ci pendant tout leur trajel à travers l'immense atmosphère solaire, peuvent arriver jusqu’à la Terre en conservant leur charge négative. M. Arrhénius admet lui-même qu'arrivées au voisinage de la Terre, ces particules se déchargent sous l'influence du rayonnement solaire ; mais, si l’on réfléchit qu'au moment de leur - départ de la surface solaire ces particules sont sou- mises à un rayonnement au moins 45.000 fois plus intense, il parait difficile de supposer qu’elles soient encore chargées en arrivant à la Terre. D'ailleurs, si les aurores boréales étaient produi- tes par le mécanisme qu'indique M. Arrhénius, il semble que leur période undécennale devrait être “exactement l'inverse de ce qu'on observe (de telle . sorte que la plus grande fréquence des aurores de- - vrait correspondre au minimum des taches solaires); - en effet, on sait que les rayons coronaux du Soleil - ont leur plus grande extension lors des minima des taches solaires; ces rayons étant produits par la - pression de radiation du Soleil (suivant l'opinion de - M. Arrhénius lui-même), il s'ensuit que cette pres- sion est augmentée lors du minimum des taches so- laires {ce fait ressortait déjà, semble-t-il, de la dis- eussion relalive aux variations du rayonnement solaire, qui se trouve au début de cet article), et par conséquent, dans cette hypothèse, la période undécennale des aurores devrait être l'inverse de celle qu'on observe. D'autre part, la double période annuelle des au- rores boréales (maxima aux équinoxes, minima aux solstices) s'expliquerait, d'après M. Arrhénius, de la facon suivante : L'activité solaire étant surtout lo- calisée dans deux zones qui se trouvent à 15° de part et d'autre de l'équateur, et la Terre se trouvant, le 5 mars et le 3 septembre, vis-à-vis de points qui sont Tv Equateur Solaire Fig. 2. (Dans ce schéma, les valeurs des ar exagérées.) angles sont notablement respectivement à 7° de l'équateur solaire, tandis que, le 6 décembre et le 4 juin, elle passe à l'équateur, la Terre recevrait du Soleil plus de particules en mars et en septembre qu'en décembre et juin (d'après M. Arrhénius). Examinons ce point d'une manière plus précise : La loi fondamentale du rayonnement d'un élément de surface éclairée ou incandescente esl que l'intensité du rayonnement est proportionnelle au cosinus de l'inclinaison de la ligne de vue sur ia normale à l'élément. (Cette loi explique qu'un globe éclairé de verre blanc, par exemple, tel que celui d'une lampe, paraît sensibiement également bril- lant partout, le raccourci de chaque élément de sur- face par rapport à la ligne de vue compensant juste sa diminution de rayonnement.) La plupart des as- tronomes (Vogel et Pickering, notamment) admet- tent cette loi fondamentale pour la surface du Soleil. 380 Si nous rappelons que, selon M. Arrhénius, la répul- sion des particules solaires est due au rayonnement de l'astre et est proportionnelle à ce rayonnement, nous pouvons faire le raisonnement suivant. Pour plus de simplicilé, nous supposerons les régions de l'activité solaire réduites à leur partie centrale; nous n'examinerons que l'effet produit par ces régions (au-dessus desquelles, d'après M. Arrhénius, se trouve le plus grand nombre de particules), et nous ne tiendrons pas compte de la parallaxe du Soleil qui est négligeable : ces simplifications ne modifient pas la nature du raisonnement el de ses conséquen- ces, comme il est facile de s’en assurer. CH. NORDMANN —— ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE Soient (fig. 2) Sle Soleil, Aet A'les régions d’acti- | vité, 2 et n'les normales aux centres de ces régions, ee la direction où se trouve la Terre à l’équinoxe, ss la direction où elle se trouve au solstice. A l'équinoxe, la Terre recoit de A un rayonnement propor- DONNE PAR ee Ce ce ic cecile cos 80, Et de A’ un rayonnement proportionnel à . . cos 220 dite ce is Au solstice, la Terre reçoit de A un rayonnement proportion MGR ES 8 NO MO ORNE Too cos 150, Et de A' un rayonnement proportionnel à . . cos 150, Les intensités s'addilionnant d'ailleurs, on trouve | Se So He RES 3. ê Fig. que les sommes des rayonnements recus de A et A’ par la Terre sont respectivement proportionnelles : Lors de l’'équinoxe à. . Lors du solstice à . . . cos 89 + cos 220 2 cos 150 1,9173 1,931 Ce qui montre non seulement que la différence est très faible, mais qu'elle est précisément dans le sens opposé à celui qu'indique M. Arrhénius, ce qui, dans son hypothèse, devrait donc produire les maxima des aurores aux solstices et les minima aux équinoxes, contrairement à ce qu'on observe. Enfin, on peut objecter à l'explication que donne M. Arrhénius de la période annuelle des aurores que, si celte explication était la vraie, l'amplitude de cette période devrait être sensiblement nulle pendant les années sans taches (c'est-à-dire que, pendant ces années, il devrait y avoir, en moyenne, à peu près le même nombre d'aurores aux équi- noxes et aux solstices); cetle période devrait, au contraire, avoir une amplitude très accenluée les : 66°33", c'est-à-dire comme 1 et 0,9 environ. Toutes | crépuscule doit être d'augmenter encore notable-. T,, /,, À, B,, les mêmes données au moment du années de maximum des taches. Or, à ma connais | sance, il n'a rien été constaté de pareil. Les raisonnements suivants nous semblent plutôt rores boréales ; ils sont empruntés à ce que nous savons du mouvement de la Terre autour du Soleil, et indépendants de toute hypothèse sur la nature le mécanisme de la formation des aurores boréales; ils supposent simplement que le rayonnement so- laire est un des facteurs de cette formation, et que les aurores se produisent davantage dans les parties de l'atmosphère soustraites depuis peu au rayonne- ment solaire que dans celles qui y sont soustraites depuis plus longtemps (fait que démontre d'ailleurs l'étude de leur période diurne). On sait qu'au moment des équinoxes, le grand cercle terminateur, qui sépare la moitié de la Terre plongée dans l'ombre de l'hémisphère éclairé parle Soleil, estexactement perpendiculaire à l'équateur, c'est-à-dire à la direction du mouvement de rota- tion de la Terre sur elle-même; au contraire, lors des solslices, ce grand cercle terminateur est incliné sur l'équateur de 90° — 23927 — 66°33! environ. Soient (fig. 3) : T, une portion du terminateur lors de l'équinoxe, £ la direction du mouvement de la. Terre à ce moment, A, l’atmosphère encore éclairée, | B, la partie plongée dans l'ombre; soient (fig. 4) : solstice (/, étant incliné de 66°33' sur T,). L'effet de la rotation de la Terre est de faire passer les parties éclairées de l'atmosphère de A, et de A, en B, et B.. Or, on voit facilement que, dans un même temps donné f, il passe dans l'obscurité, c'est-à-dire | d'un côté à l’autre du terminaleur, une portion de l'atmosphère plus étendue dans le cas de la figure 3 que dans celui de la figure 4, les surfaces atmo- sphériques ainsi plongées dans la nuit dans le inème temps élant entre elles comme sin 90° et sin choses égales d’ailleurs, il doil donc se produire 10 aurores aux équinoxes alors qu'il s'en produit 9 aux solstices. Mais il est facile de voir que l'effet du ment celte différence : la portion de l'atmosphère | ki ‘plongée dans le crépuscule (c'est-à-dire dans laquelle | les conditions de visibilité des aurores ne sont pas “encore favorables) occupe, le long de T, et de T,, une surface d'une largeur / que nous supposerons, pour | Gi, | fixer les idées, égale à & (d étant l'arc dont tourne la Terre dans le temps { considéré précédemment). | ILest facile dé voir qu'il doit alors se produire 8 au- | rores seulement aux solstices, tandis qu'il s'en oduit 10 aux équinoxes. … Or, tel est précisément l’ordre de grandeur des différences observées. D'une manière plus générale, si d est la largeur, omptée à partir du terminateur (et à l’'équinoxe), des aurores (le nombre des aurores produites dans s portions plongées plus avant dans la nuit étant égligeable par rapport à celui-ci), le rapport R “rapport évidemment plus petit que —— En réalité, pour faire le calcul complet, il fau- ait encore tenir compte de ce que le nombre des aurores produites à parlir du coucher du Soleil croît moins vite que le temps compté à partir de la même origine (c'est-à-dire qu'il s'en produit plus pendant la première heure que pendant la sui- vante). Cette circonstance, combinée avec le fait que le crépuscule dure plus longtemps au solstice qu à l'équinoxe, augmente encore la différence des nombres des aurores aux deux époques telle qu'elle résulte de la valeur R écrite ci-dessus. VI Si, quittant les limites du Système solaire, nous Ainsi que le rappelait récemment M. Arrhénius, les -nébuleuses sont d'immenses étendues de gaz raré- _fiés, remplissant à peu près toute l'étendue du ciel, plus ou moins lumineuses dans certaines de leurs parties, etauxquelles, pour diversesraisons, on attri- bue généralement, parmi les astrophysiciens, une température très basse. Cette dernière circonstance indique que la luminescence des nébuleuses doit très probablement être d’origine électrique. M. Arrhé- nius explique cette luminescence par les décharges 4 doivent produire, selon lui, dans les gaz nébu- LE: CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE -387 laires, les particules négativement chargées, lancées dans l’espace par les étoiles; d’après cette hypo- thèse, ce sont les parties extérieures des nébuleuses qui captent ces particules errantes, et ainsi s'expli- querait celte circonstance qu'un certain nombre de nébuleuses émettent de la lumière principalement par leurs parties extérieures. Mais il convient, semble-t-il, de remarquer qu'outre cette classe de nébuleuses, il en existe un grand nombre d'autres (par exemple la grande nébuleuse d'Andromède, celle d'Orion, un grand nombre de nébuleuses planétaires, ete...) pour les- quelles c'est l'inverse qui a lieu : ces nébuleuses émettant une lumière relativement intense dans leurs parties centrales, et beaucoup plus faible dans les parties extérieures. Les raisonnements que nous allons faire expli- | quent en même temps les apparences différentes de ces deux sortes de nébuleuses, et ils attribuent à une même cause les aspects si particuliers et si divers des nébuleuses planétaires, des nébuleuses en spirale ou en anneau, des nébuleuses à forme irrégulière, par la simple considération des diffé- rences de densité qui doivent se produire dans les masses gazeuses de matière nébulaire, sous l’in- fluence de la gravitation et des mouvements de rotation et autres auxquels peuvent être soumises ces masses. Les travaux de M. J.-J. Thomson ont montré que, dans l’illumination des gaz raréfiés par les ondes hertziennes, il y a une pression critique pour la- quelle la décharge est la plus lumineuse possible (la luminescence étant beaucoup moins intense pour des pressions plus petites ou plus grandes), et que, d'autre part, les gaz rendus lumineux par les ondes hertziennes exercent sur celles-ci le rûle d'écrans d'une manière d'autant plus intense que | la luminescence produite par ces ondes est elle- même plus vive. Normalement, les masses de gaz nébulaires répandues dans l’espace prennent une forme d'équilibre globulaire et telle que, par suite de la gravitation, la densité du gaz va en décroissant du centre de la masse à l'extérieur. Sous l'influence des ondes hertziennes rayonnées dans l’espace par les étoiles, les nébuleuses sont illuminées électri- quement (ce qui est compatible avec une basse tem- pérature) ; mais elles sont illuminées inégalement dans les divers parlies de leur masse gazeuse : quand la pression au centre de la masse est voisine de la pression critique, les parties plus extérieures et moins denses sont relativement peu illuminées par les ondes hertziennes qui arrivent des différents points de l’espace; elles sont, par suite, assez trans- parentes pour ces ondes qui, arrivant jusqu'au cen- tre de la nébuleuse, y produisent une luminescence intense (c'est le cas de la plupart des nébuleuses 355 CH. NORDMANN — ROLE DES ONDES HERTZIENNES EN ASTRONOMIE PHYSIQUE planétaires, de la nébuleuse d’Andromède, etc...); au contraire, quand, au centre, la pression est plus grande que la valeur critique, la zone d’illumina- tion maxima est extérieure et affecte une forme annulaire (nébuleuses de la Lyre, du Cygne, etc.); quand la rotation de la nébuleuse y produit des mouvements cycloniques, les portions de gaz qui possèdent la pression critique et qui sont en même temps les zones de la plus grande illumination affectent des formes en spirale (nébuleuse des Chiens de chasse, de la Grande Ourse, ete.). Enfin, les appa- rences des nébuleuses irrégulières sont dues aux actions diverses (différences de températures, action des astres voisins, etc.), qui produisent une distri- bulion irrégulière des zones gazeuses possédant la pression critique. Dans ces hypothèses, les condensations lumi- neuses des nébuleuses ne correspondent donc né- cessairement, ni à une température plus élevée que celle des parties voisines obscures, ni même à une condensalion plus grande de matière. VAT Les conceptions précédentes permettent d'abor- der d'une manière analogue divers autres pro- blèmes. Examinons, par exemple, brièvement (car cet article est déjà trop long) quelques-unes des mystérieuses particularités présentées par la nou- velle étoile de Persée : cette étoile donna, dès le début, un spectre stellaire complexe, auquel se superposa, au bout d'un certain temps, le spectre des nébuleuses; or, on remarqua que l'éclat moyen de l'étoile subissait une variation périodique de cinq jours environ et que ses deux spectres super- posés se modifiaient parallèlement aux variations d'éclat. Lors du maximum d'éclat, le spectre stellaire dominait, landis que, lors du minimum, celui des nébuleuses devenait prépondérant. Les variations d'éclat de l'étoile semblent attribuables à un phéno- mène analogue à celui des taches solaires : l’exis- tence d’un grand nombre de taches diminue leravon- nement lumineux de l'astre, comme pour le Soleil: de plus, la couronne solaire gazeuse est plus bril- lante lors du maximum des taches, et, de même, les gaz nébulaires qui entourent l'étoile de Persée donnent un spectre plus intense quand l'étoile son plus pelit éclat. Il est naturel d'expliquer ces faits pour l'étoile de Persée comme nous l'avons fait pour le Soleil. Quand l'étoile a son moindre éclat, c'est-à-dire qu'elle est couverte de t res aches, nlique à celui que nous avons exposé pour le Soleil) ondulations électriques intenses, qui produise elle doit émettre (par un mécanisme ide ntune illumination plus vive des gaz nébulaires ambiants. | On a découvert, d’autre part, aux environs de | des | | l'éloile, plusieurs petites nébuleuses, qui ont mouvement apparent très rapide et tel qu'on élé amené à calculer (sachant que la parallaxe d l'étoile est inférieure à la limite des paralla mesurables) que ces nébuleuses s'éloignent l'étoile avec la vitesse de la lumière. Divers savan (M. Seeliger, M. Kapetyn, etc.) ont cherché expliquer ce fait par l'hypothèse que ce nous voyons, c'est la lumière intense ém par l'étoile au moment de son apparition, et q éclaire successivement des trainées nébuleus voisines et de plus en plus éloignées. Mais à résulle d'un calcul fait par M. Turner à ce suje qu'il faudrait attribuer, dans cette hypothèse, à matière nébulaire (qui est gazeuse et raréfiée) u pouvoir réfléchissant au moins égal à celui de } Lune, ce qui parait impossible. Si l’on admet, à contraire, que, lors de la conflagration qui a amen l'apparition de la « Nova », il s’est produit des décharges électriques violentes engendrant des ondes hertziennes, on explique en même temps comment les trainées nébuleuses voisines de l'étoile. peuvent émettre, sous l'action de ces ondes, un lumière propre suffisante pour que nous la voyions el comment les points éclairés semblent s'éloigner de l'étoile avec la vitesse de la lumière (car telle est aussi la vilesse des ondes herlziennes)'. MATNIT Par les quelques exemples que nous venons de développer, on voit que la considéralion d'un rayonnement électromagnétique des astres permet d'aborder d'une manière simple quelques -uns des plus mystérieux problèmes de l’Astrophysique théorique. Si cette théorie a, à sa base, une hypothèse, on peut dire que celle hypothèse est logiquement déduile de l'analyse spectrale des astres et de la théorie électromagnétlique de la lumière; elle n’est en contradiction, semble-t-il, avec aucun fait connu elle rend compte simplement d'un grand nombre de phénomènes différents, que les considérations habituelles de l'Astronomie physique ne parvien nent pas à expliquer. Charles Nordmann, Astronome attaché à l'Observatoire de Meudon ! Au moment de renvoyer les épreuves de cet article, nous apprenons, par une circulaire de l'Observatoire Lick que M. Perrine, en étudiant photographiquement, avec le grand réflecteur Crossley de cet établissement, les conden sations nébuleuses voisines de la « Nova » de Persée, n'æ pas trouvé dans la lumière la moindre trace de polaris sation. Ce résultat écarte définitivement l'explication d MM. Seeliger et Kapteyn, et constitue, au contraire, un confirmation de la théorie que nous avons donnée ci-dessus et d'après laquelle la lumière de ces nébuleuses est no pas une lumière réfléchie, mais une lumière propre, pro= duite électriquement. CN: ‘ I. — L'ACCROISSEMENT DES MARINES MILITASRES T UNE CONSÉQUENCE DE LA POLITIQUE D EXPANSION. - Toutes les grandes puissances font aujourd'hui de la polilique mondiale, c'est-à-dire qu'aucune ne “se désinléresse des événements qui peuvent avoir pour résultat de procurer des avantages aux autres en un point quelconque du globe. _Née du besoin d'expansion par lequel se mani- fesle la vilalité des peuples, cette politique les conduil à fonder des colonies, à établir des protec- orats, à favoriser la création de compagnies de “navigation, etc... Elle les oblige aussi à prévoir l'armement de nombreux vaisseaux de guerre, afin d'être en mesure de se faire respecter ou même raindre jusqu'aux antipodes, et voilà comment des pays, dont le budget naval était, il y a quelques années, presque insignifiant, dépensent maintenant des sommes considérables pour leur marine mili- taire. - L'Allemagne est dans ce cas, et il n’est pas sans intérêt de voir la méthode quasi scientifique appli- quée par elle au développement de sa prospérité aboutir à l'adoption d'un programme d'augmenta- tion des forces navales de l'Empire, autrement dit ‘à cette conclusion qu'il faut être puissant sur mer quand on veut avoir des possessions lointaines et ne belle flotle commerciale. Cette conclusion est identique à celle que certains peuples, familiarisés avec la mer bien longtemps avant les Allemands, auraient pu tirer de leur propre histoire. Mais (ous n'ont pas imilé les Anglais et écoulé les enseigne- nents du passé. Pour les avoir méconnus, les Espa- gnols, dont l'Armada fit jadis trembler la Grande- Brelagne, ont vu l'écroulement de leur immense empire d'outre-mer. Quant à nous, qui serions “encore sans doute les maitres du Canada, de l'Inde ou de la Louisiane sinos amiraux avaient eu assez de navires, nous saurons faire des sacrifices pour notre “armée de mer; nous nous garderons bien aussi de commettre les fautes de nos devanciers, qui négligè- “rent de mettre leurs colonies en état de repousser “les agressions. Il y aurait, en effet, autant de pré- “somption à soutenir que la marine suffit seule à - protéger les colonies qu'à nier complètement l'effi- —cacilé de son concours en réclamant pour les colo- .nies des forts, des garnisons et rien de plus. La vérilé est qu'au cours d’une guerre, la marine et les colonies seraient solidaires, qu'elles pour- raient et devraient se prêter un mutuel appui, GASTON DE CAQUERAY — LA DÉFENSE DES COLONIES ET LA GUERRE SUR MER 389 LA DÉFENSE DES COLONIES ET LA GUERRE SUR MER HORS D'EUROPE faute de quoi les pires surprises seraient à craindre. Nous essaierons de le démontrer, mais, aupara- vant, nous dirons quelques mots de certaines opi- nions émises au sujet de la défense des colonies, question dont on ne s'est guère occupé sérieusement qu'après l'alerte de Fachoda et qui s'était pourtant affirmée d’une importance capitale au cours de la guerre hispano-américaine. IT. — IL SERAIT DANGEREUX DE NE POINT METTRE NOS COLONIES EN ÉTAT DE DÉFENSE. On a fait remarquer que la France, nation paci- fique, devait éviter de prendre une attitude agres- sive, et prétendu qu'elle prendrait celte atlitude en organisant la défense de ses possessions coloniales. Moins fréquemment soutenue depuis les revers de l'Espagne, celte thèse ne pourrait se défendre qu’à l'aide d'arguments d’ordre sentimental, et nous savons ce qu'ils valent en matière de politique inter- nationale. Si notre volonté neltement proclamée est de n’altaquer personne, sommes-nous sûrs de faire partager à tout le monde nolre amour de la paix? Et puis, pourquoi donc celle-ci serait-elle compro- mise par l’accomplissement des travaux que nous jugeons uliles à la sécurité de nos colonies? Sommes- nous seuls à entreprendre des travaux de cette nature? Les Russes à Port-Arthur, les Allemands à Kiao- . Tcheou, les Américains aux Philippines, les Japo- nais aux Pescadores, et les Anglais dans toutes leurs colonies créent ou développent des arsenaux formidablement protégés. Nous avons le droit et le devoir d'être aussi pré- voyants qu'eux. N'oublions jamais qu'on amène la guerre en laissant croire qu'on la craint, car s'il faut de très graves raisons pour lancer l'un contre l'autre deux peuples également prêts à la lulte, un prétexte suffit parfois au plus fort pour arracher au plus faible ce qu'il lui envie... et nos colonies sont enviables. Elles sont enviables non seulement parce que leur valeur intrisèque s'affirme à mesure que les missions scientifiques inventorient leurs riches- ses, mais encore parce qu'à une époque où la plu- part des peuples se découvrent des aplitudes colo- nisatrices, les territoires colonisables deviennent de plus en plus rares. Ce n'est point sans peine que nous avons conquis notre domaine extra-européen ; l'organisation administrative dont nous l'avons doté nous coûte cher; nous y entreprenons la construc- 390 GASTON DE CAQUERAY — LA DÉFENSE DES COLONIES ET LA GUERRE SUR MER tion de routes, de ports, de voies ferrées, ce qui à nécessité l'exportation de capitaux importants. La simple logique nous conseillait d'y faire aussi des travaux défensifs assez sérieux pour décou- rager ceux qui pourraient être tentés de substi- tuer leur souveraineté à Ja nôtre dans ces pays lointains. Est-ce que ces fortifications sont bien nécessai- res? a-t-on demandé, et l'on ajoutait : Qu'importe, après tout, l'occupation par l'ennemi de quelques colonies sans défense si les avantages remportés sur lui par ailleurs permettent à nos diplomates d’exi- ger qu'il restitue ses conquêtes à la paix? N'entre- tenons-nous donc pas des armées de terre et de mer assez imposantes pour espérer obtenir ces avan- tages ? Toute séduisante que puisse être celte manière d'envisager la question, elle doit être repoussée, parce que les faits sont en contradiction absolue avec elle; bien souvent, en effet, les villes, les pro- vinces, les iles tombées au pouvoir d’un Elat durant les hostilités n'ont pas, dans la suite, fait retour en bloc à ceux qui les avaient perdues. En outre, les partisans du non-armement des colonies n'ont cer- tainement pas pensé au cas où le conflit a lieu entre deux pays non limitrophes, c'est-à-dire au cas où les armées de terre ne peuventen venir aux mains, car ils auraient reconnu que leur doctrine con- damne alors à la défaile la nation la plus faible sur mer. L'hypothèse d'un conflit de ce genre s'impose à l'attention : C'est dans de semblables conditions que l'Espagne a engagé la lutte avec les Etats-Unis; c'est dans de semblables conditions qu'elle s'engagerait entre une nalion quelconque et l'Angleterre, dont, fatale- ment, sont amenés à parler ceux qui, en lous pays, abordent une question de stratégie navale. La France ne peut pas avoir une armée égale à celle de ses voisins sur le continent en même temps que des navires de guerre aussi nombreux que ceux des Anglais. Elle ne devrait done se risquer à leur livrer des combats d’escadres qu'en profitant de certaines circonstances favorables, circonstances qui, d'ailleurs, se produiraient forcément: mais elle ne se montrerail pas consciente de ses véritables intérêts si elle ne se préparait pas à tenter des opé- ralions d'une autre nature, par exemple la guerre au commerce maritime, la course, dont on a si abondamment parlé. Pour faire la course avec quelque chance de sune- cès, la marine doit pouvoir compter sur des res- sources que les colonies seules, nous le verrons. peuvent lui fournir, elencore à lacondilion expresse qu'on y- ait achevé ces travaux de défense dont lulilité parait si contestable à quelques-uns. . protecteur est évident, mais l'accroissement de D'EUROPE. Les préjudices que nous subirions en ne faisant pas ces travaux seraient infiniment supérieurs ceux que l'on veut éviter, c'est-à-dire aux sacrifice pécuniaires, car il faut bien se dire que les motifs invoqués pour soutenir qu'on peut se passer d défendre les colonies naissent quelquefois de légis\ times préoccupations financières. Parmi ceux qui les invoquent, plusieurs ont évidemment supputé ce que coûlait la défense du territoire de la métro pole; ils ont été épouvantés à l'idée de ce qu'il fau drait de millions pour des territoires infiniment plus vastes, et, dans l'excellente intention d’épar gner au pays des charges exorbitantes, ils se son laissé convaincre qu'elles n'étaient pas indispen- sables. | Personne n'oserait aller contre leur opinion si la défense coloniale devait comporter l'établissement de forts, de batteries ou de garnisons sur tous les points accessibles du littoral de nos possessions d'outre-mer, ou s’il fallait assurer la défense de chaque colonie, considérée isolément, d'après un système unique, calqué, avec simple réduction d'échelle, sur celui adopté pour la défense de la | mère patrie. Ce serait un gaspillage absurde et. même irréalisable. On peul heureusement comprendre autrement la solution du problème. Chaque colonie, militairement autonome, rece-. vra, même en temps de paix, une organisation défensive appropriée à sa situation propre, à la nature de son sol, au tempérament de sa population indigène, et susceptible d'utiliser les ressources locales. Mais les projets de défense coloniale approuvés par le Parlement voient plus loin et plus haut que les intérêts particuliers de chaque colo- nie. [ls sont inspirés de cette idée fort rationnelle que les tentatives d'un ennemi contre lel ou tel point de nos colonies ne seraient que des opérations de délail dans le vaste ensemble de combinaisons qu'est une guerre, et que, s'il est prudent de se pro- téger contre les attaques, il faut surlout penser à altaquer soi-même, Une guerre se conduit d’après un plan général offensif mûrement préparé, pour le succès duquel toutes les précautions doivent être prises. Les ouvrages fortifiés que l'on construit aux colonies répondront aux deux nécessités : leur rôle puissance offensive que notre marine militaire trouvera dans leur appui est aussi considérable que peu soupconné de la plupart de nos compa- hé ins. GASTON DE CAQUERAY — LA DÉFENSE DES COLONIES ET LA GUERRE SUR MER 391 jotes. Ce qui fait la puissance maritime d'un ple, ce nesont pas seulement les unités flottantes t sa marine est composée, leur uombre, la va- ir du personnel et du matériel, c’est aussi le ombre et la valeur des arsenaux, des bases d'opé- ons dont cette marine dispose, et, lorsqu'il it de travaux militaires d’une nature spéciale à écuter aux colonies, on doit se pénétrer de cette ité que, si ces travaux défensifs n'étaient pas suf- sants, toute une série d'opérations offensives de la erre sur mer ne sauraient avoir lieu. Or, plus us restreignons le nombre des opérations qui s seraient possibles et plus nous favorisons un dversaire qui serail à la fois riche en navires de re et intéressé à la sécurité de ses transactions ilimes, comme la Grande-Bretagne. Grouper tous nos navires sans exception dans les ers qui baignent nos côtes, ce serait fournir aux glais le meilleur moyen d'employer leur supé- rité numérique à les y maintenir et à localiser isi les hostilités en un petit point de la planète, idis que, partout ailleurs, le cours de leur vie bituelle ne serait point suspendu et qu'ils pour- ent entreprendre à loisir la conquête métho- que de nos colonies, conquête qui ne serait plus rs qu'une question de temps. Pourquoi accepterions-nous qu'il en soit ainsi ? Pourquoi renoncerions-nous à chercher, ici ou là, quelques-uns des point faibles de l'Angleterre, plus mbreux qu'on ne le croit généralement? Pour- quoi lui laisserions-nous espérer qu'elle serait intangible dans le monde entier, alors que nous livrerions à ses entreprises le domaine sur lequel lous avons mis de si grandes espérances ? - Nous devons tout faire pour n'être pas condam- nés par avance à souffrir plus qu'elle de la guerre, puisque son intérêt serait de restreindre le champ des opérations, le nôtre serait de l’étendre. in de nous l’ambitieux désir d'avoir sur tous les points du globe des forces navales susceptibles de mettre en échec les forces anglaises qui s’y trouvent. Jn peut, à moins de frais, prétendre leur tenir tête, et la preuve, c'est que nous comptons avec raison r nos escadres cuirassées pour faire de bonne besogne en Europe, bien que nous sachions quels uissants adversaires elles pourraient rencontrer. Elles ne resteront pas cachées indéfiniment au fond des rades, mais elles n'iront pas non plus se faire couler stupidement par des forces très supérieures ; elles combattront à leur heure et sauront profiter des circonstances favorables. De l'infériorité du nombre global de nos cuirassés comparé au nombre global des cuirassés britanniques, on aurait grand bort de conclure que nos cuirassés sont voués à une nfériorité inévitable dans tous les cas; sicela était, nous ferions bien de ne plus en construire, et les ‘ outranciers auraient raison qui réclament cette mesure catégorique ; mais cela n'est pas. Qu'il s'agisse des cuirassés ou des croiseurs, le principe est le même. Nous nous occuperons uni- quement de ces derniers, puisque la guerre hors d'Europe est seule en cause dans la présente étude. IV. — ROLE DES CROISEURS HORS D EUROPE. Une vingtaine de croiseurs français, non isolés, mais répartis en quatre ou cinq comprenant chacun des bâtiments dont la force pourrait être variable à condition qu'ils eussent tous la même vitesse, seraient bien gènants pour les Anglais, surtout s'ils se déplaçaient constam- ment de facon à battre les mers comme les corsai- res d'autrefois. Ils immobiliseraient un nombre de croiseurs anglais incomparablement supérieur au leur, soit pour l’escorte des convois de cargo-boats, soit pour la surveillance des parages les plus fré- quentés ; ils pourraient apparailre à l'improviste devant un grand port de l'ennemi ou se lancer à la traverse d'une de ses expéditions. Si nous renoncions à lâcher de par le monde ces croiseurs rapides, tant redoutés du commerce étranger, les vaisseaux de guerre qu'il n'aurait plus besoin de réclamer pour sa protection, c'est- à-dire pour une opération d'ordre défensif, devien- draient disponibles pour l'offensive à notre grand détriment. Nous créerons donc des divisions volantes ; mais nous ne sommes plus à l'époque où les croisières sous voiles duraient des lorsqu'on était bien muni de vivres. Aujourd'hui, on ne peut tenir longtemps la mer que si l'on est sûr de trouver sur son chemin des ports de repos, de réparation et de ravitaillement, qui doivent être en même temps des abris inviolables. Privées de tels ports, nos divisions volantes seraient vite réduites à l'impuissance, et la simple sagesse con- seillerait de ne point faire fond sur leur action. Ce ne sont pas les ports neutres qui peuvent salis- faire aux conditions requises, car les stocks de charbon existant dans ces ports seraient achetés avant la déclaration de guerre par les Anglais maitres de tous les cäbles télégraphiques. Gräce à ces càbles, les croiseurs ennemis, prévenus de Ja présence des nôtres dans un port neutre, vien- draient en nombre les y bloquer, et l’on doit avoir soin de remarquer que le blocus d’un port neutre est relativement facile. Il ne comporte pour le bloqueur d'autres fatigues et d'autres dangers que ceux inhérents à l'obligation de tenir la mer; point de ces appréhensions énervantes, si pénibles pour ceux qui croisent devant un port belligérant bien | défendu par tous les moyens dont peut disposer pas groupes mois 392 GASTON DE CAQUERAY — LA DÉFENSE DES COLONIES ET LA GUERRE SUR MER une forleresse maritime moderne. Ce n’est donc que dans nos colonies que nous pouvions préparer à nos divisions navales des bases d'opérations for- lifiées, et nous l'avons fait. V. — NOMBRE, CHOIX ET UTILITÉ DES BASES D'OPÉRA- TIONS NAVALES AUX COLONIES. Plus ces bases seraient nombreuses et plus nos croiseurs seraient redoutables; cependant, elles coûtent fort cher, et de même que, ne pouvant avoir autant de navires que les Anglais, nous avons cherché à compenser notre inférivrité numérique par la puissance individuelle des types adoptés, de même nous ferons de notre mieux pour rendre imprenables nos quelques arsenaux-bases. Piu- sieurs de nos colonies n'en seront point pourvues, ce qui montre bien qu’en les élablissant on ne fait point uniquement une œuvre de défense coloniale, mais qu'on à surtout en vue le succès des opéra- tions maritimes. Si l'on a choisi, pour l'instant, Fort-de-France et Dakar dans l'Atlantique, Saïgon et Port-Courbet en Indo-Chine, Diégo-Suarez au nord de Madagascar et Nouméa dans l'Océan Pacifique, c'est que ces points ont paru les plus importants, les uns pour certaines raisons, les autres pour d’autres, au point de vue de la con- duite générale de la guerre. On ne classe les colo- nies dans ce but ni par leur superficie, ni par leur population, pas plus que, dans une colonie déter- minée, on ne fait choix du port qui vient au premier rang Comme mouvement commercial ; c'est à des nécessités d'ordre stratégique que l'on a voulu donner satisfaction. Etant donné qu'il importe avant tout d'assurer le pouvoir offensif des divisions volantes, on irail à l'encontre de l'intérêt général en affectant ces divisions à la défense passive des bases créées. Nombreuses pourtant sont les gens qui s'imaginent que c’est en faisant des rondes sur le littoral ou en s'immobilisant une sorte de faction devant une ville que les divisions navales concourraient à dans la défense des colonies, et peut-être les colons se laisseraient-ils aller à demander que ce rôle leur soil assigné, afin d'être rassurés par leur présence. — Une décision de ce genre serait néfaste, il faut le dire et le redire, car elle enlèverait aux com- mandants de nos navires toute initiative dans le choix des moyens de nuire à l'ennemi et permet- Lrait, au contraire, à celui-ci de les joindre presque à coup sûr el de les accabler sous des forces supé- rieures; c'est, d'ailleurs, ce qu'il se promet de faire Si nous en croyons quelques-uns des plus auto- . risés parmi les publicistes maritimes d'outre- Manche. I n'y à pas non plus à compter sur nos vaisseaux de guerre pour escorter des transports de troupes à destination de telle ou telle colonie; les expéditions de cette nature sont fort dange- reuses et faciles à transformer en désastres : chaque colonie doit être prèle comme si la guerre allait éclater soudain. D'une façon générale, nous nous tiendrons en garde contre toutes les opinions conduisant à la négation de cette offensive à outrance, que les « points d'appui » rendront possible et qui, seule, assurera à nos croiseurs, libres de leurs mouve- ments, de très beaux succès, leur permettant de con- tribuer efficacement au maintien de l'intégrité de l’ensemble de nos colonies dans le monde entier. VI. — ATTAQUE ET DÉFENSE DES PLACES FORTES MARI- TIMES COLONIALES. Les divisions navales ne seront donc pas dis- lrailes de la poursuite des objectifs qui leur sont spéciaux, mais on n'en conclura point que les marins n'ont aucun rôle à jouer dans la défense des points d'appui; ils sont appelés, au contraire, à y contribuer à l'aide de petits bâtiments de lypes appropriés : canonnières, sous-marins, Lorpilleurs, elc., ele., dont le concours sera précieux. Tous les efforts de l'ennemi se concentreront, en effet, contre les places fortes, refuges éventuels de nos croi- seurs. Ou bien il tentera de s'en emparer afin de faire siens les avantages résultant de leur posses- sion, ou bien, si cela lui semble trop difficile, il essaiera de les détruire par bombardement afin de nous en priver: à tout le moins voudra-t-il les rendre inutiles et empêcher qu'on y entre ou qu’on en sorte. Quels sont les moyens à meltre en œuvre pour faire échouer tous ces projets ? La défense complète d'une place forte maritime comporte qualre éléments : deux sont mobiles : sur mer les torpilleurs, à terre les troupes; deux sont fixes : Les forts et les mines sous-marines. Les tor- pilleurs la nuit, les sous-marins le jour, peuvent obliger les navires ennemis à s'éloigner des passes que ceux-ci cherchent à bloquer; ils constituent. l'élément offensif, par conséquent le meilleur, de la défense. Si l'ennemi sait que la place est dé- pourvue de cel élément ou sil l'a détruit, il peut resserrer sa ligne de blocus jusqu'à la portée extrème des canons des forts. Dans le cas où il réussirail à démonter ces canons ou bien passerail à grande vitesse sous leur feu sans avaries graves, il risquerait fort d'être coulé par l'explosion des mines sous-marines disposées cà et là dans les chenaux donnant accès au mouillage. Enfin, s'il pénétrail indemne jusqu'à ce mouillage, il devrait engager le combat avec les troupes de la garnison, en même temps qu'il essaierait d'incendier les ma- gasins el ateliers avec ses obus chargés d'explosifs. GASTON DE CAQUERAY — LA DÉFENSE DES COLONIES ET LA GUERRE SUR MER 393 On voit qu'il n’est pas très facile à un bâtiment de guerre de nuire à un arsenal; mais nous avons supposé la place bien outillée, et elle ne l’est pas tou- jours. Les divers éléments de défense ont, suivant la localité considérée, une importance variable, car l'organisation de cette défense nécessile une étude approfondie de la nature des côtes et des fonds, des phénomènes de vents, marées, courants, spé- ciaux à la région du globe dont on s'occupe. L'arsenal en construction à Diégo-Suarez, au fond d'une baie à entrée étroite, n'est pas exposé comme Dakar à un bombardement; mais il est, par contre, plus facile à bloquer que la baie largement ouverte en un point de laquelle Dakar est construit. On n’a accès à Porl-Courbet que par un dédale de chenaux entre les rochers élevés de la baie d'Halong, tandis que Saïgon est bâtie à une centaine de kilo- mètres -de la mer, et presque à son niveau, dans un pays très plat que sillonnent de multiples bras de rivières souvent navigables. Les avantages et - Jes inconvénients sont donc divers suivant les en- droits, et diverses par conséquent les mesures à prendre pour la défense. VII. — COMMENT SERAIT ASSURÉE LA SÉCURITÉ DU LITTORAL DES COLONIES EN DEHORS DES PLACES FORTES. Les posilions de nos places fortes coloniales étant déterminées, il est évident que nos adversaires éventuels auront étudié des plans d'attaque et cherché tout d'abord où ils s'installeraient pendant la durée des opérations, car la force navale qui a pour objeclif d'opérer contre une place forte ne peut se passer d'un mouillage voisin de cette place. On lui apportera là vivres et charbon, et ses unités iront à tour de rôle y jeter l’ancre afin de donner le repos indispensable à leurs équipages et de visiter leurs machines. C'est ainsi que Courbet s'était établi aux Pescadores pour diriger les opérations contre Formose, et l'amiral Humann aux iles Kosichang, à l'embouchure du Meinam, lors du conflit franco- siamois. C'est ainsi que l'importance de certaines rades à proximité de nos places forles a été mise en lumière dans des travaux publiés à l'étranger. Il nous appartient de prendre nos précautions pour que ces rades-là ne puissent être impunément occupées. De même devrons-nous installer des batteries et de pelites garnisons aux endroits du littoral que des agresseurs auraient un avantage manifeste à occuper. Quant aux colonies qui n'ont pas été classées parmi les plus importantes au point de vue slratégique, on aura, semble-t-il, assez fait, actuellement, en leur faveur en élevant quelques ouvrages défensifs sur leurs points les plus menacés d'un débarquement. Ces points seraient garnis de troupes suffisantes pour en imposer à l'ennemi ou, du moins, l'obliger à se demander si l'effort qu'il aurait à faire pour être victorieux ne serait pas hors de proportion avec le bénéfice qu'il retirerait de sa victoire. Combien son audace dimi- nuerait s'il avait à craindre l'apparition de torpil- leurs! Ces minuscules bateaux seront d’une très grande utilité aux colonies, surtout quand on aura aménagé à leur intention quelques postes-refuges échelonnés judicieusement le long du littoral, par exemple dans des estuaires ou des baies inacces- sibles aux grands bâtiments et faciles à défendre contre les petits. Pour les torpilleurs, ces postes seront aussi importants que les points d'appui pour les croiseurs; ils faciliteront leurtâche et augmen- teront leur rayon d'action. Afin d'obtenir des éléments terrestres et mari- times de la défense un maximum de rendement, il est indispensable de prévoir l'affectalion des voies ferrées à la concentration des troupes et d'organi- ser un service de sémaphores pour la surveillance des mouvements des navires étrangers. Toutes les colonies devraient être reliées par des cäbles français à la Métropole, et il serait même fort utile qu'elles le fussent entre elles comme le seront prochainement les colonies anglaises entre elles. Les Anglais ont, depuis longtemps, compris combien il était nécessaire d'être vile et bien informé : le réseau télégraphique dont ils ont tiré si grand profit pour leurs opérations commerciales deviendrait, en cas de guerre, une arme extrêmement puissante, qu'ils manieraient avec la plus grande habileté. Tàchons de nous en procurer une d'’égale valeur. VIII. — CoxcLusiox. Les colonies, dans leur ensemble, bénéficieront de l’activilé des divisions volantes pourvu que cel- les-ci s'emploient à des manœuvres offensives. Les colonies, militairement autonomes pour leur propre défense, doivent êlre regardées, au point de vue de la conduite générale des opérations de guerre,comme solidaires des forces navales de haute mer. Cette solidarité, nous croyons l'avoir démon- trée en expliquant que les colonies tomberaient très probablement entre les mains de l'ennemi s’il réus- sissait à annihiler ou détruire nos croiseurs, et que ces croiseurs seraient infailliblement annihilés ou détruits sans l'appui des colonies. Préparer la guerre sur mer hors d'Europe et mettre les colonies en état de défense, c'est écarter toutes menaces de conflit avec une puissance mari- time et assurer à notre pays la part d'influence pacifique à laquelle il a droit dans le monde. Gaston de Caqueray, Lieutenant de vaisseau hors cadres BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques De Freyceinet (C.), membre de l'Institut. — Sur les Principes de la Mécanique rationnelle. — 1 vol. in-8 de 167 pages. (Prix : 4 fr.) Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1902. M. C. de Freycinet vient de publier un ouvrage très bref, très précis, d'une lecture fort attrayante Sur les Principes de la Mécanique rationnelle. C'est une sorte de complément à son beau livre : Essais sur la philo- sophie des Sciences. M. de Freycinet voit, au moins chez certains auteurs, une tendance à faire de la Mécanique une science purement abstraite. Si cetle manière de faire venait à prévaloir, elle pourrait, en éloignant de plus en plus cette belle science du monde réel, en arrêter plus ou moins le développement. C'est pourquoi, dans son exposition, il cherche à montrer, en tout, le côté objectif avant de passer aux simples mesures abs- traites. Il réussit, ce qui n’est pas très facile, à exposer et à discuter les principes de la Mécanique sans aucune figure et sans aucun appareil de calcul. L'ouvrage se divise en trois chapitres, à savoir : Chapitre 1. — Concepts de la Mécanique. Chapitre II. — Lois générales du mouvement. Chapitre IL, — Du problème dynamique. Dans le premier chapitre se trouvent définis, d'abord sous forme objective, puis, en tant que de besoin, par leurs mesures abstraites, les principaux concepts qui interviennent en Mécanique : le mouvement; la vitesse, avec son corollaire : l'accélération tangentielle : la force; la masse, avec son corollaire : 4 capacité dyna- imique; la quantité d'action (impulsion) ; le travail, avec son corollaire : la puissance dynamique; /a masse vive, sous ses deux noms : quantité de mouvement et force vive; l'énergie; le centre de gravité, avec son corollaire : le point matériel. Il ne faut voir dans ce chapitre que des définitions et ne pas y chercher les principes. Toutefois, la mesure de la force, qui est définie sous forme statique, implique la première partie du principe de l'inertie, celle qui exprimerait qu'un point en repos, sous l’action de deux forces égales et opposées, ne quitte pas le repos. Le chapitre Il contient l'examen philosophique postulats de la Mécanique, que l’auteur présente, nombre de quatre, dans l’ordre suivant : 1° Loi d'égalité entre l'action et la réaction; 29 Loi d'inertie; 3° Loi de l'indépendance d'action des forces ou de l'indépendance des mouvements; 4° Loi de l’équivalence mécanique de la chaleur. Le fait de rattacher dès l’abord cette dernière loi aux débuts de la Mécanique est très intéressant. Bien pré- senté dans un trailé classique, même élémentaire, il facilite et éclaire la question si capitale des résistances passives, et leur donne leur vrai caractère. M. de Freycinet trouve avantage à donner la loi de l'égalité de l'action et de la réaction avant toute autre. Il le peut, parce que, comme il est dit plus haut, une partie de la loi de l'inertie se trouve implicitement comprise dans la définition de la force, donnée au pre- mier chapitre. Chaque loi est l’objet d’un commentaire qui en indique la portée et contient, en abondance, les faits qui la justifient, Au chapitre {II est nettement posé le double pro- blème dynamique de la détermination du mouvement des au ET INDEX d'un système matériel par la connaissance des force qui le sollicitent, et du problème inverse qui ser déterminer les lois qui régissent les forces nature d'après des mouvements observés. L'auteur montre, termes élevés et philosophiques, comment ce derni problème est indéterminé, et par quelles considération on arrive à le déterminer, sans pourtant que nous pu sions être jamais sûrs de l'objectivité des résul obtenus. k L'ouvrage se termine pas une brève conclusion où trouve affirmée l'exactitude des lois générales de la Mécanique, leur développement étant toutefois borné par notre connaissance imparfaite sur la nature chaque espèce de corps. « En résumé, dit-il, les lacu que présente encore la Mécanique rationnelle et qu’elle présentera peut-être toujours, ne tiennent ni à l’incer méthodes analytiques. Elles proviennent exclusive- ment des imperfections de la Physique, qui ne pe mettent pas de particulariser et de prévoir aussi bien qu'il le faudrait les conséquences des lois générales. » Les cent soixante-sept pages qui forment le livre de M. de Freycinet seront lues avec plaisir par tous ceux qui s'intéressent à la philosophie de la Mécanique, aussi bien qu'à ses applications à la science ou à l'industrie. Maurice Lévy, de l'Institut, ; Professeur au Collège de France 2° Sciences physiques Macé de Lépinay (J.), Professeur à la Faculté de Sciences de Marseille. — Franges d’interférence e leurs applications métrologiques.— 1 vol. petit in-8° de 101 payes de la Collection Screntia. Carré et Naud, éditeurs. Paris, 1902. L'emploi des franges d’interférence en Métrologie, inauguré par Fizeau il y a une quarantaine d'années, rénové par M. Michelson trente ans plus tard, prend, d'année en année,une plus grande importance. La pré- cision incomparable qu'il permet d'atteindre, la multi- plicité des applications auxquelles il se prête, la sûreté. qu'il donne aujourd'hui aux mesures, grâce à la con- naissance parfaite d’un nombre déjà grand de longueurs. d'onde de radiations bien définies et faciles à repro- duire, en font une méthode de choix dont les résultats ne se sont pas fait longtemps attendre, et s'augmente- ront de jour en jour. Depuis longtemps, M. Macé de Lépinay a prêté à ces méthodes une attention particulière; dans un travail entrepris il y a quelque dix ans, il avait donné, à la détermination des épaisseurs au moyen des franges de Talbot, une forme personnelle; il avait suivi de près chaque progrès de ces méthodes, dont plusieurs, dans ces derniers temps, avaient élé réalisés très près de lui. C'est plus qu'il n’en fallait pour enrichir la Collection Scientia d'un ouvrage digne de ses devanciers, écrit. avec une parfaite clarté, puisée à une profonde con- naissance du sujet traité, qu'indique plus particulière- ment le sous-titre de l'ouvrage. L'auteur ne s’est pas proposé, en effet, d'enseigner ce qu'est l’interférence ; il suppose le gros des phénomènes connu des lecteurs, el se borne à en jeter une rapide esquisse, Toute l’atten- tion est portée sur les applications aux mesures, les. appareils qui servent à les mettre en œuvre, et les résul- tats auxquels elles conduisent. Les premiers chapitres traitent de la production des franges d'interférence, décrivent les éléments des appa- reils et les sources les plus employées aujourd'hui pour 4 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 295 tobtention des lumières monochromatiques : ubes à . Cadmium, are au mercure, etc.; une brève indication - de quelques longueurs d'onde particulièrement bien définies, et mesurées à l'aide des méthodes que l'on retrouvera plus loin, termine cette première partie de uvrage. La seconde partie nous amène au cœur du sujet, par la détermination du nombre entier de franges dans les esures interférentielles, au moyen de cette si ingé- ieuse méthode de la coïncidence entre les diverses diations employées, coïncidence dans laquelle on herche quei est, dans les diverses régions du spectre, » nombre de franges correspondant ‘aux fractions irectement mesurées. La mesure totale d’une longueur La troisième partie décrit des expériences réelles; ord celles de MM. Michelson et Benoît, exécutées en ares, et qui ont donné, pour la première fois, une va- des longueurs d'onde qui semble approchée au Iionième; ensuite, l'application à des mesures de sueur : étalons à traits, mesurés par M. Benoit, aisseurs de pièces transparentes, par le procédé des mges de Talbot dejà mentionné, ou par la combinaison es méthodes de Fizeau et de M. Michelson, mise en vre par M. Chappuis au Bureau international, enfin les franges de superposition de MM. Perot et Fabry. - L'application la plus importante qui ait été faile de ces mesures d'épaisseurs est la détermination de la masse u décimètre cube d’eau, qui constitue, sans contredit, lun des plus ardus parmi les problèmes que se posent actuellement les métrologistes. L'auteur consacre un court chapitre à cette question, aui l’a occupé pendant plusieurs années. Il rapporte ici les résultats numéri- ques, sans imposer une conclusion, sinon que le progrès réalisé dans ces dernières années est énorme, ainsi qu’en témoigne la concordance des nombres récents. Assuré- ment, la valeur cherchée a été enserrée entre des limites étroites, mais qui peuvent paraitre encore étendues eu égard à la précision apparente de chaque partie des déterminations. Les expériences se poursuivent active- ment, et, dans un an ou deux, nous connaîtrons sans doute la cause de la divergence qui subsiste encore, malgré tous les soins apportés à la détermination de la constante en question. Le sujetest, d'ailleurs, fort com- plexe, et mériterait d’être traité à part. Peut-être y reviendrai-je bientôt. CH.-Ep. GUILLAUME, Directeur-adjoint du Bureau international des Poid@et Mesures. Lorenz (R.), Professeur à l'Ecole Polytechnique de Zurich. — Elektrochemisches Praktikum (GuinE « PRATIQUE D'ÉLECTROCHIMIE), — À vol. petit in-8 de 234 pages, avec 90 figures. Vandenhoeck et Ruprecht, … éditeurs, Güttingen, 1901. , Elbs (K.\, Professeur à l'Université de Giessen. — Uebungsbeispiele für die elektrolytische Dars- tellung chemischer Preparate (ExERCICES PRATIQUES POUR LA PRÉPARATION ÉLECTROCHIMIQUE DE PRODUITS … CHIMIQUES). — 1 vol. in-8 de 100 pages avec 8 figures. (Prix : 4 Mk). W. Knapp, éditeur, Halle a/$S., 1902. Il importe de signaler à l'attention des personnes “chargées de l'enseignement de l'Electrochimie les deux manuels que viennent de faire paraître M. Lorenz et M. Elbs. Bien qu'inspirés l’un et l’autre de points de ue certainement différents, ils se complètent fort heu- -reusement et faciliteront beaucoup la tâche des chefs Le travaux dans les laboratoires d'Electrochimie. —. Le Guide pratique de M. Lorenz donne une grande importance aux idées développées par l'Ecole de Güt- tingen, à laquelle on doit d’avoir mis en évidence les —_avantages réels des mesures purement physico-chi- - miques dans l'étude expérimentale de ces questions. … C'est dire que tout ce qui concerne les mesures élec- Du appliquées aux problèmes d'Electrochimie, est — développé d'une facon très complète. Ce petit livre dispensera donc à l’avenir les chimistes de rechercher È et d'étudier eux-mêmes ces méthodes dans des ou- vrages spéciaux, avec lesquels ils ne sont pas toujours familiarisés. Sur les 70 manipulations décrites par l'éminent pro- fesseur de Zurich, la moitié environ concerne des mesures électriques; les autres ont pour objet des exemples pratiques de préparation électrochimique (une quinzaine sont décrites) et d'analyse électrolytique. Si nous ajoutons que ce manuel in‘ique de nombreux dispositifs expérimentaux à la fois simples et nouveaux, qu'il fournit les renvois bibliographiques les plus im- portants pour chacune des questions étudiées et des tableaux de constantes numériques très détaillés, nous aurons donné une idée des services qu'on en peut attendre. Le manuel de M. Elbs, sans négliger la partie élec- trique, la suppose connue, tout au moins dans ses applications courantes à l'Electrochimie, et s'attache, au contraire, à décrire avec beaucoup de soin les précau- tions spéciales à prendre pour réussir les préparations électrochimiques choisies comme exemples. Celles-ci sont an nombre de trente-huit et, pour cha- cune d'elles, tous les détails qui assurent leur réussite, y compris une bibliographie très soisnée, sont donnés avec l'exactitude qui résulte de vérifications faites au Laboratoire du savant professeur de Giessen. Ces mani- pulations ne concernent exclusivement que des prépa- rations par voie humide ; tout ce qui a trail aux mé- thodes spécialef de mesures électriques, à l'analyse électrolytique et aux travaux qui comportent l'emploi du four électrique (voie ignée) a été laissé de côté. — La publication de M. Elbs est donc loin de toucher à toutes les branches de l'Electrochimie ; par contre, le chapitre spécial qui en fait l’objet est traité avec une précision et une sûreté telles qu'on peut le considérer à l'heure actuelle comme le guide de laboratoire le plus sûr pour les préparations électrochimiques par voie humide. PuHicippe A. GUYE, Professeur de Chimie physique à l'Université de Genève. 3° Sciences naturelles Caustier (E.). — Les Entrailles de la Terre. —1 vol. in-4° de 492 pages, avec 409 Jiq. et # planches en cou- leurs. (Prix, broché : 40 fr.) Nony, éditeur. Paris, 1902. M. Caustier a entrepris de faire exécuter, à ses lecteurs, un singulier voyage. Il ne s'agit de rien moins que de faire le tour du monde sous terre. Ce n’est pas là, cependant, une de ces fantaisies attrayantes à la Jules Verne, où l'imagination joue le principal rôle; c'est un voyage non moins agréable, mais sérieux, car il est vraiment scientifique et permet de s'instruire sans peine. L'auteur est un aimable causeur, plein d'humour, et un cicérone éclairé, qui ne se contente pas de nous offrir des moissons de faits bien choisis, mais qui recherche le pourquoi et le comment des choses. Avec un tel guide, on s'instruit parce qu'on comprend et qu'on raisonne ce qu'on voit, La Géologie, ainsi présentée, perd cette sécheresse et cet air rébar- batif que lui donnent, comme à plaisir, certains savants. « Assurément, dit M. Caustier, ni l'ingénieur, ni le géologue ne trouveront rien, dans ce livre, qui ne leur soit déjà connu, au moins dans chacune de leurs spécialités, mais nous voulons que le lecteur y apprenne, rapidement et sans fatigue, ce qu'est la Terre, d’où elle vient, où elle va; qu'il sache ce qu’elle contient dans son intérieur et les phénomènes qui s’y passent; puis, insistant plus particulièrement sur les richesses qu'elle renferme dans ses entrailles, nous montrerons comment l'homme, par son travail et son | intelligence, a su tirer parti des trésors accumulés au cours des temps géologiques. » 1) Le nombre et la variété des questions étudiées mon- trent tous les problèmes qui ont été abordés. Ayec | l'auteur, nous assistons au travail de l'eau et à la BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX recherche des eaux souterraines; nous visitons les divers volcans du Globe; ceux de l'Italie : le Vésuve et l'Etna, qui sont en pleine activité, et ceux de l'Auvergne, dont les laves sont à peine refroidies. Nous admirons les geysers d'Amérique et d'Islande et nous étudions les sources thermales, dont le nombre s'accruit tous les jours. : , De Après avoir voyagé dans les mines de char bon, assisté à l'extraction du précieux combustible, vécu de la vie du mineur, nous remontons à la surface et parcourons les pays de la houille blanche, puis ceux du pétrole et faisons ainsi un saut du Caucase en Amérique. Puis, c'est la série des mines, d'où l’on extrait les minerais, qui attirent notre attention; nous allons des mines de fer à celles de cuivre ; de celles d'argent à celles d or ; nous étudions les gîtes où l'on recherche les pierres précieuses : le diamant et les diverses gemmes, et nous nous arrètons longuement aux curieuses mines de sel de Pologne et aux nombreuses carrières de pierres de toute sorte que l'on exploite pour la construction. Nous terminons notre curieux et intéressant voyage par une vérilable apothéose, produite, sous les feux du magnésium, par les draperies, les pendeloques, les stalactites et les dentelles, nacrées ou éblouissantes, des plus belles grottes du Monde. L'ouvrage que nous analysons mérite donc son titre suggestif : Les Entrailles de la Terre. 11 est bien imprimé, illustré de fort belles gravures et de plusieurs planches en couleurs. Nous souhaitons que ses lecteurs soient nombreux, car ils seront tous vivement intéresses par l'histoire si attachante des trésors de toute nature que renferme notre planète. : PH. GLANGEAUD, Professeur adjoint à l'Université de Clermont-Ferrand. Jacob de Cordemoy (D' Hubert), Professeur à l'École de Médecine et de Pharmacie, Chef des Tra- vaux de Botanique à la Faculté des Sciences de Mar- seille. — Gommes, résines d’origine exotique, et les végétaux qui les produisent, particulièrement dans les colonies françaises. — 1 vol. in-S° de 311 pages. (Prix: Tfr.) Challamel, éditeur. Paris, 1901. Les plantes à gomimes, à résines et à gommes- résines, dont l'étude fait l'objet de ce volume, ont déjà suscité de nombreuses recherches, tant au point de vue purement scientifique et spéculatif que dans le sens économique et pratique. Toutefois, aucun tableau méthodique d'ensemble, permettant de se faire rapidement une idée complète de nos connaissances sur ce sujet, n’avail encore été dressé. C'est ce travail qu'a entrepris et mené à bonne fin M. Jacob de Cordemoy. Dans un volume de 312 pages, illustré de nombreuses figures, l'auteur a passé en revue tous les végétaux qui, dans les contrées chaudes, fournissent ces produits dont lire parti l'industrie : la gomme arabique, la gomme adragante, les copals, les damars, les gommes laques, l'huile de bois, les résines des Diptérocarpées et des Burséracées, les benjoins, les baumes, le sang- dragon, la gomme-gutte, les laques, les bdellium, l'encens, etc. Pour chacune de ces substances, M. de Cordemoy décrit les plantes productrices, leur distribution géo- graphique, leur culture, leur exploitation, les carac- tères et les usages du produit; et cetie étude est com- plétée par les renseignements commerciaux qui peu- vent être utiles au colon. D'ailleurs, dans tous ces chapitres, outre les données extraites des Mémoires antérieurs, et dont l'exposé résume l’état de la question, telle qu'elle se présentait au moment où M. de Cordemoy entreprenait son tra- vail, on trouve de nombreuses observations person- nelles, qui font ainsi de ce livre, non pas seulement une simple compilation — qui aurait déjà son grand mérite, car il était malaisé de réunir et de condenser, sous une forme claire et méthodique, tous ces documents jus-. qu'alors épars et souvent confus — mais une œuvre originale, constituant une contribution importante l'histoire botanique et chimique de ces produits inté ressants à divers titres. | "4 Soit pour ces recherches nouvelles, soit pour le con= trôle des données anciennes, l’auteur a su très heure sement profiter des matériaux nombreux qu'il a trouvés au Musée Colonial de Marseille ; et les conditions par- liculièrement favorables dans lesquelles l’ouvrage a été rédigé sont un sûr garant qu'il est un de ceux qui, sur la question traitée, seront consultés avec le plus de fruit HENRI JUMELLE, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Marseille: Sinéty (R. de). — Recherches sur la Biologie € l'Anatomie des Phasmes (7hèse de la Faculté Sciences de Paris). Extrait de « La Cellule ». 4 vol. in-$° de 164 pages, avec 5 planches hors text Librairie Jacques Lechevalier, 23, rue Racine Paris, 1901. Le travail de M. de Sinéty a porté principalement sur les Phasmes, dont il a pu se procurer quatre espèces européennes et plusieurs espèces de l'Inde, et, accessoi- rement, sur d’autres Orthoptères; on peut classer en trois chapitres : Biologie, Anatomie et Spermatogénèse, les différents points examinés par l’auteur. Biologie. — M. de Sinéty confirme et précise une opinion déjà émise par divers auteurs au sujet de la parthénogénèse des Phasmes : les femelles non fécondées de Leptynia et d'autres Phasmes pondent des œufs par- thénogénétiques qui donnentexclusivement des femelles (thélytokie); au contraire, les femelles fécondées pon- dent des œufs qui donnent à la fois des mâles et des femelles; il est probable, sansique cela soit démontré, que l'œuf fécondé est nécessairement déterminé comme mâle, contrairement à ce qui existe chez les Abeilles. Le parthénogénèse thélytoque des Phasmes explique la rareté ou même l'absence totale de mâles chez beau- coup d'espèces d2 Phasmides. Chez la Leptynia atte- nuata, espèce à mâles assez nombreux, les pontes par- thénogénétiques renferment moins d'œufs que les pontes. de femelles fécondées, comme si l'accouplement était un excitant de la ponte; de plus, il semble qu'un petit nombre seulement des œufs parthénogénétiques peut se développer jusqu’à l'éclosion. Anatomie et Physiologie. — Le nombre des mues (de # à $) varie suivant les espèces; la coloration de la larve est constante, tandis que celle de l’imago est. variable dans une même espèce (verte, grise ou jaune); M. de Sinéty a fait quelques expériences pour voir si. la couleur ou la luminosité du milieu ambiant pouvait. avoir une influence déterminante, ainsi que cela arrive chez quelques chenilles; les différentes espèces pa-. raissent ne pas se comporter de la même façon : ainsi, la Leptynia ne varie pas quand on l'élève depuis l'éclo- sion à la lumière ou dans l'obscurité, tandis que le. Dixippus, élevé à l'obscurité ou sous verre rouge, passe au noir france, teinte qui ne se présente jamais. chez les individus élevés en pleine lumière. Il semble, du reste, que le Dixippus présente des changements journaliers, du jaune clair (teinte diurne) au brun chocolat (teinte nocturne). Chez les Phasmes, les insertions musculaires se font directement sur la cuticule, les fibrilles passant par paquets entre les cellules épidermiques; au contraire, chez les leriplaneta, c'est sur ces dernières mêmes que s'attachent les fibres musculaires, dont les fibrilles se continuent avec le réticulum cytoplasmique. Le tissu conjoncüif banal n'existerait pas chez ces Insectes; il serait remplacé fonctionnellement par les cellules tra- chéolaires anastomosées et soudées, qui renferment les Los cauaux intracellulaires qui constituent la termi- naison des trachées. Le corps adipeux des Phasmes, comme celui d'autres Orthoptères, comprend des cellules à urates et des cellules à graisse, qui se multiplient parfois par mitose, bien que remplies de boules adi- euses. Le nombre des chromosomes de ces cellules euses fournit un nouvel exemple d'exception à la le de la permanence du nombre des chromosomes ns une espèce donnée : il y a une centaine de chro- somes dans les cellules adipeuses, tandis que les ellules somatiques ordinaires et les spermatogonies en résentent trente-six, et les spermatocytes dix-huit (Leptynia). » M.de Sinétya refait les expériences de Petrunkewitsch, uchant l'absorption de la graisse dans le jabot des thoptères, et il a montré que cet auteur avait manqué e critique dans l'interprétation de ses résultats; la aisse que peuvent renfermer les cellules du jabot ovient du cœlome et non pas de la nourriture, et elle - vraisemblablement la valeur d'une réserve. Les breux appendices de l'intestin moyen des Phasmes très probablement un rôle excréteur comme les es de Malpighi, auxquels ils ressemblent beaucoup; derniers augmentent de nombre au cours de la vie rvaire, leurs produits d’excrétion normaux sont des tes, de l'acide urique, des oxalates et des carbonates ces derniers exclusivement chez les femelles). Les prétendus ganglions syrapathiques antérieurs, qui entourent l'extrémité de l'aorte, ne sont pas des ganglions, mais des formations de rôle obscur, tra- ersées par les nerfs allant à l'aorte, qui ont la propriété assez inattendue de se colorer vivement dans certaines jections physiologiques. Enfin, je signalerai encore dans la partie anatomique une description très détaillée de l'appareil génital des Phasmes, assez mal connu jusqu'ici. Spermatogénèse. — M. de Sinéty a suivi avec beau- coup de soin l’évolution des cellules sexuelles chez divers Orthoptères, depuis la spermatogonie jusqu'à la spermatide. Les spermatogonies renferment le nombre normal (2) de chromosomes; les spermatocytes de pre- mier ordre montrent, au début, un filament chromatique qui se dédouble longitudinalement et se découpe en uses, formées de deux filaments parallèles; chacun de ux-ci se dédouble encore, toujours longitudinalement, de sorte que le chromosome est maintenant composé de quatre filaments (groupe quaterne), dont la disposition ‘peut varier beaucoup; le nombre des groupes quaternes Ben, | SÉRIE est — (réduction numérique); ces quatre filaments se séparent dans les divisions qui aboulissent aux sper- matocytes de deuxième ordre, puis aux spermatides. Il n'ÿ a donc pas de division réduclionnelle au sens de Veismann, et les résultats de M. de Sinéty s'accordent parfaitement avec ceux de divers zoologistes (Vertébrés, “Ascaris) et botanistes (Liliacées); il est donc probable que la double division longitudinale est le processus habituel par lequel se constituent les groupes quaternes, “ce qui n'exclut pas l'existence d’autres processus. M° de Sinéty a retrouvé, chez les Orthoptères, le chro- mosome spécial signalé chez divers Arthropodes et a bien suivi sa destinée, il apparaît dans les spermatogonies et passe par moitié dans les spermatocytes de premier ordre; quand ceux-ci se divisent, il passe tout entier - dans une seule des cellules filles, qui se trouve ainsi compter un chromosome de plus que la cellule non privilégiée; enfin, quand le spermatocyte privilégié de . deuxième ordre se divise, le chromosome spécial passe par moitié dans les deux spermatides. On voit que M. de Sinéty a tiré de son sujet d’'intéres- santes contributions à la biologie générale et à l'ana- tomo-physiologie des Orthoptères; il est bien au courant - de la technique, et la bibliographie est faite très cons- . ciencieusement, qualités assez rares maintenant pour qu'elles méritent de ne pas être omises. L. Cuéxor, Professeur de Zoologie à l'Université de Nancy. L REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 397 4° Sciences médicales Haushalter (P.), Etienne (G.), Spillmann (L.), Agrégés de la Faculté de Médecine de Nancy, et Thiry (Ch.), Ancien interne des Hôpitaux de Nancy. — Cliniques médicales iconographiques. — 1 ro/. 1n-4° jésus comprenant 62 planches. (Prix : 50 francs.) C. Naud, éditeur. Paris, 1902. La Médecine ne s'apprend que par l'exercice régu- lier et contrôlé des sens; le médecin regarde, écoute, touche, palpe, etc.; et les sensations qu'il recueille au cours de l'examen des malades et qu'il emmagasine dans son souvenir, constituent la meilleure partie de sa science. Tandis que la Pathologie, surtout pour un étudiant dont l'esprit n’est pas encore meublé d'images visuelles, parait souvent une science aride, ennuyeuse, qui décon- certe les meilleures volontés, la Clinique offre pour tous un grand intérêt et une immense utilité; ce qu'on a vu, ce qu'on a appris au lit du malade se retient sans peine. Malheureusement les hasards de la Clinique n’amènent pas toujours sous les yeux précisément les types mor- bides qu'on voudrait observer; même dans un service d'hôpital actif et durant une longue période de temps, tous les genres de malades ne se présentent pas néces- sairement. Il faut donc compléter cet enseignement cli- nique, le rendre pratique, le mettre à la portée de tous. C’est cé que les auteurs ont fait dans leurs Cliniques médicales iconographiques. Ce bel ouvrage, très artis- tiquement édité, rendra, grâce à ses photographies pré- cises et bien choisies, plus de services que beaucoup de traités didactiques. Il sera d’une grande ressource pour les élèves, qui, en le regardant, pourront meubler rapidement leur mé- moire; pour les praticiens qui, éloignés de l’école, vou- dront rafraîchir leurs souvenirs. En feuilletant un atlas de photographies, on passe en revue l'ensemble de la Pathologie dans ce qu'elle a de visible, et cela avive et exerce singulièrement le sens diagnostique, surtout pour certaines branches de la Médecine, comme la Derma- tologie, où l'examen repose essentiellement sur des impressions visuelles. Cet atlas n’a pas la prétention de montrer «tout ce qui se voit» en Médecine; la variété des cas est infinie ; néanmoins, il constitue un ouvrage déjà considérable, contenant plus de 400 figures se rapportant à près de 300 malades. Recueillies au jour le jour, au hasard de la clinique, les photographies ont été, autant que pos- sible, réunies en un certain nombre de groupes se rap- portant à diverses séries morbides. C’est ainsi qu'on a pu combiner des assemblages de figures représentant les modifications des formes, de l'habitus, de l'attitude dans les amyotrophies progressives, la paralysie et l'hémiplégie infantiles, la névrite périphérique, la ma- ladie de Little, l'hydrocéphalie, le goitre exophtalmique, le myxædème, le rhumatisme chronique, le rachi- tisme, les gangrènes. La moitié des planches se rap- portent aux altérations cutanées et muqueuses, de nature syphilitique, tuberculeuse, parasitaire, etc. Le texte qui accompagne chaque planche est expli- catif et subordonné à l’image. C'est un court résumé de l'observation clinique, destiné surtout à mettre en relief ce que représente la figure. De considérations géné- rales, il y en a fort peu, juste ce qu'il faut pour rap- peler à la mémoire certaines grandes lignes de la Patho- logie. En résumé, c'est de la bonne Clinique qu'ont faite là MM. Haushalter, Etienne, Spillmann et Thiry, et il est à souhaiter que tous les auteurs de traités de Pathologie suivent leur exemple, puisque, grâce aux perfectionne- ments modernes de l’iconographie, l'enseignement par l’image est devenu possible. M. LABr£, Chef de Laboratoire de la Faculté de Médecine de Paris, + jus ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 2% Mars 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. de Séguier donne une démonstration simplifiée d'un théorème de M. Fro- bénius. — M. G. Wallenberg étudie les expressions différentielles linéaires homogènes commutatives. — M. P. Duhem montre que le théorème de Lagrange, élendu aux fluides visqueux, est incompatible avec les conditions que ces liquides doivent véritier au long des parois solides. 20 SciENCEs PHYSIQUES. — M. J.-B. Pomey démontre que, dans un réseau de conducteurs, s’il n'y a en jeu que de l'énergie magnétique, il ne peut pas se déve- lopper d'oscillations propres. — M. H. Pellat prouve qu'il existe une cause qui tend à diriger les rayons ca- thodiques dans le tube de force d'un champ magné- tique intense : ce serait un frottement anisotrope des particules constituant les rayons cathodiques. — M. F. Larroque, en observant les ondes hertziennes développées pendant les orages, a constaté qu'elles sont presque horizontales pour les orages lointains et verti- cales pour les orages rapprochés. — M. C. Maltézos a reconnu que le gaz qui sort des tuyaux sonores pro- voque, au-dessous, une raréfaction qui se complète par un contre-courant d'air allant de l'extérieur vers l’em- bouchure. — M. A. Ponsot démontre qu'au zéro ab- solu, deux systèmes de corps solides comprenant les mêmes éléments ont même chaleur spécifique. La cha- leur spécifique d'un corps solide, comme celle de sa vapeur saturante, tend vers la valeur zéro pour le zéro absolu de température. — M. D. Berthelot a déterminé le point d'ébullition du sélénium; quatre expériences ont donné des nombres compris entre 685° et 6949; Ja moyenne est de 699°. — M. de Forcrand introduit en lhermochimie deux nouvelles valeurs égales, qu'il ap- pelle équivalent thermique de la dissociation et de la vaporisation. Pour les chlorures métalliques ammonia- caux, ces valeurs sont de 310,2. — MM. P. Sabatier et J. Senderens ont constaté qu'au-dessus d’une certaine température l'hydrogénation de l’oxyde de carbone par les métaux finement divisés avec production de mé- thane s'accompagne d'une réaction accessoire, qui con- siste dans Ja décomposition d'une partie de l'oxyde de carboneenanhydridecarboniqueetchärbon.— M.H.Gi- ran à reconnu que les cristaux qui recouvrent les cylin- dres d'acide métaphosphorique du commerce, conservés pendant longtemps dans des flacons imparfaitement bouchés, sont constitués par un diorthophosphate mo- nosodique P*O8NalH", de la même classe que le phos- phale sesquisodique P2O#Na“H° décrit récemment par M. Joulie. M. J. B. Senderens rappelle qu'il a dé- cril il y a longtemps le phosphate de M. Joulie, mais qu'il l'avait obtenu avec 3 et avec 45 H°0. — M. M. De- nee mn TA a ra I sr Xer RARE S Le eus cs ARIDINES, secon- éther thiosulfocar bamique ont ta | DRASS Fe ne doublement (thiosulfo-uréthane) a à 2 LA substitué préparé de nouveaux dérivés du mét} LATE à réaction des chlorures d'a: ides sur er e M —M. Em. Bourquelot à soumis à l’ POUR ANSE organes d'un graud nombr« (Et L: ESS ÿse les divers et y a trouvé tent a Red PORRÉRRESNES les malières de réserve. — M H Hé See ne TRI ‘ à . 2riSSey à conslaté ue Ja mannane de )e NN) ru ET an les tubercules d'Orchidées peul, comme celle des albumens cornés, se transformer eu man e sous l'influence des fermi nts solubles, — M TETE DE L'ÉTRANGER borde montre que, dans le traitement des vins cassables, le contact seul de l'acide sulfureux avec l’oxydase ne suffit pas pour détruire les propriétés de cette dernière et que c’est plutôt l'oxygène de l’air qui parait être le principal agent de destruction. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Lannelongue signale une nouvelle forme de l’ostéomyélite aiguë, due à l'as sociation de plusieurs espèces microbiennes et presque toujours sans suppuralion. La trépanation hâlive € large de l'os atteint au lieu d'élection constitue presq l'unique planche de salut. — M. Th. Guilloz indiqu plusieurs procédés d'application de la radiométrie à K mesure des dimensions du bassin chez la femme. - M. M. Lugeon propose d'expliquer les gneiss du Monte Leone et du Lebendun (massif du Simplon) par un ou plusieurs plis simples venus du sud. — M. J. Thoulet attribue à la grande majorité des fragments de pierre ponce des fonds océaniques une origine subocéanique; ils n’ont jamais flotté à la surface et proviennent de volcans sous-marins actuellement en activité. Séance du 1° Avril 1902. ; 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Holmgren dé: montre qu'il existe des surfaces non analytiques à cour- bure constante négative admettant en chaque point régulier des dérivées de tous les ordres. — M. Loewy signale la nouvelle organisation, due à M. Eginilis, des études d’Astronomie physique et de Physique du globe à l'Observatoire d'Athènes, et présente le tome Il des Annales de cet établissement. À 20 Sciences PHYSIQUES. — M. G. Le Cadet à emplo comme collecteur d'électricité atmosphérique une enve- loppe contenant du chlorure de baryum radifère e portée sur une fige de laiton isolée sur un disque de soufre. Il indique aussi un dispositif d'enregistrement des variations de l’électroscope en relation avec le col- lecteur. — M. H. Deslandres, à propos d’un travail de: Cuthbertson sur la distribution des bandes dans le pre- mier groupe du spectre de l'azote, montre que cette dis- tribution vérifie bien les lois qu'il a établies antérieu- rement. — M. Ch. Nordmann : La cause de la période annuelle des aurores boréales (voir p. 379). — M. Th. Guilloz fait l'étude des méthodes propres à réaliser la radiographie stéréoscopique. — MM. de Forcrand € Massol ont déterminé la chaleur de soliditication de l'ammoniac liquide par plusieurs méthodes; la moyenne est de 1,95 cal. Elle est très voisine de celle de l’eau. C'est une nouvelle analogie entre ces deux corps. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Laveran a constaté que des injections de sérum humain à des animau atteints de nagana faisaient disparaitre les Trypano- somes du sang de ces animaux; le sérum du singe et de tous les autres animaux est inactif. Le sérum humain se montre préventif du nagana, mais à un faible degré. — M. Ch. Barrois a déterminé la composition des filons du Kersanton de Bretagne. Ils se distinguent des filons ordinaires par leur structure composite; ils se sont con- solidés lentement sous l'influence de phénomènes pneu matolytiques longuement poursuivis, qui ont douné naissance à des gîtes métallifères et à des roches con- crétionnées de plus en plus acides. Puis les minettes sont arrivées dans les fentes. — M. St. Meunier a exa- miné un échantillon de fer météorique provenant du Guatemala; il renferme du fer et du nickel; il appar- lient au genre schwetzite. . Séance du 7 Avril 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Fejer montre que, si l'on différentie membre à membre la série de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 399 — urier correspondant à une fonction /{x), ayant une ivée continue /’(x), la série obtenue est toujours sim- lement indéterminée et a pour somme f(x). — M. A. tot étudie les conditions de stabilité des automo- biles dans les courbes. Il montre, en particulier, qu'il & toujours disposer d'un certain temps, et, par suite, n certain espace pour passer d'une courbe à une autre. Il ne suffit donc pas, dans le tracé d’une route, raccorder les courbes entre elles ou avec les parties oites; mais le rayon de courbure de la ligne médiane loit encore varier d’une manière conlinue. SCIENCES PHYSIQUES. — M. Brillouin, à propos de ote de M. Pomey sur les oscillations propres des réseaux de distribution, rappelle qu'il a démontré la ême propriélé en 1881 et que Helmhol!z l'avait déjà oncée en 1851. — M. P. Garrigou-Lagrange signale e application nouvelle du principe de la chronopho- raphie, consistant à construire des séries de carles sonomales barométriques dont la succession rapide ontre clairement les mouvements généraux de l'atmo- ère. — M. de Forcrand a vérifié directement pour nmoniac la loi d'après laquelle la chaleur de solidi- ation d’une molécule d'un gaz est proportionnelle à température absolue de volatilisation sous la pres- on de 760 millimètres. — M. H. Wilde fait rentrer les nouveaux gaz de l'air dans la série H X 72 de sa table des éléments, qui devient : Ne (7), Az (14), Ar (21), (42), Xe (63). — M. H. Lacombe a préparé une série sels de glucinium du type AfGl‘O, A représentant e radical d'un acide gras. Les points de fusion vont en baissant du formiate au butyrate; les points d'ébul- on suivent uve progression inverse. La solubilité #mente à mesure qu'on s'élève dans la série. — M. M. feneau a vérifié sur plusieurs hydrocarbures la le de Krassousky d'après laquelle, dans la fixation de CIOH sur les carbures éthyléniques, l'oxhydrile se porte toujours sur le carbone le moins hydrogéné. — M. R. Marquis a constaté que, lors de la nitration du furfurane en solution d'anhydride acétique, il y a ouver- ture du noyau et formation d'une monoacétine de Jaldéhyde nitrosuccinique. La pyridine peut agir sur celle-ci en refermant le noyau par enlèvement des élé- ments de l'acide acétique et en donnant un nitrofurfu- ane. — M. G.-F. Jaubert signale un nouveau procédé préparation industrielle de l'oxygène ; il consiste à écomposer par l’eau un mélange de permanganate calin avec du peroxyde de sodium en présence d'une trace d’un sel de nickel; l'oxygène dégagé est très pur. - 32 SCIENCES NATURELLES. — M. L. Cuénot a constaté e la loi de Mendel s'applique à l’hérédité de la pig- ntation chez les souris. — M. L. Léger a étudié l'évo- ution de l’Zerpetomonas jaculum, qui vit en parasite ans l'intestin moyen des Nèpes. Il a observé, outre “des formes monadiniennes, des formés grégariuiennes qui constituent un puissant argument en faveur de l'origine flagellée des Sporozoaires. — M. Ed. Haeckel reconnu que les lJaniellia de l'Afrique occidentale sécrètent une oléorésine au moyen de canaux localisés dans l'écorce et dans la moelle. Le produit des Da- ellia se rapproche sensiblement du Æammout ou encens du Soudan francais. — M. F. de Montessus de Ballore montre que les plissements armoricains ont, malgré leur ancienneté, conservé un reste de vitalité sous la forme de séismes relativement assez fréquents, eu intenses et à épicentres nombreux. Ÿ Louis BRUNET. ACADEMIE DE MEDECINE | Séance du 25 Mars 1902. - M. Hervieux estime qu'il y aurait lieu de prendre, parallèlement aux mesures qui viennent d'être dé- crétées relativement à l'obligation vaccinale, des mesures non moins indispensables concernant la suppression de la variolisation sur toute l'étendue de empire colonial francais. L'Académie se range entiè- rement à cet avis. —MM. G.Linossier ct @.-II. Lemoine ont reconnu que la réaction des sérums précipitants sur le sérum sanguin n'est pas, comme on l’a cru Jusqu à ce jour, une réaction spécifique; ce que l’on a considéré comme spécificité n'est qu'une sensibilité toute particulière de la réaction vis-à-vis d’un sérum déterminé; mais cette spécificité apparente n’en suffit pas moins à faire des sérums précipitants des réactifs extrèmement précieux pour la détermination de l’ori- gine d’une lache de sang. On évitera à l'avenir toute cause d'erreur en diluant convenablement le sang sus- pect, ce qui suffit pour le rendre précipitable exelusi- vement par le sérum actif correspondant. — M. L.-E. Bertrand présente un nouvel aspirateur pour thora- centèse en cas de pneumo-thorax; l'aspiration lente et régulière permet d'éviter une décompression trop brusque du poumon et un manomèire donne à tout ins- tant la pression intra-pleurale. Séance du 1°" À vril 1902. MM. A. Poncet et L. Bérard passen{ en revue les cas d’actinomycose humaine signalés jusqu'à ce jour en France; ils sont au nombre de 146, dont 79 avec lo- calisations cervico-faciales et 67 avec localisations viscé- rales. Cette maladie est certainement beaucoup plus répandue, et les médecins doivent s'appliquer à la rechercher car le pronostic est généralement très grave dans les cas de localisations viscérales. — M. Javal signale quelques moyens destinés à rendre plus supportable le sort des personnes qui perdent la vue à un âge assez avancé. Les uns sont relatifs au tracé de plans, croquis et cartes géographiques; les autres se rapportent à la suppléance de la vue par les autres sens. Séance du 8 Avril 1902. M. P. Brouardel analyse un travail de M. P. Kahn, où ce dernier rend compte de sa visite aux hôpitaux et universilés des Etats-Unis. — M. A. Raïlliet présente un rapport sur un travail de M. Barbellion relatif à l'emploi du jait de chèvre dans l'alimentation des en- fants. Le lait de chèvre semble offrir dans certaines races une composition qui le rapproche du lait de femme; d’autre part, son coagulum est très léger et il est très digeslible, contrairement aux idées générale- ment recues. Il ne paraît pourtant pas donner de résul- tais supérieurs aux autres laits: il y a lieu toutefois de poursuivre des recherches dans celle voie. — A la suite d'un rapport de M. Sevestre (voir p. 359), l'Académie émet un avis favorable à la pratique de la sérothérapie préventive de la diphtérie. — M. Doyen donne lecture d’un mémoire sur le cas des xiphopages hindoues. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 22 Mars 1902. M. J. de Nittis a obtenu une amélioration notable des divers états cachectiques ou des troubles de la autrition dans lesquels il a expérimenté la médication glycogénique. — M. V. Henri et L. Lapicque, puis M. P. Bonnier présentent quelques remarques sur le vocabulaire à employer pour désigner les diverses formes de l'orientation tactile et la notion d'espace. — M. G. Loisel pense que des terminaisons nerveuses existent probablement dans la couche profonde de l'épithélium séminifère autour des cellules glandu- laires. — M. Ch. Féré présente un œuf de poule con- tenant, dans son intérieur, un second œuf entouré d'une membrane. — M. Ed. Retterer a constaté que le tissu des ganglions des Oiseaux reste à l'état de tissu conjonctif primordial et réticulé et n'élabore ni fibres conjonctives ni élastiques. Mais, de même que les ganglions des Mammifères, les ganglions des Oi- seaux fabriquent du plasma et des hématies. — M. V. Henri a observé que la pression accélère légèrement l'inversion du saccharose par la sucrase. Les sels neu- tres à une concentration de 0,002 normale n'ont pas d'influence sur celte inversion; à une concentration 100 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plus forte, ils la ralentissent. — M. JE Léger décrit un Flagellé parasite, le Critidra fasciculata, qu'il a décou- vert chez l'Anopheles maculipennis; c'est peut-être un stade évolutif d'un Hématozoaire flagellé des Vertébrés. __ M. D. Calugareanu à étudié l'influence de la durée de contact sur la résistance des globules rouges. Ils abandonnent plus tôt et plus facilement leurs sels que leur hémoglobine, A basse température, la résistance est plus faible qu'à la température ordinaire. — M. J. Larguier des Bancels a constaté que la macération intestinale bouillie augmente le pouvoir digestif de la macération pancréatique. — M. André Mayer a déter- miné les coefficients de viscosité du sérum et du plasma sanguins normaux chez diverses espèces animales. Ceux du sérum varient relativement peu autour d’une constante; ceux du plasma oscillent, au contraire, con- sidérablement. Il étudie ensuite, par la viscosimétrie, le degré de coagulation des albuminoïdes du plasma sanguin soumis à l'action de la chaleur. — MM. G.-H. Linossier et G.-H. Lemoine: La spécificité des sérums précipitants (voir p. 399). — M. A. Borrel à reconnu qu'à la suite de l'inoculation de virus dans la mam- melle d'une brebis, il n’y a pas, à proprement parler, de culture dans le lait, mais une véritable lésion de la glande, qui fournit pendant plus de quinze jours du lait virulent. — M. F.-X. Gouraud a étudié l'élimina- tion des phosphates dans la pneumonie et la fièvre typhoïde ; elle diminue tant que persiste l'élévation de la température; à la fin de la maladie se produit une crise phosphaturique. — M. C. Levaditi à constaté que Ja cytase hémolytique ne circule pas à l'état de liberté dans le plasma des animaux normaux; dans le processus qui préside à la destruction des hématies chez les animaux qui recoivent des hémolysines inac- tivées, il faut tenir compte de l’érythrophagocytose. — Le même auteur a reconnu que ce n’est pas en neutra- lisant la cytase que l’anticytase diminue la destruction des hématies et sauve la vie des animaux. — M. J. Rehns à observé que le sang ou le sérum d’un lapin vacciné ne protège pas contre la vaccine un lapin nor- mal. D'autre part, l'inoculation de lymphe variolique est aussi sans influence sur la vaccination ultérieure. — M. M. Arthus montre que rien n'établit que la mo- nobutyrinase du sang soit une lipase. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 21 Mars 1902. M. Ch.-Ed. Guillaume expose, de la part de MM. H. Nagaoka et K. Honda, professeurs à l’Université de Tokyo, les résultats de leurs recherches sur la magné- tostriction des aciers au nickel, c’est-à-dire sur les changements de forme et de dimensions que ces alliages éprouvent sous l’action du champ magnétique. Les échantillons sur lesquels ont porté ces études con- sistaient en fils de divers diamètres, ou en ovoides allongés, de 1% d'épaisseur maxima et de 20° de lon- gueur. Ils étaient soumis au champ magnétique produit par une bobine dont les constantes sont les suivantes : longueur, 30°"; diamètre, 3°m,2; résistance, Ovbm,56: krn = 319,7. La bobine était enfermée dans une enve- loppe à circulation d’eau; l'échauffement par le cou- rant était, d'ailleurs, extrêmement faible, en raison de la faible résistance de la bobine, excepté pour des champs supérieurs à 1.000 gauss environ. Variations de longueur. Ces variations étaient observées à l’aide d'un dispositif optique donnant une grande amplifica- tion. L’alliage à 25 °/, de nickel, qui n’est pas sensi- blement magnétique, n'a donné aucune variation appréciable. L'alliage à 29 °/,, qui est sensiblement magnétique, varie graduellement avec le champ; l’al- liage à 46 °/,, qui est fortement magnétique, varie d'abord rapidement, mais s'approche bientôt d'une valeur limite, de l’ordre de 25 millionièmes de la lon- : sueur initiale. L'alliage à 36 v/, possède des propriétés intermédiaires, Les variations sont positives, alors qu'elles sont négatives dans le nickel, et que, dans le | s’évaporer, fer, elles sont d’abord faiblement positives, puis néga tives. Dans les champs de l’urdre du champ terrest les changements sont inférieurs au dix-millioniè Variations de volume. L'ovoide à étudier était e fermé dans un réservoir de verre scellé, qu’on achev de remplir avec de l’eau distillée. On observait | variations de volume par les déplacements du ménisq dans un tube de Omm,4 de diamètre. Les variation trouvées pour tous les échantillons sont sensiblemen proportionnelles au champ; pour 1.700 gauss, el sont respectivement de 51, 2% et # millionièmes po les alliages à 29, 36 et 46 °/, de nickel, les plus for variations correspondant ainsi à la plus faible per mé bilité magnétique. L'acier ordinaire ne donne qu'un variation de 1 millionième, et l’alliage à 25 °/, un chan sement encore beaucoup plus faible. On remarquera que la dilatation thermique intervient très peu da les phénomènes, puisque l’alliage à 36 °/,, qui se dil environ dix fois moins que ceux à 29 ou à 46, éprou: des variations intermédiaires sous l’action du cha magnétique. Zffet Wiedemann. La torsion occasionné par l'effet simultané d’un champ longitudinal et d'ut champ circulaire produit par un courant parcourant le fil était déterminée à l’aide d’un miroir fixé à Ja partie inférieure d’un fil de 21°", suspendu dans la bobine. Le sens des variations observées, pour les alliages à 23, 39 et 45 °/,, est le même que pour le fer, c'est-à-dire que, pour un courant descendant et un pôle nord situé au sommet de la bobine, les rotations vues d’en haut se produisent dans le sens contraire du mouvement des aiguilles d’une montre. Pour un même courant, les champs faibles produisent une rotation qui va rapidement en croissant, passe par un maxi mum et décroît ensuite lentement. Fils sous tractions Des expériences faites par M. Honda, avec la collabo: ration de M. Shunizu, ont montré que les variations de longueur produites par le magnétisme dans des fils d’acier-nickel soumis à une traction longitudinale di minuent à mesure que la traction augmente. Pour des charges telles que l’on approche de la limite élastique; on observe une contraction dans les champs faibles et un allongement dans les champs intenses. Le caractère de ces variations est semblable à celui que l’on observe daos le cobalt. M. Guillaume montre ensuite comment, par une hypothèse complémentaire, l'ensemble des résultats de MM. Nagaoka et Honda peut s'accorder avec la théorie de M. L. Dumas sur les transformations: des alliages de fer et de nickel. — M. Guilloz étudie la facon dont on voit les ombres en radiographie sté réoscopique. Il applique au point de vue expérimental le principe ordinaire; des œillères sont découvertes pour chaque œil en même temps que le tube dont il doit voir l'effet est excité. M. Guilloz montre alors que; si les deux anticathodes sont à la même distance l’une: de l’autre que les deux yeux de l'observateur, et si chaque œil est découvert en même temps qu'on excile le tube placé de son côté, on voit une image en relieh exactement symétrique de l'objet qui porte ombre, si l'écran est normal aux lignes qui joignent chaque œil au tube correspondant. En déplaçant un double déci= mètre dans cette image virtuelle, on peut prendre des. mesures exactes, comme on peut mesurer un objet e regardant son image dans une glace demi-argentée, en: même temps qu'on déplace un double-décimètre dans! l'image virtuelle. On juge parfaitement de la coïncis dence des points de l'image avec ceux du double-déci- mètre quand on a une bonne vision binoculaire. Quand des erreurs se produisent, c'est que la vision binocu- laire est troublée. M. Guilloz indique quelques-une des illusions que l’on observe dans ce cas, puis il décrit, ensuite les dispositifs qu'il a employés pour exciter les tubes. Le plus remarquable est celui d’un tube à deux, électrodes planes en chrome, qui donnent bien des rayons X un peu moins bons que le platine, mais qu peuvent fonctionner à la fois comme cathode sans et comme anticathode sans fondre. Au sujet de la communication précédente, M. P. Villard onnaïîlre deux solutions qu'il a imaginées du pro- | plème de l’'ampoule stéréo-radioscopique : 1° L'ampoule ft construite comme à l'ordinaire, sauf que l’antica- | lode présente une assez grande longueur dans la ‘ direction perpendiculaire au plan de symétrie de l’'am- bidule. Au moyen du redresseur cathodique antérieure- l ment décrit, on envoie dans l'appareil les décharges dressées du transformateur à haut voltage (Journal Riysique, janvier 4901) ou d’une bobine de Rubhra- alimentée par un courant alternatif et munie an interrupteur rompant le courant sur toutes les ernances. Un petit électro-aimant alternatif, placé au isinage de l'ampoule, dévie les faisceaux cathodiques nativement à droite et à gauche du plan de symé- je et détermine ainsi sur l’anticathode deux foyers ernants de rayons X. La vision se fail au travers d'un foboscope synchrone. 2 Les décharges alternatives, tenues comme précédemment, sont dirigées dans une npoule munie de deux cathodes opposées, entre les- quelles est une anticathode double sur laquelle se “forment les deux foyers alternants (que l’on peut rap- ocher ou écarter légèrement au moyen de deux demi- es aimantées placées derrière les cathodes). Cette sposition serait toutefois insuffisante : l’anticathode étant pas anode noircit l’ampoule, et la production rayons est médiocre. On y remédie par l'addition une électrode supplémentaire que l'on relie au pôle gatif d'une source électrique auxiliaire. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES | Séance du 14 Mars 1902. M. A. E. Tutton a déterminé la dilatation thermique “de fragments de porcelaine de Bayeux entre 0° et 120°, moyen d’un dilatomètre interférentiel. La moyenne trois déterminations donne, pour la dilatation linéaire, Mvaleur Le — Lo [4 + 10 —® (2522 & + 7,43 #)]. Les Sultats concordent bien avec ceux de Chappuis, la Constante a étant seulement un peu plus faible. Les divergences entre les résultats de Bedford et de Chap- is paraissent tenir à une différence fondamentale réelle, dépendant de l'intervalle de température auquel les mesures ont été faites. L'augmentation par degré coefficient de dilatation de la porcelaine n'est pas constante; elle est plus grande entre 0° et 100° qu'aux autes températures. — M. W. Williams éludie la va- riation avec la température des résistances électriques des métaux purs et des alliages. Si m est la valence chimique d’un métal, V le volume atomique, 0 la tem- rature absolue, T le point de fusion absolu, et € ou 112% T la constante de la loi de Pictet, on a, d’après À mV0 L +. FX. Pauteur, os — TI où 6 est la résistance spécifique 0 C. Cette relation se vérifie pour la plupart des mé- ux ; elle est en défaut pour l'or, l'étain, l'aluminium, s métaux du groupe de fer. L'auteur donne une autre pression pour la variation de la résistance avec la mpérature. — M. R. W. Wood a obtenu des dépôts métalliques sur verre consistant en particules plus petites que la longueur d’onde de la lumière; en lumière ransmise, ils offrent des couleurs très brillantes. L'au- teur, n'ayant pu arriver à les expliquer par des interfé- rences ou par la diffraction, pense qu'on se trouve en “présence d'une nouvelle forme d'absorption, due à la résonance électrique des petites particules métalliques pour les ondulations lumineuses. … SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 6 Mars 1902. = MM. W, A. Bone et R. W. Wheeler ont étudié loxydation lente du méthane entre 300° et 400° par l'oxy- gène dans destubes en verre borosilicaté. La disparition e l'oxygène est accompagnée par une diminution pro- ortionnelle du volume des produits refroidis, corres- ondant à la formalion d’eau; à aucun moment, il ne L ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES AOI se forme de l'hydrogène ou du carbone libre. Une partie seulement du méthane est brûlée; le carbone se re- trouve à l’état de CO ou de CO?, et l'hydrogène à l'état d'H°0 ; aucun autre produit n'a pu être décelé, La réac- tion principale parait être : 2CH* + 30* —2C0 + 4H°0; le CO? proviendrait d’une réaction secondair: entre CO, H°0 et O. — M. F. E. Francis a éludié les combinai- sons d’addition de la dibenzylcétone et de la désoxy- benzoïne avec la benzal-p-toluidine, la 21-nitrobenzaldé- hyde et la benzal-m-nitraniline, ce qui lui a permis de séparer les modifications +, 8 et y isomères de ces deux cétones. — MM. H. J. H. Fenton et J. H. Ryffel, en traitant par le chlore une solution d'acide tartrique contenant un sel ferreux, ont obtenu la semi-aldéhyde de l'acide mésoxalique ; la réaction paraît être pré- cédée de la formation d’acide dihydroxymaléique. — MM. R.S. Morrell et J. M. Crofts ont étudié l’action de l'eau oxygénée sur les hydrates de carbone en pré- sence de sels ferreux. Le glucose et le lévulose ont donné de la glucosone, un peu dextrogyre dans le pre- mier cas, un peu lévogyre dans le second. Cette osone, oxydée par le brome, fournit un acide trioxybutyrique, qui parait être l'acide d-érythronique. — M. M. O. Forster et Mie F. M. G. Micklethwait, par réduction de l'a!-m-nitrobenzoyl-:-bromocamphre, F. 93°-94°, ou de l'-m-nitrobenzoyl-2'-bromocamphre, F. 101°-102°, au moyen de KOH, ont obtenu le m-nitrobenzoylcamphre énolique, F. 106°-107°. L'o-nitrobenzoylcamphre éno- lique fond à 118°. — MM. F. D. Chattaway etJ.M.Wad- more ont fait l'étude de la réaction de Cloez. Pour eux, le chlorure ou le bromure de cyanogène réagissent d'abord avec l'alcool comme un composé nitré halo- géné typique, en formant de l'acide cyanhydrique et de l'hypochlorite ou de l’hypobromite d'’éthyle C:Az.CI EL C’HFOH — C:Az.H + C*HSOCL Puis ceux-ci se combinent, l'acide cyanhydrique se comportant comme un corps non saturé, en formant de l’iminochlorocar- bonate d'éthyle: CH°0 NC: AzH. cl” Celui-ci réagit ensuite de facons diverses. — M. J. C. Crocker, en traitant le chlorure de picryle par le thio- cyanate d'ammonium, a obtenu un corps jaune de for- mule C:*H°Az’S0*, Pour lui, il se forme d'abord de la picrylthiocarbimide, qui se combine à une autre molé- cule de chlorure de picryle, et réagit sur l'alcool pour former un éther picrimidopicrylthiocarbonique.— M. A. G. Perkin a refait l'étude de la myrticolorine, glucoside extrait de l'Eucalyptus macrorhyncha, et a constaté qu'elle est identique à l'osyritrine. — M. K. J.P. Orton a étudié la nitration des six anilines trihalogénées sy- métriques. Quand il y a un atome de Br en para par rapport au groupe aminé, il est remplacé par un groupe nitré. Quand c’est un atome de CÎ qui est en para, aucun halogène n'est substitué. L'auteur décrit tous les dérivés qu'il a préparés. — MM. F.S. Kipping et A.E. Hunter ont résolu le d/-phéno-«-heptaméthylène en ses constituants optiquement actifs par cristallisation fractionnée de ses sels avec l'acide tartrique droit. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 7 Mars 1902. M. G. Quincke communique ses recherches sur les précipités liquides. Lorsque, dans l’action de deux so- lutions de sels métalliques, il se produit une substance iusoluble dans l’eau, celle-ci se précipite. Mais le pré- cipité met un certain temps à se former et à se dépo- ser, etil peut même rester pendant une courte période à l’état liquide. Souvent ce précipité liquide prend une certaine forme par suite de la tension superficielle à la limite entre lui et le liquide environnant. Il arrive qu'au contact des deux liquides, il se forme une mince membrane de précipité solide, que l’auteur appelle membrane précipitée et dont il étudie les propriétés, 102 ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Dans l'action des carbonates alcalins sur les sels de calcium solubles, le précipité liquide de carbonate de chaux se sépare en petites gouttelettes huileuses, qui présentent un héliotropisme positif; elles donnent en- suite naissance à ce que l'auteur appelle des sphéro- cristaux. — MM. E. Hagen et H. Rubens ont étudié l'absorption des rayons ultra-violets, visibles et infra- rouges par des couches métalliques minces. Les trois métaux employés ont été l'or, l’argent et le platine, précipilés en couche mince sur des plaques de quartz. Le platine est très fortement et presque également ab- sorbant pour toutes les longueurs d'onde; il montre une légère augmentalion de transparence à mesure que la longueur d'onde s'accroît. L'or, est dans le spec- tre visible, le plus transparent de tous les métaux; il présente, entre \—0;5pael 2=0,55p, un maximum prononcé de transparence. L'argent présente aussi un maximum accusé de transparence pour À—0,3214; pour celte radiation, il est près de 1200 plus transpa- rent que le platine. — M. E. Goldstein à poursuivi l'étude de la première couche de la lumière cathodique des décharges induites. Elle se compose de deux sortes de rayons : les uns se propagent en ligne droite, dans une direction opposée aux rayons canalaires, et don- nent des ombres fortes; les autres, différents des rayons canalaires à plusieurs points de vue, s’inflé- chissent vers les parois du tube; ils sont déviés par l'aimant. — M. G.-W.-A. Kahlbaum répond aux ob- servations de M. Neesen relatives à son travail sur les pompes pneumaliques à mercure. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 6 Mars 1902. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Lecher a étudié l’in- fluence de l’électrisation sur l'étincelle électrique. L'électrisation positive a généralement une influence renforçatrice, l'électrisation négative une influence affaiblissante, ce que l’auteur attribue à la formation ou à la disparition d'une sorte d'ions dans l’espace de décharge. — M. Streintz poursuit ses recherches sur la conductibilité électrique des poudres comprimées (oxydes métalliques et sulfures). — M. O. Tumlirz : Complément de la théorie de la pression de cohésion de Van der Waals. — M. À. Lampa à reconnu que le point de congélation de l'eau s’abaisse de 0°,0075 C. pour une augmentation de pression d'une atmosphère. Des solu- tions de NaCI et de sucre de canne présentent un abais- sement plus considérable pour la même élévation de pression. — J. Billitzer : Sur la capacité du carbone à tormer des ions, et sur la nature acide de l'acétylène. — M. C. Pomeranz montre que, si / est la solubilité du sel d'un acide monobasique optiquement actif avec un métal monovalent et x le degré de dissociation électrolytique de la solution saturée de ce dernier, la solubilité L d'un mélange de sel droit et gauche sera donnée par la formule L=— /|2{1 —a) + V23].— Le même auteur montre que la loi de l’action de masse de Guld- berg et Waage s'applique au dédoublement du maltose en dextrose sous l'influence de la maltase. — M. R. Wegscheider poursuit ses recherches sur l'éthérifica- lion des acides bi et polybasiques non symétriques. L'éther 4-méthylique de l'acide opianique est très résis- tant à l'action de H*0* et de CrO'; il est oxydé par le permanganate en anhydride opianique. La semi-sapo- nification de l'éther méthylique de l'acide papavérique donne les deux éthers-acides de cet acide, L'éther méthy- lique acide de l'acide 4-oxyphtalique a été obtenu de quatre façons : 1° par action de l'alcool méthylique sur l'acide; 2 par saponification de l'éther neutre avec KOH; 3° par action de l'alcool sur l'anhydride; 4° par action del'iodure de méthyle sur le sel acide de potasse. L'éther acide fond à 166°, l'éther neutre à 104°. Par semi-saponification de l’éther méthylique neutre de l'acide nitrotéréphtalique ou par action de CH°I sur le sel acide de potasse, on obtient l'éther «-méthylique Friedlænder et P. Cohn ont préparé la dinitroben déhyde en partant du chlorure de dinitrobenzyle ; celui= est transformé en acétate, puis en alcool dinitroben: lique, enfin en dinitrobenzylaniline; cette dernièr par oxydation, donne l’o-p-dinitrobenzaldéhyde, F.68 69, En solution benzénique à la lumière, celle-ci lais déposer des cristaux d'acide o-nitroso-p-nitrobenzoïq — MM. P. Friedlænder et L. Silberstern ont prép diverses oxynaphtoquinones par réduction, puis dation des dérivés azoiques des di et trioxynaphtal Ainsi, à partir du dérivé monoazoïque de la 1 : 8-dio naphtaline, on arrive à la 8-oxy-1 : 4-naphtoquinon identique à la juglone retirée des coquilles de noix. D dérivé disazoïque de la 1 : 8-dioxynaphtaline, on arr à la naphtazarine (7:8-dioxy-1 : 4-naphtoquinone). dérivé monoazoïque de la 2 : 3-dioxynaphtaline cond à une oxyquinone compliquée (C"H‘0*0H)}°0; le dérivé disazoïque à l'isonaphtazarine. Enfin le dérivé mo azoique de la 2:3: 8-trioxynaphtaline donne une 2: dioxy-5 : 8-naphtoquinone. — MM. P. Friedlænder R. Fritsch, en soumettant l’o-p-dinitrobenzaldéhyd la réaction de Perkin, ont obtenu l'acide 0-p-dinitro= cinnamique C‘H*{Az0?}CH : CH.CO®H, F.179. Par rédu tion acide, il se forme probablement l'acide diamin mais il se convertit spontanément en son arhydride interne, l'amidocarbostyrile. — MM. H. Seidel et J.- Bittner, en traitant l’anhydride phtaliqae par l'aci nitrique fumant, ont obtenu les deux acides nitrophta liques. Ceux-ci, foudus dans un courant d'ammoniaque; donnent l'x-nitrophtalimide (1:2:3) et la #-nitrophta- limide ({:2:4%4), La première, soumise à la réaction de Hoffmann, fournit un acide a-nitroanthranilique ; la seconde donne deux acides $-nitroanthraniliques iso= mères, séparables par le xylène; l’un est l'acide 1:2:#4, l’autre l'acide 1:2:5. \ 20 SCIENCES NATURELLES. — M. H.-A. Krauss décrit une. série d'Orthoptères nouveaux rapportés du sud den l'Arabie et de l’île de Socotora. Ce sont les : Blatt mellea, Eremiaphila braueri, Empusa spinosa, Acridam longicornis, Cymochtha deserticola, Pyenodictya den tata, Cophotylus œædipodinarum, Sathrophyllia arabica, Empusa simonyi, Acrida viridifasciata, Sphingonotus albipennis, Catantops versicolor, Calliptamus bimacu= latus et pachypus, Éremus pileatus. — M. H. Molisch a constaté que la lumière émise par certaines bactéries possède une action héliotropique très marquée sur diverses plantes. Par contre, elle ne provoque pas la formation de chlorophylle, ce qui tient non à l'absence de certaines radiations, mais à l'intensité beaucoup trop faible. — M. J. Valentin a étudié la pluie de sable d 9-12 mars 4901 ; il démontre son origine terrestre, ainsi que celle de tous les phénomènes du même genre. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 22 Février 1902 (suite). RE pen CE CRE à 29 SciENCES PHYSIQUES. — M. J. D. van der Waals : Systèmes ternaires. Première communication. Dans. cette partie, l'auteur s'occupe du principe de continuité chez les systèmes ternaires. Les phénomènes d'équilibre d'un système binaire à une température donnée ad- mettent une représentation géométrique à l’aide d’une surface où la composition et le volume jouent le rôle. d'abscisses x, v, tandis que l'énergie libre figure comme ordonnée d (surface de van der Waals). Dans le cas d’un système ternaire, la composition est déter- minée par deux rapports x, y, de manière qu'on trouve Y%—f(x,y, v), n'admetlant pas une représentatio® géométrique dans notre espace. Seulement, en se. servant de la fonction & | jouissant de la propriété que, . d'après le principe énoncé par Gibbs, la matière s'arrange à chaque température T et à chaque pression p données de manière à rendre £ minimum}, on retrouve la représentation géométrique, £ ne dépen- dant, pour des valeurs données de T et p, que de x et de y. le système ternaire se compose del —x— y, x, cules des trois composantes en phase homogène : E— RE (x y)log(l—x— y) +x log x +7 log y À À pv—MRT log (1 — D) — Be RASE BEC: a tité v entrant dans cette équation doit être éli- [ à l’aide de l'équation de l’état. Comme on le sait, 1 surface £ se compose de trois feuilles, une feuille de Stat liquide, une feuille de l'état gazeux et une feuille { labile. En cherchant, par l'application du prin- Ja continuité, la connexité de ces trois feuilles, peul se borner à examiner les trois courbes d'inter- ion de ces feuilles par un plan perpendiculaire au des x, y, par exemple par le plan y—0. Pour sa- mment les trois courbes se réunissent en une X Fig. 1. seule, l’auteur considère des valeurs de p et T où, à cer- {aines valeurs de x, correspondent trois valeurs de £, et, à d'autres valeurs de x, une valeur unique de £. Soit ABPB'A' (fig. 1) la ligne connodale d'un système binaire dans le plan (x, v), R le point critique de contact, P le point de plissement. Procédant de A vers P et de À! vers P, la pression des phases coexistantes du mélange binaire augmente; donc, pour xx > x > x», il ya condensation rétrograde de première espèce. Si Bet B' représentent un couple de nœuds, où xw > x», es deux points font partie d'une ‘même ligne isobare BDD'B!. La figure montre encore la ligne GPC' formant la frontière entre les phases homogènes stables et labiles ; pour cette ligne, on a: = —0. De plus, on yremarque la ] ræ o EU) 4 & ; gne CDKD'C', où — —0; le point K, à langente verti- 3 - le, est caractérisé par la coincidence de deux valeurs 2,1 2e Suivons le contour de la ligne iso- bare passant par B B'. À gauche de B, elle donne des volumes plus petits que ceux de la ligne connodale, la Pression en B surpassant celle en A. En D, elle passe par la pression minimum du mélange. En accord avec d'augmentation de la pression sur la ligne connodale de À à P, ce point D se trouve à droite de B. En D, la ligne isobare coïncide par un élément avec l'isotherme le la concentration à x,: ensuite, elle retourne à des oncentrations plus petites. En D', elle rencontre de de y, annulant 8 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES HO APT SO RL LEE Zee = = on PR HE +; 103 ; ; 2°} : nouveau la courbe + maintenant la branche où la pression sur l'isotherme est maximum; done, D’ se trouve à gauche de B. Et de D' elle marche vers des va- leurs plus grandes de x. Pour la valeur choisie de p, le mélange binaire admet donc une série continue de phases, à gauche de B des phases liquides, à droite de B! des phases de vapeur. Entre B et D et entre B! et D', la ligne isobare coupe la ligne spinodale en E et E!. Ainsi, les phases métastables se trouvent entre B et E etentre B' et E'; les phases entre E et E' sont labiles. Une droite parallèle à OV, pour laquelle x, XX», coupe la ligne isobare en trois points; pour toute va- leur de x hors de x et x», il n'y à qu'un volume unique correspondant à la pression p. En représentant € pour ces valeurs de T et de p comme fonction de x, on trouve (fig. 2) une courbe à deux points de rebrousse- ment D, D', deux points d'inflexion E, E', une tangente double BB', etc. En faisant croître la pression p, les deux points D, D' de la ligne isobare se rapprochent l'un de l’autre jusqu'à ce qu'ils coincident en K. Pour des pressions plus grandes que celle de K, la ceréte D'E'FED de la surface à disparu. En examinant ensuite la forme de la surface £ d’un système ternaire aux circonstances critiques des états liquide et € gazeux, l'auteur, à l'aide d'une étude détaillée, détermine la forme particulière du point de plissement, tellement différente de celle d'un 0 X point de plissement ordinaire qu'il croit devoir désigner ce point comme point de plissement triple, ele. — M. H. Kamerlingh Onnes présente, au nom de M.B. Meilink: Sur la détermination de températures très basses. Quatrième partie (pour les parties précédentes, voir Jtev. génér. des Sc., t. VII, pp. 732 et 891, t. XI, p. 1076). Comparaison du thermomètre de platine avec le thermomètre à vapeur d’eau. 1. Introduction; 2. Con- struction du thermomètre à résistance; 3. Mesures avec le pont de Wheatstone; 4. La détermination du ZÉTO. — M. A. P. N. Franchimont présente, au nom de M. P. van Romburg, deux communications : {° Sur la réaction de l'acide nitrique sur des amides alkylés de l'acide p-to- luène-sulfonique; 2° Quelques autres substances de l'huile éthérique de Kaempferia Galanga L. La seconde fait suite à une communication précédente (/tev. géner. des Se., t. XII, p. 151). 3° SciENCES NATURELLES. — MM. C. Winkler et G. van Rynberk : Sur la fonction et la structure des atomes dermiques du torse. 3° partie (pour les parties précé- dentes, voir Rev. gén. des Se., t. XI, p. 1452; t. XII, p. 172). Le résultat des expériences est que, dans des circonstances favorables, les champs noyaux isolés de la partie latérale de l'atome dermique admeltent non seulement la plus grande largeur, mais y sont consi- dérablement plus larges qu'à un autre endroit quel- conque. Ce résultat est bien important. En distinguant entre champ noyau et champ marginal, les auteurs ont introduit deux grandeurs en rapport muluel. À chaque 404 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES lésion de l'atome dermique, le champ marginal s'étend, et le champ noyau se réduit, d'après une loi invariable, d'abord à un triangle, séparé ensuite en deux parties par une bande analgique. C’est là que la sensibilité du champ noyau est minimum, c'est là encore que le champ noyau est très large. Une lésion opérative assez forte, comme la coupure partielle des faisceaux des racines postérieures, fait naître très probablement des champs noyaux d'un fonctionnement faible, où la valeur de seuil pour la sensibilité s’est accrue et où le champ marginal s'est développé aux frais du champ noyau. Nécessairement, un affaiblissement du fonction- nement se trahit au plus vite là où un champ noyau très large ne possède qu'un minimum relatif de sensi- bilité. Cela explique une contradiction apparente : En coupant une ou deux racines {out au plus, on trouve des zones analgiques isolées; au contraire, en faisant rester intacte une racine intermédiaire, on trouve des bandes analgiques continues. Dans le dernier cas, la grande blessure, la perte plus considérable de sang, ele., sont autant de condilions défavorables expliquant le fonctionnement mauvais des champs noyaux de l'atome dermique isolé. Nécessairement, ces champs noyaux éprouveront leur affaiblissement maximum là où, dans des parties très larges, la sensibilité ne s'élevait que TABLEAU |. — Présence des bactéries dans l'intestin du lapin, très peu au-dessus de Ja valeur de seuil, c'est-à-dire dans la partie latérale. Dans ce cas, on trouve donc | une bande continue analgique comme conséquence de l'anéantissement de deux. racines. Au contraire, on | trouve des zones isolées si l’on ne coupe que deux racines. Ensuite, les auteurs essaient de rendre compte | de la manière dont les différents champs noyaux. empiètent les uns sur les autres à l'aide d'expression: | algébriques. En représentant par y et x la distance di l'extrémité caudale d'un champ noyau à l’extrémit craniale du-second et du troisième champ, ils trouvent pour le diamètre dorsal : x 2y—c, pour le diamètre ventral : x—2y=—c, et pour les régions latérales du corps : 2y — x — €, où ce est une constante, etc. Ensuite M. Winkler présente, au nom de M. J.-K.-A. Wertheim Salomonson : //ne nouvelle loi d'irritation. Troisième partie (pour les précédentes parties, voir Rev. gén. des Se.,t. XII, p.172 et 220). L'auteur pose la ques- tion : à quel titre cette loi est-elle une loi psychophy- sique”? Quoique cette question reste indécise à cause de la rareté de recherches d'une exactitude suffisante sur la grandeur de l'effet de l'irritation sur les sens, l’auteur parvient à la conclusion qu'il y a 4 priori une probabi- lité assez considérable pour que cette loi s'applique tout de même aux observations des sens, toutefois en tant VOLUME LAPIN en grammes NOMBRES TOTAUX DANS L'ENSEMBLE DES INTESTINS comptés sous le microscope l | ns Nos 1 T0 945.727.500. DR CT OI © AR 125,250 2.784.115.050. BA Où Due 0 — 10% 5.229.126.108. 4 . : 5 RE 151,700 669.801.285. A AS EPS E 12,500 1.743.706.142. 6 133 6.527.707.536. fl 201 1.104.286.623. 128,750 6.186.609,.671. ORGANISMES «vivants sur { million d'or- ganismes morts INDICE de stérilité du cultivés contenu 000 14.651.000 64.549 15 000 14.298.700 194.756 5 000 11.774.025 444.123 2 000 5.736.7 116.755 8 000 8.100.375 955.967 1 000 1.388.124 4.102.538 0,2 000 2.199.748 502.004 2 000 : 723. M4 8.548.417 0,1 qu'ils’agit d'irritations momentanées. Ensuite, il s'occupe du rapport entre la loi nouvelle et la loi psychophysique connue de Weber et Fechner. — M. H.-J. Hamburger présente au nom de M. B. Sjollema : L'influence de la nourrilure sur la composition de la graisse du lait. Comme on le sait, la graisse du lait se distingue de presque toutes les autres graisses, parce qu’ellecontient, a côté de glycérides d'acides gras non volatils, des slycérides contenant aussi des acides gras volatils avec la vapeur d’eau, comme l'acide butyrique. On s’en est servi comme distinctif de la graisse du lait par rapport à d’autres graisses, et on a utilisé cette teneur en acides gras volalils pour reconnaître la contrefacon du beurre (mélanges d’autres acides gras, comme la margarine). Dans les derniers temps, la détermination de l'indice de réfraction est venue s’y joindre, cette constante physique étant plus petite pour la graisse du lait que pour la plupart des autres graisses. D'après la mé- thode conventionnelle, la teneur en acides gras vola- ils est exprimée par une quantité introduite par MM. Reichert, Meissl, Wollny, désignée ordinairement comme le chiffre R.M.W. Le beurre produit pendant quelques mois de l’année dans les provinces septen- trionales des Pays-Bas (Groningue, Frise, Drente) se caractérise par un chiffre R.M.W. plus bas et un indice de réfraction plus haut que le beurre produit ailleurs dans la même saison. Aussi a-{-il trouvé des difficultés d'exportation parce qu'ailleurs on le croyait falsifié; quoiqu'on sache parfaitement, aujourd'hui, que ce beurre est aussi pur que possible, on ne peut guère le vendre à cause de fa difficulté de le distinguer du beurre contrefait. L'auteur, invité par le Gouvernement à rechercher des moyens pour élever la teneur de l'acide lactique en acides gras volatils, expose ici ses résullats sur l'influence de la nutrition des vaches avec de la ver- dure des betteraves à sucre, avec des collets de bet- terave et avec du saccharose. Il a pa constater un accroissement de la teneur en question de 44 % après. la nutrition avec de la verdure de betterave, la subs- tance efficace élant sans doute le sucre, ete. M. Th. Place présente, au nom de M. Al. Kleyn : La bactériologie physiologique des intestins. Seconde partie (pour la première, voir Ætev. génér. des Se, &. XII, p. 820). Lei, il s'agit des rapports bactériologiques dans les intestins du lapin. A l’aide du tableau [, l’auteur parvient aux conclusions suivantes : En tenant, compte du nombre excessivement petit des bactéries vivantes et du fait que, partout dans les intestins, on observe un anéantissement, nulle part une multiplica- tion des bactéries vivantes, on est porté à nier toute influence des bactéries sur la digestion dans les intes- tins du lapin. — M. J.-L. Schroeder van der Kolk pré= sente, au nom de M. J.-A. Grutterink : Zxamen d'un percement de sol sur les terrains du port-de Schéve- ninque. Analyse de six échantillons d'espèces de sables, caractérisés par une teneur en minéraux lourds très basse, contenant du quartz, de l’amphibole, etc. L'auteur croit que le sable examiné est un dépôt gla- ciaire. P.-H. ScHoure£. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. INPn9 15 MAI 1902 Revue générale MS Sciences pures el appliquées DIRECTEUR : LOUIS CLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique Les longueurs d'onde des raies spectrales. — La table des longueurs d'onde dressée par Rowland à l’aide de ses adinirables réseaux est encore le docu- ment le plus complet et le plus précis que l’on possède sur l'ensemble du spectre. Cependant, il y a quelques années, les mesures effectuées par MM. Michelson et Benoît, à l’aide des méthodes imaginées par l’éminent physicien américain, et mises en œuvre au Bureau international des Poids et Mesures, ont montré que les radiations du cadmium, dont quatre raies ont été déterminées dans ce dernier travail, présentent une divergence assez notable dans ces deux séries de mesures, divergence variable d’un bout à l’autre du spectre, et qui atteint, au maximum, 1/30.000 environ en valeur relative. La théorie physique des mesures de M. Michelson est simple et ne semble cacher aucune action incon- pue; ces mesures ont été effectuées dans les meilleures conditions que l’on puisse imaginer, et ont pu être rapportées directement aux étalons fondamentaux du Système métrique. Pour toutes ces raisons, il est bien difficile d'admettre qu'elles aient à supporter une partie importante de la divergence. En mettant tout à l’ex- trême, il ne parait pas admissible, par exemple, qu'un dixième de l'écart puisse leur être imputé. . Les mesures à l’aide du réseau admettent une théo- rie moins simple ; surtout, elles nécessitent la détermi- nation directe de la constante du réseau, c’est-à-dire de l'intervalle moyen de deux traits, ou, finalement, de son étendue totale. Cette détermination exige que l'on possède un étalon, de longueur approximativement égale à celle du réseau, et dont la valeur, par rapport au mètre, ait été exactement établie. Or, avant que le Bureau international eût pris son complet développement, il n'existait, dans les divers pays du monde, que peu d'étalons du mètre dont la valeur fût connue à quelques microns près. De plus, le passage du mètre à l’une de ses subdivisions ne peut être effectué qu'au moyen d’un étalonnage consistant dans la Comparaison, suivant un plan particulier, de ses parties aliquotes entre elles, d’où l’on déduit la correc- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. tion de chacune d'elles. Cette opération est longue et fastidieuse, et, sans présenter de grandes difficultés expérimentales, exige toutäu moins, pour être bien faite, des appareils spéciaux, convenablement aménagés, et une longue pratique de leur manœuvre. De tels appa- reils existent aujourd'hui dans les divers établissements chargés des déterminations métrologiques fondamen- tales; mais, à l'époque où Rowland exécutait ses mémo- rables travaux, les étalons précis des fractions du mètre n'existaient pour ainsi dire pas, et il eût été difficile de garantir, à deux ou trois microns près, l'équation d'un étalon du décimètre qui n'eût pas été déterminé directement au Bureau international. Or, une erreur de cet ordre, sur les étalons dont s’est servi Rowland, expliquerait toute la divergence moyenne entre ses résultats et ceux de MM. Michelson et Benoit. Il n’est pas douteux, d’ailleurs, que l’on puisse obte- nir, au moyen du réseau, des résultats plus exacts. Il y a quelques années, M. Thalén a mesuré un certain nombre de longueurs d'onde, et notamment celles du cadmium, au moyen d'un réseau de Rowland, dont la valeur a été déterminée, au cours de ses mesures, en fonction de la règle normale divisée du Bureau international, une première fois par M. Chappuis en 1895, et une seconde fois par moi, en 1897. Les résul- tats concernant les longueurs d'onde concordent, jusqu'au millionième, avec ceux de MM. Michelson et Benoît. Ici, le millionième est dû assurément au hasard, car une telle coïncidence supposerait le réseau, de 51 millimètres, déterminé au vingtième de micron, ce à quoi nos mesures ne peuvent pas prétendre. Mais la moyenne pouvait, a priori, paraitre sûre à 1/200.000 environ, et, si la concordance finale des résultats avait été de cet ordre, on aurait pu la déclarer parfaitement satisfaisante. En cette occasion, le hasard nous a parti- culièrement favorisés. En dehors de cette erreur maxima de 1/30.000 envi- ron dans les nombres de Rowland, il existe une marche systématique de l'erreur, due sans doute à de minus- cules irrégularités du réseau. Cette marche ressort aussi bien des mesures de M. Thalén que de celles de MM. Michelson et Benoît, mais le détail n'en avait pas été étudié jusqu'à ces derniers temps, et on 9 406 n'eût guère pu appliquer aux résultats de Rowland qu'une correction globale, qui les eût assurément amé- liorés, mais n’eût pas fait disparaitre les divergences locales dans les limites de précision des mesures rela- tives faites à l’aide d'un réseau, pour un intervalle très petit des longueurs d'onde. Cette étude vient d’être faite par MM. Pérot et Fabry, qui ont comparé, au moyen de leur méthode des franges de superposition, en une certaine mesure ana- logue aux procédés de M. Michelson, un grand nombre de raies caractéristiques, prises dans le spectre de la lumière émanée de la partie centrale du disque so- laire, à la principale raie verte du cadmium, pour laquelle ils ont admis la valeur de MM. Michelson et Benoît, non sans avoir vérilié que leur appareil donnait bien, pour les diverses radiations du cadmium four- nies par un tube à vide, les rapports indiqués dans le premier travail fondamental. Les déterminations faites en un grand nombre de points du spectre leur ont d'abord montré que, pour deux raies voisines, les rapports indiqués par Rowland sont confirmés par les méthodes de réflexion, d'où l’on conclut que, pour un petit intervalle du spectre, la méthode du réseau donne des rapports corrects. Mais, lorsqu'on parcourt un intervalle étendu, on voit le rap- port varier peu à peu, tout eu suivant une marche con- tinue. A l’aide des raies étudiées, il a été possible de tracer, 1,0000350 1,0000300 + + 450 S00 dr + = —— + 550 600 650 FE — Courbe de correction des déterminations des longueurs d'onde. Fig. 1. à fravers les résultats expérimentaux directement obtenus, la courbe de correction figurée dans le dia- gramme‘ de la figure 1. Le pointle plus bas de la courbe correspond à une correction de 30 millionièmesenviron, dans la partie moyenne du spectre; elle monte des deux côtés, pour atteindre au maximum 37 millio- nièmes. En possession de cette courbe, que des mesures ulté- rieures permettront sans doute de tracer avec une sé- curité encore plus grande, on pourra désormais rectifier les nombres donnés dans la grande table de Rowland, au moins pour le spectre visible, et l’on pourra espérer connaître les nombreuses longueurs d'onde qu'il a mesurées, avec une exactitude probablement dix fois plus grande que celle à laquelle pouvaient prétendre ses déterminations. Les rapports fondamentaux d'où sont partis MM. Pé- rot et Fabry sont ceux que donne le cadmium excité dans un tube vide d'air. Les raies obtenues dans l'arc, par Rowland, auraient donné des rapports sensible- ment différents, en raison de l'effet que la pression exerce sur la longueur d'onde des raies spectrales ; d'autre part, MM. Pérot et Fabry n'ont rapporté aux aleurs fondamentales du cadmium que les raies so- laires; c’est donc, pour le moment, au spectre solaire seul que les corrections pourront être appliquées. L'importance de plus en plus grande que les mé- thodes interférentielles de mesure des longueurs pren- nent dans la science, rend particulièrement intéres- ! Le diagramme est celui des Comptes Rendus du 15 juil- let 1901, p. 154. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE - - subi aucune opération sanglante, sans introduction saut en ce moment un travail de revision des longueurs d'onde, en même temps que les nouvelles méthodes interférentielles en font une recherche relativement facile; on peut donc espérer que, dans peu d'années, nous posséderons une table du spectre qui marquera un progrès considérable sur la table de Rowland, déjà bien supérieure à tout ce qui avait été fait avant les travaux de l’éminent et regretté physicien de Balti- more. Ch.-Ed. Guillaume, Directeur-adjoint du Bureau international des Poids et Mesures. $ 2. — Chimie biologique Mode d'action des Enzymes. — On à depuis longtemps remarqué la différence apparente que pré-. sente la marche de deux actions diastasiques, la fer- mentation du sucre et l'inversion du saccharose. Dans : l'action de la zymase, une même quantité de levure (ou. de zymase) dédouble un poids constant de sucre dans l'unité de temps, quelle que soit la concentration : le phénomène est représenté par une droite. Pour la sucrase, on admet qu’une même quantité de diastase intervertit dans l'unité de temps une quantité de sucre proportionnelle à la concentration. Un chimisle anglais, M. A. Brown, vient de re- prendre l'étude de cette question et il a vu que, dans des conditions convenables, les quantités de sucre interverti sont les mêmes, quelle que soit la con- centration, pourvu que celle-ci soit supérieure à 2°/;; au-dessous de ce chiffre, les quantités de sucre inter- verti par la même quautité de sucrase sont propor- tionnelles à la concentration. Pour une concentration supérieure à 2 °/,, la sucrase et la zymase de la levure obéissent donc à la mème loi; l’auteur à pu vérifier, pour la sucrase, l'expression analytique indiquée récemment par M. Victor Henri lors- qu'il y a intervention des produits de dédoublement qui retardent l’action de la diastase. Pour expliquer la variation de la marche du phé- nomène lorsqu'on passe par cette concentration d’en- viron 2 °/,, M. A. Brown pense que l’on peut supposer l'existence d’une combinaison entre les molécules de saccharose et celles de diastase. Tant qu'il y a peu de sucre, cette combinaison se produit et se dédouble ensuite, de sorte que l'interversion est proportionnelle à la quantité de sucre ou à la concentration de celui- ci; si la quantité de sucre est grande (supérieure à 2°/, dans le cas présent), la diastase se combine tout entière, mais, comme la combinaison subsiste pendant un intervalle fini de temps, la quantité de sucre inter- verti pendant l'unité de temps restera constante. $S 3. — Physiologie Etude des mouvements de l'intestin au moyen des rayons Réntgen. — Il y à quelques années déjà, on à pu, au moyen des rayons Rüntgen, analyser quelques-uns des mouvements de l'estomac, chez la grenouille et chez le chien. L'animal en expé- rience, ayant ingéré une bouillie contenant une forte proportion de sous-nitrate de bismuth, est placé entre l'appareil producteur des rayons Rôüntgen et un écran phosphorescent; sur ce dernier, la silhouette de l’esto- mac, rendu imperméable à ces rayons, se projette avec une remarquable netteté. On peut alors remarquer sur le hord de cette ombre portée, correspondant à la grande courbure, une petite onde qui se propage lentement et régulièrement de la région fundique vers la région py= lorique, pour finir en s’'atténuant progressivement au, voisinage immédiat du pylore. M. W.B. Cannon vient d'employer une méthode sem- blable pour analyser sur l'animal vivant, sain, n'ayant { Aprrax Brown : Enzyme action. (Journal Chem. Soc., avril 1902, p. 733.) CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 407 “d'appareils enregistreurs, les mouvements de l'intestin _grèle et du gros intestin. . On constate ainsi dans l'intestin grèle deux sortes de mouvements indépendants les uns des autres : des mou- “vements péristaltiques et des mouvements d’étrangle- “ment. Les mouvements péristalliques sont rèprésentés “par le déplacement, dans le sens de la progression natu- -relle des matières intestinales, d’un rétrécissement cir- -culaire qui s’est produit en un point : ces mouvements observent avec une merveilleuse netteté chez l'animal *laparotomisé dont les entrailles sont exposées à la des- “siccation et aurefroidissement; ils sont surtout intenses “chez l'animal en état d'asphyxie. A côté de ces mouve- ments, connus et décrits depuis longtemps, M. Cannon ndique l'existence d’anneaux de constriction se mani- festant simultanément en divers points régulièrement “espacés de l'intestin grêle : ces anneaux limitent un certain nombre de segments intestinaux; de nouveaux anneaux de constriction apparaissent dans ces segments eux-mêmes; et le même phénomène se reproduit avec une telle rapidité qu'on l’a noté jusqu'à trente fois par minute chez le chat. On conçoit sans peine combien parfait doit ètre le mélange des sucs digestifs et des atières alimentaires sous l'influence de ces divers ouvements. On n’a pu observer aucun mouvement antipéristal- Re de l'intestin grèle. - Le gros intestin, au contraire, présente des mouve- ments qui sont essentiellement antipéristaltiques; ils se “manifestent à intervalles éloignés de quinze minutes “environ et durent plusieurs minutes; ils s'arrêtent au “niveau de la valvule iléo-cœcale, comme les mouvements “péristaltiques de l'intestin grêle s'arrètent eux-mêmes “au niveau de cette valvule. - Le gros intestin présente, en outre, des mouvements “(le contraction d'ensemble généralisée, se produisant au moment où des matières venant de l'intestin grèle tra- “versent la valvule iléo-cœæcale. à Glycosurie provoquée par injection d'’ex- trait de capsules surrénales. — Si l’on injecte dans les vaisseaux d’un animal (chien ou lapin) une certaine quantité d'extrait de capsules surrénales “d'animaux de la même espèce ou d'espèces différentes, “on provoque l'apparition de sucre dans les urines de l'animal injecté. “ La glycosurie ainsi engendrée ne doit pas être rap- prochée de la glycosurie phlorhizique; on sait que, sous l'influence de l'ivjection ou de l’ingestion de phlorhi- zine, les urines deviennent sucrées sans que la teneur “du sang en sucre dépasse Ja valeur normale; à la suite “d'injection d'extrait capsulaire, la teneur du sang en Ro est considérablement augmentée; elle peut es 6 pour 1.000. Cette glycosurie ne doitpas être rapprochée de la glycosurie par piqûre du bulbe; on *sait que, sous l'influence d’une telle piqûre, le glyco- #ène du foie fait place à une surabondance en sucre et que l'hyperglycémie et la glycosurie consécutives se maintiennent tant qu'il reste du glycogène dans le foie t cessent dès que cette réserve hydrocarbonée est ipuisée; c'est pour cela que la piqûre bulbaire n’en- “gendre pas de glycosurie ou d'hyperglycémie chez les “animaux qui ont été débarrassés de leur glycogène “hépatique par un jeûne préalable suffisamment pro- “longé. À la suite d'injection d'extrait capsulaire, l'hy- “perglycémie et la glycosuriese manifestent même chez “animal dont le foie ne contient pas de glycogène. Cest donc de la glycosurie par suppression du pan- “créas qu'il faut rapprocher la glycosurie par injection “d'extrait capsulaire, dit M. le Dr Metzger, qui étudie “cette question dans la JMünchener med. Wochenschrift; et il donne à cette glycosurie le nom de diabète par in- “lection de capsules surrénales. Il admet que la substance “injectée agit sur les cellules pancréatiques pour inhiber leur fonction glyco-régulatrice. C'est aller un peu vite “en besogne, et bien des expériences seraient encore écessaires pour élablir qu'il s’agit d'un véritable dia- bète et non d'une simple glycosurie, bien des expé riences seraient encore nécessaires pour pouvoir aflir- mer que cette glycosurie est d'origine pancréatique. La parole sur cette intéressante question est donc aux expérimentateurs; l'heure des théories n’est pas encore venue. L’intoxication acide chezles Herbivores.— On sait que, lorsqu'on porte chez les carnivores l’intoxi- cation par les acides jusqu'au degré où les réserves d’alcalis fixes de l’organisme sont insuffisantes pour assurer la saturation du toxique, il entre en jeu un mécanisme de défense qui consiste dans ce fait que l'organisme restreint la production d’urée, et se sert de l'ammouiaque devenue ainsi disponible pour saturer les acides introduits. On voit alors l'ammoniaque des sels, ammoniacaux augmenter considérablement dans l'urine (Walter). Chez l'herbivore, au contraire, ce mé- canisme compensateur n'existe pas, sans doute parce que ces animaux vivent, grâce à leur alimentation, dans une surabondance constante de principes alcalins, et qu'ils n'ont jamais besoin, comme il arrive chez les carnivores, de saturer une partie des acides produits par la désassimilation, en empruntant en quelque sorte de l’ammoniaque à l’urée. Aussi voit-on chez ces animaux l'intoxication par les acides produire rapi- dement des accidents mortels. Toutefois la réalité de ce fait avait été contestée de divers côtés. En étudiant l’action de l'acide chondroïtine-sulfurique sur des lapins, affaiblis au préalable par intoxication au moyen de l'acide chlorhydrique, M. A. Kettner! a montré que, dans l'urine de ces animaux, les bases (y compris l’ammoniaque) sont en déficit par rapport aux acides, et que le mécanisme compensateur qui eût permis à un carnivore de résister, n’est pas entré en Jeu chez ces animaux. De fait, les lapins périssent eu quelques semaines, même lorsque l'administration d'acide a été conduite avec beaucoup de prudence. La différence que l’on saisit ici entre l'organisme des herbivores el celui des carnivores n’est donc pas, comme on l’a soutenu, purement relative ou quantitative; elle est absolue. Propriétés rhéotactiques des spermato- zoïdes. — M. Battelli? a expérimenté, au moyen d'un ingénieux appareil, sur l'effet des courants liquides sur les spermatozoïdes. Il emploie, pour ses expériences, du sperme de cobaye dilué dans une solution nutritive, et, avec le liquide ainsi produit, il remplit un tube de verre ayant un quart de millimètre de diamètre inté- rieur; ce tube a des ampoules sur son trajet, el, en chauffant l'air dans celles-ci, l’auteur produit des cou- rants d'intensité variée dans le liquide. Il constate que les spermatozoïdes actifs nagent toujours contre le cou- rant, dirigeant leurs têtes dans la direction opposée à celle suivant laquelle le liquide se meut. Cette pro- priété rhéotactique explique pourquoi les spermato- zoïdes sont capables de monter dans les oviductes de la femelle, en dépit du courant descendant produit par les cils vibratiles de ceux-ci; ce courant descen- dant provoque précisément l'ascension des spermalo- zoides. $ 4. — Pathologie Variations de la gravité du Tabès, — À la Societe de Neurologie de Paris, M. le Pr Brissaud à soulevé récemment une discussion de nature à intéresser non seulement les neurologistes, mais tous les prati- ciens. Il s'agit d’une maladie considérée jusqu'ici comme ayant une évolution fatale à échéance plus ou moins longue : le tabès. 1 A. Kemrner : Ueber Fütterungsversuche mit Chondroitin- schwefelsäure (Arch. f. exp. Path. u. Pharm., t. XLVII, p. 118-199, 1902. — Laboratoire du professeur Schmiedeberg à Strasbourg). 2 Arch. Sc. Phys. Nat. Genève, t. XII, 1901, p. 650. 108 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Les cas de tabès complet, a-t-il fait remarquer, sem- blent devenir de plus en plus rares. L’ataxie locomo- .trice progressive de Duchenne, Trousseau, Charcot et Vulpian, semble perdre le caractère de progressivité que ces auteurs considéraient comme lié invariablement à l'évolution de cette maladie. Il existe peut-être un plus grand nombre de tabé- tiques ; mais, tant à l'hôpital qu'en ville, on voit beau- coup moins que par le passé de ces ataxiques avec grande incoordination motrice qui, peu à peu, tombent dans l'impotence complète. Actuellement, on observe avec une plus grande fré- quence des cas de tabès à évolution extrêmement lente ; d'autres fois, le tabès semble s'arrêter et se réduire à une infirmité plus ou moins grave. Enfin, la régression de la maladie peut même être constatée. M. Brissaud‘ se demande si cette atténuation de la gravité du tabès est bien réelle ; s’il s'agit là d’une variation de l'espèce morbide ou des effets d'un traite- ment médicamenteux plus énergique communément employé depuis quelques années. M. P. Marie à remarqué également que, depuis un certain temps déjà, les cas de tabès semblent moins graves ; il attribue cette diminution de la gravité du tabès au traitement spécifique bien plus qu'à une modi- fication heureuse de la maladie ou du terrain. Pour M. Babinski, les formes frustes de tabès sont actuellement bien plus communes qu'autrefois; sur deux à trois cents tabétiques, une vingtaine seulement environ sont franchement ataxiques. Si le tabès semble moins grave, cela peut tenir à plu- sieurs causes : d’abord, on sait mieux diagnostiquer les formes atténuées de la maladie de Duchenne; ensuite, l'affection semble vraiment avoir perdu de son caractère de progressivité ; en troisième lieu, il faut reconnaitre les résultats favorables du traitement spécifique. Les Professeurs Raymond et Joffroy ont émis quelques réserves sur l'efficacité du traitement spécifique, et ce dernier cite plusieurs exemples où le régime seul et les cures thermales ont suffi à enrayer la marche de la maladie. En somme, cette intéressante discussion peut se résumer ainsi : les cas de tabès bénins sont certai- nement plus nombreux aujourd'hui. Ce fait est-il dû à une moindre gravité de la maladie ou à l'heureux effet du traitement spécifique? M. Gilbert Ballet estime que, pour le présent du moins, il est impossible de trancher la question. La peste des Oiseaux. — Cette maladie, qui est connue en Italie cliniquement depuis une dizaine d'an- nées, produit, depuis quelque temps, de tels ravages que le commerce d'exportation des volailles s'en trouve sérieusement compromis. L'année dernière, quelques provinces d'Allemagne ont été aussi fortement éprou- vées par cette épizootie, ce qui a donné lieu à plusieurs publications sur ce sujet. Tout dernièrement, deux auteurs italiens, MM. Mag- giora et Valenti, de l’Institut hysiénique de Modène, et deux auteurs allemands, MM. Lode et Gruber, de l'Ins- ütut hygiénique d'Innsbruck, ont étudié cette maladie, au point de vue bactériologique, indépendamment les uns des autres, et ils sont arrivés à cette conclusion que l'agent pathogène de cette affection doit être rangé dans le groupe des microbes invisibles. à MM. Lode et Gruber* donnent à cette maladie le nom de « kyanolophiea », ce qui veut dire « cyanose de la crête »; M. Centanni*, qui vient d'entreprendre de nouvelles études sur la question, déclare que, cette Ne * BrissauD Bulletin de la Société de Neurologie de Paris. On y trouve également le détail de la discussion à. laquelle cette communication a donné lieu. * Lone et Gruger : Eliologie d'une épidémie de poules dans le Tyrol. (Centralblatt fur Bakteriologie, n° 16, 4901.) * CENTANNI: La peste des Oiseaux. (Centralblatt fur Bak- teriol., n°s 4 et 5, 1902.) cyanose n'étant pas un signe constant et caractéris- tique de la maladie, il vaut mieux désigner cette der- nière sous le nom de peste des oiseaux. La maladie évolue généralement en 3-4 jours, au plus; quand elle se présente sous la forme sub-aiguë, elle peut durer 7-8 jours. Tout animal malade finit par mourir; on ne constate jamais de guérison. Lorsqu'une volière se trouve infectée, tous les animaux périssent dans la majorité des cas. L'animal malade commence par refuser la nourri- ture ; il tombe dans un état de faiblesse et de somno- lence, se met en boule, dans un coin de la cage, indif- férent à l'entourage, La température s'élève jusqu'à 430, : puis baisse rapidement pendant l'agonie; elle descend quelquefois au-dessous de 30°. Les lésions anatomo-pathologiques ne présententrien de bien caractéristique ; l’examen du sang ne révèle rien d'anormal; les cultures du sang sur les milieux ordi- naires restent stériles; les différentes méthodes de colo- ralion employées pour déceler le parasite ont donné des résultats absolument négatifs. Et, cependant, il suffit d’injecter quelques gouttes de ce sang sous la peau d’une poule normale, pour la tuer sûrement en 2-3 jours; même une simple piqüre, faite avec une aiguille trempée dans du sang virulent, amène la mort, quelquefois en trente heures. D'après Maggiora et Valenti, on peut tuer une poule en soixante heures, en lui injectant # c.c. d’un sang dilué au 1/125.000.000. La maladie peut être donnée également par la voie | gastrique ; il suffit, pour cela, de verser quelques gouttes . de sang sur les aliments. Ne parvenant pas à découvrir le parasite de cette maladie par les procédés ordinaires, M. Centanni s'est demandé, comme du reste l'ont fait ses prédécesseurs, si les résultats négatifs ne tiennent pas à l’extrème petitesse du microbe. Les expériences faites sur le produit de la filtration du virus ont complètement confirmé cette supposition. Ainsi, dans une de ces expériences, l'auteur a découpé en petits morceaux le cœur et les poumons d'une poule infectée; il en fit une émulsion dans 100 c.c. d'eau physiologique, puis, avant de filtrer, il y ajouta du contenu intestinal afin de vérifier l’état de la bougie. Le filtrat, laissé pendant huit jours à l'étuve, est resté limpide; et, cependant, 1 e.c. de ce filtrat, injecté sous. la peau d'une poule normale, l’a tuée en trente-quatre heures, avec les symptômes ordinaires. De nombreuses expériences faites sur le virus filtré, il ressort que le virus passe facilement à travers la bou- gie Chamberland et le filtre Berkefeld, tout en gardant sa toxicité primitive. L'auteur a fait de nombreux essais de culture de ce virus, en s'inspirant surtout des recherches de MM. Roux, Nocard et Dujardin-Beaumetz sur la péripneumonie des bœufs, mais ces essais n’ont amené aucun résultat précis. Le virus résiste au chauffage à 55° pendant une demi-heure; mais il est détruit après une heure à 60°. La dessiccation à l'air pendant vingt jours le détruit également. Dans les tubes scellés, le virus peut être conservé pendant très longtemps. Le lapin semble être réfractaire à la maladie. Un chien et un renard, ayant mangé une poule infectée, sont restés indemnes. Les animaux sensibles sont : la poule, le dindon, le canard, l'oie et la pintade. Le pigeon ne peut pas contracter la maladie sponta- nément; mais, quand on lui injecte le virus sous la peau, on constate chez lui des phénomènes très particuliers : il présente des troubles d'équilibre, accompagnés de: vertiges, et, à l'examen histologique, on trouve des lésions bien localisées au niveau des canaux semi-cir- culaires. ! A la fin de sontravail, M. Centanni passe en revue tous | les microbes invisibles, ou filtrables, comme il propose de les appeler. D'après son relevé, ils sont au nombre | de sept; nous pouvons ajouter à ce nombre trois autres microbes : les microbes de la clavelée, de la peste bovine et de la fièvre jaune, ce qui fait un total de dix microbes l invisibles, connus à l'heure actuelle. { $ 5. — Géographie et Colonisation _ La récente croisière de la « Revue » en Grèce.— Le 23 avril dernier partait de Marseille pour la Grèce, à bord du Miger, la quatorzième croisière de la Revue générale des Sciences. Ce voyage, dont le but incipal était l'étude des grands sanctuaires archéolo- giques de la Grèce et des musées d'Athènes, avait pour directeurs scientifiques M. Th. Homolle, membre de Vinstitut de France, directeur de l'Ecole Francaise d'Athènes, et M. Gustave Fougères, maître de confé- rences à la Sorbonne, ancien membre de l'Ecole Fran- caise d'Athènes. Le désir de visiter la Grèce sous la ‘conduite de ces Maitres avait atliré au voyage plus de deux cents personnes, parmi lesquelles des hellénistes, des savants de spécialités diverses, des artistes, des professeurs, des amateurs d'art, tous curieux de re- monter, pour ainsi dire, à l’une des sources de notre civilisation, en allant voir de leurs yeux Le sol même où s'épanouit la race hellénique et les monuments qui mous sont restés de son génie. La caravane visita successivement Corfou, Ithaque, lphes, Olympie, Kalamata, Messène et le mont [thome, Nauplie, Arges, Mycènes, Tirynthe, le Pirée et Athènes, Volo, le mont Pélion, les plaines thessaliennes, Kalabaka et les Météores. En cours de route, soit à bord, soit sur les lieux mêmes des observations, elle recut de M. Fougères une série de conférences méthodique- ment enchainées et destinées à initier tous les audi- teurs aux plus récentes acquisitions de l'archéologie et de la critique dans le vaste domaine de l’histoire “religieuse, politique et artistique de la Grèce. A lphes, où M. Homolle s'était rendu tout spécialement ur y accueillir et guider les touristes de la ARevue, l'éminent savant nous fit les honneurs des découvertes outes nouvelles, dues aux fouilles qu'il y a dirigées, et prit soin de commenter devant nous le magnifique ensemble des monuments, stèles, trésors, portiques temples, etc., renfermés dans le sanctuaire d'Apollon, “puis les œuvres d'art, bustes, statues, etc., réunis au Musée. A Athènes, les touristes eurent, pour les conduire à travers les merveilles accumulées au Musée national et au Musée de l’Acropole, MM. les membres de l'Ecole _ francaise. Dans cette ville même ils reçurent de M. le Ministre de France et de Me la Comtesse d'Ormesson le plus “gracieux accueil en une fête de la Légation de France où tous furent conviés, en même temps que la plupart des notabilités politiques, littéraires et scientifiques du Royaume. Une solennité scientifique nous réunit le lende- main à l'Ecole française, qui inaugurait la création de sa Section étrangère, créée pour offrir aux savants des ss Etats non représentés par une école à Athènes, ‘hospitalité, les ressources et l'appui de notre grand Etablissement. A cette occasion, le Directeur et Me Ho- molle donnèrent une garden-party et une matinée . dansante, où les touristes de la Fevue, invités par eux, trouvèrent la plus aimable réception. - Partout, d'ailleurs, en Grèce, nous avons été choyés et fètés : à Kalamata, au Mont-Ithome, à Volo, à Por- “taria (Mont Pélion), à toutes nos étapes en Thessalie, “à Kalabaka et aux Météores, directeurs des écoles, "des grands services publics, administrateurs des che- mins de fer, ou simples particuliers, toute la popula- - tion se portait à notre rencontre et nous couvrait de fleurs ; nos consuls et leurs familles s’'empressaient à nous recevoir. Quand sonna l'heure du retour, nous quittämes Volo, n'ayant plus qu'à gagner Santorin, après quelques étapes dans l'Euripe et dans les iles, et il nous sem- blait que de ce voyage, où tant de scènes enchante- resses s'étaient déroulées sous nos yeux, nous ne rap- -porterions tous qu'un souvenir heureux. Pourquoi aut-il que, dans la nuit qui suivit, tandis qu'une fan- lastique vision des Météores illuminait encore nos CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 409 rétines engourdies, ce beau rêve ait été brusquement interrompu! Echoué contre un rocher, le Niger ne pouvait plus nous conduire. Un petit bateau grec, l'Astrapi, nous porta au Pirée; puis, les passagers qui le désirèrent furent logés par la Compagnie des Messa- geries Maritimes dans les hôtels de Phalère. La Com- pagnie donna comme compensation aux tourisies : 4° le retour gratuit en France par tous ses navires touchant le Pirée ou Patras, jusqu'au 20 avril; 2° la possibilité de demeurer à ses frais (indemnité de 15 francs par jour) à Athènes, jusqu'au 20, c'est-à-dire pendant treize jours, pour étudier en détail les mer- veilles d'art de celte capitale; 3° la faculté d'opérer leur retour en France isolément et chacun par la voie de son choix avec ou sans arrêt, avec ou sans détour, en offrant aux touristes qui préféreraient prolonger ainsi leur voyage le prix du billet de passage en pre- mière classe du Pirée à Marseille. 5 Un grand nombre de touristes ont profité de cet avan- tage pour faire à Athènes un long séjour, au cours duquel ils ont étudié les musées à loisir et accompli, dans les environs, les classiques excursions à Daphni, à Eleusis, au Laurium, au Cap Sunium, au Pentélique, à Marathon, etc., etc. Le désarroi momentané résultant de l'échouage aurait donc paru réparé, et tout ennui oublié, si cette fin de croisière n'avait été attristée par la maladie et la mort de l’un de nous : à Athènes, M. Marius Perrin, se- crétaire de la Direction de la Revue, contracta une pneumonie, à laquelle il succomba le 20 avril. Les tou- ristes, qui avaient constamment éprouvé son obligeance, ont vu disparaître avec regret cet intelligent etaimable compagnon qui, notamment à Phalère, avait prodigué ses forces pour leur rendre service. La Revue perd en lui un collaborateur précieux, dont elle estimait hau- tement le concours empressé et dévoué. Elle doit une particulière reconnaissance aux personnes qui, par leur présence près de lui à l'hôpital Evangelismos à Athènes, ont adouci l’amertume de ses derniers mo- ments. Qu'il lui soit permis, à ce sujet, d'exprimer spécialement à S. M. la Reine de Grèce ses respectueux remerciements. Nous ne saurions terminer ce récit sans témoigner notre vive gratitude : à M. le Comte d'Ormesson, mi- nistre plénipotentiaire de la République Francaise à Athènes, pour l'appui que nous avons recu de lui ; à deux savants, M. Th. Homolle et M. G. Fougères, dont l'élo- quente parole nous a, à la fois, instruits et charmés; grâce à ces Maîtres, grâce aussi au concours de MM. les membres de l'Ecole Française, nous avons appris, en tous les lieux où nous nous sommes arrètés, tout ce que peuvent y enseigner les ruines du passé, intelligemment consultées; grâce à eux, grâce à leurs savantes confé- rences, à leurs explications données sur place, à leur inépuisable obligeance, nous avons recueilli de notre voyage tout le bénéfice intellectuel qu'il était permis d'en espérer. Nous leur disons ici un grand et très sin- cère merci. Nous devons exprimer, en outre, une reconnaissance profonde à deux d’entre eux et à M. André d'Ormesson, pour avoir été, au moment de notre échouage, et alors qu'enveloppé de brouillard le Niger pouvait se croire en péril, les bons génies qui nous ont sauvés. Dans la nuit noire, M. Fougères et M. André d'Ormesson — ce dernier agissant avec l’assentiment de son père, M. le Ministre de France, — se sont, avec un officier du bord, aventurés dans une baleinière à la recherche de la terre pour aller porter au plus prochain bureau télé- graphique des dépêches réclamant du secours pour nous au Pirée et à Volo. Ignorant le point précis de l'Archipel où ils se trouvaient, n'ayant d'autre guide qu'une boussole, longtemps ils errèrent dans la brume avant d’apercevoir la côte. Parlant couramment le grec moderne, ils eurent alors vite fait d'adresser les mes- sages nécessaires, y compris celui qu'a recu à Paris M. le Ministre des Affaires étrangères, et qui a pleine- ment rassuré nos familles. Le courage dont ils ont fait 410 preuve avec une simplicité admirable, le service de prix qu'ils nous ont rendu ne pouvaient être tus ici. De notre mésaventure dans l'Archipel nous emporte- rons surtout le souvenir des dévouements qu'elle a pro- voqués. T0; Croisières maritimes et Croisières aé- riennes de la « Revue » pendant l'été et l’au- tomne de 1902.— La Zevue conduira son prochain voyage maritime à Rhodes, à Chypre, en Syrie et en Palestine. Le départ aura lieu de Marseille le 14 sep- tembre ; le retour s'effectuera en ce port le 9 octobre. Cette croisière permettra d'étudier successivement Rho- des et Lindos (île de Rhodes), Adalia (côte d'Anatolie), Kerynia, Lapais, Saint-Hilarion, Nicosie et Famagouste (ile de Chypre), Beyrouth, Damas et ses environs, la ville morte de Baalbeck et ses gigantesques monu- ments, Jaffa, Jérusalem et ses environs, Béthléem, les Vasques de Salomon, Saint-Jean du Désert, Béthanie, Jéricho, le Jourdain et la mer Morte, puis Candie, Knossos et le Palais de Minos (île de Crète), enfin La Valeite (Malte). Une tournée facultative et supplémentaire donnera aux louristes qui le désireront, la possibilité de visiter la Galilée, Kaïfla et le Mont-Carmel, Nazareth, Cana, le Mont-Thabor, Tibériade, le lac de Tibériade, Caphar- naüm, Magdala et Bethsaïda. Le retour aura lieu par le Delta, avec latitude de séjour prolongé en Egypte. En novembre, la Revue conduira une autre croisière à Alexandrie, au Caire et dans toute la Haute-Egypte jusqu'à la première cataracte (île de Philæ). Le départ se fera de Marseille, le 30 octobre. Le retour aura lieu en cette même ville le 3 décembre. Des tournées facultatives et supplémentaires seront OTrganisees : 1° En Nubie, jusqu'à la deuxième cataracte (Ouadi- Alfa 20 Au Fayoum; 3° A l'isthme de Suez (Suez, Ismaïlia et Port-Saïd). Mmdépendamment de ces voyages maritimes, la Revue entreprend de fournir aux savants qui la lisent, la pos- sibiité d'accomplir des croisières aériennes. A l'heure actuelle, le ballon, doté de précieux perfectionnements, est en mesure d'utiliser, presque à son gré, les cou- rants atmosphériques établis à différents niveaux au- dessus du sol, pour se transporter dans la direction de son choix. En outre, des travaux non encore publiés, quoique déjà sanctionnés par l'expérience, semblent lui promellre, pour une date prochaine, cette faculté de direction que cherchent depuis si longtemps les ingé- nieurs. Le moment va donc venir où l'Aéronautique, cessant d'être un sport réservé à quelques audacieux, offrira au public un mode pratique de locomotion et, décidément, entrera dans nos mœurs. Pour réserver à notre pays le monopole de fait de la construction industrielle des aérostats, il importe que d'ores et déjà se forme une pléiade de sportsmen aériens, épris de l'enchantement des voyages dans l'atmosphère, et qui assureront à l’industrie naissante le débouché néces- saire à Son prompt essor. La Zievue est heureuse d'annoncer que les ascensions auxquelles, par son entremise, pourront prendre part ses lecteurs, seront dirigées par les Comtes Henry de la Vaulx et de Castillon deSaint-Victor, qui, par l'impor- tance éclatante et le succès constant de leurs nombreux voyages aériens, se sont acquis une illustration univer- selle. Ces deux vétérans de l'aéromobilisme veulent bien mettre à la disposition des lecteurs et amis de la Bevue générale des Sciences leurs ballons, Le Cen- taure et l'£ros, qui ont fait leurs preuves de résistance et de bonne tenue par tous les temps et sont aujour- d'hui justement célèbres dans le monde entier. A l'heure où paraïîtront ces lignes, la première croi- sière aérienne de la Æevue aura (sauf en cas de mau- vais temps) été inaugurée, étant fixée au mercredi 1% mai. Les autres départs des deux aérostats auront lieu du CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Parc de l'Aéro-Club à Saint-Cloud, à 14 heures du matin, aux dates suivantes : MAI JUIN JUILLET Dimanche 4er Mercredi 2 Mercredi 4 Dimanche 6 Dimanche 8 Mercredi 9 Mercredi 11 Dimanche 13 Dimanche 15 Mercredi 16 Mercredi 148 Dimanche 20 Dimanche 22 Mercredi 23 Mercredi 25 Dimanche 27 Dimanche 29 Mercredi 30 Dimanche 18 Mercredi 21 Dimanche 25 Mercredi 28$ Le déjeuner sera servi dans l’aérostat. La mission Grandidier dans l'extrême Sud de Madagascar. — M. Guillaume Grandidier a fait récemment à la Société de Géographie de Paris le récit de la Mission dont il a été chargé par le général Gal- liéni dans la partie méridionale de Madagascar située au sud de l'Onilahy et à l’ouest de Manprari, contrée peu où pas connue jusqu'ici. Lorsque M. Grandidier arriva à Madagascar, au dé- but de 19014, nos troupes allaient commencer l’occupa- tion méthodique du pays. Autour des postes entourant les régions Androy et Mahafaly, les officiers avaient. poussé des reconnaissances, mais sans jamais s'être écartés beaucoup de leur centre d'action. M. Grandidier fut chargé de coordonner et de relier les documents « ainsi recueillis en suivant un itinéraire allant de Fort- Dauphin à Tuléar par le cap Sainte-Marie, chemin que personne n'avait encore suivi. L'étude de cette région australe de Madagascar a été complétée par une excur- sion autour du lac Tsimananpetsoa, dans le pays Maha- faly et par le retour à Fort-Dauphin par la vallée de l'Onilahy, les sources de l'Ilinta et le massif de l'Yvo- hitsombé. Sur ce vaste plateau calcaire, qui forme le sud de Madagascar, il n’y a d’eau douce, entre le Manambovo et le Menarandra, qu'au puits de Bétanty. La séche- resse de cette région empêche toute culture, et les. plastes autochtones ont dû s'y adapter pour résister à ces conditions défavorables. Pendant plusieurs mois de l'année, les Antandroy et les Mahafaly ne vivent que de figues de Barbarie et boivent le suc des feuilles des Cactus, qu'ils pèlent afin d'en extraire les réserves. aqueuses. Tous ces indigènes vivent dans un état pri- mitif, presque nus, sous des huttes triangulaires en paille, où l’on ne peut pénétrer qu'en rampant; ce sont de beaux hommes, grands, mais hâves, d'une paresse insurmontable, et dont l'unique occupation est l’éle- vage des bœufs, dont ils possèdent d'assez nombreux troupeaux. Notons que ces indigènes ne connaissent aucun de nos produits manufacturés. La traversée de l’extrème sud de Madagascar par la Mission Grandidier a eu pour résultat général, à côté de travaux scientifiques importants, de détruire cer- taines légendes, de montrer que ce pays, quoique aride: et inculte, est néanmoins habité par une population assez dense, et contient quelques productions natu- relles, dont les principales sont les bœufs et le caout- chouc. Le premier de ces deux produits devrait donner lieu, dans un avenir prochain, à un commerce suivi avec l'Afrique du Sud, où le bétail est assez rare. $ 6. — Universités et Sociétés savantes L'Institut Marey. — Dans un récent article consa- cré à l'Institut Marey, nous avons tracé à grands traits l'histoire de la fondation de l’œuvre quicouronne la vie scientifique du savant professeur dont elle porte le nom. Tous nos lecteurs savent done quelle est la haute portée de cette entreprise et combien elle sera féconde - pour le progrès universel des travaux de Physiologie. 4 Louis Ocrvier : L'Institut Marey. Revue gén. des Sciences, 28 Février 1902, p. 193 et suivantes. ra : DE D RS GS RÉ PTS RE TS A ES SAR AA US € OO 2€ CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Nous terminions notre exposé en signalant la « Souscription internationale » ouverte pour assurer à Finstitut Marey les ressources qui lui sont indispen- sables et dont il est urgent de le doter. Aujourd'hui, nous avons la vive satisfaction d’annon- cer qu'on n'a pas fait en vain cet appel aux libéralités des hommes éclairés et généreux dela France etdel'Etranger. Tout d'abord le Parlement et la Ville de Paris ont voté au profit de cette nouvelle institution des subventions qui assurent l'entretien annuel de son personnel scien- tifique français, et, celui-ci, comprenant déjà six pré- parateurs divers, est en plein exercice actuellement. Mais les bâtiments déjà construits et où ces précieux auxiliaires travaillent provisoirement dans des locaux très insuffisants, doivent être augmentés de plus du double. Les parties édifiées et celles qui restent à cons- truire exigent des aménagements électriques et d’autres - installations spéciales. Bref, le devis des dépenses totales auxquelles il faut encore pourvoir s'élève à près de 90.000 francs. Or, c'est pour couvrir ces dernières dépenses qu'il importe de recueillir sans retard les dons sollicités en France et à l'Etranger. Les premiers donateurs inscrits sont, à ce jour, sui- vant l'ordre alphabétique : MM. NO ES RAP NTIC 000 fr. Prince d'Arenberg . . . . 000 » BISCHOPSHELNE MEME OC Prince Roland Bonaparte . . . . . Institut de France. . . . . Professeur Lannelongue . 19 + D © = Ce e = e Professeur Ch. Richet. . . . 500 » Baron Ed. de Rothschild. . .000 » Solway (de Bruxelles) . . . 000» Soit 9 donateurs, dont les libéralités forment la somme totale de . . . . . . . 30.500 fr, c'est-à-dire plus du tiers du capital nécessaire. Il est donc permis d'espérer qu'avant peu le quantum indispensable sera atteint, si les vrais amis de la Science et du Progrès se hâtent d'adresser au Comité de la Souscription internationale leurs contributions généreuses, en considérant combien il importe de mettre vite le fondateur de cet Institut, M. le Professeur Marey, en mesure de terminer l'organisation complète d'une entreprise dont l'Association internationale des Académies a reconnu toute la valeur. Si le montant de la souscription dépasse la somme nécessaire, le surplus sera affecté à la création d'un capital dont le revenu servira à l'acquisition des instru- ments de Physique et de Physiologie sur lesquels devra porter l’expérimentation ‘. Dès l'achèvement des constructions prévues, l’Institut physiologique sera prêt à recevoir les savants étrangers venant pour y travailler en utilisant les moyens sans équivalent qu'il possède et les données inestimables qu'il centralise, — car les Académies étrangères four- niront assurément à leurs éminents délégués les sub- sides de séjour voulus. Nous rappelons encore ici que le Comité de la Sous- cription internationale, pour l'achèvement de l’organi- sation de l'Institut Marey, est formé de MM. Brouardel et Chauveau, de l'Institut, et de M. Labbé, sénateur, qui assument la mission de la gestion des fonds recueillis, tandis que M. Pierre Masson, éditeur, trésorier du Comité, recoit les dons, Nous ferons, d'ailleurs, connaitre la suite des résultats acquis, et nous espérons que nos lecteurs voudront bien contribuer avec nous à signaler cette belle initia- tive scientifique à tous ceux qui pourraient la servir, 1 Remarquons à ce propos que la Physique est, au même titre que la Physiologie, intéressée aux déterminations pour lesquelles est créé l'Institut Marey. Les instruments enre- gistreurs dont se servent les physiciens sont loin d'être comparables entre eux, et ce que l'on pourrait appeler leur équation personnelle reste encore, le plus souvent, à déter- miner. ALL Société de Géographie de Paris. — À la dernière assemblée générale de cette Société il a été donné lecture de la liste suivante des prix décernés pour cette année : s Grande médaille d’or de la Société à M. le capitaine Joalland, pour la Mission Afrique centrale. Joalland- Meynier (1899-1901), avec une reproduction en ver- meil de cette médaille à M. le capitaine Meynier. Prix Herbet-Fournet (médaille d’or et 6.000 fr.), à M. le Gouverneur Emile Gentil, pour la conquête et l'organisation des territoires du Tchad (1895-1901). Des médailles d'argent sont accordées aux principaux col- laborateurs de M. Gentil (deuxième mission du Chari (1899-1901), Prix Ducros-Aubert (trois médailles d’or) à MM. V.-A, Bernard et docteur Huot, pour leur exploration Chari- Sangha (1900), et à M. Ch. Perdrizet, pour ses explora- tions dans la Sangha et le Chari (1896-1901). Prix Conrad Malte-Brun (médaille d’or), à M. le capi- taine Ch. Lemaire pour l'exploration scientifique belge du Katanga (1898-1900). i Prix Henri Duveyrier (médaille d’or), à M. le capitaine E.-A. Lenfant, pour ses explorations scientifiques du Sénégal et du Niger (1898-1901). Prix Louise Bourbonnaud (médaille d’or), à M. P. Bons d’Anty, pour ses explorations dans la Chine méridionale (1896-1900). Prix Jean-Baptiste Morot (médaille d’or), à M. le capi- taine E. Julien, pour ses explorations dans le bassin de l'Oubanghi (1894-1901). Prix Léon Dewez (médaille d'or), à M. Hugues Krafft, pour son voyage dans le Turkestan russe (1899). Prix Pierre-Félix Fournier (médaille spéciale et 1.300 fr.), à M. H. Béraldi, pour son ouvrage : Cent ans aux Pyrénées. Médaille de vermeil de la Société à MM. Marcel Du- bois et Auguste Terrier, pour leur ouvrage : Un siècle d'expansion coloniale (1901). Prix Alphonse de Montherot (grande médaille d'argent) à M. Georges Brousseau, pour ses explorations en Guyane et au Congo (1887-1901). Prix Charles Grad (deux médailles d'argent) à MM. Mau- rice Superville et le lieutenant Bos, pour leur exploration de la Kotto (190i). à Prix Alexandre Boutroux (grande médaille d'argent) à M. Albert Lesieur, pour ses explorations dans le Congo français (1899-1901). Prix J.-C. Janssen (grande médaille d'argent), à M. Emile Belloc, pour ses études de Géographie phy- sique dans les Pyrénées. Prix Willian Huber (grande médaille d'argent), à M. de Martonne, pour ses études de géographie carpa- thique. Prix Jomard à M. CI. Madrolle, pour son ouvrage : Histoire de la Compagnie des Indes en Chine. Prix du Concours de la Société (1902) ae médailles d'argent accompagnées chacune de 400 fr.) à M. P. Pas- quier, pour son étude sur la formation du relief dans le Diois et les Baronnies orientales, et à M. A. Breschin, pour son étude sur les forêts de l'Afrique tropicale. Personnel universitaire. — [M. Barbillion, docteur ès sciences, est nommé maitre de conférences à l'Institut électrotechnique de l'Université de Grenoble. M. Griffon, professeur de Botanique et de Sylviculture à l'Ecole nationale d'Agriculture de Rennes, est nommé professeur de Botanique à l'Ecole nationale d'Agricul- ture de Grignon. : M. Fournier, docteur ès sciences, chargé d'un cours à la Faculté des Sciences de Besançon, est nommé pro- fesseur de Géologie et Minéralogie à ladite Faculté. M. Carlier, agrégé des Facultés de Médecine, est nommé professeur de Pathologie externe à la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de Lille. M. Jaboulay, agrégé des Facultés de Médecine, es nommé professeur de Clinique chirurgicale à la Faculté de Médecine de Lyon. UNE DONATION A L'UNIVERSITÉ DE PARIS UNE DONATION À L’UNIVERSITÉ DE PARIS Il y a quatre ans, une donation importante a élé faite à l'Université de Paris, et, il faut bien le dire, le public l’a à peu près complètement ignorée. Le Ministère de la Guerre a cru devoir abandonner trois des bastions construits à la frontière sud de l'enceinte parisienne, représentant chacun une sur- face d'environ 3.000 mètres carrés; il les a géné- reusement concédés à l'Université de Paris pour l'enseignement supérieur. Le Conseil de l'Université a accepté, el a décidé que deux de ces bastions seraient affectés à des services annexes de la Fa- culté des Sciences, et le troisième à un service annexe de la Faculté de Médecine. Il s'agissait de construire, dans ces vastes espaces, des bâtiments pouvant abriter des installations nou- velles, impossibles à édifier, faute de place, au centre de Paris. Les Conseils de la Faculté des Sciences et de la Faculté de Médecine, mis en demeure de procéder à la construction et à l’aménagement de ces nou- veaux laboratoires, ont accepté immédiatement la donation. Les fonds ont été votés; des projets de construction ont été élaborés par le savant et habile architecte de la Sorbonne, et pourtant rien n'a été fait encore. Si rien n'a élé fait, c'est que quelques objections se sont élevées. Nous allons essayer de les repro- duire ici, sans les affaiblir; et, après les avoir loya- lement exposées, nous tâcherons de montrer qu'il serait très dommageable à la recherche scientifique que cel avantage inespéré de beaux et vastes labo- raloires à la périphérie de la Ville fût, même provi- soirement, abandonné. I Voici d'abord les objections qui ont été émises, timidement peut-être, mais enfin avec assez de persislance pour faire hésiter quelques bons es- prits : 1° Alors qu'au centre même de Paris on a quel- | que peine à réunir les élèves pour les cours ou les travaux pratiques, comment espérer les altirer à une grande distance du centre? N'est-ce pas leur infliger une grande perte de temps? La surveil- lance pourra-l-elle s'exercer d'une manière elfi- cace? Ne doit-on pas craindre que les laboratoires soient-déserts, ou, tout au moins, que les services rendus par eux ne justifient pas l'argent qu'ils auront coûté? 2° Les laboratoires de la Sorbonne suffisent à toutes les recherches. C'est à peine si deux ou trois ires, celles de Mécanique et de Chimie appliquée, auraient à tirer quelque profit de ces nouvel créations ; 3° Les laboratoires de la Faculté de Médecine sont pas la partie essentielle de l’enseignement, qui doit être surtout professionnel et, par conséquent, clinique. Comme pour la Faculté des Sciences, c'e à peine si deux ou trois chaires, celles de Patholo gie expérimentale, de Physiologie et d'Hygiène, raient quelque avantage à un établissement anne: 4° Au lieu de créer des laboratoires nouvea il vaut mieux, avec les sommes considérables y seraient dépensées, perfectionner l’aménageme des laboraloires déjà existants ; Eu La conclusion, c'est que des donations de ce genre appauvrissent, au lieu d'enrichir; car elles entra nent des dépenses considérables, qui sont inutiles». On nous rendra, je pense, celte justice que nous n'avons pas cherché à diminuer la portée des argus ments contraires à notre opinion; mais On nous. permettra d'en entreprendre méthodiquement réfutalion. ‘ Il D'abord, pour ce qui est de l'enseignement dans ces grands laboratoires annexes, il ne faut pas croire qu'il s’agil d'enseignement dans le sens étroit du mot. Personne n’a jamais songé à faire des cours ou à instiluer des exercices pratiques à la périphérie de Paris. Les candidats à la licence ès sciences ou au doclorat en médecine n'auront pas ce long voyage à faire. Rien ne doit être changé aux usages actuels. Certes la distance n'est pas aussi effrayante qu'on le dit. Avec les tramways électriques, il ne faut qu'une demi-heure — et sou- vent moins — pour aller de la Seine aux boulevards extérieurs; mais, nous le reconnaissons volontiers, on ne peut exiger des jeunes gens ce déplacement. L'objection ne serait valable que s'il s'agissait d'instituer, à la périphérie, des cours ou des exer- cices pratiques. Mais ces laboratoires, dont on prévoit la formation, seraient des laboratoires de recherches, et non des laboratoires d'enseignement. Ils seraient donc inutiles, si l’on faisait cette étrange supposition que les Facultés n'ont d'autre fonction que de fabriquer des licenciés et des doc teurs, el que la recherche, l'investigation des véri tés nouvelles ne jouent dans les Facultés qu'ur rôle accessoire et négligeable. On abandonnerait ces sortes d'études aux professeurs du Muséum, du Collège de France, ou de l'Institut Pasteur. Les Fa- es ES, L | | | : cultés auraient une mission tout autre, celle de dis- tribuer des diplômes et de faire passer des examens à des élèves dûment préparés; elles seraient une UNE DONATION A L'UNIVERSITÉ DE PARIS 713 pépinière de gradés, une sorte d'usine intellectuelle, _ ou de serre dans laquelle on élèverait intensive- ment des bacheliers, licenciés et docteurs. Au lieu ’être une de ces pensions jadis baptisées du terme rrévérencieux de fours à bachot, ce seraient des fours à licence pour la Faculté des Sciences, ou des fours à doctorat pour la Faculté de Médecine. Mais _ ilest douteux que la majorité des professeurs, mis nsi au pied du mur, se résigneraient à ce rôle, ès noble en soi, sans doute, mais inférieur cepen- ant à l'idéal qu'ils se sont formés de leur mission. Oui, il faut qu’à l’enseignement viennent se joindre la libre recherche scientifique et la pour- suite de la vérité, indépendante, dans une large mesure, des préparations à la licence et des exer- sices pratiques obligatoires. A côté des 680 licenciés et des 645 docteurs en médecine, ne serait-ce rien que de fournir à cinq ou six jeunes savants les ressources nécessaires pour des études plus complètes, plus approfondies? Le nombre n'est pas tout, et c'est peut-être une illu- “sion que d'attacher tant d'importance à ces trou- peaux de licenciés etde docteurs, aux dépens d'une élite de quelques savants. Assurément, si de nouveaux laboratoires devaient nuire à l'enseignement proprement dit, il faudrait résolument y renoncer. Mais en quoi l'organisation, pour la Mécanique appliquée, pour la Chimie appli- quée, pour la Pathologie expérimentale, d'Insti- uts annexes, réservés à quelques laborieux élèves, nuirait-elle à la masse des élèves, soucieux, avant toutes choses, d'obtenir un grade et un diplôme? “On ne demande pas un changement dans la dispo- sition des études; on donne un instrument de plus — et un merveilleux instrument — à la recherche scientifique. C'est tout, et c'est peut-être assez. “ Les laboratoires déserts ne sont pas désirables; mais est-ce le désert qu'un laboratoire fréquenté “par lrois ou quatre personnes ? Les laboratoires encombrés par les étudiants ne sont peut-être pas e dernier mot de l'idéal scientifique. Point n’est besoin d'une grande foule pour faire une belle découverte, et il est probable que la grande foule n'est pas très favorable à la recherche patiente, prolongée, méthodique et silencieuse. Un professeur -avec quelques assistants, élèves et préparateurs, il n'en faut pas plus pour justifier une fondation nou- velle. Aux temps héroïques de la Microbiologie, “quand Pasteur travaillait au petit laboratoire désert de la rue d'Ulm, il n'y avait ni affluence de can- didals, ni orgie d'examens; et l'on n'oserait pas — prétendre que cette pénurie d'exercices pratiques, -facultatifs ou obligatoires, s'adressant à des cen- taines d'élèves, ait diminué la grandeur des services rendus par Pasteur à la science. . Et, quant à l’objection que la surveillance est è Ë 1 impossible ou difficile, nous respectons assez nos lecteurs pour ne pas insister. IIT Maintenant, serrons de plus près la question, et examinons successivement le cas de la Faculté des Sciences et le cas de la Faculté de Médecine, Pour la Faculté des Sciences, citons d’abord tex- tuellement ce que dit l’illustre doyen de la Faculté, dans son Rapport au Ministre pour 1900 {p. 65) : « Nous espérons recevoir encore de la munifi- cence prévoyante de l'Etat la concession de deux grands terrains en deux points différents des forti- fications de Paris. L'un de ces terrains occupe le bastion 83, voisin de la station Sceaux-Ceinture ; l’autre comprend le bastion 88 et se trouve à l’extré- mité de l'avenue de Choisy. « Nous pourrons ainsi installer plusieurs labora- toires qui n'ont pu trouver à la Sorbonne une place suffisante, parce que leur créalion est postérieure à l'établissement des plans de la Sorbonne; citons notamment le laboratoire de Mécanique physique et expérimentale. « Nous pourrons aussi donner une installalion définitive à notre laboraloire de Chimie appliquée, logé si médiocrement et si à l’étroit dans les cons- tructions provisoires de la rue Michelet. Ce grand laboratoire pourra alors rendre à nos industriels tous les services qu'ils sont en droit d'en atlendre. » I1 semble bien que ces paroles de M. Darboux doivent être considérées comme décisives. La Méca- nique expérimentale et la Chimie industrielle ou agricole ne sont pas, semble-t-il, des éléments né- gligeables dans la société actuelle. Elles ont fait leurs preuves, et elles jouent, de par le monde, un rôle assez important pour qu'on ne les écarte pas dé- daigneusement de l’enseignement de nos Facultés. Personne, plus que l’auteur de cet arlicle, n'a le respect de la science pure, qu'il s'agisse de Méca- nique ralionnelle, de Mécanique mathématique, ou de Chimie théorique. Personne n'est plus que nous convaineu qu'il n y a pas de science technologique qui n'ait à sa base la connaissance approfondie des lois générales de la science. Mais, pourquoi voir ici une anlinomie, une contradiction? Il nous est impossible de comprendre qu'un bon laboratoire de Chimie technologique, avec tous les développements qu il comporte, entrainerait la décadence des études chimiques, théoriques et classiques. Les deux dis- ciplines se prêteraient un mutuel appui, et cest une conception bien singulière que celle d'une rivalité entraînant la mort soit de l’une, soit de l’autre. Il faut, au contraire, qu'elles existent l'une et l’autre; et la prospérité de la première grandira la prospérité de la seconde. On dira peut-être que l'École Centrale, que le rs UNE DONATION A L'UNIVERSITÉ DE PARIS Conservatoire des Arts et Métiers ont précisément pour objet l'application de la science, et que les Facultés des Sciences doivent être uniquement Mais, vraiment, l'ar- Ce qui doit faire la universitaire, consacrées à la science pure. gument n'est pas recevable. force de notre enseignement c'est qu'il se suffise à lui-même. Le recrutement de ses élèves, de ses professeurs surtout, en doit consti- tuer Ja principale valeur; et ce serait les amoindrir que de les amener à se désintéresser de la portée sociale de leurs travaux, sous prétexte qu'on s'en occupe ailleurs. Ailleurs? Mais quelle garantie l’Université peut- elle avoir quant à la qualité de cet enseignement, donné loin d'elle, en dehors d'elle, par des pro- fesseurs qu'elle ne connaît pas à des élèves qu'elle ne contrôle pas? N'est-il pas à craindre qu'un enseignement pratique, très éloigné de tout ensei- gnement théorique, comme celui qui se donne au Conservatoire des Arts et Métiers, par exemple — et toute critique est loin de notre pensée — ne puisse dans quelques années dégénérer et devenir de moins en moins scientifique ? Il nous parait, au contraire, que c’est une condition excellente pour le progrès que l'union de la science pure et des recherches visant spécialement l'application. Or, nulle part cette union ne peut se faire mieux que dans les Facultés des Sciences. L'exemple des pays étrangers est là pour nous montrer que partout on cherche à réaliser celte association féconde. Il ne nous est pas permis de rester Ce serait déchoir, et, en pareil cas, les déchéances sont rapides. D'ailleurs, si, par quelque scrupule que nous trouvons exagéré, on craint qu'il n'y ait excès de générosité à accorder tout un laboratoire à la Mécanique expérimentale, tout un laboratoire à la Chimie technologique, il n’est pas interdit de réserver dans les deux bastions susdits quelque place à l'avenir. Les sciences marchent tellement vite, dans leurs développements théoriques comme en arrière, dans leurs applicalions, qu'on doit prévoir que, les laboratoires de la Sor- bonne seront quelque jour insuffisants. L'expé- rience de ces cinquante dernières années a prouvé que toujours les constructions, paraissant à certaine époque très convenables, sont, au bout de peu de lemps, devenues très exiguës; toujours il a fallu agrandir; car, malgré leur étendue, si vastes qu'aient été les construc- lions premières, bien vite on s'est trouvé à l'étroit. C'est le fait de la science, qui progresse très vite. On doit réserver des espaces et des bâtiments aux sciences qui sont à Là encore toute limi- talion entrainerait la déchéance. naître. lieste alors l'argument financier, qui, au fond, l'Université n'hési- nn loute la queslion ; car terait pas une seconde à entreprendre immédi tement ces aménagements si la dépense éta médiocre; et nous admettrons volontiers qu'el ne doit pas être exagérée, et qu'il faudra êtr économe — et très économe. Cela va de soi. | est dû, en grande partie, aux études techno giques qui sont si en honneur de l’autre côté du Rhin. Pour ne parler que de l’industrie chimiq il est évident que, sur ce point, nous sommes, à Paris, dans un état d'infériorité manifeste. Cette. infériorité ira en croissant si nous ne développon pas nos études dans ce sens. Le praticien, dans son usine ou son atelier, n'a que rarement les moyens de chercher des procédés nouveaux, dont l’inven- tion est coûleuse. Ce soin incombe plus encore aux savants, qui, dans des établissements spéciau: largement rémunérés, peuventse livrer à des études longues et dispendieuses au début, mais qui un jour, devenues fructueuses, compenseront, et au delà, les frais de la recherche. C ce simple et évident. Et, pour citer une haute autorité, la plus haute autorité même, M. Berthelot a maintes fois déclaré que l'avenir industriel d’une nalion dépend de la culture des sciences. Or, les sciences, aujourd’hui, ne peuvent se cultiver comme il y a un siècle, dans des réduits misérables, et sans frais. Le temps est passé des arrière-boutiques officines obscures, où se découvraient, par une seule réaction, trois corps simples. Toute recherche nécessite d'assez lourdes dépenses et des installa: tions dispendieuses. Sans ces recherches, point de science. Sans science, point de progrès industriel. C'est d’une logique implacable. Si l’on ne se résigne pas à faire, sous la forme de laboratoires et d'éta- blissements scientifiques, une sorte de mise de fonds préalable, il faut se résigner à ne pas faire de bénéfices dans l’ordre industriel. On voit qu'il ne s'agit pas ici seulement de l'Uni- versilé de Paris, dont la prospérité nous est chère mais encore de la nation tout entière, dont la pros périlé nous est plus chère encore. IV Pour la Faculté de Médecine de Paris, les argu- ments ne sont pas les mêmes. On peut même dire qu'ils sont, en apparence au moins, tout à fait inverses. En effet, au lieu de proscrire l’enseigne- ment pratique, comme on veut parfois le faire à la Sorbonne, on a soutenu que cet enseignement. | pratique devait être, à la Faculté de Médecine, exclusif. Pour la Faculté des Sciences, dit-on, les | 15e de science pure suffisent, et alors, joint d'applications. Pour la Faculté de Médecine, études pratiques suffisent, et alors point de re- D scientifiques. Double erreur, | nous : double défaut de raisonnement. - On sait ce que signifie le mot Études pratiques pour les étudiants en médecine. Le sens en est: aux sciences et à la théorie. Former des médecins des cliniciens, tel doit être le but, et le but unique, de la Faculté. Il y a là un mélange d'erreurs et de vérités qu'il importe de dissocier. Il est incontestable que le e de la Faculté de Médecine est essentiellement de faire des médecins, c'est-à-dire de donner à des eunes gens les connaissances qui leur permettront d'exercer la Médecine et la Chirurgie, de soulager, ersonne n'en doute, et l'accord sur ce point est nanime. Mais, où la divergence commence, c’est et est fier d'ignorer — les faits scientifiques élémentaires et qui se désintéresse des conquêtes un saccharimètre, et ne veul pas entendre parler “de ces deux mystérieux appareils. Lifique serait développée. Aussi la vraie question est-elle la suivante : Convient-il qu'à la Faculté de lège de France et l’Institut Pasteur ? * Sur ce point, la réponse, à notre sens, n'est pas TT Condamner la Faculté de Me à on être plus qu'une école professionnelle, c'est la prcuer à une rapide décadence. Ce qui fait, dans le pass et dans le présent, la gloire de cette Faculté, cest qu'elle a toujours fait marcher de pair la “pratique et la science. Ses professeurs ont cru, et UNE DONATION A L'UNIVERSITÉ DE PARIS 4 croyons- Muis, à vrai dire, la question n'est pas là. L'or- | Qe croient encore, qu'il n'est pas suffisant d'enseigner la médecine opératoire, l’auscultation et la poso- logie, et qu'il faut aller un peu au delà. A côté de la clinique, qui donne aux jeunes gens les nécessaires notions du diagnostic et de la thérapeutique, il doit exister des laboratoires de recherche, d'ex- ploration, où des travaux d'investigation sont en- trepris sur toutes questions médicales, giques, physiologiques. Croire que l’enseignement des vérités acquises suffit, et qu'il n'y a pas lieu de chercher au delà parmi les vérités inconnues, c’est tout simplement refuser le progrès. Nous voudrions voir alors nos contradicteurs avoir le courage de leur opinion et dire franchement qu'à la Faculté de Médecine on doit se contenter d'enseigner aux élèves ce qui a été trouvé déjà et ce qui est classique. Au xvn° siècle, on commentait Aristote et Galien ; au xx°, on com- menterait Pasteur et Claude Bernard, et on s’inter- dirait tout pas en avant. Les commentaires sur les travaux des maitres suffiraient. Telle n'est pas, nous le supposons, l'intention de ceux qui ne veulent pas d'une construction nou- velle, sous prétexte qu'elle ne serait pas clinique. Ils acceptent le progrès — le contraire serait trop absurde — mais à condilion qu'il ne soit pas dû aux laboratoires et aux professeurs de la Faculté. Le domaine de la recherche et de l'investigation, il faut, pensent-ils, le laisser à des écoles non pro- fessionnelles, à l’Institut Pasteur, si bien organisé, si richement pourvu, au Collège de France, que tant de savants ont illustré. Mais alors, pourquoi ne pas ajouter le mot professionnel au mot Faculté de Médecine ? Que cela soit bien entendu : il n'y aura pas de Faculté de Médecine, mais une Faculté pro- fessionnelle de Médecine. Est-il besoin d'ajouter que ce serait aller préci- sément à l'inverse de ce qui se fait partout, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Italie? Partout, dans toutes les Ecoles de Médecine, l'investigation scientifique est en grand honneur. Partout, de vastes et beaux laboratoires, avec un personnel bien pourvu, s'édifient. Et ce serait celte époque de rapide et incessante rénovation de toutes les sciences médicales qu'on choisirait pour s’arrèler, et proclamer la ferme volonté de rester tradi- tionnel, sans souci de l’avenir ! Nous voilà, semble-t-il, loin du bastion? Nulle- ment : car dans l’état actuel des choses, bien des recherches ne peuvent être, faute d'espace et de locaux, poursuivies à la Faculté de Médecine. Toute investigation sur de grands animaux est interdite. Les chenils sont dans un état lamentable, et il ne peut guère en être autrement au centre de Paris, dans des locaux où l’enseignement de l'Anatomie descriptive — avec quelque raison d'ailleurs — bactériolo- 416 PAUL JANET — L'ARC VOLTAIQUE lient presque toute la place. Mais l'Analomie ne suffit pas, et un vaste laboratoire où la Pathologie expérimentale pourra êlre abordée, comme elle l’est à Alfort et à l'Institut Pasteur, est absolument indispensable. Or, il n'est que lemps d’aviser, si l'Université ne veut pas voir l'Institut Pasteur, l'École de Pharmacie et l'École d'Alfort tenir seules dans le monde scientifique français un rôle qui devrait échoir aussi à la Faculté de Médecine de Paris. y On remarquera peut-êlre que nous n'avons pas abordé le détail de cette organisation. Qu'il s'agisse de la Faculté des Sciences ou de la Faculté de Mé- decine, notre intention n’est pas de tracer un pro- gramme, un projet de construclion ou des règlements administratifs quel- conques. Ce on arrivera toujours à s'entendre. L'essentiel est d’être persuadé qu'on ne peut pas, en présence des progrès rapides de toules les sciences, rester stationnaire, et que l’état de sta- gnation, c'est le recul. De toutes parts, à l'Étran- encore moins d'élaborer sont faits accessoires, sur lesquels ger ou en province, les Universités n’épargnent rien pour donner à la science les instruments qui lui sont nécessaires. Voici une occasion qui se présente, grâce à la générosité de l'État, d'agrandir l'Université de Paris et de lui donner ce qui lui manquait. Loin du mouvement des étudiants et des examens, établir de grands iaboratoires de recherches, non pas réservés à telle ou telle chaire, mais ouverts à tous les professeurs, à tous les étudiants, qui seront, les uns et les autres, résolus à poursuivre une recherche scientifique longue et ardue. Si celte occasion échappe, elle ne se retrou- vera plus avant longtemps. Même si tous les professeurs des deux Facultés L'ARC VOLTAIQUE PROPRIÊTÉS GÉNÉRALES ; Il est peu de phénomènes aussi mystérieux que le passage d'un courant électrique dans un fil con- ducteur : pourquoi fil, qui était tout à fait inerte, s'échauffe-t-il jusqu'à être porté au rouge quand certain courant électr ique le parcourt? Pour- quoi devient-il, par son action sur l'aimant, ca- pable d'exercer des efforts mécaniques qui peuvent être considérables; pourquoi aimante-t-il le fer; pourquoi, enfin, manifeste-t-il tant d'actions diver- ses, bien connues aujourd'hui, ce sans compter cles qui seront probablement découvertes demain ? Ma utes ces actions, si mystérieuses qu'elles EXPÉRIENCES NOUVELLES ne devaient pas profiler de l'institution nouvelll même si ces nouveaux laboratoires ne devaiea servir qu'à la Mécanique expérimentale, à la Chim technologique et à la Pathologie expérimentale, n'en faudrait pas moins accepter la donalion l'État, car ces belles sciences ont été quelque parcimonieusement traitées, et pourtant elles son plus que d’autres, peut-être, conquérantes, et uns, avenir brillant leur est réservé, si elles peuvent t | disposer de ressources suffisantes. | Que penserait l'opinion publique — nous parlon des savants, des étudiants instruits et zélés q forment l'élite de nos Facultés — s'ils apprenaient que l'Université de Paris a refusé ce que l'État luin a offert, et que, insoucieuse de sa gloire et de son avenir, elle n'a pas voulu faire ce qu'ont très large: ment et très généreusement fait toutes les autre Universités de France et de l'Étranger ? Cette abdi cation serait tellement invraisemblable que per: sonne ne pourrait y croire. L On aura raison de ne pas y croire, car cela ne sera pas. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous apprenons que, comprenant la nécessité de cette amélioration, et pour stimuler — ce qui n'est. d’ailleurs nullement nécessaire — le zèle de l'Uni=" versilé, quelques hommes généreux ont souscrit une somme de vingt mille francs, qu'ils offrent à l'Universilé pour aider à l'aménagement d'un de | ces bastions. Nous espérons que ce noble exemple sera suivi. Aux États-Unis, depuis longtemps de belles dotations ont été accordées à la science par des particuliers. Pourquoi serait-on moins géné reux en France? La Revue générale des Sciences ne veut pasrester étrangère à ce mouvement d'opinion : elle souscrit, elle aussi, pour une somme de cinq mille francs. La Revue. soient, paraissent simples lorsque l’on entreprend l'élude du passage du courant dans les substances gazeuses : là, tout est variable : forme, tempéra- Lure, résistance électrique ; nous ne pouvons même plus nous rattacher à ce qui reste constant et inva- riable dans un corps solide, ne fût-ce que la forme et, sensiblement, pour de petites variations de tem= pérature, les dimensions ; nous ne trouvons, dans cas du passage du courant dans les corps. gazeux, qu'instabilité et variabilité; de là, la com- plicalion très grande de celte étude, mais, de là aussi, ces phénomènes si curieux et si nouveaux le Dsé qui va suivre. » Et d'abord, les gaz peuvent-ils se laisser traver- ser par le courant électrique? Non, à la tempéra- re ordinaire ; oui, aux plus hautes températures Aux températures ordinaires, les gaz secs sont les _ plus mauvais conducteurs que nous connaissions, —… Nous le montrerons par l'expérience suivante : le “courant à haule tension d'une petite bobine de téléphone et une petite interruption entre deux plaques de platine : le téléphone reste silencieux, ce qui prouve que l'air à la température ordinaire mest pas conducteur : si l'on chauffe, avec la flamme un bec Bunsen, l'intervalle entre les deux pla- ues de platine, on entend aussilôt le téléphone andre un son caractéristique, à l'unisson avec elui du tremblement de la petite bobine. i à ainsi commencé à passer à travers un gaz ou une vapeur incandescente est assez intense, la cha- leur dégagée par ce courant suffit à maintenir cette température élevée, et le phénomène, une fois amorcé, dure indéfiniment. — Le passage du courant à travers une substance “jazeuse à la pression ordinaire, rendue eonduc- trice par une température élevée et maintenue à ette température élevée par le passage même du “courant, constitue le phénomène connu sous le nom d'arc électrique ou are voltaique. La manière la plus simple d’amorcer un arc vol- taïque est celle qu'a employée Humphry Davy dès l’année 1800 : si l'on rapproche jusqu'au contact deux baguettes de charbon en communication res- pective avec les deux pôles d'une source électrique quelconque, les points de contact, qui présentent une résistance électrique considérable, sont, en vertu d'une loi bien connue, portés à une haute tempé- ature, et, si l'on écarte les deux pointes de char- bon, le courant continue à passer entre elles; il se forme une sorte de flamme bleuätre ou violacée, qui est précisément l'arc vollaïque; si les charbons sont horizontaux, le courant d'air chaud ascendant donne à cette flamme une forme recourbée vers le haut ; d’où le nom d'arc électrique resté au phéno- mène, et dû, comme on le voit, à une circonstance lout accidentelle de sa production. Les deux applications les plus importantes de l'are électrique sont l'éclairage et la production des - hautes températures au moyen du four électrique; | ce sont cependant ces deux applications que nous - passerons sous silence; elles sont à la fois et trop | | 1 . Dans certains cas, lorsque le courant électrique | PAUL JANET — L'ARC VOLTAÏQUE 17 importantes et trop connues pour entrer dans le cadre de cet exposé. Nous nous attacherons de préférence à l'étude des propriétés que nous pourrons appeler secondaires de l'arc, bien qu'on ne puisse jamais affirmer qu'un phénomène en apparence secondaire ne prenne pas un jour une importance prépondérante; et, après avoir jeté un coup d'œil d'ensemble surles qualités générales de l’are voltaïque, nous étudierons plus particulièrementles phénomènes acoustiques, si cu- rieux, dont l’arc peut être le siège et qui ont été dé- couverts récemment. I Nous avons dit que la manière la plus simple et la plus usuelle d’amorcer un arc consiste à approcher jusqu’au contact les deux charbons en communica- tion avec les deux pôles de la source, puis à les écarter; mais ce n’est pas la seule. Si, entre les deux charbons très rapprochés l’un de l’autre, on fait arriver la flamme très chaude d'un chalumeau oxyhydrique, les gaz sont rendus conducteurs, le courant commence à passer et l’arc s'allume. Une autre manière de rendre les gaz conducteurs, et de provoquer ainsi l'allumage, consiste à faire jaillir entre les deux charbons la décharge d’une simple bouteille de Leyde : l'étincelle qu'on aper- çoit dans ces conditions n'est pas autre chose que l'éclat des gaz portés à une très haute température par son passage, et ces gaz constituent pour le cou- rant principal un chemin bon conducteur qui se continue ensuile par la formation de l'arc propre- ment dit. Cette expérience est intéressante, car c'est précisément ce phénomène qui se produit fréquem- ment sur les lignes aériennes à haute tension lorsque ces lignes sont frappées par la foudre. Il n'est pas bien difficile d'assurer la sécurité de telles lignes et des appareils qui en dépendent au moyen de parafoudres très simples, qui assurent la communication de la ligne avec la terre dès qu'elle est frappée par un coup de foudre ; mais la grande difficulté que l’on rencontre alors est que l'arc, amorcé par le coup de foudre, subsiste même après que celui-ci s’est produit, et qu'il faut à tout prix rompre cet are qui mettrait les machines en court circuit. On y arrive par des dispositifs divers, sur lesquels nous n'avons pas à insister ici; nous rap- pellerons seulement la belle expérience du para- foudre à cornes. L'arc entre charbons, l'arc classique pour ainsi dire, présente un aspect tout à fait typique, qu'il est facile d'étudier en projection. On apercoit : d'un côté, le charbon positif, très brillant, porté à une haute température ; de l’autre, le charbon négatif, moins brillant, moins chaud par conséquent; et, entre les deux, une zone violacée, qui constitue l'arc proprement dit. 118 PAUL JANET — L'ARC VOLTAÏQUE Très souvent, les charbons modernes sont munis d'un cylindre central ou ämeen charbon plus tendre et chargé de sels (silicate de potasse) dont les va- peurs se mélangent à l'arc etaugmentent sa conduc- tibilité, ce qui permet de maintenir des ares stables avec des tensions plus basses que celles qui étaient nécessaires autrefois. L'arc peut se produire non seulement entre deux evlindres de charbon, mais encore entre deux tiges métalliques quelconques ; c'est ainsi que nous oble- nons des ares parfaitement stables entre deux tiges de cuivre ou d'argent : dans le premier cas, l'arc présente une teinte verte; dans le second, une teinte bleuàtre caractéristique. L'arc entre deux tiges de fer est très stable éga- lement : il possède la propriété curieuse de s'étein- dre instantanément, si l'on aimante le fer au moyen d'un courant peu intense circulant dans deux bobi- nes placées autour des deux cylindres de fer. L'are entre électrodes de zinc présente un aspect curieux : il est loin d’être tranquille et stable comme les précédents : il siffle, fume, se contourne de toutes manières; en même temps, il y a combus- tion du zine et production abondante d'oxyde de zine, qui forme des fumées blanches : c'est le nihil album, la lana philosophica des anciens alchimistes. Enfin, dans le vide, on peut obtenir un bel] arc entre mercure et mercure : l'appareil fort ingé- nieux que nous employons pour le produire est dû à M. Villard. Dans tous ces exemples, l'arc est produit par la vaporisation des électrodes entre lesquelles il jaillit; et, dans les vapeurs incandescentes qui le consti- tuent, le spectroscope reconnaît les raies caracté- ristiques des métaux employés : il est naturel d'étendre celte propriété à l'arc par excellence, l'arc au charbon, et d'admettre que cet arc, comme Lous les autres, est formé par des vapeurs de car- : c'est ce que l'on fait universellement abso- bone pur aujourd'hui; le charbon cesse d'être ce corps lument fixe des anciens chimistes : c’est un volatil, mais volatil à très haute température, environ, d'après les évaluations de M. Violle. Celle température si élevée que produit le pas- sage du courant dans ces conditions permet de COTps 3900° maintenir un are même dans un liquide, dans de l'eau par exemple, et il est curieux de maintenir, au sein d'un liquide froid, la température la plus élevée que nous sachions produire. Il Jusqu'ici, nous avons employé pour produire nos ares un courant continu, c'est-à-dire circulant tou- jours dans le même sens : le cours d’un fleuve nous donne l'idée d’un courant de ce genre. Mais les élec- triciens emploient également un autre genre de courant, le courant alternatif, qui va tantôt dans un sens et tantôt dans l’autre, et que nous pourrons comparer au flux et au reflux de la mer; mais, tan- dis que celui-ci ne change que deux fois de sens par vingt-quatre heures, les courants alternatifs em- ployés usuellement changent très rapidement de sens, par exemple 40 ou 50 fois par seconde; il est intéressant de rechercher ce que devient l'arc dans ce cas: Un courant alternatif ne peut changer de sens qu'en s’annulant : un arc alternatif devra donc en réalité s'éteindre et se rallumer un très grand nom- bre de fois par seconde, ce qui donnerait une im- pression désagréable de papillotement si les alter- nances n'étaient pas suffisamment rapides, mais ce qui, dans le cas contraire, passe à peu près inaperçu. La première question que nous devons nous po- ser est donc la suivante : un arc ordinaire, à cou- rant contiou, éteint par interruption du courant, peut-il se rallumer si l’on rétablit le courant assez vite? La réponse est affirmatlive dans le cas d'une paire de charbons à mèche; on a parfaitement le temps, en allant un peu vite, d'ouvrir, puis de refermer un interrupteur et l'arc se rallume. Déjà l'expérience est plus difficile avec des char- bons sans mèche; elle est complètement impossible avec un are maintenu entre électrodes mélalliques: nous décrirons, à ce sujet, une expérience intéres- sante : si l’on met en communication avec les deux pôles d’un are métallique les deux armatures d'un condensateur, l’are s'éteint brusquement: le temps très court, inférieur probablement à de ! 10.000 seconde, nécessaire pour charger le condensateur, a suffi pour éteindre l’are, qui a été incapable de se rallumer même après un temps aussi court. Nous devrons conclure de là que l'are alternatif se comportera bien avec des charbons à mèche, moins bien avec des charbons homogènes, et sera impossible ou presque impossible avec des métaux. Nous choisirons, dans ce qui va suivre, des charbons à mèche. Si, comme précédemment, nous examinons en projection l’are alternatif, nous observons, comme il fallait nous y attendre, que l'aspect des deux charbons est identique : tout au plus le charbon supérieur est-il un peu plus chaud, un peu plus brillant à cause du courant d'air ascendant. Mais cette identité d'aspect n'est qu'une appa- rence : car chaque charbon est tantôt positif, lantôt négatif et, par conséquent, tantôt brillant, tantôt obscur ou moins brillant; si nous ne pouvons sui- vre à l'œil ces variations, c'est qu'elles sont trop ‘apides; mais, par un artifice, nous pouvons les faire paraitre assez lentes pour les examiner à notre aise : il suffit de projeter l'arc à travers un disque percé - d’un trou : si le disque faisait un tour juste à cha- que alternance de l'arc, c'est toujours le mème : charbon qu'on apercevrait comme charbon positif et toujours le même comme charbon négatif; si le | disque tourne un peu moins vite, ceci n'est plus | qu'à peu près vrai, et chaque charbon parait tantôt . positif, lantôt négatif, mais assez lentement pour 4 qu'on puisse suivre ces variations. Celte expérience intéressante est due à M. Hospitalier. _ L'arc alternatif entre métal et charbon peut se tenir assez bien; Le courant présente alors une pro- . priété curieuse, c'est de passer plus facilement du métal au charbon que du charbon au métal ; celte propriélé curieuse a élé découverte en 1882 par Jamin et Maneuvrier : nous la mettrons en évidence en montrant que le courant, ainsi partiellement redressé entre charbon et argent, est capable de faire lourner un petit moteur à courant continu, qu'un courant alternatif, même intense, serait incapable de mettre en mouvement. III Nous arrivons maintenant aux applications acoustiques de l'arc, qui doivent constituer une partie importante de notre étude. Ces applications sont de deux sortes, qui pré- sentent, au premier abord, cerlaines analogies, . mais, en réalité, reposent sur des principes tout à | fait distincts : ce sont d'une part l'arc chantant, | découvert par Duddell en Angleterre, d'autre part - l'arc téléphonique, découvert par V. Simon en . Allemagne. Nous les étudierons successivement. > L'arc chantant de Duddell est une applicalion des plus curieuses de la théorie des oscillations électriques. 3 Nous avons vu qu'il existe deux modes de cou- rant électrique : le courant continu et le courant alternatif; dès que les alternances de ce dernier deviennent suffisamment rapides, elles prennent le nom d'oscillations électriques. On peut dire que le développement de nos idées sur les oscillations électriques a constitué le principal progrès de la science électrique dans ces vingt dernières années, et, au point de vue pratique, la découverte de la télégraphie sans fil a été une conséquence directe de ces idées nouvelles. Une des raisons de ce grand développement est l'extraordinaire facilité avec laquelle se produisent, dans certaines circonstances, les oscillations élec- lriques : de même qu'un pendule, écarté de sa position d'équilibre, y revient par une série d'os- cillations toutes de durée égale, de même qu'un ressort, écarté de sa position d'équilibre, y revient aussi par une série de vibrations rapides, de même -on peut dire que toute rupture d'équilibre élec- trique tend, en général, à se rétablir par une série | PAUL JANET — L'ARC VOLTAÏQUE al © d'oscillations électriques. On produit très facile- ment des oscillations de ce genre au moyen de la décharge d'un condensateur. Nous rappellerons qu’un condensateur est formé de deux conduc- teurs ou armatures, très voisins l’un de l’autre et isolés l’un de l’autre; lorsque le condensateur est chargé, nous pouvons assimiler ces deux conduc- teurs à deux réservoirs contenant de l’eau à des niveaux différents : décharger un condensateur, c'est, en somme, mettre en communicalion ces deux réservoirs; On concoit que, dans ces conditions, l'équilibre puisse s'établir par une série d'oscil- lations. La plus ou moins grande rapidité de ces oscilla- tions dépend de la grandeur, ou, pour parler plus exactement, de la capacité du condensateur, et de la forme, ou, pour parler plus exactement, de la self- induction du circuit de décharge; et l’on doit con- Condensateur | XX 7 EN —1 Ü 0 Ü OÙ | 3obine _— Interrupteur Fig. 1. cevoir que tout cireuit électrique, contenant un condensateur et une bobine (fig. 1), est caractérisé par une période bien déterminée des vibrations électriques qui peuvent y prendre naissance, exac- tement de la même manière qu'une corde de vio- lon, par exemple, dans des conditions fixes de longueur et de tension, ne peut donner qu'une note bien déterminée : cette comparaison, qui pourrail être poussée très loin, nous sera utile dans ce qui va suivre. Lorsque l’on utilise ainsi, pour produire des oscillations électriques, la décharge d’un conden- sateur. ces oscillations durent tout juste Le temps de la décharge, c'est-à-dire, en général, un temps très court; puis il faut recommencer à charger el à décharger le condensateur, et cela indéfiniment. C'est ainsi que l’on opère, par exemple, dans la télégraphie sans fil, où l’on utilise des oscillations électriques de l’ordre du million par seconde; c'est ainsi également que l’on opère dans l'application des courants dits à haute fréquence. L'arc électrique, au contraire, va nous permellre 120 PAUL JANET — L'ARC VOLTAÏQUE d'entretenir indéfiniment et régulièrement des oscillations électriques, moins rapides, il est vrai, que les précédentes, mais qui atleindront néan- moins facilement l'ordre de 1.000 à 10.000 par se- conde. Cette découverte remarquable a été faite par le physicien anglais Duddell, il ÿ a un an environ. La disposition àemployer est bien simple (fig. 2) : il suffit de faire communiquer avec les deux char- bons d'une lampe à are les deux extrémités du circuit comprenant le condensateur et la bobine; si l'arc jaillit entre charbons homogènes (cette con- dition est essentielle), pour un réglage déterminé, c'est-à-dire pour une longueur déterminée de l'arc, le circuit contenant la bobine et le conden- sateur commence à vibrer électriquement, et l'arc rend un son musical dont le nombre de vibrations correspond précisément à la période des vibrations électriques du circuit du condensateur. Ce nom- Condensateur LL Dynamo EN S TT, : 74 6 Ÿ Û Û O Ô Bobine Kign2: bre peut varier entre 1.000 et 10.000 par seconde. Dès que ce son est amorcé, il dure indéfiniment, au moins aussi longtemps que les conditions de réglage de l'arc ne sont pas modifiées. Nous ne pouvons mieux faire, pour expliquer ce phénomène, que de le comparer à celui d'une corde attaquée par l’archet : de même que, dans ce cas, le mouvement continu de l’archet, marchant tou- jours dans le même sens, entrelient indéfiniment le mouvement vibratoire de la corde, de même le courant continu qui passe dans l’are entretient indéfiniment le courant allernatif qui passe dans le circuit du condensateur : il y a là une transfor- malion de courant continu en courant alternatif, qui est des plus remarquables et dont l'explication complète n'estpeut-être pas sans quelque difficulté. Si nous voulions poursuivre ce mode de compa- raison emprunté aux instruments de musique, nous pourrious dire que les vibrations électriques ulilisé pal s chocs analogues à ceux qu'on emploie > PIANO : dans le piano, chaque choc excite es dans la télégraphie sans fil sont excitées scientifique, jusqu'à ce qu'un nouveau choc en suscite de nouvelles. En résumé, et en parlant un langage figuré, peut dire que la découverte de Duddell a consis à substituer l'emploi de l’archet du violon à celr du marteau du piano dans la production des oscil lations étectriques. Ces oscillations électriques de l'arc chantant régulières, si faciles à maintenir, se prêtent t ques expériences dans ce sens. , En premier lieu, si, dans la bobine qui nous 3 servi dans l'expérience précédente, nous enfonçons un noyau de fils de fer, le son devient plus grave ceci correspond à un accroissement de la self- induction de la bobine. Si, au contraire, dans la même bobine, nous en: foncons une autre bobine fermée en court circuil sur elle-même, le son devient plus aigu; l’explica: tion de ce fait, qu'il serait difficile de donner ici, revient à la démonstration de cette loi bien connue en électricité : l'induction mutuelle d'une bobine A sur une bobine B produit un affaiblissement apparent du coefficient de self-induction de B. L'expérience, en tout cas, est intéressante parce qu'elle montre une différence complète d'actior entre un noyau de fer et une bobine, qu'on serait tenté, un peu trop vite, d'assimiler l'un à l’autre si l'on appliquait sans réflexion les lois élémen taires de l'Électromagnétisme. L Enfin, si nous faisons passer dans un large ce ceau à plusieurs spires le courant alternatif ainsi obtenu, nous pouvons, par induction mutuelle sur un autre cerceau analogue, allumer à distance une mentée. Nous avons ainsi bien réellement une transmis- sion d'énergie à distance et sans fil conducteur: ce qui est plus précieux pour l'électricien, de les” calculer. | TV Dans les expériences précédentes, l'arc rendait une note bien déterminée, dont la hauteur était Sateur de capacité convenable. uction) du circuit dérivé sur l'arc. Nous allons maintenant aborder l'étude d'une autre série de nomènes dans lesquels l'arc ne rend pas un qui lui soit propre, mais reproduit les sons ers qui lui sont transmis de l'extérieur, en d'au- es termes, joue le rôle d’un véritable récepteur phonique : dans le premier cas, l'arc et son it dérivé vibrent suivant leur période natu- e; dans le second, les vibrations oblenues ap- ennent à la catégorie des vibrations forcées. L y a fort longtemps que les électriciens ont marqué que l'arc pouvait reproduire certains s; dès 1874, Gramme, le célèbre inventeur de li machine qui a gardé son nom, observait que, ant d'une machine, on entendait dans l'arc une note à l'unisson de celle que produit, dans la ma- €hine, le passage des balais sur le collecteur. Mais @est seulement en 1898 que le D' V. Simon, en Allemagne, a réussi à obtenir la reproduction de a parole ou des sons musicaux. Le procédé employé est, en principe, très simple: L consisie à superposer, au courant continu qui imente l'arc, le faible courant alternatif prove- t d'un microphone ordinaire : les très petites ariations de courant qui en résultent dans l'arc fisent pour que cet arc reproduise, comme un Si surprenant el l'est en effet, cesse cependant être absolument exceptionnel quand on se rap- pelle la variété des phénomènes physiques sur “lequels on peut fonder des récepteurs télépho- niques : le téléphone magnétique de Graham Bell resté le plus connu et le plus pratique de tous récepteurs; mais il suffit de feuilleter les uvrages ou les périodiques qui ont suivi l'appari- ion du téléphone pour reconnaitre qu'à cette époque, entre les mains des expérimentaleurs, {out “semblait se transformer en récepteur télépho- ique : n'a-t-on pas élé jusqu à se servir de la main le pour constituer un récepteur de ce genre? e voltaïque est le dernier venu parini ces récep- eurs, et, en ce qui le concerne, nous pouvons assez acilement nous rendre compte de la cause qui pro- üitle son : elle est très probablement due aux pelites iations de lempéralure que le passage du cou- rant microphonique produit dans la gaine gazeuse constitue l'arc. Ces petites variations de tempé- lure, évaluées seulement à quelques dixièmes de legré par R. Simon, suffisent pour provoquer des contractions ou des dilatalions périodiques de l'arc, di se transforment en vibralions sonores : on connait, d'ailleurs, la délicatesse remarquable de oreille, el la quantilé extraordinairement pelite bénergie sonore qui suffit pour l'impressionner. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. Le PAUL JANET — L'ARC VOLTAÏQUE u'un arc était alimenté par un courant prove- | éléphone ordinaire, les sons émis dans le micro- | hone. Ce phénomène, qui, au premier abord, parail | ET Quoi qu'il en soit de l'explication qu'on peut don- ner pour le phénomène, la disposition même de l'expérience présente quelques difficultés, sur lesquelles nous devons maintenant insister. L'idée la plus naturelle qui viendrait à l'esprit, pour superposer au courant principal de l’are le courant alternatif d'un microphone, serait d'adopter la dis- position indiquée par la figure 3. On voit, en effet, dans cette figure, que le circuit de la pile se ferme- rait par le microphone et par l'arc, ce dernier | jouant le rôle d'un simple conducteur à faible résistance, puisqu'il est à très haute température. Mais les inconvénients de ce montage ne sont pas longs à s'apercevoir ; en premier lieu, le courant microphonique, au lieu de passer dans l'arc, pour- raits'égarer dans le circuit dela dynamo ; en second lieu, le courant de la dynamo elle-même pourrait s'égarer dans le circuit du microphone : nous Mieroph. 7 Dynamo devons donc trouver un moyen d'empêcher chacun de ces courants de s'écarter du chemin qui lui est assigné. La question semble difficile à résoudre, car, de chaque côté, nous devons arrèter un courant touten respectant l'autre : n'est-il pas à craindre que nous les arrêlions tous les deux, ou que nous les laissions passer lous les deux? Heureusement, ces deux courants ne sont pas de même nature : l'un, celui qui alimente l'arc, est continu; l'autre, celui qui provient du microphone, est alternatif : or, nous possédons des moyens, étant donné un cireuitélectrique, de laisser passer dans ce cireuit les courants continus en arrêlant les courants alternatifs, ou, réciproquement, de laisser passer les courants alternatifs en arrêtant les courants continus. Le premier de ces moyens consiste simplement à intercaler, sur le trajet du courant, une bobine de gros fil ayant de préférence un noyau de fer : cel organe très simple jouit de la propriété curieuse, et parfaitement expliquée maintenant, de se laisser très facilement traverser par un courant conlinu et 9* 422 d'arrêter presque complètement un courant alter- nalif. Le deuxième moyen consiste à intercaler, sur le trajet du courant, un condensateur; un tel système jouit de la propriété de se laisser traverser par les courantsalternatifs et non parles courants continus. Nous utiliserons ces deux propriétés dans la pré- paration de l'expérience de l'arc téléphonique : sur le cireuit du courant continu, nous intercalerons une ou deux bobines munies de noyaux de fer; sur le circuit du microphone, nous intercalerons un condensateur (fig. 4). En réalité, le montage réel est un peu plus com- pliqué, et complété par deux bobines d’induction placées sur le circuit du microphone. Dans ces conditions, les courants microphoniques Bobine Condensateur CAN N \ NN - Dynamo — AS NX K ESS MON Z Microph TTTTEUT Bobine Fig. 4. sont contraints de passer dans l'arc, qui peut ainsi reproduire la parole, le chant, le sifflet. D’ailleurs l'arc, considéré à ce point de vue, est réversible el peut aussi bien servir de transmetteur que de récepleur téléphonique. Ces expériences ne sont pas les seules'auxquelles se prèle l'arc parlant. Tous ceux qui ont quelque peu suivi les progrès de la téléphonie n'ont pas oublié le retentissement qu'a eu, peu après la découverte du téléphone, l'invention, par Graham Bell lui-même, du photophone : dans cet appareil, la transmission de la parole était obtenue déjà sans fil, au moyen d'un simple rayon lumineux ; le trans- metteur se composait essentiellement d'une plaque munie d'un petit miroir; les rayons lumineux réflé- PAUL JANET — L’ARC VOLTAÏQUE | chis par ce miroir allaient, à l'autre station, tomber sur un récepteur à sélénium, dans le circuit duquel se trouvait une pile et un téléphone récepteur : on sait combien la résistance électrique du sélénium diminue sous l'influence de la lumière : les petites variations de l'intensité des rayons qui tombent sur le sélénium récepteur suffisent pour provoquer | des petites variations de courant dans le téléphone: et celui-ci reproduit les sons émis devant la ne brane transmettrice. | Des résultats analogues ont pu être obtenus par E. Ruhmer au moyen de l'arc parlant employé. comme transmetteur : cet arc remplace alors et la H membrane et le petit miroir de l'ancien photo-. phone de Bell; si, au moyen d'un projecteur ordi- naire, on envoie au loin les rayons émis par cet. arc sur un récepteur à sélénium, un téléphone, » placé dans le circuit de ce récepteur, reproduit les sons émis à la station de départ. Enfin, on a été encore plus loin dans cette voie : au lieu de recevoir les rayons émis par l'arc par- lant sur un récepteur à sélénium, on a songé à les. recueillir sur une bande de cinématographe; les variations d'intensité lumineuse sont ainsi conser- vées, sous forme d'impression photographique, sur la pellicule cinématographique; si, alors, on fait. repasser cette bande devant une source lumineuse, puis qu'on recoive les rayons lumineux sur un ré- cepteur à sélénium, de nouveau la parole est repro-" duite dans ce récepteur : on a réalisé ainsi un pho- nographe fondé sur des principes entièrement nou- veaux. Ainsi l'arc téléphone, l'arc microphone, l'are photophone, l'arc phonographe, voilà le résumé. des découvertes récentes : toutes ces applications » sont encore à l'état de simples curiosités, et il fau- dreit bien se garder de leur attribuer une impor-. tance pratique quelconque; mais bien imprudent | serait celui qui prétendrait fixer une limite entre les simples curiosités et les phénomènes nouveaux qui doivent élargir les horizons de la Science !. ss PE Paul Janet, Professeur à l'Université de Paris, Directeur du Laboratoire central | et de l'Ecole supérieure d'Électricité. 1 Conférence faite au Conservatoire national des Arts et Métiers le 9 mars 1902. | On parle beaucoup depuis longtemps déjà de ture rationnelle, et, à lire les comptes rendus de tains congrès agricoles tenus pendant l'Exposi- on, on pourrait croire que la vieille routine de os pères a disparu partout de nos campagnes. -ce là un fait aussi répandu? Il faut d'abord Viter les malentendus au sujet même de la défini- on du terme. Une cullure n'est point rationnelle ar cela seul qu'on y emploie des instruments per- tionnés ou des espèces végétales améliorées. es conditions contribuent à rendre la production eulturale plus économique ou plus intense, mais non, à la rigueur, plus méthodique. Or, dans la Méthode repose exclusivement le caractère ration- nel d’une entreprise quelconque. Une culture ra- tionnelle : cela signifierait que le culüvateur pour- it procéder dans son domaine à coups à peu près aussi sûrs que l'industriel dans son usine. La ulture aujourd'hui est partout, pour ainsi dire, “une culture intensive, partant affaire d'engrais ; Île se rapproche par là des conditions mêmes de industrie ; car, comme cette dernière, elle trans- orme une malière brute, les engrais, en produit de ünsommation : la substance végétale. Ces engrais eprésentent parfois une part énorme du capital d'exploitation engagé dans la culture. Or, trois conditions sont indispensables pour en obtenir le eilleur rendement : ° Il faut connaitre l'action propre et comparative 8 chaque engrais, autrement dit sa valeur cultu- ile, pour une espèce végétale déterminée ; 2° IL faut préciser les meilleures conditions d'em- loi de cet engrais pour un terrain donné :; 3° Le cultivateur doit, en outre, pouvoir appré- er ses procédés et tenir une comptabilité tech- lique de son exploitation. Ces trois conditions sont-elles réalisées par tout lemonde aujourd'hui? introduction de l'analyse chimique en Agricul- re a contribué, en grande partie, à donner l’illu- ite d'un raisonnement trop simpliste : la connais- nce des éléments, des acides ou des bases nnues abondantes dans telle ou telle plante a bcroire à beaucoup qu'il suffisait d'offrir ces éments, ces bases, ces acides en abondance au étal pour qu'il s'en nourrisse, croisse et fructifie mieux possible. Sans doute, les agriculteurs és et les agronomes savent aujourd'hui que ce importe le plus, c'est de présenter l'élément CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER 423 LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DU PROFESSEUR PAUL WAGNER nécessaire sous la forme où il est le plus assimi- lable. Le praticien instruit sait, comme le savant, que l'abondance du fer, de l'azote, de la potasse dans une espèce cultivable indique seulement qu'il convient de servir beaucoup de fer, d'azote ou de potasse à la plante ; mais, cette indication seule ne permet pas de fournir ces corps à la plante de telle sorle qu’elle s'en empare et les mette en œuvre. On ne saurait trop y insister, c’est là une notion qui na pas encore profondément pénétré dans nos campagnes. En pratique, l'agriculteur se trouve presque tou- jours dans l'impossibilité d'apprécier lui-même avec justesse les facteurs deson succès ou de son insuccès. Pour lui venir en aide, on a créé les champs d'ex- périences; le plus souvent ces champs comprennent quelques grandes sections de plusieurs ares, — 10-30 ares chacune, — ou bien ils sont divisés en une multitude de minuscules parcelles de quelques mèlres carrés, et l’un des facteurs de la fumure varie d’une parcelle ou d’une section à l’autre. Or, quelque méthode que l'on adopte, il s'introduit dans l'essai tenté directement en plein champ une cause d'erreur dont le Professeur Wagner, de Darmstadt, a fait la critique et dénoncél'importance: l'éminent agronome a montré qu'on n’est jamais assuré que chacun des divers facteurs de la végé- tation, que l'on suppose uniformes, atmosphère, pluie, humus, engrais, sous-sol, exerce sur les dif- férentes parcelles une action égale. Le limites dans lesquelles les résultats d'essais semblables varient entre eux sont, en fait, beaucoup trop grandes pour qu'ils puissent offrir un enseigne- ment positif. Aussi est-ce par des expériences instituées suivant un tout autre système que, depuis trente ans, il s'efforce de déterminer les rapports de l’engrais avec le milieu physique et la nature de la plante. Condition préalable : la plus grande précision dans les méthodes de dosage des éléments de la terre est de rigueur ; de petites différences dans les décimales se traduisent, en effet, quand on étend à tout un champ les conclusions tirées de l'examen d'un simple échantillon du sol, par des erreurs parfois considérables. Aussi le Professeur Wagner a-t-il porté son altention sur la nécessité de perfectionner constamment ses instruments, ses ustensiles de. laboratoire etses procédés d'analyse. Sous sa direction, la Station agronomique de Darmstadt est devenue une sorle de station-type 424 où se trouvent réunis, après une longue et méti- culeuse sélection, les appareils les plus recomman- dables, et quotidiennement appliqués les modes opératoires dont l'emploi comparatif à élabli la supériorité. Nous voudrions indiquer, à grands traits, l'usage que le Maitre en a su faire, et bien faire saisir le caractère et la portée de ses mélhodes. Son but a été de déterminer : d’une part, la valeur culturale des engrais, ce à quoi il est arrivé par des cultures en vase; d'autre part, le mode d'emploi de l'engrais, résultat qu'il a atteint en recourant aux cultures expérimentales en plein champ et sur grande sur- face. Les vases sont d'une extrème simplicité. uniquement d'un cylindre avec fond, le tout en tôle de zinc. Deux cercles de fer soudés extérieurement à chaque bordure donnent plus de solidité au cy- lindre, lequel repose sur le sol au moyen de trois pieds en fer, hauts de 8 centimètres, également Ces vases sont de deux formats. Le n° 1 X 20 centimètres hauteur) dont se sert aujourd'hui M. Wagner Ils se composent soudés. (20 centimètres diamètre présente à l'extérieur un tube vertical de petit diamètre, coudé pour son introduction dans le vase et destiné à l’arrosage : l’eau introduite par le tube pénètre dans le vase par le bas; une petite faitière en zinc à bordures dentelées, reposant dia- métralement sur le fond en regard du trou où débouche le tube, assure l'écoulement libre régulier de l'eau dans la partie inférieure du vase. Le n° 2 (25 centimètres diamètre X° 33 centimètres hauteur) possède deux tubes fixés à l'inlérieur, le long des parois. Ces deux pour les céréales et les plantes des et de vases servent également prairies, avec cette différence que les essais destinés à se pour- suivre durant plusicurs années consécutives sont entrepris de préférence avec le n° 2, à cause de sa modèles plus grande capacité. Ce même vase sert unique- telles que pommes de Lerre et belteraves. Pour la vigne, ment pour les essais avec les autres plantes, on emploie des vases d'une capacité beaucoup plus grande (60 X 80 centimètres tube à arrosage, soit à l'intérieur, centimètres sans soit à l'extérieur, et ces récipients sont montés sur roues mobiles sur rails. Dans le fond du vase, on dépose une mince couche (2-3 centimètres) de gravier, dont les ga- lets peuvent atteindre jusqu'à la grosseur d’un pois. Au moyen de ce gravier, on lare au même poids tous les vases de même calibre. Puis, chaque vase reçoit le même poids de terre arable, de manière à former une couche de terrain productif d'au CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER moins environ 20 centimètres. Le petit modèle reçoit ainsi 8 kilos de terre et le grand 19 kilos, la moitié de cetle dernière quantité étant souven remplacée par une couche de sable fin occupan le fond du vase. Les différents engrais que l'on, peut donner lors de l'ensemencement, sont inti= mement mélangés avec la terre : l’ensemence= ment, et aussi l'arrosage, comme toutes les autres\ dispositions ou soins à donner, ont lieu d'une | manière uniforme et suivant des prescriplions précises. RES L élroit cylindre dezine, voilà le terrain idéal employé génialement par Wagner pour l'étude des diverses questions de la science agricole des engrais. Sui tude exploilation, cela élait impossible, pour la simple raison qu'on ne peut pas conclure de ce qui passe dans l'eau ou le sable à ce qui se passerait dans un sol naturel. Celte méthode, avec ses dé ductions incertaines, était donc impuissante à venit n aide à la pralique agricole. La méthode du laboraloire tomba bientôt en. discrédilt auprès des agronomes qui, très juste= ment, établirent que les expériences de portée pratique devaient êlre entreprises sur le sol lui- même et dans les conditions mêmes de la culture: Ce fut l'époque des expériences en plein Me | Mais, l'essai au laboratoire avait donné des résultats qui, exacts en eux-mêmes, n'élaient pas applicables au champ, l'essai en champ, à cas des conditions du milieu rebelles à l'expérience scientifique, ne devait plus donner de résultdfs| du tout. Cet état de choses, si désastreux pour là cullure, dura jusque vers 1882, époque où Wagner, | critiquant les méthodes jusqu'alors suivies, fit lable rase de tous les efforts Lentés par la Chimiel agricole pour résoudre les questions les plus im-} porlantes de la production végétale. Qu'on ne! si H CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER 4 s'étonne point que la vraie méthode se soit fait si longtemps attendre : une difficulté considérable rovenait du caractère mème des condilions natu- relles dans lesquelles l’agriculteur est appelé à _ exercer son activité. … Sans conteste : en dehors du laboratoire, point % science. Or, la culture a pour condition es- | sentielle le sol libre et nu, sans abri, sans bâti- … ments, sans rien, en un mot, qui le soustraie au _ caprice de la Nature, et le laboratoire est la néga- tion même de l'exercice des forces aveugles de la Nature ; il rend exclusive l’action voulue et me- surée de l’expérimentateur. Si l’on fait du champ un laboratoire, ce n'est plus un champ : et, si l'on fait de la culture dans un laboraloire, ce n’est plus de la culture. Le problème, si ardu à résoudre, se posait donc ainsi : Comment trouver un terrain “naturel possédant les qualités du sol des champs, “susceptible d'être soumis au contrôle constant du laboratoire, et, en mème temps, cultivé selon les méthodes conformes aux exigences des labora- toires, dans les conditions de la pratique agricole? P. Wagner résolut ce problème, en transportant “dans la cour de sa Station agronomique de toutes “petites sections cylindriques d’un champ rendues “maniables au moyen d'un simple récipient en zine. “Ce cylindre en zinc répond bien aux conditions “exigées a priori pour un essai agronomique des- Liné à résoudre la question de la valeur culturale des engrais : il se prète aux circonstances du labo- ratoire, et il n'est pas contraire aux condilions de a pratique agricole. C'est, en effet, un appareil excessivement pratique pour l’'agronome;on l'installe facilement, on le multiplie autant que l’on veut dans un étroit espace; on le surveille, on le protège à volonté. est un procédé d'analyse et de recherches au même titre que tant d'appareils divers employés aujourd'hui dans le domaine des études physiolo- giques : c'est même parmi eux l'un des plus sim- “ples et des plus maniables. De plus, les condilions du vase d'expérience, quoi qu'en aient pensé au début et quoi qu'en puis- sent encore penser quelques adversaires, ne pré- sentent rien qui soit opposé aux conditions essen- «lielles de la culture pratique. Il serait faux de “croire que celte méthode de l'essai en vase, si . féconde en découvertes utiles pour l'agriculture, … ait obtenu partout, à ses débuts, l'accueil qu'elle “méritait el qu'elle était appelée à imposer plus lard : innombrables et surtout peu sérieuses sont les objections qu'elle a soulevées. La plus générale est celle que formula le D' Woltmann, à savoir … que le milieu choisi par Wagner pour faire ses —_ expériences n'est pas naturel, en ce sens qu'il diffère trop du sol des champs, et que, par consé- has RE 19 QE quent, les résultats de ses expériences ne peuvent être applicables à la pratique agricole. Nous avons déjà insisté sur la différence théorique- ment nécessaire entre les conditions de l'essai scientifique et celles de la culture même; mais nous tenons à montrer que l'installation des essais agri- coles dans les vases de Wagner, loin de porter atteinte à la valeur pratique de l'expérience, pré- sente, au contraire, le grand avantage de réunir et de résumer les divers facteurs culturaux d'une manière si heureuse que les résultats ainsi obte- nus sont les seuls qui puissent prétendre à faire loi en agriculture même. Les propriétés physiques d'un terrain consli- tuent le facteur principal de sa fécondité : ils don- nent, en effel, une valeur diverse aux agents atmo- sphériques d'un même climat : air, chaleur, humi- dité, lumière, et ils influencent diversement la répartition des engrais dans le sol et leur facilité d'assimilation par la plante. Supposons deux ler- rains depropriétés physiques inégales, comme c’est la règle : la même plante, alimentée du même en- grais, se comportera différemment dans chacun d'eux, de sorte que, pour le cas d’une expérience, la recherche de la loi du facteur différentiel unique deviendrait une chose vaine. Transportons, au contraire, ces mêmes terrains dans des vases : l’iné- galité de distribution des engrais est supprimée, ou à peu près, à cause de l’espace restreint et égal où il leur est permis de circuler; d'autre part, les conditions artificielles d'aération, de chaleur, de lumière et d'humidité auxquelles ils sont soumis, sont telles qu'on peut, sans erreur, tenir pour absolument égale leur action sur chacun d'eux, comme un simple calcul le fait voir. Estimons, en effet, à100 l'influence végélalive maxima des condi- tions climalériques naturelles d'un lieu quelconque, l’action qu'elles auraient sur la végétation d’un sol dont les propriétés physiques seraient les plus favorables possible; el supposons que nos deux terrains, par suite de leur composition physique, offrent à cette action climalérique idéale une ré- sistance qui entraine une perte d'efficacité de 50 et 80; l’action réelle des agents atmosphériques sera done 50 et 20; soit une différence de 30 °/, entre les deux. Les mêmes terrains étant pla- cés dans des vases pour une expérience, l’action climatérique naturelle est ici remplacée en grande partie par des circonstances de nature artificielle auxquelles on peut, sans exagération, attribuer une influence théorique sur la végétation triple de celle de la première: soit 300. La nature mème du vase et son exiguité diminuent infiniment la résistance spécifique de chaque sol à l’action atmo- sphérique naturelle ou artificielle : supposons celte résistance diminuée au dixième; soient les nom- CH. GRIÈRE — LA 126 bres 5et8. L'action propre sur chaque terrain, dans son vase, des agents physiques de fertilisation est done 295 et 292 : différence 1,1 °/,. Gette différence estsiminime quelouscesdivers facteurs deviennent, à cause de leur action complètement égale, tout à fait négligeables et laissent l'influence décisive à l'engrais seul. Donc le loin d'ôter à l'essai son caractère d'expérience agronomique, ne fait, au contraire, que remplacer, par une uniformité heureuse, toutes les défectuosités et les inégalités naturelles qui font du sol des champs un terrain précisément impropre à cel usage. En résumé, peu importe que la couche de terrain dans le vase n'ait pas des propriétés physiques identiques à celles d’une couche de terrain naturel : il suffit que ces propriétés soient à peu près de même nature que dans la pratique agricole; et le fait qu'elles se trouvent infiniment favorisées dans es vases n'a pour conséquence qu'une précision plus grande dans l'expérience. Bien plus, ces con- ditions artificielles du vase d'expérience sont les seules qui rendent possible un essai cultural scien- tifique et de portée universelle: car, seules, elles permettent de réduire vraiment à des limites négligeables la différence, presque toujours énorme dans la pratique, des divers facteurs de la végéta- tion. Le reproche fait si souvent à la méthode et l'ob- jection, qu'elle soulève ordinairement de prime abord chez les praticiens, de rester étrangère aux vase, les moins fondés de tous. Quoi qu'il en soit, cette innovation hardie, conditions culturales, sont donc si simple en apparence, devait révolutionner les méthodes et le genre d'activité des institutions agronomiques. Dès lors, plus de spéculations théo- riques sur le blé ou sur la betterave, oiseuses la plupart du temps et aussi superflues pour la pra- tique du cultivateur que le serait pour le jardinier pralicien l'étude botanique de la formation des tissus et des couleurs végétales: plus de immenses et regrettables efforts, répandus partout à profusion dans nos campagnes, pour créer des champs d'expérience coûteux et à influence com- plètement nulle. Par l'intervention du vase d' expé- rience, Wagner ouvrait enfin à l'e »xploralion scien- tifique le domaine même de l'agric ulteur, jusque-là, ces livré malgré le décor extérieur de la civilisa- tion moderne, à l'influence souveraine d'une rou- tine éclairée, il est vrai, mais enfin Lu restait de la routine. Et le résultat fut énorme : grâce à la nouvelle méthode, en quelques années, les ques- lions capitales que le cultivateur intellis gent adres- sait depuis longte mps en vain à l'agronome recevaient une solution scientifique On a le droit rationnelle. maintenant de parler de culture satisfaisante. CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER L'essai en vase, voilà donc le terrain spécial q va nous permettre d'étudier l’action physiologique des engrais et d’ériger en science nos connais- sances sur ce sujet. Mais, tout d'abord, quels sont les droits du vase d'expérience à un rôle scienti fique ? Ce qui fait, avant tout, d’une série comparée! d'essais en vases une expérience scientifique, c'est que tous les facteurs de la végétation sont partout, égaux, sauf un seul, auquel doivent être dès lors! nécessairement attribuées les différences observées dans l'acte même de la végétalion. En effet, le sol, arlificiel des vases est homogène dans toutes sai parties; il a même composition chimique et phy#| sique, car il provient de la terre arable enlevée dang, | un étroit rayon à la surface d'un champ cultivé | mélangée plusieurs fois à la pelle et tamisée avant de remplir les vases. Dans chaque vase, la terre esl également pressée. Les engrais sont réparti dans loute la masse, et, pour cela, mélangés intime ment à la main avec la portion de terre destinée à | chaque vase, ou donnés en solution au cours de la». végétation. La provision d'eau de chaque vase est, de. mème, égale sans être uniforme, c’est-à-dire que | chaque plante doit loujours avoir à sa disposition une quantité suffisant à ses besoins; cette questions, de l’eau est, dans la pratique, l'une des plus ardues» et des plus difficiles que comporte le traitement des essais en vases!. La semence, choisie de qualité | homogène, est distribuée en même quantité, ce | dernier point offrant, d'ailleurs, peu d'importance, | età la même profondeur. L’épaisseur de la végéta: | tion, le nombre des plantes au besoin, la quantité. | de lumière et de chaleur et la circulation de l'air, etc., tous ces différents facteurs sont réglés | d'une manière uniforme : un seul varie avec chaques. vase : la quantité de l’engrais dont il s’agit d'étudier | l'action ; la pesée est faite à 1 milligramme près. La végélation terminée et la récolte faite, les diffé- rences en poids signalées dans la production des, différents vases traduisent mathématiquement l’ac- tion diverse des différents engrais ou de différentes | quantités d’un seul et même engrais. Voilà la condition essentielle et pour ainsi dire | ur | la définition même de l'essai en vase. Il y a encore différentes circonstances à observer, si l'on veuten faire un essai utile. Et d'abord, ce n'est pas tout d'avoir observé un résultat sensible : il faut pou= ‘ On essaie actuellement à Darmstadt un nouveau procédé qui permettra sans doute de supprimer simplement cett question de l'arrosage. Les vases recevraient tous un “souche de sable comme sous-sol ; les tubes disparaitraients on assurerait constamment à la plante ua maximum d'hu: midité, et l'excès d'eau s’écoulerait par le fond, à travers un tuyau de zinc, dans un flacon en verre placé en-dessous. Le | suffirait, de temps en temps, de vider le contenu du flacon sur le vase, pour que les sels entrainés retournent à l& plante. CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER voir le mesurer; il faut pouvoir l'évaluer en chiffres, de même que dans une analyse chimique. De plus, il faut nécessairement que ces chiffres parlent un langage sûr, et il est bon toujours qu'ils parlent ‘un langage frappant; car la précision et l'utilité de nos connaissances sont en raison directe de l’im- pression qu'elles font sur nos sens. Cela a besoin d'explication. Toute expérience physique comporte une légère erreur inhérente à l'imperfection de notre matériel et souvent même de nos organes. Cette erreur inévitable nous est révélée par des expériences parallèles. Considérons le cas où elle s'élèverait, dans l'essai en vase, à 2°/,. En soi, c’est une assez grande exactitude. Supposons maintenant, suivant l'exemple de Wagner, que — de deux vases avant reçu : l'un, une fumure sans acide phospho- rique; l’autre, la même fumure avec superphos- phate, — le premier fournisse une récolte égale à 100, et le deuxième une récolte égale à 105; le surplus du rendement dû à l'acide phosphorique ne nous apprend absolument rien, puisque, au lieu de 100 et 105, les récoltes peuvent aussi bien être "102 et 103. Mais, si deux vases, avec la même dif- férence de fumure, accusent les chiffres 100 et 150, 2 ou 3 °/, d'erreur ne font plus rien du tout, et nous gardons de l'essai une impression nelte et exacte. Comment arriver à ce résultat que les chiffres parlent d'eux-mêmes ce langage frappant? En disposant l'essai de telle sorte que chaque vase soit le plus sensible possible à la fumure; pour cela, on choisit d'une part pour l'expérience une plante très sensible à l’action de l’engrais objet de l’es- sai, et, d'autre part, on emploie un sol très pauvre en ce même engrais, ce qui s'obtient, quand ce sol fait défaut à l’état naturel, en épuisant un sol nor- mal par une culture forcée et répétée de plantes appropriées. Si l’on veut avoir, par exemple, un sol très pauvre en azote, on y sèmera de l’avoine et on donnera de la potasse et de l'acide phospho- rique à profusion. Pour que les chiffres soient sûrs en eux-mêmes, il suffit d'observer la loi du facteur unique. Mais il y à, pour cela, quelques précautions à prendre. Il faut, avant tout, s'assurer que toute la quantité de l'engrais dont on veut mesurer l’action, a bien été utilisée par la plante. Il est arrivé à des notabilités scientifiques de divers pays, et tout dernièrement encore, de faire l'expérience suivante ou une autre analogue : Trente grammes d'acide phosphorique en super- phosphate et 30 grammes du même acide en phos- phates bruts, ou bien 30 grammes d'acide phospho- rique en scories à 45-50 °/, de solubilité dans l’eau acidulée de 2 °/, d'acide citrique, et 30 grammes de scories à 88-90 °/, de solubilité dans le même liquide, donnent des poids de récolte sensiblement | 427 égaux. Faut-il en conclure tout de suite, comme l'ont fait les auteurs de l'expérience, pensant con- tredire les résultats trouvés par Wagner lui-même, que les superphosphates et phosphates bruts, ou bien en général toutes les scories, sans distinction de solubilité, exercent une action égale ? Non. Il faut se demander auparavant si tout l'acide phos- phorique mis à la disposition de la plante, dans les différents vases, a bien produit tout ce qu'il était en état de produire ; autrement dit, s’il à été complètement utilisé. Si, par exemple, la quantité nécessaire de l'azote ou de la potasse a fait défaut, la plante aura pu, dans tel vase, atteindre son développement normal et, dans lel autre, être arrêtée au milieu de sa végétation. Cette difficulté est, avec la question de l’arrosage, le plus grand écueil des essais en vase; la vraie manière ne se laisse guère enseigner en formules, il faut faire son expérience soi-même. On peut conclure de là que le vase d'expérience n’est pas un instrument si facile à manier qu'on le croit généralement, et le plus grand titre de Wagner à la reconnaissance du monde agricole n’est pas, en somme, d'avoir in- venté les essais en vases, ni même d’en avoir exé- cuté beaucoup (d’autres en font beaucoup égale- ment), mais d'avoir toujours su tirer de chaque essai le juste enseignement qu'il renferme. Le moyen proposé par Wagner pour s'assurer que tout l’engrais à étudier a produit son effet, c'est de faire l'essai à doses différentes et échelon- nées, et de ne jfrésenter des résultats qu'autant qu'ils correspondent à la graduation de la fumure. Soit pour : 1 gramme d'engrais. . . 100 gr. de substance produite, = 200 — _ = 300 = > © 19 = Ve où AU — — ce & = Ge 420 — — Les quatre premiers chiffres seuls concordent, et le cinquième est à rejeter. Enfin, lorsqu'on expérimentera sur un engrais composé, il faudra, forcément, pour en apprécier la valeur culturale, n'étudier à la fois qu'un seul de ses éléments ferlilisants : c'est-à-dire que, pour un engrais comprenant azote et potasse, on es- saiera une première fois l'azote en ajoutant la potasse et l'acide phosphorique en excès, puis la potasse, en donnant à l’excès acide phosphorique et azote. — Dernier point important : la récolte sera estimée en matière sèche. Un essai fait rigoureusement suivant ces précau- tions nous fait donc connaitre réellement et d'une manière scientifique la valeur spécifique réelle d'un engrais. Naturellement, la détermination de cette valeur spécifique de chaque engrais est une opération assez compliquée, et qui demande sou- 428 vent une longue série d'essais : aussi la Station de Darmstadt possède-t-elle plus de 1.000 vases, ce qui représente annuellement un nombre d'essais plus grand encore, puisque le même vase produit quelquefois plusieurs récoltes la même année. Outre les vases, Lels que nous les avons décrits, le Professeur Wagner emploie encore des cylindres de 1 mètre de diamètre, ouverts aux deux extré- milés, et enfoncés en terre de toute leur hauteur (de 1%,33). Ces cylindres, ou « parcelles », comme on les appelle à Darmstadt, servent à résoudre certaines questions particulières : fumure verte, action comparée à longs intervalles des diverses sortes d'acide phosphorique, etc. Ils forment la transition entre le vase d'expérience et le champ d'expérience. L’essai en vase étant une expérience scientifique, comme nous venons de le démontrer, il faut s’at- tendre à trouver dans les résultals comparés d'une même série d'essais la manifestation invariable- ment identique de phénomènes s'imposant à nous avec le caractère général de ce qu'on appelle une loi dans l’ordre des sciences naturelles : et ce sont précisément ces lois qui auront leur application dans la pratique. Nous devons d’abord bien définir l'importance que présentent pour l’agriculteur praticienles résul- tals scientifiques du vase d'expérience. Que faut-il entendre au juste par la valeur culturale théorique d'un engrais, telle qu'elle est déduite des vases d’ex- périence ? Et quelle portée attribuer aux chiffres qui nous la traduisent mathémaliquement? En soi, les résultats des expériences en vase nous rensei- gnent sur un phénomène général : à savoir que, dans les vases, la même quantité d'engrais, dans les mêmes circonstances, produit toujours la mème quantilé de substance végétale, et que ces différents rapports sont susceptibles d’êlre mesurés et expri- més par des chiffres. C’est là, à proprement parler, le caractère scientifique de ces essais : les résullats traduisent l'action physiologique ou la valeur végé- tative des engrais. Mais, de plus, en raison même de l’ensemble des divers facteurs culturaux que réunit le vase d'expérience et sur lesquels nous avons insisté, les essais en vase prennent un autre caractère, tout pratique, qui seul, au fond, en conslilue l'importance et même la raison d'être : les résultats ne plus seulement des lois abstraites el sans application : ils deviennent, envi- sagés au point de vue de la culture pratique, des normes : c'est-à-dire qu'ils peuvent être considérés comme règles dans les calculs de la pralique et posés comme idéal dans l’art de l'exploitation : fixent la valeur cullurale des engrais, prise dans le sens que nous allons exposer. Le terrain des vases est un terrain naturel, avons-nous vu : le végétal sont ils CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER qui y pousse est, en effet, une résullante des mêmes facteurs qui produisent les plantes de la culture : la terre, l’eau, l'air, le soleil ; dans les soins don- nés aux vases, rien d’artificiel qui ressemble, par exemple, à la culture en serre où en chambre; le jardinier même de la station, qui arrose jusqu'à trois et quatre fois par jour ou même plus, en été, | ne remplit, au fond, que l'office d’un bon sous-sol . qui approvisionnerait régulièrement la plante de … l'humidité nécessaire. Les circonstances de saison et de durée sont donc les mêmes pour les expérien- » ces en vase que dans la culture pratique, avec cette différence que le processus de la végétation, grâce aux circonstances plus favorables, s’accomplit ici dans un espace de temps un peu plus restreint. Mais, ce processus est normal, et le produit qui en est formé est également un produit normal, en tout semblable aux produits culturaux. Cela est assez important, car, dans la culture forcée, il peut arri- ver qu'on trouve des produits végélaux de compo- sition non naturelle, analogues à quelques spéei- mens auimaux sortis des étables d’engraissement modernes, des avoines ou des blés ayant fait en acide phosphorique ou en potasse une absorption exagérée el superflue : dans les vases, au contraire, à cause de l’échelonnement des doses de fumure, cette assimilation de luxe devient impossible ou peut toujours être dévoilée: car l'essai même a pour but de trouver la dose minima d'engrais suffisante pour produire le maximum de récolle : et c’est précisément celte subslance végétale nor- male et saine, tirant toute sa valeur du poids et de la quantité et non de la composition chimique, que le cullivateur a intérêt à produire. Sous ce rapport encore se révèle l'analogie ou même l'identification des circonstances de la culture pra- tique et de l'expérience en vase. Cependant, la végétalion en vases diffère assez notablement de la végélation des champs les facteurs sont les mêmes des deux côtés, ils n'ont pas cependant des deux côlés une action égale. Dans la culture pratique, le sol, ou plutôt sa composition physique, est le facteur principal, déci- sif, qui peut, suivant les circonstances, diminuer énormément et même anéantir les autres facteurs : dans les vases, comme nous l'avons vu, ce facteur est réduit à une importance minima et presque nulle, et les autres influences végétatives, favorisées encore par une intervention artificielle, — l'eau, l'air et la chaleur, — exercent leur rôle tout-puis- sant, qui assure à la fumure son action complète. En éliminant du sol des champs, par le fait de la culture en vases, la condition même qui fait sa si - variété et souvent son infériorilé, nous avons porlé à leur maximum, pour ainsi dire, les autres fac- teurs de la culture : nous avons fait un terrain uni- ea itter 2 CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER 4929 . forme en quelque sorte, un terrain se prêtant à . l'observation scientifique, mais, de plus, nous avons _ réalisé par là même, considéré du point de vue de ! _ la culture et en regard du sol naturel, un ferrain idéal, le meilleur qu'il soit, en fait, possible de con- | cevoir dans les conditions de la culture pratique. _ Aucun sous-sol n’est comparable à l'arrosoir du . jardinier; aucune moisson ne reçoit plus d'air que _ - Ja végétation des vases; aucune terre ne s'échauffe - plus vite et n'utilise mieux les rayons du soleil que … le vase lui-même et son contenu. Nulle part done l'engrais ne sera mieux mis à profit et exploité plus complètement ; nulle part il ne produira une récolte _plus abondante. Le vase peut donc être considéré comme le champ parfait, idéal, et les résultats de l'expérience en vase nous fixent, pour ainsi dire, la limite de ce que nous pouvons espérer atteindre - dans l'ordre de la production alimentaire au moyen du sol des champs. L'action des engrais constatée dans les vases . est donc leur action maxima; en mesurant cette - action, nous définissons leur valeur cullurale théo- rique, c'est-à-dire l’action la plus grande qu'ils soient en état de fournir en agriculture. Et nous pouvons ici embrasser d’un regard le champ nouveau ouvert par les innovations de Wagner en comparaison avec la méthode du champ d'expérience, qui prétendait en vain au même but, et les suites si différentes qu’entrainent les deux ordres d'idées. Les partisans du champ d'expérience cherchaient à définir la valeur cultu- rale pralique, la valeur moyenne des engrais : Wagner ne s'inquiète nullement de celle-ci, pour définir uniquement leur valeur culturale théo- rique, leur valeur maxima. Les premiers ne visaient qu'à une pratique aux apparences scienti- fiques : Wagner s’est proposé une science pratique, et, comme c'est la destinée de toute science nou- - velle, il a ouvert à l’agriculture moderne une ère jusqu'ici inconnue d'efforts et de succès. Ces efforts sont devenus notablement plus aisés et ce succès plus facile par la facon si simple dont le Maitre a disposé, en vue de la pratique agricole, les normes de fumure qui expriment la valeur cul- turale des engrais. Nous trouvons un grand nombre de ces normes déjà dans l'ouvrage bien connu! où Wagner a exposé les premiers résullats de sa nou- —. velle méthode de recherches. Ayant observé, d’une part, que l'azote est le facteur déterminant de la production végétale, et, d'autre part, faisant dé- pendre la nature même de ses investigalions des exigences pratiques de la culture, où l’engrais azoté représente l’engrais de beaucoup le plus cher * x 1 Die Stickstoffdünguny der landwirtschafllichen Cultur- “… pflanzen. Berlin, Paul Parey, 1892. (La fumure azotée des plantes cultivées en agriculture.) et le plus difficile à manier, Wagner consacra la première et la plus grande partie de ses travaux à la fumure azotée. Il établit que l’azote doit jouer pour le cultivateur le rôle de régulateur de la végé- tation, car c'est lui qui règle jusqu'à un certain point les proportions que la substance végétale devra prendre dans le processus de sa formation; on le distribue done aux plantes en raison de la récolte qu'on attend d'elles; la potasse et l'acide phosphorique sont ensuite calculés de manière qu'ils se trouvent toujours en proportion suffisante pour atteindre le rendement visé. Il était done, avant tout, extrêmement important de connaître la valeur culturale des divers engrais azotés, leur norme de puissance productive pour chaque plante. Or, l’essai,en vase témoigne que, d'une certaine quantité d'azote confiée à la terre comme engrais, une partie seulement se retrouve dans la plante récoltée, et cela dans des limites à peu près invariables. Ce pourcentage de l'incorpo- ration de l'azote traduit scientifiquement l’action végétative de l’engrais. Mais cela n'intéresse pas directement le cultivateur : ce qui lui importe, c'est la quantité de matière végélale produite, et cette donnée nous est encore directement fournie par le vase lui-même, sous la réserve que l'analyse chimi- que de la récolte et, au besoin, du sol producteur, ainsi que l'observation de l'échelonnement des doses de fumure, nous donneront la garantie que la substance végétale produite offre bien une com- position normale. Done, soit directement, soit in- directement, — en se basant sur la proportion moyenne d'azote contenue normalement dans les diverses plantes de la culture, — on traduira les | résullats scientifiques de l'expérience en vase d'une manière pratique et sensible pour le cultivateur, en établissant, en chiffres ronds, ce qu'une cer- laine quantité d’un engrais azoté défini peut pro- duire de matière végétale. Pour le nitrate de soude, par exemple, les normes sont les suivantes : 100 kilos de nitrale produisent, outre la paille et les feuilles : 300 kilos de blé, 400 kilos d'avoine, 400 kilos d'orge, 300 kilos de seigle, 6.400 kilos de betteraves à sucre, 5.500 kilos de betleraves fourragères, 3.000 kilos de carottes, 5.000 kilos de choux blancs, 3.500 kilos de pommes de terre, 4.500 kilos de maïs vert. Il ne faut pas se méprendre sur la portée de ces termes, et entendre par là que 100 kilos de nitrate rapportent toujours — par exemple dans n'importe quel terrain 400 kilos d'avoine. Ce chiffre s'entend du terrain idéal des vases, et signilie seulement que 400 kilos de nitrate renferment la quantité suffisante d'azote pour produire, dans les conditions de la culture, 400 kilos d'avoine; autre- | ment dit, que la valeur culturale maxima de 430 100 kilos de nitrate correspond à une production de 400 kilos d'avoine. Cela veut dire que, dans un champ où il y aura à la disposition de la plante l’eau, l'air et la chaleur suffisants, et où la potasse, l'acide phosphorique et autres éléments indispen- sables se trouveront également en quantité suffi- sante et sous la forme optimum, 100 kilos de ni- trate produiront nécessairement 400 kilos d'avoine, de même que 10 grammes de nitrate dans un vase contenant potasse, acide phosphorique, etc., sous forme et en proportion convenables, produisent 10 grammes d'avoine normale. Si le nitrate ne pro- duit pas en champ la même action, c'est que, ou bien l'azote n'a pas pu être assimilé complètement, ou n'a pas, par la non-réalisation d’autres condi- tions nécessaires, produit tout son effet, ou qu'il a fourni une substance végétale plus riche en azote que la normale. L'interprétation des résultats doit toujours être soumise à la plus sagace critique. Le nitrate, en champ, pourra donc produire 400 kilos d'avoine, mais jamais, en aucune circonstance, il ne produira plus: on pourra bien entendre ou lire, dans les comptes rendus de certains expérimen- lateurs, des énormités à ce sujet, le récit de cas où le nitrate se serait montré plus merveilleux encore; mais le principe même de la loi scientifique, de la norme, exclut cette hypothèse, et il faut alors chercher l'explication du phénomène dans les cir- constances mêmes de l'expérience : ou bien le champ témoin, sans nitrate, a souffert des insectes ou de toute autre influence nuisible; ou bien la plante, fortifiée par un apport de nitrate, à mis amplement à contribution les réserves azotées du sol, etc. ; dans tous ces cas, le rendement anormal du nitrate n'est qu'apparent et l'excédent de la norme est à attribuer à d'autres causes. Ces diverses anomalies se présentent facilement dans la pra- tique. Dans les vases, par contre, tout est disposé de sorte qne les résultats de la végétation ne puissent être que l'expression même de la norme idéale. Donc, suivant les circonstances plus ou moins favorables, on se rapprochera, dans la pra- tique, plus ou moins de la production maxima, fournie par le vase d'expérience; et la comparaison du rendement obtenu au rendement idéal nous permetlra d'instituer une critique utile du mode d'exploilalion de chaque terrain. Le procédé est, en quelque sorte, analogue à la comptabilité technique d'une industrie chimique, de la fabri- cation du sulfate de cuivre, par exemple. Nous savons que l'acide sulfurique et le cuivre pur, dans les proporlions de 98 à 63, donnent théori- quement 159 de sulfate; comparé à ce rendement idéal, le résultat inférieur atteint dans la pratique renseigne sur la marche de la fabrication. La méthode du vase d'expérience, bien que CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER l'application en soit, en somme, encore récente, a déjà servi à résoudre d’une manière heureuse des questions importantes de pratique culturale. Con- duits suivant cette méthode, les travaux des agro- nomes apportent enfin une base solide à la science agricole, et cette science, comme le dit Wagner, est aujourd'hui assez avancée pour que ses divers principes, exprimés sous forme de lois physiques, puissent guider le praticien, et, dans presque tous les cas, le tirer d'embarras. Comment cette application de la théorie à la pra- tique peut-elle avoir lieu ? Comment l’action, autre- fois réputée si arbitraire, du cultivateur peut-elle prendre les caractères d'un procédé ralionnel? C'est ce qu'il nous reste à faire voir. IT Connaissant la valeur culturale théorique des engrais en cours dans le commerce, l’agriculteur doit se soucier de savoir de quelle manière son terrain réagit à la fumure; il pourra ensuite fixer le rapport du rendement réel de ses champs au ren- dement idéal indiqué par la théorie : il aura alors en mains tous les éléments d'une culture ration- nelle. Or, c’est ici qu'intervient le champ d'expé- rience. Le champ d'expérience, tel qu'il est pratiqué par Wagner, présente une signification assez diffé- rente de celle qu'on lui attribuait autrefois. Dans l'ancienne méthode, une expérience faite en plein champ était un essai isolé, sans base et sans moyen de contrôle scientifique; et même, en admettant que l'essai fût bien fait, ses résullats n'avaient qu'une portée très restreinte. De ce qu un surplus de fumure de 100 kilos de nitrate de soude à l'hectare rapporte, dans un essai fait dans mon champ, un excédent de 200 kilos d'avoine, je n'ai là aucune indication qui décide si ce rendement est normal, et si cette dose d'azote est bien celle qui représente pour moi le plus grand bénéfice net, chose essen- tielle ; j'en suis réduit à renouveler l'essai avec des doses inférieuses ou plus grandes : et l'opération devient longue, ennuyeuse et surtout dispendieuse, done, en pratique, impossible. En outre, aucun résultat de mon essai ne me renseigne 4 priorisur la valeur de mon terrain et la justesse de ma facon d'agir, car, si je ne sais, d'une manière précise, avant de commencer mon expérience, ce que 100 kilos de nitrate peuvent rapporter en théorie, où trouverai-je le point de repère qui me permettra de juger mon expérience elle-même et d'en tirer immédiatement les déductions sûres et pratiques -qui m'intéressent? Une telle expérience, en soi, est si peu utile que ses partisans les plus sérieux ne la recommandaient point tant en vue des services CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER 431 directs qu'elle peut rendre au propriélaire du champ d'essai, que dans l'espoir de tirer d'un grand nombre d'expériences du mème genre des * conclusions thécriques d’une application géné- rale. Avec la méthode de Wagner, la situation est changée : le champ d'expérience n'est plus un pro- cédé à tâtons, une opération simplement empi- rique ou même un leurre pour la culture, en ce sens quil risque d'être trop facilement défec- tueux sans qu'on s’en apercoive. D'abord, il dépend étroitement de l'expérience en vase, qui le précède logiquement et pratiquement. Celle-ci avait pour but de créer des normes de végétation : ce sont ces normes, comme nous allons le voir, qui nous serviront de base pour établir, diriger et contrôler notre champ d'expérience. La forme en est bien différente, en outre; au lieu de deux, trois ou quatre grandes parcelles de 1/3-1/6 d'hectare cha- eune, on n’emploie plus que des parcelles de 1 are, carrées autant que possible. Par suite de l'exiguïté du terrain nécessaire, on peut facilement répéter chaque fumure sur trois parcelles différentes non contigües : la concordance des résultats fixe tout _ d'abord sur la justesse de l'expérience, et, de plus, la moyenne des trois essais donne en soi un chiffre plus exact pour l'estimation de la récolte. Mais la supériorité du champ d'expérience de Wagner se manifeste surlout dans le genre de questions qu'il est appelé à résoudre et la facilité avec laquelle on peut le manier pour la solution de difficultés en apparence complexes. On peut, suivant lui, en établissant un champ d'essais, se proposer deux buts : connaîlre exacle- ment son sol, savoir ce qu'il rapporte normalement de lui-même, et dans quelles proportions ses divers éléments nutritifs concourent à la formation de la récolte; ou bien, connaitre l'aclion des engrais sur son sol, autrement dit, rechercher Le maximum de rendement que l'emploi des engrais permettra d'obtenir : savoir, par exemple, l'effet produit par 100 kilos de nitrate; car, suivant l'année, le climat, le sous-sol, etc., ce chiffre s’éloignera plus ou moins du rendement théorique; et, en outre, expérimenter jusqu'à quelle dose le nitrate pro- duira le même effet ou un effet encore rémunéra- teur. Le premier but du champ d'expérience n'est autre qu'une analyse du sol; et on peut dire que, jusqu'à aujourd’hui et pour longtemps encore sans doute, c'est le seul moyen d'analyse exacte et véri- tablement pratique que nous ayons à notre dispo- silion pour connaitre notre terrain. Car, l'analyse chimique, sans nous étendre sur ce point, ne répond pas à la question qu'on lui pose ordinaire- ! ment : elle ne détermine aucunement la force de production d’un sol. Si Wagner lui-même a trouvé le moyen d'établir par l'analyse chimique la valeur fertilisante des scories de déphosphoration, on n'a pas encore pu, et il y a des difficultés infinies à ce qu'on puisse jamais déterminer chimiquement la valeur fertilisante de l'acide phosphorique du sol. L'analyse chimique du sol peut être souvent utile : elle est toujours insuffisante. Une autre méthode d'analyse serait l'essai en vase : de même qu’on mêle à une même terre, dans différents vases, diverses sortes d'engrais pour en étudier l'action comparée, de même, si l'on met dans des vases des échantillons de divers sols avec la même fumure ou si, pour le même sol, l'on éga- lise artificiellement, d’une manière successive, tous les facteurs de la fumure sauf un seul, il est évi- dent qu'on obliendra des résultats différents per- mettant de juger comparativement les divers sols ou les éléments nutritifs de chaque sol. Prenons trois sols différents, pesons-en des poids égaux; ajoulons-y seulement les quantilés d'azote et de potasse suffisantes : la récolle nous fournira un renseignement comparé sur la quantité d'acide phosphorique soluble contenue dans chaque sol: nous pourrons même nous faire une idée de la quantité absolue d'acide phosphorique contenue dans chacun de ces sols, en prenant pour base, par exemple, la norme de récolte produite par une scorie d'un taux de solubilité donné, et en calculant à quelle quantité de cette scorie correspond l’acide phosphorique de nos divers sols. Cette analyse de végétation en vase est un excellent moyen pour se renseigner d'une manière générale et comparative sur la valeur d’un sol. Le mieux est de semer une plante à végétation rapide, telle que le gazon : on fait trois essais pour chaque sol en donnant chaque fois en excès à la plante deux des trois principes nutritifs qui constituent pratiquement la fertilité du sol et en ne laissant du troisième à sa disposi- tion que ce qu'en contient la terre à analyser. Au bout de quelques semaines et avec peu de soins, l'analyse est terminée. Mais, qu'on ne s'y trompe pas : cet essai n'a que la valeur d’une analyse qualitalive. Nous pouvons seulement en conclure que tel sol a relativement plus de potasse que d'azote ou qu'il est plus riche en acide phosphorique qu'un autre sol où l'azote dominera. Jusqu'à un certain point, et si l'on à déjà un peu l'expérience du procédé, il sera pos- sible d'apprécier plus ou moins grossièrement la quantité d'éléments nutritifs contenue dans le sol: mais, quoique cette méthode soit beaucoup meil- leure que l'analyse chimique proprement dite, nous n'en pouvons cependant lirer aucune conclusion précise sur la valeur fertilisante du champ lui- même. Seule, la culture en champ d'expérience peut 432 CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER offrir la portée d'une analyse quantitative du sol exacte et suffisante. Voici comment on procède à Darmstadt : On choisit l'endroit du champ qui répond à la moyenne de sa composition, on y mesure des parcelles de 400 mètres carrés, en nombre voulu; on les limite avec des pieux en bois enfoncés en terre ; on répand l'engrais soigneusement à la main, el les parcelles sont travaillées comme le reste du champ; la fumure seule diffère pour chacune d'elles; dès que la plante est levée, on limite les parcelles par une légère rigole; le moment de la récolte venu, on pèse le produit des différentes parcelles au moyen d’une balance romaine, que l’on porte sur le terrain; sur chaque parcelle on prélève un échantillon de quelques kilos pour déterminer la matière sèche et, au besoin, faire lanalyse chimique. Le nombre des parcelles dans un champ d'expé- rience dépend des questions que l’on veut résoudre. Pour le cas qui nous intéresse présentement, nous voulons d’abord savoir ce que notre champ rap- porte naturellement, sans fumure : il suffira, pour ceia, de comparer une parcelle non fumée avec une parcelle recevant une fumure complète. Nous éta- blissons donc deux essais, composés de trois par- celles chacun : Ess ii 1. Essai 2. Ne recoit rien. Recoit azote, potasse, acide phosphorique. Nous voulons savoir ensuite ce que le sol est sus- ceptible de fournir à la plante de chacun de ses éléments nutritifs, dans le cas d’une cullure inten- sive, c'est-à-dire lorsqu'il s'agit d'obtenir un ren- dement forcé. Pour cela, nous disposons, en outre, les trois essais suivants : Essai 3. . . . Recoit potasse, acide phosphorique. Essai 4. Recoit azote, acide phosphorique. Essai 5. . . . Recoit azote, potasse. L'essai 5, comparé avec 1, nous indique ce que le sol est en état de fournir d'acide phosphorique, et ainsi des essais 3 et 4, pour l'azote et la potasse: de plus, si nous comparons les essais 3, 4, 5 à 2, nous voyons pour quelle part chaque engrais de la fumure contribue à la formation de l'excédent de récolte ou, autrement dit, dans quelle mesure chacun des éléments nutrilifs du sol doit être complélé pour produire un excédent de récolte sur le terrain non fumé. l'essai Cette expérience atteint à une grande précision‘ si nous faisons l'analyse chimique de la récolte, car alors nous pouvons, ce qui est plus exact, rempla- cer le poids de la substance végétale récoltée par des chiffres représentant l'azote, la polasse et l'acide Voir page 41. WaGxer : « Anwendung künstlicher Dün- gemittel ». Berlin, Parey, 1900. phosphorique de la récolte. Soient, par exemple, les chiffres ESS ESS EEE Essat3,.. 0. 23k1 d'acide phosphorique. Sol 30,9 Ces chiffres nous montrent que le sol, sans le secours d'aucun engrais, est en état de fournir à la récolte 23 kil. 1 d'acide phosphorique, et qu'en lui donnant des engrais suffisants, on peut en obtenir 35 kil. 7. Mais cela ne veut pas dire que, pour obte- nir l'excédent de récolte correspondant, il faut né- cessairement fournir au sol la différence de 35 kil. 7 et 23 kil. 1, soit 12 kil. 6 d'acide phosphorique (ou, plus exactement, la quantité de cet élément recon- nue pratiquement nécessaire pour obtenir un sur- plus de rendement renfermant 12 kil. 6 d'acide phosphorique), mais que le chiffre sur lequelon doit baser le calcul d'une fumure supplémentaire ration- nelle est 35 kil. 7 — 30 kil. 9 — 4 kil. 8 d'acide phos- phorique. En effet, l'essai 3 nous prouve que la plante, dès qu'elle a à sa disposition les autres principes nutritifs en quantité suffisante, développe un système radiculaire plus puissant, peut extraire du sol même non pas 23 kil. 1, comme dans le cas de non-fumure, mais 30 kil. 9 d'acide phosphorique : le champ d'expérience nous fournit une analyse directe et exacte de notre sol. Dans le cas de l'expérience ci-dessus, il faut done faire 3 essais, comprenant 3 parcelles chacun, en tout 15 parcelles : on lui donne ordinairement la forme suivante : rs Le En faisant l'analyse de notre sol, nous avons déjà appris si une fumure rapporte, en général, un excé- dent de récolle ; et il nous suffit de calculer les frais de dépense supplémentaire occasionnés par cet excédent pour savoir de suite si celte fumure cause un profit quelconque. Nous voulons maintenant savoir comment nous devons fumer, c'est-à-dire connaitre d’abord le maximum de rendement que nous sommes en droit d'attendre de notre sol, et ensuite la quantité d'en- grais que nous devons employer en vue de ce ren- dement maximum. [ei intervient utilement et sur- tout d'une manière très simplifiante l'application des normes. Si nous semons de l’avoine, le rende- ment le plus économique sera (oujours celui qui nous rapportera 400 kilos de grains à raison de 100 kilos de nitrate de soude : ce sera là le terme de nos efforts, et toute la pratique de notre exploi- lalion aura pour but de faire en sorte que notre champ tire du nitrate de soude un profit de plus en plus proche de la norme donnée par la théorie. Il nous faut donc d’abord nous renseigner sur le rendement réel atteint dans notre culture par 100 kilos de nilrate, et ensuite préciser jusqu'à quel point le nitrate se montrera rendable, c'est-à- dire jusqu'à quelle dose un surplus de cet engrais produira un excédent de récolte qui se traduise en bénéfice net. Pour trancher cette question (qui n’est qu'un exemple, car nous pouvons et nous devons faire subir le même examen pour la potasse et l'acide phosphorique, ou même pour d'autres engrais azotés), nous conserverons le même plan général de l'expérience que dans l’exemple cilé plus haut comme type d'analyse de terre. Seulement, nous échelonnerons l'azote en diverses doses, ordinaire- ment en trois. L'essai 2 du plan précédent sera done complété el divisé en trois autres essais : Essai 24... Polasse, acide phosphorique, 1/3 de la fumure azotée maxima. Essai 25. . . . Potasse, acide phosphorique, 2/3 de la fumure azotée maxima. Potasse, acide phosphorique, fumure azotée maxima complète. ESSHi20. Nr. Cet essai est destiné surtout à nous fixer sur la rendabilité de la fumure en général; nous verrons, par exemple, que 1/3 de la fumure azolée est très rendable, 2/3 un peu moins et 3/5 plus du tout; nous limiterons donc l'emploi de l'azote el nous règlerons la dose de potasse et d'acide phospho- rique en conséquence. Ces expériences failes sur les diverses terres de notre culture, ou du moins sur toutes celles qui pré- sentent un caractère particulier, nous connaissons réellement notre exploilation : ce qu'elle vaut et ce qu'elle peut valoir; et, d'autre part, nous dominons notre production végétale ou plutôt les conditions de rendabilité de cette même production. Et ceci n'est point une exagération ou un trompe-l'œil : la vérité de cette assertion se fait sentir plus loin qu'on ne le croirait apparemment : grâce, en effet, à cette connaissance exacte de notre sol, et avec un peu d'habilelé, nous nous rendons, jusqu à un cer- tain point, indépendants des anomalies de la saison et du climat, ou de la variation des prix, ou du moins nous pouvons nous prémunir ou nous défendre contre elles; car la potasse el l'acide phosphorique, qui sont employés, en général, comme capital à lente action, au commencement de l'année, ont la propriété de se conserver dans le sol; et, d'un aulre côté, pour ce qui concerne l'azole, il est toujours possible de s'arranger pour viser le degré de pro- duction compatible avec les divers facteurs de l'économie agricole sans cesse en variation. D'autre part, nous dominons d'aulant plus la production CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER 433 végétale que le sol, dans le cas d'une cultureinten- sive, tend à perdre beaucoup de sa complexité variable et, pour ainsi dire, arbitraire, et que la végétation elle-même s’affranchit de plus en plus et souvent complètement de l'état de dépendance complète des circonstances climatériques où elle se trouvait auparavant. Le sol, mieux travaillé ou approvisionné d'aliments appropriés à sa compo- silion, devient plus égal ou, du moins, plus égale- ment nourricier; et l'être végétal, aux racines profondément plongées dans cette riche source de vie, trouve l'énergie suffisante pour résister avec succès à la plupart des ennemis qui menacent ses droits à l'existence‘. S'il nous est permis de parler ainsi, la culture intensive a pour effet d'élever peu à peu les conditions de la culture pratique à la hauteur des conditions idéales de culture telles que nous les trouvons réalisées dans le vase d'expé- rience. Les récoltes tendent de plus en plus à | devenir égales et sûres; les résultats du champ d'expérience constituent donc un témoignage digne de foi et utile, et la culture rationnelle, en fait, n’est nullement une utopie, comme le pensent trop dénaigneusement quelques praticiens, pour qui un vague flair agricole et l'expérience d’un nombre infini d'années tient exclusivement lieu de science et de jugement. III Si nous envisageons maintenant la situation que l'appiication de la méthode de Wagner crée au cul- tivateur, nous voyons d'abord que l'expérience en vase lui fait connaitre l’action théorique des engrais, leur valeur culturale comparée. Cette valeur une fois établie scientifiquement, le prix ou la valeur commerciale des engrais s'en rapprochera de plus en plus; car on sait que la valeur matérielle et usa- gère d'un objet est toujours le premier facteur constituant de son prix. Cela n'existait pas autre- fois; le marchand d'engrais avait l’autocratie, l'arbilraire du pharmacien ou du droguiste dans son officine : aujourd'hui, pour peu qu’il veuille invoquer l'arbitre de la science agronomique, le cultivateur, en achelant ses engrais, fail et fera de plus ea plus un commerce ralionnel et sûr. D'autre part, par l'expérience en plein champ, le cultivateur connait la valeur relative qu'ont pour lui, dans son domaine, les engrais qu'il veut acheter. Cela le met dans les conditions naturelles de lin- dustriel qui achète, pour la travailler, une malière brute quelconque : comme lui, il connaît la force 1. V. Wacxer : Die Anwendung künstlicher Düngemittel im Obst-und Gemüsebau, in der Blumen-und Gartenkultur. L'emploi des engrais chimiques dans la culture fruitière et potagère, et en horticulture fleuriste et d'ornement. 4° édit. Paul Parey, Berlin, 1900 (traduction francaise en préparation). 134 CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER et la valeur de son exploitation, et il peut, avant de faire un marché, calculer le prix de revient de la marchandise. S'il veut être un bon culliva- teur, il lui reste une autre condition à remplir, que tout bon industriel réalise dans son usine : il lui faut établir une comptabilité et un contrôle techniques de son exploitation. Il faut qu'il puisse tenir une balance des éléments producteurs de son sol, se rendre compte qu'il procède à coups sûrs, sans gaspillage comme sans parcimonie, en un mot, qu'il ne s'éloigne à aucun moment, dans son travail, du but qu'il s'est proposé en commencant et qui est de gagner le plus possible. Jusqu'ici cela n'élait guère réalisable. Comme base ralionnelle d'une culture méthodique, on n'avait que les recettes des journaux agricoles ou des professeurs d'agrieul- ture, qui, toutes à peu près, se résumaient ainsi : « En bonne terre, pour avoir des belteraves, em- ployer tant de kilos de nitrate de soude, de sulfate de potasse et de superphosphale, ou de scories »; ou encore : « En terre lourde, après blé, ete., ete. » Outre que ces recettes ne reposent souvent sur aucune base sérieuse, elles ont le tort de ne jamais être directement applicables, et ce, pour deux raisons : elles ne tiennent pas compte des condi- tions particulières de chaque terrain, si impor- tantes à considérer; de plus, elles n'envisagent qu'une seule récolte en particulier, au lieu de tenir compte de toute la rotation. Par le champ d'expérience on se garantit de la première source d'erreur, et d'autre part Wagner a apporté un perfectionnement considérable dans une méthode rationnelle, en accordant une plus grande importance et même une importance capi- tale à la rotalion. La rotation seule doit faire l'objet de la comptabilité technique de la ferme; elle est pour l’agriculleur ce que la « campagne », par exemple, est pour le fabricant de sucre : de même que celui-ci doit altendre la fin complète de sa fabrication pour pouvoir balancer le sucre entré dans son usine sous forme de betleraves avec le sucre qui lui reste entre les mains et, au besoin, celui qu'il a perdu, de même, pour l'agriculteur, la rotation limite l'espace au bout duquel il peut fermer sa comptabilité technique el comparer la somme d'engrais confiés au sol avec la masse de végétalion produite. Comment organiser celte comptabilité technique ? Nous partons du principe que, gràce au champ d'expérience, nous connaissons bien notre terrain, c'est-à-dire ce qu'il rapporte normalement de lui- même, avec les seuls engrais naturels de la ferme, et d'autre part ce que nous pouvons lui faire rap- porter par un supplément de fumure artificielle. Nous établissons ensuile le plan complet de notre rolation; prenons l'exemple donné par Wagner, qui ne s'applique pas, il est vrai, à la grosse cul- ture intensive belteravière, mais qui présente pré- cisément l'avantage d'être plus compliqué" : 1/2 sole, betteraves fourragères. 1re année . . . . 1/2 sole, pommes de terre. 2e) année "1. "MIBlIé; SOaAnnEl. Avoine avec semis de trèfle. 4e}année. . Trèfle. S2ann6e. 1. 1 DIE 6° année. .”, . - Avoine. La première année recoit le fumier et une partie du purin disponibles dans la ferme; la seconde, le reste du purin. Calculons d'abord ce que cette fumure naturelle, donnée pour six années, apporte au sol d'éléments nutritifs, azote, potasse, acide phosphorique, et d'autre part ce que doit com- prendre une fumure artificielle en vue des rende- ments visés. L'azote d’abord doit être trailé à part : cet engrais, en effet, par suite de sa nature même, ne constitue pas une question de rotation, mais une question de récolte annuelle, c'est-à-dire qu'il doit être mesuré exactement chaque fois en vue de la récolte annuelle et, dans une bonne exploitation, être, pour ainsi dire, complètement épuisé, une fois la récolte faite. Le champ d'expérience, qui nous renseigne sur le rendement naturel de notre terre sans fumure azotée artificielle, et sur le rendement qu'on en peut attendre avec l’aide du nitrate de soude ou du sulfate d'ammoniaque (ce sont les deux seuls engrais azotés que Wagner recom- mande pour la culture, à cause même de leur rendabilité), suffit donc à nous guider chaque année dans la détermination de la quantité d'azote nécessaire, et la récolte obtenue annuellement nous fixe sur l'utilisation faite par notre sol de cet élément. Dans le plan d'une rotalion, il faut donc surtout considérer l'acide phosphorique et la potasse : ce sont ces éléments qui doivent faire l’objet d'une comptabilité particulière pendant toute la durée de celle-là. Connaissant d'une part la quantité de ré- colle que nous pouvons ou désirons faire rappor- ter à notre champ, ainsi que le pour cent normal de cette récolte en acide phosphorique et en polasse, et, d'autre part, la quantité disponible et assimi- lable de ces éléments que notre sol offre aux plantes de notre culture, nous trouvons de suite, par un simple calcul, ce que ces plantes doivent recevoir, au cours de la rotation, en acide phos- phorique et en potasse assimilables pour produire le rendement qui leur est demandé. Nous voulons, par exemple, obtenir une aug- 1 Ce plan correspond à la disposition adoptée générale- ment dans la région de Darmstadt. Voir p. 152 et s. — WAGNER : « Anwendung künstlicher Düngemittel », op. cil. CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER 3 Æ ©t _ mentation de rendement de 23 quintaux de blé de l'hectare; ces 23 quintaux contiennent normale- â ment 24 kilos d'acide phosphorique. Or, la science agronomique nous apprend que, pour produire une quantité de blé contenant 24 kilos d'acide _ phosphorique, il faut mettre à la disposition de la … plante dans le sol non pas cette même quantité, 2 mais cinq fois plus environ, soit 120 kilos d'acide phosphorique assimilable; et ainsi des autres plantes de la rotation. Il se présente donc ce phénomène particulier dans toute culture intensive, qu'il doit être extrait du sol, au cours de la rotation, une certaine somme d'acide phosphorique par diverses récoltes, et que chaque récolte doit trouver à sa disposition une quantité d'acide phosphorique assimilable environ inq fois plus grande que celle qu’elle est destinée | enlever au sol. Est-ce à dire que la quantité acide phosphorique à confier au sol pendant la rotation tout entière doit être égale à cinq fois la quantité produite ? Non : des 120 kilos d'acide hosphorique apportés pour le blé, 1/5 seulement est épuisé la même année et les quatre autres cin- quièmes constituent une provision de réserve pour les années suivantes. C'est cette provision, ce capital qu'il faut savoir conserver d'abord et exploiter ensuite. Suivant les aptitudes des diverses lantes, nous laisserons ce capital constant, nous ’augmenterons ou nous le laisserons s'épuiser : mais toujours, et c'est la chose principale, nous serons fixés sur la quantité qu'il représente et nous la maintiendrons dans les conditions les plus avan- lageuses pour notre exploitation. De même pour la potasse. Celle-ci présente cependant une difficulté un peu plus grande dans Papplicalion. À cause de sa plus grande solubilité, il n'est pas nécessaire, et il n'est pas permis d'en conserver dans le sol une réserve aussi considé- rable. Au lieu de quintupler la quantité destinée à êlre exportée du sol, nous la doublerons seulement, en nous tenant en decà ou au delà de cette pro- ortion, suivant la nature de la plante. Gràce à lavoine, qui n'exige presque pas d'excès en cet élément, nous pourrons toujours nous arranger de telle sorte que, en fin de rotation, la somme de potasse exportée de notre sol couvre la somme apportée par les diverses fumures. Comme on le voit, le principe est très simple et l'application n’est pas non plus très difficile : pour _ lout appareil scientifique, elle n’exige que l'essai … préalable du champ d'expérience, destiné à nous “lixer sur l’état cultural de notre champ et à servir de base pour toutes les opérations ultérieures. F “Une fois cette base établie, il est permis, si l'on . n'envisage que l'à peu près, de régler sa ligne de _ conduite et de tenir sa comptabilité culturale d’une + de facon tout empirique, en se servant des résultats déterminés par le champ d'expérience. Nous agirons toujours alors comme si chaque année la même quantité de récolte enlevait tou- jours au sol la même quantité d'éléments fertili- sants. Nous calculerons, en un mot, non pas avec les . chiffres qui représentent la situation réelle de notre exploilation, mais avec ceux qui représentent la moyenne établie par le champ d'essai. Cette manière d'agir est sujette à des erreurs, qui peu- vent, avec le temps, devenir considérables. Si nous voulons procéder en toute sûreté et avec précision, il nous faut employer le champ d'expérience con- tinu. La méthode du champ d'expérience, qui nous a été tout d'abord un moyen d'analyse, nous devient maintenant un moyen de contrôle : c'est seulement appliquée sous ses deux formes qu'elle donne à notre système de culture sa solidité, son caractère scientifique, sarationnalité. Ce champ d'expérience continu doit nous ren- seigner chaque année, pendant le cours de la rota- tion, sur l'état de notre culture ; aussi on l'installe, pour plus de commodité, dans la pièce de terre qui, par sa constitution, répond le mieux à la moyenne des terres de l’exploilalion : au besoin, et si les différences entre les diverses parties de la culture étaient trop grandes, on en installerait deux au lieu d'un. Le plan est le suivant : Essai 14 . , Sans fumure aucune. Essai 2 . . Fumure ordinaire de la ferme : purin, fu- mier. Essai 3 Fumure ordinaire de la ferme + fumure minérale. Essai 4 Fumure ordinaire de la ferme + fumure minérale, à l'exception de l'acide phos- phorique. Essai 5 . . Fumure ordinaire de la ferme + fumure minérale, à l'exception de la potasse. Essai 6 . . Fumure ordinaire de la ferme + fumure minérale, à l'exception de l'azote. La portée des questions que l'expérience esl appelée à résoudre ressort d'elle-même. La plante destinée à l'essai est toujours celle même que l'on doit culliver dans le champ où la surface d'essai se trouve englobée, de sorte que la succes- sion des cultures s’y fait dans l’ordre même de la rotation. Les résultats annuels du champ de con- trôle nous renseignent sur la manière dont chaque plante de la rolation se comporte vis-à-vis de la fumure et nous permettent de corriger au besoin notre manière d'agir, dès l'année sui- vante, pour toules les terres destinées à produire la même récolte. De plus, nous sommes fixés exactement sur la marche de notre exploitation : nous savons si nous avons pris un bon parti en projetant notre plan de culture; nous établissons plus exactement le compte des engrais que nous apportons dans notre sol et de ceux que nous en 130 exportons. Nous sommes sûrs enfin de toujours suivre la voie la meilleure et la plus pratique, parce que la méthode même nous met à l'abri des errements, souvent funestes, de la routine, comme des illusions de la théorie pure. La culture rationnelle, c'est-à-dire une culture procédant en tout avec méthode et critique, laquelle jusqu'ici n'était qu'une illusion, devient donc et peut dès maintenant, comme le pense Wagner, être appelée une réalité. Wagner conçoit sa réalisa- tion par la collaboration, en pratique, du cultivateur et du savant-agronome, la Station agricole mettant la plus grande partie de son activité au service direct de la culture. C'est ce qui se passe aux environs de Darmstadt. Le cultivateur (ou le cercle agricole) fait étudier par la Station les engrais nouveaux parus dans le commerce, ou, plus géné- ralement, ceux qu'il désire employer, afin d’être renseigné sur leur valeur et les particularités de leur action. Il lui demande, en outre, d'installer des champs d'expérience dans son exploitation et d'en rer pour lui les conclusions : il attend, en un mot, de la Station une direction scientifique. Ce dernier point est tout particulièrement pris en considération par Wagner; il est impossible qu'une Station agricole fasse plus dans ce sens qu'on ne fait à Darmstadt, où les procédés et la facon d'agir du Maitre peuvent ici encore servir de modèle. Et cependant la chose présente un inconvénient: la Station ne peut qu'établir le champ d'expérience et en contrôler les résultats : elle ne peut pas le surveiller, c’est-à-dire se charger des soins d'entretien et de eulture, qui sont laissés à l'exploitant. Or, cette circonstance peut devenir particulièrement importante. Il est de toute néces- silé, pour la sûreté de l'expérience, de répartir également sur loules les parcelles les différents facteurs qui exercent leur influence sur la produc- tion de la récolte. Si, par exemple, on laisse pousser l'herbe abondamment, où si on ne donne pas à la terre les facons à temps, les parcelles fumées se comportent tout de suite autrement que les par- celles non fumées, ét la précision que gagne le champ d'expérience entrepris par la Station elle- même, est contrebalancée par les erreurs inhé- rentes à ce même procédé. Enfin, il n'est pas toujours possible, à cause de la distance, de confier à la Slalion le soin d'établir le champ d'expérience. CH. GRIÈRE — LA CULTURE RATIONNELLE ET LES MÉTHODES DE WAGNER Le cultivateur aura donc toujours intérêt à acquérir personnellement la compétence nécessaire pour organiser l'essai lui-même (c'est le désir même de Wagner, qui, dans ce but, a réduit le champ d'expérience à des conditions aussi simples que possible), sous la surveillance de la Station ou du professeur d'Agriculture. Ce sera surtout le cas de la grande culture industrielle : là où il y aura un laboratoiré et un chimiste pour l'usine, on réalisera une économie considérable si l’on emploie le champ d'expérience comme moyen d'analyse des terres et comme contrôle scientifique d'une exploitation rationnelle. IV Un séjour d'études pratiques à Darmstadt nous a inspiré l'idée de faire connaitre au publie français toute l'originalité el l'importance des méthodes qui y Sont écloses depuis vingt ans et qui, malheureu- sement, ne sont peut-être pas encore assez divul- guées. Car, énorme, sans doute, est l'influence que les idées et les recherches mises au jour ou exé- cutées par Wagner sont appelées à prendre dans l'avenir de la culture. Cette science culturale, dont l'éminent agronome a été l'iniliateur et le principal artisan, représente la plus importante application des méthodes chimiques à l'Agriculture; elle a été faite en vue de la culture intensive au moyen des engrais arlificiels; elle correspond done surtout aux besoins de notre époque, où la culture intensive est presque partout celle qui s'impose; mais elle conservera toujours une portée universelle. Quelles que soient les condilions économiques qui se dressent pour la culture dans l'avenir, en admettant même que la question de l'azote change de face et que l'investigation chimique cède le pas aux pro- blèmes bactériologiques, lorsque ceux-ci auront recu une solulion pratique pour le cultivateur, la méthode d'exploration agricole innovée par Wagner ne laissera pas de subsister, Jusqu'au moment où celte méthode aura été reconnue et praliquée universellement, on ne pourra pas dire qu'il ne reste plus de progrès techniques à réaliser en Agriculture et que l'exploi- lation rationnelle du sol est un fait accompli. Charles Grière, Chimiste à la Fabrique de Sucre de Ratisbonne (Bavière). — ANALYSES 1° Sciences mathématiques ôppl (D' Aug.). — Vorlesungen ueber technische Mechanik; Ensrer Baxp : Einfuehrung in die Mechanik (zweite Auflage), À vol. in-8 de xiv- … 422 pages avec 96 figures dans le texte. (Prix: 10 mk.) Zwerrer Ban : Graphische Statik, 1 vol. in-8 de x-452 pages avec 166 figures dans le texte. Prix : 12 mk.) DrirtTer Bano : Festigkeitslehre zweile Auflage), 1 vol. 1n-8 de xvin-512 pages avec … 79 figures dans le texte. (Prix: 12 mx.) Teubner, _ éditeur. Leipzig, 1902. - Le traité de Mécanique technique de M. Füppl est - cerlainement l'ouvrage le plus important qui ait paru sous ce titre depuis uve dizaine d'années. Le succès - qu'il a rencontré dans les milieux intéressés doit être attribué, d’une part, à la forme simple et originale de . J'exposé, d'autre part, au choix heureux que l’auteur a … su faire dans les méthodes et les applications d'une - utilité directe dans la pratique. L'ouvrage complet comprend quatre volumes : I. In- troduction à la Mécanique; Il. Statique graphique; - III. Résistance des matériaux ; IV. Dynamique. — Les - volumes I, IL, IV ont déjà été présentés aux lecteurs de - la lievuc. Cela nous dispensera d'analyser à nouveau … Jes tomes I et III, qui viennent de paraitre en seconde édilion, et qui, saut quelques développements et addi- tions, correspondent entièrement à la première édition. En mème temps que la seconde édition allemande, il à paru une édilion francaise de la /tésistance des mate- l'iaux. Le tome II, consacré à la Statique graphique, à paru en dernier lieu. Il se rattache étroitement au premier et au troisième volume, et mériterait, au même litre que ce dernier, d'être publié en langue française. Les sept chapitres que comprend cet ouvrage peuvent être groupés en deux parties. La première, embrassant les trois premiers chapitres, est consacrée aux pro- blèmes fondamentaux de la Statique : composition et décomposition des forces agissant dans un même plan; polygone funiculaire ; composition et décomposition des forces dans l’espace. Ces problèmes sont étudiés en ayant principalement recours aux méthodes graphiques. L'auteur insiste tout particulièrement sur les propriétés du polygone funiculaire. Le rôle important que jouent ces propriétés ressort, d’ailleurs, dans la seconde partie, qui a pour objet l'étude des principaux systèmes de poutreset de fermes. L'auteur examine les types les plus importants en se limitant d'abord aux systèmes stati- quement déterminés. Le cas des systèmes stalique- -ment indéterminés est présenté dans le chapitre con- sacré à l'étude de la déformation élastique. Le dernier chapitre contient un intéressant apercu de la théorie des voûtes cylindriques et des voûtes sphériques. Chaque m… chapitre se termine par des problèmes numériques - destinés à initier l'étudiant aux applications les plus _ usuelles. Ces diverses théories et leurs applications sont expo- sées dans un ordre méthodique, bien approprié au but —. de l'ouvrage. L'auteur s’est borné aux considérations théoriques les plus importantes, et, pour çe qui est des #s applications, aux problèmes d'un caractère général. …— Les méthodes spéciales aux diverses branches de la —. Mécanique appliquée n'ont pas été prises en considé- __ ration. y M. Füppl a évité la forme systématique sous laquelle on présentait autrefois la Slatique graphique et qui s’appuyait presque uniquement sur la Géométrie pro- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX co per BIBLIOGRAPHIE ET INDEX jective. Dans la résolulion des problème:, il fait inter- venir tantôt les propriétés géométriques, tantôt le cal- cul, suivant la nature des questions. En procédant ainsi, il se place au point de vue sous lequel les ingénieurs envisaseut de nos jours la Stalique graphique. Les techniciens n’ont pas simplement en vue des procédés graphiques utiles à la résolution des problèmes qui se présentent dans l'étude de l'équilibre des forces; ils demandent à la Statique graphique de leur fournir, en outre, des méthodes simples pour la détermination des efforts qui se produisent dans les constructions, cette détermination pouvant être réalisée graphique- ment ou non. En résumé, nous croyons que ce nouvel ouvrage de M. Füppl est, comme les précédents, appelé à rendre de grands services à l'enseignement technique. Il cons- titue un guide précieux pour les étudiants, et, dans une certaine mesure aussi, pour les professeurs et les ingénieurs. Cette petite restriction {S'impose, en effet, par le fait que les indications bibliographiques font entièrement défaut dans les quatre volumes. Cette lacune pourra facilement être comblée dans une nou- velle édition. Il y aurait lieu, en outre, maintenant que le traité complet est terminé, de placer à la fin du der- nier volume une table analytique des matières con- tenues dans les quatre volumes. H. Feu, Professeur à l'Université de Genève. 2° Sciences physiques Kohlrausch(f.), ?résident du Physikalisch-technis- che Reichsanstalt a Charlottenburg, Professeur hono- raire à l'Université de Berlin. — Lehrbuch der praktischen Physik (9° édition). — {1 vol. in-8& de 610 pages avec figures. (Prix cartonné : 10 fr. 75.) B. G. Teubner, éditeur. Leipzig, 1902. Nous avons déjà dit aux lecteurs de la Revue! tout le bien que nous pensions de cet excellent ouvrage; l'apparition d'une neuvième édition plus de trente ans après la première nous ‘montre la faveur dont il jouit auprès des physiciens. Cette dernière édition se dis- tingue des précédentes non pas lant par le nombre des additions que par le soin minutieux avec lequel les données numériques ont été revisées. L'auteur, qui tient à sa disposition l’'abondante moisson de documents amassée par le Physikaliseh-technische Reichsanstalt, y à largement puisé, ainsi, d'ailleurs, qu'à toutes les Sources récentes de mesures physiques, et la valeur propre du livre y à encore gagné. Engelhardt(V.) — Die Elektrolyse des Wassers, ihre Durchführung und Anwendung. | L'ÉLECTROLYSE DE L'EAU ; PRATIQUE ET APPLICATIONS). — 1 vol. in-8° avec 90 figures et 15 tableaux.(Prix : 5 marks.) W.Knapp, éditeur. Halle a/S., 1902. Cette publication est le premier volume d'une série de «monographies sur l'Electrochimie appliquée », dont la Librairie Knapp entreprend l'édition sous la direc- lion de M. V. Engelhardt, ingénieur en chef de la Société Siemens et Halske, de Vienne, avec le concours de nombreux collaborateurs. ù Au point de vue général, il convenait de la signaler à l'attention de ceux qui s'intéressent aux progrès de l'Electrochimie appliquée. { Le sujet traité dans ce premier fascicule est un des plus simples dans cette branche toute jeune de la science 1 Voyez la Revue du là juin 1898, IX, p. 458. + g 438 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Fe CE — fm * à appliquée ; néanmoins, il comporte déjà des développe- ments assez considérables, dont on se rendra compte en parcourant la brochure de M. Engelhardt. — Après une introduction historique, complétée par des indi- cations bibliographiques nombreuses, l’auteur passe sommairement en revue les constantes caractéristiques de l’électrolyse de l'eau, puis donne une description des divers appareils proposés ou employés pour la réalisation industrielle : cette partie est traitée avec tous les détails que comporte le sujet : figures, renvois aux brevets, frais d'établissement et d'exploitation des divers systèmes, description des installations créées, etc. Les procédés électrochimiques de décomposition de l'eau sont ensuite comparés avec les procédés con- currents, permettant d'obtenir l'oxygène et l'hydro- gène, procédés chimiques, liquéfaction de l'air et distillation de l'air liquéfié, ete …. Enfin, dans un dernier chapitre sont passées en revue les principales applica- tions de l'oxygène et de l'hydrogène. On voit qu’on trouve réuni sous un petit volume un ensemble de données et de renseignements disséminés Jusqu'à présent dans des périodiques nombreux. — A cet égard, cette première monographie est des plus intéressantes et fait bien augurer de celles qui suivront. PuiLiPpE A. GUYE, Professeur à l'Université de Genève. 3° Sciences naturelles Molengraaff (D' G.-A.-F.). — Géologie de la Répu- blique Sud-Africaine du Transvaal (Æxtrait du Bulletin de la Société Géologique de France). — 1 broch. in-8° de 92 pages, avec 19 fig. dans le texte, 1 planche de coupes et carte topographique et géo- logique du Transvaal, en couleurs. (Prix : 6 fr) Sociélé Géologique de France, 28, rue Serpente, Paris, 1902. Cet ouvrage donne le résultat des explorations géo- logiques faites de 1898 à 1900 par M. Molengraaff, qui avail été chargé par le Gouvernement de la République Sud-Africaine d'organiser un Service géologique au Transvaal. La guerre ayant malheureusement inter- rompu les travaux au moment où ils allaient donner tous leurs fruits, la carte géologique, qui y est annexce, n'a pu être considérée par l'auteur lui-même que comme une esquisse. Elle apporte cependant une foule de con- naissances nouvelles, et il suffit de la comparer à la meilleure carte géologique antérieure, celle de Hatch : il faut surtout, pour apprécier les résultats consi- dérables obtenus, se reporter à cinq ans en arrière, au moment où nous-même, dans un voyage rapide, voulant donner une coupe géologique des environs im- médiats de Joannesburg, nous étions réduits à nos propres observations sommaires, ne trouvant aucune carte établie. Dans ce Mémoire de M. Molengraaf, plusieurs faits importants, dont les conséquences théoriques et même pratiques, s'ils étaient indiscutables, seraient grandes, sont donnés comme résultant nettement des courses sur le terrain : par exemple, l'identité des couches de Barberton et des couches de Hospital Hill (situées au-dessous des fameux conglomérats aurifères du Witwatersrand); Je rapprochement entre la série du Blackreef et les grès de la montagne de la Table, qui conduit à vieillir ces conglomérats: ainsi encore l’assi- milation de certaines couches aurifères, telles que le Botha’s reef ou le Kleinfontein reef, avec le Main reef: ou l'extension à des régions considérables de la série du Blackreef, regardée par divers autres observateurs, tels que M. Hatch, comme un produit de remaniement restreint; ou l'identification des dolomies de l'ouest avec celles de l’est; ou encore la distinction d'âge —————_ TT * A l'appui de ce travail, M. Mo'engraaff a déposé, à la Collection de Géologie appliquée de l'École des Mines, une série d'échantillons et des coupes inédites. - moindre fossile, absolue établie entre le granit rouge du Boschveld et le: granit ancien du Lageveld, etc., etc. Sur tout ces points nouveaux, qui représentent précisément en grande partie le résultat des efforts de M. Molengraaff, il est bien délicat de se former une opinion absolue à dis- tance, sur la vue de coupes et d'échantillons. La géologie du Transvaal offre, d’ailleurs (malgré certaines commodités tenant au climal), celte difficulté capitale que, dans aucun lerrain, sauf dans le Karroo, on n'a trouvé de fossiles. On en est donc réduit, pour des ter- rains primaires très distants les uns des autres, à des assimilations fondées uniquement sur le facies pétrogra- phique et qui, dans un pays dont l'exploration scien- ülique reste malgré tout sommaire, peuvent être parfois aventurées. Cependant, à la confiance que mérite un géologue très expérimenté, s'ajoute, en résumé, l'impression que ses vues (saut peut-être certaines modifications de détail) expliquent l’ensemble des faits mieux qu'on n'y était arrivé jusqu'alors. C’est done, sans autre observation, la thèse de M. Molengraaff que nous allons nous contenter de résumer. Il divise, d'abord, l'ensemble des terrains du Transvaal en trois systèmes principaux, séparés par des discor- dances : 4° Un système primaire, comprenant les schistes cristallophylliens, quartzites, ete., de Barberton, assimilés par lui à la série de Hospital Hill et du Witwatersrand, dans laquelle sont englobés les conglo- mérats aurifères, regardés en conséquence comme siluriens où précambriens, tandis qu'on les avait rat- tachés autrefois plutôt au Dévonien; 29 Un système du Cap, comprenant : à la base, la série du Blackreef (grès, quartzites, schisteset conglomérats); puis, la puissante formation des dolomies ; la série de Prétoria (argilites et quartzites); enfin, les grès du Waterberg. Les couches de ce système seraient assi- milables : la série du Blackreef avec les grès de la montagne de la Table à Capetown ; la série des dolo- mies avec les coucles du Bokkeveld, où l’on a trouvé des fossiles du Dévonien inférieur; la série de Prétoria avec les couches des Wittebergen dans la colonie du Cap !; 3° Le système du Karroo, divisé en ses termes babi- tuels : conglomérat de Dwyka, schistes d'Ecca, forma- tion charbonneuse du Hoogeveld. Danscette série viennents'intercaler, à divers niveaux, des roches éruptives ou inlrusives : un granite ancien dans le système primaire; des diabases amygdaloïdes et porphyriles, épanchées sur l'étage des conglomérats aurifères ou le recoupant en filons; un massif considé- rable de granite rouge généralement amphibolique, avec syénite à éléolite, syénite à anorthose, et norite à ségré- gations de magnétite, intercalé dans le Boschveld (au nord de Prétoria) dans le système primaire ; enfin des roches éruptives amygdaloïdes et felsophyres, dites du Lebombo, recoupant le Karroo. La série des granits rouges apporte un utile enseignement sur les déplace- ments de strates produits par les masses intrusives et sur le métamorphisme de contact. Les roches posté- uiques au Karroo, dont quelques-unes renferment du diamant, confirment la théorie développée par nous dans nos Diamants du Cap, d'après laquelle le diamant serait un élément original de la kimberlite. Les che- minées diamantées sont, en effet, encaissées ici dans les couches primaires de la série de Prétoria, ne ren- fermant aucune parcelle charbonneuse, dont la cristal- lisation aurait pu fournir ce diamant. M. Molengraaff a rattaché la description des gites mélallifères au terrain qui les renferme, même lorsque 1 Cette assimilation entre des terrains qui, pour la plu- part, ne présentent aucune analogie pétrographique, alors que l'une des deux séries comparées na pas fourni le doit nécessairement inspirer quelques réserves. La discordance entre la série du Blackreef et celle du Witwatersrand est difficile à comparer, sans preuves absolues, avec celle qui fait reposer les grès de la montagne de la Table sur les schistes de Malmesbury. observations à ce sujet peuvent être inléressantes à signaler. Ainsi l'on a trouvé des filons de pegmalite à - cassitérite, avec monazite, dans le granit du Swazie- land. Puis, la série de Barberton renferme de nombreux lons-couches de quartz aurifère, plus ou moins rami- fiés, plus ou moins disloqués. Cetie série, nous l'avons vu plus haut, a été assimilée à celle du Witwatersrand en se fondant sur l'existence, dans les deux, d'un - même groupe caractéristique de quartzites et jaspes à - magnétite et sur la superposition, dans les deux cas, _à ces deux séries, de dolomies analogues, surmontées à leur tour par la série de Préloria. Si l’on adopte ce rapprochement, on voit que la grande majorité des ewents aurifères du Transvaal, ceux de Barberton et ceux du Witwalersrand, seraient environ du même àge : les uns, représentant des épanchements filoniens, à peu près contemporains du dépôt; les autres, des Hépots sédimentaires de précipilation chimique. Plus la connaissance du pays devient complète, plus l'on est conduit à renoncer à l'hypothèse primitive, a’après laquelle les conglomérats aurilères du Witwatersrand seraient un simple placer primaire, résultant de la destruction de filons aurifères, dont on ne retrouve aucune trace. Cette série de Barberton contient égale- - ment quelques filons-couches de stibine, de pyrite cui- wyreuse et de cinabre. Au-dessus de l'étage des conglomérats aurifères, - vient, on le sait, en discordance, dans le centre du -synclinal du Witwatersrand, une curieuse formation de remaniement, dite série du Blackreef, qui a donné - lieu à de grands déboires par l'irrégularité des chemi- - nées, ou shoots, aurifères qu'elle renfrrme. M. Molen- . graalf assimile à ces dépôts, qui ont là seulement une quarantaine de mètres, la formation des grès de la . montagne de la Table et toule une série de grès et schistes ardoisiers, formant une zone continue de la région de Barberton à celle de Pieter-bourg. . Puis vient la formation de la dolomie (ou Olifants _ Klip), remarquable par ses groties, abîmes, pertes de - rivières, etc., et par le rôle qu'elle joue dans l’hydro- - graphie de la résion. A la base de celte dolomie, se - pré-enie, dans un mince niveau schisteux, une zone - très fréquemment charsée de pyrite de fer aurifère avec manzanèse, qu'on retrouve aussi bien vers Lydenbourg que vers Malmani et d’où proviennent quelques belles pépites d'or, bien que l'exploitation en soit ordinaire- - ment peu fructueuse. On y observe également, entre Prétoria et Marico, des filons-couches plombifères, intéressants à rapprocher pour leur allure de gisements de plomb et zinc, encaissés dans tant d’autres pays en . de semblables dolomies. Enfin, l'intrusion de la série plutonienne du Bosch- veld dans le système du Cap a amené des dislocations considérables, accompagnées de nombreux filons mé- tallifères : sidérose avec cuivre gris argentifère, galène, cobalt, cuivre, etc. j Le mémoire de M. Molengraaff renferme encore nombre d'observations, que nous n'avons pas ici la - place de signaler. Mentionnons seulement la démons- tration très nette du caractère glaciaire des conglomé- rats de Dwyka et des couches d'Ecca à la base du Karroo : . démonstration venant à l'appui des observations sem- . blables, faites sur des conglomérats du même âge dans - l'Inde (Talchir) ou en Australie. L. De LauNay, Ingénieur:en Chef des Mines, Professeur à l'Éco'e Supérieure des Mines. Tison (Adrien), Chef des Travaux à la Faculté des Sciences de Caen. — Recherches sur la chute des feuilles chez les Dicotylédones. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Caen). — 4 broch. pet. in-4° de 205 pages, avec T planches. Impr. Lanier. Caen, 1901. . Le but du travail de M. Tison est l'étude anatomique » des modifications qui s’accomplissent dans la région d'insertion des feuilles avant et après leur chute. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 439 ces gisements sont en filons. Quelques-unes de ses | Dans l'étude de ce phénomène, l’auteur distingue : 4° le détachement; 2° Ja cicatrisation. Le détachement est produit par une couche spéciale, la couche sépara- trice, qui se différencie peu de temps avant la défolia- tion. Contrairement à l'opinion classique, cetle couche n’est pas toujours d’origine méristématique ; elle dérive tantôt de tissus primaires, tantôl de eloisonnements secondaires. 2. Le détachement se fait par un décollement des cellules à l’intérieur de la couche séparatrice. Les parois des c2llules décollées se transforment en mucilage avant la séparation. Les cellules qui bordent la couche séparatrice s’accroissent longitudinalement de manière à vaincre bientôt la résistance des vaisseaux ligneux et libériens. Si le veut et la gelée viennent à point, ils accé- lèrent le phénomène. 2. La cicatrisalion se manifeste par un regain de vi- talité localisé dans le coussinet et la couche sépara- trice. £ Dans le parenchyme cortical, il se forme des Lissus de cicatrisation, qui résultent du recloisonnement des tissus primaires avec ligno-subérification ou sclérifi- cation des membranes. Sous ces lissus, il se forme un liège cicatriciel. L'état définitif de la cicatrisation est assez semblable dans les différents types étudiés; ce qui les diversilie surtout, c’est l'époque de la réaction cicatricielle dans ses différentes manifestations. D'une manière générale, le cloisonnement cellulaire des tissus parenchymateux primaires se fait toujours avant la délolialion et avaut toute autre différenciation cicatricielle; mais toujours les faisceaux conducteurs sont respectés tant que lu feuille reste altachée. Enfin, dans les faisceaux libéro- ligneux, les tubes criblés sont écrasés ou lignifiés, les vaisseaux sont obstrués, parfois de très bonne heure, soit par des thylles, soit par de la lignine gommeuse. Dans les feuilles composées, la chute des folioles se produit comme nous venons de le dire pour la feuille. Toutefois, les tissus cicatriciels y sont beaucoup moins développés. E. DEcrock, Chef des Travaux à l'Institut de Botanique de Montpellier. Arthus (Maurice), Chef de Laboratoire à l'Institut Pasteur de Lille. — Eléments de Physiologie. — 1 vol. 1n-16 de 874 pages, avec fiqures dans le texte (Prix, cartonné toile : 8 fr.) Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1902. On retrouve dans les Æléments de Physiologie de M. Arthus la clarté et la précision qui sont les qualités dominantes de cet auteur et qui caractérisent si heu- reusement ses travaux. Il y a plus que de simples éléments dans ce livre de plus de huit cents pages de texte serré, trop serré peut-être, car on eût été heureux d'y trouver un plus grand nombre de dessins et de schémas. Ce sont là choses à ne pas négliger, soit diten passant, quand on écrit un livre pour les étudiants. Ce livre, nous dit l’auteur dans sa préface, est un résumé fidèle de l’enseignement physiologique qu'il a donné pendant quatre ans à l’Université de Fribourg. Cet enseignement dut être excellent, à le juger par son résumé. Le but que se proposait l’auteur élait « non seulement de faire connaître des faits, mais encore et surtout d'indiquer l'importance relative, l’enchainement et la signification des faits d'expérience ;.… avant tout, de développer chez ses élèves l'esprit scientifique expé- rimental ». Développer l'esprit scientifique expérimental, c'est, en effet, ce à quoi doit tendre essentiellement (j'allais dire uniquement) tout professeur de Physio- logie. Il faut, pour cela, un mélange de qualités didac- tiques, de critique avisée et d'expérience, que me parait posséder parfaitement M. Arthus. L On voil, à la lecture de son livre, que ses exposés reposent sur une base d'expérience personnelle solide et précise, et c'est ce qui, à mon sens, constitue l’origi- nalité foncière de ce traité. Sobre dans la discussion des opinions, l'auteur nous met en siluation de juger BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX nous-mêmes, par l'exposé des fails, des résultats expéri- mentaux mélhodiquement présentés. On sent que ce livre d'enseignement a été longuement pensé et müri dans le laboratoire. Le plan et la division de l'ouvrage surprennent un peu de prime abord. Par exemple, on se demande pourquoi l'étude de la digestion commente brusque- ment à la page 147 et se termine à la page 252, alors qu'on est obligé d'aller chercher l'étude des aliments et de la ration alimentaire à la page 540, en passant par la respiration, les fonctions du rein, l'origine des graisses, la glycogénie, la chaleur animale, les glandes sudoripares et les produits de désassimilation azotés. J'avoue que je ne saisis pas la raison de cet ordre, ou plutôt de ce désordre apparent. D'autre part, systéma- üiquement M. Arthus supprime les noms d'auteurs. On ne saurait certes lui en faire un grief bien sérieux. En général, les élèves oublient les noms aussitôt qu'ils les ont lus. Cependant il me paraît fâcheux qu'ils ignorent le nom de Cl. Bernard quand on leur parle de la gly- cogénie, celui de Lavoisier quandil s’agit de respiration, et le nom de Pasteur si on parle des ferments. Autre exclusion, trop sévère à mon sens : M. Arthus nous prévient qu'il a voulu garder un silence plus ou moins complet sur les faits anatomiques, histologiques, physiques, chimiques, auxquels le physiologiste doit avoir recours pour élucider les phénomènes qu'il étudie, et qu'on ne doit aborder l'étude de la Physiologie qu'après avoir acquis les notions élémentaires. C'est évident; n'empêche qu'il est des questions qui perdent à ne pas être traitées complètement et quand, dans le chapitre concernant le sang, je me vois renvoyé pour la partie proprement chimique aux traités de Chimie biologique, je trouve que ce chapitre n'est pas complet et que celte lacune est regrettable. Rien n'est plus difficile à écrire qu’un bon manuel de Physiologie. M. Arthus a su vaincre bien des difficultés eta fait œuvre utile. Il termine sa préface en disant trop modestement que les physiologistes de profession ne liront probablement pas ce livre. M. Arthus se trompe certainement, Beaucoup de professionnels le liront avec plaisir et profit, et y trouveront quelque chose de plus que de « très humbles éléments de Physiologie ». J.-E. ABELOUS, Professeur à la Faculté de Médecine - de Toulouse. 4° Sciences médicales Miquel (P) et Cambier (R.), Directeur et Sous- Directeur du Laboratoire de Bactériologie de la Ville de Paris. — Traité de Bactériologie pure et appliquée à la Médecine et à l'Hygiène. — 1 vol. comprenant 1059 pages et 224 fiqures. C. Naud, édi- teur. Paris, 1902. Dans cetimportant Traité de Bactériologie, les auteurs ont exposé successivement : 1° La morphologie, la structure et la biologie des bactéries, ainsi que leur résistance aux agents physi- ques et chimiques; la technique générale de la culture, de Finoculation et de la coloration des bactéries ; 2 L'histoire naturelle et les propriétés des bactéries pathogènes (coccus, bacilles et spirilles), des bactéries Zymogènes, chromogènes et saprogènes; 3° Les applications de la Bactériologie à l'Hygiène : technique et résultats de l'analyse bactériologique de l'air, des eaux, du sol. Ce traité de Bactériologie contient la solution de beaucoup de questions et renferme de très nombreux documents. L'ordonnance très claire le rend facile à consulter. La dernière partie de l'ouvrage, la plus développée, est particulièrement intéressante. La compétence des auteurs, qui ont consacré la plupart de leurs travaux à l'étude des bactéries des eaux, de l'air et du sol, étude si difficile et si passionnante à cause des conséquences pratiques qu'elle entraine, fait de ce chapitre une œuvre très personnelle que chacun consullera avec fruit. L'étude des bactéries contenues dans les milieux naturels est complétée par l'exposé des procédés ac- tuellement en usage pour épurer ou stériliser les eaux de boisson et les eaux résiduaires, pour désinfecter les objets et les locaux souillés par les bactéries. Peut-être les auteurs auraient-ils dû se permettre un peu plus de crilique scientifique ? La Bactériologie est arrivée aujourd'hui à un degré de complication ex- cessif; les espèces microbiennes ont été mullipliées à outrance; il serait utile de simplifier la science en sacrifiant, dans les énumérations et les descriptions, les microbes dont l'individualité n'est point appuyée sur des travaux probants. On regrelle aussi que les auleurs aient omis de signaler certaines espèces bactériennes qui, comme les méningocoques, ont occupé beaucoup l'attention des médecins dans ces dernières années, et cerlains mi- lieux modernes de culture, comme le sang gélosé, qui a donné des résultats si remarquables pour la culture du bacille de Koch, du bacille de Ducrey, du gono- coque, etc. Ces lacunes seront, sans doute, comblées quand les auteurs auront l'occasion de compléter leur traité en y ajoutant une élude des Microm ycètes et des Protozoaires. M. Lagpé, Chef de laboratoire de la Faculié de Médecine de Paris. 5° Sciences diverses Topinard (Paul). — Science et Foi. L'Anthropo- logie et la Science sociale. — 1 vol. pelit in-8° de vi-578 pages. (Prix : 6 {r.) Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1902. C'est une réédition francaise d'articles parus dans la revue américaine le Jourst, de Chicago, qui s’appli- que à concilier la Science et la Religion. Le public francais a d’autres goûts et d’autres habitudes que le publie américain. Il s'intéresse moins à ce genre de questions, tout en élantaussi curieux et aussi impatient de connaitre le « dernier cri » de la Science que le publie américain. Aussi le livre de M. Topinard lui paraîtra-t-il un peu trop sérieux. Et cependant, combien de choses pourrait-il y apprendre, qu'il ignore cerlai- nement ! Citons au hasard en feuilletant le livre : Les propriétés du protoplasme, la fonction de reproduction et son évolution, la famille chez les Vertébrés, les sociétés animales, l’évolution des sociétés, les types sociaux, la science sociale ou Sociotechnie, l'étendue des pouvoirs de l'Etat, la transformation du moi animal en moi social, les nations égoistes et les nations altruis- tes, etc, etc. Tout cela est fort intéressant, mais un peu en dehors de la question principale qui figure en tête du volume, et qui n’est traitée que dans un chapitre. La conclu- sion de l’auteur est que la Science et la Foi ne peuvent se concilier, car elles s'adressent aux facultés diffé- rentes, raison et sentiment, et ne parlent pas le même langage. D'ailleurs, ce qui est plus intéressant dans le livre de M. Topinard, c'est l'exposé de la filiation de la vie depuis le protoplasma chez les Monères jusqu'à l'homme, et de la genèse des sociétés. Cette partie de l'ouvrage est traitée avec vigueur et sûreté. La partie consacrée à la « Sociotechnie » nous a paru plus sujette à réserves. Elle traite, en effet, de « ce que peut ou doit être la société de nos jours, en tenant compte, dans la limite du possible, des données de l'expérience et de la . raison ». En somme, ouvrage intéressant à lire et qui J. DENIRER, fait réfléchir. Bibliothécaire du Muséum d'Histoire naturelle- (4. "Da Séance du 1% Avril 1902. - M. le Président annonce le décès de M. A. Cornu, membre de la Section de Physique. . 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Painlevé donneune nouvelle démonstration, à la fois directe et élémentaire, lu théorème fondamental de la théorie des fonctions abéliennes. Elle ne repose que sur les principes clas- ques de la théorie des fonctions uniformes d'une variable. — M. de Bussy étudie la résistance due aux agues satellites, et démontre les deux théorèmes sui- ants : 4° Sur un navire de formes appropriées à la plus grande des vitesses considérées, la résistance due ux lames satellites croit comme la sixième puissance de la vitesse; 2° R étant la résistance due à l'entretien “les vagues satellites sur un navire G à la vitesse V, pour obtenir la résistance analogue R, pour la même vitesse Sur un navire C, dont on a dérivé la carène de celle de € en agrandissant les ordonnées transversales dans le rapport X, il faut multiplier R par le facteur 2°. 20 SGENCES PHYSIQUES. — M. G. Sagnac décrit le prin- cipe d’un nouveau réfractomètre interférentiel, qui “présente dans certains cas des avantages sur celui de M. Michelson. — M. P. Janet montre que l'arc chan- tant de Duddell fournit un moyen remarquable d'ob- {enir, au moyen d’une force électromotrice continue, “un courant alternatif. — M. B. Eginitis a étudié les variations du spectre des étincelles avec la self-induc- lion du circuit. Les spectres des métaux qui donnent de petites quantités de vapeurs s'éliminent ou diminuent “l'intensité lorsqu'on augmente la self-induction; au contraire, les spectres des mélaux très volatils restent et augmentent d'intensité. — M. J. Thovert à observé que, si l'on fait diffuser une solution d'un acide addi- fionné d'un autre électrolyte vis-à-vis d’une solution “de cet électrolyte additionnel, on constate que ce der- “nier corps, réparti primitivement d'une facon uniforme ans tout le liquide, se concentre en certains points pendant les premiers temps de l'expérience. Ce résul- “iat s'explique fort bien par la théorie de Nernst. — M. Berthelot conclut, d'une série d'expériences, que les forces électromotrices, souvent considérables, qui sont développées par la réunion d’un grand nombre “léléments de piles, constituées par des réactions simples de neutralisation ou analogues, ne donnent lieu qu'à des débits insuffisants pour produire des phénomènes d'électrolyse extérieurs appréciables, et notamment susceptibles d'intervenir dans la Chimie hysiologique. Au contraire, on réussit fort bien en aisant intervenir, simultanément aux réactions salines, des réactions oxydantes et réductrices, comparables, à certains égards, aux réactions accomplies au cours des “phénomènes physiologiques. — M. N. Vasilesco-Kar- «pen étudie la réaction magnétique de l'induit des dyna- mos. Il montre que les ampères-tours transversaux ont une influence démagnétisante, présentant un maxi- mum pour une certaine valeur de l'excitation. — M. O. “Rochefort a reconnu que tous les cohéreurs à décohé- Sion spontanée peuvent être ramenés à l'état de cohé- reurs ordinaires en diminuant la pression des contacts imparfaits. — MM. André Broca et D. Sulzer ont déterminé la fonction qui relie la sensation lumineuse ‘au temps pour les divers éclats lumineux compris entre celui que donne à un papier blanc un éclairement de 170 lux et celui que donne au même papier un éclai- rement de 3,3 lux. — MM. Dongier el Lesage ont mesuré la résistance électrique (en moyenne 95 à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES > = ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET + DE L'ÉTRANGER 100 ohms), l'indice de réfraction (de 1,346 à 1,351), et le pouvoir rotatoire (de 1014! à 2011") des sérums sar- guins normaux. — M. de Forcrand montre qu'on peut déterminer assez facilement la composition des hy- 4 drates de gaz au moyen de sa formule F — 30, dans laquelle Q est la chaleur de formation de l'hydrate solide à partir du gaz et de l'eau solide, et T! la tem- pérature absolue pour laquelle l'hydrate à une tension de 760 millimètres. — M. Guntz a déterminé la cha- leur de formation de l'hydrure de strontium à partir de ses éléments (438,4 cal.) et les tensions de dissocia- tion de ce composé. — M. Duboin à préparé diverses combinaisons de l'oxyde de chrome avec l'alumine, dont il a déterminé la composition en enlevant loxyde de chronie non combiné par fusion avec le chlorate de potasse. —- M. Arnaud à obtenu, par transposition de l'acide cétoxime-laririque, un mélange d'acides « et 8- amidotaririques; ce mélange, traité par HCI fumant, donne, d'une part, de lundécylamine et de l'acide pimé- lique, d'autre part, de l'acide laurique et de l'acide e- amidocaproique. — M. Fr. March a étudié le diacétyl- benzoylméthane. Il se combine à lhydroxylamine et à la phénylhydrazine pour donner dès isoxazols et des pyrazols. Par déshydratation, il forme de l'acétylmé- thylphénylfurfurane, qui se combine avec l'ammo- niaque pour donner un phényl-2-acétyl-4-méthyl-5- pyrrol-1. — M. M. Tiffeneau à préparé le méthoëthé- nylbenzène par déshydratation du diméthylphénylear- binol. 11 bout à 160°-162°, donne par hydrogénation de l'isopropylbenzène et, par oxydation, de l'acétophé- none, de l'acide formique et de l'acide acétique, — M. C. Marie à préparé l'acide oxyisopropylphosphi- nique H“PO*.C'H"O en oxydant l'acide isopropylhypo- phosphoreux par le chlorure mercurique. fond à 1750. — M. V. Gignard à reconnu qu'en présence des com- binaisons organo-magnésiennes : 1° l'éther acétylacé- tique réagit uniquement sous sa forme énolique ; 2°ses dérivés monoalcoylés se présentent vraisemblablement comme un mélange des deux formes cétonique el énolique; 3° les produits de condensation des aldé- hydes avec l'éther acétacétique possèdent la formule de Claisen. 3° SCIENCES NATURELLES. — M.G. Carrière a employé l'huile de foie de morue lécithinée dans le traitement du rachitisme chez des enfants. Dans tous les eas, elle semble avoir arrêté ou guéri la maladie dans un laps de temps de # à 6 mois. — M. M. Laffont a constaté que, suivant que l’arsenic est uni à { ou à 2 groupes méthyle, sa toxicité varie de 1 à 5. D'autre part, parmi les dérivés substitués des carbures benzéniques, le groupe qui masque le plus complètement la toxicité de l'hydrocarbure et de son dérivé phénolique est le groupe SO*H. — M. G. Loïsel signale de nouveaux faits à l'appui de l'idée que, chez toutes les classes des Vertébrés, les cellules séminales dérivent d'un épi- thélium glandulaire. — M. G. de Saint-Paul à étudié la faune ichtyologique du bassin de l’'Adour. Comparée à celle de la Garonne, cependant voisine et issue de la mème chaîne de montagnes, elle présente des diffé- rences profondes. — M. H. Hua démontre que la liane connue sous le nom de Zygodia axillaris doit être con- sidérée comme un Baïssea et prendre le nom de Bais- sea axillaris. Séance du 21 Avril 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Humbert expose quelques conséquences arithmétiques de sa théorie de la multiplication complexe des fonctions abéliennes. 412 — M. G. Tzitzeica à trouvé une classe de surfaces qui admettent une déformation continue, avec conservation d'un réseau conjugué, autour de l’une de leurs lignes asymptotiques. — M. J. Guillaume communique ses observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pd int le quatrième trimestre de 1900. La surface des taches a augmenté : :le S groupes de facules ont augmenté tant en nombre qu'en étendue. — M. de Bussy à vé- rifié les lois qu'il à données de la résistance due aux va- gues satellites par des essais faits sur un modèle de navire el par les résultats des essais du Guichen et du Co- lumbia. —M.Rabutatiré, de cinqannées d'expériences sur les constructions en béton armé, les lois suivantes : 1° La solidarité des parties d’un ouvrage à une influence prépondérante sur la déformation de chacune; 2° Il n°y a pas d'effets secondaires dans les armatures; 3° Les efforts dynamiques dans le béton armé sont faibles; 4° La résistance du béton est beaucoup moindre à la ten- sion qu'au cisaillement; 5° Toute charge non encore atteinte produit une déformation permanente; 6° La déformation est élastique sous les charges déjà attein- tes; 7° La flèche élastique croit plus rapidement que la charge. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Macé de Lépinay in- dique une nouvelle méthode pour la mesure optique des épaisseurs, basée sur l'observation de franges des lames mixtes combinée avec celle de franges des lames paral- lèles. — M. Th. Tommasina à constaté que la conduc- tibilité des diélectriques liquides et solides semble augmenter également sous l'action de la radio-activité. — M.M. Berthelot a observé de nombreux phénomènes de polarisation voltaique dans les piles à liquides; ils sont dus généralement à la formation d'une atmosphère d'hydrogène au pôle négatif. — Le même auteur signale quelques procédés destinés à constater l'action électro- lytique d'une pile. — M.-P. Vignon à obtenu des ima- ges négatives d'objets en relief saupoudrés de poudre de zinc; la poudre de zinc agit, en effet, sur la plaque pho- tographique, et les reliefs donnent des impressions plus énergiques que les creux. Il à également réalisé des images négatives en faisant agir des vapeurs ammonia- cales sur des linges imprégnés d'aloès. — M.R. Fosse, en faisant réagir le brome sur le naphtyloldinaphtoxan- thène, a vu ce dernier se scinder en bromonaphtol-1:2 et en hypobromite de dinaphtoxanthoxonium. — M. R. Marquis, en décomposant par l’eau chaude lacétine de l'acide nitrosuccinique, a obtenu de l'acide acétique, de l'acide azoteux et la dialdéhyde fumarique, qui n'a en- core pu étreisolée de sa solution aqueuse. — M.L. Lin- det a étudié la transformation du pain sec en pain ras- sis. La tendance de la mie à lémiettement résulte de ce que, au moment de la cuisson, les folioles des grains d'amidon éclatés s'enchevêtrent et forment une masse dont la ténacité et l’onctuosité disparaissent dès que l'amylodextrine a rétrogradé, que l’'empois est devenu moins muqueux, que le grain s'est raccorni et que la masse contractée présente des fissures, des solutions de continuité. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. E. Rabaud eslime que, d'une facon générale, toutes les variations possibles du milieu peuvent déterminer des anomalies. Le résultat sera, suivant le cas, un état tératologique ou un état pathologique ; mais, dans l’une et Pautre occurrence, le mode d'action est très différent. — M. E. Bataillon à constaté que les œufs vierges des Amphibiens sont mis en mouvement par la chaleur comme par les solutions plasmolysantes; les œufs montrent des blastomères nucléés et des cytoblastomères; dans les zones en pleine activité, il y a des karyokinèses normales ou anormales, des cylasters et des divisions de cytasters. MM. M. Caullery et F. Mesnil ont étudié le Fecampia erythrocephala, découvert par Giard chez certains Crustacés décapodes, et le Fecampia Xantho- cephala, nouvelle espèce trouvée par eux-mêmes chez l'Idotea neglecta. Les Fecampia constituent les plus dégradés des Turbellariés connus. — M. H. Coutière à rencontré un type nouveau de Rhizocéphale, qui vit à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES l'état de parasite et en grand nombre sur les A/pheus; il le nomme Thylacoplethus. — M. L. Guignard à étudié l'appareil sécréteur des Danieilia et a découvert | dans le bois même des canaux sécréteurs fort nom- breux qui paraissent avoir échappé à M. Heckel. — M. L. Lepoutre à cherché à produire expérimenta- lement des races parasites de plantes au moyen de Bactéries banales en cultivant ces dernières sur des végétaux dont la résistance avait été amoindrie. M. F. Wallerant admet que, dans tous les corps cris- tallisés, il existe un parallélipipède jouissant des pro- priétés suivantes : une particule complexe exerce sur un point situé soit sur un côté, soit sur une diagonale, soil sur une diagonale d'une face de ce parallélipipède, une action parallèle au rayon vecteur du point. Pour tout point situé dans une face ou dans un plan dia- gonal, l'action se trouve dans la même face, mème plan diagonal, Ce parallélipipède, qui possède la même symétrie que la particule complexe, est la forme primitive du corps cristallisé, — M. A. Brives à étudié la constitution géologique du Maroc occidental. Les terrains primaires et secondaires s'y retrouvent avec le même facies et les mêmes caractères qu'en Algérie. — M. R. Verneau signale les récentes décou- vertes qui ont été faites dans les grottes des Baoussé- Roussé, près de Menton. On y à trouvé des instruments du type moustérien et deux squelettes représentant un type nouveau, serapprochantbeaucoup dutypenégroide. — M. R. Zeiller à fait de nouvelles observations sur la flore fossile du bassin de Kousnetzk (Sibérie). Cette flore doit ètre attribuée sans hésilation au Permien; elle est étroitement alliée aux flores permiennes nor- males de l'Europe et de l'Amérique du Nord, dont elle ne se distingue guère que par la présence de quelques types particuliers, tels que les Phillotheca. Louis BRuxeEr. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 15 Avril 1902 M. le Président annonce le décès de M. H. Rendu, membre de l'Académie. — M. A. Robin à constalé que l'imprégnation de l'organisme par les préparations mercurielles n'empêche pas le bacille d'Eberth d'infec- ter les tissus et n’atténue pas sa virulence, Aussi, à part quelques cas particuliers, les préparations mercurielles ne peuvent être d'aucun secours chez les typhiques. — M. L. G. Richelot signale deux faits cliniques remar- quables à Fappui du procédé de gastro-entérostomie en Y pour dyspepsies rebelles, préconisé par Roux (de Lausanne). — M. Piéchaud donne lecture de trois observations sur les sujets suivants : 4° abcès intra-tho- racique ancien du sommet du poumon gauche, résee- tion des 2° el 3° côtes et guérison; 2 œæsophagotomie externe pour corps étranger ; ; 3° encéphalome. Séance du 22 Avril 1902. le Président prononce l'éloge de M. H. Rendu, récemment décédé. Séance du 29 Avril 1902. M. le Président annonce le décès de M. Filhol, mem- bre de l'Académie. — M. A. Gautier communique les résultats du traitement arrhénique dans les fièvres palustres. Les fièvres palustres de l'automne et du prin- temps, même celles qui sont le plus rebelles à l'action de la quinine, disparaissent sous l'action du méthylar- sinate sodique. L'arrhénal, comme la quinine, agit à la facon d'un véritable spécifique, détruisant rapidement dans le. … l'hématozoaire de ces maladies. M. Laveran pense que « la quinine doit rester le médicament de choix du palu- disme ; l'administration prolongée donne, presque tou= jours, des résultats excellents. — M. A. Laveran pré- sente, au nom du D' Troussaint, un stéthoscope nouveau qu'il nomme diéchoscope parce qu'il utilise l'audition biauriculaire pour percevoir deux sons, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 12 Avril 1902. _ MM. Gilbert et Herscker ont observé une hyperco- -loration du sérum dans la néphrite interstitielle et dans la ligature expérimentale des uretères; la cause de ce fait paraît être dans l'imperméabilité rénale qui en- traîne la rétention du pigment normal du sérum. — M. Ch. Féré a observé à l'approche de l’aimant un relè- vement rapide et souvent colossal du travail ergogra- phique. — M. A. Laveran à examiné de nombreuses préparations de sang de malades atteints de fièvre jaune, et n'y à jamais trouvé de bacilles où d'héma- zoaires ; l'agent de la maladie serait donc un microbe invisible. — M. F. Terrien à éludié le mode de cica- trisation de la capsule du cristallin après l'opération de cataracte. — M. L. Cuénot : La loi de Mendel et l'h6- rédité chez les souris (voir p. 399). — M. L. Léger : Sur la structure et le mode de multiplication des Flagellés du genre Herpetomonas (voir p. 399). — M. M.-E. Gellé constaté que la contraction énergique d'un muscle ui enlève une partie de sa conductibilité pour le son. — MM. R. Lépine et Maltet ont observé que la phlo- hdzine favorisait l'élimination du chlorure de sodium ar le rein ; on constate également de l'hyperchlorurie dans la glycosurie consécutive à l'ablation du pancréas. -— MM. Billard et Dieulafé ont reconnu qu'on peut maintenir très basse, pour des dilutions très grandes, la tension superficielle de la bile à là condition d'ajou- ter des sels minéraux. — M. J. Butza à oblenu un Sérum humain rigoureusement spécifique en faisant au lapin des injections intra-périlonéales de sérum pleu- élique humain centrifugé. — MM. Boy Tessier el A. Rouslacroix ont fait quinze analyses de sérosités d'ædèmes; il n'y pas lieu d'admettre une composition moyenne pour ces liquides, qui varient énormément. Le liquide d’æœdème qui séjourne longtemps dans le tissu … cellulaire s'appauvrit en chlorure de sodium et s'en- richit en glucose, urée et acide phosphorique. — .M. Wlaeff à étudié l'action des différentes humeurs “de l'organisme sur les Blastomycètes. Le liquide d'as- cite a la propriété de les dissoudre. — MM. J. P. Lan- glois et A. Loir ont constaté l'immense supériorité de l’'anhydride sulfureux sur l’anhydride carbonique dans la destruction des rats et des insectes nuisibles. —— MM. G. Linossier et G. H. Lemoine ont utilisé les “sérums précipitants à l'étude de certaines albumi- nuries pour rechercher la nature de l'albumine qui se trouvait dans l'urine. — M. A. Frouin à observé que, “chez des animaux privés d'estomac et chez lesquels il “ny à pas de digestion gastrique des albuminoïdes, lablation de la rate ne produit que des troubles pas- sagers dans la digestion de ces matières. M. E. Gley pense qu'on pouvait prévoir d'avance le résultat de l'expérience précédente, mais qu'elle ne prouve pas, “néanmoins, que la rate n'a aucune influence sur la écrétion du pancréas. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 8 Avril 1902. . MM. H. Verger et J. Abadie ont étudié graphique- ment les réflexes plantaires. — M. L. Gentes a étudié les nerfs et les terminaisons nerveuses de l'utérus. Les “(troncs nerveux abordent le canal utérin soit isolés, soit en compagnie de vaisseaux dont ils présentent la dis- position hélicine. Après s'être anastomosés entre eux au-dessous du péritoine, ils pénètrent dans le muscle “ulérin; ce dernier est extrèmementriche en filets ner- veux. — MM. À. Verger et E. Soulé ont constaté “que, dans la mort par hyperthermie, les altérations des cellules nerveuses sont pour la plus grande part des “lésions encore réparables, très analogues à celles de Vanémie expérimentale. — M. J. Chaine a étudié la constitution de la région sus-hyoïdienne chez les Ver- Lulébrés en général. Il y a reconnu cinq muscles : le = ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | 413 mylo-hyoïdien, le génio-hyoïdien, le génio-glosse, le digastrique et le transverse jugulaire, SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du # Avril 1902 (suite). M. G. Weissmann étudie l'éclairage par lampes à 1n- candescence à filaments de carbone et le système écono- miseur Weissmann- W ydts. Le rendement lumineux des filaments de 100 à 200 volts, généralement utilisés sur les réseaux de distribution d'énergie, est inférieur de beaucoup au maximum absolu de rendement lumineux que l’on peut tirer des filaments en carbone. Dans les limites des intensilés lumineuses courantes, 5, 40 et 16 bougies, ces filaments de 100 à 200 volts sont extré- mement fins; le diamètre du filament de la lampe de 100 volis-5 bougies est même le minimum de diamètre que l'on puisse atteindre, puisque les lampes de 100 volts inférieures à 5 bougies sont irréalisables. Or, il existe une relation bien marquée entre le rendement lumi- neux et le diamètre des filaments. En prenant pour type la courbe de variation d'intensité lumineuse avec la durée d'une lampe déterminée, celle des lampes de 110 volts-16 bougies fonctionnant sur courant de dis- tribution par exemple, on n'obtient une courbe sensi- blement identique avec les lampes d'intensité lumi- neuse inférieure qu'en les faisant fonctionner pour la lampe de 110 volts-10 bougies à 4 watts par bougie, pour la lampe de 110 volts-5 bougies à 5 watls par bougie. La même courbe s'obtient, au contraire, pour les lampes d'intensilé supérieure avec une consomma- tion bien moindre : 3 watts seulement pour la lampe de 110 volts : 32 bougies 25 — — — 110 — 50 — 1,8 à 2 — = HOT Ces chiffres font ressortir très nettement que pour une tension définie, 410 volls par exemple, le rende- ment lumineux le plus grand correspond au filament élabli pour l'intensité lumineuse la plus élevée, c'est-à- dire au filament le plus gros. M. Weissmann explique comme suit la cause de la différence de rendement entre les filaments fins et les filaments gros dont le diamètre ne dépasse pas l'épaisseur limite da rayon- nement du carbone. Les filaments rayonnant, ainsi qu'il est acquis, par leur masse, leur rendement ne dépend que de leur température moyenne. Or, ce qui limite le degré d'incandescence d'un filament, c'est uniquement sa température extérieure, puisque c'est à l'extérieur seulement que peut se produire la désa- grégation, siège du bombardement moléculaire. Mais, à égalité de température extérieure, c'est-à-dire à égalité de risques de désagrégation, la température moyenne des filaments fins est approximativement égale à celle de Ja périphérie : la température moyenne des fila- ments gros est, au contraire, d'autant plus élevée que le diamètre est plus gros, la température croissant elle-même du bord au centre du filament. Il rappelle aussi que le volant de chaleur que présentent les fila- ments gros donne à ceux-ci une supériorité sur les filaments fins. Le système économiseur imaginé par M. Weissmann, en collaboration avec M. Blondel, doit être envisagé comme un système permettant de se ser- vir, sur les réseaux de distribulion et quelle que soit la tension de distribution, de filaments gros, c'est-à- dire à rendement élevé pour les lampes d'intensité lumineuse courante. Il consiste à interposer, entre chaque groupe de lampes et l'interrupteur d'allumage qui commande directement ce groupe, un fout pelit transformateur qui abaisse la tension de distribution au degré voulu, l'interrupteur étant disposé sur le pri- maire du transformateur de manière à retirer celui-ci du circuit en même temps que les lampes. La tension de distribution étant abaissée, on peut ainsi substituer, par exemple, à des lampes de 110 volts-10 bougies à filaments fins, consommant 4 watis par bougie, des lampes de 10 bougies, de 22 volts, dont le filament est 141 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES le cinquième du filament de 110 volts-50 bougies, et ne consommant comme celui-ci que 2, 5 watts par bougie au lieu de 4 watts. On peut aussi, par ce système, em- ployer des lampes dont le filament est, par exemple, le cinquième d'un filament de 440 volts-5 hougies, c'est- à-dire de 22 volts-une bougie, alors que les lampes de 110 volts inférieures à 5 bougies sont irréalisables. M. Weissmann reviendra ultérieurement sur la question des petits transformateurs qu'il a établis tout spécia- lement pour ce système et qui, quoique de dimensions très réduites, 40 cm ><10 cm X5 em à 6 em, ont un excellent rendement variant de 91 à 97 p. 100 pour des puissances de 30 à 300 watts seulement. Il fait observer que ce système ne peut produire de décalage, attendu que les petits transformateurs employés travaillent toujours à pleine charge et sont retirés du circuit en même temps que les lampes qu'ils desservent. Plusieurs milliers de lampes sont déjà installées à Paris sur le principe de ce système et donnent depuis 8 mois déjà d'excellents résultats. Séance du 18 Avril 1902. M. le Président annonce le décès de M. A. Cornu, membre et ancien président de la Société. — M. le Secrétaire général Hit un Rapport sur l'Exposition or- ganisée par la Société les # et 5 avril. — M. P. Sacer- dote présente les recherches qu'il a faites, en collabo- ration avec M. Ledue, sur la cohésion des liquides. 11 rappelle tout d'abord l'expérience bien connue de Taylor, Gay-Lussac, etc. : un disque de verre étant suspendu horizontalement sous un plateau d'une ba- lance et équilibré, si l'on amène en contact avec sa face inférieure une surface d’eau, elle y adhère. Mettons ensuite des poids P dans l'autre plateau de la balance; le disque se soulève, entraînant avec lui une petite colonne d'eau; pour des poids suffisants cette colonne atteint 5 à 6 millimètres, puis se rompt, une mince couche d'eau restant adhérents au disque. Dans bon nombre de Traités classiques, cette expérience est in- terprétée d'une facon complètement erronée; on dit, bien à tort, que les poids P donnent une mesure plus ou moins imparfaite de la cohésion du liquide, cohé- sion qui est ainsi évaluée à quelques décigrammes par centimètre carré, c'est-à-dire équivalente à une colonne de quelques millimètres d’eau. M. Sacerdote montre qu'en realité la cohésion du liquide n'intervient en rien dans celle expérience, qui réussirait aussi bien avec un liquide entièrement dénué de cohésion. Cette expérience étant la seule invoquée dans les Traités comme preuve de la cohésion des liquides, la question restait donc entière: Y a-t-il où n'y a-1-il pas cohésion et, si oui, quel en est l’ordre de grandeur? Le simple fait qu'une corde, une tige métallique fixée à sa partie supérieure ne se rompl pas malgré son poids met en évidence la cohésion des solides: de même, pour résoudre celle question de la cohésion des liquides, il suffisait de réaliser une colonne d'eau soutenue par sa partie supérieure, MM. Leduc et Sacerdote sont parve- nus à ce résultat par deux méthodes différentes qui seront décrites ailleurs : Ascensions capillaires dans le vide et Baroméètres tronqués. Par ces deux procédés, ils Sont arrivés à réaliser des colonnes d'eau de 0®,20, 1%,30 et finalement plus de 5 mètres, soutenues par leur sommet, par suite dans un état de tension et ce- pendant parfaitement continues. Dans une dernière expérience, une colonne de quelques centimètres d'eau, toujours fixée à sa partie supérieure, put supporter, sans se rompre, la traction exercée par une colonne de 0%,90 de mercure, c'est-à-dire une traction équiva- lente à plus de 12 mètres d'eau. En outre, contraire- ment à ce que l'on aurait pu supposer, l'équilibre de ces colonnes liquides est tellement stable qu'il est nécessaire, pour le rompre, de faire vibrer énergique- ment le tube en le frottant avec les doigts enduits de ‘Il s'agit, bien entendu, de la cohésion intérieure et non de la cohésion superficielle, colophane : on est donc encore très loin de la Limite decohéesion®. Toutes ces expériences sont repétées avec succès devant la Société. M. Sacerdote termine en in- diquant que cette grande valeur de la cohésion des w liquides conduit à modifier la théorie de l'écoulement M par gouttes. M. Guillaume voit, dans une expérience de M. Berthelot, répétée plus récemment par M. Worthing-. ton, une confirmation des évaluations de MM. Leduc ei Sacerdote concernant la force Cette expérience consiste à enfermer, dans un tube de verre que l'on scelle à la lampe, une certaine quantité d'eau qui le remplit presque complètement. En chauf= fant le tube, on fait disparaitre le vide restant. Si l'on. refroidit au-dessous de la température à laquelle 1e remplissage parfait a été obtenu, le tube reste plein, l'eau étant alors soumise à une traction qui va en croissant à mesure que la température s’'abaisse. Lors- que l'écart est devenu suffisant, il se produit un claque- ment sec, etun vide apparait en un point du liquide. Connaissant l'écart entre la température de remplis- sage et celle à laquelle la séparation s'est produite, en même temps que la dilatation thermique de l'eau et sa compressibilité, on peut calculer la traction à laquelle" l'eau a été soumise. Une vérification est donnée par la . mensuration de la bulle, où par la détermination du volume extérieur du tube, tandis qu'il est soumis à la. par exemple, dans le cas de l'alcool éthylique, la rupture | traction intérieure M. Worthington à obtenu, pour une traction de 17 atmosphères. Le coefficient d'extensibilité était sensiblement le même que le coeffi-, cient de compressibilité dans les limites de Æ12atmos- phères et — 17 atmosphères. M. Osborne Reynolds à étudié de son côté la cohésion des liquides par un pro cédé fondé sur la force centrifuge. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 11 Avril 1902. M. Bouveault indique le procédé employé par lui pour préparer la tétrachlorhydroquinone, réaclif avan- lageux pour la caractérisation des acides gras. Il em- ploie le chloranile commercial, mélangé de sels et de diverses quinones chlorées.1lles purilie par dissolution dans l'acide nitrique fumant et une distillation de quel: ques instants dans la vapeur d'eau. Les cristaux jaunes restant sont un mélange de trichloroquinone et de chlo= ranile. En les dissolvant dans l'acide acétique et satu- rant la solution d'acide chlorhydrique, on transforme là trichloroquinone en tétrachlorhydroquinone. Le produit ainsi obtenu, oxydé par l'acide nitrique fumant, fournit du chloranile pur; réduit par le chlorure stanneux eb l'acide chlorhydrique bouillant, il donne la tétrachlo- rhydroquinone pure.— M. Auger à étudié les hydrates et lanhvydride arséniques. Il à constaté que, loin de former les nombreux hydrates décrits jusqu'ici, l'acide arsénique ne forme que le composé (AsO*H*)H°0 et l'hydrate obtenu par Joly As*O7H#ASO®H. 1 lui à été impossible d'obtenir AsSOfH$, AS*O7H# et AsO*IT décrils par Kopp. De plus, lanhydride arsénique fondu n'est Jamais pur et contient toujours de l'anhydride arsé-, nieux en proportions variables, de 20 à 60 ‘/, environ: — M. Haller présente une note de M. Arnaud sur l'acide taririque, et une note de M. J. Minguin: lro- priélés cristallographiques des benzylidène-méthyl- eb éthylsalieylidène et anisalcamphres et leurs produits de réduction. — M. H. Moissan, en collaboration avee M. Smiles, à déterminé la formule du nouvel hydrure de silicium qu'ils on découvert. C'est bien SPH, corres- fr pondant à l'éthane, — M. Béhal présente une note de M. Cardoso Pereira sur le coefficient d'impuretés des ‘ Cette limite est probablement équivalente à plusieurs centaines de mètres d'eau, comme cela semble résulter d’un raisonnement théorique approximatif: cela serait du reste eu accord avec l'expérience de M. Berthelot sur la dilatation … forcée des liquides, de cohésion de l'eau. aux-de-vie, et une note de M. A. Collet : Action de hydroxylamine sur quelques dérivés halogénés de la -methylphénylcétone. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES J.-H. Vincent : La Densité et le Coefficient d'expansion cubique de la glace. — Après un comple rendu des méthodes employées par de précédents expé- rimentaleurs, l'auteur rappelle les vues de Nichols, d'après lesquelles deux espèces distinctes de glace ont été soumises à des expériences. Le poids spécifique de la glace artificielle est d'environ 0,916 gramme par ntimètre cube, tandis que celui de la glace naturelle t supérieur de plus d'un millième. L'auteur donne deux tables: la première montre tous les résultats qui ont élé publiés sur la densité et le coefficient de atalion cubique de la glace; la seconde donne les jèmes résultats, tablés séparément d'après la variété de glace employée. Le résultat moyen pour la densité de la glare natu- ‘elle au point de congélation est de 0,9176, tandis que lui de la glace artificielle est de 0,9162. L’estimation la glace naturelle est seule profitable. On trouve 0001125 pour le coefficient cubique par degré C. La m…moyenne des résultats utiles pour la glace artificielle est de 0,000 160. L'auteur a pensé qu'il serait désirable d'employer une méthode d'expérience qui donnerait un résultat la fois pur la densité et pour le coefficient de dilatation cubique; et, afin de douner plus de valeur à n travail, il a usé d'un moyen différent de ceux mployés auparavanL. - La méthode consiste à peser une certaine quantité Veau dans le mercure. L'eau a élé pesée à la fois comme liquide à 0° C. et comme solide à plusieurs lempératures au-dessous du point de congélation. Si nous supposons connues les densilés de l’eau et du mercure à 0° C., la densité de la glace à 0° peut alors re calculée, en supposant aussi que les densités de glace et du mercure sont des fonclions linéaires de la température. Le coefficient d'expansion cubique de glace peut aussi être déduit de ces résultats; mais il pendra de la loi supposée pour la contraction du mercure et de la précision du thermomètre. Au lieu de se servir d’un plongeur pour maintenir 8 récipient contenant l'eau et la ulace au-dessous de surface du mercure, on a employé une modification e la balance hydrostatique de Joly. Dix valeurs de la ensité de la glace à des températures différentes au- sous de 0° C. ont été obtenues de cette facon. Il y avait quatre spécimens d'eau et leurs températures Variaient de —10°,02 à —0°,37 C. Dans une expé- ence, les valeurs obtenues montrent sans s’y mé- prendre que le même spécimen d'eau peut avoir des densités différentes en se congelant. Les dix valeurs de la densité ont été figurées comme fonction de la éempérature sur un diagramme, et une méthode gra- ïhique a été employée pour les extrapoler pour cinq leurs de la densité à 0° C. Ces cinq valeurs ont des poids désignés proportionnellement au nombre de déterminations séparées de la densité de laquelle elles “dérivent. Voici les nombres et les poids ainsi obtenus : DENSITÉ À (°C. POIDS EXPÉRIENCE 0,916335 RS EL SO TITAGD EPL A0 016180) , … - (0.915540 . . . - 1 0,916060 0,960 OT = C2 19 N + N) N 2 LE £ On obtient ainsi 0,9160 gramme par centimètre cube } comme poids spécilique de la glace à 0° C. … Voici les quatre valeurs pour le coefficient de dila- Lialion cubique qui peuvent êlre déduites de ces résul- | lats: Le Poids spécifique moyen. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES = ess (13 COEFFICIENT EXPÉRIENCE de dilatation cubique 4 0,000155 LES 0,000152 3. 0,000153 4, 0.000148 Moyenne . 0,00014S Les résultats de celle recherche sont de maintenir la valeur de Nichols pour Ja densité de la glace arti- ficielle; mais, puisque le même spécimen d'eau peut se congeler en spécimens (le glace ayant une densité différente, l'emploi du calorimètire à glac- de Bunsen dans les déterminations ab-olues doit être limité à une exaclitude d'environ un millième. SOCIETE DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 11 Avril 1602. M. R. A. Lehfeldt présente un appareil de chauffage électrique, consistant en un tube rempli d'eau, portée à l’ébullition par le passage de l'électricité dans un til de platine qui y est immergé. — M. Grant expose un appareil pour mesurer les tensions de vapeur. Le liquide est introduit dans le vide d’un baromètre à siphon, placé à côté d’un autre baromètre du même genre; les deux extrémités supérieures de ces baro- mètres sont entourées par un bain qui peut être port® à une température quelconque. Le niveau du mercure dans les deux branches ouvertes est alors amené à la même hauteur. La tension de vapeur est alors donnée par la différence de niveau dans les tubes fermés. — M. J.N. Morris décrit une expérience montrant l'em- ploi des rayons cathodiques dans des recherches sur les courants alternatifs. Le déplacement d'une tache lumi- neuse formée par un faisceau de rayons sur un écran luminescent, déplacement dû à la variation du champ magnétique, peut permettre de déterminer par compa- raison la valeur d'un courant. — Le même auteur fait ensuite une expérience sur l'accroissement des cou- rants électriques dans un circuit inductif. — M. Croft présente quelques appareils et dispositifs utiles pour l’enseignement, puis une lampe électrique dont le fila- ment est dans un seul plan et qui peut servir pour des travaux d'optique. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE MANCHESTER Séance du 7 Mars 1902. M.J. H. Lester passe en revue les diverses méthodes employées pour la prise des échantillons de pulpe de bois, le séchage de celle-ci et la détermination de l'humidité qu'elle contient. — M.J. H Lester décrit un collecteur de gaz perfectionné qu'il obtient en ajus- tant un robinet à trois voies avec des tubes d’un milli- mètre de diamètre au sommet d'un réservoir à mercure de Hempel. — Le même auteur présente une machine pour l’essais de la résistance des fils fins. Au fil à essayer est suspendu un petit récipient dans lequel on fait couler de l’eau avec une vilesse constante ; quand le poids de l’eau a atteint la limite de résistance, le fil casse, le récipient tombe et l'eau s'arrête instan- tanément de couler; on mesure alors la quantité versée. — M. J. H. Lester a, d'autre part, reconnu que l'ab- sorption d'humidité par le coton n’est pas entièrement! due à la cellulose, et que, quoique l'extrait soluble ne s'élève guère qu'à 2 °/,, cet extrait est la principale cause de la nature hygroscopique du coton. — M. D. T. Williams propose la méthode suivante pour la dé- termination volumétrique du manganèse dans les mi- nerais : On dissout le minerai dans les acides, on sépare le plomb par l'acide sulfurique, on oxyde le fer et le vanadium par l'acide nitrique et on titre par une 146 solution de sulfate ferreux ou de sulfate ferreux ammo- niacal, qui réduit le pentoxyde de vanadium en té- troxyde. Les résultats sont bons. SECTION DE NEWCASTLE > du 27 1902. M.J.T. Dunn donne un tableau des densités des solutions aqueuses de chlorure ferreux de diverses con- centralions. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 21 Mars 1902. M. W. von Bezold rappelle la vie et les travaux de Max Eschenhagen, membre décédé. — M. R. Bornstein lit une notice nécrologique sur Hans Bartsch von Sigs- feld. — M. M. Thiesen étudie l’adjonction réciproque des éléments de deux groupes d'après les lois du hasard. — MM. L. Austin el H. Starke communiquent leurs expériences sur la réflexion des rayons catho- diques et sur un nouveau phénomène d'émission secon- qe qui s'y rattache. Voici leurs principaux résultats : ° Lorsque des rayons cathodiques tombent sur une fouille métallique, on obtient dans certaines circons- tances de l'électricité positive sur celle-ci. Cela prouve qu'outre le phénomène habituel de réflexion, il se pro- duit une émission d'électricité négative ; 29 Cette émis- sion d'électricité négative est la c onséquence d'une émission secondaire de particules négativement char- gées, dont la rapidité est du même ordre de grandeur que celle des rayons cathodiques tombants; 3° Cette émission diminue avec la rapidité des rayons catho- diques; elle est indépendante de la pression du gaz; 4° L'émission est d'autant plus forte que le polissage du métal est plus parfait; 5° L'émission est en raison de l'incidence des rayons cathodiques; elle disparait totalement pour une incidence normale. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 13 Mars 1902. 40 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Waelsch a étudié l'application de l'analyse binaire à la mécanique des corps déformables. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Mache suppose que les molécules liquides et les molécules gazeuses sont de pelites sphères liquides et que le travail nécessaire à la volatilisation est constitué simplement par le tra- vail capillaire nécessaire pour séparer les petites mo- lécules gazeuses des molécules liquides plus grosses avec le travail destiné à vaincre la pression extérieure. On peut facilement calculer ce travail capillaire, et l’auteur arrive ainsi à des formules pour la chaleur de volatilisation et la tension de vapeur, qui concordent avec celles de Houllevigue et de Lord Kelvin, basées sur la Thermodynamique, et qui constituent ainsi une justification de son hypothèse. Inversement, au moyen de ces formules, on peut calculer le rayon des molé- cules d’eau et de vapeur; le rapport de ces rayons est d’une constance re marquable. — M. K. Worel a fait d'intéressantes expériences sur la photographie en couleurs naturelles sur papier. Des mélanges de cou- leurs organiques sensibles à la lumière (c'est-à-dire décolorées peu à peu par elle), par exemple : rouge, jaune et bleu, donnent, lorsqu'ils sont exposés à des rayons de lumière colorée, les couleurs des rayons qui tombent à leur surface, à condition que ces mélanges soient bien préparés et que la durée de l’action soit suffisante. Le groupe des huiles essentielles renferme des substances qui augmentent très fortement la sen- sibilité à la lumière des matières colorantes organiques sans moditier ces couleurs mêmes; par évaporation on peut détruire cette sensibilité. Enfin, sels de cuivre fixent jusqu'à un certain point les ma- tières colorantes qui ont subi laction de la lumière contre l'influence ultérieure de cette lumière, — M.R. Seanct Février ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES les solutions de Kremann à observé que les acétates présentent des différences faibles, mais sensibles, de la vitesse de saponilication. Ainsi, les valeurs pour le glucose sont plus faibles que pour le galactose; pour le malto elles sont plus petites que pour le lactose. — M. ] Meyer à éludié la préparation et les propriétés l'x-c on — M. A. von Pecsics à constaté que l’allocinchonine réagit comme une combinaison hydroxylée vis-à-vis du chlorure de benzyle et de PCF; ce corps est très probablement une base double» ment tertiaire. — MM. Zd. H. Skraup el R. Zwerger ont reconnu que l’allocinchonine, oxydée par l'acide chromique, fournit les mêmes produits d'oxydation que la cinchonine, avec cette seule différence qu'à la place du méroquinène, il se forme une base isomère, que les auteurs nomment alloméroquinène. — MM. J: Herzig el K. Eisenstein apportent la preuve de la position ortho-para dans les éthers dialkylés de la mé thylphloroglucine. Si, à partir de Péther monométhy lique ou monoéthylique, on prépare, par alkylatione subséquente, les éthers mixtes méthyléthyliques, les deux substances obtenues ne sont pas identiques, ce qui est contre la position diortho et en faveur de 1 position para-ortho des deux groupes alkyloxy. MM. J. Herzig et H. Kaserer ont reconnu que la tri= bromophloroglucine, sous l’action des alcalis dilués, perd tout son brome et donne du dioxydicétopentamé thylène ; avec l'amalgame de sodium, il y a élimination de l'halogène et régénération de la phloroglucine. M. H. Kaserer, en chlorant les éthers de la phloro glucine dissous dans le tétrachlorure de carbone, à obtenu les produits chlorés normaux. — M H. Mo: lisch a recherché la présence du magnésium dans les végétaux. Parmi les réactions microchimiques, celles” qui se sont montrées les meilleures et qui doivent être recommandées particulièrement sont celles qui con duisent à la formation de Mg(AzH')PO'+6H*0. 0 obtient les meilleures précipitations lorsque les sub stances réagissantes sont dans les proportions exacte où elles se combinent. Les vapeurs d'ammoniac gazeux permettent de déceler les moindres traces de Mg ets d'acide phosphorique coexistantes. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. J. Wimmer exposë ses recherches sur la mécanique du corps humain et animal et son influence physiologique sur le dévelop pement de PERTE — M. R. Sturany présente ses recherches sur la faune des Mollusques dé l'Asie Mi neure. — M. E. von Marenzeller à étudié les Anné= lides du sud du Japon. — M. F. Teller communique les études géologiques qu'il a faites sur les couches traversées par le percement du tunnel de Karawanken — M. F. Kossmat communique des recherches ana logues faites pendant le percement du tunnel de Woch heimer. — M.J. A. Ippen présente ses recherches sur quelques roches filoniennes de Predazzo. Il les divise en wmélanocrates eC leucocrates. Aux premières appartiennent les RARES les mélaphyres, les porphyriltes à augite et à plagioclases. Les secondes comprennent des porphyres à monzonite, des aplites granitiques et des roches à néphéline. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 29 Mars 1902. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. C. Kluyver. Séries de polynômes. Suite (voir Rev. gén. des Sciences, t. XIII, p. 364). Déduction d’autres régions de conver gence qui se sont présentées aussi dans les recherche de M. Borel. Nouveau développement de are tang x Construction d’une série de polynômes réellement cons vergente en tout point x de l'étoile de M. Mittag-Leffler, n'admettant une convergence infiniment lente qu’er des points des rayons de cette étoile. — M. J Cardi naal : Sur le mouvement de systèmes variables. Suite: (voir Aev. gén. des Sciences, t. XIII, p. 36#). Ici l'aus teur fait connaitre plusieurs onstructions où entre no | seulement la direction, mais aussi la grandeur des û esses des points du système. Ses résullats s'accor- ent avec ceux obtenus récemment par M. L. Burmes- ; il y a seulement divergence de démonstration. — _J. de Vries : Lignes droites sur des surfaces droites multiples. Une surface S* d'ordre 7 à une ite / de multiplicité 7—2 contient 5n—#4 couples de ites simples coupant /; pour n > 8, elle peut être menée par quatre droites, croisant la droite donnée /. a surface S#+v+1 à droites m, n de multiplicité pv, admettant 2uv + u +vy—1 droites simples, s'appuyant ibn, u. La surface S2+%+v à droite /, m, n de mul- plicité À, u, v. Etude de plusieurs cas particuliers. — : L. Gegenbauer (de Vienne) : Ueber Integrale die ssel schen Functionen enthalten. (Sur des intégrales ontenant des fonctions de Bessel). Extrait d’une lettre essée à M. Kapteyn où il s’agit de généralisations de aelques résultats de M. Kapteyn. o Sciences paysiques. — M. J. D. van der Waals : stèmes ternaires. Suite (voir Rev. géi. des Sciences, Fig. 1. XIII, p. 402) de la communication précédente, où il gissait de l'application du principe de continuité aux tèmes ternaires. Etude approfondie de la forme pré- e des courbes isobares, donnée par la figure 1, où IMNO représente une courbeisobare, S le point de hissement, etc. Ensuite, l'auteur s'occupe de la relation mire le volume, la composition et la température pour phases coexistentes d'un système ternaire. Enfin an der Waals présente au nom de M. J. J. van r: Sur l'asymétrie de la courbe électro-capillaire. auteur parvient aux résultats suivants : 4° Un examen inulieux de l'électromètre capillaire démontre que la Uon entre la tension superlicielle y et la charge w la couche double par unité de surface, ordinaire- t donnée sous la forme y —w%— kw?, doit être : %o — Aw — (4 + Bju?; 2 Les coefficients A et 6 dädmettent des valeurs différentes à mesure que la charge est négative ou positive; 3° La courbe électro- billaire se compose donc de deux branches de para- es, dont la moitié ascendante est plus raide que la üé descendante; 4° La moitié ascendante admet maximum ; 5° Ainsi s'expliquent toutes les particu- Lités de la courbe dont on ignorait jusqu'à présent la ACADÉMIES ET SOCIËTÉS SAVANTES = = 1 raison ; 6° L’électromètre capillaire de Lippmann ne se prète pas à une détermination exacte des différences de potentiel entre un métal et un électrolyte. — M. H. W. Bakhuis Roozeboom : Sur la lusion de meé- langes binaires fixes par refroidissement. Les phéno- mènes qui se présentent quand des mélanges passent d'un état à un autre sont ordinairement beaucoup plus compliqués que ceux qui accompagnent le passage cor- respondant d'une matière simple. Ainsi, de temps à autre, on trouve des exemples où les trois élats se pré- sentent entièrement où partiellement en ordre inverse. L'exemple le plus ancien est celui de la condensation rétrograde, où une substance binaire sous une pression croissante se transforme d’abord de vapeur en liquide et ensuite de liquide en vapeur. Un renversement pareil chez des mélanges ternaires de liquides à été observé par M. F. H. Schreinemakers; lorsqu'on les évapore ces mélanges précipitent d’abord une substance fixe, qu'ils redissolvent ensuite. On peut considérer de la même facon les recherches communiquées récem- ment par l’auteur (Æev. gén. des Sciences, L&. XI, p- 470) sur les solutions de sels à deux points d'ébulli- lion, où il s'agissait de faire bouillir une substance en la refroidissant; l'auteur fait connaitre un exemple encore plus typique où un mélange binaire passe à l'état solide par refroidissement pour redevenir fluide pour une certaine partie par un refroidissement pro- longé. Le mélange binaire se compose d'azoxyanisol et d'hydroquinone. — Ensuite M. Roozeboom présente au nom de M.J. Myers : Sur la décomposition de l'azo- tate de mercure par échauflement. — M. Th. H. Behrens : Sur la détermination micro-himique des al- kylamines. — M. C. A. Lobry de Bruyn présente au nom de M. J. J. Blanksma : Sur la bromuration et la nitration dans la série aromatique. Suite de la communication précédente (Rev. gén. des Sciences, t. XIII, p. 219) contenant un extrait d'un mémoire qui paraîtra dans le Recueil. — M. H. Kamerlingh Onnes présente, aussi au nom de M. H. HE. F. Hyndmann: {sothermes de gaz à deux atomes et leurs mélanges br- naires. Suite (pour la première partie, voir ARev. gén. des Sciences, 1. XIN, p. 391). IT : La détermination de densités avec des piézomètres à volume variable pour des températures basses; 7° les expériences; 8° calcul des expériences : le volume normal, déterminations dans le cas de pressions plus fortes ; 9° constantes né- cessaires dans le calcul. IN : Les isothermes de l'oxy- gène aux températures de 20, de 14596 et de 0° C.; 10° but des recherches à la température ordinaire ; 11° données; 42 détermination du volume normal ; 13° et 14° déterminations sous des pressions plus fortes aux températures de 20°, de 15°6 et de 0°. IV : La compressibilité de l'hydrogène aux températures de 0° et 20°, déterminée à l’aide de piézomètres à volume variable pour des températures basses ; 159 but des recherches; 16° mesures avec de l'hydrogène ; 17° com- paraison du manomètre avec les manomètres étalons. — Ensuite M. Onnes présente au nom de M. W. H. Keesom : Contributions à la connaissance de Ja surface % de van der Waals. NI. L'accroissement de la pression par la condensation d’une substance mélée à une petite quantité d'une autre substance. — M. H. A. Lorentz: La rotation du plan de polarisation des corps en mou- vement. Dans son Essai d'une théorie des phénomènes électriques et optiques dans les corps en mouvement, l'auteur s’est occupé de la propagation de la lumière à travers des corps transparents, se mouvant avec une vitesse constante p dans l'éther supposé en repos, ense demandant si ce mouvement peutinfluencer les divers phénomènes optiques. Cette question resta indé- cise quant à la rotation du plan de polarisation dans les substances optiquement actives ; mais l’auteur put déduire en partie, à l'aide de certains principes généraux (la forme linéaire des équations, l'isotropie et la reversibilité des mouvements), la relation entre la force électrique € et le moment électrique M ; seu lement, à côté du coefficient j faisant connaître la rota= 118 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE | tion du plan de polarisation dans le milieu en repos, la formule obtenue contenait encore un second coefti- cient #4, qui ne se présente que dans le cas d'une trans- . lation, et la valeur de cette quantité s'opposait à toute détermination. L'équation en question était : G— où +7 Rot. M + X[M. y], de manière que la rotation du plan de polarisation par unité de longueur s'élevait à : 2r — ul?) ou à 6° à mesure que le milieu est en repos ou qu'il y à une translation dans la direction de l'axe des x, et que la lumière se propage dans la même direction. Dans son étude « Aether and Matter », M. Larmor, de Cambridge, parvient à un résultat différent. D'après ce savant, la théorie mène à la conclusion qu'une translation “influence pas la rotation du plan de polarisation; d'après lui, cette divergence des résultats est due à une erreur commise par M. Lorentz. De son côté, M. Lo- rent(z, au contraire, maintient ici, après une investiga- lion nouvelle, les formules que nous venons d'indiquer. D'après lui, les formules de M. Larmor se réduisent à celles-ci, en y posant £— 0, de sorte que M. Larmor se trompe en croyant que le montant de la rotation ue contient pas la première partie de l'expression citée, qui dépend de p, Cela posé, l'auteur s'occupe de deux questions particulières, en rapport avec un milieu se trouvant en de- conditions déterminées très simples. D'abord il démontre que, mème avec ses suppositions simplifiantes, il se présente une rotation du plan de polarisation; ensuite il discute le mécanisme de ce mouvement. — M. H. G. van de Sande Bakhuyzen pré- sente, au nom de MM. W. H. Julius, J. H. Wilterdink et A. A. Nyland, le Rapport provisoire de FExpédi- tion néerlandaise à Karang Sago (ile de Sumatra), pour l'observation de l'éclipse du Soleil du 18 mai 1901. Après une introduction faisant connaître les travaux préparatoires, la distribution du travail, l'accident arrivé à M. Wilterdink, qui, le 3 mai, se cassa le radius du bras droit en tombant d'un échafaudage, etc., les auteurs s'occupent : 1° des coronagraphes; 2° des spec- trographes; 3° des observalions physiques et 4° des observations faites en plusieurs lieux par des ama- teurs. — MM. H. Haga communique, aussi au nom de MM. J. D. van der Waals, H. A. Lorentz, H. Kamer- lingh Onnes, un rapport ayant trait à la construction de paratonnerres sur les nouveaux bâtiments pour le Musée d'Histoire naturelle à Leyde. — M. P. Zeeman lit, aussi au nom de M. Haga, un rapport sur un mé- moire de M. E. Engelenburg : « Zur täglichen Variation des Erdmagnelismus » {Sur la variation diurne du ma- gnélisme terrestre). Première partie (déclinaison). 3° SCIENCES NATURELLES. — M. H. J. Hamburger, en collaboration avec M. E. Hekma : Sur le suc intesti- pal de l'homme. Jusqu'à présent, la littérature ne men- lionne que trois cas d'examen du suc intestinal de l'homme (Demont en 1879, Tubby et Manning en 1892, Nagano en 1902). En général, ces recherches n'ont pas mené au but, parce qu'elles n'ont pas fait trouver à quoi sert l'humeur sécrélée par les centaines de ‘mil- liers de glandes lieberkühniennes. Les auteurs com- muniquent ici un quatrième cas {rès remarquable qui s'est présenté chez une personne sécrélant par une fistule des quantités considérables de suc intestinal. Les résultats de leurs recherches peuvent être résumés de la manière suivante : 4° Le suc intestinal examiné ne jouit pas de la propriété de digérer à lui seul de l'albumine et de la graisse ; au contraire, il transforme, mais seu- lement à un degré minime, l'amidon ; 2° Quoique le suc intestinal n'exerce qu'une influence très faible sur les matières nutritives ordinaires, il se montre d'uné action assez forte quand il collabore avec la sécré- tion pancréalique. Par l'addition de suc pancréatique, extrait d'une glande récemment découpée, à de l'albu- mine coagulée, on n'apercoit pas la moindre trace digestion; seulement cette digestion se montre imm diatement si l'on y ajoute encore du suc intestinal, à lui seul inactif. L'explicalion de ces résultats se prés sente d'elle-même, si l'on suppose que dans la glande pancréatique le ferment qui transforme l’albumine, c'est-à-dire la trypsine, ne se trouve pas encore sous forme de ferment, mais dans une phase préalable, inacz tive elle-même, le zymogène, et que c'est le suc intes= final qui en libère le ferment, Ainsi l’on obtient en même temps une solution de la question, posée déjà plusieurs fois : comment le zymogène formé dans I glande pancréatique est-il transformé en ferment actif, transformation qu'on attribuait tantôt à la rate tantôt à l'acide du suc gastrique; 3° Le suc intestinal perd la propriété dont il est question, en le faisant bouillir où en le chauffant pendanttrois heures à 679 C4 49 M. Pawlow et ses collaborateurs, qui ont fixé l’atten tion sur les influences mutuelles de la sécrétion pan= créalique et du sue intestinal chez les chiens, consk dèrent la matière active du sue intestinal comme un ferment, | «entérokinase ». D'après les auteurs, cette opinion est erronée, cette matière étant plutôt une substance engendrant la trypsine:; ils proposent do l'expression « zymolysine » (matière qui libère l'en zyme) ; 5° Le suc intestinal, le suc pancréatique frais et un mélange de ces deux se comportent de la même manière envers la gélatine qu'envers l’albumine. Ce phénomèn est digne de remarque, la gélatine étant une matière nutritive importante, capable de remplacer tant soit peu l'albumine; 6e Le suc intestinal examiné n'exerce pas la moindre influence sur le fonctionnement des deux autres ferments pancréatiques, le ferment diasta: tique et le ferment qui transforme la graisse, lesquels” sa présentent également dans le suc pancréatique eme ployé dans les expériences; 70 À côté de la zymolysine le suc intestinal contient encore une substance, proba blement un ferment, jouissant à un haut degré de la faculté de transformer l'hémialbumose. La même ma üère, l’érepsine, à été découverte récemment par M. O. Cohnheim dans les membranes muqueuses de intestins de chiens et de chats. La question, posée el laissée indécise, de savoir si l'érepsine ne fonctionn que sur place (intercellulairement) ou après êtm sécrétée dans le lumen des intestins, se décide dans li dernier des deux sens; 8° La zymolysine et l'érepsi sont deux substances différentes. Après échauffement à 59° pendant deux heures, l'action du dernier ferme est détruite, tandis que celle du premier est resté presque intacte; 9° La sécrélion est augmentée par de irritations mécaniques locales des membranes mu queuses des intestins. — M. J. L. C. Schroed! van der Kolk:« Le problème de la houille dans dé Limbourg méridional et les idées de feu M. Staringe L'auteur démontre que le géologue W. C. H. Starin, (décédé en 1877) à émis, il y a quarante ans, des idé assez claires sur la position des couches de charbot de terre dans la partie méridionale des Pays-Bas M. C. Winkler présente au nom de M. J. K. A. Wer theim-Salomonson : « Sur l'ellet comme fonction d temps.» Dans les trois communications précéden (Rev. génér. des Se., t. XIII, pp. 172, 220 et 404), Pau teur à développé la relation entre l'effet d'une irrità tion et sa grandeur, se limitant à des irritations mu mentanées; ici, il expose quelques considérations st la manière dont varie l'effet de moment à moment tout aussi bien dans le cas d'irrilations momentanées, que d'irrilations constantes à longue durée. — Rap port de M.S. L. Schoutensur ses recherches au Jardi botanique de Buitzenzorg en 1901.— M. J. W. Moll p sente au nom de M. J. C. Schoute : « Ueber Zellteilun vorgange im Cambium. » (Sur des procédés de divisio des cellules dans le cambium). P. H. Scnourx. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. DIRECTEUR : $ 1. — Solennités scientifiques Au Laboratoire maritime de Banyuls. — Le 9 mai, a eu lieu au Laboratoire Arago, à Banyuls- Sur-Mer, une cérémonie que présidait M. Liard, membre “de l'Institut, Directeur de l'Enseignement supérieur. Il S'agissait de la translation des restes de M. de Lacaze- Duthiers, qui « a voulu reposer solitaire, dans l’enclos de ce laboratoire qui fut son œuvre de prédilection, au bord de cette mer d'azur dont les fonds mystérieux, riches en formes vivantes, furent si longtemps pour lui un attrait et un enchantement ». Lorsque son cercueil fut placé dans le roc, au lieu marqué par sa main, M. Liard, devant une nombreuse assistance formée Surtout des élèves de lillustre zoologiste, auxquels Sétaient joints les professeurs de l'Université de Barce- one, en un langage d'une belle envolée philosophique méndit hommage à la mémoire du savant, dont l'exis- ence fut noble etutile. Comme il est vrai, ce portrait du « vieux Maitre » que nous trace M. Liard : « La vive et saisissante figure, dit-il, que celle de M. de Lacaze, ët, au fond, qu'elle était attirante, malgré ses brusques Sautes d'humeur et ses subites alternances de confiance ët de soupcon! A le voir pour la première fois, il parais- Sait moins un savant de laboratoire qu'un soldat, un Soldat d'un autre âge, du temps des beaux coups d'épée et des brillantes aventures. De fait, il y eut en lui du batailleur et du conquérant! Inspiré par un amour ja- Joux et sans partage de la science, à laquelle, tout jeune encore, il voua sa vie entière, qu'il servit avec un désin- ressement absolu, lui donnant son cœur, son temps, peine et sa fortune, il avait tout ce qui peut exciter Mhomme dans la poursuite de ses desseins, la flamme, enthousiasme, la sensibilité, la passion, et, comme Ses desseins étaient le produit d'une pensée haute et laire, comme ils étaient confiés à une volonté forte, merveilleusement servie par une activité sans cesse en mouvement, par une intelligence habile à saisir et à isposer les moyens, par une parole tantôt persuasive et tantôt impérieuse, toujours ils finissaient par aboutir, malgré vents et marées contraires. » Tel était l'homme. Voici maintenantle savant : « Scien- tiliquement, M. de Lacaze relève de Geoffroy Saint- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. N° 10 30 MAI 1902 4 Revue générale des Scienc pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Hilaire pour la doctrine, de Cuvier pour la méthode. Du premier, il tient la principale idée directrice de ses travaux : la loi des connexions; du second : la méthode anatomique. Ce n’est pas à dire qu'il n'ait élé qu'un disciple. S'il s'insère en un point donné d'une chaîne dont les premiers anneaux étaient déjà formés, son an- neau est à lui, bien à lui. En ses mains, ce qu'il a recu de ses maîtres se développe et fructilie. Avant lui, la loi des connexions n'élait guère qu'une vue de l'esprit. Avec lui, elle devient vérité d'expérience, et, prouvée par les faits, elle porte sa lumière sur d’autres faits et révèle dans l'ensemble du règne animal des liaisons insoup- connées. Avant lui, à la description par le dehors, telle que la pratiquait Linné, Cuvier avait ajouté la descrip- tion interne, celle que décèle lAnatomie. Avec M. de Lacaze, la méthode anatomique devient plus fine, plus aiguë ; elle s’arme d'instruments plus pénétrants et il en résulte une connaissance plus complète, plus exacte des êtres. Avec lui encore, l'Embryogénie entre défini- tivement dans la Zoologie, et désormais il est acquis que, pour comprendre les formes animales, il ne suftit pas de les voir telles qu’elles apparaissent en leur état adulte, mais qu'il faut les avoir vues en leur devenir et formation. Avec lui encore, le champ de la Zoologie s'agrandit. « Naguère limité aux animaux terrestres et aux plus apparents seulement des animaux marins, il s'étend maintenant à toutes les formes qui vivent au fond des mers, et désormais il est établi que, pour qui veut com- prendre, il n'est pas une de ces formes, même la plus paradoxale, la plus rudimentaire, qui n'ait une im- portance égale à celle des formes qu'auparavant on qualifiait de supérieures. Et cela nous explique toute une partie de la vie et de l’œuvre de M. de Lacaze, pourquoi, au lieu de se confiner dans un laboratoire du Muséum ou de la Sorbonne, il va fouiller l’abime aux Baléares et sur les côtes d'Afrique; pourquoi il se fait coureur de plages; pourquoi il entreprend de fonder des laboratoires maritimes, à Roscoff sur la Manche, à Banyuls sur la Méditerranée. Avec lui enfin — et ce trait lui est propre — les formes anormales deviennent des indices aussi précieux, plus précieux même que les formes normales, et désormais il-est 10 450 CHRONIQUE ET vrai que, dans la lutte d'un type avec les forces qui le troublent, ce qui triomphe, ce qui se dégage, c’est pré- cisément ce que ce type renfermait d’essentiel. « En faisant concourir la Morphologie, l'Histologie et l'Embryogénie à la connaissance des animaux, ce qu'il se proposait en fin de compte, c'était la connaissance des rapports qui les unissent. À ses yeux, la Zoologie devait être générale. Pour qu'elle le fût vraiment, il la voulait rigoureusement expérimentale. Ce Gascon pas- sionné, mais voisin de Montaigne, se méfiait des con- ceptions anticipées qui emportent l'esprit au delà de ce que lœæil à vu. Sans doute, il n'était pas empiriste; il bondissait quand on tentait de réduire sa science à l'observation et à la description des réalités. Mais, S'il chassait les idées préconçcues comme des causes de trouble et d'erreur, s'il se défiait des démiurges de cabinet qui sans cesse font, défont et refont des plans de création, s'il revendiquait pour la Zoologie le caractère et la dignité d'une science expérimentale, sa- chant bien que science expérimentale est alliance des idées et des faits, il entendait que jamais les idées ne fussent en avance sur la révélation des faits, et par là ses travaux, au dire des connaisseurs, ont été des modèles d’exactitude et d'induction contenue. » M. Liard à terminé en saluant la dépouille de ce «grand ouvrier de la science » au nom du Gouvernement et en y joignant l'hommage personnel d’un ancien élève à son maitre. A propos du Centenaire de lInternat.— Les fètes du Centenaire de l'Internat ont pris les propor- ions d’un véritable événement parisien. Le public Sy est intéressé par Curiosité, mais aussi pour rendre hommage à une corporation dont l'utilité n'est pas contestable. Avec l’organisation actuelle de l'enseigne- ment médical, surtout à Paris, linterne a chance de posséder, mieux que tout autre, les qualités etle savoir nécessaires au praticien au moment où la Faculté le sacre docteur en médecine. Pendant les quatre années qu'il à passées dans les hôpitaux, il a été l'aide direct de son chef; il a pu suivre et étudier les malades avec l'autorité qui est attachée à ses fonctions ; il a pu faire des opérations et se familiariser avec les difficultés de l’'obstétrique. Or, lon ne peut en dire autant des autres étudiants qui, souvent, sont réduits au rôle de simples spectateurs des choses de la Médecine. L'institution de internat a plus de cent ans d’exis- tence. Avant la Révolution, les chefs de service, méde- cins ou chirurgiens, choisissaient eux-mêmes leurs élèves, externes ou internes, les premiers en nombre illimité, les seconds au nombre de treize. Ce n’est qu'au 4 ventôse an IX (23 février 1802) qu'une Commission, composée de Gastaldy, Deschamps, Thauraux, Pelletan, Cullerier et Thouret, élabora le règlement de l’Internat, qui, sauf quelques modifications, est encore en vigueur aujourd'hui. Elle maintint la division des élèves en ex- ternes et internes, établit pour les deux le principe du concours et, alin de stimuler leur zèle, fonda des prix pour les élèves les plus méritants. C'est d’après ce règlement que se fit le concours du 26 fructidor an X (13 septembre 1802), qui aboutit à la nomination de 24 « citoyens » aux fonctions d'interne. Ce titre de « citoyen interne » se retrouve dans les concours Suivants, jusqu'à celui du 25 vendémiaire an XII. À partir du 10 décembre 1806, les actes officiels reprennent la qualification de « Messieurs les internes ». Au commencement, le nombre des places mises au con- cours à été de 16 à 24; mais, à mesure que les hôpitaux et les services sont devenus plus nombreux, ce nombre a été augmenté el à atteint 50 à 60 pendant les con- cours de ces dernières années. I suffit de feuilleter l'Annuarre de l'Internat pour y retrouver les noms qui figurent dans le Livre d'Or de. la Médecine française Rostan, Lisfranc, Bouillaud, Baudelocque, Grisolle, Nélaton, Broca, Potain, Charcot, pour ne citer que quelques-uns, ont été internes. C’est que l’Internat n'est pas seulement une école de pre- CORRESPONDANCE mier ordre destinée à nous donner des praticiens sa- vants et éclairés ; seul, sauf exception, il permet de s'engager dans la filière des concours qui, par le clini- cal et le prosectorat, conduisent au titre tant envié d'agrégé et de médecin ou de chirurgien des hôpitaux. Ajoutons toutefois que des deux génies qui ont révo- lutionné la Médecine, Pun, Claude Bernard, n'a pas passé par l'Internat, et l’autre, Pasteur, n'a même pas été médecin. $ 2. — Chimie L’Exposition de la Société chimique. — A l’occasion de sa réunion extraordinaire, la Société Chimique de Paris avait organisé le 17 mai, à 2 heures, une exposition de produits chimiques nouveaux et d'instruments de laboratoire. Pour ménager tout linté- rèt de l'actualité, produits et instruments devaient avoir été préparés ou construits depuis l'Exposition de 1900; ils étaient installés dans la galerie centrale de PEcole de Pharmacie, Parmi les corps nouveaux envoyés par les membres de la Société, on remarquait une série de pinacones et de pinacolines, de M. Delacre (Gand); puis des produits de diverse nature, anilines, pétroles artificiels, etc., qui, sans ètre nouveaux pour la Science, n’en sont pas moins fort intéressants par leur mode d'obtention : MM. Saba- tier et Senderens (Toulouse) les préparent par hydrogé- nation directe des vapeurs d’une foule de corps au contact du nickel réduit. M. Nælting (Mulhouse) avait apporté diverses indogénides nouvelles résultant de la condensation de l'indoxyle avec des aldéhydes aroma- tiques, et auxquelles la présence de groupes salifiables dans le noyau de l'aldéhyde communique des propriétés tinctoriales assez énergiques. M. Blaise (Nancy) à pré- paré toute une série d'éthers f-cétoniques et de cétones nouvelles, ainsi que des B-oxyacides primaires, acide oxypivalique, etc... MM. Moureu et Desmots exposent des alcools acétyléniques; MM. Moureu et Delange, une série d’aldéhydes, d'acides et d'amides acétyléniques. Au milieu de ces composés organiques, on remar- quait des échantillons de baryum pur et de strontium préparés par M. Guntzen distillant leurs amalgames dans un tube entouré d’un manchon de chauffe spécial qui figurait à l'Exposition : la chaleur est produite par le passage d'un fort courant électrique dans une spire très line en platine, noyée dans une brasque d'alumine et de magnésie. C’est dans ce même groupe qu'on (rou-. vait une série de synthèses organiques dues aux travaux de M. Haller et de ses élèves. MM. Haller et Minguin pré- sentaientle benzylidène-camphre et le benzal-camphre monobromés, des benzylidène-camphres bromés dans le noyau benzénique (ortho et para), l'isobenzal-camphre et ses produits d'oxydalion, plusieurs acides provenant du traitement par la potasse des benzyl et benzylidène- camphres bromés. MM. Haller et Guyot : le tétraméthyl- diamidophényloxanthranol, lhexaméthyldiamidophé- nylfluorène et des colorants correspondants, le vertphta- lique, la tétraméthyldiamidodiphénylanthrone, etc. Citons encore les éthers bornyliques des acides gras saturés ou non, des acides gras halogénés, etc., éthers dont MM. Minguin et Grégoire de Bollemont ont. étudié les intéressantes propriétés optiques ; les cam- phocarbonates alcooliques des mèmes auteurs, etc. On remarquait aussi le butanediol-1.4 de M. Ha- monet; les constituants des essences de marjolaine, de vétiver et d'hysope, isolés par M. Genvresse et ses élèves, et dont plusieurs sont nouveaux :; des alcools. obtenus par condensation d'alcools inférieurs avec leurs dérivés sodés, et présentés par M. Guerbet avec, les constituants de l'essence de santal. M. Armand Gautier exposait un filtre à fumée qui lui a servi dans ses belles études sur la pollution des atmosphères urbaines, un échantillon de porphyre dont l'attaque par les acides chauds dégage des gaz combus- tüibles, les très intéressants méthylarsinates récemment préparés par lui, des échantillons de glycogène de Hrovenance diverse, enfin de pelits laveurs spéciaux à circulation hélicoïdale. M. Etard placait en regard d’une leucine animale une cine synthétique absolument pure et obtenue en uantité considérable, et divers dérivés azotés de acide valérique, qui ont servi d'échelons à cette syn- thèse. A côté se trouvait le bolétol orangé, extrait des bolets par M. G. Bertrand, et qui se transforme sous Vaction des oxydases en une belle couleur bleue. L'exposition de M. Moissan et de ses élèves attirait aussi les regards : on y voyait les appareils pour la préparation du fluor, des fluorures de phosphore et de licium, avec des échantillons de « fluor en flacons », enfermé sec en des tubes scellés dont la paroi restait ne limpidité parfaite. Ils étaient accompagnés par des alliages de calcium et de baryum que l’on retrou- fait d'autre part dans la vitrine de MM. Poulenc. On marquait encore de ce côté une collection de miné- iux artificiellement reproduits par M. de Schulten, avec de superbes microphotographies, et les sels de æsium de M. Chabrié. MM. Poulenc, outre les alliages calcium-aluminium, alcium-zinc, calcium-cuivre, etc., en beaux fragments cassure cristalline, exposaient de superbes échan- illons d'acide méthylarsinique et de méthylarsinates. Chenal et Douilhet présentaient une magni- lique exposition de sels des terres rares. Sont-ils vrai- ment nés tous depuis deux ans? Qu'importe! L'œil à plaisir à contempler ces beaux cristaux gros comme des ix, aux tons de miel, ou pourpre ou vert tendre, sels éodyme, de praséodyme, de samarium, ete., qui illent des réminiscences d'une vitrine très admirée Exposition de 1900. L En ce qui concerne les instruments, nous citerons, e M. Berlemont, un nouvel appareil à distiller le mer- ure, remarquable par sa simplicité et son petit volume, régulateur électrique permettant de maintenir dans in bain, à { centième de degré près, la constance d'une empérature comprise entre 10° et 40°, d'ingénieuses fondelles en caoutchouc pour la fermeture des cloches d vide, etc. Dans l'exposition de MM. Chabaud figuraient des appa- eils pour prise d’eau, un ampèremètre ét un pyro- hètre très ingénieux de M. Job, fondés sur la résistance Wéprouvent, aux diverses températures, à leur écoule- nt par un tube capillaire, les gaz d'un voltamètre. MM. Fontaine présentaient, outre divers modèles Pagitateurs mécaniques, une étuve à vide, l'eudiomètre bphosphore de M. Laulanié, le viscosimètre de Mayer, me petite cuve de M. Jolly pour les cultures bactérien- Es dans les gaz sous le microscope, le digesteur de fl: Pontio pour les essais de caoutchoucs et de guttas. Le constructeur Adnet avait envoyé‘une série d’étu- ës, des appareils à évaporation, l'appareil de M. Des- rez pour le dosage du carbone urinaire, etc. ne faut pasomettre designaler une collection d'épreu- es photométallographiques. Outre les microphotogra- es d’alliages et d'aciers de M. Osmond, MM. Osmond, heneveau et Cartaud présentaient des photographies ë structures cellulaires de métaux, de gélatines corro- lées, de nappes liquides soumises à des ébranlements Whmiques ou à un écoulement régulier. Certaines de ès images donnent vraiment l'impression d'un paren- iyme végétal avec ses membranes à double contour; centre des cellules est occupé par une masse globu- ire qu'un cytologiste hésiterait sans doute à qualifier Bnoyau, mais qui n'en révèle pas moins une relation aile, et certes pas fortuite, entre les structures des px les plus inertes et celles des organismes les plus élicats. ‘ $S 3. — Zoologie Les mœurs des Lingules. — La persistance Meulière de ces Brachiopodes, depuis l'époque cam- Menne jusqu'à nos jours, sans grands changements, semble t-il, leur donne un intérèt particulier ; les ervations de Yatsu sur leurs mœurs nous donnent CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 454 peut-être la clef de cette résistance si exceptionnelle®. Les Lingules sont très abondantes sur la côte méri- dionale du Japon, dans le sable vaseux qui les découvre aux basses mers, à un tel point qu'elles sont souvent utilisées comme nourriture; elles habitent un tube vertical ou oblique, qui s'ouvre à la surface du sol, et dans lequel elles restent vraisemblablement pendant toute leur vie, qui ne doit guère excéder cinq ans: elles présentent une résistance vitale extraordinaire, et vivent très bien dans de l’eau non renouvelée ou cor- rompue, ce qui explique que Morse ait pu amener en Amérique des spécimens vivants recueillis sur les côtes japonaises; Hatta raconte qu'un îlot sableux où abon- daient les Lingules et des Lamellibranches comestibles, fut recouvert de boue fétide amenée par une rivière voisine à la suite de pluies prolongées; les Lamellibran- ches périrent, au grand dommage des pêcheurs des environs, ef entrèrent en putréfaction, tandis que les Lingules continuaient à vivre en excellente condition. On comprend qu'un animal si robuste, qui a facilement rencontré à toutes les époques le sable vaseux où il gîte, ait pu se perpétuer alors qu'apparaissaient et dis- paraissaient tour à tour les Trilobites, les Ammonites, les Rudistes, etc., plus exigeants, partant plus délicats. $ 4. — Physiologie Phénomènes de tactisme dans la Sperma- togénèse. — La sensibilité des spermatozoïdes à cer- {ains excitants, signalée par Dewitz, Roth, Massart el tout dernièrement encore, par H. Battelli®, mériterait d'être étudiée plus complètement qu'elle ne l’a été jus- qu'ici. En effet, cette sensibilité joue un rôle important, non seulement dans la fécondation, mais encore, d'après M. G. Loisel, dans la physiogénèse et dans la physiolo- gie du spermatozoide. : Dans un important mémoire®, cet auteur vient de montrer que les propriétés {actiques des spermatozoïdes commencent à apparaître dans le cours mème de la spermalogénèse, alors que les spermatozoïdes ne sont encore que spermatides. Quelque temps après la formation de ces derniers éléments, on voit leurs centrosomes se placer contre la membrane nucléaire, en un point fixe qui détermine le pôle caudal du futur spermatozoide. A l'extrémité opposée de ce diamètre nucléaire, apparaît une vé- sicule claire qui deviendra larmature céphalique du spermatozoide. Ces phénomènes, qui paraissent être constants chez tous les animaux, peuvent déjà être considérés comme des phénomènes de tactismes. Et c'est ce que fail J. Broman dans son récent mémoire : Ueber gesetz- mässige Bewegungs-und Wachsthumserscheimungen (Taxis-und Tropismenformen) der Spermatiden®.M. Loi- sel montre, en plus, qu'ils ont pour résultat de déshy- drater le noyau et de changer le chimisme de sa chro- matine. Maintenant, si l’on examine les planches des auteurs, on voit que, partout, les noyaux des spermatides ainsi constitués sont dessinés orientés dans tous les sens; la vésicule céphalique, par exemple, est tantôt dirigée vers la paroi des tubes séminipares, tantôt vers la lumière centrale de ces tubes, ou bien présente une position quelconque entre ces deux extrêmes. Ce fait, qui, jusqu à ces derniers temps, n'avait point été remar- qué, vient d’être finement observé et commenté par M. Loisel. ! Yarsu : On the habits of ‘the Japanese Lingula. (Annot. Zool. Japonenses, vol. IV, 1902, p. 61.) ? Voyez la l'evue du 15 mai, p. 401. : 3 G. LoiseL : Etudes sur la spermatogénèse chez le Moi- neau domestique (suite et fin). Jomrn. de l'Anat, et de la Phys:, 1902, p. 112-117, avec 10 figures dans le texte et 4 planches. # Arch. f. mikr. Anal, und Entwickelungsgesch., 4901, p. 109-143, avec 59 figures dans le texte et 1 pl. 452 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Cet auteur nous montre, en effet, que les noyaux des spermalides tournent sur eux-mêmes dans l’intérieur .du corps cellulaire qui les contient. Ils arrivent ainsi, dit-il, à ramener tous ensemble leur extrémité cépha- lique dans une même direction, qui est celle d’une cel- lule de Sertoli. Puis, s'enfonçant de plus en plus dans le sommet de cette cellule, les noyaux des spermatides coordonnent leurs transformations ultérieures de ma- nière à former, en cet endroit, un faisceau de sperma- Lozoïdes. Il faut donc qu'une force, extérieure aux sperma- tides et commune à tous, vienne présider à ces coor- dinations. Cette force, M. Loisel nous la montre dans une sécrélion ferrifère des cellules de Sertoli, sécrétion qui agirail chimiotactiquement sur les spermatides en voie de transformation. D'autres phénomènes de laxie : rhéotaxie, thermotaxie et thigmotaxie, pour- raient également se produire, du reste, au même en- droit. Ces recherches arrivent ainsi à jeter un jour nouveau sur le rôle de cet élément si énigmatique : la cellule de Sertoli. Quant à son origine et à sa signification morphologique, M. Loisel la fait dériver de l'épithélium prunitif qui tapisse les tubes séminipares de lem- bryon#. La sécrétion de la glande sous-maxillaire. — On sait que le professeur Pawlow et ses élèves, dans une série de remarquables travaux, dont on a parlé à plusieurs reprises dans cette /evue®?, ont démontré l'existence d'une étroite relation existant entre la na- ture de l'aliment ingéré d'une part, et, d'autre part, la quantité, la qualité et les conditions de production des sucs digestifs sécrétés. M. Malloizel a repris des déterminations analogues en ce qui concerne la salive sous-maxillaire du chien. Il pratique une fistule salivaire sous-maxillaire per- manente : à cet effet, il détache le fragment de la mu- queuse buccale ‘comprenant l'orifice du canal de Wbharton et le fixe, pour l'y greffer, à la surface de la région sous-maxillaire. L'opération ayant été ainsi pratiquée, et les plaies opératoires s'étant cicatrisées, on peut observer les modifications de la sécrétion et recueillir la salive sécrétée sous l'influence des actions alimentaires, sans modifier en quoi que ce soit l'acte de manger, et sans qu'on puisse supposer que la glande ne sécrèle pas comme à l'état normal. En faisant prendre aux chiens en expérience de la viande crue, du sucre, du sel marin, du sulfate de qui- nine, de l'acide acétique dilué ou du sable; en leur pré- sentant des aliments, sans les leur laisser prendre, en leur faisant sentir des substances odorantes, telles que les essences de lavande, de girofle, ete., M. Malloizel a pu constater des différences considérables : 4° dans la durée du temps d'attente entre l’ingestion et la sécré- tion; 2° dans la quantité de salive sécrétée; 3° dans la qualité et en particulier dans la viscosité de la salive. Ainsi, le chlorure de sodium, l’acide acétique, le sulfate de quinine font apparaître la salive en quelques secondes; tandis que le sucre n’a d'effet qu'au bout d'une à deux minutes. La vue d'un morceau de viande détermine la saliva- ton en huit à dix secondes; l'odeur de l'essence de la- vande ne la détermine qu’en une miuute et demie. I suffit de mettre quelques gouttes d'acide acétique, ou une pincée de selou de sulfate de quinine sur la langue du chien pour lui faire produire 4 à 6 centi- mètres cubes de salive; il faut lui faire ingérer 100 gram- 1 Voir également sur ce point : G. Lorsez : Sur l'origine épithélio-glandulaire des cellules séminales, Compt. Rend. Ac. Sc., 14 avril 1902. - ? Voyez en particulier l'article de M. Maurice Arravs intitulé « Les travaux récents sur la sécrétion du suc gas- trique et du suc pancréatique », dans la Æèvue du 45 juillet 1899, t. X, n° 13, pages 498 et suivantes, et les Revues annuelles de Physiologie de M. L. Fredericq. mes de viande crue pour lui en faire produire 4 centi- mètres cubes; la salivation olfactive s'arrête après un écoulement de 4 centimètre cube environ. Sous l'influence du sel, du sulfate de quinine, des odeurs, la salive sous-maxillaire sécrétée est très. fluide, aqueuse, transparente comme de l'eau, à peine visqueuse au toucher, présentant un louche à peine sensible par l’adjonction d'acide acétique; contenant par conséquent peu de mucine ({ centigramme pour 6 centimètres cubes); la salive sécrétée sous l'influence de l'ingestion de viande est extrêmement visqueuse épaisse, opalescente, riche en mucine (2 centigrammes pour 4 centimètre cube). | Il n’est pas jusqu'à la puissance diastasique de la salive sous-maxillaire qui ne soit modifiée par la na ture des aliments ingérés, ainsi que l’établissent MM. Henri et Malloizel ‘. Eofin, et c’est là un fait fort intéressant, l’adaptatio de la sécrétion salivaire, au point de vue quantitatif et qualificatif, se fait avec une très grande rapidité: si, par exemple, on donne d'abord de la viande, on a une salive visqueuse et douée d’un fort pouvoir amylolytique ; im- médiatement après, la quinine provoque une salive li- quide et peu active; puis la viande fait reparaître la salive visqueuse et active. MM. Henri et Malloizel démontrent ainsi, dans le cas particulier de Ja sécrétion sous-maxillaire du chien l'exactitude des lois posées par Pawlow et ses élèves sur la spécificité des excitations des sécrétions diges tives. Leur démonstration a l'avantage d’être fort élé gante et de constituer par sa simplicité et la netteté de ses résultats une expérience de cours. $ 5. — Sciences médicales Transmission d’une maladie du chien par la Tique.— On sait, depuis les travaux de MM. Smith et Kilborne, que la fièvre du Texas (hémoglobinurie des: Bovidés) se transmet par les tiques du bœuf (Boophilus Bovis, Riley). La tique femelle, gorgée de sang à Piro plasma bigeminum, tombe sur le sol, où elle dépose se œufs avant de mourir; el ce sont les tiques issues de ces œufs qui transmettent le germe aux Bovidés sainss Depuis que l’on sait qu'il existe une maladie du chien ayant également pour agent un hématozoaire endoglo bulaire du genre Piroplasma, on a supposé que la transmission de la maladie se fait aussi par les tiques du chien. M. Louosbury* vient d'en apporter la preuve expérimentale et, en même temps, il met en évidence, par des expériences qui paraissent bien con= duites, les conditions très curieuses de cette transmis= sion. Ces expériences ont été exécutées au Cap avec la tique ordinaire du chien, l'Haemophysalis lzachi, Audouin. Les tiques passent par trois états : larve, nymphe, adulte, et elles sucent le sang à ces trois pée riodes de leur existence. — Pour la tique du bœuf, les transformations d’un stade à l'autre se font in situ toute la vie du parasite se passe sur le même bœuf La tique du chien, au contraire, avant chaque trans formation, se détache de l’animal-hôte ; elle peut done vivre successivement sur trois chiens différents. En opérant sur des tiques issues de mères ayant sucé du sang de chien infecté de Piroplasma Canis, Louns bury a constaté que les larves et les nymphes ne com: muniquent aucune infection aux chiens; que le adultes seuls sont capables de transmettre le germe recu de la mère. M. Lounsbury voit là un argument important en faveur de l'idée que la tique n'est pas un simple convoyeur de germes, mais que le Piroplasm y subit une évolution (comme l’Æ{aemamæba Malai chez le moustique). 1 C. R. Soc. Biolog.,t. LIV. É 10 Cuas. P. Louxseory : Transmission of malignant jaune dice of the Dogby a species of Tick. (The Agricultural | Journal of Cape of Good Hope, 21 novembre 1901.) dl _$ 6. — Géographie et Colonisation ._ Croisières aériennes de la« Revue géné- rale des Sciences ». Ascension du 14 mai 4902. — Ainsi que l’annoncait son précédent numéro!, la Revue a inauguré le 14 Mai dernier ses croisières at- riennes. Un certain nombrede familiers de ses voyages s'étaient rendus au parc de l’Aéro-Club à Saint-Cloud ‘pour assister au lancement du Centaure. Le départ a eu lieu à 11h. 1/2. Le ballon emportait dans sa nacelle, outre le Comte Henry de la Vaulx, qui le commandait : Me Massieu, la célèbre exploratrice du Cambodge, de Chine, de la Sibérie, du Thibet et de l'Himalaya; M. Legay, l'alpiniste; et M. Louis Olivier, directeur de la revue générale des Sciences. L’aérostat s’est élevé Jentement au-dessus du parc, a traversé la Seine, s’est ensuite maintenu au-dessus du bois de Boulogne à une altitude comprise entre 500 et 700 mètres, puis, se dé- placant un peu dans le sens horizontal, a longtemps plané au-dessus de Grenelle et de Vaugirard, où il à atteint 4.050 mètres. L'absence de nuages au-dessous de lui permettait aux woyageurs de distinguer CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 453 les conditions dans lesquelles la Aevue générale des Sciences ya pouvoir, avec le concours des aimables pro- priétaires du Centaure et de l’£Zros, M. de la Vaulx et M. de Castillon de Saint-Victor, vulgariser l'emploi du ballon comme agent de locomotion et l'employer à l'étude scientifique de l'atmosphère. Ses croisières aériennes continueront de se faire, sauf en cas de mauvais temps, deux fois par semaine : le dimanche et le mercredi. A Madagascar. — La Fête des Enfants. — Le 1er avril, la Fête des enfants, que le général Galliéni a instituée en 1898, a été célébrée dans toute l'ile de Madagascar et, en particulier, à Tananarive, où elle a revêtu un éclat tout spécial. Cette fête, dans la pensée du Gouverneur de la colonie, à pour but de stimuler chez les Malgaches l'amour des enfants, l'amour des familles nombreuses, et de contribuer ainsi à l'accrois- sement de la population du pays. Elle concourt donc au même but que les diverses institutions récemment dans la colonie et, en particulier, que l'Ecole de Médecine dont nous parlons plus créées avec une extrème net- loin. ‘teté les rues, les monu- Plus de 20.000 enfants nents, les jardins, et de sept à douze ans, ori- de discerner, tout au ginaires de Tananarive ou des environs, ont loin, les collines qui Æenserrent la vallée de pris part à la fête, qui a Seine. L'atmosphère s'est terminée par des était parfaitement cal- distributions de gateaux me, mais le froid aigu : et de rafraichissements ne abondante précipi- aux enfants et des prix tation de neige, qui n'at- aux mères des familles teint pas la terre, mais les plus nombreuses. ont les flocons entou- 420, ayant plus de 12-en- rèrent le ballon, déter- fants, ont été récom- mina une descente ra- pensées: parmi elles, pide de l'’aérostat, qui, une à 17 enfants, 8 en le 1.050 mètres, tomba, ont 15, 2 en ont 1#, et en quelques minutes, à 00 mètres. Les habi- toutes les autres en ont 12 ou 13. ants du quartier, qui, : Ô ca £ Fig. 1. d'avant-veille, avaient 3- été témoins du sinistre du Pax et de la mortde M. Severo et de son mécanicien, concurent quelque frayeur et accoururent au-dessous du ballon; mais ne projection de lest le fit bientôt remonter: il s’éleva à 1.800 mètres; de nouveau saisi par le froid à cette altitude, en sept minutes, il s'abaissa à 1.500 mètres ; une nouvelle projection de lest le releva sans discon- inuité jusqu'à 3.000 mètres; le vent qui, à ce niveau, soufflait de l’ouest vers l’est, l’emporta, très vite d’abord au-dessus de Paris, puis de la région de Seine-et-Marne que traversent les chemins de fer de l'Est et de Vin- ennes. La translation étant ainsi bien assurée, les pas- sagers en profitèrent pour déjeuner. Vers 2 h. 1/2, ils délilaient délicieusement au-dessus des plaines conti- uës au village de Férolles, à 4 kilomètres de Brie-Comte- Robert. M. de la Vaulx pensa que, la provision de lest étant déjà très entamée, et deux déplacements succes- sifs du ballon dans le sens vertical y ayant suscité une éperdition de gaz, il valait mieux ne pas retarder la des- ente ; il fit fonctionner la soupape : 25 minutes après, Je guide-rope était tiré par de robustes paysannes, accourues au secours des visiteurs qui tombaient du ciel dans leurs champs, et la nacelle toucha terre. En quelques heures le Centaure fut dégonflé, roulé dans son filet, plié, mis en sac, et, accompagné de sa nacelle contenant toutes les pièces démontées, transporté à Paris. Cette ascension, au cours de laquelle M. de la Vaulx a donné une nouvelle et surabondante preuve de ses éminentes qualités d'aéronaute, à permis d'examiner ! Voyez la Revue du 15 mai 1902, page #10. — Courbe des altitudes auxquelles s'est élevé le Centaure dans son ascension du 14 mai 1902. RL A Ecole de Médecine de Tananarive.—Pendant les trois premières an- nées, à cause de la du- rée obligatoire des études, le diplôme de cette Ecole n'a pu être délivré qu'à quelques élèves qui avaient anté- rieurement suivi des cours dans les établissements des Missions étrangères. C'est ainsi que l'Ecole n'a pu four- nir que 2 médecins en 1897, 3 en 1898, 5 en 1899, et 5 en 1900. En 1901, les premiers élèves entrés à l'Ecole avant terminé leurs études, l'Ecole fournit en une seule fois 20 médecins. Enfin, au cours de ces {rois dernières années, 10 médecins indigènes, pourvus de diplômes étrangers, ont obtenu le diplôme de l'Ecole de Médecine. Au lotal, 45 médecins indigènes, dont une vingtaine exercent pour leur compte personnel, tandis que les autres sont utilisés dans les hôpitaux ou les divers services sani- {aires. Elevage du Cheval. — On attend avec impatience l'ouverture du Concours agricole qui doit avoir lieu prochainement à Tananarive, et qui doit Lirer son prin- cipal intérêt des expositions ayant trait à l'élevage. L'exposition chevaline promet d'y être particulière- ment remarquable. On sait, en effet, que l'introduction d'étalons arabes et leur croisement avec des juments indigènes ont donné depuis plusieurs années, el, en particulier, en 1901, de nombreux et excellents pro- duits, qui sont de plus en plus recherchés aujourd'hui aussi bien par les colons européens que par les imdi- gènes de la classe aisée. Plusieurs propriétaires ont même organisé de véritables fermes hippiques. Le Cocotier. — Un arrêté vient d'être pris par le Gouverneur général en vue d'encourager les planta- tions de cocotiers sur la côte ouest de l'île, spéciale- A5 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ment sur la région littorale du territoire sakhalave, où is culture est susceptible de réussir. es quelques notes, bien que succinctes, suffisent à nous montrer que la méthode de colonisation suivie “à Madagascar continue de porter ses fruits. Une Mission scientifique russe au Pamir. — Dans l’une des dernières séances de la Société de Géograp mi de Paris, M. Boris Fedtschenko a rendu compte de la Mission scientifique qu'il vient d’effec- tuer au Poe et au Chougnan, sous le patronage de la Société impériale russe de Géographie. Cette Mission a eu pour champ d'étude : les chaînes de l’Alaï et du Trans-Alai, le Pamir, le Chougnan jusqu'à la frontière afghane, C'est à peu près lilinéraire de la Mission française Bonvalot, Capus et Pépin en Asie centrale. Le savant botaniste russe était accompagné de sa mère, de M. Serge Grégorief et de deux étudiants. L’escorte élait peu nombreuse : de cosaques et quelques por- teurs. Le but scientifique de cette Mission était l'étude physique du Pamir intérieur et la recherche des limites naturelles de ce désert, élevé à 4.000 mètres d’alti- tude, et flanqué de chaînes de ne atteignant S.000 mètres, Aussi l'enquête à surtout porté sur la structure de ces chaînes, sur la formation des vallées, sur le régime des rivières et des glaciers. Au cours de cette exploration, des glaces souterraines ont été dé- couvertes dans les couches de terrains qui bordent le grand Kara-Koul. Les recherches botaniques de M, Fedtschenko ont été parlüculièrement fructueuses; environ 10.000 échan- üllons ont été recueillis, dont un grand nombre d’es- pèces nouvelles. De plus, les observations prises dans celle campagne scientifique ont permis d'établir une distribution de plantes d'après les associations natu- relles et les rapports mutluels des espèces. Les régions élevées (5.000 mètres) ont fourni des exemples remar- quables d'adaptation de la flore aux rudes conditions de l'existence. Quant à la faune terrestre du Pamir intérieur, elle est extrêmement pauvre. Au Chougnan, quelques In- sectes et quel ques Lézards intéressants ont été trouvés. Entin, des spécimens du sol ont été recueillis sur tout le parcours. Quelques-uns, obtenus à l’aide d’ap- pareils spéciaux, ont des-proportions extraordinaires qui permettent d'étudier la situation des couches infé- rieures du sol, $S T. — Universités et Sociétés savantes Les réformes universitaires : Médecins et Hygiène scolaire.—Toutle monde se préoccupe des réformes universitaires qui vont être tentées : une vaste enquête parlementaire les a préparées; à la tribune législative, l'esprit de ces réformes a € té discuté fort éloquemment: au Conseil supérieur de l'Instruction publique, les nouveaux programmes sont élaborés. Nous indiquerons prochainement les prince ipales modifica- Uons qui vont êlre apportées dans le régime de l’ensei- nement secondaire, au moins quant à ce qui concerne l'enseignément des sciences. Aujourd'hui nous voudrions seulement parler d'une association qui vient d'être fondée par des médecins, décidés, disent-ils, à réagir vigoureusement contre les errements du A cette société de propagande el d'étude ils ont sons le nom de Lique des médecins et des familles pour l'amélioration de l'hygiène physique et intellectuelle dans les écoles. Voici, d'ailleurs, les principes dont cette Ligue veut s'inspirer el qui viennent d'être formulés dans une réu- nion préparaloire 4. La Ligue des médecins et des familles considère passé. comme un danger public le mépris des préceptes de. l'Hygiène et l'oubli des nécessités du développement physique bens, . Elle à pour but l'amélioration de l'Hygiène physi que et intellectuelle dans les écoles. , 3. Elle considère comme fondamentaux les principe suivants : f 1° 11 est indispensable de donner à la vie au grandi air et aux exercices physiques, sagement mesurés, out l'importance que réclame l'hygiène d'enfants et de j jeu= nes gens en voie de développement ; 20 Il est indispensable que les programmes des étu= des et des examens de sortie ne soient pas trop char= gés et empêchent l'éparpillement des efforts intellec luels; 3e Les méthodes d' enseignement doivent se proposer beaucoup plus d'exercer la réflexion et le jugement que de stone la mémoire ; ° Il doit être tenu compte, dans la mesure du possi: dE. de l'individualité physique et cérébrale des élèves et, pour cela, il importe de limiter leur nombre dans c haque C lasse ; 50 Il est désirable que des médecins et des pères de famille désignés par le Comité directeur de la Ligue soient délégués à titre consultatif près du Conseil supé= rieur de l'Instruction publique lors de la discussion de programmes et des méthodes d'enseignement; 6011 y aurait lieu d'instituer, près de chaque établisse ment scolaire, un Comité chargé de la surveillance gé= nérale de l'Hygiène; le Comité serait formé du directeur, de professeurs, de médecins et de pères de famille ae leurs enfants dans l'établissement; Viennent ensuite l'énumération des moyens que k Ligue se propose d'employer pour la vulgarisation et l'application des principes précédents : Les médecins qui ont adhéré à cette Société et à 1 tête desquels nous remarquons les D Le Gendre e Mathieu, médecins des hôpitaux de Paris, ne se posent pas en ennemis du corps enseignant. Bien au contraire, | il leur serait extrèmement précieux d’avoir l'adhésion des professeurs. La collaboration de ces derniers est évidemment indispensable pour l'étude des question complexes de l'Hygiène scolaire. Assurément, toutes les bonnes volontés doivent se grouper quand il s'agit d'u but aussi élevé à atteindre. Ilimporte, en effet, de faire naître chez nos enfants les qualités nécessaires aux citoyens d'un grand pays : la volonté, l'esprit d'initia= tive, le jugement et le goût. Il est done bon que les médecins veuillent bien récla mer la part qui leur revient dans l'éducation et dans l'instruction, et l'Université ne pourra que profiter de leurs bonnes intentions. Il serait peut-être temps que l'on songeât un peu aux nécessités de la puériculture, à l'amélioration de l'élevage de la race humaine, beau coup plus négligé, certes quel élevage de larace cheva line, Mais, il ne faudrait pas € ependant exagérer le mal. Sans doute, il faut organiser les exercices physi ques, et tout le monde est d'avis que la vie au grand air est un idéal dont il faut se rapprocher. Mais le mal puisque mal il y à, n'est pas localisé exclusivement comme on le croit trop volontiers, dans le surmenage scolaire. Oui, le surmenage existe dans les classes pré paratoires aux grandes écoles, mais il est le fait de notre organisation sociale beauc oup plus que des pro grammes et des méthodes d'enseignement. Quant au surmenage dans les autres classes, y compris celles qui préparent aux baccalauréats, il est difficile à un uni versitaire de ne pas sourire lorsqu'il en entend parler même par des médecins. | Nous ne voulons pas, d'ailleurs, discuter aujourd’hui les principes de cette nouvelle Ligue, dont les efforts sont louables. Mais nous aurons l’occasion bientôt de revenir Sur BRU SAUAOE des ré éformes unive i dans l'éducation des enfants et des jeunes viennent de s'ouvrir au Gone supé rieur Fe List tion publique. : . | | 2" A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES 455 L'examen chimique des organes des animaux et des végélaux a montré que des éléments ou des groupements d'atomes délerminés existent dans tous les tissus vivants. Nous devons croire que les phénomènes vitaux ne se poursuivent qu'en pré- sence de ces parties constitutives et qu'ils reposent sur des modifications physiques et chimiques de celles-ci. A ces porteurs de la vie appartiennent les corps albuminoïdes. Ils ont même une telle importance par rapport aux autres matières qui se trouvent dans la substance vivante, que quelques chercheurs ont vu en eux le subsfratum unique des phéno- mènes vitaux. La haute importance physiologique de ces corps nous fait comprendre pourquoi les chimistes et les physiologistes se sont efforcés d'en étudier les propriétés et les réactions et d’en élucider la struc- ture chimique. Le but de ces efforts est l'établis- sement d'une formule de constitution, de laquelle on puisse déduire la facon dont se comporteront les corps albuminoïdes dans toutes les circon- stances possibles. Une telle formule nous donnerait la possibilité de juger de leur participation aux pro- cessus de la vie et de leurs transformations dans les autres produits des échanges de l’économie. Nous supposons que les dédoublements des sub- stances organiques, qui dépendent de leur struc- ture chimique, se poursuivent dans les organes in vivo comme dans nos essais chimiques. Ainsi qu'un cristal clivable se divise toujours dans une direction déterminée sous l'influence des forces mécaniques, la molécule albuminoïde, sous l'ac- tion des forces physiologiques ou chimiques, se décompose toujours de la même facon, qui lui est assignée par sa constitution chimique. Pour trouver celte constitution, on a essayé de détruire la molécule albuminoïde par l'hydrolyse ou par les agents oxydants. On obtient d'abord ainsi des groupements atomiques assez considé- rables, albumoses, propeptones, peptones;: puis, par dédoublement subséquent, des fragments plus petits, qui sont plus résistants vis-à-vis des agents hydrolytiques. Il me parait convenable de consi- dérer d'abord ces derniers produits de dédouble- ment, que nous envisageons comme les fonde- ments de la molécule albuminoïde. Dans la démolition des corps albuminoïdes par les acides dilués ou les alcalis, on constate d'abord que les groupes d’atomes qui se détachent de l’al- L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES bumine se trouvent dans des rapports de nature diverse avec la molécule. Il ya certains corps albu- minoïdes qui, par l’action ménagée de l'agent de dédoublement, se divisent en deux parties dont l'une est de nouveau un albuminoïde complet, tandis que l’autre est constituée par un groupement atomique organique ou inorganique, mais non albuminoïde. Nous devons alors supposer que, dans ces cas, il y a eu addition de ce groupement atomique à un corps albuminoïde déjà complète- ment édifié. Plusieurs des constituants complexes des tissus animaux se divisent ainsi avec formalion d’un albuminoïde et d’un autre groupe, appelé prosthétique, de la même facon que les glucosides se laissent parlager en deux corps, dont l’un est toujours un sucre. Hoppe-Seyler a, par analogie avec les glucosides, désigné ces corps albumi- noïdes compliqués sous le nom de protéides. Ainsi, la matière colorante du sang se scinde en un corps albuminoïde et en un groupe colorant, et il n'est pas douteux que plusieurs, si ce n’est la majeure partie des complexes d’atomes de l’orga- nisme ne soient des combinaisons lâches d’albu- mine avec d'autres corps organiques. Si l’on fait agir des agents chimiques plus forts sur les albuminoïdes débarrassés des groupes prosthétiques, on obtient une autre série de pro- duits de décomposition, qui ne se forment que par une démolition de la molécule albuminoïde entière, et auxquels nous devons attribuer un rapport plus étroit et plus essentiel avec la structure de la mo- lécule albuminoïde. Considérons d'abord ces der- niers. Nous trouvons d'abord un groupe d'atomes qui se sépare : dans le dédoublement des albuminoïdes par la baryle, à l'état durée; dans le dédoublement par les acides et dans l'oxydation, à l'état de guani- dine substituée. L'idée qu'il existe à la base de la molécule albuminoïde une urée substituée a été émise pour la première fois par Schutzenberger'; mais le fondement expérimental de sa théorie a élé contesté par plusieurs chercheurs*. Béchamp* et Ritter“ ont indiqué que, par l'oxydation des albu- 1 Bull. Soc. chim., t. XXIII, p. 161, 193, 216, 242, 385, 433: t. XXIV,.p. 2, 145. 2 HABERMANN et EnReNrELo, Zeilsch. f. physiol. Chem. t. XXX, p. 453; E. Fiscuer, Zbid., t. XXXIII, p. #15. * Journ. f. prakt. Chem., t. LXXII, p. 251. CR, + XXII, p 4219; 456 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES de minoïdes, il se forme de l'urée; mais il était réservé aux travaux de Lossen! de démontrer, d'une facon convaincante, l'existence d’un groupe uréogène dans la molécule albuminoïde. Lossen oxyda l'albumine d'œuf par le permanganate de potasse en présence de sulfate de magnésium, el isola des produits de la réaclion la guanidine. L'urée peut aussi dériver de l’albumine sans phénomènes d'oxydation, uniquement par hydro- lyse. Drechsel® cest parvenu à ce résultat en 1890 au cours de ses essais relatifs à l'action de l'eau de baryte bouillante sur la /ysafine. Il désignait sous ce nom un produit de dédoublement cristallisé, qu'il avait obtenu par action de l'acide chlorhy- drique aqueux à l'ébullition sur les corps albu- minoïdes. Drechsel partait, dans ses essais, de ce point de vue que la lysatine élail un homologue de la créatine. Or, on sait que la créatine est un dérivé de la guanidine, qui fournit de l'urée par dédoublement avec la baryte. Drechsel fit agir la baryte à l’ébullition sur sa lysatine et il parvint à isoler du produit de la réaction une quantité ap- préciable d’urée. On parut avoir trouvé dans la lysatine la substance-mère de la guanidine, et Drechsel ne douta pas que la formation de guani- dine par l'oxydation de la lysatine n'eût lieu de la même façon que la formation de la méthyl- guanidine par l'oxydation de la créatine. Mais le cours de ces recherches pril une tournure inat- tendue lorsque Hedin montra que la lysatine de Drechsel n'est pas une substance unique, mais se compose de deux corps cristallisant ensemble. Déjà, en 1886, E. Schulze et Steiger avaient dé- couvert, dans les germes de Lupin, une base possé- dant la formule C°H'*Az*0*, à laquelle ils donnèrent le nom d’arginine*. Cette base leur parut analogue à la lysaline de Drechsel; elle fournissait aussi de l'urée par ébullition avec l’eau de baryte‘. Schulze admit que les corps albuminoïdes constituent le malériel de formation de l’arginine dans la plante vivante, et que le même groupe d'atomes de la molécule d'albumine qui fournit la lysatine par dédoublement avec transforme en arginine dans la plante vivante. Par cette hypo- les acides se thèse, Schulze se rapprochait beaucoup de la vérité, car Hedin montra bientôt après que l’arginine peut ètre préparée directement par dédoublement des corps albuminoïdes avec les acides et, d’après ses recherches ultérieures, que l’arginine se trouve aussi dans la lysaline de Drechsel en mélange avec un deuxième produit de dédoublement, la 1 Ann. der Chem., t. CCI, 369. ? Arch. für Awmat. und Physiol., Physiol. Abt., 189, p. 218. + Zeitsch. {. physiol. Chem., t. XI, p. 43. Ber., t, XIX, p. 1177. * Ber:, &.'XXIV, .p. 2701. | | lysine*. L'urée, que Drechsel avait trouvée comme produit de dédoublement de la lysatine, devait dériver de l’arginine, contenue dans la lysaline, car le second constiluant de la lysatine, la lysine, ne fournit pas d'urée. Par ces recherches, l'explication de la consti- tution de l’arginine devint, pour la chimie des albuminoïdes, une question primordiale; elle a été principalement résolue par les investigations de E. Schulze et de ses élèves. Par l'action de l'hydrate de baryte à l’ébullition | sur l’arginine, il se forme”, à côté de l’urée, un corps de composition C*H®Az"0?; si l’on fait agir la cyanamide sur ce produit de dédoublement, il se forme de l'arginine *. Le corps C'H°Az°0° n'est | autre qu'un produit des échanges animaux connu À depuis longtemps : l'ornilhine. La production de l'ornithine dans l'organisme animal ne s’observe que dans des conditions bien déterminées. Depuis les recherches de Wübhler sur la formation de l'acide hippurique, on sait que certaines substances introduites dans le corps des animaux non seulement abandonnent celui-ci sans avoir subi de décomposilion, mais encore préser- vent de la décomposition d'autres groupements atomiques produits dans l'organisme et se trouvent dans l'urine associés avec ces derniers. De la même facon que l'acide benzoïque s'associe avec le glyco- colle dans l'organisme des Mammifères, il se charge d'ornithine dans celui des Oiseaux. Jafféf, qui a examiné de plus près cette dernière synthèse physiologique, émit bientôt l'hypothèse que l'or- nithine est le premier représentant de la série, alors inconnue, des acides diamidés, soit l'acide diamidovalérique. Celle supposition devint une certitude lorsque Ellinger parvint plus tard à décomposer l'ornithine par l'action des bactéries avec formation de putres- cine ou pentaméthylène-diamine *. D’après celte ré- action, l’ornithine devait être considérée comme un acide 1:4-diamidovalérique. Récemment, E. Fischer est arrivé à préparer synthétiquement un acide 1: 4-diamidovalérique‘, qui doit être manifeste- ment regardé comme la forme inactive de l'orni- thine; ainsi disparaissent les derniers doutes sur la position du groupe carboxyle. Dans la synthèse de l'arginine au moyen de la cyanamide et de l'ornithine, il doit se former un dérivé de la guanidine, et il faut maintenant élu- cider celle question : lequel des deux groupes ‘ Zeitsch. f. physiol. Gh., t. XX, p. 186; L. XXI, p. 155, 297. # Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXNI, p. 1. *Ber., t. XXXII, p. 3191 (1899). * Ber., t. X, p. 1295 (1871) et t. XI, p. 406 (1878). 5 Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXIX, p. 334. ® Ber., t. XXXIV, p. 454 (19u4). \ midés se combine-t-il à la cyanamide? En tout cas, l'arginine, comme la créatine, doit être con- Ssidérée comme un dérivé de la guanidine. L'idée . de Drechsel, de rechercher dans les produits de _dédoublement basiques des corps albuminoïdes ne substance analogue à la créatine, avait done été, en somme, très heureuse : AzH° AzH° 1 C: AzH C: AzH CH N RO -Az AzH CHE. AzH° CH?.AZzH° Nos CH | | | CH? CH? CH? COOH | CH? CH? CH° | | CH? CH.AZH° CIE.A7H° | | CH.AzH° COOH | COOH Créatine. Arginine. Ornithine. Putrescine. Cette analogie devient particulièrement frappante avec l'un des produits d'oxydation. Kutscher a obtenu par l'oxydation de l'arginine de l'acide guanidinobutyrique', corps dont la ressemblance avec la créatine (acide méthylguanidineacétique) saute immédiatement aux yeux. _ Tandis que, dans l'arginine, l'acide diamidé apparait comme lié à la cyanamide, nous voyons d'autres produits de dédoublement basiques des corps albuminoïdes être des acides diamidés La lysine a été découverte par Drechsel et regardée aussitôt comme l'acide 1:5-diamidocaproïque :. Avec cette interprétation concordent ses propriétés, s transformations, et en particulier celle de la ine en pentaméthylènediamine ( cadavérine, AzH°.CH?.CH°.CH°.CH°.CH°.AzH°), déjà tentée par Drechsel *, mais réalisée seulement par Ellinger* au moyen des bactéries de la putréfaction. Les groupes amidés se trouvent donc en position 1:5. Éa formule suivante : (AzH°)CH°.CH*.CH?.CH?.CI AzH°)COOH, adoplée d’après les indications de Drechsel, est vérifiée par la synthèse de l'acide dia- midocaproïque (1 :5) inactif, effectuée par E. Fis- der‘. Beaucoup moins connu est l'acide diamidoacé- Mique, sur lequel on ne trouve qu'une indication de Drechsel°; d’après celle-ci, il existe parmi les pro- its de dédoublement de la caséine. Mais celte Substance me parait mériler un intérêt particulier b cause de ses rapports avec un autre produit de “léconomie animale, l'allantoine. Nous savons que … Zoitsch. f. physiol. Chem., t. XXXII, p. #13. 2 Ber., t. XXV, p. 3504 (1892). Ber., t. XXV, p. 2456 (1892). Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXIX, p. 334. » Sitzungsber. der preuss. Akad. der Wiss.; 13 mars 1902. Per. d. math.-phys. Klasse d. kgl. Sächs. Ges. d. Wiss., Lmars 1892. ; : A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES libres : tels la lysine et l'acide diamidoacétique. . S © plusieurs acides amidés que l’on introduit dans le corps des animaux se transforment, par addition d'acide cyanhydrique, en acides uramidés. Si une telle transformation se passait pour l'acide diami- doacétique, il se formerait une substance répondant à la formule généralement adoptée pour l'acide al- lantoïque*, dont l’anhydride est l’allantoïne : AzH*.CH.AzH? | COOH Acide diamidoacétique. AzH — CH — AzH CC | Nco AzH® COOH AzH°/ Acide allantoïque. AZIT — CH — AzH oc l ÿco AzH? CO — AzH Allantoïne. Au groupe des produits de dédoublement ba- siques apparlient aussi l’histidine, corps de com- position C‘H°Az'0*, dont la constitution n'a pas encore été établie jusqu'à présent. J'ai obtenu d’abord l'histlidine d’un des corps albuminoïdes les plus simples, la sturine*. Hedin la prépara bientôt après au moyen de la caséine, et plus tard° on re- connut que c'est un produit de dédoublement presque régulier des albuminoïdes*. Les fragments décrits ci-dessus de la molécule d'albumine n’ont été connus que par les travaux des douze dernières années; ils exercent sur les chercheurs l'attrait que porte toujours en lui un champ nouvellement découvert. Celui qui s'est voué à ces recherches ne peut se départir de l’idée que les années prochaines apporteront des éclaircies importantes et que la valeur physiologique des phénomènes chimiques est encore à peine tracée, IT Contrastant avec ce qui précède, le souvenir des chimistes tels que Proust, Braconnot et Liebig se rattache à la découverte du deuxième groupe des dérivés de l’albumine, les acides monoamidés. Ce groupe a été tellement travaillé et il forme au- jourd'hui une partie si importante et si connue du système de la Chimie, qu'il est superflu de rappeler tous ses caractères chimiques. Les acides monoa- midés qu'on obtient par l'hydrolyse de l'albumine dérivent en partie, comme le glycocolle et la leu- cine, d'acides monobasiques, en parlie aussi, comme l'acide aspartique et l'acide glutamique, d'acides dicarboniques de la série grasse. Le corps le plus simple du premier groupe, le glycocolle, fut longtemps considéré, après sa décou- verte par Braconnot, comme un produit de dédou- blement de la gélatine et de quelques albuminoïdes ! Ponomareff adopte une autre formule {Ber., t. XI, p. 2157}. >? Berichte der Berliner Akad., 4 avril 1896. Zeitsch. f, physiol. Chem., t. XXIL, p. 176. 3 Zeitsch. 1. physiol. Chem., t. XXII, p. 191. ‘ Id., t. XXXI, p. 165. 455 seulement: dans ces dernières années cependant, on à reconnu que les groupements atomiques qui peuvent former du glycocolle sont beaucoup plus répandus qu'on ne le croyait jusque-là. Aux dérivés du glycocolle appartient très vrai- semblablement le {ryptophane. Ce corps fut d’abord isolé à l'élat pur par Hopkins et Cole’ des produits de la digestion tryptique des corps albuminoïdes. Sa composition correspond à la formule C“H'° Az°0*?, el sa constitution est probablement celle d'un scatolglycocolle : AzH? AzH° Cne Qi. coHeAz Coon Goon Glycocolle. Tryptophare. Dans l'hydrolyse des albuminoïdes par les acides, ce corps ne prend naissance qu'en quantité minime, car il est facilement détruit par l’action des acides à l'ébullition. Déjà antérieurement on avail fait connaitre des réactions isolées qui sont attribua- bles à la présence de ce groupement. Ainsi Tiede- mann et Gmeblin ont signalé. parmi les réactions des produits de la digestion, la coloration rouge, caractéristique du tryptophane, qui est provoquée par l’action du chlore, et, d'après les recherches de Nencki*,il n'est pas douteux que ce corps ne soit la substance-mère de l’indol et du scatol qui dérivent de l'albumine. Une deuxième réaction colorée bien frappante du tryptophane se manifeste lorsqu'on ajoute à sa solution de l'acide glyoxylique et de l'acide sulfurique; le liquide se teint alors en rouge pourpre (Hopkins et Cole‘). Cette réaction ne se produit d'ailleurs pas seulement avec le trypto- phane, mais encore avec l’albumine, qui donne naissance au tryptophane*. Le rameau suivant de la série des acides amidés, l'alanine où acide «-amidopropionique,a été trouvé par Weyl° parmi les produits de dédoublement de la fibroïne de la soie. Mais une plus grande impor- lance est dévolue à quelques-uns de ses dérivés, ceux qui en dérivent par oxydation, par entrée du soufre dans la molécule ou aussi par addition d’un groupe aromatique. La serine, retirée par Cramer’ de la fibroïne de la soie, est considérée comme un acide 4-umino:$- OXY-propionique ou amidolactique, car elle se ! Journ. of Physiol., t. XXNII, p. M8. ? Treneuanx et Gueuua : Die Verdauung, 2 édit., 1831 * Ber., t. XXVIIT, p. 560 (1895). * Hovxixs et Cour : Proc.of the Roy. Soc.,t. LXVII, p. 21. * Comme l'acide glyoxylique est une impureté très com- mune de l'acide acétique, on peut aussi obtenir parfois cette réaction en ajoutant de l'acide acétique glacial et de l'acide sulfurique aux corps albuminoïdes. Sous cette forme, la réac- tion a été indiquée pour la première fois par Adamkiewicz. 5 Ber., t. XXI, p. 1530 (1888). Journ. {. prakt, Chem., t, XCVI, p. 36. A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES 1 forme par l'action de l'ammoniaque et de l'acide cyanhydrique sur l’aldéhyde glycolique, et elle se transforme en acide glycérique sous l'action de l'acide nitreux. Par la réduction de la sérine, on obtient l’alanine ordinaire‘. On doit regarder comme un corps analogue, mais sulfuré, la cys- téine, découverte par Baumann, qui en a complè- tement élucidé la constitution, et qui dérive de la cystine, dans laquelle elle se transforme de nouveau très facilement”. La cystéine est à la cystine ce qu'un mercaptan est à un disulfure : CH°OH CH CH* CH° | | ,AzH | ,AzH? INPAZHE CHA CC DÉS SEC | | “SH | | COoOH COOH coon COOH Sérine. Cystéine. Cystine. La première indication de l'existence de la cystine parmi les produits de dédoublement des albumi- noïdes a été donnée par les recherches de Külz° et d'Emmerling*; peu après, Mürner* démontra avec certilude que, par dédoublement de la corne avec l'acide chlorhydrique, on obtient deux cystines,une dextrogyre et une lévogyre, vraisemblablementles deux formes stéréoisomères. À côté de la cystine, la cystéine est aussi à constater; Mürner incline à penser que la première, le disulfure, est préformée dans la substance cornée, et que la formation de la seconde, soit du sulfhydrate, doit être attribuée à un processus secondaire. De la même facon que pour le glycocolle, ce corps sulfuré peut aussi appa- raitre dans l'organisme animal normal comme produit d'échange de l'albumine quand certaines substances aromatiques, en l'espèce les produits de substitution halogénés du benzène, y sont intro- duites. Cette synthèse physiologique a été décou- verte par Baumann et Preusse® pendant qu'ils recherchaient la facon dont se comporte le bromo- benzène dans le corps. Ils trouvèrent que la cystéine se soude au groupe aromatique introduit, et on n peut douter que le groupe cystéique ne doive son origine à la décomposition physiologique de l’albu- mine. La bromophényleystéine n'apparait pas comm telle, mais additionnée d'un reste acélyle à l'éta d'acide bromophénylmerecapturique CIE cie JL Az? l 7 A2. .CO: CHE ee .CIEBr 1 UNS. C‘HBr Coon Ccoon Bromophényleystéine. Acide bromophénylmercapturique UE. Frscuer et MH. Leucus : Sitzungsber. der preuss Akad. der Wiss., 30 janvier 1902. ? Zeitsch. f. physiol. Chem., t. VIT, p. 300. % Zeitsch. 1. Biologie, t. XXVI, p. 415. ‘ Chemiker Zeilung, 1894, p. 1539. 5 Zeitsch. 1. physiol. Chem., t. XXNII, p. 595: t. XXXIWÿ TUE 5 Zeitsch. 1, phvsiol. Chem., t. V, p. 309. OL, 0. cn tt tt at A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES = © (le On ne doit pas en conclure que, dans la molé- cule d'albumine, le groupe cystéique est aussi lié au reste acétyle, car l'addition d’acétyle aux groupes amidés est une réaction qui peut aussi se produire dans l'organisme animal. Baumann adopte comme substance-mère de la cystéine un acide aspartique sulfuré. On a plusieurs fois recherché si, en dehors de la .cystine et de la cystéine, il n'existe pas dans l’al- bumine d'autres groupements sulfurés. À ce point de vue, les divers corps albuminoïdes paraissent .se comporter d'une façon différente. D'après Mür- ner‘, ilest très vraisemblable que, dans la kéra- tine de la corne des Bovidés et des cheveux de l’homme, ainsi que dans la sérum-albumine, tout le soufre se trouve combiné de la même facon que dans la cystine; dans le fibrinogène, par contre, la moitié seulement du soufre se trouverait dans une combinaison analogue à la cystine, et dans- J'ovalbumine cristallisée le tiers seulement. Dans ce dernier cas, Mürner ne croit pas improbable que le soufre soit combiné dans la molécule d’al- bumine sous trois formes différentes. Déjà avant que la formation de cysline aux dé- -pens de l'albumine eût élé mise à jour, Suter avait montré que, dans certaines circonstances encore _indécises, de l'acide thiolactique peut prendre nais- sance aux dépens de l’albumine, et Drechsel * avait signalé la formation probable de sulfure d'éthyle dans le dédoublement hydrolytique. Tandis que Baumann fait dériver ces deux corps de la cys- téine, Drechsel croit à l'existence d'une base sulfi- nique, qui serait un dérivé du soufre tétravalent. D'autres dérivés de l'acide amidopropionique qui descendent de l’albumine renferment un noyau aromatique. Telle est la phénylalanine (acide phé- nyl-x-amidopropionique) lévogyre, découverte par E. Schulze et Barbieri, qui a d’abord été trouvée dans les plantes en germination *, et préparée plus tard par les mêmes auteurs dans la décomposition des albuminoïdes végétaux. Sa constitution, re- connue par E. Schulze, a été confirmée par la syn- thèse de la modification optiquement inactive due à Erlenmeyer et Lipp *. Nous devons signaler comme beaucoup plus connu et plus répandu que ces acides un produit plus riche d’un atome d'oxygène : la {yrosine. . Depuis qu'elle a été découverte par Liebig, en 1848, elle a toujours été considérée comme un produit Ê ! Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXXIV, p. 201. | 2 Zeitsch. {. physiol. Chem., t. XX, p. 564. D: Centralblatt für Physiologie, 1896, p. 530. M. Ber., t. XIV, p. 11785 (1881). Zeitsch. f. physiol. Chem., ME: XIT, p. 405. | de dédoublement caractéristique des albuminoïdes, met elle ne fait défaut que pour très peu d’entre M5 Ber., t. XV, p. 1006 (1882). eux. La tyrosine est un acide p-hydroxyphényl- a-amidopropionique lévogyre; sa constitution n'a pas été établie seulement par sa décomposition, mais elle a été aussi complètement fixée par la synthèse d'Erlenmeyer et Lipp' au moyen de la phénylalanine : 0H NCH?.CH(AZH°).COOH Tyrosine. C°H°.CH?.CH'AzH?).COOH p—C'H' Phénylalanine. Outre ces produits de substitution de l’alanine, nous trouvons aussi, parmi les produits de dédou- blement des albuminoïdes, les homologues immé- diatement supérieurs de l'acide amidopropionique. L'acide amidobutyrique n’a été trouvé jusqu'à pré- sent que par Schützenberger parmi les produits de l'action de la baryle caustique; plus souvent on a obtenu, par l’action des acides, un acide amidova- lérique ; mais il se forme surtout en grande quan- lité l'acide «-amidoisobutylacétique gauche ou /eu- cine et, à côté de ce produit, une combinaison C®H#Az°0°, désignée sous le nom de leucinimide”, et qui est regardée comme un dérivé de la diacipi- pérazine formé par union de deux molécules de leucine (Cohn)*, hypothèse qui a déjà été faite depuis longtemps pour les anhydrides (analogues aux lactides) des acides amidés inférieurs : CAT CHENIGHE | NA CH al AZH ÉU is coU Jazn CH.AzH® CH | | COOH CH Leucine. Leucinimide. En outre, Schützenberger indique l'existence de l'homologue supérieur le plus proche dans la série, l'acide amidoænanthique; les membres supérieurs n'ont pas été trouvés. Aux produits de décomposition déjà indiqués est venu s'ajouter récemment l'acide pyrrolidine- | «-carhonique actif, qui a été trouvé par Emil Fis- cher parmi les produits de dédoublement de la caséine * : AzH LAN CH? CH.COOH | CH°— CH? Acide pyrrolidine-#-carbonique. D'autres acides amidés qui proviennent de l'al- bumine dérivent des acides dicarboniques, l'acide succinique et l'acide glutarique ; ce sont les produits LA 1 Ber., t. XV, p. 1544 (1882). 2 Ann. der Chem., t. LXIX, p. 16. 3 Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXIX, p. 299. # Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXXIII, n° 151. 460 de dédoublement obtenus d'abord par Ritthausen et Kreusler des albuminoïdes végétaux : l'acide aspartique et l'acide glutamique”. On sait depuis longtemps que l'amide du premier, l'asparagine, apparait au cours de l'édification physiologique des albuminoïdes dans les plantes”; plus tard, la glu- lamine a élé également signalée dans les mêmes conditions (E. Schulze et Bosshard)": COOH.CH?.CH(AzH?).COOH Acide aspartique. COOH.CH?.CH?.CH(AzH?).COOH Acide glutamique. Dans les recherches sur la formation de l'acide glutamique, on a observé une différence, encore inexpliquée, entre le mode d'action de l'acide sul- furique et de l'acide chlorhydrique. Les savants qui ont découvert l'acide glutamique avaient em- ployé l'acide sulfurique à la décomposition des corps albuminoïdes végétaux; mais lorsqu'ils cherchèrent à utiliser le même procédé sur les albuminoïdes animaux, ils n'obtinrent point d'acide glutamique. Par contre, par l'usage d'acide chlorhydriquecamme moyen de dédoublement, la quantité d'acide glu- tamique qu’on peut lirer des albuminoïdes animaux est très importante (Hlasiwetz et Habermann){. Récemment, F. Kutscher * est parvenu toutefois à obtenir de la caséine du lait, par dédoublement à l'acide sulfurique, une certaine proportion d'acide glutamique; mais la quantité en est considéra- blement plus faible que par dédoublement à l'acide chlorhydrique, et la différence entre les résultats des deux méthodes est bien établie. IT La question de l'existence d'autres groupements atomiques dans la molécule de l'albumine a tiré ses principaux arguments de considérations physio- logiques. Une série d'essais sur les animaux ont conduit à l'hypothèse que, dans l'organisme animal, des hydrates de carbone peuvent prendre naissance aux dépens de l’albumine, et ont poussé les cher- cheurs à mettre en évidence un constituant de l'al- bumine se rapprochant des hydrates de carbone et facilement transformable dans ces derniers. J'ai déjà indiqué, au commencement de cet article, que nous devons distinguer entre un cyèle restreint el un cycle plus étendu de produits de décompo- sition des corps albuminoïdes : entre ceux qui adhèrent à la molécule finie comme groupes pros- thétiques et ceux qui en forment les constituants Journ. f, prakt. Chem., t. XCIX, p. 454; 240. ? VAUQUELIN et Rogiquer : 1806). » Ber., t. XVI, p. 312 (1883). * Ann. der Chem., t. CLXIX, p. 150 (1873). Zeïtsch. 1. physiol. Chem, t. XXVIU, p. 123. t. CVIT, p. 218- \nn. de Chim., {. LNII, p. 88 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES les plus essentiels et qui ne peuvent en êlre séparés que par des actions profondes. L'existence du groupe des hydrates de carbone parmi les premiers n'est sujette à aucun doute; elle est même fré- quente; il est plus difficile de prouver la présence d'un groupement d'atomes fortement lié à la trame de la molécule d’albumine, qui aurait les carac- tères d'un alcool polyvalent ou d'un sucre et pour- rait être considéré comme la substance - mère d'hydrates de carbone. Nous sommes redevables aux recherches d'U- dransky”', accomplies dans le laboratoire de Bau- mann, d'une preuve d'un tel constituant dans la molécule d'albumine. Ce savant à montré qu'on peut obtenir du furfurol par distillation des albu- minoïdes purs avec l'acide sulfurique. On savait aussi, depuis longtemps, que plusieursalbuminoïdes donnent avec l'x-naphtol et l'acide sulfurique des colorations caractéristiques ?, et Udransky a cons- taté qu'elles reposent sur la formation de furfurol. Or, le furfurol se produisant facilement par l'action des acides minéraux concentrés sur les hydrates de carbone, particulièrement sur les pentoses, Udransky en lire la conclusion qu'il existe un groupe hydrate de carbone dans les corps albumi- noïdes, conclusion qui, en vérité, n'est pas pé- remptoire. S'il se formait un hexose dans le dédou- blement des corps albuminoïdes par les acides minéraux bouillants, il devrait également se pro- duire de l'acide lévulique; cependant, on n'a pas trouvé ce corps parmi les produits de dédoublement. La nalure de la substance furfurogène n'est donc pas élucidée. Les essais faits en vue de retirer de l’albumine un produit réduisant l'oxyde de cuivre ou formant une osazone ont également con- duit à des résultats peu concluants. Si nous faisons abstraction de quelques données isolées, comme la formation de la tyroleucine de Schutzenberger, nous avons ainsi passé en revue tous les fragments azotés essentiels les mieux caractérisés, tels qu'ils sont obtenus par l’action des acides dilués ou des alealis à haute tempé-. rature. Si l'on se tourne maintenant, pour résoudre le problème de la molécule albuminoïde, vers d'autres agents chimiques, tels que les enzymes, les oxy- dants, les alcalis fondants, on obtient, en somme, des produits ou se confondant complètement avec ceux que nous avons déjà indiqués, ou formés par une transformalion plus complète de ceux-ci. Ainsi, les acides gras, qui se produisent dans l’action de la polasse fondante, dérivent dela décomposition des acides amidés ; l'acide paroxybenzoïque, de la tyro- 1 Zeitsch. {. physiol. Chem., t. XII, p. 389. 4 ? Cf. Mouscu, Monatsh. f. Chem.,t. VIT, p. 198. SEEGEN, Centralbl. 1. die med. Wiss., 1886, p. 785 et S01. | A. KOSSEL ui L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES sine; et l’on peut ratlacher l'acide benzoïque obtenu par l'oxydation au groupement d'atomes qui, par ébullition avec les acides minéraux, fournit l'acide _ phénylamidopropionique. Mais, on le comprend, il n'est pas possible de retirer tous les groupes d'atomes contenus dans la molécule albuminoïde par le dédoublement hydrolytique au moyen des acides et des alcalis. Par exemple, par une hy- drolyse profonde, on peut détruire le groupement - atomique dont dépend la réaction dite du biuret: nd is nt Si dé à EN POSER us û nd ST LL sé LUE SRE ET où coloration rouge à plusieurs tons produite par le sulfate de cuivre en présence de soude. Les pre- miers produits de dédoublement, qui sont encore semblables aux corps albuminoïdes originaux, pré- sentent cette réaction d'une manière très accentuée; elle disparait avec une décomposition plus pro- noncée, et on peut alors distinguer des produits de déboublement albuminoïdes donnant ou ne donnant pas (abiurétiques) la réaction du biuret. De même que le groupe biurétique, un groupe aromatique de la molécule d'albumine disparait aussi dans le dédoublement par les acides dilués bouillants. Si l'on fait agir du brome en présence d'eau sur des albuminoïdes, on obtient, comme Hlasiwetz et Habermann l'ont montré‘, de l'acide tribromamidobenzoïque. Aucun des deux groupes aromatiques que nous avons obtenus par dédou- blement purement hydrolytique ne contenait de groupement amidé dans le noyau benzénique; nous devons donc admettre ou bien qu'il existe, outre la tyrosine et l'acide phénylamidopropioni- que, un troisième groupe aromatique, ou bien qu'il se produit dans ces réactions une transposition d'atomes. La première hypothèse s'accorde parfai- tement avec la formation d'indol et de scatol. Si l'on fait agir des alcalis fondus sur les corps albu- minoïdes ou si on les soumet à l’action décom- posante de certains microorganismes, il se produit des acides indol- et scatol-carboniques (Nencki?, Brieger”, Engler, Janecke *, Salkowsky 5). La putré- faction des albuminoïdes, conduite d'une facon appropriée, donne naissance, à côté des acides paraoxyphénylacétique et phénylacétique (E. et H. Salkowsky°), à de l'acide scatolacétique (Nencki’). A NCHE.coÛH Acide paraoxyphénylacétique. CSH5.CH°.COOH Acide phénylacétique. ! Ann. der Chem. und Pharm., t. CLIX, p. 321. © Ber., t. VIL, p. 1593 (1874). Journ. f. prakt. Chem., [2 CXVII, p. 98. $ Zeitsch. f. physiol. Chem., t. IN, p. 141; Ber., t. XII, p. 1986 (1879). É Ber.,t. IX, p- 1414 (4876). Zeitschr. f. physiol. Chem. t. VITE p. 462; Ber..t. XIII, p: 191 (1880); Zeitsch. f. physiol. Chem.,t. IX. p. 9. 5 Zeitsch. f. physiol. Chem., t. I, p. 424. 3 Monatsi.f. Chem.,t.X, p. 514, A61 C:CH° CH S$C.CH°.COOH NH - Acide scatolacétique. Dans ces trois corps, Nencki et Salkowski voient des représentants des trois formes dans lesquelles le groupe benzénique se trouve dans la molécule d'albumine ; ils dérivent tous trois par fermentation de dérivés amidés : l'acide paraoxyphénylacétique de la tyrosine (Baumann ‘), l'acide phénylacétique de l'acide phénylamidopropionique de Schulze (Baumann ?), et l'acide scatolacétique du trypto- phane isolé par Hopkins et Cole : ACCES Pa Dre CH4/ S C.CH(AzH°).COOH Na Tryptophane (acide scatolamidocétique), Récemment, on a émis l'hypothèse que le tryp- tophane serait en relation avec d'autres produits du dédoublement acide des corps albuminoïdes. Déjà Berzélius et Mulder avaient signalé le fait que, dans la décomposition des albuminoïdes par les acides, il se forme des substances humiques, et Nencki considère ces corps, qui ont été depuis lors désignés sous le nom de mélanoïdine et d’aci- des mélanoïdiques comme des produits de trans- formation subséquente du tryptophane. Toutefois, il n'y à aucune raison pour attribuer une origine unique à ces substances humiques, et il est vrai- semblable que plusieurs groupes de la molécule albuminoïde, parmi lesquels le groupe tyrosino- gène *, concourent à leur formation. On a constaté à l'analyse que ces corps sont plus riches en car- bone, plus pauvres en hydrogène et, surtout, plus pauvres en azote que les corps albuminoïdes dont ils dérivent, et, d'après Hart‘, on obtiendrait, dans des conditions déterminées, des substances humiques exemptes d'azote. [NI Si nous rassemblons les résultats des recherches précédentes, nous voyons que les produits qui dérivent des substances albuminoïdes peuvent se classer dans les groupes suivants : 1° Le groupe générateur d'urée de l’arginine ; 2° Le groupe acides diamidés, lesquels l'acide diamidoacétique, l'acide diamido- valérique et l'acide diamidocaproïque. L'acide dia- midovalérique est contenu dans l’arginine à l’état de combinaison avec le groupe formateur d'urée; 3° Le groupe des acides monoamidés, qui se des parmi distingue par la multiplicité de ses représentants. 1 Zoitsch f. physiol. Chem., t. AV, p. 304; Ber., t. XII, p. 1450 (879); t. XIII, p. 279 (1880). 2 Zeïtsch. f. physiol. Chem., t. VII, p. 282. 3 Duccescar : 11 Mlorgagni,t. V (19C1). # Zeitsch. f. physiol Chem., t. XXII, p. 353. 162 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES Nous v trouvons les acides monoamidés de la série de l'acide acétique, en particulier le glycocolle, un acide amidovalérique et un acide amidocaproïque, la leucine, puis l'acide amidolactique ou sérine, l'acide amidothiolactique ou cystéine, ainsi que le disulfure qui en dérive et les autres combinaisons sulfurées encore inconnues, et deux acides amido- propioniques renfermant le noyau du benzène. Les acides amidés bibasiques, l'acide aspartique el l'acide glutamique, sont très répandus. Aux acides amidés se rattachent encore peut-être les subs- tances qui engendrent le seatol et l'indol ; %° Enfin, le déaoublement albuminoïdes fournit encore des produits, dont les relations avec les groupes précédents ne sont pas connues : tels l'histidine, l'acide pyrrolidinecarbonique, le furfu- rol, l'ammoniaque et les substances humiques ; on doit Loutefois considérer vraisemblablement que la formation du furfurol est en relation avec un groupe des particulier de la molécule albuminoïde. y A ce grand nombre de produits de dédoublement correspond un nombre encore plus grand de corps albuminoïdes, que l'on peut séparer les uns des autres par leur solubilité, leurs précipitations et un certain nombre d'autres propriétés. Si nous prépa- rons un des albuminoïdes lypiques d’origine ani- male ou végétale, et si nous le soumettons au dédoublement hydrolytique, nous ne trouverons pas tous ces groupes, mais la plus grande partie d'entre eux; nous devons donc supposer une struc- ture extraordinairement compliquée de la molécule. La recherche de cette structure constituerait déjà une tâche très difficile, même si l'individualité et la pureté des corps albuminoïdes examinés étaient hors de doute. Mais ce n’est pas toujours le cas. La faculté de cristallisation, qui offre, pour la plupart des combinaisons organiques, un secours si puis- sant, ne peut pas, chez les corps albuminoïdes, être employée d'une facon analogue à la purifica- tion, car leurs cristaux se gonflent et présentent des phénomènes qui leur sont propres. « Il n'y à guère de substance cristallisée, écrit Wichmann!, qui, pareille à une éponge, renferme autant de substances étrangères à l’état dissous que l'albu- mine, » Il ne faut donc pas du tout considérer un corps albuminoïde comme pur parce qu'il est cris- tallisé. Avant tout, il faut se rappeler que les corps albuminoïdes forment, avec d'autres produits de l'économie, des combinaisons lâches. Si l'on ajoute, par exemple, à une solution de la matière colorante du sang de petites quantités d'acide nucléique, ! Zeitsch.f.phy siol. Chem.,t. XXVII, p. 584. celle-ci cristallise avec le corps albuminoïde et ne peut plus en être séparée par cristallisation (Inoko‘). Les circonstances nécessaires pour de telles addi- tions sont certainement très fréquentes. Un autre fait important, c’est que les substances albuminoïdes peuvent se combiner entre elles : ainsi, si l'on ajoute, à la solution neutre ou fai- blement alcaline d'un albuminoïde basique, par exemple d'une protamine* ou d’une histone*, la solution d’un autre albuminoïde, il se produit un précipité qui doit être considéré comme la combi- naison des deux substances. On peut mettre en ! évidence, de même, la combinaison de plusieurs corps albuminoïdes ensemble; Kutscher ‘ a montré que certaines albumoses s'additionnent en milieu liquide neutre à d’autres albuminoïdes pour former des combinaisons difficilement solubles. La grande importance de ces notions ne me parait pas avoir été suffisamment comprise jusqu'à présent. Ces essais ne donnent pas seulement une explication du fait que des substances albuminoïdes isolées sem- blent disparaitre après leur introduction dans l'or- ganisme animal parce qu'elles s'unissent avec les constituants albuminoïdes des organes, mais encore ils viennent à l'appui de l'hypothèse que le plus grand nombre des substances albuminoïdes retirées des tissus animaux doivent être regardées comme des combinaisons complexes de plusieurs subs- tances plus simples. Le fait que certains produits de décomposition des albuminoïdes ne se pré- sentent qu'en quantités minimes ne s'explique guère autrement que par l'existence d’une combinaison chimique résultant de l'union d'une grande quantité del'un des constituants albuminoïdes avec une pelite quantité de Pautre. On peut faire cette hypothèse pour la glutine, par exemple, qui montre par ses réactions * qu'elle renferme le groupe tyrosinogène, mais seulement en quantité excessivement faible. On reconnait également que les corps albumi- noïdes typiques sont des combinaisons de plusieurs composants, qui renferment eux-mêmes encore la structure compliquée des albuminoïdes, par les recherches sur les produits immédiats de dédou- blement, qu'on obtient par l’action de l'eau, des acides et des alcalis, des agents d'oxydation et des enzymes. Tandis qu'une action profonde de ces réactifs conduit aux produits de dédoublement abiuréliques déjà signalés, il se forme, par une action plus ménagée, des substances donnant la réaction du biuret et qui, par leurs propriétés, se rapprochent encore beaucoup des corps albumi- ! Zoilsch. f. physiol. Chem., t. XXVII, n° 584. * KosseL : Deutsche med. Woch., 4894, p. 147. * Mainews : Zeitsch {. physiol. Chem., t. XXII, p. 402; Banc : Jd., t. XXVII, p. 463. * Zoitsch. f. physiol. Chem., t. XXII, p. 115. ‘ ë MOoErxER : Zeitsch. f. physiol. Chem.,t. XXVIII, p. 484. A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES 163 _noïdes originels. On distingue, parmi celles-ci, des albumoses primaires et secondaires et, ensuite, les peptones. L'explication la plus simple de leur for- . mation découle de l'hypothèse que la grosse molé- cule albuminoïde initiale se décompose en plusieurs molécules plus petites (albumoses ou propeptones), qui se résolvent ensuite en complexes d'atomes plus minimes, donnant encore la réaction du biuret _(peptones, dans le nouveau sens du mot) et enfin “dans les produits abiurétiques que nous avons “décrits, de la même facon que les grands com- “plexes hydrocarbonés qui prennent naissance dans l'organisme se divisent d'abord en groupes plus petits et finalement en hexoses et en pentoses. « Les recherches sur les produits de dédouble- coup occupé les chimistes physiologistes, mais il n'est pas encore possible de faire un exposé systé- _ Schutzenberger, s'appuyant sur ses essais de dé- doublement avec les acides minéraux, a le premier émis l’idée que la molécule d’albumine pouvait se composer de deux moitiés. Il a indiqué que l’albu- mine coagulée se laissait décomposer avec forma- tion de deux corps, l’hémialbumine et l'hémipro- téine. Kühne a développé plus tard des considé- rations analogues *, d'après lesquelles la molécule albuminoïde doit se diviser en deux groupes, lantigroupe et l'hémigroupe. - Ces théories prévoient l'existence d’albumoses et de peptones, qui se distinguent les unes des “autres par leur constitution, une partie contenant “des groupements atomiques déterminés qui man- “quent à l’autre partie. Dans cette direction, on a Maicquis, en réalité, quelques faits nouveaux. Plusieurs chercheurs ont signalé le fait que l’on peut détacher des corps albuminoïdes sulfurés des Mpeptones exemptes de soufre ; dans ce cas, l’albu- Mine doit se décomposer en une partie sulfurée et un reste non sulfuré donnant la réaction du biuret Arch. f. die gesamt. Physiol., LLXXX, p. 410. Pour la littérature, voyez Conxueix : Chemie der Eiweiss- bkürper, Braunschweig, 1900, p. 97 et suiv. mt Monats. f. Chem. €. X, p. 609; cf. aussi Foun : Zeitsch. = physiol. Chem., t. XXV, p. 152; SIEGFRIED Ber. XXXIII, p, 2851 (1900). + Fe Scuurz et HUuPPERT : produits de dédoublement biurétiques, qui se dis- tinguent, d'après Pick, de leur substance-mère par l'absence du groupe qui engendre le furfurol, re- connaissable à l’a-naphtol et à l'acide sulfurique. L'hétéroalbumose de Pick renferme du glycocolle; la protalbumose n'en contient pas‘. Des différences quantitatives de composition conduisent également à la conclusion que leur constitution est différente, L'hétéroalbumose préparée d’après les indications de Pick ne fournit que peu de tyrosine et d'indol; la protalbumose, par contre, est riche en ces deux groupes ?. Les différences que Hart * à obtenues dans l'examen quantitatif de l’hétéroalbumose et de la protalbumose, par comparaison avec leur substance-mère, la syntonine, sont aussi caracté- ristiques. Les chiffres suivants indiquent les quan- tités de bases obtenues en pour cent du corps décomposé : HISTIDINE ARGININE Syntonine (substance-mère) . ; Hétéroalbumose (prod. de dédoubl.). Protalbumose (prod. de dédoubl.. , Déjà antérieurement, Kühne et Chittenden avaient montré qu'on peut retirer des corps albu- minoïdes qui renferment une quantité appréciable de tyrosine, un produit de dédoublement de nature albumosique, l’antialbumide, qui, par une décom- position plus prolongée, ne fournit que des traces de tyrosine . Il est également possible de détacher de la molé- cule d’albumine des fragments plus gros et de pature différente, mais les recherches structurales n'ont encore tiré que peu de profit de ces faits, parce que la constitution des albumoses est elle-même très compliquée et que la disposition des grou- pements atomiques dans celles-ci n'est pas connue, Les produits qui se tiennent entre Îles albumoses et les produits de dédoublement abiurétiques pré- cédemment signalés se sont montrés aussi peu accessibles aux recherches de constitution. Parmi ces produits intermédiaires, il faut signaler parti- culièrement les peptones (dans le nouveau sens du mot). Ces corps sont plus pauvres en carbone et en azote que les substances albuminoïdes initiales dont ils dérivent; en outre, ils possèdent un fort pouvoir de combinaison avec les acides et les bases *, et Paal a conclu, du fait que les albumoses et les peptones se laissent éthérifier par l'acide chlorhydrique et l'alcool, à l’existence d'un groupe carboxyle*. Les déterminations du poids moléeu- 1 Zeitsch. L. physiol. Chem., t. XXVUI, p. 219. 2 Loc. cit. 3 Zeitsch. f. physiol. Chem.,t, XXXUI, p. 255. ‘ Zeitsch. f. Biologie, t. XXII, p. 457. Arch. f, die. gesamte Physiol., € XIH, A. KosseL : p- 309. 8 Ber., t. XXV, p. 1202 (1892); t. XXVIT, p. 1827 (1894); A6 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES laire des peptones ont donné généralement des valeurs très basses, mais elles ne peuvent pas être considérées avec certitude comme exactes à cause du manque d'un critérium de la pureté de ces corps. Dès qu'on aura la possibilité de préparer ces corps à l'état pur et de les séparer les uns des autres, leur étude apportera des éclaircissements importants sur la structure de la molécule albumi- noïde. VI En face des difficultés que présentent les corps albuminoïdes typiques, à structure compliquée, j'ai cherché à tracer un autre chemin pour trouver des fils conducteurs dans ce dédale de produits de dé- doublement. Etant donnée la grande multiplicité de phénomènes biologiques parmi lesquels les corps albuminoïdes prennent naissance el sont utilisés, on peut prévoir qu'ici et là, chez les animaux et les plantes, on trouvera des albuminoïdes possédant une structure plus simple et plus accessibles aux recherches de constitution. On doit considérer de tels constituants des animaux et des végétaux comme des albumines simples, fournissant par leur décomposition plusieurs des produits de dédouble- ment communs à tous les albuminoïdes typiques, el qui montrent en même temps par leurs réactions que ces groupements atomiques y sont réunis de la méme facon que chez les substances albuminoïdes à structure compliquée. A ces desiderata répondent cerlains produits qui prennent naissance lors de la maturation des sper- malozoïdes chez les Poissons et qui ont été désignés sous le nom de protamines. Le premier représen- tant de cette classe de corps est déjà connu depuis une trentaine d'années, mais il n'a guère attiré l'attention. Il à été trouvé par Miescher dans les spermalozoïdes du saumon et décrit® comme une substance possédant la composition C'H°'Az'0*. J'ai trouvé plus tard, dans les spermatozoïdes d'autres Poissons, des substances basiques, qui ressemblent beaucoup à la protamine de saumon ou salmine, mais ne lui sont pas identiques : la sturine, dans les testicules de l'esturgeon”, et la clupéine, dans ceux du hareng”. J'ai considéré d’abord la prota- mine du sperme de hareng comme identique à la salmine ; mais de nouvelles recherches du D' Goto ont montré qu'il existe dans le sperme de poisson une protamine différente de la salmine *, Des subs- t. XXXI, p.. 956 (1898); ef. Low : Chem. Zeit. 4895, p. 1000, et Paaz : lestsch der Univ. Erlangen, 1901, p. 8. 1 Verhandi. der naturforsch. Gesellsch. in Basel. t. n° 4, p. 138-208; Piccann : Ber., t. VIT, p. 4714 (1874). 2 Zeitsch. [. physiol. Chem., t. XXII, p. 116. 3 Zeitsch. f. physiol. Chem.,t. XXV, p. 165. * Observation non encore publice, VI, lances analogues se trouvent d'une facon général dans le sperme de tous les Poissons”. ‘à Les protamines sont des corps à propriétés ba: siques énergiques, qui réagissent fortement sur Ja teinture de tournesol comme les alcalis et qui for-. ment des sels caractéristiques avec les acides. Leu été possible d'obtenir une élévation du point d'ébul lition de l’eau par la base libre. encore inconnu ; la quantité d’arginine est, pour la salmine, de 84,3 °/,, pour la clupéine de 82,2 °/, € la protamine employée‘. D'après cela, pour la sal- mine 87,8 °/,, pour la clupéine 83,5 °/, de l'azote total sont contenus dans l’arginine. Comme la quan- lité de l'acide amidovalérique est de plusieurs cen- tièmes, la proportion de la partie non solubilisée ne peut pas être très importante. Cette substance encore inconnue est azotée et assez riche en oxy. gène. Les trois protamines citées renferment ainsi trois des groupes indiqués précédemment : le complexe générateur d'urée, l'acide diamidovalérique et l'acide monoamidovalérique. Les protamines don nant la réaction du biuret, il est très vraisemblable que ces groupes se trouvent dans une disposition analogue à celle qu'ils ont dans les corps albumi noïdes compliqués. De même que dans ces derniers, la disparition de la réaction du biuret est aussi en relation de cause à effet avec la production de produits de dédoublement cristallisables. Les grou pements atomiques qui causent la réaction du biuret doivent donc être dissous lorsque l’arginine, ou l'acide amidovalérique ou le troisième produit de dédoublement se forme. Nous connaissons done maintenant dans les pro: peptonesetles peptonesdes produits intermédiaires qui prennent naissance dans la décomposition des corps albuminoïdes normaux en produils abiuré tiques. Dans la décomposition des protamines, on observe de même des intermédiaires analogues auxquels j'ai donné le nom de protones. Les pro lamines possèdent, comme les albumines typiques, des propriétés colloïdales; elles se précipitent, en outre, facilement par l'addition de sels ; à mesurë Zeitsch f. physiol. Chem., t. XXI, p. 16544! XXVII, p: 313; Kuraserr : Jbid 1 KURAJEFF : MonkowiIN : Zbid., t. t. XXXII, p.497. ? KosseL : Sitzungsber. der kgl. preuss. Akad. der Wisss 9 avril 1896; Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XI, p. 176. 