sr DELTA PODETIN nn is Her dhétrtes Hans HI nee A EE EN TEE ur RENTE HOUSE hits ne Lab Sonunuin HAMMAM sé Es tue dr ++ RE HUE HAT Den HA nier Hi THRREESE OT mnt je te 1 tn Û + pus fl d na 4 un tn LE LE 4 Jt: di g tete ii DHUNNES GRR USE RUE ARRETE HE He i # RE Hi ii AI it 41 que Revue générale D. Sciences pures el appliquées TOME TRENTIÈME Kevue générale Sciences P- 1 À CARS pures et appliquées [L \ PARAISSANT LE 15 ET LE 30 DE CHAQUE \ MOIS FonpATEUR : Louis OLIVIER, DoctEUR Ès SCIENCES Directeur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Membre de l’Académie de Médecine. COMITÉ DE RÉDACTION MM. Paul APPELL, Membre de l’Institut, Doyen de la Faculté des Sciences de Paris; E.-L. BOUVIER, Membre de l’Institut, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle; E. DEMENGE, Ingénieur civil; E. GLEY, Professeur au Collège de France; Ch.-Ed. GUILLAUME, Correspondant de l'Institut; A. HALLER, Membre de l'Institut, Professeur à la Sorbonne; E. HAUG, Membre de l'Institut, Professeur à ia Sorbonne: L. MANGIN, Membre de l'Institut, . Professeur au Muséum d'Histoire naturelle; Vice-Amiral PHILIBERT ; Em. PICARD, Membre de l’Institut, Professeur à la Sorbonne. Secrétaire de la Rédaction : Louis BRUNET. TOME TRENTIÈME 1919 AVEC NOMBREUSES FIGURES ORIGINALES DANS LE TEXTE PARIS Gaston DOIN, Editeur 8, place de l'Odéon, 8 1919 FONDATEUR Direcreur / + $ 1. — Distinctions scientifiques Elections à l'Académie des Sciences de Pa- Le — Dans sa séance du 23 décembre 1918, l'Acadé- ie a procédé à l’éléction d’un troisième membre dans nouvelle Division des Applications de la Science à Industrie, Une Commission spéciale avait élaboré la stesuivante de candidats: en première ligne, M. Geor- harpy; en seconde ligne, MM. H. de Chardonnet, aude et Ch. Rabut. Au second tour de scrutin, harpy a été élu par 28 suffrages sur 53 votants, le ëste des voix s'étant porté sur M. de Chardonnet (12), Laubeuf (7), M. Claude (2), M. Lumière (>), M. Lazare ler (2). . G. Charpy, qui était déjà Correspondant de l’Aca- ( mie depuis plusieurs années, est l’auteur de travaux més sur les propriétés des solutions, d’une part, sur | Structure, la constitution, les propriétés mécaniques es mé éthodes d'essai des métaux et alliages, d'autre . Il est le directeur des Usines Saint-Jacques, de la ompagnie des Forges de Chatillon, Commentry et Neuve-Maison, à Montluçon. ans sa Séance du 16 décembre, l’Académie avait élu x nouveaux Correspondants : M. Waddell, pour la on de Mécanique, en remplacement de M. Zabou- » décédé, et Sir David Bruce, pour la Section de decine et Chirurgie, en remplacement de M. Gzerny, dé. Sir David Bruce est l’auteur de travaux impor- Sur les maladies des pays chauds, en particulier es typanosomiases, Ve 0 — Institutions scientifiques “La “res session de la Conférence eralliée des Académies scientifiques. — Conférence interalliée des Académies scientifiques! a u sa seconde session à Paris, du 26 au 29 novembre, a réuni des délégués de Belgique (3), du Brésil (1), Etats-Unis (6), de France | (13), du Royaume-Uni (9), or E ® — 4. Voir Ja Rev. gén. des Sc. du 15 octobre 1918, p. du 15 Horembré 1918, p. 593. |arvus GÉNÉBALE DES SCIENCES : LOUIS OLIVIER | 15 JANVIER 1919 Revue générale Sciences pures et appliquées : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine 'sser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France éten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | / d'Iialie(5), du Japon (2), de Pologne(1), du Portugal /t), de Roumanie (4; et de Serbie (2). Elle a d’abord décidé de remplir provisoirement le rôle du Conseil international de recherches, dont la création a été votée à la réunion de Londres. Puis elle a institué un Comité exécutif de 5 membres, MM. Hale, Lecointe, Em. Picard, Schuster, Volterra, chargé d'étudier dans leurs détails les questions soule- vées àla Conférence, avec le concours des organismes oupersonnes les mieux qualifiés. Le Comité exécutif a choisi M. Emile Picard comme président, M. Schuster comme secrétaire, et décidé que le siège du Bureau administratif sera, jusqu’à nouvel avis, à Londres. Les Associations internationales, rattachées au Con- seil international de recherches, seront fondées par les pays de l'Entente. Les nations neutres pourront éven- tuellement y être admises, soit sur leur demande, soit sur la proposition d’un des pays faisant déjà partie de l'Association. Ces demandes seront soumises au Comité international, qui décidera de leur admission à la majo- rité des trois quarts des voix de l’ensemble des pays déjà entrés dans l'Association. La Conférence s’est ensuite occupée particulièrement des associations fermées ayant pour objet la réalisation d'œuvres nécessitant une coopération. Telles sont, par exemple, l'Union astronomique, s’occupant de toutes les questions relatives à l’Astronomie, et l'Association géo- physique, qui embrassera la Géodésie, la Sismologie et la Météorologie avec le magnétisme terrestre et la vul- canologie. De nombreuses propositions ont été prises en consi- dération et renvoyées, pour une étude plus approfondie, au Comité exécutif. Elles concernent la création de diver- ses associations internationales, la bibliographie, la nomination d’attachés techniques, les laboratoires inter- nationaux, les questions de brevets, les échanges inter- nationaux. $ 3. — Astronomie Les étoiles naines. — D'après la théorie formu- lée, il y a quelques années, par Russell, les étoiles 2 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE peuvent être divisées en deux grands groupes, dont l’un comprend celles dont la température augmente (étoi- les géantes), et l’autre celles qui ont dépassé leur tem- pérature maxima et dont la luminosité est maintenant en décroissance (étoiles naines). Jusqu'à ces dernières années, la plupart des astro- nomes considéraient que la série suivante de types spectraux embrassait l’histoire de la vie d’une étoile : B (type hélium), A [type de Sirius), F (de Procyon), G (solaire), K (d'Arcturus), M (d'Aldébaran), l’état de l'étoile avant qu’elle ait atteint le type B restant non défini, D’après Russell, le type spectral dépendant prin- cipalement de la température, on peut s'attendre à ce que le même type spectral se manifeste deux fois au cours de l’évolution d'une étoile, malgré les différences que présente l’état physique à ces deux époques. Au stade initial (géante M), l'étoile est très grande et dif- fuse, avec une faible densité et une température basse; à mesure qu’elle se contracte, la température s'élève et la couleur passe du rouge au blanc par l’orange et le jaune, le type spectral étant successivement K, GNEA et B. L'émission totale de lumièrene varie pas beaucoup ‘du premier au dernier terme de la série, la diminution de la surface compensant l'accroissement d'intensité du rayonnement. Mais les étoiles n’atteignent pas toutes le stade B: il faut pour cela que la masse soit plusieurs fois (peut-être sept fois) celle du Soleil, Avec une masse un peu inférieure, le type A serait le type ultime. Pour notre Soleil, le terme de l’évolution a probablement été atteint au type F, et il est possible que des étoiles de masse plus faible ne dépassent jamais les types G ou K. La température maxima une fois atteinte, l'étoile par- court la série des types spectraux dans l’ordre inverse de celui qu’elle a suivi en premier lieu et finit par apparte- nir au type M (étoiles rouges naines). Ainsi la même étoiie est successivement une géante et une naine à dif- férents stades de sa carrière, et ces noms ne doivent pas être considérés comme se rapportant à la quantité de matière contenue dans une étoile, mais simplement à son état de dilatation ou de compression. Il serait d’un grand intérêt de trouver les nombres relatifs d'étoiles qui sont à ces stades distincts de leur carrière, car cela nous éclairerait sur les durées des dif- férents stades. En réalité, ce problème, queM. A. C.D. Crommelin envisage dans une étude récente!, est extrè- mement complexe, car, en raison de leur plus grande luminosité, les étoiles géantes.sont visibles pour nous à une distance bien plus grande que les naines, en sorte qu’elles figurent dans nos catalogues dans une propor- tion qui dépasse de beaucoup leur fréquence réelle. Ainsi sir F. Dyson a conclu que 95 °/, environ des étoiles contenues dans lecatalogue du pôle nord, de Carrington, étaient plus brillantes que le Soleil; maïs, quand on con- sidère les étoiles dont la parallaxe dépasse 1/5 de se- conde, on en trouve 4 plus brillantes que le Soleil et 21 moins lumineuses; on peut én conclure qu’en réalité les naines prédominent numériquement, mais qu’elles sont trop peu brillantes pour trouver place dans nos catalo- gues, à moins d'être nos proches voisines. La prépon- dérance des naines indique probablement que les étoi- les restent beaucoup plus longtemps à l’état de naines qu'à celui de géantes ; elle peut aussi indiquer que les étoiles de petite masse sont beaucoup plus communes que celles de grande masse, On ne peut déterminer la masse des étoiles que pour les étoiles doubles; mais il semble de plus en plus probable qu'il y a tendance à l’équipartition de l'énergie dans le système stellaire; et, par conséquent, que la vitesse soit plus grande pour les étoiles de petite masse que pour les étoiles de grande masse. Or, on a constaté que nos plus proches voisines ont des vitesses supérieures à la moyenne; d’où l'on peut conclure que ce sont des naines en un double sens, que leur masse est petite et qu’elles ont atteint un stade avancé de développement. : Notre Soleil doit être regardé comme commençant à RONRMENIERE CNERSRSER RES ONR ESS RES RS | 1. Scientia, novembre 1918. être une étoile naine, car sa densité est actuellement. supérieure à celle qui correspond à un état purement gazeux; d’après Eddington, le stade de température maxima a été intermédiaire entre ceux de Sirius ét de Procyon. Le Soleil doit donc encore passer par dei stades, celui de naine orangée et celui de naine roug Aussi l'étude des étoiles appartenant à ces types est= elle d’un intérêt spécial à cause de lalumière qu'elle pre jette sur l'avenir de notre Soleil. i En examinant la liste des étoiles dont la parallaxe a été déterminée, on en trouve 25 dont la parallaxe éSt" égale ou supérieure à 0”,20. M. Crommelin divise ces 25 étoiles en quatre groupes: 3 4 Groupe 1 (luminosité quatre fois plus grande que celle du Soleil) : 3 étoiles, Sirius (type A), sa luminosité égale à 30 fois celle du Soleil; Altair (type A), 8 fois; | Procyon (type F), 7 fois. Groupe 11 (étoiles dont la luminosité est compris 1 3 deux du type G et trois du type K. ATTR Groupe III (étoiles dont la luminosité est comprise PUX entre 4 fois celle du Soleil et ; de celle-ci) : 4 étoiles: \ 40 Jen 1 entre 3 et de celle du Soleil) : 5 étoiles, deux du typi G et trois du type K. 7 Groupe IV (étoiles d’une luminosité inférieure à = d 20 He du Soleil) : 13-étoiles, six du type K et sept dutypen On est en droit de conclure que ces naines extrèmt constituent la classe d’étoïles la plus nombreuseque ferme l’espace, bien qu’on n’en connaisse que quelqu unes, parce qu’à une distance médiocre elles deviennent trop peu lumineuses pour figurer dans nos catalogues: La manière dont les types spectraux se répartissent dan les divers groupes s'accorde bien avec la théorie de Rx géantes est relativement court. Il est probable qu'il n! a pas plus d’une étoile sur 2.500 qui soit aujourd’hui a stade B; les étoiles de grande masse sont lès seules quin: l'atteignent jamais et sa durée est probablement cour Aussi M. Crommelin pense-t-il que les étoiles n nes forment un pourcentage considérable du nombre Lotal des étoiles ; le nombre total des naïnesest peut-être égal aux trois quarts de celui des étoiles; elles forme donc une partie beaucoup plus importante de la pop lation stellaire que ne le donneraient à penser les ca ae logues ordinaires, qui accusent une prépondérance inexistante des géantes parce qu’elles sont visibles à d distances beaucoup plus grandes, ! ; ; Il est légitime d’inférer que, si un nombre considé» ble d'étoiles sont si près de la fin de leur carrière stels laire, il y en a beaucoup plus qui ont atteint un stade postérieur et sont maintenant obscures. D'après certai nes spéculations, les étoiles obscures seraient mille Lo plus nombreuses que les étoiles brillantes. Cette évalu tion est probablement exagérée, mais il serail prémar turé de tenter aujourd'hui de préciser ce point. La seu manière de l'éclaircir est d'étudier l'effet gravitatif d étoiles obscures sur les mouvements stellaires:; ma suivant toute probabilité, une grande partie de la massen de l'Univers n’est pas agglomérée en étoiles, maïs est disséminée sous forme de nuages de poussière et de nébuleuses gazeuses. ) $ 4. — Physique Sur le pouvoir inducteur spécifique des métaux. — On a longtemps discuté sur la question … de savoir si le pouvoir inducteur spécifique et la conduc tibilité électrique pouvaient coexister dans une MÊME substance. Il semble bien qu'on doive répondre pa la négative d’après la théorie de Maxwell : puisque là constante diélectrique d’une substance est définie, dans, théorie, par l’inverse du module d’élasticité, st-à-dire par le rapport du déplacement d'une charge électrique à la f. é. m. qui produit le déplacement, et ie la plus petite f. €. m. peut entrainer un déplace- nt électrique continu dans un conducteur, il semble n résulter que la constante diélectrique d'un conduc- ur est infinie. Dit ependant une discussion plus approfondie indique üe cette conclusion ne s'impose pas. Une de nos théo- ries modernes de la conductibilité métallique suppose qu'il y a dans les métaux, à la fois des électrons libres et des électrons liés, et que les électrons libres seuls in- terviennent dans la conductibilité, S'il en est ainsi, il n'est pas impossible, a priori, que la f.é. m. produisant le courant entraine un déplacement électrique des élec- trons liés, l'expression déplacement électrique devant être entendue au sens que lui donne Maxwell. Ona d’ailleurs trouvé, depuis Maxwell, que la plus petite f. é. m. peut produire un déplacement électrique continu dans l'éther libre, c’est-à-dire qu'un électron Situé dans l’éther extérieur aux corps matériels peut se mouvoir avee une liberté plus grande que dans un mé- et que l'induction électrique dans le vide ne peut s consister dans le déplacement d'électricité liée vers l'éther, puisqu il n’ y a pas d'électricité liée dans l’éther. in est ainsi amené à considérer l'induction comme férant d’un déplacement de charges électriques liées t il ne semble plus impossible qu’un conducteur puisse posséder un pouvoir inducteur spécifique. » Miss Shirley Hyatt! a montré que l'induction se pro- uit librement à travers un conducteur métallique jus- à ce que la charge inductrice soit neutralisée, en ce ii concerne le pouvoir inducteur, par la charge liée lelle induit sur le conducteur. Ainsi, dans plusieurs nducteurs médiocres, on peut mesurer un pouvoir ducteur spécifique au moyen d’une f. é. m. rapide- t oscillante, alors qu'il est impossible de le déceler ‘aide d’une f. é. m. constante. La valeur du pouvoir nducteur obtenu est d'autant plus faible que les oscilla- tions de la f. é. m. sont plus rapides. Les recherches de Coehn et de ses collaborateurs ont ndiqué qu’il existe une relation très nette entre le pou- inducteur spécifique et l’électrisation par contact, n sorte que, dans le cas des substances non métalli- es, solides, liquides ou gazeuses, celles qui ont le voir inducteur spécifique le plus élevé acquièrent e charge positive au contact de substances ayant un uvoir inducteur plus faible. Comme les métaux peuvent être électrisés par con- el avec d’autres substances, métalliques ou non, quelle que soit leur conductibilité, il semble que la loi de Cochn leur soit applicable et que si les métaux ont réellement les pouvoirs inducteurs élevés qu'on leur attribue, ils devront prendre des charges positives par contact avec toutes les autres substances. « M. Fernando Sanford ? a étudié les charges que pren- nt les métaux par frottement ou par contact, à l’aide deux méthodes. Dans l’une d'elles, les substances nductrices sont montées sur des manches isolants, bituellement en ébonite, et les substances non con- trices sont tenues par des pinces métalliques pour ter de leur communiquer une charge par contact la main. On frotte les deux substänces l’une contre e ou on les met simplement en contact, puis on les e. On étudie leurs charges avec un électroscope son dont le plateau est électrisé par 100 piles sèches. On obtient ainsi le caractère de la charge et on peu savoir si les substances comparées sont rappro- chées ou éloignées dans la liste que permettent de esser les expériences sur le frottement. _ Dans l’autre méthode, les métaux étudiés sont pris sous forme de tiges. Ils sont suspendus à un support 1 Pr. + XXXV, XII, Miss SainLex Hyarr 37; 1912 l DFREN xDo SANFORD : Physical Review, 2 sériè, t. + 130-135; août 1918. : Physical Review, t. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 3 isolant et mis en communication avec l’une des arma- tures d’un condensateur de 4 microfarads, l’autre arma- ture étant au sol. Après avoir frotté la tige avec la substance qu’on veut lui comparer, on interrompt là communication du condensateur avec le métal et on décharge le condensateur à travers un satrano pee balistique. La plupart des substances ont été comparées à une dizaine d’autres, quelques-unes avec toutes les substan- ces étudiées, M. Sanford a pu dresser ainsi une liste de substances telle que chaque substance prend une charge positive par rapport à toutes celles qui la précèdent. Voici un extrait de cette liste dans laquelle on a indiqué le pouvoir inducteur des substances pour lesquelles on a pu le mesurer, ou pour lesquelles il était connu : collodion pickel platine aluminium oxydé feuille de caoutchouc K=21 soie pyrite de fer plomb feuille de celluloïd bismuth : or cadmium argent baguette d'acier cuivre pellicule de gélatine étain verre au cobalt À — 4,32 antimoine flanelle disque de soufre À —3 zinc oxyde de cuivre crown k — 6,2 plaque d’ébonite 4 — 3,02 etc... On voit que les métaux s’intercalent avec les diélec- triques dans la liste que permet d'établir le phénomène d’électrisation par contact. Il est naturel, pense M. San- ford, de déduire de ce fait que les places prises par les métaux dans la série sont déterminées par leur con- stante diélectrique, tout comme celle des substances non métalliques. D'où les deux conclusions énoncées par M. Sanford : ° les pouvoirs inducteurs spécifiques des métaux sont: dà même ordre de grandeur que ceux des substances non métalliques; 2° plus un métal est électro-positif dans la liste dressée d’après le phénomène d’électrisa- tion par contact et plus son pouvoir inducteur spécifique est élevé. A. B. $ 5. — Electricité industrielle Emploi des lampes à incandescence à atmosphère gazeuse pour la projection.— On cherche aujourd’hui à étendre les applications de la lampe à atmosphère gazeuse, non plus seulement à la projection ordinaire, mais encore à la projection ciné- matographique. Il semblait tout d’abord que, dans ce domaine, elle n’arriverait jamais à détrôner la lampe à arc qui, entre autres avantages précieux pour la projec- tion, possède un éclat très élevé. L'éclat d'une lampe à atmosphère gazeuse ne dépasse guère le quart de celle d’un bon arc à courant continu, MM. Burrows et Caldwell! donnent des indications sur une lampe de construction spéciale qui est utilisée en Amérique pour les projections cinématographiques. Le filament, dit « monoplan », est constitué par un certain nombre d'hélices, toutes situées dans un même plan. Cet arrangement permet de concentrer la majeure par- tie de la source lumineuse exactement dans le plan focal de la lentille du condensateur, ce qui n’est pas. réalisable avec les autres dispositions, par exemple la disposition en V. La lumière émise dans la direction opposée à la len- tille est réfléchie par un miroir sphérique qui la ren- voie dans le sens de la projection. L'ensemble des héli- ces doit être placé au centre de courbure du miroir et ajusté de telle sorte que les hélices-images fournies par le miroir tombent entre les hélices-objets. Le filament est traversé par un courant d'au moins 1. Electrical World, 13 avril 1918. V. également Revue génér. de l'Electricité, 12 oct. 1918. 4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 20 ampères, sous 30 volts. Etant donné le nombre de watts consommés, il faut donner à l'ampoule un grand volume, mais un diamè tre assez faible si l’on veut proli- tér des avantages d'un condensateur à très court foyer. La forme cylindrique est donc celle qui convient le mieux ; si lefilament est constitué par quatre hélices, on pourra donner à l’ampoule une longueur de 25 em. et un diamètre de 6 em. Les particules émises par le fila- ment sont entrainées par les gaz chauds vers la partie supérieure où le noireissement des parois ne présente aucun inconvénient. Comme on recherche un éclat élevé, il faut employer s de gros filaments fonctionnant toujours à un régime forcé. La durée de vie d'une lampe, dans ces conditions, est d'environ cent heures; le renouvellement est un peu plus dispendieux que celui des charbons d'une lampe à arc, mais ce surcroit de dépense esl compensé, d’un ,à autre côlé, par l'économie d'énergie que réalise la lampe à incandescence sur la lampe à arc. La lentille du condensateur doit être à très court foyer et construite suivant le principe des lentilles à échelons de Fresnel. On sait, en effet, que l'obtention d’un court foyer n’est possible qu'en donnant au verre une forte épaisseur ;on constate alors une absorption plus grande de la lumière et des pertes par réflexion dans la masse; l'image projetée devient floue et colorée par suite d #iberralions sphériques et d’aberrations chro- matiques exagérées; enfin ies rayons émanés de la k source frappent la lentille sous une incidence considé- rable, ce qui provoque encore des pertes, par réflexion à la surface, Tous ces défauts disparaissent par l'emploi d'une lentille de Fresnel pour constituer le condensa- teur; son champ est de 96° au lieu de 459, qui est celui des lentilles ordinaires de condensateurs, Les lampes à atmosphère gazeuse utilisées pour les 1 projections, ayant un gros filament, sont alimentées à _ forte. intensité et à basse tension, en général 20 à 30! volts. Elles s'adaptent aux courants allernatifs aussi 1 bien qu'aux courants continus. Dans ce dernier cas, on abaisse la tension du réseau public à l’aide d’un groupe moteur-générateur; on peut aussi absorber l'excès de tension dans un rhéostat, mais il faut alors üun dispositif de réglage précis qui, d'autre part, consomme de l'énergie en pure perte. | Peur les circuits alternatifs à 110 ou 120 volts, on a étudié des transformateurs spéciaux comprenant une résistance ou une réactance variables en série avec l’en- roulement primaire, qui permettent à l’opérateur de 3 maintenir une tension bien constante aux bornes de ; la lampe. Sur le circuit secondaire est inséré un ampère- mètre et parfois aussi un petit rhéostat à quatre plots pour protéger contre les à-coups de courant le filament encore froid. Tout cet appareillage est monté sur un petit tableau, Parmi les avantages que présente la lampe à atmo- sphère gazeuse, on peut citer, l’uniformité d’éclairement qu'elle permet de réaliser sur l'écran ; elle constitue une source fixe, sans papillotement, ce qui n’a pas lieu avec l'arc ; elle émet une lumiéredont le ton plaît à l’œilet, même avec les films colorés, donne des images satisfai- santes sur un écran placé à 27 m, de distance. 1, $S 6. — Biologie Le voldes moustiques.— M.E.Roubaud vient de - présenter à l’Académie des Sciences quelques observa- tions très intéressantes sur le vol de notre moustique indigène, l’Anopheles maculipennis. Observé au laboratoire, dans des conditions norma= les et livré à lui-même, l'A, maculipennis setient imm bile, en étal de sommeil apparent, tout le jour. Pendanél insensible aux variations brusques de l’éclairemer Mais, lorsque le jour commence à baisser, au crépus- cule, on le voit s’élancer spontanément en plein vol, avec une soudaineté qui donne l'impression d’une déli DS vrance quasi automatique des liens créés par la lu=« mière. ! Siles conditions d’éclairement Sent les mêmes, | départ se produit toujours à la même heure. Au cours des jours, on voit celte heurese modifier graduellement," comme l'heure crépusculaire, en passant des environs de 20 h. 15 (horaire d'été) au commencement d'août ib h. 19 (horaire d’ hiver) à la fin d’ octobre, point de vue du paludisme, ne dépasse guère, en cap vité, les deux premières heures de la nuit. Dans le plé de celle-ci, l'Anophèle est de nouveau immobilisé. semble donc que, dans les conditions normales, sur 24 heures journalières, l'A. maculipennis en passe de à 22 à l’état de repos complet, Seules, des conditio anormales, la faim ou la soif extrêmes, l’âge see sujets, foht varier la périodicité. Le vol spontané de ce moustique se SR do avec les caractères d'un rythme crépusculaire. L'anal du phénomène montre qu'ilest la résultante d’un an gonisme précis entre différents facteurs, les uns actuë les autres acquis, ainsi qu'il ressort des obseE VS suivantes :; 1° L'heure du vol n’est pas l’heure exacte du rév les .moustiques sont éveillés plus ou moins longtem avant de prendre leur vol; -I$ Sr 2° Pfotégés contre l'action du jour par l'obscurité ar tilicielle, les Anophèles avancent leur heure de. L'avance est d'autant plus marquée que l'obscurité | 5 plus complète ; mais elle n’est jamais considérable d’em- blée; 3v Si l'obscurité complète est maintenue en perm nence, l'avance du vol s’accroit progressivement et à régulièrement de jour en jour; mais elle ne parvientp à dépasser les premières heures de laprès-midi Li 16 h.); : 4o La lumière normale du jour inhibe le vol spontan M. Roubaud interprète comme suit ces résultats: réveil des moustiques se produit, en vertu d'un premu rythme fondamental, plusieurs heures avant le coucher du soleil ; mais le besoin du vol, qui se manifeste d'w façon plus ou moins immédiate, ne peut être sati que beaucoup plus tard, réprimé qu'il est par fluence inhibitrice actuelle de la clarté diurne. La baiss de jour crépusculaire brise immédiatement ces entra réflexes, et les moustiques prennent leur vol, Mis à l'abri du jour, les Anophèles devront donc s’e voler beaucoup plus tôt; mais des impressions inhib trices acquises persistent en eux qui contrarient ce avance. Réagissant contre ces impressions rythmi de mémoire lumineuse, les moustiques parvienn néanmoins à accélérer plus on moins leur départ, Mi il y a une limite à celte avance. En vertu d’un ryth inhibiteur ancestral, gravé dans l'espèce, l'avance sh rête lorsque sont atteintes les heures les plus préc où le vol crépusculaire peutnormalement se manife ter aux époques où les jours sant les plus courts. Cette’ mite acquise correspond à la limite des heures d'éela rement diurne constant toute l’année * Poux la zone géo graphique de l'espèce. A PACA), AL'LSE Vel 3, PORANCEN AT T TEE ER A Re L [. — Inrrooucrion Eh * À la demande dela Rédaction de cette Revue, j'ai entrepris de résumer ici les recherches ef- ctuées ces cinq dernières années au Labora- re de Chimie inorganique et physique de PUniversité de Groningue. Ce laboratoire, bâti en 1908-1912, est muni des moyens les plus mo- dernes, permettantl’étude systématiqueet exacte d es corps, même aux très hautes températures. Où y a tout particulièrement en vue l'étude des Silicates à l'état solide et fondus, afin de résou- dre un certain nombre de problèmes de la Mi- éralogie expérimentale et de la Géologie chi- mique. Il devient de plus en plus cértain que, jar la synthèse minérale systématique, et la ermination exacte des conditions d’existence ét de formation des minéraux et des roches, on ut obtenir des données de la plus grande il iportance pour l'explication d’une foule de phénomènes mipéralogiques, géologiques et pétrographiques. « Les travaux qui ont été effectués dans cette direction pendant ces dix dernières années, en ticulier dans le Laboratoire Géophysique de titution Carnegie à Washington, ont donné déjà de beaux résultats. » Comme dans le laboratoire américain, le pre- mier but des travaux exécutés jusqu'ici à Gronin- ue a été d'établir des méthodes derecherche,pro- bres à fournir des résultats réellement exacts et mplètement reproductibles jusqu’à des tem- ratures atteignant 1.650° C. IL va de soi qu’il allait suivre une tout autre voie que dans les be qui opèrent aux tempéralures ordi- res, car les difficultés expérimentales dans cution des différentes mesures augmentent mément avec l'élévation de la température : ire, ou même à 100°-200° C., donne des ré- atstout à fait sûrs, est souvent déjà peu cise à des températures de 4009 et au-dessus, idis qu'aux environs de 1.000° C., elle n’est us du tout utilisable. En outre, les silicates ières, qui rendent leur étude extrêmement dicile, et il n’est dès lors pas étonnant que méthode de mesure, qui, à la température : FM. JAEGER. — LA DÉTERMINATION EXACTE DES TENSIONS SUPERFICIELLES 5 LA DÉTERMINATION EXACTE DES TENSIONS SUPERFICIELLES, DU POIDS SPÉCIFIQUE ET DE LA CONDUCTIBILITÉ ÉLECTRIQUE DES LIQUIDES A DES TEMPÉRATURES TRÈS ÉLEVÉES silicates, de méthodes qui, pour d’autres ma- tières, telles que les métaux et leurs alliages, donnent de bons, ou au moins d’utilisables ré- sultats, a donné lieu à des erreurs regrettables et à des interprétations erronées des phénomè- nes, de telle sorte que ces résultats ont été loin de rendre service à la science. A la suite de plusieurs années de recherches continues et rigoureusement systématiques ef- fectuées à Washington et à Groningue, nous disposons aujourd’hui de méthodes de travail qui permettent de mesurer des températures atteignant 1.6500C.etdeles maintenirlongtemps constantés. Nos fours à résistance peuvent être réglés avec une‘précision telle qu’il est possible de maintenir en certains endroits du four, du- rant des heures ou des jours, des températures atteignant 1.500°-1.600° C. constantes à 1° près, — et la mesure des températures au moyen des couples thermo-électriques platine-platine-rho- dium, reliés à une installation de mesure conve- nable, et en prenant une foule de précautions, permet de déterminer avec certitude des varia- tions de température de 0°,1 à des températures de 1.600° C. J'ai publié, il y a quelques années, sous forme d’un petit manuel!, un résumé des méthodes aujourd’hui utilisées au Laboratoire, de Groningue. Les températures que nous me- surons sont toutes ramenées au thermomètre à azote de Washington ?. \ Quoique notre travail ait été extrêmement re- tardé et même partiellement arrêté par la guerre qui se prolonge depuis quatre ans, nous sommes néanmoins parvenu, en dépit de ces circonstances défavorables, à établir d’une fa- consystématique trois méthodes de recherche, que je vais exposer. Elles s'occupent de la me- sure précise des tensions superficielles, du poids spécifique, et de la conductibilité électrique des électrolytes entre des limites de températures distantes de 1.700°, et dont la limite supérieure a été 4.650° C. 1. F. M. JarGEr : Eine Anleitung zur Ausführung exacter physicochemischer Messungen bei bôheren Temperaluren. Groningen, J. B. Wolters-(1913). 1 vol. in-8° de 152 p. avec 39 fige 2MAALAEDArT Leu R..B: n° 157 (1912). Sosman: Carnegie Publication, 6 © F.-M. JAEGER. — LA DÉTERMINATION EXACTE Les trois problèmes qui se posaient peuvent être regardés com me parfaitement résolus main- tenant, et les résultats déjà obtenus ont levé tous les doutes, quant à la certitude et à la re- productibilité des mesures, même de celles effectuées aux énormes températures dont ilest question ici. II. — LA MESURE DES TENSIONS SUPERFICIELLES ET DE LEURS COEFFICIENTS DE TEMPÉRATURE, ENTRE — S0°ET + 1.650° C1. Parmi toutes les questions qui touchent à la structure intime des liquides, la connaissancede la constante capillaire ou de la tension super- ficielle, et surtout desa variation avec la tempé- rature, est de toute première importance. Nom- breux sont les chercheurs qui se sont occupés de mesurer ces grandeurs, ainsi que les métho- des imaginées dans ce but. L'importance pour la Chimie de la connaissance exacte de l’énergie superficielle libre des liquides aux différentes températures s’est encore accrue depuis qu'Eüt- vos a établi la règle qui porte son nom, suivant laquelle une relation existeraït entre la valeur du coefficient de température de « l’énergie super- ficielle moléculaire » d’un liquide et la valeur de son poids moléculaire. Il me semble utile de m'arrêter un peu plus longuement sur ce sujet. $ 1. — Considérations théoriques Si W, est la quantité de chaleur qu'il faut four- nir pour l’agrandissement isotherme, de 1 cm?, de la surface S du liquide et si yest le travail exigé pour cela, on a la relation thermodyna- mique : T dy JaT où J est l'équivalent mécanique de la calorie (0°C.), égal à 41997.105 ergs, et x est exprimé aussi en unités C. G. S. Si de plus cest la cha- leur spécifique du liquide, on a en général : dc. T d'y 18 Ta? Il semble donc que la chaleur spécifique c d'un liquide est indépendante de la surface $, si d?7 ze = 00° ’est-à-dire s£ y est une fonction linéaire W:= — de la température T. On voit, d’après cela, qu'il est extrêmement intéressant de savoir de quelle 1. F. M. Jarcer : Proceed, Royal Acad, of Sciences, Ams- terdam,t. XVII, p. 329, 865, 386, 395, 405,416, 555,571 (1914); t. XVIII, p. 75, 269, 285, 207, 595, 617 (1915); t. XIX, p. 381, 397,405 (1916); et complètement, avec tous les détails : Zeits. für anorg. Chemie, t. CI, p. 1-214 (1917). manière y est lié à T, c’est-à-dire de connaître 4 le coefficient de température de l'énergie super- %a ficielle libre 7. S'il se trouvait qu'il ne variât pas « d’une façon linéaire avec la température, on Re n vrait en conclure : 4° que la surface d'un liquide possède une autre chaleur spécifique que le reste ” du liquide; 2° que l'énergie superficielle, contraï- rement aux anciennes théories de Laplace et den Gauss, serait, au moins partiellement, de nature : cinétique. DE Eôtvôs, se basant sur des considérations qui reposent sur la loi des états correspondants de . Van der Waals, considère comme probable que le coeflicient de température de l'expression : e= 4|M}F, — dans laquelle M est le poids molé= culaire du liquide, tel qu'il se déduit des déter- minations dé la densité de vapeur, et d le poids spécifique à la température d’observation, =" pour les liquides dont la grandeur moléculaire correspond à celle de la phase gazeuse coexis- tante, aurait à peu près toujours la même valeur: 2,25 ergs environ par degré centigrade. On ap- pelle l’énergie superficielle moléculaire libre du liquide. Les nombreuses recherches exécutées. sur un grand nombre de liquides par Ramsay et Shields! semblent confirmer les conclusions. d'Ectvos, au moins entre d’assez larges limites.” Pour jee liquides considérés comme non asso- . 5 Op 3 ES ciés, on a trouvépour 7; des valeurs oscillant autour de 2,24 ergs par ee centigrade; tandis , que les liquides pour lesquels une architecture ne moléculaire plus compliquée était à prévoir ont donné des valeurs de considérablement plus TS petites que ce chiffre. 1 Nous aurions donc une méthode qui nous per- mettrait de déterminer la « grandeur molécu= entre va limites de température assez éloiga ten DS Comme, de plus, notreintention était d’ a à connaître la structure intime des combinalsiss cates fondus présents dans les magmas M t niques, notre premier but devrait donc être d'é- tablir une méthode qui nous permettrait de w 4. W. Ramsay et J. Suaiezps : Zeits. für physik. Chemie, "\ t. XII, p. 433 ; 1893. | 4 ('ASTRER ; mesurer la grandeur ST ivsqau à des températures de 1.6000 C. avec la même précision qu’à la tem- pérature ordinaire. $2. — Dispositifs expérimentaux Voici comment nous avons atteint ce but. Après avoir soigneusement examiné les méthodes jusqu'ici employées pour la mesure de y, nous avons réussi à satis- aire à toutes les exigences, de la manière suivante. Comme l’expé-: Ë rience nous à appris que, “dans nos fours à résis- tance, une très petite ré- gion peut seule être con- sidérée comme « thermo- stat » réel, il fallait tout d'abord que les expériences puissent se réduire à un petit volume du liquide. Le seul moyen dont nous disposions alors “était la méthode où l'énergie superficielle “est mesurée par la pression maximum - - qu'il faut produire dans une bulle de gaz, formée dans le liquide à l’extrémité d’un tube capillaire métallique à bords bien tranchants, pour qu'elle soit sur le point de crever (Cantor). Si r est le rayon du capillaire en cm., d le poids spécifique ‘du liquide à la température d'observation, ét si H est la pression maximum susdite, exprimée en dynes,ona: 1 r° d? 2 H - IL faut encore apporter à cette valeur q elques corrections, sur lesquelles nous reviendrons brièvement plus loin. _ Pour l’exécution des mesures, on a dû construire un appareil très compliqué et “dans les détails duquel il est impossible d'entrer ici. Avec quelques figures des par- ties principales et quelques remarques sur leur fonctionnement, on en compren- dra clairement le but. Les parties principales de l'appareil sont : l'appareil destiné à former les bulles de gaz; e manomètre. À côté de celles-là, signalons encore : le four à résistance!, quiest du type em- . ployé dans notre laboratoire (pourvu d’un bobi- . nageintérieur en platine et d'un manteau isolant extérieuren magnésite calcinée), et l'installation : A FE Le … 1. Pourles mesures à des températures inférieures (— 80°C. jusqu'à 220°C.). ce four fut remplacé par des thermostats mvénables, soit des cryogènes, soit des bains d’huile avec thermo-régulateur. DES TENSIONS SUPERFICIELLES, DU POIDS SPÉCIFIQUE pour les mesures des températures au moyen | de couples thermo-électriques. La force électro- motrice des couples platine-platine-rhodium est | déterminée directement par compensation à 1 $ Fig. 1. — Appareil pour la formation des bulles de gaz, G, G', arrivée du gaz; P,P, plateaux cireulaires ; A, B, vis de calage : N, vis micrométrique ; H, tube portant le capillaire R. 10 microvolts près, tandis que les derniers micro- volts au-dessous de 10 (à 1.600°C. correspondant à 09,1 par microvolt) sont mesurés par la dévia- tion d’un galvanomètre type d’Arsonval sensible et à courte période, étalonné avec soin. Pour cette dernière partie de l’arrangement expéri- mental, il vaut mieux consulter mon manuel cité plus haut, a) Appareil pour la formation des bulles de gaz. — Comme la théorie exige que le tube ca- pillaire, à l'extrémité duquel les builes de gazse LL. At t forment, soit rigoureusement perpendiculaire à la surface du liquide, il faut qu'il soit fixé de telle manière qu’un centrage et un réglage précis » soient possibles. La figure 1 donne une vue laté- rale et une coupe de cet appareil, qui est fixé par un bras rigide, et pourtant mobile, à un lourd support de cathétomètre, tournant dans tous les sens. Il est équilibré par un contrepoids ajus- table. Des deux plateaux cireulaires P, le plateau inférieur, muni du tube S, est mobile autour de la rotule; il peut tourner horizontalement et Mix. 2. — Circuit parcouru par le gaz employe à la formation des bulles. D, gazomètre ; VTCS, manomètre (fig. 4), également s’incliner par rapport au plateau su- périeur au moyen des vis de calage A. Par la troisième vis B, il peut être fixé dans n'importe quelle position par rapport au plateau infé- rieur. La vis micrométrique N, munie d’un ver- nier, permet de mouvoir verticalement le capil- laire sur une longueurconnue. Les tubes G sout en aluminium, revêtus de flanelle et courbés en spirale, de facon à faire ressort et à permettre les mouvements verticaux de l’appareil. Nous avons eu les plus grandes difficultés à vaincre pour ob- tenir une conduite de gaz bien étanche et pour trouver des joints convenables pour les différen- tes parties de la tuyauterie; à cause de la très grande sensibilité du manomètre, une fuite mi- croscopique rend immédiatement toute mesure impossible, et l'expérience montre quemême les meilleurs tubes métalliques du commerce à pa- rois minces présentent de ces fuites. Pendant que le gaz employé est envoyé par Y, le tube de platine R est fixé au tube H. Le tube Rs’amincitsur une longueur de 20 em. jusqu’en un capillaire dont l'extrémité inférieure a été rodée conique et rendue aussi tranchante qu'un couteau. Le rodage de l’extrémité inférieure du F.