3 Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXVI, p. 588. * Kossez et Kursouer : Zeitsch. f. physiol. Chem, t. xs, p. 165. L qu'elles se transforment en protones, elles perdent _ peu à peu ce caractère, comme c'est aussi le cas dans la peptonisation des corps albuminoïdes pri- _mitifs. Le caractère basique des protamines dimi- nue de plus en plus, comme les recherches de _ Goto l'ont montré, par la décomposition hydro- Ivtique, de telle sorte que l’ensemble des produits dédoublement possède une alcalinité moindre e la protamine originelle. Comme les derniers oduits de dédoublement, l'arginine et l'acide idovalériques renferment un groupe carboxyle, on doit considérer comme vraisemblable que c'est lapparition de ce groupe carboxyle qui produit Ja diminution des propriétés basiques. - Les analyses des protamines ne peuvent pas core être regardées comme terminées; d'après les analyses de Goto‘, la salmine posséderait la rule (C*°H%Az!0°} ?; la clupéine correspondrait environ à (C*’H'"*Az"0°} , et la clupéone (clupéine- brotone) aurait, d'après de toutes récentes recher- ches de Goto, la composition C*H®Az"“O*. La com- Silion d'une protamine retirée des spermato- ïdes, la cylcloptérine, esl encore plus compliquée. Ici la quantité d'arginine est telle qu'elle ne forme que les 62,5 °/, de la protamine décomposée; à côté de l’arginine, on trouve de la tyrosine en quantité plus considérable que dans les albuminoïdes ty- piques, soil environ 8 °/,. Le reste des produits de décomposition n'est pas encore connu. . Tandis que, dans les protamines jusqu'à présent signalées, ou ne trouve qu’un acide diamidé, l’acide diamidovalérique, et encore en combinaison avec la cyanamide à l'état d'arginine, les protamines préparées au moyen du sperme d’esturgeon pré- sentent, au contraire, une plus grande multipli- cité de groupes riches en azote. On y trouve un acide diamidocaproïque, la Zvsine, puis l'Aistidine: par contre, la quantité des açides monoamidés reste aussi petite. Les déterminations quantita- ives ont montré que la sturine fournit 12,9 °}, d'histidine, 38,2 °/, d'arginine et 12°/, de lysine; en outre, il se forme au moins encore un corps ayant les propriétés d'un acide monoamidé, pour equel il reste 16,9 °/, de la molécule décomposée. Les rapports de quantité des bases indiquent qu'il se produit ici pour une molécule d'histidine une molécule de lysine et quatre molécules d’arginine. Dans tous les essais tentés pour introduire le sroupe des corps albuminoïdes dans un système “chimique, il faut d'abord considérer le fait que la molécule d'albumine se compose de plusieurs par- ties semblables ou dissemblables, les albumoses ou es peptones, dont la connaissance doit être le but * Non encore publiées. ? J'avais déjà établi cette formule VZeitsch. f. physiol. Chem., t. XXV, p. 110). antérieurement REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE IA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES 465 primordial de la recherche. Pour nous faire une idée de la structure de ces parties les plus grosses de la molécule albuminoïde et pour bien juger des rapports réciproques de ces molécules fragmen- taires, il est nécessaire que nous choisissions comme point de départ un groupe contenu dans un de ces fragments et que nous cherchions à cons- truire le système des albumoses et des peptones par l'addition de divers groupes à ce noyau. Cette facon de procéder est générale dans la Chimie sys- tématique et absolument indispensable. Comme noyau, nous devons naturellement prendre un groupe d'atomes qui appartienne au plus grand nombre ou à tous les corps albuminoïdes, et aussi -aux plus simples : les protamines. Notre manière de voir nous conduit donc à choisir comme noyau des albumoses et des peptones et ainsi des albumi- noïdes typiques le groupement atomique qui existe dans les protamines, donc un 20yau protamique. I est naturel de partir de la fraction de la molécule protamique qui surpasse les autres en quantité, c'est-à-dire de larginine. Ensuite viennent les complexes biurétiques les plus simples actuelle- ment connus, les protones, puis les protamines, provenant de l'addition d’un acide monoamidé, l'acide amidovalérique, et d'une substance encore inconnue au groupe de l'arginine. Chez les prota- mines supérieures, nous rencontrons une plus grande complication dans la structure de la molé- cule, puisqu'eile renferme, outre la partie mono- amidée, comme dans la cycloptérine, ou la partie basique, comme chez la sturine, plusieurs autres corps (tyrosine, histidine, lysine). Chez les corps albuminoïdes les plus compliqués, l’une ou l’autre de ces parties de la molécule peut être encore plus développée. Nous connaissons des albuminoïdes, chez lesquels la quantité d'arginine, d'histidine et de lysine est si importante que les 40 ?/, de l’azote total sont contenus dans ces bases, et que la molécule albuminoïde entière, par suite de la prépondérance de ces parties basiques, peut acquérir un caractère basique. C’est, par exemple, le cas pour les histones. D'autre part, on connait des albuminoïdes végétaux chez lesquels la quan- tité des groupes diamidés est très minime, et où l'acide diamidocaproïque, la Iysine, ne peut être décelé par les moyens dont nous disposons actuel- lement. À ces derniers appartiennent les corps al- buminoïdes solubles dans l'alcool des graines des plantes : gluen-fibrine de Ritthausen, zétine, etc.”. Un coup d'œil sur les chiffres ci-contre montrera les grandes différences du contenu en arginine des différents albuminoïdes. Nous retirerons de ces 1 A. Kossez et KUTSCHER Zeitsch. {. phySiol Chem., t XXXI, p. 165. : 10* 166 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES analyses des résullats particulièrement importants quand la méthode de préparation des peptones aura élé suffisamment perfectionnée pour qu'on puisse soumettre à l'examen analytique non seule- ment la molécule albuminoïde entière, mais aussi les fragments plus simples qui donnent la réaction du biuret : ARGININE 4 en poids Salmine (testicule de saumon){. , . . . 84,3 Clupéine (testicule de hareng)‘. . . 82,2 Cycloptérine (testicule de Cyelopterus)". 62,5 Sturine (id. d'esturgeon)!.. . :. . . .. 58,2 Histone (id. de cabillaud)! . Histone ‘du thymus)'. , . . . Edestine (graines de chanvre). . . . . 14,07 Gélahirre st Re ee CU Q1S Syntonine (viande debœŒut 2-04. 00506 Caséine (lait de vache)3. . . . . . . . , ‘4,8 Glutencaséine (froment '. 4,4 Glutenfibriue (id)! . . . MEME o 0 SU MueEte td ER 043 Gliadine (id)!, .. D Co rue 2,15 OCTO 0 tete ol M EE MCE On constate des différences analogues en ce qui concerne la partie acides monoamidés. Parmi eux, il n'y en à que peu, il est vrai, qui aient pu être soumis jusqu'à présent à une détermination cer- taine (tyrosine, acides glutamique et aspartique, glycocolle); mais les variations accusées dans les proportions de ces produits de dédoublement n'en sont pas moins indéniables. Quelques produits de décomposition, comme le glycocolle et la sérine, ne se forment qu'avec certains albuminoïdes ; d'autres, comme la leucine, l'acide glutamique, la tyrosine, varient considérablement en quantité. R. Cohn estime à 40-50 °/, la quantité de leucine provenant de la caséine ; en outre, il se forme environ 30 °/, d'acide glutamique et 4,5 °/, de tyrosine. Les recherches de Ritthausen”’, de Hlasiwetz et Haber- mann”, ainsi que de Kutscher’ ont montré qu'il existe des différences considérables dans la propor- Uon d'acide glutamique. Ainsi Ritthausen en à de la mucédine, 5,3 °/, de la gluten- caséine et 1,5 °/, de la légumine. Hlasiwetz et Ha- bermann ont retiré de la obtenu 95 °/, caséine par l'hydrolyse chlorhydrique 29 °/, d'acide glutamique. De nom- breuses recherches, parmi lesquelles je ne veux citer que celles de Reach® faites dans le laboratoire de Salkowsky, montrent que la production de tyrosine ! Voyez A. Kossez et F. KUTSCHER, Chem,. t. XXXI, p. 165 et suiv. ? Harr (non encore publié). ! Hart, Zertsch. f. et suiv. * Zeitsch {. physiol. Chem., t. XXNI, p. 395. * Die Eiwesskôrper der Getreidearten, Hülsenfrüchte und Uelsamen, Bonn, 1872, p. 222. * Ann. d. Chem. und Pharm., t. CLXIX, p. 166. * Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XX VII, p. 123. Vircow’s Archiv., t. CXCIX, p. 288. Zeïtsch. f. physiol. physiol.' Chem., t. XXXIIT, p. 353 + VIU, p. 381. peut prendre toutes les valeurs jusqu'à environ 5 0/,. La teneur en soufre des albuminoïdes varie aussi dans des limites analogues. Je n'ai mentionné que brièvement jusqu'à présent un groupe de la molécule d'albumine qui se décom- pose avec dégagement d’ammoniaque sous l'action des acides minéraux. Nasse ! a d’abord fait des essais pour comparer les quantités d'ammoniaque four- nies par les divers corps albuminoïdes. Ces recher- ches ont été ensuite plusieurs fois répétées et ont montré des différences importantes entre les ma- tières albuminoïdes?., Quelques-unes, les prota- mines, les histones, la gélatine, ne fournissent que peu où pas d’ammoniaque, tandis que chez les au- tres, plus de 10 °/, de l'azote total s'échappe sous cette forme. Ces différences dans les rapports de quantité des divers groupes qui prennent part à l'édification des TAgceau [.— Production d'urée dans le dédoublement des albuminoïdes. a 100 PARTIES d'albumi- noïdes fournissent SUR 100 PARTIES d'azote des albuminoïdes sont contenues RE dans les acides urée dans l'urée RÉAL Salmine. . . . .129,1 parties.|43,9 parties.|43,9 parties. Sturine 1204 — 21,1 — 30, _— Histone . A DS — 13,5 — PPT — Syntonine. . . .| 1,17 — 5,4 — 9,1 — Caséine du lait .| 1,7 — 4,9 — 11,9. — Gluten-caséine. ,| 1,5 — 44 — 6,9 — Gluten-fibrine . 4,0 — 2,9 — 29 — LÉMEIS RENEMOES — 1,9 — 1,9 — corps albuminoïdes seraient déjà suffisantes pour expliquer la grande multiplicité de ces derniers. Mais il vient encore s’y ajouter des différences qui dépendent de larrangement dans l'espace des groupes atomiques. Il en résulte, en somme, que l'habitude d'introduire, dans les calculs physiolo- giques, l'albumine comme une grandeur invariable, comme un facteur de valeur constante, est absolu- ment injustifiée. Comme les différents corps albuminoïdes pos- : sèdent une composition chimique différente, ils doivent avoir aussi pour l'organisme une valeur différente. Les chiffres du tableau I nous en four-. niront un exemple, J'y ai indiqué les quantités d'urée qui proviennent du seul dédoublement de l'arginine des divers albuminoïdes. t. VI, p. 589; t. t. VII, p. 139; 1 Are, f. die ges. Physiol., 2 Voyez Couxuerm : Chemie der Eiweisskürper, p. 39 et 65; A. Kossec et F. Kurscuer, Zeitsch.f. physiol. Chen. Lt. XXNI, p. 165; Hexpersow, Zbid,,t. XXIX, p.47; Hart, /bid.,t. XXXIII, p. 353. De ces chiffres on déduit que l'organisme animal . travaille dans de tout autres conditions quand il utilise la protamine ou l'histone comme source - d'énergie que lorsqu'il emploie la zéine ou les “albumines solubles dans l'alcool de la farine de _ froment. L'azote est, dans tous les cas, éliminé principale- - ment sous forme d'urée; mais, dans les premiers, — une partie importante de l’urée est déjà préformée grâce à la position des atomes, tandis que, chez les derniers, l'urée doit être presqueentièrement formée par synthèse. Il y a là encore matière à d'impor- tantes recherches de thermochimie ou d'échanges de substances. NII L'importance des corps albuminoïdes pour l'or- ganisme ne sera, toutefois, pas seulement déter- -minée par leur structure chimique : elle repose aussi essentiellement sur les propriétés physiques et chimiques de la molécule terminée. Celles-ci peu- vent, il est vrai, êtres déduites, dans des cas isolés, de la structure chimique. J'ai déjà dit que les pro- -tamines et les histones, qui sont riches en groupes basiques, possèdent ou peuvent posséder des pro- -priétés basiques. Chez les autres corps albumi- “noïdes, nous pouvons observer à un degré moindre “les combinaisons avec les acides : les globulines, par exemple, en forment par addition d'acides, souvent avec une modification totale de leurs pro- “priétés de solubilité. Mais on reconnait plus distinc- “tement encore, dans certains cas, un caractère acide de la molécule d'albumine ou de ses parties qui “donnent du biuret. Les albumoses et les peptones “peuvent former des sels de calcium et de baryum, “non décomposables par l'acide carbonique ; mais “elles sont aussi capables de fixer de l'acide chlo- “rhydrique!. D'après les travaux d'Hammarsten, la “caséine du lait existe à l'état de combinaison cal- ique, et l’on trouve dans les graines des plantes “des sels analogues de calcium et de magnésium. Cette faculté de la molécule d'albumine d'agir à la “fois comme acide et comme base, — ou, d'après l'hy- pothèse de Cohnheim et Krieger*, comme pseudo- acide et pseudo-base dans le sens de Hantzsch, — joue certainement dans l'organisme un rôle impor- “tant. À cela s'ajoute encore la tendance des corps —albuminoïdes à donner des combinaisons non ioni- “sées avec les éléments inorganiques, et même avec les substances organiques. De cette facon, le fer, “l'iode et d'autres éléments peuvent être captés, et “les éléments ou les groupes atomiques qui pren- “nent naissance dans le protoplasma sont ensuite éloignés. ? Zeitsch. f: Biol., t. XL, p. 95. l 2 LA 4 A. Kossec : Arch. f. die ges. Physiol., t. XIII, p. 309. “ #1 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES [l A67 Cette faculté des albuminoïdes d'éliminer immé- diatement certains produits de réaction est d’une importance capitale pour les processus synthétiques de l'organisme ; en particulier, les synthèses qui se basent sur les phénomènes enzymatiques, telles qu'elles ont été décrites récemment par Hill‘, sont facilitées ou rendues possibles par la présence des corps albuminoïdes. Les propriétés physiques et les rapports de solu- bilité des albumines telles qu'on les extrait des orga- nismes sont également variables. On a cherché, en se basant sur la solubilité ou certaines réactions de précipitation, à caractériser quelques groupes parmi les albuminoïdes; aussi longtemps que la consti- tution chimique de ces corps ne nous sera pas suffi- samment connue, devrons nous contenter d'une caractérisation superficielle, telle que la donnent les réactions de précipitation; mais il ne faut pas que nous oubliions que ce n'est qu'un mauvais pis-aller, et que la division en groupes des albumines ne peut être fondée que sur leur consti- tution. Beaucoup de corps albuminoïdes sont contenus dans l'organisme sous une forme très labile et ils subissent, après la mort ou après qu'ils ont quitté le corps, une transformation. On a l'habitude de dé- signer cette dernière, en tant qu'elle est liée à une précipitation de la substance albumineuse, sous le terme de prise en caillots; mais des transformations de nature très diverse peuvent se trouver réunies sous ce nom. Ainsi le phénomène qui provoque la prise en caillots du fibrinogène renfermé dans le sang et la formation de la fibrine est entièrement nous différent du processus qui a lieu lors de la précipi- tation d’un albuminoïde par la chaleur. Cette der- nière transformation, connue aussi sous le nom de coagulation au sens étroit du mot, — c’est-à-dire la formation d'un corps albuminoïde insoluble aux dépens d'un corps soluble ou dialysable par l'ac- tion de la chaleur ou de l'alcool ou d'autres réactifs, — se rencontre chez beaucoup d’albuminoïdes ; le méçcanisme chimique en est malheureusement en- - COre inconnu. Tous les corps albuminoïdes solubles possèdent des propriétés colloïdales marquées; malgré cela, on arrive à en faire cristalliser un certain nombre. Ce genre de cristaux a d'abord été découvert en 1849 par Reichert” pour les corps albuminoïdes colorés du sang; depuis lors, on a trouvé dans les animaux et dans les plantes une grande quantité d'albuminoïdes à l’état cristallisé, ou on les a fait passer artificiellement sous cette forme. 1 Journ. of..the Chem. Soc. of. London, t. LXXIN p. 634. 2 Archiy. fur Anat. u. Physiol., 1849, p. 197. Nous devons à Hoppe-Seyler les premières recherches précises sur les albumines cristallisées. 468 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES VIII J'ai déjà signalé plusieurs fois le fait que les corps albuminoïdes se trouvent souvent, dans les tissus et les sécrélions des animaux et des plantes, en combinaison avec d’autres groupes organiques. Les propriétés physiques de ces protéides sont essen- tiellement celles des albuminoïdes, et on arrive généralement à reconnaitre, par simple dédou- blement hydrolytique, que ces substances sont com- posées de deux parties, un albuminoïde ou, au moins, un corps peptonique donnant la réaction du biuret, et un groupe prosthétique. Il est, toutefois, souvent difficile de reconnaitre la nature du pro- téide, et on s'explique ainsi que les groupes qui lui sont attachés aient élé pris dans quelques cas pour des produits de dédoublement des albuminoïdes. La liaison entre la partie albuminoïde et le groupement prosthétique peut être plus ou moins solide. Hoppe-Seyler à montré, par exemple, que la lécithine existe, dans le jaune d'œuf et dans d'autres tissus animaux, à l’état de combinaison très läche avec l'albumine, déjà dédoublable par l'alcool chaud *, et E. Schulze a prouvé l'existence de combinaisons analogues lécithine-albumine dans les graines des plantes”. Par contre, il peut y avoir une liaison solide, non destructible même par des réactifs énergiques, et on observe souvent qu'une partie du groupe prosthétique est liée faiblement, landis que l'autre est fortement atta- chée. Dans certains cas, il n'a pas été seulement pos- sible de décomposer la-molécule protéique en ses deux constituants, mais encore on à pu réunir ces deux constituants en un protéide. Ainsi Altmann a montré que le groupe prosthétique de plusieurs substances nucléiques, l'acide nucléique, forme avec l’albumine en solution aqueuse acide un pré- cipilé qui possède les propriétés du protéide ori- ginel, la nucléine*; d'après Schmiedeberg*, un précipité analogue se forme lorsqu'on met en pré- sence, en solution aqueuse, le groupe prosthétique du chondromucoïde, Vacide chondroïtique, avec l'albumine dont il a élé séparé. Le caractère chimique des groupes prosthétiques varie beaucoup. Un groupe inorganique, comme, par exemple, Pacide phosphorique, peut être lié directement à un complexe biurélique, — c'est vraisermblablement le cas pour les paranuelcines; dans d'autres cas, c'est un corps organique com- pliqué qui est uni à l’albumine. 1 Physiologisrhe Chemie, Berlin ? ScuuLzE et KIKIERNIK p. 405. ? Arch. f. Anal. u. Phvsiol., physiol. Abt., 4889, p. 524. * Arch. f. exper. Pathol. und Pharmak., t, XXVIU, p. 355. 1877-81), p. 781. : Zeitsch. £. physiol. Chem. t. XN, Parmi les corps qui, surtout dans ces dernières années, ont attiré l'attention des chimistes physio- logistes, il faut citer les glycoprotéides, constitués par l'union d'un groupe hydrate de carbone avec l'albumine. On sait depuis longtemps que la mu- cine, partie principale de la colle d'animaux, met. en liberté, par ébullition avec les acides, un corps qui se comporte comme un sucre et réduit la liqueur de Febling en solution alcaline. Mais ce n'est que récemment que F. Mueller ! et Zanetti* ont réussi à déterminer avec certitude la nature de cet hydrate de carbone réducteur : c'est la glyco- samine. Nous connaissons une série de corps albu- minoïdes, analogues à ce point de vue à la mueine : par exemple deux des constituants de l'albumine de l'œuf de poule, l'ovomucoide et l'ovalhumine ?, puis un corps qui se forme dans les glandes albu- mineuses de la grenouille, puis encore l'ovarial- mucoide et enfin le chondromucoïde des cartilages. De la plupart, probablement de tous, on peut détacher des hexosamines; N. Schulz et Ditthorn ont reconnu que le de lalbumine corps reliré des glandes de la grenouille est de la galactosa- mine. Mais les hexosamines ne peuvent être retirées directement du protéide originel; elles passent par une ou plusieurs phases intermédiaires, qu'on observe particulièrement bien lorsqu'on opère sur le chondromucoïde. C. Th. Mürner* a détaché du chondromucoïde une substance organique com- plexe, qu'il a reconnue comme un éther acide de l'acide sulfurique. Schmiedeberg * prépara d'autres dérivés de cet acide et trouva parmi eux un Corps de la composition C'H?'Az0", qu'il nomma chon- drosine et qui, d’après lui, doit se décomposer en formant de la glycosamine et de l'acide glycuro- nique. On doit conclure des recherches de F. Mueller qu'il se forme aussi aux dépens de la mucine un produit intermédiaire analogue qui, d'après sa composition, correspond à peu près à un hexobiose amidé. Une combinaison semblable vient d'être préparée par Leathes® au moyen d'un mucoïde ovarien. Ce produit, la paramucosine, possède, d'après Leathes, la composition CH*AZ0! et se M I > distingue de la chondrosine en ce qu'il renferme un groupe CH°OH à la place où la chondrosine M 1 Si!zungsber. der Gesellsch. zur Belürderung der gesamt. Naturwiss. in Marburg, 1898. p. 11; J. SEENANN : Sur les substances réductrices obtenues dans le dédoublement de l'albumine d'œuf, Thèse, Marburg, 1898. 2 Ann, di Chim. e Iarmac., 1897, n° 12. 3 Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXIX, p. 373. 5 Skandin. Archiv. f. Physio?., t. 1, p. 210. 5 Are. 1. exper. Pathol. und. Pharmakol., 1. ) ML É. Arch. f. exper. Pathol. und Pharmakol., t. XLIIT, p. 245. XXVIHI, Cnten nana rer eg EEE So 2 A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES 469 - possède un groupe COOH ; il se dédouble par ébul- _Jition avec l'acide chlorhydrique concentré en for- _ mant une hexosamine. _ CHO cie … GH.Az:CH(CH.OH).CH°OH CH.Az:CH(CH.ON).COOH -(&onr ie. _ GH.on CHE.OH Paramucosine (Leathes). Chondrosine (Schmiedeberg). Uni à un plus grand nombre d'autres groupes atomiques, la complexe hydrate de carbone se retrouve dans les substances nucléiques. Comme Vacide sulfurique dans les chondromucoïdes, ici Jacide phosphorique, combiné à des groupements organiques, s'unit à l'albumine ; et parmi ces grou- pes organiques on en trouve plusieurs qui se rap- prochent des sucres. Les différents acides nucléiques que nous connaissons aujourd'hui renferment des groupes hydrates de carbone très divers. Dans acide nucléique de la levure, j'ai trouvé, par exemple, un hexose réducteur et aussi les réactions d'un pentose‘'. Dans l'acide nucléique du thymus, par contre, que j'ai étudié en collaboration avec À. Neumann’, nous n'avons pu mettre en évidence aueun hydrate de carbone réducteur, mais nous avons trouvé, parmi les produits de l’action des acides minéraux, de l'acide lévulique en abondance à côté d'acide formique, — preuve de la présence d'un hexose. En outre, Neumann‘ y a trouvé encore un pentose. Noll* a observé des circonstances ana- logues pour l'acide nucléique du sperme de pois- son. D'un autre côté, Hammarsten* a montré qu'il - existe dans la glande pancréatique une combinaison . d'acide nucléique, dont on peut détacher un hydrate de carbone réducteur possédant les propriétés d'un -pentose, et Salkowsky® a vérifié ultérieurement qu'il s'agit bien là, en effet, d’un pentose. Les rap- ports des hydrates de carbone avec les corps albuminoïdes sont donc très multiples, tant parce - qu'il existe des hydrates de carbone très différents dans les groupes prosthétiques que par la diversité - de leur mode d’attachement. Les autres groupes qui ont été trouvés jusqu'à présent dans les acides nucléiques appartiennent - principalement à la série de la pyrimidine. Les recherches des vingt dernières années ont montré - que les dérivés de la pyrimidine prennent une part - importante aux processus fondamentaux de la vie; Arch. UT. p. 159-160. 2 Ber., t. XXNIT, p. 2215 (1894). $ Arch. f. Anat.u. Physiol., physiol. Abt., 1899, suppl., Anat. u. Physiol., physiol. Abt., 1893, P- # Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXV, P. #31. PTbid At. XIX, p. 19. $ Berlver Klin. Wochenschrift, 1895, n° 17. je les ai décelés à l'endroit où les processus synthé- tiques, les phénomènes de croissance, doivent être observés dans la cellule, c'est-à-dire dans le noyau‘. Le rôle physiologique du noyau pyrimi- dique parait surpasser celui du noyau benzénique. Le dérivé pyrimidique le plus simple dont la for- mation aux dépens des substances nucléiques ait été démontrée avec vraisemblance est un corps retiré par Alb. Ascoli? de la nucléine de levure, qui possède la composition d'une dioxypyrimidine, et qui est identique à l'uracile. On peut retirer en plus grande quantité, des nucléines animales et végétales, un corps que j'ai trouvé en collabora- tion avec A. Neumann° dans l'acide nucléique du thymus, qui a été plus tard préparé aussi au moyen des autres acides nucléiques, et que Steudel* x caractérisé comme la 5-méthyl-2:6-dioxypyrimi- dine. Plus récemment, E. Fischer a fait la synthèse de ce corps, et en a confirmé la constitution par sa reconstruction *. (1) Az—CH (6) AzH — CO AzH — CO | | | | | (2) CH CH (5) co CH CO C.CH* | Î I | Il (3) Az — CH (4) AzH -— CH AZI — CH Pyrimidine. Uracile. Thymine, A côté de ces corps solidement fixés, j'ai trouvé encore des dérivés pyrimidiques plus lâchement attachés parmi les produits de dédoublement des acides nucléiques : ce sont l'adénine, l'hypoxan- thine, la guanine et la xanthine : AzH — CO AZU — CO | | | | CH C— AZI co C— AZI | I CH I | ÿCH AZ C AZ AzH — C Az” Hypoxanthine. Xanthine. Az—C-AZIU® AzH — CO | CH ( — AH C.AzH° C— AZHX : | >CH Il | CH Az —t Az? Az [0] a27 Adénine. Guanise. Nous pouvons encore retirer des acides nu- cléiques des dérivés puriques faiblement fixés, el il reste enfin un acide, que nous avons primilive- ment désigné sous le nom d'acide paranucléique, mais pour lequel nous avons choisi ensuite, afin d'éviter des confusions avec les dérivés de la para- nucléine, le nom d'acide thymiquef. I renferme le complexe d'atomes de la thymine. 1 A. KOSsEL : t'XXXIT, p. 241. 1901, XIT, 286. Zeitseh. f. physiol. Chem., t. VII, p. 1. 2 Jbid., t. XXXI, p- 161. 3 Ber.,t. XXVII, p. 2215 (1894). 4 Sitzungsber. der Ges. zur Befôrderung d. ges. Naturwiss. in Marburg, 23 janvier 1901; Zeitsch. 1. physiol. Chem., 5 Sitzungsber. der K. preuss. Akag. der Wiss. Berlin, 8 Zeitsch. {. physiol. Chem., t. XXII, p. 15. 470 La dernière tâche à accomplir dans ce domaine, c’est de déterminer les proportions dans lesquelles ces constituants des acides nucléiques sont com- binés entre eux. Pour l'un des acides nucléiques les plus simples, l'acide quanylique, des recherches quantitatives de Bang ont montré qu'il doit don- ner naissance à 4 molécules de guanine, 3 molé- cules de pentose, 3 molécules de glycérine et x molécules d'acide phosphorique ‘ Comme les acides nucléiques sont des acides phosphoriques substitués, qui précipitent l'albu- mine, l'idée devait se faire jour de les rapporter à l'acide métaphosphorique. Les essais faits dans celle direction par Alb. Ascoli ont conduit à un résultat négatif”. Ascoli est toutefois parvenu à trouver dans la levure, à côté de l'acide nucléique, un corps jouissant des propriélés de l'acide métaphos- phorique, et dans cette découverte les vieilles indi- cations de L. Liebermann sur la production d'acide métaphosphorique aux dépens de l'acide nucléique doivent certainement trouver leur explication *. IX Dans nos considérations, nous nous sommes maintenant élevé des corps albuminoïdes les plus simples aux plus compliqués. On se rend compte du grand nombre de groupes atomiques qu'ils renferment, en comptant les produits de dédou- blement divers qu'on obtient d’une substance nu- cléique : ce sont l’arginine, l’histidine, la lysine, deux groupes sulfurés, la leucine, l'acide aspar- tique, l'acide glutamique, le groupe formateur de furfurol, le groupe formateur du seatol, les bases ! Zeitsch. f. physiol. Chem., t. XXXI. p. * Ibid., t. XXXI, p. 156. * Ibid, t. XXII, p. 426. Voyez: L. LiEBERMANN, Arch. f. die ges. Physiol., t. XLVII, p. 155; A. Kosse, Arch. f. Anat. und Physiol., physiol. Abt., 1893, p. 160 et suiv. #11. A. KOSSEL — L'ÉTAT ACTUEL DE LA CHIMIE DES CORPS ALBUMINOIDES | rappelant que la plupart de ces groupes, grands et | albuminoïdes qui, allant des membres les plus La ER RL, RU OT SA à A puriques, la thymine, le groupe formateur d'acide lévulique, l'acide phosphorique. Le nombre de ces groupes est encore trop restreint, car il est très vraisemblable qu'on doive y ajouter un acide ami- dovalérique, l'acide pyrrolidinecarbonique, et. peut-être aussi l'acide phénylamidopropionique et d'autres. Et encore nous n'obtiendrons une idée exacte de-cette structure complexe qu'en nous petits, se retrouvent plusieurs fois dans la molé- cule. Il résulte de toutes les considérations précé- dentes que les corps albuminoïdes forment un groupe de combinaisons très diverses. Générale ment, on se représente l’albumine comme un corps doué de propriétés déterminées, et l’on se cons truit une albumine idéale, comme Gæthe se repré- sentait la plante originelle et idéale. Les albumines qui ne répondent pas à cet idéal ont été chargées de défauts et placées dans un groupe inférieur. Cette manière de voir ne doit pas être maintenue L'investigation actuelle de la Nature nous com- mande de considérer le produit organique comme un chainon d’une série très développée, condition qui trouve son expression la plus parfaite dans: les recherches phylogénétiques et ontogénétiques. Aussi nous ne considérons pas la molécule d'albu- mine compliquée comme donnée une fois pour toutes, mais nous cherchons un système de corps simples aux plus compliqués, nous dévoile l'être intérieur de ces corps à faces multiples". | A. Kossel, Professeur de Physiologie à l'Université de Heidelberg. : ! Conférence faite devant la Société chimique allemande et publiée en allemand dans ses Berichte, t: XXXIV, p. 321! Le présent article a été mis par l'auteur au courant des dernières découvertes. = CHEZ LES . Le problème sur lequel je désire appeler l'atten- tion des biologistes et qui a trait à la constitution et à la manière d'être de la chaîne des Cestodes, est déjà ancien, car il a été un sujet d'études au Moyen- Age. On sait, en effet, que les Arabes considéraient déjà le corps à forme rubanée d'un Cestode comme Ja réunion d'individualités animales, dont chacune était représentée par un seul anneau, _ À des époques plus rapprochées de nous, après la léthargie du Moyen-Age, lorsque surgirent des acli- ités nouvelles dans tous les domaines scientifi- es, nous voyons aussi se discuter le problème de monozoïcité ou de la polyzoïcité chez les Ces- T des. . Et, comme il arrive en toute chose, les points de vue les plus opposés furent soutenus, puisque les uns étaient partisans de la polyzoïcité, tandis que d'autres considéraient le Ténia comme un individu nique et seul. La discussion, à un certain moment, dégénéra même en véritable conflit, dans lequel l'idée de la monozoïcité parut avoir le dessus; parmi ceux qui la défendirent, nous trouvons plusieurs helminthologistes renommés, tels que Brera, Ru- dolphi d’abord; Creplin, Mehlis, Mychen, Die- sing, Von Siebold, Owen, E. Blanchard ensuite, et bien d’autres encore. Des publications, parues en 840, favorables à la polyzoïcité chez les Cestodes, déterminèrent cependant une direction différente des conceptions jusqu'alors en vogue et semblèrent résoudre à jamais le débat en faveur de la poly- zoïcité; on peut s'en rendre compte par les ouvra- es de Eschricht ‘ et de Steenstrup” ; ensuite, par a monographie classique de van Beneden’, où auteur, s'appuyant sur l'autorité des deux natura- listes que je viens de citer, soutient la théorie poly- ique avec les idées et les connaissances acquises à cette époque, cherchant à prouver l'analogie entre le proglottis d'un Ténia et un Trématode isolé. . Les auteurs contemporains, qui se sont occupés de la segmentation des Cestodes, en se fondant r les conclusions précédentes, ont considéré sans aucun doute ces organismes comme des agrégations polyzoïques dimorphes; la discussion n'a continué que sur le.mécanisme de la segmentation qui s’est x … Escuricur (D. F.) : Anatomisch-physiologische Untersu- «chungen über die Bothryocephalen, in : Nova Acta Acad. nat. , 1900. REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE pant entre les oscillations qu'accusent les glaciers boréaux et celles qui ont été enregistrées pour les glaciers alpins. Parmi les nombreux Rapports qui ont été publiés dans ces dernières années sur la variation des glaciers alpins, je citerai, en première ligne, l'im- portant et luxueux volume intitulé : Observations sur les variations des glaciers et l'enneigement dans les Alpes Dauphinoïises, organisées par la Société des Touristes du Dauphiné, sous la direc- tion de W. Kilian et G. Flusin*. Vingt-six glaciers dauphinois ont été, pendant les dix dernières années, l’objet d'observations sui- vies, qui se trouvent consignées dans ce mémoire. Un certain nombre de ceux sur lesquels existent des observations antérieures à 1892 ont subi, dans leur grande phase de décrue, datant d'une époque comprise entre 1858 et 1870, un arrêt de leur mou- vement de recul et même une période de crue passagère pendant une période comprise, suivant les cas, de 1889 à 1893. A l'exception du glacier Blane et du glacier du Casset, qui semblent encore stationnaires, tous les glaciers en observation sont aujourd'hui en décrue manifeste. Les glaciers de la région méridionale du massif du Pelvoux, en partieulier, accusent une réduction telle que leur disparition complète est à craindre pour un avenir peu éloigné. Cependant un gonflement, précurseur d'une crue prochaine, se produit actuellement pour trois glaciers appar- tenant au cirque du Vénéon. Ces résultats concordent dans leurs grands (raits avec ceux qui ressortent des dernières études sur les variations des glaciers suisses et qui sont pu- bliés annuellement dans les Rapports de MM. Forel et Lugeon. Ils suggèrent à M. Kilian la réflexion que les variations, bien que semblant obéir à des lois générales, sont loin de se produire avec un synchronisme de détails rigoureux dans les dif- férents glaciers d’un même massif. A cet égard, il est intéressant d'examiner les conclusions auxquelles a été conduit M. J. Vailot, à la suite de ses « Expériences sur la marche et les variations de la Mer de Glace ? », entreprises pendant neuf ans et comprenant des nivellements en travers, la mesure de profils en long, etc. Dans l'opinion de M. Vallot, une période froide et humide provoquera, sur toute la surface du ré- ‘1 vol. in-40, 231 p., 9 pl. en phototypie. Grenoble, 1900. ? Annales de l'Observatoire méléoro!ogique, physique et glaciaire du Mont-Blanc, t. IN, p. 35-151, t. V, 61 pl. Paris, 1900. 8 ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE servoir supérieur d'un glacier, une augmentation d'épaisseur du névé. Cette masse de neige, souvent répartie sur une surface très considérable, des- cendra avec le glacier et produira dans la partie inférieure une augmentation très notable, à cause du resserrement de la masse dans un étroit goulot. C'est comme une énorme vague qui descendra el s'écoulera pendant un temps plus ou moins long, augmentant l'épaisseur et la longueur du glacier, et formant une des grandes variations cycliques, que M. Forel considère comme se produisant à peu près tous les tiers de siècle. Mais il faudra à cette vague un temps très long pour descendre jusqu'à l'extrémité du glacier, et ce n'est qu'après un grand nombre d'années qu'elle arrivera dans la partie inférieure. La cause et l'effet sont donc loin d'être contemporains, et l'époque de la crue de l'extrémité inférieure du glacier dépend de la longueur et de la vitesse de celui-ci’. C'est pour cela que tous les glaciers ne varient pas en | méme temps, l'effet étant presque immédiat sur les plus courts, tandis qu'il se fait attendre sur ceux qui ont une grande longueur; ainsi l'avancement ou le retrait du glacier des Bossons précède tou- jours de plusieurs années celui de la Mer de Glace, qui est sensiblement plus longue. Les mesures effectuées par M. Vallot ont encore conduit à plusieurs autres résultats relatifs au régime des glaciers. "Le plus inattendu est certai- nement la constance de la vitesse pendant toute Contrairement à l'opinion régnante, l'hiver l'été ne produit l'année. n’amène pas de ralentissement, pas d'accélération. Ce fait est contraire à la théorie de la marche des glaciers par infiltration suivie de regel et à toute théorie qui s'appuie sur une action calorilique quelconque pour expliquer la progres- sion du glacier. Celle-ci ne peut être attribuée qu'au glissement de la masse produit par la pente et à la poussée des masses glaciaires qui se trouvent en amont. S 2, — Erosion glaciaire. La question de l'érosion glaciaire divise depuis uns fort longtemps les géologues. Tandis que les admettent qu'un glacier est capable de creuser ou tout au moins d'approfondir son lit par l'érosion le fond de la d'autres pensent que, loin de posséder une qu'il exerce sur les flancs et sur vallée, au contraire, Des récents sont venus apporter des arguments assez action érosive, le glacier protège, son lit contre toute érosion torrentielle. travaux puissants en faveur de Ja première manière de voir. On a souvent remarqué que les vallées dans les- quelles s'exerce exclusivement l'érosion par les | "= | M. Forel est arrivé de son côté au mime résultat, and Norway. Proc. Boston Soc. of Nat. Hist., vol. XXIX, n° 14, p. 213-322, 3 pl. 1900: A. Pexcx : Die Uebertiefung der Alpenthäler. Verh. d. L | eaux courantes sont caractérisées par un profil en travers en forme de V, tandis que celles qui portent des traces manifestes du passage des gla= ciers ont un fond aplati, se raccordant avec des. flancs très escarpés, et possèdent, par conséquent, un profil en travers en U. Il est logique d'attribuer. à l'érosion glaciaire cette transformation du profil. Mais il y a plus. Tandis que, dans les vallées qu n'ont jamais été visitées par les glaciers, les profils" en long des vallées latérales se raccordent parfai- tement avec celui de la vallée principale, il n’en est pas de même dans les vallées glaciaires. Les affluents débouchent dans la vallée principale pa des gorges étroites ou s'y jettent en cascade, for- mant de véritables « vallées suspendues ». M. W. Morris Davis’ et M. À. Penck* ont conclu de cette particularité que les vallées anciennement occupée par les glaciers ont subi un surcreusement dû à l'érosion glaciaire. Les thalwegs des vallées sus- pendues seraient des restes de l'ancien réseau hy- drographique, privés par le surcreusement de leur raccordement normal avec le thalweg primitif de l'artère principale. M. Kilian‘ attribue, par contre, le surcreusement à l'érosion fluviatile et pense que les vallées laté- rales ont été préservées de toute érosion par les glaciers locaux qui les occupaient postérieurement au retrait du glacier primitif. Après la fusion de ces glaciers locaux, la topographie sous-glaciaire des vallées latérales s'est trouvée en désaccord avec celle de la vallée principale. Mais on ne concoit guère pourquoi l'érosion régressive, produite par. les eaux de fusion des glaciers en voie de retrait, n'aurait pas agi dans un cas comme dans l'autre, en : formant exclusivement des entailles en V entamant l'ancienne topographie. Il est difficile, en outre, d'attribuer, comme le font M. Kilian et le général de Lamothe, reprenant une idée exposée antérieurement par Lüwl, l'éro- sion régressive des cours d’eau alpins à des change- ments dans le niveau de base, dus à des oscillations du niveau de la mer: Mais la forme du profil en travers et les vallées suspendues ne sont pas les seuls arguments que l'on puisse invoquer en faveur de l'érosion glaciaire. Le profil en long des grandes vallées alpines présente des particularités démontrant le surcreu- sement d'une manière plus évidente encore. Les grands lacs du bord des Alpes, dont les grandes. 1 W. Mornis Davis : Glacial erosion in France, Switzerland VII. intern. Geographen Kongresses in Berlin, p. 232-240. 1900. WP EKTLTANIE Bull, Soc. Sur le surcreusement des vallées alpines. Géol. Fr., 3° sér., t. XXVIII, p. 1003-1005. 1900, purs fondeurs indiquent l'existence de contre-pentes s le thalweg, ont été souvent attribués à des ouvements du sol produisant une dépression élation a été donnée pour les fjords de la Nor- wège, que l’on s'accorde à envisager comme d'an- siennes vallées glaciaires envahies par les eaux narines et qui sont presque toujours séparés de Les études récentes de M. Otto Nordenskjüld' sur s fjords de Norwège, de Patagonie, de l'Alaska, du “ænland, ete. jettent un jour tout nouveau sur le ons mettent bien en évidence le profil concave u thalweg des fjords; mais, de plus, ils montrent e les fjords principaux ne sont pas seuls à pos- er cette particularité. La plupart des branches érales de ces baies, souvent si fortement digitées, ésentent, elles aussi, une dépression précédée m seuil rocheux et, par conséquent, un thalweg soncave, avec contrepente. - Si l'on a pu songer à expliquer le profil concave les fjords principaux par un enfoncement du sol se produisant parallèlement à la côte scandinave, cette 1 erprétation ne peut évidemment pas s'appliquer xrombreuses ramifications latérales, quiforment ec le tronc l'angle le plus variable. Il faudrait oir recours à des mouvements très complexes, impossibles à concevoir. Le surereusement gla- aire peut seul expliquer la concavité et la contre- pente du thalweg des vallées alpines et des fjords. - 20 $ 3. — Glaciers permiens. 1 y a longtemps que certains géologues avaient & la série permienne de l'Inde”, de l'Australie et de Afrique du Sud. Mais les arguments mis en avant èn faveur de l'hypothèse glaciaire n'étaient pas Suflisamment probants pour entrainer aux yeux de Qus la pleine certitude sur l'existence d'une pé- iode glaciaire vers la fin de l'ère paléozoïque. M. Penck*, qui vient de rassembler les documents épars relatifs aux formations glaciaires d'Australie, onclut, après une étude critique très serrée de la uestion, qu'un certain nombre de faits demeurent inexpliqués dans l'hypothèse d'une période gla- Ciaire permienne et que, dans tous les cas, les Orro NorpexskJôLo : Topographisch-geologische Studien n l'jordgebieten. Bull. of the Geol. Institution of the Uni- rs. of Upsala, Vol. IV, 2, p. 157-226, pl. VII. 1900. V. « Revue annuelle de Geologie », dans le n° du 30 sep- mbre 1893, p. 601. ? Arerecar Pexck : Die Eiszeiten Australiens. Zeitschr. d. es. f. Erdk. zu Berlin, Vol. XXXN, p. 239-286, pl. IX. 1901. ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 179 causes de l'établissement de cette période nous échappent encore. Tous les auteurs sont à peu près d'accord pour placer les conglomérats en question dans le Per- mien inférieur; cependant leur âge exact ne peut être établi avec certitude et il n’est pas bien sûr que leur synchronisme soit tout à fait rigoureux. S'ils sont réellement glaciaires, on ne peut affirmer encore qu'ils appartiennent à une même phase d'une grande époque de refroidissement, ou s'il n'y a pas eu plutôt un certain nombre de phases suc- cessives d'extension maximum des glaces, comme à l'époque pléistocène. Si, comme le fait M. Penck, on marque sur un planisphère les points où ont été signalés des dépôts glaciaires permiens, on constate qu'ils sont exclusi- vement localisés sur le pourtour de l'océan Indien et qu'ils sont disposés suivant un cercle dont le centre vient se placer au milieu de cet océan, sur le tropique du Capricorne. Il y a là une première anomalie, puisque ce centre est beaucoup plus éloigné du pôle sud actuel que ne l'est du pôle nord le centre de la principale glaciation pléistocène. On pourrait peut-être en conclure que le pôle s’est : déplacé de plus de 60 degrés depuis la fin de l'ère paléozoïque; mais si l’on cherche des traces d'une période glaciaire permienne aux antipodes de ce point central, c'est-à-dire aux environs du Mexique, on n'en trouve pas le moindre indice. Les parti- sans d'une alternance des glaciations entre les deux hémisphères trouveront sans doute que cette constatation milite en faveur de leur théorie, mais M. Penck donne justement des arguments assez probants en faveur de la glaciation simultanée des - deux hémisphères, au moins en ce qui concerne les glaciations pléistocènes. Si l’on cherche à expliquer par des phénomènes climatériques spéciaux la présence, au Permien, de glaciers sur le pourtour de l'océan Indien, on se heurte à des difficultés insurmontables: mais si, par contre, on fait intervenir, comme quelques auteurs l'ont fait pour les glaciations pléistocènes de l'Amérique du Nord et du massif Finno-Scandi- nave‘, les oscillations du sol, les mouvements « épirogéniques », on arrive à des résultats plus satisfaisants. En effet, des considérations d'ordre géologique, paléobotanique et zoogéographique ont conduit à l'hypothèse d’un continent « australo- indo-malgache », qui aurait existé au début de lère secondaire sur l'emplacement de l'océan Indien actuel. Des oscillations positives de cette masse continentale auraient déterminé la forma- tion d'une calotte glaciaire, d'un ilandsis sur une 1 V, « Revue annuelle de Géologie », Rev. gén.des Sciences, 30 août 1899, p. 630-634. ÉMILE HAUG GO __ REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE grande partie de sa surface et même sur des ré- gions attenantes, Salt-Range et l'Afrique australe. Le phénomène glaciaire se serait trouvé localisé au Permien dans ce continent « Indien », tout comme au Pléistocène il était localisé sur le « bouclier canadien » et sur le « bouclier scandi- nave empiétant toutefois sur les régions voi- sines, comme actuellement les calottes glaciaires recouvrent la masse continentale du Grænland et comme la : le continent Antarctique. Cependant il convient de faire remarquer que la flore à Glossopteris, que l'on avait comme caractéristique du continent « Indien » ou continent de Gondwana, est connue maintenant dans d’autres régions, telles que l'Amérique méri- dionale et le Nord-Est de la Russie. En présence de toutes ces données contradic- toires, M. s’est demandé finalement si les cailloux striés des conglomérats permiens d'Au- de l'Inde et de l'Afrique australe sont tant qu'arguments en fa- envisagée Penck tralie, réellement probants en veur de l'origine glaciaire des formations en ques- tion. Il est incontestable que certains « galets à facettes » qui ont été décrits par les partisans de la glaciation permienne possèdent bien plutôt l'as- pect de cailloux faconnés par les actions éoliennes et paraissent provenir de formations désertiques. La question en était là lorsque fut publié, par les soins de la Société géologique de France, un im- portant mémoire sur lx « Géologie de la Répu- blique Sud-Africaine du Transvaal », dû à M.G.-A.-F. Molengraafl*, géologue de l'État, qui, pendant les deux années qui précédèrent la guerre, dirigea le Service géologique de la République. Une partie de ce mémoire est consacrée au système de Karoo, d'äge permien, qui, comme l’on sait, débute par le conglomérat de Dwyka et par les couches d'Ecca, depuis longtemps envisagés comme glaciaires. L'au- teur donne en faveur de l'hypothèse glaciaire des arguments tellement décisifs qu'ils y rallieront certainement les plus hésitants. Le conglomérat de Dwyka est constitué par des de variables, Les sont fréquemment couverts, sur un ou plusieurs côtés, blocs provenances diverses, de dimensions réunis par un ciment argileux gris ou bleu. blocs ont des arêtes arrondies et d'un ou plusieurs systèmes de stries parallèles. Rien ne les distingue des blocs striés des glaciers pléistocènes ou actuels. Aussi le conglomérat de ôtre considéré comme une Dwyka peut-il InO- ! V. Amazrrzky : Sur les fouilles de 1899 de débris de Ver- tébrés dans les dépôts permieus de la Russie du Nord. In-8v. 20INa pl. Varsovie, 1900. …A.-F. MorexGnaarr : Géologie de la ne Sud- Africaine du Transvaal. Bull. $S G £c'Ssére tu, 13-92, 19 fig., 4 pl. de coupes, 1 carte ( en couleurs. 49014. vente au siège de la Société géolagique, 28. rue Serpente. | | l raine profonde, comme l'argile à blocaux d’un. gantesque glacier. Ses bancs alternent avec de couches stratifiées, qui représenteraient les dépô formés par les eaux de fonte au-dessous et en avant du glacier, tandis que les couches d'Ecca corres= \ pondraient aux dépôts des torrents glaciaires et aux sédiments amoncelés dans les lacs glacia du paysage morainique. Partout où la série primaire sous-jacente (séri de Barberton) est directement recouverte par le con glomérat de Dwyka, sa surface est burinée, poliee striée suivant une même direction, qui esl évidem: ment celle du mouvement du glacier. Sur la pro priété de Nauwpoort, dans le district de Vrijhei quelques collines, formées par un quartzite de 1 série de Barberton, font saillie au travers du cons glomérat de Dwyka, qui les entoure complètement « Ces collines, écrit M. Molengraaff, hautes d’uné quinzaine de mètres, ont leur surface si parfaite ment polie, que l'image du soleil s'y trouve réflé chie comme dans un miroir convexe. Il est impos sible de gravir à cheval ces petites collines, parce que le sabot du cheval ne peut PRES prise sul leur sol. « Ce ne en définitive, de vérilablesroches mou: tonnées, dont toute la surface est non seulemenl complètement polie, mais aussi cannelée par nombreuses et fines stries parallèles. Il est f intéressant de noter que les stries sur ces collin ne sont pas limitées à un seul côté, celui d'où venait la pression, mais que toute la surface offre le mê aspect: le poli et les stries ont done été produits par une masse en mouvement non seulement as puissante et assez lourde pour pouvoir polir graver les roches les plus dures, mais encore asse plastique pour pouvoir suivre les ondulations di terrain. Des glaciers de grande épaisseur sont les seules masses connues qui puissent répondre à c@ desiderata ». 4 II. — PuÉNOMÈNES VOLCANIQUES DU RIES. 4 C'est aujourd'hui presque un dogme en Géologi que d'admettre le rôle purement passif des érup tions volcaniques dans les phénomènes orogéni ques. On est loin de l’ancienne théorie des cratèr de soulèvement. Tout au plus admet-on la possibi lité d'un léger relèvement des couches dans le çà des intrusions de roches éruptives qui ont formé Aussi n'a t-on pas lu sans élonnes ment le mémoire consacré par MM. W. Branco E. Fraas! à la région volcanique du Ries, près Norde les laccolithes. 1 W. Braxco et E. Fnraas : lingen in seiner Das vulkanische Ries bei N Bedeutung für Fragen der allgemei Gcologie. Abhandl. d. k. preuss. Akad. d. Wissensch Berlin, 4901, 1, 469 p.; 2 pl. : = RE SN EE EC D L en, dans lequel les auteurs reviennent presque doctrine ancienne de Léopold de Buch, qui mettait l'action soulevante des éruptions volca- iques sur les roches encaissantes. e Ries, situé sur les confins de la Souabe et de Franconie, est connu de tous les géologues, ce à l'exposé remarquable que M. Suess a donné e sa structure dans la « Face de la Terre ». On a peu trop pris l'habitude, depuis, de l’envisager { mme une région d’effondrement circulaire. Au Centre d'une aire simplement effondrée suivant des ssures périphériques, on verrait, en effet, appa- re des formations plus récentes que celles des irons, conservées à la faveur de leur situation basse, et non des roches beaucoup plus an- nnes, telles que les granites, qui constituent, dans e cas présent, le fond de la dépression circulaire ébne, sont recouverts que d'une mince couverture e couches miocènes d’eau douce, postérieures aux _ dislocations. Dans un chapitre descriptif, que l'on aurait voulu lus détaillé, plus objectif, basé sur un plus grand mbre de coupes et avant tout accompagné d’une e géologique, fût-elle schématique, les auteurs trent l'existence de quatre ou cinq zones con- iques, délimilées par des failles et fortement Worcelées. De nombreux dykes et des cheminées de Wliparites traversent ces zones, et la région grani- e centrale est également traversée en tous sens des fissures remplies de tufs liparitiques. algré le caractère acide de ces éruptions, les es d'égale inclinaison magnétique subissent, après M. Haussmann, de curieuses déviations à proche du Ries, autour duquel elles décrivent courbes concentriques. Les auteurs en con- nt qu'en profondeur se trouve un laccolithe sique. “2 des points les plus singuliers. dans la struc- e du Ries est la présence, sur sa périphérie, it par une falaise de Jurassique supérieur, Jambeaux de Jurassique moyen formant des asses en recouvrement sur des couches plus ré- ates. Ailleurs, la succession des couches est nor- alle, mais on observe la superposition directe de nes très éloignés dans la série stratigraphique, que le Bajocien et le Kimeridgien. our les auteurs, il s'agit là de masses qui ent lissé ou chevauché sous l'action de poussées mues de bas en haut. 6 Branco et E. Fraas se figurent É succession des phénomènes qui ont amené le es à sa forme actuelle : u cours de l'ère tertiaire, un laccolithe, constitué " une masse en fusion, pénétra dans les terrains Stallins qui forment le substratum du Jura abe. La cause de son ascension doit être cher- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, LA AR dure ri ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE A81 chée dans la pression exercée sur le magma fluide par la descente du cempartiment de l'écorce ter- restre situé au nord des Alpes. La force expansive des gaz a dü aussi jouer un certain rôle. La fusion s’est peut-être propagée per ascensum aux couches supérieures, d'où une refonte partielle des terrains cristallins, accompagnée d'une augmentation de volume qui causa le soulèvement en dôme des couches superficielles. Les sédiments ne furent pas soulevés d’une pièce, mais il se produisit des rup- tures et des soulèvements inégaux, suivis de tasse- ments. La pression détermina un écrasement du granite el des calcaires jurassiques et la formation d'une brè- che. Les couches jurassiques faisaient primitivement saillie au sommet du dôme, mais l’action des pluies donna lieu à des érosions et à des glissements sur les pentes, d'où des superpositions anormales sur la périphérie, dues également en partie, d'après les auteurs, à des poussées lors du soulèvement. Postérieurement à ces phénomènes, se produisit l'effondrement de la partie centrale du dôme, causé sans doute par le vide produit dans le laccolithe ou au-dessous de lui par une perte de matière (reflux du magma liquide, projections, émanalions gazeuses). C'est à ce moment que se formèrent les fractures périphériques et que le granite, en partie privé par les érosions antérieures de sa couverture secon- daire, fut amené à son niveau actuel, et recouvert par des dépôts d’eau douce du Miocène moyen. Les projections de cendres et de scories liparitiques semblent s'être produites principalement après l'effondrement, mais elles sont peut-être en partie antérieures. Leur nature acide serait due à la digestion partielle du granite par le magma basique du laccolithe. Plusieurs des idées émises par MM. Branco et Fraas rencontreront certainernent une vive oppo- sition. Jusqu'à présent, c'est plutôt l'interprétation des phénomènes accessoires que la théorie elle- même qui a été contestée. M. Koken‘, qui, il y a peu d'années, avait publié, lui aussi, un travail sur la structure du Ries, a donné une explication toute différente des superpositions anormales que Fon observe sur la périphérie de la dépression. Il explique les unes par des poussées dues à actions glaciaires, dont il a trouvé les traces en beaucoup de points du Ries; tandis que d'autres, les plus importantes, sont envisagées par lui, comme des chevauchements, mais comme masses de Jurassique moyen qui ont traversé le Jurassique supérieur en suivant les fractures, pour s'étaler ensuite à la surface du plateau. des non des 1E. KokeN : Geologische Studien im fränkischen Ries. Neues Jahrb, Miner. Geol. u. Pal., Beil.-Bd. XI, p. 477-534. 1899. 10** EMILE HAUG — REVUE D 1© Pour trancher le différend, MM. Branco et Fraas ont fait avec des subsides fournis par l'Académie de Berlin, une galerie verticale jusqu'à une profondeur de 25°,60 sur le Buchberg, près Boplingen ‘. Après avoir traversé les couches aalé- niennes Jura brun « et 6) sur 25 mètres d'épaisseur, ils ont rencontré d'abord une couche de cailloux siriés, puis les calcaires du Jurassique supérieur dura blane 6), admirablement polis à leur contact avec la couche de cailloux striés. Les couches aalé- niennes ne sont nullement brouillées, les plus élevées sont faiblement inelinées, les argiles infé- rieures décrivent un pli que les auteurs interprètent comme une charnière anticlinale. La surface polie est attribuée au chevauchement, les cailloux striés sont considérés comme des dépôls meubles des pentes, dont les éléments ont été striés par le frot- tement causé par la masse aalénienne poussée horizontalement. MM. Branco et Fraas attribuent au charriage causé par les poussées volcaniques les stries qui, dans toute la région, ont été envi- sagées comme glaciaires ! creuser, III. — LE NÉOCOMIEN. S'il est un terrain que l'on pouvait considérer comme bien connu dans tous les détails, tout au moins en Europe, c'est bien le Crétacé inférieur, et, cependant, d'importantes contributions à son étude ont encore été publiées tout récemment. Ce sont tout d'abord plusieurs monographies paléontologiques, qui renferment de précieux docu- ments sur les faunes néocomiennes, en particulier sur les Céphalopodes, et qui sont dues à des auteurs dont l'autorité en la matière est incontestée, M. Uhlig*, de Vienne, donne, dans son étude des Céphalopodes des schistes de Teschen et des grès de Grodischt, qui représentent, dans les Car- pathes, le Néocomien proprement dit, un digne pendant à sa célèbre monographie des couches de Wernsdorf, qui correspondent au Barrémien. La monographie des Ammonites du Crélacé infé- rieur des environs de Chàtel-Saint-Denis (Préalpes Fribourgeoises), de MM. Sarasin el Schôndelmayer”, comprend des espèces du Valanginien, de l'Haute- rivien el du Barrémien, qui avaient été précédem- ment confondues dans les collections, mais que les { W. Braxco u. F. Fraas : Beweis für+die Richtigkeit unse- rer Erklärung des vulcanischen Ries bei Nôrdlingen. Sit- zungsber. d. k. preuss. Akad. d. Wissensch.zu Berlin. 1901, n° XXII, 24 p. 2 V, Uuric : Ueber die Cephalopodenfauna der Teschener und Grodischter Schichten. Denkschr. d. math. naturw. CI. d. kais. Akad. d. Wiss., 1901, 87 p. 9 pl. ; * Cu. SarAsIN et CH. SCHôNDELMAYER : Etudes monogra- phiques des Ammonites du Crétacique inférieur de Châtel- Saint-Denis. Mém. Soc. Pal. Suisse, t. XXVIII, 91 p., U pl. 1901. ANNUELLE DE GÉOLOGIE auteurs ont pu, en grande partie, répartir suivant les trois niveaux, qu'ils ont pu distinguer par leurs … caractères lithologiques. 1 Le mémoire dont M. Gustave Sayn‘ à commencé la publication est d'un caractère plus spécial, tout en embrassant une région beaucoup plus vaste que le mémoire précédent. Il est consacré exclusive- M ment aux Ammonites pyriteuses du Néocomien inférieur, c'est-à-dire du Valanginien du Sud-Est M de la France, et la première partie en a seule paru. M J1 serait à souhaiter que les autres faunes du. Cré- | tacé inférieur du Midi de la France, et, en parti= eulier, les riches faunes barrémiennes, fussent bientôt décrites, elles aussi, avec toute l'ampleur que comporte le sujet. Après la publication des nombreuses et minu-. tieuses analyses stratigraphiques qui ont vu le jour maintenant venue des travaux de synthèse. En ce qui concerne le Néocomien, M. Kilian a ouvert la série, il y a quelques années, par de remarquables chapitres de ses « Contributions à la connaissance des terrains secondaires du Sud-Est de la France », complétés peu après par M. Paquier dans sa thèse. \ M. Baumberger * vient de faire un travail analogue pour la région du Jura, dans lequel il s'attache M surtout à mettre en évidence les changements de | faciès que présentent les divers termes du Crétacé inférieur et le rôle des transgressions. C'est surtout un essai de paléogéographie du Cré- tacé inférieur de Russie que rous donne M. Pav- low”, à titre d'introduction à une série de mono-" graphies des faunes néocomiennes. Voici les. résultats principaux auxquels il est conduit : Le Crétacé inférieur de la Russie repose sur des zones très différentes du Jurassique : sur le Séquanien, sur le Portlandien inférieur, sur l'une ou l’autre des zones constituant l'Aquilonien (Vol- gien supérieur). Il commence lui-même tantôt par. le Valanginien (zones à Oxynoticeras Gevrilianum et Craspedites stenomphalus), lantôt par le Barré- mien boréal à Simbirskites versicolor, Decheni, ete. Le niveau intermédiaire, c'est-à-dire l'Hauteri- vien, manque partout, sauf dans la Crimée el dans le Caucase, par suite d'une interruption dans la sédimentation entre le Valanginien et le Barrémien,. | | | dans la seconde moitié du xix° siècle, l'heure est | ! 1G. Savx : Les Ammonites pyriteuses des marnes valan- giniennes du Sud-Est de la France. Mém. Soc. Géol. Fr. Pal,,\ no 23, 21 p. 2 pl. 1901. 2E. BauwserGer : Ueber Facies und Transgressionen der unteren Kreide am Nordrande der mediterrano-helvetischen Bucht im westlichen Jura. Wissensch. Beilage zum Ber. de ï Tächterschule zu Basel. 4% p., 2 pl. In-4°. Bàle, 1901. & | 3 À. P. Pavcow : Le Crétacé inférieur de la Russie et sa : faune. I. Apereu historique des recherches, suivi d'indications eur la distribution des mers et des terres aux dilférentes époques. Nouv. Mém. de la Soc. Impér. des Nat. de Moscou, t. XVI, Liv. 3, p. 1-50. 1901. Ç- 4 k : k 4 _ sur les différentes zones du sous-étage sous-jacent, x À ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 183 qui possède, en outre, une bien plus grande exten- _sion géographique et repose transgressivement soit soit sur le Jurassique supérieur. _ Dans les cas où la zone la plus élevée du Jurassi- que supérieur à Æoplites riasarensis est recouverte immédiatement par la zone inférieure du Néoco- mien à Craspedites stenomphalus, on observe quel- ques espèces de Bélemnites et d’Aucelles, qui pas- sent d'un système dans l’autre, et le commencement . du Néocomien est marqué par l'apparition de nou- velles Ammonites. Mais ce cas est très rare en Russie et n'existe guère que dans le gouvernement _ de Riasan, où, en raison même de cette continuité, les couches-limite ont donné lieu à une polémique entre M. Paylow et M. Bogoslowski, qu'il serait oiseux de résumer ici. Par contre, partout où le Crétacé commence avec le Barrémien, la limite avec le Jurassique est des plus nettes. C'est le cas . par exemple aux environs de Moscou. Dans la par- tie septentrionale du Gouvernement de Simbirsk, où le Valanginien repose directementsur le Volgien inférieur et est séparé du Barrémien par une seconde lacune, la limite est évidemment non moins nette. La transgression du Valanginien venait du nord, apportant une faune à caractère boréal riche en Aucelles, en Bélemmites du groupe des /nfrade- pressi el en Ammonites spéciales. La mer formait un golfe étroit, partant du bassin de la Petchora et pénétrant assez loin dans la plaine russe, en se dirigeant vers Moscou et atteignant son extrémité sud-est sur la Volga, près de Samara. Les sédi- ments déposés dans ce golfe sont principalement des grès ferrugineux ou glauconieux et micacés, plus ou moins riches en rognons phosphatiques. La mer barrémienne occupe le même espace que le golfe valanginien, mais plus élargi. M. Pavlow pense qu'une communication existait alors avec la mer qui baignait la Crimée et le versant septentrio- nal du Caucase, ce qui ne paraît pas bien certain, étant données les différences profondes qui existent entre la faune de la Russie centrale et celle des régions méditerranéennes. On sait qu'au Barrémien ces différences atteignaieut leur maximum. Le Barrémien est particulièrement bien repré- senté dans les environs de Simbirsk et de Syzran; il y est constitué par des argiles noires à concré- lions calcaires, caractérisées par de nombreuses espèces d'Ammonites du genre Simbirskites. La mer aplienne occupait un espace beaucoup plus restreint que la mer barrémienne. Elle ne formait plus un golfe venant du nord, mais un bas- Sin qui, venant de la région du Caucase, se dirigeait vers le nord, jusque dans la partie haute du bassin de la Petchora. Conformément à cette étendue géo- graphique du bassin, la faune aptienne porte un cachet beaucoup plus méridional que celledes étages précédents. Les limites de la mer albienne étaient tout autres. Au lieu de contourner à l’est la plate-forme russe, les eaux eu baignaïent la partie méridionale, partant de la région caucasique, pour se diriger d'abord vers le nord, le long de la Volga, jusqu'au delà de Samara, puis suivant une bande dirigée de l'est vers l'ouest et rejoignant probablement, par la Pologne méridionale, les mers de l'Europe occiden- tale. Les dépôts albiens manquent totalement dans la Russie septentrionale ; aussi la faune albienne de la Russie méridionale possède-t-elle des relations très intimes avec celle de l'Europe occidentale et ne présente-t-elle pas les remarquables particula- rilés qui donnaient au Néocomien son caractère boréal. Le genre Aucella, appartenant aux Aviculidés, est envisagé depuis longtemps comme un type essentiellement boréal. Si l’on en écarte des formes appartenant à des genres voisins, il se trouve exclusivement localisé dans le Jurassique supérieur et dans le Néocomien. M. Pompeckj! a cherché à préciser son extension géographique et a montré que son origine devait être cherchée dans l'océan Arctique. C'est de là qu'il a dû s'irradier vers le sud. En Europe, il pénétrait en Angleterre et dans le Boulonnais par un bras de mer qui longeait la côte occidentale de la Norwège, laissant des traces à And, l’une des iles Lofolen. Un second bras, beaucoup plus important, est celui dont M. Pavlow a retracé l'histoire. Dans le Nord de l'Asie, deux golfes s'étendaient le long de l'Ob et de la Léna. Puis, en Amérique, les Aucelles suivaient le géosyn- clinal de la côte occidentale, par l'Alaska, la Colom- bie Britannique, la Californieet pénétraient jusqu'au Mexique. Leur présence, dans ces dernières régions, dans les mêmes couches que les genres Phylloceras et Lytoceras, s'explique mal si, avee M. Pompeck}, on les envisage comme des espèces habitant exclusi- vement les eaux peu profondes. Si, par contre, on les compare aux formes boréales actuelles, qui se rencontrent jusque sous les Tropiques dans les grands fonds, on comprend aisément leur associa- tion avec des genres d'Ammonites slénothermes, caractéristiques des formations bathyales. C'est probablement de la même manière qu'il convient d'interpréter la présence d'Aucelles isolées dans le Tithonique de la Basse-Autriche et dans les Spitishales de l'Himalaya. 1 J. F. Powrecxs : Ueber Aucellen und Aucellen-ähnliche Formen. !V. Jahrb. f. Miner. Geol. u. Pal. Beil.-Bd. X{V; p. 319-368, pl. XV-XVIT. 1901. 154 ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE - IV. — MONOGRAPHIES RÉGIONALES ET CARTES. De plus en plus, ce sont les travaux de Géologie régionale qui sont destinés à faire progresser la Géologie, mais, par leur essence mème, ilsesont difficiles à analvser. si Fon n'entre dans des détails locaux. La plupart d'entre eux sont exécutés sous les auspices des Services géologiques, qui existent mai dans tous les pays civilisés ; d'autres sont dus à l'initiative privée, Parmi ces derniers, je citerai en première ligne l'admirable « Carte géologique du massif du Mont- Blanc », par MM. L. Duparc et L. Mrazec', que tous les géologues alpins attendaient avec impatience, depuis que les mêmes auteurs avaient publié sur ce massif un important mémoire pétrographique et leclonique. Cette publication rendra d'autant plus de services que la région, levée au 1 : 50.000, em- piète sur trois pays, dont les cartes ne sont pas à la mème échelle. Il était indispensable que l’en- semble füt étudié d'après un plan unique. Aucun « massif central » des Alpes n'avait encore été levé dans ces conditions, car l'étude du massif du Pel- voux, qui vient d'être achevée par M. Termier feuille de Briançon de la Carte géologique détaillée de la France), est basée sur une topographie mal- heureusement tout à fait insuffisante. C'est également à l'initiative privée qu'est due l'étude ment de la chaine centrale cristalline des Alpes séologique des Radstädter Tauern, seg- orientales, par M. Fritz Frech *. Dans ce mémoire, accompagné d'une carte et de nombreuses figures, l'auteur décrit d'abord la succession des couches schistes antécambriens, Trias, Jurassique moyen, calcaire à Nurmmulites) ; il expose ensuite la tecto- nique assez compliquée du massif, montrant sa structure en éventail dissymétrique, due surtout au grand développement, sur le bord méridional, d'imbrications à plans de glissement plongeant vers le nord. La particularité la plus curieuse réside dans la substitution, à une discordance primitive, d'une concordance parfaite entre les schistes anciens et les dolomies triasiques, avec laminage complet des termes inférieurs du Trias, qui pourrait faire croire à une transgressivité des dolomies dans la région axiale des Alpes orientales. \ulant l'organisation des Services géologiques des pays d Europe varie d’un État à l'autre, autant sont variables le mod: de publication et l'échelle des ! Levée de 1890 à 1896 sur la carte topographique au 1 : 50,000 de Albert Barbev. l'adjonction du Mont Catogne. Editée avec le concours M. Edm. I lournowy, par le Comptoir géol. et min, suisse couleurs, 16 teintes Gené 1901. 1 feuille en F. Fnecu : Geologie der Rads ! n l, u. pal Koken, t, IX, n°1, 66 p., { 1 rte au 1 : 75.000 1901. | é feuilles, et l'état d'avancement des travaux estnon i moins différent dans les divers pays. Tandis que - les levés à petite échelle des pays du Nord, Norvège, Suède, Finlande, Russie, sont encore loin d'être achevés, tout en progressant méthodiquement ; tandis que l'Autriche commence à peine ses levés | au 1 : 75.000, la plupart des États constituant l'em- pire d'Allemagne ont adopté les levés au 4 : 25.000, qui répondent fort bien aux besoins agricoles et industriels, qui conviennent également aux régions particulièrement compliquées, mais qui ont 1 grand inconvénient de comporter une publication extrémement lente et de ne permettre que diffici- lement un apercu d'ensemble. Aussi le Service géo- logique de Prusse publie-t-il de temps en temps des. cartes au 1 : 100.000, qui résument les levés dé- taillés. Après le Hartz et le Thüringer Wald, c'est. maintenant le Kellerwald, levé par M. Denckmann!, qui paraît avec un important texte explicatif. Le Kellerwald est un petit « horst » indépendant situé sur le bord est du massif schisteux rhénan. Il est conslilué par des terrains siluriens, dévoniens, infracarbonifères, fortement plissés, sur lesquels. s'étend le Zechstein transgressif. Des failles. entourent sur trois côtés cette région paléozoïque, : qui renferme plusieurs localités classiques, et la séparent de la région triasique environnante. É La publication des feuilles géologiques suisses au 1 :100.000 est depuis longtemps terminée. En atten- dant le moment, peut-être encore éloigné, où pour- ront être commencés d'une manière systématique les levés détaillés basés sur les magnifiques cartes topographiques au 1:25.000 et au 1:50.000 de. l'AUas Siegfried, la Commission géologique suisse publie, d’une part, des rééditions des feuille épuisées de l'ancienne carte, basées en partie seule- ment sur de nouveaux levés; d'autre part, elle accompagne les nouvelles monographiesrégionales de cartes détaillées, qui sont en général des mer= veilles d'exécution typographique. Il convient de cilerles belles « cartes tectoniques » des environs de Moutier et de Bellelay, dans le Jura Bernois, de M. Louis Rollier, et la feuille Gelterkinden, de. M. Buxtorf?, située dans le plateau faillé du Jura Bälois, qui nous montrent nettement l'intérèt qu'il yaurailà ce que toute la chaîne du Jura fût levée l'échelle du 1: 25.000. : En France, il est malheureusement à craindre que l'absence d'une carte topographique plus détaillée que le 1:80.000 retarde pour de longues année encore les levés géologiques de précision. D'ailleurs, Der geologische Bau des Kellerwaldes. NW. FE, n°134 S8 D, "A. DENCKMANX : Abh. d. k. preuss. geol. Landesanstalt. 3 cartes. Berlin, 1901. * Au. Buxronr : Geologie der Umgebung von Gelterkin= den im Basler Tafeljura. Beitr. z. geol. Karte d. Schweiz, livr. 41, 106 p., 4 pl. 1901. ” _si l'on fait abstraction des Pyrénées et de la Corse, il ne manque plus qu'un petit nombre de feuilles _ pour que la publication de la carte géologique au 1:80.000 soit terminée. Les dernières feuilles parues appartiennent surtout à la bordure méridio- _nale du Massif Central et aux bassins tertiaires . avoisinants (Gourdon, Agen, Cahors, Carcassonne, Bédarieux, Alais). Peu d'entre elles ont été publiées . en même temps qu'une monographie détaillée de _ géologie régionale, complément nécessaire de toute carte. La feuille de Bédarieux constitue à cet égard une louable exception, puisque sa publication coïncide avec l'apparition d'une « étude des terrains . paléozoïques et de la tectonique de la Montagne . Noire », de M J. Bergeron’, monographie d'une . importance capitale et qui mériterait à elle seule . tout un article. Le Service géologique du Portugal”, malgré toutes les vicissitudes qu'il a traversées ct grâce surtout au concours de M. Paul Choffat, continue avec fruit l'exploration systématique du royaume, et le moment parait venu où il pourrait commencer uti- lement la publication de cartes géologiques détail- lées, qui sont indispensables à la connaissance approfondie d’un pays. Dans le dernier rapport annuel du « Geological - Survey » des Etats-Unis, il n'y à guère à signaler - qu'une seule monographie régionale, et encore est- elle comme perdue au milieu des volumes consacrés à la topographie, à l'hydrographie, aux ressources minérales. C'est un nouveau mémoire de M. Israël C. Russel sur une région presque entièrement . vierge de l'état de Washington, les Cascade Moun- tains. Quant aux explorations dans l'Alaska, elles ne sont pas encore suffisamment avancées pour qu'il _ s'en dégage dès à présent des résultats scientifiques de quelque importance. V. — LA STRUCTURE DE L'ASIE. Le principal événement géologique de l'année est, sans conteste, l'apparition d’un fort volume dû à la plume de M. Ed. Suess”, le grand géologue 1Réunion extraordivaire de la Société Géologique sur le versant méridional de la Montagne Noire. Pull. Soc. Géol. —… r., 3° sér., t. XXVII, p. 606-192, pl. XVIII-XXI. Notes de MM. Bergeron, Depéret, Nicklès, etc., 1901. > 2 Les services géologiques du Portugal de 1857 à 1899. Comm. da Direcçao dos Servicos geologicos, t. IV, fase. 1» p. vu-xLvirr. 1901. 3 Isnaez C. Russec : À preliminary paper on the Geology of the Cascade Mountains in northern Washington. 20 th Ann. Rept. U. S. Geol. Surv. II, p. 83-210, pl. VIL-XX. 1900. “Exploration in Alaska in 1898. Zhbid., VII, 509 p., 38 pl. 25 cartes. 1900. 5 EnuarD SuEss : Das Antlitz der Erde. 3ter Bd., 1e Hälfte. Gr. in-8°, 508 p., 23 fig., 8 pl., 1 carte. Prague, Vienne, ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 485 viennois. C'estlapremière partie du tomelll, attendu depuis si longtemps, du célèbre ouvrage « das An- Uitz der Erde ». Elle est consacrée exclusivement à l'étude des lignes directrices de l'Asie (400 p. en- viron) et de l'Europe orientale et septentrionale. La seconde et dernière partie comprendra l'étude plus sommaire des autres parties du Globe, un chapitre sur les relations des volcans avec la for- mation des montagnes, un apercu de la structure de toute la surface terrestre et, enfin, un chapitre intitulé la Vie, par lequel se terminera l'ouvrage, dont le premier fascicule remonte déjà à 1884. Il n'est pas facile de résumer d'une manière sommaire les résultats du nouveau volume, car jamais l'illustre fondateur de la Géologie comparée n'a mis en œuvre une somme aussi énorme de ma- tériaux, qu'il a dû, cette fois-ei,emprunter en grande partie à des travaux en langue russe. En dehors de leur valeur théorique, les chapitres consacrés à l'Asie septentrionale et centrale rendront donc d'immenses services comme source de documents inaccessibles à la grande majorité des géologues., Je vais cependant tenter d'indiquer rapidement les grandes lignes de la structure du continent asia- tique, telles qu'elles ressortent du nouvel ouvrage, en joignant à cetapereu les principaux résultats de deux importantes brochures que le baron von Richthofen‘ a publiées récemment sur l'Asie orien- tale. La plaine de la Sibérie occidentale, recouverte aujourd'hui de ioundras et de steppes, a élé, à maintes reprises, jusqu'à l'époque tertiaire et même jusqu'au Pléistocène, partiellement envahie par des transgressions marines, venues soit de l'océan Arctique, soit du sud, par la dépression aralo-caspienne et le détroit de Tourgaï. La Sibérie orientale, par contre, beaucoup plus montueuse, est un plateau ancien, qui, depuis le Silurien, n'a plus été recouvert par la mer. Le Cambrien et le Si- lurien y forment une série horizontale, dont le substratum plissé n'est presque jamais visible. Les terrains secondaires (Trias, Lias, Volgien) ne se rencontrent que dans l'extrême Nord, dans la région de l'Anabar, de l'Ulenek, de la basse Léna. L'are de Werchojansk, à concavité tournée vers le nord-est, et les montagnes de la presqu'ile de Taymir forment la limite septentrionale du plateau ancien, qui s'étend vers l’est dans la région de l'AI- dan. Des intrusions de roches basiques, des coulées, Leipsick, 1901. La traduction française de celte nouvelle livraison, due à M. de Margerie, paraitra sous peu. 1 FERDINAND VON RicarHoren : Geomorphologische Studienaus Ostasien. I. Ueber Gestalt und Gliederung einer Grundlinie in der Morphologie Ost-Asiens. Sitzungsber. d. k. preuss. Akad. d. Wiss. zu Berlin, 1900, n° XL. Il. Gestalt und Gliederung des ostasiatischen Küstenbogens. Ibid., 1904; no XXXVI. ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE peut-être même de vrais volcans se rencontrent fréquemment et manquent, par contre, dans la Si- bérie occidentale. On observe, en outre, sur les dépôts paléozoïgues anciens, des témoins d'une série continentale, formée de conglomérats, de grès, de schistes à plantes, dont l'âge souvent indéter- miné peut aller du Permien au Jurassique moyen et que M. Suess appelle la série d'Angara. Mais elle s'étend delà des limites du plateau ancien, jusque dans l'Altaï, en Chine, au Japon, etc. Vers le sud, le plateau ancien se rétrécit; il forme, au nord d'Irkoutsk, un vaste amphithéâtre, enserré dans des montagnes disposées en fer à cheval, ou- vert vers le nord, et qui sont : la chaine archéenne de l'Iénisséi, le Sajan oriental et les chaînes qui accompagnent le lac Baïkal. Ces chaines constituent ce que M. Suess appelle le aile ancien. On n'y ren- contre aucune formation paléczoïque fossilifère, les « terrains archéens » y prédominent. Leurs plisse- ments, dont l'âge est sans doute précambrien, pré- sentent direction S.E. ou E.S.E., saianique, dans l'ouest, et une direction S.0. ou O.S.0., haï- kalique, dans l'est, el c'est à la réunion de ces deux une directions qu'est dû lamphithéâtre. Dans l’est on a constaté la présence de grandes fosses, séparées par aulant de horsts allongés, plus où moins parallèles, limités par des fractures dues à une sorte de traction horizontale qu'auraientsubie les plis anciens, à une véritable disjonction. Des éruplions volcaniques, en partie assez récentes, sont venues au jour le long de ces accidents. L'am- phithéâtre d'Irkoutsk lui-même est limité par des failles el a subi un affaissement, suivi d'une nou- velle contraction, qui a déterminé localement, sur sa bordure, la formation de plis posthumes posté- rieurs aux couches d'Angara. Sur la périphérie des chaines qui forment le « faite ancien », on rencontre, à côté des schistes crislallins et des roches granitoïdes qui les accom- pagnent, des sédiments dévoniens el infracarboni- fères transgressifs et eux-mêmes fortement plissés. Quoique ces plissements soient beaucoup plus ré- cents que ceux de la zone interne et qu'ils forment incontestablement unsystèmeindépendant, M. Suess Tantôt la direction des plis est la mème dans les deux zones les rattache encore au « faile ancien ». concentriques, comme dans le Changaï et dans Ja Transbaïkalie‘; tantôt les plissements y affectent des directions bien différentes, comme dans le bas- sin de l'Iénisséi, où les plis anciens du Saïan orien- tal ont une direction O.N O0. tandis que les plis post-dévoniens du Saïan occidental et des ‘ Une belle carte géologique de la Transhaïk:lie méridio- est adjointe à l' « apercu des explorations g ologiques res le long du Transsibérien , publié par le Comité : de Russie à l'occasion de l'Exposition de 1900. environs de Minoussinsk décrivent des ares à con- cavité tournée vers le nord, coupant presque à à angle droit la direction primitive. Dans ces chaines périphériques, on observe aussi, comme plus au nord, des fosses d'effondrement, dues à des frac- Û tures disjonctives et accompagnées de coulées éruptives. Puis vient une zone de plissements, située à l'ouest et au sud de la précédente, et qui comprend notamment l'Altaï Russe. Ce massif est formé de | plis disposés en arcs de cercle, dont la concavité est dirigée. vers le nord, comme dans le cas du Saïan occidental et de l'amphithéâtre d'Irkoutsk. Mais celle direction des plissements de l'Altaï Russe est croisée, presque à angle droit, par celle de deux chaines nfgridiennes, situées plus au nord, le Kuznezkii Alatau et le Salaïr, qui sont séparés par le bassin houiller de Kuznezk. Comme, dans ce bassin, les couches à végétaux d'âge permien (Zeiller) ont pris part au plissement; il en résulte que ce système de plis transversaux est beaucoup plus récent que les plis intracarbonifères de la zone précédente. Ainsi se trouve confirmée l'idée de Tscherski, d'après laquelle les plis de la Sibérie sont de plus en plus récents à mesure que l'on se dirige de l'est vers l'ouest (et du nord vers le sud). Les plis kirghizes, situés au sud de l'Irtysch, ap- partiennent à la même zone et présentent deux directions prédominantes (N.0. et N.E.), qui se superposent quelquefois. La direction N.0. se retrouve au sud de l'Altai Russe, dans l'Altaï de Gobi, qui devient peu à peu O.N.0. et reste paral- lèle aux plis de la zone précédente, si bien que M. Suess rattache encore cette chaine au « faite ancien ». ; Plus au sud vient d'abord l'Alatau dzoungare, à concavilé dirigée vers le nord, puis le faisceau des plis du Tian-Chan, qui, comme l'on sait, s'épanouit vers l'ouest, se resserre vers l’est. Les mouvements orogéniques semblent s'y être fait sentir jusqu'à une époque très récente, car les couches tertiaires continentales de Gobi, qui, partout ailleurs, sont à peu près horizontales, y sont fortement disloquées. Pour nous, c'est donc un système indépendant. La fosse du Pri-Tian-Shan et le Bei-Shan, que l'on peut suivre environ jusqu'au 100° méridien (Greenw.) avec une direction sensiblement O.N.0. ou 0.-E., en constituent la terminaison orientale. Un rameau méridional du Tian-Chan se détache du faisceau principal etprend une direction presque N.-S.; c'est le Muslag-ata, avec les monts de Kach- gar, qui décrivent une vaste courbe sigmoïde et contournent la dépression d'Iarkand. La partie de celle courbe qui redevient à peu près 0.-E,, avec une légère concavilé vers le nord, est souvent ,aussement appelée Kuen-Lun. Elle se raccorde vers est avec un très important faisceau de plis, cor- respondant à un grand nombre de chainons connus sous des noms différents et dont l’ensemble forme le Nan-Shan. Les couches tertiaires continentales y sont disloquées et portées à de très grandes alti- “tudes. Les directions sont très variables, mais les lignes à concavité tournée vers le sud prédominent ici. Les chaînons septentrionaux entrent en contact avec la terminaison orientale du Tian-Chan propre- ment dit. Dans le désert d’Ala-Chan, ils changent de direction et deviennent parallèles au cours du Hoang-ho, contournant à l’ouest et au nord le pla- teau d'Ordos. Vers l’est, ils se raccordent proba- blement avec le Grand Chingan. Les chaînons méri- dionaux ont un sort tout différent; nous y revien- drons tout à l'heure. _ Le Grand Chingan est l'arète maitresse de la Chine du N.E. Il s'étend de Kalgan jusquà PAmour, sur au moins 11 degrés de latitude, sépa- rant la Mongolie de la Mandchourie. Sa direction est d'abord N.E., puis elle devient à peu près méridienne et rencontre, en alteignant la Chilka, es plissements S.O.-N.E. du « faite ancien ». Il est intéressant de constater que les plis post- -dévoniens de la Transbaïkalie, de même que ceux, probablement plus récents, de l’Altaï de Gobi, qui leur sont parallèles, sont comme coupés par le xrand Chingan. Déjà l'on ne retrouvait pas, plus au sud, la continuation orientale du Tian-Chan. - A l’est du « faite ancien » et du Grand Chingan -se trouve une série de chaines qui viennent conver- ser vers le nord de la mer d'Ochotsk. Ce sont les onts d’Aldan (ou Stanowoï méridional), ceux de Tourkana, de Boureïa, avec le Petit Chingan, la cor- dillère de Mandchourie ou Sichota-Alin, la chaine du Japon septentrional, qui traverse le Nord d'Honshiu, l'Ouest d'Hokkaido et Sachalin. Dans “ces chaines, les couches paléozoïques, quelquefois “fossilifères (Dévonien supérieur, Carbonifère supé- rieur à Fusulines), sont fortement plissées et sou- vent métamorphisées. Divers termes de la série secondaire s'étendent en transgressivité sur ce substratum plissé (Trias inférieur de l'Oussouri, - Bajocien ou Bathonien de la côte occidentale de la -.mer d'Ochotsk!', Volgien du cours inférieur de l'Amour, Sénonien de Sachalin). Lesrelations tec- … loniques de ces chaines avec les zones énumérées … précédemment sont très confuses, mais il est ma- “nifeste que, en ce qui concerne leur âge et leur position par rapport au « faite ancien », elles sont J'homologue de l'Altaï et du Tian-Chan. Revenons vers le Sud. Nous avons vu que les Cie, À D - r . a À ‘K. Bognaxowirscu u. C. Diexer : Ein Beitrag zur Geologie der Westküste des Ochotskischen Meeres. Sitzungsber. k. à Ai Wiss., math.-naturw. CI. Vol. CIX, 1, p. 349-369, 1 pl. Vienne, 1900. ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE A8T chaînes septentrionales du Nan-Shan sont déviées de leur direction par le plateau ancien d'Ordos, qu'elles contournent. Nous nous trouvons de nou- veau en présence d'un massifantérieur au Cambrien, sur lequel les couches appartenant à ce système sont restées à peu près horizontales. Ce massif, cons- titué par des plis orientés S.O.-N.E., s'étend vers l’est jusqu'à la mer. Il comprend, comme l’a établi M. von Richthofen, les montagnes de la Mongolie méridionale et des environs de Péking, l'immense bassin houiller du centre, les deux péninsules de Liau-Toung et de Chantoung, et enfin la Corée. Sa limite méridionale est formée par une chaine dont l'extrémité ouest fait suite vers le sud au Nan-Shan et qui s'étend presque en droite ligne, avec une direction O.S.0., sur une longueur de près de 1.500 kilomètres. C'est le véritable Kuen-Lun, connu à l’ouest sous les noms de monts Prjewalski, Marco-Polo, etc., el qui, à l'est, devient le Tsin- Ling-Chan. D'après M. Loczy, sa continuation se trouverait dans le Japon méridional. De nombreuses chaines font suite vers le sud, dans le Thibet, au Kuen-Lun. Dans l’ouest, elles lui sont parallèles, mais, dans leur prolongement vers l'est, elles subissent une inflexion, les pre- mières vers le S.E., les suivantes vers le $S., les dernières vers le S.O. Il est facile de voir sur toutes les cartes récentes cet épanouissement des chaines, vers le Yun-Nan', d'une part, vers la Birmanie, de l’autre. Dans l’une et l’autre région, les terrains paléozoïques plissés disparaissent sous de vastes plateaux constitués par des caleaires du Carbonifère supérieur, discordants sur leur subs- tratum, mais eux-mêmes plissés. Les chaînes occi- dentales de la Birmanie se continuent vers le sud dans l'arc malais; leurs plissements sont évidem- ment d'âge plus récent que celui des chaînes si- tuées plus à l’est, mais il ne faudrait pas les envi- sager comme la continuation déviée de l'Himalaya, car cette chaîne maitresse de l'Asie s'arrête brus- quement au défilé du Brahmapoutra. On peut se demander si ce n'est pas le plateau archéen de Shillong *, dans l'Assam, qui a été la cause détermi- nante du rebroussement. Quant à l'épanouissement vers le sud du faisceau de chaines méridiennes, il est dû certainement à l'intercalation d'un massif constitué par des plisse- ments plus anciens, dirigés S.O.-N.E.; c'est le massif du Cambodge, qui paraît s'étendre vers le nord, dans le Siam et le Laos. D'autre part, les plissements du Szé-Tchouan, du Kouéi-Tchou et ? Un important travail sur les provinces méridionales de la Chine est en cours de publication dans les Annales des Mines. A. LecLÈRE : Etude géologique et miuière des pro- vinces chinoises voisines du Tonkin, 1901. ? Ce plateau a été, le 12 juin 1897, le siège du plus ter- rible tremblement de terre du xix° siécle. ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE e du Yun-Nan probablement intra-carbo- nifères. décrivent un arc immense, ouvert au S.E. C'est entre ce système et celui du Cambodge que passent les plis méridiens du haut Yun-Nan, une direction N.0:-S.E. leuve Rouge et celui de la oriental, gagnant le Tonkin avec que suivent le cours du 1 Rivière Noire. M. Suess étudie ensuite la continuation des plissements de l’Indo-Chine dans l'Archipel Malais, où il les « Altaïdes ». Je ne résumerai pas ce chapitre, malgré l'intérêt qu'il présente, préférant, avant de quitter l'Asie orientale, dire quelques mots des récents travaux du baron von Richthofen, relatifs à quelques-uns des grands trails morphologiques de cette partie du Globe. un premier mémoire, l'auteur décrit les grandes fractures qui délimitent vers l’est les mas- sifs montagneux de la Chine et les séparent des régions basses situées vers la mer. Ces lignes tec- toniques possèdent des allures d’une remarquable Elles se composent chacune d’une branche méridienne que l'on suit sur une grande longueur et d’une branche plus courte dirigée paral- l'équateur, et se raccordant avec la première, par une courbure insensible, à convexité tournée vers le N.0. Les branches méridiennes, obliquant d'ailleurs souvent vers le N.E., s'alignent bout à bout, mais chacune est en général disposée plus ou moins en retrait vers l’ouest, par rapport à celle qui lui fait suite vers le nord. Elles coupent, retrouve Dans constance. lèlement à presque toujours, les directions de plissement sous un certain angle, {andis que les branches équato- aux plis de la région. Souvent des lignes de fractures, parallèles à ces grandes lignes de bordure, se rencontrent en arrière d'elles et déterminent une chute en gradins. riales sont à peu près parallèles Quant à l'âge de ces accidents, il paraît très récent, puisque, dans la région qui fait suite immédiate- ment à la plaine, les cours d’eau n'ont pas encore eu le temps d'atteindre leur profil d'équilibre. M. von Richthofen distingue du nord vers le sud les arcs suivants : 1° L'arc du Stanowoï septentrional ; 2 L'arc du Stanowoï méridional, ou Aldan : 3° L'are du Chingan voir plus haut), qui se rac- corde peut-être avec le bord méridional du massif de Pékin : 4 L'are du Taï-Hang-Chan. qui limile à l’est le plateau houiller du Chan-Si méridional : 5° L'arc du Ho-Nan, qui détermine l'arrêt brusque vers l'est du Tsin-Ling-Chan ; Hu-Pé et Hu-Nan), s'étend du 32° au 25° parallèle, et limite à l’est et 6° L'are du Hu-Kouang au sud-est les hauts plateaux du Szé-Tchouan et du Kouéi-Tchou ; 1° L'arc du Yun-Nan, encore mal connu, mais qui : laquelle se termine à l’est et au sud le ee. calcaire situé au nord du Tonkin. Dans un second mémoire, M. von Richthof décrit une seconde série de grandes dislocations ( arcs de cercle, qui ont déterminé, sur de grand longueurs, les formes du littoral de l'Asie orier tale. Comme pour les ares dont il vient d'être question, la concavité est dirigée vers le N.0 ou tout ou moins vers 10., mais les élémen rectilignes font entièrement défaut. Le gra oriental affaissé est ici recouvert par la mer. Ces ares littoraux sont les suivants : 1° L'arc double des Stanowoï, se confondant avee les arcs internes; 2° L'arc tongouse, avec la chaine côtière Sichota Alin ; ; 3° L'arc coréen, correspondant à la côte nord-e de la péninsule; 4° L’are chinois, allaat des iles Saddle jusqu ù Haïphong ; 5° L'arc annamile, comprenant la côte oriental de la Cochinchine, depuis Vinh jusqu'au Cap Saint- Jacques. À L'are tongouse est à peu près parallèle aux plis- sements de la chaine côtière ; les ares coréen et chi- nois coupent obliquement ou presque à angle droit les plissements de l’intérieur; l’are annamite, enfin, suit d’abord la cordillère, coupe ensuite oblique ment ses plis dans le sud. On voit donc que, dans les deux séries de frac- tures arquées, il existe une indépendance à peu. près complète de la structure de l’intérieur du pays La cause de ces accidents doit donc être cherchée en dehors du continent asiatique; elle réside probable- ment dans l’approfondissement graduel de l'océan Pacifique, qui a donné lieu à une tension des ré: gions bordières de l'Asie, suivie de ruptures. On. sait d’ailleurs que les éruptions volcaniques ont é fréquentes le long des ares internes, comme elles le sont encore le long des ares plus extérieurs que ceux du littoral et constituant les festons d'îles qui accompagnent le continent à une certaine distance de la côte ds à Kouriles, Japon, PESITES nes, etc. Re venons maintenant au livre de M. Suess. Nous. avons suivi vers l’est tous les faisceaux de plis de l'Asie centrale, voyons ce qu'ils deviennent vers l'ouest. Nous en étions restés au Tian-Chan prop ment dit et à sa virgation. Plus au sud vient l'a d'Iarkand, qui, vers l’est, devient le Kuen-Lun. l'ouest, il donne naissance au faisceau des chain: louraniennes, tandis que du Pamir se détache vers le S. O. l'Hindou-Kouch. Ensuite ce sont les chan himalayennes, qui, vers l'ouest, s ’épanouissent lar- gement, formantles arcs iraniens. M. Suess complète urd'hui les données que renfermait déjà sur ces ines le premier volume de | « Antlitz ». Au sud de l'Himalaya, au delà de la plaine du ange, s'étend, comme l'on sait, l'Inde péninsulaire, plateau ancien de Gondwana. La série d'Angara a série de Gondwana se font pendant: au nord et sud des chaines himalayennes, dans lesquelles série secondaire est représentée exclusivement des couches marines. La « terre d'Angara » et «terre de Gondwana » sont d'anciennes masses tinentales, d'ailleurs d'âge différent, mais recou- ertes par des transgressions « limniques » à peu s synchroniques. L'Asie actuelle résulte de la dure du continent d'Angara avec un fragment du continent de Gondwana. J'ajouterai que le con- nent d'Angara est né lui-même de la réunion de plusieurs masses continentales. La masse ancienne Située au nord de l’amphithéâtre d'Irkoutsk et la masse « sinienne » du Nord de la Chine sont toutes deux d'âge antécambrien. C'est en raison de leur soudure avant la fin des temps paléozoïques que j'ai appelé l'ensemble de l’ancien continent asiati- que « continent sino-sibérien ». M. Suess a montré que les chaînes probablement intra-carbonifères du Laos et du Cambodge lui ont été adjointes égale- ment; je serais porté à rattacher au même système de plissements les chaines anciennes à direction « sinienne » de la Chine méridionale et de Bornéo. Jet ensemble a été contourné ensuite par les plisse- ments de la fin du Tertiaire. . On ne peut s'empêcher, en lisant les chapitres de l’ « Antlitz » que je viens de résumer, d'être frappé des ressemblances remarquables qui exis- tent entre la succession des chaînes asiatiques et es successions que M. Suess et M. Marcel Bertrand ont pu indiquer en Europe et dans l'Amérique du Nord. Et, si M. Suess ne met pas en lumière ce parallé- lisme, c'est qu'évidemment il se réserve de ï faire dans un chapitre ultérieur. Je ne fais donc qu'indiquer l'analogie complète qui existe entre le faite ancien » et la « chaine huronienne », entre les « Altaïdes » et la « chaine armoricano-varisque » (« hercynienne » Bertrand), entre l'« are malais » et la « chaîne alpine ». _J'ajouterai qu'il n’y a pas en Asie d'homologue de la « chaine calédonienne », et cela se concoit aisé- pet puisque le Silurien supérieur semble faire aut en Sibérie. Par contre, les « Altaïdes » sont doubles, et il y aurait deux'équivalents de la « chaine moricano-varisque » post-carbonifère, séparés par le Tian-Chan, c'est-à-dire par une chaine plus ré- cente, qui ne peut se comparer qu'aux plissements à « direction hercynienne » bordant la plaine de DAllemagne du Nord. J'ai d'ailleurs fait ressortir les homologies qui existent entre ces chaines et l'Oural, ÉMILE HAUG — REVUE ANNUELLE DE GÉOLOGIE 489 que M. Suess lui-mème est conduit à envisager comme un des rameaux de la virgation du Tian- Chan. Ceci nous conduit enfin à indiquer, d'après le dernier chapitre du livre de M. Suess, les relations tectoniques qui existent entre l'Europe et l'Asie. Si l'Oural, avec ses deux « coulisses », le Timan et la chaine Paë-choi — Nowaïa-Zemlia, est un rameau dévié du Tian-Chan, les lignes tectoniques récentes de la Russie méridionale (« lignes de Kar- pinski »), ainsi que le Caucase, se raccordent avec des rameaux plus méridionaux de la mème chaine, avec les ares touraniens. Puis, plus au Sud, les ares iraniens se rattachent par une arête de rebrous- sement avec les ares pontiques, auxquels font suite les arcs taurique et dinarique. Le raccordement des deux derniers a lieu le long de la côte occidentale de l'Asie Mineure, où la direc- tion N.-0. de l'un se rencontre avec la direc- tion N.-E. de l’autre. On sait déjà que les chaines dinariques se continuent avec les Alpes calcaires méridionales. M. Suess pense que ces dernières ne sont autre chose qu'un rameau des chaines asiati- ques soudé aux Alpes proprement dites, dont elles sont entièrement indépendantes. Ainsi s'explique- rait leur déversement vers le sud, conforme au dé- versement général des plis vers la périphérie du continent asiatique et contraire au sens habituel des poussées dans les chaines européennes !, Dans tous les cas il y a continuité incontestable des plisse- ments récents d'Europe et d'Asie. Mais M. Suess va plus loin et montre que la direc- tion dominante des plis dans la moitié occidentale du « faite ancien », la direction saïanienne, N.-0. ou N.-N.-0., se retrouve dans le substratum archéen de toute l'Europe orientale, dans la Laponie russe, en Finlande, sur le versant sud-est de la Scandi- navie et dans le massif ancien de la Russie méri- dionale. L'Oural serait dû à des plissements pré- cambriens. Ainsi l'Europe et l'Asie auraient constitué dès les temps les plus reculés une masse continentale uni- que : l'Eurasie. Émile Haug, Professeur-adjoint à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris, Président de la Société géologique de F 1 V. « Revue annuelle de Géologie », Rev. gén. des Sciences, 30 août 1599, p. 627, et 30 déc. 1900, p. 1336. Oa pourrait être tenté d'envisager la chaine dorsale scandi- ave (calédonienne, antédévonienne) commie le prolongement du Timan (Hôügbom) et l'on expliquerait ainsi le grand char- riage dirigé vers le S.-E. et par conséquent contraire à la direction prédominante des poussées européennes. M. Suess n'envisage pas cette interprétation, mis en garde sans doute | par l'âge beaucoup plus récent (post-permien) des plisse- | ments du Timan. 490 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Ph. Moulan, Ingénieur, Professeur de Mécanique à l'Ecole industrielle de Seraing. — Cours de Méca- nique élémentaire à l'usage des écoles indus- trielles. — 4 vol. in-8 de 1124 pages, avec 1067 f- gures. Paris et Liége, Ch. Béranger, éditeur, 1902. Cet ouvrage, destiné en principe à faciliter la tâche de jeunes ouvriers assistant aux travaux du soir, présente de grandes qualités qui le feront apprécier par les nombreux ingénieurs qui ont besoin de se remémorer leurs connaissances élémentaires de mécanique. Les grandes divisions sont celles habituellement suivies dans tous les cours, Cinématique, Statique, Résistances aux mouvements, Dynamique, Moments d'inertie. Puis vient la mise en pratique des éléments de mécanique rationnelle par uue étude complète de la résistance des matériaux et de la graphostatique. Enfin, un véritable cours de machines à vapeur et d'Hydraulique termine ce volumineux traité. On peut regretter que l’auteur n'ait fait qu'effleurer la question très actuelle des mo- teurs à gaz pour la construction desquels l'étude de la Mécanique joue un si grand rôle. Cette légère critique mise à part, parlons des réelles qualités de ce travail et de l'excellent esprit de méthode avec lequel il a été conçu. Toujours les définitions sont éclaircies par des exemples choisis dans la pratique avec des explications détaillées qui préparent bien le lecteur aux questions de machines. Toutes les formules sont suivies d'applications numériques, ce qui évite les erreurs si communes relatives au manque d'homogé- néité. Nous citerons, par exemple, à propos des trans- formations de mouvement, le calcul des dimensions d’une courroie; à propos des leviers, le calcul des sou- papes de sûreté; à propos du plan incliné, la fixation de l'inclinaison des cales de construction pour le lan- cement d'un navire; comme application de la force centrifuge, la déterminalion du surhaussement du rail extérieur dans les courbes, etc. La force vive et les moments d'inertie sont très clairement expliqués par la résolution de tous les problèmes concernant le mar- teau-pilon, les volants et la rencontre des projectiles avec les cuirasses. Enfin, au sujet du frottement, l’au- teur a développé une longue théorie du graissage, des plus instructives pour les praticiens. D'autre part, la résistance des matériaux contient les calculs très complets de tous les organes de machine. Quant aux données relatives aux machines à vapeur et aux chaudières, nous avons relenu particulièremeut les chapitres où sont traités les combustibles divers, l'épuration des eaux, les surchauffeurs, les turbines à vapeur : dans cette seconde partie de l'ouvrage on trouve tous les éléments pour faire un projet de ma- chine, pour effectuer les essais, pour conduire et entre- tenir les appareils et même pour les acheter, puisque l'auteur a pris la précaution d'insérer un projet de contrat à imposer aux fournisseurs, En résumé, ou- vrage très pratique et qui rendra des services. EmiLE DEMENGE, Ingénieur-métallurgiste. Kitt (M.), Professeur à l'Académie de Commerce d'OI- inutz. — Grundlinien der politischen Arithmetik. 1% Theil : Zinseszins und Rentenrechnung. 4 vol. in-$8 de TS pages. B. G. Teubner, éditeur. Leipzig, 1902. Petit ouvrage donnant les principes du calcul des intérêts composés, des rentes, des annuités, des rentes viagères el des assurances. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX justification -courant de tout ce que lon sait de précis, et c'est le 2° Sciences physiques Béhal (Aug.), Professeur à l'Ecole de Pharmacie de# Paris. — Traité de Chimie organique d’après les” théories modernes (2° édition). — 2 vol. 1n-8° de 950 pages. Octave Doin, éditeur. Paris, 1902. Tous nos lecteurs connaissent l'excellent Traité dem Chimie organique que M. Béhal a publié en 1897; essen-m tiellement didactique, il était alors destiné surtout, aux étudiants, dont l'auteur connaissait par expé- rience les besoins, lant à l'amphithéâtre qu'au labo= ratoire; mais ils’est trouvé que bien des maitres en ont également tiré profil, le prenant pour guide et adop- tant sa méthode : l'ouvrage, pris par tous, fut vite. épuisé. 1 Celui que M. Béhal nous offre aujourd'hui est plus et mieux qu'une seconde édition, c’est un remaniement complet de l'œuvre primitive, mise à jour et 6 ‘tendue de manière à comprendre toutes les formes et toutes les. fonctions régulièrement sériées. Pour arriver à ce but, il a fallu serrer davantage la l'aspect des volumes, dont l'exécution typographique est parfaite, n'en est que meilleur encore. Le plan général de l'ouvrage est resté le même : le M tome [est consacré aux génér ralités, qui n'embrassent M pas moins de 150 pages, aux corps à chaîne ouverte et à la série urique, que Pauteur, par un scrupule dont on ne saurait lui faire reproche, n'a pas voulu séparer des uréides à chaine longue. Le dernier chapitre, assez court dans la première édition, à été entièrement refondu et mis au courant des derniers travaux de M. Em. Fischer sur la consti=. tution et la synthèse des dérivés puriques ; c'est la pre-. mière fois, à ma connaissance, que celle importante question est traitée dans un livre d'enseignement. A signaler d'autre part quelques additions de moins grande importance : les fluorures, chlorures, bromures et iodures d'acides, les acétals d'aldéhydes et d'acé- tones, les éthers de Kay, les orthocarbonates, les nitra- mines, les isonitramines, les hydrazines, les dérivés sulfurés correspondant à l'acide carbonique, enfin une mise à jour complète du chapitre des sucres. Le tome Il comprend la série cyclique, c'est-à-dire tous les corps à chaîne fermée qui, renfermant un noyau typique, ne peuvent trouver place dans la série grasse. Ici encore le plan d'exposition est le même que dans la première édition, mais certains chapitres onf été considérablement augmentés: cilons, entre autr es, celui du camphre, dont on connait enfin la formule de structure, et celui des terpènes. Nous y trouvons, en outre, l'exposé de toutes les recherches récentes ‘relatives aux alcaloïdes, à la cocaine, à l'atropine et à la morphine, enfin toute une série d'additions ou de développements nouveaux con- cernant les dérivés aromatiques nitrés, nitrosés et sul= furés, les quinhydrones, les phtaléines, les dérivés cyclis M ques de | hydroxylamine et de la carbimide, les gluco= sicdes, etc. En un mot, l'ouvrage s’est accru d'un certain nombre de chapitres que l'auteur n'avait pas jugé nécessaire … d'y introduire autrefois et de toutes les connaissances, acquises à la science chimique dans ces dernières années. À l'heure actuelle, on peut dire qu'il est au ” meilleur éloge que nous puissions lui adresser; car celui de la méthode n'est plus à faire. Sous sa forme actuelle, il pourra être utilisé encore par les ‘lèves qui ne reculent pas devant les gros volu= BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 491 ni devant l'obligation de faire un choix entre des ets d'inégale utilité pour eux ; il servira davantage à t qui, ayant déjà des connaissances sérieuses en himie. voudront se faire une idée précise des ques- s ou des théories modernes dont ils n’ont pu suivre ps le développement. L. MAQUENNE, È Professeur au Muséum d'Histoire naturelle. 3° Sciences naturelles wmentier (Paul), Professeur-adjoint de Botanique qricole à la Faculté des Sciences de Besançon, Di- steur. de la Station agronomique. — Traité élé- -_mentaire et pratique de Botanique agricole. — b vol, 836 pages, avec 442 fiqures dans le texte. Prix : 1 fr.) O. Doin, éditeur. Paris, 1902. puis la création d’un Enseignement agronomique les Universités, la pénurie de la littérature, en vrages spéciaux, s’est vivement fait sentir. En Bota- ue agricole, nous ne possédions guère que le graud té de Vesque, qui ne comprend que la Botanique ématique et où les faits intéressants au point de vue jal que nous envisageons sont frop souvent noyés la masse des détails exclusivement scientifiques ; ivre de MM. Schribaux et Nanot, trop élémentaire ne contenant pas l'étude spéciale des plantes agri- es; citons, aussi, l'ouvrage de M. Costantin, Le de des Plantes, qui fait partie de l'Encyclopédie de Brehm ; c'est un livre de grande vulgarisation, mais où trouvent réunis de nombreux documents. Il existe ore d'autres ouvrages précieux, mais qui n'embras- t qu'une parlie du sujet : le Traité des maladies des ntes aaricoles, de M. Prillieux, que complète bien Aulas de Pathologie végétale, de M. Delacroix; les Cul- es coloniales, de M. H. Jumelle, etc. Il fallait un traité missant l'ensemble de nos connaissances en Bota- ue agricole, qui püt être mis entre les mains de étudiant et le dispeuser, dans une cerlaine mesure, de mgues recherches dans des ouvrages différents. M. Par- entier, le laborieux et savant professeur-adjoint de Besancon, s'est chargé de compléter cette lacune et son e rendra de grands services au nouvel enseignement. ‘auteur aborde, en premier lieu, l'étude de la Bota- ue générale, et fait suivre chaque chapitre des appli- ions qu'il comporte au point de vue de la Botanique icole. L'étudiant pourrait, au besoin, se servir de ce vre, sans études préalables de Botanique. Pourquoi teur na-t-il pas suivi dans la deuxième partie la ème méthode d'exposition, et classe-t-il les plantes icoles d’après leur utilité, sans donner les principes e la classification ? À la fin des divers chapitres se uvent d’utiles notes sur les travaux pratiques à faire écuter. L'étude de la Botanique générale débute par ëlle de la graine ; elle est suivie d'un chapitre consacré ax essais de semences. L'auteur étudie ensuite la e t les tissus en insistant, pas assez peut-être, sur e duits utiles : réserves, fibres, bois, etc.; puis, les “membres de la plante. Il y avait peut-être lieu d’insister “davantage sur les racines et tiges jouant le rôle d’or- nes de réserve. À cette étude fait suite celle de la ysiologie des divers membres du végétal. … La méthode suivie par l’auteur est classique, elle est onsacrée par un long usage. Nous pensons, cependant, uon pourrait en essayer une äutre. La Botanique agricole générale doit se proposer, omme ohjeclif principal, l'étude des conditions de gélation des plantes agricoies, conditions dont la Rs lisation dans la pratique constitue la culture des plantes. Ces conditions de végétation dépendent du “milieu ambiant; dès lors, on pourrait adopter un plan à la fois très scientifique et très pratique en envisageant L Botanique agricole générale, comme l'étude de l'in- énce du milieu sur la végétation des plantes agri- les. Nous pouvons esquisser les grandes ligues d'un el plan: | È Le milieu peut être: A. Anorganique. Il y a lieu “d'étudier alors l'influence des agents : 1 a. Mécaniques : « Ne détruisant pas l'intégrité des organes : Effets des contacts ; chocs ; manque d'espace ; agitation du milieu : vent, action de l'eau courante. 6 Détruisant l'intégrité des organes : Ecrasement ; bles- sures (effets généraux, cicatrisation et réparation). b. Physiques : 1° Pesanteur : action sur la croissance et sur la forme des végétaux. Variations du géotro- pisme, etc. 2 Lumière : Action sur la rapidité et la direction de la croissance, effet de l'absence de lumière, action de rayons trop intenses, etc. 3° Température : Effet général. Température crilique. Les moyennes de température, manière de s'en servir sagement. Considérations sur la latitude et l'altitude au point de vue de la réparlition des cultures. Notions de géographie botanique. Phénomène du gel et du dégel. Rôle bienfaisant de la neige. On pourrait faire suivre ces chapitres de l'étude des climats, de l’acclimatation et du forcage, ainsi que de celle des précipitations atmosphériques. Iufluence de l'humidité sur la forme et la structure des vésétaux. Plantes hygrophiles et plantes xérophiles. Climats humides, les browullards et leurs effets. La pluie, la grêle et la neige. 4 Etat physique du substratum: Aération du sol, son humidité, perméabilité, hygroscopicité, capillarité, contraction, adhérence. Effets de l'excès ou du manque d'eau. Concentration des solutions du sol, osmose; applicalion aux arrosages et aux engrais. Question des labours. 5 Electricité. Action sur la cellule. Action générale sur la végétation. Effets de la foudre, elc. , e. Chimiques. Influence de la composition chimique du sol. Les engrais. Les subslances chimiques nuisibles : poisons gazeux ou liquides (solutions). Les anesthé- siques. é B. Milieu organique. 1° Influence d'animaux ou végélaux parasites. Effets généraux du parasitisme. Maladies des plantes agricoles d'origine parasitaire. Phycocécidies et Zoocécidies. So. Plantes juxtaposées. Etude de la greffe et de la symbiose. 39 Plantes voisines : effets de la concurrence vitale. Cette étude de l'influence du milieu sur les plantrs, dont nous avons essayé de donner une idée, permet d'établir rationnellement les conditions de la culture et d'aborder l'étude des maladies d'origine physiologique et parasilaire. : ] Reprenons l'analyse du traité de M. Parmentier. L'au- teur consacre un chapitre spécial aux Bactériacées, dont le rôle est si important en agriculture, au point de vue surtout de la transformation des substances organiques complexes du sol en corps très simples susceptibles d'être utilisés par la plante supérieure. L'auteur ne dit rien, probablement à dessein, de certaines applications telles que la nitragine et l’alinite. Nous trouvons ensuite plu- sieurs chapitres consacrés à l'étude des sols agricoles et des engrais. On aurait mauvaise grâce à reprocher à l’auteur d'avoir introduit dans un traité de Botanique agricole l'étude de questions ressortissant plutôt des domaines de la Chimie et de la Géologie agricoles. L'étu- diant et le praticien qui ne pourraient suivre ces der- niers enseignements, trouveront ici les renseignements qu'il est indispensable de connaître. Signalons d'utiles chapitres sur les procédés culturaux et les soins à donner aux plantes : Labours, choix et sélection des semences, semis, récoltes et leur conservalion, rotation et assole- ment; facons d'entrelien : Hersage, roulage, binage, sarclage, arrosages, etc. Soins spéciaux : Bullage, rep quage et transplantation, élagage et taille. Ce qui con- cerne la théorie et la pratique de la reproduction de la plante est traité avec un soin particulier. Multiplication : Bouture, marcotte, greffe. A propos de la greffe, nous trouvons résumés les résullais si importants obtenus, ces dernières années, par M. Daniel. Vient ensuite l'étude de la reproduction par fécondation avec des détails pratiques concernant la fécondation artificielle, Ja coulure et ses causes, l'hybridation. L'étude du fruit = 12 est complétée par l'exposé des faits concernant leur conservalion. L'auteur passe, ensuite, à la description et à l'étude . de Ja culture des plantes agricoles. Il les divise en 1° Plantes alimentaires: 4. cultivées pour leur semence; b. pour leurs racines ou rhizomes; e. pour leurs tiges ou feuilles. 2° Plantes fourragères. 3° Plantes industriel- les : a. oléagineuses; b. textiles; c. tinctoriales; d. éco- nomiques. Ce groupement a des partisans, il nous semble néan- moins sujet à critique. C’est une division de traité d'agriculture, excellente, sans doute, pour les écoles pratiques d'agriculture destinées à former des prati- ! ciens qui s'en tiendront au terre à terre de leur métier. Les visées de l’enseignement supérieur doivent être plus hautes. Il doit mettre à la portée des travailleurs, outre les données pratiques, l'instruction théorique qui lui permettra de coordonner les faits et d’être capable d'initiative. Il nous semble donc préférable d'adopter pour l'étude successive des diverses plantes agricoles un ordre scientifique, c’est-à-dire celui de la classifi- cation naturelle. Seule cette méthode peut permettre une connaissance approfondie des espèces utiles et de leurs variétés, établies, généralement, à l'aide de carac- tères botaniques. Cet ordre scientifique n'empêche pas de faire une étude très pratique de chaque plante utile. Il sera facile, ensuite, à l'étudiant de grouper ces plantes au point de vue de leur utilité. Quelques tableaux synoptiques pourraient, à la rigueur, l’aider dans ce travail. M. Parmentier réunit souvent en tableaux très com- modes les espèces et variétés agricoles appartenant à un même groupe, à un même genre, par exemple. L'auteur prend le mot de plantes agricoles dans le sens le plus restreint. Il ne parle pas des végétaux ligneux : conifères et autres essences forestières, dont l'étude est cependant fort importante. On est d'autant plus surpris de cette absence, qu'on trouve exposé, quelque part, les maladies de ces végétaux. Nous regrettons aussi que l’auteur, se limitant aux seules plantes cultivées en France, n'ait point parlé des plantes utiles de nos colonies. La question coloniale prend chaque jour plus d'importance, beaucoup de nos compatriotes s’expatrient pour aller chercher au loin des moyens de subsistance. Il y a lieu de favoriser ce mouvement d'expansion; la manière la plus recom- mandable, la plus efficace d'y arriver, est certainement de répandre parmi tous ceux qu'intéresse l'agricul- ture, des données précises sur les plantes coloniales. Ils les utiliseront pour leur compte ou en feront pro- fiter les autres. Dans les chapitres intitulés : Saprophytisme et Sym- biose, l’auteur passe peut-être un peu vite sur la ques- üon du rôle des champignons filamenteux du sol en agriculture, question qui n’est point négligeable, qu'il s'agisse des mycorhizes ou des modifications que ces champignons produisent dans la végétation de certains végétaux : lubérisation, production de fleurs doubles, etc. C'est au chapitre Parasitisme que sont étudiées les maladies des plantes. Il eût été, peut-être, intéressant et commode de grouper en un chapitre spécial les faits généraux qui concernent le traitement de ces maladies: préparation et mode d'emploi des solutions anticrypto- gamiques, bouillies, etc. Puis, à propos de chaque mala- die, on eût indiqué lequel de ces traitements il convient d'appliquer et les conditions spéciales de son emploi. M. Parmentier étudie les maladies en partant de l'hôte. Il décrit successivement, par exemple, les ma- ladies des Conifères, des Céréales, de l’Ail, du Houblon, des Arbres forestiers, du Pêcher, de la Pomme de terre, etc. Gette méthode est assurément pratique. Mais, dans ce cas encore, il nous semble que l’ordre de la classification botanique doit être préféré. La clas-. sification des champignons est un peu compliquée; mais la connaître, c'est être capable de déterminer les espèces, de les reconnaitre à coup sûr, d'arriver à une connaissance approfondie des maladies d'origine cryp- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX togamique, de pouvoir, enfin, faire œuvre personnelle sans être embarrassé devant les cas nouveaux. Ceci” est important lorsqu'il s’agit d'une étude où il reste tant à découvrir. Cette étude, faite suivant l’ordre que nous venons d'indiquer el qui est d'ailleurs celui du. beau livre de M. Prillieux, pourrait être complétée par. l’adjonction de tableaux synoptiques réunissant les \ plantes hospitalières et leurs parasites, tels que celui. qu'établit M. Parmentier à la page 499 de son Traité Il peut y avoir différentes facons également bonn de traiter un même sujet; aussi les observations qi nous a suggérées l’étude du livre de M. Parmentier ne sont-elles pas des critiques, et nous devons remercier l’auteur de son œuvre éminemment utile. ] J. BEAUVERIE, Docteur ès Sciences, Chargé d'un cours de Botanique agricole à la Faculté des Sciences de Lyon. Gardiner (J. Stanley). — The Fauna and Geogra- phyofthe Maldive and Laccadive Archipelagoes — 1 vol. in-4° de 118 pages. The University Press, Cambridge, 1902. \ Les Laquedives et les Maldives constituent deux ar chipels situés dans l'océan Indien, au sud-ouest de l'Inde. Ce sont de nombreuses iles de petites dimen sions, formées de coraux et dont l'ancienneté est évi: demment très peu considérable. L'étude-systémalique de leur faune, à peine ébauchée jusqu'à ce jour, devait attirer l'attention des naturalistes, en raison des impor tants problèmes qui s’y rattachent, au point de vue des la distribution géographique des animaux et des plantes, ainsi que des conditions suivant lesquelles les êtres vivants apparaissent dans les terres nouvelles. M. Stan- ley Gardiner, chargé par l'Université de Cambridge” d'explorer ces deux archipels, a consacré deux annéess à cette tâche importante. On peut dire dès maintenant | que son expédition a été des plus fructueuses et que, grâce à elle, pourroni être comblées d'importantes la= cunes dans nos connaissances sur cette région du glob encore à peine connue. Nous avons entre les mains le premier fascicule de las. belle publication dans laquelle vont être décrites less. récoltes faites par M. Gardiner etses collaborateurs. Il comprend un récit du voyage, un exposé général desn récifs de l'océan Indien, une étude des conditions mé-= téorologiques, puis uue description détaillée de l’atoll de Minikoi, au nord de l'archipel des Maldives. Ces, différents chapitres, auxquels une suite sera donnée sont l’œuvre personnelle de M. Gardiner. Nul doute que la théorie de la formation des récifs, déjà fortemen attaquée dans ces dernières années, ne soit encore ba tue en brèche par les observations si précises qui nous sont présentées, Les Hyménoptères des Maldives sont décrits pan M. P. Cameron : on en trouve 25 espèces, dont 20 aux Maldives, et 10 à Minikoi; 5 espèces sont communes, aux deux groupes. Parmi ces Insectes, 15 espèces son nouvelles; d'autres sont déjà connues d'Afrique et de Malaisie. Les Hyménoptères porte-aiguillon sont re= présentés par 23 espèces, les Térébrants seulement pan 2 espèces. Ce dernier fait tient évidemment à ce que les Insectes sont relativement rares dans ces îles. M. L.-A. Borradaile; ils sont au nombre de 12 espèces ls appartiennent aux familles des Ocypodidae et Grapsidae parmi les Brachyures, à celle des C tidae parmi les Paguriens, enfin à celles des Armad lidae et des Ligiidae pour les Isopodes. Il est curie de voir un Crustacé analogue à nos Bernard l'ermi le Cænobita clypeatus, mener une vie exclusivemen terrestre et trainer pourtant après soi une carapa d'emprunt, dans Jaquelle il introduit la partie post rieure de son corps. L'animal en question était déjà connu de Latreille, qui l'a décrit en 1826. Les coquilles. marines étant rares ou faisant défaut, ce Crustacé à d de | | modifier dans une certaine mesure ses habitudes héréz | | 4 | ditaires et se plier aux circonstances nouvelles. C’est si qu'à Minikoi il tire parti des noix de Coco bri- ées. L'étude auatomique de cet animal est faite très ‘omplètement, notamment en ce qui concerne les èces de la carapace. es Némerliens sont décrits par M. R.-C. Punnett. Il énumère 12 espèces, dont 8 sont nouvelles. e fascicule qui nous occupe comprend 5 planches Mhor: texte et 23 figures dans le texte. Ce que nous ve- nous d’en dire nous autorise à penser que cette explo- tion scientifique des Maldives et des Laquedives va nous faire connaitre une ample moisson de faits nou- Yeaux, intéressant aussi bien la Zoologie systématique l'Anatomie comparée que l'Océanographie et la Bota- hique. Nous rendrons compte des prochains fascicules, à mesure qu'ils nous parviendront. © R. BLANCHARD, Membre de l'Académie de Médecine, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris. 4 Sciences médicales Sabouraud |R). — Maladies du cuir chevelu. _ {° Les maladies séborrhéïques. Séborrhée. Acnés, Calvitie. — 1 vol. in-8 avec 91 figures dans le texte dont 40 aquarelles en couleurs. (Prix : 10 francs.) - Paris 1902, Masson et Cie, éditeurs. M. Sabouraud s’est proposé de décrire successivement s maladies du cuir chevelu. Dans son premier tome étudie les maladies séborrhéiques dont Le type fonda- mental est la séborrhée grasse ou huileuse, l'acné sébacée les anciens auteurs francais. Le mot de séborrhée veut proprement dire «flux de Sébum » et le sébum est un liquide sécrété par les glandes Sébacées de la peau. Par extension, le mot de séborrhée Sapplique à la maladie même dont ce symptôme est la caractéristique. La séhorrhée est une maladie des ré- “sions glabres et des régions pilaires. Sur les régions gla- bres, cette affection a deux symptômes principaux: 1° un Symptôme physique, c'est l'augmentation du diamètre hormal des pores sébacés qui deviennent visibles à un examen attentif à l'œil nu; 2° un symptôme fonctionnel, &'est la surproduction du sébum normal qui rend lui- Sante et grasse la peau de la région malade. Sur les Yégions pilaires, la séborrhée s'accompagne d'un troi- sième symptôme : la dépilation diffuse progressive, paroxystique. À La séborrhée est une maladie qui commence avec établissement de la puberté et qui a son maximum d'intensité à la fin de la période juvénile. Sous sa forme la plus simple et la plus fréquente, elle est localisée au visage, au nez, au sillon naso-génien, c'est l'acné Sébacé (luente des anciens auteurs français. Sous une forme très fréquente, elle est localisée au vertex de Phomme adulte, c'est la calvitie vulgaire. La lésion primaire, caractéristique de la séborrhée, cest le cylindre gras contenu dans chaque orifice pi- lire et que l'expression en fait sortir. Ce cylindre, ce filamentséborrhéique contient au milieu de débris épi- rmiques cornés des millions d'exemplaires d'un fin acille : le microbacille séborrhéique. - Dans sa forme la plus ordinaire, la séborrhée atteint Surtout les jeunes filles. Les victimes sont des jeunes filles de douze à quinze ans à peau blanche. Les tégu- ments du visage présentent une sorte d'infiltration molle; les joues paraissent gonflées, épaissies ; le nez est rond et gros: la lèvre supérieure est épaissie et proé- Mine sur la lèvre inférieure; le cou est empaté, trop £ras, la palpation y découvre souvent des chapelets de ganglions. Vers l’âge de seize à dix-sept ans, le front, le nez, les joues se couvrent d'un enduit épais, la peau ressemble à l'écorce d’une mandarine; elle est eriblée le trous. L'expression de la peau en fait sourdre de BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 493 tous les pores le cylindre gras vermiforme caractéris- tique de laffection. Cette maladie est d’une ténacité dé- plorable. Elle dure six ans et plus; elle s'atténue à la longue, changeant le plus souvent d'aspect extérieur, sous l'influence des infections surajouté L'histoire des dégénérescences de la séborrhée grasse constitue l'histoire des acnés. Sous le nom d'acné, on doit comprendre les lésions d'infection secondaire de la séborrhée. Les acnés polymorphes, acné pustuleuse, acné suppurée profonde, acné indurée, sont des infec- tions secondaires du cocon séborrhéique par un staphy- locoque, staphylocoque à cultures grises; les acnés monomorphes, acné furonculeuse du cou, acné kéloï- dienne de la nuque, acné nécrotique varioliforme, résultent de l'invasion du filament folliculaire par le staphylocoque doré. Les acnés ne sont pas les seules complications sur- séborrhéiques des parties glabres; il existe des pity- riasis et des psoriasis sur-séborrhéiques, L'état con- gestif est très souventlié à la séborrhée; ainsi se trouvent constitués deux types morbides, l'acné congestive et l'acné hypertrophique. Comme complications ultimes des séborrhées congestives, on voit survenir la verrue plate séborrhéique sénile et les dégénérescences épi- théliomateuses des téguments de vieillards. M. Sabouraud étudie minutieusement au point de vue anatomo-pathologique chacun des types morbides que nous venons de citer, et dans la seconde partie de son livre il traite de la calvitie. La calvitie est pour M. Sabou- raud la localisation de la séborrhée au vertex de l'homme adulte. Parmi les causes de cette affection, il y a lieu de dis- tinguer des causes prédisposantes d'ordre général: la calvitie est une maladie de l'âge sexuel et du sexe mâle; l'habitation urbaine, le travail intellectuel, l'alimenta- tion carnée prédisposent à la calvitie ; Fexamen des urines de 33 chauves de dix-huit à trente-cinq ans à montré trois caractéristiques : hyperacidité, hyper- chlorurie, hypophosphaturie ; cescaractéristiques se re- trouvent dans ce qu'on appelle «les maladies par ra- lentissement de la nutrition ». La cause spécifique de la calvitie se trouve dans l'invasion du cuir chevelu par le microbe de la séborrhée. L'auteur étudie avec soin l'anatomie pathologique de la calvitie, le mécanisme de l'invasion du cuir che- velu par le microbacille, le mécanisme de la chute du poil. Il trace un tableau symptomatique très complet de la calvitie et de ses diverses variétés, il en décrit la marche et l'évolution. Plus loin, se trouve discutée la question du diagnostic; l'auteur différencie l'alopécie de la calvitie : 4° des alopécies par maladies locales du cuir chevelu autres que la séborrhée, alopécies des pityriasis gras et secs, alopécies consécutives aux impéligos el aux eezémas impétigineux, alopécies par sclérose folli- culaire,alopécies peladiques; 2° des alopécies de cause générale, alopécies toxi-infectieuses, alopécies de la syphilis en particulier. La dernière partie du livre est consacrée à la théra- peutique. L'auteur envisage le traitement général et le traitement local de laséborrhée ; il étudie les divers topi- ques externes, soufre, goudron, dérivés pyrogénés, les mercuriaux, les préparations complexes et les lotions volatiles ; il donne des exemples pratiques de traitement des diverses séhorrhées. Tous ceux qui s'intéressent à la conservation de leur chevelure liront avec fruit les pages consacrées à la thérapeutique de la calvitie: ils verront que, même dans les cas les plus détestables, il n'y à pas d'exemples que le malade ne bénélicie d'un traitement bien dirigé. Tout candidat à la calvitie, pour peu qu'il apporte au médecin quelque patience, oblien- dra de son traitement un bénélice partiel, mais sérieux et durable. Dr P. DESFOSsES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 28 Avril 1902. M. le Président annonce le décès de M. Filhol, membre de l'Académie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ed. Maillet commu- nique ses récherches sur les séries divergentes et les équations différentielles. — MM. Rue et Sy pré- sentent leurs observations de la comète À (1902), faites à l'Observatoire d'Alger. — Le P. Colin a complété 1 ä iriangulation du sud de l'imerina (Madagascar). 11 a en méme temps déterminé l'altitude de la sommité Ja plus élevée Le massif de l ao le Tsiafajavona, qui est de 2.633 mètres. — M. H. Poincaré présente un Ransont de la Commission chargée du contrôle seientilique des opérations gé 6odé siques de l FquAteu 20 SCIENCES PHYSIQUES. applique la loi de Stéfan R—a(Ti—#) à la miesure des hautes tempéra- tures, R étant la quantité de chaleur versée par un corps rayonnant à la absolue T sur un autre à. une température 1; {4 devient rapidement né- gligeable par rapport à T# et la loi simplifiée devient R—=at:. L' appareil à la forme d'une lunette dont l'ob- jectif en fluorine concentre la chaleur rayonnée par le four sur un réticule thermo-électrique en fer-constan- tan. — M. A. Guillemin propose de remplacer les unités actuelles de l'Acoustique, l'octave et le comma, par deux nouvelles :le savart et le millisavart. Le savart est l'intervalle dont le log — 1; il vaut 3 oclaves + 4 tierce majeure. Ces unités apporteraient une grande ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES simplification dans les calculs. — M. D. Berthelot à étalonné des couples thermo-électriques en platine- platine iridié en prenant comme points fixes le point de fusion du zinc (#19) et celui de l’or‘(1.06#°). Entre ces deux points, la courbe de log e et log { est une ligne droite. — M. Edm. van Aubel à constaté, par ses recherches sur les mélanges d'acétone et d'eau et d’ani- line et d'alcool éthylique, que l'énergie réfractive ne pas, en général, dans mélanges liquides, contrairement à l'hypothèse de M. A. Leduc. M. L. Teisserenc de Bort déduit, des résultats l'ascension d'un grand nombre de ballons-sondes, la décroissance de la température de Fair avec la par un maximum, puis diminue rapiz se conserve les de que hauteur passe dement pour devenir à peu près nulle à une alti- tude moyenne de 11 km. dans nos régions. Dans cette zone, il peut même y avoir des alternatives de refroidissement et d'échauffement. — M. M. Ber- thelot poursuit ses recherches sur les piles fon- dées sur laction réciproque des liquides oxydants et réducteurs. — M. A. Colson a étudié un ciseau à froid du temps des dynasties thébaines; il est formé d'une lame en bronze dur grenu, enserrée dans une gaine de bronze doux. — M. de Forcrand a appliqué ses méthodes générales à la détermination de [a con- stitution de MAUR de chlore et il à constaté qu'il répond à la formule CI 7H?0. — M. C. Marie à pré poeaue ques sels de l'acide OXYISOPTOPY lphosphinique : le sel neutre de soude PO*HNa?(C#H60)5H20 et le sel acide POSHNalCSH°0)6H%0, le sel de Pb et le sel d’ Ag. — M. G. André à étudié les transformations des ma- tières protéiques pendant la germination. L'albumine est celle qui disparait le plus rapidement; la légumine diminue sans jamais disparaitre complètement. L'azote amidé augmente. — MM. Doyon et A. Morel ont con- stalé que le sérum normal rigoureusement aseptique | ne saponilie pas l'huile de pied de bœuf {oléine); il ne contiendrait donc pas de lipase, comme le prétend Hanriot. | DE L'ÉTRANGER 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Gautier fait con naître les bons résultats qu'il à obtenus par la médica tion arrhénique dans le traitement des fièvres palus tres. — M. Ragalski signale un cas d'ostéomyélit aiguë polymicrobienne de la clavicule sans trace de pus. MM. Cadéac el Maignon ont constaté l'ap parition des composés glyeuroniques et de glucose dans les urines d'animaux soumis à la ligature d'un membre ou à l'écrasement des muscles. Cette glyco- surie est d'origine musculaire. — MM. P.-P. Dehérain et C. Dupont concluent de deux années d'expériences au champ de Grignon que les betteraves demi-sucrièress sont décidément ae aux anciennes betteraves fourragères ; les cultivateurs de terres sèches trouve= ront avantage à semer les demi-suerières roses; ceux des terres humides devront choisir les blanches. L’es: pacement à lignes écartées, donnant dix racines au m?, semble le plus avantageux. — Le Prince Albert de Monaco indique les résultats obtenus dans la trois campagne de la Princesse Alice 11 aux Canaries, Cap Vert et Madère. On a effectué 56 sondages, 28 coups de chalut, 14 descentes de nasses, 4 descentes d' hamecons. 3 de filet bathypélagique et 7 de trémail. — M. 8. Meu nier communique quelques considérations sur less pôles orogéniques. Séance du 5 Mai 1902. M. le Secrétaire perpétuel annonce le décès de M. L. Fuchs, Correspondant pour la Section de Géo métrie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Goursat à éludié les transformations de Bäcklund définies par un sys tème de quatre équations admettant une transforma- tion de contact infinitésimale par rapport à un seul des deux éléments. — M. A. Demoulin a déterminé les surfaces applicables sur un conoïde droit. — M. A. Gros — étant donné un manchon ou cylindre creux de révolution de faible épaisseur par rapport au rayon et uniformément chargé suivant son axe — cherche à déterminer lépaisseur minima correspondant à une charge donnée (ou vice versa), telle que la paroi du manchon reprenne rigoureusement la forme cylin- drique primitive dont elle aura pu accidentellemen dévier, dès que la cause perturbatrice aura dispos | 29 SCIENCES PHYSIQUES. que, dans les décharges électriques à res les gaz, 1 la variation de la self-induction du circuit provoque de grandes variations des phénomènes calorifiques, pré- sentés par les pôles entre lesquels les étincelles jaillis=. sent. Les métaux (fer, nickel, cobalt) dont l’'échautfe” ment est très grand sont ceux dont les spectres se renforcent par l'augmentation de la self-induction. =" M. H. Pellat à observé que le flux anodique, touts comme le flux cathodique, éprouve une résistance très grande à marcher dans une direction perpendiculaire aux lignes de forces d’un champ magnétique et n’en éprouve qu'une beaucoup plus faible dans le sens de ces lignes de forces. — M. A. de Gramont à remarqué que l'introduction dans le circuit de décharge d'un condensateur de faibles self-inductions croissantes permet de simplifier les spectres de dissociation des, composés en éliminant d'abord celui de l'air, puis, successivement, ceux de différents métalloides. — M. Eäm. van Aubel à conslalé que, pour un certain nombre de combinaisons nitrées, de nitrates, d'amines le poids moléculaire s'élève, tandis que l'indice | réfraction augmente dans ces conditions. — M. M. Ber- - et de nitriles, la constante diélectrique diminue quand thelot termine ses études sur les piles par les conclus" sions suivantes : Les réactions salines proprement dites, telles que la neutralisation des acides par les bases, l'action des bases sur les sels neutres de ces mêmes bases, l'action des acides sur ces sels neutres, ou sur les sels neutres d'un autre acide, enfin l'action à éciproque de deux dissolutions inégalement concen- trées d'un même sel, sont susceptibles de servir à _ constituer des éléments de piles, en développant des forces électromotrices dont la grandeur peut atteindre jusqu'à 0,6 volt par élément. L'assemblage de plu- sieurs éléments de cette espèce permet de réaliser une force électromotrice aussi élevée qu'on le désire, et, - dès lors, très supérieure à la valeur minima susceptible ‘de produire une électrolyse déterminée. Cependant, en mettant en œuvre de semblables piles, l'auteur n'a pas réussi à produire de débit électrolytique extérieur, continu et efficace. On obtient, au contraire, un tel débit en construisant des piles dont l'énergie dérive des réactions chimiques exercées entre les systèmes précédents et les corps oxydables ou oxydants. — M. A. Job a observé qu'une liqueur alcaline cérique est incapable de s'oxyder à l'air; mais, si l'on y ajoute du glucose, elle est réduite et décolorée. Elle acquiert - en même temps la propriété de fixer LR et, Si on l’agite à l'air, elle devient rouge. Le glucose pro- voque donc ici la peroxydation du sel de cérium. — M: H. Gautier à préparé des alliages de cadmium avec le baryum et le calcium en chauffant au rouge un mé- - lange de cadmium, de sodium et d'iodure de baryum où de calcium. Les alliages obtenus peuvent être enri- his par distillation dans le vide à basse température. — M. J. Sterba a isolé un oxycarbure bien défini et parfaitement cristallisé de formule CeC2.2Ce0?, qui se forme toujours au commencement de la réduction de … l'oxyde de cérium par le carbone. C’est un corps rela- “ tivement stable dans l’eau et à l'air, donnant par dé- … composition avec les acides des carbures d'hydrogène non saturés. — M. V. Auger à reconnu quil existe seulement deux hydrates de l'acide arsénique (AsO*H* H20 et As'O®H6. Les hydrates AsO‘H*, As’0°H* et AsO'H, … décrits par Kopp, n'ont pas pu être obtenus. L'anhy- - ride arsénique se forme vers 1809; il est stable même — à 400°, se décompose au rouge sombre et ne peut être obtenu à l’état fondu. — M. F. Ducatte, en faisant réagir les chlorure, bromure et iodure de plomb sur le « sulfure de bismuth, a obtenu régulièrement des com- —… posss halogénés de formule PhS.Bi°S5.2BiSX, où X — CI, Br ou I. — M. L.-J. Simon, en faisant réagir lac ide - sulfurique concentré sur-le produit de condensation -du pyruvate d'éthyle avec l’aniline, lui à enlevé un - groupe AzCÿH5 et a obtenu le corps CH*.C( : AzC‘HS).CO. CH?.CO.CO*C2H5, fondant à 1399-1409. — M. M. Des- — cudé montre que la combinaison deschlorures d'acides … avec le méthanal polymérisé sous l'influence du chlo- —… rure de zinc a lieu avec formation d'oxyde de méthyle — bichloré CIH°C.O.CH?CI. — M. L. Henry suppose que, … lors de l'addition de l'acide hypochloreux au propy- » lène, il se produit simultanément les deux chlorhy- drines CIH°C.CH(OH).CH* et CH?(0H).CHCI.CH, mais - dans un rapport encore inconnu. — MM. A. Seyewetz et Biot ont reconnu que les amines aromatiques peu- vent donner, avec le tétrazoditolylsulfitée de sodium, des combinaisons non colorantes, transformables en … colorants azoïques par l'action de la lumière ou par — ébullition prolongée avec l'alcool. —… 32 SCIENCES NATURELLES. — M. Y. Delage a étudié les . fonctions des sphéridies des Oursins. Ce ne sont pas … les organes exclusifs des sensations d'orientation, ë comme le pensait Cuénot, car, lorsqu'on les enlève, les - Oursins opérés se retournent et grimpent sur les parois verticales aussi sûrement que les témoins non opérés. - — M. A. Prunet communique ses recherches sur le développement du Black-Rot. Les pluies sont néces- durée des invasions dépend de la durée des périodes de pluie qui les ont causées. — M. L. de Launay a étudié les à 4 : Saires au développement de cette maladie; la £: roches éruplives carbonifères de la Corse. Il semble y ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 195 avoir eu départ antérieur des éléments blanes (silice et alcalis) par l'intervention d'action aqueuse et de fume- rolles, avec production de micropegmatites, porphyres globulaires, ete...; puis, à la fin, montée du résidu lamprophyrique, surtout enrichi en éléments ferroma- gnésiens, mais retenant encore parfois une certaine abondance d’alcalis, qui a permis les types de fusion des coulées porphyritiques. — M. J. Thoulet commu- nique ses études sur les échantillons d'eaux et de fonds recueillis pendant la dernière campagne de la Princesse Alice dans l'Atlantique nord. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 6 Mar 1902. , le Président annonce le décès de M. H. Filhol, Associé libre, et rappelle ses principaux travaux scien- tifiques. — M. Kermorgant est élu Associé libre. M. Le Dentu a pratiqué l’anesthésie générale par l'éther chez un cardiaque pour le traitement d'une suppuration tuberculeuse de l'os iliaque; il n'y a pas eu le moindre accident. Or, cet homme, mort quelques mois après, a présenté à l'autopsie une dilatation mar- quée des cavités du cœur droit avec amincissement de la paroi et insuftisance de la valvule tricuspide. Séan’e du 13 Mai 1902. M. Berger présente un malade sur lequel il a obtenu la restauration de la plus grande partie du nez, enlevé par une morsure de cheval, au moyen d'une modilica- tion nouvelle de la méthode italienne de rhinoplastie. — M. J.-V. Laborde pense qu'on trouvera la solution pratique de la question des accidents et de la mort par le chloroforme dans l'étude physiologique et expéri- mentale de la question. En l'état actuel, les moyens préventifs suggérés et indiqués par le mécanisme du réflexe d'arrêt fonctionnel primitif, résident essentiel- lement dans l'adjonction préalable, à l'anesthésique en vapeurs, des analgésiques généraux, ou, selon les indi- cations, des analgésiques locaux, et en particulier de la cocaine en applications (badigeonnages) sur la pitui- taire et la muqueuse bucco-pharyngo-laryngée. Parmi les moyens de ranimer les phénomènes mécaniques de la fonction cardio-respiratoire près de s'éteindre ou déjà éteinte, le plus efficace est celui des tractions rythmées de la langue. — M. Fiessinger signale une épidémie de fièvre typhoïde qui sévit depuis huit ans dans une petite ville de province, et où, malgré la loi sur la santé publique, rien n'a été fait par suite de circonstances politiques. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Avril 1902. M. C. Delezenne a constaté que les macérations in- testinales exactement neutralisées perdent leur pouvoir kinasique à l’ébullition. — MM. L. Camus et E. Gley ont observé à nouveau la propriété des macérations in- testinales de rendre actif le suc pancréatique. — M. Ch. Degagny présente ses recherches sur la fécon- dation chez les végétaux et sur les métamorphoses des malières nucléaires polliniques pendant la division et pendant la fécondation. — MM. M. Caullery et F. Mesail : Sur les Fecampia Giard (voir p. 442). — M. L. Camus à observé une aptitude commune de toutes les muqueuses intestinales à donner naissance à la sécrétine en présence des différents acides ; le mé- canisme de la sécrétion pancréatique indiqué par Bay- liss et Starling doit donc être considéré comme géné- ral. — MM. Anglade et Chocreaux ont remarqué la présence constante de bacilles de Koch dans les selles des tuberculeux ; ces bacilles conservent leur virulence malgré la dessiccation ou l'action du froid. — MM. J. Rehns et F. Terrien ont reconnu que l'injection de toxine tétanique dans le corps vitré chez le chien ne dé- termine l'apparition d'aucune espèce de phénomène. — MM. Laquerrière el. Delherm ont observé une contrac- Séance du 19 496 lion de‘ l'intestin grèle sous l'influence de la faradisa- tion. —$M. H. Coutière : Sur un nouveau type de Rhi- zocéphale parasite des Alphéidées (voir p. #42). — M. L. Launoy signale un cas de monstruosité chez un : Ophidien; il s'agit d'un embryon de vipère bipède el cyclocéphale, né à terme et vivant. — M. J. Noë à observé les variations du coefficient diurétique et de la densité urinaire chez le hérisson pendant toute une année. — MM. S. Lalou el A. Mayer ont constaté que l'augmentation de la concentration moléculaire du sang chez le chien provoque des phénomènes moteurs dont l'ensemble constitue des attaques tout à fait nettes d'épi- lepsie expérimentale. — M. P. Armand-Delille à produit chez des chiens avec l’éthéro-bacilline d'Auclair des embolies intra-médullaires. du 26 Avril 1902. M. Marino {a obtenu de belles colorations des élé- ments figurés du sang à l’aide d'un mélange d'une solution aqueuse saturée de fuchsine acide avec une solution alcoolique de bleu crésyle brillant. — MM. J. Camus et P. Pagniez ont constaté que l'urine peut transformer une petite quantité de l'oxyhémoglo- bine du sang; cé phénomène s'effectue probablement aussi dans le corps même. — M. D. Calugareanu à observé que les globules rouges du chien peuvent s'en- richir en sels lorsqu'on augmente la concentration du sérum en chlorure de sodium, et, au contraire, S'ap- pauvrir en sels lorsqu'on dilue le sérum, sans que, dans ces conditions, ils perdent leur hémoglobine. — M. F.-J. Bose à reconnu que les ganglions Ilym- phatiques de moutons claveleux peuvent être viru- lents et provoquer une (umeur sous-culanée avec éruption locale. — Le même auteur à trouvé deux méthodes de traitement préventif de la clavelée, qu'il appelle hémo-immunisation et séro-clavelisation. — MM. L. Camus et E. Gley ont constaté que la sécrétion pancréatique provoquée par une injection de propeptone est fortement diminuée par une injec- tion préalable d’atropine, tandis que la sécrétion provoquée par une injection de sécrétine est peu affec- {ée, — MM. V. Henri et L. Malloizel: Action de l’atro- pine sur la sécrétion de la salive sous- maxillaire du chien (voir p. #52). SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Seance du 2 Mai 1902. M. Guillaume présente, de la part de M. Radiguet, qui en est le dépositaire, un thermomètre imaginé par M. Looser dans le but de faciliter, dans les cours élémentaires de Physique, la démonstration des phé- nomènes classiques de la chaleur. Un manomètre à alcoo! coloré est réuni à un réservoir de verre d'une forme convenable, à l'aide d'un tube de caoutchouc élroit ét à parois épaisses. Entre le réservoir et le imanomètre, un robinet permet d'établir où de rompre à volonté Ja communication avec l'atmosphère. Le réservoir est adapté aux nécessités des expériences que lon à en vue:il peut être sphérique, ou hémisphérique, avec une paroi plane placée verticalement ou horizon- talement, transparente ou dépolie; enfin, il peut pré- senter un godet rentrant, dans lequel on introduira un liquide où une éprouvette mobile. Pour faciliter les expériences comparatives, deux appareils semblables sont montés symétriquement sur un même support, d'où lé nom de thermoscope dillérentiel adopté par M. Looser. À l'aide des réservoirs à face plane horizon- tale, on fera, de préférence, des expériences sur la conduction de Ja chaleur dans les plaques posées directement sur le réservoir, et sur lesquelles on place de petites cuves en zinc remplies d’eau bouillante. Par des expériences comparalives, on montre, par exemple, que la conductibilité du bois n'est pas la mème dans les diverses directions prises par rapport à la fibre; ou encore on rendra évidente la chaleur Séance ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ther, ete. Les réservoirs à face plane verticale, que l’on pourra noircir avee une flamme de térébenthine, feront voir l'énergie des radiations, l’opacité où la transpa- rence pour la majeure partie des rayons qui se trouvent dans le spectre infra-rouge, ete. Enfin les réservoirs à godets montreront la différence des chaleurs spécifiques par immersion, par exemple, d'un cylindre de cuivre et d'un cylindre de plomb de même masse préalablement échauffés dans une quantité égale d'eau placée simul- tanément dans les deux godets. En faisant aboutir dans ceux-ci l'extrémité de deux tiges de métal, fer etcuivre par exemple, dont l'autre extrémité se trouve dans une mème flamme, on montrera la différence de condueti- hilité. Si lon veut rendre évidente l'influence à la fois de la conductibilité et de la chaleur spécifique dans les phénomènes de conduction, on placera, sur les réser- voirs à face plane, un disque de cuivre et un disque de plomb, surmontés des cuves à eau chaude. Au premier moment, la température sera plus élevée du côté plomb, puis elle montera davantage du côté cuivre, lorsque l’état de régime se sera établi. Les réservoirs à godets permettront encore l'étude des chaleurs de combinaison, de l'énergie produite par le courant électrique passant dans des fils ou des électrolytes. Pour la chaleur de combinaison des corps gazeux, acide carbonique et ammoniaque par exemple, on se sert d'un réservoir à doubles parois avec une tubulure latérale allant de l'enveloppe extérieure au manomètre, et un réservoir intérieur à boules ouvert aux deux bouts et soudé à l'enveloppe, et dans lequel on fait arriver les gaz par les deux extrémités. Deux vases spéciaux sont disposés pour montrer les variations de température qui sont produites par la compression ou l'expansion des gaz. On aspire à la bouche l'air de l'un, et l'on comprime l'air dans l'autre, puis on ferme les robinets; au bout d'un moment, on laisse l'équilibre s'établir brusquement, on ouvre alors la communi- cation avec les manomètres et l’on voit simultanément la température s'élever dans le réservoir où l'air avait été primitivement comprimé, et inversement. La dé- compression brusque avait, en effet, refroidi l'air, qui se réchauffe peu à peu aux dépens des parois du vase. D'autres accessoires, enfin, permettent de rendre évi- dente la pression de vapeur de lalcool, l'aspiration produite dans le vaporisateur, etc. Le thermoscope Looser, avec le grand nombre d'ingénieux accessoires dont il est muni, constitue done un instrument de choix pour l'enseignement secondaire. — En poursui- vant ses expériences sur la production de réseaux par la photographie de franges d'interférence, réseaux qui pourront servir dans des recherches sur l'infra-rouge, M. A. Cotton a utilisé en particulier à cette application les ondes stationnaires. Il à été conduit ainsi à examiner quelques points de la théorie de ces ondes, et à étudier divers procédés expérimentaux permettant de les obser- ver directement ou à l'aide de la Photographie. M. Cotton suppose d'abord un faisceau parallèle el monochro- matique arrivant sur un miroir sous une incidence quelconque, et montre comment la théorie qu'il à précédemment indiquée de l'interférence de deux ondes planes s'applique alors immédiatement el permet de trouver l'orientation des surfaces d'interférence (plans parallèles au miroir), la distance qui les sépare, et de discuter les conditions de leur netteté. On passe ainsi progressivement des franges d'un seul miroir, connues depuis longtemps, aux franges plus serrées correspon- dant aux ondes stationnaires proprement dites, dis- À Te Rue tantes de = pour l'incidence normale (expériences de Wiener et Lippman). M. Cotton indique ensuite les résultats que lui a fournis l'examen théorique du cas, bien plus compliqué, où le faisceau éclairant est con- vergent, le foyer étant supposé réduit à un point. Les surfaces d’interférence sont alors courbes, et l'on ne peut les trouver par un simple raisonnement géomé- trique, parce qu'il faut tenir compte des lois particu- äbsorbée par l’évaporation de quelques gouttes d'6- À lières de la propagation d’une onde sphérique au voi- \ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 497 -sinage de son centre. Passant à la partie expérimentale, M. Cotton indique comment on peut très facilement répéter les expériences de Wiener et de Lippmann, ‘en se plaçant dans des conditions où la théorie est Simple, c'est-à-dire en employant un faisceau sensi- lement parallèle et monochromatique que l'arc au nércure permet d'obtenir commodément. Pour photo- graphier les franges de Wiener, M. Cotton emploie, comme l'a fait M. Izarn, la gélatine bichromatée, avec une légère modification. Il profite de la propriété sui- vante : Quand on dépose une couche très mince de “cette substance sur une glace de verre bien propre, et que l'on expose la glace sèche à la lumière, à travers une toile métallique par exemple, puis que l'on fixe par un simple lavage à l’eau distillée, on constate, en -soufflant sur la plaque sèche de facon à provoquer un dépôt de buée, que l’image apparaît. Le dépôt se produit abord seulement aux endroits éclairés et indique leur place avec une grande netteté. Ce fait est à rap- procher de ce qui se passe dans le procédé du daguer- réotype et aussi de l'action condensante que des ra- diations très diverses exercent, comme on sait, sur un jet de vapeur. Les images ainsi obtenues peuvent être projetées facilement par transmission et ont alors Jaspect d'un négatif. Ces images disparaissent par suite de l'évanoration, et il faut les faire apparaitre nouveau. Mais n peut les fixer par différents pro- cédés. L'analogie u: ce procédé avec celui du daguer- réotype devient frappante si l’on recouvre de la solution “le gélatine non pas une glace nue, mais une glace ar- gentée, On peut faire ainsi des copies de positifs, ou ixer directement des images à la chambre noire, “comme Je montrent des spécimens présentés. SOCIETÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 25 Avril 1902. M. Moissan entretient la Société d'une proposition de M. Baubigny, relative aux accidents de laboratoire. 1 expose qu'il serait désirable que l'on établisse la question de la responsabilité en cas d'accidents de laboratoires et de manipulations. Il informe la Société u'une Commission composée de : MM. Troost, Gautier, Ditte, Lemoine, Haller, Carnot, le bureau de la Société chimique, le directeur de l'Ecole centrale, le directeur de l'Institut agronomique, le directeur de l'Ecole de Pharmacie, le directeur des études à l'Ecole Normale, “le directeur de l'Ecole municipale de Physique et de Chimie industrielle et M. Maquenne, s'occupera de celle question, M. Moissan expose, en son nom el en celui de M. Dilthay, ses recherches sur le siliciure de calcium CaSi?, obtenu au four électrique par l'action de la chaux sur le silicium cristallisé. — M. Haller présente une note de MM. Minguin et Grégoire de Bollemont sur quelques éthers du bornéol. M. Maquenne présente une note de MM. Piutti et Comanduccei sur les acides du Bigonia catalpa. — M. Wyrouboff entrelient la Société de ses recherches sur la constitulion des com- - posés de l'oxyde de chrome et montre que les diffé- rences considérables qu'on observe dans le caractère de ces composés, tantôt normaux, tantôt complexes, dépendent des fonctions diverses que peuvent acquérir les hydroxyles du radical Cr*(04)5. Cette facon de voir lui à permis d'interpréter très simplement la série de composés si curieux découverte par M. Recoura et de Préparer quelques composés nouveaux encore plus complexes, mais rentrant tous dans le même cadre. — M. C. Marie à préparé, par oxydation de l'acide oxy- isopropylhypophosphoreux : /CH3 Ca ARNO O—=P—0H NS I REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. l'acide oxyphosphinique correspondant, F. 176, Il décrit les sels neutres de plomb, de cuivre, de sodium et d'argent, les sels acides de cuivre et de sodium et les éthers méthylique (F. 76°) et éthylique correspon- dants. Ces éthers ne sont pas distillables sans décom- position. Par l’action du chlorure de benzoyle en pré- sence de pyridine, l'auteur à obtenu un dérivé benzoylé PO*H*(C*H‘O)(C‘HCO), EF. 102, dont il décrit le sel d'argent neutre PO*Ag?C*H°O(CH°CO). Par chaufage à 200°, le sel acide de sodium PO*H*NaC*H°O et, par distillation sous pression réduite, l'éther éthylique PO*H(C*H5)C*HO, donnent des dérivés d'un acide pyro- phosphinique : 0 œxo)PZon dont l'étude sera continuée. — M. Tardy expose quelques réactions de la fénone. Il à remarqué que ce corps se combine aux phénols avec dégagement de chaleur; la combinaison possède un pouvoir rotatoire supérieur à celui qu'aurait une solution alcoolique de la quantité de fénone combinée, sous le même volume qu'a la combinaison. Ces corps sont dissociables par les dissolvants. 11 à étudié ces réactions pour le phénol, les naphtols, le thymol, l'eugénol, la résorcine. Les combinaisons les plus intéressantes s’obtiennent avec les naphtols. Elles sont cristallisées. L’«-naphtofénone fond à 51°. La 8-naphtofénone fond à 57%, L'auteur a encore remarqué la combinaison de la fénone avec le chloral. Enfin la fénone dissout la nitrocellulose. — M. C. Martin a oxydé, par le permanganate de potas- sium, la benzylidène-menthone fondant à 51°, dont il a récemment parlé à la Société. Il à obtenu ainsi de l'acide benzoïque et un acide bibasique CH!*O* fondant à 103%. L'oxydation s'est effectuée selon l'équation : CH 160 : CH — CSH5 + Of HE 0 = CHISO!-E CSHSCO?H. L'acide C!H%O', traité par l'anhydride acétique à l'ébullition, fournitun anhydride que la chaleur décom- pose en CO? et une cétone C'H'0, dont la semicarbazone fond à 2039. Ce nouvel acide a été reconnu, à ces caractères, identique à l'acide dihydrocamphorique obtenu par M. Perkin J', par fusion de l'acide campho- rique avec la potasse. Son mode de préparation, nulle- ment d'ailleurs en désaccord avec son obtention par M. Perkin, en fait l'acide a-méthyl-x'-isopropyladipique. — M. Béhal présente une note de M. Reychler sur quelques sels d’antipyrine; une note de M. Pozzi- Éscot sur le mécanisme de réduction des nitrates chez les végétaux (intervention d'une action diasta- sique). SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 25 Avril 1902. M. Dawson Turner présente un interrupleur méca- nique pour bobine d'induction. Il est formé par deux rouleaux cylindriques à axes parallèles, maintenus en contact par un ressort. L'un des rouleaux est pourvu d'une came et peut être mis en rotation au moyen d'un petit moteur électrique. À chaque révolution, la came sépare les rouleaux en produisant l'interruption, et, en même temps, elle fait tourner le second rouleau, qui est libre sur son axe, d’un huitième de révolution. Puis les rouleaux sont ramenés au contact par le res- sort; mais le contact suivant a lieu en un point diffé- rent. — M. W. Noble décri un interrupteur méca- nique très analogue au précédent. — M. R. S. Whipple présente un indicateur de température pour thermo- mètres de platine, qui réduit automatiquement les lec- tures à celles du thermomètre à gaz. Il consiste en un simple pont de Wheatstone à bras de proportion égaux, les autres bras étant, d’une part, le thermomètre, de l'autre, un long fil de pont hélicoïdal avec les plombs 10*** 4198 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES compensateurs. Un contact mobile se meut autour du fil jusqu'à obtention de l'équilibre. — M. S. A. F. White lit une note sur le pendule composé. Dans la détermination de la longueur du pendule simple équi- valent à un pendule composé (formé d’une tige el d'une lentille symétriques, avec un couteau fixe el un cou- eau mobile et sans poids glissant), il est bon de rendre faible la masse du couteau mobile. Dans ce cas, de petits déplacements de ce couteau n'affectent pas ma- tériellement la position du centre de gravité ou du rayon de giration du pendule autour d'un axe passant par son centre de gravité. Le temps d oscillation autour du couteau mobile restera done pratiquementconstant. La meilleure détermination de la position correcte du couteau mobile pour une durée égale d'oscillation sera donnée lorsque, pour le déplacement le plus faible de ce couteau, on aura la plus grande variation de la durée d'oscillation. L'auteur détermine la position qui rend Æ maximum, À étant la distance de l'axe de sus- ui pension au centre de gravité. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 19 Mars 1902. M. F. D. Chattaway a préparé, au moyen de l’ani- line et des anilines chlorées, des dérivés propiony- liques, qui, traités par un excès d'acide hypochloreux, sont convertis en chlorures d'azote substitués. Tous présentent la propriété caractéristique de pouvoir rem- placer l'halogène par de l'hydrogène. — M. J. Wade explique la formation des nitriles au moyen des cya- nures métalliques en supposant que ces derniers sont des isocyanures, lesquels donnent naissance à des nitriles par l'intermédiaire de composés d'addition lorsque le métal est suffisamment électropositif. — M. W. N. Hartley à observé que le spectre d'absorp- tion de l'acide nitrique et celui du nitrate de potassium sont identiques, mais que ceux des nitrates d'argent et de thallium diffèrent entre eux et en même temps de celui de l'acide nitrique. L'acide nitrique a une bande entre À 317 et 285, le nitrate d'argent au-dessous de À 340 et le nitrate de thallium entre À 324 et 274. — MM. H. M. Dawson et F.-E. Grant décrivent une mé- thode pour déterminer le rapport de distribution d'une base entre deux acides; elle consiste à agiter une solu- tion aqueuse contenant les deux acides en excès et la base avec un second liquide, peu miscible à l’eau, et capable d'extraire une seule des quatre substances pré- sentes en solution. — M. H.-M. Dawson à constaté que la complexité moléculaire de l'acide acélique en solution dans le chloroforme varie. A une concentra- tion de 12 gr. par litre, il y a environ 5 fois plus de molécules doubles que de molécules simples; à la con- centration de 0,1 gr. par litre, le rapport est renversé. — MM. H. M. Dawson et R. Gawleront observé que l'io- duré de potassium en solution aqueuse est extrait par le nitrobenzène quand on ajoute de l'iode. Ce phéno- mène est dù à la formation d'un poly-iodure de potas- sium KI", soluble dans le nitrobenzène, MM. A.Lap- worth ét A. W. Harvey ont préparé l'æ-aminocampho- roxime en chauffant l’aminocamphre avec l'acétate d'hydroxylamine; il eristallise en plaques ou en pris- mes, F. 144-1459, Les auteurs en ont obtenu les sels et divers dérivés. MM. E. Divers el M. Ogawa ont préparé la sulfamide en chauffant lentement l'amido- : sullité d'ammonium à 70°, Le produit est dissous dans l'eau et traité par la baryte et le nitrate d'argent. La sulfamide est précipitée à l'état de sel d'argent. M. L. R. Taylor à constaté, contrairement à Orton et Blackmann, que les solutions résultant de l'action de l'iode sur l'oxyde de mercure contit nnent principale- ment de l'acide hypoiodeux et très peu d'iodate; surtout le cas lorsque l'iode employé est à un état de division extrême. M. G. D. Lander « préparé des mino-éthers du type CH5.COR : Az C‘H5 en faisant réa- c'est sir les chlorures d'imide des benzoylaiylamines corres- pondantes sur des alcoolates de sodium. — M. K. J. P. Orton, en chauffant doucement les trihalogénacéta- nilides symétriques avec l'acide nitrique fumant, à obtenu respectivement la 2 : 4: 6-tribromo-3-nitroacé- tanilide et la 4-chloro-2 : 6-dibromo-3-nitroacétanilide, dont il a préparé divers dérivés. — MM. A. G. Perkin el A. B. Steven ont reconnu que la purpurogalline, produit d'oxydation du pyrogallol, possède vraisembla- blement la formule C“H'0"; elle donne des dérivés tétracétylé, F. 182-1839, et tribenzoylé, F. 213, un dérivé dibromé et un sel monopotassique. — M. A. G. Perkin a repris l'étude de la quercétagétine, retirée par Latour et Magnier des fleurs de Tagetes patula. Elle possède la formule C#H!°08, fond à 318-320°, et donne un dérivé hexacétylé. Elle ne contient pas de groupe méthoxyle ; par fusion avec les alealis, il se forme de l'acide pyro- catéchique et un phénol non encore identilié, Séance du 26 Mars 1902. Séance générale annuelle. La Société procède au re- nouvellement de son bureau. Sont élus : Président : M. J.Emerson-Reynolds; Vice-présidents : MM. E. Divers, P. F. Frankland, H. Mc Leod, R. Meldola, H. A. Miers et T. Steveu- son ; y TETE Secrétaires : MM. W.-R. Duustanet A. Scott; Secrétaire étranger : M. W. Ramsay; Trésorier : M. W.-A. Tilden. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION CANADIENNE Séance du 6 Mars 1902. M. B. E. F. Rhodin décrit l'installation pour la fabri- cation électrolytique de la soude caustique et de lhy- pochlorite de soude à Sault-Sainte-Marie (Ontario). Le procédé employé est le procédé à la cathode de mer- cure, Les bacs d’électrolyse sont en carbone et porce- laine vitrifiée. La différence de potentiel est de 5 volts, à cause de la forte densité de courant employée; celle- ci est de 800 à 1.000 ampères par bac; elle est avanta- seuse en ce qu'elle donne un grand rendement et. diminue les frais de travail. L'usine de Sault-Sainte- Marie dispose d'une force de 660 kilowatts et fournira en plein travail 9,25 tonnes de poudre de blanchiment et 4,56 tonnes de soude caustique par jour. SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 26 Mars 1902. M. G. J. Ward communique quelques analyses de scories de hauts-fourneaux renfermant des quantités souvent considérables d’alumine. Il conclut que, dans les scories de la fonte grise, lalumine se trouve à lPétal: de base remplacantune quantité équivalente de chaux. Il n'est pas impossible que, dans d’autres scories, comme dans celles de la fonte blanche, l'alumine fone- lionne comme un acide. SECTION DU YORKSHIRE Séance du 24 Mars 1902. M. EF. W. Hunt fait une étude comparative des mé= thodes employées pour déterminer les indices d’iode des huiles. La méthode de Wijs donne des résultats élevés par rapport à la méthode de Hübl, les diffé- rences étant maxima pour les huiles de poissons eb minima pour les huiles de graine. La méthode de Hanus donne également des résultats plus élevés ques celle de Hübl pour les huiles de poissons, mais la diffé rence ést plus faible; pour les huiles de graines, les résultats sont à peu près les mêmes. La méthode offi=s cielle de Hübl a l'inconvénient de coûter cher par suite ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 499 de lemploi d'alcool absolu; d'après l'auteur, la mé- thode de Hanus, qui revient le meilleur marché, peut la remplacer sans désavantage pour les déterminations courantes. — M. T. S. Patterson présente de nou- velles formes de thermorégulateur et d’adapteur pour a distillation dans le vide. SECTION DE LIVERPOOL Séance du 26 Mars 1902. M. H. B. Stocks a étudié la précipitation du carbo- nate de chaux dans des conditions variées, dans le laboratoire et dans la Nature; la forme qu'il présente est grandement affectée par les conditions externes, en particulier par la présence de matières organiques et de substances colloïdales. — M. T. L. Bailey signale un cas curieux de corrosion d'une pièce de bronze contenant du plomb. Il s’agit d’un tampon de chau- dière à vapeur formé de deux pièces de bronze sépa- rées par un métal fusible; l’une, constituée par un alliage de cuivre, d’étain et de zinc, n’a pas été alté- rée ; l’autre, contenant en outre 3 °/, de plomb, a été fortement corrodée. Une autre pièce de composition analogue, qui avait été soumise à l’action d'un jet con- tinu de vapeur, présentait une érosion caractéristique. Ce hronze plombifère possède une structure caracté- misée ‘x la présence de petites particules grises riches en plomb ET D SECTION DE » ANGL STER Séance du 4 Avril 4902. M. W. Irwin a recueilli à Manchester, en Février, - des échantillons d’une couche de suie qui s'était dépo- sée uniformément sur la neige tombée précédemment. 11 y en avait environ 0,073 gramme par 100 pouces » carrés, soit plus de 3 tonnes par mille carré. La quan- tité de suie provenant de cheminées qui s'est ainsi répandue sur la ville en quelques jours à dépassé 300 tonnes. Cette suie se composait de : 48,6 °/, de - carbone solide, 6,9°/, de graisse et 44,5 °/, de cendres. _ SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 41 Avril 1902. - M. M. Thiesen lit une notice nécrologique sur J. Pernet. — M. H. Starke communique quelques “résultats nouveaux sur la réflexion des rayons catho- . diques et le phénomène d'émission secondaire qui s'y rattache. — M. F. Neesen répond aux remarques de M. Kahlbaum sur son travail relatif aux pompes pneu- matiques à mercure. Re: Séauce du 25 Avril 1902. . M. F.F. Martens communique ses recherches rela- tives à l'influence du poids atomique sur la vibration propre, la dispersion et la couleur des éléments et des combinaisons transparentes : 4° Pour un certain nombre d'éléments transparents non conducteurs {C, P,S, CI, Br, 1), la longueur d'onde de la vibration propre prin- tipale dans lultraviolet est à peu près proportionnelle à la racine carrée du poids atomique; cette longueur l'onde ne varie généralement pas quand l'état d'aggré- gation de l'élément se modifie ou quand il est dissous; 20 La vibration propre X' d'un élément A reste à peu près-la mème quand A se combine chimiquement à un “autre élément B; cependant, on constate un pelil “déplacement de X' qui est d'autant plus minime qu'il y “a plus d’atomes d'A en combinaison dans la molécule; 3 Les métaux possèdent, dans leurs combinaisons “transparentes, des vibrations propres caractéristiques, “qui ont généralement une longueur d'onde d'autant plus grande que le poids atomique du métal est plus élevé. — M. J. Stark présente quelques remarques éritiques sur les travaux d’Austin et Starke relatifs à la réflexion des rayons cathodiques : 1° Pour lui, les écherches d’Austin et Starke ne renferment rien qui soit en opposition avec les conclusions qu'on peut tirer de l'hypothèse de la déviation de la réflexion cathodique; 2° Dans toute recherche sur la réflexion cathodique, le courant voltaique, la diffusion ionique et l'émission secondaire sont des sources d'erreurs; 3° La preuve des auteurs que le courant voltaique est généralement négligeable dans la réflexion cathodique n'est pas solide; 4 La raison indirecte pour l'existence d'une émission secondaire n'est pas probante; 5° La preuve de labsence d'un effet positif pour une inci- dence normale n'est pas exempte d'objections. — M. J. Traube expose une théorie des phénomènes critiques et de la vaporisation. — MM. ©. Schônrock et R. Wachsmuth ont répété l'essai de Mascart qui consiste à rechercher si la rotation du plan de polari- sation de la lumière dans les plaques de quartz subit une modification suivant qu'on regarde la lumière polarisée linéairement à travers un quartz dans la direction du mouvement de la Terre ou en sens inverse. Il leur paraît douteux qu'on ait pu bien observer avec l'appareil de Mascart une différence de l’ordre de celle qui pourrait se produire. Aussi, ils ont remplacé avec avantage les plaques de quartz épaisses, mais souvent impures, par des plaques minces, de { à 3 centimètres, et très pures. D'autre part, en employant la méthode des demi-ombres, on peut mettre en évidence sûrement une différence dépassant le 1/100.000 de la valeur de la rotation. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 17 Avril 1902. 4° SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Lampa : Electrosta- tique d’une boule entourée d’une enveloppe concentri- que constituée par un diélectrique isotrope. — M. J. Grünwald à étudié la propagation des ondes élastiques et électromagnétiques dans les milieux cristallisés à un axe. L'auteur trouve, entre autres, qu’en faisant abstrac- tion des compressions et des dilatations du milieu, un point d’excitation donne naissance, non seulement à des ondulations ordinaires et extraordinaires, comme on l’admet, mais encore à une troisième sorte d'ondes, les ondes intermédiaires, qui remplissent à tout ins- tant l’espace compris entre les surfaces d'onde ordinaire et extraordinaire. — M. J. Billitzer décrit une méthode simple pour la détermination directe des constantes diélectriques. Si l'on produit un champ électrique dans un mélange hétérogène de corps de différentes cons- tantes diélectriques, on voit les corps à constante élevée se diriger vers les points à potentiel maximum et vree versa. L'auteur utilise ce phénomène pour déduire, de la déviation de petits corps suspendus au bout de fils de quartz dans des mélanges liquides isolants sous l'in- fluence d'un courant alternatif, leur constante diélec- trique. — M. E. von Schweidler a fait quelques essais sur la conduction et le retard dans les diélectriques. Pour les diverses sortes de verre, la résistance à l’état stationnaire est indépendante de la force électromo- trice. — Le même auteur signale quelques cas de trans- formations de l'énergie dans la charge des condensa- teurs. — M. H. Benndorf décritun nouvel électromètre enregistreur mécanique pour les mesures sur l'électri- cité atmosphérique. — M. J. Hann a rassemblé et dis- cuté les résultats de six années d'observations météoro- logiques au Musée de Para. La température moyenne de l'année en cette ville est de 2597. La marche diurne du baromètre montre l'influence du temps sur les oscilla- tions de la pression atmosphérique. M. J. Tuma à constaté que, dans un tuyau résonant fermé à une extré- mité, l'amplitude des vibrations aux nœuds est à celle aux ventres comme la différence entre l'amplitude arri- vant à l'extrémité et l'amplitude réfléchie est à l'ampli- tude des ondes qui pénètrent la substance formant la 2— « fermeture. Ce rapport peut être représenté par —— si l'onde pénétrante à «& fois l'amplitude de l'onde arri- vant à la paroi. On a trouvé expérimentalement que a égale : pour le liège 0,083; pour un mouchoir 0,231; 500 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pour une planchette de sapin 0,381. — M. W. Muller- EÉrzbach a distingué deux sortes d'adsorption. L'alumine et l’oxvde de fer n'adsorbent l’eau ou le sulfure de car- bone entièrement qu'au bout de plusieurs semaines, tandis que le charbon de bois pulvérisé adsorbe en moins de vingt-quatre heures tout ce qu'il peut adsor- ber. En outre, le sullure de carbone adsorbé est séparé à l'état liquide en jetant dans l'eau l'alumine ou Poxyde de fer, tandis que cette séparation n'a pas lieu pour le charbon placé dans un liquide. — M. 9. Billitzer cher- che à caractériser les propriétés des colloïdes en sup- posant que ce sont de fines particules en suspension et que ces particules sont chargées d'électricité de signe contraire à celle du liquide. — M. R. Wegscheider à déterminé les constantes de la deuxième période de dis- sociation des acides bibasiques au moyen de leur con- ductibilité électrique; il étudie également les rapports de ces constantes avec la constitution des acides. Pour les acides dicarboniques, dont les constantes d'aftinité peuvent être calculées au moyen de facteurs dépendant de la nature des substituants et de leur position par rap- port au carboxyle, l'influence de la constitution est obtenue approximativement en supposant que lin- fluence des substituants sur les constantes de la deuxième période de la dissociation s'exprime par les mêmes facteurs. — M. B. Kônig: Action de l'hydrazine sur le formisobutyraldol. — MM. M. Bamberger et A. Praetorius ont reconnu que la substance jaune cristal- lisée qu'ils avaient obtenue par l'autoxydation de Pan- thragallol est identique avec l'acide oxy-4- naphtoqui- nonacétique préparé par Liebermann. — M. K. Kaas, en traitant l'éther secondaire de Facide cinchoméroni- que par KOH alcoolique à basse température, a obtenu le sel de K de l’éther acide. Le sel d'argent, soumis à la distillation sèche, fournit l'éther méthylique de lacide nicotique. L'éther acide est donc léther f; chauffé for- tement, il se transforme en acide apophyllénique comme l'éther y de Ternajgo. — M. A. Jolles : Méthode simple pour la détermination quantitative de Falbumine. — M. C. Storch a étudié le caséinogène du lait d'ânesse. 11 est facilement précipitable du lait préalablement dia- lysé; il possède le caractère d'un acide d'acidité moin- dre que celui du lait de vache préparé de la mème facon. Il est précipité de ses solutions neutres par le lab ; digéré par le suc gastrique artificiel, il laisse un résidu de pseudonueléine: Le lait d'ânesse ne précipite pas par NaCI seul comme le lait de vache ; mais, si l’on ajoute encore MgCF, il se sépare une substance phos- phorée qui est le caséinogène. Cette substance est elle- même formée de la combinaison de deux autres sub- stances, qui peuvent être séparées. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Ballner : Recher- ches expérimentales sur la force désinfectante de la vapeur d'eau saturée à diverses températures d'ébulli- tion. — M. F. Pischinger : Sur la structure et la régé- nération de l'appareil d'assimilation du Streplocarpus et du Wonophyllaea. — M. A. Zahlbruckner commu- nique ses études sur les lichens du Brésil. — M. A. Pe- likan adresse ses recherches sur les zéolithes de Bo- héme. Il à trouvé une nouvelle zéolithe fluorée qu'il appelle Zéophyllite; sa densité est de 2,76#. Elle pré- sente des anomalies optiques. L'analyse conduit à la formule SOMCafH#F®, — M. F. Siebenrock donne une nouvelle classification du genre de tortues Podocnemis en se basant sur les caractères de l’armure de la tête. Séance du 24 Avril 1902. 19 SCIENCES PuYsiQues. — M.G@. Jäger établit deux for- mules de la pression interne des liquides, basées l’une sur l'augmentation de pression extérieure quand on échaulffe le liquide à volume constant, l'autre sur la va- riation de la pression de la vapeur saturée avec la tem- pérature. Appliquées au mercure, elles donnent toutes deux la même valeur, ce qui montre que les molécules : de mercure sont de même nature à l'état liquide et ga- zeux. La connaissance de la pression interne permet d'établir une formule pour le frottement interne, puis pour la grandeur de la molécule et enfin pour sa tra- jectoire moyenne, Les valeurs obtenues concordent avec celles qu'on retire d'autres méthodes. — M. H. Brell : Application du principe de la moindre action aux vibrations d'une corde. ACADEMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Mars-Avril 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Bianchi : Sur un pro- blème relalil à la théorie de la déformation des sur- faces. — M. Ricei : Formules fondamentales dans la théorie générale des variétés et de leur courbure. — M. Morera étudie la stabilité des configurations d'équi- libre d'un liquide dans un tube capillaire de rotation autour d'un axe vertical. — M. Amaldi s'occupe des « surfaces qui contiennent des systèmes orthogonaux de cercles géodésiques. — M. Daniele : Sur quelques mouvements particuliers d’un point dans un plan. — M. Boggio : Construction à l’aide d'intégraux délinis de fonctions harmoniques ou polyharmoniques dans l'aire externe à une ellipse, pour des conditions données au contour. — M. Marcolongo : La déformation du dièdre rectangle isotrope pour des conditions spéciales aux limites. — M. Burgatti : Sur un théorème de M. Levi-Civita relatif à la détermination de solutions» particulières d'un système d'Hamilton. — M. Palatini : L'ordre de la variété qui annule les subdéterminants d'un degré donné d'un déterminant hémisymétrique. — M. Millosevich : Observations de la nouvelle petite planète HU 1902. 20 SGIENCES PHYSIQUES. — MM. Ciamician el Silber : Actions chimiques de la lumière. — M. Peratoner expose ses recherches sur la tautomérie de acide pyroméconique. — MM. Bruni et Padoa s'occupent de l'existence de composés racémiques dans les solutions liquides. — M. Marcacci à étudié la manière de se comporter de l'oxygène et de l'hydrogène en présence de l'eau, — M. Sella donne, dans deux notes, les résul: tats de ses recherches sur la radioactivité par induc- tion. — M. Pochettino s'occupe de l'influence des basses températures sur la variation de la résistance du sélénium sous Paction de la lumière. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Zambonini étudie la forme de quelques cristaux de glaucophane de Cha- teyroux dans la vallée de Gressoney. — M. Manasse donne la description des minéraux renfermés dans le tuf et dans les scories des roches trachytiques du fond Riccio dans le « Campi Flegrei ». — M. Martelli expose ses recherches sur les terrains nummulitiques de Spa- lato en Dalmatie. — M. D'Achiardi décrit quelques exemplaires de thomsonite et d'apophyllite trouvés aux alentours de Shiket, dans les possessions italiennes d'Abyssinie. — M. Trotter a découvert, dans l’Asie- Mineure, au Monténégro, en Italie, près de Lecce, et en Sardaigne, une galle de chène produite par un Cynips; en parlant de celte galle, M. Trotter rappelle qu'elle avait été exactement décrite par Théophraste, bien que, jusqu'à nos jours, on ne sût de quelle forma- tion du chêne lFancien naturaliste avait entendu parler. — M. Pieri démontre, à laide de plusieurs expériences, l'impossibilité que l'infection par lAnchilostoma duo- denale puisse s'effectuer à travers la peau de l'homme. — M. Mingazzini annonce avoir découvert la présence du mollusque contagieux dans une espèce d’Amphibie, le Discoglossus pictus, à qui il produit une maladie de la peau. — M. Engelmann présente quelques microphoto- graphies de fibres musculaires, obtenues à la lumière simple et polarisée, et à Pétat de repos et de contrac- lion du musele, — M. Enriques présente une première série de recherches osmotiques sur les Infusoires. — M. Coggei : Nouvelles recherches sur le développement des ampoules de Lorenzini. ERNESTO Mancini. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris, — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. DIRECTEUR : $ 1. — Physique du Globe ._ L'étude des phénomènes cosmiques.— Dans une lettre adressée au journal Le Temps, l'éminent géographe, M. Schrader, à l’occasion du désastre de la Martinique, montre l'intérêt humanitaire et scientifique qu'il y aurait à centraliser et à coordonner les résultats obtenus dans l'étude des phénomènes cosmiques. Con- duit par ses études géographiques à se préoccuper des rapports de l'homme avec la planète, M. Schrader a la conviction que notre civilisation moderne use des con- quêtes de la science bien plus pour le présent que pour lamélioration de l'avenir. Selon lui, la « mise en Valeur » de la Terre, la destruction de richesses accu- mulées par la Nature, ou plutôt leur transformation en Naleurs monnayées, voilà ce qui préoccupe surtout notre civilisalion, au grand détriment des siècles prochains. Cependant l'étude désintéressée de la Terre a pro- gressé; mais ses progrès, faute d'un organisme qui manque, restent trop souvent fragmentaires. « La Mé- éorologie, dit M. Schrader, pour prendre un exemple écis, ne pourra prendre sa vraie valeur et intervenir livement dans la culture du Globe, que le jour où étude de la calotte des glaces polaires, dont dépendent os étés el nos hivers, sera poursuivie régulièrement et Scientifiquement par les nations de l'hémisphère nord. » #e savant géographe en dit autant du régime de l’at- mosphère équatoriale, du sol tropical que nous dété- morons avec « la plus merveilleuse insouciance », de aconsommation irréfléchie de la houille, de l'aggrava- tion du régime des rivières, de la déséquilibralion des Jlimats dans les pays dénudés, ete. Bref, notre monde moderne « emploie presque toutes ses forces à exiger, et fort peu à préparer ». « Mais, ajoute M. Schrader, c'est surtout dans nos rapports avec là vie planétaire que notre incurie est Visible. Sans doute, bien que:l'importance de l'action errestre dans le développement de l'histoire humaine Rapparaisse avec toute sa grandeur que depuis peu de emps et à une minorité plus particulièrement préparée, Les effets de cet ordre d’études se font déjà sentir. » En Moici d'ailleurs des exemples : Les tempêtes sont annon- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. N° 11 15 JUIN 1902 Revue générale pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE cées d'un rivage de l'Atlantique à l’autre ; au Congrès ma- ritime qui s'est tenu le mois dernier à Copenhague, un ensemble d'études polaires synthétiques à été proposé, qui permettrait de prévoir les intempéries dans une large mesure; les prlots-charts des Etats-Unis donnent déjà mensuellement l'état des glaces de l'Atlantique, et l'on pourra prochainement les étendre vers le Nord. Donc, des commissions d'études internationales, — M. Schrader aimerait mieux dire supernationales, — sont déjà à l'œuvre. Pourquoi borner cette organisation à certaines branches de la science? La Commission internationale des Glaciers, l'Union géodésique inter- nationale, le Bureau international des Poids et Mesures, sont autant de preuves de la possibilité d'une union analogue qui étudierait les phénomènes cosmiques, syn- thétiserait les observations éparses, provoquerait de nouvelles recherches sur toutes les grandes questions intéressant la vie du Globe. Certes, les hommes de bonne volonté ne manqueraient pas, une fois le but bien délini. Ajoutons mème que le budget d'une telle organisation serait inférieur assurément à celui que la charité universelle dépense pour remédier insuffi- samment aux malheurs que nous sommes impuissants à éviter, peut-être par incurie ou par défaut d'entente. « En somme, conelut M. Schrader, une sorte d'union planétaire, composée d’abord de travailleurs de la science dont les nomssont sur toutes les lèvres, consti- tuerait non point un gouvernement, ni une académie, mais un groupement libre d'hommes d'étude mûs par un même idéal; un conseil sans autre sanction ni investiture que la grandeur même de sa mission, et dont l'activité ne tarderait pas à être bénie sur la Terre entière comme une des plus hautes manifestations de la civilisation humaine. N'oublions pas que la civili- sation ne commence qu'avec la prévoyance et que l'Antiquité élevait au-dessus de l'humanité ceux qui avaient imaginé de songer à l'avenir, de planter au lieu d’arracher, de domestiquer au lieu de tuer, de purifier l’air de ses miasmes ou de dépouiller la Nature de ses terreurs. Nous contenterons-nous de pleurer comme des enfants, ou sècherons-nous les larmes par l'ac- tion, comme des hommes? Voilà la question que je pose. » 11 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 2. — Chimie générale La forme des courbes de solubilité. — On peut considérer un solide comme formé de particules en mouvement, ayant, en raison de leur énergie cinéti- que, une certaine tendance à se séparer, tendance qui est contrariée par les effets concordants de l'attraction qui s'exerce entre leurs masses, et de la pression atmo- sphérique. Si nous plaçons ce solide dans un liquide, ses parti- cules sont toujours soumises à cette action qui tend à les séparer, et à la gravitation qui s'oppose à cette sé- paration; mais, en outre, il se produit une attraction entre le liquide et les particules superficielles du solide. Si cette attraction est insuffisante, les particules soli- des ne passent pas dans le liquide, le corps est insolu- ble; mais, si elle est assez grande, il y a dissolution. Supposons que nous soyons placés dans ce dernier cas : à mesure que le solide se dissout, il acquiert dans la solution une pression osmotique, qui tend à empêcher la diffusion ultérieure de ses particules. Cette pression augmente à mesure que la dissolution s'effectue; si bien que, pour une certaine concentration, il y a équilibre, et la solution est saturée. À ce moment, si une parti- cule solide passe dans la solution, il y en à une autre qui quitte la solution pour revenir à l’état solide. En résumé, dans une solution saturée en présence d'un excès de solide, trois actions se font équilibre; ce sont : d'une part, l'énergie cinétique des particules so- lides et l’action entre solide et solvant; d'autre part, la pression osmotique. Si nous savions de quelle manière varient ces trois facteurs lorsque la température varie, nous pourrions prévoir la forme de la courbe de solu- bilité *. Or, un chimiste anglais, M. John S. Lumsden, à qui nous empruntons les considérations précédentes?, vient de trouver que les courbes de solubilité des sels de calcium des acides gras tournent toutes leur con- vexité vers l'axe des températures. Ce résultat expéri- mental est d'accord avec la théorie que nous venons de faire de l'équilibre d'une solution saturée, si, avec M. Lumsden, on admet, pour les trois facteurs de cet équilibre, les lois suivantes de variation avec la tempé- rature : 1° L'énergie cinétique croit avec la température, d'abord proportionnellement, puis plus vite; 2 L'action du liquide sur le solide, étant probable- ment de nature chimique *, diminue quand la tempéra- ture s'élève, à peu près proportionnellement à la tem- pérature ; 39 La pression osmotique croît avec la température, à peu près proportionnellement. Admetlant comme générales ces lois de variation, M. Lumsden considère comme improbable l'existence de courbes de solubilité tournant leur concavité vers l'axe des températures. Pour lui, ces courbes sont ou des droites, ou des courbes convexes vers l'axe des tem- pératures. Quant au sens dans lequel se dirigent ces courbes, il est défini par les remarques suivantes : La solubilité croit avec la température si la dissolu- lion d'une parcelle solide dans une solulion saturée absorbe de la chaleur; elle décroît, au contraire, quand la température augmente, si cette dissolution dégage de la chaleur“. Les cas où il y a un minimum de solubi- ! Nous entendons par courbe de solubilité la courbe obte- nue en portant en abscisses les températures, et en ordon- uées les poids de substance dissous par un poids donné du dissolvant pur. 2 Journal of the ( mical Society, t. LXXXI, p. 363: 1902. .* Ces termes sont bien vagues; ce sont ceux qu'emploie l’auteur: et il semble bien arbitraire d'émettre une opinion sur la loi de variation d'un facteur aussi mal défini. * Il importe de parler de dissolution dans une solution déjà saturée (ou presque salurée), car c'est la quantité de chaleur relative à cette dissolution qui intervient, et non la quantité de chaleur mise en jeu lors de la dissolution par le lvant pur — la différence entre c.s deux quantités de lité s'expliquent par ce fait que, si la dissolution dégage de la chaleur à une certaine température, elle peut en absorber à une température plus élevée. En effet, le phénomène thermique qui accompagne la dissolution résulte, comme on sait, d'un dégagement et d'une absorption de chaleur; or, l'élévation de température favorise les phénomènes qui absorbent de la chaleur, et contrarie ceux qui en dégagent, c'est-à-dire que, si l'effet résultant à une certaine température est un dé= gagement de chaleur, rien ne s'oppose à ce que, à une température plus élevée, ce soit l’absorption qui l'em- porte. à Il est à peine utile d'ajouter que ces dernières con= sidérations sur la direction. des courbes de solubilité reposent sur une base beaucoup plus solide que les spéculations que nous avons résumées auparavant au sujet de la courbure de ces courbes. Nous remar- querons cependant que l'expérience à, jusquà un certain point, vérifié les conclusions de M. Lumsden : Une étude soignée delasolubilité de l’'acétate de baryum et de l'isobutyrate de calcium, sels que l'on croyait pos- séder un maximum de solubilité (c'est-à-dire une courbe de solubilité concave vers l'axe des températures), à. montré qu'il faut distinguer dans cette courbe deux branches, relatives à deux hydrates différents, convexes vers l'axe des températures, et se coupant en un point anguleux, dont l'abscisse est la température à laquelle coexistent en équilibre, sous la pression de l'expérience, les deux hydrates solides, la solution et sa vapeur. Ce dernier point expérimental est intéressant, il est peut-être général; mais il faut évidemment attendre de plus amples vérifications avant de considérer comme satisfaisante la théorie que donne M. Lumsden de léqui- libre entre un solide et sa solution saturée, et comme établies les lois de variation avec la température des ac- tions qu'il considère comme les facteurs de cet équi- libre. $ 3. — Chimie biologique Les albuminoïdes respiratoires. — On con- naît actuellement quatre types d'albuminoïdes respira= toires, qui forment des combinaisons instables avee l'oxygène à leur passage dans les organes respiratoires, et se dissocient dans l'organisme. Ce sont : 4° les hémo= globines, tantôt renfermées dans des hématies comme chez les Vertébrés et divers Invertébrés, tantôt dis= soutes dans le plasma comme chez les Annélides hémocyanines, toujours dissoutes dans le plasma (diver Mollusques, Crustacés et Arachnides); 3° l'héméry thrine, toujours renfermée dans des hématies (Sipun= culiens) ;:4° la chlorocruorine, dissoute dans le liquide vasculaire de quelques Annélides, A l'état oxydé, les hémoglobines sont rouge vif, les hémocyanines d'u bleu plus où moins intense, l'hémérythrine d'un brun chocolat, la chlorocruorine d’un beau vert; sauf lhé2 mocyanine, qui renferme du cuivre, les trois autres albuminoïdes contiennent dans leur molécule une quantité variable de fer. l Deux travaux récents! viennent d'accroitre nos com naissances sur ces corps si intéressants au point dé vue de la Physiologie générale. L'hémérythrine peut être obtenue à l'état de pureté en laquant à l'eau dis tillée les hématies cavitaires du Sipunculus audus ; ] solution d'hémérythrine possède les mêmes propriétés que le sang intégral, passe au jaune clair parles agents réducteurs et le vide, et prend une teinte rouge brun très foncée par agitation à l'air; le changement de CO chaleur étant due, au moins partiellement, à ce que, dans la solution saturée, les particules solides doivent, pour se dif. fuser, vaincre la pression osmotique, tandis que, dans Jen solvant pur, elles ne rencontrent pas semblable résistance 1 JJexze : Zur Kenntniss des Ilämocyanins (Zeits. 1m physiol. Chemie, Bd. XXXIIL, 1901, p. 310). — Ueber den | Kupfergehalt der Cephalopodenleber (même recueil, p. HA Cuéxor : La valeur respiratoire du liquide cavilaire chez quelques Invertébrés (Travaux de la Station zuol. d'Arcas, chon, 1900-1901, p. 107). leur est incomparablement plus intense que pour l'hé6- . moglobine et l'hémocyanine. Cet albuminoïde contient - une quantité de fer très notable, 1,5 °/,, c'est-à-dire - cinq fois plus que les hémoglobines en général; sa . capacité absorbante pour l'oxygène n’est pas connue; - onsait seulement que le liquide cælomique du Siponcele . absorbe un peu plus de 2 centimètres cubes d'oxygène ! (pour 100 centimètres cubes de sang), soit environ - quatre fois plus que l’eau de mer. - Chez le Poulpe, le sang renferme un seul albumi- noïde dissous, une hémocyanine, que Henze à réussi à obtenir à l'état cristallin, par la méthode classique du . sulfate d'ammonium; en possession de la substance pure, il à pu en étudier les différentes propriétés avec plus de précision qu'on ne l'avait fait jusqu'ici ; elle se coagule vers 71-72°, et renferme 0,38 p. °/, de cuivre, quantité assez comparable au poids de fer contenu dans les hémoglobines. La capacité absorbante de l'hémocya- nine pour l'oxygène n'a pasété déterminée ; celle du sang de Poulpe, d’un bleu si intense, est très comparable à la capacité respiratoire des autres sangs hémocyaniques étudiés jusqu'ici (Jolyet et Regnard, Heim, Cuénot, Jolyet et Viallanes, Dhéré) : 100 centimètres cubes de sang absorbent en moyenne 3 c. c. # d'oxygène. Comme le sang de Poulpe contient à peu près 9 °/, d'hémocya- nine, on peut en conclure approximativement que 4 gramme d'hémocyanine est capable de s'unir à 0 c.c. 4 d'oxygène, soit environ quatre fois moins que lhémoglobine. Le foie des Céphalopodes contient une quantité faible de fer (0,05 °/,) et dix fois plus de cuivre (0,67 °/,), ce qui parait indiquer, contrairement à l'opinion de Dastre t Floresco, que le métal du foie des Invertébrés n’est pas indépendant du métal du sang. S 4. — Biologie générale Les travaux de Merdel sur lhérédité. — ous les biologistes savent combien il est difficile de faire une bibliographie complète et exacte d'un sujet donné; mais on se figure mal la quantité de travail perdu, refait bien inutilement, faute d'une bonne or- ganisation bibliographique, et aussi, il faut le dire, parce que beaucoup d'auteurs en prennent très à leur aise et se soucient fort peu de rechercher, suivant la juste expression de Prenant, la limite du terrain ex- ploré par leurs prédécesseurs. À ce point de vue, il y peu d'exemples aussi topiques que celui de Mendel. Gregor Mendel, professeur d'Histoire naturelle et de Physique à l'Ecole pratique supérieure de Brünn, a fait, “en 1865 et 1869, des expériences d'hybridation sur les Pois, Haricots et ÆHieracium, qui l'ont conduit à for- uler avec une géniale précision des lois d'hérédité {lois de la prévalence et de la disjonction des carac- tères), qui avaient échappé à tous ses devanciers, ülreuter, Gärtner, Herbert, Lecocq, Wichura, etc., même à Naudin qui les avait cependant soupconnées. es remarquables travaux n'ont pas attiré l'attention, emble-t-il, surtout parce qu'ils ont été publiés ou plus exactement enterrés dans un de ces petits recueils lo- Caux, fléaux de la bibliographie ; et ils sont restés igno- €s de G. et A. Focke, qui ont écrit un traité des ybrides, de Weismann, qui y aurait cependant trouvé un appui considérable pour sa théorie des détermi- ants, de Galton, qui a formulé une loi empirique dhérédité qui ne s'accorde qu'assez mal avec les faits, et de tous ceux qui ont écrit sur les problèmes mysté- mieux et attirants de l'hérédité. Ce n'est qu'en 1900 que les principes de Mendel et ses travaux ont été re- découverts simultanément par Correns (Tübingen), de Wries (Amsterdam) et E. Tschermak (Vienne) : les deux opuscules de Mendel, qui constituent, avec quelques notes de Météorologie, toute son œuvre ientifique, nt été réédités dans les « Ostwald's Klassiker! », par more über Pflanzenhybriden, W. Engelmann, Leipzig, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 503 | Tschermak; Davenport et Küster en ont publié des résumés; de Vries, Correns, Tschermak, Webber, pour divers végétaux, Cuénot pour les animaux, ont cons- taté que les règles de Mendel s'appliquent très exacte- ment, non pas à tous les caractères hérédilaires, mais à bon nombre d’entre eux: on entrevoit un vaste champ de recherches, non seulement très intéres- santes au point de vue théorique, mais susceptibles d'applications pratiques, notamment en Zootechnie. Mendel, qui est mort prélat en 1884, redevient une actualité, après avoir été oublié pendant plus de trente ans. $ 5. — Zoologie Bourgeons latéraux chez un Annélide. — Les Syllidiens présentent, au moment de la reprodue- tion, de curieux phénomènes dits d'épigamie et de schi- zogamie, qui ont pour effet de disséminer les produits génitaux ; dans le cas le plus curieux, chez la Myrianide, il bourgeonne à l'extrémité du corps un nombre variable d'individus (jusqu’à 29 chez un exemplaire observé par Malaquin), qui renferment les organes génitaux, et se détachent ensuite pour mener la vie libre, la souche restant stérile. Chez Syllis ramosa, qui habite dans une Eponge, les individus gamétophores bourgeonnent sur les côtés de la souche et non plus à l'extrémité, de sorte que l’ensemble figure un tronc ramitié, dont les branches latérales renferment les produits génitaux, mâles et femelles; ici, l'ensemble est hermaphrodite, contrairement au cas de la Myrianide. Enfin, Johnson ! vient de décrire un cas plus extraordinaire encore, présenté par deux Trypanosyllis d'Amérique ; un peu avant l'extrémité postérieure, il bourgeonne sur la face ventrale un véritable bouquet d'individus gamétopho- res, tous de même sexe, dont le nombre peut aller jusqu'à cinquante. Ces individus n’ont ni bouche, ni anus, ni vaisseaux sanguins, et le tube digestif est représenté par un cordon non fonctionnel; mais ils sont pourvus d'yeux, de rames latérales; et peuvent mener quelque temps la vie libre, pour disséminer les produits génitaux qui les remplissent entièrement. $S 6. —XPhysiologie Anomalie des échanges nutritifs provo- quée expérimentalement. — Lorsqu'on inlro- duit des dissolutions aqueuses de glucose dans l'es- tomac du lapin au moyen de la sonde, on constate que des doses de 30 grammes par kilog sont très bien supportées, à condition que l'animal recoive la nour- riture habituelle, c'est-à-dire celle qui assure à l'urine l'alcalinité propre aux urines des Herbivores. Lorsqu'au contraire les lapins sont nourris d'avoine, aliment « acide », c'est-à-dire qui donne une urine acide, ces animaux meurent en quelques heures, après avoir donné des signes d'une intoxication générale et d'un affaiblissement croissant, principalement du côté du cœur. Tous ces accidents sont évités, si l'on ajoute à Javoine du carbonate de chaux, lequel a aussi pour effet de ramener les urines à leur alealinité ordinaire. L'étude de ce phénomène, observé il y a quelques années par M. Hildebrandt et dont l'importance au poinl de vue de la pathogénie des symptômes du diabèt saute aux yeux, a conduit récemment ce savant à l'in- téressante explication que voici ? : M. P. Mayer® à montré que l'ingestion de grandes quantités de glucose, ou l'injection sous-cutanée d'acide glycuronique, produit d'oxydation du glucose, à pou effet d'augmenter notablement la quantité d'acidi { Collateral budding in Annelids of the genus Trypano- syllis (American Naturalist, &. XXXVI, April 1902, p. 295). ? H. Hinesranpr : Ueber eine experimentelle Stofwech- selabnormität (Zeitschr. f. physiol. Chem.,t. XXXV, p. 141, 1902.) 3 P. Mayer: Congrès des médecins allemands de 1901 et Deutsche med, Wochenschr., 1901, n° 16 et 17. 504 oxalique excrétée par les urines. M. Hildebrandt a d'a- bord vérifié ce fait chez ses animaux. Un lapin nourri d'avoine, ou d'avoine additionnée de carbonate de chaux, exerèle respectivement 2,7-8 milligrammes et 45 milligrammes d'acide oxalique par jour ; avec inges- tion simultanée de glucose, il en donne de 10,8 à 110 milligrammes. On ne peut pas pousser cette excré- tion d'acide oxalique plus loin, car, si l'on élève la dose de glucose ingérée, les animaux meurent, et d'autant plus facilement qu'ils sont au régime de l'avoine depuis un temps plus long. D'autre part, on constate, par exemple, que injection sous-cutanée de 08 50 d'acide oxalique (à l'état de sel de soude) — dose qui est sans effet chez un animal nourri à lavoine et à la chaux — est toxique pour un autre qui n'a recu que de l’avoine, et d'autant plus toxique que ee régime est établi depuis un temps plus long. La proportion d'acide oxalique retrouvée dans les urines atteint au maximum 10 °/, de la quantité injectée. On est dès lors conduit à admettre que, chez l'animal nourri à l'avoine, et qui recoit une dose considérable de glucose, l'oxydation d'une partie de ce sucre prend le chemin par l'acide oxalique. La quantité d'acide ainsi formée peut être considérable. Un animal qui, grâce à la chaux, supporte 75 grammes de glucose, el qui élimine dans les quarante-huit heures qui suivent Okr,22 d'acide oxalique, pour périr, au contraire, en quelques heures lorsqu'il recoit la mème dose en l'ab- sence de chaux, à dû produire une dose d'acide envi- ron 10 fois plus forte, soit à peu près 25",2. L'animal nourri à la chaux triomphe de cette dose au fur et à mesure qu'elle se produit au cours de l'ab- sorption et de l'oxydation du glucose. Si, au contraire, il n'a reçu que de l’avoine, il périt aussitôt, parce que celte alimentation est par elle-mème pauvre en chaux, ainsi que M. Weiske l’a démontré chez de jeunes ani- maux, et qu'en outre l'organisme subit, grâce à elle, une certaine spoliation en chaux. En effet, lavoine aug- mente Pexerétion d'acide oxalique par les urines, ainsi que l’auteur le démontre incidemment, et, d'autre part, M. Caspari a pu établir ce fait que cet acide soustrait à l'organisme des quantités de chaux considérables. Le régime à l'avoine produit donc un appauvrissement croissant de l'organisme en sels de chaux! et prépare ainsi le terrain à l'intoxication par le glucose, en épui- sant les réserves de chaux à l'aide desquelles l'économie eût pu faire face à l’action toxique de lacide oxalique produit. Si l'on rapproche ces résultats de ce fait que Ten- baum signale, chez les diabétiques, une augmentation de lexcrétion de l'acide oxalique et de Ia chaux, on reconnaitra que les observations, encore peu nom- breuses, il est vrai, de M. Hildebrandt posent un pro- blème des plus intéressants. $ 7. — Pathologie Vaste lésion du cerveau sans troubles fonctionnels. — Nous connaissons d’une facon pré- cise les fonctions de quelques régions du cerveau; quant à celles de beaucoup d'autres parties de cet organe complexe, nous avons des présomplions qui nous sem- blent plus ou moins bien établies; pour le moins, pen- sons-nous, aucune masse cérébrale, aucune circonvo- lution, ne peut être inutile à l'individu. Aussi est-ce toujours avec surprise que nous enre- gistrons des fais où l’ablation pathologique de quelque région hémisphérique n'a privé le sujet d'aucune fonc- tion physiologique, pas plus de celle qu’on attribue aux centres détruits par la lésion, que de toute autre espèce de fonction. M. Bouchaud* a récemment rapporté un cas de ce 1 Cet appauvrissement se traduit aussi, d'après l'auteur, par ce fait que le sang de lapins nourris à l’avoine est de- venu incoagulable. ? Revue neurologique, 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE genre. A l'’autopsie d’un malade qui n'avait présenté pendant la vie que quelques troubles intellectuels et un léger affaiblissement de la mémoire et qui a suc- combé à une hémorragie méningée, cet auteur à cons- taté la destruction complète de l'extrémité du lobe tem- poral et de la région de l'hippocampe dans les deux hémisphères. Les altérations, ayant toute l'apparence de lésions anciennes, se présentaient sous l'aspect d'une perte de substance sans traces d'irritation ; c’étaient de véritables lésions de déficit. Quel est donc le rôle physiologique du lobe temporo-sphénoïdal et de la circonvolution de l'hippocampe, cette partie importante du grand lobe limbique de Broca? On a voulu y localiser les centres du goût et de l'odorat. Or rien, pendant la vie du malade, n'avait attiré l'attention sur quelque anomalie des sens. En particulier, sa conduite à table était absolument nor- male; il manifestait sa prédilection pour certains aliments ou certaines boissons, laissait sur le bord de son assiette les mauvais morceaux et refusait la bière qu'on lui servait lorsque cette boisson était un peu « sûre ». Eu somme, il n'existait pas de troubles des sens du goût ni de l'odorat, pas plus d'ailleurs que de la sensi- bilité générale. De là, on pourrait être conduit à conclure que la région de l'hippocampe n'est, contrairement à ce que supposent certains physiologistes, le siège d'aucun centre sensitif. On pourrait même douter que cette portion de l'écorce cérébrale ait des fonctions parti- culières. Cependant, des faits pathologiques de ce genre, il faut se garder de tirer des conclusions trop absolues. Ne voit-on pas, en effet, de vastes délabrements des résions du cerveau dont la destination physiologique semble le mieux établie ne se traduire cliniquement par aucun signe ? $ 8. — Géographie et Colonisation Les Senoussiya.— Les Senoussiya ont longtemps passé, à la suite des exagérations de H. Duveyrier et de l'Ecole algérienne, pour étendre leur action mysté- rieuse à toute l'Afrique musulmane. En constatant que leur rôle avait été singulièrement amplifié, on devait naturellement être tenté, par l'effet d'une réaction nor- male, de les croire plus inoffensifs qu'ils ne sont en réalité. Nachtigal avait déjà signalé leur activité au Känem dans les parages de Mao en 1871 ‘. Nous avons repris récemment leur contact dans celte même région, près de la Zaouiya de Bir Alali, où nos troupes ont livré, dans le courant du mois de novembre dernier, un com- bat assez vif à un fort parti de Touareg, d'Oulad Sliman et de Gouranes Tébous, réuni, organisé et armé par le chef de la Zaouiya. D'après les renseignements fournis par les prisonniers, ces contingents, assez nombreux, disposaient de plus de 300 fusils à tir rapide, confiés principalement aux Oulad Sliman, et dont 100, des Re- mington presque neufs, furent ramassés sur le terrain de la lutte. Cinquante de ces fusils élaient sortis, la veille mème du combat, du magasin de la Zaouiya. Voici, à ce propos, la traduction d’une lettre adres- sée peu après l'affaire de Bir Alali à un agent des Se- noussiya, Mohammed el Ghadamsi, le même peut-être que le chef de la Zaouiya, Mohammed el Barani (l'étran- ger) — par le Sultan du Fitri, El Guedaya, senoussiste militant et ami dévoué du Sultan El Ghazali, du Ouadai, dont dépend le Fitri : « Louange à Dieu seul. Il n'y a de durable que son empire. Que Dieu répande ses bénédictions sur celui après lequel il n'y a plus de prophète. « De la part de la seigneurie du puissant soutien; le refuge sûr; l'asile des pauvres; le secours des nécessi- 1 NacurTIGAL : Sahara et Soudan. Trad. $. Gourdault, t. ], p. 380; 404. Paris, 1881. j CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 205 teux; le protecteur envoyé par Dieu sur la terre; celui qui à sa confiance auprès de ses serviteurs. « Celui-là est le Sultan Guedaya, fils du Sultan Mo- _hammed Djerab, dont l'autorité est puissante, celui qui tient en respect les Arabes et les autres indigènes, la montagne inaccessible aux perturbateurs. Que Dieu pro- longe son existence, augmente sa puissance et lui _ accorde la victoire. Ainsi soit-il. « A la seigneurie de l’envoyé de notre seigneur le Mahdi ‘, Mohammed el Ghadamsi. De ma part sur toi, le plus abondant salut avec un accroissement de grâces et de faveur. « Ensuite, le but de la présente est de te faire parve- nir de ma part de l'argent et des fusils destinés à notre _ seigneur le Mahdi. - « Lorsqu'en arrivant à la cour du Sultan du Ouadai, _{u es venu me trouver, je t'ai dit de te tenir sur tes pes quant à ce chemin. Tu t'es abstenu et tu as re- usé. — Dans la suite, nous avons appris du côté d'Acil une nouvelle dont je ne suis pas satisfait. Lorsque ma lettre te parviendra, je te conjure, au nom de Dieu et de son Prophète, de prendre tes précautions pour le voyage. Quant à nous, nous veillons sur le par Ibrahim, fils du sultan Abd el Mahmoud, renversé lui-même naguère par les Gouranes. Ceux-ci ne tar- dèrent pas à reprendre leur revanche contre Ibrahim, qui fut forcé de se sauver et tué, puis remplacé par un autre partisan des Senoussiya, Abou el Ghazali. Mais les « Adjaouid », dignitaires héréditaires, et les notables indigènes, qui sont volontiers senoussiStes d'apparence, par bon ton, sans l'être ni de parti ni d'intérêt, font pencher la balance du côté où ils se portent. Ils se prononcèrent bientôt contre Abou el Ghazali, qui ne put se maintenir que quelques mois. On le renversa, mais un grand électeur du lieu, le Djerma Othman, « Premier chef de guerre », le remplaca par un fils de l'ancien sultan Youcef. Le parti des Gouranes et les Senoussiya paraissaient donc l'emporter. Sur ces entrefailes, Acil, frère du sultan Ibrahim, du parti indigène, prit la campagne et, se jetant sur le Fitri, battit et tua Guedaya dans le courant de dé- cembre. Il s'y organisait solidement en janvier et se préparait à intervenir au Ouadai pour en déloger une fois de plus les Gouranes et les Senoussiya. Ces révolutions minuscules et répétées ne sont pas de nature à nous faire considérer la supré- bien de notre seigneur matie des Senoussiya le Mahdi. Prends bon- sur les nomades Te- ne note de mon aver- bous, Oulad Sliman et tissement et ne UYy 0 Touareg comme très soustrais pas. — Tu inquiétante. Cepen- n'écoutes pas, — voilà dec ee a = dant, au Sahara, des quel est notre désir. voisins qui peuvent — Dieu sait mieux que réunir 300 fusils à tir personne la vérité. rapide dans une seule « Ton frère Koursi petite oasis, au fond d'une vallée d'érosion _Henda t'envoie le sa- . dut. Il te dit de te te- perdué dans un pays nir sur tes gardes au désert, comme celle de Bir Alali, sont en- sujet du voyage. Quant à toi, tu n'écoutes pas. nuyeux. Sans nous Acil a razzié Koursi exagérer leur impor- _Grim. Toi, tu ne veux tance, ne perdons pas trop de vue qu'ils exis- rien écouter. Salut. » _ Le sultan Guedaya avait eu raison de se ; . méfier d'Acil (frère de Fig. 1. J'ex-sultan du Ouadaï, Ibrahim) par lequel il - fut battu et tué peu après. Sa lettre est doublement intéressante par l'annonce d'un envoi de subsides et d'armes au chef des Senoussiya, puis comme preuve de . l'intervention de ceux-ci dans la politique du Ouadaï. - Mais il convient de préciser qu'au Ouadaï, comme au Fitri et au Kanem, il existe deux partis principaux bien tranchés. L'un, en quelque sorte étranger, comprend les Tébous et principalement une de leurs grandes ‘tribus, les Gouranes, puis, vers le Kanem, les Touareg - du nord du Tchad et les Oulad Sliman, c'est-à-dire … l'élémentnomade; l’autre plus spécialement «indigène » et sédentaire. Le premier est inféodé de longue date aux Senoussiya, que Nachtigal nous montre travaillant déjà les Oulad Sliman et les Tébouslors de son passage. Be second, au contraire, est opposé à tous les progrès des partisans des Senoussiya. Le Ouadai vient de subir une série de révolutions - qui montrent que les deux partis s’équilibrent sensi- blement. Ces troubles ont débuté par la chute et la mort du sultan Youcef, ami personnel et fidèle de Sidi « Mohammed el Mahdi, à la suite d’une révolte fomentée 4 Le fils ainé et successeur du Cheikh Senoussi, chef actuel des Senoussiya, s'appelle Sidi Mohammed el Mahdi ould Sidi Mohammed ben Ali Senoussi. IL est connu usuellement sous le seul nom de Sidi el Mahdi, avec la valeur d'un nom pro- pre, et nest pas ainsi « Mahdi » au sens qualificatif et usuel du mot, qui n'a pas plus de portée que Mohammed, Ali ou tout autre nom propre. Les indigènes jouent volontiers ce- pendant sur le sens spécial du terme, mais à titre figuratif. — Courbe des altitudes auxquelles s'est élevé le Centaure dans son ascension du 28 mai. tent, comme élément d'une situation coù- teuse. A. Le Chatelier. F.BofrEmans Se. FEENAN Croisières aériennes de la Revue : Ascen- sion du 28 mai 1902. — Les croisières aérosta- tiques de la Revue continuent d'attirer les sportifs et les savants. Le 28 mai dernier, le ballon Le Centaure, commandé par le Comte Henry de la Vaulx, emportait de Paris de nouveaux amateurs de navigation aérienne : M. Frantz Reichel, le chroniqueur et historien des grands sports, M. Louis Olivier, directeur de la Aevue générale des Sciences et M. X... (dont la famille n'aime pas le ballon). Du pare de l’Aéro-Club, à Saint-Cloud, le Centaure s'est élevé assez rapidement à 900 mètres (lig. 1), et, emporté par le vent d'Ouest-Sud, s'est dirigé vers le Nord-Est, passant à 1.200 mètres, puis à 2.000 mètres, enfin à 2.700 mètres, au-dessus de la presqu'ile de Gennevilliers, de Saint-Denis, des plaines de Senlis, du pare et de la forêt de Chantilly, enfin des forêts de Compiègne et de Villers-Cotterets, pour atterrir à 100 kilomètres de Paris dans la plaine de Pierrefonds, à peu de distance du château. L'atmosphère était d’une pureté admirable et les moindres détails du relief du sol étaient, de la nacelle, perçus avec une parfaite netteté. A 2.000 mètres et 2,100 mètres, le ballon se trouva dans une zone de légers cirrhus. A l'horizon les nuages blancs, flocon- neux, inondés de lumière, figuraient d'immenses ban- quises dens un paysage polaire : tableau indescrip- tible, dont les régions inférieures de l'atmosphère n'offrent, en nos latitudes, aucun exemple. 506 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Au cours de cette belle ascension, l'aérostat a pu, pendant environ 10 minutes, être rigoureusement maintenu à l'altitude de 300 mètres, au-dessus de - Gennevilliers, Epinay et Saint-Denis; il est ainsi passé au-dessus du fort de la Butte Pincon, donnant aux voyageurs la démonstration des services qu'il peut rendre pour relever le dessin topographique des ouvrages de défense, en déceler la disposition interne et l'enregistrer par la photographie. La Revue révien- dra ultérieurement sur les études à poursuivre sys- témaliquement dans ce but. Aujourd'hui 15 juin doit avoir lieu, si le temps le permet, l'ascension à bord de l'£ros, commandé par M. de Castillon de Saint-Victor. YA J. — Enseignement, Universités et Sociétés savantes Une nouvelle formule d’édueation phy- sique. — Tel est le titre d'une conférence faite récemment au Touring-Club de France par M. de Cou- bertin, sous la présidence de M. Marey, membre de l'Institut. Cette question de l'éducation physique est étroitement liée à celle des réformes universitaires dont nous avons déjà entretenu les lecteurs de la Hevue: il nous parait done intéressant de faire con- naître ici, d'une part l'opinion de l'illustre professeur du Collège de France, véritable créaleur de cette science de la physiologie des mouvements, et, d'autre part, les idées nouvelles de M. de Coubertin, homme d'expérience, parfaitement initié aux méthodes d'édu- calion en usage chez les nations voisines. M. Marey félicite les membres du Touring-Club d'être des adeptes du plein air, de la vie libre et active, et d'aimer mieux connaître par eux-mêmes les beaux sites et les monuments, voir et comparer les produits de notre sol et de notre industrie, plutôt que de puiser sans cesse dans les livres les pensées des autres. « Nous poursuivons le même but, à dit le savant physiolo- giste : vous par la pratique et nous par la théorie, nous sommes les éducateurs de la génération nouvelle et formons des jeunes hommes forts, adroits, entrepre- nants et physiquement préparés aux exigences de la vie moderne. Les physiologistes, en effet, étudient le mouvement, ce caractère essentiel de la vie, et, grâce à des méthodes particulières et à des appareils Spéciaux, l'analysent dans tous ses détails. Ils cherchent à loisir le mécanisme propre de toutes les espèces ani- males, le vol des Oiseaux et des Insectes, les divers modes de natation, les allures des quadrupèdes et particulièrement celle du cheval. L'homme, enfin et surtout, est le sujet de leurs études. Ils savent sur- prendre la meilleure facon de courir, de sauter, de ramer où de lancer un poids. Et, dans l'étude des divers sports, ils saisissent la manière dont s'y prennent ceux qui sont arrivés à la plus grande perfection. De cette facon, ils sont capables d'enseigner la théorie des exercices corporels, et d'éviter ainsi aux débutants une grande partie des tâtonnements et des essais que la pralique seule exigerait d'eux. » M. Marey fait remarquer que l'éducation classique nous prépare bien peu à la connaissance du monde présent. Cest une lacune à combler, et peut-être y réussira-l-on en faisant une part équitable aux travaux de l'esprit el aux exercices physiques. Et d’abord on doit s'élever contre ce qu'il y a de monotone et de peu utile dans les anciennes méthodes de gymnastique scolaire, et développer en revanche les jeux et les sports. C'est, d'ailleurs, à quoi s’est appliqué M. de Coubertin depuis plusieurs années. « 11 à même ressus- cité en leur lieu d'origine les jeux athlétiques de la Grèce antique; sur le Stade reconstruit, il a fait repa- raître en 159% les anciens Jeux Olympiques. Depuis: lors, on à réappris à lancer le disque; la course de Marathon est devenue dans les concours une épreuve en usage. Après une période de dix ans, on nous annonce pour 1904 une nouvelle célébration des Jeux Olympiques : elle aura lieu cette fois à Chicago. » Dans sa conférence, M. de Coubertin a recherché et indiqué le meilleur moyen, selon lui, de former des intelligences supérieures unies à toutes les aptitudes corporelles. D'une façon très spirituelle, il fait parler trois personnages imaginaires, qui correspondent aux trois écoles qui se disputent le domaine de l'éducation physique. Le premier de ces personnages est le professeur Bergeret, qui s'exprime en ces termes : « Vous voyez devant vous, Monsieur, un adepte de la Beauté. Or, les spectacles contemporains sont d'une entière laideur; nos mouvements sont difformes el nos gestes com- muns. J'ai beaucoup réfléchi à ces choses parce qué J'en ressentais quelque affliction. J'ai consulté Platon, Confucius, Le Dante, Lavoisier, M. Gladstone et l’em- pereur Guillaume ; aucun d'eux n'a su me donner de solution satisfaisante, J'ai enfin découvert M. Sandow, qui m'a paru un sage. Sur son conseil, j'ai acheté des statues et j'ai entrepris de leur ressembler. Au lever du soleil, à midi et à la chute du jour, j'accomplis les rites de ce culte. Je prends le costume et les attitudes des héros; j'imite leurs expressions; je m'incarne leurs âmes et travaille à égaler leurs muscles. La Beauté! continue M. Bergeret, c’est la seule espérance de notre civilisation. Nous produirons de tels hommes ou bien nousachèverons notre course vers la décrépitude. Et quand on pense qu'il suffirait de quelques exercices bien simples, pratiqués chaque jour, avec une persé- vérance douce pour … redresser la Société ! » Le second est le Général Boum : « L'éducation phy- sique? voilà ce que j'en pense. Faut faire des soldats et rien que des soldats; ça veut dire des jeunes gens qui marchent et qui tirent — qui marchent toute la journée et encore la nuit sans manger, sans boire, sans rien — et puis qui ont l'œil au fond de leur fusil; pan-pan! traversent leur homme à des dis- lances énormes, sans Jamais rater, même si l'arme né vaut rien. Voilà! Tout le reste, c'est de la blague! » Enfin, voici le Dr Ox, le célèbre physiologiste : « La question de l'éducation physique tient tout entière dans un mot : la santé. C’est le but unique, tout le reste n'existe point. Or, chacun de nos muscles est organisé en vue de certains mouvements : faites-lui accomplir ces mouvements, et il prospère; faites-lui accomplir des mouvements inverses ou différents, il se détériore ; tenez-le au repos, il s'atrophie. L'éducation physique à donc pour mission d'indiquer le mouvement précis que doit exécuter chaque muscle, et les con- ditions de durée ou autres dans lesquelles ce mouvement doit être exécuté, élant donnés : le tempérament du sujet, son âge, ses antécédents, son hérédité, l'heure, la saison, la latitude, ete. Vous comprenez dès lors que ce que vous appelez la gymnastique ne vaut abso- lument rien, et ce que vous appelez les sports, pas davantage, puisque ces exercices, à côté de mouvements qui peuvent être bons par hasard, en comportent d'autres qui sont nécessiirement détestables. Comme vous voyez, c'est très simple. » En somme, ces trois Ecoles sont exclusives et into- lérantes. La première, l'Ecole artistique, préconise la recherche de la beauté par l'attitude et le mouvement. La seconde, la militaire, ne veut voir dans l'homme que le soldat. La troisième, la scientifique, s'appuie sur cette idée que l'Anatomie et la Physiologie nous ren- seignent d'une facon certaine et exclusive sur les exercices que nous devons pratiquer. En réalité, chacune de ces formules contient sa part de vérité, mais chacune estincomplète etne correspond guère aux besoins de notre lemps. A notre époque affairée, la foule n'est pas suffisamment éprise de beauté plastique pour se livrer avec persévérance à des exercices « embellissants » et rien qu'à ceux-là, car ils ne le sont pas tous. Ainsi, il est certain que l'équitation et l'escrime, deux sports bien francais, ne sauraient pro- duire ces formes opulentes qui, depuis quelques années, s'étalent en chromos sur les murs de Paris pour attirer chentèle à un établissement de gymnastique ou à un urnal de sport. D'autre part, l'idée de la préparation combat, si noble qu’elle soit, ne suffit pas à hypno- tiser la jeunesse au point de lui faire consacrer à Vexercice militaire tous ses loisirs. Quant à la science, nouspouvons craindre quel’exercice réglé, dosé, précisé, qu'elle recommande, ne devienne vite monotone el nnuyeux. Il nous paraît difficile d'obtenir la pratique des exercices physiques, quand nous voyons tous les jurs des hommes appartenant aux milieux les plus éclairés négliger les lois élémentaires de l’Hygiène, Cependant si utiles et si faciles à observer. Donc il ne faut pas compter que notre démocratie obéira spontané- ment aux prescriptions scientifiques, celles-ci seraient- elles indiscutables et indiscutées. Pour que la culture sique soil spontanée, pour qu'elle entre dans les Boûts et dans les habitudes de la foule, il faut qu'elle Serve x arriver, car « arriver » est le premier besoin de nos contemporains. Or, dans notre monde actuel, quels sont ceux qui arrivent de préférence aux autres ? e Sont-ce les plus beaux, les plus militants, les plus équilibrés, les plus robustes? Sont-ce même les plus Savants et les plus travailleurs? Ces derniers le méri- téraient certes, mais la justice de ce monde a toujours eu une jambe plus courte que l'autre, et même les exercices physiques ne sauraient la rallonger . » Ceux qui arrivent en tête, ce sont toujours et partout les Mébrouillards. Le débrouillard est le roi de notre société oderne. En effet, « où que soit posé le berceau d’un enfant, sous les lambris d'un palais ou sur le seuil d'une chaumière », le succès de cet enfant dépendra de son aptitude à se plier aux exigences du sort, à pro- fiter des circonstances, à savoir en un mot se dé- brouiller de toutes les manières et dans toutes les situations. Reste à trouver ce qui rend « débrouillard ». Les voyages, la pratique des langues vivantes, l'habitude à donner aux enfants de se tirer d'affaire eux-mêmes dans la petite sphère de l’école ou du lycée, tout cela assurément y contribue. Mais le vrai moyen, d'après M. de Coubertin, ce sont les exercices physiques et non pas l'exercice, La différence est essentielle nombre de sportsmen, cavaliers, escrimeurs ou chas- Seurs, sont parfaitement impraliques et maladroits dans la conduite de leurs affaires ou dans l'organisa- tion de leur existence; au contraire, le jeune homme qui a été dressé à ne se sentir embarrassé devant aucune forme de sport sera, en général, un débrouil- lard. La méthode d'éducation physique consistera donc à envisager, comme indispensable, la connaissance pra tique des instruments de défense et de locomotion dont le génie moderne nous a pourvus; elle relèguera au se- cond plan l'ambition qui pousse à l'exploit sportif et l’en- traînement qui se spécialise pour y mieux parvenir ; elle ne laissera pas l'exercice au choix de chacun, elle l’impo- Sera à tous sous toutes les formes. Et le citoyen éclairé, Comme l’écrivait récemment M. de Coubertin dans la Revue des Deux Mondes, dira à son fils : « Si la bicy- élette ne te plait pas, tu ne seras pas obligé d'en faire les délices, mais il faut que tu saches rouler dessus et en prendre soin. Je ne te demande pas de jouer au polo, d'autant que cela me coûterait trop cher, mais il éstnécessaire que tu pus panser, seller, monter ce Cheval dont tu auras peut-être à te servir à l'impro- Viste. Je souhaite que tu n'aies de coups d'épée, de Coups de poing ou de coups de revolver à échanger avec personne, mais tu vas y préparer tout de même. Je veux, en outre, que tu puisses ramer dans ce bateau et le vernir s'il en a besoin, et encore chavirer sans Le laisser prendre sous lui. A la première occasion, tu t’essaieras à manier une ‘automobile. Puis, au lieu de grimper à une corde lisse dans un gymnase, tu vas accrocher celle-ci à la grille de ma fenêtre et descendre nos deux étages promptement, comme si {u avais à t'en aller d’une maison en flammes. Tant mieux, si tout cela l’'amuse, et le contraire m'étonnerait, car c'est CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 507 fort amusant. Mais, si cela t'ennuie, ce sera tout comme, On ne te demande pas tes préférences en littérature, en sciences naturelles, en mathématiques et en langues vivantes. Les éléments de ces choses sont {ous consi- dérés comme indispensables à ton instruction générale, et, de même, je considère qu'il ne serait pas prudent de te lancer dans la vie sans que tes muscles aient appris les éléments des mouvements usuels, » Dans une telle éducation physique, le travail manuel tiendrait autant de place que le sport. Avant l’âge de douze ans, tous les jeux que l’on voudra, mais pas d'exercices avec engins, pas d'escrime et surtout pas de bicyclette. A partir de douze ans, nos garcons devraient apprendre le maniement des armes, l'équi- tation, la vélocipédie, l’aviron, la natation, etc.; ils apprendraient aussi à démonter un cycle où à faire marcher un moteur, à entretenir un harnais, à larguer une voile, à grimper au tronc d’un arbre ou à l'échelle de cordes d'un navire, etc. Sans doute, ils ne seraient pas experts en toutes ces choses, mais ils en sauraient l'alphabet, Ici se place une objection. Où trouver le temps d’en- tretenir la connaissance, mème rudimentaire, de tous ces sports? Comment un jeune homme arrivera-t-il, non pas à développer, mais à maintenir seulement ce qu'il aura appris? M. de Coubertin est convaincu qu'il nous suffit, pour conserver le pouvoir d'effectuer cer- . lains exercices que nous avons appris, de les répéter de temps à autre. «Il existe, dit-il, une étonnante mé- moire des muscles, qui présente cette particularité d’en- registrer rapidement ce qu'on lu confie, de le garder assez longtemps et de le perdre tout à coup. » Ils agit donc, en l'espèce, de ne pas atteindre la limite au delà de laquelle l'oubli se fait. Donc si un homme ne laisse pas à ses muscles le temps d'oublier les mouvements qu'ils ont appris, il pourra, le cas échéant, fournir des efforts physiques considérables et variés sans que la moindre trace de fatigue se révèle en lui, sans mani- fester aucun des symptômes du surmenage physique. Personnellement nous sommes avec M. de Coubertin pour les exercices physiques variés, pour les jeux au grand air, un peu pour les sports, très peu, et surtout ou le travail manuel qui fait les doigts habiles et l'esprit agile. Ajoutons-y, pour compléter le programme de cette école de culture physique, des excursions et des voyages sur le modèle de ceux que le Club alpin a créés pour les élèves des lycées de Paris, et nous aurons déjà amélioré considérablement notre système d’édu- Eur physique. Sans doute, il ne sera pas parfait, mais il permettra au moins à nos jeunes écoliers de faire une provision de force et d'énergie dontils auront tant besoin dans la lutte qu'ils vont soutenir, et que nous avons le devoir de leur fournir, si nous voulons leur assurer la victoire, E. C, Donation à l’Université de Londres. — À propos de notre récent article sur une donation à l'Université de Paris, nous croyons intéressant de signaler à nos lecteurs que le Conseil de l'Université de Londres vient de faire appel au public pour de- mander une somme de un million de livres, nécessaire à l'installation de laboratoires d'expériences et de re- cherches. Les autorités universitaires s'inquiètent de voir les hommes réellement instruits et capables man- quer souvent de l'expérience pratique qui leur permet- trait d'agir plus efficacement sur la marche des affaires industrielles et commerciales. Le grand développement industriel de l'Allemagne et des Etats-Unis est une preuve de l'influence des laboratoires parfaitement organisés. Parmi les personnes qui ont immédiatement répondu à cet appel, citons M. W. Astor, qui a donné 20,000 livres. Centenaire de l'Internat — Au sujet de la petite note que nous avons consacrée, dans notre préc édent fasei- cule, au Centenaire de l Internat (voir p. 450), on nous fait remarquer que Claude Bernard à été interne; il était de la promotion de 1839. 508 JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES LES PONTS MÉTALLIQUES Les pontsmétalliques constituent, au point de vue de l'histoire de la civilisation, une innovation toute récente. De temps immémorial, l'homme a construit des ponts en bois, dont l'invention remonte aux époques préhistoriques. Six siècles avant l’ère chré- tienne, les Romains bàtissaient déjà des ponts en maçonnerie, suivant les procédés en usage chez les Etrusques, qui, tenaient doute d'émigrés venus d'Asie à la suite de la guerre eux-mêmes, les sans de Troie. Si nous nous reportons seulement à un siècle en arrière du nôtre, nous constatons qu'il existait alors, en Angleterre, quatre ou cinq arches en fonte, dont la forme et les dispositions avaient été copiées sur les voûtes en maçonnerie qu'elles remplacaient. en eflet, eu l'idée originale de substituer le métal à la pierre, sans d'ailleurs que cette substilulion parût justifiée par Certains constructeurs, avaient des conditions excluant l'emploi des moyens habi- tuels, par des motifs d’esthélique ou d’écono- mie : c'élail simplement pour piquer la curiosité du public, et ces innovateurs ne prévoyaient guère l'importante révolution qu’ils préparaient. C'est alors que l’on construisit à Paris le pont des Arts, qui, dans deux ans, sera centenaire, et qui donne un exemple remarquable de longévité pour une œuvre datant d'une époque où la métallurgie de la l'auteur, public. Cette branche nouvelle de l'industrie, qui venait Dans le but de l’imaginalion du fonte était dans l'enfance. il s'agissait de frapper de se créer, devail rester stationnaire ou, du moins, faire de lents progrès dans les cinquante premières années du XIX° siècle. se contenter A celle époque, on pouvait de ponts en bois ou en maçonnerie pour les roules à sinuosilés très prononcées et à déclivilés très fortes, qui étaient exclusivement em- ployées pour les transports. On édifiait bien quel- ques arches en fonte, mais à litre d'objets de luxe et pour salisfaire les habitants des villes, très fiers de posséder un spécimen de la dernière mode. On peut ciler en exemple le pont des Saints-Pères, construit en 1835 avec une disposition toute nouvelle, réali- sant sur les errements anciens de grands progrès ; ; de sorle que cet ouvrag son allure , à servi pendant! aux constructeurs. », malgré sau- tillante aujourd'hui si critiquée de longues années de modèle les goûls de « Cependant, nfort du public se développaient au fur et à mesure l'industrie. des progrès de Lorsqu'une route aboutissait à un L fleuve large et profond rendant les fondations ex- trémement difficiles, on trouvait parfois un obstacle | infranchissable à la construction d'un pont en maçonnerie : on se contentait donc d’un bac, ce qui élait une sujétion fâcheuse par la nuit et le mauvais temps, et le public n'était pas satisfait. D'autre part, à la rencontre d’une gorge étroite | et profonde, le chemin dévalait la pente abrupte | du coteau, en décrivant un tracé sinueux à forte inclinaison; puis, après avoir franchi le ruisseau, | il lui fallait escalader le talus opposé : c'était une sujétion fatigante. On fut ainsi conduit à chercher le moyen pratique de franchir, à grande hauteur, esluaires et les vallées resserrées, avec des | ouvrages qui permettraient d'aborder des portées exceptionnelles et se contenteraient de supports très espacés. Ce problème fut résolu par l'invention des ponts 1 suspendus, où nous voyons pour la première fois faire usage du fer forgé sous forme de poutrelles et de barres de suspension, et du fer étiré en fils pour la confection des câbles. De 1820 à 1836, on constlruisit en Angleterre le pont de Berwick, qui a 4110 mètres de portée, et le. pont du détroit de Ménai, qui en à 177, avec 31 de hauteur au-dessus de l’eau. Dans ces deux ou- vrages, les chaines de suspension sont formées de barres de fer forgé articulées bout à bout. En Suisse, à Fribourg, on édifia un pont de 271 mètres de portée etde 52 mètres de hauteur avec des câbles de suspension en fil de fer. C'était déjà un progrès. En France, en 1836, on construisit le pont de La. Roche-Bernard, sur la Vilaine, qui a 198 mètres d'ouverture et 335 mètres de hauteur. Telle était la situation quand on entreprit en Europe l'établissement des chemins de fer, et, dès le début, on se trouva en présence de difficultés considérables que ne permetlait pas de sur l'art du constructeur : la voie ferrée ne s'accommode pas des sinuosités et des déclivité admises pour les routes, et va droit son chemin# La voie ferrée exige des courbes à grand rayons el répugne aussi bien aux montées qu'aux des: centes. Si le tracé rencontre une vallée étroite et profonde ou un estuaire dont le sol mobile ets inconsistant ne permette pas de bâtir de grands. ouvrages en pierre, qui exigeraient des piles éle vées et solidement assises, le bâlisseur en maçons nerie se trouve dans le plus grand embarras. | À Ja Me Pour la traversée d un grand feu l les monter de frais d'entretien, dont la manœuvre est incom- mode, onéreuse, et sujette à des interruptions et à des irrégularilés de service. En définitive, c'est une installation fort gènante pour une exploitation _de chemin de fer un peu active; on l’a acceptée par- . fois comme solution de fortune, mais avec l'arrière- pensée de s'en débarrasser le plus tôt possible. Il n'y avait pas à compter sur les ponts de pierre, au point de vue des ouvertures. Quant aux ponts suspendus, ils n'offraient pas les garanties de résistance et de rigidité suffisantes pour permettre la circulalion de lourdes charges animées de grandes vitesses. Il faut bien recon- naitre que certaines catastrophes déplorables, retenlissantes, avaient jeté sur ce genre de cons- truction une déconsidération quelque peu justifiée. On a, depuis lors, considérablement perfectionné la conception théorique et les procédés d'exécution de que les ponts suspendus ne méritent plus le discré- dit où ils sont tombés il y a une trentaine d'années. Non seulement les ponts suspendus construits de- puis lors ne risquent plus de s'effondrer sous une foule en délire, mais on peut les affecter sans crainte au service des chemins de fer, et, lorsqu'ils sont bien conçus et bien exécutés, ils peuvent soutenir a comparaison avec les ponts en charpente mé- tallique pour la rigidité, la solidité et la durée. . Mais, en 1850, il n'en était pas ainsi. Il fallait donc trouver une solution nouvelle. Ce fut l'œuvre de Fairbairn et de Robert Stephenson : l'adapta- tion aux ponts des poutres en fer laminé et rivé permit dès le premier jour l'exécution sensation- nelle du pont Britannia, que construisit en 1850 obert Stephenson pour le prolongement, dans l'ile d'Anglesey, du chemin de fer côtier du Pays de Galles, qui franchit le détroit de Menai non loin du pont suspendu dont il a été question tout à Pheure. Chacune de ses travées de rive a une portée de 70 mètres; la travée centrale a 140 mètres. - Pour apprécier l'importance du progrès qui venait d'être réalisé, il faut se rappeler qu'à cette époque, dans la même année, la plus grande voûte de ma- €onnerie existante avait une ouverture de 61 mè- res : c'était le pont de Chester. Le pont de Beaucaire, sur le Rhône, comportait une succession d'arches en fonte dont l'ouverture était seulement de 63 mètres, ce que l’on regardait alors comme exceptionnel. On voit donc que, du premier coup, l'emploi de la poutre en fer laminé a permis de faire des liers d'une portée qui, encore aujourd'hui, serait egardée comme hardie. -Le succès remporté par Robert Stephenson sus- Lila immédiatement de nombreux imitateurs dans ous les pays du monde. JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES nos prédécesseurs, et je puis affirmer aujourd'hui 509 L'emploi de la tôle et du fer profilé ouvrail aux ingénieurs une nouvelle voie, féconde en résultals, et, pendant cinquante années, la construclion des ponts métalliques allait réaliser des progrès consi- dérables et rapides. Avant d'abandonner définitivement le sujet des ponts en maçonnerie, qui, malgré leur intérêt, ne rentrent qu'incidemment dans le cadre de cette étude, il n’est peut-êlre pas inulile de dire quelques mots de leurs avantages comparativement aux ponts métalliques. II Le fer est une matière souple, maniable, docile, qui se prête à toutes les exigences du public. Autrefois, le bâtisseur de ponts était un autocrate et imposait sa volonté dans la disposition de ses œuvres. Aujourd'hui nous, constructeurs en fer, nous sommes les humbles serviteurs du public, tenus de donner pleine satisfaction à tous les inté- rèts en cause. Il demeure entendu que le métal conviendra à tous les besoins, alors même qu'ils sembleraient a priori se contredire les uns les autres. Les gênes que l'on acceptait philosophique- ment des ponls en pierre, on ne les tolère plus des ponts en métal. Pour mettre en relief l'extrême docilité du fer à se plier à toutes les exigences, il suffirait de prendre pour exemple les ponts mo- biles, levants, basculants, tournants, roulants, transbordeurs, qui livrent passage aux bateaux de mer ou de rivière, sans obliger le tablier du pont à se hausser à un niveau inadmissible ou incom- mode. Celte classe de ponts constitue un mono- pole de la construction métallique. Mais combien d'ouvrages à faible portée seraient inexécutables en maçonnerie, par insuffisance de hauteur et limitalion d'épaisseur, irrégularité d'em- placement des piles, etc., elc.! Pour prendre un exemple connu, je citerai le pont de l'Europe, qui est élabli au-dessus de la gare Saint-Lazare à Paris; d’une part, on a voulu disposer les sup- ports de facon à ne pas gêner l'aménagement des voies ferrées; et, d'autre part, on a dû installer sur ces piles, de directions absolument fantaisistes pour un constructeur, un tablier en forme d'étoile à six branches livrant passage à trois rues qui viennent se croiser au milieu du pont. Voilà un problème de tous les jours, qui, même notablement simplifié, serait inabordable pour la maconnerie. J'ajouterai encore que les ponts en pierre exigent des fondations larges et inébranlables, tandis que le fer se contente de supports légers, à résistance limitée, el s'accommode aux circonstances si l'on est réduit à des appuis sujets à s'aflaisser ou à se déplacer; car cette éventualité a dû être prévue, et 510 JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES il appartient aux ingénieurs de prendre les mesures nécessaires pour qu'en aucun cas la stabilité de Ia construction ne puisse être compromise par la mobililé des supports. C’est ainsi qu'on arrive à assurer une sécurité très grande à des constructions élablies dans les terrains compressibles, glissants ou ébouleux, dans les contrées minières où les affaissements du sol sont à craindre, et même dans les contrées volcaniques périodiquement agitées par les tremblements de terre. Pour faire ressortir plus efficacement l'écart exis- tant à ce point de vue entre ces matériaux, com- parons les portées et les hauteurs au-dessus du sol qu'on peut réaliser avec l’un et l'autre procédé. Il y a deux ans, la plus grande arche en macçon- nerie du monde appartenait aux États-Unis : c'était la voûte de Cabin-John, de 67 mètres d'ouverture ; à l'heure actuelle, le Luxembourg possède une arche de 84 mètres de portée qui bat de 17 mètres le record américain. On semble être ici bien près de la limite extrême à atteindre par l'emploi de la pierre : encore a-t-il fallu se trouver dans des conditions très favorables comme fondations et hauteur. Or, le métal a permis d'attribuer au pont sus- pendu de Brooklyn, à New-York, une travée cen- trale de 486,50, encadrée par deux travées latérales de 286%,70. Le pont du type Cantilever établi à Queensferry, près d'Édimbourg, sur le détroit du Forth, 1891, travées de 518 metres et deux travées de rive de 258 mètres. On annonce la construction prochaine, àNew-York, d'un autre ouvrage du type Cantilever dont la travée centrale aura 600 mètres de portée. en comporte deux Je ne crois pas qu'on puisse faire davantage aujourd'hui. Mais c’est déjà un fort beau résultat pour une industrie qui, je le rappelle, est née il y a cinquante ans. Il n'est pas douteux que les futurs progrès de la métallurgie permettront de réaliser dans l'avenir des ouvertures encore supé- rieures, tandis que la maçonnerie, que nous prati- quons de loule antiquité, ne semble guère suscep- tible de recevoir des perfectionnements tels que les ingénieurs puissent en tirer des facilités beaucoup plus grandes. Très cerlainement, ils trouveront encore quelque chose, mais ce ne sera jamais grand’chose. En ce qui touche les plus grandes hauteurs atteintes par les constructeurs, je citerai, pour la pierre, l'aqueduc à triple étage de Roquefavour, dont la hauteur est de 88 mètres, et l'ouverture d'une arche de l'étage inférieur de 15" 80. En Alle- magne, le viaduc de Gottschalk comporte une arche de 30 mètres avec une hauteur de 80 mètres. Mais les arches suivantes n'atleignent pas 14 mè- tres. et sont à triple élage. | Si nous passons maintenant au fer, nous consta- tons que le Pont du Forth passe à 47,50 au-dessus du niveau de la haute mer. Le viaduc en arc de Garabit (165 mètres d'ouverture) domine le thal- weg de 129 mètres Dans cet ordre d'idées, on est loin d’avoir atteint les limites compatibles avec l’état actuel de l'indus- trie : si les piles métalliques ne dépassent pas la hauteur de 100 mètres, c'est parce qu'on n'a pas eu besoin d'aller au delà. L'exemple de la tour Eiffel montre qu'à la rigueur un tablier de grande portée, reposant sur des piliers métalliques de 300 mètres, serait possible : ce ne serait qu'une queslion d'ar- gent. III Après avoir plaidé la cause des ponts métal- liques et fait ressortir leurs avantages et leurs mérites, il est de toute nécessité de signaler chez eux certaines causes d'infériorité par rapport aux ponts en pierre. En premier lieu, un ouvrage en fer n’a qu'une résistance limitée: il n’est capable de supporter que les charges en vue desquelles il a été calculé. Ce n'est pas le cas pour les voûtes en maçonnerie, qui sont tellement lourdes par elles-mêmes que les poids roulants les plus considérables ne les impres- sionnent point. Néanmoins, les ponts métalliques, calculés avec une forte marge de sécurité et soumis à des épreuves rigoureuses, rendent les services en vue desquels ils ont été établis. Les chutes provoquées par le passage des trains sont en somme des acci- dents fort rares, en dehors de quelques ponts sus- pendus construits à une époque où l'on était peu instruit, inexpérimenté et mal outillé. Je ne con- nais pas, pour la France, un exemple de pont métallique en service, c'est-à-dire ayant subi victo- rieusement l'épreuve réglementaire, qui se soit effondré sous les charges. Les ouvrages disparus à la suile de catastrophes ont toujours péri par suite de l'insuffisance de leurs fondations, cause de ruine à laquelle n'échappent pas les ponts en pierre. Ceux-ci y sont même plus exposés, en raison de considérable qui se manifeste devant leurs piles massives. Toutefois, il faut reconnaître qu'on a dû quelque- fois en France renforcer ou même remplacer des labliers métalliques, dont la résistance ne cor-… respondait plus au poids des locomotives, de plus … en plus lourdes, que les compagnies de chemin de fer metlenten circulation. Ces opérations n'ont pas laissé d'être gènantes et coûteuses. Je n'ai pas connaissance qu'un pareil leur insuffisance de débouché et du remous … | 0 JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES … travail de consolidation ait été jamais jugé néces- … saire pour les ouvrages en maconnerie, en dehors du cas spécial de tassement des fondations. En conséquence, le mieux est de reconnaitre la . supériorité de la maçonnerie sur le métal à ce point de vue. Mais, en ce qui concerne la sécurité publique et les services rendus, il ne faudrait pas s’en exagérer l’importance. Une autre considération essentielle est celle de la durée. ‘Il existe encore à Rome une voûte, celle du grand égout collecteur, Cloaca maxima, dont l'acte de naissance date de 600 ans avant l'ère chrétienne, et porte la signature de Tarquin l'Ancien. Un certain nombre de ponts, sur le territoire de la vieille Italie, ont une ancienneté, prouvée par des documents historiques, de quinze à dix-huit siècles. _En face de ces vénérables ancêtres, notre pont des Arts, avec ses cent ans d'existence, fait assez mo- deste figure. Néanmoins, on peut objecler que le doyen de nos ponts métalliques n’a pas encore ter- miné sa carrière : si la pioche des démolisseurs lui en laisse la facullé, il vivra sans doute encore de nombreuses années, et celte œuvre de nos arrière- grands-pères verra peut-être passer l'enterrement de nos arrière-petits-fils. Or, c'est un premier spécimen des constructions métalliques : les gens d'alors, on peut le dire sans vanité, étaient moins compétents, moins expérimentés, moins bien outil- lés que les ingénieurs du temps présent, dont les œuvres, par ces motifs, doivent offrir plus de garanties de durée. Le grand ennemi du fer, c’est la rouille, à laquelle les constructeurs livrent un combat perpétuel. On a ssayé bien des procédés, des peintures diverses, es couleurs laquées, des enduits bitumineux, des parafumées, des cuirasses en ciment armé, etc. Certains produits métallurgiques, tels que l'acier très chargé de nickel, semblent rebelles à l'oxyda- lion ; mais, en dehors de toute autre considéralion, leur prix élevé ne permettrait pas aujourd'hui de les utiliser pour la construction des ponts. Toute- fois, la bataille engagée contre la rouille n’est pas perdue d'avance, et un jour peut-être serons-nous | “débarrassés de cette mangeuse de ponts. - Quelle durée, en somme, est-il désirable d'at- | teindre pour les constructeurs? Deux ou trois . siècles : pas davantage. “ Ilest vrai que les ouvrages en maçonnerie se À sont montrés capables de subsister vingt siècles et plus. Fort bien, mais encore faut-il qu'on leur laisse le loisir d'atteindre cet âge respectable; or, | en dehors des guerres, des destructions de villes, des tremblements de terre qui en font une très grande consommation, il arrive presque toujours un moment où un pont a cessé de plaire, parce que les 511 besoins et lès habitudes'se sont modifiés, et que les _ exigences nouvelles dé la circulation ne se trouvent plus satisfaites. On les met à bas pour en édifier d’autres, si bien que l'avenir réservé à un ouvrage de ce genre ne dépasse pas, en moyenne, ou quatre siècles, tout au plus. N'ayons pas la pré- tention de construire pour l’éternilé. Nos succes- seurs feront autre chose : ils trouveront mal ce que nous avons établi et le remplaceront. C'est pour ce motif qu'il n'y a pas encore lieu de faire aux ponts de fer le reproche de durer moins longtemps que les ponts de pierre. Du reste, le plus vieux pont en tôle est à peine quinquagénaire ; nous remettrons donc cette discussion au siècle pro- chain, pour être mieux documenté. En définitive, ma conclusion sera la suivante : il faut donner la préférence à la maconnerie toutes les fois que c'est possible, et recourir au fer si les conditions du problème à résoudre en font une nécessité. Mais les intérêts à ménager et les besoins à satisfaire se développent et se multiplient telle- ment dans notre état de civilisation, que la préfé- rence platonique, que je viens d’accorder à la pierre, ne saurait écorner le domaine du métal que dans une mesure fort restreinte. Il arrive même que, dans les pays neufs soumis à des essais de colonisation, l'énoncé du problème se retourne, sans que sa solution soit modifiée. C'est alors le retard de la civilisation qui oblige à em- ployer le fer. Quand on examine les projets de chemins de fer coloniaux, on serait tenté souvent de penser que leur auteur a fait un étrange abus du métal en l'employant systématiquement pour de petils ouvrages où des voûtes en maconnerie pa- railraient tout indiquées. Mais, avant de criliquer cette manière de faire, il serait bon d'en connaître le motif. Quelle est donc la raison qui pousse à faire un choix pareil, en apparence si peu justi- fiable? C'est qu'on ne trouve guère, dans ces pays neufs, d'ouvriers d'art, macons, tailleurs de pierre, charpentiers, etc. Il faut faire venir les ouvriers de loin avec leur outillage et leur matériel, les payer cher, leur assurer une subsistance conve- nable et des soins médicaux dispendieux. La prépa- ralion et l’approvisionnement des matériaux ne sont pas toujours choses faciles. Si l’on trouve des arbres, ils peuvent servir pour les bois de charpente et pour les échafaudages; mais, s’il n'existe pas de chemins dans la contrée, leur transport d'œuvre sera difficile. Au contraire, un métallique, dont le poids total est toujours assez faible, peut être divisé en petits éléments qu'on charge à dos de mulet; ces bêtes sont habiluées à circuler par des sentiers à peine frayés, et à franchir à Cinq ou six ouvriers monteurs, venus de France, se seront de trois à pied tablier gué les ruisseaux. charg 512 JEAN RÉSAL - LES PONTS MÉTALLIQUES Nid CRT mettre le pont en place. Avec un fort salaire de cinq sous par jour, on recrutera, sans difficulté le | nombre de manœuvres nécessaires dans la popula- tion indigène que cette séduisante proposition fera aflluer, et dont la santé résislera mieux au climat que celle des Européens. Je me souviens d'avoir participé à la rédaction d'un cahier des charges pour la construction d'un grand pont sur le Sénégal. Il était stipulé que les épreuves en seraient faites conformément au règle- ment en vigueur pour la France. Mais, après l'achè- vement des travaux, voilà mes constructeurs dans le plus grand embarras : le règlement ministériel prescrivait le passage de lourds chariots trainés par six chevaux : or, il n'en existait pas un seul dans le pays. Un moment, il fut question de les faire venir de France. On finit toutefois par s'arranger de manière à salisfaire à la fois aux exigences du règlement et du bon sens. Mais, enfin, ceci montre qu'il est parfois important de ne pas arrêter les dispositions d’un pont à construire sans s'être enquis au préalable des mœurs, du climat, de la configuration et des ressources du pays où les travaux devront êlre faits. 1E\ J'aurai maintenant à aborder un autre sujet : Quelle opinion peut-on se faire de l'avenir réservé aux ponts métalliques? Dans cette question, il faut envisager deux fac- teurs principaux : l’ingénieur-constructeur et le mélallurgiste, qui, chacun dans sa sphère, contri- bueront à réaliser des progrès sur l'état actuel. L'ingénieur arrête les dispositions de son ouvrage d'après les conditions imposées par la Nature et par les hommes. Celle première étape de sa besogne comporte la résolution d'un problème de Géométrie el de Mécanique, dans laquelle il est guidé par des principes bien connus et des règles complètement élucidées, Je ne prévois pas que, dans l'avenir, il puisse surgir à ce point de vue d'invention capitale, susceptible de révolutionner de nouveau l'art du constructeur. Cela ne signifie nullement que nos successeurs soient condamnés à copier les ouvrages existants. Malgré la variété et la diversité des ponts existant dans les diverses parties du monde, dont je ne. crois pas ulile d'exposer ici la classification fort aride, il n'est pas douteux que l'on puisse imagi- ner un nombre beaucoup plus grand de systèmes inédits dont on n'aurait encore pas fait usage, soil qu on n'y ail point songé, soil qu'on n'ait pas ren- contré jusqu'à présent un ensemble de circons- lances qui aurait pu en moliver l'adoption. Il s'écoulera encore bien des années, des siècles peut- être, avant que l'on n'ait parcouru le cycle des constructions exécutables, et jusqu'à ce qu'on soit : réduit à suivre les chemins battus. Chaque année verra naitre quelque type nouveau, plus ou moins. intéressant comme conception ou comme réalisa- tion. Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'aucune de ces créations ne présenterail le caractère d'une décou- verte où d'une invention : ce sera une adaptation plus ou moins ingénieuse et remarquable de règles scientifiques bien connues. Le nouvel ouvrage trouvera naturellement sa place dans la classifi- calion générale où figurent les ponts antérieurs : ce pourra être une application nouvelle, mais ce ne. sera pas la découverte d’un homme de génie. Après avoir arrêté le tracé d'ensemble, il faut. entrer dans le détail, fixer les directions de tous les éléments de l’ossature, et déterminer le rôle de chacun d'eux, en déduire les dimensions transver- sales et le poids. C’est un travail long et minu- tieux, dont la précision doit être suffisante pour que l'écart entre le poids lotal calculé et le poids effectif, accusé par les pesées sur le chantier, ne dépasse pas 1 à 2°/. Il faut encore que l'ingénieur calcule à l'avance. les déformations élastiques qu'éprouvera Je pont. lors des épreuves réglementaires; et, en effet, il est nécessaire que ces épreuves lui fournissent la justification évidente des éludes failes, en établis- sant la concordance de ses prévisions avec les constatations faites sur place par Ges appareils enregistreurs, dont l'impartialilé ne peut être con- testée. Le rôle de l'ingénieur sera donc loujours de pre mière importance, d'autant plus qu'on peut voir, par les changements réalisés dans ces dernières années dans la confection matérielle des ponts, que, d'ici à cinquante ans, tous les détails de construction auront été complètement renouvelé el lransformés : sauf en ce qui concerne les dis positions d'ensemble, les œuvres de nos succes- seurs n'auront probablement que peu de poinis communs avec les nôtres. J'ajouterai que l'ingénieur doit aussi se préoc- cuper des moyens d'exécution el des procédés de montage, dont le choix dépend à la fois du type admis et des conditions spéciales de son emplace- ment. On à déjà imaginé beaucoup de modes de mise en place différents : échafaudages fixes, échafau= dages mobiles, échafaudages flottants, montage en porte à faux ou encorbellement (grande ouverture); lancement des poutres à travées solidaires, ete. Rien ne s'oppose à ce que l'expérience pratique ou le génie inventif des constructeurs les conduise., à imaginer de nouveaux procédés. A D RP ETS * 2 At - è Fa y JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES _ L'ingénieur base tous ses calculs, toutes ses | études, sur la matière première dont il lui faudra se servir : cette matière première lui est fournie | par le métallurgiste, sous forme de pièces moulées, _forgées, laminées ou tréfilées. Depuis quelques années, ce dernier a fait d'immenses progrès dans . sa fabricalion : le fer fondu ou l'acier doux a rem- placé le fer puddlé, beaucoup moins homogène. . L’acier moulé paraît destiné à supplanter la fonte, . métal fragile et capricieux, dans toutes les cons- tructions importantes. J'ai déjà signalé qu'il est permis d'espérer de ce côté des inventions capitales susceptibles d’ame- ner une révolution nouvelle dans l'art de cons- truire : le jour n'est peut-être pas éloigné où le métal offrira une résistance à la rupture double ou triple de celle de l'acier fondu actuel, et permettra de doubler ou de tripler l'ouverlure des ponts, sans dépense excessive. Un grand désavantage est l'emploi obligatoire des rivets pour l'assemblage des pièces lami- nées de faible épaisseur : le rivetage, procédé médiocre et défectueux, qui s'impose à l'ingénieur comme une gêne excessivement lourde, conslitue pour les ponts la grande cause de faiblesse et de dépérissement. Le métallurgiste pourrait bien offrir des éléments massifs el de forte épaisseur, pesant jusqu'à 10 lonnes, obtenus par forgeage ou mou- age; mais il est impossible actuellement de les re- lier sur place par une soudure ayant la résistance voulue et n'offrant aucun danger de détérioration du métal. Ce serait une véritable invention, qui révo- lutionnerait complètement l'industrie et qui don- nerait des ailes à l'ingénieur, aujourd'hui courbé ers la terre, sous le poids des assemblages rivés. Nul ne peut savoir si cette espérance pourra êlre éalisée; mais rien ne prouve que l'électricité, lilisée comme source de chaleur, ne puisse un jour ous en faire la surprise. Dans le cours du siècle qui vient de prendre fin, on a vu l’éclosion de bien lautres découvertes qui la veille paraissaient plus nvraisemblables encore. L'augmentation de résistance de l'acier pour construction, la trouvaille d'un procédé de sou- Ldure sur place pratique et efficace, ne semblent pas a priori ètre des vœux plus déraisonnables que “ceux qu'ont exaucés les inventeurs de la télé- phonie, des rayons Rüntgen et de la télégraphie | sans fil. mm. Si je dis cela, c'est pour expliquer que le pro- grès futur des constructions métalliques n’est pas encore, quant à présent, délimitable, parce que | mous ignorons quelles seront les découvertes qui | pourront surgir du côté de la métallurgie. J'en ai indiqué deux qui seraient désirables; rien ne ) prouve quil n'y en aura pas d'autres, que nous 513 n’aurons pas prévues, et qui fourniront des res- sources nouvelles tout aussi importantes, Une formule fournit une définition précise et complète des rôles joués dans la construction d'un pont par l'ingénieur-constructeur, par le métallur- giste et même, si l'on veut, par le public ou le pro- priétaire du pont. Cette équation est la suivante : — A(p+s)l CREER r est le poids par mètre courant de la partie essentielle d'un pont, c'est-à-dire des grandes fermes, abstraction faite des éléments accessoires entrant dans la composition du tablier,etdes pièces auxiliaires de contreventement, qui, en somme, n'ont aucune relation avec l'ouverture proprement dite. Les variables qui figurent dans cette relation sont: L'ouverture /; p, la partie du poids qui correspond au tablier, à la chaussée, aux pièces de contreventement, et, d'une manière générale, à la charge permanente que supportent les fermes principales; Enfin, s représente la part du public ou du pro- priétaire dans les travaux : c’esi la surchage d'épreuve, majorée, s’il y a lieu, pour tenir compte de son inégale répartition ou de la vitesse des charges roulantes. Le coefficient À définit le rôle de l'ingénieur; il est d'autant plus petit que celui-ci a choisi un type de pont plus perfectionné, qu'il àa mieux déter- miné ses dimensions générales, qu’il en a mieux étudié les détails, qu'il a mieux réussi, en somme, par son travail à réaliser une économie sur la dépense à faire, sans rien sacrifier de la solidité. Quant à R, c'est le travail en kilogrammes par millimètre carré qu'il est permis en toute sécurité de faire subir au métal; c'est ce qu'on appelle aussi la limite de sécurité. Par exemple, si nous prenons une barre de fer qui se casserait à 24 kilo- grammes dans l'appareil d'essai, nous admettrons que la sécurité ne permet pas de la faire travailler normalement à plus de 6 kilogrammes : grammes, ce sera R. Prenons, au contraire, de l'acier fondu, plus résistant et plus ductile. Il ne se cassera qu'à 42 ou 46 kilogrammes, et l'on pourra élever R jusqu'à 12 kilogrammes. De sorte que, si À représente la part de l'ingé- nieur, R représentera la part du métallurgiste. Le but de l'ingénieur est de réduire le nombre À; celui du métallurgiste est d'augmenter autant que possible le nombre R. Prenons deux axes rectangulaires, et porlons le poids + sur l'axe vertical, l'ouverture 7 sur l'hori- zontal : x sera représenté par une hypervole, avec 6 kilo- 514 JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES une asymptote verticale définie par la condition R — Al. La longueur L représente la limite infran- chissable d'ouverture que nous pourrons réaliser avec ce type de pont et ce métal. Il serait impos- sible d'aller au delà, parce que, dès que l'on at- teindra celte portée, la ferme travaillera à la limite de sécurité sous son propré poids. Par suite, si pelit que soit le poids additionnel p + s, le tra- vail R sera dépassé : on n'aura plus les conditions de sécurité exigées. De sorte que, en définitive, pour un type de pont bien défini, pour un métal déterminé, la limite de la portée correspond au moment où le métal constitulif des fermes principales travaille à sa limite d'élasticité sous leur propre poids : il n’est pas possible d’aller au delà. Je suppose donc qu'un constructeur ait pris com- mande d'un ouvrage à grande portée, par exemple d'un pont de 150 mètres. Il avait déjà construit un premier pont de 60 mètres d'ouverture fonctionnant bien et il compte reproduire le même type. Mais alors le poids par mètre courant va augmenter. Il dit à la Compagnie de chemin de fer : Consen- liriez-vous à diminuer la surcharge d'épreuve? — Non, répond la Compagnie. L'ingénieur se dit: Tächons de gagner quelque chose sur la charge morte : le premier pont com- portait des voûtes en briques et du ballast; nous allons supprimer le ballast et remplacer les voûtes en briques par un platelage en tôle ou par des madriers : du coup, on aura gagné un poids énorme et remplacé la première hyperbole par une autre située plus bas. Cet allégement est important, surtout pour les grandes portées, parce que l’on constate, pour les petites, que les courbes se rapprochent tellement, que ce n'est pas la peine de compliquer les études pour un si maigre résultat : la solution la plus simple est la meilleure, alors même qu'elle exige une plus grande quantité de métal. Done, une des premières choses à faire pour les grandes portées, c'est de réduire, autant que possi- ble, le poids des éléments accessoires; mais cela peut ne pas suflire. Si la limite d'ouverture / du type envisagé se rap- proche de la portée qu'il s'agit de réaliser, il faut de toute nécessité recourir à un système différent. Pour donner une idée des facililés dont dispose l'ingénieur, je dirai, à litre de curiosité, comme très sommaire et de recher- fails, l’on re- millimètre carré, le cenlièmes et résultat d'un calcul ches très rapides que j'ai que, Si kilos peul varier entre présente R en par nombre À trois 15 millièmes. Par conséquent, si l'ingénieur adopte plus rustique, et aussi lroite le système le plus simple, le e plus lourd, de la poutre avec travées indépendantes, ayant une hauteur constante éga- » lant le dixième de la portée, — c’est la solive des constructions architecturales, — on peut admettre que le coefficient À alteindra 3 centièmes; si, au contraire, on emploie un type perfeclionné, du type Cantilever, comme dans le pont du Forth, A peut descendre à une valeur moitié moindre, et cela donnera une économie considérable. On pourrait croire que cette diminution de A correspondra à une réduction égale dans le poids, . c'est-à-dire que le poids sera deux fois moindre avec le type perfectionné qu'avec le type le plus barbare. Ce serait une erreur : le bénéfice sera incomparablement plus grand. ‘ Si, par exemple, nous prenons une arche de 50 mètres, pour le premier pont, le poids sera de 3.300 kilos par mètre courant; le second pèsera 1.400, c'est-à-dire moins de la moitié du premier. Pour l'ouverture de 150 mètres, le premier pèsera 30.000, l'autre 6.000. 1 Si l'on va jusqu'à 200 pour le premier, son poids sera l’«infini» ; tandis que le second ne pèsera encore que 10.000 kilogrammes. De sorte que, au fur elà mesure que l'ouverture augmente, on voit l'intérêt croissant quil y a à rechercher des dispositions ingénieuses et écono- miques; el c'est ainsi qu'on arrive à faire des ouvrages à grande portée en adoptant des types perfectionnés, alors que, si l’on se contentait des dispositions employées pour les petites portées, le. programme serait irréalisable. Enfin, je suppose que l'ingénieur ait constaté que, même avec le coefficient minimum 0,015, il lui est impossible de construire son pont en fer du commerce, parce que la portée est supérieure à la limile d'ouverture L Le . A 4 Il n’a plus qu'une ressource : c'est de se retourner vers le métallurgiste pour lui demander un autre métal. Si le métallurgiste peut lui offrir un produi dont la résistance soit telle que la limile R puisse être doublée, l'ingénieur voit doubler la limite L d'ouverture qu’il peut franchir. C'est ainsi que, s l’on envisage le pont du Forth, établi sur un bras de mer, il est intéressant de reconnailre que cé pont aurait été inexécutable, cinq ou six ans plus tôt, parce que les matériaux qui lui étaient indispensables n'existaient pas. Avec ses disposi« tions, si l'on avait employé le fer puddlé, en con= servant la limite de sécurité en usage, on n'aurait pu atteindre 400 mètres, tandis que l'acier dou qui venait d'entrer dans la fabricalion courante donne comme limite infranchissable 800 mètres: Les ingénieurs ont été à 500 : c'est déjà beau, carl poids croissent avec une rapidité prodigieuse dans ces limites de portée. | JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES 51 La discussion à laquelle je viens de me livrer vient à l'appui de ce que j'ai dit, äsavoir que c'est, en somme, le métallurgiste qui a la clef des progrès . à réaliser. L'ingénieur connait les limites entre les- quelles variera A, mais il ignore l'étendue des pro- grès que pourra réaliser l'industrie mélallurgique. Nous avons construit des ponts de 500 mètres. Le jour où les métallurgistes nous donneront un produit pour lequel la résistance pratique puisse être portée à 36 kilos, par exemple, nous ferons avec la même facilité, et sans augmentation de dépense excessive, un pont d’une portée de 15 à 1.600 mètres. Pour terminer ce sujet, j'aurai à faire justice d'un soi-disant principe de similitude qu'on a invoqué parfois comme une vérité théoriquement démon- trée. Considérons un ouvrage établi dans de bonnes conditions. J'imagine qu'on augmente proportion- pellement, dans un rapport fixe, toutes les dimen- sions de cet ouvrage, longueur, largeur, épais- seurs, que l’on fasse, en somme, un pont semblable. - Il est évident, dit-on, que ce pont présentera les mêmes garanties de stabilité que son modèle: c'est absolument faux. Cela revient au bout du compte à employer la formule : | A s) 12 | Tr — —— C’est l'équation, non plus d'une hyperbole, mais bien d'une parabole. Si cette formule a été établie d'après les résultats d'expérience relatifs aux por- Lées moyennes, elle donne des indications très insuffisantes pour les petites ouv ertures, et encore plus pour les grandes. Si l'on envisage des ouvertures exceptionnelles, elle conduira à des absurdités, en faisant croire qu'une ferme métallique peut encore supporter une charge morte p+s alors qu'elle travaille sous son propre poids au delà de la limite R. Voilà ce que je voulais dire au sujet de l'avenir . des ponts métalliques, qui prête encore à des décou- À vertes et à des applications qui pourront étonne nos arrière-neveux. V Si brève que soit cette étude, je ne saurais la *. clore sans dire un mot de l'esthétique des ponts. Il est de bons esprits qui prétendent que la lai- : deur est un vice incurable, un défaut constitution- - nel de la construction métallique, et qu'un ouvrage de ce genre, bien étudié et bien calculé, est néces- _sairement un objet de répulsion. Je ne crois pas - Que ce soit exact. J'estime que la construction _ métallique, tout aussi bien que la construction © en pierre, peut satisfaire aux goûts d'esthétique du public. N'oublions pas que nous sommes au début de sa mise en œuvre, et que les progrès que peut faire l'Art sont toujours beaucoup plus lents que les pro- grès de la Science, parce qu'il n’y a pas de formule absolue en Art. Non seulement il faut à cet égard une instruction et une éducation du goût, mais encore il est néces- saire que les gens voulant faire quelque chose de beau trouvent les moyens de réussir : ce n’est pas toujours facile. Je ne m'occuperai pas ici de la décoration, des moulures, des teintes, etc. : c’est plutôt une question d’architecture. Je veux sim- plement faire toucher du doigt l’importance du rôle que l'ingénieur lui-même est appelé à remplir à ce point de vue, en ce sens qu'il dépend essen- tiellement de lui qu'une construction, composée d'une véritable « forêt » de pièces, soit belle ou laide; et, dans bien des cas, c'est sa faute si l'effet produit n'a pas été satisfaisant. On trouve encore des gens qui disent : Si une construction métallique, quelle qu'elle soit, a été bien calculée, bien étudiée, cela suffit : elle doit être belle. Cela n’est pas vrai. Une construction métallique calculée avec le plus grand soin, satis- faisant à toutes les règles scientifiques el tech- niques, peut être laide, si l'ingénieur ne s'est pas préoccupé en même temps de la faire belle. A ce propos, quatre ou cinq principes me sem- blent essentiels et indispensables. On voit souvent dans un ouvrage un très grand nombre de pièces qui vont dans tous les sens et qui forment un ensemble confus et incompréhensible pour les non iniliés. Or, la première règle à suivre, c'est de con- sidérer qu'un certain nombre de pièces sont simi- laires : il y en a toujours une série qui jouent le mème rôle, qui constituent un ensemble. Eh bien, si vous avez ainsi dans un ouvrage une quantité de pièces soit comprimées, soit tendues, dont le rôle sera le même, arrangez-vous de facon à en cons- tituer un faisceau géométrique. Si elles sont dans un plan, tâchez de les mettre parallèles ou concor- dantes, aboutissant en un même point, ou dirigées suivant les tangentes successives d’une courbe continue. Si elles ne sont pas dans le même plan, si elles sont réparties dans l’espace, eh bien, il sera bon qu'elles constituent encore un faisceau géométrique: les directions de toutes ces pièces, par exemple des montants d'une pile métallique, se rencontreronten un même point, ou bien ce seront les génératrices d'une surface régulière, d’un cône ou d'un cylindre, d'un paraboloïde ou d'un hyperboloïde. Le spectateur le moins instruit a un instrument 516 d'appréciation extrêmement délicat et perfectionné : c'est l'œil. Si vous le mettez en présence d’un ou- vrage, le paysan pensera : Voilà des pièces qui vont ensemble. On lui demandera: — Avez-vous appris les Mathémathiques ? — Non; mais je le vois bien. Dès que toutes ces pièces font partie d'un système géométrique, l'homme le plus simple et le plus rustique en a le sentiment. Si vous avez classé de la sorte toutes les pièces similaires, l'œil comprendra le pont. Si, au con- traire, les pièces vont dans lous les sens, ce sera un enchevètrement et un fouillis inintelligibles. C'est done une des premières conditions d'un bel ouvrage de présenter un groupement des élé- ments qui le constituent en un certain nombre de faisceaux, qui, pour l'œil le moins avisé, per- mettra immédiatement de dégager sa forme gé- nérale, et de sentir le rôle spécial de chaque pièce. Un autre point essentiel, et qui est quelquefois méconnu, c’est de proportionner l'importance d'un élément au rôle qu'il est appelé à jouer. Supposons qu'un passant dise : Voilà une pièce qui, élant si large, doit jouer un grand rôle. On lui répond : Non pas, c'est une tôle sans épaisseur ; elle a bien moins de résistance que sa voisine, qui est en double T, ou en caisson. L'autre dira : Ma foi, je dis ce que je vois; si elle ne sert à rien, pourquoi l'avoir faite si large ? L'ingénieur n'a pas le droit de souligner ainsi les pièces accessoires, au détriment des éléments essentiels de l'ossature; il doit placer ceux-ci en évidence, et ne pas mettre les figurants devant les premiers rôles. Par conséquent, nous devrons élargir telle pièce importante, s'il le faut, de façon à la faire voir; si, au contraire, c'est un élément accessoire, nous réduirons sa surface en élévalion. Alors même qu'il serait plus commode de mettre une tôle plate, on ne devra pas le faire, et il serait d'autant plus impardonnable de le faire, que le mélal se prête à toutes les combinaisons de forme sans augmentation de dépense; il est tou- jours possible de proportionner l'importance appa- rente d'une barre à son importance effective dans la construction. C'est donc un point très important et essentiel : l'ingénieur, après avoir achevé ses études, doit déterminer exactement les dimensions visibles de ses éléments, en vue de contenter le public et de lui faire comprendre son œuvre; il lui faudra don- ner à chaque membre une largeur proportionnée à son rôle. Les pièces essentielles seront accusées par de fortes dimensions transversales, supérieures à celles des éléments de moindre utilité. Il y a encore deux autres points un peu plus dif- JEAN RÉSAL — LES PONTS MÉTALLIQUES ficiles à exposer, qui me paraissent avoir un grand intérêt : Lorsqu'on bâtit une construction avec du fer, métal élastique, cet ouvrage subit sous son propre poids des déformations et des affaissements, de telle sorte -que la ligne que l’on a établie droite dans les épures se courbe; par exemple, le des- sous des poutres se bombe et forme ventre. Ce. sont des déformations élastiques. Eh bien, dans certains cas, ces déformations n’ont pas d'inconvé- nients en ce qu'elles ne nuisent en rien à l'aspect de l'ouvrage. Dans d’autres cas, au contraire, elles sont fâcheuses; elles donnent à un ouvrage l'air de se mal porter; il y a des « jarrets » dans les courbes, par exemple. En définitive, eela a mau- vaise tournure, C'est encore un point à signaler à l'ingénieur : il lui faut examiner quels seront les déplacements, calculer les déformations verticales, et donner, s'il en est besoin, une cambrure ou contre-flèche qui vienne compenser la déformation première. Quand doit-il le faire? Ce n’est pas loujours utile, c'est bien souvent indispensable, Qui le dira à l'ingénieur? Personne. C'est une question d'art : il faut voir juste, ou bien on doit se reconnaitre incapable de réussir à ce point de vue. Il nous arrivera parfois de trouver que certains ouvrages ont une mauvaise tournure, et ce n'est qu'après des recherches minutieuses faites sur place que nous en retrouverons la cause dans des dé- formations élastiques, très peu perceptibles à l'œil, mais qui néanmoins détruisent l'harmonie de la construction. Un troisième point, tout aussi important avec le métal qu'avec la pierre, c'est la correction des illusions d'optique. L'œil est un instrument lrès précis, mais il a le défaut de déformer les images, si bien que si l’on veut lui figurer une ligne verticale, il faudra sou- vent lui présenter une ligne oblique. Pour arriver à donner à l'œil l'idée d'un ouvrage régulier, on peut être obligé de le faire irrégulier de parti pris; c’est une queslion très délicate à résoudre. C’est ainsi que pour faire apparaitre une ligne comme droite, l'on sera obligé parfois de la tracer courbe, car on aurait beau démontrer avec le niveau qu'elle est parfaitement droite; l'œil la fera voir courbe. Or, comme l’art ne peut être LL EE te Sn SRE Dm pli S it Pr mé va jugé que par le regard, si le regard se trompe, tant pis pour l'ingénieur : c'était à lui de le prévoir et de prendre ses mesures en conséquence. Autrefois, à Athènes, on a construit de très beaux ouvrages, des édifices merveilleux; les architectes romains les ont, plus tard, copiés textuellement, el du coup ces ouvrages se sont lrouvés laids. On en a recherché la raison, el on a élé très surpris de pnstater ceci: étant donnée une colonnade, si l’on it Loutes les colonnes identiques et à égales dis- nces, elle est laide, parce que l'œil déforme ces limensions. Pour ce motif, les architectes grecs gmentaient les dimensions de certaines colonnes et augmentaient ou diminuaient les intervalles des colonnes entre elles. On ne s’en apercevait pas, à moins de prendre des mesures sur place. … Pour que deux pièces paraissent de même dimen- sion, comme deux poteaux, par exemple, il faut uvent que l’un ait une fois et demie la largeur de lautre, parce qu'il est beaucoup plus haut. » Si donc l'on a une longue pièce, il faut aug- enter sa largeur pour l'empêcher de paraitre trop le; si l'on a une pièce verticale, on sera parfois conduit à l'incliner ; cela dépendra non seulement le la pièce elle-même, mais des pièces voisines dont aspect réagit sur le sien. > Voilà, par exemple, un mur qui a l'air d'être en surplomb, bien que son parement soit rigoureu- ment vertical : c'est qu'il repose sur un ter- in en pente : il est donc nécessaire de donner à mur du fruit, si l'on veut faire disparaitre la sensation d'instabililé que le spectaleur ne man- [uera pas de ressentir. On dira : Voilà bien des règles, très intéres- santes, mais bien générales et bien vagues : com- ment faire pour les appliquer de manière sûre ? Malheureusement, nous ne sommes plus dans le _ D: LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES 517 domaine de la Science, mais dans le domaine de l'Art. Chacun, en cette matière, est livré à son appré- ciation. Tel connaît les règles et fait de mauvaise besogne ; tel qui les ignore s'en tire bien, parce qu'il arrive instinctivement au résultat voulu, L'im portant est de ne pas négliger ce côté de la ques- tion et de s’efforcer de le résoudre avec tout le goût dont on est capable. Je répondrai donc à ceux qui accusent de laideur les ouvrages métalliques: Si certains ouvrages vous paraissent laids, cela prouve que ceux qui les construisaient ne s'y entendaient pas. Mais je pré- tends qu'il peut y avoir des gens qui s'y entendent, qui n'auront pas passé peut-être par des écoles techniques, mais qui feront aussi bien et mieux que les gens les plus instruits; et à supposer qu'en cinquante années nous ne soyons pas encore arrivés à des résultats satisfaisants, qu'on nous donne les vingt siècles durant lesquels l'architecture de pierre s'est développée et perfeclionnée, et je ne doute pas que nous n’arrivions à des résultats tout aussi satisfaisants. Les progrès de la Science peuvent être rapides el parfois presque foudroyants. Ceux de l'Art sont lents et exigent des siècles pour éclore et se déve- lopper ; ils Subissent parfois des reculs brusques, mais n’avancent jamais qu'à force de temps. Jean Résal, Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées. De nos jours, deux théories cherchent à expli- Mer la production des changements humoraux jui surviennent dans l’économie des animaux au ours de l’immunisation; l'une voit leur origine Seulement dans l'activité des phagocvytes: l'autre à conteste pas ce fait, mais elle est plus générale C'est surtout de la Chimie que la Physiologie cellulaire Ja Bactériologie attendent aujourd'hui leur progrès. Il emble que des nouveautés d'ordre doctrinal ne pourront paraitre en ces Sciences et s'imposer avant que le chi- ste ait réussi à définir les produits les plus actifs de la le qui envahit l'organisme et de celle qui lutte contre ection et l'intoxication. Tant que la structure et les ions dominantes de ces espèces chimiques demeure- inconnues, les biologistes seront vraisemblablement its à des hypothèses pour expliquer dans leur méca- e profond les phénomènes si curieux d'attaque et de élense que décèlent leurs expériences. Depuis quelques nées, à la suite de découvertes d'ordre physiologique qui iMênent forcément à chercher une action chimique dans processus de l'immuuisation contre l'infection et contre intoxication, des hypothèses ont surgi qui, en attendant Svraies démonstrations, peuvent rendre quelques services. Sthéories provisoires sont, en général, très compliquées, élant grossies chacune de tout un cortège d'hypothèses REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES ‘ et admet que toutes les cellules peuvent y prendre part. Je veux parler de la théorie de Metchnikoff, et de la théorie des chaïnes latérales d'Ehrlich. La première est bien connue, car elle date de longtemps et a suscité déjà un nombre considé- rable de recherches. Selon cette théorie, les pha- satellites destinées à corriger leurs discordances trop évi- dentes avec les faits plus récemment mis au jour. Parmi ces systèmes il en est un qui, principalement en Allemagne, parait gagner beaucoup d'adhérents : c'est celui d'Ebrlich, dit des récepteurs ou des chaînes latérales ; mal- gré la faveur dont il jouit près d'un grand nombre de bac- tériologistes, on doit reconnaitre qu'il constitue un essai d'interprétation à priori plutôt qu'uve doctrine édifiée, dans toutes ses parties, sur l'observation positive. Quoi qu'il en soit, et malgré cette insuffisance, la théorie d'Ehrlich con- quiert une telle place dans la science, elle est, à l'heure actuelle, acceptée comme guide par tant d'expérimentateurs spécialistes, que personne, dans le monde biologique, ne peut plus se dispenser de l’examiner. En lui consacrant aujourd'hui un article développé, nous ne nous dissimu- lons pas les objections dont elle est passible; nous dési- rons simplement la faire connaitre et la soumettre à la critique. (NOTE DE LA DIRECTION. FL* 18 gocytes non seulement incorporent et digèrent les microbes, ce qui est le vrai rôle phagocytaire, mais sécrétent ou laissent échapper, sous l'influence d'actions qui les endommagent, les substances bactéricides, antitoxiques, etc., qu'on trouve ensuite dans les humeurs des organismes réfractaires. Ces substances ne seraient même, selon Metchnikoff, que leurs ferments digestifs, lesquels, dans les conditions normales, demeurent à leur intérieur. Cette doctrine s'appuie sur un assez grand nombre de faits très bien établis. La deuxième théorie, dont nous devons nous occuper, est encore assez récente et en voie de développement. Elle cherche à pénétrer plus inti- mementle mécanisme d’après lequel se produisent les changements de composition des humeurs. Selon cette théorie, on doit admettre d'abord que le protoplasma de toutes les cellules contient des groupements atomiques qui ne sont pas chimique- ment bien saturés et qui se projettentlibrement, en dehors de la surface cellulaire, dans le milieu envi- ronnant. Ehrlich appelle récepteurs ou chaïnes laté- rales ces parties constitutives des cellules; nous n en connaissons ni la composilion ni la structure : tout cela rentre dans le domaine de l'hypothèse. Les récepteurs joueraient un rôle très important dans la nutrition des éléments cellulaires ; en effet, ils serviraient à fixer les molécules alimentaires nageant dans le plasma environnant. La combinai- son ainsi formée serait très instable, et les parties alimentaires liées aux récepteurs pourraient facile- ment être soustraites de nouveau, et incorporées dans l'intérieur des cellules, pour y être assimilées el mélamorphosées dans l'accomplissement des actes vitaux. L'action des toxines consisterait à se fixer sur ces récepteurs et à produire des combinaisons assez slables, empêchant les métamorphoses nutritives de s'accomplir. Elles apporteraient de plus des groupements toxiques qui altéreraient la compo- silion intime et le fonctionnement régulier des cellules. Pour pouvoir donner origine à ces com- binaisons, les molécules de la plupart des toxines devraient posséder aussi un groupement atomique non Ssaluré, qui irait se fixer aux récepteurs, et qu'Ehrlich appelle haptophore, et un groupement vraiment toxique, qu'Ehrlich nomme toxophore. Si tous les récepteurs d'une même espèce sont rendus inactifs en même temps par les molécules toxiques, les cellules qui les possèdent deviennent incapables d'accomplir normalement leurs échan- ges matériels et meurent plus ou moins vite. Mais. si, comme cela arrive quand on injecle des doses faibles ou non mortelles de toxine (dans les immu- nisations), une partie seulement de ces récepteurs est rendue inactive, les autres continuent à ac- D: LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES complir plus ou moins bien les actes de nutrition : les cellules souffrent, elles ressentent un dommage partiel, mais peuvent survivre. Dans ce cas, elles finissent par se débarrasser des récepteurs fixés aux molécules de toxine et deve- nus pour elles inutiles ou dangereux, et elles les remplacent par d'autres. Ces récepteurs néo-formés : se détachent facilement, et, à leur place, il s’en forme de nouveaux; en d’autres termes, il y a sur- | production de récepteurs, qui deviennent libres et circulent avec le sang. Une telle surproduction n'a rien qui puisse sur- | prendre, parce que nous constatons assez souvent … des faits semblables en nature. J'en donnerai quel- ques exemples. Quand un muscle travaille, il perd | une certaine quantité des substances qui consti- … tuent sa masse; ensuite, non seulement les subs-. tances perdues sont élaborées de nouveau, mais elles le sont en plus grande abondance, et le muscle s’hypertrophie : c’est là un effet bien connu des exercices physiques. Si à un animal on injecte des doses faibles de substances hémolytiques, c’est-à- dire de substances qui dissolvent les globules san- guins, on constate que, les globules disparus, il s’en produit de nouveau, mais souvent il s'en reforme une quantité plus grande (Metchnikoff, Besredka, Cantacuzène). On pourrait facilement augmenter le nombre des exemples. Les vraies raisons mécaniques de ces faits nous échappent, mais ils n'en constituent pas moins une règle assez générale. On peut donc admettre que les récepteurs sont produits avec excès et se trouvent libres dans le sérum et dans les autres humeurs de l'orga- nisme. Si, maintenant, l'on injecte la toxine viru lente ou si cetle toxine est produite au cours d'une infection, elle trouve ces récepteurs et se combine avec eux. De cette façon les molécules toxiques ne peuvent plus aller endommager les cel lules; en d'autres termes, les humeurs sont devenues antitoxiques. L'ensemble des récepteurs ainsi déla chés des cellules, et qui circulent dans l'économie à l'état de liberté, constitue l’antitoxine ou substance immunisante. I sont susceptibles d'acquérir cette aptilude. Nalus rellement, cela n'exclut pas l'intervention d phagocyles dans cerlains cas et même dans plupart. | Il convient de remarquer, pourtant, que la tox D° LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES 519 cessairement très grande; une atteinte même assez légère, et qui ne se traduit par aucun phénomène extérieur bien manifeste, peut suffire pour stimu- ler les cellules à élaborer des antitoxines, ou mieux des substances antagonistes ou anticorps, parce qu'elles ne méritent pas toujours le premier nom. Même les injections des sérums sanguins ou des laits de différentes espèces animales peuvent déterminer la production de substances qui agis- sent d'une façon assez spécifique sur les albumines ou les caséines injectées, en les coagulant. Ce pro- - cédé a été appliqué à la Médecine légale et pra- tique et à l'Hvgiène par Ublenhuth, Wassermann, Leclainche et Vallée, afin de reconnaitre le sang humain, les différentes espèces de viandes, l’al- bumine présente dans l'urine, etc., et l’on s'en sert déjà. D'autre part, Bouchard, Behring et Kita- sato, Brieger et Fränckel, Vaillard, Ehrlich, Phi- salix et Bertrand, etc., ont fait la constatation, de la plus haute importance, que, si l’on soumet quelques toxines (produits solubles du Bacillus pyocyaneus, toxine dipthérique, abrine, poisons des serpents, etc.) à cerlaines manipulations phy- siques ou chimiques (échauffement, aclion de - l'iode ou de ses composés, etc.), elles perdent - presque complétement leur pouvoir toxique, mais, | malgré cela, gardent leur pouvoir immunisant. Donc, entre ces deux pouvoirs, iln’y a pas de paral- - lélisme ni de rapport manifeste. Ehrlich explique + ces faits en admettant que la partie toxique des + molécules de toxine est brisée ou décomposée par - les différentes manipulations auxquelles on les assuieltit, et changée en une partie peu toxique, ou bien qu'elle est tout à fait perdue, tandis que l'haptophore, c’est-à-dire la partie capable de se lier aux cellules de l'organisme, reste intacte et est toujours apte à exercer son rôle. Les toxines ainsi s modifiées ont été appelées foxoides par Ehrlich. j \ l'indépendance du groupement toxophore et du groupement haptophore; mais, évidemment, cette - conception ne peut être valable que pour quelques unis d'une façon tout à fait intime, et même qu'ils constituent une seule molécule, comme dans les “intoxications produites par des substances chimi- LA * — quement élémentaires (phosphore). —. D'après Ehrlich, une toxicité trop grande des “substances injectées serait même dangereuse el empécherait l'immunité de s'établir, parce que les altérations produites sur les cellules pourraient être trop grandes et les affaiblir d'une façon dura- ble ou les tuer. C’est ainsi que, si l'on emploie dès labord la diphtérine ou la tétanine non alténuées, on ne réussit que très péniblement à conférer l’im- munité contre ces substances; les animaux devien- nent toujours plus sensibles et, à la fin, ils meurent cachectiques. Au contraire, si l’on injecte d'abord les poisons atténués, l'immunité s'établit, etensuite les animaux peuvent supporter|les poisons actifs. On comprend très bien que loutes les substances étrangères ne soient pas capables de déterminer la production d'anticorps. Pour que ce fait arrive, certaines conditions doivent être remplies. D'a- bord, il est nécessaire que ces substances trouvent dans l'organisme des récepteurs adaptés, auxquels elles puissent s'unir. En deuxième lieu, même dans ce cas, elles ne doivent pas être aisément assimilées et servir comme substances alimentaires; en somme, elles ne doivent pas s'adapter aux mé- tamorphoses nutritives ordinaires des cellules. Enfin, il est nécessaire que non seulement les cel- lules endommagées se libèrent de leurs récepteurs rendus plus ou moins inactifs, et qu'elles les rem- placent, mais aussi qu'elles acquièrent l'aptitude d'en produire d’autres en abondance et de les met- tre en liberté. C’est peut-être parce que celte der- dière condition ne se réalise pas que le sérum de lapin, quoiqu'il soit franchement toxique pour le cobaye (Uhlenhuth), injecté à cet animal, ne pro- voque pas la formation d'un anticorps coagulant (Bordet), comme le font les sérums d’autres ani- maux. Il faut ajouter, pourtant, que la présence d'anticorps ne doit pas se rendre toujours mani- feste par le phénomène physique de la coagulation ou de la précipitation, comme on est souvent dis- posé à l’admettre; donc, on ne peut pas encore af- firmer avec certitude que des anticorps manquent réellement dans ce cas. Il peut arriver, d’une facon exceptionnelle, que certaines espèces de récepteurs ne remplissent pas un rôle très important ou absolument indispen- sable dans la nutrilion, et alors les cellules qui les possèdent peuvent, sous l’excitalion des toxines, s’en débarrasser et ne plus les reproduire. C’est ce qui aurait lieu, par exemple, pour les globules rouges de beaucoup d'animaux quand on pratique des injections de certaines substances hémoly- tiques, c’est-à-dire de substances qui agissent en dissolvant ces éléments. On observe, en effet, que les globules sur lesquels portait l’action toxique acquièrent une résistance qu'ils n'avaient pas d'abord (Kossel, Gley, etc.); dans ce cas, selon Ehbr- lich, ils auraient perdu les récepteurs qui attiraient sur eux les molécules nocives des substances hémolytiques injectées. C’est là un des plus beaux exemples qui démontrent la part aclive que les cellules directement lésées prennent à limmuni- sation, en dehors de toute action phagocytaire. Ehrlich a expliqué d'une façon assez simple le mécanisme de cette perte si caractéristique. Les 520 D" LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES récepteurs qui sont devenus libres dans les humeurs se combinent non seulement aux molécules des toxines, mais aussi aux molécules alimentaires ; par conséquent, ces dernières ne peuvent plus être capturées par les récepteurs fixés encore aux cel- lules. Dans ces condilions, ces récepteurs ne rem- plissent plus leurs fonctions habituelles: ils devien- nent inutiles pour les cellules qui les possèdent, et, peu à peu, ils seraient perdus, comme toute partie inactive; on aurait donc une atrophie par défaut de fonction. Ce processus serait sans dommage pour les cellules, surtout quand les molécules alimen- aires peuvent être remplacées par d’autres de nature différente, de la même manière que, dans la nutrition générale, une substance ternaire, comme la graisse, peut prendre la place d'une autre sub- slance ternaire, telle que le sucre. Selon Ebrlich, il y a déjà normalement dans le sang un certain nombre de récepteurs libres; cela explique la présence d'anliloxines dans le sérum d'animaux neufs. Pendant l'immu- Groupement Les premières sont bien connues dans le monde médical, à cause de l'application que Widal en a imaginée pour le diagnostic précoce du typhus ab- dominal. Elles consistent dans le fait que, si l'on mélange un peu de sérum (ou d'une humeur quel- conque) de l'animal traité avec une émulsion des cellules ou des microbes qu'on lui a injectés (ou bien qui ont produit en lui l'infection naturelle), ces éléments se rassemblent en amas plus ou moins grands et serrés. Ce n'est là qu'un fait mécanique, mais il révèle que les microbes ou les autres cellules ont changé leur constilulion, en s'unissant avec une substance qui était dissoute dans le sérum et qui a altéré leurs rapports d'attraction réciproques. En général, les substances qui agissent de cette facon, c'est-à-dire en se fixant sur les cellules étran- gères, ne les lèsent en rien; par exemple, les mi- crobes continuent à se multiplier très énergique- ment, tout en restant toujours agglutinés. Si l'on adopte les vues d'Ehrlich, il fau! admettre pourtant que ces subslances neu- nisalion,ondéler- “*7/9% Groupement tralisent plus ou minerait seu- NO moins les grou- lement une sur- à. DA Aepter de pements toxopho- production de ces “4 a res et en modi- substances, mais te à 557 fient la consti- elles seraientiden- . a {1} fc . \/ . tution intime de. tiques dans les 1 2 3 façon à les rendre deux cas. Fig.1.— Schéma de la production de l'antitoxine d'après la théorie d'Ehrlich. MOins dangereux. La figure 1 re- Lessubslances qui présente les phases principales de cette produc- lion. Il immunisantes dont nous avons parlé jusqu'ici agissent en se Les substances prolectrices ou combinant simplement avec les molécules étran- gères pour en neutraliser l'action, et Ebrlich les appelle récepteurs de premier ordre. Mais, d’autres fois, le mécanisme de l'immunisation est plus com- plexe, et Ehrlich distingue encore des récepteurs de deuxième et de lroisième ordre. A la différence des premiers, ceux-ci agissent surtout sur des éléments figurés, c'est-à-dire sur des cellules. Quand on injecte à un organisme des cultures bactériennes vivantes ou luées, ou des cellules homomorphes d'un animal quelconque (globules rouges, substance nerveuse brovée, etc.), ou bien quand cet organisme subit une injection naturelle. on conslale que ses humeurs acquièrent graduelle- ment des propriétés qu’elles n'avaient pas d'abord, ou qu'elles n'avaient pas à un degré aussi élevé. Deux de ces propriétés sont surlout imporlantes et ont été bien étudiées : les propriétés agglutinatives elles propriétés dissolvantes. possèdent ces propriétés ont été appelées par Ehr- lich récepteurs de deuxième ordre. I va sans dire que, quelquefois, leur action ne doit se rendre mani- fesle par aucun phénomène agglutinatif, c'est-à-dire quand les rapports des forces attractives entre les cellules étrangères ne sont pas changés. Du reste, dans certains cas, l'agglutinalion a lieu seulement in vitro, en présence de l'oxygène, et elle manque dans l'intérieur de l'organisme, comme l’a prouvé Salimbeni pour le choléra; ce n'est donc pas lacte mécanique en lui-même qui doit jouer un rôle dans la défense de l'économie. D'autre part, il est pro- bable que l'action de certaines substances para- lysantes et bactéricides est tout à fait identique à celle exercée par les substances agglutinatives. Ebrlich admet que même des produits chimiques complexes (albuminoïdes) peuvent être modifiés de cette façon; par exemple, les phénomènes de coa- gulalion, dont nous avons parlé, seraient dus à des récepleurs de deuxième ordre plutôt qu'à ceux du premier. Dans certains cas, en effet, on a pu établir que les mêmes substances qui produisent l'aggluti- nalion sont capables de déterminer des phéno-. mènes de coagulation; Gruber, par exemple, et beaucoup d'autres après lui ont démontré que les A ES Éd ds D' LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES 521 sérums qui agglutinent certains microbes font ap- paraitre un précipité dans les filtrés de leurs cul- lures en bouillon. D'autre part, Carbone, Sidney- Wolf, Lévy et Bruns, Rodella, Wassermann, etc., ont vu que ces mêmes fillrés, injectés à des animaux, déterminent la production de substances qui agglu- tinent les microorganismes qu'on y avait cultivés. Les molécules toxiques liées aux microbes peuvent donc s'en détacher, et se trouver libres dans le milieu de culture, tout en gardant leur constitution etleur aptitude à provoquer l'élaboration des agglu- linines. C’est toujours aux mêmes substances qu'on à affaire, et les récepteurs qui produisent le phénomène physique de l’agglulination quand ils agissent sur des molécules toxiques qui font encore partie du corps des microbes, déterminent le phé- nomène physique analogue de la coagulation quand ils agissent sur des molécules devenues libres. Les récepteurs de deuxième ordre sont plus com- plexes que ceux de premier, el Ehrlich admet qu'ils résultent de deux groupements distincts (fig. 2, A). Un d'eux ser- dont nous avons parlé tout à l’heure. Souvent une telle associalion constitue même une entrave dans l'étude de ces phénomènes. La dissolution est très facile à observer : si l'on mélange le sérum d'un animal avec les éléments cellulaires qu'on lui a injectés ou qui ont produit en lui une infection naturelle, on constale qu'ils perdent leur forme ordinaire, en prennent une ondulée ou arrondie, et, peu à peu, se réduisent en fragments et disparaissent. Le phénomène s’ac- complit aussi bien pour des cellules bactériennes (par exemple, avec les vibrions du choléra) que pour des cellules animales (par exemple, avec des globules sanguins). Les propriétés dissolvantes sont dues à l’action corrélalive de deux substances. En effet, si l’on réchauffe pendant un certain temps entre 55-65° C. le sérum actif (c'est-à-dire le sérum d'un animal immunisé), on voit qu'il perd tout à fait le pouvoir de produire la dissolution; mais il le recouvre si, ensuile, on y ajoute du sérum d'un animal neuf, qui, par lui seul, op À JG Mbléeule de toi : virail à retenir les Groupement TER (qu clé & est incapable de ; % ymophore | de torire _Ælerire d'abord à la : : molécules alimen- L US cellule étrangère) (toute action dis- ‘ 2T'OUJDOITLETT 0 taires, ou bien les Xymotorique à solvante manifes- molécules ou les S Haptophore = = te. Donc, la cha- cellules toxiques; lÉACPES We 0e leur à détruit une d'où le nom de Févepteur de RE) ; VE E Ca) Æaprophore substance qui se A vs 227 opdre/ complementophile: € re torophzle e 2e haptophore cy . 1 : trouve aussi a. hile ou toxophile. ; se ‘ le sérum norma pe 1 = Fig. 2. — Schéma des récepteurs des 2e et 3e ordres. : PRET L'autre modifie- etilenalaissé une rail ultérieurement ces parties, en changerait la composition, et quelquefois les briserait en parties plus simples. Ehrlich l'appelle groupement zymo- phore, parce qu'il peut accomplir des actions ana- logues à celles qui sont produites par certains fer- ments, lels que le lab. Dans les conditions nor- males, sa fonction serait d'agir sur les molécules alimentaires liées aux groupements haptophores pour les briser en morceaux plus facilement assi- milables. Les deux parties constitutives des récep- teurs de deuxième ordre seraient unies très inli- mementensemble : en effet, même un réchauffement à 70° C. ne réussit pas à les séparer et à rendre inactifs les sérums qui les contiennent. Les récep- teurs de deuxième ordre seraient produits dans l’économie d'une facon tout à fait identique à celle que nous avons déjà exposée pour l'antitoxine; c’est-à-dire que les cellules ou les molécules albu- minoïdes étrangères se lieraient, par leurs chaines haptophores, aux récepteurs de l'organisme, et en détermineraient la chule et la surproduction. III Les propriétés dissolvantes se trouvent associées avec une grande fréquence aux autres propriétés plus résistante, qui manque dans ce sérum; la dissolution ne peut s'accomplir sinon lorsqu'elles sont présentes ensemble. Cette importante décou- verte a été faite par Bordet. On voit qu'il n’a été possible de séparer et d'étudier ces deux substances que parce que l’une d'elles résiste à une température qui détruit l'autre, et celle-ci pouvant, de son côté, être obtenue par une voie différente. Cela fait supposer que, dans d’autres circonstances, nous devons êlre nécessai- rement amenés à considérer comme un produit unique un mélange de différents produits unique- ment parce que nous ne réussissons pas à les isoler. Il ya, en Bactériologie, peu de phénomènes qui aient été étudiés autant que le fait découvert par Bordet; il y a peu de substances qui aientreçu un plus grand nombre de dénominations différentes que les deux corps isolés par cet auteur. Je me bornerai ici à en faire une énuméralion, qui sera, sans doute, incomplète. La substance qui résiste à l’action de la chaleur a été nommée : substance thermostabile, substances ensibilisatrice, substance immunisante, corps intermédiaire, ambocepteur, copula, récepteur de troisième ordre, phylocy- tase, desmon, sensibilisateur, ele. ; la substance qui 522 D' LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES substance cylase, est détruile par la chaleur a été appelée: thermolabile, corps therminal, alexine, complément, addiment, etc. Pendant le processus d'immunisation apparait de préférence, ou exclusivement, la première subs- tance, qui, en conséquence, doil être considérée comme la seule vraiment immunisante. La quantité de l’autre reste à peu près stable (Bordet). Ehrlich et Morgenroth ont découvert que l'am- bocepteur (ou substance immunisante) est fixé par les éléments cellulaires qui ont provoqué sa forma- tion. En effet, si l'on met l’ambocepteur seul, obtenu en réchauffant le sérum d'un animal im- munisé, en contact avec ces éléments, ils le fixent et en dépouillent le liquide; toutefois, ils ne sont pas modifiés par cette union. Ensuite, si les élé- ments ainsi traités sont mis en contact avec de l'alexine, la dissolution s'accomplit. Au contraire, l'alexine seule n’est pas capable de se fixer sur des cellules quin’ontpasabsorbé d'abord l'ambocepteur. Le rôle de l’ambocepteur est interprété d’une facon différente par Ebrlich et par Bordet. Selon Ehrlich, il agirait comme un trait d'union entre la cellule étrangère et l'alexine, qui apporte la vraie action dissolvante, et sans laquelle il se montre in- capable de toute action. Il diffère donc des autres substances immunisantes dont nous avons déjà parlé, parce qu' 4 n'est pas capable d'agir seul. Ses molécules (fig. 2, B) seraient formées par un noyau indifférent, auquel sont liées non plusune,maisdeux chaines haptophores, dont l'une présente de l'affinité pour la cellule étrangère (cellulophile ou toxophile), et l’autre sert à fixer l’alexine (complémentophile). C'est pour dénoter ce double lien qu'Ehrlich Jui a donné le nom d'ambocepteur. L'alexine, à son tour, résulterait d'un noyau moléculaire qui apporte le pouvoir dissolvant, et qu'Ehrlich appelle groupe- ment zymotoxique, et d’une chaine haptophore qui Le terme de groupement zymotoxique est employé par Ehrlich afin de signifier que sert pour la fixer à l'ambocepteur. l'alexine est capable de pro- duire une action nocive sur les cellules étrangères, en déterminant leur dissolution, comme le feraient des zymases ou ferments; mais il ne doit faire sup- poser aucune identilé véritable avec les fermentatifs. phéno- mènes Au contraire, l'union des deux subslances dissolvantes avec les cellules étrangères s'accomplirait dans des conditions égales à celles des combinaisons chimiques. D'après Ehrlich, il y aurait donc une analogie de ordre la seule différence qui les étroite entre les deuxième et les distingue est que les premiers possèdent en eux- récepteurs ambocepteurs : mêmes le groupement destiné à modifier les cel- lules étrangères, landis que, chez les ambocep- teurs, c'est l’alexine qui l'apporte. Bordet donne une explication toute différente du mécanisme de la dissolution. Il admet que lambo- cepteur agit en modifiant la constitution des cel- lules étrangères, de facon à les rendre plus sensi- bles à l'action de l’alexine, qui, dès lors, pourrait s'y unir et exercer son action dissolvante, tandis qu'elle ne pouvait pas le faire d'avance. De là, le terme de substance sensibilisatrice employé par Bordet. L'alexine et l’ambocepteur s’uniraient donc séparément, et d'une facon indépendante, aux cel- lules sur lesquelles ils agissent. On pourrait sup- poser un rôle de la substance sensibilisatrice analogue à celui par lequel un atome ou un radical halogéné ou acide (CI, CAz, AzO?, etc.) en s'unissant à la chaine fermée du phénol change tout l'équilibre moléculaire, et communique à l'oxy- gène de l’oxydryle une très forte affinité pour des éléments ou pour des radicaux métalliques. En réalité, Bordet n'admet pas qu'il s'agisse d’une simple réaction chimique; mais il voit plutôt dans l'action de la substance sensibilisatrice un rôle ana- logue à celui des mordants dans la teinture des étoffes. Il est difficile de se former une idée bien nette de ces actions, comme il est difficile aussi de bien interpréter les recherches sur lesquelles se base Bordet pour arriver à ces conclusions. En tout cas, il s'agit d’une question assez importante pour la théorie d’'Ebrlich, parce que cette théorie exige- rait qu'on soit en présence d'une simple réaction chimique, c'est-à-dire d'une réaction qui s'accom- plit selon la loi des proportions définies. En effet, il estévident qu'une molécule d'ambocepteur ne pour- rait s'unir, d'après sa constitution, qu'à une seule molécule d’alexine et à une de toxine. Une explication très ingénieuse du phénomène de la dissolution a été donnée aussi par Nolf. Cet auteur admet que les substances dissolvantes se fixent, selon le mécanisme admis par Bordet, sur les seules membranes des globules sanguins, ou des autres cellules sur lesquelles elles agissent, et les rendent plus perméables, de facon que l'hémo- globine et, en général, les subtances contenues dans l'intérieur des cellules peuvent en diffuser plus facilement, et que l’eau, à son tour, peut y pénétrer en grande quantité, en leur donnant la forme ronde dont nous avons déjà parlé, et qui est très caracté- ristique pour les cellules en voie de dissolution. A la fin, elles peuvent éclater et disparaitre. On aurait ‘done une combinaison chimique suivie d’un phé- nomène physique (de diosmose). J'ajouterai que Baumgarten et d’autres ont cher- ché à ramener le phénomène de la dissolution à àun. acte physique simple. Il va sans dire que l’action combinée des ambo- cepteurs et de l'alexine ne doit pas se rendre tou-. jours manifeste par la dissolution des éléments cel-. | re D' LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES 523 ———————_ ulaires sur lesquels ils se fixent. Quelquefois, en effet, ces éléments restent tout à fait intacts, et . même leur vitalité n’est pas atteinte, et c’est seule- ont réussi à démontrer leur union avec les deux substances en question. . L'élaboration des 'ambocepteurs ou récepteurs . de troisième ordre‘ aurait lieu d’une facon iden- . tique à celle des récepteurs des autres espèces, sauf que, dans ce cas, l'organisme profiterait de l’alexine déjà présente à l’état de liberté dans les humeurs, ou fixée d'une facon instable aux leucocytes, pour lui faire accomplir son rôle dis- solvant. Les récepteurs des trois ordres se trouvent presque toujours présents en faible quantité dans les sérums des animaux neufs; ce n'est que pen- dant l'immunisation qu'ils seraient produits en | abondance. + Selon Ebrlich, tout récepleur est spécifique, c'est-à-dire qu'il agit sur une seule espèce de . toxines ou de cellules ou, mieux, sur des toxines ou - des cellules qui possèdent des groupements hapto- phores déterminés, auxquels on pourrait donner - le nom d'homodynamiques. Quelques expériences . de Calmelte et de Dunger semblent plaider en faveur de l'existence de tels groupements hapto- phores; elle est, d’ailleurs, nécessaire si l’on ne veut pas admettre que l'organisme puisse con- tenir une quantité presque infinie de récepteurs différents. - Tout de mème, en règle générale, quand un sé- rum est capable d'agir sur différents éléments ou substances, c'est qu'il possède différentes espèces de récepteurs. Cela n'a pas été encore démontré jusqu'ici pour les récepteurs de premier ordre, ais l’a été d’une façon assez précise pour ceux des eux autres espèces. Ehrlich admet que chaque sérum contient aussi lusieurs espèces de compléments, ce qui a été prouvé dans quelques cas par Ehrlich et Morgen- roth, Neisser, Wassermann, Wendelstadt, etc. " J'ajouterai que, si l'on injecte à un animal des récepteurs spécifiques ou des compléments déter- -minés, on obtient assez souvent des produits anta- gonistes, c'est-à-dire qui, mélangés avec eux, agissent en neutralisant leur action. Les sub- Stances immunisantes el les compléments se com- CE CPP ET EC PA ! Ebrlich préfère la dénomination de récepteurs de troi- Sième ordre quand ces parties sont encore unies aux cel- Jules et capables d'exercer leur rôle physiologique, et celle d'ambocepteurs quand elles sont devenues libres. Il appelait d'abord corps intermédiaires ou corps immunisants les ambocepteurs, selon qu'ils étaient présents dans les hu- meurs des animaux neufs ou des animaux traités; mais, dans la suite, il a reconnu qu'il s'agit des mêmes substances ; donc un terme unique était mieux indiqué. ment par une voie détournée que Bordet et Gengou : portent done comme des substances élrangères ou toxiques quelconques. Ainsi, Bordet et Metchni- koff, en injectant des sérums hémolytiques ou spermotoxiques (c'est-à-dire des sérums qui dissol- vaient les globules rouges ou qui tuaient les sper- matozoïdes, et qui avaient été obtenus par des injections répétées de ces deux espèces de cellules), ont déterminé la production de substances anti- hémolytiques et anti-spermotoxiques. Dans les deux cas, il y avait en même temps un anti-com- plément et un anti-ambocepteur; mais, d’autres fois, il n’a pas été possible d'obtenir des anti-ambo- cepteurs, et, en général, il est plus facile de déter- miner la production de corps antagonistes pour les compléments. Les substances antagonistes spéciales dont nous nous occupons peuvent se trouver déjà, comme toute autre espèce de ces substances, dans le sérum des animaux neufs. Par exemple, Neisser et Wechsberg ont vu que le sérum de chèvre peut rendre inactif un complément contenu dans le sérum d'une espèce différente, le lapin; pourtant, on doit l'employer en forte quantité pour qu'il puisse manifester cette action. Une observation intéressante à faire est que les compléments continuent à provoquer la formation de substances antagonistes, même si d'abord on les rend inactifs par un réchauffement à 55-60° C. (Ebrlich et Morgenroth); donc ce traitement ne les a pas détruits complètement, mais il a laissé intacte leur chaîne haptophore; il les a transfor- més, en somme, dans des corps qui ont perdu seu- lement une partie de leurs propriétés et qu'Ehrlich appelle complémentoides (par analogie avec les toxoïdes). Ebrlich et Sachs ont démontré que la présence des complémentoïdes peut altérer notablement les résultats auxquels on parvient dans les études rela- tives à la dissolution, et en rendre assez difficile l'interprétation exacte, parce que ces substances jouissent toujours d’une forte affinité pour les cel- lules étrangères liées à l’ambocepteur. Cette affinité, d’ailleurs, varie avec la température et avec la pré- sence de certains sels, ce qui permet de déceler directement la présence des complémentoiïdes et de se soustraire à leur action. D'après Ebrlich, avec la théorie dont il est l’au- teur, on n'invoque plus des causes téléologiques pour expliquer l’origine des changements humo- raux qui accompagnent l'immunisation; mais, évi- demment, la téléologie n'a pas encore élé entière- ment écartée de la théorie d'Ebrlich. Seulement, on doit reconnaître qu'on a fait reculer les limites du problème : c'est toujours de celle façon qu'on pro- gresse dans les sciences naturelles. 524 D' LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES TM La théorie de Metchnikoff explique d'une facon assez complète un grand nombre de faits : pour en donner quelques exemples, la production des anti- toxines arsénicales, si bien étudiée par Besredka, l'origine des alexines, ete. Les nombreuses objec- tions faites à cette théorie n'ont jamais résisté à une crilique tant soit peu serrée; toulefois le parallélisme, admis par Metchnikoff, entre ces ac- tions et les phénomènes digestifs n’est pas toujours évident. Mais il y a des faits qui ne peuvent pas êlre interprétés par cette théorie, ou peuvent l'être assez mal. Aïusi, dans la production de l’aggluti- nine du typhus, de l’antitoxine tétanique chez les Mammifères, ou des ambocepteurs, on ne peut invoquer aucun rôle bien évident de la part des phagocytes. Par contre, la théorie d'Ehrlich non seulement explique ces faits, mais elle em- brasse tous ceux qui s'adaptent à la théorie de Metchnikoff. De plus, elle s'est montrée capable d'expliquer nombre de faits et de particularités nouvelles au fur et à mesure qu'on les a découverts, et a permis de faire des prévisions qu'ensuite les résultats expérimentaux ont justifiées. J'en apporterai quelques exemples. La télanine, qui, pour les Mammifères, est le plus puissant des poisons bactériens, agit surtout sur les centres moteurs du système nerveux; en effet, elle provoque des fortes convulsions toni- ques, qui, mème à une très faible dose, finissent par arrêter la respiralion. Si l’on dépose ou si l'on injecte cette substance dans le cerveau, la mort est instantanée. Donc, le système nerveux — et plus spécialement le cerveau — doivent contenir des récepteurs aples à fixer la toxine télanique. Dès lors, si elle est injectée avec de la substance nerveuse broyée, les récepteurs qui sont contenus dans celle substance doivent la fixer, et pourront l'empêcher d'aller endommager les cellules de l'or- ganisme. C'est ce qui a lieu en effet : la substance nerveuse des Mammifères se comporte absolument comme de l’antiloxine; cette expérience, exécutée par Wassermann el Takaki, est déjà classique. Lüffler et Abel, Pfeiffer, Leclainche et Morel ont fait une constalation assez étrange. Si l'on injecte des doses faibles de certains sérums curatifs, ils agissent d'une facon favorable; si l'on en augmente: la dose, ils se montrent moins efficaces : et, à une dose très forte, ils sont tout à fait sans action. Avec la théorie d'Ehrlich, on peut expliquer facile- ment ces Cas, comme l'ont fait Neisser et Wechs- berg. On doit remarquer d'abord que Dunger et d'autres ont reconnu que les sérums actifs peuvent contenir une surabondance de corps intermédiaire. | D'autre part, la Chimie nous démontre que cer- taines molécules, quand elles s'unissent à un ra- dical ou à un élément, peuvent modifier leur affi-. nité pour un autre radical ou pour un autre élé- ment : en acquérir une plus grande ou plus petite. Dans notre cas, il faut admettre que les récepteurs, en s'unissant aux bactéries, perdent une partie de leur affinité pour le complément. Si, dans ces con- dilions, on injecte une quantité de récepteurs plus grande que celle nécessaire pour se fixer sur les microbes et les tuer ou les dissoudre, une quantité plus où moins grande de récepteurs restent libres. Ces récepteurs libres ont pour le complément une affinité plus grande que ceux liés aux cellules microbiennes, et, puisque le complément est insuf- fisant à saturer tous les récepteurs, il s'unit, de préférence, ou uniquement, à ceux qui sont libres. De cette façon, les microbes ne restent liés qu'au corps intermédiaire, et celui-ci est incapable, à lui seul, de produire l’action bactéricide et, par consé- quent, curalive. Par des expériences in vitro, Neisser et Wechs- berg ont pu s'assurer de l'exactitude de cette interprétation. Ils ont fait des mélanges en propor- tions différentes d’alexine et d'ambocepteur appar- tenant à une espèce animale unique ou bien à deux espèces différentes, et ils onl vu que, sous un certain rapport seulement, l’action bactéricide était marquée, tandis qu'elle était faible où nulle sous d'autres rapports. Ces faits ont une grande importance théorique, parce qu'ils prouvent que les phénomènes dont nous nous occupons s'accomplissent d'une facon identique aux réactions chimiques, ce qui est une conséquence, comme nous l'avons déjà dit, de la théorie d'Ebrlich. De plus, ils démontrent de la manière la plus manifeste, et sans laisser de doutes, que l'ambocepteur est réellement le terme intermédiaire entre l’alexine et les cellules étran gères, contrairement à l'explication admise par Bordet. Ils ont aussi une importance pratique évidente; parce que, d’après ces résullats, on peut prévoir qu'il sera possible de donner à un sérum une force curative assez stable et marquée, si avec lui on injecte de l'autre complément (c'est-à-dire du sérum d'animal non traité), de facon que les ré: cepteurs liés aux bactéries puissent être loujours salurés d’une façon complète. Une expérience de Wassermann, que nous relalerons plus loin, semble plaider en faveur de cette prévision. Ici trouve sa place une expérience faite récems ment par Ebrlich et Sachs. Ces auteurs ont vu que certains globules sanguins ne sont pas capables de s'unir à l'ambocepteur correspondant si celui-@i agit seul, mais le deviennent lorsqu'on mélange is hui : } : Le ie st es : D: LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES 525 l'ambocepteur avec de l'alexine. Donc cette dernière substance fait manifester à l'ambocepteur une affi- nité envers les globules sanguins qu'il n'avait pas d’abord. Dans l'expérience de Neisser et Wechsberg, au contraire, l'union de l’ambocepteur avec les cellules faisait diminuer son affinité pour l'alexine. Cette expérience prouve, comme la précédente, que l'explication donnée par Bordet sur le rôle de l’'ambocepteur dans la dissolution ne répond pas bien à la réalité; et que le terme de substance sen- sibilisatrice, employé par ce savant, n’est pas trop approprié. ‘ Je passe à un autre exemple. Nous savons que le complément est très instable; une température modérée, un séjour peu prolongé à la glacière, suffisent pour le décomposer ou le détruire. On peut admettre donc que, quand on injecte un sérum euralif à un organisme, le com- plément contenu dans ce sérum peut se décom- poser facilement, à cause des phénomènes chimi- ques qui s'accomplissent dans l’économie. D'autre part, il peut être fixé par les cellules de l'orga- nisme : nous avons vu, en effet, que les complé- ments donnent naissance avec plus de facilité que les ambocepteurs à des anticorps; ils doivent donc trouver des récepteurs correspondants dans l’éco- nomie : ceux-ci peuvent les fixer et les empêcher d'exercer leur rôle bactéricide. Mais il peut se présenter le cas où l'organisme même possède dans ses humeurs un complément capable de s'unir à l’ambocepteur injecté, et de substituer le complément perdu. C'est ce que Wechsberg a établi. Il a vu que le sérum de lapin, bactéricide 12 vitro pour le typhus, est rendu inactif si on le réchauffe à 60°C. parce que, dans ce cas, il perd son complément. Ensuite, il peut être réac- tivé, toujours 27 vitro, si l'on y ajoute du complé- ment (sérum frais) de cobaye, c'est-à-dire un sérum qui, par lui-même, est sans aucune action bactéricide. D'autre part, Wassermann avait déjà ob- servé que le sérum de lapin ainsi chauffé se montre encore assez actif contre le typhus expérimental du cobaye. Il faut en déduire, d’après les recher- ches de Wechsberg, que l'économie du cobaye est capable de remplacer le complément qui fait défaut, el de rendre au sérum sa force bactéricide perdue. L'importance de ces recherches réside dans la circonstance que Metchnikoff et Besredka inter- prètent d'une facon toute différente l'action des sérums bactéricides rendus inactifs par le chauf- fage. Ces auteurs, en effet, admettent que, dans l’or- ganisme, ces sérums continuent à se montrer aussi franchement inactifs contre les microbes qu'ils le Sont in vitro, et que leur action peut être expliquée seulement si l'on admet qu'ils exercent une action indirecte sur l'économie, en stimulant les phago- cyles à accomplir leur rôle, et cela au moyen de substances hypothétiques, qu'ils appellent stimu- lines. Celte interprétation est ingénieuse et surtout séduisante, mais les expériences de Wechsberg montrent qu'elle n’est pas nécessaire. D'autres fois, l'organisme n’est pas capable de fournir un complément qui puisse remplir le rôle de celui qui a été perdu ou détruit artificiellement. Wechsberg, par exemple, n’a pas réussi à réactiver, in vitro, du sérum de lapins immunisés contre le Vibrio Metchnikowii, et chauffé d'abord à 60°C. en y ajoutant du sérum normal de pigeon. L'action curalive de ce sérum sur des pigeons qui rece- vaient le Vibrio Metchnikowii s'est montrée éga- lement nulle. Pourtant, il contenait encore des ambocepteurs capables de se lier aux bactéries ; en effet, en le mélangeant avec du sérum de fapins non traités (c'est-à-dire avec du complément des animaux mêmes qui l'avaient fourni), il devenait de nouveau actif. Toutefois, ce complément devait être ajouté dans des proportions bien déterminées; quand il était trop abondant, ou bien quand il l'était lrop peu, l’action curative faisait défaut. C'est là une expérience inverse d’une autre rapportée el expliquée par nous dans un exemple précédent; elle présente beaucoup d'intérêt, parce qu'il n'est pos- sible de l'expliquer que si l'on admet que le complé- ment contenu dans le sérum trouve quelque part, dans l'organisme, des récepteurs qui le fixent et en altèrent les affinités. Nous avions déjà admis la possibilité de ce fait, mais l'expérience de Wechs- berg en démontre la réalité. Nous sommes maintenant en état de comprendre pourquoi des sérums actifs in vilro peuvent ne pas se montrer tels sur les animaux. Dans ce cas, le complément injecté serait fixé ou détruit, et l'or- ganisme n'en fournirait aucun qui puisse en prendre la place. Mais alors le sérum d'un animal neuf, qui contient un complément assez résistant, et apte à se lier à l'ambocepteur injecté, serait capable de donner à un sérum un pouvoir curalif qu'il n'avait pas d'abord. Une expérience que Wassermann a faite avec succès semble démontrer la possibilité de ce cas; pourtant, il est à regrelter que l'explication que l'on peut en donner ne soit pas à l'abri de toute objection (Besredka. Je crois pouvoir faire observer, ici, que la diffi- culté d'obtenir des corps antagonistes pour les am- bocepteurs ne dénote pas nécessairement que ces éléments ne soient pas fixés par les cellules de l'organisme et rendus, eux aussi, inactifs. Deux explications de ce fait peuvent être données, comme nous l'avons déjà dit; on peut admettre que ces éléments ne trouvent pas de récepteurs correspon- dants, ou bien qu'ils les trouvent, mais qu'ensuite 26 ils sont utilisés pour la nutrition des cellules. Dans le premier cas, ils gardent sûrement leur rôle pro- lecteur, mais pas toujours dans le deuxième. Donc ce n'est pas au sort du seul complément qu'on doit faire attention quand on veut expliquer l’action des sérums curalifs. J'ajouterai encore un dernier exemple. Ebrlich admet que les récepteurs contenus dans un sérum peuvent avoir, envers les toxines qu'ils sont aptes à neutraliser, une affinité plus grande, égale ou plus petite que l'affinité offerte par les cel- lules vivantes de l'organisme auquel on l'injecte dans un but curatif. Si l’affinité est égale, quand le sérum est introduit dans l'économie avec la toxine sur laquelle il agit, les récepteurs qu'il contient peuvent s'unir avec cette toxine et empêcher qu'elle aille atteindre et léser les cellules: cependant, ils n'ont pas l'aptitude de la soustraire quand sa com- binaison avec les éléments vivants a déjà eu lieu, c'est-à-dire quand le sérum est injecté longtemps après l'intoxication. C'est le cas du sérum antitéla- nique, dont l’aclion, en effet, n'est que préventive. Si l'affinité des récepteurs pour la toxine est plus Srande, ils peuvent la soustraire même quand elle s'est déjà combinée aux cellules. Dans ce cas, l’ac- tion défensive s'exerce aussi après l'intoxication, c'est-à-dire au cours des maladies infectieuses à caractère toxique; c'est ce qui aurait lieu pour le sérum antlidiphtérique. Enfin, si l’affinité du sé- rum pour la toxine est assez faible, son action cura- live est loujours nulle, parce que ses récepteurs peuvent bien s'unir aux molécules toxiques ; mais, quand ils arrivent au contact des éléments cellu- laires de l'organisme, ceux-ci s'y substituent : c'est ce quiaurait lieu pour un certain nombre de sérums. Tout ce que nous venons de dire sur les toxines peut s'appliquer, évidemment, aux microbes patho- gènes (sérums bactéricides). En se basant sur celte interprétation des faits observés, Behring et. Kitashima ont essayé d'ob- tenir un sérum antidiphtérique plus actif que le sérum ordinaire. Dans ce but, ils ont employé, pour le produire, le singe au lieu du cheval, en sup- posant que les récepteurs du premier animal pour- raient avoir pour la toxine une affinité plus grande que ceux du deuxième. On comprend très bien aussi que les cellules d'un animal peuvent avoir envers une Loxine donnée une affinité plus grande que les cellules d'un autre ani- mal. Dès lors, le même sérum peut se montrer curatif chez l’un et pas chez l’autre, parce que ses récep- teurs peuvent être si aclifs qu'ils réussissent à toxine aux soustraire la du deuxième, mais ils peuvent ne l'être pas assez pour la sous- cellules traire à celles du premier, lequel peut être, évi- lement, l'animal même qui fournit le sérum. D: LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES C'est ainsi que le sérum antitétanique de cheval préserve du télanos les souris et pas les cobayes: que le sang d'écrevisse préserve les souris contre le venin des scorpions, mais pas les écrevisses mêmes qui le fournissent, etc. Pfeiffer et Metchnikoff, pour se rendre compte de ces faits, ont formulé des explications qui diffè- rent beaucoup de la précédente ; mais on n'a pas encore assez de données pour les discuter el se prononcer en faveur de l’une ou de l'autre. J'ai voulu seulement montrer ici qu'en acceptant les vues d'Ebrlich, — c'est-à-dire en admeltant qu'on soit toujours en présence de réactions chimiques simples, — on peut expliquer ces faits d'une facon simple et claire, et les mettre en relation avec d'autres données très bien établies. La même explication peut s'appliquer encore à d’autres cas. Ainsi, la grenouille est sensible au tétanos quand sa température est élevée, et Morgen- roth a démontré que le système nerveux de cet animal peut fixer la toxine tétanique, ce qui était un corollaire de la théorie d'Ehrlich. Cependant, la substance nerveuse de la grenouille n'est pas ca- pable d'empêcher l'intoxication chez les animaux de laboratoire; donc, on doit admettre que la com- binaison est peu stable, et que la toxine peut être soustraite de nouveau par les cellules vivantes de l’économie. En général, les récepteurs libres ont envers Îles toxines ou les cellules étrangères une affinité plus grande ou égale à celle que présentent les récep- teurs liés encore aux cellules. Par exemple, Dunger, en injectant à des animaux des globules sanguins qui avaient déjà fixé l'ambocepteur, n'a pas pu obtenir la production de substances dissolvantes ; donc les récepteurs des cellules vivantes de l'éco- nomie n'ont pas été capables de prendre la place de ceux qui étaient liés aux globules sanguins, et de se fixer sur ces derniers; ni, par conséquent, dese détacher et de passer dans les humeurs. Il se peut pourtant aussi que le cas contraire arrive. Par exemple, après des immunisations pro- longées contre certaines toxines, on remarque souvent que les animaux deviennent incapables de supporter des doses même minimes de toxine. Presque toujours leur mort se produit avec des symptômes tout à fait atypiques, qui ne sont pro- pres à aucune intoxication; probablement, elle est due au fait que la production de quantités trop grandes d’antitoxine finit par être assez dange- reuse à l'économie. Mais, dans quelques cas, on est en présence d'une intoxication très nette, due à la substance injectée ; c'est ce qui arrive surtout pour chevaux immunisés contre la (élano-toxine. Dans ce cas, on doit admettre nécessairement que les récepteurs des cellules ont acquis envers la les D' LORENZO VERNEY — LA THÉORIE PHYSIOLOGIQUE DES CHAINES LATÉRALES toxine une affinité plus grande que ceux présents dans les humeurs; en d’autres termes que les cel- . lules sont devenues hypersensibles, comme le dit l von Behring, de façon qu’elles ne peuvent plus être ._ défendues par les récepteurs libres malgré leur grande abondance, et l'animal meurt. C'est un bel exemple qui démontre les changements actifs res- sentis pendant l’immunisation par les cellules sujettes à l’action des toxines. Des fails identiques peuvent s'observer aussi quand on procède à l’immunisation contre les . agents infectieux; mais, dans ce cas, une autre ex- plication est possible. On peut admettre, en effet, que l’ambocepteur soit produit en trop forte dispro- portion par rapport à l’alexine présente dans l’or- . ganisme, et que cette dernière devienne insuffisante pour saturer, en même temps, lesambocepteurs liés aux microbes et ceux qui restent libres. A celte supposition se sont rattachés Neisser et Wechsberg pour expliquer le fait découvert par Pfeiffer, à savoir que des animaux immunisés depuis long- temps contre les vibrions du choléra peuvent suc- comber à une dose de culture qui est incapable de tuer les animaux témoins. Celte explication ne peut pas s'étendre, évidemment, aux cas relatés + plus haut, où entrent en jeu des anlitoxines et non des substances bactéricides à action complexe. La théorie d'Ehrlich s’est montrée capable encore d'autres développements, mais je n'en parle pas afin de ne pas fatiguer trop le lecteur. Les résultats déjà acquis sous sa direction ouvrent une large voie à des recherches ultérieures, et on peut espé- rer qu'elles deviendront susceptibles aussi d’appli- cations pratiques. y A la théorie d'Ehrlich, on a fait un certain nombre d'objections. Quelques-unes sont faciles à réfuter. Ainsi l'on a observé que le cerveau des ‘animaux immunisés contre la tétano-toxine a un pouvoir antitoxique moins grand que leur sérum. Mais cela ne démontre pas que le cerveau ne soit pas la source de ce pouvoir, ou qu'il ne prenne pas part à la production de l’antitoxine ; si un physio- … logiste prétendait que le rein n’élabore pas l'urine parce qu'ordinairement la vessie urinaire en con- tient une plus grande quantité que le rein, son raisonnement serait également faux. —…. On a reconnu aussi que les animaux immunisés contre la létano-toxine sont toujours très sensibles Là ce poison quand on l'injecte dans le cerveau. “Mais cela n'est que tout à fait naturel : les récep- teurs libres, chez les animaux immunisés, auraient Justement pour rôle d'empêcher que la toxine | aille atteindre le cerveau, et exercer cette action toxique. 527 D'autres objections semblent plus graves. Ainsi, Metchnikoff a vu que des animaux, tels que la poule ou l'alligator, insensibles à la toxine tétanique, peuvent tout de même produire une antitoxine assez efficace. Dans ce cas, on doit admettre évi- demment que la toxine injectée trouve autre part que dans le système nerveux des récepteurs où elle se fixe, et dont elle détermine la chute, sans pro- duire des phénomènes appréciables d'intoxication, parce qu'à la différence des cellules nerveuses, les cellules qui possèdent ces récepteurs ne jouissent pas d’une grande importance dans l’économie gé- nérale. Il est intéressant à ce propos de rappeler l'observation de Metchnikoff, à savoir que, si l'on Ôte un hémisphère cérébral à une poule déjà immu- nisée, le pouvoir antitoxique de son sérum ne s'amoindrit pas, et même augmente. Done, chez cet animal, dont le système nerveux n'est pas atteint par la toxine, le cerveau ne semble jouer aucun rôle non plus dans l’élaboralion de l’antitoxine, ce qui est bien d'accord avec la théorie d'Ehrlich. Du reste, si l’on force la dose, on peut déterminer l'intoxication tétanique aussi chez la poule; par conséquent, dans son organisme doivent exister des récepteurs, qui ordinairement ont un rôle défensif, et empêchent la toxine d'aller atteindre le cerveau. Je citerai encore une dernière objection, qui est due aussi à M. Metchnikoff. Nous savons que, si l'on injecte des sperma- tozoïdes à un animal (de la même espèce, ou, mieux encore, d'une espèce différente de celle qui les fournit), les humeurs de l'animal traité acquiè- rent assez vite des propriétés loxiques pour ces cellules. Ces propriétés sont dues à une substance qu'on a appelée spermotoxine, dont l’action est spécifique, et qui agit sur les sperma lozoïdes injectés. On a démontré que la spermotoxine est un ambocepteur, lequel manifeste son action seu- lement en présence de l’alexine. Si le sérum à loxicité spécifique ainsi obtenu est injecté à un animal de l'espèce qui avait fourni les spermatozoïdes, on observe que l'animal traité réagit, en produisant une antispermotoxine. Comme la toxine qu'on lui a injectée possédait une action élective sur les spermatozoïdes, il faut admettre, d'après la théorie d'Ehrlich, que ce sont ces éléments qui entrent en jeu dans la production de l’antitoxine. Mais Metchnikoff a observé que des animaux castrés, ou des femelles, ou des jeunes animaux sexuellement non formés, sont tous égale- ment capables de produire cette antitoxine; donc, lemécanisme admis par Ehrliehn'interviendrait pas. Ici, cependant, on peut faire la même remarque que nous avions faite tout à l'heure. Il est possi- ble, en effet, que la toxine spermatique trouve des récepteurs dans des cellules autres que les cellules 528 O. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L'ACÉTYLÈNE spermatiques, et qu'elles interviennent. Quand on songe que des substances aussi indifférentes que l’albumine ou la caséine sont capables de pro- voquer la formation de substances antagonistes, quoiqu'elles n'aient aucune action élective ou spé- cifique sur des cellules bien déterminées, on ne peut trouver rien d'étrange que la toxine sperma- tique se comporte de la même façon, même quand son action sur les éléments sexuels mâles vient à manquer. D'autre part, on n'a pas encore recherché quelle action exerce la castration sur des mâles qui avaient acquis d'avance le pouvoir de produire l’antitoxine spermalique. Il n'y à aucune incompatibilité absolue entre la théorie de Metchnikoff et celle d'Ehrlich. Et on doit être également reconnaissant envers ces deux grands savants des nombreuses découvertes dont ils ont enrichi nos connaissances, et des impulsions puissantes qu'ils ont données pour des recherches nouvelles. Je crois que la différence essentielle entre les deux théories tient surtout à la conception difré- rente que leurs auteurs se font du phénomène de limmunilé. Pour Metchnikoff, l'immuniti est tou- jours, ou presque toujours, due à un acte digestif, intra où extra-cellulaire, et cet acte est le résultat d'actions fermentalives. Ebrlich, au contraire, admet que l'immunité dépend de l'élaboration de substances qui neutralisent chimiquement les poi- sons Injeclés, ou produits au cours des infections. La conceplion de Metchnikoff amène son auteur à admettre que les cellules phagocytaires doivent Jouer un rôle exclusif ou prépondérant dans la production de l'immunité, parce que, seules, ces cellules ont gardé l'aptilude de produire des actions digestives dans l'intérieur de l'économie. à La conception d'Ebrlich, au contraire, conduit son auteur à admettre que tous les éléments cellulaires … de l’éconamie, même les plus délicats et les plus hautement différenciés, comme les neurones, peu- vent y prendre une part active. — Comme, dans ce mécanisme, les phénomènes nutrilifs entreraient seuls en jeu, et comme toutes les cellules sont capables de se nourrir, une telle conception n'aurait rien qui puisse choquer. Pour ce qui con- cerne les phagocytes, ils n'interviendraient pas toujours et nécessairement par leur pouvoir diges- üf et assimilatif, comme l’admet Metchnikoff, mais aussi en se protégeant contre les actions toxiques, comme le font les autres éléments cellulaires. Il est difficile de prédire dès maintenant quelle | sera la destinée de la théorie que nous avons. exposée et développée dans ces pages: mais nous . vivons dans une période où les travaux scientifiques se succèdent en si grand nombre que nous pouvons espérer de la voir vile admise par tout le monde ou. bien rejetée. Il y a des faits qui semblent tout à. fait favorables, etmême décisifs, pour cette théorie; | d'autres qui semblent plaider complètement contre elle. Peut-être, sous l'assaut vigoureux des criti- ques de Melchnikoff, est-elle destinée à perdre du terrain ; peut-être aussi les deux théories se feront- elles des concessions réciproques, et finiront par se fondre complètement. En tout cas, la théorie d'Ehrlich fait preuve d'une. grande intelligence ; elle a le mérite d'expliquer et, surtout, decoordonner les faits connus aujourd'hui; enfin, elle a déjà provoqué l'apparition d'un grand nombre de travaux, qui ont élargi nos connais- sances sur la queslion si complexe de l’immunité". D' Lorenzo Verney ÉTAT ACTUEL DE L’INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L’ACÉTYLÈNE Un se rappelle toutes les brillantes espérances qu'avait fail éclore, il y a quelques années, la nais- sante industrie du carbure de calcium et de l’acéty- lène, espérances qui ne se sont point réalisées. 1 L'auteur de cet article, le Dr Oscar Münsterberg, ayant. ! résigné eu 1901 de Directeur de l'Af/jemeine Carbid und Acetylen Gesellschaft, son retrait fut interprété par un certain nombre de personnes dans un sens défavorable à l’uvenir de l'acétylène. C'est pour rétablir ja question sous son véritable aspect, dans ce ses fonctions qu'elle a d'intéressant en géné- ral pour les industriels et le public, qu'a été écrite la remar- quable étude suivante, parue dans la Zeitschrift für Beleuch- tungswesen, n°5 21 et 22, 1901. Nous en devons la traduc- tion à M. R. Chevassus, préparateur de Chimie à la Faculté des Sciences de l'Université de Lyon N. DE LA Din. | Cet échec tient à diverses causes, dont l’acétylène en lui-même ne peut être rendu responsable. Ce fut, d'une part, la spéculalion à outrance sur le marché du carbure de calcium, et, d'autre part, le des recherches, tout à fait récentes, d'Oskar Bail, et d'autres travaux antérieurs d Eisenberg et Volk, lesquels démontrenl que certaines agglutinives ont la même constitution que les substances dissolvantes. Pour en séparer la partie spéci=M) fique active, il faut les porter pendant une heure à la tem pérature de 750 C. Cette partie, qui correspond à l'ambo= cepteur, a été appelée agglutinophore ou agglutinoïde; celle: qui n'est pas spécifique, et qui correspond à l'alexine, a été dénommée hémiagglutinine où complément agglutinant. _ Il est probable qu'on démontrera aussi cette même constitu= | tion pour des précipitines. — Du reste, quelques expériences gl 0. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L'ACÉTYLÈNE 529 —————————_.______ TT manque de capitaux et d'agents sérieux pour réa- … liser la vulgarisation de l'acétylène. - Bien que séparé maintenant de celte industrie, je reste un acétyléniste convaincu, et je ne cesserai . d'exposer les avantages de ce mode d'éclairage pour » les petites usines centrales et les édifices isolés. Je - ne puis que répéter et maintenir les points essen- liels sur lesquels j'appelais déjà l'attention dès1897. A celte époque, l'appareil à main (système Pictet) était un objet de risée, et laissé de côté pour les prétendues difficultés à le manier, tandis qu'aujour- - d’hui nous le voyons installé partout. Je préconi- ais déjà l'établissement d'usines centrales, alors que de grandes sociélés de constructions métalli- ques doutaient qu'on pt réaliser cetle idée, et sont aujourd’hui prêtes à fonctionner au mieux pendant plus d'un quart de siècle. Alors, encore, je décia- rais impossible d'inventer une bonne lampe à acé- ylène ; car on n'imagine guère une installation chi- mique réduite à d'aussi faibles dimensions. Sur ces poinlis essentiels, il me fallait soutenir les assauts de presque tous les spécialistes, mes collègues, et ce m'est présentement une douce salisfaclion de oir que mes idées ont fait leur chemin. Je vais essayer de consigner les résullats d'une longue expérience pratique et d'exposer les condi- ions économiques de cette industrie jusqu'à ce jour. I. -— ACÉTYLÈNE. Les inventeurs nous ont fourni continuellement de petites améliorations: par exemple, de meilleurs brûleurs, qui donnent à la source lumineuse une forme plus avantageuse; de même encore, des fourneaux de cuisine et des moteurs, qui per- mettent de généraliser l'emploi de l’acétylène. Mais les grandes lignes sont restées les mêmes. Nous avons tout d'abord établi, par des expé- riences failes dans le domaine économique et pra- tique, les limites des applications du nouveau gaz. Nous savons que les installations de ce genre de- vront s'arrêter dans leur ascension dès qu'une usine municipale ne pourra plus concurrencer le gaz de houille ou la lumière électrique, attendu jue les deux systèmes ont leurs avantages, surtout avec leur variété d'emploi comme agents de chauf- e et de force motrice. Et, d'autre part, il y a aussi des limites de petitesse infranchissables. Nous le pouvons pas, comme dans une lampe à pétrole, ûler le produit tout élaboré; mais il nous faut Moujours prendre d’abord deux éléments, l’eau et le carbure de calcium; ensuile, ce carbure n’est pas un produit uniformément granulé à volonté comme la ‘très ingénieuses, exéculées par Bordes et Gengou, faisaient müdéjà prévoir l'existence de substances agglutinantes avec une telle constitution, : cendrée; de plus, il s’altère à l'humidité; aussi ne peut-on guère admettre qu'une installation de moins de dix becs soit apte à fonctionner régulièrement. Il y aura donc danger absolu dès que l'appareil se présentera sous forme d'une lampe isolée. S'il faut faire exception pour la lanterne à bicyelelte ou le fanal d'automobile et de tramway, c’est qu'alors l'appareil fonctionnant au grand air, toute produc- tion accessoire s'évacue aisément sans donner d'odeur appréciable, et le papilloltement de la lumière et le sifflement éventuel de la flamme ne sont pas ici un inconvénient. Enfin, l'appareil est toujours mieux entretenu par le bicycliste et le chauffeur que par le premier domestique venu. Mais cette exceplion n'infirme pas la règle relalive à tous les appareils employés dans des locaux fer- més. Aussi ai-je toujours combattu la réglementa- tion promulguée par le Gouvernement prussien re- lativement à l'usage de l’acétylène. Il y a des années, j'ai proposé à la Préfecture de Police de Berlin des mesures restrictives qu'elle n’a pas voulu édicter. L'Administration les regardait comme insuffisam- ment fondées et nuisibles au développement de la jeune industrie. Etrange conflit entre un industriel qui réclame une réglementation plus sévère et la Police qui veut la liberté entière ! Selon moi, on devrait reculer à minimum de capacité des appareils, tant que des garanties suffisamment étendues ne sont pas don- nées pour la sécurité du publie. Voilà des années que se continue la lulte entre les appareils à main et les appareils automatiques. Ainsi que je l’ai déjà dit, j'ai toujours préféré l'appareil à main, et, à cette heure encore, bien qu'il y ait en service des centaines d'appareils automatiques, l'appareil à main reste, pour moi, le plus solide et le plus sur. J’accorde cependant qu'il y a des appareils auto- maliques qui remplissent très bien les fonctions qu'on leur a dévolues, mais en y apportant les res- trictions suivantes. Tout d'abord, il faut absolument rejeter ces produils de ferblanterie, faits de tôle mince, peu solides et fonctionnant mal. Admettons maintenant que nous ayons un bon appareil qui, sous la direction du fabricant, puisse convena- blement alimenter 20 flammes pendant 3 heures : le fonctionnement en a été reconnu suffisant par les personnes du rétier, et on ne peut de ce côlé- là songer à en limiler la vente. Voilà ce que dit le fabricant d'appareils et aussi ce que pensent beaucoup de spécialistes de l'acétylène. Je prétends, au contraire, au nom d'une longue pratique, que, dans ce jugement tout à fait faux, on a laissé abso- lument de côté les conditions qui sont les plus importantes pour le bon fonctionnement dun appareil à acétylène. Tout ne dépend pas uniquement de la construc- 50 becs le 530 0. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L'ACÉTYLÈNE tion des appareils, et, quelque bons que ceux-ci puissent être, il faut tenir compte, bien plus encore, de l'installation, du service même, de l'entretien el, enfin, de l'adaptation de la capacité à la consom- malion courante et extrême. $ {. — Installation de l'appareil. Dans les règlements de police relatifs aux locaux d'installation, la question du chauffage a été jus- qu'ici complètement négligée; ou bien, si l'on à établi un poële, rien n’en garantissait la continuité de fonctionnement. Cependant la statistique nous montre lous les dangers de la congélation, la très grande majorité des accidents s'étant produite par temps de gelée. Il n'existe pas encore de réchauf- feur pour petit appareil, à la fois pas trop cher et fonctionnant économiquement; et la Société alle- mande de l'Acétylène devrait bien s'occuper de donner satisfaction à ce besoin. On m'accordera bien que, pour une assez grande usine, les frais d'établissement du chauffage restent presque cons- Lants, et ne pèsent guère, et qu'en outre le service en est très peu coûteux, relativement à la quantité de gaz consommée. De même, dans une grande usine, les intérêts des consommateurs sont assez importants pour qu'on s'assure du personnel néces- saire, et un arrêt par suite de grève doit être rangé parmi ces accidents fortuits auxquels une industrie mécanique resle toujours exposée. Mais, dans les pelites installations, où l’on n'a pas avantage à élever pour l'appareil un bâtiment spécialement protégé, la construction d’un poêle représente une fraction importante des frais d'établissement. Le service n'en est fait qu'à litre accessoire par des personnes employées à tout autre chose, et alors les dangers d'explosion sont menacants, soit direc- tement, à la gelée, soit indirectement, au dégel. On devra également veiller avec grand soin à ce que du gaz surabondant venant à s'échapper ne puisse entrer en contact avec une flamme. Aussi faut-il non seulementunlocal spacieux pourrecevoir sans danger un dégagement accessoire de gaz, mais encore l'entrée devrait en être réservée uniquement à l'employé capable, préposé à ce service, condition bien difficilement réalisable, faute de place, dans une pelite installation. S 2. — Service et entretien de l’appareil. Les fabricants et la Police ne se sont pas assez préoccupés, surtout au début, de la question du service et de l'entretien des appareils. Le fabricant se croyait déchargé de tout souci par le fait de la livraison, et la Police supposait tacitement que les conditions du fonctionnement étaient bien connues du propriélaire et des personnes chargées du ser- vice, bien que, d'ordinaire, la mise en marche soit | pliqué et, par là même, plus exposé à se déranger. faite par l'installateur, et non pas par le propriétaire même, sous les yeux du premier. Ces deux opinions étaient fausses, el se sont durement vengées. L'ex- périence m'a démontré que presque toutes les explosions auraient pu être évitées si le service avait été fait par des employés capables et vérita-| blement mis au courant de leur service. J'insiste particulièrement sur ce point, qui, pour moi, est de la plus haute importance. La remise de l'appareil, qui se fait généralement devant l'installateur seul, devrait avoir lieu en présence d’un employé officiel, lequel s'assurerait, - en personne, que le propriétaire et les employés | chargés du service sont exactement renseignés et: capables de se tirer convenablement d'affaire au. cas d'une irrégularité fortuite dans le fonction-. nement de l'appareil. Outre l'affichage, dans le local: même, de la description complète de l'appareil et des instructions relatives à son entretien, il devrait y avoir surtout des indications touchant les dangers de l’acétylène et les précautions à prendre en cas d'arrêt de fonctionnement. Je voudrais encore que l'Administration fit afficher, chez les propriétaires, des instructions rédigées d'une facon aussi com- plète que possible, et exigeät d'eux la déclaration écrite qu'ils en ont pris connaissance. Il serait possible ainsi de rendre tout possesseur d'appareil responsable des accidents que peuvent amener les négligences relevées à sa charge. Le publie, y compris les propriétaires d'appareils el l'industrie elle-même, devrait être protégé contre les étourdis qui traitent un appareil à gaz exactement comme une lampe à pétrole, préposés ignorants, souvent de mauvaise volonté, incapables plus souvent encore. Sur ce point aussi on constale que, dans une grande usine, les frais du service se réduisent à peu de chose, de telle sorte qu'on devrait toujours s'assurer le concours d'un employé intelligent. La statistique nous montre, dans les pelites ins- tallations, tantôt l'apprenti boulanger, tantôt le sommelier ou le garcon coiffeur, provoquant l'ex- plosion et payant de leur vie leur manque de pré- caution. Ce n'est pas à eux qu'il faut faire remonter la faute, mais uniquement à ceux qui n'ont pas craint de confier une usine à gaz à des gens aussi peu expérimentés. Souvent encore on ne pourra accuser les propriétaires, que l'installateur n'a pas suffisamment prévenus et instruits : enfin, selon les cas, c’est la faute de l'Administration elle-même qui à permis la mise en marche et laissé ainsi le possesseur de l'appareil confier celui-ci à ses em ployés, tranquille avec sa permission officielle et ignorant du danger qu'il fait courir. Il est aisé de voir que la question du service est d'autant plus importante que l'appareil est plus com 0. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L'ACÉTYLÈNE Dal L'appareil automatique exige beaucoup plus d’at- tention que l'appareil à main. Et, parmi les auto- | | | | ‘ J PER Gr: matiques, c'est le plus petit qui réclame le plus de soins, parce qu'ici les diverses pièces : robinets, soupapes, tuyaux, etc., sont, avec leur petit dia- mètre, bien plus vite bouchés et mis hors de ser- vice. Mais, tandis que nous voyons ainsi la nécessité d'un service intelligent et sûr croître à mesure que diminuent les dimensions de l'appareil, e’est le con- traire qui a lieu en pratique. Comme fabricant d’ap- pareils, j'ai dû fréquemment refuser d'établir de petites installations dont l'entretien futur ne me semblait pas suffisamment assuré. Le gain qu'on réalise sur un petit appareil de ce genre est bientôt entièrement absorbé par les réparations devenues nécessaires après un entretien défectueux, par les nettoyages, et par l'instruction qu'il faut aller don- ner sur place aux employés, arrêtés quelquefois par un robinet laissé fermé; joignez à ces ennuis l’at- teinte portée à la réputation d'une maison et le dommage qui en résulte pour toute cette branche d'industrie. $ 3. — Proportions de l’appareil. Il est enfin de la plus haute importance (ce qu'on n'a guère compris jusqu'ici) d'approprier les dimen- sions de l'appareil aux services qu'on attend de lui. L'expérience m'a montré qu'un appareil peut fonc- tionner convenablement quand sa capacité de pro- duclion est exactement en rapport avec la consom- mation, et qu'au contraire les dérangements se produisent très facilement dès qu'on lui demande trop ou trop peu. Il y a encore ici lieu de distinguer entre les appa- reils à main et les appareils automatiques. Tandis qu'avec le service fait à la main, une consommation trop faible n’entraine jamais aucun danger, un excès de consommation peut tout au plus amener l'extinction des flammes par manque de gaz. Il va de soi que, cependant, ces appareils ont une limite de production intensive; et, pour les usines où la demande de gaz peut subitement devenir assez élevée, j'ai toujours recommandé de construire un générateur de secours. On peut alors organiser une production continue : le lait de chaux d’un géné- rateur est évacué pendant que l’autre fonctionne, et, quand ce dernier est épuisé, le premier se retrouve tout prêt et pourvu d’eau fraiche. Mais, si l'on n’a.pas ce générateur de secours, quand la - production ne suffit plus à la demande, on n’a d'autre ressource que de forcer la projection du carbure dans le générateur unique. Il se produit alors un développement de chaleur qu'il vaut mieux éviter. Bien qu'en effet il n'y ait pas danger direct, néanmoins les parois métalliques et les soudures peuvent alors se ronger ets'attaquer. Ensuile, l'eau du générateur n’est bientôt plus susceptible de réa- gir; elle est toute transformée en boue de chaux d'où le gaz ne se dégage qu’à grand'peine, sans suffire toujours à la demande. Enfin le nelloyage est plus pénible, et cette boue épaisse peut retenir inclus des morceaux de carbure inattaqué, ce qui n'est pas sans danger par suite de la production de gaz qui devient possible ultérieurement. On devrait donc absolument imposer un générateur de secours aux installations où la demande peut subir une hausse imprévue, par exemple, pour le travail de nuit dans les usines, pour les fêtes dans les restau- rants, etc. Mais le problème est bien plus compliqué avec l'appareil automatique. La production est alors tout à fait soustraite au contrôle. Il y a là une certaine quantité de carbure, suffisante pour un nombre donné de becs et soumise à une décomposition graduelle. Le mécanisme automatique continue à fonctionner sans surveillance si la consommation vient à augmenter, et l'attaque de tout le carbure se fait rapidement, au lieu de rester progressive. L'élévation de température peut alors devenir très grande, et j'ai eu plusieurs fois l’occasion d'obser- ver une décomposition de l'acétylène par suite de ces conditions défectueuses; les traces en sont faciles à relever dans la coloration jaunâtre des boues calcaires, encore souillées de goudrons noirs et de résidus de benzène. Les tuyaux abducteurs se recouvrent aussi d’un enduit intérieur épais et doivent alors être fréquemment nettoyés. Aux impuretés naturelles du carbure viennent, du fait de la température élevée, s’en ajouter d’autres encore, constituées peu économiquement aux dé- pens de l’acétylène lui-même. Enfin le gaz emporte une grande quantité de vapeur d’eau, et finalement peut se décomposer avec explosion, si la tempé- rature conlinue à monter. L'explosion peut encore se produire quand les feuilles de tôle, assez fré- quemment mal assemblées, viennent à se dessou- der, et que l’air et le gaz peuvent se mélanger. Quand l'Administration exige une soupape de sûreté pour donner issue au gaz en excès, nous voyons lout le danger qui peut résulter d'une con- sommation restée au-dessous de la production. La précaution est assurément excellente, mais la pra- tique m'a appris à me défier de ces dispositifs dont le fonctionnement n'est qu'accidentel. Je crois que tous les spécialistes s’accorderont avec moi pour dire que les appareils de sûreté ne fonctionnent jamais en cas de danger. C’est dans les petits générateurs que la soupape a le plus d'importance, tandis qu’au contraire c’est là qu'elle est le moins souvent maintenue en bon état. Ensuite, le possesseur de l'appareil, rassuré par 532 0. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L’ACÉTYLÈNE l'existence de cette soupape officiellement agréée, n'a pas conscience du danger qu'il court, si cette protection ne s'exerce pas normalement. À ce point de vue, l'appareil à main me parait d'un service beaucoup plus sûr que n'importe quel appareil automatique. Avouons cependant qu'un appareil automatique bien élabli, intelligemment entretenu, et exacte- ment calculé pour la consommation, peut fonc- tionner d'une facon satisfaisante; mais le danger croit à mesure que ses dimensions diminuent. Ce que nous venons de dire regarde surtout les installations particulières, car les usines centrales des villes emploient exclusivement le système à main, — à ma connaissance du moins; — les pres- criptions du syndicat sont très sévères, et le ser- vice s'y fait toujours d'une façon très soignée el consciencieuse. S 4, — Coût de l'éclairage. Venant à la question pécuniaire, je ne puis que confirmer les opinions courantes. Le prix du gaz dépend d'abord de celui du carbure, et comme, selon moi, au moins pour une longue suite d’an- nées, celui-ci peut tout au plus atteindre les frais propres d'une usine moyenne, et en tout cas ne jamais les dépasser notablement, il nous faut donc compler longtemps encore sur un prix de 25 marks. A ce prix-là, l'acétylène peut absolument soutenir la concurrence, même si l'on ne fait pas entrer en compte la commodité de l'éclairage par stalion cen- trale, la beauté de la lumière, sans parler encore des autres avantages : propreté, faible vicialion de l'air, etc. D'où vient donc que le public se montre si ré- calcitrant, e! que, d'autre part, les fabricants d'appareils ont à lutter le plus souvent contre tant de difficultés? La cause de cel état de choses doit être recherchée dans le fait suivant, qui à d'abord été regardé comme un des grands avantages de l'acétylène : c'est que les générateurs à acétylène ne sont pas de ces appareils compliqués dont un ingénieur seul peut établir le projet, et qui ne se construisent que dans des usines bien outillées. Ils peuvent se faire en simple tôle, et il semble que, jusqu'à une certaine dimension, le premier ferblantier venu peut les réaliser. Par suite, les frais de construction sont très faibles, surlout aux veux du profane, qui ne sail pas se rendre compte du prix d'après les minutieuses différences dans la solidité des maté- riaux et le fini del'exéculion. D'autre part, les frais de vente sont énormes, et presque loujours prévus trop faibles par les fabricants d'appareils. Mais, selon moi, ce qu'il y a de plus grave, c'est l'absence d'une publicité spéciale. On a tout d'abord dépensé beaucoup en réclames pour arriver seulement à faire conaître au public ce nouvel éclairage; ensuite on installait partout des appareils, souvent gratis, souvent même en payant un droit élevé, dans l'espoir que chacun de ceux-ci allait provoquer autour de lui une avalanche de commandes, dès que les petites villes et les villages auraient aperçu une seule fois cette belle lumière. L'idée semblait toute naturelle, et je l'ai soutenue longtemps moi-même. Ce n'est guère moins d'un million de marks qui fut ainsi dépensé, et, cependant, contrairement à toutes les prévisions du commerce, cette dépense est restée tout à fait stérile, sans réussir jusqu'à maintenant à établir un service de publicité constante. Il n'y a pas de marchands qui achètent en gros les appa- reils pour les revendre et qui forment ainsi un courant de vulgarisalion. Aujourd'hui encore, l'achat d'un appareil est toujours une affaire spéciale, qui doit être traitée comme telle. Ajoutez une concurrence très vive encore à cette heure, malgré la disparilion de nom- breuses maisons qui ont toutes payé assez cher leur expérience. Aujourd'hui encore l'offre est si pressante à domicile qu'une commande par lettre est chose fort rare. Quand un client se décide vrai- ment pour l'acétylène, les voyageurs entrent en chasse, vont, viennent, et font des rabais les uns sur les autres. Aussi les frais de placement sont-ils très élevés, et. il faut y joindre encore les frais généraux de réclame, d'impression et d’adminis- tration. Ces frais ne se couvrent que quand le débit a alteint une cerlaine imporlance, et, pour en arri- ver là, les fabricants sont obligés d'accepter des offres à tout prix, d'autant mieux qu'ils espèrent se : réserver de nouvelles commandes par une première affaire. D'autres frais sont encore entrainés par le changement des dispositions des clients au cours de la construction, par les réclamations et les répa- rations fréquemment nécessilées par un mauvais entretien, enfin par les rabais consentis et les dif- ficullés qu'on a de se faire payer par la clientèle. I y à ainsi une large différence entre le bénéfice brut réalisé à la vente de chaque appareil, et le bénéfice net, général, établi en fin d'exercice. Altirée par l'apparente facilité du gain, toute une foule de petits industriels, ferblantiers, serruriers, quincaillers, ete., capables ou non, s'est mise à la construction de ces appareils. Il faut cependant reconnaitre qu'un petit palron, avantageusement connu dans sa région, travaillant par lui-même, sans agents, sans voyages ni réclame, peut livrer n à meilleur compte que le grand fabricant depuis son usine. Le client a, du reste, ainsi l’avantage de posséder sous sa main le fabricant pour les répa- ralions. Mais le petit entrepreneur aurait tort de 0. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L'ACÉTYLÈNE 533 . croire qu'il peut établir ses appareils à meilleur compte qu'en les achetant dans une fabrique, sur- . tout s’il passe un marché avec celle-ci. Il ne faut | pas oublier non plus les diverses exigences de la _ clientèle, qui veut une livraison immédiate; en . vue des échanges contre des numéros plus grands ou plus petits, il faudra posséder en magasin tout un assortiment qui absorbera le gain apparent. Enfin, la fabrication isolée ne permettra jamais ce _ fini d'exécution des pièces spéciales, possible seu- lement dans une usine où l’on poursuit systémati- quement l’application de tous les progrès dans la technique de l’acétylène. Pour arriver à une extension rationnelle, il fau- _ drail donc que les ferblantiers et serruriers dont . nous venons de parler achetassent aux usines les _ appareils et les produits, en procédant eux-mêmes ._ à l'installation. Le fabricant aurait ainsi un excel- . lentagent de publicité dans l'installateur lui-même, que son contact continu avec le public rendrait bien . plusutile que le voyageur qui passe de loin en loin, ; comme un éclair. Le fabricant dans son usine et 1 r * l'entrepreneur dans sa localité auraient tout profit à celte alliance, qui procurerait, de plus, au public - commodité et sécurilé. - Pour me résumer, je dirai : L'emploi de l'acéty- - lène est complètement justifié au point de vue indus- - trielet économique, et ce mode d'éclairage ne peut - plus étre laissé de côté. 11 faut rendre plus sévère le contrôle exercé sur la construction, l'installation et lentretien des appareils, afin que le publie, se - sentant protégé, reprenne confiance. Les grands fabricants se borneront à la construction des appa- reils et à l'organisation des stations centrales, tan- dis que la vente au détail et les installations seront réservées à des représentants locaux, qui devront, en relour, renoncer absolument à se faire cons- tructeurs. II. — CARBURE DE CALCIUM. | Tandis que, pour l’utilisation de l’acétylène, nous avons vu se développer une multitude de petits - fabricants, et les grands capitaux rester complète- ment sur la réserve, nous constatons tout le con- lraire avec le carbure de calcium. Si l’acétylène n'a u pénétrer dans la pratique par suite de l'inca- acité de ses lanceurs et du manque de capitaux, la crise produite sur le marché du carbure a été “amenée par les premiers industriels du monde, isposant des capitaux les plus forts qui aient peut- êlre jamais été mis au service d'une entreprise industrielle. L'industrie du carbure est comme …Sacrifiée aux conditions malsaines qui furent la conséquence du développement exagéré des grandes Sociétés d'électricité en ces dernières années. Ce REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. n'est pas ici le lieu de rechercher de plus près l'in- fluence exercée sur l'industrie allemande par la diffusion des affaires financières et des dépôts dans les banques, pas plus que par la transformation des directeurs de grandes usines en financiers. Le principe de financialisation, appliqué avec une extrême prudence, peut bien conduire à un succès malgré les écueils qu'il cache, comme le prouve le brillant développement d'entreprises industrielles particulières, mais le principe lui-même n’en est pas moins mauvais en général. Quand les bonnes affaires sont épuisées, on cherche de nouvelles occupalions aux usines toujours plus grandes, pour ne pas avouer une réduction du personnel, et on accepte des entreprises auxquelles manque une base solide. Les établissements de banque ne sont presque jamais en mesure de connaitre l’impor- tance technique de leurs entreprises industrielles, et s'abandonnent à leurs ingénieurs-conseils, les- quels, tout en différant souvent d'avis, finissent cependant toujours par décider, en dernier ressort, dans le groupe financier. L'ingénieur est tout heu- reux de sentir les risques passer de ses épaules aux mains de banques puissantes et du public, qui, derrière celles-ci, est tout plein d’une aveugle con fiance pour la finance et l’industrie; et il entre- prend, pour le compte d'autrui, des affaires dont il ne voudrait pas pour lui-même. L'intérêl primor- dial de l'industriel est de se créer dans le monde une clientèle de succursales pour ses machines, ses brevels et ses procédés. Il ne s'inquiète pas de savoir si toutes les conditions destinées à en assu- rer l'existence sont bien réalisées. Puis, quand ces filiales viennent à péricliler, c’est la faute de leurs administrateurs parliculiers ou de circonstances toutes spéciales, et non pas celle des parents de cet enfant, hystérique déjà à sa naissance. Ce fut un événement considérable pour toutes les branches de l'industrie que la découverte du carbure de calcium, adopté ensuite par l'Électro- chimie comme un produit de grand avenir, ouvrant encore de nouveaux domaines à l'activité des électriciens. Tout d'abord on garda le plus grand secret sur la fabrication, et les rares usines qui s’en occupèrent durent payer cher leurs essais. Le public découvrit trop tard que la fabrication était bien plus simple qu'on le disait. Tandis que les uns sacritiaient pour ces prétendus secrets une partie de leurs capitaux, d’autres, qui les possé- daient, laissant tout cela,expérimentaient par eux: mêmes et réussissaient mieux encore. La déchéance du brevet Bullier fut un grand malheur pour la jeune industrie. S'il élait resté en vigueur, un pelit nombre de fabriques auraient seules pu se monter et faire de bonnes affaires avec un prix modique pour la vente. Les vainqueurs ji >), 994 0. MUNSTERBERG — L'INDUSTRIE DU CARBURE DE CALCIUM ET DE L'ACÉTYLÈNE dans ce tournoi seraient maintenant plus riches de plusieurs millions, s'ils eussent alors succombé ! Une fois Je brevet tombé, ce fut dans toule l'Europe une course folle à la recherche des chutes d'eau, Au fond du nord de la Suède et de la Fin- lande, au milieu des montagnes de la Savoie et de la Suisse, en Bosnie mème, on achetait les chules géantes pour bâtir là-dessus des Sociétés par actions. Les prospectus montrent encore quelle ignorance présidait à ces achats : l'argent s'offrait partout à bon comple; l'électricité nous avait présenté tant de merveilles qu'on pouvait aperce- voir la perspective d'affaires extraordinaires dans les brillants avantages du nouvel éclairage. Les possesseurs de chutes, naguère relégués aux limites du monde civilisé, croyaient se découvrir des trésors cachés et faisaient tous leurs efforts pour les convertir sinon en or, au moins en papier. Ce mouvementélait encouragé surtout par les Sociétés de constructions électriques, désireuses de se créer des débouchés pour leurs machines. C'est ainsi qu'une seule maison a fait payer cinq millions de francs l'installation de 8.000 chevaux électriques à l'usine de Jaïce, en Bosnie; et le mal ne faisait que s'accroilre par l'engouement du public moutonnier. Ensuite, chaque usine se montait en secret, sans même discuter ses plans avec les gens du mélier ; et, quand toutes ces usines apparurent ensemble sur le marché, voici ce qu'elles purent y voir: l'Amérique surproduisait déjà et exportait même ; la France couvrait largement sa propre consomma- tion; enfin, en Allemagne, une seule grande fabri- que aurail pu suffire aux besoins. Les énormes stocks offerts amenèrent inévitablement la crise que rendaient encore plus aiguë les difficultés finan- cières dans lesquelles ces usines se débatlaient presque toutes. D'ailleurs, la pureté du produit en question ne dépendait pas des procédés, brevelés ou non, mais uniquement du choix des matières premières. Il y avait bien plus lieu de se soucier des frais et des conditions réelles de la production en grand, ainsi que des facteurs, variables avec les localités, rela- tifs à la proximité des matières premières et à la facilité procurer la main-d'œuvre, et de réexpédier le produit manufacturé. De là, des diffé- de se rences énormes dans les prix de revient, d'une part, puis dans les prix de vente. Il faut aussi aux usines cerlaines conditions générales pour assu- rer leur exislence ; et une fabrication de moins de 2.000 tonnes me parait manquer absolument au but qu'on se propose ; il faudra aussi toujours chercher à utiliser le maximum d'énergie, et les usines à fabrication modique ou à faible débit ne pourront subsister. La formation du Syndicat à la suite de la crise a eu pour effet, sinon de relever énergiquement les prix gälés par quelques dissidents, tout au moins de metlre en évidence celte énorme surproduction et d'arrêter la construction de nouvelles usines. Mais la lulte pour la vie n'est pas supprimée, et toute une série d’usines sans grands capitaux devra disparaitre ou se vouer à une industrie plus rému- nératrice. Et le marché du monde, à l’exceplion de l'Amérique et de la France, protégées par leur particularisme national, sera tenu par quelques fabriques à puissants capitaux. En lout cas, le public peut compter que les prix ne remonteront pas notablement. Les usines ont le plus grand intérêt à les maintenir assez bas pour s'assurer une clientèle suffisante. Ce résultat une fois acquis, elles devront, pour augmenter leurs bénéfices, non pas relever les prix, ce qui arrète- rait la consommation et troublerait l'industrie, mais chercher plutôt à se créer encore plus de clients. Aussi les fabricants d'appareils à acétylène et le public peuvent-ils assister tranquillement à la lutte des usines à carbure qui leur assure le bon marché de ce produit. L'année prochaine nous apprendra lesquelles de ces usines auront la force de résister. Pour être en mesure de vivre, il leur faudra pouvoir employer l'énergie et le personnel à une autre fabrication, pendantles Lemps d'arrêt, mais je crains encore de nouveaux désastres. Je termine en affirmant encore que l'acét ylène est l'éclairage de l'avenir dans les petites villes et les édilices isolés. Les causes de la crise présente sont la surabondance des capitaux pour le carbure de calcium et leur rareté pour l’acétylène; ensuite, le manque d'entente pour la division du travail en- tre le fabricant d'appareils et l'installateur. Quand tout cela aura changé, la propagation se fera bien vile, et les sommes considérables sacrifiées dans notre apprentissage auront servi à assurer à l’acé- tylène le développement sain et normal auquel il a | droit. Oscar Münsterberg, Ancien Directeur de l'4 Allgemeine Carbid und Acetylen Gesellschaft ». | ST, ; | | | | | | | 1° Sciences mathématiques Clairin (Jean), Agrégé, Préparateur à l'Ecole Nor- . male Supérieure. — Sur les Transformations de Bäcklund. (Thèse pour le doctorat de la K'aculté des Sciences de Paris). — À brochure in-# de 67 pages. Gauthier-Villars, éditeur. Paris, 1902. Soient, comme d'habitude, p, q, r, s, t les cinq dé- rivées partielles (premier et second ordres) de Z par rapport aux deux variables x et y. Les cinq quantités X, J, Z, p, q Sont les coordonnées d'un élément e (figure formée par le point x, y, z et le plan : 2 z=p(X x +) 9N — y) passant par le point) de l’espace. Toute multiplicité de æ? éléments e n'est pas forcément une surface ; il faut encore que : dz — pdx — qdy —0; alors, chaque élément de la surface est constitué par le plan tangent et le point de contact, Si tous les éléments d’une surface sont situés sur un système E d'éléments, la surface est dite appartenir à ce système. Tout cela n'est pas nouveau. Mais M. Bäcklund écrit entre les dix coordonnées de l'élément e, courant sur le système E, et de l'élément e', courant sur le système E!, quatre relations, qui définissent entre e et e!, ou entre E et E',une correspondance ou {rans{ormation de Bäcklund. Cet auteur étudie les surfaces de E qui cor- respondent aux surfaces de E'. Ne sont pas considérées comme distinctes les surfaces déduites les unes des autres par des transformations de contact. * Estsurtoutintéressante la transformation de Bäcklund entre deux équations, P et P', Monge-Ampère, c'est- à-dire du type : Hr + 9Ks + Li M + N(rt—s?) —0, où H,..., N ne dépendent que de x, y, z, p et q. M. Clairin fait la discussion et la classification des transformations B (ou de Bäcklund). Il distingue trois espèces : B,. — Les intégrales de P et P' se correspondent une à une. B,. — A une intégrale de P correspond une intégrale de P’, mais à une intégrale de P' correspondent œ inté- grales de P. B,. — A une intégrale de P (ou P') correspondent intégrales de P' (ou P). L'étude des B, est poussée fort loin; pour B, et B, on n'arrive plus à des théorèmes aussi précis, mais plu- sieurs résultats sont encore à retenir. L'auteur termine par des apercus relatifs aux surfaces à courbure constante, en géométrie non-euclidienne. Cette intéressante thèse perfectionne, en plusieurs points, les procédés d'intégration pour les équations du type Monge-Ampère. | LÉON AUTONNE, Maitre de Conférences de Mathématiques à la Faculté des Sciences de Lyon. t … Bourlet (Carlo), Professeur à l'Ecole nationale des —_ Beaux-Arts. — Cours de Mathématiques. — 1 vol. in-8° de 24% pages, avec S9 figures dans le texte. . (Prix: 8 fr.) Naud, éditeur. Paris, 1902. 4 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 535 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 2° Sciences physiques Blaschke (P.).— Dictionnaire électrotechnique en trois langues (français-allemand-anglais). — 2 vol. gr. 1178 de 144 pages. (Prix : 12 fr. 50). S. Hirzel, éditeur. Leipzig, 1902. Nous avons déjà signalé à nos lecteurs la pénurie à peu près complète de dictionnaires techniques détaillés en plusieurs langues et l'embarras qu'éprouvent sou- vent ceux que leurs travaux obligent à consulter fré- quemment des publications en langues étrangères. En attendant que le Technolexikon dont le Verern deutscher Ingenieure à pris l'initiative ait vu le jour, nous enre- gistrons avec plaisir l'apparition du Dictionnaire élec- trotechnique en trois langues de M. P. Blaschke. Bien qu'il n'embrasse qu'une seule branche de nos connais- sances, l'électricité et ses applications, celle-ci joue un rôle si considérable qu'il rendra, nous n’en doutons pas, service à beaucoup de savants et d'ingénieurs. Ditte (Alfred), Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences de Paris. — Introduction à l'étude des Métaux. — 1 vol. in-8° de 488 pages. (Prix : 15 francs.) Société d'éditions scientifiques. Paris, 1902. Ceux qu'a tentés l'idée d'écrire l'histoire des métaux, ou qui ont charge de l’enseigner, savent quelle place y tiennent les monographies, et ceux qui, en vue des examens, doivent s'assimiler la substance des livres ou des leçons sur les métaux, connaissent l’aridité de cette étude. Les livres consacrés à l'étude des métalloïdes débutent toujours par un préambule, où sont exposées et discu- tées les lois générales de la Chimie ; la Chimie organique a trouvé depuis longtemps une introduction magistrale dans les admirables découvertes de la synthèse, et dans la détermination des fonctions. Celui qui possède ces notions générales acquiert, du même coup, une supé- riorité indiscutable pour la compréhension des phéno- mènes chimiques qui intéressent plus particulièrement les métalloïdes ou les composés organiques. L'étude des métaux est de date plus récente, surtout s'il s'agit des métaux eux-mêmes, et non de leurs com- posés; mais, pour ceux-ci aussi bien que pour ceux-là, il n'existait pas de « Généralités ». Chargé de l’enseignement des métaux à la Sorbonne, M. Ditte a, depuis longtemps, comblé cette lacune, en publiant ses « Lecons sur les Métaux { », où les généra- lités tiennent la place qui leur appartient. Pourtant, il a semblé au savant Maitre que les métaux pris en eux- mêmes y étaient examinés d'une manière trop rapide ; c'est pour parfaire son œuvrequ'il publie aujourd'hui ce nouveau livre. L'auteur dit, dans sa Préface, en quelques mots, à quelle préoccupation toute moderne il à obéi : D'où viennent les métaux ? Que sont-ils ? Où vont-ils ? Il à répondu à cette triple question en s’aidant de tous les matériaux les plus récents sur la matière. 40 D'où viennent les métaux? — L'origine des métaux comprend d'abord l'étude géologique des gites métalli- fères : étude qui n’est pas stérile, puisqu'elle conduit naturellement l'auteur à discuter leur formation, et à . ! Leçons sur les Métaux, 2 vol. in-#°. Paris, Ve Dunod, 1892. 536 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX l'appuyer sur les procédés de reproduction des princi- paux minéraux métallifères, de sorte que, dès le début, nous entrons en pleine Mécanique chimique : ces deux premiers chapitres intéresseront certainement les futurs géologues. ” Les minerais une fois reconnus et caractérisés au point de vue de leur origine, M. Ditte montre comment on en extrait les métaux. Ceux qui ont parcouru les centres métallurgiques, ou qui ont essayé de s'instruire dans les traités spéciaux, savent la multiplicité des méthodes et la complication des appareils. Il ne s'agit pas ici de monographies, mais de généralités, et c’est plaisir de lire en soixante-dix pages tout ce qu'il est nécessaire de savoir : La préparation des minerais est rendue plus claire par quelques figures schématiques bien choisies, qui représentent les appareils-types les plus employés. Le traitement métallurgique des minerais préparés, variable, comme on sait, d'un métal à l’autre, est réduit à l'étude de la raison d’être des méthodes, dont le déve- loppement suit un ordre chronologique, allant du trai- tement des métaux natifs à celui, si difficile, des métaux réfractaires. 20 Ce que sont les métaux.— D'abord, des êtres dont chacun est susceptible de modifications nombreuses, d'aspects différents, soit que, comme pour le carbone, on ait des variétés aussi distinctes que le diamant et le charbon amorphe, soit qu'au contraire on ait, ce qui est autrement intéressant, des variétés en nombre pour ainsi dire infini, suivant l’origine et les antécédents du métal considéré. Cette multitude d'aspects est caracté- risée par l'étude des propriétés principales; elle conduit l'auteur à exposer, pour la première fois, croyons- nous, dans un livre élémentaire, des notions précises sur les déformations que peuvent éprouver les métaux, sous l'influence des actions mécaniques ou de la cha- leur, ce qui l'amène à l'étude si intéressante de la trempe, de l’écrouissage, du recuit. Voilà pour les métaux en eux-mêmes; que devien- nent-ils quand on les mettra en présence des corps étrangers, simples ou composés? Au point de vue des applications, cette deuxième partie est au moins aussi importante que la précédente, puisqu'il va s'agir des alliages, et de l’action, sur les métaux, des agents destructeurs, qui sont l'air, l’eau et les acides. Les alliages sont malheureusement encore mal con- nus, mais les efforts faits dans cette voie ont eu des résultats tellement importants que leur étude s'impo- sera de plus en plus. Le seul procédé scientifique pour élucider la ques- tion consisterait à rechercher de quelle manière les propriétés d'un métal déterminé sont modifiées par l'introduction de quantités progressivement croissantes des autres métaux. C'est dire que l'étude des alliages binaires doit précéder toutes les autres, et ce n'est qu'ensuite qu'il sera possible de se risquer, comme l'a fait, avec succès d’ailleurs, M. Charpy, à l'étude des composés ternaires. de l'état de nos M. Ditte fait un tableau très exact connaissances sur les alliages. Dans un premier cha- pitre, il discute les méthodes, nombreuses autant que variées, qui permettent de fixer leur nature chimique; il analyse les travaux de MM. Le Chatelier et Charpy, et les belles recherches de M. Osmond: puis il passe à l'étude de leurs modifications et des méthodes qui per- mettent de les produire ou de les constater. Dans le chapitre consacré à l'action des corps simples sur les métaux, il convient de signaler les apercus nouveaux el intéressants sur la formation et la des- truction des carbures métalliques à différentes tempé- ratures, qui montrent jusqu'où peut s'étendre, dans des mains expertes, le champ de la Mécanique chimique. L'action des corps composés sur les métaux montre au lecteur comment les principes fondamentaux de cette science peuvent subir des contradictions appa- rentes par suite. d'accidents, insignifiants au premier abord, mais qui changent totalement les conditions en présence desquelles on croit se trouver: couche gazeuse, insolubilité d’un composé, impureté du métal, action électrique, etc. Quelques cas examinés à fond, par exemple laction de l'acide sulfurique, peuvent à ce point de vue servir de types. Peut-être l’auteur aurait-il pu placer ici l'analyse de son travail sur l'aluminium, qui à montré dans quelles conditions et avec quels risques l'usage de ce métal était possible. Un dernier chapitre nous montre les métaux dans leurs rapports avec les corps neutres : eau, composés métalloïdiques, carbures d'hydrogène, sels. Il y a là tout un ensemble de phénomènes, quelques-uns très anciennement connus, d’autres récemment observés, souvent très curieux, et dont l'étude se trouvait éparse dans un grand nombre de mémoires originaux. 3° Où vont les métaux ?—Hs font retour au sol, suivant la loi commune, et précisément à l'état sous lequel le métallurgiste à été les tirer de leur sommeil. De sorte que les trois temps de leur histoire sont dominés par leur altérabilité plus ou moins grande en présence des agents destructeurs, l'homme n'intervenant que pour changer leur état de combinaison, de manière peu durable. Tel est, rapidement résumé, l'ensemble solide que constitue le nouvel ouvrage de M. Ditte. Il sera accueilli avec joie par ceux qui ont eu la bonne fortune d’as- sister à ses vivantes lecons de la Sorbonne; il aidera les nouveaux venus à acquérir le sens des choses chi- miques, et les chercheurs y trouveront plus d’une page à méditer, car c'est un ouvrage de vulgarisation en même temps que de haute pensée. x RENÉ MErzxer, Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Dijon. 3° Sciences naturelles Denaiffe ci Sirodot. — L’Avoine,; classification, culture, usages ; commerce en France et à l'Etran- ger, eic. Préface. de M.-E. Facor, Sénateur des Ar- dennes.— 1 vol. de 850 pages, avec 210 figures inter- calées dans le texte. Librairie J.-B. Baïllière et fils, 19, rue Hautefeuille, et Librairie Horticole, 84 bis, rue de Grenelle, Paris, 1902. Le régime protectionnisle auquel nous sommessoumis en France a faussé nos idées sur un grand nombre de points. Dès que des producteurs quelconques, agricul- teurs, industriels, se voient menacés par la concur- rence étrangère, qui livre à la consommation des pro- duits similaires à meilleur marché, au lieu de cher- cher à lutter de perfectionnemeuts, à vaincre par le progrès, à s'orienter dans une nouvelle voie, ils se tournent immédiatement vers les Pouvoirs publics, demandent à ceux-ci, et trop souvent en obtiennent, une loi, un règlement imposant les produits étrangers en question à leur entrée en France. Cela fait, sûrs de n'avoir plus à craindre de concurrence, ils continuent à exercer leur industrie, à cultiver leurs terres, de la même facon, avec le même empirisme et la mème rou- tine. La culture du blé est notamment passible de ces reproches; c’est elle surlout qui, dans la crise agricole qui sévit depuis près de vingt-cinq ans, à entrainé nos Jégislateurs dans la voie économique actuellement suivie et à laquelle on devra forcément renoncer dans un temps plus ou moins éloigné. Il semblerait donc p'us sage de prévoir ce terme, et, puisque la surpro- duction du blé est aujourd’hui démontrée, de chercher : dès maintenant à remplacer graduellement et d’une facon plus ou moins complète notre antique culture nationale par celle d’une céréale de meilleur rapport et pour laquelle nous subirions moins de concurrence de la part des autres contrées. L'avoiné se trouve dans ce cas; sa culture n'occupe qu'un rang des plus modestes et mérilerait certaine- ment de retenir davantage l'attention des cultivateurs. 1 Le k om mod ui Mie dtsmss. musee de Em ne & D, 07 1 ab nn. id - Nous sommes fortement tribulaires de l'étranger, … notamment de la Russie, pour cette céréale, et il serait très désirable que nos cullivateurs remplacassent la culture du blé par celle de l’avoine, dont l'écoulement - serait assuré sans nous obliger aux mêmes sacrifices . el aux mêmes expédients que pour le blé. - L'œuvre considérable de MM. Denaiffe et Sirodot - facilitera singulièrement la nouvelle culture préco- _ nisée. - Ce volume,comportantenviron 850 pages et210 figures, < est, croyons-nous, le plus important et le plus com- . plet que l'on ait écrit sur l'avoine; il se recommande à ) bon des agronomes à la fois par la conscience - avec laquelle il a élé rédigé, par les vues nouvelles pue l'on y trouve et par sa documentation extrême- . ment serrée. A la suite de généralités sur l'avoine commune et de - l'étude détaillée des avoines de printemps et d'hiver, - élude qui occupe le tiers du volume et dont la com- . préhension est facilitée par de nombreux tableaux, les auteurs procèdent à l'examen du grain et de son ren- dement en amande chez les avoines francaises et d'im- _ portation. Ils passent ensuite aux influences météorologiques - et à celle des soins culturaux à donner à l'avoine : - fumure, sélection et nettoyage du grain, semailles, - moisson, emmagsasinage, battage, etc. Le rendement et È la production, les prix de revient et de vente, les trans- _ ports, les octrois et les douanes, les contrôles de la qualité, de la quantité, de la consommation del’avoine, - son emmagasinage agricole, commercial ou industriel, dans les magasins généraux, docks ou entrepôts divers, > fout l’objet d'autant de chapitres spéciaux. L'étude agronomique de l’avoine est complétée par l'examen de sa constitution chimique, de ses usages, des acci- dents et maladies qui peuvent l'atteindre. La fin de l'ouvrage est occupée par une étude très intéressante du commerce de l’avoine considéré dans tous ses détails pratiques. On trouvera daus ce volume un graud nombre d'es- - sais et de faits inédits que les auteurs ont pu constater et vérifier par eux-mêmes dans les champs d’expé- riences dont ils disposent. Ce livre continue d’une facon brillante les monographies que l'un des auteurs, M. Denaiffe, a consacrées aux plantes de prairies et aux - pois potagers. Le nombre de nos industriels agricoles ou horticoles qui appliquent les principes scientifiques - d'une facon rationnelle est malheureusement assez - restreint pour qu'on puisse féliciter hautement ceux qui font œuvre originale. Il était impossible d'écrire sur le sujet qui nous occupe un ouvrase mieux documenté et d'un intérêt plus immédiatement pratique. Nous croyons que, - depuis le professeur d’agricullure, l'officier d'’adminis- _tration, le négociant, jusqu'au petit cullivateur, chacun - trouvera à glaner d'utiles renseignements dans ce livre; nous souhaitons vivement que son succès récom- pense les auteurs du labeur considérable qu'ils ont fourni, en même temps qu'il contribue à répandre dans les masses rurales les idées de science et de pro- … grès. A. HÉBERT. ie. ci donne) dès Delage (Yves), Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne. — L'Année biologique (5° année, 1899-1900). — 1 vol. in-8° de Lxxvi-676 pages. (Prix : 40 fr.). Schleicher frères, éditeurs. Pa- ris, 1901. Les lecteurs de la Revue générale des Sciences con- naissent cette importante publication périodique, dont les premiers volumes leur ont été ici mème présentés, Hs savent quel but s'est proposé M. Delage en fondant l'Année biologique, et par quels moyens 1l s'efforce de l'atteindre. . Malgré le concours d'une soixantaine de collabora- teurs francais et étrangers, il n'avait pas été possible jusqu'ici de supprimer le retard qui se produisait cha- TN, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 937 que année dans l'apparition de l'Année biologique, depuis l’origine de la publication. à Pour y remédier définitivement, M. Delage s'est décidé à réunir deux années en une. Il espère faire paraitre désormais au mois de juin le volume relatif aux travaux de l’année précédente, un délai de six mois étant stric- tement nécessaire pour la confection de l'ouvrage. Bien que les années 1899 et 1900 aient été confondues dans ce volume, il n’est pas plus gros que les précédents. Ce résultat à été obtenu grâce à l'élimination d'un plus grand nombre de mémoires ne présentant pas un inté- rêt général, et à une rédaction plus brève des analyses. En outre, comme l'explique M. Delage dans l’Avertis- sement, «l'un des secrétaires n'ayant point livré le travail dont il s'était chargé, nous avons dû, à notre grand regret, remettre la partie botanique à l’année prochaine ». Malgré ces réductions et celte lacune, le tome V de l'Année biologique offre, comme les premiers volumes de la collection, un intérêt documentaire considérable sur tout ce qui touche à la Biologie générale. Un très grand nombre de faits et de théories, relatifs aux diver- ses manifestations de la vie, y sont successivement exposés, notamment les recherches sur la morphologie et la physiologie cellulaires, la fécondation, l’ontogé- nèse, la régénération, la physiologie générale, l'héré- dité, l’origine des espèces et leur distribution géogra- phique. Un chapitre particulièrement développé est consacré à l’étude du système nerveux et des fonctions mentales. On ne pourrait consulter sans profit un tel recueil, où sont méthodiquement coordonnées les con- clusions d'une quantité de mémoires, publiés dans les périodiques les plus variés. Le plan de l'ouvrage est resté le même. Seules les revues, destinées à signaler au lecteur les résultats les plus saillants des travaux analysés dans les vingt cha- pitres de l'Année biologique, ont été réunies en tête du volume, sous pagination distincte. Leur ensemble cons- titue un intéressant résumé des progrès de la Seience. Enfin, il importe de mentionner une revue générale de M. S. Leduc sur la fension osmotique. En quelques pages, l’auteur expose clairement les définitions, les lois, les formules et les démonstrations théoriques ou expérimentales relatives à la concentration molécu- laire, à la tension osmolique el aux questions connexes, telles que l'étude de la tension de vapeur (tonométrie), la détermination du point de congélation (cryoscopie), la dissociation électrolytique des molécules (théorie des ions). On sait quelle importance ont acquise récemment ces notions de Physique pour l'explication d'un certain nombre de phénomènes biologiques. D P. Victer, Préparateur d'Histologie à la Faculté de Médecine de Paris. 4° Sciences médicales Gavin (M... — Versailles ; ses eaux, leur quantité, leur qualité, depuis Louis XIII jusqu’à ce jour, — 1 vol. in-16 de 116 pages, avec planches et figures. (Prix : 12 fr.) Société d'éditions scientifiques, Paris, 1902. L'opinion publique, se préoccupant beaucoup des questions d'Hygiène, accueillera avec plaisir le livre de M. Gavin, qui l’intéressera à deux points de vue : au point de vue de la qualité des eaux d’une ville aussi fréquentée du monde entier et au point de vue histo- rique. La première partie traite de la valeur des eaux de Versailles et de leur quantité. La consommation de l'eau est très forte pour cette ville; car, en dehors des besoins des habitants, il faut pourvoir à ceux du château. Les célèbres « Grandes eaux », si courues des Parisiens el de l'Etranger, nécessitent un approvisionnement assez considérable, surtout l'été, au moment où les sources diminuent de débit. Aussi la ville de Versailles a utilisé tous les moyens pour se procurer de l'eau. 538 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX —————_—…"…"—"—"—"—"—"—"—"—…—…—………—…—…—…—…"…"—"—…—….— — — Pour commencer, elle fait venir l'eau des étangs de Trappe, de Saint-Cyr et de Saclay, à l'Ouest et au Sud de Versailles, étangs alimentés par les eaux de ruissel- lement des plaines, constituées d'argile à meulière, de la Beauce. Ces étangs ont été établis à l'époque de Louis XIV, Les eaux sont peu calcaires, mais généralement trou- bles. Elles forment des réservoirs assez importants, mais elles seraient insuffisantes pour les besoins de la ville. On a donc recours en outre aux eaux prises près de Marly, dans quelques puits creusés dans la craie. Ces eaux, très calcaires, élevées au moyen de machines, sont envoyées dans le réservoir de Picardie. Enfin, comme complément, Versailles recoit des eaux aussi très calcaires, prises dans les sources dites de Colbert, sortant des plaines au Nord de Versailles. L'auteur apporte une série d'analyses de ces diffé- rentes eaux. En examinant ces chiffres, on est obligé de différer un peu de son avis et de les considérer comme médiocrement potables. Les puits de Croissy, près de Marly, accusent des contaminations par les fumiers, contaminations qui n'ont rien de tranquillisant. M. Gavin signale bien l'installation d'un filtre à sable avant le réservoir de Picardie ; mais la description sommaire qu'il en fait suffit à montrer que son rôle est illusoire. Comme Versailles est obligée de mélanger les eaux d’étangs et les eaux des puits ou des sources trop calcaires pour obtenir une eau ayant 49° hydrotimétri- ques, il ressort de cette première partie que l'installa- tion de filtres suivant les derniers progrès et surveillés quotidiennement améliorerait ces eaux. La publication de l’état sanitaire de Versailles aurait apporté, à l'appui de la thèse de M. Gavin, un argument de plus pour con- vaincre le lecteur à ses idées. Ea deuxième partie traite de l'historique des amélio- rations hydrauliques apportées par Louis XIV pour ali- menter Versailles. On peut suivre chaque année l'état des travaux, les divers projets proposés et leur mode d'exécution. Malgré les difficultés, jamais on ne douta de la nécessité d’un projet quelconque, parfois auda- cieux pour l’époque. Certains furent inachevés, entre autres la dérivation de la rivière d'Eure, pour laquelle Louvois avait déplacé de nombreuses troupes afin d'en accélérer les travaux. La coalition de la ligue d'Augs- bourg fit arrêter le projet si cher à ce ministre et qui ne fut jamais repris. Le livre de M. Gavin, d'une lecture très facile, est donc des plus intéressants à lire. 18 planches des- sinées par l’auteur permettent de suivre le texte; c'est un livre consciencieux, l’auteur n'hésitant pas à dire franchement toute la vérité. On y verra avec étonne- ment que le camp de Sathory, qui recoit de nombreuses troupes, est alimenté d'eau de Seine pure, dans laquelle l'auteur a trouvé du bacille typhique : ce qui est peu tranquillisant. F. DiENERT, Docteur ès Sciences, Chef du Service local de surveillance des sources de la Ville de Paris à Verneuil. Broca (A.), Professeur agrégé à la Faculté de Méde- cine de Paris, Chirurgien des Hôpitaux. — Leçons cliniques de Chirurgie infantile. — 1 vol. de 496 pages avec figures. Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1902. M. A. Broca à réuni en un volume 35 conférences faites par lui sur différents sujets de Pathologie infan- tile. Ces lecons sont faites surtout au point de vue pra- tique : dans chacune d'elles on trouve indiquée une ligne de conduite bien nette. Après avoir décrit, dans la première conférence, la facon d'examiner un enfant au point de vue chirurgical, l’auteur aborde, dans la deuxième et dans la troisième lecons, l'hémarthrose du genou et les arthrites aiguës traumatiques du genou; il enseigne que, dans l'hémar- throse simple, on peut se contenter de faire l'immobi- lisation du genou suivie de massage et que, dans les infections aiguës de l'articulation, il faut recourir à l'arthrotomie par deux incisions latérales longues et très postérieures. Une grande partie du livre est consacrée à la question des fractures du coude ; M. A. Broca en étudie avec soin les diverses variétés et apporte à l'appui de ses obser- vations cliniques de belles épreuves radiographiques. Il montre que les complications nerveuses précoces ou tardives ne sont pas rares à la suite des fractures de l'extrémité inférieure de l'humérus etque, dans ces cas, l'abrasion chirurgicale du col ou des fragments saillants est très souvent indiquée. L'intervention opératoire dans les traumatismes du coude présente de nombreuses indications : certaines fractures du col du radius, les luxations irréductibles du coude exigent une opération qui, seule, permettra de remettre en place les surfaces osseuses. La quatorzième leçon relate des cas intéressants d'exostoses de croissance; dans un de ces cas, une exostose de l’épine de l'omoplate causait un torticolis par irritation musculaire. Plusieurs conférencessont consacrées à l’ostéomyélite et aux nécroses de la mâchoire inférieure, nécroses si fréquentes et si ennuyeuses à traiter. M. A. Broca con- seille d'avoir toujours recours à la voie buccale pour extirper les sequestres par ostéite d'origine dentaire. Les mastoïdites et les infections d’origine jouent un rôle important dans la pathologie de l'enfant; l'auteur en rapporte plusieurs observations et discute à leur propos la nature des interventions à effectuer. Dans les lecons suivantes, M. A. Broca envisage différentes questions de Pathologie : le Mal de Pot cervical et son diagnostic d'avec lesarthrites non tuber- culeuses de la colonne cervicale, les paralysies radicu- laires, obstétricales du plexus brachial, les anévrismes cirsoïdes et anévrismes artérioso-veineux du cuir che- velu, un cas de tumeur gazeuse du cou, l'empyème de nécessité, la péritonite à pneumocoques, la Fmphan- gile gangreneuse du scrotum, les kystes hydatiques du foie, la néphrectomie pour tuberculose rénale fistuleuse, le prolapsus de lurètre chez les petites filles, la rétention menstruelle par cloisonnement du vagin. Trois leçons sont consacrées à la question toujours pendante de l'appendicite, de ses complications et de son traitement. Tout le monde à encore présentes à la mémoire les mémorables discussions à l'Académie de Médecine et à la Société de Chirurgie entre radicaux et temporisaleurs, entre interventionnistes à chaud et in- terventionnistes à froid. M. Broca fut pendant plusieurs années radical : de 1892 à 1895 inclusivement, il à presque toujours opéré les enfants quelques heures sinon tout de suite, après leur admission à l'hôpital, A partir du 4° janvier 4896, sous l'influence de M, Jala- guier, il devint de plus en plus temporisateur, oppor- tuniste. Or, sa statistique globale est la suivante : MORTALITÉ De 1892 à 1895 . 67 cas ont donné 22 morts = 3304 En ASIE Er ms 0 — 4 — —=13,3 ASIA TEISS — 3 — —10,70 SORA 2 3 — —1879 LOU PERTE NS AS — 5 — —10,43 La mortalité opératoire diminua donc dans des pro- portions considérables dès que fut employée la mé- thode expectante. M. A. Broca à passé complètement du camp des radicaux au camp des opportunistes. l'heure actuelle, en présence d'une crise aiguë d'ap- pendicite, il faut, par le traitement médical, calmer la crise et opérer à froid quand les symptômes aigus ont disparu. P. Desrosses. Pour lui, à. PPT TE IT TS TE téninlahs mthinée re: dif dns ln dé à Msn LE Dé. dde oime ne Di) | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 539 + * 1 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER 4 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 12 Mai 1902. _ M.C. Jordanlitune notice nécrologique sur L. Fuchs. — Sur la demande du Gouverneur général de l’Indo- Chine, l'Académie décide de prendre sous son patro- nage un Service d'exploration en Indo-Chine qui va pro- chainement être créé. » {1° SciENCES MATHÉMATIQUES. — M. W. de Tannenberg définit un ensemble de deux systèmes orthogonaux du - plan qui lui a permis d'obtenir, sous une forme très simple, l'expression des coordonnées d’un point d'une surface quelconque applicable sur le paraboloïde de révolution. — M. J. Clairin étudie une nouvelle classe . de transformations des équations aux dérivées partielles du second ordre. — M. Ch. Trépied éludie les altéra- tions que subissent les coordonnées rectilignes des astres photographiés par suite d’un défaut de coïnci- dence entre le pôle instrumental et le pôle vrai. — M. Janssen présente les photographies de la couronne solaire prises à l'île de la Réunion pendant l’éclipse totale du 17 mai 1901 par M. Jean Binot. — M. P.Duhem démontre que les lois du mouvement d'un fluide com- pressible visqueux ne diffèrent qu'en un point des lois du mouvement d'un fluide compressible parfait : il n'existe plus de relation en termes finis entre la pres- sion P, la température T et la densité p; celte relation est remplacée par une équation différentielle qui dé- SL : à termine Te lorsqu'on connaît g, T et P. 2° SciENcEs PHYSIQUES. — M. B. Eginitis a observé que le spectre des étincelles électriques ordinaires, Jjaillissant entre deux électrodes métalliques, est accom- pagné d'un spectre continu dont l'intensité diminue quand la self-induction du circuit de décharge aug- mente. Ce phénomène serait dù aux particules incan- descentes arrachées aux pôles. — M. Th. Moureaux à ‘observé le 8 mai, jour de la catastrophe de la Marti- nique, une perturbation magnétique à l'Observatoire du Val-Joyeux. — Le même auteur a recueilli le 7 mai, au pluviomètre du Parc-Saint-Maur, une pluie renfermant une grande quantité de particules noirâtres ; il s'agit probablement de parcelles charbonneuses provenant d'un incendie. — M. H. Moissan, en faisant réagir du silicium porphyrisé sur un excès de lithium, a obtenu un siliciure de lithium S®Li® en cristaux bleu-indigo “foncé. La décomposition par l’eau est très énergique et produit un mélange d'H et de Si®H° spontanément inflammable à l'air; mais, si l'on modère la réaction, il se dégage de l’'H à peu près pur. — M. H. Gautier à observé que l’hydrure de strontium SrH? a la pro- priété d'absorber de l'hydrogène vers 380°, qu'il redé- gage vers 500°; l'hydrure de Ba agit de même, mais non l’'hydrure de Ca. — M. E. Léger, en faisant réagir le bioxyde de sodium sur les aloïnes et leurs produits halogénés, a obtenu divers dérivés de l’anthraquinone. M. E.-E. Blaise, en condensant le bromopivalate d'éthyle et le cyanacétate d'éthyle potassé, a obtenu un éther cyané qui, par saponification, fournit un nouvel _acide diméthylglutarique, différent de ceux qui sont actuellement connus. — M. G. Leser, en traitant la “méthylcyclohexanone -3 par l'éther acétique, a obtenu “un corps dont le dérivé potassé donne avec le chlo- ture d'isopropyle une acétylmenthone; traité par la potasse, il fournit une menthone synthétique. — M. J. “Le Goff a observé que l'hémoglobine du sang des dia- hétiques ou du sang normal, additionnée de glucose ou “dé lévulose, perd la propriété de fixer les couleurs acides (éosine) et acquiert celle de se colorer par les couleurs basiques (bleu de méthylène). 3° SCIENCES NATURELLES. — M. L. Cayeux a étudié les terrains métamorphiques de la Crète etles rapporte au Trias du type méditerranéen; peut-être empiètent- ils un peu sur le Lias. — MM. Lortet et Hugounenq ont étudié la coloration noir foncé des rochers des deux premières cataractes du Nil; elle est due à la présence, sur la roche, d'une couche mince de bioxyde de man- ganèse noir. Cette couche provient de l'oxydation, sous l'influence des conditions climatériques, des silicates manganésifères du granit et du porphyre qui consti- tuent ces roches. — M. Michel Lévy signale l’'observa- tion, au sismographe Kilian de Grenoble, d'une secousse de tremblement de terre dans la journée du 6 mai. L'épicentre paraît se trouver dans la Méditerranée, au sud de Minorque. — M. Ed. Maillet à calculé, au moyen de la loi de Dausse et d'après les totaux de pluie de la saison froide, les débits moyens mensuels minima de deux sources de la région de la Vanne pour le second semestre de 1902. Séance du 20 Mar 1902. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ed. Maïillet démon- tre que les propriétés dont jouissent les polynômes à coefficients rationnels ne subsistent probablement pas pour les fonctions entières ou quasi entières. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Deslandres rappelle qu'il a déjà émis en 1896 l'hypothèse, reprise récem- ment par M. Arrhénius, d’un rayonnement cathodique par les couches supérieures raréliées de l'atmosphère solaire. Cette hypothèse peut servir à expliquer la forme spirale des nébuleuses. — M. B. Eginitis pense que l'intensité des différentes raies d’un métal dépend de la nature des métaux avec lesquels il coexiste et de la nature du milieu. Quelques raies des métaux simples forment des groupements dont les variations sont dues probablement à la variété de la constitution des parti- cules rayonnantes et de la nature des pôles. L'usage de la self-induction dans les décharges électriques à tra- vers les gaz constitue une méthode qui permet d’'exa- miner la constitution de la matière. — M. Chaumet a constaté que les diamants qui projettent les feux les plus vifs sont ceux qui, examinés à la lumière violette, se montrent le plus nettement fluorescents. De même, les rubis de Birmanie, supérieurs aux rubis de Siam, sont plus fluorescents qu'eux. — M. V. Thomas indique une nouvelle méthode de dosage volumétrique des iodures en présence de chlorures et de bromures. Elle est basée sur la réaction suivante, qui a lieu en pré- sence d'un excès de sel thallique : TICI* + 2KI = TICI + 2KCI + I. L'iode est éliminé par ébullition et on dose l'excès de sel thallique. — M. J. Fages a constaté que la propriété de former un corps rouge avec les sul- fites n’est pas exclusive au nitroprussiate de zinc, mais aux nitroprussiates en général. Le corps rouge est pro- bablement un produit d'addition. — MM. P. Sabatier et J.-B. Sencerens ont étudié l'hydrogénation de quelques carbures éthyléniques en présence de nickel et de cuivre réduits. Ce dernier ne peut hydrogéner que les carbures où l’un des groupes CH? de l’éthylène demeure non substitué (styrolène, limonène). — MM. L. Bouveault et A. Wahl, en réduisant l’a«-nitro- diméthylacrylate, d'éthyle par la poudre de zinc et l'acide acétique, ont obtenu l’oxime de l’aldéhyde 1s0- butyrique; de la même facon, le nitrostyrolène donne l’'oxime de l’aldéhyde phénylacétique. 3° SciENCES NATURELLES. — MM. A. Desgrez ct Al. Zaky établissent que l'augmentation de poids des ani- 540 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ———— maux recevant de la lécithine”ne correspond pas à un ralentissement de la nutrition, mais que l'acide phos- phorique retenu par l'organisme est normalement uti- lisé pour le développement de la cellule osseuse et dela cellule nerveuse. -- M. J.Janssen propose un moyen de remédier à l'affection du globe oculaire connue sous le nom de kératocône ; il consiste à placer devant l'œilune lentille dont la surface intérieure soit celle de la surface extérieure de la cornée, et la surface extérieure celle d'un œil normal. — MM. J. et M. Lignières sont parvenus à vaccinerdivers animaux contre les pasteurelloses (fièvre typhoïde du cheval, maladie des jeunes chiens, choléra des poules, septicémies hémorragiques, etc.) par l'in- jection de cultures renouvelées plus de 500 fois et atté- nuées à 429-430, — M. A. Giard à observé que l'émis- sion des éléments spermatiques est accompagnée chez les Sciara de phénomènes analogues à ceux qu'on observe chez les Hirudinées et les Céphalopodes ; il n'y a jamais production d'une capsule ornée, mais la mise en liberté du spermatozoïde exige un appareil et des cellules sécrétrices dont le fonctionnement rappelle celui du peloton et du bouchon des Sepiaet des Hossia. — MM. L. Léger et O. Dubosegq ont constaté que, chez les Dactylophorides, la conjugaison est anisogame au plus haut degré; mais, à l'inverse du Sfylorhynehus, les spermatozoïdes sont très petits chezle Pterocephalus, et, conformément à la loi générale, ce sont les œufs qui renferment le vitellus nutritif. — M. J. Laborde à fait des expériences sur la destruction de la chenille lileuse du prunier au moyen d'un liquide insecticide composé de : gemme de pin, 1,5 kilo; soude caustique, 0,2 kilo; ammoniaque à 220, 1 litre; eau, 400 litres. La chenille mouillée est d'abord stupéfiée par l'ammoniaque ; puis le liquide s'évapore en laissant à la surface du corps un vernis visqueux qui obstrue les pores respiratoires et produit l’'asphyxie. — MM. E. Perrot et G. Lefèvre ont fait l'étude du Xinkelibia, végétal dont les feuilles jouissent de propriétés fébrifuges bien connues des indigènes soudaniens. C'estvraisemblablement le Com- bretum micranthum, mais avec un port extrêmement variable suivant les conditions de culture et d'exposition. — M. P. Vuillemin a observé à l’état de parasite dans les muscles de l'homme une sarcosporidie du genre Sarcocystis tenella Raillet. Le genre Miescheria n'est pas parasite de l'homme. — M. F. P. Brzezinski altri- bue le chancre et la gomme des arbres fruitiers à des bactéries particulières, qui minent lentement les arbres; ces maladies sont contagieuses, car elles peu- vent se transmettre par des greffons infectés. — M. L. Hauman à constaté que le rouissage aérobie du lin est une action purement biologique, qui peut être accom- plie par les bactéries et les moisissures banales de l'atmosphère et de la surface du sol. Il est la consé- quence de la disparition, dans les tiges, des tissus jeunes gorgés de corps pectiques qui séparent les faisceaux tibreux et des lamelles de pectate de chaux unissant les fibres dans ces faisceaux. — M. L. Cayeux a étudié les rapports tectoniques entre la Grèce et la Crète occi- dentale. — M.R. Chudeau communique ses recherches sur la géologie des environs de Bayonne. — M. J. Brunhes signale un caractère typique des gorges creusées par les cours d’eau. I consiste dans la pré- sence, sur les parois et sur les surfaces continues, de formes creuses et ovoides qui sont les vestiges d'an- ciennes marmites, L'accentuation plus ou moins grande de ce caractère d'établir permet une classification rationnelle des gorges. — M. Michel Lévy a examiné un échantillon de cendres projetées le 3 mai par la Montagne Pelée. On y trouve des feldspaths tricliniques et quelques cristaux de bisilicate ferrifère. ACADÉMIE DE MÉDECINE seance du 20 Mai 1902. M. Guyon présente un instrument, dû à M. F. Ca- thélin, qui permet de faire la division des urines dans la vessie et de recueillir séparément l'urine des deux reins. — M. Budin présente un appareil, imaginé par le D'de Crésantignes, pour l'anesthésie par le bromure d'éthyle. — M. H. Huchard résume ainsi la discussion sur la chloroformisation chez les cardiaques : 4° Les accidents imputables au chloroforme ne sont pas plus fréquents, dans la majorité des cas, chez les cardio pathes ou les aortiques que chez les malades atteints d'autres affections; 2 les affections cardiaques ou aor- tiques ne sont pas des contre-indications à lanesthésie chloroformique, aux conditions suivantes : qu'elles ne soient pas infectieuses à l’état aigu, ou qu'elles ne siè- gent pas Sur un organisme trop affaibli; que les cardio- pathies chroniques ne soient pas arrivées aux périodes asystolique ou dyspnéique, ni constituées par des sf tômes évidents de symphyse péricardique. Quant à la mort mème, elle provient bien rarement du chloro- forme employé, plus souvent du mode de chloroformi- sation et surtout du chloroformé. Séance du 21 Mai 1902. M. le Président annonce le décès de M. Polaillon, membre titulaire, et de M. Kalindero, correspondant de l'Académie. M. L.-G. Richelot présente un Rapport sur un mé- moire de MM. Acquaviva et Lopp relatif à un cas d'anévrisme de Fartère poplitée droite. Le sac à été ex- tirpé totalement; la circulation s'est peu à peu rétablie dans le membre. — M. Chauvel analyse un mémoire du Dr Sagrandi, relatif à l'ophtalmie granuleuse dans le cercle de Laghouat. Cette maladie, essentiellement contagieuse, est très répandue en Algérie, où elle est la cause d'un grand nombre de cécités. Le traitement est excessivement long et compliqué ; il serait plus ra- tionnel d'employer les mesures prophylactiques, une hygiène sérieuse; mais il sera très difficile d'habituer les indigènes à ces mesures. — M. Lucas-Champion- nière présente un Rapport sur un travail du D' H. De- lagenière, intitulé : Résection du genou pour tumeurs blanches graves. L'auteur à fait (rente-sept fois cette opération sans accident; le rapporteur à opéré lui- mème 113 cas semblables par la même méthode avec une mortalité nulle. Is recommandent donc tous deux la résection comme un traitement de choix. — M. A. Josias à observé, chez un enfant de treize mois, un cas de fièvre aphteuse dû à une alimentation avec du lait insuffisamment bouilli provenant d'une vacherie où régnait la fièvre aphteuse. M. Josias propose à l'Aca- démie d'émettre le vœu que les règlements sanitaires n'autorisent la vente du lait produit dans les vacheries où sévit la fièvre aphteuse qu'après que le lait, en tota- lité, aura été bouilli ou pasteurisé à 859. Ce vœu est adopté. — MM. Rémy el Bouchacourt lisent un mé- moire sur l'application chirurgicale de Fendodiascopie buccale. NES SOCIÈTE DE BIOLOGIE Séance du 3 Mai 1902. MM. A. Laveran el F. Mesnil ont trouvé que la, multiplication endogène des Myxosporidies s'opère à partir de très jeunes formes et qu'elle à lieu par di- vision plasmotomique égale ou subégale. — M. E. Wer- theimer a constaté que les injections de solution acide dans le duodénum, qui accélèrent la sécrétion pan- créatique, n'agissent pas par l'intermédiaire d'une subs- tance nouvelle produite dans l'intestin. Pour lui, les, réflexes, même les réflexes périphériques, interviennent pour une certaine part dans le mécanisme de la glande pancréalique, — M. C. Gerber à observé, dans les en- virons de Marseille, une hémiptérocécidie sur l'Uros- permum picroides et une coléoptérocécidie sur les Cis- tes, — M. L. Malloizel a étudié la sécrétion de la glande sous-maxillaire sous l’action de la pilocarpine. La sé crélion est très abondante, la mucine augmente et passe par ‘un maximum, l'activité diastasique est faible. La section de la corde du tympan n'empêche pas l’action de la pilocarpine. — MM. Laquerrière et Delherm ont expérimenté l'action motrice du courant de Watteville CPE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES s41 sur l'intestin grêle; au niveau des électrodes, il agit comme le courant continu ; aux autres points, ilse com- porte comme le courant faradique.— M. G. Delamare à observé qu'à l'état normal la destruction des globules rouges par le ganglion lymphatique normal est incons- tante et, presque toujours, insignifiante. — M. L. Ri- badeau-Dumas a étudié les aspects de la cellule ré- nale du cobaye dans son acte sécrétoire. Les filaments basaux paraissent assimilables à l’ergastoplasme de Bouin et Garnier. — MM. M. Letulle et Nattan-Larrier ont constaté que la cellule de Hassall est un épitht- lium malpighien, filamenteux, sécréteur d’éléidine, destiné à une durée plus transitoire encore que la glande . vasculaire à l’intérieur de laquelle il apparaît tardi- vement. — MM. L. Ambard et E. Beaujard ont ob- servé qu'une dépression atmosphérique de 45 milli- mètres de mercure, même prolongée pendant deux heures, est incapable de provoquer une hyperglobulie appréciable, — Me M. Pompilian présente plusieurs appareils nouveaux : un myographe, un cardiographe, un sphygmographe à transmission et un interrupteur à contacts. — MM. Widal et Javal ont étudié les - échanges nutritifs chez un myxædémateux soumis au . traitement thyroïdien ; il s'est produit une destruction - des albuminoïdes sans oxydation aucune des graisses > organiques. — MM. M. Doyon et A. Morel concluent de leurs recherches à la non-existence de la lipase dans le sérum normal. Séance du 10 Mai 1902. | | - MM. A. Desgrez et Al. Zaky : Influence des léci- - thines sur le développement du squelette et} du tissu > nerveux (voir p. 539). — MM: H. Claude et Al. Zaky ont traité par la lécithine, seule ou associée » à la créosote ou au sulfate de fer, des cobayes tubercu- - lisés expérimentalement. Chez ceux qui ont survécu, Lona observé une augmentation des globules rouges. — MM. A. Herzen el C. Radzikowski ont constaté que la peptone est uniquement succagogue, tandis que la sé- - crétine est en même temps succagogue et trypsinogène. - L'organisme à donc à sa disposition deux agents tryp- -sinogènes : la sécrétion interne de la rate et la sécré- Ee ou entérokinase. — M. Ch. Féré a reconnu qu'au » repos l'excitation faradique détermine d’abord une dé- “pression considérable du travail, puis une excitation “intense, puis des oscillations. Après un travail pro- _longé, l'excitation faradique provoque une augmenta- “tion-de travail, puis lesmêmesoscillations. — MM. P. Ar- -mand-Delille et Babonneix ont observé, dans un cas de méningite tuberculeuse, une variété de diplocoque très voisine de l’entérocoque. — M. L. Camus à constaté pue l’entérokinase et la sécrétine, qui ont une com- mune origine, l'intestin, ne semblent pas être dépen- dantes l'une de l’autre; il est possible de les isoler, bien que parfois elles se trouvent normalement toutes deux réunies. — M. A. Billard à fait absorber des corps gras (beurre, huile d'olive) dans le traitement de “l'ulcère de l'estomac et a obtenu la disparition de la “sensation de brûlure à l'estomac après ingestion de lait. — M. V. Audibert, dans un cas d'empoisonne- ment par le bichromate de potasse, a observé une forte hÿperleucocytose et une résistance des globules blancs “aux colorants normaux. — M. E. Couvreur à reconnu “qu'il existe, chez la grenouille, au-dessus de l’origine “lu facial, une région de l’encéphale excitable par acide carbonique, l'excitation provoquant l'exagéra- tion du nombre et de l'amplitude des mouvements res- “piratoires. — M. M. Letulle et M'e M. Pompilian ont ait l'étude graphique des mouvements respiratoires “dans diverses affections. Dans l'emphysème, la durée de l'expiration est beaucoup plus grande que la durée “de l'inspiration; dans la pleurésie avec épanchement et dans le pneumothorax, c’est le contraire qui a lieu; “dans les trois cas, il n'y a pas de période de repos “entre les mouvements respiratoires. Dans la tuberculose “pulmonaire et les affections nerveuses, les types sont rès variables. — M. M. Arthus a observé que l'addi- RE tion de citrate de soude a une action anticoagulante sur le sang etsur le lait. — M. F. Devé à reconnu que les formations kystiques échinococciques ont des ori- gines multiples, mais qu'elles possèdent, une fois déve- loppées, la même structure et le même avenir. — M. J. Noé à étudié la vitesse de croissance desincisives chez les Léporidés. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 6 Mai 1902. MM. H. Verger et E. Soulé ont observé que, dans les myocardites parenchymateuses, la fonction ryth- mique de la pointe isolée s'accomplit à peu près comme chez l'animal normal. — MM. J. Kunstler et J. Chaine ont découvert une nouvelle cécidomie, vivant sur les bananiers, qui se rapproche des Oligarces. —M. L. Gen- tes à fait l'étude des ilots de Langerhans du pan- créas-du lion. — M. M. Cavalié a pu colorer avec le bleu de méthylène ou la safranine des coupes prove- nant des pièces imprégnées par le chromate d'argent. — M. J. Bergonié indique une méthode rapide et pra- tique de mesure des résistances en Clinique. — MM. M. Cavalié et Monot ont observé un cas de rhab- domyome chez le cheval; la tumeur à été enlevée par énucléation ; elle est formée presque exclusivement de faisceaux de tissu musculaire strié séparés par du tissu conjonctif. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 16 Mar 1902. M. C. Raveau présente la soupape électrique de M. A: Nodon, redresseur-condensateur pour la trans- formation de courants alternatifs simples et polyphasés en Courants continus. M. Nodon est arrivé à utiliser, dans un appareil simple et d'un fonctionnement par- faitement régulier, la propriété, découverte par Buff en 1857, que présente une anode d'aluminium plongée dans un électrolyte d'opposer un obstacle très consi- dérable au passage d'un courant. M. Nodon constitue une pile d’un cylindre de fer ou de fonte au centre duquel est maintenu, à l'aide d’un bouchon de caout- chouc, un bâton d'aluminium allié à 5 p. °/, de zine, immergé dans une solution neutre et saturée de phos- phate d'ammoniaque.Si l'on applique à cet élément une force électromotrice alternative qu'on fait croître pro- gressivement de 15 à 410 volts, il se forme en quelques secondes, à la surface du bâton d'aluminium, une couche de phosphate d'alumine quise comporte comme un isolant parfait jusqu'à 130 volts. Un dispositif auto- matique relie alors les bornes du circuit d'utilisation à celles du courant alternatif par l'intermédiaire d’élé- ments ainsi disposés : À chaque borne du courant alternatif (monophasé ou polyphasé) sont reliés les pôles de nom contraire de deux éléments; quant aux pôles restés libres, on a réuni ensemble ceux de même nom, et l’on obtient un courant qui se dirige de l’alu- minium vers le fer. Le redressement du courant est complet, il n'y a plus de changement de signe, même quand le circuit d'utilisation n'a pas de self-induction. Le rendement de la soupape électrique, mesuré au wattmètre, atteint 75 à 80 °/,; il paraît indépendant de la période entre les fréquences 42 et 84. La force élec- tromotrice et l'intensité sont l'une et l’autre réduites de 10 °/, environ dans la transformation. La solution ne paraît pas subir d’altération. En réglant, au moyen d'un manchon de verre qui coiffe le bâton d’alumi- nium, la densité du courant entre 5 et 10 ampères par décimètre carré, la température se maintient, dans un appareil d’une puissance de # chevaux, au voisinage de 59°. Il est possible d'utiliser des forces électromotrices descendant jusqu'à 50 volts. — M. de Chardonnet pré- sente un actinoScope construit principalement pourles observations spectroscopiques en ballon, mais pouvant également servir à terre pour donner rapidement des indications sommaires sur l'intensité relative, et même ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES absolue, des différentes parties du spectre d'une lu- mière donnée. L'appareil se compose d'un écran percé de trois fenêtres rectangulaires derrière lesquelles est appliquée une pellicule sensible, qui n'est autre qu'un rouleau de kodak. Ces trois fentes sont munies : la pre- mière (la plus large) d un verre ne laissant passer que les radiations rouges; la deuxième ne laisse passer que les radiations vertes ; la troisième est munie d'une paire de lames de quartz argentées ne laissant passer qu'une bande de rayons ultra-violets. L'auteur à combiné ce dispositif il y à une vingtaine d'années et à montré le parti qu'on en pouvait tirer pour photographier sans lumière apparente. On obtient sur le cliché limpres- sion de trois bandes découpées au milieu et aux deux bouts du spectre. Au-devant des trois fenètres glisse, au moyen d'un bouton à crémaillère, un écran qu'on arrête successivement dans huit positions successives, donnant des temps de pose échelonnés de { à 8. On obtient, au développement, des bandes dégradées dont on connait le temps de pose en chaque point. Ayant fait successivement, durant la même ascension, à dif- férentes hauteurs, un certain nombre d'images, on pourra, après développement, les FARRESS her, iden- titier les plages ayant même teinte et juger de l'in- : tensité du rayonnement à chaque station. On pourra aussi, par ce moyen, obtenir des mesures {très appro- chées de l'intensité absolue du rayonnement : il faudra, pour cela, réserver une place libre sur la bande sen- sible. Au retour, on influencera celte réserve avec la lumière d'un are électrique d'intensité connue, et, après développement, celte dernière image servira de point de comparaison. — M. Fouché, directeur de la Compagnie francaise de l'Acétylène dissous, présente un nouveau chalumeau oxy-acétylénique dans le fonc- tionnement duquel n’entrent en Jeu que l'acétylène pur et l'oxygène. On se rappelle que, l'année dernière, M. Fouché avail déjà présenté un appareil de ce genre dans lequel l'acétylène était saturé de vapeurs d’éther, ce qui rendait la combustion beaucoup plus facile à régulariser‘. Le progrès actuel est très important, car il permet d'obtenir une température beaucoup plus élevée. C’est en faisant appel à des pressions plus fortes que celles que l’on emploie d'ordinaire que ce résultat a pu être obtenu. Dans ce chalumeau, les consomma- tions relatives des deux gaz sont, en volumes : 1 d'acé- tylène pour 1,8 d'oxygène. Les deux éléments sont mélangés à l'intérieur de l'appareil, qui contient des arréts en briques poreuses destinés à empêcher tout retour de combustion en arrière. La vitesse nécessaire des gaz à la sortie, pour que la flamme ne rentre pas dans l'intérieur du chalumeau, est d'environ 100 mètres à 150 mètres, et la pression que l’on doit employer pour obtenir cette vitesse et compenser les diverses pertes de charges créées dans l'appareil est de 4 mètres d’eau. La flamme présente au centre un dard verdâtre extrêmement court (6 millimètres environ), qui est le siège de la plus haute température. Ce chalumeau per- met de fondre les métaux avec la plus grande facilité : en particulier avec le fer et l'acier on réalise la sou- dure autogène dans des conditions excellentes, la flamme, réglée comme on l'a dit plus haut, n'’oxydant nine carburant le fer. La silice est fondue et volatilisée sans peine par la chaleur du chalumeau oxy-acétylé- nique. La chaux ordinaire, celle qui sert généralement pour la production de la lumière oxhydrique, est éga- lement fondue. Il en est de même de l'alumine. brique s de magnésie ne résistent pas non plus. Lors- qu on diminue la quantité d'oxygène, la flamme devient éclairante et, en la projetant sur la chaux, le carbone libre se transforme en carbure de calcium. Avec proportion d'oxygène plus forte, on constate facile- ment, par la fusion du fer, que la flamme devient oxy- dante. Or, de la composition chimique de l’acétylène on déduit que, pour une combustion Complète en acide carbonique eteau, il faut, pour 4 d'acétylène, 2,5 d'oxy- Les ! Voyez la Revue du 15 décembre 1901, p. 1088. une” | carbone Seulement, il faut 1 d’ acétylène et 1 d'oxygène. La pro gène, et, pour une combustion en oxyde de portion d'oxygène qui convient pratiquement, soit 4,8 pour { d'acétylène, est donc comprise entre ces deux limites extrèmes, M. Fouché présente un certain nombre de pièces importantes en fer exécutées à l’aide de cet appareil, SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Mai 1902. M. Léger présente un réfrigérant de Liebig modifié, en ce sens que dans le tube qui recoit la vapeur se trouve un second tube, fermé par un bout et.traver par le courant d’eau froide servant à alimenter lappa reil. La vapeur, qui arrive par un tube latéral, passe. ainsi entre deux surfaces refroidies, ce qui amène uné condensation parfaite, même pour la vapeur de liquides: très volatils tels que l'acétone, Féther. La distillatio peut être menée rapidement el sans perte. L'appareil, de longueur moitié moindre que le réfrigérant de Liebig, est facilement démontable, — M. A. Etard déve loppe les préliminaires d'une étude qu'il a entreprises sur les produits basiques de lhydrolyse profonde du muscle. — M. Bouveault présente une note de M. Tétry* intitulée : Condensations avec le zine et liodacétates d'éthyle. M. Moissan présente une étude sur 1 préparation et les propriétés du silicium de lithiunx (voir p. 539). — M. Moissan présente nne note de M. Sterba sur un oxycarbure de cérium (voir p. 495).— M. Bertrand présente une note de M. Bodroux sur la préparation du phosphure d'hydrogène.— M. A. Gran ger indique un procédé pratique pour diviser l'alumi= nium en menus fragments. Il fond l'aluminium et le divise lorsque celui-ci est à l'état pâteux. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES J.-E.-S. Moore et W.-B. Randles : Une nou-. velle interprétation des organes gastriques du Spi- rula, du Nautilus et des Gastéropodes.— Les auteurs concluent de leursrecherches que lorgane du Spirulaet du Nautilus appelé gésier, et par conséquentles organes similaires des autres Céphalopodes sont en réalité les. homologues du sac stylique des Gastéropodes et des Lamellibranches. Chez les Céphalopodes, seule la por- tion du tube gastrique qui se trouve entre l’orilice de l'œsophage et l'intestin est l'estomac vrai, comparable à l'estomac vrai des Gastéropodes, landis que le diver- ticulum valvulaire en relation avec le conduit biliaire chez les Céphalopodes est incontestablement lhomo- logue du cæcum spiral qui part de lestomac vrai des Gastéropodes. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 9 Mai 1902. M. P. E. Shaw présente un micromètre électrique simple. Une vis, pourvue d'une tête divisée, tourne dans un support fixe; son extrémité inférieure appuie sur l'extrémité du bras long d'un levier. Une pointe métallique est fixée au bras court, et la distance dont elle se déplace quand on fait tourner la tête divisée peut se déduire de la course de la vis et du rapport des bras du levier, Quand on utilise cet instrument, la pointe est toujours amenée au contact d'une surface métallique, et le contact est déterminé exactement au moyen d'un dispositif téléphonique. Ainsi, pour me surer l'épaisseur d'une plaque ou d'une fibre, l'objet est plac é entre deux nee métalliques. La pointe est amenée au contact de la lame supérieure, et on fait la, lecture; l’objet enlevé, la pointe est amenée dev nouveau au contact de la lame supérieure, et une deuxième lecture est faite. La différence des deux lec-M tures donnera l'épaisseur de l'objet. L'auteur indique. diverses autres applications de son appareil : détermi=, nation du module d'Young, de la vitesse de la lumière. Séance du 9 esl SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 17 Avril 1902. M. P. C. Ray, en ajoutant du chlorure de sodium une solution de nitrite mercureux, filtrant, puis traitant par un excès d'ammoniaque, à obtenu un “ppté blanc de nitrite de dimercurammonium 2 AzHg° “A70°.H*0. Dissous dans HCI, il se forme un chlorure “double d'ammonium et de mercure, 2HgCP.AzH'CI. Ce dernier, traité par la potasse, donne d'abord le sel 2AzH£°CI,HgCP, puis le corps 2AzHg?Cl,H°0. — M. A. . Crossley donne à la substance qu'il avait d'abord éparée sous le nom de 2:6-dicéto-4-isopropylhexa- éthylène, l'appellation de 4-isopropyldihydrorésor- ne. — MM. J. T. Hewitt el J. N. Tervet ont préparé certain nombre de sels du fluorane avec les acides minéraux. — M. G. T. Morgan à observé que l'intro- luction successive de groupes méthyles dans les trois positions adjacentes aux atomes d'azote de la m-phé- nylènediamine diminue la réactivité de la diamine vis-à-vis des agents méthylants, l’action du chlorure ou “du bromure de méthyle étant empêchée quand la à substitution des trois atomes d'hydrogène est com- blète. Les diamines tertiaires contenant une position ortho-para libre par rapport à l'azote sont des subs- lances très réagissantes. — MM. G. G. Henderson el D.Prentice ont constaté que l'oxyde d'antimoine est insoluble dans les lactates, et n'affecte pas leur rotation Spécifique. Par contre, l'oxyde arsénieux et l'acide borique se dissolvent dans les solutions de lactates et acide lactique, et modifient leur rotation. La varia- ion est maximum pour les proportions correspon- dant à la formation d’un arséniolactate (AsO)CSH*OSK et d'un borolactate (BO)C*H'O'K. La rotation est dimi- “nuée par le premier et considérablement augmentée par le second. — M. N. H. J. Miller à déterminé les roportions d'azote ammonique et nitrique, de chlore et d'acide sulfurique dans les pluies qui tombent à “Rothamsted. Dans l'azote total, 70 °/, sont présents à à l'état d'ammoniaque, et 30 °/, à l’état de nitrates; Jammoniaque augmente en été; l'acide nitrique ne “varie guère. — Le même auteur a déterminé les quan- “tités d'azote nitrique et de chlore dans les eaux de “lrainage de sols en friche etfprivés d'engrais. — M. M. O0. Forster à éludié la benzylidènecamphoroxime, eristaux hexagonaux fondant à 197%, Séance du 30 Avril 1902.. M. S. Young propose une nouvelle méthode pour-la “préparation de l'alcool absolu au moyen de l'alcool fort, ÆElle consiste, par exemple, à distiller un mélange d'al- cool à 93 °/, avec du benzène; il passe d’abord à 64,85 un mélange ternaire contenant de l'alcool, du benzène et la totalité de l’eau, à 682,25 un mélange binaire d'al- coo! et de benzène, enfin à 78°,3 de l'alcool absolument pur. — M. S. Young et Mi: E. C. Fortey ont constaté que l'alcool méthylique absolu peut être retiré de ses mélanges avec l'eau par simple distillation dans un appareil perfectionné. Les alcools éthylique, isopropy- de propylique normal et butylique tertiaire, mélangés à l'eau, peuvent également être obtenus à l’état absolu par distillation avec le benzène. Tous les alcools précé- dents et l'alcool isobutylique forment des mélanges bi- maires à point d'ébullition constant avec le benzène. es alcools éthylique, isopropylique, propylique normal et butylique tertiaire forment seuls dés mélanges ter- maires à point d'ébullition constant avec le benzène et leau. — Les mèmes auteurs ont constaté que, lorsqu'on distille un mélange de deux composants, le poids du distillatum qui passe au-dessous de la température qui orme la moyenne entre les points d'ébullition des deux composants est exactement égal à celui du composé le plus volalil. Si le mélange original tend à se séparer en plus de deux composants, le poids de ces composants éra à peu près égal au poids du distillatum au-dessous du premier point moyen, aux poids des distillatum entre ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 543 les divers points moyens successifs et au poids au-dessus du dernier point moyen. Cette méthode peut servir à l'analyse quantitative des mélanges; elle n'est toutefois pas applicable dans certains cas. — M. S. Young à trouvé que la relation entre les tensions de vapeur et la composition moléculaire de substances ayant le même point critique, et pour lesquelles a: —=V 4,.a, (où &2 représente l'attraction mutuelle des molécules différentes et a, et a, l'attraction des molécules de mème nature), est donnée par une ligne droite, soit : = p.Pa + (100 — p) Po E 100 ñ où P, P4 et P; sont les tensions de la vapeur du mé- lange et des deux composants purs A el B à la même température et p le pourcentage moléculaire de l'un d'entre eux. — Le même auteur donne une nouvelle correction pour ramener à la pression normale les points d'ébullition observés pour les liquides. — M. S. Young: et Mie E. C. Fortey ont déterminé les tensions de vapeur etles volumes spécifiques de l'isobutyrate d'iso- propyle au-dessous de 230°; au-dessus de cette tem- péralure, cet éther se décompose. — M. K. J. P.Orton a préparé des nitroaminobenzènes plusieurs fois subs- titués en ajoutant de l'acide nitrique à une solution de l'aniline correspondante dans l'acide acélique glacial, puis en additionnant d'anhydride acétique le mélange refroidi. — M. A. Scott à repris la détermination du poids atomique du tellure par des pesées du iodure de triméthyltellurium Te(CHS}T et du bromure corres- pondant. La moyenne des résultats donne Te—127,70 (0—16) et concorde avec les détermations récentes de Pellini et Kôüthner. — M. F. D. Chattaway a préparé des bromures d'azote {contenant le groupe propionyle par Paction de l'acide hypobromeux sur la propiona- nilide. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE NEW-YORK Séance du 13 Mars 1902. M. H. P. Eddy a étudié l'influence de liquides acides sur le traitement des eaux vannes. Certaines fabriques déversent dans les égouts des eaux d’une acidité mar- quéé; celles-ci retardent beaucoup l’action des bacté- ries. Puis, dans les filtres de purification à oxyde de fer, celui-ci traverse en partie le filtre et communique à l’eau filtrée un aspect trouble. Enfin, dans la méthode chimique, il faut plus de chaux pour neutraliser l'acide, et le fer produit une plus grande quantité de boues. — M. G. L. Norris, pour doser le silicium dans le ferro- silicium, dissout ce dernier au moyen d’un mélange de chlorure ferrique, d'acide chlorhydrique et d'acide tartrique; on chauffe et on filtre la silice qu'on lave avec HCI. Séance du 21 Mars 1902. M. A. I. Cohn expose le développement et l’état actuel de la fabrication des papiers photographiques bleus et noirs pour la reproduction des plans et des- sins. SECTION D 'ÉCOSSE Séance du 8 Avril 1902. M. H. Ingle à éludié l'origine et la nature de l'acide libre qui se forme pendant la réaction de Hübl. On sait que celle-ci consiste à traiter les graisses et les huiles par une solution d'iode et de chlorure de mer- cure et à déterminer la quantité, caractéristique pour chaque corps gras, diode combiné. Pour l'auteur, l'acide libre qui se forme dans cette réaction est dù à laction de l'eau sur les chlorures d'iode présents; la quantité d'acide dépend de la structure du corps gras et de la quantité d'eau. Quelques chlorures d'iode sont ro ACADÉÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES réduits par l'action du iodure de potassium avec mise en liberté d'iode et, par conséquent, diminution dans l'absorption apparente d'iode. L'erreur qui en résulte peut être évitée soit par l'addition d’un excès de chlo- roforme dissolvant tous les chlorures d’iode formés, soit par l'addition d’eau à la solution de Hübl. La solu- tion de Waller contient un chlorhydrate de chlorure d'iode et, comme celui-ci est décomposé avant que l'addition n'ait lieu, elle a non seulement une action plus lente que la solution de Hübl, mais elle peut méme, avec certaines substances, donner un chiffre d'iode beaucoup trop bas, quelquefois nul. Quelques atomes de carbone doublement liés, par l'influence protectrice de groupes voisins, peuvent être empêchés d'absorber de l'halogène dans une solution de Hübl, fortement acide. En déterminant les indices d'iode d'une substance par les méthodes de Waller (modiliée), de Wijs et de Hübl, et l'acide libre formé avec cette dernière, il est possible de trouver non seulement le nombre d'atomes de carbone doublement liés, mais encore leur position dans la molécule par rapport à certains autres groupes. SECTION DE LONDRES Seance du 10 Mars 1902. M. F. R. O’Shaugnessy décrit le traitement des eaux d'égouts à Birmingham. Les eaux sont conduites dans de grands bassins, divisés en trois parties; la pre- mière chambre retient les détritus les plus lourds, qui entrainent avec eux une certaine quantité de matières organiques; les deux autres chambres arrêtent le gros des matières qui restent en suspension. De là, les eaux passent dans des bassins plus petits, où elles sont sou- mises au traitement seplique pendant huit heures; puis elles sont conduites aux champs d'épandage. Les détritus de la première chambre sont versés dans des fosses; la boue des autres chambres est épandue sur les champs. A propos de l’épandage des eaux, l'auteur fait observer que lorsque le sol des champs est saturé, l'écoulement doit être interrompu; pendant ce temps de repos, le sol absorbera les matières qu'il a recues, et les bactéries les convertiront en substances volatiles ou inoffensives. — M. E. G. Clayton expose ses re- cherches sur certaines méthodes pour l'examen tech- nique de la colle forte (couleur, composition chimique, poids d’eau absorbé par immersion, humidité absorbée dans l'air, dessiccation de la colle sous l'influence de la température, viscosité des solutions, etc.). L'auteur conclut que, pour juger de la qualité d'une colle, il ne faudra pas se borner en général à un seul essai, mais se baser sur les résultats donnés par plusieurs mé- thodes, SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 30 Avril 1902. MM. S. R. Trotman ct H. Peters ont reconnu que les huiles de foie de morue qui ont un indice d’oxyda- ton Supérieur à 30 sont impropres à servir dans le tannage des peaux. — M. J. Golding présente un brû- leur Argand, modilié pour la première opération dans la détermination de l'azote par le procédé de Kjeldah]. — MM. S. R. Trotman et H. Peters décrivent la mé- thode suivante pour la détermination des nitrates dans l’eau. On chauffe 5 à 20 centimètres cubes d’eau avec 25 centimètres cubes de solution d'indigo carmin. et 30 à #5 centimètres cubes d'a ide sulfurique concentré, el, après refroidissement, on titre l'excès de carnin par le permanganate. On répète la même opération à blanc avec de l’eau distillée, et la différence des deux ltrations donne la quantité de nitrates. SOCIÈTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 9 Mai 1902. - La Société procède au renouvellement de son Bureau, Sont nommés : | Président : M. E. Warburg ; Vice-présidents : MM. W. von Bezold, F. von Hef-. ner-Alteneck et E. Hagen; Secrétaire : M. F. Kurlbaum; Vice-secrétaires : MM. H. Starke et F.F. Mar- tens ; Trésorier : M. M. Planck. M. Bruce Hill à étudié les propriétés magnétiques des alliages nickel-cuivre et nickel-zinc. On sait que les métaux ferromagnétiques subissent à une certaine température une modificalion allotropique, caracté- | risée en particulier par la perte du ferromagnétisme, et que cette température de transformation s’abaisse par l'addition de corps étrangers. Pour le nickel, cette température est de 340°; pour ses alliages à &, 8 et 20 °/, de cuivre, elle s’abaisse respectivement à 2950, 265° et 140°; pour ses alliages à 5, 40 et 15 °/, de zine,. elle descend respectivement à 303°, 2680 et,230°, L'abais- sement de la température de transformation est gros- sièrement proportionnel à la quantité de métal ajouté. | — M. E. Goldstein à observé une nouvelle sorte de. rayons cathodiques à faible potentiel de décharge, qui forment le passage entre les rayons cathodiques ordi-. naires et la lumière positive. — M. H. Starke relève. les critiques faites par M. J. Stark à son travail sur la réflexion des rayons cathodiques en collaboration avec M. Austin (voir p. 446 et 499). Il démontre que. l'effet Volta qui pourrait se produire entre le réflec-. teur et le récepteur par l'intermédiaire du gaz rendu conducteur est une quantité absolument négligeable. et qui ne peut servir à rendre compte du courant positif qui se produit sur le métal réfléchissant; ce dernier ne peut donc être attribué qu'à une émission secondaire de particules négativement char- gées. è ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 24 Avril 1902 (suite). 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Wassmuth a dé- terminé les variations de la température qui se produi- sent dans l'allongement et la torsion des fils d'acier au. moyen de l'appareil de Naumann. Les variations de tempéralure sont à peu près proportionnelles à l'allon- gement et à la torsion. — M. F. M. Exner à essayé, au moyen de l'équation de continuité hydrodynamique, d représenter les variations de la pression atmosphérique à la surface de la Terre d'un jour à l'autre. Il établit une équation à quatre constantes, dont il calcule Ja valeur, pour différents lieux, au moyen d'un grand. nombre de cartes du temps d'après la méthode des: moindres carrés. L'emploi ultérieur de ces constantes à la détermination de la pression en un point donne des résultats exacts à 10-30 0/0 près; l'exactitude es plus grande sur mer que sur les continents. 4 29 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Becke communique les observations géologiques qu'il a faites dans le nor du tunnel de Tauern, près Bôckstein. — M, F. Ber werth adresse des observations analogues sur l'extré- mité sud du mème tunnel. 1 Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. 7 Paris. — L. MaAREeTHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette, 13° ANNÉE N° 12 30 JUIN 1902 Revue générale Des Scienc DIRECTEUR : pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. k. Auresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans là Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE È $ 1. — Distinctions scientifiques _ Élection à l'Académie des Sciences de Paris. — Dans une de ses dernières séances, lAca- - démie a procédé à l'élection d'un membre en rempla- émentdu regretté Alfred Cornu. La Section de Physique avait présenté la liste suivante de candidats : En pre- nière ligne, M. Pierre Curie; en seconde ligne, MM. Amagat, Bouty, Gernez et Pellat. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 59, M. Amagat a obtenu. . . 32 suffrages M. P. Curie — DEC T PE — M. Gerncz — Te A OR — Il y a eu un bulletin blanc. M. Amagat, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, a été déclaré élu. Le nouvel académicien était déjà Correspondant de l'Aca- démie depuis 1890. L'Académie a, comme on le voit, concentré ses suf- frages sur deux physiciens d'éclatante renommée, Rarement élection a plus torturé la conscience des juges : les académiciens qui votaient pour M. Curie regrettaient de ne pouvoir déposer aussi dans l’urne un bulletin au nom de M. Amagat, et ceux qui donnaient leur voix à ce dernier eussent voulu pouvoir élire en même temps son concurrent. Dans de telles conditions, «la victoire est particulièrement douce à qui la remporte. “M. Amagat l’appréciera d'autant plus que son entrée à “l'Académiea soulevélesapplaudissements desphysiciens du monde entier. $ 2. — Nécrologie a 7 , Henri Filhol. — L'éminent naturaliste qui vientde .s éteindre était né à Toulouse en 1843. Il fit d'abord des études médicales et fut interne des hôpitaux de Paris. Mais, en même temps, il s’adonnait à des recherches d'Anthropologie préhistorique el de Paléontologie; sa thèse sur les « Phosphorites du Quercy », qu'il soutint en 1874, est un travail considérable. 11 aborda concur- “remment l'étude de la Zoologie générale et de l’Ana- tomie comparée, La distribution géographique des 4 REVUE GÉN,RALE DES SCIENCES, 1902, animaux l'intéressait surtout. Or, vers cette époque, par suite de l'envoi d’une Mission scientifique à l'ile Campbell pour observer le passage de Vénus sur le Soleil, se présentait une occasion unique d'étudier dans les mers australes divers points controversés de Géographie zoologique, Filhol obtint d'être attaché à la Mission au titre de naturaliste. Il passa trois mois à l'île Camp- bell et visita en détail, à son retour, la Nouvelle-Zélande etles iles Fidji; il y fit de fructueuses découvertes. Rentré en Europe, Filhol fut nommé maitre de Con- férences, puis chargé de cours et enfin professeur titu- laire de Zoologie à la Faculté des Sciences de Toulouse. Mais bientôtune nouvelle occasion allait lui être offerte de poursuivre ses recherches sur la distribution des animaux. En 1883, il s'embarqua à bord du Talisman comme membre de la Commission chargée de pratiquer des dragages et des sondages profonds dans la partie orientale de l'Atlantique. La campagne terminée, il en publia quelques résultats dans un livre des plus inté- ressants et des plus instructifs : La vie au fond des InETS. En 1885, Filhol entra au Muséum, où il remplaça en 4894 Georges Pouchet dans la chaire d’Anatomie comparée. En 1897, il entrait à l'Académie des Sciences. Filhol a mené de front l'étude des animaux vivants et celle des animaux éteints, pensant qu'il n'y avait pas de méthode plus logique pour trouver l’origine des formes actuelles que de comparer ce qui est aujourd'hui à ce qui était autrefois. C'est guidé par cette idée qu'il s’attaqua aux dépôts fossilifères du plateau du Quercy en particulier, où, en une vingtaine d'années, il a mis au jour plus de cent cinquante espèces nouvelles. Il restait beaucoup à faire pour déduire toutes les con- clusions de l'immense labeur accumulé par Filhol; t ce qu'il aurait sans doute accompli, revenu de ses lointains voyages, fixé au Muséum, si la mort nélail venue terrasser avant l'heure l’infatigable travailleur. $3: Occultations anormales d'étoiles par la Lune. — M. Hough, de l'Observatoire Deaborn Angle- terre), a eu l’idée d'observer les occultations d'un très 12 — Astronomie 546 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE grand nombre d'étoiles par la Lune, avec un instru- ment suffisamment puissant, et il à remarqué trois classes de phénomènes nettement différents : 4° Une disparition instantanée de l'étoile; ce cas cor- respond à l’occultation des étoiles simples: 20 Un changement soudain dans l'éclat de l’astre, changement qui précède la disparition; l'expérience a prouvé que l’on à affaire, dans ce cas, à des étoiles doubles, reconnues comme telles: 3° Une disparition lente, qui dure environ 0°,2; l’auteur pense que ce cas correspond, à l’occultation d'une étoile double dont les composantes très rappro- chées ne peuvent être séparées par les télescopes les plus puissants. I y aurait là, d'après lui, un moyen de reconnaître des étoiles doubles que les méthodes ordi- naires ne permettent pas de découvrir. Ce qui donnerait, semble-t-il, un certain poids à cette opinion, c'est qu'avec des instruments moins puissants que celui qu'employait M. Hough, certaines éloiles doubles connues, mais dont les composantes sont relativement très rapprochées, affectent souvent celte troisième forme d'occultation. Une nouvelle comète. — On sait que M. Brooks, de Geneva (Etats-Unis), à découvert, le 15 avril dernier, une nouvelle comète par environ 344° d'ascension droite et 29° de déclinaison boréale, non loin de l'étoile Ê de Pégase. Cette comète (qui, étant la première décou- verte cette année, a été nommée, suivant la tradition : « Comètle 1902 À ») s'approchait à ce moment rapi- dement du Soleil; le 7 mai, elle est passée à son péri- hélie. Actuellement, elle s'éloigne rapidement de la Terre. Au moment de sa découverte, elle était de huitième grandeur et demie, de 3! en diamètre, avec une condensation centrale et une queue de moins de 0°,5 de longueur. Depuis, son éclat a encore diminué beaucoup, et, par suile de celte circonstance, combinée avec le fait que la comète à un mouvement apparent vers le sud très rapide, on n'a sans doute plus pu observer ce météore à partir de son passage au péri- hélie, sauf peut-être dans- les stations les plus méri- dionales de l'hémisphère sud. Malgré l'apparition si fugitive de cette comète, qui la rend assez comparable en cela à la fameuse comète australe de l'an dernier, le Professeur Wolf à réussi à en obtenir, le 48 avril, avec sept minutes de pose, une photographie, qui montre, parait-il, que la comète à une queue en éventail recourbée, plus lumineuse sur un bord que sur l'autre. Sur cette photographie, la comète 1902 À ne présente pas, chose assez curieuse, de noyau observable. Saturne visible à travers la division de Cas- sini. — 1] résulte d'une Note intéressante adressée par M. Whitmell à la Royal Astronomical Society de Londres que ce curieux phénomène, que lon n'a jamais eu l'occasion d'observer, doit se produire le 17 juillet pro- chain. A cette date, en effet, Saturne sera en opposition avee le Soleil, par rapport à la Terre, et, d'autre part, le Soleil et la Terre auront alors la même hauteur angu- anneaux. Si, enfin, on laire par rapport au: plan des la division de 3.630 kilomètres la largeur de évalue à Cassini qui sépare les anneaux, on peut calculer que l'ouverture angulaire de la division, vue de la Terre, sera environ 0,2. De sorte qu'un observateur, placé sur Saturne dans une position convenable, verrait à ce mo- ment, entre les anneaux, le passage de la Terre devant Je disque du Soleil. Inversement, un observateur placé convenablement sur la Terre, devra voir, à travers la division de Cassini, le globe de Saturne éclairé par le Soleil, de sorte qu'une partie de la division lui apparaîtra éclairée au lieu d'être obscure comme d'ordinaire. Une pareille observation présente évidemment une scrande difficulté et est très délicate; comme, d'autre part, les conditions qui la rendent possible ne se pré- seutent que très rarement, il serait à souhaiter que les astronomes portassent sur ce point leur attention | 417 juillet prochain. S 4. Exposition internationale des Moteurs CE Appareils utilisant lalecoo!l dénaturé position internationale de l'Alcool dénaturé et de ses applications, qui vient d'avoir lieu à la Galerie des « Machines, à montré une fois de plus que l'alcool peut trouver des emplois industriels pour la production de la force, de la chaleur et de la lumière. On sait l'intérêt économique considérable que pré- senterail, pour l'agriculture francaise, l'extension des emplois industriels de l'alcool. Les grandes cultures les plus rémuvératrices de la France sont celles de la vigne et de la belterave; aussi leur a-t-on donné un grand développement. Il en est résulté une surproduction, et, par suite, un abaissement de prix. Nous produisons 60.000.000 d'hectolitres de vin, alors que nous n’en con- sommons guère que 45.000.000 ; l'industrie sucrière fa- brique 1.000.000 de tonnes de sucre et nous n'en consom- e — Art de l'Ingénieur - mons que 400.000; enfin, la distillerie française est arri- vée à une production qui dépasse 2 2.500.000 hectolitres d'alcool, ce qui représente plus de à. 000,000 d'hectolitres d'eau-de-vie. L'écoulement au dehors est insuffisant. Il est certain que, si l’on réussissait à créer en France des débouchés nouveaux à l'alcool, pour la production de la force, de la chaleur et de la lumière, et si l'on arrivait à faire consommer pour ces usages au minimum 1.000.000 d'hectolitres d'alcool, la situation actuelle, très peu favorable pour les agriculteurs, s'améiiorerait tout à coup. Les viticulteurs, de même que les produc- teurs de betteraves, y trouveraient leur compte; les premiers pourraient employer l'excédent de leur pro- duction vinicole à la préparation des eaux-de-vie, qui trouveraient emploi comme alcool de bouche. Quant aux agriculteurs des régions à betteraves, ils étendraient la surface culturale des betteraves de distillerie. Il ne semble pas du tout impossible que la consom- mation irdustrielle de l'alcool puisse atteindre assez ra- pidement 4.000.000 d'hectolitres par an. Les appareils utilisant l'alcool ont, en effet, donné des preuves sufli- santes de leur bon fonctionnement pour qu'on puisse espérer les voir se répandre. Nous avons, de plus, l'exemple de l Allemagne, chez laquelle l'industrie agricole, menacée, a élé sauvée par l'augmentation croissante des emplois industriels ae l'alcool. Avant 1887, elle employait à ces usages moins de 200.000 hectolitres d'alcuol; or, sa consommation à atteint 1.043.133 hectolitres pendant la campagne 1899-1900. Il va sans dire que ce développement rapide de la consommation industrielle de l'alcool n’a pu être réa- lisé qu'au prix de nombreux efforts. Le Gouvernement allemand a facilité l'emploi de l'alcool; il a donné des primes, qui ont atteint cinq francs soixante-deux cen- times par hectolitre d'alcool dénaturé ; il s'est montré libéral pour l'alcool allant à la consommation indus- trielle, accordant la facilité de dénaturer l'alcool par divers procédés suivant les industries qui l'utili- sent, etc. De son côté, l'industrie s'est efforcée d'abaisser le prix de vente de l'alcool dénaturé. On à constitué une vaste société coopérative, l'Union syu- dicale des Distillateurs et la Société centrale pour la mise en valeur de Alcool, qui réunit les trois quarts de la production de l'alcool en Allemagne. La Cen- trale a établi 26.000 dépôts vendant l'alcool dénaturé au pr de trente-sept centimes et demi le litre. Afin de faciliter l'emploi de quantités plus importantes d'alcool dénaturé, pour la force motrice par exemple, le prix est abaissé à vingt-cinq francs l'hectolitre. La Centrale é aussi organisé une propagande active en faveur de l'alcool dénaturé, ouvrant de nombreux concours, fon- dant des prix importants et organisant des expositions et des conférences. On peut juger par ce rapide apercu de l'effort qui a CHRONIQUE ET été fait en Allemagne. Nous sommes loin d’être aussi avancés en France. Mais, depuis un an, la vulga risation _ de l'alcool dénaturé à fait de grands progrès. Nous de- _ vons ce résultat à l'initialive de M. le Ministre de l Agri- culture, qui a organisé des concours et des expositions, et qui a obtenu l'abaissement du prix de l'alcool déna- turé en France en donnant une prime aux dénaturateur s d'alcool. Déjà apparaissent, chez nous, comme susceptibles . d'entrer dans la pratique, trois modes d'utilisation de - l'alcool dénaturé : production de force motrice, chauf- fage, éclairage. . 4. Force motrice. — Ce mode d'emploi s'applique suriout aux petits moteurs fixes el aux moteurs de voi- res automobiles. . Pour les moteurs fixes, il est intéressant de com- parer les résultats que donne l'alcool dénaturé à ceux que donnent le gaz et le pétrole. Comparoos d'abord la valeur de ces différents combustibles au point de vue . de leur pouvoir thermique : 1 mètre cube de gaz d'éclairage donne environ. . . ss 5.200 calories. 4 kilo d'alcool dénaturé à 900, : : : : 3.300 — 1 — — carburé à 50 0), c’est-à- dire formé de 50 0/, d'alcool déna- turé et de 50 ‘/, de benzène. . . . 7.400 — 1 kilo d'essence de pétrole . . . 11.500 — On voit donc que 1 kilo d'alcool dénaturé donne, en brûlant complètement, une quantité de chaleur qui équivaut à peu près à celle que fournit { mètre cube _ de gaz d'éclairage et à celle que donne un demi-kilo d'essence de pétrole. Ces quantités respectives d'alcool, . de gaz et d'essence de pétrole devraient donc donner théoriquement la même quantité d'énergie. Mais, dans la pratique, il faut tenir compte de ce lait que le ren- dement thermique varie suivant une foule de conditions. Voici, suivant les expériences du Professeur Musil', le rendement thermique que donnent les trois combus- tibles qui nous intéressent : Gaz d'éclairage . f/ana10/e Essence de pétrole ë : 14 à 18 of Alcool dénaturé . . . . . . 24 of, On voit que le rendement thermique de l'alcool dénaturé employé dans les moteurs est bien meilleur que celui de l'essence de pétrole. L'avantage que ce dernier présente au point de vue calorifique sur l'alcool disparait douc dans la pratique puisque le rendement . en est beaucoup moindre. Si, au lieu d'employer de l'alcool dénaturé seul, on emploie de l'alcool carburé, c'est-à-dire un mélange d'alcool el de benzène (benzine rectifiée) dans la proportion de 20 à 50 °/, de ce dernier, on obtient alors sensiblement les mêmes résultats qu'avec l'essence de pétrole. Voici quelques chiffres : Dans un moteur à gaz d'éclairage, il faut consommer environ 450 à 500 litres de gaz par cheval-heure, ce qui, au prix de 20 centimes le mètre cube (prix du gaz pour l'industrie), représente une dépense de 9 à 10 centimes par cheval-heure. Avec l'alcool déuaturé, il faut compter sur une dé- - pense d’un demi-litre par cheval-heure; et, avec l'alcool …_ carburé à 50 °/,, une dépense de 0 litre 350, ce qui représente une dépense de 18 à 20 centimes par che- val-heure*. Le gaz d'éclairage est, quoi qu'il en soit, plus avantageux pour les petits moteurs fixes que l'alcool ou le pétrole. Avec ces deux premiers, le prix de revient de la force motrice est à peu près le double. l'essence de pétrole et l'alcool carburé peuvent être mis à peu près sur le même rang, pour la production ! Voir le Rapport sur l'exposition agricole de Halle-sur- Saale, par Sidersky. ? La consommation a été abaissée à 385 grammes d'alcool, son à 270 grammes d'alcool carburé par cheval-heure dans certains moteurs. CORRESPONDANCE 1 ©£ Æ de l'énergie, mais ce dernier présente l'avantage pra- tique de ne pas dégager l'odeur désagréable des moteurs à pétrole. Cet avantage est surtout appréciable pour les voitures automobiles. On a pu se rendre compte à l’Exposilion, où un grand nombre de moteurs et d’au- tomobiles étaient en fonction, que l'odeur était peu intense; elle eût été fort désagréable si tous ces appa- reils avaient fonctionné au pétrole. En résumé, l'alcool, et surtout l'alcool carhuré peu- vent commencer à lutter avec Je pétrole, et dans certains cas, lui être même préférés. 2. Chaullage. — L'utilisation de l'alcool dénaturé pour le chauffage de petits réchauds est déjà ancienne. Ces appareils ne paraissent pas encore bien parfaits. On à fait cependant des progrès; dans les anciens réchauds, on se bornait à brüler l'alcool directement au moyen d'une mèche. Dans la plupart des réchauds actuels, on volatilise d'abord l'alcool, et les appareils brûlent le gaz ainsi produit. Le gaz d'éclairage. est plus avantageux que l'alcool pour le chauffage; un mètre cube de guz donne à peu près la même quantité de chaleur qu'un litre d'alcool, et ce dernier est plus coûteux. 3. Eclairage. — L'éclairage à l’alcool est, au con- TaBcEeAu I. — Prix de divers éclairages. DÉPENSE parcarcel | heure en centimes CONSOMMA - TION par carcel- NATURE de l'éclairage Bougie de l'Etoile . .| 65 gr. 2 fr. le kilo. Lampe à huile. . É 1 fr. 25 le kilo. 0 fr. 30 le litre! \ hors Paris. ÿ | Lampe à pétrole. . ; 35 gr. (0 fr. 50 le litres dans Paris?. ( | Bec papillon à gaz. .1127 lilres.|0 fr. 30 le m”. | Bec a incandescence à ÉGLENR À | Lampe électrique à à in 35 watls candescence . {95 watts. Lampes à alcool à in- candescence : alcool. È alcool! carburé à 500 0 fr. 30 le mé. Ofr.131 pentes wabtL. 15 litres. 40 le litre. 50 le litre. 0 fr. 0 fr. traire, une application toute nouvelle, et c'est peut-être une de celles à laquelle est réservé le plus grand avenir. Les appareils d'éclairage sont de deux sortes : dans les uns, on brûle l'alcool à l’état liquide; dans les autres, on gazéifie au préalable l'alcool et on le brüle à l’état gazeux. Les appareils utilisant l'alcool à l'état liquide pré- sentent peu d'intérêt; l'alcool brûlé seul n'a aucun pouvoir éclairant; il faut donc carburer cet alcool. On utilise alors cet alcool carburé dans les lampes à pétrole. Ce mode d'éclairage par combustion directe de l'alcool carburé est peu intéressant; il n’en est pas de même des appareils dans lesquels on brûle de l'alcool à l'état gazeux. Dans ces appareils, on utilise la chaleur produite par la flamme de l'alcool gazeux brûlant dans un Bunsen et portant à l’incandescence un manchon de lype Auer. Ces appareils peuvent donc marcher soil à l'alcool seul, soit à l'alcool carburé; ce dermier naturellement l'avantage d'offrir un pouvoir FOPAqU plus grand que l'alcool, et de donner, par suite, à dé- pense de combustible égale, une lumière plus Le use Dans les lampes à alcool par incandescence, | \ vapo- ! Carcel-heure de 10 bougies. 2 Le pétrole païe à Paris 0 fr. 198 de droit d'octroi par litre. DS CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE risalion de l'alcool est produite dans un petit récipient métallique qui est, en général, un simple tube garni, à l'intérieur, d'une mèche de coton plongeant dans l'al- cool. Ce récipient est chauffé, soit au moyen d'une relite veilleuse qui est maintenue allumée, soit au moyen de la flamme même du bec Bunsen, par cou- ductibilité. Lorsqu'on veut allumer la lampe, ïl faut chauffer d'abord le petit récipient jusqu'à ce qu'il se soit produit assez de vapeur d'alcool pour qu'on puisse enflammer le bec Bunsen. Cela dure de 30 à 90 secondes, suivant les appareils. Le tableau 1 ci-dessus permet de comparer les prix de revient des divers modes d'éclairage. Les derniers chiffres de consommation qu'il mentionne ont été ré- duits, et certaines lampes, celles de Denayrouze, par exemple, ne consomment par carcel-heure que 10 gr. 5 d'alcool dénaturé et 6 gr. # d'alcool carburé à 50 0/0, ce qui réduit les dépenses par carcel-heure à 0 cent. 46 et 0 cent. 35. L'éclairage à l'alcool est donc peu coûteux. C'est un avantage sérieux, mais, pour l'éclairage domestique, ce n'est pas le seul à considérer. La plupart du temps, en effet, on s'occupe moins du prix de Ja lumière que de la propreté des appareils d'éclairage, de leur aspect, de l'odeur qu'ils dégagent, de la couleur, de l'intensité de la lumière, de la facilité de l'allumage et de l’extinc- tion, ete. La lumière électrique, par exemple, est coû- teuse, mais elle se prête si bien à l’'ornementation, elle est si maniable qu'on y renoncerait difficilement. En réalité, chaque mode d'éclairage a ses avantages et ses inconvénients et chacun d'eux a ses applications. Ce qu'il faut surtout mettre ici en parallèle, c'est l’éclai- rage à l'alcool et l'éclairage au pétrole. L'alcool pré- sente l'inconvénient d'être inflammable, alors que le pétrole ne l’est pas. Il faut donc, pour l'emploi de lal- cool, donner la préférence aux lampes métalliques cons- truites de telle manière que, si ces lampes se renver- sent, le liquide ne puisse se répandre et que la lampe s'éleigne; un autre inconvénient de la lampe à alcool est qu'il faut au moins une demi-minute pour l’allu- mer, à cause de la nécessité de chauffer au préalable la inèche pour produire les vapeurs d'alcool. Le pétrole pré- sente donc sur l'alcool l'avautage d'être ininflammable et de s'allumer tout de suite, mais l'alcool, de son côté, présente des avantages sérieux : les lampes à alcool sont propres et n'ont pas ce suintement si désagréable «des lampes à pétrole ; elles n'ont pas, non plus, d'odeur ; la lumière en est moins coûteuse ; enfin celle-ci est des plus belles, Ces avantages sont assez grands pour assu- 1er à l'alcool une place importante dans l'éclairage pu- blic et privé. Les emplois industriels de l'alcool pour l'éclairage, la force motrice et le chauffage sont à leurs débuts; mais les résultats oblenus dès maintenant sont des plus encourageants et permettent de bien augurer de l'avenir. X. Rocques, Ingénieur-chimiste. Ancien chimiste principal du Laboratoire municipal de Paris. $S 5. — Chimie organique La fluorescence et les sels d’oxonium du fluorane et de ses dérivés, Il y à deux ans qu'un savant anglais, M. Hewitt, a proposé une théorie sur les relations qui existent entre la fluorescence de certains composés organiques el leur constitution. Résu mons-la brièvement: Si une substance peut être con- vertie en une modilicalion tautomérique, d'énergie libre plus grande, par deux déplacements égaux dans des direclions opposées, les molécules vibreront entre les deux posilions extrêmes, el l'énergie radiante d'une longueur d'onde particulière sera maintenant émise par les molécules avec une longueur d'onde différente. Généralement, les matières color: fluorescentes appartiennent à ce lype de constitution; les molécules de fluorescéine en solution peuvent être, par exemple, nles * comparées à un pendule oscillant entre deux positions extrèmes : (D O0 o/ 1e ch “eos 1 Fe uk AA NN (} a/ 7 L] 74 NQ CH Cor 0 NCO.0H Nco” 0 Sos de a EU ENPN ANA C cn COoH De nouvelles observations de MM. Hewitt et Tervet semblent confirmer l'hypothèse émise par le premier. Le fluorane’, où l'anhydride de la phénolphtaléine, est incolore, et donne des solutions incolores non fluo- rescentes dans les solvants neutres. Si, cependant, on le dissout dans l'acide sulfurique concentré, on obtient une solution jaune, montrant une fluorescence verte intense. Pour expliquer le phénomène, il faut admettre la formation d'un sel contenant un atome d'oxygène tétravalent : k SOH H_ SOI SOsH | NA | Le) 0 o V0 di 0 PIN AN | ba) QE AI AN INIST ANNE ci œH£ So CH Seoou Nco” SCooH Une supposition analogue, faite dans le cas du xan= thydrol et des composés du même genre, à été contir— mée surabondamment*. Et, en fait, les auteurs ont pu isoler et analyser les sels suivants : C#H20*.HAzO* Nitrate de fluorane. C?H120%. H°SO* Sulfate de fluorane. CHE20?"CIH: Chlorhydrate de fluorescéine. enfin, le sulfate et le disulfate de fluorescéine. Constitution de la Limettine, — La limettine est une substance que l'on rencontre dans le péricarpe: du citron et qui se dépose de l'huile essentielle de ce fruit. Sa composition répond à la formule C#H#OF, et sa constitution peut être représentée par la formule # C‘H*(O0CH*)°C*H20*. s Un tout récent travail de deux savants anglais, MM. Til denet Burrows*, a démontré que cette constitution est tout à fait similaire à celle de la coumarine et que les groupe C*H?0? à la structure d'une chaîne lactonique non saturée que l'on trouve également dans la couma rine. La limettine est alors la 4: 6-diméthoxy-coumarime isomérique avec la diméthoxy-esculéline et la daphné Une O.CHs NcH = CH (NES CH'.0\ 0 — 2 WVERX & XXXIV, p. 3819. Di 5 AV. A! Ticoex et H. Bunrows : Journ. of the Chem. Soc t. LXXXI, p. 508. . provision M. Abderhalden ! nous apporte quelques informations ‘ centrés et les acides la reprécipitent inaltérée de cette solution. Quand on la fond avec de la potasse, on oblient de la phloroglucine et de l'acide acétique. Le dérivé dibromé, traité par un alcali, se change rapidement en l'acide monobromocoumarilique correspondant : CH = CBr cH (CH°0 cbr | —— (cHOo}.œHBr Nc 0 — CO No” | COÈH La di et la trichlorolimettine se conduisent d'une facon analogue. Etant donnée son extrême solubilité, le sel de soude de la limettine ne peut être isolé de sa solution aqueuse ; mais il se précipite au moyen d'une solution alcoolique d'éthylate de soude, Ce composé ne peut être méthylé par le procédé ordinaire, Néanmoins, le sel d'argent fournit une petite quantité de l'homologue supérieur, dont la constitution est : CH =—CCHE (CH*0}cH: | No eo Une tentative de synthèse par le procédé de Gatter- maun-Kôbner à été jusqu'ici infructueuse, S 6. — Chimie physiologique Variations de l’'hémoglobine pendant l'al- laïitement. — Bunge à établi, en 1892, que la teneur en fer, chez les lapins, est maximum au moment de la naissance et diminue peu à peu jusqu'à la fin de la période‘l'allaitement. I] était intéressant de rechercher quelle est la part du fer de l'hémoglobine dans cette totale de fer. Un tout récent travail de Sur ce sujet. Il a sacrifié des lapins, et aussi des rats, provenant d’une même portée, à différents âges, au cours de la période d'allaitement. L'hémoglobine a été extraite - du corps, puis dosée colorimétriquement par une com- paraison avec une solution titrée d'hémoglobine de cheval. Le fer n'a pas été dosé directement; l'auteur à « admis que l'hémoglobine de ses animaux contenait . une proportion constante de fer, égale à celle de lhémoglobine de cheval (0,336 °/). À cause de cela, les conclusions qui sont tirées des expériences ne sont peut-être pas très exactes, d'autant moins même qu'on à montré d'autre part l'inégalité du rapport de la coloration des globules rouges et de leur teneur en fer. Quoi qu'il en soit, voici les conclusions de l’auteur : 1° La quantité absolue d'hémoglobine augmente peu à peu à partir de la naissance. Après la période de lae- - lation, alors que les animaux utilisent des aliments plus riches en fer que le lait, elle s'élève avec une grande rapidité; 2 La quantité relative d'hémoglobine est, au con- er : : à mu traire, la plus grande au moment de la naissance. Elle devient minimum à la fin de la période de lactation, - pour remonter ensuite, sous l'influence du nouveau “régime alimentaire ; …— 3° Le fer qui nest pas lié à l'hémoglobine possède “son maximum à la naissance. Il diminue peu à peu …—.landis qu'augmente le poids absolu d'hémoglobine, D. $ T7. — Psychologie … Une Conférence de M. Edmond Perrier sur “« l’Instinet ». — Dans une conférence faite récem- ment à l'Association française pour l'avancement des Sciences, M. Edmond Perrier, directeur du Muséum, a repris et développé la lecture qu'il avait faite le 21 oc- “…tobre dernier, à la séance annuelle de l'Institut de Ls France, sur l’/nstinet. (4 E. ABDERBALDEN : L'hémoglobine pendant la période d'allai- tement. Zeitsch. für physiol. Chemie, t. XXXIV, p. 500, 1902, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 549 Dès 1881, l'éminent zoologiste avait donné une expli- cation des instincts des animaux supérieurs!. C'était une conceplion ingénieuse et hardie pour cette époque. On sait, eu elfet, que, pendant longtemps, on a admis que l'intelligence était le propre de l'homme, que les manifestations mentales des animaux qui rappellent l'intelligence humaine ne font que la simuler, et que, par suite, elles seraient dues à uue faculté particulivre aux bêtes el qu'on a appelée l'instinet. De cette façon, l’homme élait placé en dehors du règue animal et pou- vait ainsi « conserver l'illusion que seul il était fait à l'image de Dieu ». Or, l'observation la plus vulgaire ne permet pas d'accepter cette manière de voir. « On ne saurait contester, dit M. Perrier?, que beaucoup d'ani- maux observent, reliennent, abstraient, combinent leurs sensations, leurs souvenirs et leurs idées, acquie- rent un véfitable savoir, de la prévoyance, et agissent fréquemment de manière qu'on ne puisse douter qu'ils ont parfaitement saisi les relations des causes avec leurs effets. » En cela, ils sont sntelligents. Ce- pendant il est des animaux, même parmi les plus intelligents, qui accomplissent des actes sans qu'in- terviennent l'observation, la mémoire, l'abstraction, l'association des souvenirs et des idées, l'expérience et la prévoyance; ces actes ne sont pas intelligents et semblent relever au premier abord d'une faculté dilTé- rente de l'intelligence et à laquelle conviendrait la dénomination d'rnstinct, Toutefois, l'étude des animaux supérieurs ne permet pas de tracer une démarcation nette entre l'intelli- gence et l’instinet. « On passe de la facon la plus ura- duelle, dit M. E. Perrier, de l'une à l'autre de ces deux formes de l'activité mentale; l'éducation, limitation, l'habitude semblent être les facteurs du développement des instincts les plus compliqués, qui tireraieut ainsi leur origine de l'intellizence. » Au contraire, les instincts les plus simples se confon- dent peu à peu avec les actes purement réflexes qui ont été vraisemblablement les éléments primitifs de l'intelligence. On peut donc « distinguer les instincts primaires purement réflexes, liés à la structure même de l'animal, et les 2nstincts secondaires, superposés par l'intelligence aux instincts primaires, et qui se traduisent par des actes d'abord réfléchis, mais que leur répétition a rendus inconscients, puis hérédi- taires. » Mais, dans cette explication des instincts des ani- maux supérieurs, il faut supposer que les animaux ont observé, imité, réfléchi, retenu afin d'accomplir des actes qui, peu à peu, de conscients sont devenus incon- scients, c'est-à-dire instinctifs. Or, il existe dans la nature actuelle des animaux annuels, les Insectes par exemple, dont la vie trop courte ne permet ni d'ob- server, ni d'imiter ef qui, cependant, ont des instincts remarquables, peut-être les plus merveilleux de tous. Ce sont ces instincts, en apparence inexplicables, que M. E. Perrier a cherché à expliquer. Parmi les instincts si nombreux que l'on observe dans la série animale, le plus remarquable par son in- géniosité et par son étendue nous semble être celui de l'amour maternel, que la femme, par sa tendre-se el son abnégation, a su faire si noble et si grand. Des humbles Eponges jusqu'aux Vertébrés, une foule d'animaux cou- vent leurs petits (Epouges, Madrépores, Etoiles de mer, Oursins, Huitres, Araignées, Ecrevisses, Crabes, etc Mais, en fait d'amour maternel, ou plutôt de prévoyance maternelle, car ces animaux meurent avant d'avoir connu leur progéniture, les Insectes l'emportent sur le reste du rèsne animal. Et, «parmi eux, la belliqueuse tribu des Guêpes, plus disposée, en apparence, à la bataille qu'à la tendresse, tient du prodige ». 1 E. Perrier : Anatomie et Physiologie animales. — 10. L'évolution mentale chez les animaux, préface de la traduc= tion francaise du livre de Romanes.— lo. 7railé de Zoologie. 2 E, Perrier : L'instinct, Bulletin de l'Institut psycholo= gique international, 1901, 590 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Les espèces de Guêpes sont nombreuses et variées, | par l'éducation peuvent devenir héréditaires!, celle mais toutes vivent du pollen et du nectar des fleurs ou du jus sucré des fruits mûrs. Au contraire, leurs larves sont carnassières, ce qui impose à la mère deux tâches: 1° créer à sa progéniture un abri où elle puisse grandir en sûreté; 2 pourvoir à l'alimentation de sa jeune famille, incapable de se procurer les proies dont elle est friande. Pour leur faire un abri, la plupart ereusent le sable de longues galeries. D’autres, comme la Guëêpe commune et le Frelon, construisent, à l’aide d’un carton qu'ils fabriquent eux-mêmes, des édifices qui rappellent ceux des Abeilles. Dans les deux cas, chaque larve a sa loge, el, dans chaque loge, un approvisionnement qui est une merveille. Les Guêpes, vivant trop peu pour assurer l'alimentation des jeunes jusqu'à leur complet développement, donnent la chasse à des animaux assez gros pour suffire à la nourriture de ces larves. Chaque espèce a sa proie préférée, prise ordinairement parmi les Araignées, les Criquets, les Grillons, les Courti- lières, elc. Certaines grandes Guêpes, comme les Sco- lies, s'attaquent aux énormes vers blanes d'où naissent les Cétoines dorées ou les Scarabées rhinocéros. Si ces proies, qui vont constituer l'unique nourriture de la larve, élaient mortes, elles entreraient en décomposi- tion et empoisonneraient le jeune animal; vivantes, elles s'échapperaient ou se défendraient. L'Insecte, d'un coup d'aigullon, préfère les frapper de paralysie, et c'est de ces proies vivantes, mais inertes, donc de chair fraiche, que la larve pourra se repaitre. Or, il n'y a que les Insectes dont le système nerveux est rassemblé en une seule masse qui soient susceptibles d’être paralysés d'un coup d'aiguillon; les Guêpes semblent les connai- tre puisque, parmi tant d'Insectes qu'elles rencontrent, elles ne s’attaquent qu'à eux. Si les Guêpes agissent avec discernement, il faut supposer qu'elles connaissent le danger de la décomposition cadavérique, qu'elles savent distinguer la paralysie de la mort, que la phy- siologie du système nerveux leur est familière. C'est peut-être beaucoup pour une aussi petite tête. Aussi l'on conclut que la Guêpe n’est pas douée d’une véri- table intelligence, mais de quelque chose d'aveugle et d'inconscient, qui est l'instinct. En outre, on déclare que cet instinct est immuable : il pousse l'Insecte à faire une chose, et toujours la même chose; sans doute cette chose est bien faite, mais l'insecte, le voulût-il, ne pourrait la mal faire; il ne peut rien ajouter, ni rien retrancher, il ignore même pourquoi et comment il agit. Assurément voilà qui est loin de l'intelligence humaine, si souple et si diverse. Aussi les psycholosues, pour celte fois, ont été à peu près unanimes à déclarer que l'instinct et l'intelligence n'avaient rien de commun. Et pour l'un, les animaux sont des automates; pour un autre, des maniaques; pour un troisième, des somnam- . bules; pour un quatrième, des illuminés. De leur côté, les savants « essaient de démonter l’automate, de de- mander au maniaque l’origine de son tic, d’arracher au somnambule le secret de son rêve ». Ceux qui considèrent les animaux comme des victimes d'une habitude héréditaire font déjà une concession. « Tout le monde sait, dit M. E. Perrier, que, si les claviers de piano se défendent encore contre des mains inexpérimentées, les morceaux de musique semblent, sous des mains asservies par l'habitude, s'envoler tout seuls des touches d'ivoire. » D'autre part, le somnam- bulisme nous montre que certains actes inconscients peuvent imiter, à s’y méprendre, des actes mürement réfléchis. Il peut doncexister, avec l'intelligence la plus nelle, de véritables opérations instinctives, dont le mé- canisme a été organisé par l'éducation volontaire ou forcée. Les notions récemment acquises par la science sur la structure du système nerveux ont même permis d'expliquer cominment ce mécanisme peut se consti- tuer par la création de relations d'abord passagères, puis permanentes, et enlin hérédilaires entre les neu- Cette explication abaisse siogulièrement la barrière entre l'intelligence el l'instinct: et, si l’on Imet, avec M. Ribot, que les habitudes acquises rones. ‘ droites : barrière doit disparaitre. D'ailleurs, si l'éducation, « c'est-à-dire l'expérience enseignée », contribue à per- fectionner l'instinct, en développant le fond que transmet l’hérédité, il devient probable que ce fond lui- même à été graduellement constitué par l'expérience des ancêtres des animaux actuels. Voici, du reste, un exemple qui nous montre avec évidence l'intervention de cette expérience : certains Oiseaux d'Amérique, les Cassiques, font actuellement leur nid avec du cri de Cheval. Or, à l’époque de Christophe Colomb, le Cheval, déjà fossile en Amérique, était inconnu des Peaux- Rouges. C'est donc seulement depuis la découverte du Nouveau Continent que ces Oiseaux ont pu apprécier le crin, et substituer celte matière aux racines flexibles qu'ils utilisaient jusque-là. C'est aiusi que l'on peut expliquer certains instincts en les comparant à ceux d'animaux de même groupe. Prenons un exemple. Un Crustacé des grandes pro- fondeurs, le Catapagurus, a un abdomen mou, terminé à son extrémité par deux crochels qui soutiennent un petit coquillage. Comment expliquer la présence de ce trophée? Le Bernard l'Ermite de nos côtes, abrité con- fortablement dans une grande coquille de Buccin, nous indique ce qui a dû se passer pour son congénère des abimes. Là, les grandes coquilles sont rares ; et, si les Pagures jeunes trouvent de pelites coquilles, ils n’en trouvent plus à leur taille quand ils grandissent; c’est alors que, sacrifiant à l'instinct de leur race, ils gardent au bout de leur queue l'abri minuscule de leur premier âge, abri que M. Perrier compare poétiquement au « petit foulard dont les jeunes Bordelaises entourent leurs brunes tresses, en souvenir du vaste fichu de leurs aieules ». Certains Pagures des abysses renoncent cependant à la superstition de la coquille; au contraire, les Pagures des rivages essaient de tout pour abriter leur fragile abdomen : les moins avisés (Pylocheles) se cachent dans des trous; d'autres se construisent un abri avec du sable agglutiné ; il en est (Xy/opagurus) qui se logent dans des fragments de Bambou ou autres tiges creuses; enfo, la plupart adoptent des coquilles droites (Pylopagurus) ou enroulées. Si ces instincts divers, au lieu d’appartenir à des espèces différentes, étaient pré- sentés par les mêmes individus à différents âges, nous pourrions dire : Les Pagures ont été rendus poltrons par l'expérience des dangers que leur fait courir la mollesse de leur abdomen; aussi ils ont commencé par se cacher dans des trous, comme le font les Ecrevisses au moment de leur mue; puis, ils ont creusé des trous eux-mêmes; ensuite ils ont découvert qu'il était plus commode et aussi sûr d'user d'abris portatifs; enfin, d'essais en essais, ils ont été conduits à se loger dans des coquilles vides. Telle serait l'histoire d’un instinct développé sous l'influence d'une intelligence lente à agir, mais produisant des effets héréditaires. Or, dit M. E. Perrier, cette gradation des instincts n’est pas une exception, elle est la Loi : Toutes les fois qu'on observe chez un animal un instinct qui semble mira- culeux, on trouve chez les animaux du niéme groupe une : série graduée d'instinets d'abord très simples, desquels on peut s'élever, par une Série de modifications conti- nues et parfaitement explicables, jusqu'à l'instinct qui paraissait merveilleux quand il était isolé. Ainsi, la Guêpe dont nous avons parlé à été préparée par une série de Guèpes : la Guêpe commune porte chaque jour à ses petits des proies mortes; d’autres. reviennent moins souvent, mais sont encore mala- elles multiplient les proies, mâchonnent la tête de leurs victimes, abusent des coups d'aiguillon;. ce n'est donc que par degrés que l’on arrive à l'élégante précision chirurgicale de la Scolie. On pourrait établir de même comment l'industrie des nids a graduellement progressé, comment se sont développés les instincts de: sociabilité des Termites, des Abeilles et des Fourmis, ow bien ceux des Castors. { Tu. Rivsor, L'Hérédité. 1 vol. in-80, chez Alcan. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 51 Il suffit donc de l'intelligence de quelques individus, de l'imitation de leurs actes par leurs contemporains, de l'éducation routinière des générations successives, modifiée parfois par quelque éclair d'intelligence, pour expliquer la naissance, la persistance et la modification des instincts. Mais les Insectes, ne vivant que quelques semaines et ne connaissant pas leur progéniture, ne . peuvent acquérir une expérience personnelle, ni faire . l'éducation de leurs jeunes. La Nature actuelle ne nous fournit done aucune explication de leurs instincts, et c'est à la Géologie que nous devons avoir recours. _ L'histoire du Globe nous apprend que, pendant les périodes primaire et secondaire, l'hiver n'existait pas. . Uu printemps perpétuel permettait donc un dévelop- pement continu des plantes et assurait, par suite, l’exis- tence des Insectes dont la vie, si l'on en juge par les . dimensions qu'atteignaient certaines espèces primaires _ (70 centimètres d'envergure), devait être de longue durée. Dans le calme d'une longue vie, ces Insectes . privilégiés ont pu accomplir les opérations mentales qui nous étonnent aujourd'hui; par eux, peut-être, l'intelligence atteignit une première fois son apogée sur le Globe. Chaque génération transmettait à la sui- vante ce qu'elle avait appris; dans leurs cerveaux s'organisaient des mécanismes d’abord personnels, puis . héréditaires, comme celui de la marche, par exemple, que tant de Mammifères transmettent tout construit à . leurs petits, et dont la formation coûte à nos propres enfants tant d'expériences malheureuses et tant de larmes. Mais, au cours de la période tertiaire, voici l'hiver qui arrive : tout change; le froid tue l’'Insecte en pleine activité, et sa vie se trouve souvent réduite à trois ou quatre mois. Chaque génération est alors séparée de la suivante par un hiver. Par suite, plus d’expérience personnelle, la vie est trop brève; plus d'éducation, les parents sont disparus avec la belle saison; plus d'opé- rations intellectuelles ; « seuls, les mécanismes hérédi- tairement acquis et organisés jadis par l'intelligence persistent : nous leur devons les merveilles actuelles de l'instinct ». M. E. Perrier a terminé en étudiant le cas des In- secles sociaux qui ont échappé aux rigueurs de l'hiver en s’abritant sous terre ou en se construisant des habi- tations. De sorte que la durée de leur vie est demeurée de cinq à sept ans pour les ouvrières el dépasse dix ans pour les femelles. De cette facon, l'expérience et l'éducation restent possibles, et non seulement les tra- ditions se conservent, mais les modificalions apportées par les individus les plus intelligents se transmettent de génération en génération. À l’aulomatisme de l'ins- tinct vient donc se mêler l'intelligence à tous les degrés. Cette dernière apparaît déjà chez les Abeilles et se montre éclatante chez les Fourmis. Aussi chaque four- milière a ses pratiques, qui s'écartent en quelques points de la fourmilière voisine, et qu'on a même réussi à -créer expérimentalement. Les actes accomplis par les Fourmis résultent donc de véritables opérations intel- lectuelles. « L'histoire des Insectes sociaux, sur qui les hivers n'ont pas eu de prise, dit M. E. Perrier, confirme done que l'intelligence a été la forme initiale de la mentalité des Insectes; leurs instincts d'aujourd'hui ne sont que les épaves, ou, si l'on veut, les témoins de leur intelli- — gence passée, » EC $ 8. — Sciences médicales Étiologie de la fièvre jaune. — On sait que M. Reed et Carroll‘ ôont démontré que l’on peut ino- culer à l'homme la fièvre jaune tantôt en le faisant piquer par un moustique infecté (genre Stegomya), * W. Reen et James CarroLz : L'étiologie de la fièvre jaune. “Communication faite à la séance annuelle de la Société américaine de Bactériologie. (Centralblatt für Bakteriologie, n° 10, 1902.) ’ tantôt en lui injectant sous la peau une petite quantité (0,5—2 c. c.) de sang provenant d'un malade atteint de fièvre jaune. Les recherches microscopiques faites sur le sang des malades ainsi que sur les organes des moustiques en question ont, jusqu'à présent, donné des résultats négatifs. De mème, les essais de culture du sang prélevé à différents moments de la maladie n’ont pas abouti. Inspirés par les recherches sur la fièvre aphteuse (microbe invisible), MM. Reed et Carroll ont dirigé leurs efforts dans la même direction et ils ont pu constater des faits extrêmement intéressants. Ils ont vu que le sérum des malades atteints de fièvre jaune garde la virulence après avoir été filtré sur bougie Berkfeld, et que l’on peut facilement provoquer la maladie chez une personne saine en lui injectant même une pelite quantité (1 c. c. 5) de ce sérum filtré! Deux personnes sur trois ainsi inoculées ont con- tracté la maladie avec tous les symptômes caractéris- tiques, et cela après une période d'incubation normale. Avec du sang retiré d'une de ces personnes, les auteurs ont pu donner la fièvre jaune à uue troisième personne. Toutes ces expériences montrent donc bien que l'agent spécifique de la fièvre jaune n'est pas retenu par la bougie. Si l'on chauffe le sang contenant le virus à 53° pendant 10 minutes, on le rend complètement inoffen- sif pour l'homine. Un nouveau moyen de conférer limmunité. — L'impossibilité d'obtenir chez certains microbes, qui donnent des septicémies, la production de toxine a conduit récemment un savant italien, M. Tito Carbone à penser que les troubles causés par l'infection ne sont pas dus dans ces cas à des substances élaborées par les microbes, mais plutôt à des produits de la destruc- tion des cellules de l'organisme atteint. On sait, par les nombreux (ravaux sur la coagulation du sang, l’in- fluence exercée par les injections de produits de la destruction de cellules. Ces substances ont une action qui, selon leur mode de préparation, peut favoriser ou empêcher la coagulation. M. Carbone à constaté que, dans l'infection pneumo- coccique, quand le sang à perdu la propriété de coagu- ler, une destruction intense des éléments circulants a eu lieu ; on peut s'en assurer par la diminution des leu- cocytes et par le dosage des nucléoprotéines. Celles-ci se trouvent en plus grande quantité que normalement et proviennent, sans doute, des cellules détruites. De tous ces produits, la nucléo-histone est le pro- duit le plus actif. L'auteur a préparé des nucléo-histones en se servant d'un mélange de viscères d’un lapin. Si l’on injecte une petite quantité de ce produit (0,08 gramme) à un lapin dans le péritoine, une réaction énergique à lieu, qui met l'animal en état de plus grande réceptivité vis-à-vis du pneumocoque.Par contre, les lapins injectés depuis quinze, vingt jours, et qui sont complètement remis, résistent à l’inoculation de dix, quarante fois la dose mortelle du pneumocoque, qui tue en deux Jours les animaux témoins. Des injections successives d'histone n'augmentent pas limmunité; elles semblent, au contraire, nuisibles. L'histone préparée en partant d’un seulviscère ne donne pas d'aussi bons résultats. Les animaux mjectés avec l'histone depuis quinze jours fournissent un plasma légèrement préventif. Il faut saigner le lapin en recueil- lant le sang dans des vases paraffinés, de manière à avoir un plasma qui ne soit pas trop riche en produits de la désagrégation cellulaire. Ce plasma, injecté à le dose de 25 centimètres cubes dans les veines d'un lapin neuf, le rend réfractaire à l'inoculation de deux, 1 Trro CARBONE : Sur un nonveau moyen de conférer l'Im- munité. (Communication faite à l'Académie de Turin le 14 février 1902. 552 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE trois doses mortelles de pneumocoque. Le plasma d'un lapin neuf, dans les mêmes conditions, se montre inactif. M. Tito Carbone a naturellement recherché si l'immu- nité acquise au moven de l'histone s'applique aussi à d'autres infections, et il à essayé le streplocoque el le charbon avec un succès moindre, mais aussi certain. >athogénie du rhumatisme articulaire aigu. — Deux médecins anglais, MM. Poynton et Pain, au cours de recherches sur le rhumatisme articulaire aigu, sont parvenus à isoler, dans 20 cas, un diplocoque qu'ils considèrent comme l'agent spécilique de la mala- die. Is l'ont trouvé plusieurs fois dans le sang, mais le plus souvent après la mort, dans le liquide péricar- dique, sur les végétations des valvules du cœur, et aussi dans la gorge, dans les cas d'angine rhumatismale. Ce diplocoque pousse le mieux dans le mélange composé de lait et de bouillon additionné d'un peu d'acide lactique: il se cultive aussi bien sur gélose addi- lionnée de sang ; ne Jiquélie pas la gélatine et prend mal le Gram. Chez l'homme, on le trouve dans les organes suivants: au niveau des valvules du cœur, dans le péricarde, sur les amygdales et dans les petits nodules d'origine rhu- matismale. Injecté à dose massive dans la veine des lapins, ce diplocoque produit des phénomènes rappelant ceux du rhumatisme articulaire aigu chez l'homme : on cons- tate des phénomènes inflammatoires du côté des arti- culations, des valvules du cœur et du péricarde; il y a quelquefois en plus : pleurésie, congestion pulmonaire et dégénérescence graisseuse du cœur. Les urines sont acides et très chargées: le tableau clinique observé chez les lapins ressemble, d'après les auteurs ‘, fout à fait à celui que l’on observe chez l'homme ; les lésions anatomo-pathologiques s’en rap- prochent également; d'où ils concluent que le diplo- coque en question est le microbe du rhumatisme arti- culaire aigu. il ne pousse pas sur gélose ordinaire, 9. — Géographie et Colonisation A Mission de M. Doutté au Maroe. — À là So- ciélé de Géographie, M. Edmond Doutté vient de faire une intéressante conférence sur les deux Missions qu'il a remplies au Maroc. Ce voyageur à surtout parlé de son excursion dans le Grand Atlas, dont il à parcouru certaines régions en se rendant de Merakech à Moga- dor. Cette haute chaine de montagnes est, dans cette partie, un pays pauvre et peu habité; elle élève jusqu'à 4.000 mètres ses schistes bleus, que ne recouvre pas toujours une maigre végélalion. Les villages, en terre battue, des Chleuch se suivent à de grands intervalles dans le fond des vallées: ils sont moins nombreux que ceux de notre grande Kabylie, perchés, au contraire, sur les sommets. Cette différence explique peut-être le fait, assez inattendu, que les Berbères du Grand Atlas aient conservé bien moins que ceux de la Kabylie (moins élevée, mais plus abrupte) les formes originales de leur civilisation. L'islamisation à 6t6 plus complète dans Ja montagne marocaine; on n'y trouve plus en vigueur le K hanoun où lois civiles indépendantes et parfois mème divergentes des règles du Coran. D'ailleurs, les obser- vations rapportées par M. de Segonzac montrent que l'islamisation est aussi plus avancée dans les régions reculées du Moyen-Atlas que dans les contreforts du Djurdjura. Mais on doit reconnaitre qu'en s'élendant ainsi, l'Is- lam s'est altéré, Pour supplanter les cultes antérieurs, une religion doit d'abord se les annexer: c'est ainsi que l'Islam Mohgrabin recouvre, sans les détruire, les cultes antérieurs des pierres et des arbres. Pour justifier ces ! Poynrox et Paix : Recherches sur la pathogénie du rhn- matisme articulaire aigu. (Centralblatt für Bakter., 1902. n° 11. derniers cultes, il a simplement répandu la croyance que menhirs, tumuli ou arbresvénérés abritent la tombe d'un marabout! Ces superstitions ont même envahi les ruines du sanctuaire où fut prêchée la purification de l'Islam : des pierres sont placées dans les interstices de la porte de la mosquée de Tin-Mel, ville où le Mahdi Ibn Toumeurt, fondateur de la dynastie des Almohades, fit ses premières prédications. M. Doutté a eu la bonne fortune de retrouver, dans une des vallées de l'Atlas, cet emplacement oublié. Ces superstilions anciennes qui ont envahi l'Islam du Mahgreb ont aidé à le remplir du culte des marabouts ou des cheurfa ou descendants du Prophète. Au Maroc, comme en Algérie eten Tunisie, on constate une ten- dance de l'Islam à se purifier. Soit au contact de l'Infi- dèle, soit pour d'autres causes, le mème mouvement lent se manifeste à travers tout le Mahgreb. Aussi M. Doutté conclut en disant qu'il est impossible que la politique divise longtemps des pays dont la Géographie, la Géologie et l'Histoire font une incontestable unité. | | 1 | La Mission scientifique du Chari au Lac Tehad. — À la suite des opérations des trois Missions Gentil-Bretonnet, Foureau-Lamy, Joalland-Meynier, M. le gouverneur Gentil, commissaire du Gouverne- ment et organisateur du nouveau territoire du Chari, demandait l'envoi en Afrique Centrale d’une Mission scientifique et économique, pour inventorier les riches- ses naturelles de la nouvelle possession, et déterminer les ressources qu'elle peut fournir à la colonisation. En même temps, il contiait l'organisation de cette Mission à M. Aug. Chevalier, docteur ès sciences, chargé du Service botanique au Laboratoire colonial du Muséum, et ancien membre de la Mission du général de Trenti- nian au Soudan. Cette Mission, aujourd'hui constituée, vient de s'embarquer pour le Congo. Les Ministères de l’Instruction publique, des Colonies et de la Guerre, le Muséum d'Histoire naturelle, ont contribué à la cons- lituer. En outre, l'Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, sur le Rapport de M. Hamy, secrétaire de la Commission de la Fondation Garnier, lui a fourni aussi une importante participation, à l'aide des revenus de cette Fondation. Ces divers subsides ont permis à M. Aug. Chevalier de s'adjoindre trois collaborateurs : M. Courtet, officier d'administration de {€ classe d'artillerie coloniale, prè- tera son concours au chef de la Mission. Dessinateur expérimenté, il constiluera des albums de plantes uti- les dessinées d'après nature. Il s'occupera, en outre, d'études topographiques et géologiques. M. le D' De-. corse, aide-major de 1" classe de l'armée coloniale, déjà préparé à ces recherches par les belles récoltes qu'il à faites pour le Muséum au sud de Madagascar, est chargé de la partie ethnographique et zoologique. Enfin M. Martret, ancien chef de cullures au Soudan français, introduira en Afrique Centrale les plantes utiles et les arbres fruitiers qui y manquent. A cet effet, la Mission à demandé aux principaux établissements bo- taniques et coloniaux dépendant de l'Etat, ainsi qu'aux grandes maisons horticoles francaises, des graines et de jeunes plants de végétaux utiles à l'homme, qu'il y. aurait intérêt à acclimater en Afrique tropicale. Dans les différents points où s'arrêtera la Mission, pendant le voyage d'aller, au Sénégal, à la Guinée française, au Gabon, M. Martret déposera ceux des végélaux qui man- quent à ces colonies, et prendra, au contraire, les. espèces qui y sont déjà acclhimalées, et qu'il y à intérêt à introduire dans le bassin du lac Tehad. Pendant que MM. Chevalier, Courtet et Decorse par= courront les territoires du Haut-Oubangui et du Chari, à l'effet d'étudier les productions naturelles, la végéta=m lion, les ressources agricoles et forestières, et d'y recueillir des collections d'Histoire naturelle, destinées à nos musées, M. Martret, installé en un point favora= ble de la nouvelle colonie, multipliera les plantes intro= duiles par la Mission, et rassemblera les espèces indi= gènes les plus utiles, afin qu'elles soient, au retour de … la Mission, distribuées aux colonies d'Afrique où elles # + + manquent, ainsi qu'aux jardins botaniques et coloniaux de la Métropole. Composée de spécialistes déjà familiarisés avec la flore, la faune, l'agriculture tropicales par leurs voyages précédents, la Mission se ientilique Chari-Lac Tchad est bien préparée à explorer le champ d'études, presque complètement vierge, où elle se rend. Aussi espérons- nous qu'il en résullera d° importantes conséquences scientifiques et économiques. L’Exploration scientifique de l’Indo-Chine. — M: Doumer, avant de quitter le Gouvernement général de l'Indo-Chine, a demandé à l'Académie des Sciences de constituer, en Indo-Chine, une Mission d'exploration scientifique permanente. Cette Mission comprendra quatre sections : Géologie et Minéralogie, Zoologie, Bota- nique, Anthropologie. Elle aura à sa tête un directeur nommé pour trois ans, et dont le mandat pourra ètre renouvelé. À chaque section seront attachés deux explo- rateurs, choisis soit parmi les jeunes gens munis du diplôme de licencié ès sciences ou de docteur en méde- cine, soit parmi les savants qui pourraient avoir intérêt à faire un séjour en Indo-Chine pour des recherches d'Histoire naturelle. Cette création complétera la série des établissements destinés à étudier scientifiquement notre grande colonie asiatique, et dont on à com- mencé l'organisation avec l'Ecole francaise d'Extrème- Orient, l'Institut Pasteur de Nha-Trang, l'Institut bac- tériologique de Saïgon, les Services météorologique, géologique, géographique, etc. L'Académie des Sciences à nommé une Commission permanente de contrôle de ce Service d'exploration scientifique de l'Indo-Chine:; elle se compose de MM. Michel-Lévy, Guignard, Grandidier, Perrier, de Lapparent, Delage, Bonnier, Giard. La Commission est “complétée par l'adjone lion du Secrétaire perpétuel pour les sciences physiques. La création de cette Mission d'exploration scientifique nous paraît inspirée par le sentiment le plus juste des besoins de notre colonie, car, en dressant scientilique- ment et consciencieusement | inventaire des ressources naturelles de ce pays, la Mission constituera un trésor d'informations dont les particuliers, aussi bien que les fonctionnaires, seront tous appelés à profiter. Une fois la lranquillité d'un pays assurée, et c’est le e as pour l'Indo- Chine, rien ne saurait être plus utile qu'une enquête scientifique conduite judicieusement et activement. La Mission scientifique française de la Martinique. — La Mission scientifique que le Gou- vernement a envoyée à la Martinique et que l'Académie des Sciences à constituée, est composée de la manière Suivante : MM. Lacroix, professeur de Minéralogie au Muséum ; Hollet de l'Ile, ingénieur hydrographe, at- taché au Dépôt des Cartes du Ministère de la Marine; et Giraud, docteur ès sciences, attaché au Laboratoire de Paléontologie du Muséum. L'objet de cette Mission sera l'étude de toutes les phases du phénomène éruptif au point de vue géologique comme au point de vue de lhydrographie des côtes de l'ile. Les instruments né- cessaires sont prètés par l'Observatoire de Meudon. En celte circonstance l'analyse spectrale surtout devra rendre de grands services. On espère que cette Mission sera de retour vers la fin de Juillet. Croisières aériennes de la Revue : Ascen- sion du. 15 juin 1902. — Le mauvais temps qui n'a, pour ainsi dire, cessé de sévir dans nos régions depuis deux mois, a forcé la evue à espacer ses croi- Sières aériennes au delà de ses Pré visions. Cependant le 15 juin dernier elle à pu lancer, à bord de l'Zros, cinq voy ageurs dans les airs. L'Æros est un magnifique aérostat qui cube 2.000 mètres et emporte facilement cinq passagers joui de ce CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 553 dans sa spacieuse nacelle. Le comte de Castillon de Saint-Victor, propriétaire de l’aérostat, le commandait. Près de lui avaient pris place : Mme Ja baronne de Talle- nay, qu'un beau zèle entraine de la Biologie, sa science favorite, vers l'étude de l'atmosphère; deux amateurs des grands sports, MM. Gauvrit et Oscar Legrand ; enfin M. Louis Olivier, directeur de la Hevue générale des Sciences. Le mauvais temps s'étant opposé au départ du ballon dans la matinée, les voyageurs attendirent le lancement jusqu'à 2 h. 1/2. A ce moment, la pluie avait cessé: le vent s'était calmé; on lächa l'aérostat, lequel, prenant aussitôt son envolée vers le sud-est, traversa la Seine, puis le champ de courses de Longchamps, rempli de curieux attirés par le Grand Prix de Paris. Le ballon passa tranquillement au-dessus des tribunes, puis des enceintes réservées, puis de la piste, à toute petite distance de terre. Cette visite inattendue, qui permettait aux voyageurs aériens de contempler les courses du haut du belvédère le mieux situé et sans avoir eu à acquitter aucun droit d'entrée, causa un certain émoi dans la foule. Si proche semblait l'aéros- tat que les piétons, s'attendant à le recevoir sur la pelouse, échangeaient déjà des saluts et çà et là, pourquoi ne pas le dire? — quelques quolibets avec les passagers de la nacelle, Mais ceux-ci entendaient bien ne pas limiter à ce pelit parcours leur pérégrination dans Patmosphère, et, lorsqu'ils eurent suffisamment beau panorama de Longehamps en fête et de la vue des courses, ils jetèrent du lest, vite s'élevèrent et disparurent. Ils traversèrent tout Paris de louest vers l'est, gagnèrent Saint-Mandé, les lacs Daumesnil et Saint- Fargeau, Fontenay-sous-Bois, le camp de Saint-Maur, passèrent, dans la même direction, au-dessus des plaines de Seine-et-Marne, des usines et du château de Noisiel, du château de Ferrières, et gagnèrent rapi- dement le village voisin, Jossigny. Au-dessus de ce lieu, à plus de 1.000 mètres d'altitude, éclala un orage formidable ; sous les grosses gouttes de pluie qui tom- baient comme des billes sur l'enveloppe du ballon, l’aérostat vibrait et résonnait à la facon d'un gigantesque tambour, et ce fracas eût été pour terrilier les voya- geurs s'ils n'avaient eu pleine confiance et dans l'excel- lente construction du bâtiment aérien et dans lexpé- rience consommée du pilote. Ils se trouvaient alors au-dessus de plaines parfaite- ment unies, couvertes de verdure et sur lesquelles la descente s'annonçait comme particulièrement favo- rable. M. de Castillon fit jouer la soupape et bientôt la nacelle toucha terre. Pendant un petit moment elle y fut trainée avec quelque impétuosité par le ballon, que le vent empor- tait avec violence au ras du sol; mais, après quelques petits soubresauts dont s'amusèrent les touristes, l'ancre l’arrèta, et du frèle esquif chacun put sortir sans encombre. Malgré le déluge, malgré le vent, l'ascension avait pu s'effectuer, ne laissant aux voyageurs qu'un seul désir : celui de la renouveler prochainement. $ 10. — Enseignement Personnel universitaire. — M. Guillet, docteur ès sciences, professeur de Physique au Collège Chapt al, est nommé secrétaire de la Faculté des Sciences de l'Université de Paris, en remplacement de M. Fousse- reau, admis à faire valoir ses droits à une pension dl retraite. M. Vieille, p répétiteur de Physique à l'Ecole Poly- technique, est nommé professeur du même cours, en remplacement de M. Cornu, décédé na M. Colson, chef de bataillon du génie, répétiteur auxiliaire de Physique à l'Ecole Polytechnique, esl nommé répétiteur titulaire du mème cours. MICHEL-LÉVY — L'ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE L'ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE ET LES VOLCANS La catastrophe de Saint-Pierre (Martinique) à ap- pelé l'atlention du monde savant sur la situation géologique des volcans des petites Antilles: malgré les monographies dues à MM. von Karsten, Sawkins, Sievers, Hettner, ete., il reste encore de nombreux problèmes à approfondir aux alentours de cette mer des Caraïbes, qui sert de jonction entre l'extré- mité occidentale de la dépression méditerranéenne et l'arc méridien des Andes, formant le rivage oriental de l'océan Pacifique. La belle synthèse, dont la science est redevable à M. Suess', nous servira de point de départ à celle élude suc- cinele. Il est, avant tout, nécessaire de faire ressortir l'identilé ou du moins l'extrême analogie existant entre les faunes marines de certains sédiments du bassin méditerranéen de l'Europe et celles des for- malions de même âge des Cordillières des Antilles et des Caraïbes (côte nord-est de l'Amérique du sud); ainsi le Turonien supérieur à Actéonelles el à Hippurites a été découvert (Sawkins) à la Jamaï- que et entre Porto-Rico et la Barbade; ce niveau peut être assimilé avec précision à celui de la faune, bien connue, de Gosau. Dans l'Oligocène du golfe du Mexique, du Yucatan à la Floride et des iles Ba- hama à celle d'Antigua, on trouve des calcaires coralligènes assimilables à ceux de Castel-Gumberto et des calcaires à Orbitoïdes du type de Malte. La succession des sédiments, dans les chaines des grandes Antilles, depuis les terrains cristallophyl- liens jusqu'aux premières couches fossilifères, qui sont crélacées, et jusqu'aux dépôts oligocènes du- raut lesquels parait s'être effectué le plissement, rappelle entièrement la coupe des chaines de mon- tagnes de la Grèce el notamment celle de la Crète, à la base de laquelle M. Cayeux vient de découvrir le Trias avec un de ses faciès alpins. Cette analogie se poursuit jusqu'aux Andes du Chili. Ainsi, avant le grand affaissement méridien qui a donné naissance à l'Allantique, la Méditerranée se prolongeail jusqu'aux Antilles et la comparaison s'impose entre les chaines alpines européennes et celles des Antilles et des Caraïbes. La Cordillière des Antilles (fig. 1 ment de la Barbade au Honduras et au Guatémala: se suit facile- La Face de la Terre, édition française traduite par M. E. de Margerie, t. 1, chap. x : « Les Antilles », p. 524 à 734. A. Colin et Cic, 4897. DES PETITES ANTILLES vers l’ouest, elle se ramifie suivant trois virgations au moins, et ce faisceau de chainons, dont les plis sont tous poussés vers le Nord, arrive au Guaté- mala suivant une direction W.-S-.W., qui s'inflé- chit rapidement vers le N.-W. dans l'intérieur de l'isthme. Malheureusement ses attaches aux gran- des chaines de l'Amérique du Nord sont encore mal définies ; l'énorme massif volcanique du Mexi- que leur barre le chemin, et ce problème si inté- ressant n'est pas encore résolu. La Cordillière des Caraïbes se suit, de l'est à l'ouest, à partir de l'ile de la Trinité jusqu'à Cara- cas et aux bords du lac de Valencia; les affleure- mentscristallophylliensoccupentson versantnordet les plis paraissent bien poussés vers le sud, à l'in- verse de ceux de la Cordillière des Antilles. Malgré les derniers travaux de M. Sievers, on ne sait encore que peu de choses sur la jonction de celle chaine avec celles qui forment la virgation septentrionale des Andes de l'Équateur; ces dernières constituent au moins qualre Cordillières distinctes qui s'épa- nouissent en une sorte d'éventail, entre l'isthme et les deux bords du golfe de Maracaybo : tous leurs plis sont versés ou poussés vers l’ouest, en opposi- lion avec ceux de la chaine Caraïbe. On voit que la mer des Antilles ou des Caraïbes occupe une dépression io/érieure aux deux chaines de montagnes qui l'enserrent; c'est un ovale à la facon des effondrements médilerranéens, Méditer- ranée occidentale, Hongrie, mer Égée, qu'on peut comparer à des troncons de clef de voûte verticale- ment enfoncés, après que les pieds droits se sont écrasés sous l'action de poussées langentielles op- posées. A l’est, la mer des Antilles se Lermine par un are entièrement volcanisé, celui des petites Antilles qui s'inscrit nettement, à ses deux extrémilés, dans l'intérieur des zones de plissement (Barbade, Tri- nité). Au sud-ouest, la clôture est plus complexe; elle découpe, le long des côtes de Colombie, la vir- galion des Andes du Sud; puis elle se continue par l'isthme de Panama et rejoint l'extraordinaire ali- gnement de volcans encore actifs qui, de Cosla- Rica au Gualémala, jalonne la côte du Pacifique suivant la direction N.-W., maintes fois recoupée par des fractures perpendiculaires au rivage ‘. L'efondrement, ainsi limilé, est donc volcanisé sur deux de ses bords, comme ses congénères euro- : Dollfus et de Mont-Serrat. V. Secbach, etc. | | À ' RER + MICHEL-LÉVY — L'ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE 55 “péens; au contraire, le golfe du Mexique, qui | a détruit la ville de Retalhuleu au Guatémala. En - correspond à un affaissement extérieur aux chaines | outre, la dépression el les chaines méditerranéennes “de montagnes voisines, imite l'Adriatique ou la | ont été parcourues par des tremblements de terre : - mer Noire et ne présente, le long de ses bords, | le Caucase (Sechemaka) et la côte orientale d'Es- . aucune activilé éruplive, exceplé aux environs de | pagne ont été fortement éprouvés; hier encore, la . Tuxtla, où commence l'immense région voleanique | Sicile a subi une secousse, et l'Himalaya a été » qui prend en écharpe le Mexique, de l'Atlantique au | ébranlé, de Simla au Tchitral!. _ Pacifique. ; Les produits rejetés par les volcans des pelites Plissernrents tertaires et sens probable des poussées. > /:725 de volcans modernes. O Æreptions de 1902. AA Ze volcaniques anciennes Fonds de plais de 700077 & ] [ artinique E 2 | St Vincent sl @ Âaz, £ “Trinité —| e Caraïbe ; * ù Fig. 4. — Schéma des chaines de montagnes et des mouvements oroyéniques de la région des Antilles. a £ & ca | — Au sud, il faut descendre jusquà la trainée vol- | Antilles sont encore mal connus ?; la cendre lancée “canique de Quito, parallèle aux chaines de plisse- | - = = “ment des Andes, pour retrouver des-volcans actifs. ! Voici la récapitulation sommaire es dates approxima i igne S all are ie An tives de ces séismes : 13 février, Schemaka (Caucase). — , es renseignements, malheureusement incom- 18 février, Guatémala. — 6 mai, côte orientale d'Espagne. — “plets, que nous avons recueillis jusqu'à présent, | 14 mai, Oloron (Pyrénées). — 25 mai, Temesvar Honi ous permettent cependant de constater que l’acti= | = # juin, Vellelri (Italie). — 19 juin, Himalaya. 2 ts : ; Re Tyrol. (Daslre, dans la Revue des Deux Mondes “vité volcanique s’est réveillée dans chacun de ces D'autre part, voici les dates des éruptions volcaniques “centres au cours des derniers mois; on connait 8 mai, Martinique. — 10 mai, Saint-Vincent. — 13 mai, Colima (Mexique). — 4 juin, Gouzy-Gram (Bakou). — 8 juin _l'effrayant cataclysme qui à frappé en mai la Mar- |, SN DUAL El D. De SE EL Fe Lacama (Guatémala). Unique et Saint-Vincent; en juin, le volcan Tacama 2 Molengraaf; Siemiradzki (Dorpat, 188 MICHEL-LÉVY — L'ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE le 4 mai dernier par la Montagne Pelée' provient avec évidence d'une andésite à hypersthène. M. La- croix ?, avant son départ pour la Mission que l'Aca- démie des Sciences l'a chargé de diriger, a étudié les échantillons rapportés de la Martinique par Ch. Sainte-Claire Deville ; ce sont des dacites, des andésites et des labradorites à hypersthène, par- fois avec augite et hornblende, rarement avec du péridot. Leur fumerolle qui a été projelée vers la ville, en sortant d'une cassure presque NS, déjà ébauchée au som- met du volcan, lors de l'éruption de 4851. On sait que de celte éruption date le premier réveil histo- rique de l'activité volcanique de la Montagne Pelée; M. Leprieur, chargé à cette époque d'une explora- tion scientifique, constala que la zone la plus éprouvée par les projections de cendres et les fumerolles se composition chimique, peu aberrante, les rapproche du porphyre bleu de l'Esterel et des roches remplissant les laccolites des Henry- Mountainsaux États-Unis: elles contien- nent 60 à 62°/, dirigeait déjà vers Saintl- Pierre. Au reste, on con- naissait avant 1851, à 2 ou 3 kilomètres dans la direc- üon du Nord- Ouest, en ve- nantde la ville, une soufrière accompagnée d'une source de silice, avec une grande prédominance de la soude sur la polasse. Leur acidité relative expli- que la violence des explosions et des projec- lions qui àc- compagnent les éruptions. chaude, déce- Jlant une fume- rolle d'acide sulfureux et l'existence d'une cassure dont la réou-. verture a pu être la cause. immédiate du sinistre (//lus- tralion, 21 juin 1902, arlicle de M. Louis Fo- Cette violence, quieslen rela- Grands cercles lion avec la RÉSERVER ul Phssements alpins . aussi les Ver- NÉPOSP TES OR des Here rs Plissements hereyniens | baudl. £. K.der produits fon- ; k : de ë PEAPUTE fon ++ Méplats. Epanchements volcaniques Erde de Ber- dus s'élevant lin, mois de dans les che- Fig. 2, — Schéma d'une des faces du télraèdre terrestre. mai 14902). minés volca- niques, a alleint son apogée lors de l'éruption du Krakatoa, qui a rejeté des ponces encore plus acides (66 °/, de silice). Les éruptions acides sont souvent accompagnées | l'Académie des Sciences, a un vaste champ ouverñ d'abondantes émanations volatiles, d'épanchements de boues et d'eaux chaudes: la Montagne Pelée pous en a donné un nouvel exemple, particulière- ment désastreux; tout semble démontrer que la ca- tastrophe de Saint-Pierre estdue à une gigantesque 1 C. R. de l'Ac. des Sc. du 19 mai 1902. 2 (/, R. des 26 mai, 2 et 9 juin 1902. rest. "Voir Là se bor- nent les quelques notions précises que nous possé- dons sur la mer des Antilles el son entourage; où voit que la Mission, envoyée sur les lieux pan à ses investigations scientifiques el pourra nou rapporter une moisson d'observations nouvelles. Il Dans ce qui va suivre, nous entrons dans le do maine de l'hypothèse; mais ces hypothèses nous paraissent uliles pour préciser, par comparaisons | _ nous semblent présentées par | rieure à . deplissements qui passe par . . des.Lesabords | ressemblent ; : - nœud ë < ; a poudre à aussi MICHEL-LÉVY — L'ÉRUPTION DE LA MONTAGNE PELÉE ven D9 | la situation même occupée par l'effondrement des petites Antilles. On sait que le méridien, qui partage l'Atlantique, sert d’axe de symétrie à une partie de la face de la Terre (fig. 2); ce n’est pas un des moindres services rendus à la science par M. Suess que d'avoir faitressortir, avec son admirable lucidité d'esprit, les éléments de cette symétrie : le bouclier baltique faisant pendant au bouclier canadien ; la chaine armoricaine à celle des Appalaches; la Mé- dilerranée occidentale à la mer des Antilles. Nous avons ajouté! quelques traits à ce tableau; la mer des Antil- Un pareil assemblage s'accommode avec l'hypo- thèse de Lowthian Green sur la forme tétraédrique du globe terrestre, à condition qu'on la débarrasse de son explication relative à la Méditerranée, dont il a fait une zone équatoriale tordue. Les nœuds volcaniques du Mexique et de lArménie (fig. 3) correspondent à deux des sommets du tétraèdre! qui, ainsi orienté, explique non seulement la forme en pointe des continents austraux, mais aussi celle de l'Amérique du Nord vers l'isthme de Panama. Dès lors, la ligne de faible résistance méditer- ranéenne Ja- les nous parait plutôt corres- la mer Egée et le golfe du Mexi- que à la mer Noire; les pe- tites Antilles fidèlement re- la trainée vol- canique Égi- ne - Santorin - Nisyros, inté- l'arc le Péloponèse, Candie et Rho- à ceux de l'Amérique centrale. Au lonne la péri- phérie de la base du tétraë- dre tournée vers le pôle Nord; l'axe de symétrie Atlantique, les méridiens sy- métriques des Andes et de la cassure éry- thréenne s’a- gencent avec les lignes di- rectrices du tétraèdre. Enfin, les efondrements en ovale mé- diterranéen sont limilés à la porlion de la Méditerranée Erythrée compriseentre nord - est, le volca- nique formi- dable de l'Arménie, sous le Caucase, fait bien pen- - dant à celui du Mexique, qui est au nord-ouest des Anlilles. Vers le sud, la trainée érythréenne (mer - Morie, mer Rouge, Abyssinie, région des grands 4 lacs de l'Afrique orientale) occupe une position symétrique à celle des Andes; on sait qu'elle se com- -pose d'une fosse d'effondrement puissamment vol- -canisée et jouant le rôle d'une ligne de partage des * eaux, le long du rivage oriental de l'Afrique, comme les Andes ont dû le jouer à l’époque mésozoïque, lors des grandes éruptions jurassiques et crélacées, -anlérieures aux plissements, le long du rivage occidental Pacifique de l'Amérique du Sud. ! Coordination et répartition des fractures, etc... Bull. Soc, géol. de France, 3° série, t. XXVI, p. 105, 1898. Fig. 3. — Bassin méditerranéen et nœud volcanique de l'Arménie. les Antilles el la mer Egée, c'est-à-dire à la partie de cetle zone faible de l'écorce terrestre où les plissements sont en éventail plus ou moins sinueux, à plis déjelés vers le nord et vers le sud, autour des fosses d’effondrement volcanisées que les plis enserrent. On voit donc que, conformément à l'opinion de M. Suess, ces dépressions méritent bien le nom d'intérieures. La mer des Antilles est la dernière de ces dépressions vers l’ouest: la mer Egée vers l’est; et, en effet, au delà commencent, d'une part, le régime Pacifique, de l'autre, multiples plissements asiatiques, lous poussés du Michel-Lévy, Membre de l'Institut Directeur du Service de la Carte l e d nord vers le sud, terrestre à { Il ne faut pas perdre de vue que le tétraëdr sphérique. ses faces bombées et très voisines d’une surlace 528 A. GAUTIER — LA VIE DE L'ASSIMILATION A LA CONSCIENCE LA VIE L'esprit a besoin de clarté, el, de tous les pro- blèmes obscurs qui l’assaillent, ceux que soulève l'observalion de rieux et les plus obsédants. Qu'est-ce qu'une ma- lière vivante? Comment se nourril-elle? Comment la cellule -de ses molécules constitutives, celui de ses formes la vie sont parmi les plus mysté- conserve-l-elle à la fois le type chimique sensibles et la loi de son fonctionnement ancestral? Comment, tout semble-t-il tendre vers une même fin, la conservation de l'in- dividu ? Chez l'animal qui raisonne, existe-t-il des chez l'être supérieur, rapports nécessaires entre sa vie psychique et sa vie végélalive? Ces problèmes préoccupent tout homme qui pense, mais plus particulièrement ceux qui, dans leur enseignement public, sont tenus à les examiner el les définir, sinon les résoudre. Les lignes qui suivent essayent un commencement d'ex- plication scientifique de l’ensemble des phéno- mènes de la vie. Elles fixeront les idées que je me suis faites, non sans de longues méditations, de l'assimilation cellulaire, de la conservation des types moléculaires, de leurs rapports avec l'individualité et le maintien des races. Si elles n'apportent qu'une solution partielle, elles auront, au moins, le mérite de bien marquer les limiles qui séparent chacun des domaines de la vie végétalive et psychique. Animale où végétale, toule cellule possède trois aptitudes : elle assimile, croit el se reproduit. Elle assimile, c'est-à-dire qu'elle se nourrit de principes apportés par la sève ou le sang, principes généra- lement différents de ceux qui la constituent, mais que la cellule sait associer de facon à reproduire les édifices chimiques spécifiques dont sont formés ses protoplasmas. Elle croit, c'est-à-dire qu'elle passe de l'état l’état traversant les phases qu'avait traversées avant elle jeune à adulte en grandissant et la cellule d'où elle provient. Elle se reproduit, c'est-à-dire qu'arrivée à l'état parfait, elle forme l'embryon d’une nouvelle cellule qui se dévelop- pera el rement par la cellule mère. s'accroilra, suivant la loi suivie antérieu- La croissance et la reproduction mettent la ma- tière vivante en élat de fonctionnement incessant ; Celui-ci suit sa marche régulière, ainsi que nous le dirons plus loin, gràce à l'organisation de certaines parties différenliées, chargées de régler et d'utiliser DEPUIS LES PHÉNOMÈNES DE L'ASSIMILATION JUSQUES A CEUX DE LA CONSCIENCE la produclion et l'emploi des matériaux fournis par l'assimilation. Elle consiste dans la faculté, toute spéciale à l'être vivant, de se nourrir, non, comme on le croit généralement, en choisissant dans le milieu nutritif qui la baigne une série de matériaux préformés, semblables à ceux qui composent ses plasmas, mais bien en attirant des substances autres que celles qui la constituent, substances que chaque : cellule associe ensuite entre elles ou qu'elle rend semblables aux matériaux dont elle est déjà con- struite !. Dans le sang d'un mammifère ne se trou- vent, en effet, ni musculine, ni kéraline, ni osséine, ni chondrine, ni caséine, elec. La cellule muscu- laire, épithéliale, osseuse, cartilagineuse, l'élément spécifique de la glande mammaire en activité, elc., fabriquent, chacune pour son compte, ces divers édifices chimiques spécifiques avec les malériaux du sang circulant et qui ne les contient pas. Les cellules réalisent ces molécules spécifiques, seules propres à les construire, au moyen des transforma- … tions élémentaires qu'elles font subir à quelques- uns des matériaux ambiants qu'elles réunissent, dissocient, transforment, isomérisent, ele., grâce à l'action directe d'agents spécifiques existant en chaque espèce de cellules et qui ne sont aulres . que les ferments. La plupart de ceux-ci peuvent être extraits de la cellule et agir séparément, in vitro, chacun sui- vant ses aptitudes spécifiques, sur les produits, ou systèmes de produits, dits fermentescibles, qu'ils sont aptes à transformer. . De ces ferments, les uns, comme l'érepsine de, Conheim, le ferment assimilaleur des globules lym- phatiques, les ferments déshydratants du rein ou du foie, elc., soudent entre elles, par perle d'eau, des molécules plus simples : bases hexoniques, nucléines, peplones, elc., formant ainsi les prota-, mines et nucléoalbumines de la semence des ani- maux ou des noyaux cellulaires, les albumines du. sang et des protoplasmas, ete. D'autres ferments déshydratants unissent dans le rein, par le mème ‘ On remarquera que cette conférence a été faite à la suite d'une série de lecons pubiiques où j'ai développé mes idées et les preuves relatives aux divers problèmes que je. n'expose ici que très brièvement. Cette cont eption de l'assi- milation, qui en fait une reproduction 7n situ de Chaque molécule intégrante et qui se rattache elle-même à la repro=\ duction de la cellule toute entière est exposée depuis long temps dans mes ouvrages (Voir Cours de Chimie biologique 4 et La chimie de la cellule vivante). { { A. GAUTIER — LA VIE : DE L'ASSIMILATION A LA CONSCIENCE LS mécanisme, l'acide benzoïque au glycocolle pour . former l'acide hippurique, ou réunissent plusieurs molécules de glycose pour faire, dans le foie, une _ molécule de glycogèné. Semblables phénomènes s'’observent dans les - plantes, et peuvent se réaliser in vitro, par ces ferments. Emmerling ne vient-il pas de démon- trer que la mallase, ferment principal de l'orge qui germe, est apte à réunir ensemble, dans nos vases inertes, le glycose, l'acide cyanhydrique et . l'essence d'amandes amères pour en former l'amyg- daline par une synthèse toute contraire à la réac- Lion analylique qu'avait provoquée l'émulsine : 2 CSH#0$ + CHSO + CAZH = 2H°0 + C2H%7Az0!!. Glycose. Hydrure Acide Amygdaiine. de cyanhy- benzoyle. drique. > D'autres ferments assimilateurs modifient les molécules en les polymérisant ou en les isoméri- sant sans perle ni gain d'aucune sorte, comme lorsque les substances gommeuses ou les dextrines se transforment en celluloses ou amidons, ou bien lorsqu'une antitoxine de nature spécifique se forme, dans la cellule, au contact des ferments loxiques sécrétés par les microbes infectieux, ou sous l'effel des venins si bien aptes à modifier la nature de cerlains plasmas et noyaux cellulaires, qu'après l'envenimalion ceux-ci ne peuvent plus désormais se leindre des couleurs qu'ils attiraient et qui permettaient de les caractériser avant leur modification. Ces déshydratations, et, comme conséquence, l'union des radicaux moléculaires qui en résultent, ces polymérisalions, ces complications molécu- laires, souvent avec réductions, sont les phéno- mènes élémentaires primilifs qui président à l'assi- milation. Des réactions inverses, hydratations, générale- ment accompagnées de dédoublements, de dé- polymérisalions, de simplifications moléculaires, - viennent, en une suite inverse, commencer la « désassimilation, conséquence nécessaire du fonc- “lionnement de la cellule. Ce n'est que postérieu- rement que, chez les animaux et mème chez les plantes, mais à un degré beaucoup moindre, appa- -raissent les phénomènes d'oxydation qui vont fournir la majeure partie de l'énergie nécessaire à la cellule. Ils consistent en une destruction totale “ou presque totale, grace à une sorte de combustion “plus ou moins avancée, des produits de dédouble- “ment des matériaux cellulaires des protoplasmas, “matériaux formés au cours de la phase fermenta- “tire initiale de désassimilalion. —_ Tous ces actes chimiques élémentaires de la cellule, d'où résultent d'abord la fabrication des av #Pc produits d’assimilation propres à construire son protoplasma el son noyau, puis la déchéance désas- similatrice et l'énergie nécessaire au fonctionne- ment, sont chacun, y compris les phénomènes d'oxydation, sous la dépendance de ces ferments spécifiques, agents excitateurs directs des actes chimiques élémentaires primordiaux. Dans le pro- toplasma en fonctionnement, chaque ferment agit pour son compte; il déshydrate, combine, hydro- lyse, réduit, oxyde, isomérise, etc., telles ou telles substances, et en tire parti, soit pour la nutrition, soit pour le fonctionnement désassimilateur de la cellule. Chacun de ces ferments est spécifique, el son activité peut être séparément éludiée hors de la cellule. Chacun possède certainement une struc- ture propre, qui lui confère sa puissance ainsi liée à sa constitution moléculaire. Le secret de cette puissance n’est pas d'un ordre plus mystérieux, en somme, que celui qui veut que dans les molécules chimiques ordinaires la nature et la position relalive des divers radicaux dont elles sont formées est la raison d'être de leur aulorilé spécifique. Le germe, l'organisme moléculaire de chacun de ces ferments spécifiques, se transmet, sans doute, de cellule en cellule depuis la cellule initiale: il semble se développer ensuite dans les cellules filles, ainsi que cela se passe, on le sait aujour- d'hui, pour la diastase de l'orge qui germe, dias- lase qui existe dans le grain avant toute germina- tion, comme on l'a bienétabli mais qui se reproduit rapidement et en abondance dès que se développe la plantule. Par leur composition et leur constitution, ces fer- ments semblent être à la limite de l'organisation chimique la plus compliquée, condition qui leur confère une instabilité remarquable. Ils peuvent s'unir momentanément aux matières dites fermentescibles sur lesquelles ils sont aptes à réagir, en même temps qu'aux éléments et ions de l'eau, des acides, des bases, de l'oxygène, de l'hy- drogène ambiants, etc., avec lesquels ils contrac- tent des combinaisons passagères. Au moment où se dissocie cette molécule complexe, formée par la soudure instable du ferment, ainsi chargé de radi- caux supplémentaires, et du corps fermentescible, ces radicaux mobiles s'unissent à la matière que vient d'abandonner le ferment redevenu libre, leur élat naissant communiquant aux réaclions chimi- ques aptes à se produire dans les matières fermen- tescibles une remarquable activité. Ainsi s'explique par un jeu de va-et-vient inces- sant entre le ferment, les radicaux auxquels 1l se combine passagèrement etla substance fermentes- cible, le rôle de ces agents qui n’ont, en somme, pas d'autre activité que celle qui appartient, par exem- tourait dans la cellule), continuera à vivre, à répa- 560 A. GAUTIER — LA VIE : DE L'ASSIMILATION À LA CONSCIENCE ple, aux acides polyvalents dans l'éthérification, aux sels de vanadium dans les oxydations, à quelques oxydes singuliers, à la chaleur, aux corps chargés de potentiel électrique où chimique, elc., dans les réactions ordinaires. Ces états d'équilibres instables entre le ferment: ses radicaux surnuméraires el la matière fermentes- cible sont régis par une loi tout à fait comparable à celle de Ja dissocialion, en sorte que, suivant les conditions ambiantes et les quantités rela- lives du corps fermentescible et des produits de fermentation, le même ferment peut susciter des actions inverses, mais qui tendent toujours, dans leur ensemble, vers le maximum de stabililé du sys- tème ambiant. C'est ainsi que le même ferment peut agir à la fois comme réducteur et oxydant, à la facon du philothion, ou comme hydratant el déshydratant à la fois, ainsi que se comporte la maltase en présence de l’amidon et de la dextrine qu'elle transforme en glycose par hydratation jus- qu'à ce que ce sucre alteigne, dans la solulion, 12,5 °/,, auquel cas la maltase perd son efficacité _. 0: ou même réagit inversement, transformant le gly- cose en dextrine et en amidon si, dans le milieu ambiant, les quantités de ce sucre dépassent 12,5 °/,. IT Chaque ferment devient done, dans la cellule, l'agent d'une réaction élémentaire propre, souvent de deux réactions opposées ou complémentaires, qui créent un équilibre instable entre le corps fermen- tescible et ses produits de fermentation; mais cha- eun de ces ferments reste indépendant des autres en tant qu'agent chimique spécifique. Au point de vue de l'opportunité el du degré de son activité, il semble obéir à une force qui fait que les multiples réactions spécifiques ainsi provoquées par lous ces ferments à la fois viennent concourir au fonction- nement régulier et général de la cellule. Cette force directrice émane de son noyau. Si le pro- toplasma, en effet, est le siège des phénomènes primilifs d'où résultent l'assimilation et la désas- similation nulritives,' le noyau parait en être le centre directeur, ainsi que l’ont élabli les expé- Bal- Que l'on vienne à couper en deux une riences de Nüsbaum, Grübber, Verworn, biani, etc. grosse cellule, visible à l'œil nu ou armé de la loupe, telle que celles qui forment le corps tout enlier d'une amibe; qu'on sectionne de petits infu- Slenlor, Loxodes..…. de façon qu'une des deux parts comprenne le noyau, soires monocellulaires, tandis que l’autre contiendra la presque totalité du protoplasma; la première, celle qui possède le noyau (celui-ci n'eûl-il emporté avec lui qu'une portion infime de l'auréole protoplasmique qui l'en- rer ses pertes el à refaire finalement une cellule complèle qui se reproduira bientôt. La seconde partie, au contraire, celle qui contient la presque totalité du protoplasma cellulaire, mais qui reste | sans noyau, végèle d'abord, se nourrit et grossit … méme, quoique fort irrégulièrement, puis finale- ment dépérit et meurt, Tandis qu'il s'accroissait ainsi, séparé de son noyau, le protoplasma produisait encore, soit grâce à ses réserves, soit aux dépens du milieu ambiant el en verlu des actions fermentalives élémentaires dout il élait le siège, quelques-uns des principes que fabriquait auparavant la cellule entière; mais la circulation, la localisation, l'ordre de formation de ces principes, qui, dans la cellule intacte, allaient partout réparer successivement les déchets occa- sionnés par son fonctionnement, ne se produisant | plus avec régularité en dehors du noyau, le prolo- | plasma, quoique encore vivant, dégénère bientôt, alors qu'au contraire la pelite portion restée en rapport avec ce noyau reproduit la cellule primi- live tout entière. Si donc les agents des transformations chimiques élémentaires qui président à l'assimilation et au ; fonctionnement de la cellule sont les ferments, | c'est le noyau qui règle l'ordre de succession, l'in- tensilé des fermentations, aussi bien que le mode ) d'ulilisalion, de localisation et d'excrétion des | principes qui en résultent. Le noyau dirige ces nl nifestalions successives vers un même but, savoir, le maintien du type cellulaire, l'accroissement et le fonctionnement réguliers, en un mot la vie de la cellule entière. C'est dans le noyau que semble- rait résider celte äme nutrilive d'Aristote, celle à qui il donnait pour fonction d'engendrer et d'em- ployer la nourriture. Cetle äme, on le voit, se ré sume pour nous en une forme inscrile en ce noyau, … ou, pour parler plus nettement, dans la forme sté- réochimique de l'agrégalion moléculaire qui cons- titue la cellule en un organisme, forme elle-même en rapport avec la constitution des molécules fon- . damentales du proloplasma que dirige le noyau. Si les phénomènes chimico-physiques qui se passent au sein du protoplasma vivant dépensent l'énergie correspondant au travail, à la chaleur perdue, à la formation de produits endothermiques, à la structure des divers organes élémentaires de la cellule, l'ordre, le sens, le mode suivant lequel se succèdent ces actes ne saurait dépenser ni pro=. duire de l'énergie, La direction, l'ordre, la loi qui préside aux phénomènes malériels ne peut avoir, en effet, d'équivalent mécanique : seuls les acles modificateurs de la matière dépensent ou produi- 1 sent de l'énergie et, en vertu du principe de l'état, inilial et final, toujours une mème somme en appas | k ae nr _railra ou disparaitra lorsqu'on passera d'un état du système à un autre, quelles que soient la loi de suc- cession et la nature même des états intermédiaires. Pour passer de l'élat A à l'état B, je pourrais-passer par les intermédiaires C, D, E, F, Get M, ou, en sens contraire, par les états G, F, E, D, Cet N, ou suivre d’autres voies encore. Mais si la mutalion finale de l’état À en l'état B est toujours la même, quand les états intermédiaires auront tous disparu, l'énergie perdue ou gagnée par le système A devenu B restera la même, el, par conséquent, l'ordre, la forme et les rapports de grandeur de ces états in- termédiaires, quels qu'ils aient été, n'auront con- _sommé, pour se réaliser, aucune parcelle de l’éner- gie générale du système. À fortiori, la vue, la connaissance, la conception de cet ordre et de ces rapports ne répondent-elles à aucune dépense de l'énergie du système. III Il faut généraliser maintenant et passer de ce qui se produit dans une cellule unique à ce qui s'ob- serve chez l'individu tout entier et chez l'être conscient lui-même. Un animal vit, comme la cellule, en vertu du fonctionnement harmonique de l'ensemble de ses organes. Cette harmonie est sous la dépendance d’un sys- tème matériel spécial, le système nerveux chez les êtres supérieurs. Ce système, qui préside à l’organisation et à la vie d'ensemble, est mis en activité par les excilations quil reçoit des divers organes et du monde exté- rieur, excitations le plus souvent inconscientes. . À l'état normal, le système nerveux réagit de telle façon que les actes qu'il provoque concourent une fin commune, la vie et l'accroissement de individu. _ Pour passer de l’excilation transmise à la cellule nerveuse à l'acte matériel, réfléchi ou réflexe, que provoque celte excitation, il faut que l'énergie tra- verse la cellule nerveuse et s'y transforme en nature et direction. Or, nous savons que ce qui ransforme toujours l'énergie, en tant que modalité et répartition, ce sont les systèmes matériels : la “forme du prisme ou du réseau cristallin modifie l'état de l'énergie vibratoire lumineuse ; la struc- - Lure moléculaire anisotrope autour d'une direction “fait naître le pouvoir rotatoire ; la pile thermo-élec- “trique change la chaleur en flux d'électricité; la “nalure et la position des radicaux dans la molécule chimique déterminent ses fonctions, c'est-à-dire LE aptitudes, à réagir sur les diese formes de la matière et de l'énergie contenue dans les édifices imiques qu'on lui présente de facon à les trans- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, A. GAUTIER — LA VIE : DE L’ASSIMILATION À LA CONSCIENCE 501 former en systèmes de d'ordres différents. C'est également la forme moléculaire très com- plexe des substratums matériels de la cellule ner- veuse qui provoque le sens et la modalité des réue- lions réflexes de l'énergie qui la traverse et que les centres nerveux dirigent vers le fonctionnement harmonique des divers organes. De la cellule nerveuse n'émane pas une force directrice, une énergie vitale. Cette cellule est un organisme à forme directrice propre à modifier et diriger l'énergie née des actes chimiques fermen- latits élémentaires qui se passent dans les organes, et à ies diriger de telle facon qu'ils reproduisent ou conservent le type idéal de l'être, type inscrit sans doute dans la molécule complexe recue en germe avec les principes matériels de la reproduction. Dans l'appareil nerveux qui préside à la vie or- ganique, il n'y à donc rien que de mécanique ou de physico-chimique, aucun principe vital n'y com- mande, aucune force n’en émane qui ne vienne de la malière. L'énergie matérielle est (transformée et dirigée par la cellule nerveuse comme elle l'est par la pile, par l'aimant, par le rouleau imprimé du phono- graphe qui transforme un vulgaire mouvement de manivelle en paroles humaines aptes à diriger au besoin notre pensée el à exciter et guider nos actes. comme le fait la cellule nerveuse, vers notre de- fense et notre conservalion. Comme la pile, l'horloge, le phonographe, ete., les cellules nerveuses sont des appareils directeurs, ct non créaleurs ou consommateurs, d'énergie et les phénomènes successifs qu’ils provoquent sont Lels que {toujours à la condition d'un même élat inilial et final du système), l'énergie apparue ou disparue est entièrement indépendante des faits intermé- diaires qui s’y sont produils, ou, pour continuer notre comparaison, est indépendante de la nature et de l'ordre des paroles ou impressions qui avaient pu se trouver inscrites d'avance sur le rouleau phonographique. En un mot, la dépense d'énergie chez l'être vivant est entièrement indépendante de la direction et des modalités imprimées à celte énergie par les centres nerveux. structure et d’énergie IV La conscience est cette aptitude de l'être supé- rieur qui lui permel de connaitre, de voir 1n/6r1eu- rement, les matérielles les organes de la vie psychique, el de comparer ces impressions soit entre elles, soit avec des types qui semblent nous être transmis avec la vie. Celle connaissance de l’élat actuel de l'organe impres- sionné, cette sensalion intérieure et celle compa- 12$ impressions reeues par 62 A. GAUTIER — LA VIE : DE L’ASSIMILATION À LA CONSCIENCE raison suivent ou peuvent suivre les impressions, mais elles en sont complètement distinctes. Elles ne se produisent ni dans les cellules nerveuses qui dirigent la vie inconsciente, ni toujours dans celles | de la vie consciente chez le très jeune enfant, l'in- capable ou le distrait. Elles nécessitent d'ailleurs l'attention du moi conscient, attention qui n’a rien à faire avec l'impression, qui est de nature méca- nique ou chimique, et qui seule répond à une transformation matérielle, et par conséquent à une dépense certaine, de l'énergie transmise aux centres nerveux. L'atlention est un état du moi conscient qui jouit en même temps des apliludes de sentir, com- parer et vouloir, c'est-à-dire de penser. Sentir, comparer, vouloir, sont des états cons- cients provoqués en nous par la connaissance des formes successives ou simullanées laissées dans nos cellules nerveuses par les impressions maté- rielles, actuelles ou antérieures, ou transmises par l'alavisme. Mais ces sentiments, visions, com- paraisons, jugements, volontés, sont des états et non des actes ; or, l'acte seul correspond à une dépense de l'énergie matérielle et lui équivaut. Je conclus que ces états du moi, qui constituent la pensée, ne correspondent pas à une modification quelconque de l'énergie matérielle, et, par consé- quent, ne sont pas une forme de celte énergie. La pensée, en un mot, n'est pas équivalente à une quantité quelconque de l'énergie matérielle, quelle qu'en soit la forme, et ne saurait par conséquent ètre de même essence. On objecte souvent que l'homme qui pense se fatigue, et que ce phénomène semble bien corres- pondre à une dépense de l'énergie disponible. Mais sous ce mot pensée, on confond alors, avec les élats de sentiment, de jugement, de volonté qui seuls constituent le phénomène psychique, les actes qui le précèdent ou le préparent. Pour se mettre élal il faut recevoir d'abord ou retrouver les impressions matérielles; il est pour en de penser, cela nécessaire que dans le cerveau s'accomplisse l'acte physico-chimique de l'impression, suivi, pour qu'apparaisse la pensée, du travail physiologique qui tend le réseau complexe des cellules impres- sionnées, et rétablit entre elles, puis conserve durant tout ce travail cérébral, les communications des cellules, communications généralement inler- rompues durant le repos cérébral: il faut encore que les impressions plus ou moins effacées el lointaines, perdues dans l'accumulation d'innom- brables autres impressions recues par la cellule nerveuse, reviennent pour ainsi dire à la surface de cette cellule, se renforcent, reparaissent enfin dans un état propre à la comparaison, à la vue de l'esprit conscient. Alors seulement va commencer le phé- grès, du polype, du lapin et du singe, je répondrais : nomène psychique; mais tout ce travail prélimi- naire qui prépare la comparaison et la pensée a son équivalent mécanique qui se traduit par la fatigue pereue. Le livre ouvert, les impressions revivifiées. ou rapprockées, il est des hommes qui voient sans peine les impressions présentes ou passées, les com- parent à des types innés et jugent; ilen est qui man- quent de ces termes de comparaison ou qui ne les. voient que confusément. Les uns et les autres peu- vent avoir reçu les mêmes impressions, mais les uns el les autres n'ont pas, pour employer la parole géniale de Leibnilz, « 1 même connaissance réflec- tive de leur état intérieur ». Des phénomènes immatériels existent done chez l'animal, les phénomènes de la conscience, les états psychiques. Ils semblent naître des impressions. d'ordre évidemment matériel que recoivent nos organes et ils leur succèdent le plus générale- ment, ce qui a fait croire à leur rapport de cause à effet’, à leur analogie d'essence et à leur équiva- lence. Nous avons vu qu'en réalité c'est là une pure illusion; et, pour rendre comple de ces rapports. mystérieux entre les phénomènes de l'esprit et les: divers états de la malière qui les précèdent et les. déterminent, on peut lrouver une explication plus rationnelle. | Des objets et phénomènes matériels se dégage quelque chose d’immatériel qui vient de la matière, sans être ni la matière, ni l'énergie, à savoir : la forme, l'ordonnance, l’organisation, les rapports de nombre et de grandeur. N'ayant ni masse, ni. équivalent mécanique, la posilion, la figure, l'ordre, les rapports de grandeur des choses sont de nature immatérielle.. Or, ce sont justement ces élats de- la matière qui deviennent les aliments de l'esprit, ceux qui, transmis à la cellule nerveuse impres- sionnée, sont perçus par la conscience qui les con- nait, les compare etles juge. Ce sont là les seuls élé- ments de la pensée, aliments immatériels, réalités. sans masse ni malière, quoique venues d'elle, et quinesauraient doncavoir d'équivalenténergétique,. moins encore celte faculté qui nous permet de les. percevoir, de les comparer et de conclure. Et maintenant, à ceux qui me demanderaient d'où procède chez l'homme cette aptitude d'abs- traire, des visions que lui transmettent les faits. matériels ou qu'il porte en lui-même, les lois du monde physique etmoral, et de se différencier ainsi, depuis la nuit des temps, et par un incessant pro: Armand Gautier, De l'Académie des Sciences, E. Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, Que sais-je ? ‘ La cause n'est pas ce qui précède l'effet, même néces sairement, mais ce qui, en disparaissant, faît naître l’effe équivalent. Nous avons vu qu'il n'en est pas ainsi de l’im= pression par rapport à la pensée, qui peut la suivre ou non» | | | | variétés, on peut citer » 4 4 LA CATALYSE Depuis quelques années, les phénomènes cataly- _ tiques ont été l’objet d'importantes recherches, en particulier du Professeur Ostwald et de ses élèves, . qui ont poussé déjà très loin l'étude de leur méca- nisme. Mais la catalyse n'a pas seulement un intérêt théorique de premier ordre; elle est susceptible d'applications industrielles d'une importance con- sidérable, « Le dernier grand triomphe de la _ chimie technique allemande, disait récemment le savant chimiste de Leipzig, la synthèse de l'indigo, qui est en train de révolutionner les conditions _ économiques de plusieurs pays, a pour facteur essentiel une action catalytique : l'oxydation de la näphtaline par l'acide sulfurique ne peut être pra- _tiquée d'une manière suffisamment modérée qu'en _ présence du mercure. L’acide sulfurique lui-même est le produit d'une catalyse aussi bien dans l’ancien que dans le nouveau procédé. » Dans les quelques pages qui suivent, nous voudrions signaler les principales applications industrielles des phénomènes catalytiques, puis essayer de tirer de cette étude quelques conclusions . théoriques sur la nature de ces phénomènes. [. — NATURE ET GÉNÉRALITÉ DES RÉACTIONS CATALYTIQUES. Qu'est-ce que la catalyse, ou, plutôt, qu'est-ce qu'un agent catalytique? La meilleure réponse qui ait été faite à cette question parait être celle d'Ostwald : Un agent catalytique est une substance qui influe sur la vitesse d'une réaction chimique Sans apparaitre elle-même dans les produits finaux de cette réaction. Cette définition n'est pas à l'abri de toute cri- tique ; l'exposé des faits nous montrera comment elle doit être comprise et complétée. Le nombre et la variété des réactions susceptibles d'influence catalytique sont presqueinfinis. D’après “Ostwald, « il semble n'y avoir aucune réaction “chimique qui ne puisse être influencée catalyti- -quement, et aucune substance chimique élémen- aire ou composée qui ne puisse agir comme catalysateur ». * L'agent catalytique peut être un gaz, une vapeur, “un liquide ou un solide. Comme exemples de ces 5 : la vapeur d’eau, nécessaire pour certaines explosions gazeuses, les oxydes d'azote dans le procédé des chambres de plomb, “les acides dans l'inversion du sucre, et le platine = L È ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES ou les oxydes métalliques dans les que nous examinerons plus loin. Les réactions effectuées peuvent être une simple combinaison, ou une dissociation, une réduction, une oxydation partielle, complète ou fractionnée, une hydrolyse, une substitution, etc, séparées ou combinées ; ces réactions s'étendent à la fois dans la Chimie inorganique et dans la Chimie organique. Il y à des cas dans lesquels la présence d’un catalysateur altère d’une manière frappante le cours de l'électrolyse. De nombreux exemples d'action catalytique vien- nent naturellement à l'esprit. Je peux mentionner l'effet accélérant bien connu produit par l'addition du peroxyde de manganèse au chlorate de potasse dans la préparation de l'oxygène, et récemment employé dans la détermination du perchlorate dans le salpètre du Chili. Il y a aussi l'exemple classique de la décomposition du peroxyde d'hydro- gène en eau et oxygène, en présence de substances telles que l'or, l'argent, le platine, le charbon de bois, etc. Un troisième exemple, dans lequel l'oxygène est aussi dégagé, est celui de la décom- position de solutions d'hypochlorite chauftées avec une petite quantité d'oxyde de cobalt. L'addition de quelques gouttes d’une solution de chlorure platinique pour hàter la dissolution des métaux purs dans les acides est un procédé employé jour- nellement. Le pouvoir de provoquer des combinai- sons chimiques que possède le noir de platine, et plus encore le noir de palladium, est aussi bien connu et fréquemment ulilisé. En Chimie organique, le meilleur exemple connu, à part celui de lhydrolyse (inversion du sucre, etc.), est la réaction de Friedel et Crafts, dans laquelle la présence du chlorure d'aluminium nombreux cas “produit la combinaison entre un composé aroma- tique, tel que le benzène, et un composé alkylha- logéné, tel que le chlorure d’éthyle, le chlorofor- me, etc, avec élimination d'acide chlorhydrique. Cette réaction est des plus importantes dans les recherches organiques. Ruff' a montré récemmen que le chlorure d'aluminium peut aussi jouer un rôle catalytique dans la Chimie inorganique. Ainsi, en sa présence, voici la réaction qui se produit entre le chlorure de sulfuryle et le chlorure de fre sou- SC2CL2 + S°CE — SO? L 2SCF; 1 Ber. d. deutsch. chem. Ges., 1901, p. 1749. J. T. CONROY 504 - LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES de même, le chlorure de sulfuryle et l'iode réa- gissent pour donner de l'anhydride sulfureux, du monochlorure et du trichlorure d'iode, suivant l'excès de SOC employé : SO2CI + 21 — 2ICI + SO*, 3S0!CE + 21 = 2ICI° + 3S0?. Ce pouvoir de produire une réaction semble être susceptible d'une application non seulement pour le chlorure de sulfuryle, mais pour un certain nombre d'autres chlorures, par exemple le chlo- rure de thionyle, les trichlorures d'arsenie et d'an- timoine, ete. Ruff a examiné plusieurs de ces réactions ; son hypothèse est que le chlorure d'alu- minium intervient dans la réaction en formant des composés doubles intermédiaires, comme dans le cas de la réaction de Friedel et Crafts: et, en réalité, on connait plusieurs de ces composés, par exemple Al C2PCÉ, AFCIS2S0?. Dans ses recherches, Ruff en a trouvé un nouveau, sous forme d'un chlorure d'aluminium et de soufre AICI SC. Après avoir donné une définition pratique de l'action catalytique et avoir indiqué son pouvoir d'application presque universel, je décrirai main- tenant en détail quelques procédés particuliers. IL. — FABRICATION DU CHLORE ET DES PRODUITS CHLORÉS. Jusqu'à ces derniers temps, le procédé catalv- tique le plus important employé sur une grande échelle pour la fabrication du chlore, était le pro- cédé Deacon, bien connu de nos lecteurs. Ce pro- cédé repose sur loxydation par l'air de l'acide chlorhydrique gazeux, mis en présence de sels de cuivre, de préférence de chlorure cuivreux, à une température de 450° à 500° CG. Ce procédé a été entièrement décri par Lunge et d'autres, ce qui nous dispense d'entrer dans de plus amples détails. Une opération inverse de la précédente, c'est-à- dire la combinaison du chlore et de l'hydrogène en acide chlorhydrique, à été décrite dans ces der- nières années. Ainsi Pataky”® à réussi à obtenir la combinaison de l'hydrogène et du chlore, d'une facon continue, tranquillement et sans danger, en faisant passer les gaz en proportions moléculaires sur du charbon de bois grossièrement pulvérisé, et réglant la température au moyen d'un bain-marie. Le procédé a élé proposé comme accessoire à la fabrication du chlore el des alcalis par l'électro- lyse, mais il est peu probable qu'il devienne jamais d'un grand emploi. Palaky n'est pas cependant le seul inventeur qui prévoie le jour où les méthodes ! Brevet anglais 1831 (1900). électrolytiques rendront entièrement inutile le vieux procédé Leblanc, car nous trouvons que Lorenz' propose de convertir le chlore en acide chlorhydrique par Faction du carbone et de la vapeur surchauffée : C+ HO + CE = 2HCI + CO, C + H°0 + 2Ci° — 4HCI + CO. Il peut être intéressant d'ajouter qu'en France, dans les usines où le procédé électrolytique d'Ou- thenin Chalandre est employé, une certaine quan- tité du chlore produit est destinée à être convertie en acide chlorhydrique en brûlant de l'hydrogène dans une atmosphère de chlore, l'acide ainsi formé élant admis dans la chambre de lanode pour em- pêcher la formation de l'hypochlorite et accroitre ainsi le rendement du courant. Nous devons également signaler un autre pro- cédé catalytique pour la fabrication du chlore, dans ce cas directement au moyen du sel. En ré- sumé, il consiste à fabriquer du sulfate et du chlore en faisant passer de l'anhydride sulfureux eLde loxy- gène ou de l'air sur un chlorure sec, tel que le sel ordinaire, mélangé avec de l'argile pour empêcher la fusion, et sur une substance de contact, telle que l'oxyde de cuivre ou l'oxyde ferrique, pour aider la réaction. La méthode de Clemm parait ressembler beaucoup à cerlaines autres de date plus ancienne. L'effet produit par la présence de composés du fer et du cuivre à été remarqué autrefois par plusieurs savants. Ainsi Robb* parle de décomposer du sel ordinaire mélangé avec de l'oxyde de fer, des cen- dres de pyriles ou de l'oxyde de manganèse (mis en boulels ou en briques avec de l'argile ou de l'alumine), en faisant passer de la vapeur d'acide sulfureux à travers ce composé chauffé dans un fourneau; et Kôünigs et Henderson? décrivent un procédé analogue. En 1872, ces derniers inventeurs prirent un autre brevet * dans lequel les actions de SO? et de l'air alternaient au lieu d'être simultanées, le but, dans tous les cas, étant d'obtenir du chlore et du sulfate de sodium. Krutwig”, d'après des expériences dans lesquelles un mélange de sel (NaCI) et de pyrites, avec ou sans oxyde ferrique, était grillé à l'air sec, arriva à la conclusion que. l'oxyde ferrique agit comme un porteur d'oxygène, et que la conversion du chlorure de sodium en sulfate dépend de la quantité d'oxyde ferrique pré- sente; avec une proportion convenable d'oxyde fer- rique, il obtint une conversion de 91°/,, tandis, que, sans cette addition, la transformation n'attei- gnait que 27,0) à 29,40), ‘ Brevet anglais 25.073 (1894). Brevet anglais 788 (1853). * Brevét anglais 1.642 (1871). AINSI TA 5 Journal of the Chem. Soc., 1896, À, t. Il, 2+. » ttes mit: ht à fé ii dé. PS RS J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES Hargreaves et Robinson! paraissent avoir été les premiers à découvrir que la conversion peut être effectuée en présence de petites quantités d’une matière catalytique: ils donnent comme proportion convenable une livre de cuivre (à l’état de sel) par tonne de chlorure de sodium, et recommandent l'emploi du cuivre, du manganèse, du chrome et de leurs sels, dans ce but. Au cours de certaines expériences faites il y a six ans, j'ai étudié l'influence des sels de cuivre et de fer dans cette réaction, et j'avais presque terminé mon travail ayant de connaître le brevet auquel je viens de faire allusion. Aucun mémoire n'ayant été publié, un résumé de mes résultats peut paraitre de quelque intérêt. Les expériences furent poursuivies en chauffant du sel ordinaire dans un tube de verre à une tem- pérature constante, et en faisant passer un courant continu d'anhydride sulfureux et d'air, de compo- sition connue, sur la masse. Les agents catalytiques employés (ajoutés sous forme de solutions de sulfates) furentuniformément répandus sur le sel, et le tout bien mélangé et séché avant d'en remplir le tube. Le chlore et l'excès d'anhydride sulfureux qui s’échappèrent du tube furent recueillis et estimés. Voici les conclusions auxquelles je me suis arrêté : 1° Le sel marin est décomposé par un mélange d’anhydride sulfureux et d'air à une température supérieure à 600° en donnant du sulfate de sodium et du chlore. La dé- composition dans des récipients en verre est cepen- dant excessivement lente ; 2° L'addilion de certaines substances accroit notablement cette décomposition. Avec 0,95 °/, de cuivre (4,5 livres de Cu pour 1 tonne de NaCI), la réaction commence à 400° C. et s'ac- croit graduellement à mesure que la température s'élève au-dessus de ce point. La vitesse de l'action à 600° C. était approximativement de 50 °/, plus élevée que celle à 450° C. L'accroissement du pour- centage de cuivre accélère le cours de la réaction, 0,5 °/, de Fe produisant la même décomposition que 0,25 °/, de Cu. Les sulfates de magnésium et d’alu- minium nont pas d'action; 3° Avec une vitesse convenable du gaz, tout l'acide sulfureux est retenu par le sel, et son équivalent de chlore est dégagé. A des vitesses supérieures, le chlore et SO? s'échappent à la fois. La quantité de chlore libéré s'accroit avec la rapidité du courant d'acide sulfureux, et de telle facon que le « chlore utile », c’est-à-dire restant après que le SO* qui l'accompagne a subi la réaction: SO? + CI + 2H°0 = H°S0! + 2HCI, est une quantité constante égale au maximum pro- duit quand aucune quantité n'échappe à la réaction; Brevet anglais 628 (1873). 4° La conversion du chlorure en sulfate peut ètre faite entièrement. J'ai obtenu un produit final con- tenant seulement 1,5 °/, de NaCI (expérience avec 0,95 °/, de cuivre). Les sels de cuivre et de fer servent probablement à amener la combinaison de l'anhydride sulfureux et de l'oxygène en anbydride sulfurique, lequel alors réagit sur le sel en présence de l'excès d'oxy- gène pour former du sulfale de sodium. Cette hypothèse a été rapidement démontrée dans une expérience où, après avoir travaillé pen- dant quelque temps avec de l’anhydride sulfureux et de l'air agissant sur du sel blane, la bouteille collectrice fut changée, et, au même instant, on plaça un bouchon d'amiante platiné à l'extrémité du tube de réaction. Le rapport des équivalents chimiques du chlore à l'anhydride sulfureux et à l’'anhydride sulfurique s’éleva de 1/14 à 1/1. Cette méthode de travail, qui consiste à faire passer un mélange d'anhydride sulfureux et d'air à travers des tubes contenant alternativement une substance de contact pour produire de l’anhydride sulfurique et du sel, a été brevetée par Deacon en 1871 ". III. — FABRICATION DES CuiLORATES. Un cas très curieux d'action catalytique telle que nous l'avons décrite, et pour lequel il est extrêmement difficile de trouver une explication, a été breveté par Imhoff dans divers pays. Ces bre- vets sont basés sur l'observation suivante : l'addi- tion d'une petite quantité de chromate soluble ou de bichromate à une solution de chlorure alcalin ou d'autres sels haloïdes subissant l'électrolyse, provoque une grande augmentation de la quantité de chlorate ou d'hypochlorite par unité de courant, suivant les conditions de température, Le rendement du chlorate obtenu par l’électro- lyse directe de la solution saline (NaCI, KCI), sui- vant le procédé généralement adopté, est loin d'être parfait; les chiffres suivants, publiés par Kershaw, nous montrent les progrès qui restent à réaliser : RENDEMENT RENDEMENT du courant de l'énergie VOLTS Gall et Montlaur, Vallorbe. 35 18 5 = Lunge. . 45 22 5 Chiffres d'OEttel. ... - - 52 39 20 Depuis la date des brevets de Imhoff, des comptes rendus très complets des résultats amé- liorés, obtenus par l'addition du chromate, ont été publiés par Muller* et par Muller et Færster de Muller, travaillant sur une solution à 30 °/, dé ! Brevet anglais 1.908. 2 Zeit. f. Elek., 4899, t. V, 469, et 1901, t. VII, 398. 3 Jhbid, 4902, t. VIII, 8. 566 J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES NaCl, et étudiant le cours de la réaction par le système d'analyse des gaz d'OEttel, a trouvé que le rendement du courant, qui est de 32,8 ‘/, en l'ab- sence de chromate, a sauté à 67,6 °/, après l'addi- lion de 0,18 °/, de K°Cr?0* ; dans le dernier mémoire publié, une élévation du rendement du courant de 65,7°/,à 88 °/, a été obtenue par les mêmes moyens dans la production du chlorate de potassium par l'électrolyse du chlorure sous des conditions déter- minées. Ce dernier chiffre nous rapproche de très près des valeurs obtenues dans les meilleurs types de piles pour la production des alealis et du chlore. Voiei comment on peut comprendre l'action par- ticulière produite par le chromale. Comme on le sait, le cours de l’électrolyse peut être affecté par beaucoup de causes. Ainsi, le courant se divise d'une manière définie entre le sel à électrolyser et les autres sels (ajoutés intentionnellement, ou formés pendant l'action) présents dans la solution. Si ces sels sont d'une nature telle (potasse caus- tique ou hypochlorite de potassium) que le courant transporté par leur moyen provoque seulement la formation d'hydrogène et d'oxygène, la quantité d'hydrate de potassium ou d'hypochlorite en solu- tion reste la même. Il est évident que cette portion du courant ne travaille pas utilement, et, d'après la nature des produits, elle est appelée : « courant perdu dù à la décomposition de l’eau ». Le résultat est, en outre, compliqué, dans le cas de la fabrication du chlorate, par la réaction secondaire de réduction, par Fhydrogène dégagé, de l'hypochlorite formé comme produit intermé- diaire. La méthode d'analyse d'OEttel fournit un moyen pour distinguer entre ces deux sources de courants perdus et nous permet de détermi- ner la valeur de chacun d'eux. Dans son second mémoire, Muller donne un exemple où la perte la « était. de , en l'absence de chromate, et tombait à 4° du courant due à réduction » 54 ° o en présence de la petite quantité mentionnée ci- dessus ; la « décomposition de l’eau », dans le der- 9), dans le premier. L'effet profitable de l'addition du nier cas, élait cependant de 28,5 ‘/, contre 12, chromate apparaitrail ainsi comme dû à quelque propriété particulière par laquelle « la réduction à la cathode », qui accompagne habituellement l'élec- trolyse, est presque entièrement empêchée. D'après l'observation de Muller, et je peux la confirmer, un dépôt contenant du chrome se forme sur la surface cathodique. Le composé n'est ni du chrome métallique de sans influence), ni un alliage, mais semble être de une cathode chrome est la nature d'un oxyde, et l'hypothèse de Muller est que l'effet produit à la cathode est dû à ce dépôt, agissant comme un « diaphragme idéal ». L'addition de chromate est également efficace dans la préparation des bromates et des iodates ; elle permet d'obtenir un rendement de courant de plus de 90 °/,. L Les sels de manganèse ne produisent pas cet effet, lequel, jusqu'à présent, ne semble être obtenu que par les chromates. Les sels de cobalt, d'un autre côté, ont un effet des plus désastreux sur le rendement, puisque, d'après Brochet, quand l'oxyde de cobalt est pré- sent dans l'électrolyte, aucun chlorate ne se forme à une température de 70° C., l'hypochlorite étant décomposé, avec dégagement d'oxygène, aussitôt qu'il est formé. Ici je puis ajouter que les deux effets produits respectivement par les chromates et les sels de cobalt paraissent prouver, d'une ma- nière décisive, que la production de chlorate par l'électrolyse à lieu gràce à la formation intermé- diaire d'hypochlorite. IV. — FABRICATION DU SOUFRE (FOUR DE CLAUS). Ici encore, nous avons affaire à un procédé qui, comme celui de Deacon, est employé sur une très grande échelle ; dans le four de Claus, cependant, la nature catalytique de la réaction n'est peut être pas aussi évidente. La réaction effectuée dans le four de Claus est l'oxydation partielle, au moyen de l'air, de gaz hydrogène sulfuré à 26 °/,, obtenu dans les réservoirs d'eaux vannes, les gaz mêlés traver- sant une forme particulière d'oxyde de fer (ou de pyrite obtenue pendant l'opération), maintenue à la température nécessaire par la chaleur de la réaction. Il est possible, lorsque celte température est atteinte, que la réaction ait lieu également bien quelle que soit la substance employée pour garnir le four; en fait, d'après M. R. Forbes Carpenter‘, on emploie avec succès dans quelques usines de la brique brisée au lieu d'oxyde de fer, à condition que la température du four soit maintenue suffisam- ment élevée. Quelle que soit la nature de la réaction quand un four est en plein travail, l'influence cata- lytique joue certainement une part importante dans la mise en marche d'un nouveau four froid; dans de telles circonstances, la nature du matériel de revèlement n'est pas sans eflet. Cela est évident, d'après la description donnée par Claus de son pro- cédé, et le fait est confirmé par l'expérience de beaucoup de fabricants. Un fait curieux en rapport avec ce procédé, c'est que l'oxyde de fer dont on à rempli le four à l'origine se transforme par l'usage continu en pyrite, comme on le voit par son aspect el sa composition; et, quoique la pyrile ainsi for- mée permette la remise en marche rapide d’un four, ‘ 36 Annual Report on Alkali Works, p. 182. J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES 567 le remplissage avec des pyrites ordinaires n’a presque aucun effet ; une propriété leur fait défaut, précisément la propriété catalytique. _ Quelques expériences intéressantes, relatives aussi à ce sujet, sont rapportées par M. Carpenter, . qui, travaillant avec les trois substances de contact _ nommées ci-dessous, a obtenu les résultats sui- wants * des températures inférieures à 400° F. par la for- mation de « soufre libre » : ) à des températures _ supérieures à 500° F. par la formation de SO*; 2° Avec l’oxyde de fer, toutes les réactions sont caractérisées, somme toute, par la formation de SO? plutôt que du soufre libre ; _ 3° Avec de la brique brisée, les réactions sont «caractérisées, en somme, par le dégagement d'une grande quantité de HS inoxydé, et par la forma- tion de soufre libre au lieu de SO”. Comme on le sait, la réaction dans le four de Claus est loin d'être complète; un état d'équilibre, variant avec la température de travail, se produit la réaction. Une méthode pour recouvrer le soufre qui se dégage à l’état de HS et de SO* des chambres à soufre, et qui s'élève à quelque 15 ou 20 °/, du total, a été proposée par MM. A. Carey et O. Heslop qui, dans un brevet anglais’, décrivent un procédé et un appareil pour traiter ce soufre et pour le con- wertir en anhydride sulfurique par le procédé de contact. V. — FABRICATION DE L'ANUYDRIDE SULFURIQUE. . On a tenté de nombreux essais pour préparer Lanhydride sulfurique ?, par des procédés cataly- . ! 10.317 de 1900. - ? Voici les principaux brevets sujet dans ces dernières années : qui ont élé pris sur ce BREVET ANGLAIS ANNÉE 15.947 1898 15.948 1898 ; es à .- 15.949 1898 Badische Anilin und Soda Fabrik . 15.950 1898 Ë 1.904 1901 6.828 4901 { 6-03 189$ Meïster, Lucius und Brüning . . ee ; l 1901 Re. POSTERS 1898 Actien-Gesellschaft für Zink-[ndus- 1900 . trie,vormals Grillo und Schroeder. 1901 « Verein Chemischer Fabriken », Re ._ Mannheim . . , HE PME 1899 Verein Chemischer Fabriken à 1899 . Mannheim, et Clemm . . . . . . 1901 LOUE LAINE RER 1899 : à 1900 Raynaud et Pierron. . . . . . . . 1900 RE . . . 1900 1900 Nef... .. .. . .. . . . ..) 1900 4° Avec MnO?, la réaction est caractérisée : à) à | entre IFS, SO°,S, la vapeur et l'azote résultant de tiques, au moyen de l’anhydride sulfureux et de l'oxygène ou de l'air. Les premières méthodes fructueuses, savoir, celles de Messel et de Winkler, étaient seulement applicables à un mélange d’anhydride sulfureux et d'oxygène, obtenu par la décomposition de l'acide sulfurique, et, naturellement, ces méthodes ne pouvaient être employées que lorsqu'il s'agissait de produire de l'acide fumant. Un grand pas en avant fut fait par Haenisch et Schrüder, qui trouvèrent un procédé pour séparer l'anhydride sulfureux des gaz de la combustion des pyrites, afin de l'obtenir pur et non dilué. Ici encore, cependant, le procédé avait seulement pour but la fabrication de l'acide fumant ou de l’'anhydride. Le but de toutes les améliorations récentes a été d'obtenir non seulement de l’'anhydride sulfurique, mais aussi de l'acide sulfurique de toutes concen- trations, et à un prix tel qu'il permit, même pour les acides les plus faibles, la concurrence avec les acides de mème concentration préparés par le vieux procédé des chambres de plomb. On y est arrivé aujourd'hui, et à la Badische Anilin und Soda Fabrik les gaz résultant de la combustion de 80.000 tonnes de pyrites sont annuellement con- vertis en acide sulfurique par le procédé de con- tact, les chambres de plomb employées autrefois ayant toutes disparu". Les procédés adoptés se divisent groupes : 1° Ceux dans lesquels le platine est employé comme agent catalytique ; % Ceux dans lesquels l'oxyde de fer ou un oxyde analogue est employé comme agent catalytique. en deux $ 1. — Procédé au platine. 1. Influence des impurelés sur le pouvoir du catalysateur. Purification des gaz. — Antérieure- ment à la date des brevets précédents, les principales difficultés rencontrées pour obtenir un travail utile avaient été la destruction graduelle du pouvoir catalytique du platine et le réglage d'une tempéra- ture convenable dans les appareils de contact. Des difficultés d'une nature mécanique s'étaient aussi élevées, à cause de la tendance de l'amiante, em- ployée comme support pour le platine, à s'agglo- mérer et à fermer aussi les passages du gaz. La première de ces difficultés, qui s’est manifes tée dès les premiers jours, lorsque le vitriol € ‘employé comme source d’anhydride sulfureux, est encore plus grande lorsqu'on emploie les £az du grillage des pyrites. 1 Pour la technique de ces procédés et la description des appareils, voyez : A, HaLLer : La fabrication de l'acide sul- 568 J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES Ceux-ci contiennent, en plus de l'humidité, beau- coup de gaz et d'impuretés en suspension, tels que des composés d’arsenie, d’antimoine, de sélénium, de plomb, ete.: à la Société Badoise, on n'a trouvé que de petites quantités de ces composés; ceux d'arsenic et de mercure sont particulièrement nui- sibles, et peuvent rendre inactives de grandes quantités de substance de contact. Faraday à découvert que le pouvoir catalytique du platine est affecté par certaines substances landis que, dans quelques cas (CO,CS?), son activité est simplement modérée en présence d'impuretés, dans d'autres cas (HCI et SI), le pouvoir cataly- lique du platine est détruit d'une manière perma- uente. Mond mentionne, dans son mémoire sur les « piles à gaz », un effet nuisible analogue, dû à l'oxyde de carbone ; de même Lunge, dans son estimation de l'éthylène par la réduction avec l'hy- drogène en présence d'éponge de platine, La petite quantité d'impuretés capable de provoquer cette destruction estindiquéeclairementdans un mémoire de Knietsch', où nous trouvons que la présence de [à 2°/, d'arsenic dans le platine rend ce dernier complètement inactif, Par conséquent, le premier progrès à réaliser dans la fabrication était la purification des gaz de la combustion. Mais, tandis qu'il est relativement facile de retirer la plus grande quantité des impu- relés contenues dans les gaz du grillage, on cons- late que les dernières traces sont plus tenaces et ne peuvent être enlevées qu'avec difficulté: L'impu- reté la plus à craindre est l'arsenic, et son'éloigne- ment est compliqué par le fait qu'on le trouve à la fois dans la vapeur de soufre qui distille des pyrites grillées, et dans la vapeur d'anhydride sul- furique résultant du grillage. Cette dernière est, peut-être, de toutes les vapeurs que nous connais- sons, la plus difficile à condenser. La première opération à laquelle les gaz sont soumis à pour but l'éloignement de ces deux impuretés; elle con- siste dans le traitement des gaz chauds, immédia- tement après qu'ils ont quitté les brûleurs, par un Jet de vapeur ou d'air. Ce traitement produit un mélange parfait des gaz et permet la combustion du soufre présent; et la vapeur agit à la fois pour diluer l'acide sulfurique, ramené postérieurement à une telle dilution (15-75° Tw) que les tuyaux de refroidissement en plomb ne sont pas attaqués, et pour provoquer un dépôt des impuretés solides des gaz à l'état de boue, laquelle est plus facilement enlevée que les incrustations dures qui se pro- duisent dans le cas de gaz comparativement secs. On fait ensuite passer les gaz à travers un carneau, furique par les procédés de contact, dans la Zevue du 28 février 1901, t. XII, p. 159. ‘ Ber. der deutschen chem. Ges., L'NXXIV- puis dans un système de tuyaux de refroidissement dans lesquels se déposent l'acide et les impuretés pour que la purification soit efficace, ce refroidissement doit être accompli lentement, l'acide sulfurique se condensant beaucoup plus rapidement à cette condition. gaz purifiés partiellement, maintenant refroidis à 100° C., sont ensuite lavés avec de l’eau, ou de l'acide sulfurique faible, pour enlever le reste des impuretés, et finalement sont séchés en passant à travers de l'acide sulfurique concentré. Les gaz ainsi puriliés ne doivent plus contenir de poussières, de vapéur, d'arsenic, ete.; on peut s'en rendre compte par des essais chimiques et optiques. Une seconde méthode intéressante pour la puri- ficalion de ces gaz estcelle de Raynaud et Pierron!, qui proposent, pour arriver à cetle fin, première- ment de condenser ou de comprimer les gaz, puis de les soumettre à l'expansion. Ces chimistes préfèrent la condensation à la com- pression, et la provoquent en faisant absorber les gaz par une matière poreuse, telle que le kieselguhr; l'expansion des gaz a lieu par élévation de la tem- pérature après un intervalle convenable. Les impu- relés restent dans la matière poreuse, qu'il faut par conséquent renouveler de temps en temps. Avant de passer à la réaction qui a lieu entre les gaz puriliés, j'aimerais attirer l'attention sur la question de l'effet produit par l'humidité dans les gaz. Les gaz sont enfin séchés en passant au travers de l'acide sulfurique concentré, et il n’y a pas le solides ; Les plus léger doute que, lorsqu'on emploie l'amiante platinée comme substance de contact, un séchage très efficace et très complet est nécessaire; autre- ment, il se produit une rapide détérioration de la masse de contact. Toutefois, il paraitrait, d'après de récentes recherches de Russel et Smith ?, qu'une certaine quantité d'humidité est nécessaire pour favoriser la combinaison. Nous lisons dans leur mémoire : « Lorsqu'on fait passer de l'anhydride sulfureux et de l'oxygène sur de la pierre ponce. platinée chauffée, la combinaison diminue d'autant plus que les matières sont plus sèches, et peut être rendue très minime »; et plus loin : « Les expé- riences amènent à la conclusion que l'anhydride sulfureux et l'oxygène ne se combinent pas en contact avec du platine chauffé, si l'humidité est complètement exclue. » Il semblerait donc que, si, même après un séchage complet avec du vitriol concentré, il reste encore assez d'humidité dans les gaz pour permettre à la combinaison de se pro= duire rapidement, il serait intéressant de connaitre ‘ Brevet anglais 40.253 (1900). * J. Chem. Soc., Trans.,.1900, :p. 348. . APS J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES | la quantité de cette dernière, pour ne pas pousser | le séchage trop loin dans les opérations indus- Lrielles. 2. Fours de contact. — Nous voici arrivés à la seconde phase, ou à l'opération proprement dite, c'est-à-dire à la conversion du mélange purifié d'anhydride sulfureux et d'oxygène dilué avec de l'azote. La combinaison de ces corps, pour former . de l’anhydride sulfurique, se produit rapidement . Jorsque la température convenable est atteinte, et, | d'après les brevets, nous pensons qu'il est préfé- rable de chauffer par avance les gaz à 250°-300° C. avant leur arrivée au convertisseur, et de main- tenir ce dernier à une température de 450° à 500° C. _ L'influence de la température sur le cours de la réaction a été indiquée par Knietsch; il a trouvé que les températures inférieures à 200° C. et supé- rieures à 900°-1000° C., peuvent, au point de vue _ technique, être regardées comme incapables de provoquer la réaction, tandis que la réaction, lente . à 200°, s'accélère jusqu'à 450°, pour retomber encore . lors d'une autre élévation dans la température. La . lempérature de conversion maximum parait s'éle- ver d'autant plus que la substance de contact est plus pauvre en plaline; en même temps, la vitesse . de conversion diminue. Une méthode spéciale de travail, basée sur celte observation, à été brevetée par Raynaud et Pierron!. | On s'apercevra ainsi que, pour bien travailler, . l'intervalle de température favorable est quelque peu élroit; mais, lorsque ces limites ne sont pas dépas- sées, on peut obtenir un rendement de conversion ._ de 98 à 99 °/,. Il faut dire qu'un excès d'oxygène sur - la quantité indiquée par la théorie est nécessaire pour donner un travail satisfaisant. | La combinaison SO*—E 0 = S0° est accompagnée d | . d'un grand dégagement de chaleur, c’est-à-dire de 22.600 calories, quantité suffisante pour élever la température de la substance de contact et le produit à un très haut degré. Avec un gaz de combustion d'environ 7 à 8°/, SO*, on obtient une tempéra- ture beaucoup plus basse; mais elle est encore suffisante pour élever la température du four de contact au-dessus de celle qui donne les meilleurs « résultats ; le refroidissement devient alors néces- - saire. Ce refroidissement est maintenant exécuté par les gaz des fours de grillage purifiés, dont une partie ou la totalité passe extérieurement le long des tubes contenant la masse de contact avant d’en- trer dans ces derniers pour les parcourir en sens in- verse. | C'est le vieux principe des « contre-courants », qu'on trouve dans les différentes formes d'inter- fo. Damme. us | Brevet anglais 16.254 (1900). l L 569 changeurs de chaleur. En refroidissant les gaz qui réagissent et leurs produits, le gaz du four entrant enlève naturellement une grande quantité de cha- leur, et on diminue le combustible nécessaire pour élever les gaz à la température de réaction. La cons- truction de l'appareil et le principe de travail sont contenus dans un brevet anglais de 1898':; une dis- position analogue est décrite dans le brevet anglais accordé à, Meister, Lucius et Brüning ?; dans le premier dispositif, la masse de contact est refroidie, tandis que, dans le dernier, elle sert à chauffer les gaz entrants. Le résultat est le même dans les deux cas. Un autre procédé, pour chauffer les gaz purifiés avant la conversion, à été breveté par Babatz*, qui décrit un appareil dans lequel le gaz de four purifié est chauffé par les gaz non purifiés sur leur trajet vers l'appareil purificateur. La chaleur obtenue de cette facon est probablement plus que suffisante pour le but à atteindre. De la chaleur effective pro- duite dans les fours, plus des 90 °/,; sont emportés par les gaz, et le D° Hurter ‘ établit que la tempéra- ture atteinte est théoriquement de 800° à 900° C., mais pratiquement beaucoup plus basse. Krutwig et Dumoncourt* ont pris des mesures dans un four du type Malétra; ils ont trouvé, pour les quatre éta- ges supérieurs, 680°, 750°, 7209 et 650° C. Cette mé- thode de chauffage des gaz n'est pas exempte de diffi- cultés;.elle n'est pas aussi simple et aussi facile que le procédé déjà décrit, dans lequel la chaleur dégagée dans les fours de contact est utilisée; elle ne permet pas le même contrôle sur le réglage de la température de ce dernier. On a essayé.bien des fois de régler la température dans le convertisseur par d'autres moyens que par le principe du contre-courant. Ainsi Meister, Lueius et Brüning°, pour accroitre la quantité de chaleur transmise par l'anhydride sulfurique aux gaz de la combustion purifiés, admet- tent la vapeur surchauffée dans le premier pour lui donner une capacité calorifique plus élevée, et ainsi ils maintiennent, d'après le brevet, une différence considérable entre les deux courants gazeux, aussi longtemps que la température est supérieure au point de condensation de l'acide sulfurique; par ce moyen, un appareil beaucoup plus petit est néces- saire pour le transport de la même quantité de cha leur dans un temps donné”, 1 Brevet anglais 15.949 de 1898. ? Brevet auglais 6.057 de 1898. 3 Brevet anglais 1.216 de 1900. 4 Journal of the Society of Chemical Industry,t. VII, 721. 5 Chem. Zeit. Rep., 1898, 5 Brevet anglais 14.728 de 1898. 7 Ce procédé est une addition a brevet anglai 1898; il décrit d'abord une méthode pour chaulfer les gaz entrant dans le four de contact. s 6.051 de 10 J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES Pour régler la température dans le four de con- lacet lui-même, la méme maison ® donne un procédé par lequel des courants gaz du sont admis en quantité déterminée en différents froids de four points du convertisseur, et réduisent ainsi, lorsque c'est nécessaire, tout excès de température causé par l'action réciproque des gaz chauds entrant à travers le passage principal. Grillo et Schræder*, travaillant avec des fours de contact dans lesquels la température n’est pas réglée par un courant ga- zeux externe, comme dans le type de la Zadische, divisent le convertisseur en une série de chambres et produisent un mélange des gaz qui vont d'une chambre à la suivante dans la série, en les faisant passer par un canal étroit dans un espace plus grand avant de traverser la substance de contact suivante. Par ce moyen, une conversion de 96 à 98 °/, est effectuée, au lieu de 85 à 90 °/, seule- ment lorsqu'une telle distribution n'est pas em- ployée, le rendement le plus faible étant dû à un chauffage excessif au centre de la masse de contact, et à un refroidissement au-dessous de la tempéra- ture de réaction sur les parois. Raynaud et Pierron”, dans leur brevet perfec- tionné, basent leur procédé sur l'observation sui- vante : Aune température définie, il ya, pour chaque force des gaz de la combustion, un degré spécial de richesse en platine de la masse de contact favora- ble à la réaction. Ce point a déjà été mentionné. Ces chimistes, cependant, essaient d'éviter un sur- chauffage au commencement de la réaction, en ame- nant le gaz de la combustion, comparativement riche en anhydride sulfureux, en contact avec une subslance pauvre en platine, et, lorsque la réaction s'est accomplie jusqu'à un certain point, en faisant passer le mélange à travers une substance de con- tact plus riche, el finalement en le conduisant encore à travers une masse de contact plus pauvre pour recombiner tous les gaz qui résultent de la dissocia- tion dans la seconde phase. Dans un brevet récemment publié#, Meister, Lueius et Brüning paraissent plutôt suggérer que c'est une faute de régler trop soigneusement la tem- pérature dans le convertisseur: ils établissent qu'il est plus économique d'employer deux convertisseurs en série (ou de faire travailler les convertisseurs en chambre), en travaillant avec le premier à une tem- pérature plus élevée qu'on ne l'a jamais fait jusqu'à présent. Dans cette méthode de travail, il est im- possible d'obtenir une conversion complète dans la première chambre, comme le prouvent les chiffres du D' Kinetseh; il estélabli, cependant, que, malgré ‘ Brevet anglais 285 de 1899. ? Brevet anglais 17.034 de 1900. Brevet anglais 16.254 de 1900. revet anglais 1.385 de 1901. la conversion incomplète, un rendement beaucoup plus grand d’anhydride est obtenu pour un poids de platine donné. Les gaz partiellement convertis, après un refroidissement à la température néces- saire, passent à travers le second convertisseur, où la combinaison est rendue presque complète. Dans un autre brevet', on propose d'absorber l'anhydride sulfurique des gaz qui quittent le pre- mier convertisseur, avant de compléter la réaction dans le second. Dans un autre brevet anglais ?, il est fait mention de emploi de diverses substances de contact dans la première el la seconde chambre. Cette méthode à déjà été brevetée par Clemm et la Verein Chemischer Fabriken à Mannheim; elle sera mentionnée plus loin. En l'absence de chiffres, il est impossible de dire quelle est la valeur de cette méthode de conversion en phases séparées; cepen- dant, ilne faut pas oublier que le platine coûte très cher, et que toute réduction dans la quantité néces- saire pour la conversion donne une économie de capital d'établissement et d'intérêt, et aussi une réduction des pertes de travail. 3. Substance de contact. — Examinons mainte- nant la substance de contact employée; nous trou- vons qu'en général l'amiante platinée est adoptée. Cette substance peut ètre préparée de diverses fa- cons, chacune donnant probablement un produit d'une activité différente. La méthode exacte de fa- brication, ainsi que le pourcentage de platine con- tenu, semble être un secret jalousement gardé par les divers inventeurs. Raynaud et Pierron mentionnent une masse de contact contenant 5 °/, de platine etune, plus riche, contenant 43 °/, de platine, mais cette dernière force est de peu d'application. L'amiante est un excellent support pour le platine ou toute autre substance de contact, à la fois à cause de sa nature volumineuse et surtout à cause de la grande étendue de surface qu'elle offre par unité de poids; avec de l'amiante platinée, il y a très peu de place perdue dans le con- vertisseur. Elle possède, pourtant, un désavantage : c'est celui de s'affaisser sous une pression rela- tivement faible, inévitable de temps en temps lors- qu'on traite de gros volumes de gaz. Cette difficulté a été surmontée par la Badische Anilin und Soda Labrik par la méthode d'entassement®, dans laquelle la masse d'amiante dans le convertisseur est brisée “en morceaux de faible grosseur, posés sur des pla- ques perforées, arrangées l'une sur l'autre, à des intervalles convenables tout le long du convertis- seur. Cet arrangement tend aussi à mélanger les ‘ Brevet auglais 2.368 de 1901. ? Brevet anglais 1.385 de 1901. 3 Brevet anglais 15.950 de 1898. az, quoique cependant moins que la méthode pré- édemment décrite‘. . L'amiante ne forme pas le seul support conve- nable; on en emploie d’autres, actuellement, avec succès. . Je veux mentionner l'emploi de sels solubles, breveté par la Aktien-Gesellschalt für Zink-In- dustrie®. Les sels appropriés sont ceux qui ne changent pas pendant la durée de la réaction dans a chambre de contact. Ainsi, pour l'anhydride sul- furique, un sulfate est éminemment convenable; on peut aussi employer un phosphate, puisque, dans les conditions du travail, la conversion en sulfate ne se produit pas. D'autre part, un chlorure ne convient pas, puisqu'il serait converti, avec désintégration, plus ou moins rapidement en sul- fate, et les passages du gaz dans l'appareil seraient réduits. Les grands avantages que présente cette masse de contact » sont: sa préparation facile, une distribution uniforme de la substance active et une facile récupération de cette dernière si la substance de contact devenait inactive. Le mode de préparation consiste à former une solution de chlorure platinique et du sel soluble qui doit être employé, et à évaporer le tout jusqu'à siccité, brisant les croûtes ainsi formées en morceaux lune dimension granulaire uniforme. La sépara- ion du platine métallique à un état très fin de subdivision a lieu en chauffant la masse de contact lorsque la fabrication est en marche. Les brevets blissent que les masses de contact contenant seulement 0,1 °, de platine sont très efficaces. . La même Société a obtenu un brevet allemand * pour une purification sèche de cette masse de éontact:; elle consiste dans l'éloignement de l'ar- nic, du mercure, etc., par un courant de chlore, des composés oxygénés au moyen de gaz d'éclai- rage, où d'un autre gaz réducteur. Cette Société a breveté des méthodes‘ pour bblenir une masse de contact encore plus poreuse, ns laquelle on se propose de former les pores ns le porteur, tandis qu'il est encore päteux et én train de sécher, en faisant passer de force un Courant gazeux à travers la masse, à une vitesse alogue à celle qui existe dans le convertisseur pendant le travail normal. Des substances convena- bles, en plus de celles mentionnées dans le brevet glais 25.158 de 1898, sont : l'argile, le gypse délayé en pâte avec de l’eau, et certains sels qui fondent dans leur propre eau de cristallisation. On eut préparer la masse de contact dans l'appareil i servira, plus tard, comme four de contact. Brevet anglais 17.034 de 1900. Brevet anglais 25.158 de 1898. KI. 12, brevet anglais 115.333. Brevet anglais 10.412 de 1901. J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS-INDUSTRIELLES 571 Neuendorf! prépare une masse analogue en faisant agir sur des sels de Ca, Ba et Sr, autres que les sul- fates, de l’anhydride sulfureux, de l'air, de la vapeur, ou des vapeurs d'acide sulfurique à une haute température. La Badische Anilin und Soda Fabrik ? forme le porteur par l'interaction, à une température convenable, d'un oxyde ou d'un hydrate d'un alcali fixe ou d'un métal alcalino-terreux, ou d'un sel de ceux-ci contenant un acide volatil (HCI,CO*, acide acétique, etc.), avec un sel d'une base volatile, telle que l'ammoniaque, et d'un acide plus difficilement volatil, tel que l'acide sulfurique ou phosphorique, le tout mélangé intimement. À la température voulue, il se produit uné double décomposition, et les vapeurs du sel volatil qui en résulte communiquent, pendant leur-dégagement, un haut degré de porosité au sel non volatil formé d'autre part. Le platine peut être ajouté à la masse avant ou après l'échauffement. Des corps de contact ayant de l'argile comme porteur de platine ont été brevetés par Efrém :. Ce dernier indique aussi, comme l'agent cataly- tique, l'amiante imprégnée d'acide vanadique, et de Haën a obtenu un brevet‘ aux États-Unis pour l'emploi de cette substance. L'avantage qu'elle offre, comparée au platine, parait être celui du prix; je ne puis dire si elle est, comme le platine, affectée par les impuretés des gaz. D'après, Haüssermann, il permet d'obtenir un rendement de conversion de 84 °/, à 465°C. 4. Traitement des gaz d'échappement. — N reste: encore un dernier point àexaminer : c'est l'absorp- tion de l'anhydride sulfurique contenu dans les gaz qui s'échappent du convertisseur. En règle générale, on l’obtient en faisant passer les gaz à travers du vitriol contenu dans des récipients convenables, l'absorption par l'eau étant beaucoup trop éner- gique. Dans le mémoire de Knietsch, nous lisons ce fait curieux que l'absorption s'effectue mieux par un acide contenant 97-98 °/, H?S0*, cet acide ayant une action beaucoup plus efficace et rapide, que par un acide d’une concentration plus faible ou plus forte. L'appareil à absorption est mis en marche avec cet acide, puis on y fait couler de l'acide plus faible d’une façon continue et en quantité correspondant à l’anhydride sulfurique qui entre dans le réci- pient, de façon à ce que la force de l'acide soit maintenue constante. Lorsqu'on emploie des tubes en fer, il se produit une faible action entre l'acide et le métal: qu'on a besoin d'acide sans fer, il faut pratiquer lors- ! D. R. P. 121.846 de 1899. ? Brevet anglais 6.828 de 1901. 4 Brevet anglais 14.339 de 1899. * Brevet anglais 681.834. 512 J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES ‘absorption par de l'acide fumant contenant 27 °,, de SO° libre (représenté par la formule 2H2S0° + SO), le récipient absorbant étant en fer forgé. Celte méthode a été récemment brevetée® par la Badische Anilin und Soda Fabrik et l'acide ainsi obtenu contient seulement de 0,003 à 0,001 °, de fer. $ 2. — Procédé à l'oxyde ferrique. Voici le procédé important employé dans les usines du Verein Chemischer Fabriken, à Mann- heim. Le procédé mème est décrit dans un brevet anglais”, dans lequel les auteurs attirent l'attention sur un travail de Wôübhler, paru en 1852, sur le pou- voir que possèdent les oxydes de cuivre, de fer et de chrome de provoquer la combinaison entre l'an- hydride sulfureux et l'oxygène à une chaleur rouge modérée et, d'autre part, sur le fait que, dans les gaz des pyrites, de 8 à 10 °/, du soufre est présent à l’état d'anhydride sulfurique. Finalement, ils mentionnent le travail de Lunge publié en 1877”. Les meilleurs résultats de Lunge indiquent une limite maximum pour la conversion de 16 à 18 °/, seulement, lorsqu'on travaille avec des cendres de pyrites. La fabrique de Mannheim explique ces chiffres si bas par le faible pouvoir catalytique de l'oxyde grillé qui a été refroidi; elle a découvert que, si l’on emploie des cendres de pyrites fraiches et si l'air pour la combustion des pyrites est séché avant son entrée dans les grilleurs, on obtient faci- lement une conversion de 60 °/,, et même de 90 °/, dans des conditions favorables. La réaction se pro- duit plus complètement si les gaz du four, qui con- tiennent normalement de 6 à 8 °/, SO2, sont dilués à 2 ou 3 °/, SO° par de l'air sec et chaud, avant leur approche de la masse de contact *. L'appareil dans lequel l'opération est conduite est décrit dans un brevet anglais el consiste en un ensemble d'appa- reils à griller les pyrites, au centre desquels sont placés les fours de contact, L'air sec est admis au-dessous des grilles dans les brüleurs, et les gaz chauds passent directement de ceux-ci à travers la masse de contact, la main- Lenant à la chaleur rouge nécessaire à la conversion. Une purification préliminaire des gaz n'est pas nécessaire, Malgré cela, on obtient un produit com- paralivement pur: on à trouvé que, pendant que l'agent catalytique effectue la conversion, il absorbe la plus grande quantité de l'arsenie pour former un composé non volatil avec oxyde de fer, Le pouvoir de la masse de contact est réduiten proportion de la 1 Brevet anglais 1.90% de 1901. ? Brevet anglais 17.265 de 1898. * Ber, der deutsch. chem. Ges., p. * Brevet anglais 3.185 de 1899. Brevet anglais 1.859 de 1899. 1824. quantité d'arsenic absorbée, mais cela n'offre pas une sérieuse difficulté, puisque la masse de contact | est rapidement remplacée, une grande provision de malière fraiche étant loujours en réserve. Il me semble peu probable qu'avec de l'oxyde de fer seul une conversion complète puisse être exécutée sur une grande échelle; d’après les chiffres de Kaietsch, la température de la conversion est trop élevée (500-600°) et les brevets de Mannheim confirment ce fait en parlant d'une chaleur rouge. Dans le brevet anglais’ accordé à Clemm et au. Verein de Mannheim, les auteurs admettent cette difficulté, et ils proposent de la surmonter en com-. binant les procédés de contact à l'oxyde ferrique et. au platine; les gaz partiellement convertis et puri- fiés, qui quittent le convertisseur à oxyde ferrique, sont conduits, après avoir passé à travers un scrub- ber sec, dans un second convertisseur contenant. du platine. On décrit dans ce brevet une très bonne méthode pour empêcher l'entassement dans le con-. verlisseur, le platine étant déposé sur une grille ou. un filet d'une fabrication spéciale, supporté par un. cadre. Un brevet additionnel” reconnail l'emploi d’autres oxydes aussi bien que de l'oxyde ferrique. De petites améliorations de ce procédé ont ét brevetées aux Etats-Unis par Frasch *, qui brüle une substance donnant de loxyde de fer sur laquelle o fait passer de l'anhydride sulfureux et de l'air; elm ex. par Blackmore *, qui remplace l’oxyde de fer par u sulfure préparé en faisant passer de l'anhydride sulfureux et du soufre sur de l'oxyde; dans um autre brevet”, il fait passer d’abord l'anhydride: sulfureux sur de l'oxyde de fer et, après avoir élevé la température, il continue avec de l'oxygène, après! quoi la température est de nouveau abaissée pour un nouveau traitement à l'anhydride sulfureux els ainsi de suite. Pour maintenir la température dans les conver tisseurs à oxyde de fer, Briegleb° propose de les chauffer intérieurement par une matière combuss= tible sans hydrogène. ” J'ai décrit en détail les procédés de contact pour. tiques analogues. 3revet anglais 24.748 de 1899. Brevet anglais 4.610 de 1901. Brevet anglais 664.330. Brevet ang'ais 686.021. » Brevet anglais 686.022. SYD-4R1P- 4245006: Je, PT, A beaucoup d'égards, elles ressemblent aux diffi- Bu rencontrées dans les premiers jours du pro- . cédé Deacon pour la fabrication du chlore. Dans les - deux cas, la température des chambres de réaction est un facteur très important; elle doit être main- | tenue dans d’étroites limites; autrement, ilen résulte - une faible conversion. La nature de la substance de contact et sa concentration, comme aussi la nature » de la matière employée comme porteur, sont des sujets de la plus grande importance, et nous avons aussi dans les deux cas à nous prémunir contre la décroissance de l’activité, résultant de l'action des impuretés sur la masse de contact, ces impuretés étant l’anhydride sulfurique et les composés de -l'arsenic dans le procédé Deacon ; les composés de l’arsenie et l'humidité, ete., dans le procédé à l'anhydride. Cette diminution d'activité est prinei- :palement sensible dans un procédé employant le L:. coûteux comme catalysaleur; et, dans ce - cas, une purification complète des gaz qui réagissent est indispensable. Avec une substance catalytique moins chère, qui se détériore moins, il est préférable de renou- veler de temps en temps le catalysateur plutôt que de soumettre les gaz à une purification aussi complète. et — FABRICATION DE SUBSTANCES ORGANIQUES. $ 1. — Aldéhydes. tiques qui conduisent à la formation des aldéhydes. Parmi ces corps, le plus simple est la formaldé- hyde, substance qui, sous forme de solution aqueuse, du nom de formaline, est depuis peu très employée comme préservatif et antiseplique. Le noir de platine, universellement applicable, l'est aussi dans ce cas, et on a lancé beaucoup de lampes, appelées lampes à formaldéhyde, dans les- quelles un mélange de vapeurs d'alcool méthylique 4 d'air est dirigé sur ce catalysateur. L'une d'elles a été décrite dans le brevet anglais ! 5 à Trillat. La méthode de travail est simple k. la réaction se produit automatiquement lorsque l'éponge est chauffée pour mettre en marche la “réaction, laquelle maintient ensuite la température au rouge sombre. + Cette oxydation d'alcools par l'air en présence du _ platine semble être commune aux alcools possédant hdes propriétés complètement différentes; Trillat?, “employant une spirale de platine, a montré que les “alcools non saturés sont convertis en leurs aldé- .hydes correspondantes ; il a même réussi à préparer : Examinons d'abord les quelques réactions cataly- 1 Brevet anglais 8.515 de 1895. ? Comptes rendus, 123, [21], 822. J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES 573 de cette facon de la vaniline au moyen de l'isoeu- génol. Une méthode très intéressante pour préparer un aldéhyde au moyen d’un alcool, et, à première vue, par simple dissociation sans oxydation, a décrite récemment par Ipatiew *. travail- lant avec l'alcool éthylique, montre que, dans un appareil en verre, une très petite décomposition se produit au-dessous de 700°C. et que la décomposi- tion devient seulement énergique à 800°C. et au- dessus ; à cette température, un cinquième d'alcool est dédoublé pour former de l’éthylène et de l’eau, tandis que le reste donne de l'hydrogène et de l'aldéhyde. De ce dernier composé un tiers seule- ment ne change pas; dissocié en oxyde de été Ipatiew, le reste est ultérieurement carbone et en mélhane. La réaction suit un cours presque analogue dans un appareil de platine. Le résultat cependant est très différent lorsqu'on fait passer la vapeur sur du zine métallique. En présence de ce métal, la dissociation a lieu rapidement à une température de 620° à 650°, et on trouve, dans les produits de la réaction, l'al- déhyde correspondant avec un rendement de 80 °,, L'auteur trouve que cette propriété est commune aux métaux qui décomposent rapidement l'eau, par exemple ceux qui s’oxydent et se réduisent rapi- dement; voici comment il considère que la réaction se produit : La vapeur d’eau, résultant, ainsi que l'éthylène, de la dissociation de l'alcool, réagit avec le zinc, pour former l'oxyde de zinc, qui, plus tard, est réduit par l'alcool en formant de l'aldé- hyde et de l'eau, cetle dernière convertissant encore du zinc en oxyde et ainsi de suite. La méthode est intéressante, el, d'après une communication lue dernièrement devant la Société physico-chimique russe, elle semble avoir une appli- cation étendue, les alcools primaires donnant nais- sance à des aldéhydes et les alcools secondaires à des cétones. Ipatiew a préparé par cette méthode l'isobutyl et l'isovaléraldéhyde, l'acroléine, la benz- aldéhyde et l'acétone, et il établit que les agissent de la mème manière que les métaux. Cependant, en présence du graphite, la décomposi- tion suit un cours différent, les alcools à 600° se dédoublant dans les hydrocarbures correspondants de la série de l’éthylène et en eau. D'autre part, une autre méthode, lion de la réaction de Friedel et Crafts, est décrite dans le 2, d’après lequel la benzaldéhyde est obtenue du benzène sous l’action simultanée de CO et HCI, en présence: oxydes une modilica- brevet allemand de Küchler et Buff de chlorure cuivreux et de bromure d'aluminium. Le chlorure cuivreux est nécessaire pour dis- faire { Ber. der deutsch. chem. Ges., 1901, 3.579 D: R. P. 126,461, | = ‘soudre l'oxyde de carbone, le bromure d'alumi- nium étant l'agent catalytique. Le bromure est employé au lieu du chlorure à cause de sa plus grande solubilité dans le benzène ; le chlorure est trop insoluble dans ce liquide pour permellre à la réaction de se produire. $ 2, — Acide acétique et acétone. Une méthode intéressante pour la purification de l'acide acétique commercial a été indiquée par Behrens ! ; il propose d'enlever de l'acide toutes les matières empyreumaliques, en oxydant les vapeurs de l'acide brut par l'air sous l'influence du noir de platine. Je ne sais pas jusqu'à quel point ce procédé est efficace. Une décomposition catalytique intéressante de l'acide acétique même a été décrite par Squibb*, D'après Squibb, la vapeur d'acide acétique, passée à travers un tube chaud (500 C.), subit une très petite décomposition. Cette décomposition s'aceroit lorsque le tube est rempli avee de la pierre ponce ; lorsque, en plus de la pierre ponce, il y à du car- bonate de baryum, la décomposition devient pres- que complète ; les produits de la réaction se com- posent d'eau, d'anhydride carbonique et d’acétone ; le rendement de ce dernier est d'environ les 90 °/, de celui indiqué par la théorie : 2CH2COOH — (CH3)2CO + CO? + H20, Squibb a fait ces expériences à la fois au labora- loire et en grand dans l'industrie, dans les deux cas avec le même résultat. Il y a quelques années, j'ai répété ces expériences et je peux pleinement confirmer les conclusions de Squibb. Cette pro- priété catalytique paraît être commune à tous les carbonates (et acétates) dont les métaux forment des acétates, qui donnent de l’acétone par la distil- lation. La température de la décomposition parait varier avec la nalure chimique du carbonate employé, et avec son élat physique. $ 3. — Tétrachlorure de carbone. Cette substance possède un grand pouvoir dis- solvant, lequel, joint à son point d'ébullition com- parativement peu élevé (76°5 C.) et à sa non in- Mammabilité, l'a fait maintes fois proposer pendant ces dernières années comme un succédané de l’es- prit de pétrole, de l’éther, dusulfure de carbone, etc., dont l'emploi présente certains dangers. La mé- thode ordinaire de préparation est la chloruration du sulfure de carbone d'après la rédaction sui- vante : e CS? + CI — CCI SC: ‘ Brevet anglais 3.392 de 1901. # Journal of the Society of Chemical Industry, t, XIV, p. 506ett. XV, p. 612. J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES Klason ! a montré qu'à la température ordinaire ces deux substances ne réagissent que faiblement, mais qu'en des porteurs de chlore. (L, SbCP, ete.) CCF est rapidement formé. Pendant cette recherche, il à isolé toute une série de pro duits intermédiaires contenant C, S et Cl; l'un d'eux, CCFSCI, absorbe du chlore en grande quan= té quand il n'y a aucun porteur de chlore ; cepen- dant, en présence d’une trace d'iode, la substitu="| tion a lieu immédiatement, avec l'achèvement den la réaction en CCI et SCF. Lever et Scott emploient cette méthode”, faisant passer du chlore sec dans du sulfure de carbone dans lequel on a dissout de 2 à 12 €/, d'iode ; ils. établissent que le brome et le pentachlorure d’an- timoine sont moins efficaces. Cette dernière sub- stance semble cependant, d'après Eckenroth, avoir été beaucoup employée en Allemagne pour pro- duire de grandes quantités de tétrachlorure de carbone. On remarquera que la réaction donne » naissance à une molécule de S°CP par molécule de ; CCI*, les deux tiers du chlore employé élant con- vertis en tétrachlorure. Quand on ne peut-pas vendre le chlorure de . soufre, il est désirable d'utiliser plus complètement le chlore, et on y arrive, d'après Müller et Dubois”, par l'addition de fer finement divisé au mélange de sulfure de carbone et de chlorure de soufre. A 60° C., la réaction a lieu spontanément, et il n'est nécessaire de chauffer que vers la fin de l'opération. Voici la réaction qui s'opère : présence 2S2CE + CS? — CCI + 68. Le soufre se sépare en grands cristaux par le refroidissement, et peut être employé pour la pré- \ paration de nouvelles quantités de bisulfure de 4 carbone. L'utilité de ces soi-disant &« porteurs de chlore » n'est pas seulement confinée à la fabri- cation du tétrachlorure de carbone; leur effet est bien visible dans un grand nombre de réactions. En 1884-1885, Lothar Mever, Scheufelen, Page et d’autres ont bien étudié la question de savoir quelles substances étaient capables de réagir de cette manière et leur mode d'action: ils décou- vrirent un certain nombre de réactions nouvelles et intéressantes pendant leurs recherches. Ils exa- minèrent un grand nombre de chlorures, mais FeCl', AICF, TIC, TICI, MoCE° et SbCI° seuls paru- rent aider à la chloruration. Page considère que le chlore forme un composé moléculaire avec la substance à chlorurer, composé qui sera ensuite libérant de l'acide chlorhydrique dédoublé en sous l’action du chlore. A EE à ‘ Ber. der deustch. chem. Ges., t. xx, p. 2.370. 3 Brevet anglais 18.990 de 1889. # Brevet anglais 19.628 de 1895, J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES D1> . Les expériences de Meyer sur la bromuration ‘indiquent d'une facon certaine que le sel métal- lique FeCŸ prend part réellement à la réaction. 3 Déjà, en 1861, Hofmann avait remarqué l'effetaccé- - Jérateur produit par le chlorure d’antimoine dans la fabrication du tétrachlorure de carbone, $ 4. — Autres produits organiques. _ Avant de terminer cette partie de mon article, lion qui forme l’une des phases de la préparation de l'indigo synthétique. Wilfarth à noté l'augmen- ation du pouvoir oxydant de l'acide sulfurique con- centré, quand le mereure (ou un de ses composés) est présent, et, il y a quelques années, il recom- mandait l'addition du mercure pour hâter l'oxy- -dation de la matière carbonisée dans le procédé bien connu de Kjeldahl. Dans ce cas, on visait à la destruction complète de la matière organique; dans l'oxydation du naphthalène, on recherche seulement une oxydation partielle. Une oxydation partielle analogue a été brevetée par Rosenthal!; il établit que, tandis que l'oxy- dation d’amines aromatiques tertiaires par l'acide sulfurique seul à des températures supérieures _à 200° C. donne seulement des bases tertiaires du groupe phényl, avec un rendement de 40 °/,, l'ad- dition du mercure ou de ses sels donne un ren- -_dement de 60 °/,, et, en plus, une production de 30 à 40 °/, de bases plus compliquées et d'un point de fusion plus élevé. Si, au lieu de mercure, on emploie du nitrobenzène, ou de la benzaldéhyde, ou une autre substance qui, à 200° C., produit SO? aux dépens de l'acide sulfurique plus rapidement que ne le fait la base elle-même, on obtient un rende- ment quantitatif*. Ceci m'amène à la fin des méthodes pour la pré- paration de produits spéciaux. La fabrication du glu- cose et les autres procédés d’hydrolyse semblables, effectués par de petites quantités d'acide, sont trop bien connus et ont été trop fréquemments décrits pour attirer plus longtemps notre attention. VII. — AUTRES APPLICATIONS DE LA CATALYSE. Dans les cas cités, on aura probablement re- marqué que l'influence exercée par le catalysateur provoque ou accélère la transformation chimique. Cependant, notre définition d'une substance cataly- tique a été établie de facon à indiquer que la réac- tion peut aussi être influencée dans la direction inverse, c'est-à-dire retardée, et je vais indiquer brièvement quelques phénomènes de ce genre. Comme exemple dans lequel la présence d'une petite trace de substance étrangère est dange- reuse, je renvoie à l'expérience récente de M. Ors- man, qui à prouvé que la présence de 0,2 °/, d'hu- midité dans du fulminate pur de mercure altère d'une telle facon la vitesse de la décomposition, que ce qui devait être une détonation s'est réduit à une explosion. Un autre point intéressant est que le pouvoir détonant du fulminate mélangé avec du chlorate de potasse n'a pas été affecté par l'humi- dité, et qu'un mélange de ce genre peut être con- servé indéfiniment dans une atmosphère humide sans perdre ses propriétés. Comme exemple de cas dans lequel la présence d'un catalysateur est bienfaisante, nous avons l'influence préservatrice bien connue exercée par des traces d'acide sur des solutions de peroxyde d'hydrogène et d'acide cyanhydrique; des agents de cette nature nous donnent aussi un moyen de produire la polymérisation. Mentionnons que, dans quelques cas, une sub- stance considérée généralement comme instable peut devoir cette instabilité à la présence de quel- que agent catalytique, dont l'éloignement donne- rait des résullats profitables. MM. Muspratt et Smith en ont donné un exemple technique dans leur mémoire! sur les solutions d'hypochlorites concentrées ; ils montrèrent que la décomposition qui se produit dans les solutions d'hypochlorite de soude commercial est due, en grande partie, à la petite quantité de fer présent dans la liqueur, sous forme de ferrate. On à trouvé des méthodes pour retirer ce fer, et maintenant la liqueur puri- fiée est un article de commerce courant. Ces réactions ne sont pas sans importance dans le domaine analytique; l'estimation de l'hydrogène dans des mélanges gazeux, en conduisant ceux-ci, mélangés avec l'oxygène nécessaire, l'amiante palladiée peu chauffée, est un très bon exemple de combustion fractionnée par des moyens catalytiques. Quoique cette méthode d’es- timation soit employée déjà depuis quelque temps, les chiffres suivants, parmi d’autres obtenus par Phillips?, sont intéressants parce qu'ils montrent les grandes différences de température auxquelles la combustion des divers gaz se produit. Il a trouvé qu'avec l'hydrogène, l'oxydation a lieu à 20°-55° C., avec l’oxyde de carbone à 290°-359° et avec le gaz de Marsh à 404°-414, Une méthode ana- logue a été proposée par Harbeck et Lunge sur de pour 1 Journal of the Society of Chemical Industry, 189%, p. 1906, et 1899, p. 240, 3 J. Chem. Soc. Abs., 1894, t. II, p. 293. $ Ihbid., 1898, t. IT, p. 166 et 195. 510 J. T. CONROY -— LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES la séparation quantitative de l'éthylène et des va- peurs de benzène par la réduction fractionnaire, le premier composé étant réduit en éthane CH quand il est conduit avec de l'hydrogène sur du noir de platine chauffé à 90°-100° C. Un autre exemple de grande importance se trouve dans la recherche de l'arsenice par la méthode de Marsh, lorsque les composés du sélénium sont présents. Rosenheim a montré’ que, dans certaines conditions, la présence de sélénium empêche complètement la formation du miroir d'arsenic, el dans tous les cas influe sur la grandeur de ce dernier. Dans cel exemple cepen- dant, il faut dire que la cause est probablement mé- canique ; ainsi, il diffère entièrement des autres cas déjà décrits. Un autre exemple d'action catalytique est offert par la méthode de Marshall, pour dé- couvrir et estimer les petites quantités de manga- nèse lorsque le manganèse est oxydé en perman- ganale au moyen de persulfate et d'une trace d'un sel d'argent; en l'absence de ce dernier, loxyda- tion cesse habituellement lorsque létat de per- oxyde a été atteint?. D'autres effets catalytiques intéressants sont ceux produits par des métaux colloïdaux. Zsigmundy”* a trouvé une méthode par laquelle, à l'aide d’une solution colloïdale d'or,il est possible de découvrir d'autres substances colloïdales en solution, de les différencier en plusieurs groupes (l'auteur en indi- que quatre) et de déterminer approximativement la quantité présente. Une nouvelle et intéressante méthode pour pré- parer une solution colloidale de platine à été découverte par Bredig, qui l'obtient en faisant passer l'étincelle électrique entre deux fils de pla- line plongés dans de Feau froide. Jusqu'ici de telles solutions métalliques n'ont été obtenues que par des moyens chimiques, comme dans le cas de l'or colloïdal employé par Zsigmundy : réduction du chlorure (AuCPHCPHO) par la formaldéhvde après addition d'une petite quantité de carbonate de polassium. De nouveaux exemples d'action catalvtique, qui ne doivent pas ètre laissés de côté, sont ceux dus à la nature des parois du récipient dans lequel toute réaction chimique est effectuée. De nombreux cas d'une action de ce genre sontcilés dans la CLe- mical Dynamics de van UHOff; un exemple frap- pant en est donné par les expériences de Ramsay el Young sur la décomposition de l'ammoniaque par la chaleur‘. Un mémoire récent d'Ienderson el Beilby a montré que ces effets peuvent être réalisés sur une large échelle ; il nous apprend que le pas 1 Chem. News, 1901, p. 271. 3 Jbid., 4901. 83 p. 16. 3 Zeits. Anal. Chem. 1901 p. 697. 4 J. Chem. Soc., Trans:, 1884, p. 88. sage de l'ammoniaque à travers des tubes mélal- liques chauflés ne provoque pas seulement la des- truction de lammoniaque, mais aussi une complète désintégration du métal, due principalement à un « changement physique produit par une réaction chimique. VIII. — Tu£ORIE DES RÉACTIONS CATALYTIQUES. Je vais considérer brièvement les principes qui régissent les diverses réactions calalytiques. Ce serait une grosse affaire que de les étudier complè- tement: je peux mème dire que, pour le moment, cela est impossible. Notre connaissance de ces pro- cédés est trop superficielle pour nous permettre autre chose qu'une allusion à leur mécanisme. Un fait est certain, c'est qu'il n°y a pas de force cataly- lique mystérieuse ou d'action de contact, comme des chimistes de valeur le supposaient encore il y a une dizaine d'années. Je suis presque sûr que tous les phénomènes catalytiques trouveront leur expli- calion dans l’action de forces connues dès à pré- sent, mais imparfaitement dans beaucoup de cas. Quoiqu'il n'y ait pas une force catalytique unique, il existe, sans aucun doute, un grand nombre de phénomènes dans lesquels la réaction estinfluencée par la présence d'une troisième substance en quan- tité limitée qui semble ne pas changer. Une telle classe de corps a besoin d'une dési- gnation spéciale distincte, el le mot catalytique peut, je pense, être employé dans ce but sans malentendu et sans préjudice. Il est possible que le nom d'« action cyclique », défendu par quelques autorités, soit plus descriptif, et à ce point de vue meilleur. Le Professeur Ostwald a classé les réactions cata- lytiques en quatre groupes : 1° Séparation dans les solutions sursaturées ; 2° Catalyse dans les mélanges homogènes; 3° Catalyse dans les mélanges hétérogènes ; %° Action des enzymes. Si nous considérons les phénomènes d'après les quatre groupes de cette classification, nous trou- vons que les réactions comprises dans le premier groupe ont un caractère plutôt physique que chi-. inique. La séparation d'une substance de sa solu- tion sursaturée ressemble, considérée au point de vue chimique, à une forme très atténuée de disso- cialion. Ce cas est si différent, quoiqu'il puisse ne pas l'être nécessairement dans son essence, des réactions décrites dans les pages précédentes, que” je propose de le laisser, ainsi que le quatrième groupe, en dehors de mes considérations subsé= quentes. Le quatrième groupe, c'est-à-dire celui qui se rapporte aux enzymes, est tres peu connus Les changements effectués sont toujours des hydro= | J. T. CONROY -- LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES 577 lyses, et il y à des raisons pour croire que l’enzyme se combine à la fois avec l’eau et la substance qui subit l'hydrolyse, mode d'action qui entraine la formation de composés intermédiaires et analogues à ceux dont nous parlerons plus loin. En examinant les groupes qui restent, principa- lement au peint de vue des réactions que j'ai dé- crites, nous trouvons que les réactions se par- ; tagent en deux divisions principales : | 4° Celles dans lesquelles le platine ou une autre substance possédant le pouvoir d'occlusion est le _ catalysateur; | 2 Celles dans lesquelles le catalysateur est une ; substance capable de se combiner ou de réagir . axec une ou plusieurs substances subissant la transformation chimique. Si la signification du mot « combiné » peut être étendue de facon à comprendre l’occlusion, alors tous les phénomènes rentrent dans la seconde division. Si nous considérons la première division, nous trouvons qu'en mettant à part la dissociation, les réactions causées sont des réductions ou des oxy- dations. Les agents les plus actifs sont le platine et le palladium; le carbone sous diverses formes peut aussi être employé avec avantage dans certains cas. La rapidité et l'étendue de la réaction dépendenten » grande partie de la condition physique du cataly- sateur et aussi probablement de ses propriétés chimiques et physiques. Elles peuvent aussi dé- pendre de la condition physique induite dans les Substances réagissantes. Pour quelques réactions, par exemple l'oxydation de l'alcool en aldéhyde, des feuilles de platine sont suffisantes; pour d’autres, le noir de platine est nécessaire, et son mode de préparation a une in- _fluence considérable sur la réaction. Lorsque le platine est insuffisant, le palladium peut réussir dans d’autres conditions analogues. On sait que le platine et le palladium possèdent à un degré remarquable le pouvoir d’occlure l'hy- drogène et l'oxygène, et il à été démontré qu'à Pétat occlus ces gaz sont très réagissants. On n'a -pas encore établi dans quelle condition ces gaz existent; plusieurs chimistes arrivent à des con- clusions tout à fait opposées en discutant les résultats de leurs propres expériences. Cependant, l'opinion … .sénérale est que, dans le cas de l'oxygène, il se forme un oxyde PdO lorsque le palladium est le -métal occluant; d'un autre côté, avec l'hydrogène, Ja formation d'un composé est excessivement incer- laine; Ramsay et Hoitsema sont arrivés, indépen- “damment l'un de l'autre, à l'hypothèse que l'hydro- Ki gène ocelus existe dans la condition monoatomique. —. Sices vues sont exactes, les oxydations produites par le noir de platine et le noir de palladium ren- trent dans notre seconde | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, Ê | division : celle dans i laquelle le changement a lieu au moyen des « tions intermédiaires ». Engler et Wôühler sont arrivés récemment à cette conclusion et établissent que le composé intermédiaire actif est un peroxyde de platine (Pt0*). D'un autre côté, les réductions devraient être exclues de cette division, et l’activité plus grande de l'hydrogène occlus peut être due à ce qu'il existe à l’état atomique plutôt qu'à l'état moléculaire, en d’autres termes à l’état naissant. Il est intéressant, en passant, de mentionner le travail de Gladstone et Tribe sur des couples zinc-cuivre, et leur conclusion, basée sur leurs expériences”, que l'hydrogène est identique à l’état occlus et à l'état naissant. Un autre point qui doit être rappelé dans cette classe d'actions catalytiques est la chaleur dégagée pendant l’occlusion. Dans beaucoup de cas, cette quantité est très considérable, et quoiqu'elle ne puisse pas être la cause de la catalyse, elle peut être le point de départ d'une réaction en amenant le mélange à la température nécessaire pour amorcer la réaction. Le plus grand nombre des procédés catalytiques, si ce n’est tous, sont fortement exo- thermiques, et c'est la chaleur de la réaction, une fois l'opération commencée, qui maintient ou qui sert à maintenir la température nécessaire pour une action rapide. Dans le second groupe des réactions catalytiques, nous avons affaire à des procédés qui ont trouvé leur explication dans la théorie des « réactions intermédiaires ». Prenons des exemples : On peut supposer que la combinaison de l’anhy- dride sulfureux et de l'oxygène en anhydride sul- furique, sous l'influence de l’oxyde ferrique, a lieu par la combinaison des gaz réagissants avec le cata- lysateur pour former un sulfate de fer, lequel, à la température de la réaction, est immédiatement dédoublé en formant de l’anhydride sulfurique et en régénérant l'oxyde de fer. On peut aussi considérer que ce processus a lieu par l'oxydation direcle de l'anhydride sulfureux par l'oxyde ferrique, et la ré- génération de ce dernier par l'oxygène présent dans les gaz. De mème, la production de l'acétone au moyen d'acide acétique peut avoir lieu par la for- mation momentanée d'acétate de baryum ou de calcium (par l'acide acétique et le carbonate métal- lique agissant comme catalysateur); l’acétale esl alors décomposé, de la facon habituelle, en acéton: eten carbonate. De plus, si nous considérons les substances capables d'agir comme porteurs de chlore, noi trouvons que ces substances sont généralement l'iode et les divers chlorures métalliques dont le métal peut former deux chlorures, un supérieur réac- 1 J. Chem. Soç., 1578, p. 506. )18 J. T. CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES et un inférieur; l'inférieur se combine d'abord avec le chlore pour donner le supérieur, qui réagit aveclasubstancesubissantlachloruration, lechlore, en régénérant le chlorure inférieur, pour agir à nouveau avec du chlore frais. Des remarques ana- logues s'appliquent aux porteurs d'oxygène étudiés aussi par Meyer. Ce groupe peut cependant ètre partagé en deux subdivisions : (a) Réactions dans lesquelles le catalysateur peut se combiner avec toutes les substances réagissantes pour former un composé qui, dans les conditions de température, ete., se dédouble dans une direc- tion différente de celle qui représente l'inverse de la combinaison ; (D) Réactions dans lesquelles le catalysateur se combine avec une seule des substances réagissantes pour former un composé capable de réagir avec la seconde substance présente. Il peut paraitre invraisemblable qu'un composé soit produit dans des conditions qui déterminent sa décomposition. Cependant, cela n’est en aucune facon impossible. Nous connaissons un certain nombre de cas dans lesquels des substances se com- binent à une température définie pour donner un composé qui, à une autre température, ou bien se dissocie simplement ou bien subit une décompo- sillon plus profonde. Dans quelques-uns de ces cas, les températures de combinaison el de dissociation ou de décompo- silion sont comparativement rapprochées. Je peux ciler la formation et la dissociation du peroxyde de baryum el du nickel-carbonyle. On eoncoit très bien que, dans quelques cas, ces deux températares soient identiques, et le D' Knietsch à prouvé que l'oxyde de fer permet la combinaison de l'acide sul- fureux et de l'oxygène même à des températures auxquelles l'acide sulfurique est en grande partie dissocié. Il estimpossible de dire jusqu'où une telle théorie de ces réactions concorde avec la réalité. Ostwald va jusqu'à dire que toutes les théories sont sans valeur en l'absence de mesures exactes, et qu'avant d'accepter une théorie quelconque des « réactions intermédiaires », il est nécessaire de prouver que celles-ci s'accomplissent plus rapide- ment que l'action directe. Depuis la publication du mémoire d'Ostwald, des mesures réelles ont été prises par Brode! sur l'oxv- dation du thiosulfate en tétrathionate au moven du peroxyde d'hydrogène, avec l'iode comme Her sateur. En l'absence d’iode, la réaction se produit très lentement; en sa présence, elle a lieu facile- ment, et Brode à montré que les deux réactions intermédiaires produites dans ce cas ont lieu toutes deux très rapidement, Chem, Zeit, M décembre 1901, p. 1116, Tandis que j'accepte l'hypothèse d'Ostwald, quant à la valeur et à la nécessité de mesures comme celles décrites plus haut, je ne puis cependant pas admettre le manque de valeur d’une théorie en La théorie des réactions intermédiaires est la meilleure théorie donnée pour l'explication d'un grand nombre de phénomènes calalvtiques ; elle indique un mode possible d'action, eLest suffisamment concise pour permettre de pré- dire de nouvelles réactions. Elle montre une mé- thode pour attaquer ces problèmes et indique dans quelle direction des mesures quantitatives sont nécessaires pour la confirmer ou pour la condam- ner. Il est encore impossible de dire si nous avons cette alternance de réactions, ou si nous avons un changement produit par une réaction simultanée de toutes les substances présentes. Il n'y à cependant aucun doute que, dans la ma- l'absence de mesures. jorilé des cas, le catalysateur prend part aux chan- gements chimiques. Comme nous l'avons vu, c'est généralement une substance capable de réagir avec un ou plusieurs des corps subissant la transforma- tion, el il y a de nombreux cas dans lesquels des composés définis produits par le catalysateur et la substance réagissante ont été isolés. Un exemple récent et intéressant est mentionné dans le mémoire de Beilby et Henderson sur la dé- composition de l'ammoniaque parles métaux. Jus- qu'à la publication de ce travail, la décomposition del’ammoniaqueavait paru être une simple dissocia- tion en seséléments, quiavait lieu avec plus ou moins de facilité, suivant la nature du corps avec lequel elle était en contact. Nous savons maintenant que la décomposition n'est pas aussi simple, et qu'elle n'est pas limitée à la surface du mélal, mais qu'en une certaine mesure l'ammoniaque pénètre dans la masse entière, allérant complètement la nature phy- sique du métal au cours de ce processus. Les auteurs indiquent que celte alléralion physique est due à un changement chimique, et ils montrent d'une manière concluante que la réaction à lieu entre le métal et le gaz, et que, en travaillant dans des con- ditions convenables, c'est-à-dire avec une grande quantité d'ammoniaque et une bonne température, on peut isoler un azolure de fer où d'un autre métal employé. Titherley, danssonmémoiresur l'amide de soude, donne un exemple analogue, dans lequel un métal, capable de réagir avec l'ammoniaque, amène la dis- socialion de cette dernière. Nous y lisons qu'un courant d'ammoniaque passé sur la sodamide chauffée au rouge sombre est continuellement dé composé en ses éléments; la décomposition à lieu srâce au dédoublement de l'amide en azote, hydro= 1 J. Chem, Soc. Trans., 1894, p. 50%, ( p à : , 4 J. T: CONROY — LA CATALYSE ET SES APPLICATIONS INDUSTRIELLES 19 gène el sodium, lequel plus lard, en présence de l'ammoniaque, reforme de la sodamide qui sera de nouveau dédoublée. Ces exemples servent à faire ressortir le fait que beaucoup de réactions chimi- ques ne sont pas aussi simples qu'elles le paraissent, et aujourd'hui nous trouvons des chimistes établis- sant comme une loi générale que les réactions chi- miques se produisent par étapes et que la dernière phase de tout changement n'est pas atteinte aussi directement qu'on l'avait cru jusqu'ici. Les recherches de Traube, Engler et autres ont prouvé que c'est le cas dans un grand nombre de phénomènes d'oxydation. Le Professeur Armstrong l'a ainsi exprimé : «Il est maintenant bien établi que la réaction se produit rarement entre deux substances pures ; la présence d'une troisième substance, ne serait-ce qu'une trace d’impureté, est nécessaire. Très sou- vent l’eau, sous forme de vapeur, ou en plus grande quantité comme dissolvant, détermine la réaction ; et, considérée à ce point de vue, elle peut être regardée comme un catalysateur d’une application presque universelle. » La part importante jouée par cette troisième substance a été le thème de la con- férence si suggestive du Professeur Armstrong sur « La nature du changement chimique et les conditions qui le déterminent », faite devant la Sociélé chimique en 1895. En partant de l'hypo- thèse de Faraday que « les forces appelées affinité chimique et électricité ne sont qu'une seule et même chose », le Professeur Armstrong a défini l'action chimique (exothermique) comme « l’élec- trolyse inverse », nécessitant ainsi dans loute réac- tion les conditions obtenues dans le circuit voltaï- que et la présence d'au moins trois substances. Son hypothèse est que « la complication et non la sim- plification précède la plupart, sinon toutes les transformations chimiques, et que des systèmes moléculaires complexes sont tout d'abord formés par les substances réagissantes; celles-ci, en se décomposant, présentent un réarrangement de leurs parties, ce réarrangement ayant lieu par suite du fait que des éléments qui étaient primitivement Séparés sont mis dans une «sphère d'activité » commune, à l'intérieur de laquelle il leur est pos- Sible d'agir ». Il établit que c'est généralement la fonction du calalysateur d'effectuer telle condensation et les systèmes ainsi formés peuvent être regardés comme des circuits vollaïques fermés. Grave a aussi considéré ces actions comme vollaïques, le une catalysateur servant à compléter le circuit. à Considérées à ce point de vue, les réactions cata- lytiques ne sont autre chose, en général, que des réactions chimiques, et elles ne nécessitent aucune explication particulière. Une telle conception nous permet de représenter les réactions comme se produisant par phases, explication que nous avons vu n'être utile que dans l'éleclrolyse d'une solution de soude caus- tique; la décomposition de l’eau, qui, en tant que l'on s'occupe des produits finaux, parait être la seule réaction, est représentée comme résultant entièrement d'une décomposition secondaire. Je n'ai pas même essayé d'entrer dans toutes les théories proposées pour expliquer l'action catalyti- que; parmi celles-ci on peut mentionner encore celle de Mendeléeff, qui suppose qu’un changementse pro- duit dans les mouvements des atomes à l'intérieur des molécules au point de contact de ces dernières, et l'hypothèse proposée par Fitzgerald, d'après la- quelle cette sorte de transformations, et, en réalité, toute transformation chimique peut être due à l’ac- tion des couches électriques superficielles aux sur- faces de contact des différentes substances. La théorie des réactions intermédiaires me parait la plus utile et la plus vraisemblable. Le cours de la réaction dans les cas où un couple métallique est formé est évidemment électrolytique ; dans d'autres cas, l'évidence de l'électrolyse n'est pas aussi pro- noncée, quoique, même ici, il est probable que le catalysateur aide simplement en complétant un circuit vollaïque. D'autres points sur lesquels j'aurais pu m'appesantir sont: la proportion entre le cours du changement et la quantité relative du catalysateur présent, et les effets produits lorsque deux agents catalytiques sont présents, effets dans quelques cas beaucoup plus grands que la somme des effets simples ne permettrait de le déduire. Je me suis efforcé de me borner pour la plus grande parlie aux cas de catalyse qui ont une portée industrielle chimique, et qui ainsi, en quel- que sorte, entrent dans notre vie journalière. I n'y à aucun doute que la portée de ces procédés s'étendra ; le grand nombre de recherches qui sont entreprises amèneront à une compréhension plus claire des lois sur lesquelles reposent les procédés catalytiques en particulier, et les procédés chimiques en géné- ral, et aussi nous feront connaître de nouveaux exemples d'action catalytique. Les futurs travaux de ceux qui sont engagés dans ces recherches doivent être suivis avec un grand intérêt, et, en ces jours de progrès rapides, dans lesquels la recherche d'aujourd'hui devient le procédé de demain, nous pouvons compter que toutes les découvertes ayant une valeur pratique ne tarderont pas à recevoir toutes leurs applications. J. T. Conroy. 3S0 W. SPRING — SUR LA FLOCULATION DES MILIEUX TROUBLES LES SUR LA FLOCULATION DES MILIEUX TROUBLES, LES PREÉCIPITÉS LIQUIDES ET LEUR TENSION SUPERFICIELLE ‘ La Æevue Générale des Sciences a déjà appelé l'attention de ses lecteurs* sur l'importance que peut avoir, pour l'étude de certains phénomènes observés chez les micro-organismes, la éonnais- sance des causes de la /oculation où de la clari- fication d'un milieu trouble. Elle résumé résultats acquis jusqu'alors et rappelé, notam- ment, les relations élroiles qui paraissent exister entre la floculation et la conduetibitité électrique a les de certaines solutions, voire la vitesse de trans- lation des cations au sein des électrolytes. Toute- fois, malgré les tentatives faites pour saisir la raison de la floculation, le problème est resté ouvert. Les difficultés qu'il présente, au point de vue tant expérimental que théorique, devaient engager un savant aussi versé dans la Physique moléculaire que l’est M. Quincke, à s'en occuper et à faire effort pour en donnerune solution satisfaisante. M. Quincke a répété, varié el étendu les expé- riences qui avaient été faites avant lui. Un examen microscopique minutieux des dépôls formés dans les liquides troubles la porté à voir la raison de la floculation dans le jeu des tensions superficielles des liquides. Un premier article intitulé : Veber die Klärung trüher Lüsungen (Sur la clarification des solutions troubles) réunit les observations qui se rapportent à cet objet. Cependant, des ques- tions complémentaires se sont posées à l’auteur, au cours de ses observations; il en a poursuivi l’é- tude et il en fait part dans un autre article, paru en deux parties sous le tre : Ucher unsichthare Flüssigkeitsschichten und die Oberflächenspannung flüssiger Niederschläge bei Niederschlagsmembra- nen, Zellen, Colloiden (Sur lamelles liquides invisibles et la tension superfi- und Gallerten les cielle des précipités liquides dans les membranes formées par voie de précipité, les cellules, les col- loïdes et les gelées). Nous croyons utile de donner un apercu des ré- sultats principaux obtenus au cours de ces longues recherches; un compte rendu quelque peu complet nous entrainerait trop loin, d'autant que, parmi les faits rapportés par l'auteur, il en est qui ne sont pas entièrement nouveaux, principalement dans le lravail sur la /oculation. ‘ Annalen der Physik, 4° série, t. VIIT, p. 51-96, 631-682, 14, 1902. 21 du 15 novembre 1900, p. 1159. TRAVAUX RÉCENTS DE M. LE PROFESSEUR QUINCKE T. — FLOCULATION DES MILIEUX TROUBLES. M. Quincke a étudié de deux manières l’action de diverses solutions, électrolytes ou non, sur des liquides troubles ou des émulsions de nature va- riée : en premier lieu, il a superposé à la solution active le liquide trouble, comme M. Spring l'avait déjà fait, et il a constaté les progrès de la flocula- lion provoquée par la diffusion de la solution; ensuite, il a laissé diffuser les deux liquides sur le porte-objet d’un microscope pour observer les flo- cons sous un grossissement suffisant. L'auteur nous dit que le pouvoir floculant n'est pas propre aux électrolytes, ainsi qu'on l’a cru. Si, en général, les électrolytes agissent avec plus de rapidité, il n’est pas moins vrai que la nalure chi- mique du trouble à aussi une grande influence sur la facilité avec laquelle la clarification a lieu. Ge qui est assez frappant, c'est que le pouvoir flocu- lant relatif des solutions varie avec le /itre ou l'épaisseur d’un trouble donné. Par exemple, les agents floculant acide chlorhydrique, sulfate de cuivre et chloroforme agissent dans l'ordre sui- vant : Sulfate de cuivre > Chloroforme > Acide chlorhydrique sur de l’eau troublée par quatre cent-millièmes de résine mastie, tandis que, sur un liquide dix fois plus riche en mastic, l'ordre a été : Acide chlorhydrique > Sulfate de cuivre > Chloroforme. M. Quincke regarde done comme non fondée la distinction que Barus, Hardy et Bodländer' avaient faite des électrolytes et des non-électrolytes au point de vue de la floculation. Il s'agit, cependant, de ne pas se méprendre sur la portée de la conclu- sion de M. Quincke. Il y a positivement des cas où les non-électrolytes sont sans action, tandis qu'on n'en connait aucun où les éectrolytes seraient inac- tifs. En outre, ceux-ci opèrent, généralement, à un degré de dilution extrême comparativement aux non-électrolytes. En un mot, il faut se garder d'une, " M. Quincke ne cite pas, à ce sujet, son compatriote M. Bodländer, bien que celui-ci ait été l'un des premiers à sisnaler l'inactivité des non-électrolytes, mais il attribue, erronément, la part de M. Bodländer à M. Spring. On ne trouve cependant pas trace d'une comparaison des électro=, lyles avec les non-électrolytes dans le travail de M. Springs Ceci soit dit seulement pour établir les responsabilités sous jeur vrai jour. [à : W. SPRING — SUR LA FLOCULATION DES MILIEUX TROUBLES formule trop absolue, aussi bien dans un sens que dans un autre. M. Quincke s'explique la floculation à l’aide de l'état physique des particules constituant le milieu trouble. Pour suivre l’auteur dans ses explications, nous devons nécessairement nous renseigner, à l'aide de ses observations, sur la constitution d'un milieu trouble. Un examen microscopique des floconset du dépôt que forme un milieu trouble après un certain temps fait voir que le trouble est formé, à l’origine, d'in- nombrables gouttelettes reliées par des filaments ou par des lamelles d'écume invisibles, de manière à représenter une sorte de gelée. La solidarité des goutteleltes apparaît d’une manière évidente quand le liquide est heurté : il s'ébranle alors comme un système à liaisons plus ou moins rigides. Ces gout- telettes et ces lamelles liquides dériveraient d’un liquide huileux doué de tension superficielle. M. Quincke le nomme ydrate (de mast:e, de laque, etc.) et il lui attribue la propriété d'adhérer aux corps qu'il rencontre. Cela posé, il ne reste plus qu'à suivre, avec l'auteur, le jeu des tensions superficielles des liquides en présence pour com- prendre le phénomène de la floculation. Si la solution active, qui se trouve sous le trouble, a uue tension superficielle nulle vis-à-vis de l’Ay- drate (de mastic, etc.) aussi bien que vis-à-vis de l’eau, elle devra se répandre sur la surface de l’Ay- drate, provoquer des tourbillons dans le milieu li- quide et entrainer la matière vers le centre du mouvement. Ces actions se reproduiront périodi- quement après de courts intervalles et entraine- ront de plus en plus la matière du trouble vers la solution. Là, par suile de son rassemblement, elle se fusionnera en globules plus gros, ou en masses écumeuses.En même temps apparaîtront des bulles d'air à la surface de l’hydrate, comme cela se pro- duit toujours au contact de liquides à tension super- - ficielle différente. Ces bulles entrainerontune partie des flocons vers les régions supérieures du liquide. On conçoit sans peine que les mouvements tourbil- lonnaires n'auront la force nécessaire pour provo- quer le contact des gouttelettes d'Lydrate de mastie, et surtout leur fusionnement, que si la solution active a une cerlaine concentration. Il y aura donc, pour toute solution active, une limite de concentra- tion en dessous de laquelle elle n’agira plus. C'est ce que Bodländer a déjà constaté. On le voit, cette explication de la floculation suppose l’existence,au sein de l’eau, d'un liquide oléagineux, visqueux, collant, autour de chaque particule du trouble, si elle n'exige pas que les particules soient entière- ment formées de ce liquide. C'est peut-être beau- coup demander, surtout lorsqu'il s'agit de la clari- fication de troubles dus à des substances telles que 581 le kaolin, la sitice, et surtout l'or et le platine. Quoi qu'il en soit, M. Quincke admet, sans hésiter, que l'eau agit sur ces corps, et même sur les métaux, pour en modifier la surface de facon à la rendre poisseuse. Si, à la vérité, on est déjà préparé à ac- cepter une dislocation du kaolin, ou de la silice, par l'eau, il n'en est pas de même au regard des mé- taux. La réalité de solutions oléagineuses de mé- taux adhérant à la surface des particules solides gagnerait à être prouvée autrement que par la facilité qu’elle donne pour expliquer le phénomène de la floculation. M. Quincke a reconnu, d'autre part, que la flocu- lation est parfois influencée par la lumière. Tantôt les flocons se déposent sur la face du vase tournée vers la lumière, tantôt ils gagnent la face opposée. Ce phénomène a recule nom de photodromie. Celle- ci est dite posilive ou négative, selon que la lumière altire ou repousse les flocons. La photodromie posi- tive s'expliquerait parce que la lumière aurait la faculté d'augmenter la proportion de liquide qui se répand, par le jeu des tensions superficielles, sur les particules du trouble. Quant à la photodromie négative, elle serait le résultat d'effets calorifiques causés par l'éclairage : l'air dissous dans l'eau se dégagerait plus abondamment sur la face éclairée, plus chaude, des particules flottantes et empêcherait dans une certaine mesure le liquide clarifiant de se répandre à leur surface. L'auteur a touché aussi la question de savoir pourquoi les milieux troubles ne se clarifient pas spontanément, si ce n'est au bout d'un temps lrès long. Ce seraient les forces hydrodynamiques pro- duites par la chute lente des particules qui s’oppo- seraient à leur descente rapide. Nous ne suivrons pas l’auteur dans les développements — tout théo- riques d'ailleurs — qu'il donne de cette idée, car nous ne sommes pas cerlains d’avoir bien suivi sa pensée. En résumé, le travail de M. Quincke apporte des considérations et des faits nouveaux à l'étude du phénomène de la floculation, mais nous n’oserions dire qu'il fournit la solution définitive que l’on attend. II. — LES LAMELLES LIQUIDES INVISIBLES, ETC. !. M. Quincke ne s’est pas borné à étudier, à l'aide du microscope, la floculation des milieux troubles; mais il a étendu aussi ses investigations à la forma- tion des précipités chimiques, ainsi qu'aux parti- cularités qui l'accompagnent. Ce second mémoire de M. Quincke est beaucoup plus développé que le premier. En nous bornant ici, également, à men- i Nous avons fait largement usage d'un résumé que M. Quiucke a donné, lui-même, de ses travaux, à la Société de Physique d'Allemagne (t. LV, pp. 46-54; 1902). Due 582 W. SPRING — SUR LA FLOCULATION DES MILIEUX TROUBLES lionner seulement les résullals principaux, cette partie de notre travail aura, nécessairement, un caractère plus condensé encore que la première. Le précipité produit par la réaction chimique de deux solutions n’a pas l'état solide au moment de sa formation, mais l'éfat liquide. La solidification à lieu, selon les cas, après une fraction de seconde, ou après des heures, des jours, des mois. Le précipité liquide est Auileux, poisseux et doué de tension superficielle. Dans son élat liquide, le précipité est un peu soluble dans le milieu ambiant (l'eau), de sorte que la précipitalion proprement dite ne com- mence qu'après saturation de celui-ci par celui-là. Si, au lieu de mêler immédiatement deux solu- tions, on laisse couler la première dans la seconde par un fin tube capillaire, le précipité ne se forme plus en gouttelettes, mais à l’état tubulaire. La tension superficielle y produit des étranglements: elle peut mème déterminer la rupture du tube. Quand le précipité huileux se dépose sur une sur- face cylindrique, d'une manière répélée, et sous des épaisseurs inférieures au double du rayon de la sphère d'action des forces moléculaires un dix-millième de mm.), il se trouve entrainé vers les lieux de plus grande épaisseur ou de plus grande tension superficielle et, là, il se rétrécit et prend une forme concave. Il se produit alors des tubes hélicoïdaux, à extrémités arrondies. Indé- pendamment de ces formes, on rencontre égale- ment des pellicules ou des membranes dans les précipilés. Celles-ci se rapprochent d’autant plus, par des minces solides, que le liquide huileux dont elles sont leurs propriétés, membranes formées est plus épais, plus visqueux. Ainsi, elles s'enrouleront en forme de cylindres ou de cônes, en formant des plis onduleux. Pendant sa solidification, le précipité liquide perd de l'eau el, sans doute aussi, des parcelles salines, car il devient alors plus dense et opaque. Aussi longtemps que l'état liquide existe encore, le précipilé est le siège du dégagement de bulles de gaz, par suite de l’action de la tension superficielle des liquides qui se touchent; il apparait alors des écumes cloisonnées. Le précipité n'arrive que len- tement à un état d'équilibre par suile de sa visco- sité et, souvent même, il se solidifie avant que cet élat soit atteint. Tant que les cloisons des écumes sont liquides, elles peuvent s'étendre sans se briser s’il arrive que les cellules se développent à la suite d'une entrée de liquide; mais les membranes soli- difiées ne gonflent pas par intussusception. Elles se brisent ou se déchirent. Les fentes qui se pro- duisent alors pourront livrer passage à des solu- tions de sels, de sucre, elc. : c mprimées, elles agiront, dans certaines circonstances, comme des soupapes vis-à-vis d’un liquide, Une solution de sel ou de sucre pourra encore circuler, en couche imperceptible, à la surface de cette paroi solide et cheminer, par diffusion, soit vers le premier, soil vers le second liquide. M. Quincke Lire, ensuite, de ces observalions sur les phases par lesquelles passe un précipité, une conclusion de la plus haute gravité pour la Chimie physique moderne, ou tout au moins pour l'un de ses piliers principaux : /a pression osmo- tique. 1 conteste que les membranes solidifiées de ferro-cyanure de cuivre où de leu de Prusse, telles qu'elles ont élé préparées pour la mesure des pressions osmotiques, aient été semipermeéables, c'est-à-dire perméables seulement à l'eau et non aux molécules des corps qui se trouvaient dis- sous. Il déclare catégoriquement qu'une membrane semiperméable n'existe pas et que, par consé- quent, la conception de la pression osmolique manque de base, ainsi que la théorie que vant Hof en a donnée. Si M. Quincke est dans le vrai, on conviendr: que le hasard aura produit un résultat bien exlraor- dinaire. En effet, la fortune de la théorie de van’t Hoff réside principalement dans cette circonstance que la valeur de R de la formule PV = RT, qui résume les propriétés fondamentales des gaz, a été trouvée la méme pour les gaz et pour les solutions, quand on prend pour P la pression osmotique telle que Pfeffer l’a obtenue, en 1877, à l’aide d’une solution de sucre. Mais, si la membrane préparée par Pfeffer n'a pas été semiperméable, elle a dû laisser fuir du sucre, de sorte que la valeur trouvée pour P doit être trop pelite. L'égalité des valeurs de R pour les gaz et pour les solutions serait done une illusion due à une détermination que le hasard a rendu faulive exactement au degré le plus séducteur. Il sera très curieux de voir ce que l'avenir nous réserve au sujet de cette théorie et surtout de l'appui étonnant qu'elle a fourni à cer- laines conceptions du monde des atomes. Pour terminer cel apercu déjà bien long, nous signalerons que l’auteur explique aussi, par le jeu des tensions superficielles des précipités liquides, la formation de certains édifices cristallins que l'on observe fréquemment, par exemple es végé- lations cristallines, les dendrites, les cristaux liliformes, les cristaux sphéroïdes:; il montre même que cerlaines formes organiques caractéris- ‘tiques du Pathyhius et des Coccolithes peuvent aussi se rencontrer dans les précipités. Il ne nous est, loutefois, pas possible de suivre l'auteur dans ces développements et nous nous voyons obligé d'inviter les personnes désireuses de se renseigner exactement sur ces points, à recourir au Mémoire . W. Spring, original. Professeur de Chimie à l'Université de Liége, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 583 1° Sciences mathématiques Combebiae (Gaston), Capitaine du Génie. — Cal- cul des Triquaternions. Thèse soutenue le 22 avril . 1902 devant la Faculté des Sciences de Paris. — 1 vol. in-8. Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1902. On sait que les quatérnions d'Hamilton conduisent à un système de calcul effectué sur des quantités com- plexes à quatre éléments s'interprétant géométrique- ment par la rotation d'un solide autour d'un point fixe. Si l'on veut construire de même un caleul de quantités complexes se représentant par le déplacement général d'un solide, on est conduitau caleul des biquaternions, c'est-à-dire au calcul de quantités de la forme : q+wgs, où get g, sont deux quaternions et w une unité com- plexe nouvelle. Mais il faut bien remarquer que cette représentation n'est pas parfaite, car le déplacement - le plus général d'un solide dépend de six paramètres, landis que le biquaternion en contient huit; il en résulle qu'une double infinité de hiquaternions cor- respondent à un déplacement donné. … M. Combebiac, se plaçant dans un ordre d'idées ana- logue, à cherché un système de quantités complexes - propre à représenter directement les éléments simples de la Géométrie dans l'espace (points, plans, droites) et correspondant géométriquement au groupe de (rans- formations par similitude et par symétrie. Dès lors, les quantités complexes correspondant à la symétrie par rapport à un point, un plan ou une droite, servent à représenter ces trois éléments. Pour trouver un sys- tème de quantités complexes remplissant ces condi- tions, l’auteur observe qu'il doit ètre quaternionien, c'est-à-dire comprendre les quaternions comme cas particulier : en effet, le groupe des similitudes com- prend le sous-groupe des rotations, et les quaternions correspondent précisément à ce sous-groupe. Mais, d'après un théorème de M. Scheffer, tout système qua- ternionien est de la forme, T + Gi + we7s +... + nn, OÙ 3 2. Qu Sont des quaternions ordinaires eto,, w,..., w, les unités d'un système de quantités com- plexes. C'est ainsi que les quaternions : (g + og), déjà étudiés par d’autres auteurs, forment le premier échelon de ce genre de quantités. Les quantités rem- lissant les conditions posées par M. Combebiac sont es triquaternions : 4 + iQ + Bee, ont il fait une étude détaillée, en les écrivant sous la orme : 4 + &i + He Un système de quantités complexes de ce genre est omplètement défini par les expressions de «°, pe, &, uw en fonction linéaire de w et y. L'auteur, en fai- nt usage de considérations géométriques directes, hdées sur une remarque faite par M. Study, est con- uit à poser les définitions suivantes : D'À VO = — tw. u=—1, wu —= 6, Be système est alors complètement délini : il contient ouze paramètres, quatre dans chacun des trois qua- rnions; il se prête avec élégance aux représentations BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX géométriques cherchées. L'auteur étudie en particulier le déplacement et le mouvement continu d'un solide, la statique et la dynamique des solides. Puisil applique son mode de représentation aux complexes linéaires. Enfin, il consacre un chapitre à l'étude des surfaces du deuxième ordre, et, à ce sujet, il S'occupe des transformations projectives. Cette thèse ajoute un chapitre nouveau et intéres- sant à la question du calcul des quantités complexes : l’auteur a su rendre attrayante l'exposition de sa théo- rie par un choix judicieux d'applications géométriques élégantes. P. APPELL, Membre de l'Institut. 2° Sciences physiques Wencélius (A. — Méthodes d'analyse des Labo- ratoires d'Aciéries Thomas. — 1 vol. 1in-12 de 117 pages, avec 19 figures dans le texte (Prix: 4 fr.). Ch. Béranger, éditeur, Paris, 1902. Voici la première fois qu'un chimiste d'usine à l'heu- reuse idée de faire profiter ses confrères des notes très complètes et très condensées qui lui servent dans ses travaux de chaque jour, et nous ne saurions trop re- commander son exemple à tous les ingénieurs qui ont l'occasion de mettre réellement en pratique les paquets de sciences dont on les à chargés à l’école. C'est qu'il y à loin entre les longues théories de formules agré- mentées de remarques et d'exceptions, où tous les cas sont prévus, même ceux qui ne se présentent jamais, où la généralisation s'impose par la logique mème du raisonnement, et le terre à terre du travail courant de l'usine qui dépend toujours de raisons {très particulières, et pour lequel les méthodes les plus savantes ne sont généralement pas les plus économiques. Dans sa sphère, M. Wencélius a fait œuvre utile. Son petit livre est sans prétentions; il contient dans un ordre parfait la description de toutes les opérations de laboratoire indispensables aujourd'hui pour la bonne marche des aciéries. Les méthodes d'analyses à em- ployer pour les houilles, minerais, fontes ou aciers sont décrites, pour la plupart, dans les ouvrages de Chimie analytique, mais là elles sont perdues au milieu de beaucoup d’autres et, par suite, inaccessibles aux chimistes inexpérimentés. L'auteur a pris la peine de les en extraire et il les expose sommairement et clai- rement, débarrassées de tout le fatras qui en compliquait la lecture. Parmi les procédés de dosage qui sont classiques et, par suite, conseillés, nous citerons : la méthode si rapide de Reinhardt pour le fer des mine- rais, laitiers, scories et ferromanganèses; la méthode, bien connue, de Volhard-Wolf pour le manganèse des minerais, fontes spiegel et ferromanganèses; celle de Schneider pour le manganèse des aciers; celle de Schulte Franke pour le dosage du soufre des fontes el aciers; enfin celles de Wagner pour le dosage de lacide phosphorique total ou soluble, ces dernières imposées par les Sociétés réunies des phosphates Thomas. Outre la description des méthodes, le livre renfer plusieurs chapitres d'un ordre tout à fait pratique sont d'abord les règles très strictes de l'échantillonnage opération du début dont dépendent souvent la précis sion du résultat et l'intérèt même de l'analyse; puis, les formules de préparation des liqueurs ttrées et ces solutions colorimétriques, les recettes pour les diverses solutions non titrées, le tableau des degrés de concen: tration des acides et de l’ammoniaque employés, la liste des autres produits chimiques nécessai enfin une série de tableaux permettant de traduire très rapide 584 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ment en chiffres pratiques les résultats trouvés à la lecture des appareils de mesure. Un appendice sur l'analyse des gaz et le dosage des poussières était tout indiqué à une époque où la ques- tion, si importante, d'utilisation des gaz de hauts- fourneaux préoccupe tous les métallurgistes. M. Wen- célius y a résumé les intéressants articles qu'il avait publiés sur ce sujet dans la Aevue générale de Chimie pure et appliquée’. On y trouvera, en parti- culier, le mode d'emploi de l'appareil qu'il préconise pour évaluer la composition en volume des gaz et qui présente certaines analogies avec l'appareil Orsat, si répandu dans les laboratoires. Nous le répétons, dans son ensemble, ce livre est parfait; il rendra de réels services. EMILE DEMENGE, Ingénieur Métallurgiste. 3° Sciences naturelles Madagascar au début du XX°* siècle. — 1 vol. gr. in-8° raisin, de 465 p. avec 251 fig. et A carte en cou- leurs. (Prix : 20 fr.) Société d'éditions scientifiques et littéraires. Paris, 4902. La civilisation contemporaine commence à com- prendre quels bienfaits la science est appelée à lui rendre. Tous les peuples veulent à l'envi étendre leur empire colonial, mais il importe de savoir que, si l'on veut tirer pari de nouvelles conquêtes, il faut, aussitôt la pacification terminée, dresser le bilan des richesses naturelles dont on devra tirer profit, Avant de rien entreprendre, l'agriculture, l'industrie, le commerce, l'administration même devront demander leurs direc- tions à la science. La connaissance approfondie de la faune et de la flore permettra de nombreuses applica- lions agricoles ou industrielles, qui seront, souvent pour le pays une source de richesse. Le chercheur de lilons n'aura qu'à consulter la carte géologique pour savoir en quelle région effectuer ses recherches, et ce sera pour lui une double économie de temps et d'ar- gent. Enfin, il ne pourra y avoir de gouvernement solide, Sil ne s'appuie sur les mœurs des habitants ; point de pacilicalion sans connaissances ethnogra- phiques préalables. La science, en un mot, est la base de la colonisation. M. Doumer, avant de quitter le Gouvernement géné- ral de l'Indo-Chine, vient, d'accord avec l'Académie des Sciences, de constituer en Indo-Chine une Mission d'exploration scientifique permanente. Au moment de la conquête de Madagascar, l'éminent savant qu'est M. A. Grandidier avait demandé au Gouvernement une somme de 600.000 francs pour dresser l'inventaire des ressources de la grande île, Ce que M. Doumer vient de faire pour l'Indo-Chine, le Gouvernement d'alors le refusa à M. Grandidier. Or, en 1900, M. le Professeur R. Blanchard eut l'heu- reuse inspiration de créer, à Paris, sous le nom d'Enseignement colonial libre, toute une série de con- férences scientiliques relatives à nos colonies. I1 sut intéresser à son œuvre M. A. Grandidier, l'Union colo- niale française, le Comité de Madagascar et le Muséum d'Histoire naturelle. La première série de conférences porta sur Madagascar, et M. R. Blanchard put ainsi, grâce à l'inilialive privée, réaliser le vœu de M. Gran- didier. Le livre dont nous avons à rendre compte ici est la reproduction de ces conférences. Il est destiné à vul- gariser pour Madagascar les connaissances acquises par le géographe, le géologue, le minéralogiste, le botaniste, le zoologiste, l'ethnographe. Ceux qui vou- dront mettre en valeur notre colonie ont maintenant une base solide; ils peuvent partir en connaissance de cause et ils sauront dans quelles directions orienter leurs travaux. Le public a, du reste, parfaitement com- pris l'importance de ces conférences, puisque de 230 le nombre des auditeurs s'est élevé bientôt à 550. N° 9 du 5 mai 1901; n° 4 du 12 janvier 1902, Tous reliront ces conférences avec d'autant plus d'inté- rèt qu'ils retrouveront, dans les nombreuses illustra- ions qui accompagnent le texte, les figures, pour la plupart inédites, qui leur ont été projetées sur l'écran, M. Guillaume Grandidier, fils du célèbre explorateur de la grande ile et qui s'est fait lui-même remarquer dans plusieurs Missions scientifiques à Madagascar, s'est chargé de la partie géographique, zoologique et ethnographique. Mieux que personne, il était en situa- lion de traiter ces multiples questions; on lira son œuvre avec d'autant plus d'intérêt qu'il à su allier à une science profonde une forme littéraire parfaite. M. Marcellin Boule, assistant au Muséum d'Histoire naturelle, a traité la partie géologique. H en à profité pour dresser la première carte géologique de l'ile, grâce aux nombreux fossiles qui sont parvenus au Muséum, provenant des régions les plus diverses de Madagascar. M. A. Lacroix, le savant professeur du Muséum, que l'Académie des Sciences vient d'envoyer à la Marti- nique comme chef de Mission, s'est chargé de la miné- ralogie, C'est là un chapitre de première importance, puisqu'il nous renseigne en particulier sur les richesses de la grande île en métaux précieux, comme le fer, le cuivre et l'or. M. Drake del Castillo, président de la Société bota- nique de France et collaborateur de M. A. Grandidier, décrit ensuite les essences variées (Caoutchouc, Riz, Canne à sucre, Manioc, Caféier, Cacaoyer, Vanillier) dont la culture peut ètre l'objet de grandes entreprises agricoles qui contribueront à enrichir la colonie. M. A. Marre, professeur à l'Ecole des Langues orien- tales vivantes, fait un exposé rapide de la langue et de la littérature malgaches et montre leurs affinités avec les langues malaise et javanaise. M. H. Froidevaux, docteur ès lettres et secrétaire de l'Office colonial de la Sorbonne, et M. Clément Del- horbe, membre du Conseil supérieur des Colonies et Secrétaire général du Comité de Madagascar, ont tracé l'histoire de la colonisation européenne à Madagascar, avec toute l'autorité qu'ils doivent à leurs fonctions et à la connaissance profonde de tout ce qui a trait à la colonisation. M. le Professeur R. Blanchard, qui avait eu l'heureuse inspiration de l'entreprise, avail assumé la tâche de résumer les notions d'hygiène et de médecine relatives à Madagascar. Il la fait avec toute l'autorité qu'il pos- sède et comme professeur à la Faculté de Médecine de Paris, ét comme promoteur de l'institut de Médecine coloniale qui doit s'ouvrir prochainement à Paris. En résumé, nous ne saurions (rop recommander la lecture de ce remarquable ouvrage à tous ceux qui s'intéressent aux questions de colonisation et à la prospérité de notre empire colonial. Ils auront d'autant plus de plaisir à le faire que le livre a été édité avec un luxe d'illustrations qui en rehausse singulièrement l'attrait, en même temps qu'il lui apporte une docu-,. mentation de haute valeur, De J. GuiarT, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Secrétaire général de la Société Zoologique de France Haeckel (Ernesl), Professeur de Zoologie à l'Univer- sité d'Iéna. — Les Enigmes de l'Univers, {raduit. de l'allemand par Came Bos. — 1 voi. in-8 de iv-460 pages. Librairie C. Reinwald-Schleicher frères, éditeurs. Paris, 1902. Cet ouvrage est le testament philosophique d'un sa: vant averti par l'âge qu'il ne pourra réaliser lui-même, un vieux projet, nourri pendant bien des années, celui d'édifier tout un système de Philosophie moniste sur la base de la doctrine évolutionniste ». 10 Avant le dernier silence, Haeckel a voulu, une fois encore, compléter et confirmer les convictions expo= sées dans tous ses ouvrages antérieurs, en montran que, « dans le conflit des systèmes vers la scien@ rationnelle », le chemin qui conduit à la vérité, « le BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 585 aboutir à la Philosophie moniste, la seule philosophie ue la Science puisse admettre. En effet, pour résoudre « la grande Enigme de l'Uni- vers » (car les sept énigmes énumérées par Dubois- LS dans son célèbre discours à l'Académie de Berlin en 4880 se ramènent, selon Haeckel, à une seule), le monisme n’emploie que les moyens dont se sert la Science pure : l'expérience d'abord, le raisonnement - ensuite, et il répudie énergiquement tous autres modes de connaître, tels que le sentiment et la révéla- - tion, qui n'ont rien à déméler avec la connaissance de la vérité, qui empêchent, au contraire, de l’atteindre, _puisqu' ils troublentlesfonctions des cellulessensorielles -et des cellules ganglionnaires corticales dont dépen- dent les opérations cérébrales désignées sous le terme général de raison. Des vingt chapitres dont se compose le livre de Haeckel, les onze premiers sont consacrés à montrer que les études monistes, aussi bien celles qui concer- nent l Anatomie, la Physiologie et l'Ontogénie humaine et comparée que celles qui établissent les stades de l'évolution psychique, depuis « l’âme cellulaire » jus- qu'à l’âme humaine consciente et raisonnante, sont toutes suspendues à la conception — analogue à celle du spinosisme — d’une substance unique ou, plus exactement, d'une /o1 de substance, véritable loi fon- damentale cosmologique qui comprend et unilie les deux grandes lois naturelles de la conservation de la matière et de la force, formulées, l'une par Lavoisier - en 1789, l’autre par Robert Mayer en 1837. Le fait d'avoir découvert et définitivement établi cette loi de substance semble à Haeckel « le plus grand - événement intellectuel du xixe siècle », etceux-là seront tentés d'être de son avis qui liront son XII chapitre, et, dans le tableau qui le termine, verront mises en regard, article par article, les conséquences de la con- - ception du monisme et celles de la conception dualiste - sous l'empire de laquelle nous vivons, pensons et agis- sons depuis bientôt deux mille ans. Ou bien, en effet, il y a deux mondes, deux Cosmos substantiellement distincts : celui de la nature (des corps matériels) et celui de l'esprit (psychique, imma- tériel, hors de l'étendue) ; Ou bien le Monde est vraiment l'univers el ne com- prend qu'un seul et unique domaine : le royaume de la - substance, avec deux attributs inséparables, la matière étendue et l'énergie (force efliciente). Par suite, dans la conception dualiste, la Science se divise en deux domaines distincts : celui des phéno- inènes naturels, dont la connaissance s’acquiert par l'observation, l'expérience et l'association des repré- Sentations, et le domaine des phénomènes de lesprit, dont la connaissance n’est possible que par des pro- cédés surnaturels, par la révélation. Selon ce mode de - penser, la loi de substance, © ’est-à- dire la conservation - de la matière et de l'énergie, n'a de valeur que dans le domaine de la nature, tandis que, dans le domaine de l'esprit conçu comme une substance différente, l'acti- . vité de l'âme est libre, indépendante, et n'est pas liée aux changements physico- -chimiques des organes. É Dans la conception moniste, au contraire, l'univers est vraiment l'univers, c'est-à-dire le Tout, le royaume de la substance unique. Dès lors, il n'y a pas deux sortes de sciences, il n'y en à qu'une : celles dites de ; l'esprit ne sont que certaines parties des sciences aturelles universelles. Tous les phénomènes (aussi bien de la nature que de la vie de l'esprit) sont connus par la méthode empirique (par le travail de nos organes “les sens et de notre cerveau); toute véritable science repose sur l’empirisme et non sur la transcendance, . car toute prétendue révélation ou transcendance est le _ fruit L une 7/lusion consciente ou inconsciente. Enfin, pour la science moniste, l'axiome fondamental de Ja éonstance de la matière et de la force vaut universelle- ent dans la nature entière. La loi de substance “démontre positivement l'unité foncière du Cosmos et bi] Ÿ 2. E de l'étude empirique de la Nature », vient ; Û .deux à la l'enchainement causal de tous les phénomènes que nous pouvons connaitre, et réalise, en outre, négati- vement, le suprème progrès intellectuel. Où trouver, en effet, dans une conception si parfaitement unitaire, la fissure, le joint qui permettrait de réintroduire, pour en recommencer la discussion interminable, lun de ces pseudo-problèmes, l'une de ces questions fictives, de ces énigmes sans mot, avec lesquelles les théolo- giens ont, de tout temps, mené les sociétés humaines et dont les mél aphysiciens s'enchantent de moins en moins : « Quand, pourquoi le monde a-t-il commencé et finira-t-il? Dieu est-il intra ou extramondial ou les fois? Sommes-nous libres de vouloir et d'agir autrement que notre nature nous fait agir et vouloir ? » : Le monisme scientifique de Haeckel ne laisse aucune place à ces devinettes décevantes. Avec une netteté qui ne comporte aucune équivoque, aucun de ces distinquo où de ces repentirs auxquels les plus grands esprits s'abandonnent parfois lorsqu'ils ont une situa- tion à ménager ou simplement parce qu'ils ont vieilli, ainsi que cela est arrivé à Kant, à Wund, à Virchow, Dubois Reymond, Baer et (ant d’autres, Haeckel, fier de ses quarante années de fidélité à la science moniste, pose avee une magistrale aulorité l’antithèse irréduc- tible entre le mode de penser atavique qui garde encore pour lui te nombre, la foule, la puissance acquise de la tradition, et le mode de penser moderne, scienti- fique, qui ne s’attarde même plus aux vieilles querelles, mais s'affirme chaque jour par des découvertes positives, sources d'applications merveilleuses dont les croyants les plus mystiques et les métlaphysiciens les plus endureis s'empressent de profiter tout en répudiant leur origine purement rationnelle et humaine. Cependant, les plus éloquentes diatribes contre la Science etses « faillites » sont faibles auprès de ces lignes écrites par un vieux savant à la dernière page de son der- nier ouvrage : « La ferme conviction en la vérité de la philosophie moniste qui perce dans tout mon livre sur les énigmes de l'Univers, du commencement à la fin, se fonde sur les progrès merveilleux accomplis par la Science naturelle au cours du xix° siècle. Je ne mé- connais pas le lourd fardeau que nous impose la perte douloureuse dont souffre l'humanité moderne en voyant disparaitre les croyances régnantes et les espérances d'un avenir meilleur qui s'y rattachent. Mais je trouve une grande compensation dans le trésor inépuisable ouvert à nous par la conception intime du monde. Je suis fermement convaincu que le xx siècle nous permettra pour la première fois de jouir prochaine- ment de ces trésors intellectuels et nous conduira ainsi à la Religion du Vrai, du Bien et du Beau que Gæthe à si noblement conçue... » Dr MarGEL LaBBé, Chef de laboratoire à la Faculté de Médecine de Paris. 4° Sciences médicales Terrier (F.) et Péraire (M. — Manuel de Petite Chirurgie de A. Jamain. — 8° Ædition. 1 vol. in- 8 de 1044 pages, illustré de 572 fiqures intercalées dans le texte. Félix Alcan, éditeur. Paris, 1902. D de pubMent Et huitième édi- tion du Manuel de petite Chirurgie de A. Jamain. Ce livre a enseigné les prince ipes « des pansements et des opér rations de petite chirurgie à nombre de générations médicales. Les auteurs, sans changer la disposition générale du livre, l’ont cependant profondément re- manié et l'ont mis au courant des méthodes modernes; par exemple, les chapitres consacrés aux agents anes= thésiques donnent une description sommaire, mais sul- fisante, de tous les produits anesthésiques nouveaux. Dans ce livre les étudiants continueront donc à trouver, comme par le passé, tous les renseignements qu'il leur importe d'avoir pour leur service hospitalier et pour la préparation de leurs examens. 586 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 5° Sciences diverses L'Impérialisme allemand. — 1 vo/. Eaïr (Maurice). SL 000). Paris, in-12, de vii-341 pages (Prix Librairie Armand Colin, 1902. Dans cet ouvrage, M. Maurice Lair à rapproché et interprété d'une manière {rès personnelle tout ce que renferment les meilleurs livres et les documents statis- tiques les plussürs, au sujet de l'impérialisme allemand. C'est un tableau de la naissance, des progrès de la puis- sance économique et de la politique « mondiale » de l'Allemagne; c’est aussi, dans la dernière partie, l'étude brève, mais pénétrante, de la cerise qui sévitactuellement de l'autre côté du Rhin, et des obstacles fondamentaux qui peuvent relarder ou enrayer la marche en avant du germanisme. Dans l'introduction (page 1-41), l'auteur caractérise les différents impérialismes. [Il montre l'Angleterre ache- vant d'évoluer de la tranquille possession de l'hégé- monie commerciale dans le monde vers Pidée et vers l'organisation d'un empire militaire. Elle veut être en élat de se ménager et de conserver par la force Pin- fluence et les territoires qui lui sont nécessaires pour faire face dans l'avenir aux surprises, aux mécomples, aux défaites économiques. Les concurrences récentes, dont les succès l'ont profondément affectée, sont nom- breuses. Les Etats-Unis d'Amérique, qui ont entamé la lutte contre l'Europe, non plus seulement en Amérique, mais en Europe même, possèdent la supériorité qui leur vient de leurs redoutables forces industrielles et finan- cières. La Russie, rapidement transformée par les capitaux étrangers, et disposant chez elle où dans ses colonies des ressources les plus variées, s'est lancée à la conquête des marchés de l'Asie, en face du Japon. L'Allemand s'est insinué partout, par l'émigration, par le commerce el par les capitaux. L'impérialisme allemand s'est formé de facon déti- nitive de 1891 à 1894, quand les traités de commerce, signés par M. de Caprivi, ont rendu inévitable l'essor industriel. Cet essor a entrainé une crise agricole, qui n'a fait depuis qu'empirer. Mais il s'est marqué par l'activité fébrile äes exploitations minières de tout genre, par l'afflux des habitants vers les centres in- dustriels, par l'organisation des industries au moyen d'associations (cartells), par celle de l'enseignement pratique, par les progrès exceptionnels même des branches de la production où les difficultés sont les plus grandes, comme lélectrotechnie, les industries chimiques, l'optique, enfin par la recherche tenace et savante des débouchés commerciaux nécessaires, que ne fournissent pas les colonies. L'Allemagne industrielle et commerciale a des aspi- rations de conquète pacifique du monde par Fémigrant, par la marchandise et par les entreprises financières, de sorte qu'elle n'admet pas les idées de germanisation par la force, mème s'exercant contre ses voisins, et qu'elle se plait à regarder la formidable armée fédé- rale surtout comme une force morale. Û En revanche, les patrons s'accommodent des efforts faits pour la possession du Seegewalt, regardent la marine de guerre, déjà si puissante, comme lindis- pensable tutrice du commerce. 11S cherchent aussi un appui dans le pangermanisme mystique, œuvre des poètes, des historiens et des philosophes; ils considèrent comme leur frayant la route loute tentative heureuse pour établir à l'étranger la culture allemande ou l'in- fluence religieuse allemande. De là une conception particulière du rôle de l'Etat dans l'impérialisme allemand, rôle d'ailleurs compris à merveille el accepté par ce dernier : maintenir la paix, tout en sachant profiter des guerres des autres: soutenir et diriger l'œuvre privée pour la production et le placement des marchandises, Que l'Allemagne se garde « d’affaires »; que les écolesoflicielles dans le pays, comme les consulats germaniques à l'Etranger, que les publications périodiques et les codes comme les musées, que la régie des chemins de fer, que les sub- ventions au réseau navigable, à la flotte fluviale et marilime, que la politique douanière et la diplomatie servent, avant tout, à stimuler l'industrie et à faciliter le commerce. Guillaume If, F «impérial courtier », qui aime à se poser dans ses voyages comme le patron du Deutschthum elle chef protestant des chrétiens, incarne l'idéal que se fait du souverain l'Allemagne industrielle. M. Lair passe ensuite en revue les résultats acquis par l'impérialisme allemand. Les plus durables résident dans la perfection de Poutillage industriel et commer- cial que se sont donné les producteurs allemands. Les fleuves el les canaux portent une flotte de 4.600.000 tonneaux. La flotté maritime marchande à dépassé 1.600.000 tonneaux, et sera protégée en 1920 par des escadres plus nombreuses que celles de la France. Brème, Hambourg, points d'attache des grandes com- pagnies de navigation, offrent un tonnage croissant, et le mouvement des marchandises à dépassé à Ham- bourg, principal porte d'entrée des importations, celui de Liverpool. ‘ Grâce à ces instruments, grâce aussi au savoir-faire des agents officiels, employés de commerce ou capita- listes allemands à l’étranger, au patriotisme tout spécial des émigrants, l'Allemagne à su conquérir dans beau. coup de pays une situation privilégiée. Elle achève la main-mise économique sur presque tous les Etats voisins, que leursituation géographique condamne d’ail- leurs au rôle d'intermédiaires du commerce germanique; l'Autriche-Hongrie, où le pangermanisme est si bien organisé, où s'étend le réseau de là navigation fluviale allemande, la Hollande, où aboutit la voie marchande du Rhin, la Suisse et l'Italie, depuis le relâchement des relations avec la France, sont devenues des « puis- sances satellites ». En Russie, en Scandinavie, dans l'Empire Ture (chemin de fer de Bagdad), en Egypte, au Maroc, dans l'Afrique Australe, en Chine, dans les pays du Sud-Amérique, surtout au Brésil, se montrent les principaux théâtres de la colonisation commerciale allemande (Voir pp. 268-269, le tableau un peu idéal de cette colonisation). Mais la réalisation complète des rêves auxquels se laissent aller les impérialistes allemands rencontre bien des obstacles. Quoique souverain des catholiques allemands, l'Empereur représente surtout au dehors la cause de l'Union Evangélique, et le protestantisme à moins de force d'action et d'expansion que la charité des missionnaires catholiques français. Si la bourgeoisie allemande industrielle est impérialiste et acquise tout entière au mercantilisme, la noblesse terrienne, mili- taire, est demeurée, par intérêt, hostile à l'expansion lointaine; les traités de commerce ruinent l'agricul- ture germanique, les agrariens défendent l'idée de PF « Agrarstaat » contre F « Industriestaat », et ils ont obtenu en partie satisfaction par le projet de juillet 1901 pour la revision des traités de commerce, D'un autre, côté, le surcroit de population nécessite des importa- tions toujours plus grandes. Une crise industrielle sévit, causée par la surproduetion, par l'élévation des frais de travail, par la concurrence étrangère (Etats-Unis, Bel- gique), par les récents désastres financiers de Prusse el de Saxe : l'activité des manufactures diminue et le mou- vement des affaires est, par endroit, en baisse. Enfin, les ouvriers, un peu déçus après lant d'espérances de progrès matériels, ne comptent plus, pour le triomphe de leurs revendications, sur le «socialisme aristocraz tique de l'Empereur ». Il semble que l'Allemagne, où les classes intellectuelles elles-mêmes ont tout subor= donné au « matérialisme industriel », doive concevoir quelques craintes pour demain. J. MAcxar, Agrégé d'Histoire et de Géographie, Professeur au Lycée de Bourges. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 387 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 26 Mai 1902. » 40 SaiENcEs MATHÉMATIQUES. — M. Eug. Fabry a déter- miné les rayons de convergence d’une série double. — À L. Desaint démontre les propositions suivantes : Toute fonction holomorphe à l'intérieur d'un rectangle sly développe toujours en une série d'exponentielles. Une fonction RAS RES dans une aire limitée par un ] ( d'après Cauchy, on peut remplacer, sur certains ensembles de points, la condi- tion de monogénéité par la condition de continuité. I] précise les cas où cette proposition s'applique. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Branly décrit un nouveau récepteur de télégraphie sans fil, où il a fait usage du contact métal oxydé-métal poli. — M. J. Semenow à reconnu que la décharge électrique dans la flamme, nettement dissymétrique, permet de cons- tater les faits suivants : 1° le pôle négatif s'échauffe beaucoup plus que le pôle positif, 2° du pôle positif Vers le pôle négatif, et toujours dans un seul sens, il se fait un véritable transport de particules matérielles qui suivent toutes les sinuosités de l’étincelle; 3 le pôle négatif est le siège d’un phénomène de reflux de particules matérielles, dont la direction parait indépen- dante de la position relative des pôles. — M. Ch. Féry à déterminé la température moyenne de l'arc élec- rique au moyen des formules qui représentent l'allure du rayonnement en lumière monochromatique:; il a obtenu comme valeur moyenne 3.882, chiffre beaucoup plus élevé que celui donné par la loi de Stéfan. Il sem- blerait que le charbon ne se comporte plus, à son point d'ébullition, comme un corps parfaitement noir. — M. S. Leduc a étudié les champs de force de diffu- Sion bipolaires. Les spectres de diffusion ont le même aspect et les mêmes caractères que les spectres magné- liques ou électriques. — M, A. de Gramont ; pour- Suivi l'étude des modifications apportées par la self- induction à quelques spectres de dissociation. — M. R. A. Reiss à constaté que les urines devenues alcalines par fermentation à l'air, constituent un bon développa- teur pour l'image latente de la plaque photographique. Ces propriétés réductrices sont dues à l’urée qu'elles menferment. — MM. L. C. de Coppet et W. Muller ont déterminé la température du maximum de densité et là conductibilité électrique de quelques solutions de omure etiodure de baryum et de chlorure, bromure tiodure de calcium. — MM. de Forcrand et Fonzes- Diacon ont préparé l'hydrogène telluré pur par l'action ës acides sur le tellurure d'aluminium, et déterminé e principales constantes physiques : F. = — 48°C.; Eb: = 0°C.; densité liquide —%,57; volume molécu- re — 49,75. — M. J. Guinchant à déterminé la sa résistivilé augmente pro- M lement à 1 tempér rature. SnS est mauvais nducteur à froid ; sa résistivité décroit avec la tempé- xature. FeS est assez bon conducteur à froid; sa résis- ivité diminue jusqu'à 550° pour augmenter ensuite. — F. Ducatte, en traitant les chlorure, bromure et bdure cuivreux par le sulfure de bismuth, a obtenu es, halogénosulfobismuthites de cuivre, de formule dérale 2Cu°S,BiS5,2BiSX (où X — CI, Br ou I). — Copaux, en traitant l'oxalate de protoxyde de balt par le bioxyde de plomb additionné d'acide acé- une statistique de 14 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER tique, en présence d’oxalates alcalins, a obtenu des cobaltioxalates, de formule générale Co(C2OSRS (où R= Na,K,Li,Rb,AzH®). Ils sont isomorphes avec les aluminoxalates et les chromoxalates. — M. Bouzat à reconnu que la quantité de chaleur dégagée dans la combinaison de l'ammoniaque avec un sel cuivrique dérivé d’un acide fort est la mème, quel que soil ce sel cuivrique. Il en déduit que les composés ammoniacaux du cuivre doivent être considérés comme les sels de bases complexes. — MM. P. Sabatier et J.-B. Sende- rens ont reconnu qu'en faisant passer de l'acétylène, seul ou mélangé d'hydrogène, à une température peu élevée, sur une longue colonne de nickel réduit ou d'un autre métal voisin, on obtient des liquides sem- blables soit aux pétroles du Caucase, soit aux pétroles d'Amérique. Les auteurs en déduisent une explication simple de la formation des pétroles naturels. — MM. P. Freundler et L. Béranger, en réduisant le dinitrodiacé- tylhydrazobenzène, ont toujours obtenu du dinitroa- zobenzène. Ils croient que le dinitrohydrazoben/ène, qu'on à cru préparer en réduisant le dinitroazobenzène par le sulfure d’ammonium, n'existe pas ou seulement sous une forme tautomère HO.047 : CH*: Az.Az : C'H°: Az0.0H. — M. M. Delépine à préparé les éthers thio- sulfocarbamiques dérivés d'amines primaires, ou dithio- uréthanes, en faisant réagir une seule molécule d'un éther halogéné sur les combinaisons sulfocarboniques des amines primaires : AZHR.CS.SAZH*R Æ XR'— RazH, CS.SR'—Æ X.AzH'R. — MM. L. Bouveault et A. Wahl décrivent une méthode de synthèse des aldéhydes de la série grasse à l’aide du nitrométhane. Ce corps réagit sur l'isovaléral en donnant un produit de con- densation, qui, déspydrnte par ZnCF anhydre, fournit le nitroisohexylène. Ge dernier, réduit par Zn et l'acide acélique, donne l'isobutylacétaldoxime, qui, bouillie avec H?SO* dilué, fournit l'aldéhyde isobutylacétique. De même, en partant de lœnanthol, on arrive à l'al- déhyde caprylique. — MM. Adrian et Trillat indiquent une méthode de dosage du méthylarsinate de soude basée sur sa préc ipitation par une solution titrée d’azo- tate d'argent en excès, cet excès étant titré ensuite, après fillration, au moyen de sulfocyanate d'ammo- nium.— MM. E. Charabot el A. Hébert onl étudié le mécanisme des variations chimiques chez la plante soumise à l'influence du nitrate de sodium. Ce sel à pour effet de favoriser l’éthérification et d’accentuer la diminution de la proportion centésimale d'eau. — M. E. Gérard à constaté que l'extrait aqueux de rein de che- val, privé de tout cent cellulaire, peut hydrater le glycogène, le gaïacol, l'acide oxalurique, le lactose. Cette hydratation est vraisemblablement le résultat d'une action diastasique. — MM. M. Doyon el A. Mo- rel communiquent de nouvelles expériences montrant que la lipase n'existe pas dans le sang normal: 3° SCIENCES NATURELLES. — M. C. Phisalix communique 4200 vaccinations pratiquées, depuis sur des jeunes chiens pour prévenir la maladie qui les atteint; 37 seulement ont succombé la maladie; 30 ont eu des atteintes bénignes. MM. Charrin et Guillemonat ont constaté que fe sécrétions du bacille pyocyanique provoquent une moi rapide sans incubation; celle-ci n'est pas sensiblemen attribuable aux pigments, mais surtout, quand la eul- ture a un àge déterminé, à des composés v( atils D M.'A. Chauveau a fait de nouvelles expériences qui montrent l’analogie du moteur-muscle avec les moteurs inanimés. — M. F. Houssay a observé qui les courbes qui représentent la croissance des Métazoaires sont semblables à celles .qui traduisent la croissance d'un une année, 588 Protozoaire limitée par inanition ou auto-intoxication. Toutes ces courbes présentent un point d'inflexion prin- cipal, — M. R. Dubois montre que l’action du froid et des anesthésiques sur la nutrition etla reproduction est de mème nature; elle consiste en une déshydratation de Ja substance vivante. — M. 9. Tissot à étudié l'action de la décompression sur les échanges respiratoires au repos. Elle ne diminue pas la valeur du coefticient res- piraloire ; l'intensité absolue des échanges respiratoires reste la même, Le débit respiratoire réel diminue comme la pression; mais le débit respiratoire apparent n'augmente pas. — M. A. Giard a constaté que les larves de Secraria medullaris présentent au plus haut degré la faculté d'anhydrobiose, c'est-à-dire qu'elles peuventsubir un desséchement très intense etdemeurer plusieurs semaines dans un état de vie ralentie; cette faculté est liée à un hydrotropisme positif assez pro- noncé. — M.L.-F. Henneguy à étudié la formation de l'œuf, la maturation et la fécondation de Foocyte chez le Distomum hepaticum. — MM. J. Bonnier et Ch. Pérez ont rencontré dans l'Océan indien, au large des côtes d'Arabie, un banc de Pyrosomes gigantesques dépassant 2%,50. Le tube digestif de ces Pyrosomes est habité par une Grégarine monocystidée, — M. L. Ma- quenne à constaté que des graines desséchées à basse température el placées dans un tube à vide élevé cessent toutes leurs fonctions et se maintiennent dans un état d'équilibre stable, favorable à la conservation de leur pouvoir germinatif ; elles passent de l'état de vie ralentie à celui de vie suspendue. — M. A. Lacroix à éludié les roches volcaniques de la Martinique produites dans les éruptionsantérieures. Elles forment une série très nette, dont la basieité-va en augmentant; elles renferment comme élément essentiel un pyroxène rhombique. Séance du 2 Juin 1902, La Section de Physique présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. A. Cornu : 4° M. P. Curie; 2° MM. Amagat, Bouty, Gernez, Pellat. — M. E. Laurent est élu Correspon- dant pour la Section d'Economie rurale. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Humbert pour- suit ses recherches sur les fonctions abéliennes à mul- liplication complexe. — M. Obriot étudie les équations différentielles du second ordre qui admettentun groupe fini continu de transformations algébriques. — M. Ser- vant démontre qu'à toute surface à lignes de cour- bure isothermes on peut faire correspondre une surface admettant une déformation conservant les rayons de courbure principaux et inversement. — M. B. Baïllaud a étudié la distribution moyenne des images stellaires dans les clichés de la carte du ciel obtenus à l'Observa- Loire de Toulouse. Le maximum d'étoiles est près du centre, plus près du centre que du bord. — M. Ch. Nordmann explique la constitution et les particularités des nébuleuses par l'hypothèse d'un rayonnement élec- tromagnétique du Soleil (voir p. 375). — M. H. Des- landres signale un rapprochement qui a été fait entre les épreuves de la couronne solaire de l'éclipse totale du 48 mai 1901 prises à Sumatra et les photographies de la chromosphère entière du Soleil obtenues le même Jour à Meudon. Ce rapprochement a permis d'attribuer à une lache solaire une perturbation des rayons coro- naux observée sur les premières épreuves. — M. M. Ringelmann indique une méthode qui permet de com- parer des moteurs de puissances différentes. 2° SCIENCES PHYSIQUES. Le P. Colin à déterminé les éléments magnétiques en un cerlain nombre de stations autour du massif central de Madagascar. — M. Eug. Lagrange à observé divers mouvements sismiques au commencement de mai à la Station d'Uccle (Belgique il n'y à eu aucune perturbation magnétique concomi- tante. — M. P. Duhem développe des considérations sur la viscosité au voisinage de l'état critique qui ren- dent compte des particularités que présentent les liqui- des autour de’ce point. — MM. J. Curie et P. Compan ont mesuré aux basses températures le pouvoir induc- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES teur spécifique de divers diélectriques solides. Le pou- voir inducteur du verre augmente avee la température suivant une loi linéaire : À= 4, + AT. L'ébonite, le mica et le quartz offrent des propriétés analogues. — M. A. Chassy démontre que, dans la production de l'ozone par l'effluve électrique, la puissance de production est proportionnelle au carré de la différence de potentiel efficace qui existe entre les armatures. — M. A. Londe a déterminé la durée de l'éclair magnésique obtenu par la combustion des photopoudres:; elle n’est jamais infé- rieure à 4/30° de seconde; généralement, elle est de 1/10° de seconde. L'actinisme produit est suffisant pour permettre de prendre un instantané pendant la durée de l'éclair magnésique. — M. Th. Guilloz étudie l'em- ploi de la stéréoscopie en radiologie et signale les illu- sions auxquelles on peut se laisser aller dans l'examen du relief, — M. Gouy à constaté que les bases organi- ques fortes possèdent, aux dilutions faibles, des courbes électrocapillaires peu différentes de celles de leurs sels. Les bases faibles donnent une courbe dont le maximum est en général bien plus déprimé qu'avec les sels. — M. C. Matignon a préparé les chlorures anhydres de samarium, d'yttrium et d’ytterbium en chauffant les chlorures hydratés (SmCIS. 6H#0; YCF. 6H°0; YbCI. 6GHO?) dans un courant de gaz chlorhydrique. Comme produit intermédiaire, il a obtenu les chlorures mono- hydratés. — M. Bouzat à constaté qu'il se lorme une base cuivrique ammoniacale à partir de lhydrate eui- vrique et de l'ammoniaque avec un faible dégagement de chaieur (4,2 cal.). La base ainsi formée est très forte, beaucoup plus que l'ammoniaque. — M. G. Fa- vrel à fait réagir l'acétylacétate d'éthyle monochloré sur les chlorures diazoïques. Il y à élimination du groupe acétyle et formation d'hydrazones chlorées. M. R°4 Dhommée à préparé les sels de la benzylamine avec | divers acides minéraux et organiques. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Besredka à cherché à conférer Fimmunité contre la peste, le choléra et lin2 fection typhique par l'injection de vaccins, constitués par des microbes, traités par du sérum contenant les anticorps spécifiques, et tués ensuite par la chaleur. Il | ! a oblenu des résultats supérieurs à ceux que produit individuellement la vaccination par le sérum ou par les cultures chauffées. — M. A. Chauveau expose des expé riences qui montrent que, dans les moteurs inanimé comme dans les moteurs animés, l'énergie dépensée pendant les périodes d'activité se répartit entre plu sieurs fonctions toutes également nécessaires à la pro= duetion du travail positif résultant du soulèvement des charges. Chaque part de dépense appartenant respeeti vement à chacune de ces fonctions peut être aisémenb isolée, ce qui permet de se rendre compte des lois qui règlent le rendement vrai de la dépense énergétique totale en travail mécanique. — MM. M. Caullery et F Mesnil ont étudié le Staurosoma parasitieum Wil., Co= pépode gallicole parasite d'une Actinie. — M. Louis Léger a observé, dans l'intestin des larves du Chiro a particulière pourrait les faire prendre, au premier abordés pour des cils vibratiles. — M. E. Yung à déterminé les” variations quantitatives du plankton dans le Lac Léman Le plankton y est très inégalement réparti et on ne peul ürer de conclusions des pêches périodiques pratiquées sur un même lieu. — M. G.-B.-M. Flamand à recu, du. Ct Deleuze, des échantillons d'un grès ferrugineux très fossilifère recueillis entre Taourirt et le Tidikelt. La détermination des fossiles caractérise nettement la prés sence du Dévonien inférieur dans cetterégion du Sahara, occidental. — M. A. Lacroix à fait l'étude de cendres, rejetées dans la dernière éruption de la Montagnl Pelée; elles consistent en fragments de verre, d'hype # sthène, de plagioclases et de magnétite, avec quelque cristaux d'augite. Ces cendres diffèrent peu de celles. rejetéés par l’éruption de 1851. — M. Ch. Dépéretä étudié quelques crânes de Lophiodon, retirés d'un gises 4 ment de la Montagne Noire, près de La Lavinière. C6 $ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 589 rènes montrent beaucoup plus de différences avec ceux es Tapirs qu'on ne l'avait supposé, et ils s'écartent galement de ceux des Rhinocéros. Ces trois espèces nimales forment donc trois rameaux parallèles, des- cendant peut-être d’un ancètre commun inconnu de …l'Eocène inférieur ou des temps secondaires. — M. L. Vaillant à reconnu l'existence de tissu osseux parfait “chez certains Poissons des terrains paléozoiques de Canon City (Colorado). ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 3 Juin 1902. MM. A. Laveran et F. Mesnil ont étudié l’évolution u nagana et sa variabilité suivant les espèces animales. ze Trypanosoma Brucei peut produire infection chez a plupart des animaux : rat, souris, lapin, cobaye, hien, équidés, bovidés, chèvre, pore, singe, etc. Le agana évolue tantôt comme une maladie aiguë ou ubaiguë toujours mortelle, tantôt comme une maladie chronique pouvant se terminer par la guérison. Parmi essymptômes les plus constants, il faut citer : la fièvre. anémie et les œdèmes; mais il y a de grandes diffé- ences suivant les espèces animales. La virulence des Hrypanosomes peut être un peu atténuée par le passage chez des espèces différentes. Le sérum humain, injecté à des animaux infectés de nagana, fait disparaitre, au oins temporairement, les Trypanosomes. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 17 Mai 1902. MM. M. Marcille et Ch. Richet ont constaté que, maïgré la difficulté de réaliser une résolution complète, on obtient avec le chlorure de méthyle une anesthésie apide et complète sans que le cœur ait couru le moin- re danger. — M': M. Stefanowska à observé sur les orticelles que le protoplasme vivant perd une grande Mquantité de liquide sous l'influence de l'anesthésie. — . L. G. Simon à reconnu que le bubon chancrelleux “contient souvent, sinon toujours, des bacilles de Ducrey, “associés ou non à des microbes d'infection secondaire venus de l’ulcération primitive. Le sang gélosé cons- Mtitue un excellent milieu de culture pour cet organisme. MM. P. Portier et Ch. Richet communiquent de nou- “velles expériences qui semblent montrer qu'il y a, dans l’actinotoxine préparée par infusion et broyage etentacules d’Actinies dans la glycérine, soit plusieurs Substances, soit une substance à effets multiples, à la fois anaphylactisants quant à l’action immédiate et vac- cinants quant à l’action consécutive. — M.C. Gessard Ma vu que l'injection sous-cutanée de tyrosinase au lapin “rend le sérum de cetanimal capable d'empêcher l’action de la tyrosinase sur la tyrosine. — MM. Laquerrière et Delherm ont étudié l'action motrice du courant con- “inu sur l'intestin grêle aux points où ne portent pas es électrodes. — MM. CI. Regaud et A. Policard ont examiné les diverticules glandulaires du tube con- biourné de la Lamproie. Les plus étroits sont remplis d'une substance qui est la sécrétion des cellules tapis- “Sant le glomérule. — M. F. Arloing pense que l'injec- tion répétée de suc filtré de tubercules confère à l'or- Lanisme de la chèvre certaines propriétés se traduisant “par une action chimio-taxique positive plus développée “que chez un animal vierge, mais beaucoup moins con- Sidérable pourtant que si ce sérum avait été rendu “antituberculineux. — MM. A. Calmette et C. Guérin mont employé systématiquement le lapin comme animal Mrégénérateur et purilicateur des souches vaccinales. — -MM. J. Camus et P. Pagniez ont examiné un {très grand nombre de sérums hémolysants pour les globules umains ; presque tous provenaient de malades atteints hiafections graves et connues comme déglobulisantes. — M. F. Devé a observé que le sublimé à 1/1.000€ et Je formol à 1/200 altèrent et détruisent la vitalité des | ésicules-filles et des scolex après un contact de deux | à trois minutes. — MM. J. Castaigne et F. Rathery 4 | ontreconnu que les lésions produites sur les reins par le sérum néphrotoxique sont absolument de même ordre que les lésions engendrées par lesinjections intra-péri- tonéales de substance rénale. Ils ont fait l'étude spé- ciale des lésions de l’épithélium des tubes contournés. — MM. Th. Legry et F. Regnault ont observé la pré- sence de corps thyroïdes normaux chez les achondro- plasiques. Séance du 24 Mai 1902. MM. H. Surmont et J. Drucbert ont reconnu que l'injection sous-cutanée de sérum antipancréatique provoque un abaissement constant du pouvoir amylo- lytique du sérum sanguin. — M. F. Battelli dose colo- rimétriquement la substance active des capsules surré- nales au moyen de la coloration verte qu'elle donne avec le chlorrure ferrique. — M. G. Patein estime le lactose contenu dans le lait par le dosage polarimé- trique en ayant soin d'éliminer d'abord entièrement les matières albuminoïdes par le réactif nitromercu- rique. — MM. Anglade et Chocreaux présentent des préparations microscopiques montrant les lésions de la névroglie dans la rage chez le chien. — M. F. J. Bose à observé que les Sporozoaires, et en particulier les Monocystis des grands Lombries, peuvent présenter des formes évolutives particulières et que ces formes sont identiques aux inclusions de la clavelée et du can- cer. — MM. F. Terrien et J. Camus ont constaté que l'excitation du sympathique cervical après section donne lieu dans tous les cas à une augmentation de la réfraction de l'œil du côté correspondant (de 4 à 2,5 dioptries). Ce phénomène ne coïncide pas exactement avec la dilatation de la pupille. — MM. M. Nicloux et Van Vyve ont reconnu que la quantité de fer chez le nouveau-né à terme oscille autour de 45 grammes pour 1.000 grammes de sang. Dans les cas d’albuminurie, la quantité de fer baisse très rapidement et atteint 38 grammes. — M. CL. Regaud a mis en évidence chez le moineau la sécrétion liquide externe de l'épithélium séminifère. — Mile M. Pompilian expose ses recherches sur les propriétés fondamentales du système nerveux. La première est l’automatisme; d'autres, comme le repos tompensateur, la période réfractaire, le ralentis- sement des mouvements spontanés et l’inhibition, sont intimement unies à la vie des centres nerveux. — M. C. Delezenne a constaté que l'addition d'une petite quantité de fibrine à un suc pancréatique complète- ment inactif peut conférer à celui-ci une action pro- téolytique énergique vis-à-vis de l’albumine. Ce ré- sultat est dû à ce que la fibrine crue renferme une kinase, que l’auteur à, d’ailleurs, séparée. — Le même auteur a reconnu que l’action de la bile sur le suc pan- créatique ne se manifeste que sur des sues contenant déjà de la trypsine active. Elle ne diffère donc pas de l’action de diverses autres substances (acides, bases, sels, etc.) — M. A. Dorland à observé que l'urine des malades atteints d’orchite parasitaire contient une sub- stance albuminoïde particulière pathogène, dont l’ac- tion résiste à une ébullition prolongée. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 23 Mai 1902. M. Tardy expose le résultat de ses recherches sut l'essence de badiane de Chine. Il y a trouvé : un car- bure térébenthénique dextrogyre (pinène), un carbu terpilénique gauche (phellandrène), de l'estragol méthoxyallylbenzène), du terpilénol dextrogvre Panéthol, un sesquiterpène gauche, de laldéhyde an sique, de l’acétone anisique, de l'acidi quelques paillettes (fusibles à 64°) d'éther éthyliqu l'hydroquinone. Malgré des recherches ait ii a pas trouvé de safrol. — M. Pouret, poursuivant ses recherches relatives à l'action du bromure d'aluminium sur les dérivés chlorés acycliques, a été amené à étu- dier l'effet produit par les dérivés halogénés de l’alumi- nium sur les acides chlorés ; il a obtenu avec les acides anisique ‘{ 1 590 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES : chloracétiques des combinaisons délinies répondant à la formule (R—COO)PAÏECI. Ces corps peuvent être envisagés comme les composés intermédiaires qui se produisent dans la réaction de Friedel et Crafts, relati- vement à l'action des acides sur les hydrocarbures benzéniques en présence de AFCI. Pour le vérifier,il les a fait réagir sur le benzène; la combinaison obtenue avec l'acide trichloracétique a bien réagi, elle à fourni de l'acide triphénylacétique et ses produits de décom- position, les acides diphénylacétique et diphénylène- acétlique. L'étude de ces composés n’est pas terminée, mais la communication de M. Delacre dans la dernière séance à conduit l'auteur à communiquer ces pre- miers résultats. — MM. Bouveault el Wadhl ont réussi à réduire le nitro-isobutylène sans en séparer l'azote el ils ont obtenu l'isobutyraldoxime. Ils ont cherché à étendre cette réaction à tous les hydrocarbures nitrés x 8 non saturés. Le nitrostyrolène, produit de con- densation de l'aldéhyde benzoïque et du nitrométhane, a pu, en effet, être transformé dans l'oxime de l'aldé- hyde phénylacétique. La condensation des aldéhydes de la série grasse. avec le nitrométhane à fourni à M. Henry non pas des dérivés nitrés non saturés, mais des alcools secondaires nitrés. Les auteurs ont réussi à déshydrater ces derniers au moyen du chlo- rure de zinc en solution acétique. Le nitroisohexy- lène et le nitro-octylène, provenant de la condensa- lion avec le nitrométhane des aldéhydes isovalérique etænanthylique, ont fourni les oximes correspondants, l'isobutylaldoxime et Joctanaldoxime. La régénéra- lion des aldéhydes en partant de leurs oximes se fait bien dans le dernier cas, mais mal dans celui de lal- déhyde phénylacétique à cause de sa grande altérabi- lité. Il n'en est pas moins vrai que l'ensemble de ces réactions permet de passer d'une manière simple d'une aldéhyde R—CHO à son homologue supérieur R_-CH#—CHO. — M. Wyrouboff communique un pro- cédé de séparation de la glucine à l'état de pureté. — M. Moissan présente une note de M. Wedekind sur l'action des acides chlorhydrique, bromhydrique et fluorhydrique sur l'acide monopersulfurique. — M. Bé- hal présente une note de MM. Seyewetz el Biot sur les combinaisons du tétrazoditolyisultite de sodium avec les amines aromatiques et les phénols et leur transformation en colorants azoïques. à SECTION DE Séance du 28 Mai 1902. M. Guntz précise les conditions dans lesquelles l'hydrogène et l'azote réagissent sur le baryum et le strontium, et montre qu'elles dépendent des conditions physiques de porosité de lamalgame. La tension de dissociation au rouge de ces composés explique égale- ment les réactions réciproques de l'hydrogène et de l'azote. Il indique en même temps diverses méthodes pour retirer le baryum et le strontium de leurs allia- ges. — M. P. Th. Muller montre la relation qui unit la chaleur de neutralisation de lammoniaque et de quelques amines à leur chaleur d'ionisation, déduite de la constante d'aflinité mesurée à diverses tempéra- tures. L'accord est satisfaisant; mais, dans les deux cas, on mesure la chaleur totale de transformation sans qu'on puisse rien conclure relativement à la nature mème de Ja transformation. La méthode optique, qui a si bien réussi dans le cas des pseudo-acides isonitrosés, ne donne rien ici : en l'appliquant, on arrive à ce fait surprenant, qui ne semble pas avoir élé signalé, c'est NANCY que la réfraction atomique est la même pour l'azote, pentavalent des chlorhydrates que pour Fazote de l'ammoniaque et des amines, tant dissoutes que libres (azote trivalent dans ce dernier cas). MM. J. Min- guin et Grégoire de Bollemont ont montré que la dissociation polarimétrique du stéarale de borntol gauche (1/# de molécule dans 1 litre d'alcool) est sensiblement la mème que celle des éthers bornyliques précédemment étudiés par eux ‘. L'étude des croltonate, oléale et cinnamale de bornyle gauche leur à permis de conclure que, pour cette catégorie d'éthers, la double liaison n'a pas d'influence sur le pouvoir rotatoire, C6 fait s'est trouvé également vérifié avec la camphoca bonate d'allyle. Enfin, ils ont préparé les camphocar bonates de méthyle, de propyle et d'isobutyle, d lesquels le radical substitué n'est pas directement relié au carbone asymétrique. Pour ces dérivés, la déviation polarimétrique va légèrement en augmentant quand on passe d'un terme au suivant. — M. EE. Blaise à condensé le bromopivalate d'éthyle et le cyanacétat d'éthyle potassé dans le but de réaliser la synthèse: de l'acide œx-diméthylglutarique. Ia obtenu, en effet, un acide diméthylglutarique, mais qui estdifférentde l'acide 22-diméthylglutarique qui se forme dans l'oxydation de certains dérivés du camphre, Ilest done probable qu'i se produit, au cours de la réaction synthétique, une transposition moléculaire profonde que M. Blaise s propose d'étudier. — MM. A. Guyot et Granderye, reprenant l'étude des colorants dérivés du phénylfueo: rène, présentent les résultats qu'ils ont obtenus par la diazotalion de la leucobase du vert malachite ortho anidée. La réaction et la méthode sont en tous point semblables à celles signalées par MM. Haller et Guyot? Les auteurs se sont assurés que le rendement n'est pas influencé par la rapidité de décomposition du diazoïque et par la température à laquelle elle à lieu; ce rende ment atteint 46 °/, de la théorie : 4 CH° CHE LITE ae RES ECS Nour CHE” NL 47 NCCORRÈN Ne Le colorant obtenu par oxydation du tétraméthyldia midophénylfluorène dissymétrique est constitué par de: fins cristaux, teignant la laine et les bandelettes mor dancées en bain légèrement acide. La teinture violet sale est fugace et moins vive que dans le cas du bleu fluorénique. MM. Guyot el Granderye ont égalemen isolé le phénol correspondant et le phénol acétylé. Toute tentative de préparation du dérivé florénique du vert brillant à échoué. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES A. Gamgee : Sur certaines propriétés chimiques et physiques de l’hémoglobine !Croontan Lecture). M. Gamgeée a divisé sa conférence en deux parties, la première bibliographique et critique ; la seconde expé rimentale. Nous ne résumerons que celle dernière, 1. Extension des observations antérieures sur l'ab- sorption des rayons ultra-violets par l'hémoglobine: — L'auteur examine si l'oxy-hémoglobine présente une absorption définie pour la lumière de courtes longueurs d'onde, Soret, dont les observations ne portèrent pas sur des solutions à'hémoglobine, mais simplement sur du sang dilué, observant à laide de son oculaire fluo-u rescent le spectre de lélincelle du cadmium, à trouvé que le sang dilué, en plus de la bande d'absorption dans le violet extrême, montre deux bandes addition= nelles. Il supposa qu'une de ces bandes, correspondant à la 12° ligne du cadmium (3.247), était probablement | due à lhémoglobine ; ilattribua l'autre, coïncidant ave la 47° ligne du cadmiun (2.743), à la sérum-albumine, ses observations ayant auparavant démontré que toutes les! albumines et les corps albuminoïdes, à l'exception) de la gélatine, sont caractérisés par une bande d’'ab= sorplion dans la position dela 17° ligne du cadmium. En employant des solutions d'oxy-hémoglobine plus sieurs fois cristallisée, d'une grande pureté et de con centrations variées, et à l'aide des étincelles d’un& puissante bobine d'induction, l'auteur a obtenu une série de photographies du spectre de létincelle d * Bull. Soc, Chim., 3° série, t. XXV, p. 150; 1901. 2 C. R., t: CXXXIN, p. 608:1902. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 591 -cadmium avec ét sans interposition de solutions. L'exa- men de ces photographies montre que les solutions d'oxy-hémoglobine qui sontsuffisamment transparentes pour permettre au spectre ultra-violet du cadmium - ètre photographié ne présentent pas de bandes d'ab- sorplion correspondant soit à la 14°, soit à la 17° ligne Li cadmium. La bande d'absorption observée par Soret en rapport avec la 14° ligne n'est donc pas due à la Substance colorante du sang, mais à quelque autre “corps organique présent dans le sang. … 2. Conduite de l'oxy-hemoglobine et de l'hémoglobine oxyearbonée dans 1e champ magnétique; propriétés erro-magnétiques intenses de l'hématine et de lhe- mine. — L'auteur discute : 1° des observations sur l'in- uence de la température sur la conduite de l'oxy-hé- hoglobine dans le camp magnétique ; 2° des observa- tions sur le ferro-magnétisme des ferro-albuminates. - 3. Conductivité spécilique des Solutions d'oxy-hé- moglobine. — L'auteur examine ensuile la question de là conductivité spécifique de solutions d’oxy-hémoglo- hine pure. Après de laborieuses recherches sur cette branche du sujet, l'auteur est arrivé aux conclusions Suivantes . {9 Quoique les solutions d’oxy-hémoglohine possè- dent une faible conductivité, elle est beaucoup plus éle- vée que ne l'avait trouvé Slewart dans ses précédentes observations, qui avaient toutes été faites à 5° C; 20 La conductivité des solutions d'oxy-hémoglobine s'accroit rapidement avec l'augmentation de la tempé- rature, et subit des changements remarquables et per- manents, lorsque la solution est conservée, mème pendant de courtes périodes, à une température supé- rieure à 0° C. Ces résultats expliquent l'impossibilité d'obtenir des données valables concernant la résistance spécitique . absolue de l’oxy-hémoglobine. Les chiffres du Tableau, “exprimés en ohms réciproques, représentent la moyenne des résultats de l’auteur, sur la conducti- vilé spécifique des solutions d'oxy-hémoglobine. TaBceau 1. — Conductivité de l'oxy-hémoglobine. CONTIENT 3,070/4 CONTIENT 2,235 °/, l’'oxyhémoglobine’ d'oxyhémoglobine ou 1 gramme-molécule|ou 1 gramme-molécule dans 542.900 gr. dans 745,800 gr. Conductivité. Conductivité. LYS 10 —5 X 2,626 10—5X 2,23 UC SRE 10—5X 4,432 10—5 X 3,25 250, 10—5X 5,19 10—5X 4,27 LA Er PR UE 10—5X 7,47 #. liésultats de lélectrolyse de l'oxy-hémoglobine, — 1° Lorsque des solutions pures d'oxy-hémoglobine sont soumises à l’électrolyse, il se produit une sépara- ton de l'oxy-hémoglobine sous forme colloïdale, mais parfaitement soluble. L'auteur a employé des courants de 12 à 24 volts, et l'intensité du courant électrolysant, … mesurée avec un milliampère-mètre placé dans le cir- … cuit, à varié, Suivant les expériences, entre 0,1 et 3,0 milliampères :; , 2? En employant une pile électrolytique danslaquelle … l'anode est séparée de la cathode par une membrane animale (intestin.de mouton ou vessie de porc), on re- … marque que la première action du courant produit une Séparation de l’hémoglobine colloïdale dans la cham- — bre de l'anode. Cette hémoglobine colloïdale se dépose au fond en une magnifique couche rouge, laissant un «liquide incolore qui surnage. Si on l'agite, elle se dis- … sout immédiatement; s 3° L'autre action du courant est de produire un lransport rapide et entier de l'hémoglobine colloïdale de l'anode à la chambre de la cathode. Avec une pile électrolytique, dont chaque compartiment a une lar- geur de 5 mm., et contient 2,5 cc d'une solution à 4 o/° d'oxy-hémoglobine, une précipitation et un (ransport complets se produisent en 60 minutes ; 4° En renversant la direction du courant au moyen d'un commutateur, lhémoglobine retourne encore en suivant la direction du courant positif dans la chambre originale d'où elle était partie: 5° L'auteur ajoute des faits qui prouvent que, dans le précipité colloïdal, mais pourtant parfaitement so- Juble, lhémoglobime représente la molécule non décomposée de la matière colorante du sang ; 6° La nature probable du phénomène qui se produit sous l'influence du courant est discutée, ainsi que le caractère du phénomène qui amène le transport de l'hémoglobine dans la direction du courant positif, L'auteur considère que ce processus est de la même nature que le phénomène étudié par Quincke sous le nom d'électro-endosmose ; 5° L'auteur attire lattention sur l'importance des faits qu'il a relatés quant à la forme colloïdale et pour- tant soluble de l’oxy-hémoglobine. Il fait remarquer que tout ce qui a été dit pour l'oxy-hémoglobine peut s'appliquer à la CO-hémoglobine. L'oxy-hémoglobine est un colloïide typique à cause de sa non diffusibilité absolue à travers des membranes animales et du par- chemin; elle diffère, cependant, de la plupart des col- loïdes par la facilité avec laquelle elle cristallise. Jus- qu'ici, elle a été connue sous sa forme cristalline et en solution dans l'eau; maintenant, dans sa (roisième forme colloïdale, lanalogie avec un colloïde comme l'acide silicique est rendue complète. La découverte de cette forme d’hémoglobine nous permet de nous former une idée de l'état dans lequel la matière colorante du sangest probablement contenue dans les corpuscules du sang. Nous savons que la quan- tilé d'hémoglobine contenue dans les corpuscules est si considérable que, dans la plupart des animaux du moins, toute l’eau du sang ne serait pas suffisante pour la dissoudre, Par conséquent, il est évident qu'elle n'existe pas dans les corpuscules en solution; l'opi- nion la plus répandue est que ceux-ci contiennent un composé inconnu de l'oxy-hémoglobine avec un cons- tituant du stroma. Il parait très probable que, dans les corpuscules rouges du sang, l'hémoglobine est simple- ment présente sous sa forme colloïdale. Pour finir, l'auteur fait remarquer la grande facilité avec laquelle la forme colloïdale de l'hémoglobine tra- verse des membranes aussi perméables que les mem- branes animales et même le parchemin, lorsque ses solulions sont soumises à l’électrolyse; il suggère aux physiologistes la possibilité d’un rapport très étroit de certains des phénomènes d'absorption dans le corps animal avec les changements électromoteurs dans les tissus. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 23 Mai 1902. M. T. C. Porter fait une expérience de cours sur l'ébullition de l'eau en rotation. Si de l’eau, dans un vase à parois verticales, est mise en rotation autour d’un axe concentrique avec l'axe géométrique vertical du vase, la pression dans toute section horizontale de l'eau sera minimum au centre, et ira en croissant vers les bords. Si la température de l’eau est un peu infé- rieure au point d'ébullition, et qu'on chauffe pendant la rotation, il se formera seulement de la vapeur dans la région de. moindre pression et il se produira un noyau de vapeur. La rotation peut être produite en agitant l’eau avec une baguette de verre recouverte de caoutchouc, et en maintenant l'agitation tout en reli- rant la baguette. La colonne de vapeur qui se forme au centre présente une série de phénomènes curieux dont l'auteur donne la description. — M. J, A. Erskine envoie un mémoire sur la conservation de l’entropie. L'énergie calorifique peut être exprimée par le produit de deux facteurs : un facteur de quantité, l'entropie, aG ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES et un facteur d'intensité, la température. La conserva- üon de l'entropie est réalisée en Thermodynamique pour les phénomènes réversibles: elle est analogue à la conservation d'autres facteurs de quantité, comme le moment, la quantité électrique, ete, L'auteur montre la perfection de ces analogies, en considérant des | cycles de Carnot établis sur des machines électrosta- tiques et hydrauliques. Wiedeburg à proposé d'étendre la doctrine de la conservation de l'entropie aux phéno- mènes irréversibles en introduisant une nouvelle quantité analogue à la résistance électrique. — M. G. Giorgi communique une note sur les unités rationnelles de l'Electromagnétisme. Il part d'une série de trois équations qui contiennent explicitement les quatre unités concrètes de force électromotrice, force magné- tomotrice, courant électrique et courant magnétique, avec celle de Pactivité ; il les considère comme fonda- mentales en Electro-magnélisme. Deux unités fonda- mentales serviront à exprimer les quatre premières quantités, et leur produit donnera l'unité mécanique d'activité. Si l'on prend le watt comme unité d'activité, deux unités existent, le volt et l'ampère, qui satisfont à la condition précédente et qui peuvent être consi- dérées comme fondamentales. Toutes les unités con- crètes, en Electricité eten Magnétisme, sont exprimables en fonction de celles-ci et de [a seconde, comme unité de temps. Pour compléter le système, il faut une unité de longueur; le mètre et le kilogramme peuvent aller avec le walt, et en les ajoutant aux autres unités on à un système absolu pour toutes les mesures magné- tiques, électriques el mécaniques. SOCIÈTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 15 Mai 1902. MM. E. C. C. Baly et F. G. Donnan ont délerminé la variation avec la température de la tension superti- cielle et de la densité de l'oxygène, de l'azote, de lar- gon et de l'oxyde de carbone liquides. Le rapport entre l'énergie superlicielle moléculaire et la température est linéaire, comme il doit l'être pour les liquides non associés. Le coefficient thermique de Fénergie super- ficielle moléculaire est : O0 — 1,917; Az—%,002; Ar = 2,020; CO — 1,996. Ramsay et Shields ont trouvé 2,212 pour les liquides non associés. — M. M. O. Forster, en chauffant le bromonitrocamphre avec du nitrate d'argent alcoolique, à obtenu uniquement de la cam- phoquinone. La phénylhydrazine réduit le bromonitro- camphane en nitrocamphane, et le bromonitrocamphre en nitrocamphre. — MM. M. O. Forster el E. A. Jen- kinson ont obtenu l'x4-benzoyinitrocamphre par l’action de l'acide nitrique fumant sur le benzoylcamphre éno- lique; c'est un cristallisé, fondant à 2250; æo = + 2459, 2 en solution chloroformique; il donne un dérivé nitré dans le noyau benzoïque par l'ac- tion subséquente de l'acide nitrique. L'ax-benzoyliodo- camphre s'obtient par l’action de l'iode sur une solu- lion potassique de benzoylecamphre énolique; F.136°: Læln = + 4797. — M. W. A. Davis a préparé les déri- vés nitrés des dibromotoluènes et leurs produits de réduction. — MM. L. T. Thorne et E. H. Jeffers indi- quent une méthode pour puritier l'acide chlorhydrique servant à l'essai de Marsh et qui contient presque tou- Corps Jours lui-même des traces d'arsenic. On le dilue avec de l’eau jusqu'à la densité 1,10 et on le chauffe avec un morceau de toile métallique en cuivre pur; quand celle-ci se noircit, on la remplace par d'autres jusqu'à ce qu'elles ne ternissent plus par ébullition. L'acide’ qui distille ensuite est tout à fait pur. — MM. E. Ru- therford et F. Soddy ont conslalé que la radio-activité résiduelle du thorium duquel on à précipité le consti- tuant acuif THX s'explique si le changement chimique qui produit ThX produit aussi une seconde espèce de matière active très voisine du thorium. Les radiations de cette partie résiduelle sont composées entièrement de rayons non déviables dans le champ magnétique. La radioactivité serait la manifestation d'un changement chimique sous-altomique. — M. F. Soddy a étudié le rayonnement de Puranium. Le corps UrX, séparé de l'uranium par la méthode de Crookes, est très actif sur. la plaque photographique et presque inactif sur l'élee- tromètre ; l'uranium d'où ce corps a été séparé possède les propriéiés inverses. UrX possède donc les radia- lions &, où radiations pénétrantes, déviables par le. champ magnétique; l'uranium garde les radiations à, facilement absorbables et non déviables par l'aimant. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE NEW-YORK Séance du 25 Avril 1902. M. J. M. Matthews a constaté qu'à part l'extraction de soufre l’action des solutions concentrées de soude caustique sur la laine ne parait pas produire de modi- fications chimiques marquées sur la fibre. Par contre, elle provoque d'importants changements physiques ; la couche extérieure de la fibre parait être durcie, rendue. plus transparente; elle acquiert un beau lustre. La force de la fibre n'est pas allérée, mais, au contraire, considérablement accrue. Cette action favorable est plus prononcée sur les laines grossières que sur les lines fines. — M. H.-C. Aspinwall fait l'analyse com- parée des méthodes employées pour les essais de stabi- lité des poudres sans fumée et des explosifs nitrés. Une poudre doit rester inaltérée quand on la soumet à un emmagasinement prolongé sous la chaleur des tro- piques ou le froid arctique (+ #50 à — 30°); l'exposition à l'humidité dans les conditions normales ne doit avoir aucun effet délétère, les propriétés ballistiques ne doi- vent pas varier; enfin la poudre ne doit pas se décom- spontanément. Les méthodes qu'on emploie pour ssurer de la stabilité des poudres et explosifs sont diverses : méthode à l'iodure de potassium, méthode allemande, méthode Thomas, méthode Vieille, méthode Will. D'après Pauteur, aucune ne fournit d'indications certaines; les résultats dépendent, en grande partie, de l'équation personnelle de l'opérateur. — M. J.-A.Brad- burn signale quelques opérations du procédé de fabri= cation de la soude par lammoniaque qui pourraient ètre Pobjet de perfectionnements. — M. CL. Richardson indique une méthode pour déterminer la paraffine dans les résidus de pétrole, les huiles d'asphaltes et les asphaltes mélangées d'huiles de paraffine. Elle consiste à extraire ces corps par le naphte à 88°, puis à traiter la partie dissoute par l'acide sulfurique de densité 1,84. On lave, on évapore et dans le résidu on dose la paraf= fine par la méthode de Holde.— M. H.-C. Reed a recherz ché si, dans la détermination des solides solubles des. solutions lannantes, il est nécessaire d'employer le pa- pier à filtrer double n° 590, comme le recomman l'Association Of official Agricultural Chemists, ce pa pier ayant l'inconvénient de coûter cher. L'auteur con clut de ses essais qu'on peut faire usage du papier simple n° 590, mais que tout autre papier ne donnerait pas des résultats concordants. — MM. R. Job et J.-B: Young ont déterminé l'arsenie dans quelques anthra: cites de Pensylvanie. Trois échantillons n'ont rien donné; un quatrième contenait 0,0003 °/, d'arsenie. M. A.-G. Stillwell indique un moyen pour déterminer le graphite présent dans certains minerais. Un échan tillon pulvérisé est légèrement chauffé au rouge pouk détruire la matière organique, puis on traite par HC pour éloigner tout le CO? des carbonates. Ensuite où chauffe avec de l'acide chromique et de l'acide sulft rique pour oxyder le graphite et on recueille le G formé dans des tubes à potasse. des DIRECTEUR : $ 1. — Nécrologie . Mort de l’astronome H. Fave. — Le 4 juillet «dernier est mort à Paris, à l'âge de quatre-vingt-huit ans, l'illustre astronome et météorologiste français Hervé Faye, membre de l’Académie des Sciences et “du Bureau des Longitudes, astronome honoraire à JObservatoire de Paris, ancien professeur à l'Ecole Polytechnique. … La Revue consacrera prochainement une Notice à la ie et à l'œuvre du regretté savant. $ 2. — Astronomie Changements observés à la surface de la Lune. — On a longtemps pensé, et un grand nombre d'astronomes pensent encore, que la Lune est un astre mort, privé de toute espèce de vie, soit végétale, soit animale, par suite de l'absence d'oxygène et de vapeur “eau, qu'on lui attribue, pour diverses raisons. De ré- ntes observations du Professeur Pickering viennent d'attirer de nouveau l'attention sur ces questions, et Sembleraient de nature à ébranler sérieusement les idées admises à ce sujet. Ce savant, qui, avec M. Percival Lowell, a fait, en ces dernières années, de remarqua- bles observations de Mars dans un observatoire où les conditions étaient aussi parfaites que possible, a récem- ment tourné son attention vers la Lune, et les premiers résultats obtenus par lui ont conduit à plusieurs con- lusions remarquables. La première est qu'il semblerait à peu près, sinon absolument évident que toute activité volcanique n'a pas cessédans la Lune, et, l'auteur cite, à ce propos, plusieurs £a dans lesquels de petits cratères ont disparu, et . autres où des cratères nouveaux ont surgi en diverses égions. La deuxième conclusion du Professeur Picke- LA encore plus étonnante peut-être, est qu'il y aurait | de a neige dans la Lune : ila observé que divers petits “cratères sont bordés d'une substance blanche, quidevient ès brillante quand le Soleil l'illumine, et qu'une ma- î ère semblable se trouve sur des cratères plus vastes et Sur plusieurs des plus hautes montagnes lunaires. Les L'aspecits curieux de ces taches blanches sous divers A REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. 4 1 D N° 13 15 JUILLET 1902 Revue générale SCIien pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE angles d’illumination et leurs changements de formes l'ont amèné à conclure qu’elles devaient être dues à de la gelée blanche distribuée irrégulièrement. Latroisième conclusion remarquable de M. Pickering a trait à des «taches variables » qu'il aobservées exclusivement entre 55° de latitude lunaire nord et 60° de latitude sud; ces taches sont toujours au voisinage de crevasses étroi- tes ou de petits cratères, et sont souvent symétrique- ment disposées tout autôur de ceux-ci; l'explication la plus simple de ces faits est qu'il y à là une sorte de vie organique ressemblant à de la végétation. Comme le dit très bien le Professeur l’ickering, « la nouvelle séléno- graphie doit consister surtout dans une étude Journa- lière des changements qui se produisent dans certaines régions lunaires, où l’on observe des variations réelles et inconteslables, et que l’on ne peut expliquer par des effets de lumière ou par les diverses librations de la sur- face lunaire ». Malgré la hardiesse des conclusions du Professeur Pickering, le nom seul de l’auteur fait qu'on doit leur accorder la plus grande attention. Quelle que soit, néanmoins, l'autorité de ce savant, il semble néces- saire que des observations répétées, analogues aux sien- nes, aient été faites avant de pouvoir accepter sans con- teste ses remarquables conclusions. $S 3. — Physique du Globe Les éruptions des Antilles. — On à essayé d'attribuer à des causes astronomiques les récentes éruptions des Antilles. Tout d'abord, on a remarqu: que la première de ces éruptions s’est produite précisé ment au moment de la nouvelle Lune, c’est-à-dire au moment où les attractions de la Lune ef du Soleil sui la Terre étaient de même sens, et, d'autre part, à un moment où la Lune, qui était à un période exception nellement rapproché de la Terre, était voisine «ul zénith du volcan: or, on a souvent admis que de Î marées peuvent amener des tremblements de terre, el les circonstances, dans cette hypothèse, étaient, extre- mement propices à ce qu'il s’en produisit au début du mois de mai dernier. D'ailleurs, il ne paraît pas dou= teux que l’action de la Lune et du Soleil sur les marées 13 rtes 594 terrestres ne doive s'exercer également sur le noyau liquide de notre globe, et cela serait peut-être de nature à expliquer simplement l'origine des cataclysmes récents des Antilles. Enfin, M. Norman Lockyer à essayé de montrer une connexion entre les éruplions comme celles-ci et la période des taches solaires, connexion indiquée déjà par Wolf, il y a cinquante ans. M. Lockyer remarque qu'en 4867, qui était une année de minimum des taches, il y eut de violentes éruptions dans l'Amérique du sud, à Formose et au Vésuve. Au maximum de 4871-1872, 1l y eut des éruptions à la Martinique et à Saint-Vincent. Lors du maximum de 1883, eut lieu l'explosion du Kra- katoa, et 1902 est une année de minimum. — Il semble qu'on ne peut voir là autre chose que des coïncidences fortuites, car il est difficile de s'imaginer comment les évuptions terrestres seraient produites à Ja fois par la plus grande et la plus petite activité solaire. Une explication de la catastrophe de la Martinique. — M. Hiram S. Maxim adresse au direc- teur de Ængineering une lettre intéressante au sujet de la catastrophe de la Martinique : « Quelques-unes des circonstances de la catastrophe de Saint-Pierre, dit-il, semblent indiquer que la matière volcanique se présente parfois dans un état qui n'a pas suffisamment attiré l'attention des hommes de science. Il est bien connu que des laves à la mème tempé- rature et de même composition chimique peuvent avoir des fluidités entièrement différentes. Quelques-unes de celles vomies par le Vésuve étaient extrèmement épaisses el visqueuses et n'avancaient que d'un petit nombre de pieds par jour, alors que d'autres coulaient comme de l’eau. On en signale qui descendaient les flancs de la montagne à une allure d’'express. D'où provient cette différence? Incontestablement de la présence ou de l'absence de l'eau. « Si lon chauffe en vase clos de la silice, de la soude et de l'eau, il se forme un silicate de chaux, appelé parfois verre liquide, résultant de la combinaison intime des trois corps. Si nous chauffons un mélange de silice et de terre alcaline, il se forme du verre qui ne renferme abso- lument pas d’eau. Je suis persuadé que de la chaux, de la magnésie et de la silice, chauffés sous une très forte pression avec de Feau, donneraient un corps homogène, l'eau s'associant aussi intimement aux autres éléments que dans le silicate de soude. « Voyons maintenant ce qui se passe dans un volcan comme la Montagne Pelée. La mer est extrèmement profonde dans le voisinage immédiat. L'ile entière étant d’origine volcanique, le fond est, sans doute, com- posé de pierres poreuses, à travers lesquelles Feau peut se frayer un passage. Elle y entre à une très grande pression, et, plus elle pénètre, plus naturellement sa pression grandit, jusqu'à ce que, finalement, elle se trouve en contact avec les couches chauffées au rouge et partiellement fondues. Le refroidissement que sa venue provoque détermine fissures qui per- mettent l'entrée de volumes considérables de liquide dans la masse pâteuse, et l'enfoncement continue jusqu’à ce que la conlre-pression produite par la tension de la vapeur compense la pression hydrostatique. L'eau, une fois entrée dans les crevasses, ne peut plus sortir, les roches ramollies, qui ne peuvent pas passer à travers une ouverture relativement froide, formant occlusion automatique. Une grande quantité d'eau se trouve ainsi incorporée dans les terres chauffées à blanc. Et, sans aucun doute, elle se dissout et se combine avec elles, formant une masse semi-liquide el semblable, sauf la température, à du verre soluble. des La présence de l’eau abaisse considérablement le point de fusion de la lave et réduit aussi son poids spécifique. La masse hydratée à donc une tendance à s'élever et à dissoudre les rocs supérieurs, et les choses peuvent continuer ainsi pendant des centaines d'années, jusqu'à ce que la pression suffise à faire CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE sauter le bouchon qui obstrue là cheminée du volcan. « Dans le cas de la Montagne Pelée, la première dé- : charge s'est dispersée en fine poussière, à cause de la grande quantité d'eau qu'elle renfermait et qui se trans- formait brusquement en vapeur. « Finalement, la pression devint si grande que la montagne entière se brisa, — malheureusement du côté de Saint-Pierre, — permettant à une quantité énorme d'un mélange de roches en fusion et d’eau sur- chauffée de s'échapper avec une grande force. Alors, bien que le mélange fût sous forme liquide, il ne s'écoula pas à la manière des laves ordinaires, mais bien plutôt comme du gaz acide carbonique à une très basse tem- pérature. Cela tient à ce que la quantité d’eau incluse était si grande que sa vaporisation eut pour effet de pulvériser la lave en une fine poussière si inti-. mement mélangée à la vapeur qu'elle sabmergea Saint- Pierre avant d’avoir eu le temps de s'en séparer. « Les vitesses anormales de quelques-unes des laves du Vésuve sont dues à un phénomène analogue, mais moins intense d'un degré. La quantité de vapeur émise ici est suffisante pour que la lave roule dessus sans toucher le flanc de la montagne, à peu près comme un filet d'eau sur une plaque de métal chauffée à blanc. » $ 4. — Génie civil L'Exposition de Dusseldorf. — L'expérience faite à Paris en 1900 à définitivement démontré que le développement si intense des multiples branches de la Science et de l'Industrie, pendant la fin du dernier siècle, ne pouvait plus cadrer dans une manifestation unique, où viendraient se concentrer les efforts des différents peuples; désormais, il faut se résoudre à embrasser un champ plus restreint, et, si l’on veut tirer. profit des expositions, et ne pas les abaisser au rang de foires à plaisirs, on doit limiter leur domaine à des. spécialités pour lesquelles il est plus facile de comparer les productions et les moyens d'action de toutes les nations. Bien plus, dans les pays, comme l'Angleterre ou l'Allemagne, dont les habitants, en raison de la nature de leur sol ou de leur situation géographique, se sont adonnés plus particulièrement à des industrie bien déterminées, les objets à exposer relatifs à cer taines spécialités deviennent alors assez nombreux pour que l'exposition ne comporte que les production d'une seule nation où mème d’une seule province. C'est le cas de l'Exposition de Dusseldorf, où ne participent que les seules régions de la Westphalie, de la province du Rhin et du district de Wiesbaden; e pourtant la surface occupée par la Galerie des M chines, le Palais des Mines, celui des Industries, les nombreux Pavillons particuliers, le Palais des Beaux Arts et l'ensemble des jardins est comprise entre. celles de nos Expositions de 1867 et de 1878. La superficie totale est trois fois plus grande que celle de l'exposition tenue à Dusseldorf en 1880, et deux fois plus grandi que celle de l'exposition de l'an dernier à Glasgow. Comme traits caractéristiques de l'Exposition actuelle nous dirons qu'elle est surtout métallurgique et mi nière, et qu'elle donne une idée plus exacte des pro cédés de production que ses devancières. À côté des très beaux produits que l’on y montre, et qui sont comme toujours, choisis pour frapper l'imagination mais qui représentent souvent des tours de forcé n'ayant rien de commun avec les résultats de fabrica tion courante, de nombreuses machines marchent & produisent, sous les yeux des visiteurs, dans les condis tions où elles fonctionnent à l'usine. Bien plus, la plus part des exposants n'hésitent pas à inviter les spécid listes à venir visiter leurs fabriques mêmes, ce qui est très faisable et n'entraîne pas de gros déplacements puisque l'Exposition est régionale. 0 En ce moment, les questions suivantes paraissenl surtout l'objet des préoccupations des industriels de région : en première ligne, le développement des mi leurs à gaz de grande puissance utilisant les gaz CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 595 hauts-fourneaux ou tirant parti des combustibles de - qualité inférieure transformés en gaz pauvres dans des gazogènes, puis l'augmentation du rendement des - chaudières et machines à vapeur par l'emploi des char- geurs automatiques, de la vapeur surchauffée, de la condensation centrale et de la réfrigération des eaux; . des dimensions toujours plus considérables sont don- nées aux engins de forge et aux machines-outils pour répondre aux exigences, sans cesse croissantes, de la Marine et de la Guerre; l'emploi de l'électricité est appliqué d'une façon presque absolue à toutes les ma- chines, mème à celles dont le travail est variable, réversible et intermittent, par exemple pour le lami- nage et pour l'extraction dans les mines; enfin, l'usage se répand, de plus en plus des ponts roulants électri- ques à longues portées et à grandes vitesses, desser- -vant, sur une vaste étendue, soit des halles, soit des parcs. k … 4. Au point de vue de l’utilisation des gaz de hauts- fourneaux, cinq maisons ont exposé des moteurs à grande puissance de systèmes très différents, parmi esquels domine le type à deux temps, contrairement à certaines prévisions qui avaient été émises lors du ongrès de Métallurgie de Paris. La Xülnische Maschinenbau A. G., de Bayenthal, expose un moteur à deux temps, système Oechelhaeuser, actionnant directement une machine soufflante, qui fournit par minute 500 mêtres cubes d'air à une pres- sion de 30 à 40 centimètres de mercure : le cylindre moteur est de 775 millimètres, le cylindre à vent de “1.840 millimètres, la course de 950 et le nombre de tours par minute de 100. Nous avons déjà eu l’occasion l'expliquer ici‘ en quoi consiste l’ingénieux système “d'Oechelhaeuser, qui, grâce à ses deux pistons, circu- “lant en sens inverse dans le même cylindre, évite com- plètement les soupapes ou les presse-étoupes, organes “si délicats dans une machine à grande vitesse. Le cylindre soufflant est muni des soupapes employées habituellement par la Société de Bayenthal, dont la éputation de constructeur n’est plus à faire parmi les métallurgistes. La Siegener Maschinenbau A. G. montre un mo- teur Xôrting de 500 chevaux avec soufflante Æredler Stumpf. Le système Kôrting est un dérivé du système Oechelhaeuser : comme lui, il est à deux temps, mais il ne comporte qu'un piston, et fonctionne, par consé- “quent à double effet, l'évacuation des gaz se faisant au centre du cylindre, et l'admission du gaz et de l’air au moyen de soupapes aux deux extrémités; le cylindre, au lieu d'être ouvert aux deux bouts, comme dans le précédent moteur, est fermé par des culasses munies de presse-étoupes, que traverse la tige; le diamètre du Ylindre moteur est de 635 millimètres, celui du y & nombre de tours de 100. Une coulisse Stephenson Mpérmet de faire varier l'ouverture des soupapes d’aspi- ation suivant la résistance du fourneau. “La Maschinenbau À. G., autrefois Gebrüder Klein, à MDahlbruch, expose également un moteur Kôrting à deux en ps qui actionne des laminoirs; la puissance du } moteur, tournant à 90 tours, est de 700 chevaux; son éylindre de travail a un diamètre de 750 millimètres ‘ec une course de piston de 1300 millimètres. Le blaminoir se compose de deux trios, avec cages à pignons Miérmées système Ortmann et accouplements 5: /wartz “dé 1200 chevaux. Le gros train est actionnt direc- lément par le moteur, l’autre par un arbre intermé- Miaire auquel le mouvement est transmis au moyen de ‘câbles. … Dans l'exposition de la maison Louis Soest et Cie, à bReisholz-Dusseldorf, on remarque un moteur à gaz Duplex à quatre temps, d'une puissance de 350 à 400 chevaux ; ilse compose de deux cylindres parallèles RQ à re © 4er AL EnLe DEMENGE : L'utilisation directe des gaz de hauts- hourneaux dans les machines, Æev. Gén. des Se.,t. XI, 2.125 et 180. actionnant un volant central qui tourne à 140 tours. Enfin, dans le Pavillon spécial de la Gute Hoffnungs Hütte fonctionne un moteur Otto de 1000 chevaux cons- truit par les ateliers de Deutz ; ce moteur, à #cylindres, à # temps, identique à celui des usines de Hoerde, actionne directement deux cylindres soufflants, qui constituent une machine spéciale disposée parallè- lement au moteur. Tous les moteurs qui précèdent sont alimentés par du gaz pauvre provenant de gazogènes disposés à pro- ximité, et fonctionnent constamment devant le public. 2. La force motrice de l'Exposition est produite au moyen de trois groupes de chaudières, dont l’ensemble représenteune surface de chauffe de 4.600 mètres carrés. Les types employés sont ceux de Durr, Buttner, Pied- bœuf, Babcock, Humboldt, Koch. Plusieurs des géné- rateurs sont munis de surchauffeurs. D'autres, pourvus de grilles spéciales, sont chauffés au lignite, dont l’ex- ploitation a pris, dans la région, un très grand dévelop- pement. On peut remarquer que les appareils pour le chargement automatique du charbon sur les grilles se répandent de plus en plus. Les vapeurs d'échappement de toutes les machines de l'Exposition sont recueillies et amenées aux instal- lations de condensation centrale de la Cie Balke, de Bochum, et de MM. Sach et Kiesselbach, de Rath. Là, la vapeur est séparée de l'huile qu'elle contient, puis condensée ; l’eau de condensation retourne à l'ali- mentation des chaudières, tandis que l’eau de refroi- dissement, qui a servi à la condensation par surface, est amenée dans de vastes cheminées en bois ou en métal, à la partie inférieure desquelles elle se refroidit d'au moins 45°, et retourne aux appareils de condensation après avoir laissé en route, par évaporation, 2 à 3 °/, seulement de son poids. Cet exemple pratique montre les nouvelles facilités offertes aux industriels, à qui le manque d’eau causait autrefois de si gros ennuis. 3. Parmi les nombreuses expositions de machines- outils, nous citerons les suivantes : les grandes grues américaines et le laminoir trio universel de la Duis- burger Maschinenbau A. G.; les marteaux-pilons et le laminoir si intéressant, à 4 cylindres, de la maison Ban- ning, à Hamm; les foreuses multiples électriques de MM. Habersang et Zinzen, à Dusseldorf-Oberbilk; le trio universel pour larges plats jusqu'à 1 mètre de la Maschinentabrik Sach, à Rath; les machines à clous de la maison Malmedie, à Oberbilk; les presses pour bri- quettes de M. Tiegler, à Meiderich. La maison Breuer, .Schumacker et Cie, à Kalk, expose une presse de 10.000 tonnes, à vapeur et hydraulique, semblable à celle qu’elle a construite pour les Sociétés de Dillingen et d'Obuchow, ainsi qu'une machine à mortaiser de 12,500 de course. M. Zrnest Schiess, de Dusseldorf, montre de son côté une machine à raboter à 4 outils de 10m YX 4n X 4, pesant 155 tonnes, etun tour horizon- tal pour pièces de 92,500 de diamètre et de 22,50 de hauteur. Ce sont là des outils gigantesques, dont les dimensions n'ont jamais encore été atteintes. Quant à la maison Æaniel Lueq, de Grafenberg Dus- seldorf, le grand concurren dela maison Breuer-Schu- macker au point de vue de la construction des presses à forger hydrauliques et à vapeur, elle expose une série de pièces de forge énormes et, en particulier, des foreuses de puits de 5,030 de diamètre, ainsi que des machines à vapeur compound à soupapes, l'une dans la Salle des Machines actionnant une dynamo, l’autre dans le Palais des Mines actionnant une pompe d'épui sement à triple effet, et capable d'extraire 25 mètres cubes d'eau par minute à 500 mètres de profondeur; cette dernière machine, destinée à la Harpener, pré- sente une longueur d'environ 30 mètres, qui comprend le volant, les deux groupes de cylindres à vapeur à haute, moyenne et basse pressions, les corps de pompe et les condenseurs. La maison Haniel Lueg a eu l'heu- reuse idée d'inviter les spécialistes à la visite de ses usi- nes, et toutes les personnes qui le désirent sont admises à se rendre compte des moyens d'action très puissants 596 de ces constructeurs : c'est là une iniliative qui se généralisera certainement parmi la plupart des gros exposants et qui augmentera encore l'intérêt d’une visite à Dusseldorf. Les maisons de construction pour machines motrices de Jaminoirs sont toutes au grand complet. MM. Ehrardt et Sehmer, à Scheefmübhen, dont on connaît le type de machine rapide à trois cylindres, nous montrent une machine tandem de laminoir sans soupa- pes pour le trio universel de 700 millimètres construit par la Société de Duisburg; la société Markische Mas- chinenbau À. G. Wetter,une machine compound tandem avec soupapes pour laminoir. 4. En ce qui concerne l'électricité, S'ily à peu de varié- tés parmi les maisons qui exposent, cela tient au do- maine un peu limité qui participe à l'exposition de Dus- seldorf et en dehors duquel se trouvent la plupart des grandes maisons de construction allemandes dont nous avions admiré les divers envois en 1900. Les machines, d'ailleurs très importantes, qui fournissent le courant dans les diverses parties de l'Exposition, sortent toutes, soit de chez Lahmeyer de Francfort, soit de la Cie Helios Electricitäts A. G. de Cologne. Dans la Galerie des Machines, une machine verticale à triple expansion, construite par la Gute Hoffnungs Hütte, conduit un alternateur Lahmeyer, tandis qu'un alternateur Hélios est actionné par une machine horizontale zwilling- tandem de 2.000 chevaux, construite par la NMaschinen- fabrick Grevenbroich, à Grevenbroich.Des ponts rou- lants électriques de Ja Fabrique de Machines de Benrath, de 30 tonnes et de 10 tonnes de puissance, desservent les différentes travées de la Galerie des Machines. Pour les mines, une machine d'extraction électrique est exposée par la Friedrich Wilhelms Hütte, de Mü- lheïm ; elle a 2.800 chevaux de puissance et peut remon- ter une charge utile de 4.200 kilos à 500 mètres; elle est destinée au puits Zollern IT de la Gelsenkirchener Bw. A. G. Près de là, on peut voir le plan de la machine d'extraction électrique construite par lAl/gemeine Electricitäts G. pour le puits Preussen IT de la Harpe- ner; cette machine extrait 100 tonnes par heure à 700 mètres. Ces plans sont disposés à côté de la machine d'extraction compound à vapeur, construite d'après le brevet Tomson par lesusines Prince Rodolphe, à Dulmen, pour le puits Preussen I de la Harpener. Cette dernière machine est d’un aspect plutôt bizarre : le cylindre à vapeur est vertical et placé en l'air, la bielle motrice agitsur une pièce à trois branches, qui actionne deux volants par l'intermédiaire de deux autres bielles. Cette machine d'extraction est reliée au cheva- lement en fer construit par la maison Humboldt, qui constitue, par sa grandeur, sa hauteur et son emplace- ment au milieu de tous les palais, le véritable clou de l'Exposition. 5. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de tous les pavillons qui émaillent le pare s'étendant le long du Rhin. Il y en a de très élégants et très élancés, comme celui de la Gute Hoffnungs Hütte, et d’autres qui sont formidablement lourds et massifs, comme le château fort des usines Krupp. Les aciéries de Hoerde, les acié= ries de Bochum, la Société rhénane des Métaux et de Construction de Machines, les Aciéries d'Osnabruck, etc., montrent toutes, dans leurs expositions spéciales, quelles dimensions de pièces forgées ou laminées, brutes ou finies, l'outillage qu'elles possèdent leur permet de produire. Dans le Palais des Industries, il y a lieu de signaler : en particulier les belles expositions de tubes soudés au gaz à l'eau Dellwik-Fleischer, ou obtenus sans soudures grâce aux procédés Ehrardt ou Mannesmann, ainsi que les magnifiques produits des usines du Phœnix, qui sont particulièrement admirés. Pour terminer, disons que les attractions et sujets de distraction ne manquent pas non plus. Tous les soirs, l'Exposition s'éclaire brillamment : les inévitables fon- taines lumineuses inondent de leurs reflets colorés la CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE facade du Grand Palais des Industries, tandis que le pont grandiose jeté entre les deux rives du Rhin et construit, il y aquelques années, par la Gute Hoffnungs Hütte, d'Oberhausen, jette dans la nuit en lettres de feu le nom de cette importante usine. | = Emile Demenge, Ingénieur-métallurgiste. L | $ 5. — Optique industrielle | Les progrès de l'Allemagne dans les in- dustries optiques.— M.H.F. Angus a lu récemment, devant la Société d'Optique de Londres, un remarqua- ble Rapport sur «le secret des progrès de l'Allemagne », spécialement dans le domaine de la construction des instruments d'optique. Voici, d'après le journal anglais Nature*,les points les plus intéressants de ce Rapport: L'auteur s'est basé sur des statistiques établies d'après les informations qui lui ont été données par deux mai- sons allemandes et une maison autrichienne, celles de MM. Zeiss, Leitz et Reichert. Ces industriels sont tous bien connuscomme fabricantsde microscopes,etles deux premiers, en outre, de beaucoup d’autres instruments d'optique. Les chiffres cités se rapportent approxima- tivement à la fin de l'année 1899; depuis cette date, la moyenne de l'augmentation s'est très probablement maintenue. Occupons-nous d'abord de la maison Zeiss à Iéna ; il y a trente ans, cette maison employait cinquante ouvriers ; cinq ans plus tard, le nombre avait sauté à 170, ou plus que triplé; dans cinq autres années, le nombre avait presque doublé de nouveau, le chiffre précis étant de 327 ouvriers ; après cinq nouvelles années, le nombre d'employés s'élevait à 580, tandis qu'aujour- d'hui (1899) la maison occupe le nombre surprenant (surprenant par rapport à la classe d'instruments fabri- qués) de 946 personnes; ce total se divise comme suit : personnel technique dirigeant, 22; employés aux bu- reaux et à l'expédition, 36; mécaniciens, 322; opti- … ciens, 371; menuisiers, corroyeurs, fondeurs, etc., 129. Sur les 832 hommes qui travaillent actuellement dan les ateliers, 58 (ou 7 °/,) sont des contremaîtres, et 178 (ou 270/,) sont des jeunes gens au-dessous de dix- huit ans. Sinousnous occupons maintenant de Leitz, à Wetzlar, qui fabrique presque exclusivement des microscopes, nous trouvons des progrès semblables et constants, quoiqu'ils ne se présentent pas d'une facon aussi frap- pante. Voici les nombres des employés : en 1879, 35; en 188%, 100; en 1889, 160; en 189%, 200; et aujour- d'hui (1899) 253. Ce dernier nombre se divise comme: suit : ingénieurs, #; bureaux et expédition, 9; méca- niciens, 164; opticiens, 60; fabricants de boîtes, etc., 16. Les chefs sont au nombre de 10 (ou #,2 °/,), etles jeunes gens, de 18 (ou 7,25 °/, du nombre total employé actuellement dans les ateliers, soit 240). La maison Reichert, à Vienne, quoique plus petite, présente un accroissement presque identique à celle de Leitz; les nombres des employés sont : en 1879, 20; en 188%, 40: en 1889, 75; en 1894, 100 ; et aujourd'hu (4899) 150; dont 3 sont ingénieurs, 8 sont employés aux bureaux et à l'expédition, tandis que, sur ceux qui res= tent, 120 sont mécaniciens, 30 opticiens et 8 fabricant de boites, etc.; les jeunes garçons forment les 15 °/, du total ?. Dans celle de ces maisons qui a le plus de succès; celle de Zeiss, on remarquera la forte proportion (27 °/,) de jeunes garcons employés, en comparaison avec les deux autres, Reichert (15 °/.) et Leitz (71/,°/0)à On remarquera aussi que le pourcentage (7°/,) de chefs est proportionnellement plus élevé dans la premières C'est là, d'après M. Angus, que repose la supériorité de ja maison Zeiss sur des concurrents de sa propre natio= | 1 Natare, t. LXVI, n° 1701, p. 138. : 4 | * Le détail des nombres ne concorde pas toujours avec le ! tolaux : mais M. Angus les donne tels qu'il les a recus. CHRONIQUE ET . nalité et plus encore sur les concurrents étrangers. « Je ne désire pas, dit-il, que l'on croie que je consi- dère le nombre de jeunes garcons employés par une maison comme un Critérium infaillible de production et de progrès; présentée de celte facon, la proposition serait absurde. Mais, lorsque nous considérons ce fait en rapport avec l'excellence bien connue des productions “de Zeiss, qui jouit d’une réputation universelle pour la - délicatesse de ses instruments, que devons-nous dire de l'organisation et du système qui permet à ces deux . faits de coexister?Je pense, cependant, qu'ilm'estpermis de trouver que le nombre de jeunes gens employés par Zeiss démontre leur supériorité, et non seulement cela, mais que ce fait même leur donne un pouvoir potentiel ou latent de progrès dont la maison est appelée à béné- licier par la suite. » … Cette supériorité s'explique par le système d'appren- tissage adopté en Allemagne. Dans ce pays, tout jeune omme est obligé par la loi, lorsqu'il prend un métier, de continuer à suivre des classes d'instruction. Les gar- cons employés par Zeiss suivent naturellement ces classes. … On choisit, parmi eux, un certain nombre d'appren- is qui ont, en outre, à suivre des classes plus éle- “vées, et auxquels on demande des connaissances préli- minaires plus étendues (c'est-à-dire qu'ils doivent passer l'examen qui réduit la durée du service militaire à un an). Ces classes plus élevées sont cependant ouver- les aux jeunes ouvriers ordinaires, s'ils sont assez intel- ligents pour en profiter. L'enseignement des sujets d’Uptique dans l’école technique de la ville est prati- quement sous le contrôle de la maison. Il est subven- tionné par elle, et quelques-uns, sinon tous les profes- Seurs, appartiennent aux usines; la moitié du temps passé à cette école est prise sur les heures de travail, et est comptée comme présence au travail. Cette éducation des jeunes garcons et des ap- prentis, la direction scientifique des affaires et le tra- ail expérimental sont surveillés par un état-major de non moins de dix-huit mathématiciens, physiciens et chimistes, qui ont tous des diplômes universitaires; le Salaire de ces savants, avec le coût de leurs recherches expérimentales, atteint un total de 150.000 à 250.000 fr. par an. — Voilà, d’après M. Angus, le secret des pro- grès de l'Allemagne en cette industrie : un apprentis- Sage élémentaire complet et rationnel des ouvriers, contrôlé et utilisé par ceux qui possèdent une réelle , éducation scientifique. $S 6. — Electrotechnique Essais de traction électrique à grande vitesse sur la ligne militaire de Berlin à Zossen (Allemagne). — Deux grandes Compagnies de construction allemandes ont tenté de réaliser, au Moyen de voitures automotrices électriques à courants alternatifs triphasés, des vitesses notablement supé- rieures aux vitesses des trains actuels les plus rapides. Ces essais offrent un intérêt {héorique et pratique in- contestable. « D'abord, ils permettront de déterminer la loi exacte de variation des résistances éprouvées pour la traction des trains à grande vitesse, dans lesquelles entre pour une grande part la résistance de l'air, qui a été l’objet jusqu'à nos jours de beaucoup d'incertitudes. - Ensuite, ils auront l’intérèt pratique de déterminer S modifications de détail qu'il faudra sans doute ipporter à la construction du matériel, et notamment du matériel de prise de courant, la captation de cou- ants électriques considérables à des vitesses élevées offrant certainement des difficultés nouvelles. Enfin, ces essais visant surtout la transformation des andes lignes et, par conséquent, l'emploi des cou- ants susceptibles d'ètre transmis à grande distance eurs aiguillages, ainsi que les dispositions de détail et isolement des prises de courant, présenteront des CORRESPONDANCE 297 difficultés nouvelles qu'il conviendra de résoudre par des moyens nouveaux. Des difficultés inattendues viennent de suspendre les essais, avant qu'on ait atteint les vitesses de 220 kilomètres et plus, pour lesquelles le matériel électrique était prévu. Les Rapports officiels des essais apporteront donc, lors de leur apparition, des renseignements neufs et plus complets, mais on peut, d'ores et déjà, tirer d'in téressantes déductions des renseignements donnés à ce sujet par M. Lochner dans une conférence à la Société des Electriciens allemands. Jusqu'à la vitesse d'environ 130 kilomètres à l'heure, la voie de roulement et la voie électrique, comme d’ailleurs tout le matériel électrique en essai, ont donné entière satisfaction. Mais, à partir de cette vitesse, la voie de roulement à manifesté des flexions appréciables, et la voiture a éprouvé des mouvements de lacet, qui s'accentuèrent et devinrent inquiétants au voisinage de la vitesse de 160 kilomètres à l'heure : il convient de dire que la voie n'avait pas été établie Spécialement pour des essais à grande vitesse ; mais elle représente à peu près, comme solidité de construc- tion et comme poids, la moyenne des voies allemandes de chemin de fer, le poids du rail étant de 32 kilo- grammes par mètre courant. Cette instabilité de la voie constitue, d’ailleurs, la seule difficulté rencontrée au cours des essais, la ligne et la prise de courant s'étant comportées aussi bien que possible. On à reconnu qu'il était nécessaire de réaliser une construction de voie beaucoup plus solide, avec des rails pesant au moins 40 kilogrammes, et tout fail espérer que les expériences seront reprises ultérieure- ment et qu'on en tirera des conclusions plus défini- tives. On peut dire déjà que la résistance de l’air à grande vitesse présente des valeurs inférieures à celles que donnent les formules en usage jusqu'à nos jours; mais la consommation de courant n'en subit pas moins, du fait de l'augmentation de vitesse, un accroissement considérable. Pour des vitesses variant de 145 à 460 ki- lomètres à l'heure, des voitures de 90 à 92 tcnnes absorbaient 840 à 950 chevaux : on en déduit un coefli- cient global de traction de 25 à 26 kilogrammes par tonne, tandis qu'aux vitesses de {8 à 20 kilomètres à l'heure, ce coeflicient pouvait varier de #4 à 6 kilo- grammes par tonne. La Aevue aura soin de suivre les essais définitifs qui seront faits sur une voie nouvelle avec ce mème maté- riel, et nous en ferons connaître alors les résultats. Nouvelles lampes électriques. — Deux nou- velles lampes électriques qui viennent de faire leur apparition se recommandent par l'économie considé- rable d'énergie qu'elles paraissent devoir donner, l'une et l'autre. L'une est danoise, et due au Docteur Bang. La seconde est américaine, et due à M. Cooper Hewitt. qui en à déjà fait connaître les principes, en avril 1901, dans un Mémoire présenté à « l'American Institute of Electrical Engineers ». Nous exposerons rapidement les principes de ces deux lampes et leurs caractères particuliers. I - 1. Lampe Bang. — Cette lampe a d’abord été utilisée par l'auteur dans un but scientifique et médical. On connait, en effet, les propriétés curatives de la Jumièr électrique, mais on sait que, dans beaucoup de ca: son emploi est considérablement restreint par dépenses ou les inconvénients de l’extrème chaleur développée au voisinage des lampes. LEE Frappé de ces inconvénients, le D' Bang a mode comme suit la lampe à arc ordinaire, dans laquelle les charbons sont le siège d’un échauffement considérable, leur température s'élevant jusqu'à 3.000, d'une dissipation de chaleur proportionnée, aux dépens du rendement électrique. ,: 2 AUTRE AE irac ns L'inventeur a remplacé les charbons ordinaires par 598 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE des charbons creux, dans lesquels passe un courant liquide : non seulement ce courant refroidit considé- rablement le charbon, au point qu'il est possible de le toucher en plein fonctionnement sans éprouver aucune sensation de chaleur, mais il reporte du même coup sur l'arc électrique la plus grande partie de l'énergie jusqu'alors dissipée en chaleur. Ce système réduit la consommation par bougie dans des proportions consi- dérables ; aussi, l'auteur se propose aujourd'hui de cons- iruire sur ce principe des modèles de lampes plus maniables, qui réaliseront industriellement l'économie considérable révélée par ses expériences. On conçoit que la basse température atteinte par les charbons leur assure une très longue durée et un réglage beaucoup plus facile que dans une lampe ordi- naire, chaque mécanisme régulateur étant à terre pour suivre l'usure des charbons et y rémédier; ici, les charbons peuvent fonctionner des heures entières sans usure sensible et sans nécessité de réglage. 2. Lampe Cooper Hewitt. — La lampe Cooper Hewitt présente des principes tout à fait différents : elle re- pose sur la conductibilité des gaz ou vapeurs et leur luminosité sous l'action d'un certain courant élec- trique. Les deux avantages notables qu'elle paraît donner sont la grande économie d'énergie consommée et, d'autre part, la grande facilité de réglage du fonction- nement sous un vollage aussi réduit qu'on le veut. TagLEau |. — Dimensions et voltages des lampes Cooper Hewitt. DIAMÈTRE ÉCHANTILLON LONGUEUR VOLTAGE Nos 1 Jm35 0m69 1m35 0m019 0019 Om038 90 inférieure, entourée de quelques gouttes de mercure, émettant la vapeur qui remplit le tube, l’autre supé- rieure, constituée par une projection métallique quel- conque à l’intérieur de la lampe. La positive ne paraît être le siège d'aucun phéno- mène particulier; il est désirable qu'elle soit constituée de métal inaltérable pour que la lampe conserve une constance de propriétés et une uniformité de fonction- nement absolues. Le courant électrique ne passe pas d’abord dans la lampe sous le faible voltage qui en assurera ‘ensuite le fonctionnement régulier; il doit vhincre une résistance, considérable au premier abord, que l’auteur indique de surmonter au moyen de l'impulsion initiale d'un cou- rant à haut voltage, d'une décharge de bobine d'induc- lon, elc. Mais ensuite, la lampe conserve des propriétés très lixes, dépendant de sa longueur, de son diamètre, de la nature et de la densité des gaz ou vapeurs remplis- sant le tube, etc. "* L'inventeur à fait une étude expérimentale détaillée de toutes ces condilions et a déterminé les lois qui lui permettent de calculer et de construire avec exactitude les lampes appropriées à chaque cas particulier. La salle de confér présenter salampe,àl American Institute of Electrical Engineers, élait entièrement éclairée par des lampes de 120 volts, et l'auteur en à montré d'autres aux vol- lages et dimensions qu'indique le tableau I ci-dessus : Enfin, il a vérilié les consommations suivantes, qui sont remarquablement réduit Lampe à 15 volts. . 0,32 watt par bougie. _ 90 0.43 = — 110 _ 0,56 = 135 - 0,65 nces où M. Cooper Hewitt vient de | D Sous des densités variables de vapeur, il a donné aussi des consommations qui varient entre 0,32 et 0,90 watts par bougie*. | Ces recherches offrent déjà un très vif intérêt théo- rique et pratique, etil est à désirer qu'elles donnent des résultats économiques assez cerlains pour répandre aussi rapidement que possible les bienfaits de l’éclai- rage électrique, encore fort coûteux dans la plupart des cas. $ 7. — Biologie La Statistique biologique et la Revue « Biometrika®. » — Sous ce titre : Biometrika, vient de se fonder un journal bien spécial, comme il est dési- rable qu'il y en ait beaucoup. Ce n’est pas ici, comme dans la plupart des périodiques biologiques, la cohue des mémoires de tout objet, n'ayant entre eux d'autre lien que le pavillon d’une nation ou même la bannière d'un prince de la science. Les travaux publiés dans ce recueil ne marchent pas sous un pavillon, mais (ce qui vaut mieux) ils concourent vers un but, en une belle ordonnance, d'autant plus remarquable que les tra- vaux ainsi rangés sont de nature très diverse. Le but est indiqué dans un Editorial intitulé : « Le but de Biometrika » et un second article : « L'esprit de Biometrika »; il l’est encore dans un article de Fr. Gal- ton sur la Biométrie. Il y a quelques années, est-il dit dans ces avertissements, tousles problèmes dont la so- lution dépend de l'étude des différences entre les indi- vidus d'une même race et d'une même espèce étaient négligés par les biologistes. La complexité de l'organi- sation est si grande et le nombre des formes que l’on peut distinguer est si énorme, que les morphologistes étaient obligés de simplifier leurs conceptions en cons- truisant un type idéal auquel les individus composants ressemblaient plus ou moins, et en négligeant les dévia- tions à ce type quiexistent actuellement. La théorie de l'évolution a pour base précisément l'existence de ces variations individuelles. Les différents problèmes de l'évolution ne peuvent être abordés sans la possession d'une collection très riche de données statistiques, de nombres biologiques, sans le concours de la théorie statistique, dont le développement, si grand, quoique si récent, permet d'espérer des formules très simples pour la solution de ces divers problèmes. Il n'y à pas, d'ailleurs, d'autre méthode à employer pour la con- quête des principes de l’évolution que la méthode statistique. L'évolution, en effet, consiste en change- ments matériels qui se produisent sur une échelle très considérable, exprimés en des nombres énormes d'individus vivants; l'évolution appartient ainsi à cette classe de phénomènes que les statisticiens ap- pellent des « phénomènes de masse » (mass-phenor mens). De même que nous ne pouvons suivre la mar- che d'un peuple sans des statistiques sur la natalité, la mortalité, etc., de même il est impossible de suivre les changements d'un type vivant sans sa statistique vitale. L'évolutionniste doit tenir un registre pour toutes les formes de la vie, et, s'il ne peut mesurer eb compter dans la Nature même, il doit expérimenter sur les « populations » dans le laboratoire. Pour cela, il faut des laboratoires très bien installés, des expériences: conduites avee grand soin et s'étendant, au besoin, sui de très longues périodes. L'objet premier de la Biomé trie est d'apporter du matériel scientifique assez exaeb mm em ‘ Une particularité curieuse est que ces lampes ne présen tent pas du tout de rayons rouges et fatiguent beaucoup, moins la vue que la lumière ordinaire. Elles ont permis cepeudant d'obtenir un excellent cliché instantané, donb les journaux américains ont donné la reproduction. Le po trait représentait le professeur Steiumelz, qui présidait la séance. : BiomerrikA : A Journal for the statistical Study ok Biological Problems. Vol. 1. Part. I. Octobre 1901. Edited im consultation with Francis Galton by W.-F.-R. Weldon, Karl Pearson and C.-B. Davenport. Cambridge, at the Unie, versity Press. London. ( pour découvrir dans l'évolution des débuts de change- ments, d'ailleurs trop faibles pour ètre perçus par d'au- tres méthodes que la méthode statistique. Galton fait ressortir dans son article les difficultés arithmétiques de cette méthode et recommande aux chercheurs de ne pas se laisser décourager par la lenteur des ré- _ sultats. … Telest le but, bien précis, vers lequel sont orientés … Jes travaux publiés dans ce recueil, travaux qui, bien …_ entendu, varient dans leur objet autant que les indi- vidus vivants eux-mêmes. Voici, pour donner une idée de cette variété, quelques titres : Problèmes et maté- … riaux statistiques sur la variation, par le Professeur FE. Ludwig (étude de statistique botanique). — Données . pour le problème de l'évolution chez l'homme (données anthropométriques pour l’Australie), par A.-0. Powys. — Sur l’hérédité de la longévité et sur l'intensité de la sélection naturelle chez l’homme, par Mary Beeton et Karl Pearson. — Variation chez l’Aurelia aurita, par Edw. T. Browne. — Première étude sur la sélection naturelle chez le Clausilia laminata (Montagu), par W.-F. Weldon. Biometrika est donc un journal très spécial. Sa spé- . cialité n’est pas ordinaire, cantonnée dans un coin de la .malure vivante. Son caractère consiste non pas, comme il arrive d'habitude, dans la nature particulière des objets d'étude, mais dans le but proposé et dans la méthode employée. Tous les travaux publiés dans ce recueil seront orientés vers un même but, la détermi- … nation numérique des principes de l’évolution, et réalisés suivant une seule méthode, la méthode statis- tique et arithmétique. Il y a là un bel effort tenté pour «discipliner les recherches et Biometrika est déjà, rien “que par sa seule existence, un résultat d'une grande portée scientifique. Souhaitons que les résultats maté- miels ne lui fassent pas défaut et que l’on doive à Biomeirika une large contribution à la conquête des dois de l'évolution. A. Prenant, Professeur à l'Université de Nancy. à À $ 8 — Physiologie La perméabilité des membranes animales — Les membranes, qu'elles soient constituées par des “lames métalliques minces, par des précipités, ou par “les tissus animaux ou végétaux, présentent une per- …inéabilité variée pour les diversions. Si de l’eau pure et une solution saline sont séparées par une membrane mince, et si l'ion positif traverse la nembrane plus facilement que l'ion négatif, il se pro- ‘uit un passage des ions positifs de la solution vers l'eau, jusqu'à ce que la force électromotrice apparue de à Le café habitant conserve souvent une pellicule (tégu- Ment) adhérente à la graine et de couleur gris-jaunâtre. | | originaire de l'Amérique centrale. La culture en pourrait être poursuisie avec d’aulant plus de profit dans plusieurs de nos colonies que la consommation du cacao s'accroît, d'année en année, dans la plu- part des pays d'Europe et aux Etats-Unis. La plantation la plus ancienne de la Martinique date de deux siècles et demi. Elle fut créée, pense- t-on, en 4661, par un juifnommé Benjamin Da Costa, qui s'était procuré des graines à la Côte-Ferme. Plu- sieurs auteurs affirment, d’ailleurs, que le cacaoyer a été trouvé à l'état sauvage dans les forêts de la Martinique; mais ce fait nous parait plus que douteux. Cette culture prit rapidement une grande exten- sion, surtout parmi les colons qui ne possédaient pas les moyens nécessaires pour créer des exploi- tations de canne à sucre. Malheureusement, en G18 1727, les plantations de la Martinique furent en partie détruites par un ouragan suivi d'inondation, et la culture du cacaoyer fut supplantée par celle du caféier, que de Clieux venait‘d'intro- duire dans l'ile. La culture du ca- caoyer, cependant, ne fut pas complètement abandonnée, grâce surtout à un édit royal qui abaïssait à 10 centimes par livre le droit d'entrée en France des cacaos provenant des colo- uies francaises. Aus- si, en 1715, la Marti- niqueetSaint-Domin- gue fournissaient, à eiles seules, tout le cacao consommé en France. En 1789, la Martinique ne comp- tait pas moins de 1.134 hectares consa- crés à la culture du cacaoyer. Ces planta- tions se trouvaient Surtout dans la région de Basse-Pointe, c’est-à-dire à l’est de la montagne Pelée. Mais, dans ces der- niers temps, la cul- ture du cacaoyer était surtout en honneur sur l’autre versant de la montagne, dans les environs du Pré- cheur, où nous avons eu l'occasion de par- courir, il y a quel- ques années, des val-. lons encaissés, tout plantés de cacaoyers. Le choix de ces val- lons parait avoir été surtout dicté désir de protéger les plantations l'action destructive des cyclones. Depuis quelques années, on à fait un par le contre vigoureux eflort pour provoquer l'extension de cette culture à la Martinique, et le diagramme de la figure 10 prouve que cet effort n’a pas été inutile. Il est vrai qu'il a fallu recourir au sys- H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES 7onnes 800 600 1820 1840 1860 1900 Fig. 10. — Exportation de cacao de la Martinique de 1820 à 1900. (Les exportations de 1890 à 1900 sont indiquées par années; les autres sont des moyennes décennales.) Tonnes 700 500 |- 300 100 1820 1840 1860 1880 1900 Fig. 11. — Exportation de cacao de la Guadeloupe de 4820 à 1900. Les exportations de 1890 à 1900 sont indiquées par années; les - autres sont des moyennes décennales.) tème des primes {0 fr. 50 par arbre planté); mais ce moyen a eu d'heureuses conséquences, puisque la surface plantée en cacaoyers s'est accrue rapi- de fort belles plantations de cacaoyers à la Guade- loupe, dans les parties basses de la Grande-Terre, sance des raciens pivotantes du cacaoyer. Actuellement, c’est à la Guadeloupe proprement dite, dont le chef-lieu est Basse-Terre, que}sont localisées les principales cultures de cacaoyers\ h dement. Avant le désastre qui vient de détruire Saint-Pierre, c'était dans cette ville que les planteursvenaient vendre leur cacao et c'était de là qu'ilétait expédié en France, après avoir été sou- mis à l'opération du triage. Si la production de la Martinique s'est élevée très notable- ment dans ces der- nières années, il faut reconnaitre que les procédés de prépara- tion et de fermenta- tion du cacao n'ont peut-être pas fait l'ob- jet d’une étude assez attentive de la part des planteurs. Il existaitautrefois qui à pour chef-lieu la Pointe-à-Pitre. Sans contredit, c'est dans cet arrondisse- ment qu'ilest le plus facile de trouver les terres qui convieu- nent à la culture du cacaoyer. Cependant les cacaoyères ont disparu de cette ré- gion depuis un demi- siècle, soit devant la concurrence, tou- jours croissante, de la canne à sucre, soit, pour certaines ré- gions, par suite de la présence d'un sous- sol madréporique empêchant la erois- H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANCAISES 619 . à-dire au sud et à l’ouest de l'ile, où l’on trouve des - vallées profondes dont le sol, particulièrement fer- tile, convient au cacaoyer; au nord et à l’est, les essais de cullure n’ont jamais donné de très bons résultats. - Non seulement le cacaoyer est cultivé à la Guade- loupe, mais quelques planteurs préparent eux-mêmes un chocolat de bonne qualité. L’exportation en est très minime et ne dépasse pas quelques centaines de kilos par année. Il n'est peut-être pas - inutile de rappeler que la France consomme an- _nuellement plus de 17 _ millions de kilos de ca- ao. Or, nos colonies de . la Guadeloupe et de la . Martinique, qui sont à peu près les seules colo- nies francaises produi- sant une quantilé no- “table de cette denrée, ne nous ont guère ex- pédié que 1 million de kilos de cacao en tout dans l'année 1900 (fig. 10 et 11). - Ausud de nos Antil- les francaises, la co- lonie anglaise de la Trinidad produit au contraire an- uellement plus de cacao qu'on … en consomme en _ Angleterre. à! de À RS 3. La culture du vanillier el la préparalion dela Wanille peuvent “constituer des opérations de grand rapport, à la “condition de ne pas pousser trop rapidement la pro- duction et de procéder à la préparation dans des | conditions convenables. Le P. Labat parle de l'introduction du vanillier à | là Guadeloupe : « Différentes occupations et quel- } ques voyages assez longs que je fus obligé de | faire m'empêchèrent de transporter de la vanille à là Guadeloupe, comme je me l’étais proposé, jus- quau mois de novembre 1701; j'y emportai pour | lors huit pieds qui avaient de bons commen- Vanille. Fig. 12. — Paysanne martiniquaise. à - surtout entre les Trois-Rivières et Deshaies, c'est- | cements de racines, je les plantai en différents r endroits de nos habitations; mais, malgré tous mes soins, quelques-uns séchèrent et les autres eurent bien de la peine à reprendre; ils poussèrent à la fin, et me donnaient espérance de voir quelque jour leurs fruits, quand les Anglais, ayant fait une irruption à la Guadeloupe au mois de mars 1703, et s'élant rendus maitres du quartier du Bailli où sont habitations, entre autres désordres qu'ils y firent, ils arrachèrent loute ma vanille, et, selon les apparences, ils l’em- portèrent chez eux; car il me fut impossible d'en retrouver seu- lement une feuille quand ils se furent retirés. » Actuellement, les cultures de vanilliers ne se rencontrent guère à la Marlinique que sur uneseule propriété, située dans les environs de Saint-Esprit, et c'est seulement depuis quelques années que les ex- portations ont atteint une certaine importan- ce. Le succès de ces cultures a eu pour con- séquence d'en- gager d’autres planteurs dans la même voie, et les exportations pour1899 et1900 se sont élevées respeclivementà 933 et à 273 kilo- grammes. A la Guade- loupe, au con- traire, les cultu- res de vanilliers sont assez répan- dues et se trou- vent principale- ment à la Gua- nos deloupe proprement dite. On cultive la vanille du Mexique (Vanilla planifolia Andr.) et la vanille du pays ou vanillon (V. Pompona Schiede). Le chiffre annuel des exportations est très variable ; ces expor- tations sont signalées dans les statistiques de la colo- nie depuis 1864. IInoussuffira de rappeler les chiffres de 4891 à 1900 pour donner une idée de ces variations: ANNÉES EXPORTATION ANNÉES XPORTATION 1891 5.163 kilous. 1894 1.50% kilogs. 1892 .133 — 1895 L.232— 1893 .488 — 1896 1.60 — H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES 620 ANNÉES EXPORTATION ANNÉES EXPORTATION 1597. 6.927 kilogs 1899. 24.216 kilogs 5.936 — 1900. 8.465 — 1898. . Les prix de vente sont très différents suivant qu’il s'agit de la vanille ou du vanillon. Ce dernier, qui a une odeur prononcée d’héliotrope, n’alteint que des prix très peu élevés. III. — PLANTES TINCTORIALES. $ 1. — Rocou. Le Rocouyer (Pixa Orellana L.), de la famille des Bixacées, est un arbuste qui peut alteindre 5 mè- tres de hauteur et dont les graines sont recouvertes Tonnes 7 00 600 400 300 200 0 —_—_+ a a o e = a un 2 Él 3 3 É 3 Fig- 13. — E ‘lation de roco a Gueë ’ ig. 13. =xporlation de rocou de la Guadeloupe, de 1850 à 1900. d'une substance rouge appelée rocou. Cette subs- tance est encore employée dans la teinture unie et dans l'impression; elle donne des nuances allant du saumon clair à l'orange, qui résistent au savon, maisne présententmalheureusement pas une grande solidité à la lumière. La Guadeloupe à produit des quantités considé- rables de rocou de 1870 à 1890 (fig. 13): nous avons eu, en 1898, l'occasion de visiter une des dernières usines à rocou de la Guadeloupe, à Gourbeyre, près de Basse-Terre *. À la Martinique, cette culture n'existe pas, du moins comme cullure industrielle. ! D'après ce qu'en dit le P. Labat [T. I, p. 84), le rocouyer devait être partout cultivé aux Antilles à la fin du xvn® siècle. Les Caraïbes s'enduisaient la peau tous les jours d’une peinture faite de rocou mélangé à de l'huile de carapa (c'est-à-dire palma-christi ou ricin). $ 2. — Indigo. L'indigo est une matière colorante que tout le - monde connait de nom, dont peu de personnes. connaissent exactement le mode de préparation, et qui échappe, presque complètement, à la produc- Lion agricole de nos colonies. L'Indigofera tinctoria L. est un petit arbrisseau bisannuel qui ne contient pas l'indigo tout formé; la plante renferme seulement un glucoside, l'indi- can, qui, par la fermentation, se dédouble en indi- gotine, principe colorant de l'indigo, et en indiglu- cine. Si elle est très ingénieuse dans son prin- cipe, cette préparation est encore très primitive dans ses procédés. La production de l'indigo est actuellement concentrée surtout dans les Indes. anglaises. Cependant, depuis 1889, la Martinique en exporte quelque peu, car des cultures ont été entre- prises! dans celte colonie parlessoins de M. Thierry, ancien directeur du Jardin botanique de Saint-. Pierre, qui nous à fait voir de l'indigo de bonne qualité. $ 3. — Campêche. Lecampêche (aæmatoxylon campechianum L.), de la famille des Légumineuses, est un arbre de petite taille dont le tronc, rarement plus gros que la cime, porte des rameaux flexueux, étalés, cylindriques et couverts de ponctuations; suivant les endroits où on le cultive, il porte des épines ou bien en est dépourvu. Sous l'influence de l’air et de l'humidité, le cœur du bois acquiert une coloration rouge- noirâtre, du moins à l'extérieur. La Guadeloupe fournit du campêche en assez: grande quantité. Les premières exportations signalées par les statistiques datent de 1848 et elles nes'élevaient qu'à 2.500 kilogs; mais elles ont pris peu à peu de l'importance, pour diminuer cependant depuis quelques années. EXPORTATION MOYENNE ANNÉES par année 1847-1850 85.000 kilogs. ASSASASCONE ARE RES 35 10.000 — 1861-1870 195.000 — 1871-1880 1.140.000 — 1881-1890 3.020.000 — 1891-1900 i.530.000? — « On à faitautrefois beaucoup d'indigo dans la paroisse du Macouba. 11 n'y a ni ruisseau ni rivière où l’on ne trouve des indigoteries, c'est-à-dire des bacs ou cuves de maçon: nerie bien cimentées où l’on met en digestion la plante dont on tire cette couleur. » Nouveau voyage aux 1Isles« d'Amérique, t. 1, p. 90. 4 « L'Indigo se vendait aux Isles du Vent en 1694 depuis | trois livres dix sols jusqu'à quatre livres la livre, selon la y beauté et le nombre des bâtiments qui étaient en charge. de l'ai vu depuis bien au-dessous de celui-là; quoiqu'il en soit, l'habitant ne laisserait pas de faire un profit bien considés rable, quand il ne le vendrait que quarante sols la livre | parce qu'il faut bien moins d'attirail et de dépense pour cette. inanufaclure que pour une sucrerie. » \ - Les exportations dès les premières années de cette pé=. H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANCAISES 621 A la Martinique, l'exploitation du campêche parait - plus ancienne qu'à la Guadeloupe. Les premières exportations signalées en 1823 portent sur un total LA de 1.501.000 kilogs; on doit donc penser qu'elles existaient déjà auparavant. Les moyennes décen- . nales ont toujours été inférieures à 1 million de kilogs. Le chiffre le plus élevé de la période la plus - rapprochée de nous est celui de 1895 (2.234.000 ki- logs); mais, depuis 1898, les exportalions sont en … décroissance très marquée. IV. — PLANTES TEXTILES. $ 1. — Cotonnier. - La culture du coton à été fort longtemps en honneur aux Antilles, car la nature du sol et l’ac- - tion bienfaisante des brises salines se combinent heureusement pour reudre ces pays particulière- ment propres à la production des co- tons longue soie. Non seulement on rencontre le co- tonnier à l’état sau- vage sur les Mor- nes, sur les rocs et dans les sables du bord de la mer; mais ce sont pré- cisément les plus belles espèces qui paraissent conve- nir le mieux à ces terres favorisées. D'ailleurs, le cotonnier, s’il est surtout cullivé . naturellement aux États-Unis, est essentiellement — une plante des pays chauds, et c'est précisément - de l'Amérique tropicale que la culture de cette - plante s’est propagée aux États-Unis. Le coton —…_ était autrefois produit en si grande quantité aux F: Antilles que Christophe Colomb s’en fournit là en «1493, et en fit la base du tribut imposé aux Ca- K raïbes. —_ Les premiers colons établis aux Antilles, sui- … vant en cela l'exemple des indigènes, se firent planteurs de coton et de tabac. Ils eurent soin de … ne cultiver que les sortes qui existaient naturelle- ment dans le pays, et ils obtinrent des produits sans mélange qui ne tardèrent pas à être haute- _ mentappréciés en Europe. A la fin du xvnr' siècle, en 1785, les exportations de la Martinique attei- …gnirent 1.512.000 livres, et celles de la Guadeloupe, _ 835.000 livres. 1820 1840 1860 1880 1900 Fig. 14. — Exportation du coton de la Martinique de 1820 à 1900. —riode furent considérables; mais, depuis cinq ans, elles se sont abaissées et atteignent à peine, ces dernières années, le chiffre de 500.000 kilogs. Malheureusement, le xix° siècle a vu disparaitre progressivement celte culture, à mesure que celle de la canne à sucre prenait de plus en plus d’im- portance. Aujourd'hui, les Antilles ne comptent même plus au nombre des pays producteurs de coton. C’est à peine si, au moment de la guerre de Sécession, on put noter une légère recrudescence dans la production du coton, comme le montrent les deux diagrammes des figures 14 et 15. Les plan- teurs qui se livrent encore à la culture du cotonnier paraissent plus désireux de s'assurer les bénéfices d'une prime que de fournir du coton à l’exporta- tion. En effet, de 1881 à la fin de 1896, la colonie de la Guadeloupe à payé aux planteurs un total de primés s'élevant à 63.585 francs, et, pendant la même période, le total des exportalions de cotons'est élevé à 2.696 kilogs pour quinze ans, soit environ 24 francs de prime par kilog de coton exporté ! $ 2. — Autres textiles. Le Fourcroya gigantea où Karata est abondant à la Martinique ; l’A- gave rigidia L., le Musa textilis, les Sanseveria y ont été introduits et s'y développent avec vigueur; nos deux colonies Tonnes 160 120 100 20 0 o a ao [e1 [=2 3 ë 3 2 3 Fig. 15. — Exportation du coton di la Guadeloupe, de 1820 à 1900. pourraient uliliser à la culture de ces végétaux bien des terres qui sont actuellement incultes. V. — CULTURES DIVERSES. £ $ 1. — Tabac, Casse, Cola, Gingembre. La culture du tabac constituait autrefois une des branches importantes de l'industrie agricole de la Martinique, et le tabac à priser du Macouba possé- dait une réputation universelle. Malheureusement, le tabac à fumer n'a jamais réussi à mériter la même vogue, soit parce que la nature du sol ne se prête pas à celte culture, soit parce que la préparation était défectueuse. De nou- veaux essais de culture ont été entrepris depuis quelques années. A la Guadeloupe, le tabac connu sous le nom 29 H. LECOMTE de petun représentait autrefois la monnaie des anciens habitants de l'ile. Mais la culture avait élé supplantée par celle de la canne à sucre. Des expé- riences ont été de nouveau entreprises au Jardin botanique de Basse-Terre, et l'on espère pouvoir trouver des terrains fournissant un tabac auquel ne puisse être adressé le reproche habituel d'incom- bustibilité, que paraissent avoir mérité les tabacs des Antilles francaises. Fig. 16. — Bac sur Le arbre de la Cassia fistula L., qui produit la casse, est un famille des Légumineuses, qui est ori- ginaire de l'Inde, mais dont la culture s’est pro- pagée dans tous les pays tropicaux, et particuliè- rement aux Indes occidentales. Les gousses sont cylindriques, longues de 45 à 60 centimètres! colorées en brun chocolat foncé. quand elles sont mûres, et contiennent chacune 25 à 100 grains, séparés les uns des autres par des cloisons li- 1 « Quand il fait du vent, ces siliques se touchent les unes les autres, et font un bruit assez semblable à celui qu'on entend quand il passe des compagnies de soldats ave des bandoulières garnies de fourniment. » Voyage {sles, etc., loc. cit.,t. I, P. 10 aux la Rivière L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES gneuses et entourés par une pulpe qui est préci- sément la substance employée en pharmacie !. La Guadeloupe en fournit assez peu. Les expor- tations n'ont jamais dépassé 3.000 kilogs (1847), et, depuis 1870, elles sont devenues insignifiantes. Les caneficiers sont, au contraire, relativement ré- pandus sur les habitations de la Martinique, et, au Prêcheur,en particulier, nous avons rencontré des arbres chargés de fruits. Les exportationsont atteint Madame, à Fort-de-France. au maximum 431.209 kilogs en 1887. Depuis cetle elles n’ont guère dépassé 100.000 kilogs par année. On trouve le Colatier d'Afrique acclimaté aux Antilles; mais, jusqu'ici, le commerce alimenté par époque, la cola est insignifiant. Le gingembre, qui est l objet d’une culture suivie ‘ Le P. Labat raconte ft. I, p. 71), avec force détails, la mésaventure d'un religieux és son ordre, auquel on fit croire que les fruits du caneficier étaient des chandelles de suif poussant naturellement sur l'arbre, et auxquelles il ne manquait qu'une mèche. On poussa même la cruauté jus- qu'à lui raconter qu'on avait inventé le moyen de placer cette mèche en percant le fruit de part en part, à l'aide d'une aiguille préalablement chauffée. _ pe‘. » La culture _ de cette plante est . . ananas importés de _ Singapoure en Eu- . rope. Aussi les cul- "4 H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANCAISES 623 dans les colonies anglaises et en particulier à la Jamaïque, ne se rencontre qu'à litre exceptionnel dans les cultures des Antilles françaises. D'ailleurs, la consommation de cette denrée est très faible en France, et, à moins d’avoir la prétention d'imposer leurs produits sur les marchés anglais, nos colonies ne peuvent se livrer à celte culture. $2. — Ananas, Bananes, Manioc, Fruits divers. La culture de l'ananas est pratiquée depuis fort longtemps aux An- tilles, puisque le P.Labats'exprimait déjà comme il suit, il y a près de deux siècles : « On confit ce fruit tout entier avec sa couronne, et on en envoye quantité en Euro- _confinée à la Marti- nique, dans les en- virons du Gros-Mor- _ne, et deux maisons _deSaint-Pierre con- centraient les récol- _tespour en préparer des conserves. _ On le cultive de même à la Guade- loupe; maisles ana- nas des Antilles ont dû soutenir la con- eurrence contre les _{ures sont-elles ac- tuellement plus res- treintes qu'autre- fois. On rencontre à la Martinique et à la Guadeloupe un grand nombre de petites propriétés dont les produits sont vendus dans le pays, à l'exception cependant du cacao, qui est livré au commerce d'exportation. Près de la case, on voit les arbres fruitiers les plus variés, produisant des mangues greflées ou non, des avocats, des sapotilles, des goyaves, des £orossols, des pommes-cannelles, des oranges, des mandarines, des citrons, des pamplemousses. A côté, on trouve généralement des arbres à pain (Ar- a 2 Loc. cit., t. I, p. 135. Fig. 17. — Filles de petits propriétaires de la Martinique. tocarpus incisa L.) et toujours des bananiers, pro- duisant soit la banane, que les indigènes mangent cuite, soit les nombreuses variétés de figues-bana- nes, qui se mangent crues. Ces figues-bananes, qui sont d'excellente qualité, pourraient faire l’objet d'un commerce d'exportation si la traversée des Antilles en France était plus courte ou bien si les paquebots à grande vitesse étaient pourvus d'appareils frigo- rifiques susceptibles de recevoir des chargements un peu considérables. Il est certain qu'on pourrait, dans ces conditions, entreprendre aux Antilles françaises un commerce de ba- nanes analogue à celui qui a été or- ganisé à la Jamaï- que ; non seulement les bananes pour raient être expé- diées en Europe, mais encore les meilleurs fruits des tropiques, comme la mangue et l'avocat, pour ne citer que ces deux-là. Les petits pro- priétaires possè- dent toujours quel- ques pieds de ca- caoyers et des ca- féiers, un certain nombre de touffes de cannes à sucre; ils cultivent diver- ses variétés de pi- ments, des auber- gines, des pommes- lianes, des barba- dines, etc. ; principaux légumes sont le chou ca- raïbe, le colocase ou chou de Chine, le manioc et le camanioc (manioc non vénéneux), les patales, les ignames, etc. Un cheval créole, une vache, des cabris et des leurs volailles constituent le complément habituel d'une de ces petites exploitations vivrières, dont les pro- priétaires se contentent, pour vivre, de vendre au marché les quelques produits de leurs arbres et de leurs champs. Le marché de la Pointe-à-Pitre (fig. 18) est l’un des plus animés. Celui de Saint-Pierre l'était pas moins; une visite à celui de Fort-de-France est toujours très intéressante. 624 H. NIUE LES JARDINS BOTANIQUES. Tout ce que nous avons dit de la culture aux An- tilles montre surabondamment que l’industrie agri- cole n'a pas fail Lous les progrès que plusieurs siè- cles de colonisalion permettaient d'escompter. L'agriculture tropicale, dans nos colonies du moins, a résolu ce problème d'être à la fois un modèle d'empirisme et une synthèse de toutes les roulines. Fig. 18. Seules les industries annexes, comme la fabrication du sucre et du rhum, entre les mains d'ingénieurs instruits, ont suivi une ère de progrès que nous nous plaisons à constater, Quant à la culture pro- prement dite, elle n'a bénéficié que dans une mesure excessivement restreinte des nombreuses décou- vertes scientifiques du dernier siècle, dont le reten- tissement a été si grand sur l'agricullure euro- péenne. Loin de nous la pensée d'attribuer cette stagna- tion de l’agriculture coloniale à la seule indifférence des colons: si nos cultivateurs francais avaient été livrés à eux-mêmes, si, partout, par les écrits, par LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES la parole, par l'exemple, des hommes dévoués n'a- vaientlutté contre l'indifférence et contre la routine, notre agriculture, malgré les progrès de la science, serait peut-être encore au même point qu'il y a deux cents ans. Il à fallu chez nous une lutte acharnée pour vaincre les résistances. Comment n'en serait-il pas-de même dans les colonies? D'ailleurs, dans cetle concurrence qui s'établit entre les pays tropicaux pour la production d'un — Marché de la Pointe-à-Pitre (Guadeloupe). certain nombre de denrées, chaque pays n'a pas seulement pour objectif de culliver les végétaux trouvés à l’élat sauvage dans ces pays mêmes; rare- ment une plante est cultivée en grand dans son pays d'origine : le coton, le café, la vanille en sont des exemples remarquables entre tous. Le pays le plus prospère est celui qui sait le mieux adapter son agriculture aux exigences du moment. Ceylan serait aujourd'hui dans la détresse si les cultures de ca- féiers envahies par l'Hemileia n'avaient été rem- placées rapidement par des plantations de thé. Mais l'acclimatation de plantes nouvelles exige des essais préalables, parfois assez longs, surtout H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES 625 sais. La date récente de sa fonda- tion, l’organisation qui lui fut don- née tout d’abord, ne lui ont pas encore permis de rendre jusqu'ici à l'agriculture {de la colonie des services bien appréciables. Le jardin de la Martinique, qui était une des curiosités de Saint- Pierre, et qui vient de disparaitre si malheureusement dans la catas- trophe récente qui a désolé notre colonie, avait une existence plus longue et des états de services plus remarquables.!Nous avons eu l'occasion de le visiter en détail, il y à quelques années, et nous vou- drions dire ici, en quelques pages, ce qu'était ce Jardin, autrefois si riant et aujourd'hui, sans doute, complètement dévasté. Fondé en 1803 par un arrêté du capitaine général de l'ile, il fut établi au bas d’une sorte de ravin Fig. 19. — Entrée du Jardin botanique de la Basse-Terre (Guadeloupe). quand il s'agit de cultures arbores- . centes. Les planteurs isolés ne peu- vent se livrer à une expérimentation _ coûteuse et de longue durée. S'ils - le font parfois, c'est pour en béné- ficier eux-mêmes et non dans le but . de faire participer immédiatement eurs concurrents aux heureux ré- -Sultats de leurs recherches. Mais nôtre administration coloniale, dont budget si considérable pèse lour- ement sur le contribuable fran- is, a pour mission d'entreprendre et de poursuivre ces essais d’accli- -matation et de culture. Il faut recon- maitre, malheureusement, qu'elle ne rait pas avoir toujours compris mportance de ce rôle. L'organisation de quelques jar- dins botaniques dans nos colonies _ pouvait rendre des services incon- testables, à la condition de ne pas livrer ces élablissements à leurs pro- pres forces, dans l'isolement d'un lointain pays. C'est cependant ce qui est arrivé. Notre colonie de la Guadeloupe possède à Basse-Terre un Jardin bo- tanique fondé en 1882 (fig. 19. Mais cel établissement, que nous nous contentons de signaler en pas- Sant, est beaucoup plus une prome- nade publique qu'un jardin d'es- Big. 20. — Végétalion de la forêt vierge à la Guadeloupe. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. 13% 626 HE qui descend de la montagne désignée sous le nom de Parnasse. Ce lerrain, qui appartenait autrefois aux Ursulines, constituait, depuis le départ de ces religieuses, l'habitation Corinthe ou Poirier. La partie basse de ce jardin s'ouvrait sur la route allant de Saint-Pierre au Morne-Rouge. Si la surface concédée pour le jardin était assez grande, il faut reconnaitre, cependant, que la parlie cultivable était assez restreinte et ne devait pas 22 dépasser 2 hec- 9] 9 tares ou 2? hec- tares 1 Le reste était cons- litué par des pentes très rai- des, sur lesquel- les on avait lais- sé s'épanouir la végétation habi- tuelle de la fo- rêt (fig. 20 et DA) En fondant ce jardin, l’Admi- nislration s'é- lait proposé un but multiple, et nous transcri- textuelle- ment ci-dessous yons les documents officiels. Le Jardin des plantes est des- tiné : 41° A nir,à mulliplier et la culture de four- à améliorer toutes les plan- tes utiles et agréables, tant exotiques qu'in- digènes, des épices de toute espèce et des fruits de la colonie: 2° À introduire et à naturaliser les végétaux étrangers ayant avec les nôtres un degré suffisant d'analogie ; « 3° À enrichir, par ce moyen, notre agriculture locale d'une foule de produits applicables à la nourriture des hommes et des animaux : 4° À faciliter l'étude de la Botanique, à ensei- gner aux habitants l’ulilité et l'emploi des meil- leurs engrais el à essayer de répandre dans la colo- nie les méthodes nouvelles de culture: 5° A faire naitre el à entretenir une salutaire 21. — Lianes dans la forêt vierge à la Guadeloupe. jardin; qui ne pouvait même plus effectuer Je LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES émulalion, par des échanges mutuels, des rela- tions avec les contrées étrangères; « 6° À distribuer aux personnes de la classe pauvre des plantes médicinales indigènes. » Ce dernier paragraphe était peut-être inutile, car les habilants du pays connaissent mieux que per- sonne les plantes indigènes médicinales et savent en faire usage. Mais, cette observation une fois faite, on conviendra que le programme ainsi conçu ou- vrail un champ très vaste à la direclion du jar- din et qu’en cherchant à s'y conformer, celle ci pouvait ren- dre de sérieux services à la co- lonie. Par décision du Conseil gé- néral, en date du 19 décembre 1884, modifiée le 16 décembre. 1586, on y avait joint un labora- ment, pour des raisons budgé- taires, ce labo=n ratoire n'eut % guère qu'une existence vir=. tuelle. Le jardin se sous le contrôl del’Administra= tion de la colo= nie. En décem- bre 1887, l'en- tretien en fut confié à la Municipalité de Saint-Pierre; mais, en 1890, l'Administralion reprenait ses droits. Enfin, un arrêté du 26 août 1897 instituait, près du Jardin botanique, un Comilé consultatif, chargé de l'étude de toutes les mesures propres au déves loppement de cet élablissement et de toutes les questions intéressant l’agriculture. Malheureusement, l'arrêté qui inslituait ce Coz milé consullatif se trouvait rédigé de telle sorte que loute iniliative était retirée au directeur du moindre échange de plantes sans l'autorisation loire agricole; malheureuse - trouvait d'abord. | H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES du Comité. C'était là une organi- sation déplorable, dont j'ai eu l’oc- casion de constater les multiples inconvénients. Le Jardin botanique de Saint- Pierre comprenaitune partie basse, située près de la route de Morne- Rouge, et une parlie haute, où s'é- levait la maison d'habitation du directeur. C’est au voisinage de cette maison d'habitalion que se trouvaientles végétaux les plus re- marquables, en particulier les ma- gnifiques C’ycas que l’on peut voir sur la figure 23. Dans la partie basse, provenant de l'habitation Tivoli, on avait or- ganisé une pelite exposition de produits coloniaux ouverte au pu- blic deux fois par semaine. Les palmiers étaient en assez Big. 23. — Un coin du Jardin botanique de Saint-Pierre. — Deux magnifiques Cycas sont à l'entrée d’une allée. Dans le bassin, des Pistia stratiotes L. Le An. EN Fig.22. — Une allée da Jardin botanique u de Saint-Pierre : La fontaine. grand nombre: mais ils étaient pour la plupart d'introduction ré- cente et n'étaient, par conséquent. représentés que par des exem- plaires de petite taille, à l'excep- tion des Oreodoxa, Cocos, Caryo- fa, 1eic:, de très venue. Nous n'avons pas, bien entendu. dont le jardin possédait beaux spécimens de belle l'intention de signaler ici toutes les plantes intéressantes que ren- fermait le Jardin de Saint-Pient et que ses directeurs successifs avaient pris à lâche d'y rassei bler. Il longues énumérations de végétau et nous exposer, malgré ce ter incomplet. Nous préférons nous faudrait fournir eiter que les plantes ayant plus vivement attiré notre attention Parmi les plantes arb rescentes, capables de fournir des bois uti- lisables, citons : Dillenia speciosa H. LECOMTE — L'AGRICULTURE AUX ANTILLES FRANÇAISES Thunbg.; Unona odorata Dun.; Flacourtia Ramont- chi Lhérit.etE.; CataphractaRoxbg. (bois et fruits) ; Swielenia Mahogani L. (acajou à meubles); Xaya senegalensis A. Juss. (acajou d'Afrique); Carapa courbaril L.; Bauhinia tomentosa L. (Ebénier des montagnes, Indes); Barringtonia speciosa L.; des Eucalyptus; Jacaranda lilicifolia Don (Palissandre, du Brésil ou de la Guyane); Adansonia digita- a L. (Baobab). Au desplantesfour- nombre naissant des pro- duits divers, si- I!li- anisuluni gnalons CIum Loureiro (ba- diane); Pachira Aubl. Cacao sauvage; aquat ICA Chätaignier de Cayenne), Theo- broma Cacao L.; Herrania albi- flora; Erythro- xylon coca L.; Nephelium Lil- chi L.: Copai- fera officinalis Ie Morinda CI- trifolia L.(Pom- mes de singes): Diospyros dis- color Willd. Mabolo\; etc., elec, Il faudrait en- core citer, avec beaucoup d’au- tres plantes, di- verses espèces des genres Col- Fig. 24. fea, Piper, Cres- Taber- næmontana, Spondias, Chrysophyllum, ete., cenlia , etc. Beaucoup de ces végétaux setrouvaient disséminés dans la partie du Jardin laissée sous forme de forêt, | el, comme on n'avait pas toujours pris le soin de remplacer les éliquettes, quelques-uns, très remar- quables par eux-mêmes, n'alliraient pas suffisam- ment l'altention du visiteur. Nous avons déploré aussi l'absence d’un certain nombre de plantes, qui devraient depuis longtemps être l'objet de tentatives de culture dans les jardins d'essais de nos colonies, t, en particulier, nous avons cherché en vain au Jar- | Il quyanensis Aubl.; Gayacum officinale L.; Hymenæa — Massif de bambous à la Guadeloupe. lin de Saint-Pierre les Hevea, Castilloa, Hancornia, Manihot Glaziowii, Landolphia, ete., qui sont les principaux producteurs de caoutchouc, alors que avons vu l'A/stonia scholaris et divers Tabernæmontana dont l'utilisation est très problé- matique. Et, ce qui nous incite à déplorer encore plus vivement l'absence de ces végétaux produc- teurs de caoutchouc, c’est que nous les avons trou- vés représentés par de beaux spécimens, non seu- lement dans le Jardin, déjà ancien et très bien or- ganisé, de Port d'Espagne (Tri- nidad), mais en- core dansle Jar- din, de éréalion récente, de Port- Castries (Sain- te-Lucie). Cependant, le peu que nous venons de dire suffit pour mon- trer quel inté- rèt scientifique présentait le Jardin de Saint- Pierre et quels services il eût pu rendre à la colonieavecune meilleure orga- nisalion. Nous ne croyons pas, pour notre part, que le but à poursuivre, dans un élablis- sement de cette nature, soit de distribuer aux planteurs des graines où des plants, en gran- de quantité du moins: ce serait. nous Y [1 là méconnaitre le but et le véritable objet d’un direction d’un tel jardin s'efforce de poursuivre l’acclimata-. jardin d'essais. Mais il faut que la tion de la plupart des plantes utiles des régions . dont le climat est plus ou moins semblable ; il faut qu'on recherche, pour chaque plante cullivée, les meilleures conditions de semis, de transplantation,: de taille, d'entretien, de récolte, etc. ; il faut que, par des semis répétés, et par une sélection raisonnée, on oblienne des plantes à grand rendement; ik importe qu'on améliore d'autres plantes par la greffe, par l'utilisation des engrais ou par tout ! 1 é 1 | $ | ‘ { D FACE x Le LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE autre moyen. En deux mots, le jardin d’essais d'une colonie doit tendre à devenir un centre d’'expé- rimentation et une source de renseignements utiles plutôt qu’une pépinière inépuisable de graines et de plants. Il est certain que, si les jardins de nos colonies avaient été depuis longtemps orientés dans cette voie, ils auraient pu rendre à l'agriculture tropi- cale des services signalés. Car, il faut le répéter, c'est dans chaque colonie que ces essais doivent être entrepris et poursuivis. Des résultats obte- nus à Cayenne pourraient ne plus avoir aucune valeur à la Martinique. Des cannes à grand rende- ment, transportées d’un pays dans un autre, ne con- servent que rarement leurs qualités. Peut-être con- viendra-t-on, dans ces conditions, qu'un jardin colonial établi dans la métropole ne peut rendre à la colonisation agricole que des services très res- treints. Malheureusement, on a, en France, une certaine tendance à croire qu'on a assez fait pour l'avenir des colonies quand on leur a consacré beaucoup d'argent et beaucoup d'encre. D'ailleurs, les hommes de science et de bonne | volonté ne manquent pas dans nos colonies, et, pour tous ces essais de culture, on aurait grand profit à demander le concours de leur longue expérience. Nous pourrions ciler ici des habitants de la Guade- loupe et de la Martinique dont les efforts n'ont pas été stériles. Si nous ne signalons pas ici le nom des vivants, même de ceux qui nous paraissent avoir le plus de mérite, nous tenons, par contre, à associer, dans un souvenir ému, deux malheureuses victimes du cataclysme de Saint-Pierre, les professeurs du Lycée, Saussine et Landes, qui élaient deux pion- niers infatigables et qui avaient, dans ces dernières années, publié une série de travaux agricoles du plus grand intérêt. Avec le concours de leur col- lègue Herbin, qui connaissait bien la flore du pays, ils avaient entrepris une œuvre utile entre toutes, car ils se proposaient de poursuivre, par la parole, par leurs écrits et par l'exemple, la rénovation agricole de la colonie et la substitution de la culture rationnelle aux errements routiniers. Avec tant d'autres, la mort les a surpris au début de leur œuvre, en pleine activité, au moment où ils entre- voyaient les premiers résultats de leurs efforts : Nous avons tenu à associer leurs noms à l'histoire agricole de la Martinique, dont ilsétaientles enfants d'adoption et dont ils avaient bien mérité. H. Lecomte, Professeur au Lycée Saint-Louis, Chargé de la direction du Laboratoire colonial du Muséum REVUE ANNUELLE I. — QUESTIONS D'INTÉRÊT GÉNÉRAL. $ 4. — Bibliographie. Parmi les publications nouvelles intéressant les physiologistes, nous signalerons : 1° Un nouveau périodique de Chimie physiolo- gique : Peiträge zur chemischen Physiologie und Pathologie, Zeitschrift für die gesammte Bioche- mie, publié par Franz Hormeister. La première livraison date de juillet 1901. 2 Plusieurs traités de Physiologie, notam- ment : G. von BunGE : Lehrbuch der Physiologie des Menschen, in-8° de viu-381 pages. Leipzig, F.-C.-W. Vogel, 1901. Maurice Artaus : Zléments de Physiologie, in-16 de vin-874 pages. Paris, Masson et C°, 1902. 3° Deux ouvrages didactiques de Technique phy- siologique à l'usage des étudiants : Wicciam TownNSsEND PORTER : An introductory to Physiology, in-18 de xvi-314 pages. Cambridge _{Massachusets, U:S- A°), 1901: FRr.-N. Scuucz : Practicum der physiologischen DE PHYSIOLOGIE Chemie. Ein kurzes Repetitorium, ïin-8° de 110 pages. léna, 1901. 4° L'anatomie de la grenouille : A. Ecker et R. WipERSuEIM : Anatomie des Fros- ches, nouvelle édition par E. Gaupp, 3° partie : Tube intestinal et viscères. 2° édition, grand in-8° de 11-439 pages. Braunschweig, Fr. Vieweg u.S., 1901. 5° Plusieurs traités de Chimie et de Physique biologique : D'ARSONVAL, CHAUVEAU, GariELz, MarEy, WEIss : Traité de Physique biologique. Tome I. Paris, Mas- son et Ci°, 1901, 1150 pages et 591 figures. Hans KogPre : Physikalische Chemie in der Medicin, in-8° de 170 pages. Alfred Holder, Wien (Vienne), 1900. R. Brasca : Die Anwendung der physikalischen Chemie auf die Physiologie und Pathologie. Wies- baden, J.-F. Bergmann, 1901, 202 pages. E. Comes : Vorträge für Aerzte über physika- lische Chemie. Leipzig, W. Engelmann, 1904, 249 pages. Une traduction allemande par BoRUTTAU du Traité de Chimie physiologique publié en italien par Pn. Borrazzi. Leipzig et Vienne, Deuticke. G° Un volume sur l'histoire de la Physiologie et deux ouvrages de Physiologie générale : Micuaez Foster : Lectures on the History of Phy- siology, in-8° de 310 pages. C. J. Clay and sons, London, 1901. J. Rosenruaz : Lehrbuch der allgemeinen Phy- siologie. Eine Eïinfübrung in das Studium der Naturwissenschaften und der Medizin, in-8 de 616 pages. Leipzig, A. Georgi, 1901. Driesen : Die organischen Requlationen, in-8° de xn-228 pages. Leipzig, W. Engelman, 1901. 1° Enfin, une série assez nombreuse de mono- graphies, parmi lesquelles nous avons particuliè- rement remarqué : J. P. PawLow : Le travail des glandes digestives. Traduction française par MM. V. Pacuon et J. Sa- BRAzËs, in-8° de 288 pages. Masson et C°, édileurs, Paris, 1901. E. Hépon : Physiologie normale et pathologique du pancréas, in-16 de 192 pages. Paris, Masson et Cie et Gauthier-Villars, 4901. Casezcr : Studi analomici e sperimentali sulla fisiopatologia della qglandola pituitaria, in-8° de 228 pages. Reggio, S. Calderini e f., 1900. W. D. HazcctBurToN : The Croonian lectures on the chemical side of nervous activity, in-8° de 99 pages. John Bale sons et Danielsson, London. Zunrz et ScuumBurG : Studien zu einer Physiolo- gie des Marsches, in-12 de vur-361 pages. À. Hir- shwald, Berlin, 14901. Hans $ 2. — Nécrologie. Nous avons à signaler depuis notre dernière Ficrk (Wurtz- bourg), Gocrz (Strasbourg), et NEWELL MARTIN (Bal- revue la mort des physiologistes timore, U. S. A.) el celle des professeurs : von PEr- | TENKOFER (Munich), Poraix (Paris), von NEncki Saint-Pétersbourg) et Kowazewskr (Odessa), dont l'activité s’élait exercée, en parlie au moins, dans le domaine de la Physiologie. $ 3. — Institut Marey. Une Commission internationale de contrôle des instruments enregistreurs et d'unification des mé- thodes en Physiologie a été créée, comme on sait, gräce à l'iniliative du Professeur Marey, lors de la réunion du quatrième Congrès international de Physiologie (Cambridge, 26 août 1898). Elle a été prise sous le haut patronage de l’Asso- Giation internationale des Académies, en août 1900, ef à acquis ainsi une existence officielle, indépen- dante des congrès de Physiologie. Les différentes Académies faisant partie de l'Association interna- tionale ont été invitées à s'y faire représenter. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE La Commission s'est réunie deux fois l’année dernière, d'abord à Paris, au mois d'avril, puis à Turin, en septembre, lors de la réunion du cin- quième Congrès de Physiologie. C'est dans cette dernière session que la Commission, définitivement constituée, a élaboré ses statuts, conformément à ceux de l'Association des Académies, dont elle constitue actuellement une Commission. Elle a décidé que le nouvel organisme scientifique pren- drait le nom d’Znstlitut Marey. Le nouvel Institut occupe un laboratoire érigé à la Station physiologique du Pare des Princes, sur un terrain appartenant à la Ville de Paris. L'Etat français a couvert une grosse partie des frais de la nouvelle construction. Mais 60.000 francs environ sont encore nécessaires pour l'achèvement et l'ins- tallation des bâtiments. Le nouvel Institut a décidé de les demander à une souscriplion internationale. Cette souscription vient d'être ouverte. M. Marey, ne voulant avoir aucune responsabilité dans la gestion des sommes qui lui sont offertes, a prié trois de ses amis de former un Comité pour en surveiller l'emploi. MM. Brouardel, Chauveau, de l'Institut, et Labbé, sénateur, forment ce Comité, dont M. P. Masson. éditeur, est le trésorier. Espérons que l'/nstitut Marey ne fera pas er vain appel au concours de tous ceux qui, par leur fortune, peuvent contri- buer à son développement. Ajoutons que l'État et la Ville de Paris ont voté, en mars dernier, une contribution annuelle de 28.000 francs, somme présentement suffisante pour le traitement du personnel et pour les dépenses courantes. Pour tout ce qui concerne l'historique de la créa- tion de l'/nstitut Marey, voir l'article très complet et très documenté de M. L. Olivier’. On y trouvera (p. 198) les statuts du nouvel Institut, tels qu'ils ont été arrêtés à Turin en septembre 1902. $ 4. — Cinquième Congrès international de Physiologie. Ce Congrès s'est tenu à Turin du 17 au 21 sep- tembre 1902, sous la présidence du Professeur Mosso, dans les locaux des Instiluts de Physiolo- gie et de Pathologie de l’Université de Turin *. Comme le Congrès précédent, qui s'était tenu à Cambridge en 1898, celui de Turin a été un grand succès scientifique, tant par le nombre élevé. 220 membres, dont 96 Italiens, 31 Français, 22 Alle- » mands, 18 Anglais, 9 Autrichiens, 8 Suisses, 7 Bel- ges, 6 Russes, 5 Américains, 3 Suédois, 2 Danois, ‘ Revue gén. des Sciences du 98 février 1902, p. 193-199. # Voir le compte rendu publié par le secrétaire local, M. le DrZ. Treves, dans les Archives italiennes de Biologie, t. XXXVI, fase. 1, 1901, 211 pages. à LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 631 . 2 Roumains, 4 Hollandais, etc.) et la valeur de ses participants, que par l'importance et la variété - des sujets traités. La plupart des grands problèmes - actuellement à l’ordre du jour dans le domaine de . la Physiologie y ont été abordés et discutés. J'au- - rai fréquemment à citer, dans les pages suivantes, des travaux présentés au Congrès de Turin ou des expériences qui ont été exécutées. - Je me borne, pour le moment, à transerire ici un certain nombre de résolutions d'intérêt général .votées par le Congrès de Turin. 1° Le Congrès a décidé de prêter son appui à une Exposition internationale d'appareils scientifiques qui aura lieu en 1904. 2° Sur la proposition de M. Kronecker, le Congrès a chargé son Comité de s'occuper de la célébration du 200° anniversaire de la naissance de Haller, le ‘srand physiologiste de Berne. Une souscription internalionale a été ouverte en vue d'acquérir la | maison habitée par Haller. On la transformera en “Hallerhaus où Musée Hallérien, dans lequel on “réunira les manuscrits de Haller et toutes les reli- ques s'y rapportant. 3° Le Congrès a exprimé le vœu que les divers Gouvernements interviennent dans le développe- ment de la Section physiologique de la Station zoo- logique de Naples et de ses dépendances. 4 Il a également approuvé la transformation de la Station physiologique du Mont-Rose en labora- “toire -international, ouvert aux physiologistes de “tous les pays. Ce laboratoire a été créé par le Pro- F fesseur Mosso il y a quelques années. On y a déjà “fait d'intéressantes recherches sur le mal des — montagnes et l'influence de la dépression baromé- “rique Sur les diverses fonctions (travaux de Mosso, -Zuntz, Læœwy, etc.). Le Congrès a adopté à l'una- “nimité un vœu formulé de la manière suivante : —._ « L'Association internationale Académies « est priée de prendre en considération l'établis- “« sement du Laboratoire de Physiologie du Mont- « Rose sur un pied international. » 5° La Section de Psychologie expérimentale a fait adopter à l'unanimité le texte suivant: « Considérant les résultats importants auxquels est arrivée la Psychologie, grâce à l'observation “objective et à l’expérimentation, considérant l'in- luence qu'exerce la méthode expérimentale sur l'éducation philosophique de l'esprit, le Congrès exprime le vœu : que l’enseignement officiel de la Psychologie expérimentale soit organisé comme discipline distincte et autonome dans les Univer- Sités où il n'existe pas encore. « Qu'on fournisse, en même temps, à cet ensei- gnement les ressources nécessaires au fonctionne- ment d'un laboratoire de Psychologie expérimen- tale et que, à défaut d'enseignement officiel de la 14 des Psychologie expérimentale, l’enseignement libre en soit encouragé de toutes les facons. » 6° Avant de se séparer, le Congrès a désigné Bruxelles comme siège du prochain Congrès, lequel est fixé au commencement de septembre 1904. Le sixième Congrès se réunira au Laboratoire de Phy- siologie connu sous le nom d'’/nstitut Solvay et dirigé par le Professeur Héger. Le Comité international, composé de MM. Bohr, Bowditch, Dastre, Fano, Foster, Fredericq, Grütz- ner, Héger, Kronecker, Mosso, Sherrington, Wedensky, a été réélu. M. Dasire a été nommé secrétaire général pour la langue française, en remplacement de M. Fredericq, démissionnaire. Ont également été nommés membres du comité : M. Ch. Richet (en remplacement de M. Dastre), MM. Hensen et Kossel (remplacant M. Kühne décédé), M. Luciani (Italie), M. Mislawski (Russie), M. Cybulski (Autriche non allemande) et M. Pré- vost (Suisse française). IT. — NUTRITION. ACTION DES AGENTS PHYSIQUES ET CHIMIQUES. FERMENTS. $ 1. — Nutrition et actions des agents. 1. Cheveux blancs et phagocytose. — Comment les cheveux, les poils blanchissent-ils par les progrès de l’âge? Quoique ce phénomène soit familier à tous, on n'en à pas encore donné d'explicalion sa- tisfaisante. Cette lacune de nos connaissances vient d'être comblée par une intéressante notice de Met- chnikoff, parue dans les Proceedings of the Royal Society de Londres, puis dans les Annales de l'Ins- litut Pasteur. La décoloration des cheveux est, pour lui, due au fait que des cellules nucléées, à prolongements ami- boïdes, de vrais phagocytes, venant de la substance médullaire du cheveu, s'insinuent entre les cellu- les cornées de la couche corlicale et y absorbent les granules pigmentés, puis les transportent ailleurs. Si l'on considère la racine d'un cheveu commençant à blanchir, on y trouve souvent un grand nombre de ces cellules phagocytaires, tandis qu'elles diminuent ensuite, et disparaissent totale- ment quand le changement de couleur du cheveu est achevé. Les cas où l’on a observé des cheveux blanchissant en quelques jours, ou même en une seule nuit (cas de Marie-Antoinelte?), s'expliquent en admettant une exaltation momentanée de l'acti- vilé des phagocytes. La dépigmentation des cheveux par phagocytose rentre ainsi dans la loi générale de la dégénéres- cence atrophique des parties solides de l'organisme. 9. Lécithine et nutrition. — Danilewsky et, après lui, Gilbert et Fournier, puis Desgrez et Zaky, ont LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE affirmé l'influence excitante que l'injection sous- cutanée ou l'ingestion stomacale de lécithine (de l'œuf) exerce sur la nutrition et sur l'augmentation de poids des animaux. La Thérapeutique s'est déjà emparée de ce fait, quoiqu'il soit loin d'être établi irréfulablement. E. Wildiers', en effet, a vainement cherché à constater celte action adjuvante de la lé- cithine. 3. Sels radifères. — On connaît depuis long- temps l'action irritante que les rayons ultra-violets exercent sur la peau humaine. Il est bien établi aujourd'hui que c’est eux qu'il faut rendre respon- sables des brûlures légères de la peau, connues sous le nom de coup de soleil. Ces érythèmes sont particulièrement fréquents chez les personnes non entraînées qui s’exposent à une vive insolation, par exemple au bord de la mer, sur la neige des Alpes, dans le Midi, etc. Ce sont également les rayons ul- tra-violets émis par les lampes à arc qui produi- sent le coup de soleil électrique. Les accidents dus aux rayons ultra-violets sont Loujours très superficiels. Les rayons X ont la même action nuisible sur les tissus vivants; mais, en raison de leur force de pénétration, ils agissent sur les parties profondes et peuvent produire des lésions bien plus graves, à cause de la situation et de la nature des organes alteints : os, articulalions, etc. Walkoff él Giesel ont découvert, en 1900, que les radiations émises par le radium sont également capables de provoquer la rougeur et l'inflammalion des lissus vivants. Curie et Becquerel® ont fait à ce sujet une série d'expériences tout à fait probantes. Curie a constaté qu'un tube de verre contenant du chlorure barytique radifère, placé dans le voisi- nage y avait fait naître une tache rouge, qui, au bout de quelques jours, prenait l'apparence d'une brûlure profonde, avec produc- de son bras, tion ultérieure d’escharre et de plaie suppurante. Becquerel, ayant porté dans la poche de son gilet une boite contenant quelques centigrammes de sels radifères, éprouva, dix jours après, des accidents inflammatoires graves de la peau, avoisinant l'en- droit où le tube avait été placé. Dans une autre observalion, la substance radifère n'avait agi que pendant une heure; l'inflammation se montra après le long délai de trente-quatre jours. M"° Curie fut victime d'accidents analogues pour avoir manié de la substance radifère. Celle substance n’exerce plus son action nuisible si elle est renfermée dans une enveloppe en plomb. 4. Action anaphylactique de certains venins. — { La Cellule, t. XVII, 2e fascicule. 3 C. R. Acad. Sc. Paris, t. CXXXIII, p. 931, 4891. L'homme, les animaux s'habiluent, en général, assez rapidement à l'action de la plupart des poisons. Celteaccoutumanceesttrèsmarquéechezles fumeurs | de tabac et d'opium, les morphinomanes, les arsé- nicophages, les alcoolisés, ete., ete. Un morphino- mane entrainé absorbera chaque jour une dose de. poison suffisante pour tuer du coup un individu non. milhridatise. É Portier et Richet’ ont constaté qu'une injection répétée de petites doses de certains venins ani- maux, extraits des tentacules d’Actinie ou de Phy- salie, augmente, au contraire, la réceptivité du sujet pour l’action toxique du venin. | Un chien, auquel on à fait, deux ou trois semaines auparavant, une injection de venin, insuffisante pour produire la mort, succombera à présent si on lui injecte la même dose, ou une dose plus forte, mais à laquelle un chien neuf résiste parfaitement. L'animal présente done le phénomène inverse de l'accoutumance, ou de l'immunité prophylactique. Les auteurs proposent d'appeler anaphylactique cette propriété dont est doué le venin des Actinies de diminuer, au lieu de renforcer l'immunité quand il est injecté à des doses non mortelles. 5. Toxicité du mucus. — Charrin et Moussu* ont. constaté la toxicité élevée que présentent, chez le lapin (dose mortelle : à à 15 centigrammes de mu- eus par kilo d'animal), les injections intraveineuses de mucus bronchique provenant du cheval, du bœuf, etc. (mucus dilué au préalable et filtré). 11 semble bien que la mort soit due à des coagulations intravasculaires. Les injections de mucus demeu- rent sans effet chez les animaux dont le sang a été, au préalable, rendu incoagulable par l'extrait de sangsue. G. Fusibilité de la graisse dans les organes. — Henriquès et Hausen* éludient l'influence de la température sur la composition de la graisse qui se dépose dans nos organes. La graisse sous-cutanée de pore est d'autant plus fusible que l'animal a été maintenu dans un local à température plus basse La même influence de la température se reconnait si l'on compare la graisse des couches superficiel- les du corps avec celle des organes profonds. Chez le chien, la vache, le porc, le mouton, le chameau, l'oie, le phoque, le marsouin, la graisse est de moins en moins fusible à mesure que l'on va des. parlies périphériques à température moins élevée aux parties profondes plus chaudes. Même dans la peau, on distingue nettement, chez le porc, des cou- 1 C. R.- Soc. Biol., t. LIV, p. 170. 2 C. R. Soc. Biol., p. 60, 1901. 3 Skandin. Arch. f. Physiol., t. XI, p. 152, 1901. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 633 - ches adipeuses superposées, à point de fusion de plus en plus élevé. … 7. Sécrélion de la sueur. — On ne connaissait - jusqu'à présent aucun excitant local de la sécrétion . Sudorale. L. Fredericq' vient d'en découvrir un. Il - a constaté que l’applicalion de poudre d'acide tar- trique (l'acide citrique est moins actif) sur la peau de l’homme (face plantaire du pied) provoque, en - moins de cinq minutes, une abondante sécrétion sudorale. L'acide semble pénétrer à lravers la peau (par les conduits excréteurs) jusqu'aux glandes, -qu'il excite directement. A ce stade d’excitalion, -qui peut durer vingt-quatre heures si l’on maintient l'application d'acide, fait suite un stade d'épuise- ment, qui se prolongera pendant des semaines ou des mois. Une ou plusieurs applications de poudre d'acide tartrique peuvent ainsi tarir, pour une lon- gue période, toute sécrétion sudorale pédestre (d'où son emploi thérapeutique contre les sueurs pro- fuses). 8. Absorption par la muqueuse vésicale. — J'ai signalé, dans plusieurs de mes revues précédentes, es contradictions auxquelles étaient arrivés les différents expérimentateurs qui ont étudié le degré de perméabilité que la paroi de la vessie urinaire présente vis-à-vis des substances dissoutes dans le liquide urinaire. Cohnheim * nous donne la clef de ces divergences : certaines substances peuvent être EE : le phénol, l'acide borique, la quinine, chlorate de potassium, le fluorure de sodium, “par exemple. Toutes ces substances sont des poi- sons cellulaires. Cohnheim admet qu'elles altèrent les propriétés physiologiques de l'épithélium uri- naire. Tant que cet épithélium est intact, il oppose une barrière infranchissable à l'eau et aux sub- Stances qu'elle lient en dissolution. Les substances indifférentes, comme le glycose, même les poisons “nerveux, comme la morphine, ne passent pas à travers l'épithélium vésical intact. —._ L'auteur insiste sur l'importance des facteurs “physiologiques. Il montre que la membrane de l'intestin, la membrane du péritoine et celle de la vessie se comportent différemment à l’état vivant; “la première permet un courant seulement dans une direction, du dehors en dedans, mais s'oppose à une transsudalion du dedans en dehors; la seconde permet le courant dans les deux directions _ landis que la paroi vésicale ne laisse rien passer. Mortes, toutes trois se comportent de la même facon, c'est-à-dire comme des membranes phy- siques. ! Bull. Acad. méd. Belq., t. XV, n° 8, p. 651, 1891. 2 Zeit. f. Biologie, 1901, t. XLI, p. 331. 9. Pression osmotique et congélation du proto- plasme. — D'Arsonval! insiste sur le rôle de défense contre le froid que joue la pression osmotique dans les cellules vivantes. Les cellules microbiennes qui présentent à leur intérieur des pressions de milliers d’atmosphères (force osmotique combinée avec la tension super- ficielle) résistent à l'action destructive de la congé- lation produite par les températures les plus basses. L'eau de ces cellules se comporte comme l'eau enfermée sous pression dans les blocs d'acier de Mousson et d’Amagat : la pression empêche la con- gélation. D’Arsonval a pu congeler la levure de bière en abaissant sa tension osmotique. 10. Rôle alimentaire de l'alcool. — On n'est pas encore entièrement fixé sur la valeur alimentaire de l'alcool, quoique chaque année nous apporte quelque nouveau travail sur ce sujet. Parmi ceux de l’année dernière, on remarque les suivants : Arthur Clopatt? a fait sur lui-même une série de dosages d’ingesta et d’excréta, afin d'étudier la question de savoir si l'alcool peut remplacer une quantité isodyname de graisse. Les conclusions principales sont que l'alcool économise non seule- ment les substances non azotées, mais aussi l’albu- mine, une fois que l'organisme s’est habitué à cet agent. L'alcool n'aurait pas d'effet appréciable sur l'absorption digestive des substances alimentaires. Rosemann * arrive à des résultats un peu moins favorables en ce qui concerne l'usage alimentaire de l’alcool. 90 °/, au moins de l'alcool sont, il est vrai, brûlés dans l'organisme, et peuvent servir à épargner une certaine quantité d’albumine, au moins après un usage de quelques jours; mais, en même temps, l'alcool non brûlé exerce une action destructive sur les tissus, surtout au début. Roos‘ soumet au même régime alimentaire six couples de cochons d'Inde. Quatre de ces couples recoivent, en outre, une assez notable quantité de vin (équivalente à une ration journalière de deux litres pour un poids de 70 kilogrammes). Après trois mois de ce régime, l'augmentation de poids, le nombre de la descendance ainsi que la force musculaire étaient en faveur des animaux qui avaient recu du vin. Lee et C. C. Harrold° constatent l'action favorable que les injections de quantités modérées d'alcool exercent sur le travail des muscles gastro- cnémiens de grenouille. Rüdin®, aucontraire, constatel'aclion défavorable LT PR Le D RSR C:R. Ac. Sc.,1901; €. CXXXIII, p. 8 Skandin. Arch. f. Physiol., t. XI, p. 354, 1901. 1 3 Arch. f. d. ges. Physiol., t. LXXXVI, p. 207, 1904. # CH Ac. Sc, t-CXXXIT, p. 428, 1901. 5 Arch. ital. Biol., p. 101, 1901. 5 Psychologische Arbeïten, t. IV, p. 1,.1901. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE que l'ingestion d'assez fortes quantités d'alcool (100 grammes d'alcool absolu ingéré sous forme de vin de liqueur) exerce sur les processus psychiques de l'homme. L'influence nuisible est encore sen- sible douze et vingt-quatre heures après l'absorption de l'alcool. Par contre, Chauveau‘ fournit à un animal une ration alimentaire où l'alcool a été substitué à une quanlité isodyname de sucre, et constate que l'alcool n'est utilisé, comme potentiel énergélique, ni pour l'exécution de l’ensemble des travaux phy- siologiques de l'état de repos, ni pour l’exéculion du travail des muscles pendant l'exercice. Il expérimente pareillement sur l'homme, et constale que la substitution partielle de l'alcool au sucre, dans la ralion alimentaire d’un sujet qui tra- vaille, entraine la diminution absolue du travail musculaire et l'élévation de la dépense énergétique par rapport à la valeur du travail accompli. S 9 S =. — Ferments. 1. Mode d'action de la lipase. Réversihilité des actions diaslasiques. — Hanriot? a constaté que le ferment saponifiant des graisses, la sérolipase, dédouble non seulement les glycérides, mais, d'une manière générale, tous les éthers organiques, même ceux où la glycérine est remplacée par un autre alcool, à condilion que l'acide de l'éther soit un acide organique. Il a publié une série d'expériences tendant à prouver que, dans la fermentation lipa- sique, la lipase se combine avec l'acide de l’éther composé, en formant une combinaison que l’eau dédouble ultérieurement, ce qui remet la lipase en liberté. La présence d'un excès d'acide arrête complète- ment la fermentation lipasique (landis que la pré- sence de la glycérine est presque sans influence sur celle même action). Or, comme le fait remar- quer Hanriot, « Loute action limitée par les produits mêmes de la réaction peut se concevoir par deux réactions, l’une directe, l’autre inverse. se contre- balançant partiellement. Ainsi, dans le cas présent, le fait que la lipase à son action décomposante arrêtée dès qu'une certaine quanlilé d'acide gras est mise en liberté, fait supposer que si l'on met la lipase en présence de glycérine et d'un excès d'acide, elle doit pouvoir les recombiner, de facon à réaliser toujours le même rapport entre les quan- tités d'acide et d'éther en présence. » Les expériences de Hanriot tendent à admettre la réalité de la réversibilité du phéno- mène, c'est-à-dire la formation synthélique de graisse par l'union directe de glycérine et d'acide CUT AC SC. t. CXXXIT, P. 65. S110, 1904. * Sur la réversibilité des actions diastasiques. €. AR. Biol., p. 70, 4901. faire | | L gras, réalisée par l’action du ferment lipasique. Celle réversibilité n'est pas un fait isolé. Hill l'a déjà indiquée pour l’action de la maltase sur le. glycose. Hanriot prévoit qu'elle deviendra un fait général pour tous les ferments dont l'action est entravée par les produits de la réaction. Dans une autre note, Hanriot montre que cer- lains composés inorganiques, notamment les ses- quioxydes de fer et d’alumine, agissent sur les graisses à la façon de la lipase. 2. Diaiyse chloroformique. — Comme l'a montré Dastre, certains ferments, et notamment la diastase hépalique, semblent ne pas avoir d'existence isolée de la cellule qui les produit. Ils agissent au lieu même où ils ont pris naissance. Ce sont des fer- ments endocellulaires, dont l'action chimique est « tellement proche de l'acte physiologique de leur … formalion qu'on ne peut les distinguer. Mais n'y a-l-il pas des circonstances où un ferment endocellulaire peut devenir exocellulaire et, par conséquent, se manifester? Ce moyen, Dastre! le trouve dans ce qu'il appelle la dialyse chlorofor- mique et qui consiste à soumettre la cellule ou le üssu aux vapeurs de chloroforme. Permilleux, opérant, dans le laboratoire de Dastre, sur des fragments de foie de chien extirpés à l'ani-. mal que l’on venait de sacrifier, a obtenu par ce procédé une exsudation d'un liquide contenant le ferment amylolytique, que l’on avait vainement. essayé d'extraire par les procédés ordinaires de préparation des ferments. 3. Lipase du suc gastrique. — F. Nolhard? a démontré la présence, dans le suc gastrique, d’un ferment qui saponifie les graisses. La muqueuse. gastrique le contient à l'état de proferment. Len dédoublement de la graisse n’est jamais complet : il ne s'exerce que sur 70 °/, au plus de la graisse, quelle que soit la quantité de celle-ci. Le dédouble= ment des graisses qui se montre encore après | l'ablalion du pancréas doit être attribué à la per=. sistance de l'action de ce ferment. d: L 4. Ferment de la présure. — Le suc gastrique des Mammifères contient au moins deux ferments digestifs, la pepsine et le ferment du lab, ou fers. ment de la présure, où chymosine. Le ferment du lab jouit de la propriété de coaguler la caséine d ; lait. Fait assez singulier, le ferment du lab existe : dans le suc gastrique des Oiseaux, des Amphibiens ! el des Poissons, animaux chez lesquels le lait n'intervient évidemment pas comme aliment. | Hammarsten.) n ‘ C. R. Soc. Biol, p. 31 et/34, 4901: * Zoits. [. klin. Medicin, p. 397, 1901. ad Sawjalow' a fuit une série d'expériences qui . tendent à confirmer une opinion émise déjà par Danilewski et Okunew en 1895, d'après laquelle le _ ferment du lab aurail pour fonction de régénérer _ Ja molécule d'albumine, au moyen des produits de ha digestion pepsique. 4 Au point de vue chimique, la digestion gastrique Winogradow ? admet également l'intervention de la chymosine dans la reconstitution de la molécule d'albumine disloquée par la digestion pepsique. Il à étudié les phases de la sécrétion de ce ferment. ILE — DicesrTron. $S 1. — Travaux de Pawlow. - Depuis plus de dix ans, le Professeur Pawlow et ogie de l'Institut impérial de Médecine expérimen- “iale de Saint-Pétersbourg, une série de travaux veau le mécanisme de la sécrétion des sucs gas- { , pour la bpremière fois, une théorie satisfaisante sur l'inter- 4 vention du système nerveux dans la digestion. Ils . Le peu de retentissement qu on eu jusque tout récemment les découvertes de Pawiow et de son | École s'explique, jusqu'à un certain point, par leur mode de publication. Ils avaient été imprimés par fragments, en partie en russe, dans des revues peu | répandues ou dans des thèses encore moins acces- |sibles. Heureusement, Pawlow s'est décidé à pu- “blier un volume de Leçons sur le travail des glan- |Mdes digestives, qui a été traduit en français, l'année dernière, par V. Pachon et J. Sabrazès *. Nous pos- LSédons enfin une vue d'ensemble sur les recher- | ches de ce savant #. Un an avant la publication de ce volume, Arthus avait consacré aux travaux de Pawlow et de son À Arch. f. d. ges. Physioï., t. LXXXV, p. 174. 1901. Arch. f. d. ges. Physiol., t. LXXXVII, p. 170. “4 vol. in-x, Masson. “ Voir l'aualyse publiée dans la Aevue du 30 décembre : 1901, p- 1142, par Arthus. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 635 École un article fort intéressant dans la Zcruc". L'excellent résumé d'Arthus me dispensera d'’en- trer dans le détail de certaines expériences de Pawlow, et, notamment, de décrire les procédés très parfaits d'établissement de fistules gastrique et pancréalique imaginés par le physiologisle de Saint-Pétersbourg. J'insisterai particulièrement sur les points qui n’ont pas été touchés par Arthus, et j'aurai l’occasion de signaler également un certain nombre de travaux sur la digestion qui n'émanent pas de l'École de Saint-Pétersbourg. Plusieurs phy- siologistes éminents se sont, en effet, remis dans ces derniers temps à l'élude de la digestion, que la publicalion du volume de Pawlow a, d'ailleurs, contribué à remettre à l'ordre du jour. Le résultat général des recherches de Pawlow peut être formulé de la facon suivante : Le travail de chacune des glandes digestives est mis en jeu par des excitants spécifiques, dépendant de la nature des aliments introduits dans le tube digestif. Le contact des aliments ou de leurs pro- duits de transformation avec les muqueuses di- gestives agit d'une facon élective sur les terminai- sons des nerfs centripèles de ces muqueuses, et provoque, par voie réflexe, des excitations de sé- crélion également spécifiques, d'où des phénomè- nes d'adaptation d’une finesse remarquable : c’est- à-dire que la quantité et la qualité (richesse en tel | où tel ferment) de chacun des sues digestifs (suc gastrique, suc pancréatique, bile), ainsi que la mar- che horaire de la sécrétion, sont étroitement adap- tées à la qualité et à la quantité des aliments. Paw- low a publié de nombreuses courbes représentant, heure par heure, la quantité de suc gastrique, de suc pancréalique, etc., leur richesse en pepsine, en trypsine, en diastase, en lipase, pour des repas composés de 100 grammes, de 200 grammes de viande, de pain, de lait, etc. L'allure de ces cour- bes est lout-à-fait typique pour une catégorie dé- terminée d’aliment: elle varie profondément si l’on passe d’un aliment à un autre. Les variations de ces courbes se reproduisent chaque fois avec la plus grande régularité. Dans beaucoup de cas, il est possible de se rendre compte de leur utilité. C'est ainsi que les aliments (pain) contenant de l'albumine végélale, plus difficile à digérer que l'albumine animale (viande), tion d'un suc contenant beaucoup de pepsine, mais relativement peu d'acide. En résumé, les glandes digestives fonctionnent, au cours de la digestion, telli- provoquent la sécré- comme des êtres in gents, qui approprient, dans chaque cas, leurs efforts au but physiologique à atteindre. Celle 1‘ Les travaux récents sur la sécrétion du Sue gastriqui et du suc pancréatique. Revue du 15 juillet 1899, p. 498-506. 636 LÉON FREDERICQ —— REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE L. adaptalion des sécrétions digestives ne peut s'ex- pliquer que par l'intervention du système nerveux. $ 2. — Sécrétion du suc gastrique. 1. Suc psychique. — Cette intervention du sys- tème nerveux, sicontroversée encore il y a peu d’an- nées, a été clairement établie, en ce qui concerne le suc gastrique, par les expériences de Pawlow et de M°*° Schumova-Simanowskaya. Il faut, d'après eux, distinguer deux stades dans la sécrétion du suc gastrique : Premier stade où sécrétion du sue psychique : La meilleure facon d'étudier ce stade consiste à faire faire à un chien, porteur d’une fistule gastri- que et d'une fistule œsophagienne {opération de Pawlow-Schumova-Simanowskava), un repas f'etif, c'est-à-dire un repas dans lequel les aliments et la salive ne pénètrent pas dans l'estomac, mais s'é- chappent au fur et à mesure, au dehors, par la fis- tule de l'æsophage. Un peu plus de cinq minutes après le début du repas fictif, le sue gastrique com- mence à s'écouler par la fistule gastrique. Cette sécrélion, une fois établie, peut durer assez long- temps. C'est le désir des aliments, provoqué par leur vue, leur odeur, leur goût, ete., chez un ani- mal qui a faim, qui, d’après Pawlow, produit ce suc psychique, appelé encore suc d'amorce (parce qu'il amorce en quelque sorte la digestion ‘). La production du suc psychique et les autres phénomènes de la digestion gastrique s’étudient également fort bien chez un chien dont une partie de l'estomac (portion voisine du grand cul-de-sac) a été isolée par des sections pratiquées de manière à ne pas léser les nerfs. Cette portion isolée de l'estomac est suturée à la paroi abdominale, et forme alors un cul-de-sac, ou petit estomac, en- tièrement séparé du grand estomac, et s'ouvrant à l'extérieur. Ce petit estomac, dans lequel ne pénè- trent pas d'aliments, se comporte, au point de vue de la sécrétion, exactement comme le grand esto- mac, el permet de suivre pas à pas toute l'évolution de la sécrétion. Pour le détail de l'opération (opé- ration de Pawlow-Chigin), voir l'article d'Arthus cité plus haut. La quantité et la qualité du suc psychique sout indépendantes de la nature chimique des aliments. Le deuxième stade de la sécrétion gastrique a pour point de départ réflexe le contact, avec la mu- queuse de l'estomac, des produits de la digestion. pepsique des aliments, réalisée par le suc psychi- —————_—_—______—————____________ ‘ La notion de la sécrétion psychique montre l'impor- tance de la sensation d'appétit au point de vue de la diges- tion. Si l'on annihile cette action psychique, si l'on mange sans goût, le suc d'amorce ne se produira pas et les aliments séjourneront dans l'estomac sans que la digestion s'établisse franchement. que ou d'amorce. Si l'on introduit des aliments (pain, blanc d'œuf cuit) dans l'estomac par une fistule, en évitant la production du suc psychique, on conslatera que l'excitation mécanique de lamu- queuse stomacale est incapable de produire la DONNE sécrétion. Le pain, le blanc d'œuf, cui provoque, après avoir été avalé, la sécrétion du suc psychique. Celui-ci amorce la digestion, et, une fois qu'elle est en train, elle se continue ultérieu- intervention du sue psychique. Ce sont le jus de viande, le bouillon, l'extrait de Liebig ; ces subs= tances, dont la valeur alimentaire est douteuse o riations de quantité et de qualité du suc gastrique. qui correspondent aux varialions dans la quantité et la qualité des aliments. | Preumogastrique. — Le pneumogastrique est le principal nerf de sécrétion du sue gastrique. La. double vagotomie supprime immédiatement, et. d'une façon définitive, la production du sue psy= chique. D'autre part, on peut, en prenant certaines” précautions, constater que l’excilation du bout périphérique du pneumogastrique provoque la. sécrétion stomacale. Il faut, par exemple, prendre d’ net le temps ‘ Rte C'est la Drésen dans le vague, de fibres d'arrêt pour la sécrétion stomacale, et aussi de fibres d'arrêt pour le cœur, qui rend incertains les effets de l'excitalion prali= : quée sans ces précaulions spéciales. De plus, il semble ressortir des expériences dé 4 Pawlow qu'il ya lieu de distinguer, parmi les filets. gastriques du pneumogastrique, des, libres de sécrétion {dans le sens qu'Heidenhain attachait celte épithète pour les nerfs de la sécrétion salivai *}, présidant à la formation de la partie liquide du | sue gastrique, et des fibres trophiques (Sensu Heï= denhain), présidant à l'élaboralion des matériaux j ! L'usage du bouillon, des potages au commencement des repas est donc parfaitement rationnel, | solides, outre des fibres d'arrêt et des fibres vaso- motrices (et des fibres motrices proprement dites). . La sécrétion gastrique peut être inhibée par voie réflexe, par le contact de la graisse avec la mu- | queuse stomacale ou par certaines excitalions dou- loureuses. Elle est inhibée par l'atropine, excitée k au contraire par la pilocarpine. Le sympathique (splanchnique?) parait aussi pouvoir intervenir dans la sécrélion pepsique D: | (second stade). et un suc réflexe. Le suc réflexe a une composition qui varie avec la nature des substances qui baignent … Ajoutons que le pneumogastrique n'est pas le seul nerf de sécrétion du pancréatique ; le grand Ympathique y joue également un rôle des plus importants (Popielski). Parmi les nerfs de sécrétion, il y a sans doute des filets /rophiques, spéciaux, pour la fabrication dé chaque espèce de ferment. Ainsi, le contact de Ja graisse provoque la formation d'un suc fort | riche en ferment saponifiant ou lipase. L'ingestion dé féculents donne un suc riche en diastase, etc. — À différentes reprises, d’ailleurs, d’autres phy- siologistes ont signalé des faits indiquant que les Sécrétions des différents ferments du pancréas sont, | jusqu'à un certain point, indépendantes l'une de l'autre. Wertheimer! en a donné récemment de | nouveaux exemples. Ainsi l'injection, dans le duo- | dénum, de solutions excitantes (chez le chien à | jeun curarisé, comme chez l'animal en digestion), | Provoque une sécrétion de suc pancréalique qui Saccharifie l’amidon, mais n'a pas d'action sur l’al- bumine. Chez le même animal, une injection intra- | veineuse de pilocarpine fournira un suc agissant CG: R. So:. Biol., p. 129, 1901. | x LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 637 à la fois sur l'amidon et sur l'albumine. Dastre avait montré en 1893 que, chez les animaux à jeun, le pancréas mort ne fournit que de la trypsine sans amylase. Camus et Gley ont cité des faits du méme ordre. 2. Sécrétine.— Des travaux récents, dus à Wer- theimer et Lepage ‘ d’une part, à Bayliss et Starling d'autre part, ont fait apparaître sous un jour tout nouveau la question de la sécrétion pancréalique, consécutive à l’irritation de la muqueuse duodé- nale par la bouillie acide venant de l'intestin. Pawlow considérait le phénomène comme dû à un réflexe d'origine centrale. Wertheimer et Lepage ont,au contraire, constaté que cette soi-disant sécré- tion réflexe se montre encore après l’ablation des ganglions solaires, la section des plexus cœliaque et mésentérique supérieur, jointe à celle des pneu- mogastriques et des cordons thoraciques du sym- pathique. Elle est donc indépendante et de l'in- fluence des ganglions cœliaques et mésentériques supérieurs et de celle du système nerveux central. Si l’on persiste à y voir un réflexe, il ne reste qu'à le mettre sur le compte des ganglions du sympa- thique situés dans le pancréas lui-même. C'est l'opinion à laquelle Wertheimer et Lepage s'étaient d'abord arrêtés. Elle peut être exacte en partie, mais il est possible aussi que le système nerveux ne soit pour rien dans le phénomène. En effet, Bayliss et Starling”* ont repris récemment l'expérience de la sécrétion pancréatique consé- cutive à l'application d'un acide sur la muqueuse duodénale (ou sur celle du jéjunum, Wertheimer). Ils ont montré que la sécrétion s'établissait encore alors que tout lien nerveux avait élé supprimé entre le pancréas et l'intestin : la sécrétion se montre, d'ailleurs, encore après empoisonnement par l’atropine. Ils en concluent qu'il ne saurait être question d'une action nerveuse réflexe et que la sécrétion pancréatique doit être produite par un autre mécanisme. Il s'agit d'une excitation chimique des cellules sécrétrices du pancréas par une substance (sécre- tine) qui se forme dans la muqueuse intestinale sous l'influence du contact d’un acide, et qui est transportée ensuite au pancréas par la circulation sanguine. La sécrétine existe dans la muqueuse du duo- dénum et du jéjunum sous forme de prosécréline, que l'acide transforme en sécreétine. L'ébullilion de la muqueuse avec de l’eau ou l'action des solu- tions de sel ont le même effet. La sécretine parail être une substance bien définie, assez simple, à 1 Journ. Phys. et Path. gén., t. LI, p. 335, 363, 689, 709, 1901, et C. À. Soc. Biol., 1901, 1902. £ 2 Centralbl. {ür Physiol., t. XV, 15 février 1902, p. 682. 638 LÉON FREDERICQ — REVUE poids moléculaire relativement peu élevé. Ce n'est | certainement pas un ferment: et il n’est pas permis de la confondre avec l’entérokinase (voir plus loin), comme on l'a fait récemment. On obtient une solution très active de sécréline en écrasant la muqueuse du Jéjunum au contact d'acide chlorhydrique dilué (0,4 °/,), IL suffit d'in- jecter dans les vaisseaux un centimètre cube de celte infusion, filtrée au préalable, pour provoquer une abondante sécrélion de suc pancréatique. Il se produit en même temps une hausse de la pression sanguine. Ce dernier effet est dû à une substance autre que la sécrétine. L'infusion de la muqueuse de l'ileum ne contient pas de sécrétine, mais agit sur la pression san- uine. , Les auteurs font remarquer que la formation de la sécrétine dans l'intestin et son ulilisation dans le pancréas constituent un remarquable exemple de la dépendance réciproque dans laquelle peut se trouver le fonctionnement physiologique de diffé- rents organes. On découvrira certainement encore d'autres exemples d'association fonctionnelle de ce genre. Ces faits tout récents ont déjà été confirmés par divers expérimentaleurs : Camus, Gley, Werthei- Victor Henri et P. Porlier ont même sécrétine exercait également son sur la sécrélion biliaire. etc. conslalté que la action excitante Ajoulons que l'atropine, qui empèche l’action des nerfs de sécrétion du pancréas, n'a aucune mer, action inhibitrice sur la sécrétion provoquée par l'action de la sécrétine (ou par le contact des acides avec le duodénum}. La sécréline agit sans doute directement sur Îles cellules glandulaires, el non sur les terminaisons nerveuses comme l'atropine. Ceci nous explique l'absence d'antagonisme entre la sécrétine el l'atropine. L'antagonisme qui existe, au contraire, entre l'atropine et la pilocarpine trouve sans doule sa raison dans le fait que les deux substances agissent sur le mêine élément anatomique (les terminaisons des nerfs de sécrélion du pancréas), la première pour le paralyser, la seconde comme excilant. On sait, en effet, depuis longtemps, que la pilocarpine perd son aclion excitante de la sécrélion pancréa- tique si l’on opère sur un animal atropinisé. E. Wertheimer et Lepage ont constaté aussi que le chloral et l'essence de moutarde, appliqués sur la muqueuse de l'intestin grêle, agissaient, comme les solutions acides, pour provoquer la sécrétion réflexe du pancréas. Mais on aurait tort de généra- liser et de conclure que tous les irritants de la muqueuse intestinale sont également des excilants de la sécrélion pancréatique. L'huile de croton, ANNUELLE DE PHYSIOEOGIE par exemple, est sans action sur cette sécrélion. Il ne faut pas se hâter de conclure des expé-. riences de Bayliss et Starling que le mécanisme de | la sécrélion pancréatique nous est à présent connu | dans ses traits principaux. Ne perdons pas de vue, en effet, que la sécrétion pancréatique que l’on ob= | lient par l'application d'un acide sur la muqueuses. duodénale, ou par l'injection de sécrétine, fournit. un suc très peu actif, ne contenant pas de trypsinen. ou n'en contenant que des traces (Wertheimer, Camus, Gley), très différent par conséquent d sue normal, physiologique. Cependant, Delezenne a contesté récemment ce dernier point. 3. Influence du régime. — Les influences dont à vient d'être question, jusqu’à présent, produisent | leurs effets immédiatement ou tout au moins après un délai de peu de durée, au cours même de la l digestion considérée. Mais Pawlow a constaté, de: plus, une influence à longue échéance exercée par les aliments sur la nature des sucs digestifs. De modifications longtemps prolongées du régime ali mentaire déterminent un changement progressif, 4 lent, mais permanent, dans la composilion du suc… pancréalique. Chez un chien nourri d’abord de pain et de lait, et soumis ensuite pendant un ce avec une augmentation de la trypsine. Les expériences de Pawlow ont montré qu'à chaque aliment correspond un travail digestif ap= de type défini de la sécrétion, type plus ou moins fixe, qui ne se laisse modifier que lentement el lorsqu'on change brusquement les conditions d l'alimentation. Dans le même ordre d'idées, Georges Weiss” structure des organes de la digestion des animauxs | Deux canards furent soumis pendant quatre mois et demi au régime exclusif de la viande de cheval: | Deux autres furent, pendant le même lemps, unis quement nourris avec du grain, blé el maïs. Chez les canards à viande, le ventricule succenturié était beaucoup plus développé que chez les canards. | à grain, et présentait une structure différente. Dé pancréas montra des différences analogues ; mais DEN Soc. Biologie, p.908, 1901. | considérable. Le canard à viande avait, comme les | carnivores, les villosités très longues; le canard à grain avait, comme les herbivores, les villosités _ courtes. _ Frédéric Houssay a fait des observations ana- logues chez la poule. La longueur, la largeur et le . volume du jabot sont nolablement diminués par le - poids, de longueur et d'épaisseur; le Lube digestif -et le cæcum perdent de leur longueur. $ 4. — Mouvements de l'estomac. Un point intéressant concernant les mouve- ments du pylore a été éludié, récemment, par Serdjukow, dans le laboratoire de Pawlow. On sait, depuis Hirsch et von Mering, que le con- tenu de l'estomac ne pénètre que par pelites por- ons dans le duodénum, un réflexe spécial arrêtant temporairement la progression des aliments, el ermant le pylore chaque fois qu'une portion du “contenu stomacal a pénétré dans le duodénum. erdjukow a élucidé le mécanisme de ce réflexe. Il “a constaté que le contact du chyme acide, venant de l'estomac, avec la muqueuse duodénale pro- -voque la fermeture du pylore. Mais le suc pan- “…créatique alcalin vient bientôt neutraliser cette acidité. Dès que la muqueuse duodénale devient caline, le réflexe de fermeture du pylore fait rogressif de la digestion gastrique acide à la digestion pancréatique alcaline. Serdjukow a, d’ailleurs, constaté directement la L de peplone dans l'estomac provoque, en peu de | temps, l'évacuation complète du contenu de l’ur- gane par le pylore. Il a constaté, depuis, que cette évacuation était moins brusque qu'il le croyait : nême sous l'influence de la peptone, cette évacua- _ Lion est lente et progressive. 4 DRE. | = Les Leçons sur le travail des glandes digestives + nous ont fait connaître une série de faits tout aussi | nouveaux, et plus inattendus encore, et qui con- | cernent l’action de la bile et celle du sue intestinal . dans la digestion. CC. R. Ac. Se., t. CXXXIII, p. 1022, 1901. Es C. R. Soc. Biologie, p. 846, 1901. LÉON FREDERICQ — REVUE c'est surtout sur l'intestin que l'écart se montra | “régime de la viande crue; le gésier diminue de | ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 639 Pour recueillir la bile, Pawlow pralique une fis- tule duodénale, d'après un procédé rappelant celui de sa fistule pancréatique. Au lieu de sectionner le canal cholédoque pour y placer une canule, Pawlow et Bruno découpent dans la paroi de l'intestin un segment losangique contenant l’orifice normal du canal cholédoque el suturent ce segment à la paroi abdominale, l’orifice en dehors. Le sphincter duodénal de l'orifice cho- lédoque est ainsi conservé, ce qui permet d'étudier les phases du déversementde la bile. Ils constatent que, dans l'intervalle des digestions, il ne s'écoule pas une goutte de bile par la fistule. La sécrétion biliaire est bien continue, comme on le savait, mais la bile sécrétée s'accumule dans la vésicule biliaire. Celle-ci commence à déverser la bile à l'extérieur | après chaque repas, au bout d'un temps qui varie avec le genre de l'alimentation. Le flot de bile s’exa- gère pendant toute la digeslion ; il présente, dans sa quantité et dans ses propriétés, des change- ments caractéristiques pour chaque espèce d'ali- ment. L'eau, les acides, l’albumine de l'œuf, l'em- pois d’amidon, introduits directement dans l’esto- mac, ou pénétrant ensuite dans le duodénum, ne provoquent pas l'écoulement de bile. Au contraire, les graisses, les substances extractives de la viande, les produits de la digestion de l'albumine produi- sent un abondant flot de bile, quand ils viennent en contact avec la muqueuse duodénale. Tout comme les sucs gastrique et pancréatique, la bile possède donc une série d’excitants spécifiques pro- voquant son écoulement dans l'intestin. Pawlowa vérifié, de plus, une action chimique très importante de la bile, qui, d'ailleurs, avait déjà été constalée ou soupconnée par d'autres expérimenta- teurs (Nenecki, Heidenhain, Rachford, William et Martin). La présence de la bile renforce l’action des ferments du pancréas, principalement celle du fer- ment saponifiant. Ce fait nous donnerait l'explica- tion chimique du rôle de la bile dans la digestion des graisses, rôle qui paraît indispensable, d'après les belles expériences de Dastre (absorplion de là graisse par les chylifères chez les chiens porteurs de fistule cholécysto-intestinale). ' S $ 6. — Suc intestinal. Jusque dans ces derniers temps, le suc intestinal avait été considéré comme un liquide d'importance | tout-à-fait secondaire dans les phénomènes de là | digestion. Tout au plus y avait-on découvert des ‘traces de diastase e‘ de ferment inversif; mais on admettait qu'il ne joue aucun rôle dans la digestion des matières albuminoïdes. Chepowalnikoff et Pawlow ont trouvé que le suc intestinal du chien possède le pouvoir d'augmenter l'activité des trois ferments du suc pancréatique. Cette action est peu marquée pour la diastase et la lipase; relativement à la trypsine, elle alteint un degré vraiment extraordinaire. Une très petite quantité de suc entérique, ajoutée à du suc pancréa- tique, même peu aclif, suffit à décupler ou à centu- pler son activité protéolylique. Le suc intestinal perd celle propriété s'il a été soumis à l'ébullition. Pawlow en conciut qu'il s'agit d’un ferment, mais d'un ferment appartenant à une nouvelle catégorie, un ferment des ferments, c'est-à-dire un corps qui n'a pas d'action directe sur les substances fermen- tescibles, mais qui agit sur celles-ci par l'intermé- Il lui a donné le nom diaire d’autres ferments. d'entérokinase. Tous ces faits ont été confirmés par Delezenne *. Delezenne a montré que l’entérokinase est sen- siblement atténuée par un chauffage d'une demi- heure à + 60°; qu'à + 65°, elle perd la plus grande partie de son activité, et qu'à + 70° à elle est complètement détruite. On peut l’extraire du liquide qui la contient par les procédés habi- tuels d'entrainement des ferments solubles, et la conserver à l'état sec après purification et précipi- ation par l'alcool. Un ferment préparé de cette facon peut manifester son action favorisante sur le suc pancréatique à des doses extraordinairement ms 0 JE faibles. A l'exemple des autres ferments solubles, l'en- térokinase se fixe avec facilité sur la fibrine, et l’on peut, par ce procédé, débarrasser le suc intestinal de tout le ferment qu'il contient. La fibrine qui a été plongée ainsi pendant quelque temps dans le suc intestinal, lavée à grande eau, puis transportée dans un suc pancréatique, qui, seul, eût été inac- lif, s'y digère sans retard. « La digestion s'opère encore très rapidement, dit Delezenne, si la fibrine, impressionnée par l'en- térokinase, puis transportée pendant quelque temps à la glacière dans le suc pancréalique, est mise, après un nouveau lavage, à l'étuve dans une solu- tion de carbonale de soude à 0,5°/,. « Tout se passe, semble-t-il, comme si la fibrine, sur laquelle l'entérokinase s'est préalablement fixée, LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE avait subi une action de mordancage, permettant à | la diastase protéolylique du pancréas de se fixer à son tour et d'agir. « Ces faits... méritent surtout de retenir l’atten- tion par les analogies qu'ils éveillent. Il semble, en effet, que l'on puisse établir un parallélisme étroit entre l'action conjuguée de la trypsine et de la kinase et celle de l'a/exine et du fixateur (substance sensibilisatrice) des sérums bactéricides et cyto- toxiques. « De part et d'autre, on a affaire à deux dias- ‘ C. R. Soc. Biologie, décembre 1901, p. 1161 et 1164. lases, inactives, pour ainsi dire, lorsqu'elles sont employées isolément, mais qu'il suffit de réunir pour obtenir, d'un côté la protéolyse, de l’autre la baclériolyse ou la cytolyse. » Delezenne a rencontré l’entérokinase et son action favorisante sur la lrypsine dans toute la sé- rie des Vertébrés : Mammifères, Oiseaux, Reptiles, ' Poissons. La kinase se rencontre tant dans le sue que dans les macérations inteslinales de ces diffé- rents animaux. Le suc intestinal d'une espèce animale déter- minée, celui du chien par exemple, est non seule- ment capable d'activer le suc ou les macérations pancréatiques des animaux de même espèce ou d'espèce voisine, mais encore ceux d'espèces très. éloignées, et souvent à un plus haut degré que ne le fait le suc entérique correspondant. Une démonstration du renforcement de l'action: du suc pancréalique par la kinase du suc intestinal a été faite par A. Walther !, de Saint-Pétersbourg, devant le Congrès de Physiologie de Turin. Il semble que l’entérokinase transforme le zymo- gène du suc pancréatique frais en {rypsine. Ce zymogène est différent du zymogène découvert par … Heidenhain dans le tissu du pancréas. Ce dernier se transforme en trypsine par simple oxydation. Enfin, Savitch a réussi à déterminer les conditions nécessaires à la formation de l'entérokinase : il a constaté que, pour que le ferment apparaisse dans une anse intestinale, il faut soumettre celle-ci à l'ac- lion du suc pancréatique. C'est assurément aux fer- ments pancréatiques qu'est dévolue la propriété de provoquer l'élaboration du ferment intestinal; en. effet, le suc pancréatique, préalablement soumis à l'ébullition, perd cette action stimulante. IV. — SANG. CIRCULATION. RESPIRATION. $ 1. — Sang. 1. Coagulation du sang. — U est fort important, M dans les recherches sur la coagulation du sang, de reconnaitre si un liquide ou un solide de l'organisme contient du ferment de la fibrine (thrombine); malheureusement," cette recherches est entourée de difficultés pratiques considérables. Arthus* préconise le plasma du sang fluoré comme le réactif par excellence du ferment de la fibrine.… Arthus et Pagès ont établi que l’addition, au sang … sorlant des vaisseaux, de 2 à 3°/,, de fluorure de sodium empêche la coagulation du sang; ils ad- et que les sangs oxalatés et fluorés peuvent être rangés dans une seule et même catégorie, PÈS ‘ Arch. ilal. Biol., p. 103, 1901. | * Journ. Physiol. et Pathol. gén., t. II, p. 887, 1901. en KL: dt ‘ss possédant les mêmes propriétés. L'analyse plus précise, faite par Pekelharing, a démontré qu'il existe, entre les sangs fluorés et oxalatés ou ci- EE des différences importantes. Le plasma des sa ngs oxalatés et citratés contient du proferment; os fluoré n’en conlient pas. Arthus attache une grande importance pratique à cette différence, et base sur elle sa recommandation d'employer le plasma fluoré, qui est riche en fibrinogène, comme éactif qualitatif et quantitatif du ferment de la D. € Pour préparer le plasma de chien fluoré à 3 °/.., on recueille directement de l'artère du chien neuf volumes de sang dans un vase contenant un vo- lume d’une solution de fluorure de sodium à 3 °/,. parer les globules du plasma. Le plasma décanté se coagule quand on y ajoute une solution de fer- ment. On peut reconnaitre par ce procédé que les macérations de tissus (foie, rein, muscles, rate, intestin, thyroïde, cœur) ne contiennent pas de fer- sodium est un excellent antiseptique. Le plasma de sang de chien, fluoré à 3 °/,,, peut servir de réactif quantitatif du fibrinferment. Re- et de ferment, la coagulation est totale ou partielle, et plus ou moins partielle selon les quantités de ferment. Supposons qu'on veuille comparer la eneur en ferment de deux liqueurs (deux sérums, exemple) ; on prépare deux séries de mélanges, enant chacune, pour un même volume d'un 1ème plasma de sang de chien fluoré à 3 ° quantités ECS ae de chacun des deux sérums Lessayer (0,4 4, 0,2, 0,1, 0,08, 0,04, 0,02, 0,01 c. c., ar ble), et l'on abandonne ces mélanges pen- boire. En comparant les termes correspondants des eux séries, on reconnaitra sans peine la richesse elative des deux sérums. L. Camus‘ a constaté que le lait agit jusqu’à in certain point comme la propentone sur la coa- ulation du sang. L'action est nulle in vitro; en ection intraveineuse au contraire (5 c. c. de lait ar kilog d'animal), le lait supprime le plus sou- ent la coagulation du sang: en même temps se oduisent, comme pour les injections de peptone, cris, de la narcose et une forte baisse de la pression sanguine. + Sérum. — Aronstein a découvert, en 1874, que les solutions d’albumine, privées de sels par e dialyse prolongée, finissent par perdre la pro- été de se coaguler quand on les porte à l'ébulli- Le. Juurn. Physiol. et Pathol. gén., t. I, p. 26, 1901. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. : LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE Le mélange est soumis à la centrifugation pour sé- | ment de la fibrine. Ajoutons que le fluorure de | marquons que, dans les mélanges de plasma fluoré | Ce , œ des | dant vingt-quatre heures à la température du labora- | 641 tion. Hédon a eu l'occasion de confirmer le fait pour plusieurs espèces de sérums, notamment pour celui de chien. Le sérum de chien dialysé, puis ramené, par évaporation au bain-marie à 80°, à son volume primitif, reste liquide, sauf une couche translucide d'albumine coagulée contre les parois de la capsule. Mais la plus grande masse du sérum reste liquide. Ce sérum fut distribué en tubes scellés, et chauffé au bain d'huile pour étudier les températures supérieures à 100°. Jusqu'à 120°, rien: à 125°, trouble laiteux, qui s’accentue jusqu'à 440°. A 150°, prise en masse. L'addition de pelites quan- tités de différents sels abaisse fortement le point | de coagulation, et peut l'amener rapidement au- dessous de 100°. 3. Globules rouges. — On sait que le séjour dans les hautes montagnes provoque des change- ments très remarquables dans la constitution du | sang. Les globules rouges augmentent en nombre, mais diminuent de voiume. C'est l’abaissement de la pression barométrique qui constilue ici le fac- teur déterminant, comme l'ont prouvé les expé- riences faites sous l'influence de l'air raréfé. Doyon et Morel‘ ont réalisé l'expérience in- | verse, consistant à soumettre pendant plusieurs | semaines des lapins à l’action de l'air comprimé (caisson). Il en résulta une diminution du nombre des hématies de plus du tiers. Après relour à la pression normale, le nombre des globules augmenta de nouveau et atteignit sa valeur normale au bout d'une dizaine de jours. $ 2. — Gaz du sang et Respiration. 1. Oxyde de carbone. — M. Nicloux * a constaté que le sang des nouveau-nés recueilli à la Cli- nique d’accouchements Tarnier, à Paris, contient de petites quantités d'oxyde de carbone (0,1 c. c. CO pour 100 c. c. de sang). Le sang du nouveau- né se comporte donc, à cet égard, comme celui des adultes, qui contient toujours une petile quantité de CO. 2. Emmagasinement d'oxygène. — L'organisme est-il capable d'emmagasiner l'oxygène quand ce gaz lui est fourni en quantité exagérée? Cette question est généralement résolue négativement. Cependant, Rosenthal l'avait reprise récemment, et résolue, au contraire, dans le sens de l'affirma- tive. La grande autorité qui s'attache aux travaux émanés du physiologiste d'Iéna rendait fort dési- rable une nouvelle étude de la question. Falloise l’a reprise d'abord par les méthodes gazométriques ordinaires, puis en ayant recours à un procédé £ C. R. Soc. Biol., p.141, 1904. 2 C. R. Soc. Biol., p. 613, 1901. 3 Arch. Biol., t. XVIE, p. 712, 1901. 62 LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE nouveau. L'animal qui, sous l'influence d’une res- piration d'oxygène pur, a emmagasiné des quan- tités notables de ce gaz dans ses tissus, devrait pouvoir vivre un certain temps sur cette réserve, c'est-à-dire devrait être capable d’une résistance prolongée à l'asphyxie. Or, il n’en est rien. La différence qui existe dans la résistance à l'asphyxie en faveur des animaux qui ont respiré de l'oxygène est minime et correspond exactement au léger supplément d'oxygène simplement dis- sous dans les humeurs en raison des lois phy- siques. Il ne peut être question d'une fixation d'oxygène intra-moléculaire, comme le voulait Rosenthal. 3. Quotient respiratoire dans l'engraissement. — On sait tout le parti que l’on peut tirer de l'étude de la valeur du quotient respiratoire (rapport du - 2 ) volume de CO? exhalé au volume de O* absorbé Tr) pour la détermination qualitative des échanges nutritifs. Hanriot avait montré qu'une alimenta- tion riche en hydrocarbonés peut momentanément élever la valeur du quotient respiratoire au-dessus de l'unité. Bleibtreu! observe le même fait chez des oies maigres que l’on engraisse au moyen d'hydrates de carbone en excès. L'accroissement du quotient est notable et constant ; il correspond à ce fait que la molécule, riche en oxygène, de l'hydrate de carbone se transforme dans l'orga- nisme en molécule graisseuse, pauvre en oxygène. L'excès d'oxygène est éliminé sous forme de CO*. Pembrey* à pareillement constaté, chez la mar- motte, des quotients respiratoires dépassant nota- ne 0° : blement l'unité eo peut atteindre 1:30). Il s'agis- sait d'animaux se préparant au sommeil hivernal, c'est-à-dire absorbant de grandes quantités d'hy- drates de carbone et les transformant en graisse. H adopte aussi l'explication d'Hanriot : une certaine quantité de CO* des hydrates de carbone est mise en liberté lors de leur transformation en graisse. 4. Oxyde de carbone. Les Mosso, Gréhant, expériences de elc., ont montré que l'oxyde de carbone n'est pas un poison cellulaire. Sil est nuisible aux animaux dont la respiration est basée sur la formation et la dissociation ulté- rieures de l'oxyhémoglobine, cela provient de ce qu'en se combinant à l'hémoglobine, Haldane, il empêche celle-ci de fixer l'oxygène nécessaire à la respira- tion. L’empoisonnement par l’oxyde de carbone n'est qu'une variélé d’asphyxie par déficit d'oxy- gène. Si l'animal respire de l'oxygène sous pression, ‘ Arch. 1. d. ges. Physiologie, t. LXXXV, p. 345 * Journ. of Physiology, t. XXVII, p. 406, 1901. ,; 1901. il pourra impunément subir l’action de l’oxyde de carbone. $ 3. — Circulation. L 1. Cœur isolé des Mammifères. —F.-S. Locke’ a fait, devant le Congrès de Turin, une expérience qui, pendant de longues heures, a excité le plus vif intérêt. Un cœur de lapin, extrait du corps, a continué à battre ‘depuis la malinée jusque fort tard dans l'après-midi : le cœur était nourri non par du sang, mais par une solution physiologique de sels, par- … faitement claire, additionnée de 1 °/, de dextrose, et saturée d'oxygène (par barbotement). Le tout était maintenu à 35°. Le procédé de Locke permet d’expérimenter sur le cœur des Mammifères avec la même facilité que sur le cœur de la grenouille. Kuliabko à appliqué la méthode de Locke au cœur d'oiseau et a réussi à entretenir, pendant des heures, les battements du cœur de poulet ou de pigeon. Le cœur d'oiseau est plus sensible au froid que celui des Mammifères. Il ne bat plus au-des-. sous de 30°. L’optimum est vers 45° à 47°. 2. Vaisseaux. — Hürthle* a imaginé un nouveau compteur du débit des vaisseaux sanguins. Le: compteur à fonclionné au Congrès de Turin : il jaugeait le débit d'une earotide de chien et l'inseri- vait sous forme de courbe sur le cylindre de l'appa- reil enregistreur. L'appareil fournit des indications très complètes : ainsi on reconnait sur la courbe les accélérations du débit correspondant à chacune des pulsations cardiaques”. Brodie et Dixon * ont fait, au Congrès de Turin, l'application de la méthode pléthysmographique au poumon d'un animal à poitrine ouverte, chez. lequel on entretient la respiration artificielle. Ils ont étudié, par celte méthode, le degré de contrac- lion des muscles bronchiques, et constaté que le prneumogastrique contient à la fois des fibres con= strictives et dilalatrices pour les muscles des bron= ches, mais que le sympathique n'en contient pas. Les conditions de la circulation pulmonaire s'étu= dient fort bien au moyen de leur pléthysmographe: Dans aucuné des expériences, il ne fut possible de. constaler une action vaso-motrice des vaisseaux du | poumon. 4 Adrénaline. — Dans plusieurs de mes revues précédentes, j'ai signalé l'action que les extraits de divers organes (capsules surrénales, rein, cers veau, etc.) exercent sur la pression sanguine, quand on les injecte dans le torrent circulatoire. ! Arch. ital. Biol., p. 100, 1901. * Centralbl. f. Physiologie, t. XV, p. 588. * Arch. ital. Biol., t. XXXVI, p. 53, 1901. ‘ Arch. ital. Biol., t. XXXVI, p. 100, 1901. . Les uns font baisser la pression sanguine, les autres la relèvent, au contraire. Parmi ces derniers, l'extrait de capsule surrénale occupe la première place. _ Takamine (de New-York) a réussi à en isoler le - principe actif qu'il a appelé adrénaline. L'adrénaline est, de tous les vaso-constricteurs, le plus énergique que l’on connaisse. L'injection -intra-veineuse de quelques gouttes d’une solution au vingt-millième provoque une hausse considé- rable de la pression sanguine. Les premiers expéri- “mentateurs avaient cru à une aclion directe de l'extrait de capsules sur les centres nerveux vaso- constricteurs. Les expériences faites avec l'adréna- line montrent qu'il s'agit avant tout d'une action directe, s'exerçant à la périphérie, dans la tunique des pelites artères. Il suffit de badigeonner une laie, au moyen d’une solution diluée (2 à 3 °/,) d'adrénaline, pour voir l'hémorragie s'arrêter : tous les vaisseaux se contractent jusqu'à l’efface- ment de leur lumière, et la surface saignante devient tout à fait päle. Le procédé est précieux el n’a pas tardé à passer dans la pratique chirurgicale. On vend à présent “dans le commerce de la pharmacie une préparalion d'adrénaline dont les chirurgiens disent merveille. e nouveau médicament est assez cher : il coûterait 200.000 francs le kilogramme. V. — SYSTÈMES NERVEUX ET LOCOMOTEUR. $ 1. — Système nerveux. |. Æxtraits de tissu nerveux. — Les extraits de lissus que l’on injecte dans le torrent circulatoire agissent sur la pression sanguine, tantôt pour la faire monter, mais le plus souvent pour l'abaisser. “Cest le cas pour les extraits de tissu nerveux, “comme le montrent encore une fois les expériences de Halliburton ‘. La choline, un des produits de décomposition de la lécithine, serait l'agent dépres- Lex existant dans le tissu nerveux. Halliburton insiste sur ce fait que la facilité de son extraction | par l'eau salée indique que la lécithine est cons- llamment en voie de transformation dans le tissu | nerveux. 2. Vitesse de l'influx nerveux. — Nous possé- dons, grâce à la méthode myographique de Helm- holtz, d'assez nombreuses déterminations de la itesse de propagation de l'excitation dans les nerfs | centrifuges (nerfs moteurs). Mais la méthode gra- phique n'est plus applicable quand il s'agit de mesurer la vitesse de l'agent nerveux dans un nerf nsible ou centripèle. Nicolaï * a tourné la diffi- | Journ. of Physiol., t. XXNI, p. 229, 190!. “Arch. f. d. ges. Physiol., t. LXXXV, p. 65, 1901. LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE 643 culté en prenant le courant d'action comme signe de l'activité du nerf. Il a opéré sur le nerf olfactif du brochet, que l'on peut préparer sur une longueur de plusieurs centimètres. On recueille le courant d'action au moyen de l'électromètre capillaire. Les mesures indiquent que la vilesse, dans l'ol- factif du brochet, est 450 fois moindre que dans le scialique de la grenouille. Elle croît avec la tempé- rature. À 5°, elle est de 6 à 9 centimètres: à 20°, elle est de 16 à 24 centimètres par seconde. 3. Vaso-dilalateurs et racines postérieures. — On a beaucoup discuté la part qui revient à Ma- gendie et à Bell dans la découverte des fonctions des racines des nerfs spinaux. La loi de spécialisa- tion des racines est connue en France sous le nom de loi de Magendie, en Angleterre sous le nom de loi de Ch. Bell. Adolphe Bickel a étudié avec beau- coup de soin l'historique de la question et croit qu'il serait équitable de la désigner sous le nom de loi de Magendie-Bell. La part la plus importante de la découverte, c'est-à-dire la distinction de la sen- sibilité et de la motilité, revient, il est vrai, à Ma- gendie. Mais Bell avait, dix ans plus tôt, reconnu la propriélé motrice des racines antérieures. Cette loi peul se formuler de la façon suivante : Les fibres nerveuses motrices, sensibles, etc., qui sont mélangées dans les troncs des nerfs périphé- riques, se classent au niveau des racines spinales de manière que les racines antérieures ne contien- nent que des fibres motrices, ou, plus exactement, centrifuges, et les racines postérieures uniquement des fibres centripètes. La seule exceplion connue a été signalée, il y a quelques années, par Stricker. Stricker avait affirmé que les vaso-dilatateurs du membre postérieur sortent, non par les racines antérieures, mais par les racines postérieures, c’est-à-dire avec les fibres centripètes. Morat, après avoir d'abord combaltu l'opinion de Stricker, en avait ultérieurement reconnu l'exaclitude. Bayliss ‘ a pleinement confirmé le fait. Il a cons- taté que tous les filets vaso-dilatateurs du membre poslérieur sortent, chez le chien, par les racines postérieures des 5°, 6° et 7° paires lombaires. Les effets vaso-dilatateurs sont provoqués facilement par des excilations mécaniques, ce qui permet d’exelure les causes d'erreur dues à l'emploi du courant électrique. Ces fibres se comportent comme les fibres sensibles des racines postérieures : comme ces dernières, elles ont leur centre lrophique dans le ganglion spinal; elles ne dégénèrent pas quand on coupe la racine postérieure entre le ganglion et la moelle. Ces fibres conduisent donc dans le sens 1 Jour. of. Physiol., t. XXVI, p. 172, 1901. 644 LÉON FREDERICQ — REVUE ANNUELLE DE PHYSIOLOGIE centrifuge les excitations qui parcourent leur pro- longement cellulipète; c'est ce que Bayliss appelle un phénomène de conduction antidromique. 4. Cocaïne et racines postérieures. — Les obser- vations et les expériences de laboratoire exécutées par Tuffier et Hallion, celles de Pitres et Abadie' semblent bien établir que la cocaïne, injectée dans le canal rachidien, agit en imprégnant directement les racines postérieures des nerfs spinaux. Ces ra- cines sont irrégulièrement et inégalement atteintes par l'injection, poussée à des niveaux et à des pro- fondeurs variables d'un cas à l’autre, tantôt au centre, tantôt à la périphérie du faisceau des radi- celles lombo-sacrées dont le groupement forme la queue de cheval. C'est l'explication la plus ralion- nelle de la marche variable et irrégulière suivant laquelle l'analgésie envahit successivement les dif- férents segments des membres inférieurs et tout l'arrière-train du sujet. Beaucoup de chirurgiens professent, au contraire, l'opinion que la cocaïne agit surtout et exclusivement en imbibant de bas en haut les segments inférieurs de la moelle. 5. Section des pneumogastriques. — P. Katsch- kowsky* constale, comme Pawlow, que la double section des pneumogastriques n’est pas nécessaire- ment fatale. Si l'on évite les effets de la paralysie de l'œsophage et du larynx, en pratiquant une fis- tule gastrique pour l'introduction de la nourriture et une fistule œsophagienne pour le vomissement, on peut conserver les chiens en vie. La broncho- pneumonie n’est donc pas une conséquence forcée de la vagotomie, mais un accident évitable. Après quelque temps, quinze jours à trois mois, le nombre des battements du cœur redevient normal. Le ralen- lissement de la respiration persiste. Le pouvoir digestif est diminué. Le point de moindre résis- lance de l’animal vagotomisé est l'intestin. Les médicaments les plus simples deviennent toxiques. £ 9 Sa . — Organes des sens. 1. Nerfs sensibles de la peau. — Torsten Thun- berg * a étudié la situation respective qu'occupent, dans l'épaisseur de la peau, les terminaisons ner- veuses sensibles au froid, au chaud et à la douleur. Les points de douleur sont situés le plus superfi- ciellement; viennent ensuite les points de froid et, plus profondément encore, les points de chaud, qui sont aussi les plus excitables. La situation superficielle des points de froid explique le fait, signalé par Goldscheider et d'autres, que le temps d’aperception est plus court pour les sensations de froid que pour celles de chaud. 2, Odorat. — Les sensations olfactives sont-elles encore possibles en milieu liquide, c’est-à-dire … quand la substance odorante est introduite dans les fosses nasales sous forme de solution aqueuse? M Celte question est généralement résolue négative- - ment depuis les expériences de E.-H. Weber. Î Vaschide * montre qu'en se plaçant dans de bonnes conditions expérimentales, en chauffant notamment les liquides à une température un peu supérieure à celle du corps, l'olfaction est parfaite- ment possible en milieu liquide. Non seulement on perçoit l'odeur des essences de violette, de menthe, d'ail, de girofle, etc., mais certains sels, qui passent généralement comme dépourvus d’odeur, devien- nent odorants en tant que solution. Aronsohn avait. fait autrefois des constatations analogues. 3. Lumière et réflexes chez les oursins. — La peau des oursins étudiés par von Üexküll” contient des appareils nerveux réflexes, dont les uns sont mis en branle par la lumière et les autres, au con- traire, par l'obscurité. L’éclairement provoque un réflexe de fuite; l'ombration, un réflexe de défense, . au moyen des piquants, contre l'ennemi dont l'ap- \ proche se révèle par l'assombrissement de l'horizon. $ 3. — Muscles. Contraction et rigidité des muscles. — MHer- mann à alliré l'attention sur les similitudes que présente le phénomène de la rigidilé cadavérique des muscles avec celui de la contraction. Dans les deux cas, il y a raccourcissement el épaississement du muscle et développement d’une force de rac- courcissement capable de vaincre une résistance extérieure; dans les deux cas, le muscle est le siège de réactions chimiques exothermiques, réactions qui consomment des hydrocarbonés et meltent en liberté de l'acide. Lee et Harrold combattent l'idée que les deux phénomènes seraient de même ordre. Ils font remarquer que la présence d'hydrocar-" bonés favorise la contraction musculaire, tandis que leur absence la rend plus difficile. En ce qui concerne la rigidité cadavérique, au contraire, elle est favorisée par l'absence des hydro carbonés, landis que leur présence exerce unes. action nuisible, ainsi qu'il ressort d’expériences. | dans lesquelles on diminue le glycogène des mus- | cles par l'administration prolongée de phloridzine, , à des chals soumis au jeûne. La rigidité envahit. dans ce cas, les muscles peu de minutes après lan mort, landis que l'administration de dextrose avan À la mort relarde l'apparition de la rigidité mus=, culaire. Léon Fredericq, Professeur à l'Université de Liége. 1 C. R. Soc. Biologie, p. 559, 1901. 2 Arch, d ges. Physiol.,.t. LXXXIV, p. 6, 1901. Skandin. Arch. {. Physiol., t. XI, p. 382, 1901. ! C. R. Soc. Biologie, p. 165, 1901. ? Zeits. f. Biologie, t. XL, p. 4#1. % 3 Arch. ital. Biol., t. XXXVI, p. 75, 1901. ANALYSES 1° Sciences mathématiques œnigsberger (Leo) — Die Principien der Me- chanik. — 4 vol. xu-288 pages. (Prix : 11 fr. 25.) B.-G. Teubner, éditeur, Leipzig, 1902. Il ne faut pas s'attendre à trouver dans cet ouvrage un exposé didactique des éléments de la Mécanique, ou une étude, plus ou moins précise, des origines phi- losophiques de chacun des principes adoptés. Le livre de M. Kœænigsberger est une œuvre toute personnelle, dans laquelle l'Analyse mathématique joue le rôle principal, et dont le sujet seul touche à la Mécanique. Mais ce sujet est, d’une certaine facon, plus étendu : l’auteur rejette quelques-unes des hypothèses ordinaires et se propose de montrer comment doit être établie, en leur absence, une sorte de Mécanique généralisée, à laquelle la Mécanique de Lagrange se rattache, comme la Géo- métrie élémentaire à l'ensemble des Géométries non- euclidiennes. - On sait comment les équations de Lagrange définis- sent le mouvement d'un système matériel, au moyen de paramètres choisis à volonté, dès qu'on donne, avec l'expression du potentiel cinétique, celle du travail élé- mentaire des forces appliquées. L'hypothèse est que ce potentiel cinétique, fonction quelconque des paramè- tres qui déterminent le mouvement, ne dépend, en outre, que de leurs dérivées premières relatives au temps, et cela par une forme quadratique. On peut supposer, au contraire, que le potentiel cinétique ren- ferme, jusqu'à un ordre arbitrairement donné, les dérivées des paramètres relatives au temps et en soit une fonction quelconque. L'auteur, admettant seule- ment une certaine propriété d'invariance qui, du reste, s'impose, en déduit des équations de mouvement ana- logues à celles de Lagrange et dont il fait la base de sa Mécanique généralisée. Tout dépend, à ce point de vue, d'un potentiel ciné- tique, fonction donnée des paramètres et de leurs dérivées des divers ordres, et il semble d'abord que les restrictions imposées par l'existence d’un potentiel de bette espèce ne puissent être évitées. On peut, cepen- dant, imaginer des équations, de même ordre et de même aspect que les équations de la Dynamique ordi- maire, ayant avec celles-ci une analogie manifeste, des ‘propriétés communes et dont la construction n'im- mplique pas que le potentiel cinétique existe comme fonction des paramètres et de leurs dérivées relatives u temps («Sur les équations de la Dynamique », Acta Mathematica, t. XIX). — M. Kænigsberger, développe les conséquences prin- “Cipales des notions qu'il a introduites en établissant ce “qui, dans sa théorie, correspond aux principes d'Ha- “milton, de la moindre action, du mouvement du . centre de gravité et de la conservation des aires. Au Sujet des équations différentielles du mouvement, il reconnait que, toutes les forces appliquées étant nulles, | Pintégration, comme dans le cas de la Dynamique de Lagrange, équivaut à celle d'une équation aux déri- es partielles du premier ordre. La même proposition ait été déjà rencontrée par Jacobi et rapportée à une | théorie généralisée des isopérimètres. A Une partie importante de l'ouvrage est consacrée à | l'extension des principes de Helmholtz, concernant les | &m mouvements cachés », et à l'étude des conditions ns lesquelles le mouvement d'un système matériel, élon la Dynamique de Lagrange, se transforme en lui d’un autre système soumis aux règles de la Mécanique généralisée. Pour en donner un exemple, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 615 BIBLIOGRAPHIE ET INDEX l'auteur considère deux points matériels, mobiles selon la loi de Weber, et montre que leur étude est identique à celle d'un système de trois points, dont deux s'atti- rent selon la loi de Newton, le troisième, lié aux deux autres, n'intervenant que par son inertie. L'ouvrage de M. Kænigsberger laisse au lecteur l'im- pression qu'à travers une théorie, dont les développe- ments sont de pure analyse mathématique, il a été con- duit à une connaissance plus approfondie des principes mêmes de la Mécanique rationnelle, et surtout de ces équations différentielles, introduites par Lagrange dans la Dynamique proprement dite, mais d'une vérité bien moins limitée que ne l'indiquait leur origine, car elles paraissent encore devoir jouer un rôle dans les questions les plus essentielles de la Physique et de la Chimie physique. R. LiOUVILLE, Examinateur à l'Ecole Polytechnique. «+ 2° Sciences physiques Vignon (Paul), Docteur ès sciences. — Le Linceul du Christ (£tude scientifique). — 1 volume in-4 avec 38 figures dans le texte et 9 planches hors texte. (Prix, cartonné: 15 francs.) Masson et C*, éditeurs. Paris, 1902. Une pièce d’étoffe, appartenant à la Maison de Savoie et conservée comme un objet des plus précieux, est couverte de taches brunes figurant une double image d'un corps humain. Cette pièce d’étoffe est présentée comme le linceul ayant servi à l’ensevelissement du Christ, et les taches qui dessinent l'empreinte du ca- davre ont été attribuées, Jusqu'en 1898, tant au sang qui imprégnait ce cadavre qu'aux aromates ayant servi à l’ensevelissement. Le dessin porté par ce Suaire n'offre, d’ailleurs, qu'une silhouette assez vague, et ilestimpos sible d'y découvrir ce que l’on appelle couramment la physionomie d'un visage humain. Des doutes règnent sur l'authenticité de cette relique. Les uns n’y voient qu'une pièce apocryphe : pour eux, le dessin n'est qu'une vulgaire peinture exécutée d’une facon sommaire; pour d’autres, la main de l’homme ne serait pour rien dans la production de cette empreinte, qui serait due à une cause naturelle ou surnaturelle. Des photographies de ce Suaire, faites en 1898, à l'occa- sion d'une Exposition de l'Art sacré à Turin, ont rappelé l'attention sur cette pièce un peu oubliée. On constata ‘avec surprise que, sur les clichés négatifs de ces photo- graphies, les empreintes du visage avaient un caractère absolument différent de celui qu'on leur avait trouvé jusqu'alors par l'examen direct de l'étoffe. Au lieu d’une silhouette vague, on découvrit, sur ces clichés, un véri- table portrait, d’une expression à la fois grave et majes- tueuse. On comprit alors que le dessin porté par l’étoffe était une image négative, au sens photographique ordi- naire du mot, c'est-à-dire une image à tonalités ren- versées. Le nouveau renversement produit par l’exécu- tion du cliché donnait alors une image positive, apte à être interprétéeimmédiatement d’une facon correcte au point de vue esthétique. Ë En présence de cette particularité, les questions qui se posaient au sujet du « Suaire de Turin » prenaient un intérêt nouveau, et M. Vignon se donnait pour tâche de résoudre, d'après ces seules photographies, le pro- blème suivant : SUN Cette image est-elle, oui ou non, l'œuvre d'un faus- saire ? , A-t-elle été exécutée de main d'homme, ou s’est-elle produite spontanément, et, dans ce dernier cas, peut-on BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX trouver, dans le domaine scientifique, une explication logique et plausible à sa formation ? | Après une discussion approfondie et une série d’expé- riences variées, M. Vignon aboutit aux conclusions sui- vantes : 1° Les images visibles sur le Suaire de Turin sont bien comparables à un négatif photographique, pour tout ce qui concerne le modelé général du corps; 2 Ces images ne sont pas une œuvre picturale; 3% Il est impossible de reproduire, par simple contact, une tête humaine avec quelque correction; les em- preintes du Suaire se sont réalisées spontanément, mais non par les seules actions de contact; 4 Quelque chose a dû émaner du corps et agir sur le drap, et ce quelque chose à travaillé avec une force dé- croissante à mesure qu'augmentait la distance à laquelle le corps pouvait agir sur l'étofre. Après avoir été amené à cette conclusion, M. Vignon a cherché à produire des empreintes analogues. Il s'est appuyé sur une étude approfondie, faile par M. Colson, des actions chimiques produites à distance, sur des plaques photographiques, par des vapeurs émises en quantités infinitésimales, à la température ordinaire, par des substances telles que le zinc. Des expériences directes, faites avec la collaboration de M. Colson, lui ont permis d'obtenir des empreintes modelées d’une tête de Christ en plâtre et d'une médaille. I est donc démontré par là que, si, d'une part, le corps placé dans le linceul à émis des vapeurs de nature convenable et si, d'autre part, le linceul lui-même était imprégné d'une substance réceptrice appropriée, on aura une explica- tion toute naturelle des empreintes qui s'y sont des- sinées. Mais il est clair que les vapeurs actives émises par le corps ne pouvaient être des vapeurs de zinc, pas plus que la substance réceptrice qui imprégnait le Suaire ne pouvait être celle qui forme nos plaques photogra- phiques actuelles. I s'agit donc de chercher maintenant quelles ont bien pu. être les substances active et réceptrice dont on peut admettre la présence sur le corps et sur le Suaire, et qui ont pu donner un résultat équivalent. On sait que, parmi les aromates employés en Orient pour les ensevelissements, figure l'aloès. Or, M. Colson a découvert que certains principes, contenus dans l'aloès, se modilient en présence des alcalis et, en parti- culier, de l’ammoniaque, de manière à se transformer en une substance brune. D'autre part, on sait aussi que les sueurs morbides émises par certains malades (en particulier par ceux morts à la suite de longues souffrances) contiennent une proportion considérable d'urée qui, par fermenta- tion, donne rapidement et régulièrement des vapeurs ammoniacales. Des expériences directes, faites sur une main de plâtre gantée, imprégnée de substances ammoniacales et enveloppée d’un linge imprégné lui-même d’une mix- ture d'huile et d’aloès, ont donné une excellente imase de la face dorsale de la main. Il résulte de là qu'un homme mort à la suite d’un long supplice aura le corps recouvert d'un dépôt riche en urée., « Si donc, après sa mort, on recouvre son corps d’un drap imbibé d’aloès, lurée fermentera, il se déga- gera des vapeurs ammoniacales qui bruniront l'aloès et donneront des impressions chimiques négatives, analogues aux empreintes du Suaire. » Telle est l'explication, à la fois physique et physio-- logique, proposée par M. Vignon pour les images du Suaire de Turin. Dans Ja seconde partie de l'ouvrage, l’auteur s'est pro- posé d'identifier le cadavre qui a donné naissance à ces images, et il a cherché à prouver que c'est bien l corps du Christ. Mais ces considérations sortent entiè rement du domaine des sciences physico-chimiques et nous n'avons pas à y insister ici. Et maintenant, malgré le nombre et la nature des arguments qu'il à accumulés pour appuyer sa thèse, M. Vignon réussira-t-il à ranger tout le monde à son opinion? Il suffit d'examiner la nalure des objections déjà soulevées par des contradicteurs, et que l’auteur rélute au commencement de son ouvrage, pour qu'il soit permis de ne pas le penser. D'autre part, n'oublions pas que tout ce travail a été édifié sans que l’auteur ait jamais vu, ni touché la pièce originale du procès, qui a été renfermée, après l'Expo- sition de Turin, dans-son coffret à serrures multiples, et qu'on n'en a pas voulu sortir depuis. Tout l’ensemble de ces recherches est basé sur l'examen des seules pho- tographies du Suaire. 1] pourra donc paraître un peu téméraire de se prononcer d’une manière aussi catégo- rique sur la nature de la substance qui forme une image, sur une toile que l’on ne connaît que par ses photographies. ï Mais puisque l’auteur s’est trouvé dans l'impossibilité matérielle de consulter la pièce originale, on aurait mauvaise grace à lui reprocher de s'être contenté des seules données du problème qu'il à pu avoir à sa dispo= sition. Et, en présence de la logique serrée de son argu- mentation, on incline volontiers à penser qu'il ne pouvait aboutir à une conclusion autre que celle qu'il donne. Et d’ailleurs, malgré l'importance que peut avoir la solution de la question entière, savoir l'authenticité du Suaire de Turin et l'identification du cadavre auquel sont dues les empreintes, ce n’est pas tant cette solu- tion elle-même qui nous parait faire le principal intérêt du livre pour les gens de science, que les moyens employés pour la trouver et la série des raisonnements ou discussions qui ont amené l’auteur à sa conclusion sur la nature des images et sur leurs circonstances de formation. Quand bien même on devraitrenoncer, dans l'avenir en présence de données nouvelles, à la conclusion défi nitive qui termine le volume, il nous semble que ce livre n’en resterait pas moins des plus intéressants. Il continuerait à nous montrer comment la science pure, en intervenant dans un domaine en apparence étranger au sien, peut redonner de la vie à une question consi dérée comme épuisée et fournir de nouveaux éléments pour la solution d'un problème abandonné. E. CoLARDFAU, Professeur de Physique au Collège Rollin 3° Sciences naturelles Crié (L.), Professeur à la Faculté des Sciences et l'Ecole de Médecine de Rennes. — Nouveaux Elé ments de Botanique, 2° édition, 2° fascicule (Fa milles naturelles), avec 12 figures. O. Doin, Paris, 1902. Nous avons analysé, lors de son apparition, le pre= mier fascicule dutraité de M. Crié. Cette seconde partie consacrée à l'étude des familles naturelles, est cone dans le même esprit. Elle commence par une étude de Schizomycètes ou Bactéries, grâce à laquelle les débu- tants pourront s'initier aisément aux phénomènes géné: raux qui président à la vie de ces organismes. Les autres Cryptogames cellulaires (Champignons, Algues; Lichens et Muscinées) sont ensuite passés en revue, puis les Cryptogames vasculaires et enfin les Phanérogames Gymnospermes et Angiospermes). lci encore nous reucontrons, à l'appui des descrip= | tions, une foule d'exemples et de citations, trop même; | serions-nous tenté de dire, car la classification botants que semble généralement assez aride aux étudiants € gagne, pour eux, à être présentée sous une forme sim= plifiée. Et ceci nous amène à regretter que les figures et surtout les diagrammes, qui étaient, à bon droit, si abondants dans le premier fascicule, soientrelativemen peu nombreux dans le second. L’extrème importance | de ces repré-entations graphiques n’est plus à démon: | trer : grâce à elles la caractéristique d'une famille se | grave dans l'esprit bien mieux qu'à la lecture d'un texte, si clair soit-il. Il est vrai que de nombreux renvois per- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 647 | | mettent au lecteur de se reporter à des figures du pre- … mier fascicule; peut-être eût-il mieux valu des répéti- _ tions. fi: Quoi qu'il en soit de cette légère critique, ellene peut nous empêcher de reconnaitre les sérieuses qualités de ce volume, qui complète heureusementl'important Traité de M. Crié. L'ensemble de l’ouvrage représente de la … part de l’auteur un effort considérable, dont il sera cer- tainement récompensé par la faveur du public. Les étu- diants y trouveront, en effet, un utile intermédiaireentre les manuels trop restreints et les ouvrages d'ensemble, généralement trop complets; la multiplicité des exem- ples, choisis autant que possible parmiles plantes com- munes, matérialisera le texte et rendra également des services au travailleur de laboratoire, pour lequel les « Eléments de Botanique » deviendront un véritable aide-mémoire. L. Lurz, : Docteur ès Sciences, Chef de travaux à l'Ecole de Pharmacie de Paris. Bohn (D: Georges), Préparateur à la Faculté des Scien- ._ ces de Paris. — Les Mécanismes respiratoires chez les Crustacés Décapodes (T'hèse de la Faculté des - Sciences de Paris). —1 vol. in-8° de 37% pages, avec figures. Extrait du Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, 3, rue d'Ulm. Paris, 1902. . L'auteur étudie d’abord le milieu marin et constate “que les algues vertes entrainent la diminution de l'am- noniaque libre et l’auxmentation de l’ammoniaque CHO — CH? — CHF, de sorte que, lorsque les dérivés du styrolène sont Substitués en +, on obtient des phénylacétones R — CO CH? — CH, et, lorsqu'ils sont substitués en w, on Mohbtient des dérivés de la phénylacétaldéhyde : D'autre part, l'instabilité du groupe C‘H5, ou plutôt sa endance à migrer d'« en w, est singulièrement ren- lorcée quand ce C°H° est pourvu d'une ou plusieurs bstitutions capables d'augmenter sa grandeur molé- laire et, par conséquent, son aptitude à la migration; best ce qui explique pourquoi cette transposition mo- léculaire, qui est toujours réalisable quand on fait ir AzO*Ag sur les iodhydrines, ne s'effectue avec 20 que lorsque le CSHS est suffisamment substitué. ans ces diverses migrations, c'est toujours par le “même sommet que le groupe aromatique s'attache au uvel atome de carbone; c'est ainsi que le paramé- loxystyrolène fournit la paraméthoxyphénylacétal- éhyde et non le dérivé méta ou ortho correspondant. t que la transposition moléculaire envisagée ne peut produire, exclusivement, qu'avec les composés pos- ant leur C°H° au voisinage de la fonction éthylé- e, ce qui explique pourquoi il n'a pas été possible tenir de résultats avec les dérivés à chaine ally- que tels que le safrol et le méthyleugénol. M. Tiffe- neau Signale la formation d'aldéhyde hydratropique à Ôté de l’u-monoacétine du méthylphénylglycol dans action de l’acétate de potasse alcoolique sur la chlor- Ydrine du méthoéthénylphène. — M. Bougault a udié l’action oxydante du suc de Russula deliea Fr. ne autre conséquence de cette migration phénylique. sur la morphine. L'oxydation se fait assez rapidement et convertit intégralement la morphine en oxymor- phine. Ce résultat appuie l'opinion de ceux qui pensent que la morphine introduite dans l’économie se con- vertit en oxymorphine. Si cela est, il conviendra dé- sormais de ne pas négliger la recherche de l’oxymor- phine, parallèlement à celle de la morphine, dans les cas d'intoxication par ce dernier alcaloïde. M. Bougault donne quelques détails sur la solubilité spéciale de l'oxymorphine et de ses sels, ainsi que sur quelques réactions colorées utiles pour différencier l'oxymor- phine de la morphine. — M. Javillier communique les recherches qu'il a effectuées sur l'existence de la présure chez les végétaux. Il l’a trouvée dans les sucs de Lolium perenne, de Medicago lupulina, de Plantago satina, etc. Il montre, en opérant de facon plus rigou- reusement scientifique que ses devanciers, que cette présure est tout à fait identique au ferment lab des animaux. — M. Gabriel Bertrand, à l'occasion des travaux de M. Armand Gautier sur l’arsenic normal de l'organisme et des contradictions récentes qui ont paru à ce sujet, a repris l'étude du procédé de Marsh, de la destruction des matières organiques et de l’arsenic normal. Il est arrivé à déceler jusqu'au demi-millième de milligramme d'arsenic, grâce à des précautions spéciales dont les plus importantes ont pour but d'éviter l'oxydation de l’enduit arsenical. Enfin, il a rencontré dans les tissus kératiniques, et notamment dans les cornes, de si grandes quantités de métalloïde qu'il ne peut plus subsister de doute touchant lexis- tence de l’arsenic dans l'organisme normal.— M. Béhal présente une note de M. Vittenet sur les variations des densités des mélanges. hydroalcooliques, et une note de M. Cari-Mantrand sur les moûts de vendange et vins de liqueur. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES. XV.-E. Wilson: La température réelle du Soleil. — En Mars 1894, le D' Johnsione Stoney a communiqué à la Société une note de MM. W.-E. Wilson et P.-L. Gray, intitulée « Recherches expérimentales sur la température réelle du Soleil ». Voici la méthode que les auteurs avaient adoptée dans ces recherches : Un rayon de soleil est envoyé horizontalement dans le la- boratoire au moyen d'un héliostat à miroir simple de Stoney. Le miroir est une surface optique de verre non argenté, et le rayon est dirigé par une des ouvertures (A) d’un radio-micromètre différentiel de Boys. L'autre ouverture (B) recoit la radiation d’une bande de pla- tine, qui peut être élevée à la température désirée par un courant électrique fourni par une batterie d’accu- mulateurs. La température de cette bande peut être déterminée par son expansion linéaire, l'instrument ayant été auparavant calibré en ayant fait fondre sur lui de petits morceaux de AgCI et d'or pur, comme dans le meldomètre de Joly. On place devant l'ouver- ture (B) du radio-micromètre un bouchon avec un trou circulaire de 5,57 millimètres; la distance de ce trou à à la surface réceptrice du thermo-couple est de 60,2 millimètres. Cela donne, pour l'angle sous-tendu par un diamètre de l'ouverture à la surface réceptrice, 5° 301. Alors, connaissant : 4° le rapport entre le dia- mètre angulaire de cette ouverture circulaire et celui du Soleil, 2° la température de la bande de platine au moment où le radio-micromètre est équilibré, 3° la quantité de radiation solaire perdue par réflexion su le miroir de l'héliostat et aussi par l'absorption dans l'atmosphère terrestre, il est possible, quelle que soit la loi qui relie la radiation à la température, de détermi- ner la température réelle du Soleil. DEN 2 Une série d'observations concordantes ont été faites dans ce sens; la moyenne obtenue a été de 6.200° G. comme température réelle du Soleil. . Depuis lors, l'auteur a perfectionné son appareil de la facon suivante : Afin de protéger la bande de plaz 634 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES line incaudescente des courants d'air, on la recouvre d'une enveloppe d'eau en cuivre doré, qui possède un trou circulaire sur un de ses longs côtés, à travers le- quel sa radiation peut atteindre l'ouverture du radio- micromètre. Les parois internes de cette enveloppe étant très bien polies, il est passible qu'une partie de la radiation des points éloignés de la bande de platine ait pu être reflétée en arrière et em avant par les parois polies et la bande elle-même, en S'échappant enfin par l'ouverture et atteignant le radio-mieromètre, augmentant ainsi la quantité de radiation qui Faurait atteint directement de la bande seule. Afin de prouver cette supposition, l'auteur a d'abord pris un certain nombre de lectures à des températures connues avec les parois de la bande de platine polies comme précédemment. Ensuite, il a enfumé la surface des parois, et il a trouvé que la quantité de radiation provenant de l'ouverture était alors sensiblement ré- duite. Il est possible, aussi, que des changements dans la condition de la surface de la bande de platine puissent affecter son émissivité, et, en somme, il est très peu probable que l'on puisse déterminer avec précision quelle est lémissivité du platine brillant par rapport au noir de fumée. Dans le mémoire original, l’auteur a pris l'estimation de Rosetti (35 °/.\ comme la valeur la plus probable pour cette quantité; mais, comme son estimation pre- imière de la température du Soleil dépend en grande partie de ce facteur, auquel se rattache une si grande incertitude, il a pensé qu'il serait préférable d'abolir entièrement la bande de platine comme source de ra- diation, et d'y substituer une enceinte uniformément chauffée, qui radierait comme un « corps absolument noir ». En 1895, M. Lanchester a fait remarquer à l’auteur qu'une elle enceinte serait théoriquement un radia- teur parfait, tandis que Lummer, Paschen et d’autres, employant la radiation d’une source semblable, ont confirmé d'une manière remarquable la loi de radiation de Stefan, c'est-à-dire R = aT*. Le radiateur employé. était un tube de porcelaine de 0°66 de long et de 3 centimètres de diamètre inté- rieur, adapté dans un four à gaz de Fletcher. On place un bouchon d'amiante dans le tube à environ 30 centi- mètres de l'extrémité éloignée du radio-micromètre, et l'extrémité d'un thermomètre à résistance de platine de Callendar repose sur ce bouchon. Devant l'extrémité ouverte du tube se trouve une ouverture rectangulaire, large de 5 millimètres, dans un grand écran à eau en cuivre; une plaque fermant cette ouverture est mise en mouvement par une vis micro- métrique donnant 0,01 millimètre. Cette ouverture est à 66,3 millimètres de la surface du thermo-couple. Pour faire une observation, le tube est chauffé à la température la plus élevée dont le four est capable, et la radiation de l'intérieur du tube, passant dans l'ou- verture (B) du radio-micromètre, est ajustée par la vis micrométrique jusqu'à ce que l'équilibre soit obtenu avec la radiation du Soleil, à travers l'ouverture (A). Après une première série d'observations, le fourneau et le tube sont élevés de facon à ce que la radiation de ce dernier passe par l'ouverture (A) sur laquelle la ra- diation solaire tombait précédemment, tandis que le rayon du Soleil est maintenant dirigé sur (B). Dans cette position, on fait une seconde série d'observations. La moyenne géométrique des résultats des deux groupes donne la température réelle du Soleil. La moyenne des observations donne 5.7759 C. absolus comme température réelle du Soleil. En calculant ce résultat, on à employé le coefficient d'absorption atmos- phérique de Rosetti, c'est-à-dire 0,29. En prenant la valeur de Langley, c'est-à-dire 0,41, le résultat serait de 6.085° C. absolus. Il est intéressant de tenir compile aussi de l'effet de l'absorption dans l'atmosphère solaire. En se basant sur les résultats des expériences de Wilson et Ram- baut, la tempéralure réelle du Soleil serait alors de 6.863° C. absolus. 29 SCIENCES NATURELLES. H.-M. Kyle : Action de l’'Epurge (Euphorbia hiberna L.) sur les Salmonides. — On sait depuis quelques années que les paysans irlandais emploient une méthode simple pour se procurer du saumon et de la truite au moyen de l’épurge (Æ. hiberna L.). Cette plante, coupée en petits morceaux et broyée avec des pierres, ou simplement foulée ‘aux pieds à une place convenable de la rivière, produit dans l’eau une émul- sion qui, entraînée dans les étangs, occasionne la mort de tous les poissons sur tout son parcours. La destruc- tion produite par ce moyen semble avoir été énorme; dans un cas, à 400 saumons ont été tués en même temps, et, dans les rivières de Bandon, 500 à 1.000 pois- sons de toutes sortes ont été empoisonnés pendant une saison. Ces renseignements ne paraissent pas exa= gérés, car l'extrait d'épurge, même en petite quantité, est presque aussi fatal pour les poissons que du sublimé corrosif. L'effet mortel de l'épurge sur les poissons a été utilisé dans d’autres pays que lIrlande, mais on n'a pas recherché jusqu'à présent à quel constituant de la plante ces effets sont dus. M. H.-M. Kyle vient de se livrer à l'étude de cette question, et il est arrivé aux résultats suivants : L'analyse chimique de l'extrait d'épurge mon qu'il contient de l'acide tannique. C’est vraisemblable ment à ce constituant que l'extrait doit son effe mortel. Des expériences sur la circulation dans les poumons et le mésentère d'une grenouille ont, en, effet, révélé une grande ressemblance entre l’actio de l'extrait d'épurge et de l'acide tannique. Dans le cas des truites, la ressemblance s'étend jusqu'à ce point que les poissons qui ont subi l'influence soit de l'ex trait d'épurge, soit de l'acide tannique, placés ensuite dans de l’eau fraîche, ne reviennent pas à la vie, comme c'est le cas pour les saumons. Le pouvoir de l'extrait d'épurge de produire un effet fatal persiste pendant plusieurs jours sans diminution; 20 °/, de l'extrait frais est mortel en cinq minutes, tandis que. pour 0,01 °/,, il faut quatre à six heures; ce pourcen lage paraît être le plus faible qui puisse avoir un résul {at fatal. Dans le cas des poissons, l'auteur considère que la mort provient de l'inflammation des ouies et de la stase de la circulation qui en résulte, conséquence de l'action de l'acide tannique que contient l'extrait d'épurge. On a calculé que l'extrait frais contient environ 1 °/, d'acide tannique; mais, d'après cette estimation, l'extrait d'épurge est mortel dans un temps plus court que la quantité correspondante d'acide tan: nique. Par conséquent, ou le pourcentage de l'acide tan nique a été estimé au-dessous de sa valeur, ou bien une où plusieurs substances de l'extrait aident aussi à produire un effet fatal. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 13 Juin 1902. La séance s’est tenue au National Physical Labora tory, et a été entièrement consacrée à la visite des dif férents laboratoires, dont les instruments ont été décrits par les professeurs et chefs de service. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 28 Mai 1902. MM. T.-E. Thorpe et G. Stubbs ont préparé € étudié l'alcaloïde de l'if (Taxus baccata), qu'ils nom ment faxine. C'est une substance blanche, donnant de précipités avec la plupart des réactifs des alcaloïdes. Elle paraît correspondre à la formule C#H*Az0"; elle donne deux sels avec le chlorure d’or et un iodométhy= late. — M. J.-W. Lather a fait aux Indes des expé- riences pour déterminer l'exactitude de la méthode à la tarière pour l’échantillonnage des sols. Dans la plupart des cas, les résultats concordent pour les divers échan- ïillons, mais il peut y avoir des divergences allant jus- ‘à 1/20, que l’auteur considère comme trop éle- vées. La méthode de Rothamsted donne d'aussi bons ésultats que la méthode à la tarière. Les recherches Sur les sols pèchent en général par la méthode d’échan- lonnage. — Le même auteur a étudié quelques eaux de puits très salées des Indes. Elles contiennent de 200 à 2.000 parties de sel pour 100.000 d'eau. Environ la moitié du résidu salin est du Na]; il y a, en outre, du nitrate, du carbonate et du sulfate. Dans quelques cas, ‘il y a du chlorure de calcium. Quelques-unes de ces eaux sont employées pour l'irrigation des cultures, sans effets nuisibles lorsqu'il n’y a pas plus de 0,5 °/, de sel. MM. J.-T. Hewitt et A.-W.-G. Woodforde ont montré que la dinitrofluorescéine est le dérivé #5; traitée par le brome, elle donne la #:5-dinitro-2:7-dibro- mofluorescéine, soluble en brun dans les alcalis et en eu à chaud. La dibromofluorescéine de Baeyer est le érivé 4:5 ; avec l'acide nitrique, on obtient la 2:7-dini- ro-4:5-dibromofluorescéine, soluble en pourpre dans es alcalis. — M. E.-G. Clayton à examiné quatre échantillons de sesquisulfure de phosphore commercial; ux étaient à peu près purs; les autres contenaient de eau, du phosphore rouge, de l'acide phosphorique, du fre, etc. Le produit pur ne donne pas la réaction de Scherlich; les produits impurs la donnent, au con- aire. L'auteur se propose de rechercher sil'exposition ët la conservation à l'air peuvent provoquer une oxyda- ion partielle du sesquisulfure pur ou une altération de Sa composition telle, qu'il donne, au bout d’un certain temps, la réaction de Mitscherlich. — M. P.-W. Ro- bertson a trouvé que, pour les éléments de poids ato- Mique supérieur à 40 qui ne se dilatent pas par refroi- dissement, la chaleur atomique de fusion divisée par le point de fusion absolu multiplié par la racine cubique volume atomique est une constante, soit : 3 Aw/TVV — constante. Bette règle se vérifie à + 10 °/, près, excepté pour le plomb. L'auteur a trouvé une expression analogue pour a préparé diverses cétones mixtes en décompo- int par la chaleur un mélange des sels de calcium des acides organiques correspondants. — MM. F.-E. Fran- et E.-B. Ludlam ont préparé les composés d'addi- on de la benzylidèneaniline avec les méthyl-, éthyi- et “propyl-benzylcétones dans le but d'obtenir les formes tautomères de ces dernières; ils ont obtenu des varié- tés «, 8 et y, mais trop instables pour servir à des re- cherches précises. — M. T.-S. Patterson a étudié l'in- ence de divers hydrocarbures aromatiques sur la ro- tion spécifique du tartrate d’éthyle. En solution diluée, benzène la diminue légèrement, le toluène davan- age, les xylènes encore plus. Le naphtalène, au con- Mraire, augmente la rotation spécifique. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LONDRES Séance du 5 Mai 1902. «M. O. Hehner indique une méthode pour obtenir du inc absolument exempt d'arsenic. On fond du zine or- dinaire dans un creuset d'argile, puis on y ajoute un -pelit morceau de sodium et l’on agite avec une baguette everre dur; il se forme une écume noire qu’on enlève ; | on recommence plusieurs fois l'opération. Puis on re- oidit jusqu'aux environs du point de solidification et granule le métal, qui est alors tout à fait débarrassé rsenic. — MM. J.-S.-S. Brame et V.-B. Lewes ont Staté qu'on peut préparer commercialement, à des ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 655 | prix peu élevés, un carbure de manganèse très pur. Un mélange de ce carbure avec du carbure de calcium, traité par l'eau dans un générateur convenable, fournit un gaz d'éclairage mixte, contenant du méthane, de l'hydrogène et de l'acétylène, la chaleur produite par l'action de l’eau sur le carbure de calcium étant suffi- sante pour provoquer la réaction du carbure de man- ganèse avec une autre partie de l’eau. Ce gaz mixte a l'avantage de brûler sans encrasser les becs. Les expé- riences faites pour obtenir un carbure mixte de cal- cium et de manganèse n’ont pas donné de bons résul- tats. Avec un excès de chaux, il se forme seulement du carbure de calcium; avec un grand excès de bioxyde de manganèse, on obtient du carbure de manganèse presque pur. SECTION DE LIVERPOOL Séance du 30 Avril 1902. M. A. Carey communique sesétudes sur les transports par voie d'eau à l'intérieur de l'Angleterre, spéciale- ment en ce qui concerne les produits chimiques lourds et les matières premières. Le développemont des ca- naux en Angleterre est relativement restreint, par suite de la rapidité avec laquelle les chemins de fer se sont introduits dansce pays. Or, actuellement, le prix des transports par voie ferrée est très élevé, et il serait cer- tainement de beaucoup inférieur sur des canaux. Aussi la Société, sur la demande de M. A. Carey, s'engage à soutenir auprès du Gouvernement le bill sur les canaux qui vient d'être présenté à la Chambre des Communes. SECTION DE MANCHESTER Séance du 2 Mai 1902. MM. R. Ross et J. P. Leather ont déterminé la constitution des diverses huiles minérales à gaz. Le pétrole solaire américain contient probablement des paraffines et des oléfines en quantités presque égales et très peu de composés cycliques. Le pétrole solaire russe se compose surtout de paraffines, avec un peu d'oléfines et encore moins de naphtènes. Le pétrole solaire de Bornéo consiste presque entièrement en naphtènes et oléfines, avec très peu de paraffines; la proportion des oléfines s'élève avec le point d'ébullition. Le pétrole solaire du Texas se place entre ceux de Bornéo et de Russie; c’est le meilleur pour la fabri- cation du gaz. SECTION D ÉCOSSE Séance du 8 Avril 4902. M. Th. Gray a recherché les phénols qui se trou- vent dans l'huile de schiste. La créosote de «naphte vert » retirée de cette huile contient 5-6 °/, de phénol et 12-15 °/, d'o-crésol. Le reste du mélange est formé de m-crésol et de xylénols. Le p-crésol et le créosol paraissent être absents; le gaïacol se trouve en très minime quantité. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE : . Séance du 30 Mai 1902. M. E. Goldstein désigne sous le nom de rayons canalaires les rayons qui apparaissent avec une cathode pourvue de petits trous ou de fentes étroites, du côté opposé à l’anode, et qui forment, avec les trous des cônes étroits, avec les fentes des bandes à faibles divergences de rayons. L'auteur a constaté qu'il existe tout un groupe de rayons canalaires qui comprend : 4° les rayons de la première couche; 2° les rayons canalaires proprement dits; 3° les rayons K, qui se pro- duisent à la partie antérieure des cathodes même non perforées; 4 les rayons nébuleux réguliers qui enve- loppent les rayons canalaires; 5° des rayons diffus. Séance du 13 Juin 1902. M. A. Brand a recherché si la grande quantité de chaleur qui est mise en liberté par la décomposition 656 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de l'ozone peut être transformée en partie en courant électrique; il répond par l'affirmative; la quantité de chaleur transformée en électricité (au moyen d'une pile à gaz platine-oxygène et platine-ozone) est d'au- tant plus grande que la température est plus basse. — M. F.-F. Martens présente un spectroscope à rayon de sortie fixe. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 9 Mai 1902. SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Fischer éludie quanti- tativement la production d'électricité par le passage de bulles d'air dans l’eau. Elle dépend à la fois de la grosseur des bulles et de la hauteur dontelles s'élèvent. La température de l'eau ou de l'air a également une influence; la production d'électricité augmente avec la température. — M. E. Dolezal : Solution photogram- métrique du problème des nuages vus d'un point fixe par l'emploi des réflexes. — M. W. Burstyn à déter- miné les tensions de vapeur de la métaldéhyde, po- lymère de l'aldéhyde acétique, jusqu'à 1009; déjà aux températures basses, par exemple à 359, il y a dissocia- tion partielle. La détermination de la densité de vapeur dans la vapeur d’aniline, d’après Hofmann, montre aussi qu'une grande quantité de métaldéhyde est trans- formée en acétaldéhyde. La détermination eryosco- pique du poids moléculaire en solution de phénol ou de thymol donne une molécule de 3 à 3,6 fois plus grosse que l'acétaldéhyde. L'auteur en conclut que la molécule de métaldéhyde contient au moins 4 molécules d'acétal- déhyde. — MM. J. Herzig et J. Pollak, en traitant l'éther méthylique de l'acide gallique par le diazomé- thane, ont obtenu des acides éthers OH OCH* FE /Nocxs CoO0H OH NA GOOHK/0H d'où l’on peut obtenir des éthers mono et diméthyliques du pyrogallol encore inconnus. — Les mêmes auteurs ont constaté que les phtaléines se laissent alkyler par le diazométhane à peu près de la même façon qu'avec les iodures d'alkyles etles alcalis. La fluorescéine donne un diéther lactonique. — M. A. Kirpal, par action de l'iodure de méthyle sur l'anhydride cinchoméronique, a obtenu son iodométhylate; celui-ci donne avec de l'eau l'acide apophyllénique et avec l'alcool un éther bétaïque ; ce dernier s'obtient aussi à partir de l'éther méthy- lique + de lacide cinchoméronique et de l'iodure de méthyle; il a donc la constitution : COOCH* di): A CHAZ- 0 Séance du 15 Mar 1902. 4° SCIENCES PHYSIQUES. — M. K. Kellner a soumisle brome pur, dans des tubes analogues aux tubes à 0zo- niser de Siemens, à l’action d'un courant électrique de haute tension (250.000 à 300.000 volts). Après quelques heures ou quelques jours, le brome à entièrement dis- paru et il se forme, sur la paroi des tubes, un dépôt Jaune composé entièrement de petits cristaux. Ces cris- taux sont presque insolubles dans l'eau et les acides: chauffés dans un tube de verre, ils se décomposent en donnant : un liquide acide, des vapeurs blanches qui subliment à l'extrémité du tube, un résidu noir métal- lique. L'auteur pense qu'il se (trouve en présence d'un bromure métallique, voisin des bromures de molvhdène et de ruthénium, peut-être du bromure du corps de poids atomique 100 qui manque dans le groupe VII de la table de Mendéléeff, — M. R. von Stepski a étu- dié Ja combustion ménagée des vapeurs d'isopentane, d'hexane normal et d'alcool isobutylique, mélangées d'air, en présence de feuilles de platine. Dans les trois cas, les produits principaux sont l'éthylène, la formal- déhyde et l'eau. — MM. A. Franke et M. Kohn, en traitant le glycol f-butylénique par HBr fumant, ont ob - tenu le 1:3-dibromobutane. Celui-ci, traité par le cya- nure de potassium en solution alcoolique aqueuse, four- nit le cyanure d'a-méthyltriméthylène CH*.CH(CAz).CH2. CH*.(CAZ), Eb. 134° sous 43 mm. Ce nitrile, saponitié par HCI fumant, donne enfin lac. a-méthylglutarique, F. 819. — MM. M. Kohn et G. Lindauer ont préparé l’'oxime de l'alcool de la diacétone (CH*)*C(OH).CH. C(AZOH)CHS, F. 57-582, Réduite par le sodium dans lal- cool, elle fournit l'oxy-B-isohexylamine (CH*)*C(OH). CH?.CH(AzH?).CH*, Eb. 174. Celle-ci réagit avec l'iso- sulfocyanate de phényle en donnant une phénylsul- fo-urée substituée, qui est décomposée par HCI avec formation d’un dérivé de la penthiazoline. — MM. Ed. Lippmann et I. Pollak ont obtenu le dibenzylanthra- cène par l’action du chlorure de benzyle sur l’'anthra- cène. Il donne avec Br un dérivé monobromé, qui, bouilli avec de l’eau et un peu de potasse, donne un monoxydibenzylanthracène. — Les mêmes auteurs, en chauffant longtemps du chlorure de soufre avec du benzène du commerce, ont obtenu du benzène exempt de thiophène. — Enlin, les mêmes auteurs ont remar-" qué que le chlorure de benzal, en présencé d'acide sul- furique concentré, donne, avec les divers hydroca bures aromatiques, des colorations caractéristique 20 SCIENCES NATURELLES. — M. Th. Fuchs min. qu'un bel échantillon de Balantium du Muséum dg Vienne provient des « couches de Niemtschilz »; pou lui, plusieurs autres dépôts tertiaires, attribués géné- ralement au Miocène, appartiendraient en réalité à un horizon plus ancien. — Le même auteur fait ressortir l'existence d'un Fucoïde très caractéristique des cou- ches inférieures du Silurien (Phycodes circinatus). On l'a trouvé en Cilicie (Asie-Mineure), ce qui rend très. probable l'existence du Silurien dans cette région. —. M. F. Steindachner décrit une nouvelle espèce de, Ptyodactylus, trouvée par l'expédition du Sud de PAra- bie, et qu'il nomme socotranus. Elle se rapproche du. P. homolepis desindes, mais en diffère par le mode de limitation des narines. — M.J.L.von Liburnau: Com-. plémentde la description de l'Halimeda Fuggeri fossile. Séance du 22 Mai 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Wassmuth : Sur une déduction des équations différentielles géné- rales du mouvement d’un corps fixe. — M. W. von Hillmayr déduit, par la méthode du rapport de la va- rialion des distances, de nouveaux éléments paraho- liques de la comète 1854 II, d'après les éléments d’abord calculés par Winecke et Pape. 2» SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Mazelle envoie une note sur les secousses sismiques observées à Trieste en 1901, au moyen du pendule horizontal de Rebeur- Ehlert. — M. R. von Hasslinger a cherché à reproduire le diamant par cristallisation du carbone dissous dans un silicate fondu de composition analogue à la gangue diamantifère du Sud de l'Afrique. Il a obtenu des dia- mants de 0,05 mm., tout à fait transparents et cristal - lisés en octaèdres. — M. R. Andreasch à préparé la lactylurée en combinant l'alanine au cyanate de polas sium et évaporant avec HCI concentré. Par l’action du brome en solution acétique sur la lactylurée, on obtient: un dérivé bromé instable qui, par élimination d'HBr, se transforme dans le pyruvinuréide de Grimaux. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. K. Attems: Les My-" riapodes de Crète.— M. von Mojsisovics communique de nouvelles recherches sur l'existence des Pseudomo notis ochotica et subeireularis dans le Trias arctique: Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 43 ANNÉE N° 14 30 JUILLET 1902 Revue générale des Scienc pures el appliquées DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. 1. OLIVIER. 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaua publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Distinctions scientifiques Élection de M. Bouvier à l'Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 7 juillet, Académie a procédé à l'élection d'un membre dans sa Section de Zoologie et d'Anatomie en remplacement de feu H. Filhol. La Section avait présenté la liste sui- Mwyante de candidats : En premiere ligne, M. E. Bouvier; Men seconde ligne, M. F. Henneguy; en troisième ligne, MM. R. Blanchard, F. Houssay et Oustalet; en qua- Mérième ligne, MM. Ch. Janet et A. Pizon. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants ant 52, | | M. Bouvier a obtenu . . . . 39 suffrages M. Houssay — nn S — M. Henneguy — HONTE — M. Blanchard — CORTE | — M. Bouvier, ayant obtenu la majorité absolue des uffrages, a élé déclaré élu. . Hautement appréciés par tous les zoologistes, les tra- myaux du nouvel académicien sont demeurés, jusqu'à présent, peu connus du grand public, qui n'a pu aller Chercher, dans le détail des Mémoires spéciaux de Mauteur, les idées philosophiques qui ont constam- mnent guidé et fécondé ses recherches. Entré dans la “Science avec les idées cuviériennes que professaient halors la plupart de ses maitres, c'est sous la pression des faits mis au jour par ses investigations métho- diques, que peu à peu il sentit s'imposer à son esprit “là justesse des doctrines évolutionnistes. Ses remar- mquables observations sur l'anatomie des Buceins, qui, pour expliquer la structure de ces animaux, l’amenè- Mrent à étudier les formes archaïques du même groupe, déterminèrent sa conversion au transformisme et du hinème coup lui mirent en main l'instrument le plus précieux pour discerner, par la suite, la filiation des wrganismes. C’est, en effet, à la recherche des affinités bét de l'enchaîinement des espèces que M. Bouvier s’est rincipalement adonné. Attentif aux indications de la aléontologie, comme à celles de la Géographie zoolo- Sique, il s'est constamment attaché, dans l'étude de Chaque groupe, à dépister les formes archaïques, puis à (L ? REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. 1 + Tr CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE en suivre l’évolution jusqu'aux types les plus modernes, de facon à établir un départ certain «entre les carac- tères primitifs et ceux qui résultent d'adaptations plus récentes ». Cette méthode n’est pas seulement excellente en Zoologie : M. Bouvier l’a appliquée avec le mème succès à l'Ethologie : on peut dire qu'ainsi il a éclairé d’un jour inattendu le mécanisme des instincts et ré- nové l'étude des phénomènes de l'intelligence chez les animaux. : Ses travaux, tous animés et dirigés par ce principe viviliant, ont principalement porté sur les Mollusques, les Vers annelés et les Insectes. Entre autres résultats importants, ils ont établi : 4° La filiation des formes hermaphrodites des Gasté- ropodes aux formes unisexuées du même groupe par l'intermédiaire d'organismes dont les Actéons sont aujourd'hui les uniques représentants; 20 L'origine homarienne des Crabes; 3° Le mécanisme de l'adaptation des Décapodes aqua- tiques à la vie terrestre; + 4° Les relations de descendance entre les Crustacés des grandes profondeurs et les Crustacés du littoral. Plus récemment, M. Bouvier a ému les natura- listes en soutenant l’origine annélidienne des Péri- pates et en présentant ces animaux comme le trait d'union effectif des Vers annelés aux Arthropodes. C'est cet ensemble de travaux considérables, conduits avec un remarquable esprit philosophique et soignés jusque dans le dernier détail, que l’Académie a voulu récompenser en appelant à elle le savant professeur d'Entomologie du Muséum. $ 2. — Astronomie Mesures du diamètre d'Uranus. — Le Pro- fesseur J. Sée a récemment obtenu une détermination de la valeur du diamètre d'Uranus avec la lunette de 26 pouces d'ouverture de Washington; le résultat de ses observations de jour est 3"08; celui de ses observations de nuit 3"47; le premier (qu'il est préfé- rable d'adopter comme moins affecté par l'effet de l'ir- radiation) indique un diamètre réel de 42.772 kilo- mètres (soit près de 7 fois'celui de la Terre). 658 CHRONIQUE ET Ces observations ont indiqué également qu'Uranus possède un léger aplatissement; si, sans en tenir compte, on considère Uranus comme une sphère, on trouve, avec ces données et la masse connue de l’astre, que sa densité moyenne est environ 2,09 par rapport à celle de l'eau. La tache rouge de Jupiter. — Les Asfrono- mische Nachrichten ont récemment publié des obser- vations de la tache rouge faites par M. Stanley Williams, qui, quoique exécutées dans des conditions relative- ment défavorables (à cause de la grande déclinaison australe de Jupiter), montrentnettement que la période de rotation de cet objet diminue sensiblement, ce qui confirme diverses observations analogues faites anté- rieurement, La période de rotation moyenne de la tache de Jupiter a été trouvée égale à 9855'40"92 en 1901 par M. Stanley Williams, soit 1.38 de moins que la valeur trouvée par le même observateur l'année pré- cédente. - $S 3. — Electrotechnique Projet de traction électrique pour lignes de chemin de fer à voie normale (Suisse). — Pendant que deux Compagnies allemandes poursuivent des essais qui mettront en lumière les conditions dans lesquelles l'électricité pourrait se substituer à la vapeur pour la traction des trains", les Ateliers suisses d'Oerli- kon projettent la traction électrique au moyen de locomotives munies de moteurs à courant continu, de convertisseurs et de prises de courant, empruntant à la ligne un courant alternatif monophasé. L'avantage immédiat du courant alternatif simple est qu'il n'entraîne pas une complication aussi grande de la ligne de distribution de courant et des prises de courant en contact avec elle : on peut adopter pour ligne un seul fil tendu au voisinage de la voie, et faire servir celle-ci pour le retour du courant à l'usine. Les Ateliers d'Oerlikon ne s’en sont pas tenus à la conception théorique de leur projet, conception dans laquelle ils ont déjà des devanciers?, mais ils construi- sent, en vue de leurs essais, une locomotive destinée à la traction par courant alternatif simple, dans les con- ditions que nous venons d'indiquer. La tension adoptée est de 15.000 volts, et le retour du courant se fait par les rails. La ligne unique est montée latéralement à la voie, et présente beaucoup d'analogies avec une ligne de trolley, à la différence près du vol- tage, qui est beaucoup plus élevé, et du mode de sus- pension, qui consiste à supporter la ligne par la partie inférieure, au lieu de la supporter par le haut, comme toutes les lignes de trolley : il est plus facile, avec celte construction, de placer au-dessous de la ligne des dispositifs de protection efficaces, Les aiguillages présentent des difficultés, pour les- quelles a été étudiée une solution assez élégante. La locomotive en construction pèse #4 tonnes, et peut remorquer un poids de 250 tonnes sur rampe de 4 °/,, à la vitesse de 40 kilomètres. On admet qu'elle pourra développer 575 chevaux à la jante des roues, c'est-à-dire, avec un rendement total de 75 °/,, une consommation de 45 ampères sous 14.000 volts. On voit que l'intensité de courant est bien loin d'atteindre hautes valeurs en usage avec le courant continu employé à 500 volts. Avec cette der- uière solution, lintensité du courant dépasserait 1.100 ampères pour la mème puissance, et correspon- les drait à une chute de tension en ligne proportionnel-. | lement plus élevée, Proiet de transport électrique de force. — Lord Kelvin a, d'après le Western Electrician, concu 1 Revue générale des Sciences, n° du 15 juillet 1902 : Essais de traction électrique à graude vitesse sur la ligne militaire de Berlin à Zossen (Allemagne). ? Notamment Ward Leonard aux Etats-Unis. | | CORRESPONDANCE unprojel vraiment nouveau pour le captage et l'envoi, x grande distance, de la puissance hydraulique de la rivière Guenesse, affluent du lac Ontario. En installant des barrages relativement peu coûteux en un nombre suffi= 4 sant de points convenablement choisis tout le long de | la rivière, on crée une série de lacs artificiels considé- rables. Des turbines installées ‘au pied des barrages” utilisent ainsi uniformément pendant toute l’année une grande partie de la hauteur de chute totale de l’eau. La difficulté était de collecter et de transporter éco-. nomiquement la puissance produite le long d’une ligne. très étendue. L'emploi, devenu usuel, des courants tri-"k phasés à haute tension est, dans ce cas, pratiquement impossible, à cause, notamment, de la nécessité de réunir chaque alternateur par un cireuitindépendant à. une station centrale chargée de régler les phases, ce qui occasionne une dépense très considérable en con-" ducteurs. Lord Kelvin propose de se servir du courant, continu à haute tension produit par des dynamos reliées en série. Chacune de ses turbines actionne une dynamo de 2.000 volts. Un seul câble d'aluminium d’un demi-pouce de diamètre suflit à les relier toutes (le fil de retour. regagnant la haute rivière par une route plus directe) On dispose ainsi d'un courant de 80.000 volts, qui est. alors envoyé dans une ligne de 300 milles. Tout le long de celle-ci, au voisinage des centres de consommation, sont intercalés, également en série, des moteurs à cou-" rant continu qui actionnent les alternateurs produisant le courant secondaire directement utilisé. Il existe un nombre assez considérable de réseaux. transportant des courants alternatifs et notammen triphasés à 10, 20, 30.000 volts, quelques-uns mème à 100.000 et au delà. Mais on n'a pas Jusqu'ici employé. industriellement les courants continus à des tensions comparables. Le moyen économique qu'ils semblent offrir pour utiliser la puissance réunie de petites chutes d’eau espacées sur une rivière pourrait, si l'expérience) leur est favorable, amener une révolution profondes dans les transports électriques de force. \ Emploi de l'arc électrique pour couper 1 fer. — D'après le Western Electrician, on à fait, l'essai récemment à Chicago de l'arc électrique pour réduire en sections maniables et faciles à enlever quatres grands réservoirs en ‘tôle de fer de 3/8 de pouce“ d'épaisseur, placés au 15° étage du grand Auditorium. La nécessité de ne pas interrompre la marche de l'éta- blissement rendait impossible l'emploi des moyen habituels. On s’est servi du courant d'éclairage réduit à 30 voltssn l'intensité utilisée n’a pas dépassé 75 à 80 ampères. L'un des pôles était relié au réservoir, l’autre à un crayon d'anthracite d'un pouce de diamètre et de 30 centis mètres de long, porté par un manche approprié. Le yeux de l'opérateur étaient protégés par trois paires des lunettes bleues garnies de drap noir. Le charbon étant mis en contact avec le métal du réservoir, puis écarté il se produisait un are de 2 1/2 à 3 pouces de longueur, qui chauffait le fer à blanc et le fondait, les goutte lettes jaillissant de tous côtés jusqu'à une distance d 15 pouces. Quatre secondes et demie suflisaient poun | percer la paroi, et, en déplaçant le charbon, on coupaib | le Lrait à la vitesse de 70 centimètres par minute. On. | n'a usé, pour couper 440 mètres, que deux charbon D de1-fr.125. $ 4. — Géologie Analyse des poussières volcaniques des | éruptions récentes aux Indes occidentales. | — Voici, d'après les Chemical News du 13 juin, l'analyse complète d'un échantillon de poussière volcanique recueilli aux Barbades, le 8 mai dernier : SiO® . 51,60 AlOS, . Fat UE MMM TA Fet05 OA UNE A ER 9,28 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE BAD ENT er NS LOS, ET 007 MAO: 50 not PPT RRQ ACTE EE EE ET SE ER GEO) KO. RENTE PS ER EMI SIDE DE MERRAONE 0,89 OR RU TEE ne: 0,19 Pertes par calcination. . . . . . . . 1,20 RACE a -Cro c01129 e même Recueil publie aussi l'analyse complète de poussière produite par l’éruption de la Montagne ÉlÉer: SIDE 53,40 AROSNNE 21 Fe?05. . 9,50 Cao . 9,70 MgoO. . 2 Na°0O. 2,33 RO 0,85 EUL Er 0,90 JEUREERE 0,25 99,93 Cette analyse à été faite après dessiccation à 105°. P'échantillon a été recueilli sur le pont du «Roddam », sul échappé de la rade de Saint-Pierre, à son arrivée Sainte-Lucie. à $ 5. — Botanique Structure et sporulation d'un Bacille. — 1! ëst très intéressant pour la Cytologie générale, desavoir les Bactéries ont une structure réductible à celle ne cellule ordinaire, ou si, au contraire, elles sont elque chose de tout à fait différent; la récente étude e Schaudinn ‘, sur un grand bacille de l'intestin de la atte, appuie très fortement la première opinion. Le Jacillus Bütschlii, qui mesure 50-60 y de long et 4-5 à e large, porte de nombreux flagelles, décelés par les réactifs; à l'intérieur de la membrane, qui est proba- Mblement de nature albuminoïde, il y a un cytoplasme Malvéolaire, parsemé de pelits grains qui prennent les olorants nucléaires et qui sont placés sur les nœuds u réseau ; il est tout indiqué de les regarder comme n appareil nucléaire diffus. Les spores sont au nombre 6 deux, une à chaque pôle, et leur formation est pré- dée de curieux phénomènes : dans le bacille qui va poruler, apparaît d'abord une cloison transversale, mme S'il allait se diviser, mais la division n'a pas lieu la cloison se résorbe peu après; les grains nucléaires li ont grossi pendant ce temps, se groupent aux deux pôles, entraînés par un courant intérieur, et y dessi- t un amas ovoide, tout à fait semblable à un noyau Ypique de Protozoaire. Chacun de ces noyaux est en- uré d'une mince couche de cytoplasme, puis de deux iembranes résistantes; la région intermédiaire du ba- Ât. — Les spores ne germent que si elles sont avalées une autre Blatte et arrivent dans le tube digestif; il Sort alors de la coque un petit corps allongé, qui a déjà structure alvéolaire du Bacille adulte. … Schaudinn compare ingénieusement ces processus à ux que présentent certaines Protozoaires (Actino- phærium), chez lesquels deux cellules-sœurs se conju- nt pour donner un zygote; la diffusion du noyau ns le corps cytoplasmique peut être aussi comparée “une division multiple dont les Protozoaires (Forami- Mnifères, Radiolaires, Sporozoaires) fournissent tant d'exemples. Quelle que soit la vérité de ces comparai- ons, il n'en est pas moins certain que le Bacille de ( : est tout à fait comparable à une cellule, et que le mode de formation des spores durables rappelle ucoup celui qu'on connait dans des groupes plus É 4 ScuauDinn : Beitrage zur Kenntniss der Bakterien und verwandter Organismen (Archiv fur Protistenkunde, Bd I, 1902, p. 306). Île, non utilisée dans la sporulation, se flétrit et dispa- $ 6. — Physiologie L'action biochimique du Rein. — On consi- dère généralement le rein comme un organe d’élimi- nation des produits de déchet formés dans l'organisme et amenés par le sang : l’urée, l'acide urique, etc., ne se forment pas dans le rein; ils sont uniquement excré- tés par lui. Cette notion, toutefois, ne doit pas être con- sidérée comme absolue; les expériences classiques du Professeur Schmiedeberg ont établi que le rein du chien (mais non celui du Lapin) peut produire la synthèse de l'acide benzoïque et du glycocolle : du sang contenant les deux substances, inaptes à s'unir directement, cir- culant dans les vaisseaux d’un rein de Chien isolé, se charge d'acide hippurique. Le rein possède donc, dans ce cas au moins, une fonction chimique, qu'il peut vrai- semblablement manifester également sur l'animal vivant. M. le Dr E. Gérard a récemment étudié l'action que peut exercer la pulpe de tissu rénal, 2n vitro, sur cer- taines substances organiques, appartenant au groupe des éthers-sels; et il a démontré que cette pulpe contient des substances capables de dédoubler, en les hydratant, ces éthers-sels, substances que leur destruction par la chaleur permet de rapprocher, tout au moins provisoi- rement, des ferments solubles. Un rein de Cheval, étant débarrassé du sang qui l'im- bibe, par lavage prolongé des vaisseaux au moyen d'un courant d'eau, est réduit en pulpe, et cette pulpe est mise à macérer dans de l’eau chloroformée à 42°, La macéralion aqueuse, étant filtrée, est capable de dédou- bler : l’acétanilide, en libérant de l’aniline; le gaïa- col, en libérant de la pyrocatéchine; le salicylate de méthyle, en libérant de l'acide salicylique; le crésalol, le salol, le benzonaphtol. La même macération, bouillie, n'exerce aucune action sur les mêmes substances. Ces faits sont intéressants en eux-mêmes, puisqu'ils nous révèlent une propriété du tissu rénal, agent d'hy- drolyse et de dédoublements chimiques; ils sont impor- tants au point de vue de la pratique thérapeutique. Les substances sur lesquelles ont porté les recherches de M. Gérard, sont des substances médicamenteuses; si, échappant à la transformation qu'elles subissent en gé- néral sous l'influence du suc pancréatique, elles pénè- trent dans l'organisme, elles peuvent être hydratées et dédoublées par le rein. Dès lors, les produits de dédou- blement peuvent agir sur les tissus de l’organisme et notamment sur le rein. L'aniline, la pyrocatéchine et l'acide salicylique étant des agents d’altération du tissu rénal, doivent être vraisemblablement considér d’après M. E. Gérard, comme les agents déterminants de lalbuminurie, qu'on a parfois notée à la suite de l'absorption de leurs éthers médicamenteux. Le pourpre rétinien chez les Céphalo- podes. — Kühne a découvert, il y a de longues an- nées, dans la rétine des Vertébrés, ou tout au moins de la plupart des Vertébrés, un pigment rouge, la rhodop- sine ou pourpre rétinien, qui, engendré par les élé- ments cellulaires de la couche externe de la rétine, s’altère et pâlit sous l'influence de la lumière. Les au- teurs qui avaient jusqu'à ce jour recherché le pourpre rétinien dans la rétine des Invertébrés, et notamment des Céphalopodes, avaient conclu, de leurs observations, à son absence absolue. M. le Professeur Hess, examinant, dans des conditions convenables, la rétine de Céphalo- podes du genre Loligo, y a décelé un pigment qui se range dans le groupe des pourpres rétiniens. La Note préliminaire qu'il vient de publier dans le Centralblatt für Physiologie, sans nous faire connaitre les propriétés exactes et les modes d'extraction de cette substance, nous fournit des renseignements suflisants pour qu'il ne puisse s'élever aucun doute Sur Son exI$- tence. : Un Loligo, ayant été maintenu pendant six heures à l'obscurité la plus profonde, est sacrilié; l'œil est énu- cléé, et la rétine en est enlevée et étalée; toutes ces 660 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE opérations sont faites à l'obscurité. La rétine, étalée, est | tion a été trop abondante, on retrouve l'ovalbumine exposée à la lumière solaire; mais une partie de celte rétine en est protégée par un petit écran. Au bout d'une à deux minutes, on constate une différence de coloration manifeste entre les deux parties : la partie conservée à l'obscurité est rouge pourpre foncé; la partie ensoleillée est brun jaunâtre; la limite de séparation est très net- tement tracée. L'expérience peut se faire avec des rélines immergées pendant quelques heures dans le formol. Si la rétine formolée provient d’un animal sacrilié après une expo- sition prolongée à l'obscurité, elle est rouge foncé; exposée à la lumière solaire pendant quelques mi- nutes, elle devient grise, dans les seules parties enso- leillées. Les tentatives faites pour retrouver ce mème pig- ment, ou un pigment analogue, dans la rétine des Se- pia et des Eledones, n'ont pas donné de résultats nets; l'auteur a bien cru voir une différence de teinte entre les deux moitiés d'une rétine de Seiche, l'une abritée par un écran, l'autre exposée au soleil; mais la diffé- rence n'était pas suffisante pour lui permettre d'aftir- mer l'existence d'un pigment rétinien modifiable par la lumière dans ce groupe animal. L'existence nettement constatée d’un pourpre réti- nien chez un Loligo établit une similitude physiologique nouvelle entre les Céphalopodes et les Vertébrés : on sait qu'il a été possible d'en constater déjà de nom- breuses, notamment dans les phénomènes de la diges- tion. Le fonctionnement du placenta. — Le pla- centa est considéré par les physiologistes comme l'or- gane de la respiration et de l'absorption du fœtus. C'est à son niveau que le sang fœtal cède de l'acide carbo- nique au sang maternel, et emprunte à ce dernier l'oxygène nécessaire aux oxydations fœtales. C'est à son niveau que se font les échanges matériels nutritifs, cela est de toute évidence; mais sous quelle forme maté- rielle se font ces échangeset, en particulier, les échanges protéiques? Les substances protéiques du sang mater- nel traversent-elles les tissus placentaires sans subir de modifications préalables et transitoires? Ou bien sont- elles transformées, sont-elles, par exemple, peptonisées, comme sont peptonisées dans le tube digestif les sub- stances protéiques alimentaires ? | M. le D' A. Ascoli à fait des expériences qui, sans résoudre définitivement la question, nous four- nissent d'intéressants renseignements sur ce mysté- rieux placenta et sur les phénomènes dont il est peut- ètre le siège. En débarrassant un placenta humain du sang qui l'imbibe, et en faisant des macérations de son tissu, M. Ascoli a obtenu des liqueurs doutes de pro- priétés protéolytiques, agissant mal en milieu alca- lin, mieux en milieu neutre, mieux encore en milieu acide. Sous l'influence de la diastase protéolytique de ces macéralions, les substances protéiques donnent des albumoses et des peptones, de la leucine, de la tyrosine et des bases nucléiniques. Ces faits prennent un cer- tain intérêt si on les rapproche de ceux signalés, il n'y à pas bien longtemps, par M. Cohnheim, qui à trouvé dans la paroi intestinale, organe d'absorption, un ferment protéolytique, l'érepsine, capable de don- ner aux dépens des albumoses et peplones (mais non aux dépens des substances protéiques) des produits simples de décomposition protéique. Sans doute, il ne faut pas conclure, de l'existence d’un tel ferment dans le placenta, à une fonction digestive de cet organe, et cela d'autant plus que le ferment dont il s'agit a une activité maxima en milieu acide, et non en milieu alcalin, comme l'est le tissu pla entaire ; — mais le l'a p- prochement entre le placenta et l'intestin n’en est pas moins intéressant à signaler. Lorsqu'un mammifère adulte ingère de l’ovalbumine blanc d'œuf) crue en quantité modérée, cette sub- tance ne se trouve point dans le sang après absorption, t ne passe pas dans les urines. Si, au contraire, l'inges- -cipitant. Si, au contraire, la quantité d'ovalbumine in- -chargement de jute et de salpètre destiné à la région dans le sang et dans les urines. M. Ascoli a observe des faits de mème nature en ce qui concerne le fœtu: Si l'on injecte sous la peau d'une femelle pleine uné… grande quantité d'ovalbumine, on peut, quelque temps après, manifester la présence de cette substance dans le sang fœtal, au moyen de la réaction du sérum pré- jectée a été modérée, le sang fœtal n'en contient pas, tandis que le sang maternel en manifeste la présence par la réaction précipilante. Le placenta, comme l'in- testin, est donc capable de s'opposer au passage, sans transformations préalables, d’albumines étrangères, pourvu que celles-ci ne lui soient pas amenées en sura= bondance; si les albumines étrangères sont trop abon- dantes, le pouvoir protecteur du placenta ou de lin- testin est en défaut, et l’on constate une invasion de l'organisme par ces substances. $ 7. — Hygiène publique La désinfection des navires. — Le navire City of Perth vient de rester pendant dix jours devant Dunkerque. Il avait eu des cas de peste à bord, e comme nous n'avons pas à Dunkerque, pas plus qu'au Havre du reste, ce qu'il faut pour procéder à la désin- fection, le Service sanitaire voulait envoyer ce bateau à Saint-Nazaire, qui est le lazaret le plus rapproché. Après bien des hésitations, les armateurs firent parti leur navire pour Londres, où, d’après ce qu’& racont notre collaborateur le D° Loir dans Le Temps, l'opéra- tion a été rapidement faite, et, au point de vue scienti= fique, d’une facon irréprochable. 4 Cette épidémie a fourni une nouvelle preuve du rôle que jouent les rats dans la propagation de la peste. Le 1° juin, le navire, qui venait des Indes avec un du nord de la France, quitte Malte. On trouve ce jour. là, dans la soute qui contient les provisions destinées aux quarante-trois Indiens de l'équipage, douze cadavres di rats; le surlendemain, trente cadavres sont encore dé couverts dans le même endroit; tous ces animaux sont Indien. Le 7 juin, ces deux hommes présentent les pre miers symptômes de Ja peste. Un autre Indien à peste huit jours après; il était entré, lui aussi, dans le même réduit pour prendre des aliments. Les autres hommes de l'équipage, qui ont été en contact avec le malades, mais n'ont point touché les rats, sont tous en bonne santé. Dès l’arrivée à Dunkerque, ils ont tous ét inoculés préventivement avec le sérum de Yersin. Si, au lieu d'aller à Londres, ce vaisseau avait été | Saint-Nazaire subir la quarantaine de onze jours q la France impose à ses navires infectés, il eût fallu, er outre, deux jours de route pour franchir la distance d Dunkerque à Nantes. Or, tout séjour à la quarantaine est, pour larmateur d'un navire de trois ou quatm mille tonnes, la cause d'une dépense morte d'enviro 1.200 francs par jour. En arrivant au lazaret, le navire eût été obligé décharger ses marchandises, à ses frais; le Service d la Santé eût procédé à la désinfection. Comme il fa bien occuper les onze jours de quarantaine, on se fù probablement livré aux mèmes opérations que nous, voyons décrites dans un document ofliciel adressé au. Comité consultatif d'Hygiène publique de France, en. 1902. Ce document se rapporte à la désinfection de k Ville-de-la-Ciotat, qui a subi l'opération au Frioul, novembre 1901. Les mêmes mesures auraient été pri= ses, parait-il, à bord du Sénégal plusieurs semaines auparavant. Le Rapport décrit minutieusement tout ce qui à alors été fait, Jour par jour. En voici un extraite jour. Immunisation de l'équipage. On évalue approximativement la quantité d'eau qui se trouve dans les cales et l’on verse du sulfate de cuivre, de façon à faire une solution à 5 /, environ; 4 2° jour. On lance dans les cales vides de la vapeur … d'eau; les cales sont hermétiquement fermées : des pré- “lards mis sur les panneaux assurent la fermeture, dit le Rapport. (Nous ne savons à quelle préoccupation le Service sanitaire obéit en se livrant à cette mesure, “qu'il juge utile, puisqu'il la répète le cinquième jour. La vapeur d'eau sous pression, dans un autoclave, ans une étuve, est bonne pour la stérilisation, parce que la température atteinte dans cette vapeur sur- hauffée est de 1109; mais de la vapeur, lancée dans une cale, fera peut-être monter le thermomètre à 30 u 40°, et encore? Alors, nous ne comprenons plus. Pour occcuper le temps, nous le répétons, cette me- ‘sure sera renouvelée encore une fois pendant les onze jours); . 