-M. JAEGER. — LA DÉTERMINATION EXACTE | pression du gaz se fait au moyen d’une sorte: R, P, appareil pour la formation des bulles (fig. 1); capillaire, qui doit présenter une ouverture rigoureusement circulaire, est un art qui. s’acquiert qwaprès beaucoup d’exercice. Le gaz employé est toujours l’azote, prépa au moyen de chlorure d’ammonium et de nitrit desodium. Il a été lavé parune foule de solutio destinées à enlever tout l'oxygène et les oxydi d'azote, ainsi que la vapeur d’eau, qu'il pouv. contenir; puis le gaz est recueilli dans un gaz mètre à fermeture au mercure. Le réglage de réservoir de thermomètre gaz, qui permet un réglag extrêmement précis et lent avec l’aide de passages à vis s micrométriques. La figure 2 donne une id du circuit parcouru par gaz et la succession des. cons laveurs. Dans la figure l'appareil à gazest suspenc au-dessus du four éle que; E est un écran cre refroidi par un courant pide d'eau, pour protég l'appareil et la spirale co - tre le rayonnement du four, quand la température es fort élevée. F est le coup | - thermo-électrique fixé a capillaire par des fils de pla tine; naturellement le couple et le tube capil- Fe sont isolés par de la porcelaine dure forme de capillaires étroits. Toutes les pièce: platine sont faites en platine pur sans iridi (moins de 0,05°/, Ir), en vue d'éviter «l'in tion » des couples thermo-électriques par Vir dium très volatil. Le capillaire est rendu rigou- réusement vertical, en utilisant npe surface mercure, et en le réglant de façon à ce qu til soit. en ligne droite avec son image dans le mercure Il va de soi que l’ajustage de toutes ces partie mobiles doit être parfait, afin d'éviter les ru gements d'orientation à la suite du mouveme des pièces. “À b) Le manomètre. — Le manomètre ne devait passeulement présenter.une très grande sens! i- bilité, mais encore satisfaire à l'exigence q la pression, montant graduellement à sà valeur è maximum, puis retombant brusquement : à. valeur ou à la suite de la crevaison de. bulle de gaz, puisse être lue ‘rapidement. | fallait, de plus, empêcher la présence des vapeurs du liquide indicateur du manomètre dans le tub ‘A dejonction avec le récipient à l’intérieur du four. ou du thermostat. Il était done impossible 4 à 1 faire usage de liquides volatils à poids spécifi- “que bas comme liquides indicateurs du manomè- “tre. La figure 4 rend facilement compréhensible “la construction de l’appareil employé. Dans un Fig. 3. — Appareil à gaz prét à être enfoncé dans le four électrique. B, four électrique; F, couple thermo-électrique ; E, écran protecteur ; G, tubes en aluminium amenant le gaz. —_ Des précautions sont prises pour éviter l’éva- - poration de l’octane dans cette branche, et tout «l'appareil est placé dans un grand thermostat à “glycérine, quiest maintenu à une température REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES D : DES TENSIONS SUPERFICIELLES, DU POIDS SPÉCIFIQUE 9 rigoureusement constante (25°,1 C.). Derrière la branche de gauche on a placé une échelle graduée gravée sur un miroir par la Société genevoise pour la fabrication des Instruments de Préci- sion, et qui est divisée en 0,2 mm. sur une lon- gueur de 450 mm. Au moyen d’un télescope et d'un réticule micrométrique, on peut mesurer la hauteur de l’octane à 0,01 mm. près. Ily a naturellement une foule de dispositifs pour ré- gler l'échelle par rapport au capillaire, pour éviter la parallaxe en lisant la division, pour l'éclairage convenable de la branche gauche du manomètre et de l'échelle sans chauffage sen- sible. Le tube capillaire du manomèlre a ‘été Fig. 4. — Manomètre pour la mesure de la pression d’éclatement des bulles. auparavant calibré d’une façon précise. Si le dia- mètre du tube large est D, celui du capillaire d, et le rapport des poids spécifiques de l’octane et du mercure est : (dans notre cas, à 25°,1 C., était égal à 0,0516), alors pour une surpression Ap à droite, l’octane s’élèvera dans le capillaire de gauche d'une hauteur A, satisfaisant à la rela- tion : | Ap = fe : (2-6) si. Az. Le « facteur d'amplification » du manomètre est donc: 1 d 2 (2-<) D dans notre appareil, il valait environ 18. Unelec- ture de la hauteur de l’octane dans la colonne de gauche, effectuée à 0,1 mm. près, correspondait à une mesure dela colonne de mercure à 0,005 mm. près. Pour l'emploi du manomètre, les glaces du thermostat sont également couvertes de grosses 2 10 Fi plaques de feutre dans lesquelles on a découpé un rectangle étroit permettant l’observation de la colonne d’octane. L'appareil a été étalonné soigneusement par comparaison avec un manomètre à mercure très sensible, dont les lectures étaient effectuées au moyen d’un cathétomètre.. Cet étalonnage a été répété plusieurs fois pendant les mesures pério- diquement, afin de contrôler l’invariabilité du facteur d'amplification. Après des mois de me- sures répétées, on a constaté qu'il avait à peine légèrement varié; en moyenne, une ascension de la colonne d’octane d’un millimètre correspon- dait à une surpression Ap de 74,84 dynes par em?. $ 3. — Précision des mesures et substances étudiées La méthode possède à 1.650°C. le même degréde précision qu’à la température ordinaire, et celui- ci est sensiblement le même que celui des résul- tats obtenus par Ramsay, Shields, Guye, Ri- chards, et tant d’autres, par la méthode de la mesure de l'ascension de liquide dans les tubes capillaires. L’incertitude la plus considérable est celle attachée à la connaissance de la pro- fondeur à laquelle l'ouverture du capillaire est plongée dans le liquide; toutefois, la pression hydrostatique correspondante doit être toujours retranchée de la pression maximum H. Généra- lement on détermine le moment où l'extrémité du capillaire, descendant lentement, touche la surface du liquide. Ce moment est rigoureuse- ment observable à l’aide du manomètre; puison descend le capillaire dans le liquide d’une lon- gueur { mesurée sur la vis micrométrique N. La correction pouvait donc être apportée, en con- naissant le poids spécifique du liquide. On peut estimer la précision de ces mesures à 1 % avec les liquides organiques, et à 0,4 % pour les sels fondus. I1 est impossible d’entrer ici dans plus de détails. Par la détermination des poids spécifi- ques par exemple, il a été nécessaire de dévelop- per toute une méthode nouvelle, permettant de mesurer ces nombres pour les sels fondus jus- qu’à 1.500°C. Ces mesures ont également pré- senté de grandes difficultés; cependant, ici encore on a réussi, en opérant systématique- ment, à établir une méthode dans laquelle on détermine la perte de poids d’un cône double de platine plongé dans le sel fondu, et qui four- nit jusqu’à 1.500°C. des résultats exacts jusqu'à la troisième décimale’. RENE TN Een ER EURE SC PAC COS 1. Pour toutes ces particularités, nous renvoyons à l’article cité plus haut, publié dans le Zeitschrift für anorganische Chemie de 1917. _M. JAEGER. — LA DÉTERMINATION EXACTE _ 53 | con es der ur TA a 4 NE da ‘ Nous avons jusqu'ici étendu nos mesures à” environ deux cents liquides organiques, entre À — 80°C. et + 220°C., et à environ une cinquan- taine de sels fondus, entre 300°C. et 1.650°C. 4 Notre but n’était pas seulement de déterminer … En re PUTCR FERA BE 7 Pur du | la valeur de jT Pour toutes ces substances, surun espace de température aussi grand que possible, mais aussi d'examiner la variation de y et de pa des températures correspondantes, avec la na= ture des substituants d’une même molécule. On. a donc examiné l'influence du remplacement. d’un atome d'hydrogène parles groupes méthyle, hydroxyle, nitro, carboxyle, ete., et également l'influence de l’isomérie de position. De même, pour une série de sels métalliques, on a étudié. l'influence du remplacement du potassium par le lithium, le sodium, le rubidium ou le céstum, ainsi que celui de la substitution du fuor par. le chlore, le brome ou l’iode. Ù On a pu, grâce au grand nombre de données ainsi obtenues, trouverune foule de relations de cette espèce entre des corps analogues, et de plus. soumettre au contrôle de l'expérience quelques remarquables règles empiriques signalées pets M. Walden. Ë ed - DELL La RE, EE Ar Le à È 4 M à $ 4. — Conclusions des mesures A) Une des premières conclusions déduites… des mesures étendues à un'si large espace de. température est qu'une relation re : : ù peut que de très petites valeurs de Le rende probable une grandeur moléculaire anormale; il n’est certainement pas permis de déduire pe scrandeur de cette «association » des écarts constatés avec la valeur « normale » du coefficient - de Fer péEAtee (2,2 ergs par degré C.). A: La figure 5 reproduit le graphique u —T de , quelques substances organiques, choisies au. hasard. On remarque immédiatement l'allure … de ces courbes, concaves vers le haut; donc = diminue ici par élévation de température. Or 1 7 plupart des dissociations sont des phénomènes … les ÉFOQIEM ons sont dons AE Ep élévation de température, fait qui, en se basant sur le principe de l'équilibre mobile de Gibbs- Le Chatelier, est fort peu probable, ou même tout à fait impossible, puisque dans la plupart desassociations dela chaleur se dégage, etqu’en la dissociation des complexes moléculaires en des combinaisons plus simples. Il est préférable de conclure des résultats obtenus que l'énergie superficielle moléculaire et spécifique n’est pas une fonction linéaire de la température; et il cn s’ensuivrait que la chaleur spécifique de la sur- e est, en effet, différente de celle du reste du ic uide, et que l'énergie superficielle n’est pas de nature exclusivement potentielle, mais au moins en partie d'origine cinétique. Il en résulte, plus, que le calcul du «degré d’association » u moyen des écarts entre la valeur trouvée de a et la valeur Due d'Eôtvôs-Ramsay ne paraît pas possible. _ Un certain nombre des courbes de la figure 5 Bout convexes vers le haut; dans la plupart des cas, il s’agit d’une décomposition graduelle des substances par élévation de température. Enfin l’acide acétique est un exemple d’un com- posé manifestant une fonction y — T rigoureu- ment linéaire. général une élévation de température favorise” Fig. 5. — Courbes u-T de quelques substances organiques, . DES TENSIONS SUPERFICIELLES, DU POIDS SPÉCIFIQUE 11 B) On a ensuite contrôlé certaines règles empi- riques données par M. Walden. D’après ces rela- tions, la valeur de la «cohésion moléculaire» à la température de fusion, ou d’ébullition, divi- sée par les températures absolues de fusion, ou d’ébullition, serait une constante. Cette gran- RMI : : : RC deur Ty 'où M est le poids moléculaire déduit de la densité du vapeur, T la température abso- lue de fusion ou d'ébullition, et où 4? — " » 2x NE J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Art de l'Ingénieur Les recherches du Bureau américain des . Mines sur la combustion dans les foyers de chaudières. — On sait que, depuis plusieurs années déjà, le Gouvernement des Etats-Unis se préoccupe d'éviter le gaspillage des ressources naturelles du pays par une utilisation plus rationnelle de celles-ci, et . les conditions créées par la guerre n’ont fait que forti- fier cette intention. Denombreusesinstitutions officielles ont entrepris des études dans ce but, au premier rang desquelles il faut signaler celles du Bureau des Mines. Un certain nombre de ces dernières ont porté sur les combustibles, en particulier le plus précieux d’entre eux, Je charbon minéral. La plus grande partie de la houille étant employée dans l’industrie à la production de la vapeur, une étude précise de la combustion dans les foyers de chaudières s’imposait d'abord, afin de déter- . miner quelles sont les conditions dans lesquelles cette combustion est la plus économique, c’est-à-dire le com- bustible brülé dégage le maximum de chaleur. Le laho- ratoire du Bureau des Mines a poursuivi durant plu- sieurs années des recherches sur ce sujet, qui ont conduit à des conclusions en parties nouvelles !. La couche decombustible dans presque tous les foyers brûlant du charbon agit d’abord comme gazogène. Dans un foyer ordinaire où la couche de combustible est horizontale et épaisse de 7,5 em. ou plus, les gaz qui s'élèvent de cette couche contiennent 25 à 32 °/, de gaz combustibles, 5 à 8 °/, de CO?,et pas d'oxygène libre, ce qui est la teneur d’un bon gaz de gazogène. On ne peut forcer que 6,5 kg. d'air par kg. de charbon à travers la couche de combustible, quelle que soit la vitesse du tirage. Quand la quantité d’air fournie dou- ble, la vitesse de combustion est doublée; quand elle quadruple, la vitesse de combustion est quadruplée, et ainsi dé suite, le poids d’air par kg. de charbon brülé 1. Va. H. Maxninc : Yearbook ofthe Bureau of Mines, 1916, p. 72et suiv.; Washington, 1917,— Voir aussi H.-KRrEIsIN- GER, E. E. Auçusmine et F. K. Ovirz: Combustion of coal and design of furnaces. 1 vol. de 144 p. Washington, 1917, REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES restant constant et égal à 6,5 kg. Cela indique que la vitesse de combustion est proportionnelle à la vitesse de l'air àtravers la grille. Cette relation se vérifie pour tous les combustibles, y compris l’anthracite et le coke. Quand la couche de combustible est horizontale et épaisse de 7,5 em. au moins, la moitié de l'air néces- saire à la combustion complète du charbon doit être amenée au-dessus de la couche et aussi près que possi- ble de celle-ci, sous forme de plusieurs petits jets doués d’une grande vitesse pour faciliter le mélange. Les gaz combustibles s’élevant de la couche représentent 40 à 60 °/, dé la valeur calorifique totale du charbon ; on peut donc dire qu'en moyenne la moitié de la combustion du charbon a lieu dans la couche de combustible et l’autre moitié au-dessus. Le degré de combustion des gaz dépend principalement des dimensions de l’espace de combustion. Des char- bons de compositions différentes nécessitent des espaces de combustion différents pour le même degré et la même vitesse de combustion. En gros, l’espace de combustion doit être proportionné au produit du pourcentage de la matière volatile par sa qualité, cette dernière étant indi- quée par le rapport du carbone volatil à l'hydrogène utilisable. Les dimensions de l’espace de combustion sont aussi approximativement proportionnelles à la te- neur en oxygène du charbon exempt d'humidité et de cendres. , Le pourcentage de l'excès d'air donnant les meilleurs résultats dans un appareil producteur de vapeur varie avec les dimensions de l’espace de combustion et la na- ture du charbon. De deux foyers brülant le même com- bustible, mais possédant des espaces de combustion différeuts, celui qui a le plus grand espace donne les meilleurs résultats avec le plus faible excès d’air. De deux foyers de mêmes dimensions brûlant des charbons différents, celui qui consomne le charbon qui a la plus faible teneur en matières volatiles et en oxygène donne les meilleurs résultats avec le plus faible excès d’air. La matière volatile quitte la couche de combustible à l'état de composés hydrocarburéseomplexes, qui, à la pression atmosphérique et à la température ordinaire, 1 34 - CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE rm seraient à l’état liquide ou semi-liquide, En l'absence de la quantité d'oxygène suflisante pour leur combus- tion complète, ces goudrons sont rapidement décom: posés par la température élevée en suie et gaz légers tels que H et CO. La formation de CO est due à Ja présence de CO? et à un faible apport d’O. A la distance de 30 à 60 em. de la couche de combustible, on ne trouve qu'une petite quantité d'hydrocarbures à l’état gazeux, liquide ou solide. La substance solide présente dans les flammes n’est que de la suie avec une trace de gou- drons, Tousles hydrocarbures sont instables à la haute température des foyers et, s'ils ne sont pas mêlés rapi- dement quand ils distillent à une quantité d'air sufli- sante pour assurer leur combustion complète, ils sont rapidement décomposés avec dépôt de suie. Il est donc inutile de rechercher des hydrocarbures à une certaine hauteur au-dessus de la couche de combustible; le mé- thane, qui est peut-être l'hydrocarbure le plus stable, ne se trouve qu’à l’état de traces à 30 cm. au-dessus. La pré- sence d'oxyde de carbone dans les gaz des fours n’est pas due à la diflicultéde le brûler, mais à sa formation constante par réaction entre la suie et GO?. C'est la raison pour laquelle on trouve encore CO dans les gaz des fours après que toutes les autres formes de combus- tibles ont pratiquement disparu. La suie, qui est le principal constituant de la fumée, se forme à la surface de la couche de combustible par chauffage des hydrocarbures en l'absence d'air. Elle ne se produit pas par contact des hydrocarbures avec les surfaces refroidissantes de la chaudière. D'ailleurs, dans les conditions habituelles de fonctionnenent, une faible trace des hydrocarbures atteint seule la surface du bouilleur, et tout hydrocarbure qui y parvient est préservé de la décomposition par le refroidissement. Les surfaces refroidissantes ne causent donc pas la for- mation de la suie; elles servent surtout de collecteurs à la suieet empêchent sa combustion. La-suie ou la fumée se forme à la surface de la cou- che de combustible en l’absence d'oxygène. Donc, pour prévenir sa formation, il faut mêler une quantité d'air suflissante à la matière volatile au moment de sa dis- tillation, Tout air amené ensuite est ajouté trop tard. En d’autres termes, pour obtenir une combustion sans fumée, la distillation de la matière volatile doit sepro- duire dans une atmosphère fortement oxydante. C’est l'une des principales raisons du succès de la plupart des ajusteurs mécaniques dans la combustion sans fu- mée des charbons gras. En se basant sur ces résultats, le Bureau des Mines américain a déterminé les formes et les dimensions les meilleures à donner aux foyers des chaudières. $ 2. — Physique Propriétés des métaux soumis à l’action es rayons ».— Lorsque des rayons « viennent frap- per une lame de métal isolée, disposée dans un vide poussé, on sait que la lame s'électrise positivement. L’électrisation peut être attribuée, d’une part, à la charge positive transportée sur le métal par les parti- cules z, d'autre part, à la charge négative éliminée par les électrons émis (rayons ô). Les vitesses des électrons qui constituent les rayons Ô varient dans de très grandes limites!, depuis des vi- tesses très faibles jusqu'à des vitesses si élevées qu'un champ retardateur de 1.700 volts par em. ne suflit pas à les annuler. Le nombre des électrons émis varie avec la vitesse des rayons z incidents d’une manière analogue à l'ionisation des gaz tout d’abord étudiée par Bragg: quand la vitesse des rayons z diminue, le nombre des électrons à augmente jusqu'à un certain maximum, puis déeroît rapidement et Llombe à zéro. On a étudié la manière dont se comportent les diffé- rents métaux sous l'influence du bombardement parles XXXVE, FRERE RESER IIS CREER Ent 14. Buonsreao : Americ. Journ, août 1915, of Svience, t. rayons « et on a fait la constatation plutôt surpre= « nante que tous les métaux étudiés donnent des cour- bes d’ionisation pratiquement identiques !. La charge prise par un métal déterminé, sous certaines condi- tions, varie avec la nature du métal, mais la forme des courbes est la mème pour tous. Ce résultat n’est pas analogue à celui qu'on obtient avec les gaz, qui donnent des courbes différentes, le maximum étant d'autant plus prononcé que le poids atomique du gaz est plus faible. On a observé également, au cours de ces recherches, qu'immédiatement après qu'on vient de réaliser un vide élevé, le courant total des rayons à est considéra- blement plus grand qu'au bout d’un certain temps, On a noté une diminution progressive qui peut atteindre 30 0/, après deux jours de vide. ; h) | La façon analogue dont se comportent des métaux différents et la diminution progressive du courant d'io- nisation conduisent à l'hypothèse que lés rayons ô ne sont pas dus à une ionisation métallique, mais plutôt à une couche de gaz fixée sur la surface du métal. On pourrait raisonnablement admeitre que cette couche est la même pour tous les métaux après expositionà l’air et qu’elle est réduite par un vide prolongé. Buns- tead et Me Gougan ont essayé d’enlever cette couche résiduelle de gaz par chauffage prolongé d’une lame de platine dans le vide élevé obtenu avec une pompe Gaede ; ils ontobservé une diminution du courant d’en- viron 30 °/., mais la forme de la courbed’ionisation ne |" change pas. Campbell? indique qu'après un -échauf- fement prolongé l'effet disparaît entièrement et qu'on rétablit le métal en son état primitif simplement en - l'exposant à l'air. Dans des expériences plus récentes, Pound % a constaté qu'une surface de métal distillée dans le vide perd entièrement la propriété d’émettredes rayons 0. À 7@ M.A. G. M. Gougan s’est proposé d’élucider ce point particulier, relatif à la nature de la couche superficielle … du métal : 1° en raclant la surface du métal maintenu dans un vide élevé, de manière que le métal présente toujours une surface fraiche à l'incidence des rayons «; 2° en renouvelant une surface de mercure qu'on fait déborder. . Sans entrer dans les détails relatifs à la technique des expériences, pour lesquels nous renvoyons au mémoire, contentons-nous de citer les résultats obtenus : Le courant constitué par les rayons à qu'émet un mé- tal sous l'influence du bombardement par les rayons & dans un vide élevé diminue quand on racle la surface avec une lame d’acier en même temps qu’on maintient le vide : la réduction obtenue varie de 6 °/, pour le pla- tine à 33 /, pour le plomb. La réduction réalisée dans l'émission des rayons Ô n’est pas permanente; l’émis- sion augmente peu après que la surface du métal a été raclée et reprend sa valeur primitive au bout d'un jour. environ. ; KA L'émission de rayons par une surface de mercure. ne varie pas quand on fait déborder le mercure. L'é- mission est pratiquement la même que pour les autres métaux. +, 4 Les résultats expérimentaux obtenus semblent indi= quer que l'émission des rayons Ô est due à une couche gazeuse localisée à la surface du mélal, sans qu'on puisse préciser si cette couche provient, par diffusion, de l’intérieur du métal, ou résulte de la condensation de molécules provenant de l'atmosphère résiduelle am biante, ” + pa A. B. Conductibilité de l'eau de mer pour les cou- rants de fréquente radiotélégraphique. — Les ondes électromagnétiques, en se propageantau M 1. Bunsrean et Mc Goucax : Americ. Journ, of Sctence, t =" XXXIV, oet. 1912. + ! 2.Camvsece : Phil, Mag.,t. XXVIIE, août 1914. " $: Pouno : Phil, Mag., &, NXN, oct. 1915. | mn &. À. Gr. Me Goucan: Physical Review, % série, t, XI p. 122-129; audt 1918. i ‘dessus du sol, subissent une diminution d'amplitude ë "mesure qu'elles s'éloignent du poste d'émission. Cet, diminution est due principalement à la conduetibilit - des substances qui constituent la croûte terrestre. Au dessus de la mer, pour le même poste d'émission, les … amplitudes sont toujours plus fortes qu’elles ne le se- raient si l'on supposait la-sphère terrestre constituée par des corps infiniment bons conducteurs. Comme la plupart des postes de T.S. F. rayonnent au-dessus des océans, il y a grand intérêt à connaître la eonductibilité de l’eau de mer pour les courants de haute fréquence. M. Balth van der Pol! a mesuré cette conduc- tibilité et obtenu les résultats suivants : Si. l'on représente par 5, la conductibilité relative à des courants de basse fréquence (longueur d'onde inli- _ nie), par > celle relative à une fréquence correspon- dant à une longueur d'onde de x mètres, M. van der Pol - trouve : 33400 — 1,001 7% 1870 070095 71070 13002 7 7 Goo — 1,008 7% La 275 == 1,002 To Pour toutes les fréquences utilisées en T.S. F., on ® peut donc admettre que la conductibilité de l’eau de mer D 0,0377 mho par em: em? ou 3,77. 10 —!U. E. à . La conductibilité variant beaucoup avec la tempé- rature et la nature de l'échantillon, on peut admettre —… qu'elle est comprise entre 1 et 5.10-l! et c'est dans cet in- … tervalle qu'on devra prendre la valeur numérique qui - pourra servir de base. à une théorie de la propagation - des ondes électromagnétiques sur la mer. $ 3. — Chimie biologique Etudes biochimiques sur le liquide des ur- nes le Nepenthes. — On sait que les insectes em- … prisonnés dans les urnes de Wepenthes sont peu à peu . digérés par le liquide sécrété par les parois. On a - trouvédans ce liquide une protéase et parfois des bac- … téries; auquel de ces agents doit-on attribuer le phé- …— nomène de digestion? M. J. S. Hepburn vient d’en faire _ une élude séparée?. j - Ila soutiré le liquide d’urnes non excitées, d’une . part, et d’urnes excitées mécaniquement par des sub- . stances chimiques inertes, d'autre part. Puisil a entre- » pris des expériences de digestion £a vitro à 37° C. en - présence d’une substance bactéricide (fluorure de so- . dium ou tricrésol). Des expériences de contrôle ont été . faites avec un liquide d'urne préalablement soumis à _ léballition, _ Pour déceler la protéase, l’auteur a utilisé les réac- … tions suivantes : 1° la titration au formol de Sürensen; -2° la digestion de : carmine-fibrine, édestane, protéane - dela globuline de graine de ricin, ricine (de Jacoby); 3 le clivage du glycyltryptophane. — Dans le premier cas, le liquide des urnes excitées di- ère toujours le substratum, tandis que celui des wénes n stimulées ne ledigère pas, comme l'indique la titra- n au formol. - La carmine-fibrine est digérée par la liqueur des deux gories d’urnes en présence de 0, 2 °/, de HCI, mais pas par le liquide des urnes non excitées, en l'absence d'acide. En présence d'HCI très dilué, l'édestane est di- géré par le liquide des urnes stimulées et aussi, quoi- que à un moirdre degré, par celui des urnes non stimu- lées. Le protéane de la globuline de graine de ricin est généralement dissous par le liquide des deux catégo- … ries d’urnes, en présence de HCI très dilué, et il en est de mème pour la ricine. 1. Philosophical Magazine, 6e série, t. XXXV, p. 88-94: juillet 1918. ” 2. Proc. Amer.Philos. Soc., t. LNH, p. 112-119; 1918: CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 3523 Le liquide des urnes excitées a hydrolysé en partie le glycyltryptophane après 28 jours d’incubation. Le liquide soutiré d’urnes non ouvertes ne contient pas de bactéries ; on en trouve une certaine quantité dans le liquide des urnes partiellement ouvertes, mais où aucun insecte n’a pénétré, Dans les urnes actives ouvertes, contenant des restes d’insectes, l’auteur a trouvé de 48.000 à 8.000.000 de bactéries (bätonnets) par em* de liquide, Ces organismes digèrent généra- lement les protéines (caséine, albumine d'œuf, carmine- fibrine, édestine, ricine), mais très lentement, [ls décom- posent les composés organiques azotés plus simples (glycocolle, acétamide, asparagine, lactate d’ammo- nium): La lenteur de la protéolyse par les bactéries conduit M. Hepburn à la conclusion que la protéase du liquide des urnes est le facteur principal dela digestion des in- sectes par ces dernières, Des résultats analogues ont. été obtenus avecles Sarracenia. $ 4. — Agronomie Les plantations de caoutchouc en Malaisie. — L'énorme et brusque accroissement de la production du caoutchouc de plantation depuis les premières an- nées du xx: siècle est un des faits économiques les plus curieux. Le graphique ci-dessous est extrait d’une ré- cente statistique, publiée par le Bulletin de la Chambre } de Commerce française de Liverpool et reproduite par le Bulletin de l'Ofjice colonial: Ce rapide accroissement explique pourquoi le caoutchouc est une des rares ma- tières premières dont le prix n’a pas haussé pendant la guerre. Plus dela moitié du caoutchouc de plantation est produite par la Malaisie britannique, qui a livré 99.063 tennes en 19161. Ce sont les Etats fédérés malais Milliers de tonnes Fig. 1.1— Production comparée du caoutchouc de cueiltette et du caoutchouc de plantation (1907-1917) qui sont les plus gros producteurs (62.564 tonnes), et principalement les Etats de Selangor (26.163) et de Perak (23.421.) La seule île de Singapour produit davan- tage que la Péninsule tout entière il y a onze ans, et le Selangor et le Negri Sembilan produisent plus de caoutchouc que toute l'Amérique du Sud. Depuis trois ans, l’Etat de Johore augmente sa production d’en- viron 5.000 tonnes par an. L'étendue de la superficie couverte par les heveas n’est pas exactement connue, NM et She (228 1. Bulletin économique de l'Indo-Chine, n° 126 P. h18- #20: juillet-août 1917. 36 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mais elle doit dépasser 400.000 hectares, et en prenant un rendement moyen de 453 kg. par hectare, on peut prévôir une production d'environ 180.000 tonnes dans cinq ou six ans. Cette culture nouvelle a été provoquée par une forte baisse dans les prix du café, autrefois production prin- cipale de la Malaisie, coïncidant avec Ja diminution des caoutchoues de cueillette africains et avec l'extension de la demande de cetie matière première. Bien que la culture de l’hevea, en Malaisie, remonte à 1877, époque à laquelle quelques arbres furent envoyés des jardins de Kew à Singapour, les premières plantations ne da- tent que de 1895, et l'exportation débuta seulement en 1904. Un des problèmes qui préoccupent le plus les planteurs est celui de la main-d'œuvre, En 1916, on comptait 196.000 coolies travaillant sur les planta- tions, dont 160.000 Hindous; les autres travailleurs sont en majorité des Chinois. En comptant un coolie pour 121 ares, ce qui est plutôt un minimum, il faudrait dans un avenir prochain au moins 350.000 à 400.000 ouvriers, alors que la main-d'œuvre hindoue devient de plus en plus difficile à obtenir par suite des entraves apportées à son recrutement par le Gouvernement des Indes: Quant aux coolies javanais, ils se font plus volontiers plan- teurs, ; Le Gouvernement des Etats fédérés malais a créé ré- cemment un Comité consultatif des planteurs, qui rend de grands services en aidant de ses conseils le Départe- ment d'Agriculture. Le Comité s'est principalement con- sacré à l’étude des méthodes de saignée, à celle des maladies de l’hevea, de la culture des arbres et du traitement du sol; il réclame la création d’un Bureau de statistique. En vue de réduire la concurrence, l'Etat vient de décider qu'aucun étranger, à l’exceplion des Anglais et des sujets des Etats fédérés, ne pourrait ob- tenir de concession de terrains d’une superficie supé- rieure à 20 hectares 23. \ Pierre Clerget, Directeur à l'Ecole supérieure de Commerce-de Lyon. $ 5. — Zoologie La formation des fils de soie. — M. E. Hira- zuka vient de faire connaître les résultats des recher- ches qu'il a poursuivies sur ce sujet à la Station sérici- cole de Nakano, au Japon!. Il à reconnu que la soie liquide emmagasinée dans la glande du ver à soie se compose de deux substances colloïdales au moins en suspension dans un fluide non albumineux. La transformation de la soie liquide en soie solide parait être un processus de coagulation. Si l’on conserve une certaine quantité de ce liquide, il se coagule spontanément, et ce processus est fortement accéléré par des actions mécaniques (tension, compres- sion) ou par l'addition d’une trace d’acide, même CO?. Le chauffage à l’ébullition provoque également la coa- gulation, et comme celle-ci a lieu aussi en présence de cyanure de potassium, cette transformation ne parait pas dépendre de l'action d’une enzyme. L'auteur considère done la soie liquide comme une émulsion concentrée de substance séricigène à l'état sursaturé instable, et la solidilication comme un pro- cessus de nature physique, Par des mouvements d’ex- tension, la soie liquide peut être allongée en un filament semi-gélatineux qui, parélongation ultérieure prudente, se coagule et forme un fil identique d'aspect et de struc-. ture à celui qui est filé parle ver à soie, Il y a lieu de remarquer d'ailleurs que, pendant le filage naturel, la tête du ver se meul constamment à gauche et à droite, ce qui engendre une tension sur la soie qui sort de la filière, 1. Bull, Imp. Serie, Exp. Station, Nakano, t. 1, p. 203-221; 1918, $ 6. — Physiologie Ee rôle des graisses danslalimentation.— On sait que l'alimentation de l’homme normal doit com- prendre trois catégories de principes : protéines, hydra- tes de carbone et graisses. Tandis que les besoins minima du corps dans les deux premières catégories ont fait l'objet de nombreuses recherches, on s’est fort peu occupé des besoins exacts de l'organisme en graisses. La restriction des approvisionnements en corps gras qui se produit dans la plupart des pays de l'Europe comme une conséquence de la guerre confère aujourd'hui une importance considérable à cette question, ce qui a engagé l’éminent physiologiste anglais E. H. Starling à lui consacrer un examen détaillé!. D'après lui, la nécessité absolue de la graisse pour l’organisme ne ressortirait pas des expériences de labo- ratoire, car on sait que lecorps est capable de fabriquer de la graisse aux dépens des hydrates de carbone don- nés en excès des quantités correspondant à la pro- duction de l’énergie. Mais cela ne signifie nullement que la graisse peut être absente d’une ration normale, La graisse est très assimilable; elle est presque entièrement absorbée au cours de son trajet dans le canal digestif, et sa digestion et son absorption sont beaucoup plus lentes que celles des hydrates de carbone. Aussi un repas exempt de graisse manque de « pouvoir de sta- tionnement ». De plus, la graisse est absorbée dans une forme plus concentrée que les hydrates de carbone, et, poids pour poids, elle possède une valeur calorifique plus qué double. Le canal digestif de l’homme semble s'être développé pour un régime dans lequel 20 à 250} de l’énergie se présente sous forme de graisse; pour obtenir la même énergie avec des hydrates de-carbone, il faudrait que le canal digestif soit beaucoup plus long. D'ailleurs, la surcharge des intestins par des hydrates de carbone provoque chez la plupart des individus des ferméntations anormales, la production de gaz et un malaise général. ! Pour ces raisons, M. Starling conclut que la graisse estun ingrédient essentiel de l'alimentation de l’homme. Comme les expériences habituelles de laboratoire, de courte durée, ne sont pas propres à l’étude des relations. entre la quantité de graisse nécessaire et les besoins d'énergie de l'individu, l’auteur s’est adressé à la mé- thode statistique, tout en reconnaissant les limites de ses indications. Il a ainsi trouvé que, dans le régime de l’enfant au sein, la graisse fournit plus de 50°), de l'énergie totale; après le sevrage et jusqu'à 6 ans, 35 ‘/,; à partir de 6 ans, 20 à 250/,, pourvu que la production d'énergie de l'organisme ne soit pas éxcessive. Ce dernier chiflre peut être augmenté, par exemple jusqu'à 35 °/,, sans effetnuisible ; le chiffre de 20 °/, doit être considéré comme un minimum, Quand les besoins de l'organisme (par suite d’un travail pénible) s'élèvent, la proportion de graisse doit atteindre 30 à 4o °/s. $ 7. — Géographie et Colonisation La Mission de délimitation Afrique Equa- toriale KFrançaise-Cameroun, dirigée par l'administrateur L. Périquet, de 1912 à 1914. — Lorsque l'Allemagne, ‘ayant adopté une poli- tique coloniale, s'était efforcée d'acquérir des posses- sions en Afrique et d'étendre sa domination jusqu'au cœur du continent, les grandes puissances coloniales voisines avaient dù se prémunir contre toutes les pré- tentions germaniques. Au sujet du Cameroun notam- ment, la France et l'Angleterre durent conclure des accords qui ne furent pas sans soulever des difficultés et entreprendre à la suite des travaux de délimitation, Au point de vue scientifique, ces opérations sur le ter- rain fournirent des occasions de faire des reconnais- sances détaillées et de sérieuses études de territoires jusque-là inconnus, 1, British Medic Journ., 1918 [IT], p. 105-107. x É. L # ? “PTT CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 37 Rappelons d’abord quelles furent les premières mis- sions françaises de délimitation des frontières de l’Afri- “que Equatoriale Française et du Cameroun. Le Dr Cureau - et M. Laurent, administrateurs des Colonies, avaient déjà, en 1900-1901, procédé, du côté français, à la déli- … mitation d'une partie de la frontière méridionale, mais non de cette frontière entière, dont les limitesavaientété fixées par les conventions du 24 ‘décembre 1885 et du 4 février 1894. En raison des diflicultés survenues, la France et l'Allemagne avaient décidé, en 190, de pro- céder à une vérification complète de toute la frontière méridionale et orientale. Deux missions françaises furent chargées de régler, de concertavec deux missions allemandes, les conflits existants. Le commandant Moll fut chargé de la délimitation de la frontière orientale du Cameroun et lecapitaine Cottes de celle de la frontière sud. A leur retour, une Conférence franco- * allemande consacra certaines rectifications de frontières par une Convention du 18 avril 1908, et deux nouvelles missions furent envoyées sur place : l’une, conduite par M. Eugène Brussaux, administrateur des Colonies, ancien “membre de la mission Moll, fut chargée d'opérer de Koundé jusqu’au Chari; l’autre, dirigée par le capi- taine d'artillerie coloniale Périquet, opéra de la frontière de la Guinée espagnole jusqu’à Koundé,. Ces diverses missions, grâce aux recherches de tout genre auxquelles elles se livrèrent en même temps qu’elles accomplissaient leur fonction politique, appor- tèrent de nombreuses connaissances nouvelles sur tous . - les pays traversés. Il en a été de mème de la nouvelle _ mission du capitaine Périquet, dont nous nous propo- sons de parler spécialement aujourd'hui; elle a été une véritable exploration scientifique, comme celle du com- mandant Tilho, de 1906 à 1909. pour la délimitation de la frontière franco-anglaise du Niger au Tchad. Les appétits coloniaux de l'Allemagne ne s'étaient pas arrêtés malgré les traités conclus par elle, et la France avait dû, pour conserver la faculté d'établir son protectorat sur le Maroc, consentir à l'Allemagne, par la - Convention du 4 novembre 1911, l'abandon de deux grandes étendues de territoire dans l'Afrique Equato- riale ,ce qui morcelait celle-cien trois tronçons.M.Auguste Chevalier a exposé, dans un important article publié dans celte revue, l’état et la valeur des territoires _ cédés à l'Allemagne, en même temps que l'avenir de ceux que nous gardions !. C’est pour procé- der à la délimitation de la nouvelle frontière que fut encore organisée une mission dont la conduite fut con- fiée au capitaine Périquet,. qui, avant son départ, laissa l'armée et partit comme administrateur de 1° classe des _ Colonies. M. Périquet avait une connaissance approfondie de la. région où il allait opérer, acquise au cours des mis- sions quil y avait précédemment remplies. Il avait fait partie, en 1906-1907, de la mission Lenfant dans le Haut-Logone, mission qui avait eu pour objet l'étude géographique, appuyée sur des calculs astronomiques, de deux grands blocs de territoires, constitués par la Haute-Sangha d'un côté, et par le pays compris entre le Bahr-Sara et le Logone de l’autre. En 1908, il avait été chargé de la délimitation d’une partie de la frontière du # Cameroun, mission dont nous venons de parler, et en . même temps de l’étude d’une ligne télégraphique de EX -Ouesso à Brazzaville. En 1910, il retourna dans les mêmes régions avec le capitaine Crépet, pour faire des reconnaissances en vue de l'établissement d’une voie ferrée dans le nord du Gabon; il avait déjà fait choix d’un tracé et il était retourné dans la colonie, en octo- bre 1911, pour en préparer l’avant-projet, quand, l’ac- , cord franco-allemand venant d’être signé, il dut cesser ; ces études qui portaient en partie sur des territoires U 1. AUGUSTE CnevaLier : Les richesses du Congo français. La valeur des territoires cédés à l'Allemagne, l'avenir des terri- toires qe nous gardons (Revue générale des Sciences, 15 juil- let 1912, p. 497-506, avec une Carte économique du Congo français etdu Cameroun allemand au 1/6,500.000c), que l’on venait d'abandonner. Le capitaine Périquet se trouvait donc tout à fait désigné par ses travaux anté- rieurs pour remplir la nouvelle mission qui lui fut con- fiée en 1912 et il était des mieux à même de faire profi- ter la science des reconnaissances qui allaient être entreprises et de guider les recherches de ses collabora- teurs. Ajoutons que le capitaine Périquet avait déjà dressé deux cartes en plusieurs feuilles, dont l’une avec lc capitaine Crépet, de toutes les contrées qui entou- raient, à l'est et au sud, la colonie du Cameroun !. La connaissance des travaux accomplis par la mis- sion Périquet et des résultats scientifiques qu'ils ont donnés, offre aujourd’hui un intérêt d'autant plus grand que le Cameroun, dont la conquête s'est achevée en février 1916, est désormais entré dans le domaine de la France et de l'Angleterre, dont il ne saurait sortir à aucun prix. Un accord provisoire en a réparti l’admi- nistration entre les deux puissances, en attendant que cette distribution territoriale soit présentée comme défi- nitive. À l'Angleterre a été attribuée une zone étroite s'étendant, en bordure dela Nigéria, du golfe de Guinée jusqu’au Tchad; tout le reste du Cameroun est laissé à la France, qui y retrouve tout ce dont elle avait été dépouillée en 1911. Sur ce vaste territoire dit du nouveau Cameroun, qui s’en allait toucher par deux antennes au Congo et à l’'Oubangui, sur toutes les contrées voisines de l’ancienne frontière, les travaux de la mission Périquet nous apportent de précieux ren- seignements qui pourront nous guider pour la mise en valeur de notre Afrique Equatoriale agrandie. La mission française comprenait un assez grand nom- bre de membres, ofliciers et sous-officiers, qui étaient partis dans le courant du second semestre de 1912, etles travaux sur place avaient pu être commencés par elle en décembre. Elle avait été divisée en deux sections : l’une chargée de la frontière Sud-Cameroun, et placée sous la direction du capitaine Crépet; l’autre, pour l'Est-Cameroun, conduite par l’administrateur Périquet. Chacune de ces sections était divisée elle-même en deux expéditions, ce qui faisait en réalité quatre groupes ou brigades. Les travaux ont duré une année environ. Nous n'insisterons pas sur le détail des opérations de la mission, désirant surtout faire ressortir ses prin- cipaux résultats scientifiques. La mission a recueilli de très nombreux documents géographiques et, en particulier dans les bassins de la M'Poko, rivière qui se jette sur la rive droite de l’Ou- bangui auprès de Bangui, et de ses affluents, M’Bali, M'Bi, Pama, M. Périquet a fait une exploration entière- ment nouvelle, Entre le cours de la M'Bi et celui de la Pama, par exemple, il s’est avancé à l’ouest de Bangui, dans l’Afrique Equatoriale, à travers une bande de ter- ritoire, large de 80 à 100 kilomètres en moyenne, abso- lument inexplorée, et dont la population baya ne con- naissait pas encore les Européens. Mais la mission devait rapporter également des do- cuments scientifiques de tout ordre. Conformément aux instruclions données par le Ministre des Colonies, les connaissances techniques du personnel de la mission allaient être utilisées pour réunir la documentation scientifique la plus complète possible sur les régions frontières devant rester françaises, aux points de vue météorologie, climatologie, minéralogie, géologie, bota- nique, zoologie, ethnographie, anthropologie, linguisti- que, microbiologie. Les premiers volumes déjà impor- tants qu'a fait paraitre M. Périquet sur les travaux de sa mission, sous le titre de Rapportgénéral®,sont venus 1. Afrique Equatoriale Française. Carte de la région Logone-Ouahm-Lobaye-Sangha, établie d'après les travaux dela mission du Haut- Logone et des missions de délimitation et d'abornement Congo-Cameroun. 