3° jour. On passe le linge de l'équipage à l'étuve, à la vapeur d’eau sous pression. C'est là le meilleur moyen que nous ayons de désinfecter les objets, mais cela ne suffit pas au Service sanitaire ; il veut encore vccuper son temps et, en sortant de l’étuve, le linge est aéré et l'on pulvérise du sublimé à sa surface, qui est déjà absolument stérile, par suite de son passage à létuve, car nous ne pouvons admettre que les appa- reils du Service de la Santé ne fonctionnent pas conve- blement. . Les jours suivants, on lave le bateau au crésyl, un autre jour au sublimé, puis à l'eau de mer, puis encore au crésyl, et ainsi desuile pendant la durée de la qua- rantaine. C'est seulement le troisième jour qu'on s'oc- Gupera de détruire les rats, en brûlant du soufre dans les cales ; mais on a, avant cela, déchargé la cargaison et, par conséquent, les rats ont eu toute liberté pour aller à terre répandre la peste. Voilà ce qui eût été imposé à la City of Perth si elle avait subi la quarantaine en France. Après ces opéra- lions, on aurait remis les marchandises à bord, et é bateau aurait pu reprendre sa route. Le Service de la Santé eût été satisfait, car les onze jours de quaran- haine eussent été employés, et peu lui eût importé que l8 commerce eût été entravé par des mesures qui pou- vaient être remplacées par d’autres beaucoup plus lapides. » Donc, au lieu d'aller à Saint-Nazaire, la City of Perth est allée à Londres pour se faire désinfecter. La désinfection parait y avoir été faite très soigneuse- ment. On à d'abord lavé au sublimé, puis passé au ormol toutes les parties infectées, c'est-à-dire les abines occupées par les Indiens et celle où est mort Européen; puis un chaland à vapeur:est venu se ran- i lancèrent dans les cales, au moyen de tuyaux de M centimètres de diamètre, de l'acide sulfureux. En vingt-quatre heures, les cales furent pleines et aérées le nouveau, de sorte qu'on put ensuite entrer partout. Juatre jours après l’arrivée à Londres, le navire rece- it la libre pratique. L'équipage est resté à bord pen- nt tout le temps de la sulfuration, se contentant aller à l'avant ou à l'arrière, suivant la partie que l'on sinfectait. Pas un rat n'a paru sur le pont pendant pération; on a entendu quelques cris, et, ensuite, plus rien; ces animaux sont certainement tous morts phyxiés dans les cales. Rien n'a été endommagé par l'action du gaz, ni dans les cabines, ni dans les salons, ni dans la chambre des machines. Voilà certes un exemple qui ne devrait pas être per } du pour nous. — Jusqu'à quelle époque la marine marchande suppor- era-telle, en France, l'application de mesures suran- nées qui ne signifient rien et qui mettent une entrave dnotre commerce, sans aucune utilité? 11 est temps hd& prendre des mesures efficaces contre la peste qui » HOus menace toujours. Nous espérons que l'opinion publique, mieux éclairée, ne demandera plus l'appli- } calion des quarantaines, comme le fait s'est produit mécemment, et que le Service sanitaire suivra le mou- -Mément ef saura organiser dans ses ports un service de désinfection efficace en appliquant les moyens qui ont fait leurs preuves dans les autres pays. | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE r le long du bord, portant deux appareils Clayton, 661 $ 8. — Géographie et Colonisation Une thèse de doctorat sur Madagascar. — C'est une thèse qui mérite d’être signalée que celle qui vient d'être soutenue sur Madagascar devant la Faculté des Lettres de l'Université de Paris, et cela pour plusieurs raisons que nous allons dire. D'abord l’auteur n'est pas un géographe ordinaire. C'est, en effet, à M. E.-F. Gautier, explorateur, puis Directeur de l'Enseignement à Madagascar, que nous devons une bonne part de nos connaissances sur cette grande île. Et c’est au cours de ses propres voyages qu'il recueillit les matériaux du beau livre qu'il nous présente. De juillet 1892 à décembre 1894, de février 1896 à mars 1899, pendant plus de cinq années par conséquent, il parcourut le centre, l’ouest et le sud de l'ile et relia par de nombreux itinéraires la côte orien- tale à l’occidentale. M. E.-F. Gautier n’est pas non plus un explorateur ordinaire. Il ne s’en revient pas de ces lointains voyages avec la tête pleine de renseignements inutiles et le carnet de route bourré d'observations saugrenues, car il est avant tout un homme de science qui a utile- ment et vraiment exploré. Il sait, ce qui ne diminue pas la solidité de son savoir, éviter la pédanterie et conserver le goût de la bonne humeur. C’est ainsi qu'en comparant les faunes de Madagascar et de la Nouvelle- Zélande, il dit: « Madagascar à soixante-six Mammi- fères. La Nouvelle-Zélande en a deux, un Rat et une Loutre; encore conteste-t-on au Rat l’indigénat et à la Loutre l'existence. » Enfin, et ce n'est pas le moindre mérite de cette thèse, elle est, si nous ne nous trompons, la pre- mière publiée sur une de nos récentes colonies. Il est à souhaiter de voir nos jeunes savants s'intéresser à ces problèmes coloniaux, en choisir un et l’étudier avec la science et la persévérance dont M. Gautier vient de nous donner un excellent exemple. Au moment de la conquête de Madagascar, on avait bien songé à organiser une exploration scientifique de l'ile: deux savants émi- nents, le regretté A. Milne-Edwards et M. Alfred Gran- didier, avaient dressé à ce sujet un devis dont le total s'élevait à 600.000 francs. Que de services on eût obtenus pour cette somme si ce plan d'ensemble avait été mé- thodiquement suivi! Malheureusement le projet ne fut pas mis à exécution, et nous avons dù nous contenter des résultats obtenus par des explorateurs isolés, dont les efforts sont assurément très louables et très géné- reux, mais qui se perdent en partie parce qu'ils sont passagers au lieu d’être continués avec une volonté persévérante et une discipline rationnelle. A cette enquête scientifique d'ensemble qui manque et qui pourra être entreprise un jour, le travail de M. Gautier sera d'une grande utilité, car c'est une æuvre de science qui fut louée par les membres du jury, MM. Marcel Dubois, Schirmer et Vélain. Toutefois, M. Vélain, professeur de la Faculté des Sciences, a émis l'avis, qui nous semble assez justifié, que la Géologie tenait, dans cette thèse de Géographie, malgré son sous- titre : Essai de Géographie physique, peut-être un peu trop de place. Logiquement, M. Gautier va de la Terre à l'homme, étudiant successivement : la géologie, l'oro- génie, le climat, l'érosion, la végétation, les côtes, et enfin l'homme. Parmi les nombreuses cartes qui figu- rent dans cet ouvrage, deux sontremarquables : ce sont les cartes, hypsométrique et géologique, au 2.500.000, résumant l'essentiel des observations personnelles de l'auteur et de nos connaissances actuelles sur Mada- gascar. _ Sans vouloir empiéter sur l'analyse que la Æerue donnera de cette thèse, nous pouvons cependant dire qu'à propos des théories sur l’origine de Madagascar, et sur l'hypothétique continent disparu de Lémuria, M. Gautier, après avoir discuté les arguments opposés, conclut ainsi : « Quelle que soit l'hypothèse à laquelle on s'arrête, à la plus vraisemblable ou à la plus gran- diose, on restera d'accord sur deux points : Madagascar | 1 662 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE est une ile extrêmement ancienne et, malgré sa proxi- mité de l'Afrique, elle a d'anciennes communications avec l'Inde et le monde oriental, En somme, si Lemuria n'était pas un continent, ce devait être un archipel. » Un autre chapitre qui, lors de la soutenance, a excité l'attention du publie, est celui qui a rapport à la popu- lation malgache, laquelle ne dépasse guère 2.500.000 ha- bitants, chiffre bien faible si l'on tient compte de la superficie de l'île. C’est qu'il existe encore d'immenses étendues inhabitées, « des terres vierges qui attendent leur premier habitant ». Quoi qu'il en soit, dit M. Gau- tier, Madagascar est en voie de peuplement. D'autre part, la population est répartie très inégalement : par exemple, l’Imérina et le Betsileo, deux provinces dont la superficie est un vingtième de File entière, renfer- ment, à elles seules, plus du tiers de sa population. Enfin, l'étude des institutions malgaches, surtout de celles qui ont une marque d'origine, donne sur les affinités de la race malgache les mèmes renseignements que l'étude de sa langue. Beaucoup de ces institutions, comme le tabou, les rites funèbres, la situation de la femme, nous ramènent à l'Indonésie et à l'Océanie. « Mais, conclut M. Gautier, il faut faire très grande la. part des vieux pays civilisés asiatiques, l'Inde, la Perses l'Orient préislamique, et surtout l'Orient masulman.. De làsont venues toute l'organisation sociale et politique” et une grande partie de la religion. La conquête étran-" gère a fait passer Madagascar de la conception patriar= cale à celle de l'Etat; elle y à inauguré l’âge du fer. » E. Caustier. 4 i Société de Géographie de Paris. — Dans l'une des dernières séances de cette Société, il à été fait une offre séduisante pour les jeunes naturalistes a M. Smith de Arendale, ami de Nansen, à proposé « de prendre à leur domicile deux Français désireux de ] livrer à des travaux scientifiques (Océanographie, Topo= graphie, Zoologie, etc.), au cours d’un voyage au Groenland, et de les ramener chez eux, tous frais payés ». M. Smith dispose de trois bateaux : le Vikings le Samson, le Njord. La campagne durera du 3 mars au {5 août 1903. E7Z Fig. 1. — Diagramme des altitudes auxquellesks'estiélevé 1 'Éros dans son asceñsion du 9 juillet. LS CRE Thierry mu x LA > -s-JOuarre. SEINE-EeT-MARNE i vFagrg Énieentene ‘o = Æ! Borremans-Jt Fig. 2. — Trajet suivi par l'Éros dans son ascension du 9 juillet. Dans la même séance, M. Depincé, ancien Résident de France au Tonkin, a décrit l'œuvre économique réalisée en Indo-Chine au cours de ces dernières années. Il à signalé les résultats obtenus par cette uni- fication qui a soudé nos possessions asiatiques et les a transformées en un organisme homogène; puis il à insisté sur l'importance de l'outillage économique dont l'augmentation des ressources budgétaires a permis de doter notre colonie, en particulier sur les travaux de ports et de réseaux ferrés d'un développement de plus de 2.008 kilomètres. Le conférencier a indiqué ensuite les mesures qui ont eu pour but d'étendre notre action en Extrême-Orient, et de mettre l'Indo-Chine en état de jouer le rôle pour lequel sa situation la désigne. Il a montré aussi la progression du mouvement commer- cial de nos possessions indo-chinoises, passé de 215 mil- lions de francs en 1896 à 535 millions en 1901, et l'augmentation de la part de la France dans ce com merce : 100 millions au lieu de 30 millions. En termi- nant, M. Depincé à décrit le progrès de la colonisation agricole, le développement de l'industrie. et, après avoir convié ses auditeurs à l'Exposition qui doit s'ou- vrir à Hanoï le 12° novembre 1902, à rendu un public hommage à M. Doumer, qui a travaillé si activement à l’organisation de l'Indo-Chine. censions des 9 et 16 juillet 1902. — Après, avoir suscité, au début, les approbations les plus pla») toniques, voici que les croisières aériennes de la Revue commencent à déterminer de subites et inattendues. vocations d'aérophiles. Le public, toujours un peu sime | pliste, n'apercevait pas clairement, il y a deux mois, la distinction à établir entre les ballons des fêtes foraines, fabriqués à la diable, et les aérostats, scientifiquement construits, scientifiquement commandés, dont use l& Bievue générale des Sciences. Et de mème, il ne sé gendait guère compte de la différence énorme qui | existe, quant à la sécurité, entre le ballon sphérique, qu'on ne violente pas, et le ballon dirigeable, qu'on pousse contre le vent. Aussi, lorsque le surlendemain | de la mort de Severo, la Aevue entreprit sa première | ascension, quantité de personnes sapientes estimèrent que le spectable du ballon à quelques kilomètres ane dessus de leurs têtes devait raisonnablement satisfaire leurs aspirations, bien connues, vers le nuage tentateur et le ciel bleu. Dès lors que des chercheurs d'aventures leur faussaient compagnie pour aller, en tout petit. comité, voir ce qui se passe à deux ou trois milliers del mètres au-dessus de nos cimetières, il n'y avait qu'à attendre le retour de ces imprudents, et l'on aurait " Éd 12 ainsi des nouvelles très suffisantes de ces régions, sans doute éthérées, mais peu fréquentées, auxquelles les expériences d'Icare et de quelques autres inventeurs avaient plutôt laissé un mauvais renom. Mais, dans ce bas monde, la sagesse des fous est ce que les gens Sensés prévoient le moins : pendant que tramways, bicyclettes, tricycles et automobiles réunissaient leurs efforts — avec succès, d’ailleurs — pour écraser les pié- tons sur nos boulevards, le Centaure et l'£ros s'envo- lient joyeux et tranquilles au pays du plein air et de la liberté; et, après d'enivrantes traversées, après la gri- Serie de l’éclatante lumière, après l'enchantement para- iaque de panoramas insoupçconnés, les voyageurs wontaient aux sempiternels terriens leurs impressions Pen haut. Cette propagande a enfin opéré d'édifiantes onversions : des piétons, hier encore obstinés et npénitents, confessent aujourd'hui leur erreur et ennent nous supplier de les soustraire, ne serait-ce que pendant une demi-journée, à l’obsession du ma- adam. En vue de leur être agréable, nous avons écidé de prolonger nos croisières aériennes jusqu'au 15 et mème, si possible, jusqu'au 20 août. Depuis notre ascension du 25 juin, dont nous avons récemment rendu compte, nous avons fait éprouver à petit nombre de voyageurs les délices du tourisme ans l'atmosphère. Le 9 juillet, l'£Zros, commandé par le Comte Henry de la Vaulx, avait à son bord : notre collaborateur le Dr Henri Meige et Mue H. Meige, M. Gaudermen et le nataire de ces lignes. Parti de Saint-Cloud à midi, il aversa lentement Paris de l’ouest à l’est, puis suivit, xaltitudes qu'indique le diagramme ci-contre (fig. 1), Ma vallée de la Marne, parcourant à belle vitesse le trajet que représente notre figure 2. Vers 6 heures du soir il atterrit dans la Meuse à Issoncourt (canton de Trian- sourt) entre Bar-le-Duc et Verdun. Ce voyage, accompli bar un temps splendide, et qui nous avait permis de contempler un paysage très varié, finit de la facon la plus joyeuse. Et pourquoi ne pas avouer ici que le ballon rend parfois un peu gai? Les questions dont nous fûmes assaillis à l'atterrissage dénotaient tant de andeur que nous n'avons pu alors nous retenir d’em- bellir un peu le récit de notre pérégrination supra- errestre. À des esprits amis du merveilleux elle eût baru peu émouvante, si nous n'avions pris soin d'ajouter froid exposé des faits réels la description colorée de elques acrobaties peut-être réalisables ; et c’est ainsi lon a pu lire dans L’Indépendance de l'Est du 14 juillet le bienveillant petit article que voici :: «IssoxcourtT. — Afterrissage d'un ballon. — Notre Ovrespondant nous écrit : «« Hier mercredi, à six heures du soir, le ballon lBros est venu atterrir à Issoncourt. © Voici les renseignements que j'ai obtenus à ce Sujet : « Monté par M. de la Vaulx, M. et Mve Meige, M. Gau- dermen, l'Eros quittait Paris vers midi, se tenant à une hauteur d'environ 400 mètres au-dessus de la itale. « En cours de route, aux environs d'Epernay, M. Oli- », docteur ès sciences et directeur de la Revue hérale des Sciences, à Paris, prenait place dans la celle à l'aide du quide-rope. L'ascension, au dire des énonautes, se fit dans les meilleures conditions. » Et maintenant que, grâce à la grande Presse, nous enons le record de l’agilité, nous pouvons avouer sans ate notre absence de l'ascension du 16 de ce mois. Ce - cette fois l'Orient, excellent ballon de lAéro-Club, ui partit. Le Comte de Castillon de Saint-Victor le ommanda. Y prirent place aussi : Ml: À. Janssen et un nd voyageur, vétéran des croisières maritimes de la evue, M. Francois Cottin. Le Janssen, qui avait désiré depuis longtemps goûter 2e Sport savoureux de l'aérostation, auquel son père, nent directeur de l'Observatoire d’Astronomie YSique, s'était si utilement livré pour la Science et Patrie en 1871, éprouva, sans doute, une sorte CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 663 d'émotion rétrospective en comparant à cette joyeuse envolée le récit de l'ascension pleine d’angoisses et de périls que son père accomplit pendant l'année terrible au-dessus des balles ennemies pour sortir de Paris investi par l’armée allemande. Au danger qui menacait alors l'illustre voyageur, avait succédé la sécurité absolue. Trente-deux ans d’expé- riences suivies ont, en effet, enseigné aux ingénieurs l'art de construire et aussi de manier l’aérostat, et celui que commandait M. de Castillon donnait nettement aux voyageurs l'impression qu'ils n'y pouvaient courir le moindre risque. Un bon vent du nord-est les emportait dans la direction de la Beauce, où ils atterrirent vers la fin du jour. L'ascension suivante, fixée au 25 juillet, se sera sans doute effectuée au moment où le présent numéro de la Revue paraïitra. Dans une livraison ultérieure, nous en donnerons le récit au lecteur. TC IO: $ 9. — Enseignement, Universités et Sociétés savantes Personnel universitaire. — — M. Grisez, chef du 3° bureau de la Direction de l'Enseignement su- périeur, est nommé secrétaire de la Faculté de Méde- cine de l'Université de Paris, en remplacement de M. Pupin. M. Le Dantec, agrégé près la Faculté mixte de Méde- cine et de Pharmacie de l'Université de Bordeaux, est nommé professeur de Pathologie exotique à la dite Faculté. M. Féraud, docteur ès sciences, maître de confé- rences de Mathématiques à la Faculté des Sciences de l'Université de Bordeaux, est nommé professeur adjoint à la dite Faculté. M. Pigeon, docteur ès sciences, chargé d'un cours de Chimie à la Faculté des Sciences de l'Université de Dijon, est nommé professeur de Chimie à la dite Faculté. M. Léger, docteur ès sciences, chargé d’un cours de Zoologie à la Faculté des Sciences de l'Université de Grenoble, est nommé professeur de Zoologie à la dite Faculté, L M. Depéret, professeur de Géologie et de Minéralogie, est renommé doyen de la Faculté des Sciences de Lyon pour trois ans. M. Minguin, docteur ès sciences, maitre de confé- rences de Chimie à la Faculté des Sciences de l'Univer- sité de Nancy, est nommé professeur adjoint à la dite Faculté. M. Gain, docteur ès sciences, maître de conférences de Botanique à la Faculté des Sciences de l'Université de Nancy, est nommé professeur adjoint à la dite Faculté. M. Padé, docteur ès sciences, est nommé professeur de Mécanique rationnelle et appliquée à la Faculté des Sciences de l’Université de Poitiers. M. Bergonié, professeur de Physique à la Faculté mixte de Médecine et de Pharmacie de l'Université de Bordeaux, est nommé, sur sa demande, professeur de Physique; biologique et Electricité médicale à la dite Faculté. M. Seyewetz est nommé chef des travaux du Labora- toire de Chimie industrielle de l'Université de Lyon. M. Calvet, docteur ès sciences, chef des travaux de Zoologie, est chargé des fonctions de sous-directeur de la Station zoologique de Cette. Congrès des Sociétés savantes en 1903. — Le XLI° Congrès de MM. les délégués des Sociétés savantes de Paris et des départements se tiendra, en 4903, à Bordeaux, durant la semaine de Pâques. Les journées des 14, 15, 16 et 17 avril seront consacrées aux travaux du Congrès. La séance générale de clo- ture aura lieu le samedi 18 avril. 664 J. THIERRY — LA CATASTROPHE DE LA MARTINIQUE LA CATASTROPHE DE LA MARTINIQUE : Fort-de-France, 18 juin 1902. Cher Monsieur, Vous me demandez des documents concernant l'éruption du 8 mai. Je ne sais pas grand'chose, car personne n'a eu grand temps d'examiner, tant le coup a été prompt el était inattendu. t 4 1 pas son aspect accoultumé. Habituellement, la fumée sortait sous forme de gros nuages plus ou moins gris, tandis que, le matin du 8, elle sortait. tout à fait blanche, quoique épaisse et comme” argentée, avec de très nombreux sillons sinueux,« couleur vieil argent, qui faisaient ressortir davan— tage encore la blancheur et l’opacité du nuage. Fig. 1. — La montagne Pelée vue de la mer après l'éruption du 8 mai. À Je vous dirai Morne-Rouge, où l'éruption. seulement ce que j'ai vu du je me trouvais au moment de La nuit du 7 au 8 mai, nous avions eu un orage épouvantable, et, comme il arrive souvent dans n0S pays, Où, après un gros orage, le ciel devient très clair, le matin du 8 le ciel était admirablement pur. La colonne de fumée du volcan se découpait nettement et c'était un spectacle merveilleux à voir, d'autant plus que, ce matin-là, la fumée n'avait ‘ Sous ce titre, nous publions un récit de la première éruption du mont Pelé par un témoin oculaire, M. Thierry, ancien directeur du Jardin botanique de Saint-Pierre, récit adressé sous forme de lettre à notre collaborateur M. H. Lecomte. Imaginez-vous d'immenses cervelles ou de fan tastiques choux-fleurs sortant d'un gouffre, 01 tant haut en l'air et se pressant les uns les autres tout en conservant pendant longtemps leurs mas, melons blanchâtres et leurs sinuosités ombrées. î Celte sorte de fumée m'a paru, depuis, carats ristique, comme signe précurseur des grosses éruptions. Je l'ai revue le 20 mai, mais de loin, car j'étais au Gros-Morne; je l'ai revue également le, 26 mai, du Morne-Rouge, où j'étais revenu Po quelques instants et pour juger de l’état de mes plantations; et, le 20 comme le 26, nous avons eu, des éruptions terribles. | L'aspect particulier que ces nuages de fumée présentaient ces jours-là m'a paru devoir être J. THIERRY — LA CATASTROPHE DE LA MARTINIQUE 663 causé par un dégagement plus intense qu'à l'ordi- | première impression, en voyant celle série de naire de vapeurs sulfureuses. Je reviens au 8 mai; le spectacle était tellement grandiose, vu de chez moi, que la curiosité me fit arriver au bourg même pour mieux jouir du coup d'œil en allant l’examiner des fenêtres du salon de M. Carassus, d'où, vous vous Le rappelez sans doute, —_ on est aux premières loges pour voir la montagne. Je crois bien que de là on n'est guère, à vol d'oi- seau, à plus de 3 kilomètres du cratère et sans que * rien vienne gêner la perspective; toujours est-il colonnes de fumée, fut que la vallée de la Rivière Blanche n'était plus qu'une suile de cratères. Je comptai ces colonnes de fumée et j'en notai très distinctement six avant d'arriver au vrai cra- tère, sur lequel je venais à peine de fixer les yeux pour compter sept, lorsque je vis une gerbe de rochers sortir du cratère, projetés à une hauteur que, approximativement, je ne puis eslimer à plus de 50 à 100 mètres au-dessus de la crêle de la montagne, et prendre, en relombant, la direction Fig. 2. — Saint-Pierre après la catastrophe du 8 mai. que ce malin-là, surtout grâce à la limpidité de l'air, on paraissait avoir le nez dessus. En regardant la montagne, je vis d'abord, sur la coulée de la Rivière Blanche, toute une série de colonnes de fumée allant du sommet de la mon- tagne à la mer, et qui paraissaient autant de petits cratères. Ces colonnes de fumée provenaient sans doute d'un écoulement de boue bouillante survenu pen- dant la nuit, et qui aurait suivi la même voie que celui qui, trois jours avant, avait englouli l'usine Guérin. On avait tellement raconté partout que la mon- “lagne s'ouvrait de toutes parts et que de nombreux “cralères se formaient à chaque endroit, que ma du bord de la mer, du côté de Saint-Pierre, en- jambant la crête de la colline qui sépare la vallée de la Rivière Blanche de la vallée de Saint-Pierre. En même temps, un bruit formidable, comme jamais je n’en ai entendu ni supposé; et, sur les côtés de la gerbe ou de la fusée, dont je ne pouvais plus voir le centre, qu'emplissait une fumée épaisse, je vis encore d'énormes rochers qui, suivant tou- jours la même direction, filaient sur Saint-Pierre avec une vitesse énorme, laissant derrière eux une sorte de traînée qui se profilait en noir sur la blancheur intérieure du nuage. Tout cela en moins de temps qu'il n’en faut pour le dire, et ce nest que tout de suite, au début, que je pus voir dis- tinctement les rochers projetés et se dirigeant sur 666 J. THIERRY — LA CATASIROPHE DE LA MARTINIQUE Saint-Pierre, car presque instantanément un nuage épais couvrit l'espace compris entre le cratère et la ville. Voilà ce que je vis à la fenètre du salon de M. Carassus; j'étais terrifié autant par ce que je voyais que par le bruit que j'entendais et qui me paraissait aller toujours grandissant. Je sortis alors dans la rue et allai me dirigeant du côté de Saint-Pierre, guidé par une sorte de curiosité elfarée, ainsi que beaucoup d'autres, d'ail- leurs, qui, avertis par le bruit, sortaient de leurs DOTE Fig maisons et allaient du même côté que moi, cher- chant à savoir ce qui venait de se produire et quel était le danger qui nous menaçait. J'allai ainsi pendant 100 mèlres environ, quand je vis, par un intervalle entre deux maisons, et à une distance qui me parut fort rapprochée, un énorme nuage gris roux, prenant depuis terre, qui s'avançait sur nous comme une muraille el tellement sillonné d'éclairs que ceux-ci formaient comme un réseau ininlerrompu à mailles serrées. J'eus alors comme une impression de vide devant moi, comme le vertige. Pendantlout ce temps, le bruit ne faisait qu'aug- mentler, le ciel s'obscurcissait et, je l'avoue, je crus que c'en élait fini de nous et du Morne-Rouge. 3. — Une partie du mouillage de Saint-Pierre après la catastrophe. Comme bien vous vous l’expliquez, ma curiosité céda à l'instinet de conservation et je fis volte-face pour aller du côté de ma maison et rejoindre les miens. En cours de route, après environ 100 mètres de cette marche très accélérée, en passant devant la gendarmerie, je regardai le cratère : il fumait tou- jours comme à l'ordinaire, mais ne projetait plus rien. Immédiatement au-dessus du cratère, la mon- tagne s'éclairecissait. Aussi j'estime que la projec- Uion de la trombe meurtrière n'a pas duré plus de Hs qe deux à trois minutes, si même elle a duré ce temps- là, et non pas un quart d'heure comme on Pa dit. Un peu plus loin, à une centaine de mètres envi- ron, je sentis un violent coup de vent, comme un 1 pelit cyclone, qui arracha beaucoup de feuilles el | cassa quelques branches, puis les pierres chaudes M d’abord et la boue chaude ensuite se mirent à \ tomber; ce petit cyclone dura quelques minules M | .seulement., Quant à Saint-Pierre, il était visé et rien ne pouvait arrêter l'élan de ces rochers que je voyais passer à trois kilomètres, et qui devaient être bien gros, puisque je pouvais les voir, avec PORT DS Rss de #4 Amd 2 LA Eu on A la lrainée qu'ils laissaient, malgré la distance @LM\ malgré la vitesse avec laquelle ils filaient. Per- sonne n'a pu voir ce qui s'y est passé, car le nuage FA J. THIERRY — LA CATASTROPHE DE EA MARTINIQUE formé par la désagrégation des rochers a immédia- _ tement tout recouvert. “ Saint-Pierre a dû être broyé, asphyxié et fou- droyé eu même temps, et tout cela si rapidement — qu'il n'a dü y avoir pour s'en apercevoir que ceux- 1 là qui étaient dans les rues et ceux qui habitaient -le Mouillage. Aussilôt la pluie de pierres ‘el de boue passée, quelques-uns de nous ont envoyé du côté de Saint-Pierre un gendarme à cheval; M. Saly y est allé aussi. Comme tous les messagers que nous avions envoyés, M. Saly a dû s'arrêter au troi- 667 a la chance de s’en tirer une première fois, cela devient de l'inconscience de s'y risquer inutilement à nouveau, puisque tout ce qui me retenait au Morne-Rouge, mes plantations de caféiers greftés, était déjà détruit, au moins pour les 9/10. Vous voyez que ce que je puis vous dire n'est pas grand'chose, mais je ne sais qui pourra bien vous en dire plus, car peu se trouvaient mieux placés que moi pour observer, et surtout ayant au moment exact les yeux fixés sur la gueule du monstre, En somme, il n’y a eu ni feu proprement Fig. — ième kilomètre avant Saint Pierre, là où le fléau k s'était arrété. Plus loin, ce n'étaient plus que cen- « dres fumantes, au travers desquelles on ne pouvait “se risquer, tant à cause de la chaleur qu'à cause des émanations sulfureuses qui se dégageaient. A ce moment-là il était à peu près dix heures; la partie du Mouillage ne formait plus qu'un vaste brasier avec une colonne de fumée au milieu, mais la partie du Fort était déjà rasée; on n'y voyait plus ni fumée, ni flammes, ni maisons. C'est là la seule éruption que j'ai vue de près. Quant aux autres qui sont venues après, plus for- _midables encore, à en juger par leur champ d’ac- lion, mais toujours dirigées dans le même sens, je me les ai vues que de loin, j'ai pensé que, quand on | 4. — L'église du Mouillage et les environs après la catastrophe. dit, ni lave incandescente projetés le 8 mai; il ya eu une quantité énorme de rochers incandescents qui sont partis comme la décharge d'un canon diabolique. En tombant et en se désagrégeant, ont broyé, incendié, asphyxié et foudroyé, et ces causes de destruction se présentaient, soit ensem- ble, soit isolément, selon les cas, puisque, après le désastre, on voyait de petites cases légères restées ces rochers debout à côté de grosses conslruclions en pierre * Lie broyées et anéanties. Maintenant, dans quel ordre ces causes de mort ont-elles agi sur les malheureuses victimes? Personne ne Île saura jamais, car personne n'es! revenu de ceux qui étaient dans la vilie. Les quelques rares blessés 668 J. THIERRY — LA CATASTROPHE DE LA MARTINIQUE restants se trouvaient sur les confins de la zone meurtrière et ne peuvent fournir de renseigne- ments détaillés, tant ils ont été terrifiés et tant le coup a été subit. Un grand bruit, des nuages, du feu : c'est tout ce qu'ils ont vu ou entendu. Ces blessés proviennent du côté du Carbet, c'est-à-dire du point extrême du champ d'action de la trombe:; des autres côtés, plus rapprochés du cratère, point de blessés, rien que des morts. Et tous ces morts dévêtus, noircis, sans un cheveu, tous morts de la même facon, au moins ceux qu'on a trouvés dans les rues ou dans les cours. On dit maintenant que le cratère a une surface de 3 à 4 hectares, et je le crois volontiers. On a cru observer une certaine concordance en- tre les fortes éruptions etles phases de la Lune, de sorte qu'à chaque changement de quartier on se demande ce qu'il va advenir, puisque rien jusqu'à présent ne dénote un ralentissement. On raconte toutes sortes de choses relativement à la transformation de la montagne; on dit notam- ment que le bateau-càble le Pouyer-Quertier, vou- lant réparer le câble rompu devant le Prècheur, à trouvé des profondeurs de 2.000 ou 3.000 mètres, là où auparavant il avait le fond à 300 mètres. Serait-il possible qu'un tel affaissement ait pu se produire sans que le restant de l'ile ait été vigou- reusement ébranlé et secoué; et cependant c'est à peine si jusqu'à présent on a ressenti quelques se- cousses de tremblement de terre. D'autre part, la personne de qui je liens ce ren- seignement m'a dit le tenir du commandant du Pouyer-Quertier. On a dit aussi que la crête de la montagne s'était affaissée et que l'ensemble avait diminué de 300 mè- tres, au moins en hauteur. Je ne le crois pas, car, parmi les anciens points culminants, le morne « la Croix » se voit encore aux mêmes points d’obser-. vation qu'auparavant. Seulement, le sommet de la montagne a entière- ment changé de forme par suite de l'accumulation des cendres et des pierres autour du cratère en" activité. Au lieu d'être terminée par un pic, la montagne présente maintenant au sommet la forme en enton-. noir du cratère classique, dont les bords seraient presque partout horizontaux, sauf du côté de Saint- w Pierre, les parties autrefois les plus basses ayant rejoint en hauteur les parties plus hautes. Il en résulte que le sommet s’est élargi et c'est peut-être là la cause d’une illusion d'optique qui, au premier coup d'œil, laisserait croire qu'il s'est affaissé. à Tous ces phénomènes seront plus faciles à exa- miner plus tard. Pour le moment nous sommes toujours angoissés, d'autant plus que nous savons qu'un deuxième cratère s’est formé au-dessus de. l'Ajoupa-Bouillon, au lieu dit «le Trianon». Ce nou- veau cratère a déjà plus de 100 mètres de long, et plus de 50 de large; ces jours derniers, il fumait comme le premier dans les débuts. Va-t-il aussi s'ouvrir définitivement et anéantir… cette autre partie si riche de la montagne, comme … le premier a anéanti Saint-Pierre, ou est-ce partie remise? Quelle perspective ! Je ne vous parle pas aujourd'hui des consé- quences probables, économiques et agricoles. IL faut attendre la fin de la série des éruptions pour apprécier sainement l'immensité des dégâts et voir ce qu'on pourra bien faire du Nord de l'ile ou du. moins de ce qui en restera. } J. Thierry, Agriculteur, k Ancien Directeur du Jardin botaniquem de Saint-Pierre. k | ent : 1 F. DE MONTESSUS — MANIFESTATIONS VOLCANIQUES ET SISMIQUES AUX ANTILLES 669 ES Les Antilles forment une chaine d'iles s'étendant u Yucatan au golfe de Paria, en isolant de l’Atlan- tique et du golfe du Mexique une méditerranée très profonde, 6.000 mètres et plus, la mer Caraïbe, bor- née : au nord, par une série de grandes terres, Cuba, a Jamaïque, Haïti, Porto-Rico et l'archipel des iles Nierges; à l’est, par un arc d'iles volcaniques, les petites Anlilles ; au nord-est enfin, par les iles plates des Bahamas, flanquant la Floride. Il se trouve que ces trois unités géographiques ien définies forment aulant de provinces géolo- iques non moins bien déterminées. Les phéno- mêènes sismiques et volcaniques s'y présentent aussi avec un caractère différent. Enfin, les rela- tions entre la constitution interne et l'histoire géo- logique, d'une part, et ces mêmes phénomènes, d'autre part, s’affirment d'autant plus clairement qu'elles se répèlent dans le nord de l'Amérique du Sud. On ne peut donc, à ce point de vue, séparer le Venezuela des Antilles. On va voir comment l'histoire géologique du passé éclaire les manifesta- ions sismiques et volcaniques de cette vaste région. Un des traits fondamentaux de la géographie ctuelle est la série de dépressions qui prend la Terre d’écharpe par les fosses profondes de l'Atlan- ique moyen, la Méditerranée, la Perse occidentale, e golfe Persique, le pied de l'Himalaya, le rebord sud des iles de la Sonde, les abîmes du Pacifique quatorial et enfin l'isthme de Panama et la mer es Antilles. C’est une ligne de moindre résistance, jalonnée par des régions à tremblement de terre et des volcans, le long de laquelle le refroidissement séculaire du globe fait son œuvre en brisant l’enve- loppe suivant une ceinture pour permettre au reste de suivre la contraction du noyau. Cette dépression est ancienne déjà, mais elle tend à s’accuser de plus en plus. C’est ainsi que, dans les Andes, des ammonites jurassiques, d'un caractère européen, montrent que, dès cette époque reculée, une com- munication marine existait entre l'Europe et l'Amé- rique. À la Jamaïque se rencontrent, dans un cal- Caire analogue au Flysch alpin, des polypiers appartenant à la faune de Gosau et dont la présence fait conclure à une communication au moyen d’une chaine d'îles ou de la côte sud d’un continent nord- pour un long trajet par mer. D'après certains calcaires trouvés à la Trinidad et en quelques autres lieux, Lechmere Gupy a pensé qu'à l'époque cène, la mer faisait le tour d’une masse continen- Atlantique, car leurs larves ne sont pas outillées | LES MANIFESTATIONS VOLCANIQUES ET SISMIQUES DANS LES ANTILLES tale occupant l'emplacement actuel de la mer Ca- raïbe. Un régime méditerranéen régnait alors du golfe du Mexique aux Indes orientales, et aussi encore à l'époque oligocène, car les faunes de cette époque de l'île de Malte et de Castel Gomberto se retrouvent en de nombreux points des Antilles et même dans l'isthme de Panama. C'est à la fin du Pliocène ou dans la plus grande partie du Pléisto- cène que des effondrements gigantesques ont ouvert l'Atlantique nord et subtropical, en même temps que d'énormes coulées basaltiques se faisaient jour en Islande, en Écosse, dans les Feroe et même en Irlande, en abimant dans les flots le continent dont la côte sud, passant à une distance inconnue au nord des Açores, permettait de proche en proche l'invasion des faunes européennes jusque dans la région antillienne. Cet effondrement se réflète-t-il encore dans les vagues traditions relatives à l'Atlan- tide, il serait téméraire de l’affirmer. Enfin, la sur- rection de l'isthme de Panama est certainement très récente et, jusqu'à une époque rapprochée, la Floride, unie aux Antilles et au Yucatan, isolait l'Atlantique du golfe du Mexique. Aussi la faune abyssale de ce golfe a-t-elle un caractère Pacifique, tandis que les Mollusques terresties des grandes Antilles sont alliés à ceux de l'Europe occidentale. Aussi peut-on prévoir pour les Antilles une ampleur des phénomènes sismiques et volcaniques en rap- port avec ces vicissitudes géologiques grandioses. Il s'agit maintenant de serrer le problème de plus près et d'étudier les tremblements de terre et les volcans dans les quatre grandes régions natu- relles en lesquelles on peut diviser la région antil- lienne et qui sont : 4° la zone externe (Floride, Bahamas et Yucatan); 2° la chaine des Antilles (grandes Antilles) ; 3° la chaîne caraïbe (Venezuela et basse Colombie); 4° la zone volcanique interne (petites Antilles). I. — ZONE EXTERNE (FLORIDE, BAHAMAS ET YUCaTAN). Cette zone s'étend jusqu'au rivage septentrional des grandes Antilles, de Cuba à Porto-Rico, et va s’amincissant vers le sud-est jusqu'aux petites iles plates d'Anegada, Sombrero et Barbude. Elle fait ainsi le tour nord-est de la mer des Antilles. Com- posée uniquement de formations tertiaires ou plus récentes encore, et sans relief, elle tombe brusque- ment, à l’est, par desfondsde 4.000 mètres. Ce raide talus marque le bord occidental de l'effondrement 670 F. DE MONTESSUS atlantique. Des restes de grands Mammifères, à Anguilla, petite ile qui n'aurait pas pu les nourrir, montre que l'émersion de ces terres est relative- ment ancienne et que leur morcellement a dû coïn- | cider avec ce grand événement; on le suivra d'assez près. Toute cette région, Floride et Bahamas, est abso- lument stable. On connait quelques rares et faibles séismes en Floride et un seul tremblement sous- marin au large de ces iles, où l’on doit tenir pour — MANIFESTATIONS VOLCANIQUES ET SISMIQUES AUX ANTILLES ] L D re PE = M ds où les cenotes correspondent aux dolines des Alpes dinariques. Il est séparé du golfe du Mexique par un effondrement de 3.800 mètres et de Cuba par” 2.000 mètres d'eau. Si donc il a été réuui à cette ile et à la Floride, c'est que les causes d’'effondre- ment ont, là aussi, perdu toute vilalité, puisqu'il est d'une stabilité absolue.-Les séismes y sont incon- nus, On peut tirer de là une conséquence intéres- sante, c'est que la constitution karstique ne suffil pas à donwer lieu à l'instabilité d’une région, comme Nota : : Les nombres de points des bathymétriques donnent les de metres . | courbes | | milliers Æ Porremars. Se Fig. 1. — Régions naturelles des Antille S fausse une éruption sous-marine signalée par Mo- reau de Jonnès en février 1837. Force de penser qu'au moins la Floride à la Barbude, la faille gigantesque le long de laquelle l'Atlantique s’est effondré, et qui est main- tenant représentée par le 4.000 mètres, à perdu toute mobilité, ainsi que les cassures secon- daires qui ont morcelé l'archipel des Bahamas et l'ont séparé des grandes Antilles et de la Floride elle-même. Sur cette portion de la faille, les forces d'affaissement sont éteintes. est donc de talus de On ne peut séparer de ces terres le Yucatan, causse de calcaire tertiaire et véritable karst au point de vue géologique et sismique. on pourrait le penser pour les Alpes dinariques de la Carniole à l’Epire, pays souvent et gravement ébranlé. } IT. — CHAINE ANTILLIENNE (GRANDES ANTILLES). La chaine antillienne est la bordure septentrio-« nale de la mer Caraïbe, et, comme la région précé-" | elle s'élargit progressivement de l’est a} Elle comprend la Guadeloupe orientale Grande Terre), Antigoa, Saint-Barthélemy, les iles Vierges, Porto-Rico, Haïti, Cuba et l'ile des Pins, et la Jamaïque. Son étroite extrémité orientale est " dente. l'ouest. } Dr. donc enserrée entre la première zone et la chaine volcanique des petites Antilles. Des iles Vierges à la presqu'ile haïtienne de Jacmel, elle confine à la mer Caraïbe par un raide talus de 4.000 mètres; mais, à partir de là, la pente s'adoucit beaucoup au sud et au sud-ouest de la Jamaïque. Toutes les terres du nord, jusqu'à l'extrémité ouest de Cuba et à l'ile des Pins, forment un tout continu, en dépit d'une coupure de 2.000 mètres au travers des îles Vierges et d'une autre entre Cuba et Haïti, sans que celle-ci pénètre beaucoup au nord. La péninsule de Jaemel se prolonge à l'ouest par la Jamaïque et les bancs de Rosalinde, Serrania et Quita-Sueno jusqu à la côte nicaraguienne des Mosquitos, tandis que la presqu'ile du cap Saint-Nicolas se continue par la Sierra Maestra de Cuba, les iles Caymans, les bancs Misteriosa et Schwan, les îles Bonaca, Roatan et Utila jusqu'aux montagnes du Honduras, en formant une étroite arête disconlinue entre les deux fosses si profondes de Bartlett (plus de 5.000 mètres). Le nord de Cuba, par la Sierra de Qumanayagua, forme une troisième partie. Au point de vue géologique, on peut définir sim- plement celte région : une chaîne archéenne à trois branches occidentales, contrelaquellese dressent, au nord, des sédiments crétacés et tertiaires et dont le bord sud-est est effondré sur la mer Caraïbe. On va étudier de l’est à l’ouest. La Guadeloupe orientale (Grande-Terre) est assez instable. On doit admettre que la plupart des séismes de Pointe-à-Pilre et de Capesterre vien- ent de cette partie de l'ile, et, si d'innombrables secousses ont été, à la suite du grand tremblement 8 février 1843, signalées pour cetle dernière ocalité, qui appartient à la partie occidentale et volcanique de la Guadeloupe, c'est que leur principal observateur habitait ce point. Ch. Sainte- Blaire-Deville a fait de ce séisme une étude ma- sistrale. - Antigoa est instable et celte ile est traversée de part en part par une faille importante, dont un este de mobilité s'accuse de la sorte. … Les iles Vierges sont très instables. Elles ontété, 1e 17 novembre 1867, victimes d'un terrible séisme raz de marée et une série de très nombreuses : N erges, car, traversées par une cassure de 2.000 mè- tres, elles confinent, au nord, à la fosse de Jungfern plus de 8.000 mètres) et au raide talus de 4.000 mè- S de la mer Caraïbe. On a vu plus haut que le alus de 4.000 mètres entre la Floride et la Barbude amène pas d'instabilité; mais, comme il est ici DE MONTESSUS — MANIFESTATIONS VOLCANIQUES ET SISMIQUES AUX ANTILLES 674 coupé par l'abime de Jungfern, les conditions tec- toniques changent. C'est dans l'intérieur d'Haïti, au massif de Cibao. que se produit la première bifurcalion de la chaine des Antilles. Les parties les plus élevées sont cons- tituées par des roches éruplives massives, tandis que la côte sud et les deux presqu'iles occidentales sont formées de grès et de schistes anciens. Près d’Azua se trouvent des sources de pétrole, et un alignement longiludinal serpenlineux a été signalé par Cia. Cetle association est importante, car en de nombreux points du globe on peut constater qu'elle avoisine des régions inslables. Et précisément Haïti a été souvent ravagée par des tremblements de terre : Ruines de la Conception de la Vega, 1564; d'Azua, 1691 ; de Port-au-Prince, 18 novem- bre 1751; des Gonaïves, 21 novembre 1751; de Port-au-Prince encore, du 3 au 5 juin 17170; de l’Anse-au-Veau le 8 avril 1860; dégâts notables à Santo-Domingo le 3 août 1878. Deux dépressions traversent l'ile de parten part: celle du sud, dite le Cul-de-Sac, entre la Croix-des-Bouquets et la baie de Naybe, celle du nord par la vallée du Rio Yaque et la baie de Samana. Est-ce par hasard que Port-au- Prince et Azua, aux deux extrémités de la première, aient si souvent souffert, que dans la plaine du Cul- de-Sac relentissent souvent des bruits sismiques, appelés « retumbos », et qu'enfin Allamira, dans la seconde. ait été détruite le 29 décembre 1897? On peut admetlre que les failles correspondant à ces deux dépressions, parallèles au massif de Cibao, | jouent encore. L'éruption signalée, le 21 février 1821, au nord des Gonaïves est fausse. La constitution géologique générale de la Jamaï- que reste la même; à l'est, les Montagnes bleues ren- ferment les mêmes roches que le massif de Cibao, et seulement au nord-ouest de l'ile, les fonds tombent rapidement à 5.000 mètres. Les séismes y sont fré- quenlts, et, si le désastre de juin 1692 est célèbre, les tremblements de terre, moins connus, du 2décembre 1780 à Savannah-la-Mar, du 11 décembre 1812 et du 26 avril 14861 à Kingston n’ont guère été moins graves. Au nord-ouest, le voisinage de la fosse méridionale de Bartlett et, au sud-est, les disloca- tions des Montagnes bleues suffisent à expliquer celte instabilité: Quant à la partie nord-est, c'est une région calcaire à caractère karstique, et pré- cisément il semble qu'elle soit plus stable que le reste de l'ile. La Sierra Maestra (2:300 mètres) forme la côte sud et rectiligne de Cuba. Elle Lombe à pic sur des , fonds de 5.800 mètres (total : 8.100 mètres, la hau- teur du Gaurisankar), qui commencent à la cou- pure de la baie de Santiago et longent le pied de la Sierra de Cobre à l'ouest de celte ville. C’est le plus 672 F. DE MONTESSUS —— MANIFESTATIONS VOLCANIQUES ET SISMIQUES AUX ANTILLES \ raide talus connu à la surface du Globe, et il corres- pond à une région fort instable, connue par les désastres de Santiago le 11 juin 1766, en Juillet ec en septembre 1826, et théätre de très nombreuses secousses après le 21 août 1852. On à vu que la Sierra Maestra se prolonge jusqu'au Honduras entre les deux fosses de Bartlett. On ignore si les Cavmans sont instables ou non, mais on sait que le 98 août 1883 on y a entendu de remarquables bruits sismiques, rapprochés à Lort, du moins je le crois maintenant, de la fameuse explosion du Kra- katoa. Les iles honduréniennes du golfe d’Ara- lique sont précisément implantées sur le talus de 4.000 mètres à des secousses qui s'étendent jusqu'à Omoa, qu'elles ont ruinée le 4 août 1856, et même à Belize. Le double effondrement des fosses de Bartlett continuerait donc à jouer par ses failles. A l’est de la Trinidad, la Sierra archéenne de Cumanayagua s'étend jusqu'à la vallée du Rio Cauto, formée de calcaires tertiaires horizontaux. Une trainée de serpentine, avec des sources de pétrole, forme l'arête longitudinale de partage des eaux de Cuba. On pourrait donc, en se rapportant à ce qui a été dit pour Haïli, supposer instable le centre de l'ile. Mais il n’en est rien. Les séismes de la Trinidad viennent de la Sierra Maestra et ceux de la Havane et de Matanzas de Vuelta Abajo, dont on parlera plus loin. Cette double manifestation ne l'instabilité qu'au voisinage des grandes fractures ou effondrements qui manquent ici. Cuba occidental présente un centre sismique se- condaire, celui de Vuelta Abajo, qui a donné lieu, du 22 janvier 1880 à mai de la même année, à de très nombreuses secousses, étudiées par Salterrains. Comme les grandes cassures sont ici très éloignées, c'est aux géologues cubains à rechercher dans les accidents locaux, dislocations ou plissements, l'ori- gine de ce centre d'instabilité. et elles sont assez sujettes va donc avec III. — Cnaixe NORD DI CARAÏBE (BARBADE, TABAGO, TRINIDAD, VENEZUELA ET DE LA COLOMBIE). Les traits géologiques fondamentaux de la chaîne anlillienne se répètent exactement ici. Abrupte bordure méridionale de des Antilles, la s'élale en éventail de l’est à l’ouest la mer chaine caraïbe comme la première, et leurs pointes orientales, Grande Terre de la Guadeloupe et Barbade se font face et sont situées au voisinage du talus atlan- tique de 4.000 mètres. L'une et l’autre sont très insltables. Prenons done maintenant la chaîne Ca- raïbe de l’est à l’ouest, comme nous avons fait de son homologue, les grandes Antilles. La Barbade el Tabago sont assez souvent ébran- vers les Antilles, tandis que ses côtes sud et sud= ï lés, mais n'ont jamais subi de vrais désastres. Von. Eggers a signalé des schistes et des roches érup- tives anciennes dans celle-ci. La chaine archéenne de la Trinidad est tour AE est sont crétacées et terliaires avec tendance ac- tuelle à l'affaissement; mais les apports de l'Oré- noque contre-balancent cet effet. Il y existe des salses actives, dont les principales sont le Lagoon Boufle et celle du cap Icacos. Près de Savannal Grande, une éruption boueuse importante a eu lieu en mars 1852. Le fameux lac d'asphalte de la Bréa. se trouve près de l'extrémité ouest, et du pétrole sourd en quelques points et même sous mer au voisinage. Tout cet ensemble de conditions justifie quelques secousses, jamais désastreuses cependant, mais doit, par l'expérience de ce qui se présenteen d'autres nombreux points de la surface du Globe, faire prévoir le voisinage d'un district très instable. On va voir qu'il en est bien ainsi. Le golfe de Paria communique avec les Antilles, par la coupure de la fameuse Boca del Drago, que Gupy regarde comme une faille avec effondrement, vers l'est. Ce même golfe pénètre profondément dans la même direction pour aller directement à lan! rencontre de celui de Cariaco, et, entre les deux s'étend une plaine basse où se montrent des restes de lagunes actuellement colmatées. De vagues traM ditions indiennes relatent une irruption de la mer dans celte coupure peu avant l’arrivée de Colomb La doubie péninsule archéenne de Paria est done séparée du massif mésozoïque du sud par une cas sure qui aurait joué encore récemment. Toutes ce conditions rendent bien compte de l’extrème insta Cumana (1° septembre 1530: 21 octobre 1766: 14 décembre 1797; 15 juillet 1845; juillet 1853): Là la chaine archéenne caraïbe est interrompue bee un golfe entre cumans et Rio Chico et par la au massif de Ce et lance à l’est un rameau le-Vent (Margarita, Tortuga, Orchilla, Bonair Curaçao et Aruba), par les deux presqu'iles de Paraguana et de Goajira, cette dernière avec des, cônes volcaniques anciens qui ont conservé unê très grande fraicheur, par le massif de Santa-Marta et peut-être même, del autre côté du golfe de Darien, par la côte orientale du territoire du même nom: Celle chaine secondaire, qu'on pourrait appeler pré- | caraïbe, longe de près l'effondrement antillien. On b pourrait donc théoriquement lui supposer une cer- taine instabilité. Il n'en est rien, les séismes y sont rares et faibles. C'est donc que cet effondrementa | | perdu toute vitalité, ainsi que les plissements accu- sés d'un calcaire à rudistes accompagnant l'axe . irchéen. L'extrémité occidentale a cependant subi - quelques tremblements graves (22-25 mai 1834, Santa-Marta ; 2 février 1851, cette ville et Cartha- gène). Ces chocs doivent donc leur origine à des slocations locales, que l’état peu avancé de la géo- logie dans ces parages ne peret pas de préciser. On doit Lenir pour fausses les éruptions rapportées par des traditions indiennes dans l'énorme massif de Santa-Marla, où n'existent que des roches érup- tives anciennes. Mais la volcanicité moderne repa- rait sous forme de salses et de volcans de boue près de Carthagène, à Galera Zamba (1839-1840 ; octobre 1848) et au fond du golfe du Darien, non loin de | à Turbaco (juillet à ps embouchure du Rio Sucio, octobre 1882). La chaîne principale et continentale archéenne est, au contraire, d'une extrême instabilité. Les dé- sastres y ont été nombreux et l'on peul y distinguer rois centres sismiques principaux : Caracas, lac de Maracaybo et Sierra de Mérida. » Caracas a été plus ou moins complèlement ruinée lé 41 mai 1641, le 2 octobre 1778, le 25 jan- vier 1779, le 26 mars 1819, le 15 décembre 1865, le 29 octobre 1900, et Cua, le 12 avril 1818. L'éloi- nement de l'effondrement caraïbe et le fait que les iles Sous-le-Vent sont absolument stables, for- ent de chercher des causes géologiques locales, qui ne fout, d’ailleurs, pas défaut, telles que les fractures profondes qui ont donné lieu au lac teclo- nique de Valencia et à l'énorme escarpement de 2,800 mètres qui domine la Guayra. Et c’est telle- ment vrai que des sources thermales de toute nature abondent dans toute la chaîne depuis le golfe de Ce riaco, attestant ainsi l’état de profonde dislocation de tout le territoire. aux dans les Llanos, tandis qu'au Nord-Ouest ils Sont fortement plissés et plongent brusquementsur a plaine de Zulia, qu'ils dominent de 4.700 mètres. . La Sierra de Merida est presque aussi instable que Celle de Caracas, et cette rapide esquisse de sa constitution suffit à donner raison des secousses fréquentes qui l’agitent et des désastres qui l'ont : désolée (5 février 1399 et 3 février 1610 à la Grita; 6 mars 1869, Banco; nombreuses secousses de k ovar en février 1849 et de San-Cristobal en 1869). \u nord, et près de celte dernière ville, une mon- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. tagne bourdonnante, d'où son nom de « Zumba- dor », relentit fréquemment de bruits sismiques, et toute la chaîne et ses abords abondent en sources thermales qui témoignent de l’intensilé des cas- sures tectoniques qui l'ont disloquée. Les séismes ne sont pas rares à Maracaybo, mais n'ont jamais été désastreux. De notables dégâls y ont élé cependant subis le 3 mai 1849. La cause de ces chocs ne peut être attribuée qu'aux cassures transversales à l’axe archéen de la chaîne préca- raïbe, et qui ont, dans la presqu'ile de Goajira, donné naissance aux volcans trachytiques anciens de Teta Goajira, Yuripiche, Macuira, etc. Notons, en passant, que le pétrole reparaît dans ces parages, sans toutefois donner plus d'importance qu'il ne faut à cet accident. Mais le centre véritable d'insta- bilité de ce district est Lagunillas, ruinée le 9 mai 1894. C’est seulement là qu'on peut à la ri- gueur invoquer l'effondrement du lac de Maracaybo. En résumé, l'effondrement post-éocène de la mer des Antilles n’a aucune part dans les tremble- ments de terre de la région, et il faut en chercher la cause dans les accidents géologiques locaux. IV. — PETITES ANTILLES (DE SABA A GRENADE). Arrivons maintenant aux petites Antilles, où s'est produite la catastrophe de Saint-Pierre de la Mar- tinique. C'est un arc presque exclusivement volcanique, récent, encore que les roches éruptives tertiaires n'y manquent pas. La courbe bathymétrique atlan- tique de 4.000 mètres ne l’enserre de près qu'au nord-est, tandis que celle de la mer Caraïbe s'en éloigne au delà de l'ilot d'Aves. Les deux courbes de 2.000 mètres en sont, au contraire, très rappro- chées, sauf dans l’extrème nord-ouest. Les pelites Antilles sont donc implantées sur un socle de 2.000 mètres, ce qui fait prévoir que les effondre- ments atlantique et antillien n'auront pas une influence directe sur leur instabilité. C'est une succession de cônes volcaniques modernes, entou- rés de leurs propres débris, de cratères fumants ou éteints, de lacs cratériques, de fumerolles, de soffioni, de soufrières, de sources chaudes, etc. Le processus volcanique les a entièrement cons- truites et leur imprime un caractère spécial. Contrairement à ce que l'on pourrait supposer, les séismes, sans être rares, n'y sont jamais vrai- ment désastreux, et cette constatation est facile à vérifier dans les annales sismiques. Elle corro- bore l'indépendance des phénomènes sismiques el volcaniques, qui, le plus souvent, s'excluent les uns les autres. Toutefois, des tremblements de terre d'une certaine gravité s'y sont fait sentir : 12 oc- tobre 1788 à Sainte-Lucie; 26 juin 1805 à la Gua- 14* F. DE MONTESSUS 014 MANIFESTATIONS VOLCANIQUES ET SISMIQUES AUX ANTILLES deloupe; 41 janvier 1839 à Saint-Pierre; 8 février 1843 et 16 mai 1851 à la Guadeloupe ; 10 janvier 1888 à Grenade; 4 juillet 1891 à la Martinique; 29 avril 1897 à Montserrat. Mais il faut bien observer que l'état meuble des déjections volcaniques de ces iles a dû rendre graves, sinon destructeurs, des trem- blements qui, sans cela, n'y auraient produit que peu ou pas de dégâts, que souvent les séismes des grandes Antilles et de la chaîne Caraïbe s'y pro- pagent, et qu’enfin la Guadeloupe appartient en parlie à la zone instable du nord. Bref, les effon- drements atlantique et caraïbe ne semblent donner lieu ici qu'à des séismes plutôt faibles. Il n'en va pas de même des manifestations vol- caniques. Elles sont fréquentes : Soufrière de la Guadeloupe; 1738; 18 octobre 1766; 1778; 27 oc- tobre 1797: février 1802; 3 décembre 1837. Qua- libou de Sainte-Lucie ; 1766 ; éruption sous-marine (?) près de cette île, le 14 novembre 1867. La Domi- nique, 4 janvier 1880; l'épouvantable éruption de Saint-Vincent d'avril 1812, probablement beaucoup plus intense que celle de la Montagne Pelée, mais qui n’a pas eu de grande ville à raser, enfin la Martinique, 22 janvier 1782 ou 1792, septembre et octobre 1851. L'élat d'activité atténuée est presque constant dans plusieurs îles. La volcanicité des petites Antilles se comprend facilement. Elles sont situées entre deux effondre- ments, sinon contemporains, du moins de dates rapprochées, celui de la mer Caraïbe et celui de l'Atlantique. Le socle de ces îles s'est affaissé de 2.000 mèlres de moins que les fonds océaniques actuels, et même a dû se relever en quelques points, puisque l’on y rencontre des lambeaux de calcaires tertiaires, des calcaires coralliens mo- dernes, émergés jusqu’à une altitude de 200 mètres, et un magma produit par l’action de l’eau de mer sur les détritus volcaniques. Gela s'explique clai- rement, car l’affaissement des deux voussoirs voi- sins n'a pu se produire que s'ils ont chassé de bas en haut, et, comme un coin pressé des deux côlés, Je socle des petites Antilles, et, en même temps, les malières éruptives surgissent pour faire de la place aux bases de ces voussoirs. Il y à donc tout lieu de penser que la chaine des | petites Antilles, loin de tendre à s'abimer dans l'Océan, comme certains ont paru le croire après la catastrophe de Saint-Pierre, tend au contraire à se relever, et que, sous cette forme, les éruptions prouvent la survivance d'un effort d'effondrement, surtout, semble-t-il, de celui de l'est, la faille occi- dentale étant beaucoup plus éloignée. Cette sug- gestion est corroborée par ce fait que l'Atlantique, au large de ces îles, est le théàlre d'assez nom- breuses secousses sous-marines, Llandis que la mer. Caraïbe n'en ressent presque jamais. On peut donc s'arrêter à cette pensée relalivement consolante que le mouvement d'ascension du socle rendra les éruptions petit à petit plus rares et plus faibles; mais au bout de quel laps de temps? La science ne peut avoir la prétention de le dire, même approxi- mativement; à plus forte raison ne peut-elle pas prévoir de semblables désastres. La plus élémen- taire prudence devrait inciter les populations si souvent éprouvées par les tremblements de terre et les éruptions volcaniques à quitter pour tou- jours les points menacés; mais on sait que l'amour du foyer, ou tout autre sentiment, a fait obstiné- ment rebâtir au même endroil des villes qui, comme San Salvador, ont été délruites quatorze fois en moins de quatre siècles, alors qu'à peu de kilomètres les survivants ont à leur disposition un sol parfaitement stable. Certes, la catastrophe de Sainl-Pierre est dou- loureuse, mais c'est seulement faute de villes à détruire à leur pied que bien des volcans n'ont pas à leur passif de bien plus graves méfaits. Quel souvenir effrayant n'auraient pas laissé, par exemple, les éruptions tertiaires, qui ont, dans l'Indoustan, couvert d'un manteau continu de laves une surface près de deux fois aussi srande que la France, s'il y avait eu des houmes pour être lé- moins de l'ensevelissement de leurs contemporains et des télégraphes pour en apporter aux autres la nouvelle ! Quoi qu'il en soit, restons sur celte impression que la Géologie peut, dans une cerlaine mesure,: expliquer ces Lerribles phénomènes et que, de plus, en plus, elle pourra en éclairer la genèse. F. de Montessus. | D' R. ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME — L'ardeur avec laquelle se poursuit, depuis quel- - ques années, la lutte contre l'alcoolisme pourrait faire croire que l'accord est fait sur les problèmes que soulève celte grave question. Cependant, iln'en est rien. « Les boissons alcooliques, écrivait der- ièrement le professeur Leyden’, sont, d’après les ns, indispensables et, d’après les autres, un dan- gereux poison. On ne peut nier qu'elles donnent la joie, relèvent l'appétit, excitent la digestion, ainsi que la force motrice de l'estomac. En quantité mo- dérée, elles peuvent être admises sans inconvénient et comme aliment et comme médicament. » Cette opinion d’un des meilleurs cliniciens alle- mands est intéressante à plus d'un titre. Non seu- lement, elle résume les divergences qui existent parmi les anti-alcoolistes, mais implicilement elle -pose encore la question des doses. En tout cas, lle méritait d'être signalée à notre attention, car en France, plus que partout ailleurs, la lutte contre Valcool met en jeu des intérêts économiques de premier ordre. Rappelons seulement que, sur les péens, la France figure pour 1.697.734 hectares. Sa produclion annuelle de vin est, en moyenne. de 2.500.000 hectolitres, ce qui représente une valeur de 1250 millions de francs! Plus de 2 millions de Fran- ais tirent leur revenu de la culture de la vigne, et e commerce des vins, avec ses accessoires, fail vivre plusieurs autres millions d'habitants?. Ces chiffres montrent suffisamment l'importance économique de la question qui nous occupe. Mais, S'ils ne doivent pas faire fléchir la rigueur des con- tlusions scientifiques, ils nous commandent une certaine prudence dans l'interprétation des faits. Et ces faits, quand on les étudie sans parti pris niidée préconçue, sont loin d’être univoques et soulèvent bien des questions. On peut notamment se demander si le vin doit être englobé dans l'anathème jeté très | justement aux boissons spiritueuses, eaux-de-vie, _absinthes et autres apéritifs: si, en petite quantité, il ne peut figurer sur notre table au même titre que les autres condiments qui, eux aussi, à dose élevée, deviennent des poisons; si, enfin, comme le veulent … Les anti-alcoolistes intransigeants, il doit céder sa _ place au verre d'eau. I nous a semblé qu'il ya un certain intérêt à | 2 he COR : Cité d’après le Progrès médie., 4902, p. 306. =" E. Mauiac : La défense du vin et la lutte contre l'alcoo- lisme. Paris, 1901. FE | “1.657.000 hectares qu'occupent les vignobles euro- | LES BASES SCIENTIFIQUES DE LA LUTTE CONTRE L’ALCOOLISME aborder l'étude de ces questions à la lumière des faits relatifs à la nocuité de l'alcool, telle qu'elle a élé établie par les recherches expérimentales, d’un côté, par la Clinique et la Statistique, de l’autre. I. — L'ALCOOLISME AU POINT DE VUE EXPÉRIMENTAL. $ 1. — Influence de l'alcool sur le développement de l’organisme. En soumettant à l'action des vapeurs d'alcool ou en injectant dans l’albumen des œufs en incuba- tion de petites quantités d'alcool, Féré‘ a constaté que l’action de l'alcool se manifeste par un retard du développement et par la fréquence des mons- truosités de l'embryon. C'est ainsi que, sur 6 œufs examinés 48 heures après l'injection de 1/20 ce.c. d'alcool éthylique, il a trouvé un embryon avec atrophie de la tête, un autre avec flexion latérale de la lête. L'action lératogène de l'alcool était encore plus manifeste après l'injection de 1/20 c.c. d'al- cool propylique. Sur 6 œufs traités de cette façon, on à compté 2 monstres avec alrophie de la tête, 1 cyclope, 1 cyclope avec spina bifida, 4 arrêt de développement, 4 embryon normal. Une étude des eaux-de-vie naturelles a, en outre, montré à Féré que leur pouvoir tératogène est plus grand que celui de l'alcool éthylique : tandis que l'alcool éthy- lique pur donnait en moyenne 66,66 °/, d'embryons normaux, l'armagnac n’en donnait que 62,54 °/, et le rhum que 45,83 °/.. L'action nocive de l'alcool sur le développement de l'embryon ou du fœtus a élé mise en évidence encore d’une autre facon. Mairet et Combemale? accouplent avec une chienne normale un chien vigoureux qui, depuis 8 mois, recevait tous les Jours 11 grammes d'ab- sinthe Pernod à 72°, par kilogramme. La chienne met bas 12 petits, dont 2 morts-nés; 7 aulres suc- combent, quelque temps après leur naissance, à la tuberculose, à l’entérite vermineuse, quelques-uns après avoir présenté des attaques épileptiformes. A l’aulop-ie, on trouve de l’épaississenent des os du crâne, la soudure précoce des sutures, de: adhérences entre la dure-mère et les os du crâne 1 Société méd. des Hépit., 23 février 1894, et Soc. de biol., 14 mars 1896. 2 Acad. des Sciences, 1888, t. CVI, p. 667. 676 D'R ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME des différences de poids entre les deux hémi- sphères. — Dans une autre expérience, une chienne, paresseuse et peu intelligente, dont la mère avait été soumise à l’alcoolisation chronique, est accou- plée avec un chien vigoureux et normal. Elle met bas deux chiennes et un chien, qui meurt quelques heures après la naissance. A l’autopsie, on trouve un pied-bot, une atrophie des orteils, une gueule de loup. Mèmes résultats dans les expériences de Laiti- nen', faites sur des lapines et des cobayes. Chez les lapines soumises à l'intoxication alcoolique chro- nique, les petits meurent peu de temps après la naissance dans une proportion de 61,36 °/,, tandis que, chez les lapines témoins, la mortalité des pe- lits n'est que de 23,1 °/,. Chez les cobayes femelles alcoolisées, 10,7 ?°/, de petite survivent, tandis que, chez les cobayes témoins, la proportion de petits qui survivent est de 81,25 °/,. Dans les expériences de Gilbert Ballet et Rae? cinq couples de chiens al- coolisés, pendant quatre années, n'ont mis bas que 83 petits, chiffre inférieur cerlainement à la nor- male. Aucun des enfants nés pendant que l’intoxi- cation était régulière, n’a survécu plus de quatre semaines. Les petits chiens qui succombaient élaient tous pris de convulsions, et, dans certaines portées, tous les individus mouraient en quelques jours avec des convulsions. Convulsions, arrêts de développementet mortalité élevée, tels sont, d'après Ballet et Faure, les signes qui marquent la descen- dance des animaux alcoolisés. sur le fœtus, J 25 Le mécanisme d'action, de l'alcool — Passage de l'alcool de la mère au fœtus. TABLEAU I. QUANTITÉ D'ALCOOL ABSOLU en centimètres cubes DÉSIGNATION our 100 centimètres cubes de sang fœtal ALES pour 100 grammes | de tissu fœtal par kilogramme Cobaye . | Chienne | Cobaye . | Cobaye . | introduit dans l'organisme des parents, ressort très nellement des expériences de Gréhant et de son élève Nicloux*. Avec un nouveau procédé de dosage Nicloux que l'alcool de l'alcool, a pu montrer ! Cité par Rosewrecn : Der Eïinfluss des Alkoholïs auf den Wiesbaden, 1901. Tribune méd., 1902, n° 22, p. rches expécrim. sur l'élim. lhèse de Paris, 1900. OrqäniSImus, 131. de l'alcool dans l'orga- ingéré par la mère passe dans le sang et les Lissus des fœtus, comme on peul en juger d'après les chiffres consigués dans le tableau I ci-dessus : À Quand, à une femme en travail, on donne dans une polion 27 €. ©. d'alcool, on trouve dans le sang fœtal (pris au cordon du côté placentaire) une quan- tilé d'alcool absolu qui varie, suivant le cas, entre 0,014 et 0,053 par centimètre cube de sang fœtal. — Passage de l'alcool dans l'appareil génital. TABLEAU IL. QUANTITÉ D'ALCOOL ABSOLU en centimètres cubes ER pour 100 grammes de liquide ou lissu considérés DÉSIGNATION ingéré par kilogramme d'animal Testicule(4cobayes réunis). (chien). . . Prostate (chien). . . . . Ovaire (chienne). Liquide des vésicules sémin. (4 cobayes réunis). Sperme (homme; . 0,50 0,23 0.19 0,30 0,31 0.11 Cr ee 0 ot = Un autre fait, forl important en l'espèce, constaté par Nicloux, c'est que l'alcool ingéré passe dans l’ap- pareil génital aussi bien chez la femelle que chez le màle, ce qui nous donne la clef des expériences de » Mairet et de Combemale. Ces faits offrent une im portance capitale pour l'interprétation de l'alcoo- lisme congénilal ou héréditaire. Notre tableau II ci-dessus cile à ce sujet quelques chiffres pris dans les tableaux de Nicloux. Ajoutons que ce passage de l'alcool dans le sperme de l'homme après ingestion de vin ou de cognac a été établi expérimentalement dans quatre m autres cas par P. Renaull’. Nous verrons plus loin, … dans la partie clinique, que les enfants conçus pendant l'ivresse alcoolique du père ou de la mère deviennent fréquemment épileptiques ou pré- | sentent d'autres stigmates de dégénérescence. # Les recherches publiées tout récemment par | | Livanoff” sont particulièrement intéressantes parce qu'elles nous font connaitre un fail établi en cli- ; nique, à savoir, que l'action nocive de l'alcool est. d'autant plus manifeste que l'individu est plus jeune. | Livanoff a soumis à l’intoxication chronique par l'alcool deux groupes de lapins : les uns âgés de 3 semaines et pesant 95 à 75 grammes, les autres agés de deux mois et pesant 250 à 500 grammes. ! Contribut. à l'étude de l'alcoolisme congénilal. Th. de 1901. | russes de Pathol. expériment., 1902, vol. XI, Paris, ? Arch. p. 14. É. € D’ R. ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME Les premiers, au nombre de 8, recevaient par la voie stomacale une dose journalière de 2 c. c. d'alcool - éthylique à 95° par kilogramme de matière vivante ; cette dose, diluée dans l’eau, a dû ultérieurement être notablement abaissée. Les animaux du second groupe recevaient, dans les mêmes conditions, A c. c. d'alcool par kilogramme. L'expérience à duré six mois. Celle expérience, dont nous avons groupé dans le tableau III les principaux résultats, a montré que l'intoxication chronique par l'alcool provoque “une atrophie générale de tout le corps et de tous des viscères (sauf la rate, qui est augmentée de 30°/,), se manifestant par une diminution du poids et des dimensions des organes. Cette atrophie, sauf pour hs le système osseux, est plus accentuée chez les ani- maux jeunes que chez les animaux adulles. Ajou- Tasceau III. — Effets de l'intoxication chronique des lapins par l'alcool. . LAPINS LAPINS DESIGNATION jeunes adultes Diminution du poids du corps. des viscères . du cerveau. de la longueur desos longs. du diamètre des os longs. 15 à 18 tons que, d'après Livanoff, la diminulion du poids du corps est due surtout à une atrophie des tégu- ments et du système musculaire. $ 2. — Mesure de la toxicité des alcools. Les expériences que nous venons de rapporter donnent une idée générale de l'influence que l'al- -cool exerce sur l'organisme dans les divers stades -de son développement. On sait que Féré, Gley et . Charrin ont obtenu les mêmes malformalions, la même déchéance organique au moyen des substan- ces toxiques d'origine microbienne ou autre. Cette identilé dans l'action et les effets permet donc de classer l'alcool dans le groupe des substances Loxi- ques, conclusion qui ne demandait même pas à être formulée explicitement. Si donc l'alcool est - un poison, quelle est sa toxicité? Les recherches classiques de Dujardin-Beaumetz et Audigé, qui avaient ulilisé dans leurs expériences la voie sous-cutanée, ont établi que les alcools exercent une action d'autant plus toxique que leur formule atomique est plus complexe et que leur température d’ébullition est plus élevée. Ces sa- vants ont ainsi dressé une échelle de toxicité qui commence par l'alcool éthylique, alcool de con- sommation le moins toxique,et, en passant par l'alcool propylique et butylique, aboutit à l'al- =) 1 D NO D NO = He = Geppert . HR HAE ++ es de Vierordt . . la quantité d'oxygène que l'organisme au repos est presque constante, et n'est 1 que par le travail musculaire ou celui des glandes; l'alcool introduit dans l'organisme s'empare d'une ! Arch. {. experiment. Pathol., 1887, vol. XXII. 682 D' R. ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME certaine quantilé d'oxygène el diminue d’aulant l'oxydation d'autres substances et Lissus, si bien que la quantité d'acide carbonique éliminé est déterminée par la richesse en carbone des subs- tances oxydées. Toute autre est la conclusion qui découle des recherches récentes de Singer !, faites sur des lapins auxquels il injectait dans l'estomac 2 €. ce. d'alcool dilués dans 20 grammes d'eau. Il résulte de nom- breuses analyses rapportées dans ce travail que la consommation d'oxygène par minute et par kilog d'animal est de 12 e. c. 27 sans alcool et de 14,77 chez les animaux alcoolisés pendant la première heure qui suit l'ingestion d'alcool, et de 12,58 pen- dant la seconde heure. Un fait très curieux cons- talé par Singer, el qui mérite d'être noté en pas- sant, c’est que celle augmentation de l'oxygène consommé s'observe aussi à la suite d'ingestion sto- macale d'eau ou d'une solution physiologique de chlorure de sodium, à la suile d'injection de ces liquides dans le rectum, même à la suite de simple introduelion de la sonde dans l'estomac. Mais, dans tous ces cas, l'augmentation est notablement infé- rieure à celle que produit l'alcool. 4. Reins, diurèse et diaphorèse. — L'augmen- tation de la diurèse à la suite de l’ingestion des boissons fermentées est un fait d'observation ba- nale. Parmi les travaux très peu nombreux où l'étude de cette question a été faite d’une façon précise, il faut citer celui de Mori, dont les con- clusions restent valables encore aujourd'hui. Dans les expériences, failes sur lui-même, Mori a tout d’abord déterminé la quantité d'urine qu'il émeltait pendant les cinq premières heures de la malinée sans prendre de liquides. Les jours sui- vants, il notait la valeur de sa diurèse quand il pre- nait une quantilé déterminée d’eau, de vin, de bière ou d’eau contenant de l'alcool ou de l'extrait de malt. Ces expériences, comme on peut en juger d'après le tableau IX, ont montré que l'aicool exerce manifestement une action diurétique, et que cette action est d'autant plus manifeste que la boisson est plus riche en alcool (vin plus diuré- tique que la bière). Toutefois, il semble que l'aug- mentation de la diurèse ne se produit que dans deux conditions: ou bien quand l'alcool est dilué, ou bien quand l'organisme est en possession d'une cerlaine quantité d’eau. Ainsi, quand on ingère 40 c. €. d'alcool dans 60 d’eau, la diurèse ne se produit pas; de même, dans une expérience de Mori, on voit 900 €. ce. d'eau, pris à jeun à 6 h. 30 du matin, fournir jusqu'à 9 h. 15 une quantité \rch. de Pharmacodvnam., 1899, vol. VI. b. 1. I1vg., 1881, vol. VII. d'urine égale à 380 c.c.; à ce moment on prend 40 6. ce. d'alcool dans 60 d'eau, et la quantité d'urine émise jusqu à 11 h. 30 monte à 809 ec. c.. Ajoutons encore que, dans des expériences que nous cilerons plus loin et qui ont été faites pour déterminer l'influence de l'alcool sur les échanges nutritifs, on a trouvé que la diurèse provoquée par l'alcool était moins grande que ne l'a trouvé Mori. Quant au mode d'action de l'alcool sur les reins, … il n’est pas encore élabli d'une facon nette. Si l'on. prend en considération la petile quantité d'alcool … qui s'élimine par les reins, il n'est guère possible. de mettre l'augmentation de la diurèse sur le compte d'une irritation rénale. Il reste donc à faire W intervenir l'augmentation de la pression sanguine, | conslalée, comme nous l'avons vu, par certains. Tagreau IX. — Influence de l'alcool F1 sur la diurèse. # QUANTITÉ de boisson en QUANTITÉ d'urine en centimètres cubes, sa aire À E & LA BOISSON : NATURE DE LA SSON centimètres cubes. 190 385 1.012 1.61% 629 961 452 Pas de boisson. Eau | Bière. . Vin-#2 RER ETSS Eau gazeuse (CO?). . : . . . Eau contenant 4 0/0 d'alcool. Eau contenant extr. de malt. DR RE void PORTE ET EEE la diminution de la perspira- aurait été constatée dans les w par Wershoven et Bodlander. \ auteurs, ainsi que tion eulanée, qui expériences failes 5. Système nerveux (motricité, sensibilité et facultés psychiques). — Les recherches failes en ces temps derniers avec l’ergographe de Mosso sont. d'accord pour montrer que l'alcool n'augmente pas : ou augmente d'une façon seulement passagère le travail musculaire. C'est ainsi que, d'après Féré ’,s, chez un sujet qui a déjà travaillé, l'alevol ingéré, ne produit qu'une augmenlation légère el momen- tanée du travail. La même quantilé d'alcool main- tenu dans la bouche produit, au contraire, une. excitation évidente. C'est aussi la conclusion qui s'impose à la lecture des ergogrammes de Gilbaull”, qui à étudié sur lui-même l'action réparatrice de différents liquides sur l'organisme épuisé par un long travail. Ayant pris de l'alcool, il a constalé que le travail effectué élail beaucoup plus faible que quand il n'avait rien pris ou pris seulement de l'eau. Le lendemain encore, en revenant à l’ergo- ‘ Soc. de Biologie, séance du 13 octobre 1900. > Tribune méd., 1900, n° 17. D' R. ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME 683 ®: ; TE à : prnpue. il fournissait beaucoup moins de travail 2. avec le régime normal. Même conclusion dans les D nes de Chauveau * sur un chien soumis nt la période d'alimentation normale, ce chien a ourni, comme travail journalier, une moyenne de » kilogrammètres 924 de marche en deux heures. contraire, durant le laps de temps où cet ani- 1 a pris de l'alcool, il n'a fait, en moyenne, chaque jour, que 18 kilogrammètres 66. Scheffer *, faites d'abord sur lui-même, ensuite sur les grenouilles curarisées ou non. À 3 lui-même, en travaillant avec ue Le D qui atteignait 5,6 °/,. Chez les gre- uilles alcoolisées, le travail fourni par le muscle trocnémien élait, en cas d’excitation du nerf, plus grand que chez les grenouilles non alcooli- es, et celte augmentation persistait pendant juatre heures; mais, chez les grenouilles curari- s, le travail du gastrocnémien, excité directe- nt, élait le même chez les grenouilles normales t que l'alcool n'est pas dynamogène pour le lusele lui-même, mais qu'il agil en excitant le tème nerveux périphérique. alcool agit également sur la sensibilité. Richet Gley* ont signalé depuis longtemps un retard dans la perception des sensations. Kellog * a trouvé e, sous l'influence de 60 grammes de whisky, le ps nécessaire à la perception d'une sensation ile ou thermique augmente parfois du double “(0,140 à 0,389 seconde chez le non-alcoolisé, contre 303 à 0,796 seconde chez l'alcoolisé). C’est aussi conclusion à laquelle est arrivé Fa à savoir que l'alcool, même à la dose de 4 à 8 c. c., diminue . lacuité des sensations tactiles, oo. et vi- 1 suelles. Disons enfin qu'une diminution de la sen- |sibilité tactile a été constatée par Kremer, à la | Suite de l'ingestion de 60 grammes de cognac (33 ç. c. d'alcool absolu), laquelle diminution se * Manifeste au bout de dix minutes et va en crois- Sant pendant les vingt minutes suivantes. Linfluence de l'alcool sur les facultés psychiques RL] 5 2 = 5 1 DIR ET —C. R. Ac. des Sciences, séance du 14 Janvier 1901. Arch. f. experim. Pathol., 1900, vol. XXXIV. Cité par TuBourer et MATHIEU, loc. cit. L Cité par IL. Hovrs : Die l'uatsachen über den Alkohol, Berlin, 1901. “bchez les grenouilles alcoolisées. Scheffer en con-. a élé étudiée d'une facon précise pan Kräpelin et ses élèves, Smith, Furer, Kürz, Ach ‘, Celle étude a été faite au moyen de procédés usités en Psycho- logie expérimentale : lecture de mots dépourvus de sens passant rapidement sous les yeux, lecture de chiffres, exercices de calcul, mesure du temps, association d'idées provoquée par certains sons ou mots, etc., elc. Les sujets en expérience étaient des étudiants qui prenaient de 7 à 60 grammes d'alcool, sous forme de bière (un quart de litre à 1 litre). Ces expériences ont donné les résultats suivants : A petile dose, le Lemps de réaction est d’abord abrégé, mais, à dose plus élevée, celte diminution passagère et de courte durée fait défaut, et l’on trouve d'emblée un accroissement du temps de réaction. À la lecture de mots dépourvus de sens, après 30 Ernie d'alcool, le Ju dE d'omissions atteint 1,560 °/,, celui des fautes 1,75 °/,. Les opéra- tions de calcul se font beaucoup Mes mal chez les alcoolisés que chez les non-alcoolisés. Toutefois, si elles sont faites en présence d'un métronome mis en marche, la proportion de fautes est moins grande chez les alcoolisés que chez les non-alcoo- lisés. L'associalion d'idées est défectueuse etse fait mal et seulement d'après la consonance des mots. Ainsi, chez les alcoolisés, le mot Sérom (courant électrique) ne provoque pas l'idée d'électricité, mais celui de la ville de Rome. Un fait curieux, constaté par Kräpelin, et qui joue un rôle important dans la psychologie de l'alcoolique, est le suivant : Quand, dans les expériences dont nous connais- sons la marche, l’alcoolisé (après l'absorption de 30 c. ce. d'alcool) doit, au signal donné, exécuter un mouvement, toucher une de deux touches, le temps de réaction est chez lui abrégé, mais le plus souvent il se trompe de touche (droile ou gauche). Autrement dit, sous l’influence de l'alcool, le mou- vement répond plus vite à l'excitation, mais la réflexion qu'exige le mouvement commandé fail défaut. C'est ce que confirme encore une expérience faite sur une équipe de compositeurs d'imprimerie. Sous l'influence de 200 grammes d’un vin conte- nant 18 °/, d'alcool, le travail effectué par chaque compositeur avait présenté une diminution de la valeur qualitative de 15,2 °/, en moyenne, la valeur quantitalive n'ayant pas souffert; en cas de faligue seule, la diminution de la valeur qualitative seul: était en moyenne de 6,5 °/,. Ajoutons que le Professeur Carl Franckel * (de Halle) a constaté sur lui-même que le nombre de fautes qu'il commet en écrivant avec sa machine à 1 Cité d'après Hopre, loc. cit. ? Soc. méd. de Haïle, juin 1900. GS4 D' R. ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME écrire, augmente considérablement après l'inges- tion d’une pelite quantité d'alcool. 6. Æchanges interstitiels. — Les recherches clas- siques de Strassmann', celles, plus récentes, de Alwater et Benedikt*® ont montré que 90 ?/, environ de l'alcool sont brûlés dans l'organisme, le reste s'éliminant en nature avant tout par les poumons (5 à 6°/,), puis par les reins et les autres émonc- toires. En brûlant dans l'organisme, en lui fournis- sant un nombre respectable de calories (7 calories par gramme), l'alcool se comporte done comme un aliment hydrocarboné et constitue par conséquent un aliment d'épargne pour les graisses de l'orga- nisme. Mais quelle est son action sur les substances albuminoïdes de nos tissus? Autrement dit, l'alcool possède-t-il un pouvoir d'épargne pour les subs- riences systématiques et particulièrement précises de Neumann’, on est obligé de reconnaitre que l'alcool est un aliment d'épargne pour les substances albuminoïdes. Neumann a fait deux séries d'expé- riences, dont l’une a duré trente-cinq jours et la seconde trente-six. Nous ne citerons que la seconde. Après une période de quarante jours pendant laquelle Neumann s'abstient de toute boisson alcoo= lique, il se met en équilibre azoté avec un régime composé de pain noir, de lait condensé, de viande. hachée et de graisse de porc (1 période). Pour éviter l’action toxique de l'alcool, dont il a pu apprée | cier l'influence pendant sa première expérience eb. qu'il va prendre maintenant peadant dix-huit jours, en plus de sa ration alimentaire, il le prend à la, dose de 20 grammes et augmente progressivement celle quantilé pour arriver au cinquième jour à la | TagLeau X. — Influence de l'alcool sur l'élimination azotée. 1 ü ; ë : J Il à REGIME ALIMENTAIRE ÉLIMINATION DE L AZOTE # PÉRIODE CR EEE A TE RE BILAN | ù ance À es Matiè SRB En qe Graisse MORE Alcool Azote Calories SEX ee Urine Total } albumin. carbone fécales { À [l | 3 jours . 112,74 116,5 234,8 » 18,04 2,590 2,83 15,15 11,98 | + 0,06 1-11 jours. 112,74 116,5 254,8 20-100 18,04 |2.734-3.310 » » 16-18 »- 12-18 jours 112,74 116,5 254,8 100 18,0% 3.310 2,18 13,24 16,02 | +2,02M | LT | 7 jours . 119,74 38,3 254,8 100 18,04 2.583 2,16 15,49 18,25 | — 0,214 IV J 6 jours . . .| 112,74 193,2 954,8 » 18,04 3.30% 2,83 12.79 15,62 | + 9,424 | lances proléiques, analogue à celui qui est propre aux graisses ? IL'existe, sur celte question, un nombre considé- rable d'expériences faites suivant le mème (type avec un régime mixte donné, l'individu se met en équilibre azolé; il remplace ensuite une partie des graisses ou des hydrocarbonés de son alimentation par une quanlité équivalente d'alcool, et dose l'azote de son urineet de ses malières fécales ; suivant que la quantité d'azote éliminée augmente ou diminue dans les excrétions de cette seconde période, l'alcool est consideré comme un aliment d'épargne pour les substances albuminoïdes ou comme un destruc- teur des substances protéiques. Les donné des résultats contradicloires. Si nous consi- recherches faites dans ces conditions ont dérons les expériences récentes, nous voyons que, que Schmidt trouvé que l'alcool n'épargne pas et détruit mème tandis Miura, Schôüneseiffen, ont les substances albuminoïdes, Offer, Bjerre, Rosen- feld, Neumann, Clopalt sont arrivés à une conclu- sion contraire. Toutefois, si l’on prend les expé- \rch. de Pfluger, 4891, vol. XLIX. té par RosExFErDp, loc. cil. | dose de 100 grammes, laquelle dose est continuée | du douzième au dix-huilième jour. Dans ces condie, | tions, Neumann constate qu'à la dose de 20 à 40 grammes (1° partie de la deuxième périodé) l'alcool n'exerce presque aucune influence sur l'élimination de l'azote; par contre, à partir de dose de 50, puis de 100 grammes, le bilan de 1 J nutrition se manifeste par une rélenlion de 2 gr. 02 d'azote. LE Dans la troisième période, qui dure sept jours, là | moilié de la graisse du régime est remplacée par | une quantité équivalente d'alcool; dans ces condi- | Lions, l'équilibre azoté reste presque intact, mais la légère diminution de l'azote retenu (0 gr. 21 pour 7 jours) montre, d'après Neumann, que, comme aliment, l'alcool ne vaut pas la graisse. Enfin, dans! la quatrième période, qui dure six jours, Neumann! revient au régime de la première période, mais rem- place l'alcool pris pendant les deuxième et troi- sième périodes par de la graisse : il y a rétention de 2 gr. 42 d'azote. Les chiffres exacts de cette expé- rience sont reproduits dans le tableau X. ne | I ne faudrait pourtant pas conclure de ces faits, | | | | } l Wanchen med. Wochenschr., 1901, n° 28. | (A | t À que l'alcool, parce qu'il épargne les graisses et les | D bunoies, doitêlre considéré comme une substance alimentaire proprement dite. « L'al- ol, disait Gley au VII Congrès international ntre l'alcoolisme, est brûlé dans l'organisme et urnit en brûlant 7 calories par gramme ; un litre de vin peut donc fournir environ 700 calories par jour, soit le quart de calories dont l'organisme a bescin. Cette combustion épargne à l'individu, dans là proportion de 6 à 7 °/,, la combustion des albu- dinoïdes. Mais l'alcool est un aliment médiocre; il st cher, il ne donne pas ce que donnent la graisse les hydrates de carbone: il est, au point de vue le l'effet produit, trois fois plus cher que le lait et huit fois plus que le pain. » Il y a encore lieu de tenir compte des propriétés toxiques de l'alcool, et, la valeur calorique d’une substance devait seule ous guider dans sa classification parmi les ali- lents, on serait amené à dire que la valeur alimen- üre des alcools supérieurs et particulièrement toxiques est plus grande que celle de l'alcool éthy- ñ. Température; résistance de lorganisme en- drers les infections. — L'alcool exerce une action eu marquée sur la {empérature du corps. Pour ne ter que les expériences récentes de Laitinen*, nous voyons que, chez les lapins normaux, l'alcool à la ose de 0,8 à 1 c.c. 6 par kilog ne provoque qu'un aissement de la température de quelques dixiè- es de degré et que pour obtenir une diminution 8 4°, il faut arriver à la dose considérable de 3 €. c. Palcoo! par kilogramme. Dans les infections expérimentales, l'alcool, étu- dié chez les animaux infectés par Thomas”, Dé- arde*, Abbot*, Valagussa et Rainelletti, Laitinen”, toujours diminué la résistance de l'organisme. st ainsi que, dans les expériences de Thomas, le Douvoir infectieux du vibrion cholérique se montre 1 fois plus grand chez les animaux alcoolisés que hez les animaux qui n'ont pas pris d'alcool. Abbot » fait des inoculations intraveineuses de streptoco- ques à six lapins alcoolisés et constate que tous ces | animaux succombent à l'infection streptococcique ; L par contre, sur 6 lapins témoins, un seul succombe à une infection mixte. Des résultats analogues ont L'été consignés par Déléarde dans ses expériences avec la bactéridie charbonneuse et le bacille diphté- » rique, par Valagussa et Rainelletti avec la toxine Cité par RosenreLo, loc. cit. ? Arch. f. experim. Patholoqg.. 1893, vol. XXXII. Ann. de l'Inst. Pasteur, 1897, vol. XI. “ Journ of. experim. med., 1896, vol. I. - 3 Cité par Larrinex. ô Zeitsch. [. Hyg., 1900., vol. XXXIV. F4 D' R. ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME | diphtérique, par Lailinen avec le bacille tubercu-. 685 leux et cela aussi bien chez le chien que chez le lapin, chez le cobaye que chez la poule, aussi bien encore en cas d'infection ou d'intoxicalion chroni- ques qu'en cas d'infection ou d'intoxication aiguës. En résumé, l’élude de l’action physiologique de l'alcool nous montre que, même à petite dose, les effets qu'il exerce sur les organismes ressortissent moins à la Physiologie qu'à la Pathologie ou mème à la Toxicologie. $ 4. — Alcoolisme chronique expérimental. On a escayé de soumettre les animaux à l'inges- tion de l'alcool pendant plusieurs jours pour repro- duire de cette facon les symptômes et les lésions de l'alcoolisme chronique chez l'homme. Ces recher- ches n'ont pourtant pas donné des résultals d'une significalion aussi nette et précise qu'on l'espérait. Cette inconstance dans les résullats tient à ce que les animaux supportent mal l'alcool, ne réagissent pas tous de la mème facon et obligent d'employer des doses relalivement massives de poison, ce qui rend fort difficile la comparaison avec l'alcoolisme chronique tel qu'on l'observe en clinique. Cepen- dant, si l'on s'en tient aux recherches failes dans le courant de ces dix dernières années par Afanas- siew‘, Barkley*, Jakimoff*, Lafitte‘, von Kahl- den*, Mertensf, Joffroy*, Braun*, Rosenfeld”, Bal- let et Faure !°, on arrive, en ne tenant compte que des résultats positifs, à se faire une idée schéma- tique du tableau clinique, ainsi que des lésions que provoque l'alcoolisme chronique expérimental. Chez les animaux qui ne succombent pas au cours de l'expérience, on constate, le plus souvent, un amaigrissement progressif, dont les expériences-de Livanoff, cilées au début de cet article, donnent la mesure; mais, quelquefois, il arrive qu'au lieu de maigrir, les animaux restent stalionnaires et même engraissent (Zuntz, von Kahlden). Les troubles psychiques, tels qu'on les observe chez les chiens, sont assez accentués : les animaux deviennent grognons, hargneux, méchants (Joffroy), moins intelligents. Les mouvements perdent de leur précision; parfois, on observe des tremblements musculaires, des convulsions et des accès épilepli- formes. La voix prend un timbre rauque et cassé, etrappelle celle des alcooliques (Joffroy}. Les symp- A ——————— —"————."—————— 1 Ziegler's Beitr. z. pathol. Anatom., 1890, vol. VIT. 2 Brain, 1895. 3 Ann. russes de Psychiatrie, 1895, vol. II. * Thèse de Paris, 1892. s Ziegler's Beitr. z. pathol. Anatom., 1891, vol. IX. 6 Arch. de Pharmacodyn., 1900, vol. VI. 7 Trib. médic., 1898, n°5 5, 6 et T. à 8 Ueber die experiment. durch chronisch. Akon toxicat., etc. Tubingen, 1899. ® Centralb. f. innere Medic., 10 Trib. méd., 1902, n° 22. lin- 1900, n° 42. D'R G86 ROMME — LA LUTTE CONTRE L'ALCOOLISME tômes d'intolérance gastrique et intestinale, ceux de la dyspepsie sont fréquents. Mais dans aucun armi ces derniers, M. Wahl a étudié les éthers d'acides as à fonction éthylénique, et plus particulièrement diméthylaerylate d’éthyle. Dans celui-ci, l'atome ydrogène voisin de la double liaison se trouve ainsi mplacé par un groupe NO*. Le composé « obtenu : (CH3}2G = C (NO?) — CO? — CHF, doit, d'après sa formule, posséder aucune fonction Cide. Mais, au contact de potasse alcoolique, ainsi wil arrive assez fréquemment, la double liaison se déplace dans la molécule, et l’on obtient le sel de wtassium d’un isomère $, facile à isoler par l'action des acides dilués, et dont la formule peut être écrite : CH? = C — CH(NOË) — CO? — CH° Gus Qu, si l'on adopte les conceptions de Nef : 4 CHE = C — C— CO? — CH dus No.oH. CL «La réduction du groupe nitré dans ces deux composés mères ne peul être réalisée par les méthodes ordi- dires d'hydrogénation en milieu acide ou alcalin; mais on peut y parvenir à l'aide de l’amalgame d'aluminium ; & composé « fournit ainsi l’amine correspondante. Au Ontraire, à partir de l’isomère $, la réduction s'arrête ’oxime. “L'amine &«, chauffée modérément en solution chlo- “hydrique, se transforme par hydratation en un corps ui n'est autre que l’éther éthylique de l'acide dimé- Ethylpyrurique. Ce dernier, séparé par saponification, L se présente avec des caractères assez différents de ceux avaient indiqués divers auteurs : M. Wahl s'est lorcé d’en bien caractériser la nature. par diverses factions. L'action de l'ammoniaque sur le diméthylacrylate Méthyle «, le dédouble par hydratation en propanone Bb nitroacétate d'éthyle, corps dont la synthèse avait Été vainement tentée par plusieurs chimistes depuis "une vingtaine d’ännées. M. Wahl à pu également atteindre ce composé par une autre voie, à partir du | mitromalonate d’éthyle. 1e _ Cette double synthèse du nitroacétate d'éthyle est | particulièrement intéressante, et complète heureuse- | ! j BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 695: ment le beau travail de M. Wahl, travail qui fait hon- neur à l’auteur, au savant maître qui l'a inspiré, etaussi à l’Institut Chimique de Nancy où il a été poursuivi. Nous adresserons à M. Wahl une légère critique de forme : Pourquoi n’a-t-ilpasemployé la nouvelle nomen- clature? On peut bien, dans l'usage courant, conserver, si on le trouve plus commode, les vieux noms tels qu'acide acrylique, tiglique, isolauronolique, mais il conviendrait qu'à côté des composés nouveaux, qui font leur première entrée dans la littérature chimique, on inserivit, au moins une fois, leur dénomination rationnelle. Nous ferons aussi une autre remarque, qui ne s'adresse pas seulement à M. Wahl, mais à presque tous les chimistes français : c'est qu'on persiste à désigner l'azote par le symbole Az, alors que le Congrès de Chimie générale tenu à Paris, en 1900, sous les auspices de la Société Chimique, a décidé fermement qu'on lui substituerait le symbole N, déjà usité presque partout. PAUL SABATIER, Correspondant de l'Institut, Professeur à l'Université de Toulouse. 3° Sciences naturelles Daniel (L.), Maitre de Conférences de Botanique appliquée à la Faculté des Sciences de Rennes. — Les variations spécifiques dans la Greffe ou Hybridation asexuelle (apport présenté au Con- grès de lhybridation de la Vigne tenu à Lyon, le 15 novembre 1901). — 1 brochure 1n-8° de 94 pages. Imprimerie Legendre, Lyon, 1902. On a parfois affirmé que les plantes ligneuses ne peuvent pas présenter l'hybridation asexuelle ana- logue à celle que les expériences bien connues de M. Daniel ont mise en évidence chez les plantes her- bacées. On trouvera dans cette publication de nombreux exemples qui renseignent à cet égard. Des auditeurs du cours de Botanique appliquée de l'Université de Rennes ont obtenu dernièrement des variétés de poires et de roses par surgreffe. Mais, c'est surtout en ce qui concerne l'hybridation par greffe de la Vigne, que les résultats acquis sont de grande importance. Le greffage des Ampélidées à pris, en France, un développement extraordinaire depuis l'invasion du phylloxera. C'est par la greffe qu'on a sauvé le vignoble français. Mais a-t-on conservé intégralement les types de vignes qui ont fait la réputation si justifiée de nos vins? Pour M. Daniel, le greffage apporte des changements importants dans nos vignes. D'autre part, la résistance de cette plante aux maladies eryptogamiques a dimi- nué dans de notables proportions. Il ne semble pas douteux, en effet, que telle maladie, qui était peu dangereuse avec la culture directe, est devenue inquié- tante actuellement, et cela, pour des causes inhérentes au greffage d'espèces de capacités fonctionnelles dif- férentes. De cette situation est née l’hybridation sexuelle de la vigne, faite en vue d'obtenir des sujets ayant plus d’affinité avec la vigne française. Malheureusement les résultats obtenus ne peuvent pas encore rivaliser avec les vignes anciennes de nos meilleurs crus. Basées sur les idées de M. Daniel, d'intéressantes expériences de M. Bouscasse et de M. Jurie montrent qu'on peut espérer beaucoup d’un greffage raisonné et des variations qu'il produit asexuellement. Ces expé- rimentateurs ont oblenu, en effet, des changements notables dans la nature des raisins des cépages greffés. On peut rappeler aussi des cas de déterminisme sexuel: M. Jurie et M. Millardet ont vu des fleurs mâles de Vigne développer un ovaire, sous l'influence, soit des perturbations dans la nutrition, soit d'une hybridation asexuelle consécutive au greffage. Quant à la conser- vation des variétés obtenues, l'expérience indique qu'elle peut être totale. Des raisins provenant de pieds modifiés par la greffe, ou les raisins des boutures de 696 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ces pieds, ont gardé totalement leur goût propre, leur forme et leur précocité. L'hybridation asexuelle de la Vigne ne peut donc plus être mise en doute. Mais elle n'est ni constante ni régulière. Dans tous les cas, la Vigne est soumise aux variations spécifiques à la suite du greffage et l’on peut chercher dans cette voie. Pour faire acquérir un caractère à une vigne hybride, il faut la greffer sur une plante possédant une sève commune avec elle, de telle sorte que la proportion totale de cette sève devienne prédominante dans l’as- sociation. On pourra ainsi, dans la pratique, amener l'atténuation ou la disparition du goût de fox, modifier la pulpe du grain, augmenter la résistance aux agents extérieurs. Cette conclusion est de grande importance, puisqu'elle permettra de remédier à la modification lente des cépages produite par le greffage irraisonné. La cause du mal fournit le remède. On peut penser à combiner l'hybridation sexuelle et l'hybridation asexuelle pour créer des types de remplacement. L'hybridation asexuelle, c'est-à-dire l'obtention d'hy- brides de greffe, devient ainsi un auxiliaire efficace pour améliorer les crus et diminuer l'abondance du vin inférieur, qui est une des causes de la crise viticole actuelle. Le très instructif Rapport présenté par M. Daniel au Congrès de l'hybridation de la Vigne, donne une exacte synthèse des résultats acquis; il marquera certainement une date dans l'évolution de notre viticulture. Il nous est particulièrement agréable de constater que lun des jeunes enseignements de Botanique appliquée, organisés dans nos Universités provinciales, peut déjà exercer une légitime influence scientifique dont va pro- fiter l’une de nos grandes cultures nationales. Epvoxn Gain, Mailre de Conférences à la Faculté des Sciences de Nancy. Pauleseo (Nicolas). — Etude comparative de l’ac- tion des chlorures alcalins sur la matière vivante (Thèse de l'Université de Paris). — 1 broch. in-8° de S5 pages. Imprimerie Jouandeaux, Paris, 1902. L'étude de M. Paulesco se rapporte à l'examen d'un cas particulier de la question générale suivante : Les diverses substances chimiques, agissant, à poids égal, sur la matière vivante, produisent des effets différents; quelle est la cause efficiente de cette divergence dans les elTets? C'est là un sujet de recherches immense, et M. Pau- lesco, dans cette étude, qui n’est que la première d'une série, n'examine que l’action des chlorures de métaux monovalents sur la matière vivante; nous devrions dire sur la cellule de levure de bière, car M. Paulesco établit sans peine que le problème n'est pas abordable dans sa généralité. « Quel est l'être vivant, dit-il, qui peut nous fournir la malière vivante dans les condi- tions les plus propices à nos recherches? Devons-nous nous adresser à des animaux supérieurs? Mais, chezles êtres pluricellulaires, les cellules se différencient en vue des diverses fonctions vitales. Or, les diverses substances toxiques que nous avons à étudier ont sou- vent des affinités particulières pour l’un ou l'autre des produits d'élaboration des cellules différenciées. Il est facile de comprendre que, dans ces conditions, les effets toxiques ne peuvent pas être comparables. Les êtres unicellulaires ne présentent pas ces inconvénients, du moins au mème degré. La levure de bière présente, sur la plupart des autres êtres unicellulaires, l'avantage de pouvoir vivre dans un milieu de composilion très simple, l’eau su- crée. M. Paulesco détermine les doses des divers chlo- rures alcalins qui, ajoutées à une même solution de glycose, empêchent la levure de bière, qu'on y a intro- duite, de dégager de l'acide carbonique. Le problèmeainsi considérablement simplifié, ramené 1 une question précise et absolument déterminée, com- rte une solution que ne comporte pas le problème plus général. — Les résultats de M. Paulesco sont résu-" més dans les lois suivantes : ‘4 Les doses minima de chlorures de sodium, d'ammo- nium, de potassium et de rubidium qui, agissant sur la levure de bière produisent l'arrêt du dégagement d'acide carbonique, sont proportionnelles à leurs poids moléculaires ; À L'action des chlorures de potassium, de sodium, d'ammonium et de rubidium est indépendante de la quantité de la matière vivante ; | L'action de ces chlorures est proportionnelle à la concentration de la solution; ces chlorures exercent donc une action physique, moléculaire, osmotique; L'action du chlorure de lithium diffère de celle des chlorures précédents; les lois précédentes ne s’appli- quent plus à ce chlorure. Le travail de M. Paulesco, bien que ne visant qu'un point très restreint, présente un certain intérêt : en établissant que les quatre chlorures précités empê- chent le dégagement d'acide carbonique à des doses équimoléculaires, M. Paulesco a nettement démontré l'importance que peuvent présenter, au moins dans certains cas, les phénomènes osmotiques, au point de: vue de la conservation du fonctionnement vital. Mais, sim. la concentration moléculaire du milieu ambiant peut exercer une aclion néfaste sur les êtres vivants, le mi- lieu ambiant peut arrêter le développement et le fonc- tionnement de ces êtres par des mécanismes autres que les ruptures d'équilibre moléculaire — et le chlo= rure de lithium nous en fournit un exemple, dans les expériences de M. Paulesco. MAURICE ARTHUS, Chef de laboratoire à l'Institut Pasteur de Lille 4° Sciences médicales Richer (Paul), Membre de l'Académie de Médecine" L'Art et la Médecine. — 1 vol in-4° de 562 pages avec3%5 fiqures. Gaultier, Maqnier et Cie, Paris, 1902» « Un jour, notre illustre et regretté maitre, le Pro fesseur Charcot, visitant, à Gênes, église Saint-Ambroise, s'arrêtait saisi à Ja vue d'une peinture äe Rubens repré» sentant une scène d'exorcisme. I était frappé du spec lacle que lui offrait /a Possédée, tableau criant de vérilé et paraissant emprunté, trait par trail, aux scènes convulsives qui se passaient journellement dans son service de la Salpêtrière. » : L'étonnement d'un grand esprit est rarement stérile le Dr Richer, en consignant dans l’avant-propos de son ouvrage cet épisode de la vie de Charcot dont il était alors l’interne, ajoute que ce fut là, pour son maitre & pour lui, le point de départ de communes recherche médico-artistiques sur la « Grande Névrose ». L'élève étendit plus tard ses investigations à l'interprétationsn artistique des autres maladies et des difformités en général, et ce sont les principaux traits de ses travaux; rassemblés et complétés sur certains points, que 1 D' P. Richer offre au publie, dans une édition luxueus qui ne peut manquer de fixer l'attention des médecin des artistes, des historiens et des philosophes, curieu de retrouver tant de rapports insoupçonnés entre d œuvres aussi diverses, en apparence, que l'œuvre mé dicale et œuvre d'art. 1 En lisant les dix chapitres, en regardant les trois. cent quarante-cinq illustrations de ce magnifiqué volume reproductions de dessins, de gravures d'ivoires, de manuscrits, de mosaïques, de peintures; de bronzes, de terres-cuites, de tapisseries et de vasè j peints provenant de toutes les époques et de toutes les | écoles, on se convainera que dans l'Antiquité, au Moyer Age et dans les temps modernes, les artistes ont fait, } dans leurs œuvres, une part plus grande qu'au premiér abord on pourrait le croire, à la représentation d maladies et des difformités. : L'affection pathologique qui fournit le plus de doct ments figuratifs, et les plus curieux, à l'histoire de cette, | pénétration réciproque de la médecine et de l'art, c'est d'abord l'hystérie étudiée seulement de nos jours avec F4 à BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 697 méthode, décrite et distinguée par Charcot en ses diffé- rentes formes, mais qui, par les crises convulsives, les …_ contorsions, les contractures de muscles, les poses exta- - tiques qui la caractérisent même aux yeux du specta- teur ignorant, n'a pu manquer d'être en tout temps un “objet d'étonnement, de pitié ou de terreur religieuse. … Les hystériques d'aujourd'hui correspondent : dans Antiquité, aux Possédés des Dieux (Bacchantes, ména- des, corybantes, devins, sybilles, etc.), au Moyen-Age aux Démoniaques, du corps desquels il fallait, par tous les moyens possibles, doux ou violents (imposition des mains, fustigation, coups de crosse ou de croix, etc.), expulser les démons en les contraignant à sortir sous ne forme visible, le plus souvent celles d'un oiseau ou d’un diablotin ailé, comme on le voit au livre de M. P. Richer, dans plusieurs miniatures empruntées à des manuscrits et à des missels du x1° siècle, dans les lableaux des primitifs italiens, des quattrocentistes, des Botticelli, des Ghirlandajo, Philippino Lippi, André del Sarte, Mattéo Rosselli, etc. - À mesure que ces figures passent sous les yeux, un “texte savant les commente et fait remarquer combien souvent, malgré les formes plus ou moins convention- nelles que leur imposait la crédulité populaire dont ils “se font ou sont les naïfs interprètes, ces peintres ont “saisi etnoté en naturalistes, dans la figuration des pos- sédés, des traits réels, vrais, observables encore aujour- d'hui sur les malades de la Salpêtrière. Ce qu'ils ont tout d’abord saisi et rendu, c'est ce ren- une certaine phase de la grande attaque hystérique, l'arc de cercle, ainsi que le désignent techniquement les médecins modernes, profitant d’une expression topique “échappée aux capucins exorcistes des Æeligieuses de Louviers : « O bon Dieu! quelles étranges contorsions, quels furieux roulements, tantôt en boule, tantôt en dépouvantables figures! Ordinairement... les démons mettent ces filles ainsi tourmentées, en are de cercle, £e que nous avons vu plus particulièrement en la sœur Saint-Laurent, traitée et pliée de la sorte par son démon Béhemot, laquelle parfois est demeurée en are accompli pendant une heure, en deux ou trois reprises. » » Cette attitude en are se retrouve, avec d'autre signes topiques, tels que les «mouvements de salutation », par exemple, dans les œuvres des grands maîtres de la Renaissance : André del Sarte, Mattéo Rosselli, Raphaël, Qui aintroduit dans sa Transfiquration un jeune démo- “iaque en état de crise, Francesco Vanini (Sainte Cathe- mine de Sienne délivrant une possédée), Louis Carrache, le Dominiquin (le miracle de Saint Nil), etc. … Poursuivant cette curieuse étude médico-artistique à travers les Ecoles Flamande, Hollandaise, Francaise, M. P. Richer cite, décrit et commente plusieurs tableaux de Rubens : Saint Ignace délivrant une possédée et “ressuscitant des enfants, Saint François de Paul mon- “tant au Ciel; de Jordaens : Saint Martin quérissant un “possédé; de Van Hoogstraten : le Convive indigne; de Libesueur : Saint Paul guérissant les malades... Après LA peinture, c'est la sculpture, l'imagerie populaire et religieuse, les gravures tirées des Vies des Saints et des Bibles illustrées, qui fournissent des scènes d'exor- cisme, des délivrances de possession, des miracles, «émoignant ainsi de l'influence considérable qu'ont “toujours eue sur les arts d'imitation, les maladies ner- “euses, celles surtout que l'ignorance et la supersti- “tion expliquaient autrefois — et expliqueraient encore “aujourd'hui, si l'on en croit ce qui se passe pour une religieuse d'un couvent de l'Aveyron, — par la posses- Sion démoniaque. - L'auteur de l'Art et la Médecine n'a pas omis cette autre forme du nervosisme, la chorée hystérique, dont les épidémies ont désolé les provinces du Rhin au xive eb xv° siècles. Il reproduit dans son livre les pré- Cieux croquis et dessins où Breughel le gai représente les Danseurs de Saint-Guy conduits en pèlerinage à église de Saint-Willebrod. Ila utilisé aussi les estampes ebles dessins satiriques relatifs aux faits et gestes des Convulsionnaires qui, en plein xvine siècle, allaient au cimetière de Saint-Médard implorer un miracle sur la tombe du bienheureux diacre Päris. Mais la brièveté de l'analyse ne peut donner qu'une insuffisante image d'un livre dont le charme est préci- sément dans l'abondance de détails et de remarques particulières groupées autour de chaque 1/lustration. Nous ne pousserons donc pas plus loin un résumé qui comprend à peine le tiers de ce magnifique volume. Disons seulement que dans les neuf autres chapitres, M. P. Richer applique, avec le mème succès, la même méthode à d'autres formes de maladies et d'infirmités humaines. Pour montrer tout l'intérêt de ces chapitres, c'est assez d'en citer les titres suggestifs : — Les Gro- tesques; — les Nains, les Bouffons et les Idiots; — les Aveugles; — les Teigneux et les Pouilleux ; — les Lé- preux; — les Pestiférés; les Infirmes; -— les Malades et les Médecins; et sous ce chef, des scènes médicales el chirurgicales telles qu’en ofraient dans l'Antiquité et à des époques plus récentes, les Urologues, les Barbiers-chirurgiens, les Arracheurs de dents, la Sai- gnée et les Ventouses; — enfin, les Morts, avec tout ce que ce mot évoque de représentations documentaires intéressantes dans l’art païen, chrétien où moderne. Ne manquons pas, — car l’auteur le proclame avec insistance dans son Introduction, — de rappeler en ter- minant, que tout l'ouvrage est dominé par deux idées qui en font l'unité et en montrent l'utilité pratique. La première de ces vues, c'est que la Science et l'Art, bien que celui-ci semble vivre de conventions et de mensonges, tandis que celle-là ne veut avoir affaire qu'au vrai, — ne sont pourtant, à les regarder de haut, « que deux manifestations d'un même phénomène, deux faces d'un même objet ». Tous deux, en effet, se rencontrent nécessairement sur le terrain de la nature et de la réalité positive. L'imagination est ainsi conte- nue par la science et apprend d'elle qu'il y a des choses qui ze peuvent pas exister et qui, par conséquent, ne doivent pas ètre représentées. La nature, même dans ses déviations les plus monstrueuses, obéit encore à des lois auxquelles le sculpteur, le peintre, le caricatu- riste même sont contraints de se conformer. « Tordez le nez à l'Antinoüs, en laissant le reste tel qu'il est, ce nez sera mal. Pourquoi ? C’est que l'Antinoüs n'aura pas le nez Lors, mais cassé. » Cette piquante remarque de Diderot est confirmée par l'autorité de Charcot et Dechambre : « Ii n’est, pour ainsi dire, pas d'irrégu- larité morphologique absolument circonserite; ce n'est jamais qu'un centre d’où émanent, dans les parties environnantes, des caractères spéciaux entièrement subordonnés à la nature, au siège, au degré de la difformité, et qui la traduisent selon des règles fixes et nécessaires »... « La médecine peut donc décider si telle ou telle imperfection de traits, d’attitude ou de conformation appartient à la nature ou au ciseau, et si conséquemment elle accuse chez l'artiste ou une grande habileté ou une grande impéritie. » Ces paroles expliquent bien le double genre d'intérêt qu'offrent ces études sur la représentation artistique de la Maladie et tout le monde se rangera volontiers aux conclusions que M. P. Richer exprime magistrale- ment en ces termes : « Ces études montrent comment les artistes ont su allier au culte du Beau la recherche scrupuleuse de la nature ; elles introduisent, en outre, dans les arts plas- tiques, un nouvel élément de critique, qui relève au premier chef de la science et dont il appartient plus spécialement aux médecins d'établir la signification et la portée. L'Art n’a rien à redouter de ce contrôle qui, lorsqu'il est exercé par l'artiste lui-même sur ses pro- pres œuvres, devient une force nouvelle. La parenté qui lie l’Art à la Science, a dit Taine, est un hon- neur pour lui, comme pour elle; c'est une gloire pour elle que de fournir à la beauté ses principaux supports, c'est une gloire pour lui que d'appuyer ses plus hautes constructions sur la vérité. » Dr MarceL LABBÉ, Médecin des hôpitaux. 698 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 23 Juin 1902, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. R. de Montessus de Ballore démontre le théorème suivant sur les fractions continues: La suite des réduites de Laguerre converge et représente la fonction (=), où w—une cons- tante quelconque, en tous les points du plan de la va- riable x, sauf ceux situés sur la coupure joignant le point d’aflixe — 4 au point d'affixe +1. — M. O. Cal- landreau indique les propriétés d'une certaine ano- malie pouvant remplacer les anomalies déjà connues dans le calcul des perturbations des petites planètes. — M, P. Henry à étudié l'influence de la grandeur photographique des étoiles sur l'échelle de réduction d'un cliché. Dans un cas, l'accroissement moyen de l'échelle pour une grandeur a été de +-0,000.029. — M. H. Deslandres repousse l'attribution de là lumière des nébuleuses au rayonnement solaire hertzien et l'explique, au contraire, par un rayonnement catho- dique. 20 SCIENGES PHYSIQUES. — M. A. Nodon à observé que, lorsque les radiations lumineuses où ultra-vio- lettes sont projetées sur une lame conductrice mince, elles donnent naissance, sur la face non éclairée de cette lame, à des radiations analogues aux rayons X et aux rayons du radium, mais différentes des rayons cathodiques; l’auteur les nomme rayons radio-acti- niques. — M. H. Bordier, en étudiant la décharge de la bobine de Ruhmkorff au moyen d'un excilateur à boules, a trouvé que le potentiel explosif de la bobine peut être modifié par la production d'un dépôt de rosée sur l’une des boules de l’excitateur. — M. E. Né- eulcéa a constaté une action très marquée de la self- induction sur le caractère des raies appartenant à la région ultra-violette des spectres d'étincelles. — M. B. Brunhes a étudié les particularités du cyclone de Javauges (Haute-Loire) du 3 juin 4902. 11 semble que le mouvement cyclonique ait été dù à la rencontre de deux courants aériens, un nuage à grèle chargé d’eau congelée et un courant d'air saturé chaud qui s’est brusquement condensé. — M. M. Berthelot confirme el précise, par de nouvelles observations, les résultats de ses études antérieures sur les piles dont l'énergie résulte de l'action réciproque de deux dissolutions sans attaque de métaux. — M. A. Colson a étudié les chaleurs de dilution du sulfate de soude; la chaleur de dilution ne s'annule pas-à la même température quand les solutions sontconcentrées ou quand ellessont éten- dues, parce que la dissociation du composé primitif change avec la dilution. — M. C. Matignon à reconnu que le tellure, l'or, le platine sont attaqués par le mélange oxygène el acide chlorhydrique à des tempé- ratures bien inférieures à la température d'oxydation de HCI dans l'oxygène. Ce mélange constitue un agent chlorurant d'une grande généralité. — M. H. Giran a constaté que l'acide pyrophosphorique est un acide tétrabasique, possédant quatre fonctions acide fort, . toutes identiques entre elles. M. Bouzat a observé que la base complexe contenue dans les solutions ammoniacales d'hydrate cuivrique est une base très forte; elle déplace à peu près intégralement l'ammo- niaque de ses sels; elle donn: eu à des équilibres la potasse; en liqueur concentrée et fortement mmoniacale, elle précipite la plus grande partie de la IX. — M. M. Tiffeneau : La migration phénylique lu ph “nyléthylène (voir p. 653). — MM. C. Chabrié el DE L'ÉTRANGER R. Jacob, en faisant réagir le chlorure de sélényle sur l'érythrite, ont obtenu un produit, fusible vers 1550 et paraissant répondre à la formule CH? — CHO — CHO — CH? Nge0 (®) — M. P. Freundler à préparé le dibenzoylhydrazoben- zène, fondant à 138°. Le produit préparé sous ce nom par MM, Busch et Biehringer n'est autre que la benza- nilide. — M. G. Chavanne, par l’action des chlorures d'acides sur lacide isopyromucique, a obtenu les acé- tate, benzoate et pyromucate d’isopyromucyle, ce qui confirme lexistence, dans cet acide, d’une fonction phénolique où énolique. — M. A. Barillé a constaté que le Piper Famechoni Heckel doit être considéré comm un poivre à pipérine; il estutilisable à la fois comme épice et comme condiment. — M. G. André a éludiéles ph nomènes de migration chez les plantes ligneuses. Les matières minérales et organiques s'accumulent dans le rameau de l’année, qui devient le réservoir des matières nutritives du bourgeon terminal de l’année suivante. MM. Trillat et Forestier ont déterminé la composi- tion du lait. de brebis. L'extrait dépasse de beaucoup celui du lait de vache; l'augmentation porte sur la ma: tière grasse, la caséine et les substances minérales. M. H. Causse dose l'azote organique dans les eaux pa destruction sulfurique du composé azoté, qu'il sépare de l'eau sous forme de combinaison barytique inso- luble, puis il détermine ultérieurement lammoniaque La quantité d'azote organique est minimum en hiver, maximum en juin et octobre. ) 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. À. Desgrez et Aly Zaky ont constaté que c’est à la base organique que doit être attribuée, dans l'édifice moléculaire de la léei- thine, l'influence retardante exercée sur l'élimination: de l'acide phosphorique par l'économie. A un point de vue différent, la choline et la bétaïne, mais celle-ei à un moindre degré, exercent une action favorable ma nifeste sur l'élaboration de la matière azotée et sur les! variations de poids desanimaux.—MM. C. Delezenne et. A. Frouin montrent que la sécrétion physiologique d pancréas ne possède pas d'action digestive propre vis- à-vis de l’albumine. — M. H. Guilleminot signale l'emploi des sciagrammes orthogonaux du thorax pour la localisation des anomalies et pour la mensura- tion des organes. — M. A. Pizon a observé des phéno mènes remarquables de précocité et de vitalité des battements du cœur chez les colonies de Diplosomes (Ascidies composées). — M. L. de Launay a étudié les rapports entre la profondeur atteinte par l'érosion et le type des gites mélallifères dans diverses régions. africaines. — M. G.-B.-M. Flamand signale dans le Tidikelt l'existence d'une région carboniférienne ca: ractérisée par de nombreux fossiles; elle relie les assises carbonifériennes du pays des Touareg Azdgen à celles du Sahara marocain.— MM. Capitan et Breuil présentent des reproductions des figures paléolithiques peintes sur les parois de la grotte de Font-de-Gaume (Dérdogne); elles représentent principalement d bisons et des rennes. — M. H. Moissan à déterm les couleurs qui ont servi à peindre ces figures. L'une rouge, était formée de Fe*O*, contenant un peu de Mn°0*, L'autre, noire, était du Mn°0* impur. Séance du 30 Juin 1902. M. Schiaparelli est élu Associé étranger. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. I. Fredholm ex RES A +, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 699 © pose les propriétés d'une classe d'équations fonction- nelles. — M. E. Cartan poursuit l'étude de l'intégra- tion des systèmes différentiels complètement intégra- bles. — MM. Lœwy et P. Puiseux, en présentant le sixième fascicule de l'Atlas photographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris, signalent les progrès récents faits dans l'étude de cet astre. — M. L. Lecor- nu donne une théorie simple des moteurs basés sur “l'injection progressive du combustible dans la chambre “de combustion. Pour obtenir le plus grand rendement possible, on doit produire l'explosion dès le début de la course. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Claude décrit une machine pour la liquéfaction de l'air par détente avec ravail extérieur récupérable; elle fonctionne sous une pression de 28 à 30 atmosphères, avec un indice d'ad- mission de 1/5 età une vitesse de 230 tours par minute; elle développe une puissance utile d'environ 6 à 7 che- vaux et fournit environ 20 litres à l'heure d'air liquide ‘pour une puissance réelle aux compresseurs d'environ 30 chevaux. — M. d’Arsonval fait ressortir l'impor- tance des résultats obtenus par M. Claude, dans une “voie où Solvay et Linde ont échoué. — M. L. Cailletet annonce qu'il poursuit des expériences analogues avec [. Leblanc. — MM. Infroit el Gaiffe montrent qu'il y va intérêt, lorsqu'on cherche à obtenir des épreuves radiographiques en se servant de la bobine de Ruhm- korff comme source, à mettre le {tube à une distance suffisante pour que le flux cathodique ne soit pas dé- “ic. —- M. R. Blondlot a observé que, si l’on envoie des rayons X sur de très pelites étincelles électriques, les “étincelles deviennent plus éclatantes; quand on sup- “prime les rayons, les étincelles reprennent leur aspect primitif. — M. E. Néculcéa a étudié l'action de la .self-induction sur la partie extrême ultra-violette des spectres d'étincelles du plomb et du zinc. — M. G. Mo- “reau a déterminé la mobilité des ions d'une flamme alée. Les résultats montrent nettement l'existence d'un ion négatif unique pour tous les sels alcalins; sa “mobilité est fonction de sa concentration. — M. Ad. “Jouve à étudié le magnétisme des ferro-siliciums. La courbe présente deux points d'inflexion correspondant aux deux composés délinis Fe*Si-et FeSi. En dehors de ces points, l'influence de l’électro-aimant sur ces al- liages est proportionnelle à leur richesse en silicium. M. A. Guillemin indique une formule donnant le =. — MM EH Moissan et S. Smiles ont reconnu que l'hydrure de “silicium liquide à pour formule SPH°; il correspond à “léthane, est spontanément inflammable en présence “le l'air et possède des propriétés réductrices très éner- giques. 11 décompose avec violence le tétrachlorure de carbone et l’hexafluorure de soufre. — Les mêmes mauteurs, en décomposant les vapeurs de siliciure d'hy- M drogène par de petites étincelles d'induction, ont ob- Lienu de l'hydrogène et du silicium finement divisé L possédant des propriétés réductrices particulières. — LM. E. Leidié : Sur les azotites doubles de l'iridium | (voir p. 701). — M. E. Léger montre que la barbaloïne et Miisobarbaloine paraissent être des isomères de la fran- tre ; inais, à l'inverse de ce corps, ce sont des glu- é SA rt “entre de gravité d'un accord binaire <=. cosides non dédoublables par les acides dilués. — LM: C. Tanret : Sur deux sucres nouveaux retirés de la manne (voir p. 701). — MM. L. Maquenne el E. Roux, “en faisant réagir le sulfure de carbone sur les aminoal- “cools polyvalents à chaud, ont obtenu des combinai- sons cycliques à un seul atome de soufre, qui appar- tiennent yraisemblablement à la famille des oxazolines. — MM. A. Vila et E. Vallée ont préparé le valéral- ammonium, qui fournit un bhydrate cristallisé non décrit. L'action de l'acide cyanhydrique sur ce corps donne naissance à un composé unique, jusqu'ici inconnu ; l’hydrolyse de ce dérivé par l'acide sulfurique étendu fournit directement de la leucine sublimable. — MM. F. Bordas et S. de Raczkowski dosent la lécithine dans le lait en extrayant la graisse phosphorée du lait et en formant avec elle une combinaison saline de laquelle on sépare les acides gras; on oxyde com- plètement l'acide glycérophosphorique ainsi séparé et on dose l'acide phosphorique résultant de cette oxyda- tion. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. Lannelongue étudie la nature et les causes de l’appendicite. Gette maladie existe depuis longtemps, mais a été désignée sous d’au- tres noms. C’est une inflammation microbienne de l'appendice, qui se complique de péritonite. — M. J. Glover présente une série d'appareils pour l'application d'une méthode nouvelle de traitement de plusieurs affections des voies respiratoires et des premières voies digestives : nez, pharynx, larynx, trachée. La méthode repose sur un principe physique nouveau, consistant à pulvériser directement dans les voies aériennes et digestives supérieures, à l’aide de pulvérisateurs à air chaud, appelés calorisateurs, des liquides médicamen- teux non volatils, renfermés dans des ampoules de verre stérilisées et exactement titrées. — M, Aug. Charpentier a étudié les variations de l’état de réfrac- tion de l'œil humain suivant l'éclairage et les attribue à un déplacement de l'écran rétinien. — M. L: Bou- tan a constaté que la destruction des canaux semi-cir- culaires membraneux du pigeon produit à la fois une excitation momentanée et une paralysie de l'organe. — M. M.-A. Hérubel a fait l'étude du cerveau du Phasco- losome. Il lui paraît y avoir continuité et non conti- guilé des trois régions. D'ailleurs, à proprement parler, iln'y à pas de cellules sensitives, mais seulement des noyaux syncitiaux plongés dans un réseau anastomosé dont la substance ponctuée ne serait que l'élément cen- tripète immédiat. — M.G. Chauveaud à constaté l'exis- tence d'éléments précurseurs des tubes criblés chezles Gymnospermes.— MM. Thoulet et Chevallier montrent qu'on arrive pour certaines eaux à des résultats diffé- rents suivant qu'on calcule la chloruration d’après la densité à 0° ou que l’on calcule cette densité d’après le dosage direct des halogènes. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 17 Juin 1902. M. Nocard à étudié la piroplasmose du chien. Elle est due à un hématozoaire, le Piroplasma bigeminum, qui s'introduit dans les globules rouges du sang et les détruit rapidement. Les animaux qui guérissent de- viennent réfractaires à la maladie; leur sérum possède la propriété de détruire 1n vitro le Prroplasma; ce sérum confère aux chiens une immunité immédiate, mais peu durable, Séance du 24 Juin 1902. M. J.-V. Laborde présente un modèle perfectionné de son tracteur mécanique ou automatique pour les tractions rythmées de la langue. — M. Kermorgant présente un Rapport sur l'assistance médicale indigène à Madagascar. — M. A. Laveran signale un cas de mycétome à grains noirs chez un Soudanais de Djibouti. Cette maladie est produite par un champignon qui envahit lentement les tissus; lorsque les tumeurs sup- purent, des amas mytéliens infiltrés dans les tissus altérés se détachent et forment les grains noirs. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 14 Juin 1902. M. J. Tissot à observé que la décompression ne diminue pas la valeur du coefficient respiratoire du sujet en repos. Le débit respiratoire réel diminue comme la pression; le débit respiratoire apparent n’augmente pas. La tension de l'oxygène diminue pro- gressivement dans l'air inspiré. La quantité totale de CO* exhalé varie peu ou pas. Pendant le travail, on observe des phénomènes analogues, sauf une petite augmentation du débit respiratoire apparent. La quan- tité totale de gaz contenus dans le sang ne varie pas; 700 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 0 et CO? ne varient pas. — MM. E. Berger et R. Lœwy admettent que les fibres trophiques de la cornée se sont séparées du plexus sympathique, et qu'elles suivent probablement les anastomoses de ce plexus avec la {°° branche du trijumeau, particulièrement le nerf lacrymal et surtout le sus-trochléaire. — MM. C. Delezenne el A. Frouin montrent que le suc pancréa- tique de fistule permanente ne possède pas d'action digestive propre vis-à-vis de l'albumine, et que les résultats positifs de Pawlow doivent être rapportés à l'intervention du sue intestinal secrété par le fragment de muqueuse supportant l'orilice du canal de Wirsung. — M. C. Delezenne a observé que la présence de leu- cocytes dans le suc pancréatique peut suffire à donner celte sécrélion une certaine activité. — MM. E. Bour- quelot et H. Hérissey : Sur un glucoside nouveau, l'aueubine (voir p.650). — MM. A. Pettit et J. Girard considèrent les plexus choroïdes du système nerveux central comme des glandes à sécrétion externe, mais à destination interne. — M. Max Egger à constaté que les anesthésies produites.par des états pathologiques ne sont pas des quantités invariables, mais qu'elles sont sujeltes à de grandes oscillations pouvant aller jusqu'à leur disparition. — M. A. Lesage à découvert, dans un grand nombre de cas de dysenterie colo- niale, un cocco-bacille du genre Pasteurella. Dans cinq cas sur six d'abcès du foie d'origine dysentérique (que l'on considère généralement comme stérile), il à re- trouvé le même cocco-bacille. — M. L. Lortat-Jacob a fait l'examen du sang dans les angines non diphté- riques. Dans les angines traitées par le sérum de Roux, on observe une augmentation relative du nombre des lymphocytes, ce qu'on ne trouve pas dans les angines non soumises au sérum. Cette lymphocytose est suivie d'une tuméfaction ganglionnaire locale, indolore. — M. Onimus signale l'existence de phénomènes élec- triques intenses dans les éruptions volcaniques et les tremblements de terre. — M. et Me H. Cristiani ont constaté que la substance médullaire des capsules sur- rénales Joue un rôle prépondérant dans la fonction de ces glandes. — M. E. Maurel à reconnu qu'il y a un rapport facile à saisir entre l'électivité, établie expéri- mentalement, de l'ergot de seigle pour la fibre lisse et ses applications thérapeutiques. Son action s'adresse à ce seul élément anatomique ; les organes les plus sen- sibles à l'ergotine sont les plus riches en fibres lisses. — M. F. Marceau poursuit l'étude du développement et des fonctions des traits scalariformes, des zones de bätonnets et des points intercellulaires ou pièces inter- calaires des fibres cardiaques des Mammifères. — M. L. Sabbatini pense que le citrate {risodique empêche in- définiment la coagulation du sang de chien par ce qu'il diminue la concentration ionique du calcium au- dessous d'une valeur critique minimum nécessaire pour la coagulation. — MM. Gilbert et Lippmann on! recherché les microbes normaux des voies biliaires extra-hépatiques; celles-ci sont presque constamment habitées (7 fois sur 9) sinon par des microbes aérobies, du moins par des anaérobies. — MM. CL. Vurpas et J. Buvat ont éludié les réactions de la vessie aux influences psychiques. — MM. N. Vaschide et C1. Vur- pas ont observé que, dans la paralysie faciale, l’orbi- culaire des paupières innervé par le facial est paralysé. Toutefois, pendant le sommeil, et grâce à des sup- pléances nerveuses, l'orbiculaire devient capable de provoquer l'occlusion des paupières. — M. H. Coutière a étudié la morphologie interne des T'hylacoplethus. M. A. Gautier est élu membre titulaire de la Société. SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 20 Juin 1902. M. Bouasse adresse une Note relative aux expé- récemment répétées devant Ja Société par MM. Leduc et Sacerdote *. Les auteurs assimilaient un riences oyez la Revue du 15 mai 1902, p. 444. liquide sous pression négative à une tige solide sus- pendue : « Le fait que cette tige ne se rompt pas malgré la pesanteur montre qu'il existe des forces de cohésion supérieure à L .» M. Bouasse considère cette comparaison comme inexacte, Tout d'abord, quand on üre sur un Hl, on n'exerce pas une traction uniforme. En second lieu, si les théories de la déformation des matériaux de Lamé et de Clapeyron, ou de Saint- Venant, peuvent, parextrapolation, fournir la définition des forces de cohésion, la base expérimentale leur fait défaut. Enfin, suivant la théorie de Duguet-Coulomb, qui soutient que les déformations sont produites par glissement sous l'influence des forces tangentielles, il ne se produirait jamais de rupture par éraclion uni- forme. En résumé, l'on ignore ce qu'il faut entendre par forces de cohésion pour un solide, etil n’y a aucune analogie entre les phénomènes de déformations per- manentes et de rupture des solides et les phénomènes dont MM. Leduc et Sacerdote ont repris l'étude, M. Ledue, à qui ces observations ont été communi- quées, répond : « Jignore, comme M. Bouasse, quelle est, au juste, Forigine de la cohésion des solides, et M. Bouasse ignore, comme nous, comment les choses se passent dans les liquides. Il semble donc hasardeux d'affirmer qu'il n'y à aucune analogie entre les deux phénomènes... Quoi qu'il en soit, nous avons produit et étudié l'état de tension (uniforme) ou de pression négative, et appliqué à la rupture la notion de cohé- sion des Traités classiques, sans nous préoccuper de son origine, » — M. Patte adresse, de Vitry-le-Fran- cois, la description d'un phénomène, d'ailleurs connu, de diffusion des rayons solaires avec convergence à 1809 du Soleil, qu'il a observé le 17 Mai dernier. — M. Langevin rappelle d'abord les points principaux de la théorie des ions gazeux qu'il a développés dans sa précédente communicationt, et insiste particulière- ment sur les deux lois fondamentales de mobrlité et de recombinaison. La première est relative au dépla- cement des ions dans un champ électrique : les ions libres dans le gaz se déplacent avec des vitesses pro- portionnelles au champ X, égales à Æ,X pour les ions positifs dans le sens des lignes de force, et à Æ,X pour les ions négatifs en sens inverse. Les mobilités k, et k,, variables avec la nature et l’état du gaz, sont généralement différentes, les ions positifs étant moins mobiles que les ions négatifs. La loi de recombinaison est analogue à la loi d'action de masse de Guldberg et Waage, la vitesse de recombinaison des ions de signes contraires étant proportionnelle au produit des den- sités en volume des charges positives et négatives pré- sentes dans le gaz. Si pet n sont ces densités, on aura : dp dn di = Ti = — GPU, 2 étant le coefficient de recombinaison. Cette loi, qui régit le retour spontané du gaz à l'état normal, à été vérifiée jusqu'ici seulement dans le cas particulier où les densités p et n sont égales, la charge totale étant nulle dans chaque élément de volume du gaz. Etant donnée l'importance de ces deux lois au point de vue de la théorie des ions, il y a lieu de chercher des mé- thodes nouvelles et précises permettant de les vérifier dans toute leur généralité, et d'aboutir à des confirma- tions nouvelles de la théorie des ions. Première mé- « thode : Pour un gaz donné, dans des conditions dé terminées, la constance des coefficients 4,, 4, et « entraine la constance du rapport pe. œ ” An(k +k) que l'expérience permet d'atteindre directement dans, des conditions de précision partitulièrement favo- rables. Ce rapport a, d'ailleurs, une signification théo= ‘ Voyez la Revue du 15 Juillet 1902, p. 652. rique : 11 représente le rapport du nombre des recom- binaisons au nombre des collisions entre deux ions de signes contraires, et doit, par suite, si l'image des ions est exacte, rester toujours inférieur à l'unité, et tendre vers cette valeur quand la mobilité des ions diminue, c'est-à-dire quand la pression du gaz augmente. La détermination expérimentale du rapport e se fait en étudiant la variation avec le champ électrique de la quantité d'électricité recueillie dans le gaz qui sépare deux lames métalliques parallèles après le passage, endant un temps très court (10-{ seconde environ), ‘des rayons de Rüntgen émis dans une seule décharge d'un tube de Crookes. La radiation ionisant le gaz y libère, par unité de surface des lames parallèles, une quantité d'électricité Q, de chaque signe. Les ions ositifs, sous l’action du champ, se déplacent dans un sens, les ions négatifs en sens inverse, et une recom- binaison partielle se produit pendant le temps que les ions des deux signes mettent à filtrer les uns au tra- vers des autres. Cette recombinaison est d'autant plus importante que le champ est plus faible, c'est-à-dire que les ions des deux signes, se mouvant plus lente- ment, restent plus longtemps en présence. L'applica- tion des lois de mobilité et de recombinaison donne, pour la quantité recueillie Q dans un champ produit ‘par une densité superficielle 5 sur les lames paral- èles, l'expression : que L(i + 2). ; ç G Cette relation permet de déduire « de la mesure des Q L Le) venant des variations dans l'intensité des rayons émis par les décharges successives dans un tube de Crookes, ilest préférable de mesurer Q et Q, sur une même décharge en employant deux systèmes identiques, où sont libérées des quantités égales Q, au moment d'une décharge dans le tube de Crookes. La petitesse des quantités d'électricité à mesurer oblige à augmenter beaucoup la sensibilité des appareils de mesures élec- trostatiques. L'intérêt de cette méthode réside surtout en ceci : que la relation qui permet le calcul du rap- ort e est indépendante de la répartition, dans l'inter- valle des lames parallèles, de l’ionisation produite par es rayons de Rôntgen. On à pu effectivement modilier beaucoup cette répartition, modifier la distance des lames, l'intensité du champ et celle de l'ionisation sans que le rapport déduit de l'expérience varie d'une ma- nière sensible. Conformément aux prévisions théo- viques indiquées plus haut, ce rapport s'est toujours montré inférieur à l'unité, et d'autant plus voisin que la pression est plus élevée. Seconde méthode : Une disposition expérimentale analogue a permis de mesu- rer séparément les mobilités k, et k,, en suivant le déplacement des ions dans l'intervalle des lames arallèles après l'ionisation que produit le passage de Ja radiation. Cette étude peut se faire si l'on renverse le champ un temps variable { après le passage de la radiation : la quantité recueillie varie avec ce temps depuis — Q,, si le renversement du champ a lieu avant ke passage de la radiation, jusqu'à + Q,, si le renverse- ment du champ a lieu après que tous les ions libérés ont élé recueillis par les lames qui limitent le champ, auquel cas le renversement ne produit aucun effet. La “courbe qui représente la variation, en fonction de ?, de la quantité recueillie présente deux points anguleux correspondant aux temps pour lesquels les derniers ions négatifs et les derniers ions positifs parviennent aux lames qui doivent les recueillir. Ces points angu- Jeux sont particulièrement nels quand l'ionisation est “hétérogène et intense surtout au voisinage d'une des : lames, grâce aux rayons secondaires qu'y produisent es rayons de Rüntgen. Ces points anguleux permettent de déterminer exactement les temps mis par les ions _ des deux signes pour parcourir, dans un champ d'in- rapports = et Le. Pour éliminer toute incertitude pro- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 701 tensité connue, la distance connue des deux lames, et de déduire de là les mobilités. L'inégalité entre les mobilités 4, et 4, est ainsi très nettement mise en évidence, et l’on obtient aisément des mesures abso- lues. — MM. Broca et Sulzer ont étudié directement la facon dont varie la sensation lumineuse en fonction du temps pendant les premiers instants qui suivent l'impression. Ils ont opéré par comparaison photo- métrique entre une image aérienne intermittente et une plage diffuse éclairée par un étalon. La plage aérienne est rendue intermittente par un disque à fente variable (épiscotister d'Aubert), et l'on peut amener l'égalité des plages pour les diverses valeurs du temps. On trouve ainsi que la sensation passe par un maximum pour un temps très court si la lumière est forte, pour un temps beaucoup plus long si elle est moyenne, et atteint sa valeur finale asymptoti- quement si elle est faible. Le maximum peut corres- pondre à une lumière 5,5 fois plus grande que la sen- sation permanente, pour l'éclat pris par un papier blanc sous un éclairement de 170 lux. Le temps mis par la sensation à atteindre son régime permanent est excessivement long; il va de 1,1 seconde pour les fortes lumières à 3,5 secondes pour les faibles. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 27 Juin 1902. M. Guerbet, reprenant les expériences de MM. En- gelhardt et Maddrel et de M. Brüning, montre que les lactates de mercure, décrits par ces auteurs, sont des mélanges de lactates mercureux et mercurique. Il donne la préparation etles propriétés du lactate mercu- rique (C#H50#)Hg, qui n'avait pas encore été obtenu. Ce sel est très soluble dans l'eau. — M. Guerreau présente une note sur l'essai micrométrique des minerais d'or. Il indique les précautions à prendre et montre, par quelques expériences, le degré d’exactitude qu'on peut attendre de ces essais. — M. Tanret a isolé de la manne deux sucres nouveaux : le mannéotétrose et le manni- notriose, dont le poids total est du sixième au liers de celui de la manne. Le mannéotétrose C*#H#0*1, 4,5H420 est un tétrose, que les acides minéraux étendus dédoublent, par fixation d’eau, en 2 molécules de galac- tose, 1 de glucose et 1 de lévulose. Sous l'influence des acides organiques, des ferments de l'Aspergillus, de l'émulsine, de l’eau même salée, il se dédouble en 1 molécule de lévulose et 1 molécule de manninotriose. Le mannéotétrose n’est pas réducteur. Il a : «n +-1330,85. Le manninotriose est le sucre qui accompagne le man- néotétrose dans la manne. Il est vraisemblablement produit par lhydrolyse du mannéotétrose; il s'y trouve, en effet, accompagné de lévulose. Le manninotriose C'84#206 est un triose, qui est hydrolysé par les acides minéraux étendus en engendrant { molécule de glu- cose et 2 molécules de galactose. Il réduit comme 0,33 de glucose. Il à «n +-167° après une légère multiration. Le brome l’oxyde en donnant de l'acide manninotrio- nique C#H#0, que les acides dédoublent en 2 molé- cules de galactose et { molécule d'acide gluconique. De là, la conclusion que la portion aldéhydique du manninotriose appartient au reste glucose. — M. E. Leidié a étudié les azotites doubles de lPiridium. Il à rectifié les travaux déjà anciens de Gibbs et de Long sur divers points. Il à donné des procédés nouveaux de préparation pour les azotites doubles d'iridium et de potassium, d'iridium et de sodium, d'iridium et d'am- monium, à partir du sulfate de sesquioxyde d'iridium. Il à donné les propriétés principales de ces azolites doubles. Il à indiqué également les précautions qu'il y a lieu de prendre lorsque lon veut utiliser les propriétés de l'azotite d'iridium et de potassium, ou celles de l'azotite d'iridium et d'ammonium, pour séparer et précipiter l’'iridium de ses solutions, alors qu'il est sous forme de chlorure ou de chlorure double. — M. Moissan présente une note de M. P. Guichard sur la purification des eaux potables (nouveau procédé). — M. Charabot 702 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dépose, en son nom et en celui de M. A. Hébert, une note sur le mécanisme des variations chimiques chez la plante soumise à l'influence du nitrate de sodium. — M. Boudouard dépose une note sur les alliäges de cadmium et de magnésium (Voir p. 650). — M. Béhal pré- sente : 4° une note de MM. Amé Pictet et P. Gene- quand sur une combinaison de l'acide acétique avec l'acide nitrique; 2° une note de M. A. Reychler sur quelques dérivés de la &-naphtylamine; 3° une note de M. J. Minguin, intilulée : Aigures de corrosion, révé- lant la structure énantiomorphe de quelques composés du camphre de forme extérieure complète. Dédouble- ment du benzylidène-camphre racémique. Isomorphisme des composants actifs. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Seauce du 1902. M. J. L. Baker a fail agir la diastase de l'orge non germé sur l’amidon soluble à 50°; au bout de 1 h. 1/2 à 2 heures, les produits de l'hydrolyse sont la dextrine et le maltose. Après vingt-quatre heures, la réaction n'a que faiblement progressé; on trouve à ce moment des traces de glucose. Ce dernier provient de l'action de la diastase sur la dextrine formée, comme on le prouve par l'expérience directe. L'auteur désigne cette dextrine sous le nom d’«-amylo-dextrine. — M. W. H. Sodeau montre que la quantité de chlore qui accom- pagne l'oxygène dégagé dans la décomposition du chlorate de potassium en présence d'oxydes de man- ganèse n'augmente pas lorsqu'on diminue la pression de la réaction. L'addition des oxydes de manganèse paraît produire seulement une suite d’oxydations et de désoxydalions. La production de perchlorate semble due à une réaction exothermique indépendante de celle qui donne le chlore et l'oxygène. -- M. C. Smitk a constaté que l'ar-tétrahydro-fB-naphtylamine se com- porte dans la diazotation comme une amine benzénoïde et donne des composés diazo-aminés; il décrit une série de ces derniers. — M. C. A. West à reconnu, d'après la densité de vapeur, que la formule molécu- laire du tétroxyde de phosphore à 14.4000 est P'015: celle du pentachlorure est P0", M. O. Rosenheim recherche l’arsenic par l'odeur alliacée que développent certains composés organiques gazeux de l’arsenic, produits par la végétalion de certaines moisissures (Aspergillus, Mucor et Penicillium) sur des milieux arsenicaux. Cette méthode est souvent plus sensible que celle de Marsh. En présence du sélénium, on observe une odeur fécale prononcée; les composés du tellure donnent aussi une odeur caractéristique. Ces réactions sont extrêmement sensibles. — MM. A. G. Perkin el E. Yoshitake ont trouvé, dans le gambier, deux catéchines; l'une, C#H%06, 4 H?0, de même point de fusion (175-177) que celle de Gautier, donnant 5 Juin par fusion avec KOH du phloroglucinol, de l'acide protocatéchique et un acide ressemblant à l'acide acélique; l’autre, CH%O5, F.2350-2370, donnant par fusion avec les alcalis du phloroglucinol et de l'acide protocatéchique. L'Acacia catechu renferme une autre catéchine, CHM05, 3 H20, F. 2040-2059, donnant les mêmes produits de décomposition que la première. — MM. H. O. Jones et O. W. Richardson ont constaté que l'hydrazone oxalacétique, chauffée avec des acides dilués, donne naissance simultanément à de l'hydrazone pyruvique et CO* et à de l'acide pyrazolonecarboxylique et de l'eau. Les auteurs montrent que la première réaction proportionnelle à la concentration de l'hydrazone, et la seconde à celles de l'hydrazone et des ions hydrogène. Ils en déduisent une méthode commode pour déterminer la concentration des ions hydrogène dans une solution. — Les auteurs ont déterminé 1és constantes de dissocialion de l'acide oxalacétique et de son hydrazone.— MM. A. Lapworth et À. C. O. Hann, par l'action de l'oxalate d'éthvle et du sodium sur l'isopropylméthylcétone, ont obtenu des de lacide butyrylpyruvique. — MM. À. W. est memes 1CTrIVeS - le ferro-molybdène par Ja méthode de Kopp moditiée à Harvey et A. Lapworth, par évaporation des eaux- mères de préparation du bromocamphosulfonate d'am- monium, ont obtenu des cristaux de sulfocampholène- … carboxylate d’ammonium C'H®SOAzH*'. Le nouvel acide donne des sels caractéristiques. — MM. A. Lap- worth el À. C. O. Hann ont étudié les propriétés de la phénylhydrazone de la camphoquinone. Elle existe sous deux formes desmotropiques, l'une énolique, F. 180°, [«l)—+325° en solution dans le benzène, la rotation diminuant ensuite, l’autre cétonique, qui n'a pu ètre isolée. Le corps F. 4559 de Belli doit être un mélange des deux formes. — Les mêmes auteurs ont préparé l'hydroxyméthylènephénylacétate de men- thyle, F. 820-830, [an —— 740,6 dans le chloroforme, présentant de la triboluminescence. C'est probablement la forme aldéhydique de cet éther; la forme énolique paraît être des plus instables. L'acétoacétate de men- thyle, [an ——61° à — 62° dans le benzène, sous forme aldéhydique, se transforme partiellement dans la forme énolique, ce qui élève le pouvoir rotatoire. Les auteurs terminent leurs communications par quelques considérations sur le mécanisme des changements des- motropiques simples. — M. W. H. Perkin jun. à obtenu, dans la nitration de la triméthylbrésilone, outre l'acide p-méthoxysalicylique, deux substances neutres, EF. 4189 et 2060, et la nitrohydroxyhydrotrimé- thylbrésilone. Les deux substances neutres C'HMO‘A7, probablement isomères, sont des nitrodiméthoxymé- thylbenzènes. SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION CANADIENNE Séance du 2 Mai 1902. M. W. L. Goodwin a étudié la fabrication du charbon de bois et de ses sous-produits, ainsi que de la fonte au charbon de bois, dans la province d'Ontario. Cette … industrie à un grand avenir devant elle, à cause des immenses forêts qui recouvent cette région. Mais il serait nécessaire 49 d'étendre les recherches de Violette relatives à l'influence de la température sur la composition et la quantité des produits volatils: 2 d'examiner plus à fond le goudron de bois; 3° de perfectionner un procédé pour convertir les résidus » de scierie en combustible, ou en sous-produits, ou en. gaz combustible. — M. E. B: Kenrick a étudié l’eau des puits artésiens qui alimentent la ville de Winni- peg. Ces eaux sont pour la plupart très dures, et, avant M d'être livrées à la consommation, elles sont adoucies | par le prodédé Clark. — MM. W. R. Lang, C. M … Carton el J. C. Mackintosh indiquent une méthode M, pour déterminer larsenie, l'étain et l'antimoine dans un mélange. Le sulfure d'arsenie est oxydé à l'état d'acide arsénique, puis le sulfure d'antimoine est séparé de celui d'étain par digestion dans l’acide tartrique. Ce € SECTION DE NEW-YORK 4 Séance du 23 Mai 1902. M. S.F. Peckham présente quelques considérations | sur l'essai des ciments à propos du Rapport de la Sous= | Commission sur l'uniformité dans l'analyse des matières” premières pour l'industrie du ciment Portland, — M. J' Brakes dose le molybdène dans l'acier au molybdène et | ' L'acier est dissous dans l’eau régale; on évapore à sic= cité, redissout dans HCI et évapore finalement avec un" excès d'HSO!; on titre le molybdène par le perman=s ganate. — M. F. B. Carpenter, ayant à déterminer 1e soufre dans un échantillon de soufre brut contenant | soit par dissolution dans CS*. À à B. Miller ont déterminé les chaleurs spécifiques des, 1 a | 4: ‘5 lessives résiduelles de glycérine et de la glycérine “brute dans le but de calculer les surfaces de chauffe nécessaires pour les évaporateurs employés à la récu- pération de la glycérine des lessives de savons épuisées. M. H. C. Myers a fait des essais de culture de bette- rave à sucre dans des terrains alcalins vierges de Utah, où aucune cullure n'avait jamais été tentée. J'irrigation a été obtenue par le percement de puits artésiens. Les résultats ont été excellents. SECTION DU YORKSHIRE $ Séance du 26 Mai 1902. - M. H. D. Law a fait quelques expériences sur la détermination de l'azote par la méthode de Kjeldahl. La quantité d'azote trouvée n'augmente pas après que solution est devenue claire, mais avant que ce stade it atteint les résultats sont toujours trop faibles. — EH. D. Dakin à employé les persulfates à diverses prises dans l’analyse : pour précipiter le manganèse e ses sels à l’état de peroxyde hydraté, pour oxyder les sels de chrôme, pour déterminer l'azote par oxydation des substances organiques. Dans tous les cas, les résultats ont été très encourageants. — M. W. Lovett décrit un modèle simple et sur de déphleg- nateur pour la distillation dans la méthode de Kjeldahl. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 5 Juin 1902, c 14° ScreNces PHYSIQUES. — M. F. Kaufler à étudié le éplacement de l'équilibre osmotique par les forces perficielles. L'auteur calcule les formules pour l’équi- ibre osmotique et pour le partage d'un corps entre eux solvants dans le cas où les phases sont limitées par des surfaces courbes. Il en déduit que l’augmen- lation de la concentration, que la tension superficielle produit à l'intérieur des surfaces conyexes, est assez brte pour des corps de la dimension des fibres textiles jour rendre illusoire l'emploi de la loi de partage dans teinture. — M. G. Suschnig communique le résultat ses expériences sur les tourbillons annulaires. La erosseur des tourbillons augmente avec celle des ori- Ces d’où ils partent; le diamètre extérieur des an- aux, pour de très petits orifices, est à peu près le le de celui de l'orifice; quand ce dernier augmente, iamètre de l'anneau s'en rapproche. Dans le vol, le ètre de l'anneau ne varie pas jusqu'aux plus andes distances où l’on a pu le mesurer, conformé- nt à la théorie des liquides sans frottement. La esse des tourbillons va en diminuant. — M. F. Ha- hrl à étudié l'absorption des oscillations élec- ques dans un gaz; l'indice d'absorption est en géné- abnul; il ne diffère de 0 que pour des longueurs onde déterminées. En d'autres termes, il y a un etre d'absorption, formé de lignes dont l'intensité la largeur sont données. — M. V. von Lang : Déter- nations de Cristallographie optique. — MM. J. Bil- &zer el À. Cœhn communiquent leurs recherches sur lion anodique de l'acétylène pendant l’électrolyse. solution alcaline, il se forme de l'acide formique ; m solution sulfurique, de l'acide acétique ; ces deux produits peuyent être obtenus quantitativement pour “un certain potentiel anodique. Dans les solutions alca- lines de chlorures, il se forme de l'acide oxalique ; dans es solutions acides de chlorures, il n'y à pas de dépo- iSalion appréciable. — M. P. Friedlaender a cons- é que les alcools benzyliques p- et o-substitués s'u- ent très facilement aux phénols avec élimination au en formant des dérivés du diphéuylméthane. La ndensation à lieu en solution aqueuse avec addition peu d'acide minéral dilué. L'auteur a préparé les raduits de condensation des alcools 0- et p-amido- | benzyliques avec la résorcine, la phloroglucine, le pyro- gallol, l'& et le &-naphtol, la dioxynaphtaline. — MM. P. -Eriedlaender el P. Cohn ont condensé la 2:4-dinitro- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 103 | benzaldéhyde avec l’acétone, en présence de baryte, en cétone de l'acide dinitrophényllactique, F. 63-64. Les déshydratants la convertissent en cétone de l'acide dinitroeinnamique; les alcalis donnent par échaufte- ment le dinitroindigo, soluble seulement dans l'acide sulfurique concentré en bleu-violet, isomère avec le dinitroindigo de Baeyer.— M. H. Hôfer a constaté que les eaux salées des puits à pétrole ou à gaz naturels ne renferment pas de sulfates ou seulement à l'état de traces. Cette absence est due à l'influence réductrice des pétroles et des gaz, qui ont transformé les sulfates en sulfures. Certains gîtes de sulfures métalliques doivent probablement leur origine à cette réduction. Dans quelques cas, les hydrocarbures ont même provoqué la réduction des sulfures en métaux libres. — M. J. Wiesner communique ses recherches microscopiques sur de vieux papiers du Turkestan occidental et d’autres parties de l'Asie. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. O. Lôw a constaté que des spermatozoïdes vivants de rats et de cobayes, sus- pendus dans une goutte d'un liquide indifférent et portés sous le microscope avec un fragment de mu- queuse de l'utérus et un fragment d'un autre tissu de la même espèce animale, se précipitent sur le premier de ces tissus et cherchent à le pénétrer avec énergie tandis qu'ils sont indifférents vis-à-vis du second tissu. Cette attraction est due certainement en partie à l’al- calinité de la sécrétion de la muqueuse utérine; mais elle est bien supérieure à celle d’un morceau de papier à filtrer alcalinisé. Il y a donc une chimiotaxie posi- tive de la muqueuse de l'utérus pour les sperma- tozoïides. — M. F. Fondera : Sur la structure sympo- diale de la tige de Sicyos angulata L. — M. G. Geyer signale diverses recherches géologiques faites pendant le percement du tunnel de Bosrack. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 19 Avril 1902. 1° SGiENGEs PHYSIQUES. — M. J.-D. van der Waals : Systémes ternaires. Suite (voir Rev. gén. des Sciences, t. XIL, p. 402 et 441). En continuant ses recherches, l’auteur discute un cas particulier de l’'équa- tion différentielle faisant connaître la relation entre les différentielles dp, dx,, dy,, dT pour les phases coexis- tantes d’un système ternaire (comparez Archives Néerl., série IE, t. II, p. 74). — M. H.-A. Lorentz : Considérations sur les théorèmes fondamentaux de la Mécanique, en rapport avec l'œuvre de Hertz: Die Prin- zipien der Mechanik (les Principes de la Mécanique). Dans son dernier ouvrage, Hertz a déduit d’une manière admirable toute la Mécanique d’un seul principe, qui, par sa forme bien simple, nous rappelle les lois du mou- vement de Newton, c'est-à-dire de la loi fondamentale d'après laquelle chaque système matériel se meut avec une vitesse invariable le long d'une trajectoire aussi droite que possible. Il y réussit en introduisant, à l'aide d’une terminologie très analogue aux manières de s'exprimer en usage dans la Géométrie polydimensio- nale, l'hypothèse qu'à côté des masses visibles des mas- ses invisibles pour nous participent au mouvement. A l'hypothèse indiquée sont dues à la fois la grande importance de l'œuvre de Hertz pour la Physique théo- rique et la divergence d'opinion des savants sur sa va- leur. En effet, la question de savoir si la représentation des mouvements occultes peut aboutir à une explication simple et satisfaisante des phénomènes de la Nature admet des solutions subjeetives et, par là même, diver- gentes; au contraire, personne ne saurait douter des avantages importants, au point de vue de la conci- sion de la rédaction et de la clarté de la représentation, obtenus en faisant usage du langage de la Géométrie polydimensionale. Ainsi M. Lorentz s'est proposé d'exa- miner s'il est possible de garder ces avantages, tout en se délivrant de l'hypothèse des mouvements occultes, et en ne se servant que de la notion ordinaire de force généralement admise dans la Mécanique. Pour faciliter 704 ACADÉÈMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES l'étude de son mémoire, il a gardé beaucoup de ce qui se trouve déjàchez Hertz; comme l'a remarqué Hertz lui- même, sa méthode s'adapte aux publications antérieu- res de Beltrami, Lipschitz et Darboux. — M. H.-W. Backhuis Roozeboom présente au nom de M. C. van Eyk : Une méthode de séparation des cristaux des alliages. Les méthodes en usage jusqu'à présent sont : 1° Recherche d'éléments cristallins à l’aide du micros- cope, après l’action d'un agent corrosif (Behrens, Os- mond); 2° Détermination de la courbe de congélation (Le Chatelier, Roberts-Austen); 3° Isolement des cris- taux qui se forment pendant la congélation des alliages (van Bylert, Behrens, Kerp). Ici lauteur entre dans quelques détails sur la dernière de ces trois mé- thodes. — Ensuite M. Roozeboom présente la thèse de M. A.-J. Boks : « Mengkristallen van ammoniumni- traat en thalliumnitraal » (Cristaux de mélange de ni- trate d'ammonium et nitrate de thallium). — M. C.-A. Lobry de Bruyn présente au nom de M. J.-W. Dito : Les densités des mélanges d'hydrazine et d'eau. M. Dito continue une étude de M. Lobry de Bruyn (/ev. gén. des se., t. VI, p. 907) sur l'hydrazine découverte par M. Curtius; la courbe de densité montre que le maxi- num de densité du mélange correspond à la composi- tion Az*H*,H°0. — M.J. van Bemmelen présente une brochure « Die Einwirkung von hôheren Temperatu- ren auf das Gewebe des Hydrogels der Kieselsäure » (Sur l'influence de hautes températures sur la struc- ture de l'hydrogel de l'acide silicique). 20 SCIENCES NATURELLES. — M. J. W. van Wyhe : Une methode nouvelle pour reconnaître des microsquelettes cartilagineux. C'est une propriété-bien connue de la matière cartilagineuse de conserver énergiquement la coloration obtenue à l’aide de plusieurs couleurs d’ani- line. En étudiant celte propriété, l'auteur a trouvé, depuis quelques années, une matière colorante qui donne encore au cartilage une coloration intense, bien longtemps après qu'elle à été extraite des autres tissus. Ainsi le squelette cartilagineux se présente comme sil avait été préparé, si l'on donne à l'objet une transpa- rence salisfaisante à l’aide du beaume de Canada. La matière colorante qui donne les résultats les plus avantageux, c'est le bleu de méthylène. La coloration du cartilage s'applique principalement aux embryons. Jusqu'à présent, l'étude du cartilage de l'embryon exigeait qu'on en fil faire un nombre considérable de coupes parallèles, dont on se servait dans la construc- tion d'un modèle à une échelle plus grande. A cause de la longueur de celte méthode, on se contentait done ordinairement de la reconstruction d'une partie, soit du crâne, soit du bassin ; ainsi, après quelques mois de travail, on était en possession d'un modèle faisant connaitre la structure d'une partie de l'embryon. Au contraire, d'après la méthode de coloration, on obtient en peu de temps et avec un minimum de tra- vail un grand nombre de squelettes, montrant les parlies elles-mêmes dans leur rapport mutuel, et non seulement les tissus cartilagineux, mais l'embryon tout entier avec tous ses organes; car, malgré la transpa- rence de ces organes, on en distingue encore assez clairement les contours. Malgré Ja coloration bleue du cartilage, il reste transparent; ainsi l’on apercoit encore faiblement la colonne vertébrale à travers l'omoplate. A l'aide de celle méthode, décrite en détail, l'auteur met en lumière plusieurs phénomènes anatomiques, par exemple la descente de l'omoplate le long de la colonne vertébrale de l'embryon humain, qui éclaire l'innervation de cet organe par les vertèbres du cou, la disposiüon originale double du sternum de la poule et: du lapin, etc. — M. T. Place présente au nom de M.J. W. Langelaan : Le principe de l'entropie dans la Physiologie. Conclusions : {. Pour les animaux supé- rieurs, l'arc de réflexion est l'unité morphologique dans laquelle à lieu le cycle métabolique. Pour les végétaux, et probablement aussi pour les animaux infé- , cette unité est la cellule ; 2, Entre les systèmes s produits de l'assimilation et de la désassimilation, eurs il existe un équilibre stable ; 3. Le processus cyclique métabolique est en partie irréversible; 4. La valeur de seuil et la période réfractaire sont des quantités com- plexes, provenant d'abord de l'isolement imparfait de l'arc de réflexion par rapport au milieu environnant, « et ensuile des résistances passives du système chi- nique; 5. L'accroissement et la sommation de l'effet de stimulation sont la conséquence de variations non compensées (dans le sens de Clausius); 6. La formule qui exprime la loi de Weber-Fechner est une formule d'interpolation déduite du principe de l'entropie. —. Ensuite M. T. Place présente au nom de M. J. Bæke :. Sur la région infundibulaire du cerveau. Elant donnée l'hypothèse que la partie du Saccus vaseulosus .des Ichthyopsida, décrite comme Glandula infundibili, au lieu d'être une glande, est un organe sensitif réagissant à une irrilation déterminée, il semblait de quelque importance d'étudier l'Amphioxus Janceolatus à cet égard. Ordinairement, la cavité encéphalique de l'Am- phioxus est représentée comme un élargissement pyriforme du canal central, ne contenant que la pro= longation cave sous la base de la cannelure olfactive, découverte par Langerhans. Cette cavité à été décrite minutieusement par M. Kupffer, dans ses « Studien zur Entwicklungsgeschichte des Kopfes der Kranioten (Etudes embryologiques de la tête des Craniotes). Ici M. Bæke communique des recherches ne s'accordant pas avec les résultats de M. Kupffer. — MM. J. W. Moll et F. A. EF. C. Went : Rapport sur le mémoire de M. J. C. Schoute : l’eber Zelltheilungsvorgänge à Caämbium (Sur des procédés de division des cellules dans le cambium). L'opinion prévalente sur la division: des cellules dans le cambium se base encore toujours sur les recherches magistrales de M. Sanio, datant de !860 et de 1873; d'après ce savant, c'est presque tou- jours une simple couche de cellules du cambium, qui concourt à la formation de nouvelles cellules. Chacune de ces cellules, portant le nom de cellules initiales, donne lieu d'ordinaire à la formation de deux cel lules nouvelles de part et d'autre, et ces cellules nou velles ne se divisent plus (tissu liégeux), ou bien elles sont adultes, après encore une ou au plus après deux divisions suivantes. Sans doute, cette théorie s'accorde dans la pluralité des cas avec la vérité. Seulement, comme le montre ici M. Schoute, à l’aide de la litté- rature et de ses propres recherches, la théorie d M. Sanio est incomplète et partielle; son mémoir paraîtra dans les publications de l'Académie. P. H. Scnouie. ERRATUM quelques figures de l’article de M. Henri Becquerel sur la « Radio-activité de la matière» doivent être ainsi modiliés : Fig. 9, au lieu de : «Impression due à des rayons secondaires, provoqués par des rayons ayant traversé un trou étroit», lire : « Dispersion magnétique d'un. faisceau de rayons ayant traversé un trou étroit ». Fig. 10, au lieu de: « Appareil projelant sur une plaque photographique l'ombre d'un écran plan perpen diculaire au champ magnétique », Are: « Appareil, ete.s à un champ électrostatique ». ‘ Fig. 12, au lieu de : « Dispositif employé pour mon* trer, ete... », lire : « Dispositif employé pour l’étu des rayons déviables ». Fig. 43 et fig. 14, au lieu de : « 1re épreuve » eb « 2° épreuve », lire: « Exemples d'épreuves obtenues, avec le dispositif de la figure 12 ». | 13 ANNÉE N° « D 15 AOUT 1902 Revue générale des Scienc | pures el appliquées DIRECTEUR : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Solennités scientifiques Inauguration de la statue de Pasteur à ôle. — Le D' Roux, délégué de l'Académie des ciences à l'inauguration de la statue de Pasteur à Dôle, le 3 août dernier, a prononcé à cette occasjon le remarquable discours que nos lecteurs nous sauront ré de reproduire ici : « Messieurs, « L'Académie des Sciences n'oublie pas que Pasteur èst une de ses gloires, et, chaque fois qu'un hommage est rendu à ce grand homme, elle tient à s'y associer. lle m'a délégué pour la représenter à cette fête par- eque je suis un élève du Maitre et qu'ayant vécu dans son intimité, j'ai pu admirer de plus près son génie et apprécier une bonté de cœur dont j'ai souvent ressenti _ les effets. à « Aucun autre lieu ne convenait mieux pour élever “un monument à Pasteur que cette place ombragée, située à quelques pas de la maison où il est né et d'où le regard s'étend jusqu'au mont Poupet, sur lequel Pasteur fit, en 1860, les belles expériences qui ont tant “contribué à fonder la science des microbes. ….\ C'est une heureuse pensée qui a déterminé le choix de cet emplacement, où le paysage mème glorifie Pas- Iteur en rappelant ses travaux. ! ….\ Ce monumentest le deuxième que les Francs-Com- fois élèvent à Pasteur pour témoigner leur reconnais- sance à l'illustre compatriote qui avait un vif amour de la province natale. « Pasteur était attaché à la Franche-Comté par de profondes racines, par toute une suite d'humbles an- êtres, et il se sentait vraiment fils du terroir. D'ailleurs, on retrouvait en lui des traits de caractère qui ne sont pas rares chez vous : l’ardeur au travail et l’inlassable Persévérance. Il les tenait de ses aïeux, défricheurs de terre, serfs du seigneur d'Udressier, devenus, à force détravail, libres citoyens de la ville de Salins. À son Père, conscrit de 181 1, soldat des guerres d'Espagne et de la campagne de France, il avait pris le bon sens et aussi cette humeur combative qui n'a pas nui au | ttiomphe de sa doctrine. Mais, à tout cela, Pasteur [ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. joignait une vive imagination et une passion ardente, sans lesquelles il ne fût pas devenu le génie rénovateur que nous admirons. « On croit volontiers que les régions de la science sont des régions toujours sereines, que le savant parcourt avec allégresse. Oui, la science nous apparait calme et triomphante quand elle est faite ; mais la science en for- mation n'est que contradiction et tourment, espoir et déception. Aux passions des hommes ordinaires, les grands savants ajoutent la passion du vrai à un degré où elle procure bien des tribulations à ceux qu'elle possède. C'est pour cela qu'ils combattent entre eux, parfois si àprement, mais leurs batailles ne laissent point de ruines, puisque la victoire profite autant au vaincu qu'au vainqueur. « Pasteur, fondateur d’une science, a connu autant qu'aucun autre les soucis et la lutte; plus qu'aucun autre, il a éprouvé la joie complète du succès. En effet, ses découvertes étaient de nature à satisfaire à la fois son esprit et son cœur. Leur importance, la manière rigoureuse dont elles sont démontrées forcent ladmi- ration ; leurs bienfaisantes conséquences soulèvent la reconnaissance. Que de misères ont été prévenues par elles! que de souffrances ont été épargnées! que de vies ont été sauvées! C'est là ce qui rendait Pasteur heureux et le payait de ses peines, car il était le plus humain et le meilleur des hommes. Ce caractère d'hu- manité existe à un si haut degré dans l'œuvre de Pas- teur qu'elle l’a rendu le plus populaire des savants. « Chacun connaît ses travaux sur les fermentations, sur la vaccination charbonneuse, et, tant qu'il y aura des brasseurs, des viticulteurs, des agriculteurs, leur pensée se tournera vers Pasteur. Qui donc ignore que | Pasteur est parvenu à prévenir la rage, que, grâce à lui, la Chirurgie peut tenter avec succès les opérations les plus audacieuses et que la Médecine sait entin trior iphei de quelques-unes des maladies les plus redoutables? Aussi, tant qu'il y aura des blessés et des malades, leur gratitude ira vers Pasteur. _ « La doctrine pastorienne pénètre partout pour mo= difier, de la manière la plus heureuse, nos habitudes et nos mœurs. Autrefois, à l'annonce d'une maladie | contagieuse, la panique s'emparait des populations, qui 15 706 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | voyaient dans ces fléaux une sorte de châtiment divin que rien ne pouvait détourner d'elles. Aujourd’hui, la nouvelle que la peste et le choléra sévissent en Egypte, à quelques journées de notre pays, nous laisse tout à fait calmes, depuis que Pasteur nous à montré que les maladies contagieuses n'ont point une cause mysté- rieuse, qu'elles sont produites par des parasites micro- scopiques contre lesquels on peut se défendre. Maintenant la notion des microbes domine l'Hygiène. Notre grande préoccupation est de connaître l'habitat et les mœurs des infiniment petits et de savoir par quelles voies ils arrivent jusqu'à nous. Quand ces ques- tions sont résolues, il en résulte des règles simples contre les contagions. Aïnsi, le bacille de la fièvre typhoïde pénètre le plus souvent en nous avec l'eau de boisson ; par conséquent, nous l’éviterons en nous pro- curant des eaux pures. La peste bubonique se propage par les rats, elle est une maladie des rongeurs avant d'être une maladie de l'homme; une des meilleures mesures contre la peste consistera done à détruire les rats dans les pays menacés. Dans les contrées à ma- laria et à fièvre jaune, les moustiques transportent le mal de l'homme malade à l'homme sain ; nous échap- perons donc à la malaria et à la fièvre jaune en nous préservant des moustiques. Rats et moustiques ont remplacé les génies épidémiques auxquels croyaient nos peres. « Je pourrais multiplier ces exemples, où la défense contre la maladie découle avec précision des données microbiennes. Mais, lorsque les voies suivies par les microbes pour arriver jusqu'à nous sont si obscures que nous ne les connaissons pas, ou si compliquées que nous ne pouvons les fermer toutes, la doctrine des germes nous à fourni d'autres ressources : d'abord, celle des inoculations préventives qui rendent l'homme et les animaux réfractaires à la maladie; ensuite, par un développement naturel, celle des sérums théra- peutiques qui guérissent ceux qui sont déjà atteints. « Les bienfaits de la science des microbes sont si évidents, leur importance sociale est si manifeste que les moyens préconisés par elle sont peu à peu inscrits dans les lois. Le temps n’est pas loin où nos codes comprendront une partie bactériologique et où Pasteur apparaîtra comme le plus bienfaisant des législateurs. « Les travaux de Pasteur ont amélioré les conditions de la vie humaine, non seulement en diminuant nos souffrances, mais aussi en augmentant nos ressources. Ils ont renouvelé les industries de la bière et du vin, celles de la laiterie et de la fromagerie, celle de la soie, el voici que la Bactériologie s’essaie à perfectionner la plus ancienne de toutes les industries : l'Agriculture. Les microbes, qui sont en quantités innombrables dans chaque parcelle du sol, élaborent les matières organi- ques de façon à les rendre assimilables par les plantes: ils jouent un grand rôle dans la fertilité de la terre et on peut dire que, sans eux, elle ne porterait pas de ré- coltes. Ce sont eux, en effet, qui préparent les nitrates, aliments préférés des végélaux, et qui permellent à certains d'entre eux de puiser directement l'azote dans l'immense réservoir aérien. « C'est à peine si nous pouvons aujourd'hui entrevoir quelques-uns des perfectionnements que la science des microbes réserve à nos successeurs : mais nous pouvons affirmer qu'à mesure que les hommes de- viennent plus instruits, leur admiration pour Pasteur ne fera que s'accroilre. « La civilisation, dans sa marche, renversera bien des gloires qu'on avait crues solides: Ja gloire de Pasteur n'a rien à redouter du li mps. J'imagine méme que sou- vent, dans les siècles qui vont suivre, se renouvelle- ront, en son honneur, des cérémonies pareilles à celle d'aujourd'hui, et que des populations, devenues plus heureuses par le progrès de la science, célébreront en- core Pasteur comme un éternel | ienfaileur, » La maison natale de Pasteur. — M. Louis , directeur de la Revue générale des Sciences, a fait la communication suivante à l'Association fran- caise pour l'avancement des Sciences (session de Mon- tauban) : « Quelques-uns d’entre vous ont assisté dimanche dernier à l'inauguration du monument érigé à Dôle en mémoire de Pasteur. Parmi les honneurs décernés à ce grand homme, que nous avons eu la joie et la fierté de compter parmi nos membres, Fhommage que vient de lui rendre la ville de Dôle à eu un caractère à la fois très grandiose et très intime : c'était jusque dans les faubourges et les petites ruelles pavoisés une vraie fête de la science. | « Tout le monde sait que Pasteur revenait chaque année à Arbois, dans la demeure même où il avail passé sa Jeunesse, el que cette demeure est restée la propriété de sa famille. Quant à lhumble maison de Dôle, où ses parents n'étaient que locataires au mo- ment de sa naissance, elle a été l'objet de ventes suc- cessives; toutefois, la physionomie générale n'en à pas encore élé altérée. « Nous avons entendu émettre cette pensée qu'il était dommage qu'elle fût exposée, en changeant de pro- priélaires, à subir des transformations susceptibles de … la dénaturer entièrement. Cette maison, désormais historique, lieu d'un véritable pèlerinage pour les hommes de science, devrait passer intacte à la. postérité, Il suffirait que les membres de notre Asso- ciation voulussent bien s'intéresser à une solution qui nous parait pratique : il ne s'agirait pas, selon nous, d'une souscription publique; les souscriptions qui ont élé ouvertes pour élever dés statues à Pasteur dans les villes d'Alais, Lille, Melun, Arbois, Dôle, Chartres et Paris ont donné de magnifiques résultats, et nos con- frères ont largement participé à ces témoignages d'admiration et de gratitude. Ne pourraient-ils s'em- ployer individuellement à réunir des souscriptions qui permettraient de conserver à lFHistoire ce modeste édiice et loffrir à la ville de Dôle comme un don de l'Association? Mention serait faite de cette donation à côté de la plaque commémorative de la naissance du grand homme. « Nil en pouvait être ainsi, la Revue générale des Sciences S'emploierait volontiers à centraliser les sommes souscriltes, en prenant à sa charge tous les frais de la souscription. » $ 2. — Astronomie La lumière zodiacale, le système météo rique et Ia couronne solaire. — Dans un récent el curieux mémoire communiqué à la British astro= nomical Association, M. Bompas émet l'idée que Ja lumière zodiacale et la couronne solaire font toute deux parties d’an immense anneau de méléores cireus= lant autour du Soleil et dont font partie également less étoiles filantes, qui ne seraient que des corpuscules de cet anneau dont le passage à travers notre atmosphère produit l'incandescence. L'auteur rappelle d'abord que presque toutes less, particularités observées dans la lumière zodiacale ont conduit à l'opinion, généralement admise actuellement que ce phénomène est dû à un anneau de méteores circulant autour du Soleil, s'étendant au delà de l'o bile terrestre et dont les particules réfléchissent Ja lumière solaire. | Cela résulte des faits d'observationsuivants: la lumi zodiacale se trouve à peu prèsexactement dans le plan d l'écliptique; elle asa plus grande extension, pour les de hémisphères, vers le mois de janvier, et dans la dire lion de l’antiapex du Soleil, el, à ce moment, on obser souvent qu'elle s'étend sans discontinuité de l'horizon est à l'horizon ouest; d'autre part, Piazzi Smytha, trouvé que la position de la lumière zodiacale parm les éloiles est la mème à la même saison, qu'elle s observée dans le sud de l'Afrique ou à Ténérife, à 628 de là, où encore en Angleterre, à 56° de latitude Nord, 4 Ce fait, et l'orientation que présente la lumière zodids Î CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 107 cale dans le plan de l’écliptique, et non dans celui de l'équateur terrestre, semblent suffisants pour rejeter l'opinion, émise par quelques auteurs, que la lumière zodiacale serait un anneau météorique ou nébuleux entourant la Terre. Enfin, les observations polarisco- piques ont prouvé qu'elle consiste en une matière qui réfléchit la lumière solaire. Il semble donc vraisemblable que la lumière zodia- - cale est un anneau elliptique de météores circulant - autour du Soleil, ayant son aphélie au delà de l'orbite - terrestre dans la direction de l'antiapex du Soleil, et son périhélie à l'intérieur de l’orbite terrestre. - D'autre part, on sait qu'une multitude de météores « circulent autour du Soleil, tant dans les grands cou- . rants périodiques que dans les nombreux courants sporadiques que M. Denning à étudiés. On à calculé que 20 millions, ou, si l'on y comprend les météores télescopiques, 200 millions de météores tombent jour- nellement dans l'atmosphère terrestre. D'ailleurs, les étoiles filantes semblent généralement avoir leur point d'émanation ou leur aphélie dans la région de l'antia- pex du Soleil, où la lumière zodiacale possède aussi sa plus grande extension. Cette direction générale des - étoiles filantes est démontrée par leur variation semi- - annuelle : le nombre des étoiles lilantes observées est beaucoup plus grand pendant les six derniers mois de l'année que pendant les six premiers, vraisemblable- ment parce que, pendant le second semestre, les vitesses absolues des météores et de la Terre par rapport à l'apex, étant de sens inverses, s'ajoutent, tandis qu'elles sont de même sens et se retranchent pendant le pre- - mier semestre. Cette direction générale des météores a été conlirmée, d’ailleurs, par l'étude de 918 radiants catalogués par M. Denning et qui ont une direction “ moyenne dont l'ascension droite est 1209, c'est-à-dire à peu près celle qui correspond au point de la plus grande extension de la lumière zodiacale. - De tous ces faits l’auteur conclut, assez logiquement semble-t-il, que les Etoiles filantes d’une part, la lu- mière zodiacale de l’autre, sont dues à un même an- neau de météores cireulant autour du Soleil et dont les particules, quand elles ne font que réfléchir la lumière Solaire, forment la Lumière zodiacale, tandis qu'elles constituent les étoiles lilantes quand leur passage à Lravers notre atmosphère les rend incandescentes. Dans la seconde partie de son mémoire, l’auteur ontre que les filaments incandescents de la couronne Solaire ne sont vraisemblablement que les parties les plus rapprochées du Soleil de cette grande circulation étéorique, et que ce ne serait qu'un effet de perspec- tive qui leur donnerait les apparences si caractéris- tiques observées pendant les éclipses. $ 3. — Physique du Globe Z Perturbations magnétiques produites par léruption de la Martinique. — Il résulte d’un Rapport du Docteur Bauer que l’on a observé une per- —urbation magnétique dans deux observaloires magné- tiques des Etats-Unis, le 8 mai dernier, à 7 h. 46 “temps local moyen de Saint-Pierre), c'est-à-dire préci- “sément à l'heure exacte où l’éruption du Mont Pelé a anéanti la ville. Cette perturbation était distinctement “d'origine magnétique et non d'origine sismique; les “perturbations d'origine sismique se manifestent par des oscillations symétriques de l'aiguille aimantée, qui + ont simplement pour effet d'élargir, sur le papier sen- | Sible du magnétographe, le trait par rapport à sa posi- tion d'équilibre ; les perturbations d’origine purement Magnétique dévient, au contraire, ce trait dans un sens | ou dans l’autre sans lui faire perdre de sa netteté, et tel était le cas pour la perturbation observée le 8 mai dernier. Des observations identiques ont éké faites au Parc Saint-Maur, par M. Moureaux, et à Athènes, par M: Eginitis; et il en résulte également que la perturba- tion, dans, ces deux points, a été enregistrée au moment précis où se produisait la grande éruption du Mont Pelé. D'ailleurs, pas plus à Athènes qu'aux Etats-Unis, les sismographes n'ont indiqué la moindre secousse sismique. Les magnétogrammes obtenus à Cheltenham {à ©5 ki- lomètres de Washington) indiquent que la valeur de la perturbation a atteint 1/350° de la valeur de l’inten- sité horizontale, et de dix à quinze minutes pour la déclinaison, la perturbation se continuant jusque dans la nuit du 9 mai. Si, ce qui est probable, étant donnée une pareille coïncidence, il y a réellement une relation de cause à effet entre l’éruplion du Mont Pelé et les perturba- tions observées, il faut en déduire que l'agent, quel qu'il soit, de celles-ci, a dû se propager avec une vitesse électrique, puisque, malgré la grande distance qui sé- pare Athènes des Antilles, la perturbation observée en Grèce a coincidé rigoureusement avec la catastrophe de la Martinique. L. $ 4. — Electrotechnique Éclairage et téléphonie sur les trains de grandes lignes. — Après avoir résolu le problème de la traction des trains, il reste encore à assurer, d'une manière satisfaisante, l'éclairage de ceux-ci, et divers moyens ont été employés, notamment l'électri- cité, malheureusement trop coùteuse pour la plupart des trains de grandes lignes. On à parfois muni aussi les trains de grandes lignes d’un téléphone, permettant de mettre en communication des trains en marche avec une quelconque des stations de la ligné, ou avec le bureau central téléphonique des villes tra- versées. Peut-être la télégraphie sans fil permettra-t-elle la solution de ce problème dans sa généralité. Pour le moment, les trains les mieux équipés paraissent être ceux du Chicago and North Western Railway, qui font le service le plus rapide de Chicago à San Fran- cisco. Le train est mis en communication, à chaque arrêt, avec le bureau central de la ville traversée, et les communications sont recueillies par un agent spé- cial attaché au service du train. Il est à espérer que pareille application du téléphone se développe sur les réseaux français, où beaucoup de progrès restent à accomplir, tant au point de vue du mode d'éclairage, auquel il est fait allusion plus haut, qu'au point de vue des communications téléphoniques rapides. La traction électrique sur le «Metropolitan and Distriet Railway » de Londres.— Le etro- politan and District Railway de Londres avait mis à l'étude, depuis un temps considérable déjà, la transfor- mation du réseau à vapeur en réseau électrique. Les deux compagnies exploitant ce réseau ont fait appel aux constructeurs de matériel électrique et reçu des proposilions nombreuses et intéressantes, dont nous n'entreprendrons pas l'étude et la critique détaillées. Disons toutefois que ces solutions se divisaient en deux grandes classes : les premières étaient beaucoup plus nombreuses et faisaient usage du courant continu; la seconde, représentée par la Maison Ganz de Budapest, faisait usage du courant alternatif. Une des deux compagnies exploitant le 1/etropo- iitan and District Railway se montra favorable aux propositions de traction à courant alternatif, l'autre au courant continu ; et les Compagnies durent, d'un com- mun accord, recourir à un arbitrage : cet arbitrage donna la préférence au courant continu; mais, le déve- loppement du réseau nécessitant le transport à des distances assez grandes d’une énergie électrique consi- dérable, l'emploi du courant continu n'exclut pas le concours du courant alternatif dans une certaine mesure. C'est le cas de très nombreuses installations de traction à courant continu. L'emploi du courant continu y est limité à la traction proprement dite des trains, alors que le courant alternatif y sert à la distri- 708 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE bution de l'énergie, usines éloignées. Dans le cas du Metropolitan and District Railway, il y aura deux usines génératrices de courant alternatif, l'une appartenant à la Metropolitan C, l'autre à la District Co. La première, édifiée à Weasden, compor- tera trois groupes électrogènes, de 3.500 kw chacun, composés d'un alternateur triphasé, accouplé directe- ment à une turbine à vapeur. La seconde, placée à Chelsea, recevra quatre groupes électrogènes, compo- produte dans une ou plusieurs sés également d'un allernateur Uiphasé, accouplé directement à une turbine à vapeur, mais d’une puissance plus élevée, atteignant chacun 5.000 kw. L'intérêt nouveau de ces usines est la substitution des turbines à vapeur aux moteurs à vapeur à courant alternatif. L'avantage d'un mouvement continu de rotation est déjà mécaniquement appréciable; mais l'intérêt, plus pratique encore, de ces turbines est de permettre l'obtention de vitesses assez élevées; par conséquent, les couples à produire pour une même énergie sont réduits d'autant, et l’on réalise une très grande économie d'installation et une très grande réduction d’encombrement dans le matériel de Pusine génératrice. Les alternateurs seront tous de dimensions beaucoup plus réduites que ne le sont ordinairement des alter- nateurs de même puissance à mème voltage, malgré la valeur élevée de ce voltage, qui sera de 10.000 volts. Transportée sous cette haute tension, l'énergie sera distribuée. à plusieurs sous-stations sous forme de courant d'intensité assez peu considérable, et donnant lieu, par conséquent, à des pertes en lignes assez ré- duites, et à des lignes de section relativement faible. Les sous-slations transformeront le courant alter- natif ainsi distribué en courant continu à 5 ou 600 volts pour l'alimentation des trains à la manière ordi- näire : Des transformateurs réducteurs de voltage et des commutatrices constitueront le matériel essentielle- ment nécessaire à cette transformation, matériel natu- rellement assez coûteux d'achat et d'entretien, mais dont le prix sera largement récupéré par l'économie de cuivre réalisée sur les canalisations, par la distribution de faibles intensités à courant alternatif, au lieu d'in- tensités élevées à courant continu. Transbordeur électrique de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans (Gare du Quai d'Orsay). — Non seulement l'électricité a été adoptée au Chemin de fer d'Orléans pour la remorque en tunnel des trains du quai d'Orsay à Austerlitz, mais on en a fait usage pour abréger notablement les manœuvres de formation des trains, et surtout le transbordement des locomotives d'une voie à une autre à l'extrémité de la gare du quai d'Orsay : toutes les voies desservant les quais de cette gare aboutissent à une voie perpendi- culaire sur laquelle roule un transhordeur électrique destiné à recevoir les locomotives et à les transporter d'une voie à l’autre : on sait que cette manœuvre est faite d'ordinaire au moyen de plusieurs plaques tour- nantes, qu'elle exige un temps considérable et qu'elle immobilise un personnel coûteux. Grâce au transhordeur de la Compagnie d'Orléans, la manœuvre est de beaucoup simplifiée : le wattman qui doit porter sa locomotive d'une voie à l'autre la lance d'abord sur le transbordeur, préalablement dis- posé en regard de la voie où se trouve la locomotive ; par suite, celle-ci étant fixée sur Île transbordeur et immobilisée, on déplace le transbordeur sur sa voie transversale, et, quand la locomotive est amence au droit de la voie à laquelle elle est destinée. elle quitte à nouveau le transbhordeur par ses propres moyens et par la manœuvre inverse de celle qu'on à vue plus haut. Le transbordeur est un simple chariot extrèémement rigide, porté sur sa voie de roulement par des galets et portant des rails perpendiculaires à cette voie de roulement. Dans chacune de ses positions, pour desservir cha- cune des voies, le transbordeur met ces rails en prolongement des rails de cette voie, et la locomotive, pour y passer, n'a qu'à franchir une très légère rampe. Les galets supportant sa plate-forme sont, les uns porteurs, les autres moteurs; ces derniers sont commandés par un moteur empruntant son courant à un fil aérien, au moyen d’un collecteur de courant du type connu sous le nom de trolley. Ce n’est là qu'une des multiples applications qu'on peut économiquement réaliser, lorsqu'on dispose d'une installation électrique comme celle du Chemin de fer d'Orléans, et qui permettent d’épargner, dans des pro- portions considérables, la main-d'œuvre et le temps qui sont doublement précieux dans une exploitation active. Beaucoup de ces avantages passent inapercus quand on suppute tous les bénéfices d'une transformation, el ils apparaissent seulement quand on à complélé celle-ci, comme des bénéfices imprévus et nouveaux, souvent même très appréciables, comparés aux avan- ages principaux qu'on avait préalablement escomptés. $ 5. — Chimie organique Sur les dihydrobenzènes substiltués : 4°‘- diméthyldihydrobenzène. — Quand, d'après MM. Crossley et Le Sueur’, on traite la diméthyldihy- drorésorcine par le pentachlorure de phosphore, deux atomes d'hydrogène et deux atomes d'oxygène parais- sent être éliminés comme hydroxyles et remplacés par deux atomes de chlore, et le produit résultant est le dichlorodiméthyldihydrobenzène : CH? — CO CH = CCI c(cH) NCH —' c(cH} ScH NCH°— C(0H)/ COX Gps co Z neCH= CN ou C{CH*) : NcH = 0cl La position des deux atomes de chlore dans la mo- lécule est démontrée par ce fait que l'oxydation par . l'acide nitrique étendu convertit le produit en acide 3 : 5-dichlorobenzoïque et que l’ébullition avec l'acide sulfurique dilué redonne la diméthyldihydrorésorcine. Vraisemblablement, dans ce dernier cas, il y a simple- ment hydrolyse avec formation momentanée de la forme diénolique de la diméthyldihydrorésorcine, la- quelle passe ensuite à l'état de forme cétonique stable. Les acides halogénés conduisent à un résultat analo- gue. Les oxydants énergiques, agissant sur la dichlo- rodiméthyldihydrorésorcine, donnent un mélange d'acide 4:-diméthylsuccinique et d'acide diméthylmalo-. nique. Le permanganate de potasse fournit exclusive- ment le premier de ces deux acides; il en résulte que le schéma } conne CE EN Ho) UK ps _ cat doit être considéré comme représentant le plus vrai- semblablement la constitution de la diméthyldihydro- résorcine dichlorée. Quand on traite cette dernière par l'amalgame de sodium en solution éthérée humide, on obtient le di= méthyldihydrobenzène ; CH = CH coms} Q Jeu. NCH— CH Ce carbure ressemble beaucoup aux terpènes, den par ses propriétés physiques et chimiques. ( 1 L'oxydation manganique le convertit en acide os diméthylsuccinique, ce qui justifie la formule ci-des= sus. Ce carbure réagit avec le brome et l'acide broma —- DR ER ER PS id ‘A. W. Cnossuey et H. Ronosz LE SuEUR : Journ, of Chim Soc., t. LXXXI, p. 821. ‘ hydrique comme s'il possédait séulement une double liaison. Ainsi, par exemple, le produit d’addition avec l'acide bromhydrique possède la structure : CH2— CH C(CH:}£ Non, CA N CH? — CHBr/ . ui est démontrée par ce fait que ce corps fournit, à l'oxydation, principalement l'acide 8g-diméthylgluta- rique, CH? — CO°H C(CHC $ CH? — CO'H $S 6. — Physiologie Sur le suc pancréatique. — Les travaux sur la sécrétion pancréatique et sur les qualités digestives du suc pancréatique naturel se multiplent chaque jour davantage, depuis que Pawlow et ses élèves ont réalisé de facon pratique la fistule pancréatique permanente chez le chien. Pawlow et ses élèves détachent du duodénum par des sections le lambeau du duodénum entourant l’oritice pancréatique, réparent par des sutures la plaie duodé- nale et suturent à la peau le lambeau détaché, de facon que, dans tout le cours de l'opération, le canal pancréatique, ses vaisseaux et ses nerfs, ainsi que ceux du pancréas, ne soient soumis à aucun traumatisme. L'opération ainsi pratiquée est compatible avec la conservation absolue du chien opéré et l’on peut, dans des conditions très comparables aux conditions nor- males, recueillir du sue pancréatique naturel. Pawlow et ses élèves appliquent à cet effet contre la paroi abdominale un petit entonnoir, dont le rebord circonscrit le fragment de muqueuse duodénale greffée, el recueillent le suc qui s'écoule. Ils ont observé, dans activité protéolytique de ce sue, des variations très neltes selon la période de la digestion, la nature des * aliments ingérés, et selon le régime ordivaire (carné, Jacté ou mixte) de l'animal en expérience. Dans les observations de Pawlow et de ses élèves, le suc pancréatique ainsi recueilli a toujours un pouvoir protéolytique net, mais parfois ce pouvoir est faible. En faisant agir du suc intestinal sur ces sucs pan- créatiques naturels, plus ou moins actifs sur l'albumine, Pawlow et ses élèves en ont vu augmenter l’activité dans des proportions imprévues; ils ont montré que le suc intestinal doit cette propriété qu'il possède de suractiver le suc pancréatique à uné diastase, à un fer- ment de ferment, l’entérokinase. Cette entérokinase agirait vraisemblablement sur une protrypsine con- tenue dans le suc pancréatique naturel et la transfor- Merait en trypsine; et cette hypothèse est rendue vraisemblable par ce fait que le sue intestinal suractive d'autant plus le suc pancréatique naturel que ce “dernier est doué d’une activité protéolytique moindre: “c'est donc sur un proferment qu'agit le sue intestinal et non sur la trypsine elle-même. … MM. Delezenne et Frouin ont repris, sur un chien à Bitute pancréatique permanente, opéré selon le procédé “de Pawlow, les déterminations du pouvoir protéolytique - du suc sécrété, en modifiant les procédés de récolte du Suc. Au lieu d'appliquer contre la paroi abdominale un …entonnoir récepteur, ils pratiquent le cathétérisme du canal pancréatique. Le sue ainsi recueilli, à condition “de perdre les premières gouttes qui s'écoulent, ne “présente aucune action protéolytique sur l’albumine, “tandis que le suc obtenu par le procédé de Pawlow en présente toujours une très nette. ss MM. Delezenne et Frouin émettent l'opinion que le “suc pancréatique sécrété par le pancréas et recueilli pur de tout mélange ne contient pas trace de trypsine: il ne contient que du trypsinogène transformable et ransformé en trypsine par le suc intestinal. Si les Premières gouttes du suc pancréatique de cathétérisme possèdent un léger pouvoir protéolytique, c'est que, M'aisemblablement, du fait du cathétérisme, une trace A CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 709 ———————_—_— de suc intestinal, souillant l’orifice du canal pancréati- que, a été poussée dans le canal pancréatique et y a activé le suc pancréatique naturel absolument inactif. Si, dans la manière d'opérer de Pawlow et de ses élèves, le suc pancréatique obtenu est toujours actif, c’est qu'il s'écoule toujours en bavant sur la muqueuse duodénale greffée et s'y mélange avec un peu de suc intestinal. Ces observations de MM. Delezenne et Frouin sont fort intéressantes et méritent de retenir l'attention. Elles n’ont encore été publiées que sous forme de Note à la Société de Biologie, et il est probable que le mémoire définitif de ces auteurs les développera et les précisera. Ces observations tendraient à enlever quelque valeur aux conclusions de Pawlow et de ses élèves sur les variations du pouvoir protéolytique du suc pancréati- que naturel sécrété dans diverses circonstances physio- logiques, si le liquide recueilli n’est qu'un mélange de suc pancréatique, lui-même inactif, et de sue intestinal capable de le rendre actif. Ces observations, d'autre part, établiraient que, con- trairement à la doctrine soutenue par Pawlow, le suc pancréatique extrèmement peu actif ou inactif sur l'albumine, obtenu par fistule temporaire du canal pancréatique, n'est pas un suc pancréatique anormal, mais le véritable suc pancréatique non altéré par l'enté- rokinase, tel qu'il est sécrété par les acini glandulaires. M. Delezenne à précisément examiné l'activité pro- téolytique de ce suc pancréatique de fistule temporaire, et vérifié ce fait, maintes fois observé, de l’activité pro- téolytique nulle ou faible de ce sue. L'absence d'activité protéolytique n'aurait rien de surprenant si le suc pan- créatique naturel pur ne contient que du trypsinogène; la faible activité protéolytique qu'on lui trouve parfois ne semblerait pas s'accorder, au contraire, avec l'hypo- thèse de MM. Delezenne et Frouin. M. Delezenne examine ces sucs pancréatiques de fistules temporaires et constate que, chaque fois qu'ils possèdent un léger pouvoir protéolytique, ils con- tiennent des leucocytes, et qu'inversement chaque fois qu'ils sont inactifs, ils ne contiennent pas de leuco- cytes. Or, M. Delezenne à démontré que les leucocytes ou leurs extraitsaqueux possèdent, comme le suc intes- tinal lui-même, la propriété d'activer ou de suractiver le suc pancréatique; par conséquent le suc pancréatique de fistule temporaire, possédant un faible pouvoir pro- téolytique, le devrait à la présence anormale de leuco- cytes et serait un suc pancréalique anormal. Il est intéressant de rappeler à ce sujet les expé- riences déjà anciennes de M. le Professeur Herzen, de Lausanne, qui a établi que l'extrait de rate d'animal en digestion possède la propriété d'activer ou de sur- activer les sucs pancréatiques ou les maccrations de pancréas. Le trypsinogène peut ainsi être transformé en trypsine par un grand nombre d'agents, physiolo- giques ou expérimentaux : suc intestinal, extrait de rate, extrait de leucocytes, etc., acides, oxygène atmos- phérique, etc. Dans les conditions normales, il serait seul excrété au niveau des culs-de-sac glandulaires: et le suc intestinal serait son agent de transformation normal. Peut-être conviendrait-il de se demander si ce fait est propre à la sécrétion du sue pancréatique et si on ne le retrouve pas dans quelque autre sécrétion. On sait que les glandes gastriques, comme les glandes pancréa- tiques, contiennent dans leurs cellules non de la pepsine mais du pepsinogène; et l'on peut se demander si les cellules à pepsinogène n’excrètent pas du pepsinogène et non, comme on le suppose généralement, de la pep- sine, et si ce pepsinogène n'est pas transformé en pepsine hors des cellules productrices par l’action de l'acide chlorhydrique formé par d’autres cellules. La question ne paraît pas actuellement abordable expéri- mentalement, parce que les cellules productrices de ferment et les cellules productrices d'acide sont réunies dans les mêmes culs-de-sac sécréteurs, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE S — Sciences médicales L'agglutination dans les in feetions mixtes et le dasnestie de ces ms — Dans un récent travail. fait à l'Institut hy nique de Bonn, M. A. Castellani ‘ s'est proposé 6 de résout re les questions sui- vantes: Lorsqu'on injecte à un animal du bacille typhique et du bacille coli. son sa acquerra-t-il, vis-à-vis du bacille typhique. le même pouvoir agglutinatif que sil vec du bacille typhique, et en à-vis du bacille coli? Le début, la durée de la capacité ilinante seront-ils modifiés? Comment se comportera l'azglutination, si l'injectionn'a pas été mixte d' emblée? Les expériences ont été failes sur des lapins inoculés, soit en mème temps, soit à des intervalles variés. avec des cultures pures de deux ou de trois microorganismes : le bacille tvphique, le bacille coli et le bacille pseudodysentérique de Kruse. Le coli employé n'était asslutiné ni par le sérum typhique ni par le : sérum pseudodysentérique. D'autre part, le bacille pseudodysentérique, qui n'est pas influencé par le sérum d'un animal immunisé contre le coli. peut n'avait été inoculé qu: 1 de mème vis sera-t-il du sérum décanté pôur l'espèce dent le rôle infectant secondaire est soupconné. $ S. — Géographie et Colonisation Création d'an Conseil technique de FAgri- culture coloniale. — C2 Conseil vient d'être insti- tué auprès du Ministre des Colonies, au lieu et place du Conseil de perfectionnement des Jardins d'essais coloniaux. Présidé par le Ministre, il comprend : 1° Deux vice-présidents : l'un désigné par le Ministre des Colonies, après avis du Ministre de l'Agriculture ; l'autre. le directeur du Muséum d'histoire naturelle: % Vingt-cinq membres : cinq représentant l'Admi- nistration du Ministère; cinq, l Administration de l'Agriculture ;: cinq professeurs du Muséum; dix, choisis par le Ministre des colonies. Le Conseil devra se réunir au moins deux fois par an ; il donne son avis sur toutes les questions intéres- sant l’agriculture coloniale, qui lui sont soumises par le Ministre des Colonies, sur : l'enseignement de Yagricul- ture coloniale, l'organisation des stations sagronomiques, 141212 2 0UU e agelutiné par un sérum anütyphique énergique. Le A cille typhique n'est influencé ni par le sérum anticolibacillaire ni par le sérum antipseudodysenté- rique. Les résultats expérimentaux montrent que le sé- l'animal acquiert pour chaque microbe le MÊME pouroir agelutinalif respectif que s'il avait été inoculé avec une seule espèce. Si l'on inocule d'abord avec une espèce, puis, lorsque le pouvoir agelutina- tif a atteint son maximum pour celle-ci, arec une deuxième, la courbe du pourvoir agslulinatif pour la première n'est pas modifiée, et, le plus ordinairement, le sérum ac quie rt le pourvoir agglutinatif dans les conditicns n our la onde espèce: il peut arriver parfoi : le début de l'apparition du pouroir a2g r la deuxième espèce soit un peu retardé, et n ouvoir soit relative- ment très diminué. Les applications que faits au diagnosti icmme qu \rétend faire de c lions secondair au cours de la fièvre t ent assez sujettes à caution; du moins observations qu'il rapporte ue sont-elles pas très : antes. Il préconise : méthode de saturalion du séram par le bacille vphique, pour vérifier ensuite l: pouvoir aszglutinatif rift f. Hygiene. vol. F Lopecr4ss - éleré V'Éros dans son ascension du 25 juillet. des missions d'ordre agricole ou économique ; les me sures capables de développer les cultures dans les olonies, telles que : organisation de jardins et Station d'essais, concours, primes aux plantations: les ques tions d'élevage, d'agriculture, de sériciculture, de la protection des animaux, de la chasse et de la pêche les dispositions relatives à l'aménagement, à la conse vation et à l'exploitation des forêts, des reboisements les mesures à prendre en vue d'enrayer les épi ties, ainsi que la propagation des maladies des plantes” Le esse aériennes de la Revue : Asce sion du ? 25 Juillet 1902? chacune d' elles nous réserve : autant d'ascensions, autant de tableaux différents à contempler. Notre pre menade aérostatique du 5 juillet. de Saint-Cloud a environs de Coucy-le-Château, nous a ouvert des jou sances insoupconnées. Parti du Parc de l'Aéro-Club à 11 h. 50, lÉras ‘leva lentement au-dessus de la presqu'ile de Genne villiers. et, après y avoir plané quelque temps, trave ] au-dessus des forêts de Montmorency, F a Chantilly et Compiègne, pour atterrir finale vers 5 heures. à Trosly-Loire (Aisne), à 7_kile mètres du célèbre chäteau de Coucy. Au cours de sa pérégrination. l'aérostat atteignit 2. uis 3.500 mètres. Percant la zone des f space Adam, ment. is qui assombrissaient ce jour-là l'atmosphère de la Ssion parisienne, il nous transporta tout à coup dans m univers inconnu. Séparés de la terre par une mer apeurs, où notre nacelle semblait reposer comme uif sur l'eau, nous voguions dans un bain de lumière, au sein même d'un monde magique : detrière ous fuyait le chaos d'un immense glacier, qui couvrait flot de ses blocs amoncelés toute la contrée que venions de traverser; devant nous, vers le nord, ulait un océan d'azur, d'où émergeaient, au loin, dômes luisants, des icebergs, des Maladettes blouissante blancheur ; à l’est, une chaine de mon- es grises, ceintes de gros cirrhus moutonneux à la , nous barrait la route, tandis que, vers l’ouest, plaines bleues, vertes s'étendaient à perte de vue qu’à l'horizon; au-dessus de nos têtes ne paraissait plus rien exister que le royaume de la lumière. Ces grandes impressions n'offrent pas seulement un intérêt esthétique de premier ordre. L'esprit ne ait les éprouver sans en recevoir en même une utile incitation à la recherche. Les blèmes qu'elles posent et imposent alors intelligence sont, en effet, de ceux qui ssaillent ni le savant enfermé dans aboratoire, ni le villageois occupé es récoltes, ni le citadin afairé les rues d'une grande ville. uissante vie de l'atmosphère, ne suscitent et ne tiennent réellement méditations que que. soustrails à osordinairessen- ations terres- res, privés de pour ainsi dire, citoyens de ce monde nouveau. Et quand. ensuite, la nue se déchire, lais- sant apercevoir cà et là les forêts et les prés, l'œil emporte de cet olympe de féerie une vision inoublia- ble, en même temps que l'esprit en conserve une émotion féconde. C'est précisément pour ES provoquer chez nos com- no Trajet suivi par patriotes ces dispositions ds, dans son ascen- Morales, si favorables au ” sion du 95 juillet. progrès de la Science, que < nous avons voulu organiser un service régulier d’as- ensions en ballon libre. Nous nous appliquons prin- | ement, cette année. à déterminer un mouvement curiosité agissante vers les choses de l’aérostation nous préoccupons aussi de perfectionner l'outillage insi pouvoir mettre l'an prochain à la disposition du üblic instruit un ballon muni d'une nacelle spéciale- nt protégée contre les heurts de l'atterrissage et vue de tous les engins nécessaires pour relever ET-OISE sol, nr nousde- | venons, ntifique de la navigation aérienne. Nous espérons | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 7 par la photographie tous les détails topographiques du terrain, étudier la physique de l'atmosphère et les phé- nomènes biologiques dus à l'influence des hautes alti- tudes. Déjà nos croisières aériennes ont montré à ceux qui les ont accomplies l'absolue sécurité qu'elles ofrent aux voyageurs, l'i- nanité des pré- N jugés qui ont cours quant aux pré- E /AISWE 7 tendus Darren dan- LE S LA cop Aime 2 Lerneil ES gersde D Fatter- y rissage. La 4 descente qu'a- # vec M=° Léon Thion de la Chau- me, M!: V. Prunnot et M. Jean Javal, nous 7 avons effectuée le 25 juil- e NA let RS à bord = FE- 2 > ros, sous le commandement 7 de M. de la Vaulx, peut être citée comme la plus douce qui se puisse imaginer. Mais, même hautes questions de philo- PRISE lorsque le retour à terre s'accompa- hie naturelle qu'elle sou- Sens Ærégloy , gne de quelque « traïnage », aucun - péril n'est à redouter : nos ascensions antérieures, dirigées par les Comtes Henry de la Vaulx et Georges de Castiilon de Saint- Victor, ont montré qu'il suffit alors d'un peu de sang-froid pour rendre tout accident impos- sible. Nul doute que tel ne soit encore l'enseigne- ment de nos prochaines promenades aérestatiques. Sur les Senoussiya. — Nous avons recu, trop tard pour Finsérer dans le précédent numéro de lg Revue, la lettre suivante : « Mühlen, 20 juillet 4902. « Mon cher ami, « On m'a demandé, de plusieurs côtés, ce qu'étaient les lettres des Senoussiva, publiées dans les numéros du 15 juin et du 15 juillet de la Revue. Ce sont des extraits d'une volumineuse correspondance, saisie au Kànem, et qui m'ont été communiqués en arabe, avec une tra- duction dont je n'ai modifié que très peu de mots dans une ou deux lettres. J'espère bien que cette cor- respondance pourra être publiée complètement par la suite. Cela serait d'autant plus intéressant que notre entrée en contact avec les Senoussiva avait été pré- cédée de rapports avec de nombreuses personnalités religieuses de tous les pays voisins du Tchad. On peut done espérer que nous serons complètement fixés. dans quelques mois, sur la condition de l'Islam dans l'Afrique Centrale. A. Le Chatelier. » $ 9. — Enseignement Société des Sciences de Lille. — Cette Societ vient de procéder à la distribution solennelle des de l'année 1901. Après une conférence sur la t: graphie sans fil, faite par M. Damien, professeur Faculté des Sciences, lesprix suivants ont été déc Le prix Kuhlmann, d'une valeur de 2.000 M. Pelabon, maitre de conférences de Chimi à la Faculté des Sciences de Lille, pour ses Mécanique chimique ; — Un prix de me Laboratoire maritime du Portel, dir I professeur de Zoologie à la Faculté des Scie GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE LE QUATERNAIRE BELGE PREMIÈRE PARTIE : STRATIGRAPHIE, FAUNE ET FLORE La question du Quaternaire est certainement l'une des plus difficiles de la Géologie contempo- raine. I suffit d'ouvrir un traité général quelconque pour se rendre compte que l’ordre de superposition des différents dépôts de cet âge n'a pas encore été établi avec précision et certitude. La plupart du temps, on y distingue surtout des limons et des cailloutis classés d’après les niveaux ou les alti- tudes auxquels on les rencontre, classification qui n'a évidemment pas grande valeur stratigraphique, car la question d'altitude, bien qu'importante, est loin d'être la seule à considérer. Ce que l’on connaît peut-être le mieux, ce sont les dépôts glaciaires, moraines, blocs erratiques, boues, etc., dont l’origine, d'ailleurs, est souvent assez facile à préciser. Mais, dès qu'il s’agit des formations remontant à ce que l’on appelle assez improprement les périodes interglaciaires et post- glaciaires, on peut dire qu'il n y a plus que con- fusion et incertitude. En Belgique cependant, des progrès considérables ont été faits à ce point de vue; ils sont dus, sans aucun doute, à l'immense développement des études géologiques dans ce pays, développement provoqué » d'une carte géolo- TRS 1 par le levé, à l'échelle du 30-000 1 30 où *! dont la pré- cision, due à de nombreux sondages, est un objet d'admiration pour tous ceux qui ont eu à s’en servir. Une cause intervient encore expliquer cette magnifique progression : gique très détaillée, publiée au autre pour c'est la voie nouvelle dans laquelle sont entrés les géo- logues belges. Nous voulons parler des applications industrielles, grandstravaux de sondage, recherches d'eau et de matières utiles, etc., pour lesquels il est fait appel aux stratigraphes et grâce auxquels ceux-ci sont arrivés à connaître, avec une rigueur remarquable, la série des couches, zones et horizons dont la superposition forme le sol belge. L'emploi de la sonde, à grande profondeur, dans des cen- taines de localités du territoire, a permis d'accu- muler, au Service Géologique, une quantité extraor- dinaire de documents dont l'interprétation conduit. à une connaissance presque mathématique des périodes qui se sont succédé en Belgique. Il est résulté de tout cela que l'interprétation des dépôts quaternaires est devenue suffisamment pré- cise pour qu'on puisse en tracer les grandes lignes ne manière presque définitive. On a déjà pu y établir cinq grandes divisions stratigraphiques par- faitement justifiées. D'autre part, les remarquables travaux de MM. Delvaux, van Overloop, Rutot, etc., ont également mis au jour une série d'industries humaines plus primitives encore que le Chelléen et qui seront étudiées dans la deuxième partie de ce travail. | I. — HISTORIQUE. Nous n'entrerons pas dans de longs détails histo- riques; disons seulement que, déjà en 1858, le grand géologue André Dumont avait reconnu trois niveaux dans le Quaternaire de la Belgique, niveaux | qu'il elassait ainsi, en partant du sommet : 3, Limon hesbayen. Sable campinien. . Sables et cailloux. O2 O7 O7 = En 1885, MM. van den Broeck et Rulot, dont les études ont fait faire un si grand pas à la géologie de leur pays, reconnaissaient que des sables pré- sentant une grande analogie avec le © de Dumont se trouvaient, dans la Flandre, superposés au ê* de . Dumont. De là, la nécessité de créer un nouveau. terme, auquel les mêmes savants ont donné le nom de Flandrien. | A peu près vers la même époque, un géologue français, M. Ladrière, de Lille, était conduit, grâce | à de minutieuses et patientes études sur le terrain, à distinguer plusieurs niveaux dans les limons.. C'est ainsi qu'il divisait le Quaternaire du nord de. la France et du sud de la Belgique en trois groupes. principaux, qui sont : GROUPE SUPÉRIEUR. es ° Limon supérieur ou terre à briques. 29 Ergeron où limon jaune d'ocre, stralitié. 3° Gravier de base. GRourE Moyen. » Limon gris à Succinées, parfois marneux, parfois noirätre et cendreux. (Ce terme ne renferme pas” toujours des Succinées et, de plus, il a souvent été raviné par le gravier de base de la division. | supérieure). , 2 Limon fendillé, rougeàtre, avec fentes tapissées de rouge. (A première. vue, ce limon parait sim= plement feuilleté; mais, en en prenant un échan- üillon, on voit que sa masse se divise en une foule de petits parallélipipèdes, dont les surfaces exté- rieures sont recouvertes d'ocre rouge.) 3° Limon moucheté, avec taches noires et traces végé= lales, ° Limon panaché, grisätre, argileux ou sableux avec nombreuses concrétions ferrugineuses filiformes: | 5° Gravier de base. Dans certaines régions crayeuses; ce gravier est constitué par une quantité de frag= ments de craie plus ou moins roulés el stratifiés. Ce facies particulier à reçu le nom de préle. GROUPE INFÉRIEUR. 4° Limon noirälre tourbeux. 20 Glaise bleue ou grisätre, plus ou moins sableuse. o Sable grisätre ou roux, grossier. 49 Gravier de base, souvent très développé. . A la suite de ces travaux si remarquables, des éologues anglais, allemands et belges firent, en compagnie de leurs collègues du nord de la France, une excursion mémorable dans la région étudiée par M. Ladrière. Durant cette excursion, la parfaite exactitude des coupures faites dans les limons par le savant lillois fut reconnue. Ces idées, appliquées à la Belgique, ont donné d'excellents résultals, et l’on peut donc faire re- monter, en partie, à M. Ladrière, le grand dévelop- pement de l'étude du Quaternaire dans ce pays. Mais ces résultats eux-mêmes devaient être dé- passés. En 1895, M. Mourlon, le distingué directeur dans le nouveau terme, toute une série de forma- ions dont la grande ancienneté s'imposait, ainsi quatre périodes principales. Un nouveau niveau 'allait pas tarder à lui être adjoint. Depuis longtemps, MM. van den Broeck et Rutot avaient reconnu qu à la surface du limon hesbayen e trouve un autre limon différent du premier, ou atification et qu'il ressemble à de la poussière. lorigine éolienne de ce dépôt pulvérulent fut vite e Brabantien. Desorte qu'actuellement, l'échelle stratigraphique Quaternaire belge est la suivante, en partant du Sommut Flandrien. Brabantien. Hesbayen. . Campinien. Moséen. = 19 © Abordons maintenant l'étude détaillée de chacun de ces termes. ‘ IT. — MOosÉEN. >» L Les dépôts moséens, qui constituent le Quater- naire le plus ancien de la Belgique, présentent deux GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE 113 facies : un facies marin, localisé, et un facies con- tinental, beaucoup plus étendu. $ 1. — Facies marin. La période moséenne a été inaugurée par un affaissement du nord et du nord-est de la Belgique, affaissement qui a provoqué une invasion de la mer dans le delta de la Meuse *, qu'elle a comblé en par- tie de ses dépôts. Un soulèvement de l'Ardenne l’a ensuite chassée de sa nouvelle position; elle s’est alors retirée vers la Hollande. L'ensemble strati- graphique des formations sédimentaires dues à cette mer est le suivant, d’après M. Mourlon : A la base, un faible gravier, au-dessus duquel se trouvent des sables blancs d'origine marine, ainsi que des alternances de sable el d'argile sableuse, avec des lits tourbeux et des débris de végétaux, le tout étant surmonté de cailloux. Les dépôts lagunaires renferment, outre des vé- gétaux, de très rares débris de bisons et de Cervidés. Les sondages suivants”, exécutés sous la haute direction de M. Mourlon, montrent, d'après ce savant, l'importance des sédiments marins du Moséen dans la Campine : Puits artésien de la colonie de Merxplas. MÈTRES Fienirien EP RME 3,20 112.005 90 Pons GHAS NT 71:35 DRARARE MOSÉEN AREA TS RS 05 LA: VuA 60 | g1s. . 21,10 42,90 Plone ( sup. Pæœderlien. Po . . 18,10 2% 5% )linr. Dieslien. . D}... "66,80 84,90 Total. . . 134,00 Sondage de Strijbeck. Rlandrienes er neg£ 20m 16100280 rl gas... 0,30 LS 0,60 glas. . 0,10 gAS et OUAED CIE 6,00 JISENE 6,20 g1sa. 0,20 L ASUS 0,90 Dune. Moséen . . .. de 2 0,30 qis . 0,60 gla . 3,80 TLSE 4,00 qgla . 0,20 qis . 3,80 q1s(i 4,50 g1s 12,50 \ # 0 \ qlm l) 14,50 9,10 DONC .7:62,50 # M. Mocrox : Les mers quaternaires en Belgique, d'après l'étude stratigraphique des dépôts flandriens et campiniens, et de leurs relations avec les couches tertiaires pliocènes. EVLE Acad. roy. de Belq., 3° série, t. XXXII, 1596. 2 M. MourLon : Essai d'une monographie des dépôts marins et continentaux du quaternaire moséen, le plus S < ien de la Belgique. Ann. de la Soc. Géol. de Belg., . XXV bis, 1900. 5 M. MourLon : Essai d'une monogre He des dépôts mo- séens,.… etc. QUATERNAIRE BELGE 714 GEORGES ENGERRAND — LE Les sondages de Hoogstraeten, Baerle-Due, Wortel, lui ont d'ailleurs fourni des résultats ana- logues. Mais, des doutes ont été émis au sujet de la nature des sables de Moll, formation considérable que M. Mourlon range dans le Moséen marin. M. Lorié!, géologue hollandais, les considère comme fluviaux. Il est cependant certain qu'une faune assez riche de Mollusques marins à été recueillie” dans les sondages de Worteel, Postel, Strijbeek, ainsi qu'on en peut juger par la liste suivante due aux déter- minations de M. E. Vincent : Nassa sp.?; Nassa sp.?: P urpura (Polytropa) lapil- lus L.; Cerithium tricine {um Br.; Littorina littorea L.; Litiorina rudis Maton; Hydrobia ulvæ L.; Calyp- trœa sinensis L.; Natica millepunetata L.; Natica sp”; Pecten opercularis? V..:;: Mytilus edulis L.; Pec- tunculus glycimeris? L.; Yoldia semistriata Wood; Cardita scalaris Nyst; Cardita corbis Phil.; Astarte sp.?; Woodia digitaria L.; Cardium edule J. Sow.; Cardium decorticatum S. Wood; Cyprina sp.?; Dosi- nia exoleta L.; Tapes sp.?; Solen siliqua? L; Mactra arcuata? J, Sow.; Mactra sp.?; Mya arenaria L.; Cor- bula gibba Nyst, var. rotundata J. Sow. : Corbulomya complanala J. Sow.; 1'holas parva? Penn. : Lucina divaricala L.; Tellina Benedeni? Nyst.; Syndosmia Sp.?; Scrobicularia piperata L. Dumont avait d'ailleurs déjà reconnu la nature marine des sables de Moll, et, d'autre part, les sables de Waltwilder, dans lesquels des tubula- tions d'Annélides ont élé trouvées, paraissent bien marins. Néanmoins, M. Lorié® pense que sont remaniés du Pliocène pœderlien; ils semblent, en effet, un peu roulés. MM. van den Broeck' et Delvaux® ont émis quelques hypothèses au sujet de l'origine des sables blancs de Moll. Pour le premier, ils seraient ces fossiles dus à la désagrégation des grès landéniens supé- rieurs, signalés, par lui, en Campine; mais M. van den Broeck, avec beaucoup plus de raison, pense qu'ils pourraient provenir du sable supérieur à l'argile rupélienne R?c, si développée dans le Lim- bourg. M. van Ertborn*, adoptant un système de grandes ! Petermann's Geogr. Mittheilungen, 1898, fase. I, p-"28. * M. MourLox : Compte rendu de l'excursion géologique en Campine des 23, 24 et 25 septembre 1900. ZuJl. de la Soc. belge de Géol., 1900, * J. Lorté : Mes observations sur le système moséen de M. Mourlon. Bull. de la Soc. belge de Géol., 1900. E. van DEN Bnorck : Note préliminaire sur le niveau stra- tigraphique et la région d'origine de certains blocs de grès quartzeux des plaines de la moyenne et de la basse Bel- gique. Soc. belge de Géol., 1895. E. Decvaux : Description sommaire des blocs colossaux de grès blancs cristallins, dont la rencontre a été signalée par l’auteur, dès 1867, en différents points de la Campine limbourgeoise. Ann. de la Soc. géol. de Belqg., 1881. * D. van Errsonx : Contribution à l'étude du Quaternaire : Belgique. Bull. de la Soc. belge de Géol., 4902. élablies avec de nombreux documents, diminue l'importance du Moséen marin. D'une manière générale, il le fait commencer par. un cailloutis hétérogène à ossements de Cétacés| remaniés du Pliocène, qui correspond à la couches à Æiephas antiquus du fort d'Hoboken, ainsi qu'aux gros blocs de grès blanc du Limbourg et aux cail= loux fluviaux des ballastières de la Campine. Des sorte que les sables blancs de Moll deviennent du Diestien (Pliocène inférieur), du facies de Casterlé.n D'après le travail de M. van Erthorn, la cou che à gros éléments repose sur le Pœderlien, à Wuestwezel, el le Moséen y est représenté par 60 mètres de couches légèrement sableuses, avec. débris de végétaux. Quoi qu'il en soit, il paraît suffisamment démon“ tré et admis que le Quaternaire belge a été inau= guré par une invasion marine locale dans le deltan de la Meuse, invasion qui à coïncidé avec une nouvelle occupation de la mer du Nord, dont le : fond avait été soulevé à la fin du Pliocène ! coupes graphiques, $ 2. — Facies continental. Le Moséen continental, dans toute la haute et la. moyenne Belgique, est constitué par deux graviers entre lesquels viennent s'intercaler soit des sable à stratification fluviale, soit une glaise verte. Le. sable constitue l’alluvion de plein courant, la glaise L représente les dépôts des rives. Il faut considérer l'important cailloutis qui semble constituer la bas du Moséen comme datant de la fin de l'époqu pliocène”; mais, comme nous le verrons plus loin, i renferme la première industrie humaine du Quater naire belge. # Dans les Flandres, c’est directement sur l'argile panisélienne que repose principalement le cailloutis | dit de base du Moséen, ainsi qu'on peut s'en rendre | compte en étudiant la chaîne des collines située à | l'est d'Ypres. Dans le groupe des collines du nord | (Ursel, Knesselaere, Maldeghem, Somergem), le | cailloutis repose sur le Tongrien ”. | Aux portes mêmes de Bruxelles, un im porte dépôt ossifère a été découvert par M. Mourlon’, dépôt qui se trouve dans des conditions toutes | particulières de gisement. Ce savant en fait du Moséen, tandis que M. Rulot le considère comme immédiatement antérieur au Moséen continental, A. Ruoror : Note sur la découverte d'importants gise- ments de silex taillés dans les collines de la Flandre octi- | dentale. Comparaison de ces silex avec ceux du Chalk- 1e A du Kent. Bruxelles, Hayez, 1900, . Ruror : Nouvelles observations sur le Quaternaire 5 l la Rte Bull. de la Soc. belge de géologie., 1901. | A. Ruror : Note sur la découverte d'importants gist- | ments de silex taillés…, etc. } | ‘M. MourLon : Æssai d'une monographie des dépôts |. À \ | moséens..., etc. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE c'est-à-dire qu'il appartiendrait au Pliocène supé- Bien qu'un grand nombre d'ossements de ce gite ient été dispersés par les ouvriers, M. Mourlon a cependant en recueillir quelques-uns qui ont été terminés par M. de Pauw. Cette liste ne comporte malheureusement pas pèces caractéristiques, les molaires d'éléphant de rhinocéros ne sont pas parvenues jusqu'à nous ; aussi M. Rutot croit-il que, pour tirer tout le ti possible de la découverte d'Ixelles, une nou- velle étude très minutieuse de ces matériaux a véritable faune du Moséen continental a été lécouverte, dans le gravier de base, aux environs lAnvers. Les travaux du fort d'Hoboken ont, en ffet, permis d'exhumer un squelette presque com- et d'Ælephas antiquus et des fragments de iächoires de Æhinoceros Merkii; enfin quelques estes de l'Æippopotamus major ont été dragués lans la Dendre, à Liedekerke. - Le dépôt du Moséen continental correspond à une crue de 40 mètres de hauteur, due à la fusion le la calotte de glace du premier glaciaire quater- naire ‘, c'est-à-dire à une partie de l'interglaciaire durant laquelle le climat paraît avoir été doux. - La légende de la carte géologique de la Belgique pour le Moséen, telle qu'elle a été provisoirement optée par la Commission géologique”, en 1900, vant être considérée comme inexacte, M. Rutot? t d'en proposer une nouvelle plus logique et S claire, ayant le grand avantage d'être d'accord ec les faits : MoséEen (1/q). Facies flavio-marin. Cailloutis fluvial des ballastières de la Cam- pine, à 1ndustrie mesvinienne. g1x. Alternances de sable argileux et d'argile Sableuse avec lits de tourbe à végétaux et débris de bisons et de Cervidés (lagunaire). qg1id. A. Ruror : Sur l’âge des gisements de silex taillés décou- sur le territoire ( des communes de Haine-Saint-Pierre, Ssaix, Epinois, etc., canton de Binche, province de Hai- ut (Belgique). Bull. de la Soc. d'Anthr.de Brux., 1899. à Légende de la Carte géologique de la Belgique, à l'échelle 1 000 : 2411. de la Soc. belge de Géologie, 1900. oici cette légende : Mos£ex (g1). Argile pailletée, grise et noire, devenant sableuse (g1as) et passant au sable, avec lits tourbeux intercalés.— Bois de Cervidés et restes de Bison. Sable blanc, quartzeux, légèrement pailleté (sable de % Moll), devenant parfois argileux (g{sa). Cardium | edule, Mya arenaria, Cerithium, Corbula. Un: Limon non ossifère des hauts plateaux de la Sambre et de la Meuse. T{m, Cailloux ardeunais et cailloux de silex des niveaux , supérieurs. Ja. à Nouvelles observations sur le quaternaire..…, etc. & F7 715 2. Sable blanc, stratifié, inférieur au cailloutis de la Campine . . . .. qg1lb. 1. Cailloutis hétérogène à ossements remaniés de Cé tacés pliocènes, COR A ES LL iqta Facies continental. 4. Caïlloutis supérieur à galets roulés ou à rognons et éclats de silex, avec industrie mesvinienne , qg1x 3. Glaise (argile plus ou moins sableuse, sou- vent verte ou panachée vert et rouge) en couche ou en lentilles. g1o, 2. Sables plus ou moins grossiers stratifiés, à industrie reutelo-mesvinienne. Couche à Elephas antiquus d'Hoboken. gln. 1. Cailloutis de base des basses altitudes(terras- ses inférieures des vallées) avec végétaux et industrie reutelo-mesvinienne. , , . . qim. IT, — CaMPiNIEN. Le Campinien était considéré par Dumont comme la partie la plus ancienne du Quaternaire. Tous les dépôts de cette période sont uniquement fluviaux. En effet, la continuation du soulèvement du nord de là France et des Ardennes, qui avait chassé la mer moséenne, avait donné lieu à l’éta- blissement d’un régime hydrographique torrentiel, avant occasionné d'abord une érosion, puis une sédimentation. Tout le Campinien se compose donc principalement de sables, de glaise et de cailloux. Le soulèvement qui a provoqué la formation de ces fleuves à allure torrentielle a dû être assez con- sidérable, car le Campinien correspond exactement à la phase extrême du creusement des vallées ‘. Une partie des cailloutis des basses altitudes et ceux de l’extrème fond des vallées sont de cet âge. Tous ces dépôts sont riches en fossiles. Parmi les Vertébrés, citons principalement : Ælephas pri- migenius, Rhinoceros tichorhinus, Equus caballus, Ursus spelæus, Hy æna spelæa, Bison europæus, Megaceros hibernicus*. Les Insectes ont fourni plus de 2.000 individus conservés dans la tourbe des carrières de Soignies. Une partie de ces in- sectes, les Carabes, étudiés par M. de Lapouge, ont déjà fourni des résultats très intéressants. Il y a été reconnu des formes identiques ou voisines de celles qui vivent actuellement dans la région, des formes alpines, des formes voisines de celles de l'Amérique du Nord, enfin une forme nouvelle *. Par une coïncidence naturelle, les Insectes du niveau supérieur de cette tourbe prennent une coloration uniformément noire, indice d'un climat froid. Ce fait s'explique d'autant mieux que l'époque campinienne coïncide avec le second envahisse- ? A. Ruror : Les origines du Quaternaire de la Belgique. Bull. de la Soc. belge de Géol., 1897. ? A. Rurot : Sur la distribution des industries paléoli- thiques dans les couches quaternaires de la Belgique, C. R, du Cong. int. d'Anth. et d'Arch. préhist., XII° session, Paris, 1900. * Renseignements de M. A. Rulot, 716 GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE ment des glaces, lesquelles ne sont pas venues jus- qu'en Belgique, mais dont l'influence s'est naturel- lement manifestée par un abaissement important de la température. Récemment, dans les travaux des Installations marilimes de Bruxelles, M. Rutot a rencontré, outre la faune du Mammouth, une importante faune de Mollusques terrestres et fluviatiles (plus de trente espèces et de nombreux végétaux). Quant à la répartition géographique des dépôts campiniens, on peut dire qu'ils occupent nalurel- lement le fond des vallées, sauf dans le nord-ouest du pays où ils s'étendent plus largement sur la plaine. A la légende officielle du Campinien ", M. Rutot ? proposa de substituer la suivante, plus précise : CAMPINIEN (2). Cailloutis des basses altitudes et de l'extrème fond des vallées (galets roulés ou éclats de silex), à faune de Mammouth bien caracté- ESS risée, à 2adustrie acheuléenne. AU AGE 3. Tourbe avec végétaux ligneux (faune du Mam- mouth, insectes, 1ndustrie acheuléenne) . gt 2. Glaise (argile sableuse) en couches ou en len- DULES SERRE MARNE CR TEE Per DE 1. Sables plus ou moins grossiers, à faune de Mammouth et à 2adustrie chelléenne. Sable vaseux du « marais de Lierre » , d'y2m: IV. — HESBAYEN. La fonte des glaciers * des Alpes et des Vosges provoque, dans les vallées du Rhin, de la Moselle et de la Meuse, une immense crue qui recouvre une grande partie de la Belgique et qui y dépose un manteau uniforme de limon stratifié. Les eaux qui coulaient autrefois vers le Nord avaient leur chemin barré par la calotte de glace dont la limite se trouvait vers notre frontière septentrionale; elles durent donc obliquer vers l'Ouest, et, grâce à l'absence de pente, elles inondèrent tout le pays. Le limon déposé par la crue hesbayenne est gris à l'état normal, et brun plus ou moins clair quand ! Légende de la Carte géologique de la Belgique, etc. Voici cette légende : CAMPINIEN (q2). Elephas primigenius, Rhinoceros tichorhinus. Silex taillés . tlautres vestiges de l'industrie humaine. g20. Eléments divers, remaniés, d'origine voisine. g2s. Sable quartzeux, blanchätre, jaunâtre et grisâtre, généralement graveleux, avec quelques cailloux, devenant argileux (qs24) et passant à l'argile (q2a). g2n. Sable grossier, gravier et cailloux de silex et de roches primaires. g2m. Cailloux ardennais et cailloux de silex, des flancs supérieurs des grandes vallées. g2le. Minerai de fer d'alluvion (Maramouth). L. Tourbe et sable tourbeux A. Ruror Nouvelles observations sur le quater- re, etc. \. Ruror : Sur l'âge des gisements de silex taillé, etc. il est oxydé; la partie supérieure, décalcifiée par les eaux de pluie chargées d'acide carbonique, constitue une excellente terre à briques. Une simple analyse du limon et de la terre à briques montre bien ce phénomène de décalcification. Le limon incomplètement décaleifié ne contient que 6,87 ‘4 de carbonate de chaux, tandis que le limon normal! en renferme 13,57 °/6. 5 ; Dans les Flandres, le limon hesbayen se terming ordinairement par un lit de tourbe qui atteste l'existence d'un régime tranquille vers la fin de le fondes et contenant une eau pure. La masse du limon contient trois fossiles prins et Pupa muscorum. Ces coquilles terrestres, qui vivaient dans les herbes, ont dù être entrainé limon *. l Le dépôt du limon hesbayen s'est fait souvent jusqu'à une hauteur voisine ou supérieure de la crète de partage des eaux. Le pays devait être alors, recouvert par une immense nappe d'eau, d’où émergeaient seuls le Luxembourg jurassique et les Ardennes. On retrouve le limon jusqu’à des altitudes 260 mètres ; sur les bords de la Meuse et de 5 affluents, il atteint souvent une épaisseur de 15 à! 20 mètres. Dans la vallée de la Lys, on le retrouve depuis la cote — 5 jusqu'à la cote + 140”. Dans les régions basses telles que les Flandr la vallée de la Haine et, d'une manière générale dans tout le pays situé au Nord de la ligne Mae tricht-Bruxelles-Tournai, la partie inférieure du limon est souvent chargée de sable gris bleu dE | qui devient jaune dans les affleurements. . Il est évident que cette invasion hesbayenne a coincider avec un affaissement important du sol, qui s'est fait sentir jusque dans le Condroz et les Ardennes. Ce n’est qu'ainsi que l'on peut s'expli-| quer la distribution du limon à des altitudes si! variables. Quant à l'origine du limon lui-même, M. Rutot pense que les éléments en ont été fournis, en partie, par la masse épaisse des résidus d'altéra- lion qui recouvrent le calcaire jurassique impur formant ceinture autour des Vosges. Actuellement, ces mêmes résidus reformés sur place ressemblent, à s'y méprendre au limon quaternaire*. A. Rurot : Teneur en carbonate de chaux du limon gris\n quateroaire, Bull. Soc. belge de Géol., 4896. M * A. Ruror: Les origines du quaternaire.…., ete. * A. Ruror : Sur la distribution des industries.., etc: “ A. RuTorT : ÂVote sur la découverte d'importants! gisements, etc. le : Enfin, le tout est surmonté par des cailloutis calisés, formés d’éclats de silex, prouvant que le A la légende du Hesbayen adoptée officiellement 1900 *, M. Rutot a, en 1901, proposé de subs- er une légende mieux en rapport avec la réalité es faits” | HESBAYEN (95). . Kacies des hautes et des moyennes altitudes. -Cailloutis localisé, formé d'éclats de silex. Industrie éburnéenne . . . . . qox. Miourbe. . . . MSP CS FaN 1e qe. b. Limon gris à Succinées . . . . . - . - VCTIE 2 .) 3° Limon fendillé . 40. 2, Limon moucheté, avec Helix hispida, Suc- cinea oblonça, "Pupa muscor um, : qgon. de Limon panaché, id. q?m. - Facies des basses altitudes. 2, Cailloutis localisé, formé d'éclats de silex. … Industrie éburnéenne . dx. Sable meuble vers le bas, plus où moins limoneux vers le haut. Facies altéré cou- leur gris jaune. Facies normal, couleur gris bleu foncé . goss V. — BRABANTIEN ‘ s grande partie du Brabant et dans la Hesbaye. ilvérulent, sans stratification aucune, ce limon t d'autant plus intrigué les géologues belges il était séparé du Hesbayen par un très léger lit cailloux, sans grande constance d’ailleurs. van den Broeck et Rutot le Sn memes A. Ruror : Origines du quaternaire de la Belgique... etc. Légende de la carte géologique de la Belgique..., etc. loici cette légende : HESBAYEN (q3). Cailloux, gravier, sable et tourbe du fond des vallées principales. Limon non stratifié, friable, homogène, jaune-cha- mois, avec éclats de silex, cailloux et graviers sporadiques à la base. C'est là le nouveau Braban- tien que nous allons décrire. Limon grisâtre et brunâtre, stratifié, des flancs iuférieurs et moyens des vallées principales et des plaines moyennes. Limon gris à Helix hispida et à Succinea oblonga. Parfois tourbe ({) au sommet. 13ms. Sable quartzeux, stratifié, devenant parfois limoneux LU et passant au limon sableux. # À. Ruror : Vouvelles observations…., etc. W DE. van Dex Brorck : Note sur l'origine probable du imon hesbayen ou limon non stratifié homogène. Bull. Soc. |belge de Géol., 1897. A° Ruror : Sur:la distribution des industries. A, Ruror : Vouvelles observations.…., elc. ; etc. FA GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE 717 aussi l'avis de M. Clément Reid, lors d'une excur- sion qu'il fit avec M. van den Broeck. Le dépôt de ce limon se serait simplement fait par une sorte de placage sur le Hesbayen. Les vents secs venus de l'Est accumulaient, taines régions, le limon desséché qu'ils avaient enlevé à la partie supérieure du Hesbayen. Le même phénomène ne peut plus se reproduire actuellement, car la partie superficielle du limon hesbayen a été décalcifiée par les eaux de pluie, transformation qui l’a rendue plus cohérente. Selon M. van den Broeck, un phénomène ana- logue se produirait de nos jours, dans la Campine limbourgeoise, où le sable flandrien transporté par le vent se trouve souvent plaqué sur les alluvions modernes et recouvre quelquefois la végétation dont l'existence se trouve attestée par des lits noi- râtres. D'ailleurs, le phénomène éolien a été constaté sur une bien plus grande échelle par von Rich- thoffen en Chine, Virlet d'Aouste au Mexique et Thoburn dans l'Indoustan. MM. Half et Sardeson ont aussi remarqué la formation de dépôts éoliens dans le Minnesota oriental’. Citons encore des formations du même genre dans l’île de San Cle- mente (Californie). Les causes de ce phénomène si curieux ne sont certainement pas encore bien élucidées, de sorte qu'on peut encore y faire quelques objections ®. Quoi qu'il en soit, l'épaisseur du Brabantien en Belgique n’est pas assez considérable pour qu'il soit difficile d'admettre son origine éolienne. Jus- qu'ici le Brabantien n'avait pas encore été constaté sous le Flandrien. Grâce à M. Rutot, cette lacune vient d'être comblée d’une facon particulièrement indiscutable. C'est dans les carrières d'Ecaussines (Hainaut) que le savant conservateur au Musée d'Histoire naturelle a pu constater et nous faire constater, dans une magnifique coupe quaternaire, l'intercalation du limon homogène brabantien, ayant ici une épaisseur de 3 mètres, entre le Flan- drien et le limon stratifié hesbayen. Nous donnerons d’ailleurs cette coupe un peu plus loin. Voici la légende du Brabantien, 1901, par M. Rutot*: dans cer- proposée en (g4). 1'. Facies « terre à briques » par décalcari- BRABANTIEN sation superficielle . . . A qA(n). 1. Limon homogène, non stratifié, pulvéru- lent, d’origine éolienne . . . . . . . . 14m. £ Hazr et SArDeson : Eolian deposits of eastern Minnosola (Bull. of the Geol. Survey of America. Rochester, 1898, vol. X). 2 A. pe LapparenT : Traité de Géologie. Paris, 1900, p.1610. 3 À. Ruror: Vouvelles observations. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE MIS FLANDRIEN. Cette cinquième et dernière période est marquée par un nouvel envahissement marin de la partie Nord-Ouest de la Belgique. C'est un mouvement d'affaissement, succédant à l'exhaussement de l'Ar- tois ayant marqué la fin du Hesbayen, qui a provo- qué l’arrivée de la mer flandrienne. Un nouveau soulèvement en cause le départ, ce qui met fin à la période flandrienne. L'envahissement n'ayant eu lieu que dans une partie localisée de la Belgique, il s'en suit que les dépôts de la période que nous considérons sont de deux sortes : d’une part, des dépôts marins, d'autre part, des dépôts fluviaux. Comme nous l'avons déjà dit, MM. van den Broeck et Rutot*, que le terme & de Dumont, correspondant à son 3 ou c'est en 1885 que frappés de ce fait Campinien, se trouvait souvent superposé au à Hesbayen, créèrent le terme de Flandrien, à cause du remarquable développement de ce niveau dans les Flandres. S D] 1. — Facies marin *. La série des dépôts marins du Flandrien débute par un gravier de base, quelquefois remplacé par un sable grossier avec lils d'argile, à faune marine, auquel succède un sable meuble et des alternances de limons et de sables limoneux. La carte que M. Rutot a jointe à son remarquable du Quaternaire de la Belgique » montre très nettement l'extension de la mémoire sur les « Origines mer flandrienne. Comme on peut le voir, les parties les plus profondes de cette mer coïncident presque toujours avec les vallées actuelles des rivières. En effet, la mer flandrienne avait envahi tous les cours d'eau formant le régime hydrographique de la Belgique, à la fin de la Une zone de grande profondeur existe également tout période hesbayenne. le long de la côte belge el dans la Flandre francaise. C'est ce qu'ont démontré les nombreux sondages faits un peu partout. D'après MM. Gosselel el Meugy, de Calais a donné 18 mètres de Flandrien, Dunkerque 29,21. En 18,20 à Furnes, 26",50 à Blankenberghe *, 2 le puits artésien celui de 3elgique, on en à trouvé AT LL ),) ! Ruror et van DEN Brorck : Note sur la nouvelle classifi- cation du terrain quaternaire dans la basse et la moyenne Belgique. Soc. Roy. Malac., 4885 ? A. Ruror : Nouvelles observations: etc. % A. Ruror. Note sur quelques points nouveaux de la géologie des Flandres. Bull. de la Soc. belge de Géol,, 1895, Sondage de Blankenberghe. MÈTRES : alq. Sable meuble coquillier 2,30 Dépôts moderne 4 TR | k 4 72e Ne \ alp1. Argile inférieure des polders. 0,60 fr à rs DRE Alternance d'argile et de res (sable fin. x 158 1 10 A reporter. | 4,00 à Bruges, tandis qu'à Flessingue n'en trouvait RE que 8 mètres. (Hollande), M. “4 w aient élé souvent assez ne de la A de part des eaux. Le sommet des collines de Zonnebeke, | Paschendaele, West-Roosebeke, Staden, Cool: camp, Eeghem, Pitthem, Thielt devait être émerg car le Flandrien s'y arrête à une certaine hauteu tandis que le Hesbayen continue encore son ascen= Sion. Comme l'indique la carte de M. Rutot et comme nous l'avons déjà dit, la zone des grandes profon: deurs de la mer flandrienne présentait un certain, nombre de diramations correspondant aux vallé | des rivières. | présente 20 mètres de Flandrien à Audenaerde: Dans la vallée actuelle de la Dendre, qui av. | autrefois bien plus d'importance, les profondeurs à Ninove, Alost et Termonde varient de 10 à 14 et 20 mètres. La vallée de la senne nous montre de 40 à 15 mètres de ce terrain à Bruxelles, landis q Louvain, dans la vallée de la Dyle, l'épaisseur celui-ci est de 11 mètres. Dans toutes les autres régions du sol belge qui ont été couvertes par les eaux flandriennes, ] profondeur des dépôts oscille constamment entre 2 et 6 mètres. ] Lors de l'affaissement qui à produit l'irruption | de la mer, celle-ci a raviné la tourbe formée dura l'ère de tranquillité qui à terminé la période hesbayenne ; cette tourbe se trouve souvent à l'éta remanié à la base du Flandrien. On pense que l'affaissement n'a pas dû être infé rieur à 15 ou 20 mètres; un gigantesque ensab ment, compliqué d'un mouvement d'émersion la mer. Ce dernier mouvement expliq très bien les différences, parfois considérables, q l'on constate dans les dépôts hesbayens et fl driens. Tout semble démontrer que ce mouvement a été surtout considérable autour du bassin oc | par la mer flandrienne. Deux phénomènes extrêmement importants mar- quent la période flandrienne’. C’est d'abord une ! chassé | Report . t-Tourbespure "#7 alr1. Sable plus ou moins argi- leux . : Sable gris coquillier = ae Sable fin coquillier, glauconieux vers le bas. ARE Argile plus ou moins sableuse . Dépôts modernes de la plaine ma- : ritime. l‘landrien. . Panisélien Yprésien . : EN Sable gris pale, fin, aquifére . ; Total . ‘A, Ruror : Les origines du Quaternaire, ele. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE 719 réapparition des glaces. M. Delvaux a trouvé, dans | De second fait, plus important encore, c’est la ne définitive de RE d'avec le con- à Séparation. Etudiant l'allure du littoral, M. Rutot le considère comme la rive droite d'un fleuve qui ches que la mer rejette sur les plages et qui sem- e indiquer qu'a une cer Dee SRAnce DE rNeBe eaux marines ont dû pénétrer dans la rivière; rosion y devint très active et finalement la sépa- tion fut définitive et s'accrut tous les jours par S attaques de la mer et les éboulements des fa- horhinus qui serencontrent en Angleterre, mon- ent bien qu'encore à la fin du Quaternaire l'ile t rattachée au continent. es fossiles marins du Flandrien comprennent formes actuelles et des formes remaniées de jocène et du Pliocène. $ 2. — Facies fluvial du Flandrien. es dépôts fluviaux du Flandrien sont composés terre à briques qui le surmonte. Ce limon, géné- alement très sableux, renferme quelquefois: Helix 4 jpida, Pupa muscorum et Succinea oblonga. ’ergeron est assez localisé en Belgique; il ne se trouve guère qu'au sud et au sud-ouest du pays, Mais il est remarquablement développé dans le ord de la France. Quant à à l'équivalence des dépôts marins et con- limentaux du Flandrien, on peut la considérer ES démontrée. | Ala légende officielle du Flandrien', M. Rutot a “Légende de la carte géologique, etc. Voici cette légende : FLANDRIEN (94). [0 Sables avec zones limoneuses des Flandres. Supérieur où remanié de la Campine. Sable substitué la légende que nous reproduisons ci- dessous ! FLANDRIEN (45). Facies marin. 3. Limon et sable à zones limoneuses. god. 2. Sable meuble à faune marine . g>b. 1. Gravier, sable grossier avec lits d'argile à faune marine. AVS go a. Facies continental. 2. Terre à briques. . . 40 Facies limoneux à Helix et Succi- 1. Ergeron. DÉPSE qon. Facies sableux. jm. VII. — MopERNE. M. Rutot est arrivé à une connaissance précise des sédiments qui se sont déposés le long du litto- ral durant l'ère moderne*. C’est ainsi qu'il a pu distinguer plusieurs séries successives de forma- tions, et l'histoire est venue, plusieurs fois, confir- mer ses interprétations. Les sédiments de l'ère moderne qui se trouvent le long de la plaine maritime indiquent pour cette région les phases suivantes Lorsque la mer flandrienne s’est retirée, elle est allée de plusieurs kilomètres au-delà de ses pre- mières limites. Des lagunes se forment à la place qu'elle occupait précédemment; ces lagunes se rem- plissent peu à peu d'eau douce où se développe une tourbe abondante dont l'épaisseur maximum atteint de 5 à 7 mètres. Cette période n'a pas duré moins de 6.000 ans; elle s'étend de la pierre polie au vi® siècle environ. Jules César, dans ses Commentaires, signale l'existence de cette tourbe. D'ailleurs, on y a trouvé des instruments en silex et en os ainsi que des poteries, monnaies et médailles romaines qui se rencontrent au sommet. La période suivante est marquée par un envahis- sement de la mer, qui couvre toute la région jusqu'à Bruges et qui dépose de fines alternances de sable et d'argile contenant, en abondance, des coquilles analogues à celles que l’on trouve, de nos jours, sur nos plages. Ces coquilles sont principalement : Scrobicularia plana; Cardium edule; Mytilus edu- Sable limoneux passant au limon sableux (Zeem des ouvriers). Limon finement sableux, peu développé, de la région du Démer. Limon gris, avec coquilles fluviatiles, en lentilles dans le sable. Zrgeron du Hainaut. g4m. (Facies marin). Sable meuble à grains assez gros, de couleur jaune ou grise, avec alternances limoneuses. Argile coquillière et graviers à la base. g4sl. Sable quartzeux, stratifié, très meuble, avec alter- nances limoneuses. É Tourbe. 4 À. Ruror : Vouvelles observations, etc. ? A, Ruror : Les origines du quaternaïire; etc. 720 GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE. lis; Ostrea edulis. La mer se retire, de nouveau, bien au delà de ses limites actuelles. Les popula- tions d'origine germanique commencent à envahir la région; c'est alors que se forme l'argile inférieure des polders. Peu à peu, le desséchement se poursuit, et bien- tôt tout le sol est conquis provisoirement. Cette période s'étend, à peu près, jusqu à lan 1000. C'est alors que se produit un affaissement ayant la Hollande pour centre; il en résulte un envahisse- ment de la mer qui s'étend jusqu'à Bruges. Dans cette mer, se dépose un sable jaune grossier ayant de 4 à 2 mètres d'épaisseur et contenant la faune actuelle. C'est au même momentque se forme le Zui- derzée et que se fragmentent les iles de la Zélande. Nouveau départ de la mer, suivi du dépôt de l'argile supérieure des polders, dans les lagunes qu'elle a laissées. Une autre cause intervient encore pour expliquer ces formations. Les guerres meur- trières dont cette contrée a été le théâtre, incitent les combattants à ouvrir les digues et à noyer ainsi le pays sous les eaux, au sein desquelles cette argile se dépose, en partie. Enfin, de nos jours encore, dans les régions non endiguées, la même argile se forme : elle renferme des Lymnées, des Planorbes et des Hydrobies. Ci-dessous la légende des dépôts modernes, pré- sentée par M. Rutot et acceptée par le Conseil de la Carte géologique‘: QUATERNAIRE SUPÉRIEUR OU MODERNE: Dépôts de la plaine maritime. Sp. Sable de la plage et galets. ale. Sable entrainé par la pluie et les vents, ou remanié artificiellement. UV. Dunes du littoral. alp2 Argile supérieure des polders. alq. Sable meuble à Cardium, avec linéoles argi- leuses vers le-haut, parfois lit tourbeux et graveleux à la base. alpl. Argile inférieure des polders. alr2. Sable argileux gris foncé; alternances minces de sable et d'argile grise sableuse, avec lit de Serobicularia plana vers le sommet; par- fois argile foncée ou verdätre à la base. alr2s. Sable blanc ou jaunâtre stratifié, avec nom- breuses coquilles marines, notamment /olas candida. alr2t. Sable gris argileux avec taches de tourbe et débris de végétaux. (HS Tourbe. alr1.. Sable gris bleuâtre à grains moyens. En dehors de la plaine maritige, les dépôts mo- dernes sont largement représentés par les alluvions des vallées ; voici la légende des dépôts continen- taux : Dépôts continentaux. Dépôts limoneux des pentes, ale, ; Eboulis des pentes et formations détritiques. (Eh ‘ Légende de la Carte géologique, ete. tf. Tufs. UV Dunes continentales et sables éoliens. alim. Alluvions modernes des vallées. alle. Alluvions ferrugineuses. all. Alluvions tourbeuses. ba Tourbe. VIII. — CONCLUSIONS STRATIGRAPHIQUES. Pour nous résumer d'une manière suffisamment claire, considérons la coupe de la figure", prise dans la carrière de Thiarmont, à Ecaussines (Hainaut). Celte coupe magnifique nous montre la super position de quatre termes du Quaternaire : 1° le“ Moséen, représenté par les cailloutis inférieur eb supérieur, séparés par des sables fluviaux ; 2° le Hesbayen typique; 3° le Brabantien; 4° le Flan: TN + Fig. 1. — Coupe de la carrière de Thiarmont. (: . Terre à briques. Flandrien . .4B. Ergeron. lc Gravier fin. Brabantien. . tifié. :. Limon argileux stratifié. F. Gravier supérieur. 4 5. Sables fluviaux, à stratification enl croisée. A E D. Limon pulvérulent, jaune brun, non stra= E Hesbayen [() Moséen. . H. Gravier de base. 7 : I. Sables et argile plastique. Wealdies J. Cailloutis de base. Carboniférien. K. Calcaire carboniférien exploité. drien, composé du Brabantien sous le Flandrien ; cette découverte | permet d'introduire définitivement le premier de | ces termes dans la légende de la Carte géologique | de la Belgique. 4 La coupe de la vallée de la Lys (fig. 2) Lt | voir la superposition des quatre termes qualer- | ‘ Les coupes et les dessins qui accompagnent cet article sont entièrement de Ja main de M. A. Rutot, conservaleur | au Musée d'Histoire Naturelle de Bruxelles. Quelques-uns d'entre eux n'ont pas encore été pabliés par l'auteur:) c'est précisément le cas de la coupe de Thiarmont. Nous} lenons à remercier ici le savant géologue de son aide si bienveillante. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE ‘ 121 naires, existant dans la régjon. Le Moséen occupe n niveau supérieur au Campinien, quoique celui-ci soit plus récent. C'est que le Campinien représente Je stade maximum de creusement des vallées, creusement qui fut suivi d'alluvionnement. La distribution du Hesbayen jusqu'à 140 mètres de hauteur nous montre bien l'importance de la crue extraordinaire qui a caractérisé cette période. Quant aux ébauches de terrasses pliocènes qui S? trouvent tout au sommet, elles prouvent que le éommencement du ereusement des vallées s’est fait avant l'époque quaternaire. IX. — La FAUNE ET LA FLORE. $ 1. — Faune de l’Elephas antiquus. Outre l'Ælephas antiquus lui-même, cette faune comprend encore le Æ#hinoceros Merkii etl'Hippoporamus major. Elle correspond au Moséen. (Glouton); Ursus ferox (Ours gris): Arctomys mer- imotta (Marmotte); Lepus variabilis (Lièvre blanc): Cricetus frumentarius (Hamster); Lagomys alpinus (Lagomys des neiges); Lémming norvegicus (Lemming de Norvège); Spermophyllus eitillus. Les formes actuellement vivantes en Belgique ou qui y vivaient au commencement de la période historique sont : Bos primigenius (Urus); Bison europaeus (Auroch); Equus caballus; Equus caballus, voir belgicus: Cervus elaphus; Cervus capreolus (Chevreuil); Sus crofa (San- glier); Seiurus vulgaris (Ecureuil); Æliomys nitella (Lerot); Mus sylvaticus (Mulot); Lepus timidus (Lièvre): Lepus cuniculus (Lapin); Castor fiber; Canis familia- ris; Canis Lupus; Canis Vulpes; Meles taxus (Blai- reau); Mustela vulgaris (Belette); Mustela herminea (Hermine); Mustela fouina (Fouine); Mustela putorius (Putois); Lutra vulgaris (Loutre); Talpa europaea (Taupe); Erinaceus europea (Hérisson). ‘L'homme de l'époque du Mammouth est repré- senté par quelques très rares spécimens. Rappelons la célèbre découverte de la mâchoire de la Naulette, par M. Dupont, en 186%, celle des deux squelettes S 2. — Faune de l’Elephas de Spy sur l'Orneau, par MM. Lohest et de Puydt. ? DIIPREETTES; | Les hommes de Spy (race de Néanderthal, de AC D'après les belles recherches de | Schaafhausen, race de Canstadt, de de Quatrefages 2 M.Dupont',directeurdu | et Hamy) étaient petits et trapus; leur taille ne Ô G Musée d'Histoire Natu- | dépassait pas 1%,60. Leur crâne était allongé, > c relle de Bruxelles, | déprimé et étroit, à sommet aplati, leur front bas, & TZ E cette faune com- | leurs arcades sourcilières fortes, leur face proé- ZA prend des formes | minente, leurs orbites grandes, leurs mächoires © SN LE ARC S avancantes. Leur maxillaire infé- % : . » ° ps : é B EE rieur, puissant, était dépourvu de > À == É menton et portait une superbe den- CL LD) A D ee ; U _ ture usée obliquement. Y DELL € EE L ELLES, Leurs bras élaient courts, leurs Niveau de la Mer LL, ; z d nn T0 =D mains larges, leurs jambes solides @. 2. — Coupe schématique de la vallée de la Lys. — A, Alluvions mo- et à demi ployées d'avant en arrière, D, Cailloux et sables du Campinien; E, Gravier supérieur dernes; B, Sable flandrien marin; C, Limon stratifié, sableux, Hesbayen: dans la station verticale. osé à indus = > SNS SMS Schwalbe et Klaatsch font de ries mesvinienne et chelléenne; F, Glaise et sable du Moséen; G, Caillou- “tis inférieur d'origine pliocène supérieur, à industrie reutélienne; H, Glaise, Sables et cailloux d'une terrasse pliocène supérieur; 1, Pliocène inférieur “IDiestien); J, Eocène supérieur Bartonien (Aschien); K, Eocène moyen l'homme de Spy une espèce, peut- être même un genre spécial. nles, des formes aujourd'hui émigrées, et des mes encore actuellement vivantes en Belgique. formes éteintes sont : Blephas primigenius; Rhinoceros tichorhinus; Mega- CrOS hibernicus; Ursus spelæus. Les formes émigrées sônt : | Capra ibex (Bouquetin); Antilope rupicapra (Cha- (Ledien et Laekenien); L, Eocène inférieur (Panisélien et Yprésien). Les hommes de la race de Cro- Magnon, représentée par la mâchoire | inférieure découverte dans la caverne de Goyet par M. Dupont, avaient un front relevé en facade et s'arrondissant au sommet en une voûte. La région occipitale était projetée en arrière, sous forme de chignon. La face était moins avançante, les arcades sourcilières moins proéminentes, et les fémurs moins arqués que’ chez l'homme de Spy. Les tibias étaient aplatis transversalement. Cette race, évi- UMOÏS); Tarandus rangifer (Renne); Cervus en Rent supérieure à la première, est aussi pos- WGerf du Canada); Cervus alces (Elan); Ovibos mosqua- us (Bœuf musqué); Saiga tartarica; Felis Leo; Felis Lynx; Hyena crocuta (Hyène tachetée); Gulo luseus Duroxr : La Belgique préhistorique et protohistorique, Acad. Roy. de Belgique, 1901. _ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. térieure en date. $ 3. — Flore de l'Élephas primigenius. [l . 4 , u Cette flore vient d'être découverte en Belgique, mais n’a pas encore été étudiée. Elle était probable- 15% ment analogue à celle des tufs de Besson et des | palement de l'urus, de l’auroch, du cheval, di lignites de Jair- ville (Meurthe), c'est-à-dire - qu'elle compre- nait des Gene- vriers, des Pins (Pinus obovata), des Epiceas, des Mélèzes, des Aul- nes (A/nus inca- na), des Saules à grandes feuilles, des Merisiers à grappes, des Pla- tanes (Acer pla- tanoides), des Erables, des Bou- leaux blancs, des Abies (Abies me- dioxina). . L'ensemble de cette flore indi- que un climat uniforme, froid et humide, Cette faune est marquée par la disparition d’une partie de celle du Mammouth. Le renne (Tarandus rangifer) est à son apogée, et aveclui toutesles formes du nord : le cerf du Ca- nada, l'élan, le bœuf musqué, le glouton, le re- nard bleu. l'ours gris, le lemming. La faune des steppes com- prend principa- lement l'antilope saïga; celle des montagnes com- prend : le bou- quetin, le cha- mois, la mar- motte, le campa- GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE LPorremans Se Fig. 3. — Régime hydrographique de la Belgique à la fin des temps tertiaires. $ 4. — Faune du Tarandus rangifer. | Son crâne assez rond ; son front assez bas; ses ar Ostende. 7 70, 7 | L£ PBorremans Ser : d HostÈ S A7CC Le) oO 7 Bruxelles C Crarnm 77e » ons e, se pre Chanrterot sa <, Aérières ——ÆAadines ù bof. a: fl Fig. 4. — Régime hydrographique de la Belgique à l'Époque moséenne. snol des neiges, le lièvre des Alpes, l'ours brun. La | $ 5. — Flore du Tarandus rangifer. L laune des forêts et des plaines se compose prinei- | Elle n'est pas connue en Belgique, mais il . chien, du castor | et de tous leurs | hôtes actuels. nombreux tes. Ce sont : Nyctea nivea (Chouette harfang du Nord); Tetrao tetrix {Tetras des Sau- les) ; Tetrao uroqgal lus (Grand coq des bruyères);, Lagopus albus (Lagopède des nei ges); _ Pyrrhocoraxal piuus (Chocar des Alpes). C'est l'époque. | où règne la race, de Furfooz; sa taille moyennes est de 12,65; ses cades sourciliè res peu dévelop: pées, sa face et saillants. À l’en- contre de MM.Du belges considè rent la race Furfooz com néolithique.(Elle ! inhumait S$ | morts.) Les re cherches sérieu= ses qui se po suivent dans grottes célèbres | ne peuvent man- quer de nous | fournir de nom- Î breux renseigne- ments à Ce Su- jet. "| Là ; . — GENÈSE DU RÉGIME LYDRO- GRAPHIQUE DE _ LA BELGIQUE‘. Les deux fleu- xes principaux de la Belgique étaient déjà for- més dès la fin des temps ter- tiaires (fig. 3). Le cours de la Meuse était mê- me tracé à l'épo- e oligocène*. Elle coulait dans une dépression dont la largeur était de 5 à 40 ki- lomètres. L'étu- de de ses terras- ses ainsi que des amas de cailloux qu'on y trouve Contrairement à ce que l'on érovaitautrefois, 1 est certain quelle n'a pas lisé de faille our franchir les rdennes. Profi- ant d'un affais- nent momen- Mtané de cette ré- “ion, elle a coulé rs le nord et, brs de l’'exhaus- nent, elle s'é- “Evan OvERLOOP: origines du bas- de l'Escaut. ruxelles, 1890. Ruror : Les ) "X. Sramnier : Le h € de la Meuse is l'ère ter- } jre. Bull. de la | log 1 0e. belge de Géo- je, 1898. F LE À Les cartes qui accompagnent ce travail sont tirées du travail de M. Rutot : Les origines du Quaternaire. Elles ont 6 Soigneusement revues et corrigées par l'auteur. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE Fig. 5. — Régime hydrographique de la Belgique à T'Époque campinienne. Fig. 6. — Régime hydrographique de la Belgique à l'Époque hesbayenne. est beaucoup plus clair. 723 est probable que c'est une flore de climat froid. | tait déjà creusé une coulière! suflisante, par éro- sion, pour conti- nuer à cheminer dans la même di- rection. Cette surrection a, d'ailleurs, donné au fleuve une al- lure torrentielle lui permettant d'approfondir encore plus son lit. Quant à l'Es- caut,ilétait alors représenté par une masse d'eaux sauvages, cou- lant dans un lit qui, sans doute, n'avait pas de limites précises. Pendant le Dies- tien, ce grand fleuve venait dé- boucher dans la mer, à Braine-le- montre bien les phases par lesquelles elle a passé. | Château. La mer diestienne se retirant peu à peu vers le nord-est, puis vers le nord, le fleuve la suit dans sa retraite, puis il prend en- fin la direction sud - est - nord- ouest. De plus en plus, il appro- fondit sa vallée par érosion, tan- dis que sa rive droiterecule vers le nord-ouest et que la rive gau- che apparait plus nettement. Ce sillon, qui détermine ainsi, est l'ébauche de se 1 Nous tenons à protester ici, avec Elisée Reclus, con- tre l'emploi de l’ex- pression {halweg, que l'on applique presque toujours d’une manière inexacte et qui ne répond à aucune définition nette. Le vieux mot français coulière 1 19 ra Ja future vallée de la Senne. Mais le mersion, ayant les Ardennes pour centre, qui provoque le dé- part de la mer diestienne vers la Hollande et l'An- gleterre,oblige le fleuve à exécuter un grand mouve- ment tournant. A la fin de la période sienne, le mou- scaldi- vement d'émer- sion a son centre à l'est, si bien que l'Escaut est rejeté un peu à l'ouest ; sa direc- tion est sud-sud- est,—nord-nord- ouest, et, conti- nuant le mouve- ment en éventail si bien décrit par M. van Overloop, il coule dans un nouveau sillon | lées (fig. qui sera plus tard la vallée de la Dendre. C'est à ce moment que la Lys, son af- fluent de gauche, se sépare de lui. De sorte qu'à l'aurore des temps quater- naires, le régime hydrographique de Ja 3elgique est le suivant (fig. 4): D'une part, la Meuse, avecses affluents gauche, la Lesse, l'Ourthe et la Vesdre, et affluent de de son droite , bre, venait se je- la Sam- ter dans le golfe moséen. D'autre part, l'Escaut, vaste courant fluvial et sans profondeur, se réu- nissait à un gigantesque Rupel et à la Lys dans ce GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE Arlon j 1 p à ï . Æ Borremans Se LEE Fig. 7. — Régime hydrographique de la Belgique pendant la Période flandrienne. F Borremans $e Fig. 8. — Fin de la Période flandrienne. Etablissement du réseau fluvial actuel. qu'il était durant le Moséen. mouvement d'é- | qui allait devenir le golfe de Gand, lors de l'enva- 5), la Meuse avait la même direction ques celui de ses affluents, reste à peu près identique à ce | mer flandrienne. Ce Rupel était ÿ formé par la réu- nion des deux Nèthes, de la Dyle, de la Senne et de la Dendre. | Des chenaux,. dont il est dif-. ficile de tracer exactement les à limites, faisaient communiquer la Lys avec ce fleu- ve, parallèle au rivage actuel, dont nous avons … vu le rôle dans u la séparation de l'Angleterre d’'a-. vec le continent. A l'époque qui correspond au creusement ma- ximum des val- LA hissment de la | 4 durant le Mo- séen et qu'à lé poque actuelle. Son cours moyen entre Lustin e Hermalle était identique à qu'il est main tenant, mais la coulière étai nueux. Le coude de Namur, plus adouci qu'au-= jourd'hui, exis= } tait déjà. y Le soulève- ment qui chasse la mer moséenne oblige l'Escaut à creuser sa vallée, et il le fait avec unepuissancere- | marquable. Son | régime, ainsique F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE 1 19 ©c CA - Nous avons vu,que la masse considérable des … eaux, provenant de la fonte des glaciers alpins et … vosgiens, rencontrant la calotte glaciaire qui s'arré- tait à peu près à notre frontière septentrionale, — avait dû la contourner et se diriger vers l'ouest A - (fig. 6). L'absence de pente avait obligé ces eaux à - fluvial avait disparu. Mais, la crue cessant, les eaux reprennent peu à peu leur cours régulier. C'est alors qu'un affaissement du sol permet l'en- vahissement de la mer flandrienne (fig. 7). Celle-ci, qui occupe le golfe de Gand, pénètre également dans les vallées de la Lys, de l'Escaut, de la Senne.et de la Dendre, formant ainsi des chenaux maritimes qui s'ensablent peu à peu. Mais, sous l’influence du soulèvement qui chasse la mer flandrienne, les fleuves recreusent énergi- quement leurs vallées dans les sables flandriens. -Ilen résulte un ensablement du golfe de Gand et la formation de barres, dont on voit encore les traces aujourd'hui. La pente générale du pays vers l’ouest et le sud- - ouest provoque la réunion de la Lys et de l'Escaut, Si le besoin d'une explication des phénomènes physiologiques élémentaires, et, avant tout, des échanges gazeux des animaux et des plantes, a été “la cause du développement d'une science chimique, … Ja Chimie, à son tour, a rendu avec intérêt à la «Biologie les services que celle-ci lui avait prêlés au berceau. Les faits biochimiques les plus cer- “tains prennent une importance de plus en plus - Srande dans la science de la vie, et l’on attend, de leur multiplication et de leur enchainement, la so- — lution de ces énigmes vitales qui se sont montrées _ jusqu'à présent inabordables aux méthodes phy- - siques pures. On s'explique aisément qu'il en soit ainsi, puisque la plupart des phénomènes vitaux -ou bien sont de nature purement chimique, ou bien correspondent à des transformations d'énergie - chimique dans d’autres formes de l'énergie, et “vice versa. 1l en résulte que l'étude des phéno- “ mènes de la vie doit avoir pour lâche essentielle de poursuivre et de mesurer ces transformations chi- . miques et énergétiques chacune pour son propre compte. Cela serait relativement facile si la transforma- tion chimique se limitait, comme la combustion du | Charbon dans une machine à vapeur, à un proces- sus simple et significatif. Mais ce n’est pas le cas dans les organismes. Même chez les animaux, où séjourner sur place, de sorte que tout le réseau qui poursuivent la mer flandrienne dans la direc- tion de l’est. L'embouchure du Rupel primitif s'élevant de plus en plus, ce courant dut prendre la direction du nord, suivant ainsi la mer et abandonnant la Den- dre, qui coule solitairement (fig. 8). D'autre part, l'Escaut, qui ne pouvait couler vers l’ouest à cause des barres formées lors de l’ensablement du golfe de Gand, prenait forcément la direction de l'est. Rencontrant la Dendre, il profita de la vallée infé- rieure de celle-ci pour se réunir avec le nouveau Rupel, à Rupelmonde, et constituer ainsi le bas Escaut. Telle est la reconstitution que le levé de la Carte géologique détaillée permet de faire au de l'établissement du réseau hydrographique de ce pays. sujet Dans un second article, nous examinerors les industries humaines de la Belgique durant la pé- riode quaternaire. Georges Engerrand, Attaché au Service géologique de la Belgique, Professeur à l'Institut Géographique de Bruxelles. LA CHIMIE DE LA CELLULE | les circonstances sont, à un certain point de vue, moins complexes que chez les plantes, les processus sont très embrouillés. Les matières nutrilives, introduites comme source d'énergie, y subissent, avant de parvenir à des produits finaux déterminés, une longue suite de modifications, concomitantes et successives, qui peuvent être de nature chimique très différente et d'importance énergélique très inégale. Tandis que, dans la machine à vapeur, il n'y a que la chaleur dégagée par l'énergie chi- mique qui entre en action, de telle sorte qu'il est indifférent qu'elle provienne d’un combustible ou d’un autre, au contraire, pour la machine animale, la nature des matières nutrilives est de la plus grande importance, car celles-ci ne lui servent pas seulement de source de chaleur, mais aussi de substance constituante, pour améliorer les parlies devenues défectueuses, pour remplacer celles qui sont parties et pour reproduire de nouvelles machines semblables. Il en résulte que les subs- tances nutritives, même lorsqu'elles ne servent que de source d'énergie, passent par des élages intermédiaires déterminés suivant les fonctions qui entrent en jeu, car la contraction musculaire, l'excitation nerveuse, la formation des sécrétions ont leurs exigences particulières; somme toute, | l'organisme animal est le siège d'une multitude de 726 processus chimiques concourants, dont, malgré le zèle de quelques travailleurs, on ne peut encore saisir toute la portée. La tâche de poursuivre ces transformations ne deviendra pas plus facile si, au lieu de nous adresser à un organisme très compliqué comme celui des Verlébrés, nous nous trouvons en pré- sence d'un protiste ou d'une simple cellule. Car l'avantage qui parait se dégager de la simplifica- tion de la structure anatomique est plus que com- pensé par le fait qu'une série de fonctions qui, chez les animaux supérieurs, se répartissent sur diffé- rents organes et sont accessibles par des recherches séparées, sont ici condensées sur un plus petit espace. La peine infinie que l’on a dépensée dans l'examen microscopique de la struclure cellulaire a, il est vrai, révélé une foule de particularités jusqu'aux extrèmes limites de la visibilité ; mais, à part quelques cas déterminés particulièrement favorables, elle n'a pas permis de jeter un coup d'œil sur les phénomènes matériels qui se passent dans la cellule. Nous en sommes encore à attendre un progrès essentiel dans cette direction. La raison en est claire. La diagnose chimique directe est refusée à l'œil, même armé du microscope; il ne peut pas plus distinguer une solution de sel d’une solution de sucre dans le verre à boire que sur le porte-objet. L'emploi raisonné de réactifs, qui, cependant, conduit au but dans des cas semblables, esttrop souvent en défaut pour l'objet mierosco- pique, soit à cause de sa petitesse, soit à cause de l'influence troublante de substances cellulaires facilement décomposables, soit par suite de la trop grande dilution dans laquelle se trouvent les subs- lances cherchées. La technique si perfectionnée des colorations, la méthode chimique des histolo- gistes, ne fait connaître qu'exceptionnellement des différences réelles de substances; la plupart du temps, elle n'indique que des différences physico- chimiques d'importance peu claire et se rappor- tant à des matières fortement modifiées. À priori, on ne doit pas s'attendre à ce que, la technique la plus délicate des histologistes n'ayant rien donné, le chimiste, avec sa méthode apparem- ment plus grossière, arrive à un résultat. On com- prend le reproche souvent répété aux biochimistes : pas plus que l'analyse chimique d’une montre brisée ne peut permettre de rétablir sa marche régulière, l'examen chimique du protoplasma mort et détruit ne peut donner une explication de ses phénomènes vitaux. Toutefois, ce reproche n'est pas très fondé; il est même injuste dans certains cas. Car, que le protoplasma soit une organisation mécanique comme la montre, ou que son activité dépende d'une facon prépondérante de sa structure chimique, il faut encore examiner pourquoi la F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE mise en lumière de cette structure, qui peut être faite avec succès non seulement sur une cellule isolée, mais sur un ensemble de cellules semblables, ne contribuerait pas à l'explication désirée. En fait, l'examen chimique des différentes cellules des. tissus a conduit à un grand nombre de nolions importantes, et même l'hypothèse que la rupture des cellules anéantit complètement leurs fonctions vitales s'est montrée un peu prématurée. Car on n'est pas seulement parvenu, avec des organes d'animaux broyés et transformés en bouillie, à imiter encore des processus vitaux isolés, mais on a établi que seule, précisément, la destruction des cellules permetlarecherche des agents chimiques vi- aux qui ysontrenfermés, par exemple les ferments. Enfin, si l'on tient l'investigalion chimique pour incapable, avec ses ressources accessoires, d'expli- quer la composition plus intime de la structure protoplasmique déjà accessible au microscope, on oublie qu’elle dispose de moyens pour reconnailre des structures bien plus fines, bien au-dessous des limites de la visibilité : l'enchainement des atomes et leur position réciproque dans l'espace, données qui sont de la plus grande importance au point de vue biologique. D'après ce que nous venons de dire, on ne trou- vera pas inconsidéré l'essai que nous allons faire de suivre un chemin différent de l'ordinaire dans l'étude de la structure de la substance vivante. Généralement, on part des éléments visibles sous le microscope et on cherche à leur attribuer une fonction physiologique déterminée. Ce n’est géné- ralement que pour les objets les plus grossiers, qui trahissent leur importance le plus souvent par des transformations vitales, comme le noyau cellu- laire, l'amidon, les grains de chlorophylle, etc., qu'on arrive à préciser les idées. Mais les éléments plus fins, les corpuscules et les goutteleltes sans nombre de protoplasma, et leur structure intime, encore plus délicate et non directement visible, n’offrent que peu de points d'appui à de telles con- sidérations, ce qui n'a pas empêché, il est vrai, d'en faire matière à spéculalions plus hardies que fructueuses. À l'inverse de cela, nous chercherons à prendre la question par un autre bout, en partant, non de la structure visible de la cellule ou du proto- plasma, mais de la facon dont ils se comportent, et en examinant comment la cellule ou le protoplasma doivent être construits pour permeltre de telles réac tions. Comme les fonctions du protoplasma sont, avant tout.chimiques, ilsaffira de s'arrêter d'abord à celles-là. I Pour donner une base solide aux notions précé- dentes, nous parlirons d’un exemple déterminé, qui nous permellra de mesurer toute l’ étendue du À pre et la possibilité d'une réponse. Le foie “à Verlébrés 1 nous parait, dans Es cas — examen Heute il se RER de ne en plus comme un organe auquel incombe une série de fonctions nn nture importantes de nature chimique. Il forme du glycogène aux dépens du sucre, el vice-versa; il fournit de l’urée et de l'acide urique aux dépens des acides amidés et de l’ammo- iaque; il décompose l'hémoglobine et {transforme a malière colorante qui en résulte en bilirubine par éliminalion du fer; il produit, aux dépens d'une substance encore inconnue, de l'acide cholique et l'unit au glycocolle et à la taurine ; il combine les phénols avec un reste d'acide sulfurique en acides éther-sulfuriques ; il peut fixer le poison qu'on lui envoie ou le rendre inoffensif. Et ce ne sont là que des fractions isolées, un peu plus connues que les autres, de son énorme activité chimique spécilique. A cela s'ajoute, au moins, encore la longue série de processus chimiques qui constituent la nutrition de la cellule hépatique, l'assimilation, la réduction, - l'oxydation des matières nutrilives reçues. La surprenante multiplicité des phénomènes, dont quelques-uns sont opposés, qui ont leur siège dans le foie doit conduire le chimiste à l'hypothèse qu'il pourrait se trouver là en présence d'une division du travail, de même que, dans les laboratoires, des réactions analogues s'’opéreraient dans des vases . séparés. Mais rien n'indique une telle division du travail. Les cellules hépatiques ont une constitution tellement semblable dans tout l'organe, leurs rela- tions avec les vaisseaux sanguins, lymphatiques, biliaires sont si analogues, que rien n'autorise à supposer que des cellules hépatiques déterminées - sont chargées de l'accumulation du glycogène, d’autres de la formation de l'urée, d'autres encore de la sécrétion de la bile, et ainsi de suite. Il n’y a donc aucun doute que les cellules hépa- tiques ne soient capables indistinctement, et dans la même proportion, d'accomplir les processus chimiques signalés plus haut. Elles sont le théâtre d'une activité aussi fiévreuse que multiple, mais invisible. Car le microscope ne montre, dans la règle, que la scène vide, et ce n’est que dans des … circonstances délerminées qu'il parvient à saisir … des épisodes de l'action invisible, comme l’accumu- lation du glycogène dans le paraplasma ou la for- mation des vacuoles de sécrétion. Mais cette notion donne naissance à une autre difficulté. Concoit-on que, dans une cellule, dont la grosseur équivaut à peine à la millionnième par- tie d’une tête d'épingle, une dizaine au moins, et peut-être beaucoup plus de réactions chimiques - puissent se passer côte à côte? Cette hypothèse est- À F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE 127 elle d'accord avec nos expériences chimiques dans d'autres domaines ? Pour porter ici un jugement, il est nécessaire de réfléchir de plus près à ce qui est nécessaire pour l'établissement d'une réaction chimique, comme nous en faisons tous les jours dans les laboratoires. Prenant le cas le plus simple, il faut généralement une matière première qui, dissoute dans un solvant approprié, est mise en contact avec un corps réa- gissant. Dans beaucoup de cas, on ajoute encore un réactif, par exemple un acide ou un alcali, ou bien l’on chauffe pour amorcer ou accélérer le processus chimique. On obtient ainsi un ou plusieurs produits de réaction, qu'on pourra ensuite soumettre à des traitements ultérieurs. On aura besoin, en outre, pour conserver la matière première et les réactifs, ainsi que pour accomplir la réaction et en recevoir les produits, de vases appropriés, qui ne soient pas attaqués par les divers réactifs isolés, non plus que par les transformations qu'ils subissent. S'il s'agit d'une opération qui se répète souvent, il faudra réunir une plus grande provision de malière pre- mière, et, d'autre part, songer à une séparation des produits de la réaction, qui iront en s'accumu- lant. Pour cela, il faut une série de dispositifs de nature différente, avant lout de supports, d'appa- reils à chauffer et à refroidir, dont l'arrangement raisonné assurera le cours normal de la réaction. Comment se présente, par rapport à ce dispositif si compliqué, le cours de la réaction dans la cel- lule? D'une facon analogue en principe, mais très dif- fécemment dans l'exécution. Dans la cellule aussi se rencontrent les substances réagissantes, par exemple le sucre et l'oxygène, le glycogène et l'eau, dans un solvant commun, ici, en règle générale, une solution saline diluée, de composition variable avec les diverses espèces animales. La réaction n'a lieu, d’après les apparences, qu'exceptionnellement dès la mise en contact, et, comme un apport de chaleur est à éliminer, la mise en train de la réaction échoit à un troisième corps, le solvant, qui décide aussi de son cours ultérieur. Dans ce cas aussi se forment des pro- duits de réaction multiples qui, d'après leur nature, sont ou bientôt éloignés de la cellule, ou accu- mulés dans celle-ci sous une forme appropriée. Mais ce qui caractérise tout le phénomène, c'es! l'extraordinaire simplicité et l'appropriation des moyens employés et l'économie d'espace el de force qui en résulte. Avant tout, les réactifs dissolvants dont la cellule se sert sont de nature à exciter la jalousie du chi- miste. Nos expériences physiologiques nous don- nent une idée de la facon dont ces réaclifs doivent être constitués pour remplir exactement leur tâche. F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE Les subslances réagissant dans la cellule, par exemple les malières nutritives et l'oxygène, n'ap- partiennent pas nécessairement à son contenu, mais elles y pénètrent, apportées par le sang ; donc les réactifs dissolvants, qui entrent alors en activité, ne doivent jamais manquer; ils doivent être pro- tégés contre un entrainement par le courant de dif- fusion qui traverse continuellement la cellule. Comme, d'autre part, par suite de leur faculté de réaction, ils doivent être considérés comme solu- bles dans l’eau ou comme étant dans l’eau à un état d'extrême division, il en résulte qu'ils sont de nature colloïdale; ainsi s'explique, de la façon la plus simple, pourquoi la cellule ne les laisse pas passer à travers des parois également colloïdes et impénétrables pour eux. En outre, on doit s'attendre à ce qu'ils fomentent des actions chimiques relativement puissantes, ou, ce qui revient au même, qu'ils produisent une ac- tivité en quantités très minimes. Ce sont là juste- ment les caractéristiques des agents catalyliques, qui, sans que l'on s'en soit toujours exactement rendu compte, jouent déjà un rôle considérable dans la méthodique chimique en produisant de nombreuses oxydations, hydralations et conden- sations. Il Nous arrivons donc à celle conception que les agents de la transformation chimique dans la cel- lule sont des catalysateurs de nature colloïdale, hypothèse qui s'accorde, d'ailleurs, remarquable- ment avec d'autres faits d'expérience directe. Car, que sont les ferments des biochimistes, sinon des ferments de nature colloïde? Si l'on attribue aux ferments d’autres propriélés déterminées, comme la destructibililé par la chaleur, la précipitabilité par l'alcool, etc., qui ne sont généralement pas le propre des agents catalyliques, cela s'explique en partie par leur nature colloïdale, qui leur vaut des propriétés accidentelles qui n’ont rien à faire avec leur action chimique. En effet, il y a déjà longtemps, alors qu'on ne connaissait guère que les ferments des sécrétions, des chercheurs perspicaces, et principalement Hoppe-Seyler, ont émis l'hypothèse que des fer- ments analogues sont aussi à l'œuvre dans la cel- lule vivante. Depuis lors, on est parvenu, dans de nombreux cas, à extraire de l'intérieur des cellules ces ferments intracellulaires et à montrer leur im- portance dans les processus vitaux. El ainsi, des faits qui s’accumulaient presque chaque jour, il s'est dégagé la notion d'une répartition si générale des ferments dans l'organisme et d'une multiplicilé telle de leurs modes d'action que l'on peut mainte- -nant être presque sûr de trouver un jour ou l’autre approprié et spécifiquement déterminé. | La reconnaissance du fait que les ferments sont | les outils chimiques essentiels de la cellule estl propre à appuyer les conceptions que nous avon émises pour expliquer l'existence de processus. chimiques dans la cellule malgré sa petitesse. | à “ | Quelque grosses que l’on se représente les mo lécules des ferments colloïdes, il y a toujours assez. de place dans la plus pelite des cellules pour de millions et des millions d’entre elles. Par là dispa rait aussi la difficulté qui résulle de la coexistencen de plusieurs phénomènes fermentalifs dans le pro- toplasma. Nous avons, d'ailleurs, élé jusqu'à présents très incomplèlement renseignés sur le grand nom: bre de ferments qui sont à l'œuvre dans un proto plasma cellulaire délerminé. L'apercu précédent, el certainement encore lrès insuffisant, des acti- vités chimiques de la cellule hépatique nous pers. met déjà de distinguer au moins une dizaine de processus spécifiques différents. Si l’on y ajoute encore les phénomènes chimiques nécessaires pour. la conservation de l'appareil cellulaire dans leque ces processus se.trament, ce nombre s'élève des beaucoup. Est-il maintenant permis de dire que la. vrai, avec quelques modifications, pour loutes les cellules à fonctions chimiques) contient, en réalité tous les ferments nécessaires pour l'accompliss ment de ces réactions? Quoiqu'on puisse, au pre”. mier abord, s'effrayer de cette conclusion, à la réflexion on s’y familiarise bientôt de plus en plus: Le fait même qu'aujourd'hui, où nous sommes. encore à l'aurore de ce genre de recherches, le nombre des ferments relirés du foie est déjà si con sidérable parle en faveur de celte hypothèse. On à done déjà caractérisé dans la cellule hépatique. une mallase, une glycase, un ferment protéol tique, un ferment dédoublant les nucléines, u aldéhydase, une laccase, un ferment transformant l'azote fixe des acides amidés en ammoniaque, un fibrine-ferment, et, avec quelque vraisemblance, une lipase et un ferment analogue au lab. Quel commencement plein de promesses ! Si l’on s'est maintenant familiarisé avec l'idée que la cellule hépatique simple abrite dix ferments différents, on ne trouvera plus d’objections insur- | montables à ce qu'elle renferme encore des ferments propres aux autres processus chimiques encore inexpliqués. Que cela soit dix, ou trente, ou un plus grand nombre,c'est à peu près la même chose pour notre esprit, et une telle généralisation de nos conceptions, basée sur l’analogie, est toujours | plus acceptable qu'une simple négation ou un saut dans le domaine de la spéculation. L'idée exprimée plus haut que chaque espèce de _ réaction chimique dans la cellule correspond à un | ferment n'est, d'ailleurs, pas absurde. - En y réfléchissant davantage, on voit toutefois n qu'elle conduit, dans certains cas, beaucoup trop Join. Ainsi, il est très possible que, dans Ja cellule | comme dans les processus chimiques hors du corps, il se forme {comme produits de réaction des subs- … tances labiles qui, suivant les circonstances domi- “nantes, se transforment rapidement. Pour cela, il n'y a plus besoin de ferments. Donc, la nature spé- cifique des ferments n'est pas telle qu'ilsne puissent agir que sur un seul corps chimique, mais elle leur “permet plutôt d'opérer la même transformation sur un nombre plus ou moins grand de substances sem- -blablement constituées; par exemple, la pepsine dédouble plusieurs albuminoïdes, la tyrosinase “oxyde un grand nombre de substances aromatiques avec noircissement. Enfin la preuve, donnée récem- ment, de la réversibilité de l’action des ferments nous fail entrevoir que plusieurs dédoublementset condensalions peuvent être provoqués par le même ferment dans des conditions déterminées. III Tandis que ces faits sont de nature à simplifier nos conceptions sur le nombre des ferments en de former des contre-poisons organiques, anli- oxines, antihémolysine,coaguline, etc., nelaissent Maucun doute que des éléments cellulaires déter- Mminés possèdent des dispositifs qui les rendent ca- pables de produire ces substances protectrices. Qu'il s'agisse là de dispositifs chimiques, cela est | encore indubitable, soit que l'on considère la na- ture du phénomène, soit que l'on examine le mode “d'action spécifique des substances produites; mais } cela recule la solulion du problème, pratiquement -Lrès important, de la production de ces substances. — Sil'on a affaire à des dispositifs qui n’entrent en activilé qu'en cas de danger du corps entier, nous | appris à connaitre, depuis quelques années (ce qui parait encore plus merveilleux), un phéno- mène analogue dans le cas de la mort des cellules : ) la digestion propre de lissus morts pour les mettre } àl'abri d'une invasion mycélienne. Tous les organes | animaux jusqu'à présent examinés, à l'exception de ceux, qui, même en vie, n'offrent qu'un échange | minime de substances, montrent distinctement ce Phénomène, plusieurs à un haut degré. Le pro- cessus est Lel qu'une partie des albuminoïdes et des F, HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE 729 nucléines, le glycogène et la graisse subissent un dédoublement analogue à celui qui a lieu dans l'in- testin, lequel conduit à la formation de substances plus simples et plus facilement diffusibles : leucine, tyrosine, sucre, acides gras, etc... Si une telle col- liquation a lieu dans une cellule simple ou dansun complexe de cellules de l'organisme normal, elle doit avoir pour résultat une résorplion rapide des parlies liquéfiées par le sang et la lymphe ; les pro- duits de digestion formés profitent donc aussi bien au reste de l'organisme que s'ils avaient été absorbés au niveau de l'intestin. On a attribué à la digestion intracellulaire des phagocytes une importance par- ticulière; on peut aussi se convaincre qu'existent en abondance, dans le pus, le thymus, la moelle os- seuse, les glandes lymphatiques, différentes formes de cellules lymphatiques et un ferment analogue à la lrypsine; ce sont des cas isolés d'un phéno- mène très répandu. Cette digestion propre, comme cela est vraisemblable, est-elle un phénomène nor- mal, se montrant aussi pendant la vie dans des limites plus étroites, et n'arrivant à une grande intensité qu'après la mort de la cellule par suite de la disparilion des processus de conslitulion ou d'inhibition déterminés, ou bien y a-t-il dans les cellules vivantes un proferment tryplique à l'état de sommeil, qui, à l'instant de la mort, se réveille pour commencer son travail de fossoyeur? Ce point est encore indécis, Toutefois, nous devons relenir un fait bien établi par les dernières recher- ches et qui jette une lumière particulière sur l'orga- nisation chimique des cellules : c’est la formation de substances bactéricides dans cette digestion propre, ce qui diminue d'une façon appréciable le danger d'infection, auquel, sans cela, les mélanges de digestion protéolytique offriraient un milieu de développement favorable. IV Maintenant que nous sommes fondés à voir dans les ferments l'instrument le plus important, le plus fin et le plus perfectionné dont la cellule dispose pour l’accomplissement de sa tâche, si nous consi- dérons le cours régulièrement ordonné des fonc- Lions cellulaires, une question se pose, inéluctable. De quelle façon cet instrument est-il approprié aux exigences d’une activilé déterminée? Les concep- tions auxquelles nous sommes habitués lorsqu'il s'agit de construclions mécaniques paraissent d'abord iei peu probables. Nous sommes trèsenclins à considérer la précision avec laquelle un pendule engrène dans une roue dentée, où les nombreux rouages d'une machine complexe accomplissent leur travail avec l'aide de transmissions, de déclan- -chements et d'arrêts, comme accessible seulement 730 par des moyens mécaniques. Nous avons tort. Les phénomènes chimiques aussi, quand leurs condi- tions sont réglées, se poursuivent avec une régula- rité mathématique, et il ne manque pas non plus de dispositifs de mise en marcheet d'arrêt, quoique nous soyons peu habitués à les considérer. Prenons comme exemple la recherche de l'iode dans une solution d'iodure de potassium. Nous opérons de la facon connue en ajoutant à celle-ci du nilrite de soude, de l'empois d'amidon el enfin un acide minéral dilué. La coloration bleue, qui indique la formation d'amidon iodé, se produit instantanément, de telle sorte qu'un esprit non prévenu ne s’arrêterait pas à la pensée qu'il se joue ici un mécanisme complexe de réactions qui s'en- chainent : mise en liberté de l'acide iodhydrique et de l'acide nitreux, oxydation de l'acide io- dhydrique, — mais fonctionnant si promptement que les phénomènes successifs paraissent simul- tanés. Et, si nous abandonnons de l'éther acétique avec de l’eau, la décomposition de ce corps en alcool et acide acétlique ira avec une vitesse décroissante Jusqu'à ce qu'elle s'arrête à un point exactement déterminé et bien avant que tout l'éther acétique soit transformé. Ne se trouve-t-on pas ici en présence d’un méca- nisme d'arrêt, qui, comparable à un frein automa- tique précis, entrave les progrès de la réaction à un moment déterminé? A l’aide de transmissions d'énergie et de méca- nismes de mise en marche et d'arrêt, on construit aisément une machine compliquée, et il est possi- ble de parvenir, par une combinaison heureuse de processus chimiques dépendants, et sans beaucoup de moyens mécaniques, à un dispositif automa- tique, livrant dans un ordre régulier des produits chimiques déterminés, comme un automate exécute des mouvements divers dans un ordre précis. La cellule, au point de vue de ses fonctions de nutrilion, présente une grande analogie avec un mécanisme chimique automatique de ce genre, et, par une rencontre remarquable, les parties impor- tantes de ce mécanisme, les ferments, sont préci- sément capables d'influences accélératrices et inhi- bitrices et offrent une grande latitude pour une combinaison de celles-ci. Aussi l'on sail, pour un grand nombre de fer- ments, qu'ils sont produits sous une forme inactive, à l'état de proferments, puisque, grâce à l'action. d'un réactif déterminé, analogue à la substance zymoplastique (comme Al. Schmidt la montré pour le fibrine-ferment), ils sontrendus actifs, enfin, que les conditions de leur activité sont réduites dans des limites plus étroites (ainsi qu'on le voil dans les réactions chimiques, où ils sont extrême- F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE ment sensibles aux influences chimiques, qui réduisent fortement leur activité). Si nous exami- nons la série la plus connue des phénomènes fer- mentatifs, ceux qui entrent en activité pendant la digestion, nous voyons se succéder un cycle com- plet de mises en marche el d'arrêts. D'abord la ptyaline se forme aux dépens du ptya- logène, puis elle est rendue inactive par le sue gastrique, qui, d'autre part, augmente sa propre action catalytique ; à côté de cela, la pepsine et le” lab sont rendus actifs par l'action de proferments,. puis, à son passage dans l'intestin, la pepsine est. annibhilée, tandis que les ferments pancréatiques. développent leur activité, laquelle est, à son tour, renforcée par l'arrivée de la bile et du suc intes=# tinal. N'y a-t-il pas lieu d'admettre dans la coopé=. ralion des forces chimiques qui agissent dans la. cellule une succession analogue de réactions telle \ que nous l'avons vue ici sur une plus grande. échelle ? ; Ce n'est pas tout. Si l'on pouvait établir que la réversibilité de l’action des ferments est générale, combien simple nous paraïtrait le cours ordinaire. d'un grand nombre des phénomènes physiologi-. ques les plus importants! Peut-on donner une. explication plus complète de l'échange des subs- tances glycogéniques que celle qui l'attribue à une diastase qui, lors d'une arrivée insuffisante de sucre, transforme le glycogène en sucre, et, au con traire, accumule le glycogène lorsqu'il y a excès de! sucre? Combien plus compréhensibles seraient les : échanges graisseux si l'on trouvait dans les cellules | graisseuses un ferment dédoublant les graisses et, possédant la faculté, grâce à sa réversibilité, d'étas blir toujours un équilibre déterminé entre les. savons du sang et ceux des cellules graisseuses! V L'hypothèse émise précédemment qu'un proces- | sus chimique s'accomplissant dans une cellule puisse, arrivé à un point déterminé, acliver un proferment, et par cela mème meltre en marche un nouveau processus, qui en provoquerait à son tour | un troisième, apporte quelque lumière à l'interpré= : tation du plus difficile des problèmes biologiques, celui de la reproduction. La structure chimique de l'œuf est très simple en comparaison de celle de l'animal qui en sortira. Il en résulte, ce qui a d’ail- leurs été démontré par d'autres recherches, que, pendant le développement de l'embryon, il y a une | différenciation chimique parallèle à la différen- ciation morphologique. La formation de nouveaux constituants chimiques ne peut être expliquée par l'apparition successive de nouveaux agents chimi- ques, ce qui indique, quoique celle-ci soit encore 1 insuffisamment démontrée, l'apparition de diffé- rents ferments à des stades déterminés du déve- loppement embryonnaire. Dans l'œuf original, les _ferments qui agiront plus lard doivent être contenus ‘en germe, et il est difficile de se faire une meilleure idée des transformations chimiques pendant le L premier développement de l'embryon que celle qui onsiste à admettre l'existence d’un nombre mini- me de ferments parvenant d'abord à l’activité, puis ormant, au moyen des matières existantes, de ments ou des ferments d'un autre genre, qui anni- hilent alors les premiers, mais sont à leur tour épigénèse de la forme ne serait donc qu’une pression de l'épigénèse des forces chimiques. Là aussi la règle dominante dans la Nature. Si des espèces animales très différentes se développent le cellules-œufs très semblablement constituées, on osmolique inégale des liquides des diverses èces. Car l'on méconnait ou l'on rabaisse l'in- uence que peut exercer la composition d'une solu- ün sur la forme des êtres qui s'y développent. Dans ce sens, les molécules comme les organismes finis subissent l'influence du milieu. C'est une expérience chimique commune que la solubilité et la cristallisabilité d'un corps sont modifiées d’une ‘facon étonnante par la présence simultanée d’autres substances. La forme cristalline, cependant déter- Iminée par des lois rigides, peut aussi montrer cette lindépendance. Des cristaux de sulfate de magnésie, par exemple, obtenus d'une solution pure ou d’une solution souillée d'un peu de borax, présentent de si grandes différences de grosseur, d'apparence, de formation des faces, et parfois de transparence el | de dureté, que la détermination des angles seule permet de reconnaître qu'ils sont issus de la même Isubstance. On doit done considérer, à côté des fer- ments, la constitution du protoplasma, différente pour chaque espèce et peut-être pour chaque indi- Vidu, comme un facteur dirigeant pour ses manifes- lations vitales, F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE 131 VI Je n'ai eu en vue jusqu'à présent, dans la consi- déralion de la « cuisine » chimique de la cellule, que l'organe chimique. Il me reste à examiner les dispositifs qui assurent dans l’espace le cours régu- lier des réactions vitales. La cellule n'est-elle qu'un récipient, plein d’une solution homogène, ou ren- ferme-t-elle un certain nombre de récipients sépa- rés, destinés à garantir de tout trouble la marche des réactions simples les unes à côté des autres ou dans une suile ordonnée? La réponse doit tenir compte, pour les malières très diffusibles, ies gaz et les sels, les matières nutritives et la plupart des produits d'élimination, qu'ils se rencontrent par- tout dans la cellule, et qu'ils peuvent réagir partout les uns sur les autres. En réalité, celte sorte de phénomènes, comme la fixation de l'acide carbonique par les alcalis, ne représente qu'une petite partie des réaclions vilales. La plupart de celles qui s'accomplissent dans la cellule sont rattachées à un substratum colloïdal et n'ont lieu que gràce à l'intermédiaire d'un réactif colloïde, un ferment; elles peuvent done avoir une bonne localisation dans la texture colloïde du protoplasma. On doit altendre des pro- ferments et des ferments intra-cellulaires que, faute de diffusibilité, ils restent dans la cellule, là où ils se sont formés, qu'ils y prennent racine en quelque sorte, et qu'ils n'entrent en aclivilé que lorsque la substance adéquate leur parvient. Une telle hypothèse prévoit l'existence de nombreuses parois de séparation colloïdes dans le protoplasma, ce qui n'a rien de surprenant pour celui qui con- nait la tendance extraordinaire de beaucoup de corps colloïdes à former des membranes à la moin- dre occasion, en particulier contre toutes les sur- faces de contact. L'existence même d'organes déterminés visibles à l'œil : noyau, chromato- phores, etc., la présence d’inclusions et de sécré- tions dans des vacuoles, de pigment à des endroits fixés, nous prouvent la différenciation chimique et la structure compliquée du protoplasma. Mais, même si l'on n'en trouvait pas tant de preuves, on serait obligé, par des considérations a priori, d'arriver à celte conception. D'abord, il serait très difficile de comprendre comment des réactions si différentes et en partie opposées, comme l'hydratation et la déshydratation, l’oxyda- tion et la réduction, peuvent se poursuivre côte à côte, sans trouble, dans le protoplasma. D'autre part, en adoptant l'hypothèse d’un seul lieu de réaction dans la cellule, on se priverait d'un moyen très important d'explication. Dans le protoplasma, l'édification et la destruc- tion des différentes substances ont lieu par une suite 7132 de stades intermédiaires, entre lesquels n'intervient pas toujours la même sorte de réaction chimique, mais, au contraire, une suite de réactions bien dif- férentes. Ainsi nous ne pouvons pas nous repré- senter la décomposition du glycocolle en urée sans admettre : une séparalion du groupe AzH° avec une partie de la molécule du glycocolle, une oxyda- tion du reste, puis une réunion des fragments. Mais ces réaclions doivent se produire dans un ordre déterminé; sinon, il ne se produirail pas davantage d'urée qu'il ne se forme d'aniline au moyen du benzène, lorsque, renversant la marche ordinaire de la réaction, on réduit d'abord le benzène, puis qu'on procède à la nitralion. Une succession logique des réactions chimiques dans la cellule suppose donc un travail séparé des divers agents chimiques et un mouvement déterminé des produits élaborés, en somme une organisation chimique, qui ne s'accorde pas avec l'hypothèse d'une équivalence ubiquitaire du protoplasma, mais qui rend d'autant plus compré- bensibles la rapidité et la sûrelé avec laquelle il fonctionne. Ici encore les rapports des cellules dans l'espace, par exemple ceux des cellules du foie avec les vais- seaux sanguins, d'un côté, avec les capillaires biliaires, d'autre part, fournissent une indicalion précieuse sur une ordonnance déterminée des phé- nomèênes chimiques dans l'espace. De quelque façon qu'on se représente cetle sépa- ralion dans l’espace dés processus chimiques du protoplasma, j'ai déjà montré qu'il suffit de suppo- ser les réactifs colloïdes séparés par des parois imperméables. L'universalité des phénomènes chi- miques amène à la nécessité d'une formation très abondante de vacuoles, éventuellement au-dessus de la limile de visibilité; ainsi, des considérations bio-chimiques viennent appuyer les raisons qui ont été données par des morphologistes en faveur de l'existence d'une structure vacuolaire. On comprend aussi que la vie soit, comme nous le savons, toujours fixée sur un substratum colloïdal, car celui-là seul permet par une perméabililé suffisante aux non colloïdes, une structure compliquée dans le plus petit espace possible. De quelque facon, toutefois, que nous nous repré- sentions celle silualion dans l’espace du mécanisme chimique cellulaire, il est une condilion qui ne peut être éludée dans aucun cas, c'est que les parois du lieu de réaclion soient relativement résistantes vis- à-vis de la réaction qui s'y passe, par exemple. qu’elles soient inatlaquables par l'oxydase, là où des oxydations se produisent, ou au ferment pro- téolytique, là où il y a décomposition des albumi- noïdes. Si l'on avait affaire, dans la cellule, à des réactifs chimiques tels que ceux dont on se sert F. HOFMEISTER — LA CHIMIE DE LA CELLULE dans les laboratoires, cette condition serait diffi- cile à remplir. mode d'action spécifique. Ne parvient-on pas, pa exemple, à oxyder l'aldéhyde salicylique avec l'oxy dase de la synthèse de l'indophénol, et le ferment protéolytique du foie ne décompose-t-il pas la glo= buline de la substance hépatique et n'attaque-t-il pas aussi bien un corps albuminoïde voisin? L'immunilé naturelle des organes secréteurs de poison contre le poison formé, mais aussi limmu par le trouble de la succession des processus qui se commandent l’un l’autre, mais aussi par la mise des parois de séparation, allaquentet détruisent le parties constiluantes de la cellule, celles même avec lesquelles ils étaient en contact. El l’on pourrait encore se demander si le proto plasma dispose également d'instruments divers,s comme nous en employons dans les laboratoires, et qui remplissent généralement des fonctions mé caniques. Cela est peut-être le cas. Maintes fois, las mise en évidence, dans cerlaines cellules, de dis posilifs particuliers : structures fibreuse et canali-" culaire, organes ciliés et lisières basales, ont mon- tré que le mouvement des liquides qui traversent l'échafaudage proloplasmique éprouve moins den résistance dans cerlaines directions, et une com paraison avec des conduits, des enlonnoirs et dess ) filtres ne serait pas exagérée. Toutefois, d'après les considérations qui précèdent, de tels dispositifs mécaniques n'auraient pas d'imporlance générales pour la vie des cellules. VIT Si, en terminant, je jelte un regard en arrière sur les considérations que j'ai développées si briè« vement, je ne me dissimule pas que beaucoup des celles-ci, qui sont d’ailleurs en grande partie d'acn cord avec des vues exprimées antérieurement par. d’autres, ne possèdent pas cetle cerlilude que nous" sommes en droit d'exiger des recherches person="\| nelles. C'est toutefois le cas ordinaire de toute conM| ceplion générale, À chaque pas que nous faisons | vers des points de vue plus élevés, nous abandon= nons plus profondément au-dessous de nous le ter rain solide des fails. Toutefois, un pareil essais| n'est pas sans utilité. ot Tandis que, d'un côté, le morphologiste s'efforce! de mettre en lumière la structure du protoplasma | jusque dans ses plus fines particularités, de l’autres. te biochimiste s'applique, avec ses méthodes en apparence plus grossières, mais plus incisives, à xer les fonctions chimiques de ce même proto- plasma; ce ne sont que les deux côtés différents de a même chose. À l'esprit de l'un se présentent ame but final un plan et une élévalion aussi dé- illés que possible de la structure du proto- ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE 733 lon peut dire aœue la considération de la cellule comme une machine travaillant avec des moyens chimiques et physico-chimiques ne conduit, en aucune façon, à des problèmes qui nécessitent iné- luctablement l'hypothèse de forces aulres que les forces connues, et que, ainsi comprise, elle ne laisse plus aucun prétexte à cette résignalion qui s'est traduite une fois par un /gnorabimus, une autre fois par les conclusions de la théorie vila- liste. F. Hofmeister, Professeur à l'Université de Strasbourg. Le Châtaignier vulgaire (Castanea vulgaris), ou ‘Castagnié, constitue, parmi nos essences indigènes, une des plus précieuses, si l’on considère la va- leur de ses produits, fruits et bois. Sous ce rap- port, il laisse loin derrière lui le Noyer, l’Olivier et le Prunier; seul, le Pommier lui est supérieur au “point de vue de la valeur de la production totale. 1 La châtaigne, sur certains points du territoire, constitue la base de l'alimentation du paysan; nous en exportons, tous les ans, pour plusieurs mil- lions de francs et, cuite ou grillée, elle est, pendant l'hiver, l'objet d'un commerce de détail très impor- tant dans les villes et tout particulièrement à Paris. Malgré les exigences toutes spéciales de cet arbre, il n'y a guère que vingt-quatre départements en France où il est complètement inconnu: on le trouve, plus ou moins abondamment répandu, il - est vrai, dans tous les autres. Malheureusement, depuis quelques années, il est sujet à certaines maladies parasitaires qui en ont quelque peu diminué le rendement et qui cons- tituent aujourd'hui encore un des problèmes les - plus importants de la pathologie végétale. | + . [. — CULTURE NATURELLE. | Q Ë $ 1. — Caractères végétatifs. La culture du Châtaignier, comme arbre fruilier et forestier, remonte à la plus haute antiquité et on ne possède que des données très vagues sur son origine; tout ce qu'on sait de positif, c'est que « l'Europe méridionale semble avoir été son berceau; c'est, d’ailleurs, dans cette région qu'il vient le hit L'ÉTAT ACTUEL ET LES BESOINS DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE mieux, notamment en Espagne, Portugal, Italie et France méridionale. On ne le trouve pas spontané en Algérie, mais il y a été introduit. Cet arbre, qui atteint de 30 à 35 mètres à l'état sauvage, mais qui ne dépasse que rarement 20 mètres lorsqu'il est cultivé, se plait surtout sur le versant des monta- gnes, où il s'élève jusqu'à 900 et 1.200 mètres d'al- titude. La région du Châtaignier en France est limitée, au Nord par une ligne traversant à peu près les villes de Boulogne, Hazebrouck, Béthune, ciennes et Avesnes. Ses racines, fortes et nombreuses, sont les unes pivotantes, les autres traçantes; elles sont fortes, abondantes et s’enfoncent obliquement et pro- fondément dans le sol; il lui faut donc des sols pro- fonds. Ses racines drageonnent d'ailleurs très faci- lement. L'écorce du Châtaignier est vert olivätre jus- qu’à l’âge de dix ou douze ans, puis elle devient blanchätre. Cet arbre fructifie vers l’âge de qua- rante à cinquante ans lorsqu'il provient de semis, et à la sixième ou septième année lorsqu'il est ob- tenu de greffe. Il atleint son maximum de produit vers soixante ou soixante-cinq ans. Pour les rejels de souche, la fructification a lieu de vingt à vingt- cinq ans. Les années à fruits arrivent tous les deux ou trois ans; cependant, annuellement, il y a une fruc- Valen- tification partielle, qui est même parfois assez abondante. La floraison a lieu en juillet et la ma- turation des fruits en octobre. Le Châtaignier a une croissance rapide dans son jeune âge, jusque vers soixante ans; au delà, elle se ralentit et il s'accroît plutôt en diamètre qu’en hau- A 7134 ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE teur; sa longévité est d'ailleurs très considérable. En raison de son origine méridionale, le Châtai- gnier supporte mal les grands froids; les hivers rigoureux de 1810-1871 et de 1879-1880 en ont fait périr un grand nombre. I lui faut un élé très chaud pour mürir ses fruits ; c'est pour cela que dans le nord de la France il n’est cultivé que comme arbre forestier. Le Châtaignier ne peut croître que dans les ter- rains privés de chaux; aussi est-il regardé, avec raison, comme une des plantes calcifuges les plus caractéristiques. On le trouve surtout dans les sols siliceux, quelle qu'en soit d’ailleurs la nature géo- logique. Dans le Plateau central de la France, on le rencontre presque indifféremment sur le gneiss et les schistes cristallins, le granite, les divers por- phyres, les roches volcaniques, les schistes ardoi- siers, les grès quartzeux ou feldspathiques, le sable pur ou mêlé d'argile et d'oxyde de fer, le diluvium limoneux ou caillouteux, les alluvions sablonneuses ou argileuses; en un mot, il prospère sur toute espèce de sol, à condition qu'il ne s'y trouve point de calcaire. En Bretagne, les plus beaux châtai- gniers sont sur le granite et le schiste. Dès que calcaire commence à paraitre, le chälaiguier ne se montre plus que fort disséminé ; il devient chétif et cesse de produire, si la propor- tion de calcaire augmente, et, lorsqu'elle dépasse certaines limites, la cullure en devient impossible. D'après M. Chatin ?, « sile Châtaignier peut encore être cultivé dans une terre contenant de 1 le e 1 à2 cen- tièmes de chaux, il se refuse à croître, au moins d'une facon rémunératrice, quand la proportion de la chaux atteint 3 centièmes ». Ces chiffres, ainsi que le fait remarquer M. Ch. Conte- jean * environ car ils prove- nant de localités souvent fort éloignées les unes des autres. doivent inspirer toute confiance, sont déduits d'analyses de terrains variés, On voit aussi que M. Chatin proclame, au moins implicitement, l'action nuisible du cal- caire, puisqu'il reconnait qu'une très faible propor- * Comme exemples remarquables de longévité du Châtai- gnier, on cite celui du mont Etna, près de la ville d'Aci- Reale, dit chäâtaignier aux cent chevaux, qui abrila sous ses branches, pendant un orage, cent cavaliers montés de l’'escorte Je anne d'Aragon. Il a 20 mètres de haut et 52 mètres de circonférence; son tronc est entièreme ‘nt creux et on ÿ a aménagé une maison d'habitation. On éva- lue son âge à 4.000 ans au moins. Un autre Châtaiguier remarquable se trouve dans l'ile de Madère, près de Funchal; il a 12 mêtres de circonfé rence et 50 mètres de hauteur. Près de Sancerre (Cher) 10 mètres de circonférence : nées, et, Iruits. : de se trouve un châtaignier qui a on lui attribue un millier d'an- malgré son grand âge, il continue à porter des illetin de la Société Botanique de France, 1870, la terrain ACTE sur végétation, Géographie tion de chaux empêche la culture du châtaignier Certes, le Châtaignier est l'arbre calcifuge pal du Poitou, dit cet auteur, est une argile très fine, chargée de fer, mais ne contenant que peu de sables quartzeux ; elle produitles arbres les plus magnifi- ques. A la Vente-du-Désert, le sol, que M. Chatin est porté à admettre comme type de « bonne terre à chätaignier », renferme à peine 13 centièmes de silice contre environ 83 centièmes d'argile et d’al mine, et 1,20 de peroxyde de fer. N'est-il pas ne recherche ni l’un ni l'autre : comme toutes 1e | ns calcifuges, le En de se propage dans | la source de fièvres (?). 2. — Rôle sylvicole et ornemental. C'est surtout dans le Nord que le Châätaignier est, cultivé comme espèce forestière. Comme il repousse très bien de souche el en raison de sa croissance rapide dans le jeune âge, il est très propre au traë tement en taillis. Les jeunes plants sont néan= moins très sensibles à la gelée}et, comme aux jeunes chênes, l'ombre leur est contraire. Le plus souvent, le Châätaignier est cullivé en | laillis à révolution de dix à douze et même quin à vingt ans; dans ces conditions, il peut donner très bons produits, parfois très recherchés commep, bois d'œuvre. Comme le fait remarquer M. H. Loubié, on ne rencontre que rarement cette fessence en nel | de quelque élendue. Les futaies de chälaignier n'offriraient pas du reste un bien grand intérêt au. point de vue forestier ‘. La conduite du Châtaignier en taillis demanils néanmoins quelque soin. Comme cette essence ne supporte pas le couvert, on ne fait aucune réserve #5 Lorsqu'on crée une D en ilest bon, à 2. H. Lounré : Les Essences forestières, t. I, p. 135. ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE 3 1 O6 moins qu'on ne se trouve dans un terrain vague el rocheux, de pratiquer un défrichement de 20 à 25 centimètres et de faire une culture, de préfé- - rence une plante sarclée, comme la pomme de | terre. Le sol étant ainsi bien neltoyé, on sème “ensuite en gardant un espacement de 2 mètres. Toutefois, le semis, en apparence moins coûteux, m'est guère à recommander, car les mulols et tation, on cultive des pommes de terre entre les Mignes pour uliliser le terrain. Quand on extrait les tubercules, ou mieux encore “Châtaigniers au printemps, cinq ou six ans après Ma plantation; on les débarrasse des herbes et des broussailles, et on laisse ensuite le jeune peuple- ment alteindre l’âge de six ou sept ans, moment boù l'on pratique un nettoiement qui a pour objet tion doit être faite jusqu'à la hauteur de 2 mètres, el avec une serpe bien tranchante. Les taillis de Mhätaigniers qui sont exploités à douze ou quinze ans n'exigent pas d'autres soins: mais si la révolu- 1 on doit durer dix-huit ou vingt ans, on pratique F ers la dixième année une éclaircie, qui porte sur es brins secs ou dépérissants, et on laisse ensuite le peuplement arriver jusqu à l'époque fixée pour Son exploitation. » … Les taillis de Châtaignier fournissent surtout des perches, qui servent comme échalas ou que l’on fend pour fabriquer des cercles de tonneaux; on ln fait aussi des lattes pour palissades, des me- Usures de capacité, des voliges pour toitures, des \Cannes, elc. Le Châtaignier est souvent cultivé dans les parcs tcomme arbre ornemental ; sa tête large, arrondie |eb touffue en fait une espèce très pittoresque *. | = Barraz eb SAaGNIER : Dictionnaire d'Agriculture, t. I, ? Comme arbre ornemental, on donne généralement la préférence aux variétés suivantes : Châtaignier commun à feuilles crispées; Ch. c. à feuilles disséquées ; Ch. c. à feuilles dorées; Ch. c. à feuilles ar- sentées, à feuilles hétérophylles; Ch. nain, ou chincapin; Ch. commun nain pauaché. 4 Ges variétés sont précieuses pour l’ornementation par leur magnifique feuillage et leur rusticité. Le bois du Châtaignier ressemble assez à celui du chêne comme couleur et comme tissu, mais il s'en distingue par ses rayons médullaires, qui sont très minces, peu visibles à l’œil nu, et par sa den- silé, qui n’est que de 0,600 environ, tandis que celle du chêne dans les mêmes conditions est de 0,786. Comme bois de charpente, le Châtaignier a une réputation bien supérieure à sa valeur réelle ; bien des charpentes d'anciens édifices, qu'on croyait en châtaignier, fait remarquer M. A. Frochot, sont réellement en chêne (Notre-Dame de Paris, la Sainte-Chapelle, la cathédrale de Troyes, etc.); néanmoins, à condition qu'il ne soit pas exposé à des alternatives de sécheresse et d'humidité, il est d'assez bonne durée !. Comme bois de chauffage, le Châtaignier est inférieur au Chêne, non qu'il ne donne pas de chaleur, mais parce qu'il pétille, noircit et lance constamment des étincelles. Son charbon est assez recherché, surtout par les maréchaux. $ 3. — Rôle des Châtaignes dans l'alimentation. Le fruit du Châtaignier croissant dans les forêts est assez médiocre, mais les variélés cultivées four- nissent des châtaignes excellentes. Les marrons les plus estimés, à cause de leur volume et de leurs qua- lités, sont ceux dits de Lyon, qui proviennent des Châlaigniers du Vivarais. Ce sont également les plus recherchés par les confiseurs pour la confec- tion des marrons glacés. Les marrons sont vendus frais ou secs, et, aussi, dépourvus de leur enveloppe. Leur compo- sition, et, par suile, leur valeur alimentaire, est quelque peu variable. Tagceau 1. — Composition chimique et valeur ali- mentaire des Châätaïgnes. ; : | ENTIÈRES DECORTI- MOYENNE 2 QUÉES DESIGNATION en en en | grammes grammes grammes [0 Yo °/o Toners ee 39,32 7,34 89,87 Matières azotées. 3,80 10,76 0,96 GLASS NT. : 2,49 2,90 0,23 Matières extractives non | azotées et sucre . 43,71 73,04 (Dal ie] | Cellulose brute. . . . . 8,59 2,99 4,05 (DONCHÉRR ME TIENNE 2,09 PC 0,75 Le tableau I donne, à ce sujet, quelques résul- tats d'analyse, que nous empruntons à M. J. de Brévans *. Des châtaignes fraiches de Bretagne, que nous 1 A. Frocuor : Traïté de Sylviculture générale, p. 64. ? Les Légumes el les Fruits. 736! ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES'EN FRANCE avons analysées au laboratoire de l'Ecole d’Agri- culture de Grand-Jouan, nous ont donné (débarras- sées de leur enveloppe) : Eau ec - PRO NES O1 © 46,15 Matière sèche organique. 51,93 — minérale . 1,92 100,00 Matières azotées. 3,00 Matières grasses. . . ne 2,46 Matières amylactes et. SUCrÉES 01 CelMOSe Re: io M are 1,90 Les malières minérales, ou cendres, sont sur- tout riches en sels de polasse et de magnésie, comme le montrent les chiffres ci-dessous : POtASSe ee ce oi ae 1,349 Soude . RE CET es en 0109 CRU NE RE EC AMD 002 Macnésie Ce ee Cure D = onU TE Oxyde de fer. 0,003 Acide phosphorique 0,431 Acide sulfurique . He or l0 092 CDLOTE ER RS RP 0 12 Les châtaignes cuites ou grillées constituent une excellente nourriture; on peut cependant leur reprocher une trop faible teneur en matières azotées; c'est pourquoi il faut, lorsqu'elles for- ment la base de l'alimentation, les associer à du laitage. On a calculé qu'un homme devrait en manger à kilos environ pour retrouver l'équiva- lent d'un aliment complet et suffisant. Les châtaignes sont aussi utilisées dans l'alimen- talion des animaux; on les donne, crues ou cuites, au porc, au cheval, aux ruminants et aux oiseaux Elles nourrissent bien tous ces ani- maux et les engraissent même si on les distribue à assez forte dose, surtout si on les a préalable- ment débarrassées de leur écorce et si on les a fait cuire. Elles produisent toujours de la très bonne viande. de basse-cour. En tout cas, en raison de sa composition, la chà- taigne en elle-même ne saurait constituer une ra- faudrait en donner de trop grandes quantités; il convient donc toujours de l'associer à des aliments plus riches en substances protéiques. ion complète; ül II. — CULTURE COMMERCIALE. C'est surtout dans le Centre et le Midi que le Châtaignier est cultivé en vue de la spéculation. On le multiplie alors par greffe sur des plants obtenus: en pépinière par semis. Les sujets, élevés en pépinière jusqu'à l’âge de sept ou huit ans, sont greffés en tête, quelquefois 15 la pépinière, d’autres fois après la plantation neure. Les greffes les plus usitées sont celles en écusson, en fente simple ou à l'anglaise, en cou ronne et en flûte. S 1. — Variétés principales. Notre intention n'est pas de décrire ici, ni même d'énumérer les diverses variétés de châtaigniers ; mais nous croyons ulile de signaler les plus re-, commandables, celles qui doivent être PES pour la culture commerciale : Grosse-rouge, arbre robuste, fruit d'excellente qualité, de maturité moyenne et de bonne conser- valion; ne craint pas la gelée. Pelegrino, fruit de grosseur moyenne, d'excel- lente qualité; variété très productive, surtout cul tivée dans les Cévennes. Grosse-verte, une des variétés les plus estimées aux environs de Périgueux; très productive et de bonne conservation. Jaune de Bordeaux, variété assez précoce, très féconde, mais craignant la gelée, et de conservation … peu aisée; elle est néanmoins assez cultivée dans l'ouest de la France. Il en est de même de la va-n riélé : Avant-chätaigne où châtaigne jaune hätive, à très gros fruit, rond, de couleur brune. Nouzillarde, très bonne variété à beau et gros fruit, surloul cultivée dans le Poitou; on l'appellen encore OÜsillarde. Pattue, variélé très féconde, remarquable pars l'empâtement qui occupe les deux tiers de la face de l'écorce. "SA Gaougiouso, fruit de grosseur moyenne, fin; va riété tardive, mais très produclive. Marron de Lyon, encore appelé marron de Luc, de Lusignan, ou d'Agen; c'est la meilleure de toutes les variétés; très grosse, presque ronde, à écorce fine; très fin et très savoureux. Le fruit ne ren ferme qu'une châlaigne. Il en est de même de la variété Æ£xalade, qui ressemble au marron, mais. moins grosse; elle est très productive. $ 2. — Établissement des châtaigneraies. Les chätaigneraies sont très importantes sur a. sieurs points du terriloire français, surtout dans la | Dordogne, l'Ardèche, la Corrèze, la Haute-Vienn le Cantal, le Lot, l'Aveyron, le Gard et la Corse. chälaignier occupe un tiers de la surface boisée de ce dernier département; il s'élève à une allitude de | 1.900 mètres. On cite, dit M. Ch. Ballet‘, des arbres | mesurant 8 mètres de tour et 25 mètres de bau- teur. Le plein rapport du châtaignier en Corse est À acquis à trente ans de greffe. 1 Traité de la culture fruitière commerciale et bourgeoise, | p. 91. En 1869, la Corse a exporté 140.000 kilos de chà- taignes. Dans la culture commerciale, les châtaigniers sont plantés en bordure le long des champs, en général du côté du nord, en avenue et même en massif. Comme cet arbre ne fructifie bien qu'au- ant que sa tête n'est gènée par le voisinage d’au- eun autre, et que, d'un autre côté. il est appelé à ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE 737 naissent sur la tige au collet de la racine, et qui diminuent la vigueur de l'arbre. La taille est inu- tile ou nuisible au châtaignier. Cependant, une fois l'arbre planté, on surveille les branches qui s'écartent et on les rapproche par une taille très modérée. La branche fruitière se re naturellement et vit longtemps. Plus tard, on pourra restaurer les ANGLETERRE & > © \ / En, 4e £v L ï & € F de US Lex 44 e U73- 7 ER ë ? 7 601 000 > L 994 000 34 149 716 Fig. 2. tefois, il est cultivé dans toute la France, soit | comme essence forestière, soit comme arbre frui- | tier, sauf cependant dans vingt-quatre départe- ments, qui sont: l'Aisne, les Ardennes, l’Aube, les Bouches-du-Rhône, le Calvados, la Côte-d'Or, les Côles-du-Nord, le Doubs, l'Eure-et-Loir, le Gers, le Jura, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, le Nord, l'Orne, le Pas-de-Calais, le Haut-Rhin, la Haute-Saône, la Seine, la Seine- Inférieure, la Seine-et-Marne, la Somme et les Vosges. Ce n'est pas à dire toutefois que ces départements ne consomment pas de châtaignes, car pendant tout l'hiver ce fruit y est l'objet d'un commerce très actif, ENS 14548 000 LAN | @ 47 888 000 AN ë [7 RKKKKKKNNNY Le 2 AIRRKkKkKKE EEE 973 000 = 2 NN - -— -— -- ----|2 — Production et valeur des châtaignes obtenues en France de 1885 à 1899. | France, nous en demandons encore à l'étranger,. } Années 2685 Froduction en quitaur — 3 093 000 1 5 462 — 4 668 la plus abondante en France; mais ce fut quelque peu au détriment de leur qualilé, car la valeur totale n'alteignit que 46 millions de francs, contre 49.643.000 qu'elle atteignit en 1892 avec une ré colte qui était cependant de plus de 2 millions de \ quintaux en moins. La plus mauvaise récolte a eus \ lieu en 1896. La diminution constatée depuis 1894 lient vrai semblablement à l'extension de la maladie, ou plutôt des maladies du châtaignier, qui se sont | étendues sur toutes ou à peu près loutes les ché. taigneraies de France et dont nous parlons à la L 4 1 de cette étude. . M Malgré l'énorme production des châtaignes en ! ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE 139 = ——————.————….…—.....…..._.. - -——..….….….….….….….….….….…._._.…._— notamment à la Turquie et à l'Italie‘. Il est vrai que d'un autre côté, nous en exportons aussi de très fortes quantités, principalement en Angleterre, en Suisse, en Algérie, en Allemagne, en Hollande et TaABLEAU II. — Éléments statistiques de la production des Châtaignes dans les huit départements qui en produisent le plus. PRODUCTION totale en quintaux VALEUR totale en francs VALEUR moyenne du quintal DÉPARTEMENTS .4C0 -800 .000 -000 5.600 .000 -340 .160 862.400 720.400 470.000 400.000 311.400 220.000 176.550 159.410 Haute-Vienne Basses-Pyrénées. . . . Gard Aveyron => N © cr 1 DSL ED TN Eo en Belgique. C'est ce que montrent les chiffres du tableau IIT, qui s'applique aux années 1896, 1897, 1898 et 1899. Les Parisiens sont très friands de châtaignes; aussi la Capitale en achète-t-elle tous les ans de très grandes quantilés, variables d’ailleurs, mais qui sont loin d'être proportionnelles à la quantité pro- duite en France, comme le montrent les chiffres du tableau IV, qui indiquent les quantités de chà- | taignes vendues à Paris au carreau des Innocents Tagceau II. — Commerce des Châtaignes. DÉSIGNATION L'xportations. Italie, kilos . Autres pays, kilos . . . .926! 4.655.933 42. Total, kilos.| 5.112.064! 4. Valeur, en francs. . .| 3.245.703] 5.053. 698. Importations. Quantités, en kilos . . . Valeur, en francs. . . .190 en 1893, 1895, bas et les plus dise. C’est donc en 1895 que les châtaignes ont atteint les prix les plus élevés sur le marché de Paris. 1898 et 1899, avec les prix les plus élevés atteints par cette marchan- 1 L'Italie cultive une étendue totale évaluée à 404.000 hec- tares de châtaigneraies ayant produit, en 1898, 2.300.000 hec- tolitres. IIT. — ENNEMIS ET MALADIES DES CHATAIGNERAIES. Pas plus que les autres arbres fruitiers et fores- tiers, les châtaigniers ne sont à l'abri des attaques de plusieurs parasites animaux et végétaux, qui exercent souvent des dégâts importants. $ 1. — Parasites animaux. Il faut citer tout d'abord la plupart des rongeurs et principalement les mulots, qui sont très avides de châtaignes ; de leur fait, les semis en pépinières sont parfois complètement dévastés. Pour les mettre à l'abri de leurs déprédations, divers moyens | ont été proposés; nous conseillons de tremper les châtaignes, quelques jours avant de les confier à la terre, dans une infusion assez concentrée de Quas- Tagceau IV. — Vente des Châtaignes sur les mar- chés de gros de Paris. | ANNÉES QUANTITÉS VENDUES maximum fr. c- fr. hectolitres. Re 11 19 9 quintaux 18 3 hectolitres . 19 quintaux 28 hectolitres 13 quintaux 18 hectolitres . : 9 quintaux 13 sia amara, qui ne nuit en rien à la germination, mais dont l’amerlume, très prononcée, n’est nulle- ment du goût des rongeurs. C'est un moyen simple et peu coûteux qui réussit très bien. La larve du hannelon, ou ver blanc, attaque souvent lesracines ; elle est surtout nuisible quand les arbres atteints sont jeunes. Le PBalanin des châtaignes est une sorte de petit charancon dont la larve vit dans la châtaigne, s’en- fonce dans le sol après la chute des fruits, pour s y transformer en chrysalide, puis en insecte par- fait à la belle saison. Il est assez rare que cet insecte se multiplie beaucoup; toutefois, lorsque le cas se produit, le seul remède consiste à brûler les fruits atteints. La Pyrale brillante, ou Carpocapse des chä- taignes, est beaucoup plus commune, et cause sou- vent des dégâts très importants dans les châlai- gneraies. C'estunpetitpapillonlongde8 millimètres; il est de couleur grisâtre, avec les ailes supérieures 1 Il convient de remarquer que, fraiche, la châtaigne pèse, pelée ou avec son écorce, 12 kilogrammes l'hectolitre ; sèche et avec son écorce, 49 kilogrammes; sans l'écorce, 59 kilo- grammes. :0 ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE brunes pointillées de gris avec une tache noire |! Dans l'Aveyron et sur bien d’autres points des bordée d'argent brillant ; les ailes inférieures sont | Cévennes el du Périgord, les châtaigniers ont élé grises, et la tête brune. Ce papillon voltige tout | attaqués par une maladie qui a eu, particulièrement l'été, à partir de juin ; la femelle va pondre sur les jeunes châtaignes. Les chenilles qui sortent des œufs, ou vers des chätaignes, sont blanchàtres, avec la tête brune; elles pénètrent dans la partie farineuse du fruit, s'en nourrissent et y accumulent leurs déjections. Les châtaignes ainsi piquées Lom- bent avant les autres, et les chenilles s'enfoncent alors dans le sol, où elles hivernent. Le seul remède consiste à brûler les châtaignes atlaquées, au fur et à mesure de leur chute. Le bois du châtaignier est également la proie de plusieurs insectes xylophages. C'est ainsi que dans les Pyrénées beaucoup d'arbres sont atteints depuis quelques années par le Platipus cylindricus, avec lequelon trouvesouventle Bostrychus monographus et le Colydium elongatum ‘, contre lésquels on ne connait malheureusement pas de remède efficace. $ 2, — Parasites végétaux. Une maladie grave des châtaigniers est celle qu'on désigne communément sous le non de Javart. Elle sévit surtout dans le Limousin, et cause des dégâts considérables aux environs de Limoges, où l'exploilation des chàätaigniers en taillis, pour la fabricalion des cercles et des laltes, a une grande importance. s Il y a une trentaine d'années, dit-on, que celte maladie à apparu, et elle a depuis fait des progrès assez rapides. La plupart des taillis en sont aujour- d'hui atteints: elle a envahi là une zone boisée d'environ 130 à 150 hectares. Elle existe aussi dans le déparlement dela Loire- Inférieure, où nous avons pu la diagnostiquer à maintes reprises. Cette affection, désignée par MM. Prillieux et Delacroix * {qui en ont fait une étude très appro- fondie, sous le nom de /Jiplodina castaneæ), appa- rait sur l'écorce des jeunes rejets, sous forme de très apparentes, commençant presque immédiatement au-dessus de la souche, el arrivant en très peu de lemps à faire le tour de la tige. L'écorce devient brunälre, se déprime, puis se taches allongées, dessèche et se crevasse en pelites plaques qui se soulèvent et se détachent en certains points, en laissant le bois à nu; le bois est lui-même altéré et il est alors impossible de refendre les perches. Un quart des liges meurent avant d'avoiratteint l'âge de sept à huit ans. On ne connait aucun remède contre cetle grave affection. les Eaux et Forêts, t. XVII, Paris, 1878. t Decacroix : Le Javart, maladie des châtai- la Société Mycologique, t. IX, p.215, 1893. en 1888, une influence néfaste sur la récolte des chätaignes. Les feuilles loutes vertes se sont couvertes de très petites taches brunes qui se desséchaient; puis, elles ont pris un aspect languissant, ont jauni et bruni par places, et sont lombées. Dès les premiers jours de seplembre, les chàtaigniers présentaient cette apparence maladive; au milieu d'octobre, ils étaient aussi complètement dépouillés de leur feuillage que dans le mois de décembre. Cette altération et celle chute prématurée des feuilles ont été accompagnées de l'avortement à peu près complet des fruits. La récolte des châtaignes a élé absolument nulle dans l'Aveyron et dans pres- que loule la région des Cévennes. Cette maladie est causée par un champignon microscopique appelé Phyllostida maculiformis, qui, en Italie, a été l'objet d'une étude spéciale et très complète de M. Berlèse', etqui, en France, a surtout élé étudié par M. Ed. Pril lieux*. Voici, à ce sujet, ce que dit ce dernier auteur : « Il est hors de doute que dans certaines condi- tions particulières de température et de climat, qui se sont trouvées réunies en 1888, le champignon, cause de la maladie, n'attaque pas seulement les feuilles mortes, mais est vérilablement parasite; qu'il se développe dans les feuilles vertes et en cause le dépérissement et la chute prémalurée, mais ce n’est que dans les années exceptionnelle- ment humides et pluvieuses qu'il cause ainsi une maladie qui a de graves conséquences pour la récolte de l'année; celte maladie ne reparait pas quand les conditions atmosphériques sont nor- males. » Sur diverspoints de la France, etnotamment dans … les Pyrénées, les châlaigniers sont souvent atleints par l'Agarie couleur de miel (Agaricus melleus),« champignon dont le mycélium, très commun à l'au- tomne sur les vieilles souches, se montre en Cor" dons noirs, rameux, aplalis, rampant sous l'écorce et devenant parfois phosphorescents. Enfin, depuis une trentaine d'années, on signale en Bretagne, dans les Cévennes, la Marche, le Li- mousin, l'Auvergne, le Périgord et les Pyrénées, une autre maladie au sujet de laquelle on n'est pas encore complètement fixé, mais qui est de la par de M. L. Crié, professeur à l'Universilé de Rennes, l'objet d'études très persévérantes, qui ne manques, } ront pas d’être couronnées d'une sanction pratique. ! Beuzèse : Il seccume del Castagno. Revista di Patologian vegetale, t, 11, nos 5-9, 3 En. Pricuieux : Maladies des plantes agricoles, t. A p. 215, 1891. | ALBERT LARBALÉTRIER — L'ÉTAT ACTUEL DES CHATAIGNERAIES EN FRANCE Il s'agit, d'après cet auteur‘, d'un champignon dont on na pas encore découvert les appareils ascosporés ou périthèces. Les spermogonies noi- râtres ou pycnides de ce mycèle sont mises à nu quand on fend le bois. Elles représentent des bou- leilles à très long col (ostiole), renfermant des spermaties ou pycnospores linéaires, arquées. Les appareils reproducteurs en question pénètrent bien avant dans le tissu ligneux auquel elles se ratta- chent par de longs filaments bruns, filiformes, qui envoient dans les vaisseaux des hyphes hya- lines, renflées en nœuds de distance en distance. Ces hyphes envahissent les vaisseaux du bois, les- quels renferment des thylles, des obstruclions gommeuses et quantités de bactéries. Le Sphaeronema endoxylon (c'est le nom du _ champignon), et les masses gommeuses nombre de fois signalées, constituent un phénomène secon- daire, un épiphénomène, dans le processus mor- bide. Ce micromycète dissout la cellulose et le ligni-gomme (holzgummi, xylose). On remarque en effet une destruction progressive des parois des vaisseaux et la formation de cavilés et de sillons - plus ou moins accentués simulant les galeries d'un 4 L. Cri : Rapport sur les maladies des châtaigniers en Bretagne. Bulletin du Ministère de l'Agriculture. Paris, 1895. L. Crié : Rapport sur la maladie des châtaigniers dans la Marche, le Limousin, l'Auvergne, le Rouergue et le Péri- gord. Bulletin du Ministère de l'Agriculture, 1898. 741 insecte, dans les parlies du bois où existent les mycètes et les spermogonies. La dissolulion de la substance ligneuse est ici l'œuvre d'un ferment cyto-hydrolytique, ferment soluble très actif. En résumé, les châtaigniers malades se rencon- trent surtout avec ces caractères : association de bactériacées et de mycèles très divers, obstructions cellulaires et vasculaires, flux bactério-mycotique suintant le long des troncs et formant en durcissant à l'air une substance d'un noir luisanl; odeur par- ticulière (odeur alcoolique, odeur de cellier) s'exhalant des racines et des branches, quand on les brise, à une certaine phase du processus mor- bide. M. L. Crié conclut en ces termes, qui nous servi- ront également à lerminer celle monographie : « Nos études touchent à des questions vives qui exigent une solution. On ne peut les mener à bien qu'à force d'observations minutieuses, d'expériences vérifiées, de lâtonnements prolongés. Les per- sonnes peu familiarisées avec ce genre de recher- | ches ne comprennent pas les calines lenteurs de l'observation et de l'expérience; les esprits prati- ques s'impatientent contre la Science qui ne répond pas tout de suite à leurs empressements. Gardons- nous de rien avancer sans faits spéciaux el con- cluants et sachons résister à ces empressements. » Albert Larbalétrier, Professeur à l'École d'Agriculture de Grand-Jouan. 1 19 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Fôppl (D' Aug.). — Vorlesungen über technische Mechanik; Vierter Band : Dynamik (zweite Aufñflage). — 1 vol. in-8° de 506 pages, avec 69 figures dans le texte. Teubner, éditeur, Leipzig. 1902. Le tome IV de la Mécanique technique de M. Fôppl ne comprend pas seulement la Dynamique du point matériel et des systèmes, mais il renferme, en outre, un excellent exposé des théories élémentaires de l'Hydrodynamique. Le compte rendu que nous en avons donné dans la Æevue du 30 mai 1900 nous dispense d'analyser en détail cette seconde édition. Celle-ci ne se distingue de la première que par quelques améliorations de détail et additions. L'ouvrage a été augmenté d'une cinquantaine de pages. Cet accrois- sement à porté principalement sur la théorie du choc et sur l'application du principe de Carnot à l'Hydro- dynamique. Congrès international de Mécanique appliquée de 1900. Tome 1. Rapports présentés au Congrès. 4 vol. in-& de 544 pages avec fig. — Tome II. Pro- cès-verbaux des Séances du Congrès. 1 vol. 1n-4° de 96 pages. — Tome III. Communications et Con- férences. 1 vol. in-4° de 300 pages avec fig. (Prix de l'ouvrage complet : 40 fr.) Ve Ch. Dunod, éditeur. Paris, 1900-1902. Ces trois volumes renferment tous les documents relatifs au Congrès international de Mécanique ap- pliquée qui s’est tenu à Paris au cours de l'Exposition universelle de 1900. La Commission d'organisation du Congrès avait fixé par avance un certain nombre de questions impor- tantes à traiter, sur lesquelles elle avait demandé à “divers savants et ingénieurs de présenter des rapports détaillés. Ceux-ci forment la matière du tome IL. Le défaut de place nous empêche de les analyser comme ils le mériteraient; nous nous bornerons à signaler les principaux. i a première question : Organisation des ateliers mécaniques et, en particulier, des ateliers de construc- tion mécanique, à été l'objet d'un Rapport de M. V. Toussaint. La deuxième question, relative aux Laboratoires de Mécanique, a été exposée et discutée à maintes reprises dans les colonnes de la Revue. M. J. Boulvin a démontré à nouveau, dans son Rapport, la nécessité de la créa- tion de nombreux laboratoires de ce genre ; ila indiqué la forme sous laquelle ils peuvent être réalisés et les travaux qu'ils doivent effectuer. M. V. Dwelshauvers- Dery a décrit l’organisation du Laboratoire de Mécanique de l'Université de Liége, et M. R. Thurston celle des laboratoires américains. MM. le C!t Mengin, E. Cha- bat etC. Codron ont fait connaître des laboratoires d'essais plus spéciaux : celui de la Section technique de l’Artillerie, celui de la Compagnie P.-L.-M. et celui de l'Institut industriel du Nord dela France. . La troisième question : Applications mécaniques de l'Electricité, a été exposée par M. Delmas, qui s’est spécialement occupé des appareils ‘de levage; par M. Ed. Henry, qui a étudié la transmission électrique le l'énergie aux chantiers de travaux publics, et par {. A.-E. Kennely. La quatrième question, concernant les appareils de levage, à fait l'objet d'un Rapport de M. Bassères sur le Ï : ce genre que construit la Compagnie de Fives-I Ÿ La cinquième question : Aoteurs hydrauliques, à été exposée en deux Rapports : l'un, de M. Prazill, sur les progrès de la construction des turbines hydrau- liques en Suisse depuis 1889; l’autre, de M. A. Rateau, sur l'état actuel de la théorie et de la construction des turbines hydrauliques. La sixième question : Chaudières à petits éléments, a fait l'objet de Rapports de M. Brillié sur la classili- cation, le fonctionnement et le rendement de ces chau- dières, et de M. W.-F. Durand sur la construction de ces chaudières aux Etats-Unis. Sur la septième question : Machines à vapeur ra- pides, rotatives et turbines à vapeur, M. E. Lefer a présenté une étude générale, suivie d'un Rapport de M. E. Lecornu sur les régulateurs-volants. La huitième question : Moteurs thermiques, a donné lieu à des Rapports de M. R. Diesel sur le moteur ther- mique de son système; de M. B. Donkin, sur les mo- teurs à gaz de hauts-fourneaux, qui se sont développés avec une si grande rapidité depuis quelques années, et de M. A. Witz, sur les moteurs à gaz de grande puis- sance en Métallurgie. Enfin, MM. Rochet, Cuénot et Mesnager ont présenté un Rapport général sur l’automobilisme, qui formait le sujet de la dernière question. Le tome II renferme les procès-verbaux des séances du Congrès, avec les discussions auxquelles ont donné lieu les Rapports ci-dessus, et les vœux qui ont été émis par le Congrès. Le tome I contient 1n extenso quelques communi- cations et conférences faites au Congrès en dehors des Rapports déjà mentionnés. Nous citerons en parti- culier : une étude détaillée de M. F.-G. Kreutzherger sur l’organisation d'un atelier de construction de ma- chines-outils; des rapports de MM. A. Rateau et K. Sos- nowski sur les turbines à vapeur; une contribution de M. L. Letombe à l'étude des machines thermiques ; enfin, les conférences de M. Rabut sur l'expérimenta- tion des ponts, et de M. G. Richard sur la machine- outil moderne. En somme, ces trois volumes renferment un en- semble de données essentielles sur les principales ques- tions à l’ordre du jour en Mécanique appliquée. 2° Sciences physiques Morgan (J. Livingston R.), Professeur adjoint de Chimie physique à l'Université de Columbia. — The Elements of physical Chemistry. — Petit in-8° de 352 pages (2 édition). John Wiley et Sons. New- York, 1902. Le petit manuel dont M. Morgan publie aujourd'hui la seconde édition, mérite d'attirer l'attention de tous ceux qui s'intéressent à l’enseignement de la Chimie physique. Il donne une idée de l'importance que lon attache, au delà de l'Océan, au développement de cette science et du rôle qu'elle y joue dans les études de Chimie. Les « Eléments de Chimie physique » de M. Mor-. _gan, en sont, en effet, à leur troisième mille; on recon- naîtra que, pour un ouvrage de science, c’est déjà un réel succès. Par son plan, par ses développements, cet excellent. manuel relève de l'Ecole de Leipzig, dont les méthodes et les idées sont aujourd'hui trop connues par le Lehr- buch der allgemeinen Chemie, du Professeur Ostwald, pour qu'il soit nécessaire d'entrer ici dans des détails circonstanciés. Il suffira de noter que M. Morgan a laissé de côté tout. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 743 ce qui, en Chimie physique, est encore en voie de transformation, pour s'en tenir exclusivement aux | résultats bien acquis, qui sont exposés par lui avec une réelle clarté. A ce point de vue, l'étudiant trou- … vera dans ce manuel un guide sûr, qui se distingue encore des manuels publiés jusqu'à présent sur le même sujet, par un recueil de cent cinquante problè- mes numériques (avec les réponses), qui termine l'ou- vrage. La résolution de ces problèmes est évidemment un des meilleurs moyens de se rendre compte de la por- tée pratique de la Chimie physique, dont la grande in- dustrie tend, d’ailleurs, de plus en plus à faire son profit. Pour les personnes versées dans les questions de Physique, plusieurs de ces problèmes paraïtront peut- être élémentaires, On reconnaîtra cependant, d'autre part, qu'il serait à désirer que tous les élèves chimistes, “même ceux qui se destinent à l’industrie, fussent en “état de résoudre facilement toutes les questions de ce enre; ils s'épargneraient souvent ainsi, au cours de leurs travaux, de longs et inutiles tätonnements. PH.-A. GUYE, Professeur de Chimie à l'Université de Genève. 3° Sciences naturelles uéguen (F.).— Anatomie comparée du tissu con- ducteur du style et du stigmate des Phanéro- games. — I. Wonocotylédones, Apétales et Gamopeé- tales. (Thèse pour le Doctorat de la Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol in-8° de 136 pages avec 421 fiqures et 22 planches dans le texte (Journal de Botanique, 15° ef 16° années). Mersch, imprimeur. —…. Paris, 1902. — On sait depuis 1824, par les recherches d’Amici, que le grain de pollen germe en donnant un tube qui pénè- tre dans le tissu du stigmate, et ce savant observateur émis, avec raison, l'hypothèse du double rôle du tissu conducteur traversé par le boyau pollinique, qui est de nourrir ce dernier et de le guider jusqu’à l’ovule. Quel que soit le nombre des travaux publiés depuis cette époque sur la fécondation des Phanérogames, il n'existe guère dans la littérature scientifique que des “observations isolées sur la structure intime du style et du stigmate. La morphologie externe en est, au con- traire, parfaitement connue. Cependant, en 1878, M. G. Capus a déjà décrit, dans mn. M. Guéguen a repris la question en laissant de côté es espèces appartenant aux Dialypétales, et, par un Choix judicieux de ses échantillons, nous apporte un Lensembie de faits des plus intéressants. Non content de Lsadresser au style et au stigmate, il a le plus souvent | Suivi ce tissu conducteur jusque dans l'ovaire. Les méthodes d'investigation employées par l'auteur sont les suivantes : 1° examen direct par transparence Len ayant recours, comme réactif éclaireissant préféré, | au bleu lactique (bleu coton 1 gramme, acide lactique pur 73-100 grammes) qui colore en bleu foncé le con- Létenu du tube pollinique ; 2 a dissociation à l'aiguille après macération préalable dans l'acide chromique à 12/ ; 3° sections transversales et longitudinales à diverses hauteurs. Le travail de M. Guéguen, qui porte sur uu nombre considérable d'espèces (plus de 150), est conduit avec !| beaucoup de précision, de clarté et de méthode, et les | nombreuses figures disposées en planches dans le texte rendent plus attrayante la lecture de descriptions for- cément arides. Comme l'on pouvait s'y attendre, de toutes les régions parcourues par le tube pollinique de la surface du stigmate à l’ovule, c'est l'ovaire qui présente le moins de variations dans la structure de l'appareil en question, et le rôle conducteur est dévolu à l'épiderme de la face interne de la feuille carpellaire ou à celui des placentas. Le tissu conducteur stylaire n'existe guère chez les Graminées ou les Cypéracées ; à peine différencié chez les Liliacées, où sa structure est reliée à celle des papilles stigmatiques par d'’insensibles passages, il se montre chez les Orchidées comme un tissu dissocié occupant le canal stylaire et les cordons conducteurs des placentas. Avec certaines Apétales (Urticacées, Polygonacées, etc.), on se trouve en présence d’un véri- table tissu, et l'existence du parenchyme conducteur plein (collenchymatoïde) est un fait constant chez les Gamopétales : « Le fusionnement et la prolifération y sont d’autant plus complets que l’on s'élève davantage dans la classification naturelle. » Les stigmates et les papilles stigmatiques dont la forme est évidemmentsous ladépendance des conditions variées de la pollinisation, présentent des caractères extérieurs inconstants. Les stries ou cannelures de la surface des styles et des ovaires semblent jouer diffé- rents rôles, soit dans la déhiscence, soit dans la chute ou la marcescence de ces organes. La nervalion du style va en s’atténuant de la base vers le sommet chez les Monocotylédones (Graminées, Palmiers, etc.) ; au contraire, chez les autres,et en parti- culier chez les Gamopétales, elle atteint d'ordinaire son maximum de développement au niveau du stigmate. De l’ensemble des faits exposés dans ce travail, il faut retenir tout spécialement un cerlain nombre de points concernant les affinités de diverses familles végétales. Presque toujours, l'histologie du style et du stigmate a montré que les particularités de structure du tissu conducteur affectent une fixité remarquable dans une mème famille ou dans des familles que l’on considère en Systématique comme extrêmement affines. Tout en fixant d’une manière définitive nos connais- sances sur le tissu conducteur, dont le rôle est loin d'être négligeable dans cette série des phénomènes secon- daires de la fécondation, M. Guéguen, par ses palientes, minutieuses et délicates recherches, nous apporte dans beaucoup de cas de nouveaux arguments en faveur de la classification naturelle actuellement admise. Il reste à l’auteur à s'occuper des Dialypétales ; espérons que cette étude lui fournira matière à des considérations générales des plus intéressantes pour la Biologie végé- tale, Exice PERROT, | Chargé de Cours à l'École Supérieure de Pharmacie de Paris. Pérez (Ch.), Agrégé préparateur à l'Ecole Normale Supérieure. — Contribution à l'étude des Méta- morphoses. (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. in-8° de 230 pages avec 3 planches. L. Danel, imprimeur. Lille, 1902. L'étude des métamorphoses internes des Hyménoptè- res avait été fort négligée jusqu'à ces dernières années; mais, depuis 1898, une série de notes et de mémoires ont paru à ce sujet, tant en France qu'à l'étranger (Ka- rawaiew, Anglas, Berlese). M. Ch. Pérez vient apporter une intéressante contribution à ce sujet, un peu rebattu, mais encore fertile en controverses. L'auteur a fort ju- dicieusement concentré ses observations sur un type, le Formica rufa, en se limitant aux organes qui lui donnaient des résultats intéressants. Les observations de M. Ch. Pérez ont porté sur l’épi- thélium du tube digestif, les tubes de Malpighi, les glandes de la soie, le tissu adipeux et les éléments con- jJonctifs, le tissu musculaire; il les a examinés au point de vue de l’histolyse et de l’histogénès La partie la plus nouvelle de ce travail est celle qui se rapporte aux œænocytes, ces volumineuses cellules amiboïdes, de rôle mal connu, et que Berlese confond à tort avec les cellules excrétrices.— M. Ch. Pérez distin- gue les æœnocytes larvaires et les ænocytes nymphaux; les premiers, beaucoup plus volumineux, donnent nais- sance aux seconds par un bourgeonneraent rapide et d'aspect souvent singulier, qui simule parfois un englo- bement; les petits ænocytes nymphaux sont capables de pénétrer dans les cellules adipeuses, sans toutefois y jouer le rôle de phagocytes. 744 Laissant de côté les points où l’auteur est d'accord avec ses prédécesseurs, nous ne parlerons que des ques- tions en litige, et qui donnent de l'intérêt à ce travail. L'une d'elles se rapporte à l'origine des cellules de rem- placement de l'intestin moyen. M. Ch. Pérez, adoptant l'opinion de Karawaïew, les considère comme dés cel- lules-sœurs des grosses cellules larvaires : il remarque avec raison l'apparition précoce de ces histoblastes, et il insiste sur ce fait qu'il les a retrouvées chez de très jeunes larves de Fourmi. Mais l'argument n'est pas sans réplique, car les cellules de remplacement n'existent pas encore chez de très jeunes larves d’Abeille ou de Guèpe; de plus, leur disposition souvent intercalaire à la base des cellules larvaires, plaide en faveur de leur origine exogène. Bien que ce fait semble contraire à la théorie de l'individualité des feuillets, mes observations répétées me font pencher vers la seconde explication; il est tout au moins prudent de laisser la question en sus- pens, tant qu'elle n'aura pas été tranchée par l'étude complète du développement embryonnaire. Quant à l’origine des noyaux musculaires imaginaux, M. Ch. Pérez, qui l'avait d'abord cherchée dans les leu- cocytes, revient, dans sa thèse, à l’origine nucléaire lar- vaire que j'avais décrite, et sur laquelle l'accord est fait désormais. Ce qui caractérise le travail de M. Ch. Pérez, c'est qu'il constitue principalement une défense de la théorie phagocytaire de l'histolyse. Personne, actuellement, sauf Berlese, ne conteste aux leucocytes le pouvoir de phagocyter des fragments tissulaires. Mais M. Ch. Pérez va plus loin : il soutient que dans tous les cas l’histolyse est commencée et achevée par les leucocytes; ceux-ci attaqueraient les organes larvaires en pleine intégrité histologique, les dissocieraient en petits fragments, qu'ils engloberaïent. La phagocytose leucocytaire serait la cause et le mode unique de l'histolyse dans la méta- morphose. Nombre d'auteurs sont cependant d'accord pour re- connaître que, dans les cas par eux étudiés, lorsqu'il y a phagocytose, celle-ci est consécutive à une dégénéres- cence évidente des tissus. 11 y a donc des réserves à faire pour les organes auxquels M. Pérez veut appliquer sa théorie absolue (tubes de Malpighi, ænocytes, mus- cles, etce.); chez les Hyménoptères en général, les phé- nomènes sont moins rapides et moins intenses que chez les Diptères, étudiés tout d'abord. Dans les cellules adipeuses, M. Ch. Pérez est le seul à décrire encore une active pénétration de phagocytes. On avait pris autrefois pour des leucocytes les amas des granules albuminoïdes qui entourent le noyau de ces éléments, mais Berlese a fait justice de cette confusion: on ne voit pas alors comment M. Pérez a vu tous ces leucocytes et cette intense phagocytose. L'influence d’une même idée théorique s’est encore fait sentir au sujet des muscles du thorax. Leurs fibres sont dissociées, lors de la nymphose, par de nombreux élé- ments à formes variables, qui se colorent facilement. M. Ch. Pérez reconnait qu'ils ne ressemblent nullement à des leucocytes (p. 325), mais n'ayant pas observé leur origine, il les considère néanmoins comme tels : bien qu'ils n’englobent pas de sarcolytes (p. 327), l’auteur leur suppose une action phagocytaire échappant à l'observation; et ainsi, tout rentre dans là formule de phagocytoseleucocytaire. Mais lesplanches fortsoignées Jointes à l'ouvrage ne permettent pas de distinguer ces prétendus leucocytes des noyaux dérivés des éléments musculaires de la larve. Cela correspond effectivement à la réalité, comme je pense l'avoir montré dans un récent Mémoire !, où j'ai suivi depuis leur origine ces corps nucléaires, nés des noyaux musculaires primitifs. Revenons à la thèse de M. Ch. Pérez. L'auteur avait précédemment cherché la cause déterminante de la mé- tamorphose dans une crise de maturité sexuelle : les pro- duits de sécrétion des gonades exciteraient les leucocy- tJ . : d- ANGLas: Nouvelles observations sur les métamorphoses internes, Arch. d'Anat. microse., t. V, fasc. 1, avril 1902. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX tes à attaquer les organes larvaires. Après les critiques formulées par M. Bataillon et par M. Giard', l'auteur présente maintenant sa théorie comme une tentative partielle d'explication. En concluant, il souhaite que cette hypothèse, «dàt-elle être démontrée fausse, suggère des travaux et des controverses d’où naïîtra plus de lu= mière sur la question ». L'effet avait devancé ce vœu, car les discussions ont précédé la publication de cette thèse. Mais ce conscien cieux travail rendra certainement d’autres services en. core. Ceux qui s'occupent des métamorphoses le liront avec intérêt. Peut-être regretteront-ils que l'ouvrage semble constamment dominé par la préoccupation d'une théorie à soutenir, ce qui a peut-être, malgré lui, in- fluencé l'auteur dans certaines interprétations. J. ANGLAS, Docteur ès Sciences. 4° Sciences médicales Lemanski D'.—Hygiène du Colon ou Vade-Mecum de l'Européen aux Colonies. — 1 vo/. 1n-4 de 600 pages. G. Steinheïl, éditeur. Paris, 1902. Dans ce volume, toutes les questions de l'Hygiène sont traitées d'une façon intéressante. Il est banal de répéter que l'hygiène est la plus précieuse sauvegarde de la santé : prévenir la maladie, c'est mieux encore que la guérir. Dans les pays nouveaux, c'est une science encore plus nécessaire à étudier : sur la santé: du colon repose tout le succès de l'entreprise coloniale; si les premiers colons deviennent malades, un discré dit en rejaillit sur la colonie, et ce discrédit, souvent immérité, sera lent à disparaïtre. Par ignorance, le colons vont souvent construire leurs habitations dans les endroits les plus malsains, dans les bas-fonds aù sévit la fièvre; mais ils sont là à côté des routes, des voies de chemins de fer. La chose se voit même dans nos possessions les plus rapprochées, en Tunisie, le long de la Medjerda, alors qu'à trois cents mètres de la rivière, sur la colline, on a de parfaits sanatoria: Sur ces collines on trouve les ruines romaines, et les Arabes vont toujours y établir leurs gourbis. Mal informés, nos colons n'ont pas su imiter leurs précur- seurs dans ce pays; aussi trop souvent les voit-0 atteints de l'endémie palustre. 4 Passant à un autre ordre d'idées, M. Lemanski préco nise l'hydrothérapie comme un des plus efficaces moyens pour lutter contre la chaleur et conseille aux colons de s'adonner aux sports et aux sains exercices physiques. Il parle de l'hygiène des enfants aux colo nies, de la vaccination, dans ces pays où la variole es si fréquente par suite du procédé dangereux de la variolisation. Le style dans lequel son livre est ée en rend la lecture attrayante et agréable. En out toutes les questions y sont traitées avec netteté concision. L'ouvrage a droit au plus légitime succès: D° Apriex Loir, Professeur d'Hygiène à l'Ecole supérieur d'Agriculture coloni-le. Hauser (G.). — Etudes sur la Syringomyélie. 1 vol. de 220 pages avec 51 figures. Le Roux. Paris, 1902. Ce travail n'est pas une étude d'ensemble sur la Sy- ringomyélie. Les monographies parues dans ces dei nières années, tant à l'Etranger qu'en France, ont sufli= samment mis au point ce chapitre de Pathologie, de date relativement récente. , L'auteur s'est attaché surtout à approfondir q ques points de l'histoire pathogénique, clinique anatomo-pathologique de la syringomyélie. S'appuy sur des faits symptomatiques précis, contrôlés par coupes histologiques, il. formule une série de conclu sions, la plupart originales et riches en déductions téressantes. 1 ‘ Voir la Revue annuelle d'Embryologie, par Loisez, Revue | générale des Sciences, 1901, p. 1140. #1 mu C'estainsi que, pour Hauser, les excitations sensitives itanées, conduites à la moelle par les racines posté- rieures, aboutissent {outes à la substance grise, et que l'hypothèse de conducteurs spéciliques pour les princi- ux modes de sensibilité cutanée, n’est nullement im- sée par les faits pathologiques. » Discutant ensuite la valeur de la dissociation thermo- anesthésique dans le diagnostic de la syringomyélie, il conteste que ce syndrome soif toujours l'expression d'une lésion localisée à la substance grise. La réparti- tion topographique de ces troubles de sensibilité a été également mal interprétée, selon Hauser. Les anes- ésies ne se disposent pas suivant le type segmentaire, @est-à-dire d'après une ligne perpendiculaire à l'axe membre, mais mettent, au contraire, particulière- ent en relief, dans leur forme et leur évolution nérale, le type radiculaire. Enfin, l'auteur, cherchant interpréter la pathogénie du processus syringomyé- ue, est moins affirmatif sur « ces questions encore à tude ». Il prouve cependant que les cas où le proces- s syringomyélique complique les lésions préexis- tes d'hématomyélie ou d'hydromyélie, ne peuvent e regardés comme constituant une règle. La cavité ingomyélique, spéciale sinon spécifique, ne doit pro- ablement pas être confondue avec les autres cavités médullaires. C’est là la seule partie de l'ouvrage où hypothèse ait sa part. Tous les autres chapitres sont marqués au coin de cette rigoureuse observation que n se plait à rencontrer dans les travaux sortis du labo- latoire du Professeur Déjerine. Dr J.-A. Sicar», L Chef de Clinique à la Faculté de Médecine de Paris. 5° Sciences diverses XX. — Le Programme Maritime de 1900-1906. — vol. in-12 de 354 pages, avec 16 tableaux synoptiques, (Prix : 3 fr. 50). — Félix Alcan, éditeur. Paris, 1902. La nation qui, aujourd'hui, ne disposerait pas d'une lotte militaire puissante, verrait se régler sans elle les andes questions de la politique internationale. Aussi, bus les gouvernements se sont appliqués à créer ou velopper leurs marines de guerre. Quelques-unes, de gligeables qu'elles étaient autrefois, sont devenues resque menaçantes, et la France aurait pu voir sa curité compromise si elle n'avait pris des mesures “pour le développement de sa puissance navale. Le Conseil supérieur de la Marine fut donc invité à Mdèterminer le nombre et l'espèce des bâtiments qu'il geait nécessaires au renforcement dé notre flotte, et, e 30 janvier 1900, le Ministre de la Marine déposait sur bureau de la Chambre des Députés un projet de loi li de façon à tenir compte des désiderata exprimés les amiraux, tout en évitant d'imposer au pays s charges financières trop lourdes. Ce projet ne fut finitivement adopté au Sénat que le 7 décembre 1900, rès avoir donné lieu, aussi bien dans la presse qu'au lement, à de très vives polémiques. Jamais, en et, on ne s'occupa avec tant de passion des questions aritimes, si négligées d'habitude, qu'au cours de cette mée-là, et, comme il arrive souvent lorsque les sujets éciaux deviennent d'actualité, bon nombre des idées "mises en circulation se trouvèrent erronées ou, à tout le moins, fort discutables. Les opinions les plus intransigeantes se firent jour : Plus de grands navires, disait l’un, mais des légions de Sous-marins ; souvenons-nous des exploits des corsaires, clamait un autre, et construisons des croiseurs, beau- coup de croiseurs, pas de cuirassés; nous avons besoin, euirassés, soutenait un troisième ; seulement, comme nous en faut le plus possible, nous ne pouvons pas mous offrir le luxe de leur donner de gros tonnages : des cuirassés peu rapides et de taille moyenne feront arfaitement notre affaire. Presque tous les marins accordaient, au contraire, pour demander de grands assés. Les thèses les plus dissemblables étaient ainsi soutenues avec une égale ardeur, parfois avec talent, et chacune d'elles semblait appuyée sur des arguments BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sans réplique. Il était naturel que le public n'y comprit pas grand’ chose, d'autant plus naturel qu'en ces ma- tières, il faut bien le dire, aucune solution ne s'impose à l'esprit d'une manière absolument incontestable. Il était tout aussi naturel, d'autre part, que les gens intelli- gents fussent désireux d'être mis à même d'apprécier l'opportunité des dépenses consenties et d'acquérir Ja conviction qu'il serait fait un judicieux emploi des 672 millions offerts'au Département de la Marine. L'ouvrage qui vient de paraitre à la librairie Alcan leur apporte les moyens de se renseigner à ce sujet : c'est une étude très complète du programme à l'accom- plissement duquel travailleront jusqu'au 1° janvier 1907 les chantiers de nos ports de guerre et ceux des grandes Sociétés de constructions navales. Des documents, manifestement puisés aux sources les plus autorisées, ont été mis à contribution, et l’au- teur à entrepris de les commenter en un langage simple et clair ; il y a réussi : les personnes les moins initiées s'apercevront, en le lisant, qu'on n'a pas besoin d'être marin pour s'intéresser aux questions marilimes et pour les comprendre. Les questions maritimes, nous dit l'Introduction, n'ont pas tenu dans l'histoire de la France une place assez considérable. A maintes reprises, nous aurions eu avantage à détourner nos regards du continent pour les porter vers la mer, ainsi que noire situation géogra- phique nous invitait à le faire. Attachons-nous désormais à la politique maritime, la seule susceptible d'assurer notre prospérité et notre grandeur sans que la paix soit troublée. Cette politique exige, il est vrai, l'entretien de nombreux vaisseaux de guerre, partant, d'assez grosses dépenses, mais elles ne sont pas, au point de vue social, improductives, puisque les équipages néces- saires à la marine marchande sont formés à bord des navires de l'Etat. Quelle doit être la constitution de la flotte militaire, autrement dit quels sont les meilleurs bateaux? Le chapitre premier de l'ouvrage essaie de réunir les élé- ments d’une réponse à celte question en analysant les diverses qualités requises des navires de guerre, et dé- montre combien il serait chimérique de vouloir les donner toutes à chacun d'eux. On est arrivé, après des tälonnements assez longs, à délinir certains types, peu nombreux d'ailleurs, qui se retrouvent aujourd'hui dans toutes les marines. Ce sont les cuirassés, les croiseurs, les torpilleurs et contre-tor- pilleurs, les sous-marins. Leur description, leur rôle, leur valeur comparée à celle des similaires étrangers fournissent la matière de quatre chapitres. La nécessité de faire coopérer toutes ces unités afin d'obtenir le suc- cès des combinaisons stratégiques est ensuite mise en lumière d'une facon saisissante. Un chapitre spécial traite de la guerre de course, des résultats qu’elle peut donner etdes difficultés qu'elle présente. Des exemples pris dans notre histoire prouvent que les corsaires ont été impuissants à décider de l'issue d'une guerre chaque fois qu'ils n'ont pas eu de solides escadres pour les soutenir. Dans la dernière partie de son œuvre, l'auteur expose quelles obligations ont déterminé la répartition des forces navales et insiste sur la question de l'outillage et de la défense des arsenaux maritimes en France et aux colonies; enfin il consacre plusieurs pages au personnel de la flotte, expliquant comment il se recrute et com- ment il acquiert l'instruction professionnelle, très étendue, exigée par la complication du matériel naval moderne. ; 1 Les personnes qui liront le Programme Maritime de 1900-1906 ne pourront manquer d'être frappées de la complexité des problèmes que les ofticiers et les inge- nieurs de notre Marine ont à résoudre. Elles constate- ront que ces problèmes sont étudiés avec soin et peut être se demanderont-elles si la Marine mérite toutes les critiques qui lui sont adressées. GASTON DE CAQUERAY, Lieutenant de vaisseau hors cadres: n ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS 1902. M. le Président annonce le décès de M. H. Faye, membre de la Section d'Astronomie. — M. E. Bouvier est élu membre de la Section d'Anatomie et Zoologie. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. M. O. Callandreau poursuit l'étude des propriétés d’une certaine ano- malie pouvant remplacer les anomalies déjà connues dans le calcul des perturbations des petites planètes. — M. P. Painlevé communique quelques résultats nouveaux sur le développement des fonctions ana- lytiques en séries de polynomes. — M. L. Autonne à construit un groupe nouveau d'ordre fini, linéaire, à quatre variables 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Neculcea a étudié l'action de la self-induction sur la partie ultra-violette du spectre d'étincelles de l’étain. — M. V. Crémieu, pour répondre à une objection de M. Pender, a entre- pris de nouvelles recherches sur les courants ouverts. Dans tous les cas, les déviations observées ne parais- sent pas dues à l'effet magnétique de la convection électrique. i a observé que le cohéreur à aiguilles possède la propriété d’affaiblir le potentiel à chaque point de contact d'environ 0,25 volt, et cela indépendamment de la grandeur de la tension absolue. M. G. Le Bon à étudié l'action Re des diverses régions du spectre sur la matière. La plupart des corps sont sensibles aux radiations comprises dans le spectre solaire; Cd, Sn, Ag, Ph deviennent surtout Séance du 7 Juillet sensibles aux radiations inférieures à 0,295 p; Au, Pt, Cu, Fe, Ni sont très sensibles aux radiations infé- rieures à 0,252 y. Les effluves qui se dégagent des corps sous l'influence de ces diverses radiations pré- sentent des analogies étroites avec les propriétés dé- crites sous le nom de radio-activité de la matière. — Le même auteur annonce que les radiations décrites par M. Nodon sous le nom de rayons radio-actiniques sont identiques à celles qu'il a désignées sous le nom de lumière noire. — M. M. Berthelot a étudié la rela- tion entre l'intensité du courant voltaique et la mani- festation du débit électrolytique. M. A. Leduc montre que, dans l'électrolyse de l'azotate d'argent, l'acidité du bain augmente ou diminue suivant conditions où Fon se place. La prétendue corrosion du dépôt cathodique par le bain d’azotate d'argent n'existe pas. M. de Forcrand à {rouvé que Zn O anhydre préparé à 1259 se transforme en hydrate cristallisé normal Zn (OH)? en dégageant 2,19 cal. L'oxyde anhydre condensé préparé au rouge donne un certain TUE d'hydrates de condensation différente. . R. Fosse à constaté que le dinaphtopyranol jouit ï un certain pouvoir oxydant, de même que les sels de pyranoxonium. — MM. L. Bouveault el A. Wahl ont obtenu les nitrostyrolènes substitués en conden- sant le nitrométhane avec les aldéhydes aromatiques en présence de méthylate de sodium. Les nitrosty- rolènes, par réduction, donnent les oximes des aldé- hydes supérieurs. — MM. E. Wedekind et O. Schmidt les ont préparé les combinaisons diazoiques de la desmo- : troposantonine et de l'acide desmotroposantoneux; ce sont des corps bien cristallisés, de couleur jaune ou rouge, et qui fondent au-dessous de 260° et de 210°. - M. H. Alliot a acclimaté des levures à tous les antisep- tiques contenus dans les moûts de mélasse industriels, et par leur moyen il a pu soumettre à la fermentation des mélasses de distillerie sans leur faire subir préala- blement l'opération du dénitrage. — MM. C. Phisalix et G. Bertrand ont reconnu que le venin de crapaud | 1 ‘DE L'ÉTRANGER commun doit son activité à la présence de deux subs- tances principales : la hufotaline, de nature résinoïde, soluble dans l'alcool et peu soluble dans l’eau, et la bufoténine, très soluble dans ces deux dissolvants. Injecté à la grenouille, il amène l'arrêt du cœur en systole à cause de la première substance; la paralysie est provoquée, au contraire, par la bufoténine. M. G. Bertrand à constaté, d'autre part, que la hufo- nine de Faust est tout simplement de la cholestérine ordinaire, lévogyre, souillée par diverses impuretés, parmi lesquelles un peu de bufotaline lui donne une certaine activité sur le cœur de grenouille, — MM. M. Doyon et A. Morel communiquent de nouvelles expé- riences qui controuvent l'existence de lipase dans le sang in VILrO. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. Ch. Bouchard propose une nouvelle méthode pour le traitement «les Tocalisa- tions du rhumatisme, et qui se résume en ceci : Verser le médicament dans le point seulement où il est utile, à la dose où il est utile; épargner le reste de l’éco- nomie. — M. A. Desgrez établit que la choline, outre son influence favorable sur les échanges nutritifs, agit par son groupement triméthylamine, identique d'ail- leurs à celui de la pilocarpine, pour provoquer, comme cette dernière, une action favorisante marquée sur les sécrétions externes. — M. Aug. Charpentier à étudié les phénomènes d'inhibition produits par voie d'inter- férence des oscillations réliniennes excitées en deux points distincts. — M. R. Dubois à constaté à nouveau que l'acide carbonique produit la fatigue, même en présence de réserves énergétiques abondantes; il est le plus général etle plus important autorégulateur des phé- nomènes bioénergétiques: travail, biothermogenèse, bio- électrogenèse, biophotogenèse e principalement detous ceux dans lesquels l oxygène intervient. —C. Viguier à observé de nouveau que l'élévation de température joue un rôle éminemment favorable sur le développement parthénogénétique. — MM. A. Prenant el Saint- Rémy ont étudié l’évolution des formations branchiales chez le Lézard et FOrvet. Chez le premier, il ya cinq fentes branchiales, dont la première ne fournit aucune ébauche: chez le second, il se développe les mêmes organes, mais, par suite de la suppression de la der- nière fente, ils constituent respectivement aux dépens de la fente précédente, — MM. A. Conte et C. Vaney ont éludié le Rhabdopleura Normant Allm. Le testicule et l'ovaire proviennent de la différencia- tion des deux extrémités du pédoncule. L'espace com- pris entre la paroi du corps et les organes internes est occupé par un tissu conjonclif trabéculaire. I n'y à pas de notochorde. — M. H. Mandoul à reconnu que la cause des colorations changeantes de divers tégu- ments doit être rattachée aux phénomènes d'inter rence par les lames minces. — MM. Vermorel el Gas- tine signalent un nouveau procédé pour la destruction de la pyrale et d'autres insectes nuisibles; il consiste dans un éluvage à durée et à te pet rature Tnmitées. — M. A. Fernbach a constaté que la présence de sulfo- cyanale d'ammoniaque dans le milieu de culture de l’'Aspergillus niger ne gène pas sensiblement le déve loppement du mycélium, mais arrête totalement la fructification, — M. W. Kilian a reconnu la présence d'une faunule aptienne caractéristique aux environs de se la baie de Delagoa dans le sud de l'Afrique. — M. Thierry : Sur l'éruption volcanique du 8 Mai à la Martinique *. ! Voyez l'article de M. Thierry sur ce sujet dans la Revue du 30 juillet, pages 664 et suivantes. Séance du 15 Juillet 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Korn indique une application possible de la méthode de la moyenne arithmétique aux surfaces de Riemann. — MM. Læœwy ét P. Puiseux ont constaté que le refroidissement Séculaire ne s'est guère traduit sur la Lune par des plissements superficiels, qui n'y ont qu'un rôle effacé alors qu'ils sont si étendus et si multipliés sur le globe rrestre; ce sont les étirements et les dislocations ju'on voit prédominer sur notre satellite. Ce fait serait dù à un refroidissement inégal aux diverses lalitudes par suite de la disparition de l'atmosphère. n 20 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. Leduc et Sacerdote mt vérifié la loi de Tate sur la formation des gouttes liquides. Elle s'applique sensiblement pour les dia- mètres moyens compris entre 0,5 et 1,5 centimètres, mais elle est de moins en moins vraie à mesure qu'on Sécarte de ces limites. — M. A. Guillemin poursuit Ses recherches sur les acords binaires et leurs centres le gravité. —- M. Ad. Carnot présente le Rapport de la Commission chargée de contrôler les expériences faites \ l'Observatoire de Montsouris et d'après lesquelles air atmosphérique, après avoir abandonné tout son ide carbonique dans des tubes à potasse et à baryte, eut, par circulation répétée avec du mercure et con- act prolongé avec un alcali, lui abandonner une nou- velle quantité du même gaz, variant de 3 à 30 litres hour 100 mètres cubes d'air. La Commission à constaté ntière exactitude de ces faits. — M. H. Henriet dense que le phénomène précédent est dû à l'existence, dans l'air, d'une formiamide mono-substituée, qui est oxydée lentement au contact de l'air etdu mercure en donnant de l'acide carbonique. — M. E. Vidal expose es bons résultats qu'il a obtenus par le tir des fusées ra-grèles pour arrêter les orages, apaiser les vents Miolents, diminuer les chutes de pluie et préserver de la chute des grèlons. — MM. H. Moissan et Holt, en Ghauffant au four électrique un mélange d'acide vana- dique et de silicium, ou en réduisant ce mélange par lu Mg en poudre, ont obtenu un siliciure de vanadium Si, en prismes brillants, de densité 4,42, très stable -vis des divers réactifs. — M. de Forcrand consi- lère les quatre peroxydes de zinc hydratés qu'il a pré- parés comme des combinaisons d’addition de l'eau génée avec le protoxyde anhydre, ou avec les divers rotoxydes hydratés. — MM. P. Sabatier el J. B. Sen- rens ont hydrogéné par la méthode de contact deux rbures acétyléniques. L'heptine & où œnanthylidène donne avec le nickel réduit de l'heptane normal, avec & cuivre réduit de l'heptène «, un peu d'heptane, un diheptène et un triheptène. Le phénylacétylène donne vec le nickel de l'éthylcyclohexane, avec le cuivre de Méthylbenzène et du diphénylbutane. — M. C. Marie a connu, par l'étude des sels, des éthers et du dérivé nzoylé, que l'acide oxyisopropylphosphinique possède la formule : (CH —C— OH ( k O—P—(0H) —M. R. Locquin, en traitant les C-acidylacétylacétates dés par les iodures alcooliques, a obtenu constam- ent des éthers $-cétoniques a-substitués avec un bon ndement. — M. Mazé a extrait la zymase de l'£uro- Opsis Grayonr. Elle exige, pour se former, la vie aéro- &; la quantité diminue rapidement avec l’âge de la lture. — M. J. Laborde à vérifié, par de nouvelles Périences, sa théorie d’après laquelle l'introduction SO? libre dans les vins cassés détruit la combinaison kdG la matière colorante et de l'oxydase, mais que c’est Mioxysène absorbé par le vin qui détruit simultanément Poxydase et l'acide sulfureux. 3 SCIENCES NATURELLES. — MM. Lesage et Dongier ont èsuré les résistibilités électriques de sérums san- Mns pathologiques et d’épanchements séreux chez homme. — MM. À. Laveran et F. Mesnil ont trouvé, dans le rein de la Rana eseulenta, une coccidie para- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES TAT site, l’Zsospora Lieberkuhni; cette coccidie est capable de produire, par voie sanguine, une infection généra- lisée ; l’évolution sporogonique n'est possible, d'air- leurs, qu'après que le parasite a franchi les parois du filtre rénal. — M. H. Soulié a récolté les Culicides de l'Algérie; il ne semble pas que les Culex soient ca- pables de propager le paludisme. — M. A. Prunet à constaté que les bouillies cupriques sont toujours effi- caces contre le Black Rot, mais que le traitement doit s'adresser aux infections primaires ef non aux infec- tions secondaires. — M. F. Kerforne à étudié les divers faciès du Gothlandien inférieur du massif armoricain. — M.D. Martin expose ses recherches sur le bassin de la Durance et celui du Haut-Drac. Les résultats sont en faveur de l'unité de la période glaciaire dans la vallée de la Durance. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 1% Juillet 1902. M. François-Frank présente un rapport sur un tra- vail de MM. Th. Jonnesco et N. Floresco relalif aux phénomènes consécutifs à la résection du sympathique cervical chez l'homme. Les troubles persistants sont : le resserrement de la pupille, la chute de la paupière supérieure, la congestion de la conjonctive palpébrale et bulbaire, celle des gencives et surtout du cerveau; la diminution de la tension oculaire, la suppression de la fonction sudorale, l'hyperesthésie, par contre, ne sont que transitoires. — M. J.-E. Marey lit le rapport sur le concours du Prix Meynot. — M. J.-V. Laborde présente un rapport sur un mémoire de M. A. Cour- tade concernant l'étude de la fonction respiratoire du rhino-pharynx et la mensuration graphique de la per- méabilité des fosses nasales. L'instrument employé par l’auteur, ou preumodographe, est basé sur le dépôt de buée qui se produit sur le verre refroidi quand on respire au-dessus de lui. On peut: 1° compter le nombre de centimètres carrés recouverts par la buée ; 2° à l'aide d'une montre à seconde, compter le temps que met chacune des traces de buée pour s'évaporer; 3° prendre le tracé des taches de buée au moyen d'un papier spé- cial qui se colore immédiatement. L'étendue des taches et l'intensité de leur coloration donnent la proportion relative d'air qui a traversé chacun des orifices respira- toires. — Après une courte discussion, le Rapport sur l'alcoolisme, présenté à une séance précédente par M. Laborde, est renvoyé à la Commission pour une nou- velle étude. — MM. À. Laveran el Nocard signalent les mesures prophylactiques à prendre contre les mala- dies à Trypanosomes. Ils proposent le vœu suivant, qui est adopté : Que l'importation en France où dans les colonies françaises d'animaux provenant de pays où règnent le surra, le nagana ou d'autres maladies à trypanosomes soit interdite ou sévèrement réglementée. — M. R. Brunon donne une étude sur la diphtérie à l'Hospice général de Rouen de 1882 à 1901. Le tubage à presque complètement remplacé la trachéotomie. — M. P. Lemaistre signale quelques observalions tres intéressantes de chiennes qui, après le sevrage, conti nuaient à nourrir leurs petits en vomissant devant eux les aliments qu'elles venaient de prendre, lesquels étaient avalés par les petits avec la plus grande avidité. — M. A. Proust expose le bilan de la situation sani- taire relativement à la peste et à la fièvre jaune pen- dant l'année 1901. Séance du 8 Juillet 1902. M. R. Blanchard rappelle que M. Brumpt a déjà constaté que l'agent du mycétome à grains noirs est un champignon; ce champignon serait une Mucormeée. M. A. Proust poursuit l'étude desépidémiesde peste et de fièvre jaune en 4901. — M. G. Dieulafoy lait, SOUS ce titre caractéristique « Attendre pour opérer que lappendicité soit refroidie, c'estexposer le malade à la mort», une communication qui à pour but de mettre en évidence le rôle de l'intoxication dans les accidents 148 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES mortels de l'appendicite. — M. Chantemesse indique une méthode pour le gélo-diagnostie de la fièvre typhoïde, du choléra, de la dysenterie, dans les matières fécales et les eaux qui transmettent ces maladies, — M. Guglielminetti lil une note sur un essai de gou- dronnage des routes pour abattre la poussière. ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 21 Juin 1902. M. A. Gautier : Sur l'arsenic normal des animaux voir p.650). — MM. A. Desgrez el A. Zaky : Mode d'ac- tion des lécithines sur l'organisme animal (voir p.698. — M. F. Cathelin aappliqué le diviseur vésical gradué à douze cas-types d'affections rénales. Cet instrument permet l'étude physiologique de la sécrétion rénale, normale et pathologique, de chaque rein séparément. — M. A. Thomas et Max Egger ont étudié les symp- tômes dus à la compression du nerf vestibulaire. — M. E. Maurel à constaté qu'à J'étal normal, parmi les lymphocytes du canal thoracique, quelques-uns ont des mouvements mème dans le canal; ceux qui ne sont pas encore mobiles, d'après leur évolution normale, sont appelés à le devenir. — Le même auteur à observé que les doses minima mortelles de sulfate de strychnine peuvent étre fixées, par kilo d'animal, à : 0 gr. 02 pour la grenouille; 0 gr. 003 pour le pigeon, 0 gr. 0007 pour le lapin et 0 gr. O1 pour le cobaye. Pour étudier les effets thérapeutiques de la strychnine, il ne faut pas dépasser chez ces animaux; 0 gr. 0005, 0 gr. 002, 0 gr. 005 et 0 gr. 005 respectivement. — M. CI. Regaud a reconnu que les cellules séminales normales où dégénérées qu'on rencontre assez souvent dans le tissu conjonclif des Mammifères proviennent de tubes séminifères préala- blement altérés qui, spontanément ou par suite de manipulations, ont épanché leur contenu par une déchi- rure. — M. J. Dewitz à observé que des larves de Lucilia placées dans un milieu sec pendant de longs mois ne se sont pas mélamorphosées et ont fini par périr loutes. — MM. P. Carnot et M. Garnier décrivent un nouveau mode de cultures en tubes de sable. — M. M. Egger à constaté que l'anesthésie du tabes n'est Jamais définitive, aussi avancée que puisse être l’atro- phie des racines, et qu'elle n'existe que pour les irri- tants faibles. L'anesthésie absolue est rare, aussi bien dans le tabes que dans les névrites et l'hémianesthésie hémiplégique: dans tous ces cas, elle est l'expression d'un trouble fonctionnel, causé et entretenu par Falté- ration anatomique de la fibre ou de la cellule nerveuse. — M. M. Nicloux à mis en évidence et dosé l'alcool dans le liquide amniotique cinq minutes après la fin de l'ingestion de l'alcool par la mère, — MM. Albarran et L. Bernard ont reconnu que les effets décongestion- nants de la décapsulation du rein ne peuvent être qu'éphémères, car celle-ci est suivie de la régénération rapide d'une enveloppe fibreuse plus forte qu'avant. — M. Ed. Claparède discute la signification du terme «sens de Weber » en Psychologie, — MM. Ed. Clapa- rède et D. Isaïlovitch ont observé que l'influence du tabac sur l'association des idées se manifeste par une diminution constante du temps d'association. — MM. V. Henri et L. Malloizel ont constaté qu'après résection du ganglion cervical supérieur du sympathique, la salive est plus riche en mucine qu'à l'état normal. — M. L. Malloizel à reconnu, d'autre part, que la salive psychique de la glande sous-maxillaire peut être liquide ou visqueuse suivant l'excitant. — Mle C. Deflandre pense que la présence abondante de graisses dans le foie des Mollusques est en relation avec la période de reproduction et l'élaboration des produits sexuels. — MM. S. Lalou el A. Mayer ont constaté que l'augmen- talion de la concentration moléculaire du sang, à quel- que élément osmotique, normal ou anormal, qu'elle soit due, provoque l'apparition de phénomènes épilep- Uques. Mais elle est loin d'être le seul élément causal de la convulsion. — M. A. Mayer a observé que la vis- cosité du plasma fluoré est indépendante de sa densité, de la quantité de substances albuminoïdes et de fibri nogène qu'il contient. Séance du ?$S Juin 1902, MM. M. Arthus et J. Gavelle décrivent un procédé permettant de comparer l'activité tryplique de deux liqueurs; il consiste à déterminer les quantités respec= tives de ces deux liqueurs capables de produire I liquéfaction d'une même quantité d'une même liqueur. gélatinée dans des conditions de température données — MM. M. Doyon el A. Morel ont constaté à nouvea que les éthers normaux du sang disparaissent lorsqu'on* le conserve asepliquement en présence d'oxygène. M. H. Coutière à reconnu qu'il n'existe pas d'apparei à venin chez la Murène Hélène; la formation de la voûte palatine n'est le siège d'aucune sécrétion. — MM. Ch. Richet, À. Perret et P. Portier ont extrail des tentacules des Actinies, par l'alcool, une toxine plus active que l'extrait glycériné, et dont l'injection produit, en particulier, un prurit nasal et des crises sternultatoires caractéristiques. — M. L. Camus à cons: taté que la diminution de la sécrétion pancréatique sous Finfluence de la chloroformisation, ne dépend pas uniquement des changements de la pression san= guine. — M. R. Blanchard décrit quelques nouveaux Culicides trouvés en France. — MM. Gilbert et Hers- cher ont reconnu que, l'urobiline étant presque tou=« jours d’origine rénale, l'urobilinurie n'a aucune valeur seulement la présence de pigments biliaires dans les sang et constitue, à ce titre, un des signes les plus importants de la cholémie. — M. A. Frouin a consta! que la rate ne peut avoir aucune action dans la tran formation intra-pancréatique du zymogène en ferment acüf. On n'a pas le droit de conclure de l'activité et des propriétés d'une macération d'un organe à l'activité ni aux propriétés de sa sécrétion physiologique. MM. Camus el E. Gley pensent qu'il est impossible de for muler actuellement des conclusions absolues à ce sujets — M. A. Frouin réfute les raisons qui, d'après MM. Cars vallo et Pachon, empêcheraient l’extirpation totale de l'estomac chez le chien, etrappelle qu'il l'a, le premiers réalisée. M. E. Gley signale que MM. Carvallo et Pa chon ont, avant M. Frouin, réalisé l'extirpation totale de l'estomac chez le chat. — MM. Ch. Porcher et E. Nicolas ont déterminé la tension superticielle dé l'urine du cheval et indiquent comment on peut appli: quer la réaction de Hay à la recherche de bile dans celte urine. — M. E. Trouessart à constaté l'existence, de là parthénogénèse chez le Gamasus auris Leid parasite de l'oreille du Bœuf. — M. A. Prenant atti l'attention sur l'existence de corps particuliers, pres nant tantôt la forme de grains, tantôt celle de bâton= nets, situés dans le tissu conjonc{if du muscle lisse di la vessie du Brochet, — M. M. Lambert communiqu quelques considérations sur l'association fonctionne des glandes digestives. — M. et Mme Cristiani ont étus, dié la structure histologique des greffes de capsules W surrénales, — MM. G. Billard, Dieulafé et Mally ont constaté qu'un certain nombre d'urines normales pré= sentent un abaissement de la tension superficielle | quand on y ajoute du sel. — MM. F. Battelli et P. Ta- ramasio ont déterminé la toxicité de l'adrénaline pour | divers animaux; la grenouille est dix fois moins sen- sible que le cobaye et le lapin. La mort est causée, chez la première, par des troubles paralytiques des | centres nerveux; chez les seconds, par un œdème aig du poumon. — M.E. Maurel considère que tous les lymphocytes du canal thoracique, comme ceux du sang, quelle que soit leur origine, commencent par être immobiles, qu'ils acquièrent ensuite des déformaz | tions sur place, et qu'enfin, si leur évolution normale | continue, ils arrivent à avoir des déplacements. — Le même auteur à constaté que les doses érapeut QE de strychnine produisent la vaso-constriction des vaisseaux périphériques et une action faible sur e | | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 749 Leœæur; les doses mortelles, au contraire, produisent la Yaso-dilatation et une action marquée sur le cœur. — M. Ledoux-Lebard à étudié l’action de divers sérums sanguins dilués sur les paramécies; ils produisent généralement l'agglutination, précédée, le plus souvent, de l'expulsion de masses visqueuses qui adhèrent aux ils de l'extrémité postérieure du corps. — MM. V. enri et A. Mayer ont étudié les variations des albu- hinoides du plasma sanguin au cours du lavage du sang. Les globulines semblent disparaitre les pre- mières; le fibrinogène disparaît graduellement; à la fin, il ne reste que des albumines. La viscosité du plasma et du sérum diminue graduellement; la coagu- lation spontanée s'accélère. — M. F. Terrien a étudié e mode de cicatrisation de la capsule du cristallin après les plaies de cette membrane; la cicatrisation est Mjoujours purement épithéliale. — MM. M. Labbé et . Lortat-Jacob ont recherché le rôle des leucocytes dans l'absorption de l'iode et des composés iodés. — MM. E. Lefas et X. Bender ont observé chez le chien de l'hyperglobulie à la suite d'injections intra-splé- iques de cultures de tuberculose. RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE Séance du 17 Juin 1902. « M. L. Bordas décrit l'appareil digestif de quelques Lépidoptères : Pieris napi L., Leuconea crataegi L. et Saluruia pyri Fr.— M. Alezais a étudié l'évolution du muscle petit fessier dans la série animale. Chez les Soli- pèdes, il est constitué seulement par la portion posté- rieure ou sciatique. — M. P. Stephan a reconnu que nutrition des cellules séminales et leur néoformation sont dévolues chez les Sélaciens à des éléments de mème origine et de même valeur morphologique, mais distincts dès le début de la formation des ampoules minales. Dans les testicules des Sélaciens, les éléments intertubulaires n'affectent pas la constitution des cel- ules interstitielles des Vertébrés supérieurs; leur rôle nutritif est rempli par les cellules de Sertoli. — M. A. aybaud à stérilisé. à coup sûr des crachats tubercu- ux en les mettant pendant 12 heures au contact d’un lume égal au leur d'une solution acéto-aniodolée. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du % Jurllet 1902. . M. L. Denavrouze signale les progrès intéressants faits en ces dernières années par l'éclairage à l'alcool. Nous renvoyons à ce sujet nos lecteurs à la note très cumentée publiée par M. X. Rocques dans la /evue du 30 juin (p. 546). La lampe que M. Denayrouze emploie à l'éclairage se compose en principe d'une ièche amenant, par capillarité, le liquide dans une ambre où il se vaporise, la chaleur nécessaire à cette porisation étant produite à l'endroit voulu à l’aide lune tige de métal conducteur (en général le cuivre), qui prend à l'extérieur du manchon une partie de la chaleur perdue. La vapeur formée sort par un petit bou formant l'injecteur d’un brûleur Bunsen, au-dessus duquel se trouve un manchon à incandescence. L'allu- “nage une fois obtenu, à l'aide d'un tampon conte- nant la quantité nécessaire d'alcool, la lampe con- Wnue à fonctionner sans action extérieure. La chaleur eueillie par la potence sert à vaporiser le liquide qui, brûlant mélangé avec l'air, produit l'incandescence L manchon, la chaleur perdue servant à chauffer la pièce de récupération; en un mot, c'est un cycle iermé. L'emploi de tube en métal très peu conducteur our Soutenir les pièces de vaporisation et contenir la èche empèche d'une facon complète tout échauffe- ment du récipient et, par suite, du liquide, ce qui fait que la lampe est absolument sans danger. — M. Desgrez ppelle brièvement la méthode de régénération de confiné qu'il a instituée, en collaboration avec M. Balthazard. Elle est basée sur la décomposition du bioxyde de sodium par l’eau, avec régénération de l'oxygène consommé, fixation de l'acide carbonique éliminé et destruction des toxinés pulmonaires. Pour l'utilisation de cette réaction, MM. Desgrez et Baltha- zard ont fait construire un appareil qui permet à un homme de pénétrer isolément dans une atmosphère irrespirable et d'y séjourner au moins trois quarts d'heure. Cet appareil comprend trois parties essen- üelles : 4° Un distributeur chargé d'assurer la chute régulière du bioxyde de sodium dans l'eau. C'est une boîte prismatique, en acier, divisée en compartiments par dix tablettes horizontales superposées. Grâce à une crémaillère qui se déplace verticalement, un mouve- ment d'horlogerie déclenche, à intervalles de temps égaux, chacune de ces tablettes chargées de bioxyde de sodium ; 2 Une boîte cubique, également en acier, contenant de l’eau et placée sous l'appareil précédent. Au fur et à mesure que les tablettes prennent la posi- tion verticale, elles déversent leur bioxyde dans l'eau de cetie boîte ; l'oxygène et la soude produits concou- rent alors simultanément, chacun pour sa part, à la régénération de l'atmosphère initiale ; 3° Un petit venti- lateur mis en mouvement par un moteur électrique, primitivement actionné par des accumulateurs. Dans les derniers appareils, ilest mis en marche par le mou- vement d’horlogerie qui assure également la distri- bution du bioxyde de sodium. Ce ventilateur détermine la circulation continuelle dans appareil et l’espace elos où se trouve le sujet. L'air se trouvant légèrement échauffé dans sa régénération même, on le fait passer, à sa sortie du milieu réagissant, dans un réfrigérant qui le ramène à sa température initiale. Ce réfrigérant a d'abord été formé d'une simple glacière garnie d'un mélange de glace et de sel marin : les auteurs préfèrent actuellement utiliser un récipient à chlorure de méthyle qui assure une réfrigération plus parfaite et produit, en méme temps, la condensation de l'excès de vapeur d’eau contenue dans l'air régénéré. Toutes les pièces précédentes sont réunies entre elles et enfermées dans une boite en aluminium, de forme cireulaire, se fermant hermétiquement par un couvercle, également en alu- minium, appliqué sur la boîte par des vis à bascule, avec une rondelle de caoutchouc interposée. L'appareil, devant être mis en marche sans aucun retard, dans la plupart des circonstances où il trouvera son applica- tion, doit donc toujours être préparé d'avance : à cel effet, le récipient est rempli d'eau, les tablettes char- gées de bioxyde. Pour éviter l'altération de ce dernier, une plaque mobile, à charnière, vient obturer l'oritice qui sépare la boîte à bioxyde du régénérateur dans lequel se trouve l’eau. Il faut, en outre, mettre Fap- pareil en marche de lextérieur; cette manœuvre comporte le déclenchement du mouvement d'horlo- serie, d'une part, le rabattement de la tablette de sépa- ration, de l’autre. Elle est réalisée par un dispositif approprié. Pour le réfrigérant, on le met en marche, au moment du besoin, en ouvrant un robinet placé à l'extérieur de la boite. Cette boîte est munie de bre- telles qui permettent de la placer, à la facon d'un sac de soldat, sur le dos du sujet ayant déjà revêtu la veste scaphandre. Deux tubes munis de raccords permettent de relierle régénérateur à la veste. Le poidsde l'appareil, prèt à fonctionner, est de 12 kilos. Deux minutes suf- fisent, en général, à un homme exercé, pour se mettre en état de l'utiliser immédiatement. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES. J. R. Ashworth : Recherches expérimentales sur l'acier étiré. — {re Partie : Magnétisme et ses changements suivant la température. — 2° l’artie : Résistance, élasticité et densité: coefficients ther- miques de la résistance et de l’élasticite. — Lors- qu'on chauffe et refroidit des aimants et que l'on at- 750 teint l'état cyclique, le rapport de l'intensité à la température est exprimé par l'équation suivante : LH Lo (1 + al), où le coeflicient a est presque toujours négatif. Mais, si l'on construit l’aimant en lil d'acier pour piano, d'un rapport de dimensions assez grand, le coefficient est alors positif et l'aimant gagne en magnétisme lorsque la température s'élève. Un essai fait pour découvrir la cause de cette conduite anormale des fils d'acier pour piano, a conduit à une recherche expérimentale com- plète du coefficient de température de laimant. Des expériences, faites sur le fil étiré, tel qu'on le vend dans le commerce, puis sur du fil recuit et sur du til trempé, ont prouvé que € ‘est dans le premier état seul qu'un coeflicient d'augmentation se produit; on reconnail ainsi que l'étirement est la cause de la conduite anormale du fil de piano. On obtient facilement des échantillons de ce fil, représentant toutes les étapes de fabrication, depuis la barre laminée Jusqu'à l'état le plus élevé d'étirement, en passant par le recuit et £ trempe; d'après des expériences faites sur ces fils, est démontré que le coefficient positif est dé éonpé par un étirement modéré, et que le plus grand étire- ment tend à le réduire à zéro. L'intensité du magnétisme résiduel est augmentée d'une facon remarquable par l'étirement, de telle fa- çon qu'elle est à peu près deux cents fois plus grande qu'à l'état initial. L'auteur indique ensuite le rapport des courbes de magnélisation d'un très long fil fin d'acier éliré, lors- qu'ilest chauffé et lorsqu'il est refroidi; ce fait présente un grand intérèt, parce que la susceptibilité à -chaud est toujours plus grande que la susceptibilité à froid, mème avec un maximum d'intensité, et ce n'est que lorsque la force démagnétisante est employée que les courbes se coupent; avec le fer et l'acier ordinaires, l'intersection des courbes se produit toujours sur la branche ascendante. Le coefficient de température du magnétisme induit et résiduel à été examiné à diffé- rents points sur les courbes ascendante et descendante de l'acier éliré et du fer, et M. Ashworth à découvert que le coefficient d'augmentation est plus élevé pour l'acier étiré, et le coefficient de diminution moin- dre pour le fer, lorsque la susceptibilité est un maxi- num; en général, le coeflicient varie avec la suscepti- bilité. Une autre observation intéressante est celle qui est faite après une démagnétisation partielle ; la chaleur et le froid rétablissent une partie du magnétisme perdu, et mème, lorsque tout le magnétisme est enlevé, et qu'un magnétisme inverse de faible intensité est produit par la force CODE léchauffement et le refroidisse- ment enlèvent le su el rélablissent une partie du ma- gnétisme original. L'application de ces expériences à la construction des aimants d'intensité constante est toute indiquée. Des observations qui ont duré plusieurs années sont données sur quatre aimants d'acier éliré. Dans la deuxième partie, l'auteur indique le rapport de létirement à la résistance, au module d'Young et à la densité. La résistance est diminuée par un étire- ment modéré, mais une tension extrème laugmente de nouveau; le coefficient de température de la résis- tance est affecté en raison inverse de la résistance. Le module d'Young augmente avec un élirement modéré, et décline rapidement avec une tension ex- trème; son coefficient de lempérature se conduit d'une facon inverse, de sorte que, lorsque le module est grand, le coefficient est faible et réciproquement. La densité augmente avec la tension jusqu'à la der- nière étape; elle estalors des grammes par centimètre cube. L'intensité magnétique et la densité semblent avoir un rapport très étroit; varient proportion nellement sur un intervalle considérable, de facon à ce que le rapport du moment magnétique à la masse s'approche d'une constante. elles ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES SOCIÉTÉ ANGLAISE DES INDUSTRIES CHIMIQUES SECTION DE LONDRES Séance du 2 Juin 1902. M. Ph. Schidrowitz a fait l'analyse d’un grand nom bre d'échantillons de whisky par diverses méthode Les constituants du whisky sont : l'alcool éthyliq les alcools supérieurs, les acides volatils, les éth composés, le furfural et d'autres aldéhydes, la matière extractive (provenant des récipients), enfin des basés volatiles et des substances de nature phénolique. alcools supérieurs se déterminent par (rois méthod celle d'Allen-Marquardt, la méthode officielle allemand et la méthode colorimétrique francaise; d'après P teur, la première seule donne de bons résultats pou les whiskys. Les aldéhydes sont déterminés par la mé thode de Gayon- Saglier- -Mohler modilite, le furfurd par celle de Chalmot modifiée par Girard, Rocques Mohler. L'influence de la maturation sur la compes tion des whiskys consiste dans une augmentation des aldéhydes, une diminution du furfural ; les alcools su périeurs ne diminuent pas comme on le croyait. M. R. Robertson à expérimenté la méthode de Wi pour l'essai de la nitrocellulose; la régularité avec quelle elle se décompose, lorsqu'on éloigne les pr duits de décomposition au fur et à mesure de leur fo mation, est une mesure de la stabilité. Le coton-poudi et diverses poudres à nitrocellulose ont été essayé par cette méthode. — M. A. Dupré décrit une méthod pour la détermination du perchlorate dans le salpètre et qui consiste à doser le chlore par le nitrate d'arge dans le salpètre brut et dans le salpêtre chaufré pens dant une heure à 545° CG. La différence donne le per chlorate. — M. O. Silberrad a étudié l'effet des droi sur l'alcool sur l'industrie chimique en Angleterre. L tarifs élevés sur l'alcool ont porté un préjudice consie dérable à la fabrication d'un grand nombre de pro duits organiques el pharmaceutiques. Ils ont fait di paraitre peu à peu ces industries, el, même si aujou d'hui les droits étaient abolis, il serait imp les faire revivre à cause de la grande avance prise pal les concurrents étrangers au point de vue de la tech nique de la fabrication. Il y aurait lieu, toutefoi 1° de permettre l'emploi sans impôts d'alcool non dé naturé pour certaines industries et d'alcool dénaturé pour d'autres (comme en Allemagne); 2 d'accord des tarifs protecteurs aux industries qui emploient 4 l'alcool dans la fabrication de leurs produits (com aux Etats-Unis). SECTION DU Séance du 26 Mai 1902 (suite). M. W.Ackroyd à observé les dépôts d'arsenic qui s® forment dans l'appareil de Marsh-Berzélius. Hs sont lan tôt bleus, lantôt bruns, les premiers se composant de particules plus grandes que les seconds et se forman plus près du générateur. Le dépôt brun parait ètre couleur normale de larsenie; il se forme uniquemen lorsque AsH° se dégage lentement. — M. F.-W. RE chardson recommande la méthode de Guthzeit po la détermination de l'arsenic dans la bière, la méthod de Marsh-Berzélius présentant deux inconvénients: production d’écume et le dégagement d'hydrogène su furé. — M. A. J. Murphy allire l'attention sur de causes possibles d'erreurs dans l'analyse de larse par la méthode de Marsh-Berzélius. La première co siste dans l'emploi d'acide sulfurique ayant séjourné l'air, lequel donne des résultats moins élevés qu l'acide frais. La seconde provient du fait que l'arseni à l'état arsénieux ou arsénique donne rapidement un. beau miroir; mais, lorsqu'il est présent sous les deux formes à la fois, le miroir d'arsenie met beaucoup plus: | de temps à se former complètement, YORKSUIRE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 75 19 SECTION DE NOTTINGHAM Séance du 28 Mai 1902. … M.9J.G. Parker décrit une modification de la mé- thode de Kjeldahl pour la détermination de l'azote dans les fosses de tannage comme moyen de contrôle du degré du tannage et du finissage des cuirs pour Méemelles. — M. E. A. Lewis à obtenu des alliages de re et de manganèse en toutes proportions par fusion des deux métaux sous une couche de borax. A mesure qu'on ajoute du manganèse au cuivre, les ands cristaux de cuivre disparaissent et on voit des cristaux plus petits entourés par un eutectique Cu-Mn. e point de fusion, qui s'était d’abord élevé légèrement, diminue ensuite et passe par un minimum à 865°, qui est le point de fusion de l'eutectique. La tension de rupture de fils recuits d'alliage augmente progressive- ment jusqu'à 26 °/, de Mn, où elle atteint son maxi- mum. - Le même auteur décrit une nouvelle forme d'appareil enregistreur pour le pyromètre électrique de Roberts-Austen. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 28 Juin 1902. M. V. Bjerknes répète les expériences les plus im- portantes sur les actions visibles à distance entre des sphères pulsantes et oscillantes et montre l'analogie de ces phénomènes avec les phénomènes électrostatiques et magnétiques. — M. W. Marckwald, en plongeant un Lhäton de bismuth dans une solution chlorhydrique dl'oxychlorure de bismuth radio-actif (polonium), a obtenu un précipité noir métallique extraordinai- rement actif, tandis que le reste de la solution devenait minactif. Le nouveau métal, chimiquement très analogue au bismuth, décharge instantanément l’électroscope et Mm'impressionne fortement les écrans fluorescents et la “plaque photographique. Le nouveau rayonnement se distingue de celui du radium par sa forte absorption : mil traverse à peine le papier à filtrer. — M. G. Lei- thäuser communique ses recherches sur la perte de itesse des rayons cathodiques à leur passage à travers des couches métalliques minces. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 31 Mai 1902. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P.-H. Schoute : Sur le rapport entre les plans de position des angles formés par deux espaces En de n dimensions, admettant un m point commun P et des systèmes incidents d'espaces. point commun P forment entre eux 7 angles de posi- tion égaux. Alors chaque droite 4, à distance infinie : = à 1 ) Ia “rencontrant trois des quatre espaces E!” ,E° ,E°°,. n—1) n—1 n—1 2 et E®, tandis que DR et Ro leur sont orthogo- nalement conjugués, rencontre aussi le quatrième. De plus, ces droites en nombre infini de multiplicité » encontrent non seulement les quatre espaces E,_\ in- diqués, mais un espace quelconque E,;_1 d'un système simplement infini, dont ces quatre espaces font partie. Et entre ces systèmes il existe la relation remarquable “que le plan déterminé par P et une droite 4. quel- conque du système de droites est plan de position par rapport à un couple quelconque de deux espaces E, du Stème d'espaces, etc. — M. E.-F van de Sande Bakhuyzen : Sur la périodicité annuelle dans la marche du pendule principal Hohwu n° 17 de l'Obser- vatoire de Leyde. Le pendule en question fonctionne depuis 1861, date d'érection de l'Observatoire; des recherches de précision, exécutées en 1865 par le premier directeur Kaiser, en firent bientôt connaître la grande régularité, surpassant celle de tous les pendules examinés. Aujourd'hui encore, il satisfait à des exi- gences très élevées. Dès1861, ilmarchait régulièrement : on n'y touchait guère qu'une fois par semaine pour le remonter. Le 17 juin de l’année 4874, il s'arrêta brus- quement, après avoir montré une déviation particulière pendant un mois environ. A près un nettoyage provisoire, il continua sa marche jusqu'au mois de juin 1877; après un nettoyage à fond et une régularisation de ses tic- tacs, il marcha sans interruption jusqu'au mois d'août de 1898. En décembre 1898, il fut démonté et trans- porté dans une autre partie de l'Observatoire, où la température est plus constante. Enveloppé de deux boîtes de bois, placé dans une niche à une porte de verre, il continua sa marche, mis à l'abri des variations brusques de la température. L'introduction d'un cou- rant électrique dans un pendule diminuant la régularité de la marche, ce n’est pas ce pendule principal, mais un autre pendule de Knoblich qui est mis à profit dans la méthode chronographique. 1° Introduction histo- rique ; 2 la période de 1877, à:1898, avec sa périodicité représentée par la formule : À T— Ar— +254 cos 2x etc. — M. G. van Diesen : Het Amsterdamsch Peil (la hauteur moyenne de la mer à Amsterdam). Etude historique. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. le président M. H.-G. van de Sande Bakhuyzen consacre quelques paroles à la mémoire de M. V.-A. Julius, professeur de Physique mathématique à l'Université d'Utrecht, que l'Académie vient de perdre. — M. J.-D van der Waals : Sys- tèmes ternaires. Quatrième partie, s’occupant encore de la relation entre pression, composition et tempé- rature des phases coexistantes de systèmes ternaires (voir Ziev. gén. des Se., t. XII, p.703), et ensuite du dépla- cement des courbes d'égale pression quand la pression varie. — Ensuite M. van der Waals présente, au nom de son fils, M. J.-D. van der Waals Jr. : Ælectro-méca- nique statistique. Première partie. Dans son ouvrage récent, «Elementary principlesin statistical Mechanics», M. J.-W. Gibbs fait connaître les principes d’une science nouvelle, qui mérite d’être étudiée à cause de la simpli- cité des lois qui la gouvernent. Ces lois onttrait à la con- duite d’un grand nombre de systèmes, indépendants les uns des autres dans leurs mouvements, s'accordant l'un à l’autre d’après leur nature et ne différant que par les valeurs des constantes introduites par la solution des équations différentielles du mouvement ou bien par les valeurs des coordonnées générales et de leurs dérivées à un moment déterminé. Les lois auxquelles obéissent de tels ensembles de systèmes sont d'une nature très générale; seulement leur application est bornée à des systèmes formés exclusivement de matière pondérable. L'auteur de la présente note se pose donc la question de savoir si des considérations analogues ne s'appliquent pas aux systèmes électromagnétiques, ce qui pourrait mener à une extension de notre con- naissance, encore si incomplète, des phénomènes de rayonnement envisagés comme des phénomènes ther- modynamiques. Cependant, on ne saurait nier qu'il est imprudent d’attacher trop d'importance à cet ordre d'idées. La plupart des théorèmes déduits par Gibbs sont valables principalement pour ces ensembles de systèmes qu'il nomme canoniques et dont la considé- ration se présente au premier plan parce qu'ils se caractérisent par la distribution stationnaire la plus simple des systèmes par rapport aux phases différentes. Or, la simplicité mathématique est un mauvais cri- terium lorsqu'il s’agit de ce qui se passe dans la Nature. Ainsi, d'après la théorie mathématique, le mouvement d'une corde vibrante est le mouvement sinusoïdal, tandis que nous sommes dans l'erreur en croyant que chaque corde vibrante se meut de cette manière. Des erreurs semblables s'attachent à l'hypothèse que tous les systèmes de la Nature suivent les lois déduites dans 752 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES la supposition d'une distribution canonique des sys- tèmes d’un ensemble. Ajoutons que, dans leschapitres xt et x de son œuvre, Gibbs démontre, en effet, que la distribution {canonique est la distribution la plus pro- bable, pourvu que l'ensemble ne satisfasse qu'àla con- dition que la valeur moyenne de l'énergie des systèmes soit constante. Toutefois, dans plusieurs cas, il est bien difficile de décider si cette condition est, en effet, une condition unique. Ainsi des systèmes composés d'un certain nombre de molécules sphériques égales n'ad- mettent pas la distribution canonique; car, de plus, ils satisfont à la condition que la distance des centres de deux molécules ne s'abaisse pas au delà du diamètre, Donc, l'hypothèse de la distribution canonique demande ici qu'on néglige les dimensions des molécules et peut- ètre encore" autre chose. Néanmoins des considérations pareilles peuvent être utiles, d'abord sur le terrain counu de la Thermodynamique, parce qu'elles en unissent d’une manière assez simple toutes les lois différentes sous un même point de vue, et ensuite sur des terrains z1c0nnus, parce qu'ici elles peuvent mener à des formules dont la comparaison à posteriori avec les expériences pourra décider sur la validité de l'hypo- thèse fondamentale. Dans cette première partie, l'auteur s'occupe : 1° de la loi de la conservation de la densité de la phase; 2 de la distribution quasi-canonique. — M. P. Zeeman : Expériences sur la rotation magnétique du plan de polarisation à l'intérieur d'une bande d'ab- sorplion. Les difficultés d’une théorie complète de l'émission disparaissent pour la plupart si lon com- mence par l'absorption, ce qui explique probablement pourquoi M. W. Voigt a altaqué le problème de ce côté Wiedemann's Annalen, t. LXVIT, p. 345, 1899). Dans sa théorie, la fente d'une raie spectrale sous l'action d'un champ magnétique se présente comme la division d’une raie d'absorption. Quelques particularités de ce phéno- mène furent prévues par sa théorie et confirmées par l'expérience. De plus, cette théorie créait un trait d'union entre le phénomène connu depuis longtemps de la rotation du plan de polarisation par des forces magnétiques et la séparation magnétique des raies spectrales. Toutefois, un des résultats de la théorie de Voigt, en rapport avec la rotation du plan de polari- sation à l’intérieur d'une bande d'absorption, semble ètre en contradiction avec les résultats obtenus par M. Corbino (Ati di Lincei, t. X, p. 137, 1901; Nuovo Cimento, février 1902), ou, du moins, il semble ne pas ètre confirmé par les expériences de Schmauss (Annales de Physique, {. I, p. 280, 1900). Tandis que la théorie de Voigt exige une rotation négative, Corbino n'ob- servait qu'une rolalion positive extrêmement minime. Il serait bien remarquable qu'il existât réellement une divergence sur ce point entre la théorie et l'expérience. Déjà depuis quelque temps l’auteur s'est occupé de la question indiquée, assisté d'une manière excellente par M. Hallo;: il à observé, en effet, une rotation néga- live à l'intérieur d'une bande d'absorption s'accordant qualitativement avec la théorie de Voigt. — M. H. Ka- merlingh Onnes présente au nom de M. W.-H. Keesom : Réduction d'équations d'observation contenant plus d'une quantité mesurée. Dans la plupart des manuels du caleul des probabilités etde la méthode des moindres carrés, il s'agit de la réduction d'équations d'observation où ne figure qu'une quantité unique observée. Au contraire, dans la Physique, on a affaire à un système d'équations d'observation à plusieurs quantités mesurées admettant autant d'erreurs fortuites : par exemple si l'on a mesuré la pression d'un gaz ou d'un fluide à des volumes et des températures différentes et qu'on veut en déduire la valeur la plus probable pour cette subs- - tance. L'auteur, n'ayant pas eu l'occasion de conseiller la littérature du sujet (Chas. H. Kummel, Merriman, J. Andrade, Ravenshaer, etc.) s'occupe ici de la solution générale du problème posé. — M. C.-A. Lobry de Bruy présente au nom de H.-M. Knipscheer : Uéplacemen atomique intramoléculaire chez l'azoxyhenzène. E 1SS0, MM. Wallach et Belli trouvèrent que, sous l’ac- tion de la chaleur et en présence d'acide sulfurique, l'azoxybenzène se transforme dans la substance 1iso= métrique p-oxyazobenzène. D'après l'explication donnée en 1900 par Bamberger, celte transformalion est gou vernée par la formule ___ Az—AZz À CG NX 7 CGlls — CH, Az + AzCILOH(1 : 2 et 1 : 4). 0 Ici l'auteur, en se basant sur les résultats antérieurs de Schultz(188#), de Klinger et Pitschke (1885), de Lim- pricht (1885) et de Elbs et Schwarz (1901), se propose d'examiner si le déplacement en question ne se pré sente que sous l'influence de l'acide sulfurique. s 3° SCIENCES NATURELLES. — M. K. Martin présente, à nom de M. Eug. Dubois : La constitution géologique et le mode de formation du Hondsrug en Drente. Pou le chemin de fer local nord-est, destiné à réunir Zwolle: avec Zuidbroek, on a excavé le sol au nord-ouest du village d'Eksloo, situé sur la colline linéaire le Hondsrug (dos de chien), de manière que cinquante cavités mon- traient des sections remarquables du sol. Ces cavités carrés à côtés de trois mètres ont, pour la plupart, des. parois verticales de trois mètres de hauteur. Les grains de sable qu'elles contiennent démontrent l'origine pré- glaciaire de ce diluvium, faisant partie du diluvium rhénal, ete. — M. T. Place présente au nom de M. J.- W. Langelaan : Le principe de l'entropie dans la Phy- stologie. Suite (voir Rev, gén. des Se.,t. XII, p. 704). L'auteur comparé la loi de Fechner à l'expérience; les résultats sont déposés dans un grand nombre de tableaux et de graphiques. — M. Il. de Vries présente au nom de M. Ed. Verschaffelt : L'acide prussique dans les bourgeons poussants de Prunus. L'auteur résume ses conclusions de la manière suivante : Les deux espèces examinées, Prunus padus et Prunus laa- rocerasus, possèdent dans les branches qui naissent des bourgeons poussants une quantité absolue toujours croissante de composés contenant HCAz, la quantité relative ne variant d'abord que très insensiblement, Dans les premières phases du développement au moins, een général pour une grande partie, ces substances se présentent indépendamment de la lumière. Cette malière n'est pas livrée par les parties adjacentes de la tige, formées l’année précédente, mais on ne sait pas encore si elle est fournie par les organes plus éloignés ou bien si elle se forme dans les branches croissantes elles-mêmes par la transformation d'autres substances. De même, il reste encore à déterminer sous quelle forme l'acide prussique se trouve dans les rameaux croissants. — M.J.-W. Moll présente au nom de Mie T. Tammes : Die Periodicität morphologisener Erschei- nungen bei den Pflanzen (la périodicité des phénomènes morphologiques chez les plantes). Sont nommés rap- porteurs : MM. H. de Vries et J.-W. Moll. — M. le Secré- taire J.-D. van der Waals présente au nom de M. P.-H. Eykman : {as neue gralische System nebst einigen mathematischen Bemerkungen für die Kraniologie (le système graphique nouveau et quelques remarques mathémathiques ayant trait à la craniologie). Sont nommés rapporteurs : MM C. Winckler et W. Koster. P.-H. SCHOUTE. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 13° ANNÉE N° 16. 30 AOÛT 1902 DIRECTEUR : $ 1. — Solennités scientifiques M À | Le Centenaire d’'Abel. — C'est le 8 septembre prochain que la Norwège doit fêter, à Christiania, le centième anniversaire du grand géomètre Abel. On sait que le souvenir du génial savant qui, dans sa courte vie, a exercé sur la science mathématique mo- derne une si grande influence, a toujours été présent à la mémoire de S. M. le roi Oscar II, et s’est manifesté, “en particulier, par la bienveillance qu'il n'a cessé de “témoigner aux Mathématiques et aux mathématiciens. C'est à son initiative, on se le rappelle, qu'est dû le concours international où furent couronnés le Mémoire de M. H. Poincaré sur les Equations de la Mécanique Céleste, et celui de M. Appell sur les Intégrales des fonctions à multiplicateurs. + Le monde scientifique de tous les pays participera à la solennité du 5 septembre. L'Académie des Sciences a délégué, pour la représenter, M. Darboux; l'Université de l'aris, M. Emile Picard. Pa $ 2. — Génie civil Les constructions « Fireproof ». — Le grand incendie de Queen Victoria Street, qui a tout récem- ment détruit plus de cinquante maisons en plein centre e Londres, à provoqué des discussions passionnées dans les journaux anglais d'architecture et de cons- truction. La conclusion qui s'en dégage est l'impos- sibilité pratique d'un bâtiment incombustible. Il est remarquable que cinquante maisons qui ont pris feu avant que les pompiers aient pu organiser des secours ——eflicaces étaient précisément du type « fireproof ». — Si l'on ne peut les empêcher de s’enflammer, ne peut-on, du moins, les éteindre rapidement et à coup Sûr quand elles prennent feu? C'est dans ce sens, sem- hble-t-il, que l'ingéniosité des inventeurs peut s'exercer “utilement. À “… L'Electrical Review appelle à ce propos l'attention M Sur un appareil dont l'usage est assez général dans les Mulilatures de coton, mais qui est peu connu en dehors : de Grinnel Sprinkler. C'est un système de tuyaux qui couvre les plafonds de tout l'édifice ; les tuyaux portent Mes valves espacées de 3 ou 4 pieds. Chacune de ces REVUE GÉNÉRALE LES SCIENCES, 1902. | ï Revue générale des Scienc pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. 1.. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE valves est fermée par une soupape de cuivre, tenue en place par un pont formé de trois pièces de métal blanc, reliées et solidarisées par une pièce d’alliage fusible à 1520 Fahrenheit (67° centigrades), température qui est toujours atteinte au-dessus d’un feu de quelque im- portance. Les choses sont disposées de manière que le pont ne puisse pas être refroidi par l’eau. Chaque pont fondu provoque un petit jet d'eau juste au-dessus du foyer. L'incendie n’est pas seulement éteint; il l’est avec un minimum de frais et de dégâts. 80 ©, des usines de coton en Angleterre (48 millions de broches) en sont pourvues. Sur 22 feux éteints par ce système en 1894, 13 n'ont provoqué aucune récla- mation aux compagnies d'assurance; les 9 autres ont causé un dommage total de 94 livres (2.350 francs). Les compagnies d'assurance réduisent leurs primes de 20 à 60 °/, pour les bâtiments ainsi protégés. $ 3. — Électricité industrielle « L'Elevated » (chemin de fer élevé) de Li- verpool. — Le premier des ÆJevated tributaires de l'électricité a été celui de Liverpool (Angleterre), qui est demeuré longtemps le prototypé des installations de ce genre. On sait que le service des « Elevated » est, en général, assuré par un certain nombre de trains rapides, se suivant à de faibles intervalles de temps, et desservant des stations assez rapprochées; les stations de l'Ele- vated de Liverpool sont distantes entre elles de 660 mè- tres en moyenne : elles sont au nombre de 16, éche- lonnées le long d’une ligne de 10 kilom. 6. Sur cette ligne, équipée électriquement à 500 volts, il y a une dizaine d'années, comme nombre de lignes métropolitaines ou autres l'ont été depuis, les trains électriques, du poids de 55 tonnes, se suivaient à un intervalle de temps de 5 minutes. En obsérvant aux stations un arrêt d’une durée moyenne de onze secondes, ils elfectuaient le parcours total en trente-deux minutes, ce qui correspond à une vitesse moyenne commerciale d'environ 20 kilomètres à l'heure. | Cette vitesse pouvait être considérée comme assez élevée il y a une dizaine d'années ; et elle supposait, en 16 Ge ro CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE effet, en dehors d'un stationnement assez court aux gares, une mise en vilesse et un arrêt des trains assez rapides. Mais, avec les progrès réalisés de nos temps, avec l'incessant besoin éprouvé par tous pays (sauf peut-être en France) d'abréger de plus en plus la durée des parcours, le Métropolitain de Liverpool s’est vu distancer par nombre d'installations du même genre, ainsi que l'indique le tableau suivant : TagLeau |, — Vitesses commerciales des principaux trains métropolitains. NOMBRE de kilomètres à l'heure, arrêts compris Liverpool Overhead Railway. Do 0 Manhattan Elevated — (New-York). Metropolitan — — — L South Side — — Chicago Lake Street — — — City and South London . Central London . L'Elevated de Liverpool vient de reconquérir le pre- mier rang par une transformation complète du maté- riel en service, transformation qui n'altère pas sensi- blement la durée d'arrêt en gare et la vitesse de marche des équipements, mais qui consiste surtout à abréger beaucoup la période de mise en vitesse et la période d'arrêt des trains. En effet, pour deux trains atteignant la même vitesse maxima, le plus rapide commercialement est celui qui l'atteint le plus vite au départ, et qui, à l’arrivée, réa- lise le plus rapide arrèt en gare : en effet, il a double avantage sur l’autre, puisqu'il marche plus longtemps à pleine vitesse et qu'il diminue, au bénéfice de sa période de marche à vitesse maxima, ses périodes d'accélération et de freinage, qui correspondent à des marches à demi-vitesse. Les perfectionnements réalisés par les nouveaux équi- pements de l'Elevated de Liverpool se résument donc pratiquement en deux mots : meilleure accélération et meilleur freinage. Tagceau I. — Tableau comparatif du service initial et du service accéléré. ANCIEN SERVICE SERVICE ACCÉLÉRÉ | Vitesse moyenne. . . . . . .| 20 kmh. 31 kmh. Nombre d'arrêéts 16 i6 | Durée moyenne d'arrêt aux sta- tions. = ASC RENE | Distance moyenne entre sta- | tions. CRÉAS rs Le Nombre de watts-heure par tonne-mille 7 #0 137 | Accélération . EN ANG SE s.10,91 m.s.s. Ralentissement à l'arrêt. . s. | 1,26 m.s. 11 secondes |11 secondes 660 mètres | 660 mètres Ainsi que le montre le tableau IT, l'accélération est passée de 0%,44 par seconde à 0,91 par seconde. Le ireinage est passé de 0,91 par seconde à 1%,26 par seconde. Par calcul, on en déduirait facilement les efforts appliqués au poids du train pour réaliser ces accélé- ions et ces freinages élevés, et l'adhérence nécessaire entre les roues et la voie pour appliquer ces efforts à la propulsion du train sans être gèné par des glissements. Ur, cette adhérence étant obtenue par les roues mo- irices seules, on à multiplié les roues motrices en répartissant les moteurs sur plusieurs voitures, ainsi qu'on la vu faire au Métropolitain de Paris et dans certains trains de la ligne Paris-Invalides-Versailles. Ilest bien entendu qu'en réalisant une amélioration de service de cette nature, il faut consentir à une cer- laine augméntation de consommation du train : à Li verpool, la consommation était d'abord de 110 watts- heure par tonne-mille, et elle est maintenant de 1437 watts-heure. Au point de vue technique, le mode de commande des trains présente l'intérêt particulier de réaliser le grou- pement de plusieurs tracteurs dans un train, mais il le fait sans le secours d'aucun système particulier ou nouveau; quant au matériel, il ressemble à tout ce qu'on emploie journellement dans les installations du même genre Trains à deux automotrices du Métropo- litain de Paris. — L'emploi de deux voitures mo- trices vient aussi d'être adopté par la Compagnie du chemin de fer Métropolitain de Paris pour augmenter la capacité de ses trains et répondre aux besoins tou- jours croissants du trafic. Les premiers trains circulant sur le Métropolitain comportaient quatre ou cinq voitures de cinquante places, ce qui représentait un total de deux cents voya- geurs par train à charge normale. On a vu souvent que ce nombre était dépassé, et la surcharge est devenue si fréquente sur ces trains que la Compagnie du Métro- politain de Paris en a adopté de nouveaux, qu'elle à faits aussi longs que le permettait la longueur des gares. _ Les nouveaux trains se composent de sept voitures de cinquante à cinquante-cinq places, et admettent par conséquent un total de trois cent cinquante voya- geurs par train. _ Pour faire face à cette augmentation de poids sans réduire la vitesse de mise en marche et la vitesse com- merciale, on a dù élever le nombre des moteurs, qui était primitivement de deux par train. La voiture motrice du type primitif était une voiture à deux essieux, munie de moteurs Westinghouse. Le modèle de la voiture a été à peu près conservé pour les nouvelles automotrices, mais chaque train en com- porte deux au lieu d'une seule. Les quatre essieux des deux voitures motrices sont munis de moteurs Thom- son-Houston de cent quarante chevaux. Quand deux voitures automotrices entrent dans la composition d'un train, une seule d’entre elles porte un mécanicien ou wattman, et celui-ci doit, dès lors, commander, non seulement les moteurs de sa voiture, mais encore, à distance, les moteurs de l’autre voiture motrice, Plusieurs systèmes de commande très ingénieux ont été étudiés et employés, surtout aux Etats-Unis, sous les noms de Train control, de Multiple unit system; e France, on les appelle Trains à unités motrices mul tiples ou Trains a unités multiples. Nous exposerons ultérieurement les caractères dis tinclifs de ces systèmes, et nous passerons en revue les exemples d'applications qui en ont élé faits. Con tentons-nous de dire ici que les trains du Métropoli=, tain de Paris peuvent être dédoublés aux heures de faible trafic, le wattman ne conservant alors qu'une automotrice et commandant ses deux moteurs à la ma= nière ordinaire, par la méthode de régulation connuê sous le nom de Série parallèle. ; Quand, au contraire, on fait usage de deux automo trices, les moteurs de la première constituent un pre mier groupement indivis, les autres moteurs de la se conde, un autre groupement identique, et c'est entm ces deux groupements que le mécanicien effectue les couplages série parallèle. J Les accélérations sont sensiblement les mêmes su deux automotrices, le même effort moteur étant em=4 ployé, dans les deux cas, à remorquer le mème poids mort. ’ _ Bien que l'exploitation du Métropolitain de Paris ne permette pas de tirer tout le parti désirable du dédou- blement ou du groupement des unités constituant un train, on voit, du moins, qu'il en est tiré parti dans une ertaine mesure, et l'exploitation n’a pas tardé à béné- ficier du réel avantage offert par ces nouveaux trains : es recettes se sont, en effet, élevées de la moyenne quotidienne de 22.000 francs à la moyenne de 28.000 fr., qui ne paraît pas devoir ètre encore la limite définitive «du trafic, celui-ci devant ultérieurement bénéficier beaucoup de l'extension du réseau. _ Il reste à désirer pour les voyageurs, et surtout pour ceux qui sont accoutumés aux transports métropoli- tains à l'étranger, notamment à New-York, à Boston et dans nombre de villes américaines, une plus grande équence du départ des trains, et, si possible, un moins ong stationnement aux gares. Ce dernier avantage dépend beaucoup de laccoutu- mance du public, de la disposition des quais, des plan- chers et des portes des voitures, etc. _ Quant au premier, il est surtout subordonné à la na- ture du block system et au fonctionnement des signaux, a protection des trains exigeant le maintien d'une cer- taine distance entre eux; tout progrès dans cette oie ne peut être accompli que par l'adoption d'une distance plus réduite. N 4. — Chimie physique Etat de l'acide acétique daxs ses solutions. - On sait qu'une substance dissoute peut exister dans ses solutions sous une forme moléculaire, ou sous une autre, suivant la nature du dissolvant. C’est ainsi que les méthodes osmotiques, appliquées à la détermination de la masse moléculaire de l'acide acétique, fournissent Je nombre 60 quand le solvant est l’eau, et le nombre 120 si le solvant est le benzène. On a même généralisé cette remarque et émis l'hypothèse que, chaque fois qu'un corps dont la formule contient un groupement oxhydryle est dissous dans un solvant ne contenant pas ce groupement, ce corps existe dans la solution à l'état de molécules complexes, formées par l'association de molécules simples. = M. Dawson vient d'apporter un exemple de plus à appui de cette hypothèse : en solution dans le chloro- forme, l'acide acétique existe à l’état de molécules doubles; mais, dans le travail qu'il vient de publier sur ce sujet ‘, ce chimiste établit, en outre, que, à mesure que la dilution des solutions augmente, les molécules doubles se décomposent en molécules simples, de sorte que, dans une solution chloroformique suffisamment étendue, l'acide acétique n'existe plus qu'à l’état de molécules simples, comme en solution aqueuse. mu Noici comment M. Dawson est arrivé à cette con- élusion-: mOn sait que, lorsqu'un corps se partage entre deux dissolvants sur lesquels il n’exerce aucune action chi- hique, les concentrations des deux solutions qui se orment en équilibre l'une avec l’autre sont dans un apport invariable, caractéristique des deux dissolvants èt de la température. C'est la loi de répartition, dont n.cas particulier est la loi de Henry, relative à la solu- Lhilité des gaz. Or, si l'on étudie le partage de l'acide acétique entre eau et le chloroforme, on trouve que le rapport de la centration C, de la solution aqueuse à la concen- tion C, de la solution chloroformique varie progres- ement de 6,74 à 37,04 lorsque les concentrations roissent, C, depuis 1,535 jusqu'à 0,06#4 molécule- amme par litre, et C, de 0,2277 à 0,0017 molécule- À SH.-M. Dawsox : The molecular complexity of acetic acid An chloroform solution. Journal of the Chemical Society, XXI, p. 521, 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE (l i gramme par litre. Nous sommes bien loin de la propor- tionnalité exigée par la loi de répartition. C'est pour rendre compte de ces faits que M. Dawson émet l'hypothèse, que nous avons signalée, d'une disso- ciation graduelle des molécules doubles en molécules simples, dissociation d'autant plus avancée que la dilu- tion serait plus grande. Etudions, en effet, dans cette hypothèse, la loi de la répartition de l'acide acétique entre l’eau et le chloro- forme. Appelons toujours C, et C, les concentrations en acide acétique de la couche aqueuse et de la couche chloroformique en équilibre; soit r le rapport de distribution des molécules simples d'acide acétique entre l’eau et le chloroforme ‘; soit x le degré de dis- sociation électrolytique de l'acide acétique dans sa solution aqueuse de concentration C, ; on sait que z est défini par la relation : * æC, L— — constante, qui exprime l'équilibre entre l'acide acétique non dis- socié et ses ions. La constante à été déterminée par Ostwald. Avec ces notations, on voit que C, (1 — +) est la con- centration en molécules simples de la solution aqueuse : Ci (1 — à) r est donc la concentration en molécules simples de la solution chloroformique, et, par suite, est la concentration de cette même solution, par rapport aux molécules doubles. La loi d'action de masse, appliquée à cette solution chloroformique, fournit done : fe = RE TE Ce —C — — K (constant). Pour vérifier cette loi, voici comment on procède : on la suppose vraie, et la comparaison de deux expériences détermine r; puis, à l’aide de cette valeur de r, on calcule une valeur K au moyen de chaque expérience. Huit essais, correspondant à des concentrations C, comprises entre 0,23 et 0,006 molécule-gramme par litre, c'est-à-dire variant dans le rapport de 40 à 1, ont donné des valeurs de K comprises entre 0,0063 et 0,0069, soit en moyenne K—0,0065. La vérification est donc bonne. En même temps, le rapport des concentrations des molécules doubles et des molécules simples dans Ja solution chloroformique décroit depuis 5 jusqu'à _ ) c'est-à-dire que l'hypothèse faite se vérifie très bien, tout au moins dans les limites de dilution indiquées. Pour les dilutions plus grandes, il semble que la valeur de K s’écarte un peu de la constante 0,006: maison peut remarquer que la sensibilité de la méthode diminue à mesure que la concentration est plus faible, et que, aux grandes dilutions, il suffit d'une très petit erreur dans les dosages pour changer notablement valeur de K. Quant aux plus grandes concentrati on ne peut pas les étudier, parce que l'addition d acétique en notable quantité provoque la miscibilité d l’eau et du chloroforme et la confusion des deux phases. Le champ des expériences est don: > it Cependant, il ressort bien nettement de ce ns. G 3 0e [ne s'agit pas ici du rapport = des concentrations brules rappcr -de ètre cons- des deux solutions, qui est variable, mais du distribution des molécules simples, qui, lui, doit tant, en vertu dela loi de répartition. 7506 la polymérisation de l'acide acétique en solution dans le chloroforme est d'autant moins accentuée que la dilution est plus grande. Nous avons mème dit que, en solution très étendue, les molécules doubles dispa- raissent complètement, L'expérience à véritié, en effet, que le rapport des concentrations brutes des deux solutions tend, lorsque ces concentrations diminuent, vers le rapport r de distribution des molécules simples entre les deux solvants. Lesrésultats précédentss'étendentvraisemblablement à tous les cas où des molécules complexes se forment dans une dissolution. Le partage d’une base entre deux acides. — On vient de voir qu'une solution aqueuse d'acide acétique, agitée avec du chloroforme, abandonne à ce solvant une certaine proportion de l'acide dissous; il n'en est pas de même des acides malique, tartrique, citrique et succinique, qui, en pareil cas, sont entière- ment retenus par l'eau. Cette propriété à permis à MM. H.-M. DawsonetF.-E. Grant! d'appliquer une mé- thode nouvelle et intéressante à l'étude de la répar- tition d'une base entre deux acides, dont l'un est l'acide acétique, et l'autre un des acides cités. On fait une solution de quantités équivalentes de ces deux acides : acide acétique et acide tartrique, par exemple; on y ajoute une quantité de soude connue, insuffisante pour les neutraliser. Il s'établit alors un équilibre entre les deux acides et leurs sels de sodium. On agite celte solution avec du chloroforme, qui ne dissout que l'acide acétique, et on détermine la con- centration C, de celui-ci dans la solution chlorofor- mique dûment séparée, Comme on connait la valeur É du rapport de partage de l'acide acétique entre l’eau et le chloroforme, on en déduit la concentration C, de la solution aqueuse, et, par suite, la composition com- plète du système en équilibre. Deux remarques sont à faire : D'abord le rapport de partage de l'acide acétique entre l'eau etle chloroforme en présence d'autres corps dissous, comme l'acide tartrique et l'acétate de sodium, n'a certainement pas la même valeur que lorsqu'il n°y a dans la solution que de Facide acétique. L'expérience montre, en effet, que ces substances étrangères ont une influence, mais celle-ci est très faible : la correction qu'il faut apporter de ce fait à la valeur du rapport de partage n'atleignait pas, dans les expériences en ques- lion, le 50 de la valeur de ce rapport. En outre, la dissolution d'une partie de l'acide acé- tique par le chloroforme doit produire un déplacement de l'équilibre; mais, si lon prend la précaution de mettre dans la solution primitive un excès d'acide acé- tique, excès déterminé par une expérience prélimi- naire, il est facile d'avoir, après extraction au chloro- forme, quantités équivalentes des deux acides dans la solution aqueuse. Les auteurs ont comparé leurs résultats à ceux des expériences d'Ostwald qui leur sont comparables : l'ac- cord est salisfaisant pour des concentrations pas trop faibles, mais il beaucoup moins en liqueurs diluées. IIS estiment, d'ailleurs, que les résultats obte- nus par Ostwald aux grandes dilutions sont difficiles à rattacher à ceux que le même expérimentateur obtint l’est en solution plus concentrée; et ils trouvent que l’en- semble de leurs mesures présente une cohérence plus grande ?. # JL-M. Dawsox et F.-E. Graxr : À method of determi- ing alio of distribution of a base betwen two acids. [ né l'the Chemical Society, t. LXXXI, p. 512; 1902. La méthode des auteurs peut aussi être employée lorsque le chlorolorme dissout les deux acides présents, mais seu- l lément dans certaines conditious. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 5. — Physiologie La fonction glyco-régulatrice du pancréas et les îlots de Langerhans. — On sait, depuis les … travaux de von Mering et de Minkowski, que l’ablation totale du pancréas, pratiquée chez le chien, détermine l'apparition d'un diabète typique, caractérisé par la gly- cosurie, l’azoturie, l'amaigrissement, la polyphagie, la mort. Le pancréas joue donc un rôle important, mais sur la nature duquel nous ne sommes pas renseignés pré- sentement, dans la régulation de la glycémie normale; on sait seulement que son rôle s'accomplit grâce à une sécrétion interne, car il n'y à point glycosurie à la suite de l'établissement d'une greffe sous-cutanée du pancréas, dont toutes les connexions nerveuses ont été sectionnées. D'autre part, les histologistes ont décrit, dans le pancréas, à côté de tubes glandulaires sécréteurs du suc pancréatique, des amas cellulaires distincts, sans cavité interposée, sans connexion avec des canaux sécréteurs, cellules qui, par conséquent, ne peuvent que jouer le rèle d'organes de sécrétion interne. Ces amas cellulaires constituent les flots de Langerhans. Schulze à montré que, si l'on sépare par une ligature un fragment de pancréas du reste de l’organe, on constate des phénomènes d’altération histologique remarquables dans le fragment séparé. Les acimi sécréteurs du suc pancréatique s'atrophient en quel- ques jours; mais les îlots de Langerhans persistent intacts après quarante et même quatre-vingls jours. MM. Laguesse et Gontier de la Roche ont repris ces expériences de Schulze, en modiliant le procédé opéra- toire, et en prolongeant jusqu'à six mois l'observation. Ils séparent, chez le cobaye, un fragment de pancréas par deux ligatures et deux sections du reste du pancréas, en respectant les vaisseaux qui irriguent ce fragment. Les acini, c’est-à-dire les portions sécrétantes de la glande, se détruisent complètement en moins de huit jours, par suite d’un processus irritatif, résultant vrai- semblablement de la suppression brusque de leur fone- tionnement et de la rétention du sue pancréatique. Par contre, les ilots de Langerhans persistent, avec leur structure typique, pendant plusieurs mois, et ce n'est que très tardivement, par suite de lenvahissement du üssu de sclérose, qu'ils se laissent modilier et altérer. Or, il ne se produit pas de glycosurie chez le cobaye et chez le lapin à la suite de la ligature du canal excré= teur et de l’altération de la totalité des acini glandu- laires; par conséquent, la fonction glyco-régulatrice du pancréas doit être rapportée à ses ilots de Langerhans: Cette conclusion de MM. Laguesse et Gontier de la Roche, qui est vraisemblable, aurait singulièrement: gagné de valeur si les expériences avaient été faites chez le chien, car le chien est animal de choix pou la production du diabète typique et de la glycosuri par suppression du pancréas. Malheureusement, €@ c'est M. Laguesse qui a mis ces faits en évidence, les! ilots de Langerhans disparaissent assez rapidement dans la greffe pancréalique du chien privé de som canal excréteur, sans qu'apparaisse la glycosurie. Cette. atrophie des îlots de Langerhans du chien ne sauraits d'ailleurs, être invoquée contre la conclusion de M. Laguesse, car cet histologiste distingué a montrés qu'on peut toujours manifester dans le pancréas ainsi dégénéré du chien la présence d'éléments cellulaire identiques à ceux qui forment les ilots de Langerhanse ces éléments n'étant plus réunis en îlots, mais diss persés le long des tubes sécréteurs. Nous pouvons donc considérer le pancréas comme, une glande double, histologiquement comme physiolo= giquement : une glande digestive chargée de faire du, suc pancréatique : les acini des culs-de-sac glandus laires sont les organes de sa sécrétion; une glande à sécrétion interne, chargée de jouer un rôle dans la gly= co-régulation : les îlots de Langerhans ou les équivas | lents des cellules de ces ilots en sont les organes. #4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 757 a S 6. — Sciences médicales - Les agglutinines typhiques et les précipi- tines. — Dans un de ses derniers Mémoires (ie Anae- … 11e, Schlussbetrachtungen, 1901), Ehrlich avait établi » une analogie étroite entre les agglutinines et les hémo- iysines. D'après cet auteur, l'agglutinine renferme, tout comme l'hémolysine, un groupe haptophore, au moyen duquel la substance agglutinante se fixe sur les microbes, et un groupe zymotoxique, grâce auquel cette agglutinine détermine la réunion en amas de ces mi- erobes. La seule différence entre l'hémolysine et l’ag- glutinine réside dans le fait que, tandis que, dans la pre- mière de ces substances, le groupe zymotoxiqueestlibre, et existe isolé dans les sérums normaux |complément, alexine (Bordet), cytase (Melchnikoff)}, dans l'agsluti- nine, le groupe zymotoxique est solidement fixé à l'am- -hocepteur ou à la sensibilisatrice. Il est impossible, en effet, d'après Ehrlich, de réactiver l'agglutiuine, comme on peut, par exemple, réactiver une hémolysine ou une cytotoxine quelconque. - M. Bail ‘ vient de reprendre la question de la consti- tution des agglutinines. Il constate, tout d'abord, que les bacilles typhiques introduits dans le péritoine du co- baye neuf ne lardent pas à s'agglutiner, mais que cette agglutination, qui a lieu dans les premiers moments qui suivent l'injection, est passasëére. Les microbes pulla- lent dans la cavité péritonéale, el si, à la troisième heure, on retire l’exsudat péritonéal, on trouve que les bacilles ayant séjourné dans le corps du cobaye ont devenus inagglutinables par un immunsérum spé- ‘ifique fourni par le lapin. Cette inagglutinabilité du bacille typhique tient à une propriété inhérente au microbe, et non au liquide au sein duquel flottent ces bacilles. De plus, cette pro- priété disparait lorsqu'on cultive ces bacilles inagslu- tinables dans du bouillon. + M. Bail constate ensuite que l'immunsérum aggluti- nant, chauffé à 70°, perd ses propriétés agglutinatives, ais, mis en contact avec des bacilles typhiques, rend ces bacilles insensibles vis-à-vis d'une agglulinine active. Il résulte de ces recherches qu'il existe, soit dans m] organisme du cobaye, soit dans l'immunsérum chauffé à 70°, une substance spécifique inactive par elle- même, qui se fixe sur les bacilles typhiques et qui em- Mpèche que l'agglutinine active puisse exercer son action agglutinante sur ces bacilles. L'auteur soutient que cette substance représente le groupe haptophore ou agglutinophore de M. Ebhrlich, et recherche le deuxième composant présumé des agglutinines, l’Aémi- agglutinine, analogue à la cylase. … M. Bail décèle l'hémiagglutinine dansl'exsudat périto- néal du cobaye normal, et surtout dans le même exsudat illes typhiques ayant subi l'influence de l'agglutino- phore (immunsérum chauffé à 70°), détermine l'aggluti- nation de ces bacilles. Ces résultats sont à rapprocher de ceux publiés par MM. Eisenberg et Volk ( Wien. kl. Woch., 1902 et Zft. lür Hygien, 1902); ces auteurs arrivent aux mêmes conclusions que M. Bail, quoiqu'ils suivent une tout lutre voie. … Lésions corticales dans la paralysie géné- pale. — M. P. Sérieux a rapporté à plusieurs reprises Lies exemples de lésions circonscrites de méningo- encéphalite ayant donné lieu à une symptomatologie “Spéciale. Cet auteur croit qu'on est autorisé à décrire à Mpart une variété sensorielle de la paralysie générale, comprenant les cas caractérisés par la prédominance & 0. Ban: Recherches sur les agglutinines typhiques et sur les précipitines (Arch. {ür Hygien, t. XLI]). des troubles sensoriels et des troubles de la sphère du langage. Les troubles en question sont des symptômes d'excitation ou des symptômes de paralysie et s'ap- pellent : aphasie motrice, hallucinations motrices ver- bales, hallucinations de l’ouie, surdité corticale, surdité verbale pure, aphasie sensorielle, hallucinations de la vue, hémianopsie, etc. Cette variété symptomatique tient à la prédominance des lésions de méningo-encéphalite au niveau de certains territoires corticaux, et plus particulièrement des centres corticaux du langage. La lésion elle-même affecte alors parfois des caractères spéciaux : foyers nettement circonsecrits, avec séparation complète de l'écorce cérébrale et de la substance blanche. La connaissance de cette variété clinique et anatomo- pathologique de la paralysie générale est intéressante sous bien des rapports, et surtout au point de vue du diagnostic. En effet, l'existence d’un délire à base d'hallucinationsetla constatation de symptômes (surdité vérbale et aphasie sensorielle) habituellement déter- minés par des lésions en foyer (ramollissement, ete.) ne doivent pas faire écarter, comme on l'a dit, le diagnostic de paralysie générale, mais peuvent faire penser à cette forme sensorielle de l'affection liée à l'existence de foyers plus ou moins circonscrits de méningo-encéphalite, parfois d’une intensité peu com- mune. Une observation de ce genre a été communi- quée récemment par MM. Sérieux et Mignot à la Société de Neurologie de Paris (17 avril 1902). $ 7. — Géographie et Colonisation Documents photographiques sur la Grèee. — Lors de notre récente croisière en Grèce (mars- avril 1902), nous avions institué, entre les touristes, un concours de photographie. Le prix, qui consistait dans le remboursement du montant des excursions, dévait être décerné, parmi eux, à l'auteur de la plus importante et de la plus artistique collection de vues photographiques prises pendant le voyage. En suscitant ainsi l'émulation de nos compagnons de route, nous espérions constituer une série de documents des plus précieux pour l'étude de Ja Grèce antique et aussi du monde hellénique contemporain. Répondant à notre appel, un certain nombre de tou- ristes nous ont envoyé leurs œuvres, et celles-ci sont demeurées exposées au siège de la Direction de la Revue pendant juillet et août. Le 31 juillet s'est réuni le jury chargé de les juger. MM. Pector, secrétaire général de l'Union nationale des Sociétés photographiques de France, M. Bucquet, président du Photo-Club, et M. Frédéric Dillaye, lémi- nent critique d'Art, composaient ce jury. Nous tenons àcles remercier ici pour l'honneur qu'ils ont bien voulu nous faire et le service qu'ils nous ont rendu en assumant celte tâche. Après examen attentif de toutes les épreuves expo- sées, le jury a, à l'unanimité, décerné le prix à l'œuvre photographique classée sous le n° 5, et dont l’auteur est Mue Charles de Tavernier. Cette collection com- prend un grand nombre d'images d’une rare perfection, prises en choisissant de la facon la plus heureuse les paysages caractéristiques, les sites à représenter, les monuments à reproduire. Chaque épreuve, en même temps qu'elle témoigne de l'habileté consommée de l'opérateur, nous met sous les yeux un tableau saisis- sant et charmant soit de l'Art ancien, soit de la vie contemporaine en Grèce. En attribuant le prix du cours à Mve de Tavernier, le jury a voulu rendre hom mage non seulement à la perfection du travail accom- pli et à l'importance de la documentation obt nue, mais aussi aux qualités hautement artistiques de l'œuvre réalisée. 1 CON- ique. la Aevue a Bien que le prix à décerner fût un JU pensé qu'il convenait de marquer, par la collation de médailles frappées au nom de M° Louis Thion de la Chaume, du Comte de la Villestreux, de M. Jean Capart, 75S CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de M. Henri Bardot et de M. Louis d'Illiers, l'estime en laquelle les expositions de ces amateurs ont été tenues par le Jury. Mue L. Thion de la Chaume avait envoyé au concours une riche collection de photographies de très grand format et de belle exécution, agrandissements d'é- preuves prises d'une facon pour ainsi dire continue depuis notre arrivée en Grèce Jusqu ‘à notre dernière escale. On y suit, jour par jour, les étapes successives de la croisière, en mème temps que l’on y admire à nouveau et tout en détail les sites parcourus et les monuments visités. Toute la Grèce, tant ancienne que moderne, revit en ces pages lumineuses où rien de ce qui intéresse l'artiste ou RS héologue n'a été oublié. L'exposition du Comte de la Villestreux, bien qu'elle ne se composàt que d'un petit nombre de photogra- phies, a aussi beaucoup attiré l'attention : l'auteur n'y avait compris que des chefs-d'œuvre et s'y affirme un maitre impeccable ès arts photographiques. Ces précieuses qualités brillaient aussi dans Fabon- dante série d'épreuves de grand formal envoyées par M. Jean Capart. Prises au moyen d'un appareil posé, ces belles images offrent, principalement pour l'étude des monuments antiques et des grands sanetuaires archéologiques, un intérêt de premier ordre, que le jury à eu soin de proclamer. Elles sont, notamment pour les historiens et les architectes, d'un prix inesti- mable. Des vues plus petites et d'un caractère différent élaient exposées par M. Bardot et M. d'Illiers. Ces ama- teurs s'étaient plutôt attachés à saisir au passage, au moyen de petits instruments à main, les scènes qui se sont à tout instant déroulées sous nos yeux, en mer, dans les iles, les campagnes, les grandes villes ou devantles monuments architecturaux que nous a laissés le monde ancien. Avec un sentiment très délicat de l'esthétique photographique, ils ont discerné dans les paysages les éléments essentiels, les effets dominants à observer r, et c'est avec un € omplet succès qu'ils ont fixé sur la glace sensible de leurs chambres noires les impressions dont d'un bout à l'autre du voyage nos rétines avaient été charmées. Leur œuvre, poétique et élégante, complète de la facon la plus heureuse les collections que nous avons recues des touristes précités. Tout cet ensemble de documents photographiques sur la Grèce intéressant les savants, la Revue se fait un plaisir d'admettre tous ses lecteurs à en examiner l'exposition tous les jours non fériés, de 3 heures à 6 heures, au siège de la Direction, 22, rue du Général- Foy. L'élevage au Tonkin.— Un courant d'exportation de bétail se ne de plus en plus entre les hautes régions et le delta. L'élevage au bufile, très facile, exi- geant peu de soins, est très répandu chez les monta- gnards. Pendant le mois de mars, la province de Bac-Kan à dirigé sur Cho-chu, Bac-ninh et Bac-giang, 283 buffles, 5% bœufs et 10 chevaux. Des Thô, venant du premier terriloire militaire, ont amené sur le marché de Cho- Kè, qui est appelé à devenir un des plus grands marchés de bestiaux du Tonkin, 800 buffles et une vingtaine de chevaux. Des caravanes de Muong et de Thai, venant de Van-yén et de Van-bu, sont descendues à Hung-hoa avec de nombreux troupeaux de buffles. En raison du voisinage de la région montagneuse, ce pays pourra devenir un centre important pour le commerce du bétail. Les agriculteurs pourront sy ap provisionner dans de bonnes conditions. Un colon de la province y achetait, le mois dernier, un lot de 40 bufiles de travail: au prix moyen de 22 piastres par tèle. $S 8. — Enseignement, Universités Les grandes Ecoles. — Zcole Normale Supé- rieure : Noici, par ordre de mérite, les noms des can- didats qui, après le dernier concours, viennent d'être nommés élèves de l'Ecole Normale Supérieure des Sciences) : MM. Chazy, Vignier, Hecker, Detœuf, Francois, Mau- rin, Descole, Desroches, Moro, Haag, Roques, Braud, Limasset. Ecole Nationale des Eaux et Forêts : Sont nommé élèves de celte école les élèves diplômés de l'Institut national agronomique dont les noms suivent : MM. Roy, Massias, Pelet, Baldy, de Boixo, Thumerel Leddet, Chaumonnot, de Metz-Noblat, Hatt, Debierres Paviot du Sourbier, Brun, Vantroys . Alteirac, Véron. Promotion de sortie de l'Ecole P olytechnique : Vient de paraître à l'Ecole Polytechnique la liste de sortie de la promotion 1900-1902, indiquant les affectations au différents services. Cinq élèves entrent dans les Mines (ce sont toujours les cinq premiers), 18 dans les Ponts etChaussées, 6 dans les Manufactures de l'Etat, 10 dans les Constructions navales, { dans les Ingénieurs hydrographes, { dans les Eaux et Forèts, 67 dans le Génie, 79 dans l’Artillerie mé tropolitaine, 36 dans lArtillerie coloniale, 4 dans 1 Marine, { dans le Commissariat de la Marine et 2 dan le Commissariat colonial. Les dix premiers, par ordre de mérite, sont : MM. Au brun, Niewenglowski, Danlos, Lavaste, Ulrich, Barrillon, Bénézit, Maroger, Hermann et Tarnier. (Section Agrégation des Sciences physiques. — Le épreuv es orale s de cette agrégation se sont terminée le 12 août, à la Sorbonne. Le jury, composé de MM. Lucien Poincaré, inspee= teur général de l'Instruction publique ; Bouasse, profes= seur à l'Université de Toulouse; Cavalier, professeur à l'Université de Marseille ; Rivière, professeur au Lycée Saint-Louis, à Paris, réunis sous la présidence de M. Joubert, inspecteur général de l'instruction pu blique, a manifesté son désir de mettre le concours em harmonie avec les indications pédagogiques des nou veaux. programmes de l'enseignement secondaire ; il à exigé, en effet, par un grand nombre de leçons, qu ‘elle fussent élémentaires et expérimentales. D'autre part, le programme même de FAgrégation avait été rajeuni, cette année, par l'introduction de la Chimie physique et d'un grand nombre de questions industrielles, se rattachant tant au programme de Chimie qu'au programme d'Electricité. Conformément à ce programme, les concurrent durent, aux épreuves écriles, traiter les questions sui vantes : 4° L'éléctro-aimant,. 2 Chlore. Chlorures métalliques et chlorures alcoo liques. 3° Parois semi-perméables, Pression osmotiques Solutions. Point de congélation, pression maximum dé Eu salurante. %° Un problème de Thermodynamique relatif à la dé tente adiabatique d'une vapeur. Parmi les lecons qu'eurent à professer les vingt admissibles, signalons, dans le même esprit, les sujets suivants : Théorie de l'élec trolyse, états d'équilibre d'un corps pur, courants triphasés, transformateurs naphtlalène, composés diazoïques et azoïques. A la suite de ces épreuves, furent déclarés ad mis : M. Ascoli, ancien élève de l'Ecole Normale, prépara teur-adjoint à la Sorbonne. M. Ollivier, élève sortant de l'Ecole Normale. M. Commanay, ancien élève de l'Ecole Normale; or sé de cours au Lycée de Coutances. Aroles, ancien élève de l'Ecole Normale, prépa es au Lycé 6e de Montpellier. M. Farge, étudiant libre à la Sorbonne. M. Fortin, ancien élève de l'Ecole Normale, d'études à l'Ecole Normale. M. Patte, ancien élève de l'Ecole Normale, professeurs au Collège de Vitry-le-François. M. Darmon, chargé de cours au Lycée d'Alençon. boursie ln P. LEMOULT — NOUVELLES SYNTHÈSES DE L'INDIGO 1 QE æ NOUVELLES SYNTHÈSES DE L’'INDIGO PROCÉDÉ - Après la remarquable étude que M. le Professeur | YHaller a consacrée à l’indigo, il est inulile pour les … Jecteurs de la Revue, qui l’a publiée”, d'insister sur l'importance de la question et de souligner la lutte engagée actuellement entre deux adversaires éga- . lement dignes de triompher : l’ « Industrie, fécondée ; | mn no La np sret Fr el LA et inspirée par la Science », et l'Agriculture, long- temps immobilisée dans des pratiques séculaires, mais décidée, elle aussi, sous la poussée de la concurrence, à s'inspirer des données scienti- fiques. Si notre pays n'est pas directement en cause, nous ne pouvons pas néanmoins nous désintéresser des progrès accomplis de part et d'autre, et il - convient de marquer un point à l'avantage de P sg l'industrie, par suite de la remarquable synthèse découverte par M. Sandmeyer et des essais tentés par une manufacture de Bâle, la maison Geigy et C°, en vue de réaliser industriellement cette synthèse. I Contrairement aux procédés « les uns plus élégants que les autres, mais qui ne paraissent pas susceptibles d'être réalisés industriellement, en raison de leur complication et de la cherté des matières premières », auxquels fait allusion M. Haller, le procédé Sandmeyer n’emploie que des matières premières courantes, et, si le nombre des transformations est assez considérable, beau- coup d’entre elles sont d'une simplicité frappante, d'un rendement très bon et permettront, sans doute, d'arriver à un résultat pratique satisfaisant. Rappelons, en débutant, que l'indigotine, ma- tière colorante de l'indigo, a pour formule : PAS BE NY4 et que l'isatine, qui joue un rôle important dans les synthèses, est représentée par l'une ou l’autre des deux formules lautomères équivalentes : AZ, A Ven co / , soit” (CHSAzO), nl | —AzH NG—0, soit CH5AzO?. Nc(OH). DE z ( = A ces substances correspondent des indigolines en C!$, C?, et des isatines en C° et C!°, qui dérivent 1 Voir les numéros des 30 mars et 15 avril 1901. SANDMEYER du toluène et des xylènes, comme les corps pré- cédents dérivent du benzène. Le procédé Sandmeyer' est basé sur la réaction que subissent, en présence d'acide sulfurique eon- centré, les deux corps suivants À et B : CSH5 — Az — C — AzHCSH* CSH5 — Az = C — AZHCHS | H— C— Az(0H) AzH°—C—S Isonitrosoéthényldiphénylamidine. Thioamide dérivé du corps suivant, CSH5Az = C — AzH CH (C) | Hydrocyanocarbodiphénylimide. auxquels on peut d’ailleurs substituer : d'une part, l'amide correspondant à ce même corps GC, c’est- à-dire un corps ayant la même formule que B où l'on aurait remplacé C=S par C— 0, et, d'autre part, les homologues des corps À et B, c'est-à-dire ceux qui en diffèrent par le remplacement d'un ou de plusieurs des atomes d’'H des noyaux aro- matiques par des groupements CH°. 1° Le corps À se dissout très facilement dans SO'H* concentré, en donnant une liqueur jaune rougeàtre qui, chauffée vers 50-60°, vire au violel brunätre sombre et qui, vers 110°, prend une colo- ration rouge jaunàtre intense. Si, après refroi- dissement, on coule dans l’eau, on obtient une liqueur rouge jaunâtre (à moins que l’eau ne soit en quantité insuffisante, auquel cas il y a dépôt d'un sulfate cristallisé) qui, traitée par un alcali, vire au bleu, puis se décolore en laissant déposer un corps basique cristallin brun jaunâtre. Lavé, puis cristallisé dans le benzène, celui-ci forme des aiguilles brillantes, d’un brun presque noir, fondant à 420°; ce corps est l’anilide de l'isatine, et il suffit de le faire bouillir avec une solution aqueuse d'un acide minéral pour récupérer de l'aniline et obtenir de l'isatine. Dans ces diverses réactions, le corps À a perdu une molécule d’ammoniaque pour engen- drer de l’anilidoisatine, puis, par scission de la mo- lécule, de l'isatine; le corps À emprunte un atome d'H au noyau aromalique, et justement celui qui est en ortho de l'Az, pour souder la chaine latérale à ce noyau, la soudure se faisant aux dépens de 1 La découverte de Sandmeyer fait l'objet des brevets allemands nos 113.848, 113.981, 115.169, 113.978, 113.979, 113.980, déposés le 18 juillet 1899 au Patent-Office par la maison Geigy de Bäle, et de leurs additions: D.R.P. 113.981, 115.464 et 116.393. l'azote et engendrant l'a-anilido-isatine (F. 120°), qu'on peut écrire sous la forme lautomère : H Nu Az PA EA 4 [Jo azcur | | Jc— acer HAN 8 Nr 0 Az OH Anilido-isatine. 2° Le corps B subit une réaction tout à fait analogue. Dans un travail que nous retrouverons plus loin, M. Laubenheimer remarque que ce thio- amide B a la propriété de se dissoudre dans l'acide sulfurique concentré et chaud, en donnant une solution rouge que l'addition d'eau laisse limpide. Guidé par la réaction très curieuse que nous venons de décrire pour le corps À en présence de SO‘H? concentré, et quil venail de décrire, M. Sand- mevyer, comme il le dit lui-même dans un de ses brevets, eut l'idée de traiter par la soude la solution sulfurique aqueuse obtenue par la réaction de Lau- benheimer, et il obtint tout de suite une solution d'un bleu intense qui, peu à peu, se décolora en abandonnant un produit cristallisé; c'était encore l'«-anilido-isatine, identique à celle que l'on ob- tenait précédemment. Et, en outre, circonstance des plus impor!antes dans une question qui louche à l'industrie, la réaction est presque quantitative annähernd quantitative); c’est la suivante : NZ ( | NC — AzHCSHS. Er Be O2) sl. : AzHE Ÿs 9 Corps B. HONN = AZS | NC azuCenS H FE en ETS NZ ‘ Nu 7C Ici encore, il y a perle d’ammoniaque aux dépens d'un atome d'hydrogèné du noyau (en ortho de l'azote) et du groupe AzH*, avec soudure du noyau et de la chaine latérale. Il se produit, en outre, un dépôt de soufre avec dégagement de SO?, dû sans doute à la réaction’ (sur SO‘H*) du soufre qui pro- vient du groupement C—=S transformé en C— 0, et il se fait l'x-anilido-isatine. : Ces deux réaclions, calquées sur le même type chimique, sont très différentes quand on les examine au point de vue industriel, car il faut alors tenir compte du prix de revient du produit fabriqué vis à vis du produil vaturel ou des produits artificiels avec lesquels il veut entrer en concurrence. Or, la préparation du corps À parait assez onéreuse; elle se fait, en effet, en traitant à 100° un mélange de 90 parties d’aniline et de 14 parties de chlorhydrate d'hydroxylamine AzH° (OH). HCI par 32 parties d'hydrate de D.R.P: 113.848);“el; par chloral ! Cette réaction est sans doute la suivante : X)G—=S<+SC'H==(X)C— 0" FS'0H:, de thiosulfurique se décomposant en S + SO? + H°0 en présence de SO'‘H=. »t nci cet { P. LEMOULT —— NOUVELLES SYNTHÈSES DE L'INDIGO . conséquent, elle met en œuvre des réactifs d'un | prix relativement élevé. (A propos de cette prépa- ; ration, on savait déjà que la réaction du chloral et ! de l’aniline donne le corps‘ : CCE —CH —(AzHC‘H° =; et que le chloral avec l'hydroxylamine donne la tri- chloraldoxime: : CCF — CH — Az(OH) ou la monochlorglyoxime : CCI— CH — Az (OH) Il Az(OH) découverte par Naegeli*; mais la réaction simul- lanée de ces trois substances est une découverte nouvelle de Sandmeyer, conduisant au corps À et couverte par son brevet.) Toutefois, il ne semble pas que ce corps A soit utilisable industriellement à la fabrication de l'indigo. Il parait en être tout autrement du corps B, dont la préparation exige plusieurs réactions successives mais n'ulilisant que des produits courants. Voici, en effet, comment on l’obtient : (a) Réaction du sulfure de carbone sur l'aniline en présence ou non d'alcool, ce qui donne la thio- carbanilide ou thiodiphénylurée symétrique * : (1) CSH5 — AZH — CSAZH — CH; (2) Réaction sur (1), mis en solution ou en sus- pension dans un véhicule approprié tel que l'alcool | aqueux, d'un cyanure alcalin en présence d'oxyde de plomb ou d'un sel basique de plomb, ce qui donne lieu à la formation de PbS et du corps (Il) ou CN 7 — C' AZHCHE qi (] 7 hydrocyanocarbodiphénylimide (on peut également employer du cyanure de plomb). Ce dernier corps (II) avait déjà été oblenu par Laubenheimer”, soit en faisant agir HCAZ libre sur la carbodiphényli- | CAZ CSH5 — Az = C — Az — Ci mide®: soit en faisant bouillir pendant 8 à 10 jours une solution alcoolique du corps ([) avec HgCy*. Le. brevet 115.169 mentionne que la réaction indiquée , plus haut se trouve terminée en quelques heures M entre 50 et 60° et que le dépôt de PES, très facile à | recueillir, permet de récupérer facilement le métal | sous forme utilisable pour une opération ultérieure; 1 WazLacu, Berichte,:t. V, p. 251. 2 V, Meyer, Ann. de Liebig, t. CCLXIV, p.118. Berichte, t. XNI, p.499. * BEILSTEIN, p. 394. 5 LaugexueImer. Berichte, &. XI, p. 2155. 5 Werru, Berichte, t. VII, p. 1306. ‘à niaque sur le corps (Il); dans ces conditions, le groupement nitrile estsaponifié et transformé en groupement thioamide * 3 | d AzH° — C=S (par fixation d'H°S); on obtient le corps (III), thioamide du corps B, ÉE Az— C— AzHC°H° | AH —C—S, point de départ de la réaction développée plus haut, qui le transforme en isatine:; c'est un corps qui éristallise dans l'alcool en prismes jaune d'or fon- dant à 161-162°, solubles dans les acides minéraux élendus et dans les alcalis chauds. Le brevet allemand D.R.P. 112.978, relatif à la préparation du corps B, indique : 1° que la réaction de H°S sur le nitrile (Il) ne donne pas le corps B, mais régénère de l'aniline et engendre en même temps le corps : CSHS — AzH — C— C — AzH° LR | ; COR 42° que l'emploi d'une solution fraiche de sulfure “d'ammonium donne le même résultat ; 3° mais que l'emploi d'une solution de sulfure ancienne {atté- nuée par l'oxydation, qui donne naissance à AzH* S—S— AzH*) conduit au résullat désiré; on mploie donc comme solutions saponifiantes celles jue l'on obtient en saturant une solution aqueuse lammoniaque par H°S, puis en faisant bouillir en présence d'un excès de soufre la liqueur ainsi btenue. Quant au thioamide oblenu, il est trans- ormé facilement, comme on l’a vu, en #-anilido- satine. A côlé du traitement de ce dernier corps par un ide pour son dédoublement en aniline et isatine, faut mentionner également le procédé qui con- iste à le traiter par un réducteur, comme, par xemple, le sulfure d'ammonium en solution récem- nent préparée, ce qui donne encore de l’aniline et b de l'indigo blanc (Anmeldung G. 14.063). II n La découverte dont on vient de lire l'exposé nérite qu'on s'y arrêle et qu'on l’examine à plu- ue purement chimique, elle conslitue une Syn- e des plus élégantes de cette belle matière colo- rante qu'est l'indigo, objet de lant de recherches ébde tant de convoitises. Il ne saurait m'appartenir adresser à M. Sandmeyer des louanges pourtant tement mérilées, mais on ne peut s'empêcher = BERNTHSEN, Ann. de Liebig.t. CLXXXIV, p. 192: GABRIEL ebPa. HEUMANY, Berichte, t. XXIII, p. 58. S points de vue; par elle-même, au point de , P. LEMOULT — NOUVELLES SYNTHÈSES DE L'INDIGO 761 d'admirer la sagacité et l'esprit de rapprochement qui ont conduit l’auteur à sa découverte et lui ont permis de tirer d'une réaction, sans importance jusque-là, d'une simple réaction de coloration, telle que l'avait exécutée M. Laubenheimer, des résultats aussi importants; il y a là un enseignement dont tous les chimistes peuvent faire leur profit. - Si, maintenant, on compare le procédé Sandmeyer aux deux procédés qui sont actuellement exploités dans l'industrie pour la production de l'indigo syn- thétique, en un mot aux procédés qu'il doit con- currencer, On constate qu'il n'est point à leur égard en mauvaise posture. Le procédé de la « Société Badoïise » ne peut donner que l'indigotine en C”, identique à celle que l’on peut extraire de l'indigo naturel à l'exclusion de ses homologues, c'est-à-dire qu'il ne conduit qu'à une seule matière colorante et à une seule nuance dans les applications linctoriales. Le procédé employé par la « Société chimique des Usines du Rhône » conduit, au con- traire, à l'indigotine en C"“ quand on emploie la benzaldéhyde o-nilrée : Re NAzO® et à ses homologues en C* et C?°, à condilion d'em- ployer des aldéhydes aromatiques homologues : COH AzO®, COH à pe x 2 2/ (CH* C'ÆK et CH? °C°H < Az0? ce qui permet de fabriquer des colorants nouveaux, identiques, quant au mode d'emploi, à l'indigo na- turel, mais de nuances différentes (indigos méthyle RetB) et donnant au teinturier une certaine latitude pour l'obtention des nuances variées. _ Le procédé Sandmeyer présente les mêmes avan- tages que ce dernier et à un degré plus accentué encore : que l'on remplace, en effet, l’aniline par les toluidines ortho, méta ou para ou parles xylidines, on obtiendra des indigotines en C'# et C* plus facilement encore que par le procédé précédent. En effet, pour obtenir la benzaldéhyde ortho-nitrée, il faut, d'après ce qu'on sait, prendre comme point de départ le toluène et sacrilier le groupement CH’; pour obtenir l'homologue de cette benzaldéhyde, c'est-à-dire : .COH CH5 — C°H°/ AzO®, nécessaire à la fabrication des « indigos méthyle » il faudra donc prendre comme malière première les xylènes C’H* (CH*} ; par ie procédé Sandmeyer, au | contraire, le benzène conduira à l'indigotine en C', le toluène conduira aux indigotinesen C!*,les xylènes conduiront aux indigotines en C?’, car aucun des groupements CH® n'esl sacrifié au cours des réae- tions. La question est loin d'être insignifiante; en 702 effet, comme le fait remarquer M. Haller”, le toluène et surtout les xylènes sont peu abondants dans les huiles légères du goudron de houille, et l’on pour- rait même craindre que le procédé à l'o-nitrobenz- aldéhyde ne trouvàt point sur le marché assez de toluène, sa matière première, s'il devait à lui seul assurer la produclion d'indigo consommée acluel- lement. Par le procédé Sandmeyer, rien de sem- blable n'est à craindre : la matière première, le benzène, est abondante et son prix ne fait que décroitre, depuis surtout que les fours à coke pro- duisent des goudrons — et en quantités énormes — riches en benzène. Il semble donc que le procédé Sandmeyer assure les avantages que présente séparément chacun des deux autres procédés matière première abondante et à bon marché, obiention de plusieurs produits homologues per- mettant de faire des gammes de nuances en modi- liant seulement et très légèrement la composition de la cuve. Reste maintenant la question capitale, celle du prix de revient. Il est naturellement très difficile d’avoir à ce sujet des renseignements précis, en raison de la complexité des facteurs qui interviennent dans l'établissement du prix d'un produit industriel et de l'intérêt que peut avoir le fabricant à ne point faire connaitre à ce sujet le résultat de ses recher- ches et de ses tâätonnements. Nous ne pouvons que donner une approximation très grossière du prix possible de l'indigotine obtenue par ce nouveau procédé. Le prix minimum s'obtient naturellement en fai- sant intervenir chacune des malières premières pour la quantité minimum, c'est-à-dire en suppo- sant que le rendement de chacune des opéralions est intégral. Dans le cas actuel, en comptant 93 ki- logs d’aniline (à 120 fr. les 100 kilogs), 76 kilogs de sulfure de carbone (60 fr. les 100 kilogs), 65 kilogs de cyanure de potassium (250 fr. les 100 kilogs), et 20 fr. pour le bi-sulfure d'’ammonium nécessaire, le tout pouvant produire 117 kilogs d'indigotine, le kilogramme de cette substance ressortirait à 3 fr. Mais ilest bien probable qu'on est loin de compte ; si l’on admet pour chaque réaction un rendement Loc. cit. P. LEMOULT — NOUVELLES SYNTHÈSES DE L'INDIGO de 90 °/,, ce qui, pour un rendement industriel, est » une limite rarement atteinte, le prix du kilog d’in- digotine s'élève tout de suite à environ 5 fr. En outre, il n’a élé tenu aucun compte, dans cette évaluation par trop. théorique, de la consommation d'acide sulfurique nécessaire dansla dernière phase, ni des dépenses qu'il faut faire pour ramener, par exemple, le plomb pris sous forme de sulfure de plomb, tel qu'il est donné par la réaction IL, à læ forme d'un sel différent (acélale, par exemple), qui est nécessaire à son utilisation dans celte même réaction Il; pas plus que des dépenses de solvants, comme l'alcool, par exemple, qui peuvent être indis- pensables, et qu'il est impossible de récupérer entiè- rement. Nul compte n'a été tenu non plus des frais de main-d'œuvre, ni des frais d'amortissement du matériel, qui jouent un rôle si important dans la direction rationnelle de toute affaire industrielle, pas plus, d’ailleurs, que des frais de commerce qu'il faut s'imposer pour faire accepler tout produit nouveau appelé à concurrencer des devanciers fortement établis déjà sur le marché. Il n’est peut- être pas exagéré, pour tenir compte de tous ces ac- cessoires, de doubler le prix évalué plus haut: le kilog d'indigotine ressortirait alors à 10 fr., c'est-à-n dire se trouverait encore dans les limites voulues pour que la nouvelle substance puisse concurrence les produits naturels ou artificiels plus anciens. ITT En raison du temps qui s'est écoulé déjà depuis le dépôt des brevets Sandmeyer, la période de tàälonnements industriels et de la mise au point des réactions doit être passée maintenant; il est bien probable que nous saurons sous peu si le procédé Sandmeyer s'établira définitivement comme u concurrent sérieux par rapport aux autres procédé naturels ou artificiels de production d'indigotine ou bien si la nouvelle synthèse est condamnée, dun moins momentanément, à n'être que l’une des pluss, élégantes et des plus curieuses après lant d’autress toutes remarquables, qui ont permis au chimistes, de construire l'édifice assez complexe de la mas tière colorante principale de l « Zndigofera ». P. Lemoulx, à : Maitre de Conférences de Chimie à la Faculté des Sciences de Lille. { | : P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE 163 LA CULTURE DU - Au commencement du xix° siècle, la France ; consacrait déjà 5 millions d'hectares à la culture - du froment; elle ne récoltait guère que 50 millions d'hectolitres; aussi, une fraction importante de notre population était-elle privée de blé et devait . se nourrir de seigle, de sarrazin ou de châtaignes. Aujourd'hui, la culture du froment s'étend sur 1 millions d'hectares et la moyenne des dix der- nières années s'élève à 110 miilions d’hectolitres, ou 84 millions de quintaux. Si l'on ajoute la valeur « de la paille à celle du grain, on dépasse 2 mil- . liards. | Comment avons-nous réussi, pendant le dernier siècle, à accroître de 2 millions d'hectares les - surfaces ensemencées en blé? Comment avons- # nous fait monter le rendement de 10 hectolitres à - plus de 15? C'est là ce que tout d'abord il nous | faut chercher. …. La quantité de blé produite en France n’est … pas encore suffisante pour satisfaire aux exigences … des semailles et pour fournir à toute notre popula- tion sa ration de pain de froment; il faut qu'année - courante, nous alteignions 125 millions d'hecto- litres; avons-nous quelque chance de les obtenir . ct comment procéder pour élever encore notre production de 15 millions d'hectolitres? Telles sont les questions que je me propose d'aborder “devant vous, questions intéressantes entre toutes, f puisqu'elles touchent à la prospérité et à la gran- - deur de notre pays. ñ La fin dernière d'une plante herbacée est la “production de la graine, qui assure la perpétuité de l'espèce; la plante accumule, autour de l’em- “bryon, des réserves qui lui servent à former les nouveaux organes, à l'aide desquels il pourra emprunter au sol et à l'atmosphère les matériaux de sa croissance. Ces réserves des graines sont des aliments que les hommes utilisent depuis un temps immémorial ; aussi ont-ils parlout cultivé les plantes qui les créent; dans l'extrême Orient, c'est le riz; en Amérique, c'est le mais; en Europe, le Seigle et particulièrement le froment. Sa culture remonte, en France, à la plus haute anliquilé; quand César pénètre en Gaule, il trouve partout du grain pour nourrir ses légions. : Il est naturel que cette culture ait été très ré- LMpandue, car le grain de blé, moulu, transformé | Conférence faite le 8 juin 1902 dans le grand amphi- “héâtre du Muséum d'Histoire naturelle. BLÉ EN FRANCE en farine, sert à la confection du pain, qui est un excellent aliment. Pour en apprécier la valeur, comparons-le au lait, qui, seul, dans leur jeune âge, entretient la vie et assure la croissance des Mammifères. Le lait renferme quatre éléments principaux : une matière azotée, la caséine, base du fromage: un hydrate de carbone, le lactose; une matière grasse, le beurre, et enfin, parmi ses matières miné- rales, le phosphate de chaux, nécessaire à la con- fection du squelette des jeunes animaux. Sur ces quatre principes, trois se trouvent dans le grain de blé et il est facile de les en extraire : voici d'abord une matière grisâlre élastique, ayant l'ap- parence d’une substance d'origine animale; c’est un corps quaternaire, le gluten, toul à fait analogue à la caséine du lait; de la farine on extrait encore l'amidon, se transformant aisément en sucre sous l'influence des ferments et des acides, analogue, par conséquent, au lactose; si, enfin, on brüle la farine, en trouve que les cendres sont riches en phos- phates. Une des matières contenues dans le lait fait cependant défaut dans le pain : il ne renferne pas de matière grasse; l'instinct populaire ne s'y est pas trompé : le pain sec, comme on dit, n'a jamais passé pour un grand régal; aussi nos paysans, qui se nourrissent surtout de pain, y ajoutent-ils, pour compléter leur ration, du lard, riche en matière grasse. La cullure du blé s'est toujours maintenue dans notre pays, mais, jadis, les rendements, très faibles, ne suflisaient pas à nourrir la population. L'histoire économique de l'ancienne France est navrante : les ravases des gens de guerre délruisant les moissons, enlevant aux paysans leurs animaux, les impôts écrasants, les règlements cruels ne laissant pas le cullivateur libre de vendre son grain, mettant des entraves à la circulation du blé, causaient diselte et famine, et vous vous rappelez le triste portrait de nos paysans que fait La Bruyère au xvu° siècle. L'insulfisance des voies de communication déterminait des différences de prix excessives d'un point à l’autre du territoire, tellement, qu'à peu de distance un marché regorgeait landis qu un aulre était dépourvu. Les routes de terre ne sont pas suffisantes pour faire arriver le blé nécessaire »n «en 4846, la à la consommation de toute une régi récolle fut détestable : on fit venir de grandes quan- lités de blé de la Russie méridionale, mais, tandis que l'abondance régnait en Provence, On ne réussit N — LA CULTURE DU BILÉ.EN FRANCE P.-P. DEHERAI 64 4 la différence est de 56 millions d’hectolitres ; or, en quelques années, les surfaces ensemencées, les pro- guère; les différences sont donc dues exclusivement aux conditions des saisons. Pour savoir comment elles exercentune influence si profonde, nous devons suivre la végétation du blé depuis les semailles jusqu'à la moisson. IT Les variétés de blé les plus prolifiques se sèment sà faire pénétrer le grain jusqu'au centre du pays, | en 1879, nous n'en avons oblenu que 79 millions ; lalion qui souffre de la faim s’aflole : des marchés | cédés de culture, les engrais distribués ne varient et, en 1847, le blé monta dans le département de l'Indre jusqu'à 39 francs l'hectolitre. Une popu- furent pillés, l'émeutle ensanglanta les rues. Aujour- d'hui que notre réseau de chemins de fer est com- plet, nous n'avons plus rien de semblable à craindre. Déjà, en 1854, la récolte fut aussi faible qu'en 1846, mais le réseau de chemins de fer élait construit; pa le grain cireula aisément el les prix restèrent abor- | dables: aussilôt qu'ils s'élèvent, ils appellent les imporlalions el la hausse est enrayée. La France, qui produit aujourd'hui 110 millions RS ET RS SK SN SÉÉRSKSKIKK SSSSRKKKKKKKKRERRERRRRRKEEGRRRRRRRERRR NS NS K SÉSSSSSKKKKK RSS RSR RSR A È SN À Ÿ RÉÉÉSÉSONINQIFKKKK NS NIK NN 13U od sdwsdlog 3 SSSSS IKKS RNRKKKKKKKKKKK SK RRRSK SNNSW NN NIK GGGÎKKK SS TE SES SSNINIIKKK SKK RE S247//07094,P SUOIJ/ I SKK SSSSRKKK ARR ARNNNNN EE KKhKhKhhhhKhKKKKKKKKK SR NN ARR SKKKKKKKKKKKKKKKKKK Si I'EOVKIKSKIIFFFFFFFFKKKKKK . _—. . ÉKRÉSQISISISSISSSNK SR KkkKK RSS RS ISSISINNIKSKS SK PE NS RS NE SR SK RRKKEKKERRRRERRRRRERER RS RRQ KE SK KhhhQGQGQGQGQGQGÎÎGÎQRKK SRE RE °à ÉSKSISISISIISISSSK SSI È SR NN NN RSS RE RE KKRKKKKKKKKEE SR RÉ RER KR RSR SSSR IKKS RKIKISSSSFKFKFKKKKKS IKKS à IiikKkKKK RRRNNN RS SS SSSR IIKQÇ SDDIDININIVY,,IKÎÎQQQ RRQ RQ RS RS de 1820 à 1900, en millions d'hectolitres. en Fance, — Production du blé ig. 1. li en automne dans une terre bien ameublie par le passage de la charrue qui ouvre le sol, par les herses le pro- 50 en 1820; clolitres, n'en récoltait que d'he mais il n'est pas , considérable marqué par une ligne continue, car la production | et les rouleaux qui brisent et écrasent les moltes est grandement influencée par les conditions sai- | sonnières. On peut en juger par le graphique que donc représente la figure 1. est grès qu'a produites le versoir en comprimant la terre qu'il a retournée; le sol doit être pulvérisé, rendu perméable, poreux, de facon que la pluie le enfonce et forme, dans les. , é qui , exercent, nous le verrons, une influence décisive profondeurs, de grandes réserves d’humidil pénètre, s'y infiltre, s sur la maturalion, par suite sur l'abondance de Ja 2 F4 barrassé récolle. Il importe, en outre, que le sol soit dé aussi complètement que possible des plantes ad La ventices; autrefois, pour les détruire, on laissait, À # la terre une année entière. sans récolte, en jachère ; on avait ainsi tout le temps. avant le semis du blé, constate On que ce dessin comprend, d'une part, de larges bandes verticales; leur hauteur indique la moyenne de la production pendant cinq celle moyenne est obtenue à années conséculives; l'aide des récolles conslalées chaque année. Gelles- ci sont marquées sur les ordonnées; en les réunis- sant, on obtient une ligne brisée, dont les profondes oscillations montrent combien la production varie , nous avons obtenu 135 millions d'hectolitres; 14 En 18 notre récolle maxima : d'une année à l'autre. - æ. P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE ET 16:55 nécessaire pour la bien travailler, pour extirper les mauvaises herbes, et cette pratique avait encore un autre avantage : une terre nue en jachère n'est pas . desséchée par les végétaux comme le sont les terres emblavées ; elle reste humide, et celte condi- tion suffit pour que, dans une terre ferlile, appa- raisse le plus puissant des engrais azotés, le nitrate. Il prend naissance dans la terre par une série de fermentations dont le détail nous est bien connu, gräce aux travaux de MM. Schlæsing et Müntz et de M. Winogradsky ; plusieurs condilions doivent se trouver réunies pour que cette fermentation nitrique côté et de { mètre de hauteur; elles présentent une capacité de 4 mètres cubes et renferment environ à lonnes de terre. Les eaux qui l'ont traversée arrivent à une couche de cailloux qui couvre le fond, légèrement creusé en rigole; elles descendent dans les bonbonnes logées, comme le montre la figure, au-dessous de chacune des cases; on mesure les eaux et on les analyse. Les eaux qui s'écoulent des terres en jachère sont très chargées de nilrates, particulièrement en aulomne; or, à ce moment, le blé est semé, il a commencé à émeltre ses racines, qui s'emparent soil aclive: il faut d'abord que la terre soit humide: il faut, en outre, qu'elle renferme des matières azolées : elles lui sont apportées par le fumier ou par les ferments fixateurs d'azote de M. Berthelot; “ces matières. organiques se brülent, leur carbone devient acide carbonique, leur hydrogène donne de l’eau, leur azote de l'ammoniaque. Celle-ci ne …persiste pas longtemps; les ferments nitreux et “hilrique l'oxydent et, si la terre est légèrement calcaire, les nitrates apparaissent. On les dose aisément dans les eaux de draïnage; pour les recueillir, nous avons fait construire, à LÉcole de Grignon, des cases de végétation (fig. 2); «ce sont de grandes boiles carrées de 2 mètres de “| Er 2 Cette figure est extraite du Traité de Chimie agricole de M° P.-P. Denérans. (Masson et Cie. avidement de ces nitrates; ils s'élèvent dans les liges et dans les feuilles et y servent à la produc- lion des matières azotées. Pendant longtemps, on a cru que la jachère étai utile surtout par la facilité qu'elle donnait de bien travailler le sol, d'extirper les plantes adventices; E on n'avait pas remarqué qu'en l'élablissant, nos pères avaient réussi, sans le savoir, à faire pi à leur sol une matière fertilisante d’aula précieuse que, le commerce des engr pas, il fallait que le sol se suflit à lui Aujourd'hui, nous ne consentons une année de récolte, pour nous p1 trates que nous pouvons acquérir à bas prix; mais nous n échappons pas à la nècess lébarrasser le sol des mauvaises herbes, s tournons la 766 P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE diffculté en cultivant avant le blé une plante sar- clée, c'est-à-dire une plante dont les pieds sont assez écartés pour que nous puissions faire passer entre eux, soit des instruments atlelés, soit des travailleurs armés de la houe qui enlèvent les plantes adventices, les espèces robustes, qui repa- raissent toujours et qu'il faut sans cesse combattre pour les empêcher de partager, avec nos plantes semées, l’eau et les engrais et d'abaisser les ren- dements. Après belteraves, pommes de terre ou maïs, nos terres sont propres, bien ameublies, mais, au mois d'octobre, il faut avant de semer le blé soumettrelesgrains missions de la France, de répandre partout les idées de justice et de liberté. Les semoirs mécaniques que nous employons aujourd hui n'éveillent plus d'idées poétiques; ce sont de grandes boites rectangulaires dans les- quelles on verse le grain: il y est puisé par une série de petites cuillères fixées perpendiculairement à des disques qui entrent en mouvement aussitôt que l'appareil se met en marche. Les cuillères déversent le grain dans des tubes arliculés, de facon à ce qu'ils puissent suivre les irrégularités du terrain : le grain tombe dans des sillons qu'ouvre un petit outil fixé à chacun des tubes distributeurs. à une préparation spéciale, car ils ren- ferment souvent les germes de champi- gnons parasites dont il faut les dé- barrasser, sous peine de voir à la moisson nombre d'épis renfermant, au lieu de chargés de gluten et grains d'amidon, des en- veloppes dans les quelles on trouve seulement une pou- dre noire et fétide. On détruit les spo- res du charbon en trempant, pendaut quelques instants, Le semis en lignes épargne la semence: à la volée, un hec- lare exige deux hec- tolitres:; avec le se- moir mécanique, on n' emploie plus qu'un hectolitre et demi. Ce semis en lignes présente en-. . core ce grand avan- age que le blé peut ètre sarclé, débar- rassé des plantes adventices qui pul- lulent daas les se- mis à la volée, très vite inabordables. Si la terre est un peu soulevée, on donne un coup de rouleau et on altend les grains dans un bain renfermant 3 Fig. 3 ou 4 kilos de sul- fate de cuivre par hectolilre d'eau: ces graius, lavés ensuite, puis mis à égoulter, sont prêts pour la semaille. III Autrefois. on semait à la volée: le semeur en- roulail autour de son bras gauche l'extrémité d'un long tablier, il en formait une sorte de sac, où il puisait de la main droile le grain à répandre: il le lançait régulii l'œil guidait sa marche: c'ét rement autour de lui, avançant bien droit, fixé sur un point de repère qui ait un grand art que de bien semer et l'on faisait habile. On a souvent comparé l'écrivain qui répand ses grand cas d’un semeur idées au modeste ouvrier qui prépare la moisson velle ; l’élégante figure qui orne nos monnaies =sCuL est une semeuse; elle personnifie une des la levée; par un temps doux et hu- mide, elle ne tarde pas à se produire, et, bientôl, apparaissent les petites lignes vertes annonçant que le blé à germé et commence à émetlre ses tiges. Le travail souterrain est encore plus impor= ant que celui qui se produit à la lumière; I figure 3 reproduit une photographie du blé prise” le 15 décembre : on voit les racines descendrén droites jusqu'à 40 ou 50 centimètres. | C'est pendant l'hiver que, parfois, les accidenls se produisent ; si nous revenons à la figure 4, nous" voyons quelques années, encore très proches de nous, qui nous ont donné des récolles pitoyables» Celle de 1871 a été détestable, les travailleurs élaient au feu et non aux champs; les chevaux, réquisitionnés par les combattants, manquaient" là. enfin, où les semailles purent être faites, le blé gela : l'hiver de l'année terrible fut, en effet, très rigoureux. Les récolles de 1879 : 79 millions d'hec- P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE + folitres, celles de 1891 : 77, ont été réduites par les froids de l'hiver ; il a fallu hâtivement, en mars, semer des blés de printemps, moins prolifiques que les blés d'automne. La crainte de la gelée détermine souvent le choix des variétés : dans l'Est de la France, où les hivers sont rigoureux, on fait grand cas d'une variété résistante au froid : le blé rouge d'Alsace; aux envi- rons de Paris, au Nord et à l'Ouest, on sème volon- tiers des variétés d'origine anglaise, prolifiques, mais plus sujettes à la gelée que nos anciens blés français ; aussi, si l’on considère la figure 1, on voit que les récol- donnance d’un officier se servant du champ de blé comme manège et faisant parcourir à son cheval un cercle régulier. Notre homme de tempèêter, de crier que son champ est perdu, qu'il se plaindra au colonel... Le soldat s'en va, un peu penaud de cette violente apostrophe. A quelque temps de là, le cultivateur retourne à son champ, pour voir si le blé brisé, piétiné par le cheval s'était relevé, et il constate que la piste est reconnaissable: le blé y est. plus fort, plus dru, plus haut que parlout ailleurs : le cheval, en trottant, avait fait un excellent roulage. Le printemps est venu, et, pour la dernière fois, nous pou- tes présen- tent aujour- d'hui des va- riations plus accentuées que celles a changé “d'aspect; on en jugera par la figure ci-contre (fig. 4); les raci- nes se sont encore allon- gées, mais,ce davantage, vonsinterve- nir sar- clant de nou- veau, dans le mon- en Car, de végétal, la lutle pour la vie est aussi àpre quepar- mi les maux, ani- et il faut constam - nous ment préser- ver nos Cul- tures contre l’envahisse - ment des plantes ro- busles, pro- lifiques, qui s'installent c'est de voir partir du col- Fig. ire Q tiges se a fallé; chacune de ces jeune blé une herse à dents de fer; ce travail enlè- “vera nombre de mauvaises herbes, il déracinera quelques pieds, en brisera d'autres... Le proverbe il : « Si tu herses lon champ, ne regarde pas errière toi », et, en effet, Le désordre est tel, le dégât si grand, qu'on serait porté à s'arrêter; il Maut continuer cependant, on s'en trouve bien; les | tiges brisées sont remplacées par d'autres plus nombreuses. «Un coup de rouleau est également avantageux, Letlon m'a conté à ce sujet une anecdote bien ca- ractéristique. Un cultivateur va, en mars, visiter un Champ de blé qu'il possédait dans le voisinage d'une ville de garnison ; en arrivant, il voit l'or- 2 4. — Le blé à la fin de partout où elles trou- vent une pla- l'hiver. Chimie agricole. , ce vide. Pendant les mois suivants, le blé croit, la tige s'allonge, les feuilles se chargent de la matière azotée qui apparaitra plus tard dans le grain sous forme de gluten. Les matières ternaires qui consti- tuent les tiges et les feuilles sont élaborées dans les cellules à chlorophylle, par décomposition d'acide carbonique avec élimination d'oxygène. Nous avons adopté, M. Demoussy et moi, une mé- thode très simple pour montrer aisément cette d composition: nous placons un rameau bien dans une cloche retournée sur une disso saturée d'acide courbe, nous aspirons la plus grande l'air, et nous placons le tout au s avec carbonique ; une pi grand vase rempli d'eau chargée à - nique ; celui-ci se dégage peu à peu de Sa disso- lution, arrive au contact des feuilles, s'y réduit, el lon voit le volume du gaz Ss augmer l'oxy- 768 P.-P gène dégagé; si l'on trouve que cette augmentation est trop lente, on agite le liquide : l'acide carboni- que s'échappe et, après une belle journée, on ob- tient un gaz renfermant 50 à 60 centièmes d'oxy- gène, assez riche pour rallumer une paille qui n'a qu'un pointen ignition.. Cette simple expérience met bien en évidence ce phénomène grandiose, ramenant à l'état de matière substance salurée d'oxygène on assisle ainsi à la combustible comme l'acide carbonique: formation de la matière végétale qui assure la perpétuilé de la vie à la surface de la terre Une notion nouvelle a été introduite récemment: c'est aussi dans la cellule à chloro- phylle que se fait la matière azolée, par réduction des nilra- tes puisés dans le sol par les racines. une Quand, comme l'a fait Boussingault, on étudie la décom- position de l'acide carbonique par des feuilles isolées, on trouve que le vo- lume d'oxygène dé- gagé est précisé- ment égal à celui que renfermait l'a- cide carbonique dis- paru ; mais, en se rapprochant davan- lage des conditions naturelles, en élu- diant les modifica- lions qu'apporle à une atmosphère confinée une plante entière ali- mentée de nitrates et d'acide carbonique, M.Schlæ- sing fils a trouvé que l'oxygène dégagé surpasse l'acide carbonique disparu; l'excès provient de l'acide azotique réduit, car, si, au lieu de fournir à la plante d'expérience un nitrate, on lui donne un sel ammoniacal, l'excès d'oxygène est à peine sen- Fig. 5.— Fleur triandre du froment. sible. Le résidu de la décomposition de l'acide azotique s'unil, par un mécanisme que nous Connaissons en- et constitue azotées qui, se compliquant de plus en plus, forment les albuminoïdes, le protoplasma des cellules à chlorophylle. core mal, aux hydrates de carbone, les malières En juin, nous enlrons dans la période critique, dans celle de la formation de l’épi, de la floraison ; en tàlant une lige de blé, renflement dû à l’épi qui, après à la main, un quelques on sent, jours, DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE surgit en haut de la tige. Cet épi porte un grand nombre de fleurs dont les enveloppes, les glumes, protègent les organes essentiels, les organes de re- . produelion. La figure 5 représente une fleur dépouillée de ses enveloppes, où par suite appa- raissent, dressés sur l'ovaire, les deux pistils: plumeux, souvent un peu courbés et divergents l'un de l’autre; on voit, en outre, (fig. 5) les trois anthères, les trois sacs renfermant le pollen, la poussière fécondante. Elle tombe sur le pistil, s’y fixe, y germe, forme un boyau pollinique qui s'insinue dans le lissu conducteur, dissout, digère les cellules auprès desquelles il passe et arrive jusqu'à l'oviducte de l’ovule, y pénètre...;les deux protoplasmas s'unissent, la fécondation est faite, le grain est noué. Toutes ces opéralions délicates, si intéressantes à suivre, s’exécutent dans la fleur fermée. Quand les étamines, se glissant entre les glumelles, app - raissent au dehors, que, suivant l'expression vul- gaire, le blé est en fleurs, en réalilé tout est ter- miné ; aussi, lorsqu'on essaie de créer des hybrides, c'est-à-dire des variétés nouvelles, douées de qua-. lités qui manquent à l'un ou l'autre des parents, faut-il enlever les anthères des fleurs avant qu'elles ne se soient ouvertes et n'aient déversé leur pollen. sur les pislils. IE En juin, nous avons donc devant nous une plante presque arrivée à son développement, qu porte à son extrémité des épis er fleurs; commeu l'ovule va-t-il s’accroitre et se charger peu à peu des deux matières qui donnent au blé sa valeur: d'une part, la matière azotée, le gluten; de l'autre l'hydrate de carbone, l'amidon ? La malière azotée se forme pendant toute } durée de la végétation; elle constitue la partie vivante des cellules, le protoplasma. C’est cette malière qui s'échappe peu à peu des cellules de feuilles, arrive aux tiges, puis s'élève de celles-e@ jusqu'aux grains: la matière azotée émigre, Sen transporte des feuilles du bas de la lige Lee celles de la partie supérieure, puis de celles- nn ‘en haut des liges et enfin jusqu'aux grains; ï, à l'imilation d'Isidore Pierre, on procède à des di des diverses parties de la plante à plusieurs” | époques successives, on conslate ce déplacement; ce transport de la matière azotée; le grain se nourrit de la substance même des feuilles et des tiges. Les hydrates de carbone qui formeront l'amidon du grain émigrent également, mais la | formalion de la grande masse de l’amidon est tar= on ne voit pas, dans les feuilles du blé, de réserves d'amidon, comme on en constate si aisé- ment dans celles des pommes de terre et de la dive : es WELE P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE 769 vigne. La maturation du ble comprend donc, d'une part, une migraliou, de l’autre, la formation d’une _ matière nouvelle, l’amidon. Pour comprendre comment les matériaux qui font du grain de blé un aliment &e premier ordre s'accumulent autour de l'embryon que ce grain renferme, nous devons d'abord insister sur le mou- _vement de l'eau dans la plante, et particulièrement sur son émission par les feuilles, sur la lranspira- lion. + Rien n'est plus facile que de montrer son acli- _vité: on introduit une feuille de blé dans’ un tube de verre maintenu par un support, en la fixant entre les deux moitiés d'un bouchon de liège fendu _ dans le sens de sa longueur, comme le montre la figure 6. En laissant la feuille exposée au soleil, on voit d'abord une buée apparaitre sur le verre; - elle s'épaissit, se réunit en gouttelettes qui, bientôt, coulent au fond du tube; une jeune feuille de Elé émet souvent, en une heure d'insolalion, un poids d’eau égal au sien. La feuille possède un pouvoir absorbant aussi fort que celui du noir de fumée ; - elle s'échaufferait donc, sous l'action des radiations solaires, si celles-ci n'étaient, en grande partie, employées à réduire en vapeur l'eau qui gorge les cellules; bientôt l'atmosphère est saturée «et, - comme le verre s'échauffe bien moins que la - feuille, la vapeur s'y condense; cet appareil repro- duit grossièrement une machine à vapeur et son - condenseur ; la feuille fait l'office de chaudière et "le tube de réfrigérant. . En suivant, pendant toute une saison, les quan- lités d'eau d'arrosage distribuées à un pot sem- blable à celui que représente la figure 6, puis en déterminant le poids de matière sèche formée, on trouve que le blé bien nourri dépense, par sa lranspiration, de 250 à 300 grammes d’eau pen- dant le temps qu'il met à produire 1 gramme de matière sèche. Tant que les feuilles recoivent de à racine assez d'eau pour que les rayons solaires Soient surtuut employés à la réduire en vapeur, la euille continue son office : elle décompose l'acide à paille; si, au contraire, la pluie a été rare, la feuille ne recoit plus assez d'eau pour résister au oleil, elle se dessèche, cesse son travail, l'usine se ferme: l'élaboration de la matière végétale est Mcstreinte, le blé reste court. — Quand bien même l’année est humide, les feuilles finissent par sécher, sans doute par obstruction des | canaux qui conduisent l’eau jusqu'à leur extrémité ; L\Cest ainsi qu'au mois de juin, on voit déjà jaunies les feuilles qui se sont développées les premières, mais celte dessiccation est d'autant plus lente que REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. le blé est mieux arrosé. J'en ai eu, il y a une tren- taine d'années, une démonstralion saisissante, Je visilais, aux environs de Londres, une ferme où l'on essayait l'emploi des exux d'égout, du seirage, comme disent les Anglais. Le domaine était un peu vallonné; on faisait franchir à l'eau d'égout les parlies basses en soutenant par des bàlis de bois les gouttières où elle coulait. Une de evs gouttières, en mauvais état, laissait tomber une fine pluie d'eau d'égout sur quelques mètres carrés d'un champ de blé; celui qui la recevait restait vert, ne donnait aucun signe de maturité, tandis que tout le reste du champ, bien jaune, était prêt à moissonner. Dans les conditions ordinaires, les feuilles du bas, puis les moyennes, enfin celles du haut, se UE Fig..6.— Méthode employée pour recueillir l'eau émise par transpiration. (Chimie agricole.) sèchent successivement, et cette dessiccation pro- gressive détermine la migration des principes con- tenus dans les feuilles du bas, aux feuilles moyennes et à celles du haut; pour bien comprendre comment se fait ce transport, il convient de dire un mot de la diffusion et de l'osmose. On désigne sous le nom de diffusion la propriété que possède une matière dissoule de se répandre uniformément dans tout le liquide où elle a été placée. Si l’on fait tomber une substance soluble présentant une grande puissance colorante, du per- manganate de potasse, par exemple, au fond d’une éprouvette longue et étroite, on voit cette matièrt se dissoudre; cette dissolution, plus dense que l'eau distillée, forme d’abord une couche au fond du vase, mais elle n'y persiste pas; lentement, elle tend à s'élever et, après quelques jours, bien qu'on aitpris grand soin de ne pas agiter le liquide, il est coloré jusqu'à la partie supérieure. Un vase poreux de porcelaine non comme ceux qu'on emploie dans la pile de Bunsen, n'oppose aucun obstacle au passage de la matière 16* vernissée, 770 dissoute. Si, par exemple, on place ce vase poreux, rempli d'eau distillée, dans une dissolution desul- fate de cuivre, on reconnait, après quelques jours, que le sulfate de cuivre à pénétré; si même on va plus loin, et qu'on procède au dosage du sulfate de cuivre dans des volumes égaux de liquide pris dans le vase poreux et dans le vase extérieur, on trouve que ces deux liquides sont également chargés; la diffusion est entrée en jeu, les concentrations sont égales, l'équilibre est établi, et les choses persiste- ront dans cet état tant qu'aucune cause extérieure n'entrera en jeu. Si ces causes interviennent, l'équi- libre est rompu. Imaginons que la dissolution exté- rieure se concentre par perte d'eau; aussitôt cette perte d'eau provoque un nouvel afflux de matière dissoute dans le vase intérieur, afin de rétablir l'égalité de la concentration. Appliquons ces manières de voir au blé; toutes ses parties sont gorgées d'eau, et il semblerait, d'après les lois de la diffusion, qu'elles devraient renfermer partout les mêmes poids de matière dis- soute; il est bien loin cependant d’en être ainsi, et, en effet, les diverses parties se dessèchent inéga- lement. Prenons, par exemple, des pieds de blé où les feuilles du bas sont jaunes, sèches; aussitôt qu'elles ont commencé à se dessécher, leurs ma- tières solubles se sont trouvées en dissolution plus concentrée que celles que contiennent les feuilles du haut, encore en pleine vigueur, et, par suile, ces matières ont dû émigrer des feuilles du bas vers les feuilles supérieures. Cette migra- tion a été très bien établie par un agronome dis- tingué, Isidore Pierre, disparu il y a une vingtaine d'années; ses recherches ont établi clairement ce transport des principes immédiats azotés, du bas des tiges vers les parties supérieures. La diffusion n’est pas la seule cause qui déter- mine le passage des principes élaborés des feuilles inférieures jusqu'au haut des tiges; l’osmose inter- vient également; elle tend à établir l'équilibre entre deux liquides séparés par une membrane vivante, par garnie de protoplasma, comme celle d'une cellule, non plus par le poids de matière dissoute, mais par le nombre de molé- cules contenu dans des volumes égaux des deux liquides. Si, par exemple, d'un côté d'une paroi se trouve un sucre réducteur comme le glucose, qui prend naissance par action chlorophyllienne, par réduction et, l'autre, du une cloison d'acide carbonique, de sucre de canne, dont la molécule présente un poids presque double de celui du glucose, l'équilibre sera établi quand il y aura d’un côté de la paroi un liquide renfermant un poids de sucre de canne presque double de celui du glucose qui existera de l’autre 6, car, en traversant la paroi, le glucose a doublé sa molécule, deux se sont soudées en une seule, et , P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE : | pourvu que le nombre de molécules dissoutes soit le méme, les lois de l’osmose sont satisfaites, l'équilibre est élabli. S'appuvant sur la découverte de la eryoscopie de Raoult, mon collègue et ami M. Maquenne a montré comment se fait la migra- tion des principes immédiats, des feuilles situées à moitié hauteur du blé aux feuilles supérieures; il a déterminé, d'une part, la tempéralure de congé- lation du ne contenu dans ces deux espèces de feuilles: de l’autre, le poids de matière dissoute: il à trouvé que, dans les unes et les autres, la pression osmolique était la même, mais, comme il ya plus de matière dissoute dans des volumes égaux du suc des feuiiles du haut que dans celui des feuilles du bas, il faut en conclure que le poids des : molécules dans les feuilles du haut est plus fort que dans celles du bas: il y a le même nombre de molécules, mais celles du haut sont plus grosses: on pourrait dire, en simplifiant les choses infini- ment plus qu'elles ne le sont dans la réalité, que, … si les feuilles du bas renferment du glucose, celles du haut contiendront, par exemple, de la dextrine, qui est formée de plusieurs molécules de glucose unies les unes aux autres avec élimination d’eau. A mesure que les matériaux passent de la partie inférieure de la plante à la parlie supérieure, ils prennent une forme de plus en plus complexe, et. cela est vrai non seulement des hydrates de car- bone, mais aussi des matières azolées ; entre les matières, telles que le glucose, l'asparagine, qui se forment dans les feuilles, et le gluten et l'amidon du grain, il y a une foule d'intermédiaires dont quelques-uns seulement nous sont connus; mais il suffit que les molécules se compliquent par union des formes simples, en s'élevant dans la plante, pour que l'osmose nous permette de comprendre leur ascension. Ce qu'il faut bien saisir, c'est que non seulement les matières formées par action chlorophyllienne émigrent, mais qu'en émigrant,. elles se compliquent, formant des molécules plus complexes, et que cette mélamorphose est une des causes de leur migration. Le grain de blé est formé, nous l'avons dit, de deux matières différentes : de gluten et d’amidon;. leur accumulation a lieu successivement; la matière | azotée émigre la première. Isidore Pierre, qui a étudié avec beaucoup de soin la maturation du bé Il a très bien montré que la quantité de matière azotée reste constante à partir du commencement de juillet; son élaboration s'arrête, mais elle quitte successivement les feuilles pour le grain, qui ren=, { ferme sa provision avant que celle de l'amidon Î e | # soil complète. EL, en effet, quand, à la fin de juin, on analyse | une tige de blé, on n'y voit pas de réserve d'hÿ= drates de carbone destinée à former l’amidon. Tandis que la matière azolée se forme pendant toute la durée de la vie de la plante, et que le grain - recueille la matière élaborée, il n’en est plus ainsi pour l'amidon; les hydrates de carbone produits _ jusqu'à la floraison ont servi à l'édification de la plante elle-même, à l'élongation des tiges, à la formation des feuilles et des épis, et il n’est rien resté en réserve pour fournir à la confection de l'amidon du grain; aussi, en voyant au commence- . ment de juillet les feuilles jaunies, on est en droit de se demander quels organes ont conservé une vitalité suffisante pour exécuter ce gros travail, qui, par exemple, fait passer l’amidon contenu dans le blé d'un hectare de 54 kilos, le 6 juillet, à 1.738, le 25. Le haut des tiges est encore vert cependant; les glumes qui entourent le grain conservent égale- ment une teinte verte, et nous avons voulu savoir, M. Dupont, chimiste de la Stalion agronomique de Grignon, et moi, si ces organes élaient encore capables de réduire de l'acide carbonique et, par suite, de fabriquer de la matière végétale; nous les avons placés séparément dans des cloches dont l'atmosphère avait été enrichie d’acide carbonique, el nous avons reconnu que, si les glumelles n'exer- caient aucune action réductrice, il en était tout autrement des tiges vertes ; elles décomposent très vite l'acide carbonique et forment des hydrates de carbone. Sont-ce bien ces organes qui contribuent puis- samment à celte formation d'amidon qui nous pré- occupe ? Pour le savoir, nous avons employé l’arli- fice suivant : nous avons choisi, en juillet, dans une pièce bien homogène du champ d'expériences de rignon, un certain nombre de pieds, et, tandis qu'une partie d'entre eux a été laissée intacte, on à coupé, au contraire, les épis d'une autre série de pieds semblables : le résullat s’est trouvé bien conforme à ce qu'on avait supposé; on a dosé, ns les tiges privées d'épis, une proportion d’hy- ates de carbone solubles triple de celle qu'on a constatée dans les liges encore munies de leurs épis; dans celles-ci, ces hydrates de carbone ont igré vers les grains à mesure de leur formation, ndis que dans les autres ces hydrates de carbone L persislé. V 11 ne nous reste plus maintenant qu'à concevoir grains; pour en bien saisir le mécanisme, 5 à l'expérience avec les vases poreux, Ldont j'ai parlé tout à l'heure. Nous avons vu que l'équilibre était maintenu, que la dissolution conservait la même concentra- tion tant qu'une cause extérieure n'intervenait Pas; cette cause, nous allons la préciser : Remar- v à EH. P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE 1 | = quons que, dans les feuilles, dans les tiges, nous avons trouvé des hydrales de carbone solubles : dans le grain, au contraire, ces hydrates de carbone se sont concrétés à l'état d'amidon insoluble et nous pouvons, en tirant parti de celte remarque, concevoir l'accumulation de cet amidon. Exécutons d’abord une expérience schématique, que J'ai imaginée il y a près de quarante ans : ver- sons, dans nolre vase poreux renfermant du sulfate de cuivre, de l’eau de baryte concentrée; elle pré- cipite l'acide sulfurique à l’état de sulfate de baryte, et, du même coup, l’oxyde de cuivre devient insoluble; l’eau du vase poreux est donc privée des deux éléments qu'elle tenait en dissolution: elle est devenue de l’eau pure, apte, par consé- quent, à recevoir par diffusion une nouvelle pro- portion de sulfate de cuivre; après quelques jours, quand l'équilibre sera de nouveau élabli, précipi- tons de nouveau le sulfale de cuivre qui a pénétré; l'eau intérieure n’en renferme plus, et l’on conçoit qu'à l’aide de ces précipilalions successives, nous fassions pénétrer dans le vase poreux la plus grande partie de sulfate de cuivre que renfermait le vase extérieur. Cette expérience va nous permeltre, ainsi qu'il a été dit, de concevoir l'a-cumulation de l'amidon dans le grain; il est en relation, par les vaisseaux, avec le haut des liges dans lesquelles continuent à s'élaborer les hydrates de carbone solubles; ils se diffusent jusqu'au grain, mais là, sous l'influence d'un ferment soluble, d'une diastase non encore isolée, les hydrates de carbone passent à l'état d'amidon; le liquide qui gorge le grain est done appauvri d'hydrates de carbone, et la diffusion en achemine une nouvelle quantité qui s'insolubilise à son tour: il s'établit ainsi un courant continu et, quand la saison est propice, tous les hydrates de carbone formés se concentrent dans le grain; ce travail ne s'exécute que si la plante est encore humide ; si un soleil (trop ardent la dessèche préma- turément, tout s'arrête et la récolte s’amoindrit, surtout par défaut d'amidon. J'en ai eu, à Grignon, un exemple remarquable pendant les années 1888 et 1889. En 1888, l'été à été pluvieux, la moisson a été retardée jusqu'au milieu du mois d'août; ces années pluvieuses sont pour nos terres un peu légères, un peu filtrantes, les plus favorables; aussi la récolte a-t-elle été admi- rable : on a recueilli sur quelques parcelles la va- leur de 60 hectolitres, rendement que je n avais pas encore constaté et que je n'ai pas revu depuis. Le grain, bien constitué, renfermait 12, 60 *,,de gluten et 77,2 d'amidon. En 1889, au contraire, juillet a été brûlant, la maturation précipit moissonné trois semaines plus tôt qu'en 1888; le grain renfermait 15,3 °/, de gluten, mais seulement le mois de :0n a ee 772 dis 61,9 d'amidon. Sil'on calcule la quantité de matières azotées contenues dans les deux récolles, on les trouve à peu près semblables, mais, en 1889, la quantité d’amidon produite à l'hectare a été beaucoup moindre et le poids du grain sensible- ment plus faible. une influence le Midi de la métriques par hectare, au lieu d'atteindre et de dépasser 20 quin- taux comme dans le Nord. Il arrive même que les étés très chauds réduisent considéra- blement les récoltes; c'est là ce qui s'est produit en 1897: le printemps Une dessiccalion rapide exerce dans France, ils sont de 8 à 10 quintaux funeste sur les rendements; 0.70 0.50" favorable avait fait croître un blé haut, fort, vigoureux, et on attendait une très bonne récolle, quand, en juillet, élévation subite de la température a déterminé une dessic- calion rapide et complète ; la forma- lion de l’amidon s’est arrêtée, les graines n'ont pas élé remplies, leur poids à été le quart de celui de la paille, au lieu d’en être la moilié, comme dans une année normale. Cet arrêt de maturalion s'est produit dans toute la France septentrionale, et la récolte n'a atteint que 87 millions une NIV Fe à d’hectolitres, bien inférieure à celles ; pi qui précèdent ou qui suivent. Pour que le blé résisté aux fortes DER RE ‘4 élévations de température, il faut que î la racine lui envoie de l'eau; or, à À cetle période, elle s’est allongée, elle L50 À puise dans le sous-sol; s'il est see, | la maluralion se précipite, reste in- 4 complète : on n'obtient qu'une récolte médiocre ou mauvaise. Me T1 Les cases de végétation de Grignon pere nous en fournissent un remarquable de végéta- exemple; elles ont été remplies de Hese Fa terre du champ d'expériences, extraite cole. au moment de leur construction; cette terre est donc exactement semblable à celle des parcelles voisines, et cependant les cases fournissent des récoltes de grains beaucoup plus faibles que les parcelles; celles de paille ont élé, au contraire, particulièrement pendant les pre- mières supérieures dans les cases. Pour saisir la raison de ces différences, il faut se années, rappeler que les racines prennent l’eau à l’aide de” poils désignés, à cause de leurs fonctions, sous le A l'aide d’une loupe, ou on les distingue aisément. Ces poils ne se rencontrent que sur les parties Jeunes de la racine, ils sont caducs; pendant la nom de poils absorbants. mieux au microscope, jamais pu se débarrasser ; au moment de leurs feuilles vertes dépassent les épis jau-. J'ai trouvé une couche de sable P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE première partie de la vie du blé semé dans les cases, la racine, couverte de poils absorbants, se - trouve dans la terre des cases, très bien ameublie,. susceptible, par conséquent, de conserver un fort approvisionnement d'eau, plus fort que celui des. parcelles dont la terre n’est travaillée qu'à la pro- fondeur d'un fer de bêche; aussi la quantité de paille formée est-elle plus forte sur les cases que sur les parcelles; mais, à la fin de juin, la racine s'est allongée, elle a atteint la couche de cailloux qui « occupe le fond des cases: or, ceux-ci ne conservent pas d’eau. La partie de la racine qui s’y enchevêtre est précisément celle qui, à cette époque, porte les poils absorbants: ils ne trouvent rien à prendre el le blé jaunit. La figure 7 représente une la longueur de 1,75, exagérée sans doute par le manque de liquide: elle se ramiliait dans les cailloux, allant y quêtler les traces d’eau restant entre eux. Le blé privé d'eau se dessèche rapidement et la maturation se fait mal. Elle est lente et complète, quand les racines trouvent à s'abreuver. Je connais, dans la Limagne d'Auvergne, une pièce où les rendements sont élevés, nombreuse population de roseaux dont on n'a la mois- son, nissants. J'y ai fail exécuter une fouille à 1",50; humide reposant sur une argile imperméable; le blé s'y abreuve, la maluralion est lente et les rendements élevés. Je n'ai jamais vu de plus belles récoltes que celles que nous avons faites dans le Pas-de-Calais et dans le Nord, M. Porion et moi, dans les domaines de Wardrecques et de Blaringhem, en 1885, 1886 et 1887: nous avons obtenu souvent 48 et même 50 quintaux métriques de grains à l'hectare. La terre était forte et reposait, à une certaine profon- HA deur, sur une argile imperméable, où les racines 1 de blé trouvaient toujours un bon approvisionne-. ment d’eau. VI A l'aide des faits que nous venons d'établir, on i comprend maintenant comment la courbe qui repré=. sente les récoltes est accidentée; tant de conditions. sont nécessaires pour que, partout, dans toute la. l'humidité au succès, qu'on conçoil faci=. France, le blé trouve la température, qui sont nécessaires lement qu'elles soient rarement toutes réunies el que les BASES récolles comme celle de 1874 soient rares. Si l'on examine la figure 1, on reconnait que, cependant, depuis quatre-vingls ans, les progrès | racine qui à élé. extraile d'une des cases; elle est remarquable par « bien qu'elle porte une … sont très marqués : les grandes bandes verticales indiquant les moyennes quinquennales sont de plus en plus hautes: il y a parfois des temps d'arrêt, mais, pendant la période suivante, la marche en avant reprend: de 1820 à 1824, nous | produisons 50 millions d’hectolitres, de 1896 à 1900, nous sommes arrivés à 117. . Après avoir cherché comment les conditions cli- matériques donnent à nolre culture une marche aussi : irrégulière, il convient de chercher comment, en | P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE 113 élé le Limousin. Arthur Youg, qui le parcourt au xvir° siècle, en fait un sombre tableau. Turgot, qui l'administre, écrit : « Les paysans cultivent le sar- razin et les raves; ces sortes de denrées sont ici de première nécessité, parce qu'elles suppléent au pain de froment ou de seigle dont la plus grande partie du peuple limousin n’a jamais mangé. Le froment et le seigle sont réservés aux personnes un peu aisées et pour payer les charges des cultiva- teurs. » Et plus loin : « La misère des paysans est GRAIN A L'HECTARE EN HECTOLITRES quatre-vingts ans, nos récoltes ont plus que doublé, Pendant les quarante premières années, comprises entre 1820 et 1860, l'accroissement est dû pour moitié à l'augmentalion des surfaces cultivées en froment; lentement, elles sont passées de5 à 7 mil- lions d'hectares ; les terres qui ne portaient jadis que du seigle ou du méteil ont été ensemencées en froment. Elles ont pu le nourrir quand la construc- “tion des chemins de fer a permis d'apporter de la chaux aux terres qui en manquaient. Les terres granitiques ou schisteuses, pauvres en calcaire, ont été transformées du jour où la construction des chemins de fer a permis le transport à bas prix de ce précieux amendement. . Une des contrées qui en a profité lè plus a D so 2 7 Dr A Ë ss Îr BA VVE TI $ 30 - 12. AVAL 12 x - : - 7 (A A - is | - 17 A2 212 À IiIe dÙ AUD DE. 3 OT [D ADD AUS Îl 1: COCO: ë 184 Eu 7 52 60 68 76 52 . T6 76 52 LE 76 52 60 68 78 DE 76 15 4 53 63-1731 83: : 59 67 175 83 59 67 75 83 83 59 67 75 83 SIMETANSNES SIND 15003 æ 67 s 5 TT NET — NE Te Sans fumure. Engrais miné- Sels ammonia- 48 kg. .d'azote 96 ke. d'azote 144 kg. d'azote 96 kg. d'azote 35.140 kg raux seulement. caux seulement. —— Sels ammoniacaux et engrais minéraux. Nitrate de soude Fumier de et engrais miné- ferme. raux. Fig. 8. — Culture continue du blé à Rothamsted; moyenne par période de 8 ans, de 1859 à 1883. telle que, dans la plupart des domaines, les culli- vateurs n'ont pas, toute déduction faite des charges qu'ils supportent, plus de 25 ou 40 livres par an, pour chaque personne, je ne dis pas en argent, mais en complant tout ce qu'ils consomment en nature sur ce qu'ils ont récolté. » Les choses ne changèrent que lorsque le chemin de fer de Uhàteauroux à Limoges ayant été construit, la chaux du Berry put arriver dans la Haute-Vienne et dans la Corrèze. Les terres chaulées ont spontanément produit des nitrates en quantités d'autant plus fortes que, grâce à la chaux, on put établir des prairies artificielles, qu’en outre, les prairies naturelles portèrent de bon- nes espèces, que le nombre des animaux entretenu augmenta et, du même coup, le fumier à répandre. Aujourd'hui, le pays est prospère el ne mérite plus la triste répulation qu'il avait à la fin du xvin° siè- cle. Dans la Creuse, dans l'Allier, en Bretagne, le chaulage permit d'étendre la culture du froment. En outre, les rendements se sont considérable- ment élevés, grâce à l'emploi de plus en plus fré- quent des engrais. Boussingault et Georges Ville, en France, Lawes et Gilbert, en Angleterre, ont montré que les nitrates, les sels ammoniacaux, les phos- phates, les sels de potasse sont des engrais com- plémentaires d’une rare efficacité, dont l'emploi, de plus en plus fréquent, a considérablement élevé les rendements. Pendant longtemps, on n'a employé d'autre ma- tière fertilisante que le fumier de ferme, très effi- cace sans doute, mais dont la quantité est limilée par le nombre des animaux entretenus, qui dépend lui- même des ressources fourragères; un grand pro- grès s'accomplit au xvine siècle quand les prairies artificielles, qui s’établissen£t sur les plateaux, vin- rent ajouter leurs produits à ceux des prairies. naturelles qui ne prospèrent que dans les vallées; toutefois, la pénurie d'engrais se faisait vivement sentir. C'est seulement à son retour d'Amérique que Boussingault, qui y avait reconnu l'efficacité du guano riche en ammoniaque et en phosphates, eut l'idée d'employer ces matières en grande cul- ture; Georges Ville, lui aussi, prôna les engrais chimiques; Lawes et Gilbert, en Angleterre, ont montré leur efficacité dans la cullure du blé par une expérience de longue durée, justement célèbre. La figure 8, qui résume les essais de Rothamsted, donne une idée très juste de ce qu'on peut obtenir des engrais; les bandes du haut indiquent, par leur hauteur, la quantité moyenne de blé obtenue par périodes de huit ans, de 1852 à 1883. Tous les ans, les parcelles reçoivent les mêmes engrais et sont ensemencées en blé; on voit, à gauche de la figure, ce qu'on récolte sans aucun engrais, en grain el en paille, puis successivement avec des engrais minéraux seulement, des sels ammoniacaux seuls, ou enfin avec le mélange de sels amoniacaux em- ployés en diverses proportions, du nitrate de soude toujours associé aux engrais minéraux, ou enfin sous l'influence du fumier de ferme. Le point essentiel sur lequel il convient d'insis- . ter c’est que les rendements obtenus par l'emploi des engrais chimiques sont égaux à ceux que four-. c'est là un immense avantage; en effet, tandis que le poids du fumier dont on dispose est limité, ainsi qu'il a été dit, par le nombre des animaux entretenus, le marché des nit l'épandage du fumier; or, ngrais chimiques est ouvert. On a trouvé des phos- hates partout; notre Afrique francaise en renferme des millions de tonnes; en outre, les gisements de P.-P. DEHÉRAIN — LA CULTURE DU BLÉ EN FRANCE nitrate de soude du Chili fournissent tout ce que demande la consommation européenne. L'emploi de ces engrais est de plus en plus fréquent et contribue à élever les rendements. Ceux qu'indiquent les expériences de Rothamsted ne sont pas très élevés; ils s'arrêtent à 32 hectotitres de grain par hectare; à cela plusieurs raisons : la culture à élé continue, c’est-à-dire que le blé se succède à lui-même indéfiniment, ce qui est une condition fâcheuse; en outre, les variélés semées ne sont pas très prolifiques; enfin les engrais n'ont pas été employés de la facon la plus favorable. En grande culture, le blé succède à une plante sarclée, betteraves ou pommes de Lerre, ou encore trèfle; les champs sont donc propres, débarrassés des mauvaises herbes, beaucoup plus complètement que lorsque la culture est continue; en outre, nous trouvons grand avantage à employer sur la même pièce le fumier de ferme et les engrais chimiques; l'action du fumier distribué à la betterave ou aux pommes de terre l’année précédente est encore très sensible au blé qui leur succède et, en lui distribuant au printemps du nitrate de soude, nous mettons plus de chances de notre côté: s'il pleut, le nitrate est entrainé, perdu, mais les résidus du fumier en fournissent plus qu'il n'est nécessaire, tandis que, si le temps est sec, le nitrate ajouté soutient la récolte. C'est en employant ces fumures mixtes, en distribuant largement les phosphates, que nous arriverons aux grandes récoltes. Il faut, en outre, savoir bien choisir la variété appropriée au climat el à la terre cullivée. Nous avons obtenu, il y a une quinzaine d'années, de très grandes récoltes de blé, feu M. Poriou et moi; en semant la variélé dite à épi carré, nous avons atleint60 hectolitres, et, dans le Pas-de-Calais, plusieurs autres cultivateurs ont eu des rendements. aussi élevés avec celle même variété; on l'a essayée. dans d’autres départements, puis on y à renoncé. À Grignon, cependant, elle réussit très bien; dans la, Beauce, à peu de distance de mon champ d'expé-« riences, on ne veut pas en entendre parler; ce blé est tardif, et quand le terrain n'est pas profond els ne renferme pas de bonnes réserves ne il s'échaude. | Il n'y a pas de conseil à donner pour le choix des variétés; il est lié à la terre que l'on cultive. au climat sous lequel on opère; les cultivateurs essaient toutes les variétés nouvelles, et généra= | lement choisissent bien; comment donc se fait-il. que nos rendements soient encore aussi faibles," et que la moyenne de production en France soit de 16 hectlolitres par hectare, quand il est possible d'en atteindre 60? 4 On n'oblient ces grandes récoltes que dans la région seplentrionale, où le climat est favorable, » où les engrais sont généreusement distribués; ils le sont à la betterave qui commence l'assolement - et qui, suivant l'expression des cultivateurs, pare » bien son engrais, c'est-à-dire qui donne une récolte d'autant plus abondante que la fumure a été plus _copieuse; le blé qui suit profite des résidus; à mesure que s'étend la culture de la betterave employée à la fabrication du sucre, à celle de l'alcool, ou à l’alimentalion des animaux, à me- sure aussi les rendements du blé s'élèvent, et ils s'élèvent parce que le blé est bien nourri. Quand on apporte à un sol pauvre les matières fertilisantes qui y font défaut, les récoltes dou- bleut ou triplent; l'apport des phosphates, là où ils manquent, amène une transformation complète. Malheureusement, c'est lentement que l'emploi des engrais chimiques, des phosphates notamment, se propage. Nos paysans, si rudes au travail, ont de la peine à changer leurs méthodes; ils s'appuient sur les traditions, sur ce qu'on a appelé la routine, dont il ne faut pas trop médire, car c'est le recueil de recettes basées sur une série d'observations - accumulées depuis des siècles; ils ne veulent chan- ser qu'à bon escient. L'armée agricole ignore les marches rapides; elle se meut, elle progresse, mais Dans un premier article ‘, nous avons étudié le “Quaternaire belge au point de vue de la stratigra- phie, de la faune et de la flore; nous allons main- …L — L'HOMME QUATERNAIRE ET L'HOMME TERTIAIRE. C'est surtout dans l'interprétation de l'âge des adustries humaines qu'une méthode stratigraphi- que rigoureuse est nécessaire. On peut affirmer “miver à des conclusions exactes, au sujet de l'âge des gisements. Et nous ne pouvons nous empêcher d'applaudir 1 à la vigoureuse campagne menée par M. Manou- — Voyez la Revue du 15 août, pages 7112 et suivantes. — L. Maxouvrier : La protection des autiques sépultures et “des gisements préhistoriques. Revue de l'Ecole d'Anthropo- Jogie de Paris, 1901. ier* contre ces prétendus savants qui ne sont. P GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE lentement; en quatre-vingts ans nous avons plus que doublé notre production de blé, et nous y avons réussi par un emploi judicieux des amendements et des engrais; les quantités utilisées faibles, mais elles augmentent sous la poussée des syndicats, de ces associations que les cultivateurs ont fondées et qui leur rendent des services signalés. Par l'emploi de plus en plus fréquent des en- grais, nous ferons encore monter nos récoltes ct nous produirons la quantité de blé nécessaire à notre consommation; notre pays n'alteindra cepen- dant la haute puissance agricole à laquelle se prèle son climat, que lorsqu'il sera régulièrement irri- gué, car, Je crois l'avoir montré plus haut, quand l'eau manque, la croissance du blé, sa maturalion se font mal; la mauvaise récolle de 1897 est là pour le montrer; quand, au contraire, la pluie est régulière, que la terre reste humide jusqu'en juillet, nous dépassons 128 millions d’hectolitres, comme en 1898 et en 1899, et, si nous pouvions arroser aussitôt qu'il est nécessaire, les grandes récolles deviendraient la règle, car l’eau est la première condition de la fertilité. sont encore P.-P. Dehérain, Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle ét à l'Ecole d'Agriculture de Grignon. LE QUATERNAIRE BELGE DEUXIÈME PARTIE : LES INDUSTRIES HUMAINES que de mauvais collectionneurs etquiontruiné pour toujours une grande partie des gisements elassi- ques. Dans leur rage d'ajouter de belles pièces à leurs séries, ils ont saccagé les endroits les plus intéressants, pillé au hasard, sans se préoccuper de la superposition des niveaux et ont ainsi rendu encore plus difficile la tâche des véritables cher- cheurs. Pour faire sérieusement de la Préhistoire, il faut être paléontologiste consciencieux et avoir une très longue habitude de la technique stratigra- phique. Un seul gisement étudié dans ces conditions donnera plus, au point de vue de la connaissance de l'humanité primitive, que cent gites pillés p ces vandales que sont souvent les collectionne Un exemple typique vient à l'appui de mes obser- vabtions. Depuis que de véritables géologues ont étudié les industries quaternaires belges, les résul- tats scientifiques obtenus en quelques années ont dépassé tout ce que l’on pouvait espérer. Il me suffira de citer les recherches de M. Rutot, en Bel- gique, pour convaincre tout le monde. GEORGES 110 Comme nous l'avons dit dans la première partie, nous distinguons cinq termes dans le Quaternaire. Lors des observations, l'habitude des dépôts marins faisait débuter chaque niveau par un lil gravier. Les recherches récentes” ont montré que, dans les dépôts fluviaux quaternaires, premières de les graviers se trouvent généralement au sommet de chaque horizon. donc à distinguer dans un cailloutis quaternaire : le cailloutis lui-même, puis l'industrie qu'il renferme. Il est de toute évidence que l’utilisation des éléments lithologiques du cail- loutis est postérieure à leur dépôt; les premiers hommes ne pouvaient utiliser les silex alors qu'ils se déposaient; ils devaient nécessairement attendre Deux choses sont que les eaux se fussent retirées et que les cailloulis fussent mis à sec. Un exemple remarquable nous montrera la réa- lité de cette théorie: le Moséen des environs de Maffles, près d'Ath, comprend les couches sui- vanles ? . Gravicr continu supérieur. Sable fluvial. . Gravier discontinu moyen. Sable fluvial. Grand cailloutis continu de = 19 eue base. M. Rulot conclut, de cette disposition et des industries incluses, que le dépôt de ces couches dû nécessiter les phases suivantes * « 1° Dépôt, par les eaux torrentielles, du cail- loutis inférieur; retrait de celles-ci dans la coulière ; émersion, de chaque côté du cours d'eau, de larges bandes du cailloutis précédemment déposé: « 3° Il y a lieu de remar- quer que, des hommes n'élant pas tenus en réserve « 2° Décroissance des eaux: Occupation humaine. pour étre jetés sur le cailloutis aussitôt après son fallu du temps avant que des aient découvert l'emplacement du La quantité d'outils délaissés indique une occupalion assez longue ; « 4° émersion, il a tribus errantes cailloutis. Crue considérable des eaux. Les hommes occupant les rives caillouteuses sont chassés sur les hauteurs environnantes. Dépôt d'une couche de sable fluvial, probablement beaucoup plus épaisse que ce qui en resle de nos jours: (530 La vitesse des eaux augmente considérable- ment et devient torrentielle. £rosion d'une grande | 1 A. Ruror : Sur les relations existant entre les caïlloutis quaternaires et les couches entre lesquelles ils sont compris. Bull. de la Soc. belge de Géol., 1902. ? A. Ruror : Sur la distribution, etc. ? À Ruror : Quelques considérations sur lés conclusions stratigraphiques à tirer de la présence de débris de l'in- dustrie humaine dans les graviers quaternaires, Bull. de Ja Soc. belge de Géol., 1900. couvrir, pour ainsi dire à coup sûr, des gisements ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE partie des sables fluviaux précédemment déposris. Les eaux rapides charrient, de l’amont, des maté- riaux volumineux, qui constituent le cailloulis moyen ; « 6° Décroissance des eaux, retrait dans le thalweg: émersion, de chaque côté du cours d'eau, de larges bandes du cailloutis qui vient d'être déposé ; « 7° Occupation humaine. Utilisation sur: place des matériaux du cailloutis; « 8° Crue considérable des eaux. Les hommes occupant les rives caillouteuses sont chassés sur les hauteurs environnantes. Dépôt d'une couche de sable fluvial, probablement beaucoup plus épaisse que ce qui en reste de nos jours; « 9° La vitesse des eaux augmente considéra- blement et devient torrentielle. Ærosion d'une grande partie des sables Huviaux qui viennent d'être déposés. Les eaux rapides charrient, de l’amont, des matériaux volumineux, qui constituent le cail- loutis supérieur ; « 10° Décroissance des eaux, retrait dans le thalweg ; émersion, de chaque côté du cours d’eau, de larges bandes du cailloutis qui vient d'être déposé; 11° Occupation humaine. Utilisation sur place des éléments du cailloutis. Donc, dans une série complète du Quaternaire, nous trouverons assez souvent un cailloutis supé- rieur terminant chaque dépôt et coïncidant avec la fin d’une phase torrentielhe des eaux. Mais l'indus- trie humaine que nous pourrons y rencontrer sera toujours postérieure en date. Une loi presque mathématique permet de dé-, de silex ou des affleurements de couches sous-" jacentes sur les collines recouvertes de dépôts: quaternaires. Depuis longtemps, on à remarqué, en Belgique, que le flanc sud-ouest des coteaux est presque toujours dénudé (fig. 1). Ce sont les pluies. apportées par les vents soufflant dans cette direc=" tion, qui, frappant normalement les flancs de la, | colline, emportent le limon ou les sables super- liciels. Sur les versants des vallées, l'érosion peut mettres. à découvert gisements importants de sites ainsi que l'indique la coupe-de la figure 2. Les industries humaines éludiées en Belgique sont d'une importance capitale, en ce sens qu ‘elles ont mis en lumière l'existence d'instruments beau= coup plus primitifs que ceux que l'on considérails | des Mu comme les plus anciens. » , d'ailleurs, il ne faut pas longuement y ré= …. pour comprendre que les silex taillés ont dû être précédés d'instruments simplement utilisés. Pour lailler, il faut avoir une idée préconçue de la GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE 1 1 =! ._ succéder à une longue période d'utilisation des matériaux tels qu'ils se présentent. L'expérience de chaque jour montre alors la manière d'accom- moder les silex pour en tirer le plus de parti pos- sible. Avant de tailler, l'homme primitif a logique- . ment commencé par utiliser des éclats naturels. Ramassant des cailloux sur le sol, — presque tou- jours des silex, — il se servait des parties saillantes pour frapper, et, avecun peu d'ha- bitude, on peut trouver de nom- breux instru- ments portant des traces évi- dentes de per- cussion plus ou dans les couches les plus anciennes du Quaternaire. _ Un second pas : consiste dans l’utilisation des lames tranchantes qui se forment par éclatement naturel. Plus tard encore, le primitif comprend qu'il peut, lui-mème, provoquer cet éclatement par la percussion, et nous arrivons à l’utilisation des parties tranchantes obtenues par débitage artificiel. L'utilisation des éclats est facile à re- connaitre, car, dès que les arètes vives perdaient leur tran- chant, par suite de Pusage, — grattage ou raclage, — on S.0. Vallée de la Haine petits coups donnés r l'une des faces, long du bord. On Gbtenait ainsi un nouveau tranchant, par la juxtaposition une quantité de its éclats enlevés. Et si, lorsque nous avons it l'étude détaillée des couches quaternaires, ous trouvons dans les niveaux les plus anciens s restes d’une industrie dans lesquels lutilisa- on et la retouche sont déjà très appréciables, ne ra-t-il pas logique d'admettre l'existence de Thomme ou d'un précurseur antérieurement à cette _ quaternaire ? 4 _ forme à donner au silex, et cette conception doit | Fig. 1. — Coupe schématique d'une colline suivant la direction S.-0, N.-E. — A,limon des pentes (Moderne); B, alluvions modernes de la vallée : G, limon (Flandrien ou Hesbayen); D, Sables tertiaires ; E, Argiles ter- tiaires; F, terrain crétacé. (La ligne pointillée indique le développement primitif du limon C. Les pluies ayant emporté le limon sur le versant S.-9., deux affleurements, indiqués Afft, de sables tertiaires sont visibles.) Fig. 2. — Coupe schématique d'un gisement de sileX paléolithiques anciens sur le versant de la vallée de la Haine. — A, pentes (Moderne); B, alluvions modernes de la Haine; C, limon (Flandrien ou Hesbayen) : D, sables et cailloux campiuiens ; bles, glaise et cailloux moséens à industrie paléolithique ancienne : E', partie du gravier E exposé à la surface du sol par entrainemeñt du limon C; F, craie blanche: G, marnes silexifères turoniennes ; H, terrain primaire. La réponse ne peut pas faire de doute. La simple constatation des faits et le montrent que rien ne peut apparaître brusquement dans l’histoire de la Terre, et que toute forme nou- velle doit être précédée de formes successives qui nous y mènent graduellement. La question de l'homme ou du précurseur ter- tiaire se résoudrait done d'une manière affirma- tive, même si nous n'avions pas de faits probants à l'appui de cette considération. Mais ces faits existent.Qu'ilme suffise de dire que les silex de Thenay (Aqui- tanien}, de Puy- Courny (Torto- nien) et d'Otla (Pliocène) sont considérés com- me ayant servi à un travail hu- main par des an- thropologistes de la valeur de MM. de Mortillet et | Hamy. + Cependant, nous sommes, à leur sujet, du même avis que M. Rutot. Au lieu de les considérer comme {aillés, nous ne voyons en eux qu'une utili- sation d’éclats avec retouche du genre de celle que nous avons décrile tout à l'heure. Les géologues et les anthropologistes anglais se sont, du reste,activementoc- cupés de la ques- tion de l'homme ter- tiaire, depuis une dizaine d'années, et la grande majo- rilé d’entre eux ad- met l'avis de John Prestwich,qui raisonnement nous Gisement de Silex taillés | ! limon des sir E, sa- S voit, dans les silex retouchés du Chalk- Plateau Ke industrie bu nf du une = maine incontestablement pliocène. A la suite d'an thropologistes belges, j'ai pu voir, en compagn de M. Élisée Reclus, une série de silex du Chalk-Pla- teau, envoyée par M. P. Martin. Nous les croy certainement utilisés. D'autre part, M. Laville, prépar: Paléon- tologie à l'École des Mines de Pari rendu dans la célèbre localité de Saint-Pres dans le 7118 GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE Pliocène supérieur, à faune de l'Ælephas meridio- nalis, il à pu recueillir quelques échantillons qui ont été envoyés à M. Rulot, et parmi lesquels celui-ci reconnait, sur plusieurs d'entre eux, des traces d'utilisation. Nous ne doutons pas que, lorsque des recherches approfondies auront été faites dans celle région, des instruments pou- vant amener la conviction générale ne soient re- cueillis. Étant données les rares séries de silex utilisés, d'âge tertiaire, connues jusqu'à présent, M. Rutot montre qu'il parait exister une première série ascendante qui cesse, pour recommencer sous les mêmes apparences, à la fin du Pliocène. Ce savant en conclut qu'il semble que les choses se soient passées comme si un précurseur de l'homme était d'abord loppé pendant le Miocène et avait disparu vers le commencement du Pliocène. A la fin du Pliocène, apparu dès lAquitanien, s'était déve- la souche de Fhumanité actuelle aurait apparu, avec reprise de l'industrie de forme plus primi- tive ‘. Il convient naturellement d'attendre de plus am- ples recherches dans les lerrains lertiaires, recher- ches qui ne peuvent manquer de combler certaines lacunes, pour connaitre enfin la vérité sur ce sujet si attachant. Nous n'avons pas à être surpris du peu de pro- grès qui auraient été accomplis dans l’utilisation des instruments durant la longue période de temps qui s'est écoulée entre l'Oligocène supérieur et la fin du Pliocène. Ne savons-nous pas que ce sont les phases d'enfantement qui sont les plus pénibles, et que les premiers progrès sont les plus longs à se réaliser ? Après ces quelques mots rapides sur la question de l'hormme tertiaire, abordons directement l'étude des industries quaternaires. Il. — LES INDUSTRIES QUATERNAIRES. Remarquons d'abord que, dans le groupe des industries paléolithiques, on peut distinguer, d'une part, des silex taillés, au sujet desquels tout le monde s'entend, et, d'autre part, des silex uti- lisés, que nous allons décrire en détail. Nous tenons à dire ici qu'avant d'admettre la réalité des faits avancés par M. Rutot, nous avons voulu les contrôler par nous-même. Nous avons donc fait une étude approfondie des nombreux et magnifiques plateaux que ce savant à réunis au Musée d'Histoire naturelle de Bruxelles. Pour nous, comme pour {ous ceux qui s'y sont rendus, et ils sont déjà nombreux, il ne peut y avoir aucun doute: M. Rutot est dans la bonne voie; les résul- tats auxquels il est arrivé paraissent réellement acquis pour la Science, et on ne peut que souhaiter que des recherches aussi approfondies soient faites partout. Elles conduiront nécessairement, ainsi que M. Rutot l'a, du reste, déjà reconnu, aux mêmes conclusions. Ceci dit, décrivons les indus- tries du Quaternaire belge. $ 1. — Moséen. Nous y avons reconnu quatre niveaux principaux qui sont, en partant du sommet : 4° Cailloux ou gravier supérieur. 3° Glaise plus où moins argileuse. 20 Sableggénéralement meuble, à stratification flu- viale, avec lits graveleux intercalés. 4° Cailloux ou gravier inférieur. Le cailloutis inférieur est formé de rognons de silex crétacés venus de l'Artois et déposés à la fin . des temps tertiaires. Il se trouve au fond de la | vallée creusée par l'érosion tertiaire; son épais- seur, très variable, peut aller de 10 centimètres à |  mètre, Mais ce cailloutis peut se trouver à deux ni- veaux, correspondant à deux stades différents de l’approfondissement de la vallée. Celui qui se trouve à la plus grande hauteur, c'est-à-dire sur une terrasse plus élevée que le niveau actuel des eaux, est donc le plus ancien. Il renferme une industrie qui est, par suile, la plus. ancienne de toutes celles que l'on connait, pour le moment, en Belgique !. C'est à cette industrie que M. Rutot a donné le nom de reulélienne, par suite, de son grand développement au hameau de Reu- tel, près de Becelaere, à l'est d'Ypres (Flandre Occidentale). Cette industrie est caractérisée par Pulilisalion de rognons bruts pour la percussion, par l’accom- modation de rognons irréguliers pour le même objet et, enfin, par l'utilisation de fragments de perculeurs, accidentellement brisés, à laction du raclage ou du grattage. À Mais tous ces instruments ne se trouvent pas en, égale proportion dans le cailloutis inférieur du Moséen des hauts niveaux. Ce sont les rognons, simplement utilisés pour la percussion qui sont de beaucoup, les plus nombreux. Les autres instru». ments sont sensiblement plus rares. £: Les percuteurs sont faciles à reconnaitre; ce. sont des rognons, n'ayant le plus souvent subi aucune préparation, plus ou moins gros, et dont, cerlaines parties, généralement arrondies, onb, \. Ruror : L'homme préquaternaire. Bull. de la Soc. \nthr. de Bruxelles, 1901. — ‘A. Ruror : Sur la distribution... etc.:; Sur l'âge des gis® ments, ete.; Note sur la découverte d'importants…., ele. An | . servi à frapper, de sorte que ces parties sont cou- vertes d'éloilures caractéristiques (fig. 3). A l'examen des éléments lithologiques du eail- _ loutis, on reconnait qu'il y a eu un véritable . choix dans la matière première (fig. 4 et5). Ce sont seulement les silex noirs qui ont été utilisés; les jaunes et les bruns ont presque toujours été délais- sés, car ils sont souvent fen- dillés et donnaient des cas- sures irrégulières. Un peu plus tard, l'atten- tion des Reutéliens fut attirée par les éclats qui se déta- chaient lorsqu'ils se servaient trop brutalement des percu- teurs. Ces éclats présentaient des bords tranchants dont le côté utilisable fut vite re- connu (fig. 6 et 7). Mais, au bout de quelques minutes d'utilisation au raclage, ces arêtes avaient perdu leur tranchant; pour le leur rendre, les Reutéliens faisaient de légères retouches, c'est-à-dire qu'ils provoquaiert le départ d'une petite série d’éclats alignés, au moyen d'un autre silex. Cependant, ces grattoirs et racloirs très primitifs sont encore rares dans le Reutélien et, comme nous l'avons dit, Fig. 3. — Pércuteur forme d'un galet rou- lé. —Reutélien, Zon- acheke. ce sont les percu- teurs qui sont les plus nombreux. Aux grattoirs s'ajoutent encore d'autres instru- ments, bien pri- milifs sans doute, mais dont l’exa- men conduit né- cessairement à l'af- firmation de ce fait que c'est l’uti- humaine qui leur a donné leur aspect. C'estainsi rouve encore, dans le Reutélien, des éclats MServi sur toutes leurs parties tranchantes et iluant de véritables disques. —. Mais les instruments les plus curieux sont peut- tre les grattoirs-rabots, qui sont tout simplement des fragments de rognons munis d'un tubercule | venant naturellement se placer entre le pouce et Nindex; on se servait de ces instruments en les poussant devant soi, et il suffit d'en inspecter la partie, autrefois tranchante, pour se rendre compte lisation Fig. 4 — Percuteur pointu. — Reutélien, Zonnebeke. qu'on ayant cons- r Re GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE ‘ tis asséché, avaient 179 du travail qu'on leur a fait exécuter. Les traces en sont évidentes pour tout esprit non imbu d'opi- nions préconcues. Un fait est encore trie reutélienne : c'est la très grande abondance des ins- truments utilisés dans les gisements et souvent à la sur- face même du cail- loutis. Le fait s'ex- plique fort bien. à signaler au sujet de l’'indus- Les Reutéliens, qui occupaient la surface du caillou- à leur disposition un matérielsuffisanten étendue pour qu'il ne leur füt pas né- cessaire de procéder à des extractions en pro- fondeur. D'autre part, nous ne devons pas nous étonner de rencontrer des millions de silex uti- lisés à l'époque reu- télienne. Il suffit d'en faire soi-même l’ex- périence pour se ren- qu'une Fig. 5. — Percuteur accommodé pour la préhension. — Reuté- lien, Reutel. dre moyenne de trois ou- tils par jour et par homme n'est pas exa- gérée, élant donné le caractère temporaire de l'utilisation, Cette moyenne, multipliée par quelques centaines d'hom- mes et par le nombre approximatif de milliers d'années qu'a dû exiger cette période, conduil rapidement à des totaux considérables. Enfin, lorsque la première est à proxi- milé, qu'elleest, pour ainsi dire, inépuisa- ble, il est facile de comprendre que cha- compte Fig. 6. — Eclat utilisé au ra- clage. — Reutélien, Dadizeele. matière que instrument na qu'une valeur très nn Graioir — minime et quil est lien, Westroo bien vite rejeté. Lorsque le cailloutis de base du ns ; sur la terrasse inférieure de la vall une hau- teur relativement faible au-dessus ictuel des eaux, on y trouve une indusiri peu plus Rutot à iné le nom perfectionnée, à laquelle M 780 de Z?eutélo-Mesvinienne. Ce perfectionnement est en rapport avec l'âge plus récent du cailloutis. Il consiste en une augmentation du nombre des grattoirs et des racloirs et en une diminution du nombre des percuteurs. Ceux-ci sont notablement plus perfectionnés (fig. 8 et 9), mieux accommodés à la main et les tubercules gè- nants qui pou- vaient s'y trou- ver ont été soi- gneusement abattus, tandis que ceux qui Fig. S. — Percuteur.— Reutélo-Mesvi- pouvaient être utiles en don- nant de la prise nien, Ressaix. à la main ont toujours été conservés. Les racloirs et les grattoirs ne sont plus des éclats détachés accidentellement des percuteurs et utilisés: ce sont ordinairement des éclats naturels tranchants ramassés sur le sol (fig. 10). Parmi ces grattoirs, il s'en trouve qui sont pourvus d'en- coches dont le tranchant avait paru particulière- ment propre à être utilisé et qui l'a été. Il serait bien difficile d'expliquer par des causes naturelles la formation de ces encoches, à concavité souvent fort accentuée, etimunies de nombreuses retouches. A cette même époque apparaît déjà l'éclat utilisé, conduisant directement à ce qui a été nommé pointe moustérienne. C'est un instrument dont le contour est formé de deux arêtes utilisées qui se rejoignent, avecretouches opérées sur une même face, l’autre restant lisse. D'ailleurs, il sera démon- tré que celte pointe dite moustérienne existe par- tout, et il est certain qu'il faudra renoncer définiti- vement à dater un gise- ment en se basant sur la présence d'un outil dont toute nalu- relle et qui peut se retrou- l'origine est < : ver à tous les niveaux. Fig. 9. — Percuteur pointu. Ç Reutélo-Mesvinien, Leval. On a trouvé, dans cer- lains cas, de très nom- breuses pierres polyédriques, de volume presque constant et à arètes tranchantes. On les considère comme des pierres de jel. D'une manière générale, le progrès est non seu- lement caractérisé par la présence d'instruments plus perfectionnés, mais encore par ce fait que les retouches opérées aux tranchants sont beaucoup plus régulières. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE Les gisements reutélo-mesviniens se trouvent principalement dans les vallées de la Haine, de la Dendre et de la Sambre, où la matière première élait très abondante. Grèce aux dénudations provo- quées par les pluies sur les flancs sud-ouest des collines, il y a souvent disparition des limons » supérieurs, si bien que le cailloutis se trouve actuellement dans les conditions où il était à l'époque reutélo-mesvinienne. Il en résulte la for- mation de vastes champs de silex, où l’on peut faire de magnifiques récoltes. Les instruments y sont aussi nombreux que dans les gites reutéliens, et cela pour les mêmes raisons. Les sables fluviaux moséens, que l’on retrouve superposés au gravier inférieur, comprennent sou- vent des lits irréguliers de cailloux, témoignant de plusieurs émersions successives locales". Ces lits renferment parfois des instruments qui sont égale- ve SP ée ttes dons be de ment une transition entre le Reutélien et la Mesvi- nien, mais avec une tendance : mesvinienne plus prononcée, : c'est-à-dire qu'on y constate À une prédominance des grattoirs L: sur les percuteurs. ï La glaise moséenne ne ren- £ ferme ordinairement rien. À 4 Le cailloutis supérieur peut ÿ se trouver à diverses altitudes ; Li dans tous les cas, il contient une industrie à laquelle le re- gretté Delvaux a donné ce nom de Mesvinien et qui est bien développée à Mesvin (Hainaut). Î Cette industrie se compose d'un petit nombre de percuteurs plus où moins accommodés et d'un 4 très grand nombre de racloirs et de grattoirs d'une, infinie variélé de formes, avec accommodation à. la main par une taille rudimentaire. La retouches est aussi mieux soignée et les éclats sont assez sous vent dus au débitage intentionnel par percussion n C'est une crue considérable qui a permis aux eaux de déposer les sables et les glaises moséennes, ainsi que le gravier supérieur. Cette crue a été pro= voquée par la fonte des neiges et des glaces pen=, dant le retrait de la première calotte glaciaire qua= ternaire, de sorte que tous ces dépôts représentent une moitié des sédiments interglaciaires des gé0= Fig. 10. — Æelat uti- lisé au grattage. — Reutélo-Mesvi- nien, /tessaix. logues européens. En beaucoup de régions, le cailloutis supérieur du Moséen n'ayant que peu d'importance, il y à eu certainement pénurie de matière première, d'où die minution sensible de la population. Cependant, TE PRE RE NO CTI ! Ruror : Quelques considérations sur les conclusions | stratigraphiques à tirer de la présence de débris de l'indus= { trie humaine dans les graviers quafernaires. Bull. de la Soë. | | | belge de Geol., 1900. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE 181 l'industrie mesvinienne s'épanouit largement par * | dans certaines localités de la vallée de la Haine, 4 Fig. 11. — Percuteur tranchant. — Mesvinien, Spiennes (Exploitation Hélin). suite de l'abondance des silex dans cette région (Spiennes, Moulin de Haine-Saint-Pierre, etc.). Fig. 12. — Nucleus, disque. — Mesvinien, Spicnnes (Exploitation Hélin). …; distingue encore des percuteurs simples, con- = islant en un fragment assez volumineux de | # ù È Fig. 13. — Eclar utilisé au raclage. — Mesvinien, Spiennes % (Exploitation Hélin). LM Tognon de silex à peine dégrossi, formé d’un talon » arrondi artificiel ou naturel et, à l'opposé, d'une Surface aplatie, arrondie, pointue ou tranchante, eb des percuteurs composés, qui sont des instru- Ments travaillés sur plusieurs faces. Ces percu- teurs deviennent souvent de véritables pics à deux pointes, que l'on pouvait saisir par le milieu. Le Mesvinien contient encore des disques (fig. 12), qui peuvent se présenter de deux manières, soit que l’une des faces soit constituée par la croûte du silex, soit qu'ils aient été taillés sur les deux Généralement volumineux, ce sont, le plus souvent, que des nuclei, d'où des éclats ont été dé- tachés et dont les bords ont servi de percuteur tranchant. Parmi les grattoirs (Big. 143 à 16), il faut distinguer : 1° des grattoirs simples, formés d'un éclat enlevé tangentiellement, ovale, portant des traces d'utilisation sur toute sa périphérie ainsi faces. ne — \ZÆ=SS Fig. 44, — Gratlloir à tranchant transversal. Mesvinien, Spiennes (Exuloitation Hélin). qu'un bulbe de percussion. La partie destinée à être prise en main a été martelée pour éviter les Fig. 15. — Gratloïr à encoche. — Mesvinien, Spiennes (Exploitation Hélin). blessures; 2° des grattoirs à dos, constitués d'un éclat prismatique allongé, offrant deux côtés longs se rejoignant à angle aigu et for- mant ainsi un An- gle tranchant et un. côté opposé plus étroit: tout y était disposé de manière à ce que la paume de la main puisse pren- dre le talon qui s'y trouvait ména- gé, tandis que l'in- dicateur s'étendait le long de la par- tie le mince; 3° | Fig. 16.— en | grattoir à encoche Spiennes | (fig. 15), ainsi nommé parce qu'il comporie une part cave, | creusée par l'usage et portant hes. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE Signalons aussi des lames, qui sont des racloirs allongés, et des poincons, dérivant presque toujours d'un éclat pointu que des retouches ont rendu encore plus aigu. Enfin, on y trouve déjà quelques rares instruments ayant des tendances amygda- loïdes. C'est durant le Mesvinien qu'apparaissent les premières armes, fait qu'on à pu constater jusqu'ici dans les environs de Binche, sous forme de pointes grossières, à talon réservé et conduisant immédia- tement au poignard. $S 2. — Campinien. Nous avons vu que ce lerrain est composé de haut en bas de : 2, Cailloutis supérieur. 1. Sables argileux (ou glaise) et sables meubles flu- viaux, irrégulièrement stratiliés, avec lits caillouteux intercalés. Le dépôt des sables fluviaux cor- respond aux crues qui ont succédé au stade d'approfondissement maximum des vallées ; ils ne se trouvent jamais que dans le fond et sur les berges de la coulière. Dans leur partie infé- rieure, ils contiennent une industrie analogue à l'industrie mesvinienne, landis que leur partie supérieure ren- Cette dernière est formée de différents ou- ils (fig. 17 à 91). Ce sont donc de ferme l'industrie chelléenne. Fig. 17. — Pointe chel- Jéenne. — Chelléen, Leval. grands éelats de taille du type Leval- lois, dont les arètes tranchantes pa- raissent n'avoir Jamais été utilisées. Avec ces éclats, on en trouve d’au- tres, grands eLminces, de forme amygdaloïde, plats, avec bulbe de percussion d'un côté, tandis que Fig. 18. — Pointe chelléenne grossière. — Chelléen, Ressaix, l'autre face présente des retouches serrées et assez régulières, localisées vers le sommet de l’une des arêtes, à l'extrémilé formant pointe arrondie. Ces pièces, que M. Cels nomme des écorchoirs, Fig. 19. — Instrument amygdaloiïde piriforme. — Chelléen, Ressaix. précéderaient les vraies pointes à faciès mousté- rien. Avec ces instruments, on à encore rencontré . des sortes de racloirs moustériens (fig. 22), ainsi que des instruments amygdaloïdes laillés à grands éclats, qui sont le coup-de-poing chelléen \ypique de Fig. 20. — Instrument amygdaloïde grossier. — Chelléen“ Leval. A oi M. de Mortillet et des auteurs francais. D'ailleurs, ; . Le 4 on peut constater, d'une manière générale, que ox les instruments tendent vers la forme amy 5422 »| loïde”. Les armes, dont nous avons constaté l'apparition, L< Fig. 21.— Pointe taillée sur une face (forme moustérienne). | — Chelléen, Bois d'Epinoïs. | | [l à la fin du Mesvinien, prennent de plus en plus | { 1! Ruror : Sur la distribution des industries..…., etc. ( ÿ d'extension. Ce sont des poignards munis d’une - véritable garde et des pointes de flèches. Quant au cailloutis supérieur, il contient l'indus- - trie à laquelle on à donné le nom d’Acheuléen ; elle piques -(fig. 24 et 25), auxquels vien- nent s'ajouter des pointes el des ra- cloirs de forme ig. 22, — Pointe racloir (forme IHAUSLENEnRE pe ” moustérienne). — Chelléen, Res- instruments sont Saix. faits d'une matière É très différente de celle dont sont constitués les outils du cailloutis Supérieur moséen. De plus, contrairement à ces derniers, ils sont fortement patinés. Quant aux grattoirs (fig. 23), ils sont très per- Æiz. 25. — Grattoir amygdaloïde. — Acheuléen, Aessaix. eetionnés et représentés par des outils aussi variés que nombreux. $ 3. — Hesbayen-Brabantien-Flandrien. Peu d’études ont encore été publiées sur les in- dustries contenues dans les niveaux supérieurs du Quaternaire; cepen- recherches ont déjà montré quil existe certainement, dans les couches quater- naires de la série su- périeure, des niveaux renfermant tout l’ou- tillage caractéristi- que des industries des cavernes *. g. 24. — Instrument amygda- Roue Si RS Mioide. — Acheuléen, Ressaix. pu retrouver l'Æbur- L néen de M. Piette,re- ésenté par des pointes et des racloirs mousté- ns, ainsi que par des lames allongées, souvent minées en grattoirs à leur extrémité. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE 183 dant, les premières Tarandien, composé de pointes en feuilles de lau- rier, de grattoirs longs et doubles, de burins, de percoirs, de lames à encoches.…., ete. Tous ces gise- ments ont, malheureusement, été rencontrés dans Fig. 25. — Instrument amygdaloïde, — Acheuléen, Haine Saint-Pierre. des conditions stratigraphiques peu précises. Cepen- dant, il y a lieu de remarquer que les industries éburnéenne et tarandienne sont largement dévelop- pées, surtout la première, dans les cavernes des terrains calcaires de la Belgique. Ces cavernes ont élé fouillées avec grand succès par M. Dupont. Fig. 26. — Coupe de l'exploitation Hélin, à Spiennes. u : ( A. Terre à briques. Flandrien. . | B. Ergeron. C. Limon. D. Cailloutis supérieur à industrie acheu léenne. E. Glaise sableuse avec lit tourbeux. F. Sables fluviaux, obliquement stratifiés, à industrie chelléenne et à faune du Mar mouth. . Caïlloutis supérieur à industrie nienne, H. Sable vert. I. Caïilloutis inférieur à ind mesvinienne !. Hesbayen . [(P Moséen . Campinien. | | | ( Crétacé sup. J. Craie brune phosphalée, s020/ Pour bien préciser les différent à in dustrie humaine du Quaternaire bels 5 don- 2 C'est le caïlloutis inférieur, de niveau IniIerieur. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE — °° TagLeau I. — Tableau comparatir du Glaciaire GLACIAIRE DE L'EUROPE CENTRALE INDUSTRIE ES RIT INDUSTRIE SUBDIVISIONS VAÉUEÈTE humaine RAS ae t humaine FRE re séments FAT cu mecete ne Classiñcation de so Le Ê SE : Classification de RINCIPAU, d'après J. Geikie fauniques M. G. de Mortillet du Quaternaire auniques M. A. Rutot l Reutélienne. L : & ; Phase JAPAN de} d'avancement. mpine. a Elephas £ Elephas Ne pi si C3 antiquus, % one inoceros eut = La Rhinoccros Chelléenne. Mosé | Merkii, mesvinienne. Æ& Merkii,etc. Bisons et Cer- Glaise verte 4 2 vidés. sable stratifiés, (al 5 loutis supérieur. Phase gile avec lits ti CRUE Mesvinienne, beux de la Campità Elcphas Chclléenue. Sables fluviaux nn " primigenius stratifiés, tourbeat E : ss Campinien. | (Mammouth), sectes. £ d'avancement. TE CA # Acheuléenne tichorhinus,etc.| Acheuléenne. | Cailloutis supériëll : et 4 Moustérienne. 2 E Helix hispida, Tourne F Phase Sucvinea SRE L Limon stratifié de retrait. Elrphas Hesbayen. oblonga, Pupa correspondant hesbayen, primigenius LE au Mousterien. {Mammouth}, ms | /thinocer os tichorhious, etc. Néant. (Le-mi k Jane teau de limonh &— d'avancement. Elephas bayen se desséchél ÊE primigenius FE Muramouth : 4 = — = à ( | Une 2 Solutréenne. | Brabantien. Rhinoceros RUE 2e : 2 (Ed. Piette). &,2 lichorhinus, . 5 2 Equus caballus, Limon non lt 25 Phase Le A sine éolientl É >: ; etc. fé d'origi # de retrait, Mourbe Sables à faute ait PARLES ? marine du Flan = Phase L til primigenius EE d'avancement (fin), (fin), S £ a è Cervus Cervus EE tarandus. tarandus, & Fe Te 42 È Tarandienne 3 7 Magdalénienne Flandrien. (Ed. Piette). Es a à Jin à il 8 8 s 1bles à 20H74 7 Etre Cervus Cervus nense du 80 int “ LTÉE tarandus tarandus Flandrien: 24 de retrait. (Renne) FA R : stratifié dit Erf ; . (Reone), etc. Terre à briques jurope CE GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE ntrale avec le Quaternaire de Belgique. QUATERNAIRE DE BELGIQUE PRÉNOMÈNES GÉOLOGIQUES Aissement du sol. Envahis- sement marin du delta de la Meuse. Les cavernes déjà ou- vertes servent d’exutoire aux Aux des hauts plateaux et les déversent dans les vallées en treusement. FAITS ETHNOGRAPHIQUES L'homme utilise les éléments du cailloutis déposé à la fin du Tertiaire de la même manière qu'il les utilisait déja à la fin du Pliocène (Industrie reuté- lienne). ÉVOLUTION DE L'INDUSTRIE HUMAINE L'homme utilise d'abord les rognons bruts de silex comme percuteurs; plus lard, il reconnait que les frag- ments de percuteurs brisés peuvent servir à racler et il les utilise; plus tard encore, il utilise directement les éclats naturels tranchants. 185 Soulèvement du sol. Retrait (le la mer moséenne. Suite du éreusement des vallées. Le sol devient stationnaire. Grande Grue dans les vallées. Dépôt des sables et des glaises moséens. Continuation du soulèvement du sol. Vive érosion et appro- fondissement maximum des vallées. Le sol devient station- paire. Commencement du com- bement du fond des vallées. L'homme est chassé par la crue des berges caillouteuses des vallées. Il revient ensuite les réoccuper en possession de l'industrie mesvinienne. L'industrie mesvinienne passe à l'industrie chelléenne, puis, par perfectionnement, à l'indus- trie acheuléenne. Vers la fin, l'homme commence à habiter les cavernes de la vallée de la Méhaigne. L'emploi du percuteur tombe en décadence marquée; à défaut d’éclets tranchants naturels, on en fabrique par débi- tage; le grattoir ou racloir devient l'outil prépondérant et on lui doone quantité de formes diverses; on y ajoute bientôt le poincon ou percoir. Plus tard, les formes se pré- cisent et tendent vers le contour amygdaloïde, Invention de la pierre de jet, Les percuteurs et les grattoirs ont pris la forme amyg- | dalpide et le « coup-de-poing chelléen, puis acheuléen » se généralise. Invention des armes véritables : poignards, couteaux, pointes de lance, de sagaie, de flèches. Invention de la scie (?). Plus tard, la vraie « pointe moustérienne » se généralise. Affaissement considérable du Sol. Énorme crue d'eau douce fausant une vaste inondation presque générale du pays. Soulévement du sol. Dessé- “iement du manteau limoneux déposé. Recreusement des val- lées encombrées de limon. Vents secs d'est persistants, PoYoquant la dénudation du Mnwet du manteau de limon lsbayen et le dépôt local du L'homme des cavernes à in- dustrie acheuléenne est chassé ou anéanti par la grande crue hesbayenne. Des populations du sud à in- dustrie éhurnéenve reviennent habiter les cavernes et tirent leurs silex et leurs ornements de la Champagne. Décadence de la taille du silex; de nombreux oulils se fabriquent en os ou en ivoire. L'homme recherche pour sa nourriture la moelle des os longs et la cervelle des animaux et surtout du cheval. La sculpture est inventée. Le Mammouth disparait len- tement et le Renne devient pré- pondérant, La sculpture est remplacée par la gravure sur os ou sur pierre. Le silex n'est plus guère utilisé qu'à la confec- tion de quelques outils (burins, grattoirs et poinçons). L'homme, cha de nos régions par la grande inonda- tion hesbayenne, revient occuper les cavernes. Ses silex sont principalement la pointe moustérienne et un grattoir alléngé à tranchant transversal. Il sculpte et grave sur ivoire de Mammouth et invente la fabrication des pointes | de flèches et des aiguilles en os. Il prend goût aussi à la | païure. Avec des silex venant de la Champagne, il rapporte des coquilles fossiles dont il fait des colliers. Il recueille la | fluorine et se sert de rognons de pyrite pour se procurer du | feut 1l utilise aussi l'oligiste pour se peindre en rouge. Les hommes continuent à habiter les cavernes. Le Mammouth disparaissant, la sculpture sur ivoire est rem- placée par la gravure sur bois de Renne, sur os ou sur pierre. Bätons de commandement. Décadence du silex Burins, percoirs et grattoirs très allongés, étroits, magda- léniens. Goût de la parure. La pêche se fait au moyen du harpon en os. Imon non stratifié éolien. nlrissement du sol. Inva- Depntine du tiers nord- A : Uu pays. Blocs erratiques L Nord, EE Soulève t Dire Ment du sol, Retrait de, nues flandrienne, Crue or pure dans les vallées. Jélnitive du réseau Duyi, Uial üctue] RE EVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, Lors de la crue de l'ergeron, l'homme est chassé des vallées et des cavernes. Survivance partielle de l'industrie farandienne (silex) et nouveaux apports industriels. Période encore obscure. GEORGES ENGERRAND — LE QUATERNAIRE BELGE nons ici (fig.26) une coupe graphique de l’exploita- tion Hélin, à Spiennes, localité devenue classique dans les fastes de l'anthropologie belge. $ 4. — Industrie de transition. Cette industrie, qui fait le passage entre le Paléo- lithique et le Néolithique, est caractérisée par la dé- cadence de la taille du silex. C'estle Tourassien de Mortillet et l'Elaphien de M. Piette. Cette industrie est à peine connue en Belgique. $ 5. — Industries néolithiques ‘. D'après M. Rutot, elles semblent renfermer, au moins, deux subdivisions, dont l’une, la plus ancienne, serait représentée par des silex utilisés à caractères archaïques, jamais polis et qui seraient l'équivalent du Campinien des auteurs francais: puis viendrait le Æobenhausien ou époque de là pierre polie. L'industrie de la période robenhausienne est pro- digieusement développée, en certains points, comme le camp à cayaux, situé près de Spiennes. Là, l'exploitation du silex était considérable; elle se faisait par des puits ou des galeries qui existent encore. À la surface du champ se rencontrent encore, par milliers, les blocs-matrices, les enclu- mes, les pics, les lames, les grattoirs, les racloirs, les retouchoirs, les ciseaux, les haches.…, etc. Signalons encore les tranchées d'extraction de silex noir d'Obourg”, les puits et galeries d'Avennes, dont les produits s'écoulaient vers le sud, celles de Rulen, dans le nord de la province de Liége, celles de Sainte-Gertrude, près d'Eysden, qui inondaient une partie de la Hollande et de la Belgique des outils qu'on en tirait. Beaucoup d'autres roches étaient utilisées par les Néolithiques, pour la fabrication de leurs instru- ments; citons les porphyre, serpentine, fibrolithe, chloromélanite, néphrite, jadéite..…, ete. À Rivière, près de Namur, E. de Pierpont à découvert station robenhausienne où ïl a pu recueillir plus de dix mille très petites pièces, auxquelles on donne le nom de silex géométriques, ainsi que quelques grattoirs et pointes de flèches. Notons encore les recherches de M. van Overloop à Mendonck (Flandre occidentale), de M. Jacques, une ! J. FraïPonr: Loc, cit. * M. de Munck y a trouvé, en 1890, le squelette d'un mineur écrasé par un éboulement et ayant encore près de lui son pic en bois de cerf. à Boitsfort, de M. de Puydt, à Ghlin (Hainaut), dans les fonds de cabanes de la Hesbaye, en Cam- pine, ainsi que celles qui ont été exécutées, par M. Cumont, à Rhode-Saint-Genèse et à Verrewinkel. III. — RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. On voit donc que la période de la pierre, en Bel- gique, commence avec les premiers temps du Qua- ternaire. Le caiïlloutis le plus inférieur de ce terrain est accompagné d'une industrie assez rudimentaire, appelée industrie reutélienne, et qui n’est que la continuation de celle que l’on retrouve, en France, dans le Pliocène de Saint-Prest et, en Angleterre, sur les hauts plateaux du Kent. Pendant le Moséen, cette industrie s'est peu à peu perfectionnée et a passé à l'industrie mesvi- nienne, en succédant à une industrie de transition à laquelle on a donné le nom de reutélo-mesvinienne. Ces trois industries moséennes appartiennent âu groupe industriel que l’on peut qualifier d'ÆZoli- thique. Avec la faune du Mammouth apparait l'industrie chelléenne: caractérisée par la présence du coup-de- poing chelléen: puis cette industrie se perfectionne el passe, au sommet du Campinien, à l’industrie acheuléenne. L'industrie moustérienne est absente en Bel- gique, parce que, pendant son développement, le pays se trouvait sous les eaux de la crue hesba- yenne. Après le retrait des eaux hesbayennes, l'homme est revenu en Belgique apporter une industrie mous- térienne en décadence, à laquelle s'ajoute l'usage de l'os et de l’ivoire, et qui a recu de M. Piette le nom d'industrie éburnéenne. Cette industrie ne se ren- contre guère, en Belgique, en dehors des cavernes. Dans ces mêmes cavernes, on rencontre encore l'industrie tarandienne, de M. Piette, bien caracté- risée. Ensuite vient le Néolithique, où l’on peut recon- naitre les industries campinienne et robenhau- sienne. Le tableau des pages 784 et 785, dressé par M. Rutot et mis au courant des derniers progrès de la science, résumera l’ensemble de nos connais- sances sur le Quaternaire belge, Georges Engerrand. Attaché au Service géologique de la Belgique, Professeur à l'Institut géographique de Bruxelles. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 187 1° Sciences mathématiques eyel(Chr.). — Darstellende Geometrie.— it einer -Samimlung von 1800 Dispositionen zu Aufgaben aus der darstellenden Geometrie. — À vol. in-8$ car- tonné, de 189 pages (Prix : 4 fr. 50). B.-G. Teubner, Leipzig, 1902. | Voici un ouvrage qui mérite d'être signalé à tous ceux qui enseignent la Géométrie descriptive. Il se recommande tant par l’ordre méthodique dans lequel sont exposés les divers problèmes que par le choix bien ordonné des exercices. M. Beyel s’est proposé de faire non pas un traité, mais un simple guide destiné à être utilisé par les élèves sous la direction du maître. La première partie contient des indications sommaires sur les problèmes fondamentaux de la Géométrie descriptive : problèmes relatifs au point, à la droite et au plan; détermination des distances et -des angles ; étude des solides (polyèdres et corps ronds), des surfaces de révolution et de l'hélicoïde réglé à plan directeur. L'auteur se borne à l'emploi des projections orthogonales; toutefois, il mentionne également les pro- jections obliques, afin de pouvoir examiner quelques problèmes simples relatifs à la construction de la pro- jection axonométrique d’un solide dont on donne les deux projections orthogonales. Employé comme manuel de classe, cet ouvrage dis- ense lesélèves de prendre des notes relatives au texte ; il leur permet de suivre attentivement et d'effectuer à leur tour, sous forme de croquis, les constructions faites au tableau. M. Beyel a, d’ailleurs, expressément omis toute figure dans son ouvage. Les parties 11 et If sont consacrées aux exercices, comprenant 1800 dispositions pour épures. Les pro- blèmes à résoudre sont énoncés dans la deuxième partie; chaque problème est accompagné de plusieurs exercices numériques, les données étant exprimées en coordonnées rectangulaires. La troisième partiecontient une série de remarques relatives à la vérification des constructions. L'auteur insiste, à juste titre, sur lanéces- sité de contrôler les résultats obtenus. Cette recherche des moyens de vérification offre, en outre, l'avantage de fournir aux élèves l’occasion de mieux approfondir la résolution du problème proposé. Grâce au grand choix dans les exercices, ce recueil permettra aux professeurs de varier les épures et de les approprier à la force de l'élève. 11 leur évitera cette perte de temps qu'entraiîne toujours la détermination des données d'une épure. H°NE: Czuber (Emme), Professeur à l'Ecole Supérieure Po- - lytechnique de Vienne. — Probabilités et moyennes géométriques. raduct. de HERMAN SoHUERMANS, du Corps d'Etat-Major belge, avec une préface de CHARLES LAGRANGE, membre de l'Académie Royale des Sciences de Belgique. — 1 vol. in-8 de x1-244 pages, avec 1415 figures dans le texte. (Prix : 8 fr. 50). Her- mann, éditeur. Paris, 1902. L'étude des probabilités géométriquesest, comme l’on sait, une des parties les plus délicates du Calcul des Probabilités, qui l’est déjà tant en général. On sait combien il est difficile de prévoir le sens des questions que l’on se pose : les paradoxes mis en évidence par Joseph Bertrand, dans son Traité de Calcul des Proba- ilités, sont présents à tous les esprits. Il est impos- sible, en pareille matière, d'arriver à des résultats exacts si l’on oublie un seul instant ce que la défini- ion des cas également probables à de purement con- entionnel, BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX M. Czuber a le plus grand soin d'insister, en commen- çant, sur ces difficultés. Je voudrais quant à moi, les voir constamment rappelées, et sans cesse rendues présentes à l'esprit du lecteur. 11 y a, me semble-t-il, inconvénient, à ce point de vue, à énoncer comme théorèmes les mesures des nombres de points contenus dans une ligne, une surface ou un volume, lesquelles ne sont en réalité que les Aypothèses dont on part. Dans l'étude des problèmes relatifs à un point ou à une droite arbitrairement variables, l'exposition de M. Czuber est rigoureuse, les cas également probables ayant été dûment définis. Mais l'auteur pourrait peut- ètre insister un peu plus sur les questions où l'on Sécarte, si peu que ce soit, de ces cas-types. C'est, par exemple, ce qui arrive pour l'exercice VI du chapitre I (p. 57), relatif à deux points pris arbitrairement sur un même rayon quelconque; ou pour l'exercice VII du chapitre IT (p.83), relatif à deux segments de droite (deux forces) issus d'un même point, voire même au classique problème de l'aiguille, où la position d'un segment sur la droite qui le porte intervient. Ne conviendrait-il pas, dans tous ces cas, d'apporter un scrupule plus que minutieux dans la fixation du sens précis de la ques- tion ? Cette critique ne doit pas d’ailleurs faire oublier l'intérêt qui s'attache à l'ouvrage original de M. Czuber; iléomble une lacune qu'il était utile de faire disparaitre. Jacques HavamarD, Professeur adjoint à la Sorbonne, 7 Professeur suppléant au Collège de France. ë 2° Sciences physiques Guillet (Léon), /ngénieur des Arts et Manufactures, Professeur de Technologie chimique au Collège Hbre des Sciences sociales. — Contribution à l'étude des Alliages d’Aluminium (Thèse deïla Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. de 51 pages avec 6 planches. Imprimerie Renouard. Paris, 1902. Dans ses recherches, l’auteur à appliqué la méthode de M. Goldschmidt, bien connue sous le nom d’a/umi- nothermie. Elle consiste essentiellement à faire un mélange d'oxyde métallique et d'aluminium en poudre ou en grains et à enflammer la masse au moyen d'une cartouche: il se forme alors de l’alumine et du métal si les proportions ont été convenablement choisies. M. Léon Guillet, en augmentant la proportion d'alumi- nium, à constaté qu'il se produisait des alliages divers de ce métal avec le métal de l’oxyde, et il est parvenu ainsi à préparer une série nombreuse de combinaisons parfaitement définies : Avec le tungstène, Al‘Tu, AlTu et AITu*; Avec le molybdène, AlMo, AlMo, AlMo et AlMo*; 3° Avec le cuivre, AlCu, AlCu et AlCu; Avec l’étain, AlSn et Al'Sn; 5° Avec le titane, AT et AlTI; Avec le fer, Fe?Al° et FeAF; Avec le manganèse, Mn?Al et MnAF ; Avec l'uranium, U?Alet UAP ; 9e Avec le chrome, Cr*Al et CrAl; 40° Avec l'antimoine, SbAl‘°; 44e Avec le nickel, NifAl, Ni‘Al, Ni*AI et NiAP; 120 Avec le cobalt, les combinaisons anal aux précédentes. L'auteur a déterminé les courbes de fusibilité des principaux de ces alliages. Me D'autre part, il les a étudiés au point de vue de leurs l'aluminium et de | propriétés mécaniques. Les alliages tungsiène contenant plus de 58 , de Tu sont tres 788 durs, mais extrêmement cassants: il en est de même des alliages avec le molybdène, avec l'uranium, avec le chrome; plusieurs de ces alliages cassants tombent peu à peu en poussière. Les alliages d'aluminium et d'étain, et ceux de fer et de manganèse au-dessus de 66 °/,, sont très mal- léables. Entin, les alliages d'aluminium et de cobalt ou de nickel contenant plus de 83 °/, de ces derniers métaux sont d'une dureté remarquable. Peut-être quelques-uns de ces derniers alliages trouveront-ils un emploi dans l'industrie. ! 3° Sciences naturelles Lafar (Franz), Professeur de Physiologie des Fer- mentalions et de Bactériologie à l'Ecole Supérieure I. R. Technique de Vienne. — Technische Myko- logie, Ein Handbuch der Gärungsphysiologie. II Band : Eumyceten-Gärungen. £rstes,Drittel, p. 365-538. (Fermentations par les Eumycètes.) Fischer, éditeur. lena, 1902. | Le Professeur Lafar à publié, en 1896, un livre très remarqué sur les fermentations bactériennes. Le second volume, consacré aux fermeutations produites par de vrais Champignons, comprendra trois fascicules, dont le premier vient de paraitre. Ce nouveau livre mérite d'être signalé, non seulement parce qu'il fournit, à tous ceux qui s'intéressent à la technique des fermentations et à ses rapports avec l'Agri- culture, l'Industrie, Ja Pharmacologie, la Médecine et l’'Hygiène alimentaire, des renseignements pratiques groupés avec méthode, des données physiologiques d'ordre délicat exposées avec clarté, mais aussi et surtout parce qu'il marque une étape parcourue dans l'évolution des Sciences biologiques et de leur exposé didactique. M. Lafar a pu appliquer exactement à l'exposé des fermentations mycétiques la méthode qui lui à si bien réussi dans l'exposé des fermentations bactériennes: Il serait pourtant inexact de dire qu'il a traité les Bacté- ries en mycologue oules Champignonsen bactériologiste. Il nous montre, par l'exemple, que les disciplines res- treintes employées trop exclusivement depuis quelques années, non seulement dans l'exposé des recherches spéciales, mais encore dans les traités généraux con- sacrés aux organismes inférieurs, peuvent et doivent désormais se combiner en une méthode plus large. La Bactériologie à fait son temps et son œuvre. Née de la Botanique, elle s’est affirmée de plus en plus comme une Science indépendante, parce que les pro- cédés usuels de l'Histoire naturelle descriptive, de la Morphologie, de la Physiologie étaient insuffisants pour définir des êtres moins remarquables par leur forme que var leurs actions, des organismes dont les pro- priétés varient selon une foule de circonstances liées à la provenance et à l'ambiance de chaque individu. La Biologie des microbes avait de quoi déconcerter les botanistes. habitués à prendre le type idéal de l'espèce pour une réalité, et à faire abstraction de toutes les modifications qui ne rentraient pas dans les cadres préétablis de leurs classifications ou de leurs conceptions physiologiques. La Bactériologie a créé des procédés féconds; mais les autres Sciences naturelles en ont fait leur profit. L’expérimentation tend à prendre, dans tout le domaine botanique, une place de plus*en plus grande; seulement, ne l’oublions pas, le simple enregistrement des faits et des phénomènes sera toujours le point de départ et le dernier terme de toute expérience bien concue et bien interprétée. Le livre du Professeur Lafar est, précisément, un Traité de Botanique rappelant, dans un sens, la manière large des maîtres, tels que de Bary dans la « Verglei- chende Morphologie und Biologie der Pilze, Mycetozoen und Bacterien », mais enrichi de l’ample moisson de procédés et de découvertes récoltés par les bactériolo- uistes, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Tout en restreignant son programme à l'étude des. fermentalions causées par des Eumycètes, l’auteur à soin de rattacher les notions spéciales, qu'il importe aux techniciens de connaître, aux principes de Science pure dont elles sont le corollaire ou l'application. Le nouveau fascicule comprend : la dixième, la onzième, la douzième parties et ie commencement de la treizième. La dixième expose, dans leurs grandes lignes, la Morphologie et la Physiologie générales des Eumycètes ; la onzième est consacrée aux Zygomycètles et particulièrement aux A/ucor, dont les propriétés physiologiques ont recu déjà d'importantes applications industrielles. Avec la douzième partie commence l'étude des levures qui, naturellement, prendra une plus grande extension que celle des Champignons filamen- teux. Tout d'abord, le sens du mot Levure sera restreint aux Champignons qui présentent le double caractère de globules bourgeonnants (Blastomycètes) et de ferments alcooliques, indépendamment du mode de reproduction par asques qui distingue les Saccha- romycètes. La systématique, la dérivation des levures . sont rattachées à des vues d'ensemble sur les Asco- mycètes ; puis viennent des détails sur la morphologie, le développement des levures, l'anatomie et les pro- priétés chimiques de leurs cellules. La treizième partie sera consacrée à la nutrition et à la culture des levures. PauL VUILLEMIN, Professeur à l'Université de Nancy, Binet (Alfred), Directeur du Laboratoire de Psycho- logie physiologique à la Sorbonne, — La Sugges- tibilité (Zibliothèque de Pédagogie et de Psycho- logie, 3° volume). — 1 vol. in-8° de 396 pages, avec 32 fiqures et 2? planches. (Prix : 42 fr.) Schleicher frères, éditeurs. Paris, 1902. L'ouvrage de M. Binet, par la nature du sujet qu'il traite et par la méthode qu'il s’est proposé d'appliquer à l'étude d'une question si délicate et si capitale autant en Psychologie qu'en Pédagogie, mérite une attention toute particulière. Dans les quelques mots de l'Introduction, l'auteur précise le sujet de son livre. Il veut « apprécier la sug- gestibilité d'une personne sans avoir recours à l'hyp- notisation ou à d'autres manœuvres analogues », et insiste sur la distinction qu'il faut faire entre l'hypno- tisme et la suggestion; l'hypnotisme est, d’après lui, une méthode de premier ordre pour la Pathologie mentale, et il croit excellentes les mesures prises contre la pratique de l'hypnotisme, qui doitrester, avant tout, une méthode clinique. Les méthodes qu'il a appli- quées dans les écoles n'ont aucun rapport avec l'hyp- notisme ; elles sont, à son avis, essentiellement péda- gogiques; il les a employées sans aucun danger, devant des maîtres attentifs, et en réussissant à intéresser les élèves. Il considère cinq catégories de phénomènes : 1° les phénomènes de la suggestibilité proprement dite, ou obéissance; 2° les erreurs de l'imagination; 3° l'in- conscience ; 4° l'influence de la routine, des préjugés et des idées directrices ; 5° l’automatisme. Les travaux de Sidis (The Psychology of Suggestion), Yung, Vitale Vitali, Henri et Tawney, Glosson, Patrick, Flournoy, Solomons et Stein, Seashore, Tawney et Bérillon, sont largement compulsés; on trouve des pages entières reproduites 1n extenso. M. Binet insiste à plusieurs reprises sur ses travaux personnels et ceux qu'il à faits en collaboration avec M. V. Henri ou avec moi. En ce qui concerne ce qu'on appelle l'idée directrice, M M. Binet à cherché à exclure toute influence morale M provenant de l'expérimentateur, et il croit avoir résolu le problème en grande partie, sinon complètement. Dans ce but, il a pensé à un dispositif destiné à faire exécuter rapidement un travail par le sujet en expé- rience et Jui fournissant en même temps une idée « directrice. Le sujet concoit lui-même l'idée directrice « par une opération d’auto-suggestion, et la suite de lexn‘rience montre jusqu'à quel point la personne à r PET RS PR été sensible à cette idée directrice qui l’entraine à des erreurs d'observation » (p. 86). - Comme expérience, l’auteur a employé la présenta- “tion de lignes destinées à provoquer une suggestion -d'accroissement et qui tendent des pièges relatifs à la “srandeur successive des lignes examinées isolément. Il a adopté deux modèles d'expériences; ils reviennent au même principe : On présente, dans un premier modèle, 42 lignes, dont la longueur varie de 12 millimètres à 96 millimètres; les pièges sont successivement à la 6e ligne, à la 8°, à la 10° et à la 12°; dans la seconde ex- périence, le nombre des lignes destinées à provoquer une suggestion d'accroissement est de 36; les premières sont d'une longueur successivement croissante, et les autres dé la même longueur que la 5°; à la moitié de ses sujets, l'auteur n'a présenté pourtant que 20 lignes. Ou bien, dans une autre série de recherches, M. Binet s’est servi d’une expérience analogue, remplacant les “lignes par des poids; le sujet devait se contenter d'ap- -précier le poids à haute voix, corrigeant ou complétant -ses impressions sensorielles par des appréciations sue- cessives. Des expériences ont été faites sur 45 élèves * appartenant à deux écoles primaires différentes, et l’on - trouve l'exposition des expériences avec tous les détails - qu'elles comportent. Le protocole de chaque expérience nous est donné presque entièrement. Calcul fait des appréciations, des erreurs commises, l'auteur croit pouvoir obtenir un coefficient de suggestibilité dans les idées directrices; il donne même les calculs pour - la mesure de la suggestibilité individuelle, tout en cons- - tatant, à propos de la possibilité de la mesure en Psy- - chologie, que ses chiffres sont « des chiffres de classe- ment et non des chiffres de mensuration » (p. 104). L'auteur étudie ensuite et délimite l’action person- . nelle ou action morale dans l'acte de la suggestibilité. Il expose les effets d'une affirmation sur la conviction des sujets, les recherches n'ayant d'autre but que le classement des sujets au point de vue de la docilité avec laquelle ils acceptent une affirmation. Les expé- riences consistaient, les unes dans des suggestions contradictoires, « agissant sur le sujet après que lui- même a exprimé son opinion », soit sur le nom des - couleurs, soit sur la longueur des lignes, afin de le * forcer à l’abandonner; les autres, en formulant les sug- - gestions avant que le sujet ait formé une opinion. Les - expériences, dans le second cas, ont été faites également sur la longueur des lignes; le sujet était donc guidé Fr d'avance; on lui faisait, en d’autres termes, une sug- - gestion directrice. Retenons, parmi: les résultats de - M. Binet, ces quelques faits : {1° On peut mieux pré- ciser une longueur de ligue qu'une couleur; 2° La con- - tradiction étant moins forte, « elle n'éveille pas chez - l'enfant le soupcon qu'on veut le tromper »; 3° Les - expériences sur l’action morale « sont incontestable . ment celles qui se rapprochent le plus de l’hypnotisme - et du magnétisme animal ». Analysant ensuite l'influence de l’action personnelle - de l'interrogateur ou de l’éducateur, c'est-à-dire « des «formes de langage employées pour suggestionner un - sujet », M. Binet considère tour à tour les exercices de “mémoire forcée, la mémoire dite spontanée, et la sug- “gestion par questionnaire, modérée ou forte; le * dépouillement de ces expériences et des questionnaires « est donné avec amples détails. —_ L'interrogatoire également a servi à l’auteur pour … étudier le rôle et l'influence de limitation dans la «suggestion ; presque les mêmes tests ont été expéri- … mentés, avec la différence que les sujets étaient intro- … duits par groupes de trois dans le cabinet du directeur Ep. 330-359). Cette suggestibilité en groupe facilite à M. Binet des critériums pour de nouveaux groupements d'élèves : les uns deviennent des meneurs, les autres des menés. Le groupement produit, outre cette division des $ fonctions, une augmentation de la suggestibilité et une … forte tendance à limitation. —._ Viennent ensuite les expériences de provocation pie: mouvements subconscients de répétition. On a fait E k BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 789 les expériences à trois reprises, avec des changements différents à chaque nouvelle expérimentation. Retencns de ces recherches que l’automatisme physique ne parait pas coincider avec l’automatisme du jugement. De tous ces documents, M. Binet conclat : d'une part, que l'appréciation de la suggestibilité des individus est possible, même en dehors de toute pratique de l’hypno- tisme; de l’autre, que les procédés qu'il a employés sont significatifs comme critérium de la suggestibilité, c'est-à-dire qu'ils démontrent avec certitude la sugges- tibilité des individus. Telles sont les conclusions de ce travail, louable à bien des points de vue et passible aussi, à quelques égards, de certaines critiques. Il représente un énorme effort pourla Psychologie individuelle; mais, avouons-le, malgré le luxe apparent d’argumentation, à tous les raisonnements de M. Binet, à sa manière d'expéri- menter, j'adresse cette objection : Je connais intime- ment le milieu des écoles primaires, car j'y ai travaillé pendant plus de trois ans, en collaboration avec M. Binet, et, depuis, je les ai continuellement fréquentées pour des recherches analogues à celles que M. Binet pour- suit; or, si elles me semblent constituer un vrai milieu de recherches pour les épreuves physiques, elles me paraissent défectueuses pour les expériences psycho- logiques. Le contrôle est absolument impossible : les élèves ne donnent d'eux-mêmes que ce qu'ils veulent, et souvent le moment de l'expérience devient un petit amusement qui les distrait et qui ne les intéresse presque pas. S'ily a un milieu où de pareilles expé- riences ne doivent pas être faites, c'est sans doute les écoles. Le milieu n'étant pas propice, on se demande sous quel angle doivent être envisagés les résultats de ces recherches. M. Binet a-t-il mesuré — si toutefois mesure il y a — la vraie suggestion des élèves ou la sug- gestion artificielle, fabriquée par ces êtres bavards, malins et fins, hors du cabinet du directeur et de l'œil vigilant du directeur? Je doute fort qu'il ait mesuré, ce qu'il dit. la vraie suggestion, malgré ses multiples et nombreuses précautions. « Le directeur lui recom- mande, écrit M. Bivet, en parlant d’un élève, expres- sément de ne pas raconter à ses camarades les objets qu'il a vus sur le carton. Cette recommandation est faite sur le ton le plus sérieux, etle directeur s’est chargé de savoir, par une enquête discrète, si les prescrip- tions ont élé suivies » (p. 249). Et ailleurs : « Je n'ai aucune crainte que les enfants aient cherché à nous tromper; ils ont trop le respect de leur directeur pour s'y risquer, et, du reste, l'étonnement qu'ils ont tous éprouvé, l'expérience terminée, lorsqu'on leur a fait toucher du doigt leur erreur, était manifestement sin- cère » (p. 248). Et je pourrais citer bien d’autres expé- riences de ce genre. M. Binet se plait à affirmer qu'il a contrôlé ces expé- riences par ailleurs; il a répété des expériences dans une autre école primaire, située dans un autre quartier de Paris, parce que « les recherches sur la suggestion sont très délicates ; une indiscrétion d'élève peut quel- quefois les fausser » (p. 84): D'accord avec l’auteur sur cette dernière affirmation, il me semble voir, dans tout le volume, des traces de pareilles indiscrétions et encore à bien des pages. ; Si je critique ces recherches, je le fais précisément pour discuter la technique et les conditions expérimen- tales des expériences. Comme M. Binet, j'ai pleine con- fiance dans la mesure des facultés intellectuelles; comme lui, je crois que les critériums sont plus que le dit-on de l'usage, et je ne vois aucune autre science que la Psychologie expérimentale pour défricher le che- min, encore peuplé de fantômes, de l'intelligence. Maïs, à mon sens, M. Binet considère trop ses sujets comme des numéros quelconques; et c’est là que je m écarte sensiblement de lui: il oublie leur état intellectuel et parait s'intéresser plus au format du papier qu'il dis- tribue aux élèves, à la présence et à l'absence du direc- teur, qu'à la vie mentale des élèves dans ces expériences. Quel critérium a-t-il pour s’en rendre compte ? Quel est 790 le rapport de l'élève avec l'expérimentateur ? Ou encore, l'expérimentateur a-t-il, ou non, du prestige dans les expériences? En d'autres Lermes, qu'est-ce qu'il repré- sente pour l'élève ? Malgré toutes ces critiques, le travail de M. Binet mérite une lecture attentive. Il a montré, une fois de plus, la facon d'instituer et de poursuivre, en Psycho- logie scientifique, une bonne enquête, la facon de dé- pouiller le serulin des contributions à conquérir, comme contribution personnelle, et recueillies sous son œil, et surtout d'en dégager la portée. Son activité psy- chologique ‘est la meilleure preuve de ce que nous venons dénoncer, et il faut lui être reconnaissant d'avoir su se mettre à l'avant-garde des publicistes dans l'étude de ces questions si difficiles. N. VASCHIDE, Chef des Travaux du Laboratoire de Psychologie expérimentale de l'Ecole pratique des Hautes-Etudes (Asile de Villejuif. 4° Sciences médicales Bodin (E.), Professeur de Bactériologie à l'Université de Rennes. — Les Champignons parasites de l'Homme, — 4 vol. petit 1n-8°, de la Collection des Aide-Mémoire Leauté. Masson et Ci, Gauthier- Villars, éditeurs. Paris, 1902. L'étude des Champignons pathogènes pour l'homme a pris dans ces dernières années, sous l'influence des méthodes pastoriennes, un développement important. Aussi était-il utile de réunir dans un ouvrage les tra- vaux épars dans les diverses publications médicales et vétérinaires. s M. Bodin, avant de décrire les principaux cham- pignons parasites de l’homme, résume les notions géné- rales sur la biologie des champignons, sur le mécanisme de leur action pathogène dans les mycoses, et sur la technique à suivre dans leur étude. Il passe ensuite en revue : les champignons parasites du favus, des trichophysies, les Wicrosporum, les para- sites des teignes exotiques, du pityriasis versicolore, de l'erythrasma, du muguet, les Streptothrix, les Asper- gillus, les Mucorinées, les levures pathogènes. Ce livre rendra de grands services aux médecins et aux étudiants qui voudront pratiquer l'étude des cham- pignons: ils v trouveront clairement résumées les notions techniques et dogmatiques afférant à ce sujet. Le chapitre des teignes, plus développé en raison de l'importance de ces affections et des nombreux travaux qu'elles ont suscités, en particulier à l'auteur,-offre un intérêt très grand. MarcEL LABBÉ, Médecin des Hôpitaux, Galliot (A.), Médecin en chef de 1": classe de la Ma- rine, — Dysenterie aiguë et chronique. Etiologie. Bactériologie. Anatomie pathologique. — 1 vol. de 100 pages, de la collection des Aide-Mémoire Leauté. Masson et Ci, éditeurs. Paris, 1902. Dans ce petit volume, qui n’est sans doute que la pre- mière partie d'une étude complète sur la dysenterie, l'auteur expose l'histoire des épidémies de dysenterie et s'efforce d'établir l'unité de cette affection, qu'il dis- tingue nettement du paludisme. Il passe ensuite en revue la distribution géographique de la maladie, et les conditions étiologiques qui président à son éclosion ; une grande partie du livre est consacrée à l'étude bac- tériologique de la dysenterie, 11 décrit enfin les altéra= tions anatomiques des divers organes dans la dysenterie aiguë et chronique. : Cette monographie intéressante sera consultée avec fruit par tous ceux qui désirent connaître les concep- tions de l'Ecole de Toulon sur la dysenterie, On peut BIBLICGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX regretter seulement que l’auteur ait moins usé de cri- tiques que d'éloges, ce qui est quelquefois dangereux en Bactériologie, et qu'il laisse de côté les travaux récents publiés sur ce sujet à l'Etranger. MarcEL LABBÉ, Médecin des Hôpitaux. | | | L | 5° Sciences diverses D'Avenel (G). —Le Mécanisme de la Vie moderne. — 1 vol. in-18 jésus, broche. (Prix : 4 francs.) Ar- mand Colin, éditeur. Paris, 1902. Dans ce volume, qui est le quatrième de la série, l'au- teur, avec une remarquable ingéniosité, a su introduire dans la littérature des matières qui paraissaient devoir y demeurer tout à fait réfractaires. Les techniques des métiers les plus divers et des besognes les plus gros- sières se mélangent avec les idées générales et la poésie des choses en apparence les plus prosaïques. La partie de ce volume qui nous intéresse le plus au point de vue scientifique est celle qui traite de l'habr1- lement féminin et dont voici les principaux chapitres : Chapeaux de feutre et de paille. -— Les « formes » et les modistes. — Plumes et fleurs. — Les fourrures. — Les corsets. — Les grands couturiers. — Les confection- neurs. — [es chaussures et les gants. Le « chapitre des chapeaux » est vraiment instructif. Saviez-vous, par exemple, que la confection de votre chapeau « melon » exige 100 grammes de poils de lapin, ce qui représente latonture de deux lapins domestiques, ou de quatre lapins de garenne, ces derniers ayant le poil moitié moins abondant? Il nous apprend aussi que 70 millions de lapins indigènes alimentent nos manu- factures francaises de chapeaux, auxquels il faut ajouter 10 millions de « garennes » exotiques. D'autre part, quatre fabriques de peluche de soie suffisent à ali menter l'univers de la matière nécessaire à la confection du chapeau de soie, « signe indélébile de la dignité bourgeoise et de la bonne tenue ». Serait-ce un indice de décadence pour ce couvre-chef? ‘ L'auteur séme partout la note pittoresque, mais il ne néglige pas le document, et c'est avec un réel talent. qu'il nous fait saisir sur le vif l'extension du machi= nisme et la réduction progressive du prix de revient des produits fabriqués. Voici, par exemple, le prix de facon du chapeau, qui descend successivement de 4 francs à 1,50 et enfin à 0,60. C'est que les tondeuse font 3.000 tours à la minute, que chacune, desservi par un ouvrier, découpe par jour 1.100 peaux, dont | cuir déchiqueté va être transformé en colle de pea pendant que le poil apparaîtra proprement rangé su un plateau de la machine. Voici, plus loin, les machine à découper et à onduler les feuilles, les fleurs et les. fruits artificiels qui vont décorer les chapeaux des dames; les usines à corsets, dont les scies tournantes découpent 36 pièces à la fois, dont les machines à # ou. 5 aiguilles font 4 ou 5 coutures à la fois, et dont l'une. peut livrer au commerce 900.000 corsets par an. “ Le chapitre des fourrures n’est pas moins intéressants Il nous apprend que 8 millions de lapins francais, donnent, chaque année, aux petites bourses le moyen de se couvrir du pelage de bêtes que le commerce se plait à affubler de noms fantaisistes et euphoniques, tels que « loutres belges », « castors d'Australie », « chin= chilla de Mongolie », ou encore «vison du Bosphore: Le prix élevé des belles fourrures fait dire à l'auteur « que la peau des bêtes sauvages, cette couverture des | hommes primitifs, est devenue désormais un vêtement fort onéreux pour les peuples civilisés ». : Ces quelques exemples suffiront peut-ètre à vous. montrer combien sont innombrables et massifs les matériaux qui ont servi à édifier cet ouvrage. : | | | | | : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 791 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 21 Juillet 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Borel montre que les résultats récents de M. Painlevé ne sont pas en con- tradiction avec ses idées sur la théorie des fonctions (M) et du prolongement analytique généralisé. M. P. Painlevé ajoute que la théorie amorcée par M. Borel ne lui paraît pouvoir sortir du domaine purement spé- culatif que le jour où l’on aura formé explicitement une série (M) telle que sa convergence entraine d'elle-même k À 3 1 à - magnétiques particuliers au voisinage de nœuds d'os- les conditions énoncées par M. Borel. — M. P. Appell . présente un Rapport sur un mémoire de M. Torres con- -cernant un avant-projet de ballon dirigeable. L'auteur a spécialement étudié les causes d’instabilité pour un ballon actionné par une hélice: pour y remédier, il propose de mettre à l'intérieur du ballon les suspentes et la poutre, qui forment alors une quille intérieure rigide allant d'une pointe à l’autre. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. V. Crémieu, dans ses expériences sur la convection électrique, a observé des anomalies présentées par la charge de conducteurs isolés sur des diélectriques solides, et des phénomènes - cillations électriques. — M. J. Semenow a constaté que, dans la décharge disruptive, il n'y a pas d'arra- chement de particules du pôle positif et que la matière transportée par l’étincelle vers le pèle négatif provient exclusivement du gaz ou de la vapeur se trouvant au … voisinage immédiat du pôle positif. — M. Piltschikoff présente une photographie d'un éclair multiple à branches rigoureusement parallèles. — M. Q. Majo- rana a observé de la biréfringence magnétique dans les solutions de chlorure ferreux et de fer dialysé sou- mises à l'influence d'un champ magnétique. Elle est proportionnelle à l'épaisseur du liquide normalement “aux lignes de force, à sa concentration, au carré du ‘champ et à l'inverse du carré de la longueur d'onde. — M. M. Berthelot a reconnu que les piles fondées sur la “combinaison d'un acide et d'une base possèdent une orce électromotrice définie, développent un courant continu d'une intensité mesurable, et sont susceptibles …lélectrolyser l'eau acidulée et additionnée de pyro- : …sallol d'une façon continue et visible sous pression ré- duite, en en dégageant de l'hydrogène. — Me S. urie a déterminé le poids atomique du radium en do- ant, à l'état de chlorure d'argent, le chlore contenu LG Mans un poids connu de chlorure de radium anhydre; Mia moyenne des résultats obtenus est de 225. — M. A. ecoura, en faisant agir, en dissolution et à chaud, Mlacide chlorhydrique sur les sulfates d'aluminium et de hrome, a obtenu les sels polyacides AISOCI. 6H°0 et “CrSO'CI. GH°0, tandis qu'avec le sulfate ferrique il à obtenu un sulfate acide Fe? (S0'}. H?S0*. SH°0. — M. R. Boulouch a constaté qu'il n'existe pas de sulfure ue phosphore, composé défini, formé au-dessous de 00°. Il existe des cristaux mixtes de $S et de P, riches en S, qui peuvent demeurer facilement en faux équi- dibre à l'état liquide; il existe des cristaux mixtes riches en P que l’on peut isoler ; il existe, enfin, un eu- tectique, conglomérat des deux espèces de cristaux mixtes, et qui fond complètement à 9°8. — M. G. Viard a observé qu'un excès d'acide sulfurique concentré donne, avec une solution de chlorure cuivrique, un pré- cipité jaune-brun de chlorure anh\dre, avec une solu- ton de bromure euivrique, un précipité noir de bro- Mure anhydre. — M. Sterba, en chauffant au four électrique un mélange intime d'oxyde de cérium et de DE L'ÉTRANGER silicium purs, a obtenu un siliciure CeS=®, assez stable. Il s'éloigne du siliciure de calcium pour se rapprocher des siliciures des métaux lourds. — MM. E. Charabot et J. Rocherolles ont découvert la loi suivante : Le rapport entre le poids d'un corps non miscible à l'eau et le poids d’eau qui distillent simultanément, varie dans le sens qui le rapproche de l'unité lorsque la tem- pérature croit sans atteindre la température critique de l’une des deux substances. — M. M. Guerbet à étudié l'action des alcools sur les dérivés sodés d’autres al- cools. L'alcool éthylique se condense avec l'ænanthy- late de sodium pour donner l'alcool nonylique normal ; l'alcool propylique donne un alcool décylique, le mé- thyl-8-nonylol-9. — M. P. Brenans à préparé le diiodo- phénol-1 : 3: 6 en partant de l'orthonitroaniline. — MM. L. Bouveault et R. Locquin : Action de l'acide nitreux en solution acide sur les éthers G-cétoniques &- substitués (voir p. 794). — M. A. Gautier a constaté qu'il existe, dans l’albumen de l'œuf de poule, environ 1,5 °, d'une substance soluble, analogue au fibrino- gène ou au myosinogène, apte, comme ces dernières, sous les influences qui favorisent l’action de leurs fer- ments spécifiques, à se transformer en une matière in- soluble que le choc sépare à l’état membraniforme, ayant les propriétés générales des fibrines. — MM. R. Lépine et Boulud donnent de nouvelles preuves de l'existence d'acide glycuronique conjugué dans le sang de chien. — M. S. Dombrowski a perfectionné la mé- thode de précipitation à l’acétate neutre de mercure qui permet de séparer, des liquides animaux ou végé- taux complexes, la plupart de leurs matières ternaires et plusieurs des bases qui peuvent les accompagner. — MM. E. Gley et P. Bourcet ont constaté qu'après une saignée abondante l'iode du sang diminue rapide- ment, et, au bout de quelques jours, disparaît complè- tement; au bout de vingt jours, elle n'avait pas encore reparu. La glande thyroïde retient fortement l'iode. — MM. Aug. et Louis Lumière et J. Chevrottier ont observé que les semicarbazides aromatiques sont douées de propriétés antipyrétiques fort intéressantes. MM. Schlagdenhauffen et Reeb ont déterminé les quantités de lécithine qui existent dans diverses plantes ; le phosphore organique de la lécithine forme une part appréciable (4 à 40 °/,) du phosphore total de la plante. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Charrin, G. Dela- mare et Moussu, après avoir réalisé, sur des lapines ou des cobayes en gestation, de larges lésions du foie ou des reins, ont observé, chez un bon nombre de leurs descendants, des lésions analogues. Cette trans- mission s'est exercée grâce à des produits solubles. — MM. V. Cornil et P. Coudray ont constaté que le tissu osseux de la rondelle cranienne détachée par le trépan et immédiatement réimplantée ne fait pas corps avec l'os voisin, mais qu'il est résorbé et remplacé progres- sivement par de l'os nouveau. — M. A. Poëy donne quelques renseignements sur les mesures prophylac- tiques (destruction des moustiques) prises à la Havane contre les épidémies de fièvre jaune. — M. L. Launoy a observé que la formation des grains de zymogène dans les cellules gastriques de la vipère est complete- ment indépendante de toute action réfil L Méca ion au nique ; elle est endonucléaire. La transform zymogène en ferment s'accomplit dans le cytoplasme; cette transformation est seule foncti des actions réflexes ou mécaniques. — M. C. Viguier résume ses travaux sur la parthénogénèse artificielle. — M. St. Leduc a obtenu, avec le courant alternatif, l'inhibition ant intacts les complète des centres cérébraux, en is ] On réalise centres de la respiration et de la irculation. 792 ainsi un sommeil tranquille et une anesthésie générale complète. — M. L. Lapicque à constaté que la sup- pression de la rate n'apporte que des changements peu considérables dans la fonction hématolytique. — M. D.-N. Voïnov à étudié la spermatogénèse chez le Cybister Rwselii; 1 y a deux processus distincts, qui donnent deux sortes de spermatozoïdes de valeur mor- phologique différente. — M. L. Maquenne à observé que les graines perdent plus d'eau quand on les des- sèche lentement à froid que lorsqu'on les porte brus quement à une température capable de détruire leurs éléments diastasiques. — M. Em. Marchal a étudié la spécialisation du parasitisme de lÆ£rysiphe qraminis. — M. G.-B.-M. Flamand expose ses recherches sur le régime hydrographique du Tidikelt; les feggaguir (galeries souterraines de drainage) doivent être ali- mentés par une nappe artésienne venant du sud. — M. J. Thoulet à analysé un échantillon de fond marin de la Méditerranée de 42 centimètres d'épaisseur. Là constitution est sensiblement la même sur toute son épaisseur. — M. A. Lacroix adresse quelques rensei- gnements sur les travaux de la Mission de l'Académie à la Martinique. Séance du 28 Juillet 1902. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Em. Picard signale une propriété curieuse d’une elasse de surfaces dont toutes les intégrales de différentielles totales se ramè- nent à une combinaison algébrico-logarithmique : Etant prises, sur une de ces surfaces, o Æ 4 courbes algébriques irréducetibles arbitraires, il existe une fonc- tion rationnelle s'annulant le long de certaines de ces courbes, devenant infinie le long des autres (avec des degrés convenables de multiplicité) et n'ayant aucune autre ligne de zéros ou d'infinis. — M. A. Korn com- munique ses recherches sur le problème de Dirichlet pour des domaines limités par plusieurs contours (ou surfaces). — M. H. Deslandres à reconnu que la mé- thode spectrale dite de linclinaison, qui fournit la loi de rotalion des planètes, donne encore des résultats très utiles, quoique inférieurs en précision, pour les planètes à faible éclat qui nécessitent l'emploi d'un spectroscope moins dispersif et d’une fente plus forte. — M. J. Fournier pense qu'une des causes principales d'explosion des chaudières est l'augmentation dange- reuse de la pression; la cause de cette augmentation provient uniquement de ce que les soupapes de sûreté ferment en sens inverse de la pression dans la chau- dière. Il propose une soupape fermant dans le sens de la pression et munie d’un tube manométrique comme ressort antagoniste. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Boussinesq démontre que, conformément aux idées de Fresnel, les vibrations lumineuses se transmettent, dans l'éther d'un corps homogène en mouvement, comme elles le feraient si ce corps el son éther étaient animés ensemble d'une 1 translation égale à la fraction 4 — NE de la translation effective du corps, cas où il est clair que les ondes éprouveraient la même translation partielle, outre leur mouvement propre de propagalion. — M. Q. Majo- rana à constaté que les liquides actifs se compor- tent, dans un champ magnétique, comme les cristaux uniaxes doués de dichroïsme. L'onde la plus lente est celle qui est toujours le plus absorbée. — M. A. Leduc a reconnu que la masse d'argent déposée à la cathode par un coulomb dépend, en général, de plusieurs cir- constances. Mais il semble que l’on puisse atteindre la précision de 1/10.000 dans la détermination de l'équi- valent électrochimique de ce métal en opérant sur un bain parfaitement neutre, où mème basique au début, et en évitant la formation d'acide à l'anode. — M. I1zarn a employé pour l’argenture du verre la méthode de pré- cipitation du nitrate d'argent par le formol et a obtenu d'excellents résultats en opérant toujours dans des con- ditions bien déterminées. — M. G. Viard a observé qu'un excès d'acide sulfurique concentré précipite de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES leurs solutions les chlorures et bromures de cadmium, de mercure et d'étain (au minimum). — MM. P. Saba- tier ct J.-B. Senderens ont réduit divers dérivés nitrés par la‘méthode d'hydrogénation directe au con- tact de mélaux divisés. Le nitronaphtalène & donne principalement de Pa-naphtylamine, le nitrométhane de la méthylamine. — M. S. Dombrowski, en appli- quant aux urines normales de l'homme sa méthode sénérale de séparation des composés ternaires el des corps basiques, en a isolé des azotates, des alcaloïdes divers et de la mannite. — M. N.-A. Barbieri, analy- sant le Lissu nerveux du bœuf par sa méthode, a obtenu trois groupes de substances distinctes, contenant 1,22, 1,40 et 2,15 0/, de phosphore. — MM. Baudoin et Schribaux décrivent un procédé de concentration des vins. La Æevue publiera prochainement un artiele délaillé sur cette question. 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Charrin et G. De- lamare ont observé, dans certaines dégénérescences calcaires, dans quelques néoplasies inflammatoires, comme aussi dans quelques dystrophies osseuses spé- ciales, la présence d’un champignon parasite (Oospora), qui parait jouer un rôle dans la production de ces affections. — M, C. Phisalix a constaté que le venin de vipère produit des effets inverses sur la coagulabilité du sang suivant qu'il est inoculé au chien ou au lapin. Chez le lapin, les globules rouges sont plus résistants que les globules blancs, etle sérum contient une anti- hémolysine très active; chez le chien, c’est le contraire, et la sensibilisatrice prédomine. — M. C. Delezenne à reconnu que cerlains micro-organismes sont capables de sécréter des diastases ayant les mêmes propriétés que lentérokinase; ce sont ces diastases qui inter- viennent pour conférer un pouvoir protéolytique aux sucs pancréatiques primitivement inactifs et qu'on laisse se cultiver spontanément. — MM. N. Vaschide et P. Rousseau ont constaté l'existence d’une sensibilité tactile spéciale, intimement liée à lexistence du sys- tème pileux, et qu'ils nomment sensibilité trichesthé- sique. — M. J. Maumus à pratiqué la ligature de l’ex- trémité appendiculaire du ccum chez le Cercopithecus cephus Erxl.; l'animal à parfaitement résisté aux suites. de l'opération. Cette expérience constitue une preuve à l'encontre de la théorie du vase clos dans l'appendicite. — M. G. Loisel à reconnu que le testicule présente deux fonctions sécrétoires distinctes : 4° une sécrétion, chimique, qui est primordiale et se fait par le mode interne; 2° une sécrétion morphologique, qui est secon- daire et se fait par le mode externe. — M. J.-M. Guillon. montre la possibilité de combattre par un même trai= tement liquide (mélange frais de soufre et de bouillie bordelaise) le mildiew et l’oidium de la vigne. — M. £. Ri- vière rappelle que les figurations préhistoriques de la grotte de La Mouthe sont de simples gravures au trait} elles sont incontestablement paléolithiques. ACADÉMIE DE MEDECINE Séance du 15 Juillet 1902. M. Antonin Poncet à reconnu que le rhumatismé tuberculeux abarticulaire crée, comme les autres rhus matismes infectieux, ou pseudo-rhumatismes, les mas | nifestations cliniques les plus diverses par leur siège et par leur évolution : cardiopathies, méningopathies dermatoses, névralgies, polynévrites. Ces manifestations offrent, entre autres particularités, celles: de présentes souvent des formes atténuées, rhumatismales, de là tuberculose; de provoquer du côté des organes atteints. des lésions allant depuis la simple fluxion jusqu'à la sclérose incurable ; d'être dues, soit au bacille de Kochss, soit à des toxines. Ÿ Séance du 22 Juillet 1902. | kr MM. A. Kossel et Guareschi sont élus Correspon- dants étrangers dans la Division de Physique et Chimie médicales et de Pharmacie. MM. Denigès et Carles sont | élus Correspondants nationaux dans la même Division? | L 4 bu L- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 793 M. A. Proust termine l'étude des épidémies de peste et de fièvre jaune en 1901. — M. A. Chantemesse montre que les recherches des quinze dernières années ; ont confirmé les conclusions de son mémoire de 1888, . d’après lesquelles la dysenterie épidémique est provo- - quée par un microbe absolument spécifique, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 5 Juillet 1902. MM. A. de Padua et Ch. Lapierre ont observé que le méningocoque, bien qu'absolument différent comme espèce des microbes voisins : pneumocoque, strepto- coque, gonocoque (avec lesquels il forme un groupe naturel à analogies nombreuses), à une tendance mani- feste : 40.1 prendre le Gram; 2 à se grouper en lon- gues chai es; 3° à présenter une gaine ou auréole ténue. — M. Ch. Richet a vérilié de nouveau sur le chien que l'action anaphylactique de l'actinotoxine consiste surtout dans un rapide et profond abaisse- ment de la pression artérielle. — M. A. Desgrez : Influence de la choline sur les sécrétions externes (voir p- 746). — M. Mislavsky a pratiqué la suture du seg- ment thoracique du sympathique cervical avec le bout périphérique du laryngé imférieur chez le chat ; l'exci- tation du sympathique au-dessus de la cicatrice provo- que les mouvements de la corde vocale du côté corres- pondant. — MM. M. Letulle et Nattan-Larrier ont étudié l’état des capillicules biliaires intra-trabéculaires dans les lésions du foie. — M. A. Prenant décrit le mode de striation et de ciliation de la partie adhérente -du Myxidium Lieberkühni, parasite de la vessie du brochet. — MM. J. Gautrelet et J.-P. Langlois ont déterminé les variations de la densité du sang pendant la polypnée thermique ; souvent, au début, la densité augmente brusquement, pour retomber ensuite au chiffre normal, ou même au-dessous. — MM. J. Aloy et E. Bardier ont étudié l’action physiologique des métaux alcalino-terreux et du magnésium sur la mar- che de la fermentation lactique ; ils distinguent des doses faibles favorisantes, des doses plus fortes ralen- tissantes, empêchantes et toxiques. — Dans une seconde note, les mêmes auteurs reconnaissent qu'il n'existe pas, en réalité, de doses favorisantes. — MM. Rodet el Galavielle signalent des expériences de M. Loir qui confirment leurs conclusions sur la perte de virulence du virus rabique par séjour prolongé en glycérine et la onservation de son pouvoir vaccinal. — M. E. La- uesse à étudié la structure d’une greffe pancréatique hez le chien et la persistance de la sécrétion interne. MM. E. Laguesse et A. Gontier de la Roche ont echerché ce que deviennent les îlots de Langerhans dans le pancréas du cobaye après ligature; les acini, cest-à-dire la portion exocrine de la glande, se détrui- ent complètement ; les îlots persistent : ils représen- tent donc bien la portion endocrine. — MM. A.Laveran et F. Mesnil : Sur deux coccidies intestinales de la Hana esculenta (voir p. 741). — MM. P. Carnot et M. arnier ont utilisé les cultures en tubes de sable Comme méthode générale d'étude, d'isolement et de sélection des micro-organismes mobiles. — MM. A.Gil- ert et M. Garnier ont observé un nouveau cas d'ané- nie pernicieuse avec hypertrophie simple du foie, sans légénérescence graisseuse, mais avec infiltration ferru- ineuse. — M. J. Noé a constaté que le hérisson, au ois d'août, est plus sensible à la strychnine que le C0baye, mais beaucoup moins que le lapin. — M. A. | a étudié les caractères du liquide céphalo-rachi- “dien dans les méningites. La non-perméabilité des néninges ne peut pas être considérée comme un signe e méningite non tuberculeuse. — M. E. Maurel à connu que, pour la strychnine, l'ordre de toxicité des éléments anatomiques diffère de l'ordre de sensi- bilité. Les éléments sont impressionnés dans l'ordre |Suivant : cellule excito-motrice, nerf sensitif, nerf mo- teur, fibre striée, fibre lisse. Au contraire, c'est le nerf moteur qui perd le premier ses fonctions. — D'après Cu le même auteur, la mort par la strychnine des animaux à sang chaud a lieu par la suppression de la respiration, due à la perte de fonction du nerf moteur ; la mort de la grenouille ne survient que lorsque la quantité est suflisante pour entraîner la suspension de la fibre car- diaque. — MM. Brissaud et Dopter ont observé des différences notables de volume entre les lobules hépa- tiques d’un même foie humain; en général, le lobe droit est formé de lobules plus volumineux que les autres. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance du 1°" Juillet 1902. M. G. Buard a rencontré fréquemment des trypano- somes dans le sang des rats d'égouts de Bordeaux. — M. F. Jolyet présente un pigeon décérébré depuis cinq mois ; il est incapable de mémoire et de reconnais- sance. — MM. Cavalié et Jolyet ont reconnu que le rein du dauphin a deux hiles opposito-polaires : un hile ! antérieur vasculaire, un hile postérieur urinaire. Il y a deux circulations artérielles : une circulation intra- rénale, une circulation périrénale anastomotique avec la première. L'uretère est renflé dans l'intérieur du rein en un bassinet qui recoit les uretères lobaires. — M. M. Cavalié a étudié la secrétion de la glande albu- minipare chez l'escargot. — M. Tribondeau à constalé chez le chat que, dès la naissance, l'iris réagit à la lu- mière unilatéralement et bilatéralement. L'ésérine a, chez les lout jeunes chats, des propriétés dilatatrices. — M. V. Pachon à reconnu que la position en décubi- tus latéral gauche à un grand avantage sur la situation debout pour la prise des cardiogrammes chez l'homme. — M. J. Abadie à examiné, au point de vue cytolo- gique, le liquide articulaire de quelques arthropathies tabétiques ; on y trouve une grande abondance d’élé- ments cellulaires. — Le même auteur à examiné quel- ques liquides céphalo-rachidiens. L'examen à été posi- üf, au point de vue cytologique, dans trois cas de zona, un cas de tumeur cérébrale, de nombreux cas de sy- philis, vingt cas de paralysie générale progressive vraie, SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 11 Juillet 1902, MM. A. Haller et P.-Th. Muller, dans des publica- tions antérieures, ont montré l’exaltation qu'éprouvent lé pouvoir rotatoire spécilique, la réfraction moléculaire ainsi que la dispersion moléculaire du camphre quand on le combine avec certaines aldéhydes aromatiques ". Un phénomène du mème genre a été observé, depuis, par M. Martine avec les deux benzylidènementhones stéréoisomères, dont les pouvoirs rotatoires spécifiques sont respectivement de an ——1850,5 et—2582,5, alors que le pouvoir rotatoire de la menthone est de — 28° pour une longueur de 100 millimètres. Dans le but d'étudier l'influence qu'exerce, sur le pouvoir rotatoire de la méthylhexanone dérivée de la pulégone, la fixation des aldéhydes aromatiques, M, Haller à préparé quel- ques-unes des nouvelles combinaisons par le même procédé que celui qui lui a servi à produire les alcoyli- dènecamphres. La benzylidèneméthylhexanone avait, d'ailleurs, déjà été préparée par M. Wallach d’abord, puis par M. Tétry, qui lui a assigné la formule de cons- titution : CH? CO CH°CH NG— CHCHE. / CHE CH: M. A. Haller a donc condensé les aldéhydes anisique et cuminique avec la méthyleyclohexanone et à pris le pouvoir rotatoire spécifique des composés formés en solution dans l'alcool, ainsi que celui du corps de MM. Wallach et Tétry. Les pouvoirs rotatoires observés ont été les suivants : 1 Comptes rendus, t. CXXVII, p. 1370; t. CXXIX, p. 1065. ACADÉMIES ET SOCIËTÉS SAVANTES 794 Benzylidène méthylhexanone. . . (a) — — 10040" CH — CO — CH — CO?C?H5 Anisylidène méthylhexanone. . — 2240 | + R'I + C'HSONa Cuminylidène méthylhexanone. . — 1659 CO —R ! es R — CO — CH — CO?C?H5 : en Q \ Quant à la méthylhexanone employée, elle avait le = CH La Neal one dE pouvoir rotatoire #»—— 12,24 pour une longueur de 100 millimètres. Ainsi qu'on le voit, la fixation, sur le noyau hexaméthylénique, de restes aldéhydiques aro- matiques, par l'intermédiaire d'une double liaison, à encore pour effet d'exalter considérablement le pouvoir rotatoire de la molécule primitive méthylhexanone, comme le fait arrive pour le camphre. M. A. Haller continue l'étude de ces corps et de leurs analogues et se propose aussi de faire des condensations semblables avec la méthylpentanone. — M. A. Haller, en même temps que M. W. Traube, a montré que les molécules qui renferment le groupement oxyde d'éthylène : CH? — CH? N 72 , O0 sont susceptibles de s'additionner directement aux com posés méthyléniques sodés de la forme R-CHNa-R'. Ses premières recherches ont porté sur l’éther ben- zoylacétique sodé et lui ont permis de préparer les composés ! : C9H5 — CO — CH — CO dus dH— 0 k Quex En opérant sur l’acétylacétone sodée et l'épichlorhy- drine, MM. A. Haller et G. Blanc ont obtenu, outre de léther acétique, un liquide bouillant nettement vers 70° sous 8 millimètres et une série de produits passant de 70° à 160° sous la première pression, et qu'il n'a pas été possible de scinder par de nouveaux fraé- tionnements. Le corps bouillant à 70 est un liquide mobile, incolore, à odeur pénétrante et qui répond à la formule C°H#0°; D',,—0,988; No à 140 — 14,447; réfraction mol. trouvée —30,4; calculée 30,8. Ce corps est un alcool qui se résinitie facilement par les acides. Les auteurs le considèrent comme de l'alcool 4-mé- thyl-1 : 2-dihydrofurfuranylique : CH: CH— € Lus_ cu” don — M.R. Locquin, en rectiliant, dans le vide, à l’aide d'une très longue colonne Le Bel, de l'acide butyrique industriel obtenu par le procédé de fermentation connu, en a extrait (indépendamment de l'acide caproïque) une {rés notable quantité d'acide valérianique normal, caractérisé par ses constantes physiques et les proprié- tés de la combinaison du chlorure correspondant avec la tétrachlorohydroquinone. La divaléryltétrachloro- hydroquinone ainsi obtenue est, en effet, identique au produit synthétique et cristallise dans l’éther en ai- guilles blanches fondant à 97°. — M. C. Bouveault, au nom de M. R. Locquin el au sien, expose le résultat de: leurs recherches sur les dérivés de l’éther acétylact- tique. Les éthers acétylacétiques c.-acylés, traités par l'éthylate de sodium et les iodures alcooliques, four- | nissent de l’acétate d’éthyle et des éthers acylacétiques | a-Substitués : ‘ Bull. Soc. chim., (3), & XXI, p. 564; Comptes rendus, | EXXXI, p 1459. Ces éthers ont tous été caractérisés par les pyrazo- lones cristallisées qu'ils fournissent avec l'hydrazine. Dissous dans l'acide sulfurique concentré et traités à 0° par les cristaux des chambres de plomb, ou bien traités à froid par l’éthylate de sodium et le nitrite d'éthyle, ils donnent naissance aux oximes des éthers des homologues supérieurs de l'acide pyruvique : R — CO — CH — COC'HS + AzO®CÈHS + C?HSONa R'— C— CO*C#HS —R — COCH5 + Il AzOH | R' + CEHFONa. Cette transformation est surtout avantageuse en par- tant des éthers acétylacétiques &-substitués. La même réaction, opérée en solution aqueuse et chlorhydrique au-dessous de 0°, donne naissance à la même oxime, partiellement saponitiée à l'état d'éther glyoxylique substitué : R'— C— CO?C?H5 + HCI Il : + H°0 — AzH‘OCIHR'— CO — COC2H5. « AzOF Si l’on agite à froid un éther acétylacétique a-substitué avec une solution aqueuse de soude et de nitrite de. soude, l'éther se dissout peu à peu. La solution, aciditite par l'acide acétique, donne de l'acide carbonique et la monoxime d'une &-dicétone : R — CO — CH — COËNa [ + AZO®N a + 2 C?H'O° R' s R—CO—C—R' — 2 C'HINaO°? + CO? + Il + H?0. zOH — M.G. Wyrouboff, à propos du mémoire de M. Cofti- gnier paru dans le Bulletin, entretient la Société de ses recherches sur la solubilité du bleu de Prusse. — M. Béhal présente un mémoire de M. Rabischong : Action des chlorures tétrazoïques sur loxacétate dé- thyle. — MM. Paul Thibault et Voursanos déposent une note sur une nouvelle méthode d'analyse orqauique.n — M. A. Gautier présente une note de MM. J. de Gi-« rard et J. Vires sur le dosage de l'acidité urinaire par le sucrate de chaux. — M. Béhal présente deux uotes de M. Henri Alliot : Sur la fermentation des distillerie. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 20 Juin 1902. M. G. F. Herbert-Smyth présente le goniomètre à. | trois cercles récemment construit sur ses plans pour. | le British Museum. Il combine tous les avantages des. anciennes formes, — M. G. J. Parks à étudié le déga= sement ou l'absorption de chaleur qui se produit quand | un liquide est mis en contact avec un solide finement divisé (effet de Pouillet). Il a constaté que, lorsque de, la silice, du sable ou du verre, finement pulvérisés et, secs, sont mis en contact avec de l’eau à température. constante, la chaleur dégagée est proportionnelle à là surface totale des particules du solide; la chaleur dé= gagée par centimètre carré est environ de 0,00105 ca=. lorie quand la température est de 7°, En supposant que le phénomène de Pouillet est réversible et qu'il est dû à. une pression à la surface de la poudre, l'auteur, par l'application des lois de la Thermodynamique, déduit , ( ms PTE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 795 - de ses expériences qu'à 7° la tension superficielle de l’eau et de la silice diminue de 157 dynes par centi- - mètre pour une élévation de température de 1°. La | chaleur dégagée est aussi à peu près proportionnelle à la température absolue. — M. R. W. Wood à fait l'exa- .men d'un réseau de diffraction très remarquable dont l'inégalité de distribution de la lumière est telle que la chute de l'illumination maximum à l'illumination mini- mum a lieu à travers une série de longueurs d'onde qui ne dépasse pas la distance entre les lignes du so- dium ; en d'autres termes, sous une certaine incidence, on peut apercevoir l'une des lignes D et non l'autre. — Le même auteur a poursuivi ses recherches sur la ré- sonance électrique des particules métalliques pour les ondes lumineuses; elles ont porté surtout sur des pelli- cules d’or et d'argent. — M. H. L. Callendar présente un appareil simple pour la mesure de l'équivalent mé- _canique de la chaleur. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 18 Juin 1902. MM. R. Meldola etJ.-V. Eyre ont observé qu'en dia- zotant la dinitro-p-anisidine en présence d' HCI ou d'acide acétique, le groupe nitro 3 est éliminé, comme cela a lieu pour la dinitro-o-anisidine. — MM. W.-A. “Tiden et H. Burrows ont reconnu, après Wallach, que le pinène actif se combine au chlorure de nitrosyle “pour donner un nitrosochlorure, d’où l’on peut régé- nérer un hydrocarbure identique au pinène, mais inac- tif. Ce nitrosochlorure, chauffé avec le cyanure de potassium, donne un nitrosocyanure, C!°H!5.470.CAz, fondant à 171°; ce dernier, réduit par le sodium, four- -nit de la pinylamine. L'action de l'acide sulfurique con- centré à 100° donne un produit de même formule, solu- ble dans HCI et dans la potasse; l'action de l'acide nitrique fournit un corps qui est probablement C‘H'5 (Az0*®. “CG Az. — MM. F.-G. Donnan et H. Bassett expliquent les changements de coloration présentés par les chlo- mures de cobalt et d’autres métaux, quand on les chauffe mou qu'on les dilue, par la formation ou la dissociation lanions complexes contenant un atome métallique associé au chlore. — M. J.-E. Marsh discute la formule Stéréocentrique du benzène donnée récemment par MM. Graebe. — M. B.-D. Steele décrit une nouvelle mé- ihode pour déterminer la compressibilité des vapeurs aux basses pressions. — M. F.-D. Chattaway, en trai- tant par l'acide hypochloreux ou, dans certaines condi- “tions, par le chlore les composés du type RR'Az H (où R et R' sont des groupes acyles), a obtenu des chlo- mures d'azote diacylés RR' Az Cl; ce sont des corps Mbien cristallisés, incolores. — MM. J.-W. Mellor et E. …J: Russel ont préparé de l'hydrogène pur par l'action de la vapeur d'eau sur le sodium, et du chlore pur par lectrolyse ignée du chlorure d'argent. Un mélange des act gaz purs et secs se combine avec explosion sous “action de l'étincelle électrique. Un mélange chauffé à 20° ne se combine pas; à 450°, 80 °/, des gaz se com- binent, mais sans explosion. — MM. W.-H. Mills et ‘:-H. Easterfield décrivent une méthode pour pré- parer le dibenzoylmésitylène et les cinq acides qui | Tésultent de l'oxydation successive de ses groupes mé- Mthyliques. — M. H.-S. Shelton a constaté que le borax est légèrement hydrolysé en solution en soude et acide Dorique. Danslessolutions N/200, l’hydrolyse est dek °/. | 25° et de 6°/, à 50°. — M. J.-W. Mellor pense que l l'énergie actinique du Soleil agissant sur du chlore hu- bide provoqueuneréactionentre l'humidité etle chlore; Lune autre partie de cette énergie est dissipée comme “chaleur (eflet Budde); enfin, le reste se dégage comme énergie non actinique. Si un composé intermédiaire se forme dans la réaction de l'hydrogène et du chlore en Présence d'humidité, le composé le plus probable con- hendra x CI, y H°0, z H°. — MM. T. Tickle et J.-N. Collie, en traitant la diméthylpyrone par. H20? en pré- Sence de sels ferreux, ont obtenu l'hydroxydiméthylpy- one, fondant à 162°,5. L'acide méconique, dans les | mêmes conditions, donne C0® et de l'acide hydroxyco- ménique, fondant à 275°. — MM. W.-N. Hartley, J.-J. Dobbie et A. Lauder ont observé que le phlorogluci- nol et son éther triméthylique possèdent des spectres d'absorption identiques; le dernier ayant la structure énolique, il doit en être de même pour le phloroglu- cinol, qui est donc bien un phénol. — M. A. Findlay a déterminé la solubilité du mannitol dans l’eau, de l'acide picrique dans l’eau et le benzène, et de l’anthra- cène dans le benzène entre 25° et 60°. — MM. J.-B. Cohen et S.-H.-C. Briggs ont préparé le formylphé- nylacétate de menthyle par l'action du sodium sur un mélange d'acétate de menthyle et de formiate d’éthyle; on l'obtient en beaux cristaux fondant à 82-840 — M. F.-D. Chattaway a reconnu que beaucoup de déri- vés des amines aromatiques primaires, où des atomes ou groupes variés sont attachés à l'azote, subissent faci- lement une transformation intramoléculaire et forment des isomères, où l'atome ou le groupe est attaché au noyau en para ou ortho. Ainsi la diacétanilide se trans- forme en acéto-p-aminophénone. — MM. F.-D. Chat- taway et J.-M. Wadmore ont obtenu les chlorures et bromures d'azote dérivés des anilides o-substitués en traitant ces anilides par un excès d'acide hypochloreux ou hypobromeux. Ces corps se transforment facilement en anilides disubstitués 2 : # isomères. — M. F.-D. Chattaway a préparé les dérivés acétylé, propionylé et benzoylé de l'aminoazobenzène, lesquels, traités par l'acide hypochloreux, fournissent des chlorures d'azote substitués contenant un groupe azoïque. — M. K.-J.- P. Orton, en faisant passer du chlore dans une solution aqueuse du sel de soude des nitroaminobenzènes, à obtenu les chloronitroamino-s-trichlorobenzènes. M. F.-D. Chattaway pense que la transformation des dérivés diazoamidés en dérivés aminoazoïques isomères est de même nature que celle où des atomes (ou grou- pes d’atomes) attachés à l'azote d'un groupe aminé pas- sent dans le noyau benzénique en para ou ortho. La formation des divers dérivés azoïques qu’on obtient en chauffant les composés diazoamidés avec les amines aromatiques et leurs chlorhydrates est ainsi rendue intelligible sans supposer la formation intermédiaire de composés halogénés à l'azote. La transformation iso- mérique de l'hydrazobenzène en benzidine se fait d’une facon analogue par deux étapes successives. — M. E.- W. Lewis a constaté que le point de fusion du bromure de tribromophénol, recristallisé de l’acétate d’éthyle, est de 1480 (au lieu de 1182). ACADÉMIE ROYALE DES LINCEI Séances de Mai-Juillet 14902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Bianchi: Sur la déformation des surfaces de rotation.— M. Pincherle : Sur les séries de factorielles. — M. Ricci : Formules fondamentales dans la théorie générale des variétés et de leur courbure. — M. Tubini : Sur les espaces à quatre dimensions qui admettent un groupe continu de mouvements. — M. Daniele : De quelques mouve- ments particuliers d'un point sur une surface. — M. Bortolotti: Contribution à la théorie des ensembles. — M. Boggio : Sur les solutions communes à deux équations linéaires aux dérivées partielles à deux va- riables indépendantes. — M. Contarini : Sur le pro- blème général de la séismographie. — M. Reina : Déterminations astronomiques de latitude et d'azimut exécutées à Rome et sur les monts Cimino, à Pegl M. Celoria : Considérations sur l'enseignemen tronomie dans les Universités italiennes. 90 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Sella : Nouvelles recher- ches sur la radio-activité par induction. — M. Majora- na : Sur deux nouveaux phénomènes magnéto-optiques observés perpendiculairement aux lignes de force; sur la manière d'observer la biréfringence magnétique. — M. Voigt : Sur le phénomène Majorana, et sur la dis- pérSion rotative magnétique à l'intérieur des raies d'absorption. — M. Zeeman : Observations sur la rota- Lt 796 ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES tion magnétique du plan de polarisation à l'intérieur d'une raie d'absorption, — MM. Sella el Pochettino : Sur la conductibilité électrique acquise par l'air pro- venant d'une soufflerie à eau. — M. Pochettino : Influence de l'électrisation sur la vitesse de l’évapora- tion. — M. Viola : Les déviations minimes de la lumière produites à l’aide de prismes biréfringents. — MM. Ascoli et Manzetti: Recherches sur l'arc chantant du Duddel. — M. Bertolo : Réduction de lartémisine par le chlorure d'étain. — MM. Angeli, Angelico el Calvello : Sur quelques dérivés du pyrrol. — MM. An- geli, Angelico et Scurti : Recherches sur quelques acides hydroxamiques.— M. Bruni : Sur la distinction entre polymorphisme et isomérie chimique. — MM. Bruni et Padoa : Sur la formation de crislaux mixtes par sublimation. — M. Helbig : Sur un nouvel oxyde probable de l’azote.—M. Palazzo: Action de l'hydroxy- lamine sur l'éther diméthyl-pyronedicarbonique. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. de Angelis : Notes sur quelques minéraux du Casal di Pari, dans la province de Grosseto. — M. Rimatori : La prehnite et autres zéolithes dans les granulites de Isola Francese (Ile de la Madeleine, Sardaigne. — M. Gemmellaro : Sur la découverte d'un crâne de Squalodontide dans le calcaire bitumineux de Raguse en Sicile. — M. Tara- melli: Sur la tectonique probable du Simplon. — M. de Stefani : Les terrains tertiaires de la province de Rome. Eocène et Miocène moyen. M. Todaro : Sur les organes excréteurs des Salpes. — M. Dorello : Observations sur le développement du corps calleux et sur les rapports qu'il prend avec les diverses forma- tions de l'arc marginal dans le cerveau du cochon et d'autres Mammifères domestiques. — MM. Ulpiani el Lelli : Sur un nouveau protéide du cerveau. — M. En- riques : Osmose et absorption dans les réactions de solutions anisotoniques (Protozoaires et Lrmnaea sta- gnalis). — M. Gosio : Sur la transmissibilité de la peste bubonique aux chauves-souris. Sur la cause du dépérissement, au printemps, du blé, et sur le moyen de le combattre. Le Peronospora du blé dans les campagnes de Terrare. Observations sur la bactériose du chanvre. Ernesr MANGINI. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 12 Juin 1902. SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Nabl établit l'équa- lion différentielle des vibrations longitudinales d'un barreau, dont la surface est de rotation autour de l'axe, et lintègre pour le cas particulier d'un barreau conique. Le ton fondamental de ce barreau, ainsi que les Lons supérieurs, sont plus élevés que Jes tons correspondants d'un barreau cylindrique de même longueur ; mais le rapport des nombres de vibrations d'un ton partiel du barreau conique el du ton correspondant du barreau cylindrique se rapproche d'autant plus de l'unité qu'on s'élève davantage dans la série des {ons supérieurs. Séance du 19 Juin 10 SGIENCES PHYSIQUES. — M. F. Exner, en se basant sur le phénomène Bezold-Brücke, établit que les trois sensations fondamentales dans le système des couleurs de Young-Helmholtz sont : un rouge situé en dehors du spectre et complémentaire de 49% pu; un vert de 508 pu et un bleu violet de 475 pu. — M. A. Zipser à constaté que l'acide rhodanique, l'acide isosulfoc van cétique et la thiohydantoïine se condensent en présence de soude avec l'aldéhyde salicylique. Les composés for- més colorent directement la laine et la soie en beau Jaune, mais ne résistent pas à la lumière. L'aldéhyde cinnamique fournit des composés analogues, mais moins colorants. — M. O. Honigschmid à observé que, par traitement au sodium et à l'alcool amylique, Foxyde de tétrahydrobiphènylène est hydruré non symétrique- ment dans un seul noyau benzénique ; avec l'oxyde de binaphtylène hydruré, par contre, l'isomère à prend : atomes d'hydrogène dans le noyau benzénique non 1902. substitué, l'isomère $ deux dans le noyau substitué. — Le même auteur décrit les éthers & et f-naphtylphény- liques et les & et 8-naphtylphénols. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. F. Winkler à étudié l'influence des excitations thermiques sur les vaisseaux de la peau. II rappelle que les vaisseaux sanguins de l'oreille du lapin se resserrent ou s'élargissent suivant. qu'on plonge l'extrémité postérieure de l'animal dans l'eau froide ou chaude. Il montre que la cause de ce phénomène réside dans le fait que le bain excite les nerfs thermiques de la peau et que ceux-ci provoquent, par voie réflexe, un élargissement ou un resserrement des vaisseaux. — M. Th. Fuchs décrit quelques bou- leversements qui existent dans les dépôts tertiaires des environs de Vienne. Puis, il signale l'existence de blocs roulés de calcaire à Nullipones dans les couches sar= matiques de Kaisersteinbruch. Enfin, il décrit un nou- veau mode de formation des dépôts pontiques de la Basse-Autriche. — M. Berwerth donne de nouveaux détails sur la gigantesque mâcle par répélition obser- vée sur un morceau de fer météorique recueilli dans le Sud-ouest africain allemand. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 28 Juin 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. F. van de Sande Bakhuyzen : Sur la périodicité annuelle dans la mar- che du pendule principal, Hohwü n° 17, de l'Observa- toire de Leyde. Seconde partie. 3° La période 1862- 4874. 4° La période 1899-4902. 5° L'amplitude du pendule de 1878 jusqu'à 1888. 6° Comparaison des résultats. Le mémoire que nous venons d'analyser est illustré de plusieurs graphiques de sinussoides repré= sentant les irrégularités de marche. — M. P. H. Schou- te présente le premier volume de son « Mehrdimensio= nale Geometrie » (Géométrie à plusieurs dimensions faisant partie de la « Collection Schubert ». — Ensuite, M. Schoute présente, au nom de M. W. Versluys, un mémoire intitulé : « Focales des courbes planes et gau- ches », Sont nommés rapporteurs : MM. Schoute et D4 J. Korteweg. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Kamerlingh Onnes présente, au nom de M. L. H. Siertsema : Mesures sui la rotation magnétique du plan de polarisation dans des gaz liquéfiés à la pression atmosphérique. Seconde partie; voir Rev. gén. des Se., t. XI, p. 1028. Descrip: tion d'un nouvel appareil perfec lionné, représenté sul une grande planche. Les résultats des mesures avet CH* CI sont déposés dans le pelit tableau suivant, où à représente des déviations de galvanomètre, À des lons gueurs d'onde, p les constantes de rotation et p/pn les dispersions de la rotation magnétique : TABLEAU I. 0,02748/2,003 || 211,5] 57: 0:0265311,835 [216 | 519 0,02482|1,810 || 219,5! 583 | 0,02358 (589) |10,01372] 12000 0,01865 599 | 0,01332)0,974 60% 60% 0,0185% 0,0174#4/1, 0,01668/1,216 |[249,5| 616 0,04624/1,184 [250 | 621 0,01566/1,142 || 273 | 643 0,04570/1,145 [283 | 659 P. H. ScHouTE. … 13° ANNÉE Nos" 15 SEPTEMBRE 1902 | Revue générale Dies Sciences pures et appliquées Directeur : LOUIS CLIVIER, Docteur ès sciences. : Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et Ja traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France êt dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Cette dernière porte un cercle divisé, autour duquel se déplace un système de deux bras solidaires à angle droit D et E, destinés à recevoir deux règles graduées aux diverses échelles. Des vis de pression permettent d'immobiliser les bras dans une direction quelconque. S 1. — Art de l’Ingénieur ._ Création d’une machine à dessineruniver- elle. — Cette machine a été inventée par un jeune “essinateur de la We/lmann-Seaver-Morgan Engi- eering C», de Cleveland (Ohio). Voici comment l'idée i en est venue : Un “jour qu'il avait à exé- (2 (| On voit aisément qu'il est ainsi possible de tracer deux systèmes rectan- gulaires de lignes pa- “euter en grande hâte rallèles de longueur dé- “un travail pressé de = ise à l'échelle, il se £ finie, dans toutes les parties du dessin, par lit cette remarque un simple déplacement que le plus clair de de l'instrument et sans son temps et de son effort avait été employé à pren- avoir à manier aucun TI Fe | QE D appareil. Suivant l'expression dre et à reinet- de l'inventeur, quenous faisons nôtre: « Si le dessinateur avait à sa disposition une règle divisée et possédait le moyen de la placer fa- “caniques propres à cilement et exactement dans toutes les posi- tions voulues, il ne se servirait jamais du té ni des équerres. La ma- mème, grâce à un mécanisme composé de deux parallé- Mlogrammes articulés C B et BA. Chacun d'eux est formé dune paire de barres métalliques égales, dont les extré- Mnités tournent sur des tourillons. Celles du premier parallélogramme s'articulent ainsi : d’une part, au bloc C, Hxé au coin supérieur gauche de la table: de l’autre, “au cercle métallique B; celles du second, au mème méercle et à la tète mobile A. en REVUE GÉNÉRALE LES SCIZNCES, 1902. évilerces == = chine’ à dessiner uni- manipulations et, fina- — = = = = verselle lui donne c« ément, à combiner F Boññemans. del moyen appareil pleinement Fig. 1. — Schéma de la machine à dessiner universelle. Il est EVI lent q tisfaisant que repré- Fe tracé des obliques nte la figure 1. aussi fa Une tête mobile À, qui forme l'instrument propre- | des horizontales et des verticales. Il suftit ment dit, peut se déplacer sur toute la surface de la | convenablement les bras D et E sur le planche à dessin en restant toujours parallèle à elle- |: pour les angles les plus usités, comme ceu #0", 300, 45° et 60°, on a placé des ressorts r'él qui permettent un ajustement instantané. ( | echan ser rapidement les règles gradué diverses échelles. Bien que tous les frottements nt en bronze phosphoreux et qu'il ne faille pas $ n à une usure appréciable, on a prévu parto es réglages à cône. La comparaison des opérations néc ires pour tracer 17 198 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE deux perpendiculaires définies par les méthodes ordi- naires ou à l'aide de la machine est tout à fait décisive. La machine s'emploiera dans bien des cas au lieu de papier quadrillé. Elle en a les avantages sans en pré- senter les inconvénients, puisque ses règles divisées mobiles permettent de tracer une ligne de longueur donnée plus rapidement qu'à la main et qu'elle s’ap- plique aussi aux travaux angulaires. Le dessin obtenu est, d'ailleurs, bien plus net *. Utilisation des tourbières d'Irlande.— Lelieu- tenant général Sankey vient d'exposer, dans les ce \ colonnes du Tnnes, un plan hardi pour l'utilisation d'une des principales richesses naturelles de l'Irlande : la tourbe. L'ile a eu cette mauvaise fortune géologique d'émerger juste au moment où les matériaux de la houille s'ac- cumulaient dans les estuaires et les marécages anglais et de ne redevenir terre basse ou immergée qu'à la fin de l’époque tertiaire. Il en résulte que le calcaire carbonifère qui couvre la plus grande partie de sa surface ne porte pas ou presque pas de charbon, mais seulement d'immenses tourbières. La verte Erin pré- sente donc, par rapport à sa grande sœur bretonne, cette infériorité essentielle que son combustible n'est pas «fait»; et il serait un peu long d'attendre qu'il se fasse. La tourbe, dont la puissance calorifique atteint à peine la moitié de celle du charbon, ne peut ètre utilisée que pour la consommation locale, les frais de transport par calorie étant trop élevés: et comme, dans les campagnes irlandaises, la consommation locale di- minue en même temps que la population, la plupart des tourbières restent forcément inexploitées. Le plan du général Sankey consiste à brûler la tourbe sur place et à transporter au loin l'énergie produite par sa combustion. On creuserait dans les marécages tourbeux tout un système de petits canaux, dont le prix de revient serait peu élevé; on les équi- perait pour la remorque électrique par trolley aérien; le combustible serait chargé directement sur les bateaux et amené à un certain nombre de centres où il chauf- ferait les chaudières de grandes usines électriques. Le courant triphasé à haute tension serait envoyé aux régions industrielles de l'ile et utilisé comme force motrice. L'auteur du projet l'appuie de quelques chiffres, malheureusement incomplets. Il pense que l'équiva- lent calorilique d'une tonne de houille reviendrait, sur le carreau de l'usine centrale, à moins de 6 fr. 25. Or, la Compagnie de Newcastle, qui paie son charbon plus cher, produit le kilowatt-heure à 4 centimes. A ce prix, presque tous les industriels ont avantage à acheter leur force motrice au lieu de la produire eux-mêmes. Sans se prononcer sur le caractère pratique de cette conception, il convient de la signaler comme une poire intéressante dans le sens du transport direct de l'énergie. ÿ 2, —_ Électricité industrielle Commande des dynamos électriques par machines à vapeur à mouvement alternatif et par turbines. — La Nature n'ayant pas mis par- tout, à la disposition de l'industrie électrique, les chutes d’eau qui permettraient la production là plus économique de l'énergie électrique, les machines à vapeur sont encore d'un usage, considérable pour la production du courant, et les efforts constants des cons-" tructeurs tendent à réduire leur consommation de vapeur Jusqu'aux limites les plus restreintes. Si parfaite que paraisse ètre la construction moderne des machines à vapeur, à grande et à petite vitesse, pour commande directe ou indirecte des machines eclriques, leur économie de consommation ne parait pas devoir les faire considérer comme sans rivales, et 1 Awerican Machinist. nous croyons qu'il faudra compter désormais avec deux modes de production d'énergie électrique plus mo- dernes, et qui n'ont, sans doute, pas trouvé encore leurs perfectionnements définitifs, mais ont accompli de très réels progrès dans ces dernières années : nous voulons parler des machines à gaz (gaz ordinaire ou gaz pauvre) et des machines rotatives à vapeur. Ces dernières sont plus particulièrement aptes à la | commande des dynamosélectriques : d'abord, parce que leur couple moteur constant s'approprie très bien à la | commande, aussirégulière et uniforme que possible, des machines électriques: ensuite, parce qu'elles’ ne néces- | sitent aucune transformation du mouvement alternatif : de va-et-vient en mouvement de rotation, et dispensent, par conséquent, de tous les soucis et de tousles incon- | vénients d'une pareille transformation. Aussi com- - | mence-t-on à faire meilleur accueil aux turbines à | vapeur, jusqu'ici considérées injustement comme des « gouffres de vapeur », c'est-à-dire des machines à consommation de vapeur considérable. Cette opinion, fondée sur des années d'expériences et aujourd'hui heureusement démentie par la pratique, est due, sans doute, au fait que, seules jusqu'à ce jour, des unités de petite puissance ont été communément employées. Les turbines de petite puissance demeurent, en effet, d’une consommation relativement élevée, | On a, de plus, reconnu l'intérêt d'un vide, au con- denseur, aussi élevé que possible, et d’une surchauffe de vapeur poussée aussi loin que le permet l'instal- lation de la chaufferie, puisque les turbines, par leur constitution même, n'ayant ni garnitures, ni presse- étoupes qui puissent redouter la surchaufte, se prètent admirablement à des surchauffes de vapeur aussi éle- | vées que possible. Après les exemples donnés à l'Exposition de 1900 (systèmes de Laval et Parsons), après l'installation de turbines de ce dernier modèle à Elberfeld, après l'ins- tallation, à l'usine de Sheffield, d’un turbo-alternateur Parsons de 1.500 kilowatts, qu'on à vu fonctionner d'une manière satisfaisante à l'Exposition de 1900, l'usage | industriel des turbines entre dans une voie nouvelle, | etlon ne redoute plus d'employer des turbo-alternateurs de très grandes puissances : 1.500 kilowatts à l'usine de Sheftield: 3.500 kilowatts à l'usine de Weasden, de la | Metropolitan C° de Londres; 5.000 kilowatts à l'usine | de Chelsea, de la District C° de Londres, etc. C'est, en effet, pour les grandes puissances que seront le plus | sensibles les avantages économiques de l'emploi des. turbines. Nous avons dit plus haut les raisons pour lesquelles celles-ci convenaient particulièrement à la commande | des machines électriques et surtout des alternateurs, dont la marche en parallèle exige un mouvement de rotation aussi uniforme que possible. Nous avons dit. | aussi l'intérêt et la facilité d'une surchauffe élevée, unis à l'avantage d'un vide aussi parfait que possible. IL suffit de citer, en passant, quelques chiffres à l'appui de ces données générales. {Les moteurs à vapeur font de plus en plus eux mêmes appel à la surchauffe, et certains constructeurs: | de machines élèvent de 480 à 250 ou 3009 la température | de la vapeur utilisée dans leurs machines. Or, tous le organes de distribution ne supportent pas également bien des températures aussi élevées, et les machines à mouvement alternatif, sy prétant le mieux, étaient jus qu'à présent les machines à soupapes. Les turbines S'y prêteront bien mieux encore, et lon peut juger de con qu'on gagnerail, avec une surchauffe élevée, en consi= dérant que la simple surchauffe de 550, utilisée à l'usine) d'Elberfeld, améliore de 12 °/, l'économie de marche | des machines. £ 21 L'intérêt du vide apparait clairement dans le tableau 1 (page 799) qui donne le résultat des essais faits à Elbers feld (pression de 10 kilogs par centimètre carré, VILESSE de 2,500 tours, sans surchauffe). : De l'expérience acquise dans celte usine résultent l encore de nombreux avantages généraux, portant Su CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 199 . les dépenses d’entrelien ou de nettoyage des machines, et sur la continuité de fonctionnement qu'on peut . espérer des différents types de machines. » Le Directeur de l'usine estime qu'il faut, en général, TAgLeaU |. — Essais des turbines d'Elberfeld. CONSOMMATION DE VAPEUR en kilogs par kilowalt-heure VIDE constant de la pleine charge à vide en centimètres cubes KILOGRAMMES de vapeur ITR. ES x PES consommés à demi- vide pleine charge quart charge de charge ON 1 Or & EI D TZ wLnNererre re 25 6 fois moins de temps pour entretenir un turbo-alter- nateur donné qu'un groupe électrogène à mouvement alternatif de même puissance. Traction par locomotives ou par automo- -trices électriques. — Le Manhattan ou Elevated de New-York à été, jusqu'en 1902, exploité au moyen de trains à vapeur, ordinairement composés de 5 voitures. . L'affluence toujours croissante du public (le réseau “ayant transporté 150 millions de voyageurs en 1902) a décidé les administrateurs à adopter la traction élec- trique, après de longues études et avec beaucoup de circonspection, vu leur désir de n'interrompre et dene compromettre en rien la circulation régulière des trains. ; Lanature du service a tous les caractères d'un métro- politain d'extrême intensité : » Parcours assez minime (une longueur moyenne de 550 mètres environ); . Durée d’arrêts aussi réduite que possible (14 secondes en 4901) ; Vitesse commerciale : 32 kilomètres à l'heure envi- Ton: ; … Vitesse maxima possible sur les parcours réduits à effectuer : 40 à 48 kilomètres à l'heure. … La distribution du courant est faite au moyen d'un troisième rail pour l’amenée, et de la voie de roule- ment pour le retour; le courant est un courant continu à 550 volts. - Les trains employés sont, aux heures de trafic nor- mal, composés de 4 voitures motrices, à 2 moteurs de 430 chevaux, et de 2 remorques, soit 6 voitures par train : 26 tonnes. 17,4 — 173 — Poids des voitures motrices en charge Poids des remorques. . . . . . E Le poids du train est donc de. s Celui des voyageurs représente un it ER CR PP IR Il serait intéressant d'avoir des données statistiques comparatives pour les nombreuses installations du même genre; mais, malheureusement, ces données | sont d'une obtention très difficile. Une des plus intéressantes données serait notamment mlerapport du poids transporté utile au poids total : si | réduit qu'il puisse paraître (70 tonnes utiles pour L\173 tonnes totales au Manhattan de New-York), il est “encore considérable en comparaison des installations ne comportant pas l'emploi des automotrices à voya- geurs. En effet, le poids adhérent nécessaire pour la action est ici représenté par le poids des voyageurs, augmenté du poids de la structure métallique néces- Saire à porter les voyageurs et les appareils. Au con- F traire, dans la traction par locomotives, le poids de ces dernières représente toujours une proportion considé- rable du poids du train. Au Chemin de fer de l'Ouest, les locomotives en ser- vice sur la ligne Invalides-Versailles pèsent de 40 à 50 tonnes et remorquent des trains de 8 à 11 voitures. Ces voitures, vides, pèsent environ {11 tonnes et peuvent donner place à 50 voyageurs en moyenne. Si nous éva- luons le poids moyen de ceux-ci à 70 kilogs, on obtient un poids utile de 11 X 50 X 70 —38,5 tonnes, comparati- vement à un poids total de 50 + 38,5 +121 — 209,5 ton- nes. Au Chemin de fer d'Orléans, les trains lourds re- morqués par les locomotives électriques sont souvent composés de 15 à 20 voitures. Ils ont un poids à vide de 250 tonnes environ, et en charge de 300 à 310 ton- nes. Les locomotives pèsent 40 à 50 tonnes. Le poids des voyageurs est de 50 à 60 tonnes au maximum; le En inférieur à 20 °/,. En allégeant le poids total correspondant à chaque voyageur, les trains à unités motrices multiples éco- nomisent une fraction correspondante de l'énergie (en watt-heures nécessaires à la traction). Si, par exemple, la traction consomme 100 watt- heures par tonne-kilomètre : pour un poids de 300 ki- logs par voyageur transporté, la consommation sera de 30 watt-heures; pour un poids de 200 kilogs par voya- poids total, 310. D'où le rapport seur transporté, la consommation sera de 20 watt-heu- res seulement. C'est ainsi qu'en substituant aux locomotives élec- triques des trains à automotrices, le Central London a réduit de 20 à 16 watt-heures la consommation par voyageur. il faut admettre, bien entendu, pour que ce gain demeure définitif et tout acquis à l’avantage des auto- motrices multiples, qu'elles ne nécessitent pas des dépenses d'entretien ou de personnel beaucoup plus considérables que les locomotives, où que l’augmen- tation de ce chapitre de dépenses ne compense pas, el au delà, la réduction de dépenses effectuée du fait de la moindre consommation d'énergie par tonne kilomé- trique utile : c'est ce qui semble assez bien établi par la pratique. CE è L'expérience des Américains et des Anglais dans cette voie ne tardera pas à mettre encore mieux en lumière les caractères comparatifs des divers modes de traction. $ 3. — Zoologie appliquée La destruction des insectes des livres. — Au Congrès des Bibliothécaires qui a eu lieu en 1900, M. Hiriart, bibliothécaire de la Ville de Bayonne, avait fait une communication sur « les insectes qui ravagent les bibliothèques ». Une discussion avait suivi, d'ou il ressortait que les insectes dangereux pour les livres sont si différents les uns des autres que, parmi les remèdes préventifs déjà essayés naphtol, benzine, sublimé, ravons de bois imbibés de sulfate ou d’acétate de cuivre), aucun n'était d'une efficacité générale, et qu'il faudrait étudier les mœurs de chaque catégorie d'insectes pour découvrir la précaution spéciale qu'il convenait de prendre. On constatait aussi que les pro- cédés actuellement employés pour débarrasser les livi infestés (battage, vapeurs de sulfure de carbone) pré- sentaient des inconvénients pour la conservation des volumes imprimés, et étaient, le plus souvent, inappli cables aux manuscrits. Le Congrès émit alors le vœu que des rimentales, conduites avec la rigueut études expé- les méthod scientifiques, fussent entreprises par des bibliothé- caires, des chimistes et des naturalistes, atin de déter- miner le mode de production el de propagation des divers insectes nuisibles aux livres, € indiquer les moyens de lescombattre, et de recommander certaines précautions, d’une part, aux industriels qui préparent le papier de l'impression et le cu de la reliure, d'autre 800 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE part, aux architectes qui choisissent les matériaux des planchers et des rayons des bibliothèques. Me Marie Pellechet, bibliothécaire honoraire de la Nationale, institua immédiatement, en faveur de ces études, deux prix, l'un de 1.000 francs, l'autre de 500 francs. Un autre membre du Congrès, habitant l'Algérie, où les bibliothèques sont si fréquemment dévastées, fonda également un prix de 1.000 francs, à décerner à l’auteur d'une étude consacrée aux insectes qui s'attaquent aux reliures. Les conditions du concours furent arrêtées, et le jury fut constitué par le bureau du Congrès et MM. Ed- mond Perrier, Giard,E.-L. Bouvier, membres de FAca- démie des Sciences ; Künckel d'Herculais, assistant au Muséum; D' Marchal, professeur à l’Institut Agrono- mique. Vingt-trois mémoires furent envoyés, avant le 31 mai 1902, au secrétaire général, M. Henri Martin, conservateur-adjoint à la Bibliothèque de l'Arsenal. Sur le Rapport de ce dernier, le Prix du Congrès des Bibliothécaires à été décerné à M. Johann Bolle, direc- teur de la Station d'essais chimico-agronomiques de Goritz (Autriche), qui a indiqué des moyens de destruc- tion pratiques des insectes des reliures. Entre autres moyens, M. Bolle préconise l'emploi du sulfure de car- bone, pour lequel il a construit un appareil qui permet d'utiliser ce corps sans avoir à craindre les dangers d'incendie, si fréquents avec le sulfure de carbone. Le mémoire de M. Bolle est accompagné de documents montrant que le sulfure de carbone n'altère pas les couleurs. L'auteur à coupé en deux des images colo- riées, a soumis une moitié de l'image à l'expérience, puis a rapproché les deux parties : aucune différence n'apparait entre elles. ; Le Prix Marie Pellechet, de 1.000 francs, n'a pas été décerné. Celui de 500 à été attribué à M. Constant Houlbert, docteur ès sciences naturelles, professeur au Lycée de Rennes. Dans son mémoire, cet auteur étudie, dans l’ordre systématique, près de cinquante espèces d'Insectes et d'Arachnides. Après avoir cité les princi- paux caractères des larves et des adultes, il résume ce que l’on connaît de leurs mœurs, de leurs habitudes et du régime de chaque espèce, en s'étendant sur les faits qui concernent les dégâts commis dans les livres. Il examine aussi les principaux moyens de destruction. Pour la vrillette des livres, petit Coléoptère, long de 3 à # millimètres au plus, mais que ses mandibules à dents dures et aiguës rendent redoutable, M. Houlbert recommande aussi l'emploi des vapeurs de sulfure de carbone en fumigations. Voici comment on opère : on enferme les volumes infestés dans une boîte garnie d'une feuille métallique à l’intérieur et fermant her- métiquement; dans un coin de la boîte, versle haut (les vapeurs de sulfure étant plus lourdes que l'air), est placé un flacon à large goulot contenant quelques centimètres cubes de sulfure de carbone. Ce mode de destruction est préférable à l'emploi de l'air surchauffé, qui déforme le carton et rend le papier friable et cassant. Il est pré- férable aussi à l'emploi du chlore, qui décompose les matières organiques en s'emparant de leur hydrogène. Quant aux vapeurs de formol, elles n'ont pas donné de résultats plus appréciables que ceux obtenus par la vapeur d'eau. Enlin, dans ce mémoire, l'auteur a simplifié la des- criplion des insectes, de facon qu'il sera facile aux bibliothécaires de déterminer les diverses espèces, et, par suite, l'application du meilleur remède. « Si l'au- teur, dit le rapporteur, voulait publier son manuscrit. il fournirait aux bibliothécaires une sorte de manuel suffisamment complet sur la manière de préserver des insectes les livres dont ils ont la garde. » $ 4. — Physiologie Influence du tabac sur l'association des idées. On peut étudier l'influence des causes diverses (médicaments, fatigue, odeurs, etc.) sur les processus psychiques à l’aide de différentes méthodes expérimentales. Une de celles-ci est la méthode des répétitions, autrefois préconisée par Kræpelin; elle consiste à expérimenter un certain nombre de jours de suite en se servant constamment de la même liste de mots-tests présentés dans le même ordre. On peut ainsi, toutes les conditions de l'expérience restant identiques, découvrir l'action du facteur introduit à des jours déterminés. MM. Claparède et Isaïlovitch ont récemment effectué d'intéressantes expériences selon cette méthode ®, L'un d'eux à servi de sujet; il devait associer, le plus vite possible, un mot à celui qu'on lui présentait écrit sur une carte, et, tout en répondant, il devait presser sur le bouton d'un chronomètre d’Arsonval, où se lisait la durée de la réaction associative. Les séances eurent lieu tous les jours, à la même heure, pendant dix-sept jours consécutifs; elles du- rèrent le même temps, une demi-heure; à chaque séance étaient présentés les cent cinquante mots de la liste des tests. Les jours pairs, le sujet fumait deux cigarettes de tabac ture pendant la durée des cent premières associations. Les résultats ont été d'une netteté remarquable, dépassant ce que l'on pouvait attendre d'expériences si délicates, qui sont influencées par des causes de varia- lion souvent insaisissables. Les associations ont eu la durée moyenne de 50 à 70 centièmes de seconde. La durée des associations, les jours où le sujet fumait, était inférieure de 5 à 10 centièmes de seconde à la durée de celles de la veille, à la durée de celles du lendemain. L'action du tabac s'est done manifestée par une diminution constante du temps d'association. C'est bien d'une diminution du temps d'association qu'il s’agit, et non de la diminution du temps de réaction simple : les auteurs se sont assurés, par des expériences, que la cigarette du sujet n'avait aucune influence sur le temps de réaction simple. À noter que lé sujet fumait peu d'habitude et qu'il lui semblait que . l'action de fumer lui rendait plus diflicile le travail d'association. Ce n’est qu'une fois les séries terminées qu'il a eu connaissance des résultats. Ces expériences n'ont en vue que l'effet présent et immédiat de la fumée de tabac ; elles seront continuées pour étudier les effets’ éloignés du tabac sur l'associa- tion. Elles confirment les recherches de M. Féré?, qui a signalé récemment l'action excitante du tabac sur le travail musculaire. Cette influence dynamogénique \ est vraisemblablement due à l'excitation des centres olfactifs. L'Antipepsine. — Partant de ce fait bien connu que certains anticorps se développent seulement chez des espèces animales trés éloignées de celle qui fournit le produit dont on veut obtenir l’anticorps, M. Hans Sachs® vient d'essayer d'immuniser des oies en leur inoculant de grandes quantités d'une pepsine de la marque Witte, de Rostock. Il y est parvenu, et l'étude comparative de l'action du sérum d'oies normales eb de celui d'oies traitées a montré, dans ce dernier, la présence d'un anticorps. Le réactif de la pepsine était basé sur son action dissolvante de la gélatine. | L'auteur cite l'observation d'un de ces animaux qui, en deux mois et demi, recut 12 grammes de pepsine dans le péritoine. L'activité antipeptique de son sérum était telle qu'un centimètre cube empèchait l’action dissolvante d'une quantité de pepsine vingt fois plus forte qu'il n'était nécessaire pour dissoudre la gélatin® en présence d'un sérum normal. L'anticorps n'apparaîts dans le sérum que tardivement, au bout de deux mois dans le cas cilé. De plus, de même que pour d'autres antienzymes, l@ 1 Comptes rendus des Séances de la Soc. de Bi1og1@s séance du 21 juin 1902. ? Archives de Neurologie, 1904, p. 463. 3 J'ortschritte der Medicin, t. XX, 1902. - production de l'antipepsine ne dépasse pas une certaine _ limite de production. Et, contrairement à ce qui se passe pour les anlito- xines, une grande quantité de sérum est nécessaire ‘pour empêcher l’action d’une très petite quantité de pepsine. Dans le tableau donné par M. Sachs, on relève que, pour neutraliser 0 gr. 25 de pepsine, il faut 1 cen- timètre cube de sérum. $ 5. — Sciences médicales Influence du glucose sur le Staphylocoque pyogène. — Dans un récent travail, fait à l'Institut ygiénique et bactériologique de Strasbourg, M. H. Kayser ‘ a repris l'étude de l'influence du glucose sur la production de toxine du Staphylocoque pyogène (aureus et albus). Pour mesurer le degré de virulence, il a pratiqué des inoculations dans la chambre anté- rieure de l'œil du lapin, qui produisent, selon la noci- . vité de la culture employée, tantôt une crise exsudative légère, tantôt une iridocyclite purulente, tantôt enfin une panophtalmie ou même une infection générale: Il a pu se rendre compte ainsi qu'un Staphylocoque cultivé dans du bouillon glucosé à 2°/, perd d'une manière durable et très appréciable sa virulence; l'acidité du milieu ne paraît pas pouvoir être mise en cause, car l'acide produit était neutralisé au fur et à mesure de sa fabrication, grâce à l'addition de carbonate de chaux. Le pouvoir hémolytique des Staphylocoques cultivés en milieu sucré est passagèrement diminué. Mais, d'autre part, le sucre favorise remarquablement le développe- ment quantitatif du microbe et, comme on pouvait s’y attendre, la production d'acide. $ 6. — Géographie et Colonisation L’Expédition Kozlov en Asie centrale. — Le voyage de près de deux ans et demi que M. le Lieu- tenant Kozlov vient d'accomplir dans l'Asie centrale, avec MM. Ladyghine et Kaznakov, s'est achevé avec le plus grand succès et a donné d'importants résultats scientifiques, qu'il peut être intéressant d'enregistrer brièvement. Chargée par la Société impériale russe de Géographie de compléter les lacunes de la carte du Gohi et du Tibet oriental, la Mission, qui était partie de ja station Altaïskoïé le 14-26 juillet 1899, est rentrée heureusement à Kiakhta le 17-30 novembre 1901. Il s'agissait d'abord, pour les explorateurs, de suivre 'Altai Mongol dans toute sa longueur, en passant le plus près possible de son axe ainsi que de son versant sud, pour compléter ainsi les explorations de Potanine et de Pievtsov (1876-1878). Passant la frontière russo- chinoise, M. Kozlov remonta la vallée du Kobdo, jusqu à la ville de ce nom, pendant que MM. Ladyghine et Kaz- …nakov exploraient les vallées du Tsagan-Gol et du “Kobdo-Gol jusqu'au lac Kobdo, et rejoignaient Kobdo “par la vallée de la Bouiountou, étudiant en chemin les populations de cette région, Mongols-Ouriankhs et Kir- ghiz-Kirei. F E — Laissant Kobdo à la fin d'août, M. Kozlov gagna la “allée qui sépare la chaine septentrionale de la crête “méridionale, et arriva en vue du lac Khoudouk-Nor, où Se, termine la chaine de l’Altain-Nourou, ayant déter- miné-et reconnu d'une facon exacte la situation des nombreux lacs qui s'échelonnent dans cette région. Le relief du pays, ici comme plus à l’est, ne ressemble pas au relief porté sur les cartes. Les voyageurs se dirigèrent ensuite vers l'Orok-Nor, Situé au pied du versant de la chaine septentrionale ormée ici par le grand et le petit Bogdo. Après avoir …raversé le Tatsin-Gol, qui coule au milieu de riches pâturages, M. Kozlov atteignit le massif d’Artsa-Bogdo, = H. Kayser : L'influence du glucose sur diverses pro- métés biologiques du Staphylocoque pyogène (Virulence, “production d'hémolysine, etc.) (Zeitschrift-f. Hygiene, “ol. XL, fasc. 1). S CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE S01 qui marque l'infléchissement de la chaîne vers le sud- est. Il fut rejoint, au puits appelé Tchatseringhi-Khou- douk, en face de l'énorme massif de Gourboun-Saïkhan, par M. Kaznakov, qui avait exploré le versant sud, sau- vage et désert, de l’Altaïn-Nourou. Là vivent des trou- pes d'antilopes et, au dire des Mongols, un animal nommé {aka, qui est vraisemblablement le cheval sau- vage (Equus Prjevalskri). Du point où ils étaient parvenus, les explorateurs devaient maintenant étudier séparément trois routes à travers la partie la moins connue du Gobi central. M. Kozlov choisit la plus orientale, qui passe un peu à l'est du méridien de Liang-Tchéou. Après avoir fran- chi les Monts Kouko-Morito et traversé la dépression de Goïtso, très abaissée au-dessous du niveau de la mer (600 mètres même, a-t-on dit), il arriva au grand désert de Badaïn-Djarenghi-Ilissou. C'est un vaste espace moutonné, où les sables recouvrent à peine la roche et forment des sortes de dunes, appelées « barkhanes », qui sont dirigées vers l’est-sud-est. Entre ces dunes, on trouve de petites gasis, où l’on rencontre l'eau douce à deux mètres de profondeur. Au sud de la petite nappe d'eau appelée Koukou-Bourdou, qui se trouve à l’en- droit où les cartes chinoises placent l'énorme lac Yu- Haï, on traverse la chaîne de Yabaraï par le col d’Oboto- Datou, à 1.650 mètres d'altitude. La route passe ensuite à Sokho-Khoto, ou Tchen-Fan, pour aboutir à Liang- Tchéou. L'itinéraire relevé dans le Gobi par M. Kozlov, el appuyé sur la détermination astronomique de six points, a une longueur de 910 kilomètres. M. Kaznakov, pour traverser le Gobi, prit plus à l’ouest, vers les lacs Gachioun et Sokho, puis, coupant l'itinéraire de M. Kozlov, arriva au sud-est, à Teng- yan-ing, la capitale de lAla-Chan. Cet itinéraire est intéressant par le levé complet des Sokho et Gachioun- Nor et de la basse vallée de l'Edzin-Gol, dont le cours se divise en plusieurs bras. Dans cette vallée, M. Kaz- nakoy fit une halte au campement du prince des Mongols Torgoutes. M. Ladyghine suivit la route la plus occidentale et, parti de Dalantourou, il arriva à Sou-Tchéou, par la route des caravanes mongoles, ayant effectué un par- cours de 1.000 kilomètres. Les trois voyageurs se rejoignirent à Liang-Tchéou, ayant exploré toute cette partie inconnue du Gobi en suivant trois itinéraires distincts, dont l’ensemble dé- passe 3.000 kilomètres. , L'Expédition allait maintenant se porter vers le Tsaïdam et le Tibet. Elle laissa, le 5-18 mars 1900, le camp qu'elle avait établi à Tchortynton, au sud de Liang-Tchéou, et se rendit au Koukou-Nor. Les marais du Tsaïdam furent atteints le 9-22 avril et Baroun- Tsasak le 44-27 avril. Une station météorologique y fut établie, et on y laissa deux cosaques et un traducteur, sous le commandement de l’adjudant Ivanov, pour garder un dépôt d'approvisionnements et faire les obser- vations météorologiques. M. Kozlov et ses deux com- pagnons partirent, avec le reste de l'Expédition, dans la direction des sources du fleuve Jaune. La chaîne de Boukhan-Bouddha fut traversée, le 27 mai-7 juin, par un col ouvert à 4.500 mètres au- dessus du niveau de la mer, et l'on arriva le lendemain sur les bords de l'Alyk-Nor, à 4.000 mètres ; la nappe d'eau fut explorée. Le 6-19 juin, on traversa la chaine d'Amne-Kor, qui est le prolongement à l’ouest de celle d'Amne-Matchine, visitée par Prjévalsky et Grenard. D'un autre col, situé, comme le ‘précédent, à environ 4.500 mètres, les voyageurs aperçurent lOrin-Nor (ou lac Russe) et, après deux jours de marche, ils aftei- gnirent le point où le fleuve Jaune sort du lac. Ce point se trouve à l'extrémité nord de l'Orin, et non dans son angle nord-est, comme l'indiquent les cartes. JT M. Kozloy explora les deux lacs Orin et Djarin, situés à peu près à 4.100 mètres d'altitude, et séparés par un isthme montueux, large de 10 kilomètres. Chacun d'eux a environ 440 kilomètres de tour et renferme plusieurs iles. 802 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Après avoir renvoyé dans le Tsaidam les collections et le canot démontable, le chef de la Mission, au lieu de suivre le fleuve Jaune, où des bandes armées de Golyks, qu'on avait précédemmentrencontrées, auraient probablement attaqué les voyageurs, se dirigea vers le haut Yang-tsé. La Mission traversa ce fleuve près du temple de Sogon-Gomba, en aval du point où l'avait passé Prjévalsky, et vint camper à Tjerkou. Le pays au sud de Yang-tsé6 est pittoresque et bien peuplé. Les habitants sont semi-nomades; ils font paitre leurs troupeaux à plus de 3.600 mètres, tout en se livrant à la culture dans les vallées situées plus bas. Parti de Tjerkou, M. Kozlov remonta la vallée de la Tsenda, petit affluent du Yang-tsé, jusqu'au col de Gourla, à 4.600 mètres, sur la chaîne de faîte entre le bassin du Yang-tsé et celui du Mékong. Puis, par un autre col à peu près aussi élevé, il descendit jusqu'au bord du Dzé-tchu, affluent gauche du Dza-tchu, qui sont tributaires du Mékong. Les ayant traversés l'un et l'autre, il suivit la vallée du Dji-tchu ou Nom-tchu, qui, en s'unissant au Dza-tchu, à Tchamdo, forme le Da-tchu ou Mékong. Mais le voyageur fut arrèté dans sa marche, à une trentaine de kilomètres de Tchamdo, par les fonctionnaires du Dalaï-Lama de Lhassa; Tchamdo est, en effet, à la frontière de la province tibétaine de Ou, dont l'accès est interdit aux Euro- )éens. M. Kozlov se dirigea alors vers l’est, et obtint l'auto- risation de camper dans la vallée du Re-tchu, affluent gauche du Dza-tchu. I fit là, pendant trois mois, des observations astronomiques et météorologiques, pen- dant que M. Kaznakov poussait Jusqu'au Yang-tsé-Kiang et au couvent de Dergue Goutchen, sur un de ses affluents de gauche. Les autorités tibéto-chinoises s'op- posèrent au retour de la Mission par cette route, etelle revint aux lacs d'où sort le Hoang-bo, en traversant une région qui était jusque-là inconnue. Repassant, à un an de distance, au lac Russe, la Mission souda en ce point son itinéraire à celui qu'elle avait précédemment suivi. M. Kozlov revint alors à Baroun-Tsasak, dans le Tsaidam, où, pendant tout le temps de son absence, l'adjudant Ivanov avait continué à faire des observations météorologiques, qui sont au nombre des plus impor- tants résultats scientifiques de la Mission. C'est la pre- mière fois que des travaux de ce genre ont été exécutés au cœur de l'Asie. Le retour de la Mission s'est opéré de là par le Kou- kou-Nor, l'Ala-Chan, le Gobi, Ourga et Kiakhta. L'Expédition Kozlov à donc traversé, dans ses parties les moins connues, le grand plateau central de l'Asie et le désert de Gobi, et exploré la région d’où descendent les grands fleuves de l'Asie orientale, Hoang-ho, Yang- tsé, Mékong; elle à relevé des territoires complètement inconnus et rectilié sur de très nombreux points les cartes existantes. 12.000 kilomètres d'itinéraires ont été levés à la boussole. En outre, la Mission a fait quarante déterminations astronomiques et environ mille déterminations barométriques d'altitude ; partout où elle à passé, elle a recueilli de nombreux rensei- gnements sur la géographie, lethnographie, l'histoire et le commerce; les observations météorologiques faites dans le Tsaïdam sont, nous l'avons dit, très importantes; entin, la Mission rapporte 200 clichés photographiques et des collections considérables 1.200 échantillons de un très riche herbier, une collection zoologique de premier ordre, qui ne compte pas moins de 1.500 oiseaux, 500 reptiles et poissons et plus de 30.000 insectes. Gustave Regelsperger. 1 roches, A Madagascar. — A la suite de la guerre du Transvaal, Majunga est en voie de devenir un centre important de commerce de bœufs pour l'exportation sur la côte orientale d'Afrique. Le portde Majunga, qui, 1 1901, n'avait exporté que deux bœufs, à Chargé près 6.000 bœufs pendant les cinq premiers mois de 1902. omme il est permis de l’espérer, la situation se maintient, il en résultera un vif essor pour les diverses entreprises d'élevage sur la côte ouest. À ce propos, il est regrettable que l'initiative de ce commerce de bœufs ait été prise et conservée jusqu'à ce jour par des com merçcants élrangers, qui ont réalisé ainsi de gros bénélices, évalués à plus de 100 francs par tête de bétail exporté. Signalons l’intéressant essai d'élevage d'autruches qui va être tenté à Madagascar. On attend l'arrivée à Majunga d'un lot de jeunes autruches qui seront ex- pédiées dans la région de Tuléar, où l’on rencontre de nombreux débris d'œufs d'Æpyornis et qui, en raison de son climat, paraît être la région de l'ile la plus pro- pice à ce genre d'élevage. La Mission de Bozas au pays des Aroussi. — La Géographie vient de publier le récit de l'explora- tion de M. du Bourg de Bozas dans le pays des Aroussi (Ethiopie méridionale). Voici, d'après le chef de la Mis- sion, les résultats obtenus au triple point de vue géolo- gique, botanique et zoologique : 1. Htésultats géologiques. — Le relief du sol de l'Ethio- pie s’expliquerait simplement. D'abord, un soulèvement aurait amené à une altitude considérable les épaisse couches de terrains sédimentaires jurassiques; puis, à une époque qui n'a pu être fixée, il s'est produit des éruptions de basaltes et de laves qui, en certains endroits, peuvent attemdre une épaisseur de plus de 2.000 mètres. L'étude des terrains sédimentaires montre ce fait inté- ressant que les couches sont, à l'exception de quelques accidents locaux, d’une horizontalité parfaite. Les mê- mes terrains, déterminés par les fossiles ou par les carac tères pétrographiques, se retrouvent toujours, même en des points éloignés, à la même hauteur, laquelle ne dépasse jamais 2.200 mètres. Au sud du Choa, ces ter- rains sédimentaires atteignent une altitude beaucoup moindre; cependant, l'existence de montagnes isolée et constituées par ces dépôts montre clairement: qu'autrefois ces roches sédimentaires s'étendaient ver. le sud toujours avec les mêmes caractères. La présence de semblables montagnes sédimentaires en des points reculés de l'Afrique (plateau de Tibesti, monts de l’Afri que australe, monts de Cristal, etc.) pourrait peut-être faire admettre l'hypothèse que Afrique entière a été sou: levée en mème temps que l'Abyssinie et que son relief aetuel est dû à l’action des agents métlamorphiques et atmosphériques. Dans les vallées d'un grand nombre de fleuves se trouvent de riches dépôts quaternaires. Aux environs de Harrar, à Ouarka, on a rencontré, dans du diluvium gris, des silex taillés et des ossements de Mam: mifères quaternaires. A Sagak, un foyer préhistorique a été découvert en place, à la partie inférieure de sédis ments quaternaires. Enfin, les parties supérieure constituées par des alluvions grises et rouges, contez= naient des coquilles de Potamides et de Planorbes vivani encore actuellement dans le pays. La Mission a fait une abondante récolte d'objets en pierre taillée qui, s vant les localités, étaient du quartz, du silex, du grès, de lopale et de lobsidienne. 2. Hésultats botaniques. — Les différences d'altitude considérables que l’on trouve en Abyssinie, la profon deur des ravins et leur faible largeur, facilitent dans cette région l'étude de la Géographie botanique. L'al tude et l'humidité semblent être les deux facteurs les plus actifs, tandis que l'orientation des végétaux et le nature du sol paraissent n'avoir qu'une faible influences Les montagnes dont l'altitude dépasse 2.000 mètres sa couvertes d'une riche végétation arborescente (gen! vriers, oliviers, figuiers, etc.); c'est à partir de ce nivea que l’on commence à trouver des plantes herbacées M faciès européen. Cette flore des hauteurs peut se retrou ver à une altitude très faible quand elle a de l’eau en abondance, par exemple au fond des vallées profon ment encaissées. Dans les champs cultivés, de mauya ses herbes semblent identiques aux espèces européennt fumeterre, renoncule, datura, mourons blanc et bleu Au-dessus de 2.000 mètres, la flore se transforme con=K L -sidérablement. Dans les régions désertiques à régime _pluvial irrégulier et peu abondant se trouvent des arbres à encens et à myrrhe, ainsi qu'une vingtaine d'espèces “d'arbres voisines. Tous ces végétaux, et même ceux qui appartiennent à des familles assez éloignées, ont un fa- “ciès identique : leur tronc est tordu et vert; lesbranches, “épineuses, sont dépourvues de feuilles pendant presque toutel année, car elles n'en acquièrent que pendant quel- ques jours à la suite des pluies. La floraison et la fruc- pulication se font très rapidement. Pendant la plus grande partie de l'année, ces arbres n’assimilent que faiblement, grâce à leur écorce verte, chargée de chlorophylle. Dans “ces mêmes régions abondent des euphorbes et des mi- mosas. La flore herbacée est pauvre: cependant les Labiées, presque toujours pourvues d'épines, y sont abondamment représentées. 3. Résultats zoologiques. — La faune de 1'Abyssinie est surtout intéressante au point de vue de la distribu- tion géographique. Parmi les Mammifères, à part quel- ques espèces comme les hyènes, les éléphants, indiffé- rentes au climat et à l'altitude, on est à peu près cer- tain de retrouver les mêmes animaux en des points éloignés, mais identiques comme climat. Des animaux du même genre (Koudous), parfois de la même espèce lions), vivant dans les régions froides, sont différents e ceux qui vivent dans les régions chaudes. Parmi les espèces particulières à la région, il faut signaler le loup d’Abyssinie, carnassier intermédiaire, comme taille, “entre le chacal et le loup d° Europe; son pelage rappelle celui du renard ordinaire, mais sa queue est moins fournie et n'a pas l'extrémité des poils noire. La forme “allongée du crâne et de la face permet de le distinguer - facilement du Lupus vulgaris. Ces animaux, qui vivent “par bandes de 6 à 12 individus, commettent de grands ravages parmi les troupeaux ; ils sont surtout nombreux “dans les hautes montagnes du pays des Aroussis, où la Mission en a recueilli deux spécimens, peaux etcrânes pour le Muséum. Les Oiseaux semblent indifférents au climat : ainsi L'on retrouve les mêmes espèces d'Echassiers et de Pal- “mipèdes, aussi bien à 3.000 mètres d'altitude qu au bord de la mer. La faune entomologique est peu riche. Les abeilles, cependant, sont assez abondantes etles indigènes récol- ‘tent beaucoup de miel dans les anfractuosités des arbres ou des rochers. Les moustiques ne se trouvent guère au-dessus de 3.000 mètres d'altitude; ceux du genre Anopheles, qui transmettent la fièvre, se trouvent dans Jes régions chaudes, mais jamais à une altitude supé- rieure à 1.900 mètres. La faune des Invertébrés aquatiques est peu riche et d'une grande uniformité. Les mèmes formes s'obser- vent dans les affluents de la mer Rouge, de l'océan Indien et de la Méditerranée. — Enlin, la Mission a pu faire de nombreuses mensura- Dion anthropométriques et prendre un grand nombre de clichés intéressant l'Ethnographie. De plus, grâce aux “instruments emportés (microscope, tubes de culture bac- “ériologique, etc.), certaines maladies exotiques ont pu être étudié s. C’est ainsi qu'une maladie, qui n'était con- “nue jusqu ici que dans quelques points de l'Afrique occi- lentale, a été trouvée et étudiée au centre d Ogaden. 4 maladie, décrite sous le nom de pied de Madura «ou mycétome, est produite par un champignon qui, pour le première fois, a pu être isolé et cultivé, et qui à été + l'objet d'une communication récente à l’Académie de Médecine. Des observations furent également faites sur ‘une maladie produite par le développement d'un Try- F anosome dans le sang et qui fait périr les chevaux, À VOPRPOS D eu Ou ee FN TER CD “les mulets, les ânes et les chiens. D'autres maladies exotiques sont actuellement en observation; ces recher- ches donneront, sans doute, d'intéressants résultats. … Au Laboratoire colonial du Muséum. — Le laboratoire qui a été créé au Muséum, et dont la direc- | tion a élé confiée à notre collaborateur M. Henri Lecomte, se prépare à organiser un petit musée qui CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 503 pourra rendre de réels services aux explorateurs. Il s'agit, en effet, de rassembler dans quelques vitrines les objets indispensables à la capture des animaux et à la récolte des plantes. Or, on sait dans quel embarras se trouve le jeune explorateur à la veille d'un voyage en pays lointains: son outillage ne lui semble jamais suffisant : aussi s'encombre-t-il d'appareils et d° on ments souvent inutiles. Au Laboratoire colonial, il pourra donc trouver, lorsque ce musée sera organisé, une simple et rapide lecon de choses qui le renseignera non seulement sur les instruments à emporter, mais aussi sur les procédés à employer pour la capture et la conservation des petits et gros animaux. Puisque nous parlons du Laboratoire colonial, disons que son directeur vient d'être prié par le Syndicat de l'industrie cotonnière française de vouloir bien lui don- ner un exposé des conditions de culture du coton en Egypte. Ce syndicat aurait, en effet, l'intention d'im- porter la culture du coton dans le Soudan francais, région dont les conditions climatériques semblent ana- logues à celles d'Egypte, et qui pourrait, si cette culture du coton était possible, posséder là une nouvelle source de richesses. A Enseignement, Universités et Sociétés Personnel universitaire.— M.Gaucher, agrégé, est nommé professeur des Maladies cutanées et syphi- litiques à la Faculté de Médecine de Paris. M. Coutière, agrégé, chargé de cours à l'Ecole de Pharmacie de Paris, est nommé professeur de Zoologie à la dite Ecole. M. Perrot, agrégé, chargé de cours à l'Ecole de Phar- macie de Paris, est nommé professeur d'Histoire naturelle des médicaments à la dite Ecole. M. Gérard, chargé de cours près la Faculté de Méde- cine de Lille, est nommé professeur de Pharmacie à la dite Faculté. M. Collet, professeur de Calcul différentiel et intégral à la Faculté des Sciences de Grenoble, est nommé pro- fesseur d'Analyse infinitésimale à la dite Faculté. M. Andrade, chargé de cours à la Faculté des Sciences de Besançon, est nommé professeur de Mécanique rationnelle et appliquée à la dite Faculté. M. Perreau, chargé de cours à la Faculté des Sciences de Besancon, est nommé professeur de Physique à cette Faculté. M. Queva, chargé de cours à la Faculté des Sciences de Dijon, est nommé professeur de Botanique à cette Faculté. M. Guérin, agrégé, est nommé professeur de Toxico- logie et Analyse chimique à l'Ecole de Pharmacie de Nancy. M. Grélot, agrégé, est nommé por he de Phar- macie galénique à l'Ecole de Pharmacie de Nancy. M. Favrel, chargé de cours à l'Ecole de Pharmacie de Nancy, est nommé professeur de C himie à cette Ecole. M. Charles Pérez, Docteur ès sciences, est chargé d’un cours de Zoologie à la Faculté des Sciences de Bordeaux. M. Le Roux, Docteur nces, est chargé d'un cours de Mathématiques appliquées à la Faculté des Sciences de Rennes. M. Lebesgue, Docteur ès sciences, est nommé maitre de conférences de Mathématiques à la Faculté des Sciences de Rennes. ès sc ie M. Paquier, Docteur ès sciences, préparateur de Géologie à la Faculté des Sciences de Grenoble, est nommé maitre de conférences de Géologie à la Faculté des Sciences de Lille. M. Charve, professeur de appliquée à la Faculté des Sciences de Marsei nommé doyen, pour trois ans, de la dite Faculté. M. Cotton, maître de conférences de Physique à la Faculté des Sciences de Toulouse, est chargé des fonc- tions de maître de conférences de Physique à l'Ecole Normale Supérieure. Mécanique rationnelle Ile, est 80% W. RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE LES GAZ DE L’'ATMOSPHÈRE La découverte de l’argon, en 1894, suivit la publication faite par lord Rayleigh qui, dans le cours de ses travaux sur les densités des gaz, avait trouvé que l'azote de l'air atmosphérique possède une densité supérieure de 1/230 à celle de l'azote provenant de sources chimiques. Ce phénomène était absolument inattendu, et per- sonne n'en avait soupconné la cause jusqu'au 18 aout de cette même année, date à laquelle nous annoncämes qu'il faut altribuer cette différence à la présence, dans l'azote atmosphérique, d'un nou- veau gaz, auquel nous avons donné le nom d'« argon ». Il faut donc avouer que la découverte de l'argon était une espèce d'accident; accident, pourtant, qui devait son origine, d'abord à Ca- vendish, puis aux recherches très délicates d'un maitre dans l’art de l'expérimentalion. S'il m'est permis d’altribuer le mot « accident » à la découverte de l’argon, celle de l'hélium a d'aulant plus ce caractère. M. Hillebrand, le célèbre minéralogiste du Bureau géologique de Washington, en faisant l'analyse de certains minéraux urani- fères des États-Unis, fut frappé du fait qu’en les ebauffant au rouge, ou en les {railant par l'acide culfurique, ils laissaient échapper un gaz quil avait pris pour de l'azote. La clévéite, en particu- lier, lui avait fourni un plus grand rendement de ce gaz qu'aucun autre minéral. J'étais alors à la recherche d'indications qui pussent me mettre sur la voie de la synthèse des composés de l'argon; je me suis procuré une quantité suffisante de ce minéral, et, selon les procédés indiqués par M. Hillebrand, je l'ai fait bouillir avec de l'acide sulfurique étendu. Le gaz qui s'échappait ne pré- sentait pas, cependant, le spectre de l'argon; il montrail une raie identique à celle observée pour la première fois par M. Janssen, à l’occasion d'une éclipse de Soleil qui eut lieu en 1868, et que l'on crovail d'abord appartenir à l'hydrogène. MM. Frankland et Lockyer, qui firent une étude spéciale de cette ligne spectrale pour l'identifier, eurent l'idée qu'il fallait l'attribuer à un élément jusqu'alors inconnu sur la Terre, et qu'ils ont, en conséquence, nommé « hélium ». Le. spectre de l'hélium, qui comprend d'autres lignes, rouges, vertes et violettes, explique la présence de ces lignes dans le spectre de plusieurs des étoiles fixes. La découverle de ces deux élémentaires élait donc, d'une cerlaine manière, fortuite. Celle gaz des autres éléments de ce groupe, le néon, le: crypton et-le xénon, ne possède rien de ce carac- tère ; elle demanda une recherche longue et pénible, qui dura plus de deux ans. Il n'est pas nécessaire de rappeler que, la den- silé de l'hélium étant 2, celle de l'argon 20, et le rapport entre les chaleurs spécifiques à volume et à pression constants étant égal à 1 2/3, les poids atomiques sont respectivement 4 et 40. Or, les éléments qui précèdent et qui suivent l'hélium et l'argon dans la table périodique sont : d'un côté, l'hydrogène et le lithium; de l’autre, le chlore et .le potassium. Ces éléments, et d'autres qui se trouvent dans les mêmes colonnes, sont indiqués dans le tableau ci-dessous : Iydrogène. Hélium. Lithium. 1 4 il Fluor. ? Sodium. 19 23 Chlore. Argon. Potassium. 95,9 40 39 Brome. ? Rubidium. 80 85 lode. ? Cæsium. 127 133 9 9 9 Il était évident, à première vue, que, dans la colonne dont lhélium est le premier élément, il en manque d'autres qui correspondraient : au fluor, au brome et à l'iode, d'un côté; au sodium, au rubi- dium et au cæsium, de l'autre. En choisissant un sujet pour mon adresse de président de la Section chimique de l'Association Brilannique, à l'occasion de sa visite à Toronto, au Canada, j'avais pris pour titre : « Un gaz inconnu ». J'aurais pu prédire l'existence de trois gaz inconnus, mais le rôle de prophète n'était pas de mou goût, et je ne voulais pas courir le risque d'une méprise par une trop grande fécondité de prédictions. Il n'était pas difficile de nommer les propriétés de ce gaz inconou : il devait bouillir à une température encore plus basse que l'argon ; il devait montrer un spectre aussi brillant, mais plus compliqué que celui de l'hélium ; et, comme les deux gaz déjà connus, il devait être inactif, n'entrant pas en combinaison avec les autres élé- ments. Enfin, il devait êlre placé entre l'hélium et l'argon. Le champ d'opéralion pour la recherche de cet élément était suffisamment étendu — aussi grand que l'Univers. D'abord, M. Collie et moi, NOUS AVONS | | | | essayé d'exploiter les minéraux, car il nous a paru … probable que le nouveau gaz devait se trouver » associé avec l'hélium. Les autorités du Musée bri- rs tannique eurent l’obligeance de nous fournir des échantillons de la plupart des minéraux; nous … les avons chauflés les uns après les autres, et, ‘parmi plus d'une centaine, vingt environ nous ont _ donné plus où moins d’hélium ; un seul, le mala- -cone, nous à fourni un gaz qui monlrait le spectre -de l'argon. Nous avons commandé de plus grandes -quantilés des minéraux qui nous avaient donné un rendement considérable de gaz; ils élaient tous ‘uranifères ; l'étude des spectres ne nous a révélé ‘aucune ligne nouvelle. A celte époque, M. Lockyer et d'autres astro- nomes avaient l'idée que l'hélium doit être un mélange ; car on avait remarqué que, dans certaines étoiles, la raie verte était beaucoup plus forte que la raie jaune. Pour résoudre cette queslion, nous avons exéculé une diffusion méthodique de l'hélium provenant de diverses sources, ce qui nous à occupés pendant plus de trois mois. Au bout de ce temps, aucun résultat ; nous n'oblenions que de l'hélium, que nous croyions être parfaitement ho- mogène, et, en même temps, un résidu qui donnait le spectre de l'argon assez distinctement. Je peux, néanmoins, anliciper sur les événements en disant que nous avons réussi, en faisant passer 500 centimètres cubes de cet hélium à travers un serpentin en verre, plongé dans l'hydrogène liquide, à séparer un résidu solide, d'un quart de centimèlre cube, qui montrait, non seulement le spectre del'argon, mais les deux raies, l’une jaune, l'autre verte, si caractéristiques du crypton. Pour ce travail, j'ai eu l'aide précieuse de M. Travers. Il faut mentionner, en passant, que M. Travers a démontré que la raie verte de l'hélium se renforce lorsqu'on réduit la pression, et qu'il n'est pas pos- sible d'isoler deux espèces de matières, dont le spectre de l'une présente une raie verte, l’autre, une raie jaune. Les méléorites ont ensuite été l’objet de notre altention. Gràce à l’amabilité du lieutenant Peary, explorateur polaire, j'ai: obtenu un assez grand échantillon de la célèbre météorite de Groënland ; on a eu l'obligeance de m'envoyer une météorite de Virginie (États-Unis), et sir William Huggins, en ce moment président de la Société Royale, a mis à ma disposition six petits aérolithes. Ce fut celle provenant de la Virginie qui, seule, a fourni du gaz inaclif; elle contenait l'argon et l'hélium. Pendant les derniers jours, on m a envoyé encore un échantillon d'une autre météorile de prove- nance semblable; on soupconne qu'elle appar- tenait au même essaim que celui que j'avais déjà examiné; son rendement en gaz fut très faible et DIT PE PONT IE TS EI CE OR EEE RE ER EE. VW. RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE 805- elle ne contenait qu'une trace d'hydrogène, la plus grande partie étant formée de méthane: le résidu, après élimination de tous les gaz ordinaires, montra un très faible spectre d’argon. J'ai cru apercevoir, en même temps, la raie verle de l'hélium, mais je n en suis pas certain. Les eaux minérales ne nous ont fourni que de l'hélium et de l’argon. Les sources thermales de Bath, nommées par les Romains « aqua solis » (serait-ce une prévision de la découverte de l'hé- lium ?), fournirent un gaz qui présentait les spec- tres de l’argon et de l'hélium après que les autres gaz eussent été éliminés. M. Travers et moi, répé- tant les expériences de MM. Troost et Bouchard, avons examiné les eaux de Cauterels, les eaux sul- fureuses et les eaux d'Islande, sans pouvoir aper- cevoir de lignes inconnues. Enfin, après avoir épuisé toutes les sources imaginables dans la recherche de l'élément soupconné, nous l'avons finalement trouvé tout aulour de nous. Cela ne rap- pelle-t-il pas ce qui arrive souvent lorsque, cher- chant partout ses lunettes, on les trouve enfin sur le front? Il en est toujours ainsi, et je crois n'ex- primer qu'une opinion banale, en disant que l’on commence toujours par l'appareil le plus com- pliqué, que l'on se sert toujours des méthodes les plus compliquées, pour simplifier ensuite méthodes et appareils à mesure que le travail progresse. Les gaz déjà connus, l’argon et l'hélium, étant inactifs, les autres, appartenant au même groupe, devaient avoir le même caractère; il fallait done les chercher dans l'air atmosphérique, car, selon toute probabilité, ils devaient conserver l'état ga- zeux jusqu à une lempéralure assez basse. Grâce à l'obligeance de M. Hampson, inventeur d'un appa- reil excellent pour opérer la liquéfaction de l'air’, qui donne, pour une force de 5 chevaux, un rende- ment de près d'un litre et demi par heure, nous avons expérimenté avec un litre de ce liquide pré- cieux. Après nous être familiarisés avec le manie- ment de cet agent nouveau, nous en avons laissé évaporer la plus grande partie. Après avoir purifié, selon les méthodes maintenant bien connues, le litre de gaz fourni par l'évaporalion de la dernière goutte de liquide, nous avons été frappés, en exa- minant son spectre, de la présence de deux lignes, l'une verte, l’autre toutes les deux d’une intensité extraordinaire ; et de ce mé- lange, pour la plus grande partie formé d'a était 22,5 au lieu de 20. M. Berthelot eut l’obligeance d'annoncer à l’Aca- démie des Sciences l'apparition d'un nouveau-né, jaune, la densité r£on, sous le nom de erypton, nom qui signifie « caché ». 1 Voyez l'article de M. TiLbEx sut l'appareil Hampson dans la Revue du 15 avril 1896, t. VII 329 et 330: S06 W. RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE En altendant l'envoi d'air liquide qui été promis par M. Hampson, M. Travers nous avait avait pré- — environ quinze litres. Nous étant procuré une plus grande quantité d'air liquide, nous ne tardämes pas à li- quélier cet argon, en le faisant entrer dans une ampoule entourée d'air liquide, bouillant sous pres- sion réduile. L'appareil élail arrangé de telle facon qu'il était possible d'isoler les premières, ainsi que les dernières fractions du gaz, daus des réservoirs paré une assez grande quantité d'argon à mercure, landis que les portions moyennes en- traient dans le grand gazomètre à eau qui avait servi à contenir l'argon brut. Une détermination de la densité de ces différents échantillons montra que les parties du gaz qui bouillaient à la plus basse température devaient contenir un corps plus léger que l'argon, les dernières fractions, cepen- dant, n'étaient guère plus lourdes que l'argon lui- même. Nous en avons déduit, par conséquent, que la teneur de l’argon brut en gaz léger devait être beaucoup plus considérable qu'en gaz lourd. Un tube de Plücker, chargé de gaz léger, nous a mon- tré un spectre superbe, caractérisé par une foule de lignes rouges et oranges, et qui donnait une lu- mière intense couleur de feu. Ce fut ainsi que nous découvrimes le néon, élément qui devait se trouver entre l'hélium et l'argon dans le tableau périodique des éléments. Il fallait ensuite nous procurer un appareil pour liquéfier l'air, afin de pouvoir opérer avec des quantités plus grandes; mais cela demandait du temps. En attendant, nous avons essayé de puri- fier le néon et le crypton, mais sans succès, à cause de la faible quantité dont nous disposions. Il est inutile de dire que la méthode consistait à les frac- tionner d'une manière méthodique. Dans ces opé- rations, nous nous sommes servis de plus de trente litres d'air liquide; nous avons pris soin de ne pas jeter les dernières portions, et nous avons réussi à préparer une quantité considérable de cryplon. Mais ce crypton se comportait d'une facon capricieuse : tantôt plus léger, tantôt plus lourd. Nous restämes longtemps sans en découvrir la cause. Le résidu obtenu après avoir liquéfié et épuisé par la pompe l'argon, qui possède une ten- sion de vapeur de beaucoup supérieure à celle du crypton, ne paraissait pas s'évaporer d’une manière uniforme ; il restait toujours comme résidu une substance blanche, avant une tension de vapeur encore moindre que celle du crypton. L'examen du spectre de ce gaz donna l'explication du phéno- mène. Les lignes jaune el verte du crypton étaient beaucoup affaiblies, et elles étaient remplacées par un spectre moins brillant. Par l'interposition d'une bouteille de Leyde, la lumière émise possédait une | ‘uleur bleu ciel, et le spectre montrait des lignes nombreuses, spécialement dans la région verts et bleue; ce spectre appartient encore à un nouvel. élément, auquel nous avons donné le nom de | xénon, l'étranger. IT Pour obtenir ces éléments en quantité suffisante, il nous fallait recommencer la série des opéra tions. Je décrirai d'abord le procédé gràce auquel. nous réussimes à séparer le néon de l'air, sans nous. donner la peine de commencer par la préparation de l'argon sur une grande échelle. La machine qui nous a servi à liquéfier l'air consiste en une pompe White- head, compri- mant l'air à une pression de 180 atmosphè- res, el un appareil de liqué- faction. Le principe bien connu de ce dernier est l'é- chappement de l'air à travers une soupape située à la partie inférieure de l'appareil ; l'effet Joule-Thomson est ainsi utilisé, et l'air refroidi passe autour du serpentin de cuivre, qui sert à conduire l'air comprimé à la sou- pape. L'air, déjà refroidi par sa dilatation, absorbe la chaleur du serpentin; le jet d'air se refroidit progressivement, et, huit minutes après la mise en marche de la machine, l'air liquide s'écoule. On le reçoit dans des flacons à doubles parois. Il est évident que l'azote, dont le point d'ébullilion est moins élevé que celui de l'oxygène, se liquéfieraen moins grande quan- lité que ce dernier. À plus forte raison, les gaz les plus légers, le néon et l'hélium, conserveront l'état gazeux. Or, en utilisant l'air liquélié, bouillant sous pres- sion réduite, pour refroidir l'air l qui échappe à la liquéfaction, comprimé sous une. pression de plus d'une atmosphère, le mélange! des gaz légers se liquéfie à son tour dans l'am-| poule à (fig. 1). Après avoir récolté environ un demi-lilre de ces gaz liquéfiés, nous les avons fail bouillir en abaissant la pression, et en faisa passer à travers le liquide, en ouvrant le robinet}, les gaz les moins tiquéfiables. Une espèce de fra tionnement a lieu, et le premier quart des ga | évaporés se rend dans un gazomètre. La partie inu= ties les moi liquéliables l'air atmosp rique (prépa tion du néon) — à, ampoule où se liquéfie mélange de légers: b, d, biuets; c, tub e, vis de p sion. | | ile est rejetée, à travers €, dans le récipient qui a servi a refroidir les gaz liquéfiés. De cette ma- nière, nous avons rempli un gazomètre de 180 litres d'un mélange qui contenait de l'azote, en quantité prépondérante, de l'oxygène et des gaz encore plus | cer Pour éliminer l'oxygène et l'azote, nous nous J0 S sommes servi, comme à l'ordinaire, de cuivre chauffé au rouge, et d’un mélange de magnésium et chaux, selon le procédé recommandé par M. Ma- quenne. Il nous resta plus d’un litre d'argon; nous Vavons liquéfié, et, grâce à un fractionnement “méthodique, nous avons séparé cinquante centi- mètres cubes d'un gaz qui montrait le spectre du néon. La séparation du néon de l'argon, quoique ‘pénible, ne présente aucune difficulté. Mais nous ne tardämes pas à reconnaitre que nous avions affaire à un mélange de néon et d'hélium. Pour être d'accord avec le tableau périodique, il fallait, “en effet, que le néon eût une densité égale à 10; mais la densité de notre échantillon, presque it donc chercher un moyen de solidifier le néon, tout en laissant l'hélium à l’état gazeux. Il n'existe qu'un moyen pour cela : c'est l'emploi “le premier à liquéfier l'hydrogène; mais il ne l’a pourtant obtenu qu'à l'état de brouillard. M. Dewar, r à produire l’hydro- ène liquide. M. Travers a fait le projet de la machine, et, aidé par M. Holding, notre mécani- “cien, s'est chargé de la construire. Je ne m'éloignerai pas beaucoup de mon sujet en disant quelques mots à propos de ces expé- riences. L'hydrogène, préparé selon la méthode ordinaire, au moyen de zinc et d'acide sulfurique “étendu, après lavage à la soude caustique, au ichromate et au nitrate d'argent, entre dans un gazomètre en fer dont l'eau a été préalablement | saturée avec l'hydrogène. De là, il entre dans le compresseur Whitehead, et, après compression, passe à travers un cylindre al de potasse caus- Mique solide, qui le débarrasse d'eau et d'acide \carbonique. Il passe ensuite à travers un tube en euivre, plongé dans un mélange d'acide carbo- nique solide et d'alcool, d'où il se rend dans un Serpentin semblable, entouré d'air liquide. Le ser- pen tin est relié à l'appareil de liquéfaction. Celui-ci diffère de l'appareil Hampson ; le serpentin tra- verse deux chambres, dont la supérieure contient à [ rs W. RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE 807 de l’air liquide bouillant à la pression ordinaire ; l'inférieure, dans laquelle on laisse entrer de temps en temps l'air liquide au moyen d’une soupape provenant de la chambre supérieure, communique avec une pompe, qui réduit la pression jusqu'à 10 centimètres, et conséquemment abaisse la tem- pérature de l'air bouillant. Le serpentin, après avoir traversé cette chambre, refroidie à — 205, se rétrécit, c'est-à-dire que les spires deviennent plus rapprochées les unes des autres. La parti inférieure est entourée d’un tube à doubles parois, lui-même entouré d'un tube plus large qui con- tient un autre récipient à doubles parois, servant à recevoir l'hydrogène liquéfié. Il faut commencer l'opération par la préparation de 8 à 10 litres d'air liquide. On neltoie la pompe, on fait les connec- tions à la machine qui sert à liquéfier l'hydrogène, et l’on comprime celui-ci, refroidi à — 205°, jus- qu'à 150 atmosphères, pour intensifier l'effet Joule- Thomson. Le gaz, s'échappant par la soupape infé- rieure, Se refroidit au-dessous de son point d'ébul- lition à la pression atmosphérique, et le liquide s'écoule dans le récipient à vide. Une fois tous les préparatifs finis, l'opération ne dure pas long- temps; en une demi-heure, on obtient près d’un demi-litre d'hydrogène liquide. Comme on le sait, c’est un liquide incolore, mobile ; il se con- serve facilement quelque temps dans un tube à vide argenté, entouré d'air liquide. Gräce à cet agent puissant, la séparation du néon et de l'hélium n'a présenté aucune difficulté, le néon se transfor- mant en un solide blanc, et l'hélium restant gazeux. Le fractionnement de la partie la plus dense des gaz inactifs était assez délicat; à la température de l’air liquide, l'argon reste gazeux, tandis que le crypton et le xénon se congèlent; mais, naturelle- ment, lorsqu'on ne possède que peu de gaz rares, on désire en tirer tout le parti possible. En con- séquence, l'argon séparé par la pompe ne fut pas rejeté; nous l'avons liquéfié plusieurs fois pour obtenir tout le crypton et le xénon qu'il contenait. Le crypton possède une tension de vapeur de plu- sieurs millimètres, même à — 185°, et, quoique solide, il se vaporise plus facilement que le xénon ; mais une séparation complète demande plusieurs répétitions du fractionnement. Qu'on se figure, par exemple, la séparation de l’hexane et de l’octane, et l’on aura une idée de la marche du procédé. III Ayant obtenu les gaz à l’état de pureté, nous nous sommes mis ensuite à en déterminer les pro- priétés physiques, en première ligne la densité. Les quantités disponibles étaient, cependant, bien pelites. Nous possédions environ 20 centimètres cubes de néon, 10 de crypton et 4 de xénon. Pour les peser, nous nous sommes servi d'une balance d'OŒrtling dont la sensibilité surpassait un ving- tième de milligramme. Les ampoules ne contenaient respectivement que 30 et 7 centimètres cubes. Le poids tolal du néon que nous avons pesé n’était que de 11 milligrammes, celui du crypton de 15 milligrammes et celui du xénon de 12 milli- grammes. Les densités trouvées sont : INÉDIT RS RAT c'e 9,96 COYDION EEE CNE ER TS RERO CUS Lee le VE ei EE ONU Les poids atomiques sont, par conséquent : NéOD ER ee RE TUE CRYPLON RP OO OA NÉDON ea ee cn Teens EAU Sur de si petites quantités nous n'avons pas essayé de déterminer le rapport des chaleurs spécifiques des gaz purs ; mais plusieurs déterminations faites avec des échantillons encore impurs nous ont tou- jours donné des chiffres qui correspondent à la mono-atomicité. En doublant, donc, les densités, on arrive à la connaissance des poids atomiques. A première vue, on reconnait que ces corps forment une série comparable à celle des métaux alcalins ; et les chiffres montrent que les gaz de l'air doivent occuper une place entre les halogènes, d'un côté, et les métaux de la série du lithium, de l'autre. Le lableau ci-dessus en montre l'ordre. Les nouveaux éléments ne sont ni posilifs ni négatifs; ils ne forment pas de combinaisons bien marquées, car je ne crois pas qu'il faille attacher lrop d'im- portance aux combinaisons (s’il ÿ en a) qui s'ob- liennent en faisant passer les gaz entre des élec- trodes de platine ou d'aluminium, ou en traitant un mélange de vapeur de benzène (ou d'hydrocar- bures semblables) et des gaz par l’effluve électrique, comine l'a fait M. Berthelot. 1] me parait que de tels corps sont plutôt analogues à des solutions solides qu'à de vraies combinaisons. Comme l’a indiqué M. Lothar Meyer, les autres propriétés des éléments doivent changer avec leur la table périodique. Nous nous alors, à volumes atomiques, les réfractivités, les tensions de vapeur, posilion dans somines mis, comparer: les les compressibilités de ces éléments à l’état gazeux, en un mol à étudier leur périodicité. Considérons ces propriélés chacune à son tour. D'abord les volumes atomiques. Le gaz à élu- dier, mesuré dans un tube jaugé € (fig. 2), était comprimé dans un lube capillaire d, plongé dans un liquide refroidi, ayant à peu près la tempéra- ture d'ébullilion du gaz liquéfié à la pression almo- sphérique. Le volume du liquide élait observé, W. RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE ainsi que la contraction du volume gazeux. De celte contraction, on déduisait le poids, et il était possible, de cette manière, d'obtenir la densité, du liquide, même avec ure quantité excessivement, petite. Nous devons avouer que nous n'avons | réussi à diquéfier ni l'hélium ni le néon; mai l'argon, le crypton et le xénon nous ont donné des résultats utiles. Nous avons mesuré les réfractivités de lous ces gaz, selon la méthode employée par lord Rayleigh pour l'hélium et l'argon. La lumière d'une lampe, après avoir traversé une fente très étroite et un lentille donnant des rayons parallèles, passe travers deux tubes placés l'un à côté de l’autre. Er mème temps, une certaine quantité de lumière passe au-dessus des tubes. Cette dernière portion, après avoir traversé deux fentes assez larges, est concentrée d'a- bord au moyen d’une len- tille ordinaire, puis par une lentille cylindrique, et péné- tre enfin dans l'œil de l'ob- servateur. Cette lumière, qui n'a pas passé à travers les tubes parallèles, produit des franges fixes, qui ser- vent de points de comparai- son pour les franges pro- duites par le passage des rayons de lumière dans les tubes inférieurs contenant les gaz. Ces tubes commu- niquent avec un manomètre, gräce auquel on peut dimi- nuer la pression des deux gaz dans les tubes. Imagi- nons, par exemple, que les deux tubes, contiennent de l'air atmosphérique: il faut, pour maintenir l'état stalionnaire de la frange inférieure, diminuer ou augmenter la pression dans les deux tubes d’une même quantité. Remplacons l'air de l'un des deux tubes par un autre gaz; pour maintenir la frange M immobile, il faut alors que l'altération de la pres- sion dans les deux lubes soit différente. Pour un gaz qui possède une réfractivité moindre que celle de Vair, il: faut le comprimer afin d'augmenter sa masse, pour balancer la plus grande réfractivité de l'air. Les réfractivités, en un mot, son en rai- son inverse des pressions. Nous n'avons pas trouvé. possible d'élever la température entre celle du point d'ébullition de l’'argon, — 186°,1, et celle de l'atmosphère, comme nous l’aurions voulu, afin de mesurer les tensions | Fig.2.— Appareil pour determiner 1eS den-« sités des liquides. — ce, tube jaugé; b, ré- servoir à mercure: a, lubulure; d, tue capillaire. } de vapeur. En conséquence, nous nous sommes | servi d'un arlifice décrit par M. Sydney Young, mon collaborateur à Bristol, et moi, grace auquel on peut calculer toute la courbe des lensions de Mepeur, si l'on connait deux ou, mieux, plusieurs | points de cette courbe. Celte méthode est bien | Simple, et, quoique Je l’aie décrite ailleurs, je peux l4 ‘n donner un court résumé. Ayant mesuré, par “exemple, la tension de vapeur de l’argon à deux _ TS déterminées, prenons le rapport “entre ces températures, exprimées en degrés ab- \solus, et celle d'un autre liquide, l'eau, aux mêmes pressions. Traduisons ces données en un graphique, ur papier carrelé, en portant en abscisses la lem- pérature de l'eau, et en ordonnées les rapports rouvés, et joignons les points par une ligne droite. n lisant alors les températures de la vapeur d'eau qui correspondent à des pressions déterminées : 100, 200, 500, 1000 millimètres, et ainsi de suite, “nous obtenons les rapporls qui correspondent à ces “températures el, en conséquence, aux pressions Due puis, par un calcul très simple, les températures d'ébullilion de l’argon aux pressions -données. Cette méthode, dont l'exactitude a élé “constatée par une vingtaine d'exemples, sert à donner la courbe complète des pressions de vapeur. “11 est même possible d'arriver à la connaissance de la Llempérature critique si l’on a déterminé la - pression critique, ou vice versa. Û De ceite manière, nous avons donne les “pressions de vapeur des trois nouveaux gaz, “l'argon, le cryptonetle xénon. Quant au néon, la stempérature la plus basse que nous pouvions “atteindre au moyen de l'azote solide à des pres- sions très faibles ne nous permit pas de le liquéfier, -même à des pressions suffisamment élevées pour “produire la liquéfaction si elle eût été pos- » sible; la température critique du néon est done Ve que 63° absolus. Celle de l’hélium est beaucoup plus basse. Tout récemment, M. Travers, aidé par M. Jaque- ! rod de Genève, qui travaille actuellement dans “on laboraloire, a fait plusieurs tentatives pour “liquéfer l'hélium. Ayant préparé environ 400 centi- mètres cubes d'hydrogène liquide, ces deux savants “l'ont fait bouillir sous une pression de 100 milli- “mètres de mercure. Le point d'ébullition de l'hy- “drogène, qui, à la pression atmosphérique, est “environ 20°% absolus, s'abaisse jusqu'à son point Le solidification; un thermomètre à hélium, sous pression réduile, leur a donné la température de 14° pour le point de vaporisation de l'hydrogène solide, -à la plus basse pression qu'ils pussent obtenir à “l'aide d’une pompe Fleuss. L'hélium, comprimé jusqu'à une pression de 40 atmosphères, n’a pas montré trace de liquéfaclion. a Pr ere x 4 V. RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE 80) Il n’a pas encore été possible de trouver un moyen propre à produire une lempérature comprise entre celle du point d’ébullition de l'hydrogène à la pression ordinaire, et celle du point d'ébullition de l'azote à des pressions très faibles; ainsi, le point d’'ébullition du néon reste encore inconnu. Tout ce qu'on peut dire, c'est que sa tension de vapeur à 20°4 absolus est d'environ 12 millimètres. . Pour résumer, les points d'ébullilion, les points de fusion et les points critiques des gaz nouveaux sont : Hélium Néon Argon Crypton Xénon Point d'ébullition. » » —AS601 —15107 —10001 Point de fusion. . » » —187,9 :—169,0 —140,0 Point critique . . » » —117,4 — 62,5 + 14,75 Pression critique en mètres de MErCUTE- NL » rs 19 re 19 oz Le xénon se laisse liquéfier lorsque le tube qui le contient est plongé dans l’eau courante à une pression assez élevée. C'est un liquide mobile et incolore comme les autres; à l'état de congélation, tous forment des solides blancs. Nous avons construit des courbes qui représen- tent les propriétés de ces éléments, en comparai- son avec les autres, arrangés dans le système pério- dique; il suffit de dire que les volumes spécifiques, les points d'ébullition, les réfractivités montrent une progression de l'un à l’autre, comme on pou- vait s'y attendre. Nous considérons comme un fait établi que ces éléments forment un groupe à part, qui relie les deux groupes si différents des halo- gènes et des métaux alcalins. JIM Pour une recherche qui touche tout un groupe d'éléments, il n’est pas possible de progresser sans partager le travail, vu le grand nombre des pro- blèmes intéressants à envisager de tous côtés. Pendant les deux dernières années, M. Cyril Balv n'a pas cessé de faire des mesures des spectres de ces gaz. On comprendra l'importance de ce tra- vail lorsque je dirai que chaque élément donne deux spectres : l'un avec la décharge ordinaire dans un tube de Plücker, et l’autre lorsqu'on interpose une bouteille de Leyde; le spectre du xénon seul ne contient pas moins de 3.500 lignes. M. Baly a pris des photographies nombreuses des spectres produits au moyen d'un réseau construit par Braisher, d'Alleghany, qui donne des résultats superbes. Ses mesures ne sont pas encore publiées, mais elles sont presque complèlt En terminant, qu'il me soit permis d'allirer l'attention sur la coïncidence remarquable qui existe entre la position des lignes dans le spectre de l’au- S10 rore SEE et celui du crypton. Voici ce qu'il en . Paulsen à mesuré les positions approxi- a de 22 lignes dans le spectre de l'aurore horéale; il se trouve que chacune de ces lignes correspond assez exactement aux lignes du cryp- ton. Plus récemment, M. Sykera a publié des me- sures plus détaillées de 8 lignes qui correspondent toutes, avec un grand degré d'exactitude, aux lignes par M. Baly. Pour la ligne verte, par exemple, qui est la plus forte dans le spectre du crypton et qui possède la longueur d'onde 5.570,50, M. Sykera a trouvé 5.570. Or, on peut se poser les questions suivantes : Pourquoi le spectre du cryp- ton est-il visible, étant données la grande densité de ce gaz et la hauteur (au moins 100-200 kilomètres) de l'aurore boréale au-dessus de la Terre? Pour- quoi ne voil-on pas les spectres des autres gaz de l'atmosphère, l'azote, l'oxygène et l'argon, qui existent en quantité beaucoup plus considérable? Et pourquoi ne voit-on pas non plus ceux de l'hé- lium et du néon, qui donnent des lignes spectrales très brillantes? Quoique je ne puisse donner une réponse tout à fait satisfaisante à ces questions, je peux par- ler de quelques expériences que j'ai faites, et qui montrent la haute visibilité du spectre du CEYpION, lorsqu'il est mélangé à d’autres gaz. Tandis qu'un mélange de 10 °/, d'hélium et de 90 °/, d'hydrogène, introduit dans un tube de Plucker, ne montre plus le spectre de l'hélium, une partie d'hydrogène dans 100.000 d'hélium montre encore son spectre. Le spectre de l’argon s'éteint pour un mélange d'une partie de ce gaz avec 1.500 d'hélium; celui de est: mesurées RAMSAY — LES GAZ DE L'ATMOSPHÈRE l'azote n'est plus visible lorsqu'on mélange ce gaz avec 1.200 volumes d'argon: mais ilestencore pos- # sible de reconnaitre la ligne verte d’une partie 4% crypton mélangé avec 3 millions de volumes d'hé-* 1 lium ; la pression du crypton n'excède pas, dans ce cas, 20 millionièmes d'atmosphère. Mélangé avec den l'oxygène, le spectre du crypton persiste encore, | même avec une dilution de 1.250.000° à une pres-. sion encore moindre. La ligne verte du erypton,. enfin, possède une visibilité et une persistance extraordinaires, tandis que les spectres des autres gaz atmosphériques disparaissent, soit en les mé- langeant avec d'autres gaz, soit par diminution de pression. S'appuyant sur la formule ordinaire pour déterminer la hauteur de l'atmosphère à une pres= sion donnée, on a : h=18382 (log 760 — log 0,000035) mètres —153,25 kilomètres, chiffre qui correspond assez bien à la réalité. J'ai réussi à rendre visibles les lignes du cryplon dans le spectre de l'air, mais cette question se pose :", Pourquoi le spectre d'un gaz, lourd comme le crypton, se montre-t-il dans les régions supérieures. de l'atmosphère, tandis que les spectres des autres gaz restent invisibles? S'il y avait une séparalion” des gaz plus légers aux confins de l'atmosphère, on devrait s'attendre à voir plutôt les spectres d néon et de l'hélium.Je ne regarde pas le problème | comme insoluble, mais je n’ai pas encore pu le.) r 1, résoudre. | W. Ramsay, Membre de la Société Royale de Loniresÿ ! Correspondant de ]° Institut de France, M Professeur à University College (Londres) GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 Nous avons, par trois articles parus en 1899*, lécrit l’état de l’automobilisme à cette époque, et l ontré le prodigieux essor pris par celte industrie, jui ne datait alors que de cinq ans à peine. Elle compte maintenant trois années de plus, et l'on peut bien penser que, partie comme nous l'avons u, elle n’a pas manqué de mettre à profit cette nou- Y Êlle période. Effectivement, elle aréalisé de très grands progrès ét pris un énorme développement, qui se sont affir- més de grandiose facon, en décembre 1901, à Paris, Grand Palais, dans le Salon de l'Automobile, du ele et des Sports?. Nous allons esquisser le tableau de l'automobile 'n 1902, nous occupant successivement des voitures à moteurs explosifs, à vapeur, électriques et mixtes, L conservant, pour chacune de ces catégories, les de 1899. Ces diverses parties de notre étude auront, ailleurs, des importances bien différentes, car les plications de la vapeur et de l'électricité n’ont ère changé, tandis que celles du pétrole et de son ccédané, l'alcool, ont marché à pas de géant. Le présent article sera consacré à l'étude des élé- “ments des voitures à moteurs explosifs (carbura- | teur, moteur, transmissions, châssis, direction, loues, caisse); le second, à la description des prin- “cipaux types de voitures à pétrole ou à alcool; le lroisième, aux véhicules à vapeur; le quatrième, lux voitures électriques et mixtes. ; I. — LE CARBURATEUR. Le carburateur, âme du moteur à explosions, a été dbjet d'études et d'essais nombreux : ses modèles t aujourd'hui légion. À quelques exceptions près, pour lesquelles nous devrons créer une nou- “elle classe, celle des distributeurs mécaniques, ils rentrent dans les trois que nous avons distinguées‘: botage, léchage, pulvérisation, principalement ns la dernière, qui a de très nombreux repré- Revue gen. des Sc., t. X, p. 130, 190 et 224. M. Maurice Martin a donné dans le Vélo le dénombre- lent des véhicules exposés : 186 grandes voitures, 230 voi- ës légères, 48 voiturettes, 15 voitures de livraison, 24 urs, fourgons, camions, omnibus, 53 châssis, 24 tri- es, 20 quadricycles, 81 motocyclettes, 1 tandem à pé- : au total 682 véhicules ou châssis, représentant une leur marchande de 5 millions et demi de francs. Revue gén. des Sc., 1. X, p. 136. sions que nous avons adoptées dans nos articles | 1 L'AUTOMOBILE EN 1902 PREMIÈRE PARTIE : LES ÉLÉMENTS DES VOITURES A MOTEUR EXPLOSIF sentants, presque toujours fort voisins les uns des aulres. Les carburateurs à barbotage et à léchage ne sont guère utilisés que par les motocycles, dont la clien- tèle ne leur est même pas exclusivement réservée. Pourtant, un carburateur à barbotage est toujours employé sur les voitures Delahaye. Les carburateurs à pulvérisation se prêtent main- tenant fort bien à la régulation par l'admission, vers laquelle semble s'orienter la construction nouvelle. Les figures 1 à 5 donnent des exemples nouveaux et variés de ces carburateurs. D'une facon générale, ils comprennent un réser- Fig. 1. — Carburateur Mors. — Ce carburateur alimentait le Etes de la voiture pilotée par M. Fournier et arrivée première dans la course Paris-Berlin. Sa caisse paralléli- pipédique en fonte lui donne un aspect peu ordinaire. Cette caisse renferme un réservoir à niveau constant À, dont la forme est celle d'un cylindre circulaire. L'essence arrive daos ce réservoir par la tubulure G et s'y établit à uu niveau réglé par le flotteur B muni du pointeau C. C'est ce flotteur qui ferme directement l’arrivée de l'esseuce, sans avoir recours à l'intermédiaire habituel de leviers articu- lés. Le liquide sort par le tube O et des ajutages tels que D. et rencontre le courant d'air, qui a pénétré dans l'appareil par la toile métallique H et par la fenêtre E, dont le volet F. mü par la clef R, permet de faire varier l'ouverture. Les tubulures N,M amènent le mélange aux cylindres. Tout le réglage de la carburation se fait par la clef R, qui est par- fois munie d'une tringle, afin d'être manœuvrée par le chauffeur de son siège mème. voir à niveau constant et une chambre carburatrice: pourtant, le carburateur Roubeau (fig. 3) n'a pas de réservoir. 1 Dès 1897. les tricycles de Dion-Bouton utilisaient ce mode de régulation: mais, quand- on abandonnaiït le carburateur à barbotage pour un autre à pulvérisation, le moteur s'arré- tait pour peu qu'on étranglät le passage des gaz, parce que l'aspiration du moteur n'avait plus la force de faire jaillir l'essence. La plus grande sensibilité donnée au carburateur à pulvérisation a permis de revenir à la régulation par l'admission. S12 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 La constance du niveau est obtenue par un flot- teur qui, à l'aide d’un pointeau, ferme l'arrivée de = L ©- Fig. 2. — Carburateur G. Richard. — L'essence arrive par le tuyau A dans le réservoir C à flotteur B. Sous l'action aspirante du piston moteur, elle sort, au sommet de la chambre annulare E, par les petits canaux F, F, en minces jets, qui se pulvérisent coutre le cône LM et se mélangent avec l'air amené par la tubulure G. Le mélange devient plus intime en frottant contre les gradins renver- sés dont est munie la partie conique K. Le cône LM est formé de deux parties, l'une, L, fixe par rapport à l'autre, M, qui est seulement maintenue par le ressort à boudin visible au-dessus d'elle. M. G. Richard a adopté cette dis- position pour assurer, quelle que soit la vitesse du pis- ton, la constance de la quantité de gazoline pulvérisée à chaque coup. M. Richard estime que cette constance est impossible à obtenir quand la section d'aspiration reste fixe, parce que la quantité d'essence pulvérisée varie alors proportionnellement à la vitesse du piston; qu'elle est minimum quand celle vitesse est aussi minimum, ce qui revient à dire que c'est au moment où le moteur devrait donner le plus de force (car il ne ralentit sa marche que parce que son travail augmente, par suite de l'ascension d'une-côte, par exemple) que le carburateur lui fournit le moins d'essence, Avec un cône à partie mobile, il peut en être tout autrement. Quani la vitesse du piston «ugmente, l'aspiration plus grande qu'il exerce sur l'air et l'essence agit ir la partie mobile et la fait monter dans la chambre K : l'espace annulaire compris entre la base supérieure du côre et les parois de la chambre, au- tremenut dit l'orifice d'aspiration du mélange carburé, dimi nue et, avec lui la quantité de gaz aspirée. Le réglage de l'appareil est obtenu en vissant ou dévissant la tige O. au>s] l'essence quand le liquide a alteint dans le réser- ir la hauteur voulue. Le plus souvent, le pointeau st manœuvré par l'intermédiaire de bras arlicu- es > Ÿ Fig. 3. — Carburateur Roubeau. — L'essence arrive, par [a tubulure À, dansle petit réservoir B, dont la partie supés rieure est percée de quatre orifices de 1/4 de millimètre Un pointeau ferme la tubulure : par un ressort à boudin et il se termine par le cône S, qui peut obturer toute communication entre la partie basse e la partie haute de l'appareil. Au moment de l'aspiration du moteur, ce cône se soulève ouvertures pratiquées dans la base du carburateur, pénès trent ensemble dans la partie haute de ce dernier et ren contrent les rainures F, qui en facilitent le mélange. L papillon H, que manœuvre le levier m, permet de régler l'arrivée d'air. L'appareil ne pèse que 350 grammes environs Fig. 4 et 5. — Carburateur Centaure (le la maison Panhar et Levassor). — L'essence arrive par la tubulure A (fig. #4 et par le canal vertical, que peutoblurer la bille & (fig. 5) dans le réservoir à niveau coustant, réservoir À corps Cire il est maintenu en places :le pétrole, jaillissant sur less, orifices dout nous avons parlé, et l'air, arrivant par les | laire sur lequel est gretfée une chambre latérale. Dès qu'elle | y a atteint le niveau pour lequel l'appareil est réglé, la tigeæ du .flotteur F ne pèse plus sur la bille X, et celle-ci es appliquée par le ressort inférieur sur son siège; toute arrivée d'essence est interrompue. Quand l'aspiration du moteur se produit, le liquide jaillit dans la chambre de carburation E, où il rencontre toujours le jet d'air chaud qui arrive par B, el ordinairement aussi le jet d'air froid qui arrive en M par un guichet que le chautfleur règle avant de monter sur son siège, parfois enfin le jet daim froid qu'amène la tubulure C, ea quantité réglable du siège même de la voiture. Les gaz brûlés qui, par accident pénètrent dans la chambre latérale, se dégagent tout d8 Suite dansle réservoir à niveau constant et ne gènent pas le jeu du moteur. l'intermédiaire, assez inulile, de ces leviers est sup ‘ Revue gén. des Se., t. X, p. 136 et 137, Gg. 8 et 9. teur, qui l'applique directement sur lorifice qu'il _ doit boucher. - Du réservoir à niveau constant, l'essence se rend f. “dans la chambre de carburation, où elle jaillit par un ajutage, sous l'influence de la dépression que cause la fuite du piston. - Si le luyau qui relie le réservoir à l’ajutage est trop long, de trop grand volume, cela peut avoir un convénient quand, par suile d’une irrégularité ans le jeu des soupapes du moteur, les gaz brülés arrivent dans la chambre carburatrice, et jusque dans le tuyau en question. Il peut, en effet, se faire que la présence des gaz brûlés empêche le piston d'aspirer utilement l'essence ou, en tout cas, l'es- Sence exempte de ces gaz. Pour éviler cet inconvé- nient, certains carburateurs (fig. 4 et 5) sont dispo- sés de façon à assurer le dégagement immédiat des gaz brûlés dans le réservoir à niveau constant, dès qu'ils ont pénétré dans l'appareil. A sa sorlie de l’ajutage, l'essence se mélange avec l'air; dans certains carburateurs, jet d'air et jet d'essence se rencontrent à angle droit (fig. 4 et 5). Celte disposition nous semble préférable à celle Qui leur assigne des trajectoires parallèles : les deux éléments doivent se pénétrer plus intime- ment. … Les distributeurs mécaniques envoient au cylin- dre, à chacune de ses aspiralions, un volume d'es- énce ne dépendant en rien des circonstances qui euvent le faire varier avec les autres carburateurs pression créée par la fuite du piston, pression ët température de l'air extérieur, elc.), mais sim- lement du réglage donné une fois pour toutes à ppareil ou modifié à chaque instant par le régu- lateur. Tels sont les distributeurs Henriod et Brillié. Il nous reste à dire comment les appareils ci- ssus doivent être modifiés pour marcher avec Mlalcool, qui, depuis quelques mois, remplace sou- “vent l'essence dans l’alimentalion des moteurs. Pour les distributeurs mécaniques, il n'ya aucun changement à effectuer, pourvu que la capacité des Pavilés qui mesurent le liquide conviennent à l'em- ploi de l'alcool. Pour les autres, il faut distinguer entre l'alcool Carburé et l'alcool pur. Avec l'alcool carburé à 50 °/, moins, la plupart des carburateurs marchent mme avec l’essence ; avec l'alcool moins carburé a fortiori avec l'alcool pur, la mise en train est us difficile et demande une température assez élevée. La plupart des carburateurs à barbotage nt suffisamment échauffés comme ils le sont ur la marche à l'essence. Les carburateurs à hage demandent, le plus souvent, à êlre plus hauffés que pour la gazoline; il faut aussi enfoncer un peu plus dans le liquide la cheminée _— HEYUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. À eut te GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 813 primé : le pointeau fait partie intégrante du flot= , d'entrée de l'air, Pour les appareils à pulvérisation, le réchauffage est demandé aux gaz de l'échappe- ment ou à l'eau de refroidissement du moteur; il faut modifier le poids du flotteur dans le réser- voir à niveau constint, pour tenir compte de la différence de densité des deux liquides (celle de l'alcool carburé est d'environ 0,850, alors que celle de l'essence oscille autour de 0,700). II. — LE Moteur. $S 1. — Cycle. C'est toujours le eyele à 4 Lemps qui est univer- sellement employé. Le moteur à 2 temps continue à ne pas l'être, malgré l'avantage qu'il offrirait de donner un mouvement plus uniforme avec sa course motrice par tour‘. L'infériorité du cycle à 4 temps diminue, d’ailleurs, à mesure que la vitesse aug- mente. Or, si les moteurs des grandes voitures, avec leurs 6, 8, 12 chevaux et plus, continuent à ne tourner qu'à 700 ou 850 tours, beaucoup de mo- teurs de voiturettes et même de voitures légères, de 3 à 8 chevaux, sans arriver aux 4.800 tours des motocycles, en font bien de 4.200 à 1.500 par mi- nute : tels les moteurs Clément de 8 chevaux et Darracq de 9 chevaux, qui tournent respectivement à raison de 1.100 et 1.400 tours. Il faut dire que ces moteurs à grande vitesse ne sont pas approuvés par tout le monde. Beaucoup se demandeut si leur surmenage ne les voue pas à une usure rapide, capable de faire oublier leurs autres avantages, en tête desquels il faut placer l'augmentation de puissance, qui résulle de l’aug- mentation de leur vitesse *, Quoi qu'il en soit, on arrive avec eux à faire des moteurs d’une puissance étonnante comparative- ment à leur poids”, $ 2. — Puissance. L'augmentation du nombre des tours n'est pas le seul moyen d'augmenter la puissance. On peut aussi élever le taux de la compression, d’abord en diminuant les pertes par une bonne 4 Le moteur X de M. Lepape, que nous décrivons plus loin, actionne pourtant, depuis quelques mois, la voiture de l'inventeur. 2 Au concours de moteurs à alcool de mai 1902, l'analyse, faite par M. Sorel, des gaz de l'échappement semble avoir prouvé que les moteurs légers à grande vitesse n'utilisent pas l'alcool aussi bien que les autres. 3 Le moteur Buchet de 16 chevaux, qui actionnait le bal- lon avec lequel M. Santos-Dumont a douslé la tour Eiñel, ne pèse que 92 kilogs, soit 5 kil. 8 par cheval-vapeur. Ce poius a été réduit à 4 kil. 3 dans le moteur de 40 chevaux construit, il y a quelques mois, par M. Buchet. Dans cer- fains moteurs, construits pour la course Paris-Vieune, notamment dans le Centaure de 70 chevaux de la maison Panhard, ce poids ne dépasse guère 4 kilogs. Un poids de 1 à 8 kilogs est courant en automobilisme, Le ai S14 *ÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 _. élanchéité des joints, puis en réduisant la chambre de compression. Il est vrai qu'avec une compression plus forte le moteur chauffe davantage. {1 y a deux moyens de combattre cet échauffement : activer le refroi- dissement ou faciliter le dégagement des gaz brûlés. Le premier conduit à une moins bonne utilisation, ou, pour être plus exact, à un plus grand gaspil- lage du combustible; aussi lui préférons-nous le second, qui conduit à augmenter le diamètre et la levée des clapets d'échappement. Dans les moteurs actuels, la compression varie de 2 '/;, à 4 ou 5 atmosphères; peut-être pour- rait-on la porter utilement à 6, même 7 atmo- sphères; en tout cas, il faudrait se tenir toujours plus près de sa limite supérieure que de sa limite inférieure. Pour déterminer l'influence véritable de la com- pression, comme celle des autres éléments qui peuvent faire varier la puissance d'un moleur(car- buration, allumage, vitesse, ete...), il serait bien désirable qu'on procédàt à des expériences métho- diques. L'indicateur Mathot, qui n'est autre que l'indi- cateur de Walt accommodé à l'usage des moteurs à explosions, par la suppression des difficultés inhé- rentes à la marche très rapide de ces moteurs et surtout aux dissemblances que peuvent présenter les explosions successives, serait pour ces expé- riences un outil tout indiqué. L'Exposilion de décembre 1901 nous en a révélé un autre, dont l'emploi semble très commode et très sûr : le manographe où iudicateur optique de MM. Hospitalier et Carpentier, qui utilise, pour tracer le diagramme, un rayon lumineux; ses indi- calions ne sont pas faussées par les trépidations du moteur, parce que l'appareil ne Jui est relié qu'à l'aide d'un tube et d’un arbre flexibles !. Mais la mesure de la puissance indiquée d’un ‘ Un petit miroir repose sur trois points disposés suivant les trois sommets d'un triangle rectangle : le premier, som- met de l'angle droit, est fixe; le second se déplace perpendi- culairement au plan du miroir et proportionnellement aux pressions qui règnent dans le cylindre; le troisième, pro- portionuellement au chemin parcouru par le piston. Le miroir prend des inclinaisons telles qu'un rayon lumi- neux projeté sur lui trace, par étant entre les deux paires de parlie supérieure de chaque cu- ment manœuvrée par le levier e l'arbre à cames, enfermé dans étanche et contenant de la graisse à gauche sont les: plus bas. les bougies 1es sont donnés par des res- ial force à venir s'appuyer cette facon, on évite le un allumage sans ratés, t t gar d'huile. Les quatre res- eurs vis platinées sont montés snr permet de faire varier à volonté 4 nt d'allumage. 1pe fait ou non communiquer avec la chambre la culasse ‘ [ les avantages qu'offre la possi- | S | $ 7. — Moteurs de Dion-Bouton. Les moteurs de voitures, de 6 et S chevaux, se font sur le type bien connu du moteur de tricyele des mèmes constructeurs; les dimensions en sont convenablement agrandies. Le cylindre, toujours unique, est coulé d'une pièce en fonte de fer ordi- naire : le bâti, en aluminium additionné d'un peu de cuivre, qui le rend plus résistant et plus fluide au moment de la coulée, est en deux demi-boites qui se joignent hermétiquement dans le sens ver- tical. La soupape d'échappement est en nickel: c'est par elle que se fait la régulation progressive telle que nous l'avons définie plus haut. Le mé- canisme de cette régulation, logé dans un renfle- ment du bâti, comprend, indépendamment de la came et de la tige ordinaire de soulèvement de la soupape, un levier qui porte sur la came par un galet, et sur lequel repose, par son extrémité infé- rieure, la tige de soulèvement : un excentrique per- met de donner à ce levier une inclinaison variable, et de modifier ainsi la durée et l'amplitude de l'échappement, en le faisant toujours commencer au même point de la course du piston :. Pour suppléer à la dualité des cylindres, propice, comme on le sait, à l'uniformisation du mouvement, MM. de Dion et Bouton adjoignent à leur cylindre moteur de 12 chevaux un second cylindre, ouvert aux deux bouts et parcouru par un piston, dont le mouvement parallèle et de même sens que celui du piston moleur est accessoirement utilisé pour la commande d'une pompe de graissage, mais est destiné à actionner un arbre horizontal parallèle à l'axe moteur auquel il est relié par des engrenages. Le piston moteur et le piston auxiliaire ontle même poids; ils sont équilibrés chacun par un contre- poids situé sur le prolongement de sa manivelle. Mais ces contre-poids n'équilibrent les efforts ver- licaux, dus à l'inertie des pistons. qu'en créant des efforts horizontaux de même période ; or, ces der- bilité de faire varier le moment de l'allumage (Rev. gEën: des Se., tome X, p. 138); cette faculté est ordinairement réservée à l'étincelle électrique. Avec les brüleurs, l'explo= sion se produit au moment précis où la compression amène au contact du tube les gaz neufs, et l’on ne peut faire que cela arrive plus ou moins tôt. Ea fait, on règle une fois pour toutes la compression, de manière que explosion 5e se produise pas avant que le piston soit arrivé à fond de course, cela afin d'éviter les inconvénients qui résulteraient d'une explosion anticipée pour le mécanisme et surtouk pour le chauffeur, lequel, tournant la manivelle de mise en. marche, recevrait de ceile-ci. brusquement ramenée en sens inverse, un choc dangereux. La sécurité de la mise ea marche est ainsi assurée: mais on n'a pas la faculté de faire varier le moment de l'inflammation. Au contraire, avec une chambre de volume variable, on peut augmenter la cou pression et avancer le moment de l'allumage en fermant la soupape dont nous avons parlé et en réduisant le volume & la seu'e capacité de la chambre de culasse. ‘ Pour de plus amples renseignements, voir l’article d | M. Baudry de Saunier, dans la Locomotion du 18 janvier 1902 niers sont annulés par l'accouplement des deux cylindres el des deux contre-poids. $S 8. — Moteur Lepape. Le moteur X, à deux temps, se compose (fig. 16) d'un cylindre moteur (simplement muni d'une sou- d'échappement E) et d'un cylindre auxiliaire pourvu d'une soupape d'admission automalique A. Dans ces deux cylindres se meuvent deux pistons, de poids égaux malgré leurs diamètres différents, et dont les manivellessontcalées à 180° environ; la figurerepré- sente le piston auxiliaire au haut de sa course; le piston principal n'a pas atleint le bas de la sienne, car il n'a pas en- A 8 core découvert l'o- SE rifice E. Dès que celui-ci s'ouvrira, les gaz brûlés s'échappe- ront à l'extérieur, sous la poussée des gaz neufs, que le piston auxiliaire a préalablement aspirés pendant sa course descendan- te et refoulés dans le cylindre moteur pendant sa course montante. Les gaz neufs, restés seuls au-dessus du pis- Fig. 16. — Coupe schématique du ton moleur. seront moteur Lepape. — A et B, sou- RE É papes d'admission automatiques; COmprimés par lui E, orifice d'échappement. pendant son re- tour asceudant ; leur explosion fera redescendre le piston, qui aura ainsi une course motrice sur deux. Ce moteur est d'une très grande simplicité : pas de soupape d'échappement, pas de mécanisme destiné à ouvrir celte soupape, pas d'arbre de dédoublement, puisque la came, ayant à provo- quer l'allamage électrique à chaque tour, doit être montée directement sur l'arbre moteur. Il peut « être établi très économiquement. Il donne, parait- . il, un très bon service sur la voiture de l'inventeur. ÊE | S SSSSIENS m ENS ZZ22Z IV. — TRANSMISSIONS. $S 1. — Embrayage. L'embrayage, destiné à établir et à rompre — facilement toute liaison entre l’arbre-du moteur et … le mécanisme chargé de transmettre le mouvement _ aux roues, est presque toujours un appareil à Ë friction, quelquefois une courroie avec poulies folle Ÿ 4 pape d'admission automatique B et d'un orifice GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 825 et fixe, exceplionnellement un appareil magnétique, espèce de solénoïde dans lequel le passage d'un courant provoque l’adhérence de l'armature et du noyau. L'embrayage magnétique, depuis longtemps pro- posé, n’est véritablement appliqué que depuis l'époque, toute récente, où M. Riégel en a fait la base de ses changements de vitesse (et de direc- tion) dans l’avant-train moteur qu'il a exposé en décembre 1901. La courroie est encore employée par MM. Amé- dée Bollée, de Dietrich, G. Richard (pour ses voi- turettes). Comme embrayages à friclion, on emploie des appareils à collier ou à ruban, mais surtout des appareils à cône; un cône mâle, monté à glissière sur le prolongement de l'arbre moteur, s'engage dans un cône femelle calé sur cet arbre *. $ 2. — Changements de vitess2. La courroie, quand on a la précaulion de la monter sur des poulies d'assez grand diamèlre, de la faire marcher à une vilesse aussi constante que possible (comprise entre 15 et 30 mètres par seconde), et de la protéger contre les projections de boue et d'huile, donne d'assez bons résultats; cependant, elle tend de plus en plus à être aban- donnée *. Elle retrouverait certainement la faveur, si l'on parvenait à construire des poulies extensibles vrai- ment pratiques. M. Roger de Montais et, plus récem- ment, M. Fouillaron ont fait dans ce sens des tenta- lives intéressantes, sur la valeur desquelles l'expérience ne tardera pas à se prononcer : dans le système Fouillaron, pour faire bien épouser à la courroie la forme du logement triangulaire que lui offrent les poulies, cette courroie se compose de minces plaquettes de cuir à profil triangulaire, enfilées sur trois boyaux légèrement tordus afin d'assurer l'espacement des plaquettes. Les engrenages sont de plus en plus employés; mais leurs partisans se divisent sur la question de savoir s'il vaut mieux les composer de trois ou 1 Le cône femelle est ordinairement formé par le volant même du moteur. On lui donne le plus grand diamètre pos- sible, afin d'augmenter du même coup la puissance du volant et celle de l'embrayage; pour ne pas accroitre le poids du cône mâle, afin d'en éleindre plus facilement la force vive pour changer de vitesse, on fait assez souvent le cône en aluwinium. Les constructeurs s’attachent à rendre l'action de l'embrayage à la fois rapide et progressive; ils s'efforcent aussi de compenser la poussée que le cône male exerce sur le cône femelle et qui développe, entre les collets de l'arbre moteur et leurs coussinets, un frottement qui absorbe du travail en pure perte. 11 ne semble pas que les embrayages connus donuent toute satisfaction à ces divers points de vue. ? À l'Exposition de 1901, d'après une statistique dressée par M. Périssé, il n’y avait que 11 v/. de transmissions par courroie contre 89 °/, par engrenage:. quatre couples de roues donnant chacun une vi- tesse, ou simplement de deux couples, l’un ser- vaut au démarrage et aux forles rampes, l’autre à la marche ordinaire,en demandant au moteur assez d'élasticité pour faire varier convenablement la vi- tesse. Ce dernier moyen, employé notamment par MM. de Dion et Bouton, est évidemment fort com- mode, mais il ne doit être utilisé qu'avec un mo- teur restant économique aux allures variées qu'on lui demande. La tendance s’accuse aussi, et celle- là toujours économique, de supprimer les engre- nages intermédiaires, quand la voiture est action- née par le moteur marchant à sa grande vitesse : c'est le des voitures Renault, G. Richard, Schaudel. Les engrenages à changement par train baladeur sont plus employés (dans le rapport de 3 à 1, d'après la stalistique de M. L. Périssé pour l'Exposition de 1901) que les engrenages loujours en prise : ils leur sont pourtant inférieurs, au point de vue des chocs plus où moins bruyants et destructeurs, auxquels donnent lieu les changements d’engre- nages. Pour éviler ces chocs, certains constructeurs, notamment MM. Renault, donnent à leur train ba- ladeur, non seulement un déplacement parallèle aux arètes des dents, mais d’abord un mouvement perpendiculaire à ces arêtes pour dégager les roues en prise, puis un autre parallèle à ces arêtes pour amener en face les unes des autres les nouvelles roues, enfin un troisième perpendiculaire, pour mettre ces dernières en prise. Dans certains systèmes, on trouve associés la courroie et les engrenages. cas $ 3. — Marche arrière. Avec les systèmes à courroies, elle peut être assu- rée par un groupe spécial de deux poulies et d'une courroie à brins croisés; mais on préfère ordinai- rement avoir recours, comme dans les voitures De- lahaye, à une combinaison de poulie et d'engre- nages. Dans la voiture Fouillaron à courroie exten- sible et à chaines, un pignon de chaine peut être rendu fou sur son arbre : le recul est produit par l’autre roue, qui reste seule motrice, en lui impri- mant un mouvement arrière. Dans les transmissions par engrenages, le mode actuellement le plus employé consiste à transmet- tre le mouvement, non plus simplement par deux engrenages montés sur deux arbres, mais par trois roues portées par trois arbres. On peut aussi employer un différentiel, entraîné d'un bloc pour la marche avant, et disposé pour qu'à la marche arrière, sa couronne une fois blo- juée, ses pignons deviennent libres et renversent la marche. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 $ 4. — Différentiel et Encliquetage. Le différentiel à pignons coniques se fait à deux, quelquefois trois et même quatre satellites‘. Le différentiel à engrenages plats n’est guère utilisé que pour lés motocycles; cependant M. Clément l'emploie pour ses voitures type 1902. Les encliquelages son! rarement appliqués : ils n'ont pas la souplesse du différentiel et deviennent plus compliqués que lui, lorsqu'ils sont disposés pour transmettre l'effort dans les deux sens. Dans l'engin que M. Truffault a piloté sur la ter- rasse de Deauville, lors de la course du kilomètre en 1901, le différentiel est remplacé par un montage spécial des roues d'arrière, qui leur permet de tourner sur leurs fusées dans les virages. $ 5. — Transmission élastique. Le rôle de cetle partie est de relier le dernier mobile de l'ensemble que nous venons d'analyser, solidaire du châssis, aux roues molrices séparées de ce dernier par les ressorts. Son élasticité doit obvier aux différences de distance et de positions réciproques des deux organes. Au Salon de 1901, elle était représentée moitié par des chaînes, moitié par des arbres à la cardan, ceux-ci n'étant d'ailleurs pas employés pour des voitures dont la force dépassait 8 où 10 chevaux *. Les arbres à la cardan sont presque toujours longitudinaux : ils prolongent le dernier arbre des changements de vitesse et engrènent, par un pignon d'angle, avec la roue dentée du différentiel; … celui-ci occupe le milieu de l’essieu d'arrière, coupé en deux parties, sur chacune desquelles est calée une roue motrice *. Certains sont pourtant transversaux : tel l’essieu articulé de Dion-Bouton‘, avec lequel l'entraine- ment des roues, dans les voitures à pétrole, se fait par le côté extérieur du moyeu. $ 6. — Freins. Les constructeurs ont compris la nécessité qu'il y avait de munir les automobiles de bons freins et notamment de faire serrer ceux-ci aussi bien dans la marche arrière que dans la marche avant, afin de ne pas laisser les voitures exposées à une dérive sur les fortes rampes, si le jeu, Loujours un peu pro- … DE ot SE CORTE D 1 Voir Revue générale des Sciences, t. X, p. 192. ? Certains omnibus et camions, notamment ceux des ate-. liers Daimler, emploient pourtant les cardans pour des forces supérieures. * C'est le dispositif employé par MM. Clément, Darracq … G. Richard, Renault, Hautier, et dont les détails peuvent varier, principalement au poiut de vue de la forme des arti- culations. L'arbre est toujours disposé pour se prêter aux déformations résultant de la flexion des ressorts : en général, l'une de ses extrémités peut coulisser dans une glissière. * Revue générale des Sciences, t. X, p. 191. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 827 … blématique, d'une béquille où d'un cliquet vient à | versal tiré en son milieu par la timonerie de com- leur manquer. Le frein à sabots ou mâchoires donne, à cet égard, . toute satisfaction : aussi le voyons-nous appliqué dans les voitures de Dion-Bouton à 6 et 8 chevaux - 1902 sur l'arbre à la cardan longitudinal". Mais il peut y avoir intérêt à le faire agir sur les roues motrices elles-mêmes : à cet effet, M. Paillard, suc- cesseur de Lemoine, a appliqué aux automobiles - le système qui a donné de si bons résullats dans le concours de freins pour bicyclettes, organisé en août 1901 par le Touring-Club. Le freinage se fait - par friction d'un large patin à semelle d'aluminium, simplement commandé par un mouvement de son- nette, contre la face intérieure d'une jante auxi- -liaire, d'un diamètre un peu inférieur à celui de la jante véritable près de laquelle elle est montée : l'effet est énergique, sans qu'il y ait à redouter de » grippage. … Le serrage vers l'arrière peut aussi être obtenu avec des freins à semelle, comme celui de MM. Char- nt 0 2 LÀ mande, V. — AUTRES PARTIES DE L'AUTOMOBILE. $ 1. — Châssis. L'acier profilé, avec ou sans garniture intérieure de bois, reste toujours la règle pour les grosses voi- tures, et l'exception pour certaines or légères, comme les 5 et 7 chevaux Panhard, et les 8 chevaux Clément 1902. Mais le tube d'acier, plus léger, est presque tou- jours employé pour les voitures jusquà 8 et 10 chevaux, notamment par Darracq, G. Richard, Hautier, Renault, de Dion-Bouton, Schaudel, Léon Bollée. Le châssis est d’ailleurs susceptible de bien des variantes, notamment dans la disposition de ses contreventements, qui consistent, le plus souvent, en traverses reliant les deux longerons. Dans la voiture Darracq, ces traverses sont peu ron, Girardot et Voigt, qui agit à l'intérieur d'une vouronne montée sur chaque roue ; avec des freins lame, comme celui de M. Déchamps, qui agit par eux vis, de pas inverse, qui rapprochent ou éloignent les oreilles formant les extrémités de la “lame; même avec des freins à enroulement. comme velui de M. Amédée Bollée, Une autre conséquence du concours de freins du Touring-Club est l'application aux automobiles du “système Rassinier, qui produit le freinage par le ser- rage d'une couronne, solidaire de la roue motrice, “entre deux galets, qui roulent chacun d’un côté de cette couronne sous l'influence d’un jeu de leviers ; “quand le frein n'agit pas, la couronne passe librement entre les deux galets; quand on pèse sur le levier, les deux galets se coincent contre la cou- Mronne et l'empêchent de tourner. — Une condition qui n’est pas toujours aussi bien “assurée qu'elle devrait l'être, c'est l'égalité d'action des deux freins qui agissent sur une paire de roues : “Son absence peut donner lieu à une déviation | brusque, à un véritable dérapage de la voiture en cas de serrage instantané. Pour l’assurer, il estbon de monter les deux freins sur un palonnier trans- À La pédale, qui actionne ce frein, agit automatiquement sur l’échappement du moteur, pour ralentir ce dernier. g. 11. — Chassis des voitures G. Richard de 10 chevaux (1902), nombreuses, mais un gros tube à peu près hori- zontal, appelé halancier, est disposé longitudi- nalement entre la traverse qui porte les organes de changements de vilesse et l’essieu d’arrière : il est articulé à ses deux extrémités el peut même pivoter légèrement pour suivre les mouvements du chässis. Dans la voiture G. Richard de 10 chevaux 1902, le chässis (fig. 17) comprend deux étages : les lon- gerons sur lesquels repose la caisse, un berceau inférieur, auquel sont fixés les divers organes du mécanisme. Sur lous ces chässis rectangulaires, celui des voitures légères de M. Léon Bollée, type 1902, tranche par sa forme toute spéciale (fig. 18) : un gros tube longitudinal porte, brasées à l'arrière el vers le milieu, deux traverses, qui sont aussi de gros diamètre; à l'avant, pas d'essieu, mais deux ressorts transversaux, reliés par un gros tube ver- lical au centre, et sur les côtés par deux tubes plus petits, qui servent d'appui aux fusées des roues. M. Léon Bollée préfère les tubes aux cornières, purce qu'ils ne se fendent jamais, tout moins quand ils sont de gros calibre; il évite la forme rectangulaire, parce que les cadres mis au feu pour le brasage en sortent gauchis et qu'on ne peut les redresser à froid qu’en les soumettant à des eXorts au 828 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 { énormes, qui compromeltent leur résistance ulié- rieure ‘. $S 2. — Ressorts. Ce sont toujours les mêmes genres de ressorts qui sont employés, et qui laissent les voitures sou- mises à des chocs d'autant plus considérables que les allures s'accélèrent davantage. Pour les alténuer sur l'engin de course dont nous avons déjà parlé, M. Truffault a freiné ses ressorts, c'est-à-dire qu'il les force, après avoir cédé sous l'influence d'un choc, à reprendre leur forme sans osciller de part et d'autre de leur position d'équilibre. Ce freinage lui a donné de bons résultats, comme il en a aussi donné sur un tricycle Buchet, qui a permis à Rigal d'établir de retentissants records. Certaines voi- tures, entre autres les Mors Paris- Vienne, ont des ressorts freinés. l re $ 3. — Direc- =— L'irréversibilité est le plus souvent demandée à une vis sans fin, qui engrène avec un secteur (sys- 2 tème Panhard), ou le long de laquelle se déplace un écrou (système Turcal et Méry); quelquefois à une" came portant une rainure dans laquelle se déplace un galet (système de Dietrich), ou à une commande épicycloïdale (système Brillié). $ 4. — Essieux. Roues. Bandages. | 4 Pour la fabrication des essieux, le fer parait être t le seul métal qui donne la sécurité désirable. À Les roues à rais métalliques ne sont plus em-. 1 ployées que pour quelques voiturettes. Les moyeux 4 à billes commencent à être un peu plus appliqués. H La question des pneumatiques, dont lemploi … est à peu près universel, est toujours fort déli- 4 cale, d'abord à cause des” énormes frais E . d'entretien tion. La direc- tion se fait toujours avec l’essieu à qu'ils entrai- nent et qui. sont certaine- mentpluséle- ; 1] vés que la deux Aux qui sont de- cou- pivolts. vilesses venues rantes,lecon- conso mm a- lion d'essen-. ce', ensuite à cause du déra- page auquel ducteur n'a plus le temps de remédier aux dévia- tions que les chocs deroute peuvent imprimer à sa voiture *; aussi est-il pru- dent de disposer la commande de la direction pour que son mouvement, normalement produit par la main du conducteur, ne soit pas réversible*. ! L'unification des châssis est très désirable, parce qu'elle permet{ra l'emploi de caisses de carrosserie interchangeables, faites en série et, dès lors, économiques. En vue de la réaliser, la Chambre syndicale de l'Automobile, que préside si bien M. Jeantaud, conseille pour les châssis les dimensions sui- vantes : Voiturettes . Im,S0 sur 0m,80 Voilures légères 1m,90 sur 0m,$0 Voitures. . : ue 2m,00 sur 0,85 Voitures de route . . . . . . -2m,50 sur. 0m,95 2 1] est facile de calculer qu'une automobile marchant à la vitesse de 60 kilomètres à l'heure, au milieu d'une route de S mètres de largeur, sera en moins de 1/5 de seconde dans le fossé, si le conducteur n'a pas reclifié à temps la fausse direction qui lui est imprimée par un obstacle. * Et pourtant quelques constructeurs estiment que l'irré- sibilité, en chargeant la commande de résister aux chocs compromet la solidité de celte commande et amène assez souvent de brusques ruptures de la direction, Fig. 18. — Chassis des voitures légères Léon Bollée 1902. ils exposent la voituresurles. routes glis- santes. * Le dérap ge est consti= tué par le pivotement du train d'arrière autour du train d'avant; il provient de ce que la voiture est poussée par son arrière (qui tend à passer devant l'avant-train, s'il est en oblique par rapport à ce dernier) et de ce quele différentiel ne commande pas toujours également les deux roues. L Pour le rendre plus difficile, il faut augmenter l'adhérence du bandage et du sol. On y arrive en recouvrant la surface de roulement de lamelles de fer : le fer adhère mieux que le caoutchouc au | mouillé, et les lamelles, à peu près plates, facilitent moins que la surface arrondie du pneumatique le qui sont toujours fort graves. Mais personne ne contes'e la | nécessité de l'irréversibilité pour les voitures de grandes vitesses; elle doit, d'ailleurs, ne pas être absolue, et laisser aux roues la latitude de se dévier un peu. ‘ Ces frais d'entretien augmentent considérablement avec le poids du véhicule et font de la grande voiture de route un | article de haut luxe, Môme pour les voitures légères, ils sont} encore. fort appréciables et constituent l'obstacle le plus | sérieux à Ja création de l'automobile économique, ol { | 11 GÉRARD LAVERGNE glissement latéral, sans compter que leurs arêtes, - en se coinçant pour ainsi dire dans le sol, empêchent roue de glisser. Mais si le dérapage est empêché, ure du pneumatique est beaucoup moins atté- nuée, quand elle n’est pas augmentée par le frotte- ment des lamelles contre un trottoir. Le pneu ferré, qui augmente d'ailleurs le coût du bandage, ne constitue donc pas la solution définitive. $ 5: — Caisse. Il est juste de reconnaître que la carrosserie auto- mobile, si disgracieuse à l’origine, a fait de sérieux progrès. Elle a adaplé aux voitures mécaniques toutes les formes connues, qui ne s’y prêtent d’ail- leurs pas également. Les trois qui s'en accommo- dent le mieux sont certainement j'omnibus, le lonneau et le double phaéton. L’omnibus, qui est forcément une voiture lourde, est assez rare. Le onneau, dont la forme se prête mieux que loutes les autres à la disposition d’une automobile avec moteur vertical à l'avant (surtout au point de vue lu facile accès des sièges), ale double inconvénient e faire voyager de côté ses passagers d’arrière et e les exposer à une forte poussière’. Le double aélon est, à notre avis, la voiture la plus agréable l'avenir lui appartient. Avec le moteur vertical à ant, il est assez difficile de ménager aux sièges darrière un accès latéral; mais on arrive jusqu'à “Eux par l'avant ou par l'arrière, comme dans la limousine, qui est une voiture très confortable. 1 Nous avons vu, au Salon de l'Automobile, des tonneaux int l'arrière avait été fortement surélevé pour atténuer ce nier inconvénient et dont les sièges arrière étaient dis- posés de façon que les passagers soient assis face à la route. nouveau genre de tonneau est destiné à remplacer l’an- ien ; il se rapproche beaucoup du double.phaéton. — L'AUTOMOBILE EN 1902 829 Un avantage que l’on demande de plus en plus à la caisse automobile est d'être interchangeable; l'unification des chàssis l’aidera à le devenir et à bénéficier de l’économie qui résulte toujours de la fabrication en séries. Il sera alors facile de monter sur un même châssis une caisse ouverte pour l'été et une autre fermée pour l'hiver. La carrosserie doit être à la fois solide et légère : on gagne la moitié du poids environ par la substi-” tution au bois d’un alliage d'aluminium". $ 6. — Graissage. Un graissage convenable et sûr est une condition primordiale de la bonne marche d’une voiture. On emploie beaucoup les graisseurs mécaniques, capables d'assurer automatiquement la lubrifica- tion de plusieurs organes. Parfois on utilise la pression des gaz de l’échappement, avec lesquels on retrouve l'avantage des graisseurs mécaniques : mettre le graissage en train quand la voiture part, l'arrêter dès qu'elle stoppe. Dans un prochain article, nous décrirons les principaux types des voitures à pétrole et à alcool. Gérard Lavergne, Ingénieur civil des Mines. ‘ Le partinium est un alliage d'aluminium (de densité 2,56) et de tungstène (de densité 18), en proportions telles qu'une fois laminé il a une densité de 3 environ. Il offre une résis- tance à la traction de 32 à 37 kilos par millimètre carré et un allongement de 6 à 8 °/,. Il n'a sur le bois que l'infériorité d'être plus cher et plus délicat à peindre : il est employé en tôles de 1 et 2 millimètres (seulement de Omm,4 pour les voitures de courses, où il est même perforé). Il peut rempla- cer non seulement le bois, mais le zinc, le cuivre, même la fonte, jamais le fer ni l'acier. Il est très employé pour fondre des carters. _ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, 830 G. VALLAT — L'ANTI-ALCOOLISME ET LE MONOPOLE DE L'ALCOOL EN RUSSIE Ve nn LA CAMPAGNE ANTI-ALCOOLIQUE ET LE MONOPOLE DE L’ALCOOL EN RUSSIE; D'APRÈS DES DOCUMENTS DE SOURCE RUSSE Aujourd'hui que beaucoup de gens, voyant l'hy- giène publique menacée de plus en plus par les progrès effrayants de l'alcoolisme, se demandent si le Gouvernement français ne ferait pas bien de prendre à sa charge la fabricalion et la vente des alcools, comme s’est mis à le faire, en 1895, le Gouvernement russe, il nous semble opportun d'examiner quels résultals à entraînés, pour l'hy- giène, l'introduction du monopole en Russie. On sait quelle vigoureuse campagne les Puis- sances européennes, notamment la Russie, ont menée contre l'alcoolisme au Congrès international tenu à Paris du 4 au 9 avril 1899. C’est, en effet, dans cette réunion mémorable que les délégués officiels de la Russie ont fait des protestations tout à l'avantage de leur Gouvernement. Ainsi, M. Raf- falovich, très au courant de la question des finances russes et de leur histoire, a déclaré, contrairement à l'opinion de M. Borodine, qui soutenait que le Gouvernement russe a introduit le monopole de l'alcool pour augmenter ses revenus, que « jamais encore la Russie n’avait eu si peu besoin des moyens extraordinaires pour l'équilibre de son budget; qu'au contraire, il y a tout lieu de croire que la Russie à introduit cette réforme maintenant et non pas avant, parce que c'est maintenant qu'elle peut, sans danger aucun, subir les diminu- tions de revenus que pourrait, comme on le croyait, amener le monopole ». En terminant, M. Raffalovich a cru devoir répéler que « la réforme de l'impôt pour objet la lutte contre l'ivrognerie, l'introduction, dans la consommation, uniquement de l'alcool rectifié, tandis que les considéralions financières ont été reléguées au second plan »;et, sur ce point, comme dans tout le reste, il demeure parfaitement d'accord avec M. de Boulowski, qui n'a pas fait difficulté d’affir- des boissons à eu mer que «ce système de la vente directe, lant en gros qu'en détail, des boissons alcooliques donne au Gouvernement des armes réelles pour lutter contre les abus, sauvegarder les bonnes mœurs, empêcher la ruine des populations et protéger la santé publique ! D'autre part, M. M. N. 0. Ossipof prétendait que « la Russie, quant à l'importance de la consom- ! Voir le compte rendu in exlenso du VII: Congrès inter- national contre l'alcoolisme, publié par M. le Dr Legrain, président. mation de l'alcool, est un des pays les plus sobres de l'Europe»; et, à l’appui de ce jugement, il ajoutait : « Il n'est pas, non plus, difficile de prouver que la consommation moyenne par habi- lant ne sort pas, en Russie, des limites que la médecine trace à la consommation inoffensive de l'alcool. Il ressort du dernier Aapport de l'Admi= nistration générale des impôts indirects et du monoz pole de la vente des spiritueux que la consommation par habilant ne dépasse pas, dans la Russie d'Eu- rope, 0,57 védro ‘d'alcool à 40 degrés. En éliminant les femmes, et en supposant que deux tiers des hommes seulement consomment de l'alcool, on: trouve que l'homme d'âge mûr consomme annuel: lement 1,71 védro d'alcool à 40 degrés. Pour avoir! une idée concrète de cette quantité, calculons lan quantité consommée par jour : elle est de 0,0047, védro; elle est, par conséquent, plus pelile que celle qu'on peut admettre comme la porlion qui excite la digestion (5 °/}, d'après les calculs de M. le Professeur Danilewsky). Cette quantilé représente moins d'un deux centième de védro d'alcool, quan= lité qui équivaut à trois verres à liqueur seule= ment”. » à Le journal francais Alcool s'est fait l'écho fidèle de ces paroles dans l’article suivant, paru en, mai 1900 : « Le premier objet, le but essentiel der la réforme entreprise par l'État russe, en 1895, est: la diminution de l'abus des boissons qui, de l’aveui unanime, est un des maux sociaux les plus nuisibles au développement du pays. Si l'on envisage le: fonctionnement du monopole des alcools en Russie, c'est-à-dire la vente par l'État, on constatera quel les considérations purement budgétaires dans cette, grande réforme ont élé en quelque sorte mises au! second plan. On n'a pas seulement voulu améliorer | les conditions de perceplion des impôls sur les boissons, mais on a tenu surtout à atténuer le mal résultant pour la population de l'usage immodéré, des boissons alcooliques. Le premier but a étéh atteint en éliminant, autant que possible, les inters, médiaires qui existent entre l'Élat qui perçoitl l'impôt et ceux qui le paient. Le second but est, atteint en surveillant sévèrement la fabrication! des eaux-de-vie, pour retirer du commerce touts ‘ On sait que le védro équivaut à 121,3. ? De quelques questions se raltachant à l'alcoolisme. …._ G: VALLAT — L'ANTI-ALCOOLISME ET LE MONOPOLE DE L'ALCOOL EN RUSSIE 831 ë. ; e qui peut être nuisible au consommateur. » | les. Cependant, si l’on prend en considération Eh bien, contrairement aux assertions de MM.Os- | l'accroissement énorme de la populalion, on cons- sipof, Raffalovich nn tate que les pro- de Boulowski, _ | : : duits du labour, 4 sni8 | | N a ous allons dé- E2Hb TE => même en plus-va- ontrer, par des £ 1800 : ë lue, ne suffisent ts indéniables, $ | pas toujours pour : 1400 es ; sous le rap- + l'alimentation des t de la consom- È 1000 Ex millions des mou- " , Il à h- lent .. ë à ation de l'alcool, Ses _ jicks qui peuplent Russie est loin En | > les immenses ter- # | ou . ñ tre un des pays 200 5 ritoires slaves, à s plus sobres de OO ES plus forte raison Je EU ONE al EU Ban eue HEi v) mA urope', et que œ CAES D a quand les récoltes Borodine voyait Fig. 1. — Quantités des matériaux de production de l'alcool. sont mauvaises ; e, quand àüil car une bonne par- irmait que le Gouvernement russe a introduit | tie du blé est employée à la fabrication de l'alcool. monopole de l'alcool pour augmenter ses re- | Les céréales sont généralement en diminulion de- nus. puis une dizaine Les faits que 11000 d'années, landis us allons EX 10000 que les pommes bser sont, di- de terre sont € ce È : ns-nous, indé- 8 ÉDoD Ë presque cons- bles, parce Ÿ 8000 È tamment en aug- lils s'appuient à mentation. E k pp Ë m0! & entation. Et ir des preuves Ÿ © remarquons que une précision $ 8000 S la production d æ & È s P ction de toute mathéma- X 5000! $ : l'alcool, quiaug- “Lique, ces preu- re ÿ mente sans cesse S consistant 5 d'une facon si ns des graphi- 3000 inquiétante, est 3 qui accom- en proportion de entnotre Fig. 2. — Nombre des distilleries et leur production. l'abondance lou- lude et dont la jours croissante apart sont la reproduction exacte de ceux du | de ce végétal. Par exemple, si la quantité générale © inistère des Finances en Russie, passés par le | des matériaux de production (fig. 1) approche de atrôle de l'État 1.600 milliers de traduits, bien 1e en EE tonnes en 1870- Lendu, en sys- 1871 et de 2.000 me métrique en 1897-1898, ur être mieux nous observons mpris du pu- que, pendant la c français. Ë mème période, ; È les céréales s'a- I à baissent de 1.000 L 3 milliers de ton- la Russie passe $ nes à 600, qu'au r posséder de à contraire les grandes ri- | «< pommes de terre chesses agrico- STE TR CP PE MU SUN à @ © s'élèvent de près UN AT RER © & . de 600 milliers 4 LT Fig. 3. — Moyenne de la production des distilleries. de Nés 'éponse à la Lettre sus de 1.600. dRussie, publiée dans la Nouvelle Revue du 15 avril 1902, Certes, au premier coup d'œil jeté sur la figure 2, db lauteur anonyme de cette lettre, « éminente personna- - ité de la diplomatie russe », dit-on, prétend que « la con- | à celle de tout autre pays (exceplé la Norvège), se trouve, Imation des alcools, tout en étant, en Russie, inférieure | malgré cela, en baisse régulière et constant 832 on serait porté à croire que la production de l’eau-de-vie ou vodka, suivant l'expression russe, a considérablement diminué trois ans après l'établissement du monopole, puisqu'au lieu de 4.300 distilleries qui existaient en 1870, il n'y en avail plus, en 1898, que 2.055, toutes concentrées dans les villes, où la multiplicité s'accusait de la manière suivante : REVAL PREMIERE RS 175 MORIN RER 93 RDA AN Re DR ne NE dt Re 90 TOURNOI TC TR LE 1% ANA MT. TRE le arte 73 MO EME end A 10 dico. 4 ne Æ 40 Saint-Pétersbourg (seulement) . . . . 8 Cependant, nous observons que ces 2.055 fabri- ques produisaient alors presque autant que les 4.300. En effet, la production avait passé de 9.500.000 hectolitres, en 1870, à un peu plus de 9.000.000, en 1898. Elle avait donc presque doublé par rapport au nombre des dis- lilleries ; et nous ne sommes pas G. VALLAT — L'ANTI-ALCOOLISME ET LE MONOPOLE DE L'ALCOOL EN RUSSIE plus de 105.000 hectolitres {Hig. 4), elle est allée depuis, toujours en diminuant jusqu'en 1892, oi elle ne dépassait pas 20.000, pour se relever d’ur, peu plus de 10.000 en 1898. La consommation indi. viduelle doit donc surpasser de beaucoup les chiffres! donnés officiellement par le Ministère des Finances s’il y a un rapport raisonnable avec l’augmentatior de production; car, en Russie, les alcools ne son guère utilisés pour l’industrie : on n'a presq | rien fait à cet égard. On se contente de l’exploi tion des naphtes, sans songer à tirer parti, comm on le pourrait, des calories alcooliques. Autrefois les Espagnols ont importé dans leur pays un grande quantité d'alcools russes; c’est un déboucl hu maintenant fermé. D'ailleurs, ce genre de produil n'est d'un placement assez facile qu'à la conditior d'employer des courtiers spéciaux. Si la Russi n'use pas de ce moyen, c'est qu’elle ne tient pas. exporter ses alcools, et, si elle se montre si d s intéressée sou: ce rapport, c'es qu'elle n’a pasdi trop chez elle dé surpris si, en tout ce qu considérant Ja produit. {: moyenne de la En effet, la pro Ailiers d'hectolitres &40° production des duction aug: distilleries, telle a mente sans cesst que l’établit la et cependant figure 3, nous Fig. 4. — Exportation des alcools à l'étranger. chose étrange trouvons que, laconsommatior d'un peu plus de 2.000 hectolitres en 1869-1870, elle s'est élevée à un peu plus de 4.000 en 1897- 1898. Quant à la production moyenne par distil- lerie, elle peut être déterminée de cette facon : Milliers de védros. MOSCOUREET ER EN CES 255 Nladicaucase "rt CU CORNE 236 AMCDANOPISK EE CCE 189 Gouvernement de Crimée. . . . . . . 135 EKeterinodar. CREME IC EN R IE 130 Gouvernement d’'Esthonie. . . . . . . 29 Gouvernement de Livonie. . . . . . . 22 Gouvernement de Courlande . . . . . 21 Saint-PETETSNOUTE ER RTC 22 KOTRO PA PRE CES Er UE 45 Dans les villes de forte production, les excédents s’accusent ainsi : Milliers de védros. Reval.... 1200 ENV ECE CTCRE 4.14 Saint-PEÉTETSDOUTE EEE .09% LOU REPORT LES CAL EEK 193 NENEDTOO 4e. USENET 56% MAN NS 050 Se CR 291 L'exportation des spiritueux est fort peu consi- dérable, et l’on peut dire en toute assurance qu'elle ne fait guère de progrès. Si, en 1887, elle a atteint semble diminuer. Ainsi, en 1887, la distillerie avail produit 9.184.000 hectolitres d'alcool à 40° va 44.798.000 roubles, et, en 1897, cette product montait à 9.504.000 hectolitres valant 43.851.0 roubles. Cette diminution de prix, provenant d'une dimi nution dans la consommation, s'explique ; l'extension extraordinaire donnée à la brasse qui, d’une production de 3.555.000 hectolitres à bière, valant 23.124.000 roubles,en 1887, s'élevaiter bles, d'après les chiffres donnés par M. Dria dans son excellent ouvrage : La Russie à la fin XIX® siècle. La figure 5 indique une élévation 4 figure 6, donnant la moyenne de la quantité d bouillie en hectolitres dans chaque fabrique bière : de 1.500.000 hectolitres en 1875, elle élevée à plus de 3.500.000 en 1897. C'est, à dire, une évolution de l'alcoolisme; car la bière russe est très alcoolique : elle a 4° et ressembli à celle de l'Angleterre. 4! Voilà cette prétendue « boisson 4 litres par tête 863 (fig. 7), était évaluée, le Contrôle ne de l'État, à litres en 1898. en 4899, M. Os- of déclarait que dro, c'est-à-dire de 12 litres e de 1863, éla- par tête, que litres et demi en ns. On peut ors admettre en oute certitude que ces 2 litres et demi nt consommés cette partie de population que M. Ossipof sem- texclure à des- , c’est-à-dire femmes. Par conséquent, en 4899, au moment ion indivi- elle de la vod- a élait revenue | moins à ce qu'elle était en M863. Elle crois- sait même d'une acon prodigieu- si l'on observe e, conformé- nt aux règle- ients du mono- rs ? née à remplacer la vodka nationale, boisson ( emi. Ainsi. de l'aveu même de M. Ossipof, il ny avait comme différence générale avec la statis- | même où le délégué officiel de la Russie proclamait | a sobriété extrême du peuple russe, la consom- jole, l'alcoolisation est seulement intermittente. En effet, les paysans ne boivent de la vodka lune fois par semaine et les jours de fête. Que ail-ce, s’il leur était permis d'en boire tous les 833 D'ailleurs, l'augmentation constante de produc- tion implique forcément l'augmentation de consom- mation !, puisque l'exportation est insignifiante 3860 2400 3400 2200 #, | Le) 8e ( & 3000 à 2000 | pErEa + r] S è | 8 S = S 2600| ® 1800 | S & I (al 5 Ë Î ja g 2200 | ® 1600 | | À à À À È è T S Ÿ 1800| © 1400 | |} à 1400! 1200 | S à 1000 1000 | J EME OBS SNS More Fig. 5. — Production de la bière dans l'Empire russe. TT Ê JE 2 È ae $ + : © Ô CRE È | 2 Î Î Ÿ en Ÿ en À + a me | mn + o œ an n an Es Fig. 6. — Moyenne de la quantité de bouïllie en hectolitres par chaque fabrique de bière. JR 8 à | | | + [ee] a o QI — w o 1 < [=] LI F re] mn es a (r] s ES 5 FF 3 a a 8 [2] C2] Es Fig. 1. — Consommation d'alcool par tête en litres. oppenyls - 5e p) 17 Quoi qu'il en soit, la consommation de l'alcool | et que l'utilisation industrielle n'entre point en ligne de compte. La diminution de consommation est purement ap- parente.Comment admettre raison- nablement que la consommation di- minue, quand il est avéré qu'elle a atteint en 1901 le chiffre énorme de 6.519.000 hec- tolitres ? Assurément, on a la certitude que le peuple slave boit beaucoup de vodka, du moment où les enfants eux-mêmes s'al- coolisent,ainsi qu'il ressort des rapports de MM. Drill et Schar- zinski, comme l’a dit fort justement notre compatriote le savant D' Le- grain, dans son ar- ticle sur le HMou- vement de tempé- rance en Russie *: « Le développe- ment de l’ivrogne- rie chez l'enfant et l'adolescent se fait sentir de plus en plus. Sur 58 enfants interro- gés au hasard, 10 de la classe supérieure avaient déjà été ivres ; sur 21 de la clas- se moyenne, 10 avaient déjà fait connaissance avec l'alcool, 5 avaient étéivres; sur 27 de la pe- tite classe, 19 4 Lafigure 8indi- que lJ'alcoolisation des agglomérations urbaines au-dessus de la moyenne individuelle donnée par le Ministère des Finances. On verra que Saint-Pétershbourg et Moscou y tiennent le record. Et, cependant, les illettrés sont, dans ces deux villes, en moins grand nombre que dans les autres. On peut conclure de là que les ouvriers doivent y faire une consommation énorme de vodka. 2 Voir la Presse médicale du 19 juin 1901. æ 831 G. VALLAT — L'ANTI-ALCOOLISME ET LE MONOPOLE DE L'ALCOOL EN RUSSIE avaient déjà bu de l'alcool, et 14 avaient connu l'ivresse. Chez les fillettes, de même. » Ces habiludes d'ivrognerie, surtout chez les en- fants du peuple, ne nous surprennent pas ; car l'ins- truction primaire est fort peu développée dans l'Empire russe, où l’on compte au moins en moyenne 10 illettrés sur 100.ILest tout naturel que le paysan et l'ouvrier, dépourvus de toute connaissance élé- rs e CONSOMMATION] CONSOMMATION] é, sur place 1Énes 20+ Saint-Pétersbourg . 1.143 1.830 BSkOÏ RENE 304 466 Kovuo. 321 631 Varsovie . Vote 425 4.526 Moscou... 2.006 2.368 Kherson . . 895 1.256 rie ) Orembour: 541 255 OT An NE 892 915 Simbirsk. . . 660 222 BETA RENE 1.007 691 KRasan 645 454 Smolensk nr 607 533 Tambow. "F0 2.198 711 ol RŒSan 1.183 698 Mita R Revel Kh exater Ë ; Esthonie. . 74 806 u iga evel Kherson |! laroslaf StPétersb9 Moscou Provinces} Livonie sh 381 3.196 Fig. 8. — Al-oolisation des agglomérations urbaines au- CURE E Le 116% dessus de la moyenne individuelle donnée par le Minis- tère des Finances. mentaire, conséquemment des plus simples notions d'hygiène, s’'adonnent à la vodka et que leurs en- fants, entrainés dès le bas-àge par un tel exemple, fassent de même. Il Si, maintenant, nous examinons le budget du Ministère des Finances en Russie, nous verrons qu'il est de beau- été de 928.789.000 roubles ; en 1900, ils avaient monté à 1.736.589.000 roubles. 41 Voilà un résultat magnifique du monopole, qui ne montre pas du tout que les considérations finan= TaBLeaAU 1. — Nombre des débits de boissons alcooliques. coup le plus éle- AA ar 2 ACUSERREURERE vé. En 1900, il at- |] El (a LT : Nue Ë SE een nt mn es ent teignait 172 mil- g120/ LTTTTTI TT ie : : it lions, tandis que Sn à jee 3 El | celui de la Guer- JE ES ME LE || 800[1 121 | |" re, le plus im- portantaprès lui, en millions de ne dépassail pas 432 millions. Or la nplus grande partie du budget fiscal, si considérable par rapport aux au- tres, ployée au fonctionnement du monopole, dont le rapport annuel, toujours progressif, est énorme, si l'on en juge seulement par l’accise de 1898 sur les boissons alcooliques, qui s'est élevée à plus de 300 millions de roubles, alors qu'en 1866 elle n'avait produit qu'un peu plus de 100 millions (fig. 9 En Fig. 9.— Rapport en pour cent de est em- 1891, les revenus généraux du fise avaient Pétersbourg, c de la bière et du vin, tueux d'imposition. Il est organisé sur la plus va échelle et fonctionne admirablement bien. L'État & la haute main sur les débits, qu'il dirige avec vig lance par ses représentants salariés, de telle sorte F. Boppevas Se la somme de l'impôt perçu sur les boissons et de la Somme générale des revenus en 1898. (D'après les données du Contrôle d'Etat). ‘ C'est dans les quartiers de population ouvrière, à Sainl comme du reste dans toutes les grandes ville de Russie, que le nombre des boutiques de monopole eto débits a été augmenté. Par exemple, si du pont Sampsoni nous suivons le bord de la Néva jusqu'à la rue de Helsing=m fors et'de là jusqu'à la rue de Finlande, c'est-à-dire sur unë surface d'environ 48.330 mètres carrés ou 4 trouvons 12 usines et, comme tributaires de ces usines, 5 b tiques de monopole, 2 boutiques privées avec de la vod 5 restaurants naturellement pourvus de boissons alcooliques, 2 boutiques de bière, où la con l'alcool pur n'en est pas moins ur poison violent. Si le nombre des cabarets été diminué dans les campagnes en revanche, a été considéra en juger par. tableau I] dessus. ,8 hectares, nous | 668 Tous les débits sont tenus par des hommes ou | _ des femmes; les femmes sont en nombre à peu | près égal aux hommes : séduites par les avantages d'une position égale aux gouvernementales, elles désertent volontiers le foyer domestique pour le _ service du monopole‘. Les débitants et débitantes sont donc de véri- tables fonctionnaires. Leur traitement est, au dé- “but, de douze cents francs, et des classes leur assurent un avancement sérieux et sûr. Aussi “nest-il pas rare de voir les instituteurs aux appoin- -tements de deux cents francs par an abandonner l'enseignement pour devenir vendeurs d'alcool. Le {chinovnik, ou fonctionnaire du monopole, n'a pas le droit d'augmenter la consommation; mais s'il sait par son zèle rendre son débit plus pros- - père, il est promu à une classe supérieure. Et, à coup sûr, il ne manque point de faire tout son pos- - sible pour obtenir une lelle récompense, ou, à son défaut, une décoration. Il a surtout le plus grand intérêt à détruire l'action de ses antagonistes, c'est-à-dire des anti-alcooliques ; et il y parvient aisément, car leurs tentatives pour supprimer com- 4 sommation sur place est autorisée, et 13 où elle ne l'est point : en totalité 27 débits, ce qui fait un débit par 17,9 ares. “Les 15.000 ouvriers qui forment ‘l'effectif de ces usines “peuvent s'y alcooliser largement. Sous le rude climat de t la Russie, ce sont surtout les ouvriers qui portent la con- sommation de Ja vodka à près de deux védros, euviron 21 litres par tête. Ces pauvres hères ont la naïveté de croire puis trouveront dans ce funeste liquide le calorique néces- “saire à la vie humaine; car leurs pantalons de coton défen- Ldent mal le tégument et leur nourriture est loin de pouvoir leur fournir les 3.280 calories voulues. Si, après cela, nous visitons un quartier essentiellement bourgeois, voire même “nobiliaire, tel que Kamenko-Ostrovski, boulevard d'une lon “gueur de 3.130 mètres, nous verrons qu'au lieu des 17 dé- puit qu'on y trouvait auparavant, il n'y a plus qu'une seule “boutique de vodka et un débit de bière, sans compter, bien Mentendu, les deux grands restaurants qui ont été maintenus, mSamarkand et Ernst, que fréquente la plus riche clientèle. . D'une répartition si disproportionnée des sources alcoo- …liques, il ressort que le Gouvernement russe n’a jamais eu “l'intention de supprimer l'ivrognerie par l'établissement du monopole, mais qu'il a simplement voulu la concentrer ans les quartiers populaires, pour que les bourgeois et les nobles n'en eusseut plus sous les yeux le triste et répugnant » spectacle. mu : Elles justifient parfaitement de la sorte leur sobriquet fl de fiancées du diable, puisque alcool signifie diable en Marabe. G. VALLAT — L'ANTI-ALCOOLISME ET LE MONOPOLE DE L'ALCOOL EN RUSSIE 833 plèlement l'usage de la vodka passent presque pour anti-gouvernementales'. Comment, du reste, | lutter contre .un tel fonctionnaire de l'État, tout- puissant par ses relations politiques et par les agents qu'il à à sa dévotion, ces apôtres de la vodka, pour la plupart des Juifs convertis ou, si l’on aime mieux, rectiliés, comme l'excellent pro- duit dont ils vantent tant les qualités ? On inculque par la force les sentiments de respect pour la vodka. Quiconque, entrant dans un débit, reste couvert, esl passible d’une amende ou de l’'emprisonnement. Les zélateurs ne sauraient pousser plus loin les rigueurs administratives. Les conclusions de notre travail s'imposent d’elles-mêmes : l'introduction du monopole est un succès financier pour le Gouvernement russe; iln'a point fait du peuple slave le plus sobre de tous les peuples, il l’a rendu seulement alcoolique par inler- mittence. Les curatelles de tempérance contri- buent aussi pour leur part à ce résultat. Cepen- dant, ne l’oublions pas, l'alcool, même rectitié, est un poison. Le Professeur Sikorsky, de Kiev, va Jus- qu'à l'appeler le grand assassin dans son livre sur l'alcoolisme en Russie de 1870 à 1887, et il n’a pas tort; il le prouve par une statistique terrifiante : dans cette période, 84.217 personnes, dont 76.786 hommes et 7.431 femmes, sont mortes d'ivresse aiguë. L'ivrognerie tue aussi sûrement que le poi- son, même si elle est intermittente. C'est une cause certaine de dépopulation et de dégénération. « Il serait désirable d'atteindre l'abstinence totale, a dit M. Oraw au Congrès international contre l'alcoolisme, Tout empêchement à atteindre cet état social est délictueux au point de vue de la solidarité internationale ». Or, le monopole peut être considéré, à juste titre, comme un empêchement des plus sérieux. Le devoir seul nous fait tenir un tel langage; car nous aimons la Russie, mais nous aimons encore plus la vérité. Gustave Vallat, Docteur ès lettres. 1 C'est ainsi qu'a été aboli le Comilé central des Sociétés esthes d'abstinence totale dans la Livonie et l'Esthonie. 836 BIBLIOGRAPHIE BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Kronecker (L).— Vorlesungen über Mathematik (herausgegeben unter Mitwirkung einer von der Künigl. preussischen Akademie der Wissenschaften eingesetzten Kommission). Zweiter Teil : Vorles- nngen über allgemeine Arithmetik, hearbeitet und herausgegeben von D' Kurt Hensel, Professor. der Mathematik an der Universität zu Berlin. Erster Abschnitt: Vorlesungen über Zahlentheorie. Erster Band.—1 vol. in-8° de xvi-509 pages. Teubner, Leipzig, 1902. Voici un livre où les lecteurs français, à bien peu d'exceptions près, je le crains, ont beaucoup à appren- dre. Il traite de la partie des Mathématiques qui doit le plus à Kronecker, de l'Arithmétique, mais de lArith- métique générale, c'est-à-dire considérée dans ce qu'elle a de commun avec l’Algèbre et l'Analyse. On ne peut trop insister sur l'intérêt qu'il y aurait pour les mathé- maticiens de notre pays à se familiariser, plus qu'ils ne le font, avec cette branche de la Science, laquelle à donné, dans ces dernières années, une série de beaux résultats aux successeurs de Kronecker, particulière- ment à M. Hensel, le rédacteur des Leçons dont nous parlons en ce moment. Les théories exposées dans ces Lecons n'ont, au fond, rien que de très élémentaire, et constituent la base de l'Arithmétique supérieure. Combien d’entre elles appa- raitront cependant au lecteur comme entièrement nou- velles! C'est tout d’abord l’importante notion des sys- tèmes modulaires, qui occupe, avec les développements qu'elle comporte, toute la seconde partie du volume. L'exemple de M. Molk, qui avait tenu à faire connaître cette théorie, au moins au point de vue algébrique", par une exposition en français, ne semble guère avoir été suivi. Mais, en dehors même de cette conception si pure- ment kroneckérienne, il n’est, pour ainsi dire, aucun point de l'Arithmétique sur lequel la liaison étroite de tete Science avec l'Algèbre et l'Analyse, constamment mise en évidence par l’auteur, ne conduise à des vues nouvelles et souvent importantes. Dès l'Introduction, l'auteur ne mentionne pas la dé- composition des nombres en carrés sans la rattacher aux séries de Jacobi. S'il veut établir que le produit de n entiers consécutifs est divisible par le produit des » premiers nombres, il fera résulter cette conclusion du théorème du binôme, démontré d'autre part par induc- tion mathématique. Que, plus tard, il expose la décom- position des nombres en facteurs premiers, il introduira immédiatement la célèbre identité d'Euler entre la série Z — et un produit infini n° seulement cette identité résulte du fait que la décompo- il montrera que non sition est unique, mais encore qu'inversement, elle permettrait, à elle seule, de démontrer ce fait. De même, la théorie des congruences, qui termine la première parle, donnera lieu à l'introduction des fonc- tions trigonométriques comme znvariants des con- gruences. La deuxième partie (Lecons 12 à 21), comme nous l'avons dit, est consacrée à la théorie des systèmes de diviseurs. C'est bien ici le point de vue arithmélco- algébrique qui domine. Au contraire, on revient au point de vue analytique dans la troisième et la qua- trième partie : ce sont alors les séries de Dirichlet, généralisations naturelles de celle d'Euler, qui jouent # Acta Mathematica, tome VI. .respondant à un caractère réel ne s'annule pas dansles un rôle prépondérant. Leur introduction conduit natu- rellement au théorème sur la progression arithmétique qui fait l’objet de la quatrième partie. L'auteur a: attendu jusqu'à ce moment pour exposer la théorie des résidus de puissances et des racines primitives, de laquelle dépend la formation des séries en question. Il y rattache (28° Lecon) les propriétés des congruences de degré supérieur pour un module premier et les résul= tats remarquables relatifs à la détermination du nombre de leurs racines non congrues entre elles, ainsi que le calcul, par l'étude des séries récurrentes, du degré du plus grand commun diviseur de deux polynômes à coef= ficients entiers. La démonstration du théorème sur la progression arithmétique (Lecons 30-33) est perfectionnée sur un point essentiel. Kronecker remarque, en effet, que le résultat de Dirichlet reste incomplet en un certain sens : il ne permet pas d’assigner un intervalle ayant pour limite inférieure un nombre quelconque donné et qui contienne nécessairement un nombre premier appartenant à la progression donnée. Pour parvenir à préciser ainsi le théorème de Dirichlet, de nou velles difficultés sont à vaincre. On sait, en effet, que l'un des points délicats de la démonstration consiste à prouver que les séries qui restent finies lorsque l'argument prend la valeur 1 sont, pour cette valeur, toutesdifférentes de 0, Lorsqu'ils'agit des caractères réels (c'est-à-dire tels que les racines de l'unité qui servent les former soient toutes égales à Æ 1 ou à —1), Dirichlet ne parvient à établir cette conclusion qu'en utilisant les résultats acquis d'autre part sur le nombre des classes de formes quadratiques de déterminant donné. Au con traire, pour les caractères imaginaires, la question est bien plus simple. Les choses se passent d'une facon inverse lorsqu'on veut apporter au raisonnement le com plément de Kronecker. La démonstration même de Dis richlet,en même temps qu'elle montre que la série corz circonstances indiquées, fournit une limite inférieure de la valeur de cette série, celle-ci étant exprimée pa le produit d'une quantité explicitement connue et d’une autre qui est, par essence, un entier positif; tandis que, pour les séries imaginaires, il faut une recherche entièrement nouvelle. Le volume se termine par quelques éclaircissements dus à M. Hensel. Celui-ci ne s'est pas contenté de re cueillir et de rédiger les Lecons du Maître, mais il en a complété les résultats sur un grand nombre de points: JaAcQuEs Habamarp, Professeur adjoint à la Sorbonne, Professeur suppléant au Collège de France Müiler(F..— Vocabulaire mathématique françai: allemand et allemand-français. //e Partie. — 1 vo in-8° de 18% pages. (Prix : 13 fr. 75). B.-G. Teubner éditeur. Leipzig, 1902. Nous avons signalé, l'année dernière", l'apparition di premier volume de cet ouvrage. Aujourd'hui paraît seconde partie (allemand-français). Elle compte 50 page de plus que la première, ce qui tient en partie à l’aug mentation des notices explicatives et historiques, € partie à ce fait que la langue allemande est plus rich en expressions mathématiques que la langue francaise Ainsi, en allemand, on peut exprimer par un seul mob Randwertautqabe, ce qui, en français, nécessite toute une phrase: Détermination d'une fonction au moyen des valeurs qu'elle prend sur la frontière d'un domaine. 1 Voyez la Revue du 30 juillet 1901, t. XII, p. 673. | À e FAT BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 837 2° Sciences physiques Moissan (H.) et Dupont (F.). — Comptes rendus in-extenso du IV° Congrès de Chimie appliquée. -—-3 vol. de 616, 788 et 412 pages, avec planches et figures. Association des Chimistes. Paris, 1902. Ces comptes rendus forment trois volumes impor- tants, de 1.700 pages, renfermant environ cent quatre- vingts mémoires. Le tome I donne le procès-verbal de la séance d'ouverture avec le discours de M. Moissan, président, qui fait l'historique des Congrès précédents, et remercie les organisateurs de celui de 1900, et de M. Berthelot, président d'honneur, qui rappelle les développements de la Chimie appliquée à travers les siècles. Ce volume renferme les mémoires présentés dans les quatre premières sections : chimie analytique et appareils de précision; industrie chimique des pro- duits inorganiques; métallurgie, mines et explosifs; industrie chimique des produits organiques. Il y à lieu de remarquer que cette dernière section, très vaste, ren- fermait notamment les industries relatives aux ma- tières colorantes, à la teinture et à l'impression des tissus, mais il n°y a pas eu de communication relative à ces industries, suffisamment importantes cependant pour avoir pu constituer une section séparée dès l’or- ganisation du premier Congrès. Les savants et techniciens de cette importante branche industrielle se crurent donc un peu tenus à l'écart, d'où leur abstention à peu près complète dans les quatre premiers Congrès. Satisfaction va cependant leur être donnée ; en effet, le programme définitivement arrêté du V° Congrès, qui doit se tenir à Berlin, divise la quatrième section en deux sous-sections, dont une est spécialement affectée aux matières colorantes, à la teinture et à l'impression des tissus. Le tome II renferme les mémoires des sections 5, 6, 7, et8 : sucrerie, industrie chimique des fermen- tations; chimie agricole; hygiène, chimie médicale et pharmaceutique, falsifications des denrées alimen- taires. Le lome II donne les mémoires relatifs aux deux dernières sections : photographie et électrochimie. Il renferme également le procès-verbal de la séance de clôture, avec le volumineux Rapport de M. Dupont sur les travaux du Congrès et la série des vœux présentés, peut-être en trop grand nombre, telle section en ayant proposé jusqu'à douze. Un paragraphe à la fin de l’ou- vrage expose la suite qui a été donnée à ces diffé- rents vœux par le Bureau du Congrès. Au cours de la séance de clôture, la ville de Berlin a été choisie comme siège du V° Congrès de Chimie appliquée qui doit se tenir en 1902*, et une Commis- sion internationale des Congrès de Chimie appliquée, formée des présidents des Congrès précédents, à été instituée. Le tome II donne enfin les comptes rendus de l'inauguration de la statue de Lavoisier, de la récep- tion à l'Hôtel de Ville, des visites à la Sorbonne et à l'Institut Pasteur, des visites à l'Exposition et au chà- teau de Chantilly, des banquets à l'Exposition et à l'Hôtel Continental. Au sujet des travaux du Congrès, il y a lieu de regretter l'absence à peu près complète de ce qui fait le but d’un Congrès : les rapports sur certaines ques- tions préalablement mises à l'étude. Les mémoires présentés, faisant en général double emploi, avaient, le plus souvent, trait à des recherches personnelles. Il faut cependant excepter de cette critique la Section X, 4 La date du Ve Congrès, qui se tiendra dans le palais du Reichstag, a été reportée à la semaine de la Pentecôte 1903. Pour lui donuer are d'importance, un certain nombre de Sociètés chimiques allemandes ont fixé à cette même époque leur assemblée annuelle. . sur l’état de l'Electrochimie en 1900. dont l’organisation comportait la discussion d’un cer- tain nombre de Rapports donnant une vue d'ensemble Parmi ces rap- ports, nous citerons : L'industrie du carbure L'industrie du carbure L'industrie du carbure L'industrie du carbure L'utilisation des forces naturelles en Suisse; L'utilisation des forces naturelles en Autriche ; L'électrochimie en 1900; Les applications de l’électrochimie à la chimie orga- nique ; Le transport du carbure de calcium, ete... L Il .serait également à souhaiter, pour les Congrès ultérieurs, que les Rapports de ce genre fussent im- primés et distribués à l'avance pour permettre une dis- cussion efficace, surtout dans le cas de Congrès inter- nationaux. en Autriche; en France ; de calcium de calcium de calcium en Suisse ; de calcium aux Etats-Unis ; ANDRÉ BROCHET, Docteur ès sciences, Dupont (J.)— L'Industrie des Matières colorantes. — 1 vol. in-16, de 360 pages, avec 31 figures. —WJ. B. Baillièreet fils. Paris, 1902. L'ouvrage est divisé en trois parties : les matières colorantes naturelles, les matières colorantes artifi- cielles, l'application des matières colorantes. L'auteur expose d'abord trèssuccinctement, mais très clairement, la théorie de Witt et la théorie de la teinture, puis il aborde son sujet en commençant par les matières colo- rantes naturelles. Dans cette première partie, il est traité des principales matières colorantes naturelles, de leur extraction, de leurs propriétés ainsi que de leur constitution chimique. La deuxième partie, qui est, à juste titre, la plus importante de l'ouvrage, est consacrée aux matières colorantes artificielles; après un court historique de la question, l’auteur traite des matières premières (benzène, toluène, naphtalène, anthracène, phénol, etc...) et de leur extraction. Un second chapitre comprend la fabrication et la constitution des produits intermédiaires. Ces préliminaires indispensables per- mettent d'aborder alors l'étude même des matières colorantes. La classification adoptée est celle qui a été préconisée par H. Schultz, et qui est à présent suivie par la majorité des savants. Les matières colorantes ainsi divisées en familles d’après leur fonction sont alors étudiées séparément. Dans chacune de ces familles, M. Dupont indique le mode de formation, les proprié- tés et les caractères généraux des colorants qui la composent ; il en énumère les principaux types com MeTCIAUX. 16 : Parmi les chapitres les plus intéressants, il faut citer les colorants azoïques, les dérivés de lanthracène, les dérivés du triphénylméthane, les thiazines et oxai- nes, les corps aziniques, l'indigo artificiel, etc. La troisième partie a trait aux méthodes d applica- tion des matières colorantes. Après avoir étudié som- mairement les caractères et les propriétés des princi- pales fibres textiles, l'auteur expose les méthodes de teinture propres à chacune d'elles. Le En résumé, l'ouvrage de M. J. Dupont a le mérite incontestable de présenter avec une grande précision l'état actuel de la question des matières colorantes et de leur application en teinture. L'exposition de ces données existe certainement dans la littérature chimi- que; mais elles sont éparses un peu pal tout dans les nombreux traités de Chimie pure et appliquée et ne forment pas un tout homogène ; ou bien les traités Spé- la] ciaux sur la question ne sont pas abordables au comme mencçant et ne s'adressent qu'aux savants et aux SpeCla- listes. Le petit volume de l'Industrie des matières colorantes rendra donc un grand service à tous ceux ‘ellementpratique, iniment complexes détail superflu. qui, sans vouloir faire d'application : désirent avoir sur ces questions 11 une vue d'ensemble dégagée de tou 838 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ee ——————_—"—…—…—….…—.— 3° Sciences naturelles Gaucher (Louis), Pharmacien supérieur, Chargé du Cours de Botanique cryptogamique à l'Ecole supé- rieure de Pharmacie de Montpellier. — Recherches anatomiques sur les Euphorbiacées (7hèse de la Faculté de Paris).— 1 vol. iu-8° de 451 pages. Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1902. Nous ne connaissions jusqu'alors, de l’anatomie des Euphorbiacées, qu'un certain nombre d'observations isolées, el un travail de Pax ayant trait principale- ment à la structure dela tige. M. L. Gaucher à entrepris l'étude histologique de la tige et de la feuille de 375 es- pèces appartenant à 126 genres sur les 208 que compte la famille. Ces chiffres nous. montrent tout de suite quelle est l'importance.de ce Mémoire. D'une facon générale, la structure de la tige présente un ensemble de caractères constants : origine sous- épidermique du liège, système fasciculaire en anneau avec rayons médullaires étroits, moelle fréquemment sclérifiée. L'oxalate de calcium n'existe pas dans le genre Euphorbia, et, assez abondant chez les autres Euphor- biacées, on le rencontre sous la plupart de ses formes cristallines habituelles, mais, cependant, jamais en raphides. La feuille n'offre guère de caractères communs sail- lants; mais, en revanche, bon nombre de faits intéres- sants sont signalés par l'auteur : épidermes sclérifiés interrompus parfois par des plages de cellules à paroi mince, d'aspect bien particulier, papilles épidermiques, réservoirs aquifères el vasiformes, poils tecteurs ou glanduleux, cellules lannifères ou résineuses, elc. Les premières phrases de l’Introduction de l'auteur nous faisaient espérer des considérations biologiques que l'on cherche en vain. Il eût été, cependant, très curieux de faire des rapprochements eutre la biologie de ces espèceset les particularités, évidemment adapta- tionnelles, que l’on rencontre dans leur structure fo- liaire ou leur revêtement épidermique. La répartition du tissu criblé périmédullaire devait naturellement attirer l'attention de l'excellent histolo- giste qu'est M. Gaucher. Après avoir contrôlé les obser- vations de ses prédécesseurs, il ajoute de nouveaux faits qui élargissent considérablement le champ de nos con- naissances sur ce sujet. Les Crotonées renferment à peu près seules du véritable tissu criblé périmédullaire, disposé en ilots parfois protégés par du sclérenchyme (Lepidotus laxiflorus, Alchornea, etc.). Chez un grand nombre d'espèces (Delechampria, Tragia, etc. etc.), les amas de tissu criblé offrent encore fréquemment la répartition périmédullaire caractéristique, mais les cribles des parois transversa- les des tubes criblés disparaissent, et sont seulement représentés de temps à autre par quelques pores visi- bles sur les parois des longues cellules nacrées qui com- posent ce tissu. Dans les Zuphorbia, il n'existe plus, au voisinage des vaisseaux primaires, que de petits amas de ces mêmes cellules nacrées (/iber cambilorme de Pax), mais plus de tissu criblé. Enfin, les Phillanthées et les Sténolobées sont toujours dépourvues de ces formations nacrées ou criblées péri- médullaires. D'une facon générale, il convient de remar- quer que ces tissus surnuméraires acquièrent un déve- loppement très variable avec l'espèce et ne présentent aucun intérêt dans la taxinomie des tribus ou des gen- res. Une constatation importante, mise, en lumière par l’auteur, corrobore les observalions faites dans d’autres familles et tout particulièrement par nous-même chez les Gentianées : c’est la réduction très grande du liber normal que l'on ob+erve chez les espèces possédant du tissu criblé périmédullaire bien développé. L'étude de l'appareil sécréteur occupe naturellement un chapitre très étendu du Mémoire de M. Gaucher, el nous devons enregistrer sur ce sujet quantité d’obser- vations nouvelles; c'est qu'en effet, il existe chez ces plantes, à côté de l’appareil laticifère counu, un appa- reil tannifère dont l'existence n'avait pas encore été signalée. : Les laticifères inarticulés, unicellulaires, rameux sur- tout dans les plans nodaux de la tige, ont fait l'objet de nombreuses descriptions. M. Gaucher lui-même nous a fait connaitre, il y a quelque temps, les particularités présentées par ces organes chez les Euphorbes, et qui ne lui laissent aucun doute sur le rôle de conducteur de substances de réserve à accorder à cet appareil. La répartition de ces laticifères inarticulés est un peu variable : Jibérienne chez les Crotonées, exclusivement corticale chez les Euphorbiées, elle peut être libérienne et corticale chez les Jatrophées, Manihotées, Hippo- maniées; on peut aussi en rencontrer dans la moelle. A côté de ces organes dérivés d'une cellule unique, M. Gaucher signale la présence, parfois simultanée, de laticifères articulés ou pluricellulaires, ayant l'aspect de tubes rameux provenant de files de cellules égales ou de grandeur variable, dont les parois transversales communes se sont résorbées plus ou moins complète- ment. Enfin, un grand nombre d'Euphorbiacées possèdent des tannifères composés d'articles cellulaires égaux qui se prolongent, comme des laticifères, de la tige dans la feuille. Nous ne saurions nous dispenser d'insister sur la ressemblance frappante de certains de ces tannifères, dans leur forme et leur disposition, avec les laticifères pluricellulaires dont il vient d'être précédemment ques- tion. L'examen du latex, si fréquemment tannoïde, de ces derniers ne permettrait-il pas de grouper ensemble tous les organes tannifères, et de conserver uniquement l'expression de laticifères pour désigner les vaisseaux inarticulés, unicellulaires, renfermant ce latex bien caractéristique des Euphorbiacées? Quoi qu'il en soil, ce phénomène de présence de deux appareils laticifères distincts chez des plantes aussi affines est des plus remarquables. On ne saurait trop féliciter M. Gaucher de ses longues et délicates recherches, qui lui ont permis d'enrichir nos connaissances anatomiques d'un très grand nom- bre de faits nouveaux, et ce consciencieux observateur ne saurait s'arrêter en si bonne voie. Qu'il nous per- mette d'exprimer le vœu de le voir bientôt, à l'aide de toutes ces observations, réunir, sous forme de résumé ou de tableaux analytiques utilisables pour la diagnose de sections, tribus, genres ou espèces, la plupart des particularités, parfois si intéressantes, des plantes de cette vaste famille; car la recherche de certaines de ces caractéristiques anatomiques est souvent difficile dans un Mémoire condensé de l'importance de celui dont nous venons de retracer trop rapidement les grandes lignes. EiLE PERROT, Chargé de Cours à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. Huot (André), Agrégé des Sciences naturelles, Profes- seur au Lycée Condorcet. — Recherches sur les Poissons Lophobranches. (Thèse pour le Docto- rat de la Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. in-8° de 92 pages, avec 6 planches. (Extrait des Anna- les des Sciences naturelles, & série, t. xiv). Masson et Cie, éditeurs. Paris, 1902. L'auteur s’est adressé aux Lophobranches des côtes de France, qu'il a surtout étudiés au Laboratoire du Portel ; voici les principaux résultats de cette étude : Les recherches de M. Huot sur la structure de l’ap- pareil branchial lui ont montré que chaque houppe caractéristique des Lophobranches correspond à une lamelle ;branchiale de Téléostéen dont les plis secon- daires, en nombre moindre, auraient pris une exten- sion considérable. On ne peut donc voir dans cette dis- position, souvent considérée comme le trait essentiel de l'anatomie du groupe, qu'une modification du type primitif de la lamelle du Téléostéen. Le squelette interne présente une grande simplicité, à RE PP PS NE shiendiih se. à di na durs 6" 2 Yo. NOT 'appendice insuffisant, pour ne pas dire pis, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 839 l'inverse du dermosquelette; l’état cartilagineux n'y est jamais dépassé. Le squelette axial, avec sa chorde per- sistante et sa gaine libreuse vertébrale, rappelle celui des Vertébrés les plus inférieurs : les Cyclostomes. _ Les organes urinaires des Lophobranches sont repré- sentés par une masse unique, en apparence le rein droit seulement. Ces organes sont dépourvus de l'élément caractéristique du rein des Veriébrés, c’est-à-dire du corpuscule de Malpighi; ils ne renferment que des tu- bes secréteurs entourant la veine cardinale droite et unique, laquelle a la structure d’un gros capillaire. Cette dissymétrie des organes urinaires s'explique par leur développement. Le rein dérive, chez l'embryon, de la prolifération des deux tubes de Wolff symétriques; puis, le rein gauche se fusionne avec le rein droit, qui conserve sa place normale. Les deux tubes de Wolff persistent et deviennent les deux uretères de l'adulte. Les capsules surrénales sont des glandes vasculaires closes. La formation de ces organes dans l’ontogenèse du Syngnathus a lieu aux dépens d'un bourgeonnement creux de chaque canal de Wolff. Le bourgeon sisole ensuite et forme une vésicule close dont la multiplica- tion donnera une capsule surrénale chez l'adulte. Cette origine des corps surrénaux a uue signification impor- tante; on sait quelle obscurité règne encore sur la genèse de ces organes chez les Vertébrés, malgré les travaux de Weldon, Mihalcovics, Semon, etc. Le corps lymphoïde est formé d'une masse considé- rable de tissu s'étendant dorsalement entre le rein etle squelette axial, d'un côté, et entourant l'aorte, de l’autre côté. Il se prolonge dans toute l'étendue de la région caudale, formant une gaine autour de l'aorte et de la veine caudale. Le corps thyroïde est constitué par deux masses symé- triques entourant les veines de Duvernoy. Il est formé de vésicules closes qui fonctionnent comme des glandes mérocrines. 11] prend naissance, non sur la paroi ven- trale du pharynx, mais à une certaine distance, près de la paroi du bulbe. La reproduction des Lophobranches a élé étudiée en détail par M. Huot, qui a repris et complété les travaux de Cavolini. La structure de la poche du mâle, dans laquelle les œufs sont déposés par la femelle, est décrite minutieusement. Les alvéoles présentent une vascula- risation intense pendant toute la durée de la gestation, et des échanges de liquide et de gaz sè produisent entre l'organisme paternel et l'embryon. Il y a donc là une sorte de placentation physiologique. M. Huot s’est aidé avec beaucoup de sagacité des don- nées embryologiques pour étudier la plupart des ques- tions morphologiques et histologiques. Il a réuni de nombreux documents concernant les Lophobranches; parmi ces documents, les faits nouveaux qu'il apport+ sur les capsules surrénales, les dérivés branchiaux, les corps lymphoïdes, serviront à éclairer l'histoire géné- rale de ces organes chez les Vertébrés ; n'est-ce pas le meilleur éloge que l’on puisse faire d’un travail? A. MALAQUIN, Maître de Conférences à l'Université de Lille. 4° Sciences médicales Gedoelst (L.), Professeur à l'Ecole de Médecine vétérinaire de Cureghem-Bruxelles. — Les Cham- pignons parasites de l'Homme et des Animaux domestiques. — {1 roi. gr. in-8° de viu-199 pages, avec 124 figures dans le texte. H. Lamertin, édi- teur. Bruxelles, 1902. Les Champignons parasites de l'Homme et des Ani- maux n'avaient fait, depuis de longues années, l’objet d'aucun Traité didactique. Leur description formait un aux ouvrages de Parasitologie écrits par des zoologistes, aux Traités de Botanique médicale consacrés à l'ori- gine des drogues, enfin aux Manuels de Bactériologie. M. Gedoelst a rendu aux médecins un signalé service en exposant méthodiquement, sous une forme précise, l’état actuel de nos connaissances sur cet important sujet. Ce livre est un miroir fidèle dans lequel se reflètent exactement les données éparses dans les Mémoires el les périodiques où le praticien n’a ni le loisir de les chercher, ni le moyen de les discerner. L'auteur s'est effacé devant les auteurs. Avec une modestie qui ne doit pas nous tromper sur sa compétence personnelle, il évite, non seulement de mentionner ses propres observations, mais même d'émettre la moindre critique sur les données qu'il rassemble. La critique, d'ailleurs, se dégage d'elle-même et le lecteur peut se donner l’agréable illusion de prononcer le jugement dans un procès dont l’auteur a rassemblé les pièces en exposant, avec une égale impartialité, les descriptions vagues ou fantaisistes et les analyses rigoureuses. Après une Introduction consacrée aux généralités, l'ouvrage comprend trois parties intitulées : 1, PAyco- mycètes; II, Ascomycètes; II, Fungi imperfecti. La description botanique est accompagnée d'observations et d'expériences concernant l’action pathogène, et suivie d'indications techniques. Dans l'ordonnance générale de cette œuvre, comme dans les détails descriptifs, nous trouvons le reflet des opinions classiques. L'ordre suivi est celui de la plupart des flores mycologiques, et pourtant il ne semble pas être ici parfaitement justifié. L'enchainement qui fait la valeur d'une classification est fatalement rompu par l'absence de groupes importants qui ne comptentaucun représentant parmi les parasites des animaux. De plus, le second chapitre est démesurément grossi aux dépens du dernier. C'est que, sous le titre d'Ascomycètes, l'auteur range tous les Blastomycètes, les principaux Dermatophytes, les Aspergillacées, sous le couvert des mycologues qui croient trouver, dans les fructifications accessoires ou dans le mode de végétation, une preuve suffisante de l'affinité des espèces incomplètement connues. En un mot, l’auteur a cédé à un courant d'opinion qui donne le pas au raisonnementanalogique sur l'observation. La nouveauté et la spécialité du but poursuivi auraient justifié un plan mieux adapté aux conditions dans les- quelles l'ouvrage sera consulté. En plaçant les asques au premier rang dans la classification d'un ensemble de plantes chez lequel l'existence d'asques est presque toujours hypothétique ou inutilisable, l'auteur ne nous paraît plus inspiré par le sens pratique empreint/dans les détails de son œuvre. A-{-il voulu donner à ce livre une portée philoso- phique plus haute en indiquant les affinités, même douteuses ? A-t-il craint de dérouter le lecteur déjà familiarisé avec les ouvrages de Mycologie? Nous croyons plutôt que M. Gedoelst a obéi à un sentiment exagéré de modestie, en plaçant le cadre comme le contenu de son Traité sous le patronage des auteurs classiques. : L'auteur d'un ouvrage d'enseignement est parfois tenu de prendre parti entre les opinions contradictoires émises dans la littérature ; lindécision mène à l’obscu- rité. Ainsi nous voyons le genre Mierosporum décrit, en partie avec les Ascomycètes, en partie avec les Fungi imperfecti, parce que les partisans de la méthode analogique ont oublié deux espèces, le jour où ils ont rattaché les autres à la famille des Gymnoascées. Cest pousser trop loin le scrupule que de garder le même nom générique à deux séries dont les affinités sont appréciées si diversement. En tout cas, les botanistes comme les pourront consulter avec une entière sécurité Ce réper- médecins toire consciencieux jusqu'à l'excès; ils y trouveront un guide précieux pour étudier des maladies trop négligées et pour préciser des connaissances botani- ques dont ce livre n’a dissimulé ni les lacunes nt les hmperfecuons. P. VUILLEMIN, Professen Faculté de Médecine le l'Université de Nancy. (o2] res © ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 4 Août 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ch. Frémont a re- connu que les lignes de déformations locales, dites lignes de Lüders, et restées inexpliquées jusqu'ici, sont la conséquence d'une répartition inégale de l'effort sur la section de l'éprouvétte, résultant d'une précision insuffisante dans l'ajustage et le guidage; ces lignes n'existent plus et sont remplacées par une nappe con- tinue quand la déformation s'effectue régulièrement sous un effort bien également réparti. ; 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Boussinesq poursuit ses recherches sur la réflexion et la réfraction par un corps transparent animé d'un mouvement de trans- lation rapide. La construction d'Huygens s'applique à la détermination de l'onde incidente tangente, puis des deux ondes, tant réfléchie que réfractée, et, par suite, à celle des rayons réfléchi et réfracté aboutissant aux points de contact respectifs des ondes planes corres- pondantes avec les deux ondes courbes. Seulement, ces rayons, issus de l’origine et non des centres des ondes courbes, feront, avec les normales aux ondes planes correspondantes, qui partent des centres mêmes, de petits angles, constituant justement l'aberration des rayons. —. MM. J. Macé de Lépinay et H. Buisson décrivent une nouvelle méthode de mesure optique des épaisseurs, donnant une approximation de 0,02y à 0,01p pour l'épaisseur et d'une unité du sixième ordre dé- cimal pour l'indice. — M. P. Camman a vérifié expéri- mentalement les lois de Wind relatives à la réflexion de la lumière sur un miroir de fer aimanté perpendi- culairement au plan d'incidence. D'après celles-ci, si la lumière incidente est polarisée dans le plan d'incidence, l'aimantation n'a aucune influence sur la réflexion. Elle fait, au contraire, varier à la fois la phase et l'am- plitude de la lumière refléchie si le rayon incident est polarisé perpendiculairement au plan d'incidence. — M. H. Guilleminot règle les résonateurs de haute fré- quence, en vue de leur emploi médical, en introduisant dans le circuit une bobine de self-induction variable. — MM. P. Sabatier et J. Senderens ont hydrogéné directement les oxydes de l'azote par la méthode de contact en présence de nickel ou de cuivre réduits. On obtient à peu près les mêmes résultats qu'en présence de mousse de platine. — M. Bouzat a étudié les com- posés résultant de l'action du gaz ammoniac sur les sels de cuivre anhydres. Avec le chlorure, il a obtenu les trois corps Cu CI°.2 AzH° (+ 45,5 cal.\, Cu CI2.4 AzH* (+ 72,08 cal.), Cu CF.6AZH* (494,3 cal.), qu'il considère comme des chlorures de radicaux cupro-ammoniques. — MM. E. Bourquelot et H. Hérissey ont poursuivi l'étude du gentiobiose, sucre provenant du dédouble- ment du gentianose. C'est un hexobiose: il cristallise sous deux états, à l'état anhydre et à l’état de combi- naison avec l'alcool méthylique, ces deux sortes de produits se conduisant différemment à l'égard de la lumière polarisée. MM. Bouveault et R. Locquin ont étudié le mécanisme de l'action de l'acide nitreux sur les éthers B-cétoniques a-substitués. Si la réaction se fait dans des conditions telles que le groupe étherne soit pas saponifié, ou s'il est saponifié en liqueur acide, il se fait un acide et une oxime d’éther glyoxylique substitué; si, pendant la réaction, le groupe éther est saponifié de manière à donner le sel R, CO. CHR’. COM, on obtient une monoxime d'a-dicétone et de l'acide carbonique. — MM. F. Bordas cl S. de Raczkowski ont reconnu que l'acide phosphorique total présente de grandes variations dans le lait suivant son âge. L'élimi- nation de l'acide phosphorique total va sans cesse en décroissant depuis l'époque du vélage. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Ledoux-Lebard a cons- taté qu'après injections de cultures de paramécies sous la peau du lapin et du cobaye, le sérum de ces animaux acquiert un pouvoir toxique élevé à l'égard des para- mécies. La spécificité de ce sérum est remarquable. — MM. E. Bodin et F. Pailheret ont observé que la fer- mentalion alcoolique par les levures n’a pas en elle- même d'action destructive sur le bacille d'Eberth et le Bacterium Coli commune, mais que l'influence des moûts fermentés sur ces bactéries provient des produits complexes de la fermentation du moût sous la double aclion des levures et des bactéries qui s'y développent. — M. Ed. Griffon a étudié l'assimilation chlorophyl- lienne des feuilles dont on éclaire soit la face supérieure, soit la face inférieure. De ses recherches résulte le fait que le parenchyme du tissu en palissade des feuilles est réellement adapté à la fonction de décomposition du gaz carbonique. — MM. P.-P. Dehérain et E. De- moussy indiquent un procédé pratique pour démontrer expérimentalement la décomposition de l'acide carbo- nique par les feuilles insolées. — M. Ed. Prillieux à pu observer des périthèces du Dematophora necatrix, champignon parasite qui produit la pourriture des ra- cines des arbres fruitiers. Les détails de la structure montrent que ce champignon n’est que la forme coni- dienne d’un Æosellinia, que l'auteur nomme Æosellinia necatrix. — M. E.-A. Martel donne la description de la caverne du Hüll-Loch, située à 16 kilomètres à l’est de Schwytz. C'est probablement la plus grande caverne connue, el elle présente presque tous les phénomènes relatifs aux cavernes. Séance du A1 Août 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. E. Lindelof signale quelques résultats qu'il a obtenus dans l'étude des fonctions entières de genre fini. — M. E. Vallier donne une nouvelle table des valeurs des différentes fonctions qui ont le paramètre « pour argument et qui servent à la solution des divers problèmes de Balistique. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Boussinesq poursuit ses recherches sur la réflexion et la réfraction d'un corps animé d’un mouvement de translation rapide. — M. Th. Tommasina a reconnu que la réflexion diffuse du flux anodique seul est suffisante pour donner nais- sance aux rayons cathodiques et aux rayons de Rüntgen ; le phénomène a lieu même avec l'anticathode reliée au sol. La réflexion multiple par les parois d’un tube à vide, au degré voulu de raréfaction, suffit pour produire la transformation partielle du flux anodique en rayons cathodiques et en rayons de Rüntgen. — M. de Moidrey a observé, à l'heure même de l'éruption de la Marti- nique, un accroissement brusque de la composante horizontale du magnétisme terrestre à Zi-ka-wei (Chine), et, 4h.1/2 plus tard, un ébranlement du sol. — M. W.de Fonvielle signale l'exécution prochaine d'expériences pour la vérilication de la loi des hauteurs barométriques. La base en sera la visée trigonométrique d'une boule brillante où d'une lampe électrique suspendue à une certaine distance au-dessous d’un ballon. 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. H. Stassano et F. Bilion ont observé une participation active des leuco- cyles aux processus digestifs extracellulaires. — MM. J. Camus et P. Pagniez ont constaté qu'à la suite de lésions musculaires chez le chien, il peut se produire de l'hémoglobinurie; les substances muscu- | laires qui agissent ainsi sur le rein ne sont pas détruites ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 8AL par un chauffage à 56°. — M. C. Delezenne a reconnu que le venin des serpents renferme une diastase ayant les mèmes propriétés que l’entérokinase, la kinase leucocytaire et les kinases microbiennes. — MM. Don- gier et Lesage ont observé que les bacilles tétaniques * abaissent la résistivité électrique des bouillons de cul- ture où ils se développent; ils n'ont pas d'influence caractéristique sur l'indice de réfraction. — M. Ed. Grynfelt à étudié la distribution des corps supra- rénaux chez les Plagiostomes. Ces corps sont en rap- ports étroits avec les branches artérielles émanées de l'aorte. — M. J. Poisson à reconnu que, si l'état d'étouffement et la siccité du milieu ambiant sont nécessaires pour assurer la conservation de quantité de graines, ces conditions paraissent indifférentes à d’autres sortes, parmi lesquelles beaucoup de maré- cageuses, qui possèdent ou ont acquis par accoutu- mance le pouvoir de résister aux actions destructives de l’air et de l’eau. Séance du 18 Août 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Janssen signale les travaux qui seront effectués cet été à l'Observatoire du sommet du Mont-Blanc. — M. Considère rend compte d'expériences entreprises sur la résistance à la traction du béton armé. Les phénomènes qu'on observe dans la déformation du béton armé sont la conséquence de propriétés moléculaires, et notamment de laltération de l’élasticité. La cause de ces phéno- mènes réguliers ne peut, comme le pense M. Rabut, résider dans la production des fissures, fait essentiel- lement irrégulier. — M. G. Kæœnigs communique quelques considérations sur les assemblages. Deux corps sont dits assemblés lorsque le système binaire qu'ils forment à une liberté nulle. Les assemblages offrent les mêmes particularités que le guidage de tout autre système binaire. Tout couple d'assemblage est nécessairement imparfait et admet des déplacements monocinétiques. 29 SciENcEs PHYSIQUES. — M. P. Lemoult à obtenu des composés d’addition caractéristiques par le mélange des chlorodi- et trinitrobenzènes avec le tétraméthyl- diamidodiphénylméthane. — MM. L. Bruntz et J. Gautrelet ont fait l'analyse chimique des liquides organiques du crabe et de son parasite, la sacculine. On trouve le même degré de salinité chez les deux organismes; l'acidité seule est plus grande chez la sacculine. — MM. F. Bordas et S. de Raczkowski ont déterminé l'influence de l’écrémage sur la répar- lition des principaux éléments constitutifs du lait. L'écrémage à 98 °/, enlève au lait 69 o/, de la léci- thine qu'il contient. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Lothak de Lotha établit que l’anhydride carbonique accélère la fatigue du musele par arrèt du dégagement de l'énergie. Par suite de cet arrêt, le muscle ne peut pas s'épuiser. L'anhydride carbonique constitue un facteur favorable à la conservation de la puissance musculaire. — M. B. Renault à observé que beaucoup de grains de pollen de l'époque houillière contenaient un prothalle mâle parfaitement net, dont les compartiments rén- fermaient les cellules-mères des anthérozoides; ce prothalle pouvait émettre un tube pollinique ou laisser échapper les anthérozoïdes directement dans la cham- bre pollinique. — M. E. Daniloff a étudié la géographie physique de la Jaïla occidentale (Crimée). La formation de celte région est due à la montée lente des couches vers le sud el surtout au fait caractéristique du pas- sage latéral, du nord au sud, des marmo-calcaires du pe ssique supérieur aux calcaires coralligènes résis- ants. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 29 Juillet 1902. L'Académie procède à l'élection de deux Correspon- dants nationaux dans la Division de Médecine. MM.C. 1- mette (de Lille) et Perrin (de Marseille) sont élus. M. Josias présente le rapport sur le concours du Prix Barbier. — M. Landouzy analyse un mémoire du D' Bïllet dans lequel celui-ci préconise l'emploi de l'iode à l’état métalloïidique dans le traitement des affections cutanées. L'iode est dissous dans un mélange de pentane et d'hexane qui lui conserve intactes toutes ses propriétés. — M. Joffroy présente le rapport sur le concours du Prix Lorquet. — M. £. Lancereaux analyse un mémoire de MM. M. Laffont et A. Lombart, dans lequel ils proposent l’ingestion stomacale de fortes doses de gélatine dans le traitement de la glycosurie, de lalbuminurie et de l’hémophilie. L'action de ce médicament se fait sentir rapidement par les modifi- cations qu'il provoque dans la plasticité du liquide san- guin. — M. Périer présente le rapport sur le concours du Prix Campbell-Dupiéris. — M. Peyrot commente un travail du D' Launay relatif à une plaie double du cœur par balle, guérie par la suture. — M. Kermorgant fait l'historique de l’éruption de la Martinique, spécia- lement au point de vue médical. La mort des habitants de Saint-Pierre paraît avoir été causée par l’inhalation de gaz chassés du volcan avec une pression considé- rable et portés à une température élevée qui aura déterminé la coagulation instantanée du sang. L’incen- die qui s’est allumé en même temps n'a vraisemblable- ment carbonisé que des gens déjà morts. — M. Hallo- peau a employé l’hermophényl (mercure-phénoldisul- fonate de soude) dans le traitement de la syphilis. Il a obtenu de bons résultats en l’injectant à doses élevées dans les muscles ou en le faisant absorber par voie buccale. — M. Doyen lit un travail sur la sérothérapie antistaphylococcique. — MM. Rémy el Peugniez com- muniquent leurs recherches sur l'extraction des pro- jectiles. DS PA SOCIETE DE BIOLOGIE Séance du 12 Juillet 1902. M. P. Armand-Delille a obtenu, dans les méninges du chien, à l’aide de cultures pures d’une variété de bacilles pseudo-tuberculeux, des réactions plastiques nodulaires. — Le même auteur montre que les lésions plastiques et nodulaires que provoquent les bacilles pseudo-tuberculeux aussi bien que les bacilles tuber- culeux sont dues, non aux corps des bacilles où à des toxines diffusibles, mais aux matières cireuses adhé- rentes aux corps de ces bacilles. — M. C. Delezenne a observé qu'après injection de pilocarpine la sécré- tion pancréatique et la sécrétion urinaire renferment une grande quantité de leucocytes; elles possèdent, en même temps, une forte action kinasique, qui doit être rapportée à ces leucocytes. — Le même auteur à constaté que le procédé le plus simple pour mettre en évidence l’action de la kinase fixée sur la fibrine est de s'adresser aux solutions de cette substance dans le fluo- rure de sodium. — MM. L. Camus et E. Gley pensent que l'intervention de la kinase leucocytaire n'est pas dans tous les cas indispensable pour qu'il se sécrète un suc protéolytique. — M. C. Delezenne et A. Frouin ont constaté la présence de sécrétine dans les macérations acides des ganglions mésentériques. — M. L. Camus croit qu'il n'y pas de transformation possible de l’enté- rokinase en sécrétine sous l'influence des acides. — M. Ch. Féré montre que l'excitation qui se manifeste au contact des métaux sur la peau n’est pas de nalure psychique, mais s'explique par l'irritation provoquée par les produits de l'attaque des métaux par les sé ré- tions acides de la peau. — M. Ch. Féré et M!° M. Jaëll ont étudié l'influence des rapports des sons sur le tra= vail. Les intervalles dissonants sont déprimants sans exception. Les intervalles consonants sont tous exCI- tants, sauf la tierce mineure. — M. A. Laveran à exa= miné un lot de Culicides recueillis au Cambodge; il y a reconnu deux espèces nouvelles d’'Anopheles, des Culex et un Mansonia. — Le mème auteur à examiné aussi des Culicides provenant des Nouvelles-Hébrides; il a trouvé une espèce nouvelle d'Anopheles et une de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 842 Stegomyia. — Enfin, M. Laveran à déterminé des | liquide, puis il en a déduit le coeflicient de dilatation. Culicides envoyés de la région de l'Amou Daria; il y | Voici le tableau des résultats obtenus : avait de nombreux Anopheles. — M. L. Marchand | , Coefficient décrit le développement des papilles gustatives chez le Dee neue dediaston fœtus humain. — M. E. Gley a observé que l'extrait de a Æ Per Le fraises a une action lymphagogue, légèrement anticoa- Glace EEE 0,92999 0,00008099 gulante et hypotensive. Enfin, il renferme une aggluti- ace serbaneue RE ARE N Dene DDOQBTQE RATES : : = en ; Sulfate d’alumine NS ,691: sl sl: nine. — M. Vaquez et Quiserne ont TeComRa Que Ia DES do onde (10) 16937 11244 00001000 cyanose congénitale peut, pendant nombre d'anrées, Chiornetde eaT ele Lis yano: 1 Eu pour : Û (6). . 1,6773 1,1187 0,0001191 ne présenter qu'une polyglobulie modérée de 5.000.000 w: de Me (6) - 15693 16029 00001072 à 6.000.000; dans ce cas, l'existence ne parait pas Alun de potassium (24). : 16144 16414 0 U00OS13 menacée. Par contre, lorsque la polyglobulie s'établit — de chrôme (24) . . . 1,8189 1,8335 0,0000365 au delà de 6.000.000, elle semble fatalement progressive Carbonate de Na (10). . . 1,460 1,4926 0,0001563 et le pronostic est beaucoup plus grave. — MM. G. Fé- Phosphate de Na (12). . . 1,5200 1,5446 0,0000787 lizet et A. Branca admettent que la cellule intersti- Ferrocyanure de K A DRESSÉ CIRE EU: tielle du testicule représente, en dernière analyse, une Here NAN HOTIS ne Et simple modalité de la cellule conjonctive. — Les Acide oxalique . . 16145 4.702 00002643 mèmes auteurs ont constaté que le testicule ectopique Oxslate de méthyle | 14260 4132178 00003482 tente parfois d'élaborer une lignée séminale; mais la Paraffine . . . .=. . . . . (\9103 -0,9770, 0,0003567 glande ectopique prolonge outre mesure son stade de Naphtalène. . . : . . . . 1,1559. 4,2355 00003200 pré-spermatogénèse, et elle entre en régression avant Hydrate de chloral . 1,9151 1,974% 0,0001482 d'avoir élaboré les spermatozoïdes. — M. P. Bonnier GS SELS AN ES EE ET Does ol LontIÈne montre que le labyrinthe nous fournit, outre les sensa- | {94e OP pis se ne tions d'orientation angulaire, celles de- déplacement CETTE 2 0322 210989 0'0001132 continu. — MM. R. Lépine et Maltet ont reconnu que Mercure 14193 14,382 00000887 le passage du sucre à traversle rein favorise l'excrétion Sodium. 0,972 1,006 0,0001865 des chlorures par rapport à l’ensemble des éléments Graphite . 2,0990 2,1302 0,0000733 de l'urine. Il diminue, au contraire, sensiblement l’ex- crétion d'acide phosphorique. — MM. J. Winter el A. Guéritte montrent que la méthode de L. Meunier pour la détermination de l'azote dans le suc gastrique con- duit à des résultats très inexacts.— MM. Bonnamour el Pinatelle confirment l'existence des organes parasym- pathiques de Zuckerkandl; ilsse distinguent nettement des ganglions lymphatiques voisins et aussi des corps suprarénaux. — M. A. Monery a reconnu que l’albu- mine unie à l'acide chondroitine-sulfurique ou à ses dérivés pour former la substance amyloide est une nucléine. — M. F. Battellia constaté que la nature de l'alimentation ne paraît pas jouer un rôle appréciable relativement à la quantité d'adrénaline contenue dans les capsules surrénales. — M. Mavrojannis montre que le sérum et l'extrait encéphalique des animaux morphinisés possèdent, vis-à-vis de la morphine, des propriétés antitoxiques faibles, mais réelles. Ces pro- priétés sont d’ailleurs peu durables. — MM. C. Phisalix et G. Bertrand: Sur les principes actifs du venin de crapaud commun (voir p. 746). — M. R. Dubois à observé, chez des lapins auxquels on avait coupé la moelle au niveau de la quatrième vertèbre cervicale, la formation de lésions stomacales. La mort, chez ces ani- maux, provient de ce quils produisent moins de chaleur. — Le mème auteur montre que l'intégrité des tubercules bijumeaux est nécessaire pour que les phé- nomènes d'orientation soient conservés chez divers animaux. — MM. H. Stassano et F. Billon ont remar- qué que la sécrétion pancréatique obtenue par Îles injections de sécrétine s'appauvrit progressivement en ferment digestif. — M.J. Périn a reconnu que le sérum frais, quoique fixant moins d'acide et moins de pepsine que le sérum chauffé, arrive cependant à pos- séder un pouvoir antipeplique égal. Ce pouvoir parait être dû à une action spécifique. — M. J. Noé à étudié la désassimilation des éléments minéraux chez le hérisson. L'acide phosphorique et le chlorure de sodium augmentent dès le printemps jusqu'à un maxi- mum qui à lieu en juin, puis diminuent progressive- ment jusqu'à un minimum qui à lieu fin janvier. — M. C. Delezenne est élu membre titulaire de la Société. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 4J. Dewar : Coefficients de dilatation cubique de la glace, de l’acide carbonique solide, äes sels hydratés et d’autres substances aux basses tempé- ratures. -— L'auteur à commencé par déterminer la densité de ces divers corps à la température de l'air On voit que l'acide carbonique solide présente le plus graud coeflicient de dilatation de tous ceux indiqués dans la table; ce coefficient est comparable à celui du soufre entre 80 et 100° (0,00062). ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 3 Juillet 1902. 1° SCIENGES MATHÉMATIQUES. — M. W. Wirtinger exprime d'une facon simple, par les méthodes du caleul intégral, une transformation, signalée par Riemann, de la représentation intégrale des fonctions hypergéomé- triques et en déduit directement le théorème que toute fonction hypergéométrique peut être représentée comme fonction significative à laide de la fonction modulaire elliptique 4? (x). — M. V. Weiss : Sur un certain rapport projectif de quatre faisceaux de rayons de 1° ordre. — M. L. Brenner communique ses obser- vations de Jupiter faites à l'Observatoire de Manora, de 1898 à 1901. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. M. Eder : Etudes d'analyse spectrale sur l'impression photographique en trois couleurs. — M. F. Exner conclut de ses recherches que les couleurs qui sont le plus agréables à l'œil sont celles qui se rapprochent le plus d'une des trois sensations fondamentales de la théorie de Young- Helmholtz. — M. G. Jager : Contribution à la théorie des processus photographiques. — M. A. Lampa déve- loppe une théorie moléculaire des diélectriques aniso= tropes, qu'il applique au caoutchouc. Une plaque de caoutchouc, possédant la constante diélectrique 2,263, de 51,4 mm. sur 49,5 mm., est déformée de manière à avoir 61,5 sur #6 mm.; son épaisseur tombe de 2,15 à ? mm., ét sa constante diélectrique devient 2,727. A l'aide de sa théorie, l’auteur trouve 2,747, ce qui cons- titue une bonne concordance. — M. R. Reik à préparé à l'état pur les sels d'ammonium de quelques acides organiques. Le formiate distille dans le vide sans décomposition. L'acétate fond à 112,5-1140; le sel commercial est un mélange de sels neutre et acide. Le biacétate s'obtient par dissolution de lacétate neutre dans l'acide et précipitation par l’éther. L'acé- tate neutre distille partiellement dissocié, le biacétate presque sans décomposition. — MM. W. Frobe el A. Hochstetter ont étudié l’action de l'eau à l’ébullition sur les dibromures et les dichlorures des olélines. Avèc ‘ Les chiffres placés entre parenthèses indiquent le nombre de molécules d’eau de cristallisation. mL + ie mm ne ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 843 bromure d’amylène, on obtient de la méthylisopro- pyleétone ; avec le bromure d'isopropyléthylène, de la éthylisopropylcétone, de l'isopropyléthylène-glycol et de l’isopropylacétylène ; avec le bromure de 3-hexy- ène, de l’oxyde de à-hexylène et du 3-hexylène-glycol. MM. A. Franke et M. Kohn, en réduisant le eyanure de méthyltriméthylène par le sodium et lalcool, ont obtenu de la méthylpentaméthylène dia- mine (Eb. 78°-80° sous 13 mm.) et de la B-méthylpipé- idine (Eh. 1200-1240). — M. A. Kirpal : Sur l'acide cin- choméronique et ses éthers. — H. Meyer indique une aouvelle méthode de préparation pour l’a-cyanopyri- dine, puis décrit les nitriles des acides nicotique, isonicotique et cinchonique. — Le même auteur à constaté que les acides aminopyridinecarboniques, qui renferment le groupe Az H? en position y, se comportent d'une façon particulière à la titration alcaline; ils paraissent en grande partie saturés intramoléculaire- ment. —M.J.Zink, par l’action de l'ammoniaque sur la naphtalideméthylphénylcétone, a obtenu une imide qui peut se transposer en un isomère jaune contenant un azote tertiaire. — M.J. Klimont : Contribution à l'étude des graisses des plantes. — M. C. Doelter à déterminé la composition chimique de quelques roches filoniennes de Monzoni. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. S. von Schumacher à étudié les nerfs du cœur des Mammifères et de l'Homme. Le nerf dépresseur est constant dans toute la série des Mammifères. Chez l'Homme, ses analogues paraissent être la branche cardiaque du laryngé supérieur et les branches cardiaques supérieures du nerf vague. — M. F. Megusar : Les organes des sens de l'Hydrophi- lus piceus et du Dytiseus marginalis. — M. V. Kinder- mann à observé que les cellules de fermeture pré- sentent une plus grande résistance que les autres cellules de la feuille aux diverses influences nuisibles. La cause de cette grande résistance parait tenir à la constitution du plasma. — M. A. Nalepa a découvert de nouveaux organismes dans la bile: l’£Zriophyes gymnoproctus, VE. vermicularis, VE. salicorniae. — Mc E. Lampa présente ses recherches sur quelques Hépatiques. Le développement de la tigelle aux dépens du protonema présente de grandes homologies avec les » Stades correspondants du développement des Mousses vertes et des Fougères. ACADÉMIE DES SCIENCES D’AMSTERDAM Séance du 28 Juin 1902:(suite). 1° Sciences PHYSIQUES. — M. W. H. Julius : Une hypothèse sur lorigine des protubérances solaires. L'auteur se propose de démontrer que l'introduction du principe de la dispersion anomale dans l'explica- tion des phénomènes solaires mène à des notions sur l'état physique du Soleil d’où découlent, comme des conséquences nécessaires, un grand nombre de parti- cularités des protubérances. Il résume, de la ma- nière suivante, l'hypothèse énoncée dans une commu- ication antérieure (/Æev. gén. des se., t. XI, p. 562): « Les éléments divers, démontrés dans l'atmosphère solaire par les observations des raies spectrales, se présentent sur une étendue beaucoup plus vaste qu'on ne le croit ordinairement en se basant sur les phéno- mènes lumineux ; ils peuvent se trouver partout à des distances énormes au dehors de la chromosphère et n'être vus qu'en des lieux sporadiques ; avec quel- - ques exceptions, leur propre rayonnement ne contribue peut-être que fort peu à leur visibilité; les distances es lieux auxquels on croit observer la lumière caracté- ristique de ces matières en dehors du disque du Soleil, dépendent principalement des différences de densité locales en rapport avec leur faculté de causer la disper- Sion anomale ». Ainsi l’auteur a fait abstraction de la condition intérieure de la photosphère; son hypothèse Sur l'origine de la lumière chromosphérique est indé- -pendante des opinions particulières sur la constitution de la Poecpntre. Cependant, tout en se servant du principe de la dispersion anomale pour l'explication des phénomènes spectraux observés dans les taches solaires, il pense, avec M. A. Schmidt, que la sur- face apparente de la photosphère, au lieu de représen- ter la limitation d’un corps, doit être considérée comme une « sphère critique, » déterminée par la propriété que son rayon est égal au rayon de courbure des rayons lumineux horizontaux passant par un point de sa sur- face. En approfondissant ses considérations sur les pro- tubérances, l'auteur est conduit à adopter un des trois théorèmes dans lesquels M. Schmidt résume sa théorie : il considère le Soleil comme une masse illi- mitée de gaz, dont la densité et le pouvoir lumineux en général, à des irrégularités locales près, décroissent en s'éloignant du centre, Toutefois, sa représentation des propriétés et de la constitution de cette masse de gaz est plus simple qu'elle ne le serait en se servant de la théorie totale de M. Schmidt. En effet, l'introduction de la dispersion anomale lui permet de supposer, contrairement à l'opinion de M. Schmidt, que dans toute cette masse de gaz, tout aussi bien au dedans qu'au dehors de la sphère critique, les diverses substances sont mélangées les unes avec les autres d'une manière intime, ce qui n'empêche pas qu'en général le pour- centage des substances lourdes augmente avec la pro- fondeur. En effet, partout où se présentent desdifférences de densité, causées par des courants, des tourbillons, etc. la condition de l'existence de la réfraction irrégulière est donnée ; en particulier, les substances qui dispersent fortement des espèces déterminées de lumière trans- mise pourront se rendre visibles à de grandes distan- ces hors du disque solaire. On obüient ainsi une explication purement optique du fait qu'on voit les gaz divers du Soleil séparés les uns des autres, mème en supposant qu'ils ne sont pas séparés du tout. Il y à quelques mois, M. R. Emden (Annales de Physique, t.IN, p. 176-197) a décrit le caractère principal de l’état de mouvement au dedans d'un soleil supposé gazeux, en appliquant au Soleil les développements mathémati- ques à l’aide desquels Helmholtz a étudié la nature des mouvements dans l'atmosphère de la Terre sous l'influence de la chaleur solaire et de la rotation diurne. Il à ainsi déduit plusieurs propriétés des taches solaires en supposant que ces taches indiquent des lieux où de grands tourbillons parviennent à la surface du Soleil. D'après M. Julius, ces considérations gagneraient en certitude si l’on faisait abstraction de l’existénce d'une surface limitante du Soleil et tenait compte dét la réfraction (ou plutôt diffraction) anomale. M. Julius se borne à considérer ici ces parties des tourbillons qui se projettent pour nos yeux au dehors des bords du disque solaire; la base principale de son étude est for- mée par l'hypothèse que toute la chromosphère, avec toutes ses protubérances, n’est autre chose qu'un Sys- tème d'ondes et de tourbillons, devenu visible à certaines distances du limbe par la dispersion anomale de la lumière photosphérique. D’après cette théorie, on voit s'expliquer assez simplement l'énigme des vitesses apparentes énormes des matières des protubérances, qui, selon les observations de M. J. Fényi, s'élèvent à 550 kilomètres par seconde. En effet, à la notion de matière qui se meut avec cette vitesse se substitue la propagation de la condition de luminosité de différen- tes masses. Si, au bord de la mer, une onde considé- rable se meut dans la direction de la côte et qu'elle se brise, d’abord ici, ensuite là-bas, etc., personne ne parle de la vitesse avec laquelle l'écume blanche se ropage le long de la côte. On sait que le signe visible du tourbillonnement se forme successivement en des lieux divers, voilà tout. Ainsi l'on peut considérer les protubérances comme les brisants de la mer solaire. — Ensuite, M. W. H. Julius présente une brochure de son oncle, feu Y. A. Julius, intitulée : L'Æther, discours pro- noncé à Harlem en 1902. —M. J.D. van der Waals : Systèmes ternaires. V. Courbes de pente et enveloppes de cordes. Addition d'une troisième matière à un mélange binaire donné. — Ensuite M. van der Waals ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES présente, au nom de son fils, M. J. D. van der Waals ns Electro-mécanique Statistique. Seconde partie : La distribution de l’'éner gie par rapportaux durées des vibrations des ensembles quasi- canonique — MS. Hoogewerff et W. A. van Dorp: /a d-phénylphtali- mide de MM. Kuhara et Fukui. Critique sur un mé- moire intitulé : « Action of aromatic amines upon DOS CORNE at different te pe ratures » (American Chem. Journ., t. XXVI, p. 454), où les résultats anté- rieurs obtenus re M. P. van de Meulen dans le labo- ratoire de M. Hoogewerff sont ignorés. — MM. C. A. Lobry de Bruyn el W. Alberda van Ekenstein : /)é- rivésméthyléniques de la formaldéhyde, des sucresetdes glucosides. — Ensuite M. de Bruyn présente, au nom de M. J. J. Blanksma : Le déplacement intramoléculaire des halogène-acétanilides et sa vitesse. L'auteur trouve : 1° que là transformation de l’acétylchloracétanilide en p-chloracétanilide se comporte comme une réaction monomoléculaire ; 2° que Br, CI, AzO,, Az0, O liés par Az changent de place avec un atome d'H du noyau sous l'influence de la lumière solaire ; 3° que la transforma- tion de l’acétylchloracétanilide en solution alcoolique ou acétique est due à la génération d’une substance catalysatrice (HCI), accé ‘lérant de plus en plus (sur- tout à la lumière solaire) la réaction; done, on ralentit la réaction en neutralisant la substance catalysatrice par l'addition d’un trace de carbonate ou d’acétate de sodium. — Enfin, M. de Bruyn présente, au nom de M. J. W. Dito, un mémoire intitulé : La courbe d'é- bullition du systéme : hydrazine + eau. — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente, au nom de W. Reïn- äers : L'élément GARE et la doctrine des phases. Récemment, Nernst et, plus tard, Bancroft ont essayé d'appliquer la doctrine des phases à l'élément galvani- que, composé d'une combinaison de deux métaux, dont chacun est environné par un électrolyte, en rapport de conductibilité l’un avec l’autre. Seulement ces savants n'ont pas fait assez attention au théorème : «Si la phase A est en équilibre avec B et C à la fois, il y a équilibre entre B et C aussi ». Ils considèrent l'électrolyte liquide en contact avec les métaux comme une phase homo- gène unique, tandis qu'en réalité on a affaire à deux phases non en équilibre, dont on trouble autant que possible l'homogénéité de toutes les manières. Dans ce qui suit, l’auteur tâche de porter remède à ce défaut : 1. L'équilibre entre l'électrode métallique et l'électrolyte environnant et l'intervalle du potentiel à la surface limitante. A. L'électrode consiste en un métal unique el l'électrolyte environnant ne contient que des cations du même métal. B. L'électrode se compose de deux sels de métaux se présentant tous les deux dans l'élec- trode. Ici il y a trois cas à distinguer : 4° A la tempé- ture donnée, les deux métaux n "agissent pas lun sur l’autre ; ils ne forment donc ni une composition, ni une solution fluide ou solide ; 2° Les métaux forment une solution homogène fluide ou solide ; 3° Les métaux forment une composition. II. Les éléments constants. — Ensuite, M. Onnes présente, au nom de M. J. E. Ver- schaffelt: Contribution a la connaissance de la surface % de Van der Waals. VII. L’équation d'état et la sur- face 4 à la proximité immédiate de l’état critique pour des mélanges binaires, dans le cas où l’une des deux substances ne se présente qu'en quantité faible. Intro- duction. 4. Le diagramme (p, v, T) d'une substance simple à proximité de l'état critique. 2. Le diagramme (p, v, T) d'un mélange, à proportion x de mélange très pêtite, à proximité du point critique du mélange-:3. Le diagramme (p, v, x) de mélanges à petite x et à une température peu différente de Tx. 4. La surface à re- présentée par l'équation : 1 (}— , £l = 1 D—= — Mo\V—Y 5 11 (Y } 7 (] ) 1 v— Ie 1,33— 3 V— } ! m 1 e ! ! \ + RT xIOgx + > +Ex- Tr...) indique le volume à la température T4. 5, Les Le point de plissement. 7. La où y! phases coexistantes. 6 courbe limite dans le diagramme (p, v, x). 8. La Pres jection de la courbe connodale sur le plan (x, v). 9. Le point de contact critique. Le travail est illustré par une planche contenant quinze figures (à suivre). — M. J. C. Schræder van der Kolk présente, au nom de M. À. H. Sirks : Sur les avantages de la gravure me- tallique à l’aide du courant électrique. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. G. C. J. Vosmaer : Sur la forme de quelques « spicula » siliciques des « Spongiæ ». L'auteur distingue : 1. Pedinaxons; IL. Spiraxons, et, dans le dernier groupe : 4. a. Spiraxons (HE Sigmaspira, 2. Spirula, 3. Spinispira, Micro- spira, 5. Sterrospira). 2. À ê. Spiraxons (1. Sr 2 Chela, 3. Diancistra). — M. W. Beyerinck présente, au nom de M. G. van Iterson Jr. : £xpériences d'ac- cumulation avec des bactéries dénitrifiantes. Résumé et conclusion : 1° Condition principale des expériences : l'exclusion totale ou partielle de l'air. Ainsi, l'auteur a pu obtenir plusieurs cultures de colonies de bacté- ries dénitrifiantes dans des solutions de sels organiques et de nitrate. Trois de ces expériences ont toujours donné un résultat constant et ont fourni les Bacterium Stutzer: Neum. et Lehm., Bacterium denilrofluores- cens, n. sp. et Bacterium vulpinus, n. sp. > Le B. Stutzeri se distingue par la structure extraordinaire des colonies. 3° Le B. denitrofluorescens est le premier exemple d’une bactérie dénitritiante ne liquéfiant pas la gélatine. 4° Le B. vulpinus est une bactérie chromo- phore, dont le pigment ne se forme que par la crois- sance sous l'influence de la lumière. 5. Les B. Stutzeri et vulpinus se comportent par rapport à loxygène libre comme des spirilles aérobies; le B. denitr ofluo- rescens Se Comporte Comme une bactérie aérobie ordi- naire, etc. — M. H. W. Bakhuis Roozeboom présente, au nom de M. Eug. Dubois : La constitution géolo- gique et le mode de formation du « Hondsrug » en Drente (suite). — M. C. Winkler présente la thèse de M. N. J. A. Francken se rapportant au changement dans les observations des élèves pendant leur séjour aux écoles moyennes. En suivant l'ordre d'idées déve- loppé par H. Binet dans son étude « La description d'un objet » (L'année psychologique, 1897), l’auteur à fait faire à 505 élèves de petites compositions sur deux thèmes différents, 253 sur un photogramme représen- tant le côté supérieur du billet nouveau de gx florins, 252 sur une rose jaune dans un petit vase. La lecture de ces compositions fait distinguer deux groupes de compositeurs, ete. — M. J. W. Moil présente, au nom de M. J. H. Bonnema : Les blocs erratiques du Cambrien du village d'Hemelum dans le sud-ouest de la Frise. — Rapport de MM. H. de Vries etJ. W. Moll sur le mémoire « Die Periodicität morphologischer Erscheinungen bei den Pflanzen » de Mie T. Tammes. Parmi les causes de la variation oscillante dans le règne végétal figure en premier lieu la nutrition. En chaque plante parti- culière, en chaque branche, la nutrition est soumise à des variations. Le développement des feuilles est la cause d'une production croissante de matières orga- niques, ce qui fait accroître le courant de nutrition. Dans le siècle précédent, Harting a attiré pour la pre- mière fois l'attention sur l'importance de la nutrition en rapport avec la variabilité. Les recherches de Mie Tammes font suite à ces idées de Harting, en te- nant compte des progrès récents de la science, des méthodes et des exigences nouvelles. Son œuvre, qui paraîtra dans les Mémoires de l’Académie, est divisée | en trois parties. La première traite de la périodicité normale; la seconde est de nature expérimentale el fait voir comment un changement dans les phéno- mènes male ; locales. : la troisième s'occupe des variations anomales el P. H. Scnoute. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris, — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. de nutrition influence cette périodicité nor- M DIRECTEUR : N° 18 30 SEPTEMBRE 1902 Revue générale pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. $S 1. — Mathématiques Génération géométrique des courbes or- “nementales chez les Grecs. — Malgré les tra- vaux de Tannery et de Zeuthen, nous connaissons, au fond, peu de choses sur la Géométrie des Grecs. Des œuvres essentielles restent perdues, la chaine des ‘découvertes est brisée à maint endroit. La plupart des courbes étudiées, en dehors des sections coniques, le sont sans qu'on puisse savoir quelles considérations théoriques ou quelles préoccupations pratiques ont présidé à leur étude. Non seulement les tronçons de la pensée géométrique restent isolés les uns des autres, mais nous ignorons quels liens les rattachaient à l’en- semble de la pensée et de ja vie grecques. M. Daniel Wood s'est livré, depuis quelques années, à des recherches qui, généralisées, pourraient amener des résultats féconds dans cet ordre d'idées. En étu- diant la courbure des vases grecs et les lignes d’archi- ecture des principaux monuments, il s’est efforcé de retrouver les moyens mécaniques que les artistes avaient pu employer pour les tracer. Après de patients efforts il est parvenu, notamment, à trouver un mode “de génération simple pour la courbe méridienne si “élégante des vases kylix et pour tous les motifs artis- “tiques de l’anthémion du Parthénon, qui admettent un mode de génération unique. La courbe du kylix est engendrée par le mouvement d'un des sommets d'un triangle dont les deux autres sommets sont assu- ….jettis à se déplacer l’un sur une ligne droite, l’autre sur n cercle. Toutes les courbes de l’anthémion, si variées de forme, peuvent être engendrées par le troisième sommet d'un triangle dont les deux autres parcourent des cercles convenablement choisis. En comparant ces résultats avec quelques indications obtenues par d’au- tres chercheurs, M. Wood formule cette règle générale que les courbes ornementales des Grees peuvent être engendrées par un point d'un plan qui se meut de manière à ce que deux de ses lignes droites passent “par deux points fixes, ou que deux de ses points prennent des mouvements simples (rectiligne ou cir- ulaire), ou encore qu'un de ses points se meuve dans REVUE GÉNÉRALE DES SC:EXCES, 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L, OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris, — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. ces conditions pendant qu'une de ses droites passe par un point fixe. On peut tirer delà deux conclusions importantes : La première, c'est que les Grecs,ne traçaient pas à la main leurs courbes, d'une inimitable pureté, et qu'ils avaient reconnu que, pour des objets à réaliser matériellement, ce procédé donne des résultats presque nécessairement défectueux; mais qu'ils avaient admis un mode de génération suffisamment plastique pour leur permettre de réaliser toutes les formes harmonieuses qu'ils pour- raient concevoir. La seconde, c’est qu'ils possédaient une cinématique intéressante et originale, très différente de celle que les machines-outils modernes nous ont rendue familière, et à laquelle nos techniciens modernes pourraient faire peut-être d’utiles emprunts. M. Wood a vainement essayé d'introduire en Angleterre l'usage de l « instrument du potier », dont les Grecs se ser- vaient pour tracer le kylix, et qu'il a reconstitué. Chose digne de remarque, la plupart des courbes transcendantes étudiées par les Grecs, la cardioïde, la conchoïde de Nicomède, la cissoïde de Dioclès, etc., admettent un mode de génération compris dans la formule générale ci-dessus. On est donc tout naturel- lement amené à cette hypothèse que les géomètres du temps ont entrepris l'étude des courbes ornementales, telles qu'il les voyaient réalisées autour d'eux, el peut-être même ne sont-ils pas étrangers à l'introduc- tion de ces méthodes de tracé. Mais, comme l'étude générale d’une famille aussi étendue de courbes offr des difficultés presque insurmontables, ils ont dü se borner à rechercher les cas particuliers les plus sim accessibles à leurs investigations. Il y à, il est vrai, une grave objection qi i se présent immédiatement à l'esprit : tous les pr l’Eu clide doivent se résoudre exclusivement par la 1 et le compas, sans l'intervention d’aucu ment. Mais peut-être la Géométrie d le et du compas, la Géométrie classique, n'ét qu'un cas particulier de la Géométrie grecque * ee à 6 ER Les travaux de M. Daniel Wo 1bliés dans une revue technique : « The Bui rait haute- ment à désirer qu'ils soient mis à rtée du public par une publication sépa 18 846 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $S 2. — Physique du Globe Le Rapport de la Mission scientifique de que la Martinique. — On sait l'Académie des du cratère descendant dans la vallée de la Rivière Blanche. Fig. 1. — Poussée Sciences avait confié, à une Mission composée de MM. A. Lacroix, professeur de Minéralogie au Muséum, Rollet de l'Isle, ingénieur hydrographe de la Marine, et Giraud, le soin d'étudier sur place les effets de l’érup- tion volcanique récente de la Martinique. Cette Mission, Fig. 2, — Fumerolles dans la vallée de la Rivière Blanche. — Au centre, fumerolle débouchant dans le lit de la rivière et constituée en grande partie par de la vapeur d'eau; plus au fond, à droite, famerolle débouchant sur le talus et renfermant des cendres. qui est rentrée en France le mois dernier, a présenté récemment à l'Acadé ‘mie des Sciences un aperçu som- maire des résultats qu'elle a obtenus. Nous allons les exposer brièvement, en les acc ompagnant de la repro- duction de que ques photogr: aphies inédi ites, prises par M. Lacroix, qui les a mises obligeamment à notre dispo- sition ; me nts Le Rapport de la Mission se divise en deux parties : nous lui en exprimons ici tous nos remercie- | la première a trait aux observations faites sur les érup- tons de la Montagne Pelée, la seconde à la catastrophe gui a causé l’anéantissement de Saint-Pierre. . Eruption de la Montagne Pelée. H est impossible Fe donner ac tuellement des détails sur la topographie intérieure du cratère ; il n’est pas directement abor- dable, d’une part, et, de l'autre, pendant tout le séjour de la Mission à la Martinique, les nuages, enveloppant continuellement le sommet de la montagne, ont beau- coup gèné les observations. | L'éruption actuelle n'a été caractérisée par l'ouver- ture d'aucune fente béante en dehors du cratère ; mais l'existence de fissures est mise en évidence par de nom- Fig. 3. — La Montagne Pelée avec, au premier plan, les apports de la catastrophe du à mai sur l'usine Guérin. breuses fumerolles. La direction générale des fissu- res est N.-E.—S.-0. Le plus grand nombre d’entre elles sont localisées dans une zone assez étroite, comprise entre le lit de la Rivière Sèche et celui de la Rivière Blanche ; ces dernières ne sont pas limitées à la terre ferme : elles se prolongent dans la mer. C'est sensi- blement sur leur prolongement que les ruptures du câble sous-marin ont eu lieu. Les éruptions du volcan ont été jusqu'à présent caractérisées uniquement par la sortie explosive de gaz, de vapeurs et de matériaux silicatés solides ou Fig. 4, — Détails du conglomérat apporté par la catastrophe du à mai. . fondus, portés à une très haute température. L'épan- chement de laves fondues à fait défaut, Les poussées de gaz et de vapeur émanées du cratère ont la forme CHRONTQUE ET CORRESPONDANCE 8 de grondements ou de détonations. Elles s'élèvent ver- icalement, souvent à une grande hauteur, et s'incli- nent ensuite dans la direction du vent. Essentiellement _ Fig. 5. — Apports de la catastrophe du 5 mai sur 1e voisinage de l'usine Guérin. constituées par de la vapeur d'eau accompagnée de gaz, elles sont, le jour, blanches, rousses ou noires, ivant qu'elles tiennent en suspension une plus ou moins grande quantité de cendres. Les vives lueurs qui ont été signalées par les témoins des grandes érup- tions paraissent dues aux matériaux solides (lapillis et blocs) incandescents, projetés avec le gaz et les vapeurs. — De nombreuses fumerolles se rencontrent dans la vallée de la Rivière Blanche, depuis son origine jusqu'à la mer, et dans la partie inférieure du cours de la Ri- vière Sèche. Elles se comportent très différemment sui- vant qu'elles aboutissent à l'air libre ou qu'elles débou- chent dans le lit des rivières (fig. 2). Celles qui se font jour dans le conglomérat volcanique ou au milieu de la ndre ne donnent relativement que peu de vapeur eau; elles renferment de l'hydrogène sulfuré et quel- efois du sel ammoniac; elles n’ont qu'une force ascensionnelle extrêmement faible; on les voit ramper à la surface du sol sans s'élever: elles fonctionnent Sans interruption. Les fumerolles du lit de la Rivière Blanche sont intermittentes:; elles fournissent une co- lonne de vapeur d’eau très blanche, qui s'élève de temps en temps avec une force ascensionnelle assez grande (fig. 2), donnant de nombreuses volutes qui, bientôt, edescendent à la surface de la mer ou du sol. A cs" Re 7 A (Ur _ — … classique (fig. 1) ; leur sortie est souvent accompagnée Des cendres ont été rejetées à chaque éruption, et disséminéessur toute l’île. Les phénomènes d’érosion les entrainent très rapidement dans les bas-fonds et même à la mer. Des lapillis, constitués par de petits fragments anguleux d’andésite à hypersthène, se trouvent plutôt dans le voisinage immédiat du cratère. Des blocs de matière fondue de dimensions variées, mais pouvant dépasser un mètre cube, ont été projetés par le volcan. Les bombes, les lapillis et les cendres de l’éruption actuelle, entrainés par les eaux dans les dépressions, y constituent des conglomérats. à Mais il existe, à l'embouchure des Rivières Blanche et Sèche, un conglomérat d'une autre nature, qui s’est Fig. 1. — Basse-Pointe. Bloc entraîne par une crue de rivière el ayant fait sauter la maison contre laquelle il est adossé. produit dans des circonstances différentes. On sait que, le 5 mai, le barrage de l’étang Sec s’est rompu, donnant passage à une avalanche de boue et de blocs énormes qui, renversant {out sur son passage, a détruit l'usme Guérin et les habitations voisines (fig. 3). Des érosions considérables ont, depuis lors, entamé ce conglomérat et permettent d'en étudier la structure (fig. #). On le voit reposant sur le sol ancien raviné (fig. 5); il est constitué par une succession de lits de cendres grossières, de bancs Fig. 8. — Barre prod suite des s, puis de supérieure de de plus grande de gros blocs avec des lits d gros blocs mélangés sans 0 la formation, constituée pa 848 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE taille (fig. 6), rappelle une moraine gla- ciaire. On n'y trouve aucun bloc de l'érup- tion actuelle. Divers phé- nomènes In- téressants se sont produits consécutive- ment à l'érup- tion. Dans toute la ré- gion entière- ment dévas- tée, le déboi- sement est total toute végétation à disparu. Aussi les pluies très abondantes, n'étant rete- nues par rien déterminent la formation soudaine de torrents vio- lents, dont la puissance dy- namique est considérable et qui entrainent tout sur leur passage. Les effets dé- — Le Quartier du Fort à la fin de juin avant l'érosion. davres et montre que beaucoup de Entre le cra- tère du vol- can, Sainte- Philomène et Saint - Pierre, iln'existe plus rien ; le sol est nu : villas, usines, bois, cultures, tout a disparu. Dans Saint- Pierre mème, l'emplace- ment du Quar- tier du Fort, le plus rap- proché du vol- can, était en- core, le, 22 juin, recou- vert par une sorte de dune de cendres à surface ondu- lée (fig. 9). De- puis lors, l'é- rosion,très ac- tive pendant cette saison des pluies, met peu à peu à découvert ruines et Ca- maisons de la vaslateurs de ces torrents peuvent surtout s’observer | partie haute du quartier ont été rasées au niveau du à la Basse-Pointe, où toutes les mai- sons des parties bas- ses du bourg ont été emportées et le lit inférieur de la ri- vière remblayé par 4% 50 de blocs et de débris de toutes sor- fesse 7) Sur la côte est, ces torrents ont produil des at- terrissements 11 — portants à leur em- bouchure et ont étendu le della; c'est ainsi qu'à la Basse- Pointe il s’est formé une barre de 100 mè- tres environ, truant entièrement la baie (fig. 8). 2. Catastrophe de Saint-Pierre. Les observations de la Mission tendent à montrer que le dé- sastre de Saint- Pierre est dû à l'exis- tence d’une poussée formidable de gaz et de vapeurs à haute température, dont l'origine doit étre rechert hée au nord de la ville. L'exis- tence de cette pous- mise parti- culièrement en évi- ses effets obs- sée est lence pal mécaniques. Effets de l'érosion dans le Quartier du Fort. sol (fig. 10); il en est de même pour le quartier du centre. Quant aux maisons placées sur la rive droite de la Roxe- lane et adossées au coteau sur lequel se trouvait le Quartier du Fort, elles ont été en partie protégées et n'ont subi que la démolition partiel le,si caractéristique dans le sud de la ville. Lorsque, en ef- fet, on s'avance dans cette direction, on constate que la dé- vastation y a été moins complète : les maisons ne sont sou- vent que partielle- ment renversées et, dans le Quartier du Mouillage notam- ment, où les rues principales ont une orientation oscillant autour du N.-$S. ou dans une direction perpendiculaire, on constate que les murs dont le plan est dirigé N.-S. ou dans des directions voisi- nes sont presque en- tièrement debout, alors que les autres n'existent plus ou presque plus (lig. 11 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 849 -et 12). La constance de l'orientation de tout ce qui à élé renversé est particulièrement frappante dans le cime- tière du Mouillage. Les grilles de fer ont été arrachées et projetées vers le sud (fig. 13); des pierres tombales de marbre, placées à plat sur les caveaux, ont elles- mêmes subi un déplacement dans la même direction (fig. 45). Lorsqu'on s'éloigne de Saint-Pierre dans la direction Fig. 11. — ARuines de Saint-Pierre vues de la mer. — Les murs dirigés N.-S., restés debout, sont vus ici de face. de l’est, sur le Morne d'Orange ou dans le Quartier des Mrois-Ponts, par exemple, on constate latténuation progressive des actions mécaniques : les arbres ne sont plus renversés, mais seulement dépourvus de leurs branches et de leurs feuilles; les maisons sont moins atteintes; parfois même, quelques-unes d’entre elles subsistent presque .intaetes (fig. 44); puis on arrive à une zone extérieure où, seul, le feuillage des arbres a souffert. Les observations calorifiques et physiologiques indiquent également l'action rapide et persistante d'une source de calorique à haute température, pro- Fig. 12. — Ruines de Saint-Pierre vues du sud. — Les murs de direction N.-S., restés dehont. sont vus ici sur la tranche; les murs E.-0. sont en grande partie renversés. duisant l'asphyxie. Dans une zone centrale, la tempé- rature a été assez élevée pour déterminer l'incendie, carboniser superficiellement les cadavres après avoir brûlé leurs vêtements; mais elle à été insuffisante pour fondre des fils minces de cuivre (10549), A l'ex- térieur de cette zone, les phénomènes d'asphyxie ont persisté, mais la température s'est abaissée de telle sorte que des vêtements mème ne pouvaient plus être carbonisés; enfin, plus extérieurement encore, la vie a été Fig. 43. — Accumulation des grilles vers le sud dans le cimetière du Mouïllage. ont eu à souffrir soit simplement de gène respiratoire, — Saint-Pierre (Quartier des Trois-Ponts). Zone Fis. 14 15: . L limite de grande dévastation. soit de brûlures analogues à celles que produit la Fix. 15. — Dép'a le sud dans vapeur d’eau dans des « iudières. 850 $ 3. — Électricité industrielle Transport de force de Saint-Maurice à Lausanne (Suisse), pour les Services d’éclai- rage et de traction électriques de la Ville de Lausanne. — Le transport de force au moyen de l'électricité par courant continu vient de recevoir en Suisse une application d’une très grande importance, tant au point de vue de la distance et de la puissance transportée, déjà considérable et destinée à le devenir encore davantage, qu'au point de vue des idées géné- ralement reçues, qui favorisent trop indistinctement l'emploi des courants alternatifs pour ce genre d’appli- cations. Le choix de ce système a été fait, en 1898, par une Commission technique nommée par la Ville de Lausanne pour assurer, dans les meilleures conditions de sécu- rité et d'économie, ses services d'éclairage et de trac- tion, après un examen laborieux des propositions dé nombreux FRS RAURR C'est à la suite du Rapport de cette Commission que la Ville de Lausanne a fait l'ac- quisition d'une chute d’eau distante de 56 kilomètres, et a décidé d'assurer elle-même, comme l’a fait Genève à l'exemple d’autres cités suisses, l'exploitation de ses usines de tramways, d'éclairage et d'eau. Les usines d'éclairage et de tramways de Lausanne recoivent donc sous forme électrique l'énergie de cette chute, etelles ont pour objet de la transformer et de la distribuer suivant les besoins de la ville. Outre l'éclairage et les tramways, l'usine hydro-élec- tique de la Ville de Lausanne fournit encore de l'éner- gie à des usines, et une société nouvelle est sur le point de faire appel à cette puissante usine de production pour obtenir l'énergie nécessaire au service d'un che- min de fer prolongeant en Suisse, par le Châtelard et Martigny, la ligne française du Fayet-Saint-Gervais à Chamonix, dont le P.-L.-M. entreprend en ce moment mème le prolongement jusqu'à la frontière. Pour ne parler que des installations déjà faites par la Ville de Lausanne, nous nous bornerons à décrire rapidement l'usine génératrice de Saint-Maurice el l'usine réceptrice installée dans la ville de Lausanne, pour le double service de l'éclairage et des tramways. 1. Usine génératrice de Saint- Maurice en Valais. — Située à 56 kilomètres de Lausanne et à peu près à mi- chemin entre cette ville et le Simplon, elle est destinée sans aucun doute à recevoir de nombreux visiteurs et à donner une excellente impression de simplicité aux ingénieurs qui l’examineront en détail. Telle est la consécration des travaux et de l'ingénieuse expérience de M. Thury, qui a déjà doté la Suisse d’une quinzaine d'usines de moindre importance, établies cependant sur les mêmes principes. Les génératrices sont des dynamos à collecteur de courant continu, d'aspect analogue à celui des dyna- mos ordinaires, aux précautions près d'isolement, qui sont plus grandes. Deux de ces machines sont accou- plées entre elles et à chaque turbine au moyen d'un accouplement élastique Raffard, qui joue en même temps un rôle isolant. Chacune peut donner 2.250 volts à la charge de 150 ampères, et, par conséquent, chaque groupe de deux peut donner, à cette intensité, 4.500 volts, les deux machines étant indivisibles et mises en série. Ces 150 ampères donnent, dans les deux fils de ligne reliant l'usine génératrice à Lausanne, une tension d'environ 2.000 volls, qui pourrait évidemment être réduite au prix d'un peu plus de cuivre, mais qui n'est pas considérable pour une valeur suffisante de la charge. Par exemple, si deux groupes sont mis en série sur la ligne, comme € actuellement le et s'ils travaillent à pleine charge, la chute de tension en ligne perd déjà de son importance relative, n'étant plus que 2.000 est cas, —— = ?22°/,. Pour la charge de trois groupes, elle 2 X 4.500 : 2.000 , 2.000 . 2.000 devient ——— ; pour #, - ——© ; DOUT D, —— 3 X 4.500 4 XX 4.900 h] 4.500 — 8 °/, seulement, ce qui est minime. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE chute de : On voit donc que la chute de tension (et, par consé-" quent, la perte en énergie, qui est égale au produit de cette chute de tension par l'intensité constante du cou-" rant) est constante et indépendante de la charge, et que, par conséquent, sa valeur relative est grande à faible charge (rendement proportionnellement faible), faible, au contraire, à charge élevée (rendement pro- portionnellement élevé). Le réglage automatique du courant est'ingénieuse- mentassuré au moyen d'un appareilautomatique Thury, agissant sur l'admission d’eau des turbines. Les manœuvres de mise en marche et d'arrêt sons réduites au strict minimum, et effectuées au moye d'appareils de commande et de contrôle extreme simples. Un commutateur à deux directions sert, en À effet, à mettre chaque groupe en court circuit sur lui-! D'abord mis en court mise en service mème ou en série sur la ligne. circuit pour l'amorcage avant rant de court cireuit a atteint la valeur constante vou- lue de 159 ampères. Un ampèremètre est donc adjoint au commutateur ci-dessus. Enfin, mission d’eau aux turbines peut être très simplement enlevée au régulateur, pour être effectuée lors du démarrage. L'arrêt en est effectué aussi simplement, et ce n'est pas un des moindres sujets d'émerveillement du visi- teur de remarquer que les groupes générateurs de courant triphasé, rage de lusine et des environs, comportent, en eux- mèmes et dans leurs tableaux de distribution, plus de complexité que tout le matériel principal de l'usine. 2. Usine réceptrice de Lausanne. Le courant de traction. Pour le service d'éclairage, on a adopté le courant triphasé, tant à Lausanne qu'à Saint-Maurice même. Ici, les alternateurs sont commandés par des turbines Rs aux turbines principales, mais plus petites. Là, ils sont commandés par des moteurs série système Thury, ac tionnés par le courant de 150 ampères de la ligne de Saint-Maurice à Lausanne. Enlin, le service de tramways, encore assuré par des dynamos génératrices à 500 volts, commandées par mo- teurs à gaz pauvre, le sera désormais par des dynamos … du mème genre, commandées au moyen de moteurs série analogues à ceux des groupes d'éclairage. Tous ces moteurs série sont analogues aux généra- trices de Saint-Maurice, aux proportions et au réglage près, d’après le principe de réversibilité : chacun com= porte un ingénieux régulateur de vitesse, qui à, pour chacun d'eux, une importance égale à celle du régula- teur d'intensité de l'usine génératrice de Saint-Mau- rice, S 4. — Chimie industrielle Transformation de Pazote et de POSER À atmosphériques en acide pitrique. — Il quelques années, le Professeur Crookes attirait l'ation 3 tion de l'Association Britannique, qu'il présidait alors, sur l'extrême importance de fabrication industrielle des nitrates. « La race blanche, disait-il, vit de pain, essentiellement, et ne peut vivre d'autre chose lion; nous ne pouvons mi intenir la prépondérance des peuples européens d'origine qu'à la condition den les terres à blé ne. sont pas indéfiniment étendues, et des données statisti=. ques très préc ises prouvent que le moment approche, trouver le froment nécessaire. Or, où l'augmentation constante du nombre des blancs pro= duira un déficit permanent qui ne pourra être comblé que par la culture intensive. Or, exige les engrais chimiques dans les conditions actuelles de la civilisation, les engrais humains ou ani= maux ne peuvent suffire. Et, parmi les engrais chimi- ques indispensables, enfin, il en est un, le nitrate, que la commande d'ad- à la main. installés accessoirement pour l'éclai- du groupe, il est inséré et mis en charge dès que le cou-: courant » continu à intensité constante ne convient ni pour la. distribution du courant d'éclairage, ni pour celui du. SANS | transformer profondément sa psychologie et sa civilisa= la culture intensive. - la Nature ne met à notre disposition qu'avec une par- _cimonie alarmante : la demande grandissante suffira à ‘puiser en peu de temps les gisements les plus riches, . ceux du Chili; ensuite, nous n'’aurons plus de nitrate que celui que nous fabriquerons. » . Cette fabrication est possible; le Professeur Crookes venait de le montrer en rappelant l'attention sur le fait, anciennement connu, que l'oxygène et l'azote de Jair se combinent sous l'influence de l'étincelle élec- trique. Comme nous pouvons nous procurer à bon mar- - ché la potasse et surtout la soude, le problème se rame- nait, en dernière analyse, à la production peu coûteuse de l’étincelle électrique, et ce dernier n'offre pas de difficulté sérieuse si l’on dispose d'énergie à un prix suffisamment réduit. Utiliser les sources inépuisables de puissance mécanique dont nous disposons pour produire du blé par l'intermédiaire des nitrates serait lonc, dans l'esprit du célèbre physicien, l'un des moyens essentiels d'assurer le maintien de la civilisa- tion actuelle. … Ses idées viennent de recevoir une première appli- cation pratique : une Société s'est fondée aux Etats- Unis pour la fixation électrique de l'azote atmosphé- rique en utilisant la force motrice produite par le iagara. Elle emploie une dynamo continue, du type utilisé pour les arcs en série et d’une force électromo- trice de 10.000 volts. Son courant produit, à l’aide d'un appareil inventé par MM. Chas. S. Bradley et B. R. Lovejoy, plus de 400.000 décharges par minute. L'appareil se compose d'une boîte cylindrique, dans la- quelle on peut faire circuler un courant d'air; il porte, suivant 6 génératrices, des séries de vingt-trois contacts qui sont reliés, par l'intermédiaire d'une inductance, au pôle positif de la dynamo. Le pôle négatif est relié à un cylindre tournant à l'intérieur du premier et por- tant des séries correspondantes de parties en relief qui peuvent approcher des conducteurs du cylindre fixe sans les toucher. Le cylindre mobile peut faire 500 ré- .volutions par minute. A chaque rapprochement des conducteurs et des projections, une série d’arcs se for- ment, qui se rompent après un temps très court. Pen- dant une révolution, chacun des 138 conducteurs donne naissance à 6 arcs, soit 828 arcs par tour et 414.000 par minute. L'air qui a passé par cette machine est chargé de 2,5 °/, de divers composés d'oxygène et d'azote, et, en le conduisant à travers une tour à hydratation, on obtient de l'acide nitrique ou nitreux, ce dernier s'éva- porant rapidement et se recombinant avec l'oxygène de telle sorte qu'on n'obtient finalement que de l'acide nitrique. On estime que, jusqu'à présent, un million de tonnes d'acide nitrique élaient annuellement produites en traitant des nitrates par l'acide sulfurique. Les pro- moteurs de l'entreprise affirment qu'ils pourraient les » obtenir par leur procédé à des prix sensiblement infé- -rieurs, tout en livrant un acide chimiquement pur. Peut-être pourraient-ils bientôt réduire suffisamment leurs prix pour que, par un renversement des rôles, Vacide nitrique serve à son tour de matière première pour la production des nitrates et que le vœu du Pro- fesseur Crookes se trouve ainsi réalisé. $ 5. — Physiologie La valeur alimentaire de l'alcool. — À pro- pos des théories sur le rôle physiologique de l'alcool et sur l'alcoolisme que notre distingué collaborateur le ‘Dr Romme a récemment exposées ici-même ‘, M. Jean Coignet, ancien élève de l'Ecole Polytechnique, nous adresse les intéressantes remarques que voici : « La Société des logements économiques et dali- “mentation de Lyon possède deux restaurants populaires économiques. Le système de ces restaurants est le sui- vant : le client paie, en entrant, des jetons qui lui per- mettent de retirer de différents guichets des portions 4 R. Roue : Les bases scientifiques de la lutte contre lalcoolisme, dans la Revue du 30 juillet 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 851 toutes préparées de pain, de vin, de légumes, de viande ou poisson, de soupe, de dessert, de café, de café- cognac. Ces portions sont toujours à peu près les mêmes comme quantité. « La clientèle du restaurant des Brotteaux est surtout. composée d'ouvriers travaillant ; celle du restaurant de la Guillotière compte, pour une très grande part, des employés et ouvriers en chômage. 1 « A l’aide des statistiques dressées chaque année par la Société, on peut faire le calcul suivant : en rappor- tant tout à la viande, considérée comme aliment prin- Cipal, on trouve qu'en 1900, au restaurant de la Guillo- tière, un consommateur à dépensé en moyenne : Mae MR En 0 Er 20 Pan Re EUR 0 fr. 083 LÉCUMES PEER 0 fr. 136 Soupe 0 fr. 059 Dessert. . RO MTAIOEE Total des féculents et sucres . . 0 fr. 322 Nan LR RO fr: 17€ 0 fr. 696 « Au restaurant des Brotteaux, un consommateur dépense : Viande . NME ON fr20 Pain . = LOT ON Légumes . 0 fr. 119 Soupe. . . 0 fr. 053 Dessert. RP IO EST AURA Total des féculents et sucres . 0 fr. 291 NIORT AMC ARR 0 fr. 192 0 fr. 683 « Nous n'avons pas tenu compte du cognac, qui est consommé avec le café seulement, et en proportion infime. « Ces deux tableaux montrent qu'aux Brotteaux les ouvriers, qui dépensent plus de force musculaire, con- somment un peu plus de vin et moins de féculents, avec une dépense totale moindre, que l'ouvrier, moins occupé, de la Guillotière qui, en économisant le vin, est obligé de le remplacer par plus de pain et de légumes, et arrive à une dépense un peu plus élevée. « Jai fait le calcul sur plusieurs années et j'ai trouvé toujours le même résultat. « « IL est à remarquer que ces restaurants sont admi- nistrés avec le plus grand ordre, et que les denrées, vendues au prix de revient, sont de qualité iLTÉprO- chable. « L'usage modéré du vin qui est fait dans ces restau- rants parait donc jouer un rôle certain et eflicace dans l'alimentation. » $ 6. — Sciences médicales Opérations chirurgicales représentées sur un vase grec.— M. Jean Heitz, interne des hôpitaux, a récemment publié, dans. la Nouvelle Iconographie de la Salpétrière, le fac-similé d’un vase grec de l'Ermi- tage, où figure la représentation la plus ancienne que l’on connaisse d'une opération chirurgicale. Ce vase, dont nous reproduisonsici ledessin(fig.1), provient du tumu- lus de Kovl-Oba, près de Kertch, ville bâtie, comme l'on sait, sur l'emplacement de l'ancienne colonie grecque Panticapée. Le tumulus servit de sépulture à un prince scvthe, à demi grécisé, enterré avec sa femme, de son entourage et ses objets préférés. I artistique, des vases trouvés dans ce tom leur assigner pour date le rv° siècle ou sièc! qui marqua l'apogée de la splendeur d'Atn etrax curieux de constater que sur l'un de ces vases Son! très habilement représentées deux scènes d'opérations chi- rurgicales pratiquées sur un barbare par un 4 arbare : « Les deux Scythes sont vètus d'u n peau, en fourrure, et dont le poil est vraisem nent tourné in rroie revêtue en dedans. Leur ceinture d’ornements métalliques. is on Iliq :ssures souples 852 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE sans semelles, des chaussures de cavaliers. L'un des deux Scythes, agenouillé, porte sur la tête une sorte de capuchon. C'est le chirurgien. De la main gauche, il soulève le talon du membre blessé. De son côté, le malade soutient le mollet, qui repose dans sa main large ouverte. La bande à été roulée déjà deux ou trois tours sur le bas de la jambe, et le chef libre reste plié plusieurs fois dans la main du panseur qui, peu ingé- nieux, n'a pas songé à l'enrouler préalablement en sens inverse. Cette bande qu'il va enrouler, il la main- tient légèrement tendue, et cette tension, qui se trans- met aux tours déjà formés, est sans doute pénible à supporter, car ici encore nous voyons le malade essayer d'un geste de lui retenir la main, » Daremberg a cité, dans La Médecine d'Homère!, quel- ques dessins de vases grecs (dits étrusques), probable- Fig. 4° — Opération chirurgicale représentée sur un vase grec. ment du 1v° siècle, où se trouve figuré Achille pansant le coude blessé de Patrocle. $ 7. — Enseignement Création d’une École Nationale Supérieure d'Agriculture coloniale, — Un décret vient de créer, au Jardin Colonial de Nogent, un enseignement agricole sous le nom de : Zcole Nationale Supérieure d'Agriculture coloniale. Dans le Rapport que M. le Ministre des Colonies adresse à ce sujet à M. le Président de la République, il est dit que l'agriculture dans nos colonies mérite d'être soigneusement étudiée. « Il im- porte, dit ce Rapport, que les jeunes gens qui veulent porter dans nos colonies leurs capitaux, ou qui seront appelés à occupe des postes dans l'Administration agri- cole, possèdent toutes | connaissances techniques nécessaires pour leur permettre de réussir et de diriger avec compétence les fonctions qui leur seront confiées. » 1 Revue Archéologique, 1865, Il suffirait, pour cela, de compléter, par un enseigne- ment technique spécial, les notions générales qui sont enseignées dans les diverses écoles. Mais on à consi- déré que cetenseignement devait être,en même temps, très technique et très pratique. Et c'est pour satisfaire à cette double condition que cet enseignement vient d'etre institué au Jardin Colonial. Ne pourront être admis, comme élèves réguliers de cette Ecole, que les candidats munis du diplôme de l'Institut National Agronomique, des Ecoles Nationales d'Agriculture, de l'Ecole d'Hortliculture de Versailles, de l'Ecole d'Agriculture coloniale de Tunis, de l'Ecole Coloniale, de l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures, de l'Ecole de Physique et de Chimie, ou de la licence ès sciences naturelles ou ès sciences physiques. Ici nous placerons une simple remarque à l'adresse de MM. les rédacteurs du Ministère des Colonies : la licence ès sciences n'existe plus; il eût donc été utile d'indi- quer avec plus de précision les certificats exigés pour l'entrée dans ce nouvel établissement. Cet enseignement, dont la durée est d’une année, sera donné par des professeurs nommés par le Ministre des Colonies et dont voici la liste : Agriculture coloniale : M. Dybowski, inspecteur gé- néral de l'Agriculture coloniale, directeur du Jardin Colonial; Culture des plantes alimentaires : M. Chalot, direc- teur du Jardin d'essai de Libreville ; Botanique coloniale : M. Dubard, licencié ès sciences, chef du Service botanique au Jardin Colonial ; Technologie coloniale : M. Paul Ammann ingénieur agronome, chef du Service chimique au Jardin Colonial; Zootechnie coloniale : M. Malèvre, professeur à l'Institut agronomique ; Génie rural colonial : M. Max Ringelmann, profes- seur à l’Institut agronomique ; Pathologie végétale : le docteur Delacroix, maître de conférences à l’Institut agronomique ; Hygiène coloniale : le D° Loir, ancien directeur de l'Institut Pasteur de Tunis ; Economie rurale appliquée aux Colonies : M. Daniel Zolla, professeur à l'Ecole d'Agriculture de Grignon et à l'Ecole des Sciences politiques ; Administration coloniale : M. André Yon, professeur à l'Ecole Coloniale, Certes, nous ne nions pas l'intérêt de la création de cette Ecole d'Agriculture Coloniale, car nous estimons que l’on ne fera jamais trop pour introduire plus de science dans la pratique des cultures coloniales. Mais est-ce bien ainsi que l’enseignement scientifique doit ètre donné, etn'est-il pas à craindre que le nouvel ensei- gnement établi au Jardin Colonial ne fasse oublier à la direction de ce dernier le but pour lequel cet établisse- ment a été créé? L'avenir nous dira si nos appréhen- sions étaient justifiées. Institut Electrotechnique Montefiore. — Vu le nombre croissant des élèves fréquentant l'Institut qu'il à fondé, M. Montefiore à fait à l'Université de Liége de nouvelles largesses, pour agrandir les locaux el mettre le matériel scientifique à la hauteur des der- niers progrès. La force motrice de létablissement et. les laboratoires de machines ont été plus que doublés. Dep gr Le + : rh d' are A ne hioens ME On a construit un auditoire pour 400 élèves, avec musée et installations annexes. Enfin, contre l'Institut, M. Monteliore a édifié un Club qui servira aux anciens élèves et aux élèves, et dans lequel ceux-ci pourront passer tout leur temps en dehors des heures consacrées à l'enseignement, - éléments des voitures à moteur explosif; nous étu- - dierons maintenant ces voitures en elles-mêmes. L'Exposition de décembre 1901 à marqué la fin du tricycle, le déclin de la voiturette, le récent “ essor de la motocyclette, l'épanouissement de la . voiture légère *. - - Nous ne dirons rien des motocycles et seule- - ment quelques mots des motocyclettes. I — Morocy- CLETTES. Il y avait, au - Salon, 28 moto- F renforcé, cons- _truites pour être _ äctionnées mé- caniquement, et - 4 bicyclettes … ordinaires aux- quelles on avait nn, ON > CS GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 853 5 . L'AUTOMOBILE EN 1902 DEUXIÈME PARTIE : LES VOITURES À MOTEUR EXPLOSIF déjà à 1897. Le moteur, d'un cheval trois quarts, alimenté par un carburateur à pulvérisation et muni de l'allumage électrique avec accumulateurs et bobine, est disposé verticalement au bas du cadre, à la place du pédalier, qui a été reculé. Le mouvement est transmis par une courroie à une poulie montée sur la roue d'arrière. La motocy- clette marche à une vitesse de 10 à 50 kilomètres à l'heure; elle pèse 35 kilogs. $S 2. — Motobicy- clette Peugeot. C'est aussi le poids de la mo- tobicyclette Peugeot, dont le moteur, d'un cheval et demi, assez étroitpour être logé entre les pédales, est incliné au-des- sous de la par- tie du cadre qui - adapté un mo- : Comme type « de la première catégorie, on peut prendre la moto- … cyclette Werner 1902 (fig. 1), le cinquième modèle « créé par cette maison, dont le premier remonte . 4 Voyez la Revue du 15 septembre 1902, t. XIII, p. 811. — © M.P. Périssé a donné, dans la Locomotion automobile — du 16 janvier 1902, la statistique suivante des véhicules à explosion, motocycles et camions non compris : ETES EE IEEE NE Le 490 Changement de vitesse parengrenages.Trans- mission par cardans . 36 Moteur verlical } Changement de vitesse ‘ à l'avant . . par engrenages.Trans- … Voitures mission par chaines . 11 légères . Transmission par cour- MOTEAUNIAUE EM NT MOfEUTROnZON EEE RENTRER 10 Moteur vertical. — Transmission par Uoitures. chaines DOME CAOPTIORE 2x SHC PES 21 ; à Moteur horizontal. — Transmission par LA CHENE RENE SCT Poele 4 Divers_ (voitures de la Société générale des Télépho- puces, Lepape, avant-trainc). . . . . . . . . . . . fl Si l’on compare cette statistique à celle de M. Martin, que DC nn relie le pédalier teur. Fig. 1. — Motocyclette Werner 1902. — Au bas du cadre, le moteur, portant à la fourche. Sa } au-dessus de lui le carburateur. Sous la traverse horizontale, une boite con- : 4 .. tenant le réservoir d'essence (suffisant pour parcourir 180 kilomètres) et Vilesse en palier $ 4. — Motocy- les accumulateurs. Sous la selle, la bobine d'induction. Sous le guidon, les est de 235 à 40 M Cictte Werner manettes de carburation et d'avance à l'allumage. Deux freins, lun sur la o à * roue d'avant, l'autre sur la roue d'arrière. kilomètres. £ 3. — Autocyclette Clément. L'autocyclette Clément a son moteur couché sur le côté incliné du cadre près de la fourche; sa puissance, d'un cheval à 4.900 lours,.peut lui im- primer une vitesse de 40 kilomètres à l'heure. nous avons déjà donnée (p. 811), et qui comprend tous les vé- hicules exposés, on voit que les pourcentages ne sont pas iden- tiques. Cela provient de l'indécision qui règne sur le partage des diverses catégories. M. Périssé ne semble regarder comme voiturettes que les véhicules (y compris les quadricyeles) d'un poids inférieur à 350 kilogs, ce qui est assez logique pour faire cadrer le classement avec les exigences du Règle- went du 10 septembre 1901, dont l'article 1 1impos positif de marche arrière aux véhicules d'un poids su à ce taux, mais ce qui n'est en harmonie, n1 ave le ment des courses de l’Automobile-Club qui chiffre le poids maximum des voituretté ni avec la réalité des faits, car il y d ttes avec marche arrière. Pour nous, nous ification suivante : Voiturettes . . . . . Au-d | gs (à vide)- Voitures légères. . . D vide). Voitures vide). Grosses voitur ilogs (à vide). 854 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 S 4. — Bicyclette Chapelle. Son moteur est disposé verticalement, comme celui de la motocyclette Werner; elle est pourvue d'un changement de vitesse, et elle a fait, en course, jusqu’à 60 kilomètres à l'heure. $ ». — Bicyclette Demester. La bicyclette à pétrole Demester peut, dit-on, faire du 70; elle a un moteur de 3 chevaux à deux cylindres, placé verticalement sur le côté inférieur du cadre, entre le pédalier et la roue d'arrière. La transmission du mouvement à cette dernière se fait par chaines et roues dentées. Elle pèse 48 kilogs, dans lesquels le moteur entre pour 18 kilogs. $ 6. — Bicyclettes ordinaires à moteur. Pour actionner mécaniquement une bicyclette ordinaire, on peut avoir recours à un moteur Prutus, qui pèse 8 kilogs et donne un cheval et quart ou un cheval et demi. Il se fixe verticale- ment dans le cadre, près de la fourche. Son mou- vement est transmis à la roue par une courroie avec tendeur. On peut aussi employer un moteur Anap, de 6 kilogs et demi, faisant normalement 2.400 tours à la minute et attaquant directement, par un pignon et une roue dentés, le moyeu de la roue arrière, près duquel il est monté verticalement. Une sa- coche-réservoir est placée sur le côté supérieur du cadre. La bicyelette, qui pèse 14 kil. 800 avec frein et roue libre, ne dépasse pas, en ordre de marche, le poids de 28 kilogs. Cinq minutes suffisent pour la débarrasser du moteur et de ses accessoires. La motosacoche Dufaux est formée de tubes d'acier, qui épousent Ja forme intérieure du cadre et qui portent le moteur (d'un cheval et quart) et ses accessoires : carburateur, réservoir, pile, bo- bine. Une manette, commandant la mise en marche et le débrayage, et un interrupteur constituent tous les organes de commande; la transmission se fait par une courroie et une poulie à gorge. IT. —- VoiTuREs. $ 1. — Schéma d’une voiture moderne. Le moteur vertical est disposé à l'avant (sauf pour la victoria, le cab, le coupé, dans lesquels il est ordinairement horizontal et placé à l'arrière). Son carburateur est à pulvérisation; son allumage se fait électriquement, assez souvent par magnéto, dans les types les plus récents; le régulateur agit ordinairement sur l'admission, et un accélérateur permet d'en retarder le fonctionnement; le refroi- dissement se fait par circulation d’eau à travers un radiateur, exceplionnellement, pour les voitureltes, par circulation d'air autour d’ailettes. Les changements de vitesse s'opèrent par engre- nages; la transmission, par courroie ou cardans, dans les voiturettes; par cardans, et plus rarement par chaines, pour les voitures légères au-dessous de 40 chevaux; par chaînes, pour les voitures plus puissantes. Le châssis est assez bas, droit, à caisse inter- changeable. Il est suspendu au-dessus des essieux par quatre ressorts, sauf dans quelques voiturettes qui n’ont qu'une demi-suspension. Les roues, de diamètres égaux, sont en bois; les pneus atteignent, pour les grosses voilures, le dia- mètre de 120 millimètres. La direction, à volant incliné, est irréversible. Au moins l’un des freins serre vers l'arrière comme vers l'avant. Nous allons décrire les principaux modèles actuellement en usage, commencant par celui qu'a créé la maison Panhard et Levassor, et auquel ont élé ramenés, par une évolution logique, presque tous les autres constructeurs. $S 2. — Voitures des Anciens Etablissements Panhard et Levassor. Les Établissements Panhard fabriquent actuelle- ment en série des voitures légères, pesant en ordre de marche 650 kilogs, et des grosses voitures, dont le poids va de 900 à 1.200 kilogs. Les voitures Zégères (fig. 2 et 3) se font avec un moleur dit de 5 chevaux, qui en donne 7, ou avec un moleur dit de 7 chevaux, qui en donne 9 1/4; elles atteignent en palier les vitesses respectives de 35 et de 50 kilomètres à l'heure, avec quatre per- sonnes à leur bord. Le moteur vertical À, à deux cylindres avec pis- tons équilibrés travaillant ensemble, mais à des temps différents, est placé à l'avant de la voiture, où il est facilement accessible. Le carburateur C est du type Phénix”. L'allumage se fait par brûleurs ou par accumula- teurs et bobine. Le régulateur à boules agit sur l'échappement par tout ou rien; il maintient la vitesse à son taux normal de 700 tours par minute; mais, à l’aide d'une pédale, on peut retarder ou hâter son fonctionnement, de façon à faire tourner le moteur à 1.200 tours, ou seulement à 300. Le re- -froidissement est assuré par 20 litres d’eau, qu'une pompe centrifuge p, entrainée par le volants, fait circuler autour des cylindres et dans le radiateur à aileltes ondulées B, placé en coupe-vent. Le volant du moteurS, de grand diamètre, forme le cône femelle de l'embrayage, dont le cône màle est en aluminium garni de cuir. Ge dernier est calé sur un arbre longitudinal 4, qui pénètre dans le 1 Jicvue gén. des Sciences, t. X,p. 136. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 855 carter des changements de vitesse, et porte un 9 Fig. 2. Fig. 3. — Fig. 2 et 3. — Chässis de la voiture légère Panhard (vu en dessus et en dessous). — À, ; burateur; C!, C!, pignons de chaines; FF, freins des roues; G, conduite d'air froid; 1, - L o L L , L de-poing à pétrole; O, levier du frein des roues; 00, leviers des cordes des freins à enroulement | par un pignon, qui engrène à angle droit avec la train baladeur à trois pignons. Ces pignons peu- | couronne du différentiel; celui-ci commande les “vent être amenés successivement en prise avec les | deux demi-arbres, qui portent les pignons des roues calées sur un arbre parallèle au premier et | chaines actionnant les roues motrices. ÿ placé au-dessus de lui, de manière à donner trois Le châssis, en acier profilé, garni intérieurement vitesses; la marche arrière est produite par l'inter- | de bois, a 0",80 de large sur 1",77 de long. Les roues moteur: B, radiateur; C, car pédale du frein T; J de débrayage: K, graisseur à graisse; L, graisseur à huile du palier central; M, graisseur à huile du moteur: N Dé Ï peaa p I s de ), avec ioires métai- H changements de vitesse et de marche; p, pompe; p!, robinet de vidange de la pompe: Q, silencieux ; ê voir d'eau; R', bouchon; R (fig. 3), calotte renfermant le ressort d'embrayage; 5, volant du moteur > levier de débrayage; T, frein de l'arbre du différentiel; #{, tendeurs des chaines; U, lanterne à bielle d'accouplement des roues directrices; vr, butoir des roues directrices; X, carter des engren pr. Y, capot recouvrant le dessous du moteur. Æ D : : : A MEN :, —…. position, entre les engrenages de petite vitesse, de | d'avant ont 0%,750 de dia —… deux pignons additionnels montés sur un troisième | 0",065 de section, el cel _ arbre. des pneus de 0*,090. L'arbre qui porte les roues dentées se prolonge Un frein à pédale s 856 liques sur un tambour de l'arbre différentiel, aussi bien vers l'arrière que vers l'avant. Un frein à levier bloque les couronnes à enroulement, dont sont munies les roues motrices. La direction à volant incliné est irréversible, grâce à une vis sans fin. Les grosses voitures sont équi- pées avec un moteur Centaure à 2 ou 4 cylindres, de 6, 8, 42, 20 che- \ vaux et au-dessus, dont nous con- \ naissons toutes les particularités : GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 qui ne pèse, volant compris, que 280kilogs. Elle peut fournir en palier une vitesse d'environ 110 kilomè- tres à l'heure. L'empattement est de 2",40; les … roues d'avant, à billes, ont 0,870 de diamètre ; + celles d’arrière, à moyeux lisses, ont 0",920. Une voiture légère, pesant environ 650 kilogs, a pris part à la même course avec un moteur de 15 chevaux, pouvant en développer 16. Son empattement est î de 2,005, les diamètres des roues de 0%,760 à l'avant et 0",870 à l'arrière. IN À * HU ‘mel Fig 4 et 5. — Châssis Mors 15 chevaux (Élévation et plan), — A, moteur: B, carburateur: C, magnéto; D, pompe ; È E, mise en marche; F, volant du moteur; G, embrayage: H, ressort de l'embrayage: 1, levier de frein des roues; J, levier de changement de vitesse; K, boîte à engrenages : L, frein différentiel; M, joiuts de Oldham; N, tambours de frein des roues; O, caisse à eau. carburation, allumage, régulalion. Elles ont 4 vi- tesses. La voiture de course Panhard, type Paris-Berlin, pèse 1.100 kilogs. Quoiqu’elle soit dile de 30 che- vaux, elle est équipée avec un Centaure de 40 che- vaux, qui peut même en développer jusqu'à 43, et Le Lype Paris-Vienne, muni du moteur de 70 che- vaux que nous avons décril, ne pèse plus, à vide, qu'une tonne : même la voiture de R. de Knyff ne dépassait pas le poids de 88 kilogs. Pour arriver à cette extrême légéreté, il n'a pas suffi d’alléger le moteur comme nous l'avons dit : il a fallu opérer RE ee D'ART Le 3 à D. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 397 d'autres réductions, notamment supprimer le faux châssis, sur lequel est habituellement monté le moteur; celui-ci est supporté par le châssis même, auquel il n'est fixé que par 4 boulons. Le carter des ‘changements de vitesse n'est lui-même accroché au “ châssis que par trois points : par l’arbre qui porte les pignons de chaîne et par un troisième boulon qui fixe l'arrière au plancher de la voiture. — Voitures Mors. La maison Mors fabrique des voitures de 6, 8, 10, 12, 45, 24 el 28 chevaux, la première avec deux cylindres, les autres avec quatre. Le type le plus moderne est celui de 45 chevaux que nous allons décrire (fig. 4 et 5). Le poids approximatif du chässis estde 800 kilogs. Le moteur vertical, placé à l'avant, est du type Paris- Berlin, que nous connaissons : avec allumage par magnéto, régulateur mécanique par tout ou rien sur l'échappement, accéléraleur à pédale, modéra- teur à levier et obturateur aussi à levier sur l’ad- mission. Les changements de vitesse et la marche arrière, commandés par un levier unique comme dans les nouvelles Panhard, sont à engrenages : la vitesse maximum en palier est de 65 kilomètres à l'heure. Le châssis, en bois armé, a 0",85 de large et 12,80 ou 2,07 de long. Les quatre roues égales, de | 0,910 de diamètre, ont des pneus de 90 millimè- tres. Frein à mâchoires serrant dans les deux sens sur l'arbre différentiel, et frein à simple enroule- ment sur les roues molrices, graissage central‘. Comme extérieur, les voitures de 45 chevaux res- semblent absolument à celles de 12 chevaux, dont la figure 6 donne un exemple. La voiture de course dite de 28 chévanx, qui afail Paris-Bordeaux et Paris-Berlin, en 1901, pèse à vide 1.300 kilogs (fig. 7). Elle est munie d'un moteur à quatre cylindres de 135 millhnètres d'alé- sage et 190 millimètres de course, pouvant déve- lopper jusqu'à 40 chevaux, qui lourne norma- lement à 900 tours et pèse 350 kilogs, volant compris; nous l'avons déjà décrit. Quatre vi- tesses (32, 60, 90 et 110 kilomètres à l'heure). Marche arrière par engrenage conique mobile. Le chässis est en bois, avec armature interne. L'empatlement est de 2",10, la voie de 12,40, les diamètres Fig. 6. — Voiture Mors de 12 chevaux. des roues de 0,87 à l'avant, de 1 mètre à l'arrière. Le type Paris-Vienne, de 60 chevaux, celui-là même qui, le 26 août 1902, à Deauville, à fait le kilo- mètre lancé en 26 sec. 2/5 (ce qui donne une vitess horaire de 136 kilom. 350), ne pèse plus | sans dire, qu'une tonne à vide. Il offri ticularités d'avoir une transmission di trième vitesse et ses quatre ressorls effet, six amortisseurs (se COMPO ASE É 1 fonte cylindrique, solidait du Le se meut un piston, dont la tige, 5 eu, comprime de l’air lorsqui tion ; tee a l'huile 1 Sur le garde- s01 ,à , . ilimentaut pour le moteur, d'un seul coup, I paliers. GÉRARD LAVERGNE — d'un choc) sont disposés : trois de chaque côté, un au milieu du ressort d'avant, deux sur le ressort d'arrière. Ces amortisseurs sont, on le sait, deslinés à empêcher les oscillations des ressorts autour de leur position d'équilibre après qu'ils ont élé com- dite de — Voiture de course Mors Fig: 1. ù primés. Ils augmentent le confort des voyageurs; ils diminuent la fatigue du mécanisme et l'usure des pneus, qui, au lieu de bondir sur le sol, ne le quit- tent pour ainsi dire plus; du même coup, ils amé- liorent l'adhérence et l'effet utile du moteur, $S 4. — Voitures Charron, Girardot et Voigt. MM. Charron, Girardot et Voigt débutent dans la construction automobile; de pourtant, avec une Mors et une leurs voitures à une Panhard, représenté lescouleurs francaises dans la coupe Gordon-Bennett. Le chässis de 15 chevaux pour voiture légère, qu'ils avaient exposé, est équipé avec un moteur à quatre cylindres à longue course et forte compression : la régulation se fait à la main sur l'admission pillon régulateur placé sur la conduite qui relie le car- par un pa- burateur aux cylindres) et Fig. à l'aide d'un appareil à boules sur l’échappement. Le carburateur, dans lequel la marche des courants gazeux est disposée ‘une facon nouvelle, est réchauffé par une déri- n, non des gaz de l'échappement, mais de L'AUTOMOBILE EN 1902 l’eau chargée de refroidir le moteur. La circulation de cette eau est, d’ailleurs, assurée par une pompe à engrenages, à laquelle une chaine Galle imprime une vitesse d'environ 200 tours à la minule. L'embrayage, avec équilibrage des poussées, est, parait-il, fort élastique; le différentiel est à six pignons; son arbre est articulé par deux cardans pour n'être soumis à aucune faligue. Le chässis est en bois gainé d’alumi- nium. Il est suspendu par cinq ressorts, dont un transversal à l'arrière; les roulements sont à billes. Les freins des roues motrices sont disposés à l'intérieur de poulies solidaires des ressorts et restent en place quand on enlève les roues. Les construc- teurs revendiquent en faveur de leurs véhi- cules une grande dou- ceur et une grande élasticité. 28 chevaux. un 5. — Voitures Mercédes, Dans les 35 chevaux 1901, l'embrayage est formé par des sabots métalliques venant s'appliquer à l'intérieur d'une couronne faisant partie intégrante du volant : toute poussée sur l'arbre moteur est ainsi évitée. Les changements de vitesse se font par double 8. — Voiture Mercédès (type 1902). train baladeur : trois crémaillères distinctes com- mandent, l'une les deux premières vitesses (pour les voitures de course, 29 et 47 kilomètres à l'heure), l'autre, la troisième et la quatrième (83 et 102 kilo- GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 êtres), la dernière, la marche arrière, obtenue par insertion d'un pignon entreles deux roues de petite vitesse. Le même levier commande les trois cré- maillères, à l’aide d’un secteur denté que l'on déplace de l’une à l’autre, un verrouillage empê- chant toute fausse manœuvre. Le mouvement est transmis au différentiel par des pignons d'angle; l'arbre du différentiel entraine, à chacune de ses extrémités, le pignon correspondant par un plateau quatre griffes. Les chaines sont à doublesrouleaux. . Le chässis, en fers à U, dont les ailes sont décou- pées aux extrémités pour arriver à la forme d'égale résistance, est entretoisé à l'avant par le moteur et au milieu par une traverse boulonnée; il se ferme à l'arrière par une traverse brasée. Les ressorts d'avant et d'arrière sont simples : celui d’arrière a des menottes à ses deux extrémités et est relié aux coussinets de l'arbre intermédiaire par des bielles, la facon ordinaire. Les essieux sont tubulaires et les roues tournent sur rouleaux. Le diamètre des roues d'avant est de 910 millimètres, celui des oues d'arrière de 14",02. {l y a trois freins : un frein à mâchoires, combiné avec le débrayage, sur l'arbre différentiel; un frein à ruban, sur l'arbre des changements de vitesse; un frein à serrage intérieur sur les roues motrices. Les trois peuvent être arrosés avec l'eau d’un réservoir placé près du conducteur; les deux premiers ont, du reste, leur jante creuse, de facon à conserver l’eau qui arrive par l'intérieur. La direction à volant incliné agit par vis: l’es- sieu brisé présente cette parlicularité que l'axe de rotation est dans le plan même de la roue. La voi- ture pèse 1.100 kilogs à vide. Les Mercédès 1902 (fig. 8) sont plus légères : les chàssis 40 chevaux pèsent 900 kilogs, les 28 che- vaux, 825, les 20 chevaux, 700, les 10 chevaux, 650. Comme leur volant est utilisé pour ventiler les tubes du radiateur, l'embrayage a été ramené au entre pour dégager le mieux possible la surface du volant. L'arbre principal de la transmission porte un renflement cylindrique, autour duquel est nroulée, sans le serrer, une spirale en métal dont une extrémité est fixée au volant. L'autre extrémité de ce ressort est liée à un levier qui, en se dépla- et cylindre sont enfermés dans un bain d'huile. Les changements de vitesse et, en général, tous es roulements sont montés sur billes. Les premiers y même du changement de vitesse, le moteur ralentit de lui-même, permettant de reprendre une nou- velle vitesse sans aucun bruit. Du reste, ces voitures nt remarquablement silencieuses. Les châssis nt en tôle d'acier embouti très rigide. $S 6. — Voitures Rochet-Schneider. Les voitures légères modèle 1902 sont munies de moteurs de 8 ou 12 chevaux, à 2 ou 4 cylindres. Le régulateur agit sur l'admission des gaz: il est progressif et modifiable à la main pour faire varier le nombre de lours entre 250 et 1.200 par minute et obtenir des allures très diverses sans toucher au levier des changements de vitesse. Le refroidis- sement se fait par un radiateur tubulaire à ventila- teur, analogue à celui des voitures Mercédès. Il y a quatre vitesses et une marche arrière d'un système spécial, dont les engrenages sont renfer- més dans un carter qui contient aussi le différentiel ; les paliers de l'arbre de ce dernier sont à billes, comme les moyeux des roues motrices. Le châssis 12 chevaux pèse 585 kilogs; il a 2 mètres d'empatiement. La vitesse atteint 635 à 10 kilomètres à l'heure en palier, avec caisse légère et deux personnes. $ 7. — Voitures Eldin-Lagier. La maison Eldin-Lagier, établie à Lyon comme la précédente, fait des voitures à deux cylindres, de 4,5, 6 ou 8 chevaux, et d’autres, à quatre cylindres, de 8, 10, 12, 16 ou 20 chevaux. La régulation se fait par variation progressive de l’'échappement à l'aide de cames"; l'allumage, par tube ou, électriquement, à l’aide d’accumulateurs ou d'une magnéto. Le ser- rage des freins à collier des roues d'arrière est assuré également sur les deux roues par un palon- nier compensateur. $ 8. — Voitures Peugeot. La maison Peugeot continue à faire des voitures à moteurs horizontaux bicylindriques, avec allu- mage par brûleurs de leurs types bien connus de 5 et 8 chevaux; mais elle fait aussi des véhicules avec moteurs verticaux de 1, 2 ou 4 cylindres à allumage par brüleurs ou électrique, notamment des voiturettes avec moteurs monocylindriques de 5 et 6 1/2 chevaux, des voitures légères avec mo- teurs bicylindriques de 8 chevaux à allumage électro-magnétique, et des voitures de 10 et 20 che- vaux avec 4 cylindres et allumage électrique par magnéto ou accumulateurs. Le châssis de 10 chevaux ne pèse que 700 kilogs environ. La voiture atteint facilement en palier la vitesse de 50 à 60 kilomètres à quatre voyageurs. Les soupapes d'aspiration du moteur sont commandées mécaniquement. Le régu- lheure, avec 1 La hauteur de la levée des sou varie, mais les moments d'ouver toujours identiques, pour conserver m l'échappement et la même cou: ion. Un ou plusieurs cylindres peuvent nent mis hors travail. 860 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 lateur agit sur deux robinets qui étranglent les gaz à leur entrée dans les boites à soupapes. Le réservoir d'essence est placé sous le chässis, à l'arrière; une dérivation gaz d'échappement presse sur l'essence pour la faire arriver au carbu- un in- des rateur. La pompe est mue par engrenages : dicateur de vide renseigne à chaque instant sur la marche de la cireulation d’eau. Le châssis est en bois armé. Le frein, qui agit sur les moyeux des roues motrices, est bien équilibré, grâce à une tra- verse d'acier qui glisse sous le châssis et pose à ses deux extrémités les attaches des liges des deux colliers. Sur demande, un appareil à graisse con- sistante, avec rampe à départs multiples, assure la lubrification de toutes les parties frottantes du mécanisme. $ 9. — Voitures Georges Richard. La Société des Etablissements Georges Fig. 9. Richard construit des voiturettes de 4 et 5 chevaux, avec le carburateur du système que nous avons dé- crit et un moteur monocylindrique vertical, dont l'allumage se fait par bobine d'induction et bougie à dilatation libre. Le moteur de 5 chevaux seul est muni d'un régulateur automatique avec dispositif pour l'accélé ration . Le refroidissement se fait par aileltes et ventilateur pour le moteur de 4 che- vaux, par Circulation d'eau pour celui de 5 che- vaux. La transmission s'opère par courroie et boîte d'engrenages spéciale. Il y a Les voitures légères (fig. 9 des moteurs de 7'/, ch vaux à 2 cylindres ou di une marche arrière. sont équipées avec n cylindre, de 10 che- # cylin- val a! 20 chevaux à dres, et alteignent respectivement les vitesses de 42 51 et électriquement par pile et trembleur 15 kilomètres en palier. L'allumage se fait magnéto-mé- canique spécial. Le régulateur agit sur l'admission — Chässis Georges Richard de et permet de faire marcher le moteur de 250 à 1.500 tours; plesse très grande et une marche silencieuse. Les changements de vilesse se font par engrenages; pour la grande vitesse, il n’y a, entre le moteur et, 1 les roues, d’autres engrenages que les deux pignons coniques de l’essieu d’arrière. Le chässis, dont rosserie. Fe ton n'était, en 1904, irréversible que sur demande. Le graissage se fait sous la pression d’une partie des gaz de l'échappement. Les grosses voitures, de plus de 750 kilogs, à châssis en acier et bois armé, sont actionnées par des moteurs * horizontaux, à 2 cylindres, de 8 ou 10 chevaux. La transmis- sion se fait par courroie, engre- nages et chaines. 10 chevaux (1902). $ 10. — Voitures de Dion-Bouton. ‘ La maison de Dion-Bouton, dont les voiturettes de 3 ‘/, et 5 chevaux sont bien connues, fait aussi" depuis quelques mois les voitures légères de 5 et. 8 chevaux. Nous ne parlerons que de ces der- nières, qui on! avec les premières de très grandes analogies, à cela près que le moteur est à l'avant au lieu d'être à l'arrière. Il reste, d’ailleurs, ver- lical et monocylindrique. Le poids de ces voitures légères (phaéton ou ton- neau) est de 600 kilogs environ : celle de 6 chevaux, chargée de quatre personnes, fait en palier 38 Ke mètres à l'heure; celle de 8 chevaux va jusqu'à 45. L'allumage du moteur s'opère par pile et bobine; larégulation, par l'échappement;le refroidissement, par pompe centrifuge qu’actionnent des engrenages Le mouvement du moteur est transmis par un arbre: il donne ainsi à la voiture une sou- GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 861 gements de vitesse; ceux-ci sont simplement au nombre de deux, parce que le moteur peut faire de 300 à 2.400 tours par minute. Les engrenages sont toujours en prise, comprenant chacun une roue folle que l'on peut rendre solidaire de son arbre par le déplacement de segments de fibre. Quand aucune de ces roues n'est solidaire de l'arbre, le inoteur est débrayé, sans qu'on ait besoin, pour le “débrayage et l'embrayage, d'un organe spécial. La marche arrière s'effectue par interposition d'un pignon supplémentaire et par emprunt de l'une des oues de la grande vitesse. Le mouvement, démultiplié par les engrenages “à cardans longitudinal à l'un des arbres des chan- | vis sans fin. Le graissage est assuré par un graisseur à pompe avec robinel à quatre voies : la première sert à l'aspiration de l'huile, les trois autres à son refoulement dans le moteur, dans le carter des chan- gements de vitesse et dans le différentiel. La maison de Dion-Boulon fait aussi la voiture de 12 chevaux, avec moteur à ua cylindre équili- bré, comme nous l'avons dit, ou à deux cylindres et trois vitesses. $ 11. — Voiture Renault. MM. Renault frères avaient exposé un châssis avec moteur de Dion-Bouton de 8 chevaux (fig. 10), qui peut lui imprimer en palier une vitesse de se TE = = \ : Es Pa FR satellites; E, arbre de commande; frein ; | de changement de vitesse, est transmis par des pignons d'angle au différentiel et de ce dernier aux | roues motrices par des arbres à la Cardan, analo- gues à ceux que nous avons déjà décrits‘, mais avec cette différence que les roues motrices ne sont plus attaquées par leur jante, mais par l'extrémité exté- \rieure de leur moyeu. … Le châssis est tubulaire, la voie de 125, l'empat- tement de 1,65; les 4 roues ont 0",75 de diamètre etse font en fil de fer ou en bois. Le frein, monté sur bre inférieur des changements de vitesse, et aclionne une pédale, est à mâchoires et serre ans les deux sens. La direction est irréversible par A EE 1% T Revue gén. des Sciences, t. X, p. 191. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 4902. En Ï Fig. 10.— Pjan du châssis Renault de 8 chevaux (1902).— A, écrous de réglage; B, carter d'arrière; C, différentiel; D, pignons k F, graisseur; G, moyeu; H, tambour de freins; 1, tringle du frein à mains: J, sec- teur de leviers; K, frein à pédale; L, roue de commande; M, pignon de commande; N, arbre de transmission; 0, boite de commande des changements de vitesse; P, pignon intermédiaire ; Q, boite des changements de vitesse; R, boile d'échappement; S, ressort; T, friction; U, volant; V, moteur; X, tube d'échappement; Ÿ, pédale de débrayage et de 2, levier de commande du carburateur; à, levier d'avance à l'allumage; b, cuvette de direction; c, direction; d, carburateur; e, tuyau d'air chaud; f, tige du ralentisseur; g, lancement; h, chape de direction. levier de 45 kilomètres à l'heure, avec les quatre personnes qui y trouvent place. Le refroidissement de l'eau s'opère autour de ce moteur par différence de den- sités, le radiateur é!ant composé de tubes à ailettes placés presque verticalement autour du capot qui recouvre le moteur, à l'avant de la voiture. Les changements de vitesse s'opèrent par engrenage: qui se mettent en prise, comme nous l'avons expil- qué dans notre premier arlicle; pour la troisième vitesse, l'arbre du moteur commande directement, sans l'interposition d'aucune roue dentée, le car- dan longitudinal, qui attaque la couronne du diffé- renliel. | Les changements de vilesse son -ommandés par un dispositif analogue à celui des directions irré- 18° 862 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 versibles à vis : un secteur actionnant un engre- | nage d'angle. Le châssis est en gros tubes de 44 mil- limètres de diamètre. La voie est de 420, l'empat- tement de près de 2 mètres. La voiture légère Renault, dans le classement Paris- première général de Vienne, élait équi- pée avec un moteur à quatre cylindres, fabriqué par la mai- son, de la force no- minale de 20 che- vaux ; comme la puissance peut en être qu'à 26 chevaux, et comme le poids total n’en dépasse pas 130 ki- poussée jus- logs, volant compris, ce- la fait ressortir le poids du cheval à 5 kilogs. Tout est enfermé, même le régulateur. Ce der- nier, qui agit sur l'ad- mission, et un étran- gleur à pédale permet- tent de varier la vitesse de 300 à 1.500 faire tours ; on peutainsi, débrayer la troisième sans vilesse. ralentir jusqu'à 15 ou 20 kilomètres à l'heure. La cireula- tion d'eau se fait autour des culasses dans une enveloppe en aluminium; elle est simplement as- surée comme celle d'un thermosiphon; c'est la première fois que ce principe a été appliqué sur un moteur à quatre cylindres et le résul- tat a été excellent. ; réservoir à eau; cardans ; G, 1. — Châssis Darracq à plat.— A, regard; B, C, réservoir à essence et à huile; D, direction; E, 8 12. — Voitures He | main: ], commande du frein à main; J, silencieux; K, tube d'évacuation du silencieux: M oteur: N, changement de Darraca. Eh ; ms C ; M, moteur; N, changemen e acq vitesse; P, pédales; R, radiateur; V, manivelle de mise en marche. Les usines Per- fecta fabriquent actuellement des voitures légères à moteur monocylindrique de 9 chevaux et d'au- tres avec moteur à deux cylindres de 12 et 16 che- vaux. Nous décrirons les voitures monocylindri- ques, qui pèsent 550 à 600 kilogs suivant la ‘car- disques horizontaux, qui. soulèvent les tiges de ces soupapes. Il estmuni d'un régulateur automa- tique sur l'admission :" à l'aide d'une pédale, on. peut diminuer ou aug= menter la tension d'un ressort et accélérer oun retarder le moteur, qui acquiert du coup une très grande activité. toujours les contre parois de la boîte, ressorts qui les pressent contre elles, sortent de leurs logez ments et y rentrent. Elles forment ainsi, avec la parti rosserie. | Leur moteur de | 9 chevaux, qui tour- | ne normalement à, 1.400 tours, et peut leur imprimer une | vitesse de 50 kilo mètres à l'heure en palier avec quatre” personnes à leur. bord, est vertical et allumé par piles et bobine. La com= mande des soupas pes d'échappement, se fait par de petits Devant le moteurs M se trouvent (fig A1)leradiateur Ret,s derrière lui, le ré servoir d'eau B (de 12 litres): deux rac= cords de caoutchoue suffisent pour join: dre le réservoir au moteur et le radia= teur à la pompe: Cette dernière n'esb pas centrifuge,mais, rotative !. ; 1 Le corps en est formé par une boites cylindrique, dans la quelle tourne un arbre muni de deux palettes radiales ; comme la boite et l'arbre n'ont pas le même axe horis zontal, les palettes, dont | les extrémités frottent | sous l'influence des # e de GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 863 | | L'embrayage a été disposé de manière à atténuer autant que possible la poussée sur l'arbre moteur. Les changements de vitesse se font par engrenages. Ba transmission est assurée par un arbre à cardans Jongitudinal, qui prolonge le second arbre des changements de vitesse et qui se termine à l’autre extrémité par un pignon conique engrenant avec la couronne du différentiel; pour éviter toute poussée sur cette couronne, le pignon se prolonge par un trois places, pesant environ 325 kilogs à vide, avec oteur vertical de 4 ‘/, chevaux, trois vitesses (15, 2 cylindres de 7 à 8 chevaux. Le régulateur agit sur admission et maintient la vitesse normale à ce régulateur permet, par l'étrangiement des gaz, Sans toucher à l'allumage, qui est d'ailleurs élec- kilomètres à l'heure en palier; il y a trois paires 'engrenages correspondant aux allures de 16,33 et d'embrayage sont supprimés par deux butées à billes opposées. La transmission se fait par car- dans ; le différentiel est à pignons plats. S 14. — Voitures Decauville. lulomatiquement par un appareil à boules, qui commande l'admission, et à la main par un levier nages en prise). L'allumage s'opère par accumula- eurs (avec dynamo pour les maintenir en charge) tbobine ; parfois par magnéto, dont on redresse courants nour employer une bougie ordinaire, dboîte voisine de la tubulure d'arrivée de l'eau, chambre aspiration, et, pendant la demi-révolution suivante, cham- ‘bre de refoulement du côté de la tubulure de sortie. La 1h mpe rotative a souvent été essayée à des emplois divers; elle péchait d'habitude par la non-étanchéité des palettes aux endroits où elles touchent l'arbre ou la boîte ; il est possible ue, dans le service automobile, elle donne des résultats Suffisants sans que son étanchéité soit absolue. au lieu de la bougie de rupture. Il y a quatre vitesses : 12, 95, 40 et 55 kilomètres à l'heure ; pour la plus grande, la transmission est directe. Le châssis est tubulaire avec empattement très consi- dérable (2",95). S 15. — Voitures Delahaye. Lesystème de construction de la maison Delahaye, une des plus anciennes de l’industrie automobile, est caractérisé par l'emploi d'un carburateur à lèchage, d’un moteur à deux cylindres horizontaux, disposé à l'avant ou à l'arrière, suivant la forme de la caisse, d'une transmission par courroie et engre- nages, d'un châssis tubulaire à longerons parfois cintrés. Les types Les plus courants sont ceux de 6, 1 ‘/,, 10 et 12 chevaux. Nous dirons quelques mots du plus récent, celui de la voiture légère de 6 che- Vaux. Le moteur, de 0",110 d’alésage sur 0,140 de course (ce qui est beaucoup), est allumé par bobine sans trembleur'. Son arbre porte le tambour de commande de la courroie, qui fait corps avec le volant. Il y a, sur l'arbre différentiel, trois poulies : l’une, au milieu, qui est folle et sert au débrayage ; l’autre, calée sur le différentiel, qui donne la grande vitessesansintermédiaire d'engrenages; latroisième qui commande le différentiel par l'intermédiaire d'un relai d’engrenages permettant d'obtenir la petite et la moyenne vitesse et la marche arrière. Le chàâssis rectiligne a un empattement de 1",70. $ 16. — Voitures Amédée Bollée. Le système que nous avons décril” a subi quelques modifications : les chaines ont été substituées aux cardans ; à cet effet, Le carter des engrenages a été rapproché de l'avant de la voilure (et rendu étanche pour permettre le barbotage des roues dans la graisse et l'huile mélangées); la longueur de la courroie a été diminuée et les brins ontété croisés. La direction est restée à volant horizontal, mais a été rendue irréversible. $ 17. — Voiture Diétrich. La maison Diétrich, qui, on le sait, exploite les brevets de M. A. Bollée, a fait subir au type primi- tif des modifications à peu près analogues à celles que nous venons d'énumérer ; mais sa direction est à volant incliné et l’irréversibilité est obtenue par l'emploi d'une came à rainure. 1 Une manette règle l'avance à l'allumage : en amenant ce dernier à son plus grand retard, elle produit automati- quement le coulissage de la came d 1f sur son arbre et elle fait intervenir dans la distribution une came plus petite, qui soulève la soupape d'échappement pendan la mise une partie de la période de compression des gaz : en marche est ainsi aisée et sans danger. ? Revue gén. des Sciences, t. X, p. 230. 864 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 Cette maison a fabriqué quelques voitures à quatre cylindres horizontaux. Elle construit cou- ramment des voitures légères à deux cylindres toujours horizontaux, disposés à l'avant, donnant 8 à 9 chevaux à 800 tours. L'allumage se fait par tubes ou électriquement. Une courroie est encore employée pour le débrayage et l'embrayage, et la transmission du mouvement à un arbre secondaire. Un carter étanche renferme les engrenages, qui actionnent à diverses vitesses le différentiel, lequel, à son tour, commande les deux parlies de l’es- sieu d'arrière sur lesquelles sont calées les roues motrices. La voiture pèse environ 750 kilogs en ordre de marche, a un empattement de 1%,95, une voie de 1,25, et emporte 4 personnes à la vi- tesse de 40 kilomètres à l'heure en palier. Depuis quelques mois, les Ateliers Dié- trich construisent une voiture légère du système Turcat-Méry, qui à figuré avec honneur dans les dernières courses. Cette voiture est du genre Panhard, avec certains disposilifs bien alcool pur ou carburé) est débité par des alvéoles, pratiquées sur le pourtour d'une clé conique ai de liquide, viennent, à tour de rôle, se placer point de convergence de deux conduits : par l arrive l'air, par l'autre le mélange carburé va au mandé par un régulateur ; 2° L'emploi d'un moteur à 2 cylindres verlicaux et à 4 pistons, équilibré comme nous l'avons dit; gressifs par rapport à ceux du volant. Elle est très démultipliée pour les faibles dévias pour braquer les roues à fond. Les types plus sont ceux de 8 9, 12 et 14 chez spéciaux. Le moteur, à deux ou quatre cylin- dres, a un ré- gulateur qui agit sur l’ad- mission, non construit pas, comme d'habitude, par l’étranglement du conduit qui relie le carbu- rateur aux cCu- lasses, mais en faisant varier automatiquement le dosage des élé- ments que le carburateur mélange. Comme l'allu- mage par magnéto est à avance variable, toul cela fait que le moteur est souple et silencieux. La circulation d’eau est assurée par une pompe et, si celle-ci est interrompue dans son fonctionnement, la circulation se continue par thermo-siphon. L'em- brayage conique est à poussées équilibrées. Le changement de vitesse par train baladeur à ses deux axes dans le même plan horizontal : cela permet d'avoir un chässis bas, tout en ménageant une hauteur assez grande entre ses parlies infé- rieures et le sol. La direction irréversible se fait par une vis sans fin et son écrou. $ 18. — Voitures Gobron-Brillié. Ces voitures offrent les particularités suivantes : 1° L'emploi, à la place d’un carburateur ordinaire, Fig. 12. — Chässis Gillet-Forest. — A, moteur horizontal monocylindrique; # B, carter du moteur; C, changements de vitesse; D, différentiel; E, manivelle 12) à moteu de mise en marche; F, soupape d'échappement: H, cône femelle de l'em- | brayage; 1, cône mâle de l'embrayage: J, arbre à la cardan; K, frein de l'arbre différentiel; L, freins sur les moyeux des roues arrière; M, levier des freins des moyeux; N, levier du régulateur; O, levier des changements de vitesse; P, pédale de débrayage; la pédale du frein du différentiel se projette aussi en P; V, volant du moteur; V', volant de direction. voitures (fig monocylindr que, de 6à 1 ment à l'avant, qui marchent respectivement à 5 ou 45 kilomètres en palier. ÿ commandé par un régulateur à came faisant vari la durée et l'amplitude de l'échappement, sous, se fait par thermo-siphon et radiateur. Les change ments de vitesse se font par engrenages : pou gagner de la place, les pignons de 2° et de 3° vitesse sont très voisins l’un de l’autre et le premier entre dans le second pour le caler sur son arbre. La trans- mission se fait par arbre longitudinal et joints à la cardan. $ 20. — Voitures Léon Bollée. M. Léon Bollée, l'inventeur de la voiturette bien connue, aujourd'hui abandonnée, avait exposé une _ GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 voiture légère à moteur monocylindrique (de 120 millimètres d’alésage sur 145 de course), donnant sà 9 chevaux à 1.000 ou 1.100 tours.Ce moteur, qui est disposé horizontalement à l'avant, est alimenté par un carburateur, simplement formé par un “icleur placé dans un tube vertical : l'essence va K ce F permet de paralyser plus ou moins le régulateur. L'allumage se fait par tube incandescent : M. Léon | Bollée estime que ce mode n’est pas, comme on le teur tourne vite, plus la compression se fait vite | aussi, et plus la partie très chaude du tube s’allonge, ces deux causes s'ajoutant pour précipiler les Dr Le moteur forme, avec l'embrayage et les changements de vitesse (par engrenages), un loc, que quelques boulons relient au chässis. La transmission du mouvement à l'arbre différentiel, \sur lequel sont montées les roues motrices, se | fait par une courroie ou une chaine Galle. Le “châssis a la forme très particulière que nous ik ‘avons décrite. &. | $ 21. — Voitures Hurtu. …_ La Compagnie des automobiles Hurtu construit des voitureltes de 320 à 370 kilogs, avec moteur de “Dion (ou Aster) de 5 chevaux et marche arrière, el des voitures légères de 550 kilogs avec moteur de 5 ou 6 chevaux construit par elle. … Sa voiture légère 1902 s'équipe avec un moteur “de 6 ‘/,, 8 ou 12 chevaux, dont la régulation se fait surl’admission parun appareil centrifuge. La marche arrière s'opère à l’aide d'un train spécial de trois Lroues. Le mouvement du moteur est transmis au “différentiel par un arbre longitudinal avec cardans à fourches se rencontrant en un point, de manière Là éviter tout porte-à-faux pouvant occasionner de Ma fatigue à ces articulations, qui travaillent ainsi “comme des rotules. Pour éviter l’essieu tournant, il y a un faux essieu sur lequel les roues sont folles : elles sont actionnées par des pignons placés aux extrémités des demi-arbres différentiels, qu'on a eu ‘soin de faire en plusieurs pièces afin de pouvoir les retirer sans démonter les roues. Le mouvement de l’essieu se transmet au châssis à l'aide d'une tige rigide affectée à cet usage et non par les ressorts de suspension, comme cela se fait d'habitude au prix de décollages fréquents des James. $ 22. — Voitures Déchamps. La Compagnie Déchamps, de Bruxelles, construit des voitures de 8 chevaux à 2 cylindres, et de 12, 16 et 20 chevaux à 4cylindres, quisont conçues sur le type Panhard. Les cylindres sont distincts au lieu d'être accolés deux par deux; la régulation se fait (par un appareil à boules placé vers l'arrière du moteur, où il est actionné par une chaine Galle) sur l'admission, mais par lout ou rien. Dans l’allu- meur électrique, les touches sont mobiles dans une coulisse, afin qu on puisse régler leur position pour la meilleure inflammation dans chaque cylindre. La voiture est munie du frein breveté dont nous avons parlé (page 827). $ 23. — Voitures Henriot. M. Henriot, autrefois adepte du moteur horizontal équilibré, équipe maintenant ses voitures avec un moteur vertical de 6 ou 42 chevaux, à un ou deux cylindres; la régulation se fait sur l'admission, agissant d’ailleurs sur le carburateur-injecteur qui alimente le cylindre; elle est sous la dépendance d'un accélérateur ou modérateur, commandé par la main ou le pied. Le refroidissement se fait par thermo-siphon. Les voiturettes de ce constructeur sont munies d’un moteur de 4 chevaux à refroi- dissement par l'air ambiant. $ 24. — Voitures Bardon. M. Bardon emploie, au contraire, le moteur horizontal. Dans ses 5, 7 et 10 chevaux, le moteur, disposé en avant et en travers du châssis, n'a qu'un cylindre, mais deux pistons travaillant en sens inverse. La régulation se fait par l'échappement. $ 23, — Voitures Chenard-Walker. Le moteur, de 6 chevaux, à deux cylindres ver- ticaux parallèles, disposé à l'avant de la voiture, est allumé électriquement avec avance variable ; il n’a pas de régulateur. Le refroidissement se fait par l'air ambiant sur les ailettes qui entourent les cylindres, par l'eau sur les culasses autour des- quelles elle circule. Les trois ou quatre vitesses s’obtiennent à l'aide d'engrenages. Un cordon longitudinal actionne l'arbre différentiel, aux ex- trémités duquel sont montés deux pignons, qui engrènent avec des couronnes dentées solidaires des roues motrices, folles sur leur essieu, comme dans la voiture Hurtu. $ 26. — Voitures Ader. Ces voitures, construites par la Société Indus- trielle des Téléphones, sont actionnées par des moteurs Ader de 7 ou 10 chevaux à 2 cylindres, Ires. Ceux-ci sont dis- ou de 44 chevaux à 4 cylin( posés par paires, à angle droit l'un de l'autre. La 866 sur l'admission à l’aide d'un à la main. régulalion se fait robinet manœuvré 97 1. — $ Voitures Fouillaron. M. Fouillaron équipe avec un moteur de Dion de 6 ou 8 chevaux des voitures qui sont caracté- risées : 1° par l'emploi, pour la transmission et les changements de vitesse, de la courroie triangulaire montée sur poulies extensibles, que nous avons décrite (p. 825); 2° par la marche arrière à l'aide d'une seule roue motrice, que nous avons aussi mentionnée (p. 826). $ 28. — Voitures Hautier. M. Hautier emploie des moteurs de Dion ou Aster de 3 ‘/, ou 6 chevaux, ou le moteur Espérance de 7 ou 10 chevaux, dont il est le créateur et que nous avons décrit. Ce moteur \| jun \|\ est disposé vertica- lement à l'avant de la voiture. Le mode de transmission est très particulier, et basé sur le jeu de pignons satellites engrenant avec une roue mon- tée sur l'arbre moteur et une couronne dentée qu'on immobilise très progressivement en serrant un frein à mâchoires. On peut ainsi obtenir : le débrayage des couples de roues dentées de changement de vitesse, donc le débrayage du moteur; l'embrayage de chaque couple de roues donnant une vitesse déterminée et toute la gamme des vitesses intermé- diaires ; enfin la marche arrière. Le mouvement du moteur, ainsi démulliplié, est transmis aux roues motrices par un arbre longitudinal à la cardan, avec articulations en olives, el par un pignon d'angle de diamètre égal à celui de la roue qu'il commande, pour éviler la poussée. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 $ 29. — Voitures Schaudel. M. Schaudel monte sur ses voilures des moteurs de 6, 8 ou 12 chevaux, à deux cylindres parallèles, inclinés de façon que leurs culasses fassent saillie au-dessus du châssis et en avant du garde-crotte, où elles sont facilement accessibles, et que les têtes de bielles soient au-dessous du chàssis. Cette posi= tion a pour but d'éviter les inconvénients des mo= teurs horizontaux et verticaux, c'est-à-dire de soustraire les cylindres à l'irruption de l'huile du carter et d’éviler aux ressorts de la voiture la fati- gue des trépidations verticales. lie. 13. — Bloc Schaudel vu de côté. — À, étrier serrant les cloches aa; B, carburateur: CC'. entrées d'air pour le carburateur; D, allumeur; EE, godets pour le dégommage des segments et la vérification du fonctionnewent des cylindres ; F, resssort de rappel de la tige d'allumage; G« pignon de chaîne; H, emplacement des cônes d'embrayage 1, pédale de débrayage; J, came des changements des vitesse: K, levier commandant la came; L, L, têtes de bielles: M, volant; R, ressort de pression de la pompe sur le volant du moteur; S, bras de la tige d'allumage ; Ts tige double commandant l'ouverture des soupapes d'échap=" pement X, par les leviers V. Le carburateur B (fig. 13) produit la pulvérisa- tion de l'essence à l'entrée même du cylindre, en» un point où la température est bien conslante: L'essence gicle par un orifice, qu'un doigt vients obturer dès que le nombre de tours dépasse le taux normal (1.000 tours par minute) : effectivement, avec ce nombre de tours croit la vitesse du courant d'air qui pénètre dans le carburateur, et, avec cette vitesse, la pression que le courant exerce sur un disque; celui-ci peut alors vaincre la résistance du ressort qui le maintient et amener le doigt au= dessus de l’orifice. C’est, en somme, un réglages automatique par l'admission, et l'on peut, en dimis nuant ou augmentant la tension du ressort, pro= duire l'accélération ou le retard du moteur. Les soupapes d'échappement X sont actionnées par les leviers à sonnette V, qui rappellent ceux de M. Buchet. L'allumage électrique est assuré par la saillie portée par une joue de la roue de oublement, L'arbre de cette roue sert aussi pour les deux emières vitesses, qui s'obtiennent chacune avec e paire d'engrenages. La grande vitesse ne met e quand la voiture marche à la grande vitesse, e qui est avantageux pour la progressivité de son 867 l'avant de sa voiture, avec un régulateur sur l’ad- mission et un refroidisseur à thermo-siphon et à radiateur tubulaire (l'air froid passant par les tubes de ce radiateur). Son châssis est du type Panhard. L'ensemble reste remarquable par sa simplicité. IIT. — AVANT-TRAINS MOTEURS. Transformateurs Riégel. Le transformateur Riégel est un avant-train moteur successivement altelable à plusieurs voi- tures, et capable, pendant la période de transition que nous traversons, de transformer en véhicules _= y Z Ô _ | |5 Y C2 | o| ï Pr Pr N 2 M! P; e b S 4 Ÿ 1 o fl = Re X e | LE d | (9 Il | M] Ry Rs e TS Z à x F = Fig. 14 — Schéma du mécanisme du transformateur Riégel. — C,, C,, cylindres du moteur; a, arbre-manivelle; C, C', pignons d'angle transmettant le mouvement de l'arbre a à l'arbre b; P,, P,, P;, P,, roues dentées des 1r°, 2e, 3e vitesses et de marche arrière, la première folle, les trois autres calées sur l'arbre b, engrenant constamment avec les roues R,, R:, Rs, Ra, la première calée, les trois autres folles sur l'arbre d; N,, N;, N;, N,, disques solidaires des roues C!, R;, R;, Ra, attirés quand le courant passe par les électro-aimants M,, M,, M;, M,, le premier fou sur l'arbre h et solidaire de la roue P,, les autres clavetés à l'arbre d; S, roue satellite de marche arrière. L'arbre d se termine par les disques N,, N;, en face desquels se trouvent les électros M,, M, de direction, calés sur les arbres e, e,, aux extrémités desquels sont fixés les pignons X et Y, engrenant avec les couronnes dentées solidaires des roues motrices. En envoyant, à l’aide du commutateur, le courant dans l’un des embrayages magnétiques M,N,, M,N,, M,N4, MiN;, on fait marcher la voiture en dre, 2e ou 3° vitesse ou on la fait reculer. Normalement, le courant passe dans les embrayages MN:, MéNs; quand la manœuvre du guidon de direction interrompt le passage de ce courant dans l’un des em- brayages, le pignon de ce côté est rendu indépendant de l'axe d; la roue de l'autre côté reste seule motrice et fait tour- ner la voiture du côté opposé. mécaniques les véhicules hippomobiles actuelle- ment existants. Semblable transformation offre deux difficultés : rendre la voiture capable de supporter les efforts de traction en rapport avec les vitesses plus grandes qu'elle va recevoir, et combiner les commandes du moteur et de la direction avec les positions “entrainement quand la voiture est en première ou seconde vitesse. Tous les organes que nous venons de décrire constituent un bloc d'une compacilé remarquable, dans lequel les canalisations d'air carburé, de gaz d'échappement et d’eau sont ré- Mduites à une simplicité telle qu’on n'apercoit comme tuyaux que ceux du radiateur. De l'embrayage, le mouvement est transmis à l’essieu d'arrière, sur | relatives de l'avant-train (Loujours mobile autour lequel est monté le différentiel, par uné chaine | d'une cheville ouvrière) et de l'arrière-train. * unique. M. Riégel a résolu la première : d'abord en re- $ 30. — Voitures Lepape. liant l'avant-train (près de la cheville ouvrière) et le Nous avons mis en relief l'extrême simplicité du | milieu de l’essieu d'arrière par une double pro- “moteur. M. Lepape le dispose verticalement à | longe en forts tubes d'acier éliré (de sorte que cet 868 essieu et la prolonge formert comme un châssis rigide qui transmet à la caisse l'effort de traction de l’avant-train); ensuite, en confiant les change- ments de vitesse à des embrayages magnétiques, qui agissent très progressivement et évitent dès lors à la caisse toute espèce d'à-coup. Par la même occasion, l'emploi de ces embrayages, d’ailleurs étendu aux changements de direction, a permis de remplacer les leviers et autres organes de com- mande rigides par des fils simplement chargés de leur amener le courant électrique et qu'on peut faire aussi souples qu'on le désire : la seconde diffi- culté s’est ainsi trouvée vaincue. Le moteur (fig. 14) est à deux cylindres CC, hori- zontaux opposés : l'arbre-manivelle à porte d'un côté un pignon, qui engrène avec lrois roues de rayon double, actionnant : les deux premières, les axes portant les cames d'échappement: la troisiè- me, le mode d'allumage électrique. De l’autre côté, l'arbre manivelle attaque, par les pignons d’angles, CC', l'arbre b, sur lequel sont calées les roues F°, P°,P#, qui engrènent constamment avec les roues R°,R?,R*, folles sur l'arbre d. À chacune de ces dernières est accolé un disque plat N, faisant face à un électro-aimant M, dont la bobine est calée sur l'arbre d : il suffit donc d'envoyer le courant élec- trique dans l'une de ces bobines pour rendre sa roue solidaire de l'arbre d, et faire tourner celui- ci à la vitesse correspondante ou l'actionner dans le sens de la marche arrière. Cet arbre porte, à ses deux extrémités, des pignons dentés X el Y, qui engrènent avec des couronnes montées sur les roues motrices, et la voiture va ainsi droit devant elle. Mais la solidarité de l'arbre et des pignons est élablie par les embrayages M°N\°,M°N° et n'existe que quand le courant passe dans ces derniers. Or, dès que l'on tourne le gui- don pour imprimer à l'avant-train un mouvement de déviation vers la droite ou vers la gauche (par l'action du pignon, qui termine la tige de direc- tion, sur la couronne dentée solidaire de l’avant- train), le passage du courant est interrompu dans l'embrayage situé du côté où l'on veut tourner; la roue, située de l’autre côté, reste seule motrice, et le changement de direction s’opère sans difficulté. C'est donc électriquement que sont commandés les changements de vitesse et de direction; on. pourrait croire qu'une quantité considérable de fluide est nécessaire pour cela : il n'en est rien. La dépense des deux embrayages de direction recti- ligne et de l'embrayage de vilesse utilisé oscille de 1,2 à 1,5 ampères : 60 ampères-heure sous 4 un simple accumulateur (de volts comme le Dinin peut donc suffire pour un long parcours, et il est inutile d'avoir recours à une dynamo, comme M. Riégel l'a fait au début. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 Tel est, dans ses grandes lignes, ce transforma- teur : les avant-trains qui l'ont précédé, et dont nous avons décrit quelques types!, ne sont pas entrés dans la pratique ; nous souhaitons à ce der- nier un sort meilleur, que semblent lui mériter son ingéniosité et sa souplesse. L’embrayage magné- tique, que M. de Bovet a si bien appris à utiliser pour le touage des bateaux sur la Seine, doit être capable de devenir la base d’une exploitation courante. dans Ja locomotion sur route. On peut évaluer au maximum de 10 tonnes par. véhicule le poids que peuvent supporter l'assiette ordinaire de nos routes et la résistance de leurs. ouvrages d'art. Un spécialiste connu de la vapeur, … M. Scotte, est arrivé à celle conclusion que, lorsque. le poids utile à transporter dépasse 3 tonnes, il. vaut mieux recourir, non pas à des camions por-. teurs, mais à des tracteurs à vapeur, qui, sans. dépasser le poids maximum de 8 à 10 tonnes, seront capables d’en remorquer 12 à 45, réparties sur 2 ou 3 véhicules. se IV. — Poins Lourps. 