1/500,000*. Paris, H. Bar- rère, $ feuilles. — Carte de la région nord du Gabon. D'après les travaux de la mission d'étude du chemin de fer Libreville- Sangha (Chemin de fer du nord) 1910-1911, dirigée par les capitaines PériQuer et GréPer, et le sergent Deposr, de l'infanteriecoloniale. 1/500.000c. Paris, H. Barrère, 4 feuilles. 2, Ministère des Colonies. L, PÉRIQUET, administrateur 38 témoigner des remarquables efforts accomplis par tous ses membres, 6 Dans le tome [°° du Rapport sont exposés les travaux fondamentaux accomplis par la mission en matière de géographie physique; cesont ceux relatifs aux observa- tions astronomiques et aux levés topographiques devant servir à l'exécution des cartes. Ces travaux, qui répon- dajent au but même de la mission, n'ont d’ailleurs pas été limités à la! seule ligne de la frontière; des recon- naissances étendues on1, en effet, été effectuées en de- hors de la zone frontière dans des régions inexplorées. Appuyés sur 165 positions astronomiques nouvelles, dont 147 complètes (latitude et longitude), les levés to- pographiques opérés sur environ 23.000 kilomètres d'itinéraires, ont permis l'établissement de deux cartes : l'une à l'échelle de 1/200.000°, en 22 feuilles, qui re- présente la région immédiatement voisine de la fron- tière; l’autre, au 1/500,000°, qui, s'étendant jusqu’à une grande distance dela frontière, intéresse la cartographie générale de l’Afrique Equatoriale Française, Pour la constitution de cetle carte au 1/500.000€, M. Périquet avait à tenir compte de toutes les cartes semblables déjà existantes pour se raccorder avec elles. Ces cartes se réduisaient à trois : celle de la mission Tilho, à la même échelle, qui représente la région du Tehad; celle de la mission du Haut-Logone (mission Len- fant) et de la mission d’abornement Congo-Cameroun, due au capitaine Périquet lui-même; celle de la mission Périquet sur toute la région septentrionale du Gabon. La carte de la mission Tilho ayant utilisé les travaux les plus récents, il n'y avait qu’à se raccorder à elle sur sa limite méridionale. Quant aux deux autres, elles ont été remaniées et vont être remplacées par une nouvelle carte en 8 feuilles qui s’appuiera partout sur l'ancienne frontière qu'il s’agissait de délimiter et se raccordera au nord avec la carte Tilho. Tout cet ensemble constituera la base de la future carte au 1/500.000° de l'Afrique Equatoriale Française, mais, bien entendu, aujourd'hui elle devra déborder par delà l’ancienne frontière pour englober les territoires conquis, et ilestbon d'ajouter que la première des deux cartes du capitaine Périquet citées ci-dessus donnait, du côté de l’ouest, des parties du ter- ritoire allemand. Le Rapport de M. Périquet offre aussi cet intérêt de contenir, en dehors de l'exposé des résultats de la mis- sion, l'examen de la méthode per laquelle ils ont été acquis, de telle sorte qu'il fournitd'utiles enseignements pour les missions analogues d'étude, de reconnaissance, d'exploration ou de délimitation, pour tout ce qui se réfère à l'astronomie, à la radiotélégraphie, à l’altimé- trie, à la topographie. En ce qui concerne la flore et la faune, les cultures et l'élevage, pour l'étude desquels le ministre des Colo- nies avait prescrit d'utiliser les capacités techniques des divers membres de la mission, M, Périquet a pu réunitune importante documentation qui permet d’ap- précier avec exactitude les richesses de l'Afrique Equa- toriale Française et de juger de son avenir, Deux des zones de végétation caractéristiques en Afrique, forêt ou zone deslianes, zone du karité ou des savanes, ont été étudiées, et le Rapporténumère, scien- lifiquement dénommées et classées, toutes les familles et espèces qui ont été rencontrées, en ajoutant toutes les notions d'ordre pratique nécessaires. Seule est lais- sée de côté la zone des acacias, rencontré au Territoire militaire du Tchad où la mission n’a pas pénétré. L'exploitation de la richesse forestière de l'Afrique Equatoriale Française est l’une des questions dont la des colonies, chef de mission : Rapport général sur la mis- sion de délimitation Afrique Equatoriale Krançaise-Cameroun (1912-1913-1914). Paris, Imprimerie Chapelot, 8 vol. gr. in- 8°, seuls parus.— Tome If", As/ronomie, Topographie, Alti- métrie, Radiotélégraphie; 1915, 138 pages avec grav., plan- ches et cartes, — Tome IT, La flore et la faune en Afrique quatoriale Française, Culture et animaux domestiques: 1916, pages, avecgrav. etpl., 1 carte, — TomelIV, Vocabulaires, 15, S4 pages, { grav., 1 carte, 1 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mission s'est particulièrement occupée, et l’onsait quelle haute importance présentent certains produits, caout- chouc et palmier à huile notamment, et quelle est la valeur considérable des bois du Gabon, M. Périquet a donné de précieuses indications sur les mesures néces- saires à prendre pour assurer la conservation et l’ex- tension de cette richesse. De nombreux renseignements utiles ont été rappor- tés aussi par la mission sur les principales cultures pra- tiquées dans la colonie.Mais la nature du sol et le eli- mat ne sont pas les seuls éléments qui agissent sur les cultures, il faut tenir compte aussi du caractère des ra-- ces qui vivent dans le pays; les considérations que M, Périquet présente à cet égard permettent de se ren- dre compte de ce qu’il convient de faire pour amener l'indigène à nous apporter une aide plus eflicace, La faune ,a été étudiée au point de vue zoologique, mais s’il n'a pas été donné un inventaire complet des espèces, néanmoins toutes celles qui ont été rencon- trées dans leur zone d’habital ont été relevées. L'étude de la faune a d’ailleurs été surtout dirigée dans un sens pratique et des développements ont été donnés sur la chasse, la pêche et l’utilisation d'animaux sauvages et deleurs dépouilles. La mission s’est nécessairement oc- cupée aussi des animaux domestiques et elle a montré quelles étaient les possibilités de l'élevage. En somme, comme le dit fort justement M. Périquet, « la culture et l'élevage en Afrique Equatoriale Française sont appelés au plus brillant avenir dès qu'ils’y trouvera des colons résolus à donner à leurs animaux et à leurs plantes les soins appropriés au climat et au sol et à tirer parti de l’eau vivifiante autrement que suivant le hasard des cours d’eau et des saisons ». En ce qui concerne les populations rencontrées, elles ont toutes été étudiées au point de vue anthropologi- que. Le D' Ringenbach, membre de la mission, a fait plus de 150 observations anthropométriques complètes, mensurations comprises. ; Sur l’ethnographie, la mission a pu rapporter une documentation étendue et variée, grâce à la méthode de travail employée. Tous les collaborateurs dela mission, ofliciers etsous-ofliciers, avaient reçu des questionnaires fort bien établis avant le départ par le Dr Ringenbach et dans lesquels les sujets se trouvaient répartis d’après les aptitudes et le degré d'expérienceacquise de chacun. Toutes les matières relatives à l'ethnographie auront ainsi été envisagées et les résultats obtenus se trouve- ront être beaucoup plus complets que sil’on avait laissé chacun libre de faire des recherches à sa convenance. Il n’aété publié jusqu'ici, sur les populations, qu'une étude sur les langues ouidiomes parlésen Afrique Equa- toriale, qui forme le volume IV du Rapport de M. Péri- quet. Les vocabulaires de 15 langages différents y sont relevés, dans un but utilitaire autant que scientifique, de façon à connaître les motsles plus usuels pour nos relations avee les indigènes, Les langues parlées parles … peuplades de PAfrique Equatoriale sont très variées, mais en réalité le nombre des races distinctes est assez faible, la multitude de dialectes résultant de la dissé- mination des populations primitives à travers les diver. ses régions. En dehors de l’ethnographie etde la botanique médi- cale dontil s’est spécialement oceupé, le D' Ringenbach s’est appliqué aussi à recueillir tous les documents in- téressant la distribution géographique de la maladie du sommeil et des glossines, de la Sangha à l'Ouahm, continuant ainsi les recherches qu'il avait entreprises au Congo depuis 1908 comme membre de la mission d'élude de la maladie du sommeil. De son côté, le D' Guyomarc’h a, sur la frontière du Gabon, rassemblé de nombreux documents sur la filariose. La mission dirigée par M; Périquetiavec une haute compétence, comme explorateur et géographe et comme administrateur, aura donc été une importante œuvre scientifique, très profitable pour notre grande colonie africaine, Gustave Regelsperger. La loi du 10 juilleti1896, qui a créé les Uni- _ versités françaises, marque une date impor- » tante dans l'histoire de notre enseignement su- . périeur; cetteréforme a eu pour effet de grouper - ensemble les diverses Facultés d’un même res- sort académique, de donner aux Universités - ainsi constituées la personnalité civile, c'est-à- - direle droit de gérer elles-mêmes leurs affaires, … de les affranchir de toute entrave dans leur vie scientifique en lesrendant maîtresses de leur - organisation et de leurs programmes, sans autre * obligation que la collation des grades d'Etat, - de réaliser en un mot des organes souples, ani- més d'une vie propre et susceptibles de s’adap- _ ter aux conditions spéciales dans lesquelles ils _ se trouvent placés. à Elle a rendu possibles la création et le déve- … loppement des Instituts techniques universi- 3 taires. Mais il semble bien que ces établisse- _ ments n’aientpasété la préoccupation dominante des législateurs et que ceux-ci n'aient pas prévu l'importance qu'ils prendraient, ni la forme spé- _ciale que leur donneraient leurs conditions de D ou ement: on peut, en effet, mettre en évi- _ dence dans leur organisation deux anomalies, résultant d’une interprétation inexacte de la loi sur les Universités : la première se rapporte - aux diplômes délivrés, la seconde aux ressour- _ ces de ces Instituts. D'abord il est facile de montrer que les Insti- tuts devraient délivrer des grades d’Etat et non . des diplômes d'Université. Le grade d'Etat donne accès aux fonctions et _aux professions, il confère à celui qui le possède + un droitet constitue en même temps une garan- . tie d'ordre. professionnel évidemment néces- saire; il faut que le docteur à qui son diplôme . donnera le droit d'exercer la médecine justifie _de certaines connaissances, sinon il devientun péril public. Le grade ne peut comporter l'étude npleine et absolue liberté et nécessite une ré- … glémentation uniforme des enseignements né- cesSaires pour sa préparation. Les diplômes d'Université sont, au contraire, des titres d'ordre purement scientifique; ils ne confèrent aucun des droits et privilèges attachés _ par les lois et règlements aux grades d'Etat, _ et en aucun cas ne peuvent être assimilés à ces derniers ; ils s’adressent aux étudiants qui veu- _ lent étudier spécialement une science, sans C. CAMICHEL. — LE PROJET DE LOI POTTEVIN 39 LE PROJET DE LOI POTTEVIN ET LES INSTITUTS TECHNIQUES D’UNIVERSITÉS rechercher de grade professionnel, et pour les- quels il est inutile d’exiger des garanties anté- rieures, ou le cours complet des études que l'on impose à ceux qui aspirent aux grades d'Etat!. Il aura suffi de rappeler cette distinction en- tre les deux catégories de titres, pour montrer que les diplômes d’ingénieur mécanicien, élec- trieien, chimiste, doivent être des grades d'Etat. Si en effet la profession d'ingénieur est moins bien définie? par les lois que celles de docteur en médecine, d'avocat ou de pharmacien, elle comporte, pour les mêmes raisons que celles-ci, des garanties et nécessite, comme nous venons de l'expliquer, une réglementation des enseigne- ments et des programmes. L’uniformisation qui en résulte n’est pas in- compatible avec le principe des Universités ré- gionales, car ce n'est pas dans la préparation aux fonctions d'ingénieur qu’il faut rechercher l'adaptation à la région que les Universités pour- suivent avec raison, mais plutôt dans les recher- ches et dans les études très spécialisées qui peu- vent avoir comme consécration des titres d'Université, ainsi que nous l’avons déjà dit. La deuxième anomalie est relative aux res- sources des Instituts techniques. Là encore, il existe une confusion qu'il est nécessaire de faire disparaître. À partir du 1* janvier 1898, l'État a laissé aux Universités le produit des droits d'étude, d'inscription, de travaux prati- ._ ques, de bibliothèque, qui étaient avant perçus par le Trésor. C'était un don considérable pour des services déjà existants, possédant déjà locaux, matériel, personnel, mais tout à fait insuffisant pour la fondation d'établissements particulièrement coûteux par leur nature même. Comme les subventions de l'Etat ont été presque toujours négligeables {par exemple de l’ordre de 0,6 % ), les Instituts ont dù réaliser ce paradoxe de s'organiser avec leurs propres ressources et même de rapporter aux Universités. On com- prend que leurs débuts aïent été parfois difli- ciles, Beaucoup n'auraient pu se développer 4. La grande majorité des Facultés des Sciences s’est Dro- noncée, au début, contre la création des Diplômes d'Univer- sité. 2. À cet égard, il paraît utile de signaler l'organisation actuelle de syndicats groupant des ingénieurs ayant des Li- tres bien déterminés, par exemple le Syndicat des Ingé- nieurs électriciens français. 40 C. CAMICHEL. — LE PROJET DE LOI POTTEVIN i 2 s'ils n'avaient trouvé autour d’eux des aides pré- cieuses !. Les auteurs des projets de loi sur l’enseigne- ment technique paraissent avoir vu très net- tement imperfections que nous venons de signaler. M. le Sénateur Goy a présenté le 5 septembre 1915 un projet fort intéressant de réorganisation des Instituts; on peat dire qu'il a eu le grand mérite d'attirer, le premier, l’atten- tion du Parlement sur la nécessité d’une régle- mentation par l'Etat et d’une large dotation de ces établissements. M. le député Pottevin, Vice-Président de la Commission économique du Parlement, a pré- senté à la Chambre des Députés, le30 juillet 191%, un projet de loi tout à fait remarquable sur l’en- seignement technique des Universités ?; on peut le résumer ainsi : les 1. C'est ainsi qu'à Toulouse, l’Institut Electrotechnique a été fondé en 1907 grâce au concours de la Municipalité, et en particulier de M. Bedouce, alors Maire de cette ville. 2. Texte de laproposition de loi de M. Pottevin : PROPOSITION DE LOI DE M. POTTEVIN, RELATIVE À L'ORGANISATION DE L’ DES SCIENCES APPLIQUÉES SEIGNEMENT (Procès-verbal de la séance du 30 juillet 1918.) Article premier Il peut être créé par les Universités des Instituts auto- nomes pour l'enseignement des sciences appliquées. Ces Instituts seront constitués, soit séparément avec le titre de leur spécialité, soit par groupes sous le Litre d'Insti- tut des Sciences appliquées de l'Université de... Les Instituts ou Ecoles actuellementexistants pourront être constitués en Instituts autonomes aux conditions de la pré- sente loi, 9 Art. La création des Instituts autonomes est décidée par décret portant règlement d'administration publique rendu sur la proposition des Ministres de l'Instruction publique eë des Finances, après avis du Comité consultatif de l'Enseigne- ment technique et professionnel, et de la Section perma- neute du Conseil supérieur de l'Instruclion publique. Art. 3 Le nombre des Instituts à créer sous le bénéfice de la pré- sente loi est limité. L'ensemble des créations ne pourra dépasser, pour les Universités de province, le cadre de cinq groupes régionaux d'Instituis spécialisés, chaque groupe ne pouvant compren- dre deux Instituts de même spécialisation. Les divers Instituts d'un méme groupe pourront être rat- tachés à la même Universilé ou à des Universités voisines, Art, 4 En outre de l'établissement d'Enseignement supérieur pro= prement dit, les Instituts pourront organiser des services de recherches pour les sciences appliquées et pour l'industrie, ainsi que des écoles professionnelles et des enseignements complémentaires aux divers degrés. Les programmes d'enseignement seront approuvés par le Ministre, après avis du Comité consultatif de l'Enseigne- ment technique et professionnel, Art. 5 Des règlements d'administration publique rendus après avis du Comilé consultatif de l'Enseignement technique et Un nombre limité d’Instituts autonomes de sciences appliquées serait organisé dans les di- verses Universités; chaque établissement serait pourvu d’un Conseil de direction, composé des professeurs et chefs de service et ayant les attri- butions des Conseils des Facultés et d’un Conseil professionnel détermineront les conditions générales d'admi-. nistration et de fonctionnement des Instiluts, ainsi que l'organisation des Conseils de Perfectionnement. En tant qu’il n'y sera pas dérogé par les dispositions résultant de la présente loi, les règles en vigueur sur le régime des Universités et des Facultés seront applicables aux Instituts. Le budget de chaque Institut devra consliluer, en recettes et en dépenses, un chapitre spécial du budget de l’Univer- sité, Un Conseil de direction, présidé par le directeur, composé de professeurs et de chefs de service, exercera les attributions imparlies par la loi aux Conseils des Facultés. Art. Ü Chaque Institut sera pourvu d'un Conseil de Perfectionne- ment comprenant : Le Recteur de l'Université, président ; Le Directeur et des représentants du corps enseignant de l'Institut; Des représentants des Ministères, départements, des muni- cipalités, des établissements publies; des groupements ou des particuliers qui subventionnent l'Institut ; Des représentants des Chambres de commerce et des Orga- nisations ouvrières de la région. Art, 7 Le Conseil de Perfectionnement délibère sur toutes les questions intéressant l'Inslitut qui lui sont renvoyées par le Recteur, notamment sur les programmes et l’organisation générale de l'enseignement, ainsi que sur les opérations que l'Institut peut effectuer pour le compte de l'industrie et sur les redevances qu'elles comportent, Il reçoit communication du budget de l'Institut, en projet, et donne son avis. Art. 8 Les directeurs et les professeurs des [nstituts sont nommés par le Ministre sur une liste-de présentation établie par le Conseil de Direction et le Conseil de Perfectionnement, Les professeurs de sciences générales doivent remplir les conditions exigées pour l'admission dans le corps enseignant des Facultés. de Les professeurs techniciens ne sont soumis à aucune obli- gation de grades universitaires. Le corps enseignant des Instituts est assimilé, quant au statut personnel, aux trailements et aux conditions d'avan- cement, au corps enseignant des Facultés. ‘ Art, 9 Les Instituts délivreront des diplômes d'Ingénieur, au uom de l'Etat. Un décret portant règlement d'administration publique rendu après avis du Comité consultatif le l'Enseignement technique et professionnel, fixera les conditions d'attribution de ces diplômes, ainsi que le programme des études etla nature des examens dont ils pourront être la sanction. { Le cycle des études, auxquelles donneront accès le baçca- lauréat ainsi que les diplômes ou examens jugés équivalents, devra nécessairement comprendre, avec la préparation scien- tifique complémentaire et une formation technique générale, une formation technique spécialisée, Cette dernière pourra être accessible, directement, aux jeunes gens justifiant d’une instruction générale, scientifique et technique suflisante. Art. 10 Dans des conditions à déterminer par décret, les Instituts pourront conférer le grade de Docteurès Sciences appliquées | | k C | r | : ] à D 4 Polytechnique, Centrale, des Mines, des Ponts et/Chaussées, de perfectionnement comprenant le Recteur, lés représentants de l’Institut technique, des ministères, des départements, des municipa- lités, des établissements publics, des Chambres de commerce, des sociétés subventionnant l’Ins- titut, etc... Le Conseil de perfectionnement serait chargé de délibérer sur les programmes, lorganisation générale de l’enseignement, les opérations que fait l’Institut pour le compte de -. l’industrie, etc... Les professeurs seraient divisés en deux catégories : les professeurs de sciences générales, devant remplir les conditions exigées pour l'admission dans le corps enseignant des Facultés, — les professeurs techniciens, qui ne seraient soumis à aucune obligation de grades | universitaires. Le programme des études et la. nature des examens seraient fixés par décret. Les Instituts délivreraient des diplômes d’ingé- nieur au nom de l'Etat et le grade de Docteur ès Sciences appliquées. Un Comité consultatif de l'enseignement tech- nique et professionnel, créé au Ministère de l'Instruction publique, serait chargé d'éclairer le Ministre sur lés questions intéressant l'Ensei- gnement des sciences appliquées. ee aux candidats pourvus du diplôme d'ingénieur institué par la présente loi ou de titres jugés équivalents tels que : licence ès Sciences; diplôme d'’ancien élève des Ecoles : -de Physique et Chimie industrielles, de l'Institut Agrono- mique. po “ Art. 11 > Il est créé au Ministère de l'Instruction publique, sous le litre de Comité consultatif de l'Enseignement technique et professionnel, un Comité chargé d'éclairer le Ministre sur toutes les questions intéressant l'Enseignement technique ou professionnel à ses divers degrés. Le Comité devra, en outre, constituer l'organe permanent de liaison entre les divers Départements, auxquels ressortis- sent des organisations d'enseignement technique ou profes- sionnel. + Il comprend, sous la présidence du Ministre, des représen- fants : Des diverses directions du Ministère de l'Instruction pn- blique et des directions chargées de l'Enseignement technique aux Ministères du Commerce et de l'Industrie, de l’Agricul- ture, des Travaux publics, de la Guerre et de la Marine; Des corps savants: De$ groupements industriels, commerciaux ou agricoles et des organisations ouvrières . Des sociétés d'enseignement technique ou professionnel; Des Instituts Universitaires des mine appliquees. Un décret déterminera les conditions de son organisation et de son fonctionnement. Art, 12 . Un crédit de vingt millions sera inscrit au budget du Ministère de l’Instruction publique pour constituer un fonds de réserve affecté à l’organisation des Instituts des sciences . appliquées. Une partie de cette somme pourra être affectée, comme » première mise de fonds, aux caisses destinées à faciliter Va .L l'accès des Instituts aux jeunes gens méritants, mais sans 1 ressources suflisantes. © REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES ET LES INSTITUTS TECHNIQUES D’UNIVERSITÉS | | 41 Des crédits spéciaux seraient inscrits au bud- get du Ministère de l’Instruction publique, en vue de l’organisation des Instituts de Sciences appliquées. J’añmerais examiner rapidement, dans cet ar- ticle, les points les plus importants de ce projet de loi, en parlant plus spécialement des Instituts de Mécanique appliquée et d'Electricité indus- trielle. ; 1. — ORGANISATION GÉNÉRALE DEs [INsnirurs Les Institutstechniquesactuels possèdent déjà un budget spécial; ils ont à leur tête un conseil de perfectionnement ayant exactement la com- position prévue par le projet; d'ailleurs, le nom- bre de leurs élèves et l'importance de leurs Jabo- ratoires exigent leur installation dans des locaux distinctsdes autres services de l’Université : leur autonomie existe donc en fait, la loi ne fera que la reconnaître. Cette autonomie sera vraisembla- blement analogue à celle des Observatoires; elle n’exclut pas une certaine liaison avec les Facul- tés des Sciences, qui se fera, comme dans ces Etablissements, par le corps enseignant. Le groupement des divers Instituts peut dans certains cas être utile, commepar exemple pour la Mécanique appliquée et l’Electricité indus- trielle. M. Pottevin, avec raison, prévoit ce grou- pement sans le rendre obligatoire; il n'ya aucun avantage, en effet, à réunir sous une même di- rection un Institut de Mécanique appliquée, par exemple, etun Institut agricole. Si l’on veut éviter de disperser, d'émietter les ressources mises à la disposition des Instituts, il faudra évidemment limiter leur nombre (l'arti- cle 3 prévoit cinq groupes régionaux d'Instituts spécialisés). Il faut remarquer, d’ailleurs, que les Universités qui ont fait preuve d'initiative et qui ontpu péniblement édifier des établissements puissants ont quelques droits àconserverl'avance qu’elles ont acquise; la réussite de leurs Insti-. tuts a prouvé qu’elles étaient particulièrement désignées par leur situation géographique pour les posséder. Il. — ENSEIGNEMENT ET EXAMENS C'est la partie la plus importante et la plus délicate du projet de loi. M. Pottevin, dans son exposé des motifs, insiste avec raison sur la nécessité, dans les Instituts techniques, d'un enseignement disci- pliné. « Dans les Facultés des Sciences, dit-il, maîtres et élèves jouissent d’une liberté que certains ont trouvée excessive et qualifiée de licence. Nous avons déjà dit qu'elle n’était pas : 42 22 APTE TARENER An PE NET ER PRET incompatible avec la formation des hommes de science. Quand il s’agit de former des ingénieurs: elle serait à notre avis un obstacle. » (Pottevin: Exposé des motifs, page 58.) La discipline à laquelle il fait allusion existe, en fait, dans les Instituts, et le reproche qu'on fait aux Facultés à ce point de vue-là ne peut s'appliquer aux Instituts universitaires, dans lesquels les élèves sontinterrogés régulièrement, font des compositions hebdomadaires, subissent des appels aux séances de travaux pratiques, de dessin, et aux cours et conférences. L'enseignement doit comprendre deux parties distinctes : 1° Celui des sciences générales; 20 Celui des sciences appliquées. Avec l’organisation actuelle des Instituts, on consacre une année aux sciences générales et deux années aux sciences appliquées, les étu- diants étant admis avec le baccalauréat ès scien- ces complet ou des connaissances scientifiques au moins équivalentes. On’a le désir très légi- time d’abréger les études, et de donner aux élè- ves ingénieurs, « non pas la connaissance pra- tique de leur profession, mais la science indus- trielle, c’est-à-dire la partie des connaissances scientifiques qui trouvent leur application dans l’industrie, groupées et présentées en vue de cette application» iPottevin, Exposé des motifs, page 15). Il est nécessaire néanmoins de donner aux étudiants l’ensemble des connaissances gé- nérales qu'ils ne pourront guère acquérir après leur sortie de l’Université, lorsqu'ils seront ab- sorbés par leurs occupations journalières. Il semble que la durée des études, qui est actuelle- ment de trois années, soit insuflisante pour obtenir un pareil résultat. En voici une preuve : Un élève admis, après une année de Mathémati- ques spéciales, à l'Ecole Centrale, fait encore dans celle-ci une année de sciences générales; les deux autres années sont consacrées aux scien- ces appliquées. L'enseignement des Universités doit-il être moins complet que celui de l'Ecole Centrale ? Je ne le crois pas. En admettant quatre années d'études, comme dans les grands Instituts étrangers, l'étudiant admis à à 18 ans dans l’Institut technique en sortirait à 22 ans et entrerait dans l'industrie à 24 ou 25 ans, après avoir fail son service militaire; cet âge paraît tout à fait con- venable pour une carrière dans laquelle on oc- cupe des positions comportant souvent une grande responsabilité. L'enseignement post- scolaire, dont nous dirons plus loin un mot, ne peut permettre à l’ingénieur que de se mettre au courant des nouveaux progrès de l’industrie; il ne peut comporter, évidemment, l'enseignement C. CAMICHEL, — LE PROJET DE LOI POTTEVIN ï des théories générales et entrer en ligne de compte pour la réduction de la durée des études dans les Instituts techniques. Le choix des professeurs est fait d’une façon tout à fait judicieuse dans le projet de loi. Les professeurs de sciences théoriques et de tech- nique générale peuvent sans inconvénient être des professeurs de Facultés des Sciences; en exécutant des recherches sur des sujets se ratta- chant à l’industrie, ils se tiendront forcément au courant des progrès de celle-ci et pourrontorien- ter, en vuedes applications, l’enseignement géné- ral qu'ils donnent, L'industrie ne fournit-elle pas en Mécanique et en Electricité, par exemple, les meilleurs exemples, les meilleures données numériques devant figurer dans un cours de sciences générales destiné à de futurs ingé- nieurs ? L’habitude de l’enseignement que pos- sèdent les professeurs dé carrière sera utile dans les Instituts techniques. Les professeurs de sciences appliquéesseront des ingénieurs continuant l'exercice de leur pro fession, suivant le procédé qui a presque toujours été adopté dans les [Instituts techniques actuels; ces professeurs ne seront soumis à aucune obli- gation de grades universitaires. Il est à craindre seulement que les professeurs de sciences appli- quées ne consacrent à leur enseignement qu'une partie restreinte de leur temps. Il sera bon de les faire aider et suppléer par des répétiteurs pouvant rester constamment en contact avec les élèves. k M. Pottevin attache la plus grande importance aux travaux pratiques de Laboratoire. Ces tra- vaux, en corrélationintime avec l’ enseignement, ont été dès le début particulièrement développés dans les Instituts techniques des Universités; .c’est là, je crois, une des causes les plus impor- tantes de leur succès. Les Universités ont orga- nisé des laboratoires d'enseignement possédant un matériel très complet et très puissant, qui permet aux étudiants de vérifier les méthodes les plus importantes employées dans l'industrie moderne et d'exécuter l’ensemble des mesures el des essais industriels qui se rencontrent le plus fréquemment dans la pratique. On a critiqué l’emploi de machines puissantes - pour l’enseiänement. Cette opinion provient d'une connaissance incomplète de la question. La règle que nous avons adoptée à Toulouse est la suivante : la machine choisie doit être le mo- dèle industriel (modèle de série) de puissance minimum ; par exemple, on désire mettre entre les mains des élèves une machine compound à va- péur surchauffée d'un modèle courant : on adop- tera une puissance d'une centaine de chevaux, vw AN AT LOT Lie secel} BPM MTS + GTA EN: LES Ce , J: OM à | unie die ÉD QNR tés AE. SERRE | À: Ve, M PNR C k { Rt On 1 | . ET LES INSTITUTS TECHNIQUES D'UNIVERSITÉS 43 parce que des machines moindres n'existent pas Le projet de loi prévoit aussi l’organisation dans l’industrie et qu’il serait nécessaire, sil'on | d'enseignements courts, intensifs et spécialisés, #10 woulait réaliser un modèle de puissance moindre, | destinés aux ingénieurs déjà en exercice, qui de faire construire un type spécial qui n'aurait | veulent étudier telle question particulière; ces pas les qualités qu'on utilise dans de pareilles | cuseignements devront, indépendamment des “machines. On serait donc amené à donner aux | cours, comprendre nécessairement des travaux | - élèves des idées fausses. Quand le modèle indus | pratiques. Un exemple emprunté à notre orga= triel peut être sans inconvénient de puissance | nisation permettra de faire comprendre leur “très faible, d’autres considérations intervien- | caractère : un ingénieur appelé à inslaller un mo- nent pour l'adoption d’une puissance minimum | teur Diesel désire en étudier le fonctionnement “au-dessous de laquelle on ne doit pas descen- | d’une façon approfondie; il s'adresse à l’Insti- dre. Si l’on veut, par exemple, exécuter des | tut technique qui, indépendamment des ensei- essais utilisant l'hypothèse de l'égalité du rende- | gnements sur les machines thermiques, lui four. ment d’une dynamo fonctionnant comme géné | nit tontes les indications bibliographiques \rateur et comme moteur, il est essentiel d’em- | nécessaires, met à sa disposition tous les docu- ployer des machines d’une puissance suffisante | ments utiles et l’ensemble des machines et ap- © pour que cette égalité soit réalisée; elle ne l’est | pareils indispensables pour une étude complète, pas, en général, pour les machines de quelques | depuis l'essai du pouvoir calorifique du combus- cheyaux. tible à la bombe calorimétrique ou au calorimé- Il est utile, en outre, de faire étudier parles | tre Junkers, jnsqu’aux indicateurs, tachymètres élèves le fonctionnement des machines défec- | enregistreurs, dynamos, freins, torsiomètres, ete: tueuses, par exemple de montrer les anoma- | Ilaen même temps à sa disposition les pièces lies provenant, dans un alternateur ou dans un | détachées du moteur, qu'il peut démonter, re- _ moteur asynchrone, d’une erreur de bobinage ; | monter grâce à des dispositions particulières, les machines peuvent être dans certains cas dis- | sans qu’il en résulte d’inconvénients, et dont il posées convenablement pour faciliter de pareiïlles | peut dérégler et régler les divers organes, en 4 études; par exemple, la machine à vapeur dont | particulier les soupapes qu'il étudie au moyen jous parlions permet, au moyen des tiges, qui | d'indicateurs... Cet ingénieur pourra ainsi en mul ommandent les soupapes, de dérégler le fonc- | très peu de temps acquérir des connaissances à onnement de celles-ei et d'obtenir divers types | la fois très pratiques et très élevées; c’est là, de diagrammes défectueux, Lorsque l'étudiant | croyons-nous, le véritable enseignement post- evenu ingénieur les rencontrera dans un essai, | scolaire, il pourra diagnostiquer immédiatement quelle Dans Le projet Pottevin, les diplômes sont don- en est la cause. Pour employer une comparaison, | nés par l'Etat; ils constituent par conséquent 1 il ne suflit pas de faire l’étude de l’anatomie | des grades d'Etat; nous ne reviendrons pas sur ‘4 et de la physiologie des machines, il faut encore | ce que nous avons déjà dit à cet égard. £ ge envisager leurs défectuosités, c’est-à-dire leur Le projet prévoit également la Dre al Ae ne : pathologie. Le matériel peut encore être disposé | dans les Instituts du doctorat de Sciences appli- Se pour produire facilement de fausses manœuvres, | quées; cette question nous amène à parler des "1 bien entendu avec toutes les précautions dési- | recherches, ‘ : #41 rables et sans, je tiens à le répéter, que les dis- _ positions employées diffèrent de celles qu’on ren- contre dans l'indusirie, pour éviter, comme je Les Instituts techniques doivent entreprendre _le disais plus haut, de donner aux élèves des | des recherches se rapportant aux industries des - idées fausses. Le cadre de cet article ne nous | régions dans lesquelles ils se trouv IL. — Recnercues ent, comme sl . permet pas d’exposer plus longuement Vorga- | le veut le principe même des Universités régio- : À | _ nisation des travaux pratiques à ce point de | nales. Comme les usines ne sont pas, sauf dans "ri vue. / des cas tout à fait exceptionnels, organisées en É Des laboratoires permettant un enseignement | vue des recherches, et que les phénomènes uti- É aussi complet que nous venons de l'expliquer | lisés ne présentent pas, en général, la séparation # nécessiteront un personnel nombreux et expéri- | desvariables essentielle pourl'expérimentation l, 22 . mené. Îls entraiîneront de très grosses dépenses | les études industrielles devront être d'abord 0 _ que M. Pottevin prévoit, puisqu'il inserit à la | poursuivies dans des Laboratoires. Malgré la - fin de son projet un crédit de 20 millions pour | faiblesse des moyens dont ceux-ci disposent, il . constituer un fonds de réserve affecté à l’organi Le | ae te . sation des instituts des sciences appliquées. 1. Gamicuez : Le Laboratoire et l'usine (Privat, éditeur). 4 44 J. DUFRÉNOY. — LES RÉACTIFS BIOLOGIQUES DE L’'ESPÈCE sera parfois possible d'y reproduire assez com- plètement, en les simplifiant, les conditions _ réalisées dans la pratique pour que les résultats ainsi obtenus trouvent à l’usine leur vérification et leur application : une méthode expérimentale organisée (en petit) au laboratoire peut alors être transportée sans changement à l’usine. Un exemple fera bien comprendre notre pen- sée : une conduite de 80 mm. de diamètre et de 109 m.de longueur fonctionnant sous une charge de 20 mètres d’eau perméttra, par exemple, de mettre en évidence les lois des surpressions qui s’appliqueront sans aucun changement à des conduites de 4 m. 20 de diamètre alimentant des turbines de 4.000 chevaux, sous la charge de 120 mètres d’eau. Les procédés de mesure et d’expérimentation, dans l’un et l’autre cas, se- ront identiques. Il est inutile d’ailleursd’insister davantage sur cette question, la nécessité des laboratoires en vue de recherches industrielles étant reconnue partout le monde. M. Pottevin attache une im- pertance toute particulière à leur organisation. [V. — Essais INDUSTRIELS L'article 7 du projet de loi mentionne les opé- rations -que les Instituts peuvent effectuer pourle compte de l’industrie. Les essais que font actuellement ces établissements sont de deux sortes : 1° Essais de contrôle d'appareils divers : ampè- remètres, voltmètres, waltmètres, compteurs, manomèires, moteurs électriques et autres, etc.; — essais de matériaux, etc. % Autres essais devant se faire à l'usîne; ce sont des essais de réception. En particulier, les essais des grandes Centrales hydro-électriques dans les Alpes et les Pyrénées ont donné lieu à des conventions entre les Universités de Greno- ble et de Toulouse et la Société Hydrotechnique de France. Ces essais présentent le plus grand intérêt, en raison des services qu’ils peuventren- dre à l’industrie régionale ; ils *ugmentent le ” champ d'investigation des Instituts techniques et les mettent en relation constante avec les usi=\ nes de leur région; c’est avec raison qu'ils sont prévus dans le projet de loi. V. — Conczusion En résumé, la loi proposée par M. Pottevin a l'avantage d'aborder tous les problèmes soulevés par la question si complexe de l’enseignement technique elle a un caractère assez général pour laisser au Ministère de l'Instruction publique et: aux Universités le soin de régler les détails de l'organisation ; elle a l’avantage de conserver ce qui a été créé depuis vingt ans par les Universi- tés; elle perfectionne, sans rien détruire; elle, parait concilier, avec justice, les indications et | o suggestions qui ont été présentées par les per= D sonnes les plus autorisées !; elle ne crée pas d'organisme administratif nouveau; elle évite les gaspillages; enfin, elle est conforme à la tradi- tion des Universités françaises : elle ne sépare pas les Facultés des Sciences et les Instituts, tout en laissant à ceux-ci l'autonomie nécessaire. Il faut souhaïter de la voir adopter sans mo- difications par le Parlement. C. Camichel, Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur de l’Institut Electrotechnique et de Mécanique appliquée de l'Université de Toulouse. 