1 On comprend sous ce vocable les omnibus desti-" nés aux services de voyageurs en commun et les. voitures de livraison el camions affectés au trans-. port des marchandises”*. } $ 1. — Omnibus et camions Panhard et Levassor. dé rt = 7 La Société des Anciens Établissements Panhard - et Levassor avait engagé aux Concours des Poids lourds de 1897, 1899 et 1900 des omnibus à 44 places, * avec toit aménagé pour recevoir les bagages, équi- : pés avec des moteurs Phénix de 12 chevaux, pesant à vide 2.095 kilogs, et pouvant marcher aux vitesses de 4,7, 11 et16 kilomètres à l'heure. Au Critérium, { Revue gén. des Sciences, t. X, p. 232. ? Comme ces véhicules ne différent, le plus souvent, des” voilures des mêmes constructeurs, sur lesquelles nous nous sommes longuement étendu, que par la forme de leur caisse, * une plus grande démultiplication du mouvement de leur moteur, destinée à leur assurer des vitesses réduites, une plus grande robustesse de leurs organes, nous ne dirons que peu de chose à leur sujet. Mais il ne faudrait pas mesurer leur importance à la place que nous leur faisons dans celte revue d'ensemble. À vrai dire, celte importance n'est pasM encore très grande, eu égard à ce qu'elle devrait être, puis-« qu'on ne compte pas moins de 100 chevaux de trait pour f 2 ou 3 chevaux de luxe. Mais elle ne manquera pas de s'ac-“# croître : déjà, dans certains pays comme l'Allemagne et l'Angleterre, la question des poids lourds est beaucoup plus avancée que chez nous; il est à souhaiter que nous ne nous laissions pas distancer davantage dans cette voie. Î Un rôle important échoit à l'essence et à l'alcool daus ce domaine, qui, a priori, semble réservé à la vapeur, parce que les omnibus et camions, équipés avec des moteurs explosifs et souvent munis de bandages en caoutchouc plein, parfois de pneus, plus légers que ceux à vapeur, n'ont guëre ET compter avec les dégradations que ces derniers véhicules ettracteurs infligent aux routes à un point qui semble capable de paralyser leur développement. æ Charge, équipé aussi avec un moteur de 12 chevaux. de 6 chevaux, portant près d’une tonne, et un mion de 10 chevaux, pesant environ 4.640 kilogs Fig. 15. — Omuibus de $ 2. — Véhicules Peugeot. “ Au Critérium de la Xrance automobile, la maison Peugeot était représentée par une voiture de Wivraison de 7 chevaux, un camion de 8 chevaux, vet un omnibus-coupé à 8 places de 12 chevaux, pesant respectivement 1.260, 1.470 et 1.400 kilogs à vide, et 2.339, 3.485 el 2.160 kilogs en charge. Au Concours de Consommalion sur roule, organisé | par le Ministère de l'Agriculture pour les véhi- Mcules marchant à l'alcool, en octobre 1901, figurait lune automobile postale, qui fait un service journa- lier dans Paris; cette voilure, à moleur de 4 vaux 1/2, à allumage par auto-incandescence, à châssis renforcé, pèse 720 kilogs à vide, et peut “transporter 800 kilogs, à la vitesse maximum de 20 kilomètres à l'heure. Les roues sont en bois, “Barnies de pneus. che- GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 869 $ 3. — Omnibus et camions Diétrich. La maison Diétrich fait, dans sa construction, une large place aux omnibus et camions. Dès 1897, elle avait engagé au Concours des Poids lourds un camion établi pour transporter 1.200 kilogs de marchandises, aclionné par un moteur de 40 che- vaux, aux vitesses de 4, 7, 12 et 16 kilomètres à l'heure. Les roues, en bois, à moyeu métallique, avaient 0®,780 de diamètre extérieur, et des ban- dages d'acier de 0",060 de largeur à l'avant, 0,075 à l'arrière. La voie, d'axe en axe des roues, Diétrich ae 10 chevaux. était de 1,20; la largeur, toutes saillies comprises, de 1",48; la longueur totale, de 3",28. Au Critérium de la Ærance automobile figuraient 4 omnibus à 12 places (fig. 15), moteur de 10 che- vaux, pesant 1.910 kilogs à vide, environ 2.950 kilogs en charge, et un camion, de même force, pesant 1.700 kilogs à vide, et 3.400 kilogs en charge. S 4. — Camions et voitures de livraison Gillet-Forest. Au Concours de l’Alcool d'octob maison avait engagé un camion à pla ridelles avec moteur horizontal de 7 chex châssis diffère de celui des voitures des m nstruc- teurs par la plus grande résisl ses tubes d'acier, qui ont été calculés porter une charge utile de 1.200 kilagrammes, par le renfor- S70 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 cement de l’essieu moteur, et par une nouvelle dis- | 0,90 à l'avant et 0",95 à l'arrière; la largeur des position des freins‘. Il a une longueur de 3",70 sur une largeur de 0®,80; son empattement est de 2 mètres; la plate-forme présente une surface uti- lisable de 2*,50 de long sur 1,20 de large. Les roues égales, d'un diamètre de 0®,760, sont munies de caoutchoucs pleins de 55 millimètres ou de pneus de 90 millimètres. Ce camion pèse à vide 660 kilogs, et porle deux personnes et une charge utile de 4.200 kilogs aux vitesses de 6, 15 et 22 kilo- mètres. MM. Gillet et Forest avaient engagé au Critérium une voiture de livraison, dont le chässis élait sem- blable à celui de leur camion, mais avec unelongueur réduite à 3 mètres, et avec une caisse de 1",40 de profondeur sur 1,25 de largeur et1®,50 de hauteur. Les roues avaient 0,800 de diamètre à l'avant et 0,900 à l'arrière. jantes est de 90 millimètres. La suspension com- porte des tampons de caoutchouc placés entre les ressorts et le chàssis pour amortir les vibrations. Le camion pèse, en ordre de marche, environ 2.500 kilogs, et peut transporter près de 3 tonnes {/, mème 4 !/, sur parcours peu accidenté. La vitesse peut, parait-il, atteindre 15 kilomètres à l'heure, en palier, avec une charge de 4 lonnes. $ 6. — Camions Koch. Les camions de la Société des Automobiles Koch sont actionnés par un moteur Koch formé de deux cylindres réunis par une chambre d'explosion commune, n'ayant que deux soupapes, l'une pour l'aspiration, l'autre pour l'échappement, et qui offre encore cette particularité d'être alimenté par du pétrole lampant. $ 7. — Omnibus et camions Daimler. La Daimler Motoren Gesellschaft équipe ses om- F Loggemsps- Se. Fig. 16. — Camion de la Société Nancéienne d'Automobiles (coupe verticale). $ 5. — Camions de la Société Nancéienne nibus et camions avec des moteurs, à 2 ou 4 cy- d’Automobiles. La Société Nancéienne d'Automobiles équipe ses camions (fig. 16) avec des moteurs Brillié de 10 chevaux, équilibrés comme nous l'avons dit et alimentés par un distributeur mécanique. L'em- brayage se fait par cônes renversés pour supprimer la poussée sur l'arbre moteur ; les trois changements de vitesse, par engrenages et par un dispositif nou- veau de manchon à taquets, permettant de mettre les engrenages en prise sans tätonnements; les trans- missions flexibles sont constituées par des chaines. lindres verticaux, disposés à l'avant. Les chan- gements de vitesse, ordinairement au nombre de 4, se font par engrenages; la transmission, par arbre longitudinal actionnant un arbre différentiel trans- versal, qui porte à ses extrémités des pignons engrenant avec des couronnes dentées solidaires des roues motrices. Elle construit en série des omnibus (fig. 17) et des camions (fig. 18), dont les principaux éléments sont consignés sur le tableau I (page 868). Elle _avait engagé, au Crilérium de la France automo- Le chässis, en bois et fer, a 4,45 de long, 1",10 | de large; l'empattement est de 2,65, Ja voie de 1,55. Les roues, à bandages métalliques, ont ‘ Le frein du différentiel a été supprimé pour éviter toute torsion en porle-à-faux et toute fatigue aux engrenages de changements de vitesse. Quatre tambours ont été placés sur l'essieu moteur : sur deux d’entre eux ont été montés des freins à pédale, sur les deux autres des freins à levier: ces freins permettent de bloquer les roues sans que les engrenages supporteut le moindre effort. bile, un camion de 8 chevaux, pesant, à vide, 1.790 kilogs, et en charge 3.405. $ 8. — Camions Martini. La Société F. Martini, de Frauenfeld (Suisse), avait exposé, en décembre 1901, un camion de 12 chevaux. Le moteur, du système Martini, à 4 cylindres, allumé par magnéto, avait un régulateur à boules agissant sur l'admission. Le refroidis-. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 871 - sement se faisait à l'aide d’une pompe centrifuge mue par engrenages et d'un radiateur à travers lequel le passage de l’air était activé par un venti- lateur. Les trois changements de vitesse s'opéraient V. — LEs RÉSULTATS. a) Il nous reste à dresser le saisissant tableau des résultats'obtenus. Pour les motocyelettes, motocy- Motorwagen Gesellscha München. nt SE TS LS Lt tr ds LT a L'UPE N Fig. 17. — Omnibus Daimler. par engrenages; il y avait, comme dans tous les | cles et voitures, nous mettrons en relief les vitesses poids lourds, une marche arrière. Le mouvement | obtenues dans les principales épreuves qui se sont était transmis par un cardan longitudinal à l'arbre | succédé depuis la création des courses, et les con- LL à KIPRE. BRAUERE Fig. 18. — Camion Daimler. “différentiei transversal, et de ce dernier aux roues | sommations constatées dans 1e Li ; par des chaines. Au-dessous du chässis principal | vrier 1902. Pour les poids lou I rons se trouvait un faux chässis supportant les organes | aussi les consommations {roux ins ce ne. e rex voyageur-kilo- Ë de transmission. Ce camion porte une charge utile | Critérium et les prix dl ( Et ! , e . de 3.500 à 4.000 kilogs mètre el de la tonne-kilom tels qu'ils résulten 872 des concours organisés par l'Automobile-Club de France. $ 1. A. Vilesses. — Les vitesses les plus remarqua- bles sont consignées dans le tableau IT, qui montre — Motocyclettes, motocycles et voitures. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 sommation, organisé par l'Auto-Vélo, le 5 fé- vrier 1902, sur le parcours Suresnes-Corbeil (et. retour), et qui réunit 74 concurrents. Malgré l'état déplorable dans lequel le dégel avait mis les routes, le jury, présidé par M. Forestier, constata des con- sommalions plus réduites qu'il ne s’y attendait. TagLeau |. — Caractéristiques des omnibus et camions Daimler. 2? CYLINDRES MOTEURS 4 CYLINDRES MOTEURS Omnibus. TR. | a 0 | Force du moteur (en chevaux- Fe Ans 4 6 8 10 6 8 10 12 Nombre de voyageurs . : 6 8 à 10 | 12 à 14 | 14 à 16 | 8 à 10 | 12 à 14 | 14 à 16 | 18 à 20 Poids des bagages en kilogs) . 200 2300 350 100 300 350 100 450 Poids de l'omnibus vide (en kilogs) . 1.350 2,000 2.100 3.000 1.500 2.500 3.000 3.200 Camions. Force du moteur (en chevaux-vapeur). . . 4 6 8 10 6 8 10 12 Charges transportées (en kilogs) . . . .| 41.200 2.000 500 4.000 2.000 3.500 4.000 5.000 Poids du camion en ordre de marche. . .| 1.500 2.400 2 Ss0û 3.400 1.800 2.300 2.800 3.500 Ponsueurentmetres) EL 4,80 5,20 5.70 6,00 5,20 5,10 6,00 6,00 Largeur (en mètres) 1,50 1,75 1,80 1,80 1,70 1,80 1,80 1,80 les rapides progrès faits par la locomotion nouvelle. Le tableau III donne, à titre de curiosité, l’état actuel (27 août 1902) des records du monde pour les diverses catégories de véhicules. Les vitesses moyennes à l'heure y sont calculées d’après les TagLeau Il. — Vitesses réalisées dans quelques courses. Pour les vérifier, une seconde épreuve eut lieu, le 5 mars, sur le même parcours, entre les vainqueurs du 5 février. Les résultats, consignés dans le ta- bleau V (p. 870), ont été meilleurs encore que ceux de la première épreuve, à cause du meilleur état DATES ÉPREUVES GAGNANTS 17 juill. 1895. 24 sept. 1896. ; : : AA A Paris-Marseille-Paris . . Paris-Bordeaux-Paris. . Levassor Mayade . | 29 janv. 1897.| Marseille-Nice-Monte-Carlo . De Chasse- loup-Laubat | 4 avril. . . .| 1er critérium des motocycles.| Viet. . | 28 avril 1898.| 2e critérium des motocycles. .| L. Bollée. 5-17 juillet Paris-Amsterdam-Paris . Charron. 23 avril 1899.| 3e critérium des motocycles. .| Teste . 24 mai . . Paris-Bordeaux. . . Charron. . 16-25 juillet . Tour de France R de Knyff. 30 septembre! Bordeaux-Biarritz Levegh . 30 mars 1900.| La Turbie (course de côle, 7 à 1807) .| Levegh . 13 mai £e critérium des motocyeles. Marcellin . 3 et 4 juin. .| Bordeaux-Périgueux-Bordeaux| Levesh . . 25 mars 1901.| Nice-Salon-Nice e .| Dr Pascal. 29 mai Paris-Bordeaux. . Fournier. . 27 à 29 juin. 8 avril 1902 . Paris-Berlin 5 La Turbie (course de ‘côte, 7 à AOC) RS COUR CR | Steadr Fournier. . VITESSES VÉHICULES DISTANCES| TEMPS |moyennes a l'heure Panhard et Levassor, # ch. .| 1.192Kk |48h48m 24k428 Pauhard et Levassor, 8 ch. . .| 1.120 |67,42,58s] 25,399 Break de Diou-Bouton à vo 16 ch. . 5.5 233 (A Tricyele de Dion-Bouton . : : 100 3, Voiturette Bollée, 8 ch. 5 100 Ait Panhard et Levassor, 8 ch. . .| 1.502 1|33, Tricyele de Dion-Bouton . . . 100 1. Panhard et Levassor, 12 ch. . 580 [11 Panhard et Levassor, 16 ch. .| 2.300 |42, Mors,16 ch... MT: 300 4 Mors, 16 ch. 16 Maicycle ner rer 100 l Mons M6 318 4, 955 Mercédès, 30 ch. . . . . . . 462 6,45 68,444 Mors!{dite den28ich)#ee 5 557 6, 1,4%| 90,815 Mors (dite de 28 ch.) . . . . .| 1.193 117, 3,43 692970 Mercédès, 40 ch. . 16,38 | 57,715 temps employés pour couvrir le kilomètre, départ lancé; il ne faudrait pas en conclure que ces véhi- cules auraient pu semblables vitesses pendant une heure : celui de M. Jenatzy, notam- ment, eût été dans l'impossibilité de le faire plus de quelques minutes, peut-être soutenir moins. 9 — Le tableau IV donne celles constatées dans le Critérium de con- Consommations. qui ont été des routes et de la connaissance que les conduc- teurs avaient acquise de la route. Cette amélioration des résultats ne s'est, d’ail- leurs, pas traduite par une diminution de la durée du trajet. Cette dernière n'entrant pas en ligne de compte, les concurrents ont trouvé avantageux de ne pas dépasser une vitesse très réduite (de 25 kilo- mètres à l'heure et presque toujours de beaucoup moins). Il y aurait évidemment intérêt, au lieu de séparer les épreuves de vitesse et de consommation, à tenir compte des deux éléments; mais la diffi- culté de graduer l'importance relative de ces deux | … éléments n'a pas, jusqu'ici, permis de les combiner | dans un essai unique. Les consommations d'essence à la tonne kilomé- trique : 010514 pour la voiture Chenard et Walker, 0,0646 pour la voiture légère Darracq, 0,0780 pour l’autocyclette Clément, sont très remarquables. Elles sont très notablement en dessous des moyennes et, a fortiori, des maxima * qui ont alteint respectivement : 01163 (et exceptionnellement 01316) pour les motocy- clettes, 0,297 pour les motocycles!, 0,168 pour les voiturettes, 0,170 pour les voitures légères, 0,176 pour les voitures, 0,122 pour les grosses voitures. IL est à remarquer que ces maxima eux-mêmes, GÉRARD LAVERGNE — L'A UTOMOBILE EN 1902 873 cela paraîtrait assez logique et avait, d'ailleurs, été constaté dans les Concours de 19041. la variété des densités que Il faut noter présentaient les TaBLEau III. — Records du kilomètre (départ lancé). VÉHICULES GAGNANTS Motocyclette Clément Motocycle Buchet . . Voiturelte Truffault . Voiture légère Darracq. | Voiture Mors | Voiture à vapeur Ser- pollet Voiture électrique Je- .| Williams. Jenatzy. . .[Rigal! . . .[Truffault . Baras! . . Gabriel! . Le Blon*. VITESSES moyennes à l'heure TEMPS ——_—— 403/ 5 28 4]? —————— 88k669 195,0 105,850 essences employées par les concurrents, et qui allaient de 0,680 à 0,716 ; cette dernière élait celle de l'essence utilisée par M. Darracq, qui contenait TABLEAU IV. — Résultats du Critérium de consommation (5 février 1902) VÉHICULES DURÉE POIDS TOTAL | du parcours (100 kilom.) Véhicules marchant à l'alcool (carburé à 50 0/0). Motocycles (poids à vide : 50 à 250 ki- ? ph, pion-Bouton iEk Sh94m08s TOP) SIDEUIer en 1e ; Lt a PE Voitures légères (poids à vide : 400 D Le wi 700 51110 ARDAUICUIOSS) MERE EN TUE Darracq . . . :| 620 2:5540 : Mr PE Tele » F6 oder .210 8,07,50 Voitures (poids à vide : 650 à 1.000 ki- son TERRE S 955 dE LES TE EEE CRC Panhard-Levassor . . . . . 1.055 5,30,02 Véhicules marchant à l'essence. Motocyclettes (poids à vide : jusqu'à È 2 5 02.08 50 kilogs) sans pédaler. . . Clément ere 110 5502; Motocycles (poids à vide : 50 à 250 ki- ê VE #0 6.57.12 logs) sans pédaler. à: . . . . . . DGA QAR ee are € a AS Voiturettes (poids à vide : 250 à RAnReOLe eus 350 4121:32 PORT SR REUTRE D CR char de 510 Gladiator 760 5,58,02 Darracq . 150 4,42,00 Penpeotio tte 1.060 4,49,35 Voitures légères (poids à vide : 400 / De Dion-Bouton . . . - 895 5,00,18 Hon0lRilogs) 0 OU. | . \ Gladiator. 110 6,12,20 ROME RCE 710 4,45,02 Ader-H-0eNct- 830 4,51,02 DATIaCO er 150 4,41,30 Re EPS ù : Valker. . . 1.080 4,22, 00 Voitures (poids à vide : 650 à 1.000 Cheese Œ à sise RSR 1.350 4 0750 kilogs) Un dl ee ae), à | e Bt dont EE 4 975 4.16,39 à SE 1.710 3,44,20 | Grosses voitures {poids à vide : plus A. Bollée fl Dr: 2 060 530 2 Ce SES TERRE Panhard-Levassor 1.450 3,49,06 . et plus encore les moyennes et les minima, ne sont pas enraison inverse des poids des voitures, comme * Un seul motocycle a marché à l'essence; et il n'est pas bien sûr que pour lui, comme d'ailleurs pour les motocy- clettes, le conducteur n'ait pas pédalé. une dissolution d'acide picrique Mais le gros intérêt d CONSOMMATION Re totales à la tonne- kilomètre. 21325 01132 6,165 0,1027 8,250 0,10%# 6,840 0,1103 9,850 0 ,0814 8,950 0,0937 11,800 0,1118 0,860 0,0780 4,465 0,2970 5,800 0,1050 5,870 0,1060 5,850 0,1140 6,190 0,081# 6,570 0,0876 9,420 0 ,0885 8,005 0 ,0894 6,950 0 ,0902 6,475 0.0911 3 0,0977 0 ,0988 0,0599 0,0630 | ( 1 resiae Ga dans l'alcool 2 omparaison 1 Ces temps, faits à De entachés d'erreur, par suite ü 2 L'addition d'use petite qu uville en raient, dit-on, chronométrage. : substance explosible 874 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 des consommations d'alcool et d'essence, qui n’est d'ailleurs pas possible pour les motocyelettes et les grosses voilures, qui ont toutes marché à l'essence. La consommation d'alcool carburé à 50 °/, par tonne kilométrique a été plus que de moitié infé- rieure à celle d'essence pour les motocycles; mais il ne faut pas oublier qu'il n'y avait dans cette caté- gorie que deux véhicules. Pour les voiturettes, voitures lègères et voitures, les véhicules à l'alcool, d'ailleurs beaucoup moins nos que ceux à l'essence, se classent dans la moyenne". $ 2. — Poids lourds. 1. Consommations.— Le tableau VI donne les con- sommalions constatées le 5 février elle 5 mars sur le parcours Suresnes-Lonjumeau et retour (60 kilo mètres). Dans ce tableau, le classement n'est plus fait à la tonne kilométrique brute, mais à la tonne remarquablement réduits des voilures classées premières. Prix de revient du voyageur-kilomètre et de la tonne kilométrique. — Enfin, nous rappellerons quelques prix de revient, constatés par M. Forestier aux Concours des Poids lourds de 1899 et 1900 : 19 VOYAGEURS ET MESSAGERIES. Prix de revient d'un voyageur avec bagages ou de 100 kilogs de messageries transportés à 1 kilomètre en terrain moyen. ; CHARGES 1/3 2/3 complète centimes centimes centimes Omnibus à vapeur de Dion-Bouton (22 places). : NAIO 2,40 1,36 Omnibus à pétrole Panhard ‘et Levassor (14 places) . . . 901 4,60 3,38 Break à pétrole de Diétrich (1899) (H0BpIaC es) EE 4,20 3,02 TagzEeau V. — Résultats de la Poule des Vainqueurs du Critérium de consommation (5 Mars 1902). VÉHICULES os | Peugeot. Peugeot. : Richard Deus De Dion- Bouton. Korn : Richard. Peugeot: : Chenard et Walker Bardon : Delahaye G. Richard Delahaye Voiturettes. . Æ Voitures . . . Grosses voitures . . = = 19 Sr Voitures légères . . N ( L } . [CONSOMMATION DU 5 MARS| CONSOMMA- DURÉE LIQUIDE EMPLOYÉ | 2 0 nn # RES du parcours le 5 mars du 5 tévrier (100 kil | et sa densité a 9 | totale |à la tonne- | à la tonne- 5h 9mgs Essence à 699 41890 01 0889 011050 — 4,900 0,0891 0,1060 Essence à 712 5,580 ü,1090 0,1140 Essence à 716 4,850 0,0646 0,0876 Essence à 690 6,330 0,0751 0 ,089% — 5,500 0,0750 0 ,0911 Alcool à 50 0/5 4.985 0,0830 0,1027 Essence à 700 8,890 0,0838 0 ,0888 Essence à 714 5,500 0,051% 0,0599 Essence à 705 6,410 0 ,070% 0,0857 Essence à 690 15,130 0,073% 0,0943 Essence à 680 10.000 0.0806 0,1085 Essence à 640 10,650 O,US58 0,1076 utile sur le parcours de 60 kilomètres. Les consom- matious à la tonne kilométrique brute y sont aussi consignées : elles ont toutes GERASSÉ les chiffres AE augmenter race Hbe du En be Elle peut aussi n'être pas dénuée de danger. Cette question pré- occupe actuellement les spécialistes. 1 La question tire son importance de la substitution éven- tuelle de l'alcool, produit national, à l'essence, produit d'importation. Depuis plusieurs mois, sous l'habile impulsion du Ministère de l'Agriculture, qui a pris l'initiative de con- cours et de courses, elle reste à l'ordre du jour. Nous n'avons pas ici la place de la traiter dans toute son ampieur. Nous nous coutenterons d'en dire quelques mots, renvoyant pour le surplus le lecteur à l'étude fort documentée que M. L. Pé- rissé en a donnée dans les Mémoires de la Société des Ingénieurs civils de France (juillet 1901). Le liquide livré au commerce sous le nom d'alcool pur contient 10 0/, d’eau; avant son emploi industriel, on lui fait subir une dénaturation, pour le rendre impropre à toute consommation de bouche. La dénaturation s'effectue actuel- lement en France par l'addition à un hectolitre d'alcool de 19 litres de méthylène à 900et de 0.5 litre de benzine lourde. Elle a le double inconvénient de coûter très cher et d'abaisser encore le pouvoir calorifique de l'alcool, qui, pourtant, ne dépasse guère la moitié de celui de l'essence. Un concours est actuellement ouvert pour trouver un meilleur dénaturant. 20 MARCHANDISES. Prix de revient de la tonne kilométrique en terrain moyen. CHARGES 1/3 2/3 complète centimes centimes centimes Camion à vapeur de Dion-Bouton. 25,1 13,4 9,3 Camion à pétrole Panhard et Le- Vassor. . . : oo SR CR 22,4 16,2 Camion à pé trole de Diétrich.. d'a ete 21,0 15,3 Camion à pétrole Peugeot . . . . 42,8 24,2 18,0 Nous avons consigné ci-dessus les résultats don- nés par la vapeur, afin de ne pas avoir à y revenir Quoi qu'il en soit, en l'état, depuis le 1er janvier 1902, le prix de revient de l'alcool industriel peut s'établir ainsi qu'il suit : Cours moyen des alcools 90° mauvais goût. 35 fr. Frais de dénaturation 0-2 OR Droits de statistique (0 fr. 25) et divers. . . A1 » A déduire prime. . . Gin y Prix de revient de l' hectolitre d’ ‘alcool indus- triel et PRES PNR CS ER SC) A ce prix de gros correspond un prix de détail de 0 fr. 45 dans l’article que nous consacrerons à cet agent de transport. En comparant les chiffres à ceux du con- cours de 1897, il est facile de voir que les consom- mations ont été notablement diminuées. VI. — ConNcLusIONs. _ Les voitures de tourisme sont aujourd'hui assez perfeclionnées pour marcher, de facon sûre et sans pannes sérieuses, à l'allure moyenne de 40 à 45 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 LES 19 comme achat, consommation et surtout entretien des pneus, celui-ci faisant plus que doubler la dépense de combustible. Le coût du pneu est cer- tainement l'obstacle le plus sérieux qui se dresse devant l'automobile économique. Pourtant, comme son usure diminue très vile avec le poids du véhi- cule, la voituretle à moteur monocylindrique de 5 chevaux, ne pesant guère que 350 kilogs, ne coûtant environ que 3.500 francs, résout jusqu'à un certain point la question, si l’on veut se contenter Taszeau VI. — Poids lourds : Résultats du Critérium de consommation du 5 février 1902 et de la Poule des vainqueurs du 5 mars 1902. POIDS DURÉE CONSOMMATION — : LIQUIDE ee | u parcours à la tonne à lat brut utile (60 kilom ) employé totale utile Mécne sur 60 kilom. brute | Du 5 février. SYLFTENEN TEL TNT | —— | — Gillet-Forest . 1.810k 973k 4n;8m30s Essence 101500 101800 010966 De Diétrich 2.890 1.060 3,39,40 — 12,300 0 js || Delahaye. . 1.480 675 3,42,90 _ 8,450 0 0951 Delahaye. . . 3.310 1.640 6,19,00 = 19,420 0 0960 MEME 970 325 4.20,02 | eu 3.830 00661 | G. Richard . . . 1.540 590 4,10,04 Z 8.990 00966 De Diétrich he 5.120 1.219 6,42,40 — 27,500 0 0905 Panhard-Levassor . . 1.510 582 6.59,40 — 17,350 0,1915 Du à mars. : Gillet-Forest. . 1.833 1.096 Diane Essence 7160 13,290 12.195 0,1208 DEDIE(TICRE 7. 2.890 1.060 3,51,0 Essence 6980 12,900 12,169 00744 kilomètres en palier, de 30 à 35 sur terrain varié. Elles n’ont que le défaut de coûter très cher, à O fr. 50 le litre. En Allemagne, où la dénaturation ne coûte guère que 2 francs, un syndicat de producteurs vend le litre d'alcool 0 fr. 26; et encore cet alcool ne contient-il que 1,25 °/, de produits abaissant son pouvoir calorifique. - Quoi qu'il en soit, le prix de l'alcool dénaturé équivaut à - peu près, dans les conditions actuelles, à celui de l'essence. S'en suit-il que l'alcool puisse, au point de vue du prix de revient de la force motrice, remplacer l'essence? Non, * parce que le pouvoir calorifique de l'essence est plus d'une fois et demie celui de l'alcool. Mais, comme l'alcool, à la condition qu'il soit judicieusement employé (c'est-à-dire dans des moteurs à longue course et à forte compression), rachète en partie cette infériorité par une combustion meilleure et une détente plus moelleuse, MM. Chauveau et Périssé estiment que l'égalité de prix de revient de la force motrice sera atteinte le jour où l'alcool dénaturé ne coûtera plus que les 3/4 du prix de l'essence. En attendant que ce résultat soit obtenu (il ne manquera pas de l'être si le législateur et le producteur combinent leurs efforts), l'égalité en question peut être réalisée par l'emploi —… de l'alcool, carburé par l'addition de benzine impure extraite du goudron de gaz (la benzine de houille pure ou benzène estun - hydrocarbure de même composition atomique que l'acétylène, mais avec un groupement autre). Effectivement, la benzine “enrichit le pouvoir calorifique de l'alcool, en diminue le “prix, et, comme nous l'avons dit en parlant des carburateurs, “facilite la préparation du mélange carburé et de la mise en marche du moteur. C'est avec de l'alcool carburé à 50 °/ ‘qu'ont été obtenus les résultats constatés au Critérium de ‘consommation, et qui prouvent que ce mélange peut lutter à armes à peu près égales avec l'essence, jusqu'au jour où, on peut l'espérer, l'alcool dénaturé pourra remplacer cette … dernière. 1 Revue gén. des Sciences, t. X, p. 225. du confort relatif qu'elle offre et de la vilesse de 25 à 30 kilomètres que la prudence conseille de ne pas dépasser avec un véhicule aussi léger. Pour les poids lourds, si l’on compare les prix de revient du transport des voyageurs ou de la messa- gerie par automobiles aux taxes des chemins de fer, on voit, avec M. Forestier, qu'abstraction faite de la vitesse, ces voitures peuvent assurer les trans- ports avec bénéfice pour les entrepreneurs et pour le public. Pour les marchandises, les prix de revient sont notablement plus élevés que les taxes des chemins de fer; pourtant, sur des parcours restreints aux environs d’une ville, l'avantage peut rester aux automobiles prenant les marchandises chez l'expé- diteur pour les remettre chez le deslinalaire. Encore ne faut-il pas oublier que les dégrada- tions commises sur les routes par les véhicules lourds, surtout en hiver, peuvent être un obstacl au développement de la locomolion mécanique En tout cas, le transport par chevaux r "Ci te que cell qu'à présent plus économique nière. Dans un prochain article, nous t rons Ja question des voitures automobiles à vapeur. ms Goerar UCI di d Lavergne, vil des Mines, S7G E. FALLOT — L'ENSEIGNEMENT PUBLIC À MALTE FAPANE L'ENSEIGNEMENT Parmi les sujets d'étude les plus dignes d'intérêt que l'on rencontre aujourd'hui à Malte, il faut placer au premier rang la manière dont l’enseigne- ment public est organisé dans ce petit pays. Ce n'est pas sans étonnement que l'on trouve dans cette île minuscule une organisation complète de l'instruction à tous ses degrés. Un court épisode de notre histoire nationale explique cet état de choses. Bonaparte n’a pas passé plus de dix jours à Malte. Ce court espace de temps lui a suffi pour faire débarquer ses troupes, pour négocier la capitula- tion avec le Grand Maître de l'Ordre de Saint-Jean, pour occuper les fortifications, pour régler la ques- tion du Gouvernement qu'il octroyait à sa conquête, et pour créer une administration complète !. Dans son plan de réorganisation, il avait fait une grande place à l’enseignement publie, dont il comprenait toute l'importance, et qui existait à peine sous le Gouvernement des Chevaliers. Il décréta l'établis- sement d'un enseignement primaire et d'un ensei- gnement supérieur. Quinze écoles primaires furent instituées, ainsi qu'un établissement qui prit le nom d'École Centrale, et dans lequel on enseignait les Mathématiques, l’Astronomie, la Mécanique, la Physique, la Chimie, la Navigation, la Géographie et les langues orientales. Trois élèves de l'École Polytechnique furent demandés à Paris pour occu- per les chaires don! les titulaires ne pouvaient être trouvés sur place. Une bibliothèque publique, un cabinet d’antiquités, un muséum d'Histoire natu- relle, un jardin botanique et un observatoire de- vaient dépendre de cet établissement. En outre, des cours de Médecine furent institués à l'Hôpital. Les événements qui remplirent les deux années pendant lesquelles dura l’occupation française à Malte ne permirent pas d'appliquer complètement ce plan, et, après la capitulation de 1800, toutes les tentatives de réformes faites par la France dispa- rurent avec son drapeau. Notre patrie n'en a pas : moins l'honneur d'avoir montré au peuple maltais la voie dans laquelle il devait s'engager de lui- même quelques années plus tard. Aujourd'hui, l'Université, constituée de toutes 4 I] avait fait choix d’un emplacement merveilleux domi- nant l'entrée de la rade de La Valette, et donné des ordres pour s’y faire construire un palais. C'est là que s'élève aujour- d'hui l'Hôpital de la Marine. PUBLIC À MALTE pièces, est placée sous la direction et le contrôle. d'un Conseil supérieur qu’on appelle le Sénat, et. qui jouit de la part du public d’un respect et d'une … considération unanimes. Ses membres se divisent en trois calégories : membres de droit, membres élus par les Facultés et membres choisis par le Gouverneur. Les membres de droit sont le secré- taire général du Gouvernement, qui a le titre de chancelier de l'Universilé et la présidence du Sénat, et le directeur de l'Enseignement, qui est vice-chancelier de l'Université et vice-président du Sénal. Quatre membres sont élus par le Conseil de chacune des quatre Facultés; six autres sont choisis … par le Gouverneur, sur la proposition du Sénat lui- l même; mais l’un d'entre eux doit être un ecclé-. siastique, agréé par l'évèque. C'est le Sénat qui. vote, sous réserve de l'approbation du Gouverneur, | les statuts et règlements de l'Université, ainsi que … les programmes des études. Les professeurs sont { nommés par le Gouverneur, mais seulement lorsque « leurs titres ont été reconnus suffisants par le Sénat. } C'est enfin le Sénat qui est chargé de veiller à l'observalion des règlements dans le corps profes- | soral, et de prononcer les peines disciplinaires. 4 Le directeur de l'Enseignement est le chef de l l'Université. Ses hautes fonctions l’élèvent presque ; au rang d'un véritable ministre de l’Instruction « publique’; il y joint les attributions administra- tives plus modestes qui sont dévolues en France à « un recteur d'Académie. Il est assisté d’un directeur- Î adjoint, qui fait fonction de secrétaire du Sénat. h nd Bon Re es 1e Il f! L'enseignement primaire à Malte est de date. assez récente. D'après un intéressant Rapport du. vice-chancelier, M. Caruana, la plus ancienne des écoles qui existent actuellement ne remonterait pas } plus haut que 1819. Une société privée se fonda a. cette époque pour propager l'enseignement pri- 4 maire. Elle réussit à fonder quelques écoles; mais ù à malgré l'appui de l'État et la faible subvention … qu'elle recevait de lui, ses ressources ne lui per- mettaient pas de faire faire beaucoup de progrès à la grande cause qu'elle défendait. En 1835 seule-… ment, le Gouvernement comprit qu'il avait le devoir de mettre l'enseignement à la portée des enfants de Se { IL n’a cependant pas accès au Conseil exécutif, où le Sénat est représenté par son président, le secrétaire général du Gouvernement. E. FALLOT — L'ENSEIGNEMENT PUBLIC A MALTE 871 tous les villages. Il prit en main l'œuvre que l’ini- alive individuelle avait été impuissante à accom- ir. Depuis lors, les progrès ont été rapides, En 1838, n y avait encore que 9 écoles et 1.575 élèves !. Le Rapport annuel du vice-chancelier, pour 1894-1895*, signale l'inscription de 13.386 élèves dans 77 écoles maires et 37 écoles enfantines; les cours d'adultes ülaient suivis par 1.948 personnes. Acluellement, tous les villages sont dotés d'écoles de garçons et filles; mais cet effort est encore insuffisant, uisque 10.000 enfants, m'a-t-on assuré, doivent “ter en dehors des écoles, faute de locaux pour les recevoir et de personnel pour les instruire. Le recensement de 1891 montrait déjà qu'un tiers à peine des enfants en àge d'aller à l’école * avaient artaux bienfaits de l'instruction, 13.225 sur 36.995. . Le Gouvernement, se rendantcompte de la néces- Ssité qui s'impose à lui de porter remède à cetle uation, fait construire à Notabile un vaste éta- blissement scolaire qui pourra recevoir 1.200 en- nts. D’autres sont projetés, mais il est arrêté par exiguité des ressources budgétaires mises à sa population indigène de Malle, que 1.768 personnes sachant lire et écrire. Mais, comme il n'indique pas |! | “truction de la population maltaise. Nous y voyons ? | aient lire en maltais, en ilalien ou en anglais. e chiffre, rapproché de celui de la populalion tale indigène des îles, donne une proportion de °/, Seulement. Il y a done encore à Malle près 18 °/, d'illettrés. Cette constatation classe les iles allaises à un rang assez arriéré parmi les nations 2 Miéce : Histoire de Malte, t. L, p. 258. … Mhe Vice-chancellors annual Report to {he Senate nf niversity on the Progress of the various branches of Uni- ersily, Lyceum, Secondary and Primary Schools fur the year 1894-1895. # Miéce : Histoire de Malte, t. 1, p. 254. 5 Census of Mallese Islands taken on the 5th April 1891, resented to the Council of Government by order of hs ellency the Governor, p. 55. REVUE GN'RALE DS SCIENCES, 1902. européennes. En France, la proportion des illettrés. constalée au moment du tirage au sort, ne dépas- sait pas 10 °/, en 1887‘. Mais il ne faut pas oublier qu'en 1827 elle était encore de 38 DIE Proportion des illettrés dans divers pays d'Europe. 1592. Suisse. 0,85 0/, du contingent militaire. 1892. Hollande. . 5,40 de la population. 1887. France 10,0 du contingent militaire. 1890. Belgique. . 26,0 — — 1892. Italie . 39,66 de la population. 1559. Espagne. . üs.0 = 1891. Malte . ITS — 1818. Portugal. . . 82,0 — Les chiffres ci-dessus montrent que, parmi les pays d'Europe pour lesquels il a été possible de se renseigner, Malte, à ce point de vue, occupe l’avant- dernier rang, entre l'Espagne et le Portugal. De même, si l'on rapproche pour un certain nombre de pays, comme on l'a fait ci-dessous, ja population scolaire de la population totale, on trouve encore Malte dans les derniers rangs, ne devançant que l'Italie, le Portugal et la Russie. Proportion de Ja population scolaire à la population totales. 1857-1888. Angleterre . 25.290/6 1892. Etats-Unis . 23,26 1892-1893. Hollande . 17,21 1886. Prusse . 16,07 1891-1892. Suisse . . 15,94 1886-1887. France. 14,64 4885-1886. Autriche . ; 14,07 RE MESA CR ER de 10,49 1891. Malte. . 9,55 1891-1892. Italie. LR ART Portural 2275 ; M En MOT ABBÉ ASSS RUSSIE RUE MON EN 2 L'enseignement primaire est gratuit. Le principe de l'obligation n'a pas été proclamé, mais il ne saurait en être question tant que l'État ne sera pas doté de ressources suffisantes pour dispenser l'instruclion à tous les enfants. D'ailleurs, l'em- pressement de la populalion maltaise à profiter de toutes les places vacantes dans les écoles rendrail toute contrainte inutile. Une remarque curieuse à faire, c’est que, dans un pays où le clergé jouit d'une influence aussi profonde, il n'a pas cherché à mettre la main sur l'enseignement primaire : il l'abandonne sans dis cussion à l'État. Pour compléter l'énuméralion des établissements 1 De Fovie : La France économique, p. 641. 2 L'Enseignement primaire à l'Exposili cago, par B. Buisson, p. 46. 3 Ce tableau a été dressé en grande partie d'après les indi- cations fournies par M. Buisson dans S ouvrages : Rapport sur l'Exposition de 1889 à Paris (Imprimé rie natio: nale, 1891) et Rapport de la Délcga à l'ExXpoxi- ; 1 ‘he . 1909 nor | À stère tion colombienne de Chicago en 1595 Ministère di l'Instruction publique (Paris, Hachette, 1891 18** 878 E. FALLOT — L'ENSEIGNEMENT PUBLIC À MALTE d'enseignement primaire, il ne faut pas oublier de mentionner : une École Normale, qui compte 65 jeunes gens et 87 jeunes filles: des cours d'adul- 24 tes, cours du soir (night schools) donnés dans localités, et des cours de dimanche (sunday schools) donnés dans une localité pour les cullivateurs qui ne pourraient suivre les cours du soir; des cours de dessin pour jeunes garçons et jeunes filles, des cours de modelage et de sculpture sur bois, et, enfin, une école d’enseignement technique et ma- nuel. III L'enseignement secondaire est représenté à Malle par un lycée de garcons et une école secondaire de jeunes filles à La Valette, et une école secondaire de garcons à Gozzo. Le lycée est placé sous la sur- veillance spéciale du directeur-adjoint de l'Ensei- gnement. On y débule en parcourant six classes préparatoires, à la sortie desquelles se trouve ce qu'on à appelé à un certain moment en France une b'furcation. Une partie des élèves passe dans la division de l’enseignement moderne, où l'on pré- pure les jeunes gens pour les fonctions publiques, pour l'armée et la marine anglaises, pour la car- rière commerciale et pour les professions d'ingé- nieur, d'architecte, de géomètre et de marin. Les autres entrent dans la division de l’enseignement classique, où ils suivent des cours de latin et, facul- talivement, de grec ancien, en vue de passer à la Faculté des Lettres et Arts. La durée des études dans les deux divisions est de trois ans. Elles sont cloturées par l'examen qui porte le nom de « Matriculation Examinalion » — examen d'inscription, — nécessaire pour entrer à la Faculté. Les études secondaires, dans le système maltais, prennent fin plus tôt qu'en France, vers la classe de seconde, l’enseignement donné dans nos classes de rhétorique et de philosophie élant rejeté à la Faculté des Lettres et Arts. Le lycée de Malte complait, pendant l'année scolaire 1894-1895, 105 élèves inscrits. L'enseignement libre est représenté à Malte par des établissements religieux de divers ordres, entre autres par un collège de Jésuites anglais, situé au bord de la mer, près du quartier de Sliema, qui comple 110 élèves, et par quelques établissements - laïques, parmi lesquels il faut citer le collège Flo- rès, où l’enseignement est donné en trois langues - anglais, italien et francais — par des professeurs diplômés dans chacun des pays dont ils enseignent la langue. I \ Lorsqu'on parcourt les rues de La Valelte, on rem irque un monument dont la facade est formée par un périslyle de colonnes surmontées d'une inscription en caractères grecs : HPOIHYAAION TE TIMHE H MAOHËIS, au-dessus duquel est sculpté l’écusson britannique. Il abrite les Facultés mallaises. Les cours de la Faculté des Lettres et Arts durent trois ans. Il est nécessaire de les avoir suivis pour être admis dans l’une des trois Facullés spéciales qui représentent à proprement parler l'enseigne- ment supérieur mallais. Au cours de ces trois an- nées, on enseigne la littérature latine, la littérature anglaise et la littérature italienne, les mathéma- tiques — algèbre, géométrie, lrigonométrie, — la botanique, la zoologie et la géologie, la physique, la chimie inorganique, l'économie politique et la statistique. Tous ces cours ne sont pas obligatoires pour tous les étudiants; ils sont répartis entre eux suivant la faculté spéciale à laquelle ils se destinent pour l'achèvement de leurs études. Les examens de sortie donnent droit au grade de bachelier ès arts (par abréviation B. A.), et, lorsqu'on a obtenu les félicitations du jury, à celui de maitre ès arts (M. A.). Ces grades équivaudraient à peu près, en France, à celui de licencié. La Faculté des Lettres et Arts compte une soixan- taine d'étudiants. Comme dans les autres facullés, tous suivent les cours de la même année. Ils entrent ensemble à la Faculté et en sortent ensemble; de sorte que les études ne peuvent commencer que tous les trois ou quatre ans, lorsque recommence le cycle des cours. Ce système a l'inconvénient grave d’écarter des éludes supérieures un certain sombre de jeunes gens qui ne peuvent pas perdre deux ou trois ans en atlendant leur admission; mais il a, par contre, l'avantage d'éviter l'encom- brement des carrières libérales, ce qui ax son im- portance dans un pays où le champ d'action de chacune d'elles est forcément très limité; sa prin- cipale raison d'être est, d’ailleurs, une raison d'éco- nomie : on l'a imaginé surtout pour avoir à rétri- buer un moins grand nombre de professeurs. La Faculté de Médecine et de Chirurgie confère, après quatre ans d’études, le diplôme de docteur en médecine (M. D.): 14 diplômes ont élé délivrés en 1895. Le nouveau cycle d'éludes s’est ouvert avec 21 étudiants en médecine et 3 en pharmacie. Les études de droit durent également quatre ans, et tous les étudiants qui ont salisfait aux examens de sortie obtiennent le litre de docteur en droit (L.L. D.). Un diplôme spécial est exigé des candidals aux fonctions de « Legal procurator avoué) et aux fonctions de notaire. On comptait, en 1895, 13 étudiants à la Faculté de Droit. Les programmes des Facultés de Médecine et dem Droit se rapprochent assez de ceux de nos facultés 4 françaises. Ceux de la Faculté de Théologie ne coms" prennent, pendant quatre ans, que des cours de dogmatique et de morale. Ils conduisent au grade _de doctéur en dogme (D. D.), qui parait peu recher- ché du clergé de Malte, puisque 7 étudiants régu- liers et 6 auditeurs étaient seuls inscrits en 1895, . dans un pays qui possédait, au dernier recensement, _un clergé de 1.381 membres. V _ Les dépenses de l’enseignement publie se sont élevées, en 1894, à 516.671 fr. 35, sur un budget total de 7.348.146 francs, soit un peu plus de 7 °/,, e qui est une proportion élevée. En effet, la France ne consacre à l'instruction que 5,58 °/, du budget de l'État, et la Prusse, l'un des pays où l'instruction est la plus répandue, ne dépense pour elle que 4,30 °/, de ses charges Lotales. Il est vrai que, dans la plupart des pays d'Europe, les sommes inscrites pour l’enseigne- ment au budget de l'État ne représentent qu'une partie des dépenses totales, tandis qu'à Malte, où il n'y a pas de communes, l’enseignement public ne peut puiser à aucune autre source. seignement public qu'ils ont réussi, au prix de cherché à constituer un cyele complet d'instruction, permettant de se préparer utilement à toutes les professions que leurs fils voudraient exercer; et ils ont presque atteint ce but. On ne peut pas, en effet, signaler d'autres lacunes dans les programmes -que l’enseignement agricole et l'enseignement pro- fessionnel, et encore se préoccupe-t-on vivement de créer ou de perfectionner cette dernière branche de l’enseignement. faire si l’on veut suivre à Malte, sans trop se laisser «distancer, le mouvement scientifique de l'Europe, ‘qui élève sans cesse le niveau des études tout en rants. VI Si l’on compare les programmes de la « Matricu- lation Examination » à ceux de notre baccalauréat lassique, auquel ils devraient à peu près corres- pondre, on est obligé de constater une infériorité marquée dans l'examen maltais. … Le programme de l'examen d'entrée à l'Univer- -sité de Malte laisse entièrement de côtéles branches suivantes de l'enseignement, sur lesquelles sont in- ‘errogés les candidats à notre baccalauréat ":le grec, 2 L'histoire romaine, l'histoire d'Angleterre et l'histoire dMtalie sont enseignées en même temps que la langue latine, E. FALLOT — L'ENSEIGNEMENT PUBLIC A MALTE 879 la chimie, la philosophie, la géographie et l’histoire générale. Il y a là de graves lacunes, que les hommes éminents entre les mains desquels a été placée la tâche délicate de former l'esprit de la jeunesse mal- taise auront certainement à cœur de faire dispa- raitre. En ce qui concerne la philosophie, dont je signa- lais l'absence dans le programme de la « Matricu- lation Examination », il est nécessaire d'ajouter qu'on ne trouve aucune trace de cet enseignement, pas plus dans les facultés que dans le lycée. Ne faudrait-il pas chercher la raison de cetle exclusion dans l’article premier des statuts de l’Université de Malte, qui sont en quelque sorte la charte de l’en- seignement public maltais'? « La religion catholique romaine sera la base de l'instruction donnée dans l'Université, aussi bien qu'au lycée et dans les écoles primaires et secon- daires : aussi aucun enseignement ne sera admis. s’il est contraire aux principes catholiques (Whe- | refore, no teaching shall be permitted repugnant Les Maltais ont certes le droit d’être fiers de l'en- ! grands sacrifices, à organiser chez eux. Ils ont | Cependant, il reste encore de sérieux efforts à | ge - . . diminuant progressivement le nombre des igno- | to Catholic principles). » On trouverait certainement à formuler des crili- ques analogues si l’on comparait l’enseignement des facultés maltaises avec celui des grandes fa- cultés d'Europe. Mais insister sur ces détails serait risquer de ne pas rendre suffisamment justice aux résultats déjà obtenus par un petit peuple qui a réussi, par sa propre volonté, à se créer à lui-même un enseignement supérieur, sans rien emprunter à l'étranger. Pour progresser encore, il est nécessaire que les Maltais reconnaissent la nécessité de se mettre de plus en plusà l’école des maitres de la science euro- péenne. A la fin des études de droit et de médecine, une bourse est donnée au meilleur étudiant de cha- cune des deux facultés pour aller compléter son instruction par une année passée à Paris ou à Londres, et c'est généralement parmi ces jeunes gens que se recrutent les membres les plus distin- gués du corps enseignant maltais. C'est là une coutume très heureuse et que l'on devrait déve- lopper en facilitant aux fulurs professeurs les moyens de prolonger leur séjour dans les grands centres universitaires d'Europe etmême d'y passer la plus grande partie de leurs années scolaires C'est par ce moyen seulement que l’on arrivera : nt élever le niveau des études à Malte, en conta l'enseignement à des maitres qui ne le céderont en rien à ceux des nations les plus éclairées de l'Europe. Quoi qu'il en soit de ces quelques observations, la langue anglaise et la langue italienne, sont là les seules notions d'histoire enseignées aux jeunes Maltais. 1 Statute of the University M . promulgated in the 1 of His Excelle the Governor. year 1887 by command Malta, Government printing oice. S80 E. FALLOT — L'ENSEIGNEMENT PUBLIC A MALTE suggérées, d’ailleurs, par un sentiment d’admira- tion sincère, on peut dire quil y a eu de la part du peuple mallais, dans la seconde moitié de cesiècle, un effort très honorable pour échapper à l'igno- rance. Il serait injuste de ne pas mentionner les noms de trois hommes qui se sont consacrés à la grande œuvre de la rénovation intellectuelle de Malle : M. Savona, ancien directeur de l'Enseigne- ment, qui a donné une vigoureuse impulsion à la réorganisation des études; M. Caruana, son succes- seur, et M. Tagliaferro', qui, après avoir donné sa collaboration éclairée pendant vingt ans, a été étevé aux hautes fonctions de directeur de l'Enseigne- ment. VII Cet effort si intéressant, fait par un vaillant pelit peuple pour s'élever au niveau intellectuel des grandes nations de l'Europe, se trouve malheureu- sement entravé par une crise polilique très grave, qui tient en suspens tout l'avenir de Malte, et qui se rattache par des liens directs à la question de l’enseignement. Les Maltais parlent une langue par- ticulière, qui est un dialecte arabe, et qui se prête © M. Tagliaferro est l'auteur du remarquable ouvrage Census of Maltese Islands for 1891 qui est la mine la plus précieuse de renseignements sûrs et précis où l'on puisse fouiller quand on veut étudier Malte. difficilement à l'expression des idées modernes et à l'étude des sciences. Depuis plusieurs siècles, tout en conservant le plus vif allachement pour leur langue maternelle, ils ont adopté l'italien comme langue litléraire et judiciaire. De son côté, la Grande-Bretagne, depuis qu’elle est maîtresse de Malte, s'est efforcée de répandre l'anglais. Jusqu'à ces derniers temps, elle s'était contentée d'agir par la persuasion; brusquement, elle a décidé d'em- ployer la contrainte et de rendre l'anglais obliga- toire à la place de l'italien dans les tribunaux et à la place du maltais dans l’enseignement. Cette pré- tention, qui foule aux pieds toutes les traditions nationales du peuple maltais, a rencontré une opposition irréduclible. . L'Assemblée élue refuse de voter le budget et le Gouvernement anglais menace de révoquer la consti- tution libérale qu'il a accordée en 1887. C'est ainsi que l'instruction publique, si nécessaire au progrès de la nation maltaise, est devenue l'un des sujets de discorde qui divisent si profondément l'Angle- terre et sa colonie méditerranéenne. Dans l'intérêt des Maltais, il faut faire des vœux pour que l'accord se rélablisse, et pour que la grande œuvre de la dif- fusion des lumières puisse continuer sans entraves el faciliter les progrès économiques de l'ile. E. Fallot, Délégué de la Tunisie à l'Union Coloniale Française. 4 LE a #” D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE Jamais peut-être, depuis les premières décou- vertes de Pasteur, n'avons-nous assisté à des modi- ficalions aussi importantes dans nos connaissances en Hygiène, surtout en France. Qu'il suffise de rap- peler tout d'abord les faits les plus saillants qui se sont passés depuis deux ans : La transmission de la tuberculose par le lait ou la viande de bœuf niée par Koch; la pelade cessant d’être une maladie contagieuse pour rentrer dans le cadre des tropho- névroses; l’eau de source offrant moins de garantie que l’eau de rivière filtrée avec de bons systèmes bien surveillés; l'épandage n'étant plus le procédé idéal pour ies eaux d’égouts, et les légumes récoltés dans les champs irrigués frappés d’exclusion par le Comité d'Hygiène ; la fièvre jaune se transmet- lant par les moustiques presque exclusivement; enfin, le Parlement francais réussissant, après dix ans d'efforts infructueux, à voter une loi sanitaire générale. I. — HYGIÈNE URBAINE. $ 1. — Purification des eaux d'égout. Les méthodes de purification biologique des eaux d’égout, connues sous le nom de procédé Dibdin, et que nous signalions comme une nou- veauté dans notre dernière revue‘, sont entrées dans la pratique, principalement en Angleterre et en Amérique. Il est certain que les résultats n’ont pas partout répondu aux espérances, que certains bas- sins de putréfaction se colmatent trop rapidement, que les lits bactériens de contact ne détruisent pas toujours complètement les bactéries. Ces critiques ont été exposées très franchement au Congrès du Génie civil de Glasgow en 1901, et les défenseurs quand même des idées de Durand-Claye, Bech- mann, Henrot, Trélat*, ont argué de ces critiques pour déclarer que l’épuration agricole reste le trai- tement supérieur, la fosse septique et le lit de con- act n'étant qu'un pis aller quand la place ou la nature du terrain s'opposent aux champs d’épan- dage. Le D' Calmette a réfuté ces observations en montrant que l'erreur consiste dans l'emploi d'un système unique pour des eaux vannes de composi- tions différentes, qu'en modifiant le dégrossisse- ment préalable on peut, d’une part, se mettre en garde contre le colmatage et assurer, d'autre part, une nitrification et une destruction plus com- 4 Voyez la Revue du 28 février 1900, t. XI, p. 212. ? BEcHMANN, CaLuETTE, LAUNAY, etc. : Série de communica- tions et de discussions dans la Revue d'Hygiène, n°s 3, 1, 11, 12 de 1901 et 1, 2 de 1902. plèles des eaux vannes. Calmette insiste sur les dangers de la contagion par les insectes, dont les larves se multiplient si facilement dans les champs d'épandage, sur l'absence de protection des puits creusés dans la nappe proximale. Un des grands arguments invoqués par les dé- fenseurs de l’'épandage était la pureté bactériolo- gique des légumes cultivés dans les champs de Gennevilliers. Or, après un travail de Wurtz et Bourges”, poursuivi sur l’inilialive du Comité con- sultatif d'Hygiène, ce Comité a dû conseiller l’in- terdiction, dans les champs d'épandage, de la culture des végétaux destinés à être mangés crus : salade, radis, cresson. $ 2. — Eaux de source et eaux de filtration. La recrudescence de la fièvre typhoïde dans la région parisienne a mis en cause la pureté des eaux de boisson. Une campagne de presse très énergique a permis de mettre en évidence l'incurie de l'Administration sur certains points; mais il a été aussi nettement démontré, depuis, que le dogme qui fait de l’emploi des eaux de source une ga- rantie absolue de la santé publique est plus que critiquable, qu'il y a plus de sécurité dans une eau de rivière passant sur de bons filtres à sable que dans une eau de source provenant des zones calcaires, où les fissures profondes sont toujours à redouter. C'est Thoinot* qui, en France, courageusement jeta le cri d'alarme sur le rôle des sources à carac- tère vauclusien de la vallée de la Vanne dans les épidémies de fièvre typhoïde qui ont éclaté simul- tanément à Paris et à Sens. Une épidémie à Bar-le-Duc trouva une explication identique; enfin le D' Gærtner signale, en Allemagne, des épidémies localisées à Soest, à Paderborn, à Weimar, qui toutes peuvent être attribuées aux eaux de sources captées dans la craie. I1 faut ajouter ce fait significatif que ce sont aujourd'hui les villes d'Allemagne, alimentées en eaux de surface filtrées par le sable”, qui présen- tent la mortalité moyenne minima, surtout en ce qui concerne la fièvre typhoïde”. En France, on commence à renoncer aux ame- nées lointaines, si coûteuses, et les projets fantas- 1 Wurrz et Bources : Archives de Médecine expérimentale, 1901, p. 575. 2 Taomnor : Pollution profonde des sources. Acad. de Me- decine, f6v. 1900 ; Revue d'Hygiène, juillet 1901. 3 CHABOLE : Les filtres à sable et la fièvre typhoïde en Allemagne. Revue d'Hygiène, août 1901 et juin 1902. # Rapport du Kaïserliches Gesundheïtsamt de 1900, s82 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE liques de captation des eaux des lacs suisses ou du bassin de la Loire sont abandonnés. Le système des bassins fillrants est utilisé même pour l'agglomération parisienne; et l'emploi des dégrossisseurs Puech, dont nous avons déjà parlé dans une revue précédente, apporte une économie notable de temps et, par suite, d'argent. Grâce à cette épuration préalable dans des compartiments remplis de graviers de volumes successivement décroissants, les eaux de la Seine ont perdu 80 °/, de leurs microbes quand elles arrivent sur les véritables bassins filtrants; et ceux-ci, au lieu d'exiger un net- toiement bi-mensuel, peuvent travailler trois et quatre mois. À Londres, le système Puech fournit ainsi un débit quotidien de 50.000 mètres cubes d'eau de la Tamise. À Zurich, les filtres à sable destinés à purifier l'eau du lac, étant envahis par de petits Crustacés, exigeaient un neltoyage tous les deux ou trois jours; un dégrossissement préalable au moyen du système Reisert, construit sur un principe iden- tique à celui de Puech, a permis de maintenir les filtres quinze et vingt jours sans arrêt". $ 3. — Hygiène des édifices religieux. Parmi les édifices publics destinés à recevoir de nombreuses collectivités, les édifices religieux avaient peu préoceupé les hygiénistes. La grandeur du vaisseau assure presque toujours une ventilation suffisante: mais, si le cubage d'air. est plus que suffisant, l'éclairage et surtout l'ensoleillement laissent fort à désirer. Or, les églises, par leur des- tinalion même, sont appelées, plus que les autres édifices publics, à recevoir des personnes malades: la propreté des fidèles est souvent problématique et l’action désinfectante de la lumière serait fort utile pour purifier le temple. On ne peut cependant, au nom de l'Hygiène, supprimer les sombres arceaux et les belles verrières de nos cathédrales gothiques. Mais d'autres mesures, plus pratiques, peuvent être prises, el nous signalons avec plaisir les ins- tructions données par les évêques de Fano et de Reggio in Emilia à leur clergé : lavage, toutes les semaines au moins, à la lessive bouillante des grilles des confessionnaux; désinfection du sol au moyen de la sciure de bois humectée avec une solution de bichlorure de mercure à 3 °/,,; substitution du linge mouillé ou de l'éponge pour les bancs et les stal- les; changement de l'eau des béniliers toutes les semaines, et lavage des récipients à la lessive bouil- lante. Cette dernière mesure à élé provoquée par les : Perenr : Ueber Wasserreinigung durch kombinirte Grob- und Feinfilter. /ygienische Rundschau, p. 744, 1902. recherches de Vincenzi et Abba’ sur la flore micro- bienne de l’eau bénite offerte aux fidèles. Vincenzi, étudiant une épidémie de diphtérie à Sassari, retrouva le bacille de Lüffler dans l’eau des béni- tiers; Abba isola le bacille de Koch de l’eau bénite des églises de Turin ; Remlinger* trouva 15.000 bac- téries par centimètre cube d’eau bénite à Tunis. La désinfection hebdomadaire, préconisée par l'évêque italien, est une mesure simplement pallia- tive. Abba proposait d'ajouter un désinfectant; mais il s'est buté à une opposition des ritualistes, opposition qui ne s'appuie, d’ailleurs, sur aucun texte formel. Alors on s'est imaginé, pour empê- cher la contamination, de remplacer la vasque par une fontaine munie d'un robinet donnant soit un égouttement continu de l’eau, soit un écoulement intermittent provoqué par un ressort. Les appareils de Bruns, de Harlem, et de Dalpiaz, d'Italie, n’ont pas jusqu'ici été utilisés. Signalons encore, à propos de l'hygiène des églises, l'interdiction, faite par le cardinal-arche- vèque de Paris, d'allumer les cierges des enfants pendant les processions. Il a fallu qu'un épou- vantable accident vienne frapper la fille d'un médecin, très coté dans le monde religieux, pour que cette mesure soit prise, bien que de nombreux accidents de ce genre se soient antérieurement produits ; encore la mesure ne parait pas avoir été étendue aux autres diocèses de France. II. — MALADIES CONTAGIEUSES. $ 1. — Tuberculose. La communication sensationnelle de Koch au Congrès de la Tuberculose de 1901, niant l'identité de la tuberculose humaine et de la tuberculose bovine, a mis en émoi tout le monde des hygié- nistes. La propagation de la tuberculose par le lait ces- serait d'être un danger et, logique avec lui-même, Koch déclarait au Congrès qu'il était inutile de prendre des mesures de précaution contre la trans- mission, soit par le lait, soit par la viande des Bovidés, tous les efforts devant être dirigés unique- ment contre la diffusion des crachats. Cette com- munication est trop connue pour qu'il soit néces- .saire d'insister:; rappelons seulement que les argu- ments de Koch et de Schütz étaient ceux-ci : 4° Les. bacilles humains, contrairement aux bacilles d’ori- gine bovine, n’infectent pas le bétail; 2° La tuber- culisation de l'homme par les bacilles bovins est douteuse, et, dans tous les cas, extrèmement rare. 1 Ansa : L'aqua benedetta nelle chiese. Aivista d'Igiene & Sanita publica, 4e mars 1900, p. 153. ? Revuwérr : L'église au point de vue de l'hygiène. Revue d'Hygiène, 20 juillet 1900, p. 580. À es Pa ES rl er" ÈTE Ré Es ET D: J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 833 > ‘4 La communicalion de Koch et Schutz provoque, … au Congrès mème, une série de proteslalions Thomassen, d'Utrecht, rappela qu'il avait inoeulé quatre veaux avec des cultures de bacilles humains - et que les animaux avaient été infectés. P. Ravenel réussit également, tout en convenant que l'inocula- tion avec le bacille bovin est plus sûre. C'est aussi la conclusion des travaux plus récents de Jong de Leyde, de Hueppe, de Kleps et Rievel, de Bang, conclusions qu'Arloing, d'après ses propres recher- -ches, résume ainsi: La virulence du bacille de la tuberculose est variable et capable de s'adapter à certains organismes; dès lors, il n'est pas surpre- nant que le bacille humain puisse manifester, sur certains animaux, moins d'activité que le bacille _de la tuberculose bovine. Quant à l'expérience du D° Garnault s'appliquant surle bras, privé de son épiderme, des fragments de _tubercules extraits d’un bœuf, elle est sans valeur - et n'a même pas le mérite de la nouveauté, puisque - Baumgarten a déjà essayé,sans succès d'ailleurs,une pareille inoculation chez un cancéreux inopérable”. $ 2. — Diphtérie. La sérothérapie de la diphlérie avait donné l'espoir que cette maladie serait une des premières . vaincues et, dans tous les cas, n’exislerait plus qu'à l’état sporadique. Nous n’en sommes pas encore à ce résultat. Depuis l’année 1901, la diphtérie a présenté une recrudescence nouvelle. En une semaine, on a compté jusqu'à 30 décès à Paris, chiffre qui n'avait pas été noté depuis 1894. On a jeté immédiatement le cri d'alarme et pro- . noncé le mot, aujourd'hui banal, de faillite de la sérothérapie. Le D' Netter *, sans cacher la gravité du mal, au contraire, insistant même sur l’augmen- lalion du taux de la léthalité, proteste contre ces accusations. Chiffres en main, il montre que, dans tous les cas où la survie a été assez longue pour - permeltre au sérum antidiphtéritique de faire son action, le sérum s’est montré tout aussi efficace qu'antérieurement, soit 89 °/, de guérisons en _ éliminant les décès survenant dans les 24 heures. Netter insiste sur ce fait que l’on perd un temps précieux en attendantle diagnostic bactériologique, qu'il faut faire l'injection aussitôt que le cas est douteux. . Rien ne prouve une virulence plus grande du ba- - cille de Læffler, mais on peut affirmer que, l'école “étant le vrai foyer de contagiun, la diphtérie sera 1 Bibliog. de la question : C. À. du Congrès d'hygiène de “la tuberculose ; Londres, 1901. Bons résumés, in Fevue d'Hy- Giène 1901, Semaine médicale 1901, et Ansoine : Unité de la tuberculose humaine et de la tuberculose bovine, Presse _ médicale, fév. 1902. = Nerrer : Prophylaxie de la diphtérie. Revue d'Hygiène, - mai 1902, p. 445. d'autant plus menaçante que l'assiduité de tous les enfants sera plus grande. Une surveillance rigou- reuse de tous les écoliers, l'interdiction ou la mise en observation des frères et sœurs des malades, enfin l’inoculation préventive, telles mesures préconisées par Netter. sont Îles S 3. — Vaccine et variole. L'agent éliologique de la vaccinéeet de la variole est-il enfin connu ? Le directeur de l'Institut séro- thérapique de Bruxelles, M. Funck ‘, n'hésite pas, après bien d’autres, à répondre affirmativement : « La vaccine n'est pas une maladie microbienne, Elle est causée par un protozoaire, qui se retrouve facilement dans toutes les pustules vaccinales et dans tous les vaccins aclifs ». L'inoculation de ce protozoaire, en émulsion stérile, reproduit, chez les animaux sensibles, tous les symptômes classi- ques de la vaccine. Celte même inoculation rend les animaux réfractaires à l’inoculalion ultérieure de la vaccine. Enfin, la pustule variolique ren- ferme un protozaire morphologiquement semblable à celui de la vaccine. Le protozoaire décrit par Funck sous le nom de Sporidium vaccinale est-il identique au Cyto- rictes Vaccinæ vel variolæ, de Guarnieri, de Pise, déjà étudié précédemment par Pfeiffer, de Weimar? Les adversaires de la théorie du protozoaire vaccinal* considèrent que les organismes décrits par les auteurs cités plus haut sont, ou des dérivés des noyaux des cellules épithéliales (Ferroni et Massari, Klein), objection contredite par Gorini, ou bien des corps qui se rencontrent déjà normalement dans les humeurs de l'homme (Muller) *. Klein | isole un bacille que Copeman parvient à culliver. Il obtient, en effet, des cultures pures du baciile par une inoculation d'un mois dans des œufs. Celte culture, inoculée à des veaux, reproduisit la vaccine et put servir de vaccin sur des enfants. Wassiliewski ‘ admet la spécificité des corpus- cules de Guarnieri : l’inoculation de la lymphe vaccinale dans la cornée du lapin détermine l'appa- rition de nombreux corpuseules, et les produits inflammatoires, ineculés à des enfants, ont donné six fois sur sept des pustules caractéristiques. Ishigami *, dans le laboratoire de Kitasato, est 1 Funcr : L'agent étiologique de la vaccine. 5e dicale, 20 fév. 1901. p. ile 2 KiEIx : Report of medical officer to the Loc. Govern- ment Board, 4892; — Copemanx : Vaccination : 1ts nat ral History and Pathology, 1899. British M rD., Mars 90. A 4 Vaccina and variola. / . juillet 1901, p. 660; — Gorint : Ueber die mit Vaccine Zelleins- ausgefubhrten Hornhautimplung vorko chlusse, etc. Centralbl. f. Bak 1901 4 WWASSILIEWSKI : 5 JsaiGaut : Ueber regers. Centrab. f. 1 et 1. 112 variolaer- 884 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE arrivé enfin à cultiver ce parasile dans un milieu spécial; malheureusement, l'auteur a oublié de donner la composilion de son milieu de cullure : « C’est, dit-il, un liquide dans les éléments duquel entrent des cellules épithéliales saines ». Ishigammi a obtenu des pustules immunisantes par l'injection de cullures varioliques humaines à des génisses; mais le contenu de ces pustules, injecté à l'homme, n'a plus présenté la même virulence. L'identité de la variole et de la vaccine serait-elle établie, la variole humaine, par son passage chez les Bovidés, perdant sa virulence, et la vaccine n'étant plus qu'une variole alténuée? L'auteur japonais donne à son sporozoaire le nom de Wicrosporidium Bom- byci. A l'Instilut Pasteur de Lille, Calmette et Guérin’ n'ont pu découvrir ni prolozoaire ni bacille spéci- fiques; mais, en ulilisant les travaux de Gaillelon, Bard, Leclerc, sur la réceptivilé des lapins au vaccin, ils ont montré que, cet animal élant moins sensible que la génisse et l'enfant, on avait en lui un excellent instrument de contrôle pour s'assurer de la virulence d’un vaccin avant sa distribution. Tout vaccin appliqué sur la peau rasée dure d’un lapin et qui ne provoque pas une belle éruplion doit être considéré comme trop atlénué. Le lapin permet encore d'obtenir des vaccins aseptiques : il suffit de laisser pendant plusieurs heures des vaccins dans le périloine de lapins préparés par une injec- tion préalable de bouillon ; les leucocyles s'alta- quent aux microbes étrangers, tout en respectant les agents actifs du vaccin. Benoit et Roussel? pré- conisent le cobaye comme agent vaccinifère; cet animal aurait même, d'après eux, le pouvoir de remonter la virulence des vaccins atlénués. Cette propriété de revivifier la virulence du vaccin est fort utile, si les vaccins actuellement en usage sont des vaccins par trop atlénués. Tel est, en effet, l'avis äe plusieurs spécialistesen vaccine: Legrand”, E. Félix et Fluck*, Benoit et Roussel”, Au lieu d'at- teindre une proportion de 70 °/, de vaccinalions heureuses, le taux s'abaisse souvent à 45 °/,. L'at- ténualion serail due à l'emploi de vacein très gly- cériné el vieilli. On stérilise ainsi le vaccin, mais, en même temps, on alténue sa virulence; d'où les insuccés. Une autre cause de l’insuccès de certaines pulpes vaceinales est l'emploi de la lymphe rouge, renfer- ? CALMETTE et GUEIIN : Recherches sur la vaccine expéri- mentale. Annales de l'Institut Pasteur, mars 1901, p. 161. 2? Benorr et Roussez : De la vaccine jennérienne chez Je cobaye. Soc. de Biologie, 29 juin 1900. 3 LeGranD : Variole et vaccine. Médecine moderne, 5 déc. 1900, p. 555. # Féuix et FLuck Variole et moderne, 13 déc. 1900, p. 363. ® Bexorr et Roussez : Des défaillances de la vaccine anti- variolique. Revue d'Hygiène, mai et juin 1902, vacc n alténué. Médecine comme éliologie : eau, 70,8 °/,; lait, 17; aliments “chez l'homme. J. de Phys. et de Pathol. génér., janvier 1501. 4 mant, par suite, du sang. Kodjabascheff! a, en" effet, remarqué que le vaccin rouge donne des pus= tules avortées, et il attribue ces insuccès au pouvoir développerait parallèlement avec la leucocytoses qui se produit pendant l'infection vaccinale. $ 4. — Fièvre typhoïde. La contagion de la fièvre Lyphoïde par l'eau ne saurait être considérée comme la voie exclusive de la contamination; mais il faut reconnaitre qu'elle reste, malgré toutes les attaques, le mode de pro- pagation le plus fréquent. Schüder”, analysant l'histoire de 650 épidémies de fièvre typhoïde en Allemagne, en Angleterre et en France, trouve. divers, 3,5; reste 9 °/, pour les autres causes. Une des voies de dissémination, jusqu'ici trop méconnue, parait être les urines. Tandis que l'on multipliait les précautions pour la désinfection des selles des typhiques, les urines étaient complète- ment négligées. Or, la présence du bacille d'Eberth dans les urines des typhiques est aujourd'hui dé- montrée *. Petruschki a trouvé jusqu'à 170 millions de ce bacille par centimètre cube; ces bacilles peuvent persister de longs mois après la convales- cence, être disséminés partout, et Uffelmann à montré que, à moitié desséchés, ils pouvaient résister très longtemps. Les médecins de l'Armée anglaise au Transvaal ont attribué plusieurs épi- démies de fièvre typhoïde, qui ont éclaté dans les camps, à la propagation par les urines infectées. La Direclion médicale de l'Armée allemarde a ordonné l'examen systématique des urines de tous les typhoïsants guéris. Le moyen prophylactique pour empêcher cette cause de propagation serait, d'après les médecins anglais et allemands, l'admi- nistralion de l’urotropine pendant la convalescence, cette substance faisant disparaitre le bacille d'Eberth. Malgré tous les procédés vantés pour reconnaitre le bacille typhique dans l'eau, on trouve encore des formes particulières sur lesquelles l'incertitude resle permise. M. Emery”, après avoir conslale que le procédé indiqué par Chanlemesse et Widal, l'action agglutinante du sérum typhique expéri- 1 KonyaBasGHErr : Annales de l'Inst. Pasteur, p. 102, 1900. 2 Cocruonr et MonraGxarp : La leucocytose de la vaccine 3 Scuuper : Zur Ætiologie des Typhus. Zeitschr. f. Hyy., t. XXXV, p. 343, 1901. 4 BouxraaeGen : Die Contagiositæt des Darmtyphus. Vier- teljabr, gerichtl. Medic., t. XXI, 1904. —- Lévr et Lemerre : Prophylaxie urinaire de la fièvre typhoïde. Soc. méd. des: Hôpitaux, 12 déc. 1901. 5 Euenv : Recherche du bacille typhique dans l'eau. Rev. d'Hygiène, fév. 1902, p. 144. mental, peut faire défaut, recommande l'emploi _ d'un bouillon de rate dans lequel on a cultivé pen- dant trente jours une culture d'Eberth. Ce bouillon, _ filtré, chauffé à 100°, et qu'il décrit sous le nom de _ bouillon différentiel, se troublera s'il est ensemencé “ultérieurement avec un Paracoli et restera clair avec l'Eberth. | Cambier' donne également la formule d'un bouillon peptonisé, qui favorise la vitalité du bacille d'Eberth; mais, pour isoler le bacille d'Eberth du < olibacille, il utilise la propriété qu'a le bacille — typhique de traverser plus rapidement une bougie “Chamberland que le colibacille. On obtient ainsi très rapidement, en partant des mélanges des deux . microbes, des cultures typhiques pures. ñ4 Ajoutons que Biffi?, en opérant sur des cultures … de provenances différentes, n'a pas obtenu avec les … bougies la différenciation de vitesse de passage dique par Cambier. Il ne parait pas, d'ailleurs, 68 utilisé le bouillon peptonisé de Cambier, exullant la vitalité du bacille typhique. …_ Chantemesse*, en juin 1901, avait décrit un pro- …_ cédé très simple permettant de différencier le ba- \ cille d'Eberth du colibacille par la réaction diffé- 4 rente au tournesol; toutefois, le procédé est souvent o infidèle, et il faut recourir à l'agglutination. En D osan du sérum anticholérique ou du sérum … de dysentérique, on peut obtenir l'agglutination du bacille du choléra ou du bacille dysentérique de …Chanlemesse, quand ces bactéries se trouvent dans les matières fécales ou dans l'eau. € 3 $ 5. — Peste. «élé poursuivies dans ces deux dernières années avec méthode, et il nous faul revenir sur cetle - question déjà traitée antérieurement. “ En ce qui concerne les inoculations bacté- “ riennes de Haffkine, Calmette avait cru devoir - mellre en garde contre le danger possible de ces - inoculations virulentes. Une injection de cette “ nulure, faite, pendant la période d'’incubation, à un sujet qui pourrait n'avoir qu'une allaque “légère, aggraverait la maladie et provoquerait presque certainement une issue fatale. Bannerman * proteste contre cette opinion. Sur 6.000 cas de peste … observés dans des villages des Indes, la mortalité -s éleva à 73°/, pour les non vaccinés et fut abaissée “i 43 °/, pour ceux qui avaient recu très récemment le vaccin virulent. La plupart de ces derniers K . ! Cawmren : Nouvelles méthodes de recherches du bacille d'Eberth.C. R. de l'Acad. des Sciences, 23 déc. 1901, t. CXXXII. ? Birri : À proposito di un nuovo metodo d'isolamento del “ bacillo del tifo. Rifor. medica, n° 213, 1901. % CuanTEMESsE : Le gelo-diagnostic de la fièvre typhoïde, du choléra et de la dysenterie. Acad. de Méd., 20 mai 1902. * Baxnenuax : Centralb. f. Bakt., 1901, 874. D: J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE Les inoculations contre la peste bubonique ont 885 devaient se trouver en période d'incubalion au moment de l'opération. Nous trouvons les mèmes conclusions dans le travail du D'° Thompson sur l'épidémie de peste de Sydney ‘. Parmi les deux cents inoculés, et au moment où la peste avait sa plus grande virulence, treize personnes furent atteintes, mais toutes furent sauvées. Les stalistiques de Bannerman tendent encore à confirmer le fait, énoncé par Haffkine, que les effets de l’inoculation se font sentir au bout de vingt- quatre heures; quant à la durée de protection efficace, malgré les nombreux matériaux recueillis, il est difficile de se prononcer actuellement ; mais on tend à admettre qu'il y a encore effet utile au bout de dix-huit mois. Le tôle des rats comme agents vecteurs du bacille pesteux est de plus en plus admis, et l'observation récente du City of Perth arrivé devant Dunkerque en juillet 1902 a toute la valeur d'une expérience de laboratoire. Sur soixante hommes d'équipage, trois seulement furent atleints et succombèrent, et ces trois marins avaient seuls touché les rats morts trouvés dans la cambuse. Le point capital, à l'heure actuelle, est donc d’assurer la destruction des rats avant tout déchargement des marchan- dises. Les dispositions prises pour arrêter le dé- barquement des rats, telles que l’adaptalion aux cordages de balais, d’enlonnoirs ou d'écrans métalliques, sont absolument insuflisantes. Deux méthodes sont actuellement employées pour dé- truire les rats : l'acide carbonique liquide, que l'on produit aujourd'hui en grand * et qui revient à un prix relativement bas, et le gaz sulfureux. L’acide carbonique a été essayé à Marseille, et a donné des résultats encourageants. Toutefois, les recherches de Langlois et Loir ‘ tendent à montrer que la diffusion de ce gaz est très lente, impar- faite, et que les rats résistent à 30 °/, d'acide car- bonique. L'acide sulfureux possède un double avantage : il diffuse facilement, surtout si l'on em- ploie des appareils assurant le brassage de l'air intérieur du navire comme dans le four Claylon; il est toxique à la dose de 3 à 4°/,. La grande objec- tion, la seule même, est la détérioration possible de certaines marchandises. L'attaque par l'acide sul- fureux en milieux humides, mais sur des objelsnon imbibés d'eau, est beaucoup moins fréquente qu'on ne le croît. Et les bons résullats obtenus à la Nouvelle-Orléans, en Angleterre, permettent de penser que, désormais, les navires chargés de rats remiers sujels 1 Taowpsox : Report of the Board of Health, Sydney, 1900. 2 Les applications de l'acide carbonique liquide. Aevue générale des Sciences des 15 et 30 mars 1902. 3 Lancrors et Lom : Destruction des rats à bord des j bateaux. Revue d'Hygiène, mai 1902, p. 411. 886 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE pesteux pourront être débarrassés de leurs hôtes dangereux sans subir d’onéreuses quarantaines. Celle question de la destruction des rats attire l'attention non seulement des hygiénistes, mais du grand public. Au Congrès maritime de Co- penhague, en juillet 1902, MM. Langlois et Loir, frappés des résultats obtenus en Danemark par la Ligue pour la destruction rationnelle des rats, ont obtenu qu'un Comité français serait institué el qu'un appel serait fait à lous ceux que les dégâts causés par les rats peuvent intéresser. Laissant de côté la question pécuniaire, si importante cepen- dant (les rats causent 18 millions de dégâts par an en Danemark !), nous pouvons rappeler que ces Rongeurs sont les agents de propagation de la peste aphteuse (Bange), du rouget des porcs et peut-être de la morve. $ 6. —- Fièvre jaune. « La fièvre jaune n'est pas transmissible par les poussières, et, par conséquent, il n’est pas néces- saire de désinfecter les vêtements, le matériel de couchage, les marchandises soi-disant contaminés par les malades atteints de fièvre jaune. Le seul mode de transmission est la piqûre du Culex fas- ciatus ayant préalablement du de malades. » Telles sont les conclusions du travail des médecins militaires américains W. Reed, J. Carroll et A. Agramonte?. À Cuba, leurs expé- riences sont de deux sortes : Dans une série, des individus sains, bien isolés, sont soumis aux piqûres de moustiques avant sucé le sang de malades amarils depuis douze jours au moins (avant ce laps de temps, la piqûre serait absolu- ment inefficace, et non immunisante, comme le soutenait Finlay, le protagoniste du rôle des mous- tiques dans la propagation de la fièvre jaune): cinq sur six des sujets piqués furent atteints. Dans une autre série, les infirmiers, sujets volontaires, cou- chérent pendant vingt jours dans un baraquement rempli d'effets contaminés, agitant, remuant chaque Jour ces effets; ils revêtirent même des chemises venant de sujets malades; la seule précaution prise fut l'établissement de moustiquaires écartant tout danger de piqûres. Aucun ne fut atteint. sucé sang C'est en s'appuyant sur ces données que le Major Word édicta les mesures prophylactiques appliquées à la Havane : pétrole versé dans tous les bassins el récipients renfermant de l'eau stagnante, désinfection des maisons renfermant des : moustiques, isolement immédiat des malades ama- ZuscuraG : Rotterne, 1 vol. 95 pages, Copenhague, 1900, ? W. Rerp, CarOLL et AGRAMONTE : La etiologia de la fiebre amarilla, Boletin del Consejo superior de Salubridad.Wabana, 31 mars 1901. — Analyses des expériences par Marchoux. Annales d'Hygiène et de Médecine coloniales, oct.-dée. 1901. rils dans des locaux aux ouvertures fermées par des toiles métalliques. Les résultals furent excel- lents à la Havane et la morbidité de la fièvre jaune à singulièrement diminué depuis l’adminis= tration de Word. À Toutefois, le rôle exclusif des moustiques n'a pas élé admis sans protestation. De Lacerda”, profes= seur à Rio de Janeiro, critique et conteste là valeur des expériences de Reed et Carroll, et meb en doute qu'ils aient réussi à provoquer de vérila bles accès de fièvre jaune chez les sujels piqués ; la suppression de toutes mesures de désinfection: des objets contaminés lui parait une témérité grave. Sanarelli?, qui découvrit le Pacillus icteroïdes à Montevideo, microbe dont le rôle pathogène est nié par les médecins américains, ne peut accepter leur opinion el, sans apporter de faits nouveaux, 1 énumère les nombreuses observations d'épidémie à bord des navires partis depuis longtemps des ports contaminés, et où le rôle des moustiques est, d'après lui, inadmissible. De (Gouvea', médecin, brésilien, Lutz, directeur du Laboratoire bactério- logique de Sao Paulo, se rallient, par contre, à la théorie américaine et expliquent les éclosions tar-* dives des épidémies, telles la petite épidémie de 1861 à Saint-Nazaire, par ce fait que les mousti= ques se réfugient dans les cales, où ils résisten quand ils peuvent se nourrir avec le chargement. La question, on le voit, est encore en suspens. SH. Pelade. démie de Médecine une maladie contagieuse, et des mesures d'hygiène sévères avaient été ordonnées dans les écoles pour défendre les enfants contre cette affection du cuir chevelu. A l'Étranger, les dermatologistes chefs d'école, tels que Hebra, Neu- mann, Kaposi, refusaient de reconnäitre le carac- tère contagieux de la pelade, et, successivement, les agents pathogènes de l’affection : Wierosporon de Gruby, Microphylon de Malassez, sporules péladi- ques de Nystrome, voyaientleur spécificité rejetée. Sabouraud, en 1897, tout en admetlant que la pelade est due au microorganisme de la séborrhée grasse, reconnaissail, au Congrès de Médecine de 1900, qu'il n'avait jamais pu contrôler l'existence d'une seule épidémie, et, en 1901, Dauzat*, malgrés une enquête minulieuse, portant sur trois cenls sujets, ne trouvait que deux sujets chez lesquels on pouvait soupconner la contagion. | La pelade avait, jusqu'ici, été déclarée par l'Aca- ! De Lacerpa : Zanzare et febbre gialla. Brazel medico 1er août 1901. ? SanaReLLi : La teoria delle Zanzare. Gazetta degli Ospes dali, n° 102, 4901. % De Gouvea : Les moustiques et la fièvre jaune. Bull medic., #2 oct. 1901. # Dauzat : La pelade. Thèse Fac. de Paris, 1901. D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE 887 " ————— | æ Plus heureux qu'Olivier, qui, en 1888, avait lutté E presque seul à l’ ne contre les COHABIURISRES, her les idées non en ie annee presque nanimement à l'Étranger par Lassar, Pavlof, Wal- , Kaposi, etc. Expérimentalement, la contagion (: 1 pa même, officiellement, Ta pelade cessera en France d'être une maladie contagieuse, et les malheureux pélaaiques ne seront plus relégués avec les tei- #neux, ceux-ci véritablement dangereux. III. — HYGIÈNE COLONIALE. $ 1. — Sanatoria coloniaux. L'expansion coloniale, malgré les nombreux dé- Fe boires constatés jusqu'ici, se continue régulière- £ ment, et, si le nombre des colons ne croit pas avec à rapidité désirable, celui des fonctionnaires suit usa marche ascensionnelle. Or, un des chapitres qui grève énormément les budgets coloniaux est “celui des congés accordés pour raisons de santé, el la brièvelé relative des séjours normaux; aussi herche-t-on, par l'établissement de sanatoria colo- niaux, à réduire ces dépenses. En dehors même de a question budgétaire, il est certain que des insli- tutions de ce genre exerceraient une action des plus salutaires sur le personnel européen et sur les malades pour lesquels le voyage de retour cons- titue par lui-même un danger. Nos anciennes colonies : la Martinique, la Gua- deloupe, la Réunion ont, depuis longtemps, des éla- “blissements de convalescence établis sur des hau- “teurs; mais l'organisalion en est si mauvaise qu'on _ne peut les désigner sous le nom d'établissements hygiéniques. Au camp Colson, à la Martinique, la “caserne est constituée par un rez-de-chaussée, “posé sur le sol humide: la couverture est en tôle mondulée, sans plafond à l'étage. Il n'y a pas de ser- vice d’eau courante, malgré la proximité des sources. Le camp Jacob, à la Guadeloupe, malgré quelques erreurs administratives, est un des meilleurs sana- toria. À la Réunion, il existe un sanatorium privé “dans le cirque de Cilaos, par 1.200 mètres d'altitude. Un climat excellent, des eaux thermo-minérales, “tout concourt à faire de ce site le grand centre “de convalescence de Madagascar: mais l'Adminis- 4, 1 Jacouer : Société de Dermatologie, 6 fév. 1902. tration n'a même pas songé à construire une route réellement carrossable, et il faut faire une partie du trajet en chaise à porteurs. Le prix du transport ne permet le voyage qu'à de rares privilégiés, et il faut se résigner à la station de Salazie, trop humide par suite des pluies continuelles (cent quinze jours de pluie par an) et infestée par la fièvre typhoïde. Au Sénégal, Kita, dans le massif montagneux du haut fleuve, a été proposé; mais les cases de paille attendent toujours leur remplacement par des logements salubres. En 1899, M. de Kermorgant, se plaignant de la lenteur mise à exécuter les pro- | jets d'assainissement des différents points de la colonie, écrivait : €. S'il survenait une épidémie, il faudrait aviser d'urgence. » L'épidémie de 1900, si meurtrière, a montré que l’on n'organise pas un tel service au moment du danger. À Madagascar, on a songé à utiliser le massif de la montagne d'Ambre, près de Diego-Suarez. Mais le principal effort parait devoir être tenté actuellement en Indo-Chine, où M. Doumer cherche à établir un sanatorium modèle, suffisant pour les besoins de notre empire asiatique, sur le plaleau de Lang-Sa, dans l'Annam‘. Ce plateau sablonneux est situé par 1.500 mètres d'altitude : le climat serait sec, et la brise tempère les élévations ther- miques encore trop fortes. Mais il faut des voies d'accès qui restent encore à créer, et qui deman- deront des sommes considérables et, malheureuse- ment aussi, de nombreuses vies humaines, les tra- vaux devant être poursuivis dans une zône des plus malsaines. 2, — Fièvre typhoïde à type rémittent. An Le domaine de la fièvre typhoïde, déjà si vaste, vient encore de s'agrandir par les recherches du D: Marchoux., directeur du Laboratoire de Microbio- logie de Saint-Louis (Sénégal) *. Les fièvres dites rémittentes, si abondantes dans cette colonie, sont, en réalité, des fièvres typhoïdes modifiées par le climat. Les lésions anatomo-pathologiques n'avaient pas permis jusqu'ici d'affirmer cette identité avec notre typhoïde européenne; mais la méthode d'agglutination de Widal à donné des résultats si positifs qu'il n'est plus permis de douter. Cette découverte a une réelle importance pratique : elle conduit, sinon à supprimer le traite- ment par la quinine, au moins à ne plus considérer ce médicament comme l'agent spécifique de cette affection. Déjà les observations cliniques avaient 1 ReyNauD : Sanatoria dans les pays chauds. Revue d'Hy- giène, p. 871, 1900. 2 Marcnoux : Travaux du Laboratoire de Microbiologie de Saint-Louis du Sénégal. Annales d'Hygiène et de Médecine coloniales, p. 119, 1900. 8S8 D' J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE D'HYGIÈNE montré que la quinine, si énergique dans les | Barton, qui a décrit le scorbut infantile et a pu fièvres intermittentes, donne peu de résultats avec les fièvres rémiltentes sénégaliennes. S 3. — Méningite cérébro-spinale. Nous avons cité, dans la dernière revue annuelle, les travaux récents sur les épidémies de méningite cérébro-spinale ; il nous faut y revenir à propos des maladies tropicales. Les nègres du Sénégal paient un tribut énorme à celte maladie; mais, en dehors de la forme aiguë identique à celle décrite en Europe, il faudrait encore faire rentrer, dans le cadre de cette affection, la curieuse nalavane ou maladie du sommeil, uniquement éludiée jusqu'ici en Afrique, et qui ne serait autre qu'une forme chronique de la méningile cérébro-spinale. Le pneumocoque provoquerait une méningo- encéphalite diffuse, avec tendance invincible au sommeil". D'autre part, d'après Hamilton Wil- liams ?, un certain nombre de cas classés jusqu'ici sous la dénomination d’altaque bilieuse, de fébri- cule, auraient pour cause le microbe de la ménin- gile cérébro-spinale. Pendant une récente cam- pagne contre les Achantis, on rencontra chez S0 porteurs nègres le Diplococcus intracellularis de Weicbselbaum. IV. — ALIMENTATION. $ 1. — Le lait stérilisé dans l'alimentation des nourrissons. Le lait stérilisé, dont l'usage s'est complètement généralisé, constitüe-t-il une alimentation conve- pable pour le nourrisson? La question à été soulevée par plusieurs méde- cins. En France, Marfan reproche à la stérilisation de tuer certains ferments uliles à la digestion même de cet aliment, et de favoriser les troubles intestinaux et, par suite, la nutrition générale; 3ordas* constale que l’on écrème généralement le lait stérilisé pour éviter la formalion de masses butyreuses, d'aspect désagréable, et qu'on retire ainsi une certaine quantité de lécithine: Smith, à Londres, remarque que les enfants élevés au lait bouilli sont maussades, chagrins, quelquefois ma- lades. Celte campagne à rencontré de nombreux oppo: sants. Variol*donne sastatistique d'enfants pauvres, placés presque ous dans des conditions de misère physiologique, et qui, grâce au lait stérilisé bien distribué, guérissent de leur athrepsie. Thomas ! Manrcuoux : Loc. citato. * Haxicron Wicciams : Cerebro-spinal meningitis, British. med. Journal, 1901, p. 851. 3 Borpas : C.R. Acad. des Sciences, 26 août 1902. Varior : Revue scientifique, 1902. l'attribuer au lait condensé ou au lait mal stérilisé, reconnait qu'il n'a jamais vu de scorbut chez les enfants consommant du lait bien stérilisé. À Saint Helens, en Angleterre, Drew Harris fait tomber 1 mortalité infantile formidable (176 °/,,) en obte- nant une distribution générale de lait stérilisé. L question de la cellule vivante est bien hypothés üque, étant donnée l’action immédiate du suc gas trique, et, en ce qui concerne le scorbut, Ransom fait remarquer qu'on traite cette affection chez l'enfant avec des pommes de terre houillies; quant à la diminution de lécithine, elle est des plus pro= blématiques, les laits stérilisés de bonnes marques renfermant encore 40 °}, de substances grassesss c'est-à-dire souvent trop pour les jeunes sujets Même si l'affirmation de Koch sur l’innocuité du laits des vaches tuberculeuses se trouvait confirmée, les lait stérilisé resterait encore la meilleure arme” contre la diarrhée infantile chez les enfants des grandes villes. | a er pe $ 2. — Emploi de l’acide borique à la conservation des aliments. L'emploi de l'acide borique comme conserva | teur, bien que prohibé par toutes les autorités sanitaires, est encore très discuté. En Allemagne sous l'influence de Rubner, de nombreuses recher- ches ont été poursuivies avec une méthode et unë vigueur remarquables ?. Mais, malgré cette préci= sion, il est difficile de tirer une conclusion de résullats absolument contradictoires. Neumann, absorbant jusqu'à 5 grammes de borax par jour, ne constale aucune modification dans l’utilisation: des aliments, bien que le poids du corps paraissex s'être légèrement abaissé pendant la période d’ali: mentation au borax; Heffter, qui n’en absorbai que 2 grammes, confirme, au contraire, les rechera ches antérieures de Schlenker et Forster sur l’aug mentation sensible des forces sous l'influence du similation. Weilzel signale l'arrêt de la coagulation du lai légèrement boriqué (10 °/,,) sous l'influence du lab ferment. suivent les mêmes recherches en étudiant l'in fluence de l'acide borique sur des enfants de deux à cinq ans. La quantité quotidienne absorbéës atleignit 4 gr. 50. Ils arrivent à cette conclusion 1 Raxson : Should milk be boiled? Brit. med. Journs 22 fév..1902. | 2 Travaux réunis dans le t. XIX des Arbeït, aus der KaïsSeln Gesundh., août 1901. 3 Touxxicurre et RosexnEIN : On the influence of boric acid upon the general metabolism of children. Journ. of Hygien;, N t. I, p. 168, 1901. ° J.-P. LANGLOIS — REVUE ANNUELLE aattendue que, si l'acide borique ou le borax V. — Lois ET RÈGLEMENTS. $ 1. — La nouvelle loi sanitaire française. Depuis le 5 février dernier, ia France possède ne loi générale pour la protection de la santé ublique. Pendant plus de six ans, cette malheu- use loi s'est promenée du Sénat à la Chambre, dela Bhambre au Sénat, subissant toujours des amen- ments qui en éloignäient le vote définilif. La loi, pplicable le 17 février 1903, renferme un certain mbre d'articles qui doivent être complélés par décrets ou arrêtés dont les dispositions pré- tent l'intérêt maximum, tels : l’article 5 confir- nt la loi de 1892 sur la déclaralion obligatoire s maladies; l’article 6 exigeant la vaccination ans la première année et deux revaccinalions au ours des onzième et vingt-et-unième ; l’article 7 prescrivant la désinfection pendant et après les maladies visées par l’article 5. En ce qui concerne article 5, les arrêtés ministériels comprendront-ils _ tuberculose ouverte, c'est-à-dire avec expecto- lation bacillaire, comme en Norvège, ou, suivant Popinion qui semble prévaloir, même parmi les giénistes les plus militants, altendra-t-on que opinion publique soit mieux préparée à celle inter- fvenlion de la loi? Quelles seront les sanctions ‘ontre les antivaccinateurs décidés, peu nombreux én France, il est vrai? L'article 471 du Code pénal? Enfin, il faut s'attendre à de grandes discussions bn ce qui concerne les procédés de désinfection, qui recevront l'approbation du Comité consultatif d'Hygiène publique de France. . La note dominante de cette loi est la suppression éelle de l'autonomie des maires en matière ygiène, établie par la loi de 1884. L'article pre- nier reconnait bien aux maires le devoir de proté- hger la santé publique; les articles 7 et autres | laissent aux soins des municipalités de plus de mais, 20.000 habitants les mesures de désinfection; Len outre, le préfet, appuyé par le Comité départe- Es nental, peut à un moment donné passer outre et ; endre les mesures nécessaires. ! ; D'HYGIÈNE 889 Quoi qu'il en soit, la loi nouvelle conslilue un progrès incontestable; il dépend maintenant des Conseils généraux d'en faciliter l'applicalion. S 2. — La substitution du blane de zine au blanc de céruse. La substitution du blanc de zine à la céruse est aujourd'hui un fait presque accompli; il a fallu plus de 50 ans pour obtenir ce résultat. Les arrêtés ministériels de 1902 sont très explicites et inter- disent formellement l'emploi de la céruse partout où la subslitution est possible. Ajoutons que la circulaire du Ministre de la Marine (août 1902) ne fait que confirmer une pratique déjà courante dans nolre marine de guerre, où l’on n'employait plus la céruse que pour les joints, ete., c'est-à-dire là où elle est absolument indispensable. Il faut ajouter que la lutte a été chaude et, sui- vant l'expression du D’ Letulle, l'impression géné- rale, dans une séance de la Société de Médecine publique et de Génie sanitaire, a-t-elle été proche de la stupeur en entendant certains membres de celte société défendre le plomb; il est vrai que l'un d'eux possède une importante fabrique ‘de sels de plomb. Le danger était grand cependant, puisque, loin de s'amender, le saturnisme chez les peintres en bâtiments présente depuis vingt ans une recrudescence très nette (Armand Gautier). Or, les expériences pratiques de Livache ont montré que la peinture au blanc de zinc peut être substi- luée sans inconvénient à la peinture au plomb, et que l'excédent de dépense ne dépasse pas 3 fr. 60 pour 100 mètres carrés peints sur trois couches ; enfin, ajoutons que, dans la marine, la peinture au blanc de zinc, soit pur, soit mélangé à d’autres substances, a déjà donné des résultats éloignés décisifs. Dans ces conditions, l'hésitation n'élait plus permise. A l'Étranger, le même mouvement se produit : la ville de Verviers exige la suppression du blanc de plomb, et le Parlement belge est saisi d'une proposilion tendant à rendre exécutoire cette me- sure dans toute la Belgique. D' J. -P. pangJois- Professeur agre à la Facullé de Méd 890 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX LA [A | FN ON = y 0° Fe 4 $2\ CONS 0 = RC BIBLIOGRAPHIE Ve" 0 T ANALYSES ET INDEX me Y \# PES _ %, È ; : _ 7 1 A Le : 2 Or, si un problème est posé mathématiquement, A°X s mathématiques toute méthode qui en fournira la solution, avec la cer= a k : < ; : titude et l'exactitude que comportent les données, sera Bouvier (Em.), Professeur à la Faculté de Droit de | jiathématique par la nature même des choses; pour l'Université et à l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. — La Méthode mathématique en Economie politique. — 1 vol. in-8° de 145 pages. Larose, éditeur. Paris, 1902. M. Bouvier — et son livre en est d'autant plus inté- ressant — n'est pas lui-mème un des promoteurs de l'introduction des Mathématiques en Economie poli- tique. Ce rôle a appartenu à un Italien, M. Pantaleoni, à un professeur de Lausanne, M. Vilfrédo Paréto, et surtout à M. Léon Walras, également professeur à Lau- sanné. C'est en étudiant leurs travaux que M. Bouvier s'est trouvé amené à discuter le principe même de leurs théories, la possibilité de la réforme qu'ils ont tentée. La plupart des sciences modernes ont, l'une après l’autre, appris à emprunter le secours des Mathéma- tiques. C'est le cas de l'Astronomie, de la Physique, de la Chimie même. La Physiologie, par contre, est restée jusqu ici étrangère à ce mouvement. Comment se comportera à cet égard l'Economie poli- tique? Il peut sembler qu'elle doive conformer son attitude à celle de la Physiologie, puisqu'elle est elle- mème une sorte de Physiologie plus complexe, en un certain sens, que la première, par les éléments psycho- logiques qui y entrent. Mais l'Economie politique traite d'objets dont la plu- part : valeur, capital, etc., sont des grandeurs, et peuvent être exactement et complètement représentés par des nombres. Elle se différencie mème, non seule- ment de la Physiologie, mais de la plupart des autres sciences, par la nature des données. Partout ailleurs (les Mathématiques exceptées), ce sont les phénomènes que l’on connait, et, de l'observation de ceux-ci, il faut remonter aux lois élémentaires qui nous sont cachées. Ici, nous connaissons — ou nous croyons connaître — les lois élémentaires : elles se réduisent au désir qu'ont tous les hommes de se procurer le plus de jouissances possibles, au moins de frais possible Il ne s'agit que d'en développer les conséquences. Celles-ci sont évi- demment fort complexes; mais c'est précisément le rôle des Mathématiques de déduire de lois simples leurs conséquences compliquées. Seulement, ici, les lois fondamentales ne sont nullement simples : elles ne peuvent se traduire d’une manière précise, dès qu'il s'agit de comparer le désir que nous avons d'objets de nature différente. Il en résulle qu'on est bien souvent — ainsi que les économistes l'ont reconnu dans ces dernières années, — forcé de revenir à la méthode générale des sciences expérimentales. Comme le physicien, l’'économiste partira des faits observés : ceux-ci lui suggèreront des hypothèses, dont il déduira les conséquences pour les | comparer elles-mêmes à l'expérience. C'est ici qu'interviendra la méthode mathématique, si tant est qu'il y en ait une. Car — et c'est une objection qui parait grave, au premier abord, pour la tentative dont nous parlons — on peut dire qu'il n'y à point de méthode mathématique. J'entends par là que, dans la résolution d’une question donnée, on na pas à se demander si lon emploiera la méthode mathématique ou une autre. Il y à des problèmes mathématiques et d'autres qui ne le sont point : les premiers sont ceux dont les données sont définies d'une manière précise, ou du Moins pour lesquels on peut concevoir qu'elles le soient. reprendre un mot connu, elle sera mathématique ou elle ne sera pas. Peu importe, à cet égard, qu'elle em ploie ou non les symboles usités par les mathémati- ciens, qu'elle introduise ou non les sinus ou les cosi- nus, les équations ou les intégrales. Aussi.est-on porté, lorsqu'on commence la lecture du livre de M. Bouvier, à craindre que la tentative de M. Walras ne soit un peu superticielle. Lorsqu'on rem- place ce fait : « l'hectolitre de blé vaut 24 francs » par l'équation : - VB — 24, l'emploi de ce signe algébrique ne paraît pas apporter d'aide bien eflicace aux raisonnements simples que l'on peut faire sur le fait en question ; et les mathéma- üciens seraient tentés de se Joindre à ceux qui consi- dèrent comme perdu le temps employé par les écono- mistes à s'initier aux symboles mathématiques, — si tant est qu'on puisse porter un jugement sur les études des économistes sans rien connaitre des sujets dont il traitent. On change d'opinion en arrivant aux chapitres sui vants, et il semble que l'espèce il soit permis, même aux profanes, d'en avoir une. On y voit, en effe (pages 104 et area que les notions mathémati- ques que nous {rouvons simples ne le sont pas pou tout le monde, et qu'à leur égard règnent des erreurs que l'on pouvait croire mortes avec Voltaire et ses idées sur la proportionnalité du sinus à l'arc. Je ne songe guère, el pour cause, à disputer avec un écono miste sur l'offre, la demande et la valeur. Mais enfin, toutes ces choses sont exprimables en nombres: toutes! les relations qu'on se propose d'établir entre elles së traduiront par des relations — exactes ou approchées d'égalité ou d'inégalité — entre des nombres, autre ment dit, qu'on le veuille où non, par des relations mathématiques. Or, nous voyons professer, sur ce que peut être une relation entre nombres, les idées les plus étranges et les plus fausses, si, du moins, elles sont bien ce qu’elles paraissent être d’après les citations recueillies par M. Bouvier. Dès lors, la question ne se pose plus de savoir s'il est préférable d'employer ou non la méthode mathém tique; il y à nécessité absolue de rectifier de pareilles notions, ou tout ce qui repose sur une telle base est con damné à l'absurdité, Il y à nécessité pour les écono mistes de se familiariser avec les Mathématiques, — quand ce ne serait que pour apprendre qu'à l'inst de M. Jourdain, ils font des Mathématiques sans le savoir ; que dis-je, quand ce ne serait que pour ne p s'en servir là où elles ne trouvent pas leur place. Cars s'il faut encore en croire M. Bouvier, nul ne parlé plus souvent de rapports, de raisons directes el inverses, de progressions arithmétiques et géométriques que les adversaires de l'Ecole mathémalique, énoncçant ainsi, en toutes sortes de circonstances, une foule de lois aussi précises qu'inexactes. Au reste, comme le montre l'auteur dans la ders nière partie de son livre, si l'Economie politique refuse d'être mathématique, c'est qu'elle ne s'est jusqu'ici cuère efforcée d'être scientifique. IT y à à cela au moins | deux causes : l’une est signalée par M. Bouvier: c’'esl À que l'Economie politique à toujours été moins u | science qu'un instrument de polémique, une arme "à combat aux mains des partis; l'autre était notée, c@ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 891 urs derniers, à propos de l'ouvrage même qui nous ecupe, par M. Tannery‘. C'est le bizarre préjugé qui considère comme inutile, pour l'examen de questions ientiliques, la connaissance des méthodes générales : la science. Je crois bien, d'ailleurs, que ce préjugé t surtout nourri par ceux qui se disent les plus chauds tisans d'une « culture générale ». Existerail-il, par ard, une « culture générale » scientifique, aussi dispensable à l « honnète homme » de nos jours que tre? Les idées exposées par M. H. Poincaré dans son rticle sur les relations entre la Physique expérimen- ale et la Physique mathématique® seraient-elles utiles me aux économistes? Pour inouie que soit une eille proposition, on pourrait être tenté de l'adopter, isant une série A METRE dont la simple énumé- alion, dans l'ouvrage de M. Bouvier ou dans l’article 6 de M. Tannery, suffit à édilier sur leur valeur. l Jacques Hanamaro, Professeur adjoint à la Sorbonne. Professeur suppléant au Collège de France, 2° Sciences physiques iniel (D' J.), Zngénieur des Arts et Manufactures. Dictionnaire des Matières explosives. — 1 vol. de S15 pages, avec k4 fiqures dans le texte. (Prix : 30 fr). Veuve Ch. Dunod, Paris, 1902. Sous le nom de Dictionnaire des Matières explo- sives, M. Daniel vient de publier un important ouvrage, le plus de 800 pages, qui est appelé à rendre les plus wrands services à tous ceux qui s'occupent des ma- lières explosives, au triple point de vue de la fabrica- lion, de l’utilisation industrielle ou minière, et enfin l'armement de guerre. Dans une industrie dont les produits comportent une variété presque indéfinie, le mode de description par brdre alphabétique présente des avantages exception- hels, au point de vue de la rapidité des recherches, et bon doit féliciter M. Daniel d’avoir préféré le diction- aire au traité didactique. L'auteur a su, d’ailleurs, tetrouver sous cette forme tous les avantages de l'ex- osilion déductive, en traitant les questions générales felatives aux explosifs dans une série de monogra- Phies, qui résument sur chaque question les données es plus récemment acquises. s C'est ainsi qu'au milieu de pages nécessairement Wides, consacrées à des explosifs de noms rocail- eux et de compositions parfois difficiles à justifier, le ecteur peut reposer avec fruit son attention sur des rticles fondamentaux qui lui fournissent les moyens le se guider dans ce chaos apparent. Il trouve tout d’abord les bases d'un classement ätionnel des explosifs, les méthodes d'évaluation héorique ou de mesure directe de la force des explo- ils, les procédés généraux de fabrication des poudres ioires ou colloïdales, les conditions de leur emploi dans es mines et, en particulier, dans les mines grisouteuses. M. Daniel a consacré un article étendu à la question poudres de sûreté, et présente avec impartialité les pinions quelque peu divergentes qui règnent sur ce ujet tant en France qu'à l'Etranger. k Al ne suffit pas qu'un explosif soit puissant, de fabri- ation facile et économique, et d'un emploi commode, Bfaut également que sa conservation soit assurée, et ete condition acquiert une importance prépondérante our les poudres destinées soit aux approvisionne- nents de guerre, soit aux exportations lointaines sous es climats excessifs. C'est une des questions les plus üfficiles concernant les explosifs et pour l'étude de quelle les méthodes d'essai sont le plus contestables: \ Ati en effet, de savoir non pas ce qu'est l'explosif ellement, mais ce qu'il deviendra dans la suite et à & longs intervalles, et il est délicat, même pour les himistes, de prévoir l'avenir. Bull. Sc. Math., juin 1902, p. 175. © Voyez la Rerue du 15 novembre 1900, p. 1163. Heureusement, nous possédons une loi, énoncée toul d’abord par M. Berthelot pour les phénomènes d'éthé- rication, et étendue par Van’t Hoff à une multitude de réactions chimiques : c'est que les vitesses de réaction croissent en progression géométrique lorsque les tem- péralures croissent en progression arithmétique. Nous avons, par suite, le moyen d'exagérer dans un rapport énorme les vitesses des réactions à craindre pendant une conservation prolongée, en soumettant l'explosif à une température convenable, et étudiant la marche de son altération. C’est la base de toùs les, procédés d'essais de stabilité actuellement en vigueur. M. Daniel a consacré à cet important sujet quelques pages, que Je souhaiterais voir développer davantage dans une nouvelle édition de son excellent ouvrage. Peut-être pourra-t-il à ce moment, d'ailleurs, alléger le volume de quelques titres d'explosifs dont la valeur ou l'authenticité paraissent douteuses. Je citerai, en particulier, une poudre Vieille à l'acide picrique et à la nitrocellulose, qui me parait prêter à quelques objections; elle n'est pas de moi et je désire- rais même qu'elle ne me fût pas attribuée. . P. ViEILce, Ingénieur en chef des Poudres et Salpêtres Professeur à l'Ecole Polytechnique. » 3° Sciences naturelles Conte (A.), Docteur ès sciences, Préparateur de Zoo- Jogie à l'Université de Lyon. — Contributions à l’'Embryologie des Nématodes.{(Æxtrait des Annales de l'Université de Lyon; nouvelle série, t. I, fase. 8). — À vol. in-89, 133 p. avec 137 fig. Lyon, 1902. Ce travail (une thèse de doctorat èssciences soutenue devant la Faculté de Lyon) touche à une série de pro- blèmes embryologiques, éthologiques et anatomiques sur les Nématodes. Après un historique rapide et un exposé sommaire de la technique employée, l’auteur étudie d’abord les conditions générales du développement. A signaler particulièrement ici les intéressants résultats obtenus quant à l'influence du milieu nutritif. Pour ces expé- riences, M. Conte s'est servi de petites espèces libres, un Æhabditis et un Diplogaster. 1 isole une femelle fécondée sur un milieu donné (colle de pâte), et les diverses générations qui en proviennent sont ense- mencées, soit de nouveau sur colle de pâte, soit sur peptone, etc... L'étude de ces cultures montre d'abord la valeur réelle de caractères souvent employés pour la classifi- cation. Elle prouve ainsi que les caractères de mensu- ration sont fallacieux, la taille d’une espèce, les dimen- sions de ses organes étant très variables. De même l'oviparité ou la viviparité n’ont rien de caractéristique pour une forme déterminée. Sur colle de pâte, le Æha- bditis étudié a été constamment vivipare ; sur peptone, il était ovipare. Le Diplogaster longicauda, générale- ment ovipare, devient vivipare dans les milieux pauvres. Outre leur intérêt général, ces constatations offrent done une critique sûre pour l'établissement de la taxo- nomie chez les Nématodes et montrent que celle-ci doit être fondée sur des caractères franchement anato- miques. M. Conte aborde ensuite la segmentation et la for- mation des feuillets, sur lesquelles les recherches ante- rieures appportent des conclusions très divergentes, L'examen de 7 espèces (dont quelques-unes lem- ment étudiées) lui permet de ramener la d sité appa- rente des phénomènes à un même type 2en : SEL mentation totale, et en général égale, f Il blastule à cavité de segmentation pl puis refoulement, à l'intérieur d s, dont les premières donneron itres ensuite fournissant le mésodei ? “ géni- taux, ete. Ces initiales peu 1 très bonne heure, comme, p i s géni- tales chez l'Asearis me [ 892 Les chapitres suivants traitent de l'organogénèse (paroi du corps, système nerveux, appareil digestif, appareil excréteur, champs latéraux, cavilé gé inérale, appareil génital). Des divers résultats qui y sont con- tenus, l’un des plus intéressants consiste certainement dans les changements que subit Pintestin au cours de la vie du ver. L'intestin antérieur (bouche, æsophage, pha- rynx) est une prolifération ectodermique, qui vient coif- fer l'axe endodermique de l'embryon. L'intestin moyen est primilivement constitué par cet axe endodermique, qui se différencie en un tube. Mais ce n'est là un organe définitif que chez les formes libres. Chez la plupart des parasites, cet intestin moyen disparait par régression, et à lui se substitue un tube formé d'éléments méso- dermiques. Cette substitution, qui a lieu parfois avant l'éclosion de l'embryon (Ascaris me gage ephala), tantôt peu après celle-ci (Cuculanus elegans), tantôt très tar- divement (Stronqy lus rufescens), paraît corrélalive des migrations du Nématlode. M. Conte rapproche ces faits de ceux analogues que fournit le äéveloppement embryonnaire ou la métamorphose des Insectes. Entin, M. Conte a porté son attention sur les ano- malies, soit de division nucléaire, soit de segmentation, que présentent assez souvent les œufs des Nématode:. Les dernières, qu'il étudie surtout, consistent souvent dans la mort précoce de certains blastomères, tandis que les autres continuent à évoluer. La cause en serait fréquemment l'asphyxie, et, de fait, M. Conte à pu reproduire expérimentalement des cas analogues, en asphyxiant des œufs de Sclerostomum equinum. Telles sont les questions les plus importantes qui sont évoquées dans ce travail. Leur variété même atteste chez l’auteur une curiosité d'esprit étendue et le souci de replacer les recherches entreprises sur un objet particulier dans le cadre des principales contro- verses biologiques générales du moment présent. On ne peut qu approuver cette tendance. En ce quiconcerne l'exécution même du travail, peut-être certains résultats auraient-ils gagné à être exposés avec plus de détails techniques et des figures plus nombreuses et plus fouillées. Ce sont là de légères réserves, que l'auteur pourra faire disparaître en reprenant, fort de l'expé- rience acquise, certaines questions particulières pour les approfondir. 11 a déjà montré dès à présent une culture zoologique étendue et un esprit ingénieux. M. CAULLERY, Professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences de Marseille. 4 Sciences médicales Meige (Henry) et Feindel (E.). — Les Tics et leur traitement. — Préface de M. le Professeur Bris- sauD. — { vol. in-8° de 632 pages. Masson et Cie, édi- teurs. Paris, 1902. Ce livre est une étude détaillée des phénomènes ner- veux connus sous le nom de « tics ». Les tics n'avaient élé, Jusqu'à ce jour, l'objet d'aucune étude d'ensemble. Considérés comme sans importance, réputés rebelles à tout trailement, « ces mouvements nerveux » n'élaient signalés qu'incidemment dans les traités de Pathologie. Les Lics ne doivent pas être jugés de façon si légère ni si sévère, L'observation et l'analyse démontrent, au contraire, que l'interprétation de ces phénomènes sou- lève un des problèmes les plus intéressants de psyc ho- pathologie. Aussi MM. Henry Meige et E, Feindel se sont-ils efforcés de scruter dans tous leurs détails le méca- nisme et la nature du tic; ils ont été amenés à le considérer comme un phénomène psycho-moteur, à la genèse duquel les actes psychiques prennent une part prépondérante, chez des sujets prédisposés. De là, trois éléments qu'il convient d'étudier dans € haque cas particulier : l’état mental du tiqueur, ses réactions motrices, la pathogénie de son tie. Le mot « tie » n'a pas toujours eu le même sens. Ayant désigné des phénomènes nerveux différents, il BIBLICGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX la: peut prêter à confusion; jusqu’ ici, les délinitions qu'on en à données n'ont guère réussi à dissiper voque. Une observation typique, celle d'un tiqueur modèle, si lon peut dire, pouvait préciser, mieux que toute description, les caractères du trouble nerveux auquel, après Trousseau, Charcotet Brissaud, MM. Henry Meige et E. Feindel entendent réserver le nom de tic. Ce document clinique fait faire connaissance dès le début avec la pathologie du tie; il fait entrevoir égale- ment les difficultés qu'on trouve à délimiter la ques- ion. Il ne faut, en effet, pas confondre le tie avec le snasme. Le tie est un phénomène psycho-moteur ; l'écorce cérébrale intervient dans sa production. Le spasme est un phénomène dû à lirrilalion d'un point d'un arc réflexe du centre bulbaire ou spinal, sous « l'influence d’une cause pathologique matérielle. De là résulte que les mouvements des tics sont toujours systématisés, coordonnés, landis qu'il n'y à aucune systémaltisalion dans le spasme. Mais le tic, outre un élément psychique, comporte toujours un élément moteur. Un phénomène purement psye bique, sans élément moteur, ne saurait ètre qualifié - tic; c’est par un abus de langage qu'on à voulu assi- miler l'obsession, par exemple, au tic, phénomène psycho-moteur, qui comporte toujours une réaction motri De même que l'état mental des tiqueurs à des caractères particuliers (déséquilibration, infanti- lisme psychique, etc.), de même aussi le mouvement n'est pas quelconque; la contraction musculaire ne se fait pas de façon normale. Elle présente les caractères de la convulsion, tonique ou clinique. Ces faits, et d’au- tres encore, permettent de différencier les ties des troubles moteurs dénommés myoclonies, myotonies, crampes, stéréolypies, elc. Après un examen minutieux de l'état mental des liqueurs et de la réaction motrice, les auteurs ont ana- lysé les relations qui unissent ces mouvements nerveux à la volonté, à l'habitude, à la conscience. Is ont envi- sagé d'une facon générale les rapports qui existent entre les idées et les actes moteurs intempestifs. Ilsont montré l'élroite analogie des tics avec les actes fouc- tionnels. Enlin, après la description de différentes variétés de tics, accompagnée de nombreuses observations elini- ques, ils abordent le chapitre du traitement. Guidés par l’enseignement de M. Brissaud, MM. Henry Meige et E. Feindel se sont, depuis plusieurs années, attachés à appliquer aux ties, un traitement basé sur la discipline de lrmmobilité et des mouvements. A l'inverse de la gymnastique ordinaire, qui tend à créer l'automatisme des mouvements utiles, cette méthode vise à la suppression des actes automatiques inutiles. Cette rééducation, progressivement réglée, de tous les actes moteurs produit des effets correc teurs aussi bien dans le domaine mental que dans le domaine physique; elle tend à ramener vers la normale des sujets dont le déséquilibre moteur n'étail que l'expres- sion d'une imperfection psychique, et spécialement des abouliques; le tiqueur guérit lorsqu'il à appris à vouloir prendre l'habitude de se débarrasser des mau- vaises habitudes. On voit que cet ouvrage est en même temps un exposé critique très complet de la question, un recueil de faits cliniques patiemment analysés, et une impor= tante étude de pathogénie et de séméiologie nerveuses et mentales. Ce livre à aussi un intérèt pratique, car ils enseigne les moyens de remédier à une affection trop souvent abandonnée à elle-mème, parce qu'elle passe, à tort, pour incurable. Les inconvénients nombreux, les conséquences & les € omplic ations des tics peuvent être fort utilements corrigés par le m decin qui aura la patience e d'un bon éducateur. Il trouvera, dans cette tâche, de préciew auxiliaires auprès de tous, ceux qui voudront bien ems ployer les ressources de leur volonté à enrayer la ten= dance de tous les tiqueurs à contracter de, mauvaises habitudes motrices. Dr J. Sicar. à rit GA RN = sms >= toute équi- Ge nest em ml Pen A Pr À ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 893 DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 25 Août 1902. 4° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Considère a étudié la résistance à la compression du béton fretté. Au “moment où le depassement de la limite d’élasticité dans Fe armatures longitudinales produirait l’'écrasement d'un cylindre de béton fretté, le métal des frettes ne puuvaillerait qu'aux 375/1.000 de cette limite, et, par suite, l'écrasement du béton fretté serait encore fort loin de se produire. — Sir N. Lockyer et M. W. Lockyer ont été conduits à penser que leséruptions de protubé- ances, coincidant avec les variations de latitude que les taches solaires présentent tous les trois ans et demi environ, sont la cause véritable des variations de la “pression atmosphérique, observées aux Indes et à Cor- -doba, et que la variation de l’activité solaire dans la période solaire de 11 ans agit sur la pression et sur la “circulation de notre atmosphère. — Sir N. Lockyer à constaté, d'autre part : 1° que les époques des orages “classés great par Ellis et de la plus grande activité -chromosphérique près des pôles du Soleil sont iden- “tiques ; 22 que la courbe générale d'activité magnétique “terrestre est à peu près la même que celle des protu- “hérances observées près de l'équateur solaire. … 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. F. Garrigou expose “divers procédés pour la concentration des liquides ali- - mentaires et en particulier du vin*. …._ 3° SCIENCES NATURELLES. — M. E. Grynfelt a étudié la “structure des corps suprarénaux des Plagiostomes. Ils “sont formés par une masse épithéliale, entourée d’une “mince capsule et traversée seulement par des capil- “laires sanguins et par des fibres nerveuses terminales. MM. F. Borcas et S. de Raczkowski ont constaté ue la traite mécanique des vaches offre une réelle sé- curité au point de vue de l'introduction accidentelle, dans le lait, de germes pathogènes, soit par les mains du vacher, soit par toute autre cause. Mais si les appa- reils ne sont pas bien neltoyés et stérilisés, on risque “d'obtenir un lait abondamment pourvu de ferments “lactiques ou autres, qui en diminuent fortement la “durée de conservation. Séance du 1% Septembre 1902. …. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ed. Maillet com- munique quelques critères pour reconnaitre a priori si une fonction entière ou quasi-entière, donnée par “son développement taylorien, est ou non à croissance régulière. — M. R. Liouville démontre que les équa- “tions différentielles à points critiques fixes pour les- " y dy quelles dx? dx “brique en y et analytique en x, sont réductibles à des “systèmes linéaires. : 29 SciENCES PHYSIQUES. — M. A. Guillemin poursuit est une fonction rationnelle de , algé- ses recherches sur le classement des accords binaires par les consonances et dissonances spécifiques. — M. A. Leduc a reconnu qu'il n'y a pas lieu de se préoc- “cuper outre mesure des quelques millièmes d'impuretés “que peut renfermer l'argent considéré comme pur dans “le commerce, lorsqu'elles sont constituées par les “métaux inférieurs à l'argent dans la classification de Dumas. Ces métaux sont éliminés du bain électrolytique dès les premières opérations où ils sont employés. — “MM. E. Bourquelot et H. Hérissey ont observé que, 1 La Revue consacrera prochainement un article détaillé à cette question. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE L'ÉTRANGER seuls, les polysaccharides renfermant une molécule de lévulose reliée à une molécule de glucose de la même facon que dans le saccharose sont attaqués par l’inver- tine, et cela avec décrochement du lévulose. Pour un corps composé de trois molécules, deux ferments sont nécessaires au dédoublement: l'invertine et l’'émulsine. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. L. Launoy a constaté que les venins sont, en général, pourvus d'une action protéolytique sur les substances albuminoïdes, action qu'ils perdent en solutions glycérinées thymolées ou après avoir été filtrés à la bougie. — M. Lesage a observé que le B. Co/i normal se trouve rarement dans la dysenterie coloniale ; il se transforme facilement en Paracoli, lequel s'accompagne d’une pasteurellose. — M. F.-J. Bosc à poursuivi ses essais de traitement pré- ventif de la clavelée par le sérum anticlaveleux. — MM. A. Lacroix, Rollet de l'Isle et Giraud présentent la première partie du Rapport sur leur mission à la Martinique (voir p. 846). SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 19 Juillet 1902. M. L. Lapicque à constaté que la suppression de la rate n'apporte que des changements peu considérables dans la fonction hématolytique. — M. G. Loïsel conclut de ses recherches que la sécrétion chimique qui cons- titue la sécrétion interne du testicule précède, dans l'ontogénie, la sécrétion morphologique de cet organe. — Le même auteur a reconnu que le corps de Wolff joue, chez l'embryon d'oiseau, le rôle d'un organe élaborateur en même temps que celui d’un organe épurateur. — M. À Soulié a observé que l'ébauche de la capsule surrénale, chez la perruche ondulée, dérive par bourgeonnement de l’épithélium germinatif. Elle apparaît dans une zone précise, occupant la partie interne de la bandelette génitale, contre la racine du mésentère. — MM. G. Félizet el A. Branca ont cons- taté que les cellules de Sertoli sont sujettes à dégénérer dans le testicule ectopique; leur disparition précède celle d’un certain nombre de canalicules séminipares. D'autre part, les voies d'excrétion du testicule ectopique ne diffèrent de celles du testicule normal ni par leur structure, ni par leurs produits de sécrétion. — M. E. Pozerski à reconnu que la substance qui se trouve dans le suc intestinal et qui active l’amylase du suc pancréatique n’a rien de commum avec l’entérokinase, Le suc intestinal active également l'amylase salivaire. — M. A. Gautier : Sur l'existence, dans l'albumen de l'œuf d'oiseau, d’une substance protéique (voir p. 791). — M. Levaditi a reconnu que le phénomène de Neisser et Wechsberg est dù à l'intervention d'une substance qui n’est pas un anti-complément et qui est indépen- dante de la sensibilisatrice. Cette substance agit en neutralisant le complément et se trouve dans l’immun- sérum en une proportion inférieure à celle de la sensibilisatrice. — M. Vaquez à observé une augmen- tation constante du volume des hématies au cours de l'ictère..— M. Hanriot maintient l'existence de Ja lipase dans le sang. — MM. A. Thomas et G. Hauser ont constaté que la lésion fondamentale du tabes est une névrite possédant quelques caractères histologiques comparables à ceux qui ont été relevés au cours des névrites toxiques, mais qui présente, comme marque distinctivé, son élection pour les racines postérieures, où elle n'a aucune tendance à la réparation. — M. E: Marceau a étudié la structure du cœur chez les Ver- tébrés inférieurs. — M. J. Battelli a observé que les modifications de pression produites par les injections 18*** 894 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES intra-veineuses d'extrait de capsules surrénales sont dues exclusivement, où du moins d’une manière très prépondérante, à l'adrénaline que cet extrait contient. — M. J. Lépine signale un cas d'immunité contre les piqûres de moustiques transmise par une mère à son nouveau-né. — MM. J. Nicolas et A. Dercas ont reconnu que, trois heures après lingestion de bacilles tuberculeux, le chyle et la lymphe du canal thoracique peuvent parfois renfermer des bacilles, et même en nombre suffisant pour tuberculiser le cobaye. — MM. A. Gilbert et À. Lippmann ont observé que, sur cinq cas de cholécystite calculeuse, le contenu de la vésicule, suppuré ou non, renfermait toujours des ba- cilles. — MM. Gilbert et Herscher exposent les moyens de défense de l'organisme contre la cholémie. — MM. Bordier et Piéry ont étudié les lésions des cel- lules nerveuses chez les animaux foudroyés par le courant industriel. — M. Ch. Porcher a constaté que l'urine de cheval présente naturellement un fort pouvoir rotatoire lévogvre; le dosage des sucres ne peut y être fait par le polarimètre, mais seulement par les méthodes de réduction. — M. C. Delezenne : Sur les kinases microbiennes (voir p.792). — M. H. Bierry a fait, chez le chien, des injections intra-péritonéales de sang et de sérum leucotoxique. Le sang et les globules se sont toujours montrés notablement plus actifs que le sérum. Ce sérum peut provoquer d'emblée, par phagolyse, une néphrite grave. — MM. Widal, Ravaut el Dopter ont étudié l’évolution et le rôle phagocytaire de la cellule endothéliale dans les épanchements des séreuses. Séance du 26 Juillet 1902. M. P. Armand-Delille pense qu'il peut exister, dans le liquide céphalo-rachidien, des sujets atteints de mé- ningite tuberculeuse, des produits tuberculineux déce- lables par l'injection intra-cérébrale au cobaye tuber- culeux. — D'autre part, le même auteur a constaté que les substances cireuses adhérentes au corps du bacille tuberculeux, et pouvant en être séparées à l'aide de divers solvants des matières grasses, possèdent la pro- priété particulière de provoquer des réactions locales, accompagnées de réactions secondaires qui caracté- risent le tubercule. — MM. Hallion el Laignel- Lavastine ont relevé, chez des malades, la rapidité avec laquelle s'efface la tache blanche provoquée sur la peau par une compression passagère. La tache blan- che est très courte dans les maladies fébriles, relative- ment persistante chez les artério-scléreux et les sujets âgés. — M. Ch. Féré et Mlle M. Jaell ont étudié l'in- fluence de certaines tonalités majeures et mineures, ainsi que des accords dissonants, sur le travail. D'autre part, ils ont trouvé que les séries de notes agissent différemment sur le travail suivant qu'elles se succèdent de l’aigu au grave ou du grave à l'aigu. — Enfin, les mêmes auteurs ont éludié l'influence de l'alternance des rythmes sur le travail, et celle de la fatigue sur l’excitabilité par les sons. — M. E. L. Bou- vier communique ses recherches sur l’organisation du Peripatoides orientalis Fletcher, Onychophore austra- lien. — M. G. Loisel a reconnu que la sécrétion interne du testicule se fait, chez les Oiseaux, à l’intérieur des tubes séminipares, dans les cellules germinatives et dans les cellules de Sertoli. Chez les leurs dérivés, Mammifères, elle se fait également et en même temps. dans les cellules interstitielles. — MM. M. Doyon et A. Morel ont constaté l'absence de glycérine dans le sang ayant séjourné à l’étuve; c'est une preuve que l'extrait éthéré ne disparait pas par saponificalion. — M. Gellé montre que là présence du réflexe d'accom- modation binauriculaire dans une surdité peut faire admettre que le labyrinthe est indemne et que la sur- dité est d'origine cérébrale où psychique. — MM. Gil- bert et Chassevant ont observé que le lait écrémé bouilli séjourne moins longtemps que le lait pur bouilli donc bien les dans l'estomac; ce sont graisses qui retardent la digestion. Le lait cru séjourne davantage dans l'estomac que le lait bouilli. — MM. M. Lambert et E. Meyer ont constaté que la sécrétine agit avec la même intensité sur la sécrétion salivaire et la sécrétion pancréatique. — MM. E. Bardier et J. Cluzet ont reconnu que les réactions électriques particulières que présentent les muscles de l'intestin se retrouvent avec plus de netteté sur le musele de Müller quand on excite le sympathique cervical. — MM. A. Rodet et J. Moi- : tessier ont observé que la perméabilité des membranes de collodion est essentiellement variable, et dépend fortement du mode de préparation. — M. P. Ancel à étudié les corps intracytoplasmiques de l’ovocyte de l'Helix, — MM. J. Ville et J. Moitessier ont étudié l'action décomposante du sang sur l’eau oxygénée. La proportion d'H°0* pour laquelle le dégagement d'oxy- gène atteint son maximum varie avec chaque espèce animale. — M. Nogueira-Lobo à reconnu que, sous. l'influence des rayons de Rüntgen, il y a eu exaltation de la virulence du coli-bacille. — M. Couto-Jardin a observé que l'hyoscyamine, administrée à petites doses, produit sur le cœur d’abord un retard et une augmen- tation de l'énergie, et, consécutivement, une légère accélération. — MM. A. Descos et H. Barthélemy ont - étudié l'influence de la voie d'introduction sur le déve- loppement des effets préventifs du sérum antitétanique. Les voies sous-cutanée et intraveineuse donnent les meilleurs résultats. Pour le développement des effets … curatifs, les voies intraveineuse et intra-cérébrale sont - préférables. — MM. G. Félizet et A. Branca ont. observé les phénomènes de dégénérescence et de régé- nération dans l'épithélium épididymaire. Ils se passent dans l’une quelconque des assises cellulaires. — MM. A. « Clere el M. Loeper ont constaté que la peptone, en À ! fn pur éme Se 1 D = 4 aus injection intraveineuse, atténue d'une manière remar- quable la toxicité du sérum d'anguille pour le lapin. L'injection de ce sérum provoque une hypoleucocytose avec fonte rapide des polynucléaires dans les cas mor- « tels; avec les doses faibles de sérum, on obtient, au # contraire, dela leucocytose avec polynueléose. —M.E. Maurel pense que les principales applications que la Clinique a faites de la strychnine sont suffisamment expliquées par l'ordre de sensibilité des divers éléments n anatomiques à cet agent. — M. C. Phisalix à étudié l’action du venin de vipère sur le sang de chien et de » lapin. Les globules se dissolvent peu à peu dans le plasma: en même temps, l'hémoglobine devient brune, puis noirâtre. Mais la transformation est beaucoup plus lente chez le lapin, ce qui tient à la présence, dans le sérum, d'une antihémolysine très active. — M. Ledoux- Lebard à reconnu que l'accroissement de toxicité des solutions éclairées d'éosine et d'acridine est dû à lalté- ration de ces liquides sous l'influence de la lumière et à la production d'un dérivé toxique. — MM. Quisierne et Vaquez ont observé que l'ablation de la rate diminue la faculté d'adaptation à l'altitude. — MM. Vaquez et Ribierre ont étudié la résistance marquée du sang à l'action de l'eau distillée au cours de l'ictère. Elle est probablement due à la formation d’antihémolysines dans l'organisme des ictériques. — M. C. Delezenne : ! Sur l'existence d’une kinase dans le venin des serpents ed 1 eh almen voir p. 841). — M. Borrel à préparé un sérum anti-# claveleux actif par inoculations répétées de claveau sur une brebis. — M. Em. Thiercelin décrit un procédé pour isoler l’entérocoque des selles normales; il con- siste dans la filtration des selles, puis dans une culture . préalable en anaérobie, qui facilite la transition entre le milieu intestinal et les milieux aérobies. — MM. L. Nattan-Larrier el Monthus ont observé que les affec- tions maternelles ont une influence certaine sur le développement des cataractes congénitales. — M. H\ Vincent a constaté que, dans l'hyperthermie expéri= mentale, il se produit une leucolyse considérable; 1e sang renferme alors des produits de dédoublement des nucléines, ainsi que des leucomaines, et devient très toxique. Ce sang renferme aussi, souvent, des micro= organismes venus de la cavité intestinale. — MM. Gil-= bert el Herscher montrent que le corps thyroïde doit être ajouté à la liste des glandes qui jouent un rôle dans défense de l'organisme contre l’'empoisonnement biliaire. — MM. A. Gilbert et P. Lereboullet ont con- té la présence fréquente de l’urobilinurie dans la tholémie familiale. Cette affection joue, en outre, un rôle important dans la production du prurit chronique t de l'urticaire, qui en sont des symptômes révéla- rs. — MM. A. Bianchi et A. Léri ont étudié, par la “honendoscopie, les variations de la rate dans la gros- Sesse; on constate toujours une augmentation très importante de ia surface et du volume de l'organe, qui nbe au-dessous de ses dimensions normales après couchement. — M. P. Teissier et A. Zaky ont tiqué des injections intra-veineuses plus ou moins épétées de doses moyennes de glycogène chez le lapin; Len résulte un trouble de la cellule hépatique et des modifications transitoires de la nutrition — M. H. Stas- sano a observé que l'élimination du mercure va en décroissant dans les différentes régions de l'intestin à partir du duodénum.— MM. H. Stassano et F. Billon int reconnu que l’afflux expérimental des leucocytes dans la muqueuse du tube digestif augmente sensible- nent le pouvoir activant naturel de cette muqueuse à égard de la digestion protéolytique du pancréas. L'ac- jon 22 vitro des leucocytes des exsudats sur le suc créatique est, d'autre part, qualitativement compa- le à l’action favorisante de l’entérokinase. — M. E. ozerski a constaté que les macérations d'organes lym- bhoides et les leucocytes contiennent, à côté de la wynase tryplique signalée par Delezenne, une substance apable d'activer également le pouvoir amylolytique du suc pancréatique et de la salive. — M. J. Noé a déter- hiné le rapport du poids des organes au poids total hez le hérisson à l’état normal et après l'inanition. Il observé, d'autre part, que l'acidité urinaire chez le hérisson diminue en hiver pour subir une augmentation dès le printemps. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 25 Juillet 4902. M. P. Brenans, en mélangeant des solutions de éhlorure d'iode et d'orthonitroaniline dans l'acide acétique, a obtenu tantôt le dérivé diiodé, F. 122, ntôt le dérivé monoiodé 1:2:%4, en aiguilles ou prismes jaune orangé. Le dérivé diazoique de ce der- dier, décomposé par KI, fournit le nitrobenzène diiodé L: 3:6, F. 109. La base correspondante, l’aniline iiodée, F. 88°, a donné, par diazotation et décompo- Sition du diazoïque en présence de l’eau, le diiodo- phénol 1 : 3:6, aiguilles ou prismes fusibles à 990. Dans l’action de l’iode et de l’oxyde de mereure sur le hénol en solution dans l'alcool, il se forme de l’ortho- dophénol et du diiodophénol 1 :2:4.— M. Vadam ppelle, au sujet de la communication de M. Surre, Wil a fait connaître, en janvier 1897, une méthode de ractérisation des alcaloïdes végétaux au moyen des actions microchimiques et signalé des réactions abso- ment identiques à celle de M. Surre. — M. E. Cha- bot signale la présence de proportions considérables environ 50 °/,) de méthylanthranilate de méthyle dans huile essentielle extraite des feuilles de mandarinier. M. M. Delépine rappelle que les éthers halogénés Méagissent sur le thiosulfocarbamate d'ammonium en donnant les éthers du type AzH®CSSR, identiques à eux qu'on obtient en fixant H°S sur les éthers sulfe- Yaniques. Ces éthers donnent avec l'anhydride étique des dérivés acétylés CH*CO AzHCSSR, iden- ues aux produits d'addition de l'acide thioacétique ec les mêmes éthers sulfocyaniques. Les iodures lcooliques conduisent aux jodhydrates des éthers midodithiocarboniques du type AzH : C(SR)(SR'). Ces “éthers sont instables, du moins dans les premiers lermes. La chaleur les change en mercaptan et éther Sulfocyanique, qui se polymérise ou non. — M. Béhal Présente un mémoire de MM. Ville et Moitessier : “Action du sang sur l’eau oxygénée, et un mémoire de MM Pozzi-Escot : Recherches sur les ferments dias- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 895 tasiques de l'Eurotium orizae. — M. Haller présente une note de M. Imbert sur le pouvoir rotatoire du chlorhydrate de cocaïne. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES. XV. F. Barrett : Sur l'accroissement de la résistivité électrique causé par l’alliage du fer avec divers éléments, par rapport à la chaleur spéci- fique de ces éléments. — Dans ce mémoire, l'auteur attire l'attention sur le rapport qui semble exister entre la conductivité électrique de certains alliages du fer et les chaleurs spécifiques (et, par conséquent, les masses atomiques) des éléments particuliers avec les- 30 85 80 15 70 65 60 55 50 45 40 35 30 sp. Aicrohns par CC. à 19° ©. /es, 8 20 22 2% 26 28 30 32 4 6 8 10 12 l# 16 DEnZ Fourcentages de L'élément ajouté. Fig. 1. — Résistivité électrique des alliages du fer. quels le fer est allié. Dans! des mémoires précédents, l’auteur, avec le concours de M. W. Brown, a déter- miné la conductivité électrique et la perméabilité ma- gnétique de 110 alliages du fer, préparés avec beaucoup de soin par M. R. A. Hadfield, de Sheffield. Les résul- tats de ces expériences montrent : 1° que la conduc- tivité du fer est diminuée lorsqu'on l’allie avec un autre métal, mème si ce métal est un bien meilleur conducteur que le fer; 2 que cette réduction de con- ductivité ne dépend pas de la résistivité du métal ajouté ; au contraire, on peut obtenir un alliage d'une grande résistance spécifique en ajoutant au fer un élé- ment d’une résistance spécifique beaucoup plus basse que celle du fer; par exemple, le métal aluminium est un conducteur trois fois meilleur que le fer; cependant, l'addition de 5 °/, d'aluminium au fer rend la conduc- tivité de cet alliage 5 fois plus faible que celle du fer; 3° la plus grande réduction dans la conductivité, pour un alliage donné, est produite par les premières addi- tions de l'élément ajouté. Ce fait est mis en évidence par le diagramme de la figure 1, où les résistances spe- cifiques de quelques-uns des alliages qui ont été exa- minés(déduites de leurs conductivités) sont portées en regard des pourcentages de l'élément ajouté; la résis- tance spécilique du fer seul est donnée par Jes lignes pointillées horizontales, la ligne supérieure indiquant 0,3, et la ligne inférieure seulement 0,1 °/e de carbone et d'autres corps étrangers. Les séries de courbes, assez unies, ainsi obtenues pour chaque alliage sont 896 ACADÈNIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 2 r très raides près de l’origine; elles offrent une curieuse inflexion dans les aciers au nickel; 4° un rapport sem- ble exister entre la chaleur spécifique de l’élément ajouté et la résistance de l'ailiage qu'il forme lorsqu'il est uni au fer. Dans le diagramme, les chaleurs spéci- fiques des divers éléments sont placées après leurs noms. Ainsi, la résistance spécifique d’un alliage de 5 1/,°/, d'aluminium avec le fer est de T0 microhms; de la même quantilé de silicium avec le fer, 65 mi- crohms; de manganèse avec le fer, 38 microhms; de nickel, 27, et de tungstène, 48 microhms; maintenant les chaleurs spécifiques de ces éléments sont : alumi- nium, 0,212; silicium, 0,183; manganèse, 0,122; nic- kel, 0,109 et tungstène, 0,0 Les éléments ayant de hautes chaleurs spéciliques et, par conséquent, de faibles masses atomiques ou moléculaires, produisent la plus grande augmentation dans la résistivité élec- tique de l’alliage correspondant avec le fer. En divisant l'augmentation de la résistivité élec- trique par le pourcentage du métal ajouté, on obtient l'accroissement de résistance spécilique du fer produit par 1 °/, de l'élément ajouté. C'est ce qu’on a fait pour un alliage à 2 v/, (excepté dans le cas du carbone) TABLEAU I “4 AUGMENTATION CHALEUR POIDS ALDÉGE DE TEE | dela réSISUVILE spécifique atomique p19/0 Tungstène . 2,0 0,035 Cobalt . 3.0 u,107 Nickel 3,5 0,109 Chrome. 5,0 0,1 (1!) Carbone 5,0 0,160 Manganèse . 8,0 0,122 Silicium 13,0 0,183 Aluminium. 14,0 0,212 dans la seconde colonne du tableau 1, qui donne aussi les chaleurs spécifiques et les poids atomiques des élé- ments mentionnés dans la première colonne. L'auteur pense que la correspondance entre les co- lonnes 2 et 3 du tableau ci-dessus est plus qu'une simple coïncidence; il croit, cependant, qu'il est néces- saire d'avoir des déterminations exactes de la résisti- vilé d’un grand nombre d’alliages du fer avant de pou- voir établir des conclusions précises. L'auteur à entrepris une série d'expériences pour la mesure de la conductivité thermique relative des alliages précédents. Il a été établi environ quarante détermi- nations, et, dans tous les cas, l'ordre de conductivité thermique à été trouvé être le même que celui de la conductivité électrique. Quant à la perméabilité magnétique de ces alliages, l'auteur établit que l'ordre esttrès différent de celui de la conductivité électrique. Les alliages les plus per- méables sont ceux formés d'aluminium et de silicium avec le fer. En somme, la perméabilité magnétique d’un alliage de fer avec 2!/, 0/4 de silicium est supé- rieure à celle du fer recuit le meilleur et le plus pur jusqu'à un champ de 10 unités C. G. S$. Un alliage ana logue, formé d'aluminium et de fer, est encore plus remarquable; quoiqu'il contienne 2‘/,0/, d'éléments non magnétiques, sa perméabilité magnétique et son induction maximum, jusqu'à un champ de 60 unités, excèdent celles du fer recuit le plus pur : un spécimen de fer au coke suédois contenant 99.9 °/, de fer, tous ces spécimens ayant été soumis à des recuits sem- blables. Il est possible que l'augmentation de suscepti- bilité magnétique communiquée au fer par l'aluminium et, à un moindre degré, par le silicium, soit due à la forte affinité chimique de ces éléments pour l'oxygène; grâce à eux, toute trace de ce gaz qui pourrait être dissociée dans le fer fondu serait enlevée et la texture du métal rendue ainsi plus serrée et plus uniforme. D'autre part, en se combinant avec l'oxygène, ces 616- ments enlèvent toute trace d'oxyde de fer plus ou moins diffusée à travers le fer et dont la présence abais-. serait certainement la susceptibilité magnétique. | Les propriétés magnétiques remarquables de ces deux alliages sont un sujet, non seulement d'intérêt théorique considérable, mais aussi de grande impor- lance pratique pour l’ingénieur-électricien. G. Marconi : Sur un détecteur magnétique pour ondes électriques, qui peut être employé comme récepteur dans la télégraphie sans fil. — Cet appa- reil est basé sur la diminution d'hystérèse magnétique qu'éprouve le fer lorsqu'il est soumis, dans certaines conditions, à l'effet des oscillations hertziennes ou de haute fréquence. Il est construit de la manière suivante : Sur un noyau composé de fils de fer fins, on enroule une ou deux couches de fil de cuivre mince isolé. Sur cet enroulement, on dispose une matière isolante, puis de nouveau un plus long fil de cuivre mince renfermé = dansune bobine étroite. Les extrémités de l’enroulement le plus proche du noyau de fer sont reliées aux plaques ou aux ils d'un résonateur ou, comme on le fait géné- ralement dans la télégraphie sans fil, à la terre et à un conducteur élevé; elles peuvent être aussi mises en communication avec le secondaire d'un transforma- teur-récepteur ou bobine d’intensification, tels qu'on les emploie maintenant dans la télégraphie sans fil syntonique. Les extrémités de l’autre enroulement sont reliées aux bornes d'un téléphone ou d'un récep- teur convenable. Près des extrémités du noyau ou à, proximilé, on place un aimant, de préférence uns aimant en fer à cheval, mis en mouvement par un mé- canisme d'horlogerie, de facon à produire une variation faible et constante ou des renversements successifs de la magnétisation du noyau de fer. Si des oscillations électriques de période convenable sont envoyées d'un transmetteur, il se produit des changements rapides dans la magnétisation des fils de fer; ces variations. provoquent des courants induits dans les enroule- ments, lesquels reproduisent dans le téléphone, avec, une grande clarté, les signaux télégraphiques transmis. Lorsqu'on enlève l'armant ou qu'on arrête son mouve- ment, le récepteur cesse d'être affecté d'une facon per- ceptible par les ondulations électriques, même si elles sont produites à faible distance. Ce détecteur a été employé avec succès pour la réception des messages de télégraphie sans fil entren St. Catherin's-Point (île de Wight) et North Haven, sur une distance de 50 kilomètres, et aussi entre Poldhu (Cornouailles) et North Haven, sur une distance dem 250 kilomètres. Il est plus sensible et plus sûr qu'un cohéreur et ne nécessite pas autant de précautions. 20 SCIENCES NATURELLES. A. J. Ewart:Surla physique et la physiologie du mouvement protoplasmique chezles plantes. — L'au- teur conclut de ses recherches que la seule espèce d'énergie qui paraisse capable de produire des mouve ments de circulation dans les conditions qui existent dans les cellules végétales est l'énergie de tension Su=« perlicielle; celle-ci est probablement mise en jeu pal l'action des courants électriques qui traversent les cou ches mobiles etqui sont maintenus par l'action chimi que de la substance protoplasmique. Ces courants peus vent agir sur des particules bipolaires de protoplasme émulsionné, plus ou moins régulièrement disposées, dé facon à réduire leur tension superficielle sur le côté antérieur, ou à l’augmenter sur le côté postérieur, em produisant ainsi un mouvement de circulation dans une direction définie. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. _ 43° ANNÉE : N° 19 15 OCTOBRE 1902 DIRECTEUR : Revue générale des Scienc pures el appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux 4 publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. $ 1. — Nécrologie Hervé Faye. — Avec Hervé Faye, doyen des tronomes français, qui vient de mourir à l'âge de atre-vingt-huit ans, disparaît une des plus grandes gures scientifiques de notre temps. « Favorisée à son début par la précieuse amitié d'Arago, sa longue carrière fut féconde en brillants travaux, et justement chargée d'honneurs. . Il était né le 3 octobre 1814 à Saint-Benoit-du- Sault (Indre); Arago l’admit comme élève à l’'Obser- vatoire de Paris en 1836; nommé astronome en 1843, il recut, la même année, le prix Lalande de l'Académie des Sciences, qui, le 148 janvier 1847, l’admit dans son sein par 42 voix sur ##. Il professa à l'Ecole Polytech- nique, avec éclat, de 1852 à 1855, puis de 1873 à 1893. Entre temps, il avait été recteur de l’Académie de Nancy, et quelque temps même ministre de l'Instruc- lion publique. Depuis 1862, il était membre du Bureau des Longitudes; et les académies du monde entier lui avaient décerné leurs plus grands honneurs. L'œuvre de Faye est si considérable, elle laisse une ace profonde dans tant de branches diverses de la “science, que l'analyse, même succincte, n'en saurait “trouver place ici. Nous voulons simplement essayer d’esquisser le carac- “ère des idées de ce grand esprit, et montrer en deux "mots quelle influence prépondérante elles ont exercée “sur l’évolution de l'Astronomie moderne. Il y a quelques années, lors du jubilé de Faye, M. Læwy a merveilleusement caractérisé d'un mot ce que furent ses travaux : « Partout, lui a-t-il dit, vous avez été un précurseur. ». Sur tous les points, en effet, “où Faye porta son attention, il fut, grâce à son ingé- niosité d'habile observateur, grâce à la profondeur de mu Ses conceptions théoriques, un innovateur; il illumina (les clartés de son intelligence bien des voies, aupa- avant obscures, désormais ouvertes, grâce à lui, à la Science en marche. Et si, aux discussions que sou- Mévaient parfois ses idées, il put juger qu'en sortant mdes sentiers battus on risque de se déchirer aux épines qui les bordent, le succès, en somme, le dédommagea ‘amplement. = L'un des premiers, le premier {peut-être avec Arago, Î REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE: il songea à appliquer aux méthodes d'observation la Photographie et l'Electricité alors naissantes. Le pre- mier, il tenta la substitution de la photographie à l'œil dans les observations méridiennes, et cette méthode d'investigation est aujourd'hui adoptée dans tous les -observatoires. Le premier, aussi, il exécuta avec Porro des photographies du Soleil qui montraient les détails les plus délicats des bords solaires; on sait quels mer- veilleux résultats ont été obtenus, depuis, dans cette voie, en Angleterre et à Meudon. C'est à cette époque que Faye prononça une mémorable parole, qui n'éton- nerait personne aujourd'hui, mais qui était alors une véritable prophétie, à savoir : que la Photographie amènerait en Astronomie une révolution comparable à celle qu'avait produite l'invention des lunettes. Sur bien des points encore, il perfectionna les méthodes de l’Astronomie de haute précision, notam- ment par l'ingénieuse disposition du collimateur zéni- thal, aujourd'hui adopté à l'Observatoire de Paris, et grâce auquel on évite les erreurs notables qui tiennent aux réfractions et aux flexions des lunettes. Mais son principal titre de gloire, comme observateur, est la découverte qu'il fit, en 1843, de la comète célèbre qui porte son nom. Cette découverte était doublement importante : d'abord, parce qu'elle augmentait d'un spécimen remarquable le nombre, alors si restreint, des comètes périodiques (on sait, en effet, que cette comète décrit, en sept ans et demi, une orbite ellip- tique et qu'elle a été observée, depuis, à chaque périhé- lie); ensuite, parce qu'elle survenait à un moment où l'attention du monde savant se portait avec passion vers l'étude des mouvements cométaires. Encke venait, en effet, de montrer que la comète qui porte son nom subit une diminution progressive de sa période; et il en déduisait, pour expliquer ce fait, et con- trairement aux idées généralement admises, quil existe dans l’espace interplanétaire un milieu maté- riel résistant. Or, Müller fit là-dessus, à propos de la « Comète de Faye », une série de travaux considé- rables, d’où il résultait qu'il n'était pas nécessaire, pour relier les observations de cet astre, de recourir à un terme d'accélération résultant de l'effet d'un milieu résistant. D'où, enfin, la conclusion que, si ce milieu existe réellement dans l’espace, son influence 19 898 sensible doit être limitée aux environs immédiats du Soleil. — Faye eut là-dessus avec Leverrier de célèbres discussions à l'Académie des Sciences, et c'est à ce sujet qu'il émit l'idée que la force répulsive qui donne aux queues cométaires leurs formes caractéristiques serait due au rayonnement solaire. Faye n'émettait celte idée que comme une hypothèse; or, on sait que, depuis, Maxwell a démontré théoriquement que la lumière doit, en effet, exercer une pression mécani- que, et des travaux récents ont expérimentalement confirmé qu'il en est bien ainsi!. Iei donc encore, Faye, en énonçant cette hypothèse hardie, faisait preuve d'une clairvoyante lucidité. Mais c’est surtout comme théoricien, plus encore que comme observateur, que Faye laisse une trace durable. Ses conceptions sur la constitution physique du Soleil sont encore de celles qui soulèvent le moins d'objections; il a montré, en particulier, comment tous les phénomènes si remarquables présentés par les taches s'expliquent simplement par les mouve- ments tourbillonnaires qui doivent se former à la surface du Soleil; à propos des taches encore, il à montré comment la considération de leur parallaxe de profondeur (dont on avait, jusque-là, totalement ignoré l'effet) permet de relier entre elles des obser- vations en apparence contradictoires, et de connaitre d'une manière beaucoup plus précise la vitesse de rotation du Soleil. Enfin, comme tant de grands esprits de l'humanité, depuis Aristote jusqu'à Descartes, Kant et Laplace, Faye a été attiré par l'importance philosophique du problème cosmogonique, etil n’a pas craint d'attaquer de front ce problème, si séduisant et si redoutable tout à la fois. La conception géniale de Laplace soulevait, en effet, d'assez graves difficultés, résultant notamment de ce fait que la rotation de la planète Neptune avait été trouvée rétrograde. Mais une longue discussion à ce sujet serait déplacée ici. Bornons-nous à dire sans plus que, si Faye n’a pas réussi à remplacer complète- ment l'hypothèse de Laplace (et telle n’était sans doute pas son intention), il l’a, en plusieurs parties, mise au point et adaptée aux exigences modernes; et la théorie cosmogonique de Faye échappe certainement à quelques-unes des objections qu'on a dressées devant l'hypothèse de Laplace sous sa forme primitive. Mais il est deux points essentiels de la conception de Faye dont nous voulons brièvement parler : d'abord, Faye a montré que, contrairement à ce que pensait Laplace, la nébuleuse annulaire primitive dont est sorti notre système solaire est un type exceptionnellement réalisé et que les nébuleuses doivent généralement affecter une forme en spirale. Or, les photographies de nébu- leuses faites en ces dernières années, celles notamment de Roberts, ont montré qu'en effet le plus grand nombre des nébuleuses possèdent des formes de spires, ce que l'observation visuelle n'avait pas permis de constater encore d'une manière aussi générale. Nous voyons ainsi que, par un juste retour, la photographie astronomique, dont Faye a été l’ardent promoteur, est venue confirmer expérimentalement la solidité de ses conceptions cosmogoniques! En second lieu, dans l'hypothèse de Laplace, les comètéS n'apparte- paient pas, à l’origine, à la nébuleuse solaire, et nous viennent des espaces interstellaires. Dans l'hypothèse de Faye, au contraire, les comètes ont émané de la nébuleuse solaire. Or, il y a quelques années, M. Fabry a démontré que, si l'idée de Laplace était exacte, toutes les comètes devraient avoir des orbites hyperboliques, ce qui est contraire aux faits observés. C'est donc Faye qui aurait raison sur ce point, etici encore éclate la merveilleuse lucidité de son esprit. ‘ Voir à ce sujet : ArRaÉNIUS : La cause de l'aurore boréale, dans la Revue du 30 janvier 1902, t. XIII, p. 65 et suiv., et Cu. Nornpmanx : Recherches sur le rôle des ondes hertziennes en Astronomie physique, dans la Æevue du 30 avril 1902, t. XIII, p. 379 et suiv. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE L'enseignement de Faye à l'Ecole Polytechnique fut clair et brillant. Voici comment l'apprécie M. Callan=. dreau, qui est son digne successeur dans cette chaire 2. « Cet incomparable professeur joignait à une science … aussi variée que solide un jugement droit, affiné par un commerce assidu avec tous les savants de son. temps, et _une connaissance minutieuse de l'histoire de la science, une riche imagination servie par tous les dons de la parole. \ « Dès la lecon d'ouverture, consacrée à une large esquisse de la constitution de l'Univers, les élèves étaient séduits; rebelles d'ordinaire aux mouvement oratoires, ils ne cherchaient plus à se défendre... Faye aimait à dire que le cours de l'Ecole Polytechnique était sa plus chère préoccupation...» Que dire enfin de son caractère? Toutceux qui l'ont approché louent sa charmante bienveillance et l'éclat de: sa conversation; car il avait un esprit véritablement encyclopédique, et tenait en cela de son maitre Arago. Jusqu'à ces dernières années, et en dépit de l’âge, sa belle figure de prètre de l'Idée était restée comme: illuminée d’une flamme d'intelligence et de jeunesse, C'est un grand esprit qui disparaît; mais le sillon qu'il a tracé est de ceux qui demeurent longtemps fertiles. Ch. Nordmann. ) $ 2. — Physique du Globe A l'Observatoire du Puy-de-Dôme. — Au Congrès de l'Association francaise pour l'Avancement ; des Sciences, tenu en 1902 à Montauban, MM. Brunhes et David ont communiqué les premiers résultats de leurs recherches d'exploration magnétique dans la ré- gion du Puy-de-Dôme. Ils ont découvert, au Puy-de-u Dôme même, une anomalie énorme, la plus considé-, rable qui ait été signalée en France, puisqu'en deux points distants seulement de 145 mètres, el situés sur le sommet mème de la montagne ou sur sa pente Est, existe une différence de déclinaison magnétique de: près de 8°, c'est-à-dire plus forte que la différence entre Nice et Brest. La composante horizontale et lin clinaison, mesurées point par point sur le sommet et sur les flancs du Puy-de-Dôme, donnent des écarts: analogues, et, jusqu'ici, paraissent montrer que le Puy-, de-Dôme serait un vaste pôle austral, comme les col" lines magnétiques de l'ile de Canna, en Ecosse, explo-. rée par M. Rücker et Thorpe, mais d’une bien plus grande intensité. - M. Brunhes, qui a pris, il y à deux ans, la direction. de l'Observatoire météorologique du Puy-de-Dôme, se propose d'installer à la Station du sommet une cabane magnétique, et d'y établir des appareils enregistreurs de variations, qui permettraient de suivre la variation dans le temps des éléments magnétiques en un point de l’espace où ils ont des valeurs très anormales. Mais, il faut se hâter si l'on veut obtenir déjà des résultats avant que l'établissement du funiculaire électrique, décidé en principe, ne vienne troubler les mesures magnétiques au sommet, de mème qu'il y à quinze ans environ, l'établissement du tramway électrique de Clermont-Royat a obligé d'interrompre les mesures de variations magnétiques qui se faisaient à la Station de la Plaine, à Clermont. Le Puy-de-Dôme est donc une station particulière- ment favorable pour l'étude du magnétisme terrestre, aussi bien que pour l'étude des autres problèmes que soulève la Physique du globe et celle de l'atmosphère. On se souvient que l'initiative de la fondation d’un Observatoire au sommet de la célèbre montagne revient à M. Alluard, professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Clermont, qui, dès 1868, pré-, voyait et annonçait le parti que tirerait la Météorologie des observations d'altitude. Si, depuis lors, les obser- vatoires de montagne se sont multipliés en tous les points du globe, si l'on est allé beaucoup plus baut grâce à ces observatoires transportables que sont les ballons-sondes et les cerfs-volants, il serait injuste l ’ { d'oublier que l'Observatoire du Puy-de-Dôme fut la première station de montagne où l’on ait poursuivi des observations continues des éléments météorologiques. _ Cest ce qu'a voulu rappeler la Société des Amis de l'Université de Clermont, quand, le 6 juillet 1902, elle a fait poser, sur les murs mêmes de la tour d’observa- tion, au sommet du Puy-de-Dôme, deux plaques commémoratives, rappelant, l'une l'inauguration so- Jennelle de l'Observatoire, le 22 août 1876, sous le atronage de l'Association française pour l'Avancement d les Sciences, l’autre la mémorable expérience de ascal. | la cérémonie du 6 juillet, M. le Ministre de l'In- truction publique avait délégué M. Mascart, directeur du Bureau Central Météorologique de France; l'Aca- “démie des Sciences était représentée par son président, M. Bouquet de la Grye; M. Gariel représentait l'Asso- ciation française pour l'Avancement des Sciences, en -mème temps que la Société française de Physique et la Société Météorologique de France. Notre directeur, M. Louis Glivier, avait été convié à représenter la presse scientifique. La remise des plaques fut faite par M. le docteur Gautrez, président de la Société des Amis de l'Université de Clermont. Après la cérémonie au sommet du Puy-de-Dôme, un banquet de quatre-vingts personnes réunissait à Royat les « Amis de l'Univer- Sité » et leurs invités; plusieurs orateurs y ont pris la “parole et M. Alluard, toujours plein de jeunesse et Ef “d'esprit, s'est félicité de voir aujourd'hui comprise et imitée partout une œuvre pour laquelle il fut menacé, “lorsqu'il la proposa il y a trente ans, d'être enfermé à d'asile d'aliénés de Clermont, au « Bois-de-Cros ». … Ilya vingt-six ans, c'était une nouveauté que d’enre- gistrer à 1.465 mètres d'altitude, et sur un sommet tout à fait isolé, la température, la pression atmosphérique, Phumidité de l'air. On n'a pas oublié que ce sont les observations faites au Puy-de-Dôme, au cours de l'hiver 1879-1880, qui ont fourni les premiers documents com- plets sur le phénomène de linversion de température dans la verticale, par régime anticyclonique. Mais, aujourd'hui, le temps a marché et de nouveaux obser- “vatoires de montagne, ayant profité de l'expérience du Puy-de-Dôme, ont su se munir d'un outillage perfec- tionné et s'adonner à des études nouvelles. Le Puy- de-Dôme s'était, dans ces derniers temps, un peu laissé devancer. Ce n'est pas qu'on y füt inactif : il suffira de citer l'important travail de M. Harion sur la polarisation atmosphérique; et, d'autre part, les nombreuses publi- cations de M. J. R. Plumandon qui, depuis vingt-cinq ans, poursuit à la Station de la Plaine, à Clermont, ses atientes discussions d'observations, d'où il a tiré ses tudes justement appréciées sur les orages et la grèle. Mais l'on n'y avait plus entretenu un outillage moderne, urtout à la Station de la Montagne, qui semblait être devenue l'accessoire, à tel point qu'il n'y avait plus observateur pour y résider à titre permanent. Depuis e 1° octobre 1901, il a été réinstallé un météorologiste résidant à la Station de la Montagne, et M. David, qui pr déjà collaboré aux recherches de M. Brunhes sur “le magnétisme des briques naturelles cuites par la lave es volcans d'Auvergne, a accepté cette situation, qui omporte un réel dévouement à la science, mais où il est bien nécessaire d’avoir un savant compétent. Les nstruments qui sont aujourd'hui en usage pour l'étude e l'actinométrie, de l'électricité atmosphérique, dans les observatoires bien outillés, — comme celui du Pic- u-Midi, que M. Marchand dirige avec tant d'autorité, | sont ou vont être acquis progressivement par le Puy- de-Dôme, dans la mesure que comportent les étroites imites d’un budget qui suffit presque uniquement à -solder les frais généraux de l'établissement. — A cet égard, il convient de reconnaitre que le nouvel état d'esprit qu'a créé la réorganisation des Universités “provinciales permet d'envisager l'avenir avec plus d'op- imisme; cet état d'esprit fait espérer que des lar- “gesses particulières viendront compenser, dans une certaine mesure, l'insuffisance des ressources fournies CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 899 par l'Etat. Un exemple caractéristique en a été fourni en 1902, à Clermont même, où un « ami de l'Université Re qui a désiré garder l’anonyme, ému des plaintes justi- fiées de M. Brunhes sur l'insuffisance du budget de l'Observatoire et désireux d'encourager les efforts du nouveau directeur pour accroître l’activité scientifique de l'établissement, a mis spontanément à sa disposition une somme de 1.500 francs, dont M. le Ministre, après avis favorable du Conseil de l'Université, a autorisé l'addition au budget du matériel de l'Observatoire pour 1902. Cette générosité exceptionnelle aura peut-être des imitateurs : elle est, en tous les cas, d'un bon exemple. Durant le semestre d'hiver 4902-1903, M. Brunhes va ouvrir, à l’Université de Clermont, un cours libre de Météorologie et Physique du Globe. Si cet enseignement, très important, et jusqu'ici trop négligé dans les Uni- versités françaises, attire un nombre d'élèves suffisant, le professeur le transformera en un enseignement complet, comportant, grâce au voisinage si rapproché de l'Observatoire du Puy-de-Dôme, des exercices pra- tiques avec un stage plus ou moins long dans cet obser- vatoire de montagne. Clermont, qui est déjà un centre d’études incomparable pour la Géologie et la Minéra- logie, offrirait ainsi des ressources également excep- tionnelles pour l'étude, à la fois théorique et pratique, de la Météorologie et de la Physique du Globe. A propos des nouvelles éruptions de la Martinique : Observations souterraines. — Il y à un certain temps déjà, M. C.-A. Laisant a publié dans le journal Za Raison, sous le titre : « Observations souterraines », un article sur lequel nous tenons à attirer l'attention de nos lecteurs, d'autant plus que les récentes éruptions volcaniques viennent donner à ces questions un triste regain d'actualité. Se tenant en dehors de toute théorie a priori, M. Laisant estime que, pour arriver un jour, dans une certaine mesure, à des hypothèses plausibles sur les phénomènes sismiques, il faut d'abord étudier les faits systématiquement, d'une facon continue, et non pas seulement lorsqu'ils se produisent sous forme de catas- trophes entrainant des conséquences terriliantes. Il constate ensuite que presque rien encore n'a été fait dans cet ordre d'idées; alors que l’on examine avec grand soin les mouvements des astres, et, depuis un petit nombre d'années, les phénomènes météorologi- ques de l'atmosphère, ceux du sous-sol ont, malgré l'existence de quelques laboratoires sismiques, été extrèmement négligés. M. Laisant croit qu'il serait relativement facile, et pas très onéreux, de pratiquer, sur un certain nombre de points intéressants, des sondages poussés à des profondeurs aussi grandes que possible. Les forages pratiqués sur beaucoup de points pour la recherche des gisements houillers ou pour l'extraction du pétrole montrent que la chose est faisable. Dans ces puits seraient descendus, échelonnés à des hauteurs diffé- rentes, des appareils de mesure, et surtout des appareils enregistreurs, destinés à faire connaitre les variations de la pression, de la température, de l'état électrique ou magnétique, etc. L'enregistrement coordonné de ces observations, poursuivies pendant des années, ne manquerait pas d'apporter une précieuse contribution à une branche de la science fort importante pour l'humanité, et sur laquelle plane jusqu'ici un véritable mystère. L'auteur de cette proposition déclare qu à ses yeux deux conditions sont nécessaires pour qu'elle donne les heureux résultats qu'on en peutattendre. En premier lieu, une entente internationale, analogue à celle qui existe pour les observations astronomiques ou météo- rologiques. En plus, le choix judicieux des empla- cements de ces observatoires souterrains influera beaucoup sur les résultats qu'ils pourront produire. Les géologues devraient être consultés à cet effet; mais il semble à M. Laisant que l'attention devrait se 900 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE porter tout d’abord sur les régions où existent des volcans éteints et sur celles où l’on trouve des sources thermales. Quant aux points où se manifestent les phé- nomènes volcaniques actuels, ils ne présenteraient, d'après lui, que peu d'intérêt, les observations y deve- nant, dit-il, impossibles à une très faible profondeur, assertion peut-être contestable. Nous croyons avec M. Laisant qu'il y a là une ques- tion mérilant une étude sérieuse; la France s'hono- rerait et ferait œuvre utile en prenant l'initiative de cette étude; le sujet serait digne d'attirer l'attention de l'Association internationale des Académies. $ 3. — Génie civil A propos du Campanile de Saint-Mare. — L'écroulement récent du Campanile de Saint-Marc, à Venise, à été l’occasion d'une lettre intéressante de sir E. Durning-Lawrence au Times. La catastrophe semble due à une diminution progressive de la cohésion dans les matériaux mêmes de l'édifice. Il aurait suffi, pour leur rendre leurs qualités primitives, et même une soli- dité supérieure, de forer, à des intervalles d'environ trois pieds, des trous de # pouces de diamètre, et d'y fouler du ciment de Portland délayé. Le ciment, en péné- trant dans tous les interstices, aurait transformé l’amas de vieilles briques pulvérulentes en un excellent béton. IL aurait fallu huit à dix mille trous qui, forés à raison de 15 à 20 par jour, auraient exigé environ deux ans de travail. On aurait employé de # à 500 tonnes de ciment; le travail total n'aurait pas coûté plus d’une centaine de mille francs. Ajoutons que les trous auraient pu parfaitement se forer de l’intérieur de l'édifice et ne pas atteindre la façade, dont l'aspect architectural n'au- rait, par conséquent, été altéré en rien. Le procédé est applicable à n'importe quel édifice de maconnerie dont les fondations ne sont pas compro- mises, et à tous les massifs de roches pulvérulentes. The Builder fait remarquer que ce moyen a été em- ployé lors de la construction du chemin de fer souter- rain de New-York pour consolider les portions défec- tueuses du terrain traversé. $ 4. — Électricité industrielle La lampe électrique Bremer. — Cette lampe à arc a déjà éveillé quelque attention, lors de l'Expo- sition de 1900, de la part d'un petit nombre d'ingé- nieurs, mais elle n'a pas fait, depuis, de nouvelle appa- rition en France, et c'est à l'Exposition de Dusseldorf qu'on la rencontre aujourd'hui à nouveau. Son fonctionnement met en jeu quelques principes intéressants, utilisés pour la première fois, croyons- nous, d'une facon heureuse par M. Bremer, à la suite de recherches patientes et considérables, qui trouve- cont peut-être un jour leur complète utilisation dans une lampe pratique et commerciale. Le point de départ de ces recherches consiste dans l'incorporation, aux charbons constituant les élec- trodes de cette lampe, d'une proportion considérable de sels de calcium, silicium ou magnésium; déjà une petite proportion de ces sels avait été employée, mais leur eflet n'est sensible que pour des proportions dépassant 20 à 25 °/, du pois de la matière. Le rendement lumineux subit une amélioration notable, surtout par la combinaison de sels métalliques dérivés du beryllium; mais les charbons ainsi préparés manquent de consistance, et sont loin de donner les meilleurs résultats pratiques, en raison de leur faible durée . 1 La chaux ou la soude à 60 ou 70 o/, donnent à l'arc électrique : Une lumière dorée; Une flanme homogène sans occultation ni cratère; Un spectre plus lumineux et moins chaud; Un rendement de 0,15 à 0,20 watt, au lieu de 0,8 à 1 watt, ! L'arc Bremer est un arc large, dont l'inventeur épa=n nouit la flamme au moyen du soufflage magnétique, … de sorte que, contrairement à l'arc ordinaire, c’est la flamme émise dans la région séparant les électrode qui est la source principale de lumière. L Les dispositions données au charbon et à l'électro- aimant utilisé pour le soufflage magné- tique sont repré- sentées schémati- quement dans la figure 1. Le réglage et l’amorcçage de la lampe présentent - aussi des particu- larités sur lesquel- les nous nous con- tenterons de don- ner quelques indi- cations. 4. Réglage. — Les charbons de la lampe Bremer glis- sent dans deux tu- bes a et b; mais, par une échan- crure de ces tubes, peuvent passer deux pièces métal- liques 4 et À,,mues par le mécanisme régulateur, et pou- vant presser les charbons etles maintenir en posi- tion. Le mécanisme régulateur se com- plète très simple- ment par une barrette transversale f, commandant les deux pièces de pression agissant sur les charbons, eb obéissant à l'action d'un élec- tro-aimant en dérivation. L'usure des charbons a pour effet de rapprocher l'arc de la bobine de souf- flage et de rendre ce souf- flage plus intense, d'où il résulte un plus grand allon- gement de l’are et, par con- séquent, une plus grande intensité de l’électro en dé- rivation servant au réglage. Sous l’action de cette aug- mentation d'intensité, cet électro libère momentané- ment la barrette et les pièces de pression, qui laissent coulisser les charbons de la quantité voulue dans leurs tubes. 2. Amorçage. — Ce mé- canisme ne pouvant déter- miner seul l'amorçage, il faut amener momentané- 4 £ Î , ï Fig. 1. — Schéma de la lampe élec trique Bremer. — a, b, tubes en tourant les charbons; X, k,, pièces métalliques pressant les charbons: d, plaque isolante portant les piè ces de pression; f, barrette traus= versale; g, articulation. 000 0000000 es mr =. M Fig. 2. — Dispositif da= morçage de la lampe Bre mer. — À, barre de fer de l'électro de réglage; B, pont métallique. ment les charbons en con- tact entre eux, ou avec une pièce de métal B (fig. 2), par l'intermédiaire de laquelle pour les ares continus, et d'environ 0,5 watt, au lieu de 1 à 1,5, pour les arcs alternatifs. PS Non seulement le rendement est amélioré dans la propore tion indiquée plus haut, mais le poids de charbon consommé « serait aussi moins considérable, bien que la longueur en soit un peu plus grande. "1 Enfin, le prix de revient lui-même en serait réduit sensi- blement, les procédés de fabrication permettant d'employer tous les charbons ordinairementrejetés pour l'usage industriel. } … s’amorcera l'arc électrique entre les charbons. Il suffit qu'un relais présente cette pièce d'amorcage au-dessous des charbons, et l'en retire dès que l'arc est allumé. . Cette disposition de détail et d’autres encore donnent à la lampe certaines chances d’être appliquée prati- -quement. Pour le moment, on ne peut guère citer encore que les essais de laboratoire auxquels elle a donné lieu, mais dont les résultats sont ratiliés par l'autorité incontestable de savants tels que le Profes- seur Wedding, de Charlottenburg, et le Professeur Kaltmann. 3. Essais. — Les lampes essayées à Charlottenburg étaient des lampes à courant continu, consommant 42,3 ampères sous 44,4 volts. L'essai photométrique en a été fait sur deux échantillons diversement disposés : Le premier, surmonté d'un réflecteur qui concentre la lumière de la lampe vers la partie inférieure, en assurant même un éclairement presque uniforme dans oute l'étendue du cône d'angle d'ouverture 90 et de | révolution autour de la verticale ; - Le second, identique au précédent, mais enveloppé d'un globe opalin, d'effet diffuseur considérable, mais d'absorption non moins élevée, comme l'attestent les tableaux d'essais ci-dessous. Dans ces tableaux, les chiffres de la première colonne représentent les degrés d'inclinaison sur le plan hori- zontal; ceux de la seconde colonne représentent les intensités en bougies dans chaque direction : CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE I. — Lampe Bremer à réflecteur. DEGRÉS D'INCLINAISON NOMBRE DE BOUGIES sur l'horizontale (Hefner) (DENE : 991 GE ë 1.470 A6 SEE : RO AU DB OPEL EN PE 2:07. - ee 6. 36,8 . : GA 42,0 . CROE 6. LR 080 Le : 6. 51,1 . LT POME D (ÿa GHHEONS - ». 59/2. de 63,0 . . 3 ë 6. DR to NN MEET Il. — Lampe Bremer à globe diffuseur. DEGKÉS D'INCLINAISON NOMBRE DE BOUGIES sur l'horizontale (Hefner) ADS En ee ge 1.971 RE en en 2.133 SD ee Ne 2.182 "CRIS ONE : 3.440 ET EME : 3.714 DIRE Re : 4.000 DITES 3.180 OAI SEC 3.126 16,0 . 3.440 90,0 . 3.838 . Des essais électriques et photométriques ci-dessus essortent, en définitive, pour les lampes Bremer à “courant continu, les chiffres et les conclusions qui sui- vent : Consommation dans l'arc seul : 12,3 amp. X 44,4 volts. . À VHRAEe 546 watts. Consommation dans la résistance de stabilité : 10,6 volts X 12,3 amp. . . 131 — Consommation totale de la lampe . . 611 — M Intensité maxima. . . . . . . . . . . 6.400 bougies. — Intensité hémisphérique moyenne. . . 4.320 — Consommation moyenne par bougie : Pour = la lampe seule NOEL 677 0,126 watt. Pour la lampe et sa résistance E.320' 0,157 901 au lieu de 0,55 watt par bougie dans la lampe à arc ordinaire. Telle est l'économie acquise à la lampe Bremer à cou- rant continu, économie dont le sens ne se modifie pas pour les courants alternatifs, mais dont l'importance parait réduite de moitié, d'après les données actuelles, moins précises et moins définitives, cependant, pour les lampes à courants alternatifs que pour celles à courant continu. Statistique du mouvement des Métropoli- tains. — Les statistiques récentes des chemins de fer métropolitains accordent au Métropolitain de Paris le privilège d’avoir atteint le nombre maximum de voyageurs par kilomètre de ligne. Ce record pourra bien ne pas lui rester après la construction des nou- velles lignes complémentaires du réseau en projet. Aussi devons-nous nous hâter d'enregistrer les chiffres statistiques officiels, qui prouvent, d’ailleurs, que toute facilité donnée aux voyageurs a sa récompense dans un très sensible accroissement du trafic, et qu'il est de l'intérêt général du publie et des compagnies d'amé- liorer les moyens de transport : Nombre de voyageurs par kilomètre. Chemin de fer Métropolitain de Berlin : : Avant transformation. . . . . 2.900.000 voyageurs. Après transformation. 3.900.000 — Métropolitain de Paris . 4.130.000 — Central London. . . . . 4.070.000 — Elevated de New-York : Avant transformation. . 2.140.000 — Après transformation. 3.560.000 — $S 5. — Zoologie appliquée La poste en mer. — L'organisation d'un service de correspondance des transatlantiques avec la terre préoccupe beaucoup les Compagnies de navigation ma- ritime. Ainsi, la Compagnie Générale Transatlantique ne se contente pas de faire étudier à bord de son paquebot La Savoie l'application de la télégraphie sans fil; elle vient de réorganiser le service de poste en mer par pigeons voyageurs et de décider qu'étant donnés les succès obtenus par ce service et l'accueil que le public lui a fait, le prix du message serait abaissé de 5 à 2 francs. C'est en mars 1899 que le service de poste en mer par pigeons voyageurs fut inauguré; le voici donc entré dans sa quatrième année. En 1901, il à été assuré, au départ du Havre, par les pigeons de la Société la « Poste en mer », de Rennes; au retour, par ceux de la Société de Cherbourg. Les résultats obtenus ont été des plus satisfaisants. On avait tenté de faire des lâchers en toute saison; mais, par les gros temps d'hiver, il eût été inutile de donner en pleine mer le vol aux messagers qui, certainement, n'eussent pu regagner leurs colombiers. Aussi bien, les lächers eurent lieu, chaque semaine, du 15 avril au {er novembre seulement. Dans cet intervalle, 23 lächers eurent lieu à des distances variant entre 120 et 250 milles. Dix- huit réussirent; il n'y en eut que einq où aucun pigeon de l’équipe ne rentra au colombier. Il convient de noter que ces cinq lâchers manqués avaient été faits à 250 milles, soit à plus de 460 kilomètres. Les résultats de 1901 montrent que, jusqu à 400 kilo- mètres, les pigeons, même par vent contraire, savent retrouver leur route, et qu'il est possible, par consé- quent, d'avoir des nouvelles d'un paquebot 2# heures après son départ ou avant son arrivée, Ce qui diminue de 48 heures la durée pendant laquelle on restait sans nouvelles. Ajoutons que l'entrainement des pigeons maritimes développe chez ces oiseaux l'endurance et le sens de l'orientation. On a établi, en effet, que la proportion de la perte des pigeons, qui était de 56 °/o les années précédentes, est tombée en 1901 à 35 9/3. C'est à la Société colombophile de Cherbourg que revient le: mérite d’avoir assuré le succès des expé= 902 riences de poste en mer au retour. Ce service n'avait de raison d'être que si les passagers pouvaient prévenir de leur arrivée au Havre quelques heures à l'avance. Le problème consistait donc à demander à des pigeons enfermés dans des cages depuis le départ de France, c'est-à-dire pendant plus d'un mois, de faire en moins de deux heures le trajet du paquebot à leur colombier. Les colombophiles de’ Cherbourg, à l'heure probable du passage du paquebot à la hauteur de cette ville, guet- taient la rentrée des pigeons et envoyaient tout de suite les messages apportés. Sur 16 lâchers, il y en eut 13 où les pigeons rentrèrent en moins de deux heures, devan- cant l’arrivée du paquebot de près d'une journée. S 6. — Physiologie La sensibilité du squelette. — Il est difficile d'étudier les différents modes de la sensibilité des issus profonds; les méthodes d'exploration sont insuf- lisantes et les résultats acquis demeurent, en général, incertains. En ce qui concerne la sensibilité osseuse, l'ancienne méthode, qui utilisait la percussion, ne fournissait que des renseignements très rudimentaires. Ce procédé ne pouvait être employé avec fruit que dans les cas où la peau et le manchon musculaire qui entoure l'os étaient totalement anesthésiques. Tant qu'il persiste un reste de sensibilité, on ne peut assurer que la sensation de choc accusée par le malade provient de l'os plutôt que de ses enveloppes. M. Max Egger a décrit une méthode qui permet d'ex- plorer avec facilité la sensibilité du squelette; il est revenu récemment sur les constatations les plus inté- ressantes qu'elle permet d'obtenir! : M. Max Egger à démontré que les vibrations d’un diapason, transmises à l'os, constituent un excitant spé- clique pour los, le périoste et ses annexes, pour le squelette, en un mot. [suffit d'appuyer, sur les saillies les plus superticielles des os, un fort diapason qui vibre, pour que l'ébranlement moléculaire soit transmis; il en résulte une sensation un peu spéciale, attribuée à la vibration de l'os; et l'on se rend parfaitement compte que les tissus mous, tels que la peau et les muscles, ne reçoivent l'excitation que d'une facon tout à fait négli- geable. Des preuves que les vibrations du diapason appliqué sur l'os ne sont pas recueillies par linnervation du lissu cutané sont fournies par la Pathologie. Dans cer- lains cas de tabes, on observe une dissociation com- plète entre les sensibilités superficielles tégumentaires et les sensibilités profondes. Chez ces tabétiques, la sensibilité tactile est conservée ; l’attouchement d'un pinceau est normalement senti. Les vibrations appliquées sur l'os n'éveillent aucune sensalion de trépidation. On peut observer pareille dis- sociation dans certains cas de paraplégie. Inversement, chez une malade atteinte de paraplégie Spasmodique liée à un mal de Pott, avec anesthésie cutanée lotale et absolue pour tout le tégument des membres inférieurs, M. Max Egger à constaté la con- servation de la sensation de vibration qu'engendre le diapason posé sur un os quelconque des jambes. Donc, on peut, d'une part, s'assurer que le squelette d'un membre dont la peau a conservé sa sensibilité nor- male ne percoit pas les trépidations d'un diapason appliqué sur lui; on peut voir, d'autre part, desmembres ‘ Revue neurologique, 30 juin 1902. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à anesthésie tégumentaire Lotale rester sensibles aux vibrations du diapason. Ces faits prouvent, d’une ma- nière indubitable, que la vibration moléculaire du dia- pason n’est pas perçue par la peau. On doit être moins formel quant au rôle du tissu musculaire dans la transmission et la perception de la vibration du diapason. Dans des cas de tabes où la notion de position des membres était perdue, où l'in- coordination était excessive et l’activité musculaire absolument déréglée, la sensibilité osseuse était con- servée. Dans des cas où le tissu musculaire était atro- phié à l'extrème (sclérose latérale amyotrophique, pa- ralysie infantile), la vibration d'intensité minima du diapason était perçue. Il semble, par conséquent, que le muscle ne joue là aucun rôle. On peut donc affirmer que la sensibilité cutanée et présumer que la sensibilité musculaire ne sont, l'une et l’autre, pour rien dans la sensation de trépidation transmise par los sur lequel on appuie le diapason. La sensibilité du squelette serait désormais bien éta- blie; l'exploration de cette sensibilité parait déjà devoir fournir des notions utiles en Clinique. Il y a lieu, cepen- dant, de préciser le mode de sensibilité dont ils'agit et, jusqu'à nouvel ordre, on devra, en parlant de la sen- sibilité du squelette, n'avoir en vue que la sensibilité de ce dernier aux vibrations du diapason. $ 7. — Géographie et Colonisation Mission Chevalier. — La Mission scientifique Chari-Lac Tehad, sous la direction de M. Auguste Che- valier, est arrivée à Brazzaville vers le milieu du mois d'août. La Mission s'est arrêtée aux principaux jardins d'essai des colonies de la côte occidentale d'Afrique pour prendre de jeunes plants de végétaux utiles qu'elle doit introduire en Afrique centrale. Ces plantes, ainsi que celles que la Mission avait recues du Muséum, sont en parfait état, et il y a lieu d'espérer qu'elles parviendront de même au Chari. D'autre part, le Laboratoire colonial du Muséum à déjà reçu, de M. Chevalier, un envoi fort intéressant de plantes du Congo, de la région de la côte. $ 8. — Universités Personnel universitaire. — M. Gréard, vice- recteur de l'Académie de Paris, est admis à la retraite sur sa demande et nommé vice-recteur honoraire. M. Liard, directeur de l'Enseignement supérieur au Ministère de l’Instruction publique, est nommé vice- recteur de l’Académie de Paris. M. Bayet, directeur de l'Enseignement primaire, est nommé directeur de l'Enseignement supérieur. M. Gasquet, recteur de l'Académie de Nancy, est nommé directeur de l'Enseignement primaire. M. Adam, recteur de l'Académie de Dijon, est nommé recteur de l'Académie de Nancy. M. Boirac, recteur de l'Académie de Grenoble, est nommé recteur de l'Académie de Dijon. M. Joubin, recteur de l'Académie de Chambéry, est nommé recteur de l’Académie de Grenoble. M. Guillaud, professeur à la Faculté mixte de Méde- cine et de Pharmacie de Bordeaux, est nommé recteur de l'Acadèmie de Chambéry. ; M. Lecaplain, professeur de Physique à l'École pré- paratoire à l'Enseignement supérieur des Sciences et -des Lettres de Rouen, est nommé directeur, pour trois, ans, de ladite Ecole. MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS 903 LES CRÉATURES GÉANTES D’AUTREFOIS ' 4 Mesdames, Messieurs, - Vous savez qu'on trouve souvent, dans les in qui composent l'écorce terrestre, les restes plus ou moins pétrifiés des animaux qui - ont peuplé notre globe, il y a, suivant le cas, des milliers ou des millions d'années. Ces antiques . débris se nomment des fossiles; la science qui s'en occupe est la Paléontologie, mot qui veut dire : … Discours sur les anciens êtres. Dans cette conférence, je voudrais vous présen- “ter, parmi les innombrables créatures qu'a ressus- - citées la Paléontologie, celles qui sont de nature à - frapper le plus l'imagination, soit à cause de leurs dimensions extraordinaires, soit par des caractères curieux de leur organisation. Er ATEN De tout temps, les hommes ont été vivement intrigués à la vue d'ossements énormes retirés de la pierre; jusqu'au siècle dernier, on croyait que ces ossements avaient appartenu à des races hu- maines géantes. Dès ce que les historiens appellent la plus haute antiquité, mais qui n’est pour nous, géologues ou _ paléontologistes, que de l’histoire contemporaine, nous voyons Homère, dans l’/liade, se plaindre de la diminution de la force et de la taille parmi les mortels. On sait quel réle Ovide fait jouer plus tard, dans ses HMétamorphoses, à la lransformation des êtres vivants en roches inanimées. Suétone rapporte que l'empereur Auguste aimait à orner ses maisons de campagne d'objets extraor- dinaires, tant par leur grandeur que par leur rareté, tels que « les os des géants et les armes des héros ». Tibère, ému de la nouvelle qu'on venait de découvrir quelque part des dents géantes, envoya l'illustre géomètre Pulcher « pour détermi- ner la grandeur el la forme du visage du héros ». Les Napolitains, d'après le célèbre rhéteur grec Phi- lostrale, montrent, comme une merveille, les os du géant Alcyonée. Je pourrais multiplier ces citations. Les idées étranges dont elles témoignent ont survécu à l'Antiquité ; elle ont régné pendant tout le Moyen-Age et la plus grande partie des temps modernes, comme le prouve l’histoire suivante : Le 11 janvier 1713, on découvrit en Dauphiné ! La conférence que nous publions fait partie de la pre- mière série d'un enseignement spécial donné le dimanche, pendant la belle saison, pour ie grand public qui fréquente le Muséum. 2 des ossements énormes, qui furent l'objet de publi- cations nombreuses et contradictoires de la part de médecins et de chirurgiens de l’époque. L'un d'eux, Mazurier, acheta ces ossements pour les montrer à Paris, moyennant finances; il les donnait comme ayant appartenu au roi Teutobocchus, roi des Cimbres, qui combatlit contre Marius. Les affaires de ce « barnum » avant la lettre n’allèrent d'abord pas mal. De Paris, il se rendit en province; mais, à Bordeaux, il rencontra la troupe de Molière, dont la concurrence dut être désastreuse pour lui, car, longtemps après, les ossements de Teutoboc- chus furent retrouvés à Bordeaux, dans le grenier de la maison où mourut Mazurier. On les expédia Fig. 1. — Reproduction d'une planche de la description du Musée Moscardi. au Jardin des Plantes, où il furent déterminés comme appartenant à un Mastodonte et où ils se trouvent encore. Au xvir' siècle, la plupart des musées ou des cabi- nets de curiosités renfermaient quelques « os de géants ». La figure 4 est la reproduction photo- graphique d'une des planches de la description du musée d’un riche citoyen de Vérone, Moscardi. Elle est accompagnée d'un texte fort curieux, dont je citerai quelques lignes : « Voici, à lecteur, une dent avec partie de la colonne vertébrale durcie par le temps, qui tien- nent plutôt de la pierre que de l'os, et, quoique bien des gens ne croient pas ce fait, que des poètes aient fait des frais d'imagination, il faut reconnaitre que ces hommes ont vécu : l’histoire le raconte et les livres sacrés en font foi. » Ce texte est de 1656. Plus d'un demi-siècle après, on découvrit en Suisse, dans les carrières d'OEnin- gen, un squelette fossile que le médecin Scheuchzer décrivit comme l'Homme témoin du déluge (Æomo 90% diluvii testis), alors qu'il s'agissait simplement d’un squelette de grande Salamandre. Ceile erreur donne une piètre idée de la science anatomique des méde- cins de l'époque, car Scheuchzer était un esprit distingué, plutôt en avance sur son temps. Les exemples que je viens de citer sufliront à montrer avec quelle naïvelé et quelle simplicité d'esprit nos pères envisageaient les découvertes paléontologiques dues au hasard, et combien leur curiosité était excilée par la vue des ossements fossiles dont les dimensions dépassaient celles des os humains. Aujourd'hui celle curiosité n'est pas moindre; mais la science nous fournit, comme on va le voir, les moyens de la satisfaire. | C'est Cuvier, le glo- rieux créateur de la Paléontologie, qui de- vina la véritable nature des de Teutoboc- chus et du squelette de Scheuchzer. OS Depuis Cuvier, la science a fait des pro- grès extraordinaires. On ne se contente plus d'étudier les fossiles dont la découverte est due au hasard; on fail des recherches, on pra- tique des fouilles, et les champs d’explora- tion, autrefois canton- nés en Europe, s'éten- Fig. 2. dent sur toute la sur- face du globe. C'est en suivant leur ordre d'apparition sur la Terre que je vais présenter les plus remarquables des grandes créatures du passé. Celle méthode nous montrera un ordre, une harmonie supérieure là où, tout d'abord, il semble qu'il n'y ait qu'une infinie variété. Car la Paléontologie est une science historique : les changements successifs sont logi- quement enchainés; le développement ‘des êtres animés a suivi une loi de progrès. De même que l'Histoire humaine se divise en un certain nombre de grandes périodes, séparées par de grands événements, et marquées par le déve- loppement de telle ou telle civilisation, de même l'histoire de la Terre est divisée par les géologues en plusieurs grandes ères : primaire, secondaire, tertiaire, qualernaire, que caractérise le dévelop- pement de tels ou tels grands groupes d'animaux et que séparent aussi de grands changements sur- venus dans la distribution des terres ou des mers. MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS — Squelette de Pareiasaurus (dans la Nouvelle Galerie de Paléontologie du Muséum). Cette histoire est écrite dans nos musées de Paléon- tologie; mais il faut convenir que la visite de ces musées est un peu froide. Le plus souvent, nous n'avons que des os isolés pour représenter les anciens animaux. Ces documents ne peuvent être” interprétés que par des savants spécialistes. Pour certains types, nous possédons des squelettes com- plets, remontés à grands frais. Ces pièces excep- tionnelles, dont la vue est aussi instructive pour le grand public que pour les naturalistes de profes- M sion, deviennent de plus en plus nombreuses, car tous les conservateurs de musées dirigent avec raison leurs efforts de ce côté. Enfin, des artistes habiles et surtout consciencieux, que ne rebutent pas des études préala- bles d'anatomie, com- mencent à entrevoir une voie nouvelle dans la reconstitution, à l’é- tat de vie, des animaux fossiles. C’est gràce à leur concours que nous allons pouvoir nous faire une idée de l’as- pectimposant, souvent étrange, du monde animé d'autrefois. IT Pendant presque toute la durée de l'ère primaire, certainement la plus longue de tou- tes, le règne animal n'a élé représenté que par des formes infé- rieures, des animaux dépourvus de squelette osseux, qu'on nomme Invertébrés; vers la fin apparaissent des Poissons el quelques Reptiles primitifs. Le géant des temps primaires, l'Ac{ino- don, ne dépassait guère 1",20; on l'a découvert dans le Permien d'Autun. L'éminent Professeur Albert que ossification était surtout extérieure; landis que les os du crâne Gaudry à montré son étaient très résistants, comme chez le Crocodile, et qu'une carapace ou cuirassé protégeait le corps, la colonne vertébrale élait peu ossiliée; elle restait dans un élat analogue à celui par lequel passent aujourd'hui les Vertébrés supérieurs et, chose curieuse, cet Actinodon représente un état d’infé- riorité qu'on retrouve à la même époque, dans tous les pays du monde, chez les premiers Rep- tiles. Dès le début de l'ère secondaire, nous constatons de grands progrès. Les Reptiles se multiplient, se La : MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS 905 différencient et acquièrent une taille considérable. Les premiers terrains secondaires de nos pays, dits triasiques, ne nous ont livré que des empreintes de pas fort énigmaliques ; on n’a pas encore trouvé les ossements des animaux qui ont laissé les éurieuses pistes qu'on observe sur les grès des environs de Lodève. - Dans d’autres pays, on a fait des découvertes plus importantes. La figure 2 montre le squelette du Pareiasaurus, retiré des couches du Trias de Karoo, dans l'Afrique du Sud. C'est une bête déjà énorme, basse sur pattes, ayant l'allure d'un Amphibien; mais, par d'autres caractères, le ’areiasaurus n'est pas un Amphibien; il a des vertèbres bicon- ‘caves comme les Poissons, landis que certaines particularités des os du bras et de la voûte pala- tine le rapprochent des Mammifères. Kig. 3. — Crâne de Cynognathus polyphagus (Trias du Karoo). ; En même temps que le Pareiasaurus, on lrouve, dans le Trias de l'Afrique Australe, un animal non moins singulier, le Cynognathus : à première vue, on prendrait son cràne (fig. 3) pour celui d'un Mammifère, notamment d'un gros Chien ou d'un Ours. Quand on l'étudie à fond, on remarque, en effet, que celte Lète présente un mélange curieux de carac- tères de Mammifères el de Reptiles. Elle a, comme chez les premiers, des dents différenciées en inci- sives, canines et molaires, et deux condyles occipi- taux. La mächoire s'articule presque directement avec le crâne, lant l'os carré, qu'on trouve chez les Repliles, est ici réduit. Mais la màächoire infé- rieure, au lieu d’être formée par un os unique, est encore composée de plusieurs pièces. Cet animal et quelques autres de la même époque réalisent d’une façon très satisfaisante une forme neltement intermédiaire entre le type Reptik et le Lype Mammifère. III Les Reptiles ont joué, dans la nature des temps secondaires, par leur nombre, leur variété, leur Fig. 4. — Restauration d'Ichthvosaures. o u puissance, le rôle prédominant que jouent les Mammifères dans la nature actuelle. Parmi les Reptiles de l'ère secondaire, les uns vivaient dans la mer, d'autres habilaient la terre ferme, les derniers s’élevaient dans les airs. L'Zchthyosaure (ce mot veut dire : Lézard-Pois- son) et le Plésiosaure (ou Voisin des Lézards) sont les mieux connus des Reptiles marins. Ces animaux pullulaient dans les mers de l'époque du Lias, qui succède immédiatement à celle du Trias. Cuvier a fait remarquer qu'ils présentent une incroyable association de caractères : « Dans le premier genre, dit-il, un museau de Dauphin, des | dents de Crocodile, une têle et un sleroum de | Lézard, des pattes de Cétacé, mais au nombre de quatre, enfin des vertèbres de Poisson; dans le second, avec ces mêmes patles de Cétacé, une tête de Lézard et un long cou semblable à celui d'un Ser- pent.. le Plésiosaure est peul-être le plus héléro- clite des habitants de l'Ancien Monde. » Fig. 5. — Restauration de Plésiosaures, James. Dans ces dernières années, on a trouvé des squelettes entiers d'Ichthyosaures et de Plésio- | saures, où l'empreinte de la peau esi bien con- | servée, de sorte qu'on a pu reconstiluer fidèlement | les contours du corps et les formes des nageoires | | (fig. et 5). 906 Ces animaux devaient être de puissants carni- vores. L'Ichthyosaure avait de grands yeux, dont là sclérotique était renforcée par des plaques osseuses mobiles: c'élaient, a dit un savant anglais, des instruments d'oplique d’un pouvoir varié et prodigieux, qui permettaient à l'Ichthyosaure d'apercevoir sa proie à une grande ou à une petite Fig. 6. — Squelette et restauration de Tylosaurus. distance, dans l'obscurité de la nuit et les profon- deurs de la mer. On a souvent trouvé des petits dans le ventre des Ichthyosaures, ce qui prouve que ces Reptiles étaient vivipares, contrairement à la plupart des Reptiles actuels. Il est très probable qu'Ichthyo- saures et Plésiosaures n'ont pas pris naissance dans la mer. Leurs ancêtres ont d'abord dû habiter la terre ferme ou les rivages; ils se sont adaptés peu à peu à la vie aquatique, de la même manière que les Phoques parmi les Mammifères. D'autres Reptiles, d'une nature et d'un aspect fort différents, habitaient aussi les mers secondaires. On les a appelés Mosasauriens, parce que le premier exemplaire, étudié par Cuvier, a élé trouvé à Maestricht, les bords de la Meuse, ou Mosa. On les nomme aujourd'hui P ythonomorphes, parce que leur forme rappelle celle des Serpents. Pour- tant ces animaux, dontla longueur pouvait dépasser 20 mètres, par sur se rapprochaient beaucoup plus, leur anatomie, des Lézards que des Serpents. Tandis que les Serpents sont complètement dépourvus de membres, les Mosasauriens en avaient de très complets, disposés pour la locomo- tion aquatique, comme ceux des Cétacés. C'étaient et nombreuses, Lézards en troupes done des nageurs monstrueux qui les parages Comme leur armature buccale, formée de dents nombreuses et tranchantes, indique des instincls carnivores, ces animaux devaient être la terreur de leurs voisins ou de leurs rivaux. En Amérique, on à trouvé de nombreux sque- leltes de Mosasauriens; infestaient, des côtes. le Professeur Marsh rap- porte qu'il a vu, rassemblés dans un même gisement, MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS les restes de 1.400 individus. Voici une jolie restau ration d'une de ces formes américaines (fig. 6). IL\E Les Reptiles terrestres de l'ère secondaire étaien encore plus étranges que les Reptiles marins. On leur a donné le nom de Jinosauriens, mot qui veut dire Lézards terribles. Il y en avait de toutes les tailles : tandis que les uns atteignaient 20 el 30 mètres de longueur, d'au: tres ne dépassaient pas la grosseur d'un Renard et mème d'un Chat. Les uns avaient des mœurs car nassières; leur organisation dénote de vérilables animaux féroces. D'autres, protégés par de formi- dables armures contre les attaques des premiers se nourrissaient paisiblement de végétaux. Beau coup avaient les pattes de devant et de derrière également développées; la plupart marchaient seus lement sur les pattes postérieures, à la manière des Autruches, car leurs membres antérieurs étaient très réduits; il y avait même des Dinosauriens sau teurs, comme les Kanguroos. Tous ces Reptiles présentent des affinités plus ou moins marquées avec les Oiseaux, notamment dans la constitution du bassin et des membres postérieurs. C'est surtout en Amérique qu'on a trouvé beau coup de Dinosauriens. L'illustre paléontologiste Marsh, qui a si bien étudié tout le groupe’, ne dis tingue pas moins de sept ordres; l'un d'eux com prend 14 genres, et chacun de ces genres compte un nombre plus ou moins considérable d'espèces. Parmi les Dinosauriens marchant à quatre pattes; je dois d’abord citer le Prontosaure (ou Saurien — Broniosaurus excelsus, Fig. 1. d'après Hutchinson: du tonnerre). La longueur de cet animal (fig. était de 16 mètres environ; son poids, de 20 tonnes Mais l'un de ses proches s parents, l’A/lantosauru ; 1 Voyez à ce sujet l'article de M. A. Brcor sur les Dino= 1 sauriens, dans la Revue gén. des Sciences du 15 juin 1897, t. VIII, pages 462 et suivantes, où l'on trouvera un exposé | détaillé des recherches de Marsh et de nombreuses repro= ductions de Dinosauriens. (NOTE DE LA DIRECTION.) \ MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS 907 était plus grand encore : il atteignait 25 longueur. Ces animaux n’avaient que leur masse pp moyen de défense; leurs patles portaient “plutôt des sabots que des griffes. Le volume de la tête, ridiculement petite, était inférieur à celui de à quatrième vertèbre cervicale, Dans ces derniers temps, nous avons recu de riens fossiles gigantesques etassez voisins des Bron- losaures. La figure 8 en montre quelques vertè- Un autre Dinosaurien, Een armé, au contraire, pour la défense, était le Sfégosaure (fig. 9). L Fs 7 | corps de ce Reptile n'avait que 10 mètres de lon- gueur, mais il élait protégé par un formidable ap- |pareil de plaques et d'épines osseuses. Sa tête se erminait par un bec corné, comme celui des Oi- Seaux. “L'Europe à aussi fourni quelques Dinosauriens. Un gisement tout à fait classique est celui de Bernis- Sart, en Belgique, d'où M. de Pauv a extrait plu- ‘ ‘hi mètres de ! sieurs squeletles complets d'un Dinosaurien “appelé Tquanodon. Nous possédons, dans la Galerie de Paléonto- logie du Muséum, le moulage d'un de ces sque- Fig. 10. g — Moulage d'un squelette d'Iquanodon, dans la Galcrie de Paléontologie du Muséum. lettes (fig. 10). Sa hauteur est de 5 mètres. La queue, énorme, formait, avec les membres posté- rieurs, une sorte de trépied supportant le poids du corps, landis que les membres antérieurs, plus réduits et armés d'un fort ergot, servaient à la préhension et à la défense. Un autre Dinosaurien bipède est le Scelidosau- rus d'Angleterre, remarquable par un appareil de Fig. 11. — Restauration du Scelidosaurus Harrison. défense composé de plusieurs rangs de grosses épines osseuses (fig. 11). Ces animaux étaient des dents nombreuses, mais toutes semblables, qui se remplaçaient avec la plus grande facilité. Un autre paléontologiste américain, Cope, l'émule de Marsh, a compté 2.072 dents sur un seule mâchoire de Dinosaurien herbivore. herbivores ; ils avaient 908 MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS végétaux, il y avait d'autres Dinosauriens se nour- rissant de la chair des premiers. Ces carnivo- res élaient plus pe- tits, mais leurs armes étaient formidables. En Europe, nous avions le Mégalosaure, aux grif- fes acérées, aux dents tranchantes comme des poignards. En Amé- rique vivait le Céralo- saure (fig. 12), qui me- surait 6 mètres de lon- gueur. La tête de ce monstre à un aspect féroce. Sur les os na- saux, se trouvait une corne tranchante en forme de hache; l’armature buccale était constituée par 66 grosses dents coni- ques et aiguës; l'œil était protégé par une protubé- rance osseuse des os frontaux venant recouvrir l'orbite. Un jeune Américain, artiste habile autant qu'anatomiste consciencieux, à fait de cet animal une saisissante restauration (fig. 12). Vers la fin des temps secondaires, au moment où ils vont disparaitre, les Dinosauriens nous révèlent de nouvelles formes, aussi curieuses que les précé- Fig. 13. — Festauration du Triceratops, d'après M. Knight. dentes, quoique d'un aspect fort différent. Tel est le Triceratops (fig. 13), dont la têle avait 2 mètres. de longueur. C'élait un herbivore, mais un her- bivore capable de se défendre contre ses puissants ennemis, car il était protégé par l'armature la plus formidable qu'on ait jamais observée chez un qua- drupède : becaigu, tranchant,corne aplatie en forme de hache sur les os nasaux, grandes cornes effilées sur le sommet de la tête, expansion osseuse en forme de toit, dont le bord était hérissé d'os poin- tus comme les rayons d'une auréole ou les dents dans loute la peau. De pareils êtres déroutent l'ima- Fig. 12. — Zestauration du Ceratosaure (d'après M. Knight.) par leur cerveau, très pelit par rapport au volumes de la tête (fig. 14), lequel était déjà très petit par Fig. 14. — Cränes de Dinosauriens, montrant la grandeur rapport au volume du corps. Marsh a calculé que, | gination la plus capri- | cieuse. Les artistes du Moyen-Age, qui on représenté lant d’ani maux fabuleux, n'ont pas composé de chi- mères plus extrava- gantes ! . Les Dinosauriens représentent le règne de la force brutale; ces animaux, imposants par leurs masses, de- vaient avoir une dé" marche lente et lourde. C'étaient des êtres stu= pides, si l’on en juge ES du cerveau. 1. Triceralops; 2. Claosaurus; 3. Camplos saurus; 4. Diplodocus. toutes proportions gardées, le cerveau d'un Croco- di e actuel, qui ne saurait passer pour un animal Le intelligent, est cent fois plus volumineux que Je cerveau d'un Brontosaure! La figure 15 repré- sente, à la même échelle, l'encéphale du Stégo- re et le canal médullaire des vertèbres sacrées du même animal. On voit que la moelle épinière tait beaucoup plus volumineuse que le cerveau, y pris le cervelet, les lobes optiques et la moelie allongée. Le Stégosaure avait plus d'esprit dans n dos que dans sa tête! F V Sibizarre que cela puisse paraître, il y avait, pen- dant les temps secondaires, des Reptiles capables de s'envoler dans les airs. Les Reptiles volants! Voilà une association de mots qui choque au premier abord. Un animal qui vole nous parait tout l'opposé d’un animal qui rampe. Avec la Paléontologie, on peut s’altendre à bien des surprises de ce genre. C'est Cuvier qui a, le pre- mier, démontré la véritable nalure de ces animaux et a donné à certains d’entre eux le nom de Ptérodactyles, qui rappelle leur caractère prinei- pal, celui d'avoir des ailes membraneuses comme les Chauves-souris, mais soute- nues seulement par un seul doigt, tandis que, chez les Chauves-souris, tousles doigts s'allongent pour supporter l'aile, à la manière des baleines d'un parapluie. Les Ptérosauriens ont été très nombreux pendant loute l'ère secondaire. C’étaient d’abord des ani- maux tout petits; plus tard, ils ont grandi et, à l'époque de la Craie, certains avaient 8 mètres d'envergure. Tous sont remarquables par la grosseur relative- ment énorme de leur tête, la longueur de leur cou el l’exiguité relative de leur corps. Leur squelette était très léger, car les os présentaient des cavités pneumatiques comme chez les Oiseaux. Leur cräne, Fig. 15. — Encéphale et canal médullaire des vertèbres sa- crées du Stegosau- rus undulatus (d’a- près Marsb). miste anglais Owen a dit : « Aucun organe de Ver- ébré n’est construit avec plus d'économie de maté- ux, avec un arrangement et une connexion d'os plus complètement adaptés pour combiner la légè- | reté avec la force. » . La figure 16 représente un certain nombre de MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS à bec pointu, était armé de dents. Le grand analo- ; 909 Reptiles volants à l’état de vie. Les Ptérodactyles proprement dits n'avaient pas de queue. Lés Rham- phorhynchus en possédaient, au contraire, une très longue, terminée par une expansion membraneuse de forme lancéolée. Le Dimorphodon avait des Fig. 16. — Restauration de Piérodactyles. dents plus grosses en avant des mâchoires qu’en arrière. On n'a jamais observé des empreintes de plumes ou des traces d’écailles. Il faut donc suppo- ser, jusqu'à nouvel ordre, que la peau des Ptérosau- riens élail à peu près nue. Vers le milieu de l'époque secondaire, quelques Oiseaux commencèrent à disputer l'empire des airs aux Dragons volants que nous venons d'étudier. Mais ces premiers Oiseaux étaient bien rares, puis- Fig. 11. — Archeopteryx du Musée de Berlin. qu’on n’en connaît que deux exemplaires, trouvés dans des carrières de pierre lithographique de la Bavière. Le premier appartient au Musée d'Histoire naturelle de Londres, le second (fig. 17) a été payé vingt-cinq mille francs par le Musée de Berlin. On leur a donné le nom d’Archeopteryx. Si 910 j'en parle, ce n’est pas qu'il s'agisse ici de créatures géantes; c’est parce que, en se plaçant au point de vue purement philosophique, on peut dire que ces fossiles sont les plus intéressants que nous connaissions. Tout leur corps offre, en effet, un mélange curieux de caractères d'Oiseaux et de ca- ractères de Reptiles. L'Archéopléryx était un oiseau véritable par la forme générale de son corps, par la conformation de sa tête, par son plumage. Maisil avait des dents, et ce seul caractère suffirait à le distinguer de tous les Oiseaux actuels. Les vertèbres élaient conformées comme celles des Poissons et de beaucoup de Rep- tiles primitifs. La partie postérieure du corps, au lieu d'être disposée en croupion comme chez les Oiseaux actuels, se continuait par une longue queue, analogue à celle des Lézards, et de chaque côté de laquelle s'inséraient de grandes plumes. Les ailes étaient bien établies sur le plan des ailes des Oi- seaux; mais les os des doigts, au lieu d'être con- fondus pour former une sorte de moignon, restaient séparés et se lerminaient par des griffes, de sorte que les mains servaient à la fois pour le vol, comme chez les Oiseaux, et pour la préhension, comme chez les Reptiles. Vers la fin des temps secondaires, les Oiseaux ne différaient guère des formes actuelles que parce qu'ils conservaient encore les dents de l'Archéop- téryx. L'un d'eux, l'Æesperornis, avait des ailes atrophiées; il était réduit à la locomotion terrestre comme les Autruches; l’autre, l'/chthyornis, élait un bon voilier. Il aimait à planer dans les airs, à suivre une course rapide à fleur d'eau ou à plonger pour saisir les poissons dont il faisait sa nourriture. Depuis longtemps, les anatomistes avaient cons- taté certaines ressemblances entre les Oiseaux et les Reptiles, et leur avaient attribué des liens de parenté. En découvrant toule une série de formes intermédiaires, Dinosauriens, Ptérodac- tyles, Archéoptéryx, la Paléontologie a singulière- ment éclairé la question. Quelque paradoxal que cela puisse paraître au premier abord, on est auto- risé à croire que les Oiseaux sont des Reptiles nous avons de nombreuses transi- tions entre le Replile le plus engourdi et l'Oiseau le plus agile. modifiés, car VI Edgar Quinet a fait sur La Création un livre qu'il appelait « le fruit mûr de sa vie ». Cet ouvrage ne parait pas êlre connu ou apprécié des natura- listes comme il le mérite. qu'il y à une grande unité dans l'Histoire, aussi bien dans l'Histoire naturelle que dans l'Histoire de l'humanité. Les lois qui régissent les empires res- L'auteur y montre semblent aux lois qui régissent les êtres orga- MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS M nisés. L'apparition d’une faune nouvelle et l'appa= rition d'une civilisation nouvelle se font de la même manière, « C’est, dans quelque région incon- nue, un type négligé, perdu, dont le développement a été, jusque là, impossible; c'est une peuplade ignorée, qui, déjà, existait, mais que personne n'avait encore apercue aux confins de l'Histoire. » Edgar Quinet a raison : Au moment où les Égyptiens élevaient leurs. pyramides gigantesques, au moment où les ASSy= riens bâtissaient leurs palais orgueilleux, quel. bruit faisait dans le monde ce petit pays rocailleux qu'on nomme la Grèce et où allait bientôt fleurir le siècle de Périclès? Et, plus tard, qui eût pensé que, des maréçages qui bordent le Tibre, allait sortir une nouvelle civilisation, dont la grandeur serait ; faile des ruines de la civilisation grecque? r L'histoire ancienne du monde animé nous révèle des faits analogues. Au moment où les grands Rep- tiles que nous venons de voir dominent toute la à Création, c'est-à-dire pendantles temps secondaires, il y avait, sur certains points du globe, des êtres tout différents, car leur sang élait chaud, leur corps était couvert de poils, ils avaient des mamell pour allaiter leurs petits; mais ces premiers Mam- ÿ: mifères étaient chétifs, faibles et clairsemés : le milieu physique ne se prêtait pas encore à leur» développement. ï À l'aurore des temps tertiaires, les conditions : climatériques changent; la nature imposante, mais triste, des temps secondaires a vécu. C'est mainte- nant l'ère des fleurs, des papillons, des oiseaux; l'ère des parfums, des couleurs et des chants; les Are créatures énormes et à sang froid que rous venons de voir sont lrop spécialisées pour pouvoir s'adap- ter à ces nouvelles condilions ; elles succombent! Les petits Mammifères trouvent, au contraire, le monde qui leur convient; leur évolution van maintenant se poursuivre; ils deviendront, à leur. tour, des créatures majestueuses; ils seront les nouveaux rois de la Création. Parmi ces pelits Mammifères, il en est qui ne changent pas; ils persistent mème jusqu'à nos jours. Ce sont les Marsupiaux ou Didelphes, que l'on trouve surtout en Australie à l'époque actuelle, … et qui représentent un degré inférieur dans l'échelle de perfectionnement des Mammifères. D'autres évoluent rapidement. Ce sont, au début, des formes peu différenciées et de taille relative- ment petite, comme le curieux Phenacodus de l'Éocène inférieur d'Amérique. À première vue, le squelette de cet animal n'offre rien de remar- quable. Mais, si on l'examine de près, on voit qu'il présente une associalion de caractères qui doit le faire considérer comme un type synthétique, ayant des affinités avec la plupart des ordres actuels. Le fs MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS 911 crâne ressemble à celui d'un Pachyderme. Le nombre des dents est tout à fait normal; les mo- laires offrent une couronne formée par des tuber- cules isolés, disposition qui les rend très aptes à subir toutes les modifications conduisant aux diverses formes plus différenciées qu'on observe chez les Ongulés. Tandis que l’humérus a des rap- A = v Fig. 18. —Dinoceras ingens, d'après Marsh. LP ports avec celui des Carnivores, le fémur se rap- proche des. fémurs des Rhinocéros et des Chevaux. Les pieds étaient plantigrades, à cinq doigts, ete. Bref, un anatomiste n'éprouve aucune difficulté à concevoir les modifications qu'il faudrait faire ubir à ce type pour en dériver les formes vivantes et fossiles d'Ongulés. 4 Ensuite sont venus des Mammifères plus lourds, plus trapus, de véritables Pachydermes. L'un des lus curieux est le Jinoceras ou animal à cornes redoutables, découvert par Marsh dans les Mau- Fig. 19. — Brontops robustus. vaises-Terres des Montagnes Rocheuses. C'est déjà Lun Mammifère de grande taille (fig. 18). Sa tête, ornée de six protubérances ou noyaux de cornes, est armée de canines en forme de poignard. Le Lcorps est supporté par quatre membres épais et Mourds, comme ceux des Éléphants. Les doigts se lérminent par des sabots. Cuvier se trompait donc, quand il affirmait que « la Nature ne combine ni des pieds fourchus, ni des cornes avec des dents tran- chantes ». Le Cor yphodon représente, en Europe, une forme très voisine des Dinoceras américains. On trouve des parties de son squelette à Paris même, dans l'argile plastique. Le Dinoceras à été suivi, en Amérique, par un Pachyderme encore plus tourd, le Brontotherium ou animal du tonnerre (fig. 19). Celui-ci avait 3,90 de longueur, non compris la queue. Le crâne ne portait que deux paires de cornes, placées dans une situation très singulière, sur les maxillaires, en avant des orbites. Ces premiers Mammifères ne devaient pas être très intelligents. Ce n’est que peu à peu qu'on voit le cerveau augmenter de volume et se perfec- tionner. On peut en juger par l'examen de la figure 20, où l'on a repré- senté le cerveau du /ino- 22) ceras, en place dans le ee N è cräne, à côté du cerveau et El = du crâne du Cheval actuel. On dirait qu'il y a une a sorte de compensation, de balancement entre la puis- sance physique et la puis- sance intellectuelle. Un fait cerlain, d’après nos con- naissances actuelles, c'est b que les divers groupes des Vertébrés ont commencé par avoir de petits cer- VEaux. Un peu plus tard, nous voyons les Pachydermes devenir moins lourds; leurs pattes s'’allongent, pour directions, vers des types coureurs : d'un côlé, vers les animaux à un seul doigt, ou Solipèdes, c'est-à-dire vers les Chevaux; de l’autre côlé, vers des animaux à deux doigts, ou Ruminants. Et ici, nous rencontrons les créatures retirées par Cuvier du gypse de Paris. Tel est le Palæo- therium, reconstitué par l'illustre naturaliste au moyen d'ossements isolés, mais avec une vérité confirmée par la découverte ultérieure de sque- lettes complets. Le Palæotherium n'avail que trois Fig. 20. — Comparaison du crâne et du cerveau du Dinoceras (a) avec le crâne et le cerveau du Cheval actuel (b), montrant l'infériorité du premier au point de vue intellectuel. évoluer, suivant deux doigts, le doigt médian étant plus développé que les deux autres. Il marque une tendance vers la forme Solipède. L'Anoplotherium, au contraire, avait déjà des pieds fourchus; il se dirige plutôl vers Le type Ruminant. | Pendant l'Eocène, il y avait aussi des Uiseaux, qui se signalent par leurs dimensions extraordi naires. Tel le Gastornis, dont les débris ont été trouvés à Meudon: tel le Phororhacos de la Pala- 919 MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS gonie. L'Amérique du Sud livre actuellement aux paléontologistes des documents tout aussi extraordi- naires que ceux qu'à fournis l'Amérique du Nord, il y a vingt à trente ans. Parmi les animaux que les missions scientifiques exhument du sol des — Crâne du Phororhacos longissimus. — En bas, à droite, crâne d'un aigle ordinaire. Fig. 21. Pampas, l'un des plus extraordinaires est certaine- ment cet Oiseau gigantesque. La figure 21 est la photographie de son crâne, à côté duquel j'ai placé, pour faciliter les comparaisons, le Aigle de taille ordinaire. Il est vrai que le Phoro- cräne d'un rhacos avait une tête proportionnellement plus grande que le reste du corps; néanmoins, la taille de celui-ci devait atteindre 4 mètres. VIT Le milieu de l’ère lertiaire, c'est-à-dire l'époque miocène, représente l'apogée du règne animal, si l’on ne considère que le nombre, la variété et sur- tout la puissance des Mammifères. Les progrès réalisés sont considérables. Maintenant, tous les types actuels sont parfaitement représentés : nous avons de vrais Rhinocéros, de vrais Solipèdes, de vrais Ruminants, de vrais Carnassiers. des Singes, des Proboscidiens, ete. C'est surtout aux savantes recherches de M. Albert Gaudry que nous devons la connaissance de cette faune, exceptionnellement riche et imposante. L'éminent professeur a retiré des limons de Pikermi, en Grèce, et du mont Lubé- ron, dans le Vaucluse, des multitudes d'ossements, qui lui ont permis de reconstiluer les squelettes entiers d'un grand nombre d'animaux. Voici com- ment il s'exprime : « Les paysages étaient animés par les Mammi- fères les plus variés : ici, les Rhinocéros à deux cornes et d'énormes Sangliers ; là, des Singes gam= badant parmi les rochers, ou des Carnassiers de la famille des Civettes, des Martes et des Chats guet= tant leur proie; les antres de marbre du Pentélique servaient d'habitalion aux Hyènes ; de même que les Couaggas et les Zèbres d'Afrique, les Hipparions couraient en troupes immenses dans les plaines: Non moins rapides qu'eux el plus élégantes encore, les Antilopes composaient également de grandes bandes... L'/Æelladotherium et une Girafe voisine de la actuelle dominaient milieu de ces Ruminants. L'Edenté aux doigts crochus, que j'ai Girafe au proposé d'appeler Ancylotherium, élait aussi une bêle imposante; mais le plus majestueux de lous était le Znotherium ; combien ïl devait être beau à voir lorsqu'il s'avancait, escorté du Mastodonte à dents mamelonnées et du Masto= les animaux donte à dents tapiroïdes! On entendait les rugissé: ments du terrible Machairodus, à canines à formé de poignard. Bien d'autres espèces accompagnaient celles que je viens d'indiquer; à leurs cris se mélaient les chants des Oiseaux ; dans le concert de tous ces êtres, il ne manquait que la voix de l'Homme ! » créatures méritent de retenu quelques instants notre attention. 1 Telest d'abord l'/ipparion, qui ne diffère guère du Certaines de ces cheval actuel que parce qu’il a encore deux doigts latéraux rudimentaires. Puis l’/elladotherium (Mig. 22), qui tenait à la d'après M, Albert. Gaudry. fois des Bœufs, des Antilopes et des Girafes.Il ya | quelques mois, les journaux anglais ont annoncé la découverte, au centre de l'Afrique, sur les confins du Congo et de l'Ouganda, d'un grand et bel animäl d'espèce nouvelle, qu'on croyait être un Cheval rayé; à cause des zébrures de ses membres, ou bien une nouvelle sorte de Girafe. Vérilication faite sur les! pièces envoyées au British Museum, on à pu se} MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS 913 ndre compte que cet animal, désigné parles indi- sous le nom d'Okapi (fig. 23), avait les plus .frippantes ressemblances avec l'Æelladotherium de M. Gaudry. De sorte qu'on à pu parler, à propos de cette curieuse découverte, d'un « fossile qui | ressuscite ». mA Ê ns Fig. 23. — L'Okapi. Voici maintenant de véritables créatures géan- les premiers Proboscidiens c'est-à-dire les prédécesseurs de nos Eléphants. C'est d’abord le “Mastodonte à dents étroites, qui avait des défenses “choire inférieure (fig. 24). Sa taille ne dépassait guère celle des Eléphants actuels. angustidens. iocènes, peut être considéré comme le roi des ammifères. Par sa forme générale (fig. 25), il se Mxapprochait beaucoup des Eléphants. Il n'avait le bas, appartenaient à la mâchoire inférieure. Il st probable que la trompe n'était pas aussi déve- L # L | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. Le Dinotherium, autre Proboscidien des temps | Mque deux défenses: mais celles-ci, recourbées vers | loppée que chez les Proboscidiens actuels. Le Dinotherium alteignait des dimensions colossales. Bien qu'aucun Musée ne possède de squelette com- plet de cet animal, il est facile de calculer, au moyen des os isolés qu'on à trouvés en assez t2 ©Oe | Fig. 25. — Dinotherium (d'après M. Albert Gaudry). grand nombre, qu'il devait avoir 5 mètres de hau- teur et 6%,50 de longueur, non compris la trompe. Pendant l'époque pliocène, qui succède à l’épo- que miocène, les Mammifères sont encore trèsimpo- sants et très variés. Ils se rapprochent de plus en plus des formes actuelles : tel estl’Æ/ephas meridio- Fig. 26. — Ælephas meridionalis (de Durfort), dans la Galerie de Paléontologie du Muséur | | nalis, dont un magnifique exemplaire, le plus grand | squelette complet de Mammifère fossile qui existe, se trouve dans la Galerie de Paléontologie du Muséum (fig. 26). IL mesure 4",15 de hauteur et 6,80 de longueur, y compris les défenses. Nous 19° 91% MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS avons, dans nos collections, des ossements isolés de Mastodontes qui accusent une taille plus considé- rable, au moins égale à celle du Dinothérium. Vers la même époque, les pampas de l'Amérique du Sud étaient peuplées d'animaux de forme et de dimensions extraordinaires, aujourd'hui complète- ment éteints.Le plus connu a recu de Cuvierle nom de Mégatherium (fig. 21). Ses affinités sont avec les Edentés actuels, qu'on appelle des Paresseux et qui habitent encore l'Amérique du Sud. Mais c'est un Edenté gigantesque, au train de derrière massif, aux os trapus, aux pattes armées de fortes griffes. Les dents indiquent un régime végétal. Une aussi grosse bêle ne pouvait grimper sur les arbres comme le font les Paresseux. Aussi a-t-on supposé que le Mégathérium pouvait se soulever en s’ap- Mégathérium dressé, dans la Galerie de Paléon- tologie du Muséum. puyantsur ses membres postérieurs etsur sa queue, et saisir avec ses mains robustes les branches d'arbres, les feuilles et les fruits. Un autre Edenté géantest le G/yptodonte,ouTatou gigantesque, qui avait le corps protégé par une ca- rapace osseuse (fig. 28). L'Homme primitif amé- ricain à fait sa demeure de la carapace de ces Tatous géants. On a exhumé un squelette humain sous la d'un Glyptodonte et on y à recueilli, à plusieurs reprises, des charbons, des cendres, des silex L'Homme quaternaire ne trouvant, dans les pampas, ni cavernes, ni abri d'aucune sorte, carapace d’un Glyptodonte mort. Il la vidait, plaçait horizon- talement, creusait la terre en dessous et obtenait ainsi un abri, peu confortable certes, pour l'époque. Malgré leur cuirasse taillés. s'emparait de la mais précieux apparence, les grands Edentés devaient être des bêtes paisibles el d'humeur peu ! ne Il est curieux de relrouver, en Amé- rique, à propos des ossements fossiles de ces ani- . 28 — Squelette complet de Glyptodonte. maux, des légendes toutes semblables à celles de. notre vieilie Europe. C'est ainsi que les carapaces. de Glyptodontes y sont désignées par les naturels sous le nom de cabeza de giganti, tètes de géants. VIII PS Nous arrivons ainsi à l'ère quaternaire, qui marque une déchéance du règne animal, surtout au point de vue de la grandeur des Mammifères. terrestres. Les ossements se rapportant à en époque sont particulièrement nombreux, car les. terrains qui les renferment sont ordinairement su" pertficiels. Nous rencontrons d’abord le Mammouth,. que le public considère ordinairement, et à tort, comme le géant par excellence des temps géolo= giques. Le Mammouth était bien inférieur commen taille non seulement au Dinotherium, aux Mason dontes de l’époque pliocène, mais encore à ui phant méridional. Ses défenses étaient très recour= bées; son corps était poilu, car il date d'une époquél où la la température était très basse. Il vivait en compagnie d'un Rhinocéros qui avait Fig. 29, — Restauration de l'Elasmothérium. | également une toison, et d'un animal fort curieux, l'Ælasmothérium, dont j'ai tenté la reconstitution (fig. 29). L'Elasmothérium, qui habitait surtout les steppes russes, se rapprochait beaucoup des MARCELLIN BOULE — LES CRÉATURES GÉANTES D'AUTREFOIS 915 Rhinocéros : mais son corps était moins trapu, ses formes étaient moins disgracieuses, ses dents étaient adaptées à un régime herbivore. Son cräne ne présentait qu'une corne très forte et très longue. Parmi les Ruminants, je peux citer le Megacerss, ou Cerf gigantesque, dont les bois étaient extra- ordinairement développés (fig. 30). Et, pour finir cette nomenclature des créatures géantes d'autre- fois, je signalerai ces grands oiseaux, les Dinornis “de la Nouvelle-Zélande, les Æpyornis de Mada- “gascar, dont les œufs pouvaient atteindre une capacité de 8 à 10 litres. Mis. 30. — Squelette du Cervus Megaceros dans la Gale- 1 rie de Paléontologie du Muséum. l — L'Homme a également fait son apparition, au émoins dans nos pays, au début de l'ère quaternaire. MI n'est pas et n'a jamais été une créature géante. Les Mplus anciens squeleltes humains n'accusent pas une “taille supérieure à celle des squelettes des hommes “d'aujourd'hui. Chétif, notre ancêtre mène d'abord “une existence bien misérable ; mais il a, pour lutter Leontre les éléments et les bêtes sauvages qui l'en- tourent, une arme merveilleuse : son intelligence, et il ne tarde pas à sortir vainqueur de cette lutte contre la force brutale. Avec lui, le règne de la puis- Sance physique diminue et le règne de l'esprit commence | IX Mesdames, Messieurs, nous voici arrivés au Lerme d'un long, bien long voyage dans le passé. J'espère que le souvenir de Lous les monstres qui viennent de défiler devant vous ne troublera pas votre pro- chain sommeil. Je préfère croire que vous sorlirez d'ici avec une idée nette et suffisante de l'intérêt pas- sionnant que présentent les études paléontologi- ques. Le but suprême de toute science est, en définitive, de contribuer à augmenter le bonheur de l'humanité. Pour cela, il ne suffit pas qu'elle ait une utilité pra- tique, il faut encore qu'elle ait une utilité d'essence supérieure, une utilité morale. Les applications pratiques de la Paléontologie sont indiscutables ; sans elle, la Géologie ne sau- rait exister, et la Géologie rend tous les jours à l'humanité des services aussi nombreux que va- riés. D'un autre côté, en nous faisant connaître un peu du passé de notre planète, en nous permet- tant de jeter quelque clarté dans ce que lilléra- teurs et poètes appellent la « nuit des temps », la Paléontologie répond à cette tendance de l'esprit humain qui l’entraine vers le myslère de nos ori- gines. Mais elle fait plus encore pour notre éducation morale. Elle ne se contente pas de nous éclairer sur le passé; jusqu'à un certain point, elle nous révèle l'avenir, en nous montrant que tous les change- ments obéissent à une loi de progrès. Nous constatons par elle que l'Homme, avec ses belles facultés, ne représente, ensomme,quele terme le plus récent de cette évolution, laquelle ne sau- rait s'arrêter à lui; elle nous permet, par suite, d’es- pérer et d'entrevoir la venue d’un monde meilleur, d'une humanité se rapprochant de plus en plus de celle vers laquelle tendent nos aspirations. Et c'est ainsi que, sur ces vieux squeletles, sur ces ossements pétrifiés, sur celte nature morte depuis des milliers de siècles, nous voyons germer, se déve- lopper et fructifier au soleil de la Science, la noble fleur de l'Idéal! Marcellin Boule, Professeur intérimaire de Paléontologie au Muséum. 916 L'AUTOMOBILE EN 1902 TROISIÈME PARTIE : Les véhicules à vapeur, avons-nous dit au début de cette étude‘, ne se sont pas beaucoup déve- loppés chez nous depuis le commencement de l'année 1899, époque à laquelle remonte notre premier article sur le sujet. Nous n'en voulons d'autre preuve que la minime proportion pour laquelle ils entraient dans le total des voitures qui remplissaient le Grand-Palais, en décembre 1901. MM. Serpollet, de Dion-Bouton, Turgan et Foy, Chaboche, Barrière exposaient seuls des voitures à vapeur. I. — CnAUDIÈRES. Les conditions, fort impérieuses, de légèreté, d'élasticité et de sécurilé, que doivent remplir les générateurs sur les automobiles, ne peuvent être réunies que dans les chaudières tubulaires ou à vaporisation instantanée. $ 1. — Chaudières tubulaires. è Elles se divisent, on le sait, en deux classes, suivant que les tubes en sont occupés par les fumées (chaudières ignitubulaires) ou par l’eau et la vapeur (chaudières aquatubulaires). 4 Voyez les deux premières parties de cette étude dans la Revue des 15 septembre, p. 811 et suiv., et 30 septembre 1902, p. 853 et suiv. ? 11 en était tout autrement à l'Exposition qui s'est tenue, il y a quelques mois, à New-York, où l'on a pu voir 56 véhi- cules à vapeur (exposés par 15 constructeurs) contre 22 véhi- cules électriques et 54 véhicules à pétrole. Les voitures à vapeur, d'origine américaine et aussi de construction an- glaise, étaient également fort nombreuses à l'Exposition (la quatrième organisée avec le concours de l'Automobile-Club de la Grande-Bretagne) qui s’est tenue, dans les derniers jours d’avril 1902, à l'Agricultural Hall de Londres. Assurément, il ne faut pas attribuer à ces proportions une importance exagérée. Bien que les véhicules électriques fussent à New-York moitié moins nombreux que ceux à vapeur ou à pétrole pris séparément, il reste pour nous hors de doute que, dans ce pays, où les chaussées macada- misées n'existent guère que dans les villes et où les ravi- taillements en électricité sont si faciles, l’électromobile, qui se prête si bien aux usages urbaïins, est appelée à un- | p pp beaucoup plus grand développement que la voiture à pétrole, si propre, elle, au grand tourisme. Mais il est bien certain que la facon mesquine dont la vapeur était représentée au Salon de décembre 1991 est la conséquence incontestable du peu de faveur dont, à tort ou à raison, elle jouit chez nous. Cela ne nous empéchera pas de nous étendre assez longuement sur les types les plus récents des voitures à vapeur américaines et anglaises, tels qu'ils étaient exposés à Londres. Nous nous aiderons surtout des descriptions qui en ont été données par le Motor Car Journal, dont le directeur, M. Cordiogley, a été l'habile organisateur du Salon de l'Agricultural Hall. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 VOITURES A VAPEUR 1. Chaudières ignitubulaires. — Elles sont peu employées, parce que la grande longueur des tubes horizontaux est gènante, et que les tubes verticaux utilisent mal la chaleur du combustible. Elles sont pourtant utilisées par quelques véhicules de poid lourd, et même par quelques voitures légères amé: ricaines. : La chaudière de la Lancashire Steam Motor C®, de Leyland, est de ce type : les tubes en sont verti- caux et peuvent être soulevés avec le couvercle, de manière à être commodément nettoyés. Elle est F Boppiyipls-Se Fig. 1. — Chaudière ignitubulaire à tubes horizontaux de Ja « Yorkshire Steam Motor C° ». — A, grille ; B, boîte à feu ; C, tubes reliant la boîte à feu aux boîtes à fumée D E, tubes reliant les boites à fumée à la cheminée Ex G, chambres de surchauffe, dans lesquelles se rend la va EL après avoir travaillé dans le moteur et avoir été dé arrassée de son eau de condensation par des purgeurs4 H, petits jets par lesquels la vapeur ainsi surchauffé s'échappe à travers les tubes E, assurant le tirage et do nant lieu à un échappement silencieux et invisible. vapeur fournie par la chaudière s'échappe par l'espa anoulaire [ qui entoure la cheminée. chauflée par un brûleur, auquel le pétrole bru arrive sous la pression de la vapeur de la chaudière (dès que celle-ci atteint sa valeur normale, elle provoque la fermeture partielle de la valve d'arrivée de l'huile) ou de l'air comprimé au-dessus de lui Une chaudière de 10,20 mètres carrés de surface de chauffe, pesant moins de 30 kilogs par mètre carré de cette surface, essayée à la pression de 3» kilogs par centimètre carré, fournit normalement de la vapeur à 14 kilogs et nécessite dix-huit minutes pour sa mise en pression. Un condenseur à air placé Sur le toit du véhicule, régénère une parli du liquide qui a travaillé dans le moteur. Cette chaudière suffit pour un moteur de 14 chevaux | monté sur un fourgon pesant, à vide, enviroi GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 947 onnes et pouvant en porter 4. Elle consomme 8 litres de pétrole à l'heure, en pleine charge. Le générateur de la Yorkshire Steam Motor C°, le Leeds (fig. 1), est à tubes horizontaux. Pour obvier à leur peu de longueur, les fumées traver- sent successivement deux séries de tubes avant de se rendre à la cheminée. Le mode employé pour assurer le tirage est assez particulier : la légende le met en relief. Le combustible employé est le coke. La chaudière Stanley, de Waltham (Mas.), actionne cette voiture légère qu'on a essayé d'im- porter en France, mais dont la circu- lation a été bientôt interdite dans Pa- ris, à cause des dangers d’explosion qu'on a reconnus 2n elle : elle con- nt, en effet, une La chaudière de la Compagnie américaine The Locomobile, représentée en France par M. Guiguon, est, comme la précédente, chauffée à l'essence (à l'aide d'un brûleur que représente la figure 2) et a aussi ses tubes verticaux. Elle est alimentée par une pompe à main pour la mise en marche, par une pompe automatique, reliée à l’une des lèles de bielle du moteur, le reste du temps; le débit de cette dernière est, d'ailleurs, réglable, à la volonté du conducteur, par un levier qui agit sur le robinet du tuyau d'alimentation. La chaudière est, cela va sans dire, munie des appareils de sécurité ordi- naires (manomètre, niveau d'eau, rendu visible au conducteur par un miroir placé devant lui, robinets de jau- ge, deux soupapes de sureté réglées à ingtaine de litres d'eau chaude. Elle est chauffée à l'es- sence, ce qui parait assez peu écono- mique,etest munie, pour régler l'arri- vée de celle-ci aux brûleurs, d'un ré- gulateur assez ingé- nieux *. F. Boggemays - Se tôle d'acier, de 6 milli- mètres, autour duquel ont enroulés deux gs de fils d'acier de 402 de millimètre. Les aques de fond de ce indre sont percées, hacune, de 300 trous, reliés deux à deux par autant de tubes de cui- vre verticaux, de 11 mil- limètres de diamètre intérieur et de 1,5 mil- triple destination : pas représentée sur la figure. enant de la combns- lion des brüleurs pla- cés au-dessous. Le corps de ces brû- leurs est constitué par un cylindre en têle de ème diamètre que la haudière à l'inté- rieur, un second cylin- séparément ou à la fois. Sage dans le tuyau d'amenée, dont une partie est entou- rée par l'eau de la chaudière. Ce second cylindre est (ra- lersé par 114 tubes en euivre verticaux et ouverts aux eux bouts, de manière à former appels d'air : autour des ouchés de ces tubes sur la plaque, qui forme le fond Supérieur de ce cylindre intérieur, sont pratiqués des ori- ces capillaires, par lesquels arrive l'essence qui s'enflamme au Contact de l'air. La chaudière, essayée à 24 kilogs, est (Coupe verticale). — L'essence, amenée de son réservoir sous l'ac- tion de l'air qui est toujours comprimé au-dessus d’elle, arrive par le tuyau À au brüleur auxiliaire, qui se trouve à l'intérieur du vaporisateur g, et qu'on al ume par la fenêtre ». Ce brûleur a une 4° allumer le brûleur principal; 2° vaporiser l'essence; 3° tenir toujours en réserve une quantité de vapeur suffi- sante pour fournir tout de suite à la chaudière la chaleur nécessaire pour une rapide mise en pression. Il est alimenté par l'essence, qui, entrée en à, sort du vaporisateur par le tube I et va au brûleur auxi- liaire par », sous le contrôle d'une soupape de réglage, qui n’est L'essence destinée au brüleur principal, arrivant du même réser- voir, entre dans le vaporisateur par S, circule dans un serpentin qui entoure le brûleur auxiliaire, sort en vapeur par 4 et est amenée génératrices. Chacun de ces trous donne passage à un jet gazeux, qui brûle avec l’air qui l'entoure. La chaleur est produite au-dessou: de la chaudière P. Les tubes a forment deux sections indépendantes l'une de l’autre, desservies chacune par une chambre de mélange et un tuyau spécial, de manière à pouvoir être mises en action Le tirage des gaz de la combustion est obtenu au moyen d'une cheminée horizontale placée à l'arrière de la voiture, dans sa largeur. concentrique recoit l'essence, vaporisée par son pas- | 16 kilogs). Elle est essayée à la pres- sion de 42 kilogs par centimètre car- ré : le bràleur est automaliquement mis en veilleuse dès que la pression al- teint 12 kilogs dans la chaudière. Cinq minutes suffisent, assure-t-on, pour : Elle est formée d'un k fai t ut orps cylindri aire monter cetle D 19e Fig. 2. — PBrüleur à essence de la chaudière « The Locomobile ». pression à 10kilogs. La chaudière du système House, ex- ploitée par une so- ciélé anglaise de création récente, chauffée par un brû- leur Lifu du type connu, composée de imètre d'épaisseur par les tubes r et y à une soupape, qui l'injecte dans le tube e. Dans 280 tubes à fumées S , A = DE RIRE : = ; f TE ce même tube est entrainé l'air nécessaire à la combustion de l'es- UT Eur Dr ninées sence, et le mélange se fait dans la chambre c. Le mélange se eu SACS HE CR USpre> rend dans les tubes a, percés de petits trous suivant deux de leurs d’être signalée à cause teur d’eau qu'elle comporte. Le fond de l’épura- maintenue à sa pres- sion normale de 16 ki- logs par un régulateur, qui se compose d'un diaphragme métallique dont une paroi est soumise à la pression de la chaudière, tandis que d'essence l'autre agit sur Je pointeau de l'admission pour l'étrangler dès que la pression dépasse 9 kilogs. L'ali- mentation en eau est assurée par une pompe, que com- mande l'une des têtes de bielle du moteur, et réglée au moyen d’un robinet, que le chauffeur ouvre ou ferme à volonté : quand il est fermé, l'eau refoulée par la pompe fait retour à la bâche. : 918 supérieur de la chaudière est percé d'un ori- fice circulaire de 02,15 de diamètre, formé par un plateau sur lequel sont boulonnés deux tubes con- centriques : le plus grand est fermé dans le bas et porte, près de son extrémilé supérieure, une ouver- ture latérale: le tube central, ouvert à sa partie basse, qui touche presque le fond du tube extérieur, est, sur toute sa hauteur, percé de trous. Comme il forme le prolongement du tube d'alimentation, l'eau, d’ailleurs réchauffée par les gaz perdus de la combustion. arrive à l'intérieur de ce tube central, remonte par l'intervalle qui sépare les deux tubes et ne pénètre dans la chaudière que par l'orifice supérieur du tube extérieur, après s'être dépouillée de ses impuretés. Quand les dépôts sont abondants, on peut enlever le plateau circulaire et les tubes, et, après avoir nettoyé l'épurateur, on peut aussi, grâce à l'ouverture quireste libre, net- toyer les tubes de la chaudière. 9. Chaudières Nous avons décrit‘ lée, Scotte, de Dion- Bouton, Weidk- necht; ce dernier n’est, d’ailleurs, plus construit. Nous signalerons, comme chaudières francaises du mé- me genre, la chau- dière Nègre (pour voitures lourdes) el la chaudière Tur- gan. Cette dernière, qui n'est autre qu'une chaudière Niclaussemodifiée, se compose d'un Fig. 3. — Chaudiere Thornycroft. — Elle est du type utilisé par le constructeur pour ses petites chaloupes. et brüle du coke ou de la houille; comme le foyer est très grand, trois chargements par heure suffisent. Tirage assuré par un ventilateur qu'actionne la machine et qui est mû à la main pour la mise en route: au bout d'un quart d'heure, la pres- sion atteint dans la chaudière 9 kilogs. Alimentée pour les deux tiers par l'eau provenant de la vapeur d'échappement, conden- sée dans un réseau de tubes de cuivre placé sur le toit de la cabine-abri du mécanicien. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 aquatubulaires. — | les générateurs Bol- Pompe mue par la machine et petit cheval. Pour un tracteur de 5 tonnes, Ja chaudière a une surface de grille de 023, une surface de chauffe de 6 mètres carrés; les tubes ont 16 millimètres de dia- mètre. La pression normale est de 12 à 13 kilogs. cylindre horizon- tal, formant com- me rieure d'un prisme triangulaire, dont les faces seraient constituées par les tubes à eau inclinés et la base par la grille hori- zontale. Chaque tube est double : le tube exté- rieur s'ouvre, à son extrémité supérieure, dans le 1 Revue gén. des Sc., t. X, p. 132. l'arêle supé-' ! cylindre et est fermé à la base par un bouchon à ‘a Z DF9 Cye" = UE es LEE 4/1 5 ANR ET: = [NN ———— Z SSSR A Was N N | Entrée de ÿ | L'ile S è Fe ù È (l | Fig. 4 ) VA Fig. 4 et 5. — Prüleur de la chaudière Lifu. (Coupe ver= ticale du brûleur et coupe horizontale du vaporisateur). = L'arrivée du pétrole est réglée automatiquement par la pression de la vapeur. Le récipient en fer que l'on voit au-dessus du brüleur- est rempli de matières capables di retenir longtemps la chaleur, et destinées à rallumer le brûleur lorsqu'il s'éteint. Pour une machine de 35 chevaux I indiqués, en développant normalement 25, la chaudière & une surface de chauffe de 1,50 mètres carrés environ ; les soupapes sont réglées pour une pression de 18 kilogs. Der 2 bnpbo roro rite I) Vasepenrtt ir iretrretit f( # 74 ] Zz F Bogpemips m2 Fig. 6. — Chaudière Toledo. — Elle comprend huit enrous ements de tubes en spirale, qui se déchargent dans l'e pace réservé à la vapeur, par un mouvement centrifuge propice à la séparation de l'eau entrainée. L'eau d'ali mentation est réchauffée par la vapeur de l'échappemenl La chaudière brûle de l'essence. Avec des dimensions & tales de 0m,48 de haut sur 0,55 de diamètre, elle alë mente un moteur de 6 1/2 chevaux. 4 aux deux bouts, débouche en haut dans un colle c- GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 919 ur, intérieur au cylindre, et en bas près de l'extré- 6 du tube extérieur. On alimente exclusivement end par les tubes intérieurs et remonte par l'espace annulaire qui les entoure. Le générateur dont sont munis les omnibus Jurgan et Foy, du type exposé en 1901, avecréchauf- eur d’eau d'alimentation dans la cheminée et sur- hauffeur dans le foyer, mesure 10 mètres carrés le surface de chauffe et 0®?,45 de surface de grille. | timbré à 16 kilogs, et donne € se ogs de vapeur par kilo- mme de char- Q) cé … chaudière par le collecteur supérieur; l'eau | ne pèse, avec la robinetterie, que 640 kilogs; il | se courbent en spirales, restant à peu près sur un cylindre vertical, et finalement vont se souder | au bas d’un cylindre concentrique au tore, mais ! d'un diamètre plus petit, formant réservoir de | vapeur. Elle est chauffée au pétrole lampant, à l'aide du brûleur que représentent les figures 4 | et 5; La chaudière Gillett, employée par le Motor | Omnibus Syndicate. Elle est chauffée au coke, ali- | mentée à l’aide d’un injecteur et de deux pompes, | en partie par l'eau provenant de la condensation de la vapeur d'échappe- ment. La pression nor- male est de 14 kilogs: La chaudière Toledo, construite par l'Ameri- Big. 1. — Schéma de l'alimentation en eau et en pétrole et de la circulalion d'eau et de vapeur dans la chaudière = Serpollet. — P, pompe automatique à eau; p, pompe de mise en marche actionnée par le levier à main L”; P', pompe | automatique à pétrole: C, série de disques excentrés sur lesquels roule le galet G du levier XY, qui commaude les … pompes proportionnellement aux bras du levier OP. Le pétrole, par les tubes 2 et 3, se rend aux brûleurs 4. L'eau, | refoulée en ou b!, arrive en € et va, d'une part à la chaudière d, d'autre part au-dessus du poiuteau-soupape K, que “ représente en détail la figure 8, et par lui, quand il est ouvert, au réservoir. La vapeur formée se rend par e au … moteur et par Àg au-dessous du piston du pointeau-soupape. 4 . Fig. S. — Pointeau-soupape. — P est le piston sous qe s'exerce constamment. par G. la pression de la vapeur. Ce iston, chargé du ressort antagoniste R, est muni de a tige T. qui peut soulever la tige K et, par elle, le clapet D, sur equel s'exerce constamment la pression de l'eau refoulée. La force du ressort R est, en général, calculée de facon chaudière lors des arrêts prolongés : | | [ Nous signalerons, comme chaudières aquatubu- aires employées en Anglelerre : La chaudière Thornyeroft, utilisée par la Steam Jarriage and Wagon C°, de Thiswick, et que re- “présente la figure 3; … La chaudière Lifu, qui est celle de la Liquid Fuel Engineering C°. Des tubes greffés sur un tore hori- zontal inférieur s'en détachent verticalement, puis telle que le clapet D se soulève (et qu'une partie de l'eau fasse retour au réservoir E) dès que la pression de la vapeur dépasse 25 kilogs. Le pointeau-soupape est donc un appareil de régulation et de sécurité. à effectivement, on n’a qu'à soulever la manette M pour que toute l'eau fasse retour à la chaudière. A est un robinet-témoin à deux voies, qui permet de constater que toute l'eau va bien à la chaudière quand le pointeau-soupape est fermé. ll sert aussi à vider la can Bicyele C° de New-York (fig. 6), est destinée à | une voiture légère. $ 2, — Chaudières à vaporisation instantanée. | Nous avons déjà décrit les chaudières Serpollet, | LeBlantet Valentin'.La première seule estemployée. { Revue gén. des Se., t. X. p. 13 929 GÉRARD LAVERGNE. — L'AUTOMOBILE EN 1902 Nous ne reviendrons pas sur sa disposition géné- rale, ni sur son appareil d'alimentation proportion- nelle en pétrole et eau. Nous nous contenterons de donner (fig. 7 et 8) le Schéma de son installation et le détail de son pointeau-soupape, qui est à la fois un appareil de régulation, de sécurité et de vidange de la chaudière, et qui nous amène à parler de l'auto-démarreur que M. Serpollet a Loutrécemment adjoint à sa chaudière. Le pointeau-soupape laisse, dès que la dépense de vapeur est diminuée ou supprimée, revenir au réservoir l’eau contenue dans le générateur et celle que refoule la pcmpe, si celle-ci continue à fonelion- ner, et cela afin de supprimer toute production de vapeur inutile. De cette facon, pour reprendre la marche, il faut rendre au générateur, à l’aide de la pompe à main, l'eau qui en est sortie. L'auto- démarreur à pour but de supprimer cet inconvé- nient. Il consiste simplement en un cylindre dans le- quel joue un piston, chargé par une pression d'air comprimé (à 20 kilogs, par exemple), et qui, par un de ses fonds, communique avec le tuyau de refou- lement de l’eau dans la chaudière. Si, pour obtenir un ralentissement où un arrêt, on supprime, en partie ou totalement, la dépense de vapeur, la pres- sion s'élève dans la chaudière, refoule vers l'arrière l'eau qui s'y trouve contenue et l’accumule dans le cylindre auto-démarreur en faisant jouer le piston. Elle constitue là une réserve d'eau sous pression, toute prête à regagner automatique- ment la chaudière, dès que la dépense de vapeur recommence et que la pression diminue dans le généraleur. Avant d'en finir avec cette question de l’alimen- tation de la chaudière, nous ajouterons que M. Ser- pollet à récemment muni l'avant de ses voilures d'un condenseur à ailettes, et à ainsi triplé le par- cours qu'elles peuvent accomplir sans renouveler leur provision d'eau : 60 litres suffisent maintenant à une voiture légère de 12 chevaux pour plus de 300 kilomètres. Tout récemment aussi, M. Serpollet a essayé avec succès d'employer comme combustible, au lieu de pétrole, de l'alcool carburé : l'allumage est plus rapide; le silence du brûleur absolu: l'absence de fumée est complète, même avec les manœuvres. maladroites des apprentis conducteurs; la dépense est presque nulle pendant la mise en veilleuse. La chaudière Ghaboche se compose d'un foyer intérieur, dans les parois duquel circule la vapeur, et de serpentins en acier à section circulaire, que parcourt aussi le fluide. Les joints, garantis à la pression de 50 almosphères, sont peu nombreux et placés en dehors de la circulation des fumées, L'alimentation est assurée par un dispositif spé- . = æ La cial, qui maintient automatiquement dans la chau: | dière une pression constante, celle que le condue- teur veut obtenir, entre les limites de 45 à 30 kilogs.. Ce dispositif comprend une bouteille d'environ. 20 litres de capacilé, à moitié remplie d’eau, au dessus de laquelle on comprime de l'air à la pres=. sion choisie pour la marche du moment. Cette bou= QUE Oo 0 o F Boppemayls- Se. Fig. 9 et 10. — Coupe verticale et plan du brüleur Whil@ — L'essence de pétrole, arrivant d'un réservoir dans le quel on a comprimé de l'air, se vaporise dans le serpent n A et pénètre dans le brûleur par la valve B, le régulateur Cet l'injecteur D. Le brûleur proprement dit est constituën par un cylindre DE, que traversent de part en part des! tubes verticaux à air de 0m,012 de diamètre. Ces tubes dé bouchent dans le fond supérieur du cylindre au bas dl rainures concentriques, séparées par des arètes également circulaires, qui sont percées de minces fentes radiales par lesquelles le gaz combustible sort du brûleur, pour se mélanger à l'air et brûler avec lui. ; Pour la mise en marche, à l’aide du robinet F, on laisses couler un peu d'essence dans la coupelle G et on l'en flamme. Cette essence échaulfe la veilleuse H, qui, une fois allumée, brûle pendant tout le temps que la voiture reste en service. Cette veilleuse H chautle le vaporisateu auxiliaire [ placé au-dessus; au bout de trois à cinq mis nutes, on peut ouvrir la valve B (que le conducteur ma: nœuvre de son siège), et le gaz combustible, arrivant au brûleur, est allumé par la veilleuse. Le jeu du régulateur automatique C, qui règle l'arrivée du pétrole dans le brûleur, est fondé sur les différences de dilatation qu'un tube de cuivre et une tige de fer au d'acier, placée à l'intérieur de ce tube, éprouvent Sous" l'action de la vapeur, de pression et de température plus. ou moins élevées. Les mouvements relatifs résultant dè ces différences de dilatation sont utilisés pour fermer plus ou moins au gaz combustible l'accès du brûleur. e l'exige. De la sorle, la voiture peut être abandonné@ pendant plusieurs heures, et être prête à partir en \ cinq minutes, si l’on a soin de l’entretenir de com- bustible toutes les heures. Celui-ci est ordinaires GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 921 nent de la houille, préparée en sacs de papier de kilogs et jetée dans le chargeur. La chaudière de la White Sewing Machine C°, de sauf ceux de la rangée inférieure, très voisins du brûleur et où se fait la surchauffe de la vapeur, qui sont en acier. Les tubes du haut servent de réchauf- feurs; la vapeur se forme dans ceux du milieu el se sèche dans ceux du bas. Le corps tubulaire est entouré par une enveloppe de mince tôle de fer recouverte d'amiante. L'alimentalion se fait: au ébut, par une pompe à bras; en marche, par une pompe mécanique; elle est réglée par la pression de F la vapeur, qui,nor- malement, ne doit pas dépasser 14 ki- logs. Le brûleur qui chauffe ce gé- nérateur, et que représentent les figures 9 et10, ac- compagnées d’une légende fort expli- cite, est de cons- truction assez spé- ciale; il est notam- LES B Fe. RIT . ment muni d'un ig. 11. — Coupe verticale du brü- Ç AT leur Creek. — Le pétrole entre régulateur ingé- par l'extrémité À dans le conduit TS E annulaire B, où il commence à PIE POS faire . se réchauffer, se vaporise dans varier automati- le tube C et arrive par D à l’aju- tage E, fermé par une aiguille solidaire du brûleur F. En entrant avec une certaine vitesse dans ce _ dernier, il entraine l'air nécessaire à sa combustion. Le mélange arrive dans le tambour I, et en quement l’arrivée du pétrole. Le brüleur du Clarkson and Ca- sort pour brûler par les orifices G. Quand le brüleur occupe la po- sition représentée sur la figure, il n'arrive, par l'ajutage E, que peu de vapeur de pétrole: les flammes, qui sortent des orifices G, butent contre la paroi inclinée de B; elles sont simplement suffisantes pour maintenir assez chauds les tubes B et C; le brûleur est, en somme, en veilleuse. Quand on * élève le brûleur, le pointeau dé- masque de plus en plus l’ajutage, le pétrole arrive en plus grande abondance, et des orifices G, qui ue débouchent plus devant B, sortent des flammes qui peuvent se déployer. Les mouvements du brûleur F sont assurés par le le- - vier H, que commande le régu- lateur de la figure 12. pel Steam Car S ypndicate est aus- si muni d'un régu- lateur, qui pro- porlionne l'orifice du brûleur à la dé- pense de vapeur et assure une Com- bustion toujours complète, quelle que soit l’aclivilé du feu. Ce brüleur, qui consomme du pétrole, est un Bunsen modifié le pétrole se vaporise dans un tube placé au-des- “sus du brûleur, arrive dans ce dernier par une “valve-pointeau et sort par-un orifice annulaire c'est la section de ce dernier que modifie le régu- lateur. La mise en train s'obtient en versant dans une coupe un peu de pétrole, qui tombe goutte à goutte sur un tampon absorbant et peut y être enflammé par une allumette. Un petit ventilateur tournant souffle les flammes du pétrole sur le vaporisateur. Nous donnerons enfin, comme exemple ge brû- leur, celui de la Creek Street Engineering C°, une nouvelle venue dans la construction anglaise des voilures à vapeur. Les figures 11 et 12 donnent les SSSR <æ\ Ù z CL I NP | E (en &” ; isoA Si : se Es \\ È RÉESES KE S AR $ NS S À à L brüleur automatique du cale). — Ce régulateur est, teur, qui proportionne à Fig. 12.— Régulateur Creek (coupe verti ensomme, Un COMP l’eau d'alimentation peut d’ailleurs être envoyé au brüleur. arrive en À et com à la pression fixée dière ‘ordinaire de la chaudière (celle-ci quelconque) le combustible L'eau,refoulée par la pompe, prime l'air du récipient B pour la marche de la chau- ment 14 kilogs par centi- mètre carré) et que régle la soupape L: elle se rend dans le cylin dre C, dont le piston est poussé vers le bas par la pression qui règne au-dessus de lui (la même que celle du réservoir B); la lige tronconique F de ce piston dégage ainsi l'ouverture D et permet à l’eau de se rendre par E à la chaudière. La pression de cette dernière, que le clapet sphérique visible à gauche de-D empêche de faire retour dans le cylindre G au-dessus du piston, s'exerce, au contraire, librement par J au-dessous de ce piston. Quand cette pression a atteint le taux fixé (14 ki- logs), le piston cesse de descendre; l’eau en excès s échappe par la valve K et fait retour au réservoir. Si celte pression dépassait le taux en question, le piston serait poussé vers le haut et la tige F réduirait l'orifice D ; la venue d'eau serait diminuée. En même temps, l'arrivée du pétrole au brûleur serait réduite, parce que les mouvements de la tige F se transmettent par Get I au levier marque H sur la figure 11. On comprend que le volant à vis H permet de faire varier les mouvements relatifs des tiges F et I, autre- ment dit l'arrivée de l'eau dans la chaudière et celle du pétrole au brûleur, et de régler proportionnellement les quantités de ces deux liquides. coupes verticales de ce brüleur et du régulateur chargé de proportionner l'une à l’autre, comme le fait M. Serpollet par son dispositif bien connu, les quan-, 922 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 | tités d’eau et de pétrole qui se rendent respective- ment à la chaudière et au brüleur. II. — MoTEuUR. Nous n'ajouterons rien, en ce qui le concerne, à ce que nous avons dit de cet organe en 1899”. III. — SCRÉMA D'UNE VOITURE A VAPEUR. Une voiture à vapeur doit comprendre : Un générateur, ordinairement placé à l'avant du ! deux au plus, l'élasticité du moteur suppléant aux organes mécaniques: Un différentiel, souvent monté sur l'essieu mo- teur: Aucun organe de marche arrière, cette dernière étant assurée par le renversement de marche du moteur : Un frein agissant directement sur les roues (la contre-vapeur est comptée comme l'un des freins réglementaires): Deux essieux. l’un à deux pivots, ou simplement à cheville ouvrière, pour assurer la direction; » R] l Fig. 13. — Voiture de course Gar kilomètre, départ arrêté, de la Coupe de Caters en véhicule, et le moteur qu'il alimente, placé aussi à l'avant quand il est verlical, plus souvent sous le plancher quand il est horizontal: Un réservoir à combustible, placé près de la chau- dière, quand c'est de la houille ou du coke, dissi- mulé sous les banquettes du voyageur ou sous le chàssis, quand c’est uu liquide: Ua réservoir à eau, placé sous le châssis: Un condenseur à air, disposé aussi sous ce der- nier ou. mieux, sur le toit du véhicule: Une transmission, avec un changement de vitesse, \ | les Se., t. X, p. 134. | ! Revue gén. < Î 1ner-Serpollet, tvpe 1902. — C'est avec cette voiture que M. Serpollet a fait, en avril 1902: à Nice, sur le ciment de la Promenade des Anglais, le kilomètre, départ lancé, de la Coupe H. de Rothschild en 29 4/5 secondes (vitesse horaire 120 kilom. 320). et, sur la côte de la Turbie, présentant en cet endroit uue pente de 10 °),, le 59 1/5 secondes (vitesse horaire 61 kilom. 506). Un châssis; une caisse; des appareils de com-= mande et de graissage. IV. — VOITURES LÉGÈRES $ 1. — Voitures Serpollet. Nous avons décrit la voiture Serpollet type 1898 4 La maison Gardner-Serpollet construit actuelle= ment deux types de châssis de 6 et 12 chevaux; capables de répondre, avec une appropriation cons venable de la carrosserie, à tous les besoins du tou=« 226. { Revue gén. des Sc.,t.X,p AE Ne CE GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 923 “4 | [ MER == EE — \ Ensèm ble du euck Rs i * TR = TA JR À 1 £ Lie a < SE de PE ee es ets raie |re460 I | | | & J ge A£et 15. — Zlévation et plan du chässis Serpollet de six chevaux. — N, brûleurs; S, chaudière: P, réservoir à pétrole: O, pompe à main pour établir dans ce réservoir une pression de 50 à 100 grammes; Q, réserzoir à eau; F et G, pompes automatiques à pétrole et à eau; H, pompe à eau, ponr la mise en marche. actionnée par le levier L. Le “vapeur, en sortant de la chaudière, arrive devant l'oblurateur E, qui lui barre automaliquement ls roule; mais l à l'aide de la pédale D, on ouvre l’obturateur, elle se rend au moteur M (et, par une dérivation, au pointeau-s | de la figure 8). Au sortir du moteur, la vapeur d'échappement arrive dans un collecteur à diaphragme, sur leqt de graissage entraînée se dépose et s'échappe par un orifice ad hoc. La vapeur se rend ensuite dans le condense formé, suivant la force du moteur, d’une série plus ou moins grande de tubes en cuivre droits, et enfin da “réservoir Q. où demeure la vapeur condensée; la vapeur non condensée s'échappe dans l'atmosphère. À, volant de direction; B,manette actionnant la tige de commande des pompes RE on automatiques: c'est par elle N ” ‘en cours de route on règle la vitesse de la voiture, tandis que, dans les endroits habités, on régle cette derniére a laide de la pédale D, qui ouvre plus ou moins l'obturateur, E, et admet ainsi plus ou moins de vapeur dans le cylindre; | C; manette commandant l’arbre des cames du moteur et permettant, suivant sa position, la ma avant, la marche arrière et la détente; J, levier du frein à sabots; N, pédale du frein à double action monté sur les moyeux des m…TOUES; Y, graisseur Serpollet, envoyant automatiquement de l'huile à tous les points qui doivent être lubrifiés; e U, roue dentée, solidaire du tambour différentiel. 924 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 risme et des courses. Les figures 14 et 15 repré- sent un plan et une élévation du chässis de 6 che- vaux; celui de 12 n'en diffère que par quelques dimensions. Comme on le voit, la partie supérieure du châssis est plate; elle peut recevoir, fixée uni- quement par quatre boulons, telle caisse que l’on désire (sauf, pourtant, celle d’un tonneau). Cette facile interchangeabilité se prête très bien à l'em- ploi d'une caisse fermée en hiver et d'une caisse ouverte en élé. Ces châssis ne diffèrent de ceux que la maison construit actuellement que par l'absence du radiateur dont nous avons parlé, qu'elle place à l'avant du réservoir Q, quand elle en munit ses voitures. Ces appellations de 6 et 12 chevaux sont, d'ail- leurs, purement relatives. C'est avec une 12 chevaux que M. Serpollet vient de gagner, pour la seconde fois, à Nice, la Coupe de Rothschild, faisant le kilomètre lancé en 29 4/5 secondes, ce qui repré- sente une vitesse horaire de 120 kilom. 320, et un travail d'environ 110 chevaux". Cette voiture était seulement munie d'une double alimentation d’eau, et pourvue de la carrosserie fort spéciale, effilée à l'arrière comme à l'avant, que représente la fi- gure 13. Celte forme en coupe-vent a, parait-il, valu à M. Serpollet de rouler à cette vitesse comme dans un air calme, placé qu'il était dans un véri- table cône de protection”. 2. — Voitures Chaboche. un La maison francaise Chaboche avait exposé à Londres plusieurs véhicules à vapeur, notamment un vis-à-vis à 4 places et un tonneau à 6 ou 8 places. ‘ Le moteur, comportant quatre cylindres à simple effet de 75 millimètres d'alésage et 90 millimètres de course, était alimenté par de la vapeur à 53 kilogs de pression, avec 50 °/, de détente, et tournait à raison de 1.220 tours par minute. ? Avec une 12 chevaux à quatre places, MM. Serpollet et Baudry de Saunier ont fait, en mai 1902, d'intéressants essais de consommation, sur le parcours Paris-Pont-Carré- Forêt de Crécy-Pézarches-Tournan-Paris, soit 131 kilo- mètres. En palier, la vitesse a souvent atteint 83 kilom. 700 à l'heure; la vitesse horaire moyenne, avec deux personnes, a été de 56 kilom. 5. La consommation d'eau a été de 231,500 ; le réservoir d'eau, contenant 100 litres, aurait donc permis de faire 500 kilomètres sans se réapprovisionner ; celle d'huile de graissage a été de 11,03, coûtant 1 fr. 10 ; celle d'électrine Leprêtre (alcool carburé à 50 °/,) de 55 litres à O0 fr. 35, soit i litre pour 2 kilom. 37, ce qui fait res- sortir le kilomètre à près de 0 fr. 15. Avec du pétrole à 0 fr. 30, la consommation est ordinairement de 1 litre pour 3 kilomètres, et la dépense kilométrique de 0 Fr. 10. Ces chiffres semblent montrer une défaveur aux dépens de l'alcool : cela tient à ce que, pour soutenir une vitesse aussi grande, on a demandé aux brûleurs le maximum possible de calories. Il est probable qu'aux allures de 40 à 50 kilomètres à l'heure, la consommation d'alcool serait descendue au taux que nous avons relaté pour le pétrole, et qu'aux allures basses de 25 à 30 km, elle aurait été inférieure, parce que l'alcool, avec sa vaporisation plus facile, sup- porte mieux que le pétrole la mise en veilleuse. Le vis-à-vis a sa chaudière à l'arrière; celle-c est, contrairement à ce que nous avons dil e par des engrenages à deux vitesses, un arbre à 1 Cardan et des engrenages coniques. Un condenseur, à large surface permet de parcourir environ 100 ki= lomètres sans faire de l’eau. Le tonneau porte à l'avant sa chaudière, charbon. La bouteille alimentaire est placée sous le siège du conducteur, près du moteur, qui est bou lonné sur le côté du châssis. Ce moteur, de 12 che" vaux, a ses cylindres légèrement inclinés sur l'ho= qui est relié à son tour, par une chaine centrale, l’essieu d’arrière. à $ 3. — Voiture Stanley. Dans la voiture américaine Stanley, qu'on à pus voir circuler dans Paris jusqu'au moment où elle pilon, à deux cylindres verticaux ayant 638,5 d'alésage et 90 millimètres de course; la distribu= lion s'y fait par liroirs, excentriques et coulisses Les vilebrequins et les colliers d’excentriques sont montés sur billes et ont un fonctionnement silen cieux. Ce moteur, dont la hauteur ne dépasse pas 440 millimètres, développe en moyenne 5 chevaux; faisant 300 tours à la minute. Sur son arbre est calé un pignon à 12 dents, qui à l’aide d'une chaine, actionne une couronne de diamètre double, fixée sur le différentiel qui occupè le milieu de l'essieu d’arrière. Les roues, de di mètre uniforme, sont à rais métalliques tangenls Sur les deux essieux repose, par l'intermédiaire de tubes cinlrés, placés au-dessus d'eux, le châssis formé de deux longerons tubulaires, de 32 milk mètres de diamètre, articulés avec les tubes cintrés La chaudière, entourée de la bâche à eau, et le ma teur sont placés à l'arrière de ce chàssis, dans uné grande caisse à persienties, siluée au-dessus l'essieu, et dont l'avant supporte le siège, qui peu recevoir deux personnes. La caisse est soutenuë par un ressort-pincelle transversal à l'avant, eb deux ressorts longiludinaux à l'arrière. 24 La direction se fait par barre franche ou volants Une pédale agit sur le frein du différentiel, ua levier sur les freins à collier des roues motrice Le chauffeur dispose de trois autres leviers GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 925 emier manœuvre la soupape d'admission de la peur dans les cylindres, pour faire varier la sses de distribution, pour produire la marche rière et freiner par la contre-vapeur; le troi- ème ouvre ou ferme le robinet d'alimentation de chaudière. Ces trois leviers agissent par des liges euses concentriques, lenant le moins de place ssible. $ 4. — Voiture « The Locomobile ». - La voiture « The Locomobile », exposée par . Barrière, a, comme la « Stanley », l'aspect grêle de aucoup de voitures américaines. Son réservoir cuivre, contenant 79 lilres d'eau, est divisé en moteur-pilon (de 5 à 8 chevaux) à deux cylindres, wee tiroirs mûs par excentriques, changement marche par coulisse de Stephenson : tous les upports et paliers, ceux des excentriques exceptés, nt à billes. La vapeur, après avoir travaillé dans es cylindres, $e rend dans un condenseur, formé de tubes verticaux à ailettes placés devant le pare- . La caisse est supportée par deux ressorts-pin- celtes à l'arrière, un ressort transversal à l'avant. Le chässis est en tubes d'acier. Les essieux, armés en arbalètes, sont montés sur quatre roues métal- liques, avec roulements à billes, de 0",71 de dia- ètre, munies de pneus «single tube »; l'empatte- m ent est de 1,37. L’essieu d’arrière se compose de deux parties, passant dans les tubes du châssis et “réunies par un différentiel qu'une chaine relie à arbre moteur. La direction est manœuvrée par ne tringle à genouillère. - La voiture, dont la silhouette est bien celle de Ses congénères américaines, a 4%,581 de hauteur, 42,492 de largeur, 2,235 de longueur. Elle pèse 290 kilogs à vide, 386 kilogs avec ses 79 litres eau et ses 19 litres d'essence. Avec ses deux Voyageurs, elle peut, dit-on, atteindre la vilesse $ 5. — Voitures de la « White Sewing Machine C° ». Elles ont un aspect un peu moins léger que les voitures américaines ordinaires. Nous avons décrit Jeur chaudière et leur brûleur. Le moteur, de 6 chevaux, a deux cylindres à double effet, de 0,08 de diamètre et 0,08 de course. La transmis- “Sion se fait de l'arbre manivelle au différentiel de essieu moteur par une chaîne. Le châssis tubu- Jaire est formé : à l'avant et à l'arrière, par deux arcs, sur les côtés, par deux longerons; l'arc d'avant + f 4 | Rs | là, nos voitures Serpoliet ; tient lieu d'essieu ; à l'arrière, il ÿ à un essieu dis- tinct de l'arc. Les roues métalliques sont à billes: du reste, les roulements sont presque lous à billes. Le réservoir à pétrole, en cuivre, est monté à l'ar- rière, entourant partiellement le réservoir à eau, qui contient 72 litres de liquide, quantité suffisante pour parcourir de 40 à 60 kilomètres suivant le profil. La voiture pèse, en ordre de marche, 590 ki- logs; sur les derniers modèles, l'empattement est deA;72. S 6. — Voitures de la « Reading Steam Vehicle C* ». L'empattement est, de même, assez considérable dans ces voilures, qui se distinguent par leurs mo- teurs à 4 cylindres à simple effet et rappellent, par la distribution est faite aux 4-cylindres par une valve rotative centrale, à renversement de marche perfeclionné. Le condenseur est d’un bon système : il est placé sous le plancher, derrière l’essieu d'avant. Les roues sont assez souvent en bois. $ 7. — Voitures Foster. La voiture Foster apparlient au type « Fau- cheux » des Stanley Locomobile, un peu renforcé. L’enveloppe d'acier de la chaudière, de 4"",9 d'épaisseur, est entourée d'une couche de 2°%,53 d'amiante, protégée par une mince tôle de fer; elle a extérieurement 0%,40 sur 02,35 et contient 400 tubes de cuivre de 1°%,26 de diamètre. Elle fournit normalement de la vapeur à 11 kilogs. Le brûleur, à veilleuse, est divisé en deux parties, qui peuvent être mises en activité ensemble ou séparé- ment. Un régulateur automatique fait varier l'in- tensité du feu proportionnellement à la dépense de vapeur. Le moteur à deux cylindres à double effet, de 6°%,3 de diamètre sur 8°",8 de course, à renver- sement de marche, développes chevaux à 450 tours par minute. L'énergie est transmise par une lourde chaine au différentiel de l’essieu d’arrière. $ 8. — Voitures House‘. Nous avons déjà parlé de la chaudière House, à épurateur d’eau. Le moteur compound a des cy- lindres de 0,063 et 02,114 de diamètre et une course commune de 0,088; pour les coups de 'col- lier, la vapeur peut être directement admise dans le gros cylindre. A l'avant de la voiture, sous le plancher, est un condenseur du type marin; la vapeur non condensée se rend dans la boite à fumée pour augmenter le tirage et s'échappe par un orifice situé à l'arrière de la voiture. La contre- vapeur est employée pour freiner; chaque roue 1 Ces voitures, ainsi que les suivantes, sont de construc- tion anglaise. 926 d'arrière porte un frein, d'un modèle qu'on dit nouveau. La direction se fait par levier. Cette partie mécanique reste la même pour tous les véhicules de la maison : voitures légères à deux ou quatre places, voiture de livraison d'une tonne utile. $ 9. — Voitures Vapomobile. La Compagnie des Voitures Vapomobile avait exposé un phaéton à deux places et un dog-car à quatre places. Ce dernier, de six chevaux, a une chaudière ignitubulaire de 0,40 de diamètre et 360 tubes en cuivre de 0",0127 de diamètre : elle est placée au centre du châssis; l’orifice de la che- minée est sur le côté de la voiture. Le brûleur est disposé pour brûler du pétrole ou de l'essence; pour le pétrole, il est plus grand; le vaporisateur est plus large que pour l'essence; le brûleur pour pétrole peut, à l’occasion, brûler de l’essence. La pression de la vapeur est, normalement, de 14 kilogs. Le condenseur est assez spécial. La vapeur se rend dans une chambre cylindrique, de section triangulaire et d'environ 0",60 de longueur; elle en sort par 64 petits jets, d'environ 0%,003 de section carrée, qui ka dirigent à l'intérieur d’autant de tubes de cuivre presque horizontaux, se terminant dans une seconde chambre ayant à peu près les mêmes dimensions que la première. Dans ces tubes, la vapeur entraine de violents courants d'air, dont l'action refroidissante s'ajoute à celle que l'air am- biant exerce sur les tubes de cuivre.Ces tubes sont disposés sous la voilure longitudinalement, leurs extrémilés ouvertes à l'avant, inclinés vers le col- lecteur d’arrière. À ce condenseur sont adjoints un séparateur d'huile et un filtre. Grâce à cet ensem- ble, 160 litres d’eau suffisent pour un parcours de 160 kilomètres. Nous citerons encore comme voitures légères exposées à Londres, en avril 1902, les voitures Steamobile, Weston, Milwauke, Westonand, Clark- son Capel, elc..., presque toutes américaines. V. — Pons LOURDS. Les poids lourds comprennent les omnibus, voi- tures de livraison, camions, voitures porteuses et remorqueuses, el simples tracteurs. derniers, ces divers véhicules ne diffèrent entre eux que par la forme de la caisse, quelquefois par la force du moteur. Nous avons décrit! les omnibus et camions de Dion-Bouton, camions et voilures porteuses-remorqueuses Scolle, les trac- teur et break Le Blant, l’omnibus Weidknecht. tracteurs, les omnibus, 1 Revue gén. des Sc., t. X, p. 224 et suivantes. Sauf pour ces GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 % Ÿ Comme véhicules français, nous cilerons les om=. nibus et camions Nègre, le chariot à vapeur Piat, l'omnibus de 25 chevaux Serpollet, pour lesquels nous nous contenterons de renvoyer le lecteur à ce que nous en avons ditailleurs !, etceux de MM.Tur gan et Foy et de M. Chaboche, que nous allons dé: crire avec quelques détails. $ 1. — Véhicules Turgan et Foy. MM. Turgan et Foy construisent trois genres de véhicules lourds : ; 1° Omnibus de quatorze à dix-huit DES À une vitesse moyenne de 15 à 17 kilomètres par heure, une vitesse de 25 kilomètres en palier; \ 2° Voitures de livraison pouvant porter quatre tonnes, à la vitesse moyenne de 12 kilomètres par. heure; % 3° Camions porteurs-remorqueurs pouvant dé= placer, à des vitesses de 8 ou 10 kilomètres par heure, des charges utiles allant jusqu'à 10 tonnes Ces véhicules sont équipés avec des ensembles. moteurs développant, à 550 tours par minute, 40 chevaux (30 seulement pour l’omnibus de qua=. torze places). Ces ensembles moteurs comprennent: deux machines compound, pesant chacune 163 ki logs pour deux cylindres de 90 et 170 millimètres de diamètre et une course commune de 130 millimè= tres. Un dépiqueur spécial permet d'admettre di- ; rectement dans les quatre cylindres la vapeur à haute pression. Ces machines actionnent chacune par une chaine une roue motrice; il n’est donc pas besoin de diffé rentiel. Comme, en outre, l'élasticilé des moteurs permet de supprimer tout changement mécanique de vitesse, les transmissions se trouvent réduites à leur plus grande simplicité. Les roues motrices ont 1,20 de diamètre sur les omnibus, 1 mètre sur les camions, avec des ban- dages de fer, qui ont respectivement 120 et 150 mile limètres de largeur. Les moyeux, en bronze, ont de grandes aimes oil pour ne pas chauffer. Le châssis est constitué par des fers en U, entre lesquels se trouve un long caisson formant poutre et réservoir d’eau. } L'omnibus pèse 4.000 kilogs à vide, 5.000 en ordre de marche, conducteur compris, 6.000 kilogs en charge. Les constructeurs estiment que, pour as= surer un service pratique en tout temps, il ne doit: pas dépasser ce poids. Pour le camion, on peut ad= mettre un poids plus grand, parce que sa vitesse est plus réduite, mais sans jamais dépasser dix 1 tonnes *. #1 1 Manuel théorique et pratique de l'Automobile sur route. Ch. Béranger, Paris, 1900, p. 460, 464. : * D'intéressants essais de remorque ont été faits par 1 M. Turgan, lors du Critérium des poids lourds, organisé par L GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 $ 2. — Véhicules Chaboche. Dans les voitures de livraison Chaboche, la chau- dière est disposée à l'avant, entre deux coffres à charbon; la bouteille d'alimentalion se trouve sous Je siège du conducteur, à gauche ; le moteur a ses “deux cylindres à double effet, sous le même siège, à droite et à gauche du châssis, boulonnés exté- —ieurement aux longerons qui sont, en cel endroit, “assez rapprochés l'un de l’autre. L'arbre-manivelle, “muni d'un embrayage, est relié à l'essieu diffé- rentiel d'arrière par une chaîne centrale. Le châssis, “en acier, est suspendu à l'avant par deux ressorts à “pincette, à l'arrière par deux ressorts à rouleaux La voiture, modèle de 1900, pesait environ 3.400 kilogs et portail une charge utile d’une tonne ; son moteur était de 10 chevaux. La voiture 1902, de 25 chevaux, que la maison avait engagée au Critérium d'avril 1902 de la France automobile, pesait 5.500 kilogs, y compris une charge utile de 1.500 kilogs. Elle n'a pas accompli le parcours com- plet de Paris à Monte-Carlo, à € cause de l'épuisement de son per- sonnel et des difficultés deravitaillement de nur! eneaueltcom- bustible. ? Y: D Inn [II I On re — DT re LE LL LL Fig. 17. Fig. 16 et 17. — Elévation et plan du camion Straker. — A, réservoir d'eau; B,B, soutes à coke; C, chaudière; D, carter du moteur et de son excentrique de renversement de marche; E, arbre moteur avec ses deux pignons de changement de vitesse ; F, arbre secondaire avec ses deux roues dentées de changement de vitesse; G, G, chaîne Galle transmettant le mouvement de l'arbre secondaire F à l'arbre différentiel H. avec Lirants de réglage de chaine. Les roues, caout- choutées, ont 0,92 de diamètre à l'avant, 1,02 à Varrière. La direction est irréversible. la France automobile, en mars-avril 1902, sur le parcours Paris-Nice. Un camion porteur-remorqueur de 40 chevaux à “charge complète a été attelé devant quatre fourgons d'ar- “tillerie à demi-charge, de manière à former un train de 26 mètres de long, d'un poids total moyen de 14.200 kilogs ét d'une charge utile de 9.200 kilogs. Les chariots remorqués ont, dans tous les virages, suivi le tracteur sans qu'on ait Nous allons maintenant décrire plusieurs véhi- cules fabriqués en Angleterre; c’est incontestable- ment dans ce pays que les poids lourds à vapeur sont le plus développés. eu à se préoccuper d'eux : malgré un lemps atroce, en treize jours de marche effective, 8.250 tonnes kilométriques utiles ont été transportées, sur ce long ruban de route pré- ec une dépense de sentant jusqu'à des rampes de 13 0/4, ax de 1 kilo- charbon de 7.850 kilogs, c'est-à-dire de gramme, soit 3,5 centimes par tonne kilométrique. moins 928 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 $ 3. — Véhicules du « Motor Omnibus Syndicate ». Le Motor Omnibus Syndicate construit des om- nibus avec impériale à 25 places (10 d'intérieur, 15 d'extérieur), avec chaudière et moteur Gillett. Nous avons dit quelques mots de la première. Le second, du type pilon, à renversement de marche, a deux cylindres avec respectivement 0,10 et 0®,20 de diamètre et une course commune de 02,125 : comme dans la plupart des moteurs com- pound appliqués en automobilisme, on peut, pour les démarrages, admettre la vapeur directement dans le grand cylindre. Ce moteur fait 600 révolu- tions par minute pour une vitesse horaire de 20 ki- lomètres. Le mouvement est transmis de l'arbre moteur à l'arbre différentiel par des chaines Renolds, qui donnent deux vitesses, et de ce der- nier aux roues également par chaines. $S 4. — Omnibus et camions de la « Straker Steam Vehicle C° ». La Straker Steam Vehicle C construit aussi des omnibus avec impériale à 25 places, chau- dière à l'avant et moteur sous le siège du mécani- cien; mais la transmission s’y fait de facon diffé- rente : l'arbre moteur longitudinal est prolongé par un autre, auquel il est relié par un joint uni- versel; ce second arbre porte, à son extrémité, un pignon qui commande l'arbre des roues motrices. Celte Compagnie avait exposé à Londres un camion (fig. 16 et 17),capable de porter une charge utile de 5 tonnes à la vitesse de 11 kilomètres, de gravir des rampes de 1/9 et de remorquer, sur route non accidentée, une charge additionnelle de 2 tonnes. La chaudière aquatubulaire CG, de 0"°,198 de surface de grille et de 6"°,30 de surface de chauffe, est munie d'un surchauffeur dans le foyer et d'un réchauffeur desliné à rendre invisible la vapeur d'échappement, qui est utilisée pour créer le tirage : en cas d'insuffisance de ce dernier, on peut aussi envoyer à la cheminée de la vapeur vive. La chaudière est alimentée par un injecteur ou par une pompe à piston plongeur actionnée par l'arbre Elle brûle du coke : la combustion est réglée par un registre placé au bas de la cheminée. Elle fournit de la vapeur à 14 kilogs. Elle est placée à l'avant du véhicule. moteur. deux cylindres ayant respectivement 0%,100 et 0,177 de La machine horizontale compound, à diamètre et une course commune de 0®,177, tourne - normalement à 375 tours par minute, exception- à 500. Elle est munie d'un excentrique de renversement de marche, nellement et enfermée dans un carter D, près du longeron de gauche du chässis, presque au centre de ce dernier. Son arbre E, dis- posé transversalement au châssis, est relié par des A engrenages à deux vitesses (4 kilom. 827ei11 kilom.… 263 à l'heure) à un'arbre auxiliaire F, qui commandi À à son tour, parune chaîne G,le différentiel H placésur l'essieu, et d'un Ha plus grand que les roues d'avant; mais, comme ces dernières, elles sont faites de deux plateaux d'acier, à secteurs évidés rivés sur un bandage d'acier et, paraît-il, fort solides» Le châssis est en fers à double T de forte section, reliés par des traverses, des goussels el des cor nières. À l'arrière, on voit le réservoir À, contenant 636 litres, suffisants pour parcourir 24 à 33 kilo: mètres, suivant le profil. Le coke est contenu dans des soutes B qui entourent la chaudière : on compte une dépense de 3,3 à 4,5 kilogs par voiture-kilo- mètre. $ 5. — Camions et omnibus de la « Liquid Fuel Engineering C° ». Cette Compagnie, qui a son siège à Cowes et dont nous avons décrit la chaudière aquatubulaire, ; équipe des camions, de 2 tonnes utiles, avec un moteur de 25 chevaux compound, à cylindres hori- zontaux et distribution par tiroirs cylindriques. Les manivelles, glissières, tige de connexion excentriques et transmissions de pompes agissen dans des boites à moilié remplies d'huile, dans lesquelles l'eau des cylindres ne peut pénétrer. Un premier arbre longitudinal, incliné et télescopique pour permettre la compensation des déplacements dus à la suspersion, recoit et transmet le mouve-. ment par des engrenages coniques. Un deuxième, arbre one porte des pignons dentés, qui engrènent intérieurement avec les roues. Il n°y am qu'un rapport de réduction, de 8 à 4. Le châssis, en acier doux, a ses roues en bois avec moyeux de bronze; le véhicule pèse à vide 2.425 kilogs; quand le moteur tourne à 600 tours par minute, la vitesse horaire est de 13 kilomètres en palier, 6 sur rampe de 10 °/,. L La même Compagnie construit des omnibus de forme assez spéciale, qui font un service en Bel- gique. [ls comprennent : à l'arrière, un compartli- ment fermé de 12 places; au milieu, un comparti=n ment ouvert de 8 places; à l'avant, un siège pour le chauffeur et 2 voyageurs. La chaudière et 1 machine sont celles du camion; la vitesse esle d'environ 20 kilomètres en palier. $ 6. — Camions de la « Yorkshire Steam Motor C°.». Ces camions, construits à Leeds, ont une chau=" dière ignitubulaire (fig. 1), disposée à l'avant en travers, et un moteur compound à cylindres hori- À zontaux, placés chacun d'un côté du chàssis, exté- rieurement à lui. Le mouvement est transmis de l'arbre moteur À à l'arbre différentiel D (fig. 18). . GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 929 un dispositif d'engrenages, combiné pour éviler, malgré l'inégalité de répartition de la e et lés défectuosités de la route, tout coince- t de l’essieu moteur. Les longerons du chässis sont en acier profilé creux, réunis par des tra- ses en acier coulé, consolidés par des tirants onaux. Les roues sont du type d'artillerie, écflasques de moyeu en acier, rayons en chêne, SF Bogrsmals - Se. 21S. — Transmission du mouvement dans le camion 12 Yorkshire Steam Motor C9. — L'arbre-manivelle moteur repose dans des paliers A, fixés par des boulons lux deux côtés du chässis. A chacun de ces paliers est portée une console en acier, qui porte un coussinet de re de transmission intermédiaire C et une boite de sieu arrière D. L'extrémité B de cette console est arti- lée, tandis que l’autre E est guidée; la console est, d'ail- eurs, solidaire de la suspension à ressorts du châssis. Les ïers de l'arbre intermédiaire peuvent pivoter autour d'une broche. es de frêne. La vitesse maximum en palier esl 9 kilomètres; il y a une petite vitesse de 4 kilo- ètres à l'heure. . — Fourgons et omnibus de la « Lancashire = Steam Motor C° ». Cette Compagnie, dont lesateliers sont à Leyland, | dont la chaudière nous est connue, équipe ses urgons, pesant à vide 2.910 kilogs et portant 4 ton- es uliles, avec un moteur-pilon compound, dont s cylindres ont respectivement 75 et 425 milli- iètres de diamètre et une course commune de 0 millimètres ; quand il tourne à 500 révolutions ar minute, il donne 14 chevaux. Il n'est pas éversible : les marches avant et arrière s’ob- ënnent à l'aide d’un embrayage. Sur certains de fourgons, au lieu d’une seule transmission par srenages de l'arbre moteur à l'arbre intermé- aire, il en existe deux : l'une par engrenages, autre par chaine, et l'on se sert de l’une pour la arche avant, de l’autre pour la marche arrière. Jus ne voyons pas pourquoi on n'aime pas mieux ryir d'un moteur réversible que d'avoir recours embrayage et surtout aux deux transmissions. ës chaines Renolds relient le premier arbre inter- médiaire à l’arbre différentiel, et celui-ci aux roues rière motrices. Les rapports de réduction entre bre moteur et l'essieu sont de 8, 13,5 et à 1. La même Compagnie fait des omnibus, notam- nt un type à 6 voyageurs et 500 kilogs de bagages EVUE GÉNÉRALE LES SCIENCES, 1902. sur le toit, qui est actionné par un moteur de 6 chevaux. S S. — Tracteur et camions de la « Steam Carriage and Wagon C° », Le tracteur, construit à Chiswick,. et destiné à remorquer un camion de > tonnes uliles, a une chaudière Thornycroft (fig. 3) et un moteur com- pound horizontal entièrement enfermé, dont les cylindres ont 162 et 178 millimètres de diamètre pour une course de 127 millimètres. Deux pignons à dents hélicoïdales, portés par l'arbre du moteur, peuvent engrener l’un ou l’autre avec la roue du différentiel, donnant .les rapports de réduction de 12 ou de 9 à 1. De l'arbre différentiel aux cou- ronnes des roues d’arrière motrices, la transmission se fait par chaines Renolds. Un frein à vapeur peut exercer un serrage énergique sur les moyeux des roues d'arrière. Le camion remorqué n’a que deux roues : son avan! repose sur l'arrière du tracteur par un cercle de virage articulé permettant les oscillations dans deux plans perpendiculaires. Le tracteur et le ca- mion vides pèsent 3.910 kilogs, avec l’eau et le com- bustible 4.320 kilogs. La vitesse est de 8 kilomètres en palier. La même Compagnie construit des camions auto-moteurs, pesant 2.810 kilogs à vide, portant 2,5 tonnes. $ 9. — Camion couvert de la « Thornyceroft Steam Wagon C° ». Cette Compagnie avait exposé à Londres un tom- bereau à vapeur et un camion couvert. Ce dernier est construit pour porter une charge utile de 3 à 3,5 tonnes, à la vitesse maximum de 9 kilom. 564 à l'heure, et pour remorquer accessoirement ? tonnes sur bonne route. La chaudière, du type Thorny- croft, cela va sans dire, brûle du coke ou de la houille du Pays de Galles. Le moteur, du type compound horizontal, de 25 à 30 chevaux, est complètement enfermé dans un carter; s'ilen est besoin, on peut admettre directement la vapeur de la chaudière dans le cylindre à.basse pression. La transmission se fait sans chaine. S 10. — Camion de la « Creek Street Engineering C° ». La Creek Street Engineering C°, dont nous avons décrit le brûleur et le dispositif de régulation combiné pour l'eau et le pétrole, avait exposé le châssis d’un camion destiné à porter une tonne. La chaudière, à vaporisation instantanée, à serpentin, recoit l’eau à sa partie supérieure et rend par le bas de la vapeur surchauffée; elle est placée à l'avant du chässis. 19" 930 RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE La machine verticale, réversible, à 3 cylindres, auxquels la distribution est faite par des soupapes que commandent des cames, et dans lesquels on peut faire varier la détente, est placée au-dessous du siège du conducteur, du côté droit du châssis. Elle a une force nominale de 7 chevaux, qui peut être considérablement augmentée à l’occasion, et ac- tionne les pompes à eau et à pétrole. La force est transmise par une chaine à rouleaux à l'arbre diffé- reutiel, et de celui-ci aux roues d’arrière par deux autres chaines. Le châssis, en bois, est très bas: le plancher n’est guère qu'à 0",35 ou 0,40 au-dessus du sol. Les roues, du type d'artillerie, sont garnies de bandages en caoutchouc. La direction se fait par levier; une pédale permet de serrer un frein à bande sur les moyeux. S 11. — Tracteur Toward et Philipson. Ce tracteur a sa chaudière en tubes d'acier étiré très épais; placés dans une caisse également en acier, cylindrique, à section rectangulaire et à ciel courbe, ils forment trois serpentins, dans lesquels successivement l’eau se réchauffe, se vaporise et se LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L’OXYGÈNE' Certains corps organiques, contenant de loxy- gène et dépourvus d'azote, se combinent aux acides à la manière des bases. Ce sont des hases oxygé- nées. L'étude de ces substances est toute d'actua- lité ; elle offre, pour l’ensemble de la Chimie, un intérêt considérable. Des bases oxygénées, découvertes par Perkin, existent dans la Nature; elles se forment dans la vie végétale, à côté de la riche variélé des alca- loïdes, dont elles ont la structure, sans en avoir l'azote. Elles dérivent de la pyrone : CO “(nl cul cu (0) Toute une série de bases oxygénées a élé décou- verte par nous. Ces bases dérivent du noyau pyra- nique. Leurs sels prennent naissance par subslitu- tion à un atome d'hydrogène d'un élément négatif 1 À Ja demande de M. Haller, nous avons eu l'honneur de faire, dans sou laboratoire, uue conférence sur « la basi- cité et la valence de l'oxygène ». C'est sous les auspices du savant professeur de la Sorbonne que nous en présentons la publication aux lecteurs de la Revue générale des Sciences. surchauffe. Cette chaudière, alimentée automati= quement au coke ou au pétrole, est essayée à 28 kilogs et donne de la vapeur à 14 kilogs. La ma= chine, horizontale, est à 2 cylindres, de 0",10 et0®,20 de diamètre et 0,45 de course; eile donne 95 che: vaux à 400 tours. L'arbre moteur conduit par engre nages l'arbre différentiel, qui transmet par chaînes son mouvement aux roues d'arrière motrices : les rapports de réduction, de 6 et de 3 à 1, donnent des vitesses de 6,5 et 13 kilomètres à l'heure. Deux freins, l'un à bande, mû par une pédale, l’autre à sabots, mû à la main, agissent: l’un sur les moyeux, l’autre sur les bandages des roues motrices. A ce tracteur on attelle un arrière-train à un se essieu, un omnibus à 30 places avec impériale comme celui qui fait peut-être encore un service régulier de Newcastle à Sheffield, ou un camion portant 4 tonnes. Dans un dernier article, nous parlerons des voi tures électriques et mixtes. Gérard Lavergne, Ingénieur civil des Mines. ou d'un radical acide. Le noyau pyranique étant: | MM. Haller et Fosse admettent que, dans les sels l'élément négatif est lié à l'oxygène de la façon suivanle : cu {X NES OX En outre de ces bases puissantes, naturelles ou synthétiques, loutes les fonctions chimiques oxygé nées possèdent, d'après MM. Baeyer et Villiger, des représentants à propriétés basiques d'une intensité beaucoup plus faible. On oublie généralement qu'à Charles Friede appartient la découverte d'une des premières com: binaisons basiques connues de l'oxygène, la plus typique et la plus simple : le chlorhydrate d'oxyde de méthyle : H | CH° — O0 — CH?. | CI RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE 931 LA C'est pour nous un devoir agréable de réparer ei cet oubli et de rendre un hommage respectueux la mémoire vénérée de l'illustre Maitre. Enfin, la formation des sels de l'oxygène soulève ne question importante : l'insuffisance de la va- nce ordinaire de cet élément ; par suite, la discus- on de la notion d’atomicité. Dans une première partie, nous étudierons la asicité de l'oxygène dans les composés organi- es ; dans une deuxième, nous passerons en revue les différentes atomicités attribuées à cet élément. |. — BASICITÉ DE L'OXYGÈNE DANS LES COMPOSÉS. - En 1834, Dumas et Péligot ont décrit un nitrate “d'aldéhyde cinnamique : C*H°O.AzO®H. Ce corps, ique des essences de cannelle et de cassia. - Aucune hypothèse n'a été émise sur la constitu- on de cette combinaison, qu'on peut représenter, CH— CH rond} CSH5 — NazO®” C'HS — CH — CH— 60€" | Az0® H En 1873, Schutzenberger a décrit une curieuse combinaison d'’éther et de brome, formée de 3 atomes d'halogène pour une molécule d’éther. “des deux composants, ce qui prouve que l’halogène est fixé sur re” L'analyse attribue à cette [CÈHS — 0 — C*HS) Br°. _ Celle-ci, développée, montre que l'oxygène fonc- lionne comme quintivalent : Br Br C?H5 — O — CH. | Br C'est, sans doute, pour respecter la parité de tomicité que le savant chimiste, quoique ne Connaissant pas le poids moléculaire, a doublé la ormule de son intéressante combinaison, sans oser Pourtant en écrire la constitution. Donnons le | schéma de la formule double : | [C?H5 — O — CH EBre ir Br Br cs 02 H° C5 — O— CAS AN Be Br Br On voit que l'oxygène se comporte comme hexa- valent. En 1875, Charles Friedel découvre, comme nous l'avons dit, l'exemple le plus simple et le plus ca- ractéristique d'un sel de l'oxygène : le chlorhy- drate d'oxyde de méthyle (CH?)°0 + HCI. En étu- diant l’action du chlore sur l'oxyde de méthyle, l'illustre chimiste remarque, à côté de produits de substitution chlorés, une curieuse combinaison d'acide chlorhydrique et d'oxyde de méthyle. Il la reproduit à partir des composants. Il observe alors qu'en faisant passer dans un récipient refroidi un courant de gaz chlorhydrique et d'oxyde de mé- thyle, purs et secs, un liquide se condense, à une température bien supérieure à celle du plus liqué- fiable des deux gaz. Le liquide formé distille entre — 3 et+ 1°, tandis que l’oxyde de méthyle bout à — 22° et le gaz chlorhydrique à — 35°; ce ne peut être qu'une combinaison des deux gaz. A la suite d'un grand nombre de déterminations, tant sur le liquide que sur sa vapeur, Charles Friedel formule les résultats suivants : 1° Ilexiste une combinaison, à volumes égaux, d'oxyde de méthyle et d'acide chlorhydrique ; 2° Cette combinaison est partiellement dissociée à l’état liquide et à l’état gazeux ; 3° La dissociation à l’état gazeux est loin d’être totale à une température relativement supérieure à celle du point d'ébullition du chlorhydrate d'oxyde de méthyle. Jusqu'alors, on admettait que les combinaisons appelées moléculaires par Kékulé n'existent jamais à l’état de vapeur. Charles Friedel apportait donc le premier exemple connu d’une combinaison moléculaire non entièrement dis- sociée à l'état gazeux. Comme beaucoup de com- binaisons atomiques sont décomposables à l'état de vapeur et que, de plus, les unes et les autres obéissent aux lois des proportions définies, il en résultait que les combinaisons atomiques ne se distinguent pas nettement des combinaisons molé- culaires et qu'elles doivent rentrer dans une loi encore inconnue de la combinaison ; 4° Un excès de l’un des composants abaisse la limite de dissociation; pour des volumes égaux, la dissociation est maximum. Ce fait présente une analogie frappante avec les phénomènes découverts par M. Berthelot sur la limite d'éthéritication. On sait, en effet, que, pour un mélange à molécules égales d'alcool et d'acide acétique, la limite de combinaison est minimum et qu'elle augmente par "932 excès soit d'acide, soit d'alcool. On explique simple- ment ce fait en disant que l'excès d’un des compo- sants s'oppose à la dissociation ou qu'un excès d’un des composants facilite la combinaison et élève la limile, en admettant, avec Williamson, que la limite d'éthérification résulte d'un état d'équilibre entre des décompositions et des combinaisons en même nombre ; 5° Friedel énonçait, enfin, l'hypothèse de l’'exis- tence de plusieurs atomicités pour un même élément : les atomicités supplémentaires. Pour le chlorhydrate d'oxyde de méthyle, il en- visageaitnettement la tétravalence de l'oxygène ou la lrivalence du chlore : « Pour le cas que nous avons étudié, on ne peut guère hésiter à admettre que la combinaison est due à deux atomicités sup- plémentaires de l'oxygène, servant à attacher l'acide . chlorhydrique soit en s’'emparant de ses deux élé- ments, soit peut-être en saturant deux atomicités supplémentaires du chlore... La létratomicilé de l'oxygène est, d’ailleurs, rendue bien probable par l'existence des quadrantoxydes de H. Rose : Ag'O, Cu°0. » Les deux formules suivantes traduisent les deux hypothèses de Friedel : H | CIS — O0 — CI — CH* CH — O — CH | | IH CI Le savant chimiste-rapproche le chlorhydrate d'oxyde de méthyle des bases sulfurées découvertes par Cahours. De même que le soufre, bivalent dans le sulfure d’éthyle, devient tétravalent en se combi- nant avec l'iodure d'éthyle pour donner l'iodure de triéthylsultinium : Il ŒH—S — CH + I — CH = CH — S — CH, CH de même l'oxygène, bivalent dans l’oxyde de mé- thyle, devient létravalent dans le chlorhydrate d'oxyde de méthyle : CI | CH5— 0 — CH + HCI — CH — O0 — CHF. H M. Zecchini a cherché à infirmer l'existence du chlorhydrate d'oxyde de méthyle. Parmi ses expé- riences, nous relèverons des déterminalions cryos- copiques (en solution aqueuse!) d’un mélange d'acide chlorhydrique et d'oxyde de méthyle, ainsi que la non-combinaison des deux gaz (en présence de l’eau!) même après quatre jours de contact. M. Zecchini semble ignorer que le propre de ces combinaisons de l'oxygène est d'être instantané- ment dissociées par l'eau. En 1876, MM. Adolphe Bacyer et Emile Fischer, RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE dansune publication importante, parue aux À nnales de Liebig, signalent lescombinaisonssalines dede phtaléines. La phtaléine de la résorcine, ou fluores céine, se combine à l'acide sulfurique. La phlaléine de l’orcine donne un chlorhydrate. Les deux chi mistes ne- font aucune hypothèse sur ces sels; reconnaissent ne pouvoir décider si ce sont des combinaisons atomiques ou seulement moléculaires et sur quelle partie de la molécule est fixé l'acide: $ 2. — Série de la flavone et de la pyrone. 1. Bases oxyqénées dérivées de la flavone. Il existe, dans la Nature, des bases sans azote d'une analogie frappante avec certaines bases natu: relles azotées. Ce sont des matières colorantes jaunes, extraites des végélaux, et depuis fort longe temps usilées en Leinture. On les rencontre tantôt à l’état libre, comme : la lutéoline, dans la gaude (Reseda luteola, Résédacées); le morin, dans le bois jaune (Morus et Maclura linctoria, Urticacées la myricétine, dans l'écorce du Myrica Nagi (Myri cacées). Ces substances sont parfois combinées à des sucres, sous forme de glucosides, comme : la quer céline, qui, unie à l’isodulcite, forme le quercitrin du Quercus tincloria (Amentacées) ; la fisétine, dont le glucoside, la fustine, se retire du bois de fustet (/ihus cotinus, Térébinthacées); la rhamné Une, dont le glucoside, la xanthorhamnine, où rhamnégine de Schutzenberger, existe dans les graines de Perse (Rhamnus amygdalinus, Rhamna cées); l’isorhamnétine, ou méthoxy-rhamnétine: qui, sous forme de glucoside, se rencontre dans les fleurs de l'Asbarg (Delphinium Zalil, Renoncula cées). | Peu de substances ont suscité un aussi grand nombre de travaux que les colorants de la flavone Leur étude offre une certaine importance, puis qu'elle intéresse, à des Litres divers, à la fois 1 Biologie végétale, la Chimie pure et l'Industrie des colorants. Il y à quelques années à peine, par suite d'un grand nombre de travaux aux conclusions contra= dicloires, la plus grande obscurité régnait sur 1 | nature de ces bases, malgré le nombre et l'habilelé des chimistes qui s'élaient efforcés de les étudie Aucune raison bien sérieuse ne permettait d'opter entre les nombreuses formules proposées. Le désac cord ne portait pas sur l'ordonnance de l'édifice moléculaire, — cela eût été peu grave, — mais sur là formule brute. Par exemple, la quercétine, que l'on s'accorde à représenter aujourd'hui par C'°H!°0° élail en : (LS pour Rigaud, C% ou C* — Hlasiwetz, €! — Würtz, | ! A (6 pour Stein, Ca — Latour et Magnier, ER — | (Es — Liebermann ou Hambürger, | eu — Schützenberger, | (GE — Gehrardt, € est surtout à M. G. Perkin et à M. St. de Kosta- hodes différentes, la véritable nature des corps etle série. Perkin à procédé par analyse. Par le dédouble- t méthodique de la molécule, le savant anglais ‘établir avec certitude la constitution de plu- sieurs oxyflavones. -M. de Kostanecki a procédé par synthèse. Il a, bord, montré que tous les corps de cette série ivent de la phényl-phéno-pyrone, qu'il dénomme CYY< > IA es INA co Flavone. - Le savant chimiste italien a réussi à reproduire Ja synthèse la flavone et un grand nombre de es dérivés, dont plusieurs se trouvent dans la ature. Les deux méthodes utilisées par M. de Kos- inecki ont donné des résullats si importants, que nousdevons les indiquer; nous le ferons brièvement: 4" Méthode : a. Condensation de l'aldéhyde ben- zoïque avec léther acétique d'une orthox yacétophé- noue. Une molécule d’eau s'élimine entre l'oxygène aldéhydique et deux atomes d'hydrogène du ear- bone voisin du groupement cétonique de l’acélo- phénone ; il se forme une benzal-orthoxy-acéto- phénone 2 O — CO — CH° IN | + O0 = CH — C‘HS NAS Co Acétate d'orthoxy-acétophénone. UT CO — CH° CH — CSH° 00 Benzal-orthoxy- FT ANPRES . b. Par fixation de deux atomes de brome sur la liaison éthylénique, puis par l'action de la po- tasse alcoolique, le noyau pyronique se ferme et l’on obtient la phényl-phéno-pyrone ou flavone : O—CO— CH N 7 CHBr — CS ji L2KOH LAN ER to CN c— cn = (} | ë + 2KBr + H°0 + CH°OH .CO Flavone. i que revient l'honneur d’avoir établi, par des 933 Méthode : à. Sur une acétophénone oxymé- thylée, on fait agir le sodium et le benzoate d'éthyle: une molécule d'alcool s'élimine avec formation d'une dicétone : OCHS O— CH cH—0//N/ ‘ En CO — CH CH Benzoate NAN d'éthyle. O0 Co CH° Triméthoxy-acétophénone. O—CH* 1 tcm—-0/ NN ,co=cr — CŒH°OH + | | | SVA ane Co | CAS Triméthoxy-benzoyl-acétophénone. b. Par l'action de l'acide iodhydrique, il y a fer- meture de la chaïne pyronique et déméthylation : O — CH: cH—0/N/ co — cn sale] + 3H H0/ N7/Nc— ces — 3 CH3I + | | Lu + H°0 OH CO Chrysine. Le corps ainsi obtenu : la dioxy-1:3-flavone, ou chrysine, est le principe colorant des bourgeons de divers peupliers. Par l'emploi de ces méthodes synthétiques, Kos- tanecki a pu préparer d'autres dérivés de la fla- vone,comme l'apigénine, dont le glucoside, l'apiine, existe dans le persil. L’apigénine a la constitution d'une trioxy-1 :3:3'-flavone : RO. {1591 mer 2 É Ze OH CO 1 Apigénine. Citons encore la lutéoline, principe colorant extrait de la gaude et représenté par la formule suivante : O OH Ro à > 0H NA Ÿ d Lutéoline. C'est une tétroxy-1:3:1':3"-flavone. Beaucoup de dérivés de Ja flavone possèdent la structure de la lutéoline. Si à l'atome d'hydro- gène, voisin du groupement CO, on substitue un VAN Ie dans le noyau pyronique de la lutéoline, 934 on crée une fonction alcool, et l'on obtientunoxyfla- vonol : le tétroxy-1:3:1":3'-flavonol, qui n'est autre que la quercétine : 0 OH HO; po > OH | Re OH Co La Nature semble élaborer plus fréquemment des oxyflavonols, comme la quercétine, que des oxyfla- vones. La rhamnétine, V'isorhamnétine, la rhamnazine sont des éthers méthyliques de la quercétine. $ 3. — Propriétés basiques et acides des dérivés de la flavone. M. Perkin a découvert les propriétés salifiables de ces corps, mais n'a fait aucune hypothèse sur leur nature. Voici ce qu'on peut dire de leurs propriétés basiques : Les combinaisons d'acides et de dérivés de la flavone se font par simple addition ; il n° y a jamais élimination d'eau, d'après M. Perkin, mais addi- tion pure et simple d'une molécule d'acide à une molécule de base. Ces sels, colorés et cristallisés, se décomposent intégralement, sous l'influence de l’eau, en leurs constituants. D'autre part, les flavones, qui ont un caractère basique, possèdent également un caractère acide : elles déplacent l'acide acétique de l’acétate de so- dium en se combinant avec un ou deux atomes de sodium. Ces deux propriétés : la basicité et l'acidité, sont solidaires l’une de l’autre : les flavones qui ne dé- placent pas l'acide acétique des acétates alcalins ne se combinent pas aux acides : l'intensité de la fonction acide est proportionnelle à l'intensité de la fonction basique; les flavones qui ne meltent en liberté qu'une molécule d'acide acétique, pour don- ner seulement des sels monosodiques, ne se combi- nent qu à l'acide sulfurique et non aux hydracides; les flavones qui déplacent deux molécules d'acide acétique, pour donner des sels disodiques, se com- binent à la fois à l'acide sulfurique et aux hydra- cides. L'acidité peut s'expliquer par la présence d'hy- drox yles phénoliques; mais quelle est la cause dela basicité? M. Perkin n’a point fourni l'explication de cette basicité; nous pouvons, croyons-nous, facile- ment la donner en nous appuyant sur les travaux de MM. Collie et Tickle.Comparons le noyau pyronique des flavones au noyau pyridonique : CO Co SAN ET NA AzH Noyau pyronique des flavones. Pyridone. RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE Nous voyons, dans les deux cas, une fonction cétonique, appartenant à une chaine de 5 atomes de carbone, fermée dans le noyau pyronique par un atome d'oxygène bivalent O, et, dans la pyri- done, par le radical mine AzH, de mème valeur: Dans la pyrone et la pyridone, l'oxygène et Je groupement AzH sont placés entre deux liaisons éthyléniques ; enfin, le carbonyle CO est opposé l'oxygène dans la pyrone, à l'imine dans la pyr done. Nous ferons encore remarquer la ressems blance des deux noyaux, en rappelant que, par l'action de l'ammoniaque, la pyrone se transformen facilement en pyridone.On comprend, dès lors, facil lement l'hypothèse si juste de MM. Collie et TickleM attribuant à l'oxygène la basicité des dérivés pyronf ques. Les deux savants anglais assimilent, d’ailleurs complètement l'oxygène à l'azote. De même que l'azote, trivalent dans l'ammoniac et les amines | devient quintivalent en se combinant aux acides pour donner des sels d'ammonium, de même l'oxy gène, bivalent dans la pyrone, devient quadrivas lent dans le chlorhydrate de ce corps. Par analogiè avec les sels d'ammonium, les sels &e l'oxygènem devenu tétravalent seront des sels d’oxoniuni | mn un de Cet GS Tickle. De même que l’on écrit la formule du chlo hydrate de diméthylpyridone : de même l'on écrira de la manière suivante la formule du chlorhydrate de diméthylpyrone : co CH {) CHS. ù PAIN H CI C'est un sel d'oxonium : le chlorhydrate de diméthyl pyronoxonium. de la flavone, le chlorhydrate de lutéoline, pan exemple, devra être représenté par la formule : co HO 0 PAS H Cl Mais, il nous parait que tous les sels flavoniques ne peuvent, peut-être, pas être représentés de cette manière. Il nous semble nécessaire et prudent de faire certaines réserves au sujet des sels d'oxyfla nus nols, c'est-à-dire pour les oxypvranols comme la quercéline. Ces derniers possèdent la constitution : 3 co Hi, MjEne" À Si Or, nous avons établi que plusieurs pyranols : CH.OH { FN (9 sous l'influence des acides, perdent une molécule u en donnant des sels, susceptibles, d’ailleurs, ristalliser avec de l’eau et de l'acide. Ilest légi- me de faire ce rapprochement et de se demander _ contrairement aux données de Perkin, les sels à flavonols ne sont pas formés avec élimination eau ? : La diméth ylpyrone, cette base oxygénée typique, découverte par M. Feist; mais ses propriétés ques n'ont élé reconnues qu'en 1899 par MM. Collie et Tickle. Ces deux savants ont préparé es sels chlorhydrique, bromhydrique, les oxalate, artrate, citrate, le chloroplatinate. Nous avons éjà dit comment ils formulaient le chlorhydrate le cette base : co CH* 0 CH. 0 NC H" C1 Mais, ainsi que le fait remarquer M. Bæyer, si heu- euse que paraisse cette formule, rien ne démontre bsolument quel est l'atome d'oxygène qui attire es acides. Est-ce celui qui ferme la chaine, est-ce elui du groupement cétonique ? Nos expériences ur la série pyranique confirment la première hy- pothèse. En effet, nos dérivés pyraniques ne contiennent as d'oxygène célonique et possèdent des pro- iétés fortement basiques, qui ne peuvent être ttribuées qu'à l'oxygène fermant la chaine pyra- que. Nos sels d’oxonium, nos tribromure et triio- lure montrent bien la basicité de l'atome d'oxygène ermant le noyau : CH CH CH NI SAINS AIN » (| “ [|) Î PANVAN ANIAN ANS L 0 (n] O0 |. 4 | | ARS i Br Br—Br—Br Br Br Br D’après M. Walden, la diméthylpyrone possède également des propriétés acides. De l'étude de la _ RICHARD FOSSE -— LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE 935 conduclibilité électrique en solution hydrazinique, ce savant conelut que ce corps est doué du double caractère de base faible et d'acide faible. Il y a donc encore analogie avec la série flavonique. IT. — BASICiTÉ DE L'OXYGÈNE DANS LES CORPS CONTENANT A LA FOIS AZOTE ET OXYGÈNE. $ 1. — Bases azoxonium. M. Kehrmann est si convaincu de la basicité de l'oxygène que, pour lui, dans des substances à la fois azotées et oxygénées, c’est la basicité de l'oxy- gène qui l'emporte sur celle de l'azote ; un élément électro-négatif sera fixé non par l'azote, mais par l'oxygène. C'esi ce qui se passe dans les bases azo- xonium, découvertes par ce savant. On obtient les bromures de phénazoxonium en oxydant les phénoxazines en présence du brome : AzH Az fers) CE Ype a À A er NAN PES L* Br L'auteur va encore plus loin : le brome se fixe sur l'oxygène, même dans le cas où la molécule renferme un ou plusieurs groupes aminés, comme dans le bromure de diamino-phénazoxonium : H°.Az Az ANA HR A K Br $ 2. — Aminoxydes trialcoylés. M. Willstætter a découvert que l'acide hypochlo- reux transforme les amines trialcoylées en une molécule d'alcool et une molécule d'amine chlorée dialcoylée : CHS A cm + CI.OH Le” CHS + CH°.OH. CH* x N° CH° Cl L'auteur admet que, comme dans l'action du bromure de cyanogène sur une amine tertiaire, il se forme un produit d'addition intermédiaire. Ce terme intermédiaire, hypothélique,ne peut pas être le chlorhydrate d'oxyde de triméthylammonium : CH* | CHS — Az — CH”, ci OH qui, très stable, se relrouverait dans la réaction; 936 ce ne peut êlre qu'un corps possédant la formule suivante : CI CHS— Az— CIS, || H—0—CIL où l'oxygène est basique et tétravalent. ITT. — SÉRIE XANTHÉNIQUE OU PYRANIQUE. Dans plusieurs Notes présentées à l'Académie des Sciences et dans un Mémoire élendu, paru récemment au Bulletin de la Société Chimique, nous avons établi les propriétés nettement basi- ques et lrès curieuses de plusieurs corps de la série du xanthène. Bien que dépourvus d'azote, ces corps possèdent une si grande ressemblance avec les bases qu'on a pu les confondre avec ces der- nières et les décrire comme des sels d'amine. Ge sont, en réalité, des sels de l'oxygène, de l’oxo- niurm. D'abord, qu'entend-on par xanthène ? On a donné le nom de xanthones, à cause de leur cou- leur, à des dérivés de la pyrone. La xanthone, ou diphénopyrone, répond à la formule : 0 NT NU 74 el le xanthène, ou diphénopyrane, à : CU 74 M Fe 4 4 NvA Il résulte du remplacement de l'oxygène cétoni- que de la diphénopyrone par deux atomes d'hydro- gène. La dénomination xanthone devrait faire place à celle de diphénopyrone, etcelle de xanthène à diphé- nopyrane, pour éviler une confusion possible de noms avec la série xanthique. Les diphénopyrones et pyranes peuvent être obtenus, dans quelques cas, en enlevant une molé- cule d’eau aux orthodioxybenzophénones et aux orthodioxydiphénylméthanes. Les premiers corps auxquels nous avons décou- vert des propriélés basiques prennent naissance dans l'action du chloroforme sur le naphtol $. L'élude attentive de ces corps, qui dérivent du py- rane, nous à conduit à la découverte de propriétés très curieuses, jusqu'alors inconnues pour les matières non azotées. Quoique la pyrone et le pyrane soient très voisins, la nature de nos dérivés pyraniques basiques est essentiellement différente de celle des sels de pyrone.Tandis que ces derniers RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE. résultent de l'addition pure et simple de l'acide à le base, comme dans les sels ammoniacaux : Fo: Co () HO 0 (J O0 Wù les combinaisons basiques, découvertes par nous dérivent du pyrane par substitution d'un radica acide ou d'un élément négatif à un atome d'hydre gène : CHE cu NON NAN | | +ce=na+ | | HANEN YNIZN (a) (e) ci Avant nous, on ne connaissait pas un seul exe ple de sel pyranique. Nous avons inauguré l’his loire curieuse de certains dérivés du pyrane; n0 serons reconnaissant qu'on nous la laisse pour suivre seul encore quelque temps. Les dérivés monohalogénés du pyrane : CH 10 8/ [l NC 10H10 cel DC? | X ou sels de pyryle-oxonium", se combinent aux réac tifs des alcaloïdes : sels de mercure, d'or, de pla tine, acide picrique. Le chloroplatinate de dinaphtopyryle-oxonium répond à la formule : PR PtCIS=P2 CI— OK de Suns” 1 Nous désignons, sous le nom de pyryle, le radical déri vant du pyrane par enlèvement d'un atome d'hydrogène : CH CHE Y} (Y A NN Ü Ü Pyryle. Pyrane. Cette dénomination possède l'avantage de distinguer no sels de pyryle-oxonium : { (J. des sels de pyrane ou de pyrone-oxonium : CHE CO (} () NA NUE oO [n] VA XMH X “H sossède une conslilution semblable à celle des hloroplatinates de bases : PLCIS + 2 C1 — AzZ De même que, dans les chloroplatinates d'amine, bn trouve, pour une molécule de platineet six alo- nes de chlore, deux atomes d'azote, de même, dans notre chloroplalinate d'oxygène, on remarque, pour une molécule de plaline et six atomes de chlore, leux molécules d'oxygène. L'oxygène et l'azote ent le même rôle dans ces deux chloroplatinates. Nous obtenons ces dérivés halogénés du pyrane (Sels de pyryle-oxonium) par troisséries deréactions : « 1° On fait agir des halogènes (CI, Br) sur les 2 Quand on traite le dinaphtopyranol, par exemple, par un hydracide à chaud, on obtient une Solution, rouge foncé, d'où cristallisent, par refroi- dissement, de magnifiques cristaux du sel corres- pondant de dinaphto-pyryle-oxonium : M /CHOH CH } ce NS CUHS + HBr = EOREe DES + HO ; OU 0 SBr 3° Lamine dérivée du dinaphto-pyrane, traitée par les hydracides à température peu élevée, perd Son azote à l'état de sel d'’ammonium, et le sel d'oxonium est régénéré : 1 CH : CH (CSS L Dove) AzH AIXH 20H ! DCtHe+AZHEX. N . Il est, sans doute, pratiquement possible d'obte- hir ces corps par oxydalion des pyranes en pré- sence d'un acide, suivant l'équation : | CH: CH ce ; DCE + 0 + HCI= CHE ! DCE H#0. Cl - Ces sels d'oxonium se conduisent comme des oxydanis vis-à-vis de l'aicool, qu'ils transforment en aldéhyde. Cette oxydation est accompagnée d'une réduction inverse, la formation du carbure correspondant au sel : CH CH° ous | Noos 2H60O—HX 10p6/ Nçu 19+C2H40. ANS H$-+- CH0 —HX + C RO H°+ X Les deux atomes d'hydrogène disponibles, ré- Sultant du passage de l'alcool en aldéhyde, agis- Sent sur le sel d'oxonium, l'un en enlevant le radical négatif sous forme d'acide, l'autre par subs- litution. Pour le cas du bromure d’oxonium, on à : CH? CH ces | DceHe + H°— ce. CH HBr. 0 0 | Br RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE 937 t C’est la réaction inverse de la préparation du ! bromure d'oxonium par le brome et le pyrane : CHE CH con Ncons+ Brè— CH | CH HBr. N° 0 7 SE 0 VA 19 | Br Cette curieuse action hydrogénante de l'alcool sur un corps sans azote a été signalée par nous pour la première fois. M. Haller (expériences inédites) possède un bromo-cyano-camphre qui transforme l'alcool en aldéhyde. Si nous voulons trouver une réaction rappelant celle que nous avons découverle, c'est encore aux corps azotés que nous la demanderons : aux sels de diazoïques. On connaît la transformation de ces corps par l'alcool : il se forme de l'hydracide, de l'azote, de l'aldéhyde éthylique et le carbure cor- respondant. Abstraction faite de l'azote, les deux équations suivantes sont semblables : X— Az— Az—R + CH°0O—XH +R —H + CH'0 + A; Sel diazoïque. Carbure. EAU PALIN K— } OX CHE£ 2Ht0. X mes + CH°0 = XH + Cr A CH? + C*H'0 Sel d'oxonium. Dinaphto-pyrane. L'alcool agit de la même façon sur les sels dia- zoïques et sur nos sels d’oxonium. Cette réaction constitue une méthode nouvelle de passage des pyranols aux pyranes. Chaque fois que nous aurons un pyranol, nous pourrons avoir le pyrane corres- pondant. Tandis que le nombre des pyrones naturelles où artificielles est très grand, celui des pyranes se ré- duit à 3 ou 4 représentants. Nous espérons, par celte méthode, non seulement obtenir le premier terme encore inconnu, le pyrane : CIF Ü 0 mais aussi transformer en carbures correspon- dants les pyrones de la série de la flavone, que nous appellerons favanes. IV. — CONSTITUTION DES COMPOSÉS MONOHALOGÉNÉS DU PYRANE. Pour représenter ces corps, nous avons, sur l'ins- piration de M. Haller, admis que l'atome d'halo- gène vient se fixer sur l'oxygène, qui prend la té- travalence : CH 938 Il est, en effet, difficile d'admettre que l'élémen t | négatif soit fixé sur le carbone pyranique, puisque l'alcool le remplace par un atome d'hydrogène. Ces corps sont magnifiquement colorés et cris- | tallisés: ils ressemblent aux plus belles matières colorantes. Nous les considérons comme des hypo- chlorites ou bromites de la base pyranique : CH CR° NAN NAN | . forme tautomérique de | | - NN 0.H O0 On peut les regarder comme résultant de l’action desacideshypochloreuxoubromeuxsurlespyranes: CH c4 cone/ | Ncege: BrOH— CeH KO CH CH“ Base forte. Base faible. Neutre Considérer l’éther comme une base faible et le sulfure d'éthyle comme un corps neutre nous pa- rait exagéré. En effet, tandis que l'éther ne se combine pas aux iodures alcooliques, — on ne possède pas un seul exemple d'iodoalcoolate d'oxonium : 1 | ŒH—0—CHF, | C'H — le sulfure d'éthyle, au contraire, s'unit facile- ment, à froid, aux hydracides et aux iodures aleoo- liques. L'éther peut être regardé comme une base très faible, et le sulfure d'éthyle comme une base, base faible, si l'on veut, mais beaucoup moins faible que l'éther. Si nous passons de la triéthylamine à à l'hydrate 9240 RICHARD FOSSE — LES BASES OXYGÉNÉES ET LA VALENCE DE L'OXYGÈNE de tétréthylammonium, par fixation de CH°OH, nous obtenons une base encore plus énergique: si au sulfure d’éthyle nous faisons la même addition, nous avons un corps basique : l'hydrate de trimé- thylsulfinium. Si de l’éther on pouvait passer à l'hydroxyde de tétréthyloxonium, en ajoutant C’H°OH, la gradation basique de l'H°0 à l’éther se poursuivrait encore, et le corps hypothétique serait une base puissante : C'H° C?H° CA2CH° CH C°H° NA NZ De Az—OI 0 S ANT TAN LAN CH CH: CH. OH CH OH 3ase très forte. Base hypothétique. Base. 3 Les causes qui diminuent la basicité de l'azote diminuent également la basicité de l'oxygène. — Si, dans l'ammoniac, on substitue 1, 2, nyles à 1, 2, 3 atomes d'hydrogène, on obtient des phénylamines, dont la basicité va en décroissant dans le sens de la flèche : C°HS CSHS AL Nz— CHE, 3 AzH Qu AzH°.CSH° ee | CH à tel point que la triphénylamine ne possède plus de propriété basique. Si, dans l'eau, corps neutre, nous remplaçons un atome d'hydrogène par un groupement phényle C'H5, nous obtenons le phénol CSH°— OH, qui a un caractère acide marqué. L'acétophénone CH?— CO — CH° fournit des sels avec les réactifs de Baeyer; si nous remplaçons le groupement méthyle CH° par un phényle C°H?, la benzophénone CfH5—CO—C'H° n'en donne plus. VI. — VALENCE DE L'OXYGÈNE. L'oxygène a élé considéré comme univalent, biva- lent, tétravalent, hexavalent. 4. Univalence. — MM. Blomstrand, Geuther et Piccini considèrent l'oxygène comme univalent dans plusieurs cas. 2. Télravalence. — C'est M. Naquet qui, le pre- mier, en 1864, a prononcé le mot de {étravalence. Il s'appuyait, pour la tétravalence de l'oxygène, sur l'analogie de cet élément avec le soufre. M. Buff considère l'oxygène comme tétravalent dans : Le peroxyde d'hydrogène : H 20— 0; 1” Le peroxyde de baryum : Ba—0—0; L'ozone.: 0—0—0. M. Williamson pense que l'oxygène est tétrava- lent dans l’oxyde de carbone C =0. 3 groupes phé- | M. Jorgensen regarde l’eau comme un radical bivalent, analogue à l’ammoniac : H 1 H=:t > | [u AA 14 Var [NT Friedel, Tilden, Wurtz considèrent l'oxygène dé l’eau de cristallisation des sels comme doué de pro priétés basiques et télravalent. Friedel, à propos du chlorhydrate d'oxyde de méthyle, suppose que l'oxygène y est tétravalent : I nel CH° — O0 — CH. di Wurtz et Friedel pensent que les combinaisons moléculaires ne diffèrent pas des combinaisons ato miques. Ce ne sont pas les molécules qui se combi= nent, mais les alomes, grâce à un restant d'énergie, grâce à des atomicités supplémentaires. Dans l'hydratation des sels, ce n’est pas l'acide qui en est la cause, mais le métal, puisque tous les sulfates ne sont pas hydratés el que deux sulfates très voisins, ceux de potassium et de sodium, par exemple, peuvent cristalliser l’un anhydre, l'autre avec de l’eau. Puisque c’est le métal qui attire l’eau de cristal= lisation, on peut supposer que lui et l'oxygène de l’eau prennent un supplément d'atomicité. SO# Cu +5 H°0 sera donc représenté de la façon sui- vante : /9=w A 0 = HE 0 0 ÙÜse Nue O0=HE ANT AE) D EC Sa NO—H bles. Prenons, par exemple, un sulfate de la série magnésienne, le sulfate double de potassium et de magnésium : SOMg + SO'K®° + 6 H20. Dans ce cas, Wurtz a négligé l’eau de cristallisa tion et n'a retenu que le sel anhydre : 0 0 0 DSK Ns7 \We Ns/ SANQUANE 07 Sox On peut faire plusieurs hypothèses sur les élé: ments entre lesquels se saturent les atomicités M. Kanonnikoff, à la suite de déterminations hysiques sur la « densité véritable » des molé- s, conclut qu'un grand nombre de corps pos- Sèdent un atome d'oxygène tétravalent. Citons : déhyde et l'acide cinnamiques, l'oxyde d'éthy- , le campbhre, les bornéols..., l'oxyde de car- e, l'oxygène à sa température critique. M. Gomberg, pour expliquer les produits d'addi- on de son curieux corps : le triphénylméthyle vec l'éther acétique, admet que l'oxygène de ce lernier est devenu tétravalent. Nous avons donné la théorie de l’oxonium; nous ny reviendrons pas. Nous pensons que, dans toules les pyrones et toutes les xanthones, un ou deux atomes d'oxygène fonctionnent comme tétravalent : + € c VIN VAN | O0 ou v) 5 ANA NU (a) (e) A Ces formules expliquent : 1° l'inactivilé absolue du groupement CO de ces corps vis-à-vis des réac- des cétones ; on sait, en effet, qu'on n'a jamais combiner une pyrone à l'hydroxylamine, à la Phénylhydrazine ; 2° la formation lente des sels des pyrones salifiables. Le temps nécessaire à la for- malion des sels de pyrone serait employé à vaincre ah simple ou double liaison échangée entre les deux atomes d'oxygène. 4 “3. [lexavalence. — En continuant ses recherches d'ordre physique, M. Kanonnikoff a conclu que loxygène serait hexavalent dans un certain nombre de corps, tels que dans les naphtols, dans l'alcool, dans l’oxyde d'azote : Az No. AzŸ Pour M. Kanonnikoff. Voici, par exemple, la formule d'un corps très Connu : H CH /H. 1 > 0 Maison Jeantaud: Compagnie Parisienue de Voitures élec- riques (système Kriéger); L'Electromotion (systèmes Mildé, Columbia, Riker); Société Francaise des véhicules électriques Système Riker) ; Compagnie Francaise des voitures élertro- mobiles ; Compagnie Iuteruationale de transports automo- iles (système Jenatzy) ; Maison de Dion-Bouton. # M. Jeantaud, dans sa préface des Automobiles Elec- “triques de MM. G. Sencier et A. Delasalle. Paris, Dunod, 1901. # Parti de 6 ampères-heure au kilogramme de plaques en 1881, lors de sa création par Faure, il avait gagné un demi-ampère-heure par an, jusqu'en1898. Depuis, il est resté stationnaire (M. Jeautaud, ibidem). L'AUTOMOBILE EN 1902 QUATRIÈME PARTIE : VOITURES ÉLECTRIQUES ET MIXTES mètres que l’on peut demander normalement à ces voitures, sans recharge des accumulateurs, suffisent à leur service‘. Les conditions sont encore meil- leures pour une voiture de maitre bien conduite ; mais, quelque soin que l'on prenne de ménager les accumulateurs, de ne jamais en épuiser la charge, la voiture accumobile reste une voilure de grand luxe, et, en somme, malgré quelques retentissants records, une voilure urbaine, tant que les stations de charge ne seront pas plus répandues chez nous. Nous n'avons que peu de chose à ajouter aux gé- néralités que nous avons déjà données sur les ac- cumulateurs et moteurs électriques?. I. — ACCUMULATEURS ÉLECTRIQUES. Parmi eux, nous mentionnerons ceux qui sont le plus en faveur. $ 1. — Accumulateurs à positives Planté et négatives Faure. 1. Accumulateurs Blot-Fulmen.— A positives du type navelte, à négatives Fulmen, isolées les unes des autres par des feuilles d’ébonite perforées et ondulées. 2. Accumulateurs Tudor. — À positives en plomb doux, obtenues par fonderie, divisées dans le sens horizontal et sur les deux faces par cent qua- rante rainures, d’une profondeur d'environ 372,5, laissant entre elles une âme d’environ 1 milli- mètre. Les plaques négatives se composent de 900 cellules de 3 millimètres sur 11 millimètres. Elles sont isolées des premières par des tubes de verre en forme d'U. 3. Accumulateurs de la Société pour le travail électrique des métaux. — Les plaques positives sont constituées par 120 lamelles de plomb doux ondulées, de 02,5 d'épaisseur et de 8 millimètres de largeur, superposées. Les plaques négalives sont constituées par des paslilles de chlorure de plomb, autour desquelles on coule un quadrillage de £ En fait, quelques entreprises de ce genre S mblentrému- nératrices. L'abonnement pour une voil se paie d'ordi- naire 1.200 francs; la journée comprend eule charge de e d'affilée, durant les- batteries et 10 à 12 heures de présent t quelles il est possible de faire 40 à 55 suivant le profil et l'état des routes, le nombre des démarrages et la vitesse moyenne de marche. ? Rev. gén. des Sc.,t.X,p. 1#. kilomètres, 974 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 plomb antimonié, et qu'on transforme en plomb spongieux en constituant, avec des lames de zinc, des couples zine-chlorure de plomb. Elles sont séparées par des feuilles d'ébonite ondulées et perforées. $ 2. — Accumulateurs à positives et négatives Faure. 4. Accumulateurs Faure. Sellon, Volckmar :Walls). — Les positives sont constituées par un grillage en plomb antimonié robuste, divisé en un grand nombre de petites cellules carrées; les néga- tives, par un grillage ajouré dont les barrettes sont plus épaisses au centre qu'aux extrémités, pour mieux maintenir les pastilles. 2. Accumulateurs Fulmen. — Les positives, de 4 millimètres d'épaisseur, sont en deux parties qui se superposenl. et présentent 30 divisions. formées par des tiges de plomb antimonié. Les négatives ont la même épaisseur et la même division. 3. Accumulateurs de la Société pour le travail électrique des métaux. — Les plaques sont consti- tuées par des quadrillages très légers en plomb antimonié, garnis de matière active par des pro- cédés tout nouveaux. 4. Accumulateurs Bouquet, Garcin et Schivre. — Ils ressemblent beaucoup aux Fulmen. 5. Accumulateurs Pope and Son. — Les posilives sont constituées par neuf cylindres, formés d'ure àme en plomb anlimonié fondue en spirale perfo- rée. Cette âme, une fois empâtée, est entourée par un ruban d'ébonite, dont la spirale est de sens in- verse à celle de l'âme et qui cache la moitié de la Imalière active. Les neuf cylindres ainsi constitués sont soudés à leur partie supérieure, par le prolongement cylin- drique de l'âme. sur une barre de plomb qu'ils tra- versent et qui porte la tige de connexion. Les plaques négalives sont simplement constituées par un quadrillage en plomb antimonié. Les plaques sont entourées par une gaine en ébonite perforée, qui assure l'écartement. 6. Accumulateurs de Dion-Bouton. — Les pla- ques sont constituées par deux grillages parallèles, à barreaux opposés, ces deux grillages et les bar- | retles qui les réunissent étant venus de fonte d'un | seul coup. La solidité de la grille et, par suite, la durée de l'accumulateur sont, paraît-il, fort aug- mentées. Nous mentionnerons encore comme accumula- teurs à positives Planté et à négatives Faure le |! | pour lui une grande capacité et une grande durée type Majert, et comme accumulateurs à oxydes rapportés les tvpes Phénix, Pisca, Lagarde, Heimel Heinz, Pescetto, Pollak. Plusieurs des accumulaleurs que nous venons d décrire (Blot-Fulmen, Tudor, Société des métaux Fulmen, Phénix, Pope, Pescetto, Pollak) ont pr part à un concours, organisé en 1899 par l'Auto mobile-Club de France. Les meilleurs résultats ot été donnés par les quatre éléments consignés dans le tableau I. Les accumulateurs Tudor, Majert, Pisca, Heinz sont particulièrement solides et doivent être em: ployés là où les courants de charge et de décharg sont élevés, et où l'on n'est pas trop serré comme poids : l'accumulateur Heinz offre une capacité de 4 ampères-heure par kilogramme de poids total au régime de décharge d'une heure dix minutes. Tapeau IL NOMBRE VOLUME ÉLÉMENTS [kilow sr LA _ æ en décimètres | fournis | kilogrammes cubes Î | Pope . . - . 155,5 100,0 87 | Blot-Fulmen..| 153,9 98.0 58, Tudor. . . 135.8 107,5 63, | Fulmen. = 101.9 67,5 39 Les accumulateurs Blot-Fulmen sont aussi assez solides. Les accumulateurs Fulmen, de la Société des métaux, Bouquet, Garcin et Schivre sont des accu: mulateurs légers, mais vite usés : le Fulmen donne 13 ampères-heure par kilog. de poids total, au lieu de la moyenne 5 à 6; le B-GS fournit le che val-heure sous un poids de 26 kilogs, alors que le Falmen ne le donne que sous un poids de 29 kilogs; au même régime de décharge de 5 heures. L'accumulateur de Dion-Bouton se fait sur troi! types : pour voitures légères jusqu'à 750 kilogs voitures ordinaires jusqu'à 1.000 kilogs, voiture lourdes au-dessus. Ses constructeurs revendiquen D'une facon générale, quand la voiture peu supporter une batterie lourde, il y aura économi sérieuse à faire choix d'éléments de capacik moyenne et de réelle solidité". { On a beaucoup parlé d'un accumulateur fer-nickel. aVe solution de potasse caustique comme électrolyte, qu'a fe connaître M. Edison au commencement de 1901, et en faveu duquel il revendique une grande capacité spécifique, la po sibilité de charges et décharges rapides, une longue durée Les plaques sont formées d'une tôle d'acier de 02=.61 d' seur, dans laquelle on a découpé 24 trous rectangulaire Dans chacun de ces trous, on a placé une boîte plate en t@ d'acier au creuset nickelé de 0®.075 d'épaisseur, dans laquel se trouve la matière active : des trous permettent à l'éle À L IE. — MOTEURS ÉLECTRIQUES. Pour les moteurs électriques, le double enroule- at de l'induit met à la disposition des construc- des moyens bien suffisants pour obtenir les ngements de vitesse, sans recourir à ces cou- egardés aujourd hui comme néfastes. — SCRÉMA D'UNE VOITURE ÉLECTRIQUE A ACCUMULATEURS. ne pareille voiture comprend : » Des accumulateurs, divisés en plusieurs bal- s, ordinairement dissimulées dans les caissons, quefois groupées dans un cadre au-dessous du Lu Un moteur, parfois calé sur un arbre concen- ue à l'arbre différentiel porteur des roues, le lus souvent sur un arbre aclionnant par engre- es cet arbre différentiel, qui, lui, attaque par chaines Galle les roues folles sur l'essieu. S quelques voitures, il y a deux moteurs, com- ni chacun une roue. Ce n'est que fort rare- on a recours, pour les changements de vilesse, à des dispositifs mécaniques; ” Un combinateur, pour distribuer le courant t établir les couplages appropriés à la manœuvre que nécessite, à chaque instant, la conduite de la voiture. Un rhéostat à résislances graduées, un ampère- re, un voltmètre, parfois un compteur d'éner- , deux coupe-circuits, un interrupleur, espèce de que le conducteur emporte avec lui quand il bandonne sa voiture, complètent ordinairement ensemble fort simple. ne. àss IV. — VOITURES LÉGÈRES. $ 4. — Voitures françaises. Nous avons décrit, dans notre première étude, comme voitures francaises, celles de Jeantaud, yte d'arriver jusqu'à cette dernière. La matière active est enue, pour les plaques négatives, en mélangeant une position de fer finement divisé. préparée par un procédé es de graphite, et en comprimant avec une pression wiron 300 kilogs par centimètre carré. Pour les plaques ves, on emploie un mélange, également comprimé, de ite et d'un composé de nickel, auquel il semble qu'on isse attribuer la formule Ni0*°. La force électro-motrice de ent à fin de charge est de 1,5 volts: la différence de po- el moyenne utile en décharge normale est de 1,1 volts. jui concerne le prix. M. Edison estime qu'une fabrication Strielle permettra de vendre les sccumulateurs nickel- Pr au même prix, à énergie égale, que les accumulateurs omb actuels. Il faut attendre qu'une pratique un peu gue se soit prononcée sur leur valeur réelle. 2'Rer. gén. des Sc, t. X, p. 145. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 es de batteries dont nous avons parlé‘, et qui | que spécial, avec un volume à peu près égal de lames | gie spécifique est de 30.85 watts-heure par kilog. En | 975 Kriéger, denatzy, Compagnie française des Voi- tures électromobiles, Milde-Mondos, Doré, Patin. Bouquet, Garein et Sebhivre*. Nous sjouterons quelques mots pour celles qui, depuis cette époque, ont recu des modifications notables ; nous déerirons ensuite un Lype nouveau. 1. Voitures Jeantaud. — Au Concours de fiaeres, organisé pendant l'Exposition universelle, M. Jean- taud avait engagé une voiture, dont le chässis. en fers à U. très bien compris, peut recevoir jusqu'à sept formes de caisses interchangeables ; les roues motrices sont à l'arrière. 2. Voitures Kriéger. — M. Kriéger est fidèle à son avant-{rain moteur. en faveur duquel il reven- dique justement : une grande simplicité d'organes, un montage et une visite faciles, une grande atté- nuation du dérapage, l'adaptation, sur un même chässis, de plusieurs caisses interchangeables. Avec la silhouette de voitures hippomobiles qu'ont conservée les voitures électriques, les roues arrière doivent rester plus grandes que les roues avant. M. Kriéger fait remarquer que, dans ces conditions, il y a avantage à rendre motrices ces dernières, parce qu'elles permettent, avec une réduction par engrenages ne dépassant pas les limites pratiques, de laisser au moteur une vitesse considérable, de diminuer son poids et d'augmenter son rendement. En fait, son système se prèle, comme il est facile de s’en convaincre par l'examen de la figure 1, à la construction de voitures lrès élégantes. Les deux moteurs distinets et leur mode spécial d'excitation permettent d'obtenir facilement, au moyen d'une simple manette, sans l'emploi de résistances, un grand nombre de vitesses diffé- rentes, la marche arrière, le freinage électrique et mème la récupération *. * Dans notre ouvrage L'Automobile sur route, nous avous aussi décrit celles de MM. G. Richard, H. Mounard, Draullette. Vedovelli et Priestley. Nous n'en dirons rien ici, car elles ne sont guère entrées “dans la pratique. 2 Pour obtenir cette dernière, il a fallu modifier le com- biuateur que nous avons donné. Le nouveau comprend les crans suivants : AR, Marche arrière en première vitesse ; F. Frein étectrique en court circuit ; C, Repos et charge : 1. Première vitesse et démarrage : 2, Deuxième vitesse: R, Récupération à 30 volts descentes) : 4, Troisième vitesse (montées) : : 5, Quatrième vitesse (normale pour la vilie!; R, Récupération à 100 vo ts (descent 7, Cinquième vitesse (faibles mont: 8. Sixième vitesse (grande vitesse € Les positions 5 et S. les plu lexcitation série des moteurs. pondent à une excitation comp "and | couple moteur à une vitesse réduite. Le qui donne un fort s positions R ecorres- 976 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 M. Kriéger a abandonné la forme hippomobile pour la construction d'une voiture particulière, avec laquelle il a parcouru, sans recharger ses accumulateurs, les 307 kilomètres qui séparent Paris de Châtellerault. Ce record, établi le 16 oc- tobre 1901, ne sera probablement pas dépassé de longtemps. La voiture en question, de la forme ‘tonneau, si commune pour les voitures à pétrole, pesait, en ordre de marche, 2.400 kilogs, dont 1.230 pour la batterie, composée de 60 éléments Fulmen à 41 plaques; la capacité de cette batterie était de 50,5 kilowatts-heure, soit 41 kilowatts-heure Fig. 4. par kilog d’accumulateur complet, maximum qui, parait-il, n'avait jamais élé alteint par des accumu- lateurs industriels. Chaque moteur pesait 65 kilogs, et absorbait normalement 40 ampères sous 80 volts, pondent à une excitation shunt, mettant automatiquement les moteurs en état de fonclionner comme génératrices pour recharger les accumulateurs. Cette même excitation se re- trouve dans la position de freinage électrique. Le couplage des batteries et des moteurs est, en somme, combiné pour donner le maximum de rendement possible avec la vitesse à obtenir. Le couplage en parallèle des deux demi-batteries, reconnu défectueux, n'est employé qu'exceptionnellement dans des positions transitoires. — Coupé trois-quarts, système Kriéger. — Cette voiture, construite par la Compagnie Parisienne des Voitures électriques, concessionnaire des brevets Kriéger, est à avant-train moteur. Les moteurs sont suspendus à la fusée même par un long ressort, qui les préserve cortre les chocs de roule, et adoucit les démarrages et variations de vitesse. Ils attaquent par simples engrenages druits les moyeux des roues motrices; et, pour que la distance des centres de ces engrenages reste constante, les moteurs peuvent pivoter autour des fusées. Il n’y a pas de changements mécaniques de vitesse ni de différentiel. La colonne verticale que l'on voit devant le siège du conducteur est celle d cowbinateur ; elle est surmontée par le guidon de direction. à 2.300 tours, avec un rendement de 89 °/,. Les deux moteurs, marchant à 120 volls, développaient… ensemble 44 chevaux. La consommation moyenne par tonne-kilomètre a été de 68 watts-heure, chiffre miers kilomètres, la route était détestable, très« glissante et qu'elle élait très accidentée sur les 100 derniers. Depuis quelque temps, les voitures Kriéger sont muuies d'un appareil qui à pour but de couper le. courant aux moteurs dès que l'un d'eux fait mine d'agir plus énergiquement que l’autre, et, dès lors, d'imprimer à sa roue une vitesse supérieure à celle de la roue opposée. 3. Voitures Mildé. — Le type de celle qu'a exposées la Société L'Électromotion, en dé= cembre 1901, comprend un chässis en acier à U cintré, supporlant une vicloria, un coupé ou un landaulet trois quarts. Le moteur, toujours du type | bout à bout dans le même champ magnétique, de facon à réaliser un différentiel électrique, est bipo= . ñ . . * . 40 laire ou tétrapolaire suivant qu'on veut avoir -un. L pi L L'| GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 GITAT | moteur haut ou plat. Sa puissance normale est | de 3.200 watts sous 80 volls, à une vitesse angu- laire de 1.100 tours par minute, pour un poids de 170 kilogs. A l'extrémité de l'arbre de chaque induit, opposée au palier central, se trouve calé un rm qui attaque une couronne de bronze soli- “daire du moyeu de la roue arrière de son côté, | enfermée dans un carter. … Les 42 accumulateurs, d’une capacité de 150 am- ères-heure en cinq heures, du poids d'environ | 60 kilogs, sont répartis en deux caisses placées Pune à l'avant, l’autre à l'arrière, entre les deux frains et dissimulées dans les coffres; un double reuil Greffe permet de manœuvrer très commodé- ent ces caisses. 4. Voitures de Dion-Bouton. — La voiture légère e Dion-Bouton, qui à fait son ipparition en dé- est aussi d'un poids minime (8 kilogs 350), parce qu'il est monté sur carcasse en aluminium. Le rhéostat de démarrage, dans lequel passe le cou- rant avant de se rendre à l’induit, est un appareil analogue au combinateur et du même poids. $ 2. — Voitures étrangères. Nous n'avons parlé, dans notre première étude, que de la voiture Columbia. Elle est maintenant construite en France par la Société L’Electromotion, à un prix plus abordable que celui que nous avons meniionné. Plusieurs autres voitures américaines ont été importées chez nous, notamment les Riker et Cle- veland. 1. Voitures Riker. — Le phaéton Riker, qui nous est arrivé en 1897, a un chässis en tubes embre 1901,au d'acier étiré, dont les petits côtés sont for- ent un double haéton, une vic- oria,un mylord, n cab ou un “tréci à l'avant, D permettre n angle de bra- ei dans les encom- brements ur- “bains. À l'avant et à l'arrière, se trouvent les plan- “chers destinés à recevoir les accumulateurs, qui “sont indépendants de la carrosserie. Ces accumula- - teurs, du type T de Dion-Boulon, d'une capacité de “120 ampères-heure au régime de décharge de cinq heures, pèsent, avec leurs caisses, 480 kilogs. Ils alimentent un moteur blindé à 4 pôles, à induit en tambour, qui est placé sous le châssis dans l'axe du véhicule; il tourne à vitesse réduite (800 tours) et attaque directement le différentiel par un arbre ongitudinal à cardans et par un pignon d'angle. “Le différentiel, à son tour, commande les roues - motrices par le système de cardans et de fusées creu- “ses, qui est de règle dans la maison de Dion-Bouton. Le combinateur (fig. 2), d'un volume restreint, Fig. 2. — Combinateur de Dion-Bouton. — A gauche de la figure on voit une roue dentée, commandée par une chaîne, manœuvrée à l’aide d'un volant placé sur la colonne de direction. Le mouvement de rotation de cette roue se transmet à l'axe du tambour sur lequel elle est montée. Ce tam- bour, de substance isolante, porte des touches métalliques communiquant chacuve avec l’une des pièces (induit, inducteurs, rhéostat, etc.), entre lesquelles le combinateur a justement pour but d'établir des connexions variées, quand la rotation du tambour amène les touches au contact des frotteurs de bronze. Ces frotteurs, appliqués contre le tambour par des res- sorts d'acier, sont reliés entre eux de facon appropriée par des connexions en cuivre. Les diverses positions du combinateur sont assurées par la pres- sion qu'exerce un galet à ressort sur l'étoile qu'on voit à droite de l'appa- reil. Ces positions sont au nombre de six : pour l'arrêt et la charge de la batterie, une pour le freinage électrique par court-circuit. La marche arrière est obtenue, indépendamment du combi- nateur, par un renverseur de courant à portée de la main du conducteur. més par l’essieu d'avant et par le tube creux qui entoure l’essieu d'arrière. L'un des grands côtés est articulé au- tour de l’essieu d'avant et les deux peuvent tourner autour de celui d’arriè- re : il en résulte une très grande souplesse, les roues s'appli- quant toujours sur le sol pen- dant que les essieux ne quittent pas des plans verlicaux parallèles. Les roues sont à billes, à rayons tangents, avec pneus single-tube, du sys- tème Hartford. Celles d'avant, qui sont direc- trices, pivotent sur place; à cet effet, l'axe de rotalion, au lieu d'être, comme d'habitude, au dehors de la roue, lui est intérieur et rencontre le sol au point où ce dernier est en contact avec elle. Le moteur est suspendu au tube carter enve- loppant l'essieu d’arrière, qui porte-une couronne quatre pour les vitesses, une dentée engrenant avec le pignon en euir vert du moteur et sur lequel sont calées les roues; le diffé- : d'elles.: Le rentiel est logé dans le moyeu de l’un moteur est bipolaire ou multipolaire ; en tambour, avec bobines faites sur gabarit; l'exci- l'induit est 978 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 tation est en série; sa puissance est de 1,5 ou 2 kilowatts. Le combinaleur est composé de touches en cuivre, disposées horizontalement et séparées par des disques en fibre, le lout formant un en- semble cylindrique dont les parties mélalliques viennent frotter sur des balais reliés aux pôles des batteries et aux moteurs. Le combinaleur réalise les couplages suivants : 1° les quatre groupes de 11 éléments associés en quantité ; 2" deux groupes de 41 en lension, réunis en quantité avec les deux autres en tension ; 3° la batterie en tension; 4° les inducteurs mis en parallèle. 2. Voitures Cleveland. — La voiture Cleveland, qui a paru à l'Exposition des Tuileries de 1899, est aussi un phaéton, avec la silhouette ordinaire des voitures électriques américaines, mais avec un caisson d’arrière moins long et des roues en bois au lieu d'acier. Les accumulateurs, pesant environ 350 kilogs pour un poids total de 900 kilogs, ali- mentent un moteur Sperry bipolaire à enroulement série, ne donnant que 2 chevaux sous 86 volts, à 4.800 tours par minute, mais pouvant supporter une surcharge de 150 °/,. Il est attaché au milieu de l’essieu d’arrière par deux coussinets à billes situés de part et d'autre du différentiel, et relié au châssis par une suspension électrique. Il transmet son mouvement au différentiel par un système d'engrenages à double réduction. Trois vitesses dif- férentes (4, 8, 16 kilomètres à l'heure) s'obtiennent par le procédé défectueux des couplages d’accumu- lateurs. Un accélérateur agit en diminuant l'exci- tation par shuntage des inducteurs et permet de marcher à 32 kilomètres. Il y a un changement de vitesse mécanique. La barre de direction manœu- vre aussi le combinateur, et sert de levier d'arrêt et de levier de frein ; avec le bouton de l’accéléra- teur et la pédale du frein, elle constitue tous les organes de commande de la voiture. 3. Voitures Morris et Salom. — MM. Morris et Salom, qui ont été, en Amérique, les premiers à s'occuper sérieusement d'automobiles électriques, en ont imaginé de plusieurs types. Actuellement leurs brevets sont exploités par l'Ælectrie Ve- hiele C°, qui possède les fiacres électriques de New-York, en forme de hansom-cab et de coupé. Le poids d’un hansom est de 1.130 kilogs, dont 400 kilogs d'accumulateurs de l'£lectrical Power | Storage C°, d'une capacité de 70 ampères-heure, alimentant deux moteurs Lundell d’une puissance de 1.100 watts chacun et d’un poids de 78 kilogs. 4. Voiture légère Joël'. — Elle pèse 600 kilogs 1 Cette voiture et la suivante sont des voitures anglaises. 1: avec ses accumulateurs, qui entrent dans ce total. pour 350 kilogs. Elle est actionnée par deux moteurs | placés des deux côtés du chässis et reliés chacun par une chaine à la roue dentée solidaire d’une roue d’arrière. Ces deux moteurs, du type Joël, ont un inducteur à 12 pôles et un induit en anneau; 11 pèsent chacun 51 kilogs et développent deux che- vaux à 700 tours par minute. 4 5. Voitures de la City and Suburban Klectrie Carriage C°. — La City and Suburban Electrier Carriage C® avait, à l'Exposition de l'Agricultural Hall, exposé des véhicules fort divers : un tonneau du type à pétrole connu, avec direction à volant et capot, une limousine avec la même direction et des voitures du type hippomobile avec guidon. La Canadian Electrie Vehicle C°, V'Ælectrics Landaulet C° avaient aussi exposé des voitures de ce même type, parfois lourdes, mais confortables, pouvant faire, sans recharge, 50 à 80 kilomètres à raison de vingt par heure. . 6. Voitures Scheele. — Heinrich Scheele, car- rossier à Cologne, a construit, dès 1899, un mylord TagcEau II. — Couplages du combinateur Scheele. ile ns ter dpt ie à ef M ol ren En BATTERIE MOTEURS En parallèle, posi- tion des induc- farche arrière, = ë L Rae A teurs inverses de AR2\eae 2e CR OEPE celles de la mar- che en avant. AR1 (Marche arrière, (En série, induc- d 1re vitesse. / teurs inversés. Freinage électrique.| Hors circuit.|En court circuit. MOTS 0%, re — Hors circuit. 1revitesse en avant.| En parallèle.|En série. En parallèle, . STeN 9e — — — 3e — — En série. électrique à deux moteurs fixés à la caisse et com- mandant chacun une roue arrière par une chaines et une roue à simple gorge; la suppression des. dents a amené celle du bruit, mais aussi un rende- ment défectueux pour la transmission. Après plusieurs essais, le type adopté comporter un châssis à deux moteurs, suspendus au châssis par des ressorts, tournant à 700 tours et action nant, par engrenages en bronze phosphoreux, que protègent des carters d'aluminium, les roues d'ar-\ rière. Le combinateur donne les couplages qu'in-« dique le tabieau IT ci-dessus : À Ce combinateur est fixé autour de la tige de | direction; celle-ci se fait par chaine et engrenages.M\ La caisse est interchangeable. La voiture pèse environ 1.400 kilogs. GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 979 otrices), car ils sont logés sous le siège du con- cteur et devant le siège. Le moteur, de la maison ger, est suspendu d'un côté à l’essieu de devant, l’autre à de longs ressorts en spirale, qui le laissent osciller. Il fait corps avec le différentiel, dont l'arbre le traverse pour transmettre le mouve- n se fait par les roues d'arrière, d'après le sys- me Morris et Salom. . Dans un modèle plus récent, il y a deux moteurs ü lieu d'un, et on les a logés dans les roues elles- On fait aussi des omnibus électriques. Celui de PAllgemeine Omnibus Gesellschaft, de Berlin, à vingt places assises et six debout, pèse 6.650 kilogs, Enfin l'électricité a été employée à la traction de lourds camions. Celui de M. Scheele est fait pour des rampes de 8 à 9 °/,. L'énergie électrique est fournie, par 44 accumulateurs, à deux moteurs électriques de 6 chevaux, actionnant chacun une Le camion de la taffinerie Say pèse à vide 2 tonnes, et 22 en charge. La batterie de 84 plaques, à capacité totale de 320 ampères-heure, est renfer- teurs de tramway, placés sous l'arrière du véhi- cule, aclionnent chacun une des roues motrices par une paire d'engrenages. Ces électro-moteurs développent normalement 150 kilowalts, mais sont capables de coups de collier bien plus importants. Le combinateur, analogue à celui des tramways, permet de faire le réglage en série parallèle avec introduclion de résistance pour graduer les varia- ions de vitesse. L'allure normale est de 8 kilomè- tres à l'heure : le nombre de tours des moteurs est alors de 800 par minute; la consommation en palier est de 70 ampères. La direction, du type ordinaire par avant-train à pivots, est facilitée par un servo-moteur électrique de 3 chevaux. II. — VOITURES ÉLECTRIQUES A TROLLEY L'emploi des accumulateurs au plomb grève la locomotion électrique de frais considérables et en restreint le rôle sur route à celui de locomotion de luxe. 11 ne faut pas songer avec eux à des trans- ports en commun économiques. Or, on ne peut affranchir le moteur électrique de l’accumulateur qu'en le reliant à une source de fluide extérieure à la voiture par des conducteurs installés le long de la route. Les conducteurs souterrains sont, en l'espèce, à peu près inadmissibles, à cause de leur prix élevé, de la gêne, peut-être du danger, qu'ils imposeraient aux autres usagers de la roule. Il ne reste donc que les conducteurs aériens : le trolley donne, d'ailleurs, avec les tramways, d'excellents résultats; mais son extension aux voilures sans rails ne va pas sans modifications sérieuses. Effec- tivement, il faut : 1° assurer le retour du courant par un second conducteur et combiner le trolley de manière à ce qu'il suive à la fois les deux fils, le premier pour lui prendre le courant, le second pour le lui ramener; 2° rendre la liaison du trolley el de la voiture assez élastique pour permettre à celle-ci de croiser et de dépasser les véhicules qu'elle rencontre ; 3° assurer le changement ou l'échange des trolleys entre les diverses voitures qui empruntent le courant à la même ligne. Divers systèmes ont été essayés, notamment ceux de MM. Van Naerenberg à Greenwich, et Caffrey en Amérique. Mais, à notre connaissance, le système français Lombard-Gérin est seul appli- qué. Il diffère des précédents en ce que le trolley, au lieu d'être remorqué par la voiture, est auto- moteur et la précède : ce trolley automoteur est représenté par les figures 3 et 4, fort explicites avec leur légende. La voiture est équipée comme d'ordinaire, avec cette différence que son moteur à courant continu, avec enroulement en série, est disposé de manière à envoyer au moteur du trolley le courant triphasé 980 qui doit l’actionner : à cet effet, son arbre, du côté opposé au collecteur, porte trois bagues reliées à des points convenablement choisis du fil de l'in- duit; quand le moteur tourne, ces trois bagues recueillent le courant triphasé que trois conduc- teurs amènent au moteur du trolley. La vitesse de ce dernier dépendant du nombre de périodes du courant qui l’actionne, et ce nombre de périodes dépendant lui-même du nombre de tours du mo- teur de la voiture, les deux moteurs tournent syn- GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 monter pour permettre aux divers usagers de la ligne l'échange de leurs trolleys. | Ce système, qu'on à pu voir fonctionner en 1900, dans l'annexe de l'Exposition, à Vincennes, est deve: nu la base de plusieurs exploitations industrielle IT. — VOITURES MIXTES Le plus gros inconvénient du moteur à explo- sions est son manque d’élasli- Fig. 3 et 4. — Trolley automoteur Lombard-Gérin pour voitures’ sur route. — Les deux conducteurs A, disposés cité‘, Pour le rendre, malgré ce défaut, capable de faire face aux travaux maxima qu'il doit ac complir, on est forcé de lui don horizontalement à 0w,30 l'un de l’autre, sont supportés par des consoles fixées aux poteaux de la ligne. Sur eux roulent les galets B, métalliques, de manière à servir de contacts pour le courant, à l'aller et au retour, et isolés l'un de l'autre par les galets en fibre E, qui sont aussi chargés d'assurer leur rotation et, du même coup, la progression du trolley. À cet effet, les galets E sont entrainés par le frottement de l'induit du moteur électrique M, moteur triphasé, alimenté par celui de la voiture. Cet induit, en cage d’écureuil, tourne par l'intermédiaire de paliers à billes autour d'un inducteur fixe auquel il sert d’enveloppe. L'arbre de cet inducteur est porté par deux supports, suspendus pa une double articulation à l'arbre des galets. Des ressorts à boudin R, réglés par des vis, permettent de graduer le frottement qui s'exerce entre les galets E et l'induit. Contre celui-ci frotient aussi les sabots F d’un frein électros magnétique, manœuvré par le conducteur de la voiture et permettant d'immobiliser le tro!ley. 2 Le conducteur qui relie ce frein au combinateur, et les trois qui relient le moteur du trolley à celui de laïvoiture se raccordent à ceux qui viennent des galets (et qui forment un cadre $, véritable suspension à la cardan). Ce cadre est relié par un joint à la cardan au manchon C, à partir duquel les six conducteurs cheminent ensemble jusqu'à lu voiture. De cette facon, on évite toute torsion des conducteurs. chroniquement : trolley et voiture marchent de conserve. Le raccord du cäble à six conducteurs, qui les relie l'un à l’autre, se fait au sommet d’un mât (dont la longueur est calculée pour maintenir le cäble à une hauteur suffisante au-dessus des véhi- cules rencontrés par la voiture), et à l’aide d’un accouplement susceptible de s'orienter de lui- ner un excès de puissance, qui est sans emploi dans les conditions normales du parcours, el qui devient pour lui la cause d'une mauvaise utilisation de l'essence consommée‘. Pour le rendre capable d'assurer à la voiture des vitesses variables, on est 1 Il faut, cependant, reconnaitre que le réglage par l'ad- mission, tel qu'on le pratique depuis quelques mois, atténue notsblement ce défaut. 1 4 reé de lui adjoindre un jeu compliqué d'engre- es ou de poulies et de courroies, qui occasionne n 40 à 50 °/,). En revanche, le moteur à explo- ns permet d'emporter sur la voiture une grande antité d'énergie, dont le renouvellement en cours route est, d’ailleurs, très facile. Au contraire, le moteur électrique est doué d'une lasticité remarquable, qui, en lui permettant de éltre à chaque instant en œuvre la quantité dénergie nécessaire et de se passer d'organes mé- aniques de changements de vitesse, assure une rès bonne utilisation du fluide ; mais il est.astreint des ravitaillements fréquents. : elte opposition de caractères devait tout natu- ellement donner l'idée d'associer, dans une au- bmobile, les services des deux moteurs, afin de arer aux inconvénients de l'un par les services de Cette idée a été appliquée, pour la première Mois, croyons-nous, en 1898, à Chicago, par M. Pat- _ dans une voiture où l'énergie était fournie par moteur à gazoline, transformée en électricité par ne dynamo génératrice, emmagasinée dans une tterie d'accumulateurs et consommée par un oteur électrique, qui, finalement, actionnait le hicule *. $ 1. — Voiture Pieper. « En 1899, les Établissements Pieper, de Liége, ont exposé aux Tuileries une voiture pius simple. Un noteur à pétrole, d'environ trois chevaux et demi, st placé verticalement à l'avant. Sur son arbre est alé l'induit d'une dynamo, capable de marcher Suecessivement comme génératrice et comme ré- eptrice, et sur les bornes de laquelle est placée en différentiel monté sur l’essieu d'arrière moteur. La voiture marchant en palier ne demande pas tout le travail produit par le moteur à pétrole lour- par la dynamo calée, qui fonctionne comme géné- atrice et charge les accumulateurs. Si ce travail E vitesse, celle-ci et, dès lors, celle de la dynamo décroissent : la différence de potentiel aux bornes, qui est fonc- on de celte vitesse, décroit aussi. Dès qu'elle =. C'était, on le voit, une disposition analogue à celle que MHeilmann a employée pour ses deux locomotives élec- GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 98L laleurs, ceux-ci se déchargent dans la dynamo, qui fonctionne alors comme moteur‘. Sa puissance s'ajoute alors à celle du moteur à pétrole, et le total disponible peut atteindre six che- vaux, presque le double de la puissance du moteur à essence. Com'ne celui-ci fonctionne toujours à pleine charge, il le fait économiquement. Sa mise en marche élant facilement assurée par la dynamo (en. fermant sur elle le courant des accumulateurs, après avoir inlercalé un rhéostat de démarrage), on peut l'arrêtèr dès que la voiture est au repos. Les accumulateurs, étant uniquement destinés à emmagasiner et à restituer le surplus de la puis- sance du moteur, n'ont besoin que d’un nombre restreint d'éléments (ils ne pèsent que 25 kilogs). De plus, n'étant jamais que faiblement déchargés, ils travaillent toujours dans les meilleures conditions, à pleine charge, et ils peuvent fournir, éventuelle- ment, des débits qui seraient excessifs s'ils de- vaient les donner à demi-charge seulement ; leur usure est fort atténuée. Ces avantages, d'ailleurs communs à presque toutes les voilures mixtes, sont ici obtenus par des moyens fort simples. Nous croyons cependant sa- voir que les Établissements Pieper ne construisent plus cette voiture ; mais M. Jenalzy en fait une sur un dispositif à peu près analogue. $ 2. — Voiture Jenatzy. La Compagnie internationale des Transports au- tomobiles, concessionnaire des brevets de l'ingé- nieur belge, construit des tonneaux de 8-16 che- vaux, des omnibus pour transports en commun; elle a aussi fait une voiture de course de 50 che- vaux ?. Cette voiture n'a que ses deux roues arrière mo- trices. Il serait pourtant facile, avec le système mixte, d'actionner les quatre roues. Peut-être même serait-ce, pour les constructeurs, le meilleur moyen de dépasser considérablement les vitesses déjà réalisées (que, pour notre part, nous trouvons plus que suffisantes). Mais il faudrait pour cela renon- cer à charger une seule dynamo du double rôle de génératrice et de réceplrice : le groupe électrogène moteur-dynamo fournirait le courant à quatre mo- 1 Cette dernière est excitée en dérivation ou à excitation shunt, telle que le sens du courant reste le même dans l'en- roulement inducteur, quelle que soit la direction du courant aux balais, de sorte qu’en passant de son rôle générateur à son rôle récepteur, elle continue à tourner dans le même sens que le moteur à pétrole. ? Le moteur a 4 cylindres de 135mm X 135nm, la dynamo une puissance de 30 chevaux, la batterie 1% éléments Aisle à 13 plaques donnant chacun 60 ampéres-neure. Le châssis, en fer cornière, a 4 mètres de longueur sur 0,90 de lar- geur: l'empattement est de 2",50, la voie de 1,40. Le poids atteint 1800 kilogs en ordre de marche 20"* 982 GÉRARD LAVERGNE — L'AUTOMOBILE EN 1902 teurs électriques commandant chacun une roue, une batterie-volant étant toujours reliée en parallèle aux bornes de la dynamo. Ce système est, d'ailleurs, employé avec deux mo- teurs électriques et deux roues motrices, pour des voitures de tourisme affectant d'ordinaire la forme tonneau, par plusieurs constructeurs, parmi les- quels MM. Lohner et Porsche et M. Kriéger. $ 3. — Voiture Lohner-Porsche. MM. Lohner et Porsche, de Vienne, ont combiné une voiture, dont les brevets viennent d'être acquis par la maison Panhard pour la France, l'Angle- terre et l'Italie. Dans ce système, un moteur de Wiener-Neustadt de 16-20 chevaux, disposé à l'avant, actionne une dynamo dont le courant est transmis directement aux moteurs électriques, pla- cés dans les roues même d'avant; à cet ensemble est annexée une petite batterie Planté - Puffer. Les caractéris- tiques en sont les suivantes : chässis, hau- teur au-dessus du sol 0,52, longueur3®,17, largeur 1,38, empattement OMS ES ADOIdS total sans eau ni essence 1.250 kilogs, vilesse maximum 90 kilo- mètres. Fig. $ 4. — Voiture mixte Kriéger. M. Kriéger a engagé, au Concours de l'Alcool de mai 1902, une voiture à avant-train de son lype ordinaire, sur l'arrière de laquelle il avait disposé un groupe électrogène, formé par un moteur de Dion de 4 minute, une dynamo shunt à 4 pôles, du même type que les moteurs électriques des roues d'avant. Ce groupe fournil, sous une différence de potentiel variable et égale à celle de la batterie d'accumula= teurs (44éléments Phénix nouveau type, d'un poids de 400 kilogs, d'une capacité de 108 ampères- heure pour une décharge de cinq heures, divisés en deux demi batteries 2,000 à 2.100 watts. Il fonctionne constamment et suffit à maintenir une vitesse moyenne de 15 kilo- mètres, tout en envoyant un peu de fluide aux accu- mulaleurs. La batterie se charge surtout dans les > chevaux, actionnant, à 1.450 tours par ? . une puissance conslante de 5. — Schéma de la voiture Champrobert. — M, moteur à pétrole; G, dynamo génératrice; R, moteur électrique; C, combinateur. descentes, où la récupération ajoute ses effeb celui du groupe électrogène. Le rapport des engr nages a élé calculé pour permettre des vilesses de 45 à 50 kilomètres par heure. La voiture pèsem 1.320 kilogs à vide et 1.585 en charge avec deux personnes !. $ 5. — Chariot de la « Fisher Equipment C° ». Le type mixte à groupe électrogène, dynamo= volant et moteurs électriques actionnant deux roues, a même été employé pour les poids lourd A Chicago, la Fisher Equipment C° avait, il y a dew ans, en service un chariot, pesant à vide 4.082 kilo pouvant en porter 7.257, aux vitesses de 6,4, 96e = JD pacité de 11 ampères- heu. re. Nous ne sa vons pas quels résullats a don nés cette ap plication au poids lourds d'un systèm qui nous sem ble réservé au véhicules de vi DILESSE: Nous termi nerons celte courte notice sur le système mixb par une voiture dans laquelle il se trouve simpl fié, non plus par l'emploi d’une seule dynamo mais par la suppression de la batterie d’aceu mulateurs. Nous voulons parler de la voiture Cham probert, que nous a fait connaitre l'Exposition des décembre 1901. La figure 5 en donne un schéma très explicite le moteur à pétrole M (ordinairement un Buchet# deux cylindres de 8 chevaux), muni d'un régull teur qui l'empêche de s'emballer quand le circuit de la dynamo est ouvert, actionne directement un dynamo génératrice (Gr, dont le courant est envo au moteur électrique R, qui commande par eng nages le différentiel de l’essieu d'arrière mote du système Coutal et Gasnier. Le combinaleur C et un rhéostat, par des COUEM plages appropriés des deux inducteurs et des deux 1 M. Kriéger est allé de Paris à Bruxelles’ (100 kilomètres dont 141 de pavés) à la vitesse moyenne de 23 kilomètres re sur court-circuit. a suppression de la batterie affranchit la voiture ne surcharge et d'une cause d'augmentation de s de premier établissement et d'entretien, qui t pas négligeable. Mais il ne faut pas oublier elle la prive d'un volant d'énergie, qui lui assu- erait une meilleure utilisation du moteur. Cette suppression lui a fait refuser la qualité de iture mixte, que nous n'hésitons pas à lui recon- ître, par certains auteurs qui veulent voir sim- je TI. — PRÉCIPITINES. Dans la dernière revue’, nous avons vu quel profit la Médecine commence à tirer de l'hémato- igie au point de vue du diagnoslic et du pronostic des maladies. Nous n'avons alors considéré que les applications auxquelles avaient donné lieu les recherches sur les éléments figurés du sang hématies et leucocyles. Parallèlement à ces re- cherches, mais dans un autre ordre d'idées, ont été faites des études sur la constitution et sur les ‘propriétés du sérum sanguin. Parmi celles-ci, on observé des phénomènes très curieux, encore expliqués ou interprétés à l’aide d'hypothèses, tels que l'hémolyse, c'est-à-dire la destruction ou, au moins, l’altération des globules du sang. C'est ainsi que le sérum d'une espèce animale, ajouté au sang d’une autre espèce, peut détruire les globules de cette dernière : du sang humain, ajouté, par exemple, au sang d'un lapin, détruit les globules de celui-ci. L'expérience peut se faire dans un tube à essai. On a cherché quelle pouvait être la cause de celte propriété hémolytique. On vit que le simple chauffage du sérum à 55°-56° pendant quelques minutes suffit pour lui faire perdre cette qualité ; on peut alors mélanger le sérum humain chauffé au sang du lapin sans que les globules perdent eur matière colorante. On en conclut que le sérum été ainsi privé d'une substance particulière, douée du pouvoir hémolytique. On appela cette ubstance a/exine (Büchner). Les alexines sont renforcées ou rendues patentes par d'autres subs- tances, appelées sensibilisatrices (Bordet). Metch- nikoff appelle l'alexine cy{ase, et la sensibilisatrice philocytase*. - Bordet a produit expérimentalement celte subs- ! Voir la Revue du 30 octobre 1901, p. 923. > Voir la Revue du 15 janvier 1901, p. 7. D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 983 plement en elle une voiture à transmission élec- trique : effectivement les deux dynamos remplissent ici le rôle des changements de vitesse ordinaires, avec une souplesse dont ces derniers sont inca- pables et avec une économie réelle, car, en attri- buant à chacune des dynamos un rendement de 85 °/,, le rendement final dépasse un péu 70°/,, alors qu'avec les transmissions usuelles, il n'atteint guère que 60 ?/,, et, quelquefois, ne dépasse pas 50 °/,. Gérard Lavergne, Ingénieur civil des Mines. REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE tance sensibilisatrice en injectant dans le péritoine du cobaye du sang de lapin. A l'état normal, le sang du cobaye ne jouit pas du pouvoir hémoly- tique vis-à-vis du sang du lapin. L'injection intra- péritonéale développe donc ou rend apparente une action qui était nulle ou inappréciable : elle produit une sensibilisatrice. Bordet à également vu que le sérum d'un lapin, préparé par injection préalable, a encore une nou- velle propriété, celle de précipiter les albumines du sérum de l’autre animal : d’où l'existence des substances appelées précipitines. C'est là un nou- veau réactif des albumines. Aussi Linossier et Lemoine avaient-ils pensé trouver dans cette réac- tion un moyen de différencier les albumines uri- naires; mais les résultats se sont montrés très inégaux. On ne peut jusqu'ici, par ce procédé, séparer la globuline de la sérine ; mais le sérum précipite assez uniformément toutes les urines nettement albumineuses. + Linossier et Lemoine ont perfectionné une ingé- nieuse application des précipitines à la Médecine légale. On sait combien est difficile la recherche du sang, et surtout le diagnostic de l'espèce animale dont il provient, quand il est à l'état de traces et desséché, altéré. C’est à déceler l'origine d’un sang répandu qu'on a pu employer les précipilines. Ces auteurs, tout en rejetant la spécificité absolue des sérums précipitants, ont cependant remarqué qu'en agissant sur des solutions étendues du sang essayé, on avait presque toujours une précipitation avec le sérum correspondant, et seulement avec celui-là. La technique de ce procédé nouveau est intéres- sante à connaitre; voici comment, d'après Ogier et Herscher, il convient d'agir pour déterminer la nature des taches de sang en Médecine légale : On prépare le sérum précipitant en injectant tous les deux jours, sous la peau d'un lapin, 984 D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 10 centimètres cubes de sang humain. On fait ainsi six injections. Après cinq à six jours de repos, on prélève sur l'animal du sang, qu'on laisse se coa- guler dans des tubes soumis ensuite à la centrifu- gation. On décante ces tubes : le sérum est alors prêt. On lave la tache suspecte à l’eau distillée, on filtre le liquide obtenu et on le répartit dans des petits tubes de 4 à 5 millimètres de diamètre et de 10 à 12 centimètres de longueur. Avec du sang hu- main frais, on fait une solution aqueuse d'une con- centralion approximativement égale à celle qu'a fournie la lache; on dispose cette solution dans des tubes semblables aux précédents : on à ainsi un réactif témoin. On fait de même avec du sang de divers animaux, chien, bœuf, mouton, porc, elc. Une nouvelle série de réactifs témoins est ainsi constituée. On additionne chacun des tubes préparés d’une dizaine de gouties de sérum précipilant. On agite pour bien mélanger et on les place à la température de 37°-40°. Au boul de dix minutes, les tubes contenant du sang humain sont reconnaissables à de fins caillots qui, dans la demi- heure suivante, se précipitent au fond du tube et forment un coagulum net. Les autres sängs ne donnent au bout d'un temps beaucoup plus long qu'une réaction imparfaite. Ogier et Herscher esti- ment qu'on peut ainsi déceler une quantité de sang qui n'excède pas un milligramme, Une fois préparés, les sérums précipitants se conservent quelque temps. Linossier et Lemoine ont pu conserver pendant rois semaines environ un sérum aclif vis-à-vis du sérum de cheval à la dose minimum de 3 °/,, par le simple maintien à la glacière. Les procédés de conservation par des chloroforme, de sodium, elc., sont à l'étude. substances diverses, fluorure IT. — PNECMONIE. La pneumonie franche est une infection due à un microbe bien défini, le pneumocoque de Tala- mon-lraenkel. On pourrait penser que, toutes les fois que le poumon sera infecté par ce micro-orga- nisme, il présentera des lésions presque identiques dans tous les cas. Or, cela ne se réalise pas. Rien n'est plus divers que les lésions anatomiques causées par le pneumocoque. Il frappe tantôt des ilols disséminés dans le parenchyme pulmonaire, tantôt, d'une facon massive, un grand lerriloire du poumon, un lobe tout entier; d'autres fois, il se cantonne aux bronches, De même, les symplômes cliniques auxquels la pneumococcie donne lieu sont éminemment variables. La plus nette de ces formes analomiques et cliniques est la pneumonie franche, lobaire : franche, à cause de la régularité et d l'intensité des phénomèmes qu elle provoque, graphie des lésions. Il fait justement remarque que la pneumonie frappe un bloc pulmonaire qu atteinte est de beaucoup la plus fréquente, qu'elle chevauche sur deux lobes à la fois et se propage ments élagés, on reconnait le bien-fondé de | l'appellation « segmentaire » employée par Carnot | Ce sont les causes de cette disposition segmentaire qu'il a recherchées. Les raisons anatomiques d'unê propagation aussi régulière ne peuvent résider ni dans la distribution des canaux bronchiques, ni. dans celle des troncs vasculaires, car leur divisio ù 4 dichotomique ne s'accorde pas avec les plans segmentaires. La propagation de proche en proche par les voies lymphatiques peut l'expliquer, mais l'invasion microbienne ne se fait pas, dans ce cas M avec une telle régularité. Carnot fait donc inter | venir l'influence du système nerveux. Il rappelle’ | à ce sujet, la thèse remarquable de Meunier sur le rôle du sytème nerveux dans les infections pulmo=s naires. Il réfute, toutefois, l'importance presquew exclusive donnée jadis au pneumogastrique el rapporte à un niveau plus élevé de l'axe, aux centres nerveux mêmes, la commande de la seg mentation. Sa théorie dérive immédiatement de 1 métamérie. Les lerminaisons nerveuses des divers étages: du poumon procéderaient d'éléments conducteurs dont les neurones se lrouveraient en des plans superposés de l'axe bulbo-médullaire. Ceux-ci peuvent être directement influencés par la toxin@ preumonique; ou bien, ils sont le centre d'un réflexe parti des terminaisons pulmonaires. Ces considérations sont d'un vif intérêt en Pathologie générale, en ce qu'elles montrent comment un infection peut être régie dans son allure, dans ses modes, dans sa topographie, par les influences réactionnelles du système nerveux. Signalons une méthode thérapeutique nouvellé | | | | | 25 à moyen de sérum, Talamon avait pu obtenir un abaissemen lrès notable de la mortalité à 14 °/,. Une second série de 50 cas lui donne également, cette année léstaux de 14 °/,. Dans le travail où il relate ces ais, il insiste sur ce fait qu'on ne peut comparer bloc tous les cas de pneumonie et qu'il faut ir compte de l’âge des malades. Il est, en effet, notoriété clinique que plus le malade atteint de eumonie est àgé, moins il a de chances de guérir. des tableaux de Talamon, il ressort que le nombre des décès a été de 12,5 °/, entre 16 et M3Qrans; de 21 °/, entre 30 et 50, et seulement de L8,1 /, de 50 à 78 ans. En outre, l'alcoolisme est facteur de gravité extrème dans la pneumonie. ette notion s'est ici montrée avec une telle évi- ence que tous les décès observés dans la seconde ie — un seul excepté — sont survenus chez des cooliques, dont trois sont morts de delirium Le fait capital qui se dégage de ce travail, c'est VPaction abrégeante de la médication ». Plus tôt re 2 jour ont duré 5 urèrent 7 jours, tandis que les pneumonies aitées du 3° au 6° jour évoluèrent en 9 jours, > qui est la durée moyenne. En outre, le sérum mble exercer une action plus caractéristique chez es vieillards ou, au moins, chez les malades qui t dépassé 50 ans. C'est pourquoi, comparaison aite avec les procédés de traitement acluellement Men usage, Talamon pense que le sérum antidiph- térique doit être proposé comme la médication de choix contre la pneumonie des vieillards. III. — LINITE PLASTIQUE. -I1 est une affection assez rare de l'estomac, onnue des médecins, surtout des anatomopatho- ogistes, et dont le nomaété jusqu'ici peu répandu hors de la Médecine : c’est la linite plastique. - Confondue avec le cancer de l'estomac, dont elle présente une grande partie des symptômes, elle en a souvent la malignité. Brinton, le premier, en 1859, décrivit et lui donna son nom. Hanot et Gom- “bault, qui l'étudièrent histologiquement en 1882, la différencièrent du cancer par la nature des lésions : ils trouvèrent, en effet, dans cette affection une sclérose diffuse du plan conjonctif situé sous la muqueuse gastrique, qui rappelait mieux les lésions de l'inflammation chronique que celles d’une néo- plasie. Certains auteurs se refusèrent à abandonner lidée de la nature cancéreuse de la linite; mais il aut prendre garde que tousles cas étudiés isolément üe soient pas exactement comparables entre eux. Dans un Mémoire récent, OEttinger a décrit une forme de jinite piashique limitée à la zune pylo- Pique. Le maiade, après dix ans de troubles D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE ———_—_—_—_—_û_—_—û—û—_—aZÂL 985 gastriques, fut opéré. Le diagnoslie porté était : sténose pylorique d'origine probablement cicatri- cielle. On ne sentait à la palpation qu'une indu- ration profonde de la région pylorique. Au cours de l'opération, on trouva une dilatation considé- rable de l'estomac, libre d’adhérences péritonéales, et une induration de toute la région pylorique, s'étendant sur l'estomac à 8 ou 10 centimètres du pylore. Les parois de l'estomacétaient, à ce niveau, quasi cartilagineuses et d’un blanc nacré. Tout l’antre pylorique fut réséqué; la malade guérit et son poids augmenta rapidement de 18 kilogs. L'examen histologique du cône induré a montré les détails suivants : un épaississement énorme de la couche sous-muqueuse et la fusion intime de celte couche d’un côlé avec la muqueuse et, de l'autre, avec la couche musculeuse sous-jacente. Les vaisseaux, artères et veines, ne semblaient pas altérés : leurs parois n'étaient pas épaissies. Le tissu sous-muqueux était constitué uniquement par des fibres connectives, dont les faisceaux étaient traversés par des vaisseaux lymphatiques gorgés de leucocytes. Cette turgescence lymphatique s'étendait au loin, jusque dans la couche muscu- leuse. La prolifération excessive du tissu con- jonctif, sans nuire aux cellules de revêtement de la muqueuse, avait néanmoins atrophié et détruit de nombreux culs-de-sac glandulaires ou étranglé le col des glandes, formant ainsi de petits kystes acineux. Aucun élément de nature cancéreuse ne fut trouvé dans les coupes. Ce cas est intéressant en ce qu’il prouve la loca- lisation possible à la région pylorique d'un pro- cessus d'ordinaire généralisé à tout l'estomac. D'ailleurs, Toulet, revenant sur ce point de Pa- thologie, a fait, comme les classiques, deux parts des faits observés. La linile plastique, suivant sa marche et la diffusion de ses lésions, affecte deux formes : l’une, généralisée, avec accompagnement de lésions extérieures à l'estomac, sur lesquelles Hanot et Gombault avaient insisté en décrivant la rétro-péritonite calleuse ; l'autre, localisée, le plus souvent à la région pylorique. La première forme est généralement rapide et marche comme un cancer ; la seconde a une progression beaucoup plus lente. Il importe de mettre en relief cette distinction, car le traitement en est tout différent. Dans la linite généralisée, la gastro-entérostomie est le seul palliatif à employer, tandis que, dans la linite pylorique, la pylorectomie devient un moyen curateur réel. IV. — INTOXICATION SATURNINE. On sait que l'attention des Pouvoirs publics a été instamment retenue sur les intoxications profes- 986 sionnelles et surtout sur l'intoxication par leplomb. Ce fut le blanc de céruse qui. par son emploi cou- rant et le grand nombre d'ouvriers qui le manient journellement, et par les discussions antérieures qu'il avait suscitées, motiva les mesures adminis- tratives spéciales qui viennent d'être prises. Un décret restreint l'emploi de la céruse à l’état de pâle dans tous les ateliers. Et encore ne peut-on pas employer les substances à la main. Le grattage et le poncage à sec des peintures à la céruse sont interdits. Il est prescrit de porter, pendant le travail, des vêtements spéciaux, que les ouvriers dépouille- ront au sortir des ateliers. Une récente cireulaire du ministre de la Marine interdit les marchés de vert arsenical en poudre et ordonne la substitution complète, pour toutes les peintures au blanc, du blanc de zinc au blanc de céruse. Au point de vue économique, l'effet de ce remplacement est très modéré : l'excédent de dépense occasionné par le blanc de zinc est minime : il a été évalué à O0 fr. 012 par mètre carré de surface peinte. Sans avoir l'importance d'une matière aussi usi- tée, bien d'autres préparations plombiques exer- cent, sur la santé publique, des influences nocives, d'autant plus pernicieuses que les relations de la substance employée avec le plomb sont, le plus sou- vent, inconnues et qu'on ne peut se garer efficace- ment d'une intoxication qu'on ignore. Uu des plus anciens traités des maladies profes- sionnelles, celui de Ramazzini (De morbis artifi- cum, Utrecht, 1703) ne mentionne guère que les peintres, parmi les ouvriers ou artisans soumis à l'intoxication par les sels de plomb : « minium, ci- nabre, céruse, vernis ». Aujourd'hui que les progrès de l’industrie ont multiplié et diversifié les profes- sions, la liste de celles qui prédisposent au satur- nisme est des plus longues et des plus variées. Bien plus, le saturnisme peut ne pas être profes- sionnel: chacun de nous peut introduire à son insu dans sa maison des matières dont l'usage est sus- ceptible d'amener l'intoxication. Celà est d'autant plus digne d'être signalé que, la plupart du temps, il ne s’agit pas alors d'empoisonnement aigu, à doses massives, mais d'une intoxicalion lente, chronique, difficile à diagnostiquer et à dépister. Ces intoxicalions sans symptômes évidents sont sou- vent prises pour une affection de tout autre ordre. Parmi les intoxications professionnelles peu. connues, nous trouvons les cas de Gaucher et Bernard. Le saturnisme était ici la conséquence de la fabrication des fausses perles : dans la pâte cuite au four, qui, une fois polie, constituera la fausse perle, se trouvait un sel de plomb. Le polissage se faisait sur des meules d'acier et donnait lieu à la formalion de poussières aux dépens de la substance polie. Dans le travail des D° A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE pierres précieuses vraies, on rencontre égalemer le saturnisme, mais par un mécanisme inverse C'est la roue de plomb recouverte d'émeri qui s’us et dissémine des particules toxiques (Fiessinger Un récent article de Romme vient encore d'’attire l'attention sur l'intoxication saturnine chez l'enfant Il montre quelle est la multiplicité des occasions qu'ont les inconscients de la subir. Cette énumération est instructive et vraimen d'utilité générale. C'est d'abord l'intoxication d nouveau-né par sa nourrice, si celle-ci use de fards solution concentrée d'acétate de plomb, mise su les gercures du sein de la nourrice ». Ailleurs, des injections d'acétate de plomb, faites dans un bu thérapeutique chez une femme enceinte, ont pu déterminer l'avortement et la mort. Les biberons, les vases divers (cas de Variot pour un gobelet d'étain plombifère) sont à surveiller au point dé vue de leur composition. Un grand nombre de boissons additionnées de litharge sont toxiques. Le pain lui-même présente éventuellement des dangers : « soit parce que Ja farine a été additionnée de céruse ou mélangée avec des parcelles de plomb provenant des meules soit parce qu'il a été cuit avec des bois peints à céruse. » Le beurre peut être coloré au chromate de plomb. De même, les gäteaux, bonbons et papiers servant d'enveloppes. Romme énumère encore les tissus plombifères, l'habitation de pièces fraiche- ment peintes à la céruse, le chauffage avec de vieilles boiseries peintes ou l’emploi de la braise qui en provient, les soies teintes, les chaussures à cuir intérieur blanchi au plomb, les poussières pro: venant de terrasses recouvertes de lames de plomb les toiles imperméables et capotes vernies des voi tures d'enfant. Gautier a montré que les toiles cirées damassées, simulant le linge de table peuvent contenir jusqu'à 330 grammes de plomb par mètre carré. Les jouets, boîtes de couleurs de mauvaise fabrication, les cartes de visite glacées présentent les mêmes inconvénients. Dernièrement on est revenu sur la réabsorption lente du plomi des projectiles restés dans l'organisme. La littéras ture médicale comprend l'observation curieuse d’un goutteux saturnin, à l’autopsie duquel on trouve 88 grains de plomb dans l'appendice vermiforme Rendu et Marcel Labbé ont signalé des intoxice tions graves chez les ouvriers qui fabriquent les accumulateurs. L'intoxication se fait ici presque uniquement par les poussières, comme l'a démons tré le cas d'un ingénieur qui ne manipulait pas de meces contenant du plomb, mais séjournait les ateliers. s observalions deviennent communes. On ému de leur fréquence progressive, et notre ent doyen, le Professeur Debove, a consacré ne lecon, récemment publiée, à l'intoxication ë urnine chez les électriciens. Talamon, l'an der- er, sur trente malades qui ont élé soignés dans service de l'Hôpital Bichat pour des coliques lomb, avait déjà compté, parmi eux, plus de la lié d'ouvriersélectriciens. Les particularités sur quelles le Professeur Debove insiste chez ces des sont le développement exagéré de l'intoxi- tion, la rapidilé de l'apparilion des accidents et avité des manifestalions morbides. Là encore, lempoisonnement est provoqué par la quantité énorme de poussières de plomb que produit l'opé- on industrielle à laquelle se livrent les ouvriers. poussières restent accumulées dans les ate- et risquent d'intoxiquer non seulement les iers, mais tous ceux qui y séjournent, tel l'in- ieur dont nous parlions plus haut. ailleurs, l'importance du rôle des poussières s les maladies professionnelles est extrème. La plupart des affeclions qui atteignent les carriers, niers, mineurs, tailleurs de pierre, polisseurs métaux, dépolisseurs de verre, peigneurs de arrures, etc., ouvriers des tabacs et de bien d'au- res manufactures qui n'ont rien de commun entre elles, sont dues aux particules en suspens dans l'air respiré. Il n'est jusqu'aux liquides eux- mêmes, l'alcool entre autres, qui ne puissent agir par leurs poussières, représentées ici par les molé- eules qu'entraine l'évaporation. Aussi l'une des préoccupalions majeures de l'hygiène profession- nelle des ateliers, chantiers, bureaux, et de tous les endroits où travaillent un certain nombre d’ou- riers, est-elle de trouver les meilleurs moyens d'enlever les poussières, de faire une ventilation co nvenable et une aération parfaite. { NV. — OxYDASES. — Une des questions dont les biologistes actuels ont le plus grand souci est celle des oxydations de Porganisme. Des travaux assez nombreux ont été faits sur ce sujet. Enriquez et Sicard viennent de publier un petit livre‘ qui résume clairement les Connaissances actuelles sur les oxydations de l'or- ganisme. Ils y ont ajouté des expériences person- nelles. Nous pouvons ici féliciter les auteurs de leur entreprise, qui familiarise les esprits avec des motions dont nul ne contestera l'imporlance. 2 E Exriouez et J.-A. Sicaro : Les Oxydations de l'orga- nisme. Paris, J.-B. Baillière, 1902. [0 D° A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE 987 Enriquez et Sicard indiquent judicieusement que l'étude des ferments doit son regain d'actualité aux problèmes soulevés par la découverte des toxines microbiennes. La Bactériologie nous ramène à la Chimie biologique. Déjà, l'ouvrage de Duclaux, que nous avons en son temps analysé ici même, avait étonné par l'ampleur de son sujet et la multiplicité des voies qu'il ouvrait. L'action des diverses sécrétions animales est due à des ferments. Ceux-ci se forment, dans les cellules glandulaires mêmes, sous des actions mo- léculaires encore obscures. Parmi ces phénomènes cellulaires, nous pouvons concevoir les phéno- mènes d'hydratation et de dédoublement, de des- hydratation et de synthèse, d'oxydation et de ré- duction. Suivant la nature de l'acte, des corps nouveaux et divers apparaissent. Des diastases se forment, et différentes selon quelles résultent d'une hydratation ou d'une deshydratation, d'une- oxydation ou d'une réduction. De plus, il faut con- cevoir que certaines substances ne peuvent se for- mer qu'après que d'autres se sont formées ou pendant que d'autres se forment. Une des lâches les plus glorieuses de la Chimie biologique est de tenter la différenciation de ces diastases, leur mode de formation et leur rôle. Parmi les diastases oxydantes et désoxydantes,. Enriquez et Sicard mettent en un relief particulier celles d'origine thyroïdienne. Le corps thyroïde exerce, en effet, suivant les résultats expérimen- taux, un rôle d'oxydation manifeste. L'excès d'oxy- dation déterminé par la thyroïdisation artificielle provoque une perte d'eau considérable, l'hyperazo- turie, l'hyperchlorurie, la phosphaturie et, en oulre, une augmentation notable de l’exhalation de l'acide carbonique par le poumon. Les phénomènes inver- ses s'observent dans l'insuffisance thyroïdienne. Enriquez et Sicard font du corps thyroïde un ré- gulateur des oxydations organiques. Ils s'appuient sur les relations anatomiques et embryologiques qui existent entre cette glande etle poumon pour émet- tre l'hypothèse que l'oxydation thyroïdienne prépare la fixation de l'oxygène sur les globules rouges. L'étude desoxydases estentourée des plus grandes difficultés. Comment différencier, en effel, les uns des autres les agents oxydants, si variés, de l'éco- nomie? Aussi faut-il, pour éelaireir le champ des recherches, établir des divisions entre les oxydases, ou ferments oxydants directs, les anaéroxydases, ou ferments oxydants indirects, et les autres corps oxydants. Les oxydases sont des diasta lubles doni les propriétés sont s présentent une étrange dispr quantité du ferment employé et l'effet produit : une quantité infiniment pelite sullit à produire des sorlion entre la 988 D' A. LÉTIENNE —— REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE transformalions infiniment grandes. Ils subissent l'influence de la chaleur, leur activité croissant jusqu'à 40-459, s'atténuant à 60-70°, et élant dé- truite vers 100°. En outre, ils sont insolubles dans l'alcool concentré, qui les précipite de leurs solu- tions. Ce précipité, desséché, est soluble dans l'eau. Ils ont, de plus, des affinités spéciales de fixalion. Ils ne sont pas dialysables. Tous les ferments n'ont pas la même action. Cerlainsd'enlreeuxliquéfient ou coagulent, d'autres hydratent ou oxydent. Ces derniers, les oxydases, permettent « à l'oxygène atmosphérique de se porter rapidement, à la température ordinaire et dans des condilions qui restent physiologiques, sur des corps que cel oxygène, sans les oxydases, n'atlaquerait que plus lentement » (Duclaux). Mais, une fois l'oxygène fixé sur un corps, il s'en dé- gage pour oxyder d'autres substances oxydables qu'il rencontre. Or l'oxydase, son transfert d'oxy- gène efleclué, se recharge de nouveau d'oxygène et peut ainsi agir indéfiniment, si des substances empéchantes, réductrices, n'y viennent faire obs- tacle. Ces ferments oxydants sont appelés ferments oxydants directs, par opposilion aux ferments in- directs où anaéroxydases. Ces derniers ne peuvent oxyder les substances oxydables en présence du seul oxygène de l'air : il leur faut un intermédiaire très oxygéné. Et, encore, ne suffit-il pas qu'ils soient en milieu oxygéné pour agir : il faut qu'ils puissent mettre eux-mêmes en liberté cet oxygène. Les ferments peuvent se différencier par leurs affinités spéciales pour certains corps, à l'exclusion d'autres. Les phénomènes d'oxydation peuvent être rendus appréciables, soit directement, soitindirectement. Dans le premier cas, on assiste à l'oxydation spon- ltanée. La coloration qui, au bout de peu de temps, revêt la surface de section d'une pomme, d'un trone d’artichaut, d’une pomme de terre, ele., exposés à l'air, est le résultat directement visible de l'action d'une oxydase. Bertrand, dans ses belles études sur la laque, a isolé la substance oxydante, la laccase, et la subs- tance oxydable, le laecol. Il a montré qu'en pré- sence de l’oxygène de l'air chacune de ces subs- lances, isolément, reste invariable. Mais, à peine mises au contact l'une de l’autre, la réaction s'opère et la laque se forme. Un des résultats les plus inté- ressants de son élude est la démonstration de l'ac- tivité du ferment proportionnelle à sa leneur en cerlains corps. L'analyse de la laccase lui a permis de voir que l'activilé diastasique y est d'autant plus grande que le ferment contient plus de man- ganèse. Sicard a observé des faits analogues sur certains sérums. Dans quelques cas de purpura, la d'acide carbonique déga rétraction du caillot sanguin est presque nulle, et sérum ne se sépare pas. L'addition d’une très petite quantité de chlorure de calcium rend la rétractilité au caillot. Si le phénomène d'oxydation n'est pas sponta nément apparent, on peut le rendre appréciable par l'adjonction d'une substance oxydable. L réactifs de cet ordre sont classés en deux sériess Dans la première sont la teinture de gaïac, lé gaïacol, la paraphénylènediamine, l'hydroquinone et le pyrogallol. Dans la seconde se trouvent l'al- déhyde salicylique et l'alcool benzylique. Enriquez el Sicard donnent la technique préconisée par Abelous et Biarnès et qui consiste à rechercher de oxydases dans les pulpes d'organes par l'acide salicylique et la mesure des volumes d'oxygène eb gés. | Les ferments oxydants ont élé recherchés dan les règnes animal et végétal. Chez les végétaux, Bertrand a trouvé la laccase et le laccol, dans le ÆLux succedanea; Bourquelot, la tyrosinase et la tyrosine, dans la bellerave, le dahlia et surtout dans le jus d'un champignon, la, russule. L'allération du vin, dite casse du vin, est. due à une diastase, qui précipite par l'alcool et dont. l'addition à des vins sains reproduit la casse (Du= claux). Chez les Invertébrés, Abelous et Biarnès ont trouvé une oxydase chez certains Crustacés, tels, que l'écrevisse et la langouste; Giard, dans les. tissus de quelques Ascidiens; Portier et Pieri, dans - certains tissus des Mollusques acéphales; Dewitz, chez les insectes durant la nymphose. Chez les Vertébrés, des oxydases existent dans le sang (Schmiedeberg, Langlois, Salkowski, Abelous et Biarnès), dans les poumons (Jaquel). Chez l'homme, les recherches sont plus difficiles. La plupart des observateurs s'étant servi, dans leurs expériences, des réactifs de la première série, qu'Enriquez etSicard considèrent comme infidèles, ces auteurs ont repris celle étude. Ils ont cherché les oxydases et les ferments indirects dans les humeurs et tissus du chien el de l'homme. Ils sont arrivés aux résullats suivants : 1° Toutes les recherches qui ont eu pour but de déceler, au moyen des réactifs de la première série gaïac, hydroquinone, etc.), la présence de ferments oxydants directs dans les humeurs et tissus du. chien et de l'homme, ont échoué ; 2° Toutes les recherches qui ont eu pour but de déceler la présence de ferments oxydants direcls au moyen des réactifs de la seconde série (aldéhyde salicylique) ont donné des résullals positifs ; 3° Toutes les recherches qui ont eu pour but de déceler la présence de ferments oxydants z2direcls au moyen des réactifs de la première série, elaprès homme, de la présence d'oxydases, de ferments vdants indirecls et de corps oxydants. Le lieu act de leur production n'est, toutefois, pas encore lerminé. VI. — Cancer. Certaines statistiques tendent à démontrer que ancer devient, de nos jours, de plus en plus fré- t abouli à des constatations d'apparence alar- nte. D'après l'examen qui à élé fait de toutes statistiques par de Bovis, il convient cependant n'admettre qu'avec réserve le prodigieux accrois- nent des affections cancéreuses. Un tableau récapitulatif, dressé par de Bovis, est, “au premier abord, peu rassurant. Pour divers motifs très plausibles, les statistiques trop anciennes ont té écartées; les états ne remontant pas au delà 1880 ont seuls été maintenus. Des chiffres sais- ssants y figurent. C’est ainsi que le cancer aurait périr, sur 100.000 habitants : à Londres, en 1880, 9 habitants; en 1888, 70 habitants; en 1900, 94 ha- itants ; à Paris, en 1880,98; en 1888, 107; en 1900, 121 habitants. Et dans tous les pays d'Europe cette marche de la mortalité par le cancer semble ascen- dante, car la Hollande, qui ne donnait que 50 décès 100.000 habitants en 1880, atteint 96 en 190) ; Plalie de 21 passe à 52; la Norvège, de 43 à 85; la Prusse de 26 à 57, dans le même espace de temps. À ne considérer que ces chiffres bruts, il paraît elair que la mortalité serait en voie d'accroissement énorme, aurait doublé en vingt ans. Mais de Bovis tend à la ramener à de plus justes proportions. examen comparalif des meilleures statistiques, et, enlre autres, de celles de King et Newsholme, de Francfort-sur-le-Mein, lui montre que les can- cers des organes facilement accessibles, comme les lèvres, la langue, la peau, le sein, l'utérus, le rec- tum, semblent rester stationnaires, tandis que l'aug- mentation porte surtout sur les cancers viscéraux. Or, dans ces cas, il est.à peu près certain que cet accroissement n'est que relatif, car les progrès de la Clinique et de la Chirurgie opératoire permettent de connaitre aujourd'hui plus de cancers viscéraux qu'autrefois. —… Un autre enseignement de ces statistiques est “dans la mise en relief de la plus grande fréquence du cancer dans les villes que dans les campagnes. Daus maintes régions, l'écart est considérable et à peu près analogue, quel que soit le pays visé. Voici 989 la stalistique prussienne de 1891-1895, d'après Las- : peyres. La mortalité est comptée pour 100.000 ha- bilants : HOMMES FEMMES Prusse en général. . . . ... . 16,6 53,8 Villes en général AETEUL02.S 19,6 Grandes IE EE PE 00 97,9 Moyennes villes . 63,1 83,2 PELLES NII UE LE | 53,4 63,4 CAMPa DES EE 35,8 306,4 En Suisse, c'est la même constatation : Balle EE 120 à 130 décès par cancer. Bäle-campagne. ‘90 à 110 — — Ville de Genève (1898) . 171,2 — — Canton de Genève . . . 140,2 —_ _— La mortalité du canton rural a fait baisser le pourcentage élevé de la ville. En France, la fréquence du cancer par 100.000 ha- bitants, est, en 1900, de : BALISE EE EN RER TE 121 Villes de plus de 100.000 habitants . . . , 112 — de 30.000 à 100.000 — MS AU) — de 20.000 à 30.000 — ele 95 — de 10.000 à 20.000 — RES EE TC: — de 5.000 à 10.00) — Tea ET als — de moins de 5.000 — HAS MS De Bovis fait remarquer que la mort par cancer est exagérée dans les grandes villes par l'accumu- lation des malades qui, de la campagne suburbaïine, viennent mourir dans les hôpitaux et établisse- ments sanitaires. Cette remarque est très juste. Elle est appuyée par des chiffres précis : A Leyde, 533 décès par cancer en 8 ans (Scholten). 116 n'appartiennent pas à la commune. A Turin, 1.645 décès par cancer en 4 ans. 3175 n'appartiennent pas à la commune. A Cracovie, 1.144 décès par cancer en 10 ans. 163 étaient domiciliés au dehors. A Paris, 2.951 décès par cancer en 1899. 216 n'appartiennent pas à la ville. La mortalité du cancer, d'après Laspeyres, ne serait pas proportionnelle à la densité de la popu- lation, mais au nombre de citadins vivant au kilo- mètre carré. Quant à la fréquence comparative du cancer chez les deux sexes, de Bovis s'élève contre l'idée de la réceptivité plus grande de la femme. Les deux sexes courent des risques à peu près égaux de succomber du fait de cette affection. VIT. — ADRÉNALINE. L'utilisation thérapeutique des substances tirées de l'organisme s’est beaucoup développée depuis quelques années. On se souvient des espérances qu'avaient données la méthode de Brown-Séquard et son extension à presque tous les organes. Jus- qu'ici, il faut avouer que les résultats ont été incer- tains, contradictoires même, dans bien des cas. Il 990 n'y a guère que l'extrait thyroïdien qui soit ulile, presque à coup sûr, et pendant le lemps de son administration, dans une affection très spéciale, le myxœædème consécutif à la suppression opéraloire ou à l'atrophie ou à l'absence congénitale du corps thyroïde. Dans les autres cas, l'efficacité des ex- trails organiques est insuffisante, souvent incons- tante et parfois nuisible. La question doctrinale relative aux extraits organiques tend, d'ailleurs, à se déplacer. On en comptait les principes actifs parmi ceux que four- nit la sécrétion interne des glandes et qui sont absorbés directement par la circulation. Les re- cherches récentes, entre autres celles de Foa, tendent à montrer que le principe actif contenu dans l'extrait des capsules surrénales est une nucléo-albumine, constitutive des éléments mêmes de la glande, et non un produit de sécrétion véri- table. Toutefois, une nouvelle acquisition vient d'être faile dans cet ordre d'idées: elle concerne l’un des principes actifs de l'extrait de capsules surrénales, qui nous vient d'Amérique sous le nom d'adréna- line. L'adrénaline est un composé organique chlo- ruré. On l’emploie, au titre de 1/1000°, en solution dans l'eau légèrement salée. L'instillation de quelques gouttes sur une muqueuse congestionnée en détermine la décongestion presque immédiate. Il s’y joint une légère action anesthésique, par le fait même de l’'anémie locale, et qu'on peut rendre plus complète par l'addition de cocaïne. L'adrénaline semble avoir une action prépondé- rante sur le système musculaire. Si son pouvoir décongestionnant est aussi marqué, c'est qu'elle agit surlout sur les fibres vaso-constrictives, et qu'elle diminue le calibre des vaisseaux et, par- tant, le débit du sang. Cette action est assez nette pour arrèler une hémorrhagie. Cette influence sur le tissu contractile ne se borne pas aux vaisseaux périphériques. L'administration interne de l'adré- naline augmente l'énergie des contractions muscu- laires du cœur et des vaisseaux, et accroit rapide- ment la tension sanguine. Jusqu'ici, :e sont les interventions sur les mu- queuses accessibles du nez, de la gorge, des yeux qui ont le plus bénéficié de cette nouvelle applica- cation. L'adrénaline, par son pouvoir hémosta- tique, rend, en effet, presque sèches les opérations: qui s'accompagnent ordinairement d'une hémor- ragie notable (ablation des végétations adénoïdes, des amygdales, des polypes, ete.). D' A. LÉTIENNE — REVUE ANNUELLE DE MÉDECINE Les hémorragies d'origine gastrique, pulmo paire, ulérine, peuvent être également arrêtées par l'ingestion d'adrénaline. La dose à employe de la solution d'adrénaline est de cinq à trent@ goutles. L'extrait de capsules surrénales avai déjà donné de bons résultats dans le traitement des hématémèses ou des hémorrhagies inteslinales dans le cancer du rectum inopérable. Soltau Fen wick en avait remarqué l'efficacilé, à la dose de 10 à 15 centigrammes d'extrait sec, dans les ulcé= ralions gastriques, sauf dans celles dont le siègêm élait voisin du pylore. Adam, dans les opérations chirurgicales, pour rendre Île champ opéraioire plus net, l'élanchait avec des tampons imbibés d'extrait surrénal. L'adrénaline à élé portée à la connaissance du publie médical par un article remarqué de Ler moyez. L'éminent spécialiste y faitle parallèle de 1 cocuïne et de l’adrénaline, montrant que, sans allé: rer les Lissus, on peut avec l’une suspendre mo mentanément la sensibilité dans une région limitéem et avec l’autre suspendre la cireulalion du sangM C'est ce qu’on observe aisément sur la muqueuse nasale. Un simple badigeonnage avec une solution faible d'adrénaline. et « presque immédiatemen! la muqueuse blanchil, se rélracte et semble dis- paraitre. L'os est comme dépouillé pour se mon trer à nu. Cinq minutes après cet attouchement il est loisible de tailler la cloison, de rogner les cornels sans que le sang coule » (Lermoyez). Les mêmes services que l’adrénaline rend en Chirurgie naso-pharyngienne, elle les rend en Oculistique. J. Vignes vante son emploi dans les conjonctiviles et les iritis. Elle amène une décon gestion rapide, de trente à soixante secondes après l'instillation d'une goulte d'une solution au mil lième. En Dermatologie même, ses applications peuvent être multiples. On sait qu'un des inconvénients de la photothérapie est de ne pouvoir agir sur des tissus suffisamment exsangues. Or, de Beur mann à eu l'ingénieuse idée de s'adresser à l'adré naline pour obtenir une ischémie temporaire des régions à soumettre à l'action des rayons lumi neux. Les résultats qu'il à ainsi oblenus sont satisfaisants. ; . Enfin, von Frisch a utilisé avec profit l'extrait des capsules surrénales dans les examens de la vessie au cours d'hématuries vésicales, et dans les opéra tions de tumeurs ou de papillomes de la vessie. D' A. Létienne. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 991 1° Sciences mathématiques bI£ (C.), Membre de l'Institut, Astronome honoraire TObservatoire. — Histoire de l’Cbservatoire de ris, de sa fondation à 1793. — 1 vol. gr. in-8e° >» 392 pages, avec 15 planches. Gauthier-Villars, aris, 1902. ersonne n'était mieux préparé que M. Wolf pour re une histoire de cet Observatoire de Paris où s'est oulée une grande partie de sa propre carrière : sa e pratique professionnelle, sa connaissance appro- e des instruments et des méthodes d'observation, ste érudition, la sûreté de sa critique le mettaient D Heron en mesure de présenter au public He eau fidèle et vivant du passé de cet établissement élébre. ‘éminent académicien n'a pas voulu refaire l'histoire entifique de l'Observatoire. Celle-ci est bien connue: ilen est autrement de l'historique des faits relatifs terrains, aux bâtiments, aux personnes qui lesont MOCCUpÉés, aux instruments dont on y a fait usage. C'est ette histoire du personnel et du matériel qu'entend 6 limiter l'auteur. Néanmoins il est amené, par la rce des choses, à discuter des points d'ordre purement ïientilique se rattachant soit à l'Astronomie, soit à nsemble des sciences au xvur° siècle. Aussi son beau ail, destiné, sans aucun doute, de préférence aux ants et surtout aux astronomes, sera-t-il apprécié r tous les lecteurs qui s'intéressent à notre histoire nationale. Le livre est partagé en vingt et un chapitres. Le premier traite de la fondation de l'Observatoire, i se confond, en quelque sorte, avec celle de l'Aca- démie, en 1666. Le second chapitre est consacré au des critiques les plus justifiées. - La description de l'Observatoire embrasse six cha- itres (de UI à VII), et il est aisé de la suivre, grâce à plans très soignés, placés à la fin de l'ouvrage. Voici noms des chefs des quatre générations de Cassini ï, de 1671 à 1793, ont successivement occupé les ippartements du premier étage : ean-Dominique (Cassini ])}, né à Périnaldo, comté le Nice, en 1625, mort aveugle en 1712; Jacques (Cassini Il), seigneur de Thury, de Fillerval, en 1677, mort en 1756; César-François (Cassini HI), dit de Thury, premier directeur de l'Observatoire, né en 1714, mort en 178£; Jean-Dominique (Cassini IV), successeur de son père Comme directeur, né en 1748, mort en 1843. Un cinquième Cassini, (Alexandre-Henri-Gabriel), né M1781, mort sans enfants en 1832, devint pair de ince et membre de l'Académie des Sciences, section > Botanique. Ê La méridienne, qui existe encore aujourd'hui dans grande salle du deuxième étage, et qui y est marquée "31 règles de laiton, encastrées dans des dalles de rbre, a été établie par Cassini 1: mais son tracé défi- nitif et sa décoration ne remontent qu'à Jacques Cas- ni. “A l'occasion de cette méridienne, M. Wolf a fait une couverte bibliographique capitale, qu'il a commu niquée, à l'Académie des Sciences, le 26 juillet {897 : un Manuscrit, trouvé dans les archives de l'Observatoire ébrapproché des mémoires de Jacques Cassini, permet d'abord de conclure que chacune des règles de laiton a Jlamême longueur que le pendule de Picard et, en second lieu, de calculer le rapport de la toise de Picard à celle de l'Observatoire, qui a été, dès l’origine, l'objet EE es BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX des Cassini, relation d’une} haute importance, puisque ces deux toises ont disparu. On peut affirmer, dit M. Wolf, que rous possédons encore aujourd'hui trente et un exemplaires authenti- ques de la longueur du pendule de Picard, représentant chacun 40,5 lignes de la toise de Picard et 440,0 lignes de celle des Cassini. Le bel édifice, construit à si grand frais par Perrault, cessa d’être entretenu quand survinrent les embarras financiers; dès le milieu du xvmme siècle, ilétait menacé d'une destruction totale. C'est seulement peu d'années avant la Révolution que le quatrième des Cassini put restaurer les bâtiments de fond en comble et,en même temps, acquérir des instruments en rapport avec les progrès récents de l’Astronomie. La partie consacrée aux instruments comprend les trois chapitres X,XI et XI1; M. Wolf n'en donne pas une description détaillée, mais plutôt une statistique. On voit avec une certaine surprise que Cassini se servait d’un azimutal ainsi que d'un véritable équato- rial et qu'il employait ce dernier instrument pour les divers usages auxquels on l'applique encore de nos Jours. Colbert, comme les autres gens du monde, était plus impressionné par les découvertes brillantes de Galilée, de Huygens et de Cassini que par les résultats des tra- vaux de longue haleine, qui doivent constituer la tâche principale d’un observatoire national, et pour lesquels Cassini, Picard, Lahire et Auzout réclamaient des instruments de haute précision. L'acquisition des grands verres le préoccupait par-dessus tout. M. Wolf reproduit la partie principale d’une Note dans laquelle Cassini donne des indications détaillées sur l'emploi de ces objectifs à distances focales immenses. En der- nier lieu, Cassini avait imaginé une machine armillaire parallactique qui, au moyen d'un mouvement d'horlo- gerie, entrainait l'objectif suivant le mouvement diurne. Il avait ainsi une sorte d'équatorial sans tube. En 1730, les instruments fondamentaux faisaient encore défaut. Il en existait cependant, qu'on avait construits pour les nombreuses expéditions scientifi- ques ; mais la plupart ne revinrent pas ou ne revinrent qu'avec des avaries irrémédiables ; bon nombre mème furent conservés, par les observateurs, pour leurs ob- servatoires particuliers. Ceux qui furent construits pour l'Observatoire, à partir de cette époque, furent installés dans des pavillons annexes, dont le groupe constitua désormais le véritable Observatoire. Dans les chapitres XHIL, XIV et XV, M. Wolf s'occupe spécialement du régime intérieur de l'Observatoire. Il rappelle, en y insistant, que celui-ci n’a pas eu de direc- tion officielle avant 1771 : ni J.-D. Cassini, ni son fils ne furent directeurs ; le premier qui recut ce titre fut Cassini IL de Thury, avec survivance pour son fils, déjà membre de l'Académie. Leurs collaborateurs étaient peu nombreux, car les astronomes de l’Académie possédaient à peu près tous des laboratoires particuliers, dont la [plupart étaient mieux installés que l'Observatoire royal. C'est Cassini IN qui eut le mérite de mettre le matériel scientifique de l'Observatoire en harmonie avec les progrès récents, et d'y organiser un service régulier d'observations, qui furent poursuivies jusqu'en 1791, en même temps qu il parvenait à faire restaurer les bâtiments. L'histoire de cette restauration, qui a été écrile par Cassini lui-même, est résumée par M. Wolf danses chapitres XVI à XIX. L ; Les deux derniers chapitres se rapportent à la pé= (de) © 12 riode révolutionnaire. Pendant les trois premières années de ces temps si troublés, où sa vie même est plusieurs fois en danger, Cassini IV déploie une acti- vité scientifique surprenante, qui dénote une rare énergie morale : la veille du jour où est promulgué le décret de la Convention qui supprime l'Académie, il y donne lecture d'un Rapport sur un mémoire de La- lande. Cependant, la position devient intenable et, le 5 septembre 1793, ilse démet de ses fonctions de direc- teur. Peu de temps après, il était incarcéré et ne devait son salut qu'à l'influence des citoyens de son quartier. Une pensée domine tout l'ouvrage de M. Wolf, qui la développe plus particulièrement dansle chapitre XI : la réhabilitation de la mémoire de J.-D. Cassini, premier du nom. Les premières attaques contre l’œuvre de cet homme éminent, el mème contre son caractère, émanent de Delambre, qui lui reproche de ne s'être occupé que de recherches d'ordre secondaire et d’avoir accaparé les faveurs royales au détriment de ses contemporains, tels que Picard, Auzout, Roemer, qui, eux, eussent employé les ressources de l'Observatoire à des travaux plus utiles pour les fondements de l’Astronomie. Arago lui impute à crime des opinions erronées de sa pre- mière jeunesse; Le Verrier le blâme d'avoir écarté l'emploi de la lunette méridienne de Roemer; enfin, M. J. Bertrand, dans des pages pleines d'esprit, donne de la force aux critiques antérieures en présentant Cassini comme un courtisan raffiné. M. Wolf réfute ces appréciations par des documents authentiques, montre que la prétendue défaveur de Picard et Roemer est une pure fable et s'efforce d'éta- blir que Cassini, qui a possédé toute l'estime des savants de son siècle, mérite également celle de la pos- térité. Le beau livre de M. Wolf est enrichi d’un frontispice et de quinze planches; l'exécution matérielle, c’est tout dire, est digne de la maison Gauthier-Villars. Nous espérons que l'auteur pourra prochainement nous donner, suivant sa promesse, l'histoire de l'Observa- toire de Paris depuis 1793. E. STEPHAN, Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Observatoire de Marseille. 2° Sciences physiques Bell (Louis), Docteur ès sciences. — Electric Power Transmission (A PRACTICAL TREATISE FOR PRACTICAL MEN. 3° édition, revue et agrandie. — À vol. gr. in-8° de 632 pages. Electrical World and Engineer. New-York, 1902. M. L. Bell, dont les ouvrages d'Électrotechnique ont recu un accueil empressé de l’autre côté de l’Atlan- tique, vient de donner la 3° édition de son Traité sur les transmissions électriques, dont la première édition a paru en 1897. Ce volume, édité avec soin par l'E /vetrical World and Engineer, présente un exposé très complet de la question aux Etats-Unis. L'auteur fait d'abord un exposé rapide des principes sur lesquels reposent les transmissions électriques. Bien que le titre annonce un ouvrage pratique pour les hommes pratiques, le rôle de l’éther dans les phéno- mènes du courant y est envisagé d'emblée, ce qui sup- pose aux lecteurs une ce rlaine préparation générale. Suivent des renseignements sur les divers modes de transmission des forces motrices, d'où ressortent avantages de l'électricité, même aux faibles distances, eu égard au bon rendement moyen qu'elle procure avec les charges variables. L'auteur donne une bonne analyse des divers sys- tèmes de moteurs à courant continu. Le jugement qu'il porte sur les transmissions à courant constant nous semble un peu sévère, étant donné le succès que ce mode d'alimentation a rencontré en Suisse. L'exposé des machines à courants alternatifs est par- ticulièrement difficile sans le secours des Mathéma- tiques, qui sont écartées à dessein de l'ouvrage. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX | les - L'auteur s'est tiré habilement de l écueil en insistant sur le côté physique de ces appareils et en s'aidant des éléments de la méthode des vecteurs. Les principaux exemples c ités sont tirés de la pratique des Etats-Unis; c'est ainsi qu'on trouve dans le livre la description des a ee de compoundage de la General Electrie G tandis que les systèmes de MM. Maurice Leblanc, Bou cherot et autres sont passés sous silence. L'ouvrage présente, d'ailleurs, une saveur bien amé ricaine. On y rencontre des recommandations telles qué (eUés -Ci « Evitez les appareils ayant des vitesses et des dimen: sos s'écartant de la normale; gardez votre voltage Ru et votre inductance faible et soignez les lignes « Les transmissions électriques sent établies pour sine de : argent et non pour servir à des thèses d'in génieurs. M. Bell ae en revue les moteurs à vapeur et à eaw dans des chapitres qui seront lus avec fruit par les ingénieurs dont les études théoriques remontent à quelques années. En ce qui concerne les turbines, om trouvera d° excellents renseignements sur la marche suivre pour utiliser la puissance d'un cours d'eau. Les lignes aériennes à haute tension sont étudiée avec soin, Il existe, aux Etats-Unis, plus de 60 instal= lations de 10.000 à 40.000 volts, qui constituent un vaste champ d'expériences où toutes les difficulté relatives à l'isolement ont été successivement vaincues. La lecture de l'ouvrage de M. Bell sera profitable à tous ceux qui veulent avoir une idée du magnifique“ développement des transmissions à grande distance. Il contient des renseignements précieux, exposés par un homme qui a contribué personnellement à l'exa= men et à l'exécution de plusieurs installations impor- tantes. Eric GERARD, Directeur de l'Institut électrotechnique Montefiore. Dolezalek (D' Friedrich}. — La Théorie de l’Accu- mulateur au plomb. — 1 vol. 1n-8° de 180 pages. Béranger, éditeur, Paris, 1902. Dans cet ouvrage, M. le Dr F. Dolezalek donne la théorie de l’accumulateur au plomb, d'après les idées modernes de l'Electrochimie, et en tire des conclusions importantes pour la pratique. Il étudie d'abord les phénomènes généraux de la charge et de la décharge, et montre que la théorie de la double sulfatation doit être adoptée, malgré les cri tiques dont elle a été, à diverses reprises, l'objet. I donne ensuite la théorie osmotique de la production: du courant, puis étudie la variation de la force électro- motrice et du potentiel des électrodes avec la concen= tation de lélectrolyte et la température. Dans la partie consacrée aux réactions du circuib ouvert, l’auteur explique le phénomène du rétablisse ment de la force électromotrice, celui de la décharge spontanée. Au sujet de la sulfatation, il donne des indi= cations précieuses pour la pratique. L'auteur étudie ensuite les variations de la capacité suivant la concentration de l'électrolyte, la tempéra ture et le régime de décharge, même dans le cas de régime variable. Les dernie rs chapitres sont consacrés à l'étude du rendement, à la théorie de la formation et à l'indica= tion des SOA à employer pour la mesure de k force électromotrice, du potentiel des électrodes, de la capacité, du rendement et de la résistance inté rieure. Bien que cet ouvrage soit entièrement consacré à las théorie, il contient un très grand nombre de renseigne ments intéressants concernant la pratique, et il pourra ètre Ju avec fruit par tous ceux qui s'intéressent à] fabrication de l'accumulateur au plomb. R. Popp, /ngénieur électricien. — La télégraphien sans fil expliquée au publie. — 4 Lrochure 1n-8° ue 40 pages. (Prix : 1 fr. 50). J. Vietorion, éarteur, &x rue Dupuytren, Paris, 1902. 4 ffignier (Ch.). — Manuel du Fabricant de Ver- is. — 1 vo/. in-8° de 312 pages, de la Bibliothèque Actualités industrielles. (Prix : 5 fr.) Bernard nol, éditeur, 53 bis, quai des Grands-Augustins. aris, 1902. industrie des vernis, celle des vernis gras, en par- ïer, est une de celles dans lesquelles la science a le lentement pénétré; c'est une de celles aussi dans elles elle a encore de grands progrès à accomplir. étude des vernis à, cependant, été abordée par des sa- ants distingués; mais, d'une part, la connaissance des vommes-résines est encore peu avancée, et, d'autre part, l'industrie des vernis est très fermée; chaque dustriel garde le plus grand secret sur sa fabrication es « tours de main » qui sont employés dans son sine. Cela est tellement vrai que M. Coffignier nous rtit très loyalement, dans sa préface, qu'il ne nous lira pas tout ce qu'il sait, car il est lui-même dans l'in- lustrie des vernis. -Cette réserve faite, on peut dire que l'ouvrage de Coffignier est très documenté et qu'il est fait en nscience. Dans bien des ouvrages sur les vernis, il y es formules inexactes; M. Coffignier montre dans n livre que certaines de ces formules constituent de itables non sens; elles sont, cependant, reproduites ar les divers auteurs qui les empruntent à tour de rôle leurs prédécesseurs. M. Coffignier est un praticien, | l'on peut espérer qu'il a su éliminer ces erreurs de Son livre, car un manuel doit être pratique et exact. X. Rocques. Ingénieur-chimiste Ancien chimiste principal du Laboratoire municipal de Paris. 3° Sciences naturelles Anglas (J.), Docteur ès Sciences. — Les Phéno- . mènes des Métamorphoses internes. — 1 r0/. in-18 de 90 pages. Naud, éditeur. Paris, 1902. ‘Au milieu des discussions que soulève le problème des métamorphoses et des théories souvent contradic- ires, il est fort difficile de se former une opinion sur question. Certains auteurs accordent au processus hagocytaire une importance considérable dans les hénomènes d'histolyse, tandis que d'autres en con- tent jusqu'à l'existence. Entre ces apinions extrêmes xistent tous les intermédiaires; à travers les théories, est souvent malaisé de faire le partage entre les faits x-mêmes et leurs interprétations. “L'ouvrage de M. Anglas répond à celte nécessité et comble une lacune, en mettant au point ces questions actualité si difficiles. Fortement documenté par ses avaux personnels et par une bibliographie très com- ète, l'auteur résume simplement, en ces quelques ages, tous les problèmes relatifs soit aux faits d'ob- érvation, soit aux théories, sans cependant jamais onfondre celles-ci avec ceux-là. Bien qu'il ait pris arli dans la question, et qu'il ne considère pas, en articulier, la phagocytose comme la cause détermi- naïte, ni même comme l'agent essentiel de l'histolyse, ila exposé tous les faits observés, ainsi que toutes les interprétations, quitte à leur opposer des objections. Il serait facile de s'égarer dans un sujet aussi vaste ët.dont les connexions sont si nombreuses. M. Anglas Lévité cet écueil en prenant pour point de départ la éfinition précise des métamorphoses, posée, dès 1876, 2 M. le Professeur Giard, en l'opposant aux simples transformations. Quelques exemples, pris dans l'en- semble du règne animal, rendent la définition con- ète et délimitent le sujet. , M: Anglas a séparé en deux groupes les observations surles métamorphoses, suivant qu'elles se placent au point de vue du mécanisme, du comment morpholo- gique. et embryologique, ou bien à celui du détermi- Hisme, du pourquoi biologique. — Les phénomènes Dhistolyse et d'histogénèse relatifs aux Insectes ayant été lesplus étudiés, donnent naturellement lieu aux BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 993 descriptions les plus nombreuses; mais, chaque fois que cela lui a paru nécessaire, l'auteur établit une com- paraison avec ce qui se passe chez d'autres animaux. A cet effet, il à basé son exposition, moins d'après les différents groupes de tissus, — d'ailleurs passés en revue, — que d’après les divers ordres de phénomènes. C'est ainsi qu'il parle d'abord des phénomènes les plus simples de l'histogénèse que ne précède point ou presque point d’histolyse, ensuite de l'histolyse, puis de l'histogénèse consécutive à une histolyse in- tense : ce sont autant de chapitres, où l'exposé des faits précède toujours les considéralions d'ensemble sur les caractères généraux des processus. . Cette méthode expose peut-être à quelques répéti- tions, mais elle a du moins l'avantage d’être très claire. M. Anglas revient à trois reprises sur la question si passionnante de la phagocytose, et à trois points de vue différents. D'abord, au chapitre 11, il décrit le proces- sus histolytique, en particulier dans le tissu muscu- laire; l’auteur présente les diverses théories de l'his- tolyse musculaire, et il les divise en théories absolues, phagocytose et régression chimique, et en théories mixtes, autophagocytose et lyocytose. Au chapitre un, qui résume les caractères de l'histolyse dans les divers üssus, il revient sur la phagocytose, pour préciser son rôle effectif et sa part dans l’ensemble de ces phéno- mènes. Enfin, au chapitre v, il en reparle à propos du déterminisme de la métamorphose. Ce chapitre constitue à lui seul la deuxième partie de l'ouvrage, celle qui touche au côté biologique de la question. On y lit avec intérêt le résumé des belles recherches physiologiques de Bataillon et de Terre, sur les phénomènes asphyxiques accompagnant les métamorphoses des Insectes, des Poissons et des Batra- ciens; on y trouve également traitées des questions connexes, telles que celles de la pigmentation, des généralions alternantes, de la substitution d’orga- nismes, etc. M.Anglas, comme cela ressort clairement de sonlivre, ne conteste nullement la phagocytose leucocytaire pen- dant l'histolyse, au moins chez les Diptères, où les au- teurs s'accordent à reconnaître l'existence des Xornchen- kugeln; mais il montre qu'il serait inexact de croire que toute métamorphose, que toute hislolyse, s'accom- pagne nécessairement de phagocytose ; à des affirma- tions et à des formules souvent théoriques, il oppose de nombreuses observations faites à l'étranger, en France, et par lui-même; il se refuse surtout à voir dans l'agression des tissus larvaires par les leucocytes la cause déterminante de la métamorphose, ce qui ramènerait l'explication de ces phénomènes à une sorte de prédestination antiscientifique. A l'ingénieuse théorie de M. Ch. Pérez, qui explique les métamorphoses par une crise de maturité génitale, l’auteur oppose d'abord des faits qui, selon lui, la met- traient en défaut, — le développement, par exemple, des neutres des Hyménoptères, — puis la théorie, éga- lement contraire à celle de M. Pérez, déjà formulée par MM. Giard et Bataillon. M. Anglas a, lui aussi, une théorie de l'histolyse : théorie de conciliation, pourrait-on dire, puisque, sans accorder un rôle prépondérant à l’action leucocytaire, elle tient compte de l'agglomération fréquente des leu- cocyles dans le voisinage des organes détruits; c'est la lyocytose, ou action dissolvante du liquide cavilaire où se déversent les sécrélions internes des éléments cel- lulaires, notamment des leucocytes. Si cette théorie demande encore une vérification immédiate, elle tient compte, néanmoins, de tous les faits counus, et permet de les relier entre eux, et elle peut provoquer de nou- velles recherches. De plus, grice à une application de l'équation de Le Dantec, relative à l'assimilation, l'auteur rattache la lyocytose à la théorie de l'arrêt physiologique et de l'asphyxie, cause des métamor- phôses, et il en déduit une e) tion de la loi de Geoffroy-Saint-Hilaire sur l'atrophie entrainée par le défaut d'usage. Les métamorphoses sont, de la sorte; 994 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ramenées aux lois les plus générales de l'évolution. L'ouvrage est illustré d'assez nombreux dessins, qui figurent exactement les tissus ou les processus décrits. Le lecteur a sous les yeux les pièces mêmes du débat, dont il peut ainsi facilement suivre les détails. — Enfin, en se reportant aux indications bibliographiques, on retrouve immédiatement la littérature complète rela- tive à ce vaste sujet. En résumé, ouvrage d'une lecture facile, bien que substantielle, et qui, touchant à l'Histologie, à la Bio- logie et à l'Embryologie générale, sera lu avec protit par tous ceux qui s'intéressent soit au détail des faits, soit aux questions d'évolution et à leurs conséquences philosophiques. En. pe RIBAUCOURT, Docteur ès Sciences, ; Préparateur à la Faculté des Sciences de Pars. 4° Sciences médicales Sicard (J.-A.). — Le Liquide céphalo-rachidien. — 1 vol. petit in-8° de 490 pages de l'Encyclopédie scien- tifique des Aide-Mémoire. — Masson et Gauthrer- Villars, éditeurs. Paris, 1902. Le livre de M. Sicard est le premier qui envisage dans leur ensemble la séméiologie et la pathologie du liquide céphalo-rachidien. Trop longtemps resté dans le domaine exclusif de la Physiologie, ce liquide appartient, à l'heure actuelle, à la Clinique. On peut, en effet, facilement le recueillir au lit du malade, en étudier les caractères et les impu- retés. Par la voie lombaire, en passant entre deux ver- tèbres, un instrument effilé peut aborder une grande cavité intra-rachidienne et intra-dure-mérienne; ses parois, en forme d'enveloppe conique à sommet infé- rieur, sont la continuation du manchon qui entoure la moelle dans toute sa hauteur, constituée par la dure- mère et l'arachnoïde. La moelle ne descend pas dans ce cul-de-sac, où flottent librement, dans le liquide céphalo-rachidien, les nerfs dits de la queue de cheval. Quincke (1890), en montrant que l’on pouvait facile- ment atteindre, chez l'homme, l'espace sous-arachnoï- dien lombaire, et retirer à l'aide d’un trocart le liquide céphalo-rachidien, a ouvert l'ère des recherches qui devaient aboutir, en moins de dix ans, à de si nombreux résultats pratiques. La technique de la ponction lombaire n'a subi que peu de modifications depuis Quincke. M. Sicard s’est efforcé d'en donner des règles simples, précises, et d'éviter toute fatigue au malade. Celui-ci est dans le décubitus latéral; il fait le gros dos, écartant au maximum les lames de ses vertèbres. On repère le quatrième espace lombaire, et, après stéri- lisation de la région et insensibilisation du tégument, on enfonce, un peu en dehors de la ligne médiane, à travers la peau, la masse musculaire, les ligaments, la dure-mère médullaire et l'arachnoïde, dans l'inté- rieur même de la cavité intra-rachidienne, une aiguille stériliste de 9 ou 10 centimètres de longueur. Par l'ai- guille de platine, creuse, s’écoulent quelques centi- mètres cubes de liquide céphalo-rachidien, que l'on recueille. Telle est la ponction lombarre, la ponction de Quincke. Mais ce dernier, en la créant, n'avait en vue que la thérapeutique « par soustraction du liquide céphalo- rachidien ». Les indications en parurent bientôt limi- tées. C'est alors que l'étude du liquide soustrait prit une place prépondérante, et que la ponction lombaire acquit définitivement en Clinique une importance consi- dérable. Les méthodes d'investigation qui la complètent sont : l'examen bactériologique du liquide céphalo-rachidien, grande valeur du livre de M. Sicard, dont la portée le cytodiagnostic, le chromodiagnostic; la ponctio lombaire à ouvert également la voie au procédé dé injections Sous-arachnoïdiennes. L'examen bactériologique du liquide céphalo-rach dien est le premier en date. Il fut d'abord pratiq systématiquement au cours des méningites aiguë (Fuhrbringer, Stadelmann, Krüning, Weichselbaum Bonome, à l'étranger ; Netter, en France). Il peut réus sir à déceler l'agent pathogène de la méningite. Sour vent, cet examen reste négalif. : La méthode des injections sous-arachnoïdiennés (Si card) a ouvert à la Thérapeutique une voie nouvelle encore à peine explorée. La Chirurgie surtout en 4 bénéficié; elle possède aujourd'hui la rachicocai sation (Bier, Tuflier, Reclus), procédé d'anesthésie qu rivalise avec la chloroformisation, l'éthérisation et cocaïinisation locale. s Mais la ponction lombaire n'est devenue un moyeér d'investigation courante, vraiment en usage dans tous les services de Médecine, que depuis les multiple applications de l'examen cytologique du liquide céphalo rachidien (Widal, Sicard et Ravaut). Cette méthode d cylodiagnostic est basée sur la recherche des éléments cellulaires, lymphocytes et polynucléaires, contenus à l'état pathologique dans le liquide céphalo-rachidien qui, à l'état normal, est clair « comme de l'eau de roche. » La formule quantitative et qualitative du raps port entre les éléments cellulaires renseigne sur là nature des méningites aiguës et chroniques. La mé: thode à donné, entre les mains des nombreux clini ciens qui l'ont expérimentée, tant en France qu'à l'Etranger, les résultats diagnostiques les plus favo rables. h Enfin, la dernière venue, la méthode du chromodia gnostie (Sicard), est basée sur l'étude de la coloration du liquide céphalo-rachidien et légitimée par les faits rapportés en France par Bard, Tuflier et Milian, Widalk Sicard. Telles sont les diverses méthodes de technique qui ont marqué, comme par autant d'élapes, l'histoire de la ponction lombaire. Toutes ont leur intérêt, mais il faut réserver une place à part à l'examen cytologique d liquide céphalo-rachidien. Le cytodiagnostie a permi la ponction lombaire d'entrer dans une phase fécondé en résultats pratiques. \ On vient de voir, par cet exposé Sommaire, comment a pu se constituer, en peu d'années, un chapitre nouvea de séméiologie. On a vu aussi combien était grande la part de M. Sicard dans l'édification de ces méthodes nouvelles. Aussi nul n'était mieux désigné que lui pour présenter un travail d'ensemble sur la question. Son étude synthétique, du plus haut intérèt, fait ressortir le caractère strictement scientifique de quelques-unes des recherches qui ont porté sur le liquide céphalo-rachi= dien, et le caractère directement pratique de certaines méthodes, du cytodiagnostie notamment. : Le travail de M. Sicard montre surtout que nul, méde cin ou étudiant, n'a le droit de se désintéresser de à ponclien lombaire. Chacun doit se familiariser avec là rachicentèse, comme il le fait avec la thoracentèse € la paracentèse, el savoir recueillir le liquide céphalo rachidien dans l’espace sous-arachnoïdien. Quant à l'espace sous-arachnoïdien, il importait de le connaitre au préalable. C’est dans l'embryologie qu'il a fallu chercher l'origine de sa disposition et l'explication de sa topographie chez l'adulte. M. le Professeur Bris saud, dans une remarquable Préface, fait bien saisie tout l'intérêt de ces recherches embryologiques. Ge préambule scientifique fait hautement ressortir Ja pratique sera cerlainement considérable. : D' Henry MEIGE. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 995 CADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS s Séance du 22 Septembre 1902. M. le Président annonce le décès de M. Damour, académicien libre. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Deslandres à liqué la méthodes pectrale, dite de linclinaison des es, à la recherche de la rotation de la planète Uranus. après les premiers résultats, il est très probable que planète tourne dans le sens rétrograde, comme ses itellites. 22 SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Boussinesq démontre que le principe de Fermat sur l’économie du temps S'applique au mouvement relatif de la lumière dans un orps transparent hétérogène animé d’une translation pide. — M. P. Lebeau a reconnu que le cobalt fournit avec le silicium trois combinaisons définies istallisées, ayant respectivement pour formules SiCo*, Co et SiCo; ces composés forment une série en tous ints comparable à celle des siliciures de fer; leurs Sont identiques. — M. Goutal à trouvé que le pouvoir Calorifique des houilles peut être représenté très exac- ement par la formule P —82C + aV, où Cest la pro- portion en centièmes de carbone fixe, V celle des matières volatiles, et a un multiplicateur variable, fonction de la teneur en matières volatiles du com- bustible supposé pur. Le pouvoir calorilique des ma- tières volatiles décroit régulièrement de l’anthracite - au lignite. 32 SCIENCES NATURELLES. — M. Lucien Daniel a greffé le Scopolia carniolica sur jeunes plants de tomates. Il à pu ainsi rajeunir des tiges aériennes de Scopolia en voie de décrépitude sénile. Ensuite, ce greffage a pu faire apparaître, chez le Scopolia, une seconde floraison annuelle et donner ainsi à cette plante la propriété de remonter. — M. G. Odin, en culüvant des Penicillium sur un milieu nutritif convenable, a constaté que les spores normales acquièrent la propriété de bour- seonner en levure sur place. Les colonies de formes- evures ainsi produites peuvent pexsister ensuite sur un substratum solide. — M. A. Lacroix a étudié les enclaves des andésites de l’éruption actuelle de la Mon- tagne Pelée. Ces enclaves semi-cristallines, composées de feldspaths plagioclases, hypersthène, titanomagné- … tite, augite, hornblende et olivine, ont été formées sur place. Elles représentent une étape vers la production - de roches holocristallines grenues. Séance du 29 Septembre 1902. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Tzitzeica pour- suit ses recherches sur la déformation continue des - surfaces et indique les cas où le dernier réseau con- jugué reste invariable pendant cette déformation. — M. J. Guillaume communique ses observations de la comète Perrine-Borrelly (1902 D), faites à l’équatorial Brunner de l'Observatoire de Lyon. — M. H. Deslan- dres à organisé, à l'Observatoire de Meudon, divers Spectrographes automatiques, dits des vitesses, qui enregistrent les mouvements radiaux et l'épaisseur de la chromosphère solaire. 29 SGiENCES PHYSIQUES. —- M. M. Berthelot a recherché la limite d'intensité du courant d'une pile qui corres- pond à la manifestation d'un débit électrolytique exté- - rieur apparent dans un voltamètre. Pour un voltamètre —… renfermant de l'acide sulfurique étendu et du pyro- … gallol, on observe encore une électrolyse nette avec | une intensité de 0,000.010 ampère pour une résistance VU ) L È LR. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER extérieure de 30.000 ohms, et avec une intensité de 0,000.012 ampère pour une résistance de 500.000 ohms. L'ordre de grandeur des réactions des piles définies dans ces expériences est celui qui est compatible avec les phénomènes physiologiques normaux. — MM. H. Moissan el Holt ont oblenu un nouveau siliciure de vanadium V'Si en chauffant au four électrique un mélange de 120 grammes V°05 et 14 grammes Si, au moyen d'un courant de 1.000 ampères sous 50 volts, ou en faisant réagir le silicium sur le carbure de vana- dium. Il cristallise en prismes blancs brillants, à éclat métallique, de densité 5,48. Par ses propriétés chi- miques, il se différencie nettement du siliciure VS®. — M. R. Marquis, en nitrant le pyromucate d'éthyle par le mélange d'acide nitrique fumant et d'anhydride acétique, a obtenu l’éther nitropyromucique, qui se saponifie en donnant l'acide £-nitropyromucique, F.185°. — MM. L. Vignon et I. Bay ont reconnu que la sapo- nification des éthers nitriques s’accomplit suivant des règles particulières complexes, déterminées autant par la réduction facile de l'acide nitrique, pouvant aller de l'acide nitreux jusqu'à l'azote libre ou à l'am- moniaque, que par l'oxydabilité, variable pour chaque terme, de l'alcool régénéré par la saponification. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. L. Guignard à observé l'existence de la double fécondation chez le Capsella Bursa et le Lepidium sativum, de la famille des Cruci- fères. — MM. Lucien Daniel et V. Thomas ont étudié l'utilisation des principes minéraux par les plantes greffées. La transpiration moyenne est plus grande dans les plantes témoins que dans les plantes greffées. La quantité totale de matière minérale absorbée est considérablement modifiée par suite du greffage; le phénomène de la chlorose se trouve aussi, par le seul fait de la greffe, profondément modilié. — M. Aug. Chevalier a observé, sur les plateaux déboisés de l'Afrique intérieure, des Landolphiées modifiées, dont le système souterrain a acquis un très grand dévelop- pement, tandis que la tige aérienne, brülée périodique- ment, reste naine et herbacée. Ce sont : le Carpodinus lanceolatus, le Landolphia Tholloni et le L. humilis. Les deux derniers contiennent beaucoup de caoutchouc dans leurs racines. — M. Christomanos à étudié le tremblement de terre tectonique de Salonique (5 juillet). Il s’est propagé fort loin et a duré plusieurs jours. On doit l’attribuer au déplacement des bords de l’une des failles qui sillonnent les rivages de la mer Egée. Séance du 6 Octobre 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. de Séguier présente ses recherches sur un théorème de M. Frobénius. — M. W. Stekloff démontre que le problème de Clebsch sur le mouvement d'un corps solide dans un liquide indéfini et le problème de M. de Brun ne constituent, au fond, qu'un seul et même problème. La solution gé- nérale de l’un et de l’autre peut s'exprimer à l'aide de trois intégrales de différentielles totales attachées à une surface algébrique. — M. G-. Leveau donne les résul- tats de la comparaison de ses tables de Vesta avec les observations méridiennes faites de 1890 à 1900. — M. J. Guillaume communique ses observations du Soleil, faites à l'équatorial Brunner de l'Observatoire de Lyon pendant le premier trimestre de 1502. L'aire tachée a augmenté notablement; le 3 mars, il y avait trois groupes de taches à la surface du disque solaire, fait assez rare. Le nombre des groupes de facules à diminué, mais leur surface totale est un peu supérieure. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Bouzat a préparé les sulfates cuproammoniques anhydres et mesuré leur 996 ACADÉMIES ET SOCIËTÉS SAVANTES - chaleur de formation : CuSO*.AzH = + 23,48 cal. ; CuSO:.24A7H°=— + 43,22 cal. ; CuSO*.4A7H° ——+ 73,72 cal.; CuSO!.5AzH®=—-+8S cal. Les chaleurs de forma- ion des deux sulfates à 2 et # AZH, à partir du sel de cuivre et de l'ammoniaque, sont sensiblement égales à celles des deux chlorures correspondants, ce qui justifie l'existence de radicaux complexes dans ces sels. — M. H. Masson à étudié l’action du phénylbromure de magnésium sur les divers éthers; le formiate d’éthyle lui a donné un alcool secondaire, le benzhydrol (C°H°)? CHOH; les éthers des autres acides fournissent des alcools tertiaires (C°H°)C(OH)R. — M. R. Fosse : Sur un dérivé de l’eau oxygénée, le dinaptopyranol (voir p. 938). — M. F. Jean indique une méthode pour rechercher et doser l'extrait de bois de châtaignier en mélange avec l'extrait de chène destiné à la tannerie ; elle est basée sur le fait que le premier, agité à froid avec ‘de l'acide iodique, met en liberté une certaine quantité d’iode, tandis que l'extrait de chène ne donne rien. — M. Goyaud à reconnu que la pectase forme de l'acide pectique aux dépens de la pectine. Le phéno- mène nest pas influencé qualitativement par la pré- sence ou l'absence de sels de calcium. 39 SCIENCES NATURELLES. — M. L. Launoy à observé les phases suivantes dans l'élaboration du venin dans les cellules de la glande parotidé de la Vipera aspis : 4° phase nucléaire; la chromatine, le caryoplasme, le nucléole y participent; elle donne lieu à l'émission, dans le cytoplasme, de granulations safronophiles en- tourées d'un halo de substance hyaline, qui constituent les grains de vénogène; 2 phase cytoplasmique; les grains de vénogène émigrés dans le cytoplasma s'y accumulent; au moment de l'activité glandulaire, les réactions cytochimiques transforment le vénogène en venin élaboré. — M. A. Tournouer rend compte des recherches paléontologiques qu'il aeffectuées en Pata- gonie. Il a recueilli des fossiles de l'étage terrestre à Nesodon (Santacruzien), de l'étage marin (Patagonien), de l'étage terrestre du Coli-Huapi à Astrapotherium et à Colpodon (Patagonien terrestre) et de l'étage terrestre du Rio Deseado à Pyrotherium, probablement corres- pondant au précédent. — M. Marcellin Boule signale la découverte d’une mâchoire de carnassier gigantesque, trouvée dans l'argile plastique de Vaugirard (près Paris). Les caractères de cette mâchoire la font attri- buer à un animal voisin des Pachyhyaena trouvés en Amérique. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 7 Octobre 1902. M. le Président annonce le décès de M. R. Virchow, associé étranger, et retrace brièvement sa vie et son œuvre. | M. L.-G. Richelot présente un rapport sur un mé- moire du D' Lafourcade relatif à un cas de rupture spontanée de l'utérus survenue pendant le travail. Le fœtus et le placenta passèrent dans la cavité périto- péale, d'où ils furent extraits par laparotomie; on extirpa ensuite l'utérus par hystérectomie sus-vaginale ; la malade guérit. — MM. Josias et L. Tollemer com- muniquent leurs études sur la diphtérie à l'hôpital Bretonneau pendant l'année 1901-1902. Sur les 58 en- fants qui ont succombé à cette affection, 29 fois la broncho-pneumonie à pu être considérée comme la cause sinon unique, du moins déterminante de la mort; tous les efforts doivent donc tendre à supprimer cette cause de mort, L'action du sérum antidiphtérique est d'autant plus prompte que l'injection à été faite plus près du début de la maladie. Il faut donc pratiquer l'injection sans tarder, mème lorsque le diagnostie n’est pas encore certain, puisque, dans ce cas, elle est tout à fait inoffensive. — M. A. Laveran communique les résultats de son enquête sur l'élal sanitaire de la Corse: tous les faits observés sont d'accord avec de la propagation du paludisme par les mous- tiques. Des Anopheles ont été recueillis dans toutes les la doc- ! trine localités signalées comme insalubres, et souventen t grand nombre. M. Laveran propose done, comme pr gramme d'assainissement : 1° de faire disparaitre tou les mares, tous les réservoirs d'eau stagnante du voisi- nage des centres habités, ou bien de détruire les larve de moustiques avec du pétrole, si les réservoirs d'ea stagnante ne peuvent pas être supprimés ; 2 de protéger les habitations à l'aide de toiles métalliques ; 3° d’em ployer largement la quinine à titre prophylactique et de traiter à fond tous les malades atteints de paludisme, afin que les moustiques ne puissent pas s'infetter et répandre la maladie. — M. Moty donne lecture dé l'observation d'un jeune soldat, atteint depuis un an de stupeur hypémaniaque, et chez lequel deux ponctions rachidiennes, pratiquées à quatre jours d'intervalle ont été suivies de la disparition des troubles psy- chiques. Séance du 1% Octobre 1902. M. J.-V. Laborde rappelle que le procédé des trac tions rythmées de la langue peut être employé avec avantage dans les cas d'asphyxie par l’'oxyde de car= bone, lorsque la vie n'est pas définitivement éteinte. M. Vallin présente un rapport sur le concours pour le Prix Vernois. — M. Em. Bourquelot résume les travaux de la Conférence internationale pour l'unification de la formule des médicaments héroiïques, tenue à Bru- xelles le 15 septembre 1902. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES 1° SCIENCES PHYSIQUES. E. Wilson : La dissipation de l’énergie par des courants électriques induits dans un cylindre de fer tournant dans un champ magnétique. — L'effet des courants induits sur la distribution du magnétisme dans un cylindre de fer, qui tourne sur son axe longitu- dinal avec une vitesse angulaire uniforme dans un champ magnétique, a déjà fait le sujet d’une commu- nication‘ de l’auteur. Le présent mémoire traite de l'énergie dissipée par ces courants électriques el com- pare les résultats de l'expérience avec la théorie qui a été exposée par M. J.-B. Dale. Le cylindre qui sert pour les expériences à un dia- mètre et une longueur de 25,4 cm. ; il tourne entre les pôles d'un aimant qui pèse plusieurs tonnes. Il est pourvu de bobines exploratrices, passées à travers des trous pratiqués dans un plan qui contient l'axe longi- tudinal, et grâce auxquelles les forces électromotrices dues à la rotation dans le champ magnétique ont été observées. Les résultats de l'expérience ont été traduits graphiquement par un procédé d'intégration double, La distribution qui paraît résulter des expériences est telle que les courants induits se distribuent eux-mêmes sur les surfaces de cylindres semblables et concentriques à celui sur lequel on expérimente. Deux autres distribu- lions sont aussi discutées par l'auteur, savoir : la distri- bution supposée par Baily?, telle que, danschaque section, les courants électriques se répandent en trajets rectan- gulaires semblables jusqu'à la limite de la section, et la distribution dans laquelle la densité du courant dans chaque trajet est constante tout le long du trajet. Si l’on s'occupe de la distribution qui résulte des ex- périences, la représentation graphique et la théorie 3,95 B°/°/° 109 les watts dissipés par ce., où B indique l'intensité de l'induction magnétique, supposée constante, f la fré- quence, / la longueur du cylindre, supposée égale à son diamètre, ets sa résistance spécifique. Pendant les ex- périences, on a fait varier la fréquence de 1/45 à 1/360; et, pour chaque fréquence, l'intensité moyenne d'in- duction à varié de 1.000 à 20.000. Dans chaque cas, les s'accordent pour donner la formule pour 1 NVicsox : Roy. Soc. Proc., vol. LXIX, p. 435. Rer. gén, des Sciences, n° du 15 octobre. # Phil. Trans. Roy. Soc., À, v. CLXXXVIT, 1896, p. T15-746° _walts par ce. sont moins nombreux que l'indique la for- mule ci-dessus. Le rapport des résultats est 1,3 à une ‘réquence de 1/360, et il est constant pour toutes les leurs de la densité d’induction. À une fréquence de 45, ce rapport varie de 1,4 à 1,7 pour de hautes et de faibles valeurs de la densité d'induction ; mais il est de 3,1 pour une valeur moyenne. On observe un effet semblable, quoique moins frappant, à une fré- quence de 1/90. L'explication de ce phénomène est qu'avec des forces intermédiaires, à ces fréquences, il se produit une très grande accumulation d’induction à la surface ; de plus, comme la forme d'onde de la force électromotrice près de la surface du cylindre, dans outes les expériences, est plutôt rectangulaire, la dissi- vation de l'énergie par centimètre cube est moindre “que ne l'indique la formule ci-dessus, puisqu'ici la torme d'onde est supposée être une courbe sinusoïdale. En supposant que la force électromotrice à la surface “est vraiment rectangulaire, la formule obtenue par la 2,08 B°22/° 10:69 Après avoir concilié les résultats de l'expérience avec ceux de la théorie, l’auteur compare la dissipation de “l'énergie dans des champs magnétiques tournants et alternants. Il fait remarquer que, dans le cas de pla- ques circulaires dont le diamètre est très grand com- parativement à l'épaisseur, et dans lesquelles les lignes de force sont distribuées uniformément dans le plan de à plaque, le champ tournant dissipe environ 1,7 fois autant d'énergie qu'un champ magnétique alternant “dans le même temps. Les résultats sont cependant “beaucoup influencés par la variation de la forme “d'onde, et mème, lorsque les lignes de force sont con- finées au plan de la plaque, condition que l’on ne ren- “contre pas toujours dans la pratique, le degré de dissi- pation de l'énergie, pour une densité d'induction «moyenne donnée, peutètre considérablement réduit, si la distribution de l'induction magnétique est telle qu'elle puisse donner une forme d'onde plus rectangu- laire à la force électromotrice induite. £ représentation graphique est _ J.-W. Gifford: Les indices de réfraction de la fluorite, äu quartz et de la caleite. — L'auteur à éta- bli des tables indiquant les indices de réfraction de la fluorite, du quartz et de la calcite pour vingt-six lon- gueurs d'onde, depuis la longueur d'onde 7.950 Rb jus- ‘qu'à la longueur d'onde 1852 AI inclus, à 15°C., et les coefficients de température de la réfraction. Une nou- velle méthode d'observation à été adoptée pour obtenir une grande précision. Les prismes sont polis sur trois côtés, et les déviations sont mesurées à chacun des trois angles. Les indices sont calculés d'après la formule sin + (D + 600) ET sin 300 La différence des angles des prismes de 60 est, dans chaque cas, moindre que quatre secondes d'arc; l'erreur introduite dans l'indice est alors moindre que 0,000.001. Par conséquent, il n’est pas nécessaire “dcymesurer les angles avec beaucoup de précision. « Quelques-uns des rayons du collimateur sont réfléchis “par la base du prisme et entrent dans le télescope. “L'image de la fente ainsi obtenue ne coïncide avec l'image réfractée que lorsque la déviation minimum est atteinte. En construisant le cercle du goniomètre, on a tracé, au moyen de la machine à graver, une petite raie de chaque côté de chaque division. A l’aide de - deux petites lampes électriques placées derrière le mi- mcroscope de lecture, on peut faire apparaître l'une “desraies ou toutes les deux sous l'aspect de fines lignes “blanches. A l'aide de’ fibres de quartz, on prend les -mesures sur chacune d'elles et on établit la moyenne. - On fait une correction pour l'erreur du microscope de “lecture; des précautions spéciales ont été prises pour - assurer la justesse optique des prismes. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. + n "2 ACADÉMIES ET SOCIËTÉS SAVANTES 997 Voici une estimation approximative de l'erreur totale pour 119 indices de la table : 33 ne dépassent pas . 0,0000023 39 — 0,00000%% 31 — 0,000008% ADITÉPESSEN TEE ER ET 0,0000084 1 atteint mais ne dépasse pas . 0,0000150 Quelques indices pour le quartz gauche sont indiqués, ainsi qu'une rapide détermination des gravités spéci- fiques des quartz droit et gauche. L'auteur donne aussi les dispersions partielles el proportionnelles de la fluo- rite, du quartz et de la calcite pour le spectre visible, puis leurs combinaisons de lentilles, ainsi qu'une liste des longueurs focales pour l'unité et une table de courbes pour tout le spectre avec des ordonnées pour une lon- gueur moyenne focale de 6.985 millimètres. Al. Findlay : Note préliminaire sur une mé- thode de calcul des solubilités et des constantes d'équilibre des réactions chimiques, et sur une formule pour les chaleurs latentes de vaporisation. — Si R et R' représentent les rapports des tempéra- tures absolues auxquelles deux substances ont la même solubilité, l’auteur montre que R—R'Æ 6e (#4 —1), où € est une constante ayant une faible valeur positive ou négative, et { et L'sont les températures auxquelles une des substances a les deux valeurs de la solubilité en question. La formule est précisément la même que celle que Ramsay et Young ont trouvée pour les pres- sions de vapeurs‘. Lorsque la courbe de solubilité d'une substance est donnée, il est alors possible de calculer la solubilité d'une seconde substance, pourvu que l’on connaisse la solubilité de la dernière substance à deux températures différentes. L'auteur indique que cette méthode peut être appli- quée au calcul des « constantes d'équilibre » des réac- lions chimiques. Il est, de plus, démontré que si L, est la chaleur latente de vaporisation connue d'une substance à la température absolue T,, et L, la chaleur latente d’une seconde substance à la température T,, à laquelle la pression de vapeur de la seconde substance est égale à celle de la première à la température T,, alors L,/L, = UE Une formule moins exacte, mais plus simple, est la suivante : L, —L,T,%. Ces formules paraissent ne plus être exactes lorsque la pression est supérieure à 10.000- 20.000 millimètres. J. Dewar : Les volumes spécifiques de la va- peur d'oxygène et de la vapeur d'azote au point d’ébullition de l'oxygène. — Dans un Mémoire sur « le point d’ébullition de l'hydrogène liquide déter- miné par le thermomètre à gaz hydrogène et hélium », M. Dewar a indiqué qu'un thermomètre à gaz à volume constant, rempli avec de l'oxygène gazeux ayant une pression d'environ 800 millimètres, à 0°C, donne une valeur très précise du point d’ébullition de l’oxygène liquide. Comme il semblait nécessaire de confirmer ce résultat indirectement, on à essayé de déterminer la densité de vapeur de l'oxygène à son point d'ébullition par pesée directe, dans l'intention, si les résultats de l'expérience étaient encourageants, de répéler ce lra- vail sur une plus grande échelle et avec de plus grandes précautions. Comme, jusqu'à présent, il semble qu'au- cune détermination plus précise n'ait été faite, les résultats des premières recherches ont été présentés à la Société Royale. Ils donnent, dans chaque cas, avec une grande précision, les volumes spécifiques qui n'ont jamais été déterminés directement. Deux flacons A et B, déplacant autant que pos- sible la même quantité d'air, sont équilibrés sur une balance d'OErtling. Le flacon B est resté sur un pla- teau de la balance pendant toutes les pesées, tandis 1 Phil. Mag., 1890, t. XX, 33. 20*** 998 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES que le flacon A a été pesé soit vide, soit rempli d'oxy- gène (ou d’azote) suivant les besoins de l'expérience. ne l'intention de l'auteur n'était pas seulement de déterminer la densité de l'oxygène et de l'azote à leurs points d'ébullition respec cüfs sous la pression atmosphérique, mais aussi sous une pression moindre, des expériences ont été faites avec de l'azote à des températures normales et à des pressions variant d'environ 1/6 d’atmosphère jusqu'à la pression ordi- naire, afin de trouver comment varient les résultats avec le flacon de 316 c. c., qui devait être employé dans les expériences suivantes aux basses tempéra- tures. Les expériences sur l'azote donnent, à la tempé- rature et à la pression normales, la valeur moyenne de 4,260 gramme pour poids d'un litre de gaz. Cette valeur est d'environ 1/# °/, plus élevée que la va- leur acceptée de 1 La variation extrême dans les recherches individuelles est d'environ 1/2 °/,. La valeur moyenne des résultats, à environ 1/3 d’une atmosphère, est de 1,266 gramme; les basses pres- sions tendent à rendre la densité 1/2 °} plus élevée. Considérant que, dans les expériences actuelles aux basses températures, la masse de gaz à peser sera au moins trois fois plus grande, on conclut qu'en dépit des difficultés de manipulation et des corrections les résultats peuvent être prévus à l'avance à 1/2 °/, près. Le poids moyen, donné par six expériences, d'un litre de vapeur d'oxygène à 760 millimètres et à 900,5 ab- solus, est de 4,420 grammes, et le volume spécifique de 226 c. e. 25. Si l'on élimine les deux premières expé- riences, en supposant que l'équilibre de la tempéra- ture n'a pas été atteint, le poids moyen par litre serait de 4,428 grammes, et le volume spécifique de 225 c. c. 82. En prenant la densité de l'oxygène de Regnault à 09 et 760 millimètres, la densité à 90°5, calculée de la façon den serait de 0,0043137, et le volume spécifique de 231 c. &. 82. Ainsi le volume donné par les lois ordi- naires des gaz est 1,0246 fois le volume moyen observé; on peut dire que p v est diminué au point d'é ébullition de l'oxygène de 2,46 °/,. Lorsque le rapport des tem- pératures absolues est de 3,017, le rapport des densités est de 3,091. D'autres expériences ont été faites sur des vapeurs d'oxygène à 90%5, et sous des pressions réduites. Si l'on fait la moyenne des trois premières expériences (les pressions étant presque identiques), le poids d'un litre d'oxygène à 90°5 absolus, sous une pression de 282,5 mil- limètres, serait de 1,5982 gramme. Le rapport de cette densité à la valeur trouvée auparavant pour une pres- sion d'une SOEORE re, c'est-à-dire 4,428 grammes, est de 2,765, et le rapport dés pressions est de 2,690. Il semble que le rapport des changements de densité de la vapeur d'oxygène à 90°5 absolus, sous des pressions variées, est plus grand que le rapport des changements de pression. Il est clair, cependant, qu'il serait néces- saire de travailler sur une plus grande échelle afin d'obtenir des densités de vapeur satisfaisantes aux basses températures sous des pressions inférieures à celle de l'atmosphère. Des observations ont été faites sur la densité de la vapeur d'azote aux points d'ébullition de l'oxygène et de l'air liquides respectivement. Deux expériences ont été faites avec de l'oxygène liquide pris à la tempéra- ture de 90°5 absolus. Quatre expériences ont été en- treprises avec le même échantillon d'air liquide, en élevant la température. Les deux premières expériences, faites avec de l’oxygène liquide, ont donné un rapport des densités de l'azote avec les valeurs de l’auteur de 3,088, le rapport des températures absolues étant de 3.017; la valeur du rapport des densités de l’oxy- gène pour le même intervalle de température est de 3,091 comme précédemment. On peut sûrement dire que, si la densité de l'azote était observée à son point d'ébullition, elle s’écarterait autant que celle de l'oxy- gène lois gazeuses ordinaires. D'autre part, le volume spécilique de l'azote à son point d'ébullition des . derniers sont moins constants, parce que la technique (78° absolus) serait, d'après la formule ci-dessus, de 221,3, chiffre que l’on peut comparer avec 226,2, la valeur analogue trouvée pour l'oxygène. La conclusion générale à rer de ces expériences préliminaires est que les densités de vapeur peuvent. ètre déterminées à de très basses températures. Il semble qu'il n'y ait aucune raison pour que la densité de la vapeur d'hydrogène à son point d’ébullition ne soit pas déterminée d'une facon précise; seulement comme, dans ce cas, la pression intérieure dans les flacon à peser s'élèverait à presque 15 atmosphères, il serait prudent de construire ce flacon en métal. Une: bouteille de la taille employée dans les expériences sur l'oxygène, remplie avec la vapeur d’ hydrogène à son. point d'ébullition, serait égale en poids à # et ÿ litres d'hydrogène à la température et à la pression ordi naires, et une telle quantité de substance devrait don- ner des résultats d'une grande exactitude au point d'ébullition de l'hydrogène, malgré les grandes difli- cultés de manipulation que néc cessiterait une telle détermination à 21° absolus. WW. Rosenhaïin: Note sur la recristallisation du platine. — L'auteur a observé dans le platine des phénomènes analogues à ceux de la recristallisation des autres métaux, déjà décrits parle Professeur Ewing et lui-mème f. On sait que le platine qui a été longtemps exposé à une haute température devient cassant, el que sa sur- face, s’il a été passé à la flamme, présente des marques de cristallisation. Ces s marques ont été attribuées à l’ac- tion du carbone; mais l’auteur les attribue à un phé- nomène de recristallisation et d'attaque superficielle subséquente due à la flamme. Une preuve en faveur de cette opinion nous est fournie par la structure microscopique de ce platine « cassant », par sa facon de se comporter quand on l'attaque avec l’eau régale et par son mode de fracture lorsqu'on le chauffe. La structure microscopique est la même que celle qui caractérise les métaux recristal- lisés; l’action de l’eau régale est d’éclaircir la surface attaquée par la flamme, et la rupture suit des lignes caractéristiques des cristaux de la surface, prouvant ainsi que l'aspect de la surface représente vraiment la structure de toute l'épaisseur du métal, L'auteur indique que le métal travaillé à froid devient apte à subir la recristallisation à de hautes températures, et que, dans plusieurs cas bien connus, la fragilité est le résultat d’un processus semblable ; il croit donc que. la recristallisation est la cause de tous les phénomènes, excepté des marques de la surface, qu'il attribue à une action de gravure de la flamme pendant laquelle la formation temporaire d'un carbure peut Jouer un rôle. 20 SCIENCES NATURELLES. L. Hill ct J.-J.-R. Macleod : L'influence d’une atmosphère d'oxygène sur les échanges respira- toires. — Les résultats les plus constants sont ceux. qui concernent l'acide carbonique. Pendant la respie, ration dans une atmosphère d'oxygène pur, on observe une diminution très marquée de la quantité d'acide carbonique expirée par minute et par kilogramme d’ani- mal. La diminution n'a pas lieu immédiatement, mais elle est déjà très marquée au bout de trente minutes. Ces résultats sont confirmés par ceux qui se rapportent à l’eau expirée et à l'oxygène absorbé; toutefois, ces. des déterminations est très compliquée. H.-T. Brown et F. Escombe : Influence de quantités variables d'acide carbonique dans l’air sur les processus photosynthétiques des feuilles et sur le mode de croissance des plantes. — L'effet d'une quantité croissante de CO? dans l'air devient apparent dans la plupart des cas, au bout de huit à dix jours à 1 Phil, Trans,, À, 1900, vol. CXCV, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES (Le) de) (Je) ( | partir du commencement de l'expérience; cet effet | augmente rapidement avec le temps. Il produit une | différence marquée dans le port et l'apparence géné- rale de la plupart des plantes, différence due à une sti- mulation de toutes les croissances axiales, accompagnée “par un raccourcissement et un épaississement plus ou moins prononcés des internœuds. Généralement, mais as toujours, le nombre des internœuds augmente, en orte que la hauteur des plantes expérimentées reste à eu près la même que celle des plantes témoins; mais “à différence principale de port général est produite par le développement d’axes secondaires aux aisselles “des feuilles, qui donne ainsi, aux plantes qui ont erù sous l'influence d’une augmentation de CO?, une appa- rence plus dense et plus touffue. On la remarque particulièrement sur les Fuchsias, spécialement sur la “variété à feuilles sombres, dans laquelle chaque aisselle porte une pousse et souvent aussi des pousses extra- axillaires. Des pousses adventices se développent libre- ment à la base des plantes. … Les auteurs ont remarqué que la surface des feuilles _des plantes qui subissent l'influence d’une augmenta- tion de CO* est considérablement réduite, non pas tant par la formation d'un nombre moindre de feuilles que par la réduction de la surface de chaque feuille. C'est surtout le cas chez les Fuchsias à feuilles sombres, et “aussi dans la seconde pousse des feuilles d’Zmpatiens. “Dans beaucoup de plantes, cette augmentation a eu pour effet de recourber fortement les feuilles vers l’in- -térieur; on le remarque surtout chez les Bégonias et les Fuchsias. Dans la variété de Fuchsias à feuilles sombres, les feuilles ont été recourbées intérieurement comme un ressort de montre, ce qui tend, sans aucun doute, à réduire une photosynthèse excessive, en empêchant la quantité normale de lumière d'atteindre les chloroplastes. Ce changement de port peut être » regardé comme un essai d'adaptation, de la part de la plante, à son entourage atmosphérique anormal. Dans plusieurs cas, le CO* en excès a provoqué une coloration plus foncée de la feuille et de toutes les autres parties de la plante qui renferment de la chloro- phylle. On le remarque particulièrement sur la seconde pousse de feuilles chez les /mpatiens, les Bégouias et les Fuchsias à feuilles sombres. L'essai de Sachs pour l'amidon à été appliqué aux feuilles de deux variétés de Fuchsias, de Cucurbita Pepo et d’IZmpatiens platypetala. Dans tous les cas, les feuilles prises sur les plantes qui avaient crû sous l'in- fluence d'un excès de CO? dans l'air, possédaient une plus grande accumulation d'amidon que les feuilles des plantes de contrôle. Ces différences étaient fortement marquées dans les feuilles des Zmpatiens, qui devinrent presque noires au cours de l'essai. Cependant, c'est dans le développement des organes de reproduction des deux séries de plantes que les auteurs ont trouvé les différences les plus frappantes et les plus importantes. Tandis que les plantes de con- trôle, dans l'air ordinaire, fleurissaient et quelquefois donnaient des fruits superbes, chez les plantes corres- pondantes, soumises à l'air contenant 11,#°/%9 de CO*, l'inflorescence était presque entièrement arrêtée. A l'exception d'une ou deux fleurs étiolées sur les Bé- gonias, pas un bouton ne s’est ouvert sur une/plante de cette série: Les plantes d’Zmpatiens, de Kalanchoë et de F'uchsias à feuilles sombres n'ont pas même produit un bouton, tandis que, pour les Nrcotiana, les Cucur- bita et les Fuchsias à feuilles claires, les petits boutons qui avaient commencé à se former s'étaient effeuillés longtemps avant leur éclosion. L'explication exacte de l'effet produit par le CO* doit ètre cherchée dans les expériences sur les feuilles dé- crites dans la première partie du mémoire, où il a été démontré que la quantité de photosynthèse dans le limbe de la feuille est, dans des limites mal définies, ‘une lonction de la pression partielle de CO* dans l’air environnant. Dans les premières séries d'expériences en serres, où cette pression partielle était égale à trois fois et demie la pression normale, les plantes, pendant une période limitée, doivent avoir produit dans leurs chloroplastes au moins trois fois et demie plus de matières hydro- carbonées que dans l'air normal, et, quoique cette vitesse de photosynthèse ne puisse être maintenue longtemps, cependant il y a une tendance générale à ce que la formation des hydrates de carbone dans les feuilles puisse se maintenir à un niveau plus élevé que dans les plantes de contrôle qui ont poussé à l'air ordinaire, ce qui a été prouvé par les feuilles de la série B, toujours remplies d'amidon. Puisqu'il est tout à fait certain que cette augmen- tation de photosynthèse ne contribue pas, d’une facon matérielle, à l'augmentation du poids des matières sèches dans les plantes, les auteurs concluent que la transformation, la translocation et le métabolisme général des réserves des feuilles, sous ces conditions, ne peuvent pas se maintenir avec la tendance crois- sante à produire un excès de matière plastique aux dépens de l'atmosphère. De plus, il est clair que tout le mécanisme de la plante, duquel dépend sa nutrition normale, a ses parties si complètement et si exactement dépendantes que la moindre augmentation dans la composition de l'air environnant qui favorise l’aug- mentation photosynthétique détruit l'équilibre des di- verses parties, et il en résulte un développement plus ou moins anormal de la plante. On peut supposer qu'un tel trouble dans l'économie de la plante modifie pro- fondément les fonctions reproductives. Il est remarquable de trouver que toutes les espèces de plantes phanérogames, sans exception, qui ont été soumises à l'expérience paraissent être exactement en accord avec un milieu atmosphérique contenant 3 par- ties de CO? 2/6, et que la moindre augmentation de cette quantité est peu favorable à leur développement en croissance et à leur reproduction. On peut dire qu'une augmentation soudaine d'acide carbonique dans l'air, environ deux ou trois fois égale à la quantité présente, amènerait la destruction rapide de presque toutes nos plantes à fleurs. ] Jusqu'à un certain point, nous pouvons déduire des faits rapportés dans ce mémoire que la composition de notre atmosphère, en ce qui regarde l'acide carbonique, est restée la même ou à peu près la même pendant longtemps; mais ces faits ne nous donnent aucune In- dication sur la question des variations séculaires. Tout ce que les auteurs peuvent dire en terminant, c'est que, si de telles variations atmosphériques se sont produites avant l'apparition des plantes à fleurs, elles doivent avoir eu lieu si lentement qu'elles n'ont jamais em- pêché l'adaptation possible des plantes à leur nouvelle condition. K. Pearson : Sur la corrélation entre les facultés intellectuelles et la forme et la grosseur de la tête. — L'auteur conclut de nombreuses mesures que des hommes très remarquables peuvent avoir une tête un peu plus grosse que celle de leurs semblables, mais qu'en général il n'y a qu'une relation très insigni- fiante entre le volume de la tête et les facultés intel- lectuelles. ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 10 Juillet 1902. 410 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. von Niessl à déterminé la trajectoire du grand météore observé près de Vienne le 3 octobre 1901. Le radiant était situé dans Pégase par 327,6 d'ascension droite et 33°,8 de décli- naison nord. La trajectoire se dirigeait vers la Terre, en un point de 300°,4 d’azimut, et faisait avec l'horizon un angle de 650,3. La vitesse géocentrique était d'envi- ron 36 kilomètres, la vitesse héliocentrique de 51,7 ki- lomètres. 20 SciENCES PHYSIQUES. — MM. J. Elster et H. Geitel 1000 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES donnent les résultats de la discussion d'une série d'ob- servations journalières de la dispersion de l'électricité dans l'atmosphère, allant de 189$ à 1900. La dispersion semble diminuer lorsque l'humidité relative et l’agila- tion de l'air augmentent. Elle est maximum vers midi el au mois d'avril. — M. A. Szarvassi étudie les actions magnétiques d'une sphère électrisée en rotation, et montre qu'on peut éviter, par certaines suppositions, les contradictions entre les équations de Hertz et la théorie de l'effet Rowland. — M. P. Ritter, en se basant sur l'équation de van der Waals réduite, est parvenu, par l'introduction de variables convenablement choi- sies, à déduire l'équation de la courbe de saturation et à calculer le travail maxima de vaporisation que St. Meyer avait déterminé d'une facon graphique. — M. W. Ernst à déterminé, par la méthode de Chris- tiansen, la conductibilité thermique des incrustations et des enduits dont on recouvre les chaudières. Le calcul montre que les valeurs trouvées peuvent pro- duire des élévations de température des parois métal- liques qui sont suffisantes pour diminuer leur solidité à un point où elles ne peuvent plus résister à la pres- sion de la vapeur. — M. O0. Waldstein a étudié les vibrations longitudinales des barreaux qui se compo- sent de barres simples juxtaposées parallèlement à l'axe longitudinal. — M. F. Ehrenhaft à préparé un grand nombre de métaux colloïdaux par la méthode de Bredig : pulvérisation électrique dans Pare jaillissant sous l’eau pure. Les solutions de métaux colloïdaux ainsi préparées polarisent la lumière réfléchie d'une source intense dans un plan perpendiculaire à sa direction de propagation; la moindre addition d'un acide où d'un électrolyte les coagule. Les propriétés physiques de ces solutions diffèrent à peine de celles de l’eau; toutefois, elles présentent une forte absorp- lion dans le spectre. — M. Zd. H. Skraup présente quelques notes de laboratoire sur la distillation dans le vide et les fourneaux à combustion. — M.J. M. Eder : Système de sensitométrie des plaques photographiques (IV). — M. R. Wegscheider et Mie M. Furcht ont étudié l’éthérilication des acides sulfoniques et sulfo- carboniques. Pour les acides m- et p-sulfobenzoïques et l'acide o-nitro-p-sulfobenzoïque, les éthers «& (à groupe sulfonique éthérilié) ne s'obtiennent que par l’action de CHI sur les sels acides d'argent ; les éthers $ isomètres (à groupe carboxylique éthérilié) se for- ment par saponification de l’éther neutre ou action de l'alcool méthylique sur l'acide libre. — M. L. Fulda à reconnu que les hydrazones d’un grand nombre de combinaisons carbonyliques se laissent facilement transformer dans les oximes correspondantes : c’est particulièrement le cas pour la cétonehydrazine. — M. R. Ditmar, en traitant l'acétochlorolactose par le carbonate d'argent en solution méthylique bouillante, a obtenu l'heptacétylméthyllactoside, F. 65°-66°, Le lactose donne avec le bromure d'acétyle une combinai- son, F. 1389, d’où l'on prépare un heptacétylméthyllac- toside isomère du précédent, F. 76°-77°. — M. A. Ho- chstetter, en chauffant avec l'eau le dibromure de pen- taméthylène, à obtenu un oxyde de pentaméthylène, Eb. 819-829. — MM. J. Pollak et G. Gans ont obtenu, par l’action du nitrite d’amyle sur l’éther monométhy- lique de la phloroglucine, un dérivé monoisonitrogé. Par réduction, il fournit un aminodioxyméthoxyben- zène, qui, traité par Fe?Clf, fournit une oxyméthoxy- p-quinone. Le dérivé isonitrosé possède done la formule : 0 Re NA AzOH — M. F. Bock, en faisant réagir le sulfate de diméth sur l’anthragallol, à obtenu un éther diméthylique F. 160%, différent des trois déjà connus. Par saponifica ion partielle avec H?S0* concentré, on obtient un éthér monométhylique, F.242. Par l’action d'un excès de sul fate de diméthyle sur le sel de soude de l’éther diméthy lique, on obtient l'éther triméthylique de l'anthragallol F. 1689. — M. M. Fortner à condensé le fluorène et chlorure de benzoyle en présence d'APCI et a obten le benzoylfluorène; il donne par oxydation la benzoy fluorénone et par réduction le benzylfluorène. = M. G. Goldschmiedt à observé que l'idryle ou fluoran thène, quoique possédant un groupe = CH et trois liaë sons éthyléniques, est très passif, ce qui doit être attris bué à des empêchements stériques. — M. J. Svobods à remarqué que la condensation de l’éther citraconiqu et de l’éther méthylmalonique sodé n’a pas lieu norma lement; il se forme une combinaison cétonique ave élimination d'alcool, laquelle, par saponilication, per 2 CO? et donne un acide méthyleylopentanone carbo nique; il existe sous deux formes, l'une soluble dan l'éther, l'autre dans l'eau. — M. J. Zellner à extrait desn baies mûres de Sambuecus racemosa une huile grasse contenant 79 °/, d'acides gras liquides (oléique, lino léique) et 21 °/, d'acides gras solides (palmitique, ara=« chique). — M. H. Hermann à obtenu, par l'action de HCI alcoolique sur l'huile essentielle de la résine dem mélèze, un produit anhydre de formule C'H*(0CHS)SS (OH), donnant des dérivés di-acétylé, et diméthylé. L'oxydation de cette huile par HAz0* dilué fournit du dinitrogaïacol. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. K. Toldt a étudié le développement et la structure de l'os malaire chez l'homme. Tout le processus de développement montré que la structure de l'os est adaptée à sa fonction de soutien principal du squelette de la face contre la boîte cranienne, car les soutiens osseux sont les plus rapprochés dans les directions de charge maxima. | — MM. L. von Lorenz et C.