1. Voir les articles parus dans la Revue géncrale des Sciences sur l'enseignement technique : P, Rivars : Sur l’organisation de l’enseignement supér: technique dans les Universités (n° du 30 mars 1916, p. 169); P. JANET : techn. supér. (n° du 30 juin 1916, p. 362); ÿ L. Zorerri : Les nécessilés de l'enseignement techn,. supér. (n° du 15 juillet 1916, p. 406); D. Hunmuzesco : L'organisation de l'enseignement tech- nique supérieur auprès des Universités de Roumanie (n° du, 15 novembre 1918, p. 612). LES RÉACTIFS BIOLOGIQUES DE L'ESPÈCE ET LA SPÉCIFICITÉ PARASITAIRE Les définitions de l'espèce ont été successive ment morphologiques, anatomiques, généliques et enfin biochimiques, les biologistes ayant cher- ché de plus en plus à caractériser spécifique: ment les êtres vivants par les réactions chimiques de leur substance, de leurs diastases ou de leurs produits d’excrétion. ‘ J.— VALEUR DES ÊTRES VIVANTS COMME RÉACTIFS BIOCHIMIQUES ET BIOLOGIQUES Or, il n'existe pas de réactif plus délicat que la matière vivante : plus aisément que nos meil- leurs appareils, et que nos réactifs inorganiques. ou organiques les plus sensibles, l'organisme Du rôle des Universités dans l’enseignement | ET LA SPÉCIFICITÉ PARASITAIRE 25 L jivant met en évidence, par ses actions diasta- “siques, la différence entre tel hydrate de car- bu et son isomére optique, et, de plus en plus, le chimiste analyste appelle à son aide les . réactifs biologiques !. - Bien mieuxencore, l'être organisé.peut rendre sensibles et apparents les caractères biochi- miques et biologiques propres à chaque groupe- . ment d'individus. - Les relations syntrophiques, les relations d’endotrophes à hôtes sont donc d’excellents “critères de l’espèce biologique?. - Les parasites peuvent devenir des réactifs bio- logiques d’une sensibilité telle qu'elle dépasse … l'espèce élémentaire, et qu’elle permet de distin- _ guer des roupements biologiques autrement .indiscernables. En face des parasites qui n’infectent que telle espèce, variété ou groupe biologique, on peut trouver des exemples de distinction établie par - certains organismes vivants entre des espèces parasites qu'aucun caractère morphologique ou biochimique ne nous permet de différencier. Les espèces biologiques de Rouilles, établies d'après leurs actions sur les différentes céréales , peuvent être décomposées en « races physiologiques » parl’emploi judicieux de ces réactifs biologiques. Deux ou 7 formes biologiques peuvent, en effet, infecter également plusieurs espèces de Grami- nées sauvages et de Céréales, mais leur action respective sur l’une au moins de nos Céréales diffère assez pour rendre leur distinction facile. _ Ainsi, l'emploi des diverses variétés de Blé _(Triticum vulgare, T. compacti, T. monococcum, T. dicoccum..….) comme hôtes différentiels a amené E. C. Stakman® à décomposer la forme biologique guccinia graminis trilicit en 10 ou 12 formes bles différant par leur effet sur ces races peuvent se confondre en tout, sauf en . leur action sur l’une au moins de nos variétés de blé, action qui peut être dissemblable, et ame- er’ des résultats totalement différents *. . Quelques récents progrès de la imie analytique. Rev. gén. des Sc., t. XXVIIF, p. 469; je 31 août 1917. . L.LeGranp : Les caractères biochim, de pape: Ibid., + PTT p- 337; 15 juin 1918. 3. Par exemple, le Puccinia graminis triliei et le P. grami- nis secale, qui attaquent également bien plusieurs graminées et l'orge, sans infecter l'avoine, se distinguent en ce que la - forme Tritiei attaque faiblement le seigle et fortement le blé, _ tandis que la forme Secalis attaque fortement le seigle et pas du tout les blés. _ 4. Sraxman et PreuriseL : A new strain of P, graminis, > Phylopat., t. NIF, n° 1, p. 73; 1917. — SrakMan et Piemei- SEL : J. Agric. Res., t. X, n° 9,p. 429-496; 1917. — Levine et SrAKMAN :Jbid., t. XIII, n° 12, p. 651; juin 1918, — ï une quelconque des variétés de Blé. Deux de IT. — PanasiTes sPÉCIFIQUES ET PARASITES OMNIVORES La spécificité et par suite la valeur analytique des parasites est d’ailleurs fort variable. — Les uns s'adressent électivement à des groupes va- riétaux très étroits, d’autres à telles espèces déterminées, d’autres sont des parasites géné- riques, familiaux, attaquent même des plantes appartenant à plusieurs familles voisines, ou enfin sont omnivores. La spécificité parasitaire est d’autant . plus étroite qu'il doit s'établir entre le parasite et l'hôte une relation syntrophique plus parfaite, que l'hôte résiste mieux à l'infection et que le consortium hôte-endotrophe a uné ‘durée plus longue. Les Rouilles, les organismes des myco- rhizes et des nodosités radicales, les Erobasi- dium et les Glæosporium des « Faux-balais de sorcières » des Ericacées, sont des exemples d'endotrophes variétaux ou spécifiques. Le Bac. (Pseudomonas) radicicola des nodules des Légumineuses est, pour Hansen!, un bon exemple d’endotrophe limité à une famille, avec des parictés spécifiquement associées à certains genres de Légumineuses ?. La bactérie du « Rot-brun » ne paraît parasite que pour les Crucifèeres; nous avons observé à Barèges une Bactérie capable de produire des galles en couronne sur toutes les Caryophyllées, mais seulement sur les représentants de cette famille. Smith rapporte au même Bact. tumefaciens les galles en couronne produites sur les plantes appartenant aux familles les plus diverses. Mais ce sont surtout les parasites ectotrophes ou ceux qui amènent rapidement la \mort de l'hôte * qui sont omnivores. Telle rouille, infectant son hôte spécifique habituel, n’y déterminera pas la mortification des cellules, qui, inoculée à une variété résis- tante, déterminera rapidement la nécrose des plages d'infection, et, sans s'étendre, verra son SrakMan, PARKER et Piemmisez, 16id., t. XIV, n°2; juill. 1918. — STakman et HoekNer : Phytopath., t. VIII, n° 4, p. 143- 149; avril 1918. 1. T. J. Buruize et R. H. Hansen : Is symbiosis possible between legume bacteria and non-legume plants? Unie. Illinois Agr. Exp. St. Bull. 20%, p. 125-40 ; Urbana, juil. 1917, 2. Ziprer : Cent. [. Bakt., 1912. — Kuimuer et KRÜGER ; Ibid., 1914, cités par Bürrill et Hansen. 3. Une cinquantaine de familles d'Angiospermes, plusieurs Gymnospermes et des Equisetum comptent des représentants susceptibles d’être infectés par le Rhizoctonia Solani Kübhn (C. L. Perrier : Paras, Rhizoctonia in America. U. Ill. Ag Exp. St. Bull. 489, Urbana, juin 1916, — R. M. Duccar : Rhizoctonia Crocorum et R. solani. Ann. Mo. Bot. Gard., 1.1} p. 404; 1915). Ent ce * - rie > = * “ d un ni ‘ 46 mycélium mourir rapidement au milieu des cel- lules-hôtes tuées". La spécificité parasitaire est donc concomi- tante d’un équilibre quasi symbiotique, permet- tant une longue survie des tissus parasités et une longue vie des parasites dans les tissus. Les relations taxonomiques et phylétiques des hôtes peuvent encore se déduire de leur suscep- tibilité respective aux mêmes parasites, et ce critère vient en général confirmer la legitimité des classements basés surles caractères morpho- logiques ou anatomiques. Les chances d'infee- tion de rouille d'une espèce à l’autre sont d’autant plus faibles que les deux espèces sont moins voisines taxonomiquement (Ward, Kree- man...). L’infection d’espèces à espèces se faisant d'autant mieux qu’elles sont plus voisines, on peut admettre que des formes de passage, inter- médiaires entre deux espèces plus distantes, puissent, de proche en proche, permettre à un parasite de passer d’une espèce à une autre espèce assez distante. Soit par exemple, dans une même station, des variétés très susceptibles $, peu susceptibles $S', peu résistantes R’ et très résistantes R. Une rouille de S, incapable d'iu- fecter directement R, pourra infecter successive- ment S', R' et de là R. (Ward, 1903, Salmon, 1904; Freeman et Johnson, 19112.) III. — CARACTÈRE RELATIF DE LA SPÉCIFICITÉ PARASITAIRE La question n'est pas résolue de savoir si la virulence d’un parasite est exaltée parle passage sur des végétaux réceptifs. Mais, si la spécificité parasitaire ne dépend pas de l’histoire biolo- gique du parasite, elle varie avec son âge, avec la massivité de l'infection, avec l’âge et l’état de réceptivité de l'hôte. Un même hôte résistera à 1, Les rouilles, quand elles mortifient des cellules, ne les mortifient en général que dans une zone annulaire, périphé- rique. SrAKMAN : À study in Cereal rusts. Un. Minnesota, Agr, exp. St. Bull. 138, p. 42, pl. VII et VIII, Saint Paul, 1914. — Jp. : Relation between P. graminis and plants highly resis- tant. J. Agric. Research, t. AV; juin 1915. 2. Pole Evans, — de £e que le croisement de variétés résistante et susceptible donne un hybride plus susceptible que le parent susceptible, — conclut que lés hybrides peuvent sérvir de forme de passage à la rouille et, exaltant sa viru- lence, lui permettre d’ infecter lés variétés autrefois résis- tantes, Heuseusement, les résultats plus récents de Stakman montrent que le passage sur les variélés les plus sensibles n'éxulte pas la virulence d'une rouille et, ne la rend pas inféctante pour les variétés connues comme résistantes, 3. Les Cuscuta epithymum, uyant germé sur des Légumie néuses, envoient leurs filaments adultes infecter les plantes voisines les plus diverses dés bronssailles pyrénéennés {Cal Arctostaphylos, Rhododendron, Daphne). luna, Vaceinium, J. DUFRÉNOY. — LES RÉACTIFS BIOLOGIQUES DE L'ESPECE une infection faible et succombera à une infee- tion suflisamment massive : — les bactéries non parasites (2. vulgatus, B. putridus...) qui, in- jectées en pelit nombre dans les tissus, sont ra- pidement lysées et agglutinées par les protéines de l'hôte, se développent en parasites quand on. les inocule en grande masse (3-8.000) dans se | Pommes de terre, les Betteraves et les Sermperpi= pum |. : Les plantes réceptives, où les parasites fructi- ‘ fient abondamment, deviennent, pour les plantes plus résistantes du voisinage, le point de départ d'infections massives redoutables?. ‘ Les hôtes réceptifs, en hébergeant lé parasite. pendant l'hiver, assurent sa pérennité et per- mettent l'infection printanière des végétaux voi- sins, au moment de leur sensibilité maximum. Enfin, les exemples sont innombrables de pa- rasites secondaires infectant les tissus affaiblis par des parasites, traumatisés, intoxiqués où - anesthésiés. Les plañtes normalement résistantes à l’Erysiphe graminis se laissent infecter après anesthésie (Salmon). Les seigles soumis aux vapeurs d’éther, de chloroforme, d'oxyde nitreux, s’infectent plus facilement et plus gravement avec le ?P. graminis avenae. (Stakman 1914.) — L'action Aee anesthésiques contribue à briser. les barrières opposées par l'hôte à l'infection. La surnutrition azotée prédispose égales l'hôte à l'infection ‘. IV. — ConcLusIoN La spécificité parasitaire et la résistivité des. hôtes sont des caractères qui, quoique relatifs, sont assez stables, permanents, héréditaires, et: qui ne dépendent immédiatement d'aucun fac- teur écologique. ILest néanmoins de la plus haute importance de détruire les hôtes réceptifs, causes de péren- nité du parasite, et d'infections massives *. de . Bot. Gaz., p. 86: janv. 1916. SE . Dans l’Indiana et le Wisconsin, le maïs favorise l'infee- FE pur le Gibberella des blés qui lui suc cèdent (HOF HR Jounson et ATANASOFF : J. Agr. Res., t. XIV; sept. 1918). —, Le tabac, qui montre 80 %/e de plants « fanés » dans les “ES | où il succède au tabac, aux tomates, . "en montre moins de j 10 +/, sur les sols débarrassés depuis cinq ans de ées hôtes M du Batt. Solanacearum (U. S. Dept. Agr. Bull. 662 ; 1947)e ÿ 3. La conservation des Bactériés de a Nielle du ‘Poirier se fait dans le trone de quelques rares individus, dont les taches … exsudent au printemps les Bactéries qui vont infecter les Pomacées dans un rayon de plusieurs kilomètres. 4. Un Ovularia, qui infecte les Veronica beccabunga des M fosses à purin, manque toujours sur les mêmes plantes k moins nourries des ruisseaux de Barèges. ‘ 5. La destruction des quelques Poiriers porteurs de taches M hivernales de Nielle suflit à faire disparaitre la maladie dans la région (Smirit : Ann. Mo Bot. Gard. p. 8995 1915, = Rapp. Fermes exp. n° 16, p. 104. Oltawa, li 16). FT Les parasites qui contractent avee l'hôte une association syntrophique durable se montrent . d’une exigence spécifique telle qu'elle conduit à décomposer en groupes physiologiques raciaux, les plus ultimes des groupes morphologiques. - Ces parasites se montrent donc les meilleursréac- À : III. — TecToNIQUE $ 1. — Les lames cristallines du Val Ferret On sait par M. Maurice Lugeon que les hautes Alpes calcaires de la Suisse sont formées par des nappes empilées et que la plus basse de _ cesnappes est celle de Morcles. Dans cette nappe, … lasérierenversée de la nappe recouvrante repose sur le Flysch autochtone par lintermédiaire * d’une lame de granite et de gneiss broyés. La Ë nappe s'enracine dans la vallée du Rhône et son _ flanc renversé pénètre en profondeur dans la - prolongation du synclinal de Chamonix; les . lames de roches cristallines broyées sont l’ho- mologue de celles des gneiss du Ment Joly. S: Des lames de même nature viennent d'être dé- 4 couvertes sur le flanc Sud-Ouest du Mont Blanc - par M. Rabowski?. Elles plongent de 60 à 70° au S.-E., en concordance avec la série sédimen- … taire qui les entoure. Tronçonnées, elles jalon- ee fie * nent le Val Ferret, sur une distance de 16 km., à devant se rattacher en profondeur à quelques - points internes de ce massif, et toujours sépa- : rées à la surface par une zone sédimentaire, en . repos normal sur les terrains cristallins, mais _ repliée sur elle-même. . La formation des lames de cette partie du socle - hercynien est limitée à deux zones présentant entre elles une grande analogie. En effet, de -. même que leslames duü Val Ferret sont dispo- ées derrière le Mont Blanc, massif ayant servi de butoir à la propagation des nappes pennines, de mème les lames du Mont Joly, de la Dent de - Morcleset dela Dentdu Midisont situées derrière » les massifs Belledonne-Aiguilles Rouges,massifs ; qui, à leur tour, ont joué le rôle d’obstacle à 1 1. Voir la première partie dans la Rev. gén. des Sc. du > 15 janvier 1919, p. 20 et suiv. 2. Rasowski : Les lames cristallines du Val Ferret et . Jeur analogie avec les lames N. W. du mussif du Mont- . Blanc et de l'Aam. Soc. vaud. des Sc. nat., © décembre 1917, J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE 47 ———— —————— … — ————————"—"———.——"————…—…— -—’_”_ _——_—_—_——…—…—_—.—.———_——_—_"_———_————— tifs pour définir les groupements spécifiques et lesrapports phylétiques des différentes espèces !. | J. Dufrénoy. . Nous remercions vivement le D" E. C. Stakman, diree- * de la Seotion de Phytopathologie de l'Université du Minnesota, des documents imprimés et inédits qu'il a bien, voulu nous adresser pour cette, étude. REVUE DE GÉOLOGIE DEUXIÈME PARTIE‘ l'avancement des massifs de l’Aar et du Mont Blanc. Le bord interne de ce dernier a souffert davantage sous l'influence des poussées penni- nes que la masse centrale et, par suite, les coins de cette zone ont cédé sous la pression du flux intra-alpin, en se laminant et en se laissant entrainer plus avant. IlLen est de même pour le massif de Belle- donne-Aiguilles-Rouges. Toutefois, si icila par- tie interne jusque-là rigide de l’obstacle a été écorchée, la bande frontale du massif semi-rigide des massifs du Mont Blanc et de l’Aar a dû céder en se résolvant en lames. Ainsi se trouve corro- borée une conclusion déjà formulée par M. Lu- geon : c’est que lorsque, dans l'écorce terrestre, des tranches ‘énormes se meuvent sous des poids considérables, la plasticité devient telle que la série autochtone arrive à subir des dépla- cements, mais inégaux et variables. Ces phénomènes, analogues à ceux qui ont produit les lambeaux de poussées franco-belges, étudiés par Gosselet, sont bien mis en évi- dence par la tranchée ouverte par le Rhône entre Martigny et Saint-Maurice. Sous l’énorme poids de la nappe en mouve- ment, conclut M. Rabowski, la série autochtone a été entraînée vers le Nord; ses élément inéga- lement déplacés se sont accumulés dans les creux, comme le sable chassé par le vent s’aceu- mule derrière les obstacles. Cette interprétation semble judicieuse et ex- plique des anomalies de structure dont la solu- tion n’avait pu jusqu'ici être donnée d’une façon satisfaisante, $ 2. — Tectonique des Asturies “La région des Asturies, qu'ont illustrée les belles études stratigraphiques deM.Ch.Barrois!, 1. Cu. Banrots : Recherches sur les terrains anciens des Asturies et de la Galicie (Espagne). Mém. Soc. géol. du Nord t.II,°n° 1; 1882 était moins connue au point de vue tectonique, et nombre de problèmes pouvant être soulevés à ce point de vue n'avaient pas encore reçu leur solution. M. P. Termier !, le savant directeur du Service de la Carte géologique de France, a eu l'occasion, en janvier 1918, d'étudier les rap- ports du Houiller et du Dévonien aux environs d'Arnao; il a pu constater que le contact de ces deux terrains est toujours anormal, qu’une zone de roches broyées ou mylonites s’intercale entre eux, et que souvent les banes voisins du contact prennent la disposition lenticulaire caractéri- sant les éfages étires. Les deux formations sont disposées en up couché au S.-E., qui se prolonge en mer dans la direction N.-N.-E., jusqu’à une distance incon- nue. Sur la plage même et à côté du pavillon des bains, le Houiller se présente à inclinaison N.-W.et repose sur La mylonite. Vers le Nord, cette mylonite se redresse et devient verticale. Elle consiste alors en un banc de calcaire dévo- nien complètement brisé, dans les cassures du- quel est injectée de l'argile noire résultant de l’écrasement du Houiller. Ce développement des mylonites au contact. des deux terrains est la preuve d'un trainage du Houiller sur le Dévonien antérieurement à la formation du pli couché. Le contact en question est une surface de char- riage et le Houiïller d’Arnao est un lambeau de recouvrement que le plissement stéphanien a ensuite ployé comme le Houiller autochtonc. Onesten droit de conclure que « l’élirement par traînage a supprimé des étages entiers, sans cependant briser la couche, celle-ci se compor- tant comme une matière élastique ». Une autre localité, étudiée par M. Termier, se trouve dans le voisinage d'Üviedo, où exis- tent de grandes roches dénudées très blan- ches : «Las Penas » (Les roches) de Careses, considérées comme liasiques'par les auteurs espagnols. En réalité, elles appartiennent au Dinantien (calcaire cabonifeère), on y a trouvé un Productus, lors du creusement d’un tunnel, Cette attribution soulève un autre pro- blème tectonique non moins intéressant, En effet, ces roches surgissent du sein des ar- giles bariolées du Trias qui les entourent com- plètement. Chacune de ces « Penas » est un anticlinal montant des profondeurs du Trias; le crevant comme une hernie. Dans toutes, les calcaires assez redressés et souvent verticaux car 1. P. Teawien : Contributions à la tectonique des Astu- ries : anomalies au contact du Houiller et du Dévonien d’Ar- nuo, C. R. Acad, des Sc., t. GLXVI, p. 434; mars 1918. J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE ; présentent de nombreux contournements etre- | ploiements, " ! Si, d’autre part, l'on suit dans la direction E. 10° — $S. la zone anticlinale qui a donné les «hernies » de Careses, on la voit garder son ca- ractére de zone à plis serrés. Près du village de Fresnedo, on estau contact du Trias et du Cré- tacé, mais les conditions du contact sont trou- blées par le passage de la zone aniiclinale. Il yaune « hernie» faisant apparaître brusque- ment le Houïiller, et cette hernie se trouve sur le prolongement de la chaîne qui, à Careses, fait surgir les Penas dinantiennes. Ainsi apparaît, sur un parcours de 46 à 17 km., dans le manteau de terrains secon- daires recouvrant le Primaire des Asturies, une zone anticlinale parallèle à la grande bande crétacée. Comme celle-ci, elle est un pli py- rénéen d'âge tertiaire, croisant sous un angle d'environ 40° les plis hercyniens du Primaire. I y a donc, dans la région asturienne et spécialement dans la partie centrale voisine d'Oviedo, deux chaines de montagnes qui se croisent et sont d'âge différent : l’une d'âge houiller(chaîne hecrynienne)formantun faisceau de plis de direction N.-N.-E. ou N.-E. acci- dentant le bassin houiller et qui, cachée partiel- lementsous un manteau de terrains secondaires, court à la mer; l’autre d’âge postnummuli- tique (chaine pyrénéenne) est formée de plisdiri- gés E. ou E.- S.- E. et affecte çà et là les ter- rainssecondaires. Cette seconde chaine se prolonge à l'Est dans les provinces de Santander et de Palemcia, tou- jours avec la même direction; plus loin, vers l'Est, elle se poursuit dans la région crétacée et se continue à travers la Biscaye et les provinces basques jusqu'aux Pÿrénées. Ë Ilest à remarquer que, dans la province de Léon, les deux chaînes ne sont plus croisées; elles se sont superpcsées. Rn ce point, le plisse- ment tertiaire très intense a modifié l'allure des plis hercyniens et leur a donné la direction E. au lieu de la direction originaire N.-W. Il a rétréci la largeur qu'ils occupaient, « comme si les axes extérieurs de la chaîne hercynienne L SN: s’écrasaient ou comme s'ils s’enfonçaient sous un recouvrement formé parles ares intérieurs ». Y a-t-il, se demande M. Termier, des charria- ges préliminaires au plissement pyrénéen ? Se basant sur les travaux de MM. Léon Bertrand et Louis Mengaud, il croit pouvoir répondre par l'affirmative, spécialement pour la région com- prise entre Santander et Llanes, ayant encore constalé que, près de Cervera, la bande crétacée violemment plissée plonge au Nord sous le J. RÉVIL. sh primaire. Il semble donc bien que ce der- nier pays est poussé du Nord au Sud sur le Cre- + tacé de cette bande et sur les plateaux de la _ Castille. - En résumé, conclut notre savant Confrère, … dans les Asturies, dans les provinces de San- _ lander, Palencia et Léon, se reconnaît la suc- . cession suivante de phénomènes orogéniques : 1° Charriages ante-stéphaniens ou stéphaniens … inférieurs, probablement en rapport avec ceux … du Massif Central de la France ; … 2° Plissements hercyniens, produits à l’époque stéphanienne, façconnant la région en plis ser- Dress ; « _ 3° Charriages post-nummulitiques, résultant d’une violente poussée du Nord au Sud et dé- . terminant l'avancée générale du pays cantabri- * que sur la région tabulaire de la Castille; 4° Plissements pyrénéens postérieurs à ces char- riages, souvent réduits à de larges ondulations. _ Ces conclusions, que les géologues espagnols n avaient pas entrevues, jettent un jour nouveau s sur la tectonique de ces régions et apportent _ une importante one buion à l’histoire des _ chaînes montagneuses du continent enropéen. Resa Phénomènes de charriage dans les chaînes 4 del'Afrique du Nord Nous nous proposions de résumer ici les im- 1110 travaux de MM. L. Gentil et L. Joleaud sur ce sujet; mais les auteurs ayant-éxposé eux- mêmes leurs principaux résultats dans un ré- cent numéro de cette Revue !, nous y renvoyons le lecteur. IV. — GÉOLOGIE RÉGIONALE $ 1: — Géologie de la Nouvelle-Calédonie Nos coloniesfrançaises, quipendantlongtemps _ontété quelque peu délaissées par les géologues, . ont fait l’objet, en ces dernières années, d’im- Ê _portants travaux. À ceux déjà parus et dont nous avons rendu compte (géologie de l'Afrique du _ Nord, géologie de Madagascar, etc. Ÿ vient - s'ajouter une monographie de la Nouvelle-Calé- . donie due à M. Maurice Piroutet. En 1917, ce £ . géologue présentait comme thèse de doétorat un ” important Mémoire intitulé : « Etudes str aligra- * phiques sur la Nouvelle-Calédonie ». Fruit de recherches eflectuées en 1901, 1905 et 1909, ce _ travail rectifie les idées plus où moins erronées qui régnaient sur cette partie de nos posses- sions coloniales. Des horizons fossilifères bien De Rev. gén. des Se, du 15/oct, {YIS, 4 XXIX, p, 533 — REVUE DE GÉOLOGIE : 11140 définis ont permis de préciser l’âge des terrains qui forment le sous-sol de:cette ile et d'écrire l'histoire des principales phases d’une partie du géosynclinal circumpacifique. Située, comme on le sait, dans la partie méri-, dionale du Pacifique et à l'Est de l'Australie l'ile de la Nouvelle-Calédonie se divise au point de vue orographique en deux régions : 1° côte occidentale; 2° chaîne centrale et côte orien- tale. Les formations géologiques distinguées par l’auteur sont les suivantes : I. Schistes cristal- lins ; IL. Schistes anciens (Alsonkien, Paléozoï- que ?); [IE Permo-Trias; IV. Jurassique supé- rieur et Crétacé; V. Eocène; VI. Roches éruptives. 1. Schistes cristallins. — Ces schistes consis- tent en bneiss, micaschistes et schistes séri- citeux. Les gneiss et micaschistes se montrent dans la Grande Terre entre Pam et Panijé, ainsiqu'entre le rivage oriental et les vallées du Diahot et de la Haute-Ouaïème. Les schistes à séricite ont une plus grande extension; ils se rencontrent dans l’intérieur même de la bande des gneiss et micaschistes, lui font une bordure vers l'Ouest, le Sud-Ouest, et se poursuivent au Sud, sur une certaine lon- gueur près de la côte. D’autres lambeaux se montrent encore sur quelques points de l’île : le plus important constitue le vaste bassin de la Kamendoua, le mont Poindala, les crêtes de Sénéta et du Tandji. Une autre bande est visible dans les crêtes situées entre Bourail et Houaï- lou. L'horizon paraissant le plus ancien est celui des gneiss. Au-dessus, passent les micaschistes avec des intercalations de gneiss qui, d’abord assez importantes, le deviennent peu à peu beau- coup moins. Arrivent ensuite des micaschistes devenant sériciteux, par places, et passant insen- siblement aux véritables schistes à séricite. Nulle part, ces assises ne paraissent avoir une origine éruptive ; ce sont des formations nette- ment métamorphiques. Dans le Nord de l'ile, la série métamorphique a été affectée par des plissements d’une certaine importance. Dans la région d'Oubatche s’observe le pli le plus oriental. En partant de cette région, pour se diriger vers l’intérieur, on traverse les bandes suivantes : lo bande de schistes roches à amphibole, à glaucophane, et chlorito- schistes; 2° bande de micaschistes, dans la partie centrale de laquelle existent des intercalations à séricite avec 50 me mme gneissiques. (Elle occupe l'axe d'un pli auti- clinal déversé vers la mer dans sa partie nord, déversé vers l’intérieur dans sa partie sud, et droit dans sa partie centrale); 3° bande de schistes à constituant le sommet de l'Ignambi et n'étant autre chose que la partie axiale du pli synclinal ; 4° bande de gneiss de Co- réo constituant la partie axiale d’un pli anticli- nal, présentant ici une aire de surélévation; 5° large bande: de schistes à séricite bordant et recouvrant du côté oriental et au Sud-Est la région des gneiss et micaschistes. Cette bande est fortement plissée, paraissant formée de plis droits, sauf au Sud de la Ouaïème. séricite J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE IT. Schistes anciens ou série supérieure. — Ces schistes se présentent sous deux faciès : l’un se rencontre dans le Nord sur la bordure de la série cristallophyllienne et l’autre dans le reste de l'ile, | La partie tout à fait supérieure est principale- ment constituée par des schistes argileux phyl- ladiens ; des roches éruptives vertes y sont sou- vént interstratifiées. Trois bandes de ces schistes peuvent se suivre entre Houaïlou et Bourail : la première présente Principalement des schistes quartzeux foncés avec quelques lits de phyllades plus argileuses ; la deuxième montre des schistes verts plissotés et contournés ; une troisième existe vers Coula où dominent les « séricischistes» , toujours avec roches vertes. Sur le flanc du Mé-Boa s’observent dans des schistes quartzeux des empreintes de pistes d'Annélides. Cette série, fait remarquer l’auteur, semble représenter non seulement l’Algonkien, mais une partie du Paléozoïque inférieur. IT. Système permo-triasique. — Les dépôts permo-triasiques se montrent sous deux faciès : l'un, franchement littoral, se développe sur la côte occidentale; l’autre, spécial à la chaîne cen- tale et à la côte orientale, indique des conditions de dépôt en eau plus profonde. i Les fossiles sont relativement assez communs dans les couches à faciès littoral, tandis qu'ils sont rares dans la chaîne centrale et la côte orientale, où l’on ne peut guère citer que Pseu- domonotis Richmondiana Zitt. et Aphania gigan- - tea de Kon. La série schisteuse de ce faciès peut être considérée comme représentant une partie de l’Antracolithique jusqu'à la partie terminale du Trias et même jusqu'à une partie du Jurassi- que inférieur. Quant à la série occidentale, elle se subdivise en plusieurs zones se rapportant au Permien, ‘ 1" r ne au Trias inférieur, au Trias moyen, et'au Trias supérieur. Le Permien n'est visible qu'au N. W. de la ri= vière de Moindou, où il est composé de schistes et grauwackes. Deux niveaux fossilifères s’y. constatent : l’un inférieur à Vaagenoceras, l'autre supéNeur avec Popanoceras et Stacheo= - cerus. Le Trias inférieur (Werfénien) existe dans l'axe d’un anticlinal visible dans la région côtière à Mara, Toremba, Ourail, presqu'île Libris et presqu'ile Ouano. — 11 consiste en schistes par-: fois assez grossiers et fortement détritiques, en lits tufacés, tufs remaniés, et en une puissante coulée de roches éruptives (rhyolites) avec tufs. A Moïindou ontété recueillis : Meekoceras, Aspidites, Koninckites, Danubites, Doryeranites, Ophiceras, etc. Le Trias moyen se montre dans la bande Mo- méa-Moindou-marais d’Amboua et est représenté par des schistes bien réguliers avec quelques noyaux calcaires. , Le Trias supérieur est représenté partout. Certains de ses niveaux sont très riches en fos- siles. M. Piroutet a pu distinguer 13 assises, dont 9 représentent le Carnien, tandis que les sui- vantes appartiennent au Norien. La onzième représente l'horizon du Pseudonomotis Rich- mondiana, transgressif sur le Carnien, et même le Trias inférieur. La douzième n’est fossilifère que sur la nouvelle route de Moindou à Bourail: elle se fait remarquer par quelques rares Ammo- nitidés avec Brachiopodes de petite taille. IV. Portlandien et Crétacé. — Le complexe Jurassique supérieur et Crétacé, connu en Nou- velle-Calédonie sous le nom de « terrain à char- bon », est constitué par un ensemble de schistes, grès et poudingues fréquemment arénacés et de teinte claire, Quelquefois se rencontrent des grès durs et des schistes de teinte foncée. Quant aux charbons, ils sont en couches parfois assez épaisses, mais souvent irrégulières ; ce sont des dépôts d’estuaire. La formation a été subdivisée en un grand. nombre d'étages qui, généralement, ne sont pas tous représentés dans chaque bassin. — L'espace dont nous disposons ne nous permet pas de résumer cette partie du Mémoire; nous nous contenterons de dire que la série va! du Portlandien au Crétacé. Ce sont les détermina- | tions de MM. R: Zeiller, I. Douvillé, W. Kilian qui ont permis cette attribution. Ce dernier a signalé un Kossmaticeras voisin de À. Baveni qui ‘est une forme caractéristique du Crétacé supé- rieur des régions indo-pacifiques. V. Mésonummulitique. — La découverte de l'Eocène en Nouvelle-Calédonie ne date que de 1905; elle est due à MM. Piroutet et Duprat qui, les premiers, signalèrent la présence d'Ortho- phragmina dans des assises regardées jusqu'alors comme appartenant au Calcaire carbonifère. Les formations de cet âge couvrent de grandes surfaces sur la côte occidentale. Elles se retrou- vent en quelques points de la côte orientale, entre Les rivières de Mou et de Ponérihouen, ainsi que sur le rivage même. Elles consistent en calcaires, schistes, poudingues, grès, argiles schistoïdes, argiles à gypse, coulées de diabase et d'andésite ; enfin en roches siliceuses vulgai- rement désignées sous le nom de caillasses. Trois divisions ont été établies : L'étage inférieur ne s'observe que sur la côte occidentale et au voisinage du littoral. Il est surtout constitué par des calcaires détritiques, des grès calcaires, des poudingues, des argiles à gypse, des schistes et des caillasses siliceuses. L'étage moyen se caractérise par des roches consistant en schistes régulièrement lités et semblant parfois formés d’une série de sphéroï- des plutôt allongés et elliptiques, souvent cons- litués par des séries d’écailles schisteuses enve- dloppant une partie ordinairement détrilique. Ces roches sont bréchiformes; dans les blocs calcaires qu’elles renferment ont été rencontrées des OUrthophragmina de petite taille paraissant se rapporter à l'Orthophragmina varians Kauff. _ L’étage supérieur se montre nettement trans- % gressif et rappelle beaucoup plus l’étage infé- _ rieur que l'étage moyen; il a livré des fossiles È consistant en Foraminifères et en Algues du » groupe des Lithothamniées. On rencontre aussi ; ! er des Nummulites et des Orthophragmines for- mant de véritables nids. LA - . NI. Roches érupltives. — Des roches soit vol- caniques, soit plutoniques, se rencontrent dans toutes les formations géologiques; toutefois, ce sont les roches vertes qui prédominent. Les plus importantes sont des péridotites désignées dans - la région sous le nom de serpentines, et qui, à elles seules, recouvrent un tiers de la superficie _ totale de l'ile. Elles sont non seulement post- crétacées, mais encore post-nummulitiques. — Elles se présentent en massifs et en bandes et à l'état intrusif. On constate, dit l’auteur, que la ligne de contact entre les terrains sédimentaires et les « serpentines » est le plus souvent verticale. Ces données stratigraphiques permettent de résumer l'histoire géologique de l’île de la façon suivante : J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE 51 Après la formation d'une ancienne série cris- tallophyllienne très métamorphique, que sur- monte une autre plus franchement sédimentaire représentant l'Algonkien et peut-être une partie. du Paléozoïque, la Nouvelle-Calédonie s’est trouvée émergée, faisant probablement partie d’une chaine de montagnes. Postérieurement et un peu avant le début du Permien, elle fut de nouveau envahie par la mer. La transgression s’est effectuée par la côte orien- tale, tandis que le littoral opposé, sur l'emplace- ment qu’occupe actuellement la mer, devait se trouver à l’ état de terre émergée. Le littoral de cette mer n’a varié que fort peu; l’emplace- ment de la chaine actuelle recevait des dépôts formant une serie compréhensive, embrassant ce que l’auteur a appelé le Permo-Trias. Pendant la majeure partie du Jurassique, la Nouvelle-Calédonie est émergée et il y a alors formation d’une chaîne montagneuse. Au Juras- sique supérieur (Portlandien) se produit une transgression venant du Sud-Ouest; les assises les plus inférieures du «terrain à charbon» se déposent; ce terrain embrasse la plus grande partie du Crétacé jusqu’au Sénonien. Postérieurement au dépôt des couches séno- niennes à Aossmaticeras Baveni, la Nouvelle- Calédonie est de nouveau émergée; il y a encore formation d’une chaine montagneuse. En outre, une transgression importante est! indiquée par les dépôts de la série supérieure du Mésonummulitique, qui offrent des témoins de manifestations éruptives nombreuses. La mer recouvre alors complètement la Nouvelle-Calé- donie. Ces dépôts du de mebuiue supérieur sont les derniers sédiments, antérieurs à la pé- riode actuelle, dont on constate la présence. Ils ontété énergiquement plissés et le dernier mou- vement de production d'une chaine leur est pos- térieur, Ce dernier mouvement a été suivi de phénomènes éruptifs, dont il reste comme témoin les péridotites qui, à elles seules, cons- tituent une partie notable du sol calédonien. Ajoutons qu’à l'heure actuelle, la partie du géosynelinal dont fait partie la Nouvelle-Calé- donie a repris son mouvement d’affaissement, ainsi qu'en témoigne le profond sillon sous- marin. qui constitue le lit de la rivière Moindou au delà de son embouchure. Enfin, l’activité éruptive et les tremblements de terre si fréquents aux Nouvelles-Hébrides semblent indiquer que c'est là, dans une partie plus orientale du géo- synclinal, que s’est transportée l’activité des forces orogéniques. Cette monographie, fruit de quinze années de x L ve + J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE recherches sur le terrain ou dans le laboratoire, a été très appréciée par les géologues. En rec- tifiant les nombreuses erreurs mises en circula- tion par ses devanciers, notre confrère a bien mérité de la Science française. C’est donc à juste titre qu’en 1918 lui était attribuée, par la Société géologique de France, une de ses plus hautes récompenses, le prix Viquesnel. $ 2. — Géologie de la région septentrionale du Haut-Tonkin Une autre de nos colonies, l’Indochine, fait l'objet depuis quelques années de publications géologiques importantes. Luxueusement éditées avec planches, photographies, croquis et cartes, ces publications, qui paraissent régulièrement depuis 1913, font honneur à MM. Lantenois et Deprat qui ont été successivèment à la tête du Service géologique. Le volume IV, distribué ré- cemment et intitulé : « Etudes géologiques sur le Haut-Tonkin », dù à M. Deprat, résume et complète les précédents travaux. Il mérite d’être analysé et présenté aux lecteurs de cette revue, bien que les idées théoriques exposées semblent LL . ” PEU A . parfois un peu hasardées, méritant d'être ap- puyées sur des observations plus précises. De nombreuses recherches paraissent encore néces- saires,soitdans notre colonie, soit sur ses confins, pour en montrer le bien fondé d’une facon défi- nitive. Après un chapitre consacré à la description générale de son champ d’études, l’auteur s’oc- cupe successivement de Physiographie, de Stratigraphie et de Tectonique. L. Physiographie. — Les traits actuels du relief asiatique et particulièrement de l’Indochine ne peuvent s'expliquer qu'en admettant que ce con- tinent a été soumis à des mouvements épiroge- niques relativement récents. L'observateur est frappé par la juxtaposition de formes topogra- phiques jeunes, témoignant d'un creusement ra- pide, et de formes séniles portant l'empreinte de cycles d’érosion très différents. Toute la partie septentrionale de l’Indochine serait en voie de relèvement, et, d'une façon générale, le: mouve- ment augmenterait d'intensité depuis le littoral pacifique jusqu'aux hautes régions de l'Ouest du Tibet. Au point de vue des cycles d’érosion ravivés par ces mouvements, le Yun-nan et l’Indochine ne forment qu'un tout inséparable. Dans les deux régions, les phases de plissement hima- layen ont été suivies d’une longue période calme pendant laquelle la « pénéplénation » des de divers massifs a été poussée à un degré considé- rable. Ils ont été profondément arrasés et trans= formés en surface d’érosion nettement accusée, C’est ce que M. Deprat a désigné sous le nom de Pénéplaine et de Cyele d'érosion de Kiao-ting- chan. J Cette pénéplénation fut suivie d’un cyele de longue durée pendant lequel ont été creusées de larges vallées et sculptées de grandes surfaces planes. Les restes en sont bien nets, s'étendant en saillies qu’entourent les profondes vallées des cycles actuels. Ce nouveau cycle, qui peut être désigné sous le nom de Cycle de Tsouéi-Wei- Chan, est un témoin de la déformation due à un mouvement épirogénique qui remonte au Plio- cène. Au Yun-nan succède à cette phase de dégra- dation une période de fractures qui n’est pas nettement indiquée au, Tonkin où les grandes failles sont rares. |, Ensuite, dans les deux régions, règne une pé- \ riode de calme ; l'érosion reprend et acheve l'œu- . vre du cycle précédentet alors s'accumulent dans les dépressions des dépôts fluvio-lacustres. Ce nouveau cycle,appelé Cyclede Lin-nynan, semble s'être produit aussi dans le Nord de l’Indochine, bien que les traces n’en aient pas subsisté. Une phase différente succède à cette phase de tranquillité du début des temps quaternaires. Elle se caractérise par un. nouveau mouvement de surélévation accompagné de flexures. Au Yun- nan les failles pliocènes jouent de nouveau à cette époque. La pénéplaine de Tsouéi-Wei= Chan est alors soulevée progressivement par à-coups successifs en se déformant avec gauchis- sement, maximum dans les régions centrales asiatiques et minimum dans les régions pacifi- ques. Alors s'établit le réseau hydrographique actuel : les cours d’eau s'adaptent aux roches qu'ils rencontrent, creusant des canyons dans les calcaires et des vallées plus ouvertes dans les schistes tendres. Cette phase, dite de Kin- cha-Kiang, se décompose en cycles successifs séparés par de très courts instants de stabilité. En résumé, à deux reprises, depuis les plisse- ments himalayens, des mouvements ont releve en bloc cette partie du sol asiatique, et M. De- praten conclutque « l’Asie sud-orientale entière, du Tibet au Pacifique et au Golfe du Bengale, est entrainée dans un mouvement d’une ampleur énorme, peut-être en voie de ralentissement, mais qui, à une époque récente, était encore très rapide ». Ces mouvements ne seraient-ils pas l’écho de mouvements orogéniques pro- fonds? IL. Stratigraphie. — Les terrains de la région \ \ : F4 … tallophyllien, 2 Cambrien, 3° Silurien, 4° Carbo- niférien, 4° Cristallophyllien. — Sur la feuille de Ha- giang dans l'angle Sud-Est de Pa-Kha et sur Lao- Kay, s’observe une série cristallophyllienne pré- sentant un métamorphisme bien accusé et devenant granitique à la base. Viennent ensuite des gneiss et des micaschistes avec intercalations d'amphibolites et de gneiss amphiboliques, puis une série de micaschistes avec intercalations plus rares et enfin des micaschistes à éléments très fins passant à des phyllades granitisées et à des schistes argileux. Toute cette série est - puissamment écrasée. 22 Cumbrien. — Le Cambrien moyen et le Cambrien supérieur existent sur la triple fron- - tière du Tonkin, du Kwang-Si et du Yun-Nan. C'est là un des faits les plus importants décou- - verts par l’auteur et qui comble une lacune con- sidérable ‘dans nos connaissances. Les faunes rencontréesétablissent une liaison avec celles de la région du Chang-Toung. 3 Silurien. — Le Silurien inférieur (Ordovi- cien) a une grande extension géographique dans le Nord du Tonkin. Il est très puissant sur la feuille de Yen-Minh, où les trois étages ont été 4 , ] Li de, d'ofant ds a à 2 - ment caractérisé sur la même feuille par ses fossiles; 1l joue un rôle important avec les ter- rains précédents dans la série écrasée des nappes _ préyunnanaises. | 4° Carboniférien. du Nord du Tonkin consiste en calcaires noirs 4 . avec intercalations de calcschistes noirs et de : | à È rencontres. - Le Silurien supérieur (Gothlandien) est nette- Le Carboniférien inférieur _ cordons de phtanites de même teinte. - Sur la feuille de Yen-Minh, c'est le Carbo- niférien supérieur (Ouralien) qui présente un grand développement. Cette énorme masse d’un _ seul tenant forme le Doug-quan, dont les carac- téristiques régionales sont si particulières au _ point de vue géographique. Les calcaires, formant une masse de plusieurs “centaines de mètres, sont essentiellement zoogè- > - nes, remplis de micro-organismes, Algues cal- | * caires, Foraminifères, Bryozoaires, etc. Au Dong-quan existent des formes de Fusu- lines qui ont permis à l’auteur de diviser l'Ou- _ ralien en trois sous-étages (Tchengkiaghien ou - Ouralien ‘inférieur, Cammonien ou Ouralien » moyen, Lounanien où Ouralien supérieur). L'examen des faunes fossiles montre des dif- - férences entre celles du Tonkin et du Yun-Nan. : Cela serait dù à un ‘ridement qui se serait esquissé dès les temps les plus anciens, reliant HER J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE 53 _ que nous décrivons sont les suivants: 4° Cris- l'élément continental chinois et la chaîne anna- mitique. INT. Tectonique. Les lignes de plissement, . décrivant danse Norddu Tonkin et dans la par- tie sud-orientale du Yun-Nan un vaste arc de cerele, se présentent en zones concentriques que notre confrère classe de la façon suivante : 1° zone interne autochtone; 2° région cristallo- pigienne du Song-Chay; 3° nappes préyunna- naises, 4° arrière-pays yunnanais. 1° one interne autochtone. Elle comprend la régionsituée dansl'intérieur de l’arc des grandes nappes du Song-Chay et du Nan-ti et qui se pro longe au Nord-Est en Chine, vers Kwang-Nan. Cette zone est plissée, mais sans charriages, sans déplacements horizontaux, du moins dans les dernières phases, car on observe quelques indices de charriage venant à l’appui de l’exis- tence de mouvements ouraliens. La zone que nous étudions offre, en outre, dans la région de Ha-giang, à l'Est de la Rivière Claire, une -partie synclinale écrasée dite nappe du Sang-Miên. Ce ne serait autre chose que la bordure de la région reployée sur elle-même en un grand syncelinal couché et brisé en écailles. 20 Zone cristallophyllienne du Song-Chay. Elle est formée de granites écrasés avec gneiss, micaschistes enveloppant la zone précédente. Elle se poursuit au Tonkin vers le Sud; en Chine, elle s’infléchit vers Kwang-nan,se dirigeant au N.-N.-E. et ensuite au N.-E. 5 Elle est autochtone et n’est pas charriée. L'en- semble des gneiss et micaschistes forme une série de racines pincées dans les granites mylo- nitiques, le tout formant un bombement ployé en anticlinal à retombées assez douces. Quant à la nappe du Sang-Mièn de la zone précédente, elle devait former un tout avec la série cristallo- phyllienne avant ia déformation et l’écrasement de cette dernière. 3° Zone des nappes préyunnanaises. — Bien individualisée entre la Rivière-Claire et le Sang- Miën, cette zone enveloppe les précédentes, qu’elle chevauche en décrivant une vaste courbe. Ces nappes mesureraient plus de 170 km., depuis le rebord du pays yunnanais poussé sur elle jus- qu'à la région frontale (?). Ce qui frappe, avant tout, c’est la monotonie de ces formations qui, sur une pareille étendue, s’empilent en écailles, variées dans le détail, mais pareilles dans l’en- semble. & Arrière-pays yunnanüis. C'est dans l’en- semble une zone poussée sur les nappes préyun- nanaises qu’elle écrase et dont les racines s'en- foncent sous elle. Cette distinction et cette distribution des zones tectoniques à permis de formuler des vues générales sur les principales lignes de la struc- ture dans le Sud-Est de l’Asie, en Chine méri- _dionale et en Indochine. A Le fait qui domine cette structure est celui d’une poussée générale vers les régions pacifiques. La région frontale yunnanaise a été poussée sur la zone des nappes préyunnanaises dans le bas Nan-ti, puis celles-ci se sont couchées vers le massif cristallin de la région du haut-Song- Chay et ont passé sur lui en se prolongeant vers la bordure de la région autochtone orientale. Cette bordure est ensuite repliée, constituant ce qui a été appelé la «nappe du Song-Mién». En résumé, ces zones plissées auraient été | poussées les unes sur les autres vers le Sud et le Sud-Est. Les Alpes du Sseu-tchoan auraient été poussées surle Yüun-Nan, le Yun-Nan poussé sur le Tonkin septentrional, et enfin le Tonkin _septentrional poussé lui-même sur la région autochtone, plongeant à l'Ouest de l’élément chinois sud-oriental. | Cette structure ne se comprend, d’après l’au- ‘teur, qu'en faisant entrer en ligne de compte d'anciens éléments continentaux. stables : Elé- ment chinois sud-oriental, Elément thibétain, Elément indochinois, Massif d'Hai-Nan. L'ensemble du pays tonkinois aurait glissé comme un « coin écraseur » entre l’élément indo- chinois et l'élément chinois sud-oriental, for- mant un arc de cercle dont les branches se seraient appuyées l’une sur le dernier et l’autre sur le premier. Une zone de décompression se serait produite à l'Est et les plis du Kwang- toung et du Kwan-si seraient venus déferler J. RÉVIL. — REVUE DE GÉOLOGIE entre les deux éléments sus-indiqués, pendant qu’en arrière s’exerçait sur ces plis une pous- sée venue des régions septentrionales. Ainsi s’entrevoit, conclut notre confrère, l'his- toire de l'Asie sud-orientale, en y joignant la notion des mouvements épirogéniques pour la compréhension du relief. Comme nous le disions au début de cetarticle, ces vues théoriques, très judicieuses et très suggestives, ne nous semblent pas appuyées sur des coupes, des récoltes de fossiles et des relevés suffisamment précis. Les phénomènes supposés ne nous troublent pas tant par leur ampleur que par la difficulté de les étayer sur des faits bien. observés et indiseutables. Quant aux conclusions relatives au relief du Yun-Nan et du Tonkin, elles sont d'accord avec celles de MM. Davis et Baïlley-Wilis sur d’autres parties de l'Asie. Ces deuxsavants, eux aussi, ont conclu à l’exis- tence de mouvements pliocènes et quaternaires pourexpliquer le modelé actuel des divers mas- sifs. Ces notions de mouvements épirogéniques récents jettent un jour nouveau sur l’évolution physique de tout le continent asiatique. Malgré les quelques réserves formulées, Île Mémoire de M. Deprat est une œuvre remarqua- ble, ayant droit à tous nos éloges. Espérons que l'auteur nous apportera bientôt de nouvelles preuves de ces formidables char- riages, en continuant ses recherches dans cette partie si intéressante de l’Asie méridionale. : J. Révil, Président de la Société d'Histoire naturelle de Savoie. a — BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX en Qu BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences physiques Bone (William A.), #. À, S., Professeur de Techno- logie chimique au Collège impérial de Science et de Technologie de Londres. — Coal and its scientific uses (LE CHARBON ET SES EMPLOIS SCIENTIFIQUES). — 4 vol. in-8° de 191 pages avèc 11 pl. et 94 fig. de la , collection : Monographs on industrial Chemistry. (Prix : 21 sh.) Longmans, Green and Co., éditeurs, Londres, 1918. Le développement de l’industrie moderne a été indis- solublement lié à la production du charbon, La mise en œuvre croissante des forces hydrauliques n'a pas fait . diminuer la demande mondiale de ce combustible, qui _ s'élève régulièrement chaque 'année d'environ 5 /, sur l'année précédente, et l’état de choses eréé par la guerre est de nature à accroitre plutôt qu'à diminuer ce taux. Malgré les réserves encore considérables de charbon e renferme l'écorce terrestre, il devient de plus en plus nécessaire d'éviter tout gaspillage de cette précieuse matière première et d’en utiliser le plus complètement possible soit l'énergie calorifique, soit les constituants essentiels, suivant le but qu’on se propose. Cet emploi rationnel du charbon ne peut être réalisé quepar l'application des données de la science, données > que de nombreux expérimentateurs ont accumulées pro- | gressivement, sans en avoir loujours tiré toutes les con- séquences pratiques. C’est cet ensemble de recheréhes, . avec leurs applications à l'usage industriel du charbon, que M. WA. Bone s'est proposé de résumer dans la présente monographie. Elle s'ouvre par un exposé général et statistique de la . question du charbon, considérée surtout du point de vue - anglais, mais où l’on trouvera aussi des renseignements _ Sur la production et les réserves des autres pays du . monde. ‘ du charbon, comprenant la description des bassins . houillers britanniques, l’auteur aborde la question de la _ composition chimique du charbon, L'analyse immé- diate y décèle la présence de substances étrangères : gaz occlus, humidité, sels, cendres!, à côté de la « substance charbon » proprement dite, qui contient. elle-même les éléments G, H, N et S. L'auteur en donne brièvementles méthodes de détèrmination, et celle de la matière vola- tile combustible, ainsi que du pouvoir calorifique. Sur l'analyse élémentaire des charbons se basent les classi- . fications qui en ont été données; l’auteur examine celles . de Regnault-Gruner (qu'il adopte de préférence, en la $ à re 5 LR _ modifiant légèrement),de Wedding, usitée en Allemagne, et de Sayler, adoptée par le Service géologique des Etats- " Unis. Malgré leur utilité pratique, aucune d’elles n’est complètement satisfaisante au‘point de vue chimique, étant donné le peu de connaissancesque nous possédons encore sur la nalure et les proportions des constituants principaux de la « substance charbon ». Ceux-ci, commé l’expose ensuite M. Bone, paraissent appartenir à trois … groupes : constituants cellulosiques (ou ulmiques), azo- » és et résiniques. Les méthodes par lesquelles les chi- mistes ont cherché à se rendre compte de Ia constitution . du charbon sont de trois sortes : 1° attaque au moyen de divers réactifs, en particulier oxydants; 2° action de solvants, comme la pyridine (Bedson, Wheeler, Wall), … le benzène sous pression (Fischer et Étuud, Pictet, Ram- -seyer et Kaiser); 9° action de la chaleur où distillation . à des températures déterminées, question qui a été com- . plètemen 1. À ce propos, l'auteur décrit en détail les procédés de lavage des menus charbons, destinés à les débarrasser des _ substances minérales, Après un court chapitre sur l’origine et la formation’ renouvelée en ces dernières années par les, | importantesrecherches de Burgesset Wheeler,puis Jones et Whéeler et de Hollings et Cobb en Angleterre, de Pie tet et de ses élèves sur le goudron du! vide en Suisse, et de Porter et Taylor aux Etats-Unis, Celles-ci, combinées auxtravaux de Bone et Coward sur le comportement des Lydrocarbures simples aux hautes températures, ont ruontré que la formation des hydrocarburesbenzéniques dans la distillation du charbon résulte de la déshydro- génation de naphtènes du type hydrobenzénique et de la condensation des résidus non saturés qui,en dérivent, et ont porté le coup de grâce à. la vieille théorie de Ber- thelot, d'après laquelle l’acétylène est le produit ultime des décompositions pyrogénées et le générateur fonda- mental des carbures pyrogénés. Cet ensemble de chapi- tre$ sur la composition chimique du charbon se termine par l'étude de l'action de l’oxygèue à basse température et de ses rapports avec la désagrégation, le chauffage et l'inflammation spontanés de cette substance. M. Bone passe alors à l’étude de la combustion du charbon dans les foyèrs, où il distingue les deux pro- cessus de combustion : du charbon solide dans les cou- ches inférieures (ce qui l'amène à exposer les belles recherches de Rhead et Wheeler sur lesystème réversible | 2C0 154 C + CO?),et des gazet vapeurs combustibles ST dans les couches supérieures de la flamme ou au-dessus. ,- IL y rattache la question de la fumée noire et de sa pré- vention, et celle de l'emploi du poussier de charbon dans les foyers. L'utilisation la plus importante du charbon dans l'industrie consiste dans la production de la vapeur par le moyen de chaudières. La conduite économique des chaudières pose une série de problèmes : sélection du charbon, emploi d’une eau non calcaire pour prévenir les incrustations, recherche des causes de la combustion imparfaite du charbon, pertes à la cheminée provenant d'un tirage excessif, mauvaise transmission à la chau- dière de la chaleur dégagée par la combustion, pertes par radiation où conduction, que l'auteur examine avec le plus grand soin, ce qui lui fournit l’occasion de dé- crire quelques types récents de chaudières, qui sont construites sur de nouveaux principes, comme la chau- dière expérimentale Nicolson et la chaudière Bettington pour combustible atomisé. Le chauffage domestique ‘constitue un aulre emploi important du charbon, et là plus que partout ailleurs le gaspillage a élé la règle, surtout en Grande-Bretagne où l’on brûle principalement des houilles grasses dans les foyers domestiques. M. Bone montre qu'on pourrait réaliser de sérieuses économies, soit en employant des fourneaux et. des foyers construits suivant des règles plus scientifiques, soit en utilisant du coke provenant de la carbonisation des houilles grasses à basse tempe- rature ou le gaz. L'auteur décrit à ce sujet les expé- riences de Vernon Harcourt sur le chauffage des appar- tements au coke sur une grille de son invention, et les expériences de Leeds et de Yates sur le chauffage au gaz. k La combustion du charbon dans les foyers industriels et domestiques donne lieu à la production de fumées plus ou moins abondantes, qui, en polluant l’atmos- phère des grandes agglomérations, constituent un grave inconvénient pour la santé publique et la végétation. M. Bone expose, malheureusement trop brièvement, les éléments de ce problème et les solutions qu'on a tenté d'y apporter. ‘ Lescombustibles gazeux présentent, à plusieurs points de vue, de grands avantages sur les combustiblessolides comme le charbon, Or, il se trouve fort heureusement que le charbon pent être gazéilié, en partie ou en tota- lité, sous forme de gaz d'éclairage dans un cas, de gazà 56 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX l'eau et de gaz de gazogène dans l’autre. Après avoir fait ressorlir les propriélés générales de ces gaz : valeur ca- lorifique, limites d'’inflammabilité, mélanges explosifs, rayonnement et température des flammes, l'auteur expose en détail les industries de la carbonisation(fabri- cation du gaz d'éclairage et fabrieation du coke métal- lurgique sans et avec récupération des sous-produits) et les industries de la gazéification complète (fabrication } du gaz de gazogène, avec récupération de l'ammonia- que, et fabrication du gaz à l’eau, simple et carburé.) Le rôle important du.combustible dans la fabrication de la fonte et de l’acier amène ensuite l’auteur à étudier la chimie et le bilan thermique du haut foùrrteau, avee la question connexe de l'utilisation des gaz d’échappe- ment, et à donner le modèle d’une; organisation de fon- derie et d’aciérie moderne réalisant l’économie maxi- mum de charbon; un chapitre est également consacré à la question, encore controversée, de l'économie réalisa- ble par le soufllage des hauts fourneaux à l’air sec. Eulin, après quelques pages sur les divers modes de transformation de l'énergie du charbon en travail méca- nique et leurs avantages respectifs, M. Bone termine son ouvrage par un chapitre sur un mode de combustion connu depuis longtemps au point de vue scientifique, mais dont il a su faire un procédé industriel pratique : la combustion superficielle sans flamme. Comme on le voit par l'aperçu qui précède, ce volume traite d'une foule de questions de la plus haute impor- lance; nul n’était mieux qualifié que M. Bone pour les exposer : tant par ses recherches personnelles sur plu- sieurs d’entre elles que par son long professorat des industries du gaz et des combustibles à l'Université de Léeds et ses fonctions de président, de 1915 à 1917, du Comité de l'Association britannique pour les économies de combustible, qui lui ont permis de rassembler un grand nombre de documents sur ces sujets. Son ouvrage est parfaitement à jour, puisqu'il y est fait état de re- cherches publiées en 1918. L'auteur y a accordé une part très prépondérante aux travaux anglais et américains ; mais il faut dire qu'ils ont été particulièrement nom- breux au cours de ces dernières années, et le lecteur français, qui les connaît peu, sera heureux de les trou- ver là rassemblés. Cette monographie fait donc grand honneur à l’auteur et à la collection dans laquelle elle paraît, qui compte déjà plusieurs ouvrages de valeur. À. DELESNE. Gain (Edmond), Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur de l’Institut agricole et colonial de l'Univer- sité de Nancy. — Précis de Chimie agricole. ? édi- tion, — 1 vol. in-16 de 510 pages, avec 137 fig. (Prix: 12 fr.). J. B.- Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1918. M. Gain vient de faire paraître une nouvelle édition de son « Précis de Chimie agricole » qui laisse loin der- rière elle la première, parue, il est vrai, en 189. L L'ouvrage actuel est, en effet, un livre substantiel de 500 pages: livre d'enseignement, d’unetenue scientifique déjà élevée, où le souci de la documentation se révèle à chaque chapitre, où les chercheurs pourraient puiser d’utiles indications. C’est un bon guide, un peu. touffu peut-être, pour l'étude, si vaste dans son ensemble, si complexe, si intéressante et si importante de la chimie ugricole, « Science biologique, dit l’auteur dans son introduction, basée sur l’expérimentation et l’'observa- tion, aidée par la technique du chimiste et celle du bio- logiste », donc science diflicile, qui se trouverait bien d'une collaboration constante du chimiste et du biolo- giste,ayant, l’un et l’autre, des connaissances pratiques assez étendues, qui pourraient ainsi préciser davantage l'importance de chaque opération culturale, de chaque pratique agricole, ) Si, dans cet ouvrage, la question des engrais est lar- gement traitée au point de vue origine, fabrication, uti- lisation, peut-être aurait-il fallu attribuer uue place plus grande encore aux litières et au fumier, le premier en importance, au point de vue pratique, de tous les en- grais.L'agriculteur, s’il achète les engrais, produit le fu-… mier, et ce fumier, il ne sait pas, en général, le bien produire, il ne sait pas toujours l'employer judicieuse-" ment. Ce livre, illustré de nombreuses gravures et schémas, , riche en tableaux, fait honneur à l'esprit critique du botaniste-biologiste distingué qu'est M. bien mis en lumière le rôle et l’aide des infiniment- petits, et n'ä pas omis un chapitre instructif de météo= rologie agricole. R. CHAVASTELON, Professeur à la Faculté des Sciences : de Clermont-Ferrand, 2° Sciences naturelles Dugard (Henry). — Le Maroc de 1918. — 1 vol. in 16 de 286 pages. (Prix : 4 fr.) 50. Payot et Cie, édi- teurs, Paris, 1918. Ce livre se compose de chroniques détachées, consa crées principalement à la colonisation, à l'urbanisme, aux industries à créer, aux marchandises à importer, - aux routes et chemins de fer, et particulièrement aux transformations qui se sontproduites au cours de lan- née écoulée. C’est un cinéma très vivant des actualités marocaines. M. Dugard, qui connaît parfaitement le. Maroc, s'est proposé d'attirer l'attention du public des affaires sur les problèmes économiques soulevés par la mise en valeur du Maroc. Des notes bibliographiques permettent au lecteur de compléter sa documentation Gain, qui a sur les sujets esquissés par l'auteur, mais des croquis. nf cartographiques font défaut. PIERRE CLERGET. Vincens (François), Ancien préparaleur de Botanique appliquée à la Faculté des Sciences de Toulouse. — Re- cherches organogéniques sur quelques Hypocréa- les(7hèse pourle Doctorat ès Séiences naturelles présen- lée à la Faculté des Sciences de Paris). — 1 fascicule in-8° de 170 pages avec 71 fig. dans le texte et 3 pl. . hors texte. Imprimerie L. Declume, Lons-le-Saulnier, 1917. L'auteur se propose pour but, dans cet important travail, la recherche d'une base meilleure que celle sur laquelle on s’appuie actuellement pour la classification des Pyrénomycètes. Il fait d’abord le procès des critères qu'emploient les auteurs, notamment : le stroma, sa présence, son absence, sa structure, sa consistance, sa situation par rapport au substratum ou aux périthèces, - enfin les spores, déjà plus utiles. La elassification doit être établie sur un ensemble de caractères, mais on peut pratiquement avoir recours à une série très restreinte de ceux-ci dont on sait qu'ils commandent à tout un ensemble d’autres caractères avec lesquels ils sont en corrélation. Pour choisir de tels « caractères indices », il faut une connaissance approfondie du groupe à classifier, une expérience telle qu'un homme peut rarement l’acquérir dans le temps permis à ses observations, d'idées, la classification des Discomycètes par M. Bou- Mier. Cette classification est basée sur des particularités dela structure et de la composition chimique des asques, bleuissant où non par l'iode, operculés ou non. « Cette. classification n’a pu être établie par son auteur que parce qu'il s'était d'abord tellement familiarisé avee les Discomycètes que les caractères auxquels il a fait appel. . * On cite, dans cet ordre a ne sont que des indices commodes pour classer ét reconnaitre des formes dont la similitude et les aflinités lui avaierit été révélées à la longue par tout un ensem= ble de caractères plus difficiles à définir. » M. Vincens renonce pour son comple à appliquer une méthode analogue aux Pyrénomycètes, au sujet desquels nos connaissances sont trop incomplètes; il cherche seulement à découvrir des caractères moins factices que ceux du stroma ou moins difliciles à applir quer que ceux des spores. Les asques paraissent donne- Tr NL. , Des BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 57 “une plus grande satisfaction, ainsi que certaines parti- “cularités anatomiques du périthèce, telles que la struc- ture et le mode de disposition de l’hymenium. Mais l’auteur observe très justement qu'on ne peut évaluer un caractère adulte au point de vue de la classification qu'autant que l'on en connait l’ontogénie. Celle-ci est nécessaire pour expliquer la phylogénie, dont doit s’ins- pirer la classification naturelle; elle permettra encore d'éviter des erreurs d'appréciation telles que celles déri- vant de simples convergences de formes entre les orga- nes considérés. C’est ce qu’exprime fort bien M. Vuil- lemin dans la phrase suivante que rappelle l’auteur : - « La complication anatomique et histologique est d'un médiocre intérêt systématique quand nous la constatons à l'état définitif; il nous importe surtout d’en connaître Vorigine, l’ontogénie de l'espèce étantencore le meilleur guide dans4es recherches phylogénétiques. Aussi les elassificateurs s’appuient-ils de plus en plus sur l’orga- - nogénie pour apprécier la valeur des caractères. L'or- ganogénie permet, en effet, de déceler les caractères - ancestraux qui doivent avoir-le pas sur ceux qui ne sont que le résultat d’une adaptation locale et tempo- raire, » La connaissance des tout premiers stades de forma- tion de périthèces d'espèces diverses peut parfois faire la lumière sur leurs affinités ou montrer, au contraire, que la classification doit les éloigner les uns des autres. Mais encore faut-il, pour savoir bien tirer partie de l'ontogénie en classification, en connaître les caractères sur nombre d'espèces différentes appartenant aux gen- res les plus divers. Prenons, au hasard, parmi les cas nombreux qu’étu- die l’auteur, un exemple, montrant l'utilité de l’organo- . génie en classification : La disposition de l’hymenium de l'Hypocrea gelatinosa rappelle beaucoup cellede l’hy- menium du Nectria Ribis, mais l'origine en esttoute difré- rente. Tandis que l’ascogone dégénère chez le Nectria . Ribis, c’est par la multiplication de ses éléments que se produit au contraire l’hymenium chez l’Hypocrea. Chez le Nectria, l'hymenium provient d'éléments quis’élèvent peu à peu du fond contre les parois latérales, tandis que chez l’Aypocrea il s'organise sur la presque totalité . de la paroi interne aux dépens, des assises cellulaires constituant primitivement cette paroï. « D'où il résulte - que le développement du périthèce ne saurait indiquer qu'une aflinité très faible entre les genres Æypocrea et Nectria. » L'auteur, ayant bien établi l'intérêt des recherches organogéniques pour la classification des Pyrénomy- cèles, . retrace l'historique des travaux acquis pour ce groupe et dans cette voie, Ils se répartissent dépuis de Bary et Woronin (1863 et 1864) jusqu'à Dangeard (1894), dont les travaux, comme ceux qu'il a suscités, ont d’ailleurs bien plus pour objectif les faits cytologi- ques de la reproduction que l’organogénie elle-même; toutefois les progrès de celle-ci lui sont redevables pour _ une large part. Le travail de M. Vincens contribue à réhabiliter les . études de l’organogénie du périthèce auxquelles de Bary s'était attaché et dont Brefeld avait si durement criti- qué la portée : « Il (Brefeld) déplore qu’une école ait pu dépenser, plus de vingt années durant, une activité -dévorante à tourner les vis de l’ascogone, et que ces tours de spire aient entrainé dans leur tourbillon la Mycologie tout entière et les mycologues » (Vuillemin). C'est dans l'esprit que nous venons d'indiquer que l’auteur aborde l'étude de l’organogénie des Hypocréa- les: IL suit le développement des périthèces chez un cer- tain nombre de genres; il compare entre eux les résul- tats, non sans tenir compte des travaux des auteurs — généralement fort incomplets — sur des espèces des mêmes genres qu'il n’a pu personnellement étudier. Il note également, pour en faire état, certains caractères du périthèce adulte, notamment de l'hymenium et desa répartition dans le périthèce, de l’asque et des spores. Il constate quatre modes de formation de périthèces - fort différents les uns des autres existant respectivement chez Melanospora Mangini nov. sp., Nectria Ribis, Hypocrea gelatinosa, Claviceps microcephala. Nous ne pouvons suivre l’auteur dans la partie spéciale de son travail dont nous indiquons simplement les tendances. Il conclut de l’ensemble de ses recherches que le mode de disposition des asques dans le périthèce ne pourrait seul servir de base à une revision des Pyrénomycètes. Cette revision ne pourra s'effectuer que lorsque l’orga- nogénie d’un três grand nombre d’espèees sera connue. « En nous renseignant sur les aflinités, seule l’orga- nogénie nous permettra d'établir des groupes naturels, mais il est permis d'espérer qu'une fois ceux-ci établis, le mode de disposition des asques nous fournira des caractères précis pour les définir, à condition de les associer à d'autres caractères fixés et faciles à observer, tels que ceux tirés de la structure des asques et des spores. « Ainsi pourrons-nous arriver par l’organogénie à l'édification d’une classification naturelle pour laquelle des caractères anatomiques nous fourniraient descadres précis permettant une claire définition des familles et des genres. » L'ouvrage est complété par un index bibliographique et il se termine par 3 planches hors texte s’ajoutant aux 7: figures dans le texte. Les figures de cet excellent travail nous suggèrent une petite remarque. M. Vincens, qui dessine d’ailleurs fort bien, a adopté de représenter, dans ses dessins à grande échelle les tissus, les filaments, les spores, lorsqu'ils sont jeunes, par un pointillé à la main qui témoigne de sa patience, mais qu'il ne limite pas par un trait continu au niveau de la membrane d’enveloppe. Il en résulte parfois un- aspect nuageux et comme vaporeux d’un effet singulier. Sans doute l’auteur a voulu différencier les tissus jeunes et délicats de ceux qui présentent des membranes assez épaisses ou même cutinisées : par exemple, le tissu hyménial et les asques qui en dérivent,dutissu externe de la paroi périthéciale, Le contraste est, en effet, saisissant, mais ne peut-il s’obtenir qu’en éludant cette membrane si caractéristi- que des tissus végétaux à la figuration nette de laquelle nous sommes accoutumés ? Ici, le protoplasma parait ne devoir se maintenir dans une forme déterminée que grâce à une tension superficielle impossible. Ce procédé pourrait trop facilement servir à masquer sous un flou voulu les défectuosités d’une préparation obscure dans les zones délicates que constituent les jeunes tissus. Hätons-nous de dire que tel n'apparait pas ici le cas. Il a surtout le tort de faire involontairement penser aux théories abolies et aux figures de Schleiden représentant les cellules comme le produit de la différenciation pro- gressive d’une gelée vivante ou protoplasma fonda- mental. Il s’agit là d’une remarque d’une infime importance et que nous n’aurions point faite si l’habilété dont témoignent ces dessins n’attirait sur eux l'attention et ne nous faisait regretter ce qui nous semble une légère imperfection, et puis n'est-ce pas le sort d’une « thèse » de subir des critiques qui s’attachent-forcément à de menus détails lorsqu'elles ne peuvent atteindre des points essentiels ? Le travail de M. Vincens témoigne d'excellentes qua- lités de naturaliste, d'un sens critique avisé de la clas- sification très utile pour un mycologue systématicien. M. Vincens est d’ailleurs déjà connu par un certain nombre de notes intéressantes de Mycologie systéma- tique ou appliquée, Le Gouvernement du Brésil lui avait confié, peu de temps avant la guerre, une importante mission de naturaliste qui a porté ses fruits. Tout ce passé fait bien augurer des travaux de Pathologie végé- tale d'intérêt général que M. Vincens est appelé à eflec- tuer dans une de nos plus importantes colonies. J. BB&AUVERIE, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. Ü L 5) BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Downing (Elliot R.). — The third and fourth Ge- neration. An introduction to Heredity (La TRoïr- SIÈME ET LA QUATRIÈME GÉNÉRATIONS. UNE INTRODUC- TION A L'HéRrépDiTÉ), — 1 vol, in-16 de 164 p. avec 13 fig. (Prix cart. : 1 dollar). The University of Chi cago Press, Chicago (IIL.), 1918. = Les qualités aussi bien que les défauts des parents se transmettent-ils aux enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération, et même au delà, voilà une ques- tion qui a préoccupé les esprits depuis les tenips les plus anciens. Et cependant il n’y a guère plus d’un demi-siècle que le problème de l’hérédité a été abordé d'une façon scientifique, et é’est au cours de ces vingt dernières années qu'ont été acquis les résultats les plus importants dans ce domaine. f Ces résultats, M. Downinga voulu les exposer d’une daçon très simple à l'usage du grand public et même des élèves de l’enseignement secondaire. Partant des Eonnées sur l'amélioration des chevaux trotteurs aux Ltats-Unis, il montre le rôle dé l’hérédité dans ce cas. p'hérédité étant liée à la reproduction sexuée, il rap- pelle brièvement les phases de ce processus chez les vlantes et les animaux. Puis il passe à l'exposé des tra- paux de Mendel et de ses continuateurs et des prinei- qales lois qui en découlent. Il montre alors comment l’homme, par l’hybridation, a cherché à isoler les ca- ractères mendéliens et à les réunir en de nouvelles com- binaisons (expérienees de Burbank, de Nilsson, etc), L'auteur expose ensuite la théorie qui voit. dans les chromosomes la base visible de l'hérédité, les faits sur lesquels elle s'appuie, les exceptions apparentes signa- lées par Nilsson, Morgan... et l'explication qu’on peut en donner. Un chapitre est également consacré à la question de l’hérédité des caractères acquis. Enfin, l’au- teur étudie l'hérédité des caractères physiques et men- taux de l'homme au moyen d'un certain nombre de ta- bles généalogiques, dont plusieurs se rapportent à des familles royales, et il termine par quelques consi- dérations sur le problème pratique de l’hérédité hu- maine, avec ses conséquences morales et sociales. Ce petit volume est écrit avec une grande simplicité alliée au souci constant de la rigueur scientifique ; nous n’en connaissons pas qui donne une meilleure vue gé- nérale, à la portée de tout esprit cultivé, du captivant problème de l'hérédité, L. DezPnin. 3° Sciences diverses Cambon (Victor), — Où allons-nous ? — / vol. in-16 de 300 pages. (Prix : 4 fr. 50.) Payotet Cie, Paris, 4918. Il existe en médecine pratique deux esprits très dif- férents : certains médecins sont pessimistes, ne voient que les tares de leurs malades, les complications à re- douter, leurs pronosticssont toujours poussés au noir; d'autres, par contre, restent optimistes quand mème, Peu importe, si tous deux luttent contre la maladie et sauvent leurs malades. En sociologie, nul ne contestera que M. V. Cambon appartient au premier groupe, La lecture de son livre: Où allons-nous ? est d’un noir outré et l’on se demande réellement, non pas où nous allons, mais commentnous existons encore, et finalement on arrive, surtout après les événements actuels, à déduire qu’il existe dans le peuple français un fonds de résistance merveilleux puis- qu’il a putriompher, malgré tant d'erreurs accumulées, du formidable assaut livré par l'Allemagne si forte- ment organisée, Les premiers chapitres de son livre sont consacrés à l'hygiène sociale. Nous ne pouvons que l’'approuver, quand il réclame un meilleur entrai- nement physique de la jeunesse, une amélioration des locaux d'habitations, mais un critique aussi âpre ne doit pas s'’exposer lui-même à de sévères critiques, et quand il vientse moquer des hygiénistes qui deman- daient un minimum de 15 mètres cubes par enfantdans les écoles, il fait une erreur grossière en supposant qu'une salle d’école est « un espace hermétiquement clos, sans ventilation naturelle, même quand les fenê- tres sont fermées », Il montre qu’il ignore la ventila- tion naturelle par les parois, etc, En réalité, dans une classe avec 15 mètres cubes où les élèves séjournent quelques heures au plus, l’asphyxie lente n’est pas à redouter, et les hygiénistes qui ont demandé ce cubage ne sont véritablement pas «les responsables de la veu- lerie dont on incrimine les classes moyennes ». Il faut bien reconnaître que beaucoup des critiques de l’auteur sont justifiées, que nos administrations pu- bliques : postes, télégraphes, canaux ont un rendement déplorable et qu'il aurait été possible d'améliorer ra- pidement, que la limitation aux fortifications du Métro- politain de Paris est un de ces non-sens absurdes, quene saurait justifier la défense d'intérêts particuliers. La description de la vieille usine retardataire est vraie, mais ona fait beaucoup, cependant, de ce côté. Enfin pourquoi M, Cambon, si admirateur des Etats- Unis, ne nous parle-til pas de l’organisation de nos mines au point de vue sanitaire? Nous avons, sur ce point, une supériorité établie par les chiffres. Un peu de ciel bleu, dans l’amoncellement des gros nimbi et des eumuli, aurait été à sa place, Il y arrive d’ailleurs avec son exposé de l’œuvre de Lyautey au Maroc, chapitre des plus intéressants. Rien ne prouve mieux ce que peuvent faire les Français. J.-P. LanGLois. — 1 vol. inA16 de Cie, éditeurs, Lysis. — L'erreur française. 296 p. (Prix: 4 fr. 50.) Payot et Paris, 1918. : La lecture du volume de M. V, Cambon : Où allons- nous? terminée, j'ai pris l'ouvrage de Lysis : L'erreur française. L'atmosphère n’est pas changée, mais la critique se fait encore plus acerbe, Notre régime parle- mentaire est violemment attaqué et, il faut bien l'avouer, cette critique ne soulèvera pas, au moins parmi la majorité des lecteurs, beaucoup de révolte. Nos parlementaires n’ont peut-être pas une très mauvaise presse, grâce à la censure qui les protège encore, mais ils jouissent certainement d’une estime médiocre, non seulement dans les milieux intellectuels, mais égale- ment dans le monde du travail, et certainement aussi. parmi ceux qui luttèrent à la frontière. Ici encore, tous les reproches ne sont pas justifiés, et ceux qui ont pu suivre les travaux des Commissions savent que, parmi nos représentants, quelques-uns ont fait œuvre utile, indispensable même. Nous aurions voulu trouver dans la campagne de Lysis précisément cet esprit de justice qui, établissant le bien et le mal, donne plus de poids aux critiques. Malheureusement ces critiques, si amères soient-elles, se trouvent trop justifiées. En lisant les pages consacrées aux forces perdues, on ne trouvera pas exagéré le titre: « L'incurie criminelle », quand on se sera rendu compte de tout ce qu'un Gouvernement aurait pu tirer de nos admirables ressources hydrauliques. Dans un pays où le charbon est rare et cher, nous laissons neuf millions de chevaux tomber inutiles de nos montagnes, soit 54 millions de tonnes de charbon par an, plus que nous n’en consommons actuellement. L'histoire de notre législation minière est aussi la- mentable, et ici toute la responsabilité retombe, il faut le reconnaitre, sur les parlementaires. Deux cents con- cessions minières attendent, depuis ans, l'autorisation nécessaire, et l'Angleterre gagne avec son industrie mi- nière 600 millions, la France 60 millions. | Espérons qu'instruits par la dure expérience de ces dernières années, nous arriverons à développer nos ri- chesses. Il est bon qu'un eri d'alarme soit jeté, même quand il est quelquefois lrop exagéré. ' J.