-E. Hellmayr commu- niquent leurs recherches sur une collection d'oi- seaux du sud de l'Arabie. — M. F. Werner : La faune. des Reptiles et des Amphibiens de lAsie Mineure. — M. J. Wiesner à étudié l'influence de la pesanteur sur la direction des organes des plantes. Les organes" formés qui ne croissent plus, soumis à des charges na- & turelles ou artificielles, se comportent comme les corps solides fluents. Au contraire, les organes encore en voie de croissance puissante réagissent contre ces charges, en fixant la courbure produite ou en la trans- formant en une autre. La direction des rameaux résulte de l'équilibre de deux forces antagonistes, l'épi= nastie etle géotropisme négatif. L'épinastie apparaît, de plus en plus, comme un caractère héréditaire, — M. R.' Hoernes à trouvé, dans les couches de Schiosi à Gorz, en Istrie, en Dalmatie et en Herzégovine, le Chondro- «M donta (Ostrea) Joannae Choffat, ce qui conduit à placer ces couches dans le Turonien. LouIs OLIVIER. Paris. — L. MARkTHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. Le Directeur-Gérant : 13° ANNÉE No 21 15 NOVEMBRE 1902 Revue générale Res Sciences pures el appliquées Directeur : LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Astronomie 7 ou t1 courte queue en panache qui s'étendait à 8! ou 410". | lure avait un diamètre de 4! ou 5', et l’on voyait une Depuis, son éclat a augmenté rapidement : le 15 sep- La Comète 1902 b. — Cette comète, dont l'étude romet d'être fort intéressante à di- | vers points de vue, a été découverte à l'Observatoire Lick, en Califor- nie, le 4° septem- Mbre, à la fin de Ja nuit, par M. Per- | fine, qui n'en est, d'ailleurs, pas à sa | première décou- Imverte de comète. Le lendemain, M. Borrelly, à l'Ob- servatoire de Mar- seille, la décou- wrait de son côté, Sans avoir eu en- core connaissance de l'observation de M. Perrine. La nouvelle comète a été dénommée @41902 D », car cest la seconde quon a trouvée cette année. Quand M. Per- rine l'apercut, elle se trouvait dans la constellation de Persée: elle était deneuvième gran- deur, avec un noyau de dixième grandeur et de- mie. Ce noyau # 8 Octobre e M Arided < 2 # Octobre - 17 Novembre ue , PAU 2 9 Novembre 4 CET 95 pose °_ Ophiuchus 2/27/2707) *._ ÆINovembre L2 C 2 128 Octobre ;- p° re 2# Octobre É # 20 Octobre Jerpent.eT PAGE TS 12 Octobre 2 [2] _ Positions successives de la Comèle 1902 b parmi les con tembre, elle était déjà de huitième grandeur; dès le 24 septembre, on put l'observer à l'œil nu, et son éclat, à ce ’mo- ment, égalait ce- lui de la nébu- leuse d'Andromè- de, dont elle Ta p- pelle assez bien la forme estom- pée. Elle paraît avoir atteint son plus grand éclat le 8 octobre, et, depuis, quoiqu'el- le reste encore parfaitement visi- ble à l'œil, cetéclat diminue légère- ment. Son mou- vement apparent parmi les étoiles est extrèmement rapide ; actuell ment, ! vant le nr Il deux il ut heure d'intervalle, mI nslatel cilet it à l'œil hieux en une lor- théâtre, est dépla re les deux tions. Ce Détait pas stel- du 4 octobre au 17 novembre 1902. — Les flèches indiquent l'orie JnE Te laire,quoique bien tation de cette part’e du cielle 21 octobre à 8 h. 20 du soir, le 1°" noven RME appes défini ; la cheve- à 9h. du soir et le 11 novembre à 9 h. 40 du soir. nta élé parlicu- qe 5 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. 21 1002 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE L lièrement rapide dans la première quinzaine d'octobre; depuis, il diminue progressivement, Ce rapide déplace- ment a permis de faire, dès le début, de bonnes obser- vations de sa position, à l'aide desquelles le Professeur A. A. Nijland, d'Utrecht, a pu calculer avec une grande précision les éléments de son orbite. A l’aide de'ces éléments, qui représentent exactement les positions observées, on à fait le croquis ci-joint (fig. 1), qui représente les diverses positions de la comète depuis le # octobre jusqu'au 17 novembre prochain, et qui permettra à nos lecteurs de la trouver facilement à l'œil nu, ou, au besoin, avec une simple lorgnette de théâtres Il résulte des éphémérides calculées par le Profes- seur Nijland que la comète sera le plus rapprochée du Soleil, c'est-à-dire à son périhélie, le 23 novembre. La distance au Soleil sera à ce moment0,40,la distance de la Terre au Soleil étant prise pour unité, c’est-à-dire que la comète ne sera qu'à environ 60 millions de kilomètres du Soleil. Elle a passé à la distance minima de la Terre (distance 0,37) le 6 octobre, et elle était ce jour-là à 55 millions de kilomètres de notre Globe. Elle s'éloigne actuellement de nous pour se 2. — Orbites respectives de la Terre et de la Comète 1902 b. cher du Soleil; mais, l'hiver prochain, elle s de nouveau de la Terre pour ne passer qu'à environ 114 millions de kilomètres de nous, vers le 8 février 1903. Il se peut qu'à ce moment elle soit de nouveau visible télescopiquement en Europe; mais, jusque-là, et après son passage au périhélie (23 novembre pro- chain), elle ne sera guère visible que dans l'hémisphère austral. La figure 2 représente schématiquement les posi- tions de la Terre et de la comète sur leurs orbites res- pectives à divers moments. On à pu photograp hier déjà la comète 1902 à di- verses reprises. Une photographie prise à Greenwich, le 26 septembre, montre une queue en panache avec au moins quatre aigrettes, dont la plus grande est vi- sible à plus de 4° du noyau. Deux photographies faites à Meudon montrent, l'une, le 27 septembre, une queue très faible de 5’ seulement, l’autre, le lendemain, une queue de 12', accompagnée de deux aigrettes plus fai- bles. Enfin, une photographie prise d'Odessa le 27 septembre, avec une pose (3 heures), montre une longue de 39. Déjà, dans les observatoires spectroscopes sont dirigés vers le notre système solaire, côté surtout, on lats. S 'approc hera durée de rectiligne longue queue américains, tous les nouveau visiteur de et il n'est pas douteux que, de n'obtienne d'intéressants résul- ce rappro= à l'Observatoire — $ 2. — Électricité industrielle Données actuelles sur la lampe Nernst. — Les travaux du savant inventeur mériteraient une étude trop approfondie pour que nous l'entreprenions dans les limites étroites de cette chronique. Félicitons- -nous, | du moins, de l’occasion qui nous est donnée d'en par ler, par la publication récente d'essais officiels faits sur un certain nombre de lampes Nernst, modèle 1902, l'Institut Physicotechnique de Berlin. [ La lampe moderne est le résultat de longues et. patientes recherches, dont nous nous contenterons| d'indiquer le principe et les difficultés. Elle offre lesu deux principaux avantages suivants : 1° Consommation de courant très réduite; 2° Possibilité de construction | pour voltages élevés et pour intensités lumineuses | intermédiaires entre celle des lampes à incandescence et celle des lampes à arc du commerce. | La constitution de la lampe Nernst repose sur l’'em- ploi, comme filamentlumineux, d'un conducteur électro- lytique au lieu d’un conducteur métallique ordinaire." De plus, ce conducteur est exposé à l'air libre, ou tout au plus protégé contre les courants d'air trop’ violents par un globe en verre à la partie supérieure. Les fila= ments électrolytiques Nernst sont composés d'oxydes. de zirconium, de thorium, et autres terres rares, et pré-" Tagreau |. — Conductibilités et températures. RÉSISTANCE en ohms INTENSITÉ du courant en | ampères DIFFÉRENCE de potentiel en volts PUISSANCE en watts 100 130 200 250 215 300 192 198 199 198 195 192 sentent, comparativement aux conducteurs métalliques ordinaires, la particularité que leur résistance électri- que à basse température est considérable, mais qu'avec l'élévation de température elle décroît dans des pro- portions très élevées, tandis que le contraire arrive pour les conducteurs métalliques, dans des proportions d’ail- leurs assez faibles en général. Pour avoir une idée de ces variations de conductibi- lité électrolytique avec la température, on peut con- sulter le tableau I ci-dessus, dans lequel la dernière colonne représente les valeurs de cette résistance en ohms, l’avant-dernière représentant les courants en ampères, et la seconde colonne représentant les diffé- rences de potentiel en volts. La première donne les températures ou à peu près, non pas directement, car elles sont difficilement mesurables, mais par l’inter- médiaire de la puissance en watts consommés, qui est une fonction simple de la température. On voit que l'augmentation du courant dans le fila- ment provoque d° abord, par l'échauffement de celui-ci, une diminution de résistance, assez faible encore pour que le voltage varie dans le mème sens que le courant. Au delà d’une certaine valeur de ce dernier, le vol= lage passe par un maximum, puis diminue, ce qui atteste une variation relative beaucoup plus considé- rable de la résistance : c’est ce qu'indiquent clairement les chiffres de la dernière colonne. Il en résulte, malheureusement, pour un filament étudié comme à l'ordinaire pour fonctionner au régime où la tension est constante, que les moindres varia= tions de cette tension sur le réseau d'alimentation. modifient le courant, par effets cumulalifs, dans des proportions considérables, et la lampe subit des varia- lions de régime si étendues que sa durée peut en être gravement compromise. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1003 a # SE — * Ÿ > … Nous relèverons donc, tout d'abord, cet inconvénient | “le la lampe, qui consiste en son extrème sensibilité aux variations notables de la tension du réseau d’ali- | mentation : c'est un inconvénient qui résulte de son principe même et de la nature des corps électrolyti- ques; mais les constructeurs sont parvenus à le pallier dans certaines limites. — Pour cela, ils montent en série avec la lampe une “sorte de régulateur, essentiellement constitué par une résistance métallique, dont la résistivité augmente assez avec la température pour absorber l'excès de vol- age résultant du trop grand accroissement de conducti- bilité du filament lumineux lui-même. Ce régulateur est constitué par une résistance de fil de fer, protégée de toute oxydation par une enveloppe analogue aux _ ampoules ordinaires de lampes et remplie d'hydrogène. —…_ Autre inconvénient de principe de la lampe Nernst : usa non conduclibilité aux températures ordinaires —empêche tout passage de courant dans le filament mis, sans chauffage préalable, en communication avec le | réseau d'alimentation, d’où il résulte qu'un chauffage initial est nécessaire : de multiples dispositifs ont été …imaginés pour l’effectuer ; les plus perfectionnés sont “automatiques, et composés, par conséquent, d'un radiateur proprement dit, effectuant le chauffage _ initial, et d’un 1nterrupteur automatique, mettant hors (e TagLeau Il. — JIntensités lumineuses. COURANT TENSION EN VOLTS en ampères 110-415 125-130 bougies bougies 0,25 16 20 36 42 0,50 32 12 79 89 1,00 68 82 158 176 circuit le radiateur quand le filament électrolytique a “atteint une température suffisante. Pa Le radiateur le plus perfectionné se compose d’un … tube de porcelaine enroulé en spirale autour du filament “tion possible. Sur cette spirale de porcelaine est enrou- lé, en une autre spirale fine, le conducteur métallique, “dans lequel passe, au début, le courant qui doit servir à l'allumage. Le filament principal est en circuit avec l'interrupteur automatique qui complète le mécanisme e d'allumage, sorte d’électro-aimant qui, pour un courant fl déterminé, attire son armature et met hors circuit le radiateur. Sans insister sur les différences de détail qui distin- …suent les divers types de lampes Nernst actuellement mm. répandus dans le commerce, nous renvoyons au ta- … hleau Il, qui confirme bien l'indication donnée dès le - début sur l'avantage des lampes Nernst pour constituer un foyer intermédiaire et pouvant servir de transition entre les lampes à incandescence ordinaires et les lampes à arc. … On n'obtiendra jamais une régularité de fonction- nement et une économie aussi considérable avec la lampe à are de faible intensité, qu'avec une lampe . Nernst de même pouvoir éclairant. Quant aux lampes à incandescence, elles resteront toujours, si élevé qu'en soit le pouvoir éclairant, plus coûteuses par leur con- Musommäation de courant que les lampes Nernst. … On voit que les intensités en usage sont de 0,25-0,50- 1,00 ampère, et que les voltages peuvent varier de 110 à 115, 125 à 130, 220 à 225 et 245 à 250. Les tensions élevées des deux dernières colonnes sont d’un emploi avantageux au point de vue des canalisations et des appareils de distribution, parce qu'elles permettent de … réduire l'intensité de courant correspondant à une énergie donnée distribuée, et, par conséquent, les pertes afférentes à cette distribution d'énergie. Mais, si cette tension élevée est un avantage pour les canalisations, elle offre un désavantage sérieux pour les lampes, autant au point de vue de la consommation que de la durée. La lampe Nernst concilie donc deux éléments en appa- TABLeAU II.— Lampes avec corps lumineux droit.(Va- leurs moyennes de 5 lampes. Tension : 220 volts.) PUISSANCE |DIMINUTION| CONSOMMA- —e INTENSITÉ Ë DURÉE lumineuse de , TION, en & l'éclai d'énergie de combustion Are Eu Clairé- | en watts PÈÉE bovxies ment par bougie Olheure 0 0,0 1,65 50 heures. . . at 11 ADR EEE 8,0 1,77 DD OS, 14,0 1,85 SUR EE 2 2 21,6 1503 400 — ... 0,237 26,5 24,5 1F0r Moyenne durant 400 heures. . 0,251 30,1 1,83 rence incompatibles et peut trouver sa place, à ce titre encore, sur les canalisations à tension plus élevée que nos canalisations ordinaires à 110 volts. Dans cette catégorie rentrent nombre de réseaux d'éclairage en Angleterre, surlesquels on utilise un voltage de 220 volts, soit par deux lampes à 110 volts en série brülant en même temps, soit par une seule lampe à 220 volts, dont le fonctionnement présente malheureusement les désa- vantages auxquels il est fait allusion plus haut. Rappelons qu'on peut admettre, pour chiffres de con- sommation des lampes à incandescence ordinaires à 110 volts : 2,8 à 3 watts par bougie au début du fonctionnement, avec une durée de 400 à 500 heures, pour des lampes de première qualité; 3,5 à 4 watts par bougie pour des lampes d'une qua- Tagceau IV.— Lampes avec corps éclairant en forme d'arc. (Valeurs moyennes de 5 lampes. Tension : 220 volts.) | : PUISSANCE |BIMINUTION | CONSOMMA- , INTENSITE = = DURÉE lumineuse de LONG en TÉCe d'énergie de combustion inoree Et: l'éclaire- | en watts Be bougies ment |par bougie 0 heure . 40,1 0,0 1,42 50 heures. 36.3 0,5 AO 100 — SUN | 5,0 1,49 200 — DA 15,0 1.59 300 — Bel 17,2 4,58 LODE EN | 27.6 31,0 1,75 Moyenne durant | | 400 heures. . 0,245 34,4 ST Le | lité différente et d’une plus grande durée (800 à 1000 heures). Comparativement aux précédents, les chiffres et les résultats obtenus par l'Institut Physicotechnique de Berlin sontréunis dans les tableaux Het IV, relatifs : le premier, aux lampes à filaments lumineux droits; le second, aux lampes à filaments courbes. Nous joignons à ces tableaux les observations mêmes du Rapport ofliciel d'essais, donnant les conditions de fonctionnement et de durée avec plus de détails qu'on ne saurait le faire dans un tableau synoptiques : 1. Lampes à filaments droits. — Le filament d'une CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de ces lampes à été trouvé intact au bout de 310 heures de fonctionnement; le filament d'une seconde lampe à duré 319 heures, et les trois autres ont été trouvés encore intacts après 400 heures de fonctionnement. Il en résulte donc, pour les brûleurs des cinq lampes, une valeur moyenne supérieure à 378 heures. Quant aux spirales des radiateurs d'allumage, elles étaient en parfait état au bout de ce temps. 2. Lampes à filaments courbes. — Le filament d'une de ces lampes a duré 150 heures et les quatre autres ont été trouvés intacts après 400 heures de fonctionne- ment. La durée moyenne des lampes de ce groupe dépasse donc 350 heures. Quant aux spirales des radiateurs d'allumage, une d'entre elles a cessé de fonctionner après 110 heures et l'autre après 395 heures. La durée moyenne à donc été, pour les spirales, de 291 heures, chiffre notablement inférieur à celui de la première série. Un proiet de Métropolitain pour New- York. — Il est de plus en plus difficile d'assurer les transports dans l'intérieur des grandes villes. Les anciens omnibus et les tramways à chevaux sont d'une insuffisance manifeste. Les tramways électriques, malgré l'allongement des trains, leur vitesse toujours plus grande etles intervalles de plus en plus courts auxquels ils se succèdent, ne peuvent plus, en certaines villes, écouler, aux heures de presse, la cohue des voyageurs. Et voilà qu'à Paris, à Londres et à Berlin les Métro- politains, à peine installés, sont encombrés à leur tour. Il faut trouver autre chose. À New-York, où le trafic est peut-être plus formidable encore, on s’est décidé à établir un Métropolitain à quatre voies : deux pour les express el deux pour les trains ordinaires. Chaque voyageur est amené par un premier train d'une station quelconque à la prochaine station d’express, y prend le train rapide et achève, en général, son voyage dans un nouveau train omnibus. On obtient ainsi une puissance de transport énorme, et le voyageur arrive plus rapi- dement à destination. Mais les frais de premier établis- sement sont considérables et les changements de train présentent des inconvénients sérieux. El puis, le nombre des places offertes reste, malgré tout, insuffi- sant, el la vitesse ne répond pas encore aux désirs de la clientèle. Le Professeur John E. Sweet expose, dans l'American Machinist, un projet qui, avec des frais d'établissement moindres, permettrait découler encore plus vite des voyageurs encore plus nombreux. Nous reproduisons ci-dessous les passages principaux de sa lettre : « Le projel comprend deux idées principales : La première est que la voie ne comporte que deux paires de rails, lune au-dessous de l'autre, de manière qu'une station à simple face suffise à assurer les services mon- lant et descendant. «La seconde est de faire de tous les trains desexpress et de conduire chaque voyageur à destination sansaucun arrêtintermédiaire, à moins qu'ilne préfères'arrêter. J'ai adopté d'abord, dit M. Sweet, une vitesse de 20 milles ; ‘je crois maintenant qu'elle pourrait être portée à 30 sans inconvénient. Mes trains se composeraient de voitures ordinaires, se suivant l'une l’autre exactement comme le font celles des tramways ordinaires, avec cette seule différence qu'elles auraient une vitesse uniforme. Cha- cune de ces voitures aulomotrices serait conduite par deux wattmen, l'un à l'avant, l'autre à l'arrière, pou- vant l'un et l'autre régler la vitesse ou stopper. Un cadran indiquerait à chaque conducteur la vitesse de sa voilure et celle de la précédente. Chaque voilure aurait des portes latérales pour l'entrée et la sortie des voyageurs et d'autres terminales permettant de cir- culer d'une extrémité du train à l'autre. Les choses seraient arrangées de telle manière qu'une voiture ne pourrait être détachée du train qu'après la fermeture des portes terminales. Le tunnel, enfin, serait éclairé alternativement par deux séries de lampes : des lampes blanches indiquant voie libre et des rouges signalant un danger. voitures, par exemple, serait réglé de la manière sui- vante: Chaque soir, une voiture vide est laissée à chaque station; au moment du départ du premier train du matin, toutes les lumières rouges éclairent; quand le train arrive à une distance à déterminer de la première station, la voiture qui s'y trouve se met en marche et les lumières rouges sont remplacées par des blanches dans la section précédente, indiquant que la route est libre; en mème temps, la voiture à l'arriere du train se détache et s'arrête à la station pour laisser descendre les voyageurs eten prendre d’autres; le reste du convoi continue sa marche et rejoint, à une distance que l'ex- périence déterminera, le wagon parti à son approche et qui aura acquis une vitesse sensiblement égale: il est alors accroché, les portes sont ouvertes et les passagers peuvent y entrer ou en sortir librement. La même manœuvre sera accomplie au passage du train à chaque station nouvelle, une voiture étant, chaque fois, cueillie avec tous les voyageurs quicommencent leur parcours et une autre abandonnée avec tous ceux qui l’'achèvent. «A première vue, ilparaît dangereux de rejoindre ainsi une voiture en pleine marche, à une vitesse de 30 milles, mais une considération plus attentive des précautions prises montre que la chose est parfaitement sûre. D'abord, si la voiture stationnée ne part pas au moment voulu, les lumières rouges en informent le wattman. Dans un train de six voitures, il y aura donc douze hommes avertis, et chacun d'eux peut couper le courant et faire arrêter le train. D'autre part, un train roulant à la vitesse de 30 milles et en rejoignant unautre à la vitesse de 20 ne se trouve pas du tout dans les mêmes conditions qu'un train à la vitesse de 10 milles en rejoi- gnant un autre arrêté. É 1 À «Le train à la vitesse de 10 milles, arrivé à 15 pieds du train arrêté, ne dispose en tout que de15 pieds d'espace pour ralentir; dans le cas des trains marchant aux vitessesde 30 et de 20 milles, la rencontre ne se pro- duiraqu'après un trajet de 45 pieds pour le premier et de 30 pour le second, si tous deux maintiennent leur vitesse, de 90 et 75 pieds respectivement si le premier peut ralentir pendant ce temps jusqu'à 26 et le second accélérer jusqu'à 2#et la rencontre ne se produira alors qu'à la différence de vitesse insignifiante de 2 milles. ll est, du reste, à remarquer que les indicateurs de vitesse permettentaux wattmen de connaître exactement à chaque instant la différence de vitesse des deux voi- tures et de produire une rencontre sans choc dan- gereux. _ «Les avantages du projet sont : d'abord, de n'exiger que deux lignes au lieu de quatre et de réduire en même temps de moitié la dépense de premier établissement des stations: ensuite, de réduire considérablement la dépense d'énergie, la force vive d'une seule voiture étant détruite à chaque station au lieu de celle du train entier; enfin, d'assurer un service meilleur qu'avec un système à quatre voies, dont deux d'express, car chaque voyageur serait transporté à vitesse d'express pendant tout le trajet, sans arrêt intermédiaire ni changement de train, rien qu'en passant, pendant la marche, de la voiture qu'il occupe à une autre el sans avoir à répéter cette manœuvre plus d'une fois toutes les six stations. « Ce qui ajoute encore à la sûreté du système, c'est que l'arrêt d'une voiture à chaque station pendant tout l'intervalle du passage de deux trains donnera aux voyageurs tout le temps nécessaire pour monter et ‘pour descendre ». Application du retour par la terre à la ligne de transport d'énergie de Saint-Maurice à Lausanne.— D'intéressantes expériences ont été faites les 9 et 10 septembre, par M. René Thury, sur la ligne de transport d'énergie à courant continu à 25.000 volts, de Saint-Maurice à Lausanne. M. Thury, tout en ne les considérant pas comme définitifs, juge les résullats de CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 100 ces enquêtes comme très encourageants, en vue de utilisation de la conductibilité de la terre pour le etour du courant et de l’économie des lignes de transmission. _— On sait que la transmission d'énergie de Saint-Mau- | | vice à Lausanne comporte le transport de 150 ampères à 58 kilomètres, et que la transmission est faite actuel- lement par deux conducteurs de 150 millimètres carrés, réunissant les pôles de l'usine génératrice aux pôles correspondants de l'usine réceptrice. Un des fils à été conservé, le second supprimé, et la terre a été subs- tituée à ce dernier, par la liaison des pôles correspon- “dants des deux usines à des prises de terre assez pro- fondes. On a constaté : « 4° Une réduction de la perte en ligne, qui présente déjà une économie d'énergie réalisable ; 20 La possibilité d'économiser la moitié du cuivre de a ligne, c'est-à-dire, dans le cas qui nous occupe, “environ 75 à 80 tonnes, d'une valeur de 1.600 à 1.800 francs la tonne. … Le second fil servait de fil pilote pour la lecture des chutes de tension ou des pertes en ligne dans le cir- euit constitué par le conducteur restant et la terre. Du côté terre, la chute due à la résistance de la terre elle- “même parait négligeable ; mais la résistance est con- centrée au voisinage de chaque électrode de prise de terre, à sa surface de contact avec la terre. Les valeurs en ohms de ces résistances de prise de terre aux deux - extrémités sont respectivement : 1,233 à Saint-Maurice; 0,167 à Lausanne. Après avoir vérifié ces valeurs par mesures indivi- duelles des terres, on a vérifié que la résistance totale du retour par la terre était bien la somme 1, # ohm, autrement dit la chute totale correspondant à 150 am- pères d'une usine à l’autre par la terre était de 1,# X 150 — 210 volts. Trouvant que la perte totale dans le circuit terre et cuivre était de 1.210 volts, on en déduit que la perte dans le conducteur de cuivre seul est de 1.210 — 210 — 1.000 volts. On voit donc que la conductibilité est de beaucoup améliorée par l'emploi de la terre (chute totale : 1.210 volts au lieu de 2.000). Il est vrai qu'on reproche à la terre les dangers d’élec- trolyse, auxquels les courants de dérivation exposent les conduites d’eau et de gaz; ce sont des dangers bien connus des ingénieurs de traction, et très redoutés dans les réseaux de tramways à retour de courant par les rails. Mais les deux cas sont plus différents qu'il ne semble à première vue, et la grande longueur et la grande surface des rails noyés dans la chaussée favori- sent, dans toute son étendue, les dérivations de courant aux conduites, qui sont d’ailleurs assez près de la sur- face de la terre, tandis qu'une terre profonde ne pré- sente pas les mêmes dangers. . Il serait très intéressant de poursuivre des essais dans cette voie; et, lors mème que des précautions spé- ciales devraient être prises pour éviter les dangers de l'électrolyse, lors même qu'il faudrait assurer les prises de terre au prix de quelques complications, elles coù- teraient, dans tous les cas, beaucoup moins que le fil économisé par leur emploi. M.Thury à beaucoup étudié la question, et il conseille de prendre la terre : au pôle positif par des électrodes de charbon (en raison du danger d'altération des élec- trodes elles-mêmes par l'électrolyse), et au pôle négatif ñ par des électrodes en fer. $S 3. — Chimie biologique La teneur en fer des œufs de poule. — L'œuf de poule renferme, ainsi que l’a tout d’abord établi Bunge, un nucléo-albuminoïde ferrugineux, l’hématogène, substance-mère de l’hémoglobine du jeune poulet. Il est, au moins, vraisemblable que, dans —… l'alimentation au moyen d'œufs de poule, cette subs- — lance est résorbée el peut servir à la synthèse des substances ferrugineuses et, notamment,de l'hémoglo- h bine des animaux. D'après les recherches nouvelles de M. C. Hartung, 100 grammes d'œuf de poule contiennent, en moyenne, 4,38 milligrammes d'oxyde de fer (ce nombre est une moyenne de nombreuses analyses ayant fourni comme nombres extrèmes 2,80 et 7,50 milligrammes); cet oxyde de fer provient presque exclusivement du jaune de l'œuf; 100 grammes de jaune d'œuf donnent, en moyenne, 9,80 milligrammes d'oxyde de fer (avec des nombres extrêmes 8,80 et 10,80). En ajoutant à la nourriture quotidienne des poules 80 milligrammes d'oxyde de fer, sous forme de citrate de fer, et en maintenant ce régime pendant au moins un mois, on augmente la teneur en fer des œufs, et on l'amène à être presque double de la teneur des œufs normaux. Ces faits tendraient à établir l’assimilabilité du citrate de fer par l'organisme de la poule. Il serait, toutefois, désirable que l'état du fer dans ces « œufs ferrugineux » fût déterminé : le fer y est-il sous forme minérale, donnant les réactions de précipitation et de coloration des sels de fer, ou y est-il sous forme de composé organique, sous forme de nucléo-albuminoïde ferrugineux, identique à l’'hématogène ou voisin de ce composé ? Si, par cet artifice, en effet, on parvenait à augmen- ter la richesse en nucléo-albuminoïde ferrugineux du jaune de l'œuf, on pourrait espérer que ces œufs ferru- gineux constitueraient vraisemblablement le moyen le plus efficace de faire assimiler du fer par l'orga- nisme humain. La question mériterait donc d'être examinée avec quelque soin. $S 4. — Physiologie Sur la polyglobulie des altitudes. — On sait que le nombre des globules rouges contenus dans un volume donné de sang des animaux de même espèce varie selon que les sujets considérés vivent dans les plaines basses ou sur les montagnes : il augmente très notablement avec l'altitude à laquelle vit l'animal. On sait aussi qu'un animal donné présente des variations importantes, et se produisant rapidement, du nombre des globules rouges, contenus dans un volume donné de son sang, selon qu'il est transporté des plaines basses sur les montagnes, ou des montagnes dans les plaines basses : le nombre augmente quand l'animal est transporté sur les montagnes, il diminue quand on le ramène dans les plaines basses. M. le Dr Quiserne a observé quelques faits intéres- sants, en étudiant ce phénomène de polyglobulisation chez des lapins dératés. Il prend quatre lapins de même sexe, de même âge, de même poids, les soumet à un régime alimentaire identique pendant quelques jours et détermine le nombre des globules rouges contenus dans { millimètre cube de leur sang : ce nombre varie de 4.380.000 à 4.600.000. Parmi ces lapins, deux sont conservés comme témoins; les deux autres sont dératés; au bout de quinze jours, les suites opératoires ont disparu; en particulier, lé nombre des globules rouges est le même chez les quatre lapins et le même qu'avant l'opération de la splénectomie. ; Les animaux sont transportés à 1.500 mètres d’alti- tude. Les lapins non opérés supportent facilement, et sans manifester aucun accident les changements d’al- titude et de température; les lapins opérés, au con- traire, cessent de manger et souflrent visiblement pendant un ou deux jours; ce malaise est, d’ailleurs, passager. Examinés après un séjour de neuf jours à 1.500 mè- tres d'altitude, les quatre lapins présentent une poly- globulie très nette. Mais, tandis que, chez les lapins normaux, il y à augmentation de plus de 2.000.000 de globules rouges par millimètre cube de sang, chez les lapins dératés, cette augmentation ne dépasse pas 1.600.000. D'autre part, le diamètre des globules rouges diffère 1006 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE dans les deux groupes d'animaux : chez les lapins nor- maux, le diamètre moyen des globules rouges est de- 66,32 à 64,35; chez les lapins dératés, il est de 6%,74 à 76,16. Ces faits établissent que l'ablation de la rate diminue la faculté d'adaptation à l'altitude; et que cette adap- lation, qui, chez les animaux normaux, se fait essentiel- lement par une augmentation du nombre des globules rouges, nécessite, chez les animaux dératés, un nou- veau mécanisme complémentaire, l'augmentation de volume de ces globules. Réapparition des contractions du cœur humain après la mort. — On sait que le cœur des Vertébrés à sang froid, extrait du corps et conservé dans des conditions convenables de température, d'hu- midité et de milieu chimique, peut continuer à se con- tracter rythmiquement pendant des heures et pendant des jours. On sait que le cœur des Mammifères et des Oiseaux, extrait de l'organisme et ayant cessé de se contracter, peut recommencer à battre si, par l'aorte, on injecte vers le cœur du sang défibriné oxygéné. M. le D' Kuliabko, dans une note parue davs le Centralblatt fur Physiologie, rapporte sommairement des faits du mème ordre, observés sur le cœur humain extrait du cadavre un temps fort long après la mort naturelle. Le cœur d'un enfant de 3 mois, mort de pneumonie double, fut enlevé de la cage thoracique vingt heures après la mort. M. Kuliabko injecta par l'aorte, vers le cœur, selon la méthode classique de Langendorff, une solution de Locke (eau salée physiologique) tiède et bien oxygénée. Pendant vingt minutes, le cœur resta inerte ; mais, alors, apparurent quelques contractions rythmiques, faibles et lentes, des oreillettes, qui, peu à peu, se propagèrent aux ventricules ; le cœur continua ainsi à se contracter neltement pendant une heure environ. Cette expérience fut répétée à plusieurs reprises sur des cœurs humains et donna à M. Kuliabko des résul- tats analogues, même dans des cas où la mort remon- tait à 30 heures. Ces faits sont intéressants à signaler : on n'admettait pas, en effet, que le cœur, surtout le cœur humain, püt conserver pendant si longtemps la propriété de pouvoir être ramené à se contracter rythmiquement, même après la mort par maladie; — d'autre part, on doit conclure de ces faits que l'arrêt cardiaque qui se produit lors de la mort n'est pas la conséquence d'un épuisement du cœur, mais bien plutôt d’une inhibition exercée sur le cœur par l'accumulation de certaines substances, probablement de résidus d’un métabolisme anormal dans son tissu. Le poids du cerveau humain. — Dans une note de M. F. Marchand à la Société saxonne des Seiences, on peut relever les nombres suivants, indi- quant le poids de cerveaux prélevés dans des conditions particulièrement satisfaisantes. Les sujets étaient hessois : Le poids moyen du cerveau (y compris les méninges) de l’homme adulte (45 à 50 ans) est de 1.400 grammes : celui de la femme adulte de 1.275 grammes ; Sur 100 hommes adultes, 84 ont un cerveau compris entre 1.250 et 1.550 grammes ; 50 ont un cerveau com- pris entre 1.300 et 1.450 grammes; 30 ont un cerveau pesant plus de 1.450 grammes, et 20 moins de 1.300 grammes ; Sur 100 femmes adultes, 91 ont un cerveau compris entre 41.100 el 1.450 grammes, 35 entre 1.200 et 1.350 grammes, 20 ont 1.350 grammes et 25 moins de 1.200 grammes : Le poids du cerveau de l'enfant à 9 mois est sensi- blement le double du poids à la naissance; le poids du cerveau de l'enfant à 3 ans est sextuple de son poids à la naissance, Le cerveau atteint son complet dévelop- un cerveau pesant plus de - pement pondéral chez l'homme vers la vingtième” année ; chez la femme, vers la dix-septième année. $ 5. — Enseignement, Universités et Sociétés L'École d'Arts et Métiers de Paris. — L création à Paris d’une Ecole d'Arts et Métiers est enfin décidée. Il est vraiment extraordinaire que la Capitale, où toutes les industries se groupent et se perfection nent, ait été aussi longtemps privée d'une école spé ciale des Arts et Métiers, et qu'elle ait été obligée d'en voyer ses enfants au loin pour en faire des ouvrier instruits et habiles, alors qu'elle pourrait si facilement leur donner l'instruction dont ils ont besoin. Cette école sera nationale comme les autres. Mais son organisation en diffèrera sur deux points importants elle ne recevra que des externes, et, de plus, elle com prendra non pas trois, mais quatre années d’études. L'internat, assurément, est indispensable dans les écoles de province, où se trouvent rassemblés des élè ves originaires de 20 et 25 départements. Mais l’interM nat a de nombreux inconvénients, surtout dans les écoles d'Arts et Métiers, où il a engendré, plus encore qu'ailleurs, un état d'esprit fâcheux. qui se traduit les, plus souvent par des actes d’indiscipline regrettables. On l’a donc écarté pour Paris, ce qui était chose facile, puisque les élèves seront originaires du département de la Seine, et que l'entrée de l’école se trouvera à moins de 100 mètres de distance de deux gares du réseau métropolitain. Les élèves prendront seulement à l'Ecole le repas de midi, ainsi que cela se fait à l'Ecole Cen- trale. La création d'une quatrième année d'études est jus- tifiée par ce fait que l’enseignement des écoles existan- tes ne satisfait pas aux besoins si variés de l’industrie parisienne. « La Commission, dit le rapporteur, M.Chau-« tard, à pensé qu'une quatrième année devrait être créée à l'école de Paris et consacrée à l'enseignement de l'électricité industrielle, de lautomobilisme et, en général, à toutes les spécialisations qui deviendront nécessaires. » Le Conseil général de la Seine a exprimé le vœu que celte quatrième année devienne aussi une année de préparation à l'Ecole Centrale. Notre avis est que cette école rendra de plus grands services en pré- parant des spécialistes pour l'industrie parisienne, qu'en fabriquant des candidats à l'Ecole Centrale. L'Ecole va ètre édifiée sur un terrain de 20.000 mè- tres carrés, en façade sur le boulevard de l'Hôpital. Les bâtiments comprendront non seulement des salles de cours et d'études, un musée, une bibliothèque, des am- phithéâtres, des salles de dessin et de croquis, mais aussi de nombreux ateliers (chaudronnerie, forge, fon- derie, tours et modèles, ajustage, machines et automo- biles, électricité). Les dépenses de construction et d'ins- tallation sont estimées à 5 millions et demi de francs, dont le département de la Seine supportera les trois quarts ; mais, par contre, les dépenses d'entretien et de personnel incomberont à l'Etat dans la proportion des trois quarts. Troisième Congrès international des Ma- {hématiciens.— Dans sa dernière réunion annuelle, tenue à Carlsbad du 21 au 27 septembre dernier, l'As- sociation des Mathématiciens allemands (Deutsche Mathematiker Vereiniqunq) a décidé que le troisième Congrès internalional des Mathématiciens aura lieu à Heidelberg au commencement d'août 1904. On sait qu'au dernier Congrès, tenu à Paris en 1200, il avait été décidé que le prochain Congrès aurait lieu en 1904, en chargeant l'Association des Mathématiciens alle- mands du soin de organiser et de choisir le lieu du Congrès. J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES 1007 LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT Le front nord de la chaine alpine, de l'Arve à - Salzbourg, offre des anomalies de structure qui ont, h depuis longtemps, attiré l’altention des géologues et Ei D 4 %# : 24 #f f - donné lieu à de multiples travaux. C'est ainsi que les - Alpes de Glaris permettent d'observer une coupe singulière, signalée, dès 1840, par Escher de la _ qui montre du Tertiaire (Nummulitique) pa fortement plissé, mais recouvert par une série nor- male de Permien et de Trias, et, entre celte seconde série et le terrain tertiaire, du Trias et du Jurassique renversés. Ces phénomènes de superpositions anor- male se continuent dans l'Oberland bernois, où ils ont été étudiés, il y a quelques années, entre Engelberg et Kandersteg, par MM. Marcel Bertrand et Golliez ‘. Un massif schisteux de terrains an- ciens chevauche, au Nord comme au Sud, sur de l'Eocène et est formé de plis couchés vers le . Nord. nds sé se. de de Non moins curieuse, au point de vue de la struc- ture, est la zone montagneuse qui se développe entre le lac de Thoune au Nord et la vallée de l'Arve au Sud, et qui a élé désignée par M. Rene- vier sous le nom de « Préalpes romandes » et par | M. Diener sous celui de « Zone du Chablais ». Elle est divisée par la vallée du Rhône en deux seg- ments inégaux : les Préalpes de Savoie, sur la rive gauche, et les Préalpes vaudoises, fribourgeoises et bernoises, sur la rive droite. Ces chaines ne sont pas, comme on pourrait le croire, un segment entre les Alpes d'Unterwald et celles d'Annecy. Les terrains qui s’y rencontrent diffèrent par leur facies de ceux des contrées limitrophes; de plus, sur leur bord septentrional, le Trias repose cons- tamment sur des couches tertiaires (Flysch). Les particularités de ces chaines — particula- rités qui leur sont communes avec une série de | petits massifs ou « Klippes », isolés, dans la Suisse centrale et orientale ainsi qu'en Savoie, au milieu de chaines de structure et de facies très différents — ont donné lieu à de nombreuses controverses. Dès 1845, Studer reconnaissait l'individualilé des Préalpes et entrevoyait nettement quelques-uns des problèmes que soulève leur étude. Plus récem- ment, en 1884, un des maîtres de la Géologie fran- çaise, M. Marcel Bertrand, comparait la structure des Alpes de Glaris à celle du Houiller franco- | ! Marcez Bertraxo et Gozzirz : Les chaînes septentrio- | na'es des Alpes bernoises (Bull. Soc. géol. France, 3° série, Mt. XXV, p. 558, 4891). DES ALPES FRANÇAISES belge ‘. Au lieu de l'expliquer, avec M. Heim, par deux grands plis inclinés : l’un vers le Nord et l'autre vers le Sud, et enserrant comme dans un anneau la masse des terrains tertiaires, il consi- dérait cette disposition comme due à un pli unique, et supposait que le pli septentrional n’est pas un véritable pli ayant racine en profondeur, mais seu- lement une masse charriée par le déroulement du pli méridional. Il y aurait eu deux mouvements, correspondant : l'un, à la formation de plis verti- caux, et l’autre, à leur inclinaison. Une brisure se serait produite suivant l'axe, et la partie inférieure, glissant sur un vaste plan incliné, aurait été re- foulée et remontée vers le Nord en recouvrant les plis successifs du massif. La masse refoulée aurait entrainé des lambeaux de la masse inférieure (lambeaux de poussée). Ces phénomènes de recouvrement, ajoutait l’émi- nent géologue, ne sont pas spéciaux aux Alpes de Glaris, et l'étude des cartes géologiques de la Suisse et du Nord de la Savoie permet d'en recon- naitre les traces, dont les dernières s’arrêteraient près de Serraval, non loin de Faverges. Elles se retrouveraient, à l'est de Glaris, jusque dans le Tyrol (Rhäticon) *. Cette communication, faite à la Société Géolo- gique de France, n'eut pas le retentissement mérité et passa presque inapercue. Elle ne fut tirée de | l'oubli qu’en 1893, époque où paraissait, dans les normal des Alpes calcaires établissant une jonction | Comptes rendus de l'Académie des Sciences, une Note de M. Hans Schardt*, actuellement profes- seur à l'Académie de Neufchâtel. Ce savant, qui avait présenté, en 1890, un Mémoire pour le prix Schläfti‘, renonçait aux idées théoriques qu'il avait précédemment exposées et annonçait que des éludes précises faites sur le terrain l’amenaient à considérer toute la région du Chablais et du Stock- horn comme une vaste nappe de recouvrement. Toutefois, il expliquait le mécanisme de ce phéno- mène d'une facon différente. Pour lui, les Préalpes devraient être considérées comme une immense nappe de charriage (nullement un pli couché), qui 1 M. Bertrano : Rapports de structure des Alpes de Glaris et du bassin houiller du Nord (Bull, Soc. géol. France, 20 série, t. XII, p. 318, 1884). ? M. Berrrawn : Loc. cit. s H. Scuaror: Sur l'origine des Alpes du Chablais et du Stockhorn, en Savoie et en Suisse (C. 2. Acad. des Sc., 20 novembre 1893). # Un compte rendu de ce Mémoire a été rédigé par M. C. Schmidt (Actes Soc. helvét. Sc. nat., Fribourg, 1890). 1008 J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES aurait glissé du centre des Alpes vers le Nord, en passant par-dessus les massifs cristallins. Cette nappe aurait entrainé avec elle des masses consi- dérables de terrains anciens, et nourri débris la formation du Flvsch. Une deuxième nappe, superposée à la première, aurait formé les régions de la Brèche du Chablais et de la Hornfluh ; elle proviendrait d'une région plus méridionale que la première. L'étude de ce problème, intéressant entre tous, mais des plus complexes, fut abordée quelques années plus tard par M. Maurice Lugeon, aujourd'hui professeur à l'Université de Lausanne, qui publia, en 1896, un Mémoire des plus remarquables, inti- tulé : « La Région de la Brèche du Chablais" ». Les données principales en ontélé exposées ici même par un de nos plus savants professeurs, M. Emile Haug”. Si nous y revenons, c'est que le géologue de Lau- sanne vient de présenter de sérieux arguments à de ses --Toarcien été visitées par de nombreux géologues. Tout en | faisant des réserves sur la {théorie des mouvements. | qui leur ont donné naissance, ces géologues oil | reconnu que la struclure en avait élé admirable= ment élucidée. ; du Midi et Dents Blanches). — Un regard jeté sur“ une carte d'ensemble montre le contour sinueux et le bombement en avant des Préalpes sur les collines mollassiques. Quant aux Hautes-Alpes calcaires elles forment le front nord de la chaîne alpine au deux extrémités des Préalpes, sontrelayées par elles el s'élendent en arrière ; les plis qui les constituent Mt Ouzon 1880 (s} \ 88e Forelaz > ñ si $ 1 SES | @ L'AOE y « un $ LUS N | & TA y AT cK& ? GS KEI ERA LS \\ SSSEP : S = à FI £ soit de la 2ône bordière Py,,SYPS Gypse & Dogger soit de la de lame de charriage FÉ Vars Æ Boppewas - 5e. des |préalpes médianes Le Fig. 1. — Les Préalpes médianes, d'après M. Renevier. l'appui de sa thèse et que la Société Géologique de France à tenu à son lour, après la Société Géologique Suisse qui l'avait visité en 1895 avec MM. Renevier el Lugeon, une de ses réunions extraordinaires dans le Chablais (septembre 1901 *). En outre, des obser- valions faites dans d'aulres parties des Alpes ont apporté de nouvelles preuves à la conception de grands plis se couchant el se superposant les uns aux autres. Il semble bien, comme l'ont dit à juste titre MM. Marcel Bertrand et Golliez, que « le rôle des grands déplacements horizontaux devient une des questions fondamentales de la géologie des Alpes ». Nous passerons rapidement en revue les princi- pales régions des Alpes françaises où ces phéno- mènes grandioses ont été conslalés. Nous insiste- rons surtout sur les chaines de Savoie, qui sont celles que nous connaissons le mieux, et qui ont * M. Luceow : La région de la Brèche du Chablais (Bull. Serv. Carte géol. France, n° 49, t. VII, 1896). ? E. Hauo : Le Problème des Préalpes (Revue générale des Sciences, t. VII, n° 17, 15 septembre 1897). ! Nous avons assisté à ces excursions, dont les comptes rendus, rédigés par M. Lugeon, ont paru en juin 1902 Bull. Soc. géol. France, 4 série, t. 1, p. 671). disparaissent sous les Préalpes. Ces deux régions diffèrent l'une de l’autre non seulement par le facies des formations qui s’y rencontrent — facies helvé- tique dans les Hautes-Alpes, facies vindélicien‘ dans les Préalpes — mais encore par la nature des dislo- calions qui les ont affectées. M. Lugeon distingue cinq zones dans les Préalpes romandes : 1° zone bordière ou zone du Flysch, 2° Préalpes médianes, 3°zone du Flysch de Niesen, 4° zone intérieure, 5° zone des Brèches jurassiques. Celte dernière forme deux massifs, qui sont : le massif de la Brèche du Chablais, en Savoie, et le, massif de la Hornflubh, en Suisse. Le massif de la Brèche du Chablais se distingue neltement non seulement des Préalpes en général, mais même des Préalpes médianes. Cette distinction peut s'établir au point de vue de la nature des ter- rains, mais surtout au point de vue tectonique. On -s'en rend nettement compte en remontant la Drance du Biot, de Thonon à Saint-Jean d’Aulph et Mor- Le ttrme de Vindélicien a été appliqué par Gümbel à l'ancienve chaîne marginale admise hypothétiquement par Studer, sur le versant nord des Alpes, et dont la région des Piéalpes aurait été une des parties conservées. J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES 1009 + zine. Les nombreux plis que l'on observe, à partir | nale d'un pli enfoncé en coin dans le Flysch, et ils le l'affleurement des gypses, qui, à Armoy, passent | ont admis l'existence en ce point d'un pli complè- ur les schistes du Flysch de la zone bordière, ont | tement retourné, c'est-à-dire d'un anliclinal dont “üne grande régularité d'allures; ils rappellent ceux | la charnière est placée comme le serait celle d'un Jura et donnent l'impression d'un massif ayant | synclinal. racine en profondeur (fig. 1). Une autre coupe absolument analogue s'observe — Dans la région de la Brèche que l'on traverse | à la Pointe-de-Grange et ne permet pas de douter “pour se diriger sur Morzine etTanninges, les couches | de la réalité de ces contournements. Col de Brion DT ee Pointe :—, de Nanteaux Tavaneuse D) Il S{ 212 S 209095sSs50s ur: = ace ñ = ce Charniage FBoppeyys se. Fig. 2. — Le massif de la Brèche du Chablais, d'après M. Lugeon. présentent, sur le bord frontal, des contournements Les relations du massif de la Brèche avec son ‘mulliples et les contacts les plus anormaux. Si l’on | soubassement sont également curieuses dans les gravit les pentes situées au nord de Saint-Jean | environs de Tanninges, où l’on voit, au bord du “d'Aulph, on voit succéder au Flysch renversé les | Foron, affleurer du Flysch surmonté par du Cré- divers niveaux de la Brèche jurassique, les quart- | tacé supérieur et butant à l'Est par faille contre les miles du Trias et les couches rouges du Permien. | calcaires dolomitiques du Trias. Sur la rive droite “Viennent ensuite des assises très froissées appar- | de ce même torrent, ces couches du Crétacé s’en- “tenant au Crétacé supérieur (Sénonien). Cette der- | foncent sous le Houiller. .. @ Le Rosière = Æ La Tourne 2 2 Er d—. GE . . Ce — = s (Re Ds 2) 2 [a = ss 7 m6 SR ># Li … Fig. 3. — La montagne des Gets, d'après M. Lugeon. 6 1 nière formation ferail partie des Préalpes médianes, Une des plus grandes singularités du Chablais est ki reparaissant ainsi sous le massif de la Brèche. la présence de roches cristallines et éruptives dissé- + Les allures des assises sont d'une admirable | minées au milieu du Flyseh (fig. 3). Ces pointements “netteté au Pic de la Corne, et les membres de la So- | s'observent dans la partie comprise entre Tanninges Rice Géologique de France, dirigés par M.Lugeon, | et Morzine (montagne des Gels). Il ne peut s'agir, “ont pu s'assurer que la coupe publiée par cet auteur | conclut M. Lugeon, d'un massif cristallin déman- (fig. 2) est d'une exactitude absolue. Ils ont été | lelé; mais ce sont des blocs ou lambeaux de roches sunanimes à déclarer que les dislocations si étranges | anciennes qui jalonnent une ligne de charriage. de cetle région avaient été très bien interprétées. | Leur contact avec le Flysch est dû à des causes «Tous ont considéré le massif comme la tête anticli- | mécaniques. Les roches éruplives et les brèches 1010 J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES qui les accompagnent ne sont pas à leur place pri- mitive. La région de la Brèche chevauche donc sur les massifs voisins et empiète sur le Flysch, sur toul son pourtour. Elle présente dans l’ensemble une disposition concenlrique el a la forme d’une cuvette allongée dontles couches convergent vers le centre. Tout ce massif n’a pas de racine en profondeur et constitue une immense nappe de recouvrement | posée sur les Préalpes. Quant à l'origine du pli couché dont le bord frontal forme la charnière anticlinale el qui, dans la pointe de Grange, le pic de la Corne et le roc d'Enfer, est déversé au Nord- Ouest, sa racine doit êlre recherchée au Sud-Est. Cette interprétation semble, dans l’état actuel de nos connaissances, expliquer la plupart des parti- cularités de structure du massif de la Brèche du Chablais, et il semble difficile de lui en opposer une autre. En est-il de même relativement à l'origine des Préalpes entières ? La question à donné lieu à de nombreuses polé- miques ; le géologue de Lausanne les considère aujourd'hui comme constituées par plusieurs plis superposés venus également du Sud. Nous avouons n'avoir pas voulu nous rallier tout d'abord à cette hypothèse, que M. Lugeon n'a émise lui-même, au début, qu'avec les plus expresses réserves. S'il l'a faite sienne aujourd’hui, c'est qu'il la pré- sente avec de nouvelles preuves qui paraissent bien concluantes et qu'il arrive ainsi à expliquer toutes les anomalies de structure de cette partie des Alpes. Il a démontré que les plis des Hautes- Alpes sont formés de plusieurs nappes empilées, qui disparaissent sous les terrains plus anciens des Préalpes. De plus, il a découvert, en 1900, dans le massif du Wildstrubel, la racine de l'un des plis des Préalpes suisses et a pu conclure que « l'écaille la plus profonde de la zone interne ou zone des cols est la tête anticlinale extrêmement amincie d'un pli qui vient de la vallée du Rhône‘ ». Les Préalpes médianes sont ainsi comprises, dit-il, entre deux nappes de recouvrement; elles ne peu- vent avoir de racine el l'on est forcé également d'admettre qu'elles viennent du Sud, c’est-à-dire de l'intérieur des Alpes. En outre, elles ont été pro- fondément entaillées par l'érosion dans la vallée de l'Arve, et l'on voit au Môle et dans la pointe d'Or- chez les divers plis se superposer à des terrains plus jeunes; par là, on est encore amené à la con- clusion que ces chaines sont sans racine. Dans la vallée de la Linth, de même que dans les vallées de l’Arve, du Chablais, du Rhône, on cons- ar [ 4 plus profonde que celle du Rhône, montre partout le Flysch sous des nappes de recouvrement. Ona ces dernières, M. Lugeon pense aujourd'hui qu’elle doit se trouver dans la zone amphibolique d'Ivrée Là, ajoute-t-il, elles s'étendaient, liées avec les nappes du Falknis, comme la région de la Brèche l'était avec celles du Rhäticon. Ces grands plis courbés superposés seraient : les uns, suivant l'expression de M. Lugeon, à racines externes! ou à facies helvétiques: les autres, à racines internes. Les premiers comprendraient | Hautes-Alpes calcaires, qui, dans les chaines suisses, formeraient trois plis superposés : pli de Morcles, pli des Diablerets, et pli du Mont-Gond-Wildhorn C'est sur ce dernier qu'apparaît, dans les Wildstrus bel, la racine la plus intérieure des Préalpes Quant aux plis à racines internes, ils constitues raient les Préalpes médianes et les masses de Ja brèche du Chablais. Les premières ont leur cons tinuation dans les Klippes de la Savoie, au suds ouest, et dans celles de la Suisse allemande et di Falknis, vers l'est, landis que la Brèche du Cha blais se poursuivrail par les massifs de la Hornflul et du Rhäticon. Entre ces nappes à racines externes et celles à racines internes s'étend une régiol formée de grands plis simplement déversés, parals sant se presser entre les massifs hercyniens de le première zone alpine qu'ils n’ont pu franchir. Ces mouvements ont été accomplis par les nappes plus internes dont les racines doivent être ainsi recher chées bien en arrière. IT La chaine du Mont-Joly, la montagne bien connut qui domine Saint-Gervais, — localité tristemenl célèbre par la catastrophe du 12 juillet 1892, & a passé pendant longtemps pour une région où Ies efforts de plissements n'auraient eu qu'une faible intensité. Elle avait été considérée par la plupañl des observateurs, et représentée telle en 1894 sut de couches horizontales attribuées au Lias eb succédant en série normale. Sa structure n'a 1 M. Luceox : Sur la découverte d'une racine des Préalpes C. R. Ac. des Sc., 1 janvier 1901). suisses courbure de la chaîne alpine. nr, J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANCAISES IOIT pas été bien comprise avant les lravaux de MM. Marcel Bertrand et Ritter, qui ont pu montrer que cette allure, en apparence si tranquille, n’était qu'une illusion, due, selon l'expression de M. Ber- trand, à « une sorte de réarrangement des bancs ». | Gette partie du massif alpin présente « un véri- “able empilement de plis rabattus jusqu'à l'hori- zontale et, pour chacun de ces plis superposés, on “peut observer sans discontinuité son rattachement à la partie droite !, » Ces plis sont représentés, sur ce versant de la chaîne, par divers niveaux de Trias et sont séparés par des synclinaux de Lias; sur l'autre versant, ils ne sont plus indiqués que par le Lias calcaire entre des synclinaux de Lias supérieur schisteux. Quant aux anticlinaux supérieurs, deux d'entre eux se dédoublent en quatre plis sur la rive gauche du lac de la Girotte (fig. 4), tandis qu'un autre forme un lambeau de recouvrement au sommet de la montagne; sa partie couchée ne se réunit pas à sa partie droite. Cette dernière pourrait être repré- Fig. 4. — Les montagnes d'HauteJuce et le lac de la Girotte. — Les assises qui affleurent sur les deux rives du lac de la Girotte appartiennent ment, — ce sont les racines droites des plis, — tandis que la chaine d'Hauteluce, qui borne l'h au Lias inférieur, au Trias, au Houiller et aux Schistes cristallins, et sont redressées verticale- orizon, est formée de couches secondaires (Lias et Trias) disposées horizontalement (Photographie de M. Pittier, d'Annecy). Sont au nombre de six : trois forment la base de la montagne et les trois autres la partie supérieure. — Les trois premiers ont chacun leur racine droite “sur le versant nord-ouest de la montagne d'Outray el au fond de la vallée d'Hauteluce. A la montée du col et dans le haut de cetle vallée, on voit chaque racine droite se raccorder avec la partie “couchée du même pli par un affleurement en demi- cercle qui se suit sans disconlinuité. L Marcez Benrrano et Erxexxe Ritter : Sur la structure di Mont-Joly, près Saint-Gervais (Haute-Savoie) (C. AR. Ac. des Se., 10 février 1896). 2 E. Rrrrer : La bordure sud-ouest du Mont-Blanc (Bull. Serv. Carte géol. France, n° 60, t. IX, 1891). sentée par un ou plusieurs des anticlinaux déjetés du col, ainsi que, plus au nord, par l’un des deux anticlinaux du Prarion, montagne qui, comme l'a montré M. Michel-Lévy, est le prolongement de celle des Aiguilles-Rouges. Tous ces plis ont été enlevés par l'ér n au sud d'une ligne allant d'Hauteluce à Flum n'ont laissé comme témoins que deux lambeaux de recouvrement qui s'observent à Bisane et à Crest- Volant. Ils devaient probablemer xister sur le Cristallin du Mirantin, jusqu'en fa l'Albertville. Lorsqu'on suit ces plis au on voit trois d'entre eux disparaître en profondeur sur la rive gauche de l'Arve, tandis que les trois supérieurs, 1012 J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES $ Î 1 à — qui n'en forment alors plus que deux, par la | d’un remarquable travait dû à MM. Haug et Lu- disparition d'un synclinal intermédiaire, — vien- | geon!, et sa structure, bien élucidée par ces auteurs, nent former le soubassement du « Désert de Plalé». | permet-de rattacher les plis qui s'y montrent aux Si l’on étudie le versant de l’Aiguille de Varens qui | nappes que nous venons d'étudier. 2. domine l’Arve, les deux plis couchés se montrent Actuellement, on est en droit de conclure que les « formés par de grandes boucles horizontales em- | couches secondaires de Sulens, qui occupent la ré boilées les unes dans les autres et constituées | gion axiale du synclinal, n’ont pas de racine en px par des terrains de plus en plus récents, à mesure | fondeur. Elles appartiennent à plusieurs nappes que l’on avance, en aval, le long de la vallée de | perposéeset charriées, puis plissées ultérieurem l'Arve”». Plus en aval, les plis vont s'appuyer en | avec le substralum. Quant aux hauteurs de moind se redressant contre l'anticlinal droit du Rocher | allitude, constituant ce que ces deux géologues de Cluses. appelé « le soubassement de Sulens », elles sont De ces deux plis, l'inférieur, qui est bien visible | formées, au Sud, par une lame de terrains secons| sur le flanc occidental du massif de Platé, reparait | daires (Malm, Néocomien), qui est continue lt au jour sur l'autre versant de ce même massif. Il | repose sur le Flysch. Cette lame ne serait aut va ensuile constituer, plus au nord, le grand pli | chose qu'un lambeau de recouvrement correspo des Tours Salières et de la Dent-du-Midi, lequel, | dant à la charnière et au flane normal d’un comme nous l'avons déjà vu, s'enfonce sous les | reposant dans un synclinal de Flyseh. C'est sur oc de sap 2 1e la Valette À ; Lecros ! R. Garnier Pont Rouge 24 FIN Guillestre 4 Mont Dauphin \ \ ! ' ( 1 F. Bopregufs -8e Fig. 5. — La zone du Briançonnais, de cover Queyras à Mont-Dauphin, d'après M. W. Kilian. — A, éboulis J, calcaires roses du Jurassique supérieur ; /*!%, Lias (Brèche et calcaires) ; /t, schistes lustrés; {g, gypses supérieuls T; porphyrite du Guil;S, Préalpes. Par contre, le pli supérieur, qui est si net | celui-ci que se trouve ensuite la masse triasique el sur les deux versants du Platé, disparait plus loin, | liasique constituant un sommet allongé du Nord à au Nord-Est, enlevé aussi par l'érosion. Tous ces | Sud. Entre la nappe continue du soubassement els plis ont le facies helvétique. la masse principale de Sulens, se montrent plu | En avant de cet ensemble de plis couchés, le | sieurs lames affleurant au milieu du Tertiaire et premier anlielinal droit est formé par la chaine | semblant constituer encore une ou deux naPEIS | des Vergys, du Bargy et du Rocher de Cluses. C'est | indépendantes. | ri x| | | ensuite, en arrière de cet anticlinal et au milieu du Il semble donc qu'on puisse envisager à bon synclinal éocène du Reposoir, que se trouvent «les | droit «la Klippe » de Sulens avec son soubassez Klippes » de Sulens et des Annes, dont la struc- | ment, comme consistant au moins en trois nappes ture est également intéressante et le facies fort | correspondant à autant de plis couchés. Les plus différent. | inférieures de ces nappes se rattacheraient aux plis Le synclinal éocène est complexe; il est divisé | couchés vers le nord-ouest du Mont-Joly, tand is en deux synclinaux secondaires par un anticlinal | que le lambeau de recouvrement supérieur, qui | qui le coupe obliquement et fait affleurer, au mi- | forme la montagne de Sulens, proprement dites lieu du Flysch, une bande discontinue d'Urgonien. | aurait une origine analogue à celle des Préalpes C'est dans le synclinal septentrional que s'élève la | médianes. a: or , montagne des Annes et dans le méridional que se | * ! E. Iauc et M. Lucrox : Note préliminaire sur la mon- tagne de Sulens et son SR (Bull. Soc. Hist. nat. ! Ruren: Loc. cit., p. 194. | Savoie, 2e série, t. II, p. trouve celle de Sulens. Cette dernière a fait l’objet III atre Briançon et Vallouise (Hautes-Alpes) se eloppe un petit massif dont la structure com- uée a fait l'objet de plusieurs études de M. Ter- 1, études qui l'ont amené à émettre l'hypo- e que la zone tout entière du Briançonnais* formée d’un empilement de nappes charriées. Jes nappes reposeraient partout sur le Flysch, et eur plissement en éventail serait postérieur au iage. Les schistes lustrés auraient formé une ière nappe, supérieure à toutes les autres, et, mme elles, d'origine plus ou moins lointaine. ette hypothèse — dont la portée, si elle est con- ée, sera considérable, car elle aboulira à faire visager comme charriée toute la région des Alpes | omprise entre la première zone alpine et les Aiguille de Ratier 2689 La Chapelue \ T2 d'Arvieux J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANCAISES 4013 La masse chevauchante (« 2° écaille ») est plissée d'une facon intense et s'enfonce, au Nord, au Nord-Est et à l'Ouest, sur une série de terrains (paquet de Houiller-Trias-Malm-Flysch) qui cons- titue une autre nappe (« 3° écaille »), formant elle- même le soubassement du massif Prorel-Eychauda (« 4° écaille »). Cette nappe supérieure est la plus curieuse de toutes; elle est constituée, à la base, par une mince bande de Houiller et de Trias supé- rieur et, au-dessus, par des schistes cristallins associés à des conglomérats. l M. Termier avait émis, en 1895, l'hypothèse que ces schistes cristallins étaient d'âge tertiaire. Une découverte faite en 1898 par M. Kilian‘ est venue démontrer que cette interprélation ne pouvait êlre admise. Ce dernier a, en effet, trouvé au col de l’Alpet, T{ de Souliers I ! 1 1 R® Roux \ 5 ! [ 1 | | 7 ! ! 0 PEN ll 1 1 / + | | TN RES / 1 ! À leu Ne x EE 1 n | ET] 7 2 s ARS Gé s l HR La LSSS Gate COURTES ) EST 1/ D NU EPL lotir 1 RIEMPS 1 =repiete SU Stress, 3 ADS ALAIIO 1 Æ NS / so 1114 = \ ALT Ni PIC CRE NA 101 L7 4 414 CAL Lé tu tp R 1277727 MCE EN ES HAN Ne -S / SARA 4 “4 Lee 7 < NRA LA = Lea € 2 VE == ee Gl, glaciaire; a] m calcaires triasiques; tx G, cargneules et gypses ice de contact anormal. nes italiennes du Petit Saint-Bernard et du tor à Mondovi — soulève de nombreuses objec- ions. Toutefois, avant de les présenter, exposons faits qui ont servi à cette grandiose conception, osée avec un talent indiscutable par le savant professeur de l'École des Mines. Au nord-ouest de Vallouise, se dresse une chaîne calcaire (chaine de Montbrison), qui esten chevau- ment sur une nappe (« 1'° écaille » de M. Ter- iant quelquefois aussi du Flysch. Cette nappe all, alluvions anciennes (interglaciaires) ; em, : lux, quartzites; {1v, anagénites (Verrucano supérieur); h, Houiller; er) de Jurassique supérieur et de Lias, compre- | ofonde se fait jour dans deux longues bouton- ères, correspondant à deux anticlinaux distinels, ais parallèles. dP Tenue : Les nappes de recouvrement du Brianconnais Soc. Géol. France, 3° série, t. XXVII, p. 41, 1899); St du Pelvoux et Brianconnais (Livret-guide du le Congrès géol. interuational, XI, 1900) zone cristalline delphino-savoisienne (1*° zone alpine), se , de la frontière italienne au S.-E. du Mont-Blanc, par le t Saint-Bernard, la Tarentaise, On sait que la zone du Brianconnais, située à l'est de | la Maurienne, le Brian- Æ. Soppengé pe Flysch ; J-Æ, schistes luisants et marbres en plaquettes ; au nord du Mont-Genèvre, des schistes cristallins et des conglomérats analogues à ceux de *lEy- chauda et en liaison évidente avec les schistes lustrés. Cette constalalion a amené M. Termier à modifier sa première interprétation et à conclure que les lambeaux de l'Eychauda-Prorel n'étaient pas en place et venaient « du pays des Ztoches vertes et des Schistes lastrés; ou plutôt d'un pays où le facies Schistes lustrés se mélangerait avec le facies briançonnais* ». Le Houiller de la base serait une lame de charriage, ainsi que les bancs singu- liers, avec blocs de Trias, Malm, Permien'écrasés el enrobés dans une brèche de friction où se mélan- gent Micaschistes et Amphibolites, qui se montrent dans une butte à substratum de Flysch, dite « Butte des galets ». connais, une partie de la Haute-Ubaye, et rentre en Italie au col de Larche. 1 VV. Kicran: Sur divers faits nouveaux de la géologie des Alpes dauphinoises (C. R. Acad. Se.,7 novembre 1898). 2 p, TermEr : Loc. cit., p. 68. J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE 101% Les quatre écailles auraient été charriées avant le plissement, pendant la phase préparatoire du ridement post-oligocène; ce ne serait qu'ultérieu- rement que leur empilement aurait été plissé. Les schistes lustrés auraienté!é, eux aussi, charriés, au moins sur les bords, et formeraient la nappe supé- rieure dort les lambeaux de l'Eychauda-Prorel ne seraient que des témoins. Ce seraient ces schistes lustrés qui formeraient la vraie nappe charriée et les autres écailles ne seraient que des « lames ». Tout se ramènerait à une nappe venue de loin, com- posée de schistes lustrés, à des écailles poussées par cette nappe, chevauchées par elle et se che- vauchant, dont le déplacement a dû être très limité”. La structure du massif que nous étudions peut s'expliquer d’une facon moins simple, il est vrai, mais nullement en disproportion avec les faits qué nous venons de signaler dans les Alpes suisses et savoisiennes, par la superposition de plusieurs efforts de plissements, ayant produit une série de plis couchés ou de nappes de chevauchement, dont l'ensemble aurait été replissé ensuite comme une série normale de couches en place. Ces écailles, dit à juste titre M. Kilian, « ne sont autre chose que de grands plis couchés diverse- ment étirés, dont les flancs inverses sont partielle- ment conservés et que la continuité la plus indé- niable rattache à des plis normaux ». D'ailleurs, l'un de ces plis, ajoute le même auteur, s'enfonce dans le Flysch de l'Embrunais par une terminaison périclinale et il laisse percer en un point de sa partie axiale (plan de Phazy) un noyau dé granite du type Pelvoux”*. BExpISraLion de la parlie Nord-Est de la feuille Gap a fourni récemment au professeur de Gre- noble des résullats confirmant ces conclusions. La vallée ‘du Guil, entre Mont-Dauphin et la « Maison - du-Roï », permet d'établir que « cette gorge est creusée dans l'épaisseur de plusieurs plis couchés superposés, dont l'ensemble repioyé possède toutes les apparences d'une voûte anticlinale régulière* ». Ces plis (fig. 5) s'enracinent à l'Ouest de la région synclinale de Furfande, au delà de laquelle naissent des anticlinaux déversés dans un autre de sens. il résulte des recherches de MM. Haug et Kilian, entre Freyssinière et Vars, qu'il n'y à pas indépendance absolue entre la zone de Flysch (expression de M. Termier) et celle du Brianconnais. En outre, Si l'interprétation de M. Termier, ajoutent ces au- teurs, élait fondée, les nappes brianconnaises devraient reposer sans ! P, Teruier : Les nappes du Brançonnais, loc. cit. 2 W. Kizran : Nouvelles observations géologiques dans les Alpes delphino-provencales (Bull. Serr. Cart. géol. J'rance, n9 75, t. XI, 1900). 3 W. Kicran : Loc:cit.;, p. 1. RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES les massifs conlinuant au Sud . | | | | | | | — Jp. racines sur un substratum de Flysch; or, c'esi l'inverse qui a lieu‘. L'hypothèse du charriage @l bloc, antérieur au glissement principal, d’une parti@ importante des Alpes est donc contredile, en @ qui concerne la région dauphinoise, par un grandi nombre de faits, bien mis en évidence par M. Kilian. Elle ne peut s'appliquer également à la région savoisienne, car il est facile d'établir sans ambi: guité que « la zone de Flysch » ne constilue pas non plus se cette région le substralum de la zone du Briançonnais. Ces deux zones sont tecto= niquement inséparables. Le Flysch de Vallouise el de l'Eychauda se continue de la facon la plus nelle par le synclinal des Aiguilles d'Arves, en Maurienne, dont les dépôts se chargent progressivement en éléments détritiques, au point de devenir de véri- tables brèches polygéniques. Au Nord de l’Are, comme nous l'avons montré avec M. Kilian”, ce synclinal devient moins profond; il se divise. (Niélard) et il n'est plus représenté que par d'étroites bandes de dépôts tertiaires isolés au milieu de terrains à lacies briançonnais piqué Il existe done une étroite solidarité entre la zont éogène des Aiguilles d’Arves et le reste des forma tions briançonnaises. Considérer l’une comme étant demeurée in situ, tandis que l’autre serait d'origi exotique, est une conclusion que l’on ne peut ad= mettre el qui est en contradiction avec les faits. observés. À Il semble plus rationnel de considérer, avec notre savant confrère el ami M. Kilian*, cette zone du Briançonnais comme un massif central très plissé, non dépouillé de sa couverture sédimentaire. A et laminés, déversés en avant, auxquels se rappor tent les nappes que nous venons d'étudier. À l'est, le massif confine à une zone svnelinale occupée par les schistes lustrés, limitant, à leur lour, à l'ouest, schistes métamorphiques que l'on attribue actuclle= ment au Permo-carbonifère. Quoiqu'il en soit deces considérations théoriques, nous devons reconnaitre que les travaux de M. Ter, mier ont élucidé la structure d'un massif compliqué, sur lequel on ne possédait, avant lui, que des données fort incomplètes. Sur le bord externe du Brian- lt. Acad. des Sc et W. KiILIAN : Freyssinières et Vars (C. 1 E. HauG connais entre 1 août 1899). # W. Kiciax et J. Réviz : Une excursion géologique en Tarentaise (Bull. Soc. Ilist. nal. Savoie, 1re série, t. VII, p. 28, 1893). % W. Kizrax: La « zone du Brianconnais », thèse tectonique (C. R. de l'Assoc. française pour l'uvuns cement des sciences, Congrès de Boulogne-sur-Mer, 1899) : Sur la structure de la portion méridionale de la zone du Brianconnais (C. R. Acad. des Sc., 22 janvier 1900). Essai d':syn- J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES 1015 RE — IV Il existe également des masses de recouvrement \et des plis couchés au sud-est de Briançon dans le massif de Pierre-Eyrautz, où MM. Kilian et Lugeon les ont étudiés', ainsi que dans les environs de } Barcelonnette (Basses-Alpes). La découverte de ces derniers, remontant déjà à 1894, est due à MM. Haug ‘ebKilian *. Ces géologues ont suivi dans l’'Ubaye un “contact anormal jalonné par des gypses triasiques, "séparant les terrains nummulitiques et leurs inter- n véritables masses exotiques, analogues à celles des « Klippes » de la Suisse etde la Savoie. «Ils seraient les restes d'une nappe supérieure, reposant tantôt sur le Flysch (Séolanes, etc.) (fig. 6), tantôt, comme au Morgon, dépassant ce dernier et s'appuyant alors directement, en avant de lui, sur les terrains secon- daires autochtones. Sous ces « grandes Klippes » de Séolanes et du Lan, la nappe du Flysch ne pos- sède qu'une faible épaisseur; elle est quelquefois totalement écrasée, mais une lame triasique qui suit le charriage subsiste par places f ». Lfis. 6. — Lambeau de recouvrement de Grande Séolanes vu du Sud. — La partie supérieure est formée par du Lias à Gr\- pliæa arcuata, supporté par du Malm, au-dessous duquel passe du Nummulitique. Cetensemble repose sur un substra- tum de Flysch (Photographie et légende de M. W. Kilian). “calations à facies brianconnais d'un substralum mésozoïque à facies dauphinois. Ce contact repré- sente une surface de séparation entre une série en place et une série charriée. En outre, ces mêmes auteurs ont pu distinguer les terrains de plusieurs nappes charriées distinctes. “Les massifs du Lan (Chapeau de Gendarme de la carte), Séolanes, le Caire,le Morgon présentent, dans leur partie élevée, des terrains à facies très différents de ceux de leur substratum. Ils constitueraient de M : W. Krcrax et M. Lucrox : Une coupe transversale des Alpes brianconnaises de la Gyronde à la frontière italienne M(C: R. Acal. des Sc., 2 janvier 1899). à E. Hauc et W. Kicrax : Les lambeaux de recouvremeut de l'Ubaye (C. R. Acad. des Sc., 24 décembre 1894). Quant au pli inférieur, il se rattacherait, d'après ces deux géologues, à une bande anticlinale s'éten- dant de Jausiers au Col de Famouras, et provien- drait d’anticlinaux laminés appartenant au fais- ceau de Réottier, lequel, au sud-ouest, est constitué par des masses isoclinales de Flysch continuant cette zone vers Tournoux, Larche et l'Italie. Les terrains secondaires laminés s'intercalent dans ce Flysch comme des sortes de « sandwiches » anli- clinaux:; ce faisceau est charrié vers l'ouest sur tout son bord externe, et partout sur ce bord en contact anormal sur son substralum. 1 E. Hauc et W. KiLran : (recouvrements de l'Ubaye Loc:tcif.), Feuilles de Gap et de Larche C. R. collaborateurs pour 1901. 1016 J. RÉVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANCAISES C'est en arrière de ce faisceau que se trouve, de Furfande à Fontsancte, le brec de Chambeyron et l'Argentière, axe de part et d'autre duquel le déver- sement des plis alieu en sensinverse!.Cetaxe laisse également à l'ouest les plis que MM. Haug et Kilian ont démontré être la continuation des nappes du Brianconnais (écailles) décrites par M. Termier et qui sont de même ordre que les plis couchés et charriés de l'Ubaye. V Les grands charriages, reconnus au nord, comme nous venons de l’exposer, par MM. Lugeon et Schardt, à l’est dans le Briançonnais et dans l'Ubaye par MM. Haug, Kilian et Termier, s'observent éga- lement au sud, dans la Basse-Provence, où ils ont fait, depuis longtemps (1887), l'objet de nombreuses et savantes études dues à M. Marcel Bertrand. Cet éminent géologue a démontré que celle-ci est une région de plis couchés dans lesquels l'ampleur du charriage atteint plusieurs kilomètres. Il à existé, sur tout le nord de cette région, fait-il remarquer, une grande nappe de terrains charriés horizonta- lement, et celte nappe a été plissée ultérieurement avec le substratum?. Des plis retournés existent dans certaines localités, comme auprès de Simiane, et l’on à ainsi la preuve d'un plissement postérieur d’une nappe de terrains renversés. Des phénomènes de recouvrement ont été éga- lement reconnus dans les petiles Pyrénées de l'Aude par M. L. Carez ‘. Le pic de Bugarach et six autres lambeaux de calcaire visibles entre les villages de Bugarach et de Duillac présentent des contacts anormaux et surmontent des couches d'âge plus récent. MM. Michel-Lévy et Léon Bertrand ont aussi oh- servé une série de contacts anormaux dans la région sous-pyrénéenne occidentale, entre Biarritz et Ba- gnères-de-Bigorre *. Il résulterait des observations de ces deux savants qu'il s'agirait de vérilables écailles, poussées les unes sur les autres el à con- tours assez sinueux. Quant au sens du chevau- chement, le pendage régulier des couches vers le le sud. Les mouvements qui se sont effectués ont élé assez im- porlants « pour ramener au jour des roches an- nord indiquerait une poussée vers 1 E. Hauc et W. KiLIaw : de l'Ubaye (C. R. Acad. ? MARCEL BERTRAND : Les lambeaux de recouvrement des Sc., 24 décembre 1894). La gran le nappe de recouvrement de la Basse-Provence (Bull. Serv. Carte géol. France, n° 63, t. X, 1899). L. Carez : Sur l'existence de phénomènes de recouvre- ment daus les petites Pyrénées de l'Aude (C. R. At Sc., 3 juin 1899). + Micuec-Lévyx et Léox Bertrano : Note sur une série de contacts anormaux dans la région sous-pyrénéenne occi- dentale (C. R. Acad. des Sc., 25 juin 1900). ‘ad. des ciennes en pleine série crétacée et nummulitique,. avec un tel étirement qu'ils ont amené la production de véritables DURE granitiques de plus de 4 kilo= d'é épaisseur ». Ces dislocations ne se sont pas seulement pro= duites pendant les temps tertiaires ; d'autres, dur même genre, dalant de la période paléozoïque ont été étudiées avec beaucoup de sagacité par un de nos plus illustres géologues, M. Gosselet", ains que dans le bassin du Gard, sur les bords du Plateau central. Ce dernier bassin présente des accidents complexes qui, d'après M. M. Berland*, dépendraient d'un seul phénomène d'ensemble, et ce phénomène serait également un charriage horizontal. Ce char riage aurait déplacé deplusieurs kilomètresla moiti é occidentale de la cuvette principale, l'aurait trans= portée vers l’ouest, au milieu de l’autre moitié et: même au-dessus d’une cuvette latérale voisines Ce mouvement aurait superposé, en beaucoup de points, l’élage inférieur à l'élage moyen. \ Bien d’autres régions montrent la trace de ces immenses déplacements. Ils s'observent, par exe ple, dans les montagnes de l'Écosse ; les travaux. si remarquables des géologues anglais ont été. tesques. Un paquet de couches charriées, long de. plus de 300 kilomètres, alteint, dans le centre du | sentent ne de 100 ne de ea Ce qui Re le Dévonien que, d'après seraient produits ces grands mouvements, et c'es! à la théorie des recouvrements qu'il faut avoir recours, d'après cet auteur, pour expliquer la situa Lion anormale des couches sur le bord oriental la chaine * VI Comment se sont produites des dislocation ayant une telle intensité, et comment s'explique ces déplacements gigantesques de l'écorce ter- restre ? Il est difficile, dans l'état actuel de nos . FA Sur la structure du bassin houiller franco 3e série, t. VIII, p. 505, 1819) 1 GOSSELET : belge (Bull. Soc. Géol. France, ? M. Bertranp : Bassin houiller du Gard. (Ann. des Mines; W 9e série, t. VII, p- 505, 1900. 3M. Benrrano : Les Montagnes de l'Ecosse. (Revue réri) \ rale des Sciences, n° 23, 15 décembre 1892). 4 4 TORNEBOHOM : Grunddragen af det entrent Ska viens bergbyggnod, 1896. nsissances, de répondre à cetle question d'une ean absolument posilive, et de nombreuses re- erches semblent encore nécessaires pour arriver Ja solution définitive du problème. MM. Schardt ugeon ont tout d’abord supposé que ces dépla- ments s'étaient effectués sous l’aclion de la pesan- teur. La nappe principale des Préalpes du Chablais aurait été une masse de sédiments qui se serait détachée de son emplacement primitif, et aurait issé sur un plan incliné pour venir occuper sa osition actuelle, sur le bord septentrional de la ice. M. Lugeon renonce aujourd’hui à cette hypolhèse. Il incline à atlribuer la cause de ce phénomène au mouvement tangentiel. IL ne pense us que ces nappes se soient déroulées en aban- lonnant leur racine. Un mécanisme spécial aurait, épendant, permis qu'elles marchassent encore lors que la liaison n'eut plus été complète. Les nappes des Préalpes médianes et de la rèche du Chablais seraient parties, à la suite de iouvements indépendants, mais auraient fini par ire une nappe unique dans leur marche en avant. a nappe entrainée s’est laminée par places, el st elle qui a formé ce qu'on à appelé « des lames e charriage ». Quant aux plis couchés des Hautes- lpes calcaires, ou nappes à racines externes, ils ont postérieurs aux nappes préalpines; ils se sont etlement constitués en profondeur. es nappes les plus internes se seraient formées s premières. Deux zones ont d'abord cédé, lors la contraction : l'une à donné lieu aux plis ouchés des Préalpes médianes et de la Brèche, autre aux plis de la zone intérieure. Ces premiers jouvements se sont fait sentir dans des parties Hrélativement superficielles de l'écorce, mais dans in revêtement de Flysch qui devait être considé- rable. M La poussée tangenlielle, continuant à se produire, fait naître d’autres grauds plis, se subdivisant ssi en deux séries : l’une se créant aux dépens de région profonde des terrains crislallins, l'autre e développant dans les lerrains à facies helvélique bien en avant des racines des nappes internes. nfin, sous la persistance des mêmes efforts, les appes se replissèrent; il se produisit des bombe- nts simulant des dômes, tandis que les massifs mitifs s'élevaient en redressant verticalement urs assises. I Ces mouvements auraient débuté dans les Alpes Pendant la période oligocène, et se seraient con- ués pendant le Miocène. Ils se seraient effectués, là surface, dans le voisinage de la région mollas- Rique. Les masses qui s'étaient mues en profondeur seraient trahies à la surface, enlrainées vers Pavant par les mouvements plus profonds, c’est- Mdire par les nappes à racines exlernes (plis des REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. J. RÊVIL — LES GRANDES NAPPES DE RECOUVREMENT DES ALPES FRANÇAISES 1017 Hautes-Alpes) qui se développaient au-dessous d'elles. La force tangentielle ne se faisait alors plus sentir sur les nappes préalpines elles-mêmes, mais au-dessus, en arrière et en avant d'elles. Ensuite se produisit la mise générale en saillie : la Moltasse qui recouvrait certaines parties du mas- sif ful entièrement démantelée, laissant les chaînes, après leur érosion séculaire, dans l'état où nous les voyons aujourd'hui. Telle est, exposée à grands trails, la théorie récemment développée devant la Société Géolo- gique de France ! par le savant professeur de la Faculté de Lausanne, théorie qu'il avoue, lui- même, devoir probablement être modifiée plus tard, lorsque les rapports réciproques des diverses nappes auront élé entièrement éclaireis. Ce phénomène des Préalpes n'est, en réalité, comme l'a fait remarquer M. Kilian”, qu'un cas excessif du processus de plissement ayant donné naissance à la chaine; des groupes entiers de plis ont été refoulés sur les plis limitrophes. C’est bien aussi la conception actuelle de M. Lugeon, pour qui « les Préalpes ne forment pas un cas particu- lier, mais sont l'expression normale la plus exa- gérée d'un phénomène général, celui du déjette- ment des Alpes vers le Nord * » Il y a donc lieu de bien distinguer ce méca- nisme, soit du glissement qu'avait imaginé M. Schardt, soit des charriages sans flanc inverse qui se seraient produits avant le plissement prin- cipal, et qu'ont invoqués M. Marcel Bertrand pour expliquer la structure de la Provence, et M. Ter- mier pour celle du Brianconnais. Le premier de ces deux derniers auteurs terminait son remarquable Mémoire sur les nappes de recou- vrement de la Basse-Provence en émettant la conclu- sion que : « beaucoup de plis couchés, parmi les plus énergiques de ceux qu'on altribue à la compression latérale, n'ont d'aulre origine que les immenses trainées effectuées périodiquement à la surface de notre planèle‘ ». {1 présentait, d’ailleurs, sa ma- nière de voir, sur cet important sujet, dans l'exposé d'une théorie mécanique de la formation des mon- lagnes, communiquée à l'Académie des Sciences de Paris”; il rappelait que les chaines européennes, créées sur le bord d'une dépression équivalente à la Méditerranée actuelle, se sont progressivement déplacées vers le sud. Il y aurait eu comme phases Les grandes nappes de recouvrement des 1nCeE 4 M. LUGEON : Alpes du Chablais et “de la Suisse (Bull. Soc. gcol. : ZeVsérie, t. 1, p. 133, 1902). 2 W. Kixran : Ld., loc. cit., p. 701 3 M. Luceow: Id., Joc. cit., p. 172. * M. BERTRAND : Basse-Provence, etc. : Loc. cil., p. T1. — Ip. : Essai d'une tbéorie mécanique de la formation des montagnes. # ]p.: Déplacement progressif de Acad. des Sc., t. CXXX, p. 291, 5 février ixe terrestre (C. R. 1900). 212 1018 P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE essentielles : 1° formalion d'une cuvette géosyn- Ce substratum aurait subi des mouvement! clinale dissymétrique dont le fond avance vers le sud, ce qui à amené la production d'un bourrelet; % poussée sur la cuvette de ce bourrelet qui, reformé sans cesse en se déplaçant vers le sud, la recouvre d'une nappe de charriage; 3° élévation en masse de l'édifice sous-marin ainsi construit en profondeur. Cette élévation serait un fait postérieur aux charriages et aux plissements qu'ils entraînent. Tous les mouvements horizontaux se seraient faits dans le même sens, sauf le charriage. Ge dernier serait une compensation nécessaire pour la conser- vation du centre de gravité. Une conséquence de la sédimentation, ajoutait l'éminent maitre, est « que les grands charriages qu'elle déclanche entraînent dans leur mouvement une couche sphérique plus profonde, d'une épais- seur plus ou moins grande. La Terre serait compa- rable à une orange dont, par une forte pression de la main, on arriverait à faire tourner l'écorce tout d'une pièce sans déplacer le fruit ni les quar- tiers !. » C'est par un processus tout différent que les géologues suédois expliquent la genèse des phéno- mènes qui ont occasionné les immenses recouvre- ments de la Scandinavie. Ils renoncent, eux aussi, à en attribuer la cause au glissement des terrains sédimentaires déposés sur une surface archéenne inclinée au sud-est. Pour Holmquist, le phénomène aurait été déter- miné par la manière dont le substratum cristallin se serait comporté vis-à-vis des pressions orogéniques. d’écartement dans un sens perpendiculaire a actions tangentielles. L'écartement se serait effectut de haut en bas, en donnant naissance à des dé- pressions dans lesquelles les terrains supérieurs* auraient été engloutis. Ils se plissaient en même temps; mais, comme les pressions latérales ne Les affectaient pas dans la même mesure que le substratum archéen, il se pro duisait des glissements d'une certaine importance Ces mouvements, fait remarquer Hügbom, méris teraient d'être appelés « renfoncements » (Unters chiehungen), plutôt que « chevauchements (Ueherschiehungen). — Cette interprélation, ici encore, laisse plusieurs diflicullés non résolues. Nous conclurons que, si la structure des divers massifs que nous venons de passer en revue est à à peu près complètement connue, le mécanisme des mouvements qui s'y sont produits constitue uns problème sur lequel la lumière est loin d'êtres entièrement faite. Nous féliciterons les géologuesk qui se sont allachés à l'étude de ces questions ardues, et nous terminerons en disant, avec M. les Professeur Heim?, que les nouvelles théories ses sont échafaudées en s'appuyant sur les anciennes Elles nous apprennent à accepter des idées devant lesquelles nous nous étions jusqu'à présent arrêtés: J. Révil, Président de la Société d'Histoire naturelles de Savoie. LE RÉCENT CONGRES DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE POUR L’AVANCEMENT DES SCIENCES. (BELFAST, 8-18 SEPTEMBRE 1902) L'Association Britannique pour T A vancement des Sciences a lenu à Belfast, du 8 au 18 septembre, sa 72: réunion annuelle. Ces grandes assemblées font toujours événement dans les trois royaumes: celle de cette année a été particulièrement brillante et laborieuse. On en peut juger par deux chiffres : 1620 membres v ont pris part et, parmi eux, toute l'élite intellectuelle de l'An: ere 3417 ont été lus devant les Sections et ont provoqué, pour la plupart, des discussions approfondies. Mémoires Belfast avait réservé grand accueil à ses savants visiteurs, et le Comité local qui avait élé chargé de 1 M. Benrranp» : Loc. cit. l'organisation matérielle du Congrès à fait admiras blement les choses. En dehors des fêtes et récepen tions habituelles, qui, — chose digne de remarque, sont succédé sans nuire en rien à l'activité des, travaux, — toute une série d'excursions scientilis, ques et de visites d'usines avaient été prévues, don nant aux congressistes une occasion unique d'ap- précier les ressources naturelles et industrielles de l'Ulster. Un Musée temporaire avait été installé à Queen's College, montrant les pièces et les collec. lions destinées à illustrer les communications: Hücsox : Sur la tectonique et l'orographie de la ! Annales de Géographie, n° du 15 mars ne: À géol. l'rance, 4 série, t. 1, p. 825. RAI CS Scandinavie ( ? Bull. Soc. _P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE 1019 en n'avait été négligé pour que les membres de célèbre Association tirassent du Congrès lui- ème et de leur séjour en Irlande le maximum ssible de profit et d'agrément. L'organisation intérieure du Congrès est essen- iiellement seclionale. L'Assemblée générale ne se unit que pour entendre le discours d'ouverture président, deux conférences d'intérêt général et accomplir les formalités de clôture. Tout le tra- Vail se fait dans les 11 Sections qui se partagent les spécialités scientifiques et forment comme autant de congrès spéciaux entièrement indépen- dants. Il nous serait impossible d'en rendre un compte exact et détaillé sans encombrer les pages le cette Æevue : la liste seule des Mémoires lus liendrait de nombreuses colonnes. Nous devrons ious borner à signaler les contributions les plus >riginales et les discussions les plus intéressantes. I. — ADRESSE PRÉSIDENTIELLE. alement suivie par ses devanciers, le grand phy- Sicien n'a consacré qu'une partie de son discours echerches spéciales. Il a fait précéder son remar- uable exposé de l'histoire et des progrès récents ns la production des grands froids, de considéra- - Nous pourrions ajouter qu'elles tiraient un grand intérêt aussi, un plus grand intérêt encore des cir- jour de l'Empire britannique, et les voix les plus torisées n'hésitent pas à proclamer bien haut que a vieille Angleterre doit s'attendre aux pires cala- Fa une génération en état de soutenir la concurrence S jeunes continentaux ou des jeunes Américains. es triomphes industriels des Etats-Unis et de l’AI- anique, et presque tous les organes de l'opinion publique font entendre la même note d'un pessi- misme désolant. Le Professeur Dewar, lui non plus, ne ménage pas les critiques à ses concitoyens en général et à ceux qui ont la charge de l'éducation publique en articulier. Faisant allusion au testament de Cecil thodes, « on a, dit-il, regardé comme un superbe | iommage à Oxford qu'un homme peu versé dans les études académiques ait considéré comme de première importance d'amener des jeunes gens des 1 colonies et même d'Allemagne à se soumettre à l'éducation de cet ancien foyer intellectuel. Mais peut-être comprend-t-on mal M. Rhodes : en dehors de son idée dominante d'établir de bonnes relations de confraternilé entre ceux qui, plus tard, doivent être les dirigeants en Angleterre, aux colonies et même aux États-Unis, M. Rhodes a probablement cédé aussi à l'espoir que cet afflux d'étrangers con- tribuerait à élargir l'horizon intellectuel d'Oxford et à transformer son organisation conventionnelle ». Il compare ensuite, à l'initiative du Napoléon du Cap, l'iniliative, suivant lui, bien supérieure, d'An- drew Carnegie, qui a consacré 2.000.000 de livres à l'amélioration des universités écossuises, et a confié l'administration de ce capital à un Comité pris en dehors des corps enseignants, n'ayant ‘aucun pou- voir direct, mais capable de stimuler leur esprit d'entreprise en subventionnant leurs initiatives. Le but de Carnegie est de découvrir partout l'homme exceptionnel et de le mettre en état de se dévelop- per. Cette sollicitude est le premier des devoirs nationaux. C’est à l’homme exceptionnel que la science doit ses progrès et le pays une part de sa prospérité. L’Angleterre a-t-elle fait, à cet égard, tout son devoir? A-t-elle mis à la disposition des grands hommes de science les ressources indispensables à leurs travaux ? On peut admettre que la Société Royale a fait, à elle seule, plus que toutes les Universités ensemble. Or, la somme totale dépensée par elle, en un siècle, pour les sciences expérimentales, — somme provenant, pour la plus grande partie, des contributions person- nelles de ses membres, — est de : 54.600 livres. 24.430 Traitement des professeurs. . Dépenses de laboratoires . . . . Salaires des assistants et,avecquelquessommesaccessoires, 119.800livres. Si l’on se rappelle les noms de Young, Davy, Fa- raday, Tyndall et l'influence de leurs travaux sur la prospérité industrielle, on ne peut manquer d'arriver à cette conclusion que «l'homme excep- tionnel est l’un des moins chers parmi les produits naturels ». Malgré les circonstances défavorables, hommes exceptionnels n’ont pas jusqu'à présent fait défaut à l'Angleterre ; mais en sera-t-il toujours ainsi, les recherches scientifiques exigeant des ins- tallations de plus en plus complexes et de plus en plus dispendieuses? Il est impossible d'espérer que les sacrifices personnels des savants permet- tent indéfiniment de faire face aux dépenses. La prospérité nalionale exige autre chose encore: à côté de l'homme exceptionnel qui fait les décou- vertes, ilfaut l'armée des techniciens quiles mettent les 4020 P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE en œuvre. Cette armée-là fait presque entièrement défaut à l'Angleterre. Les découvertes des savants britanniques dans le domaine de la Chimie appli- quée ont été mises en œuvre en Allemagne et ont contribué à battre en brèche l'industrie anglaise. Pourquoi? Parce que les usines allemandes em- ploient 4.500 chimistes instruits, alors qu'en Angle- terre l’on n'en trouve que 1.700 environ, qu'en Alle- magne 69 °/, d’entre eux sont docteurs en philoso- phie (sciences physiques), tandis qu'en Angleterre 10 °/, à peine ont un diplôme correspondant. Et qu'on ne s'imagine pas que l'on puisse remé- dier à celle infériorité évidente par n'importe quelle dose de cette éducation technique qui est actuelle- ment le remède à la mode. Les habitudes men- tales sont formées bien avant l’âge où les jeunes gens vont aux écoles techniques. Il faut commencer par le commencement; il faut, dès l'origine, habituer les enfants à penser correctement et logiquement, à s'attaquer aux fails et à résoudre eux-mêmes les problèmes qui se présentent à eux, au lieu d’ap- prendre par cœur la solution donnée par un autre. Le grand mal pour l'Angleterre n'est pas que l'Allemagne lui ait pris la première place dans telle ou telle industrie, voire même dans une douzaine d'industries : c'est que la généralité de la nation allemande a atteint un degré d'instruction générale et d'entrainement spécial que la nation anglaise ne pourra atteindre qu'après qu’une ou deux généra- tions y auront appliqué leurs efforts dans le do- maine de l'éducation. Il est bien difficile de résumer la seconde partie du discours du Professeur Devwar. Elle est elle- même un résumé, aussi clair, aussi complet et aussi succinct que possible, des progrès successive- ment réalisés dans la conquête des grands froids. À vouloir la condenser encore, on risquerait de ne produire qu'une sèche énuméralion de noms et de dates sans réel intérêt. Contentons-nous done de signaler ses suggestions ingénieuses sur la compo- sition de l'atmosphère supérieure et la nature des M. Dewar fait remarquer que la loi de Dalton exige que chacun des gaz constituant l'atmosphèreaità chaque hauteur etàchaque tempé- rature la même pression que s’il élait seul, sa pres- sion décroissant d'aulant moins vite, toutes autres conditions égales, que sa densité est plus faible. Le aurores boréales. calcul montre que, si, au niveau dela mer, l'atmos- phère renferme 0,02 °/, d'hydrogène et si la tempé- rature baisse de 3°,2 par chaque mille d’élévation, à 47 milles d'altitude il ne reste plus que des traces d'oxygène et d’azole, et que l'hydrogène forme la presque totalité de la masse gazeuse; les traces d'acide carbonique doivent se solidifier à cette alli- tude et forment, sans doute, les légers nuages qu'on y a observés. Plus haut, l'oxygène et l'azote se con- densent probablement à leur tour et forment des pluies et des neiges infiniment ténues. On sait depuis longtemps que l'aurore boréale est le résultat d’une décharge électrique dans l'at* mosphère terrestre, mais on ne comprenait pass pourquoi son spectre est si essentiellement diffé rent de tous ceux qu'on pouvait obtenir par une dé= chargeartificielle àtravers l'atmosphère superficielle. raréfiée. Sur 9 raies du spectre de l'aurore connues en 1879, Capron ne pouvail en identifier qu'une seule avec une raie produite dans l'atmosphère su: perficielle ; sur une centaine de raiesconnues aujour- d'hui, les 2/3 coïneident pratiquement avec celles des gaz les plus volatils de l'atmosphère inliquéfiable à la température de l'hvdrogène liquide, comme l’a démontré le Professeur Liveing. La plupart des autres appartiennent à l'Argon, au Krypton et au Xénon. La teinte rosée que ces phénomènes pré- sentent d'habitude semble due au Néon. L'existence d'une atmosphère supérieure uniquement ou pres que uniquement composée des gaz les plus volaltil devient ainsi extrêmement vraisemblable. D'autres part, l'on a depuis longtemps émis l'hypothèse ques les protubérances solaires ne sont pas autre chose que des aurores boréales se produisant dans l’at mosphère supérieure du Soleil. On expliquerait ainsi notamment la rapidité merveilleuse avec laquelle elles se déplacent. Or, les récentes obser vations de leurs spectres, et notamment celles faites pendant l'éclipse de mai 1901, publiées dans l’As- trophysical Journal de juin dernier, ont fait con naitre 339 raies spectrales dans la couronne photo graphiée par Humphreys; 209 d'entre elles ne diffèrent pas de plus d’une longueur d'onde de raies observées dans le spectre des gaz les plus légers de l'atmosphère. La plupart des autres sont ou fai bles ou incertaines; celles quirestentapparliennent vraisemblablement à quelque gaz qui pourra encore êlre découvert dans l'atmosphère. L'analogie des almosphères supérieures terrestres et solaires, et la similitude des aurores boréales et des pro tubérances solaires devient ainsi extrêmement pro bable. II. — SECTION DE PHYSIQUE ET DE MATHÉMATIQUES. Le président, le Professeur John Purser, a consa: cré son adresse présidentielle à un historique des Mathémaliques irlandaises et, notamment, à un exposé de la vie et des travaux d'Hamilton. Lord Rayleigh a étudié x conservation des poidss dans les réactions chimiques. Deux savants alles mands, Landolt et Heydweiller, affirment avoir ob= servé des variations de poids sous l'influence de réactions chimiques. Ils ont, par exemple, dissous. du sulfate de cuivre dans de l’eau. Ils trouvent ques + V # P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE 1021 Je poids de la dissolulion n’est pas la somme du poids de l’eau et du sulfate de cuivre. La différence _n'atteint pas même 0,000.001, mais est cependant, d'après Heydweiller, supérieure aux erreurs d’ob- “Servation. Il convient, certes, d'attendre de nou- _velles expériences avant d'admellre le résultat ‘comme acquis, maisil serait, d'autre part, antiscien- tifique de l’écarter dès l’abord comme impossible. Différence de poids ne signifie pas nécessairement ifférence de masse. Newton a admis leur propor- ionnalité, que Bessel a, depuis, vérifiée par la mé- thode la plus délicate qui soit en notre possession : Ja méthode du pendule; mais celle vérification écarte pas la possibilité d'une très faible varia- ion de poids résultant du réarrangement molécu- Jaire dans une masse constante. Les expériences de Landolt et Heydweiller sou- lèvent cependant une difficulté théorique, sur la- uelle il faut appeler l'attention. La dissolution du sulfate de cuivre dans l'eau peut être produite d'une “manière réversible. L'eau, sous forme de vapeur à “très faible pression et éloignée de son point de “iquéfaction, est mise en contact avec le sulfate ; la pression est alors graduellement augmentée et la dissolution s'opère d'une manière continue et aussi - voisine que l'on veut de l'équilibre; l'opération strie- - tement inverse est possible et produira une quan- lité de travail précisément égale à la quantité “absorbée dans la première opération. Supposons maintenant que nous fassions par- courir au système le cycle suivant : | 1° Dissolution réversible; % Elévation à une hauteur déterminée ; 3° Transformation inverse du n° 1; Æ Abaissement au niveau primitif. — Les transformations 1 et 3 se compenseront, et “aucun travail extérieur ne sera produit. Si le poids À du système n'est pas resté invariable, le travail de “]a transformation 4 n'est pas égal et de signe con- 4 traire à celui de la transformalion 2, et le système, “par conséquent, ne peut pas être revenu à son état “primilif. Si Landolt et Heydweiller ont raison, l'état final du système dépendrait de la hauteur à laquelle il a été élevé, ce qu'il est difficile d'ad- mettre. Peut-être le fait observé tient-il tout sim- “plement à ce que le verre n'est pas impénétrable - aux liquides. — M. S.-A. Saunder a entretenu la Section des chan- Donenis possibles à la surface de la Lune. L'au- “teur fait l'historique de la question depuis 1866, époque où un Comité de l'Association Britannique _fut chargé de l'étudier. La discordance des an- miennes cartes lunaires avait fait croire à ces 4 changements. Des cartes plus précises n'ont pas été publiées depuis assez longlemps pour qu'on puisse formuler aujourd'hui une opinion définitive. III. — SECTION DE CHIMIE. L'adresse du président, M. Edward Divers, pro- fesseur à l’Université de Tokio, portait sur Za théorie atomique sans hypothèse. La théorie atomi- que, qui est à la base de toute la Chimie moderne, sur laquelle s'appuient explicitement ou impli- citement lous ceux qui travaillent au progrès de cette branche des connaissances, est-elle liée à une hypothèse particulière sur la constitution intime de la malière et notamment à celle de la discontinuité des corps en apparence continus ? La Chimie tout entière serait-elle renversée si celle conception venait à être reconnue fausse ? M. Divers entreprend de montrer qu'il n’en est rien et que la théorie atomique, purement expérimentale et posi- tive, est entièrement indépendante de l'hypothèse atomique, purement spéculative et métaphysique. La théorie atomique peut se ramener à cette proposition que les quantités de matière qui inter- réagissent dans une transformation chimique élé- mentaire sont égales entre elles, aussi égales dans un sens que des masses égales le sont dans un autre, — et que, pour cette raison, l'interréaction chimique est une mesure des quantités de subs- tances dissemblables, distincte et indépendante de toute mesure de masse ou de poids. Si Dalton ne ’est pas exprimé en ces Lermes, on peut aisément ramener à cette formule la conception qu'il déve- loppe. Quand il parle, notamment, de l'indivisibilité des molécules, il a soin de spécifier qu'il ne s'agit pas d'une indivisibilité absolue, mais uniquement d'une indivisibilité chimique; or,que peut signifier cette expression et quelle importance at-elle si ce n'est celle d'affirmer l'égalité des molécules, l'im- possibité de les faire intervenir encore dans un rai- sonnement chimique, si on ne leur attribue pas à toutes une valeur égale à l'unité? Cette notion de l'égalité chimique choque à pre- mière vue, parce qu'elle paraît en opposition avec l'égalité gravimétrique, à laquelle nous nous réfé- rons d'habitude. Toute notion d'égalité est, en réa- lité, relative à un aspect particulier de la substance. Une égalité qui s'étendrait à tous les attributs im- pliquerait identité et les deux objets comparés ne seraient plus, par conséquent, qu'un seul et même objet. L'égalité en poids ou en masse, l'égalité gra- vimétrique, n’est pas plus absolue que l'égalité chi- mique, telle qu'elle vient d’être définie. Au con- traire, cette dernière est plus parfailement d'accord avec l'égalité des volumes gazeux el celle de quantité d’autres propriétés bien connues, de telle sorte qu'il n'y a,en définitive, que deux genres principaux d'égalité : l'égalité gravimétrique ou physique et l'égalité chimique. La seconde est entièrement indépendante de 1022 P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE la première ; il est aisé de voir que la loi des pro- portions définies aurait parfaitement pu s'exprimer sans aucune référence à un poids ni à une masse. Cetteégalitéchimique neseraitnullementatteinte si, conformément à des expériences récentes, le poids des substances engagées dans une réaction chi- mique n'était pas constant; les volumes gazeux, les pressions osmotiques, etc.,n'interviennent qu'après coup, comme des modes d'égalité dérivés de l'éga- lité chimique fondamentale. On aura remarqué que l'égalité chimique se réfère aux molécules plutôt qu'aux atomes. Ce sont les quantités de substances différentes interréagis- santes qui sont égales, non les quantités de sub- stances élémentaires composantes. L'idée de molécule est réellement primitive, fondamentale ; celle d'atome est dérivée et subordonnée. Ce qui a mis en lumière le principe fondamental de la Chi- mie, ce n'est ni la loi de Richter sur les proportions définies, ni l'hypothèse d’Avogadro sur l'égalité du nombre des particules dans le mème volume de différents gaz : c'est, d'abord, la théorie atomique de Dalton et la loi de Gay-Lussac sur les relations simples des volumes dans les réactions gazeuses, ensuile les travaux de Gerhardt, Williamson, Lau- rent, Odling, Wur!z et autres, amenant une con- ception nette de la double décomposition. La Chi- mie nest pas la science des compositions et décomposilions,mais de l'interréaction; dans l'inter- réaction, ou double décomposition, seule nous pou- vons percevoir quelque relation de ressemblance ou d'analogie entre les corps présents avant et après la réaction. C’est l'étude de ce cas général qui nous aide à comprendre ce qui se passe dans le cas par- ticulier, où il y a, suivant l'expression recue, com- position ou décomposition. La notion de corps simple, impliquée dans ces expériences courantes, est une des moins claires de toute la Chimie. Une substance simple diffère d'une substance compo- sée simplement en ce qu'elle ne peut pas être directement ou indirectement transformée par une série de réactions chimiques en plusieurs autres et que, réciproquement, plusieurs autres ne peuvent être transformées tout entières en celle-là ; mais elles ne sont pas moins variées que les sustances composées, et leur constitution chimique est au moins aussi problématique. Les caractères communs qu'on trouve dans les. antécédents et les conséquents d’une double décomposition ne s'expliquent pas du tout par la présence de substances communes plus simples, ni par l'intervention de substances quelconques autres que celles qui ont réagi. Si tous les sels d'argent ont cerlains caractères semblables, ils n'ont cependant rien de commun avec l'argent lui- même. Tous les nitrates présentent des caractères d'analogie, bien qu'on ne connaisse aucune subs- lance dont la relation aux nitrates soit comparable à la relation de l'argent avec les sels d’argent.On peu objecter qu'une nouvelle substance (qui répondrai | à la formule AzO*) peut être découverte ; mais, cen qu'il importe de remarquer, c'est que l'existence des la famille nitrates est indépendante de l'existencem de la substance en question et que l'existence des” sels d'argent, par exemple, est, par la même raison, entièrement indépendante de l'existence de l'argent lui-même. Les noms communs qui caractérisent ainsi la persistance de certains caractères à tra- vers une série de doubles décompositions n'im-" pliquent en rien l'existence d'une substance parti-". culière répondant à celte désignation. Il faut donc renoncer à voir dans une réaction chimique l'intervention de substances plus simples que celles qui réagissent effectivement. Deux molé- cules d’une substance ou de deux substances diffé- rentes réagissent l'une sur l’autre pour former deux molécules de substances nouvelles ou d'une seule, par une opération instantanée, inin-» terrompue et impossible à décomposer en stades (quand il s’agit d'une réaction élémen-« laire). On peut, par une pure opération de l’es- prit, décomposer un corps en ses diverses propriétés physiques. C'est par une abstraction semblable qu'on peut diviser deux substances qui réagissent chacune en deux radicaux s'in- terchangeant. Chacun d'eux représente non pas une portion dela matière dont la somme forme= rait la substance, mais un ensemble de possibilités chimiques déterminant la manière dont les sub- slances produites se comporteraient dans les réactions ultérieures. Ce ne sont ni des substances simples, ni, en aucune manière, des substances ; ils ont plus d'analogie avec les ions, sans leur être identiques. Les quatre radicaux d’une double décompositio sont tous chimiquement égaux; ces quantités chimiz quatre substances d’une double réaction sont égales” et sont des molécules. Mais les radicaux ou atome d'une des substances peuvent ne plus être égau quand on les fait intervenir dans une autre réac= égales. Dans ce cas, la réaction peut toujours être considérée comme la résultante de deux ou plu= sieurs réactions élémentaires successives; le degré de complexité de la réaction peut s'exprimer par | un nombre entier. Le même nombre, appliqué au radical et appelé valence, exprime, au fond, la même chose. ; La notion des radicaux plurivalents mène à celle des radicaux de divers degrés de simplicité. Dans les réactions élémentaires successives d'une réaction Et P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE 1023 nposée, l’un au moins des radicaux varie à que stade, bien que quelque chose — le radical urivalent — reste commun à chacun d'eux. Les icaux peuvent donc se diviser par la pensée en icaux de radicaux et ceux-ci parfois à leur tour radicaux plus élémentaires encore. Mais les plus m enlaires de tous ne sont point des corps ples, puisqu'un radical n’est pas une substance; corps quelconque, simple ou composé, est tou- rs formé de deux radicaux et est entièrement lifférent de ces radicaux eux-mêmes. Si les deux radicaux sont identiques, celte observation reste vraie. Les substances simples ne sont jamais présentes dans un corps composé, mais uniquement radicaux identiques qui forment ces corps. M. Franck Clowes a étudié l’action de l’eau dis- üllée sur le plomb. Cette action, qui a des résultats ächeux pour le matériel des laboratoires, semble lue à l'oxygène dissous dans l’eau, l'acide carbo- ique intervenant ensuite pour produire du carbo- nate. Si le plomb est totalement immergé dans Peau, l’action est plus lente, mais sa valeur finale st la même. Toutes les eaux douces ont, sur le lomb, une action analogue à celle de l’eau distillée. La présence d'acide sulfurique ou de sulfates réduit l'action; l'acide carbonique et les carbonates, dans une moindre mesure. Une petite quantité de chaux réduit faiblement l'attaque ; une grande quantité l’accélère. “ M. W. Ackroyd, à propos de la distribution tellu- rique des éléments en relation avec leur poids alomique, appelle l'attention sur le fait que la dis- lribution des éléments en profondeur est en proportion inverse de leur poids atomique. Les ceplions à la règle se produisent aux deux extrémités de la série. Mie Ida Smedley communique des recherches Sur la couleur des composés de l'ivde. La composi- tion de la molécule d'iode à l'état solide est inconnue ; on ne connaît pas exactement non plus la composition de la molécule dissoute, qui doit être formée de 2 à 4 atomes. Jusqu'à 700°, la ipeur est diatomique et violette; enfin, la vapeur dissociée est incolore. Une élude de la couleur des moléculaire du corps simple. Le monochlorure est plus coloré que le trichlorure, la tendance de l'atome d'iode à se colorer paraissant plus grande quand il n'est pas saturé. Divers caractères des composés de l'iode avec d'autres éléments L D net la facilité avec laquelle se forme é bi-iodure, et les changements de couleur qu'ils éprouvent quand on les chauffe, montrent ue leur structure moléculaire est plus complexe qu'on ne à croit généralement; dans les dérivés iodés des iydrocarbures, trois atomes d'iode doivent êlre rer En composés peut jeter quelque lumière sur la texture |! associés au même carbone pour donner un produit coloré. MM. J.-A. Letts etJ.-H. Totton ont étudié Zahsorp- tion de l'ammoniaque de l'eau par les Alques. Les expériences de l’auteur ont été failesen vue du trai- tement deseaux d'égout. L'Ulva latissima est entiè- rement caractéristique des eaux de mer polluées, et constitue un admirable agent d'épuration. Une plante verte d’eau douce, qui croit dans les étangs alimentés par l'eau d'égout, jouit de propriétés analogues. On peut baser là-dessus un nouveau traitement des eaux usagées, où les plantes exercent le rôle d'agent purificateur, soit seules, soit encore après que les eaux ont subi un traitement préliminaire. Dans la discussion, M'® Chick annonce qu'elle a obtenu des cultures d’une algue verte jouissant de la même propriété d’absorber de grandes quantités d'ammoniaque.Le Professeur Shenstone faitremar- quer qu'à Bristol le pouvoir purifiant des algues est déjà employé. Le D' Adeney se demande si une purification préparatoire n'est pas strictement indispensable ; d’après ses propres expériences, les plantes aquatiques ne poussent que dans l'eau d'égout préalablement oxydée. Le président Divers fait enfin remarquer que la récolte des végétaux poussés dans les étangs de purification fournirait un engrais de la plus grande valeur. Le Professeur Letts a fait 102 déterminations de l'acide carbonique dans l'air, à bord de La Décou- verte, pendant son voyage d'Angleterre à la Nou- velle-Zélande. Il en résulte que la proportion d’acide carbonique dans l'atmosphère océanique est extrè- mement variable. Elle diminue le soir, au lieu d'augmenter comme dans l'atmosphère terrestre. La proportion augmente de l'équateur au 20° de latitude sud, contrairement à la théorie de Schloe- sing, mais augmente de 35°,5 à 38. Il est difficile de déterminer dès maintenant si ce résultat est dû aux vents dominants, aux courants marins ou à quelqu'autre cause. IV. — SECTION DE GÉOLOGIE. Le président, le général Mac-Mahon, consacre son adresse présidentielle à quelques observations sur le métamorphisme des roches, observations qui lui sont suggérées par l'examen d'un € chan- US de granit de Satley Valley dans l Himalaya. Sa texture, et notamment les {innombrables inclu- sions liquides qu'il renferme, montre qu'il doit avoir commencé sa cristallisation à une température voisine de 1200°, dans un milieu contenant une très forte proportion de vapeur d'eau surchauffée, l'eau étant dissoute dans le minéral, ou le minéral dissous dans l'eau; car, suivant l'expérience 1024 de Van Hise, « sous une pression suffisante el à haute température, il y a tous les intermédiaires entre de l’eau chaude contenant des rninéraux en dissolution et un magma contenant de l’eau en dis- solution ». Dans l'étude des phénomènes de mélamorphisme, on ne lient pas assez compte de la diffusion possible d'un solide dans un autre. Sir W. Roberts Austen a fail, à ce sujet, des expériences remarquables sur l'or et le plomb purs. Des disques d’or étaient solidement pressés contre des cylindres de plomb placés verticalementau-des- sus. Après quatreans, l’oravait pénétré àune hauteur de 7%%,65 dans le plomb en quantité suffisante pour être décélé par les procédés courants d’essayage ; des traces d’or ont été trouvées beaucoup plus haut. Quand du plomb, fondu à la température de 492°, c’est-à-dire à 569° au-dessous du point de fusion del’or, était placé dans les mêmes conditions, le métal précieux diffusait en quantités considé- rables jusqu'au sommet de la colonne, dans l’espace d'un seul jour. C’est par un mécanisme du même genre qu'il faut expliquer les altérations chimiques constatées à l'intérieur de cristaux complexes de feldspath dans l'échantillon étudié, sans que l'ex- térieur ait élé transformé et sans que le minéral présente la moindre craquelure. Le Professeur J. Joly a entretenu la Section de /a lusion visqueuse des minéraux composantles roches. Dans une communication antérieure au Congrès géologique international de 1900, l'auteur avait attiré l'attention sur la fusion, ou tout au moins le ramollissement des minéraux siliceux, quand on les expose pendant un temps suffisant (quatre heures) à une température bien inférieure à leur point de fusion ; l'effet est d'autant plus marqué qu'il s'agit d'un minéral plus siliceux. Les expériences récentes de l’auteur confirment dans l’ensemble ses pre- mières indications, tout en les atténuant quelque peu. Il est remarquable que l'ordre de fusibilité par échauffement prolongé ne sait pas le même que l'ordre de fusibilité ordinaire. Plusieurs membres fontremarquer que les résullats observés peuvent dépendre de la pression à l'intérieur de la roche ou de la réaclion réciproque des divers minéraux. V. — KSECTION DE ZOOLOGIE. L'adresse du président, le Professeur G.-B. Homes, traite des progrèsrécents dela Zoologie: 386.000 es- pêces sont aujourd'hui classées, etchaque année voit paraitre 10.000 Mémoires originaux. Mais c’est dans le domaine de la morphologie surtout que les pro- grès essentiels ont été accomplis, notamment par l’'exploralion systématique des couches géologiques dans la plus grande partie du monde. P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE Le D° R.-F. Scharff étudie le problème de T Atlan= tide. L'affirmalion de Platon, relative à l'ancienne, existence d'une terre au delà des colonnes d'Hercule; a soulevé de nombreuses discussions jusqu'à une époquerécente. Humboldtet Daniel Wilson croyaient à l'existence de l'Atiantide, mais le problème n’a pris un aspect neltement scientifique que le jour où l'étude de la faune et de la flore des deux continents. a démontré qu’elles comptent un grand nombre d'espèces communes ou proches parentes. Unger émit alors l'hypothèse que les iles de l'Atlantique | sont les restes d'une terre établissant autrefois lan communication entre l'Europe et l'Amérique. L critique très serrée que Wallace a faite de cetten théorie l'a fait abandonner pour un temps. L'auteu la soumet aujourd’hui à un nouvel examen par unes étude attentive de la faune des iles comparée à celle des deux continents. Ses conclusions sont : ; 1° Que les iles Madères et les iles Acores sont les” restes d’une ancienne terre réunie à l'Europe el. qui doit s'en être détachée à l'époque miocène ; % 2% Qu'elle a dû ensuite être unie une seconde fois avec notre continent et rester en communica- tion avec lui jusqu'à l'époque pléistocène ; BE 3° Qu'une communication a pu être établie entre} l’ancien continent et l'Amérique par une terre plus! 4 au sud, unissant vraisemblablement le nord de l'Afrique avec le Brésil et la Guyane. la sélection naturelle a été moins une communi- cation proprement dite que l'introduclion à une discussion sur le sujet énoncé dans le titre. Rp pelant d'abord les travaux de M. Nelson, de M. H.=" C. Robinson et les siens propres sur la matière,» l'auteur estime qu'ils contiennent dans leur en-u semble une masse imposante de faits démon trant l'importance de la ressemblance défen-n sive, des couleurs protectrices et du mimétisme dans la vie animale. Son but n'est pas de rechercher dans quelle mesure ces faits aémontrent la " vance du plus apte, mais seulement si cette théori ne donne pas une explication de phénomènes mie métiques qui resteraient, sans cela, tout à fait inex= plicables. Il ne faut pas se dissimuler que bien des”, faits de celte nature sontdifficiles àexpliquer, même, par la survivance du plus aple, et bien des erreurs, ont été commises en celte matière par l’auteur eb ses amis; mais ils n'ont d'autre ambition que den, corriger et perfectionner sans cesse leur revoir, théorie. Un exemple de ces erreurs est fourni par l inter- 1 prélation qu'ils donnaient autrefois de la couleur blanche du ventre de presque tous les Poissons: Ils estimaient que c'était une couleur protectrice. W les rendant moins visibles pour un ennemi Situé | sous eux, leur teinte blanche se confondant davan- | 1025 ge avec la lumière réfléchie d'en haut. Chez les maux terrestres, l'absence de pigmentation de ce ventrale se présente aussi fréquemment; ils “pliquaient dans ce cas par l'absence de l'action ective qui avait agi sur le dos, les ennemis des animaux terreslres les voyant toujours par le des- sus. Cette interprétation est aujourd'hui rejetée n faveur de celle de M. Abbat-H. Payer, savant et iste Lout à la fois, qui a ingénieusement démontré cette couleur a pour résultat d'annuler l'effet ombre de l'animal lui-même et de lui donner ne coloration d'apparence plus uniforme le ren- ant moins visible encore. " Pour reconnaitre directement et sûrement les positions mimétiques dues à la lutte pour l’exis- ce, il faut des observations directes. L'auteur, ssisté de deux dames, en a poursuivi de fort étendues sur des larves placées les unes sur des euilles, les autres sur des murailles, d’autres sur sol et abandonnées ainsi. On les a vues devenir pectivement vertes, grises et brunes. L'étude du métisme montre continuellement des résultats nblables obtenus par des moyens différents. est ainsi que beaucoup d'araignées ressemblent es fourmis; mais les unes obtiennent ce résullat modifiant la forme extérieure de leur corps, les utres en colorant sur le fond terne de leur corps age de l'animal imité, d'autres en se revêtant d'une cuirasse simulant une fourmi. M.Annandaleadmet, avecl'orateur précédent, que sélection naturelle fournit aujourd'hui la seule Le tplication plausible des phénomènes observés de Mnimétisme. 11 faut, cependant, se prémunir contre tendance à la considérer non comme une théorie, is comme un fait. Il faut aussi se garder de voir u mimétisme partout et éviter « cette éducation péciale de l'œil » qui exagère les ressemblances. our savoir jusqu'à quel point le mimétisme de la eur et de la forme protégera un insecte, il faut oir quels sont les principaux ennemis qu'il a à outer. Sont-ce les Oiseaux ou les Reptiles? Les eaux sont capables d'éducation et, si, une fois, ils ntpris un insecte d'un goût désagréable, ils lais- ont passer le semblable la fois suivante; mais il peu probable que les Reptiles fassent de même. il, comme il est à supposer, le Reptile est l'ennemi ncipal, le mimétisme devient inutile. Dans les ÿs tropicaux, l'Insecte de proie est certainement nemi principal. Il distingue les couleurs, mais bablement pas les formes ; le mimétisme de la me tout au moins est donc inulile contre lui. M'-Robinson, à Bornéo, a trouvé des groupes raignées dant à des fourmis, mais c’est ‘ressemblance d'attitude plutôt qu'autre chose. ces fourmis imitées ont un grand nombre nnemis. En guettant quelques instants auprès d'une fourmilière, il en a vu dévorer par un oiseau, un écureuil et un Chinois. Il est difficile de voir quel avantage il peut y avoir pour les Arai- gnées à être dévorées sous la forme de fourmis par les écureuils, les oiseaux et les Chinois. Le D' Carpenter répond que si ce mimétisme ne protège pas les araignées contre les Vertébrés, il les protège lrès bien contre certains insectes de proie. Le D° Dendy pense qu'il ne faut pas exagérer l'imporlance de la sélection naturelle, qui n'est qu'un cas particulier de l’« isolation », vraie cause générale de l’évolution. En ce qui concerne le mimé- tisme, il ne constitue une protection sérieuse qu'au- tant que le nombre des imitants est faible par rapport au nombre des imités ; l'avantage acquis par l'espèce disparait donc dès que, en vertu de cet avantage même, celle-ci tendraità se multiplier. M'e Newbiggin cite le cas de certaines anémones de mer dont la couleur s’harmonise à celle du milieu sans qu'on puisse apercevoir qu'il en résulte pour elles la moindre protection. Le Professeur Mastermann cite le cas d’un chien incapable de trouver une balle rouge sur une pelouse verte ; la perception des couleurs peut être entièrement différente pour les animaux et pour nous. Les fails de cette espèce doivent être éluci- dés avant qu'on puisse se prononcer scienlifique- mentsur les phénomènes de mimétisme de couleur. M. Sikes, répondant à M. Annandale, dit que, des observalions qu'il a faites, il résulte que les Insectes ont des yeux parfaitement formés, avec des cristal- lins parfaits, et peuvent distinguer les formes. VI. — SECTION DE GÉOGRAPHIE. Le président, le Colonel T.-H. Holdich, parle des progrès de nos connaissances géographiques. Les grandes régions tout à fait inconnues ontentière- ment disparu de nos cartes, sauf au voisinage des deux pôles, et, même là, leurs dimensions se ré- duisent rapidement. Il reste surtout à resserrer les mailles du réseau formé par les itinéraires par- courus, à délerminer avec une précision toujours plus grande tous les détails de chaque région et à fixer les résultats oblenus dans des cartes plus parfaites. M. Holdich expose ensuite les progrès accomplis dans la triangulation générale de la Terre, et ce qui reste à faire ; il indique les res- sources que la Science moderne mel à la disposi- tion de l'explorateur par l’élablissement de cartes descriptives suffisamment exactes. Il insiste sur la nécessité de former syslématiquement de bons | explorateurs, et sur l'utilité qu'il y aurait à établir un Comité central de géographes, chargé de con- seiller et de diriger ceux qui se proposent de par- courir une contrée peu connue. 1026 P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE M. R.-B. Buckley parle de la colonisation et des irrigalions dans l'Ouganda. L'auteur attire l'atten- tion sur le haut plateau, grand comme la moilié de l'Angleterre et d’une altitude de 5.000 pieds, tra- versé par le chemin de fer de l'Ouganda. Si l’on y pouvait élablir un bon système d'irrigalion, ce serait une des régions à la fois les plus saines elles plus fertiles, les mieux adaptées à la coloni- sation. M. Milne entretient la Section destremblements de terre universels. Il se produit de temps à autre de pelits tremblements de terre dans les pays les plus assis. Dans certaines régions, le Japon par exemple, il y en a jusqu à 2.000 par an, et50.000 par an pour toule la Terre. L'auteur n'entend parler que de ces grandes commotions qui, parties d’un centre, se pro- pagent sur la surface entière du Globe. Du 1‘ jan- vier 1899 au 1° janvier 1902, on en a enregistré : 26, parlies du sud et de l’ouest de l'Alaska: 14, de l'ouest de l'Amérique centrale; 16, des Antilles; 12, de l’est des Andes; 29, de l’est du Japon septen- trional ; 41, du sud et de l’est de Java; 17, du nord de l'Ile Maurice ; 22, de la côte orientale de l'Atlan- lique du nord; 3, de la côte occidentale; 14, du reste du monde; soit au total 194. Ces centres d'ébranlement sont situés sur le ver- sant le plus rapide des grands plissements et la plupart sont sous-marins et situés sur les grands ali- snements volcaniques. Les documents géologiques, parfois même les documents historiques, démon- trent que les mouvements les plus récents dans ces régions ont été des mouvements d'élévalion. Il est du reste fort probable que l'activité volcanique des terres, que leur affaissement. Si le centre tremblement de terre est terrestre, on souvent la formation de faiiles longues d'un grand nombre de kilomètres, de partet d'autre desquelles le sol éprouve un relèvement et un abaissement- Ainsi, le grand tremblement de 1891, dans le Japon central, a produit une faille de S0 milles {128 kilo- mètres) accompagne l'élévation plus souvent d'un grand observe avec dénivellation de 10 à 2) pieds. Quand le centre d'ébranlement est sous- marin el voisin du rivage, de longueur, les sondages montrent que de vastes dépressions sont fréquemment for- mées; tandis que la ligne de rivage s'élève. En 1822, 256.000 kilomètres) ont subi une élévation permanente de 3 pieds le long de Chili. Les près de 10.000 milles carrés ( la côte du tremblements de terre locaux semblent tout à fait indépendants de l'acti-° vilé volcanique ; les tremblements généraux sont, au contraire, en relalion très marquée avec elle. Il est possible que les glissements qui se produisent pendant les grandes secousses, le long des lignes de plissement principales, débarrassent les cheminées volcaniques de leurs obstruelions et leur rendent les ee oi voisins. ainsi en 1692, 1718, 1766, 1797, 1802, 1812, cette année même; la seule exception possible est | celle de 1851. On peut poser ce principe que, dans. + toutes les parties du monde, terrestre ou maritime, 0 — il faut s’at- tendre à éprouver périodiquement de grands trem= blements de terre. Le D°H.-R. Mill fait l'historique des expéditions où la penle moyenne atteint plus lointaines du probième antarctique. Il montres les progrès réalisés dans la connaissance de l'ex trême Sud depuis l'époque des grands géographes grecs. Jusqu'au voyage de Marco Polo, l'idée domi nante était que, la température augmentant à me= sure que l’on alteignait des régions plus méridi nales, la mer devait finalemententrer en ébullition el opposer un obstacle infranchissable aux navigog leurs. Après les découvertes de Vasco de Gama e de Magellan, la croyance à un grand conlineu antarctique prend corps de plus en plus; et la plu= part des cartes du xvi° et du xvu siècle figuren | avec les détails les plus circonstanciés cette grandes terre inconnue. La découverte du grand continents méridional reste pendant trois siècles le mobile de expéditions antarctiques; et à l'époque de la guerre de l'Indépendance américaine, Dalrymple deman dait encore une concession pour annexer, coloniser et gouverner toute l'étendue du continent austral quil pourrait découvrir en cinq ans. Le second voyage de Cook ful entrepris dans un but analogue, mais atteignit un résultat bien différent: en démon- trant la présence d’un nombre immense de Célacés dans les mers antaretiques, il provoqua un énorme développement des pêcheries qui, à leur tour, con= tribuèrent à faire connaitre plus exactement la région siluée aux confins du cercle antarctique. Le ‘ève d'un grand continent colonisable était éva noui à jamais; et quand la disparilion graduelle de la baleine eût enlevé Lout motif commercial aux expéditions, le mouvement d'exploration se ralenti le nouveau. Le désir de compléter notre connais= sance du magnélisme terrestre et d'assurer ains une plus grande sécurité aux navigaleurs provoqua Lrois nouvelles expéditions, de 1837 à 1843 : une américaine, une française et une anglaise. L'Expé dilion anglaise, sous le commandement de Ross; s'avanca le plus loin dans le Sud et vit, pour la pre mière fois, la seule portion reconnue dela côte de la terre anlarctique, avec ses deux grands volcans Erébuset Terror. Dans ces dernières années, l'explo ralion purement scientifique de ces contrées & ï | ER: WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE 1027 repris une nouvelle aclivité : l'Expédition de la Ze/- gica, sous le commandement de de (erlache, celle de la Croix du Sud, sous Borchgrevink, ont ajouté | quelque chose à notre connaissance de ces régions. k Trois autres expéditions sont en ce moment en cam- pagne : une allemande, une anglaise et une sué- ise ; une expédition écossaise doit partir dans quelques j jours. La région encore absolument inex- plorée est grande comme deux fois et demie l'Eu- ope; mais attaquée de tous côtés comme elle l’est jourd'hui, systématiquement et avec persévé- ance, elle ne peut tarder à livrer ses secrets. M. W. Bruce a complété ensuite la communica- on précédente par quelques renseignements sur la nouvelle Expédition écossaise. L'’utilité d'expé- litions antarctiques nombreuses et bien outillées tincontestable. La région entièrement inexplorée t immense, et comprend une étendue de terre ferme probablement aussi grande que l'Australie. Dans un rayon de 3.000 milles (4.800 kilomètres autour du pôle, nous ne possédons qu'un seul son- dage exécuté par Ross, et un petit nombre dû à io suédoise. Les quatre expéditions qui | bientôt en campagne opéreront dans quatre régions distincles, sensiblement à 90° l'une de “l'autre, et ne se rencontreront probablement pas; | il n'est done, en aucune facon, à craindre qu'elles l fassent double emploi. Elles poursuivent, d’ailleurs, «des objets en grande partie distincts. L'allemande et l'anglaise vontse livrer surtout à Ldes observalions magnétiques; la suédoise s'oc- “cupera plus particulièrement de Géologie, tandis que l'écossaise se livrera surlout à des éludes | l bien évident qu'en dehors de son objet spécial, “chaque expédition s'efforcera de rassembler lous localités qu'elle explorera. L'Expédition écossaise une compile pas hiverner dans les glaces comme Mes navires anglais et allemands, sa situation finan- “cière ne permettant pas un hivernage dans de bonnes conditions ; elle s'avancera aussi loin que possible vers le sud pendant l'été, et se retirera “au delà de la limile des glaces polaires pendant “l'hiver. Elle fera enfin probablement une seconde “croisière vers le sud pendant l'été suivant, avant ls “de rentrer en Europe. L’oulillage scientifique comn- “prend, nolamment, les appareils de sondage les plus perfectionnés, un cerf-volant pour les observa- lions météorologiques à grande hauteur, et deux Jaboratoires parfaitement oulillés. Le capitaine “Thomas Robertson a plus de vingt ans de pratique “dansles mers arctiqueset antarctiques ; l'état-major Scientifique se compose de MM. Rudmose-Brown, botaniste; Mossman, météorologiste et magnétiste: J.-H.-H. Pirie, géologue; Wilton et Bruce, zoolo- “ Océanographie et de Météorologie. Mais il est | les documents scientifiques possibles dans les | | gistes. Deux jeunes gens accompagneront sans doute l'Expédition. VIT. — SECTION D'ÉCONOMIE POLITIQUE ET STATISTIQUE. M. Edwin Cannan, président de la Seclion, fait un chaleureux plaidoyer en faveur du libre-échange et du laisser-faire économique. Il insiste sur l’ur- gente nécessité d'enseigner l'Économie politique aux jeunes généralions. Le Professeur Graham s'est proposé d'examiner l'influence des trusts sur la production et les prix. La production est incontestablement augmentée dans une proportion considérable. L'abaissement du prix de revient provient d'une meilleure divi- sion et organisation du travail, des conditions plus avantageuses dans lesquelles on achète de grandes quantités de matières premières, de la réduction des frais de réclame et de production, enfin de la réduction des frêts; ce dernier avantage a suffi, à lui seul, à assurer la prospérité de plus d’une indus- trie aux États-Unis. Il ne faut pas oublier le grand avantage qui résulte de ce que toute l'affaire peut èlre placée sous la direction de l'industriel le plus éminent et d'un élat-major de choix. Tout cela amène une augmentation de production et une diminution du prix de production. Si ce système élait généralisé, il en résulterait une augmentation considérable du revenu national. La première queslion qui se pose est : les tra- vailleurs obtiennent-ils leur part de cette augmen- tation du produit, et comment se répartit, en verlu des lois économiques, le bénéfice supplémentaire? Tout d'abord, si, comme d'habitude, les promoteurs et les metteurs en œuvre du trust ont reçu des parts de fondation, les dividendes qu'ils touchent forment un premier prélèvement sur le profil; le haut salaire du directeur et de son état-major forme un second prélèvement. Ensuite, le trust a généralement racheté des usines existantes, en les payant, soit en argeni, soit en actions, à une valeur surfaite, et c'est là le troisième prélèvement. Ce qui reste alors n’est pas nécessairement suffisanl pour que les ouvriers puissent obtenir une aug- mentation de salaire. De plus, le taux du dividende peut être moindre que dans les affaires ordinaires, et les promoteurs financiers, les anciens posses- seurs d'usines et les nouveaux actionnaires peu- vent tous souffrir de cette siluation; cet état de choses se présente aujourd'hui fréquemment aux États-Unis. Mais, dans la généralité des cas, malgré le gonflement artificiel du capital, le dividende reste haut, plus haut même que dans les affaires privées. L'ouvrier peut-il espérer alors une aug- mentation de salaire? Aussi longtemps que le monopole du trust n'est pas solidement établi, oui: 102$ P. BR. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE parce que la concurrence subsislante amènera l'offre de plus hauts salaires pour attirer les meil- leurs ouvriers, et un relèvement de la condition, au moins, des ouvriers d'élite. Mais un trust triom- phant, ayant occupé tout le champ de l’industrie et du commerce, des transports, des finances et de la banque, n'aurait aucun intérêt à s'atlacher des travailleurs, qui ne pourraient pas lui échapper; il aurait une puissance suflisante pour résister à leurs demandes. Cependant, il ne réduirait vraisem- blablement pas les salaires, pour ne pas provoquer un ralentissement de la production, et partant des profits. Le trust aura-t-il pour effet de diminuer les prix? Sans le système de la libre concurrence, le prix de vente a une tendance à se rapprocher du prix de revient dans des conditions de marché normal. Avec un trust jouissant du monopole, le prix de revient et le prix de vente seraient indé- pendants, sauf en ceci que le premier formerait la limite inférieure du second. Le trust fixera le prix de manière à s'assurer le plus grand bénétice net possible. Il arrivera souvent qu'il aura intérêt à réduire ses prix pour augmenter le marché, mais il n’en sera pas toujours ainsi. M. Graham croit que, dans l'ensemble, les prix ne seraient probablement pas très différents de ce qu'ils sont maintenant en moyenne, bien que les prix d'articles particuliers puissent être grande- ment augmentés ou réduits. M. B.-W. Guinsburg, parlant du grand trust mari- time de M. Pierpont Morgan, en fait un historique détaillé. Il ne croit pas à son succès pour des rai- sons particulières au transport maritime, et pour : cette autre, d'ordre plus général, que le suecès durable d’une fédération de ce genre n'est possible qu'à la faveur de puissants tarifs protecteurs. Or la protection est impossible sur l'Océan. M. A.-1. Bowley pense que le Professeur Graham exagère la supériorité des directeurs de trusts sur les employeurs particuliers. Il se peut qu'ils soient, pour le moment, les hommes les plus habiles; mais il n'y à aucune raison pour qu'il en soit nécessai- rement toujours ainsi. Si celte supériorité n'existe pas, l'excédent de profit dont l’ouvrier arrivera, d’après M. Graham, à prendre sa part, n'existera pas non plus. L'association de résistance et le recours à la législation existent pour l’ouvrier, au moins aussi bien sous le régime des entreprises concur- rentes que sous le régime des trusts. L'action qu'ils peuvent exercer sur leurs employeurs diminue à mesure que ceux-ci deviennent plus puissants. M. Sydney Young ne croit pas que les trusts puis- sent se maintenir sans protection. Presque tous, d'ailleurs, aboutissent à des échecs. À l'exception du trust du pétrole, tous ont abouti à une augmen- de se lever, et alors le règne des trusts sera finis Sir Basdin Leach déclare qu'a Manchester l'expé= de crise n'existe pas en fait. Un trust anglais à perdu l’an dernier 127.000 livres. L'énergie et les d'une affaire particulière sont bien supérieures l'administration centralisée d'un trust. nomie réalisée sur les transports. lourds de grande consommation sont, en effet soire, le travail écrasant imposé au directeur d’um i de son habilelé supérieure. Il est remarquable qu'aux Etats-Unis les trusis ne soient parvenus à s'implanter que dans les industries protégées par des tarifs prohibitifs. Dans sa réplique, M. Graham admet qu'en règle génieurs et sur l'enseignement moyen en général L'organisme enseignant anglais ressemble à ce vieilles usines remaniées cent fois et qui demeu instilulions enseignantes vieillies ne serait pas moins bien venu. gl Beaucoup d'hommes d'élude croient de bonne foi, en se basant sur l'expérience de leurs propres. années de collège, que l'enseignement du latin € | plus propre que n'importe quel autre à dévelop P per le jugement. Leur erreur provient de ce que le latin est la seule chose que la plupart des maitres anglais soient capables de montrer convenable ment. Sa supériorité relalive ne tient pas à sa vä- leur, mais à l'infériorité des professeurs dans tout l le reste. | P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE 1029 Que sait un élève au moment où il entre à l'Uni- versilé, dans quelle mesure son esprit a-t-il été dé éveloppé? Il est plus facile de dire ce qu'il ne sait jas, et ce qu'il importe cependant qu'il sache. … Trois choses sont essentielles : il faut qu'un jeune L Rue de quinze ans soit capable de s'exprimer u sa langue, de la lire et d'aimer à lire. Il faut qu'il sache compter et évaluer rapidement les quantités de tout ordre; il faut qu'il ait quelques otions des sciences de la Nature. Aujourd'hui, il ne sait pas sa langue; il est inca- L able d'écrire une phrase absolument correcte ou ag exprimer une idée avec clarté et précision. On lui ipprend l'anglais par l'intermédiaire du latin, ce ‘qui est une survivance du Moyen Age. Le résultat est qu'il ne sait pas l'anglais, et qu'après quel- ques années, il a oublié le lalin. N'ayant jamais exprimé une idée claire, il a nécessairement l'esprit ‘confus. Toutes ses études ont été formelles, on l'a bourré de phrases toutes faites; RES iln'a exercé son intelligence, jamais sa curiosité n’a élé éveillée; il ne désire rien lire, si ce n'est les nouvelles sportives dans les journaux. Le jeune Anglais qui quitte l'école ne sait ni Compter, ni évaluer. Son éducation mathématique st aussi absurde que son éducation linguistique. | ; — il ne sait poine se servir de ce à savoir, il ne peut résoudre la moindre \quelconque de faits, se servir ee ressources Me l'Algèbre, de la Trigonométrie ou du Calcul infinitésimal pour évaluer des grandeurs, déter- miner les relalions de quantité. Cela s’enseigne Maintenant aux jeunes ouvriers dans les bonnes écoles industrielles, et ce savoir devient une parlie intime de leur psychologie. L'Univers devient pour "eux plus précis : ils ne voient pas seulement les es- pèces de choses, ils en apprécient les nuances de grandeur ; et dans tous leurs raisonnements, la con- élusion est quantitalive au lieu d'être qualitative (Seulement. Les jeunes gens de la classe ouvrière peuvent aujourd'hui se procurer ce savoir; il faudra peut-être un demi-siècle avant que ceux qui étu- dient Euclide dans les collèges puissent se le procurer à leur tour. lu Un écolier doit avoir des notions de sciences Haturelles. Aujourd’hui, on ne les lui enseigne pas ; ou on les lui enseigne si mal qu'autant vaudrait sen abstenir. Les lois de la Nature ne s’ensei- gnent pas du haut de la chaire; mais l’élève les découvre lui-même par l'observation et l’expé- rimentation directes, avec des conseils et l’aide constante de professeurs capables, qui lui appren- nent non point à admellre pour vrai tout ce qui est écrit dans les livres, mais à voir, à obser- ver fructueusement. Ce qu'il faut, ce ne sont pas des machines savantes et compliquées, qu'on n'ose mettre entre les mains des élèves de peur qu'ils ne les cassent, et qui ne leur ensei- gnent d’ailleurs rien du tout: c'est simplement le matériel le plus simple. Le moindre fait qui se passe sous nos yeux nous ouvre des possibililés pres- que infinies d'observation et d'expérience. Et qu'on réserve l'argent pour rémunérer convenablement de bons maitres suffisamment nombreux: ils font défaut bien plus encore que les installations. M. Perry se réfère ensuite à l'expérience qu'il a acquise, il y a une trentaine d'années, à l'Ecole de Finsbury, organisée conformément aux principes énoncés plus haut, qui a obtenu le plus grand succès et d’où est parti tout un mouvement de réforme. C'est là que, pour la première fois, les jeunes élèves ont eu à leur disposition des labora- loires où ils travaillaient librement, et des ateliers où on leur apprenait non pas un métier, chose impossible dans une école, mais à penser. Ceux qui ont été formés d’après ces principes n'ont pas eu de peine à acquérir une situation enviable dans toules les professions qu'il leur a plu d'embrasser. Le Professeur H.-S. Hele-Shaw présente le /?ap- port du Comité pour l'étude de la résistance des voitures à la traction. Le Rapport donne un his- torique très intéressant de la question. Pour ob- tenir de nouveaux résultats, le Comité a fixé, à l'arrière d’un automobile, un châssis dans lequel pouvaient être montées successivement toute une série de roues différentes par leur diamètre et la nature de leur bandage, et sur lesquelles des charges variables, s'élevant jusqu'à une lonne, pou- vaient être appliquées. L’effort de traction à appli- quer au châssis était enregistré avec beaucoup de précision à l’aide d'un dynamomètre construit par MM. Schaffer et Badenburg, de Manchester, et qui consiste essentiellement en un manomètre gistreur du lype Bourdon, qui enregisire la pres- sion d'une masse d'eau sur laquelle pousse un piston relié, par l'intermédiaire d’un jeu de leviers, au châssis de la roue mobile. Les résultats sont donnés dans de nombreux ta- bleaux,qui montrent la relation entre l'effort de traction et la vitesse, le diamètre et la largeur des roues, la nature des poulies, etc. Ils peuvent se résumer comme suit : a) L'effort de traction est proportionnel à la charge, loutes autres conditions restant égales; b) L'effort de traction est indépendant de la vitesse pour les pneumatiques roulant sur les roules empierrées ou sur les pavés. Il augmente ere 1030 P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE avec la vilesse pour les roues garnies de bandages métalliques. Le Professeur Wilson étudie la variation de ré- sistance électrique dans les alliages d'aluminium. Les fils d'aluminium tendent à remplacer ceux de cuivre dans un grand nombre d'applications élec- triques. Malheureusement, ce nouveau métal est altérable par une longue exposition à l'air el sa résistance mécanique est faible. On cherche depuis longtemps un alliage qui, tout en présentant les mêmes qualités électriques , soit affranchi de ces inconvénients. M. Wilson a soumis à l'influence de l'atmosphère de Londres des alliages d'aluminium et de cuivre, d'aluminium et de nickel; enfin, d'aluminium, de cuivre et de nickel. Après treize mois d'exposition, la résistance des deux premiers élait considérablement augmentée, tandis celle du troisième avait diminué. Les propriétés mécaniques de ce dernier sont, d’ailleurs, les plus favorables. Il semble donc appelé à remplacer l'al- liage d'aluminium et de cuivre actuellement en usage aux États-Unis. M. W. Taylor, qui dirige une des principales maisons de construction d'Angleterre, se plaint, dans une communication sur la seience à l'atelier, de ce que la science ait jusqu'à présent si peu de rapports avec l'atelier. La faute n’en est pas uni- quement aux hommes pratiques, mais les théori- ciens n'ont, jusqu'ici, élucidé qu'un bien petit nombre des problèmes qui se posent au construc- leur. [conviendrait qu'ils prêtassent à ces questions une altention plus soutenue. Certes, la science a pénétré dans les usines, mais elle s’est arrêtée à la salle de dessin sans pé- nétrer dans l'atelier de construction lui-même. L'ingénieur et le dessinateur qui préparent un pro- jet ont des principes certains, d’après lesquels ils peuvent calculer les dimensions de chacune de leurs pièces. Mais les mécaniciens chargés d'exé- cuter ces mêmes pièces ne peuvent déterminer que d'une manière empirique les meilleures mé- thodes à employer. La science de l'atelier est pos- sible, et on peut dès à présent en tracer le cadre. Ce cadre, malheureusement, est encore presque vide. Elle comprendrait trois parties : la première, trailant des matériaux mis en œuvre; la seconde, des procédés destinés à leur donner la forme vou- lue : la troisième, des outils. a) Les matériaux.— Leurs propriétés sont en par- lie connues et forment l'objet de la résistance des matériaux. Mais celle science a été étudiée au point de vue du dessinateur, qui s'occupe des li- sites d'élasticité qu'il ne doit pas dépasser, et ne s'intéresse aux déformations permanentes et à la plasticité que comme à des choses dont il doit évi- que. ter les mauvais effets. Le mécanicien, qui fait pré- | cisément usage de cette plasticité dans presque loutes ses opérations, est laissé sans connaissances. précises. Il n'y a guère à citer que les belles expé : riences de Tresca sur l'écoulement des corps so | lides ; les études du Comité de recherches sur le | alliages, de l'Institut des Ingénieurs mécaniciens; el | quelques travaux récents relatif à l'influence des hautes températures sur les propriétés de certain aciers. Mais lout cela est encore fragmentaire, eb | indique seulement à quels résullats d’une incaleu: l lable valeur pratique une étude plus attentive pourrait mener. cl ») Les procédés.—Leplussimpleetle plus ancien: ! nement employé sans doute consiste à déformer le | métal en exerçant sur lui une pression, comme dans la frappe des monnaies. Il donne souvent des résul= tats d'ane précision remarquable, et son extrème simplicité le rend particulièrement économique. IL est Lrès employé déjà : dans le laminage, la tréfi= lerie, l'estampage, etc. Peut-être deviendra-t-il, un: jour, le procédé essentiel du travail des métaux el permettra-t-il une diminution énorme de la pro duction. On à obtenu déjà des résultats extraordi naires, notamment en estampant certaines pièces il de vélocipèdes, et en fabricant à la presse hydrau= lique des fraises tirées d’un bloc d'acier. Mais rien de vraiment scientifique n’est connu sur la limite des déformations possibles. Il semble que le temps employé à déformer joue un grand rôle, mais nous ne savons pas avec précision lequel. Le plus souvent, la déformation est limitée par l’écrouissage de plus en plus marqué du métal et nous ne savons pas de quelle manière cet écrouis sage est lié à la nature du métal, à sa texture, n} par quels procédés métallurgiques nous pouvons obtenir les mélaux ou les alliages qui s'écrouissent le moins. Souvent le modelage d'un métal se fait après qu'on a augmenté sa malléabilité par la chaleur : forgeage, estampage et laminage à chaud or, nous ne connaissons pas les lois qui président à cette augmentation progressive de la malléabilité et nous ne pouvons pas choisir ou produire les substances qui se prêteraient le mieux à ce genre de traitement. De plus, l'observation montre que le facteur-temps joue ici, comme dans la déformation à froid, un grand rôle. Les petites pièces sont con venablement traitées par l’action extra-rapide de la machine à forger; les grosses pièces exigent la len: teur majestueuse de la presse hydraulique. Mais aucune notion scientifique actuellement connue n@ permet de déterminer la meilleure température eb la meilleure vitesse, pour une masse, une forme el uu métal donnés. 4 Dans l'opération de la fonte, l'augmentation de law malléabilité par la chaleur est poussée jusqu'à la P. R. WILLIAMSON — LE RÉCENT CONGRÈS DE L'ASSOCIATION BRITANNIQUE 1031 liquéfaction métal, etla gravité seule suffit à lui faire prendre la forme du moule. Ne conviendrait-il pas | d'aider la gravilation par une pression supplémen- taire? On l'a pratiquée longtemps dans la fabrication | des caractères d'imprimerie. Les résultats obtenus | aujourd’ bui par la Franklin Manufacturing Com- 1, papy dans la fabrication direcle des pièces de fonte | finies sont des plus encourageants. Mais ici encore | Je es principes scientifiques font défaut. I. Venons-en au procédé de travail aujourd'hui le | plus employé, au procédé de coupage. Sur la philo- ls ! pue du ÉRupAges € on connait peu de chose. Il n ii a laffirment quelques-uns,une espèce de cisaillement? Faut-il plutôt comparer l'outil avançant dans le élal à un navire avançant dans l'eau, et faut-il faire intervenir ici ce que Tresca appelait la viscosité des solides? La seconde hypothèse est à plus vrais emblable dans le coupage proprement dit, mais les deux aclions se mêlent toujours dans + certaine mesure. Dans laquelle? Il faudrait le Savoir pour résoudre les questions, si importantes met si débattues entre ingénieurs, de l'angle de coupe, de la forme la plus favorable à donner à l'outil, de l'avantage relatif des grandes vitesses Mec à des copeaux minces el des faibles vitesses avec des copeaux plus épais. … Le polissage, qui forme une coupe d'une espèce particulière, n’est pas mieux connu que les autres “opérations. Il agit en partie en enlevant par cisail- | parties en relief, partiellement en Mfoulant du ll dans les vides, à la facon du bru- ï nissoir, parliellement en échauffant la surface et en facilitant les deux opérations précédentes par une laugmentation de la malléabilité. La pratique “montre que la nature du polissoir, le grain et la “vitesse doivent varier avec la substance à polir. | On a pu établir certaines relations empiriques, mais rien n'est, jusqu à présent, scientifiquement leonnu à ce sujet, et nous sommes probablement | bien éloignés d'avoir alteint les meilleurs résultats pratiques possibles dans cette branche si impor- Ltante de la Mécanique appliquée. c) Les outils. — Cette partie du sujet est la mieux Meonnue, et il n'est pas nécessaire d'entrer dans plus de détails. En résumé, il faudrait que l'atelier füt mis, vis-à- “is de la science et de l’enseignement, sur le même hpied que la salle de dessin. Mais on ne peut pas | demander aux écoles d'enseigner la science de | L'atelier avant qu'elle n'existe. C’est done surtout à | constituer celte discipline nouvelle qu'il faut consa- | crer ses efforts. Ce ne peut être que l’œuvre des “hommes pratiques et des hommes de science unis. IX° Le président, M. A.-C. Haddon, parle du Toté- misme, qu'il faut distinguer soigneusement des diverses formes du culte des animaux. Il représente essentiellement une forme particulière d'organisa- tion sociale, dont l'origine et même la nature exacte ne sont pas encore entièrement connues. Les principaux Mémoires lus sont : M.J.-H. Holmes : Les cérémonies d'initiation chez les indigènes du golle Papou ; M.J.-H. Holmes : De Ja religion des natifs du golfe Papou ; M.W.-T. Fennell: toriques de T Ulster; M. W.-T. Knowles : Sur la fabrication des têtes de flèches en pierre et des pointes de lances; M. W. Graham : Caractéristiques morales et mentales du peuple de T'Ulster. Ces Mémoires sont d'un caractère trop spécial pour être analysés ici. Quelques souterrains préhis- X.— SECTION DE PHYSIOLOGIE. Le président, M. W.-D. Halliburton, insiste, dans son adresse présidentielle, sur la connexion de plus en plus étroite des études physiologiques et chimiques. La Chimie seule peut nous faire connaitre le métabolisme intime de la cellule et nous livrer ainsi le secret de lous les phénomènes physiologiques. Quand nous serons capables de mieux déterminer la nature des réactions dans les parois cellulaires, nous pourrons probablement ramener les lois des phénomènes osmoliques à travers les parois semi-perméables à celles des phénomènes osmotiques ordinaires, et un grand pas en avant sera alors accompli. La théorie de l’ioni- sation, qui révolutionne notre connaissance des solutions diluées, aura aussi les conséquences phy- siologiques les plus importantes. L'orateur expose ensuite les découvertes de Pawlow relalives au mécanisme de la digestion, qui ont amené à la connaissance exacte des procé- dés qui provoquent la secrétion dela quantilé de sucsdigestifs exactementnécessaire dans chaque cas et qui règlent leur composition suivant la substance à digérer. Il expose enfin les travaux d'Ebrlich sur la théorie chimique de l’immunité. M. Edridge-Green a étudié es fonctions cônes et hâtonnets de la rétine. L'auteur a enfermé des singes dans une chambre noire pendant vingt- quatre heures et a ensuite examiné leur rétine sous le microscope. Il a trouvé que la tache jaune, au lieu d'être dénuée de substance pourpre, est la portion de la rétine qui en renferme le plus; elle se trouve autour des cônes, non à l'intérieur. Sa théorie est des 1032 D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE que les cônes sont sensibles non pas à la lumière, mais uniquement aux changements dans la sub- slance pourpre. Leur fonction est de transmettre les impressions lumineuses recues par les bâton- nets aux fibres nerveuses par l'intermédiaire de la substance pourpre. M. le D' Turner décrit quelques particularités nouvelles de la structure intime de Pécorce céré- brale chez Thomme. L'auteur à découvert l’exis- tence d'un réseau de prolongement de cellules nerveuses entourant les cellules pyramidales et leurs dendrites. Son travail le conduit aux impor- tantes conséquences théoriques suivantes : 1° Il existe un système de cellules nerveuses cer- vicales qui, par leurs prolongements proloplas- miques, sont en continuité organique par l'inter- médiaire d'un réseau péricellulaire qui enveloppe les cellules pyramidales ; 2 Des branches, issues probablement des cylindres-axes des cellules pyramidales, se joignent aussi au réseau, qui réunit ainsi toutes les cel- lules de l'écorce ; 3° Il est à supposer que la différence de forme, de dimensions, etc... des deux catégories de cellules correspond à une différence de fonctions. Et, comme on à de bonnes raisons de croire que les cellules pyramidales ont des fonctions motrices, on doit supposer que les autres sont sensitives ; 4° Si l'hypothèse précédente est vraie, elle entraine cette conséquence que l'influx nerveux ne doit pas toujours suivre les dendrites, et l'afflux nerveux le cylindre-axe, comme on le suppose très généralement. XI. — SECTION DE BOTANIQUE. Le Professeur Reynolds Green, président, con- sacre son adresse présidentielle aux progrès ré- cents de la Bolanique et notamment aux investiga- tions relalives au rôle de la chlorophylle dans la nutrition des plantes et à la continuité cellulaire permettant la propagation d'un phénomène vital, d'une sensation, d’une portion d'une plante à uné autre. Le Professeur Allan Mc’ Fadyen et le D' Syd Rowland ont étudié la suspension de la vie à basses températures. Les auteurs ont soumis, pe dant six mois, diverses espèces de bactéries à J température de l'air liquide (— 196°) et de l'hydre gène liquide (— 252°). Quoique la vie de ces orga nismes soit arrêtée à 0° et qu'il y ait tout lieu de supposer qu'à ces basses températures leur métabo= lisme est absolument suspendu, une fois les bact ries replacées dans des condilions normales, il été toul à fait impossible de trouver aucune dif rence entre leur vitalité et celle d’autres de même espèce qui n'avaient pas subi l’action du froid. «} est difficile de se former une idée précise de matière vivante dans ces conditions nouvelles q ne sont ni la vie ni la mort... C'est un état de matière jusqu'ici inconnu, un véritable état de v suspendue. » XII. — SECTION D'ÉDUCATION. est de développer l'imagination chez les jeunes élèves. j; lant cetle matière, est actuellement soumise & Parlement) et à une série de discussions spéciales sur l'éducation des ingénieurs, l'enseignement de lyse, même sommaire, de ces importants débats, q ont occupé huit longues séances bien remplies. Percy R. Williamson. REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE [. — LA SÉPARATION DES MONSTRES DOUBLES. Une opération praliquée à Paris celle année sur un monstre double, opéralion qui a fait plus de bruit dans la presse politique que dans les journaux scientifiques, a rappelé l'attention sur l’opérabilité de certains monstres doubles, question bien étudiée par Chapot-Prévost et par Marcel Baudouin. On sait que, dès le début de ce siècle, en 1836, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire avait dislingué deux classes de monstres doubles : 1° Ceux qui constituent un ensemble lel que l’un des sujets présente une organisation presq parfaile, tandis que l’autre, greffé en quelque 50r sur le premier, est réduit à l'une ou à plusieurs ses parties. Ce sont les monstres parasiltaires. 1 Dans ce cas, l'ablation du monstre parasitaire se rapproche de celle d'une tumeur quelconque el les -minées par les connexions de la masse à enlever ; 2° Ceux qui sont formés par la réunion de deux jets sensiblement égaux, à peu près aussi dévelop- s l’un que l’autre. Ce sontles monstres aulosilai- s, composés de deux individualités plus ou moins dées l’une à l’autre, vivant cependant chacune de vie propre, correspondant à la soudure de deux res vivants au cours de leur développement, par ïite du rapprochement trop grand des lignes pri- itives de deux embryons, développés dans un œuf à double germe. Dans cette deuxième classe de monstres, la sépa- ration peut être faite soit dans un but simplement ur partie inférieure ({ératodymes, monstres en Y), fusion est trop intime sur une région pour qu'on uisse songer à une séparation. …._ GCelle-cin'’est possible que pour certains monstres chez lesquels les axes longitudinaux des corps sou- “dés sont à peu près parallèles ({ératopages ou | ( { 1 f | remonte à 1493 ; PAPER a été ntidnee par Sébastien Munster et a été suivie de mort. En M1700, Treyling publia, en Autriche, un cas de sépa- f de même, Mque, même avec une technique perfectionnée, opération eût été des plus graves. Lorsque l’on étudie l'anatomie pathologique de ces monstres, seraient difficiles, même avec nos procédés opéra- “Loires actuels, les Lentatives de séparation. Aussi Dans au con- les monstres à fusion abdomino-theracique. Dr; F . r : cette catégorie de cas, les opérations sont, Dès le dix-huitième siècle, Kænig sépara avec Meuccès, en appliquant une simple ligature, deux “enfants réunis par une masse fibro-museulaire au En 1860, un mé- une seclion au Mbistouri, suivie de l'applicalion de sutures, et immé- tement après leur naissance, la séparation de REVUE GÉNÉRALE LES SCIENCES, 1902, D: H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 1033 mditions de l'opérabilité sont uniquement déter- | deux enfants présentant une soudure qui s'étendait de l’appendice xiphoïde à l’ombilic. Un des enfants succomba, l’autre guérit. Au moment de la publi- cation de l'opération par le chirurgien, qui était en même temps le père des monstres, l'enfant avait déjà atteint l’âge de cinq ans. En 1881, Biandet et Bugnion, se trouvant en présence d'un monstre double avec soudure à la partie supérieure de l'ab- domen, se décidèrent à faire la séparation à cause du mauvais état de l’un des sujets. Les deux enfants, âgés de trois mois, succombèérent. Opérant dans des conditions identiques, mais sur des sujets plus âgés, Doyen obtint cette annéela guérison de l'un des enfants, le sujet malade succombant à l'affection dont il était atteint. Les interventions chez des sujets soudés par la région thoracique sont plus rares. Chapol-Prévost en a cependant publié un cas en 1900; un des enfants succomba, l’autre guérit. De ce court exposé des faits publiés, on voit que ces opéralions de monstres doubles autositaires, considérées autrefois par fa majorité des chirur- giens comme impraticables, sont très justifiées aujourd'hui dans un certain nombre de cas. II. — TUBERCULOSE HUMAINE ET TUBERCULOSE BOVINE. On sait que l'identité de la tuberculose humaine et de la tuberculose bovine a été niée par Koch, pour des raisons peu explicables, mais dénuées de base scientifique. Nous n'avons pas à relater ici l'expérience récente d'un médecin francais, qui a établi par une inoculation faite sur lui-même la possibilité du développement d'une tuberculose locale à la suite de l'inoculation de tuberculose bovine, cette expérience ayant fait grand bruit dans le monde extra-médical. Mais nous croyons intéressant de rapprocher de ce fait actuellement bien connu un cas d'inoculation accidentelle de tuberculose bovine à l'homme, dont Krause a publié l'observation, il y a cinq mois environ. Il s'agissait d'un garçon boucher, occupé, dans un abattoir, à la manipulation des viandes malades. Un jour, il se blesse au pouce et, le lendemain, avant que la plaie ne soit cicatrisée, il est obligé de détacher les masses épiploïques d'une vache tuberculeuse qu'on venait de tuer. Au bout de quelques jours, le bras se tumélie el il se déve- aude une adénopathie axillaire qui ne guérit pas par la simple incision. On se décide à enlever les ganglions et l'on constate qu'il s'agit bien de ganglions caséeux contenant des tubercules avec cellules géantes. Dans quelques pre parations, on constale la présence de bacilles isolés en très petit nombre. DAS 1034 D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE La possibilité de la transmission de la tubercu- lose bovine à l’homme est done aujourd'hui éta- blie. Réciproquement, on peut transmettre la tuber- culose humaine aux Bovidés. Max Wolff a fait, sur ce point, une série d'expériences absolument con- cluantes. À l’autopsie d’un malade mort, dans le service de Leyden, des suites d'une tuberculose an- cienne de l'intestin, compliquée de tuberculose ré- cente du péritoine et de la rate, il prit des parcelles de rate tuberculeuse et les inocula à deux cobayes qui succombèrent sept à huit semaines plus tard. Reprenant une émulsion de poumon et de rate de ces deux cobayes, il l’injecta sous la peau du cou d'un veau chez lequel une injection préalable de tuberculine avait montré l'absence de toute lésion tuberculeuse. Les ganglions lymphatiques de la région se tuméfièrent, et deux injections de luber- culine, faites quatre et sept semaines après l'ino- culation, donnèrent, chaque fois, un résultal posilif, en provoquant l'élévation caractéristique de la tem- pérature. Le veau fut tué quatre-vingt-trois jours après l’inoculation. À l'autopsie, on trouva des lésions typiques de tuberculose bovine, avec bacilles, aussi bien au niveau des ganglions lyna- phatiques que dans les poumons, le foie, la rate, le péricarde, etc. Les tissus tuberculeux de ce veau, inoculés à deux cobayes, provoquérent à leur tour, chez ces animaux, une tuberculose typique. Sur un autre veau reconnu non tuberculeux, M. Wolff inocula sous la peau du cou des crachats de tuberculeux. Le résultat fut le mème. De celte double série de peut donc conclure, contrairement à l'assertion de Koch, que la tuberculose bovine est inoculable à l'homme, el réciproquement. constalations, on IIL, — QUELQUES HÉMOSTATIQUES NOUVEAUX. Depuis quelques années, la Thérapeutique s'est enrichie de nouveaux hémoslaliques : le sérum gélatiné, le chlorure decalciumetenfinl'adrénaline. L'action de ces différentes substances est très dillé- rente : les deux premiers rendent la coagulation du sang plus facile et plus rapide : la dernière, au con- traire, n’a aucune action sur le sang, mais est le plus puissant vaso-constricteur actuellement connu. $ 4. — Sérum gélatiné. Le sérum gélatiné fut d'abord étudié dans les laboratoires comme hémostatique local : c'est sur- tout P. Carnot qui en montra l’action dans les hémorrhagies en nappe des muqueuses; plus ré- cemment (1897), Lancereaux et Paulesco le préconi- sèrent en injections hypodermiques dans le traite- ment des anévrysmes de l'aorte. Le principe de l'action du sérum gélatiné repose sur les expé- riences de Dastre et Floresco, qui dès1896,que,chez le chien, l'injection intraveineuse d'une solution à 5 ©, de gélaline rend le sa de cet animal beaucoup plus coagulable. Chez l'homme, le sérum gélaliné n’a été emplo qu'en injections sous-culanées ou en applicatio directes sur une surface saignante. Dans ce derni cas, l’action du sérum gélatiné est efficace el sex plique facilement puisqu'il y a contact direct ent injections hypodermiques est plus difficile à expli quer, puisque, comme Laborde, Gley et Camus d'injections hypodermiques de sérum salé physio logique à 7 °/,, additionné d'une solution aqueuse de 1 à 2 °/, de gélatine blanche, Lancereaux a ob tenu des améliorations dans le traitement des des membres. Il faut ajouter, d’ailleurs, qu'elle n'est pas sans danger; sans parler des cas d'in fection de la piqûre hypodermique ou de tétanos, qui sont dus évidemment à une asepsie insuffi- sante de la part de l'opérateur où à une stérilisa= tion incomplète de la solution de gélaline, Barth, Unverricht et Boinet onf rapporté des cas de mort dus à des embolies pulmonaires. En somme, en Chirurgie, le sérum gélatiné est actuellement em ployé surtout comme hémostatique local dans les hémorrhagies en nappe (épistaxis, hémorrhagies rectales, hémorrhoïdaires ou néoplasiques, hémor- rhagies ulérines, vésicales, plaies viscérales, foie,M rein). Ajoutons encore que, dans les cas d'hémor- rhagies en nappe se produisant à l'intérieur d'une cavité septique, l'emploi du sérum gélaliné est peu recommandable, parce qu'il constitue un excellent milieu de culture el favorise, par conséquent, le développement des germes pathogènes. & 2. — Chlorure de calcium. Le chlorure de calcium à été également préco= nisé comme hémostatique local el général : P. Car= not a fait connaitre l’un des premiers ses propriétés hémostatiques, que les recherches d’Arthus sur la coagulation sanguine avaient fait prévoir. — Les applications locales des solutions de chlorure de calcium à 5°/, ontune action incontestable dans les hémorrhagies en nappe; on emploie également cesel à l'intérieur, à la dose de 1 gr. 20 répétée 3 fois par jour, dans les hématémèses, les hémoptysies, les hématuries. Wright, en Angleterre, fut un des pre- miers à l'appliquer à l'homme; il put arrêter unes hémorrLagie rebelle chezun jeune hémophile par D’ H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 1035 ngestion de fortes doses de chlorure de calcium. fayo Robson fait prendre aux malades atteints ictère chronique du chlorure de calcium à l’inté- rieur pendant plusieurs jours, avant de les opérer, ur rendre leur sang plus coagulable et éviter nsi les hémorrhagies en nappes, parfois si abon- antes, que l’on rencontre chez ces malades. On une intervention. - 0) $ 3. — Adrénaline. Dans l'adrénaline, nous trouvons un agent hé- mostatique local de premier ordre. C’est Le principe tif des capsules surrénales, que les Anglais nom- ment « adrenal glands », d'où son nom; c'est Taka- mine (de New-York) qui l’a isolé en 1901; à l'heure tuelle, l’adrénaline est le vaso-constricteur le plus ergique que nous connaissions; celte substance git à des doses extrèmement faibles; la solution à 1 ou 2 pour 1.000 suffit amplement comme hémos- “tatique local très énergique: c’est là, d’ailleurs, une circonstance heureuse, vu la chéreté du produit, qui coûte environ deux cent mille francs le kilo- “éramme ! — Jusqu'à présent, l'adrénaline n’a guère élé employée qu'en rhinologie et en ophthalmo- Jogie; de tous côtés, on en publie les excellents effets; il est vraisemblable que, peu à peu, on en ntroduira l'usage en Chirurgie générale, et, dans certaines opérations où les suintements sanguins “en nappe abondants sont si génants, cet hémos- tatique de premier ordre rendra de grands ser vices. A l'intérieur, on emploie également l'adrénaline en solution au millième donnée par 20 à 30 gouttes par “jour, dans les hématémèses, les hématuries, les hémoptysies, les métrorrhagies. IV. — ACTINOMYCOSE. + Spécialement étudiée en France, depuis dix ans, “par le Professeur Poncet, de Lyon, l’actinomycose “est une maladie due au développement d'un cham- pignon qu'on observe à la surface des organes “aériens d'un grand nombre de végétaux (épis de Bréales, jeunes pousses d’arbustes, feuilles), où on “le prendrait pour une moisissure banale, de couleur “soufrée ; elle a été découverte dans de petits “grains jaunes siégeant dans de faux ostéo-sar- “comes de Bovidés. Chez l’homme, elle se mani- este surtout dans la région cervico-faciale. D'après “les recherches d’un élève de Poncet, le D' Duvau, le nombre des cas actuellement publiés s'éléverait, “en France, à 146. On l'aurait surtout observée dans ‘le Dr nt du Rhône et dans celui de la Seine ; 2? départements sur 87 seraient indemnes. Peut- _être n'y a-t-il là que le résultat de l’ignorance où sont encore beaucoup de praticiens de cette ma- ladie. Aussi est-il important d'atlirer sur elle l’at- tention, étant donné que la maladie guérit d'autant mieux que le traitement est plus précoce. Cliniquement, elle est caractérisée par des lésions qui participent à la fois des lésions inflammatoires et des lésions néoplasiques. Grossièrement, on peut dire qu'elles évoquent l'idée d’un sarcome enflammé et souvent suppurant. La nature de l'affection est établie par la constatation du cham- pignon caractéristique qui se présente sous deux types morphologiques: l’un, constant, qui est un mycélium ténu à ramifications vraies; l'autre, contingent, correspondant à une forme de dégéné- rescence résultant de l’altération du mycélium par les cellules voisines, des massues. Ces deux types, lorsqu'ils se trouvent réunis, se disposent dans les tissus suivant une forme étoilée dont le centre est constitué par un enchevêtrement de mycelium, et l’extrémilé périphérique des rayons par des massues. Le traitement le meilleur semble le traitement mixte : incision, curettage et drainage prolongé des foyers, combinés avec l'administration à l’inté- rieur d'iodure de potassium. (œxtivn), V. — CHIRURGIE DU CANCER. $ 1. — Traitement des cancers inopérables. La question du traitement des cancers inopé- rables continue à attirer l'attention. Discutée celte année à la Pritish Medical Association, elle semble pas avoir fait un pas considérable en avant. Tant que la cause du cancer restera ignorée, les moyens que nous aurons de le combattre doivent nécessairement être empiriques. La sérothérapie suivant la méthode de Coley ne semble avoir eu d'action que dans les sarcomes à cellules fusi- formes. Le traitement, préconisé par Beatson, de, l'oophorectomie est limité aux cancers de la ma- melle et à leurs récidives locales ou-glandulaires ; encore ne donne-t-il, même dans ces cas, que des résultats incertains. Certains cancroïdes semblent avoir bénéficié de l'application des de Finsen ou de celle des rayons X ; encore devons- ne rayons nous dire que nombre de cas ont résisté à ces deux agents et ont dû être traités par les moyens chi- rurgicaux ordinaires. Bien que quelques améliora- tions aient élé signalées non seulement dans des cancers cutanés, mais encore dans des cancers d'organes profonds (utérus, rectum) par l'application des rayons X, on ne peut encore citer un seul cas de guérison et nous en sommes toujours réduits, pour le traitement du cancer, à l'ablation par le bislouri lorsqu'elle est possible en totalité. Les douleurs des cancéreux nous semblent tou- 1036 D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE tefois diminuées par l'ingestion du sulfate de quinine à hautes doses, dans certains cas inopé- rables. Cette méthode de trailement, préconisée, il y à quelques années, par Jaboulay (de Lyon), puis par Launoiïs (de Paris), nous a permis quelquefois de soulager des malades dont les douleurs résis- taient aux médications calmantes ordinairement employées. $ 2. — La théorie parasitaire du cancer. Depuis longtemps, les médecins ont été frappés par le caractère infectieux des tumeurs malignes, par les métastases qu'elles provoquent dans les ganglions lymphatiques ou dans les différents vis- cères, absolument comme des maladies virulentes ; on a même parlé de la contagion du cancer, incri- minant des pays, des maisons, des rues à cancer. Aussi a-t-on pensé à une origine microbienne. Mais le carcinome vrai est caractérisé par la proli- féralion excessive d’une cellule du type épithélial. Or, on ne connaît pas jusqu'ici de bactérie capable de causer la prolifération anormale des épithé- liums; les bactéries connues ne semblent agir que sur les cellules du type mésodermique. Aussi a-t-on cherché ailleurs. Comme certains Protozoaires, se reproduisant à l’aide de spores, vivent de préfé- rence dans les cellules épithéliales où ils sont connus sous le nom de coccidies, on a pensé que les cancers épithéliaux sont dus à l’action de ces Sporozoaires. Ces pseudo-parasites ont élé décrits par Neisser, Pfeiffer, Malassez, Darier, Wickham, Vincent. En réalité, il ne s'agit là que de cellules épithéliales à évolution particulière. Dans ces dernières années, Busse Curtis, San Félice, Roucani, Wlaeff ont admis que les cancers sont dus au développement de /evures. D'après Borrel, il n’y a rien de démontré ; tout est à éla- blir au point de vue microscopique; les soi-disant . levures extraites des tumeurs cancéreuses n'ont été constatées que dans des recherches faites sans précautions antiseptiques; elles manquent lors- qu'on les cherche sur des pièces fraiches; quant aux tumeurs développées expérimentalement par l'inoculation de Blastomycètes, elles correspondent à des granulomes el non à des tumeurs épithéliales du genre des cancers. Malgré les nombreux (ra- vaux publiés, nous restons donc dans l'ignorance la plus absolue de la nature du cancer. j VI. —- LA GREFFE NYDATIQUE. La greffe hydatique a été pendant longtemps contestée. Les anatomo-pathologistes et les chirur- giens n'ignoraient, cerles, pas que, dans un assez grand nombre de cas, on trouve des kystes hyda- tiques multiples de l'abdomen. Il était assez na- turel de supposer que ces kystes hydatiquesh mulliples n'élaient que le résultat de la grefell d'hydatides tombées dans la cavilé péritonéale, à las suite de la rupture dukyste primitivement développé dans un autre organe, le foie le plus souvent. M est suivie de péritonite mortelle ; 2° Tous les kystes trouvés dans l'abdomen sont isolés de la cavilé pérrtonéale et développés à laface externe de la membrane qui tapisse celte cavité; 3° Le kyste hydatique n'est qu'un stade intermédiaire dans l'évolution du ténia échinocoque et ne peut donner naissance à une hydatide secondaire; en d'autres termes, tout kyste provient d'unembryon hexa: canthe. Autant d’affirmalions, autant d'erreurs. 1° La rupture d'un kyste bydatique ne déter mine pas falalement une péritonite mortelle ; Skli=. fossovsky à publié à cet égard une observations typique ; 2 L'isolement des kystes abdominaux secon= daires dans la cavité péritonéale résulte, commen l'a montré Alexinsky, de ce fait que les vésiculess tombées dans la cavité péritonéale s'y enkystents comme {ous les corps étrangers introduits dans celte cavité, et finissent par être isolés dans une capsule faisant croire à leur développement extra péritonéal ; 3° Les zoologistes, Moniez, Railliet admettenb que les vésicules-filles d’un kyste peuvent déve: lopper des vésicules proligères et, partant, des scolex ou jeunes ténias, aussi bien que la vésicule mère. Les expériences de Lebedev et Andreiey, celles de Stadintsky, d'Alexinsky, de Riemann ont élabli la possibililé du développement de kystes hydaliques par l'inoculation d'un mélange de vési cules prohigères et de scolex. Dans des expériences plus récentes, M. Devé a montré que ce développes ment de kystes était dû à l'inoculation de scolex, à l'exclusion des vésicules proligères. Des faits cliniques nombreux ont, du reste, été publiés dans ces dix-huit derniers mois, établis: en É PR PRRES sant, d'une manière indiscutable, le dévelop pement de greffes hydatiques. Nous citeronss entre autres, un cas typique que nous avons ob: servé à la suite d’une opération de kyste hydatique du foie; nous avons vu se développer chez notre hydatiques que nous avons dû enlever ensuite. De la connaissance de ces faits découle un@ nolion pratique : c'est qu'il faut toujours penser ä la possibilité de ces greffes, et, par conséquent, pas regarder les ponclions simples de kystes hyd | tiques du foie comme de petites interventions, D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE 1037 s inconvénients pour le malade, la ponction juvant être le point de départ d'une dissémina- de germes spécifiques qui pourront évoluer érieurement. C’est là un point qu'a bien établi ter, au cours d'une intervention, si minime telle soit, la contaminalion de la cavité périlo- ale par le liquide hydalique. Pour prévenir ces sublimé à 1 °/, ou le formol à 0,5 °/,. Ces solu- ns sulfiraient pour détruire les scolex. VII. — APPENDICITE. $ 1. — Fréquence et étiologie. - Beaucoup de personnes s'étonnent de la fré- ence acluelle de l'appendicite. En réalité, cette Maladie n’est pas plus fréquente qu'autrefois; elle ail simplement méconnue el généralement consi- érée comme une périlonile aiguë. Dans le but établir ce fait, Lannelongue a fait faire, à l'hô- ital Trousseau, le relevé des cas de périlonites aiguës non tuberculeuses, trailées de 1885 à 1889, Soit pendant une période quinquennale antérieure à l'ère de l’appendicite, puis celui des cas d'apper- dicite observés de 1895 à 1899; or, les chiffres rela- lifs à ces deux catégories de malades sont très prochés: le premier est de 470, le second de 3, et l'infériorité de celui-ci est plus apparente que réelle, car, de 1895 à 1899, il y a eu, outre les cas précités d’appendicite, 166 cas de périto- nites aiguës, parmi lesquelles se dissimulent vrai- émblablement quelques appendicites. _Lannelongue a, en même temps, éludié les auses dé l'infection appendiculaire ; il les trouve ces parasites, chargés de microbes, traumalisant la abcès, qu'il est nécessaire d'ouvrir toutes les fois qu'ils sont collectés, l'appendicite, en général, doit être opérée à froid. Au début, le meilleur traite- ment serait le traitement médical par la diète absolue, la glace et l’opium. VIII. — VOIES URINAIRES. $ 1. — Séparation intra-vésicale des urines des deux reins. Une des grosses préoccupations du chirurgien, lorsque l'indication d’une néphrectomie se pose, est de connaitre l'état fonctionnel du rein opposé. On sait aujourd'hui qu'en dehors de l'analyse chi- mique des urines qui, dans le cas delésions rénales bilatérales, montre une diminution des matériaux fixes (phosphates, sels de polasse et surtout urée), et une diminution de la concentration moléculaire caractérisée par une élévation de son point de con- gélation (A), qui, normalement, oscille de —1°5 à — 2°, nous possédons deux autres moyens d'établir que l'élimination rénale ne se fait pas normalement: L'un, c’est l'absence de la glycosurie temporaire qui doit suivre l'injection sous-culanée de 5 milli- grammes de phloridzine. L'autre, c'est la consta- tation d'une modilication dans la manière dont se fait l'élimination urinaire après injection sous- cutanée de 5 centigrammes de bleude méthylène. Ces faits ont été bien élablis par Achard, Domi- nici, Bard, Léon Bernard, etc.; dans ces deux der- nières années, Bazy, appliquant ces données à la Chirurgie, en a conclu que l'absence d'une éli- minalion normale contre-indique la néphrectomie, que sa constatation indique d’une manière certaine l'intégrité du rein opposé. Certes, l'absence d’une élimination normale con- tre-indique la néphreclomie, car cette absence permel de dire qu'aucun des deux reins ne fonc- tionne normalement. Mais la constatation d’une élimination normale n'implique pas nécessaire- ment l'intégrité du rein supposé sain ; {nous en avons fourni la preuve indiscutable. IL est donc nécessaire d'isoler l'urine émise par chacun des deux reins, ce qu’on ne pouvait jusqu'à l'an dernier obtenir qu'en pratiquant le cathété- risme des urelères, cathétérisme souvent diflieile, parfois impossible, même entre les mains les plus exercées, exposant lui-même à des erreurs (l'urine du rein malade pouvant filtrer entre les parois de l'uretère et la sonde qu'il contient), délerminant quelquefois des accès de fièvre et la contamination d'un rein non infeclé antérieurement. On comprend, dèslors, que des lentatives aient élé faites pour séparer dans la vessie l'urine provenant de chacun des deux reins. Lambotte, en Belgique; Neumann, en Allema- gne ; Harris, en Amérique, l'avaient tenté sans 1038 D' H. HARTMANN — REVUE ANNUELLE DE CHIRURGIE grand succès. Sur mes indications, mon assistant, le D'Luys, à reprisces tentatives et est arrivé à cons- truire un appareil extrêmement simple qui permet de recueillir à leur sortie des uretères, dans la ves- sie, les urines provenant de chacun des deux reins. L'appareil se compose essentiellement de deux sondes métalliques, percées près de leur bec d’ou- verture, et d'une pièce intermédiaire, dans la con- cavité de laquelle peut se tendre et se détendre une petite chaine. Toute cette pièce intermédiaire est recouverte par une chemise en caoutchouc; lorsque la chaine est tendue, il s'élève entre les deux sondes une véritable cloison, tandis qu'au contraire lors- qu'elle est détendue, l'élasticité du caoutchouc applique la chaine sur la concavité de la cloison métallique. La manœuvre du rideau de caoutchouc est commandée par une vis située à l'extrémité libre du manche. Avec cet appareil d’un maniement et d'une désin- feclion faciles, on obtient une séparation parfaite des urines et l’on peut non seulement apprécier la valeur fonctionnelle du rein présumé sain avant de pratiquer une néphrectomie, mais encore faire des diagnostics plus parfaits qu'avec le cathétérisme des uretères, tout en ne recourant pas à une ma- nœuvre délicate, nécessitant une éducation spé- ciale et exposant, comme nous l'avons dit, à des accidents. C'est là un grand pas fait dans la pose des indications de la chirurgie rénale. $ 2. — Traitement opératoire de l'hypertrophie prostatique. Le traitement opératoire direct de l'hypertrophie prostatique, dont nous avons mentionné les pre- mières tentatives dans cette /?evue, il y a quelques années, devient de plus en plus en faveur. En Angle- terre, Freyer (de Londres); en Amérique, Fuller (de New-York), se sont faits les champions de la voie sus-pubienne, alors que la voie périnéale est dé- fendue en Amérique par Samuel Alexander et Parker Syms, en France par Albarran et par nous- même. Il est cerlain que la gravité de l'opération est aujourd'hui très diminuée et que le plus grand nombre des cas guérissen£t. Dès aujourd'hui, nous pouvons dire que la gravilé opératoire est des plus que donneront d’une manière définitive, au point de Dès maintenant, nous pouvons affirmer que les résullats seront supé- minimes; l'avenir nous permettra de préciser ce vue fonctionnel, ces opérations. rieurs à ceux qu'ont donnés les tentatives de traite- ment indirect Lesticulaire, angio-neurectomie, réseclion des défé- faites antérieurement (castration . Seule la seclion prostatique par le galvano- Botlini, jouvoir être opposée aux opéralions qui allaquent [ I rents cautère, suivant la méthode de semble directement au bistouriles masses hypertrophiques, et compte encore des partisans résolus, tels que Young (de Baltimore), Horwitz (de Philadelphie), Freudenberg (de Berlin). Peut-être que, tout e adoptant d’une manière générale le traitement opéz= ratoire direct de l'hypertrophie prostatique, on divi sera les cas en deux catégories: les prostates volu mineuses et molles qu'on enlèvera, les prostates… petites et dures qu'on sectionnera au galvano-cau=" tère. Ce ne sont là, toutefois, que des indications que nous avançons et qui demandent confirmation IX. — EMPLOI DE LA PARAFFINE EN INJECTIONS HYPODERMIQUES. En 1900, se basant sur ce fait que la vaseline, introduite dans les mailles d'un tissu dilatable taines difformités acquises ou à des troubles one tionnels de nature purement mécanique. (Ger= suny fit, par ce procédé, une prothèse testiculai chez un homme jeune, castré des deux côtés po sous-muqueuses de vaseline chez une femme, la cu d'une inconlinence d'urine rebelle, due à la destruez üon de l’urètre et du sphincler vésical. Ces injecz tions de vaseline furent pratiquées en Allemagne par Halban, von Friseh el Pfannenstiel. Ce dernie chirurgien eut même des accidents d'embolie pul monaire € chez une de se sert en FOIRE )}. Wolf se sert de paraffine f sible à57°; aussilôtinjectée, cette parafline se pre en une masse solide et reste telle indéfiniment; n'y à pas trace de résorption et, de plus, on n'a, pour ainsi dire, Jamais eu d'accidents d'injection ; Bro@ kaert, en Belgique, a publié de très bons résulla cosmétiques de prothèse nasale obtenus par des! injections sous-culanées de paraffine dure; en Alle magne, on l'a employée dans le traitement de dif formités congénitales ou acquises de la face, dans les fistules palatines inopérables, dans les fistul vésico-vaginales rebelles; Cohn s'est servi d’une injection intra-canaliculaire de paraffine dure da les voies lacrymales pour pouvoir les extirper plus facilement. En résumé, grâce à sa stérilisation fact et à son absence complète de résorption, la paraffi dure en injections hypodermiques constitue un bo procédé de prothèse chirurgicale. D' H. Hartmann, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris: À Chirurgien de l'Hôpital Lariboisière, j: BIBLIOGRAPHIE — A\NALYSES ET INDEX 1039 ANALYSES 1° Sciences mathématiques Picard (Emile), Membre de l'Institut, Professeur à Université de Paris. — Introduction générale aux Rapports du Jury International de l’'Exposi- ion Universelle de 1900. — (Partie Scienti- fique). — 1 vol. gr. in-8° de 114 pages. Imprimerie Nationale. Paris, 1902. Le visiteur intelligent qui examinait, dans les nom- euses galeries de l'Exposition internationale de 4900, appareils délicats et complexes, les machines puis- antes, les produits multiples de tant d'industries di- rses comprenait aisément que toutes ces applications roviennent de la science pure, source unique et inta- missable de tous les progrès. Il se rendait compte que, , comme le dit l’éminent auteur de la partie scienti- ique de l'Introduction générale aux Rapports du Jury international, « l'ensemble des idées et des théories ui constituent véritablement la science n’est pas Sceptible de figurer dans des vitrines », il est néces- Saire, à qui ne veut pas se contenter d’une vue incom- plète, de ramener « ces puissantes manifestations de “activité humaine à leur véritable origine », c'est-à- lire à la science pure et désintéressée. Pénétrés de cette idée, les organisateurs de l'Expo- ion ont très justement décidé la publication d'une ntroduction générale aux Rapports du Jury interna- ional où seraient exposés les progrès accomplis dans es diverses sciences durant ces dernières années. dée n'était pas entièrement nouvelle : les exposi- ions antérieures nous ont laissé des œuvres concues ns le même esprit; tout le monde connaît, par xemple, les Rapports sur les progrès des lettres et des sciences en France, publiés en 1857, et où des mmes d'une haute compétence ont tracé un tableau èle de l'état de la science au milieu du xix° siècle. S Rapports sont aujourd'hui encore consultés avec it; quelques-uns sont même des livres très remar- üables, mais d’autres ont beaucoup vieilli : leurs uteurs, savants distingués, d'ailleurs, mais occupés études spéciales, se sont étendus avec complaisance leurs propres recherches ou sur des sujets qui leur aient plus particulièrement familiers; ils ont écrit longues pages un peu indigesles, insistant outre mesure sur des expériences dont l'intérêt ne se com- rend plus guère, décrivant laborieusement des appa- leils complètement abandonnés aujourd'hui; les idées énérales sont étouffées sous la multiplicité des détails, arbres empêchent de voir la forêt. On à pensé, avec beaucoup de raison, qu'il n'y avait lieu de recommencer l'édification d'une œuvre mblable : aussi bien les nombreux Congrès qui se Ont réunis en 1900 ont publié des comptes rendus ont plusieurs donnent une description exacte et dé- lée de l’état de telle ou telle science particulière, et &Spublications,d'une grande utilité fournissent tousles enseignements désirables pour les spécialistes. On a lu, au contraire, dans l'Introduction aux Rapports du y, présenter, à tous les esprits curieux, des idées gé- érales sur le développement actuel des sciences mathé- natiques, physiques et biologiques. Il importait, pour Méviter le manque d'homogénéité dans le travail, de Confier à un seul homme le soin de le mener à bonne Min. La difficulté d’une telle tâche était considérable : iMfallait trouver un érudit à qui rien ne fût étranger ans le domaine immense de la science, un esprit phi- Sophique qui apercüt les liens parfois subtils qui ëlient entre elles tant de découvertes éparses, un BIBLIOGRAPHIE ET INDEX écrivain qui sûf, sans tomber dans la vulgarisation banale, mettre à la portée de tout homme cultivé des sujets souvent abstraits et ardus. On eut l’idée heu- reuse de s'adresser à M. Emile Picard, et l'illustre géomètre à écrit un livre d'une centaine de pages où il raconte, dans une langue précise et élégante, les conquêtes scientifiques faites depuis quinze ou vingt ans sur tous les terrains où les savants de tout genre ont porté leur activité. On ne saurait résumer un tel livre, qui est lui-même un résumé condensé; l’auteur a su extraire la subs- tance de tous les travaux les plus importants accom- plis daus tant de directions diverses ; en‘huit chapitres, il énumère et il nous fait comprendre les résultats obtenus dans les Sciences mathématiques et l'Astro- nomie, la Mécanique et l'Energétique, la Physique de l'Ether, la Physique de la Matière et la Chimie, la Mi- néralogie et la Géologie, la Physiologie et la Chimie biologique, la Botanique et la Zoologie, la Médecine et les théories microbiennés, et cette énumération ne ressemble en rien à un catalogue, car, à travers les détails les plus précis et les plus nets, les principes généraux se laissent toujours deviner, les idées géné- rales, les conséquences philosophiques ressortent en pleine lumière. M. Picard nous fait surtout connaître ces immenses constructions que bâtit l'esprit humain sous le nom de « théories »; il nous montre comment elles consti- tuent véritablement la science, comment plusieurs d'entre elles se retrouvent aujourd'hui semblables dans des études qui apparaissaient autrefois bien sépa- rées, dans des sciences que l’on considérait naguère comme complètement distinctes quant à leur objet et quant à leur méthode. Mais il nous fait comprendre aussi que ces théories, images par lesquelles nous cher- chons à nous représenter les phénomènes du monde extérieur, ne sont pas etne pourront jamais être uni- ques et que plusieurs pourront toujours, au contraire, se développer simultanément. C'est ainsi qu'il nous indique en divers endroits les deux grandes directions que suit aujourd'hui la science de la Nature : certains physiciens cherchent une explication mécanique des phénomènes qu'ils étudient, cependant que d’autres, comprenant autrement le mot explication, se propo- sent seulement de rechercher des relations numé- riques générales entre des grandeurs dont ils ne se préoccupent pas de connaître l'essence et qu'ils con- sidèrent mème souvent comme qualitativement irré- ductibles. S'il est vrai, d’ailleurs, qu'en ce sens « la hardiesse de la pensée scientifique à subi une sorte de recul », si nous considérons aujourd'hui que l'espoir de donner une explication unique du monde physique est une chimère, si l'on n’est plus en parfait accord sur le véri- table caractère et l'indépendance des principes fonda- mentaux de chaque science, si l'on conçoit que les théories ne doivent être envisagées que comme des images commodes, la science n'en reste pas moins le solide terrain sur lequel reposent toutes nos connais- sances, sur lequel nous pouvons sans crainte élablir nos doctrines, car les faits demeurent et les rapports véri- tables et permanents entre les objets réels persistent; ce sont ces rapports que nous découvrons d'une façon certaine et que nous représentons d’une manière plus ou moins avantageuse par) des symboles artificiels. La vue des voies si diverses où s'engagent les spécu- lations philosophiques, vue que nous montre admira- blement M. Picard, ne fait que nous faire mieux sentir l'avenir puissant de la science : son domaine est illi- 1040 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX mité, les plus vastes espoirs sont permis aux cher- cheurs. Le beau livre de M. Picard sera lu, à heure actuelle, par les personnes qui veulent se faire une idée d’en- semble, nette el fidèle, des progrès qu'a faits la science sur tous les terrains, particulièrement sur ceux qui ont été découverts le plus récemment; il sera lu aussi, dans l'avenir, par tous ceux qui seront désireux de savoir quelles connaissances étaient définitivement acquises el quelles idées générales régnaient dans la science au seuil du vingtième siècle. LUCIEN PoINCARÉ, Inspecteur général de l'Instruction publique. 2° Sciences physiques Lecornu (J.), Zngénieur des Arts et Manufactures. — Les Cerfs-volants. — 1 vol. in-8° de 240 pages, avec 160 fig. Nony et Cie. Paris, 1902. Le cerf-volant a fait, — ou plutôt à refait, — depuis quelques années, son entrée dans les laboratoires et les] observatoires de Physique du Globe. Aucun météo- rologiste n’ignore aujourd'hui les beaux travaux de M. Lawrence Rotch, à Blue-Hill, et de M. Teisserenc de Bort, à Trappes. Mais, si l’on voulait, après avoir étudié les résultats obtenus avec cet admirable outil qu'est le cerf-volant, étudier l'outil lui-même, discuter les di- verses formes qu'il peut revêtir, et savoir quelles sont celles de ces formes qui ont fait leurs preuves, con- naitre quelque chose de l'histoire et de la théorie de l'instrument, on était Jusqu'à présent dans le plus grand embarras. Il ne suffisait pas de feuilleter les volumes les plus anciens des collections et revues de vulgarisation ; il fallait encore aller chercher les jour- naux spéciaux d’'Aéronautique de France, d'Italie ou d'Amérique, et y découvrir les articles incidemment consacrés à un appareil qui, tout en appartenant à la catégorie du plus lourd que l'air, n’est pas, à propre- ment parler, un appareil d'aviation. C’est tout ce tra- vail de dépouillement et de discussion que vient de faire, avec la compétence spéciale que lui donnent ses propres travaux en la matière, M. Lecornu. Et il a réussi à écrire un livre plein de faits et de renseigne- ments, et qui se lit avec facilité et avec plaisir. Quant à la théorie et à la construction des cerfs- volants, l’auteur se borne à une théorie élémentaire, il est vrai, mais bien suflisante pour guider des essais empiriques intelligents : y aurait-il grand intérêt à trop insister sur des points secondaires comme la théorie de la bride, la bride étant un accessoire capri- cieux dont M. Rotch parait être la seule personne à savoir bien se servir? Il nous donne ensuite des détails tout à fail instructifs el utiles sur les cerfs-volants orientaux et sur les divers types de cerfs-volants employés en Europe et en Amérique. Assurément, le cerf-volant australien de Hargrave paraît bien être le type le plus commode; mais il est excellent de con- naitre ce qui s’est fait de différent et, en particulier, le cerf-volant multicellulaire de M. Lecornu, qui a obtenu le grand prix au concours de l'Exposition de 1900. Au sujet des applications du cerf-volant, je ne crois pas me tromper en disant que le lecteur apprendra, dans ce livre, bien des choses qu'il ne soupconne pas. Sail-on, par exemple, que le cerf-volant est un sport très pratiqué aux Elals-Unis, qu'il y existe des courses, des concours, des combats de cerfs-volants? Sait-on que l’on lance des cerfs-volants par temps de calme absolu, en étant à bicyclette ou en automobile? C'est la méthode même dont M. Rotch a fait sur l'Océan une si élégante application. Sait-on qu'on à fait des ascen- sions en cerfs-volants, ascensions pas bien hautes, à quelques centaines de mètres tout au plus ? C'est ainsi que M. Hargrave s'est fait enlever, en 1894, par quatre de ses cerfs-volants, bien qu'il pèse 76 kilogs, par un vent de 33 mètres. On à encore appliqué le cerf-volant à la photographie aérienne, à la Météorologie et à l'étude de l'électricité atmosphérique. Cette dernière application est, d'ailleur la plus ancienne application scientifique du cerf-volan et l'auteur a été très bien inspiré en nous rappelan avec les détails les plus circonstanciés, les expérience si intéressantes et {trop peu connues de Romas. En ce qui concerne la Météorologie, il décrit les installatio de Trappes et de Blue-Hill, et montre l'intérêt que pré sentent les sondages de l'atmosphère : peut-être laisse t-il un peu trop l'impression que les hautes ascensions météorologiques sont un « sport » assez aisé : ainsi qu'il nous déclare que l'Observatoire de Nantes « possède un cerf-volant météorologique ». Nous n savons si à l'Observatoire de Nantes on aura le tem et les moyens de développer beaucoup ce service; mais, ce qu'on peut dire, c’est que, si l’on fait à Nantes cerf-volant sérieusement, il en faudra un peu plus d'un. Au Puy-de-Dôme, nous en avons constammeni à l'atelier une vingtaine tout prêts à partir, et, depui deux ans, nous en avons bien cassé au moins aulant Assurément — et M. Lecornu à bien raison de Ie répéter — ce sport, quand, du moins, l’on prétent s'élever un peu haut, n'est pas un simple « jeu d’ens fant ». 2 L'auteur s'est proposé de le relever de « l'espèce de discrédit » qui pèse sur cet appareil, l’une des inve tions pourtant les plus ingénieuses de l'esprit humaïi Il à réussi à montrer qu'on peut écrire sur le cerf volant un livre très instructif et très sérieux : je n€ sais s'il a eu l'intention de faire, pour compléter à démonstration, un livre ennuyeux. Sur ce point, moins, il aurait tout à fait manqué son but. BEerNarD BRUNHES, Lambling (Eugène). — Action de l'isocyanate phényle sur quelques oxyacides et leurs éthe Thèse de la Faculté des Sciences de l'Univers de Paris. — 1 vol. in-8° de 125 pages. E. Dugardien éditeur, Lille, 1902. ; On sait que l'isocyanate de phényle a deux manières d'agir sur les composés à oxhydriles : tantôt il don un produit d’addition constituant une phényluréthane tantôt un produit de déshydratation, en même temp que de l'acide carbonique et de la diphénylurée. Les alcools réagissent le plus souvent suivant ] premier mode; les acides, comme l’a montré M. Haller suivent plutôt le second. Si l'on opère à une tempérà ture un peu élevée, l'anhydride naissant réagit à sa tour sur la diphénylurée, en donnant un anilide et dé l'acide carbonique. M. Lambling, professeur à la Faculté de Médecine d Lille, s'est proposé d'étudier l'action de ce même réa tif sur les acides-alcools et a pu l'élucider malgré s complexité. Dans la plupart des cas, en effet, une parti de l'acide-alcool réagit sur une seule molécule d'iso cyanale, tandis que le reste, à cause des deux oxhydri se combine à deux molécules. De plus, les anilides des acides-alcools sont capables de se déshydrater en don nant des lactames. Il en résulte qu'on obtient chaqu très laborieuse. L'auteur à heureusement résolu cette difficulté remplacant les acides-alcools par leurs éthers : l'oxhy drile alcoolique reste seul, et la combinaison ne fait plus que d'une seule manière. M. Lambling a fait porter ses recherches seulemenl sur des acides-alcools & et leurs éthers, notammenties acides glycolique, lactique, trichlorolactique, o que, oxyisobutyrique, diéthylglycolique (diéthox phénylglycolique ef diphénylglycolique (benzylique sera intéressant de répéter celte étude pour des acide alcools dans lesquels l’oxhydrile occupera une situ& lion différente. Ce travail contenait de nombreuses difficultés expé éstce qu'on pouvait attendre d'un des maîtres les plus timés de notre jeunesse universitaire. L. BouvEAULT, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. 3° Sciences naturelles abbé (D'Marcel), Médecin des hôpitaux, Chefde labo- ratoire à :a Faculté de Médecine de Paris. — e Sang. — 1 vol. in-18 de 96 pages (Actualités Mé- icales). Prix 1 fr. 50. Baïllière, éditeur. Paris, 1902. La question du sang a la plus grande importance, tant u point de vue général qu'au point de vue pratique du gnostic et du pronostic des maladies. a vie de l'homme serait impossible sans l'atmosphère li l'entoure, sans les éléments naturels dont il tire les atériaux nécessaires à son entretien et à son déve- loppement; la vie des cellules du corps humain serait impossible sans le sang, mer intérieure, où ellestrouvent leurs aliments, atmosphère interne où elles puisent Poxygène indispensable à leur vie. En vingt-quatre heures, 20.000 litres de sang traver- at les poumons : ainsi, un nombre infini de molécules sang sont offertes aux organes qui y trouvent les matériaux dont ils ont besoin; 130 litres de sang pas- sent en vingt-quatre heures à travers les reins: ainsi, les cellules de l'organisme peuvent déverser dans le sang déchets qui vont s’éliminer par l'urine. En vingt- quatre secondes, un globule sanguin parcourt la grande ët la petite circulation et revient à son point de départ: insi, il ne faut qu'un instant pour qu'un poison, une oxine microbienne,introduite dans la circulation,puisse disséminer, faire sentir son action sur toutes les cel- es de l’économie. Telest le rôle du sang : établir un lien entre les organes les plus éloignés, réunir entre elles les cellules du corps, fournir à l'alimentation des cellules, constituer une voie de transport pour les déchets de l'économie. … En plus, c’est grâce au sang que se livrent les batailles par lesquelles l'organisme lutte contre les infections, contre les microbes envahisseurs; ce rôle de protection et de défense de l'organisme est dévolu, pour la plus #rande partie, à certains éléments du sang, aux globules blancs. Les globules blancs comprennent deux variétés principales: les leucocytes mononucléaires, les leuco- tes polynucléaires. Qu'un microbe, une poussière, un pigment soit introduit dans l'organisme, aussitôt accou- rent les leucocytes, qui s'efforcent d’englober, de dé- Muire les germes parasitaires en les absorbant. Dans cette lutte contre les envahisseurs, les leucocytes poly- nucléaires forment l'avant-garde ; les leucocytes mono- nucléaires constituent l’arrière-garde; arrivés les der- miers, ils englobent corps étrangers, germes infectieux, cadavres de cellules tuées dans la lutte, leucocytes polynucléaires eux-mêmes dont le protoplasma est sur- chargé de microbes. - Les leucocytes ne se contentent pas de digérer les Corps étrangers, d'absorber les toxines introduites dans léconomie; ils secrètent des substances actives très nombreuses, dont quelques-unes seulement sont con- ues: ferment coagulant, substance anti-coagulante, ferment glycolytique, ferment amylolytique, etc. Les propriétés digestives, bactériolytiques, agglutinantes du sérum et des sérosités sont dues aux ferments con- lenus dans les leucocytes. M. Marcel Labbé a publié de nombreux travaux sur les clobules blancs; dans son petit Traité du sang, il leur Consacre une place à part. Il montre que, si, dans les maladies. des modifications sont apportées à tous les éléments du sang, si le plasma, les globules rouges sont téints, ce sont les leucocytes qui subissent, surtout dans les maladies aiguës, les modifications les plus importantes. Dans les maladies inflammatoires, suppu- rations chaudes, pneumonie, scarlatine, érysipèle, etc., le chiffre des globules blancs s'élève considérablement : il y a de l'Ayperleucocytose. Au contraire, les maladies BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Chroniques, la tuberculose, la syphilis, le cancer | 1041 augmentent relativement peu le nombre des leuco- cyles. Les processus morbides ne modifient pas seulement le nombre total des leucocytes; ils changentles propor- tions relatives des diverses formes de globules blancs; les infections suppuratives, les maladies inflamma- toires, qui donnent de l'hyperleucocytose, produisent aussi une augmentation relative du nombre de leuco- cytes polynucléaires : une polynucléose. Certaines mala- dies, comme la fièvre typhoïde, la malaria, la coquelu- che, la variole, le cancer au début, provoquent, au con- traire, une augmentation relative du nombre des leucocytes mononucléaires: une mononueléose. Les parasites animaux, vers intestinaux, échinocoques, trichine, les affections cutanées, surtout les affections bulleuses, comme la maladie de Dubring, déterminent, en général, une augmentation relative des leucocytes éosinophiles : une éosinôphilie. On voit l'importance pratique de ces données : obser- vantune mononucléose, on peut conclure que laréaclion des organes se fait par le moyen des leucocytes mono- nucléaires, qu'il existe une irritation des organes lymphoïdes (ganglions, follicules clos, rate). Le simple examen du sang permet de dépister un foyer de sup- puration latente, que ne traduisait aucun autre mode de réaction elinique, que ne traduirait ni la fièvre, ni la douleur. Par ces quelques exemples, on peut juger du rôle important du sang dans l'organisme; en étudiant le sang, on à le résumé et la synthèse des actes essentiels de la vie. Il y a donc une nécessité absolue pour le médecin, homme de stience, d'étudier, par des méthodes appropriées, les qualités biologiques du sang, et l’on saura gré à M. Marcel Labbé de nous avoir indiqué, avec précision et clarté, l'orientation nouvelle donnée aux recherches et aux études faites au cours de ces der- nières années sur le sang. Dr P. DEsrosses. Toulouse (D: Ed.), Médecin enehef de l'Asile de Vil- lejuif, Directeur du Laboratoire de Psychologie expérimentale de l'Ecole des Hautes Etudes, et Marchand (L.). — Le Cerveau. — 1 vol. in-18 de A1%4 pages avec 51 figures (Prix : 2 fr. 50). (2 Edition) Schleicher frères, éditeurs, Paris, 1902. L'ouvrage de MM. Toulouse et Marchand comprend quatre parties : 4° le cerveau dans la série animale; 2% l'anatomie du cerveau de l'homme; 3° la physiologie du cerveau de l'homme ; 4° un apereu de psychologie physiologique. C’est la deuxième et la troisième partie qui y occupent la plus large place. Les chapitres con- sacrés à la physiologie traitent successivement des centres moteurs, des centres sensilifs, des fonctions du langage, des localisations psychiques, question à laquelle se rattache la théorie des centres d’asso- ciation de Flechsig. Il peut paraitre hardi de vouloir résumer en un petit volume de 154 pages l’évolution du cerveau dans la série, sa morphologie, sa structure, son dévelop- pement et son fonctionnement. Mais les auteurs sen sont tenus, comme il convient dans un ouvrage de vulgarisation, aux notions essentielles. Aussi le lecteur, étranger aux sciences médicales, qui désire se ren- seigner sur l'organisation et la physiologie du cerveau humain trouvera-t-il, dans quelques pages claires et substantielles, tout ce qu'il lui importe de connaitre. L'élève qui aborde l'étude du système nerveux central puisera aussi, dans ce précis, avec un bagage de faits bien coordonnés, une idée d'ensemble qui Jui _per- mettra d'entrer avec plus de profit dans le détail du sujet. Le livre de MM. Toulouse el Marchand en est, d'ailleurs, déjà à sa deuxième édition; c'est dire qu il a rencontré auprès du public auquel il s'adresse lac- cueil qu'il mérite. E. WERTHEIMER, Pr seur de Physiologie à la Faculté de Médecine de Lille 1042 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 4° Sciences médicales Morache (G.), Professeur de Médecine légale à la Faculté de Médecine de l Université de Bordeaux.— Le Mariage, étude de Socio-biologie et de Méde- cinelégale.—- { vol.de 250 pages. F. Alcan, éditeur. Paris 1902. L'ouvrage de M. Morache est un livre de Médecine légale destiné aux médecins et aux juristes. Mais M. Morache a une conception tellement vaste de la Mé- decine légale que son ouvrage sera certainement lu avec intérêt, et profit même, par le public non initié directement aux questions de Médecine et de Droit. « L'histoire des sociétés démontre de la façon la plus évidente, écrit M. Morache dans son avant-propos, que les seules lois durables sont celles qui représentent la codification des mœurs et des coutumes. D'autre part, les mœurs et les usages d'un peuple sont toujours la résultante nécessaire et fatale des conditions biolo- giques dans lesquelles ce même peuple déroule son exis- tence. L'étude de la Législation doit donc marcher de pair avec celle de la Biologie. Comme conséquence de ces principes, la conception de la Médecine légale s'élargit singulièrement ; elle n’est plus seulement lap- plication, aux problèmes juridiques, des ressources fournies par les sciences médicales; elle devient plus encore : l'étude des rapports qui existent entre les lois et les facteurs biologiques. Elle fait partie de la Socio- biologie. » Ainsi compris, le livre de M. Morache devient émi- nemment intéressant. Dans une série de chapitres, le savant professeur de Bordeaux nous montre l'évolu- tion historique et ethnographique du mariage et des questions quis'y rattachent (divorce e,adultère, situation des enfants naturels), pour arriver chaque fois à la situation actuelle de ces phénomènes sociaux en France et étudier, à cette occasion, les questions de Médecine légale proprement dites qu'ils soulèvent. Des exemples, très heureusement choisis, viennent à l'appui de l'idée directrice de ce livre, ‘à savoir qu'il est nécessaire d'é- largir, d'aérer le mariage, et, pour cela, de l'élargir à son entrée comme à sa sortie, qui est le divorce. On à beaucoup parlé ces temps-ci des formalités absurdes et fastidieuses que doivent remplir deux jeunes gens qui veulent s'unir, et parmi lesquelles le consentement des parents ou des ascendants figure en tête. M. Morache voudrait qu'on limitàät ce pouvoir exorbitant des parents. Comme il le fait très justement observer, un jeune Français, âgé de vingt-et-un ans, peut disposer librement de sa fortune et contracter tous les engagements possibles: électeur, il participe à toutes les manifestations de la volonté nationale, qui peuvent changer la face de la patrie, la lancer dans toutes les aventures extérieures ou intérieures; il peut tout à cel égard, et, pour lui, il n "existe qu'un seul domaine, le mariage, dans lequel il n’a encore aucun droit, et ce domaine est strictement personnel et n'en- gage que lui! Pour la jeune fille, la situation est encore plus bizarre. Elle ne peut se marier avant vingt-et-un ans sans le consentement de ses parents, et, en revanche, elle à parfaitement le droit de demander son inscription sur les registres de la prostitution publique. En face de ces contradictions absurde >, Comment ne pas être avec M. Morache quand il écrit: « A partir de vingt-et-un ans pour les hommes, de dix- huit ans pour les filles, la liberté. de s'unir devrait être absolue. La puissance paternelle peut avoir ses limites; de ce qu'on à rempli ses devoirs de père, il ne s’en suit pas que l’on doive toujours con- la direc tion, même morale, des générations qui montent: elles sont l'avenir. C'est vers lui que l’on doit marcher, et non s’attarder au passé. Nous avons, à cet server égard, des conceptions étroites que nous tenons de notre atavisme latin : les Anglo-Saxons pensent autrement, et chez eux, le mariage est plus commun, tout aussi res= pecté, aussi moral et plus fécond ». Dans l'idée de M. Morache, le mariage devrait done être un simple contrat, débarrassé des entraves dont 0 l'entoure aujourd'hui. C'est en vertu de cette conception, dont la justesse pénètre peu à peu dans le grand publie, que M. Morache insiste sur la nécessité d'élargir les conditions du divorce et d'établir le divorce par con sentement mutuel. C'est encore en vertu de cette con= cepuon que M. Morache ne fulmine pas contre l'union libre et en parle sans se voiler la face. « Jadis le nom= bre des enfants reconnus au moment de la naissance était infiniment moins élevé qu'il ne l’est aujourd'hui, dans les villes surtout; ce fait tendrait à prouver que beaucoup de pères naturels ne cherchent plus à se soustraire aux devoirs de la paternité; on peut ainsi constater une heureuse élévation morale ; mais cette donnée devient argument en faveur de l'union libre »: Ces idées, comme nous l'avons dit, s'appuient sur l’évolution historique et ethnographique du mariage, ainsi que sur l'étude des textes, des arrêts, des pro= cès, etc., quiconstituent le côté médico-légal proprement dit du livre de M. Morache, où l’on trouve encore une étude très bien comprise des conditions de la nullité et des ruptures du mariage, des causes du divorce et de la séparation de corps, le mariage dans ses rapport avec les maladies, ete., ete. Les deux parties du livre. partie sociale et partie médico-légale, se pénètrent chaque page et donnent un appui solide aux idées direcz trices de l’auteur. Elles ont, du reste, été developpées, dans la grande presse par quelques journalistes judi cieux qui, à l'avenir, pourront se réclamer de la grande autorité de M. Morache. Dr R. ROME, Préparateur à la Faculté de Médecine de Paris: Fumouze (D' Paul), de la Faculté de Médecine de Paris, ancien externe des Hôpitaux. — Dermatose chlorique electrolytique.— 1 vol. iu-8° de 132 page avec3 ligures. Imprimerie H. Chérest. Paris, 41902. La dermatose chlorique électrolytique n'est connue que depuis deux ans, et c'est la première fois qu'elle se trouve étudiée en France, dans la thèse de doctorat de M. Fumouze. C'est une maladie professionnelle, qui ne s'observe que chez les ouvriers travaillant dans le usines où la fabrication du chlorure de chaux et de la soude ou de la potasse se fait par électrolyse, d'après! le procédé Electron. Elle est caractérisée par une acné, pouvant se géné= raliser à tout le corps, et par des symptômes secon: daires, survenant du côté des yeux (ec RE M ), de l'appareil respiratoire et de l'estomac. Les lésions cu tanées se traduisent par des comédons ou nodosités; des pustules, des papules, des taches pigmentaires, des cicatrices, lesquelles lésions continuent même à évoluer pendant plusieurs mois après que l'ouvrier à été sous Wait à l'intoxication professionnelle. Celle-ci parait être due à l'hypochlorite de soude à l'état naissant, dont l'action est externe et interne, el au chlore, qui agit sur les conjonctives et l appare il respiratoire. Les malades ne guérissent qu'à la condition de qui ter l'usine et d'aller vivre au grand air. Au point de vue prophylactique, M. Fumouze préconise l'aéralion soi- gnée des ateliers, la nécessité de recueillir le gaz toxique, l'obligation pour les ouvriers de s’enduire ‘dé vaseline les parties découvertes et de se faire des lavages avec de l’eau acidulée sulfurique au 1000°. : Dr R. Roue, Préparateur à la Faculté de Médecine de Pas À ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1043 DE LA FRANCE ET Séance du 13 Octobre 1902. I. H. Brocard annonce qu'il a retrouvé, à la Biblio- que de Perpignan, le tome II des Registres de labo- toire de Lavoisier, considéré comme perdu depuis lus de quarante ans. Ce manuscrit avait été donné par Nrago à la Bibliothèque de Perpignan. — M. M. Ber- ans ce registre. “19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. Servant signale un rapport intéressant qui existe entre le problème de lhabillage des surfaces et celui de la déformation des quadriques générales; il en déduit des éléments inéaires particuliers pour lesquels on peut résoudre ne facon complète le problème de l'habillage. — ©. Callandreau indique l'existence d’une conden- 5 ne de points radiants stationnaires par 45° de lati- tude. 29 SciENCES PHYSIQUES. — M. J. Boussinesq donne une démonstration générale de la construction des yons lumineux par les surfaces d'onde courbes. — W. Kaufmann considère comme prouvé que la masse de l'électron est entièrement électromagné- tique, c'est-à-dire que l’électrôn n'est autre chose u'une charge électrique distribuée sur un volume ou r une surface de dimensions très petites (environ D centimètre). — M. J. Thovert à vérilié expéri- mentalement que, conformément à la théorie ciné- que des substances dissoutes, le produit MD® est cons- nt, M désignant la masse de la molécule et D la onstante de diffusion. Il en résulte un procédé com- ode pour la détermination approchée des masses “moléculaires. — M. H. Moissan a constaté que l’iode Sunit directement au fluor avec dégagement de cha- eur en fournissant un composé pentavalent IF*. Ge luorure possède une activité chimique très grande. Ghauflé vers 500°, il se décompose et dégage de la eur diode; mais le phénomène ne s'accentue que mtement par une élévation de température. On peut donc se trouver soit en présence d’une dissociation en et I, soit en présence d'une mise en liberté d'iode ec formation d’un nouveau fluorure d'iode. — M. E. Charabot a reconnu que l'essence de feuilles de man- darinier renferme environ 50 °/, de méthylanthranilate de méthyle. M. E. Grimal a isolé, de l'essence de “bois de cèdre de l'Atlas, du cadinène C#H?#, une cétone “CH #0, à laquelle l'essence doit son odeur spéciale, et on signalent une nouvelle réaction du formol, per- mettant sa recherche dans les denrées alimentaires: best la coloration qu'il donne en présence d’amidol. — assez souvent du sucre réducteur en petite quantité, du saccharose en faible proportion, des mannanes iversement condensés et shydrolysant successive- ment, un galactane. 3 SCIENCES NATURELLES. — M. F. Dussaud commu- dique un nouveau procédé destiné à faciliter l'écriture étle calcul aux aveugles, et basé sur l'emploi d’une Sorte de machine à écrire. — M. N.-E. Wedensky a dié l’action des excitants et des poisons du nerf. Il s substances qui puissent être envi- “Sigées comme vrais poisons nerveux, parce qu'elles broduisent des altérations irréparables. Les autres nts chimiques ne diffèrent en rien, dans leur Maction, des excitants physiques en général. — M. L. Boutan à reconnu que l'organe nerveux du Pecten, y à que quelque éhelot donne le résumé des expériences contenues ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE L'ÉTRANGER désigné jusqu'ici sous le nom de nerf périphérique du manteau, est, en réalité, un centre nerveux autonome, qui a sous sa dépendance tous les organes sensoriels de la périphérie du manteau. — M. L. Bruntz a constaté que les Malacostracés possèdent les divers organes excréteurs indiqués par M. Cuénot pour les Décapodes; en outre, les Edriophtalmes possèdent des reins céphaliques, et les Amphipodes un organe péricardial. — M Ch. Gravier décrit un Cérianthaire pélagique adulte, capturé par M. Diguet dans le golfe de Califor- nie. Il postède des éléments reproducteurs parvenus à un état très voisin de la maturité. — M. Y. Delage a recherché un agent qui donnât, dans la parthénogéaèse expérimentale, des résultats plus constants que ceux obtenus jusqu'ici. L'acide carbonique s’est montré parfait à cet égard. Dans l’eau de mer saturée de CO*, tous les œufs d'Astéries arrivés au stade critique se segmentent; le lendemain, {ous sont transformés en blastules ciliées. — MM. A. Laveran el F. Mesnil don- nent la liste des Hématozoaires qu'ils onttrouvés chez une quarantaine d'espèces de Poissons marins. — MM. R. Fourtau et D.-E. Pachundaki ont étudié la constitution géologique des environs d'Alexandrie (Egypte). La barre rocheuse qui forme la côte Alexan- drine, et protégea la formation du Delta nilotique contre la haute mer poussée par les vents du nord-ouest, est d'époque quaternaire et s'appuie sur des calcaires du Pliocène supérieur; les espèces fossiles et subfossiles qu'on y rencontre n'indiquent aucunement que le cli- mat à l'époque quaternaire fût différent du climat à l'époque actuelle. — M. F. de Montessus de'Ballore montre qu'aux Indes l'instabilité sismique est nette- ment limitée à un petit nombre de régions, où elle est en rapport avec l'existence de failles géologiques. Séance du 20 Octobre 1902. 1° SGIENGES MATHÉMATIQUES. — M. Haton de la Gou- pillière communique ses recherches sur le problème ‘des brachistochrones. 20 Sciences PHYSIQUES. — M. F. Beaulard a déterminé les coefficients d’élasticité des fils de soie. Il a trouvé, pour un fil formé de vingt brins, 1,228 >< 10!° comme module d'élasticité de torsion, ou coefficient de rigi- dité. Il n'y à pas, à proprement parler, de module d'élasticité de traction, diminuant quand la charge augmente. La contraction latérale diminue très rapi- dement pour atteindre une valeur constante dès que la charge est de quelques grammes. — M. L. Houlle- vigue a obtenu, par projection cathodique sur un sup- port quelconque, des lames minces adhérentes des métaux suivants : Pt, Pd, Fe, Ni, Co, Cu, Bi. Les dépôts obtenus présentent tous les degrés de transparence ou d’opacité suivant la durée de l'opération; leur pouvoir réflecteur est considérable. — MM. Ph.-A. Guye et F.-L. Perrot ont étudié les phases de la formation des gouttes liquides gräce à la cinématographie. La rupture de la goutte ne se fait point suivant un cercle de gorge d'un diamètre voisin de celui du tube. La chute de la goutte, précédée de la formation d’un filament, doit plutôt être comparée aux phénomènes de rupture des fils métalliques sous les effets de traction; par consé- quent, la rigidité des liquides doit y jouer un rôle. — M. V. Grignard, en faisant réagir les combinaisons organo-magnésiennes sur les éthers des acides céto- niques (excepté les acides 6), a obtenu les acides- alcools tertiaires ou les glycols bitertiaires correspon- dants, suivant qu'une molécule ou trois de composé organo-magnésien réagissaientsurune molécule d'éther cétonique. — M. L.-J. Simon a préparé l'hydrazone 1044 ACADÉMIES ET SOCIËÈTÉS SAVANTES du dérivé phényliminé de l'éther pyruvylpyruvique CH°C(:Az.CSH°) CO.CH*CO.CO*C*H*. On obtient deux iso- mères : l'un, a, F. 195°-196°: l'autre, 6, F. 133°, qui veuvent se transformer réciproquement l'un dans Daitres — M. Th. Schlæsing a constaté que la matière organique qui enrobe les éléments du sol va en aug- mentant à mesure que les dimensions de ces éléments diminuent. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. Y. Delage a recherché par laquelle de ses propriétés l'acide carbonique inter- vient pour favoriser la parthénogénèse ; ce n'est ni par acidité, ni par anesthésie, ni par asphyxie, ni par augmentation de la pression osmotique. D’après lui, il agit comme poison temporaire, arrèêtant d'abord la maturation, mais n'ayant qu'une action passagère, parce qu'il s'élimine en laissant intact le protoplasma. — MM. A. Laveran et F. Mesnil ont trouvé chez une Tortue d'Asie, le Damonia Reevesii Gray, plusieurs Protozoaires parasites : deux Hémogrégarines, un Try- panosome parasite du sang, une Coccidie du tube digestif et une Myxosporidie parasite des reins. — M. P. Lesage a observé que, dans la trachée des Oiseaux, la germination des spores de Sterigmatocystis nigra est sous la dépendance des variations hygromé- triques de l’air extérieur inspiré. La longueur des fila- ments mycéliens augmente avec l'humidité de l'air. — M. P.-P. Richer a constaté que le pollen d'un certain nombre d'espèces, qui ne germe pas dans l’eau pure, germe si l'on ajoute à l'eau un stigmate de la même espèce ou celui d'une espèce voisine. Il germe beaucoup moins bien, ou même pas du tout, en présence du stigmate d'une plante très différente. 11 y aurait donc, dans le stigmate, des substances assez spécialisées pour provoquer la germination du pollen de la plante et entraver celle d’un pollen étranger. Octobre 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Painlevé dé- montre l'irréductibilité absolue de l'équation y"—6 y? + x. Cette équation comporte une intégration aussi parfaite que celle de l'équation de Jacobi par les fonc- tions elliptiques, mais elle n’est attaquable par aucune méthode d'intégration formelle. — M. Haton de la Goupillière indique quelques exemples particuliers d'intégration de l'équation des brachistochrones. — M. L. Schlesinger donne une solution purement algé- brique du problème de la détermination d’une fonction algébrique y de la variable complexe x, uniforme sur une surface R de Riemann. — M. A.-S. Chessin étudie l'intégration de l'équation de Bessel avec second mem- bre. — M. P.-J. Suchar communique un exemple de transformation corrélative en Mécanique. — M. J.-A. Normand à été conduit, pour éviter le phénomène de la cavitation dansles navires à hélice, à la règle suivante : La surface propulsive de l'hélice doit être proportion- nelle au produit de la surface résistante par la vitesse, ou, plus exactement, au quotient de la puissance par le carré de la vitesse. — M. H. Hervé décrit les derniers essais d'Aéronautique maritime faits par le Méditerra- néen. Le déviateur et le système stabilisateur ont par- faitement fonctionné. — M. J. Guillaume communique ses observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le deuxième trimestre de 1902. 11 y a eu plus de groupes de taches que pendant le premier trimestre, mais la surface totale a été moindre. Il en a été de même pour les facules. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Blondlot a déterminé la vitesse de propagation des rayons X par un principe analogue à coli de la méthode de Rümer pour mesurer la vitesse de la lumière. Il conclut que la: vitesse de propagation des rayons X est du même ordre de grandeur que celle des ondes hertziennes.—M. V. Cré- mieu rappelle que les fils de cocon sont formés de deux filaments collés l'un à l'autre dans un état de tension inégal. Il y a donc lieu de prendre des pré- cautions spéciales dans l'emploi de ces fils et dans la mesure de ce qui parait, au premier abord, leurs 9= Séance du 27 coeflicients d'élasticité. — M. J.-H. Coblyn expose nouveau mode d'exploration de limage pour la trans mission de celle-ci à distance. — M. Fraichet étudi la variation de résistance magnétique d'un barret soumis à la traction. Chaque rupture de fibres produi une oscillation dans la variation du flux magnétique Le flux qui traverse un barreau sans fibres varie d'un facon continue jusqu'à la rupture du barreau. - M. Ponsot, étudiant la force électromotrice d’un & ment de pile thermo-électrique, a constaté que, dan! chaque branche du conducteur, l'unité d'électricit utilise la chute de température d’une quantité invariabl d'entropie. — M. H. Moissan a reconnu que l’anhydr sulfureux réagit, à la température ordinaire et d certaines conditions de pression, sur les hydrure alcalins et alcalino-terreux, de facon à former de hydrosulfites anhydres : 2 KH + 2 S0* — K*5*0: +n* Tous ces hydrosulfites sont solubles dans l'eau et pos sèdent des propriétésréductrices énergiques. Ils vérilien la formule indiquée par M. Bernthsen pour [l'hydro sulfite hydraté de sodium. — M. E. Roux, en réduisan l'oxime du galactose, à obtenu une nouvelle base, AD UE 30. C’est corps cristallin, incolore, très soluble dans l'eau, fondani vers 139, donnant de nombreux sels. — M. M. Descu en faisant réagir la benzamide sur l'hexaméthylène tétramine, ou sur un mélange d'aldéhyde formique & d'ammoniaque en solution aqueuse, a obtenu de l’azotri méthylènetribenzamide Az (CH*.AzHCO.C‘H°}, F. 187 — M. L. Maquenne à reconnu que les deux acide signalés par Cloez, dans son étude de l'huile d'£/æococca sont des stéréoisomères, présentant les mêmes rapports qui existent entre l'acide oléique et l'acide élaïdique. HS appartiennent à la série stéarique et possèdent la mên formule C'SH#0* que l'acide linolénique. L'acide fond à 48° doit donc être appelé acide élæostéarique &; soi isomère, F. 71°, sera l'acide 8. — MM. A. Etard @ A. Vila, après avoir hydrolysé le muscle de veau .e extrait quelques principes connus, ont traité le résid] par la baryte et le chlorure de benzoyle et isolé dérivé benzoylé d'une base C*H5‘47%, triaminique, qu'il! nomment musculamine. — M. Goyaud a observé q des doses faibles d'acide chlorhydrique ralentissen! l'action de la pectase ; une proportion suffisante pe même empêcher la fermentation de s'établir. M. A. Thompson indique une méthode de dosage val métrique du tanin, basée sur le fait que ce corps absorb une quantité fixe d'O provenant de la décompositia de l'eau oxygénée. Le tanin une fois saturé, la décom position de l’eau oxygénée se poursuit normalement, 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. D. Levrat et A. Conti ont recherché l’origine de la coloration naturelle dé soies de Lépidoptères.Ils montrent la possibilité faire passer une substance, matière colorante pa exemple, du tube digestif-sur la soie par l'intermédiair du sang. Cette conclusion permet de chercher l’origin de la coloration naturelle des soies dans la matière co lorante verte des feuilles. — M. L. Vaillant décrit ui genre nouveau de Cyprinoïde, trouvé à Bornéo, qui nomme Gyrinocheilus.— M. Cambouliu a trouvé, dan l'isthme de Suez, trois espèces d'Anopheles, l'A. multi color, l'A. Theobaldi et VA. Pharoensis. Ce dernier pà rait pouvoir être transporté en masse par les grant vents à des distances de 20 à 30 kilomètres. —MM. P.-E Dehérain et C. Dupont signalent que le champ d'e périences de Grignon a fourni celte année une récolt exceptionnelle, et cela grâce à la pluie du mois de mal Les cultivateurs qui tiennent des terres filtrantes et qi peuvent, sans grandes dépenses, y amener de led d'arrosage feront bien d'en répandre sur le blé au pri temps, car l'expérience de cette année montre à quel admirable récolte conduit, dans ces sortes de terrë l'abondance des eaux. — M. N. Bernard montre des expériences qu'il est très vraisemblable que la bérisation des bourgeons sur une plante, à un momeñ déterminé de sa vie, dépend immédiatement de la réi galactamine ou amino-1-hexanepentol tion d'un certain degré de concentration de la sève ilesnourrit en substances dissoutes, quelles qu'elles nt. — M. A. Guilliermond communique des obser- tions sur les phénomènes de conjugaison qui se pro- misent pendant la germination des spores du Saccha- pmyces Ludwigii. — M. P. Dop, étudiant la formation pollen chez les Asclépiadées, a observé des cellules- res primordiales provenant, comme dans le cas nor- du cloisonnement de cellules sous-épidermiques. cellules donnent directement le pollen en se divi- nt en quatre. La couche nourricière, formée d’une bplusieurs assises, sécrète la couche cireuse qui en- uvre la pollinie; les caudicules et les rétinacles sont rétés par des cellules épidermiques du stigmate. Louis BruNer. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 21 Octobre 1902. Lereboullet présente le Rapport sur le concours a prix Godard. — M. Joffroy présente le Rapport sur concours du Prix Baillarger. — M. A. Fournier ümmunique une observation de cellulite gommeuse ëlvienne, simulant une lumeur maligne du petit assin, chez un homme de trente-quatre ans. L'examen malade ne -révéla aucune tare héréditaire, mais ui de son frère permit de constater des signes évi- ënts d'hérédo-syphilis. On institua alors le traitement ixte à bonnes doses, et au bout de deux mois la imeur avait complètement disparu. — M. Kermorgant écrit l'éruption volcanique de la montagne Pelée des 0-31 août, ainsi que les lésions des personnes tuées ans ce cataclysme. Outre les cas de mort dus à des az irrespirables où à une température très élevée, électricité a été pour quelque chose dañs les phéno- iènes qui se sont produits. — M. Springer lit un ravail sur l'énergie de croissance. Séance du 28 Octobre 1902. M. Porak présente le Rapport sur le concours du rix Tarnier. — M. Hervieu indique par quelles esures on est arrivé à réaliser pratiquement la vaccine bligatoire en Alsace-Lorraine. — M. A. Laveran bonne quelques renseignements sur l'épidémie de Surra qui a régné en 1902 à l'ile Maurice. La maladie été introduite par des bœufs venant de l'Inde. C'est ie mouche piquante (Sfomoxys nigra) qui joue le le de la tsé-tsé. Le sang des animaux atteints ren- rme le Trypanosoma Evansi. I y a lieu de prendre S mesures prophylactiques sévères pour empècher la lopagation des maladies à Trypanosomes dans les blonies françaises. — M. A. Proust fait l'historique à l'épidémie de choléra d'Egypte de 1902. — M. Villar b une observation de kyste glandulaire du pancréas, guéri par intervention. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 18 Octobre 1902. le Président annonce le décès de MM. Virchow et on, membres de la Société. M: CE. Féré a étudié l'influence des différences de dids soulevés au même rythme sur le travail et sur la ligue. — Le même auteur signale un cas de phobies semblables qui se sont développées presque simultané- nt chez deux jumelles vivant séparées. — M. A. We- pense que la torsion sur l'axe longitudinal des em- biyons d'oiseaux et, plus généralement, des Amniotes ble résultat de la formation de l’amnios. C'est proba- ement un phénomène d'accommodation à l'habitat ra-amniotique. — Le même auteur a observé deux Mhryons d'oiseaux anamniotes et, cependant, norma- ment conformés. — M. E. Retterer indique la suc- ion des stades par lesquels passe, chez les Mammi- Les, la charpente squelettogène des membres à partir “leur apparition jusqu à l'établissement de leurs divers ACADÉMIES ET SOCIÈTÉS SAVANTES 1045 segments squelettiques. — M. A. Laveran à constaté l'existence, chez une mésange charbonnière (Parus major) d'un Haemamæba d'espèce nouvelle, qu'il nomme H. Ziemanni.— M.H.et M A.Christiani ont reconnu que l’insuffisance fonctionnelle des greffes de capsules surrénales est due à l’insuffisante reconstitution de la couche médullaire. — M. Z. Lenoble admet que toute éruption pétéchiale, avec ou sans manifestations hémor- ragiques, est un purpura authentique lorsqu'à l'examen du sang on retrouve la formule sanguine caractéris- tique. Tout exanthème purpurique, avec ou sans mani- festations hémorragiques, au cours duquel le sang reste normal, estune affection indépendante d'une ulcération des appareils hématopoïétiques. — M.E. Maure ladéter- miné les doses minima mortelles de bromhydrate de quinine pour la grenouille (0,5 gr.), le pigeon (0,4 gr.) et le lapin (0,5 gr.). — Le même auteur a étudié l’action du bromhydrate neutre de quinine, aux doses thér peutiques et toxiques, sur la grenouille. Les premières produisent une vaso-constriction marquée et durable des vaisseaux, suivie d'une diminution légère des pul- sations cardiaques; les secondes, une vaso-dilatation persistante et une diminution marquée des battements du cœur. — M. Conor a étudié un échantillon de bacille pyocyanique isolé de l’eau d’un puits de Pont-de- l'Arche; 1l appartient à la variété mélanogène, dont le bacille de Cassin-Radais-Gessard était, jusqu'à présent, l'unique échantillon ; il donne moins de pigment noir, mais plus de pyocyanine que lui.— M. G. Rosenthal signale un procédé extemporané pour la culture des microbes anaérobies en milieux liquides au moyen des tubes cachetés. — M. G. Meillère a observé, dans les intoxications professionnelles par le cuivre et le plomb, que ces métaux se localisent peu à peu dans tous les organes kératiniques, mais plus spécialement dans les cheveux, la barbe et les ongles, qui constituent de la sorte une voie d'élimination. — Le même auteur signale quelques cas de rétention des chlorures dans diverses affections. — M. L. Butte conclut de ses recherches que, chez le crapaud, animal à sang froid, comme chez les animaux à sang chaud, le sucre se forme dans le foie aux dépens du glycogène, mais que cette transfor- mation, ét, par suite, la disparition du glycogène, est beaucoup plus rapide chez le crapaud. — M. F. Bat- telli a reconnu que les injections intra-veineuses con- tinues d'adrénaline ou d'extrait capsulaire sont inefli- caces pour prolonger la vie d’un animal décapsulé si la quanuté d'adrénaline est faible ; elles accélèrent la mort si la quantité d'adrénaline est élevée. — M. E. Bour- quelot montre que, dans l'hydrolyse des hydrates de carbone à poids moléculaires élevés, interviennent généralement au moins deux ferments, dont l'action simultanée ou successive (dans un ordre donné) est nécessaire pour produire l'hydrolyse. — MM. Ch. Acharä et A. Clere montrent que les discussions récentes sur le rôle et la nature de la lipase n’enlèvent rien à leurs conclusions sur la valeur pronostique du pouvoir lipasique du sang dans certaines affections. — M. Remlinger a observé, dans la filariose, que l'éosi- nophilie existe à un degré plus élevé lorsque le ver se trouve dans le sang que lorsqu'il se trouve dans l’intes- tin ou les muscles. — MM. Gabriélidès et Remlinger ont observé un cas de morve humaine. Le bacille a été isolé ; le sérum jouissait d’un pouvoir agglutinant mar- qué. Séance du 25 Octobre 1902. M. Ed. Retterer a reconnu que la charpente sque- lettogène des membres des Mammifères se différencie en segments cartilagineux et en disques intermédiaires ou intercartilagineux. — M. D. Mezincescu a étudié les formes régressives des leucocytes du sang. — M. Ch. Féré communique des recherches sur l'excitabilité éléctrique du nerf et du muscle au cours de la fatigue de l’activité volontaire et sur l'influence de l’allège- ment de la charge sur le travail. — M. Simond décrit un moustique nouveau, dontle mâle possède une trompe 1046 en faucille (Simondella eurvirostris). — M. A.-M. Bloch décrit un mouvement rythmique involontaire physiologique de la jambe, exemple rare de la substi- tution inconsciente d'une action réflexe à une in- fluence des centres psycho-moteurs. — M. A. Dubois décrit une maladie infectieuse des poules, observée à Liége et due à un microbe invisible. Elle est probable- ment analogue à la peste aviaire observée par Centanni en Italie. — M. L. Babonneix a fait à des lapins des injections de toxine diphtérique à faibles doses: dans cinq cas, il a obtenu des paralysies isolées, des mono- plégies, se localisant au membre injecté et ne se géné- ralisant pas. — M. M. Molliard a observé des phéno- mènes de tubérisation chez le radis, lorsque le milieu nutritif était très riche en glucose ou lorsque des microorganismes se développaient dans le voisinage des organes souterrains. — M. M. Nicloux a constaté l'existence de faibles doses d'oxyde de carbone dans le sang de chiens isolés en mer; les résultats sont un peu inférieurs à ceux obtenus à Paris, un peu supérieurs à ceux obtenus à la campagne. Il a aussi trouvé de l'oxyde de carbone dans le sang de Congres. — M. A. Briot à reconnu que le venin de la Vive {Trachinus draco) dif- fère du venin de serpent tant par les accidents locaux immédiats que par son action générale quand il est injecté dans le système circulatoire. Le sérum anti- venimeux est inefficace contre lui. On peut immuniser progressivement le lapin contre le venin de Vive et faire apparaître dans le sérum un antivenin. — M. H. Hérissey a isolé le galactose cristallisé dans les pro- duits de digestion, par la séminase, des galactanes des albumens cornés. — M. J. Noé a déterminé la résis tance du hérisson au cantharidate de potasse; elle est plus grande que ne l'a indiqué Lewin. La morphine, d'autre part, est dépourvue d'action narcotique sur le hérisson; elle produit de l'excitation, puis des mou- vements convulsifs et des spasmes nauséeux. — M. F. Battelli a constaté la présence d'adrénaline dans le sang des animaux normaux; le sérum du chien en renferme de 1/10.000.000 à 1/20.000.000. Les capsules surrénales ne feraient qu'accumuler l’adrénaline qui leur est apportée par le sang; elles sont un réservoir, mais non un organe producteur d'adrénaline. — M. R. Anthony a reconnu que la longueur réelle de la subs- tance contractile du muscle est réglée par l'amplitude du mouvement à accomplir. La localisation du tendon, quand il existe, est réglée par deux sortes de facteurs : mobilité ou fixité, absolue ou relative, de l'insertion; compression active par le muscle. — MM. André Tho- mas et G. Hauser admetlent, avec M. Nageotte, la cons- tance des altérations méningées au niveau du nerf radiculaire dans le tabes, mais se séparent de lui en ce qui concerne la fréquence de la périnévrite et de l'endonévrite, dont ils ont signalé l'inconstance. — MM. P. Armand-Delille et A. Mayer ont éludié l'hy- perglobulie des altitudes. Pour eux, l'hyperglobulie rapide n'est pas un phénomène constant; quand elle existe, elle n'est pas proportionnelle à l'altitude; enfin, il s'agit seulement, dans ces cas, d'une pseudo-hyper- globulie, puisqu'on l'observe uniquement dans le sang des vaisseaux périphériques et jamais dans le sang des vaisseaux centraux. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES NATURELLES. J. Br. Farmer et S. E. Chandler : Influence d'un excès d'acide carbonique dans l'air sur la forme et la structure interne des plantes. — Voici les effets produits sur la structure des plantes à fleurs lorsqu'on porte la quantité d'acide carbonique norma- lement présente dans l'atmosphère à environ trois fois et demie cette quantité (c'est-à-dire lorsque cet acide est présent dans la proportion d'environ 4 pour 1000 volumes) : 14° La croissance des internœuds est arrêtée, et la ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES | période de croissance, mesurée par l'allongement internœuds successifs, est prolongée ; 2 La croissance en surface des feuilles est ar dans un temps plus ou moins long; 3° Le nombre absolu de stomates par unité de sur de la feuille est considérablement accru, en grand partie ou entièrement parce que les cellules épiders miques n'atteignent pas leur taille normale. Les cel lules de garde des stomates ne partagent pas cette d minution, mais sont plutôt un peu plus larges dans le plantes soumises à un excès de CO*. Les cellules de gard regorgent d'amidon, et les stomates restent ouvert même lorsque la feuille est conservée dans l’alcool. | proportion relative des stomales au nombre des cellu épidermiques, pour une surface donnée, reste à p& près la mème, à la fois dans les feuilles qui ont été sot mises à l'augmentation d'acide carbonique et d celles qui ont poussé dans les conditions normales Mais, quoique les stomates présentent l'augmentat mentionnée, leur nombre total sur toute la surface la feuille expérimentée peut être moins élevé, à ca de la grande diminution de la dimension de cette de nère, comparée à celle dela plante qui a crû dans conditions normales, et aussi parce que le nombre tot de toutes les cellules épidermiques dans les plus pet feuilles peut être inférieur à celui de l’épiderme d'un feuille normale ; 4 La structure anatomique du tissu interne de feuilles n'est pas matériellement altérée; les modifi cations qui peuvent se présenter consistent principale ment dans le nombre relatif des couches cellulaires dans l'abondance des espaces intercellulaires formés 5° La structure anatomique de la tige diffère souven par la formation d'un nombre moindre d’'élémen ligneux du xylème, par une moins grande quantité « vaisseaux, et fréquemment aussi par le développeme imparfait des tissus mécaniques. D'un autre côté, 1 phloème ne présente aucune altération. Le change ment produit dans le xylème est presque sûrement di à la diminution de la surface de la feuille, et, par con séquent, à une transpiration réduite. Mais si l'on sl souvient des relations stomatales mentionnées sous] n°3, il est probable que la réduction dépend auss des troubles des processus métaboliques qui peuven agir non seulement dans le sens indiqué, mais qu peuvent affecter plus directementles moyens de nutn tion pour la croissance en épaisseur des parois celle laires ; 4 5° Ce dernier point est mis en lumière par l'accumu lation invariable (excepté dansle Xalanchoë, etl'onsesou vient que les processus des plantes succulentes sont sou vent particuliers) d'amidon dans les feuilles et le parer chyme fondamental des plantes expérimentées. Quan aux Kalanchoe, les cellules de garde des stomates, qi sont, à beaucoup d'égards, comparativement isolées de autres tissus, contiennent une plus grande quanti d’amidon dans les plantes soumises au traitement qu dans les plantes normales. Il est intéressant de remaäx quer que, dans cette plante, le tanin, si caractéristiq des plantes qui ont poussé dans des conditions no] males, est en quantité très réduite dans les séries expé rimentées, fait qui indique un trouble dans le cout ordinaire du métabolisme ; 6° On n’a pudécouvrir aucun changement dans les cines comme conséquence de l'augmentation d'a carbonique dans l'atmosphère ; Te Lorsque des cristaux d’oxalate de calcium se pra duisent dans une espèce de plantes, ils sont toujours moins abondants dans les plantes qui ont subi un {ral tement que dans les plantes de contrôle, à l'exception toutefois du f'uchsia. ; Il reste à constater que les résultats décrits dans 8 mémoire diffèrent apparemment d'une façon remäl quable de ceux obtenus par Téodoresco, qui à déjà étui dié l'action de l'augmentation d'acide carbonique sui la croissance des plantes. Les conditions de l’expés rience ont été, toutefois, différentes dans les deux can Téodoresco a comparé des plantes qui avaientcrà dans ne atmosphère entièrement débarrassée d'acide carbo- dique avee d’autres qui avaient poussé dans un air conte- ntune quantité d'environ 1,5 °/, à 2 °/, de ce gaz. Ila trouvé que, dans ces conditions, les plantes soumises à un excès d'acide carbonique offrent une croissance plus belle et montrent une différenciation interne plus complète que celles qui sont dépourvues de cette source e carbone. e résultat n'est guère surprenant, puisque l'unique rie de ses plantes de contrôle était entièrement pourvue de sa source d'acide carbonique atmo- hérique ; il aurait été intéressant de comparer ses cimens à la fin de l'expérience avec d’autres ant poussé dans l'air normal et, en outre, dans des bnditions semblables de température, de lumière, ete. IL est cependant intéressant de remarquer que Téo- oresco à maintenu autour de ses plantes une atmo- hère assez sèche au moyen de l'acide sulfurique. tte précaution tend à provoquer la transpiration, et Lse peut que des différences appparentes entre ses blantes et celles des auteurs, à la fois en ce qui con- erne la structure et la différenciation histologique, puissent ètre attribuées en partie à cette circonstance. ais de nouvelles recherches pourront seules établir ce Mpoint et beaucoup d'autres points intéressants se rap- mtant à l'influence directe et indirecte d'altérations ns la constitution de l'atmosphère sur la structure e la plante. Séance du 27 Septembre 1902. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Cardinaal : Rapport sur la commémoration solennelle du centième vanniversaire de Niels Henrik Abel à Christiania, du 4 au septembre 1902.— M. E. F. van de Sande Bakhuy- Zen : Sur Ja périodicité annuelle dans la marche du pendule principal, Hohwii n° 17, de l'Observatoire Leyde. Troisième partie : recherche provisoire de & marche du pendule après son déplacement. M. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. D. van der Waals : ur les conditions de l'existence d'une température Mitique minima pour un système ternaire. Déjà, dans SaT'héorie moléculaire, l'auteur a fait connaitre la con- dition de l'existence d’une température critique minima un système binaire. Si T,. représente la température Pour laquelle l'isotherme possède un maximum et un D . Se 8 4% - “Minimum coincidants, on à RTE 7" ce qui nous Lol £ ämène à chercher la valeur de x pour laquelle le quo- CP ee Le : , ent a est minimum. Ainsi, dans le cas d’un système C4 énaire, où l’on a affaire à deux facteurs de proportion- alité x, y, on peut chercher la valeur minimale de © et examiner les deux conditions ds 0, LE dx dy g représente ce dernier quotient. Cependant, l'au- r se sert ici d’une autre méthode. Celte méthode, ès connue en Algèbre, se base sur la détermination bla valeur minimale de la fraction 4,X? + 2a,X + 83 2 Dix P,x D, 0 © es C 0 laide de la condition que, dans cette équation, x soit 1. 11 applique cette méthode, d'abord à l'équation: al — x) + 2a,,x (1 — x) + 2,x° Dj(A— x +2b,x(1—x)+hx ës Systèmes binaires, et ensuite à l'équation corres- bondante des systèmes ternaires, où le numérateur et lélénominateur ont pris en a et en b la forme Cl x— y} L2cax(i—x—y)+20,y(1—x—7y) HE laX° + 2 CoaXY + Co} D ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1047 Il trouve ainsi neuf conditions pour qu'il y ait une valeur minimale de À correspondant à des valeurs posi- tives de {1 — x — y, x, y, c'est-à-dire trois équations à ; adi—)bi > 0, trois équations (ai — Xbi) (2j —bÿ) > (4,5 — Xbi,5)? et trois équations (ai, 5 — bi, ÿ) (ai, e — Xbi, > (ai — Xi) (aj, —Xb;, »), tandis que À doit satisfaire à une certaine équation cubique, etc. — M. H. A. Lorentz : Les équations fou- damentales des phénomènes éilectromagnétiques dans les corps pondérables, deéduites de la théorie des élec- trons. La théorie qui veut expliquer, à l’aide des parti- cules à charges électriques, les électrons, tous les phénomènes électromagnétiques, pour autant qu'ils n'ont pas lieu dans l’éther libre, se base sur deux espèces d'équations : d’abord sur les relations qui déterminent les changements d'état de l'éther, et ensuite sur des formules indiquant les forces que l’éther exerce sur les électrons. A l’aide d'hypothèses sur les électrons contenus dans les corps divers et sur les forces que la matière pondérable exerce sur ces particules, cette théorie s'efforce de rendre compte des phénomènes observés sur les matières diélectriques, les conducteurs et les matières capables d'ètre magné- - tisées. Dans des recherches antérieures, l’auteur a démontré que les lois de l’Électrostatique et de l'Elec- trodynamique, tout comme celles des courants électri- ques d'induction, peuvent être déduites de ces formules fondamentales; de plus, il a appliqué la théorie à la propagation de la lumière dans des matières transpa- rentes se mouvant avec une vitesse constante à travers l'éther supposé en repos. lei, il veut faire voir com- ment on peut obtenir, pour des corps de nature quelconque, se mouvant d'une manière quelconque, des équations où il n'est plus question d'électrons, parce qu'elles ne contiennent que des quantités en rapport avec les parties observables des corps que l’on peut déterminer par l'expérience. Les considérations et les résultats sont liés intimement à ceux exposés par M. Poincaré dans la seconde édition de son « Electricité et Optique », qüoiqu'il y ait beaucoup de différences dans la méthode d'exposition. L'auteur dis- tingue des électrons de conduction, de polarisation et de magnétisation; de plus, il introduit plusieurs expressions nouvelles. — M. H. Haga (aussi au nom de M. C. H. Wind) : Sur la diffraction des rayons X. Seconde communication. Dans une première commu- nication, faite en mars 1899 (/?ev. gén. des Sc., t. X, p. 331), les auteurs ont publié les résultats de leurs recherches, d’après lesquelles les rayons X montrent de la diffraction. D'après les élargissements de cer- taines parties de l'image d'une fente, ils pouvaient évaluer la longueur d'onde de ces rayons, qui à été trouvée de l'ordre de grandeur d'un dixième de py. Au Congrès des Physiciens allemands, tenu en sep- tembre 4901, à Hambourg, M. B. Walter a exprimé des doutes sur la diffraction constatée par les deux physiciens hollandais; en répétant leurs expé- riences et en s'entourant de précautions encore plus grandes, avec des rayons X plus forts, M. Walter n'ob- tenait que des images sans élargissements, ce qui l'amenait à la conclusion que les élargissements obser- vés à Groningue doivent être attribués à des impuretés de la plaque photographique, dues au développement de très longue durée. Surpris de ce résultat négatif, MM. Haga et Wind ont institué de nouvelles expé- riences, avec des ressources bien plus importantes que celles dont ils disposaient il y a trois ans; elles ont si bien réussi qu'il leur paraît actuellement impossible de douter que les rayons X ne soient pas des perturba- tions d'équilibre de l’éther. Ils ont obtenu trois photogra- phies, après des temps d'exposition de successivement 1048 ACADÉMIES ET SOCIËÈTÉS SAVANTES 9, 31 et 40 heures, presque sans trace de brouillard. A l’aide de points de repère (piqûres d’aiguille photo- graphiées), ces trois photographies ont été mesurées. Tagceau I. — Résultat des expériences sur la diffraction des rayons X. om NUMÉRO LARGEUR LARGEUR MOYENNE de la raie de de la seconde HÉPRURe de Tes ga image trois largeurs division fente sans diffraction obseryées 1} 21 pu 69 2 22,9 60 3 4955 54 4 18 51 5 17 49 6 16 41 7 14 43 S 12 39 9 9,5 34 10 -8 31 Les résultats sont contenus en partie dans le tableau I ci-dessus.— M. J.P. Kuenen: Phénomènes critiques des liquides partiellement mélangeables, éthane et alcool méthylique. Communication en rapport avec une étude antérieure de MM. Kuenen et W. G. Robson (Zeitschrift für physikalische Chemie, t. XXNI) et une étude de M. J. D. van der Waals (Æev. géu. des Se., t. X, p. 491).— M. H. Kamerlingh Onnes présente, au nom de M. J.E. Verschaffelt : Contribution à la connaissance de la surface à de van der Waals. NII. L'équation d'état et la surface 4 à la proximité immé- diate de l'état critique pour des mélanges binaires, dans le cas où l’une des deux substances ne se présente qu'en petite quantité. Suite (voir /?ev. gén. des Se., & X,p. 8%4).10. La courbe limite et la ligne connodale pour des cas particuliers. 11, La courbe limite dans le diagramme (y,v, T) pour un mélange de concentra- tion x. 12. La condensation. 13. Le diagramme (p, 1). a) La ligne de tension de vapeur de Ja matière pure. D) La ligne des points de plissement. c) La courbe des points de contact critiques. d) Les courbes limites. — Ensuite M. Roozeboom présente encore : Les équi- libres des phases dans le système acétaldéhyde — paraldéhyde, avec ou sans transformation moléculaire. Les résultats de celte étude sont traduits par le dia- gramme de la figure 1, où A et B représentent les points de fusion, AG et BEDC les lignes de fusion se coupant en C en un point eutectique, F et G les points d'ébulli- tion, FHG et FIG la courbe d'ébullition des mélanges et la courbe de concentration des vapeurs de ces mélan- ges bouillants, PI et PKHE les courbes d'intersection du plan du diagramme aveé la surface à deux nappes pour fluide et vapeur, et LPONM la ligne des tem- pératures critiques. — M. J.-M. van Bemmelen communique, au nom de MM. L. Aronstein el A.S. van Nierop : La réaction du soufre sur le toluène et le xylène. — M. S. Hoogewerff présente, au nom de M. J. Dekker, la Uièse : « Ueber einige Bestandteile der Cacao und ihre Bestimmung» (Sur quelques subs- tances contenues dans le cacao et leur détermination). — M. J.-C.-L. Schroeder van der Kolk présente au nom de M. E. H. M. Beekman Mz: Sur la facon dont se comportent le disthène et la sillimanite à des tem- pératures élevées : Dans la nature, le silicate d'alumi- nium (AlËSiO®) se présente sous trois formes distinctes : disthène, andalousite et sillimanite. La sillimanite et l'andalousite sont rhombiques; au contraire, le disthène est triclinique. D'après les recherches de M. Vernadsky (Bulletin de la Société Minéralogique de France, 1889 si, pendant le développement de la plante, la quantité ces variations, soit à un transport, soit à une décomposi= de Salix et sur l'Aesculus hippocastanum L.; de plus, le! ont été le sujet d’une étude provisoire. Les glucosides! considérées sont : la salicine, la gaulthérine, l’aescu= line, etc. et 4890), le disthène et l'andalousite se transforment à environ 1350° en sillimanite sans développement de chaleur. M. Beekman a répété les expériences de M. Vernadsky. Ses résultats s'accordent très bien avec ceux de son devancier. Seulement l'indice de réfrac- tion, déterminé, d'après la méthode de M. Schroeder var der Kolk, avec une précision d'un centième, s'oppose à la supposition de la transformation indiquée. Peut-être l'explication de cette déviation est-elle due à ce qu'on! a toujours affaire à un mélange des substances dans lequel l'influence de l'une devient de plus en plus pré dominante. — M. C.-A. Lobry de Bruyn présente, au M 280 160 120 80 Température 40 -L0 Le) 109 Acétaldéhy de Concentration Paraldéhyde Fig. 1. — Æquilibre des phases dans le système arétaldéhyde-paraldéhyde. nom de M. Th.Weevers : Aecherches sur les glucosi des en rapport avec l'assimilation et la désassimila tion chez Ja plante. L'auteur s'est proposé d'examiner proportionnelle des glucosides y reste constante, e d'en déterminer la variation dans le cas contraire. De plus, il s'agissait de savoir à quelles causes sont dues tion. Les expériences ont porté sur plusieurs espèces {aultheria procumbens L. et le Fagus sylvatica L P.-H. Scuoure. Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. . — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, = DIRECTEUR : $ 1. — Astronomie — Observation de deux bolides.— Le 15 juillet, à Gand, un bolide a été observé à 21120%, passant de “L'Est à l'Ouest. Mais M. A. Lancaster, dans Ciel el Terre, “nous signale l'observation, à Uccle, d’un bolide encore plus curieux, deux jours avant, le 13 juillet : à 22P26® en temps moyen de Greenwich, ce météore tomba dans le plein ouest, normalement à l'horizon et à 35° au- dessus, avec une trajectoire légèrement inclinée vers la droite. Ce bolide est surtout intéressant parce qu'il fit “une appañtion particulièrement remarquable dans le “sud de l'Angleterre, et M. Denning a recu une soixan- Maine de descriptions du phénomène, qui lui permirent d'en reconstituer toutes les phases(V. The Observatory). - Le météore a franchile Pas-de-Calais, et, l'atmosphère “au-dessus de la côte anglaise étant très pure, on a pu “très bien l’observer, surtout à Londres et dans les envi- “rons; il se dirigeait à l'ESE. La Lune, alors dans son “premier quartier, brillait au S.-W., ce qui devait affai- “blir l'éclat du phénomène, dont l'aspect était, cependant, “splendide. Au moment de la chute du météore, il sem- bla qu'une lueur éblouissante déchirait le firmament. A Slough, on rapporte que le météore éclata comme une “énorme fusée. A Addiscombe, près de Croydon, il fit l'effet d’une boule de feu aussi grosse que la Lune. A Torquay, toute la baie en fut illuminée : des milliers de petites étoiles se répandirent sur sa trace. Dans l'Essex, on vit une boule de feu bleuâtre, qui laissa après elle uné trace serpentante d'étincelles, et dura environ une demi-minute. À Sandy, on vit une étoile brillante qui se dissipa comme une masse enflammée. A Cambridge, “la trainée lumineuse dura 50 secondes : quelques spec- ? tateurs disent que la lueur fendait le ciel et semblait provenir d'un feu intérieur. A Usk, dans le pays de Galles, le météore éclata et se répandit en une pluie de raits de feu; à Aberdare (même pays), un éclair fen- dit le ciel et répandit, en éclatant, une multitude d’étoi- “les jaunes formant un spectacle magnifique. Enfin, observé encore dans lé Devon, à Moretonhampstead, le phénomène sembla disparaître à 338 kilomètres environ - de cet endroit. Toutes les observations et descriptions détaillées sont du plus haut intérêt, car elles permettent d'apprécier REVUE GÉVÉRALE DES SCIENCES, 1902. 30 NOVEMBRE 1902 _ Revue générale ES Scienc + pures et appliquées LOUIS OLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concgrne la rédaction -à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travauz publiés dans la Revue sont complètement interdites en France ef dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE les différents aspects de ces étranges phénomènes, leuss phases et leurs transformations, l'influence de l'état atmosphérique local, etc. Un très petit nombre d'ob- servations ont été assez précises pour qu'on puisse en déduire exactement la marche suivie par le météore : il dut pénétrer l'atmosphère terrestre dans les environs de Uckfield (dans le Sussex), franchir le détroit entre un point près de Boulogne et un point voisin de Dungeness sur la côte de Kent, en descendant de 143 à 82 kilomè- tres, avec une course lumineuse de 82 kilomètres; sa vitesse, assez approximative, peut être évaluée à 42 kilo- mètres à la seconde. Il est intéressant de rapprocher ces chiffres de ceux que put calculer assez exactement M. J. Mascart' dans un autre cas : la hauteur du point de disparition du bo- lide, entièrement consumé, était de 40 kilomètres envi- ron, tandis que sa vitesse, bien moindre que dans le cas précédent, ne paraissait pas dépasser 5 kilomètres par seconde. Les documents relatifs aux météores com- mencent à être très nombreux etil serait fort utile que quelqu'un se dévouät pour les classer complètement. 2. — Météorologie A Les observations météorologiques dans les régions tropicales. — Un de nos correspon- dants nous écrivait récemment ? pour nous faire re- marquer l'absence d'instructions spéciales, dans les traités de Météorologie, pour ceux qui désirent faires des observations dans les pays intertropicaux, et les causes d'erreur qui en résultent fréquemment. M. A. Lancaster, directeur du Service météorologique de Belgique, nous signale à ce sujet une brochure qu'il a publiée, en 1897, sous le titre : Instructions métléoro- logiques pour les observateurs au Congo*. Les indica- tions qui y sont données nous paraissent pouvoir s'appliquer à tous les pays tropicaux et répondre en- tièrement aux desiderata exprimés par notre corres- pondant. 1 C. Rendus des 1er octobre 1900 et 1er avril 1901. 2 Voir la Revue du 30 octobre, p. 951. 5 4 brochure in-8° de 40 pages. P. Weissenbrüch, éditeur, 45, rue du Poincon, Bruxelles. 12 1] 1050 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 3. — Physique Balances extrêmement sensibles. — On sait que, dans les déterminations de la masse d’un corps au moyen d'une bonne balance du type courant, ce n'est qu'après bien des tätonnements et en usant de nom- breuses précautions qu'on peut obtenir une précision à un pour cent près, les masses à peser étant de l'ordre de grandeur d’un milligramme. Or, M. E. Salvioni, dans un Mémoire résumé dans le Nuovo Cimento, décrit un instrument se prêétant à l'éva- luation des masses inférieures à 0,001 milligramme et dont voici le principe. Au moyen d’un microscope muni d'un micromètre oculaire, l'on observe les inflexions que subissent des fils élastiques extrêmement déliés el aux- quels la masse à peser est suspendue. Les poids sup- portés par les fils minces sont, comme on sait, relative- ment considérables; c'est ainsi que lauteur fait remarquer qu'un fil de verre étiré à la lampe, de 10 centimètres de longueur et d'une épaisseur de 1 à 2 dixièmes de millimètre, supporte, sans se briser, l'inflexion d'un poids supérieur à 100 milligrammes, qu'il mesure, avec un dispositif approprié, à 0,00001 près. Il va sans dire qu'il faut, au préalable, graduer cette balance par des expériences sur de petits poids donnés; ily a, en général, proportionnalité entre la charge et la déflexion observée au microscope. L'appareil, avec tous les accessoires, est disposé à l'intérieur d’une cage en verre hermétiquement fermée; au moyen d'un artifice très simple, on élimine l'influence de l’élasticité rési- duelle. Le numéro de juillet du Journal de Physique donne une autre solution du même problème. M. V. Crémieu, attribuant les limites opposées à la sensibilité, en pre- mière ligne, au fait que les tranchants ne sont point des lignes géométriques, remplace ces derniers par des fils difficiles à tordre. C’est ainsi qu'il a construit des balances, d'un poids total de 10 à 12 grammes, suspen- dues à un fil de cocon. Signalons, en particulier, l'ingénieuse manière dont les pesées se font avec cet appareil; comme, en em- ployant des poids et cavaliers ordinaires, l'on compro- mettrait un appareil si délicat, M. Crémieu utilise les effets électromagnétiques entre un aimant attaché au fléau de la balance et une bobine fixe. Cette balance peut, du reste, être appliquée aux me- sures électriques; on l'emploie comme galvanomètre, électrodynamomètre et électromètre absolu extrême- ment sensibles. Variations de poids des substances radio- actives. — Il y à trois ans, certaines expériences de M. Landolt ont eu, dans le monde scientifique, un reten- tissement peu commun; ce savant avait cru constater que des réactions chimiques ou physiques s'accom- pagnent, dans quelques cas, de variations de poids, minimes, 1] est vrai, mais supérieures aux erreurs de l'experi.nce. Ces faits surprenants, et qui semblaient compromettre lesloisfondamentales mêmesdessciences physiques, celles de la conservation de l'énergie et de : la matière, ont donné lieu à de nombreux essais de vérification, parmi lesquels il faut citer les recherches de M. Heydweiller, recherches dont les résultats étaient d'accord avec ceux de Landolt. Or, de récentes expériences de M. Heydweiller, pu- bliées dans la Physikalische Zeitschrift, viennent de montrer que ces faits peuvent très bien s'accorder avec la loi de la conservation de l'énergie ; il parait, en effet, que c’est aux phénomènes de radioactivité qu'il faut attribuer les variations de poids observées. Un tube de verre d'Iéna, renfermant 5 grammes de substance for- tement radioactive, a été comparé, pendant des se- maines, avec un tube similaire, ayant à peu près même poids et mème volume, rempli de débris de verre. M. Heydweiller obtient le résultat remarquable que des diminutions de poids continues ont lieu, équiva- lant à une perte d'environ 0 milligr. 02 par vingt-quat heures. Ce savant a, cependant, été plus loin, comparant ce résultat avec les déductions théoriqui de M. Becquerel, déductions basées sur la déviatiot électrique des rayons du radium et sur l'hypothèse q ces rayons consistent en une émission de particu matérielles portant des charges électriques. C’est ai qu'on évalue l'énergie émise par la substance étudiéek 5 ergs par seconde et par centimètre carré de surfa A radioactivité égale, les calculs de M. Becquerel do neraient, pour l'énergie émise par la substance em ployée par M. Heydweiller sous la forme de rayons déviables, la quantité de 107 ergs par jour. Or, la pert de 0 milligr. 02 observée pour le même intervalle cor respond, dans le champ terrestre, à une éner potentielle de gravitation d'environ 1,2 X 107 ergs. Cet accord frappant, quant à l’ordre de grandeu sugoère la conclusion que, dans les phénomènes radioactivité, il s'agit d’une transformation directe d'énergie potentielle de gravilation en énergie radiation, hypothèse s'accordant très bien avec Je vues modernes sur ces phénomènes. D'autre part, cé expériences font disparaître ce que les résultats d M. Landolt semblaient avoir de paradoxal, en les con ciliant avec les lois qui forment la base de la scienc moderne. R $ 4. — Électricité industrielle Transformateurs à 80.000 volts en se vice aux Etats-Unis.— On signale, aux Etats-Unis l'emploi industriel { d'un transformateur élévateur tension fonctionnant sous 80.000 volts. Il est vrai, & effet, qu'une des plus puissantes Compagnies amén caines de constructions électriques a, sous toute réserves, construit trois transformateurs de 330 kil watts, à la tension primaire de 80.000 volts, et que transformateurs donnent satisfaction depuis plusie mois de service. Ils sont destinés à transporter l'énei gie de Madison River à Butte (Montana). Les principes de leur construction ne s'écartent pa tellement des principes ordinaires suivis par la Gene Electrie Company dans la construction de ses tram! formateurs, pour qu'on puisse les considérer comm réalisant un très grand progrès. On a, il est vrà augmenté l'isolement de ces transformateurs, ce q a conduit à en accroître les dimensions ou à en rédu la puissance spécifique. Par exemple, le transfà mateur de 330 kilowatts à 80.000 volts dont il vie d'être parlé est le résultat des modifications de détai apportées aux transformateurs de 500 kilowatts s0 60.000 volts, déjà fournis par la même Compagn pour la transmission d'énergie de Bay Counties, € Californie. Il a un rendement moins élevé, parce qui a dû subordonner à la sécurité certaines proportiol économiques, ordinairement respectées dans la cor truction courante. Ses constantes diffèrent, et il peut être de quelq intérêt de les citer : Rendement à pleine charge . . . . . 97,5 "% Régulation, c'est-à-dire chute de ten- sion résultant de la charge . 1 Réactance NT NN EIRE chautfement déduit de la variation de résistance : 300 C. 1 On dispose encore de tensions plus élevées dans certe laboratoires d'essais ; on eu cite de 150 à 200.000 volts; 1 il n'y à aucun parallèle à établir entre ces appareils et transformateurs industriels, qui doivent demeurer coutiul lement eu service dans les conditions les plus sévères, etdo les facilités d'isolation sont beaucoup moindres, parcesq l'isolant électrique est aussi, malheureusement, un iso calorifique, qui s'oppose au bon rayonnement de la chale Joule produite dans les enroulements Les trans formalteul d'essais peuvent, sans inconvénient, se recouvrir d'épai couches d'isolement dout la fonction calorifuge est importance, en raison de la faible intensité du coura CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1051 . À signaler aussi les caractères particuliers de l'iso- -Jement de ce transformateur : . Lesenroulements primaire etsecondaire sonttrèssub- divisés, constituéschacun par des galettes plates formant e moins de couches possibles superposées, et laissant e nombreux intervalles disponibles pour le refroidis- interstices, dont elle et, CnSuRE la dis- Celle-ci pénètre dans tous les ure d'abord, le bon isolement, masse assurent une en lafion de cette noie favo- rable au bon refroidissement. Déjà, l'huile était d’un très grand emploi dans la construction des transformateurs à haute tension; mais une précaution nouvelle à été prise ici : l'enveloppe du transformateur est de construction absolument étanche, et n'est remplie d'huile qu'après un vide préalable, effectué à la machine pneumatique. Le bon fonctionnement de ces transformateurs mindique nullement qu'on peut attendre un égal succès pratique des transmissions d'énergie à tension aussi élevée, car les difficultés principales résident alors dans la construction des lignes, qui supportent ficilement, à moins de dispositions tout à fait spé- les et coûteuses, des tensions dépassant 60.000 volts. K 5. — Chimie physique. Décomposition de la vapeur d’eau par les incelles électriques. — La décomposition des az — et, en particulier, de la vapeur d'eau — par une Série d'étincelles électriques est un phénomène beau- coup moins simple que l'électrolyse des liquides. C'est ainsi qu'en variant les conditions expérimentales de la décomposition de la vapeur d’eau, J. J. Thomson a pu observer que l'hydrogène apparaissait tantôt à l’anode, tantôt à la cathode du tube où il faisait jaillir les étin- celles. MM. Chapman et Lidbury ont repris cette étude !, et ls concluent de leurs expériences que, lorsque des élincelles électriques traversent de la vapeur d’eau, Vhydrogène se rassemble au voisinage des deux élec- trodes, tandis que l'oxygène apparait au milieu de l'espace où jaillissent les étincelles. Cette séparation est naturellement contrariée par les effets de convection et e diffusion, qui tendent à rendre plus homogène la répartition des gaz. - Voici comment les auteurs sont arrivés à ces conclu- sions : Ils font Jjaillir les étincelles dans un tube par- ouru par un courant plus ou moins rapide de vapeur. Cette vapeur est amenée par un tube qui débouche “dans le tube principal, en un point que l’on peut dé- placer d'une électrode à l’autre, etest évacuée par deux autres tubes, placés respectivement au voisinage de anode et de la cathode. Cette vapeur entraine en même temps les gaz résullant de la décomposition. On s'aperçoit alors que, pour observer une décom- position notable, il faut faire circuler rapidement la vapeur, c'est-à-dire balayer les gaz hydrogène et oxy- gène avant qi ‘ils aient eu u le ue de se recombiner ; s'ét tablir l'équilibre De plus, lorsque le tube introducteur de vapeur dé- bouche près de la cathode, on recueille du côté de la cathode un excès d'hydrogène, beaucoup plus grand, de la faible quantité de chaleur émise par lui dans les enroulements. 4 D. L. Cnapuax et F. Ausux Linsury : The Decomposition bfWater Vapour by the Electric Spark ; Journ. Chemic. Soe., t. LXXXI, p. 1301, 1902. 2 Ce résultat est tout à fait d'accord avec l'explication bien connue du rôle de l'étincelle, qui assimile son action à celle du tube chaud et froid. d’ailleurs, quece qui s’en dégage à la cathode d'un vol- tamètre intercalé sur le circuit. Cette quantité d'hy- drogène décroît à mesure que l'arrivée de la vapeur se fait de plus en plus loin de la cathode; et, lorsque le tube adducteur de vapeur. est très près de l’anode, il y a renversement : c'est .à l’anode qu'apparait l'excès d'hydrogène, tandis. qu'à la cathode, on recueille un excès équivalent d'oxygène. On voit que ces faits s'interprètent à merveille en admettant que l'hydrogène et oxygène se répartissent, dans le tube à étincelles, de la manière ci-dessus dé- crite. Naturellement, il reste à faire la théorie de cette curieuse répartition; mais, dès aujourd'hui, il parait vraisemblable que le processus de la décomposition par l’étincelle est autre que celui de l’électrolyse. $ 6. Le charbon de tourbe. — Nos lecteurs se sou- viennent du projet du général Sankey pour lutilisa- tion destourbières d'Irlande ‘. Il s'agissait de convertir sur place l'énergie calorifique du combustible en énergie électrique, plus économiquement transpor- table. M. P. Jebson a cherché, et trouvé, semble-t-il, la solution du problème de la tourbe dans une autre voie : il la carbonise et lui donne des qualités égales à celles du charbon bitumueux, de telle sorte qu'elle peut, comme ce dernier, supporter un frêt assez élevé et qu'elle voit ainsi son aire d'utilisation considérable- ment étendue. On à, depuis longtemps, tenté la production indus- trielle du charbon de tourbe, mais sans grand succès, la qualité en étant défectueuse ou le prix de revient trop élevé. M. P. Jebson, au contraire, exploite régu- lièrement son invention depuis trois ans, à son usine de Strangforden (Norvège), et les résultats paraissent tout à fait satisfaisants. Le traitement comporte trois opérations successives : compression, dessiccation, distillation. La compression se fait au moyen d'une presse méca- nique, capable de produire par heure 2.500 blocs de 80 X 8 X 8 centimètres, pesant environ 2 kilogs. Sous cette forme, la tourbe a perdu déjà la plus grande partie de son eau. ; Les blocs sont alors alignés par sé ries de 28 sur des es; 5 claies sont _supe rposées sur un Wagonnet, et ce dernier est envoyé dans le tunnel dessiccateur, qu'il parcourt en sens inverse d’un courant d'air chaud dont la température s ‘abaisse de 1209, à son entrée, jusqu'à 509, à sa sortie. En donnant au wagonnet une vitesse con- venable, déterminée par l'expérience, la tourbe arrive à l'extrémité du souterrain € omplètement desséchée. Son — Chimie irdustrielle Æ poids se trouve diminué des + environ. 5 Elle est prête alors pour la carbonisation. Celle-ci s'opère dans de grandes cornues cylindriques, en acier recouvert d’asbeste, de 2 mètres environ de hauteur et de { mètre de diamètre: elles ont un couvercle à joint hydraulique pour l'introduction de la tourbe et l'extraction du charbon; elles ont aussi un système de tuyaux pour l'évacuation des produits gazeux de la dis- tillation. Chaque cornue contient une résistance élec- trique, dans laquelle on fait passer un courant intense qui produit la chaleur nécessaire. Les blocs de tourbe sont empilés en contact avec la résistance jusqu'à ce que le cylindre soit exactement rempli. Les gaz sont recueillis, passent à travers un réfrigérant, qui les débarrasse du goudron et des autres produits con- densables: ils sont alors employés à chauffer lair du tunnel desséchant. L'électricité est produite par 5 dynamos accouplées à des turbines, une grande FES disponible à quantité d'énergie hydraulique : lans des condi- Strangforden ; mais on la produirait tions presque aussi favorables au moyen de moteurs à 1 Voyez la Revue du 15 septembre 1902, p. 798. 1052 gaz utilisant une partie des produits de la distillation. 100 kilogs de tourbe desséchée donnent : Charbon de tourbe. ._.. JKIlOS, HoudrTONr AE ER CORRE Eaux-mères . RL re Le Gazss ei es 1 OR MEN 29 Des eaux-mères on tire une quantité considérable d'alcool méthylique, de sulfate d'ammoniaque et d'acé- tate de chaux. La valeur de ces sous-produits abaisse considérablement le prix de revient du charbon de tourbe, qui reste cependant considérablement supé- rieur à celui du charbon ou du coke dans les pays de production. La composition du charbon produit à Stranglorden est donnée par le tableau suivant : © Carbon AR EE T0 UC Hydrogène. ER ENT S CROaC A OSYSÉDC RAR EP ER EE RS 10 AZOtO RER Et MENT 1,178 Sulfures , ALAN NT 0,70 CENULES RTE CNE ET ee 3,00 HENNOIÉ EE 4,82 La faible teneur de ce combustible en sulfures rend son usage particulièrement précieux en métallurgie et pour la forge. Grâce à la compression préalable de la tourbe, il a une composition bien uniforme et une den- sité suffisante (0,3, vides compris). L'Association of Marine Engineers, qui à institué toute une série d'expériences sur le problème de la tourbe, donne l'analyse d'un échantillon de charbon d'une composition encore plus favorable, mais dont elle n'indique malheureusement pas la provenance ; la teneur en soufre s'y abaisse à 0,44 0/,. Si l’on tient compte : d’une part, de l'augmentation constante du prix du charbon et, de l'autre, des immenses dépôts de tourbe qu'on trouve à la surface même de presque tous les pays, et notamment de l'Irlande, de la Norvège et des tats-Unis, on doit reconnaitre qu'elle forme un appoint précieux à nos réserves de combustibles. Des évaluations modérées établissent que la tourbe irlan- daise, seule, représente l'équivalent de plus de 3.000 mil- lions de tonnes de charbon. $S 7. — Physiologie Habitudes et lobes frontaux. — Les expéri- mentateurs ne sonk pas d'accord sur les conséquences de l'ablation des lobes frontaux des hémisphères céré- braux pratiquée chez les animaux. Pour ne citer que les cas les plus typiques et les mieux observés, nous rappellerons les faits de Ferrier et Yéo, les faits de Hitzig et ceux de Horsley et Schäfer. Ferrier et Yéo enlevèrent ou détruisirent chez des singes les lobes frontaux. A la suite de l'opération, lun des animaux devint somnolent et paresseux: il sembla ne plus reconnaitre son nom quand on l'appela et cessa de s'occuper de sescompagnons; — un second singe devint indolent et indifférent à ce qui se passa autour de lui; —un troisième ne présenta aucun phé- nomène appréciable. Horsley et Schäfer constatèrent qu'un singe privé de ses lobes frontaux se comporta exactement comme un singe normal. Hitzig, enfin, opérant sur un chien qui avait été habi- tué, avant l'opération, à sauter sur une table pour y chercher de la viande qu'on y avait déposée, comme si l'image de la table s'associait chez lui à l'idée de la nourriture, remarqua que cet animal, après l'opéra- tion, ne sautait plus sur la table, comme si la vue de cette table n'évoquait plus en lui l'image de la viande à dévorer. M. Shepherd Ivory Franz, dans un très intéressant Mémoire sur les fonctions du cerveau qu'il vient de publier, étudie les conséquences de l’ablation des lobes frontaux pratiquée chez le chat, en se laissant guider par CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE la notion qui semble résulter de l'observation de Hitzig Quand on place un chat à jeun dans une boîte grillée pouvant s'ouvrir soit en tirantune ficelle, soit en pou sant un bouton, soit en heurtant une planchette, l'ani= mal manifeste une agitation extrême; il cherche à fuir et, pour cela, heurte les parois de la cage, mord les bar reaux, passe les pattes entre eux, exécute, en un mo les mouvements les plus variés. IT finit par exécuter p hasard le mouvement convenable pour ouvrir sa cage fuir au dehors et prendre la nourriture qu'on a exposé à sa portée. Si l'on répète cette expérience plusieurs fois de suite à quelque intervalle, on constate que la durée pendant laquelle le chat fait des efforts inutiles pour sortir diminue progressivement; et, finalement, que le chat exécute le mouvement approprié en quel ques secondes. En voici un exemple : un chat placé dans une cage s’ouvrant quand, de l’intérieur, on tire une ficelle, em ploya pour en sortir les temps suivants, correspondant aux essais successifs : 8, 33, 222, 68, 200, 10, 113, 24 28017 43 A4, 319 (603 605 NS MG IS NS MONNIER 3, 2, 2, 3, 2, 4, 2, 2, 1 secondes. On peut dire quil acquis une habitude. Si, chez un tel animal, on pratique l'ablation des lobes frontaux, on constate que l'habitude précédem- ment acquise à disparu; l'animal enfermé dans la cage ne sait plus en sortir qu'au prix d'efforts multiples et désordonnés. — On ne saurait prétendre que cette perte de l'habitude à la suite de l'opération est la con= séquence du choc opératoire, pour les raisons sui vantes : L'habitude acquise par le chat se conserve, chez l'animal normal, pendant sept à huit semaines, le sujeb n'étant jamais placé dans sa cage pendant ce temps et le choc opératoire ne persiste pas au delà de quel ques jours; si donc on fait l'essai sur un chat opéré depuis deux semaines par exemple, on est dans les conditions requises pour que l'animal supposé normal ait conservé son habitude, et pour que l'animal opéré ne soit plus en état de choc. D'autre part, on peut tré= paner un chat et inciser les méninges sans provoquer la perte de l'habitude, malgré le choc opératoire. Enfin, l'habitude est conservée à la suite d'opérations d'ablaz tion de parties du cerveau autres que les lobes fron taux. Done la perte de l'habitude est bien la consé quence de l'ablation, du déficit des lobes frontaux. Ou est tenté, “après cela, de supposer que le chat privé de ses deux lobes frontaux est inhabile à contracte une habitude, telle que celle que nous avons consi dérée; il n'en est rien : un chat qui a perdu, du faib de l'ablation des lobes frontaux, l'habitude de sortir de sa cage peut la recouvrer par un exercice convenable: En voici un exemple remarquable, signalé par M. Shepherd Ivory Franz: Un chat met les temps sui vants pour sortir de la cage : 410, 40%, 168, 390, 222 95, 142, 135, 132, 90, 130,9, 12, 5, 10, 10, etc., 4, 3, 6, 2 secondes. On pratique l'ablation des lobes frontaux et on note les temps suivants aux expériences succes sives : 222, 248, 480, 130, 35, 95, 128, 63, 140, 44, 34, 8, 18, 46, 23, 8, 9, 12, 3, 6, 9, etc., 3, 6, 3, 3, 2, 4, 2,2) 5 secondes. Notons encore ce fait intéressant que, chez le chat l'ablation d'un seul lobe frontal, sans faire perdre à proprement parler l'habitude acquise, fail apparaître toutefois un léger retard. Ainsi, un chat qui savait sortin de sa cage en un temps moindre que 5 secondes mit après ablation de lobe frontal droit, 12, 6, 5, 8, 9, &, 3% 6, #, 2 secondes. L'ablation du second lobe frontal, pratiquée, quelque temps après celle du premier, chez un animal habitué etréhabitué, est, au contraire, suivie d’une perte absolu@ de l'habitude et nécessite un apprentissage complet. Nous signalons ces faits intéressants, sans vouloir em tirer de conclusions fermes au sujet des fonctions du lobe frontal. Les expériences et les observations ont été faites avec un grand souci de la précision, etles résuls tats sont assez concordants pour être délinitivemenb notés, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1053 $ 8. — Géographie et Colonisation Croisières aériennes de la « Revue » : | Ascension du 14 novembre. — Sollicitée de continuer ses croisières aériennes au delà de la pé- mriode qu'elle leur avait assignée pour 1902, la Revue “a organisé, en août dernier, puis ce mois- ci, de nou- \ lles ascensions. La relation de chacune n'offrirait probablement qu'un médiocre intérêt. Pour tenir la uriosité du lecteur en éveil à l'égard de ce genre de ort, que nous voudrions contribuer à faire apprécier, suffira, croyons-nous, de signaler les particularités es plus remarquables entrevues au cours de ces pro- enades en ballon. Brusquement, en effet, ces excur- ions dans l'atmosphère nous mettent en présence de hénomènes insoupçonnés, et til ny à pas de doute ue, si l’on S'astreignait à les poursuivre en toute Saison, la Physique du Globe s'enrichirait rapidement de faits nouveaux. sil Le 14 octobre dernier, M. de la Vaulx, — qui exéculait ce jour-là sa soixante-dix-neuvième ascension, — accueillait, à bord de l’£ros, obligeamment prèté par “M. de Castillon de Saint-Victor : M. Félix Chary, le Jeanne Chary, M. Ascoli, agrégé des sciences phy- iques, et le signataire de ces lignes. À 11 heures du atin, l'aérostat s'élevait du Parc de l'Aéro-Club et tpre- de la nue. Le spectacle était celui d'un immense champ de neige, ridé de larges vagues immobiles qui, vers le nord, allaient se perdre dans l'onde calme d'une mer lointaine. La Physique explique-t-elle bien cefte continuité verticale du brouillard et du nuage, que venait de nous montrer notre ascension? Rend-elle compte aussi de cette séparation horizontale, si nette, si saisissante, entre l'air chargé de vapeur humide et l'air relativement sec et chaud où nous venions de pénétrer ? Quel méca- nisme assujettissait les gouttelettes d'eau et leurs enve- loppes de vapeur à former une masse si cohérente qu'aucune brume visible ne s'en détachait ? Un autre phénomène s’offrait aussi à nos regards : L'indéfinie nappe blanche, qui figurait une sorte de sol neigeux au-dessous de nous, présentait, dans toute son étendue, une striation singulière : deux systèmes perpendiculaires d’étroits sillons parallèles déc oupaient la surface du nuage en rectangles allongés, contigus les uns aux autres. À quelles lois obé issaient les parti- cules de vapeur ou les fines gouttelettes d’eau amon- celées en flocons sur les bords de ces plis? À l'échelle restreinte où l’expérimentalion à pu s'exercer, aucune apparence de cette sorte n'a jusqu'ici attiré l'attention des physiciens. Si nous ne nous trompons, ce n'est pas seulement la Météorologie qui bénélicierait des études DÉS" 270 ER RS D DS MS M = P É = | = HE A = ss sn- - Lot a SrSuE = IE Hi Ho EX n ÉHEIL pes al pe a — Altitudes de l'Éros pendant l'ascension du 14 novembre. hait route vers l’ouest. Le brouillard, très intense, éten- dait sur Paris et la banlieue son voile de tristesse, et, de toutes parts, gâtait la vue. À quelque quatre ou cinq “cents mètres au-dessus du sol, à peine distinguions-nous les massifs boisés, le château, le pare et les casernes “le Versailles. 11 fallait fuir en hauteur. Du lest fut jeté. “Mais, à mesure que nous nous élevions, l'épaisseur du brouillard augmentait et sa Son ur se transformait : gris et terne près du sol, devenait, au delà de 0600 mètres, singulièrement Re ee à 700 mètres, “son éclatante blancheur brülait les yeux. Dans cette “éblouissante enveloppe de vapeur qui nous pénétrait ne Sa froide humidité, s'opérait, avec une puissance éque ne sauraient atteindre nos plus grandioses expé- riences de laboratoire, la dispersion desradiations so- “aires. Insensible ment, le ballon continuant à monter, pcet aspect uniforme changea : cà et là, dans la masse jusqu alors homogène du brouillard, que lques centres “de condensation commencèrent à se dessiner, laissant “leviner entre eux de prochaines éclaircies. À mesure “que nous montions, cette différenciation s'accusait “davantage : des masses floconneuses flottaient autour le nous, laissant filtrer entre elles une clarté croissante, pet bientôt notre aérostat, notre nacelle et ses agrès, nos personnes aussi projetaient leur silhouette agrandie Sur un nuage voisin. À 800 mètres, exactement, nous -émergions de cet océan de vapeurs et faisions subite- “nent notre entrée dans le monde Joyeux du Soleil : sous la calotte luisante d'un ciel d° azur, dans une atmo- Sphère épurée, transparente jusqu'à l'horizon, nous glissions mollement au-dessus de la surface ondulée que l’aérostation rend possibles; la Physique y trou- verait, elle aussi, les plus utiles sug gestions. L'obser- vation directe des grands phénomènes de la Nature est le prHAun movens de l'âme du savant, la source pre- mière des problèmes que l expérimentation et les labo- ratoires ont mission de résoudre. Si banales que ces réflexions puissent paraîlre, nous ne pouvons nous empêcher de les exprimer ici. Au ras du sol, elles sembleront, peut-être, naïves et inutiles. Dans le pue même qui les suscite, elles saisissent PÉRAEes bord d'un ballon, quiconque pense ne peut se défendre de cette idée qu'à l'heure actuelle un matériel complet d’aérostation libre devient le com- plément obligé de nos Instituts de Physique. — Voilà, du moins, ce que nous nous disions à nous-même avant d’atterrir à # heures du soir à Nogent-le-Rotrou. 0: Le tour du monde en quarante jours. — Récemment à eu lieu, à Paris, une réunion des direc- teurs des Compagnies de Chemins de fer francais et des représentants des Chemins de fer belges, hollandais, allemands, autrichiens, de la Compagnie internationale des wagons-lits et du South-Eastern and Chataam Rail- way. Cette réunion, provoquée par te représentant du Chemin de fer de la Chine orientale, avait pour but d'étudier les mesures internationales nécessaires pour faciliter le voyage en chemin de fer de Paris à Pékin, pour stipuler en quelles autres villes d'Europe, comme 1 Voyez à ce sujet la Æevue du 30 octobre, p. 951. Londres, Bruxelles, Amsterdam, Berlin, Vienne, Buda- pest et Saint-Pétersbourg, seraient délivrés les billets pour Pékin, Changhaï, Yokohama et autres villes d'Ex- trème-Orient. Il a été décidé que des billets directs sur les villes tanssibériennes et Pékin seront délivrés au Havre et à Cherbourg, que les grandes Compagnies transatlanti- ques desservent plusieurs fois par semaine. En outre, cette Conférence internationale a résolu le problème du tour du monde en quarante jours, car elle s’est montrée disposée à une entente avec les Com- pagnies de navigation (transatlantiques et transpaciti- ques et avec les Chemins de fer transaméricains pour la délivrance de billets aller et retour de Paris à Pékin, avec aller par la voie de l'Atlantique, de l'Amérique et du Pacilique, et retour par le transsibérien ou vice versa. Ces billets de tour du monde permettront de réduire exactement de moitié — 40 jours au lieu de 80 — la durée du voyage effectué par le héros de Jules Verne. ; $S 9. — Enseignement La réforme de l'enseignement secondaire. — L'application des nouveaux programmes et surtout des nouvelles méthodes exige, de la part du personnel enseignant, des efforts qui sont toujours consciencie sement faits, mais qui risqueraient d'être vains s'ils n'étaient coordonnés par des idées bien précises. C'est dans ce but que M. Liard, vice-recteur de l'Académie de Paris, à décidé d'organiser des réunions de profes- seurs du même enseignement, dans lesquelles MM. les Inspecteurs généraux exposeront nettement la direction à donner aux divers enseignements. Nous rendons comple aujourd'hui de la réunion des professeurs de langues vivantes, et, dans le prochain numéro de la Revue, nous parlerons de celle des professeurs de sciences physiques et naturelles. La réforme de lenseignement des langues vivantes n'est pas qu'un simple changement de programme; c'estun renversement complet des principes, une expé- rience lotalement nouvelle, presque une révolution. M. le Vice-recteur à montré comment les reproches de l'opinion publique, les dépositions devant la grande Commission parlementaire, le Rapport Ribot, avaient rendu nécessaire l'abandon de la méthode de l'ensei- gnement secondaire des langues vivantes. La réforme était demandée de tous côtés; aussi le Ministre s'y est résolu. « L'objet de l'enseignement des langues vi- vantes, dit le projet de réforme du Ministre, doit être lacquisition ellective d'un instrument dont l'usage puisse être continué après la sortie du lycée ou du col- lège, soit pour des besoins pratiques, soit pour des études littéraires, soit pour l'information scientifique. » La réforme est aujourd'hui un fait accompli, et, dès la rentrée, du moins pour les classes de sixième et de cinquième, les nouveaux principes ont été appliqués. M. Firmery, inspecteur général, a analysé minutieu- sement ce que devait être désormais, dans nos lycées et dans nos collèges, la classe d'allemand ou d'anglais. C'est surtoutsur les classes de sixième et de cinquième, classes où arrivent les élèves nouveaux et où com- mencent les cours, que la nouvelle méthode peut être appliquée intégralement. Celle-ci peut se résumer ainsi: A l'enseignement de la langue vivante par le français, par le livre, par la traduction, sera Substitué totale- ment l'enseignement direct, par la parole, le geste, l'image, et dans la langue nème qu'on veut enseigner. La classe d'allemand ou d'anglais ne doit ressembler . à aucune autre : les murs seront couverts d'affiches, d'images, qui aideront le professeur à créer autour de ses élèves comme une atmosphère artilicielle; le pro- fesseur parlera, tout de suite et constamment, en alle- mand ou en anglais, et, s’il a besoin, n'étant pas compris, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de parler francais, il ne parlera francais que pend quelques minutes, sans mélange des deux langues, sa traduction. Sans doute, les premiers temps, les 61èv ne comprendront guère et ne parleront pas; d'où nécessité de leur donner d'abord un vocabulaire, do les mots leur seront fournis non par un livre, mais p les objets qui sont dans la classe, par des images, par objets dont ils ont l'habitude de se servir. « Mais, a-t- dit, c’est de l'allemand de garcon d'hôtel, de l'allema de bonne! » Peut-être, mais c'est sur cette base ind pensable que l'on pourra ensuite construire l'édifice Avec le vocabulaire, il faudra d'abord apprendre prononciation. Car la marche à suivre est celle-ci apprendre à parler, puis à lire, puis seulement à écr C'est exactement le contraire de la marche qu'on su vait. Il faut surtout surveiller la prononciation; aucun cas, elle ne doit étre défectueuse. EL a langue fran caise étant dépourvue d'accents rhytmiques, un Françal prononcera mieux les langues allemande et anglaise qu'un Allemand ou un Anglais ne prononceront la frar caise. La seule difficulté, pour la prononciation, d'ordre physiologique :les langues allemande et anglai exigent des cordes vocales un travail que la nôtre demande pas. C'est là un obstacle naturel, qui se vaincu par des exercices matériels dans lesquels le pr fesseur s’efforcera de donner de bonnes habitudes aux élèves. Dès que l'élève saura assez de mots pour posséde les éléments d'une phrase, le professeur portera alor tous ses soins sur la correction grammaticale. Ici encore pas de livre, pas de copiage de règles interminables Le professeur écrira au tableau noir des mots déjà connus, les unira par toutes les relations possibles et fera Jjaillir, de ces exemples, la règle devenue lumis, neuse. Il faut éviter que l'élève ne parle nègre, ce quis pour un jeune Francais, consiste à mettre tous le verbes à l'indicatif présent. Pour exercer l'élève à toute les formes de conjugaison, M. Firmery conseille au pro fesseur d'allemand de tutoyer ses élèves, ce qui est} d'ailleurs, la règle en Allemagne. Ainsi donc : plus de textes; presque plus de leçons ni de devoirs. La lecon ne consistera qu'en un cour texte dont les élèves auront déjà appris tous les mots: Le devoir, au début et pendant longtemps, ne ser qu'une copie des vocables appris en classe, puis ce sera un exercice grammatical, analogue à ceux des classe primaires. Pendant la première période de l'enseignement (classes de sixième etde cinquième), laconversation doi être l'exercice continuel: une heure chaque jour; dans la seconde période (classes de quatrième el de troisième) la place principale appartient à la lecture, mais la con versation ne disparait pas pour cela : elle devient plus naturelle; enfin, dans les classes supérieures (seconde et première), ce sont les textes qu'abordera l'élève, qui, pour avoir commencé à apprendre L «allemand de garçon d'hôtel », saura assez la langue étrangère pour pénétrer la littérature de cette langue. C'est alors, mais alors seulement, que l'enseignement de la langue vivante, crâce à ses débuts terre à terre, aura vraiment une valeur éducative, et pourra être mis en parallèle avec l'enseignement des langues mortes. En terminant sa conférence, M. Firmery à annoncé qu'un essai intéressant allait ètre tenté, d'abord ax Lycée Lakanal : un étudiant allemand y recevrait le cous vert et une chambre; pendant les récréations et le jeux, il se mêlerait aux élèves, et converserait avec eux: dans sa langue. C'est le système des répéliteurs indi-= gènes. En somme, voilà faite une réforme attendue depuis longtemps par le monde scientifique et le monde des affaires; nous espérons qu'elle sera le point de dépar d'une ère nouvelle dans la connaissance des langues vivantes. I. — INTRODUCTION. 11 faut que l'Exposition de 1900 soit la philosophie et la synthèse du siècle. ALFRED PICARD. Il n'est pas de produils auxquels s'appliquent eux les paroles de l’homme éminent qui a présidé ‘organisation de ce que fut l'Exposition interna- ionale de 1900, que ceux qui appartenaient à la asse 87. Sous une forme sobre et élégante, celte Exposition donnait bien une image fidèle de la production, à fois scientifique et industrielle, d'une période ininter- rompus. A peine érigée en science exacte, à l'aurore du xx° siècle, la Chimie a, en effet, progressé à pas de Gant durant cet intervalle qui nous sépare de époque de Lavoisier, et les nations qui ont con- ribué à en poser les assises sont aussi celles qui, “dans ce tournoi internalional, en ont montré les -résullals les plus brillants. « Parallèlement à l'exposition des produits de eur industrie, quelques pays ont montré, avec une Jégilime fierté, sous la forme d'appareils, d'instru- ments et de produils originaux ayant appartenu ‘aux hommes qui ont illustré la science par leurs ‘découvertes, la part qui revient à leurs nationaux dans cette évolution rapide qu'a subie la Chimie depuis un siècle. . L’Exposition rétrospective francaise était parli- -culièrement riche en objets historiques, véritables reliques qui évoquaient, avec une émotion mêlée d'un profond respect, les noms de nos esprits les plus élevés, de ceux auxquels la science chimique doit la plupart de ses lois fondamentales. Qu'il nous suffise de ciler ceux de Lavoisier, le fonda- teur de la Chimie moderne, de Gay-Lussac, Thé- nard, Chevreul, Regnaull, Pelletier, Robiquet, Gerhardt, Laurent, Balard, Dumas, Pelouse, Kuhl- . ‘M. A. Haller nous communique les bonnes feuilles de l'Introduction à son Rapport sur les Arts chimiques et la Pharmacie à l'Exposition de 1900. Ce Rapport, dont la mai- | -son Gauthier-Villars a entrepris la publication sous le titre: « Les Industries chimiques et pharmaceutiques », compren- dra deux volumes in-8° de plus de 906 pages, avec 405 figures, et est actuellement sous presse. Nous en rendrons compte au moment de son apparition. (N. de la D.) A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 1055 LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE PARIS (1900) ‘ PREMIÈRE PARTIE : ALLEMAGNE mann, Frémy, Guimet, Boussingault, H. Sainte- Claire-Deville, Debray, Wurtz, Pasteur, Schutzen- berger, Friedel, Grimaux, ete., pour ne parler que des savants qui ne sont plus, et l'on aura une idée de l'intérêt qui s'allachait à celte Exposition ‘. De son côté, mais sous une autre forme, l'Aïle- magne a également (enu à montrer la contribution que ses savants ont apportée à Ja science; et, sous les auspices de la Société Chimique de Berlin, elle a exposé, dansl'ordre chronologique et sous dix rubri- ques différentes, des spécimens de produits dont la découverte marque une date importante dans le développement de la Chimie durant le siècle qui vient de s'écouler. C’est ainsi qu'on a eu sous les yeux, non pas avec le même caractère d'authenticité et d'originalité qu'en France : 1° Des produits appartenant à la grande industrie chimique, comme l'aluminium {Wéæhler), le cad- mium (Stromeyer et Hermann), le magnésium (Bunsen), l'anhydride sulfurique par la méthode de contact (Cl. Winckler), le brome, découvert en France par Balard, mais retrouvé dans les eaux- mères des sels de Stassfurt par Franck ; 2° Des couleurs minérales, comme le bleu d'ou- tremer artificiel, dont la découverte est attribuée, par la nolice allemande, à Gmelin, alors qu'il est parfaitement démontré aujourd'hui que Guimet avait reproduit celte couleur indépendamment du chimiste allemand et bien avant lui; les outremers violets, roses el verts, préparés par les fabriques de Nuremberg; le vert de Schweinfurt, trouvé par Russ et Satller; le jaune de cadmium de Siro- meyer, etc. ; 3° Quelques préparations employées en photo- graphie, comme l'iconogène (W. Andrewsen), les plaques isochromatiques de H. W. Vogel; 4° Des produits servant à la préparalion des allu- metles ou encore des explosifs : coton-poudre (Schünbein), sécurite (H. Schüneweg), roburite (K. Roth), carbonite (Schmidt et C. Bichel), ete.; ! Cette Exposition rétrospective, qui a l'ait l'admiration du monde scientifique tout entier, a été l'objet d'un travail très soigné de la part de MM. Troost et Lefebvre, président et secrétaire du Comité d'admission de la Classe 87. Dans un élégant volume, MM. Troost et Lefebvre ont donné la liste des appareils, instruments, ouvrages el produits, ainsi que la biographie des auteurs auxquels avaient appartenu ces objets. Cette publication, éditée chez M. Belin, nous con- traint à ne pas nous appesantir davantage sur ce sujet. 1056 5° Des produits utilisés pour l'éclairage : carbure de calcium (Wéæbhler) ; 6° D'autres, employés dans la fabrication du papier : päte de bois (Keller) ; 1° Des parfums de synthèse, comme le pipéro- anal (R. Filtig et Mielck), la vanilline (F. Tiemann et W. Haarmann), le musc artificiel {A. Baur), l'ionone (F. Tiemann el P. Krüger) ; S° Toute une série de préparations employées en Pharmacie, parmi lesquelles nous nous bornons à mentionner le chloroforme (Liebig), le chloral (Liebig), le sulfonal (E. Baumann), la cocaïne A. Niemann), l'antipyrine (L. Knorr), l'aldéhyde formique (A. W. Hoffmann), la saccharine (Fahl- berg), etc. ; 9° Un ensemble de matières premières pour la fabrication des colorants artificiels : amines aro- maliques, phénols, acides sulfoniques, ele. ; 10° Une collection très riche de matières colo- rantes dérivées du goudron de houille el apparte- nant à toutes les classes de ce groupe important de prod uils organiques. Sous la direction de M. le Professeur Bauer, de Vienne, membre du Jury de la Classe 87, l'Autri- che s’est aussi attachée à grouper, dans son exposi- tion rétrospective, une série de produits et appa- reils de quelques-uns parmi les plus marquants de ses hommes de science du passé, et a montré, sous leur forme originale : les appareils de Natterer pour la liquéfaction de l'acide carbonique et la compression du gaz; un échantillon de vert Mitis trouvé en 1797 (alors que le vert de Schweinfurt, qui lui est identique, ne fut découvert qu'en 1814) ; une collection de couleurs à l’urane, d’un si grand intérêt pour l'industrie du verre et de lacéramique ; de superbes cristaux de tellure extraits de la syl- vanite (tellurure d’or) et de la nagyagite (tellu- rure d'or et de plomb}, qui se trouvent dans les minerais de Nagyag ; le premier spécimen de phos- phore amorphe préparé par Schrælter ; enfin, quelques produits lirés du goudron de bois par Reichenbach, et, en particulier, de la paraffine. Il est regrettable que la Grande-Bretagne, si riche en souvenirs de loute nature et dont la lignée des savants, depuis Priestley, Cavendish, Davy, Faraday, etc., jusqu'aux chimistes actuels, a si puissamment contribué aux progrès de la science chimique, n'ait pas cru devoir nous montrer quel- ques-unes de ses reliques, témoins d'un passé des plus glorieux dans les fastes de l'histoire de nos connaissances. Toule industrie, de quelque nature qu'elle soit, a pour but l'utilisation, la mise en valeur des matiè- res premières que nous fournit la Nature sous les aspects les plus divers. Or, si, par suile du pays inème où elle s'est tenue, l'Exposition de Chicago A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 brillait surtout par son étalage des richesses natu-4 reiles que fournit directement, et sans grand'peine le sol si fécond des États-Unis, l'Exposition inter: nationale de 1900 avait un lout autre caractère. Sans doute, les matières premières et, en ce qu nous concerne particulièrement, celles produit par les colonies françaises et étrangères, ainsi q celles de ces mêmes États-Unis, n'y ont pas fi défaut; mais elles n’ont pas altiré l'attention mème degré que les produits fabriqués, que ce qui sont dus au génie et à l'esprit inventif de hommes de science et des techniciens. Il ne pou», vait, d’ailleurs, en être autrement. Située au centre même de la civilisation euros péenne, dans le pays qui, à tous égards, à été, à moment, à la tête de tous les progrès accomplis dans le domaine intellectuel comme dans le do maine moral, il était tout naturel que cette Expos sition fût surtout une démonstration, vivante el langible, de l’œuvre immense réalisée, au cours. du xix° siècle, par l'initiative et Le labeur constat des esprits les plus élevés et des intelligences lesw plus remarquables des principales nalions de. l'Ancien Monde. } Comme toutes les autres expositions, celle dess produits chimiques et pharmaceutiques a donc” surtout été une exposition de produits fabriqués, laquelle ont participé toutes les nalions où l'indus trie chimique a pris racine, sous une forme ou sous une autre. Sans vouloir atténuer l'importance de la partici pation de certaines d’entre elles à ce concours, n amoindrir le mérile qui leur revient, nous devons cependant conslaler à nouveau que ce sont les nations dont la production intellectuelle a été la plus intense et la plus féconde aux diverses pé riodes de l’évolution de l’industrie chimique, qui ont remporté les succès les plus marquants dans ce tournoi international. Réduit à la France et à l'Angleterre dans la pre= mière moitié du siècle dernier, le champ clos de l'industrie chimique s'est singulièrement élarg depuis cinquante ans, et, nous n'hésitons pas à le déclarer, ce ne sont pas les champions de la pre= mière heure qui, à l'heure présente, tiennent le record. Sous ses aspects multiples, l'industrie chimique est actuellement circonserile entre trois nations, sk l'on prend en considéralion son rayonnement dans le monde ou, pour être plus précis, la part qu'elle prend dans la production générale du globe. Ge sont, en effet, l'Allemagne, la France et la Grande= Bretagne qui, outre leur marché intérieur, sem blent alimenter, à des degrés divers, les peuples qui n'ont pas d'industrie nationale, en produits: chimiques et pharmaceutiques. Les exportations: ; | | ; auxquelles ces trois nations se livrent en sont la preuve manifeste. …_ Or, si la prospérité d'une industrie se mesure à | étendue de sa production et aux transactions auxquelles elle donne lieu, nous sommes contraint de reconnaître que l'industrie allemande occupe le | premier rang à ces divers points de vue. | De ce que nous venons d'exposer, il ne faudrait cependant pas conclure que l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont le monopole exclusif de à fabrication de tous les produits chimiques. Ce erait, en effet, aller au delà de notre pensée que le croire qu'aucune autre nation n'est en mesure entrer en lice pour tout ou partie de ces produits. i, chez beaucoup d’entre elles, l'organisation de industrie n'a pas acquis l'ampleur qui caractérise celle des trois peuples envisagés, il faut convenir ue certaines industries particulières y sont cepen- ant très développées, parfois même plus dévelop- ées que dans les pays que nous avons cilés. _ Les États-Unis, par exemple, produisent actuel- lement plus de sels de soude que la France; d'autre part, la Suisse fabrique incontestablement plus de matières colorantes artificielles que notre ays et l'Angleterre réunis, grâce à la légion de chimistes dont elle dispose, et au privilège qu'elle loctroie libéralement de ne pas laisser protéger chez elle, par des brevets, les découvertes faites à l'Étranger, ce qui lui permet deles exploiter sans payer aucune redevance aux inventeurs. Nous _ encore mentionner l'{talie, dont le com- merce de soufre et d'huiles essentielles dépasse de beaucoup celui de l'Allemagne et de l'Angle- terre, par suite de circonstances géologiques et climatériques spéciales. La Russie elle-même, si privilégiée au point de vue des richesses naturelles, qu'il s'agisse de sources de pétrole, de gisements “de minerais ou de produils purement agricoles, se voit obligée, pour en tirer tout le fruit, d'organiser “son industrie chimique et de la développer sur une £rande échelle et dans toutes les directions. Les elrorts qu elle a faits durant ces dernières années et les résultats qu'elle a déjà obtenus font présager “en elle une concurrente redoutable, dans un ave- nir qui n’est peut-être pas très lointain. Ce serait done une fàcheuse illusion de croire “que les peuples qui ont été les créateurs et les ins- Mpirateurs de ce mouvement industriel dont le “xIx" siècle a été le témoin puissent conserver, sans “de nouveaux efforts, la place qu'ils ont conquise “à force d'initiative et de travail. | L'exemple donné par l'industrie chimique alle- “mande depuis une trentaine d'années justifie à “lui seul l'appréciation que nous suscite ce réveil de “l'activité productrice dans les différentes régions “du Globe, et l'essor que cette industrie a pris chez 4 L.: : HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 1057 nos voisins montre ce que peut un peuple qui a su mettre au service d’une volonté lenace cel outil merveilleux : la science alliée à la lechnique. Nous venons d'esquisser à grands traits la situa- tion respective qu'occupent, sur le terrain de la production chimique, les principales nations qui se sont fait représenter à l'Exposition de 1900. Voyons maintenant quel est le degré de dévelop- pement de l'industrie chimique de chacune d'elles et les causes principales qui ont contribué à ame- ner, soit la prospérilé chez les unes, soit la dé- chéance chez les autres. Hâtons-nous de dire que nos appréciations n’ont pas pour unique base la facon plus ou moins bril- lante avec laquelle l'industrie des pays dont il sera question a figuré à l'Exposition, mais un ensemble de renseignements lirés de documents publics, ou recueillis à la suite d'enquêtes failes personnelle- ment. Si, sous sa forme collective, l'exposilion alle mande a pu donner une idée approchée de l'am- pleur, de la diversilé et du caractère scientifique de son industrie, il n'en a pas élé de même des expositions de l'Angleterre, de l'Autriche, de l'Italie, de la Russie, ele. Ces dernières ont été beaucoup trop restreintes pour donner une image fidèle de l'état de développement des fabrications qu’elles représentaient, II. — PRÉPONDÉRANCE DE L'INDUSTRIE CHIMIQUE ALLEMANDE. La prépondérance de l'industrie chimique alle- mande est un fait reconnu et indiscutable. Il serait puéril de le méconnaitre. Il suffit, d'ailleurs, de jeter les yeux sur l’ensemble de sa produc- tion et sur la progression qu'ont suivie ses expor- talions depuis une vingtaine d'années. D'après les données fournies par M. O. Witt dans la très intéressante brochure qu'il a publiée à l'occasion de l'Exposition, la valeur de la production totale de l'industrie chimique allemande, en 1897, s'éle- vait à 947.902.645 marks, soit 1.184.878.306 francs. Depuis cette époque, si nous nous en rapportons aux exporlalions, la production a encore augmenté. Bien que ce chiffre soit un relevé officiel, fait par le Ministère de l'Intérieur, et qu'il n'ait rien de surprenant, étant donnée l'extension énorme qu'a prise l'industrie chimique chez nos voisins, il est cependant difficile à contrôler. Il n'en est pas de même de ceux qui figurent dans les documents statistiques publiés par l'Administralion des |- Douanes de tous les pays. Les différents relevés que nous avons faits dans ceux de l'Empire alle- mand nous renseignent, sinon d'une facon rigou- reuse, du moins assez approximativement sur la 1058 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 progression, sans cesse ascendante, qu'ont subie ces échanges depuis vingt ans. Dans le tableau I, nous divisons les produits en matières premières et en produits fabriqués, et TABLeau 1. — Transactions globales comprenant les matières premières et les produits fabriqués qui ressortissent de l'Industrie chimique et de la Pharmacie, en Allemagne. IMPORTATIONS EXPORTATIONS + valeur en 1.000 marks | valeur en 1.000 marks en tonnes de 1.000 kilogs en tonnes de 1.000 kilogs Matières premières. 1880. . 1881. . 1882. . IRD soi 5 31 1884. . > 512. 4£ 43 18850050 22,664 23 CRE 557.696 18 1887. . 126 1888. . 143. 1889. . 160. 1890. . 149. 1605. 156.596 163.800 164.600 168.877 170.516 176.640 176.330 207.470 218.420 220.939 111.682 119. 135 620 844 4.475 -003 -590 .687 .026 .36% 241.997 .345 2 35 072 128 341 s3l 938 050 1901. à Produits fabriqués. | 1880. 1881. . 1882. . 1883. 193.726 200.052 185.189 : 188.628 1884. . LOC T2 IMSBT 10 192.067 lHSB651 1.00 | 118.30% | 1887. . 180.705 1888. . 195.050 1889. . 1890. . 1891. . 1892. - | 1893. . 1 1894. . 1895. . 1896. . 1897. . 1898. . 1899. . 1900, . 1901 102.344 111.922 120.767 114.928 110 681 97.647 817.158 93.384 99.50% 106,620 111.936 99.620 109.7r9 109.300 106.900 110.937 105.250 109.68 104.627 109.693 112.945 110.654 1.080 nous conslalons que, si les importalions des matières premières ont loujours dépassé et dé- passent de plus en plus les exportations, l’in- verse à lieu pour les produits fabriqués. Depuis 1880, l'importation de ces derniers est restée sta- tionnaire, comme valeur, tandis que les exporta- tions n'ont fait qu'augmenter el comme quantité elcomme valeur, l'industrie chimique pendant les dernières périod décennales, avec les totaux des importations et des exportations (Tableau Il). faites l'Empire au commencement de la dernière décade et à la fin. qués, leur valeur représentait, en 1891, le 1/12 de la valeur totale des marchandises exportées en dehors de l'Empire, et en 1901 ce rapport est resté le même’, Les chiffres sont suffisamment élo quents pour se passer de tout commentaire. III. — CAUSES DE LA PROSPÉRITÉ DE L'INDUSTRIE CHIMIQUE ALLEMANDE. d'ordre économique et d'ordre scientifique. En 1870, époque à laquelle les esprits claït voyants commençaient à percevoir netlement Je divers sectionnements qu'allait subir l'industri chimique, sous l'impulsion des tentatives et de succès réalisés d'abord en France et en Angleterre l'Allemagne était déjà organisée et outillée, auss bien matériellement qu'intellectuellement, pou lirer parti des résultals obtenus à l'Élranger pour profiter, en même temps, du prestige que li donnaient ses victoires. Il est, en effet, impossible de prétendre que Île condilions poliliques nouvelles, conséquence d'unt guerre heureuse, ne sont pas pour quelque chost les exportations des produits chimiques ont subi une augs mentation de plus de 10 millions de marks. (er! _ _ = — De] Se D'EIC'Y 009 &CL'# S'GEEE * (SIT (00'7 Ua) SuorjuyJodxo sap afejoy anoçuA || O00£ OIL G 000 £F0°9 007607? * (SxTUU 000'j u2) suoreiodur s2p 21107 ANA 106Y 0067 1687 1067 0067 IGSY =] = 3INOVNWN 377% N3 S33LHOd4dX3 NO SF31LHOAMNI SISIONVHONVM S37 SILNOL 30 31VLOL HNI71VA nl [ea | _ = == = = — = _— — — — ——- — = — A 99€" 807 LY9"L6€ 9LG° 866 | 66L 096 Y19°#06 RO dt, SE RSUO1BIA Ixo Sap xn8])0L PAYS €Y9"6yr GIE "801 É 1eQu?s ua sina[no0o ‘soiouo ‘saaniurad anod xt 9LL'8F L99'S8F SYY PT ‘UOIpnos np, UOrEIITISIP ET #P synpourd ja u 086°8F j Ce Pa CUT CI D © saeunt|e 26€" &l S6c €} GY£ 5 D 0 9 + * © © s91]09 79 sanber ‘sIuI9A ‘sautsai op sa[mI] 660 888 06 1GY°G7 794 °Y€ “OHoUNpI depanod Jo xneu 1s}impoud ‘sa9u98s0 ‘S191J4 LL TO ES SET 069" FIT 96%" 66 OYG'ETT VYSCLOT | 688 GI onbriqe] SIMpOId dresse eee eee: + + soqueuur) SOIN A : ! 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L'industrie de la Grande-Bretagne est encore beau- coup plus atteinte que la nôtre, el, cependant, avant 1900, les Anglais n'avaient pas de défaites à invo- quer pour donner une explication plausible à la dépression commerciale sur laquelle ils gémissent depuis vingtans. Mais, chez eux, comme en France, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Le succès de ses armes à eu pour conséquence de donner au peuple allemand plus d'assurance et de développer ses facultés entreprenantes. L’essor vigoureux qu'a pris son industrie en général date, en effet, de cette époque. Plein de foi dans ses des- linées, s’en rapportant avec une entière confiance à ses gouvernants, le monde des affaires vit dans une sécurité complète et n’a pas les inquiétudes qui assaillent les peuples qui sont exposés aux fluctuations d'une politique qui devient ruineuse à force d'être changeante. Sûrs du lendemain, les industriels allemands n'hésilent pas à entreprendre des affaires à longue échéance, certains qu'ils sont d'être encouragés et soutenus par ceux qui les administrent. L'Empereur effets de la concurr d'Allemagne, malgré ses allures parfois déconcertantes, à un sens trop net des avantages et de la gloire qu'il pourra tirer éven- tuellement de l’industrie, si elle est florissante, pas lui accorder loute sa sollicitude. Ne trouvera-t-il pas en elle les ressources et l'appui nécessaires pour mettre pour ne à exécution, quand il jugera le moment opportun, ses desseins les plus secrels et ses projets les plus chers ? Sans doute, son gouvernement est obligé de composer de temps à autre avec les agrariens: mais, malgré la dissimulation qu'il y mel, on voit bien clairement que loutes ses préférences sont pour l’industrie et le commerce. Il ne saurait, d'ail- leurs, en être autrement dans ce pays dont une grande étendue est peu propre à la culture, qui possède des richesses houillères et minières consi- dérables et dont la population ne cesse de s'ac- croitre. Cel intérêt constant que les Pouvoirs publics témoignent à l'industrie allemande a puissamment contribué à fortifier chez ses représentants celte confiance qu'ils ont en eux-mêmes depuis trente ans. Nous pourrions même ajouter qu'il a peut-être trop excité ses convoilises, car la crise qu’elle tra- verse actuellement n'est qu'une conséquence iné- luctable d'une sorte de griserie, à laquelle il faut. ajouter un manque de prévoyance. Pour avoir eu trop d'assurance, les industriels allemands ont cru qu'il était en leur pouvoir de subjuguer tous leur concurrents et de s'emparer de tous les marchés, De là des témérités, des audaces, qui devaient fata- lement aboutir à des mécomptes. La pléthore même: de forces intellectuelles nouvelles et pleines d'ini- tiative, que mettent périodiquement en circulation les écoles supérieures, n'est pas sans avoir exercé, de son côté, une influence sur la crise actuelles Désireux de faire fructifier le capital-savoir dont ils. disposent, et aussi éblouis par les succès qu'ont: remportés leurs aînés, les jeunes techniciens sus citent la création de nouvelles affaires, sans se. préoccuper des débouchés, amènent ainsi la | surproduction. C’est surtout de ce fléau que souffre. l'industrie en général, et celle de l'Allemagne en parliculier. « Parmi les diverses causes d'ordre moral qui ont contribué à la prospérité de l’industrie alle- mande, nous devons signaler en première ligne le qualités mêmes du peuple allemand, son espri pratique et non pas idéaliste', comme on l'a er longtemps en France, son talent d'organisation, a notion très juste qu'il possède de l'utilité d'une. division rationnelle du travail, son esprit de suite, ses habitudes de discipline, qualités auxquelles i faut ajouter un immense désir d'acquérir lasupré=. matie en toutes choses, une assurance non dissi- mulée de la supériorité intellectuelle qu'il croi avoir, un discernement judicieux dans l'art de ke réclame, une persévérance dans la lutte, qui. touche parfois à l'äpreté, ele”. » Toutes ces qualités, comme les travers qui les accompagnent, l'Allemand les met au service d son industrie. L'organisation remarquable des grands établi sements de produits chimiques, de matières colo= rantes, voire même de parfums, s'impose à l’admi ration de tous ceux qui ont eu l'occasion de les visiler. De même qu'au fronton de certaine di leurs écoles*, on pourrait inscrire à celui de ces. grandes Mens agitat molem. 1 Dans ces immenses ruches, où l'on n'est définiti= | et usines : ‘ « La vie de l'esprit, disait, il y a quelques années, un des professeurs de l'Université de Berlin à M. Georges Blon= del, est à demi morte-en Allemagne. Les hautes spécula- tions n'intéressent plus personne. La science pure semble éclipsée par toutes ses applications pratiques qui, sans doute, sont sorties d'elle, mais qui la font oublier à beaucoup; de sorte qu'on peut craindre que ce positivisme scientifique, dont nous sommes si fiers, ne finisse par tarir peu à peu la source même où il doit forcément s'alimenter. » (L'Essor commercial et industriel du peuple allemand, par M: G& BLONDEL.) ? A. Hazrer : Rapport sur l'Exposition de Chicago. 3 École Polytechnique d'Aix-la-Chapelle. vement attaché qu'à la suite d'une sorte d’épreuve, de stage, qui permet aux chefs responsables de faire une véritable sélection parmi les nombreux aspirants aux places de collaborateurs, chacun ceupe la fonclion qui convient à son savoir, à ses aptitudes et à ses qualités d'iniliative. Dans toutes, la direction supérieure est confiée à une trilogie composée d'un chimiste, d'un ingé- nieur et d'un commercant ayant fait leurs preuves et possédant chacun sa technique spéciale. C'est à La plupart de ces grandes usines comprennent un service spécial affecté aux brevets et dirigé par un chimiste jouissant d’une certaine notoriété par ses travaux personnels et ses connaissances techni- ques. Il est secondé par plusieurs juristes, atta- “chés à l'établissement, et auxquels on a fait donner une certaine éducation chimique pour qu'ils soient familiarisés avec la langue scientifique. . À côlé de ce service, et en connexion étroite avec lui, se trouvent des laboratoires de recherches dont le nombre coïncide avec les divers comparti- ments en lesquels se trouve partagée la fabrication. Inutile d'ajouter que tous ces laboratoires ont, Soil comme appareils, soit comme matériel el pro- duits, une organisation à laquelle ne peuvent ätteindre les établissements scientifiques universi- aires les mieux outillés et les mieux dotés!. Une bibliothèque centrale, comprenant tous les pério- diques, tous les traités relatifs à la Chimie et aux Sciences annexes qui se publient dans le monde entier, se trouve à la portée des chercheurs, qui peuvent ainsi rester au courant des progrès de la Science, sans quitter l'usine *. compartiment de la teinture, qui possède toute la érie des appareils à teindre ou à imprimer sur Die, laine, coton, papier, cuir, etc., et dont la irection incombe à un chimiste qui s'est spécialisé as celte branche des applications. S'agit-il, au nlraire, d'un corps auquel, par suite de sa cons- Rien qu'en verrerie de laboraloire et en porcelaine, la ociété Badoise de Ludwigshafen ne dépense pas moins ..de:125.000 francs par an. 2 La bibliothèque des Farbenfabriken vorm. Fred. Bayer Elberfeld-Leverkus, constituée en partie par celles de Kekulé et Victor Meyer, ne comprend pas moins de 000 volumes et 23.000 brochures, thèses, etc. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 4061 titution, on impute des propriétés thérapeutiques, il est adressé au service médical annexé à l'usine, service qui comporle médecins, pharmaciens et vétérinaires, munis de lous les éléments néces- saires pour soumettre ce Corps à une expérimen- tation physiologique sur les animaux les plus divers; quand les corps nouveaux ont subi ces premières épreuves, ils sont préparés sur un pied semi-industriel el versés dans le commerce, accom- pagnés de leur certificat d’origine et de leur mode d'emploi. Ce n’est qu'à la suite d'un succès bien constaté auprès des consommaleurs, que la maison en entreprend la fabrication en grand et qu'elle fait les frais que comporte son extension. Rien n’est alors négligé pour exalter les avan- tages du nouveau produit. Une publicité très large, sous la forme de cireulaires et de brochures, revé- lant loujours un caractère plus ou moins scienti- fique, est d’abord faite autour de ce produit. Puis, des échantillons, — avec manière de s'en servir rédigée dans toutes les langues, asiatiques (chi- nois, japonais, persan) aussi bien qu'européennes, — sont adressés aux établissements ou aux per- sonnes qui peuvent devenir des consommateurs. De plus, des voyageurs, tous chimistes accom- plis, ayant fait, comme tels, un stage de plusieurs années dans les divers compartiments de l'usine, visitent périodiquement la clientèle et font res- sortir auprès d'elle, avec l'assurance que donne la connaissance exacte de sa nature chimique et de ses propriétés fondamentales, les qualités de la marchandise qu'ils ont à placer et les avantages que l'industriel peut en tirer. Tous les moyens sont, d’ailleurs, employés pour prendre racine sur le marché d'une région. On connaît la souplesse, l'habileté, voire même l’humi- lité avec laquelle l'Allemand sait s'insinuer chez celui dont il veut capter la confiance. On n'ignore pas non plus avec quelle facilité et quel sens pra- tique il sait modifier les articles pour les conformer aux mœurs, aux habitudes et au désir de l’ache- teur. À l'encontre de ce qui se pratique en France et en Angleterre, il ne cherche en aucune façon à imposer ses goûls ou ses préférences person- nels, l'unique but qu'il poursuit étant d’écouler ses produits. Il est, d'ailleurs, soigneusement tenu au courant des besoins de lous les marchés du monde, non seulement par ses consuls et le per- sonnel technique qui les entoure, mais encore par le nombre toujours croissant de ses compatriotes * qui émigrent sur tous les points du Globe et qui sinon de rabat- constituent autant d'indicateurs, teurs d'affaires *. a] ; l du peuple all 4 commercial et industriel du peuple allemand, 257. 260, etc. 1 Voir Essor de M. Georges Blondel, p. 200, 3 Qu'il soit professeur, ingénieur, commerçant ou simple 1062 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 Pour évincer le concurrent étranger qui à pris position, qui est ancré dans la place, il commence par offrir des produits inférieurs et à meilleur marché. Une fois maitre de la situation, il cherche à la conserver en améliorant ses produits et en mettant à la disposition de l'acheteur et son savoir el son expérience. Il n'est pas rare, en effet, que l’ap- plicalion d'une nouvelle matière donne lieu à des difficultés ou à des accidents de fabrication. Que ces derniers soient imputables au produit employé ou qu'ils tiennent à toute autre cause, aussitôt la maison qui à fourni ce produit met son personnel scientifique et technique à la disposition de l'in- dustriel pour étudier la nature de l'accident, son origine et ses remèdes. Il s'établit de la sorte un lien de plus en plus étroit entre le consommateur et le producteur, lien cimenté par des services d'ordre scientifique et d'ordre pratique que ce der- | nier rend à son client. IV. — ESPRIT D'ASSOCIATION. Comme nous l'avons déjà fait remarquer, le peuple allemand possède, en outre, à un très haut degré, l'esprit d'associalion, et sait tout le parti qu'on peut tirer du groupement méthodique des forces vives qu'il a à sa disposition. Ainsi la création, à la suite du décret de 1881, d'une Association professionnelle de FIndustrie chimique (Berufsgenossenschaft der chemischen Industrie), dont le but est de s'occuper de toutes les questions relatives à l'assurance contre les accidents, d'exercer un contrôle sévère, d'écarter à temps tous les dangers qui peuvent se présenter, d'établir les statistiques, etc.; l'institution de la Sociélé pour la défense des intérêts de l'Industrie chimique (Verein zur Wahrung der Interessen der chemischen Industrie Deutschlands); lion l’organisa- allemands (Ve- anciennement für angewandle Chemie), de cette industrie une puissance el, en même temps, une autorité qui lui permettent de mettre en action des moyens que des individualités raient aborder. de la Société des chimistes Chemiker, Gesellschaft rein deutscher die deutsche l'ensemble assurent à une cohésion, isolées ne pour- L'Association professionnelle de l'Industrie chi- | mique, pour vérilier si les condilions de sécurité sont remplies dans les diverses usines, a créé dans ouvrier, les relations que l'Allemand qui habite l'étranger adresse aux journaux de la mère-patrie renferment tou- jours, à côté de considérations générales sur la nature du pays, les mœurs et les besoins des habitants, quelques con- seils sur la manière de s'y prendre pour créer des débou- chés à l'industrie allemande. Voir, à cet égard, les nom- breux articles qui paraissent dans la Chemiker Zeilung sous le nom de « Stimme aus dem Auslande ». ce but un service technique comprenant sept ingé nieurs et qui nécessita, pour l’année 1898, la dé= pense de-‘près de 70.000 franes. Cetle Association étend son aclion sur huit sec tions, dont voici les noms: Section L (Berlin) : Comprend les provinces] prussiennes de Brandebourg, Poméranie, Prusse | orientale et occidentale, avec 1.202 exploitalions et 18.115 ouvriers; Section II (Breslau) : Silésie et Posen, avec 657 exploitations et 8.165 ouvriers; Section IIT (Hambourg) : Schleswig-Holstein, Hanovre, Brunswick, Mecklembourg, Oldenbourg, les villes libres de Hambourg, Brême et Lubeck, avec 921 exploitations et 20.856 ouvriers; Section IV (Cologne) : Province Rhénane, West phalie, Waldeck, Lippe, avec 958 exploitations ets 23.191 ouvriers ; Seclion V (Leipzig) : Province prussienne de. Saxe, royaume de Saxe, duchés de Saxe, Saxe Weimar, Anhalt, Reuss, avec 1.191 exploitations et 21.787 ouvriers ; Section VI (Mannheim) : Palalinat, Alsace-Lor raine, grand-duché de Bade, Wurtemberg ( l'exception du district du Danube) et Hohenzol= lern, avec 627 exploitations et 19.873 ouvriers: Section VII (Francfort) : Province de Hessem Nassau et grand-duché de Hesse, avec 446 exploi=« tations et 145.929 ouvriers ; { Section VII (Nuremberg) : Bavière (sans le Pa latinat) et district danubien de Wurtemberg, aveen 587 exploitations et 7.434 ouvriers. Nous donnerons plus loin la progression suivie dans le nombre des exploitalions créées depuis l'année 1881 et dans celui des ouvriers employés: La Société pour la défense des intérêts de l'In dustrie chimique, fondée en 1877, est en connexion étroile avec l'Association professionnelle el a son siège à Berlin où, depuis 1900, elle est installées dans la maison de A.-W. Hoffmann (Hoffmanns= Haus), magnifique édifice appartenant à la Sociélés chimique allemande (Deutsche chemische Gesell schafl et qui a été construit par les amis et les admirateurs de ce savant, en mémoire de son litre de fondateur de-cette dernière Société. Ces deux Sociétés, dont les tendances sont diff rentes, vivent côte à côte et entreliennent les meils leures relations. Comme son nom l'indique, la première s'occu de toutes les affaires intéressant la collectivité, p l'intermédiaire d’un Comité qui se réunit périod quement. Ce Comité répond d'elle devant les Po voirs publics, s'occupe de ses intérêts à l extérieuR assure et facilite les relations entre les différents groupés et spécialités, prépare les propositions à | soumeltre aux assemblées générales qui, tous les A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 1063 ans, ont lieu alternativement dans un des princi- paux centres industriels, ete. _ C'est aussi ce Comité qui, après délibération et onsultalion des différents intéressés, décide s'il y lieu de modifier la législation concernant les brevets et sur quels points les modifications doivent porter, s'il est opportun de parliciper aux exposilions internalionales, etc. Ainsi, c’est le Comité de Berlin qui, au nom de la Société, a veillé à l'organisation de l'Exposition collective des industries chimiques à Chicago et à Paris, etc. Ajoutons, enfin, que les décisions et vœux émis au sein des deux associations (Berufsgenossen- schaft et Verein), ainsi que les discussions aux- quelles elles donnent lieu, sont publiés dans un journal appartenant à ces Sociélés et qui a pour Utre : die Chemische Industrie‘. Cet organe a encore pour tâche de mettre les industries au cou- rant de toute la littérature de Chimie appliquée, à mesure qu'elie parait, des brevets qui sont pris en Allemagne et à l'Étranger, des cours des produits chimiques et des matières premières qui servent à les fabriquer sur les différents marchés du monde, des exportalions et des importations, en un mot de tous les renseignements qui peuvent être d'une utilité quelconque pour ses lecteurs. L'Association des Chimistes allemands (Verein deutscher Chemiker), tout en poursuivant le même but que la Société dont il vient d'être question, a une organisalion et un fonctionnement différents. Fondée en 1887, elle est subdivisée en dix-neuf Associations régionales (Bezirksvereine), qui se réu- nissent périodiquement dans une des villes impor- tantes du rayon qu’elles desservent, pour y discuter des intérêts généraux et surtout pour y exposer des sujets scientifiques ayant trait à l'industrie himique. Parmi ces Associations, nous citerons celles de Berlin, Francfort, Hambourg, Hanovre, ew-York, de la Poméranie, des provinces du Rhin, de la Saxe-Thuringe, de la Haute et de la Basse-Silésie, de la Westphalie, du Wurtemberg,etc. Comme la Société pour la défense des intérêts de Industrie chimique, Association tient tous les ans un congrès dans une des villes industrielles les plus importantes de l'Allemagne, siège d'une de ses filiales, pour y traiter des questions générales intéressant l'industrie, y visiter des usines, frater- niser et prendre contact avec les confrères des “différentes régions. Bien que de date relativement récente, cette association comprend actuellement (1902) plus de 2.100 membres. Elle possède également son organe, 1 Répertoire de Chimie appliquée (Zeitschrift für “1 La direction de cette publication est confiée à M. O. MWütt, professeur à l'École Polytechnique de Charlotten- angewandte Chemie), dont la fondation (1887) est due à M. le Professeur Ferd. Fischer, à Güttingue, et qui rend compte non seulement des sujets traités dans les diverses réunions des Associations régio- nales, mais encore de toutes. les questions scienti- fiques et commerciales qui peuvent intéresser l'industrie chimique. Tout en n'ayant pas l'envergure et la puissance de la Société de Chimie industrielle de Londres, cetle Associalion lui ressemble néanmoins par bien des côtés. Comme elle, la Société allemande se subdivise en filiales et tend à s'étendre au delà des mers. Le grand nombre d’Allemands qui résident à New-York (400.000) lui permet d'en avoir une dans cette ville, où ses membres (75) se réunissent alternativement avec ceux de l’ « American Chemi- cal Society » et les adhérents de la « Society of Chemical Industry » de Londres. Ce contact permanent des représentants euro- péens de l'industrie chimique avec les hommes de science et les techniciens indigènes ne peut qu'être profitable aux uns et aux autres; il explique suffi- samment pourquoi les exportations allemandes ont pris un si grand développement aux Étals-Unis. Indépendamment de toutes ces associations, qui embrassent l’ensemble de la production chimique, il en existe un grand nombre d’autres (associations des gaziers, des sucriers, des distillateurs, des tanneurs, des céramistes, des fabricants de ciments, des teinturiers, etc...), qui se réunissent périodi- quement pour échanger leurs idées et défendre les intérêts généraux de la corporation. Chacune de ces sociétés spéciales possède son journal, tenant ses abonnés soigneusement au courant de toutes les études, de toutes les découvertes parues dans le monde entier et qui peuvent inléresser lindus- trie que cet organe a mission de soutenir et de renseigner. A l'heure présente, il n'y a, en effet, pas de pays où la littérature chimique en général, et celle des périodiques en particulier, soit aussi complète et aussi bien appropriée à chaque compartiment de l'industrie. Constamment dominées par la préoccu- pation du succès de l'industrie allemande et du maximum de rendement, associalions et presse technique ne reculent devant aucune dépense pour se procurer une information sûre et rapide. Il en est ainsi, d'ailleurs, de toutes les branches de l'activité nationale allemande. V. — BREVETS. En fait d'autres moyens employés pour protéger les inlérêts de l'industrie, il convient encore de citer la législation sur les brevets mise en vigueur en 1878. Cetle loi, sous bien des rapports, se place à un point de vue différent de celui des lois ana- logues des autres pays, et notamment elle ordonne un examen préliminaire très sérieux de l'objet de la demande de brevet. Elle exclut d'abord de la prolection les substances chimiques elles-mêmes et ne protège que les procédés. « Bien que les opinions sur l'opportunité de cer- taines dispositions de la législation des brevets allemands soient encore partagées aujourd hui, on est cependant obligé de reconnaitre, après une période d'essais de 22 ans, pendant lesquels il a élé délivré plus de 100.000 brevets allemands, que les résultats obtenus ont eu une portée incalcu- lable, surtout dans l'industrie chimique. On peut s'attendre également à ce que la nouvelle loi sur les marques de fabrique et sur les modèles dépo- sés, récemment entrée en vigueur et ayant pour but de réfréner la concurrence déloyale, aura aussi une influence salutaire‘. » VI. — CONDITIONS ÉCONOMIQUES. Si l'on se place au point de vue économique, il faut reconnaitre qu'avec la Russie, l'Allemagne est, en ce qui concerne les gisements miniers, un des pays les plus privilégiés de l'Europe. Elle possède d'abord des mines de houille, qui la rendent presque indépendante de l'Angleterre et qui lui assurent des avantages dont elle tire merveilleu- sement parti. Ouire ceux que lui procure le char- bon comme combustible, elle tire encore des béné- fices des sous-produits provenant de la fabrication du coke, depuis qu'elle a procédé à l'installation des fours à récupération. Ces sous-produits, bases de la fabrication des matières colorantes artificiel- les, elle les tenait jusque-là presque exclusivement de la Grande-Bretagne. La production en houille des quatre bassins principaux de la Rubr, de la Haute- Silésie, de la Saxe et de la Moselle, qui n'était que de 37 millions de tonnes en 1870, a passé à près de 92 millions de tonnes en 1897, auxquelles il faut ajouter environ 30 millions de tonnes de lignite (Braun Kohle). Quant à ses mines de fer, de zinc, de plomb et de cuivre, leur rendement va égale- ment en augmentant. La produclion des mines de fer a doublé depuis quinze ans; elle est maintenant de 13 millions de tonnes. Celle du zinc a passé de 139.000 tonnes, en 1891, à 150.000 tonnes, en 1895. De 24.000 tonnes, en 1894, celle du cuivre s'est élevée à 29.408 tonnes. La production du plomb, qui avait diminué en 1893, est remontée de 98.000 Llonnes à 181.188. Celle de l’élain, seule, est à peu près stationnaire. La produc- 4 Otto Wyrr : Exposition collective de l'Industrie chimique allemande (1900), p. 42, th, moins de 1.200 fonderies, occupant plus de 250.000 ouvriers‘. » Indéperndamment des mines que nous venons de citer, l'Allemagne en possède d'autres qui. dans leur genre, sont uniques au monde. Nous voulons parler des minesde Stassfurth : l'Allemagnea, po ainsi dire, le monopole de la production des sels de potasse dans le monde entier. Le traitement méthodique des composés acces soires provenant de celte extraction a permis de constituer une série d’autres exploitations dans le voisinage des gisements, et a fourni un apport con: sidérable à la prospérité de l’industrie. Ajoutons. enfin. que la sollicitude que le Gouver: nement fédéral ainsi que les différents États de l'Empire apportent à l'extension des diverses voies de communicalion, exerce sa parl d'influence sur le développement industriel et économique du pays. Il est, en effet, de la plus haute importance que matières premières et produits fabriqués puissent être transportés avec un minimum de fret et aussi rapidement que possible. Nous ne nous élendrons pas davantage sur ce sujet, qui intéresse non seulement l'industrie chi mique, mais toutes les'autres branches de l'activi nationale *. VII. — ORGANISATION SCIENTIFIQUE. Les conditions économiques particulièrement fa vorables que nous venons d'exposer, ajoutées aux causes d'ordre politique et moral dont il a été ques: tion plus haut, ont, sans aucun doute, puissarnment contribué au développement de l’industrie et du commerce allemands depuis un quart de siècle. Mais, en ce qui concerne l'industrie chimiqueen particulier, son brillant essor, dans les voies les plus diverses, est principalement dû à l'organisation scientifique et à l'utilisation méthodique et judi cieuse des forces intellectuelles que cette organi: salion a mises au service de la partie active et en treprenanle de la Nation. Pendant qu'en France, l'enseignement supérieut était, en quelque sorle, monopolisé par nos grands établissements de la capitale, dont l'unique but es de former des fonctionnaires, el que nos savants se querellaient sur des questions de doctrine et d'École 1 G. BLoxoeL : Essor industriel et commercial du peupll allemand, p. 48. ° ; 2 Voir G. BLoxvoec : Essor industriel et commercial peuple allemand, p. 116 (1900). Allemagne, grâce à une conception élevée du le des Universités, la science était enseignée dans esprit large et tolérant , qui, seul, convient à son évolution logique et rationnelle. _ L'enseignement supérieur se donne actuellement èn Allemagne dans les Universilés et dans les Éco- polytechniques (Polytechnicum ou technische Hochschule). Indépendamment de ces établissements, il existe s écoles, des instituts ou des académies spécia- ment deslinés à l'étude de la Chimie et de la Phy- que générales avec certaines applications que ces iences comportent. Il en est ainsi de l'École de Chimie de Mulhouse, qui a comme spécialité les matières colorantes avec leurs applications à la nture et à l'impression, de l'Institut Électrochi- mique de Darmstadt, des Académies des Mines de iberg, de Clausthal et de Munster. L'Allemagne ssède, enfin, un cerlain nombre d'écoles techni- ues (Fachschule), consacrées à une branche déter- minée de l'industrie, comme l'École de Teinturerie 3 19 Céramique de Hohr en Hesse-Nassau, de Bunzlau de Lauban (Silésie), ete.*. Nous devons ajouter qu'outre ces élablissements lustrielles moyennes (technische Mittelschulen, lecanica), qui servent d'écoles préparatoires pour i comprennent, outre des sections de Mécanique de Construction, une section de Chimie. Une ins- \lemagne que la spécialisalion y commence déjà lans les écoles professionnelles. “On à essayé de généraliser ce dernier système ans d'autres écoles du même genre, de facon à ormer des chimistes de second ordre (Chemikan- en), auxquels on aurait délivré un diplôme et qui, lans les grandes fabriques, auraient été placés sous ordres d’un chimiste de première classe, sortant lUniversité ou d'une Ecole polytechnique supé- eure. Étant donnée la pléthore de chimistes qui existe nent combattue et semble devoir être abandonnée”. L'esprit qui règne dans ces divers élablissements ÆNous ne considérons, dans cette énumération, que les Coles techniques qui s'occupent uniquement d'une des iplications de la Chimie, et passons sous silence les écoles 2 Filature et de Tissage, de Mécanique, d'Electrotechnique, ù la Chimie ne joue aucun rôle. Noir Chem. Zeit. 1898, p. 865, 890, 909, 923, 1063; ibid. p.37 et Zeitschrift lür angewandte Chemie, 1899, 181, 339, 431, 484. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. tuellement en Allemagne, cette idée a été vive- | varie avec leur origine et le rôle qui leur est dévolu. $S 1. — Universités. Ainsi que nous l'avons fait remarquer dans notre Rapport sur l'Exposition de Chicago : « Le but des Universités n'est pas, comme on serait tenlé de le croire, d'octroyer des parchemins et de former des gradés. Il y a bien des examens académiques, comme le doctorat; mais ils constituent plulôt une recommandalion ou un ornement, et sont seule- ment nécessaires pour la carrière de professeur. Les examens, à l'entrée des carrières, sont fails en dehors de l'Université et sont appelés des examens d'Etat (Staats-examen). « Les Universités sont des écoles de science libre (Lebrfreïheit), où l'étudiant est également libre d'apprendre ce qu'il juge nécessaire à son instruc- tion (Lernfreiheit). Nulle contrainte, nul assujettis- sement à des programmes étroits et fixés d'avance. On est pénétré de cette idée qu'à un certain âge « le savoir ne s'impose pas plus que la foi et l'amour » (Schleiermacher). « Ce libre esprit qui règne dans ces centres intel- lectuels, la facon dont on recrute les professeurs, la double mission d'éducateurs de l'esprit et de pion- niers de la science doat ils sont investis, l'indépen- dance dont jouissent maitres et élèves, ont exercé la plus heureuse influence, non seulement sur l'évolution intellectuelle de la Nation, mais encore sur les progrès de la science en général. « En Allemagne, les professeurs, une fois titulai- res, sont nommés à vie et inamovibles: ils jouis- sent, nous le répétons, d'une liberté d'allures et d'esprit qui est des plus favorables à la haute cul- ture et qui ne se rencontre dans aucun autre pays. L'ingérence des Pouvoirs publies dans les questions de personnel est aussi restreinte que pos- sible. Les Universités, tout en étant sous la dépen- dance des Etats etsubvenlionnées par eux, jouissent d'une autonomie qui leur permet de désigner leur recteur, leurs doyens', leurs professeurs, et d'en faire la présentation au Ministre de l'Instruction publique, qui les nomme. Il est bien rare que les décisions prises par l’assemblée des professeurs pe soient pas ratifiées par le Ministre. « Bien rares aussi sont les cas imposent leur volonté*. D'ailleurs, l'esprit ( où le t Les fonctions de recteur, en Allemagne, 5 puremen honorifiques et ne durent qu'ua an. Le Goux représenté auprès de chaque Univer s'occupe de l'administration maté sements. Quant aux doyens, 1 s galement anouel et non renouvelable d’un | k 2 Tout le wonde connaît l'émoi c interven- tion du Chancelier de fer dans uue tion à Berlin et celui, plus récent, non apaisé encore, que pro Wurz- Ministére de l'instruction bourg, la mesure prise par le publique de Bavière. 1066 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 side au recrutement des maitres en est la meilleure garantie; il n’est pas sans exercer une influence sur la notoriélé el, partant, sur le succès des Univer- sités. Pour être appelé à occuper une chaire, point n'est besoin d'être muni de nombreux diplômes et de subir des concours déprimants, qui ne donnent généralement aucun renseignement sur les facultés inventives des candidats. Il suffit d'avoir fait preuve d'originalité dans les recherches, de s'être révélé un pionnier de la science, d’avoir à son actif des travaux de maitre, pour être l’objet d’un appel de la part de l'assemblée des professeurs de l'Univer- sité où il y a une vacance. « Le désir des Universités d’avoir des hommes éminents les conduit même quelquefois à pousser l'éclectisme jusqu'à offrir des chaires à des étran- gers. « En aucun pays du monde, le savant ne jouit d'une aussi grande considération qu’en Allemagne. La haute situation qu'il occupe dans la société, le prestige qui l'entoure, suscitent des ambitions, amènent une émulation qui aboutit à la conslitu- tion de cette élite de travailleurs dont sont peuplées toutes les branches de l'enseignement supérieur. « Nombreux sont les fils de grands industriels, de grands propriétaires, de financiers, qui briguent la carrière universitaire. Les places étant limitées, la jeuuesse s'adonne aux recherches de bonne heure, ne recule pas devant la tâche, et, comme elle n'est pas arrêtée par les soucis matériels, elle peut meilre au service de la science et sa fortune et son intelligence *. « Aussi, dans le domaine des sciences expérimen- tales, n'est-il pas rare de voir l’aspirant profes- seur, une fois prival docent, s'entourer de prépara- teurs, faire des dépenses considérables pour se procurer tel produit rare ou qui demande de longs mois pour êlre préparé, de facon à enrichir la science de découvertes et à acquérir ainsi la noto- riété scientifique, sans laquelle l'accès des chaires lui estinlerdit. Une fois le but atteint (vers trente ou quarante ans), les habitudes du travail sont prises, le professeur conlinue à être épris de recherches, et, trouvant un champ plus vaste à son activité, s'entoure de collaborateurs, d'élèves, cherche à faire école, et acquiert, par le fait même, une situation matérielle à laquelle aucun savant français, aucun membre de notre Université ou de nos grandes écoles, quel que soit son mérite, ne peut parvenir, avec l'organisation actuelle. « Artisans dé la gloire et de la prospérité natio- ‘ L'appel flatteur dont a été l'objet, de la part de l'Aca- démie et de l'Université de Berlin, M. van t'Hoff, l'illustre chimiste physicien d'Amsterdam, ancien élève de Wurtz, vient à l'appui de ce que nous avancons. ? Comme en France, les non privilégiés de la fortune trouvent, dans des bourses octroyées par les Universités et nales, les professeurs allemands peuvent encore le devenir de leur propre bien-être. Ajoutons aussi que- les États sont pénétrés de l'idée que nulle ressource, nulle opulence ne doit être ména- gée à l'enseignement supérieur, car c’est de lui que tout découle. On peut lui appliquer une expression arabe et dire : « Il est tèle de source » et « père de la fécondité * ». « Le budget des vingt-deux universités de l'Em pire dépasse actuellement 31 millions de franes environ et va sans cesse en augmentant, soit par des contributions de l'Élat, soit par celles des par ticuliers. » Les lignes qui précèdent, écrites en 1893, sont encore vraies aujourd'hui, bien que depuis celte époque un certain nombre de réformes et de chan- gements aient élé introduits dans le régime de no Universités. $ 2. — Écoles Polytechniques. Jusque dans ces dernières années, les applica- tions de la science n'élaient, pour ainsi dire, l'ob- jet d'aucun enseignement systématique dans les Universités. Celles-ei restaient confinées dans Jen domaine de la spéculation pure, tout en dévelop pant, dans une mesure aussi large que possible, en ce qui concerne les sciences expérimentales, les exercices praliques de laboratoire. Ainsi que nous l'avons déjà exposé, l'enseigne- ment pratique de la Chimie, en particulier, a été: inauguré à Giessen, par Liebig, eu 1825, et fut introduit et maintenu par ses successeurs et ses émules dans toutes les Universités. La Chimie industrielle ou, pour être plus rigou reux, les applications de la Chimie, la Technologie, comme, d'ailleurs, toutes les sciences appliquées, font partie des programmes des différentes Écoles Polytechniques disséminées dans l'Empire. Au nombre de celles-ci, nous citérons les Écoles de Berlin (Charlottenbourg), d'Aix-la-Chapelle, de Hanovre, de Carlsruhe, de Munich, de Dresde, de enseignement suivant les besoins du milieu pout lequel elles sont destinées. Toutes, néanmoins, 0 pour but de former des ingénieurs-mécaniciens des constructeurs, des architectes, des ingénieurs chimistes. Dans toutes, à côlé de la Chimie géné rale, on enseigne différentes branches de la Chimik technique, la Physique, la Minéralogie, l'Économie nalionale, toutes sciences nécessaires à l'éducation dans des emplois d'assistants, le moyen d'arriver aux mêmes situations que leurs émules plus fortunés. 1 Maxime du Cawr : Le Crépuscule. 2 À, HaLLer: /ntroduction à l'Industrie chimique, p. 23: pa * D A HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 1067 du chimiste industriel. Celui-ci est même tenu d'y acquérir des connaissances sommaires sur les ma- chines les plus usilées dans l'industrie, ainsi que des notions sur les constructions les plus simples. - Plusieurs d'entre cés écoles, comme celles d'Aix- a-Chapelle, de Berlin, de Darmstadt, de Stuttgart, n'ont même pas hésité à organiser un enseigne- ment et des laboratoires d'Électrochimie, le jour | où cetle science s'est révélée comme susceptible de recevoir des applications pratiques. La durée des études varie, avec les écoles, de rois à quatre ans. Ces études sont sanclionnées par une série d'épreuves et un examen final, à la suite duquel l'établissement confère au candidat in diplôme d'ingénieur-chimiste. _ Comme les Universités, nous pouvons même ajouter plus qu'elles, ces écoles, bien qu'organisées el fonctionnant sous un autre régime, sont actuel- lement l'objet d'une attention, d'une sollicitude conslantes de la part des Pouvoirs publics et des industriels. Les succès qu'elles ont remportés et la faveur dont elles jouissent font que leur fréquentation a riplé depuis dix ans. Aussi, désireuses de jouir des mêmes privilèges que les Universités, leurs ivales, ont-elles irslamment demandé, et finale- ment obtenu le droit de conférer le titre de doc- eur-ingénieur à ceux de leurs élèves qui en seraient jugés dignes. En Allemagne, aussi bien et mème plus qu'en France, on a le fétichisme du parchemin et du titre. En octroyant ce privilège aux Technische Hoch- Schulen, l'Empereur a même proclamé solennelle- ient que « ces écoles doivent être traitées par leurs sœurs ainées, les Universités, comme des égales et ion plus comme des servantes ». Et, dans un dis- ours lu par le Recteur de l'École Polytechnique de Bharlottenbourg, Guillaume II à affirmé plus net- « C'est pour moi une grande satisfaction d'avoir accorder aux écoles techniques le droit de con- érer cette distinction (le titre de docteur). Vous avez que jai eu à surmonter des résistances charnées; elles sont aujourd'hui brisées. J'ai bulu mettre au premier plan les écoles techniques, Qui ont une grande tâche à remplir, non seule- “ment au point de vue de la science appliquée, mais point de vue social, car le problème social n'est S encore résolu comme je le voulais. Vous uvez exercer une action décisive sur les condi- ns sociales; vos relations fréquentes avec le monde du travail et le monde industriel vous per- ëltent d'agir, dans une foule de cas, par votre Influence et aussi par votre initiative. “Vous devez rendre clairs aux yeux de vos élèves ürs devoirs sociaux envers les. ouvriers. Ainsi | donc, je compte sur vous. Vous serez à la peine, mais vous serez aussi à l'honneur. « Notre enseignement technique a déjà remporté des succès importants. Notre patrie tout entière et nos colonies ont fort besoin de volre inteiligence. Aussi, la considération dont vous jouissez dans le pays est-elle très grande. Les meilleures familles dirigent leurs fils vers la science industrielle; ce mouvement, je l'espère, ne fera que s’accentuer. « À l'Étranger aussi, votre preslige est considé- rable et les élèves qu'il vous envoie parlent avec le plus grand enthousiasme de l’enseignement qu'ils ont reçu en Allemague. Il est bon que vous attiriez l'étranger ; notre travail national n’en sera que plus apprécié. En Angleterre, j'ai rencontré partout, et dernièrement encore, la plus haute estime pour les écoles techniques. On y juge à leur valeur l’enseignement que vous donnez et les résultats que vous obtenez. Consacrez-vous done, comme par le passé, de toutes vos forces à votre devoir économique et social” ». Ce qui frappe dans ces déclaralions, c’est, d'abord, la douce illusion qu'elles décèlent relativement à la recherche de la solution des problèmes sociaux par la voie des écoles techniques. C'est, ensuite, la méconnaissance de la part importante qui revient aux Universités dans la prospérité actuelle de l'Empire. Sans doute, on sait, par une série de mesures disciplinaires qui ont atteint certains professeurs, parce qu'ils exprimaient trop libre- ment leurs opinions et leurs critiques, et par les protestations véhémentes soulevées par ces me- sures, qui furent considérées comme attentaloires à la liberté des doctrines et de la parole dans les Universités, que celles-ci ne sont, en général, pas en faveur auprès de l'autorité supérieure. Tout exagérée qu'elle paraisse à première vue, nous sommes enclin à partager l'idée formulée par ce savant qui disait que « la liberté absolue des tendances, allant même jusqu’à l'anarchie, est la condition essentielle du développement scienti- fique des nations ». Or, cette liberté, dont nous avons été sevrés si longtemps en France, est un des plus beaux apa- nages des Universilés allemandes. C'est grâce à elle que toutes les branches du 4 H à abordée » ‘nllivées savoir humain ont pu être abordées el cullivées â Srœonr d'ocnnr; avec celte hauteur de vues et cette largeur d'esprit qui, seules, conviennent à l'étude des problèmes de Ja Nature. C'est sous son égide que surgissent ou sont recueillies, lorsqu'elles prennent Jour cer, les théories, les doctrines les plus hardies, SE E 1 pour être passées au crible de l'expérience. à l'Étran- ‘ussion et de 1 Voir Revue de Chimie pure ( , février 1900, 1068 L'histoire même de la Chimie ne nous offre-t-elle pas de nombreux exemples de cet esprit de tolé- rance qu'a témoigné le monde savant d'Allemagne à l'égard des idées nouvelles, lorsqu'elles doivent êlre prolitables à la science? Qu'il nous suffise de rappeler l'opinion de A.-W. Hoffmann sur l'École du chimiste français Gerhardt : « Je n'examinerai pas si mes nombreux travaux ont pu contribuer à assurer, et jusqu'à quel point, le développement de celte École, mais je lui dois de proclamer que c'est à ses doctrines que j'ai puisé les précieux encouragements pour de nouvelles recherches, les indications les plus précises pour l’exacte interpré- talion des faits observés, à sa notation, enfin, que j'ai dû l'expression la plus simple pour exposer et grouper les résultats acquis. « De fait, les avantages de ces doctrines sont si grands, l'économie de temps et d'efforts est si con- sidérable pour le maître comme pour l'élève, que c’est un devoir pour moi, plus puissant encore dans ma nouvelle situation d'académicien, de travailler de toutes mes forces au développement de la Chimie moderne.» Et, dans une autre circonstance, Hoffmann s'exprima avec non moins de liberté : « C'est aux doctrines atomiques sans conteste, et à elles seules, que sont dus les surprenants progrès de la Chimie, durant ces cinquante dernières années ; et, si le développement de la Chimie orga- nique en France a été moins rapide qu'en Alle- magne, cela est dû, certainement, en grande partie à l'opposition acharnée qu'ont faite, à l'introdue- lion des théories nouvelles dans l’enseignement, certains savants influents”. » Celle atmosphère de liberté dans laquelle se meuvyent les Universités allemandes, le souci cons- tant qu'a le corps savant de leur grandeur et de leur développement, la faculté que possèdent maitres et élèves de ne pas se confiner dans les limites étroites d'un programme déterminé, la tâche que les premiers se sont imposée de susciter, avant tout, chez leurs disciples le libre jugement, la réflexion et l'initiative personnelles, les décou- vertes nombreuses qui ont été la conséquence d'une telle conception du rôle de ces établissements d'instruction supérieure, ont, sans contredit, plus contribué à la prospérité générale de l’Allemagne que l'enseignement, fatalement utilitaire, des écoles techniques. Méconnaître les bienfaits et le prestige qu'a valus à l'Empire Je régime de liberté de ses Uni- versilés, c'est se refuser à l'évidence même. N'est-ce pas Kant, un philosophe allemand, qui, dans un de ses ouvrages, a exprimé l'avis que les 1 Vie et œuvre de Hoffmann, par MM, E. NoecrinG et Gerser, Monit. scientif,, 1891, p. 94. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 | deux grands obstacles au progrès de l'éducation" viennent des parents et des souverains ? « Ceux ci, dit-il, ne l'organisent que pour eux-mêmes : ils ne songent pas à faire des hommes, mais des instru-\ ments dociles.….. » 3. — Réformes introduites dans l’enseignement. Création de nouveaux laboratoires. An Il serait, sans doute, téméraire d'affirmer que tout est pour le mieux dans les Universités alle- mandes, et il serait non moins injuste de prétendre: que les écoles Lechniques n’ont pas leur utilité et" ne répondent pas à un besoin réel de l’industrie. | Les premières ont donné lieu à une vive critique, tant sous le rapport d'une sorte de relàächement qui y règne, que sous celui de l'insuffisance notoire de beaucoup de candidats. « La liberté académique est un grand bienfait; mais elle comprend fatale ment celle de pouvoir gaspiller oulre mesure son temps et son énergie, et, à cela, il n'y a comme contre-poids que le sentiment du devoir et l'amourv de l'étude. On ne peut pas dire que la vie extérieure, la vie de plaisir de l'étudiant, soit plus dissolue et, fasse perdre plus de temps que jadis ; mais, dans tous les cas, il ne possède plus au même degré ce sentiment du devoir et ce désir d'acquérir la haute culture, comme autrefois... » En ce qui concerne l’enseignement chimique, journaux el tribunes ont retenti des doléances des maitres et des industriels pendant plusieurs années. Toujours soucieux de conserver cette sorte d'hégémonie qu'ils ont acquise dans certains com= partiments de la production chimique, les chef d'usines, bien placés pour se rendre compte du savoir des chimistes qu’ils emploient, sont à même de connaitre les lacunes qui proviennent d'un enseignement incomplètement ou mal distribué, etm | ne se font pas faute de les signaler. Malgré les succès inconteslables et incontestés qu'ils ont rem= portés à l'Exposition de Chicago, malgré aussi l'augmentation sans cesse croissante de leurs« chiffres d'affaires, de leur clientèle, ils n’ont jamais perdu de vue et reconnaissent hautement que la prospérité de leur industrie est due à l’édu cation soignée, à l'instruction élevée que les chi mistes ont reçues dans les écoles de haut enseigne ment de l'Allemagne”. Aussi sont-ils constamment" préoccupés de modifier, de compléter et de perfec : lionner ce haut enseignement. Consultation des | intéressés à l'effet de savoir quel est le mode “4 1 Der Universitætsunterricht und die Erfordernisse dl nr. Gegenwart, par le docteur Ernst BerNuelw, professeur &, l'Université de Greifswald. 4 À # DuisserG, Zeitschrift f. angewandte Chemie, 1895 . 2 | p. 420; 1896, p. 408. Ll truclion qui convient le mieux au chimiste indus- triel, de celui que donnent les Universités ou de ‘celui que réalisent les écoles techniques‘; enquêtes auprès des maitres et des industriels, afin de connaitre leur opinion sur la valeur respective : 1° des diplèmes conférés par les différentes écoles de l'Empire ; 2° du doctorat délivré par les Univer- sités; vœu formulé pour qu'on exige de tout candi- dat chimiste qu'avant d'entrer dans un établisse- ment d'instruction supérieure, il ait fait des études secondaires très complètes et soit muni du cerli- ficat (Abiturientenexamen) qui les couronne’; - grand débat relatif aux proposilions formulées par divers industriels, auxquels se sont ralliés quelques hommes de science, relativement à l'institution d’un examen d'État (Staatsexamen) pour les chi- mistes, examen d'un caractère analogue à celui imposé aux médecins et aux pharmaciens, afin - qu'ils présentent plus de garanties de savoir auprès - de ceux qui ont recours à leurs offices (ce qui nous _ parait absolument illusoire) ; démarches et solliei- “ tations pressantes auprès des Pouvoirs publics en vue de la création de nouvelles chaires, de nou- veaux enseignements, de laboratoires et d'instituts de Chimie, d'Électrochimie et de Chimie physique -conformesaux progrès actuels de la science, etc, “tout à été mis en œuvre pour se renseigner, « s'éclairer, et pour trouver des solutions satisfaisant à la fois les partisans de la liberté d'apprendre, seul moyen de favoriser la réflexion personnelle et de sauvegarder le développement individuel, et ceux qui ont foi dans les examens comme moyen de sélectionner les intelligences. . Toutes ces enquêtes, ces polémiques et ces dis- eussions, dont les échos ont retenli, à plusieurs reprises, jusqu'au Reichslag, el auxquelles ont pris part les chimistes les plus éminents et les indus- “iriels les mieux qualifiés, ont finalement abouti aux mesures et résolutions suivantes : 1° Autorisation accordée aux Ecoles techniques “de Prusse de délivrer le titre de docteur aux élèves qui auront fait un travail personnel. Satis- rien la valeur individuelle des candidats, mais qui “accentuera les rivalités existantes entre les Univer- Il est même à craindre qu’elle n'exerce une fâcheuse influence sur l'orientation nouvelle qu'elle ne manquera pas de provoquer dans les premières, qui se verront délaissées, tant les idées utilitaires 4 À. 1 Chemische Industrie (1896), t. XIX, p. 1; Chem. Zeit. "1896, p. 49; Das Studium der technischen Chemie, par “M:F. Fiscuer, p. S1. 2 Ce vœu a été renouvelé avec une nouvelle force au der- “nier Congrés de la Société des Chimistesallemands, qui s’est “tenu à Dusseldorf du 21 au 24 mai 1902. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 1069 ont fait de progrès en Allemagne depuis un quart de siècle ; 2 Institution d'un examen d'Etat pour les chi- mistes analystes, et, en particulier, pour ceux qui s'occupent des analyses des matières alimentaires (Nabrungsmittelchemiker). La pléthore des chi- misles qui fréquentent les écoles d'instruction supérieure et les écoles professionnelles tous les ans (2.000 à 3.000”) a une répercussion sur toute la productivité de l'Empire. Selon leur savoir, leurs habitudes, leurs préférences et aussi leur moralité, les uns alimentent ou renouvellent par leur esprit d'invention les divers compartiments de l’industrie chimique; les autres ne sont, au contraire, que de simples, mais indispensablesrouages dans certaines usines ou dans quelques administrations de l'État; il en existe enfin, et ils sont nombreux, qui, ne réussissant pas, pour une raison ou pour une autre, et dont la conscience n'est pas étouffée par des scrupules, font de leur science un usage moins noble et la mettent au service de cette catégorie d'industriels qui ne reculent devant aucun moyen pour arriver à faire fortune. On sait, en effet, com- bien la contrefaçon sévit en Allemagne. Toul ce qui est l’objet d'une grande consommalion est exposé à êlre falsifié ou à être imité. Les matières alimen- taires et les boissons surtout n'échappent pas à ce fléau. Comme les lois répressives de ce genre de délit sont fort sévères et toujours appliquées, les différents États de l'Empire, devant la marée mon- tante des falsfficateurs et des contrefacteurs, se sont vus contraints de s'entourer de garanties quant aux experts et aux fonctionnaires techniques qui sont appelés à donner leur avis en cas de poursuite. D'où l'institution d'un examen d'État pour les chimistes analystes des denrées alimentaires ; 3° Formation d'une Lique, d'une Association entre les chefs de laboratoire des Universités et ;des Écoles polytechniques (Verband der Laborato- riums-Vorstande an deutschen Hochschulen), dont le siège est à Munich, et qui à pour mission de veiller au développement et au progrès de l’ensei- gnement chimique dans les hautes écoles de l'Empire. | Tout chef de laboratoire a le droit de faire partie de l'Association, Celle-ci cherche à atteindre son but : a. En se mettant en relation avec tous les hommes, toutes les autorités el toutes les corpora- tions compétentes; , b. Par une entente sur un ensemble de com- ide Chemie, 1894, 1 Voir LipPmAnw, Zeitschrift für angewan p. 314. 1070 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 munes mesures à prendre pour assurer aux élu- diants une instruction solide ; ec. Par la publication d'un Bulletin de l'Associa- lion ; d. Par des rapports personnels entre les diffé- rents membres. Les affaires de l'Associalion sont gérées par un Comité composé d'un président, d'un vice-prési- dent, d'un secrétaire, qui est en même temps direc- teur du Bulletin, d'un trésorier et de deux asses- seurs. L'Association tient régulièrement une assemblée générale par an, à l'effet d'examiner les comptes rendus du Comité, de procéder aux élections, de fixer l’époque et le lieu de la prochaine réunion, et de statuer sur les admissions. L'Association se propose, avant tout, de faire subir à l'étudiant chimiste, devant une Commission com- posée de ses maitres habiluels et présidée par le chef du laboratoire, un examen pratique d'analyse qualitative, quantitalive el volumétrique, ainsi qu'une épreuve orale sur la Chimie minérale, la Chimie analytique et les éléments de la Chimie organique. Cel examen, qui n'a aucun rapport avec les exa- mens de doctorat et de diplôme, ni avec la question de l'examen d'État (Sfaatsexamen), a pour but : 1° De donner à l'étudiant une sanction à ses études préliminaires de Chimie; 2 De donner aux directeurs d’inslituts, d'une part, un moyen de s'assurer si les élèves ayant fréquenté leurs laboratoires ont des connaissances suffisantes dans toutes les branches de la Chimie élémentaire, et, d'autre part, de pouvoir se rendre compte du savoir des éludiants étrangers qui viennent d'une autre école ou de laboratoires privés; 3° De fournir aux industriels, ou à d’autres per- sonnes qui ont recours aux services du chimiste, une sorle de garantie que ce dernier possède l'instruction élémentaire indispensable. Le paragra- phe 2 se lermine par cette réflexion : « L'expérience a démontré que les praliques en usage jusqu'à pré- sent ne pouvaient atteindre ce but’. » Suivent jes paragraphes 3, 4 et 5, qui ont plutôt trait à la façon dont sont réparties les épreuves, et à d'autres questions de détail. Comme corollaire, l'instruction ajoute membres de l'Association sont tenus de ne donner un sujet de thèse ou de diplôme qu'aux étudiants 1 Qu'il nous soit permis de faire remarquer que, depuis sa fondation, en 1890, nous avons introduit à l'Institut chimique de Nancy un examen semblable, qui couronne les études de Chimie générale, d'Analyse qualitative et quantitative, de Chimie physique et de Minéralogie, au bout de la deuxième année de fréquentation des laboratoires de l'Institut. « Les munis du cerlificat de la Ligue des directeurs de laboratoires. » Parmi Jes critiques nombreuses auxquelles am, donné lieu l’enseignement de la Chimie au cours de l'agitation que nous avons signalée, il y en a qui, étaient vraiment justifiées. La spécialisation pré- coce et hâtive de beaucoup de jeunes gens avait souvent pour effet de leur laisser ignorer des cha- pitres importants de la Chimie. Ceux qui avaient du, goût pour la Chimie organique délaissaient et igno- raient complètement la Chimie minérale et l'Ana- lyse, et inversement. Il en résultait une instruction tronquée et incomplète. La solution trouvée, sans l'intervention de l'État et par le seul fait d'une entente amiable, est une sauvegarde de la liberté académique, à laquelle les maitres les plus autorisés (MM. de Bæyer, Ostwald, M O. Witt, etc.) Lenaient avant tout, en même temps qu'elle permet à l'étudiant de donner un libre cours à son développement personnel. Elle donne, en outre, satisfaction à tous ceux, professeurs et indus- triels, qui déploraient l'insuffisance et les lacunes observées dans l'éducation d'un grand nombre de chimistes. En 1900, 62 chefs de laboratoires d'universités et d'écoles techniques avaient acquiescé aux statuts de la Ligue, et le nombre des jeunes gens ayant subi l'examen de l'Associalion a été : en 1898", de 224, dont 182 à 14 Universités et 42 à 6 écoles tech- niques; en 1899, de 50%, dont 374 à 19 Universités et 130 à 10 écoles techniques; en 1900, de 601, dont 456 à 18 Universilés et 145 à 10 écoles tech- niques. Ajoutons que, pendant les années 1898-1899, depuis l'origine de la Ligue, et 1899-1900, les étu= diants des universités et écoles faisant partie de l'Association ont soutenu, en 1898-1899, 362 thèses en vue du doctorat ou du diplôme de chimiste; en 1899-1900, 315 thèses en vue du doctorat ou du diplôme de chimiste. Si l’on se rappelle que toutes ces thèses portenL sur des sujets originaux et contiennent toules des découvertes ou des études très développées sur cer laines questions de la technique industrielle, on peut se rendre compte de la production intellecs tuelle intensive dont les hautes écoles allemandes sont annuellement le siège. Nous devons aussi À remarquer que toutes les Universités et écoles tech niques ne font pas partie de l'Association, puisque l'Empire comprend 22 Universités. Les résullals que nous venons de donner sonb consignés, avec les noms des candidats ayant satis fait X l'examen ou au doctorat, dans le Bulletin ‘ Cette année ne compte qu'un semestre, l'Association n'ayant fonctionné qu'à la fin du semestre d'été 18u8., # Trois semestres. AM + la Ligue, dont un numéro parait tous les ans chez les éditeurs Veit et Ci°, à Leipzig. . 4° Création de chaires de Chimie minérale, de Chimie physique et d'Électrochimie, et de Chimie industrielle, dans les Universités et les écoles tech- niques. — Dans la plupart des Universités, et cela pour des raisons d'ordre intérieur, et aussi d'intérêt pour les maîtres, la Chimie minérale et la Chimie organique élaient et sont encore enseignées par le même professeur. Or, comme la grande majorité des savants allemands ont une prédilection pour la Chimie organique, il en résulte que la Jeunesse s'oriente de préférence vers cette science et que les ravaux de recherches portent surtout sur la Chimie rganique. Les découvertes de Chimie minérale faites à l'Étranger, notamment en France et en An- gleterre, n’ont pas manqué d’altirer l'attention des hommes de science et des industriels, qui ont de- mandé avec instance la création de chaires et d'instiluts de Chimie morganique‘. Jusqu'à présent, mil n'a guère été donné satisfaction aux promoteurs de ces créations. Il existe cependant des chaires et des laboratoires de Chimie minérale aux Académies de Freiberg, de Claustahl et de Munster, ainsi qu'à Université de Munich. Quant aux écoles polytech- niques, elles possèdent toutes un enseignement spécial de cette partie de la Chimie. Nous avons déjà eu l'occasion de signaler les nombreuses créations de chaires de Chimie physi- que et d'Électrochimie, qui ont été faites depuis que des applications nombreuses, découlant d'études failes dans ce dernier domaine de la science, ont é réalisées dans l'industrie?. Quant aux enseignements de Chimie industrielle et de Technologie, à part les Universités de Greifs- x ald, d'Iéna, de Marbourg, de Munich, de Rostock et de Tubingue, toutes les autres possédaient en 1896-1897 un enseignement sur les applicalions soit de la Chimie minérale, soit de la Chimie organique. Enfin, dans toutes les Écoles techniques, il existe des chaires de Technologie chimique. 5% Création d'instituts et de laboratoires de himie. — Dans notre Rapport sur l'Exposition de Chicago, nous n'avons pas manqué d'insister sur les sacrifices qu'ont faits et que font constamment 165 différents États pour maintenir leurs instituls 2, Voir, à cet égard, Chem. Zeit., 1898, p. 971, et 1899, p. 35, Æbaussi la longue polémique soulevée par le projet de créa- on d’une chaire et d'un Institut de Chimie minérale à Got- ingue, Chem. Zeit., 1900-1901. Voir aussi le discours du doc- eur Bôttinger, député au Reichstag, à l'assemblée générale “de la Société d'Électrochimie, Zeitschr. f. Elektrochemie, 4897-1898, p. 21. 2 Voir aussi : A. Hazuer, Revue générale des Sciences Pures et appliquées, t. VIII, 1897, p. 228. : . e A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 1071 leur permette non seulement de former la jeunesse à la laborieuse carrière de chimiste, mais encore de contribuer, par leurs recherches, à l'avancement de la science. Depuis cette époque, nombreuses sont les créa- tions et les reconstructions effectuées dans les Uni- versités el les Écoles techniques : C'est l'Institut chimique de Halle qui a été re- construit à nouveaux frais (375.000 francs), bien que l’ancien établissement, devenu trop exigu, ne dalàt que de trente ans. C'est l'Institut de Chimie de Wurzbourg, en Ba- vière, à la construction duquel on a consacré 802.500 franes et où il y a place pour 148 éludiants. Le Grand-duché de Hesse-Darmstadt n'a pas fait des sacrifices moindres et a voté, en 1895, une somme de 524.000 francs pour l’érectiomd'un Institut de Chimie et d'Électrochimie à Darmstadt. L'École Polytechnique de Carlsruhe n’a pas été moins bien partagée par le Gouvernement badois, qui, en 1895, lui a voté 750.000 francs pour la construction d'un Institut électrotechnique, et qui, récemment encore, vient de lui voter près de 500.000 francs pour un Institut chimique. Gütlingue, de son côté, a eu le privilège de pos- séder le premier institut autonome de Chimie phy- sique et d'Électrochimie, pour lequel M. Nernst, son savant directeur, a eu 180.000 francs de l'État et 25.000 francs de la Société Krupp et C!*, d'Essen. Peu de temps après, son maitre, M. Oslwald, de l'Université de Leipzig, obtint 450.000 francs, plus l'emplacement, pour la construction d'un Institut de Chimie physique, qui comprend des laboratoires modèles et un pavillon d'habitalion des plus con- fortables pour son directeur. L'Institut clinique de Bonn, première création d'Hoffmann, auquel on a consacré, en 1865-68, 500.000 francs, puis, sous Kékulé, 150.000 francs (1873-74), vient encore d'être l'objet d'un agran- dissement qui a coûté 412.500 francs. Mais, de toutes les Universités, la mieux dotée a été celle de Berlin. Bien que son Institut de Chimie, créé par Hoffmann, fût de date relativement récente (1868), le Gouvernement prussien, sur la demande de M. E. Fischer, mit, dès 1897, à la disposition de l’'éminent savant une somme de 2.062.500 francs en plusieurs annuités, dont 1.500.000 franes environ ont été consacrés au bâtiment principal, 60.000 fr. pour le bâtiment des machines, 70.000 francs pour le logement du directeur, plus de 300.000 francs pour l'aménagement intérieur el environ 50.000 fr. pour diverses constructions secondaires. Ces magni- fiques laboratoires comprennent 250 places pour les élèves, et 25 autres pour des étudiants avancés qui désirent se consacrer à des recherches originales. plus 14072 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 D'autres Universités ou écoles, comme celles de Kænigsberg, de Marbourg, d'Iéna, de Fribourg, de Breslau et l'Académie de Munster, ont eu des sommes plus ou moins considérables pour l’agran- dissement ou la reconstitution de leurs laboratoires de Chimie. Et ce n’est pas toujours uniquement l'État qui fournit les sommes nécessaires; mais des particuliers ou des Sociétés contribuent souvent aux frais que nécessilent les travaux. C'est ainsi que la maison Zeiss a donné, il y a quelques années, une somme de 625.000 francs pour la reconstruc- tion de l'Universilé d'Iéna; un anonyme y a ajouté 125.000 francs, et la ville même a voté pour le même but 187.250 francs. Ces sortes de donations de la part du publie ne sont pas rares en Allemagne. En moins de neuf ans (1885-1894), l'Université de Berlin seule a reçu 2.221.362 francs. Il est vrai que celte somme ne doit pas être consacrée à des constructions. L'Université ne dispose que des intérêts, qui sont destinés à être distribués en bourse aux étudiants nécessiteux, à encourager les travaux originaux, à permettre soit à des jeunes gens docteurs, soit à des agrégés, de faire des voyages d'éludes, etc. Pour en revenir aux laboratoires de Chimie, «leur direction est toujours confiée à des hommes d’une haute autorité scientifique et qui se donnent pour tàche, non seulement d'initier la jeunesse à la pra- tique de la Chimie, mais encore et surtout d'éveiller en eux l'esprit de recherche et de susciter leur inilialive dans la voie des découvertes. « C'est avec de tels moyens et avec une telle con- ceplion de leurs devoirs que les chimistes allemands sont arrivés à accumuler cette masse de malériaux dans loutes les branches de la science chimique; cest en instiluant ces usines de science pure et appliquée qu'ils ont réussi à former ces légions de chimistes qui peuplent non seulement les labora- toires et les fabriques allemandes, mais encore bien des Universités et des usines étrangères. Il est, en effet, àremarquer que ce ne sont pas uniquement ses nationaux que l'Allemagne atlire et instruit, mais encore les étrangers. Ceux-ci y affluent, en partie à cause de la réputation des Universités, en partie aussi, il faut le reconnaitre, à cause de la facilité avec laquelle on y oblient le grade de docteur !: 1 La facilité avec laquelle les Hautes Écoles allemandes accordent aux étrangers les moyens d'acquérir le doctorat en philosophie, ou le diplôme de chimiste, a ses incon- vénients. Aussi a-t-on entrepris une campagne à l'effet d'exiger de tous les candidats, tant nationaux qu'étrangers, qui se présentent au doctorat, un diplôme ou un certificat attestant qu'ils ont une instruction secondaire suffisante accalauréat, Abiturientenexamen). Cette mesure, déjà appliquée à Berlin depuis 1900, s'adresse surtout aux étran- gers (Anglais et Américains), et a pour cause le discrédit dans Jequel est tombé le doctorat en philosophie, parce qu'on accepte dans les Hautes Ecoles n'importe quel can- et, de retour dans leurs foyers, ils gardent le souvenir des mailres qui les ont instruits et de lan nation qui les a accueillis. « C'est ainsi que, l'émigration d’une partie de lan nation aidant, se fait la diffusion de la science alle- mande, des idées allemandes et... des marchan- dises et produits allemands. Propagande naturelle, n'exigeant point d'effort et toute au bénéfice de l'Allemagne, qui recouvre ainsi au centuple les. sacrifices qu'elle fait pour son enseignement!, » Dans ce qui précède, nous avons résumé, aussi fidèlement que possible, les principaux points sou- levés dans ce grand débat, dont l'enseignement chimique dans les Hautes Écoles a fait les frais pendant une période de dix ans environ. Bien des lacunes, bien des faiblesses et aussi bien des inquié- tudes sur les tendances acluelles ont été dévoilées par des esprits éclairés et, avant lout, soucieux de la haute cullure du peuple allemand. Au moment mèmeoùl'industriechimique,comme, d'ailleurs, toutes les autres industries de l'Empire, est arrivée à l'apogée de sa grandeur, il n'est pas sans intérêt de conslater que, loin de se reposer sur leurs lauriers, Pouvoirs publics, hommes de science el chefs d'industrie songent à l'avenir et se mettenk en mesure de pouvoir conserver celte sorte d'hégé-. monie qu'ils ont acquise grâce à leur organisation scientifique. La voie dans laquelle ils semblent vouloir s'engager est-elle la vraie pour arriver au but cherché? ; Quoi qu'il en soit, pour ceux que ce long débat intéresserait, nous signalerons : 1° la brochure du Professeur Alex. Naumann, de Giessen, inti- tulée Die Chemikerprülung..…; 2 la brochure de M. Lossen, directeur de l'Institut de Chimie de l'Université de Kænigsberg : Aushildung und Exa= mina der Chemiker; 3° un gros fascicule intitulé : Das Stadium der technischen Chemie an den Uni= versitäten und technischen Hochschulen Deut- schlands, sorte de reproduction et de résumé den toutes les discussions, enquêtes etrésolulions prises jusqu'en 1897, par M. le Professeur Ferd. Fischer de Gôtlingue; 4 enfin, une série d'articles, de comptes rendus de discussions au Reichstag ou au sein del Société pour la défense des intérêts de l'Industrie chimique allemande, de l'Association des Chimistes allemands et de la Société d'Électrochimie, qui est devenue depuis Société de Bunsen, lous articles et« comptes rendus parus dans la Chemiker Zeitung du D' Krause, dans la Zeitschrilt für angewand Chemie du D' Ferd. Fischer, dans la Chemische In dustrie et dans la Zeitschrift für Elektro-Chemiem didat, quelle que soit son éducation première (Chem. Zoitye À 1898, p. 865, 899, 923, 984, 1019; 1900, p. 291.) { A. [azcer : Æapport sur l'Exposition de Chicago. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 1073 VIII, — RÉSULTATS OBTENUS. dont dispose la science allemande et des nombreux foyers d'où cette science rayonne et se répand à travers l'Empire. . Nous allons voir maintenant comment elle est mise en œuvre par l'industrie et quels sont les bienfaits que celle-ci en tire. La Chimie est depuis longtemps en Allemagne une carrière. Il n'est pas une usine de produits himiques, de matières colorantes, de produits pharmaceutiques ou de parfums; il n’est pas une teinturerie, pas une fabrique de tissus imprimés, elc., qui n'emploie un ou plusieurs chimistes. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, il en est même, et elles sont nombreuses, qui, à côté des ateliers de fabrication toujours dirigés par des chimistes, possèdent de vastes laboratoires, de véritables usines de recherches qui, au point “de vue des aménagements, peuvent rivaliser avec les plus beaux instituts des Universités ou des écoles techniques. Ces laboratoires sont peuplés de “chimistes qui, pour la plupart, ont déjà fait leurs preuves, et dont la fonction est de poursuivre des recherches, dans une direction déterminée et ulile à l'industrie qui les emploie. Le choix de ces collaborateurs ne se fait pas au asard, et il ne suffit pas d’être muni d'un diplôme pour être accrédité; comme lorsqu'il s'agit de pourvoir à un enseignement dans les Hautes Écoles, beaucoup d'entre eux sont appelés sur la foi des ravaux qu'ils ont publiés et de la réputation qu'ils ont acquise dans la spécialilé à laquelle ils se sont voués”. - Les industriels sont toujours à l'affût et au courant des originalités qui se révèlent, et sont prêts à faire les offres les plus brillantes aux labo- ieux qui, par leurs découvertes, peuvent ajouter à la prospérilé de leur établissement. Un trait non moins significatif, qu'il convient de iler : lors même qu'ils sont rélribués par les usines auxquelles ils sont attachés, beaucoup de là prise de brevets, appartient à l'usine. Enfin, dans la plupart des établissements, pour M. Dans les Notices concernant les différentes maisons qui Mont pris part à l'Exposition, on verra le nombre de chimistes “u'elles emploient. Les usines de matières colorantes sont wurellement celles qui en emploient le plus. C'est ainsi à la Société badoise, il y en a 148: qu'aux Farbenfa- “briken d'Elberfeld-Leverkus, il en existe 145: que l'usine de Hoechst eu possède 128; que Cassellaet Cie en emploient 80; La l'Actien Gesellschaft fur Anilinfabrikation, il yen a 55. D'autres maisons, comme celle des Merck de Darmstadt, qui ne fabrique que des produits pharmaceutiques, n'enemploient pas moins de 50, etc. Ë je. . Nous venons de donner un aperçu des ressources : susciter l'émulation, on attribue à l'auteur d'un produit, d'un procédé nouveau ou d’une amélio- ration une part des bénéfices qu'entraine la décou- verte ou ie perfectionnement. Voilà pour le travail intérieur des usines. Mais celles-ci ne se bornent point à meltre en action leur propre personnel. Elles s’attachent encore souvent, comme conseils, les professeurs des Hautes Écoles les plusrenommés, ou s'assurent la propriété de leurs découvertes éven- tuelles. Les savants, en Allemagne, ne dédaignent, d'ailleurs, pas de prendre, eux-mêmes, des brevets, qu'ils cèdent ensuite aux fabriques qui désirent les exploiter. On le voit, c’est un vrai drainage de la produc- lion scientifique au profit de l'industrie. Toutes les réactions, tous les procédés de synthèse’ nouveaux, qui sont susceptibles de recevoir une application immédiate ou'évenluelle, sont brevetés el monopo- lisés par l'industrie nalionale. 11 faut reconnaitre que, si les progrès de la Chimie pure ont exercé une influence féconde sur l’industrie, celle-ci a fait bénéficier la science denombreux perfectionnements réalisés dans ses usines. De plus, grâce à l'étendue et à la puissance des moyens qu'elle meten œuvre, l’industrie, par son concours, a permis à bien des savants allemands de mener à bonne fin des re- cherches qu'il eûL été impossible de réaliser sans de fortes dépenses et de grandes pertes de temps, dans les laboratoires des Hautes Écoles !. Les bienfaits que l’industrie allemande a tirés de l’ensemble des moyens qu'elle a à sa disposilion se traduisent non seulement par l'augmentation sans cesse croissante de ses transactions avec l'Étranger et de ses usines, mais encore par l'amélioration des salaires des ouvriers, et le rendement des valeurs mises en œuvre. Dans le tableau III, nous donnons un apercu de l'accroissement constant du nombre des exploi- tations enrôlées dans la Berufsgenossenschaft der chemischen Industrie, ainsi que l'augmentation parallèle du nombre des ouvriers employés, du salaire total distribué et de la moyenne annuelle du salaire par ouvrier (l'année comptant 300 jours de travail). Il résulte de ce tableau que, pendant ces quinze dernières années, le nombre des usines créées, et la population d'ouvriers qu'elles occupent, ont presque doublé. Quant aux salaires totaux, ils ont augmenté de plus du double, tandis que le salaire individuel moyen s’est accru d'un tiers, puisque, de 5 irancs par jour, il est passé à 4 francs. Les dividendes moyens distribués aux acltion- 1 Les considérations sur les résultats oblenus, que nous venons de développer, sont, à peu de chose pres, celles qui ont figuré dans l'Intreduction de notre Rapport sur l'Expo- sition de Chicaco. Elles sont toujours d'actualité. 1074 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 naires des 121 Sociétés par actions” qui sont tenues, par la loi, de publier leur bilan tous les ans, ont Tagceau II. — Statistique des usines faisant partie de l'Association professionnelle de l'Industrie chimique allemande. SALAIRE ANNÉES USINES | OUVRIERS pee il Jar Lete total nav en francs dr. re 1891 ee ste 4.235 82.211 | 78.387.975 946 ABBR PT 0 0-1 PE 40E S#.: 055.016 973 ASSIE EE 7710 E 800 90.585 J M2 988 31 1890 . 5.043 97.498 |100.093.370| 4.026 56 | 1891 . 5.273 | 100.285. |104.819.946| 1.045 © | | 1892 . ».393 | 102.101 |112.267.061| 1. à | FR BNNOUE 5.601 | 106.006 1.0 1894 . 5.158 1 | Roses roc 1 SOC GAIN 1. AOOTE CRE 6.316 | 1: è 25.000! 4. 1898 2. -N0:589N 13525 162.000.000! 4, 14899 . . : , . .| 6.911 | 143.119 |174.500.000| 1.5 1900 . 1.169 | 453.041 |193.652.137| 4.2 également suivi une marche ascendante jusque vers l’année 1893, époque depuis laquelle ils se sont à peu près maintenus au même taux (Tableau IV). Tagceau IV. — Dividendes moyens des Sociétés par actions dans l'industrie chimique allemande. | | ANNÉES DIVIDENDES ANNÉES DIVIDENDES | 0 (D | 0 | 0 | 1887 . 8,92 || 1894 : . 13,44 | 1888 . 918 1895 . RE AU | 1889 | 1058 || 1896 : 12,30 | | 1890 . 12,81 | 1847 . 12-4100) es : ue | 1e : 122698 892 . 92 89! 02 “e 11,92 | 189 ‘ 13,52 | 1593 . 12,18 || 1900 . 12,33 L Si, maintenant, nous considérons les dividendes distribués par les Sociétés, groupées suivant leur spécialité, nous arrivons aux résultats du tableau V. Tous ces chiffres sont extraits des Rapports, très documentés, que fait M. O. Wenzel à la Société En 1892, le nombre des sociétés par actions n'était que de 89. pour la défense des intérêts de l Industrie chimique allemande, tous les ans, dans le courant du mois de septembre. L'auteur ne se borne pas simple-M ment à donner des chiffres, mais il les accompagne de commentaires et appelle l'attention des indus- triels sur les différents points qui peuvent les inté- resser. Ces Rapports sont toujours très suggestifs et permettent de se faire, périodiquement, une idée assez nelte de l’élat de l’industrie chimique en Allemagne. TaBLeau V. — Dividendes moyens des Sociétés par actions groupées suivant leur spécialité. | GRANDE | PETITE MATPRES rente lANNÉES INDUSTRIE | INDUSTRIE rantes EXPLOSIFS |ENGRAIS produits | chimique |chimique Ales Le | . % 0 % % % 1886. 5,174 13,44 17,18 2,211] 06; 47 1887 6,68 15,84 15,00 5,29 |" 8,31 1888. 7,44 11,86 16,40 8,25 |: 8,88 1889 1,44 AAA 13,46 | 10,45 | 7,45 1890. Te 15,48 19,30 | 10,14 | 5,25 | 1891. 7,51 12,27 12,46 9,53 | 8,90 1892 8.04 13,90 14,31 9,75 | 6,06 IM893°040%52 13,25 1501 8,62 | 7,61 | 1894. 12,33 11,89 16,22 1,00 | 6,06 | 1895.| 10,91 10,82 17,49 |: 4,04 | 7,30 |1896.| 12,51 9,53 14,41 2,43 | 8,00 4897. 42,24 8,21 14,15 | 2,66 | 8,14 1898.| 43,41 9,78 14,28 3,46 | 9,58 | 1899.| 13,83 43542 13,02 1,48 | 8,11 |} 1900.| 12,68 10,64 11,63 6.57 el à Ces statistiques ne s'appliquent, naturellement, qu'à un nombre restreint de maisons (121), si l'on considère l’ensemble des exploitations en activité ; mais elles montrent nettement que, malgré l'énorme extension donnée à la fabrication des produits chi- miques, cetle industrie travaille toujours encore à un laux rémunérateur dans toute l'étendue de l'Empire. Dans un prochain arlicle, nous examinerons l'état de l'industrie chimique en Angleterre, e Russie et aux États-Unis. A. Haller, Membre de l'Institut, Professeur de Chimie organique à la Faculté des Sciences de Paris! L'étude des richesses minérales africaines pré- sente un double intérêt. D'une part, il peut y avoir avantage pratique à mettre au point ce que l'on sait aujourd'hui, à cet égard, sur ce vaste continent, hier encore inconnu, demain sans doute ouvert partout à la civilisation, et où la France est appelée à jouer un rôle de premier ordre; la coordination d'innombrables documents, épars dans les recueils es plus divers, ne peut manquer d’être utile à plus d'un. Mais, surtout, c'est, je crois, par une série d'examens comparatifs, de synthèses dans ce genre, que l'on pourra arriver à formuler quelques lois re- lalives à ces questions, si obscures, qui concernent la genèse des gites métallifères : questions aux- quelles se rattache, à son tour, la solution d’autres problèmes d’une grande portée philosophique sur Ja formation interne de notre planète et sur la mé- tallurgie naturelle par laquelle se sont constitués, séparés ou groupés les étals provisoires de la -malière que nous sommes aujourd'hui forcés d’ap- peler des corps simples et des éléments chimi- ques. Le côté pratique de cette étude ne serait pas sa place ici et nécessite, d’ailleurs, des déve- loppements que ne permettrait pas le cadre de cette Revue; mais je voudrais essayer de formuler brièvement les conclusions théoriques générales auxquelles m'a conduit un long travail de coordi- en profondeur, j'avais été, en effet, amené (après élimination des variations superficieiles et secon- daires), à conclure que le peu de profondeur de nos lravaux miniers ne permetlait pas, en général, d'observer les filons sur une hauteur assez grande pour distinguer exactement la part des influences “cénérales et celle du hasard dans les variations originelles du remplissage, mais qu'on arriverait à des résultats beaucoup plus intéressants, si l'on pouvait comparer l'une à l'autre deux régions baturelles, où des phases très inégales de l'érosion “auraient mis à nu quelque chose comme des “ections horizontales du terrain, faites à des pro- “fondeurs très diverses. Or, l'Afrique présente pré- f 2 L'étude développée paraîtra prochainement en un volume ur les Richesses Minérales de l'Afrique (Or, métaux, amants, phosphates, etc...) (Béranger, éditeur). Une courte ote a été insérée aux Comptes rendus de l'Académie des Sciences (23 juin 1902. — Les variations des filons métallifères en profondeur L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE 1075 LA RÉPARTITION ET LES CARACTÈRES DE LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE cisément, à cet égard, un contraste admirable et particulièrement favorable à une telle comparaison, en raison de sa constitulion géologique, que je vais d'abord rappeler en quelques mots. I. — Coup D'ŒIL SUR LES DIVISIONS GÉOLOGIQUES DE L'AFRIQUE. Dès le premier examen d'une carte géologique d'Afrique, si imparfaite qu'elle soit nécessairement encore, un fait capital, sur lequel nous allons avoir à nous appuyer, saute immédiatement aux yeux : c'est la division de l’Afrique en deux régions prin- cipales : l’une, dont les derniers plissements re- montent à l'époque carbonifère et que recouvre un manteau horizontal de Permo-Trias; l’autre, à plissements tertiaires encore saillants. Ces deux régions ont été, de plus, morcelées par des lignes de fracture et d’effondrement linéaire très récentes, surtout le long des rivages ou du côté des grands Lacs: mais, jusqu'ici, l'on ne connaît pas de gîtes métallifères en rapport avec cette dernière caté- gorie de phénomènes, si ce n’est peut-être en Abyssinie et en Égypte; nous nous bornerons done à examiner les deux régions principales, dont le contrasle est le mème en orographie qu'en tectonique et où la même antithèse se reproduit, comme nous allons le voir, pour les gites métalli- fères, démontrant ainsi la relation prévue entre le type de ces gisements et l’âge de la chaine plissée, défini par son degré d’abrasion et de ni- vellement. Tout d’abord, dans la grande masse ancienne du Continent, qui comprend à peu près toute l'Afrique, dans ce bloc inébranlable et compact, reslé à peu près aussi absolument en dehors de notre histoire géologique européenne qu'il l'a élé plus tard de notre histoire humaine, on observe des terrains cristallins et primaires mélamorphi- ques, avec des roches de cristallisation telles que granites, granulites, diorites, péridotil norites, etc., ramenées au jour par l'érosion; nou nous trouvons, dès lors, dans des condilions géo- logiques comparables à celles que pr deux plateaux, les deux OU C] symétriques par rapport à l'Océan Atlantique, de la Scandinavie et du Canada et, comme la tu rappelée tout à l'heure le fai que nous allons rencontrer seroi scandinave canadien: on observera peu de orie prévoir, les gites +, du Lype ou 1076 L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE filons proprement dits, mais des amas interstrali- liés, des imprégnalions pyriteuses dans les schistes, des dépôts de ségrégation; comme métaux, surtout du fer, du cuivre, de l'or, puis de l’élain avec des granulites, du chrome avec des serpentines, du nickel, du cobalt, relativement peu de plomb et de zinc, à peine des traces de mercure (et encore dans les gites, comme ceux de l'est du Transvaal, qui tendent déjà au type filonien). Au contraire, dans la zone plissée Méditerra- néenne, dont l'histoire a toujours été plutôt ratta- chée à celle de l'Europe qu'à celle de l'Afrique, nous voyons, après une ligne de fracture littorale, mani- festée par des pointements éruptifs lertiaires et des réapparitions de bandes primaires ou triasiques, une série de rides encore saillantes, où tous les terrains jurassiques, crétacés et même terliaires se montrent bouleversés, disloqués, faillés, avec des crêtes et des ravinements irréguliers, comme peuvent l'être, sur l’autre rive de la Méditerranée, les autres rameaux de la chaine alpestre, Sierra Nevada, Apennins, Alpes Illyriennes. Tandis que la première zone présentait des formations mélal- lifères d'un type profond, ici nous aurons à décrire, au contraire, des filons du lype le plus superficiel (et, par suite, le plus habituel dans les chaines très récentes, qui n'ont pas encore eu le temps d'être abrasées fortement) : une dispersion extrême, un émieltement, une irrégularilé des gites, très nombreux, d’ailleurs, qui, malgré quelques belles rencontres, à pu faire comparer les gites algériens à une jolie collection d'échantillons. Comme mé- taux, absence de l'étain, du nickel, parce que les roches profondes, dont ils dérivent, font elles- mêmes généralement défaut; des lentilles d'oligiste et des veines de fer chromé uniquement sur une réapparilion fortuite des plissements primaires; au contraire, beaucoup de mélaux à caractère essentiellement filonien, c'est-à-dire à combinaisons : d'abord du fer et du cuivre, dans une première zone voisine de la lrainée éruplive tertiaire, à laquelle nous rallachons tout sulfurées aisément solubles cet ensemble de filons complexes; puis, plus loin de la côte, le zinc et le plomb dominant, avec des apparitions fréquentes de mercure, — ce métal essentiellement cristallisé superliciel, rarement dans les larges fractures profondes et dont les . gisements dessinent, par suite, si bien, sur un pla- nisphère, les lignes de dislocations récentes. Ajoutons qu'entre ce massif ancien et ces rides tertiaires algériennes vient s'intercaler, très pro- tout étant renversé symétriquement par rapport à l'axe bablement, comme en Europe, — mais le méditerranéen, un tronçon hercynien, consti- tuant les Plateaux primaires Sahariens. Or, en Europe, je suis porté à considérer la plus grande partie de ces beaux districts filoniens à remplis- sage essentiellement plombeux et zincifère, que l’on trouve, sur toute la chaine hercynienne, en Espagne, dans le Plateau Central, dans les Vosges, en Bohème et en Saxe, elc., comme dus, ainsi que les fissures volcaniques voisines, à des cassures tertiaires, produites par le contre-coup des rides alpestres sur les butoirs formés par l’avant-pays déjà consolidé. L'abrasion a, dans notre chaine hercynienne, atteint juste le degré nécessaire pour meltre à nu cette zone à fractures continues et simples, que je suppose exister en profon- deur au-dessous des veinules dispersées dans les saillies superficielles. On peut donc se demander si, dans cel avant-pays saharien, il ne se serait pas produit, à l’époque tertiaire, quelque chose d'analogue. Actuellement, ces régions élant tout à fait inexplorées, je ne connais encore aucun in- dice qui vienne à l'appui de celte hypothèse, pure- ment gratuite par conséquent; mais, si jamais on | venait à découvrir, dans la Hamada au sud du Ma- roc, dans le Muidir, le Tasili, le Tibesti, quelques beaux filons de galène et blende du type espagnol ou saxon, je crois que l’on pourrait considérer celle … découverte comme une confirmalion de notre théorie. Nous allons bientôt passer à la descriplion de ces deux grandes zones métallifères; mais je veux, d’abord, aller au-devant de deux objections, qui pourraient m'être faites et dont l'examen va me permellre de préciser certains points généraux : dans tout ce qui va suivre, je supposerai, en effet, l'érosion beaucoup plus avancée, — plusavancée de À à 5.000 mètres peut-être, — dans le plateau an- cien que dans la chaine tertiaire, c'est-à-dire que. nous considérerons les gites, actuellement apparus . à la superficie, comme ayant été, originellement et au moment de leur constitution, bien plus profonds dans le premier cas que dans le second. Or, cetle importance énorme des actions érosives est, en général, peu connue; toutes les théories anciennes \ sur les filons métallifères, dans lesquelles on envi- sageait la calamine, la cérusite, la malachite, la phosphorile, le kaolin même, comme ayant été, dès le début, déposés ou produits sous cette forme par des eaux thermales ascendantes, supposaient même implicitement que la superficie élait, à quelques mètres près, restée semblable, depuis l'époque très ancienne où ces gisements s'étaient constitués, jus- qu'à aujourd'hui. Il y a peu de temps que les géo- logues ont commencé à mettre en évidence, dans quelques points favorables, les grandes épaisseurs de terrains enlevées par l'érosion. D'ailleurs, d'une il des études sédimentaires plus faciles, et leurs effets sont restés souvent méconnus. On pourra done se demander si je n'exagère pas ici le rôle des actions érosives, sur l'intensité desquelles est fondée toute mon hypothèse; mais, quoiqu'il reste encore à grouper toutes les remarques de détails enregistrées à cet égard, je ne crois pas que cette objection soit maintenue par quiconque a porté son attention sur ce côté de la Géologie. Je citerai seu- lement ce fait, observé dernièrement par M. Spurr, à Aspen, au Colorado, que, depuis les plissements tertiaires de cette région, 5.000 mètres de sédiments, au minimum, y ont élé enlevés par l'érosion et y ont mis le granite à découvert. Cette remarque explique, en passant, comment l'Ouest-Américain et le Mexique, malgré l’âge assez récent de leurs gise- ments, présentent néanmoins des types de véri- tables filons métallifères continus et concentrés, au ieu de l'éparpillement algérien ; c'est que, là, le tra- vail de l'érosion se trouve être déjà assez avancé - pour avoir pu faire disparaitre la chaine de plisse- ment extérieure et constiluer un plateau, irrégulier -sans doute, mais déjà presque comparable à ceux de la chaîne hercynienne en Europe. Bien plus que l’âge absolu de la chaîne, ce degré d’abrasion su- perficielle, cet acheminement plus ou moins avancé vers le plateau, forme d'équilibre du relief, doivent être pris en considération, quand on veut concevoir quelle a été la profondeur initiale des affleure- ments actuels. . Mais ceux-là mêmes qui admettent l'intensité de l'action érosive pourraient être frappés de certaines ‘apparences, d'après lesquelles, contrairement à ce que j'ai avancé, celte action est parfois beaucoup plus manifeste dans la chaine algérienne tertiaire que dans le massif ancien africain. En Algérie, celle érosion s'étale au jour en quelque sorte; on en est aux premiers coups de ciseau, qui doivent faire ‘sauter la saillie; les entailles sont alors bien plus visibles que lorsque, la saillie disparue, on a fait passer, sur sa place, le rabot et la lime. C'est ainsi que cerlains synclinaux tunisiens se trouvent actuel- “lement occuper des crêtes entre deux ravins pro- “ionds. Par contre, dans l'Afrique continentale, M. Elisée Reclus a pu justement attirer l'attention -des grands cours d'eau, sur l'existence de hautes cascades ou de rapides, qui constituent des déver- MGoirs entre deux sas d'écluse. Mais c'est là un Caractère qui se retrouve précisément dans les Autres grands massifs anciens, comme le nord de D larges fleuves tombant par chute brusque d'une “allée à l'autre, ces chaines de lacs, ces vallées en- Écaissées, comme sciées dans le granite etle gneiss. Cela tient à ce que, descendu au niveau de ces mas- L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE 1077 sifs anciens, le travail des eaux ne s'attaque plus à des sédiments meubles et aisément affouillables, à des schistes, à des marnes, à des calcaires, mais à des roches dures, cristallines ou métamorphiques, sur lesquelles l'action de sciage ne s'opère plus que très lentement. Ce qu'il faut envisager pour juger à quel point l’action érosive a fait son œuvre, c'est le nivellement général de la superficie, c’est l'usure de la chaine : usure qui détermine si neltement son aspect pittoresque et qui permet, par exemple, de distinguer aussitôt les uns des autres, par les formes seules du terrain, des paysages de Norvège, des Vosges, de Nouvelle-Zélande, des Pyrénées ou des Alpes. La question élant posée ainsi, il est in- conteslable que, si l’on a soin de ne pas choisir son exemple sur une des lignes de fracture tertiaires volcaniques, par lesquelles l'Afrique continentale a été sillonnée, l'ensemble de celle-ci marque nette- ment une érosion bien supérieure à celle de la zone algérienne. Cette remarque faite, nous allons examiner tour à tour les deux grandes régions qui viennent d'être distinguées. IT. — Massir ANCIEN. Dans le massif ancien, la richesse minérale qui a surtout attiré l'attention jusqu'ici, c'est l'or, et ce sont principalement des gisements aurifères qui vont être mentionnés. Après l'or, vient, par ordre d'importance, le cuivre, sur lequel on a commencé quelques travaux; puis, très accessoirement, on à signalé d'autres métaux de moindre valeur. Il y a, dans cette sorte de hiérarchie, à faire la part des phénomènes naturels, qui ont, en effet, rendu une grande partie de l'Afrique ancienne aurifère, tandis que l'Afrique méditerranéenne ne l'est en aucune façon, et aussi à tenir compte du côté industriel de la question. Tout pays nouvellement ouvert à la civilisation repasse, en effet, par les étapes succes- sives que la tradition mythologique attribuait aux anciens peuples : d’abord, un àge de l'or; puis un âge du cuivre, ou du bronze, et enfin un âge du fer, avant lequel vient encore se placer, pour nous, un âge du plomb, du zinc, du nickel et des autrt métaux secondaires. Il est certain, par exe que l'Afrique renferme, de tous côtés, d gites d'oxyde de fer cristallisé et de p r, analogues à ceux que l'on exploit! livité en Scandinavie ou au Canada; c'est un fait qui, pour notre étude théoriqi ( lequel je vi: avoir sister; mais, pour un économisie où un portance capilale et sur les minerais de fer de l'Afrx actuellement aucune valeur; | passant, comme une curiosilé, on 1e5s nn 1078 L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE même, pour le nickel, le chrome, le manganèse, l'étain, dont la présence, déjà reconnue en quelques points, le sera, sans doute, en bien d’autres, quand les minerais de ces métaux deviendront exploi- D présente une région restée à la phase d’érosion hercynienne, et fortement fracturée, comme il parait en exister une à l’est du Trarsvaal, mais qui, en principe, ont des chances pour ne pas jouer un TANT I) Grevé par PR Borremans, 5, rue Hautefanille_ Paris Fig, 1. — Répartition des richesses minérales de l'Afrique. tables. Là, c’est donc surtout la question économique qui prime le phénomène naturel, Par contre, nous avons des raisons théoriques de nous attendre à une cerlaine rareté du plomb, du zine ou du mer- cure, qui existent certainement, qui peuvent même former quelques filons importants, surtout s'il se | | | | rôle prépondérant, comme ils le font en Algérie ow en Tunisie. En ce qui concerne l'allure des gisements, j'a déjà dit que ce qui domine dans loule celte masse; ancienne, ce sont, ou bien les grandes lentilles, les amas limités d'oxydes et de sulfures inter | | | | | | | | | ) | | ( 07 calés dans les couches primaires, ou les imprégna- tions, feuillels par feuillets, de terrains schisteux, sous forme de filons-couches; les fractures filo- niennes proprement dites, transversales aux strales et se prolongeant, sur des kilomètres de long, à travers les roches les plus diverses, comme il en existe au Mexique et dans l'Ouest américain, ne sont pas connues. En outre, la rareté relative des alcaires dans les terrains primaires el le rappro- chement habituel entre la surface lopographique etle niveau hydrostatique, résultant de l’aplanisse- ment, font que l’on rencontre peu, et seulement aux côt L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE d'Ivoire 1079 res, en quantités considérables; les statistiques comptent par milliards l'or qui en a été extrait par les travaux des indigènes; mais le plus clair, dans cette exportation d’or alluvionnaire, c’est qu'elle est finie: là, comme partout, l'or d’alluvions a constitué une richesse restreinte et vite épuisée; ce qui in- téresse aujourd'hui, non seulement le géologue, occupé comme nous ici de théorie, mais même l'in- dustriel ou le financier, ce sont les gisements pri- mitifs, d’où a pu provenir cet or remanié. Or, à cet égard, il semble bien que nous trouvions, dès nolre premier pas en Afrique (à la richesse près, o Arauar Ad£h afn °Walata Sel Tombouctou,® débuts des exploitations, les formes oxydées et Carbonatées de minerais, si largement représentées dans la zone méditerranéenne. - Parcourons, en effel, ce massif ancien en partant de l’ouest et revenant vers l’est (dans le sens con- traire à celui des aiguilles d'une montre) et voyons quels sont les principaux districts métallifères reconnus. Dans le Sénégal, le Soudan, la Guinée, le Fouta- Djalon, le pays de Kong, la Côte d'Ivoire etla Côte WOr anglaise, en un mot dans tout ce grand bloc Ouest-africain qui appartient en presque totalité à France, l'or seul a, jusqu'ici, attiré l'attention. Cet ; qui a donné son nom à la côle par laquelle on Pa exporté depuis plusieurs siècles, s'est trouvé là certainement concentré, dans les alluvions des riviè- Fig. 2, — Répartition de la richesse minérale au Soudan et à la Côte d'Or. &ont on ne saurait juger encore), une zone mélalli- fère comparable à celle, bien connue et bien étu- diée, du Transvaal et de la Rhodesia. Les rivières aurifères qui descendent du Fouta-Djalon, soit au nord vers Bambouk, soit à l’est vers Bouré, ont, très probablement, pris le précieux métal à des filons- couches, à des veines d'imprégnation, disséminées au milieu de roches cristallophylliennes et de schis- tes amphiboliques ; dans le pays de Kong et le bas- sin du Comoé, les placers, qui ont émerveillé le colonel Binger, pourraient bien avoir une origine semblable ; et, enfin, dans le pays des Ashantis, autour de Coumassie, dans le district de Takwa sur la Côte d'Or, grâce à l’ardeur déployée pour la cons- truction des chemins de fer, grâce à l’admirable zèle avec lequel les actionnaires ont apporté, Jus- 1080 L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE qu'ici, leur argent à des hypothèses et à des compa- raisons, on commence à entrer dans le domaine des fails précis, à pouvoir raisonner sur des observa- tions neltes, qui confirment le rapprochement pré- cédent avec l'Afrique Australe et méritent, à tous égards, une courte description. Les gisements de la Côte d'Or, si je laisse de côté les produits de remaniement alluvionnaires, qui intéressent peu cette étude, comportent deux types principaux : des filons et veines d'imprégnation à Coumassie, des conglomérats à Takwa. L'existence de ces conglomérats pyriteux et aurifères, qui semblent bien réellement primaires, est des plus intéressantes à signaler, à quelque théorie que l’on s'arrête d'ailleurs pour leur formation. Elle montre la grande extension du phénomène, qui a fait la richesse du Witwatersrand et que l'on avait déjà re- trouvé au Natal, ainsi que dans la région de Kimber- ley. Il en résulte qu'à une époque primaire indéter- minée (silurienne ou dévonienne), il ya eu, en divers points de l'Afrique Australe, soit destruction presque immédiale de filons aurifères, qui venaient de se former’, soit précipitation directe de solutions auri- fères, ayant une origine quelconque, dans des eaux occupées à rouler violemment des galets. De toutes facons, on croit apercevoir là, vers l'époque qui ca- ractérise, dans le nord de l'Europe, les plissements calédoniens, une venue pyriteuse el aurifère impor- tante, à peu près contemporaine des mouvements du sol que laissent supposer ces grandes formations détritiques; le phénomène semble pouvoir être comparé à celui qui a produit, plus anciennement encore, les imprégnations cuivreuses dans les con- glomérats précambriens de Keweenaw, au Lac supé- rieur, où, au contraire, plus récemment, à la forma- tion des grandes alluvions aurifères pliocènes, au pied de la chaîne tertiaire californienne, que jalon- nent des filons d'or. Où sont, d'ailleurs, pour la Côte d'Or comme pour le Transvaal, les restes de ces filons originels, s'ils ont réellement existé; on l’ignore, et c'est une grosse objection à l'idée de voir, dans ces conglomérats, un simple placer primaire. Faire venir la pyrile aurifère, dans un cas, du pays des Ashantis, dans l’autre de Lydenburg ou de la Rho- desia, c'est supposer un bien long transport d'au moins 200 ou 300 kilomètres et se heurter à bien des objections stratigraphiques ; mais l’origine de ces conglomérats est, de toutes manières, si mysté- rieuse qu'une difficulté de plus dans leur interpréta- tion ne doit pas nous élonner. Dans les vastes régions du Congo (Congo français et Congo belge), ce n’est plus de l'or que nous avons ! Nous verrons tout à l'heure qu'au Transvaal les filons- couches aurifères des districts de Lydenburg, de Kaap, etc., imprègnent des schistes, considérés comme du même âge que les conglomérats aurifères du Witwatersrand. à signaler; la région équatoriale tout entière (en y comprenant, à l'est, l'Est africain allemand) est, pour une-cause encore inconnue, peut-être pure ment fortuile, presque la seule dans l'Afrique an- cienne où l'on n'ait pas rencontré d'or; elle con- traste, à cet égard, avec les deux belles zones auri-, fères qui se trouvent : l'une entre le 5° et le 10° den latitude nord (Soudan, Côte d'Or, Nubie, Abyssi-" nie); l'autre entre le 15° et le 25° degré sud (Rhode-M sia, Angola, Mozambique, Transvaal et Madagascar). Ici, les métaux que l’on a eu à signaler sont, avantl tout, le cuivre et le fer, très accessoirement des traces d'élain. Cuivre et fer se trouvent là, dans des conditions. qui rappellent souvent les gites scandinaviens, avec cette différence toutefois que certaines de leurs vei- nes se présentent, comme au Niari, intercalées dans des calcaires: d'où résulte nécessairement,au moins à Ja surface, un faciès d'oxydation spécial. Pour les fer, on a trouvé, de divers côtés, des amas d'oxydes” cristallins, dont les plus beaux semblent être ceux du Katanga; pour le cuivre, on a eu surtout l’atten-. tion altirée sur deux bassins principaux : celui du Niari, dans le Congo francais, et celui du Katanga, à l'extrême sud du Congo belge, là où celui-ci vient presque s'enclaver dans les territoires anglais de la Rhodesia. Au Niari, il existe des gisements carbonatés et silicatés de cuivre au milieu de calcaires magné- siens, d'âge peut-être dévonien. Si l’on en croit les premières observations, la formation métallifère serait antérieure au Permien, car on ne l’a jamais vue pénétrer dans les grès du Karoo, qui recouvrent en discordance les calcaires en question. Très pro bablement, on a là des allérations superlicielles de gites sulfurés complexes, qui doivent contenir, outre la chalcopyrile et la pyrite de fer, de lam galène, de la blende et du manganèse. Au Katanga, l'on retrouve, à la surface, les car bonates et silicates de cuivre, qui ont fait l'objet des premières exploilations indigènes; mais, ici, les gisements élant encaissés dans des schiste siliceux ou taleshistes, leur altération a été beau coup moins profonde que dans les calcaires d Niari, et l'on voit très bien qu'il s'agit de filons couches éparpillés en veinules dans ces schistes comme peuvent l'être les pyrites de Rüraas ou de Vigsnes en Norvège. Dans la même région, M. Gornet a vu divers amas énormes de magnétite et oligiste, des mon= tagnes de fer, qui peuvent, de leur côté, être coms parées à celle de la Laponie suédoise ou de Ia Suède proprement dite. L'Angola et V'Ouest-Africain allemand sont encore trop mal connus pour que nous ayons des obser vations bien fructueuses à y faire. Cependant, en ne L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE 1081 gnalé plusieurs districts mélallifères, qui at- ktendent des voies de communication pour être mis en valeur. Betenons seulement les malachites de Bembé, les filons de cuivre et plomb de Dombe, au sud de Benguella, puis les districts cuprifères Otavi, de Tsoumeb,de Windhæck, dans la colonie allemande. Il paraît y avoir, dans ce dernier pays, notamment à Tsoumeb, des amas sulfurés d’une certaine dimension, renfermant parfois du plomb Men même temps que du cuivre. Ce type d'amas “pyriteux cu- le grand dis- trict indus- Lriel d'Ookiep, en territoire anglais, où l'on observe Tweefon- ein) une as- Sociation de de chalcopy- rite, i présente éga- “lement dans © Le principal | l de ces amas Les affaissements progressifs, que supposent ces épaisses accumulations de sédiments, restés à peu près horizontaux, ont élé accompagnés de rup- tures, par lesquelles sont montées au jour des roches, analogues à celles qui, pendant une pé- riode de dépôts lacustres analogues, se sont épan- chées dans le Houiller supérieur du Plateau Cen- tral français. On a là une série de venues, allant des diabases et porphyrites aux péridotites : venues tantôt épanchées en nappes, tantôt disposées sous la forme de dykes, de colonnes éruplives à peu près circulai- res. Dans les plus basiques de ces colon- neséruplives, le carbone pa- raitavoir cris- tallisé par un phénomène de surpres- sion, analo- gue à celui que M. Mois- san à repro- duit en fai- sant solidifier un bain de fonte surcar- buré empri- sonné dans un creuset, où la dilatation, résultant de son passage à l’état solide, setrouvail pa- ralysée; c'est ainsi qu'ont | a | des niveaux Æ Borremans_Se. Bntilles de magnétile et d'oligiste se présentent dans les gneiss et schistes crislallins, par exemple près d'Angra Pequeña. “La colonie du Cap renferme une autre grande hesse minérale, qui se distingue, à tous égards, es formations métallifères auxquelles nous nous achons en général ici, et qu'on ne saurait cepen- nt passer sous silence : c'est le diamant. Cette fricains et contemporaine des grands dépôts Moulres, qui, dans tout le sud de l'Afrique, aissent s'être succédé du Permien au Lias. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. Fig. 3. — Richesses minérales du Sud de l'Afrique. dû se former les diamants dans larégion de Kimberley, par suite d’un ensemble de réac- lions évidemment très spécial, puisque, réalisé là en quelques points privilégiés, dans un rayon {res restreint, il n'a encore été retrouvé nulle part ail- leurs au monde, du moins dans des proportions permettant de songer à uneexploilation industrielle. Quand nous remontons vers le nord, au Trans- vaal, nous entrons dans la région classique des mines d'or. Les gisements d’or transvaaliens, qui ont fourni remarquablement peu d'alluvions eu égard à leur étendue, appartiennent à deux types principaux, intercalés, avec des caractères très divers, dans deux formations que l'on est conduit à considérer comme à peu près contemporaines : 99%% 1082 L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE d'une part, des conglomérats aurifères interstra- tifiés dans un niveau primaire indélerminé (Silu- rien ou Dévonien) au Witwatersrand; d'autre part, dans toute la région montagneuse de l’est, à la limite du haut pavs et du pays bas, un type que nous devons nous habituer à considérer comme le type africain par excellence, celui des filons- couches, interstratifiés et disséminés au milieu de schistes métamorphiques (Barberton, Lyden- burg, etc.). Il faut ajouter des formations, sans grande valeur pratique, mais intéressantes pour le théoricien, comme les masses de pyrite aurifère remaniées de la série du Black-reef, ou les fissures minéralisées de la série dolomitique; remarquons, de plus, que le Transvaal renferme, en dehors des gites aurifères, tout un groupe de veines argenti- fères, plombifères et coballifères, rallachées à une série éruplive d'âge intermédiaire entre le primaire et le Karoo, c’est-à-dire à peu près hercynienne, ainsi que des filons d'élain (Swazieland), associés au contraire avec les granites les plus anciens; par conséquent, l'on doit avoir, au Transvaal, au moins deux venues métallifères très distinctes : l’une calédonienne (or et élain); l’autre hercynienne (plomb, zinc, cuivre, argent, cobalt, or, etc.). Les caractères des conglomérats aurifères du Wibwatersrand sont trop connus pour que j'in- siste. On sait qu'il existe là une vaste formation de grès, quartziles et conglomérats, affectant, dans l'ensemble, l'allure d'un synclinal est-ouest, où la pyrite aurifère imprègne, en quantités faibles, mais très régulières, un certain nombre de bancs. Cette imprégnation pyriteuse, qui est intimement associée avec la silice du mélamorphisme par jequel ces conglomérats ont été cimentés et conso- lidés, enveloppe des galets quartzeux, dont la grosseur varie depuis celle d'un pois jusqu'à celle d'une grosse pomme, et est, en moyenne, dans les couches riches, à peu près celle d'une noix. La teneur, dans la généralité des mines, est de 10 à 20 grammes d'or par tonne de minerai; elle passe par toutes les valeurs inférieures dans des masses énormes de minerai, considérées comme inutili- sables. Des éruptions de diabases amygdaloïdes, prélude de celles qui se sont succédé plus tard pendant le Karoo et que Je rappelais tout à l'heure comme ayant, par des lermes de plus en plus basiques, abouti aux kimberlites diamantifères, ont recoupé ces conglomérats aurifères peu après leur dépôt et, par-dessus elles, se sont accumulées, dans certaines dépressions de la surface, des masses pyriteuses, à teneur en or très irrégulière (dues peut-être à un simple remaniement des dépôls précédents), qui constituent les minerais dits du Black-reef. A peu près au même étage primaire que les con- glomérals du Witwatersrand, appartiennent les. schistes métamorphiques aurifères de Barberton,… dont la formation débute, comme celle des conglon mérats, par un banc caractéristique de jaspess rouges el rayés à magnélile (non sans analogie avec la série des ilabirites au Brésil), que l’on appelle la série d'Hospital Hill. Dans ces schistes, on observe toute une série de filons-couches, formés de quartz pyriteux etaurifère, qui, tantôt, suivent très exactement les plans de joint des feuillets, tantôt se dispersent en réseau ramiliés (comme à la Sheba). Ce type, qui, du Sud au Nord, se retrouve à Sleynsdorp, Barberton, Lydenburg, Pilgrimsrest, au Murchison Range, e que nous allons bientôt rencontrer également dan la Rhodesia, est celui que j'ai désigné plus haut comme le type principal africain; on l’observe en d'autres régions du monde, dans nombre de massifs anciens, toujours avecles mêmes caractères : ainsi en Scandinavie, dans les schistes anciens des Alpes, en Guyane, elc. En même temps que l'or, certains de ces filons- couches renferment de la slibine; on y a trouvé aussi des minerais de fer et de cuivre,-de la cro- coïse et même des traces de cinabre : le tout inuli- lisé. Toutes ces imprégnations, étant poslérieures au dépôt des schistes, sont, en même temps, selon toule vraisemblance, postérieures aux conglomé- rats; mais on ne sait pas exactement de combien elles sont plus jeunes. La série dolomitique, qui recouvre au Transvaal cette série aurifère, renferme un certain nombre de gisements, dont le type, en raison même de leur intercalation dans la dolomie, est très différent de celui des gisements précédents, encaissés dans les schistes. Mais peut-être l’une et l’autre catégorie de gites appartiennent-elles à une seule et même venue mélallifère, différenciée seu- lement par la nature des terrains rencontrés sur. son passage : venue que nous pouvons supposer en relation avec les montées de roches cristallines, dites du Boschveld, dont on a des témoins important dans le haut de la série primaire, sous la forme d noriles avec magnétite et fer chromé, granites rouges, syénites à éléolite, syéniles à anorthose roches porphyroïdes du Zwagershæk, etc. Ces venues se rattacheraient alors à quelques impré= gnations mélallifères, fer, cobalt, cuivre, or, etc. en relalion directe avec ces roches el proviendraient d'une chaine de plissement, que nous pourrionss par assimilation, qualifier d'hercynienne : chainen antérieure au Karoo, qui se serait trouvée assez fortement abrasée pour avoir mis au jour toutes ces roches cristallines de profondeur. On a, dans cette dolomie, des filons-couches de manganèse aurifère (Barrets-Berlin), d'autres à sul» fures complexes de plomb, zine, fer, cuivre, r L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE 1083 cure même, avec fluorine (Kromdraai), puis, au contraire, des fissures minéralisées, verticales, où l'or s'associe avec des sulfures de cuivre (Malmani). Il est probable que celte allure diverse (filons- couches et veines verlicales) tient simplement à ce que les eaux métallisantes ont rencontré : dans un cas, des plans de joints; dans l'autre, des dia- clases. Etant encaissés au milieu de terrains cal- caires fissurés, percés de grottes et où les cir- culations d’eau sont tellement aclives qu'elles ont empêché les exploitations, ces gîtes ont, d’ailleurs, . subi, à un haut degré, les réactions oxydantes : d’où - la formation d'un peu de calamine, de cérusite et l'isolement des plus belles pépites d'or qu'on ait découvertes au Transvaal. J'ai fait tout à l'heure allusion à quelques gites, directement rattachés à la série plutonienne du Boschveld ; on se trouve là dans le cas d'une zone métallifère moins profonde que les zones calédo- niennes ordinaires, peut-être hereynienne (entre la « série primaire et le Karoo). Là seprésententdesfilons complexes de plomb, zinc, cuivre, cobalt, argent et parfois or (Middelburg). Enfin, j'ai dit en commen- cant que, dans le Swazieland, des pegmatites, associées au granite, qui forme le terme le plus - ancien de la série géologique au Transvaal, ren- - ferment de belles veines de cassitérile avec mona- zite, etc. : type de filon que nous avons toules raisons pour supposer crislallisé sous pression et en profondeur. En Ahodesia, des giles d'or nombreux, mais ‘généralement irréguliers, ont été trouvés, de divers côtés, dans le Matabeleland, le Mashonaland, le Manicaland; ils ont surtout donné des résultats “dans le premier district, à Selukwe et Sebakwe (Globe and Phœnix), puis, accessoirement, à la mine Béatrice (Hartley), dans le Mashonaland. Partout, on a des imprégnations quartzeuses et pyriteuses dans des schistes mélamorphiques, sili- M ceux ou amphiboliques, souvent au contact ou au voisinage de granites ou de granulites, c’est-à-dire de roches profondes. L'ensemble du pays présente “des caractères comparables à ceux de notre Plateau Central, c'est-à-dire des zones de gneiss, mica- schistes, schistes amphiboliques, diorites, granites, “etc. Les imprégnations métallifères, suivant une loi “sénérale, que l'on retrouve dans toute l'Afrique “primaires où on les observe, sont, presque parlout, nterstratifiées, rarement dispersées en rameaux, On peut y trouver, avec la pyrite aurifère, du mis- “pickel, de la galène, de la blende, des minerais uivreux. L'association de la stibine avec l'or existe à la mine Inez (Hartley Hills), comme à Gravelotte -(Aurchison Range). Mn Cette même catégorie de gisements se prolonge, + vers l’est, en passant dans le J/ozambique portugais. Vers le nord-ouest, la zone aurifère se poursuit jus- qu'aux confins du Katanga, d'après la découverte qui vient d'être faite dans le district de Kansanshi, presque à la frontière du Congo belge. En même temps, on trouve, au nord-ouest de la Rhodesia, un certain nombre de gîtes cuivreux, qui se rattachent, d'autre part, à ceux du Congo (Rhodesia, Kafue, Barotse Copper, ete., etc...). En dehors des gites métallifères proprement dits, la région que nous venons de parcourir ren- ferme d'importants dépôts charbonneux, dont il convient au moins de rappeler l'existence. Tous ceux de ces dépôts exploités jusqu'ici forment des couches horizontales dans le Karoo (Permo-Trias). On a organisé de grandes mines dans le nord du Natal (Newcastle), aulour de Johannesburg et à l'est de Prétoria, vers Middelburg ; on a relrouvé le prolongement des mêmes couches en Rhodesia, près du chemin de fer futur qui doit relier Bulu- wayo aux Victoria Falls sur le Zambèze; et, du côté du Nyassa et du Tanganyvika, les explorateurs alle- mands en ont également rencontré des indices. Un autre bassin charbonneux, beaucoup plus ancien et considéré comme du Houiller supérieur, se trouve à Tété, sur le Zambèze. En face du Mozambique, l'ile de W/adagascar, aujourd'hui détachée du continent africain, mais qui lui était certainement reliée aux époques primai- res, où se sont formés les gisements dont nous nous occupons ici, présente quelques gites métallifères et minéraux d'une valeur restreinte, mais dont le type se raltache tout à fait à celui que nous avons rencontré un peu partout depuis le commencement de cette étude. La partie métallifère de Madagascar est, en effet, un vaste plateau arasé de terrains cristallins et métamorphiques,gneiss, micaschistes, schistes siliceux, etc., au milieu desquels appa- raissent des roches cristallines de profondeur, gra- nites, diorites, etc., et s'intercalent quelques syn- clinaux primaires. Les manifestations éruptives récentes, dont Madagascar porte la trace bien nette, et les cassures, qui, depuis le Jurassique, ont affecté l'ile, ne semblent pas, au moins jusqu'à découverte nouvelle, avoir amené d'incrustations métallisan- tes, si ce n’est peut-être quelques traces de cuivre dans un basalte. On trouve surtout des imprégnalions auritères extrêmement disséminées dans les terrains ancie cristallins ou métamorphiques : imprégnati moins en partie, contemporaines cle | même des gneiss et des quartziles à mi on Les observe. Ce sont ces imprégnations, sans grande valeur par elles-mêmes, dont la pr paration mécanique naturelle a formé, aux vallées, la série de petits placers auxqi étite où naissances des els est due 1084 L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE la réputation de richesse aurifère, faite à l'ile. Cer- laines d'entre elles semblent attribuables à des pegmatites aurifères, oùlapyrite fait souvent défaut, pegmatites où l'or se serait trouvé critalliser dans les conditions habituelles de l’élain. À des pegma- titles du même genre se rattachent quelques miné- raux d'une certaine valeur pratique, comme le cristal de roche, la tourmaline, etc... D'autre part, il existe, au sud de Tananarive, dans le district d'Ambositra et d'Ambatofangehana (bassins de la Vato et de la Mania), un certain nom- bre de venues métallifères intéressantes, compre- nant des hydrosilicates de nickel analogues à ceux de la Nouvelle-Calédonie, des filons de galène, de chal- copyrite, de manganèse coballifère. Une partie de ces gisements, élant intercalée dans des dolomies siluriennes, à pris les formes d'oxydation habi- tuelles aux gites en relation avec des calcaires. Enfin, les amas de magnélite et d'oligiste sem- blent extrémement abondants. Si nous continuons à remonter la côte d'Afrique vers le nord, nous arrivons au protectorat de l'Æs/- Africain Allemand : là, on n'a à peu près rien trouvé, jusqu'ici, comme gîtes minéraux, si ce n’est quelques amas de magnétile et oligiste inutilisables dans les terrains cristallins, de minces dépôts de lignite permo-triasiques, signalés plus haut, au nord du Nyassa, el un peu de sel. Puis viennent les régions de l'Abyssinie et du Soudan égyptien, encore très mal explorées, où, néanmoins, l'on a commencé à exploiter, de divers côlés, des gisements d’or, qui sont, en majeure par- tie, des placers. On parle cependant de quartz auri- fères au confluent du Dabous et de la Didessa, sur le 10e parallèle. Les autres districts productifs sont ceux du Harrar, de Fazogl dans la haute vallée du Nil Bleu etenfin ceux de Takla (12° N., 32° E. dans le Kordofan,. Menlionnons également quelques lignites crélacés, du sel et des substances salines. En Ægypte, il existe, dans les collines de la mer Rouge, entre le Nilet la mer Rouge, des gites métal- lifères un peu mieux connus, dontles uns paraissent encaissés dans une chaîne primaire avec granites, granulites, diorites, etc., dont les autres se ratla- chent peut-être aux fractures tertiaires qui ont produit el accompagné l'effondrement de la mer Rouge. Les principaux de ces gisements sont des gise- ments d'or, exploités dans l'Antiquité, soit au voisi- nage du port de Bérénice, dans l'Etbaye, soit au nord de Kosseir, à Um-Rus, loujours sur la mer Rouge. Dans le dernier cas, on parle de filons de quartz aurifère dans des pegmatites, qui traversent des granites et gneiss : il s'agirait done, sauf vérifi- cation, d'une venue très ancienne, tout au moins d'une venue profonde, où l'or aurait cristallisé sous cerlainement affaire à une venue métallifère d'âge. pression avec la silice, dans les conditions habituel- : lement réalisées pour les gites d’étain. C'est égale- ment à des actions granulitisantes sur des mica- schistes que l'on rapporte les veines à émeraude du Djebel Sabara (dans la même région), d'où prove- nait la fameuse pierre à travers laquelle Néron regar-. dait les jeux du cirque. Les gisements de plomb de Safaga, sur la même côte de la mer Rouge, appar- tiennent peut-être à une formation plus récente; ils Mer Morte: lines de Lenphés à Turquoise SINAÏ Oasis Bahrieh Coptos : Esneh asis Djebe | Dachel A ü RE Emeraude => Bérénice Æ. Borremans- Se. Fig. 4. — Richesses minérales de l'Egypte. imprègnent des calcaires cristallins d'âge indéter-: miné. Enfin, si l'on arrive au nord, dans le Sinaï, on a» crétacé ou tertiaire; car c’est dans les grès de Nubie que l’on a exploité là, pendant de longs siècles, des veines oxydées de cuivre et de manganèse avec des: nids de turquoise. Ce dernier gisement, le seul jus- qu'ici dont on puisse certifier qu'il n'appartient pas à une série ancienne, va donc nous servir de tran- sition pour passer à la zone méditerranéenne (Algé- rie et Tunisie), dont le contraste avec le massif ancien est, ainsi qu'on va en juger bien vite, aussi L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE complet que nous pouvions le désirer pour notre ‘théorie. ‘ IIL. — ZONE MÉDITERRANÉENNE (ALGÉRIE ET TUNISIE). La zone algérienne et tunisienne, qui va être décrite, se prolonge cerlainement au W/aroe, où Won a signalé des gisements de plomb, de cuivre, ‘de fer, d'antimoine, etc.; mais les notions sur ce “dernier pays sont encore bien vagues, tandis que les départements français sont, au contraire, par- faitement explorés et connus : il vaut donc mieux borner à eux cette étude. En Algérie comme en Tunisie, si l'on néglige une réapparition de terrains cristallins, dans laquelle on retrouve des lentilles d'oligiste et de magnétite (Mokta el Hadid), analogues à celles du massif an- cien dans l'Afrique Centrale, nous observons par- tout, presque uniquement, des gites filoniens ter- tiaires, dispersés dans les saillies superficielles d'une chaine de plissement récente et oxydés sur de grandes profondeurs, par suite de la distance notable à laquelle le niveau hydrostatique se trouve souvent de la superficie dans ces terrains acci- dentés. Ces filons, malgré des apparences contraires, tenant, pour la plus grande part, à ce métamor- phisme et à cette remise en mouvement superfi- _ cielle, malgré aussi la prédominance accidentelle de tel ou tel mélal dans l’un ou l’autre, me semblent appartenir tous à un seul groupe et s'être formés, dans des conditions analogues, à peu près simulta- nément. Ce sont, en deux mots, si on les envisage dans leur origine profonde, des filons complexes - sulfurés de cuivre, plomb, zinc, fer, antimoine, mercure, elc., probablement dérivés d'une venue “éruptive terliaire, qui forme une zone bien mar- quée le long du rivage. Nous allons, d’ailleurs, voir ces filons se différencier, aussi bien en théorie qu en pratique, par l'allure variable de la fracture dans laquelle s’est faite leur incrustation, et nous ‘serons amenés également à envisager une cerlaine variation méthodique dans la minéralisation, à mesure que l’on s'éloigne de la zone éruptive litto- rale : le fer et le cuivre commençant par dominer; puis le zinc et le plomb leur succédant. Mais, aupa- ravant, il est nécessaire de rappeler, en quelques mots, la constitution géologique de ce pays, dont nous allons étudier les gisements. Si l’on examine, sur une carte d'ensemble, la ré- gion ouest de la Méditerranée, comprenant l’Algé- -rie et le Maroc, on voit aussilôt les diverses bandes de terrains, qui en accusent les plissements, dessi- ner une courbe conlinue suivant les rivages de l'Afrique, puis de l'Espagne, en traversant la cou- pure du détroit de Gibraltar comme si elle n'exis- 1085 tait pas. Cela est marqué, notamment : par une ligne de roches éruptives récentes, qui, presque partout conforme aux rivages actuels, jalonne, suivant leur direction, une fracture probable; puis, un peu plus loin, par une zone archéenne et pri- maire, qui se montre, à l’état de tronçons discon- tinus, à Bône, à Philippeville, en Kabylie, autour d'Alger, à Mouzaïa, Miliana, Oran, la Tafna, au Maroc et à l’est de Grenade‘; enfin, par la série des ondulations jurassiques, crétacées et tertiaires, au milieu desquelles le Trias et peut-être le Permien, ou rarement les schistes primaires, reparaissent à l'état d'ilots. Au sud, cette zone plissée se termine par des escarpements au-dessus du Sahara. Il semble, dès lors, y avoir là une chaine mon- tagneuse, formée par une poussée des terrains vers le Sud, avec une ligne de fracture volcanique en arrière, du côté du nord ou de la mer : chaîne qui se rapproche, par tous ses caractères généraux, de ce qu'on peut observer dans les autres rameaux alpestres, notamment dans la Cordillère Bétique et dans les Apennins, et dont les gisements métalli- fères doivent, par suite, selon toute vraisemblance, être analogues à ceux de ces régions. Le surgisse- ment de cette chaine parait avoir commencé vers l'Éocène, en même temps que les manifestations éruptives, pour se prolonger pendant les périodes suivantes. Son bord externe plissé est au Sud (sa lèvre effondrée étant au Nord), comme il est à l'Est dans les Apennins, ou à l'Ouest dans la Cordillère Bétique. Tout cet ensemble décrit ainsi, autour de la mer Tyrrhénienne, une sorte d’ellipse, dont le centre apparait comme un immense cratère, avec une série de cratères adventifs, de manifestations éruptlives sur sa périphérie, et une marge ancienne remontée le long de cette fracture, tandis que, tout autour, les terrains, refoulés symétriquement par la dislocation de cette partie centrale, sont allés se plisser, s'écraser contre une série de butoirs anté- rieurement consolidés, d'avant-pays plus anciens: la Cordillère Bétique contre la Meseta, l'Atlas contre le Plateau Saharien, de même que les Alpes ont buté contre le Plateau central ou la Bohème, les Carpathes contre la plate-forme russe, etc. Ici, comme dans tous les districts métallifères filoniens, il semble que les magmas éruplifs, dont l'apparition au jour est, dans notre cas, par de l'érosion peu avancée, à peu près localisée dans la couronne centrale, aient dégagé des fumerolles, suite ns toutes immédiatement reprises par les eaux, d les parois externes de cette ceinture montagneuse, que je comparais tout à l'heui in grand cratère. ont pu s'éloigner d'au- Ces dissolutions thermales 1 Vers l'Est, cette zone se tre en Sardaigne et en Corse. pourst 1086 tant plus des roches éruplives, leur origine première, qu’elles renfermaient des métaux plus aisément solubles dans des conditions de température et de pression voisines des conditions extérieures, et ainsi s'est produite une certaine différenciation des métaux, qui apparaitrait bien plus complète, bien plus rationnelle, suivant la remarque générale déve- loppée dans cet arlicle, si une section verticale de la croûte terrestre nous permettait d'assister à ce départ progressif, de voir l'appauvrissement en principes métalliques se faire peu à peu, à mesure que l’on s'éloigne du magma fondamental. L'âge des gites algériens est, comme on peut le prévoir d'après ces observations, à peu près con- temporain de celui des roches éruptives, qui, elles-mêmes, ont commencé à s'élever pendant l'Éocène; ce sont des filons tertiaires, qui, suivant le hasard des rencontres, ont pu se trouver en- caissés dans les terrains les plus divers, depuis le primaire jusqu'à l'Oligocène ; mais les plus nom- breux de ces gites se trouvent, naturellement, dans les terrains qui occupent les plus grandes surfaces en Algérie, c'est-à-dire dans le Crétacé, et les plus importants se sont développés dans ceux de ces terrains qui, par leur structure physique ou leur composition chimique, offraient les conditions les plus favorables à la minéralisation. Il en résulte donc certaines apparences de niveaux métallifères, — d'autant mieux marqués, dans certains cas, que bien des fractures se sont faites parallèlement à la direction générale des plis et restent, par suite, sur leur longueur, dans les mêmes bancs ou au con- tact des deux mêmes niveaux. Les filons algé- riens tirent, par suite, certains de leurs caractères de ia prédominance des terrains secondaires, tels que les calcaires, les marnes, ies schistes argileux dans lesquels ils sont habituellement encaissés. Il est évident, a priori, qu'un filon traversant le Cré- tacé aura rencontré des conditions d'ouverture et de minéralisation loutes différentes de celles d’un filon incrusté dans des schistes cristallins, des gneiss ou des graniles; mais l'existence, à la sur- face, de l’une ou l’autre série, ancienne ou récente, est elle-même une conséquence de l'ancienneté des plissements dans celle chaîne, du temps plus ou moins long écoulé depuis son émersion définitive, de l’abrasion plus ou moins prononcée qui a dé- pouillé les noyaux cristallins de leur manteau sédimentaire : en sorte que celle seconde influence, intervenue dans la constitution des types régio- naux mélallifères, pas sans présenter un rapport indirect avec la première. n'est Les filons algériens et tunisiens sont done, à la fois, des filons superficiels et des filons incrustés, pour la plupart, dans des terrains calcaires ou marneux, alternant avec des schistes. Si l'on ajoute L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE l l'irrégularité du relief, d'où résulte la profonde fréquente du niveau hydrostalique, on a les trois. caractères principaux qui déterminent leur faciès habituel. f Les deux premières influences ont, l'une comme. l'autre, provoqué une grande dispersion, un épar- pillement regrettable des gites. Ceux-ci incrustent" les fissures de tous genres que peuvent présenter de semblables sédiments plissés : c'est-à-dire que l’on observe soit des fractures-failles transver- sales aux couches, soit des fractures de décolle- ment entre deux strates et surtout entre deux ter- rains inégalement plastiques, comme un calcaire et une argile ou une marne, soit encore des diaclases intérieures des couches : par exemple, de petites fissures perpendiculaires à une grande faille, ou des cassures périphériques dans un dôme qui a éprouvé un mouvement relatif par rapport aux terrains encaissanls. À Les actions secondaires sont venues encore com- pliquer ces phénomènes, et surlout dans les ter- 1 rains calcaires, où, par le fait même de leur action, se sont constitués quelques-uns des plus beaux | gites. En raison de l'irrégularité du relief, qui, dans ces calcaires fissurés, a permis une cireula- lion profonde d'eaux superficielles, constamment renouvelées, leur influence s'est exercée sur de grandes hauteurs, et ainsi ont dû se former les dépôts qui, industriellement, présentent le plus | de valeur : pour les blendes, les calamines; pour les pyrites de fer, soit les sidéroses avec hématiles dans les calcaires, soit directement les hématites dans les autres terrains; pour les pyrites de cuivre, les oxydes et carbonates de cuivre, accompagnés, s'il existait un peu d'arsenie où d'antimoine, par | des cuivres gris, ete., etc. | La conséquence, c'est qu'en pratique les gise- ments algériens peuvent, malgré l'origine com- mune que je leur attribue ici, présenter des aspects extrêmement variables et rentrant plus ou moins dans les catégories suivantes : 1° Amas de pyrite de fer, avec mince chapeau de fer oxydé et parfois traces de cuivre; — filons de chalcopyrile, avec un peu d'hématite ou de sidé- rose; — grands amas d’hématile dans les calcaires ou à leur contact, pouvant passer à la sidérose, pou- vant aussi s'associer avec des produits cuivreux, ou même des veines de cuivre sulfuré; — filons de cuivre gris avec hématite, sidérose, carbonates de cuivre et résidu de chalcopyrite, à gangue souvent barytique ; 2° Veines de blende recouvertes d'un mince enduit calaminaire el associées avec plus où moins de galène; — amas calaminaires, soit dans les cal- caires, soit au contact des calcaires et des marnes : la calamine pouvant être, tantôt rougie par du fer, L. DE LAUNAY — LA RICHESSE MINÉRALE EN AFRIQUE 1087 tantôt chargée de galène, pouvant aussi être asso- eiée avec un peu de cinabre, de stibine ou de sénar- montite et avec des minéraux oxydés du cuivre; — amas ou boules de galène, avec cérusite accessoire, accompagnant des amas calaminaires, ete. ; … 3° Oxydes d’antimoine, englobant des parties de stibine intacte, avec parties zincifères ou plombeu- Ses, etc. ; … Ilest facile de voir comment ces trois groupes Se ramènent tous à un filon sulfuré complexe, où le fer et le cuivre dominent dans le premier cas, le zinc, le plomb et, accessoirement, le mercure dans _le second, l’antimoine dans le troisième. Di: présence de l’antimoine et du mercure, assez fréquents dans toute une zone située à l'est de “Cofstantine, entre Batna, Guelma, Duvivier et _Bône, sur environ 200 kilomètres de longueur Lotale, est intéressante à signaler. C'est un fait que nous ne trouvons guère dans les gisements plus “anciens et plus profonds. La stibine, que nous _observons ici, se présente, notamment, dans des d “conditions tout à fait différentes de celles auxquelles … nous sommes habitués dans le tronçon hercynien “du Plateau central francais; là, elle est uniquement associée avec du quartz et, accessoirement, avec de la pyrite ou du mispickel, dans des filons en stock- werk d'âge carbonifère, dont le type rappelle beau- -coup plutôt celui des filons d’étain que celui des filons de plomb, et qui se rattachent, presque tou- … jours, directement, soit à des microgranulites pro- prement dites, soit à des granulites passant aux microgranulites. Parmi les gisements algériens dont nous venons de résumer les condilions de dépôt générales, j'ai - déjà dit que les plus voisins de la côte sont sur- - tout ferrugineux et cuivreux, les plus éloignés zincifères ou plombifères, sans qu'il faille chercher une rigueur absolue dans cette remarque. C'est, par exemple, dans le premier groupe que se pré- sentent, à la frontière du Maroc, les grands amas d'hématite de la Tafna, datant probablement du Miocène inférieur et substitués à des calcaires lia- siques; puis la série des filons cuivreux sans grande valeur, qu'on a essayé autrefois d'exploiter près de Ténés, à Mouzaïa, dans la petite Kabylie, l'amas pyriteux d'El Auzouar, les filons complexes, mais riches en cuivre, de Kefoum-Theboul, près la Calle, enfin les grands amas d'hématite de Tabarea, en Tunisie, qui seraient depuis longtemps exploi- tés, s'ils ne s'étaient trouvés arsenicaux. Le second groupe est celui sur lequel ont porté les plus nombreuses recherches dans ces dernières années. Là, se trouvent les mines de plomb de Gar- rouban, près du Maroc, les amas calaminaires d'Ouarsenis, les filons de blende de Sakamody, les grands gites de plomb et zinc récemment concé- dés au Bou-Thaleb, les exploitations de zinc d'Ham- mamn'Bails, la concession d’antimoine du Djebel Taya, l'énorme amas ferrifère du Djebel Ouenza et celui moindre du Djebel bou Kadra (à la frontière tunisienne); enfin les belles mines de zinc et de plomb de Tunisie (amas calaminaires ou veines de galène), du Djebel bou Amar, du Kanguet kef Tout, de Sidi Ahmed, Sidi Youssef, du Djebel Recas, ele, IV. — CoxeLUSION. Une description plus détaillée de ces divers gise- ments conduirait, sans doute, encore à bien des observations générales intéressantes; mais il ne saurait être question de la faire ici, tandis qu'elle trouvera naturellement sa place dans l'ouvrage où j'étudie l’ensemble de la Richesse Minérale Afri- caine; je crois, d’ailleurs, en avoir assez dit pour avoir bien mis en lumière la loi théorique qu'il m'importait surtout de démontrer, et pour avoir fait voir comment la répartition de la richesse mi- nière dans divers pays et le type caractéristique de ces gisements miniers ne sont pas un effet du hasard, mais résultent, en grande partie, des der- niers piissements et des dernières fractures subis par cette région, ainsi que de l’abrasion plus ou moins prononcée qui, depuis cette époque, avait plus ou moins ramené son orographie à celle d’un plateau inégalement ondulé. C'est dans le même ordre d'idées que, dans un artiele précédent’, envi- sageant ce qui parait être le terme extrême des venues hydrothermales métallisantes, j'avais déjà montré les sources thermales actuelles localisées d'une manière curieuse et bien systématique dans les zones de l'écorce, affectées par les mouvements internes les plus récents. J'ajoute seulement encore, pour ne pas parailre oublier une des principales richesses minérales al- gériennes, mais richesse d'un ordre totalement différent, qu'un très important niveau phosphaté existe dans le Suessonien d'Algérie et de Tunisie, où il a déjà été mis en exploitation, près de Tebessa, à Gafsa, etc. Des recherches pétrolifères dans la ré- gion de Relizane, à l’est de Mostaganem, ont égale- ment donné quelques résultats assez encourageants. L. De Launay, Ingénieur en Chef des Mines, Professeur à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines. 1 Voir la Ztevue du 15 juillet 1895. E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE LA REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE GÉNÉRALE | 1088 I. — JourNAUx Er SOCIÉTÉS. Les études anatomiques recoivent à l'heure actuelle une vive impulsion. Comme signe de ce regain d'activité, nous devons signaler la fondalion de quatre nouveaux recueils de Mémoires. C'est The American Journal of Anatomy, dont le premier numéro contient des articles : de Bardeen et Har- mon Lewis, sur le développement des membres et de la paroi du corps, très documenté et orné de belles planches; — de Preston Kyes, sur le réseau de la rate ; — de Huber, sur la névroglie ; — de Warthin, sur l'histologie des glandes hémolympha- tiques; — de Sedgwick Minot, sur la région pinéale. C'est Archivio italiano di Anatomia e di Embrio- logia, paru sous la direction de Chiarugi'. C’est l'etrus Camper, journal hollandais, qui a déjà deux années d'existence. C'est, enfin, un recueil en langue polonaise. Cela n'est pas, d'ailleurs, sans inconvé- nients; au milieu de la surabondance des Mé- moires et de la diversité des idiomes, il est de plus en plus difficile de se tenir au courant. Heureuse- ment, les Sociétés luttent contre cet éparpille- ment et tendent à grouper les chercheurs. À côté de Sociétés à peu près exclusivement nationales, comme l'Anglaise el l'Américaine, —T Anatomische Gesellschaft et V Association des Anatomistes tien- nent chaque année de véritables petits congrès internationaux. L'Associalion française, la dernière venue, est en pleine prospérité, et a eu deux dernières réu- nions très intéressantes : à Lyon en 1901, et à Montpellier en 1902. IT. — Tissus Er SYSTÈMES. $ |. — Les données nouvelles sur la fibre muscu- laire striée et en particulier sur la fibre du cœur. Revenant un peu en ‘arrière, nous signalerons d'abord une revue générale de Martin Heidenhain, parue en 1899 *. C’est une sorte de mise au point de la question (structure de la fibre musculaire striée), ayant pour base äe nombreuses observa- tions personnelles. On à nié, el quelques auteurs nient encore la structure fibrillaire de la fibre mus- culaire. Bowman d’abord, schémalisantses propres descriptions, est arrivé à dire que la fibre est aussi bien décomposable transversalement en disques, * Nous n'avons pu encore le consulter. 2 ManTiN HetpExHaAI : Struktur der kontractilen Materie. I. Struktur der quergestreiften Muskelsubslanz. £rgrbnisse der Anatomie und Entwicklungsgeschichte, Bd. VIII, 1899. que longitudinalement en fbrilles : le véritable élé ment musculaire est celui que donnerait une disso® cialion idéale dans les deux sens à la fois : le sar cous element. D'autre part, récemment, à la suite de Carnoy, toute une série d'histologistes, Mellands Marshall, Van Gehuchten, Ramon y Cajal, ont den oo L la même structure. Son cytoplasme (sarcoplasme), est la portion essentielle; il forme un réticulum régulier, à filaments longiludinaux (correspondant aux espaces interfibrillaires) et transversaux (cor- respoudant aux disques minces); les fibrilles des auteurs sont des produits arlificiels. M. Heidenhain s'élève vivement contre ces difré- rentes conceptions. A ceux qui nient la fibrille en s'appuyant sur Bowman, il montre d'abord que c'est seulemen en schématisant à l'excès que ce dernier s'est peu à peu éloigné de sa description première. La disso ciation en disques est rare et difficile, la dissocia- tion en fibrilles est banale. Enfin, comme Rollet l'a montré depuis longtemps, le disque que l'on ob- tient par dissociation est le disque mince, et non le disque épais, c'est-à-dire celui que Bowman ecroyail. décomposable en sarcous elements. À tous, il ré- pond que la fibrille ne peut être considérée comme un produit artificiel, puisqu'elle est isolable sur les muscles vivants des ailes des Insectes. Il rappelle la dissociation bien plus facile encore après l'action des réactifs, le déplacement, le glissement parallèle. des fibrilles l'une sur l’autre, ete... enfin, il se base sur l'étude des champs de Cohnheim comparés dans la série animale. I faut pourtant ajouter, dit-il, que tout ceci doit s'appliquer aujourd'hui, en réalité, non aux fibrilles, mais aux colonnettes musculaires, c'est-à-dire aux cylindres ou prismes de substance striée que ladis- sociation permet d'isoler si facilement dans les muscles des ailes des Insectes, et que l’on trouve sur la coupedes fibres musculaires de la plupart des Vertébrés, séparés par des bandes plus où moins larges de protoplasme, la section de chacun repré- . Sentant un champ de Cohnheim.On admet que cer- laines de ces colonneltes peuvent être constituées par une seule fibrille isolable, que la plupartle sont par un faisceau de fibrilles généralement très diffi- ciles à séparer. En beaucoup de cas, on emploie les deux mots indifféremment (ailes des Insectes). M. Heidénhain, se basant surtout sur l'étude des E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE 1089 différente, souvent divisibles eux-mêmes, qu'on trouve chez cerlains Invertébrés (chenille de Bom- byx Neustria), arrive à une conceplion un peu nou- velle de la fibrille. Une seule chose, pour lui, est démontrable, isolable : la colonnette. Rien ne per- met de définir la fibrille comme l'unité anatomique fondamentale, indécomposable. Il luisemble (comme à Hensen) que la divisibilité en long des colon- elles est si grande qu'on ne peut lui assigner de limites. De nouveaux procédés de dissociation _ peuvent nous permettre d'aller chaque jour plus _ Join dans cette voie, et rien ne nous empêche de penser que la dernière unité obtenue serait elle- - même indivisible. Le dernier terme de la série n’est donc pas une fibrille histologique (c'est-à-dire ma- _tériellement visible), de calibre déterminé, mais la série linéaire de molécules contractiles élémen- aires des physiologistes, ou inotagmes d'Engel- . mann. Les filaments de substance musculaire ou ibrilles, qui se développent dans la cellule muscu- aire embryonnaire, sont d'abord très fins; bientôt, . ils s’accroissent en épaisseur, deviennent alors fis- surables en long, et chacune des nouvelles unités … ainsi formées est, à son tour, susceplible des’épaissir … et de se diviser plusieurs fois en long. Ce que nous “ parvenons, à un moment donné, à dissocier comme - fibrille, c’est un produit artificiel, dont la produc- - tion possible repose sur l'existence de la structure - fibrillaire moléculaire mélamicroscopique. Toutes - les fibrilles ou colonnettes-filles contenues dans un È champ de Cohnheim, de quelque ordre que ce soit - {nous avons vu plus haut que ces champs peuvent être parfois divisibles en champs plus petits, d'ordre secondaire, terliaire, elc...), dérivent de la même fibrille ou colonnette-mère. Dans la pratique courante, il résulte de tout - cela, nous semble-t-il, que l'anatomiste, obligé à n'employer que des termes concrets et bien définis, devra éviter, aulant que possible, de parler de fibrilles dans une description( sauf chez l'embryon), et s'attacher plulôt à la colonnette, qui, dans la plupart des cas, est bien limitée et isolable. En ce qui concerne la s{rialion, Meïidenhain insiste surtout sur le disque mince (strie Z). Pour lui, comme pour Krause, c'est la membrane fonda- mentale par excellence (Grundmembran), permet- tant la décomposition idéale ou réelle de la colonnette en une série de cassettes (Krause), ou véritables éléments musculaires (Merkel). Elle traverse la fibre dans toute son épaisseur. en pre- nant une insertion solide à la périphérie sur le sarcolemme. L'auteur met parfaitement en évidence ‘celte mince membrane continue par l'hématoxyline au ler ou au vanadium. Elle empêche l’écartement des fibrilles pendant la contraction, et correspond, champs de Cohnheim, très irréguliers, de taille très | dans l'architecture de la fibre, aux travées obliques ou transversales de la substance spongieuse dans l'os long. Enfin, pour Heidenhain, la très mince cloison cen- trale qu'on trouve au milieu du disque épais el de la strie de Hensen aurait les mêmes réactions et le même rôle; elle s'étendrait aussi à travers loute la largeur de la fibre et servirait de lien transver- sal secondaire entre les colonnettes. Une série de travaux plus récents tendent à modi- fier nos idées sur la fibre musculaire du cœur. On décrivait, dernièrement encore, ces éléments comme dépourvus de membrane propre ou sarco- lemme. Presque tous les auteurs, actuellement, s'accor- dent à -reconnailre l'existence d'un sarcolemme, mais beaucoup plus mince que dansles autres fibres. Onsait, d'autre part, que les fibres cardiaques sont anastomosées, que les nitratations les montrent décomposées en segments par les {rails scalari- furmes d'Eberth, que la dissocialion par la potasse permet d'isoler ces segments. On considérait chacun d'eux comme un élément anatomique, comme une cellule cardiaque, et les lrails scalariformes comme des traits de ciment intercellulaire. Parmi les auteurs les plus récents, Hoyer, seul, admet encore que la plupart de ces traits sont des lignes cimen- taires. Dès 1893, Przewosky avait montré qu'en ces points il n'ya pas séparation complète entre les segments, mais continuité directe, fibrille par tibrille. Depuis, Mac Callum (1897)', Hoche (1897)? oal confirmé ce fait. Von Ebner * admet lacontinuité absolue des fibrilles, de segment à segment, jusqu'à leur point d'inserlion, c'est-à-dire jusqu'aux an- neaux fibreux de la base du cœur, ou au sommet des museles papillaires. Hoyer‘, tout en conservant les lignes cimentaires, admet la même continuité, sans pouvoir affirmer pourtant que les fibrilles sont aussi longues. Martin Heidenhain”, Marceau? considèrent comme indiscutable la continuilé des fibrilles de segment à segment sur une très longue étendue. Le dernier la constale aussi dans ces cellules striées polyédriques, à proloplasme abon- dant, qu'on rencontre si nombreuses sous l'endo- 1 Mac Carzuy : On the histology and histogenesis of the heart muscle cell. Anatomischer Anzeïger, Bd. XHI, 1897. 2 Hocue : Recherches sur la structure des fibres muscu- laires cardiaques. Bibliographie anatomique, 1897. 3 Vox Esxer : Ueber die Kittlinien der Herzmuskelfasern. Académie des Sciences de Vienne, 1900. 4 Hover : Ueber die Continuität der contractilen Fibrillen in den Hermuskelzelleu. Bulletin de l'Académie des Sciences de Cracovie, 1901. 5 Mari Heinenuanx : Ueber die Struktur des menschlichen Herzmuskels. Anatomischer Auzeiger, BA. XX, 1901. 6 F, Marceau : Recherches sur l'histologie et le dévelop- pement comparés des fibres de Purkinje et des fibres car- diaques. C. ?. de la Soc. de Biolagie,1901, et Bibliographie analoraique, 1£02. 1090 E. LAGUESSE -— REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE carde du mouton (et d'autres animaux) sous le nom de cellules de Purkinje. Que deviennent les traits scalariformes avec ces nouvelles données? Hoyer, nous l'avons vu, main- tient signification ancienne avec quelques réserves. Pour von Ebner, parmi ceux que révèle la nitratalion : les uns sont dus à la réduction de l'argent dans des fissures de portions conjonctives entourantes; les autres, plus fréquents, sont des stries d'épaississement, dues à des contractions très limitées, anormales, produites, à la mort de la fibre, par les liquides fixaleurs eux-mêmes. Pour Hoche, Heidenhain et Marceau, qui les étudient après fixation et coloralion par l'hémaloxyline au la fer, ces zones de hätonnets (Hoche), pièces interca- laires (Schaltstücke : Heidenhain), ou handes transversales (Marceau) ont une existence bien réelle en dehors des stries d'épaississement qu'on peut rencontrer dans certaines circonstances. Elles sont constituées par une série de petits bàatonnets, vivement colorés en noir bleuâtre par l'hématoxy- line au fer, placés côte à côte chacun sur le trajet d’une fibrille [ou plutôt d'une colonnetle},et réunis transversalement les uns aux autres par une substance homogène un peu moins foncée. L'épais- seur des bandes est, en général, un peu moindre que celle d'un disque épais. Elles occupent tlou- jours la place d’une série de disques minces (ou de plusieurs séries en escalier).Pour Heidenhain, elles seraient même limitées sur chacune de leurs faces par un de ces disques minces. Heidenhain ,Marceau,quiles ont étudiées indépen- damment el simultanément, insistent avec von Ebner sur ce point qu'elles n'ont absolument rien à voir avec les limites de cellules. En effet, si, assez régulièrement disposées, elles délimitent souvent des segments mono-ou binucléés, souvent aussi elles bornent de très petits segments non nucléés réduits à quelques fibrilles parfois, ou à quelques éléments musculaires(cassettes)|, ailleurs d'énormes segments avec de nombreux noyaux, s'étendant dans le sens (ransversal à plusieurs fibres anas- tomosées sont latéralement. Les pièces intercalaires très différemment réparties suivant les espèces, n'existent pas chez le fœtus (Marceau), et commencent à se former seulement après la naissance. Les prétendues cellules cardiaques n'au- raient done, comme le voulait déjà von Ebner,- aucune existence réelle. Chez l'embryon, de très bonne heure, les éléments constituants du myo- carde s'ordonnent en un réseau à mailles étroites el se fusionnent en un vaste syncytium mullinu- cléé, dans l'intérieur duquel s'individualisent peu à peu les fibrilles striées (embryon de canard de trois jours : Heidenhain; embryon de mouton de 9 mil- limètres * Marceau). Celles-ci s'accroissent peu à | différencialions secondaires, dont la présence est essentiellement liée à la disposilion rétiform des fibres cardiaques. Tenant constamment droite et de gauche sur ces faisceaux el les tirail lant, tendent, en effet, à les disjoindre. Heidenhaï donne, de son côté, une explication analogue, et fai N remarquer que les pièces intercalaires sont siluées | de préférence aux nœuds du plexus que forment les fibres anastomosces ; elles reforment en nous veaux faisceaux les fibrilles musculaires disjointess par la ramilication, l'effilochement que subissent les fibres de place en place. Mais, pour lui, ces for= mations auraient encore un autre rôle, plus impor tant peut-être : elles seraient destinées à l'ac: croissement longitudinal inlercalaire des fibres ‘ardiaques. Chez l'animal en voie de croissance quand la pièce intercalaire est plus épaisse que la hauteur d'un élément (cassette) musculaire, sa plus grande partie se différencie et donne nais sance à une série de nouveaux éléments. L'auteur base surtout sur lélection, plus vive pour les couleurs d’aniline, qu'ofrent les fibrilles au contact des pièces intercalaires, élection tout à fait. analogue à celle des extrémités de fibres en voies se Û pièces intercalaires n'existent pas avant la nais=« sance, à l’époque du plus grand accroissement, ces qui permet de conserver quelques doutes sur las réalité de ce processus. “ Marceau donne encore quelques détails intéress d'elles apparait, dans le protoplasma de la fibre cardiaque, comme un filament lrès fin, colorable en rouge par l’éosine, où l’on aperçoit déjà trè généralement un chapelet de petites granulalions teintes en noir par lhématoxyline au fer. Le fila= double en long, mais les granulations-filles restent 1091 plus foncé que le reste du filament, et se fusion- t ensuile en un bâtonnet qui représente un ue épais. Plus tardivement apparaissent, entre bâtonnels, les disques minces. Jusque sur des ryons de 110 millimètres environ, ces fibrilles ntinuent à s'accroitre, et leurs extrémités mon- tles mêmes caractères, c’est-à-dire la succession images précédemment décrites. Les fibrilles, une formées, se mulliplient par dédoublement lon- dinal, marchant progressivement d’une extré- confirme les vues théoriques de Heidenhain, nt nous avons parlé au début. Cela confirme lement la description de Godlewski*. e but principal du travail de Marceau était la eription des cellules de Purkinje et la recherche leur signification. Il établit que ces éléments mentent de nombre même après la naissance, Dils ne représentent point une forme jeune de cellule cardiaque. Fibres cardiaques et fibres de urkinje se diflérencient l’une et l’autre aux dépens du réseau syncylial primitif, et se développent allèlement côte à côte, mais en se rapprochant cune progressivement d'un type défini. Dans deux, les fibrilles apparaissent peu à peu, et oree striée va augmentant aux dépens du pro- Oplasma. Mais, dans la fibre cardiaque, cette orce finit par envahir presque toute l'épaisseur ; s la fibre de Purkinje, les fibrilles se forment s Lardivement, plus lentement, affectentsouvent s l'origine un trajet curviligne : la masse prolo- smique centrale reste prédominante, et ne s’al- ge pas, sauf aux points oùles fibres de Purkinje et fibres cardiaques se continuent par des transi- ns insensibles. La fibre de Purkinje n’est qu'une riété de fibre cardiaque, vestige probablement $ 2. — Le troisième élément du sang : le thrombocyte. k Voici que,pourplusieurs auteurs, les granulations anguleuses du sang connues sous le nom d’héma- toblastes de Hayem, de plaqueltes sanguines, ac- querraient une nouvelle importance, qu'elles aient ou non un lien génétique avec les globules rouges. Depuis longtemps, on connaît les propriétés adhé- Sives de ces éléments, et l'on a remarqué (Ranvier, Hayem, Bizzozero, etc.) qu'ils sont, souvent au moins, les points de départ des filaments de fibrine lors de la coagulation. Partant de là, el s'appuyant sur. des recherches personnelles étendues à toute la 4 Goncewskt : Ueber die Entwickelung des quergestreiften muskulüsen Gewebes. Bulletin de l'Acad. des Sciences de Cracovie, 1901. série animale, Dekhuysen a proposé, dès 1892, d'ad- mettre qu'il existe partout dans la série un élément figuré du sang, jouant un rôle essentiel dans la coa- gulation, différencié dans ce but, et qu'il appelait le thrombhocyte. Mais, si l'on pouvait trouver plus ou moins facilement chez les Invertébrés et les Ver- tébrés inférieurs une vérilable cellule chargée de ce rôle, la chose était plus difficile chez les Mammi- fères. Beaucoup d’auteurs refusent , en effet, toute importance aux hématoblastes de Hayem; beaucoup même, à la suite d'Arnold (1896), prétendent qu'ils n'existent pas normalement préformés dans le sang, que ce sont des produits d'exsudation et de dégé- nérescence des hémalies, formés le plus souvent au moment même où celles-ci sortent des seaux. Les recherches simultanées de Deetjen‘ et de De- khuysen?, vérifiées par Kopsch”, Argutinsky*, elc., viennent donner à la question un nouvel aspect. Jusqu'ici, les plaquettes étaient très difficiles à étu- dier, parce que, dans l’espace de quelques secondes, elles s'altéraient et devenaient méconnaissables. Deetjen,Dekhuysen arrivent, au contraire, à les con- server vivantes pendant plusieurs heures, le pre- mier en recueillant la goutte de sang sur une lame de verre revêtue d'une mince couche d’agar impré- gné de chlorure de sodium et de métaphosphate de soude rigoureusement dosés, le second en la rece- vant dans des solutions simplement salées, mais rigoureusement isotoniques avec le sérum sanguin (0,9 °/, chez les Mammifères), ayant le même point de congélation. Dans ces conüilions, ils voient les plaquettes, d'abord arrondies où un peu allon- gées, venir s'appliquer sur la lamelle recouvrante,et s'y étaler en envoyant tout autour d'elles de päles et minces expansions hyalines, qui restent en mou- vement pendant des heures. Pour les former, le corps, d'aspect homogène jusque-là, se sépare en deux substances : l’une, périphérique, hyaline, dont les pseudopodesne sont que des émanations; l’autre, centrale, arrondie, réfringente. Celle-ci se teint vivement, en masse ou à peu près, par les colorants appropriés (hématoxyline, couleurs d’aniline), après fixation par l'acide osmique (qui maintient également les expansions étalées). Les deux auteurs n'hésitent pas à en conclure que celle masse cen- trale est un noyau, et que les plaquettes sanguines sont de véritables cellules nucléées, douées de mou- vements amiboides. Dekhuysen retrouve donc jus- vais- 1 Deeryen : Untersuchungen über die Blutplättchen. Vir- chow’s Archiv, Bd. CLXIV. 2 DEKHUYSEN : Ueber die Thrombocyten. Anzeiger, Bd. XIV, 1901. 3 Korscn : Die Thrombocyten des Menschenblutes. Anato- mischer Anzeiger, Bd. XIX, 1901. 4 Ancurimwsky : Zur Kenntniss der Blutplättchen. Analo- mischer Anzeiger, Bd. XIX, 1901. Anatomischer 1092 que chez les Mammifères (l'homme y compris) le thrombocyte typique. S'il convient de montrer encore quelque réserve vis-à-vis de ces conclusions, vivement attaquées de cerlains côtés, notamment par Ernst Schwalbe’, élève d'Arnold, qui persiste dans la manière de voir de son maître, du moins doit-on avouer qu'il s'agit là de propriélés nouvelles extrêmement intéres- santes, et que nous avons désormais aussi entre les mains, grâce aux auteurs précités, une lechnique nouvelle précieuse pour l'étude de ces corpuscules si discutés. IIT. — APPAREIL DIGESTIF. $ 1. — Les croissants de Giannuzzi dans les glandes salivaires. On sait que, dans la plupart des glandes sali- vaires dites mixtes (c'est-à-dire, chez la plupart des -espèces, dans la sous-maxillaire et la sublinguale), les tubes sécréteurs à cellules muqueuses sont coiffés à leurs extrémités, et souvent latéralement, de croissants formés par la réunion d’un certain nombre d'éléments plus sombres. Depuis l'époque de leur découverte (1865), on discutait sur la signi- fication de ces croissants ou lunules. On vient de se mettre à peu près d'accord. Trois théories étaient -n présence. Pour R. Heidenhain (1868), les crois- sants élaient constitués par de jeunes cellules, des- linées à devenir muqueuses après l'épuisement et la chute des éléments recouvrants (théorie du rempla- cement); pour Ranvier (1870), ce sont des éléments ayant une activité sécrétoire propre, et fort proba- blement de nalure séreuse ({héorie de la spécil- cité); pour Hebold et Stœhr (1879), ce sont des cel- lules muqueuses temporairement vides et refoulées loin de la lumière pendant une phase de repos et d'inactivité (/héorie des phases). La première était à peu près complètement abandonnée. Bühm et Davi- doff” admettaient pourtant encore récemment une contribution des cellules des croissants à la forma- tion de nouvelles cellules muqueuses. Nous sommes loin d'une desquamation totale de ces éléments à chaque sécrélion, comme le croyait d'abord Heiden- bain. Les travaux de Ranvier ont montré, depuis longtemps, que la cellule muqueuse est mérocrine, c'est-à-dire capable de renouveler maintes fois détruire. R. Krause, etc., ont achevé de ruiner celte pre- son acte sécréloire sans se Bizzozerb, mière interprétation. Mais la vigoureusement défendue par Stæhr, avait pris sa place el était théorie des phases, devenue quelque peu classique en Allemagne. Plu- ! Enxsr Scawazse : Zur Blutplättchenfrage. Anatomischer Anzeiger, t. XX, 1901-1902. * Bôüux und Davinorr : Lehrbuch der Histologie..., 1898. E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE sieurs auteurs, Nadler notamment', apportaien encore, il y a quelques années, de nouvelles de nature de ces formations est plus facile à saisir l'on s'adresse à des espèces comme le porc, le ch est plus intéressante encore. Dans la sous-max laire de l'homme, Solger montrait, dès 1896, que croissants s’épaississent ici au point de form = coiffant l'extrémité des tubes muqueux. Ramon Cajal, Retzius, Laserstein avaient déjà, par la thode de Golgi, montré l'existence d'un large cant licule de sécrétion ramifié, qui, continuant la lumiè du tube (fortement rétrécie), s'enfonce entre Je cellules muqueuses pour aller recueillir la sécrétion des croissants. Sa seule existence est done, comm le fait remarquer avec insistance von Ebner, uné (Le | sécrétion. Solger montre, à l’aide de fines coup F D EE LE + dans les longs croissants en cæcum de l'homme, de la même manière, absolument, que dans les tub venel (en collaboration) * confirme ces données pa la même méthode, Krause par l'étude de simples! coupes, Maziarski® par la méthode des reconstr croissants eût permis de constater depuis long temps leur véritable nature. D'autre part, plusieurs auteurs, Langley nota ment, avaient alliré l'attention sur l'existence grains dans les croissants; Solger, Mislawsky@ # Naocer : Zur Histologie der menschlichen Lippendrüse Añchiv fur mik. Anat., Bd. L. ? R. Krause : Beiträge zur Histologie der Speicheldrü Archiv für mik. Anat., Bd. XLIX. # Vox Esxer : Tome III de la dernière édition du Trail d'Histologie de Kælliker. ea * OpreL : Verdauungsapparat, in Zrgcbnisse der A natoriel 1899 et 1901, et Lehrbuch der vergleichenden mikroskopis: chen Anatomie, t. HI, 1900. * LaGuEsse et Jouvexez : Description histologique glandes salivaires chez un supplicié : Bibliographie a mique, 1899. 