-P, LANGLOIS, APT ACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 23 Décembre 1918 M. G. Charpy estélu membre de la Division des Ap- plications de la Science à l'Industrie. … j° SciENCES PHYSIQUES. — M. A. Portevin : Compa- raison entre léquilibre élastique interne des alliages après trempe et après écrouissage par élirage à froid. L'auteur a effeelué cette comparaison par l'étude des elforts ‘internes longitndinanux développés dans des cylindres mélalliques ; il a opéré sur le laiton ordi- -naire de décolletage. L'examen des diagrammes obte- nus pour le laiton trempé et le laiton étiré montre que la répartition des efforts internes longitudinaux est _ précisément inversée de l’un à l’autre cas : l'extérieur, qui se trouve en compression du fait de la trempe, est “en extension après étirage, IL faut donc être très pru- dent en établissant, comme on l’a tenté, des analogies entre les résultats des opérations de trempe et d'’é- - crouissage, — MM. R. Dubrisay, Tripier el Toquet : * Sur la miscibilité du phénol et des liqueurs alcalines. Le coeflicient de miscibilité du phénol et de l'eau est nettement accru par la dissolution de bases alcalines dans la phase aqueuse. L'action des bases alcalino- . terreuses, bien que moins marquée, est analogue à celle … des bases alcalines. Par contre, les acides et les sels + d'acides forts diminuent le coeflicient de miscibilité ré- - ciproque du phénol et de l’eau; les carbonates alcalins _ agissent dans le même sens, , 20/SCIENCES NATURELLES. — M. L. Fernandez Na- varro : Sur la constitution de l'ile de Gomera. L'ile de à _Gomera, la moins connue des Canaries, est constituée uniquement de matériaux volcaniques : : série trachy- phonolitique de moins en moins riche en silice, for- tement érodée, puis laves basiques (labradorites, ba- - saltes). Il existe des enclaves de roches diabasiques dans les matériaux de projection de l'ile; elles pro- - viennent soit d’un substratum basique ancien,soit d’in- _trusions profondes. Malgré l'absence de sédiments, il É est probable, par analogie avec les autres îles de l’Ar- … chipel, que le groupe trachyphonolitique appartient au - l'ertiaire moyen ou inférieur, tandis que les émissions - basiques doivent être pliocènes ou quaternaires. — M. A. Vacher: Sur la morphogénie de la rade de Brest. + La rade de Brest peut être considérée comme l’œuvre … de l'érosion continentale: c'est une dépression qui a . jadis été sculptée parles eaux courantes dans unemasse de roches relativement tendres (sédiments schisteux briovériens et dévoniens) qu'entourent deux ceintures gréseuses plus dures ou moins continues (quartzi- tés de Plougastel et grès armoricain), La sculpture ar les eaux courantes a été poussée très loin parce que la zone de roches tendres a été labourée par plu- sieurs cours d’eau qui venaient y,Sonfluer les eaux ines, dans leur montée récente, n’ont fait qu’enva- cette zone basse, dont le relief était parvenu à un _ stade d'évolution très avancé. — M, P. Pruvost: Les . Poissons fossiles du terrain houiller du nord de la France. Ues Poïssons se répartissent en trois'catégories distinc- 1° Poissons marins, cantonnés aux sédiments d'origine … marine; 2° Poissons limniques, limités aux dépôts d’eau : douce et jamais associés aux précédents; 3° Poissons eu- ryhalins, marins an début de l'époque westphalienne et s’acelimatant progressivement à des eaux de moins en moins salées, Au point de vue stratigraphique, on peut distinguer des espèces à vaste dispersion stratigfa- phique (ce sont précisément les types eurybalins, qui _ônt présenté une longévité considérable) et les espèces tes, offrant des mœurs et des habitats différents :* ACADÉMIES ET SOCIÈTES SAVANTES > - DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER VLIBRAR Y Z\ 2 à localisées stratigraphiquement (c'est Ta grande majo- rité), précieux repères pour la distinction des veines et des faisceaux. — M. M. Molliard : /n/fluence de certai- nes conditions sur la consommation comparée d'u glucose et du lévulose par le Sterigmatocystis nigra à partir du saccharose, Lorsque l'acidité du milieu vient à augmen- ter, ou lorsque le taux d’azote est insuflisant, le rap- port de consommation du glucose au lévulose par les cultures de Sterigmatocystis nigra s'élève considérable- ment, etle glucose disparaît à un moment où il existe encore des quantités considérables de lévulose, — M. A. Paillot : Coccobacilles nouveaux parasites du Ilanneton. D'un lot de Hannelons envoyé de Tours, l’auteur a isolé trois espèces de coccobacilles, toutes différentes de celles décrites jusqu'ici, Deux liquéfient la gélatine et peuvent être rangées dans le groupe du Bacillus melolonthae liquefaciens, sous les leltres £ et y; l'autre ne liquéfie pas la gélatine et peut être rangée dans le groupe du B. melolonthae non liquefaciens (2). Les deux premières sont virulentes pour le Hanneton etles chenilles d'Euproctis chrysorrhea et de Lymantria dispar. Séance du 30 Décembre 1918 Sir A. Wright est élu Correspondant pour la Section de Médecine ‘et Chirurgie, en remplacement de M, J, Bernstein, 19 SCIENCES PHYSIQUES. — M. L. Lumière : Méthode d'enregistrement graphique au moyen d'un jet gazeux. Le dispositif habituel d'enregistrement graphique (style se déplaçant sur une bande de papier enfumé) présente l'inconvénient d'altérer l'exactitude de la courbe, par suite du frottement du style sur le papier. Pour éviter cette imperfection, l’auteur emploie un jet de gaz réa- gissant, chimiquement sur un papier convenablement préparé. Le style est remplacé par un tube de très petit diamètre, terminé par un ajulage très fin recourbé, mais ne touchant pas le papier. La pression de gaz nécessaire étant extrêmement faible, la réaction dynamique du jet gazeux à la sortie du tube peut être considérée comme négligeable, L'auteur a utilisé avec avantage un jet de gaz ammoniac réagissant sur un papier imprégné à l’acé- tate mercureux. — M. A. Mayer: Sur quelques dérivés de l’isatine. En chauffant l’isatoxime avec de l’acide acé- tique concentré et en ajoutant de la grenaille de zinc, l’auteur a obtenu un corps rouge foncé, de composi- tion C!I6SHSO?N?7Zn. C’est le sel de zinc d’un isomère de l’indigo, probablement identique à l’indine de Laurent et à l’iso-indigotine de Wabhl et Bagard. L'auteur a éga- lement préparé quelques acides rubazoniques mixtes de la série de l’isatine, — M. P. Gaubert : Sur la colora- tion artificielle des cristaux liquides. L'auteur a constaté que la coloration artificielle des cristaux liquides (par l'indophénol) fournit, par suite des divers états sous lesquels se présente le anême Corps, des résultats inté- ressants relativement à la règle de Babinet et à l’in- fluence de la biréfringence sur le polychroïsme, Ces résul- tats sont conformes à ceux que l’auteur a obtenus avec les cristaux dits « solutions solides » et dont les pro- priétés sont différentes de celles des cristaux mixtes, 2° SCIENCES NATURELLES, — S.A.S, le Prince Albert de Monaco : Marche des mines flottantes dans l'Atlan- tique nord et l'Océan glacial pendant et après la guerre. L'auteur montre, d’après ses recherches faites depuis 20 ans au moyen de flotteurs sur la circulation océa- nique, que les mines flottantes déposées dans les mers d'Europe et détachées finiront par se retrouver à la sortie de la Manche où elles entreront dans le grand courant de la circulation du Gulf-Stream, passant dans le golfe de Gascogne, le long des côtes du Portugal et du 60 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Maroc, autour des Canaries, au Nord des Iles du Cap Vert et des Antilles, par les Bermudes pour revenir au S.-W, de l'Irlande, où il se partage en deux branches : l’une rejoignant le cycle précédent, l’autre longeant les côtes occidentales de l'Irlande et de l’Ecosse et les fjords de Norvège pour se perdre dans l'Océan glacial arctique. Les mines parcourront pendant longtemps ces trajets | jusqu’à ce qu’elles aient toutes disparu par explosion contre d’autres épaves, les côtes ou les glaces, L'auteur donne des conseils aux navigateurs sur les routes à suivre de préférence dans l'Océan pour ‘éviter la ren- contre de ces terribles engins. — M. Ph. Glangeaud : Le volcan du Sancy. Ses volcans secondaires et ses lacs, Le volcan du Sancy, d’une grande complexité géologi- que, constitue le plus considérable des trois centres principaux du massif voleaniqué des Monts Dore. D'une altitude primitive de 2.500 m., et seulement d'une hau- teur propre de 1.600 m., il mesurait près de 80 km. à la base et couvrait une surface de plus de 500 km.? (3 fois et demi celle du Vésuve). L'activité volcanique débuta sur ce territoire par des éruptions variées, disséminées sur tout l'emplacement du volcan, puis se concentra dans un cône central, recouvert bientôt de nombreux volcans secondaires (plus de 60). Ces appareils présen- tèrent un dynamisme variable (vulcanien, strombolien ou péléen). Le cratère central n’était pas au Sancy, mais un peu plus loin à l'Ouest, vers le grand Aïgallier. Le Sancy représente le culot cratérique d’un volcan secon- daire. — M. P. Lesage : Utilisation de la courbe des limites de la germination des graines après séjour dans Les solutions. L'auteur a constaté que les graines peuvent conserver leur vitalité plus ou moins longtemps dans des milieux qu’on est porté à considérer comme mortels : solutions alcooliques de concentrations diverses allant jusqu’à l’alcool pur. Bien plus, chez des graines ayant germé pendant 1, 2 et même 3 jours, mises ensuite en solutions alcooliques, puis retirées et placées sur eau de source, on voit les embryons recommencer à s’accroitre dans certains cas, qui dépendent du temps de séjour dans les solutions et de la concentration de celles-ci. Ces faits pourront être utilisés à l'élimination de cer- taines graines moins résistantes dans des mélanges. — M. Aug. Lameere : Les Dicyémides. L'auteur commu- nique les résultats de quatre années de recherches sur l’'embryogénie des Dicyémides. De celles-ci il résulte que ces organismes sont des Vers, dérivant des Orthonec- tides. — Mlle L. Dehorne : Fausse incubation chez un Eunicien.Les pontes del’ Æeteronereis Malgremi sont des amas mucilagineux renfermant un liquide dans lequel flottent non seulement les œufs, mais aussi la femelle qui les a pondus et qui tourne autour d’eux comme si elle voulait en assurer la protection. L'auteur montre qu'il ne s’agit pas d’une incubation et que l'inclusion de l'Aeteronereis femelle à l’intérieur de sa ponte est for- tuite, Elle résulte de l'abondance des phénomènes sécré- toires qui accompagnent la ponte : l'Annélide se trouve enveloppée d’un fourreau de mucus, qui est distendu par un liquide provenant des organes oviducteurs, et elle se trouve ainsi emprisonnée jusqu'au moment de la libération des embryons, devenus aptes à la vie libre. — M. L. Lapicque : Æmploi des Algues marines pour l'alimentation des chevaux. L'auteur a constaté que les Laminaires séchées, puis abondamment lavées avec addi- tion soit d’un peu de chaux, soit d’un peu d'acide, sont presque totalement digérées par le cheval, après une courte période d'adaptation. Au repos, on peut rempla- cer dans l’alimentation la totalité de l’avoine par des Algues ; avec un travail léger, l'équilibre nutritif a été obtenu par 1.500 gr. d'algues et 500 gr. d'avoine (outre foin et paille), Toutefois, ces préparations présentent une minéralisation excessive. L'auteur l’a diminuée par un nouveau procédé de préparation des Laminaires, consis- tant à plonger 1/4 d'heure dans un lait de chaux léger les algues fraichement cueillies, puis à les rincer 1/4 d'h. à l’eau et à les faire sécher. Cette préparation ne contient plus que 10 à 12°/, de cendres, et surtout les 2/5 de sa matière sèche sont constitués par uh hydrale de car- bone soluble, la laminarine, que l’hydrolyse transforme totalement en glucose. ACADEMIE DE MÉDECINE Séance du 3 Décembre 1918 M. G. Clemenceau est élu membre associé libre de l'Académie. — M. Sieur est élu membre de l'Académie dans la Section de Pathologie chirurgicale. M. Arm. Gautier : Nouveau traitement de la grippe infectieuse. L'auteur propose pour le traitement de la grippe infectieuse l'injection, sous la peau de l'abdomen, de 400 em d’un sérum quino-arsenital ayant la compo- sition suivante : sérum physiologique stérilisé (à 8 gr. de sel marin par litre), 4oo cm’; chlorhydrate de qui- nine, 0,» gr.; diméthylarsinate sodique (arrhénal), 0,05 gr. Il a donné des résultats très remarquables, même dans les cas les plus graves. Séance du 10 Décembre 1918 Séance publique annuelle. M. le Président proclame les prix décernés par l’Académie en 1918. — M. Debove prononce l’éloge de V.-J.-J, Magnan. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 7 Decembre 1918 MM. M. Rubinstein et A. Radossavlievitch : Séru- diagnostic de la syphilis. Le complexeinactivant l’alexine dans la réaction de Wassermann peut être isolé par l’action de l’eau distillée sur le-mélange sérum anti- gène. Ce complexe agit spécifiquement dans le cas des sérums chauffés et non spécifiquement dans le cas des sérums non chauffés. La spécificité a été décelée uni- quement par sa capacité de fixer l’alexine. — MM. Ch; Nicolle et Ch. Lebailly :Le spirochète de l’ictère infec- tieux. Le virus d’origine murine de l’Institut Pasteur de Tunis afait en un an 70 passages par cobayes. Un che- val de onze mois a reçu dans les veines 44 inoculations de ce virus; son sérum est préventif contre le virus hu- ” * main français (L. Martin et A. Pettit). Les souris ino— culées avec le virus de passage Conservent ce virus sans réagir pendant cent jours au moins, ainsi que le démon- tre l’inoculation de leurs organes aux cobayes de con- trôle. Il y a là un moyen commode de transport et de conservation du virus, — M. L.Pron : Chimisme gastri- que. L'analyse à jeun est plus significative qu’après le repas d’épreuve. À jeun, chez les g gastropathes, l’esto- mac est rempli partiellement de liquide catarrhal, de nature variable, et on aboutit à une erreur importante en ce qui concerne le chiffre de l’« acidité » si l’on n'éva- cue ce liquideavant l'administration du repas d'épreuve. — M. P.Mazé: L'oxydation de l'acide lactique par les bactéries. Les bactéries capables de se développer dans des milieux purement minéraux, avec du lactate de calcium comme unique aliment carboné, produisent, comme les champignons, de l'acide pyruvique. Ce com- posé se forme en quantités variables, atteint un maxi- mum supérieur à 0, 5°/, pour les espèces les plus acti- ves, disparait ensuite en donnant, suivant les espèces, de l’acide acétique, de l’acétylméthylcarbinolet du bia cétyle. — M. W. Mestrezat et Mlle M. Romme : L’a- zote de protéolyse de l'exsudat des plaies, dans ses rap- ports avec les sutures secondaires. Les auteurs ont dé- terminé, sur une soixantaine de plaies, le rapport : NH , le numérateur exprimant l'azote titrable au formol, exprimé en ammoniaque, le dénominateur, le chlorure de sodium des compresses de pansements secs en place depuis quarante-huit heures. Les valeurs de ce quotient ont toujours été inférieures à 10 lorsque les sutures secondaires tentées ont été suivies de succès complets, Des incidents de gravité variable se sont produits pour les indices supérieurs à 10. Les auteurs voient dans la détermination de l’indice formol d'une plaie un moyen préeis de juger de l'opportunité d’une suture secondaire, — MM. A. Grigault et F, Guérin: PO CT VHS SSP ESC ER EE PT COR EN PEN POSE ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 61 A 0 «Dosage colorimétrique de l'azote non protéique dans le “sang par le réactif de Nessler. La précision de cette mé- “ ihode est telle que les chiffres qu'elle fournit coïncident exactement avec ceux de la méthode de Kjeldahl. Ce + procédé convient non seulement au dosage de l'azote - protéique, mais à celui de l'azote de l’urée, de l'azote = des protéoses et de l’azote de l’ammoniaque, — MM. P. Brodin et F.Saint-Girons : Variation de la masse san- 4 guine chez les blessés de guerre. Le taux des globules rouges est d’abord normal, puis baisse de 1.000.000 et plus par em? de sang, puis redevient normal, Il semble que l’anémie des blessés n’est pas en général sous la dépendance d’une déglobulisation intense, mais tient —. surtout àune augmentation de la masse sanguine due k à l’afflux dans les vaisseaux des liquidesinterstitiels. — ” M. F. Albert: Voie d'absorption de la toxine télanique. … L'absorption par voie sanguine prédomine. C'est par celte voie que la toxine gagne les centres nerveux. L’ab- sorption par voie nerveuse pure ne donne jamais - qu'un tétanos local. L’injection préventive de sérum . antitétanique confère à l’homme un certain pouvoir an- - titoxique, L'injection soit tardive, soitinsuflisante, con- fère une immunité relative. Cette immunité peut se dis- siper (tétanos tardif). — M. E. Laguesse : La structure … lamellaire dans le tissu conjonctif lâche et le cordon om- … hilical chez l’homme et les Mammifères. Le tissu sous- cutané est conslitué par un gâteau feuilleté de larges … lamelles conjonctives. Le cordon ombilical est formé au début de larges lamelles radiées, formant dans la pro- fondeur des gaines aux vaisseaux. — Sir E. S. Schae- fer : Sur la régénération fonctionnelle du nerf pneumo- gastrique. Les incitattons nerveuses qui montent des alvéoles pulmonaires ne sont pas les seuls agents qui _ règlent le rythme normal de la respiration, car, quand 1 ces courants d'action sont supprimés, il s'établit bientôt … “un autre mécanisme régulateur. — M. Cl. Gautier : Z{u- - des sur les Lépidoptères nuisibles. La ponte des Apan- … teles parasitesde Pieris brassicae.L’'invasion parasitaire des larves de la Piéride par l’Apanteles ou le Microgas- … ter glomeratus nese fait pas par les œufs de la Piéride, - contrairement à l'opinion de Fabre. L'Hyménoptère - braconide peut piquer les œufs du Lépidoptère, mais - alors ces œufs meurent ou donnent des chenilles non … parasitées., La ponte normale de l’Apanteles se fait dans la petite chenille de Pieris brassicae. SOCIÈTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 6 Décembre 1918 (à M. H. de Çhardonnet : Sur les pellicules de collodion. x Au cours de ses recherches concernant la soie artificielle, “ Vauteur a été conduit à s'occuper des pellicules de eollo- - dion et il croit leur emploi susceptible d'extension. Ces _ pellicules se formentparl'évaporation d’une solution de nitrocellulose dans un mélange d'alcool et d’éther. Ce dernier mélange fournit la meilleure pellicule ; son con- . tact n’altère pas le pyroxyle, il le laisse pur et sec en s'évaporant. Les proportions d’éther et d'alcool requises - pour obtenir le maximum de solubilité varient avec la concentration. Jusqu'à 508 de pyroxyline par litre du: dissolvant, on emploie, en volume, 60 ‘/, d'alcool et 0 °/, d’éther; à 100€ de pyroxyline par litre de dissol- ant, parties égales d'alcool et d’éther ; au delà de 1508 … de pyroxyline par litre, il faut 40 °/, d'alcool et 60 °/, … d'éthier, Si l’on ajoute au collodion un alcaloïde tel que la quinine, la brucine, la morphine, l’aniline, à raison de dos du poids dupyroxyle, on augmente très sensi- … blement l'élasticité ou extensibilité de la pellicule sans nuire à sasolidité. Avec le temps, l’aniline jaunitet bru- nit la pellicule jusqu’à la rendre opaque. La manière la plus simple de former ces pellicules est de collodionner “des glaces comme on le faisait autrefois en photographie. Plus tard, ces pellicules ont été séparées de leur support et ont pris une grandeimportance pour la photographie instantanée et la cinématographie. Leur’ténacité a dù alors être prise en considération. Voulant étudier mé- thodiquement la préparation des pellicules, la concen- tration et la viscositédu collodion nécessaires pour les produire, l’auteur a fait une série d'expériences en opé- rant de la manière suivante : Ayant fait un collodion à 1008 de pyroxyle par litre de dissolvant, onle verse dans un vase cylindrique en verre de plusieurs litres de capacité, de façon à bien mouiller les parois intérieures, puis on le vide, leretourneimmédiatement et le pose sur un plateau de verre où l’on a préalablement répandu quelques gouttes d’éther. On calfeutre le joint et laisse reposer le tout 24 heures. Au bout de ce temps, on en- lève le vase où le collodion adhérent au verre se fige immédiatement, laissant une couche très régulière, au moins dans la région moyenne du cylindre, Si on avait simplement laissé sécher ce collodion sur les parois du vase, le retrait de la pellicule, en séchant, l'aurait rac- cornie, rendant toute mesure impossible. Aussi on doit mettre au centre du vase placé deboutun autre vase cylindrique de même hauteur ayant un diamètre de 18 2/0 moindre. Dans ces circonstances, le collodion se détache du vase extérieur et vient, encore humide, s’ap- pliquer exactement sur le vase intérieur, où il achève de se dessécher, tout en conservant alors son élasticité et sa solidité. La pellicule de collodion ne se romptque sous une charge de 25kg par millimètre carré environ, Silon mouillait simplement de collodion l’extérieur d’un vase cylindrique et qu'on laissät sécher, la pelli- cule se tendrait outre mesure, serait friable et ne pour- rait être d'aucun usage. En répétant ces essais avec des collodions, formés de matériaux identiques, mais de con- centrations différentes, on trouve le résultat suivant : L’épaisseur d’une pellicule obtenue dans. ces conditions est sensiblement proportionnelle au cube de la concen- tration. C'est-à-dire que, si un collodion formé avec 1008 de pyroxyline par litre de dissolvant donne une pellicule pesant 255 par mètre carré, une concentration de 208 de pyroxyline par litre donnera une pellicule pe- sant 200Ë par mètre carré. Une méthode analogue pour- rait servir à mesurer la viscosité relative, et même ab- solue des liquides mouillantle verre. L’auteura examiné, suivant les données que lui avait fournies Teisserenc de Bort, l'application de ces pellicules à la confection des ballons-sondes employés en météorologie. La pellicule convenablement solide pesait 255 environ par mètre carré. Les ballons-sondes étant perdus à chaque ascen- sion, on trouva la pellicule de collodion trop coûteuse, et, malgré la plus grande légèreté du ballon en collo- dion, on s’en est tenu dans la pratique aux ballons en papier verni employés jusqu'alors. L'usage des pellicu- les de collodion a pris une grande importance dans la photographie et la cinématographie. Les films doivent naturellement être homogènes, transparents, exempts de stries qui fausseraient les images. On coulele collodion sur des tables formées de glaces jointives ayant 10" à 15% delong et 1" de largeenviron. Un chariot, glissant sur deux rails latéraux, entraîne, d’un mouvement uniforme,une trémie munie en dessousd’une fente régla- ble laissant écouler, sur toute la largeur de la glace, la quantité voulue de collodion. La pellicule est sensibili- sée et découpée en bandes longitudinales dela largeur requise. S'il y a lieu, on colle les bandes bout à boutau moyen d’un adhésif, acétate d’amyle ou autre, Concur- remment avec les films en nitrocellulose,on emploiedes films en acétate de cellulose dans le but d’éviterleschances d'incendie. On peut fabriquer,au laboratoire, des pelli- cules très minces en versant un collodion très dilué(r ou 2 °/, de pyroxyle) sur un bain de mercure au repos .Il estbon, dans ce cas, pouréviter larupture de cette meém- brane, d'ajouter quelques millièmes de quinine ou autre alcaloïde. On arrive ainsi à produire des pellicules dont de millimètre. Dans cer- l'épaisseur est voisine de 1.000 tains cas, il y a grand intérêt àrendre la pellicule de ni- trocellulose incombustible. Plusieurs moyens peuvent être employés: La gélatine mélée au pyroxyle àraison de 15 à 20 2/, le rend incombustible. Une addition de 10 à 20 °/, de protochlorure de fer à la cellulose octo- nitrique produit des pellicules et même des masses com- pacles incombustibles, surtout au bout d’un certain temps. Cette matière pourrait remplacer le celluloïd dans beaucoup de cas. On peutaussiincombustibiliser le pyroxyle en y mélangeant trois fois son poids d'huile de ricin. Enfin les pellicules de collodion peuvent être dé- nilrées comme la soie artificielle elle-même. Les pelli- eules de collodion très pures et très minces conduisent l'électricité et sont perméables à certains liquides ; elles laissent notamment filtrer les ptomaïnes et arrêtent les microbes qui lesontsécrétées. — M. L. Décombe: Sur l'o- rigine française des deux principes fondamentaux de la Thermodynamique. I. Le principe de l'équivalence est fréquemment attribué à Robert Mayer, médecin à Heil- bronn, qui, en effet, dans un Mémoire publié en 1842,a donné le résultat numérique d’un calcul de l’équivalent mécanique fondé sur la différence des deux chaleurs spécifiques de l'air. Mais il ne faut pas oublier que dès 1839, c’est-à-dire trois ans avant Mayer, l'ingénieur français Séguin avait déjà énoncé le même principe dans son ouvrage : De l'influence des chemin de fer etde l'art de les tracer et de-les construire (p. 382); Séguin reporte d’ailleurs le mérite de cette découverte àson on- cle Montgolfier. D'autre part, Sadi Carnot, tant dans certaines notes de son mémoire de 1824: Réflexions sur la puissance motrice du feu, que dans ses notes manus- crites déposées en 1832 à sa mort par sa famille à la Bi- bliothèque de l’Institut, a formellement énoncé le prin- cipe de l’équivalence, II. Le second principe de la Ther- modynanique est l’œuvre propre de Carnot. On lui donne cependant quelquefois le nom de Carnot-Clausius, parce que ce dernier a cru que la théorie de Carnot dé- pend essentiellement de la théorie du caiorique et l'a basée sur un nouveau principe. Or, on est unanime à reconnaitre aujourd'hui que ce point de vue est inexact et que le principe de Carnot est complètement indépen- dant de la théorie du calorique. En réalité, Clapeyron, Clausius, lord Kelvin, Massieu, Gibbs et leurs conti- nuateurs ont eu le très grand mérite de commenter, d'analyser, de développer les idées de Carnot, mais ces dernières reposent toutes sur un principe d’une im- mense généralité qui reste l’œuvre personnelle et impé- rissable de Sadi Carnot, : Séance du 20 Décembre 1918 4 MM. A. Nemirowsky et Tilmant : Avion radio- médico-chirurgical (Aérochir). Le- but de cet avion est d'apporter presque instantanément aux blessés les secours radiographiques et chirurgicaux. Le chirurgien, au lieu d'attendre dans un hôpital ou dans une ambu- lance la venue du blessé, se déplace auprès de lui avec son matériel. Cette manière logique de procéder doit rendre les plus grands services dans le cas d'accidents graves (explosion de mine, accident de chemin de fer, etc.), car certains blessés ne doivent leur salut qu’à la promptitude de l'intervention. A cet avantage s'ajoute célui de pouvoir porter secours lorsque les moyens de communication font plus ou moins défaut (colonies et certaines régions de France). L'avion actuellement exis- tant est capable de transporter, outre le pilote, un chi- rurgien et un radiographe servant d'aide, ainsi que tout le matériel chirurgical et radiographique (300!) qui a été étudié spécialement pour êlre aussi réduit et léger que possible. Cet avion peut franchir 200!" en moins de 2 heures et, dans les cas urgents, il peut revenir à son point d'attache pour chercher une nouvelle équipe et du matériel, en emmenant sans heurts les blessés déjà soignés. SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 13 Décembre 1918 M. J. Meunier : Sur la modalité des réactions et sur le dynamisme chimique ; application aux phénomènes d'électrolyse et de spectroscopie. L'auteur aborde la 62 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES deuxième partie de son sujet !, en démontrant le rôle des réactions chimiques dans la production des raies spectrales. Il fait un rapide historique des découvertes des spectres de flamme, et indique comment les spec- troscopistes, voyant Surtout dans les spectres des ma- nifestations physiques propres aux éléments et les ca= ractérisant, ont été détournés de l'étude des réactions chimiques. correspondantes, Sans l'intervention de celles-ci, les manifestations spectrales n’ont pas lieu, ainsi qu'il résulte de la simple discussion de ses expé- riences qu'il expose. Les raies spectrales d'énussion se produisent par suite d’une réduction chimique, accom- pagnée d’oxydation ou de phénomènes secondaires ana= logues. Dans les flammes d'étincelle et d'arc électri- ques, des réactions de réduction ont lieu et les spectres. se manifestent et se modifient avec elles. Il conclut que l'apparition des raies caractérise la présence non seu- lement d’un élément chimique, comme cela est convenu par tous, mais aussi la coexistence d’autres éléments, et le plus fréquemment de l'oxygène, Il faut donc élar- gir la portée donnée à la révélation des spectres d'as- tres, ety voir représentés à la fois le combustible etle … comburant, dont les réactions ont produit le rassemble- ment de la matière cosmique, SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 7 Novembre 1918 FA 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. E. Hale : Sur | la nature des taches solaires. Des recherches anté-" rieures de l'auteur lui à suggéré l'hypothèse qu'une lache solaire est un vortex électrique, dans le- _quel les ions tourbillonnants doivent donner naissance à un champ magnétique, Dans ce cas, les lignes élar- gies du spectre de la tache doivent présenter les traits D caractéristiques du phénomène de Zeeman. La construc-" tion du télescope à tour de 60 pieds à l'Observatoire du Mont Wilson a permis d'obtenir des photographies du spectre assez grandes pour déceler le phénomène, Au- : jourd’hui les polarités magnétiques et les champs de . force de toutes les taches solaires sont enregistrés cha- " que jour au Mont Wilson avec un télescope à tour de 150 pieds, fournissant des données pour la détermina- tion de la loi des orages solaires. Un grand nombre de taches solaires sont doubles, les deux constituants ayantune polarité magnétique opposée. Les constituants précédents de ces groupes dansles hémisphères nord et ‘sud sont de polarité opposée, ce qui indique des direc- tions opposées du tourbillon, comme dans les cyclones terrestres. Depuis le minimum des taches de 1912, les pôlarités des taches précédentes dans un hémisphère donné sont de signe opposé à celles des taches précé- dentes observées dans le même hémisphère avant lemi- nimum. Les polarités semblent donc en liaison intime avec la cause du cycle des taches. L'étude de l'effet | Zeeman dans les taches donne la direction des lignes de force du champ magnétique, done de axe du vortex électrique, qui est presque normal à la surface solaire. r L'apparition fréquente de taches par paires, de polari- tés opposées, suggère l’idée que ces Laches représentent. les extrémités opposées d’un anneau vorticiel semi= circulaire, s'étendant au-dessous de la photosphère, dans un plan normal à la surface solaire. Une expé- rience simple de l’auteur montre comment un vortex columnaire, formé dans l’eau, peut être transformé en un vortex annulairesemi-circulaire. Les prétentions ri- vales de la théorie électromagnétique, qui explique la structure vorticielle dans l'atmosphère solaire par Phy- pothèse que les floculi d'hydrogène rendent visibles les trajectoires des particules électriquement chargées se mouvant sous l'influence des champs magnétiques dans les taches solaires, pourront être mises à l'épreuve par la détermination des rapports entre la direction dutour- | billonnement et la polarité des taches, La recherche ACER TT PERNS | PETER SNUE PANIERS ge 4. Voir la première partie dans la Aev. gén, des Se, du 30 décembre 1918, p. 720, d'une preuve direete de l'existence de champs électri- ques dans le Soleil n’a donné, jusqu’à présent, que des | résultats négatifs. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M.T.K.Chinmayanandam : …— Sur les anneaux de Iaidinger dans le mica. Les an- neaux d’interférence observés pour la première fois par Haiïidinger entre deux surfaces plan-parallèles de mica en lumière monochromatique diffuse ont acquis récem- ment une grande importance, en vue de leur application pratique à la construction de spectroscopes à grand pouvoir résolvant. L'auteur a repris l'étude de ces an- neaux, qui l’a conduit aux résultats suivants : 1° Les régions de visibilité minimum dans le champ, dues à la superposition de deux séries indépendantes d’anneaux, se trouvent le long d’une série de courbes qui, dans la muscovite, sont à peu près des hyperboles, L'observa- Lion de Lord Rayleigh d’après laquelle les lignes de vi- -Sibitité minimum sont des croix traversant le centre du … champ n'est exacte que pour des épaisseurs particu- * lières, et, même alors, n’est pas une description com- plète du phénomène, car on aperçoit deux séries d’hy- … perboles en plus de la croix. Dansla phlogopite,les an- … neaux sont indistincts le long de courbes fermées de … forme ovale; 2° La méthode usuelle d'observation des . systèmes d'anneaux réfléchis, par l'emploi d’une plaque . de verre inclinée à 45° sur la plaque en examen, ne donne pas de résultats satisfaisants pour l'étude des …. anneaux de Haïidinger dansle mica. Les effets d’un man- - que de planitude ou d’autres défauts de la plaque de “ mica sont rendus minima par la nouvelle méthode d'observation et de photographie de Fauteur. Un écran diffusant est placé contre le mica avec sa surface paral- lèle à la plaque, et on observe les anneaux par un trou | percé au centre de cet écran; 3° Dans le mica, comme , dans tous les autres cristaux qui se clivent ou qui sont . coupés perpendiculairement à l’un des axes de symétrie optique, des considérations théoriques indiquent que les lignes de visibilité minimum des anneaux de Haidinger … sont pratiquement les mêmes que les lignes isochroma- . tiques observées dans une plaque d'une épaisseur dou- ble en lumière polarisée convergente. Cette conclusion . est d'accord avec les observalions précédentes; 4° Dans ces cristaux, si l'angle des axes optiques est grand, les anneaux doivent êlre à peu près deux séries d’ellipses, … données par les équations : a?)? + ex? — const. et e?)? … + br? —const., où@, b ete sont les vitesses principa- - les dans le cristal, Les axes majeurs d’une série sont dans la même direction que les axes mineurs de l’autre. . Ces résultats sont très proches de la réalité dans le cas de la muscovite; 59 On peut trouver, avec une bonne exactitude, les rapports des indices de réfraction princi- ‘paux du mica en observant le nombre d’anneaux situés entre les lignes successives de visibilité minimum dans le plan contenant les axes optiques et dans un plan perpendiculaire, — MM. E. O. Hercus et T.H. Laby: La conductibilité thermique de l'air. Les auteurs ont es- _ sayé d'obtenir une valeur absolue de la conductibilité thermique de l'air par une méthode exempte des objec- . tions habituelles, c’est-à-dire ne faisant pas intervenir la convection. Ils opèrent de la façon suivante : la couche d'air en observation est confinée entre deux disques de uivre horizontaux B et C (fig. 1). La chaleur traverse e gaz par conduclion et radiation de la surface B, à la 4 A , J B D | (S CG Fig. 1. 2 température @?, à la surface C, à la température Of, {1 n'y à pas de courants de convection, puisque, en chaque - point entre B et C, la densité du gaz est constante dans . un plan horizontal et décroit au-dessus, Le disqne B est entouré d’un anneau de garde D, à la même tempéra- ture. Pour prévenir le passage de chaleur à la surface * ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 63 supérieure du disque B, on place un 3° disque A au- dessus deB et parallèlement ; A est maintenu à la même température que B. À, Bet D sont chauffés électrique- ment, C est refroidi avec de l’eau. Par des calculs dans lesquels nous ne pouvons entrer, on déduit des mesures le coeflicient de conductibilité thermique #, de l'air. La moyenne des résultats des auteursdonne la valeur 5,40 10—Ÿ cal, em—! sec—! deg,—!, En faisant la moyenne des résultats de tousles auteurs qui ont déterminé 4,, on arrive finalement à la valeur probable 5,22 ><10—5, La conductibilité thermique k d'un gaz est liée à sa chaleur spécifique C,, et à sa viscosité 7 par la relation k— fnC,, où f est une constante numérique. Les auteurs ont dé- ferminé f pour l'air et pour un certain nombre de gaz, au moyen des valeurs trouvées par Eucken pour la con- ductibilité relative des gaz par rapport à l'air. Voici quelques valeurs obtenues pour f: Az, 2,47; He, 2,31; 0°,°1,979; H?, N°; air, 1,76; NO, 1,93; CO, 1,72; CO, CH, 1,45; S0?,1,35; H°S, 1,34; NHS,1,23. Séance du 14 Novembre 1918 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Mallock : Sur les sons produits par des gouttes tombant sur l’eau. Tout le monde connaît les sons musicaux variés produits par des gouttes tombant à la surface de l’eau. La durée de ces sons est très courte; leur hauteur, d’abord élevée, baisse ensuite, pour se relever à la fin. Il semble pro- bable que la hauteur de ces sons doit dépendre de la résonance de la cavité formée par le choe de la goutte tombante; c’est ce qui a engagé M. Mallock à en- . treprendre des expériences dans le but de déterminer la grandeur et la forme de la cavité en question. Il a constaté d’abord que la même classe de sons se produit quand le corps tombant est une goutte liquide ou une sphère soïide, Aussi les expériences ont été poursuivies avec des sphères solides, dont les effets sont plus faci- les à observer. Deux balles sont lancées simultané- ment de la même hauteur ; l’une tombe dans un vase à paroïs de verre parallèles contenant de l’eau, l’autre sur un contact qui ferme le circuit d’une bouteille de Leyde employée à la production d’une étincelle, qui permet d'obtenir une photographie instantanée de l'ombre de la balle et de la cavité. La hauteur du con- tact est ajustée de telle façon que l’étincelle passe quand la balle a pénétré dans l’eau à la profondeur désirée. Le type de courbe formant les bords de la cavité concorde assez bien avec celui que l'auteur a déduit d’une étude mathématique du problème. La note qu'une cavité de volume continuellement variable donnerait en agissant comme résonateur aurait son ton le plus grave juste avant la coalescence des parois. Le ton prédominant se- rait du même ordre (mais plus bas) que celui d’untuyau ouvert dé même longueur que la cavité, c'est-à-dire que la longueur d’onde prédominante serait de plus de 4 fois la profondeur de la cavité. La plus grande des deux balles employée par l’auteur, frappant la surface avec une vitesse de 4, 8 m. par seconde, a laissé par- fois une cavitéouverte de plus de 10 6m. de profondeur. Celle-ci donnerait une longueur d'onde prédominante d'environ 45 cm., mais 3 à 4 vibrations, au plus, de celte longueur auraient le temps de se former, ce qui montre, incidemment, le petit nombre de vibrationsné- cesSaires pour donner naissance à la sensation de hau- teur du son. — M. R. J. Strutt: La lumière diffusée par les gaz : sa polarisation et son intensité, L'auteur, poursuivant des recherches antérieures !, est arrivé aux conclusions suivantes : 1° La lumière diffusée à angles droîts par les gaz et les vapeurs n’est pas complètement polarisée. Les vibrations parallèles au faisceau ont tou- jours une intensité appréciable, qui varie de 1, 2 (pen- tane) à 14 °/, (oxyde nitreux) de l'intensité dans la di- rection perpendiculaire, 2° L’hélium est un gaz passif, polarisant d’une façom beaucoup moins parfaite que tous les autres. Les mesures indiquent une intensité de 1. Voirla Rev, gén. des Sc. du 30 mai 1918, p. 318, 64 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES la composante parallèle égale à la moitié à peu près de celle de la composante perpendiculaire. 3 La théorie montre que c’est le rapport prévu si.la vibration dans l’atome d'hélium est limitée à une direction fixée dans l'atome, en supposant, naturellement, une orien- tation au hasard par rapport à la lumière excitatrice, 4° L'intensité de la diffusion par les divers gaz étu- diés varie comme le carré de la réfractivité. 5° Les vapeurs saturées, même très denses, ne présentent au- cune augmentation du pouvoir diffusant au delà de ce que la densité conduit à supposer, S'il se forme des agrégats moléculaires, ils ne sont pas suflisants pourse manifester par ce moyen. 6° L’éther liquide paraît dif- fuser environ 7 fois moins de lumière qu’une masse cor- respondante de vapeur d’éther. — MM. F. Horton et A. C. Davies : Recherches sur le pouvoir ionisant des ions positifs d'un filament de tantale incandescent dans l'hélium. Pour ces recherches, les auteurs ont employé une modification d’une méthode due à Lenard. Les ions positifs étaient accélérés à travers une pièce de treillis de platine vers la chambre d’ionisation et retardés dans celle-ci par une différence de potentiel opposée entre le treillis et une électrode collectrice mobile; ce potentiel retardateur était maintenu constant dans une série d'expériences et toujours supérieur au plus grand po- tentiel accélérateur employé daus cette série, de façon à ce qu'auczn des ions positifs n’atteigne l’électrode collectrice. Les auteurs ont obtenu un courant croissant dans la chambre d’'ionisation (l’électrode recueillant une charge négative) en élevant graduellement au delà de 20 volts la différence de potentiel accélérant les ions positifs. Ce résultat est analogue à ceux de Pawlow et de Bahr et Franck, qui ont annoncé que les atomes d’hélium sont ionisés par les collisions d'ions positifs se mouvant avec une vitesse correspondant à 20 volts. Les expériences montrent que le courant croissant est dû surtout aux ions positifs libérant des électrons des parois de la chambre d'ionisation qu'ils bombardent, et que lesions positifs n’ionisent pas les atomes d’hé- lium, même quand ils les frappent avec des vitesses correspondant à plus de 200 volts, SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 25 Octobre 1918 Cette séance est consacrée à une discussion sur le cas de l’électron annulaire. M. H. S. Allen présente les arguments en faveur d’un électron ayant la forme d’un circuit de courant capable de produire des effets ma- gnétiques, Alors l’électron, tout en exerçant des forces électrostatiques, se comporte comme un petit aimant. L'hypothèse d'un électron annulaire supprime plusieurs difficultés : 1° Il n’y a pas de perte d'énergie par radia- tion, comme dans le cas d’un électron classique circulant sur une orbite, 2° Les atomes diamagnétiques doivent avoir un moment magnétique résultant nul; il est difli- cile de l'expliquer avec des électrons en mouvement orbi- taire, 30 L'électron annulaire donne une bonne explica- tion des faits de paramagnétisme, 4° 11 permet d'expliquer l'asymétrie de certains types de radiation, 5° 1l rend compte de l'effet de la magnétisation du fer surson coef- ficient d'absorption pour les rayons X observé par For- man, 60 I1 peut expliquer aussi la faible ionisation des gaz produitepar les rayons X. 9° Grondahl prétend avoir trouvé des signes d’un électron magnétique dans certains effets thermoélectriques. 8° Webster a indiqué une mé- thode de déduction de la formule de radiation de Planck en faisant certaines hypothèses sur le mécanisme in- terne du « magnéton » de Parson. g° La théorie de Bobr sur l’origine des séries de lignes des spectres peut être réédifiée de façon à s'appliquer à l’électron annulaire, Les points essentiels de la théorie des quanta et des équations de Bohr peuvent être retenus, même en reje- tant son modèle d’atome, 10° Si la radiation est due à des pulsations dans un électron annulaire, l'effet Zeeman peut être déduil par un raisonnement analogue à celui d’abord employé par Lorentz. 11° Parson a montré que plusieurs problèmes de constitution chimique et de stéréochimie peuvent être résolus par une théorie ma- gnétonique de la structure de l'atome. Les électrons de valence stationnaire sont possibles, 12° Les forces de cohésion dans un solide sont de nature analogue auxfor- ces chimiques, les deux séries de forces ayant une ori- gine électromagnétique. L'auteur discute les questions de masse et de moment magnétique d’un tel électron annu- laire. L'adoption de cette hypothèse conduirait naturel- lement à accepter un modèle atomique avec un noyau magnétique..M. D. Owen rappelle que l'hypothèse de l’électron annulaire a été proposée par Parson en 1915. Elle a obtenu un succès remarquable du côté de ses appli- cations chimiques, en donnant une interprétation plus étendue de la liaison, chimique et en expliquant, par exemple, non seulement l'attraction d'atomes différents, comme dans la molécule d'HCI,mais aussi celle d’ato- mes de même nature, chacun électriquement neutre, comme dans la molécule d’'H?, Mais, jugée d'après son pouvoir de prédire de nouveaux phénomènes, l'hypo- thèse de l’électron annulaïre a désappointé, A part la possibilité de l'existence de nouveaux éléments de faible poids atomique (non encore découverts), les phénomènes nouveaux qu’elle indique sont d'ordre secondaire, difficiles à mettre en évidence et de peu d'importance, La fertilité de l'hypothèse de Bohr offre un contraste frappant avec la précédente; c'est elle qui a permis de prédire une série spectrale jusqu'alors inobservée, prédiction bientôt vérifiée par les observa- tions de Lyman. ‘ SOCIÈTE CHIMIQUE DE LONDRES Séance du 7 Novembre 1918 MM. H. F. Coward, C. W. Carpenter et W.Pay- man : Les limites d'inflammabilité par dilution des mé- langes gazeux. Les limites inférieures d’inflammabi- lité de H, CH'et CO dans l'air ont été déterminées par A.F. Coward et F. Brinsley dans de grands appareils qui permettaient de juger si un mélange donné peut pro- pager indéfiniment la flamme. Ici les auteurs montrent que les limites inférieures de mélange de 2 ou 3 gaz inflammables, et même du mélange complexe appelé « gaz de ville », peuvent être déduites des limites infé- rieures des gaz simples au moyen d’une formule simple de caractère additif, suggérée par Le Chatelier, soit ni /N4 + no/No ++ ..... —1,où N,,N, sont les limites inférieures des gaz individuels et n,,n, les proportions des gaz individuels présentes dans le mélange limite inférieur avec l'air, Les auteurs ont déterminé aussi les limites supérieures d’inflammabilité dans l'air des trois mêmes gaz, pris individuellement ou mélangés ; ils mon- trent que, dans ce dernier cas et aussi dans le cas du gaz d'éclairage, les limites supérieures peuvent être cal- culées au moyen d’une formule analogue à la précédente. Voici les valeurs pour les gaz individuels, à partir des- quelles on peut calculer les limites de dilution des mé: langes : : Limite supérieure approchée dans l'air Limite inférieure dans l'air H 4,1 9/6 9432 9/0 CH 5,6 15,4 co 12,5 74,2 Le Gérant : Octave Doin: mm Sens. — Imp, Levk, 1, rue de la Bertauche. Cm L' NA PAL ” Te | 30° ANNÉE Ne 3 15 FÉVRIER 1919 Revue générale FonparTeur : LOUIS OLIVIER Dinecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. \ CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE t $ 1. — Distinctions scientifiques - Le Laboratoire d’essais, doté avec trop de parcimonie È et installé d'une façon précaire dans les locaux du Con- lections à l'Académie des Sciences de | servatoire des Arts et Métiers, n’a pu, malgré tous les aris. — Dans sa séance du 27 janvier, l’Académie a | efforts de son directeur, M. Célérier, assisté d’un person- rocédé à l'élection d’un membre non résidant, en rem- | nel très dévoué, effectuer qu'une petite partie des essais lacement de M. Duhem, décédé. La Commission char- | qui eussent été nécessaires à la coordination des fabri- ée de dresser une liste de candidats avait présenté : | cations de guerre. Le Laboratoire central d'Electricité, 1e ligne, M. W. Kilian; en 2° ligne, M. E. Cosserat; | créé et soutenu par la Société des Electriciens, est lui n 3° ligne, MM. Ph. Barbier, R. de Forcrand et M. de | axssi comme étranglé dans un bâtiment trop étroit, parre. Au premier tour de scrutin, M. Kilian a été élu | On y fait, sous l'habile direction de M. Paul Janet, des ar 35 suffrages, contre 7 à M. de Sparre, 4 à M. Cosse- | prodiges d’ingéniosité pour parer à l’exiguité des bâti- at, 2 à M. de Forcrand et 1 à M. Barbier. ments, mais les résultats en souffrent. Le nouvel Académicien, qui était déjà Correspondant Enlin, la France ne possède pas de laboratoire consa- le l'Académie depuis 1909, est professeur de Minéralogie | cré spécialement aux recherches destinées à faciliter les t de Géologie à la Faculté des Sciences de Grenoble; il | progrès de l'industrie, st l’auteur de travaux géologiques et paléontologiques Les Pouvoirs Publics, avertis par l'Académie des premier ordre sur les Alpes françaises. Sciences, se sont émus de cette situation, et nous sa- ) vons qu'une Commission d’études a été instituée sous la Dans sa séance du 3 février, c'est un membre dans la | présidence de M. Millerand pour préparer un projet éction d'Economie rurale, en remplacement de M. Ach, | d'ensemble destiné à combler une regrettable lacune untz, décédé, que l’Académie avait à élire. La Section | dans la vie nationale, Nous espérons pouvoir tenir nos fait présenté comme candidats : 1° M. G. Bertrand, | lecteurs au courant des progrès dans l'élaboration et MM. G. André, L. Lindet et P. Viala. Au secondtour | l'exécution du projet en cours: en attendant, il nous Scrutin, M. Viala a été élu par 26 voix contre 22 à parait intéressant de mettre sous leurs yeux, en nous G. Bertrand et 2 à M. Lindet. | inspirant d’un récent article de « Nature», un résumé M. Viala est professeur à l'Institut agronomique et | de l'œuvre accomplie par le National Physical Labora- specteur général de la Viticulture. C’est en grande | tory anglais dans l’année écoulée, tie à ses efforts qu'est due la reconstitution du vi- Depuis l'ouverture du National Physical Laboratory noble français ravagé par le phylloxera:; il a publié | en 1902, non seulement les ressources matérielles (bä- 2 nombreux travaux sur l'adaptation des plants améri- | timents et équipements), mais aussi lechiffre du person- ins et sur la résistance dela vigne aux diverses mala- | nel ont présenté un accroissement remarquable. Le rap- es. É port annuel pour 1917-1918 rappelle qu'à la fin de 1902 le personnel se composait de 26 personnes, avec un surintendant et un directeur; en juillet 1914, il s'était élevé à 187 personnes. Actuellement, il n’en compte pas moins de 532, avec 6 surintendants et 19 assistants principaux. Environ 50 attachés au laboratoire sont mobilisés, et les autres s’adonnent presque exclusive- ment aux travaux pour la guerre. Les événements récents ont montré combien l'avenir du pays, au point de vue de la guerre et du commerce, dépend de plus en plus de la science appliquée; aussi le : $ 2. — Physique Les travaux du Laboratoire national de hysique anglais en 1917-1948. — La guerre s'achève a fait cruellement ressortir en France l'in- lisance des établissements d'Etat voués aux vérifica- IS oflicielles et aux recherches dans le domaine de la ysique, de la Chimie et de la Construction mécani- _ REVUE GÉNÉRALEDES SCIENCES | 1 66 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Laboratoire, ainsi que plusieurs autresinstitutions, ont- ils été nationalisés. Le Laboratoire, y compris le Bassin national William Froude, qui a donné de si précieuses indications à l'Amirauté, sont maintenant sous la sur- veillance du Trust impérial pour l’encouragement de la recherche scientifique et industrielle, Pendant l’année écoulée, le Ministère des Munitions a demandé au Laboratoire d'entreprendre la fabrication d’une certaine catégorie de calibres et d'augmenter con- sidérablement les installations pour l'essai des réei- pients en verre pour les travaux chimiques. Dans ce but, de nouveaux bâtiments ont été édifiés. Le nombre de calibres pour munitions qui ont été envoyés au La- boratoire pour être essayés s’est rapproché de 10.000 par semaine. Le iuistére de l'Aviation a demandé d'autre part au Laboratoire d'étendre aussisesinstallations aéro- dynamiques, en particulier par l’adjonetion de grands tunnels parcourus par des courants d’air. Quand, au commencement de 1917, le Ministère des Munitions prit la charge de la fabrication des thermo- mètres médicaux, on reconnul qu'il était désirable que tout thermomètre fût individuellement soumis à des essais. Plus de 3.000 thermomètres ont depuis lors été essayés chaque semaine. Ce travail a nécessité l’'aména- gement de trois nouveaux bains d'essais, chacun pouvant recevoir environ 600 instruments par jour. Dans la Division d'Optique, outre le travail courant effectué pour le ministère des Munitions, des recherches ont été faites sur la détermination des propriétés réfrac- tives des verres d'optique et sur la simplification des méthodes de caleul et de dessin des systèmes opti- ques. Influence d’un champ maguétique {rans- versal sur la décharge dans un tube de Geissler. — Au cours de recherches récentes sur les rayons magnétiques de Righi, M. James E, Ives! a été amené à étudier l'action d’un champ magnétique trans- versal sur la décharge d’un tube de Geiïssler. IL a cons- taté que l’action du champ a tout d'abord pour effet d'augmenter l'intensité du courant dans le tube et de diminuer la différence de potentiel aux bornes. Pour une certaine valeur du champ, la décharge devient pé- riodique; pour une valeur plus élevée, elle est complè- tement supprimée. Le champ magnétique modifie en outre grandement l'aspect de la colonne positive. À mesure que le champ augmente, les stries deviennent plus .nombreuses. Quand la décharge est périodique, les stries se soudent et la colonne positive semble continue, Le tube émet en même temps une note élevée. ! M. lves a utilisé pour ses expériences un tube de 1,5 em. de diamètre et 12 em. de longueur. Les deux électrodes, identiques, sont constituées par un fil':d’alu- minium de 0,328 cm, de diamètre, Le tube est mis en série avec une batterie d’accumulateurs de 500 à 2.000 éléments et une résistance R non inductive (gra- phite ou liquide) pouvant varier de quelques milliers d’ohms à 1.500.000 ohms. Le champ magnétique, pro- duit par l’électro-aimant d'un galvanomètre Einthoven, peut varier entre 0 ét 3.000 gauss; pratiquement il est resté inférieur à 4.000 gauss. Voici les principaux résultats expérimentaux des re- cherches de M. Ives : Sous une pression d'air de 0,13 min, et pour un cou- rant de 1,8 ma,, le champ inagnétique a pour effet d'augmenter le courant qui traverse le tube quand on le fait agir sur la région cathodique seule; il le dimi- nue quand on le fait agir sur la région anodique seule ; il l'augmente quand on le fait agir sur le tube tout en- tier, La courbe qui représente l'intensité du couranten fonction du champ agissant sur la région cathodique seule est une courbe d’allure exponentielle; celle qui 1. James E. Îves : Physical Review, 2% série, 1, XII. p. 293-313 ; octobre 1918, représente l'intensité du courant en fonction du champ agissant sur la région anodique seule est une droite à coeflicient angulaire négatif; celle qui représente l'intensité du courant en fonction du champ agissant. sur le tube tout entier a des ordonnées sensiblement égales à la somme des ordonnées des deux précédentes. Si la force électromotrice E de la batterie disposée dans le circuit et la résistance insérée R demeurent invaria- bles, la tension e aux bornes du tube et le courant iqui le traverse varient, en sens inverse, suivant la rela- tion: e — E— i R. La courbe représentative de la tension e en fonction du courant À est donc une droite, dont le coeflicient angulaire est égal à R et qui passe par le point de l'axe des tensions d’ordonnéeE. Les amplitudes des courbes représentant l'intensité du courant en fonction du champ ou la tension en fonc- tion du champ dépendent de la valeur de la résistance R du circuit : l’amplitude de la courbe des intensités en fonction du champ diminue quand R augmente ; celle de la courbe des tensions augmente. ê Si l’on trace les caractéristiques tensions-intensités du courant pour différentes valeurs du champ magnéti- que, la caractéristique relative à une certaine valeurdu champ coupe celle relative à un champ nul en un point | qui correspond à une valeur critique du courant, varia-. ble avec le champ envisagé. Les courants inférieurs à cette valeur critique augmentent sous l'influence du champ; les courants supérieurs à cette valeur diminuent. À A.B. $ 3. — Chimie d L'effet de la chaleur sur la verrerie de la- boratoire. — Les récipients en verre dans lesquels” on doit faire et maintenir un vide élevé sont générale- ment soumis, en même temps qu'à l’action de l'appareil” producteur du vide, à un chauffage à des températures variables qui accélère l'enlèvement des gaz où vapeurs. adsorbés à la surface intérieure du récipient, Dans le | but de régler d’une façon précise les conditions de ce» chauffage, M. R. G. Sherwood a procédé, au Labora=» toire de recherches de laCompagnie Westinghouse, à une étude approfondie de l’action de la chaleur sur le verrgé habituellement employé à la construction des appareils, de laboratoire !. ei Dans un appareil en verre complètement fermé où l’on a fait le vide, on chauffe, au moyen d’une spirale de fil de nichrome parcourue par un courant électrique et dont la température est facile à contrôler, un tube du verre à examiner, d’une surface connue, Les gaz dé gagéës par l'élévation de température sont recueillis” dans une chambre de compression, où leur pression est mesurée au moyen d’un manomètreà mercure en U après que leur volume a été diminué dans un rapport connu: Les résultats obtenus par l’auteur l’amènent aux cons clusions suivantes : 4 Le chauffage du verre décèle l'existence de deux esp. ces différentes de dégagement gazeux : celui qui pro vient des produits adsorbés, qui s’éliminent facilement à des températures inférieures à 300°, et celui qui résulte selon toute probabilité, d'une décomposition chimiqu du verre lui-même, Ce dernier effet acquiert de l'im portance au-dessus de 400° pour les verres les plus ten. dres et au-dessus de 500° pour les verres durs. Il sembleexister une vitesse définie et caractéristique” de dégagement gazeux pour chaque température à la quelle le verre est soumis; elle augmente avec la tem: pérature et s'étend sur une période considérable, Les observations effectuées sur un échantillon à 5000 mon: trent un faible dégagement continu, même après 20 heu res de chauffage. } Les produits d’adsorption ne dépassent pas, en quan tité, celle qui correspond approximativement à une 1. The Journal of the Amer, chem. Soe., L XL, M p: 1645 ; nov. 1918, . couche de gaz d'environ une molécule d'épaisseur sur . la surface du verre; ils se dégagent bien plus rapide- ment à basse température que les autres produits qui . proviennent du chauffage du verre à température plus élevée. Le plusimportant des produits de dégagenrent gazeux du verre sous l'influence de la chaleur est l’eau, qui, lorsque la température s'élève jusqu’au point de ramol- lissement du verre, constitue presque la totalité du dé- ; gagement. Les autres produits sont l’anhydride carbo- nique, puis l'azote, l'hydrogène, l'oxygène, l’oxyde de 1 carbone, etc. * | L'augmentation de la résistance des pavés » de bois. — Les pavés de bois doivent être renouvelés - tous les à à 6 ans dans les rues très fréquentées. M. W. » Ritter a essayé d'en augmenter la résistance par une _imprégnation convenable!. Ses essais de résistance à Vécrasement portaient sur des blocs prismatiques de n 75 >< 79 mm. de surface de la base et de 120 mm, de » hauteur, la pression étant appliquée dans la direction des fibres, L'addition de carbonate de sodium ou de potassium et de silicate de sodium en proportions variables au bain de goudron de bois de pin servant à l’imprégna- Lion n'a procuré aucun avantage, mais l'augmentation de la température du bain a augmenté de 12 °/, la ré- sistance, … D'autres expériences ont été faites en substituant des huiles lourdes de goudron de houille au goudron de bois de pin à des températures de 1120 à 1400. Aux températures les plus élevées, les essais donnent d'aussi bons résullats qu'avecle goudron de bois, mais les pavésimprégnés à basse température ont une résis- tance à l’'écrasement inférieure à à celle des pavés non traités. Le carbonate de sodium seul, et encore plus le silicate de sodium seul, donnent des résultats d’essai plus favorables que le mélange de carbonate et de sili- cate. % La composition du bain d’imprégnation a toutefois moins d'importance, suivant M. Ritter, que sa tempé- rature. Celle-ci ne doit pas dépasser 2002 pour éviter ance à l’'écrasement de 323 kg. par em?; celle-ci s’est, élevée par imprégnation à 100° à 330kg,à120° à 345 kg., à 140° à 487 kg., à 190° à 516 kg. et à 200° à 536 kg, $ 4 — Géologie Le nouveau bassin houïiller de la région lyonnaise. — L'industrie tyonnaise s’est trouvée jus- qu'ici handicapée par l'absence de houille dans son voi- sinage immédiat et, plus encore, par le fait de la cherté d transport des charbons de la Loire par voie ferrée, s'est maintenue par le manque d’une voie d’eau ncurrente. C’est dire l'intérêt qui s'attache aux ré- ntes découvertes faites au Sud-Est de Lyon, au mo- nt où la guerre a provoqué un remarquable dévelop- ment des industries lyonnaises. Il s’agit du prolongement sur la rive gauche du Rhône bassin houiller dela Loire. Dès le début du x1x' siè- e, la houille avait - été reconnue à Ternay de 1800 à 1807, et à Communay, en 1831. Les recherches qui ont suivi, immédiatement à l'Est, ne donnèrent pas de ré- Nord-Est. Ce n’est qu’en 1913 que la Cie de Blanzy eut chance de le retrouver à Mions, près Saint-Priest, à uelques kilomètres au Sud-Est de Lyon, en coupant ofondeur, l'autre de 3 m. 09, à quelques mêtres plus s. Un autre sondage, à 2 km. au Nord de Mions, si- ala le terrain carbonifère à moins de 300 m. A sultats, parce que le bassin s’infléchissait vers le Nord- CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 67 222220, Marennes, au Sud de Mions, des sondages ont recoupé le houiller, à 278 et 536 m. En 1915, à la Fouillouse, le charbon est atteint à 570 m. ; à 611 m., le sondage ren- contre une couche de 1 m, ; à 693 m., une seconde cou- che de 2 m. 40 et,à 718 m., 3 couches épaisses de 1 m. 30. Les produits recueillis donnent 38 à 4o ‘/, de matières volatiles. D’autres sondages ont été opérés encore à Toussieu, Genas, Chassieu, Meyzieux, dans la direction de Janneyrias, et même au delà de Jonage et de Jons, dans le département de l'Ain, où le bassin semble con- tinuer en s’infléchissant vers le Nord et en passant une seconde fois sous lelit du Rhône, C’est ainsi qu'en dé- cembre 1917, un sondage fait à Torcieu, près de Lagnieu, c'est-à-dire à plus de 20 km. de l'extrémité méridionale du bassin, a atteint le carbonifère à 600 m. environ. Le bassin lyonnais semblerait ainsi plus étendu que celui de Saint-Etienne, mais probablement moins riche el plus onéreux à exploiter étantdonnée la nature aqui- fère des terrains, On parle d'une extraction annuelle d'un million de tonnes, mais les chiffres sont encore prématurés. Les sondages ont été opérés par plusieurs grandes sociélés minières et métallurgiques; quatre en- treprises autonomes: la Cie des Charbonnages lyonnais, les Charbonnages deLyon, la Société minière du bassin du Rhône et la Société lyonnaise des houillères du Rhône ont été constituées par leurs soins, et les con- cessions sont attendues pour commencer immédiate- ment les travauxde fonçage. Ce sera un nouvel et puis- sant élément de prospérité pour Lyon et sa région et la possibilité d'entreprendre les industries de gros ton- nage, qui lui avaient été interdites jusqu'ici, Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. $ 5. — Botanique Le forçage artificiel des racines. — On s'est beaucoup occupé de provoquer artificiellement le bour- geonnement et la poussée des feuilles ; mais on a accordé peu d'attention sous ce rapport aux racines et l’on a fait peu d'observations sur la périodicité de la forma- tion des racines chez les plantes vivaces. D'ailleurs, les quelques résultats publiés sont assez discordants et ne permettent pas d'établir si, pendant l'hiver, les raci- nes entrent dans une période de repos indépendante des circonstances, ou bien si elles ne se développent pas durant l'hiver en raison des conditions ambiantes défa- vorables, Si des branches appartenant aux espèces qui possè- dent une tendance remarquable à produire des racines adventives ne manifestaient plus cette tendance en au- tomne ou en hiver, malgré la présence de facteurs fa- vorisant l’accroissement, et exigeaient, pour la révéler, l'empioi d’une méthode de forçage, on se trouverait en présence d’un phénomène confirmant l'hypothèse d’une période de repos indépendante des circonstances ou « spontanée », C'est ce que le Prof. H. Molisch s’est proposé de vérifier en recourant à la méthode suivante! : des branches de 1, à 3 ans. fraichement coupées, d’es- pèces produisant facilement des racines adventives (Salix, Populus, Philadelphus coronarius, Viburnum Opulus) furent soumises, pendant les mois de septem- bre, oëtobre et novembre, à l'action de substances pro- voquant le bourgeonnement (Treibstoffe) : eau chaude, fumées de tabac et de papier ; après traitement, ces branches étaient exposées 1 ou 2 h. à l'air libre, et en- suite placées en serre à une température de 12° à 20° C. ou dans des thermostats à 25° C. environ. La comparaison des branches soumises aux traite- ments avec les matériaux témoins permet d'établir que \ l'exposition des branches aux fumées de tabac durant 24 h., ou aux fumées de papier durant 48 h., ou au 1. Sitzungsber. der K. Akad. der Wiss. in Wien, Mat, nat. KI.,Abt I, t. CXXVI, p. 3-43 : résumé dans Bull. mens, Inst. internat. d'Agric., t. IX, n° 11, p. 1409: nov, 1918, bain d’eau tiède (à 30° C.) durant 12 h., exerce sur elles un effet se traduisant par une chute plus rapide des feuilles et, quelques semaines plus tard, par Papparition de nombreuses racines adventives ; les matériaux té- moins ne présentent que quelques pelites racines adven- tives ou même aucune. M. Molisch en conclut qu’il existe donc aussi une période pendant laquelle les racines n’ont pour ainsi dire plus de tendance à pousser, et qui constitue leur période de repos; celle-ci ne dépend pas toujours de la présence de facteurs défavorables, mais elle est bien souvent « indépendante », comme celle du bourgeonne- ment des feuilles, étant donné que, pour les mêmes sortes d'organes, les mêmes substances « activantes » peuvent raccourcir celte période et réveiller en quelque sorte le bourgeonnement, $ 6. — Biologie à A L'habitudedu retour au nid chez un Mollus- que pulmoné. — On a signalé à plusieurs reprises que les Patelles et Mollusques voisins vivant sur des roches exposées à la marée ont l'habitude, après s’être ‘éloignés à marée haute de 50 à go em. de leur « nid » pour chercher leur nourriture, de retourner, avant que l’eau ne se soit complètément abaissée, à la petite dé- ression du rocher d'où ils étaient partis, MM. L.B. Arey et W. J. Crozier! viennent d'obser- ver, à la Station biologique des Bermudes, des mouve- ments de retour au nid d'ün caractère beaucoup plus frappant chez un Gastropode Pulmoné, l’'Onchidium oridanum Dall. L'Onchidium vit en groupes ou communautés, d’une douzaine d'individus ou plus, qui, à mer haute, s’abri- tent dans .des cavités des roches de la côte; ces cavités sont des crevasses étroites, ou des trous sub-sphéri- ques, pouvant atteindre 6 cm. de diamètre, communi- quant dans tous les cas avec l'extérieur au moyen d’une petite ouverture presque indiscernable, généra- lement obstruée par la croissance de petites moules (Modiolus). Quand, dans la journée, la mer a baissé au point qu'un « nid » d'Onchidium est resté au-dessus du ni- veau de l’eau pendant une demi-heure (ce‘qui arrive fréquemment environ 2 h. avant la marée. basse), les Onchidiums de ce nid sortant en rampant les uns à la suite des autres, s’éloignent à quelque distance sur les rochers couverts d'algues aux dépens desquelles ils se nourrissent, puis (au moins ; h. avant que leur nid ne soit de nouveau couvert par la mer montante), ils ren- trent tous au nid. Les Onchidium retournent chacun à son nid parti- culier, même sur des rochers très érodés où les nids “sont nombreux etrapprochés, et cela quoique.les indi- vidus provenant des différents nids se mêlent fréquem- ment durant leurs pérégrinations, Les mollusques ap- partenant à la même communauté commencent à retourner à leur, nid presque simultanément, même lorsqu'ils sont dispersés sur une surface d’un mètre de diamètre et se trouvent sur deux côtés opposés du nid, Le trajet de retour au nid des Onchidium.est presque direct, quelles qu'aient été les sinuosités du voyage à l'aller. Un individu pris d’un côté du nid et placé du côté opposé, à une distance d’un mètre, éprouve, en gé- néral, peu ou pas d’hésitation à se retourner el à se mouvoir directement vers le nid, Quelle est la nature du contrôle directeur du voyage de retour de ces organismes? Les auteurs, après avoir éliminé une série de facteurs, arrivent à la conclusion provisoire que l'Onchidium retourne à son nid particu- lier en vertu d’une condition interne, Simulant la mé- noire de la position de ce nid en fonction de ses envi- rons, mais indépendamment de la direction qui pourrait être fournie par les caractères mécaniques du milieu. 1. Proc. o/ the Nat. Acad. of Sc. of the U. S. of A., L. IV, n° 11, p. 319; nov. 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Dans la mesure où les mouvements de retour au mid de l'Onchidium impliqueraïient une mémoire associa- tive, ce mollusque pourrait être placé dans une série comprenant destypes tels que : Chiton, Fissurella, On- chidium et Octopus, tous quatre présentant ces mou- vements à un degré croissant de précision et de com- plexité dans l'ordre ci-dessus, \ $ 7. — Hygiène publique L'action du sulfate de cuivre sur le plank- : ton des eaux d'alimentation. — Les eaux d’ali- mentation provenant de lacs ou de barrages-réservoirs contiennent une certaine quantité de plankton, cons- tiltué surtout par des Algues vertes et des Diatomées. La plupart de ces organismes sont détruits par le pas- sage dans les pompes et les changements de pression; - mais à cerlaines époques, en particulier au printemps, il se produit une poussée du plankton, qui peut alors parvenir en quantités importantes dans les conduites et y occasionner de sérieux inconvénients. Pour s’en débarrasser, on a recommandé en Amérique l’emploi du sulfate de cuivre; d’après Whipple, une proportion de 1/1.000.,000° agissant pendant 3 h. est suflisante pour tuer toutes les espèces, même les plus résistantes, et cette dose est absolument inoffensive pour l’homme et les animaux. M. Alf. Bétant vient de rechercher si ce procédé était applicable avec succès aux eaux du lac Léman!. Dans ses expériences, il a fait circuler l’eau dans un tuyau de :0 em. de diamètre et de 157 m. de longueur, sous un débit réglé par un robinet et calculé de telle façon que le passage de l’eau d’un bout à l'autre du tuyau se. fasse en 3 h. Avant l'entrée dans le tuyau, l’eau passe dans un premier bassin où l’on peut prélever des échan- tillons ; de même, à la sortie du tuyau, elle passe dans un second bassin identique au premier, puis s'échappe par un trop-plein, On injecte le sulfate de cuivre à son entrée dans le tuyau, en quantité convenable pour réa- liser la proportion de 1/1.000,000", Pour bien se rendre compte de l'effet dû à la simple sédimentation naturelle et de celui du sulfate, on injecte ce dernier par intermittences et l’on observe les diffé-. rences entre les périodes d'injection et les périodes de suppression. ; Avec ce dispositif, M. Bétant est arrivé à diminuer la proportion de plankton dans l’eau presque de moitié, soit environ de 60 à 30 mm* pour 100 litres. Il était intéressant de voir si, par une sédimentation plus prolongée, on arrivait à éliminer le résidu. Pour cela, l'auteur opèrecomme suit : Le dispositif précédent élant en marche avec injection de sulfate, on fait une première mesure pour vérifier l’action de celui-ci, Puis on interrompt l’arrivée d’eau et celle du sulfate. L'eau contenue dans le grand tuyau reste donc immobile et les organismes continuent à se sédimenter pendant le temps que l'on désire. Puis on remet l'installation en marche et l’on refait une mesure de plankton sur la première eau qui sort du tuyau. \ Dans ces conditions, avec 1h. de sédimentation sup- plémentaire, soit 4 h. en tout, le résidu de plankton a diminué de 19 /j; avec 2 h,, soit 5 h.en tout, il a di- minué de 29 Ü/,; avec 3 h., soit 6 h. en tout, il a dimi- nué de 42 0/,. On arrive donc à réduire à peu près de moitié le volume des organismes ayant échappé à la première sédimentation; il reste toutefois un ultime résidu qui semble devoir persister, quel que soit le temps de sédimentation. Û L'auteur n’a pas poussé les expériences plus loin que 3 h. de sédimentation supplémentaire, car c'est à peu près la limite réalisable dans la pratique, Prévoir da- vantage conduirait àconstruire des bassins d'une capa= cité telle que le coût d'établissement ne serait pas justi- fié par la très petite amélioration obtenue, PS 1. Arch. des Se. phys. et nat., t. XLVI, p. 86; déc. 1918. e, j “ 4 ‘ ' à x ñ + q 4 » 1 ” : rie, l'A L «] Major W. B. CANNON. — LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF L 69 Lorsqu'on considère le corps humain comme un organisme auto-régulateur, on constate que son existence dépend de trois apports néces- saires du monde extérieur : des aliments, desti- nés à sa croissance età sa réparation, ainsi qu'à fournir l'énergie utilisée dans les activités in- ternes et le maintien de la chaleur corporelle; de l’oxygène, pour les processus oxydants essen- tiels à la vie; de l’eau, pour servir de milieu à - toutes les modifications chimiques du corps. Ces - trois apports sont d'ordres d'urgence différents. Ainsi un homme peut vivre 30 à 40 jours sans absorber de nourriture, comme l’ont montré les jeüneurs professionnels!, et sans subir de lésion permanente apparente de sa structure ou de ses - fonctions. Par contre, le manque d'oxygène pour : unepériode même minime peut provoquer l’insen- sibilité etla mort.Ainsi certaines cellules nerveu- ses del’écorce cérébrale ne peuvent résister à une privation totale d'oxygène pendantplus de8 à9 mi- nutes sans subir de telles modifications fondamen-. tales qu'elles ne redeviennentpas normales quand ellesenreçoivent denouveau?.Entrelalonguesur- lvie sans aliments et la très brève survie sans _ oxygène se place la période d'existence qui est . . possible sans eau. Les hommes égarés dans le | : désert et qui, sans eau à boire, ont erré sous un À * ÿ soleil brülant ont vécu rarement, dans ces cir- constances, plus de 3 à 4 jours et beaucoup sont morts au bout de 36 heures. On a signalé le cas - exceptionnel d’un Mexicain qui, perdu dans les _ plainesarides du Sud-Ouest des Etats-Unis, mar- cha ou se traina sur les mains etles genoux pen- . dant160à 200 km.enbuvantconstammentses pro- pres excrétions, et parvint, après être resté 7 - joursentierssanseau, à atteindreune habitation®. _ C’est un record qui paraît unique. Si l’homme altéré n’est pas exposé à la chaleur ou à l’exer- | cice, sa vie peut se prolonger pendant beaucoup plus de sept jours. Viterbi, prisonnier politique italien qui se suicida en refusant de manger et de boïre, mourut le 18° jour de sa privation volontaire. Après le 3° jour, les tortures de la faim cessèrent; mais, presque jusqu'à la fin, la . soif fut toujours plus instante et cruelle. Il a - noté progressivement : sa bouche et sa gorge : desséchées, sa soif brülante, sa soif ardente et continuelle, sa soif constante et toujours plus intolérable . Aïnsi, quoique la période | : à Ê 0 . 1. Lucranr: Das Hunger. Leipzig, 1890. 2. Gomez et PikE : Journ. of experim. Medecine, t. p.262: 1909. : 3. Mc Ge : Interstate Med. Journ., t. XIE, p. 279; 1906. 4. Viterbi, signalé par Bardier, dans le Dictionnaire de Physiologi: de Richet, article « Faim »,t. VI, p. 7 (1904). XI, LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF de survie varie, la mort se produit infaillible- ment si l’on supprime la nourriture, ou l’oxy-, gène, ou l’eau. Normalement ces trois apports s’ajustent d’une façon plus ou moins constante aux besoins du corps. Les aliments sont utilisés sans arrêt à édifier l'organisme et à fournir l’énergie néces- saire à son activité, mais ils sont absorbés pério- diquement. L’oxygène se combine continuelle- ment avec le carbone et l'hydrogène et s'échappe du corps sous forme de CO: et H20, mais cette perte est compensée à chaque inspiration. Et l'eau s’élimine constamment par l'air expiré, par la sécrétion des reins et par la sueur. Le dégagement par la peau etles poumons seuls est si grand qu'on estime à environ 25 °/, la perte de chaleur du corps due à l’évaporation par ces surfaces !. Cette diminution continue de la teneur en eau doit être compensée par un nouvel ap- port, si l’on ne veut pas que des fonctions importantes commencent à présenter des signes de besoin. s Il est inutile de développer les preuves de l’absolue nécessité de l’eau dans nos processus physiologiques. L'eau est un constituant univer- sel et essentiel de'tous les organismes. Sans elle, la vie disparait ou devient latente; les graines sèches ne seréveillent qu'après avoir été humec- tées. Parce qu’elle est presque constamment à notre disposition, nous sommes portés à oublier. sa nécessité absolue dans nos vies. Chez les habitants des régions désertiques, par contre, l'eau est le centre des pensées, autour duquel tournent toutes les autres préoccupations?. Il suffira de mentionner la présence de l’eau comme constituant principal des sécrétions di- gestives, son rôle dans les phénomènes chimi- ques de la digestion, son utilité comme véhicule d'absorption, son importance dans la composi- tion du sang et de la lymphe, son emploi dans les fluides du corps commelubrifiant, son actiôn dans la régulation de la température du corps, pour illustrer l’influence de l’eau sur toutes les activités humaines. Puisque l’eau estessentielle à la vie, et qu’elle s'élimine constamment de l'organisme, en créant un besoin correspondant de ravitaillement, ilest intéressant d'étudier le mécanisme de ce ravi- taillement. 1. Gepmarr et Du Bois 1916. 