5 Mazranski : Ueber den Bau der Speichel lrüsen. Bulletin de l'Acad. des Sciences de Cracovie, 1900. 4 eo! t 4. Ÿ ù mirnow (1896), Erik Muller (1896), Jouvenel', jontrent que ce sont de vérilables grains de sécré- ion, identiques à ceux des cellules séreuses. Solger, Ga nier, Jouvenel y décrivent les mêmes filaments mastoplasmiques. À ces arguments morphologi- s, Krause, Maximow ajoutent des arguments ysiologiques et physio-palhologiques. Dans de uvelles expériences?, R. Krause injecte dans la e fémorale d'un chien une solution de sulfo- lindigotate de soude, en même lemps qu'il excite nerfs de la glande. L'examen microscopique met de constater l'élimination du bleu par les lules des canaux excréteurs d'abord ; « puis, en antité minime, par les cellules muqueuses; enfin, quantité considérable, par les cellules des crois- nts. De ce fait, la fonction de ces dernières comme lules sécrétantes recoit une preuve de plus ». Les capillaires de sécrélion des croissants apparaissent @comme injectés à la seringue », et, les grains de rélion relenant parfois aussi le bleu, on peut | toutes les phases de leur passage dans la lumière. D'autre part, quelques jours après la liga- e du canal de Wharton, Maximow* montre que cellules muqueuses sont, pour la plupart, atro- dhiées, disparues; les cellules des croissants, main- nues, tapissent régulièrement les tubes sécréteurs traclés; elles ont maintenant l'aspect de vérita- les cellules séreuses, petites, entre lesquelles lenfoncent des canalicules de sécrétion bien limi- . Si Maximow n'en tire pas de conclusions en eur de la spécificité des croissants, Oppel oppose ttement ces deux modes d'évolution pathologi- que des cellules et en tire un nouvel argument. l Enfin, la « clef de voûte » de la discussion, comme t Oppel, est apportée par Stæhr lui-même * qui, ms la neuvième édition allemande de son Zraité istologie, abandonne enfin sa théorie, et se pro- nonce nettement en faveur de la spécificité, tout en disant des réserves sur certaines de ses observa- lions dont la justesse est reconnue. M Et, pourtant, voici que Noll° reprend à nouveau la théorie des phases, en s'appuyant notamment sur ce fait que les grains de sécrétion des croissants Sous-maxillaires du chien sont plus petits et d'une réaction différente que ceux des cellules séreuses. Mais, comme le lui répond Jouvenel, cet argument est sans valeur, les grains de sécrétion des glan- dés salivaires séreuses différant essentiellement, M" Jouvexez : Les croissants de Giannuzzi chez le mouton. CR. de l'Association des Anatomistes, Lyon, 1901. M R. Krause : Beiträge zur Histologie der Speicheldrüsen, Archiv lür mik. Anatomie, Bd. LIX, 1902. 5 Maximow : Beitrige zur Histologie und Physiologie der Speicheldrüsen. Archiv für mik. Anatomie, t. LVUI, 1901. 45 Srogur : Lehrbuch der Histologie, 9'e Auflage, Lena, Fis- cher, 1901. IS Nozr : Ueber der Bedeutung der Giaunuzzischen Halb- monde. Anatomischer Anzeiger, Bd. XXI, 1902. E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D’ANATOMIE GÉNÉRALE 1093 d'une espèce à l’aulre et d'une glande à l'autre, sous le rapport des dimensions et de la façon de se comporter vis-à-vis des réactifs fixants el colorants. Ajoutons, pour terminer, que la mise au point complète de la question est faite dans le dernier travail de Jouvenel !, auquel nous venons de faire de nombreux emprunts. Dans la seconde partie de son travail, l’auteur éludie les grains de sécrétion des glandes salivaires à un point de vue général, et prouve, par des examens sur le vivant nolam- ment, que ce ne sont point des produils artificiels, comme on tendait à le prétendre de divers côtés. IV. — APPAREIL DE LA CIRCULATION : LA RADIOGRAPHIE APPLIQUÉE À L'ÉTUDE DES ARTÈRES. On continue à appliquer avec succès la radiogra- phie à l'étude des vaisseaux, et notamment des artères. À l'Exposition universelle de 1900, on pou- vait remarquer d'excellentes planches ainsi oble- nues, provenant surtout, si nos souvenirs sont exacts, des laboratoires d'Anatomie de Toulouse et de Lyon. Nous devons signaler au passage quelques rectifications qu'a permises l'emploi de cette méthode. En ce qui concerne les artères de lutérus, Fredet? montre des rapports assez différents de ceux qu'on décrivait jusqu'ici entre les artères utérines et utéro-ovariennes. Ses belles planches mettent merveilleusement en relief la riche vascu- larisation de l'organe. On décrivait dans l'utérus deux artères, anastomosées par leurs extrémités en arcades sur le bord même de l'organe: l'uférine et l’uféro-ovarienne. Fredet montre que cette der- nière ne se distribue généralement qu'à l'ovaire, et à une partie seulement de l'ovaire, bien que son anastomose terminale lui permette de rélablir, dans certaines circonstances, la circulation dans l'utérus. Il n'y a donc pas d’utéro-ovarienne ; il faut appeler cette branche spermalique interne. Bræckert, qui l'appelait ovarienne, était déjà, d'ailleurs, arrivé en 1892 aux mêmes conclusions, en partie admises par Testut (2° édition). Une erreur s'était aussi glissée peu à peu dans les classiques, relativement à la distribution des vaisseaux arlériels dans le rein. Presque partout, on disait que les branches de l'artère rénale, après avoir pénétré dans la substance propre de l'organe, se ramifient et s'anastomosent en une youle arté- rielle réticulée, qui sépare la substance corticale de la substance médullaire. Il y a là une erreur 1 JouveneL : Recherches sur quelques détails de structure des glandes salivaires (Croissants de Giannuzzi, Grains de sécrétion). — Thèse inaug., Lille, 1902. 2 Freper : Recherches sur les artères del je rus.— T'hèse, Paris, 1899. — Journal de l'Anatomie, 1899; Congrès inter- nat. de Méd., 1900. 109% E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE manifeste, encore présente dans le Traité de Poi- rier et Charpy (1901), et il faut revenir à la vieille description de Henle, que n’ont cessé de professer bon nombre d’anatomistes : il n'y a que des demi-arcades plus ou moins nettes, formant voûtes si l'on veul, mais voûtes sans clef (Henle). C'est ce qu'avaient déjà montré, par la radiographie, Destot et Bérard‘, en 1896; c’est ce que montrent de nou- veau Zondek ? et Max Brœdel”, par la méthode des injections suivies ou non de macération, Gérard *, par la même méthode, appuyée sur d'excellentes radiographies du Professeur Castiaux. Dans la des- criplion et la figure de Gérard, chez l'homme, non seulement les anastomoses font absolument défaut; mais la disposition en arcades est très peu indi- quée. Les artères rayonnent en abandonnant des branches de plus en plus nombreuses; chacune a « l'aspect d'un arbre dépouillé de ses feuilles ». Pour Zondek, il y a chez l’homme beaucoup d'ar- térioles droites fausses (c'est-à-dire provenant de vaisseaux afférents de glomérules), mais les vraies existent bien, malgré qu'on les ait niées. Soulié* emploie aussi la radiographie pour dé- terminer. d'une facon beaucoup plus précise qu'on ne l'avait fail jusqu'ici, les rapports exacts des divers plis de flexion des membres avec les inter- lignes articulaires correspondants. À la main, il élablit avec la même précision les rapports de ces plis avec les vaisseaux artériels, et avec les gaines synoviales tendineuses, rapports dont la connais- sance est indispensable au chirurgien. « L’arcade palmaire profonde, constante dans l'espèce hu- maine, est située en moyenne à 25"%,5 au-dessus du pli palmaire moyen, et à 36 millimètres au- dessus du pli du poignet. » L'arcade palmaire superficielle, sujette à de nombreuses variations, est généralement à 9 ou 10 millimètres plus bas. Les synoviales radiale et cubitale ont leur extré- milé supérieure située à 3 centimètres au-dessus du pli du poignet. Sauf au niveau du petit doigt, la synoviale cubitale ne dépasse jamais le pli pal- maire moyen. De belles planches accompagnent ces descriptions. V. — SYSTÈME NERVEUX. : LA CELLULE NERVEUSE ET LE « TROPHOSPONGIUM ». Prenant à parlé ici même, il y a deux ans, des canalicules ramifiés que quelques auteurs mettent # Desror et BéranrD : C. À. de la Soc. de Biologie, 1896. ? Zoxpex : Archiv für mik. Anat., Bd. LVII, 4901. 3 Max BRODEL : Proceedings of the Association of ame- rican Analomists, 4901. GéraRD : La voûte artérielle sus-pyramidale existe-t-elle ? C. R. de l'Association des Anatomistes, Montpellier, 1902. 5 Sourié : Sur les rapports des plis cutanés avec les inter- en évidence dans certaines cellules nerveuses, . à Le nous avons dit quelques mots, la même anné plus ou moins complexes dans un certain nombre de cellules glandulaires, notamment dans les élé / 4 ments de la glande piluitaire et du pancréas (zon8 (salamandre, hérisson), du foie (hérisson), d l'utérus, de la thyroïde, de l’épididyme (souris),| des cryptes intestinales duodénales (chat), dans les) constitués, comme dans la cellule nerveuse, par les ramifications intraprotoplasmiques d'autres élé= ments, aplalis, étalés, logés ici contre la mem= brane basale. À cause de leur position au voisis nage du noyau, et dans la partie de la cellule où les échanges lui paraissent le plus actifs, l’auteum considère cet appareil comme jouant, vis-à-vis de la cellule glandulaire ou nerveuse, un rôle tro phique, d’où le nom de {rophospongium, sous! lequel il le désigne. Ce serait là une nouvelles complication cytologique existant dans un grand nombre d'éléments. Bien que l'interprétation doive èlre accueillie avec une certaine réserve tanb qu'elle n'aura pas été amplement vérifiée, il nous a paru intéressant de la signaler dès maintenant et d’altirer l'attention sur les faits. lignes articulaires, les vaisseaux artériels et les gaines synoviales tendineuses. Journal de l'Anatomie et de la Phye siologie, 1901. ! HocwGren : Beiträge zur Morphologie der Zelle. Anato= mische Hefte, Bd. XVIII, 1901; — Einige Worte über das Tro phospongium. Anatomischer Anzeiger, Bd. XX, 1902 ;— Uebe die Trophospongien. Anat. Anzeiger, Bd. XXII, 1902. ? NeGui : Di una fina particolarita.. — Société médicæ chirurgicale, Pavie, 1899. # Peysa : Observations sur la structure des cellules cartie" lagineuses. C. R. de l'Association des Anatomistes, 30 ses sion, 1901. * Fucus : Ueber das Epithel im Nebenhoden der Maus Anatomische.Hefte, Bd..XIX, 1902, E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GENÉRALE 1095 formation, qui en fait un spermatozoide mûr ou cellule mâle fécondatrice.Cetordre de succession de a lignée séminale est bien établi aujourd'hui. Mais délinition exacte de chacun de ces termes l’est ette évolution ; les controverses Les plus vives per- stent sur l'origine même de la lignée. Entre ses éléments on trouve, en effet, de place en place, d'autres cellules d'aspect spécial, cellules de Ser- se grouper, en formant de véritables grappes, les mspermatides en voie de développement. Quel est ur existence, parce que leurs limites sont peu ; d’autres en font, au contraire, l'élément principal, souche et nourricier de tous les autres. à Une série de travaux récents viennent d'apporter _ {° Les auteurs sont à peu près d'accord sur un premier point : c’est que, dans l'épithélium adulte état d'activité fonctionnelle, les cellules de Ser- oli perdent plus ou moins leur indépendance et tendent à se fusionner en un vaste syneylium, orme masse protoplasmique multinucléée. Depuis Mongtemps, Sertoli (1865), von Ebner (1871) avaient admis des anastomoses ou une fusion complète ; ki ais, plus lard, ils avaient abandonné leur première fa anière de voir et décrit des éléments distincts “indépendants. Depuis lors, de grandes divergences S'en désintéressaient. Aujourd'hui, parmi les au- eurs récents, Schænfeld seul’ repousse catégori- es limites des cellules de Sertoli se voient fort mal. …Benda” reconnait que les spermatogonies semblent À « nager » dans une masse amorphe ; mais il lui ré- “pugne de parler d'un syneytium, parce qu'en 4 cas d'inactivité fonctionnelle, deslimitesun = ScnoexreLn : La spermatogénèse chez le taureau et chez kles Mammifères, eu général. Archives de Biologie, t. XNIN, “1901, et Bibliographie anatomique, t. XIIL, 1900. …? BexDA: Archiv für mik. Anat., LI. peu plus distinctes apparaissent entre les pieds des cellules. Peter ‘admetle fusionnementehez l'adulte. Regaud” (chez le rat) éludie la question à fond, et se prononce nettement pour le syncytium. Son opinion à d'autant plus de poids que, dans un tra- vail antérieur sur une autre question (membrane propre des tubes)”, il avait cru voir, dans le dessin endothéliforme que donne la nitratation des tubes séminifères isolés, les limites des cellules de Sertoli. Ils’est convaincu, depuis, que ce dessin appartient à la membrane elle-même, consliluée chez le rat par une très mince couche de cellules conjonctives d'aspect endothélial, comprise entre deux fines membranes de substance conjonclive amorphe. Au contraire, dans l’épithélium séminal, l'emploi des liquides osmiés comme fixants, et de l’hématoxy- line au fer comme colorant, l'examen dans les milieux peu réfringents, les variations d'éclairage, tous moyens bien propres à metlre en évidence les limites cellulaires, ne lui en montrent point ici, alors que les éléments de la lignée séminale en ont de si nettes. Dans les segments terminaux, c'est-à- dire tout à l'extrémité des tubes séminifères, près de leur abouchement dans les canaux excréteurs, les éléments de lalignée séminale diminuent, puis dis- paraissent. Il ne reste plus que les «cellules de Sertoli » (tubes aspermathogènes). Or, ici même, il n'y a jamais de limites entre les territoires cellu- laires dépendant de chaque noyau, à la base tout au moins. Vers le sommet, on voit « fréquemment quelques lignes qui semblent indiquer des surfaces de séparalion, d'ailleurs toujours incomplètes, dans le protoplasme commun ». Il en est de même peu après la naissance. Les cellules de Sertoli sont donc complètement fusionnées dans l’épithélium actif, incomplètement en d’autres états. Les recherches de Loisel* donnent une note peu différente. Avant la spermatogénèse, chaque hiver, chez le Moineau, les tubes séminifères sont revêtus d'une assise unique de hautes cellules prismatiques parfailement séparées, mais dont les limites tendent pourtant à s'effacer au sommet, quand elles se remplissent, en ce point, de vacuoles 1 Pgrer : Die Bedeutung der Nahrzelle im Hoden. Archiv für mik. Anat.. Bd. LIII, 1898. 2 Reçaun : Etudes sur la structure des tubes séminiféres et sur la spermatoyénèse chez les Mammifères. Archives d'Anatomie microscopique, t. IV, 1901, fasc. 1, 2, 3. — Nom- breuses notes en C. A. de la Soc. de Biologie, 1900, 1901, 1902; en Bibliographie anatomique, 1901, 1902 ; en C. R. de l'Assoc. des Anatomistes, 1901, 1902. #* ReGaun : Les vaisseaux lymphatiques du testicule et les faux endothéliums de la surface des tubes séminifères. Thèse, Lyon, 1897. - “ Lorsez : Etudes sur la spermatogénèse chez le Moine au domestique. Journal de l'Anatomie et de la Ph} siologie, 1900, 1904 et 1902. — Nombreuses notes en C. H. de Ja Soc. de Biologie, 4900, 1901 et 1902; — en C. À. de l'Académie des Sciences, 1900-1902 ; — en Bibliographie anatomique, 1902. 1096 E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE de sécrétion. Au début de la spermatogénèse, elles se fusionnent peu à peu en «un plasmode secondaire, dont la partie centrale forme une matrice pour les éléments séminaux, qui vont augmenter de plus en plus de nombre ». Regaud emploie volontiers aussi cette expression de matrice et décrit les éléments séminaux comme plongés dans le syncytium, dont il continue à appeler les noyaux, noyaux de Sertoli. La question du syncylium semble donc à peu près réglée; son existence parait hors de doute, mais il faut apporter quelques restrictions. Au début, soit chez l'embryon, soit chaque année dans la saison de repos, l'épithélium de revêtement est formé de cellules plus ou moins indépendantes, mais ayant de bonne heure une tendance à se fu- siouner par places. Pendant la période d'activité, la fusion est complète ou à peu près complèle, dût-on, dit Regaud, retrouver un jour les plaques pédieuses minces, distinctes, que Neumann, Sertoli, Furst ont cru voir autrefois après la simple action du liquide de Muller. Et ainsi seulement, ajoute- t-il, peut s'expliquerlasynergie, l'harmonie, la conti- nuité,etl'allernancerégulière, vraimentétonnantes, qu'on lrouvedansl'évolulion del'épithéliumséminal. 2 Quel est maintenant le Jien génétique de ces éléments Sertoliens avec les lignées séminales, avec les groupes de cellules qui prolifèrent et se transformentpour produire les spermatozoïdes? Iei, deux théories sont, depuis longtemps, en présence: la théorie dualiste : cellules de Sertoli et cellules séminales sont deux espèces différentes, — et la l'une des deux sortes d'éléments représente la souche commune. Même en admet- tant la théorie dualiste, il faut chercher un élément qui persiste à la base de l’épithélium, après la transformation des autres, et qui soit capable de produire de nouvelles lignées. Lenhossek® admet, pour cela, le retour à l’état inilial de quelques spermatogonies de transilion. Hermann” a toujours vu quelques spermatogonies au repos, qui suflisent à la régénération. Schæœn- feld trouve à la base de l’épithélium de petites cellules indiflérentes, correspondant. à une partie théorie uniciste : des spermalogonies jeunes des autres auteurs, et qu'il considère comme formant un fond de réserve. De là, sorliraient par caryocinèse et différenciation, d'une part des cellules de Serloli en petit nombre, d'autre part de nombreuses spermatogonies, par poussées successives. Regaud a d'abord admis, comme Bardeleben, Bouin, Mathieu, que les noyaux de Serloli se reproduisent par amitose ou divi- sion directe (étranglement), et cru que, par ces ami- 1 LENHOSSEK Untersuchungen ueber Spermatogenese. Archiv {ur mik. Anat., Bd. LI, 1898. ? Henwaxx : Beiträge zur Kenntniss der Spermatogenese. Archiv fur mik. Anat., Bd. L, 1597. | loses, les cellules de Sertoli donnaient naissance aux spermalogonies, et, par conséquent, aux. lignées séminales qui en sortent. C'était l’ancienne. conceplion uniciste de Balbiani (1879), modifiée depuis par Mathias Duval, Prenant, elc. Mais une élude plus attentive l'a convaincu que les plis, si fréquents à certaines périodes dans les noyaux de Sertoli, ne doivent pas êlre interprétés comme des signes de division. Il établit d'une facon très nette qu'il existe, dans la portion basale du syneylium,. chez le rat (couche génératrice), deux sortes de spermalogonies, les unes à chromaline peu abon-, dante, fragmentée en très petits grains (spermaz togonies poussiéreuses), les autres à chromatine, abondante, réparlie à la surface interne de la mem- | brane nucléaire sous forme de nombreuses et larges plaquettes ou croûtelles étoilées (spermato= gonies croûtelleuses). Elles correspondent, d'ail, leurs, aux deux espèces précédemment décrites par Schænfeld, en 1900, sous le nom de cellules indifférentes (les poussiéreuses) el spermalogonies, (les croûtelleuses). Regaud établit, par des numéra- | tions précises, qu'au slade d'expulsion des spermaz tozoïdes, les spermatogonies poussiéreuses existent seules, et en très petite quantilé. Elles augmentent, de nombre, lentement d'abord, puis rapidement, aux stades caractérisés par l'existence des sperma-. tocytes de deuxième ordre et leur transformation ) en spermatides. À ce moment, on y voit de nom= breuses caryocinèses. Puis, la plupart d’entre elle se transforment en spermalogonies croûtelleuses, et celles-ci disparaissent toutes simultanément par, une seconde cinèse qui en fait de jeunes spermalo= cytes. Mais les quelques spermatogonies poussié= reuses restantes, nées probablement d'amitoses, constituent de véritables spermatogonies de réserve, capables de donner bientôt naissance, par le même procédé que les premières, à de nouvelles lignées séminales. Chez le nouveau-né, on trouve des cel= lules analogues ou spermatogonies-souches. C'est, d'elles que proviennent, dès la préspermalogénèse, du jeune âge, les éléments séminaux; c'est à leurs, dépens que se différencient, en outre, au moment. de la puberté, les cellules de Sertoli. | Loisel a eu la main fort heureuse en choisissant, pour objet de ses recherches le Moineau domes=. tique. Chez cet animal, en effet, et chez plusieurs autres oiseaux éludiés, lépithélium des tubes séminifères offre la précieuse particularité de reve=\ nir chaque année, pendant l'hiver, à l'état fœtal. | Chaque année, aux premiers beaux jours, il est, ensuite le siège d'une préspermalogénése, analogue à celle qui se produit.une fois pour toutes à la pu=. berté et avant chez les Mammilères (Prenant) ; puis," vers le commencement d'avril, commence la sper= malogénése proprement dite, qui cesse à l'automne: E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE 1097 particularité est extrémement précieuse tablir la filiation des diverses espèces d’élé- . En effet, dès l’année 1900, Loisel montrait e les cellules prismaliques allongées, dont nous ons déjà parlé et qui tapissent seules, sur une nple assise, le tube #éminifère en hiver, donnent issance chaque printemps à tous les autres élé- ents. Comme ces éléments sont les descendants rects de l'épithélium germinatif de Waldeyer, gine de la glande génitale, l’auteur les appelle ules germinatives ou cellules germinalessouches. jus avons vu qu'aux premiers beaux jours, celles- commencent à se fusionner en un syneylium et donner les premiers éléments, encore abortifs, es lignées séminales (préspermalogénèse). Plus tard, certaines d’entre elles s’hypertrophient; s spermatides viennent se grouper autour d'elles; r noyau grossit, change de caractère: ces cel- s germinalives hypertrophiées sont, dès main- ant, des cellules de Sertoli. À la fin de l'automne, quand s'arrêtera la production des spermatozoïdes, rentreront dans le rang, redeviendront nples cellules germinatives. La généalogie des éléments séminaux parait ne aujourd hui mieux établie, grâce à ces divers avaux. Dans la première théorie de von Ebner iéorie des spermatoblastes, 1871), la cellule de értoli était l'élément primordial, donnant par bour- onnement les spermatides (ou spermaloblastes) par suite, les spermatozoïdes. Les autres petites ules arrondies n'avaient rien à voir avec leur lation. Plus tard, on montra, au contraire, que les érmatides dérivent de ces éléments, c'est-à-dire rectement des spermatocyles, et ceux-ci des ermatogonies. Et alors, pour beaucoup d'auteurs, urent lies éléments de Sertoli qui perdirent ite importance et auxquels on chercha un rôle cessoire : ils seraient d'une autre espèce, d’une tre souche (théorie. dualiste). Certains, pourtant, Balbiani notamment, cher- aient à rattacher les lignées séminales à la llule de Sertoli, en faisant bourgeonner la sper- pen sur le pied de cette cellule (théorie uni- Ste). Et cela semblait absolument logique, puis- que, chez les Invertébrés, chez les Vertébrés infé- urs, la cellule de Sertoli est, très souvent au ns, la cellule souche, et souvent se détache avec appe de spermalozoïdes qu'elle porte et à aquelle elle à plus ou moins directement donné a aissance. Mais ces tentatives furent assez infruc- euses. Et, peu à peu, le problème change légère- nl d'aspect : c'est dans les spermalogonies les plus anciennes qu'on cherche l'élément de réserve. Benda, depuis longtemps (1886), croyail pouvoir mettre la régénération des cellules à pied par cellules-souches). Il y aurait donc bien un la Ja | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES élément primitif unique, mais ce n'est pas dans la cellule de Sertoli, trop différenciée, qu'il faut le chercher. C'est dans un élément dont elle dérive elle-même, ainsi que les spermatogonies. Ici se dresse une difficulté : tous les petits éléments situés à la base même de la couche génératrice sont de caractères assez analogues chez les Mam- mifères, el confondus sous le nom de spermato- gonies. Schænfeld brise résolument avec la tra- dition, reconnait au delà des spermatogonies des cellules indiflérentes, et proclame très nettement qu'elles donnent ainsi naissance aux cellules de Sertoli. Loisel, chez les Oiseaux, peut être plus affirmatif encore, et il nous montre dans ses cel lules germinalives la souche certaine de lous les éléments de l’épithélium séminal, nous ramenant ainsi, par un détour, à la théorie uniciste. Mais Regaud nous rappelle que, malheureusement chez les Mammifères, persistent cerlaines difficultés : il est, jusqu'ici, presque impossible de distinguer la cellule-souche d'avec les spermatogonies ; aussi conserve-t-il provisoirement le nom de sperma- togonies poussiéreuses aux éléments que Schœn- feld appelle cellules indiflérentes. Il y a évidem- ment là dans la pratique un assCz grave embarras. Mais, dès que l'on pourra établir avec certitude quelle est la véritable division nodale (Regaud hésite entre la première caryocinèse et une ami- tose ‘), il est évident qu'il faudra abandonner le nom de spermalogonies pour tous les éléments de réserve existant antérieurement à cette divi- sion, et adopler pour eux la désignation de cellules germinatives ou quelque autre analogue. Car ce sont ces éléments qui, semblables à ceux mis en relief par Loisel, sont susceptibles de donner nais- sance aussi bien aux noyaux de Sertoli qu'aux noyaux des spermatogonies. Seulement, la diffé- renciation dans le premier sens est beaucoup plus rare, les noyaux de Sertoli ayant, chez les Mammifères, une existence plus longue, et ne dis- paraissant pas tous périodiquement. Ainsi, Regaud continuera d'appliquer la loi qu'il a si heureu- sement posée : considérer autant d'espèces cellu- laires distinctes que de générations différentes, définir ces espèces génétiquement. Nous avons laissé de côté jusqu ici une face de la question qui a été particulièrement étudiée par les deux auteurs français. Si nous mettons les rela- tions génétiques à part, quel est le r'üle da syney- tium vis-à-vis des éléments de la lignée séminale? Regaud so avec quelques- uns de ses prédé- ‘ Une des raisons, nous semble- t- il, en faveur de l'emitose, c'est que, peu après cette division, les noyaux des sperma- togonies s'entourent d'un corps cellulaire propre. Avant, n'étaient-ce donc pas des noyaux du syncytium nourricier germinatif, au même titre que les noyaux de Sertoli, mais non différenciés comme ceux-ci pour une fonction "Re 2: »* 41098 cesseurs, le rôle de soutien et le rôle moteur, mais surtout les rôles nourricier et glandulaire, qui, pour lui, sont étroitement liés. Il ne parle que d'un syncytium nourricier, dans lequel sont plon- gés tous les éléments des lignées séminales et qui aide à leur nutrition, surtout au moment de la transformation si complexe des spermatides en sper- matozoïdes. Sertoli avait entrevu l'existence d'une sécrétion; von Ebner avait démontré l'élaboration de graisse. Regaud décrit une autre sécrétion liquide, abondante, insoupçonnée jusqu'ici. Outre les grosses vacuoles que peut contenir le syncy- tium, il met, en effet, en relief une infinité de vési- cules de sécrétion, petites, irrégulières, groupées parfois en amas müriformes, colorables en gris noir par la méthode ancienne de Weigert, en noir vif au début, quand ce sont des grains anguleux encore plus petits. Cette sécrétion s'accumule dans le corps des spermatides en voie de transforma- lion, et surtout dans la couche génératrice du syncytium. Les vacuoles, au maximum d'abondance lors de la formation des spermatozoïdes, viennent se grouper autour des têtes de ces derniers en montant le long des larges travées rayonnantes du syncytium, ou corps (colonnes) des cellules de Ser- toli. De nouveau, elles diminuent plus tard. Cette sécrétion serait destinée, « d’une part à servir à la nutrition des cellules séminales, d'autre part à former le liquide qui remplit la lumière du tube ». Loisel, de son côté, retrouve, sous une forme différente, des indices d'une sécrétion analogue chez les Oiseaux. Pour lui, son importance est telle qu'il abandonne à son profit tous les autres rôles attribués à la cellule de Sertoli. L'éminence génitale est déjà une glande présexuelle,dont les éléments présentent des vacuoles de sécrétion, occupées surtout par de la graisse. Son rôle probable est de verser dans le sang une «substance excitatrice du métabolismede croissance ». Chez le Moineau,chezles Amphibiens surtout (organe de Bidder), une petite partie per- sisterait sous la forme et avec les fonctions primi- tives. Mais ses amas épithéliaux primitifs s'organi- seraient les uns en tubes séminipares, les autres en groupes de cellules interstilielles. Celles-ci seraient les sœurs des cellules germinatives, et capables, au printemps, de former de nouveaux tubes sémini- pares où d'allonger les anciens. Toutes sont for- matrices de la sécrétion interne du testicule, dont une partie est versée dans le sang ; l'autre joue un rôle plutôt trophique que nourricier, au bénéfice des lignées séminales en voie de développement. Les cellules de Sertoli ne sont que des cellules germinatives hypertrophiées, où la fonction sécré- trice est, dans ce but, exagérée au plus haut point. Regaud comprend la sécrétion interne différem- ment. Pour lui, elle est formée par les cellules in- | E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE L terstitielles, où il retrouve les mêmes vacuoles à élection colorée caractéristique, et, de là, elle est rejetée dans les espaces lymphatiques, par où ellé peut, d’une part arriver dans le sang, de l'autre être reprise par le syncytium à l’élat dissous, eh reconstituée par lui sous sa forme première pour la nutrition des, éléments séminaux. Broman (voir plus loin) décrit encore la sécrétion sous uné autre forme. Stéphan’ (Poissons) met en doute le caractère primitif attribué par Loisel à la sécrétion interne. Ces divergences montrent combien il est encore difficile, à l'heure actuelle, de préciser ce qu'est la sécrétion interne d'un tel organe, et de la séparer d'avec la sécrétion externe. Mais il y a. une voie féconde, récemment ouverte, où les pro grès seront sans doute rapides. , 1 L'étude de la sécrétion amène Loisel à altirer l'attention sur une autre propriété des cellules ser toliennes laissée dans l'ombre jusqu'ici, et qui semble bien, en effet, intervenir dans la fasciculaz tion des spermatozoïdes. En plus de son rôle exc tateur de la nutrition cellulaire, la sécrétion sertoz lienne, dit-il, « détermine encore des phénomènes de chimiotaxie positive, qui expliquent : l’allonges ment des noyaux des spermatides en tête des spermatozoïdes, l'orientation constante de ces der niers par rapport à une cellule de Sertoli, enfin leur enfoncement plus ou moins grand dans l’intés rieur de cette cellule », l'ascension et l’étiremen des noyaux de Sertoli, etc. C’est là une applicatior fort ingénieuse des phénomènes de cylotropisme récemment étudiés, et notamment des expériences de Dewitz (1886), qui ont montré la sensibilité toute particulière des spermatozoïdes de Mammk fères vis-à-vis des excitants chimiques. Dans |e même ordre d'idées, Loisel admet l'existence de phénomènes de rhéotaxie (tendance des sperma tozoïdes à remonter un courant), de {hermotaxie positive, de thigmotaxie, ete. D'une facon indépendante, Grobben* attribuait, en 1899, à un tactisme nourricier (trophotaxie les rapports qui s'établissent entre les cellules dl Sertoli et les spermatozoïdes; Broman’ essay (1901) de prouver l'existence de cette trophotaxie Les spermatides de l'homme renfermeraient, pou lui, des vésicules en corbeille (Korbbläschen), re présentant une forme de secrétion particulière nutritive, élaborée par les cellules de Sertoli, @ passant dans les éléments séminaux. Tout récem ment enfin, chez le Cheval, Mosselman et Rubay Laulanié*, admettent l'importance prépondérant C. R. de la Soc. de Biologie, 1902. ? GRoBgeN : Zoologischer Anzeiger, 1899. ® Bnoman : Ueber gesetzmässige Bewegungs-und Wacl sthumserscheinungen der Spermatiden. Archiv für mik Anal., Bd. LIX, 1901. 4 LacLanié : Eléments de Physiologie, 1902. 1 STÉPHAN : EE . « 2 E. LAGUESSE — REVUE ANNUELLE D'ANATOMIE GÉNÉRALE 1099 des phénomènes chimiotacliques. Les premiers se . rapprochent, sur plusieurs autres points, de Loisel. philes ». Dans la zone réticulée, où est localisé le pigment (jaune), le même réactif colore des « grains 4 Signalons, en terminant, une petite décou- | sidérophiles », qu'il considère comme des sortes de verte de Regaud, qui a une assez grande impor- _ tance dans l'étude de la spermatogénèse. On sait - que chez les Mammifères, les différents points d’un même tube séminipare ne sont pas tous au même degré de maturité , et que l’évolution des lignées sé- : minales s’y propage sous forme d’onde (von Ebner). . On croyait d'abord que cette onde progresse le * long du tube selon la direction de son axe, sous la - forme annulaire, croyance qui pouvait engendrer | de nombreuses erreurs. Regaud montre qu'en - réalité, chez le Rat, la succession des phases s'o- - père, non en ligne droite, mais en hélice. Les zones - de contemporanéilé (c'est-à-dire les territoires où les cellules de toutes les lignées sontexactementau - mème stade de leur évolution) « se succèdent sur * une bande continue, enroulée en spirale autour de - l'axe (du tube séminipare), à la manière d'une - bande de toile qu'on enroulerait autour d'un - cylindre, de façon à recouvrir toute sa surface sans faire chevaucher les tours de spire ». ÉÉELs $ 2. — Les capsules surrénales. - Depuis que de récents travaux de Physiologie - (ceux de Langlois et d'Abelous notamment) sont - venus montrer d'une facon définitive la grande im- - portance fonctionnelle des capsules surrénales, les - histologistes se sont efforcés d'étudier de plus près “la structure de ces organes. Signalons seulement - aujourd'hui au passage un travail intéressant de * Guieysse‘. Le cobaye est un des Mammifères qui Û possèdent les capsules les plus volumineuses, rela- » tivement. C'est à cet animal de choix que s’est - adressé l’auteur. Comme Swale Vincent (1898), il “ insiste sur la différence tranchée qu’il yaentre la - moelle et l'écorce : ce sont deux glandes différentes -emboîtées l’une dans l’autre. Il admet, de dehors en dedans, les trois zones qu'Arnold a établies dans “l'écorce : glomérulaire, fasciculée, réticulée ; mais “il montre qu'il faut diviser la moyenne en deux “couches, de structure et de réactions différentes: la couche spongieuse, et la couche fasciculée pro- Vprement dite. Chez le mäle, la couche spongieuse “est formée de cellules à protoplasme d'aspect spon- “gieux (spongiocytes). La couche fasciculée pro- prement dite, au contraire, a des éléments à cyto- “plasme presque homogène, légèrement granuleux. L'hématoxyline au fer y colore un grand nombre “de corpuscules généralement filamenteux, rameux, “que Guieysse rapproche de l’ergastoplasme de Garnier et Bouin, et qu'il appelle « corps sidéro- 4 A. Gureysse : La capsule surrénale du Cobaye. Histologie t fonctionnement. Journal de l'Anatomie et de la Physio- ogie, 4901, p. 312. ! Ë granulations zymogènes, et que, comme Carlier, Hultgren et Anderson (1899), il retrouve dans les vaisseaux capillaires voisins. La moelle, petite, est en partie occupée par d'énormes sinus sanguins plexiformes: dans les mailles de ce plexus sont logées les cellules épithéliales cylindriques, très altérables, à protoplasme diffluent presque homo- gène, dépourvu de corps sidérophiles. On n'y retrouve qu'en très pelit nombre des cellules ner- veuses agglomérées en petits ganglions. Mais voici le point capital et vraiment original de cette étude. L'auteur nous montre que, chez la femelle, pendant la gestation, la capsule surrénale s’hypertrophie et devient le siège d'une hypersécré- tion évidente. La zone fasciculée est enlièrement transformée. Elle est comme dédoublée. Dans sa partie externe, les cellules sont criblées de vacuoles, d'abord petites, puis confluant en une seule grosse, qui refoule le noyau, puis crève. De ce côté, la zone fasciculée cesse d’être bien limitée, mais se continue insensiblement avec la couche spongieuse, plus ou moins envahie en dedans par les vacuoles plus petites. Dans sa partie interne, les corps cellulaires sont absolument bourrés de corps sidérophiles très développés. Dans la couche réticulée, les grains sidérophiles et le pigment sont aussi beaucoup plus abondants. La moelle n’a pas varié. Une injection de pilocarpine produit chez le mâle des changements analogues, quoique moins marqués : apparition de nombreuses vacuoles, augmentation considérable des corps sidérophiles, moins grande des grains et du pigment. Il s’agit donc bien, pendant la ges- tation, d'une hypersécrétion, s'établissant proba- blement parce qu'il y a une plus grande quantité de substances toxiques à détruire ou neutraliser, Pour Guieysse, il y a vraisemblablement cinq pro- duits de sécrétion différents, correspondant aux cinq variétés de cellules : de la glomérulaire, de la spon- gieuse et de la couche externe de la fasciculée, de la couche interne de la fasciculée, de la réticulée, de la moelle. Mais rien ne met nettement en évidence la première ni la dernière. Au contraire, les trois autres sont bien manifestes : l’une est constituée par le liquide des vacuoles, ni graisseux ni albu- mineux, destiné probablement surtout à la dilution de la suivante. Celle-ci s'élaborerait à l'état con- centré, serait la vraie substance active ; mais, l’on ne verrait que l'ergastoplasme qui lui donne nais- sance. Enfin, celle dela zone réticulée est de nouveau évidente, donne du pigment, et des grains qu'ou retrouve jusque dans les vaisseaux capillaires. E. Laguesse, Professeur d'Histologie à la Faculté de Médecine de Lille, 4100 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Bertrand (Joseph). — Eloges académiques (zouvelle série). Avec un éloge historique de Joseph Bertrand, par GASTON DaRBOUx. — 1 vol. grand in-16. (Prix : 12 fr.) Librairie Hachette et Cie. Paris, 1902. La librairie Hachette vient de publier une nouvelle série des éloges académiques prononcés par Joseph Bertrand; ce livre est de ceux qu'on ne se contente pas de lire, mais que l’on conserve volontiers pour les relire. On sait quel brillant écrivain était Bertrand; il appar- tient vraiment à la race des classiques. Quelque cri- tique étudiera, sans doute, un jour son œuvre au point de vue littéraire : il dira l'élégance toujours châtite, parfois trop précieuse, de son style: il vantera son esprit alerte et souple; il signalera dans ses écrits l'abondance des traits piquants, bien qu'un peu cherchés; nous ne voulons ici parler que du profit scientifique que l’on peut tirer de la lecture de cette nouvelle série d'éloges. Ce profit est très grand parce que, tout en se don- nant volontiers le plaisir de paraître accessible à tous, Bertrand reste toujours et partout un vrai savant qui ne quitte Jamais le domaine de la science la plus pure et la plus haute: Dans ses éloges, il ne se contente pas de tracer des portraits vivants, de raconter avec grâce des anecdotes caractéristiques; il fournit à chaque instant, guidé par une profonde érudition, de curieux renseignements sur la genèse et le développement des idées, il éclaire par d'ingénieuses remarques les pro- blèmes les plus ardus. Curieux de toute science, il a étudié avec autorité l’œuvre de savants très divers; mais son esprit est, avant tout, un esprit géométrique, et les Notices qu'il a con- sacrées à des géomètres célèbres sont parmi les meil- Jeures. La nouvelle série renferme les éloges de Poin- sot, d'Ernest Cosson, de Michel Chasles, de Cordier, de Pàris, de Cauchy, de Tisserand; dans quelques-uns on sent peut-être, il faut l'avouer, que l'auteur à choisi son sujet en vue de quelque brillant développement, et l'art ne laisse pas que d'y nuire un peu à la nature; mais, comme le dit excellemment M. Darboux dans son bel éloge historique de Bertrand : « Lorsqu'il ne craint pas de S’abandonner à sa sympathie et à son admira- tion, comme il arrive par exemple dans l'éloge de Poinsot, le lecteur goûte le plaisir exquis que pro- curent toujours les œuvres amenées à leur perfec- tion. » La seconde partie du livre est peut-être plus intéres- sante encore que la première ; elle se compose d'ar- ticles empruntés pour la plupart au Journal des Sa- vants el Choisis parmi ceux qui se rapprochent le plus, par leur nature et leur forme, des éloges académiques. On retrouve dans ces articles les mêmes qualités bril- lantes que dans les éloges, et on en découvre d’autres encore : la science de Bertrand reste toujours aimable, mais il prend moins souci de la cacher sous des grâces parfois superflues. Les sujets sont traités plus à fond et des idées plus générales apparaissent ; ce n’est passeule- ment, à propos de Vièle, de Denis Papin, de Clairaut, d'Euler, de Lagrange, d'Abel, de Galois, l'œuvre et la vie d'un grand savant qu'il nous apprend à connaître, mais encore une partie de l'histoire scientifique de toute une époque. Le volume se termine par la liste, qu'on s'est efforcé de rendre aussi complète que possible, de travaux de toute nature, littéraires et scientifiques, du célèbre savant, et il est orné au début d'un portrait fort res- semblant; nous revoyons Bertrand tel que nous l'avons connu, avec sa figure originale et tourmentée, son regard spirituel et bon. Mais l’adjonction la plus intéressante faile dans le livre à l'œuvre personnelle du Maitre est, sans contredil, la réimpression, sous forme d'Introduction, de l'éloge historique de Joseph Bertrand, prononcé en 1901, dans la séance publique de l'Académie des Sciences, par M. G. Darboux. On relira avec le plus grand plaisir les pages substantielles et éloquentes que l'illustre géomètre à consacrées à son prédécesseur au Secrélariat perpétuel. Get éloge fait, par certains côtés, contraste avec ceux qu'écrivait Bertrand : c'est par la belle simplicité, par le naturel que M. Darboux sait nous intéresser et nous émouvoir; gràce à lui, nous apprenons à mieux connaître et à mieux aimer celui dont il dit avec raison : « Sa mémoire nous restera chère, ses écrits et ses travaux demeureront un titre de gloire pour notre pays. » LUCIEN PoINcaRÉ, Inspecteur général de l'Instruction publique. Lipps. — Die Theorie der Collectivsegenstände. —. A vol in-8° de 217 pages. (Prix : 8 11.) Guillaume Engyelmann, éditeur. Leipzig, 1902. Après Laplace, Gauss, Encke, Fechner, Pearson, Quételet et divers autres, M. Lipps s'occupe de la théo- rie des erreurs. Seulement, il prend les choses 4h ovo. C'est seulement après un préambule semi-philosophique qu'il définit son objet précis. Considérons un certain phénomène À, qui peut arri- ver de diverses façons A,, A,,..., A:ï,….., An, n étant fini ou infini. Chacune de ses facons A; se nommera une variante de A. Le système formé par la totalité des variantes sera le Colleclivqegenstand, ce que l'on peut traduire par objet collectif où collection. La variante A; comporte une certaine probabilité, exprimée, comme d'habitude, par une fraction p; comprise entre zéro eb un, avec la relation 1=p +... +pi+... +pn. Les variantes peuvent toujours être rangées en série linéaire, c'est-à-dire être distinguées par une unique de numéros ou d'indices, valeurs suc x; d'une variable unique x. Dans une collection, est particulièrement importante la Vertheilungstalel, c'es a-dire la loi qui lie l'indice x; à la probabilité corres pondante pi: pi = (x), où p—v (x). La variante A: est, en général, définie par un nombre ä, mensuralion du phénomène A. Toute fonction F (Di... Pn ; d,,.., än }, symétrique séparément par rap port aux à etaux &;, ne dépend pas de l’ordre dan$ lequel se produisent les variantes el peut servir à ca ractériser la collection. F dépend, bien entendu, de Je nature de la fonction +. Parmi les diverses formations F, on prend principal lement la suivante. Choisissons arbitrairement un nom bre b el posons : E,, sera la moyenne d'ordre m, afférente au nombreW Si » est infini, p; est infinitésimale et la somme de vient une intégrale. En dépend, cela va sans dire, & la fonction +. Le cas le plus usuel est celui où 2 est une grandet inconnue, les a; étant les diverses mensurations ded BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1101 Les différences » — a; sont les erreurs d'observation, E" est l'erreur moyenne d'ordre m. M. Lipps se livre à une discussion algébrique appro- fondie du calcul des E,; cela peut ètre considéré . comme une extension de la méthode des moindres . carrés. - Rendons hommage au travail estimable et sérieux | de M. Lipps; mais ne nous associons pas à certaines de . ses appréciations. La théorie mathématique des erreurs (méthode des | moindres carrés et généralisations) est appliquée par les astronomes, les géodésiens et les physiciens. » M. Lipps voudrait voir appliquer la théorie dans les - sciences naturelles, la psychologie, la psychophysique, la sociologie, etc. - Nous ignorons ce que nous apportera un avenir éloi- + gné, mais, pour l'instant, le vœu de M. Lipps parait - plutôt dangereux. On ne peut exiger d'un expérimentateur ou d'un ob- servateur qu'il possède la sagacité et l’aisance algébri- + ques indispensables pour manier correctement la mé- - thode, fort délicate, des erreurs moyennes, etc. Par contre, un algébriste, mis en présence de maté- riaux bruts, fournis par l'expérimentation, la statis- - tique, l'observation, pourra-t-il se mettre en garde . suffisamment contre les erreurs d'observation systéma- - tiques, qui faussent toute la théorie algébrique des erreurs? - Le mariage prématuré de l'algèbre avec l’expérimen- + tation, l'observation, la statistique risque de produire - des monstres, c'est-à-dire des scandales et des para- ° doxes scientifiques, comme on en a reproché quelque- | fois déjà au calcul des probabilités. ÿ Il faut, sur ce terrain, s'associer pleinement aux observations si justes faites par M. Hadamard (Æevue . du 30 septembre 1962) sur le livre de M. Bouvier : La - .ucthode mathématique en Economrïe politique. À LÉON AUTONKE, Ingénieur des Ponts et Chaussées, Maître de Conférences de Mathématiques à la Faculté des Sciences de Lyon. - 2° Sciences physiques Gruet (Ch.).— Manuel pratique d’Électricité indus- trielle. — 1 vol. in-8°, de 375 pages. — Béranger, éditeur. Paris, 1902, * Ce qui caractérise cet ouvrage parmi tous ceux déjà écrits sur le mème sujet : l'Electricité industrielle, …_ c'est le grand nombre d'exemples sous forme même «d'applications numériques et la résolution des princi- …._paux problèmes qui se présentent dans la pratique cou- … rante. F L'auteur, comme il le dit d'ailleurs lui-même, a … dédié son manuel non seulement à ceux qui veulent … apprendre l'Electricité, mais aussi, et surtout, à ceux qui veulent l'utiliser; d’où la nécessité de montrer, par une série d'exemples simples, l'application directe des données théoriques indispensables. | Le manuel veut, en un nombre restreint de pages, étre universel pour tous ceux à qui il s'adresse; il donne, en effet, des notions sur toutes les branches de “LElectricité et sur toutes les propriétés de cet agent qui ne Sont pas du domaine de la science pure. (4 Une délimitation en deux parties, l'une dite théo- rique, l'autre dite d'application, a été établie dans “l'ouvrage sans que cette distribution puisse paraître absolument rigoureuse, car, au sujet des piles, des accumulateurs et des dynamos génératrices, dont “l'étude est faite dans la première partie, on peut trou- ver des renseignements techniques et des détails de construction de l’ordre de ceux qui nous sont donnés rangés, cependant, dans la ‘ à ; à “pour les électromoteurs, deuxième partie. En un mot, la première partie semble plutôt con- Sacrée à la production, et la deuxième aux applications de l'énergie électrique. + ee FRET Lois principales des phénomènes électriques, piles primaires etsecondaires, lois de l'induction, el par suite, dynamos génératrices et transformateurs pour cou- rants de toute nature, enfin méthodes et appareils de mesure industriels sont examinés au début de l’ou- vrage; chacun de ces sujets y est étudié ou décrit sans détails oiseux, mais avec ses traits généraux et ses caractéristiques indispensables. Les diverses applications, tant lumineuses que mé- caniques ou chimiques, de l'énergie électrique occupent la plus grande place dans la deuxième partie du volume, qui commence naturellement par l'étude et le calcul des canalisations pour se terminer par des indica- tions générales sur les systèmes de télégraphie et de téléphonie les plus répandus. L Après l’étude des électromoteurs continus et alter- natifs mono ou polyphasés, ainsi que des transports de force dans les ateliers, les mines,etc., vient un chapitre important traitant de la traction électrique. fl est vive- ment à regretter que celte partie de l'ouvrage, con- sacrée à une question si à l’ordre du jour, présente au point de vue de l'actualité quelques lacunes ; c’est ainsi qu'après avoir cité à plusieurs reprises le mode de distribution usité au Chemin de fer Métropolitain de Paris, l'auteur parle des installations de traction élec- trique des Chemins de fer de l'Ouest, en les considé- rant comme étant encore à l’état de projet, alors que leur mise en service date de 1900, antérieurement même au Métropolitain. Dans le même chapitre, la locomotive Heïilmann est mentionnée et examinée avec une indulgence dont elle ne profitera guère, les deux dernières machines de ce système ayant été définitivement démontées l'année dernière ; cette machine n’a donc qu'un intérêt rétros- pectif, comme d'ailleurs, et à plus forte raison encore, le pantélégraphe Caselli, cité à la fin du même livre. Malgré ces légères critiques, le manuel de M. Gruet présente un intérêt capital : celui de vulgariser les cal- culs, d'ailleurs fort simples, auxquels donne lieu la résolution des problèmes industriels ; il présente, en outre, un grand intérêt didactique, et, si dans cet ordre d'idées, on peut lui reprocher de s'arrêter en général à des types de machines et d'appareils déjà un peu éloi- gnés de la fabrication actuelle, il est par contre néces- saire de se rappeler qu'il constitue un livre d’instruc- tion pour tous, et non un état de la question électrique au moment présent. P. LETHEULE. Sorel (E.), Ancien Ingénieur des Manufactures de l'Etat.— La grande Industrie chimique minérale. — 1 vol. de 809 pages avec 110 figures dans le texte. (Prix : 6 fr.) C. Naud, éditeur. Paris, 1902. Ce nouveau traité est l'œuvre d'un homme depuis longtemps fort connu dans l'industrie française, à laquelle il a rendu de nombreux services. Dans l'intro- duction, tout en exposant le plan de son ouvrage, M. Sorel rappelle d'une manière pittoresque la situa- tion de l'industrie française il y a trente ans, alors que gendarmes, mariniers et tonneliers étaient « sacrés chefs de fabrication par l'amitié des propriétaires ». Il aurait peut-être bién.pu ajouter, en étendant un peu le cercle de son appréciation, que cet état de choses na pas encore complètement disparu, et, en tout cas, que l’évolution vers le travail scientifiquement organisé est loin d'être complète, en ce qui concerne la Chimie; même aujourd'hui, celle-ci n'a pas toujours suflisam- ment «voix au chapitre ». Dans les établissements de quelque importance, les zugénieurs, fréquemment chargés des fonctions de chimistes, sont, de par leur éducation même, souvent tentés de résoudre les pro= blèmes qui se présentent avec le tire-ligne etla règle à calcul, plutôt qu'avec la balance et le creuset, chacun étant naturellement enclin à préférer les instruments et le genre de raisonnement qui lui sont le plus fami- liers. Quant aux usines peu considérables, elles sont presque toujours soumises au régime de la bonne à tout faire, lequel, même avec des hommes actifs et 1102 intelligents, rend généralement tout progrès impossi- ble. Dans l’état actuel des connaissances humaines, la division du travail estun principe fondamental que l’on ne saurait méconnaitre sans danger; l'oubli trop fré- quent de cette vérité est, il faut bien le reconnaitre, une des causes d'infériorité de notre industrie dans ces derniers temps. Souvent même (par mesure d'économie!), on place un manœuvre là où il faudrait un homme capable de penser, et l’on se met volontairement dans la situation de ces cavaliers qui ne sont plus maitres de leur mon- ture s'il vient à passer un chien dans la rue. L'ouvrage de M. Sorel traite des composés du soufre, de ceux de l'azote, des phosphates et des aluns, avec les sulfates industriels vulgairement connus sous le nom de « vitriols ». | Parmi ces chapitres, on lira surtout avec grand intérêt ce qui concerne la fabrication de l'acide sulfu- rique par le procédé des chambres de plomb. Cette matière est particulièrement familière à l'auteur, ce qui lui permet d'en développer les différentes parties d'une manière fort instructive. Après cetle portion capitale du livre, on trouve ce qui est relatif aux composés oxygénés de l'azote, ni- trites, nitrates, acide azotique et ammoniaque; le tout exposé de facon à présenter l'ensemble de ces branches de l'industrie chimique, au moins dans ses lignes essen- tielles. Comparativement à ces matières largement trai- tées, le chapitre concernant les cyanures paraîtra peut- ètre un peu terne et incomplet. M. Sorel s'étend ensuite longuement sur les phos- phates, leur état naturel et leur emploi. Les lecteurs désireux de se rendre compte de l'utilisation et de l'ac- tion de ces composés comme engrais, trouveront ici des notions de Chimie agricole qui ne manqueront pas de les satisfaire. La préparation des superphosphates et l'étude de leurs propriétés terminent ce chapitre. Vient enfin la description des procédés qui permettent d'obtenir les aluns, sulfates d’alumine, de fer, de cuivre et de zinc, avec les données classiques sur ces sujets. Un appendice, ajouté à l'ouvrage déjà terminé sans doute et rédigé peut-être antérieurement à la publica- tion des intéressants travaux de M. Knietsch, donne quelques détails complémentaires sur la fabrication synthétique de lanhydride sulfurique, et sur le pro- cédé de Valentiner pour la préparation de l'acide azo- tique sous pression réduite. A côté de la partie historique et descriptive de ce traité, on sera heureux de trouver une quantité de tableaux relatifs aux propriétés physiques et à la com- position chimique des différents produits dont il est question ; les rendements sont également examinés avec soin. À ce point de vue, le livre de M. Sorel est une véritable mine de renseignements, choisis et placés aux meilleurs endroits pour les rendre utiles et intéres- sants; on pourra seulement regretter l'absence de tout renvoi bibliographique indiquant les sources d’où proviennent les documents mis en œuvre. Le détail des opérations d'essai ou de contrôle pra- tiquées à l'occasion des industries traitées n'entre pas dans le cadre de l'ouvrage ; mais, s'adressant aux ingénieurs autant qu'aux chimistes proprement dits, l'auteur donne volontiers des exemples de calculs permettant d'établir logiquement la construction ou le travail des appareils utilisés. En terminant ce court résumé, je demande la per- mission d'exprimer la grande satisfaction que j'ai éprouvée à me trouver en communauté d'idées avec un homme de la valeur de M. Sorel sur une question d'enseignement des sciences appliquées. Parlant, dans son Introduction, de l'exposition des procédés qui sont sur le point de disparaître ou qui sont déjà du domaine du passé, M. Sorel dit : « Ce serait une erreur grave de les laisser tomber dans l'oubli, car il y a des leçons d'un grand intérèt à leur emprunter et des méthodes générales à déduire de leur étude, méthodes dont l'ap- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX plication peut encore se présenter dans nombre de cas et dont la discussion peut avoir une grande impor- tance ». — Cette idée, nous l'avons toujours défendue et appliquée à l’Institut chimique de Nancy, contrai- rement aux tendances des utilitaristes à outrance, qui ne voudraient s'occuper exclusivement que du présent. Nous eslimons avec M. Sorel, heureux d'être en si bonne compagnie, que le premier devoir d'un profes- seur est d'apprendre à ses élèves à réfléchir et de leur faire voir que, pour construire aujourd'hui, on utilise fréquemment les enseignements et les débris du passé. G. ARTH, Directeur de l'Institut chimique de Nancy. 3° Sciences naturelles Travaux du Laboratoire de M. Ch. Richet, Professeur à la Faculté de Médecine de Paris. Tome Ve : Museles et Nerfs; Thérapeutique de l’Epilepsie; Zomo- thérapie; Réflexes psychiques. — { vol. gr. in-8° de 522 pages, avec TS figures dans le texte. (Prix : 12 fr.) F. Alcan, éditeur. Paris, 1902. Ce dernier recueil des travaux du Laboratoire de M. Ch. Richet constitue, comme les quatre précé- dents, une mine très riche de renseignements et de documents intéressant à la fois le physiologiste, le mé- decin et le psychologue. Il atteste l'activité du Labora- toire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Paris. Dans les 522 pages de ce cinquième volume, le lec- teur trouvera non seulement des Mémoires de Physio- logie pure, mais beaucoup de travaux concernant la Pathologie et la Thérapeutique expérimentales. C'est que M. Ch. Richet considère à juste titre qu'il ne peut y avoir de limites nettes, a fortiori de cloisons | étanches entre la Physiologie proprement dite et les diverses branches de la Médecine. Il suffit de visiter son laboratoire pour se rendre compte que, bien qu'une large part y soit faile aux recherches physiologiques, … une place non moins grande y est laissée à la Patho- logie et à la Thérapeutique expérimentales. C'est ainsi qu'on trouvera dans ce volume l'exposé. des recherches que M. Richet à faites en collaboration avec Héricourt sur le traitement de la tuberculose par la zomnthérapie. Cette méthode de traitement appa- rait aujourd'hui comme une arme des plus efficaces contre la tuberculose, aussi bien chez le chien que chez l'homme. Les statistiques que publient les auteurs sont des plus éloquentes à cet égard. On lira également avec intérêt les travaux de MM. Ch. Richet et Toulouse sur le traitement de l'épi= lepsie par la méthode métatrophique, qui consiste à augmenter l'affinité des cellules pour le bromure de sodium en diminuant dans de larges proportions l'appa- reil nutritif du chlorure de sodium. A citer comme travaux de Physiologie proprement dite : Les belles recherches de MM. A. Broca et Ch. Richet sur le travail musculaire chez l'homme, la période ré- fractaire dans les centres nerveux, les effets de las-= phyxie et de l'anémie du cerveau sur l'excitabilité cor= uicale ; De MM. J.-P. Langlois et Ch. Richet, des expériences. sur la proportion des chlorures dans l'organisme; De MM. Portier et Richet, une étude des effets phy= siologiques du poison des Physalies (Hypnotoxine); des l'action anaphylactique de certains venins. 5 De Mie M. Pompilian, de très intéressants et solides travaux sur la contraction et la chaleur musculaires; sur l'automatisme en général et l'innervation centrales des Invertébrés ; enfin des notes de technique phvsio logique sur un myographe, un cardiographe, un pneus mographe. Le volume renferme encore deux Mémoires de M. J.-P Langlois : l'un sur Je mécanisme de la destruction dans l'organisme du principe actif des capsules surrés LÉ Lisrair) DR a M NES BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1103 les, l’autre sur la régulation thermique des poikilo- thermes (lézards, serpents, tortues). Ajoutons : de M. Ch. Richet, un travail sur la résis- tance des canards à l'asphyxie, et un autre sur les ariations saisonnières de la ration aiimentaire par unité de surface chez le chien. A ces travaux, d'ordre proprement expérimental, il xt ajouter une magistrale étude des réflexes psy- iques de M. Ch. Richet, et du même savant une con- rence sur l'œuvre de Pasteur faite à l'Université de Montréal. Il faut souhaiter que d’autres laboratoires suivent l'exemple de celui de M. Ch. Richet, qu'ils réunissent insi en recueil des travaux dispersés dans les périodi- ques et dont certains, par suite, peuvent passer ina- J.-E. ABELOUS, Û Professeur de Physiologie . à la Face de Médecine de Toulouse. Haumus (J.). — Les cæcums des Oiseaux. — 7hèse de la Faculté des Sciences de Paris. — 139 pages . avec figures et planches. Masson et Ci, éditeurs. . Paris, 1902. Ce travail est une monographie anatomo-physiolo- gique des cæcums des Oiseaux, portant sur un grand hombre d'espèces appartenant à tous les ordres. Les eæcums présentent de grandes variations de forme et “de dimensions; il peut y en avoir deux très développés [Coureurs, Rapaces nocturnes) ou très courts (Rapaces iurnes), tandis que le Héron a un unique cæcum; ils manquent totalement chez la plupart des Colombins et Grimpeurs, sans qu'il y ait une relation pien constante entre ces variations et le genre de vie de l'Oiseau. Les æcums sont sans aucun doute un héritage des Rep- iles; l'Hatterra, notamment, possède un cæcum bilobé. Les cæcums bien développés renferment à leur inté- rieur des villosités d'aspect varié et de nombreuses glandes, tandis que les cæcums réduits ont très peu de landes, et sont surtout transformés en organes lym- phoïdes. Les premiers paraissent sécréter des diastases, une présure, une protéase, un ferment hydrolysant l'amidon et intervertissant le sucre de canne, mais il est diflicile de séparer l’action diastasique propre des cæcums de celle des nombreux microbes qui résident dans ces organes. On peut néanmoins admettre que les cæcums de grande taille jouent un certain rôle digestif et absorbant, bien que leur ablation totale (Canard et Coq) ne paraisse avoir aucun résultat ficheux. La ligature des cæcums au ras de l'intestin, de facon à les transformer en un vase clos, provoque chez le Canard une péritonite plus ou moins étendue, non mortelle, à laquelle lorganisme résiste par divers pro- essus défensifs. En nourrissant des Poulets avec de la viande, la modification alimentaire retentit sur les diastases cæcales; la diastase hydrolysante de l'amidon disparaît, tandis que la protéase devient plus active; il semble aussi que les cæcums des Poulets nourris à la iande sont moins longs, toutes proportions gardées, que ceux des Poulets à ration normale. Ce qu'on a appelé le troisième cæcum chez quelques “Oiseaux adultes (Canard), n'est autre que le reste du “canal vitellin qui débouche vers la moitié de l'intestin grêle; il renferme des villosités et un abondant tissu “iymphoide. Chez le Poulet, cet orxane disparait à partir u troisième mois, probablement par l'intervention de hagocytes macrophages. - L'auteur paraîl avoir tiré de son sujet, assez res- treint du reste, à peu près tout ce qu'il pouvait donner; le côté histologique est peut-être un peu négligé; l’his- tologie des cæcums rudimentaires, en particulier, et le tissu lymphoïde auraient pu être étudiés d'une facon plus précise. En second lieu, bien que cela n'ait pas ne importance majeure pour l'exposition des résul- lats, il me semble que M. Maumus aurait pu suivre la lassification moderne des Oiseaux, au lieu d'adopter les groupes artificiels des Echassiers, Gallinacés, Ra- paces, etc.; enfin, il ne cite pas dans sa bibliographie l'excellent et substantiel article que Gadow a consacré aux cæcums des Oiseaux dans le Bronn's Thierreichs. Malgré ces légères critiques, la thèse de M. Maumus est un travail consciencieux et correct, qui complète nos connaissances sur la physiologie des cæcums. L. CuÉNor, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. 4° Sciences médicales Bonain (A... — Traité de l’Intubation du Larynx dans les sténoses laryngées aiguës et chroni- ques de l’enfant et de l'adulte. — 1 ro/. in-8° de 264 pages avec 46 figures dans le texte. (Prix : 6 fr.) Félix Alcan, éditeur. Paris, 1902. L'intubation est un cathétérisme du larynx avec maintien d'une sonde à demeure. C’est une méthode héroïque dans le croup, excellente dans le traitement de toutes les sténoses laryngées aiguës ou chroniques chez l'enfant aussi bien que chez l'adulte. M. A. Bonain, après avoir rappelé la conformation générale du larynx, énumère les instruments qui servent au tubage et nous donne une excellente description de la technique du tubage, des incidents et des accidents qui peuvent suivre l'intubation. Un des plus importants chapitres du livre est con- sacré au parallèle entre la trachéotomie et l'intubation du larvnx. M. Bonain passe en revue les travaux parus sur cette question, et, en se basant également sur son expérience personnelle, établit que l'intubation fournit une mortalité beaucoup inférieure à celle que donne la trachéotomie; que, dans le cas de croup, c’est le procédé de choix. Cette opinion est généralement admise pour les services hospitaliers; mais beaucoup de praticiens se refusaient à admettre l'intubation dans la clientèle privée: ils objectaient que les malades intubés réclament une surveillance étroite et que cette surveillance est difficile à réaliser dans les familles. Bonain démontre par des chiffres que les résultats de l'intubation dans la pratique privée sont au moins égaux à ceux obtenus dans les hôpitaux. La conclusion générale du livre est que l'intubation est bien préférable à la trachéotomie, qu'elle est plus facile, moins dramatique, moins dangereuse; l'intu- bation est la méthode de choix, la trachéotomie ne doit être qu'une opération d'exception. En tête de son ouvrage, M. Bonain inscrit les deux noms de Bouchut et d'O' Dwyer et rappelle l'anecdote suivante : Au Congrès international de Médecine tenu à Berlin en 1890, Bouchut se rencontrant avec Joseph 0’ Dwyer de New-York, le salua publiquement en ces termes : « Je suis heureux de saluer ici M. O0’ Dwyer et de le féliciter d’avoir pu faire accepter de ses collègues et compatriotes l'opération du tubage du larynx ou intubation que j'ai imaginée en 1858, il y à 32 ans, et qui n'a pas été acceptée en France. Elle y a mème été condamnée par les corps savants officiels de la facon la plus sévère, et sa pratique est devenue impos- sible ». L'aventure de l'intubation, qui ne fut acceptée en France qu'à son retour d'Amérique, n'a rien qui doive surprendre : nul n'est prophète en son pays. Dr P. DEsFosses. Laumonier (D: J.). — Les nouveaux Traitements. — 4 vol. in-16 de la Collection médicale. (Prix : car- tonne, &4 fr.) F. Alcan, éditeur. Paris, 1902. Il devient de plus en plus difficile, mème aux méde- cins les mieux intentionnés. de se reconnaître dans le flot montant des médicaments nouveaux. Le livre de M. Laumonier est destiné à fournir aux médecins ainsi qu'à ceux qui s'intéressent à la Thérapeutique, des no tions précises, aussi complètes, mais aussi brèves el claires que possible, sur les nouveaux remèdes et les nouvelles méthodes de traitement. 41104 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 3 Novembre 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. M. d'Ocagne donne un procédé de résolution nomographique du triangle de position pour une latitude donnée. — M. R. Liou- ville, en réponse à une remarque récente de M. Pain- levé, pense qu'il n’est ni démontré, ni vraisemblable que toute équation différentielle du second ordre, irré- ductible au sens de M. Drach, le soit aussi au point de vue qu'il a voulu étudier. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Blondlot commu- nique les résultats de nouvelles expériences montrant que la vitesse de propagation des rayons X est égale à celle des ondes hertziennes ou de la lumière dans l'air. — M. Perrotin a observé à Nice des illuminations crépusculaires rouges à la fin d'octobre. Elles sont peut- ètre en relation avec les éruptions récentes de la Mar- tinique. — MM. A. Leduc el P. Sacerdote, en réponse à une Note récente de MM. Guye et Perrot, font remar- quer que leurs propres expériences ne constituent en aucune facon une vérilication plus ou moins impar faite de la loi de Tate. — M. H. Pellat, à propos d’une Note récente de M. Ponsot, rappelle que la méthode qu'il a proposée pour évaluer en valeur absolue les basses températures ne nécessite l'emploi que d'une seule température fixe, connue en valeur absolue. — M. Ed. van Aubel à mesuré la résistivité électrique du sul- fure de plomb pur et coulé aux très basses tempéra- tures. Elle est de 289,88 microhms-cm. à + 209,7 et elle diminue constamment à mesure que la tempéra- ture s’abaisse, jusqu'à devenir inférieure au quart de cette valeur dans l'air liquide. — M. N. Gréhant à analysé neuf échantillons d'air recueillis dans les gale- ries d’une mine de houille. La proportion de formène a varié de 3,5 à 7,5. ce dernier chiffre indiquant un mélange détonant; CO? à varié de 1 à 1,8 et O de 16, 1 à 18. — M. F. Jean décrit un appareil automatique pour le dosage de CO et CO? dans les airs viciés, au moyen de solutions de chlorure de palladium et de potasse. — M. A. Recoura à obtenu, par cristallisation d’une solu- tion de sulfate d'aluminium faite dans l'acide chlor- hydrique bouillant, un chlorosulfate d'aluminium AISO'CI,6H°0, Ce composé se dissout rapidement dans l'eau; mais on constate, par la eryoscopie, que la solu- tion n'est qu'un simple mélange de sulfate et de chlo- rure. M. Guntz à préparé les azotures de fer par réaction de lazoture de lithium sur les chlorures doubles de ne et de fer; il a obtenu les corps FesAz° et FeAz. Avec le chlorure € hromique, on obtient CrAz. — M. Mentrel à préparé divers composés du baryum, en plongeant celui-ci dans des gaz liquéfiés : le baryum-ammonium Ba (AzH® % le corps Ba (AZO?, le baryum-carbonyle Ba (CO; le gaz ammonjac réagit sur le baryum chauffé à 2800 avec de baryum Ba (AZH®®. — M, bouillante par l'oxygène de l'air. Il a obtenu de l’eau, un peu d'ammoniaque, un corps fondant à 238°-239o, un autre corps fusible à 251° et paraissant répondre à la formule : , C Istrati a oxydé l'aniline Az \#0)ICEHENS (QI l | ND A7 (#10) CHE un corps, F. 207°-208°, qui pie ait être (C‘H°.AzH} C°H2,0.CSH*{CSHSAZH}Ÿ. — MM. E. Donard et H. Labbé ont retiré du grain de mais, rs épuisement à l'alcool, une malière albuminoïide qu'ils nomment maïsine, de formule approximative C'#*H%%A7#05!$S, Elle est soluble L formalion d'amidure | DE L'ÉTRANGER dans les alcools méthylique et éthylique et dans l'acé tone. | 39 SCIENCES NATURELLES. — MM. N. Vaschide et C1 Vurpas ont constaté que, lorsque la vie semble sous traite à l'action des centres supérieurs, elle se mani feste suivant un rythme périodique de dynamogénie el de repos se succédant régulièrement. Les centres su périeurs auraient un rôle de coordinateur psycho-dyna mique, réglant la machine vitale selon un équilibré plus stable grâce à l'inhibition. — M. A. Laveran fait de nouvelles observalions sur le Trypanosoma Therlerr, agent d'une maladie des Bovidés de lAfriq du Sud. 11 se multiplie par bipartition ; le mode de pro pagalion est encore douteux. 11 à découvert, en outre dans le sang de Bovidés de cette région, un autre Try= panosome, qu'il nomme 77. transvaaliense; le centro some y est toujours près du noyau. — MM. C. Vaneyr el A. Conte ont observé que la conservation et lacs croissement des colonies de Æhabdopleura Normanni ont lieu par régénération des individus et bourgeons nement latéral de leur pédoncule. — M. A Labbé observé, chez les Nepalia, qu'il y à continuité de substance entre la tonofibrille épithéliale et la myoli brille; la séparation se fait au niveau des dernier disques minces, ceux-ci établissant une véritable limi- tation fonctionnelle sur le trajet de la fibrille. L’épithé= lium entier fonctionne comme tendon du muscle. Séance du 10 Novembre 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. P. Painlevé pour: suit ses recherches sur l'irréductibilité de l'équation MED x. Il est impossible d'exprimer l'intégrale 2énérale y (x) de cette équation sous la forme v= dH : tn : SE È H, Re) où y désigne une fonelion algébrique de H, dx ; ? ‘ = analytique en x, et H (x) l'intégrale d’une équa= tion de second, ordre, algébrique en H, H', H", analy- tique en x, et dont toutes les singularités (polaires ou autres) sont fixes. — M. L. Autonne communique ses! travaux sur les substitutions crémoniennes dans l’es= pace, qui sont l'extension des théories déjà données pour la Géométrie plane. — M. E. Cartan indique une méthode pour résoudre le problème de léquivalence des systèmes différentiels, et arrive à ce théorème : Si un système d'équations aux dérivées partielles admets des caractéristiques dépendant d'un nombre fini de constantes arbitraires, on peut, sans intégration, ra mener la détermination de ces caracté ristiques à l'in tégration d'un système d'équations différentielles de Lie associées à un groupe de structure connue, à sup= poser toutefois que le système donné n'admette pas d groupe infini. — M. W. Stekloff démontre le théo rème suivant : Quelle que soit la fonction /, bornée e intégrable dans l'intervalle donné (a, b), on a toujour =b < b J Did > An, An = IpNndx. n—1 — M. Jouguet applique les lois de la rupture et du déplacement de l'équilibre à l'étude de la stabilité de systèmes chimiques. — M. P. Duhem démontre que, Si le coefficient de conductibilité K d'un fluide est ditré rent de 0, quelque petite que soit sa valeur, les ondes s'y propagent avec la vitesse donnée par la formule de Newton; c'est seulement lorsque K est rigoureusemen nul que la vitesse de propagation des ondes est donnée par la formule de Laplace. Les contradictions appa ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1105 tentes entre ces règles et la réalité des faits dispa- aissent par la considération des quasi-ondes. * 2° SGIENGES PHYSIQUES. — M. J. Collet présente le “sumé de ses déterminations de la pesanteur le long u parallèle moyen. — M.B. Baïllaud communique une étude sur le climat de Toulouse, qui résume les “observations météorologiques faites à l'Observatoire de 1863 à 1900. — M. R. Blondlot à confirmé, par des expériences complémentaires, ses conclusions sur la vitesse de propagation des rayons X. Il en déduit que, “es théories proposées pour expliquer la nature des rayons X, celle de E. Wiechert et de sir G. Stokes subsiste seule; d'après celle-ci, les rayons de Rüntgen onsistent en une succession de pulsations indépen- «lantes, partant des points où les molécules projetées par la cathode rencontrent l’anticathode.— M. Ed. van Aubel a constaté que l'effet de Hall est environ trois fois plus intense dans un mélange de bismuth et de sul- ure de bismuth que dans une lame de bismuth pur ; ce fait vient à l'appui de l'hypothèse d’après laquelle l'effet Hall serait lié au pouvoir thermo-électrique des métaux. — M. J. Kunz à déterminé la conductibilité de diverses dissolutions aux {très basses températures; l'affaiblissement considérable qu'elle présente parait être dù à la viscosité croissante que le milieu oppose aux ions. — M. F. Dussaud communique ses expé- Mriences sur la transmission d’impressions lumineuses à “grande distance en utilisant les propriétés du sélénium. u— M. A. Verneuil est parvenu à réaliser la fusion de la poudre d’alumine chromée en un liquide clair et homogène, qui cristallise par refroidissement en don- nant un produit tout à fait identique au rubis naturel. — M. O. Boudouard a préparé divers alliages de cuivre met de magnésium par fusion des composants. Ils sont blancs jusqu'à 70-80 °/, de Cu; ils sont malléables jus- … qu'à 10 °/, de Cu, cassants et fragiles de 10 à 70°/, de Cu ; la fragilité diminue ensuite jusqu'au Cu pur. — MM. J. Bougault et G. Allard onttrouvé, dans quelques espèces de Primulacées, un alcool heptatomique, la volé- mite, C'H07, déja isolé par M. Bourquelot d'un cham- pignon. La proportion est d'environ 15 °/4 de la plante … sèche. — M. M. Guédras à étudié diverses espèces de ÿ Copals ; ils donnent, par distillation, deux sortes de produits : une gomme et une huile, (ous deux acides. Ils sont probablement constitués par des terpènes en partie oxydés. — M. G. Bertrand a recherché la pré- sence de l’arsenic chez une série d'animaux (Cétacés, Oiseaux, Poissons, Invertébrés) recueillis au cours d'une croisière de la Princesse-Alice dans l'Atlantique: Tous en renfermaient des quantités variables et générale- ment dans tous les tissus. 39 SciENCES NATURELLES. — M. N.-E. Wedensky pour- suit l'étude de la nature des courants électriques du nerf. Il pense que le courant démarcationnel et toutes ses variations sous l'influence de l'irrilation ne recevront une interprétation décisive que par l'étude approfondie de l’état parabiosique. — M. M. Baudouin à trouvé, dans un bocal du Musée de la Faculté de Médecine, un spécimen de tératopage constituant un genre nouveau. Chez ce monstre, l'union se trouve correspondre à lhypogastre, c'est-à-dire qu'elle s'étend de l'ombilic à la région prépubienne, d’où le nom d’Aypogastrophage -donné à ce genre nouveau. Ce type est viable et opé- rable. — Mie C. Deflandre a observé que la glande hépatique des Invertébrés est un entrepôt de réserves -nutritives, essentiellement constituées par des graisses. Ces réserves servent non seulement à l'individu, mais à sa descendance; elles se transmettent, en effet, en grande partie, au moment de l'ovulation, aux produits sexuels. -— M. P. Dop établitque, dans le genre Stapelra, l'ovule est réduit à son nucelle; la pénétration du tube pollinique est facilitée par l'existence d'un canal creusé dans un tissu spécial d'origine épidermique. La cellule- mère primordiale donne d'abord naissance à quatre cellules-filles; deux d’entre elles se fusionnent en une cellule où se forment l'oosphère, les deux synergides æt le noyau secondaire, tandis que les deux autres donnent naissance aux antipodes. — MM. M. et A. Cam- pagne rappellent qu'ils ont fabriqué, avant M. Guillon, un soufre pulvérulent, mélangeable à toute bouillie cuprique, pour le traitement des maladies de la vigne. — M. F. Wallerant étudie les groupements de cristaux d'espèces différentes. — M. R. Fourtau considère que nous ne devons accepter les termes de grès nubien ou de grès du désert que comme de simples expressions pétrographiques, analogues au flysch des auteurs alle- mands el sans aucune valeur stratigraphique.— M. E.-A. Martel considère la fontaine de Vaucluse comme le simple débouché d'un fleuve souterrain, dont l’écou- lement a lieu par de longs et hauts canaux renflés au milieu, où de considérables variations de niveaux se produisent sous la double influence : 4° du jeu irré- gulier des précipitations atmosphériques et des infil- trations qui en résultent; 2 des rétrécissements, siphonnements et éboulements intérieurs, agissant comme des vannes retardatrices et transformant ces canaux en réservoirs temporaires étroits. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 4 Novembre 1902, M. Raymond présente le Rapport sur le concours du Prix Herpin (de Genève), et M. Motet le Rapport sur le concours du Prix Civrieux. — M. A. Proust termine ses études sur l'épidémie de choléra d Egypte de 1902. Cette épidémie a été vraisemblablement importée de la Mecque par la côte de la mer Rouge, peu ou pas gardée du tout. Une épidémie de ce genre menace la Médi- terranée et l'Europe; au Conseil sanitaire d'Alexandrie appartient la tâche de les protéger par des mesures efficaces, qui pourraient ètre contrôlées par un Bureau international de Santé. Séance du 11 Novembre 1902. M. G. Pouchet présente le Rapport sur le concours du Prix Buignet, M. Raïlliet le Rapportsur le concours du Prix Herpin (de Metz) et M. L.-G. Richelot le Rap- port sur le concours du Prix Amussat. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 8 Novembre 1902. MM. A. Gilbert et A. Lippmann ont observé que, dans toutes les cholécystites, suppuratives ou non, le liquide intra-vésiculaire est fertile; les germes anaé- robies sont constants; les aérobies sont plus fréquents dans les cholécystites suppurées. — M. J. Jolly montre que les formes de dégénérescence des leucocytes du sang décrites par M. Mezincescu sont simplement des altérations artilicielles, dues à une technique impar- faite. — M. Ch.-A. François-Franck est arrivé à réa- liser simultanément la chronophotographie du cœur et des courbes cardiographiques chez les Mammifères, ainsi que la chronophotographie des déplacements des différents points de la surface du cœur les uns par rapport aux autres, au point de vue spécial du méca- nisme du souffle extra-cardiaque. — M. A. Briot a observé avec le venin de Vive les mêmes phéno- mènes hémolytiques qu'avec les venins de serpents. L'activité hémolytique de ce venin persisie après un chauffage d'une heure à 75°. — M. F.-J. Bosc, en InJec- tant du claveau virulent pur dans le tissu périmam- maire d'agneaux femelles de trois à quatre mois, à obtenu des lésions variables de la glande mammaire, allant de l’'adénome jusqu'à l'épithéliome. — M. Gan- dil à obtenu la cure d'un cas de diabète arthritique héréditaire par l’action prolongée courants de haute fréquence. — M. E. Maurel pense que la mort des leucocvtes sous l'influence de la quinine Joue un certain rôle dans la mort de l'organisme sous l'influence de cet agent. — MM. F. Battelli et G.-B. Boatta ont constaté une diminution de la quantité d’adrénaline dans les capsules surrénales à la suile de la fatigue 1106 ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES poussée jusqu'à l'épuisement. — M. F. Battelli à reconnu que, chez l'homme normal, la quantité d'adré- naline existant dans les capsules surrénales est la même que chez les animaux proportionnellement au poids du corps; dans les cachexies, cette quantité subit une diminution qui peut devenir considérable. — M. Ch. Féré à déterminé les variétés de l'influence d'un même son sur le travail, suivant que le sujet est ou non exposé en même lemps à d'autres excilations sensorielles. — M. E. Cassaet à administré le suc hépatique dans des cas de prurit et d'urticaire, plus particulièrement d'origine post-sérothérapique, avec un grand succès. Ce fait semble montrer que le déficit de la glande hépatique, tout aussi bien qu'un excès de sa production, peut être la cause de démangeaisons. — M. Ch. Nicolle décrit un procédé très simple de cul- ture des microbes anaérobies. — M.Ch. Richet signale une illusion curieuse du mouvement qui se produit lorsqu'on marche sur le pont d'un navire en mouve- ment. — M. V. Henri montre que, malgré les compli- cations et les irrégularités dans la vitesse des actions diastasiques, on peut raméner ces actions aux lois de la Chimie générale si l’on suppose la formation de combinaisons intermédiaires entre le ferment et les corps qui interviennent dans la réaction. Il n'y à donc vas lieu d'admettre que les lois de l’action des dias- tases font exception aux lois de la Chimie générale. — MM. L. Bernard et Bigart ont étudié les réactions histologiquès générales des capsules surrénales à cer- taines influences pathogènes expérimentales. Lorsque l'intoxication est peu profonde, il ÿ a hypérépinéphrie; lorsque l'intoxication est grave, il y a hypoépinéphrie. — M. Wlaeff estime que la rate participe non seulement à l'élimination des globules sanguins détruits et à la lutte contre les maladies infectieuses, mais encore à la formation des globules rouges et blancs. Il y a une identité relative entre les fonctions de la rate et de la glande thyroïde. — M. F.-X. Gourand a observé que l'insuffisance hépatique amène une baisse du taux de l'urée, baisse d'autant plus forte que le chiffre primitif est plus fort et la cellule plus malade. Dans les foies normaux, le taux de l’urée reste constant. — M. J. Nageotte pense que, seule, la névrite syphilitique est capable de donner naissance à l'affection chronique connue sous le nom de {abes dorsal. — MM. CI. Re- gaud el R. Fouilliand présentent un régulateur de température pour étuves chauffées par l'électricité et une étuve électrique portative. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES SCIENCES PHYSIQUES. G. Marconi : Note sur leffet de la lumière du jour sur la propagation des impulsions électroma- gnétiques à grande distance. — Pendant quelques essais de télégraphie sans fil à grande distance, exé- cutés à la fin de février dernier entre un poste de transmission situé à Poldhu, sur la côte de Cornouailles, et un poste de réception à bord du navire américain Philadelphia, qui faisait la traversée entre Southampton et New-York, l’auteur à eu l'occasion de remarquer, pour la première fois dans ses expériences, les diffé- rences considérables qui existent entre les distances auxquelles il est possible de percevoir les oscillations recues pendant le jour et les distances auxquelles les effets peuvent être obtenus pendant la nuit. | Les assistants à Poldhu avaient reçu des instructions pour envoyer une succession de Ss et un court mes- sage. à une certaine vitesse déterminée d'avance, toutes les dix minutes, alternant avec cinq minutes de repos, | pendant les heures suivantes : de minuit à 4 heure du malin, de 6 heures à 7 heures du matin, de midi à À heure, et de 6 heures à 7 heures du soir; ces essais eurent lieu chaque jour, du 23 février au 1% mars in- clusivement. À bord du Philadelphia, Vauteur n'a re- | marqué aucune différence apparente entre les signes recus pendant la journée et ceux reçus pendant la | nuit, jusqu'à ce que le navire se fût éloigné de 500 milles de Poldhu. Mais, à des distances de plus 700 milles, les signes transmis pendant le jour firer entièrement défaut, tandis que ceux transmis de nu restèrent très distinels jusqu'à 1.551 milles, et fur méme plus facilement déchiffrables jusqu'à une dis tance de 2.099 milles de Poldhu. Il est intéressant de remarquer qu'à l'époque d l'année pendant laquelle ces expériences furent faites le jour, à Poldhu, augmentait rapidement entre 6 € 7 heures du matin; sur le Philadelphie, Vauteur« constaté qu'à des distances de plus de 700 milles di poste de transmission, les signes à 6 heures du math étaient tout à fait clairs et distincts, tandis que, vers 7 heures du matin, ils diminuaient graduellement ju qu'à disparition totale, leur intensité semblant ai s'affaiblir en proportion de l'augmentation du jour Poldhu. Un tel affaiblissement des signes n’a pas ét remarqué entre minuit et { heure du matin. Dans le but d'obtenir d'autres résullals du même genre, l’auteur à entrepris d'autres expériences entre la station de Poldhu et un poste récepteur (à tous égards semblable à celui du Philadelphia), situé à North Haven (Poole, Dorset). La distance entre Nortl Haven et Poldhu est d'environ 152 milles, dont 109 sur mer el 43 sur terre. On découvrit que les signaux dé Poldhu pouvaient être parfaitement percus à North Haven pendant la nuit en employant quatre fils verti caux de 12,1 mètres de longueur pour les appareils récepteurs, tandis que, toutes les autres conditions restant les mèmes, il était nécessaire, pendant le jour, d'avoir des fils de 18,5 mètres pour recevoir les mêmes signaux avec une égale distinction. La cause de ces différences, observées entre les effets obtenus la nuit et ceux remarqués le jour, peut être due à la désélectrisation du conducteur élevé de tran mission, produite par l'influence de la lumière. Le pouvoir de décharge de la lumière peut ainsi empêcher les oscillations électriques dans le transmetteur élevé d'acquérir une amplitude aussi grande que celle atteinte pendant Fobseurité. L La désélectrisation par la lumière de corps métal= liques chargés négativement a été remarquée par beau- coup d'observateurs, et, comme chaque demi-oscillation: successive dans le conducteur élevé de transmissio doit nécessairement le charger négativement, l'effet dissipant de la lumière sur chaque oscillation alter- nante de l'onde électrique dans le fil de transmission peut'être suffisant pour provoquer une décroissance de l'amplitude des oscillations. On à fait d’autres recherches dans le but de déter= miner si lillumination de l'espace qui sépare les boules du transmetteur à quelque effet sur les impulsions transmises; dans ce but, les boules de décharge furent enfermées dans une boîte opaque. Aucune différence appréciable n'a été remarquée dans la force des signaux recus, suivant que les boules étaient ou n'étaient pas exposées à la clarté du jour. Il serait intéressant d'établir si les mêmes effets seraient observés en employant des transmelteurs élevés, recouverts d'une malière opaque isolante. Dans le cours de toutes ses autres expériences de télégra- phie sans fil, l'auteur n'a jamais remarqué une diffé- rence appréciable dans les distances entre lesquelles on obtient des signaux de jour et de nuit. | Probablement, le potentiel beaucoup plus élevé au= quel le conducteur élevé de Poldhu était chargé peut avoir considérablement accru la facilité avec laquelle des pertes peuvent se produire, par suite de la désélec= tisation sous l'influence de la clarté solaire. SOCIÉTÉ ALLEMANDE DE PHYSIQUE Séance du 17 Octobre 1902. MM. O. Lummer et E. Gehreke ont recherché jusqu'à. quel point deux faisceaux lumineux sont capables d'in- terférer, c'est-à-dire jusqu'où peut s'élever la différence ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1107 de marche des deux rayons sans que la cohérence et lapparition des franges d'interférence soient troublées. Ils ont constaté que, parmi les innombrables particules gazeuses émettant de la lumière de l'arc au mercure, le plus grand nombre émettent une lumière capable d'interférer en un temps plus long que celui néces- saire à l'émission de 2 1/2 millions d’ondulations, et qu'avec cette différence de marche la totalité des parti- cules produit encore un phénomène d'interférence bien typique. — M. R. Pictet présente quelques remarques sur la théorie de la machine à liquélier l'air de Linde. Séance du 31 Octobre 1902. M. F. Kurlbaum présente le pyromètre optique qu'il a construit avec M. L. Holborn, ainsi que l'appareil ana- logue de Wanner. — M. M. Thiesen communique les principes d'une nouvelle théorie, plus générale, de la diffusion. Elle conduit à ce résultat que la diffusion de deux gaz simples dépend de quatre constantes, les- quelles pourront être déterminées d'après les valeurs des coefficients de frottement des gaz, ACADÉMIE DES SCIENCES DE VIENNE Séance du 9 Octobre 1902. 1° Screxces PHYsiQuEs. — M. P. F. Schwab : Rapport sur les observations séismiques à Kremsmunster en 1901. — M. P. K. Puschl : Sur la propagation de la lumière à travers le corps humain. — M. H. Fürth : Etude des combinaisons mercuramidées. — M. P. Dan- nenberg : Sur quelques dérivés bromés et iodés du thymol. — M. F. Pregl indique un procédé simple pour extraire de la bile des Bovidés l'acide cholalique, et, de la liqueur-mère, l'acide désoxycholique. Par oxy- dation de ces produits, on obtient les acides bilianique et cholanique, qu'on peut d'ailleurs préparer par oxy- dation directe de la bile. L'action de PCF sur l'acide bilianique fournit un acide dichloromonodésoxy- bilianique C#HS*0:CF; l'oxydation de l'acide bilia- nique donne un acide cilianique C#H#0%. — M. J. Seegen à étudié la formation du sucre dans le foie conservé dans l'alcool. On sait que le foie, qui contient au moment de la mort 0,4 à 0,6 °/, de sucre, en ren- ferme 3 à 4°/, après une exposition à l'air froid pen- dant trois à quatre jours. L'auteur a constaté que, dans le foie recouvert d'alcool, l'augmentation du sucre se produit plus lentement (en huit à quinze jours); mais elle est aussi plus considérable ef la proportion de sucre peut s'élever à 5-7 °/,. Cette augmentation est favorable à l'hypothèse de l'auteur, d’après laquelle le sucre du foie proviendrait des albuminoïdes ou de la graisse. — Le mème auteur à constaté que les ferments de la salive et du pancréas sont un peu solubles dans une solution de glycogène renfermant 75 °/, d'alcool et qu'ils y transforment le glycogène en sucre; même en présence d'alcool à 800, il y a transformation. En comparant l’action des ferments en solutions aqueuse et alcoolique, on trouve que, jusqu'à une proportion de 47 °/, d'alcool, le pouvoir diastasique est à peine diminué; puis il s'abaisse rapidement : en solution à 66,5 °/, d'alcool, il a diminué d’un quart pour le fer- ment pancréatique et de moitié pour le ferment sali- vaire. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. G. Irgang a recherché d’où provient l'écoulement de sève qui se produit quand on blesse une tige, un style ou un limbe de Tro- paeolum majus L. Il provient des jeunes rameaux vas- culaires non encore lignifiés. Dans l’épiderme des sur- faces supérieure et inférieure de la feuille, l'auteur a aussi trouvé des cellules particulières, qui paraissent être des cellules à mucilage. Séance du 16 Octobre 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Weïnek : Sur Ja théorie du sextant à miroir. — M. E. von Oppolzer communique des recherches sur le nombre d'étoiles contenues dans une plaque photographique. 11 conclut qu'on obtient le plus grand nombre d'étoiles sur une plaque quand on rend le contenu du cercle focal moitié moindre que celui du cerele visuel. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. F. Becke communique les observations géologiques faites à l'extrémité nord du tunnel de Tauern. Séance du 23 Octobre 1902. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. P. Friedlænder et R. Fritsch ont préparé les produits de substitution de la m-acétamidobenzaldéhyde. L'o-nitro-m-acétamidoben- zaldéhyde, F. 161°, obtenue par simple nitration, est | saponifiée par les alealis en o-nitro-m-amidobenzal- déhyde. Par l'action de l’acétone et des alcalis, il se forme la cétone 0-nitro-m-acétamidophényllactique, qui se transforme ensuite en diacéto-mm-diamidoindigo. Ce dernier est saponifié en mm-diamidoindigo, qui donne un dérivé tétrazoïque. — MM. P. Cohn et L. Springer indiquent deux nouvelles méthodes de pré- paration des o et p-amidobenzaldéhydes : la première par l’action du soufre et de NaOH sur l'acide 0-nitro- benzylaniline-p-sulfonique ; la seconde par la réduction de la p-nitrobenzaldéhyde avec le bisulfite. Ces aldé- hydes ont été transformées en dérivés acétylés, dont l’auteur à préparé les produits de substitution : m-nitro- p-acétamidobenzaldéhyde, F.155°, saponiliée en m-nitro- | p-amidobenzaldéhyde, F. 1900,5-191 ; m-nitro-0-acéta- midobenzaldéhyde, F. 160°-161°, saponifiée en m-nitro- o-amidobenzaldéhyde, F. 200°,5-201°. — M. J. M. Eder a déterminé les bandes d'absorption et les coeflicients d'extinction des spectres d'absorption de l'indigotine, de l’aminoindigo et du diazoindigo. ; 2° SCIENCES NATURELLES. — M. O. Frankl à étudié, | aux points de vue anatomique et histologique, le liga- ment rond utérin. La première ébauche du ligament rond doit se trouver, comme celle du Gubernaculum Hunteri, dans le bord de retroussement antérieur du pli inguinal. Les fibres musculaires striées du liga- ment doivent, de même, être considérées comme rudiment conique. = M. F. Siebenrock décrit un nouveau genre de tortue, le Cyclanorbis oligotylus, et indique une nouvelle classification, plus rationnelle, pour la famille des T'rionychidae. — M. C. Doelter com- munique le résultat de ses recherches géologiques à Monzoni (Tyrol méridional). — M. J. A. Ippen adresse l'analyse d’une nouvelle roche néphélino-porphyritique, l'allochétite, trouvée à Allochet, près de Monzoni. Elle est parente des téphrites et des essexites, mais s’en dis- | ,tingue par une teneur plus élevée en alcalis et moindre en chaux. — M. F. Schaffer communique les résultats de son voyage dans l'Istrandscha Dagh (Turquie). C’est un massif ancien, s’élevant au nord jusqu'à 1.100 mètres, formé de roches archaïques, principalement du granit, des calcaires cristallins (marbre), des schistes lustrés et argileux, et bordé par des terrains tertiaires en place. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 27 Septembre 1902 (suite). M. H. W. Bakhuis Roozeboom : /teprésentation dans l'espace des régions des phases et de leurs complexes pour des systèmes binaires où les composantes n'appa- raissent qu'en phase fixe. Dans le courant de ses recherches, l’auteur s'est servi de toute sorte de repré- sentations graphiques pour indiquer les limites de phases et de complexes de phases. C’est seulement à partir de 1896, quand on se fut rendu compte du carac- tère général de l'équilibre entre fluide et vapeur dans les systèmes binaires, qu'on put se proposer de pro- | jeter une image complète de ces positions nouvelles | d'équilibre où il s’agit aussi de phases fixes. Le cas le plus simple se présente lorsque les deux composantes du système binaire prennent seules la forme de phase fixe. Depuis 1896, l’auteur se sert, pour ces | systèmes, d'une représentation dans l'espace que 1108 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES montre la figure 1. Dans cette figure, la longueur cor- respond à la température, la largeur à la concentration x des mélanges possibles dans l'état de vapeur ou de fluide (la partie gauche se rapportant à la com- posante A, la partie droite à la composante B); la hauteur correspond à la pression. Ainsi les dia- grammes ordinaires de l’auteur ne sont que des sec- tions horizontales de la surface représentée ici. Le modèle dont la figure 1 fait connaître la forme, ne représente pas un cas particulier; il est seulement projeté de manière à montrer les parties principales sans occuper trop d'espace. Le point de départ est formé par les équilibres entre fluide et vapeur qui, d'après les recherches sur les circonstances critiques des mélanges, sont représentés par une surface à deux nappes dont la nappe supérieure fait connaitre les fluides et la nappe inférieure les vapeurs. Les états coexistants de ces deux nappes, caractérisés par des valeurs égales des deux coordonnées p (pression) et t (température), sont situés sur une droite horizontale C Fig. 4. — Représentation dans l'espace des régions des phases d'un système binaire. dans la direction de l'axe des x (concentration). Ces deux nappes se réunissent à gauche dans la ligne de pression de vapeur O,C du fluide A, et à droite dans la ligne de pression de vapeur O:D du fluide B, et du côté postérieur dans la ligne critique CD. Les points situés dans l’espace entre les deux nappes correspondent à des complexes de fluide et de vapeur. Dans la repré- sentation, cet espace est massif, comme toutes les autres parties de l’espace correspondant à des com- plexes de deux phases. La surface à deux nappes pour fluide et vapeur a été construite dans la supposition que la tension de vapeur de la matière A surpasse celle de la matière B; de plus, on a supposé que les fluides A et B se mélangent en toute proportion et que la pression de l'équilibre n'admet ni maximum pi mini- mum. Ainsi la surface s'étendrait, tout en s'abaissant, jusqu'au zéro absolu, si lune des deux matières, ou peut-être les deux matières à la fois, ne se congelaient pas avant d'alteindre cette température. Les fluides purs À et B se congèlent en O,et O,; à ces points com- mencent les lignes de tension de vapeur O, I et O3 K des matières fixes, situées dans les faces latérales ver- ticales gauche et droite. Si l'on s'imagine les mélanges des fluides dans le sens d'une tension croissante du fluide B, la phase fixe de A ne se forme qu'à des températures plus basses que celle qui correspond au | phases coexistantes sont représentées par les lignes | vent dans l’espace limité par la surface de vapeur KO;:FL, calement. point O4. Alors, à chaque température correspond un fluide et une vapeur déterminés, coexistant avec la phase fixe À à une pression déterminée, plus grande que la pression de vapeur de cette phase fixe A seule, mais égale pour les parties constituantes. Ces trois O,G, OF, OE pour les phases ‘fixe, gazeuze et fluide. Elles se trouvent sur la surface d'un cylindre, pet t étant constant à la fois. La partie FOXE appar- tient à la limitation de la surface à deux nappes. De même, pour l'équilibre de la phase fixe de B avec fluide et vapeur, on a les trois lignes OH, O:E, OF pour les phases fixe, fluide et gazeuze, se trouvant de même sur la surface d’un cylindre et formant en EO;F une partie de la limitation inférieure de la surface à deux nappes; en procédant de O3, ce cylindre s'élève d'abord pour s’abaisser ensuite. La surface à deux nappes se termine en E (nappe fluide) et en F (nappe ge Ce fluide et cette vapeur peuvent exister aussi bie à côté de la phase fixe de A (point G) qu'à côté de celle de B (point H). Les valeurs de p et de t{ des points G, F, E, H étant égales, ces points se trouvent sur une droite parallèle à I K; ils représentent le seul complexe réel de quatre phases. A la ligne de vapeur OF vient se joindre une deuxième surface de vapeur, représen tant les vapeurs qui peuvent coexister avec la phase fixe | de A pour une teneur croissante de B dans le mélange gazeux; de même, à OkF se joint la surface des vapeurs en équilibre avec la phase fixe de B pour une teneur croissante de A. Depuis les points de fusion des matiè- res pures jusqu'à la température du quadruple G, F, E, H, ces deux surfaces de vapeur ne sont pas en contact l'une avec l’autre; elles sont seulement liées indivi- duellement avec la nappe gazeuse de la surface à deux nappes. Au contraire, au-dessus de la température des quatre points indiqués, elles se coupent tout de suite, ce qui donne naissance à la ligne FL, représentant les vapeurs compatibles avec les phases fixes de A et B à la fois. Elles contiennent les lignes GM (phase fixe de A) : et HN (phase fixe de B), intersections d'un mème cylin- dre avec les faces latérales. Tous les complexes de la. phase fixe A et des vapeurs compatibles avec elle correspondent à des points de l’espace limité par la sur- face de vapeur I0,FL, la partie 10,GM du plan latéral gauche de la phase fixe A et les deux surfaces cylindri- ques GOAF et MGFL. De même, tous les complexes de la | phase fixeB et des vapeurs compatibles avec elle se trou- la partie KO-:HN du plan latéral droit et les deux cylindres HO,FL et NHFL. Les trois surfaces de vapeur pour les équilibres avec fluide, phase fixe de A et phase fixe de B se rencontrent au point F. De même se ter- minentau point E troissurfaces de fluide, dont la nappe supérieure de la surface à deux nappes est seule repré- sentée tout en blanc dans la figure, les deux autres, qui se rapportent à des fluides compatibles avec la phase fixe de A ou de B, ayant été omises. Ces deux surfaces de fluide nouvelles coupent la nappe supé- rieure de la surface à deux nappes suivant les lignes O,Eet 0,E; à cause de la variation minimale qu'éprouve la composition du fluide pour des pressions crois- santes, ces surfaces nouvelles s'élèvent presque verti- P. H. ScHOuTE. EEE Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. _ 43° ANNÉE des N° 23 15 DÉCEMBRE 1902 Revue générale Scienc | pures el appliquées DIRECTEUR : LOUIS CLIVIER, Docteur ès sciences. Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des 1-avaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France ef dans tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Solennités scientifiques _ Lecture à la séance annuelle des cinq Aca- démies : Science et Poésie. — À la récente Séance des cinq Académies de l'Institut, M. J. Janssen a donné sur ce sujet: Science et Poésie, une lecture mivement applaudie. Ce remarquable discours de lil- lustre astronome ayant été distribué aux seuls membres de l’Institut, nous sommes convaincu d'être agréable à nos lecteurs en le reproduisant ici : « Messieurs, …« Science et Poésie, voilà deux mots qui représentent les deux plus grandes manifestations peut-être du génie humain. « Or, Messieurs, ces deux filles immortelles sont-elles destinées à rester toujours séparées, jalouses, ennemies même, ou, comprenant enfin combien ie moment de leur union est mür aujourd'hui, combien cette union serait belle et féconde, vont-elles chercher à se mieux onnaître, à s’apprécier et à s'unir pour travailler de oncert à des œuvres nouvelles, d'une grandeur et d'une beauté incomparables ? « Dans les temps antiques, et à la naissance des sociétés, l'idée scientifique, au sens que nous lui atta- chons aujourd'hui, ne pouvait même pas exister. « Les hommes primitifs, en présence des tableaux de Nature, nous ont décrit leurs impressions, et ces Impressions ont donné naissance à la Poésie. ….« La Poésie, alors, était tout, et elle devait être tout. Le premier sentiment de l'homme, appelé à jouir des bienfaits et des beautés qui l'entouraient, devait être un sentiment d'admiration et de reconnaissance, et st le langage de la Poésie qui, seul, était propre à lexprimer. «C'est ainsi que les monuments que nous ont laissés plus anciennes civilisations : les Védas pour l'Inde etles Chi-King pour la Chine, ne contiennent que des Bhants et des hymnes célébrant et implorant les puis- …Sances bienfaisantes. Alors, toutes les grandes mani- festations de la Nature relèvent de l'intervention divine. est un dieu qui personnifie le Soleil, c'est une déesse, Aurore, qui, montée sur son char, ouvre les Portes de Drient. La foudre est aux mains d'Indra. Tous les REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. phénomènes, favorables ou funestes, dépendent d'une divinité qu'il faut célébrer et implorer pour la désarmer et se la rendre propice. « Non seulement, alors, la science ne pouvait pas naître, mais la théologie elle-même relevait des poètes, qui furent les premiers législateurs du monde et for- mulèrent les rapports de l'homme avec la Divinité. « Il fallut de longs siècles, il fallut que la civilisation passât de l'Inde poétique et théologique en Assyrie, en Ezypte, enfin en Grèce, pour que nous assistions à la naissance de l'idée scientifique, c'est-à-dire au pressen- timent de la coordination et de la dépendance des phé- nomènes entre eux, et à la volonté de remonter aux causes et aux principes dont ils dépendent. « La science est donc née en Assyrie et en Egypte, si l’on considère seulement l'observation méthodique et suivie des phénomènes astronomiques alin de pouvoir en prédire le retour; mais seulement en Grèce, si nous demandons un véritable esprit scientitique se proposant l'étude des phénomènes pour remonter à leurs causes. « Sous ce rapport, la Grèce fut admirable. Elle eutle génie spéculatif au plus haut point, et, sises philosophes eussent mieux compris que la Nature ne se devine pas par le Génie seul, mais qu'il faut l'interroger systéma- tiquement et la forcer à nous dévoiler, en quelque sorte, ses secrets, les Grecs nous eussent laissé les fondements inébranlables de nos sciences modernes. « Reconnaissons encore que les Grecs ont eu le sen- timent très vif de la beauté et de la poésie que la science porte en elle. Pythagore enseignait que tous les phéno- mènes naturels sont soumis à la loi des nombres. Il y voyait l’origine, non seulement de l'ordre, mais encore de la beauté. « N’a-t-on pas constaté de nos jours que, dans cette association de sons qu'on appelle l'accord parfait, les rapports entre les nombres qui représentent les vibra- tions génératrices des sons présentent une simplicité saisissante ? C’est là, Messieurs, une confirmation, isolée, il est vrai, mais remarquable cependant, des idées de Pythagore, qui voyait dans les nombres l’origine et la cause des harmonies naturelles. « Platon, enthousiasmé, lui aussi, du bel enchai- nement des vérités géométriques, ne s'écriait-il pas : « Nul n'entre ici s'il n’est géomètre »? Et, dans cette 23 1110 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE exclamation, il ne faisait allusion, soyons-en sûrs, qu'à la beauté et non à l'utilité de la Géométrie. « C'est donc à la Grèce que nous devons remonter, si nous voulons trouver le sentiment incontestable de celte union de la Science et de la Poésie. Le génie grec, si souple, si pénétrant, si étendu, était fait pour la deviner et la sentir pleinement. « Mais, après la Grèce, quel long interrègne ou plutôt quelle nuit pour la science pure et les spéculations qui en découlent! Il faut attendre jusqu'à la Renaissance pour retrouver lunion de ces deux sœurs immor- telles. « Les Romains avaient surtout l'esprit politique et ils furent trop absorbés par leurs guerres et la conquête du monde pour se donner aux spéculations scienti- tiques. Rendons hommage, cependant, à quelques-uns de leurs philosophes et de leurs poètes, à Lucrèce et à son beau livre sur la Nature, à Cicéron surtout, qui nous à laissé ladmirable songe de Scipion, où les idées sur le système astronomique d'alors se revêtent de la plus haute poésie. « Képler, Galilée, Descartes, puis Newton, Leibnitz sont les grands noms qui marquent la renaissance de la haute science et dont on peut dire que les œuvres relèvent de la Poésie par la grandeur des harmonies qu'elles révèlent. Képler ne s'écriait-il pas, après la der- uière main donnée à l'énoncé des admirables lois qui enchainent les mouvements planétaires : « Qui me comprendra? Qu'importe, ajouta-t-il, j'attendrai. Dieu a bien attendu six mille ans pour avoir un contemplateur de son œuvre! » « Voilà l'enthousiasme du génie en présence des harmonies révélées par une grande découverte. A notre sens, Képler mérite d'être considéré comme le plus illustre représentant du génie scientifique allié au sens de la haute et sublime poésie. « Et cependant, Messieurs, n'avons-nous pas dans le même siècle notre Pascal, qui eut à la fois le génie de l'invention scientifique, celui d’un profond penseur et d'un polémiste incomparable, et aussi ce grand Newton qui trouva, dans la contemplation de l'éditice élevé par son immortelle découverte de la gravitation universelle, une émotion qui le fait s'abimer devant l'auteur auquel il les rapporte? « Dans les ouvrages des successeurs du grand Anglais, nous constatons le mème sentiment. Laplace, en particulier, nous montre, dans son magistral ou- vrage de la Mécanique Céleste et dans son histoire de l'Astronomie, combien la science offre de sévères beautés quand l'édifice intellectuel qu’elle représente est assez complet pour que l'harmonie de ses parties apparaisse aux yeux de l'esprit. « Et Buffon, Messieurs, notre grand Buffon, n'est-il pas en quelque sorte la personnificalion la plus écla- tante de cetle alliance de la Poésie et de la Science ? Son grand esprit n'a Jamais pu les séparer. Ses Époques de la Nature nous fnontrent à la fois un grand savant et un admirable écrivain, {ant il est vrai, Messieurs, que cette alliance est dans la Nature, et qu'il ne faut qu'un génie assez étendu et assez profond pour l'aper- cevoir et nous la montrer. « Enfin, pourrions- nous oublier, quand il s'agit de législateurs scientifiques, notre immortel Lavoisier, qui a posé les assises de la Chimie moderne et, parmi ses successeurs disparus, l'éminent Dumas, qui eut, lui aussi, un sens si remarquable des grandes généralisa- tions de la science ? « Je parlais tout à l'heure de Képler. Ce nom me rappelle un souvenir touchant pour moi, celui d’un grand ami que j'ai perdu. Je veux parler de notre illus- tre et si regretté confrère Gounod. « Au cours de nos relations amicales, Gounod avait bien voulu me demander quelques lecons d’Astrono- mie. Je lui expliquais un. jour les lois de Képler, et, à l'énoncé de cette loi des aires qui lie d’une manière si saisissante la vitesse d'une planète dans son orbite à sa distance au Soleil, Gounod s'écria tout à coup : aux yeux. « Voilà, Messieurs, l'alliance de la Science et del Poésie proclamée par un grand musicien qui fut u poèle dans son art. « Et, s'il m'était permis de parler des vivants et en particulier de ces confrères qui sont l’ornement &t chimiste, la profondeur et la beauté des œuvres de telsi de nos géomètres; enfin, dans le domaine de la Géo logie, de la Botanique, de l'Histoire naturelle, des tr& vaux qui nous conduiraient aux mêmes conclusions! « Réciproquement, Messieurs, n’avons-nous pas lement parminous des litlérateurs, des auteurs, et grand poète surtout, qui ont un vif sentiment beautés de la Science, quand elle s'élève aux grand généralisalions ? __« Une seule condition est done nécessaire pour que la Science se réclame de la Poésie : c'est qu'elle assez avancée, c'est qu'elle puisse offrir un bel encha nement de vérités. Alors elle nous dévoile comme u portion de la Nature elle-mème, et la Nature est n0ï seulement admirable dans les moyens qu’elle emploi pour atteindre ses buts, mais elle est en même te belle et poétique, car la beauté se dégage d’elle-mêèm de toute œuvre parfaite, comme un édilice absolume approprié aux fins auxquelles il est destiné ne pourrai ètre que beau, puisqu'il y à un rapport secret entré. perfection de l'organe et sa beauté. « Mais, Messieurs, si toutes les sciences aujourd'h peuvent témoigner de cette alliance qui fait le sul de cette lecture, reconnaissons, — el c'est par là que je veux terminer — reconnaissons que c'est la sci vers laquelle toutes les autres convergent pour lui ay porter leur contingent de vérités et de progrès, vers l'Astronomie, en un mot, que celte union se mont dans tout son éclat. « Est-ce qu'il n'y à pas, en effet, une poésie souv raine dans le spectacle que nous offre aujourd’ l'Univers enfin dévoilé à nos médilations el à nos gards par de merveilleuses méthodes d'investigation des découvertes qui confondent l'esprit? Cette Mé nique Céleste, par exemple, empruntant ses métho à l'Analyse infinitésimale, c'est-à-dire à ce calcul des infiniment petits que le géomètre manie comme de quantités finies, et qui permet aujourd'hui de pest les astres et d’enchainer si bien leurs mouveme plus pour l’astronome. : 0 » Et cette analyse spectrale, peut-être plus admirabl encore, puisqu'elle nous permet de faire l'analyse cl mique d'astres situés dans les profondeurs infinies 4 ciel comme s'ils étaient entre nos mains et dans n creusels, en sorte que j'ai pu dire dans une lecture cente sur la Chimie céleste : O étoile! envoie-moi un dem tes rayons, j'écrirai ton histoire. : « Oui, l'Univers est dévoilé à nos regards et nous montre les plus sublimes spectacles : des genèses de soleils issus de nébuleuses et servant de centres et de régulateurs à des systèmes de mondes qui naissent, S développent, déclinent et meurent pour donner nais sance à des évolutions nouvelles et incessantes dans: l'espace et dans le temps. k « Aussi, Messieurs, et comme conclusion à ce diss cours, je voudrais dire non seulement que la science comporte une poésie, mais même que la poésie de l'avenir, la poésie sublime par excellence, sera € pruntée à la science. Oui, c’est la science qui contien la poésie de l'avenir. Aussi, est-ce à s'emparer deu grand domaine que je voudrais convier nos jeunes" poètes. Sortez, Messieurs, de cet étroit théâtre quon appelle la Terre, emparez-vous des cieux et de l'Uni vers. Si la contemplation de notre monde terrestre déjà enfanté tant de belles et sublimes inspiration poétiques et philosophiques, que sera-ce lorsq CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1111 ivers entier, avec ses spectacles, ses lois et ses har- donies, sera offert à vos inspirations! Il faut le dire haut : la poésie en sera transformée, je devrais e transligurée. L'âme humaine s'élèvera alors, avec une dignité EE toute nouvelle, qui répond mème au grand mystère de sa destinée « Aussi, veux-je, en nn réformer mon titre, au lieu de dire Science et Poésie, Je dirai la Poésie l'avenir par la Science. e J'ai confiance, Messieurs, que cette affirmation endra bientôt une éclatante vérité. » _ $ 2. — Distinctions scientifiques Election à lAcadémie des Sciences de — Le lundi 1° décembre, l'Académie des iences à procédé à l'élection d'un membre dans sa ction d’Astronomie en remplacement de l'illustre et cretté Faye el rvatoire de Paris, et M. Henri Deslandres, astronome tulaire à l'Observatoire de Meudon. Les travaux du ïemier se rapportant à l’Astronomie de position, et @eux du second à l’Astronomie phy$ique, il était difti- à de les comparer, Cet embarras a pesé sur l’Acadé- mmencé, personne n’en none prévoir le tout pro- éhain résultat. Sur 59 votants, 25 ont donné leur voix à M. Bigourdan, 32 à M. Deslandres, qui,en conséquence, d'été déclaré élu. Nos lecteurs nous sauront gré de résumer ici l'œuvre Scientifique du nouvel académicien, disséminée, sous ürme de Notes et de Mémoires, dans les bulletins de plusieurs Sociétés savantes et diverses publications échniques. Avant tout, physicien, M. Deslandres s’est d'abord écupé de la loi de répartition des vibrations dans les HSpectres de bandes, formés par la répétition de grou- ements de raies semblables, doublets et triplets ; il Mrouva que les écarts entre les bandes d'un même ectre, comme aussi entre les raies d’une mème bande croissent en progression arithmétique, et eut le ectre de bandes, l'existence des vibrations complexes b trois paramètres dont la théorie ondulatoire de la umière faisait prévoir l'existence dans la Nature, mais jui, pourtant, n y avaient pas encore été décelées. Avec Henri Becquerel, il établit que les spectres de bandes e présentent pas le phénomène de Zeeman; ce carac- ère s'ajoute utilement à ceux qui les distinguent fon- Mwièrement des spectres de raies, lesquels subissent ous l'influence du champ magnétique. A cette belle rie de recherches consacrées à la Physique pure, rattachent les délicates expériences par lesquelles Deslandres a prouvé la complexité du rayonnement thodique, clivé, en quelque sorte, par le champ électrique en rayons distincts, auxquels ce champ imprime une déviation. Ces travaux ont conduit l'auteur à d'intéressantes dbservations d'ordre chimique. Une bande ultra-vio- Jette, qu'il découvrit dans l'air à basse pression et il rapporta à l'azote, l'amena à annoncer la pré- nee de cette bande dans l'aurore boréale, fait | ujourd'hui constaté par Paulsen, puis à déceler, avec M: Moissan, dans l'air très raréfié, de nouvelles bandes, trouvées, depuis, par MM. Liveing et Dewar dans le fésidu de la soliditication de l'air par l'hydrogène Miquide. Enfin, ses expériences sur l'azote ont mis en vidence la première réaction connue de cet élément la température ordinaire, le lithium brillant absor- nt ce gaz à froid. Mais c'est principalement dans le vaste domaine de stronomie physique que M. H. Deslandres a réalisé ës plus retentissantes découvertes. Appliquant à l'étude des astres les procédés d'analyse auxquels une longue pratique l'avait rompu, inventant des instruments d'un nouveau type appropriés à ses recherches, il à pris part, depuis une quinzaine d'années, à la discussion expérimentale de tous les grands problèmes que l’As- tronomie pose actuellement à la Physique, s'attaquant aux plus ardus, apportant à plusieurs des solutions aussi élégantes qu'inespérées. C'est ainsi qu'il s'est attaché à dépister le rayonnement ultra-violet de l'atmosphère solaire ; il y à trouvé, avec des radiations étrangères aux éléments terrestres, le spectre entier du gaz de la clévéite, et put compléter dans l’ultra- violet le spectre de l'hydrogène. S'emparant de deux radiations violettes émises par les protubérances de la chromosphère, il réussit à les isoler sur le disque même du Soleil: à l'emplacement des facules, puis à reconnaitre qu'elles décèlent en réalité la chromosphère tout entière. D'ingénieux appareils enregistreurs ont, pour ainsi dire, matérialisé cette démonstration en opérant d'une facon continue et automatique la photo graphie de cette chromosphère à toute heure du jour sur toute l'étendue du disque solaire visible de la Terre. On connait l'admirable principe qui porte le nom de Dôppler-Fizeau. Introduisant jusque dans lAstro- nomie de position les méthodes fécondes du physicien, M. Deslandres à appliqué ce principe avec un plein succès à la mesure de la vitesse radiale des astres, y compris celle des vapeurs solaires, facquisition d'autant plus précieuse que les procédés purement astronomi- ques sont impuissants à nous renseigner sur l’impor- {ance des mouvements des astres dans la direction du rayon visuel. Guidé par une remarque de M. H. Poincaré, relative à la possibilité d'étendre le principe de Düppler-Fizeau à l'étude des mouvements plané- taires, le nouvel académicien est arrivé à aborder par l'analyse spectrale l'examen de la rotation des planètes, en particulier de Jupiter et de Vénus. De la même façon, il a confirmé par l'expérience les vues théori- ques des astronomes qui attribuaient aux anneaux de Saturne une constitution corpusculaire. Plusieurs Missions astronomiques pour l'observation d'éelipses à l'Etranger ont fourni au mème auteur l'occasion d'importantes observations. Citons particu- lièrement celles par lesquelles il a réalisé la difficile mesure du rayonnement de la couronne solaire et s’est trouvé amené à expliquer par un rayonnement hertzien toutes les particularités de la couronne et des protu- bérances, des queues cométaires, des aurores boréales et des variations magnétiques terrestres, d'accord en cela avec les vues si remarquables que M. Arrhénius à SAS au commencement de cette année à nos lec- teurs !. L'entrée de M. H. Deslandres à l'Académie des Sciences est la juste sanction de ces beaux travaux. 120 $ 3. — Génie civil Aérostation. — Le Colonel et le Commandart Re- nard, directeurs du Laboratoire d'Aérostation militaire de Chalais, viennent de terminer les plans d'un ballon dirigeable à moteur électrique, qu'ils vont entreprendre de construire. Les auteurs comptent obtenir une vitesse double de celle de leur célèbre aérostat dirigeable La France et ils espèrent que leur nouv eau véhicule aérien pourra a triompher de la résistance des vents de ] moyenne qui soufflent habituellement dans nos régions. Le frigorifère de la Bourse du Commerce de Paris. — On vient d'installer dans les vastes sous- sols de la Bourse du Commerce un frigorifère, c'est-à- dire un appareil destiné à conserver par le froid les denrées et les aliments. Cette installation n'a pas moins de 4.000 mètres cubes de capacité. Ce frigorifère, projeté depuis longtemps, manquait à La cause de l’Aurore 1 Voyez à ce sujet : ARRHÉN!US 1902, t. XIIT, p. 65. boréale, dans la Revue du 30 janvier 4112 Paris. Il existe bien un frigorifère municipal à la Vil- lette, mais on s'en sert peu; il a été prévu surtout pour les besoins du ravitaillementen temps de guerre. Celui de la Bourse du Commerce sera, au contraire, d'utilité générale. Il permettra d'éviter, pendant la saison chaude, la corruption et la perte de matières alimen- taires. Il comprend, en effet, deux étages de chambres froides spéciales pour les viandes, le poisson, les fruits, le beurre, les œufs, les champignons, etc. Le principe de la réfrigération est l'emploi de l'air sec et froid. Ce procédé, qui à été surtout expérimenté à l'Etranger, évite les mauvais résultats que donne la conservation par la glace. Le matériel du nouveau frigorifère parisien comprend deux machines frigorifiques à ammoniaque de 60 che- vaux chacune; l'air froid y circule sur S00 mètres de tuyaux. Enfin deux groupes électrogènes, de 40 chevaux chacun, éclairent l'installation et mettent les pompes et les machines accessoires en mouvement. Détail pittoresque : c’est dans l'ancien et énorme calorifère de la Bourse du Commerce, démoli dans ce but, que les machines frigoriliques ont été installées. $ 4. — Physique Un nouveau calorimètre pour déterminer les chaleurs de combustion. — Deux appareils sont aujourd'hui d'usage courant pour déterminer les chaleurs de combustion : l’un, celui de Lewis Thompson, est d'une sensibilité tout à fait défectueuse; l'autre, celui de Mahler, est assurément très exact, mais coûte cher et ne peut être manié que par un homme expérimenté. M. Charles Darling décrit dans l’£ngeneering un calo- rimètre nouveau, très simple, d'un usage facile el qui présente le grand avantage de pouvoir être monté à peu de frais au moyen des objets qu'on trouve dans tous les laboratoires. Sa précision absolue n'est pas tout à fait égale à celle de l'obus actuellement employé; mais ses indications sont très exactement comparables, ce qui suflit dans la plupart des cas. La combustion s'opère dans une cloche de verre E, dont le bord supérieur est rodé et s'engage dans une dépression circulaire du plateau de cuivre à, laissant entre son rebord et la cloche un espace annulaire suffi- sant pour y loger un cercle de caoutchouc. Le pla- teau D est entaillé pour recevoir un second cercle qui se superpose au premier. Si lon serre les écrous F, les anneaux s'élargissent, appuient fortement contre le verre et assurent l'étanchéité du joint. La cloche porte à sa partie supérieure un bouchon traversé : 1° par un tube de verre J descendant presque au niveau du combustible ; 2° par deux fils de cuivre HH, réunis à leur partie inférieure, dans la masse mème de la substance à essayer, par un fil de platine. Le combustible, finement pulvérisé, est placé dans un creuset de platine I. La quantité la plus favorable est de 1 gr. environ. S'il s'agit d'un liquide, on le mélange à son poids de kaolin; s’il s'agit d'une subs- tance qui brûle en émettant de la fumée, on ajoute de méme du kaolin ou de l’alumine calcinée. Le creuset est porté par un épanouissement d’un tube perforé G, lequel est soudé dans une ouverture cir- culaire du plateau a et est soudé de même au plateau C, percé d'un très grand nombre de trous très fins. Ce dernier se pose sur le rebord circulaire du plateau d; des écrous g assurent le serrage. Tout l'appareil, enfin, est placé dans un calorimètre de cuivre ordinaire, daus lequel on verse une quantité d’eau suffisante pour que la cloche soit entièrement noyée. L'agitateur et le thermomètre sont placés comme d'habitude. Pour effectuer un essai, on attend que le calorimètre soit aussi exactement que possible en équilibre de tem- pérature avec le milieu ambiant. On lance ensuite un courant électrique à travers les fils H; la résistance de CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE E': platine devient incandescente et enflamme le conti tible. On insuffle alors par le tube J de l'air, qui, éta à la température de l'eau, ne lui cède ni ne Ini emprunt de chaleur. L'air en excès et les produits de la combus tion sont expulsés par le tube G et les fines ouvertures! de la plaque e sous forme de bulles extrèmement] ténues qui abandonnent aisément toute leur chaleur en excès avant d'avoir atteint la surface de l’eau. Quand la combustion est complète, on agite, on attend que le thermomètre ait atteint son indication maxi-=| mum et on fait la lecture. Toute l'opération ne dure que # ou 5 minutes, et l'excès de température finalf n'atteint d'habitude que # ou 5°. Les pertes par radi tion sont donc faibles et peuvent, d’ailleurs, être ca H H Fig. 1. — Calorimètre de M. Ch. Darling. — E, cloche de | verre ; a, b, ce, d, plateaux de cuivre ; F, g, écrous de serrage ; G, tube; I, creuset de platine ; J, tube de l'air ; H, H, fils amenant le courant électrique. j culées comme dans une opération ordinaire. L'auts admet qu'avec un thermomètre divisé en vingtièmes de degré, on obtient une approximation de 1 °/o. | ‘# Conduction électrique dans les filamen S des lampes de Nernst. — C'est un fait bien conn L qu'il n'y a que les substances pures qui possèdent de conductivités électrolytiques peu élevées; comme, d'au tre part, les filaments des lampes de Nernst sont cons titués par divers oxydes métalliques en solution les uns \ dans les autres, on devrait s'attendre à des conduclis vités assez considérables et à une réduction électrolys | tique extrêmement rapide, si vraiment le mécanismes de leur conductivité est, de tous points, analogue | celui des électrolytes liquides. Ka h Or, ces filaments supportent, sans s'altérer, pendant | des centaines d'heures, le passage de courants continus, ntenses; il faut donc, ou qu'ils conduisent l’élec- té d'une manière différente des électrolytes, ou n que leur électrolyse s'accompagne d'un processus soniste simultané. Les récentes expériences de M. E. Bose, publiées dans Annalen der Physik, viennent de démontrer que cette dernière hypothèse qu'il faut s'arrèter. Ce (Savant constate, en effet, que le métal réduit à la ca- de est, sans cesse, oxydé par l'oxygène dégagé à ode et rediffusant vers l’électrode opposée, proces- ctivé par l'oxygène ambiant; nous sommes donc présence d'une électrolyse à dépolarisateur excel- Ceci résulte des essais faits dans le vide; on observe tout, en effet, qu'à mesure que la raréfaction avance, couleur du filament passe du blanc éclatant au rouge nbre ; c’est que l'oxygène rarélié n’aidant pas à l'oxy- ation du métal dégagé, ce dernier avance vers l’anode, manière à former une dérivation à conduction mé- que sur un parcours plus ou moins grand. M. Bose , de plus, une confirmation de son hypothèse dans fait que les filaments éteints dans le vide montrent he teinte grise sombre provenant du métal déposé à urface, à l'état pur; si, au contraire, l’on fait ren- rer l'air avant l'extinction, ce métal est brülé instan- nément. Un troisième fait favorable à cette explication, que le vide n'est jamais poussé jusqu'à la fluores- nce verte des parois de l’ampoule, tant que la lampe _actionnée, alors qu'on n'a aucune peine à obtenir résultat à courant ouvert. En se basant sur les phénomènes démontrés par . Bose, deux points connus depuis longtemps des onstructeurs de lampes Nernst s'expliquent aisément: abord, la durée des filaments se trouve réduite à un ré considérable par de fréquents intervertissements & polarité : c'est que le métal dégagé entraine, par ses hangements de volume, des tensions à l’intérieur du orps incandescent. Comme, ensuite, l’incandescence ëst moins brillante dans les portions où une réduction & métal a lieu, le coeflicient économique de la lampe en trouve abaissé; en effet, ce coefficient doit dimi- üer rapidement, en même temps que la température roit. Aussi, les lampes à courant alternatif sont plus économiques que celles à courant continu et à lectrolyse partielle. Télégraphie sans fil aux manœuvres alle- handes. — Les grandes manœuvres de l'armée alle- lande viennent d'être marquées par d'intéressantes hnovaltions en télégraphie sans fil. Les détails d'installation des appareils sont demeurés, falheureusement, cachés, même aux assistants les plus orisés; mais les résultats en ont été déclarés très dtisfaisants par toutes les autorités militaires pré- entes. Le transmetteur principal était renfermé dans une Mcaisse de fer en forme de cube de { mètre de côté et Portée par un affût analogue à celui des canons, tiré ar 4 chevaux. Le poste récepteur était constitué par Mn (il attaché à un petit ballon de quelques milliers de iètres cubes ; le poste ainsi composé se déplaçait avec Hne très grande rapidité, et s'arrètait dès qu'on avait intention d'échanger des signaux. $ 5. — Électricité industrielle Application de la traction électrique par olley automoteur à des services d’omnibus bains et suburbains. — Une Note récente de l'René Kæchlin résume les avantages du système de ction à trolley automoteur. Ce système a pour objet réduire les frais d'établissement que nécessiterail nstallation d'une voie de tramway sur les lignes où étrafic serait insuffisamment rémunérateur. ; On peut résumer le principe de la solution apportée mr Lombard-Gérin, et exposé dans cette Note, de la hanière suivante : L'idée de prendre le courant néces- | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1115 saire à la marche d'une automobile sur une ligne de deux fils placés le long de la chaussée est ancienne, et de nombreux essais ont été tentés avec de pelits cha- rIo{s de prise de courant remorqués par la voiture : mais l'expérience a démontré que cette solution n’est pas pratique, parce que la voiture, en s'éloignant de la ligne, exerce sur celle-ci un effort oblique qui l’arrache ou fait dérailler le chariot. Dans le système Lombard-Gérin, le chariot, placé sur le fil amenant le courant, est automoteur et pré- cède la voiture; il tire ainsi toujours sur un câble conducteur qui le relie électriquement à la voiture. Ce câble se trouve ainsi toujours tendu, tout en permettant à l'automobile de s'éloigner du tracé de la ligne et d'éviter les voitures ordinaires circulant librement sous le càble, qui se trouve à une assez grande hauteur. Le synchronisme de Ja viteese de marche entre le trolley et la voiture est réalisé automatiquement, sans que le conducteur ait à intervenir. L'automobile, débarrassée d'accumulateurs, présente ainsi les avantages déjà signalés que comporte la trac- tion électrique. La dépense de courant par voiture- kilomètre ne dépasse pas celle d’un tramway ordinaire, parce que l'augmentation de l'effort de traction est compensée par la diminution de poids de la voiture. Quant aux applications de ce système, l’auteur les analyse dans ses conclusions, que nous ne pouvons mieux faire que de reproduire : L'établissement de la voie ferrée n’est justifié que pour un trafic relativement considérable. Il est facile de s'en rendre compte par le calcul de la dépense par train où voiture-kilomètre, à laquellee ntraîne la voie. En moyenne, et pour des lignes sur route en rase campagne, l'entretien de la voie et de la zone de chaussée peut s'élever à 700 francs par kilomètre, et l'intérêt et l'amortissement du capital de premier établissement de la voie à 7 °/, de 30.000 francs = 2.100 francs, soit une dépense de 2.800 francs par kilo- mètre el par an. En comptant sur 14 heures de service par jour, la dépense par train ou voiture-kilomètre varie donc, sui- vant la fréquence des départs, de la manière suivante : DÉPENSE par voiture ou train-kilomètre correspondant à l'entretien de la voie, à l'intérêt et à l'amortissement du capital de premier — établissement FRÉQUENCE des départs dans chaque sens fr. …c 5 minutes . (02023 10 — 0,046 15 — A TS 0,063 20 — 0,091 30 — RO Me D 0,137 ARDÉULE Le ee ce a RE prés À 0,274 3 heures . 0,822 Ces chiffres montrent que, si, pour un tramway à départs fréquents, la dépense par train-kilomètre alté- rente à la voie est faible, elle devient très élevée pour des départs espacés. Pour des départstoutes les heures, elle atteint 0 fr. 27 par voiture ou train-kilomètre, et pour des départs toutes les trois heures, comme il en existe sur des chemins de fer d'intérêt local, 0 fr. 82. Pour les lignes d’omnibus électriques, celte dépense serait réduite à environ 1/3 ou 1/4des chiffres ci-dessus, et le prix de revient total (y compris intérêt el amor- tissement du capital engagé) de la voiture-kilomètre seraitenviron la moitié de ce qu'ilserait pour un chemin de fer d'intérêt local ordinaire. Les omnibus électriques à trolley a ront, par conséquent, s'employer avi wantage dans bien des cas où l'établissement et l'exploitation d'un chemin de fer d'intérêt local serait trop onéreux. utomoteur pour- 1114 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 6. — Chimie biologique Formation synthétique de l'acide urique dans lorganisme animal. — On sait que, lors- qu'on fait ingérer à des oiseaux de l'urée ou des substances capables de fournir cette amide dans l'organisme (amino-acides, etc.), tout l'azote de cette urée reparait à l’état d'acide urique, l'économie ani- male fournissant évidemment une copule non azotée, qui, par son union avec deux molécules durée, donne naissance à l'acide urique. Quelle est cette copule? Sur ce point, la connaissance précise que nous possé- dons aujourd'hui de la constitution chimique de l'acide urque fournit assurément des indications précieuses, auquelles s'ajoutent aussi les résultats du classique travail de M. Minkowski'; mais ces données avaient besoin d'être contrôlées et précisées par l'expérimen- tation physiologique. M. H. Wiener? vient d'aborder cette question par une méthode aussi simple qu'ingénieuse, et qui pourra, sans doute, être appliquée à d’autres problèmes du même genre. Il a montré que si l'on inonde brusque- nent lorganisme de l'oiseau (poule) d'une quantité considérable d'urée, par le moyen d'injections sous cutanées, l'acide urique excrété n’est plus augmenté, sans doute parce que la copule azotée fournie par l’ani- mal à fini par faire défaut. Il suffira done de faire ingé- rer à l'oiseau, en même temps qu'on lui injecte l'urée, les diverses substances non azotées qui peuvent repré- senter la copule cherchée, et d'observer quelles sont celles qui permettent à l'organisme de transformer en acide urique l'urée injectée. M. H. Wiener a cons- taté ainsi qu'avec les acides malonique, tartronique, mésoxalique, l'augmentation d'acide urique dans l'urine après injection d'urée à été particulièrement nette, tandis que les acides hydracrylique, pyruvique, lactique et la glycérine, et plus neitement encore les acides glycérique, B-oxybutyrique, se sont montrés moins eflicaces. Enlin, les acides propionique, buty- rique, a-oxybutyrique, succinique et malique n'ont produit aucun effet. L'auteur conclut finalement que la synthèse s'opère entre l'urée et l'acide lartronique, avec formation d'acide dialurique, lequel, s'unissant à une seconde molécule d'urée, fournit l'acide urique. Fixation du mercure et de l'arsenic par le foie. — On sait depuis longtemps que les toxiques métalliques sont retenus et fixés par le foie, mais on ne s'était pas préoccupé de rechercher quels sont les constituants chimiques du foie qui opèrent cette fixation. En soumettant des chiens à l'intoxication chronique par de petites doses de sublimé ou d'acide arsénieux, M. B. Slowtzoff® à constaté que le mercure est fixé par les globulines de l'organe (partie soluble dans NaCÏI à 10 °/,) et non par les albumines partie de l'organe soluble dans la solution physiologique de sel marin), ni par les stromas (partie insoluble dans les solutions précédentes). Cette combinaison ne présente qu'une solidité médiocre. Pour l'arsenic, la fixation a lieu, au contraire, par les stromas, et notamment par la partie nucléinique, et la combinaison résiste à l'action de la soude et à celle des acides. Traitée par la pepsine chlorhydrique, elle fournit un précipité de nucléine arsénicale. La fixation des deux métaux s'opère done très différemment. On remarquera, en ce qui concerne la fixation de l’arsenic par les nucléines, la confirma- tion que ce travail apporte à la théorie des nucléines arsénicales de M. Armand Gautier. ! O. Mxkowski : Arch. f. exp. Pathol. u. Pharm., t. XXI, 2 H. WiENER : t. Il, p. 42-85. % B. Scowrzorr : Beiträge zur chem. Phvsiol. u. t. 1, p. 280-288. ‘ Beilräge zur chem. Physiol. u. Pathol., Pathol., $ 7. — Biologie ce sujet : l'Association pour la vie, un remarquab discours dont nous extrayons les passages suivants : « Certaines idées, nées de la Biologie, ont eu aupr du grand public ‘une singulière fortune, grâce à le 1 connexion intime avec les problèmes les plus grav non seulement de la spéculation philosophique, maïl encore des sciences politiques et sociales. Telles son notamment, les lois qui expriment les rapports mutuel des êtres vivants où des éléments constitutifs de chaqui être. « Une formule biologique, la Zutte pour l'existence, a secoué humanité comme un cri de guerre. Chacun parle de la nécessité de s'armer pour le combat de vie. Le triomphe de la force, l’écrasement des faibles apparaissent aux yeux de bien des gens comme l’ex= pression de la brutale réalité. « Mais, voici qu'une autre formule s'est imposée depuis quelques années aux méditations des soci logues. La solidarité biologique est un fait non moi réel que la lutte pour l'existence. Les faibles, comme les forts, sont nécessaires à l'équilibre de la Nature ; I& vie de l’homme lui-même exige la collaboration, aw sein de son organisme, de cellules aussi nobles qué l'élément nerveux, où s'élabore la pensée, et de cellules aussi humbles que l'amibe, simples, débiles autant qué le dernier des animaux ou des végétaux. « Quelle sera l'influence de cette idée biologique sur la Sociologie? Permeltez-moi d’invoquer à ce sujet l'autorité d'un homme d'Etat, qui est aussi un homme de science et en qui nous saluons un illustre fils di l'Université : « La notion de la responsabilité mutuelle « de tous les hommes dans tous les faits sociaux, dit « M. Léon Bourgeois, n'avait pas été aperçue, jusqu « ce que füt introduite l’idée nouvelle de la solidarité « biologique. Cette idée modilie à la fois notre concep: « Lion des conditions objectives, extérieures, de la réa « lisation de la justice, et notre conception de la justicé « même. Elle établit entre l'individu et le groupe uné « complexité nouvelle de rapports, et l'ancienne € « trop simple notion du droit et du devoir se trouve « du coup, profondément transformée. » « La solidarité biologique, comme la lutte pour l'ex tence, est donc en train de faire son chemin dans monde. « Ces propositions, émanées de la Biologie, n’ont pi s'acclimater dans le champ de la Sociologie sans mo dilier leur signilication première. Dans les luttes de hommes nous voyons, avant tout, l'effort, l'énergie, KR volonté de surmonter un obstacle, d'écraser un rival d'affirmer une suprématie; dans les rapprochement des individus, des familles, des nations, nous voyon l'aspiration vers un idéal de justice. « Chaque sociologue donne ses préférences à la doë trine de la lutte ou à la doctrine de la solidarité, selo que son esprit est porté vers la comhalivité ou vers 1 concorde, selon qu'il place son idéal dans la guerre 0! dans la paix, selon qu'il envisage les obstacles à re verser ou l'œuvre à édifier pour le bonheur des peuples selon qu'il se donne pour mission de redresser les tort ou de faire le bien. C’est affaire de sentiment. « Le sentiment n’est pas de mise en Biologie. Quan le naturaliste envisage le conflit des animaux, de plantes, des météores, il n'y découvre rien qui inté resse la morale ou la justice; il n'y connait point l'élé ment volontaire. ; . . « Ce n’estpas à dire que la Biologie soit sans intérê pour le sociologue. Celui qui voudrait réformer la s0 ciété sans tenir compte des lois inéluctables qu régissent les rapports réciproques des êtres vivants qui subordonnent l'énergie des individus à la somm CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1115 énergies naturelles, celui-là courrait aux mêmes \ésaventures qu'un physiologiste ignorant les lois de Chimie, ou qu'un mécanicien dédaigneux des lois de pesanteur. L'homme doit commander à la Nature ; ais, comme l’a dit Bacon : Nature non imperat, nisi arendo : l'homme ne peut commander à la Nature ren respectant ses lois. La volonté humaine trouvera ans la Biologie un puissant levier, un merveilleux ins- ment de progrès, quand l'homme d'Etat maniera lois de la Biologie pour assurer le triomphe de la érité et de la justice sur la force brutale, comme l'in- génieur manie la Géologie et les Mathématiques pour endiguer les torrents dévastateurs. - « Pour fournir à la Sociologie des données positives et pratiques, le naturaliste se gardera de fausser les lois générales de la vie par des considérations psycholo- ques ou morales, qui sont étrangères à son domaine. - « L'expression « lutte pour l’existence » n’éveille pas toujours une idée bien précise, parce que plus d'un biologiste, ébloui par la magie des mots, a perdu de vue les faits réels derrière ce symbolisme séduisant qui modèle la Nature à l’image de l’homme. Quel est done le sens attaché à cette célèbre formule par le puissant génie dont on invoque plus ou moins cons- ciemment le nom quand on parle de la lutte pour l'existence ? « Darwin ne se piquait pas d'employer toujours le ot propre ; il usait volontiers d’une expression méta- -phorique adaptée approximativement au groupe de faits qu'il voulait vulgariser. Nous savons tous quel -prodigieux succès il a assuré au terme de sélection naturelle; et pourtant, il nous dit : « L'expression « qu'emploie souvent M. Herbert Spencer : la persis- « tance du plus apte, est plus exacte et quelquefois tout « aussi commode ». « En ce qui concerne la lutte pour l'existence, voici les propres termes de Darwin : « L'expression « lutte « pour l'existence », est employée dans un sens figuré, « dans un sens général et métaphorique, ce qui im- « plique les relations mutuelles de dépendance des « êtres organisés ». « Un exemple met aussitôt en lumière la pensée du …. Maître : « On arrivera à dire qu'une plante, au bord « du désert, lutte pour l'existence contre la séche- « resse, alors qu'il serait plus exact de dire que son « existence dépend de l'humidité ». . « J'irai plus loin que Darwin, et je dirai que la pre- mière proposition est antiscientilique. La sécheresse n'est rien de positif; c'est la négation de l'humidité. Si, à ce personnage allégorique que nous appelons la sécheresse, nous substituons la réalité pondérable qu'est l'eau, la fiction de la lutte, de la répulsion, de V'antagonisme est, du coup, remplacée par la vérité de - J'union, de l'attraction, de l’affinité. Et, si nous tradui- sons ces rapports en sentiments humains, l'amour se substitue à la haine, comme mobile des relations des êtres. « Les deux formules d'apparence contradictoire qui sont tombées de la Biologie dans le domaine public étaient donc inséparables dans la pensée de Darwin. « Effectivement, nous trouverons une part de sy- nergie dans les conflits des êtres vivants où l’antago- + nisme est le plus frappant, une part d'antagonishie “ dans les associations qui semblent les mieux équili- brées ». Après avoir passé en revue un certain nombre de phénomènes dans lesquels l'harmonie apparente des éxistences masque un antagonisme profond, ou dans lesquels les conflits superficiels dissimulent un enchai- nement durable, M. Vuillemin conclut : « En présence de ces faits, que devons-nous penser des fondements biologiques des deux propositions rappelées au début de cet entretien? Les deux for- mules : Lutte pour l'existence, Solidarité biologique, valent ce que valent les formules; elles sont également vraies et également fausses. Chacune d'elles est vraie par les faits d'observation qu'elle résume, fausse par | Î Ë { Î Î les faits qu'elle laisse dans l'ombre. De même qu'un membre détaché d'un corps vivant cesse de vivre, ainsi toute formule détachée de la science cesse d’être scien- tilique. « Pour rendre à nos deux formules le caractère de vérité qui est la vie de la pensée, nous devons les rat- tacher conjointement aux divers phénomènes biologi- ques dont elles sont l'expression partielle. « Dans tous les rapports que la Biologie constate entre les éléments constitutifs d’un être vivant, entre les différents êtres qui se rencontrent ou qui exploitent un même milieu, l’antagonisme et la synergie appa- raissent comme les deux faces d’une même corrélation. La loi de la lutte et la loi de la solidarité traduisent deux aspects d’une mème réalité. Cherchez la lutte, et vous trouverez la solidarité. Cherchez la solidarité, et vous trouverez la lutte. Ces antinomies se concilient en s’éclairant réciproquement. « L'amour n'est-il pas un puissant mobile de dissen- sions humaines ? De même, dans le champ de la Biologie, le principal mobile des luttes, c'est l'obstacle à l’asso- ciation, vers laquelle tendent invinciblement les êtres vivants. « Les rivalités entre les êtres vivants sont trop fla- grantes pour qu'il soit utile d'en chercher des exemples. Mais, pourquoi parler toujours de la lutte pour l'exis- tence et jamais de la lutte contre l'existence? Le résul- tat le plus immédiat, le plus certain, le plus constant de la lutte, n'est-il pas de détruire, de briser quelque existence? Et si, dans le champ dévasté par la lutte, nous voyons s'épanouir des existences plus brillantes, c’est qu'à la lutte meurtrière a succédé un phénomène réparateur. : « Ce phénomène vivifiant n’est pas la lutte. La vie est le fruit de l'amour et non le fruit de la haine. L’antago- nisme nous apparaît, moins comme un phénomène fondamental que comme un épisode de l'attraction qui pousse les êtres les plus divers à coopérer à l'œuvre de vie. Du choc des éléments jaillit la lumière ; l'explosion d'un mélange gazeux produit une combinaison stable; de même, le conflit vital aboutit à la synergie, seule créatrice de vie. « On a parlé de la lutte pour l'existence et de l’asso- ciation pour la lutte ; nous voyons un aspect plus pro- fond de la vérité dans la lutte pour l'association, et l’as- sociation pour la vie. » $ 8. — Physiologie Ablation du thymus. — On sait que le thymus est une glande vasculaire sanguine, située à la base du cou, en arrière du sternum, très développée chezle jeune mammifère pendant les premiers lemps de sa vie, s'atrophiant peu à peu pendant la première période du développement et disparaissant rapidement, ou ne lais- sant que quelques vestiges de son existence passe. On n'est pas fixé sur les fonctions physiologiques de cet organe; les indications suivantes, résultant de recherches faites par M. Basch (de Prague), sont donc intéressantes à signaler ét mériteraient d'être contrôlées et, s'il y a lieu, étendues. : , M. Basch a pratiqué sur de jeunes chiens l'ablation totale du thymus et étudié les modifications du système osseux consécutives à cette opération. Les os des ani- maux opérés ne tardent pas à devenir plus mous que ceux des animaux témoins non opérés, provenant de la même portée, soumis à la mème alimentation el placés dans les mêmes conditions; la ligne épiphysaire est moins nette: la cavité médullaire est plus vaste. M. Basch pratique ensuite des fractures sous-cutanées ou ouvertes chez les petits chiens sans thvmus et chez de petits chiens de mème portée ayant conserve leur thymus. Il constate que, chez ces derniers, la fracture se consolide rapidement avec production d'un cal volu- mineux, tandis que, chez les animaux sans thymus, il ne se produit au niveau de la fracture qu un léger épais- sissement périostique; les choses se passent chez eux A116 comme chez les enfants rachitiques. Ces faits sont sur- tout nets si les fractures ont été faites un à deux mois après lablation du thymus:-ils le sont moins quand elles sont faites 15 jours après l'opération, comme si ces modifications de lossification étaient la consé- quence de l'absence de la sécrétion interne du thymus, cette dernière ne disparaissant de Forganisme qu'avec une assez grande lenteur. L'analyse comparative des urines des deux groupes d'animaux, opérés el non opérés, à montré que l'élimi- nation des sels de chaux est plus grande chez les pre- iniers que chez les animaux normaux placés dans les mêmes conditions générales. L'auteur n'est pas parvenu à compenser les consé- quences de lablation du thymus par des injections intra-veineuses de suc de thymus, où par insertions sous-culanées de fragments de thymus : les injections intraveineuses sont mortelles à doses relativement pétites ; ilse produit-un abaissement de la pression san- guine, des convulsions et la mort par arrêt respiratoire; à la suite d’insertions sous-cutanées, il se produit une résorplion du tissu ayant pour conséquence l'apparition de convulsions et déterminant finalement la mort. $S 9. — Enseignement Collège de France.— Une chaire de Sociologie musulmane est créée au Collè ‘ge de France. Notre émi- nent collaborateur M. Alfred Le Châtelier vient d'en être nommé tilulaire. Nos lecteurs savent que, par ses voyages dans l'Afrique du Nord et l'Ouest Africain, par une longue suite d’études et de publications justement remarquées sur les sociétés musulmanes de l'Arabie, de l'Afrique du Nord, du Sénégal et de la Côte occiden- tale d'Afrique, M. Le Châtelier s'est acquis une écla- tante notoriété; ils applaudiront avec nous et à la fon- dation de la nouvelle chaire et au choix du professeur désigné pour lPinaugurer. Cette institution d'un ensei- nement consacré aux sociétés islamiques s'imposait dans notre pays, devenu aujourd'hui une grande Puis- sance musulmane. Ecole pratique des Hautes-Etudes.— M.Guil- let, secrétaire de la Faculté des Sciences de l'Univer- sité de Paris, nommé secrétaire des Commissions de patronage de la Section des Sciences mathéma- tiques, de la Section des Sciences physico-chimiques et de la Section d'Histoire naturelle de l'Ecole pratique des Hautes-Eludes, en remplacement de M. Fousse- reau, admis à une pension de retraite. est Observatoire de Paris. — Sont nommés mem- bres du Conseil de l'Observatoire de Paris : M. Lippmann, membre de l'Académie des Sciences et du Bureau des Longitudes, en remplacement de M. Cornu, décédé ; M. Radau, membre de PAcadémie des Sciences et du Bureau des Longitudes, en remplacement de M. Faye, décédé ; M. Bayet, Directeur de l'Enseignement supérieur, en remplacement de M. Liard, nommé Vice-Recteur de l’Académie de Paris. Personnel universitaire. — M. Damien, pro- fesseur de Physique à la Faculté des Sciences de lUni- versité de Lille, est nommé doyen de la dite Faculté, en remplacement de M. nommé doyen hono- raire. M. Chénieux, professeur de Clinique chirurgicale à l'Ecole préparatoire de Médecine de Limoges, nommé directeur de la dite Ecole. M. Girod, professeur à la Facullé des Gosselet, est Sciences et à Ecole préparatoire de Médecine de Clermont, est nommé directeur de la dite Ecole. M. Payot, docteur ès lettres, Inspecteur d’Académie à Châlons-sur-Marne, est nommé Recteur de l'Académie de Chambéry. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE M. Faivre-Dupaigre, professeur de Sciences phy- siques au Lycée Saint- Louis, est nommé Inspecteur d'Académie en résidence à Paris, en remplacement de M. Laviéville, admis à faire valoir ses droits à une pen- sion de retraite. M. Pérot, professeur de Physique à l'Université d'Aix- Marseille, est nommé directeur du Laboratoire d'essais mécaniques, physiques, chimiques et de machines, au Conservatoire des Arts et Métiers, en remplacement de M. Masson, placé hors cadres. M. Koberjot, rieure d'Electricité, est nommé chef des travaux pra- tiques d'Electricité à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines (emploi créé). M. Launois, professeur agrégé de la Faculté de Mé- decine de Paris, est chargé d’un cours d'Histologie pendant le congé accordé à M. Mathias Duval. M. Grimbert, agrégé de l'Ecole supérieure de Phar- macie, est chargé des fonctions de chef du Laboratoire des examens pratiques. M. Guitton, professeur de Mathématiques au Lycée de Caen, est chargé de conférences de Mathématiques à la Faculté des Sciences de cette ville. M. Lemoult, docteur ès sciences, maître de confé- rences de Chimie à la Faculté des Sciences de Lille, est chargé d'un cours de Chimie générale et appliquée à la dite Faculté. M. Lelieuvre, docteur ès sciences, professeur de Ma- thématiques au Lycée de Rouen, est nommé profes- seur de Mathématiques appliquées à l'Ecole prépara- toire à l’enseignement supérieur de Rouen. M. Matignon, maître de conférences à la Faculté des Sciences de Paris, et M. André, professeur à linstitut Agronomique, sont chargés de Conférences de Chimie à l'Ecole Normale Supérieure de Sèvres pendant là durée du congé accordé à M. Didier. Ecole Normale Supérieure. — M. Zoretti est nommé agrégé préparateur de Mathématiques, en rem- placement de M. Clairin. M. Dubuisson est nommé agrégé préparateur de Zoo- logie, en remplacement de M. Pérez. M. Blanc est nommé agrégé préparateur de Minéra- logie, en remplacement de M. Olivier. M. Dufour est nommé agrégé préparateur de Phy- sique. M. Duclaux est nommé agrégé préparateur de Chimie. M. Blein est nommé agrégé préparateur adjoint de Physique. M. Chavanne est nommé agrégé préparateur adjoint de Chimie. Sont nommés élève de l'Ecole Normale Supérieure (section des sciences) : MM. Huguenard, Danelle, Béthaucourt, Camoin, Sainte- Lagüe, Pouget. Commission des voyages et missions scien- tifiques et littéraires. — M. Bayet, directeur de l'Enseignement supérieur, est nommé membre de cette Commission. Commission du Codex. — M. Liard, Vice-Rec- teur de PAcadémie de Paris, et M. Bayet, directeur de l'Enseignement supérieur, sont nommés membres de cette Commission. M. Liard est nommé, en outre, pré- .sident de cette Commission. A lUniversité de Gôttingue., — M. H. Min- kowski, le savant professeur du Polytechnicum de Zu- rich, dont le nom est bien connu de tous les mathéma- ticiens, vient d'être appelé à l'Université de Gôttingue. D'autre part, M. Hilbert, dont les lecteurs de la Aevue connaissent l’importante étude sur les Problèmes ma- thématiques *, aurait été sollicité de quitter Gôttingue pour Berlin, et aurait décliné cette offre. 1 Voir la Zevue du ?8 février 1901. ingénieur diplômé de lEcole Supé- A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITÆBERG 1117 Le Spitzherg, l'archipel lointain, situé à 4.000 ki- Jlomètres du pôle Nord entre 76°31/ et 80°50’ de latitude nord et entre $° et 26° de longitude es! de Paris (11° et 28° de longilude est de Greenwich), fut officiellement découvert en 1596 par les Hollan- dais Barents, Hemskerk et Cornelius Ripp. Mais il est très probable que les Russes et les Normands ont pêché la baleine et divers poissons près des côles du _ Spitzberg bien longtemps avant cette dale. Les trois explorateurs hollandais, quicherchaïent à gagner la Chine en contournant l'Asie du nord, s'éloignèrent tellement vers le nord qu'ils arrivèrent auprès de l'ile des Ours (Baeren Island). De là, ils * montèrent encore plus au nord.et alteignirent le Spitzberg. Grâce à l'absence des glaces, ils purent visiter les côtes de ces terres jusqu'à 80°. Les monts à pic de ces iles, leurs sommets pointus (fig. 1)pro- duisirent sur eux une telle impression qu'ils donnè- “rent à tout l'archipel le nom de Spitzberg, quoique “dans les autres endroits de celte contrée les mon- tagnes ne présentent pas celte forme aiguë. Après eux, Henry Houdzon fit un voyage au LES TRAVAUX DE L’'EXPÉDITION RUSSO-SUÉDOISE POUR LA MESURE. D'UN ARC DE MERIDIEN AU SPITZBERG PREMIÈRE PARTIE : LES TRAVAUX DE 1899 | Spitzherg et arriva jusqu à 80°23/. En 1610, Johan- nas Poole trouva dans ces parages un grand nom- bre de baleines, et c'est grâce à lui qu’on y commença une pêche très fructueuse. Pendant deux siècles, le xvifet le xvnt°, une grande quantité de Hollandais, Danois, Anglais, Norvégiens, Russes et autres Fig. 1. — Montagnes et glacier au Spitzherg. | | | | arrivèrent chaque année pour pêcher les baleines et les morses près des côtes de ces iles. Ils fon- dèrent même au Nord, dans l'ile d'Amsterdam, une ville, Smeerenberg, qui n'était habilée que pen dant l'été et dont la population comprit jusqu à 13.000 habitants. Les baleines et aulres animaux, comme les morses, les phoques, les dauphins, y étaient alors trèsnombreux. En cent dix ans, de 1669 à 1778, on y à tuë 57.600 baleines, valant approxi- malivement une somme de 100 millions de francs. Le résultat d'une pêche si intense ful il ne restait plus au Spitz- qu'au com- mencement du xrx° siècle, berg que très peu d'animaux : les pêcheurs ne visi- taient la région que de plus Norvégiens seulement côles. lus rarement. Les venaient sur ces | » t les 1 DDC 1118 A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG On dit que les Russes fréquentèrent le Spilzherg (nommé par eux Groumante) depuis 1430. On y trouve encore beaucoup de débris de petites huttes construites par ceux, qui, étant parfois retenus par le mauvais temps ou les glaces, élaient obligés de passer l'hiver au Spitzhberg. Ces hiver- nages finissaient souvent d'une façon malheureuse, ce dont témoignent les nombreuses croix et les tombeaux qu'on trouve au Spitzhberg. Dans un en- droit (cap Lee), nous avons rencontré nous-même pendant notre Expédition une goélette brisée et rejetée sur les côtes; non loin d'elle, se trouvaient les restes d'une pelite hutte, devant lesquels élaient couchés six squelettes blancs. Un Russe, nommé Starostine, est resté au Spitz- berg trente-deux ans; il ya passé vingt-trois hivers tout seul et mourut en 1826. Il s’occupait de déter- miner les bons endroits pour la pêche et pour la chasse aux ours blancs et dirigeait les travaux de ses camarades qui, chaque année, venaient de Rus- sie dans ces contrées. L'importance du Spitzberg comme endroit de pêche ayant beaucoup baissé, le nombre de pêcheurs a diminué de beaucoup; seuls, des Norvégiens s'y rendent encore maintenant. D'autre part, depuis longtemps l'attention des savants s'est portée sur ces iles, si intéressantes pour des recherches de toute sorte, en raison de leur siluation voisine du pôle Nord, et, en somme, de leur facile accessibilité. Le premier qui fit au Spitzberg quelques recher- ches scientifiques fut un médecin français, nommé Martins, qui y est allé en 1671. En 1765-66, un ami- ral russe, Tschitschagoff, alteignil près de ces côles la latitude de 80°28'. Franklin y fit aussi, en 1818, quelques observations et gagna jusqu'à 80°34!. Sabine, en 1823, y délermina le premier l'intensité de la pesanteur. Parry, en 1827, y loucha le paral- lèle de 8245", En 1838, une grande expédition fran- caise, sur la corvelte La Recherche, partit pour le Spitzberg sous la direction de P. Gaymard. Cette expédition rapporta de très intéressantes collec- tions zoologiques et minéralogiques. En 1858, Nor- denskiüld y fit des observations géologiques. Beau- coup d'autres savants de tous pays y ont poursuivi un grand nombre de recherches différentes, mais les études les plus complètes de cette contrée sont celles qui ont été faites en ces derniers temps, au cours de l'Expédition russo-suédoise, qui y travailla trois ans à la mesure d'un are du méridien long de 4°. Ces mesures ont été complètement termi- nées cetle année par les Suédois. L'idée de mesurer un arc de méridien au Spilzberg fut émise pour la première fois par Sabine, mais elle ne fut pas bien accueillie par les Anglais. Ces derniers ont eu le dédain du Spitzberg. On raconte qu'au xvu° et xviu‘ siècles, on avait, en Angleterre, proposé aux condamnés à mort de remplacer cette . peine par une déportalion au Spilzherg, mais per- sonne n'y consentit. Trente ans après, en 1861, Otto Torell proposa à l’Académie des Sciences de Stockholm de faire une reconnaissance délaillée du Spitzberg dans le but de déterminer si les parages y sont propices aux observations astronomiques. On y envoya Chyde- nius et Dunér. Comme, à cause du mauvais temps, ils ne purent faire une reconnaissance complète, une nouvelle expédilion fut envoyée sous la direc- tion de Nordenskiüld et Dunér. Ces derniers ont résolu le problème avec un plein succès, en démon- trant qu'on pouvait trouver au Spilzhberg des endroits élevés, situés tout près des côtes, bien accessibles, visibles Fun de l’autre, et constituer ainsiune chaîne continue de triangles, depuis le Cap Sud (76°30") jusqu'à Rossô, petite ile siluée à Ja latitude de 80°50", permettant de mesurer un arc de méridien de # environ. C'était là une indication précieuse, tant pour l'avenir des théories astrono- miques que pour la Géodésie. Les mesures d'arc aux environs des pôles sont, en effet, extrêmement importantes pour la détermination exacte de la forme de la Terre et de son aplalissement. On sait que Newton a annoncé le premier que la Terre devait être aplatie aux pôles. Mais les mesures faites par Cassini, en France, donnèrent des résul- tats tout à fait contraires. Un siècle passa en dis- cussions entre l'Académie des Sciences de Paris et les partisans de Newlon. Enfin,on décida en France, pour résoudre celle question, d'envoyer deux expé- ditions : l'une au Pérou et l’autre vers le Nord, aux environs de la rivière de Tornes. La première à mesuré, sous la direction de Bouguer et La Conda- mine, un are de 3° en huit ans (de 1735 à 1743); l'autre, ayant Maupertuis comme chef, partit de France en 1736 et mesura en un an un arc de 57! de longueur entre l'église de la ville de Tornea et Killisvaara, qui se trouve à 20 kilomètres au nord du cercle polaire. Les résullats fournis par ces deux expéditions ont mis en lumière la justesse de la théorie de Newton. Mais, les mesures de Mauper- ltuis ayant été reconnues peu précises, l'Académie de Stockholm organisa, en 1801, une autre expédi- tion et chargeaJüns Svanberg de refaire les mesures. N'ayant pu trouver les endroits précis des signaux de Maupertuis, il mesura presque au même endroit un arc de 1°37’. Pour la troisième fois, cet are fut mesuré par Struve, en 1845-52; Struve le prolon- | gea jusqu'au bord de la Mer Glaciale, à 70°40’ &e latitude nord. A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG 1119 IT Enfin, les exigences de la science étant devenues plus grandes, la précision de ces mesures parait insuffisante. C'est pourquoi l'Académie de Stockholm a repris de nouveau, il v a quelques années, le pro- - jet d'une Mission astronomique du Spitzberg. Le _ Professeur Rosén, qu'elle chargea d’en tracer un plan détaillé, le lui a présenté en 1896. Ce projet fut accepté, et les Suédois proposèrent en 1897 à l'Aca- démie Impériale de Saint-Pétersbourg d'exécuter Fig. 2. partie sud du Spitzherg, à Stor Fiord, il y avait beaucoup de glace. L'année suivante partit l'Expédition géodésique russo-suédoise. Outre la mesure de l'arc du méri- ridien, on résolut de faire au Spitzberg un grand nombre d'autres observalions, en vue d'étudier à fond ces contrées sous les rapports : géologique, botanique, zoologique, méléorologique et autres. A cet effet, Russes et Suédois décidèrent de laisser quelques membres de l'Expédilion pour hiverner. Ces savants devaient, notamment, commencer les travaux géodésiques avant l’arrivée des navires — Les membres de la partie géodésique de l'Expédition russe. — Ce sont, en allant de gauche à droite, MM. Sykora, Achmaltoff, Serguiewsky, Backlund, Hansky et Vassiliel. en commun cette grande entreprise scientifique. L'Empereur Nicolas IL s'intéressa lui-même à cetle Expédition et nomma à cet effet une Commission, choisie parmi les membres de ladite Académie. Ce fut le grand-duc Constantin qui la présida. En Suède, le roi OscarIl institua aussi une Commission, sous Ja présidence du Prince royal. On commença par envoyer, en 1898, une petite expédition russo-suédoise, sous la direction du Pro- fesseur Jederine, auteur d'un appareil très com- mode pour mesurer les bases, du D° Karlheim Hillenskiold et du Lieutenant-Colonel Schultz, pour faire au Spitzhberg une dernière reconnaissance et pour construire les signaux géodésiques. On n'a S pas pu ériger tous ces signaux parce que, dans la | l'année suivante. Les Russes qui ont pris part à cet hivernage sont (fig. 2) : le Capitaine Ser- guiewsky, chef de la partie g6 \désique ; Wassi- lieff : Achmatoff et Sykora, astronomes observa- teurs; Beyer, météorologiste; Boungué, médecin ; flann, mécanicien: et douze malelots. Tous ont dû hiverner au Spitzherg. Les travaux d'été furent confiés à membre de l'Académie Impériale de bourg, directeur de l'Observaloire astronomique de Poulkovo : M. Tchernycheff, membre de la même Aca- mbres de la Commis- eur de l'Observatoire M. Backlund, Saint-Péters- démie, géologue, tous deux mt sion : M. Stellingne, vice-direcl M. Biroulia, zoologiste; hysique de Pétersbourg: MM. P M. Back- MM. Pedachenko et Hansky, astronomes ; 4120 A. HANSKY — LA MESURE D'UN lund fils, étudiant, aide de M. Tchernycheff. Deux suédois : le Professeur De Geer, géologue, et le Lieutenant Knorring, topographe, parlirent aussi avec les Russes. L'Expédition suédoise se composait de MM. Jede- rine, chef des travaux géodésiques, Angslrom, | Rubin, d'un topographe. Larsen et Frenckel, astronomes, et III Les Russes avaient à leur disposition trois bateaux à vapeur : un bâtiment de lransport de guerre (Bakane), un brise- glace (Ledokol2) et un vaisseau de commerce (Betty). dois, on avait un brise- glace (Svensksund) et Du côté sué- un bateau à vapeur (Rurik). Les membres de l’Expédition russe parlirent de Saint-Pélersbourg, séparément tous devant se rencon- trer à Stockholm pour faire connaissance avec leurs compagnons sué- dois et pour travailler avec eux. Après avoir comparé nos insiru- Stockholm, observations ments à fait les des pendules, et me- suré une base, nous partimes vers le Nord, nous donnant rendez- vous à Tromsô. La tra- versée de la Suède est des plus pittoresques. La partie la plus inté- ressante est le plateau qui sépare la Suède de la Norvège. Quoique nous fûmes au mois de juin, il était encore tout couvert de neige, le lac était glacé; on n'y remarquait que quelques petits bou- leaux rouges (Petula nana). Là commence la des- cente vers la Norvège, descente très rapide. Le fiord qui se découvre lot d'un coup frappe par sa beauté tous les voyageurs. La mer, le ciel, les montagnes sontsi bleus qu'on se croirait plutôt en Italie que sous la latitude de 63° 30”, La ville de Trontheim est le berceau de la royauté de Norvège, comme Upsal celui de Suède. C'est la plus septen- trionale des grandes villes de l'Europe. Elle pos- sède de beaux magasins, des hôtels très confor- tables, de vieilles églises, dont une, la cathédrale, Fig. 3. — Le Soleil de minuit dans les régions arctiques. ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG date de 1151. Je ne puis m'étendre sur la descrip- tion de cetle ville, de ses environs très intéres- sants, ni sur-nolre voyage de Trontheim à Tromsü par les fiords de Norvège. Pour se rendre compte de la magnificence de ces paysages, il faut les voir. C'est à Tromsô que nous avons vu pour la pre- mière fois le soleil de minuit (fig. 3). À partir de ce moment jusqu'au 23 août, il nese coucha plus pour nous. Tromsô est une pelile ville commerciale, grise, bien triste, située sur une ile fbasse, entourée de hautes montagnes tou- tes blanches de neige. Les maisons sont en bois; celles qui sont situées près du bord du fiord sont bâlies sur des pilotis assez élevés pour les protéger con- tre le flux, qui y atteint une hauteur de 1,5 à 2 mètres. Vers le 24 juin, tous les membres de lEx- pédition se réunirent à Tromsü. Le 25, à mi- nuit précis, nous quit- tàmes Tromsü pour al- ler au Spitzherg. L'un après l'autre, à une distance de 500 mètres, nos cinq navires se rangèrent à la file et parlirent, salués par les acclamations de Ja foule qui se pressait sur le port de Tromsü. Le beau temps nous favorisait. Dans mes voyagesantérieurs, j'a vais fail connaissance avec l'Océan Glacial arctique et je l'avais vu tou- jours froid, mugissant, d'une couleur jaune sale, tout couvert de vagues énormes avec des som- mets blancs d'écume. Cette fois, il élait mécon- naissable : calme absolu, ciel bleu, mer de couleur encore plus foncée que le ciel. La température s'élevait jusqu'à ++ 10° à l'ombre. On apercevait quelques baleines, ressemblant plutôt à des masses noires, qui projetaient de lemps en temps des jets de poussière d'eau. Le beau temps dura jusqu à notre arrivée à la latitude de l'ile des Ours. Alors nous aperçûmes à l'horizon ouest une bande blan- châtre, qui s'approchait vers nous. Tout d’un coup, nous fûmes enveloppés d'un brouillard épais, ce qui nous obligea à ralentir notre marche et à donner, TT 400 TAN ü cn Et 20e u Spitzherg. , 10° 40 COR LA IESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG 4121 les 5 mi utes, des coups de sifflet. Les Suédois | mieux connues. Le vent augmenta de force et la rent en nous donnant rendez-vous au | mer devint très agilée; le roulis commenca. Le 28, à 3 heures de l'après-midi, nous aperçûmes les 2e° 25° Little Table | Z Rosa À 7 Outger RS . 30 TSBERC-Q NE \ EE I TÆ DE ; HEER Bell Séünd CA DE NATHORST NE £. v.Keuler x SAIS RÉ L Duncder &. TRS DE ROEBUCK « —TŒÆDE TORELL/ TT = #4. Station d'Hiv. Russe == Ho FSUnéstind NZ Lde L'Espérante / f [6 10 E de Paris ap Su Cravé par Borremans, 5, rue Hautefuille-Faris 20° Fig. 4. — Le Spitzherg et le réseau géodésique pour la mesure d'un arc de méridien. Toute la journée se passa sans que nous sachions précisément où nous nous trouvions. Au lieu d'aller vers la partie Est du Spitzberg, où était disposé notre réseau géodésique, nous nous dirigeàmes vers la partie Ouest, parce que ces côtes étaient nv | | côtes à travers le brouillard. Un énorme glacier, reconnu par notre lamaneur, nous indiqua que nous la plus méridio- étions dans le Horn Sund, la baie nale du Spitzherg. Cette baie est entourée de hautes montagnes, entre lesquelles les glaciers descendent 1192 A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG vers la mer. En ce moment tous les sommets étaient couverts de nuages. Le sol paraissait être privé de végétation et très inhospitalier. Beaucoup de neige se voyait encore sur les côtes. Un grand nombre d'oiseaux de différentes espèces volaient autour de nous et se posaient sur les glacons qui nageaient dans le golfe. Le bord de la mer était parsemé de cailloux arrondis par les eaux, mêlés aux glaçons. Plus loin apparaissaient les montagnes encore couvertes de neige. Étant débarqués, nous trou- vàmes quelques plantes assez curieuses, comme, par exemple, le Silene acaulis, qui croît en demi- sphères vertes parsemées de petites fleurs roses; des pavots blancs et jaunes, très petits, Papaver nudicaule et autres, tous individus très petits, s’a- brilant derrière les pierres contre les vents, qui sont très forls dans cette contrée. Ces taches vertes, rouges et jaunes sont très agréables à l'œil dans ce désert de pierres grises et noires. On ne distinguait aucun arbre. Plus loin, nous trouvàämes le saule, Salix polaris, en grande quantité, mais de si pelite taille que Îles autres plantes dépassent de beau- coup sa hauteur. Dans la mousse, on dislinguait la tige, haute de 2 ou 3 centimètres, et qui portait deux, trois ou quatre feuilles et la fleur. Sous le sol, cet arbre fait ramper sa lige, rhizôme de 20 à 30 cen- ümètres de longueur, qui produit beaucoup de petites branches qu'on voit sortir de la terre. Au bord de cette baie, nous trouvämes une vallée qui fut autrefois le lit d'un grand glacier déjà reculant. Un ruisseau y coulait. Après avoir soi- gneusement éludié cet endroit, nous trouvämes qu'il élait très favorable pour la construction de la maison d'hivernage de l'Expédition el pour l'obser- valoire météorologique. On commença sans perdre de temps le déchargement des vaisseaux et la cons- tuction de la maison. Et ainsi, en un endroit où depuis plus de deux siècles aucun humain n'avait demeuré, nos gens s'installèrent et commencèrent à travailler. êlre Plusieurs tentes furent posées. Les maisons, cons- truites à Helsingfors, puis démontées, furent réé- difiées en ce lieu. Les provisions etles instruments nécessaires pour l'hivernage furent transportés sur la rive et, nos deux navires déchargés, nous par- L'un de nos navires, le Zedokol 2, portant les géodésiens, times dans deux directions différentes. se dirigea vers le Nord à la rencontre des Suédois; l'autre, le Zakane, vers Stor Fiord pour y faire encore la reconnaissance de la région et pour ériger les signaux géodésiques manquants. IV Avant de continuer ce récit, je crois nécessaire de dire quelques mots des travaux géodésiques etde l'intérêt qu'ils offrent dans les contrées septentrio- nales. Pour déterminer la forme de la Terre, c'est-à- dire trouver le rayon de courbure en divers endroits de sa surface, il faut mesurer la longueur d'un arc du méridien (ou du parallèle) entre deux points choisis et déterminer la différence entre leurs latitudes (ou longitudes). De ces mesures, on déduit la longueur d'un degré et le rayon de la Terre. Pour trouver exactement la distance entre deux points, on emploie maintenant la méthode de Snellius (1580-1626), la triangulalion, qui con- siste en ceci : Du point initial A (fig. 5), on cherche deux autres points B et C, qui sont très éloignés de lui et for- ment avec lui,aulant que possible, un triangle équi- latéral, chaque sommet étant visible des autres. On continue une pareille chaine jusqu'au point terminal K. En ces sommets, on érige les signaux géodésiques. On mesure le plus exactement possible les D CET 7 aa DS - | D K SES A ok lu” LE | AD 2. Dsl Sa x E C Fig. 5. — Schéma de la mesure d'un arc de méridien. angles entre Jes directions AB, AG... et leurs azimuts. Sur les points terminaux, on délermine les lalitudes. Après avoir mesuré la longueur d'un côté, AB, par exemple, que l’on appelle la base, on résoudra tous les triangles et déterminera les longueurs des diagonales, comme AE, el ainsi de suite jusqu'à AK. Connaissant l’azimut de K par rapport à À, on déterminera la longueur d'un arc du méridien passant par À ou par K. Sachant la différence des lalitudes entre ces deux points, on trouvera la longueur d’un degré et ainsi le rayon de courbure à cette latitude. Connaissant les rayons de la Terre en divers endroits, on trouvera son aplatissement. Il est évident que l’on obtiendra la plus grande précision si l'on mesure les rayons dans les endroits où la courbure du sphéroïde lerreslre a sa plus grande valeur et dans ceux où elle offre la plus petite, c’est-à-dire aux pôles el à l'équateur. De là résulte l'intérêt des mesures géodésiques au Spitzberg, le seul endroit assez rap- proché du pôle où l'on puisse faire de pareilles mesures !. ! En même temps, la France a envoyé une Expédition au Pérou pour refaire et agrandir l'arc mesuré par Bouguer. 0 pe ne re mthotttlhes M0 Me ds dde A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG 1123 M Comme les signaux géodésiques avaient déjà été construits dans la parlie Nord de notre réseau, nous sommes partis au Nord pour nous rencontrer mesures. Noire voyage fut très intéressant. C'est ors que nous pümes faire connaissance avec la topographie et la géologie du Spitzherg. . Cet archipel faisait partie d’un grand continent qui atlenait autrefois au Nord de l’Europe, et ce qui en reste maintenant constitue l'ile des Ours, l'archipel du Spitzberg, la Terre Francois-Joseph et la Nouvelle-Zemble. On appelle ce continent l'Arctice; ses limites sont bien visibles sur les cartes des profondeurs de l'Océan qui entoure ces iles. A l'Ouest et au Nord du Spitzberg, les profon- deurs augmentent rapidement, mais les mers de Barents et de Mourmanne sont relativement peu profondes. Au point de vue géologique, la limite Ouest de l’Aretice se dessine par une zone d'anciennes for- malions plissées, qui se dirige des iles Hébrides _ et Shetland à travers l'Ouest de la Norvège, par l'ile des Ours, et passe par l'Ouest du Spilzberg. . C'est pour celle raison que la partie Ouest de ces îles offre un caractère alpestre, c'est-à-dire qu'elle est formée de chaines de montagnes parallèles, ayant des crêles dentelées très tranchantes el des mon- tagnes isolées à pic, dont cerlains sommets attei- gnent jusqu'à 1.200 mètres de hauteur dans la chaine de Hornsunlind et plus de 1.700 mètres dans le massif de Chydenius. Le caractère de ce paysage diffère complètement de celui du plateau situé à l'Est du Spitzhberg; celui- ci à une hauteur de 400 à 700 mètres et ne forme des montagnes isolées qu'à cause des ravins creusés par les eaux. Sur la limite des formationsplissées, —représen- tées ici par des schistes cristallins ainsi que par des dépôts de la formalionsilurienne inférieure, —etdu plateau contigü, on trouve des dépôts de diverses époques, depuis le Dévonien jusqu'au Tertiaire, sou- levés le long d'une faille se dirigeant du Nord au Sud. Dans l'intérieur de l'ile, tout le tableau est diffé- rent. Toute la contrée qui se trouve des deux côtés de Stor Fiord el de Hinlopen Strait est composée de couches horizontales qui descendent rapidement vers la mer. Ces plateaux occupent la plus grande découvert l'avaient atteint de l'Est au lieu de M'Ouest, ils ne l’auraient probablement pas nommé le Spitzhberg. Du plateau intérieur, qui est presque entièrement couvert de glace et d'où s'élèvent des monts isolés, descendent vers la mer, à l'Est et à partie du Spitzberg, et, si les Hollandais qui l'ont | L l'Ouest, des glaciers énormes qui tombent brusque- ment dans l’eau. Les plus grands glaciers sont situés dans la partie Est, à Stor Fiord et dans le détroit d’'Hinlopen. La Terre du Nord-Est n'est qu'un glacier, le plus grand de l'hémisphère boréal. Il y a des glaciers qui ont 20 kilomètres de lar- geur. Quelquefois, ils ont la forme de longues lan- gues avançant dans la mer jusqu'à 4 kilomètres des côtes. Des masses énormes deglace, de plusieurs milliers de mètres cubes, se délachent de ces gla- ciers et flottent dans la mer sous forme d'icebergs. Au nord du Spitzhberg s'étend la glace polaire, qui s’accumule dans la mer durant plusieurs années et, suivant les données de l’Expédition de Nansen, se meut des côtes Nord-Est de la Sibérie vers le passage entre le Groenland et le Spitzberg. Celte glace, qui représente une barrière difficilement franchissable pour les navires, recule vers le Sud ou vers le Nord suivant la direction du vent. Si elle s'approche des côtes septentrionales du Spitzherg, le passage à l'Est devient presque impossible. MI Le premier endroit que nous avons visité est l'Ice Fiord, le plus grand des fiords du Spitzberg et le plus connu, parce qu'on y a construit un hôtel pour les touristes à Advent Bav”. Deux jours après notre départ de Horn Sund, nous arrivämes aux iles d'Amsterdam, où, près d'une baie de l'ile Danoise, Virgo Bay, est située la maison de Pikes. Cette maison est devenue célèbre parce qu'en 1897 Andrée partit de là en ballon. En 1899, tout était resié encore dans le même état qu'au moment du départ de ce brave et intrépide explorateur : le canot, les appareils pour la production de l’hydrogène, les instruments, même les livres étaient intacts. Le hangar seul était écroulé et n'était plus qu'un tas de débris (fig. 6). Une lettre des Suédois nous annonçait qu'ils avaient essayé déjà une fois de passer aux Sept Iles, mais que les glaces étaient infranchissables La veille de notre arrivée seulement, ils étaient partis de ce lieu pour la seconde fois. À cause du brouillard, nous dûmes passer dans celle baie toute une journée ; après quoi, nous partimes à la recherche des Suédois. Au Nord, nous rencon- trâmes une glace très épaisse. Dans un endroit, notre brise-glace ne pouvait plus lutter contre elle. Avant de revenir, nous nous embarquèmes 4 C'est à Ice Fiord, dans une tombe servant de « boite aux lettres », que nous trouvam s nouvelles des Sué- dois. Ils nous écrivaient qu'ils avaient dû passer jours pour s'abriter du mauvais temps; qu'ils au Nord et que nous trouverions leur lettre la maison de Pikes à Virgo Bay. là plusieurs taient allés suivante dans 1124 A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG sur un canot, nous nous approchàämes d'une ile, y montämes jusqu'à un sommet assez élevé, d'où nous aperçüumes, au Nord, une légère fumée, qui nous indiqua l'endroit où se trouvaient les Suédois. Ceci nous engagea à continuer notre voyage. Notre rencontre se fit à la latitude de 80°. Les Suédois nous dirent que le passage vers l'Est était impossible en ce moment, que les glaces polaires ne remontaient au Nord que pour revenir, quelques heures après, fermer complètement le passage. On décida alors que les Russes descendraient au Ea arrivant à destinalion, nous lrouvämes la construction de la maison très avancée; cependant on fut obligé de loger sous des tentes. Nous organisämes alors deux sections pour faire quelques observalions géodésiques dans ces pa- rages. Nous nous installämes sur deux sommels assez élevés (de 400 et 800 mètres), d'où l’on vou- lait faire la Laison de l'endroit de l'hivernage avec le réseau géodésique. Mais le lemps continuait à être si mauvais que, pendant les dix jours que nous y avons passés, nous n'eûmes qu'une seule Sud et commenceraient les mesures dans la par- | journée la possibilité d'observer. Le reste du temps, Fig. tie méridionale du Spitzherg, les Suédois tâchant en- 6 — La maison de Pikes et les restes de l'Expédition d'Andrée. il pleuvait et il faisait un brouillard épais et humide. core de passer aux Seplt-Iles. Nous nous séparämes. | Nos tentes, nos sacs en peau de renne, dans les- C'est pendant notre retour que nous nous aperçûmes dans quelles conditions nous allions nous trouver pour travailler. Nous dûmes mettre plus d'une semaine pour accomplir le même trajet que nous avions fait auparavant en deux jours. Le Les tempêtes furent si fortes que notre marche mauvais lemps nous empêchait d'avancer. fut deux fois interrompue et nous dûmes nous retirer dans les baies du Spitzberg. Enfin, arrivés tout près de Horn Sund, un brouillard très épais tomba, et nous fimes de petits cercles dans l'Océan pendant trente heures, parce que l'entrée de la baie était complètement invisible. quels nous étions couchés, tous nos effels furent mouillés. Mais ce qu'il y eut de plus grave, ce furent les tempêtes, très fréquentes au Spitzherg. On les prévoit lorsque les sommets des mon- tagnes se couvrent de nuages sombres offrant la forme d’un champignon. Ordinairement, le vent se intermittences ; elle atteint jus- met à souffler d'abord par sa vilesse augmente de plus en plus : qu'à 40 mètres par seconde. Alors, il renverse les tentes, enlève les planches, arrache les prélarts qui couvrent les boites aux conserves et aux instru- ments; la mer débordée enlève même les briques déposées sur ses côtes. La lutte contre ces tem- A.HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG pêles est très pénible. De pareilles tempêtes duraient quelquefois plusieurs jours; accompa- ées, parfois, de neige ou de verglas, elles deve- naient alors presque insupportables. La température n'est pas très basse en été au Spitzherg. S'il n'y a pas de vent et si le ciel est clair, elle peut monter jusqu'à + 10°; mais, au niveau même de la mer, elle descend quelquefois jusqu'à — 4°, et dans l'inlérieur du Spitzberg jus- qu'à —13°; de pareils froids génaien! beaucoup nos observations, surtout quand ils s'accompagnaient Fig. 1. e vents violents. La température moyenne de l'été st de 4° environ. Après avoir terminé nos travaux préliminaires à Horn Sund, nous sommes partis pour Stor Fiord (g. 7), où nous devions faire nos mesures géodé- siques. On avait décidé, comme je l'ai déjà dit, de iviser les triangles géodésiques en deux parties. Les Suédois se chargèrent des observations sur les signaux jusqu'à Thumb-Point; elles Russes, de tous es autres au Sud. Dans la première partie, il y avait 13 signaux ; dans la nôtre 10, mais les triangles méridionaux étaient de beaucoup les plus grands. Un côté d'un de ces triangles, Keilhau-Whales Point-Hedgehog, avait 130 kilomètres de longueur. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. NA Après un voyage assez pénible, à cause de la tempête qui nous relint vingt-quatre heures dans la traversée du Stor Fiord, nous arrivämes vers les îles d'Anderson, situées près de Barents Land. Stor Fiord fut, cetle saison-là, complètement libre de glaces, ce qui arrive rarement au Spitzberg. Cette absence de glace nous permit d'atteindre facilement les côtes. Sur ces iles, nous trouvàames une végétation riche et, de plus, variée, surtout en — Stor Fiord et les côtes est du Spitzberg. | plantes herbacées, qui poussent près des côtes el | dans les vallées où s’accumule le limon (fig. 8). Sur les montagnes et dans l'intérieur de l'ile, on tr uve )UV( très peu de plantes, excepté la mousse el le] En tout, on compte maintenant au Spitzoers vingt-trois espèces de plantes phanérogames, 1 lesquelles dominent les Caryoph; gacées, Crucifères, Renoncul | Outre les deux espèces de saule, ? 1 et S. polaris, el quelques pelits se trouvent que dans la C0/ |] qui yon probablement été tés p rencontre encore au buissons d'ÆZmpe appo Spitzberg ( S I 1126 A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG C. hypnoides, qui appartiennent au type de la | Dans le Trias et les couches terliaires se trouve bruyère commune et offrent la même taille que le | deïa houille en assez grande quantité. À Trontheimn, saule. Les plantes sont toutes vivaces, comme dans | Bergen et-Tromsü, quelques sociétés se sont même les Alpes, et beaucoup se mulliplient par marco- tage naturel. Toutes ces plantes résistent très bien au froid. J'ai noté que les pavots continuaient de pousser et de fleurir après avoir passé qualre à cinq jours sous une croûte épaisse de glace, à la suite d'un verglas prolongé; j'ai vu des plantes qui se con- servaient intactes après avoir passé neuf mois sous formées pour l’exlraire. VIII C'est seulement le 6 août que nous pûmes monter. avec les instruments, sur deux montagnes, aux sommets desquelles furent installés les signaux géodésiques. Ces derniers se composaient, en gé— Fig. 8. — La végétation au Spilzherg à l'endroit le plus riche (ile d'Anderson). la neige: non seulement elles continuaient à | néral, de pyramides à base ronde ou carrée, cons- donner des feuilles, mais même les boutons de l’année précédente fleurissaient après le long hiver. La flore géologique du Spitzberg a été autrefois beaucoup plus riche qu'aujourd'hui. On n'a pas encore terminé les recherches dans cette direction: cependant, on a déjà déterminé cent soixante dix- neuf espèces différentes de végétaux fossiles. On y trouve des restes de cyprès, des pins, des ifs; outre cela, les ormes, les tilleuls, les platanes, les érables et diverses plantes qui croissent maintenant en France. La température moyenne annuelle du Spitzberg est de — 8°,6, landis qu'alors elle dut être, au moins, de + %. truites en pierres, d’une hauteur de 3 ou 4 mètres, la base ayant 2 ou 3 mètres de diamètre (fig. 9). Les ascensions sur les montagnes furent quel- quefois pénibles. Nous avions avec nous beaucoup d'instruments lourds, les tentes, les comestibles, nos effets personnels, ce qui faisait monter le poids jusqu'à 4.500 ou 2.000 kilogs. Quand il y avait de la neige sur les pentes, celte ascension se faisait en partie au moyen de chiens fig. 10); mais ces derniers ne sont utilisables que sur les chemins presque horizontaux; toutes les montées plus ou moins rapides devaient être faites alors par les hommes, qui portaient les charges sur Le A : | G Pt re pr k | ) A | k Q tes pendant t plusieurs jour- A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG 1127 eur dos ou sur les (raineaux. Une fois que la ontée est faite, on s'arrange dans les tentes et ton y reste pour attendre le temps favorable aux observations (fig. 11). Il nous arrivait souvent de “passer des semaines sans avoir la possibilité de travailler; mais, lorsque le vent cessait, l'horizon 'éclaircissait, l'air devenait alors très transparent. On distinguait avec une netteté extraordinaire les objets à la distance de 100 ou 150 kilomètres. Le premier endroit où nous nous sommes ins- tallés pour les mesures géodésiques fut le cap Lee. Nous y avons passé vingl jours, et, pendant tout ce temps, nous n'avons pu travailler que trois ou quatre jours ; tout le reste du temps il pleuvait, il y avait des tourmen- tes de neige, ce qui ne nous permettait pas même de sor- tir de nos ten- nées. Quel- quefois nous avions des ge- lées de 4°,avec un vent de 25 à 30 mètres par seconde et du verglas. A une distance de 80 kilomè- tres de nous, il y avait en- core une sla- tion pareille, où les obser- vateurs ont eu les mêmes conditions. Nos navires partirent pour les autres recherches, surtout géologiques, sous la direction de l’Académicien Tehernycheff et du Pro- fesseur De Geer. De temps en temps, nous décou- vrions les navires en mer avec nos lunettes. Peu d'animaux nous visilaient. Nous quelques rennes, qui sont ici d'une taille plus petite qu'en Europe, quelques renards blancs, et c'était tout pour les Mamanifères. Les perdrix blanches se trouvaient aussi au cap Lee. Les ours blancs se rencontrent très rarement au Spitzberg en été, parce que, sur le continent, la tem- pérature est trop élevée pour eux; ils vont ordinai- rement passer l’été dans le Nord. On les trouve alors sur les glaces flottantes. Les lemmings sont vimes excessivement rares el l'on doute mème de leur existence au Spitzberg. Douze espèces de Mammifères vivent dans ces | | Fig. 9. — Type d'un signal géodésique au Spitzberg (à Forväxlings Udden). mers. Parmi eux, les plus nombreux sont les phoques, animaux très curieux, qui sortent toujours leur museau ridicule de la surface de l’eau quand ils entendent quelque bruit inconnu. On les trouve souvent couchés sur les glaciers, où ils se chauffent aux rayons du soleil. Le grand nombre d'oiseaux frappe tous les visi- teurs du Spitzberg. Ils volent autour des hommes sans porter sur eux leur attention; ils se réunissent parfois en troupes de 50 à 100 individus. Les mouettes y sont en plus grande quantité; il y en a de diverses espèces; plusieurs (Zarus ehurneus) édifient leur nid sur les rochers inaccessibles, et y vivent en grandes sociélés. On appelle ces endroits des marchés d'oi- seaux. D'au- tres (Sterna) ne pondent qu'un œuf et le placent tout simplement sur la mous- se. Beaucoup d'oies et d’ei- ders se voient aussi dans les eaux du Spitz- berg. IX Le temps passait. Le So- leil se coucha pour la pre- mière foischez nous le 2: août. Les glaces entraient de plus en plus par le Thy- mens Strait dans le Stor Fiord. Bien que les obser- vations sur les deux signaux occupés par nous ne fussent pas terminées, nous dûmes les abandonner, parce qu'ilétail déjà assez dangereux de rester dans ces endroits, d'autant plus que notre brise-glace avait cassé son cadre sur une pierre sous-marine. Le 30 août, nous sommes tous rentrés à Horn Sund. La maison était déjà complètement truite, ainsi que l'observatoire méléorologique les pavillons magnétiques (fig. 12). maison avait huit chambres hautes, sècl et chaudes. Tout fut prêt pour l'hiv passämes quelques jours re avec ceux de nos camarades qui devaient rester au itzberg. Après une grande fête donnée à l’occasion in nommée Cons- tion de cetle station russe, qui fui nom -duc Constantin, n éclairées geo: Nous tantinowka, en l'honneur du gran 1128 A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG nous parlimes pour l'Europe, acclamés par ceux de nos collaborateurs qui étaient désignés pour passer le long hiver au Spitzberg. Les Suédois ne purent pas non plus beaucoup avancer leurs travaux géodésiques. Après une longue et pénible lulte contre la glace polaire, ils arrivèrent enfin à l'endroit où ils voulaient cons- truire leur maison d'hivernage. C'était à Hekla Hock. Les membres de l’Expédilion suédoise ont dû ériger un signal géodésique sur le mont Chyde- aius, dans l'intérieur de l'ile, pour qu'il servit de dement avec la hauteur du Soleil. Vers la fin den septembre on eut déjà — 12. Le 5 octobre, le Soleil se coucha pour ne plus se lever qu'au bout de quatre mois. La Lune et les aurores boréales éclairèrent seules celte longue nuit. On commenca les obser- vations régulières des aurores boréales. On dis- tingua quatre formes principales de cet intéressant phénomène : 1° Forme d’un are, allant de l'Est à l'Ouest; cette forme se conserve quelquefois plusieurs heures; 2 Forme d'un drapeau. La couleur de l'aurore Fig. 10. — L'ascension des instruments sur les signaux avec l'aide des chiens. iaison entre nos deux réseaux.Trois fois, une partie de l'Expédition suédoise essaya d'arriver à ces endroits et trois fois elle dutreculer devantles tem- pêtes et les tourmentes de neige. Les observations sur les signaux furent aussi souvent inlerrompues par le mauvais temps. On construisit la maison, on choisit l'endroit pour mesurer la base, et, après avoir laissé plusieurs de ses membres pour l'hivernage, la Mission suédoise renlra presque en même temps que nous en Europe. X Voici les faits qui se sont passés au Spilzberg après notre départ : La température y baissa rapi- change, ce quiproduit le même effet que si l'onavait agilé une étoffe. Ces drapeaux volaient quelquefois sur le ciel d'un horizon à l’autre, ou arrivaient au zénith et se dispersaient en tourbillonnant; 3° Forme d’une couronne, de laquelle descen- daient des rayons produisant l'effet d'un abat-jour lumineux aux couleurs délicates couvrant la terre; 4 Forme de rayons déjà séparés, qui sorlaient des moutagnes. On vil une fois un rayon vert. Ordinairement, les couleurs sont très faibles. Les drapeaux et les tourbillons furent quelquefois tricolores (rouge, violeL et vert). On a réussi à photographier quelques formes des A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG 1129 vingt-deux jours pour On faisait toutes les ob- servations météorologi - ques, quoique les conditions fussent quel- quefois très pénibles. Le plus grand _ danger pour les observa- teurs, c'é- taientlestem- pêtes et les ours blancs. Les premiè- était chargé d'une fine poussière de neige, qui vo- lait avec une grande vi- tesseoutour- noyait au- | tour des hom- _ mes. En mèê- ._ me temps, Lodes mor- | ceaux de glace et de petites pier- res bombar- _ daient tout _ cequ'ilsren- contraient sur leur che- min. On en- tendait con- tinuellement un bruit sourd, mais fort, ressem- ‘blant à des détonations. La maison tremblait. Tout ce qui n’étail pas solidement attaché, le vent l'arra- Fig. 11. — Une scène de la vie dans les tentes sur les signaux géodésiques du Spitzherg. l'air Fig. 12, — Maison d'hivernage russe à Horn Sund. élail, non pas sous la latilud! seulement. ouest du Spitzberg est le Gul 1 Les poses étaient de cinq à quarante minutes. de la chaleur, même en hiver. La cause d’une pareille tempé chaït et le transportait à de très grandes distances ; | même le toit de l'observatoire météorologique fut e des aurores, quoiqu'il fût très faible. Une plaque | enlevé plusieurs fois, et on le retrouvait à 150 pas de la maison. La premiè- re fois que se présenta un curs blanc, ce fut le 9 dé- cembre. Le 2 janvier, on tua le premier ours blanc. Ces animaux commencè- rent ensuite à se rapprocher des habila- tions russes, probablement en vue d'y dé- couvrir quel- que nourritu- re. En tout, on a vu 62 ours, dont 12 res furent si violentes qu'on devait aller au pa- | furent tués et un petit pris vivant. Un fait inté- villon magnétique à quatre pattes et avec de grands eflorts. On ne voyait rien, même à deux pas : ressant, c’est que l’on trouvait ordinairement leurs intestins complètement vides, ce qui prouve que, pendant l'hi- ver, ils ne trouvent que trés rare ment de quoi se nourrir. L'hiver fut relativement chaud. La température moyenne de décembre fut de —5°et il y avait des jours où le thermomètre montait jus- qu'à + 3°. Le jour du nou- vel an (rus- se), il a plu commesil’en ; Fes mais de 47° » sur les côtes am qui y apporle 1130 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 Dès le commencement de la nouvelle année, la lumière augmenta. Le Soleil se montra pour la première fois le 23 février. Mais avec la lumière arrivèrent les froids. La température moyenne de janvier avait été de — 5°; au mois de février, on observait souvent — 29°. Le 17 mars, on a eu le minimum de température : — 31°6. Les oiseaux commencèrent à arriver au Spitzhberg très Lôt. Les premiers (Procellaria glacialis) y arrivèrent le 20 janvier. Ce n'est qu'au commencement du mois d'avril qu'on a pu se mettre aux travaux géodésiques. Pour arriver de la station de l'hivernage aux si- gnaux, il fallait traverser le Spitzherg avec toutes ses montagnes escarpées el ses glaciers, tous rem- plis de profondes crevasses. On a dû déployer beaucoup d'énergie el de courage pour franchir ces passages, surtout parce qu'il n’y avait pas de cartes de ces endroits. Quelquefois les hommes et les chiens tombaient dans les crevasses; on élait "jours el couvraient le sol et les tentes d'une épais= obligé d'escalader avec des cordes les murs de glace et des rochers presque à pic; on avail à sup- porter les tourmentes, qui duraient deux ou trois seur de neige de plus d'un mètre. On exposail, souvent sa vie au danger, mais les astronomes et devoir. Une partie de l'Expédition s’est installée, après. un long et pénible voyage, sur le mont Keilhau, l'endroit le plus difficile à atteindre et pour y ob- server, parce que le signal de Whales Point en est éloigné de 130 kilomètres. Les observations sur Keilhau ont beaucoup coûté à l'Expédition russe. Deux astronomes y ont travaillé et ont passé en tout 90 jours avant de terminer tous les travaux. Je reviendrai, dans un second article, au récit de . ces observations. A. Hansky, Astronome à l'Observatoire de Poulkowo. LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L’'EXPOSITION UNIVERSELLE DE PARIS (1900) DEUXIÈME PARTIE : ANGLETERRE, ÉTATS-UNIS, RUSSIE: I. — ANGLETERRE. On aurait une fausse idée de l'importance de l’industrie chimique anglaise si on la jugeait uni- quement par les quelques maisons, bien qu'elles fussent de premier ordre, qui ont participé à l'Ex- position de 1900. Comparée à ce qu'elle était il y a vingt ou trente ans, la silualion de cette industrie est, il est vrai, loin d'être prospère: mais les transactions aux- quelles les produits chimiques donnent lieu avec les pays étrangers sont encore très considérables, Le tableau I donne, en livres sterlings, les produits chimiques importés et exportés pendant la dernière décade *. Comme ces chiffres le montrent, à part les exportations de l'année 1900, l'ensemble des transactions a progressivement diminué depuis l’année 1890. Nous avons vu que l'inverse s’est pro- duit avec l'Allemagne, dont les importations et les exportations de produits chimiques ont constam- ment augmenté depuis l'année 1890. 1! Voyez la première partie de cet article dans la Æevue du 30 novembre, t. XIII, p. 1055 et suivantes. ? Toute cette statistique esi extraite du Journal of the Society of Chem. Industry, qui la tire lui-même du Journal of the Board of Trade. Bien que les rubriques sous lesquelles sont groupés les produits chimiques et les matières pre- mières, dans les deux pays, ne soient pas absolu- TagLeau |. — Importance des transactions sur les produits chimiques en Angleterre. | ; ANNÉES IMPORTATIONS |EXPORTATIONS | livres sterlinss livres sterlings | 14890 . 8. 849 1891 . 8. .059 1892 . S.587.560 1893 . 8.680.313 1894 . 8.470.620 1995 . 8.288.831 18060 PER ; 8. 936 | 1897 . ne Lo RS IMB:99875 8. 688 1898 . L k 5.484. 8.399.243 1899 . . PAT ee 5.768. 8.854.813 L'AOOURERS Mes NE PERS 0 9.271.510 ment comparables, il n’en est pas moins intéressant de faire cette comparaison (Tableau 11). Dans les chiffres concernant l'Allemagne, nous n'avons fait figurer que ceux qui ont trait aux pro- duits chimiques fabriqués. D'autre part, comme nous le faisons remarquer plus haut, au point de vue des exportations anglaises, l'année 1900 était, pour ainsi dire, une année exceptionnelle, car, si Dr } les matelots conlinuaient bravement à remplir leur. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 1131 mous envisageons le chiffre de 1899, qui est déjà une année où l'industrie anglaise semble remonter pente, nous constalons que ses exportalions en produits chimiques sont évaluées à 221.345.395 fr. chiffre de 3 millions inférieur à celui de l'année 1890. Ainsi, à l'heure actuelle, alors que les exporta- tions des produits chimiques anglais sont restées _stationnaires pendant ces derniers dix ans, l'Alle- _magne a vu augmenter les siennes progressive- ment de plus d’un tiers dans la même période, et, en 1900, ses exportations alteignaient presque le double de celles de sa rivale la plus redoutée. « Malgré leur esprit de négoce et leur sens . pratique, malgré l'énergie déployée el les capitaux énormes mis en œuvre, malgré leur organisation commerciale et l'esprit de solidarité qui les anime, TaBLEau IL. — Valeurs comparées des transactions de l'Allemagne et de l'Angleterre. IMPORTATIONS EXPORTATIONS DÉSIGNATION à 1890 1900 SZ — © 7 — 1890 1900 francs 12.500) 4.146.225/231.787.750 francs francs francs Allemagne. |139.920.000/141.1 5 Aogleterre.|204.759.725|138.9 22 en un mot, malgré loutes leurs qualités d'iniliative, les Anglais sont atteints dans une de leurs industries dont ils sont le plus fiers. Avec des richesses houil- lères qui ne sont comparables qu'à celles des États- Unis, des colonies florissantes où ils opèrent nn triage minutieux des produits les meilleurs, une flotte puissante qui leur permet d'opérer les tran- sactions à des condilions auxquelles aucun peuple du Continent ne peut alteindre, il semblait que les industriels anglais eussent tous les éléments néces- saires pour garder la supériorité qu'ils possédaient au point de vue qui nous occupe. « S'ils peuvent encore lutter avec avantage dans certaines branches de l'industrie chimique, en par- üiculier dans la grande industrie, cela tient uni- quement à des conditions économiques favorables etaux moyens mis en aclion. » . Ainsi qu’on le voit, depuis que ces lignes ont été écriles (1893), la siluation ne s'est guère modifiée; elle a plutôt empiré. Les États-Unis étaient jadis les meilleurs clients des industriels de la Grande- Bretagne. Or, le marché s’y rétrécil de plus en plus . pour les Anglais, soit que certaines branches de l'industrie, et en particulier celle qui concerne les gros produits, tendent àse développer davantage en Amérique, soit que les produits allemands évincent peu à peu ceux de l'Angleterre. Comme les industriels allemands, les Anglais ont cependant le sentiment de la force que procure le groupement bien compris des intérêts. Comme eux, et sous le nom de Society of Chemical Industry, les fabricants de produits chimiques de la Grande- Bretagne se sont syndiqués, en 1881, en une vaste association ayant son siège principal à Londres, avec des sections à Glasgow, Liverpool, Manchester, Nottingham, Newcastle, Yorkshire, voire même à New-York, aux États-Unis, et à Toronto, au Ca- nada, sections ayant chacune son bureau composé d'un président, d'un vice-président et d'un secré- taire. Des réunions fréquentes ont lieu au siège de chacune des sections ; on y discute les inlérêts de l’industrie régionale, et, souvent, un ou plusieurs membres résument, sous forme de conférence, les progrès réalisés dans une des branches de la Chimie appliquée qui intéresse particulièrement cetle in- dustrie régionale. Ces conférences, qui donnent presque toujours lieu à des discussions où chacun communique le résultat de ses propres observations, sont ensuite publiées in exlenso dans le journal de la Société et établissentainsi, entre les membres de l'Association, un courant d'idées et de renseignements éminem- ment utiles à l'industrie. Le Journal of the Society of Chemical Industry a encore pour objet de résumer et de grouper sous vingt-quatre rubriques, correspondant à autant de parties de la Chimie appliquée, les découvertes ré- centes, les patentes, les améliorations ayant trait à chaque groupe. Les renseignements d'ordre com- mercial, les importations et les exportations, les cours des produits intéressant l'industrie chimique sur les différents marchés du monde, complètent ce recueil, qui est certainement un modèle dans son genre, et qui n'a pas son pareil, même en Allemagne. Sa rédaction est confiée à un secrétaire spécial, appointé par la Société, et assisté par un groupe de cinquante collaborateurs. Moyennant une cotisa- tion annuelle de 32 francs, chacun des membres de la Société reçoil le journal, qui parait Lous les mois. La première année de sa fondation, la Société se composait de 1.140 membres ; en 1895, elle en avait 2.893, et en 1902 le nombre s'élève à 3.186. Elle possède actuellement un capital de 505.000 francs. Comme nous l'avons vu, tous ces efforts com- binés n'empêchent cependant pas linduslrie chi- mique anglaise, considérée dans sont ns Ro inde, Sa rivale. ï 5 ,; : 1 Il *. distancée par l’industrie allem Ïl ne suffit pas, en effet, de se croire le premier peuple du monde, d'avoir di gie, de l'endu- rance et de la ténacilé pour sur ce champ de bataille de l'industrie, où, quoi qu'on en dise, les 11432 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 is qualités dominantes sont encore le savoir, l'esprit d'initiative et d'observation, quand ils sont servis par un travail persévérant et méthodique. Faire du commerce, de l'industrie, de l’agricul- ture une sorte de sport ne saurait réussir indéfini- ment, d'autant plus qu'on se heurte, Lôt ou tard, à des peuples plus jeunes, plus vigoureux, non moins endurants el tenaces, et ayant à un degré TagceAu II. — Importations et exportations aux Etats-Unis. | à = nn _ ANNÉES EXPORTATIONS | Re c IMPORTATIONS des produits amé- | terminées le 30 juin ricains | livres sterlings livres sterlings 1879. 99.000.000 145.400 ,.000 1895. 52,400.000 5.200.000 1896. 162 400.000 79.800 000 | 4897. 159.300.000 215.000.000 | 1898. 128. 300.000 100 000 | 4899. 145 200.000 .800.000 | 1900. 173.000 ,000 5.000 ,000 plus élevé encore cet esprit d'indépendance et cette audace qui ont si bien réussi jusqu'à présent aux Anglais. Or, si l'industrie chimique anglaise est battue par l'industrie allemande, différentes autres branches de son aclivité nationale sont non moins gravement atteintes, précisément par l'industrie d'un peuple qui ne le cède en rien, comme esprit entreprenant, Tagreau IV. — Commerce extérieur de l'Angleterre. . EXPORTATIONS | ANNÉES IMPORTATIONS : : | des produits anglais —————— sterlings livres sterlinzs PEN RCE 123.800.000 227.000 000 1893. . %08.500.000 218.000.000 | ASP E C- 08.300.000 215.800.000 SECRET CRE: 16.600.000 225,800.01 0 ASUS TE er #41.800.000 240.100 .000 OASOTRE ETS UE 458 000.000 23.200.006 PARIS Er: à #70 .300.000 233.400.000 1899. | : .000 254.400.000 MAAGUOE ER... el .000 291.452.000 | 4901. .000 .498.000 au peuple britannique : États-Unis. nous voulons parler des Les progrès des États-Unis durant ces der- nières années ont, en effet, élé considérables. Sauf en 1899, les exportations de produits américains sont allées sans cesse en augmentant, tandis que les importations se maintenaient, comme le montre le tableau [IT ci-dessus. Pendant la même période, le commerce anglais suivait un mouvement inverse progressaient, tandis que les exportalions restaient presque stalionnaires (Tableau IV). : les importations de justesse M. Jacques Bardoux, dans une de ses Lettres anglaises : « Qu'on le veuille ou non, devant" de pareils chiffres, l'existence d'une rivalité dange reuse entre l'Amérique du Nord et le Royaume-Uni. s'impose singulièrement à l'esprit du lecteur im- parlial!. + « Plus dangereux que les produits allemands, parce qu'ils sont soutenus par des capitaux plus considérables et qu'ils masquent, sous l'identité des langues, la différence des races, les produits « américains envahissent, d'une manière plus com- plète et plus définitive, les marchés coloniaux... » Dans le domaine de la grande industrie chi- « mique, celui où l'esprit entreprenant et tenace des | industriels anglais à laissé les traces les plus pro- fondes, où les innovalions, les perfeclionnements introduits par leurs ingénieurs se sont succédé pendant un demi-siècle et ont fait loi sur le Conti- nent, la production générale, et, parlant, les expor- tations des produits qui relèvent de cette industrie, « vont sans cesse en diminuant. Les autres compartiments de l'industrie chi- mique, là où il faut montrer encore davantage cette instruction solide et ce savoir profond aux- quels nous avons fait allusion plus haut, ne sont pas mieux partagés. Il en sera ainsi tant que l'in- dustrie anglaise n'aura pas conclu un pacte étroit avec la science pure, dans la personne de chimistes instruits et ayaat l'esprit d'initialive. Les conseils et les exhortations dans cette voie ne lui ont cependant pas manqué, car, depuis un quart de siècle, des hommes éminents, appartenant à toutes les classes de la société dirigeante, ont appelé l'attention des industriels sur la nécessité qui s'impose à eux de s'adjoindre des collabora- teurs élevés à l'école du savoir précis, profond et non superficiel. Des hommes politiques comme lord Roseberry?, lord Balfour’, des industriels comme MM. Tyrer', Levinstein”, Slanley Kipping°, et la plupart des présidents qui se succèdent Lous les ans à la tête de la Société de l'Industrie chimique, reconnaissent que la supériorité de l'Allemagne sur la Grande- Bretagne réside uniquement, en ce qui concerne l'industrie chimique, dans la mise en valeur des forces intellectuelles bien armées que le pays pos- sède, gràce à une organisation judicieuse et à tous les degrés de son haut enseignement. Dans son discours du mois de juin dernier, à Liverpool, ‘ Journal des Débats du 30 octobre 1901. ? Discours prononcé à l'inauguration de l'Ecole technique d'Epsom (1896). % Discours à Sheffield, novembre 1896. * Journ. of Soc. of Chem. Ind., 1896, p. 495. 5 Journal of Soc. of Chem. Ind., 1896, p. 351. ® Jbid. 1900 et Chem. Zeit., p. 1039. “celle des écoles techniques du Royaume-Uni : court. À l'heure présente, l'Angleterre est dans une tuation bien moins favorable. Le commerce des États-Unis a déjà dépassé le nôtre et, actuellement, à simpose la lâche de disputer à l'Allemagne, dans cette lu!te sans cesse croissante, la seconde place. Pendant que le commerce de l'Allemagne a con- tamment progressé durant cesdix dernièresannées, celui du Royaume-Uni a suivi une marche inverse. Ces progrès de l'Allemagne sont dus à plusieurs acteurs, parmi lesquels il faut citer : la quantité considérable de techniciens, à l’esprit cultivé, dont elle dispose, l'alliance intime de la science et de l'industrie, une législation qui s'inspire des besoins “du commerce el de la production nationale, un fret moins élevé, la loi sur les patentes, elc. «En Angleterre, il faudrait, entre autres réformes : la nomination d'un ministre du Commerce très compétent en fait de technique, la nationalisation des cours d'eau, la multiplication et la réorganisa- tion des écoles d'enseignement secondaire, la re- fonte de la loi sur les brevets. La question de l’in- struclion est surtout de la plus haute importance; pour le commerce et l'industrie, l'instruction élé- mentaire, qui ne développe aucune critique, n’est pas suffisante ; il faudrait organiser fortement des écoles d'instruction moyenne (enseignement secon- | daire) non spécialisées. « Jusqu’à présent, l'argent dépensé pour l'instruc- tion technique l’a été inutilement. Sur 54 soi-disant écoles techniques, il y en a 22 qui n'ont pas d'élèves dans la journée et ne sont fréquentées que le soir. La totalité des éludiants qui, en - Grande-Bretagne et en Irlande, suivent régulière- ment, et de jour, l'enseignement qui se donne dans les universités et les écoles techniques ne dépasse pas 3.873, chiffre moins élevé que celui des élèves des écoles d'instruction supérieure de Berlin seul. « La supériorilé des techniciens et des chimistes allemands réside surtout dans leur haute cul- Lure... Dans ce concert d’exhortations à l'adresse des industriels et aussi du Gouvernement, la voix de savantscomme M. Armstrong, M. Meldola, M. Perkin, le fondateur de l’industrie des matières colorantes en Angleterre, M. W. Ramsay, M. Green, M. Dewar, nest pas moins éloquente. Dans une lettre au 4 Chem. Zeit., 1902, p. 687. Times", le premier dit explicitement : « Après une étude très sérieuse de notre système d'éducation el une pratique longue de vingt-cinq ans comme maitre et examinateur, je ne cesse de me féliciter d'avoir fait mes études dans une universilé alle- mande et non dans une école anglaise; j'y ai non seulement appris à travailler, mais j'ai conservé intacte ma vigueur d'esprit, et mon développement individuel n'a pas été entravé, comme il l'aurait été avec notre mode d'instruction. Tout en le regret- tant amèrement, je me promets d'élever mes quatre fils suivant la méthode allemande et non suivant la mélhode anglaise ». De son côté, M. Green, l’auteur dela découverte des primulines, après avoir montré l'avance qu'avait, il y a vingt ans, l'industrie anglaise sur l'industrie du Continent, à laquelle elle livrait presque toutes les malières premières pour la fabrication des cou- leurs artificielles, marché qu'elle est également en train de perdre par suite de la création des fours à récupération sur le Continent, ajoute” : « Par suite de l’imprévoyance, de l'ignorance, du défaut d’es- prit d'entreprise de ceux qui avaient en main l'in- dustrie des couleurs de ce pays, nous avons perdu toute chance de succès. Le capitaliste a laissé passer. comme ne donnant pas des bénéfices suffisants, une industrie qui, à présent, se chiffre par 220 à 250 millions de francs par an el dans laquelle son confrère allemand cueille un dividende de presque 20 °/,. Le fabricant anglais a considéré qu'une connaissance du marché du benzène était de plus d'importance que la connaissance de la théorie du benzène; et, après les premiers et les plus beaux jours de l'enfance de l'industrie, quand, guidés par des hommes éminents comme Hofmann, Perkin, Nicholson, le progrès commercial et la recherche scientifique marchaient la main dans la main, les chimistes et les inventeurs n'ont guère été encou- ragés ici. L'exercice de l'industrie passa malheu- reusement bientôt dans les mains d'hommes qui ne connaissaient ni n'appréciaient la science sur laquelle reposaient leurs affaires; occupés unique- ment à en tirer de gros profits, ils décourageaient ceux qui se livraient aux recherches scientifiques, considérant celles-ci comme un gaspillage de temps et d'argent. Le chimiste qui se dévouail à lrouver la constitution chimique d'une malière colorante, était considéré par eux comme un théoricien sans esprit pratique, par conséquent sans aucune utilité pour une entreprise industrielle, Même lorsqu'il découvrait de nouvelles couleurs ayant une valeur commerciale, ils étaient si wweugles de leurs propres intérêts el si incap bles de croire ! Février 1896. 3 Revue des Matièr “olorant 1V (190 p. 9 113% A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 ; qu'un avantage pratique puisse découler d'un tra- vail théorique, qu'ils refusaient de breveter ses découvertes ou d'en tirer profit... » Toute cette agitation n'a pas encore abouti à des résultals bien tangibles. ment, Gouvernement et Parle- ayant d’autres préoccupations, semblent avoir ajourné l'étude des questions d’enseigne- ments secondaire el supérieur pour des temps meilleurs. On doit cependant quelques créations à l'ini- Liative privée. C'est ainsi que M. L. Mond, le grand industriel, a créé, en 1897, sous le nom d’/ustitut Lavy-Faraday, qu'il a placé sous le haut patronage et Ja direction de la Aoyal Institution, un labora- loire de recherches physico-chimiques uniquement consacré à des {ravaux originaux. Le donateur y a affecté une somme de 2.500.000 francs, tant pour l'achat de l'immeuble et des instruments, que pour l'entretien du laboratoire et le traitement des hommes de science qui en ont la direction. On y admet gratuitement les chercheurs de toute natio- nalité, pourvu qu'ils aient un bagage scientifique suffisant ou qu'ils aient déjà publié des travaux origicaux. D'autres laboraloires, dus à la género- silé privée, ont été créés à University College à Liverpool. MM. John Brunner, E. Muspratt et Sever frères y ont contribué chacun pour la somme de 25.000 francs. On a enfin ouvert la même année (1897), à Perth, les nouveaux laboratoires de Chimie de l’/ustitu- tion Sharp, qui peuvent donner l’instruclion pra- tique à trente élèves. IE =tÉTATS-UNIS: Nous avons vu, dansle chapitre précédent, la rapi- dité avec laquelle l'industrie et le commerce des États-Unis se sont développés durant le dernier quart de siècle. De l'aveu même des Anglais (dis- M. raient le premier les États-Unis comme nalion cours de Levinstein), occupe- rang comnmier- ciale !. Si nous considérons en particulier les malières qui figurent dans les slalistiques américaines sous la rubrique : Produits chimiques, drogues, cou- leurs et médicaments, nous conslatons que les transactions internationales qui se font sur ces produits se chiffrent par les au tableau V. sommes indiquées Ce tableau montre qu'il y a progression notable dans les importations comme dans les exporta- lions. Si, DAS nous jetons les veux sur les ar- ! D'après les exportations que nous avons me ntionnées, il ne semble pas que celles des États-Unis dépassent, en 1901, celles du Royaume-Uni. ticles qui font l'objet de ces transactions, nous. nous rendons compte que, dans les importations; outre cerlaines matières premières qu'on ne trouve pas ou peu sur le sol américain, comme les sels de potasse, les nitrates de soude et de potasse, des minerais d'élain, des gommes résines, du caout=. chouc, etc., figurent surtout des produits fabris qués. * Parmi ces derniers, on remarque que ceux qu appartiennent à la grande industrie chimique sont de moins en moins demandés. + I en va différemment des produits plus fins comme les composés organiques, alcaloïdes, par= fums, matières colorantes artificielles, en un mot, de tous ceux dont la préparalion ne peut êtres confiée qu'à des usines possédant un personnel. | scientifique. Quant aux exportations, elles portent sur des matières premières dont le sol des Ét lats-Uniss TABLEAU V. — Transactions sur les produits chimiques « aux Etats-Unis. ANNÉES IMPORTATIONS EXPORTATIONS francs francs 1898. DA 206. 460 48.663.670 | 1899. 272 505 Pl 1 1900. 2 520 1901. 2 562.440 abonde, duits dont l'extraction ou la préparation ne pré- sente pas de grandes difficullés el n'exige pas naphte et dérivés, ou bien sur des pro- beaucoup de science. Il en est ainsi de l'alcool méthylique, de l’acélate de chaux, produits de la distillalion du bois, des essences de térébenthine, de l’amidon, du glucose, des huiles de coton et autres corps gras d'origine végélale, du sulfate de cuivre, de l'oxyde de zine, ele. Au point de vue de la production chimique pro- » prement dite, les Américains sont donc toujours dans la période d'organisation, et c'est à l'industrie des gros produits qu'ils s'attaquent d'abord. | Ils ont fait des progrès considérables au point de vue de la fabrication de la soude. D'autre part, grâce à leurs puissantes chutes d'eau, qu'ils ont en partie caplées, ils ont entrepris la préparation . d'un cerlain nombre de produits comme l'alumi- le carbure de calcium, ete., qui permettent de couvrir leur consommation Pour le moment, l'Europe n'a pas à redouter que ses marchés soient envahis par ces nium, les chlorales, intérieure. produits, leur prix de revient étant trop élevé par des premier établissement des Par contre, les droits considérables dont sont frappés beaucoup de produits à l'entrée des États-Unis protègent l'industrie nationale et favo- suite frais de usines. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 1135 risent son extension, de telle sorte qu'une fois les ines amorlies et les frais généraux diminués, il est fort à craindre que le danger d'une invasion néricaine sur le terrain de la producelion chi- mique ne se fasse aussi sentir en Europe. "Quant à l’enseignement supérieur, on sait les efforts constants que font les Américains pour l'or- aniser à leur guise. Ils n’ont, en effet, pas attendu que les pouvoirs publies des différents États voulussent bien voter es fonds nécessaires à la création d'Universités et ‘Écoles techniques. Sur tout le terriloire, d'Ithaca à la Nouvelle-Orléans, et de New-York à San-Fran- cisco, l'initiative privée a élevé de véritables mo- numents à la science. Profondément attachés à leur sol, fiers de leur ndépendance, mais se rendant, dans une certaine mesure, comple de la supériorité intellectuelle de d'Ancien Monde, en possession de richesses incal- “culables, et pénélrés de l’ardent désir de faire des lats-Unis le pays, au sens moral et intellectuel, le plus grand de la Terre, les Américains font assaut de générosilé pour la création d'œuvres utiles et philanthropiques. C'est par millions de dollars qu'on énumère les dons faits par des particuliers aux universités existantes. Ce sont des millions de dollars qu'on offre pour en créer d'autres. Témoinsles Universités de Palo-Alto et de Berkley en Californie, de Chi- -cago dans l'Illinois, etc., qui, loutes, doivent leur fondation à la générosité des milliardaires amé- ricains. Depuis l’année 1888, le richissime John Rockefeller n'a pas donné moins de 41 millions de franes pour la construction des différents Instituts . de l'Université de Chicago, plus 5 millions dont les intérêts seuls peuvent être employés. Cette Uni- versité, qui paraît, à l'heure actuelle, une des mieux dotées, a, en outre, reçu de M: Culver 1 million pour la créalion d'un laboratoire de Biologie; 750.000 francs de M. Kent pour l'érection d'un Inslitut chimique; 1.250.000 francs de M. Ryerson pour la construction d'un laboratcire de Physique. Les Universilés, ainsi jouissent d’une autonomie plus grande que celles d'Allemagne, et certaines d’entre elles, de crainte d'êlre entravées dans leur liberté, hésitent même à accepler les dons de l'État. La plupart se suffisent, d'ailleurs, à elles-mêmes, et, dans le nombre, il s'en trouve dont les revenus annuels se chiffrent à près de à millions de francs. Beaucoup de ces Universités répondent, au point de vue de leurs installations, à la conception idéale qu'on peut se faire d'une organisation ayant pour but de donner l'instruction supérieure à la jeu- _nesse. Tout d'abord, la plupart d'entre elles sont siluées créées, loin des centres populeux et bruyants, ou tout au moins dans un faubourg éloigné de la cité dont elles font parlie; quelques-unes construites en rase campagne. La célèbre Université de Harvard, à Cambridge, est à quelques kilomètres de Boston; celle de Cor- nell se lrouve sur une hauteur qui domine la coquette petite ville d'Ithaca, sur les bords du lac Cayuga; celle du Michigan, l'une des plus popu- leuses des États-Unis, est à proximilé du bourg d'Ann-Arbor, dont la population ne dépassail pas 10.000 âmes en 1893; celle de Chicago est près du fameux Jackson Park, aux portes de la ville. En Californie, l'Université de Berkley est située dans un très beau pare, aux arbres séculaires, adossé aux flancs d'une montagne, qui est séparé de la capitale par la magnifique baie de San-Francisco, landis que celle de Palo-Alto est en rase cam- pagne, à une heure de chemin de fer de San- Francisco. Il en est de même des Universilés du Colorado, du Minnesola, des Universités catho- liques de Washington, de Notre-Dame, près de South-Bend, dans l'Indiana, etc. Les avantages altachés à ce système d'isolement des Universités sont nombreux, tant au point de vue de l'installation des différents instituts et labo- ratoires, auxquels on peut donner loute l'ampleur voulue, qu'à celui du recueillement nécessaire aux études. Siluées dans leur campus, dont l'étendue atteint souvent plusieurs centaines d'hectares, ces Universités possèdent, d'ailleurs, outre les divers laboraloires, musées et ateliers nécessaires à l’ins- truction, tous les jeux, toutes les distractions que réclame le genre d'éducation qui convient à la jeu- nesse américaine. Quant à l'enseignement proprement dit, dans beaucoup de ces établissements, sa forme défi- nitive n'est pas encore trouvée les méthodes qu'il faut adapter à cet esprit particulier qu'est l'esprit américain, n'ont pas encore acquis cette sorte de fixité qu'on trouve dans les hautes écoles d'Eu- mème ont été rope. Chaque État, chaque ville, chaque donateur a ses idées propres sur le rôle et le but de l'enseigne- ment, et cherche à les faire prévaloir. Il en résulte que, loin d'avoir un type unique, On à, au contraire une très grande variété de systèmes d'instru tion. Homme d'action et d'initiative avant tout, ne voyant dans la science qu'un moyen dar ver | ou moins rapidement à la fortui \méricain ne la cultive point, cette mais uniquement pour en assimiler indispensable au succès de tention d'embrasse Nous ne saurions citer à ce sujet | science >-Mmeme, la dose jugée 1 n re qu Il d de \. Schnei- > que 1136 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 der, de Chicago. Dans une lettre adressée à la Chemiker Zeitung, V'auteur s'exprime ainsi sur la situation de l'enseignement chimique aux Élats- Unis : « Rien n’est plus inégal que les connaissances de l'étudiant américain quand il arrive à l'Univer- sité. Elles correspondent à celles que possèdent les élèves de seconde, voire même de troisième, des gymnases allemands; elles sont, enoutre,extré- mement variées et comprennent des notions de Physiologie, de Médecine et d’Astronomie. Sous le rapport de la multiplicité des connaissances, l’élu- diant allemand, au bout de son second semestre d'Université, n’est qu'un enfant comparativement à son collègue américain. Mais il en est tout autre- ment quand il s'agit d'avoir de la réflexion et des idées personnelles. « Cela tient aux méthodes d'éducation. L'Améri- cain ne se rend point comple, comme le fait tout Allemand cullivé, que le but de l’enseignement secondaire n'est point de conquérir beaucoup de connaissances, mais de former et d'ouvrir l'esprit. « Tout aussi varié que les connaissances générales est l’âge des étudiants américains. Dans les labora- toires de Chimie, iln’est pas rare de rencontrer, à côlé de jeunes gens imberbes, des hommes grison- nants s’exercant aux épreuves de l'analyse quan- tiltative. Ce contingent de vieux étudiants se recrute souvent parmi les instituteurs des petites localités, qui croient acquérir une cerlaine auréole (nimbus) en faisant un court séjour dans une Uni- versité. Le but qu'ils poursuivent n’est pas d'aller au fond des choses, mais uniquement de conquérir un des nombreux litres dont l'Amérique est si prodigue. « On ne trouve une homogénéité parmi la jeu- nesse sludieuse que dans son application. L'élu- diant des États-Unis est travailleur. Il envisage l'étude comme une affaire (business). La pre- mière queslion qu'il pose au maitre chargé de son instruction est la suivante : « Combien de temps me faut-il pour arriver au bout de mes études? » « Dans ce pays, une certaine dose d'instruction est considérée par la jeunesse comme un capital devant rapporter de gros intérêts et conduire le plus rapidement à la fortune, quel que soit le chemin par lequel on doive arriver à ce but. C'est là l’idée qu'on se fait du capital savoir. Il est facile de comprendre qu'avec une conception pareille, il n’est pas possible de former des chercheurs, des maitres ou des techniciens de quelque envergure. « Ajoutons que la majorilé des étudiants améri- cains est sans fortune. La plupart des familles aisées ne poussent pas leurs enfants vers l'élude, ou, quand cela arrive, elles se bornent à leur faire donner une instruction générale dans un de ces nombreux « collèges » qui existent aux États Unis. Seul, le pauvre diable se consacre d'ordinaire à des études spéciales. C'est un très grand honneur, aux États-Unis, que de pouvoir se poser comme un « self made man. » M. Schneider se demande comment peuvent prospérer des études qui exigent beaucoup des temps et d'argent, comme celles de Chimie, quand on est obligé, pour gagner sa vie, de se livrer au travaux manuels pendant une partie de la journée, ou bien qu'on se voil forcé, ce qui se rencontre souvent, de passer ses vacances comme garçon ou maitre d'hôtel. «Comme il faut s'y altendre, les professeurs sont au niveau des élèves. Il y aurait plusieurs causes à cela, parmi lesquelles l'absence de tout contrôle de l'État. La nomination des professeurs dépend uniquement du Président de l'Université, lequel, dans la plupart des cas, se trouve être où un pas- teur, ou un prêtre, commensal ou confesseur du millionnaire qui a fondé ou dolé l'Université et auquel les Américains attribuent des connaissances sur tout... » Ce tableau, tout poussé au noir qu'il est par un homme qui, sans doute d'origine allemande, à rencontré quelques difficultés sur son chemin, renferme cependant certaines vérilés. Nous ne saurions néanmoins trouver à redire dans le fait que les insliluteurs viennent, de temps à autre, comme c'est un usage courant aux Elals- Unis, renouveler contact avec les Universités. D'autre part, il nous semble que l'effort que font et l'abnégation que montrent les déshérités de la for- tune sont tout à leur honneur, et, s'ils ne peuvent devenir des hommes de science complets, des initia- teurs, il faut en attribuer la faute au milieu am- biant et au système d'éducation. Les Élats-Unis ne doivent-ils pas leurs principales découvertes et leur prospérité industrielle ou commerciale aux « self made men »? D'ailleurs, si l'esprit de beaucoup d'Universités est réellement celui que dépeint M. Schneider, il serait injuste de ne pas reconnaitre que des élablis- sements comme ceux de Harvard, de Cornell, de Hopkin, de Yale, de Chicago, ete., ont amplement apporté leur contribution dans la somme de décou- vertes qui ont caractérisé la fin du siècle dernier. Qu'on ne puisse pas faire mieux avec les ressources colossales dont disposent les Universités, c'est là un autre côlé du problème; mais à chaque pays sa mesure el à chaque chose son temps. En fait d’en- seignement supérieur, les États-Unis n’en sont qu'à leur début, car ce qui leur fait défaut, c’est, avant lout, une bonne organisalion de l'enseigne- ment secondaire. Pour celui-ci, ils sont encore dans la période des tätonnements. A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE À L'EXPOSITION DE 1900 1137 | | III, — RüssiE. La vive impulsion donnée, durant ces dernières années, à l’ensemble de l'industrie en Russie s’est raduite, en 1900, par une exposition digne, en tous points, du grand empire qui est aux confins de lEurope. Certains compartiments, eten particulier ceux qui relèvent plus ou moins de la Chimie, ont écialement attiré l'attention des connaisseurs. Les classes des tissus et surtout des tissus leints et imprimés se recommandaient par l'heureux choix des dessins, leur beau coloris et le fini de leur exécution. . L'exposition des produits chimiques, bien que n'ayant pas l'ampleur de celle de quelques autres qui y figuraient, de l'existence de maisons de pre- -mier ordre et dont l’organisalion scientifique, -commerciale et industrielle n'a rien à envier aux établissements les mieux réputés. … La grande industrie chimique, l'industrie des extraits tinctoriaux, celle des pétroles et des pro- . duits pyrogénés, la stéarinerie, la savonnerie, l'in- - dustrie des colles et gélatines élaient représentées encore dans l'enfance, et qu'à l'instar de ce qui se passe dans les pays récemment ouverts à l’activité industrielle, on y procède par tâtonnements ou qu'on se borne à écrémer les richesses du pays, à en tirer les portions les plus accessibles, et à lais- TABLEAU VI. — Développement de l’industrie russe, de 1887 à 1897. NOMBRE VALEUR? NOMBRE des produits danses ANNÉES des fabriqués ouvriers itablise en millions de comptés RUES roubles par mille 1887 1.318 1890. À 424 1893. 1.582,9 Rene 1.818,4 1897. 2.098,2 ser aux successeurs le soin de traiter les restes suivant des méthodes saines et ralionnelles. Eu égard à l'essor considérable qu'elle a prise de 1887 à 1897 et aux résultats obtenus, on a, au contraire, l'impression que cette industrie est une de celles qui ont le mieux su profiter des progrès accomplis et que, dès ses débuts, elle à fait appel TaBLEau VIL — Aperçu général du développement de l'industrie chimique et des industries connexes en Russie, de 1887 à 1897. Industrie chimique proprement dite 588 RADPLETIESE MEME. 0. A «11, 242 Industrie céramique . . . RÉ RS vus 2.380 Métallurgie et iudustrie minière : . . - . - 2,656 Industrie chimique proprement MÉPA E 21.509 Papeleries . : PTE 21.030 28.965 Industrie céramique : Métallurgie et industrie minière . . 156.012 Industrie chimique HEpprement dite 21.134 Papeteries . 19.491 Industrie céramique EN -t- _ 67.346 Métallurgie et industrie minière 390.915 Nowbre des éta Valeur des produits par 1.000 roubles. Nombre d'ouvriers. 1896 1blissements. 118 683 736 769 214 343 45 132 2.380 2.031 2.736 3.413 2,935 3.482 3.205 3.412 202 894 27.791 28.382 21.389 33.803 72.361 15.474 426.635 461.455 par des maisons qui allient à la puissance une conception judicieuse de la conduite de leur fabri- cation et de leur service commercial. Les produits pharmaceuliques, les couleurs minérales et orga- niques, les huiles essentielles ont également été remarqués ; mais on se rendait compte que leur — préparation, tout en élant soignée, ne se fait pas “ur une échelle aussi étendue que celle des autres “produits que nous avons mentionnés. Ce serait | une erreur de croire que toutes ces industries sont uvent à la science, sans laquelle les succès ne pe être qu'éphémères. Le développement graduel de lens l'industrie de la Russie, cennale 1887-1897, peut être traduit par 1 du tableau VI ci-dessus : mble de dé- »s chiffres pendant! riode £ La diminution constat en 1893 n'est qu'af I nombre ne figurent plus sont très répandus en iu 1138 A. HALLER — LES ARTS CHIMIQUES ET LA PHARMACIE A L'EXPOSITION DE 1900 M $ Il ressort de ces chiffres que le nombre des éta- blissements industriels a augmenté de 26,3 °/, pendant ces dix ans, tandis que la valeur des mar- chandises fabriquées s'est accrue de 112,8 °/, et que le nombre des ouvriers n’a augmenté que de BEL Si, maintenant, nous jetons un coup d'œil d'en- semble sur l’industrie chimique proprement dite et les différentes branches de l'industrie qui ont des rapports plus ou moins élroits avec l'industrie chimique, nous arrivons, pour la même période décennale, aux résultats du tableau VIT. La valeur totale des produits chimiques propre- ment dits, fabriqués pendant l’année 1897, s'élève à 59.555.000 roubles, c'est-à-dire à 2,1°/, de la production de toutes les industries réunies. Le nombre des établissements, qui est de 769 pour la même année, représente d'autre part 2°}, de l'ensemble des établissements qui fonctionnent en Russie. Quant au chiffre de 35.320 ouvriers employés dans l'industrie chimique ,il comprend environ 1,7 °/, de la quantité totale occupée par toutes les industries réunies”. L'industrie de l'immense empire, considérée dans toute son élendue, n’a sans doute pu prendre ce développement rapide, pour ainsi dire subit, que parce que les conditions économiqnes du pays s'y prêtent et qu'il dispose de richesses minières et forestières considérables. Mais, en ce qui concerne l'industrie chimique, le facteur principal de sa prospérilé est, sans contredit, l'intervention cons- tante des chimistes et des techniciens nourris de science et élevés à l'école du savoir. Les exemples montrés par quelques-unes des maisons qui ont participé à l'Exposition de 1900 le prouvent, d'ail- leurs, surabondamment. Les travaux de recherches que l’une d'elles, en particulier, a suscilés en stéa- rinerie, les problèmes que ses chimistes ont soule- vés et en parlie résolus, les nombreuses et persé- vérantes études auxquelles d'autres lechniciens se sont livrés sur les multiples dérivés du naphte, dé- notent chez l'industriel russe autant de clair- voyance que de perspicacité. Le Gouvernement impérial, les États provinciaux, les villes et aussi l'initiative privée rivalisent, d’ailleurs, de zèle pour créer des écoles techniques et doter celles qui existent, ainsi que les univer- sités, d'instituts et de laboratoires de Chimie. Il y a dix ans environ, on inaugurait à CharkofF, qui possédait déjà une Universilé florissante, une École technique qui n'a pas sa pareille en France. Outre l’enseignement de la Mécanique, on y pra- tique celui de la Chimie, en vue de la formation de 1 Chemische Industrie, t. XXEV (4901), p. 241. et laboratoires sont de véritables foyers de labeur, chimistes industriels. Sont annexées à cetle école de véritables petiles usines, où l'étudiant peut as=. sister à [a fabrication de l'alcool, des boissons fermentées, du sucre, de la céramique, des “A ments, etc., aux opérations de teinture et 2 pression. Une usine à gaz modèle permet de suivre toutes les phases de la fabrication du gaz d'éclai- rage et de l’utilisation des sous-produits'. Quelques, années après, l'Université de Saint-Pétersbourg était dotée de laboratoires grandioses où rien n’a été né-… gligé pour pouvoir donner l'instruction théorique et pratique à deux cent trente élèves àla fois. Labora- toires de Chimie minérale, laboratoires de Chimie organique, d'Analyse qualitative et quantitative, de Technolozie, laboratoires de recherches, labora- toires spéciaux pour les professeurs et pour les déterminations physico-chimiques, atelier de Mé- canique, bibliothèque, logements du directeur, des assistants et des hommes de service, tout a été prévu dans ce vaste établissement, qui à deux élages et qui ne comple pas moins de 95 mètres de longueur sur 20 de largeur en moyenne. L'État n'a pas dépensé moins de 900.000 francs pour cet instilut. En 1897, on a de même voté 624.000 francs pour la construction d’un institut technique à Wilna, avec une subvention annuelle de 62.490 fr. La même année, on a consacré 400.000 roubles (4.040.000 francs) pour la créalion d'un nouvel instilut à Riga. L'année suivante, ce sont des industriels des dis- tricts de Sosnowitz et Lodz qui ont pris la résolu- lion d'abandonner pendant quelque temps 5 °/, de leurs bénéfices bruts, pour contribuer à l'érection d'un Polytechnicum à Varsovie. Cette nouvelle forme de participation au haut enseignement est des plus intéressantes et témoigne, de la part de ceux qui l'ont conçue, d'une solidarité digne d'être signalée et d’être louée. Ainsi, l’on voit que, partout l'Empire, on est éga- lement préoccupé de faciliter lélude de la Chimie dans la voie où elle peut être profilable à la haute cullure et à l'industrie. L'enseignement qui se donne dans les universités et dans les écoles tech- niques est, d'ailleurs, suivi avec ardeur par une jeunesse nombreuse et éprise de savoir. Instituts + nn de ee ete mt dé ar. où maitres et élèves collaborent dans un but com- mun. Les découvertes et les travaux pleins d'origi- nalité qui en émanent prouvent que la recherche scientifique et désintéressée y est particulièrement en honneur. Il nous ‘semble, en effet, que,chez le Slave, ce qui ! L'État a consacré 4 millions de francs à la construction de cette école. bas à de pe G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 1139 omine, ce n'est plus celte hâle d'apprendre pour constituer un capital dont on tirera rapidement Celui-ci seul est réellement profitable et susceptible le préparer efficacement les peuples pour ces luttes | pacifiques dans les divers domaines de l'Industrie, de l'Agriculture et du Commerce. Dans un troisième et dernier article, nous élu- dierons l'état actuel de française. l'industrie chimique A. Haller, Membre de l'Institut, Professeur de Chimie organique à la Sorbonne. I. — ENSEIGNEMENT ET ÉTUDE. . L'Embryologie, écrivions-nous il ÿ à deux ans’, absorbe les trois quarts du travail des anatomistes “et des zoologistes. Celle science a dépassé le stade la physiogénèse elle-même, c'est-à-dire à la science de la vie proprement dite; dans les scien- es spéculatives, elle est devenue une des bases les lus solides du transformisme, un des critériums les plus sûrs des classifications zoologiques; enfin, dans les sciences appliquées, dans le domaine de la Médecine principalement, elle est venue appor- ter clarté et raisonnement là où il n’y avait trop souvent que confusion et travail de mémoire. — «lIln'y a pas, disions-nous encore, que l'étude de l'homme physique qui puisse profiter de l'Em- bryologie; celle de l'homme moral, de la psycholo- gie, doit trouver aussi chez elle quelques-uns de ses moyens. » Et nous montrions, par exemple, comment, à sa lumière, les philosophes pourraient arriver un jour à nous expliquer, à nous montrer les causes des différences dans les volontés, dans les inlelli- gences, à nous permettre d'agir un jour sur elles. L'Embryologie est donc, parmi les sciences bio- logiques, non seulement une de celles quiontle plus donné, mais surtout une de celles donton attend le _ plus encore. | Malheureusement, à l'exemple de ces prètres | antiques qui gardaient jalousement leurs connais- “ sances, il semble que les embryologistes modernes se plaisent à décourager les jeunes qui veulent s'initier à leur science. La confusion la plus grande, en effet, règne dans les nomenclatures employées par les auteurs; la synonymie devient chaque jour 4 G“Lorsez : L'enseignement de l'Embryologie pouvant unir plusieurs Facultés ou Ecoles d'une mème Université. Communication présentée au 3° Congrès int. de l'Enseiq. Supér., Paris, 1900. — Compt. rend., Paris, 1902, p. 261-215. Voir également : Rev. gén. des Sc., 15 septembre 1900. REVUE ANNUELLE D’EMBRYOLOGIE . PREMIÈRE PARTIE : ENSEIGNEMENT, TRAVAUX GÉNÉRAUX, NUTRITION DE L'EMBRYON. de plus en plus compliquée, les bases de recher- ches diffèrent souvent avec les pays, avec les per- sonnes; c’est pourquoi, comme le faisait remarquer le Professeur Tourneux, cette année même, la lecture des ouvrages d'Embryologie, surtout les ouvrages écrits dans une langue qui ne nous est pas fami- lière, devient de plus en plus pénible. Il y a d'abord un écueil qu'il suffit de signaler pour amener à l’éviler, eroyons-nous. En France, les embryologisles peuvent se diviser actuellement en deux groupes : les anatomistes proprement dits et les zoulogistes. Les premiers, qui sont surtout représentés dans les Facultés de Médecine, ont prin- cipalement pour but la connaissance de l'homme; aussi, dans leurs descriptions embryologiques, con- sidèrent-ils les expressions : antérieur et posté- rieur, supérieur et inférieur, comme se rapportant à l'homme placé dans la station verlicale; cette signification parait exigée, en effet, pour amener | une concordance avec les descriplions anatomiques de l’adulle. Les zoologisles, au contraire, considèrent les mêmes expressions comme se rapportant à la sta- tion horizontale des animaux. C’est pourquoi, quand on lit les traités d'Embryo- logie qui résument les découvertes faites par les embryologistes anatomistes et les zoologistes, on s'aperçoit souvent que les mêmes noms ne veulent plus dire la même chose. C'est ainsi que, dans une seule page d'un de ces traités les plus répandus en France aujourd'hui, nous voyons l’auteur parler du développement du foie, en adoptant l'abord la signification donnée par les anatomi t conti- nuer, au bas de la même page, en suivant celle des zoologistes. Le remède à cet état de choses : paraît facile : c’est de supprimer complétement l'emploi des quatre adjectifs incriminés el de 1eST mplacer tou- jours par ces expressions : ( ou frontal, cau- Telle est la nomenclature dal, dorsal et ventlral. 1140 G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE que nous suivrons toujours, quant à nous, dans ces revues annuelles d'Embryologie. Ce n’est là, du reste, qu'un tout pelit point des réformes qu'il faudrait faire dans la nomenclature embryologique. Prenons encore un exemple, celui du mésoderme. Depuis longtemps déjà, les auteurs allemands, à la suite de Hertwig, veulent voir deux feuillets dis- tincts dans les aspects épithéliaux et mésenchyma- taux que beaucoup d'auteurs considèrent toujours comme deux formes particulières d'un seul feuillet. Mais, où la confusion devient plus grande, c'est lorsqu'il faut nommer les deux feuillets secondaires qui apparaissent dans les portions latérales du mé- soderme : l'un, qui s'accole à l’ectoderme, est dési- gné indistinctement sous les noms de lame muscu- laire supérieure, feuillet musculo-cutané, lame ou mésoderme somalique, etc.; l'autre, qui s'accole à l’endoderme, est nommé ame musculaire infé- rieure, leuillet fibro-intestinal, lame ou méso- derme splanchnique, ete. Si nous considérons, enfin, les expressions de splanchnopleure et de somatopleure, nous voyons qu'elles furent créées, en Angleterre, par Michæl Foster pour désigner : d’un côté, l'ensemble de l’ectoderme et de la lame mésodermique externe; de l'autre, l’ensemble de l'endoderme et de la lame mésodermique interne ; telles sont bien, en effet, les significations que l’on à toujours attribuées à ces expressions en Angleterre et en Amé- rique. Or, en lisant des mémoires allemands, on s’aperçoitque ces mêmes expressions sont très sou- vent employées pour désigner seulement la lame somatique ou la lame splanchnique du mésoderme. Plusieurs embryologistes commencent à s'émou- voir de cet etat de choses. [l ya un an, le Professeur C.-S. Minot signalait le danger de ces dernières confusions dans l'Anatomischer Anzeïger ?. Cette année, le Professeur Tourneux demandait à l’Associalion des Analomisles, réunie à Mont- pellier ?, d’elaborer, de concert avec les Sociétés similaires étrangères, « une nomenclature histo- logique et embryologique qui pourrait être modifiée, perfectionnée dans la suite, mais qui ne tarderait pas à être adoplée par tous les auteurs ». C'est le même désir de coordonner, de centraliser les efforts des embryologistes que l'on trouve dans la proposition faile, l'année dernière, par le Pro- fesseur W. His devant la Société Royale Saxonne des Sciences‘ et devant l'Association internationale des Académies ‘. Voici le vœu exprimé et déve- loppé par le professeur de Leipzig : 14904, t. XIX, p. 203-5. ? Comptes rendus, 4 session, 1902, p. 174. * Séince du 4 “ars 1901, à Leipzig. “ Séance du 16 avril 1904, à Paris. « Que l'Association internationale des Académies. nomme une Commission technique pour rechercher les moyens et la voie de pouvoir élablir sur des. bases unifiées : en embryologie humaine et ani- male d'une part, en anatomie du cerveau d'autre * part, une collection, une mise en œuvre et une utilisation sûres de tous les matériaux d'obser- valion recueillis par les travailleurs isolés ». Onsait, en effet, combien le matériel de recherches est difficile à se procurer en Embryologie; son acquisition dépend le plus souvent du hasard et toujours une série complèle d'embryons ne peut être rassemblée qu'au bout d'un temps très long ; c'est pourquoi le chercheur, entre les maïns duquel tombe une pièce rare, a l'habitude d'étudier cette pièce sans plus attendre el souvent même en vue d'un intérêt tout spécial. Un travailleur isolé peut avoir recueilli ainsi, en plusieurs années, une pro- vision de coupes qui dépasse de beaucoup ce qu'il peut mettre en œuvre dans sa vie et qui, d'un autre côté, présente trop de lacunes pour qu'elle puisse servir à établir des séries de développements com- plets. C'est ainsi que beaucoup d'efforts se trouvent perdus pourlascience. Cela est d'autant plus mal- heureux qu'un lravailleur isolé peut posséder ce qu’un autre n’a pas et que des échanges bien orga- nisés pourraient venir combler ces lacunes, en même temps qu'ils favoriseraient Le travail de tous. C'est pourquoi la proposition de His ne doit être acceptée, — et c'est son propre désir, — qu'en vue de préparer l'établissement de stations centrales, in- ternationales ou régionales, spécialement destinées aux études embryologiques. Le but à remplir par ces stations serait double : D'un côté, elles auraient à résoudre les problèmes qui dépassent les forces des travailleurs isolés, … spécialement les problèmes qui demandent un per- sonnel dressé techniquement et travaillant d'après un plan unique. Ce but serait atleint par le travail, uniformément organisé, de plusieurs personnes; c'est ainsi que les astronomes ont partagé le Ciel, » les géologues la Terre, en terriloires de travail sé- parés et que, par des bases établies en commun, - ils ont rendu sûres l'unité du travail et la possibilité » de réunir, puis d'utiliser les résultats obtenus. D'un autre côlé, ces slalions embryologiques s. devraient recueillir et meltre en ordre le matériel se rapporlant à un territoire d'étude déterminé, de Lelle sorte que ce matériel fût rendu utilisable, à la manière d'une bibliothèque ou d'un musée, par ous ceux qui en auraient besoin pour leurs études. Car, dit His, « de même que la possession de cartes exactes ou de dictionnaires est indispen- sable pour l'édification d’un travail scientifique, de même des anatomies sûres d'embryons humains. ou animaux, procurés par un travail collectif, ainsi eee gr que des anatomies de cerveau finement étudiées, deviendront un moyen d'étude indispensable pour les recherches futures ». Enfin, ces stations centrales pourraient encore se rendre utiles en recueillant et en conservant des documents de travaux terminés, lels que pré- -parations originales, séries de coupes, photogra- vures, modèles, etc.; elles seraient un intermé- diaire pour procurer, par prêt, vente ou échange, toute espèce de matériel embryologique aux tra- ailleurs. . Telle est la proposition si intéressante et si sug- -gestive de His. Malheureusement, elle ne semble pas avoir reçu l'accueil qu’elle méritait, car, si l'Asso- ciation internationale des Académies a bien nommé une Commission pour étudier la proposition de His, elle a, en même temps, écarté de cette étude la parlie concernant l'Embryologie, comme jugeant le projet trop vaste. L'idée est donc à reprendre à ce dernier point de vue. Nous le souhaitons d'autant plus ardemment que, nous-même, dans notre cours libre à la Sorbonne, nous avions déjà mon- tré, il y a deux ans, l'utilité et la nécessité de créer de nouvelles stations biologiques. * Notre idée visait cependant un but plus spécial. Nous regreltions de voir les zoologistes aban- donner les anciennes méthodes d'observalion de la Nature ; nous constalions combien il était diffi- cile, dans nos laboratoires actuels, d'entreprendre une recherche suivie, sur l'animal vivant, et nous ‘demandions la création de stations zoologiques aménagées en fermes d'élevage. Installées dans des régions naturelles, complètement isolées du public, ces fermes, disions-nous, permettraient d'aborder, -par les seules méthodes véritablementscientifiques: 'observation et l'expérimentation, les grands pro- blèmes fondamentaux de l'hérédilé, de la variation, “de l'adaptation, etc., ainsi que l'étude des habi- udes, de l'instinct et de l'intelligence des animaux. Nous fûmes assez heureux de voir notre appel “de raison, nous portämes immédiatement ce don à Dot de Paris. L e Professeur Ge auquel “Scientifique sont venues laisser la proposition en suspens. Aussi, avec l'aide et le concours du dona- leur, qui est un fervent zoologiste, sommes-nous Hisposé à installe ferme et à “louvrir pour lous ceux qui voudront s'en servir. 1902. r nous-même cette REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE IT. — TRAVAUX GÉNÉRAUX, TRAITÉS PÉRIODIQUES ET MÉTHODES CONCERNANT L'EMBRYOLOGIE. Nous nous contenterons de citer, à ce point de vue, les nouveautés suivantes : 1° Un Manuel d'Embryologie à l'usage des étu- diants en Médecine ‘ ; 2° Un Traité d'Embryologie comparée des Verté- brés inférieurs ? ; 3° L'apparition d'un nouveau journal spéciale- ment destiné à l’Anatomie et à l'Embryologie®; 4° Un mémoire de C. S. Minot, qui donne un plan à suivre pour l'étude pratique de l'Embryologie des Mammifères‘; 5° Un article historique de Sandor Kaestner”, qui montre comment les bases des études embryologi- ques sont devenues physiologiques et expérimen- tales, après avoir été exclusivement morpholo- giques. En fait de techniques et de méthodes nouvelles employées ou pouvant être suivies dans les recher- ches embryologiques, nous citerons les travaux suivants : A. Soulié”, en étudiant l'embryologie de la serpule, nous apprend que les meilleurs liquides à employer pour la fixation des œufs fécondés et des embryons de Vers polychètes sont les mélanges de Gilson, de Roule et de Ripart etPetit; par contre, les fixateurs osmiqués ne donnent ici que de médiocres résultats. A. Moll’, Éd. Retterer” et J. W. van Wyhe* nous donnent : les deux premiers, la formule de liquides spéciaux pour étudier les cartilages embryonnaires, le troisième une méthode nouvelle pour recon- naître, chez l'embryon, les micro-squelettes carti- lagineux. C'est ainsi que par cette dernière mé- thode, van Wyhe a pu éludier : la descente de l’omoplate le long de la colonne vertébrale chez l'homme, la disposition originale double du siernum du lapin et de la poule, etc. A. Weber!’ donne une méthode nouvelle de reconstruclion graphique d’épaisseurs. Cette mé- thode présente quelques applications importantes aux recherches d’Embryologie; elle peut, par : Textbook of Embryology for students ia medicine, in-8°. London, 1900, 406 p. et 190 fig. 2: H. E. Zwccer : Lehrbuch der vergleichenden Entwicke- lungs-geschichte der niederen Wirbelliere, avec 521 fig. et 1 pl. en couleur. 3 Archivio italiano di da G. Chiarugi, Firenze. 4 1 The Study of Mammalian Embryology. The American natural., 1900, t. XXXIV, p. 913-941. 5 Biol. Centralbl., 1901, t. XXI, p. 655. 5 Mém. Ac. Sc. et Letl. )n1p 01, t. IT, p. 127, avec 4 planches. ‘ 7 Centralbl. {. Physiol. 8 Journ. Anal. et Physiol., 190 | oo CR. Ac. Se: d'Ai æ, A9 avril 1902; voir Aer. gén. des Se., 30 juillet 1902 104. 10 Bibliogr. Anat., 1902, t. XI, p. 5-55 ave 1 J. C. HeISLER Anatomia e di Embr ia, dirétto ligures. D9%# 29 1142 G. exemple, nous renseigner beaucoup mieux que la méthode plastique sur les variations d’épais- seur et sur l'évolution d'organes aplatis et très minces, tels que les feuillets embryonnaires, l'épi- thélium de la gouttière intestinale, la plaque et la gouttière nerveuse, etc. Dans le même ordre d'idées, nous signalerons également une Note de J. Tur' sur l'application d'une méthode graphique, très simple et facile, à différentes recherches d'Embryologie. Cette mé- thode, que l’auteur emploie dans le laboratoire zootomique de l'Université de Varsovie, permet surtout de « préciser les dimensions absolues et relatives des embryons étudiés, de comparer les embryons d'âges différents pour déterminer le degré et la direction de la croissance de leurs parties, et aussi de comparer les embryons du même âge, afin d'élucider les variations individuelles ». En Embryologie expérimentale, les recherches dont nous avons parlé l’année dernière sur les fac- teurs de la segmentation ovulaire continuent à occuper les esprits. : Poursuivant l'étude des effets de l'injection préa- lable de diverses substances dans l’albumen d'œuf de poule, Ch. Féré* recherche, cette année, quels sont les corps capables de provoquer une suracti- vité du développement embryonnaire. Il a déjà étudié, dans ce but, la caféine, la cantharidine et l'antipyrine, sans qu'on puisse encore rien lirer de général de ces premiers essais; nous les signalons surtout pour engager les jeunes embryologistes à venir aider Ch. Féré dans cette voie si importante; les recherches à faire sont faciles, intéressantes et devraient lenter les étudiants. Il y aurait, en par- ticulier, à expérimenter avec les extraits des glandes dont la sécrétion intervient, pensons-nous, pour favoriser le développement de l'embryon. Le D' G. Cutore*, reprenant une méthode déjà employée par Dareste, celle du vernissage des œufs d'oiseau, produit ainsi des anomalies de développe- ment, spécialement sur le système nerveux. Nous signalerons également la découverte de sérums spermotoxiques, dont l'emploi sur les élé- ments sexuels et sur l'embryon en développement peut devenir un moyen d’élude excessivement inté- ressant. Ces sérums furent obtenus pour la première fois, à Vienne, en 1899, par Landsteimer”. Ils ont été étudiés ensuite par Moxter, mort récemment, et continuent à l'être actuellement par E. Metchni- koff*, par M':de I Leslie‘ et surtout pEù E.S. London’. 4 Bibliogr. Anatom., 1902, t. XI, p. 128-130 avec ? fig. 24C-R:/S0c. EU 1900, p. ve et 681; 1901, p. 755. 3 Anat. Anz., 4900, t. XVIII, p. 391-#14 avec 12 fig * Centralbl. f. Bakteriol., 1899, p. 546. * Ann,.1lnst. Pasteur, 1900, t. XIV, p. ! et 369, C. R. Ac. Sc., 1 oct. 4901, p. 544. 7? Arch. des Sc. biolog., publiées par l'Institut imp. de LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE Enfin, À. Charrin et G. Delamare' expérimentent en ce moment l'influence des injections de toxines. microbiennes et cellulaires sur le développement des embryons de lapin. Nous aurons, sans doute, à revenir sur ces travaux dans une prochaine revue annuelle. III. — LES BASES EMBRYOLOGIQUES DE LA PATHOLOGIE. : Sous ce litre, le Professeur Minot nous donne” un ensemble de vues originales sur les débuts de la vie embryonnaire. Bien que son travail ren- ferme beaucoup de vues théoriques souvent très . discutables, il nous à paru utile d'en résumer une partie pour nos lecteurs. Rejetant complètement l'hypothèse de la mo- saïque de Roux, Minot admet, au contraire, que l'ovule fécondé est une cellule indifférenciée. En se développant, dit-il, l'ovule passe par deux phases bien marquées et antagonistes l’une de l’autre: Durant la première, qui comprend à peu près le temps de la segmentalion, les noyaux se multiplient | rapidement, alors que la quantité de protoplasma augmente très peu; c’est là un processus qui tend à corriger la disproportion extrême existant entre la grosseur du noyau et le corps cellulaire. Cette augmentation très rapide des noyaux con- tinue jusqu'au moment où apparaissent les cellules du type dit embryonnaire, c'est-à-dire des éléments qui présentent une même couche de protoplasma autour de leur noyau. C'est alors que commence la deuxième phase, beaucoup plus longue et pendant laquelle la multi- plication des noyaux se fait seulement après la croissance du protoplasma. De ces considérations, Minot conclut que la erois- sance du cyloplasme arrêle ou diminue le pouvoir de multiplication de la cellule, retarde par consé- quent la croissance du corps, mais, d'un autre côté, favorise la différenciation. En conséquence, dit-il, ces deux phénomènes : croissance et différencia- tion de la cellule, sont essentiellement antagonistes et, nécessairement, s'excluent plus ou moins mu- tuellement. Après la segmentalion, les cellules du jeune embryon s'arrangent graduellement en feuillets. Pour Minot, ces arrangements spéciaux ne seraient pas le signe d’une véritable différenciation. Toutes les cellules composant les feuillets seraient des indifférenciés, de sorte que, s'il était une jeune cellule mésoder- éléments possible de greffer Médec. expér., Saint-Pétersbourg, 1902, t IX, p. 8%, 431, 1 pl. et p. 171-212, 4 pl. 1 C, R. Sc., 1904, €. CXXXIII, p. 955. ? Science, 1901, t. XIII, p. 481-498, | G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 1143 mique sur un des deux autres feuillets, cette cellule deviendrait un véritable élément ectoder- mique ou entodermique. - Cependant, chaque feuillet germinatif a un rôle spécial à jouer dans l'œuvre de la différenciation qui se produit ensuite. = _ Minot distingue deux types de différenciation cellulaire, dont le produit de départ est le même : ‘une cellule embryonnaireindifférente". Dans le pre- -mier type, une portion de la cellule subit seulement une différenciation, l’autre restant plus ou moins _indifférenciée et gardant plus ou moins entière- ment le pouvoir de se multiplier; tel est le cas des cellules épidermiques. Dans le second type, la différenciation gagne la cellule tout entière ; Lel est, par exemple, le cas du système nerveux central, où nous voyons la spécialisation compromettre le pouvoir de multiplication, partiellement dans les cellules de la névroglie, entièrement dans les cellules nerveuses. C'est pourquoi la croissance du cerveau, après les premiers stades de développe- ment, dépend non pas tant de la proliféralion cellu- laire que de l'augmentation en volume des cellules déjà formées. Ces deux Lypes de différenciation pro- duisent essentiellement des états dissemblables, que les pathologistes auraient grand tort d'ignorer. Comme la segmentation de l'ovule conduit à former deux parts distinctes de cellules, que l'on nomme les feuillets germinatifs primitifs, de même chacun de ces feuillets se divise ensuite en deux parties ayant chacune un rôle spécial exclusif : l’ectoderme forme d’une part le système nerveux, de l’autre l'épiderme ; l'entoderme primitif forme également d'une part, par invagination ou bour- geonnement, le mésoderme et, d'autre part, l'endo- derme définitif. Le mésoderme présente bientôt chez les Vertébrés trois espèces de cellules précocement spécialisées : cellules endothéliales des vaisseaux, cellules san- guines et cellules sexuelles. À propos de ces élé- ments, on peut faire actuellement les trois suppo- sitions suivantes, sur la validité desquelles l'avenir décidera : 1° Toutes les cellules endothéliales de l'adulle descendent directement de l'endothélium embryon- naire ; 2% Tous les globules rouges ont comme origine première les éléments des îlots sanguins de l'aire vasculaire ; 3° Les cellules sexuelles primitives produisent, par leur multiplication, tous les élémentsdes géno- blastes. ! À propos des modes et des lois de la différenciation cellulaire, citons encore un important travail de M. Hei. denhain, paru dans l’Anatom. Anzeig., 1900, t. XVIN, p. 513-560, avec 8 fig, Minot arrive ainsi à séparer complèlement l’en- dothélium vasculaire, non seulement de l’endothé- lium cœlomique, mais encore de celui qui tapisse le système lymphatique; celte conception nou- velle trouve son application pratique, dit-il, dans les phénomènes pathologiques. C'est seulement après la formation de ces trois premières spécialisations que le mésoderme se clive pour former la cavité générale du corps ou cœlome; les cellules qui forment les parois de cette cavité se disposent en couche épithéliale, appelée mésothélium; les autres, restées lâches, constituent le mésenchyme. Ce n'est pas là une véritable différenciation, dit Minot; toutes ces cellules sont indifférenciées, car on peut démontrer sans peine qu’elles sont interchangeables; tout d'abord, elles ne diffèrent l’une de l’autre que par les positions relatives qu'elles occupent, mais elles présentent la même structure ou les mêmes qua- lités essentielles : c'est ainsi que nous voyons cons- lamment le mésothélium donner des éléments nouveaux au mésenchyme et celui-ci prendre un arrangement épithélial autour des cavités qui se forment ultérieurement dans son sein. Cependant une différence de situation doit néces- sairement influer sur la différenciation ultérieure de ces éléments; aussi voit-on le mésothélium donner naissance aux muscles striés el à la portion épithéliale des conduits génilo-urinaires, alors qu'il garde sa forme primitive dans le péricarde, les plèvres et le péritoine. De son côté, le mésen- chyme produit toutes les variétés de lissu conjonc- tif et le système lymphatique. Considérant ensuite les changements qui suc- cèdent à la différenciation et qui conduisent à la mort dela cellule, Minot nous donne le tableau sui- vant : A. CAUSES DE LA MORT DES CELLULES. a) Externes à l'organisme : 1. Physiques (mécaniques, chimiques, thermi- ques, etc.). 2, Parasites. b) Changements dans la Substance intercellularre : 1. Hypertrophie. 2. Induration. 3. Calciticalion. x. Dégénérescence amyloïde. c) Changements inhérents à la cellule. B. MODIFICATIONS MORPHOLOGIQ CELLULES MOURANTES a) Mort directe de la cellule : {. Atrophie. 9, Désintégration el résorpli b\ Mort indirecte des cellules : | 4. Nécrobiose (changement s ruc{ il précédant la mort final 2. Hypertrophi tural, souvent avec ] ifération pré édant la mort final entstruc- croissant eteh oucléaire 1144 G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE C. DISPARITION DES CELLULES. a) Par moyens mécaniques. b) Par moyens chimiques”. c) Par phagocytose. Là nécrobiose et la dégénérescence par hyper- trophie doivent être considérées comme des pro- cessus normaux, se produisant invariablement et jouant souvent unrôle important dans la vie de l’in- dividu ; elles doivent même être considérées comme un facteur important du développement embryon- naire. Aussi, la nécrobiose s’observe dans le thymus, le corps de Wolff, la notochorde, le cartilage fœtal, l'appendice, l'utérus gravide, la caduque réflé- chie, etc. La dégénérescence par hypertrophie se ren- contre : a) dégénérescence cornée, dans l’ectoderme de la peau, l’ectoderme de l'æsophage et le mé- soderme du vagin ; ») dégénérescence hyaline, dans l'ectoderme du chorion placentaire, les glandes utérines du lapin, la caduque de l'utérus humain gravide; c) dégénérescence graisseuse et pigmen- taire ; d) dégénérescence muqueuse et colloïde. En résumé, l'évolution totale (cytomorphose) des cellules d'un organisme comprend quatre siades 1° indifférenciation; 2° différenciation progressive, comprenant elle-même plusieurs pha- ses; 3° régression (nécrobiose ou dégénérescence); 4° enlèvement du matériel mort. Minot applique quelques-unes de ces conceptions à la Pathologie. Il pense que les maladies ont pour seule et unique cause la différenciation cellulaire; il proclame que les problèmes de la Pathologie et de l'Embryologie sont non seulement semblables, mais encore identiques. successifs : Nous ne pouvons le suivre, malheureusement, dans toute cette partie de son travail. Mais, s'il faut faire des réserves sur l'extension à toutes les maladies que Minot veut donner à son idée, nous pensons cependant avec lui que cette idée peut être féconde et aux médecins des résullats pratiques. On peut même dire, sans présomption, que, lorsque nous connaîtrons mieux tous les fac- donner teurs du développement embryonnaire, nous pour- rons agir directement sur la différenciation cellu- laire et prévenir ainsi quelques-unes des plus grandes maladies ; les tumeurs, par; exemple, paraissent bien dues, en effet, à des erreurs de différenciation morphologique. IV. — NüUTRITION DE L'EMBRYON. Jusqu'ici, on s’est surtout occupé de la morpho- logie du développement, sans penser que la phy- ‘ C'est la Jyocylose d'Anglas. Voir notre dernière revue nuuelle, 30 décembre 1901. siogénèse, plus encore que la morphogénèse, pouvait, nous donner des aperçus nouveaux sur les conditions mêmes de la vie et sur son évolution. Beaucoup de faits nous indiquent que la physio- t logie de l'embryon, sa nutrition, par exemple, est c tout à fait différente de celle de l'adulte : ] a. — Chez les Mammifères, on ne sait encore exactement comment l'embryon se nourrit: on dis- cute même pour savoir où il trouve sa nourri- ture pendant la période qui précède l'établissement, de la circulation placentaire. On a dit, a priori, que la zone pellucide (oolemme des Allemands) est le premier aliment de l'em- bryon. Cette zone renferme, en effet, des élé- ments cellulaires en dégénérescence (cellules folli- culaires et spermatozoïdes); d’un autre côté, elle diminue d'épaisseur au fur et à mesure que l'em- bryon se développe en descendant dans l'oviducte. Un deuxième aliment serait constitué par une couche de substances gélatineuses ou albuminoïdes qui vient ensuite envelopper l'œuf; c'est ce que Hen- sen avait appelé le prochorion. Cette couche, très épaisse dans l'œuf des Monotrèmes et, à un degré moindre, dans celui des Marsupiaux, a été retrou- vée chez piusieurs placentaires, en particulier chez le lapin, le chien et le chat; elle ne l’a pas été chez d’autres, tels que le pore, le mouton et la chauve- souris. È R. Bonnet l’a de nouveau étudiée chez le chat et le chien’. Il a montré qu'elle provient d'une sécrétion des glandes utérines; quand on enlève délicatement un blastocyste, après lavoir préala- blement fixé en place, on voit, dit-il, que la couche d'albumine est couverte de touffes villeuses, que l'on pourrait prendre à première vue pour les villosités du chorion: en réalité, ce sont les moules des conduits exeréleurs des glandes utérines, moules formés par la coagulation de la sécré- üion, sous l'influence des réactifs. Cette année, J. W. Jenkinson a trouvé une sécrétion semblable chez la souris ?. Cette sécrétion, qui contient des substances grasses et probablement aussi des substances protéiques, serait versée dans la cavité ulérine par une sorte de sécrétion holocrine des glandes et de la muqueuse. Il faut, sans doute, ajouter à ces premiers ali- ments de l'embryon le sucre dérivé des cellules glycogéniques du placenta maternel. Quoi qu'il en soit, l'embryon ne présente pas, jusqu'ici, d'orga- nes spéciaux pour l'absorption de sa nourriture. Tout au début, chaque blastomère se nourrit pour lui-même; et, lorsque cet embryon est devenu un pm en un DRE ÉTAT 1 Anat. Hefte, 1897, t. IX, 421-512 avec 2 fig. et 6 pl. 2 Tydschrift der Ned. Dierk Vereen, Amsterdam, 1902, > Reeks, Deel. VIT, p. 124-198, avec 3 pl. _blastocyste, ce sont les cellules les plus superfi- cielles de la vésicule qui puisent dans le milieu cellules périphériques comme formant un premier "organe de nutrilion; d'où le nom de {rophoblastes, - que leur a donné Hubrecht. Jenkinson a vu, chez la souris, que les cellules du trophoblaste ingèrent, par phagocytose, dissolvent ensuite, par digeslion intracellulaire, — de la graisse, des débris de cellules et des corpus- — cules sanguins. Il a vu également quelques-unes de _ces cellules (mégalokaryocites) grossir énormément et se creuser de lacunes, dans lesquelles vient cir- - culer le sang maternel; ces dernières cellules ren- » fermeraient également du fer. Dans une troisième période, les villosités du chorion se forment et viennent alors s’enfoncer dans une substance complexe sui generis. Au - début de ces recherches, quand la composition de - celle substance élait mal connue, on avait cru, (Ercolani, Turner, Haller, etc.) qu'elle représente une véritable sécrétion provenant des glandes utérines hypertrophiées; d’où le nom de ait utér'in, que lui avait donné Haller. En 1892, Mathias Duval montra que les glandes décrites par Ercolani, chez le lapin, sont des vaisseaux et que la subslance intervilleuse pro- . vient de divers processus de dégénérescence de la caduque utérine (c'est à un semblable produit que Tafani voulait, au même moment, conserver le nom de lait utérin). En 1900, Paladino' a étudié de nou- veau la composilion et l'origine de cette substance en s'adressant à un embryon humain âgé d'environ quatre semaines. Le contenu des espaces intervil- leux se présente, dit-il, sous l'aspect de masses granuleuses et réticulées, renfermant des leuco- cytes mononucléaires et polynucléaires en abon- dance, quelques granulations acidophiles et des normoblastes (petites hématies nucléées); on y trouverait, en plus, des éléments épithéliaux prove- nant des glandes utérines en dégénérescence, des - globules jaunes et enfin des cellules géantes pluri- nucléaires. Ce serait donc là une néoformation déciduale provenant du chorion maternel remanié; cette néoformalion jouerait le rôle d'une glande diffuse où viendraient puiser les villosités cho- riales ?. b. — La question de la nutrition chez les em- bryons provenant d'œufs télolécithes est tout aussi importante à étudier. Mais, là, il yaurait d'abord à 1 C. R. XIIIe Congrès intern. de Méd., Paris, 1900, sec- tion dHistalogie et d'Embryologie, 87-92. # Disons, pour être complet, que l’ opinion anc ienne d'une véritable sécrétion glandulaire a été reprise en 1898 par R. Assheton. dans ses études embryologiques sur le mouton el sur le porc (Quart. Journ. of micr. Se., nov. 1858, XII p. 162, avec 4 pl. (mouton) et p. 329, avec 4 pl: (porc G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE - extérieur. On peut considérer l’ensemble de ces. 1145 reprendre l'étude chimique des réserves, spéciale- ment au point de vue des ferments de diverse nature qui doivent y exister. Déjà, il ya trois ans!, J. Muller et M. Masuyama avaient signalé, dans l'œuf de poule, la présence d'un ferment diastasique. Cette année, Armand Gautier? a trouvé dans l'albumen d'oiseau, près de 1,5 °/, d'une sub- stance (ovofibrinogène) « analogue au fibrinogène et au myosinogène, apte comme ces substances à se transformer, sous les influences qui favorisent généralement l’action des ferments solubles, en membranes pseudo-organisées?. » Une autre question est celle de savoir quelles sont les modifications chimiques qui se passent dans les réserves de ces œufs, au cours du déve- loppement embryonnaire. Cette question est d’au- tant plus utile à entreprendre que les réserves de l'œuf forment le matériel le plus commode pour étudier la nature des processus métaboliques dans les organismes vivants. De ces processus, nous commençons à connaître ceux qui concernent la désassimilation, mais nous ne savons encore à peu près rien des processus de synthèse des sub- stances vivantes; ce sont surtout ces derniers phé- nomènes qu'il faut viser dans l'étude des change- ments chimiques qui se passent dans l'œuf en développement. Les botanistes ont montré la voie les premiers, et les travaux de E. Schulze et de ses élèves ont déjà donné d'importants résultats, Par contre, du côté des zoologistes, nous ne connaissons que A. Tichomiroff qui, en 1885", fit quelques études chimiques sur le développement des œufs d’Insectes. Il montra, entre autres choses, que ces œufs perdent du glycogène, des graisses, de la ckolestérine, alors qu'ils gagnent des léci- thines et des peptones. En 1899, P. A. Levene annonça la publication d'une série d'articles sur le même sujet. Le pre- mier de ces articles®, le seul paru, ou du moins le seul que l’auteur nous ait envoyé, étudie la chimie des œufs de morue à quatre stades de développe- ment : œufs non fécondés, œufs de 24 heures, de 11 jours et enfin de 20 jours après la fécondation. Les résultats oblenus par Levene tendent à mon- trer que les processus de synthèse sont précéd 1 Zeitschr. f. Biolog. (Munich), XXXIV, 1 2 C, R. Soc. Biol., 19 juillet 1902. # Rappelons ici les recherches nouvelles de C. Hartung dont parlait la Revue dans le numéro d l dernier. Cet auteur a montré que les œufs de poule renfermaient en moyenne 4 milligr. 38 d'oxyde de fer par 10; il à vu en même temps cette teneur doubler que sous l'influence d'un régime ferrugineux approprié. * Zeits. f. Physiol. Chemie, t. IX, 18-532. Archiv.of Neurol. and l 9 et FH Public. from the State Hosp. P1 1900. G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE ici par des processus de décomposition. Dans les heures qui suivent la fécondation, les protéides diminuent de quantité et des substances azolées basiques se forment à leurs dépens. Plus tard, ces dernières substances diminuent et les protéides réapparaissent en abondance. Il serait prématuré, évidemment, de tirer des conclusions générales de ce travail, qui n’a, du reste, d’autre prétention que d'apporter une contribution importante à la ques- tion. Si, maintenant, nous revenons à la physiologie proprement dite de la digestion, on peut se deman- der comment les réserves des œufs télolécithes pénètrent dans l'intestin embryonnaire. C'estchez les Sélaciens et chez quelques Oiseaux, en effet, qu'on trouve parfois l’inteslin antérieur rempli de ces substances nutritives. Pour résoudre cette question, S. L. Schenk" s’est adressé à des embryons de pigeons. Il est arrivé à cette conclusion très intéressante : c’est que le vitellus serait poussé, ou pluiôl aspiré, à travers l’aditus anterior, par les contractions du tube car- diaque. Ce seraient ces mêmes contractions qui sépareraient les éléments vitellins les uns des autres, les mainliendraient continuellement en mouvement et, par là, favoriseraient leur diges- tion. Si l’on se rappelle que le cœur est uni, à cette époque, à l'intestin, par un mésentère ventral, celte opinion de Schenck parait très plausible; elle vient ainsi nous faire comprendre l'utilité des contractions du cœur à une époque où cet organe ne renferme pas encore de sang. Mais ce premier mode d'alimentation ne dure pas longtemps; l'intestin postérieur se forme et l'ombilic intestinal, se rétrécissant de plus en plus, finit par se fermer complètement. On sait qu'il se développe, en même temps, dans les parois du sac vitellin, des vaisseaux sanguins (circulation vitel- line où première circulation) qui constituent le deuxième mode d'alimentation de ces embryons. Ce mode finit lui-même par faire défaut ; vers la fin du développement, les vaisseaux vitellins s'atro- phient et la circulation vitelline cesse à peu près complètement à l'époque qui avoisine la naissance. Or, il reste encore alors, dans le sac vitellin, une assez grande quantité de vilellus. Comment et par quel moyen se fait l'absorption de ces dernières réserves ? Le D' Sigmund * à répondu à celte question en ‘ S. B. Ak. Wien, 1898, t. CVI, 4 ? S. B. K. Akad. Wiss., Wien, 1900, t.,CIX, p. 615-699 avec 1 pl. Chez le pigeon, à la naissance, Phisalix a montré, il ya déjà longtemps, que le sac vitellin se retrouve flottant librement dans la cavité abdominale. Il serait intéressant de savoir comment se fait la résorption de ce sac. s'adressant à la truite de rivière (Salmo fario) A la naissance, le contenu du sac vitellin du jeune poisson est constitué de la facon suivante : Au centre, on voit une masse de vitellus presque homogène; dans la région moyenne, une zone de sphères vitellines; en dehors, une couche proto-. plasmique qui envoie des prolongements entre les sphères. Ces trois couches constiluent le jaune,” autour duquel se trouve une couche mésodermique endothéliale ‘; ce jaune est séparé de la paroi du corps par une fente cælomique étroite. La couche protoplasmique, située à la périphérie du jaune, contient des noyaux vilellins ovales; c'est donc un syneilium vitellin, auquel l’auteur attribue un rôle principal dans l'absorption du vitellus; plus tard, les noyaux vitellins disparais- sent, les quelques vaisseaux vitellins dégénèrent et disparaissent également; le rôle d'absorption du vitellus serait alors rempli par l’épithélium péri- tonéal du sac vitellin. Gustave Loisel a vu également, chez les Oiseaux, l'épithélium péritonéal du fond du cœlome, et cer- laines cellules mésodermiques situées à la racine du mésentère, se charger de graisse?. Mais il ne saurait s'agir ici d'absorption directe des réserves; c'est une élaboration particulière due à l’activité glandulaire de certaines cellules mésodermiques, de celles qui vont former le testicule et le corps de Wolf. Et il peut se faire qu'il en soit de même pour les faits observés par Sigmund. Chez les jeunes embryons d'Oiseau, traités par des fixateurs osmiques, on voit les cellules endo- dermiques qui recouvrent le sac vitellin, bourrées littéralement de masses graisseuses. Il reste toute- fois, chez les animaux, à déterminer le mode d’ab- sorplion de l’albumen. V. — FONCTIONS GLANDULAIRES SPÉCIALES A LA VIE EMBRYONNAIRE. Les recherches de G. Loisel, dont nous venons de parler, nous montrent également un fait im- porlant à noter pour la physiologie de l'embryon : c'est le développement tout particulier que pré- sentent les glandes sexuelles indifflérentes qu'il appelle glandes présexuelles. Ces glandes s'éten- dent sur toute la longueur du corps de Wolff, c'est- à-dire occupent une étendue relative beaucoup plus grande que chez l'adulte. C'est une observa- tion semblable qui avait été faite déjà pour d'autres glandes : pour les capsules surrénales, pour le ‘ Nous trouvons dans ce travail la confusion de nomen- clature que nous avons signalée au début de cette revue. Suivant l’exemple de beaucoup d'auteurs allemands, Sigmund désigne, sous les noms de splanchnopleure et de somatopleure, seulement les couches mésodermiques. ? C. R. Ac. Sc., 28 juillet 1902. | | | | | G. LOISEL — REVUE ANNUELLE D'EMBRYOLOGIE 1147 thymus, la glande thyroïde, la glande pituitaire, Phypophyse, les ilots de Langerhans du pancréas. Toutes ces glandes doivent done jouer un rôle actif dans la vie de l'embryon et, en effet, Loisel a vu ! ‘que les glandes présexuelles élaborent une sub- ‘stance particulière, se présentant, dans les cellules, sous la forme de sphérules isolées, colorables en noir par l'acide osmique. Poursuivant l'évolution de cette sécrétion, il nous la montre continuant à se faire dans le tes- ticule fætal et se retrouvant dans le testicule adulte (sécrétion interne). « La sécrétion interne du testi- cule adulte, dit-il, est la continuation directe des fonctions que nous avons reconnues à la glande - présexuelle (glande sexuelle indifférente) chez - l'embryon. Connaissant maintenant les effets de . celte sécrétion chez l'adulle, on peut en conclure, croyons-nous, aux mêmes effets chez l'embryon. Le rôle de la glande présexuelle serait done de verser dans le sang, concurremment avec d’autres glandes particulièrement développées à cette époque, un produit excitable du métabolisme cel- lulaire, c'est-à-dire activant le développement du jeune être en formation. » Le corps de Wolff est également un organe à fonctionnement surtout embryonnaire, du moins chez les Vertébrés supérieurs. Remplit-il exclusive- ment chez l'embryon le rôle d'un organe émulgent, ou bien joue-t-il, en même temps, le rôle d'une glande? C'est cette dernière hypothèse qu'il fau- drait accepter, semble-t-il, à la suite d’autres re- cherches de Loisel *. Ces recherches, qui demandent à être longuement poursuivies, nous montrent que, dès le début de la formation, les canalicules wol- fiens élaborent, dans leur bordure épithéliale, des substances graisseuses; ces substances peuvent être, du reste, des produits d’excrétion. Plus tard, chez un embryon de canard de Barbarie àgé de douze à quinze jours, Loisel a trouvé, en même temps,une autre sécrétion se colorant en vert par le bleu de Unna, et formant parfois bouchon dans la lumière des canalicules; cette dernière sécrétion seule se retrouvait dans les canalicules du rein définitif. C’est encore en vue de porter les embryologistes aux recherches de physiogénèse que nous signale- rons la découverte si curieuse que Shinkishi Hatai ? vient de faire chez cinq embryons humains (lon- gueurs:15%, 90m 475mm 187%" e{260%" l'embryon ant ue a is es à à . 1 C. R. Soc. Biol., 19 et 26 juillet 1902 avec 6 fig. 2 C, R. Soc. Biol., séance du 19 juillet 1902. Depuis cette communication, j'ai appris que Nicolas avait déjà signalé, “en 1891, la présence de granulations graisseuses dans le rein primitif. D'un autre côté, Laguesse a fait la mème observation dans le corps de Wolf de Vipère (C. li. Soc Biol., séance du 21 juillet 1900). 3 Anat. Anz., 1902, t. XXI, p. 369-373, avec 3 fig. étant mesuré dans son attitude naturelle), décou- verte de deux glandes symétriques qui correspon- dent exactement en position, en apparence et même, pour cerlains points, en structure, aux glandes d'hi- bernation ou organes graisseux des Mammifères infé- rieurs; l'auteur les appelle glandes interscapulaires. Ce sont deux longs organes bosselés, allant de la région du cou, derrière la parotide, à la région sca- pulaire; en haut, ces glandes sont recouvertes par le sterno-cléido-mastoïdien, en bas, par le muscle trapèze, au milieu, par le fascia du cou (fig. 1). Elles Fig. 1.— Glande interscapulaire gauche d'un embryon humain, d'après S. Hatai. — Gl., glande; Trap., trapèze; Spl., splénius; Lev., levator (angulaire de l'omoplate); V. jug., jugulaire interne. n'ont aucune connexion anatomique avec le thy- mus et ne laissent aucune trace chez l’homme adulte. Bien que l’auteur réserve la description histolo- gique de ces glandes pour un Mémoire ultérieur, il nous dit cependant qu'elles correspondent à deux organes différents de Mammifères adultes. La par- tie périphérique présente la structure des organes graisseux à aspect glandulaire que l'on trouve à la même place chez le rat blanc, le rat gris el le lapin, par exemple. La partie centrale est formés d'une sorte de tissu lymphoïde qui rappelle la structure des glandes hémolymphaliques. Dans la prochaine livraison de la ÆRevue, nous terminerons cette étude en considérant l'appareil digestif et les phénomènes téraltologiques. G. Loisel Prépa Facultés des Sciences ne de Paris. et d Léudec ——————2aaEaEL 11248 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Travaux et Mémoires du Bureau international des Poids et Mesures, publiés sous les auspices du Comité international par le Directeur du Bureau. — Tome XII. 4 fort vol. in-& de 410 pages. (Prix: 15 fr.) Gauthier- Villars, éditeur. Paris, 1902. Les recherches exécutées au Bureau international des Poids et Mesures sont présentées au Comité par le Directeur ou ses collaborateurs, puis portées à la connaissance des savants par les procès-verbaux que publie le secrétaire de ce Comité après chaque session. Mais, dans une science dont la précision est l'essence, à laquelle aucun détail n’est indifférent, qui même, sans la minutie, n'existerait pas, d'aussi sommaires publications seraient insuflisantes. C'est pourquoi elles sont généralement suivies, à quelques années de dis- tance, d'autres relations plus complètes, dans les- quelles les physiciens et géodésiens qui s'intéressent spécialement à la Métrologie trouvent tous les éléments d'appréciation des méthodes et des résultats, le détail des expériences et des calculs. Ce soin qu'a le Bureau de fournir à tous les savants compétents la possibilité de contrôler et de critiquer toutes ses opérations n'a pas été étranger à la haute réputation dont il jouit. Le volume que nous avons sous les yeux offre une heureuse innovation : tandis que ses ainés étaient exclusivement affectés aux mesures et aux résultats immédiats de ces mesures, une partie importante du présent ouvrage comprend une réimpression, quelque peu abrégée, des comptes rendus des trois Conférences générales réunies en 1889, 1895 et 1901 et qui, confor- mément aux stipulations de la Convention du Mètre, ont eu à s'occuper des mesures propres à étendre et à compléter l’œuvre des créateurs du Système métrique. La première de ces Conférences marque une évolu- tion fondamentale dans l'histoire du système des mesures aujourd'hui le plus répandu dans le monde. Jusque-là, les étalons des Archives de France avaient été les seuls repères fondamentaux du système. La Conférence de 1889, consacrant les décisions de la Commission de 1872, eut, entre autres attributions, à sanctionner les nouveaux prototypes internationaux, après avoir pris Connaissance des travaux auxquels ils avaient donné lieu. La Conférence de 1895 fut de moindre importance ; mais, dans celle de 4901, nous retrouvons une étape franchie par le Système métrique, auquel, dans l’inter- valle, se sont ralliés de grands empires, et auquel aussi d'importants perfectionnements ont été apportés. La Revue à fait connaître le détail de ces améliorations au moment même où la Conférence tenait ses assises au Pavillon de Breteuil. On aurait tort de croire, en effet, que les immortels créateurs du Système purent lui donner d'emblée une perfection telle qu'il püt suffire pour des siècles. A mesure que les déterminations métrologiques devien- nent plus précises, les définitions doivent entrer dans un plus minutieux détail, afin de tenir compte de toutes les influences actuellement mesurables. A ce point de vue, il n'est pas un physicien soucieux d'un parler rigoureux, qui puisse se désintéresser des décisions des Conférences du Mètre ou qui puisse les ignorer, La partie plus purement technique du volume se compose de trois Mémoires. Le premier, dû à M. Benoit, relate les déterminations, faites par ses soins, du rap- port entre le yard et le mètre, qu'il est particulière- ment important de connaître avec précision, au mo- ment où se produit, dans les pays anglo-saxons, un puissant mouvement vers le Système métrique, et où la réduction des mesures actuelles à celles de demain est un problème de tous les instants. Ue travail consi- dérable se résume dans cette formule : 1 yard — 0,914.399.2 mètre. Le second Mémoire, consacré par MM. Benoît et Guillaume à la détermination des mètres à bouts, con- tient, outre les détails d'établissement de l'équation. d'un certain nombre d’étalons, un parallèle très fouillé entre les méthodes de mesure par contacts et par réflexion d'un objet tenu dans l'extrémité polie de la règle. Dans les mesures dont il s’agit ici, la perfection de la méthode optique semble avoir été poussée à ses extrèmes limites; l'objet réfléchi dans la surface ter- minale de la règle était un fil d'araignée placé paral- lèlement à cette surface; les procédés les meilleurs élaient employés pour la mise au point; et, cependant, après des mois de travail, le contrôle par la méthode des contacts montra une divergence systématique entre les deux procédés, ce qui, après une critique serrée de la méthode dattouchement, fit triompher cette dernière, aux dépens de celle que l’on avait crue la plus précise. Le Mémoire se termine par la relation d’une déter- mination, en fonclion du nouveau mètre, des deux élalons reproduisant l'étalon des Archives de France, déposés en l'an VIT de la République au Conservatoire des Arts et Métiers et à l'Observatoire de Paris. Il résulte de ces mesures que, entre les trois étalons de platine primitifs, il n'existait pas une divergence supérieure à un demi-centième de millimètre, ce qui, pour l'époque à laquelle ils furent ajustés, peut être considéré comme un admirable résultat. Le troisième et dernier Mémoire technique rend comple des comparaisons faites par MM. Chappuis et Barker entre le thermomètre à résistance de platine et le thermomètre à gaz. Le thermomètre à résistance, qui à fait sérieusement apparition en Métrologie il y a une quinzaine d'années, à la suite des travaux de Callendar et Griftiths, semblait susceptible encore de quelques perfectionnements, pour l'étude desquels le Comité de Kew proposa un travail en commun au Comité international. Dans ce dernier travail, les mesu- res ont été poussées jusqu'à 6000 environ, avec une pré- cision qui semble être de l'ordre du dixième de degré. Une détermination de la température d’ébullition du soufre, Si importante en pyrométrie, complète ce tra- vail, que liront tous ceux qu'intéresse la mesure pré- cise des températures élevées. Ces courtes notes suffiront à montrer que le dou- zième volume des publications techniques du Bureau international continue dignement la série, déjà clas- sique, de ses Travaux et Mémoires. Louis OLivier. Raphaël Blanchard, ?rolesseur à la Faculté de Médecine de Paris, membre de l'Académie de Méde- cine,— Les Cadrans solaires. —1 brochure de 145 pa- ges (2 édition) avec 1 figures. (Prix : 3 fr.) Socrété . d'Editions scientifiques. Paris, 1902. Ce petit ouvrage est la seconde édition d’une pla- quette publiée sur les Cadrans solaires par le savant professeur de Parasitologie de la Faculté de Médecine de Paris, qui ne se contente pas d’être un très distin- gué zoologiste, un remarquable professeur et un véri- table initiateur en Médecine et en Hygiène coloniales, mais, s'intéressant à lout,met à profit la période des BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1149 | | vacances pour étudier quelque coin de notre vieille France, son industrie et son art. La coquette brochure qu'il consacre aujourd’hui aux Cadrans solaires nous apporte un nouveau témoignage de la souplesse de cet | esprit qui passe avec une élégante aisance de la Biolo- gie à l'Astronomie, L. 0. | 2° Sciences physiques Murpain (A... — Les Applications pratiques des ondes électriques. — 1 vol. in-8° de 412 pages Mn avec 271 figures (Prix : cartonné, 12 fr.) C. Naud, nm éditeur. Paris, 1902. nn La rapidité avec laquelle les découvertes les plus inattendues passent dans le domaine des applications “ét de l'enseignement est une des caractéristiques les “plus remarquables de notre époque : il y à à peine “quinze ans que Hertz réalisait ses admirables expé- iences, à peine cinq que Marconi prenait ses premiers brevets sur la télégraphie sans fil, et dès maintenant les ondes électriques sont devenues sujet classique et se prètent à la solution de problèmes qu'on aurait à peine osé aborder il y a quelques années. …_ M. Turpain rend un vrai service au public curieux “de ces applications en les présentant d'ensemble dans Vouvrage que nous analysons aujourd'hui, et la note personnelle qu'il y introduitne donne que plus d'intérêt “aux recherches de ses devanciers. La plus grande partie “de l'ouvrage, comme il est juste, est consacrée à la télé- “graphie sans fil : si cette application est une consé- _quence immédiate des découvertes de Hertz et de _ Branly, une multitude de difficultés ont néanmoins dû être surmontées pour la faire passer dans la pra- piaue; les chapitres I et IT renferment, on peut le dire, l'indication de tout ce qui s'est fait jusqu'à “aujourd'hui dans cette voie. Nous signalerons en particulier, comme d'actualité, les problèmes de la syntonisation, c'est-à-dire de la mise d'accord des appareils récepteurs et transmetteurs dans la télé- graphie sans fil; il est de toute évidence que si l'on n'en arrive pas là, de manière à assurer le secret des communications et à éviter la confusion des signaux, Je champ de la télégraphie sans fil restera singulière- ment restreint. Bien que la nature même des perturbations produites dans l’éther par l'excitateur de Hertz, perturbations qui ressemblent bien plus à des chocs qu'à des vibra- tions régulières, oppose à la syntonisation des diffi- cultés considérables, un certain nombre de résultats intéressants ont déjà été obtenus dans cette voie; on les trouvera développés dans l'ouvrage de M. Turpain. Le chapitre II, qui, malgré son importance, pourrait sans inconvénient être détaché du reste du volume, contient une monographie détaillée des appareils pro- ducteurs de décharges : machines, bobines, interrup- teurs, dont la variété commence à être si grande. Le chapitre IV, qui renferme l'application des ondes à la télégraphie avec conducteurs, n’est pas un des moins intéressants de l'ouvrage ; il contient presque exclusi- vement lesrésultats des recherches de l’auteur, résultats qui, bien que n'ayant pas encore reçu la sanction de la pratique, peuvent avoir une certaine importance en donnant des solutions nouvelles de la télégraphie en Duplex (deux dépêches en même temps et en sens inverse par le même fil); en Diplex (deux dépêches en même temps dans le même sens par le même fil) et de la télégraphie et téléphonie simultanées. La haute fréquence ne pouvait guère ne pas figurer dans un ouvrage sur les ondes électriques : on n'a pas oublié les brillantes recherches de Tesla, et les espérances plutôt audacieuses que ce physicien éminent fonde sur elles : transmission à distance, sans conduc- teurs, de quantités considérables d'énergie, éclairage à distance sans conducteur, etc. Il convient aux savants d'ambition plus modeste non pas de faire justice de ces promesses, mais de les soumettre à une critique serrée et d'étudier soigneusement des phénomènes qui ‘ Ü h . | restent d'autant plus intéressants qu'on évite de leur demander plus qu'ils ne peuvent donner. Dans le long appendice qui termine le volume, on trouvera deux choses très différentes : d’abord les explications qui ontété proposées jusqu'ici sur le rôle, encore si mystérieux, des cohéreurs, ensuite la collec- tion très complète des brevets pris jusqu'à ce jour sur la télégraphie sans fil; c’est un vrai service rendu aux chercheurs, qui éviteront ainsi d’avoir à dépouiller d'innombrables publications. En résumé, l'ouvrage de M. Turpain a le grand mérite d'être didactique sur un terrain à peine exploré : il nous met au courant de l’état exact d’une question qui passionne aujourd'hui non seulement les physiciens de profession, mais encore le grand public. P. JANET, Professeur à l'Université de Paris, Directeur du Laboratoire Central et de l'Ecole Supérieure d'Electricité. Lagatu et Sicard. — Caractères analytiques des principaux sels minéraux solubles (2° édition). — 1 vol. de 441 pages. (Prix : 1 fr. 50.) Cercle de Elèves. Montpellier, 1902. Ce petit ouvrage a surtout le mérite de donner comme base à la détermination des sels considérés, une description précise et claire de ces substances. En se conformant aux indications des auteurs, l'étudiant, au lieu d'appliquer mécaniquement une recette, ap- prend vraiment les faits chimiques sur lesquels cette recette est fondée. 0: Roos, Directeur de la Station œænologique de l'Hérault. — La Concentration des vins, des moûts et des vendanges.— 1 vol. in-8° de 72 pages avec planche. (Prix: 1 fr.) Féret et Cr, éditeurs. Bordeaux, 1902. L'idée d'appliquer la concentration aux produits de la vendange : moûts ou vins, est assez ancienne. Si elle a été reprise par plusieurs expérimentateurs depuis quelques années, cela tient, sans doute, aux difficultés d'ordre économique auxquelles donne lieu actuelle- ment la surproduction des vins, et, en particulier, des petits vins. , On peut opérer la concentration, soit directement sur les raisins, dès qu'ils viennent d'être vendangés, soit sur le moût que l’on en a extrait, soit enfin sur le vin lui-même. M. Roos, après avoir étudié ces différents procédés, s’est nettement décidé pour la concentration des vendanges et des moûts. Il a fait, en 1900, des expé- riences à ce sujet, qui ont été l'objet d'un Rapport à la Société des Viticulteurs de France, et il a repris, aux vendanges de 1901, ces expériences sur une échelle industrielle. C'est l'ensemble de ces travaux que M. Roos résume dans la présente brochure. La concentration des moûts est évidemment beau- coup plus facile à réaliser pratiquement que la concen- tration des vins ; dans le premier cas, il n’y a qu'à opérer une distillation partielle dans le vide pour enlever une certaine quantité d'eau, tandis que la fabrication du vin concentré exige, en plus de la distillation, une rec- tification de l'alcool aqueux distillé. Mais la concentra- tion du vin présente, de son côté, certains avantages. En premier lieu, on peut opérer pendant toute l'année la concentration du vin, alors que la concentration du moût doit être faite au moment même de la vendange et dans un laps de temps très restreint; il faut donc, pour une production annuelle égale, un outillage beau- coup plus important pour concentrer le moût que pour concentrer le vin. Ensuite, on peut, en concentrant le vin, préparer des concentrés à titre alcoolique élevé : 20° et même 25°, tandis que, si l'on opère sur les moüûts, on est forcément limité à la teneur alcoolique qui cor- respond au développement normal de la levure. Je sais bien que cette dernière objection n'a pas une grande valeur si l'usage de la concentration se borne, comme le préconisent les divers auteurs, à l'enrichis- sement des vins pauvres; il n’en est pas moins Vrai que, 4150 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX dans certains cas spéciaux, la concentration du vin pourra rendre des services que ne rendra pas la con- centration des moûts. À mon avis, d'ailleurs, l'un et l’autre procédé peuventrendre des services à la viticul- ture et donner d'intéressants résultats, Il est donc à souhaiter qu'on en tente l'application sur une échelle industrielle, X. RocQues, Ingénieur-Chimiste, ancien Chimiste principal du Laboratoire municipal de Paris. 3° Sciences naturelles Ferrand (G.\, Vice-consul de France. — Les Musul- mans à Madagascar et aux îles Comores. — 1 vol. grand in-8°, en trois parties, de 164,130 et 204 pages. (Prix :13 fr. 50.) E. Leroux, éditeur. Paris, 1891-1902. Ecrit en partie à-Mananjary, sur la côte sud-est de Madagascar, en partie à Recht, en Perse, l'ouvrage de M. Ferrand constitue plutôt une documentation ana- lytique qu'un exposé synthétique. L'absence d'Index méthodique détaillé en complique la lecture pour les non initiés; mais c'est une œuvre doublement précieuse, car l'auteur a étudié ce dont il parle, sur place, avec l’autorité scientifique qui s'atta- che aux travaux des savants formés à l'Ecole de M. Basset et fidèles à ses traditions. Venant après de nombreuses recherches historiques et philologiques, poursuivies en Abyssinie, au Gomal, à Zanzibar et le long de Ja côte orientale d'Afrique, les Musulmans à Madagascar et leurs annexes!’ sont le fruit d’une expé- rience locale de dix années. On pourrait en définir le programme initial, comme celui d'observations directes sur les traditions et les coutumes des Malgaches islamisés. Mais les observa- tions donnent lieu, de la part de l’auteur, à une critique approfondie par l'intervention des méthodes historiques et philologiques, du Folk Lore et d’autres recherches, sur l« art divinatoire », par exemple. Les 500 pages des Musulmans à Madagascar contiennent ainsi, en réa- lité, la matière de plusieurs ouvrages réunie dans une forme encyclopédique. Parmi les principaux sujets traités en détail, il con- vient de mentionner d'importantes recherches philolo- giques, consacrées à la transcription arabico-malgache et à la grammaire comparée des dialectes malgaches, d'excellents apercus sur la sociographie malgache et une discussion approfondie des origines islamiques à Madagascar. Ne prétendant pas faire, dans le cadre d'une simple analyse, un compte rendu complet de documents si abondants, nous nous bornons à renvoyer à l'ensemble des travaux de M. Ferrand les lecteurs soucieux de donner une base scientifique à leurs études malgaches. Résumons seulement les données essentielles de cette contribution aux études islamiques. Le géographe arabe Macoudi fait remonter aux envi- rons de 750 l'islamisation de l'ile de Qanbalou, assi- milée d’une facon à peu près certaine à Anjouan, l'une des Comores. Contrairement aux légendes indigènes qui confondent les migrations ethniques et les migra- tions religieuses, en faisant venir les premiers Musul- mans malgaches de La Mecque, avec ou sans escale dans une ile de la Sonde, il parait acquis que les premiers convertisseurs de Madagascar vinrent simplement d'An- jouan, au ix° siècle. Au moment de la conquête fran- caise, on constatait encore sur le vif, chez les Sakalava, le mécanisme probablement uniforme de la propa- gande musulmane, Elle est l'œuvre des musulmans étrangers venus pour commercer, de Zanzibar, des Co- mores, de l'Oman ou de l'Hadramaout. 1 La légende de Raminia, d'après un manuscrit arabico- malgache de la Bibliothèque nationale, in Journal asiatique. Genéalogies et légendes arabico-malgaches, d'après le ma- nuscrit 143 de la Bibliothèque nationale. Notes sur les transcriptions arabico-malgqaches, d'après les l'olk Lore malgaches. Manuscrits Antaimorona. « Ils viennent trafiquer avec leurs boutres pendant là mousson du Nord-Est (sur la côte Ouest) et retournent dans leur pays avec la mousson contraire. Les Bantous« de Zanzibar et des Comores émigrent volontiers à 1 Grande Terre. Ils affectent une très grande piété, récitent ostensiblement le chapelet et fréquentent assis dûment la mosquée. Dans les villages maritimes, où ne pénètrent ni l'Européen, ni l'Antimerina, les paupières plombées de koh'ol, les pieds et les mains rougis aus henné, vêtus de la longue gandourab,, ils se livrent à la prédication. L'air inspiré, ils circulent dans les ruelles, exhortant les indigènes à la pratique de la foi, vantant, les séductions de la vie du vrai croyant, et les récom- penses éternelles qui l'attendent après la mort. Is, prennent des poses extatiques et affirment avoir con= versé avec le Prophète, l'ange Gabriel et les saints de l'Islam. Ils arrivent ainsi à acquérir un certain ascen- dant sur les Sakalava, qui viennent leur demander d’abord des remèdes, puis des amulettes. Le Comorien ou le Zanzibarite est dès lors sacré Ombiasy (devin), et sa connaissance de l'Ecriture lui crée une supériorité certaine sur les sorciers indigènes ». Il s'ingénie alors à devenir le chef du village, du canton, où son étoile l'a conduit, soit par les mariages qu'il contracte, soit par toutautre moyen, ets’enrichit rapidement, en perce-M vant des droits arbitraires sur les boutres de commerce, en faisant jeter sur les boutiques de ses concurrents. les fady (interdictions) des sorciers à sa solde, ou en- core, par la vente des ody (amulettes) et l'exploitation habile du sikidy (divination). « À tous ces revenus viennent enfin s'ajouter les légers impôts en nature, prélevés sur les sujets de la reine (qu'a épousée l'étran- cer), le commerce des esclaves, les parts dans les razzias M de troupeaux et le pillage des voyageurs. Le pieux musul- man du début est devenu boutiquier, marchand d’es-. claves et coupeur de routes! ». Cette conception de la propagande musulmane est en harmonie avec les tendances religieuses des Malga- ches, aussi crédules que sceptiques. Leur véritable religion se borne au culte des dieux indigènes, que les sorciers et les devins ont conservés avec l'empreinte de l'Islam ou du Christianisme. Chez les Sakalava, par exemple, Allah et le Prophète prennent place dans la fète des Eaux ou des Semailles, mais après Zanahary et Anga- tra, principaux coryphées d'un Panthéon éclectique. Peut-être l'Islam, représenté sur presque tout le littoral par des ruines d'établissements parfois impor- tants, a-t-il été plus vivace jadis. Joo de Barros raconte que Tristan d’Acunha trouva, en 1505, des Maures policés dans les parages de Mahajamba. Au xvu® siècle, les « Mores » Sakalava, en guerre avec les Portugais, étaient suffisamment organisés pour pouvoir résister aux troupes d’une puissance européenne ?. Mais, à l'épo- que moderne, « la propagande religieuse des Comoriens et des Zanzibarités est, dans ses résultats, toute superti- cielle. Les Sakalava (du Nord-Ouest) comme les Antambahoaka et les Antaimorona (du Sud-Est) ont adopté l'Islam sans apporter aucun changement nota- ble dans leurs mœurs et leurs coutumes* ». Les pres- criptions qui concernent le culte unitaire, les prières obligatoires quotidiennes, le jeûne, le pèlerinage de La Mecque, la continence hors du mariage, ne sont pas plus observées que celles qui s'opposent à l'usage du vin et des boissons fermentées, aux pierres levées, aux jeux de hasard et aux sortilèges. « Les musulmans malzaches du Nord-Ouest ignorent jusqu'à lexis- tence de la prière. Leur religion n'en comporte pas ». On ne s'adresse qu'à Zanahary pour demander une faveur et à Angatra pour écarter un danger. « Les Antankarana, les Antiboina, Antambouga et Menabé septentrionaux se proclament cependant Silamo. Is n'ont de.musulman que le nom‘ ». Tels sont aussi les Les Musulmans à Madagas”ar, 19-80, Ibid., p. 75. 1bid., P: 80. Ibid., p. 86. > © + » afindraminia, Antambahoaka, Onjasty, Antaiony, kazimambo, Antaivandrika et Sahatany, disséminés ns le pays compris entre 21° et 23° de latitude Sud, bu encore les Antaimorana de la côte Sud-Ouest. A l'exemple des Arabes, ces derniers, qui sont les us lettrés des musulmans malgaches, emploient fré- mment les exclamations pieuses, familières aux ideptes de l'Islam, mais « la prière quotidienne, l’abs- ntion des animaux impurs et la circoncision, sont esque les seules prescriptions musulmanes qu'ils bservent encore intégralement! ». La profession de foi musulmane : « La ilah illa Allah ou Moh'ammed resoul Allah » ne les empèche pas de faire, dans la pra- | exe de versets du Koran, de légendes, de descriptions u culte des dieux indigènes, que du Koran, qu'ils traitent volontiers en sampy, en fétiche, mais sans le consulter, faute de connaitre l'arabe. - On en vient, par là, à une des particularités remar- quables de l'Islam malgache : S'il est tout à fait superficiel comme religion, si son influence sociologique ne va guère plus loin que le commerce important des amulettes et des fétiches, il a oté les peuplades malgaches d’une écriture. Toutes celles qui ont été islamisées se servent des caractères arabes pour la transcription de la langue indigène. On retrouve très développé à Madagascar le mouvement qui se remarque aussi, dans l'Afrique occidentale, chez les Soni-nkés et les Peuls, au Bornou et au Ouadai dans l'Afrique centrale. Il existe une « littérature indi- gène », rudimentaire comme objet, bornée au szkidy ou aux légendes généalogiques et mystiques qui se ratta- hent aux origines islamiques. Mais, au point de vue philologique, elle présente le plus grand intérêt. Déjà, en 1832, un orientaliste français, M. E. Jacquet, avait pu, grâce à quelques fragments de manuscrits arabico-malgaches, remonter aux origines malaises des dialectes malgaches. M. Ferrand a consacré des com- mentaires étendus à l'analyse des textes qu'il a rappor- tés lui-même, et des manuscrits du fonds malgache de la Bibliothèque nationale. On doit souhaiter que l’auteur des Musulmans à Madagascar puisse continuer avec plus de loisirs qu'au cours de déplacements lointains entre le Siam et la mer Caspienne, des travaux qui font honneur aux traditions savantes du corps consulaire, en mème temps qu'ils constituent un élément impor- tant de progrès dans les études d’érudition, faute des- quelles notre expansion coloniale manque souvent de base scientifique. A. Le CHATELIER, Professeur de Sociolozie musulmane au Collège de France. 4 Sciences médicales Apert (E.), Médecin des Hôpitaux. — Les Enfants retardataires (Actualités Médicales). —1 vo]. in-16 de 96 pages. (Prix :1 fr. 50.) J.-B. Baillière, éditeur. Paris, 1902. - M. Apert, dans diverses publications, a étudié les en- - fantsrétardataires : dans le petitvolume actuel, il résume et condense ce qu'il sait sur cette question; son traité est un livre que devraient lire tous ceux qu intéressent les questions d'éducation et d'élevage humain. À Sous le vocable : Enfants retardataires, l'auteur n en- tend pas désigner les enfants idiots; les enfants idiots ne sont pas plus des retardataires qu'un amputé des deux jambes n'est un nain. Un retardataire est un enfant chez lequel l'accroissement est trop lent à se faire, ou ne se fait pas avec la régularité, l'harmonie habituelles. Chez les rétardataires, certaines fonctions sont trop lentes à apparaître, ou n'apparaissent pas; par exemple, l'établissement des règles chez la fille, l'établissement de la sécrétion spermatique chez le garçon ne se produi- sent pas. Le développement intellectuel est ordinaire- ment ralenti d’une facon parallèle. 4 Les Musulmans à Madagascar, 2e pertie, p. 2. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX e, beaucoup plus de cas du « Sorabe », recueil com- | 1151 Le type le plus pur du retardataire, c’est le sujet qui est retardé par rapport aux enfants du même âge, qui, à dix-sept ans, par exemple, a le développement phy- sique d'un enfant de douze. Chez cet enfant, la totalité de l'organisme s'est mal développée. A l’âge d’adulte, il sera un 2nfantile, comme disait Lasègue. À côté de ce type simple, existent d’autres types cli- niques qui résultent de ce fait que le retard de déve- loppement, au lieu d'être total, a porté plus spéciale- ment sur certains organes. Un type assez commun est celui du garçon obèse avec cryptorchidie. M. Apert signale, en outre, les retardés avec myxædème, enfants de petite taille, à peau épaissie, à tête grosse, à thorax étroit, à l'abdomen proéminent, à membres courts, à développement intellectuel rudimentaire ; les retardés avec féminisme, les retardées avec virilisme ; les retardés avec gigantisme, qui pourraient être comparés à des enfants en bas âge, vus à l’aide d’un verre gros- sissant; les retardés avec Sénilisme, qui, jeunes, ont l'aspect physique de vieillards. Il n'est pas rare de voir ces retards dans le dévelop- pement coincider avec des malformations physiques, des stigmates de dégénérescence ou bien avec des tares intellectuelles. M. Apert décrit avec soin une variété de sujets retardataires qu'on rencontre assez souvent dans les classes cultivées de la société ; ces sujets ont souvent des facultés psychiques remarquables, au moins sur certains points : ils auront, par exemple, une mé- moire excellente, ou une aptitude spéciale pour les Mathématiques, pour la musique; mais ils manquent de ces qualités de volonté, de décision, de force morale qui font l'homme véritable; ce sont les retardés dans le caractère sans retard intellectuel ni physique. Quelles sont les causes de ces arrêts de développe- ment? Il est probable qu'un très grand nombre de facteurs interviennent, et, dans les enquêtes que le médecin fait pour rechercher l’étiologie, il doit étudier les maladies des géniteurs, des parents, avec autant de soin que les maladies du sujet lui-même. Il y a bien longtemps qu'on a remarqué la désastreuse influence des maladies des parents sur le développement des enfants : la tuberculose, la syphilis des parents sont une cause manifeste et bien connue d'arrèts de déve- loppement ou de tares chez les enfants. La lèpre, la fièvre palustre, les infections aiguës ou chroniques. les intoxications, alcoolisme, saturnisme, etc..., agissent dans le mème sens : elles troublent le développement des descendants. Quand ces mêmes affections surviennent chez un sujet en voie de croissance, elles peuvent l'arrêter dans son évolution. Toute maladie grave survenant chez un enfant est susceptible de déterminer les troubles de déve- loppement. L'auteur montre surtout le rôle des affec- tions du foie, de la rate, des glandes génitales, du corps pituitaire, du corps thyroïde. Il relate les résul- tats de l’autopsie qu'il à faite de trois sujets retarda- taires: chez l’un de ces sujets, il y avait un état infantile du corps thyroïde et un état presque fœtal du testicule, sans altération pathologique de ces organes; chez les deux autres sujets, le testicule était sclérosé, le corps thyroïde était dégénéré, selérosé, infiltré d'adénomes. Si M. Apert insiste spécialement sur le rôle des affec- tions des glandes génitales ou de la glande thyroïde dans la genèse des arrêts de développement, c'est que » > . = a € c la thérapeutique peut beaucoup quand ces itection: ints de l'extrait sont en cause. En administrant aux en} de corps thyroïde ou des extraits orchitiques el ova- riens, on peut heureusement influencer leur évolution. M. Apert a vu, dans un grand nombre de ( is, des enfants retardataires traités par l'administration de corps thy- roïde augmenter de taille, se modifier très rapidement au point de vue du cara tère, de l'inte lligence et du fonctionnement physiologique des divers organes. Les essais de traitement pathogénique sont des plus en- couraseants : c'est là une voie nouvelle ouverte à la médication opothérapique. Dr P. DESFOSsEs. 1152 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 17 Novembre 1902. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. W. Stekloff commu- nique ses recherches sur la représentation approchée des fonctions. — M.E.Cartan démontre que le seul groupe transitif simple dont les équations dépendent d'une fonction arbitraire d'un argument est isomorphe au groupe général à une variable. Il n'y à pas de groupe transitif simple dont les équations dépendent de deux fonctions arbitraires d’un argument. — M. E. Vallier, poursuivant ses recherches sur la loi des pressions dans les bouches à feu, établit que l'exposant moyen de com- bustion «, pour les poudres sans fumée, est la moitié du complément à 3 du coefticient de fatigue 8 dans le tir considéré. — M. Lœwy présente les récentes publi- cations de l'Observatoire de Paris. 20 SCIENCES PHYSIQUES. M. G. Lippmann indique une nouvelle méthode pour la visée d'une surface de mercure; elle consiste à éclairer celle-ci par un fais- ceau de lumière horizontal. Le mercure se profile alors sur fond clair sous forme d’une masse noire à contour très net. — M. d'Arsonval présente un pendule de Foucault simplifié, construit par M. Cannevel, et à la portée du publie et des écoles. — M. P. Duhem, à pro- pos des expériences de M. Blondlot, rappelle que, dans son enseignement, il à souvent fait remarquer l’analo- gie qui semble exister entre les oscillations électriques longitudinales et les rayons X. — M. E. Esclangeon décrit les récentes lueurscrépusculaires observées à Bor- deaux. Les lueurs du soir ontcessé brusquement pour se continuer par des lueurs du matin. Ces phénomènes sont difficilement conciliables avec l'hy pothèse des poussières cosmiques; ils s'expliqueraient mieux par la présence d'une poussière de glace dans les régions supérieures de l'atmosphère. — M. P. Curie a reconnu que la cons- tante du temps qui caractérise la diminution de l'acti- vité d’une enceinte fermée renfermant des gaz activés par le radium n'est nullement influencée par les condi- tions de l'expérience, par la nature du qui remplit l'enceinte où de la matière qui en constitue les parois. Ce serait une constante d'une importance générale. — MM. André Brochet el C.-L. Barillet ontétudié des résultats obtenus par linterposition d'une électrode bipolaire en platine dans un bain de sulfate de cuivre soumis à l’électrolyse. Pour une densité de courant déterminée, une certaine quantité d'électricité traverse la lame de platine en RRANEATS un dépôt de cuivre sur le côté qui regarde l’anode, et un dégagement gazeux sur celui qui regarde la cathode. — M. A. Ledue indi- que que les dernières expériences de Lord Rayleigh sur l'hydrogène atmosphérique confirment ses propres recherches et montrentque l'air contient environ 0,2322 d'oxygène et six à huit fois moins d'hydrogène que ne l'admet M. A. Gautier. — M. M. Berthelot signale les impureté s qui peuvent se trouver dans l’oxygène com- primé, leur rôle dans les combustions opérées au moyen de la bombe calorimétrique et la facon de procéder pour les éliminer. — M. A. Gautier a constaté que l’ar- senic existe dans l’eau de mer soigneusement filtrée, aussi bien que dans les algues et autres constituants de son plankton; il paraît dissous principalement à l'état organique. Cet arsenic a été probablement fourni à la mer par les roches primitives. — M. Baïlhache, en traitant par la baryte à chaud un mélange de solutions de sulfate de molybdène et d'acide oxalique, à obtenu de l’oxalomolybdite de potassium Mo0(04}"C°0*(0H)K. On obtient de la même facon l'oxalomolybdite de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE L'ÉTRANGER baryum BaH°/MoO(OH)}°C20:?,H°0 M. Escot signale un nouveau RE de tannage aux sels: de molybdène ; la laque molybdène-tlannin est soluble et possède une très grande affinité pour le cuir et les! libres animales. — M. L. Azoulay décrit un procédé pour la reproduction, en nombre illimité, des phono grammes en cire pour musées phonographiques. Le phonogramme original est moulé en cuivre rouge pas la galvanoplastie et reproduit par fusion ou par com-= pression et chaleur combinées. — M. $S. Posternak pense que la base, nommée musculamine, extraite récemment par MM. Etard et Vila des produits d'hy= drolyse du musele de veau, est identique à la cadavérine retirée des cadavres ou des chairs putréliées. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. $. Ledue est arrivé à produire chez les animaux le sommeil et l'anesthésien générale, doucement et progressivement, par l'emploi de courants de 10 à 30 volts, interrompus 150 à 200 fois par seconde, avec un rhéostat sans self-induction dans le circuit. — M. M. Dupont à imaginé un appareil pour déterminer la durée normale des. impressions lumi-. neuses sur la rétine, et permettant de rechercher les variations pathologiques qui peuvent se produire, —. M. A. Poëy rappelle qu'il a déjà réalisé en 1852 un dis- positif pour l’électrolyse des sels mé talliques séjour- nant dans les tissus et le transport mécanique des ions dissociés hors du corps. — MM. A. Laveran cl F. Mesnil ont reconnu que le nagana et le mal de . caderas sont deux entités morbides bien distinctes, its à deux trypanosomes différents : Tr. Bruce et Tr. equinum. — M. Y. Delage a pratiqué l’excision du madréporite chez l'Astérie; au bout de deux ou trois jours, la cicatrisation est complète. La plaie s'est re- fermée, mais il est resté en son centre un trou de la grosseur d’une épingle, conduisant dans le canal hy- drophore, ce qui rétablit, plus large, la communication du système aquifère avec le dehors. — M. Leclerc du Sablon à étudié la variation des réserves hydrocar- bonées dans la tige et la racine des plantes ligneuses. Elles passent par un minimum au printemps el un maximum en automne à la fin de la période d’'assimi- lation. D'une facon générale, la racine renferme plus de réserves que la tige, mais ‘Ja différence est nulle au printemps. — M. H. Hua décrit une nouvelle liane du Gabon, le Landolphia Pierrei, qu'il considère comme pouvant fournir du caoutchouc. — M. J. Laurent à étudié l'influence des matières organiques sur le déve- loppement et la structure anatomique de quelques Phanérogames. La glycérine et l'acide humique, ab- sorbé sous forme d'humate de potassium, modifient les échanges gazeux de manière à activer l'assimilation du carbone. — M. M. Lugeon établit une analogie entre les Carpathes et les Alpes. Le bord nord du Tatra se comporte, au point de vue des plissements, comme le bord nord des Alpes. Séance du 24 Novembre 1902. La Section d'Astronomie présente la liste suivante de candidats pour la place laissée vacante par le décès de M. Faye : En première ligne, M. G. Bigourdan; en seconde ligne : MM. Andoyer, H. Deslandres, M. Hamy et P. Puiseux. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ed. Maillet montre que beaucoup des propriétés des fonctions entières et quasi entières s'étendent, souvent avec des démons- trations semblables, aux fonctions monodromes à point singulier essentiel, aux environs de ce point, principa- lement les propriétés asymptotiques. — M. E. Esclan- geon place les fonctions de fonctions périodiques de Mpériodes différentes dans une classe plus générale de fonctions, dont les propriétés tiennent à une extension “nouvelle de la notion de: périodicité. — M. Perrotin communique les résultats obtenus à l'Observatoire de Nice dans la détermination de deux grandes constantes. La vitesse de la lumière, mesurée par la méthode de la roue dentée de Fizeau entre deux stations distantes de 46 kilomètres, a été trouvée égale à 299.880 kilomètres “par seconde, à 50 kilomètres près. La parallaxe solaire, déduite des observations d’'Eros, est de 8/,805 + 0",011. — M. J. Guillaume adresse des observations du Soleil, faites à l'Observatoire de Lyon pendant le troisième “trimestre de 1902. Le nombre des groupes de taches, “le même que leur surface moyenne totale, a augmenté. Le nombre des groupes de facules à continué à aug- -menter, mais leur surface totale est un peu moindre. — M. A. Krebs décrit un carburateur automatique pour moteurs à explosions, dans lequel on maintient constant le rapport des poids d'air et de liquide qui se “rendent au cylindre au moyen d'un tiroir d'entrée - d'air additionnelle, mû par un piston sans frottement soumis à l’action de la pression motrice d'écoulement de l'air d’une part, et à celle d’un ressort convenable- ment calculé d'autre part. 20 SGIENCGES PHYSIQUES. — M. E. Mercadier rappelle qu'il a construit, il y a 25 ans, un électrodiapason en fonte malléable donnant seulement 4 à 10 ou 12 vibra- . tions par seconde. — M.G. Moreau à constaté que la | conductibilité unipolaire d’une vapeur saline est ana- » logue à celle d’une masse d'hydrogène qui entoure un - filament de carbone incandescent ou à celle d'une - masse gazeuse qui touche un métal illuminé par des - radiations ultra-violettes. — M. W. Oechsner de Co- . ninck a observé que le chlorure d'uranyle, soumis à la calcination, perd son chlore et se transforme en oxyde | vert; le bromure d’uranyle, au contraire, perd son . brome, et fournit une masse rouge-brique, stable à . haute température, d'oxyde uraneux. — M. P. Chré- tien a préparé les sels des acides ferrocyanhydrique - et ferricyanhydrique avec les isoamylamines primaire, secondaire et tertiaire. — M. A. Trillat décrit un pro- . cédé de dosage de la glycérine dans le vin, basé sur la » propriété que possède l’éther acétique, débarrassé de . ses impuretés, de dissoudre la glycérine dans une pro- . portion d'environ 9 °/, à la température ordinaire, à l'exclusion des autres éléments contenus dans l'extrait sec d'un vin. — M. V. Henri communique une théorie générale de l’action de quelques diastases. Pour lui, une partie du ferment se combine avec une partie du corps à dédoubler; une autre partie du ferment se combine avec une partie des produits de l'hydrolyse ; enfin, il reste une portion du ferment libre. En admet- tant que toutes ces combinaisons se produisent suivant la loi de l’action des masses, on arrive à une formule générale que les expériences de l’auteur vérifient bien. 3° SctENCES NATURELLES. — M. Ch. Dépéret signale la découverte à Barcelone de restes du Lagomys corsi- canus, petit mammifère jusqu'à présent exclusivement rencontré en Corse et en Sardaigne. Il est probable qu'il a vécu sur d’autres points du littoral méditerra- néen, d'où il a passé dans ces îles pendant le Pléisto- cène. — M. Jobert a étudié la structure du muscle adducteur des valves de l'Anomia ephipprum. Aux fibres striées parait dévolue la fermeture brusque de la valve ; au tissu élastique, aux fibres lisses à contrac- tion lente, la fermeture permanente. — M. Aug. Mi- chel a observé deux types remarquables de Rhabditis : lun ne présentant que des femelles hermaphrodites, l'autre dioïque, avec mâles et femelles complètement unisexués. — M. G. Chauveaud montre que la théorie des phytons ne s'applique pas aux Gymnospermes, le développement de l'appareil conducteur ayant toujours son point de départ dans la racine, et la feuille ne représentant que la dernière phase de ce développe- MIE — M} J: Turquet a reconnu que, par son mode de végétation et de reproduction asexuée, l'Amylo- myces Rouxii, le champignon de la levure chinoise, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1153 doit rentrer dans le genre Mucor et porter désormais le nom de Mucor Rouxii. — M. St. Meunier signale l'existence de géodes de soufre natif dans lé sous-sol de la place de la République à Paris. Ce soufre provient de la réduction d'eaux chargées de sulfate de chaux par les dépôts organiques d'un ancien marais qui cou- vrait cette région. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 18 Novembre 1902. M. le Président annonce le décès de M. L.-P. La- royenne, correspondant national. M. Roux présente un Rapport sur le concours du Prix Audiffred. — M. Duret signale un procédé d’ex- tirpation du rectum par la voie abdomino-périnéale, avec abouchement consécutif de VS iliaque à l'anus et conservation du sphincter et du canal anal. Séance du 25 Novembre 1902. Séance d’'inauguration du nouvel hôtel de l'Académie de Médecine. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 45 Novembre 1902. M. F. Regnault montre qu'il convient de différencier deux types de malformations chez le bœuf : l'achondro- plasie, où la base du crâne est atteinte, et le natisme, où la base est normale et la face seule diminuée; ces deux malformations peuvent, d’ailleurs, être réunies chez le même sujet. — M. Ch. Féré étudie les divers effets d’un même son sur le travail suivant l’état du sujet. — M. J.-V. Laborde, étudiant le réflexe respira- toire, montre une double modalité fonctionnelle des nerfs sensitifs de ce réflexe, notamment du nerf laryngé supérieur. — M. L. Azoulay : Moulage des phono- grammes (voir p. 1148). — M. A. Gautier : Existence normale et origines de l’arsenie dans l’eau de mer et les organismes marins (voir p. 1148). — M. O.-F. Mayet décrit un appareil pour pratiquer la centrifugation à 0°, afin de réduire au minimum les altérations possibles du liquide. — M. F. Battelli a observé, chez le lapin, que les injections d'adrénaline sont mortelles à la dose de 0,2 milligramme par kilogramme d'animal dans la veine jugulaire, et de 0,6 milligramme dans la veine fémorale. La mort est due surtout à l'ædème aigu du poumon, rarement aux trémulations fibrillaires du cœur. — M. G. Catouillard a isolé d’un échantillon d'eau un streptothrix, donnant sur tous les milieux de culture une coloration ambrée. 11 le nomme OUospora chromogenes. — M. E. Couvreur cite des expériences montrant que la strychnine est un poison qui agit directement sur le nerf moteur. — Le mème auteur à étudié le sang des Gastéropodes marins. Il est incoagu- lable, par suite de l'absence de fibrinogène; il renferme de l'hémocyanine. — Enfin, M. E. Couvreur à observé que, chez la Torpille, l'entrée de l’eau dans les sacs branchiaux peut se faire par trois ordres d’orilices. La sortie se fait toujours exclusivement par les orifices branchiaux resserrés, ce qui amène une Compression momentanée de l’eau. — M. J. Lefèvre indique les précautions à prendre pour relever la température rec- tale au cours d’une étude de thermogénèse. — MM. Morel et Doléris signalent une modification avantageuse à la méthode de coloration par lemélange t ide d'Ebrlich. — M. J. Turquet communique un nouveau procédé de cultures cellulaires en Mycologie. — MM. L. Fournier et ©. Beaufumé ont trouvé le bacille de Koch dans l'urine dans tous les cas de lose à évolution rapide ou franchement aiguë examinés par eux. Ce qui permet d'établir formellement le dragnoslic qans €? tuberculoses à forme granultiqu — M. Ed. SerEE décrit une Coccidie nouvelle, parasite du Caméléon Yu gaire, qu'il nomme /sospora Mesnili. — M. G. Leven a FE pose = es Hit des recherches sur Le-séjour des liquides dans l'es 115% tomac; pour l'eau, chez le chien, l'évacuation com- mence vers la quinzième minute après l'absorption et est terminée vers la tentième,—M. J. Nogaétudié les effets de la chloralisation sur le Hérisson. — MM. Klip- pel et Lefas ont observé qu'au point de vue hémato- logique la TEA EEE rale se comporte comme une infection banale. M. A. Weber communique ses recherches sur le dé ‘veloppement de l'intestin moyen et de ses glandes annexes chez les Oiseaux. — M. L. Babonneix à observé, au cours de paralysies produites par injection de toxine diphtérique, une propagation ascendante de la toxine des nerfs vers les centres. — MM. H. Roger et P.-E. Weil ont reconnu à nouveau que la variole est inoculable au lapin; contrairement à l'opinion admise, le virus variolique ne confère qu'assez difficilement une immunité bien nette contre le virus variolique. —MM. Ch. Achard, M. Loeper el H.Grenet ont étudié l'agglutination dans l'infection pyocyanique chez l'homme. Pour être considérée comme positive, il faut qu'elle soit obtenue avec des dilutions assez éten- ; : ; 1 dues, le sérum normal la produisant facilement au TL — MM. Bierry et P. Portier indiquent une méthode de dosage du sucre du sang par réduction, après précipita- tion des albuminoïdes par le nitrate mercurique. RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Séance dx 11 Novembre 1902. M. Cavalié a examiné les terminaisons nerveuses motrices et sensitives des muscles striés de la Tor- pille; elles présentent une forme en ombelle. Chez le lapin, le mode de terminaison des filets nerveux mo- teurs paraîl consister presque uniquement en plaques motrices. — MM. Verger el Abadie ont étudié les réflexes cutanés du membre inférieur. — MM. Gentes et Aubaret communiquent leurs recherches sur les connexions de la voie optique avec le troisième ven- tricule. — M. Tribondeau a étudié la structure histo- logique de la membrane de Jacob des chats nouveau- nés; il attribue, avec Schültze, à la zone granuleuse de la rétine la formation des cônes et des bâtonnets. — M. A. Pitres a constaté que les réflexes cutanés et ten- dineux sont également abolis dans le vrai et le pseudo- tabes; par contre, l’état des réflexes pupillaires et de la sensibilité profonde de l'épigastre et des testicules peut servir à différencier ces deux affections. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 21 Novembre 1902. M. L. Houllevigue indique un procédé de prépa- ration de lames minces métalliques par projection cathodique. On sait que, lorsqu'on produit l'effluve dans un gaz raréfié, la substance de la cathode est projetée en tous sens dans l'espace qui an M. Houllevigue à utilisé ce phénomène pour déposer, sur un support quelconque (verre, fibre, plaque métal- lique, etc.), des couches minces adhérentes des métaux suivants : or, argent, platine, palladium, fer, nickel, cobalt, zinc, étain, cuivre, bismuth ; seul, le charbon parait n'avoir pas donné de dé pô. Les pellicules obtenues peuvent présenter tous les degrés de trans- parence ou d'opacité suivant la durée de l'opération (quelques heures ou plusieurs journées). Pour obtenir les pellicules sur verre, le dispositif recommandé est le suivant : on place la lame à métalliser sur une large anode horizontale en aluminium; à 12 millimètres ou 45 millimètres au-dessus se trouve une lame horizontale du métal à déposer qui constitue la cathode; le tout est placé dans une cloche à douille et le vide est fait à la trompe jusqu'à quelques centièmes de millimètre. Le flux électrique est fourni par le secondaire d’une bobine de Ruhmkorff (type Ducretet à interrupteur indé- pendant); il commence par purger la cathode des gaz occlus; ensuite la cathode projette sa propre substance, partie sur la lame de verre placée en regard, partie sur ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES -des faces multiples de la première. Veut-on limiter le l'anode et sur les parois de la cloche. Quand le dépôt est jugé d'épaisseur convenable, on arrète l'opération, on laisse refroidir l'appareil; on fait rentrer l'air et l'on | retire la lame métallisée. Les lames transparentes de fer permettent aisément de constater l'existence de la polarisation rolatoire magnétique du métal : une variation de champ égale à 12.250 unités a produit, avec léchantillon employé, une rotalion positive de 1918. Les pellicules de bismuth présentent un effet anormal : elles n'éprouvent aucune variation dans leu résistance électrique quand on les introduit dans un champ magnétique: ce résultat est à rapprocher de celui déjà signalé par M. Leduc, à propos du bismuth élec Sue : l'effet du champ magnétique est d'autant: plus accentué que la texture cristalline du métal est plus accusée. Pour conclure, M. Houllevigue croit que ce nouveau procédé de métallisation (qu'on pourrait appeler 1onoplastie, par analogie avec la galvanoplastie) peut être utilisé dès à présent dans les laboratoires, el par les constructeurs d'instruments scientifiques. M. Bouty pense que le dépôt est composé de métal pur lorsque la cathode est elle-même formée de métal pur. Mais existe-t-il des métaux vraiment purs et peut-on affirmer que tout dépôt obtenu à l'aide du procédé indiqué par M. Houllevigue est exempt d'impuretés? M. Houllevigue croit à la pureté des dépôts dans les cas du fer, du cuivre et du nickel électrolytiques. Dans le cas d'une cathode d'argent contenant du cuivre, on voit apparaître le cuivre à la cathode au bout de quelque temps; l'argent serait plus facilement transporté que le. cuivre. Des expériences nouvelles s s'imposent pour pré- ciser ces résultats; il serait important d'observer les COrps composés bons conducteurs de l'électricité, les sulfures par exemple. Le graphite, traité pendant huit jours, n'a pas fourni de résultats satisfaisants. Après une observation de M. Benoist, M. Houllevigue ajoute qu'il ne lui semble pas que la facilité de transport des mélaux combinés ou mélangés soit en relation avec leurs poids atomiques. Sur la demande de MM. Javal et Gariel, il fournit quelques explications sur le temps nécessaire pour obtenir un dépôt opaque à travers lequel on puisse regarder le soleil sans être incommodé : . vingt minutes dans le cas de l'or, un temps plus long avec le palladium, à cause de la nécessité de chasser, avant le dépôt, les gaz inclus dans ce métal. L'épaisseur du dépôt que l'on peut obtenir ainsi est illimitée en principe. M. Broca, avec des dépôts Hecnoqnes de fer ayant'des épaisseurs de l'ordre du -© de micron, 100 a obtenu des valeurs du pouvoir rotatoire magnétique du mème ordre de grandeur que celles observées par M. Houllevigue avec les dépôts cathodiques.— M. E. Car- vallo fait hommage à la Société de son ouvrage : L'Ælec- tricité déduite de l'expérience et ramenée au principe des travaux virtuels. I y expose, sous une forme très condensée, les idées de Maxwell, augmentées {d'idées personnelles. La conclusion est l'idée de Maxwell entiè- rement généralisée, savoir : 1° Les forces électroma- guétiques et les forces électromotrices d'induction sont des. forces d'inertie; 2 Les phénomènes électriques obéissent à la loi des travaux virtuels. Pour M. Car- vallo, la loi des travaux virtuels est aussi générale que la conservation de l'énergie, la deuxième n'étant qu'une physicien à la conservation de l'énergie? Autant vaudrait limiter le mécanicien au théorème des forces vives. Il serait souvent embarrassé par les mécanismes qui dépendent de plusieurs paramètres, car le théorème des forces vives ne donne qu'une des équations du système, tandis que celui des travaux virtuels les donne toutes. Le paragraphe 2 intéresse l’enseignement, parce que la formule y est élablie avec une correction qui fait quelquefois défaut. L'inertie qu'est la self-induction est montrée de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1155 ite par une expérience frappante du cours de Cornu. Gela met en garde contre la faute qui consisterait à égliger la self. M. Carvallo répète l'expérience devant Société. — M. R. Swyngedauw étudie l'influence de vitesse de charge d'un excitateur sur l'allongement de sa distance explosible par la lumière ultra-violette. L'allongement de la distance explosive d’un excitateur par les rayons ultra-violets est une fonction croissante . du potentiel à l'instant où l’étincelle éclate. On le démontre par la méthode des excitateurs dérivés; on maintient l’un des excitateurs N dans des conditions physiques toujours les mêmes, el lon détermine la distance explosive équivalente de autre excitateur E, éclairé ou non par la lumière d'une lampe à arc. Si l’étincelle éclate à la distance critique, d'après la proposition énoncée, l'allongement “doit être égal à l'allongement statique ; or Hertz el d'autres ont démontré que l'allongement de la distance de la vitesse de variation critique peut ètre 1 L : : 3 ous de la distance elle-même, A tandis que les allongements que l’on obtient dans une méthode statique n'atteignent guère que le vingtième avec un éclairement intense; ces faits ne sont cepen- dant pas en contradiction avec la proposition; car on démontre que, dans le cas où la distance explosive critique de l’excitateur est allongée plus qu'une dis- tance statique, ce qui arrive lorsque l’éclairement est suffisamment intense, l’étincelle n'éclate pas au maxi- mum du potentiel entre les extrémités de la bobine, \ ; { : SL eRE mais, pour un potentiel de 3 Cnviron inférieur, au Nav 3 —. moment où — à une valeur notable. Cette proposition dt montre que l'étude des rayons ultra-violets par l’allon- gement des distances critiques manque de précision et * de certitude, car les potentiels explosifs de l'excitateur éclairé ou non ne sont pas les mêmes. L'allongement de la distance explosive est une fonction paire de la vitesse de charge ; la distance explosive s'allonge encore lorsque le potentiel va en décroissant; il en résulte cette conséquence singulière qui change les idées reçues sur les potentiels explosifs : pour décharger un excitateur éclairé par les rayons ultra-violets, chargé à un potentiel voisin du potentiel explosif statique, 1] suffit de diminuer brusquement la difference de potentiel entre ces pôles. Cette proposition permet d'interpréter certaines expériences curieuses inexpliquées jusqu à ce jour, notamment l'expérience de M. Lodge sur le débordement de la jarre et une expérience de Hertz*. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE PARIS Séance du 14 Novembre 1902. M. Amand Valeur a obtenu la benzopinacone par l'action du bromure de phénylmagnésium sur l'oxalate de méthyle et sur le benzyle. Le suceinate d'éthyle, réagissant sur un excès diodure de méthyl-magné- sium en solution dans l'éther anhydre, fournit le diméthyl-hexanediol, F. 90°, déjà obtenu par Lelmskÿ par l’action de CHMgl sur l'acétonylacétone; en subs- tituant CeH#MgBr à CH'Mg.I dans cette réaction, on obtient, outre une petite quantité de biphényle C'H— C°HS, du tétraphénylbutanediol : (CSH5)°C — CH? — CH? — C(C'H°)?, Lu OH cristallisant avec une mol. d'acétone et F. 208°. Ce composé, simpléement cristallisé dans l'acide acétique bouillant, perd une molécule d'eau et se transforme en un oxyde C*#H°0, F. 182°; ce dernier, Soumis 4 1 Herrz : Untersuchungen, p. 288, n° 8. l'ébullition avec de l'acide acétique contenant HCI ou SO*H®, perd H?0 et fournit un carbure C#H°?*, K. 202, qui cristallise dans le benzène en retenant une molé- cule de ce solvant. L'oxyde C#H2%:0 et le carbure C:#H22 ne fixent pas le brome à froid. — M. G. Bertrand a trouvé de petites quantités d’arsenic chez tous les ani- maux qu'il à examinés, depuis les Vertébrés supé- rieurs jusqu'aux Spongiaires. Il en a trouvé également dans les tissus les plus divers, de sorte que l'arsenic apparait aujourd'hui, au même titre que le carbone, l'azote, le soufre ou le phosphore, comme un élément fondamental du protoplasma. — M. Marquis entretient la Société de ses recherches, sur la nitration du furfu- rane et sur les dérivés de la dialdéhyde fumarique (ou maléique). — M. H. Le Chatelier et M. Ziegler, agrégé de l’Institut technologique de Karkoff, ont eu l'occasion, au cours d'études métallurgiques, d'obser- ver quelques propriétés des sulfures de fer, manganèse et nickel, qui peuvent présenter un certain intérêt au point de vue purement chimique. Le sulfure de fer fondu des laboratoires est un mélange de sulfure de fer, de fer métallique et d'oxyde de fer, ces deux der- niers corps pouvant former ensemble jusqu’à la moitié du produit total. Pour obtenir le protosulfure fondu, le mieux est de partir du bisulfure naturel et de le chauffer vers 12009 dans une atmosphère réductrice ou dans un creuset brasqué. À une plus haute tempéra- ture, ce sulfure se dissocie et, à 14009, il perd la moi- tié de son soufre. Toutefois, le culot ainsi obtenu n’est pas un sous-sulfure, mais bien un mélange de sulfure et de fer métallique cristallisé en grandes dendrites rectangulaires ou hexagonales. Le sulfure de fer pré- sente deux transformations allotropiques, l’une à 1409 et l'autre vers 200. Elles se manifestent par des per- turbations dans la dilatation et dans la conductibilité électrique. Ce sulfure de fer fond à 970. Le sulfure de manganèse, contrairement au sulfure de fer, est très peu fusible ; il est moins fusible que le fer et c'est cette propriété qui explique le rôle favorable exercé par le manganèse sur les aciers sulfureux. Le sulfure de nickel est assez fusible et dissout alors en grande quantité le nickel. Sa couleur est la même que celle du métal et, pour ce motif, il n’est pas facile de recon- naître sa présence, dans les culots ainsi fondus, sans faire intervenir des réactifs d'attaque convenables. Ces expériences montrent que les prétendus sous- sulfures de fer et de nickel ne sont que des mélanges du protosulfure avecle métal. M. H. Le Chatelier cite incidemment une observation intéressante qu'il à eu l'occasion de faire au cours de ces études. L'acide chlorhydrique gazeux, en solution dans l'alcool absolu, dissout le fer sans dégagement gazeux. Le liquide incolore ainsi obtenu s'oxyde au contact de l'air en se prenant en gelée. Il se forme sans doute, dans la première phase de l'opération, des composés organo- métalliques analogues à ceux que M. Grignard à décou- verts avec le magnésium. Le nickel semble se com- porter de même, mais la dissolution du métal est très lente. Avec le zinc et l’élain, on observe un certain dégagement gazeux. — M. Tiffeneau entretient la Société de l'étude qu'il a faite de l’action du sodium et de celle du magnésium sur l’w-bromostyrolène et sur le dibromure de styrolène. SECTION DE NANCY Séance du 49 Novembre 1902. M. Klobb, en traitant les fleurs de camomille romaine (Anthemis nobilis) par l'éther de pétrole froid, en a retiré, en même temps que l'antl din, quiest un hydrocarbure, une nouve végétale, l'anthéstérine. Celle-ci a donné Nau- elle cholestérine à l'analyse des émène de chiffres qui correspondent à la formule CH #0 où C2#H50. Elle fond à 221-2239 rr.) et est dextrogyre;, ainsi que son benzoate qui fon | à 284-2869. Ce corps donne des réachons « olorées comme la holestérine ; le brome l'attaque, mais la réaction est complexe, 1156 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES L — MM. Minguin et Grégoire de Bollemont préparent les dérivés monobromés des alcoylcamphres en vue d'obtenir, par départ de HBr, les alcamphres de la série grasse. Ils donnent les constantes physiques du bromométhylcamphre. — M. Blaise, afin d'éclaireir la transposition moléculaire qui se produit lorsqu'on condense le bromopivalate d'éthyle avec l’éther cyana- cétique sodé, a entrepris la synthèse des acides «£-dimé- thylglutariques stéréoisomères. Les dérivés correspon- dant à ces acides se forment lorsqu'on traite la méthyl- 2-pentanolide par le cyanure de potassium. Mais la séparation des deux acides présentant de grandes difficultés, M. Blaise à cherché à les obtenir isolément en condensant le cyanacétate d’éthyle sodé, d'une part avec le tiglate d'éthyle, et d'autre part avec l’angélate d'éthyle. La première de ces réactions a seule été effec- tuée Jusqu'ici. Elle donne naissance exclusivement à l'un des isomères, parfaitement cristallisé, fusible à 82°, et dont tous les dérivés, sauf l'anhydride, sont également cristallisés. Cet acide est différent de celui qui résulte de la condensation du bromo-pivalate d'é- thyle avec l’éther cyanacétique. — M. A. Guntz expose le résultat de ses recherches sur un procédé général de préparation des azotures métalliques, qu'il obtient par double décomposition en chauffant les azotures de lithium ou de magnésium avec un chlorure métallique. Il a obtenu ainsi l’azoture chromique, les azotures fer- reux et ferrique à l’état pur, et montré que le même mode de préparation peut s'appliquer aux autres azo- tures en variant les conditions de réaction. Les amidure et hydrure de lithium réagissent également sur les chlorures métalliques; mais on n’a pu obtenir jusqu'ici les composés correspondants purs, à cause de l'énergie de la réaction. SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Communications reçues pendant les vacances. M. H. M. Dawson a déterminé la relation entre le pouvoir dissolvant de divers mélanges de liquides et celui de leurs constituants dans des conditions qui excluent les effets secondaires dus à la dissociation électrolytique, à la concentration élevée ou à la réac- tion des composants. En ce qui concerne la solubilité de l’iode dans les mélanges de solvants organiques, l’auteur trouve que, dans la majorité des cas, le pou- voir dissolvant du mélange est inférieur à la somme des pouvoirs dissolvants des composants : quelque- fois, il est égal et même plus élevé que cette somme. On n'a pas observé de pouvoir dissolvant maximum ou minimum. — M. A. G. Perkin montre que sa tétra- benzoyllutéoline est bien un dérivé tétrabenzoylé, con- trairement aux assertions de Kiliani et Mayer, qui en font un dérivé tribenzoylé. — M, E. B. Ludlam décrit une forme simplifiée de l'appareil de Landsberger, — MM. J. T. Hewitt et S. J. M. Auld, en traitant par le brome le benzèneazo-f-naphtol en suspension dans l'acide acétique glacial, ont obtenu le p-bromoben- zèneazo-f-naphtol, F. 1720-1730, L'acide nitrique en présence d'acide sulfurique concentré donne aussi Je dérivé p-nitré, Avec les acides forts, le benzèneazo-8- naphtolse transforme en quinone-hydrazone, — MM. J. T. Hewitt, À. J. Turner el S. W. Bradley, en ajou- tant HCI à une solution de diméthylaminobenzaldéhyde et de f-naphtol dans l'acide acétique glacial, ont obtenu le corps HCI. (CH°)?Az.C‘H:.CH (C'°H°OH}?, en cristaux F.215°avec décomposition. — M.S. Ruhemann à trouvé qu'en présence d'éthylate de soude le chlorofumarate d'éthyle réagit sur les dérivés monoalkylés du malonate d'éthyle, pour donner des homologues du carboxva- conitate d’éthyle d'après l'équation : RCNa(CO?Et ie CO*Et.CCI : CH.CO?EL = R.C(CO*Et *C(CO?EL) : CH(CO?Et) + NaCI. Le phénylcarboxyaconitate d'éthyle perd par hydrolyse deux molécules d'eau et donne l'anhv- Fu d'un acide dicarboxylique dérivé du triméthy- ène : | substituée. Avec les éthers des acides gras et phényla- C'H5.C — CO a So. Le H?C-— CH — CO Réduit par l'amalgame de sodium, il fournit l'acide s-méthylphénylsuccinique. — M. J. Me Crae a pré paré le tartrate dioctylique secondaire, Eb. 223° sou: 20 mm., [&]u = 7,06, et son dérivé dibenzoylique, [ol —— 43,94 — MM. A. Harden et W. J. Young on extrait le glycogène de la levure en la broyant avec d sable, versant dans l’eau bouillante et purifiant le gly- cogène par une combinaison des méthodes Clautria et Pflüger. Le glycogène, séché à 1009, à la formulé C‘H"0* et le pouvoir rotatoire [x] ==+4-1989,3. Il parai ki être identique au glycogène animal. — MM. E. Bur kard et M. W. Travers ont étudié les composés pro duits par l’action de l'acétylène sur les acétates mercu reux et mercurique. Le premier, qui est explosif, possède la formule C?H£*, H°0 ; le second, qui n'est pas: explosif, correspond aux formules 3C*Hg, 2Hg0, 2H20@ ou 3C*Hg.2Hg(0H)°. Tous deux, traités par les acides, dégagent de l’acétylène. — MM. D. L. Chapman et F. A. Lidbury : Décomposition de la vapeur d’eau pars l'étincelle électrique (voir p. 1051). — MM. J. BM Cohen et H. D: Dakin ont chloré les six dichloroto= luènes en présence du couple aluminium-mercure et ont obtenu cinq des six trichlorotoluènes possibles. Ils ont déterminé également la constitution des dérivés * nitrés et dinitrés des dichlorotoluènes. — M. H. Pe- ters, en préparant l'iodure de phényl-p-tolyliodonium « au moyen du iodosô-p-toluène et du iodoxybenzène, à | obtenu comme produit accessoire l’iodure de di-p-tolyl- iodonium (C°H*.CH$XLI, en cristaux octaédriques. De même, l'iodure de phényl-p-tolyliodonium brut, pré- paré avec le iodosobenzène et l'iodoxy-p-toluène, ren- ferme un peu d'iodure de diphényliodonium. — M. G. T. Morgan a obtenu des diazoamines mixtes renfer- mant un noyau naphtalénique au moyen des 0 et m-nitranilines diazotées et de la 1-chloro-f-naphtyla- mine. — MM. À. Angel et A. V. Harcourt ont étudié la décomposition de l’acétate cuprique par la chaleur : ils ont remarqué pour la première fois la formation d'un dépôt de cuivre sur le tube d'essai; il provient de la décomposition d'un composé gazeux intermédiaire, l'acétate cuivreux. Les gaz qui se dégagent sont exelu- sivement des oxydes de carbone, à peu près dans le rapport 4C0?: CO; les produits liquides consistent en eau, acide acétique et une trace d'acétone. Le résidu est du cuivre, mêlé d'une substance noire. — M. A. Mc Kenzie à résolu l'acide $-hydroxybutyrique en ses composants actifs au moyen du sel de quinine, qui donne l'acide gauche, et du sel de strychnine, qui donne l'acide droit. — MM. J. C. Cain et F. Nicoll ont mesuré la vitesse de décomposition des sels dia- zoiques de diverses bases; pour l’aniline et les tolui- dines, entre 20° et 60°, c'est une réaction monomolé- culaire, ce qui confirme les résultats de Hantzsch. Les sels diazoïques des substances contenant un groupe acide sont très stables. Des sels tétrazoïques des dia- mines, seuls ceux de la dichlorobenzidine suivent la loi précédente. — M. A. W. Titherley a étudié la réac- tion de la sodamide à chaud sur les éthers organiques en solution dans le benzène. Avec les éthers benzoïques ou homologues, il se forme un alcool et une sodamide er se ohne dde lames + Do 1 A m N RE Te net liphatiques, il y a condensation comme avec l'éthylate de soude. L'acétone donne avec la sodamide le dérivé sodé de la forme énolique de l'oxyde de mésityle, puis la phorone et l’isophorone, Les acylsodamides réagis- sent sur les éthers aromatiques purs à peu près dans le sens suivant : RCO.AZHNa + RCOSR' EE (R.CO)*AzNa + R'OH. Rs me Le Directeur-Gérant : Louis OLIVIER. Paris. — L. MAR&THEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 1 ‘avec eux les regrets unanimes du monde S 30 DÉCEMBRE 1902 LS DIRECTEUR : Revue générale Wes Scienc pures et appliquées LOUIS CLIVIER, Docteur ès sciences. …_ Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. L. OLIVIER, 22, rue du Général-Foy, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des t"ayaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et daos tous les pays étrangers, y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie Mort de M. P.-P. Dehérain et de M. P. Hau- tefeuille. — Nous n'avons pu mentionner dans le dernier numéro de la Revue, alors sous presse, la mort de M. P.-P. Dehérain et celle de M. Paul Haute- euille, survenues les 7 et 8 de ce mois. Des Notices seront prochainement consacrées ici à la vie de ces savants et à leur œuvre, qui fut considé- rable. Enlevés à la Science à un âge où elle pouvait encore beaucoup attendre de leur labeur, ils emportent ientifique. La Revue ressent avec une douleur particulière la perte de M. P.-P. Dehérain, qui fut l'un de ses collabo- rateurs de la première heure et l'un de ses meilleurs - et plus affectueux conseillers. $ 2. — Mathématiques L'irréductibilité des équations différen- tielles. Le prolongement analytique. — La » question de l'irréductibilité d’une équation différentielle vient de soulever des discussions assez vives, à l’occa- * sion d’un important résultat, communiqué à l'Académie des Sciences par M. Painlevé, sur les nouvelles équa- tions différentielles du second ordre à points critiques fixes, dont la découverte et l'étude sont son œuvre et dont l’un des types les plus simples est : &By ——— — 67° + x. dx û (1) Après avoir établi que les intégrales de ces équations Sont des fonctions méromorphes très intimement liées elles-mêmes à des fonctions entières, il restait à s'as- surer qu'on obtenait bien ainsi des transcendantes essen- tiellément nouvelles. C’est ce qu'a fait M. Painlevé: il a prouvé que les transcendantes en question sont irré- ductibles, non seulement aux transcendantes connues, mais à des combinaisons de celles-ci et des intégrales des équations linéaires. Cette preuve n'avait été faite tout d'abord qu'en en- tendant le mot d'irréductibilité dans un sens déjà fort étendu, mais non cependant le plus complet que l’on REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. puisse concevoir. Mais l’auteur ne s’en est pas tenu là, et il a pu bientôt établir cette irréductibilité au sens le plus général et le plus absolu, c'est-à-dire l'impossibi- lité de ramener l'intégration de l'équation (1) à une série, si compliquée soit-elle, d'opérations plus simples, C'est, on le voit, une de ces démonstrations si difficiles auxquelles la science à été initiée par les travaux d’Abel et de Galois, et dont la preuve rigoureuse de l'impossibilité de la quadrature du cercle à fourni un si bel exemple. Dans le cas des équations différen- tielles, comme dans celui des équations algébriques, on ne pouvait se livrer à une recherche de cette espèce qu'à l’aide de la Théorie des Groupes. C’est ce qui avait été fait, pour les équations linéaires, dans les travaux de MM. Picard et Vassiot. On avait pu assez aisément étendre leurs méthodes au cas des équa- tions différentielles admettant un système fondanien- tal de solutions, c'est-à-dire un système de solutions en nombre fini, en fonction desquelles toutes les autres pouvaient s'exprimer dune manière connue; mais c'était là un cas extrêmement particulier. C’est alors (1898) que M. Drach eut l'idée de partir de l'équation linéaire aux dérivées partielles correspon- dante, qui, elle, admet toujours un système fondamen- tal de solutions. En envisageant le problème sous ce nouveau point de vue, il put ramener la question de l'intégrabilité d'une équation différentielle quelconque à l'étude d’un certain groupe continu. La démonstration de M. Painlevé est la première application qui ait été faite du théorème de M. Drach. C’est ce théorème qui a permis d'atteindre le résultal complet qu'il s'agissait d'obtenir. Or, entre les deux Notes de M. Painlevé, M. R. Liou- villeen publiait une, dans laquelle il énonçait l'exis- tence d’un système linéaire du quatrième ordre dont l'intégration entrainait celle de l'équation (1). Ce résul- tat, comme le faisait remarquer l'auteur, n'était pas, à la rigueur, contradictoire avec l'irréductibilité de cette équation, au sens restreint du mot. Au contraire, 1l semblait aller contre le second théorème de M. Pain- levé et fournir le moyen de ramener l'équation à d'au- tres plus simples. En réalité, ainsi qu il ressort de la discussi 6e à ce sujet, il n'y a aucune sion qui s'est engag contradiction entre les deux propositions. L'irréducti- 24 1158 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE bilité absolue de l'équation (1) n'empêche nullement l'existence de l'équation linéaire de M. Liouville : celle- ei existe, en effet, et mème d'une infinité de manières, comme elle existe, d’ailleurs, pour toute équation dif- férentielle du second ordre. Ses coeflicients, sans être des intégrales de l'équation (1), jouent un rôle tout analogue. La recherche de ces coefficients équivaut à l'intégration de l'équation proposée : c'est dans cette recherche qu'est transportée la difficulté, lorsqu'on em- ploie la méthode de M. Liouville. Quant à la disparition ou mème à la diminution véritable, au point de vue for- mel, de cette difficulté, il serait chimérique d'y songer depuis les deux Notes dont nous venons de parler (tout comme il serait chimérique de chercher la qua- drature du cercle après les théorèmes d'Hermite et de Lindemann). Avant la publication de ces deux Notes, M. Painlevé avait également fait envisager sous un jour nouveau la question du prolongement analytique et les séries par lesquelles M. Mittag-Leffler l'a résolue. Les développe- ments de M. Mittag-Leffler cessent, en effet, générale- ment d'être valables le long de certaines lignes L., les rayons de l «étoile », lesquelles partent des points” singuliers et s'en vont à l'infini. Or, en leur donnant une forme convenable et imposant, d'autre part, à la nature des singularités de la fonction certaines restric- tions, d'ailleurs extrêmement larges, M. Painlevé a réussi à les rendre convergents en tout point singu- lier d’une ligne L, la valeur représentée étant, à volonté, soit la valeur que prend la fonction à droite de L, soit celle qu'elle prend à gauche de la même ligne. I en résulte, en particulier, qu'on peut former des dévelop- pements appartenant à la catégorie découverte par M. Mittag-Leffler et qui, sur une partie d’une droite, sont nuls, et différents de zéro sur le reste. Ce résultat semble, au premier abord, rendre tout à fait vaine la généralisation de la notion de fonction analytique par les séries de Mittag-Leffler, telle que la proposée M. Borel. Mais, comme l’a fait remarquer ce dernier, cela montre simplement qu'il faut, pour la généralisation en question, se restreindre aux fonc- tions qui sont représentables par le développement de M. Mittag-Leffler ayant pour origine un point quel- conque de leur domaine d'existence. Il serait, d'ailleurs, important, pour la théorie, de pouvoir reconnaitre (sur la forme d’un des développements en question) si cette condition estremplie. C'est, comme l’a montré M. Pain- levé, ce qui peut ne pas avoir lieu, même si la fonction, continue ainsi que ses dérivées, est représentée par une série de Mittag-Leffler dérivable terme à terme, quel que soit x. $ 3. — Astronomie La Circulation des Etoiles. — Notre Soleil appartient-il à un groupe considérable d'étoiles, qui auraient pour axe de figure et de circulation probable la ligne qui, sur la sphère céleste, aboutit au centre de la tache noire de la Croix du Sud, désignée par les marins sous le nom de sac à charbon? Telle est la question dont s’est longuement préoccupé M. A. Dupon- chel, qui vient de résumer ses idées et ses recherches. S'il est, en effet, un axe de ce genre, on peut en rechercher l'existence suivant cette direction unique où, toute illumination générale faisant défaut sur la voûte céleste, le rayon visuel plonge librement dans limmensité du vide de l’espace, sans rencontrer autre chose que quelques rares étoiles télescopiques. Et voici pourquoi M. Duponchel estime que cette direction d'un axe est la plus probable : les étoiles représentant bien certainement à nos yeux la matière pondérable en mouvement et, par ce seul fait que nous voyons ce mouvement se manifester autour de nous, dans toutes les directions, hors une seule dans laquelle il n’y a pas d'étoile, par suite pas de matière pondérable en mou- vement, n'est-il pas naturel d'en conclure que cette direction unique de repos absolu ne peut être que celle de l'axe immuable autour duquel se coordonnent tous les mouvements stellaires? Ceci revient peut-être un peu à dire que, dans un corps fluide en rotation, là masse est moins dense près de l'axe. C’est contraire au | critiquer la base, qui est une hypothèse même, et nous suflit d'en voir les conséquences. : Dans ces conditions, M. Duponchel se figure notre groupe stellaire, notre stellée, comme ayant la forme d'un ellipsoide de révolution, perforé dans le sens d son grand axe, au voisinage duquel notre Soleil serait plus particulièrement placé, disposition rendue plus vraisemblable encore par cette circonstance qué cet axe de figure et de circulation ne serait pas uné ligne quelconque, mais que, s'épanouissant en pleine voie lactée, il se trouverait dirigé suivant un rayon normal à la galactée, groupement d'ordre supérieu dans lequel seraient comprises un nombre plus 0 moins considérable de stellées analogues à la nôtre, pa leur nature et leur mode d'orientation, — hypothèses, encore, que nous voulons bien admettre. Ê Alors il s'agit de rattacher les mouvements apparents de toutes lés étoiles, tels qu'ils résultent de l’obsers vation, à une série de mouvements apparents ou réels, nettement coordonnés autour de cet axe central, ou de rechercher si, en rapprochant l'ensemble des faits d'observation, on ne peut déduire quelques indications se rapportant à un mouvement particulier de circulation ou d'évolution d'une catégorie quelconque d'étoiles autour d'un certain centre ou axe, sauf à vérifier si ces indications d'un axe stellaire pourraient plus spécia-M lement s'adapter à l'hypothèse personnelle de l'axe charbonnier. A cet effet, il parut efficace d'adopter un nouveau mode de notation symbolique, qui consistait, M en principe, à substituer, à la valeur absolue de l'angle de direction de l'étoile, tel que le calculent péniblement les astronomes, la seule considération des signes des deux composantes dé cette vitesse apparente, qui suffisent à caractériser très nettement le sens et la nature du mouvement de l'étoile. Et l'application de ce procédé de notation à de nom— breux catalogues d'étoiles a permis la constatation de deux modes très nettement accusés de séquence des signes, relevés par fuseaux horaires. Arrivé à ce point, et peu familiarisé avec les questions astronomiques, l'auteur ne crut pouvoir mieux faire, — dit-il, — que de s'adresser à des spécialistes de profession pour leur demander l'interprétation qu'il pouvait réellement donner à ces résultats symboliques, dans lesquels il croyait vaguement entrevoir l'indication d'un mou- vement général de circulation des étoiles autour d'un même axe, qui lui paraissait devoir ètre l'axe char- bonnier. La communication fut assez froidement ac- cueillie : sans paraître attacher une grande importance au fait signalé, aucun des astronomes interrogés ne sut ou ne voulut en indiquer la raison. Ce ne fut que sur insistance, et pour se débarrasser d'un importun, que l'un d'eux finit par déclarer que la notation sym- bolique en question n'avait conduit, en fait, quà donner une représentation graphique, sous une forme simple, du mouvement de l'apex stellarre découvert par Herschell depuis plus de cent ans, et dans lequel tous les astronomes, depuis lors, s'accordent à ne voir que la manifestation d'une action parallactique du mouvement propre du Soleil. Cela, de la part de M. Duponchel, est, sans doute, fortement exagéré : il met en cause les astronomes, qui ne sont pas très nombreux, et constate qu'ils ne se sont pas intéressés à sa statistique. Il faudrait pré- ciser et ne pas laisser planer le soupçon en général: ‘car, si quelques esprits, avides de parvenir, ne S'in- téressent qu'à ce qu'ils font, d'autres ont encore la véritable curiosité scientifique. Or, si conventionnel que soit le système de l’auteur, les singularités qu'il signale, vérifiées et généralisées, peuvent avoir une grande portée cosmogonique, et, sûrement, les faits qu il relate ne sont pas identiques au mouvement de l'apex stel= laire ; ils-en sont mème peut-être indépendants. + CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1159 . - Pour résumer en peu de motsses conclusions, l’auteur pense que l'on peut considérer comme plus particuliè- rement établies par ses études les trois propositions suivantes : … 4° Inexactitude certaine de l'interprétation donnée jusqu'ici au mouvement apparent de l’apex stellaire, dans lequel on a cru voir une indication du mouvement du Soleil dans le sens de l'heure XVIII, tandis qu'il aurait réellement lieu dans la direction de l'heure VI, en recul apparent sur le mouvement des étoiles les “plus voisines, qui se déplaceraient avec une vitesse su- périeure à la sienne; 2° Circulation générale des étoiles de notre groupe uiour de l’axe stellaire aboutissant dans le vide noir e la Croix du Sud, avec une vitesse de circulation qui, au lieu d'être uniformément décroissante avec l’aug- mentation de la distance, serait rapidement croissante jusqu'à un certain maximum, correspondant à peu près bla distance 1 (un million de fois le rayon de l'orbite rrestre), limite au delà de laquelle cette accélération de vitesse angulaire deviendrait décroissante comme ans le mouvement des planètes ; 3° Liaison de ce mouvement de circulation des étoiles vec l'obliquité variable de l’écliptique solaire normal, ui présenterait des phases analogues à celles qui iversifient les saisons au cours de l’année, par rapport à cette obliquité apparente de l’écliptique normal, qui est aujourd'hui de 23°, en décroissance annuelle de0",43, ét qui varierait, en fait, de 33° à — 33° dans la durée “le l’évolution totale du Soleil autour de l'axe stellaire, évolution qui comprendrait 1.200.000 ans environ. ur sont les très intéressantes conclusions de M. Duponchel. Nous regrettons de ne pouvoir entrer “autrement dans les détails de son exposition et dans le “mécanisme de ses notations : sans doute, nous n'ac- -“ceptons pas toutes ses conclusions, car son système paraît un peu arbitraire et préconçu. Mais, du moins, il ne faut pas négliger avec dédain de telles études sta- “tistiques, longues et pénibles : elles soulagent d'autant les astronomes, absorbés par d’autres besognes plus urgentes, et la spéculation un peu folle et arbitraire “d'aujourd'hui conduira peut-être demain à une vérité .cosmogonique, quand la raison en aura été trouvée. $ 4. — Météorologie _ Les pluies dans Île bassin de la Meuse. — M. D. Vanhove vient de faire une étude pluviomé- trique très complète sur le bassin dé la Meuse, basée sur les observations recueillies durant une période de quinze années (1881-1895); notamment, la moyenne pluviométrique de cette période est, pour la majeure partie du bassin de la Meuse, légèrement supérieure à la valeur normale. L'intérêt de ce travail très minutieux consiste en ce que l’auteur n'a rien négligé pour que les chiffres des diverses stations soient comparables entre eux, ramenant à un type unique les séries incomplètes, tenant compte de la hauteur à laquelle les pluviomètres se trouvaient au-dessus du sol, introduisant des stations supplémentaires, limitrophes du bassin, etqui vont, en quelque sorte, lui servir de témoins vérilicateurs. Ainsi les résultats comparables sont relatifs à un ensemble de 317 stations. Puis les comparaisons sont figurées sur une carte qui, en ce qui concerne du moins les régions fran- aise, allemande et hollandaise, est entièrement nou- velle, tandis que l’ensemble constitue, au point de vue de l'étude hydrologique du bassin de la Meuse, un document précieux. En mème temps, on aperçoit deux maxima de pluie, fait ignoré jusqu'ici en Belgique, et l’on vérifie nettement cette opinion que, d’une manière générale, la pluie augmente avec l'altitude, opinion qui a donné lieu à bien des controverses et que les statistiques françaises ont permis d'étaklir pour la première fois. ‘Les hauteurs moyennes varient donc de 680 à 1.080 millimètres; puis, tenant compte de toutes les corrections, et notamment du mouillage des parois du pluviomètre, M. D. Vanhove trouve que le volume reçu annuellement par le bassin de la Meuse peut être évalué à 3{ milliards de mètres cubes, 27 pour une année assez sèche et 42 pour une année pluvieuse. En résumé, ce Mémoire a été préparé avec méthode et avec toutes les précautions de détail que nécessitent des études de ce genre. Les déductions en sont sobres et, quand il paraîtra dans les Mémoires de l’Académie de Bruxelles, le but de l'auteur sera bien rempli, à savoir de livrer à la disposition des travailleurs des matériaux sûrs, pouvant être mis en œuvre avec une absolue confiance ‘, $S 5. — Art de l’Ingénieur La Traction mécanique des marchandises sur les voies ferrées urbaines. — MM. Druart et P. Le Roy ont présenté sur ce sujet, au dernier Congrès de l'Association française pour lAvancement des Sciences, une communication qui mérite d'autant plus d'attention qu'après l'exemple donné avec succès par,certaines villes allemandes, la ville française de Reims se prépare à entrer dans la même voie : c'est-à- dire organiser-un service régulier de marchandises sur les voies ferrées urbaines, susceptible d'effectuer le trafic ordinaire de camionnage, sans avoir les sujétions de ce mode de transport et sans coûter davantage. Bien que le transport des voyageurs et le transport des marchandises soient soumis à des lois bien dis- tinctesetn'apparaissent pas comme problèmes du mème genre, les auteurs de la Note montrent qu'il n'existe pas de difficultés insurmontables pour lutilisation en commun des voies, des usines et, en partie, même, du matériel roulant. Ils résument comme suit les enseignements à tirer des installations de Mulhouse, Forst et Meissen, que leur Rapport passe rapidement en revue : « C’est, d’une part, que la voie étroite, pour une organisation urbaine, estsupérieure à la voie large. La voie étroite (c'est-à-dire l’ensemble de la voie et de son matériel) est sensiblement plus souple; on peut voir à Meissen un établissement recevant les grands wagons, à la fois, par la voie large et par la voie étroite; cette dernière leur permet de passer par des courbes de 20 et même 143 mètres de rayon; elle est moins coûteuse d'installation, puisqu'elle occasionne une moindre dé- pense d'établissement et d'entretien de la chaussée; de plus, et c’est là le point capital, seule elle permet d’el- fectuer les transports soit avec des wagons spéciaux, soit avec les wagons d'origine contenant les arrivages, c'est-à-dire sans transbordement. « Cette dernière opération est assez onére..se pour un bon nombre de marchandises; elle entraine souvent une dépréciation importante. 2 « A titre d'exemple, on peut citer les charbons triés pour foyers domestiques, qui, mème manipulés avec soin, perdent au minimum 5 °/5, SOit A5’ à 20 francs par wagon. Les charbons industriels, quoique non triés, subissent également une perte sensible. « On en citerait aisément beaucoup d'autres. Tous les produits fragiles, où d’un paquetage délicat, toutes les marchandises qui peuvent être classées par premier, deuxième et quelquefois troisième choix, ne doivent être transbordées que par des professionnels. D'une manière générale, les expéditeurs et destinataires n’abandonnent aux Compagnies de chemin de fer que les manutentions faciles et sans importance, se reéser- vant de faire celles qui exigent l'œil et la main des gens du métier ». LL Ë Nous nous en tiendrons là de cette citation, mais nous suivrons avec intérêt les services de marchandises qu'on s'occupe d'organiser, d'après ces principes, à Paris, Marseille, Reims et Nice. { Rapports de MM. Lancaster et Renard dans le Bull. de la Classe des Sc. de l'Acad. R. de Belgique, n° 7, 1902, 1160 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE { $ 6. — Physique Méthode différentielle pour déterminer les petites dépressions du point de congélation. — Les déterminations de la dépression du point de con- gélation et les mesures de la conductivité des électro- lytes forts n'ont, jusqu'à ce jour, été qu'insuffisamment d'accord entre elles, au point de vue de la théorie de la dissociation, et avec la loi de Guldberg et Waage. Il était d'autant plus difficile de résoudre les problèmes concernant la constitution des Corps dissous que la méthode de congélation ne donne de résultats sûrs que pour les grandes concentrations, où la validité des lois de Mariotte et de Gay-Lussac parait douteus On doit à M. Nernst d'avoir donné plus de précision aux mesures de congélation; ce savant, en discutant les deux phénomènes qui déterminent la température de congélation, — l'échange de chaleur avec le milieu ambiant et la dissolution ou le dégagement de glace, — donne, pour le terme de correction dont la tempéra- ture de congélation observée (£) diffère de la tempéra- ture d'équilibre vraie (FT), la formule : l'= To — = ll — Lo). le Dans cette formule, K est une constante déterminant la vitesse de l'échange de températures en l'absence de glace, Æ une autre constante dépendant de la vitesse du dégagement ou de la dissolution de la glace, et # la tempéralure dite de convergence, s’élablissant en l'ab- sence de glace, toutes choses étant égales d’ailleurs. Sur la base de ces principes et en remplaçant les thermomètres, instruments imparfaits pour les me- sures d'extrème précision, par des piles thermiques, M. H. Hausrath décrit, dans les Annalen der Physik, une méthode différentielle, permettant de déterminer des dépressions minimes du point de congélation à quelques cent millièmes de degré près. L'auteur utilise l'idée de Nernst de disposer, lun à côté de l’autre, deux vases de congélation, remplis, lun de la solution à étudier, l’autre d'eau pure. Ces'récipients étant pla- cés symétriquement à l'intérieur d’une auge entourée, de toutes parts, d'un réfrigérant, les oscillations de la température ambiante ne peuvent exercer sur l'effet différentiel, peu considérable, que l’on observe qu'une influence d'ordre inférieur, pourvu que des quantités égales de glace soient dégagées dans les deux vases et qu'on les agite avec une vitesse identique. Notons, parmi les résultats obtenus par cette méthode, le fait que l’urée satisfait à la loi de Raoult jusqu'aux concentrations les plus petites observées (0,0005 nor- males). Le sucre de canne montre des dépressions un peu trop fortes et qui vont en augmentant à partir d'une concentration 0,01 normale. L'a/cool a donné des va- leurs incerlaines et d'une petitesse anomale. Quant aux électrolytes, les courbes de congélation des sels hydrolysés des métaux lourds coïncident, pour les petites concentralions, avec celles des sels non hydrolysés, tandis que, pour les concentrations éle- vées, l'on observe une chute plus rapide. Les électrolyles forts, en solution extrêmement di- luée, ont donné des valeurs d'une petitesse anomale, plus encore que ce que l'on observe pour la conduce- tivité électrique. Aux grandes concentrations, au con- traire, ils accusent une tendance vers des valeurs plus grandes que celles qui correspondent à la conductivité. La loi de Guldberg et Waage n’est poini vérifiée pour les électrolytes forts. Sur la radio-activité de l'air renfermé dans le sol. — On sait que certains éléments rares du groupe dit radio-actif ont la propriété de donner une radio-activité passagère aux corps qu'ils touchent. Or, MM. Elster et Geitel ont, il y a quelque temps, fait voir que l'air atmosphérique possède également cette pro- priélé. Les choses se passent comme si l'air était lui- mème légèrement actif, ou comme si le contact d corps radio-actif lui avait communiqué des traces d’un « émanation » luisante. L'air renfermé dans des cave spacieuses possède au plus haut degré cette proprié aclivante, qui parait intimement liée à la conductivité électrique exaltée de cet air. # L'origine de cette activité intense de l'air des caves restaitinexpliquée. Il est vrai que des expériences sui de petites quantités d'air, renfermées dans des cloches de verre hermétiquement closes, avaient fait égales ment reconnaitre une exaltation temporaire de la con: ductivité électrique; mais le maximum de cette con ductivité, obtenue dans des conditions artilicielles, était bien inférieur à ce que l’on observe dans le cas de l'ai des caves. Dans de nouvelles recherches sur le même suje publiées dans la Physikalisehe Zeitschrift, les auteurs précités étudient les deux hypothèses qui se présen= tent à l'esprit : L'ionisation et l'action activante de l'air des caves peuvent, en effet, ou bien être dues l'effet des parois, ou dépendre directement du volume de l'enceinte, de telle manière que les effets plus grands: de cet air tiendraient uniquement à son volume plus considérable. MM. Elster et Geitel examinent donc, d'un côté, de l'air extrait directement du sol; de l’autre, l'air ren= fermé, pendant plusieurs semaines, dans une chaudière de sept mètres cubes de capacité. On mesurait les per tes de charge d’un corps porté par un électroscope contenu dans une cloche de verre, où l'air à étudiem est introduit au moyen de deux tubes munis de robi- nets. Quand l'appareil récemment monté était rempli dem l'air de la salle, on observait sur l'électroscope chargé, en raison de l’auto-ionisation de l'air, une déperdition croissante de la charge; le potentiel s'abaissait, dans ce cas, en raison directe du temps écoulé, la diminu-" tion, par quinze minutes, étant de 15 à 20 volts. Quand, au contraire, l'air ambiant était remplacé par de Pair extrait du sol, on constatait une déperdition croissante et bien plus considérable, s'accélérant de telle sorte que l’électroscope était déchargé au bout de quelques minutes; l'air provenant d’une cave montrait, bien qu'à un degré moindre, cette mème action accéléra- trice de la déperdition. Avec le même dispositif, d'où l'électroscope a été retiré, les auteurs constatent qu'un fil métallique prend, malgré l'exiguité du volume d'air employé, à peu près la mème radio-activité induite que, toutes choses d'ailleurs égales, il aurait pris dans une: cave spacieuse. A l'intérieur d'une vaste chaudière, tenue fermée pendant trois semaines, un fil porté au potentiel de 2.000 volts ne prend, d'autre part, pas d'activité sen= sible. Les mesures de conductivité ne démontrent pas, non plus, l'existence d’une action accélératrice de la déperdition. : Les auteurs inclinent donc à penser que c’est à un rayonnement de Becquerel, rayonnement primaire de la matière du sol, qu'est due l'activité de l'air exposé à son contact intime, dans ses espaces capillaires, ets que les propriétés de l'air des caves sont déterminées par les proportions d'air du sol qu'il contient. La présence d'ions libres dans l'air atmosphérique s'explique également par l'existence de matières forte- ment radio-actives dans la partie de latmosphère située au-dessous de la surface de la Terre et qui, par diffusion, est en échange perpétuel avec la partie supé= rieure, bien que d'autres faits, comme le rayonnement du Soleil, concourent sans doute aussi à produire l'io= nisation de l'atmosphère, $ 7. — Électricité industrielle Machine à coudre électrique. — On sait que l'électricité ne subvient pas seulement aux besoins des grandes industries, mais qu'elle est susceptible de ren= dre de très grands services dans les emplois domesti= , ues ou dans les petites industries à domicile; la figure 1 onne une idée de la facilité avec laquelle le moteur | électrique se prête, par exemple, à la commande | des machines à coudre : Electriquement, il suffit de relier le moteur A à la source d'électricité, par l'intermédiaire des deux con- ducteurs a et de l'interrupteur }; | … Mécaniquement, il suffit de monter ce moteur, par une simple mâchoire à vis B, et de l'assujettir solide- . ment, par la vis de pression C, à la table de la machine à coudre. _ Le moteur porte, invisible à l'arrière de la figure, une poulie entraînant, par l'intermédiaire d'une courroie _d, l'arbre du volant V de la machine à coudre. “ Le mode d'emploi, ainsi qu'on le voit d'après la Migure, estextrèmement simple : La machine estnorma- Fig. 4. — Machine à coudre électrique. — A, Moteur élec- trique ; 4, Conducteurs de courant; b, Interrupteur ; B, Mà- choire de fixation; C, Vis de pression; d, Poulie d'entraine- ment : V, Volant de la machine à coudre; 1, Sabot de freinage ; H, Frein; G, Ressort; L, Chaine de mise en mar- che; M, Pédale de commande. lement arrêtée par le sabot I du frein H, pressé sur le volant par l'action du ressort G. La courroie d est alors läche, n'étant pas soumise à une tension suffisante du galet D pour se tendre, et permettre l'entrainement de l'arbre du volant V. Le moteur peut, par conséquent, tourner à vide si l'interrupteur b est fermé et si le frein H est dans la position que représente la figure. Pour la mise en marche, il suffit de tirer sur une chaine L, à l’aide de la pédale M, action qui provoque le desserrage du frein H et la pression du galet D sur le moteur A. Par suite, la courroie se tend et peut entrai- uer le vo'ant de la machine. Pour L'arrêt de la machine seule, il suffit de cesser la pression du pied sur la pédale M. . Enfin, pour l'arrêt du moteur, 1 suffit, bien entendu, d'interrompre le courant par l'interrupteur b. Cet inter- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1161 rupteur est analogue à celui des lampes à incandes cence, et l'appareil consomme moins qu'une lampe à incandescence de dix bougies. $ 8. — Chimie organique Dérivés du Sélénium asymétriques, opti- quement actifs. Hexavalence du Sélénium et du Soufre.— Le fait que des substances amorphes peuvent montrer une activité optique, résultant, dans leur molécule, d'un groupement asymétrique autre qu'un groupement carboné, a été démontré autrefois par le travail de MM. Pope, Peachey et Harwey‘. Dans un récent Mémoire ?, MM. Pope et Neville vien- nent d'établir que, si l’on substitue, dans la molécule SeH*, les quatre atomes d'hydrogène par des radicaux différents, on obtient des composés que l’on peut en- suite scinder en deux antipodes optiques. Par exemple, les auteurs se sont proposé de pré- parer le dérivé : CH* Br N\ ge£ 6 s/ NS ù C°H CH?CO?H Pour cela, la diphénylsulfone est convertie en dérivé sélénié par la méthode de Krafft et Lyons*;ce dernier, traité par le sodium, puis par l'iodure de méthyle, fournit le corps C°H° — Se — CH*. Enfin, celui-ci, chauffé avec de l'acide bromacétique, se transforme en CHS, Br ; De ua (BTS EE CH°CO®H Ce dérivé est naturellement un racémique; on peut le dédoubler facilement au moyen du bromocamphre-sul- fonate d'argent ou du chlorure de platine. Dans le premier cas, le dérivé dextrogyre est le moins soluble des deux: il fond à 168. Le dérivé lévo- gyre se sépare plus difficilement : «, pour l'ion phé- nylméthylsélénétine, est égal à + 60°8 à 6004. Les chloroplatinates d'et g cu® el 2 > Se PtCl: ch” \CHCOI se séparent assez facilement : an — + 602 à 603. Chose fort remarquable, l'iodomercurate CHS A ds Se C°H° SCH? — CO'H.Hgl° est indédoublable et, même préparé avec un dérivé actif, il est racémique. Pareil fait se constate avec les iodomercurates de bases analogues dérivées du soufre. Les auteurs en concluent que, dans ces composés, le sélénium et le soufre sont hexavalents; par exemple : I CT Il CHS 1— S —C?1 et 1— Se —C'I II NCII2CO. CS lg NSHECOEN 1 Journ. of the chem. Soc., t. LXXV, p. 1127, t. LXXVII, p- 1072, et t. LXXIX, p. 828. 2 W. J. Pore et A. NEVILLE : Journ. of the ch'm. Soc., t. LXXXI. p. 1552. 3 Ber., 4894, t. XXVII, p. 1761. 1162 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 9. — Chimie biologique Les Tyrosinases animales et leurs rela- tions avec la formation des pigments. — Il ya un groupe de matières colorantes dont la pro- duction, chez les animaux supérieurs, peut être suivie assez nettement : c'est celui des pigments qui, directement ou par des transformations successives, proviennent de l’hémoglobine du sang (matières colo- rantes biliaires, urobiline, etc.). Au contraire, l'origine des mélanines ou pigments noirs des cheveux, de la peau, de la choroïde, des tumeurs mélaniques, est restée, jusqu'à ces derniers temps, tout à fait mysté- rieuse. MM. O. von Fürth et H. Schneider! viennent d'apporter sur ce sujet une hypothèse et quelques pre- miers résultats, qui ont ce mérite de fournir un point de départ pour des recherches intéressantes dans une question que, jusqu'à présent, on ne savait comment attaquer. Biedermann à constaté que l'extrait aqueux de lin- testin moyen des vers de farine (T'enebrio molitor), ad- ditionné de tyrosine, noireit à la lumière et contient donc, sans doute, une tyrosinase. Les auteurs ont étendu ces recherches à l'hémolymphe de plusieurs Lépido- ptères. Cette lymphe se colore rapidement en noir au contact de l’air,et, ajoutée en petite quantité à une s0- lution de tyrosine, elle en provoque le noircissement. Elle contient donc une tyrosinase, que les lauteurs ont isolée et qui agit non seulement sur la tyrosine, mais encore sur la pyrocatéchine, l'hydroquinone, l'oxy- phényléthylamine, produit de l'auto-digestion du pan- créas. Le pigment noir qui résulte de l’action de cette oxy- dase sur la tyrosine est insoluble dans l'eau, l'alcool, l’éther, les dissolutions neutres, les alcalis, même à chaud, et les acides, et le rapport Az:H:G est égal à 4:2,35:4,77. De plus, fondu avec de la soude, il dégage une odeur d'indol et de scatol. Or, cet ensemble de caractères se retrouve chez tous les pigments méla- niques, et les auteurs concluent finalement que la pro- duction physiologique des matières colorantes de ce groupe peut être expliquée en admettant que lauto- lvse des organes — phénomène dont les conditions Sont réalisées dans la cellule vivante, d’après Jacoby, — donne naissance à des produits aromatiques ana- logues à la tyrosine, et que des tyrosinases transforme raient ensuite en mélanines. On sait que ces oxydases sont très répandues, et MM. 0. von Fürth et Schneider terminent leur travail en montrant que, chez la Sepra officinalis, on trouve une tyrosinase dans les parois de la poche du noir, matière colorante de nature mélanique. Les graisses etl'autolyse du Foie. —Salkowski a montré que, lorsqu'on maintient à 40° des fragments d'organes extraits aseptiquement, ceux-ci subissent une autodigestion (autolyse), dont l'étude, poursuivie de divers côtés depuis quelques années, à déjà fourni les résultats les plus intéressants au point de vue des ré- actions biochimiques des cellules animales. M. F. Sie- ert? à étudié récemment la question de la dégéné- rescence graisseuse des organes autolysés. Comme les indications touchant les variations quantitatives de la craisse dans les organes ainsi modifiés sont contradic- toires, l'auteur a repris ces déterminations, et il a constaté que ni l'extrait éthéré, ni les acides gras fixes ne sont augmentés. Et, cependant, toutes les cellules de l'organe autolysé sont remplies de gouttes transpa- rentes, noircissant par l'acide osmique, c'est-à-dire représentant morphologiquement ce que les histolo- vistes ont coutume d'appeler de la graisse. Il faudrait donc conclure de là que la réaction de l'acide osmique ‘ O. von Fürrn et H. Senxetnen : Beiträge zur chem. Phy- Siol.u. Pathol., t. 1, p. 229-242. 2 p. Srecerr : Beitrage zur chem. Physiol. u. t. I, p. 114-120. Pathol., n'offre pas la sécurité qu'on lui attribue d'ordinaire. à L : : De toutes facons, la question soulevée par le travail de, M. Siegert appelle de nouvelles recherches. Fi $ 10. — Zoologie L à Le cycle des Infusoires modifié par le chan- gement de milieu. — Maupas a démontré qu'après un certain nombre de divisions (150 à 170 généralions chez les Paramecium, 230 chez les Stylonichia), les Infusoires entrent en dégénérescence sénile et meurent de vieillesse, s'il n'intervient pas un phénomène régé- M nérateur, la conjugaison, qui restaure la vitalité affaiblie M et permet un nouveau cycle de divisions. Dans un travail récent‘, M. Calkins montre que la conjugaison n'est pas un phénomène absolument nécessaire, el qu'on peut restaurer la vitalité de linfusoire par des # procédés différents; il à obtenu 665 générations succes- sives de l’aramecium caudatum, etil est probable qu'on pourrait aller plus loin encore. Voici la technique de M. Calkins : quand une culture commence à baisser, les Infusoires approchant de la dégénérescence, il la divise en deux parts : la première, témoin, continue à vivre dans l'infusion de foin qui est le milieu habituel; l'autre est placée pendant quarante-huit heures dans un autre milieu, bouillon de bœuf, par exemple, et remise ensuite dans l’infusion de foin. Or, tous les témoins continuent à dégénérer et meurent, confor- mément aux résultats de Maupas, tandis que les Infu- soires qui ont passé par le bouillon sont rajeunis, el recommencent à se diviser activement. Trois mois après, la culture recommence à baisser, et cette fois le bouillon de bœuf n'a plus d'effet rajeunissant, si bien qu'il ne reste plus que six individus (620° génération); ils sont traités par de l'extrait de cerveau de mouton, acquièrent une nouvelle vitalité et recommencent à se diviser, jusqu'au moment où M. Calkins à écrit son Mémoire (665° génération). M. Calkins pense qu'au cours des divisions il se produit, dans la constitution chimique des Paramécies, une modilication, une perte de substance qui entraine à bref délai la sénilité et la mort (M. Le Dantec el quelques autres auteurs onl émis une hypothèse ana- logue); pour rajeunir les Infusoires, il faut leur rendre ce qui leur manque, soit par la conjugaison avec un individu élevé dans un milieu différent (Maupas), soit en les transportant dans un autre milieu de culture; le phosphate et le chlorure de potassium, les chlorures de Sodium et de magnésium ont donné parfois de bons résultats, aussi bien que l'extrait de viande ou de cerveau (cette non-spécilicité de la substance rajeunis- sante semble indiquer, contrairement aux idées de M. Le Dantec et de M. Calkins, qu'il y a autre chose que le remplacement d'une substance disparue). Il semble que le rajeunissementartificiel du Parameciunm est un phénomène du même ordre que la fécondation chimique de l'œuf. $ 11. — Géographie et Colonisation Résultats scientifiques de l'exploration du D: Sven Hedin dans l'Asie centrale. — La sc- conde grande exploration du voyageur suédois Sven -Hedin dans l'Asie centrale a été, comme celle qu'il a accomplie de 489% à 1897, très féconde en résultats scientifiques, surtout en ce qui touche la Géographie physique. Déjà, dans son premier voyage, le Dr Sven Hedin, qui avait sillonné d'itinéraires les immenses espaces compris entre le Turkestan et la Chine orien- tale, avait exploré les hautes régions du Pamir, traversé le redoutable désert du Takla-Makane, étudié le régime hydrographique du bassin du Tarim et du Lob-nor, escalade les Kouen-Lun et l'Arka-tag. Ce second voyage, 1 Studies in the life-history of Protozoa (Biological Bul- letin, t. LH, octobre 4902, p. 192). RE dont nous rappellerons seulement jes principales apes, à permis au savant explorateur de compléter ses observations et ses études sur plusieurs des régions u'il avait précédemment parcourues. Ayant quitté la Suède dans le courant de l'été 1899, Je Dr Sven Hedin gagna Laïlik, sur le Yarkand- daria, ou Tarim, en aval de Yarkand. Là seulement com- “menca le voyage d'exploration. Le 18 septembre, l’ex- plorateur s'émbarqua sur le fleuve et le descendit jus- qu'au Yangi-Küll. Durant l'hiver 1899-1900, il traversa en vingt jours, au prix des plus grands “dangers, le désert du Takla-Makane jusqu'au Tiertien- daria. De retour à son campement du Yangi-Küll, le D° Sven 5 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1163 dale. De Leb, il gagna Yarkand et Kachgar, le 44 mai 1902. y L'étude à laquelle s’est livré l'explorateur du cours du Tarim, ce grand et curieux fleuve de l'Asie centrale, et des lacs, mobiles et variables, de son bassin inférieur, mérite particulièrement de fixer l’attention. Durant toute sa navigation sur le fleuve, le Dr Sven Hedin en exécuta un lever aussi complet que possible, à l'échelle du 1/35.000°, qui forme une centaine de feuilles. Celte carte mentionne les changements de où il arriva courant du fleuve, les dépôts alluviaux formés dans son lit, les accumulations de vase et les bancs de sable, | ainsi que toutes les particularités du pays touchant aux 86° “Bagrach-këll " Yangi -koll Altimich-boulak Quines d ‘une ville Ancien Lob-npr Désert du = [ S RUN ro Akato -tag) © 7TChimen - 129 gGes- koll Temirtir Ro; Aa, Koum koll Selling-ts0 8 ®° 5° Est de Paris Crané par F'Porremans, 5, rue Hauteleuille - Faris. Fis. 1. — Régions parcourues par l'explorateur Sven Hedin. Hedin en repartit le 5 mars 1900 pour étudier le cours inférieur du Tarim, entre le Yangi-Küll et le Kara- Kochoun, par conséquent la région du Lob-nor. Il con- Sacra l'été et l'automne 1900 à une première excursion de quatre-vingt-treize jours dans le nord-est du Tibet, en traversant les monts Kouen-Lun; puis, revenu à son point de départ, il entreprit une excursion au Koum- Kôll. En décembre 1900, il alla explorer l'Akato-lag, lAltyn-tag et toute la partie du Gobi située à l’ouest de Satchéou, et revint ensuite dans la région du Lob-nor. Le 17 mai 4901, le D: Sven Hedin desce ndit de nou- veau vers le Tibet dans la direction de Lhassa, en fran- chissant l'Arka-tag. Il se fit un passage entre la route suivie par Littledale en 1893, et celle qu'avaient prise Bonvalot et le prince Henri d'Orléans. Mais, parvenu aux environs du Tengri-nor, il dut rétro: srader et se dirigea vers l'ouest sur Leh, évitant ainsi les routes suivies par lé pandit Naïn-Sing, en 1873-75, et par Little- Ë | rives : villes, latéraux. limites des déserts de sable, campements de bergers, lagunes et lacs elc. le Dr Sven Hedin mesura la Plusieurs fois par Jour, le vitesse du courant et, aussi souvent que possible, débit du fleuve. 11 fut amené à constater, au cours de l'exploration, que le volume d'eau du courant varie considérablement. Le cours du Tarim se modilie sans cesse et ilne s'écoule pas une année sans que le chenal subisse un déplacement notable; d'une façon générale, le fleuve tend de plus en plus à se déplacer vers le sud. La partie du désert de Gobi ou Takla- Makane que le Dr Sven Hedin traversa entre le bas Tarim et le Tier- tien-daria n'avait jamais été visitée auparavant. Elle présente cette particularité que des dunes hautes d'en- viron 100 mètres ae rnent avec zones absolument dépourvues de sabl Dans la partie la plus méridio= nale, on rencontre fr petites oasis où croissent des roseaux et où Fou pourrait obtenir de l'eau à une pro- des 116% fondeur de 2 à 2 mètres et demi. Entre Tiertien et Andere, il existe une bande étroite de forèts de peu- pliers alternant avec les steppes. C'est dans son cours inférieur, entre le Yangi-Kôll et le Kara-Kochoun, que le Tarim éprouve les plus nota- bles variations de régime. Les bords en sont tellement plats, à cet endroit, que le courant subit des change- ments fréquents et cherche continuellement de nou- veaux chenaux. Les petites agglomérations que les Chi- nois ont formées sur ses bords menaçant d’être envahies par les eaux, les habitants projetaient de construire des digues. La tendance du Tarim à former des lacs latéraux commence à se manifester dès le Yangi-Kôll. Entre ce point et Arghan, la rive droite du cours d’eau est bordée d'un chapelet de lacs allongés qui s'échelonnent dans la direction du nord-nord-est au sud-sud-ouest, et rem- plissent des dépressions appelées par les indigènes «bayir »; tout au voisinage, s'étendent des sables stériles et des dunes qui s'élèvent de 100 à 120 mètres. Le Dr Sven Hedin attribue cette disposition à l’action des vents d'est. ; Les lacs de la rive droite du Tarim furent, pour la plupart, relevés sur la carte, et des sondages y furent pratiqués pendant l'été 1900. Le labyrinthe des lacs, marais, bras de rivière constituant le delta du Tarim est extrêmement compliqué. Les lacs relevés par le De Sven Hedin au cours de son premier voyage, Avullo- Küll, Kara-Kôll, ete., ont toujours la mème dimension, mais une quantité de nappes d'eau nouvelles se sont formées dans cette résion. Le Tarim semble vouloir modilier entièrement,son cours. Au lieu de se déverser dans l'ancien Lob-nor, il le dépasse actuellement et forme le lac Kara-Kochoun, plus loin au sud. L'intéressant problème de la position du Lob-nor se trouve désormais résolu. On sait qu'une longue polé- mique s'était engagée, à partir de 1878, entre le géo- logue von Richthofen et l'explorateur russe Prjevalsky, à propos de la position exacte de la nappe d'eau. Le sa- vant allemand placait le Lob-nor, d'après les cartes chinoises, au nord du lac découvert par Prjevalsky. En réalité, le lac s'était déplacé dans la direction du sud. Les observations faites par le D' Sven Hedin au côurs de ses voyages lui ont permis d'établir que l’ancien Lob- nor historique était bien situé au point indiqué par Richthofen, mais son bassin est aujourd'hui entière- ment desséché. Sur la rive nord, immédiatement au sud d'Altimich-Boulak, le D° Sven Hedin trouva des ruines d'habitations et de temples, ainsi que des tablettes en bois de tamarin portant des manuscrits en caractères chinois, datant de 264 à 265 après J.-C. Il découvrit aussi, sur cette même rive de l’ancien lac, des traces évidentes d'une grande route de caravanes. Le D° Sven Hedin constata que le Lob-nor d'autrefois et le Kara- Kochoun actuel sont à la même altitude et ne sont sé- parés que par une ondulation insignifiante du sol. Le Lob-nor paraît, d'ailleurs, sujet à éprouver des dé- placements successifs, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, car, aprèss'ètre reporté vers le sud, il semble au contraire, depuis un certain nombre d'années, avoir une tendance à aller du sud au nord. Selon l'expression pittoresque du géologue Bogdanovitch, « le Lob-nor remonte lentement le cours du Tarim ». Le déplace- ment du lac dans la direction du nord, vers son ancien bassin, fut démontré aussi par la découverte que fit le Dr Sven Hedin, entre l'ancien et le nouveau Lob-nor, d'un lac nouvellement formé en plein désert; du fait de cette rencontre, il fut contraint à un détour de quatre Jours. Ce nouveau lac est alimenté par plusieurs cours d’eau sortant du Kara-Kochoun et transportant un vo- lume d'au moins 1.060 pieds cubes à la seconde. Dans le Tibet septentrional, le Dr Sven Hedin visita des régions absolument désertes et inconnues, sauf en quelques points où il coupa les itinéraires de précé- dents voyageurs. Il rencontra des difficultés inouies dans ces hautes régions, dépourvues de toute végéta- tion. I! étudia la structure orographique, si compliquée, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE et M. Maurice Courant le chinois. De plus, ce professeur des monts Kouen-Lun et détermina les positions d'u grand nombre de lacs salés et d’eau douce dont il fit la navigation ; quelques-uns sont très dangereux pour le petits voiliers qui y circulent, Il pratiqua de nombreu sondages, dont le plus profond mesurait environ 52 mè= tres ; le Koum-Küli fut au nombre des lacs sondés. Le matériel cartographique rapporté par le D Sve Hedin ne comprend pas moins de 1149 feuilles qui, bout à bout, donneraient une longueur de plus d 300 mètres. Ces cartes représentent un itinéraire de 10.500 kilomètres en chiffres ronds, dont les neuf dixièmes portent sur des régions précédemment incon= nues. Les minutes sont au 35.000°, échelle qui permet de mentionner les plus petits détails et de représenter les formes du terrain. Cet itinéraire s'appuie sur cent quatorze points déterminés astronomiquement. Un jour- nal météorologique complet a été tenu sans inter- ruption. La série d'échantillons géologiques est très abondante et ne comprend pas moins de 700 spéci= mens pour le Tibet; il faut y ajouter des collections zoologiques et botaniques. Eufin, au point de vue ar- chéologique, l'explorateur à rapporté un grand nombre d'objets précieux tirés des ruines qu'il a découvertes. G. Regelsperger. $ 12. — Enseignement et Universités Conseil de l'Université de Paris. — Le Con- seil de l'Université de Paris s’est réuni le 24 novembre, à la Sorbonne, sous la présidence de M. Liard, vice- recteur de l'Académie. Le Conseil a entendu l'exposé fait par les doyens des Facultés et le directeur de l'Ecole supérieure de Phar- macie, sur les travaux de ces établissements pendant l'année 1901-1902. M. Lavisse à fait connaitre qu'il avait recu d’un ancien étudiant (dont c’est la pre- mière économie depuis qu'il a terminé ses études) une somme destinée à être employée à un prèt d'obligeance à un étudiant. M. Debove, doyen de la Faculté de Médecine, à annoncé que M. Valancourt à légué sa fortune à l'Assistance publique, à charge par elle d'édifier une clinique qui sera affectée à la Faculté de Médecine. Le Conseil a nommé une Commission chargée d'étudier la question de la préparation des maitres de l'enseignement secondaire. Enfin, il aattribué une boursed'études de 1.200 francs à un étudiant, originaire de la Martinique, victime de la catastrophe de Saint-Pierre. Puis il à proposé l'organisation de conférences qui seront faites à la Sorbonne, le jeudi, pendant l'hiver 1902-1903. L'enseignement colonial à Lyon. — L'ensei-. gnement colonial, qui s'organise partout dans nos grands centres, à Paris, à Marseille, à Bordeaux, à Nancy, est donné à Lyon, au Palais du Commerce, sous les auspices de la Chambre de Commerce de cette ville. Il entre dans sa quatrième année. Les cours qui seront professés cette année témoignent de nouveau de l'intel- ligente initiative de la Chambre de Commerce de Lyon. M. Zimmermann traitera de la production, du com- merce, de l'outillage, de la vie économique, de lex- ploitation actuelle des colonies, et de la colonisation francaise ; M. Brouilhet étudiera les conditions de la production et du commerce dans les colonies; M. Vaney fera un cours de cultures et de productions coloniales; M. le D' Navarre s’occupera de l'Hygiène et de la Cli- matologie coloniales; M. Benali Fekar enseignera l'arabe parlera, une fois par semaine, des mœurs et des cou- tumes de la Chine. Collège de France. — M. A. Le Chätelier, nommé professeur de Sociologie musulmane au Col- lège de France, inaugurera ce cours le 1# janvier pro= chain. Il traitera, cet hiver, du Maroc, du peuplement et de l'organisation sociale de ce pays. # A. HANSKY — LA MESURE D'UN ARC DE MÉRIDIEN AU SPITZBERG 1165 “ Préparés par les études de 1899!, les travaux géodésiques proprements dits n'ont pu être com- œuvre à ce sujet comme actuellement terminée. Nous indiquerons à grands traits les péripéties | principales de Maxwell, mais que, par contre, il rejette le texte de son illustre devancier : ille trouve obscur, à cause du mé- lange des théories qui s'y rencontrent, et il essaie, en se posant d'avance les mêmes équations finales, de faire une théorie homogène capable d'y conduire. Il s'appuie essentiellement sur deux lois fondamentales tirées de données expérimentales, à savoir : 4° l'expression de la force électromotrice induite en fonction de la variation du flux à travers la surface limitée par le circuit; et 2 l'expression du travail d'une masse magnétique dé- crivant un contour fermé, en fonction de la somme des intensités qui traversent la surface embrassée par ce contour. Et il étend ensuite ces deux lois au cas des cir- cuits en mouvement, en supposant simplement que la courbe est entrainée dans le mouvement de la matière. En ce qui concerne la première, cette extension est, en effet, justifiée par l'expérience; mais, pour la seconde, c'est « une induction hardie », dont les conséquences seront confirmées par beaucoup d'expériences, mais, par contre, seront nettement contredites par quelques autres. Hertz fournit en passant la seule expression accep- table de l'énergie magnétique. Il se trouve, d'autre part, amené à modifier la signification de certains vecteurs de Maxwell, de sorte qu'en réalité ses équations ne sont pas complètement identiques à celles de Maxwell. C'est ainsi qu'en ce qui concerne le courant total, capable de se manifester par un champ, Hertz trouve bien qu'il obéit aux mêmes équations que celui de Maxwell; mais il comprénd non seulement les courants de conduction et de déplacement, mais encore deux cou- rants nouveaux mis en évidence par les formules. L'un est le courant de convection auquel Rowland a attaché Son nom, et qui est devenu récemment l'objet d'aflir- mations contradictoires et le point de départ de discus- | 1 ARcvue gén. des Se. du 45 nov. 1900, p. 1163 et suiv. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1201 sions passionnées de la plus haute importance à l'égard de la valeur mème des théories actuelles’. L'autre courant, confirmé par les expériences de Rüntgen,con- siste en un courant de déplacement. dans les diélec- triques quand ceux-ci subissent des changements d'orientation dans un champ électrique non uniforme. Les équations de Hertz, relatives aux corps en mou- vement comme en repos, demeurent parfaitement con- formes aux principes généraux de la Mécanique. C'est à l'occasion de la vérification de la conservation de l'énergie qu'apparaît l'action mécanique qui constitue la force de Hertz, et dont on se rend compte par la réciprocité qui existe entre les phénomènes électriques et magnétiques : c’est sur les équations mêmes de Maxwell que Hertz a fait ressortir cette réciprocité. Enfin, les équations de Hertz conservent la même forme dans le mouvement absolu et dans le mouve- ment relatif. Par là, elles se trouvent incapables de rendre compte de l'entrainement partiel de l’éther, démontré par l'expérience célèbre de Fizeau. Telle est la difficulté inhérente à la théorie de Hertz, que la théorie de Lorentz avait pour but de tourner. Cette nouvelle théorie est fort remarquable par les retouches successives dont elle est susceptible pour expliquer les phénomènes lumineux les plus divers et mème pour en prévoir de nouveaux. Pôur Lorentz, il n'y a pas de magnétisme. Il n'y a que de l'électricité, et l'électricité adhère à la matière. Les phénomènes électriques et magnétiques sont produits par des particules, les ons ou électrons, portant des charges invariables d'électricité. Les courants de con- duction sont dus à ce que, dans un conducteur, les particules peuventse mouvoir librement, tout en ayant à surmonter une espèce de frottement. C'est lorsque ces courants se présentent sous la forme de courants particulaires d'Ampère qu'ils déterminent un magné- tisme apparent. Le seul diélectrique véritable est léther. Quant aux autres diélectriques, ils sont également for- més d'électrons; mais, sous l’action d'un champ élec- trique, ces ions ne peuvent s'écarter que très peu de leur position d'équilibre, jusqu'à ce que la force élec- trique soit contrebalancée par l'action antagoniste des ions voisins. Dans cette théorie, on étudie à deux points de vue différents ce qui se passe dans les conducteurs : on considère d'abord les mouvements mêmes des élec- trons et les courants particulaires, puis on passe aux effets d'ensemble. Autrement dit, on envisage les phé- nomènes tels qu'ils se présentent d'abord à «un obser- vateur ayant les sens très subtils », et ensuite à « un observateur ayant les sens grossiers comme les nôtres ». C'est en considérant le cas d'un électron unique sou- mis à une perturbation électromagnétique extérieure, que M. Poincaré fait ressortir le défaut d'accordavec le principe d'égalité de l’action et de la réaction. Les considérations de M. Liénard ne suflisent pas à atté- nuer ce désaccord: il reste bien une force de transla- tion qui n’est pas nulle. D'après Lorentz, et contrairement aux idées de Max- well et de Hertz, l’action mécanique du champ magné- tique s'exerce uniquement sur le courant de conduc- tion etle courant de convection, mais pas sur le cou- rant de déplacement. Contrairement encore à ses devanciers, Lorentz distingue entre la force électrique et la force électromotrice, et c’est dans l'expression de cette dernière qu'apparait un terme correspondant pré- cisément au phénomène de Hall. Les calculs relatifs aux diélectriques concernent successivement l'électrostatique, l'électrodynamique des corps en repos, puis en mouvement. Il ressort de cette étude que Lorentz distingue dans le déplacement de Maxwell et de Hertz deux parties : le déplacement de l'éther et celui de la particule, et que le courant de 1 Revue du 15 nov. 1901, p. 981, et H. Poincaré : À propos des expériences de M. Crémieu, Revue du 30 nov. 1904, p. 99%. 1202 Rüntgen se trouve précisément réduit dans le rapport nécessaire pour que les équations de Hertz puissent rendre compte des expériences de Fizeau. Les calculs précédents permettent d'aborder l'étude des phénomènes lumineux dans les diélectriques. Pour tenir compte de l'absorption, il suffit de faire intervenir le frottement que les particules peuvent subir. On arrive ainsi à une formule de dispersion qui ne met en évidence, dans le spectre, qu'une raie unique d'ab- sorption, très étroite, mais située hors du spectre connu. Pour parvenir à expliquer les véritables rates du spectre, la dispersion dans les cristaux et aussi le lien entre l'absorption et la dispersion anomale, de manière à s'accorder avec les équations de Helmholtz, il suftit d'admettre lPexistence d'électrons de plusieurs sortes présentant des coeflicients de polarisation différents. C'est en s'appuyant sur cette formule de Lorentz, de laquelle il résulte que, pour les ondes extrèémement courtes, il n'y a pas réfraction, ae cerlains physiciens cherchent à assimiler les rayons X à des rayons de très courte longueur d'onde. La condition sous laquelle la théorie de Lorentz rend compte de l'entrainement partiel des ondes lumi- neuses est que les termes de l'ordre du carré de l'aber- ration soient négligeables. ls le sont, en effet, dans toutes les expériences préc ises qui ont élé tentées, effectivement sans succès, pour chercher à déceler l'influence du mouvement de la Terre sur les phéno- mènes opliques. Une seule expérience de Michelson fait exception: la même approximation n'est plus per- mise, el cependant l'influence s'est encore trouvée nulle. D'ailleurs, le sentiment même de M. Poincaré est que «les phénomènes optiques ne dépendent que des mouvements relatifs des corps matériels en pré- sence, sources lumineuses où appareils optiques, et cela, non pas aux quantités près de l'ordre du carré ou dû cube de Faberration, mais rigoureusement. Une théorie bien faite devrait permettre de véritier ce principe d'un seul coup dans toute sa rigueur. La théorie de Lorentz ne le fait pas encore, mais, de toutes celles qui ont été proposées, c'estcelle qui est le plus près de le faire ». On se rend compte également que l'influence du mouvement de la Terre est insensi- ble sur les phénomènes électriques qui ont pour siège les conducteurs, et dans ce calcul M. Poincaré rectitie l'auteur. Entin Lorentz, en appliquant sa théorie à la polari- sation rotatoire magnétique, à pu prévoir le phéno- mène nouveau relatif au dédoublement des raies, et qui à été véritié expérimentalement par M. Zeemann. Cette théorie est, en effet, parfaitement satisfaisante pour le cas où le rayon lumineux est parallèle au champ magnétique, et où il se produit réellement un doublet. Grâce à des hypothèses particulières sur la grandeur des coefficients, elle arrive encore, pour le cas d'un rayon perpendiculaire au champ, à rendre compte du triplet. Mais il faut une modification plus profonde de la théorie el des hypothèses supplémentaires, pour expliquer le cas très général du quadruplet. M. Lo- rentz y est parvenu en imaginant les ions complexes. « Quoique le caractère artificiel de ces RARE RÈRES soil manifeste, il convient cependant de conserver provi- soirement la théorie de Lorentz généralisée du seule, jusqu'à présent, permet de relier entre eux les faits observés. » M. Poincaré en vient alors à l'exposé du but de la théorie de Larmor, et il développe en même temps ses vues personnelles sur les diverses théories. Etant donnée Tanalogie découverte par Maxwell entre les deux systèmes d'équations qui résument les lois observées de l'Optique et des phénomènes électr iques, et l'identité hors de doute de la lumière et de lélec- tricité, non seulement on a cherché à embrasser dans un même ensemble toute l'optique et l'électrodyna- mique des corps en mouvement, mais encore on à tenté une explication mécanique commune de la lu- mière et de l'électricité en cherchant à préciser les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX mouvements de l'éther. Connaissant les deux théori élastiques de Fresnel et de Neumann, qui renden compte de la lumière, on à cherché à les adapter W l'explication de l'électricité. L'adaptation ne peut pa être immédiate, parce que les équations de l'Electricit sont plus générales que celles de l'Optique; ces der nières ne sont qu'un cas particulier des premières Cependant la théorie électro-magnétique de la lumièr. apprend que ce qu'on appelle, en Optique, le vecteur d Fresnel, n’est autre que la force électrique, et que le vecteur de Neumann est identique à la force magné tique. D'autre part, on sait que la vitesse de l'éther est représentée, dans la théorie de Fresnel, par le vec= teur de Fresnel, tandis que, pour Neumann, c'est l'autre vecteur, On peut donc tenter de représenter effective= ment la vitesse de l’éther par la force électrique ou la force magnétique définies par les équations de l'Elec-. tricité. On a ainsi l'adaptation de la (héorie de Fresnel ou de celle de Neumann. C'est en cette dernière adap- tation que consiste la théorie de Larmor. D'ailleurs, « dans lun et l'autre cas, on est conduit à attribuer à l'éther des propriétés assez étranges et faites pour nous surprendre au premier abord. Il convient, en tout cas, d'insister sur ces étrangetés, soit qu'on veuille familia- riser les esprits avec elles, soit qu'on les regarde. comme des obstacles insurmontables qui ne permettent pas d'accepter ces explications ». Avec la théorie de Fresnel adaptée, il y a courant continu d'éther aussi bien dans les conducteurs que dans les diélectriques; mais dans les diélec tiques le dépla- cement à lieu sans frottement, tandis que l’éther frotte sur la matière des conducteurs, et c'est à la réaction élastique de l’éther que sont dus les phénomènes d'in- duction électro- magnétique. On se trouve, d'ailleurs, conduit à cette Iconséquence singulière que l’éther à une compressibilité infinie. Dans la théorie de Larmor, l'éther apparait, au contraire, comme incompressible est à son inertie que devraient être attribués les phé- nomènes d'induction. On sait que, dans la théorie de Neumann, l’élasticité de l’éther est variable, et on la concoit ordinairement sous la forme rationnelle et tour- billonnaire indiquée par Lord Kelvin. La résistance à vaincre pour déplacer une particule d'éther serait, dans les diélectriques, une résistance élastique; dans les conducteurs, une résistance analogue à la viscosité … des liquides. En outre, on est conduit à cette consé- | : quence nécessaire que, dans les diélectriques, il est impossible que lélasticité rotationnelle de léther de- d'un meure inaltérée à Ja suite déplacement. Par exemple, quand, après une décharge disruptive, l'air est redevenu isolant et a recouvré son élasticité tour- billonnaire, cette élasticité a nécessairement été mo- ditite, à l'image de celle d’une barre de fer, après que celle-ci a été étirée à chaud. I] se rencontre encore deux autres difficultés. L'une tient à ce que, dans un champ constant, la vitesse de léther est elle-même constante, et, si elle a lieu depuis l'origine du monde, elle à nécessairement déterminé des mouvements con- sidérables et non pas seulement des déformations très petites, comme on l’admet ordinairement avec les corps élastiques. L'autre consiste dans l'entraînement que les ondes lumineuses devraient subir de la part de l'éther en mouvement dans un champ magnétique, alors que les expériences précises de M. no n'ont pu mettre en évidence aucun entraînement. M. Poin- caré «estime, d'ailleurs, que, ces expér iences eussé nt- elles été cent ou mille fois plus précises, le résultat aurait encore été négatif ». Un résultat positif aurait conduit directement à la mesure de la densité de l'éther ; et «il répugne de penser que léther soit si arrivé que cela ». Pour le cas où la modification de charge entre deux conducteurs s'obtient, non plus par une décharge dis- ruplive, mais simplement en les faisant communiquer temporairement par un fil métallique, on a alors affaire à des corps en mouvement : il faut donc s'adresser aux équations, beaucoup plus compliquées, relatives à ce BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 1203 a valeur des diverses théories relatives aux corps en ouvement. Connaissant le point faible des équations e Hertz, si l'on passe en revue successivement la théorie primitive de Helmholtz, celles de Helmholtz- Reif, de J.-J. Thomson et de Lorentz, on rencontre toujours quelque difficulté insurmontable. … Jlest bien difficile, parune même théorie, de rendre “compte de tous les faits observés. Les contradictions auxquelles toutes se heurtent paraissent tenir à une cause profonde. Toute théorie électromagnétique des ‘corps en mouvement doit, en effet, satisfaire aux trois conditions suivantes : 4° rendre compte de l’entraine- nent partiel des ondes électrodynamiques transver- “sales ; 2° être conforme au principe de la conservation de l'électricité et du magnétisme; 3° être compalible avec le principe de l'égalité de l'action et de la réac- ion. Or, la théorie de Hertz satisfait bien aux deux dernières, celle de Lorentz aux deux premières. Et la seule théorie qui puisse être compatible avec les deux dernières conditions est celle de Hertz et elle seule, ainsi que l'établit nettement M. Poincaré. 11 faut donc renoncer actuellement à développer une théorie entiè- rement satisfaisante et s'en tenir provisoirement à la moins défectueuse, qui parait être celle de Lorentz. Cette théorie permet, d’ailleurs, de conserver les équa- tions de Hertz, à condition de modifier la signification de certaines quantités. j On connaît limitation hydrodynamique des phéno- mènes électroslatiques par les sphères pulsantes de Bjerknes, et celle des phénomènes électrodynamiques par le modèle de Lord Kelvin. Ces mouvements, qui se produisent dans l'eau, présentent une analogie étroite avec ceux qui doivent se produire dans l’éther suivant les deux théories adaptées. Par suite,en cherchant à les interpréter soit dans le langage de la théorie de Fresnel adaptée, soit dans le langage de la théorie de Larmor, on arrive à l'explication, dans l’une et l’autre théorie, des phénomènes mécaniques dont un champ électro- magnétique est le siège, c'est-à-dire des attractions électrostatiques et des actions mutuelles des courants. Et, l'on obtient, du mème coup, la signification, dans les deux théories, des équations relatives à l'électrodyna- mique des corps en mouvement. Dans le modèle Kelvin, la vitesse du liquide est la même que celle de l’éther dans la théorie de Larmor; dans le modèle de Bjerknes, elle est la même que celle de la théorie de Fresnel adaptée. On sait qu'avec ces deux modes de représentation, il y à inversion : si les actions méca- niques d’origine hydrodynamique sont des répulsions, les actions correspondantes d'origine électrodynamique sont des attractions, et inversement. M. Poincaré à pénétré les causes de l’inversion : elle provient, ainsi qu'il l'a établi dans une publication antérieure, de ce ; que, dans l'expérience de Bjerknes, on a représenté les. charges électriques par des vitesses, tandis qu'il fallait les représenter par des « moments ». Inversement, dans l'appareil Kelvin, on a représenté les intensités par des moments, tandis qu'il fallait les représenter par des vitesses, Depuis la publication de ces résultats, M. Larmor à complété sa théorie et lui à donné sa forme définitive en S'appropriant les hypothèses de M. Lorentz eten les LME VTAES 1206 — 10-17 — + (is NE MRICEE 397 —2%mars-1er-7 avril ES LS ORNE 398 — 14-21 — > + OEENTONE 441 äté : : — 28 avril mai RE UN ORE RAM 49% DEEE PHONE = 12-20 — = 539 26 Mmai-2 juin me 587 | Séances des T décembre 1904 . . : 54 _ 9-16 — ET LIN EEE 649 — 14-21 — ST AENANENEE CON 106 — 23-30 A ES ET 2 698 — 11-18 junvier 1902 . 166 — 7-15 ON EURE PORTA 746 — 25 — — 9 — 21-28 — LE NC ER RE 791 = février — — 4-11-18 août 2 HOMME 840 = — — — 25 aoùût-1er PR enleve à 893 = Inars — — -15 — 946 = — — — 22-29 septembre- 6 octobre — 995 _ avril — — 13-20-27 octobre — 1043 _ — — — S10anovembre 2.0. 7. 110% = mai — — 17-24 — — 1152 — — — — Aer-8 décembre — . . . . . . 1205 = juin — Académie de Médecine. ” ÿ juillet — —= 12 — — Séances des 17-24-31 décembre 1901 . 53 19-26 = cu — 1-14 janvier 1902 . 106 — 48-25 octobre — Æ 21-28 = == 165 a 8 novembre — — RATS SENTIER, —. 5 . . . 210 — 15 = = M TE Le — 98 février-# mars — 314 — 99-29 novembre-6 décembre 1901 . . . . . . 1207 — 11-18 — — 358 DE DT en ue H RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE = 6-13 mai — 495 |: + . Le 20-27 — — 540 | Séances des 27 mai EL REA ET 1 SN À He 6 jui = FINE AE 589 _ 17 juin RE. cet MTS T4, 0 Ex 650 _ 18 novembre — 1208 10 — — 1220 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES « $ = me x RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Éépnces)des 18 rss fa RTS ES VNERR Communications reçues pendant les vacances . . . . Séances des L Mfévrier 19028 RER 10 SSéante dus 6enovembre 1902 Me CAE — + mars RE APRES 360 — 8 avril 24 SE EEE 143 = 6 mai EAN ARENA" 541 Société anglaise des Industries chimiques. = soin LE SUNSET 651 , _— {er juillet ENS Sac et à et 193 £ : — 11 Fabre = PR Lie Tri 1154 SECDONEDEREONDRES i Séances des 6 ryanvier 019020 PMP RCE — S UMTS SERIE el Société française de Physique. — 10 mars AT NS NE AR NP -— 5 mai RS EU 212 Séances des 20 décembre 1901 . . . . .. . . 107 Fi 2 juin SR UE Che RE E in anvier 009 NN 167 2 3 novembre — . ....... — 7 TÉL A RER Cr 0e 1219 es 21 — nes E HU lb SECTION DE LIVERPOOL — ÿ' mars TE Le he ee ot 360 DES 21 _ PE CNE HR NS 400 | Séances des 298 janvier AIDE PE TRE — 3-18 avril on ACT EE Po 443 — 26 février D PORT A ENS — 2 mai MER TL à ar gb — 26 mars NAN OUT + 16 — = TN STE are 541 — 30 avril RS OL CR = 6 juin ue 4 De Le: 0111002 _ 29 0ctONTE NET MEME RER — 20 — NS AS le SRE. ADD = ATPAUILEERE Eee 149 SECTION DE NEWCASTLE — 21 novembre — : . .:. 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Séances des 29 janvier 4902 . . - . . . . 319 — 26 OTÉYNIE ENTRANTS \- -.-DN6JS — 26 mars — 198 À Communications : 409, 167, 273, 317, 362, 445, 542, 590, 653, — 30 avril RE RME D 544 149, 842, 895, 946, 996, 1046, 1106, 1209. — 28 mai ME ER CAE 751 Socièté de Physique de Londres. Séances des 132décembre MODE ee Er 54 — DÉNNIADVIET MALUD2 ES APR NE 216 — 14 février Te AE UE 021) — 28 — EE EST 4 1902 — 14 mars — MISERERE . 401 — 11 avril =, LS RSS APRES . 445 — 25 _— RE t : LÆOT = 9 mai NT A A To et JUENER 542 — 23 — — ges: Ns Tele S MERE — 3 juin ee A Ad CE 654 — 20 — NN ANR. 1194 — 14 novembre — 1210 Société de Chimie de Londres. Séances des Mienoyvembre MIO LEE: 054 — SHécempre 4190122400." CN MAO — 19 — —" PNR... MA6B E- AOMMIANNIET MIO PE EEE 7 216 = 6 février = MR 2. . 0216 — 19 - NN ER te ee NOT — 6 mars — 1. HU 0 , er. MAD — 19 — NE D Rte re UAOS — 17-30 avril =" NS... 1 094 — 15 mai —— ER. - . 1. . 592 == 28 — — 654 Séances des 6 u SECTION- D'ECOSSE Séances des 28#4janvier = 190282 TUE 319 — 8 avril RE NT TRS 543 — 8 — —" (suite). 2: 1% 65514 LA Séances des 1e févriers 1419095 ANR 319 — 1 mars ER UN ES Gr 445 — 4 avril = NN te ae 499 — 2 mai RS oi TAN 655 SECTION CANADIENNE mars 1902 MC RTE 498 mai _ 702 Société allemande de Physique. Séances des 29 novembre LINE 55 — 10-24"Wjanvier 19020 ER 2184 — 7 février —" 4 LIRE. 319 ' — 21 — — LE AE, "UM 08 — 7 mars = NANORRAETE .. 401 — 21 — TOUS 0 à CCE . 446 — 11-25 avril Re 2. 0e 499 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 1221 no) LR Fe ie FETES ue Académie des Sciences d'Amsterdam. — 28 — =, + 1. SPRINT. 151 “a MES octobre Lt. ==. YONNE 1106 Séances des 28 décembre 4901 . : . . . .. : 112 — LEnovembre, —%."; 1-00 1211 nn LEP — (suite). . . . . 110 — 25 jpbviee , CEE RS 0 CES 218 Ar : ‘ — 22 évrier — RER RRME EL Académie des Sciences de Vienne. EE 92 ER E. Ciel ARE 203 _ 9 — 4 4 Séances des 24octobre-14-21 novembre-5 décembre 1901. 56 Es : el Re nt ONE 00 ne Je — 5 décembre (suite}-12 décembre 1904 . . . . 111 Le 31 ai NÉE Er 251 Du. — 19 décembre 1901-9 janvier 1902. . . . . . . 170 E 28 Sun ER RO NES 206 —= 46-23 janvier 4902... . . . . . . 220 = RARE. ET TA MEN REE L Æ ie SONT EE PO - . — 21 septembre ER TT ER 1047 F2 6 re SOA mie 2 7 NC 302 — 27 — (suit): NE: 1107 E 12 Per RS FE 0 7 246 — 25 octobre-29 novembre RS ET EME NCE 1211 — 17-24 avril ARR SN 499 4 F=T, # ? i 54 » « . . Ee 2e ren 2. ÉDUE Lrpacs Be Académie Royale des Lincei. = SU SET EL ER N 103 ne F — & ES) EMEA 842 | Séances de janvier-février 1902 . . . . . . . . 320 — 10 — PR LÉ te eNe De 999 — BTS ANT ON 0-10 500 — OGM OELONTE MEL): 1 01. 20e 1107 = Mai Ne 195 LA, A TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS" A | Athias (M), 315. | Belloc (G.). 165. Atiems (K_). 656. | Bellucci, 320. 5: Aubaret. 1135. Bemmelen {1-M. van), 172, 218, °°0 79 5 , PR £ PUR Aubel {(Edm. van). 494. 946. 1104. 1103. | 304. 421% Abelous (J.-E?. 410. 651. 1103 Audibert {V.). 541, 1205. Béaard, 429. Le Si Fire = Ë Auerbach B.. 102. 410 a 152. Bender (X.), 349 Abraham. 215. 1209 a ne De Z= ee Achard (Ch, 33, 360, 1045, 1154. Auger, 167, 213, 271, 455, 495. Achiardi d'\ 500 ; Auld {S.-1-ML), 130, 1156. Ackroyd {W. Auric. 1205. Beusaude (R ), 106. Acquariva. © Austin {(L.,, 416. 355. Béranger L.. 313, 587, 653. Aémer 4 Autoone {L.), 357. 533, 746. 4101, 1104. | Bérard (L.), 399. 5 Avenel (G. d'), 190. Berger, 210. 495, 700. Benndorf (H.), 499. Benoist (L.). 243, 1154. 5 AdkBer. os 150. Azoulay {L.). 1152 1153. 1908 | Bergeron. 359. Adrian. 387. | Bernard Augustin), 7. 119. Azamennone, 320. u | Bernard (Léon. 166. 14%, 1106, 1208. Albarran, 35$. 348. B Bernard (Noël), S à 26, 10H. Alberda van Ekenstein (W.), 843. | Berthelot D.:, 398, 45. Alezais. 749. l | Berthelot (M), 165, 167. 314, 441. 442, Allard {6.), 4105. 1209. Babonneix. 341, 1046. 1156. 194. 698, 791, 995. 1043, 1152. 1206. Atlen (C_Y. 1210 Baïley (T- L.\, 499. | Bertin-Sans {H.:, 312 * Alliot (H.). €49, 346, 394 Baïlhache. 11.2. | Bertolo, 1%. Allaaud (Charles) 2 | Baillard. 313. 388. 946. 1165. Bertracd (Ch.-Eug.), 105, 213. 269. Aloy, 216. 651. 393. Baker (H), 317. Bertrand (G.}, 52, 108, 409, 164, 167. Amagat, 588, 649. Baker J. L.). 702. 650, 653, 746, 1105, 4155. Amaldi. 500. Bakhuis Roozeboom ‘H_—-W.), 170, 12, | Bertrand (J.), 1100. Anbsrd (LA. 561. 219, 447, 705, 4107. 1242 Bertrand (L.}, 53, 313, 399. Ancel {P.). 894. Ball (V-), 315. Berwerth (F.), 364, 544, 796. Anderson (W.-C.), 319. Ball :W..-C.), 211. Bes (K.), 112, 248. Anderson /W. B.), 276 | Balland. 1206. Besredka, 588$. Andover (H_. 936. 1132 | Ballay (Dr), 415.7 Bevel (Chr.), 381. LT RG Ballet D° Gilbert), 332 4 378. Bevlot, 360. ne _ | Baliner (F.), 500. Bezold {W. von), #46, 546. £ | = Le a Ë 167, 358. 495. 698 | Balthazard (V.). 54, 315, 349, 4903. | Bianchi. 320, 500. 195, 895. Angel {A |. 1456. br | Baly(E.-C-C), 592. Biedermann (R.), 694. : Tps Angeli. 7%. Bamberger (M). 500. Bierry (H.). 651. 894. 1154. Anvelico. 796. Barbellion. 399. Bigart, 166, 1106. 1208. Angelis (de), 7%6 Barbieri {N-A.). 192. Bigourdan (G.}), 52. 353. 1152. Anglade. 495. 389 Barbier (Ph.}, 1206. | Billard (A). 541. Anglas (1. 364, 993. | Bardier |E.), 250. 651. 393, 895. Billard (G.). 315, 339, 443, 651, 748. Anthoine, 229. | Barella (H.-P.). 270 Billet (A). 54, 841. Anthonv {R. 34, 315. 359. 1046 4207. | Barillé (A), css. Billitzer ,G.). 56, 402, 499, 500, 703. Apert (E.). 271. * 574. | Barillet (CL, . 1206. Bitlon {F.), 214, 270. 271, 314, 359, 651, Appell (P.}. 583. 791. Barjon, 651. | 840, 842. 895. : Ardaillon (Ed... | Barrett (WF). 895 | Bimont (G-), 52. Ariola (D \. ‘aa à 476. | Barroïis (Ch). 162. 398 Binet (A.), 788. Arldt (C). 209. Barihélemy [H_), Ss5. ; Binet (M), 165. Ari ing (F.), 55. 106, 339, 389. Barton EH. .3 Binot (J.), 358. s Basseit (H.), 795. Biot, 493. 590. Arloïng (S. ss 106, 166. | Ba-sot Général 229. Bittner (J.-C.), 402- Arma :nat. 168. Ars -Deli \. 106. 496. 341 ss, | Bataillon (E... Bjerknes (V.), 3:41. Re SR DA, BE À SEE . 748, 842. 1645. | Blaïkley (DJ). 54. Armstrons (H_-E.}, 55, 411, US. -| 4036, 4105. 1106 1153. Blaise (E-E.). 52, 314, 316, 539, 590. Araaad, a 3 1 Baubigny (A. 1205. Blakesiey (T- H.). 23. Arrhénius © 63 2 76. Baud (E-), Blanc (G.). 310, 794. Arsonval {d'\. 195, 699, 1152. Baudin D). ; Blanchari (R.), 493. 651, 747, 748. Arth (G., 49. 272, 4102. Baudoin, 392. Blanksma (J.-J 21, 457, 844. 1212. Artbus (Maurice). 211, 213, 234.215, 400, | Baudouin (M. 1405. Blaschke (P.), 3 Bloch (A.-M.), 513. 1046. Blockey {F.-A.). 217. Bauer (Ed.), 272. 239. 541. 696, 548, 944 = re 5 Bauwe-Plursinel A. de la Ascoli, 796. | | Fra | Battelli (3.1. S23. 1156. | | | | shworth (J-R_). 7 Bay (L), 995. Blondlot (R.:, 699, 1044, 4104, 4105. Aprral H 6, Æ. Bayliss (W. M }. 167. Boatta (G.-B +. 1105. Astruc 4). Beaujard E. Bock (F1. 4000. Astruc (H._. & Beaulard F. Bodart. 56. Athanasiu (L), 214 Beauverie (J.\. 353, 492. Bodin (E.). 390, 840. l r RE Becke (F. 1107. Bodroux. 362, 552. Becquerel H .213,603 à 610,705. | Bocke (J.), 219, 304, 1212 : S RE ne - Beekwan (E.-H.-M). 1048. Boggio, 500. 395. Les noms imprimés en caractères | Béhsl{A.) 161, 216, 222, 316, 362, 444, | Bobn (G-J:465, 661. Maires cause CAS Buis (H.-E.-J. du), 142, 218. : chiffres gras reportent à ces ar- Behrens Th.-H.\ = | Boix (Ew.), 166. Ball (Louis , 922. | Boks (A.-1.), 704 NT. 0 ji es (P.), 313, 314, 946. Bollemont (Grégoire de), 272, 357, 497, 6 P (A.), 1103. ne SW -A.), 55, 111, 400. Bonnamour, S42. 2 - Bonuier Le 106, 399, 842, 1201. Bordas (F.), 649, 894. ee (L.), 651, 749, 840, 841, £ 12 Bordier (H.). 105. 698, 894. Borel (E.), 48, 649, 391. | Borsstein (R. }. 456. | Borrel (A.), 106, 400, 894. _Borrelly. 946. _Bortolotti, 195. | Bose (E.. 315, 1105. Bosc (F. -J. }, 274, 315, 359, 496, 589, S93, 1208. Bouasse, 700. _ Bouchacourt (L.). 271. 540. _ Bouchard (Ch.), 346, 946, 1205. _ Boudouard, 108, 650, 702, 1104. Bouffard (A). 649. onde {Joseph}, 310, 649, 653, 1105, Boule (M), 903 à 945, 996. Boulouch (R.}, 791. Boulud, 54, 210, 357, 649, 191. Bouquet de la Grye, 229. Bourcet (P.), 191. Bourdariat (A.-J.), 313. Bourg de Bozas din). 229. _ Bourgeois (Léon), 51, 210. Bourges. 359. Bourion (F.), 314. Bourlet (Carlo’, 535. Bourquelot (Em.), 398, 650, 893, 996, 1045. Boussinesq (J.), 650, 192, 840, 995, 1043. Boutan (L.). 650. 699, 1043. Boutroux (P.), 164. 313. Bouty, 588. Bouveault, 444. 539, 542, 191, 194, 840. Bouvier (E. -L.), 106, 657, Bouvier 2 } S30. Bouygues, 21 Bouz:t, 581. 588, 698, 840, 995. 1206. | L À . > 100, 840, 387. 590, 746, 146, 894, 1206. Bowdler ALL S PE à Boy, 443. Boyer (Jacques), 209. Bra, 106. Bradburn (J.-A.), 592. Bradley (S. W.). 1156. Brakes (J.), 702. Brame (J.-S.-S.), 655. Branca (A.), 842, 893, 894. Brand (A.), 655. Branly (Ed.), 269,581. Braun, 311. Breil (H.), 500. Brenans (P.), 269, 271, Brenner (L.). 842. 191, 895. Bresson {A.), 106. Breton (E.)., 1205. Breuil, 698. Bride (E. =-W.-Mac). 317. Briggs (S.-H.-C.), 217, 795. Brillouin, 369. Briot (A.), 271, 1046, 1105. Brissaud, 793. l Brives (A.), 442. Broca (André), 244 à 249, 514, 441, | 538, 101. | Brocard. 106, 165, 944, 1043. Brochet (André). 837, 1152, 1206. Broglie (L. de), 269. Brouardel, 54, 399. > Brown (H.-T.), 318, 998. | Brown (J.-A.), 317. Browning (H.-C.), 111. Bruce (D.). 311. Brunel {L.). 1206. Brunet (Louis), 53, 106. 465, 314, #42, 1045. | Brunhes (B.), 52. 698. Bruvhes (J.), 540. Bruni, 320, 500, 796. Brunon (R.), 147. Brunotte (Camille). 310. Bruntz (L.), 841. 1043. 1206. Bryom (T.-H.), 216. Bryan (G.-H.), 216. Brzezinski (F. [P. , 540 Buard (G.), 393. Bucquoy. 210. Budin, 540. Buisson (H.}.-S40. Bureau. 1206. Burgatti, 500. Burkard (E.), 1156. Burrows (H.), 55. 195. Buarstyn (W.), 656. Bussy (de), #41, +42. Butte, 1045. Buatza (J.), 443. Buyzat (J.), 300. Cc Cade, 651. Cadéac, 494, 650. Cailletet (L.), 210, 699. Cain (J-C.)., 1156. Callandreau (0.), 698, 746, 1043. Callendar (H.-L.), 795. Calmette {A.). 589, 650, 841, 1205. Calugareanu. 106, 313, 31%, 400, 496. Calvello, 796. Cambier (R.), 53, +40. Cambouliu, 1044. Cameron (J.), 938. Cammaun (F.), 840. Campagne (A. 1105. Campagne (B. "1105. Camus (J.), :%6, 5N9- 840, 841, 1205. Camus (L.}, 270, 315, 359, 495, 496, 541, 651, 188, 81. Capitan, 106, 698. Caqueray (G. de, 389 à 393. 7::. Cardinaal | (I), 365, 446, 4067. Cardoso Pereira, 44. Carette (H.), 313. Carey (A. ), 655. Carey {E.), 276. Cari-Mantrand, 653. Charcot (J.-B.), 166. Chardonnet (de), 541. Charpentier (Aug.), 699, 746. Charpentier (P.-G.), 358. | Carles, 792. Carnot (A), 167, 141. Carnot (P.), 107. 748. 793, 1207. 1208. Carpenter (H.-C.-H.), 55, 102. Carpini, 320. Carré, 271, 272, 315. Carrière (G.), 106. 271, 441. Cartan (E.), 649. 699, 1152. Carter (W.), 1211. Carton (C.-M.;. 702. Carulla (F.-J.-R.), 319. Carvallo (E.), 52, 105, 465, 649, 1154. Cassaet (E.), 54, 1106. Castaigne (J.), 197, 166, 589. Cathelin {F.). 540, 748. Catouillard (G.). 1153. | Caullery (M), 165, 442, 495, 588, 651, | $92. Causse (H.), 313. 698. Caustier (E.), 395, 662. Cavalié, 360, 541, 193, 1154. | Cayeux (L.), 53, 539, 540. | ES B: 2X l Celoria, 195. | Chabrié (C.), 698. | Chaine (J.), 443, 344, 652. es Are 651. Chandler /S.-E.). 1046. | Chantemesse, 148 193. | | Chapman (D.-L.), 1156. | Chapoteaut, 1206. Charabot (E.), 403, 163, 271. 587 701, 191, 895, 1043. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 1223 Charpy (G.). 164, 314, 357. Charrin (A), 106. 165, 587, 791, 192, 1205. Chassevant (A.), 107 1207. | Chassy {A. 588. Chatin ! AIT). 344. Chattaway F.-D.), 216, 401, 498, 343, 195, 1211. Chaudié (4.), 214 Chaumet, 539. Chauveau (A.), 587, 588, 650. Chauveaud (G.), 699, 1153. Chauvel, 53. 270, 540. Chavanne (G.). 358, 650, 698. Chédevergne. 314. | Chessin (A.-S.). 1044. Chevalier. 49. 229, 699, 946, 995. Chevrottier, 191. | Chick (Mile H.), 1211. Chifflot, 165. Chipault, 359. Chistoni, 320. Chocreaux, 495, 589. Chofardet (P.), 946. Choublier. 51. Chrétien (P }), 1153. Christiani (Mme A). 1045. Christiani {H.), 1045. . Christomanos, 995. Chudeau (R.,. 540. Ciamician, 500. Clairin (Jean), 535, 539. Claisse (A.), 651. Claparède (Ed.), 748. Claude (Georges). 354, 699. Claude (H.), 315, 541, 1205. Clayton (EG), 544, 655. Clerc (A.), 54, 107, 894, 1045. Clerget P.334 2 343. Clerke (Mi A-M.). 430 à 440. Clowes (F.), 318. 363. | Cluzet (J.1, 166, 270, 894. Coakley-Byron, 107. Coblyn (J.-H_). 1044. Cœha (A.), 703. Coffignier (Ch.), 993. Cogai, 500. Coghlan (T.-A.), 265 Conen (E.), 112. Cohen (1.8), 55, 169, 195, 1156. Cohn {A.-J.). 543. Cohn (P.). 703, 1107. Colardeau (E.), 360, 646. Colin, 494, 588, 649. Collet (A.), 445. Collet (J.), 1105. 1205. Collie (J.-N.), 795. Collingridge F_), 1211. Collins (S.-H. HS. Colson (A), 32. 494. 698. Comanducci, 497. Combebisac (G.), 585. Compan (P.), 52, 313, 588. Conor, 1045. Conrad | de Conroy ]J. 7 "363. 5614 à 579. Considère, S41. 893, 946. - Contarini, 195. ass A). 168. 466. 1746, S91, 1044. Csutremoulins (G.), 358. Copaux, 387. Coppet (L.-C. de). EL Cordier (V. LA À Cornaille (F.)., 105, Cornil {V.!. =g! Cornu (Alfred\. x tal. 444. Cotte (J.). b51. Cotton (A.), 496 Cotton (Em.). 105. Coudray (P.)., 791 Courmont {P.), 116, 1207 Courtade {A.). 741. Cousin {H }. 214, 229. Coutière :H.). 442, 46, 650, 654, 700, 748. Cout: miin, S94. | Couvre E.), 541, 1155. Crémieu (V.), 314, 650, 746, 791, 10:14 1208. 1224 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Crésantigaes (D' de), 540. Crié (L.), 646. Cristiani (Mme H,), 300, 748 Cristiani (H.), 700, 748. Crocker (J.-C.), 401. Croft, 445. Crofts (J.-M.), 401. Crompton, 1210. Crossley (A.-W.), 111, 543, 1210. Cuénot (L.), 397, 399, 443, 1103. Curie (P.), 109, 164, 269,588, 1152. Curie (Mn: $.), 164, 791. Curtel, 229. Gvijic (J.), 114, 17 Czermak (P.), 170. Czuber (E.), 181. Dainelli, 320. Dakin (H.-D.), 55, 7 Damour, 995. Dangeard (P.-A.), 649. Daniel (1. 891. Daniel (ES: 695, 995. Daniele, 500, Te Daniloff (E.), 841. Dannenberg (P.), 1107. Darboux (G. ), 52, 2929. Daremberg (G.), 54. Darier, 165, 270. Darzens, 1409. Davis (W.-A.), 592. Dawson (H.-M.), 498, 1156. Dawson Turner, 497. Debierue, 109. Deburaux, 52. Dechant (O.), 319. Décombe, 314, 649. Decrock (Elie), 355, 439. Deflandre (Mile C.), 748, 1105. Degagny (Ch.), 495. Dehérain (H.), 39 à 4%. Dehérain (P.-P.), 53, 452 à 459, 164, 311, 358, 494, 263 à 335, 840, 946, 1044, Dekker (J.), 1048. Delage (Y.), 495, 537, 1205. Delagenière (D.-H.), 540. Delamare (G.), 541, 791, 792. Delange (R.), 105, 109. Déléarde, 359. Delépine (M.), 109, 164, 316, 398, 587, 895, 1205. Delezenne (C.), 107, 359, 495, 589, 698, 700, 792, 841, 842, 894. Delherm, 271, 495, 540, 589, 651. Delvolvé, 51. Demenge (E.), 354, 490, 584, 596. Demoulin (A. ik 494. Demoussy (E.), 53, 164, 840, 946. Denaitfe, 536. Devayrouze (L.), 749. Denigès (G.), 315, 792. Deniker ), 356, 440. Denison (R.-B.), 216. Denizot (Alf.), 168. Dépéret, 588, 1153. Dercas (A.), 7894. Desaint (L.), 587. Descos (A.), 106, 166, 894, 1207. Descudé (M.), 52, 398, 495, 10%4, 1205. Desfontaines (M.), 214. Desfosses (P.), 35 à 39, 493, 538, 945, 4041, 1105. Desgrez, 167, 539, 541, 698, 746, 748, 149, 793. Deslandres (H.), 269, 314, 398, 698, 792, 995, 1152. Desmots (H.), 269, 271. 1043, 104%, 1152, 539, 588, Devaux (H.), 649. Devé (F.), 214, 541, 589. Dewar (J.), 842, 997. Dewitz (J.), 166, 748, Dhommée R. 588. Dianoux, 54. « Dito (J.-W.), Didsbury (H.), 269, 359. Diehl {Charles}, 267. Diesen (G. van), 172, 751. Dieulafaye, 315. Dieulafé, 359, 443, 651, 748. Dieulafoy (G), 141. Dilthey (V.), 314, 497. Dimitropol, 650. Dini, 320. Ditmar (R.), 1000. 10%, 844. Ditte (A.), 269, 314, 535. Divers (E.), 498. Dixon (A.-E.), 169. Dobbie (J.-J.), 168, 217, 795. Doelter (C.), 843, 1107. Doléris, 1153. Dolezal (E.), 656, Dolezalek (Dr F.), 992. Dombrowski (M.), 791, 792. Dominici, 315. Dongier, 351, 441, 747, 841. Donnan (F.-G.), 592, 795. Dop (P.), 1045, 1105, Dopter (Ch.), 166, 793, 894. Dor (L.), 106. Dorello, 796. Dorland (A.), 589. Dorp (W.-A. van), 844. Doyen, 53, 399, 841. Doyon (M.), 315, 357, 494, 541, 146, 748, 894. Drucbert (J.), 589. Duboin, 441. Dubois (E.), 219, 752, 844. Dubois (R.), 106, 213, 214, 359, 588, 651, 746, 842. Duboscq (0.), 540. Ducatte (F.), 495, 587. Ducretet (E.), 164. Dufau (E.), 271, 1205. Dufet (H.), 360. Dubem (P.), 105, 165, 213, 313, 357, 398, 539, 588, 1152, 1205. Dumont (J.), 53 Dunn (J.-T.), 446. Dunstan (W.-R.), 498. Duparc (L.), 314. Dupont (C.), 494, 650, 1044. Dupont (F.), 831. Dupont (J.), 102, 837. Dupont (M), 1152, 1207. Dupré (A.), 363, 750. Duret, 1153. Dussaud (F.), 269, 1043, 1105. Dyson (G.), 1210. 587, 651, E Easterfield (Th.), 795, Easton (C.), 112, 364. E.-C., 371, 507, 551. Eddy (H. -P.), 543. Eder (J-M.), 842, 1008, 1107. Egger (Max), 100, 148. Eginitis (B.), ATU 494, 539, 650. Ehrenhañft (F.), 1000. Eiffel (K.), 309. Elbs (K.), 395. Elder (H.-M.), 275 Elster (J.), 999. Emerson-Reynolds (J.), 498. Emich (F.), 170. Engelenburg (E.), 219, 4%8. Engelhardt (V.), 437. Engelmann, 500. Engerrand (G.),, 42 à 225, 775 à 236. £ Enriques, 500, 796. Ernst (W.), 1000. Erskine (J.-A. “591: Escherich (G. von), 170. Esclangeon (E.), 1152. Escombe (Fr.), 998. Etard (A.), 52, 164, 542, 1044 Etienne (G.), 39 9 7 Everett, 216, 215 362, Ewart (A.-J.), 896. Exner (F M), 544, 196, 842. Eyk (C. van), 104. nant P.-H.), 112:2290/#152: Eyre (AV), 195 Fabry (Eug.), 581. Fabry (L.), 946. Fages (J.), 539. Faïdiga | (Ad.), 56. Fallot (E.), 836 à 880. Farmer (J.-Br.), 1046. Farmer (R.-C.), 318. Favrel, 216, 272, 588. Fawsitt (Ch.-A.), 319. Faye (H.), 593, 146, 897. Fehr (H.), 48, 309, 437, 943. Feindel | (E.), 802, Fejer (L.), 398. Félizet, 842, 893, 894. Fenton (H.-J.-H.), 401. Fényi (J.), 213, 146. Féré {Ch.), 54, 106, 166, 214, 399, 443, 544, 841, 894, 1045, 1106, 1153, 1207, 1208. Fernbach (A.), 746. Ferronnière %. ) DD: Féry, 494, 587. Fiessinger, 495. Filhol, 442, 494, 495, 545. Findlay (A.), 795, 997. Fischer (R.). 656. Flahault (C.), 311, 356. Flamand (G.-B.), 105, 588, 698, 792. Fleury (M. de), 648. Floresco (N.), 747. Fochier, 650. Foerg (R.), 56. Fondera (F.), 703. Fontan (J.), 359. Fonvielle (W.-de), 840. Fonzes-Diacon, 163, 213, 214, 587. Fôppl (D' Aug.), 431, 742. Forcrand (de), 105, 165, 398, 399, 441, 49%, 581, 1205. Forel (Auguste), 420 à 129. Forestier, 698. Forgeot, 359. Forster (0.), 111 543, 592.1 Fortey (Mile E-C.), 543, Fortner (M.), 1000. Fosse (R.), 52,165, 358, 449, 146, 930 à 942, 996. Fouché, 542, 649. Fouilliand (Cl.), 1106. Fouqué (F.),52. Fourneau, 109. Fournier (A.), 1045, Fournier (E. ), 164. Fournier (J.), 792. Fournier ÎL. ), 1153. Fourtau (R.), 1043, 1105. Foussereau, 1208. Fraichet, 1044. França (o sn 315. Francis EE - , 401, 655. Franck (Ch. de =.) 1105. Francois-Frauk, HAT Franke (A.), 656, 843. Fränkel (S.), 111, 320. Frankl (Q.), 1107. Frankland (P.-F.), 318, 498. Fredericq (Léon), 629 à 644. Fredholm (J.), 213, 698. Frémont (Ch.\, 840. Frenkel (H.), 360, 651. Freundler (P.), 313, 587, 649, 653, 698. Freycinet (C. de), 394. Friedel (J.), 4206. Friedlænder (P.), Fritsch (R.), 402, Frobe (W), 842. Frouin (A.), 443, 698, 213, 214, 357, 650, 146, 147, 169, 217, 276, 401, 202, 103, 1107. 1407. 700, 748, 841. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS _ Fuch (L.), 494. - Fuchs (Th.), 364, 656, 196. -Fulda (L.), 1000. . Fumouze (D' Paul), 1042. - Fürcht (Mile M.), 1000. - Furth (H.), 1107. | 9. | en en (Ed.), 53, 696, 956. - Galavielle, 107, 631, 193. 2 Gane (E. H.), 318. “ Gans (G.), 1000. 5 _Gardiner LE a 492. … Gaud (F.), z snodry ( Ribere, … Gauss (K.-Fr.), 9 ÿ Gautier (Armand), 269, 270, 314, 442, * 4194, 358 à 562, 650, 700, 748, 791, | 194, 893, 1152, 1153, 1207, 1209. J Gautier (EF. 1206. - Gautier (H.), 164, 495, 539. - Gautrelet (J.) , 165, 193, 841. _ Gavelle (J.), 748. Gavin (M.), 537. - Gawler (R.), 498. _ Gedælst (L.), 839. - Gegenbauer (L.), 441. » Gehrcke (E.), 218, 1106. Geitel (H.), 999. _ Geitler (J. von), 220. ._ Gellé (M.-E.), 214, 359, 443. _ Genequand B, 702. . Gentes, 316, 443, 541. Genvresse (P.), 269, 1206. Gérard (E.), 587, 992. Gerber (C.). 540! 1208. Gernez, 588. Geschwind (K.), 49. : Gessard (C.), 589, 1207, 1208. Giard (A.), ae 540, 588, 4208. Giford (J.-W.), 997. Gilbert, 105, 107, 418, 651, 100, 748, 193, 894, 895, 1105, 1207, 1908. Gill (AH), 702. Gillay (J.-W.), 112. Ginestous, 160. Giorgi (G.), 592. Girsn (H.), 5, 698, 1205. Girard (J.), 7 à Girard ji: ue), Ogg: Giraud, 893, 946, 1206. Glangeaud (Ph.), 161, 396. Gleichen (A:), 218. TE (T.-H.), Gley (E.), 315, 343, , 496, 651, 748, 194, ski, 842. * Glover (3: j 699. Gnezda (J.), 343. Godefroy ke 309. Golding (J.), 544. Goldschmiedt (G.), 1000. Goldstein (E.), 55, 168, 402, 544, 655. Gonnessiat (F.), 2:0. Gontier de la Roche (A.), 193. Goodwin (W.), 217, 102. Gorjanovic-Kramberger (K.), 110. Gosio,: 796. Gosselet (J.), 214. Gütz (R.), 36. Gouget (A.), 107. Gouirand (G.), 1206. Gouraud (F.-X.), 400, 1106. an 214, 291. Goursat (E.), 313, 494, 694. Goutal, 995. Gouy, 105, 588. Goyaud, 996, 1044 Grablovitz, 320. Gramont (A. de), 494, 587. Granderye, 212, 314, 590. Granger (A.), 542. Grant, 445, 498. Gravé (D.), 649. Gravier (Ch.), 1043. Gray (Th.), 655. Gréhant (N.), 54 166, 213, 1104. Grenet {L.), 164, 314, 357, 1154. Grière (Ch.), 423 à 436. Griffon (Ed.), 840. Grignard (V.), 164, 441, 1043. Grimal, 1043, 1206. Gros (A.), 494. Groves (C.-E.), 217. Gruet (Ch.), 1101. Grunberger (E.), 363. Grünwalid (J.), 499. Grutterink (J. A. ), 404. Grynfelt (Ed.), 269, 271, Guareschi, 792. Guedras (M.), 405, 1105. Guéguen (F:), 743. Guépin, 165. Guerbet, 52, 215, 313,701, 191. Guérin (C.), 589. Guéritte (A.), 842. Guerreau, 701. Guglielminetti, 748. GR Telmes 320. Guiart (Dr J.), 584. 841, 893, 946. .Guichard(M.), 165, 216, 701. Guignard (L.), 105, 442, 995. Guillaume (Ch.-E1.), 215, 281, 310, 314, 354, 351, 395, 400, 406, 496. Guillaume (J.), 213, 357, 442, 995, 104% 1153. Guillemin (A.), 494, 699, 747, 893. Guilleminot (H.), 698, 840. Guillemonat, 581. Guillermond(A.), 53, 1045. Guillet (Lévn), 213, 187. Guillon (J.-M.), 792, 1206. Guilloz (Th.), 398, 400, 588. Guinchant (J.), 587. Guldberg (A.), 105,164. Guntz, 52, 216, 272, 441, 590, 1104, 1156. -Guttmann (O.), 363. Gutton, 229. : Guye (Ph.-A.), 105, 165, 395, 438, 695, 743, 946, 1043. Guyon, 106, 540: Guyot (A.), 212, 314, 590. Guyou (E.), 165. Haacke (W.), 648. Hadamard (J.), 101, 694, Haberlandt (G.), 320. Haeckel (E.). 399, 584. Haga (H.), 219, 448, 1047. Hagen (E.), 402, 344. 1817, 836, 891. Haller (A.), 167, 1055 à 1074. Hallion, 894. Hallopeau, 841. Hamburger (H.-J.}, 404, 448. Hammerschlag ( V:}, 56. Hamy (E.-T.), Es 54, 269, 957 à 972, 1452. Hann (A.-C.-0.), 702, Hann (J.), 110, 499. Hanriot, 107, 313, 315, 649, 651, 893. Harcourt :A.-V.), 1156. Harden (A.), 1156, 1210. Hartenberg (Dr Paul), HD Hartley (W.-N.), 276, 198, 195. Hartmann (D: H.), 312, 4032 à 1038. Harvey (A.-\W.), 498, 102, JF, 444, 193, 194, 1225 Haschek (E.), 220, 319. Hasenübrl (F.), 703. Hasslinger (R. von), 656. Haton de la Goupillière, 1043, 1044. Hatt, 649. Hatzfeld (Ad.), 101. Haug (Emile), 477% à 489. Hauman (L.), ), 540. Hauser (G.), 744, 893, 1046, Haushalter (P.), 397, 650. Hautefeuille, 359. Hawthorn (Ed.), 651. Hayem, 53. Hébert (A.), 165, 167, 2171, 536, 587, 702. Heckel, 53, 269, 270, 313. Hefner-Alteneck (F. von), 544. Hebner (0.), 655. Hekma (E.), 448. Hekman (J.), 1212. Helbig, 796. Hellmayr (C.-E.), 1000. Hemmelmayer (F. von), 110, 320. Henderson (G.-G.), 543. Henderson (J.-A.-R.), 319. Henneguy (L-F.), 588. Hénocque, 106. Heuri (V.), 106, 313, 315, 328 à 333, 359, 399) 496, 651,748, 14 9, 1106, 1153. Henrick (E. -B.), 102. Henr FA H. h Je 1207. Henry (A.), 2 Heury (L.), 193 Henry (P.), 698 Rens “K. ), 8 26. H-rbert-Smyth (G.-F.), 794. Hérissey (H.), 398, 630, 700, 840, 893, 1046. Hermann (H.), 1000. Herscher, 443, 651, 748, 894. Hérubel (M.-A.), 699. Hervé (H.), 1044. Hervieu, 1045. Hervieux, 399. Herzen Ro D#1. Herzig (J.), 111, 446, 656. Hewitt (J.-T.), 170, 217, 543, 605, 1156. Heycock !{C.-T.), 913. H. F., 781. Hill Le 544. Hill (L.), 998. Hillebrand (C.), 56. Hilmayr (W. von), 656. Hirschel {H.-W.), 111. Hochstetter (A.), 842, 1000. Hoek (P.-P.-C.), 1172, 1212. Hvernes (R.), 1000. Hôfer (H.), 703. Hoffmann (C.), 172. Hofmeister (F.), 2235 à 233. Holetschek (J.), 56. Holmzgren (E.), 398. Holt, 747, 995. Honda (K.), 314, 400. Honigschmid (O.), 796. Hoogewertf (S.), 844 Horton, 111. Houllevigue (L.), 1043, 1154. Houssay (F.), 53, 210, 587, 1206. Hua (H.), 441, 1152. Huber Noodt (U.), 1212. Hubrecht (A.-A.-W.), 172. Huchard (H.), 270, 540. Hugounenq, 539. Hulot (J.), 107. Humbert (G.), 441, 558. Hunt (F.-W.), 498 Hunter (A.-E.), 401. Huot (A.), 838. Hyadmann ( (H.-H.-F.), 441. Imbert (A.), 651. Infroit, 699. Ingle (H.), 543. Inglis, 1210. Innes (W.-R.), 276, 1226 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Ippen (J.-A.), 446, 1107. Irgang (G.), 1107. Irwin {W.), 499. Jsaïlovitch (D.), 748. Isely (L.), 209. Istrati (C.), 1104. Iterson (G. van Jr.), Izarn, 792. 544. Jacob (R.), 698. Jacob de Cordemoy Jacobs (Ch.-B.), 363. Jaëger (G.), 56, 170, 500, 842. Jaëll (Mie M.), 841, 894. Jakowalz tot 111. Janet (P.),313, 416 à 422, 41 Janssen, 539, 540, 841. Jaubert (G.-F.), 399. Jaumann (G.), 319. Javal, 399, 541. Javillier (M.), 649, 6: SRE J-D:, 51. Jean (F.), 996, 1104. Jeandelize (P.), 650. Jefers (E.-H.), 592. Jenkinson (E.-A.), 592. Job (A.), 405, 495 Job (R.), 592. Jobert, 1153. Joilin (V.), 946. Joffroy, 841, 1045. Jolles | À.), 500. Jolly (J. 166, 1105, 1207, Jolyet (E 393. Jones (H. =0:), 1 PE Jonnesco (Th.), 141 Jordau (C.), 539. Josias (A.), 540, 841, Josserand (P.), 1207. Joteyko (Mile J.), 300, 649. Joubin, 229. Jouguet, 650. Joukowsky (Et), 105. Joulie (H.), 357. Jourilain (S.), 214. Jousset (P.), 359. Jouve (Ad.), 60. Jowett (H-A. cu) Julius (W 0) Jumelle ( (H.) Jurie (A.), ÿ 148, { CA, 396. K Kaas (K.), 220, 500. Kahlbaum (G.-W.-A.), 4 Kahn (P.), 399. Kalindero, 540. Kamerlingh Onues 448, 196. Kautor (S.), 56. Kapteyn (W.). 218, 364% Karpen (V.), 164. Kaserer (H.) 416. Kaufler (F.). 703. Kaulfmann (K.), Keesom (W.-H.), Kellner (K.), 656. Kelly (A.), 111. Kerforne (F.), 741. Kermorgant, 495, 693, Ketner (C.-H.), 218. Kilian {W.), 746. Kindermann, 843. Kipping (F.-S.), 276, Rirpal (A.). 170, 656, Kitt (M.), 490. Kleyn (AL), 404. Klimont (J.), 56, Kling (A.), 1205. Klippel, 1154. Klobb, 1155. Kluyver (J.-C.), 357, Knipscheer (H.-M.), 1043. 447. 843. 364, 152, 106, (H.), 996. 166, 294 842. 112; 403, 841, 401. 843. 11 1045. 146. Dr Hubert), 396. 1208. cu | Kæhler (Dr R.), 103, 344 à 3572. Kœæilliker (A. von), 111. Kænigs (G.), 841. Kœnigsberger (Léo), 645. Kohlrausch (F.), 437. Kobhn (M.), 656, 843. Kohnstamm (Ph.-A., 112. Kolle, 317. Künig (B.), 500. Koniug (C.-J.), 1212. Korn (A.), 105, 747, 192. Kossel /A., 455 à 430, 192. Kossmat (F.), 446. Kramer (E 6. Krauss (H.-A.), 402 Krebs, 1153. Kremann R.), 446. Kronecker (L.), 836, Kudernatsch (R.), 170. Kuehn (J.), 313. Kuenen (J.-P.), 1048. Kuhnert (W.), 648. Kunstler (J.), 541. Kunz (J.), 1105. Kurlbaum (F.), 319, Kyle H.-M.), 654. Kynaston J-W. 544, 4107. ; 965. L Laar (J.-J. van), 447 Labbé (A.), 1104. Labhé (H:), 1104. Labbé (Léon), 213. Labbé (Dr Marcel), 697, 749, 190. 950, Laborde (J.), 358, 495, 141, 996, 1153, 1207. Lacombe (H.), 399. Lacroix (Alfred), 210, 946, 995, 1206. Lafar (Franz). Le Laffont (M.), 359, 441, Lafon (G.), 651. Lafourcaile, 996. Lagrange (Eus.), Lagrifoul, 1207. Laguesse (E., 193, 1088 à 4099. Laignel-Lavastine, 894. Lair (M.), 586. Lallemand (Charles), Lalou (S.), 496, 748. Lamb (Ch.), 217. Lauwbert (M.), 53, 106, Lambling (E.), 1040. Lampa (A.), 402, 499, Lampa (Mme E.), 843. Lancaster (A.), 354. Lancereaux , 38, 841. Lander (G.-D.), 498. Landerer (J.-J.), 214. Landouzy, 841. Lang (V. von), 703. Lang (W.-R.), 702, L: ingelaan (J.- W -). 7 Langevin (B:), 26 Langley (S:=P.),12 Langlois (JI-P), SS1 à SS9, 1206, Lannelongue, 106, Len que (L.), 399, Lapierre (Ch.), 793. Lapworth (Ch.), 217, 276, 498, 702. Laquerrière, 971, 495, 540, 589, 651. Larat (Dr), 165. Larbalétrier (Alb. 440, 585, 212, 397, 1041. 540, 650, 699, 388, 649, 192, 893, S41. ‘ 588. 160. 748, 89%. 842. AU: . 398, 652, 700. 166, 359, 443, 193 1208. 398,"699, 192, 893. , 312, 933 à 744. Large (E.), 216. Larger, 54, 106. Larguier des Bancels (J). 106, 271, 400, 651. Laroyenne [.-P.), Larroque (F.), 398. Laska (W.), 220. Lasne (Henri, 216. Lather (J.-W., 655. Lauder (A.), 795. Laumonier (Dr J.), 1153. 1103. : Lecomte H.), a Launay (L de, 1075 à 1087. d Launoy, 315, 496, 651, 791, 895, 996. = Laurent (E.), 53, 327, 588, 1206. ‘4 Laurent (J.), 1152. ‘4 Laveran (A.), 53, 314, 315,1 35903985 449, 443, 541, 589, 651, 699, 741, 193, 841, 842, 946, 1045, 1044, 1015, 1104, 1152, 1206, 1207. : Lavergne (Gérard), 160, SA4 à S29, S53 à 875, 916 à 950, 973 à PS3. » Law (H.-D.), 703. : Laws (S.-C.), 54, 53, 439, 495, 698% L. B., 210, 265, Leather (J.-P.\, 655. Ê Lebean (P.\, 109, 213, 214,271, 316, 995: Lebesgue (H.), 357. Leblauc (P. d 215. Le Bon (G.), 746. Le Cadet (G À, 398. Lecarmre, 632. Le Cbätelier (A.), 505, 601, TU. Le Châtelier (H.), 109, 362, 1155. Lecher (E.), 402 Leclerc du Sablon, #52. Leclère (A.), 214. 102, 105, GRA à 6? Lecornu (J.), 1040. Lecornu (L.), 649, 699. Le Dantece (Félix), 290 à 293, 651. Le Dentu, 210, 359, 495. Ledoux-Lebard, 749, 840, Leduc (A.), 318, 444, 700, 893, 1104, 1152. Leduc (S.), 210, 357, 587, 191, 1207 | Lee (IH1.-B.), 363. | Lees (W.-H.), 54, 1210. Lefas (E.), 749, 1154. Lefèvre (G.), 540. Lefèvre (J.), 315, 1153. Lefur, 359. Léger (E.), 109, 358, 399, 400, 443, 542, 588, 699. Léger (L.), 340. Le Goff QE )5 534 HEREoEn x.), 1207. Legry ( (Th, ), 589. Legueu (F.), 945. Le “Hello, 165. Lehfeldt (R.-A.), #45. Leidié, 272, 699, 701. 894%. Cu 146, 741, Leithäuser (G.), 151. Lelli, 796. Lemaistre (PÉNUTE Lemanski (Dr), 14 Lemoine (G.-H.), o14, 359, 399, 400, #43. Lemoult (P.\, 359 à 362, sil. Lenoble, 315, 1045. Lenton (W.-H.), 276. Lépine (J.), 89%, 1207, 1208. Lépine (R.), 54, 210, 357, 359, 443, 649, 191, 842. Lepoutre (L.}, Lerch (F. von) 0. Lereboullet P.), 07, Leredde, 107, Les Léri (A.), 193, 895. Le Roy des Barres, 106. Lesage, 357, 359, 441, 700, 104% Lesbre, 359. Leser (G.), 539. Lesné, 106. Lester (J.-H.), 445. Le Sueur (H.-R.) Letheule (P.), LLOA. Létienne (D' A. Letulle (M.), 541, 651, Levaditi :G.), 400, 893. Levavasseur (K.), 1205, Leveau (G. , 995. Leven (G.), 1 Lévi (B.), J13, 358. Lévi (L). 106, 166. Levi-Civita, 320. Levrat (D.), 1044. Lévy (Maurice), 394. 442. . 895, 1045. 147, 841, 893 111, 1210. , PS3 à 990. 193. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 1997 “Lewes (Vivian B.), 26#, 655. Lewis (E.-A.), 151, 195. Lewis (E.-W.), 195. Lezé (E.), 93 à 96. Liburnau (J.-L. von), 656. Lidbury (F.-A.), 1156. _Lieben (Ad.), 170. Liénard, 165, 1043. Lignières (J.), 50. _Lignières (M.), 540, 649. Lindauer, 656. . Lindelof (E.), 105, 840. Lindet(L.), 284 à 290. 12. Linossier (G.), 106, 214, 359, 399, 400, 0 443. Liouville (R.), 643, 893, 1104, 1205. Lippmann (A.), 31%, 700, 894, 1105. Lippmann (Ed.), 656. ; Lippmanu (G.), 105, 167, 213, 229, 269, 204152, Lipps, 1100. FE esrood. 915. _Livou, 1208. L. O., 312, MO, 663, 1053. Lobry de Bruyn (C.-A.), 218, 104, 844. . Lockyer (Sir Norman), 317, 893. . Lockyer (W.), 893. Locquia (R.), 741, 591, 794, 810. Lœæper, 211, 360, 594, 1154, 1207. Lœæwy (Alf.), 105. Lœwy (M.), 269, 398, 699, 747, 1152. Lævy (R.), 315, 700. Loir (Dr Adrien), 161, 325, 443, 74%. Loisel (G.), 166, 399, 441, 648, 192, 893, 894. Lombard, 106. Lombart (A.), 841. Lo Monaco, 320. Londe (A.), 588. Long (Ed.), 107. Looser, 496. Lopp, 540. Lorentz (H.-A.), 275, 441, 448, 103, 1047. Lorenz (£. vou), 1000. Lorenz (R.), 395. Lorié (J.), 472. Lortat-Jacob, 700, 749. Lortet, 539. Lothak de Lotha, 841. Lovett (J.), 703. Lüw (O.), 703. Lowry (T.-M.), 55, 111, 948. Lyle (T.-R.), 54. Lucas-Championnière, 165, 210, 540. Ludlam (E.-B.), 655, 1156. Lugeon (M.), 398, 1152. Lumière (Aug.), 191. Lumière (Louis). 191. Lummer (0.), 218, 363, 1106. Lumsden (J.-S.), 276. Lunder (A.), 168. Ho) 102, Luynes (V. de), 313. Mac-Cormac (sir W.), 53. Mac-Crae (J.), 1156. Macé de Lépinay (J.), 39%, 442, 840. Machat (J.), 586. Mache (H.), 10, 446. Mac-Kenzie (A.), 55, 1156. Mackintosh (J.-C.), 702. Mackower, 1210. Mac Leod (H.), 498, 998. Maige (A.), 214. Maignon, 49%, 650. Mailhe (A.), 105, 213, 216, 271. Maillard (L.), 313. Maillet (Ed.), 52, 213, 269, 313, 494, 539, 893, 946, 1152. Majorana (Q.), 791, 192, 795. . Malaquin (A.), 839. Malassez, 166, 315. Malherbe (A.), 650, 1207. Mallet (Ed.), 105, 169, 1211. Mualloizel, 359, 496, 540, 748. Mally, 748. Maltel, 443, 842. Maltézos (C.), 398 Man (J.-G. de), Manasse, 500. Mancini (Krnesto), 320, 500, 796. Mandoul (H.), 746. Manget, 1043. Mangin (L.), 213. Mannheim, 56. Manzetti, 796. Maquenne (L.\, 491, 588, 699, 792, 10%. Marage, 166. Marcacei, 500, Marceau (E.), 893. Marceau (F.), 100. March (F.), 165, 441. Marchal (Em.), 792. 1206. Marchand (L.\, 842, 1041. Marcille (M.), 589. Marckwali (M.), 359. Marckwald (W.), 751. Marcolongo, 500. Marconi, 895. 1106. Marenzeller :E. von), 446. Marey (E.), 106, 167, 271, 747. Marey (J.-E.), 115. Marie (A.), 1207. Marie (C.), 214, 441, 494, 497, 741. Marinesco (G.1, 1205. Mariuo (F.), 496, Gôü1. Mari n, 1043. Marotel,106. Marquis (R.), 214, 399, 442, 99 Marsh ‘J.-E.), 195. Martel (E.-A.), 53, 213, 650, 840, 1105. Martel (H.), 316. Martellr, 500. Martens (F.-F.), 363, 499, 544, 656. Martin (C.), 497. Martin (D.), 141. Martin (G.), 169. Martin (K.), 152. Martin, 651. Martine (C.), 109, 656. Martinet (Dr A.), 104. Marvaud (A.), 1206. Mascart (J.), 165, 269. Mascart (L.), 27 à 35. Massol, 358, 598. Masson (H.), 946. Mathias (E.), 180 à493,230 à 241, 364. Mathis (L.), 166 Matignon (C.), 270, 314, 358, 588, Matos (L.-J.), 318. Matruchot, 229. Matthews (J.-M.). 318,.592. Matuschek ‘J.), 56. Maumus (J.), 192, 1103. Maunoir (Ch.), 113. Maure (E.). 1045. Maurel (E.), 106, 166,315, 700, 748, 193, 894, 1105, 1205, 1208. Maury (E.), 53. Mavrojannis, 842. Mayer (A.) 107, 400, 1046. Mayet (0.-F.), 1153, 1207. Maynard, 362. Mazé (P.). 165, 213, 214, 747. Mazelle (E.), 656. Meerburg (P.-A.). 1212. Megusar (F.), 843. Meige (D° Henry), 205 à 994. Meilink.(B.), 403: Méillère (G..), 407, 215, 216, 1045. Meldola (R.), 498, 195. Mellor (J.-B.), 276, 195. Mendel, 359. Menget (O.), 53. Meantrel, 1104. Menziés (A.-W.-C.), 217. Mercadier (E.), 316, 1153. 8. 1212: 698. 496, 748, 208, 592 Mertens (F.), 363. Meslin (G.), 269. Mesnager, 105. Mesnil (K.), 442, 495, 540, 588, 589, 600, 654, 741, 193, 1043, 1044, 1152, Metchnikoff (Elie), 163. Metz (G. de), 649. Metzner (R.), 536. Meunier (L.), 109, 313, 651. Meunier (St.), 165, 300 à 308, 398, 494, 1153. Meyer (H.), 56, 446, 843. Meyerhofïer, 320. Meziuceseu (D.), 1045. Michel, 652, 1153. Micheli (J.), 56. Michel-Lévy, 539, 510, 554 à 55%. Micklethwait (Mie F.-M.-G.), 169, 401, 1211. Miers (H.-A.), 498. Miller (N.-H.-J.), 543. Miller (S.-B.), 702. Miliosevich, 500. Millot (C.), 101. Mills (H.-W.), 195. Mingazzini, 500. Minguin, 212 1:56. Miquel (P.), #40. Mislavsky, 193. Mittag-Lelfler (G.), 1205. Moidrey (de), 840. Moir (35); 1210. Moissan (H.), 105, 164, 165, 167, 21 914, 215, 210, 314, 216, 357, 361, 444, 491, 539, 542, 69N, 699, 701, 741, 1 995, 4043, 1044, 1205. Muitessier (J.), 894, 895. Mojsisuvies (vou), 656. Molengraaff (D' G.-A.-F.), 438. Molisch (H.), 56, 402, 446. Moll (J.-W.). 448, T04, 152. Moiliard, 229, 1046. Monaco (Prince Albert de), 494. Monckton Copeman (S.), 1209. Monery (A.), 842. Mongour, 652. Monnet (E.), 314. Monod (Ch.), 165. Monot, 541. Montesano, 320. Montessus (EF. de), 164, 399, 669 à 634, 698, 1043. Mouthus, 894. Moore (J.-E.-S.), 542. Moore (R.-W.), 363. Moore (T.-S.), 217. Morache (G.), 1042. Moreau (G.), 699, 1153. Morel (A.), 315, 351, 494, 541, 587, 651. 146, 148, 894, 1153. Morera, 500. Morgan (G.-T.), 10, 543, 1156, 1214. Morgan (J.-Livingston-R.), 142. Morrell (R.-S.), 401. Morris (J.-N.), 445. Mortillet (A. de), 356. Mortillet (G. de), 350. Mossé (A.), 106, 270, 211. Mosso (Angelo), 265. Motais, 358. Moty, 996. Mouchet, 650. Mouchotte (J.), 359. Moulan (Ph.), 490. Mouneyrat (A.), 358, 359. Moureaux, 105, 539. Moureu (Ch.), 105. 109, 167, 269, 271. Moussu, 106, 210, 791, 1205. Mulder (E.), 1212. Müller (F.), S36. ; Muller (P.-Th.), 272, 313, 358, 590, 193. Muller-Erzbach (W.), 319, 500, 587. Mulon (P.), 1207. Munsterberg (0.). 528 à 534. Müntz (A.), 270, 312, 357. 357, 444, 407, 540, 102, 1228 . TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS Muratet, 359, 651. Murphy (A.-J.), 150. Make (Le ÿ Sn ), 220. Myers (H.-C.), 703. Myers (J.), AUT. Nabl (J.), 319, 796. ; Nagacka (IL), 314, 400. Nalepa (A.), 843. Nattan-Larrier, 541, 651, 793, 894. Néculcéa (E.), 698, 699, 746. Neesen (F.), 319, 499. Nerast | W.), 200 à 205. Nestler (A.), 220: Neiter, 165, 359. Neumann, 270. Neuville (Henri), 103, 943. Neveu- Lo 1207. Neville (A.), 1211. Nevillie (E.- F ),.2173. Nicklès (R.), 313. Nicloux (M.), 589, 748, 1046 Nicolaiève { W. de), 105. Nicolas (E.), 748. Nicolas (J.), 894. Nicoll (F.), 1156. Nicolle, 214, 1106. Nielsen (Niels), 105, 165. Nierop (A.-S. van), 1048. Niessl (G. von), 999. Nitts (J. de), 599. Nobérourt (P.), 54, 1208. Noble (W.), 497. Nocard, 699, 541. Noilon (A.), 541, 698. Noé (J.), 166, 215, 315, 496, 541, 793, 842, 895, 1046, 115#. Nogueira Lobo, 894. Noposa (F. jun.), 364. Nordmann (Ch.), 213, 269, 314, 357, 329 à 358, 395, 588, 898. Normand (J.-A ), 1044 Norris (G.-L.), 363, 543. North (B.), 363. Nylaud (A.-A.), 448. (o] Obenrauch (F.-J.), 363, Obriot, 588. Ocagne (M. Oddo, 320. Odin (G.), 995. OEchsner de Coninck (W.) OEkinghaus (E.), 111. Ogawa (M.), 498. Olivier (Louis, Onimus, 700. Oppenheim (R.), 271. Oppolzer (Egon von), 110, 390, 110%. Orton (K.-J.-P.), 401, 498, 543, 195, 1211. O'Shaugnessy (K-R.), 54%. Oss (S.-L. van), 1211. Ossian-Bonnet (E.), 5 Osmond (F.) 581. Oudemans qi. -Th.), 1172 d'), 1104. 943, 1153. P Pachon (V.), 193. Pachundaki (D.-E.), 1045. Padoa, 500, 796. Padua (A. de), 193. Pagès (C.), 651. Pagniez (P.), 496, 589, Pailheret (F.), 840. Painlevé (P.), 164, 946, 1044, 1104. Palatini, 500. Paiatzo, 796. Paila, 111. Panas, b4. Panichi, 320 840, 1205. 313, 441, 746, 791, 4193 à 499, 264, 265. Pantel (J.), 1205. Paris (A.), 315. Parker (J.-G.), 751. Parks (G.-J.), 794. Parmentier (Paul), 491. Pasteur, 705. Patein, 271, 589, 1207. Patte, 700. Patterson (T.-S.), 499, 655. Paulesco (N.), 696. Pautrier, 107, 1207. Pearson (K.), 110, 999. Péchoutre (F.), 250 à 263. Peckham (S.-F. É 702, Pecsies (A. von), 4#6. Peglion, 196. Pekelkaring (C-A.), 219. Pelikan (A.), 500. Pellat (H.), Pellegin (J.), 1208. Pellet (A.), 52. Pellizzari, 320. Pellissier (J.), 651. Penrose (F.-C.), 317. Péraire (M.), 585. Peratoner, 500. Percival (A.-L.), 1205. Pérez (Ch.), 164, 588 Périer, 841. Périn (J.), 842. Perkin (A.-G.), 1156. Peikin (F.-M.), 1211. Perkin Jun. (W H.), 169, 702. Perkin Sen.(W.-H.), 169, 276. Perman (E.-P.), 19. Perreau, 229. Perret (A.', 148. Perrier (Eu.), 313. Perrin (R.),52, 8#1. Perronc: to, 314. ! Perrot (E.), 50, 214, 540, 743, 838. Perrot (F.-L.), 9.6. 1013. Perrotin, 110%, 1153 Peters (H.), 544. Petit ( 53. Petit (P.), 164. Petit (R:) “ULONE Petot (A. ÿ. 399. Pettit (A.), 700. Peugniez, 841. Peyrot, 841. Phisalix (C.), 842, 894. Picard (Alfred), 213. Picard (Eim.), 32, 164, 357 Picard'(L.), 650. Piccoli (G.), 320. Pickard (R.-H.), 1211. Pictet (Amé), 302. Pictet (R.), 1107. Piéchaud, 442. Pieri, 500. Piéry, 894. Pierron (H.), 358 Piltschikolt, 191. Pinatelle, 842. Pincherle, 795. Pintti, 497. Pirotta, 320. Pischinger (F.), 500. Pitres (A.), 1154, Pizon (A.), 105, 162, (98. Place, 172, 219, 404, 104, 152. Planck (M.), 544. Plymen (K.-J.), 4111. Pôchettiuo, 500, 796. Poëy.(A.), 791, 1152. Poincaré (H.), 494. Poiucaré (Lucien), 229, 314, Poisson (J.), 841. Polaillon, 540. Policard (A.), 107, 214, 215, 271, 589 Pollak (1.), 111, 652, 656, 1000. - Pollitt (G.-P.\, 1214. Poweranz (C.), 402, Pomey (J.-B.), 398. Pompéiu (D.), 587, 216, 217, 401, 54, 166, . 192, 1039. 1040, : 269, 398, 494, 588, 1108. 498, 702, 587, 651, 746, 792, 1100. Pompilian (Mlle M.), 541, 589. Poncet(A.), 399, 792. , Ponsot (A.), 358, 398, 1044, 1205. Pope (W.-J.), 1211. \ Popp (R.), 992. Porak, 1045. Porcher (Ch.), 748, 894. Porter (T. 10 591. Portier (P.), 213,315, 589, 651, 748, 1154. Poske (F.), 1211. Fosternak (S.), 1152. Potter, 1210. Potter yan Loon, 1212. Pouchet (G.), 103, 1105. Pouret, 589. Power (F.-B.), 54, 111, 1210. Pozerski(E.), 893, 845. Pozzi, 1206. Pozzi-Escot (E.), 1452: Prætorius (A.), 500. Pregl (F.), 1107. Prenant (A Prentice (D.), 543. Prillieux (Ed.), 840. Prischl (P.-K.), 220. Proust (A.), SE 193, Prunet (A.), 495 141, Pruvot (G.), 213, 270. Puiseux (P.), 699, 747, Puschl (P.-K.), 1107. 216, 313, 362, 497, 895, 1045, 1105. 1132. Q Quennessen, 272. Quincke (G.), 404. Quintaret (G.), 270. Quiserne, 842, 894. Rabaté (E.), 1206. Rabaud (E.), 442 Rabischong, 194. Rabl (Hans), 56. Rabut, 442. Raczkowski (S. de), 699, 840, 841, 893. | Radiguet, 496. Radzikowski (C.), 541. Ragalski, 494. Railliet (A.), 271, Ramage (H.), 941. Rambaud, 49%, Ramond (F.), 107. Ramsay (W.), 495, SO4 à S10, 1211. Randles (W. B.), 542. Rappin, 359. Rathery (F.), 107, 166, 271, 589. Ravaut (P.), 106, 271, 894. Raveau (C.), nu 541. 399, 1105. * Ray (P.-C), 5 Raybaud (A.), ets 149, 1208. Raymond, 1105. Recoura (A.), 191. Reëb, 791. Reed (H.-C.), 592. Regaud (CL), 107, 748, 1106. Regelsperger (G.), 114, 228, 802. Regnault (F.), 589, 1156. Regnier (L.-R.), 269. Rehns (J.), 107, 166, 215, 315, 400, 495. Reik (R.), 842. Reina, 795. Reinders (G.), 172, 220, 844 Reiss (A.), 581. Remlioger, 1045. Rémy, 540, 841. Renault (B.), 357, 841, 1206. Rendu (H.), 442 Rennoldson, 1211. Repelin, 164. Repin (Dr), 312. Résal Fra 508 à 51 7. Retterer, 166, 270, 359, 399, 1045, Révil (J.), 4007 à 1048. 166, 215, 271, 589, .), 50, 357, 599, 746, 148, 793. |. Revue (La, 412 à 416. | Reychler, 497, 702. _ Reymèêr, 359. _ Rhodin (B.-E.-F.), 498. * _ Ribadeau-Dumas (L.), 541. _ Ribaucourt (E. de), 51, 648, 994. _ Ribierre, 894. _ Ricci, 500, 795. _ Richard (J.), 649. Richardson (C.), 363, 592, 702, 150. Riche, 53, 106, Richelot, 210, 442, 540, 996, 1105, 1207. - Richer (Paul), 696, 1044. …. Richet (Ch.), 213, 214, 315, 589, 748, 193, 1102, 1106. =. Ricôme, 229. _ Rimatori, 196. _ Rindell (A.), 164. _ Ringelmann (M.), 588. _ Riquier, 52. 5 …Rist (E.). 359. _ Ritter (P.), 1060. n Rivière (E.). 192. Rix (W.-P.), 363. Robertson (P.-W.), 655, 150, 1210. _ Robin (A.), 165, 442. : _ Roché, 53. _ Rochefort (O.), 441. _ Rocherolles (J.), 791. Rochet (V.), 312. _ Rollet de l'Isle, 893, 946. _ Romburg (P. van), 403. _ KRomme (D' R.), 625 à 693, 1042. Roozeboom, 1048. Rosenhain (W.), 998. - Rosenheim (0O.), 702. Rosensthiel (A.), 164, 314, 357, 649. _ Rosenthal (G.), 359, 1045. _ Ross (R.), 655. Roubinowitch, 650. - Rouget iJ.), 315. Roule (L.), 1205. Rouslacroix (a), 443. . Rousseau (P.), 792. - Roussy (Dr). 229.. Routier, 359. Roux (E.), 214, 699, 1044. Roux (L.), 315, 1153. _ Rouxeau, 1207. _ Rubens (H.), 402. _ Rubemann (S.), 276, 318, 1156. Russell (E.-J.), 111, 195, 1211. . Rutherford {E.), 216, 592. Ryffel (J.-H.), 401. Rynberk (G. van), 112, 403. « S Sabatier (P.), 314, 398, 539, 587, 695, 141, 192, 840. … Sabbatini (L.), 100. Sabouraud (R.), 493. À Sabrazès, 166, 359, 651. …_ Sacerdote, 357, 444, 141, 1104. Sagnac(G.), 441. Sagrandi (Dr), 540. Saint-Loup (R.), 53. Saint-Paul (G. de), 441. Saint-Rémy (G.), 357, 146. Saint-Yves Ménard, 1207. Salmon (J.), 54. Man: Sande Bakhuyzen (H. G. van de), 219, 36%, 418, 151, 196, 1047, 1212. 4 Sarda, 106. Sarmento (M.), 271. … Saussure (R. de), 52, 105. … Sauvageot, 229. HSaux (G.), 54. … Schaffer (F.), 1107. Schiaparelli, 698. = Schidrowitz (Ph.), 750. . Schlagdenhautfen, 191. æ Schlesinger (L.), 1044. À | hi REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES, 1902. Le 7 | 184 À ñ : Stephan (E.), 992. Schlæsing (Th.), 105, 338, 1044. Schlæsing (Th. fils), 649. Schmidt (0), 746. Schneider, 53. Schünrock (O.), 499. Schoute (J.-C.), 448, 704. Schoute (P.-H.), 112, 172, 220, 364, 404, 448,704, 151, 752, 196, 844, 1048, 1911. Schouten (S.-L.), 448. Schribaux, 792, Schræder van der Kolk (J.-L.), 172, 220, 404, 418. : Schumacher (S. von). Schunck (Ed.), 109. Schwab (P.-F.), 1107. Schweidler (E. von), 499. Scott (A.), 498, 543. Seurti, 196. Sebillaut, 214. Seegen (J.), 1107. Séguier (de), 398, 995. Seidel (H.), 402. Sella, 320, 500, 795, 796. Sellier (J.), 315. Semenew (J.), 587, 650, 191, 946. Senderens (J.-B.), 314, 398, 539, 581, 141, 192, 840. Senier (A.), 217. Sérégé.(H.), 316, : Sergent (Ed.), 166, 1153. Servant, 588, 1043. Severi, 320. Sevestre, 359. Sevin, 54. Seyewetz (A.), 495, 590. Shaw (P.-E.), 542, Shedden: (F.), 111. Shelton (H.-S.), 795. Siberrad, 318. Sicard, 2714, 145, 892, 994. Siebenrock (E.), 56, 220, 500, 1107. Siebert (G.), 210. Siertsema (L.-H.), 112, 796. Silber, 500. 843. Silberrad ‘0.), 750. Silberstern (L.), 402. Simon (Max), 943. Simon, (L.-J.), 216, 495, 589, 946, 1043 1209. Simond, 1045. Sinéty (de), 315, 396, 1205. Sirks (A.-H.), 844. Sirodot, 526. Sjollema (B.), 404. Skraup (Zd.-H.), 446, 1000. Smiles (S.), 357, 361, 444, 699. Smith (C:.), 102, 1211. Smythe (J.-A.), 318. Soddy (F.), 216, 592: Sodeau (W.-H.), 702. Somigliana, 320. Sorel (E }), 1101. Soret (H.), 164. Soulié (A.), 892. Soulié (H.), 747. Soulé (E.), 443, 541. Sowter (R.-J.), 362. Spillmaun (L.), 397. Spitz, 049. Sprankling (C.-H.-G.), 55, 111, 1210, Spring (W.), 580 à 552. Springer (Dr M.), 648, 1045, 1107. Stankewitsch (B.-W.), 364. Stanoiévitch (G.-] 650. Stapleton (H.-E. j Stark (J.), 499, 544. Starke (H.), 446, 499, 544, Starling (E.-H.), 167. Stassano (H.), 164, 214, 270, 2 359, 651, 840, 895. ; Steele (D.-B.), 276, 795. Stefani (de), 320, 796. ; Stefanowska (Mie M.), 106, 166, 589. Stekloff (W.), 995, 1104, 1152, 1205. Steindachner (F.), 411, 656. Steiner (J.), 111 Stephan P.), 214, 27%, 651, 749, 1208. 3 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 1229 RSS Stepski (R. von), 656. Sterba (J.), 363, 495, 791. Steven (A.-B.), 498. Stevens (H.-P.), 54. Stevenson (T.), 498. Stillwell (A.-G.), 592. Stocks (H.-B.), 499. Stokvis (B.-J.), 1207. Storch (C.), 500. Straneo, 320. Streintz, 402. Stuart-Menteath {P.-W.), 270. Stubbs (G.), 654, Sturany (R.). 446. Suais, 314, 357. Suchar (P.-J.), Suchard (F.), 107. Sulzer (D.), 96 à 400, ;41, 701. Surmont, 589. Suschnig (G.), 703. Sutherst (W.-F.), 319. Svoboda (J.), 1000. Swinburne (J.), 216. Swyngedauw (R.), 1155. Sy, 494. Szarvassi (A.), 1000. Szczawinska (Mile W.), 1207. T Tammes (Mile T), 752, 844. Tannenberg (W. de), 269, 539. Tannery (Jules), 213. Tanret, 361, 699, 701. Taramasio (P.), 748. Taramelli, 796. Tardy, 216, 497, 589. Tate (F:), 1214. Taylor (L.-R.), 498. Taylor (W.-W.), 1210. Teisserenc de Bort (L.), 213, 494. Teissier {P.), 166, 895. Teller (F.), 446. Termier (P.), 269. Terneden (L.-J.), 472. Terrien (F.), 443, 495, 589, 149. Terrier (K.), 585. Tervet (J.-N.), 543. Tessier, 443. Theiler (Dr A.), 314, 317. Thibault (P.), 194. Thiercelin (Em.), 894. Thierry (J.), 664 à 668, 746. Thiesen (M.), 446, 499, 1107. Thiry (Ch.), 397. Thomas (A.-P.-W.), 317, 148, 1046, 1207. Thomas (P.), 357. Thomas (V.), 102, 314, 358, 539, 995. Thommasina (Th.), 105, 442, 840. Thompson (A.), 104%. Thompson (J.-T.), 169. Thompson (S.-P.), 215. Thorne (L.-T.), 592. Thorpe (T.-E.), 654. Thoulet (J.), 313, 398, 495, 650, 699, 192. Thovert (J.). 52, 357, 441, 1043. Tickle (T.), 195. Tiffeneau (M.), 361, 399, 441, 653, 4155, 1209. Tilden (W.-A.), Tison (Adrien), Tissier (L.), 164. Tissot (1.), 5$8, 699. Titherley (A.-W.), 1156. Todaro, 796. Toldt (H.), 1000. Tollemer (L.), 996. Topinard Topsent Ï -) 698, 55, 195. € € Paul), 106. Toulouse (E Tournouer (: Traube (J.), 493. Travers (W.), 1156 Trénel, 1201. Trépied (Ch. 54 | Tribondeau, 166, 271, 652, 193, 1154. | Trillat, 5 87, 698, 1153. 1230 Troisier, 1206. Trotman (S.-R.), 541 Trotter, 500. Trouessart (E.), 748, Troussaint (Dr), 449, Truffert (J.), 3% à 92. Tubini, 320, 795. Tuma (J.), 499. Tumlirz (O.), 402. Turner (A.-J.), 1156. Turpain (A.). 946. Turquet (J.,, 1153. Tutton (A.-E.), 401. Tzitzeica (G.), 442, 995. U Uhlig (V.), 220. Ulpiani, 796. V Vadam, 895. Vaes (F.-J.), 112, 218, 364. Vaillant (L.), 589,1044, 1205. Valentin (J.), 402. Valeur (A.), 1155. Vallat, S30 à S35. Vallée, 211, LE 699. Vallier (E. Vallin (E. ee 996. Vallot (J.), 243. Vandevelde (A.-J. J.), 650. Vaney (C.), 164, 166, 746. Vansteenberghe (P.), 315. Vaquez (Dr H.), Vaschide (N.). 314, 190, 792, 1201. Vasilesco-Karpen (N.), 441. Vasseur (G.), 106, 269. Vayssière (A.), 214. Verger (A.), 443, 115#. Verger (H.), 443, 541. Vermorel, 746. Verneau (R.), 442. Verneuil (A.), 1105. Verney (D: Lorenzo), 51% Verschaffelt (Ed.), 752, S44, Versluys (W.), 796, 1211. Viala (K.), 213. Vialleton (L.), 315. Viard (G.), 791. 792, Vidal (E.), 741. Vieille (P.). Re Vigier (Dr P.), 50, 442, 531. Vignon (L.), ds. Vignon {P.), #42, 645. Vigouroux, 229. 163, 842, 893, 894. 357, 358, 1048. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS 50, 700, Viguier (G.), 146, 791. Vila (A.), 164, 699, 1044. Villar, 1045 Villard (P.), 215, 400, 1208. Ville (J.), 894, 895. Vincent, 109, 445, 894. Viola, 796. Virchow (R.), 946, 949, 996, 1045. Vires (J.), 194. Vittenet, 653. Vitzou (A.-N.), 107. Vlaetf, 443. Voigt, 795. Voinov (D.-N.}, 792. Vosmaer (G.-C-J.), Voursanos, 794. Vries (J. de), Vuillemin (Paul), 839. Vurpas (C1.), 314, 357, 100, 1207. Vyve (van), 589. W Waals (J.-D. van der), 112, 172, 402, 1471, 448, 103, 151, 152, 843, 844, 1047, 1212. Wachsmuth (R.), 499. Wade (E.-B.-H.), 54. Wade (J.), 498. Wadmore (J.-M.), 216, 401, 795. Wael-ch (E.), 110, 363, 446. Wagner (R. k 114. Wahl (A.),:52, 539, Waldstein (0. \, 1000. Walker (J.), 275, 1211. Wailace (E.-C.), 363. Wallenberg ( (CA) 398. Wailler (A.- D. 1109: Wallerant | F 1 449, A1O5 Walsh r., 217. Warburg (E.), 544, 1211. Ward (G.-J.), 498. Ward (Marshall), 317 W nn A.), 544, 656. Walson (W.), 275. Weber (A.), 1045, 115%. Wedekind, 590, 649, 746. Wedensky (N.-E.), 1043, 1105. Weeder, 1211. Weevers (Th.), 1048. Wegscheider (R.), 32 Weil (F.), 164. Weil (P.-E.). 1154. Weinek, 1107. Weissmann (G.), #43. Weiss (G.), 107, 164, Weiss (Pierre), 113. Weiss (V.), 842. Wencélius {A.), 583. 0, 402, 500, 1000. 166, 315, 1208. 587, 590, 695, 746. Wenckebach (K. F.), 1212. Went (F.-A.-F.-C.), 704, 1212. Werner (F.), 1006, Wertheim-Salomonson (J.-K.-A.), 172 220, 404, 448, 1212. Wertheimer (E.), 267, 540, 1041. West (C.-A.), 702. Wettstein (R. von), 111. Wheeler (R.-W.), 401. Whipple (R.-J.), 497. White (S.-A-F.), 498. Widal, 271, 541, 894. Wiesner (J), 203, 1000. Wilde (H.), 399. William (J.-A. Mac), 362. Williams (D.-T.), 445. Williams (W.), 401, Williamson (P.-R.), 1048 à 1022. Wilson (W.-E.), 653, 946, 996. Willstaetter, 109. Willerdink (3. -H.), 448 Wirumer (J.), 446. Winckler, 172, 220, 403, 40 796. Wind (C.-H.), 1047. NARORTENRES 351. Winter (J.), 314, 357, 842. Wirtinger (W.), 842. Wogrinz (A.), 420. Woif (CHAAUIE Wood (R.-W.), 362, 400, 795. Woodforde (A.-W.-G.), 655. Worel (K.), 446. Wybhe (J.-W. van), 704. Wyrouboff, 497, 590, 194. = ra 21 3 © 12 Yermoloff, 357. Yoshit: ke’ Zacchariadès (P.-A.), 107, 166, 270. PARIS Ne 500. Zaky (Al.), ? 541,698, 748, 895. Zambonini, 20 Zeeman (P.), 112, : 219, Zeiller (R.), 442. Zellner (3), 1000 Zenger (Prof. K.-W.), 102. Ziegler, 1455. Zink (J.), 843. Zipp-rer (Dr CI.), 161. Zipser (A.), 196. Zwerger (R.), 446. 152, 195, 1212. ‘ IMPRIMEUR, {, RUF CASSETTE | ARC LUE CE À ‘ x à; Na ae re AUS AE RS EN DE er De En on he Ze. 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