2. Mc Gee : The Seri Indians, 17 tk Annual Report ofthe Bu- réau of American Ethnology, p. 181. : Arch. Int. Med., t, XVII, p. 902; 70 L'existence d’un tel mécanisme résulte du fait que toutes nos fonctions essentielles, ayant pour but la préservation de l'individu et de la race; sont contrôlées non par:la mémoire et la vo- lonté, mais par des sensations et des désirs qui réclament satisfaction. La sensation désagréa- ble de la soif nous force à boire. Mais l'attention spéciale du physiologiste ne se dirige pas vers l’aspect subjectif de ces dispositions automati- ques ; il s'intéresse d’abord aux états de l’orga- nisme qui donnent naissance à la sensation. Ce n’est que lorsque ces états et leurs relations avec les besoins de l'organisme sont connus qué le contrôle automatique est expliqué. Il y a environ 6 ans, j'ai attiré l'attention sur quelques tracés graphiques des mouvements de l'estomac chez un homme, lesquels montraient que la sensation de faim est associée avec des contractions puissantes de l'organe vide ou pres- que vide. Et comme les souffrances de la faim commençaient à être éprouvées après le déclan- chement de la contraction, j'en ai tiré la con- clusion que la faim n’est pas « une sensation géuérale », comme l’admettaient les physiolo- gistes et les psychologues, mais qu’elle a son ori- gine immédiate dans l'estomac et qu'elle est la conséquence directe d’une forte contraction!. Carlson et ses collaborateurs ont depuis lors amplement confirmé cette conclusion par des observations faites sur eux-mêmes et sur un homme porteur d'une fistule gastrique?. La soif est une sensation encore plus impé- rieuse que la faim par son caractère d’exigence et de souffrance. En réalité, ces deux expé- riences — faim et soif — sont des motifs si puissants de notre conduite que, dès les pre- miers temps, ils ont été employés comme exem- ples suprêmes d’un désir ardent. Les anciens prophètes parlent d’une « faim et soif de jus- tice » pour exprimer l’ardeur de cette aspira- tion. Pour discuter sur la soif, il est nécessaire de commencer par distinguer clairement entre la sensation primitive elle-même et lappétit. La même distinction s’est imposée en considérant la nature de la faim. La souffrance dela faim est une douleur désagréable ou un tiraillement pé- nible ressenti dans la région de l’épigastre, L’appétit pour la nourriture, d'autre part, est relié à des expériences précédentes qui ont pro- curé des sensations plaisantes de goût ou d’o- 1. Caxxow : A consideration of the nature of hunger, in The Harvey Lectures, New York, 1911-1942, p. 130; Cannon et WaAsnBurn : Amer.J. of Physiol., 1. XXIX, p. 441; 1912, 2. GaARLSsoN : Cantrol of Hunger in health and disease. Chi- | cago, 1916. / Major W. B. CANNON. — LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF « ! . deur. Ainsi des associations s'établissent entre des substances comestibles particulières et les plaisirs qu’elles procurent, en ‘aboutissant à ce résultat qu'un désir se développe de renouveler ces plaisirs. Dans chaque circonstance, soitpour la satisfaction de l'appétit, soit pour celle de la faim, le corps doit prendre de la nourriture. De même, dans le cas de la soif, l'appétit pour telle ou telle boisson particulière se développe à partir des expériences-antérieures et des asso= ciations établies d'un caractère agréable. Nous buvons non seulement parce que nous avons soif, mais aussi parce que nous apprécions un cer- tain arôme ou bouquet, ou un goût particulier, | et désirons en jouir de nouveau. En ce qui con-! cerne l'appétit, l'absorption de liquide diffère toutefois de celle de la nourriture en ce que le: fluide, qui quitte rapidement l'estomac, ne peut produire une sensation de satiété comme les aliments, qui s'accumulent dans l'estomac. C'est dans cette possibilité de faire durer les sensa- tions agréables associées à l’acte de boire que résident les dangers provenant de l’usage exces- sif des boissons. Dans les conditions normales, cependant, c'est par la satisfaction de l’appé- tit pour une boisson particulière : thé, café, boissons alcooliques légères, que le corps re- çoit suffisamment &’eaù pour ses besoins avant que la soif ait l'occasion de se manifester, Mais, de même qu’il existe, derrière l’appétit pour la nourriture, une sensation de faim, prête à deve- nir impérieuse en cas de nécessité, de même la sensation urgente et cruelle de la soif peut ap- paraître comme une défense finale contre une. trop grande diminution de la teneur en eau du corps. | * * * On admet généralement que la soif est une sensation qui a son siège dans les parois mu-. queuses de la bouche et du pharynx, spéciale- ment à la racine de la langue et au palais. Mc Gee, géologue américain qui a une grande expérience des régions désertiques, et a fait de nombreuses observations sur des individus souf-. frant d'une soif intense, a distingué cinq étapes par lesquelles passe l’homme avant de mourir faute d’eaut, Dans la première, il y a uüe sen- sation desécheresse dans la bouche et la gorge, accompagnée d’un désir ardent de boire. C’est l'expérience commune de la soif normale. Cet état peut être soulagé par l'absorption d’une quantité modérée d’eau, ou par l'excitation d'un flux de salive qu’on obtient en suçant un 1, Me Gur : /nlerstate Med. Journ,, t. XIII, p. 279; 1906. A fruit acide ou en mâchant une substance inso- luble. Au second stade, la salive et le mucus de Ja bouche et de la gorge deviennent peu abon- - dants et gluants; on a une sensation de siccité - des membranes muqueuses; l'air inspiré parait … chaud; la langue se colle aux dents ou au pa- lais; une boule semble monter dans la gorge et » provoque des mouvements de déglutition sans - fin pour la déloger. L’eau et l'humidité apparais- « sent alors comme le bien suprême. Même à cet « état, la détresse peut être soulagée en sirotant - oureniflant à plusieurs reprises quelques gout- tes d’eau. « Beaucoup de prospecteurs, dit Mc Gee, deviennent des artistes dans l’art d'hu- mecter la bouche et portent des bidons dans ce seul but, les boissons prises au camp devant fournir aux besoins généraux de l'organisme. » —. Les trois dernières étapes décrites par Mc Gee, - dans lesquelles les paupières se raidissent sur « les globes oculaires fixés en un regard sans vi- “ sion, la langue distale se durcit en un poids lourd, et la victime misérable a des hallucina- tions de lacs et de cours d’eau, sont trop patho- logiques pour nous intéresser ici. Le fait que je désire mettre en évidence, c’est - la sécheresse persistante de la bouche et de la gorge dans la soif. Un témoignage direct nous a été donné par King, médecin d’une troupe de cavalerie des Etats-Unis qui, pendant 3 jours et - demi, se trouva perdue sans eau dans le torride « Llano Estacado » du Texas. Il a noté que, le 32 jour, les sécrétions salivaire et muqueuse fai- satent défaut et que les bouches et les gorges - étaient si desséchées que les alimenÿs, pendant . Ja mastication, se rassemblaient autour des dents et contre le palais et ne pouvaient être avalés. -« Le sucre ne se dissolvait pas dans la bouche, On trouve une autre preuve de la relation en- tre la sécheresse locale de la bouche et de la gorge et la sensation de soif dans quelques-unes des conditions qui provoquent cette sensation. On a observé que la respiration d'air chaud exempt d'humidité, l’action de parler ou de chanter longtemps, la mastication répétée d'ali- ments secs, l'influence inhibitrice de la peur et de l'anxiété sur la sécrétion salivaire, aboutis- sent à la dessiccation des membranes muqueu- es buccales et pharyngiennes, suivie de la sen- sation de soif. D'autre part, des états de régions . éloignées de la bouche, mais amenant une ré- _duction dés fluides du corps, comme la sueur profuse, la diarrhée excessive du choléra, la diu- _rèse du diabète, ainsi que les pertes de l’hémor- ‘ragie ou de la lactation, sont des causes bien _ 41. Kixc : Per. Journ. Med. Sc., t. LXXY, p. 404: 1878. 71 connues de la même sensation. semble-t-il, des causes à la fois locales et géné- rales de la soif. En correspondance avec ces eb- servations, on a émis deux groupes de théories, comme dans le cas de la faim: les unes expli- quent la soif comme une sensation locale, les autres comme une sensation générale et diffuse. Examinons d'abord ces théories. L'hypothèse que la soif est une sensation d’origine locale a eu peu d'avocats, et les preu- ves apportées en sa faveur sont rares. En 1855, Lepidi-Chioti et Fubini! ont signalé le cas d’un garçon de 17 ans, souffrant de polyu- rie et qui éliminait 13 à 15 litres d'urine par jour. Lorsqu'on l’empêchait de boire pendant quelques heures, ce jeune homme était tour- menté par une soif intense, qu'il localisait au fond de la bouche et parfois à l’épigastre. Les observateurs cherchèrent l'effet produit par le brossage du fond de la bouche avec une solution étendue de cocaïne. À peine l'application de cette substance était-elle réalisée que la sensa- tion douloureuse cessaitcomplètement, et le ma- lade restait à l’aise pendant 15 à 35 minutes. Si, au lieu de cocaïne, on employait de l’eau pour l’essuyage des membranes muqueuses, la soif disparaissait pendant 2 minutes seulement, L’a- Il existe donc,: bolition temporaire d’une soif persistante par: l’emploi d'un anesthésique local, chez un être humain qui peut témoigner de ses expériences, vient bien à l'appui de l’origine locale de la sen- sation. Une preuve ajoutée par Valenti? est égale- ment suggestive. Il cocaïnisait le fond de Ja bouche et le haut de l’œsophage de chiens pri- vés d'eau pendant plusieurs jours, et il nota qu'ils refusèrentensuite de boire. On peut sup- poser que le refus de prendre de l’eau était dû à l'inhibition du réflexe de déglutition par l’anes- thésie de la muqueuse pharyngienne, comme l'a signalé Wassilief*. Mais Valenti indique que ses animaux étaient tout à fait capables d’ava- lent: Quoique ces observations permettent de con- clure à une source locale de la sensation de soif, elles n’expliquent pas la facon dont la sensation se développe. Valenti a émis l'idée que tous les nerfs afférents de la partie supérieure du tube digestif sont excitables en stimulus de soif; mais cette hypothèse ne fait pas progresser nos con- naissances tant que nous n'avons pas élucidé ce 1. Lerior-Cuiort et Fugini: Giorn. d. R. Accad. d. Med., Torin, t. XLVIIT,: p. 905 ; 1885. 2. Vazenri : Arch. ital. de Biol., 3. WassiLier : Zeitschr. für Biol., &. Vazenri : Centralbl. für Physiol., t. LIN, p. 9% ; 1910. t. XXIV, p. 40; t, XX, p. 450; 1888, 1906. que sont ces stimulus. On peut faire une critique analogue à la théorie de Luciani, d'après laquelle : les nerfs sensitifs de la muqueuse buccale et pha- ryngienne sont spécialement sensibles à une di- minution de la teneur en eau du fluide circulant àtravers le corps, et que ces nerfs sont dessenti- nelles avancées, comme les nerfs de la peau pour la douleur, avertissant le corps du danger !. On ne connaît pourtant aucun trait spécial des nerfs de cette région, ni aucun organe terminal par- ticulier. L’idée que ces nerfs sont en relation spéciale avec un besoin général du corps est une pure hypothèse. Il est indubitable qu'ils sont les intermédiaires de la sensation de soif. Mais le problème se pose de nouveau: com- . ment sont-ils excités ? Schiff a exposé avec autoritél’idéeque lasoilest une sensation générale. Elle provient, dit-il, d'une diminution de la teneur en eau du corps, condi- tion dont l’organisme entier souffre. La référence locale au pharynx, comme la référence locale de la faim à l’estomac, est due à une association d'expériences. Donc la sensation de sécheresse de la gorge, quoiqu’elle accompagne la soif, n’a que la valeur d’un phénomène secondaire, et elle n’a pas de relation plus intime avec la sensation gé- nérale de soif que la lourdeur des paupières avec la sensation générale de sommeil?. Cette conception de la soif, comme sensation géné- rale, est communément acceptée en s'appuyant sur de nombreuses preuves expérimentales. L'interprétation de ces preuves, toutefois, est sujette à objections etelle doit être examinée avec attention. Les premières expériences invoquées sont cel- les de Dupuytren, puis les expériences analogues et postérieures d'Orfila#. Ces auteurs ont aboli la soif chez des chiens en leur injectant de l’eau et d'autres liquides dans les veines. Et Schiff rapporte que Magendie a traité avec succès par la même méthode la soif d’un malade atteint d'hydrophobie. Dans ces cas, le traitement était évidemment général, en ce qu'il affectait Le corps dans sonentier, Mais il s’en faut qu'on ait ainsi prouvé que la soif est une sensation générale, car l'injection de fluide dans la circulation peut avoir changé l'état local de la bouche et du pha- rynx, de façon à faire disparaitre la sensation lo- cale. Dans les travaux sur la soif, on cite souvent l'expérience classique de Claude Bernard. Il pra- 1. Lucrani: Arch, di Fisiol., t. NI,,p. 541 ; 1906. 2, Scnure : Physiol. de la Digestion, t, 1, p. #1; Florence et Turin, 1867, : 3. Dictionn. des Sc. médic, (Paris), t. LVI, p.469; 1821, tiquait une fistule gastrique sur un chien, par où s'écoulait l’eau absorbée par l’animal. Lorsque l'animal avait soif, il buvait jusqu’à ce qu’il fût fatigué; puis, après s’êétrereposé,ilrecommençait. Mais, après fermeture de la fistule, l'absorption d’eau faisait rapidement passer la soif. Il en con- cluait que la soif doit être une sensation géné- rale, car le passage de l’eau à travers la bouche et le pharynx en mouillait la surface, et cepen- dant l'animal n’était pas satisfait jusqu’à ce que l’eau entrât dans l'intestin et fût absorbée par le corps'!. Cette preuve paraît councluante. Toute- fois, les expressions « fatigué » et « reposé » sont des interprétations de l'observateur, mais non le témoignage du chien. On peut tout aussi bien supposer que l'animal s’arrêtait de boire parce qu'il était désaltéré et qu'il recommençait quand la soif reprenait. Les seules hypothèses nécessai- res pour interpréter de cette façon la conduite de l’animal sont: qu’il faut un temps appréciable pour humecter la muqueuse buccale et pharyn- sienne suffisamment pour éteindre la soif — c’est l'opinion de Voit? — et que ces régions se dessèe- chent rapidement en l’absence d’une teneur adé- quate en eau du corps. Cette interprétation s’ac- corde avec l’idée que la soifest une sensation de source locale. En outre, elle n’est pas contredite par la satisfaction manifestée par le chien après clôture de sa fistule, car l’eau absorbée peut, comme celle injectée dans les veines, étancher la soif en modifiant les conditions locales. Nous ne pouvons donc admettre que l'expérience de CI. Bernard soit une preuve que la soif est une sensation générale. Parmi les autres observations citées comme favorables à la théorie du caractère diffus de l’ori- gine de la soif, il faut rappeler celles de Lon- get. Après avoir lésé les nerfs glosso-pharyn- gien, lingual et vague des deux côtés chez le chien, il a observé qu'ils buvaient comme d’ha- bitude après avoir mangé?. Si la soif a une ori- gine locale dans la bouche et le pharynx, pour- quoilesanimaux chezlesquelsles nerfs desservant ces deux régionsont été coupés boivent-ilsencore de l’eau ? On peut donner deux réponses à cette question. D'abord, comme l'a montré Voiti, Longet n’a pas sectionné toutes les branches du vague et du trijumeau allant à la bouché et au pharynx, et par conséquent une certaine sensa- tion a persisté. Puis, même si tous les nerfs ont 1. CL. Bennanp: Physiologie expérim., t. Il, p. 49; Paris, 1856. 9. Voir : Hermann's Handouch der Physiol,, Abt, 6, p. 566; Leipzig, 1881. 3. Lowcer: Traité de Physiolog, t, Paris, 1868, 4. Voir: Loc. cit, I, p. 35 et suiv,; cholet pi PC Le cn cintin. > pe. ei | ajor W. B. C été sectionnés, le fait que les animaux boivent ne prouve pas que la soif existe comme sen- sation générale, car on peut boire par vue du liquide, ou par habitude, sans le stimulus d’une bouche sèche, de la même facon qu’on peut man- . ger à la vue des aliments, sans le stimulus de la faim. En d’autres termes, l'élément «appétit», si- gnalé plus haut, peut entrer en ligne de compte, _et par habitude et association d'expériences dé- terminer les réactions présentes. La dernière preuve en faveur de l’origine dif- fuse de la soif a été fournie par l'étude des modi- fications du sang. Ces variations, en altérant le « milieu intérieur » des cellules du corps, doi- - vent les affecter toutes. En 1900, Mayer a publié - des mémoires sur l’augmentation de la pression . osmotique du sang, déterminée par l’abaissement du point de congélation du sérum, qu'il a notée _ dans des conditions qui s’accompagnent natu- * ‘rellement de soif. Chez des chiens privés d'eau . pendant plusieurs jours, la pression osmotique . du sérum sanguin s'élève, et chez des lapins pla- cés dans une chambre chauffée on observe le même phénomène. Ainsi les conditions qui empé- bent l'alimentation en eau du corps, ou qui ccroissent la perte d’eau du corps par transpi- ration ou évaporation pulmonaire et qui sont bien connues comme provoquant la soif, sont associées à une élévation de pression osmotique. Et Mayer ajoute que, dans toutes les autres cir- constances où la soif apparaît, — diabète avec augmentation du sucre du sang, affections ré- nales avec accumulation de déchets dans les fluides du corps, rage aiguë avec privation totale . d’eau, choléra avec élimination d’eau excessive . par l'intestin, — la pression osmotique du sang s'élèverait. D'autre part, quand un chien altéré boit, l’hypertonicité de son sérum disparait, il retourne à son état normal et il cesse de boire. De ces observations, Mayer conclut que, tou- tes les fois que la pression osmotique du sang s'élève au-dessus de la normale, la soif apparaît; . quand elle retourne à la normale, la soif dispa- _ raît; et quandla pression varie, la soif varieaussi. Comme les injections intraveineuses de solutions _ salines hypertoniques causent, par excitation _ des centres bulbaires, d’après Mayer, une éléva- tion de pression artérielle et une vasodilatation rénale et intestinale — agissant toutes deux . pour abaisser la pression osmotique anormale- ment accrue du sang — il en déduit que d'au- » tres facteurs existent dans l'organisme, à côté du besoin d’eau, qui tendent à maintenir le sang 'normal. La soif, dit-il, est le dernier d’une série - de mécanismes agissant pour protéger l'organis- me contre l'hypertonicité de ses fluides. \ Lu + REVUE GENERALE DES SCIENCES ANNON. — LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF 73 En résumé, donc, l'individu altéré a un sang à pression osmotique élevée. Cet état affecte toutes les cellules du corps. Il trouble les cellules du système nerveux central et provoque, à la fois, des réactions circulatoires protectrices et, au cas où ellessont insuffisantes, un malaise etune irritabilité, se traduisant par une sensation dé- sagréable dans la région du pharynx. Cet état s'accompagne d'une impulsion à boire ; quand celle-ci est satisfaite, l’eau absorbée restaure l’état normal!. Les observations de Mayer furent bientôt con- firmées, mais ses déductions ont été récusées. En 1901,- Wettendorff, travaillant à Bruxelles, constate que, si des chiens sont privés d’eau, leur sang présente, en effet, de l'hypertonicité, mais que ce phénomène n’est pas appréciable dans les premiers jours de la privation. Dans un cas, il n'y eut aucune modification du point de congé- lation du sérum pendant les trois premiers jours de soif. L'apparition d’une altération sérieuse de la pression osmotique du sang est donc rela- tivement tardive. Comme l’organisme perd conti- nuellement de l’eau etque néanmoins le sang reste sanschangement pendant un ou deuxjours, Wettendorff en conclut que la consistance du sang est maintenueaussi longtemps que possible par soustraction d’eau aux fluides extravasculai- res et aux tissus. De plus, la soif se présente nettement bien avant qu'on note un changement considérable du sang. Un animal, dont le point de congélation du sérum s’est abaïssé seulement de 00,01 C:par une privation d’eau de 4 jours, absorbe 200 em° d’une solution saline physiolo- gique, boisson qui lui aurait répugné dans les” conditions normales. De même, quand le sang est devenu légèrement hypertonique, un chien. peut boire une solution saline normale sans abaisser sa pression osmotique, et ensuite, en refusant de boire davaniage, agir comme s’il. avait étanché sa soif. Mais si un animal à sang très hypertonique est placé devant une solution saline hypertonique, il l’absorbe à plusieurs reprises, — acte qui peut s'expliquer par un drai- nage croissant de l’eau des tissus et, par consé- quent, une soif croissante. De toutes ces observations, Wettendorff con- clut que l’origine de la soif ne réside pas dans” des modifications du sang lui-même, mais dans l'acte de retirer de l’eau aux tissus. Les liquides baignant les cellules seraient donc les premiers à se concentrer quand l’organisme perd de l’eau. Et par la modification résultante des conditions 1. Mayer : C. r. Soc. Biol, t. LIL, pp. 154,389, 522; 1900. Voir aussi : Æ£ssai sur la soif, Paris, 1900, "9 à “à 74 CRT 2 STAPS EN Y ù 7 FRE (sis Ov Major W. B. CANNON. — LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF —————_————…———"— — “Re de la vie cellulaire dans tous les tissus se déve- lopperaitl’état particulier qui provoque la sen- sation de soif. Cet effet est diffusé partout et il est indépendant de toute influence spéciale du processus de déshydratation sur le système ner-° yeux même. Pour expliquer la localisation de la sensation dans la bouche et la gorge, Wettendorff distin- gue entre une « vraie soif »et une « fausse soif ». La « vraie soif », déclare-t-il, dépend d’un be- soin actuel du corps et persiste jusqu'à ce que ce besoin soit satisfait. La « fausse soif » est seulement une sécheresse de la bouche et du pharynx. La dessiccation de cette région se pré- sente, naturellement, dans la vraie soif, mais c’est alors une expression de la déshydratation générale des tissus, exagérée peut-être par le contact avec l’air extérieur. Par l’expérience, les deux conditions — sécheresse buccale et déshy- dratation générale — sont devenues associées. Mëme dans la vraie soif, on peut abolir tempo- rairement la sensation en humectantla membrane muqueuse pharyngienne, mais le résultat n'est qu’une « fausse satisfaction », une « auto-dé- ception », rendue possible parce qu’une longue et agréable expérience à montré que l’humecta- tion de cette région par l'acte de boire provoque la satisfaction d’un besoin instinctif!. * x * La revue des observations et des théories pré- lcédentes nous a révélé que l'attitude des physio- logistes en ce qui concerne la soif a été à peu près la même qu’en ce qui concerne la faim. Dans chaque état, l'absence d’un constituant essentiel du corps fait naître un besoin général de l'orga- nisme, qui se traduit par une sensation bien définie. Dans chaque cas, on a recueilli les té- moignages de personnes dignes de crédit sur leurs sensations, et on en a cherché l'explication. Ainsi, pour. la soif, la sensation primaire est décrite universellement comme une impression de sécheresse et de viscosité dans la bouche et la gorge?. Au lieu d'essayer de rendre compte de cette expérience comme telle, on a, au con- traire, porté l'attention sur le besoin organique qui l'accompagne; comme ce besoin est général, on à supposé que la sensation est générale, et la soif que toutle monde éprouve et connaît a été classée comme phénomène secondaire associé ou 1. Werrexponre : Travaux du Laborat. de l'Institut Solvay (Bruxelles),t. IV, pp. 353-484; 1901. 2, Fosren Textbook of Physiology, p. 1423; Londres, 1891. — EupwiG : Lehrbuch der Physiologie, t. II, p. 586. Vour : Hermann s Handbuch der Physiologie, Abt. 6, p: 66. référence périphérique d’une modification cen- trale. Ce qui est réellement douteux dans cette conception de la soif, comme dans la vieille conception de la faim, c’est la « sensation géné- rale ». [Il n'y a aucune doute que les premiers stades du besoin d’eau puissent être accompas. gnés d’une augmentation d'irritabilité et d’une sensation vague de faiblesse et de flaccidité. Mais l’homme altéré ne se plaint pas de cet état général. Il est tourmenté par une gorge dessé- chée et brûlante, et toute explication du méca- nisme physiologique qui maintient la teneur en eau de l’organismedoit prendreen considération ce fait fondamental. En recherchant un mécanisme qui assure au- tomatiquement l’apport d’eau à l’économie cor-. porelle, nous pouvons suivre deux guides :1°il peut exister un dispositif périphérique qui, en présence d’un besoin d’eau général de l'orga- nisme, produise la sécheresse de la bouche et- de la gorge; 20 un arrangement périphérique de! cette nature doit être spécialement caractéristi- que des animaux qui perdent constamment et rapidement de l’eau et ont besoin de renouveler souvent leur provision. Ces deux guides nous permettront d'approcher biologiquement de l'explication de la soif que je désire mettre en lumière. Dans un sens, tousles animaux perdent cons- tamment de l’eau, car même les formes les plus simples excrètent leurs déchets en solution. Tou- tefois, en ce qui concerne la perte d'eau, on peut s'attendre à trouver une différence marquée entre les animaux vivant dans l’eau et dans l'air. Il est même difficile de concevoir un animal aquatique ayant soif. La surface entière du corps, la bouche et læ gorge sont, par la vie active, continuellement baignées par un fluide mouvement. La nourriture est absorbée à l’état humide dans un milieu humide. L'activité rénale et la sécrétion des glandes digestives sont probablement les deux seules voies importantes parlesquelles l’eau quitte l’économie, et les sécré-" tions digestives sont bientôt réabsorbées en grande partie. Au contraire, les animaux terres- tres, les Mammifères par exemple, perdent de l'eau non seulement par ces deux voies, mais aussi par l’humectation des äliments secs, par l’évaporation à la surface étendue des poumons et par l’action de nombreuses glandes sudori- pares. C’est à cause de cette possibilité d'une grande et rapidé élimination d’eau que l'animal terrestre sent le besoin spécial d'être assuré d'un réapprovisionnement convenable. Chez l'habitant des eaux, la peau, la bouche et le gosier sont maintenus humides par le milieu en y" | il | * Major W. B. CANNON. — LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF LA : | tion, quand les organismes ont passé de l’habi- tat aquatique à l'habitat aérien, la peau est devenue sèche eté cailleuse; des parties autrefois * constamment baignées par l’eau, seules la bou- che etla gorge continuent à être humides. Ces ré- gions sont maintenant exposées à l’air ettendent à se dessécher. Le revêtement de ces parties les rend probablement spécialement aptes à la des- siccation en présence d’air sec, car la muqueuse de la bouche et du pharynx, au-dessous du niveau du plancher des fosses nasales, est composée _ d'épithélium squameux. Quelques glandes mu- queuses sont éparpillées çà et là, mais elles sont incapables de maintenir les surfaces assez hu- mides, comme n'importe qui peut le constater en respirant quelques minutes par a bouche. _ Quand l'air passe et repasse par ce conduit, comme chez l’orateur, ou le chanteur, ou encore - le fumeur, il faut donc s'attendre à ce que la . sensation de sécheresse et de viscosité, qu'on appelle soif, prenne naissance. … Comparons cet état de la bouche avec celuidu conduit respiratoire, où la membrane de recou- vrement est formée d’épithélium columnaire et estrichement pourvue, en particulierdans le nez, d’une multitude de glandes muqueuses.Par cette voie l’air se déplace constamment sans aucun signe de dessiccation, excepté aprèsune privation d'eau extrème et prolongée. Mais il existe une portion de ce trajet-normal de l’air qui, en l’ab- sence d'humidité suffisante, est particulièrement _ sujette àse dessécher. C'est le pharynx, à la croi- sée du conduit respiratoire avec le conduit diges- tif, c'est-à-dire là où l’air inspiré, rendu insufli- samment humide dans le nez, passe sur des - surfaces autrefois mouillées par l’eau. Là, même la respiration nasale peut exciter des sensations . désagréables si la teneuren eau du corps est ré- - duite, et, dans les cas de soif marquée, la séche- - resse de cette région peut exciter des mouve- . ments de déglutition fatigants. L Les questions fondamentales sont maintenant - les suivantes : Pourquoi la bouche et le pharynx ne donnent-ils pas une sensation de sécheresse . désagréable dans les conditions ordinaires ? Et . pourquoi la ressentent-ils quand l'organisme a besoin d'eau? De nouveau, une comparaison des habitants de l’eau et de l'air va nous offrir des suggestions appropriées. Une différence caracté- ristique entre ces deux groupes d'animaux réside dans la possession, par les habitants de l’air, de . glandes buccales spéciales. Celles-ci sont absen- tes chez les Poissons, mais on les retrouve chez tous les autres Vertébrés, à partir des Amphi- dans lequel il se meut. Au cours de l’évolu-: 75 biens. D'abord peu différenciées, elles se déve- loppent chez les Mammifères en trois paires de glandes salivaires : parotides, sous-maxillaires, sous-linguales. Si nous considérons la soif chez l'homme, ce groupe salivaire nous intéresse seul. Ces organes sécrètent un fluide contenant normalement plus de 97 °/,, parfois plus de 99 y d’eau !, Et voici maintenant La théorie dé la soif dont je désire fournir des preuves : Les glandes salivaires doivent, entre autres fonctions, main- tenir humide l’ancien trajet mouillé par l’eau; comme les autres tissus, elles souffrent lorsque l’eau manque dans l'organisme — déficit d’au- tant plus important pour elles que leur sécrétion renferme presque uniquement de l’éau; aussi, lorsque ces glandes n'arrivent plus à produire un fluide suffisant pour humecter la bouche et la gorge, il se développe une sensation locale de malaise et de désagrément qui constitue la soif. Que l’un des usages des glandes buccales soit de maintenir humides les surfaces sur lesquelles se distribueleur sécrétion, le fait que ces struc- tures apparaissent pour la première fois chez les Vertébrés aériens l'indique bien. Cette con- clusion est renforcée par ce qu’on observe chez lesCétacés, formes de Mammifères qui sont re- tournées à l'existence aquatique etchezlesquelles la perte du corps en eau et le besoin d’une hu- mectation de la bouche et de la gorge sont tout deux fortement réduits. Fait remarquable, chez ces animaux, les glandes salivaires font défaut ou sont très rudimentaires. L'apparition et la disparition des glandes buccales chez de grands groupes d'animaux, eorrespondant à l'exposition . ou]a non-exposition de la bouche et de la gorge à l'air desséchant, montrent que ces glandes protè- gent la muqueuse buccale contre la dessiccation. La preuve expérimentale de cette fonction pro- tectrice des sécrétions salivaires a été fournie incidemment, il y a bien des années, par Bidder et Schmidt. Ils se proposaient d'étudier les sé- crétions fluides qui peuvent apparaître dans la bouche en dehors de la salive. Dans ce but, ils liatent chez des chiens tous les conduits sali- vaires. Le premier effet fut une diminution si frappante de la couche fluide sur la muqueuse buecalé que ce n'est qu'en maintenant la gueule fermée que la surface restait humide; quand l'animal respirait par la bouche, la surface se desséchait rapidement. L’avidité pour l’eau en était fortement accrüe, de sorte quel'animal était toujours enclin à boire ?, | 1. Becker et Lupwic : Zeïtschr. f. rat. Med., t. I, p. 278 « 1851. 2. Binoer et Scumipr: p. 3: Leipzig, 185% Verdauungssäfle und Stoffwechsel, 76 Major W. B. CANNON. — LES BASES PIIYSIOLOGIQUES DE LA SOIF Il existe, en relation avec ce rôle de la salive de mouiller et de lubrifier les parties de la bou- che, un réflexe spécial pour la sécrétion sali- vaire quand la muqueuse buccale est exposée à des conditions qui tendent à la dessécher. Ainsi, comme les recherches de Pavlov! l’ont démon- tré, quand on introduit des aliments secs dans la bouche, la sécrétion de salive est beaucoup plus forte qu'avec des aliments humides. Et Zebrowski? a trouvé, au cours de ses observa- tions sur des malades pourvus d’une fistule pa- rotidienne, que, tandis qu'aucune salive ne coule avec la bouche fermée, il sort du conduit sali- vaire 0,25 em en 5 minutes quand la bouche est ouverte. Ce réflexe est facile à mettre en évi- dence. Si l’on se bouche les narines et qu'on res- pire par la bouche pendant 5 minutes, il ne se produit généralement rien pendant la première minute. La muqueuse commence alors à sentir la sécheresse ,'et immédiatement la salive se met à couler et continue pendant le reste de la pé- riode. J’ai ainsi recueilli jusqu'à 4,7 cm* en 5 mi- nutes. Des mouvements de mastication, avec la bouche vide, ne fournissent en 5 minutes qu’en- viron { emë. Dans ces observations, des précau- tions ont été prises contre tout effet psychique dû à l'intérêt, en additionnant de longues colonnes de chiffres pendant l'expérience. Il semble donc clair que, quand la bouche tend à se dessécher, les glandes salivaires sont normalement excitées à agir de façon à humecter les surfaces affectées. L’acte de la déglutition favorise le processus, car le fluide se répand ainsi en arrière de la langue et atteint la paroi postérieure du pharynx. J'ai examiné par deux voies la question de sa- voir s’il y a une relation entre l'existence d’un besoin d’eau du corps et la diminution du flux de salive : en restant sans boire pendant une pé- riode considérable, ou en transpirant abondam- ment, tout en mesurant la sécrétion salivaire sous une excitation uniforme. On déterminait celle-ci en mastiquant pendant 5 minutes et à une vitesse uniforme une gomme insipide, en recueillant la salive qui s’écoulait durant cette période elen mesurant son volume. Toutes ces observations se font,de préférence à l’état de re- pos ; les résultats sont ainsi plus uniformes. Voici un exemple qui illustre l'influence de l’abstention de tout liquide pendant quelque temps sur le {lux salivaire (fig. 1). On commence à 7 heures du matin la stinée à exciter la sécrétion et on la répète à chaque mastication de 1. PavLov : The work of the digestive glands, 2° éd.,p, 70, 82; Londres, 1910. 2. Zennowski: Arch, 1905. [. die ges, Physiol., t. CX, p. 1405; heure jusqu’à 8 heures du soir. On a pris entre 7et 9 heures un déjeuner consistant en une pré- - paration de céréales sèches, et entre midiet { heure un lunch de pain sec. Rien n’a été bu depuis le soir précédent. Depuis le premier essai à 7 heures jusqu’à 11 heures, il y a eu peu de changement dans l'écoulement de salive; la moyenne sécrétée en 5 minutes a été de 14,1 cm*, avec des extrêmes de 13 et 16,4 em*. Puis le flux commence à diminuer, et à 2 heures, il n’est plus que de 6,4 cm*. La moyenne des deux ob- servations à 2 heures et à 3 heures est de 7,7 em”, © HÊURE 8 10 12 Fig. 1 — Graphique montrant la sécrétion de la salive en période de soif et après absorption d'eau. À soit à peine un peu plus de la moitié de la moyenne du matin. Entre 3 heures et 4 heures, on boit un litre d’eau. L’effet est aussitôt appa- rent. À 4 heures l’écoulement est de 15,6 em”, et pendant les 4 heures suivantes, où une nouvelle quantité d'eau a été absorbée, ainsi qu'un sou- per avec polage et autres liquides, la moyenne de la sécrétion a été de 14,6 em*, chiffre qui cor- respond bien à la moyenne du matin. D'autres essais de même nature ont donné des résultats similaires, quoiqu'on ait noté des variations dans la rapidité de diminution des quantités de salive sécrétée. Une diminution analogue de la sécrétion sali- vaire se produit après l'élimination d’eau du corps par la transpiration. Dans un cas, la perte, en 1 heure environ, de 500 cm de sueur a été accompagnée d’une réduction de la sécrétion salivaire d'à peu près 50 %. . A la diminution de sécrétion salivaire par mas- tication correspond une diminution du flux ré- flexe résultant de l’assèchement de la bouche. Le flux réflexe est tombé, dans mes expériences, de 3 à 4 cm° en 5 minutes dans les conditions normales à un peu plus de 1 em* durant la soif. Le rapport entre la diminution du flux sali- vaire dans ces expériences et la sensation de soif est tout à fait défini. Dans l'expérience de * la figure 1, par exemple, on n’a pas noté la sen- _sation de io Pt à ce que la sécrétion de la - salive ait commencé à décliner, après 11 heures. Dès ce moment, l’arrière-gorge commença à . ressentir la sécheresse; il y eut de fréquentes “ déglutitions, en même tempsqueles mouvements _dela langue et l’acte dela déglutition s’accompa- gnaient d'une sensation de viscosité, d’un défaut de lubrification cœavenable de ces organes. Tout ce malaise disparut après la restauration du flux salivaire par absorption d’eau. Il faut insister sur l'accroissement d'activité spontanée de la langue et les mouvements de dé- . glutition répétés quand la soif devient plus pro- - noncée. Ces mouvements provoquent une légère ! excitation de la sécrétion salivaire, et ils ont, de .… plus, l'effet évident de répandre le fluide sécrété. * Mais, en l'absence d'une quantité suffisante de liquide, ils augmentent la sensation désagréable en accentuant le frottement dû au manque de lubrifiant. La « boule dans la gorge » dont se . plaignent les personnes qui souffrent d’une soif extrême s’expiique sans doute par la difficulté que rencontrent l’épiglotte et la racine de la langue à frotter sur la paroi postérieure du pha- rynx dans les essais de dégiutition. . Le seul fait que je connaisse et qui soit con- … traire à mes vues est celui d’un psychologue, D. rapporté par Boring!. Cet observateur a certifié que, lorsqu'il commença à avoir soif, le flux de - salive était encore copieux. Huit autres observa- teurs du même groupe décrivent la soif comme caractérisée par la sécheresse du dessus de la langue, la sécheresse des lèvres, la sensation d’avoir une « gorge sèche et irritable », unesen- sation de viscosité et de plissement désagréable, . localisée dans le milieu et l'arrière de la langue, et dans le palais. Cet ensemble de témoignages . concorde avec les observations antérieures et _ suggère la possibilité d'une erreur dans celle suivant laquelle la soif était associée avec une sécrétion libre de salive. On a obtenu une autre preuve de la relation 1. Bouc : The Psycholog. Review, t. XXII, p. 307; 1915, à / » L'EAU L : 4 } ‘ | Major W. | B. CANNON. — LES BASES PHYSIOLOGIQUES DE LA SOIF 77 entre l’absence de salive et la présence de la soif en empêchant la sécrétion salivaire par l’atropine. Avant l'injection, la quantité sécré- tée en 5 minutes par mastication était en moyenne de 13,5 cm*; quand l'effet complet de cet agent fut manifeste, elle était tombée à 1 cm. Toutes les sensations notées dans la soif ordi- naire — surfaces sèches, mobiles, difficulté de parler et d’avaler — se manifestèrent alors. Ces expériences désagréa- bles disparurent aussitôt que la bouche et la gorge eurent été lavées avec une solution fai- ble de novocaïne. L'effet immédiat, dans ce cas, était dû sans doute à l’eau de la solution, mais comme le soulagement dure plus longtemps que lorsqu'on emploie seulement de l’eau, l’anesthé- sique agit également. Cette expérience concorde avec celle de Lepidi-Chioti et Fubini, citée plus haut. Je n’ai pas bu d’eau pendant la durée d'ac- tion de l’atropine, et quand.celle-ci fut terminée et que le flux de salivefüt rétabli, la soif disparut également. Cette relation entre la soif et l’ac- tion d’une drogue a déjà été notée; mais la théo- rie suivant laquelle la soif estune sensation «gé- nérale » était si fermement acceptée qu’on a supposé que la drogue produisait son effet, non par une action locale, mais par des modifications centrales et une altération du sang!. La soif qui accompagne l’anxiété et la frayeur est d’un caractère analogue à celle qui résulte de l’action de l’atropine. On connaît bien l’in- hibition de la sécrétion salivaire causée par ces états émotionnels. C'était la base de l’ancienne «_ordalie du riz » employée aux Indes pour dé- celer le coupable dans un groupe de personnes suspagctes. On la retrouve de nos jours dans l’effet des raids aériens sur les habitants de Fribourg- en-Brisgau, , noté par Hoche, qui signale que les signes de grande frayeur — claquement des dents, pâleur, diarrhée — étaient accompagnés d’une soif intense?. La nature inextinguible de la soif qui résulte de l’effroi constitue une grande partie du malaise de l’orateur novice. viscosité des parties * *X En me basant sur ce qui précède, je consi- dère done la soif comme provenant directement déce à quoi elle semble due : d’une dessicca- tion relative de la muqueuse de la bouche et du pharynx. Celle-ci peut résulter, soit d’un usage excessif de cette voie pour la respiration, comme dans le discours ou le chant prolongé, soit d’un défieit de la sécrétion salivaire. Dans ce dernier 1. SHERRINGTON : 991; Londres, 1900. 2, Hocne : Medizin. Schäfers Textbook of Physiol., tp Klinik, 1. XII, p.906; 1917. 78 cas, on est en face de la « vraie soif»; mais celle-ci ne peut être distinguée, au point de vue de la sensation, de la « fausse soif », La vraie soif dépend du fait que les glandes salivaires, qui maintiennent humide la muqueuse buccale et pharyngienne, ont besoin d’eau pour fonction- ner. D’après les observations et les déductions de Wettendorff, la pression osmotique du sang se maintient, maloré la privation d’eau, par soustraction d’eau aux tissus. Les glandes sali- -vaires font partie de ces tissus, et elles parais- sent souffrir d'une facon conforme à l’hypo- * thèse de Wettendorff,car en présence d’un be- soin général d’eau du corps, elles ne suflisent plus à maintenir la quantité et la qualité! nor- males de leur sécrétion. Il en est sans doute de même pour d’autres glandes: Toutefois, l’im- portance de ce déficit d'action des glandes sali- - vaires pour le mécanisme de l'alimentation du corps en eau réside dans la position stratégi- que de ces glandes par rapport à une surface qui tend à se dessécher sous l’action du pas- sage de l'air. Si cette surface n’est pas main- tenue'humide, il en résulte un malaise et une impulsion à chercher des moyens bien connus de soulagement. Ainsi la diminution d'activité des glandes salivaires devient un indicateur délicat de la demande d’eau du corps. L'explication précédente s'accorde avec les suggestions qui ont été émises pour attribuer à la soif une origine locale. Mais elle ne requiert “pas des nerfs spécialisés, ou une sensibilité par- ticulière dela premiére portion du tube diges- tif, facteurs qui ont été mis eu avant par les par- tisans de cette théorie. Et, en appelant l’atten- tion sur le mécanisme par lequel les glandes sali- vaires servent d’indicateur du besoin général d'eau du corps, elle offre une explication raison- nable de la manière dont un état étendu de l’or- ganisme peut se manifester localement. Les expériences qui ont longtemps constitué le principal appui de la théorie adverse de la soif « sensation générale » peuvent également s’ex- pliquer à la lumière de ce qui précède. L’aboli- tion de la soif par l'injection d’un liquide dans les veines des animaux altérés doit être prévue, car, comme le montre l’expérience de la figure, en fournissant un apport d’eau convenable, le flux de salive se rétablit promptement, et la bou- che et le gosier desséchés sont humectés de nou- veau d’une façon continue. Dans l’expérience classique de Claude Bernard, l’animal porteur d’une fistule gastrique ouverte continue à boire 1. On a indiquéque, quand la quantité de salive diminue, sa teneur en eau est moindre, c'est-à-dire qu'elle est plus vis- quense [voir Trznun: Arch, internat, de Physiol., t. I, p.153). Major W. B. CANNON. — LES BASES PHYSJOLOGIQUES DE LA SOIF jusqu’à ce que la fistule soit fermée. Ce n’est pas parce qu'il ya une demande générale d'eau du corps tant que la fistule reste ouverte, mais parce que c'est seulement quand l’écoulement de l’eau par la fistule est arrêté que le corps re- çoit la quantité d’eau nécessaire à la sécrétion de salive suflisante pour empêcher la dessiceaz= tion. locale. Et les chiens à glandes salivaires liées, dans l'expérience de Bidder et Schmidt, toujours disposés à boire, exactement comme les personnes elfrayées ou ayant reçu de l’atropine : à cause du desséchement local de là bouche, par défaut de salive, quoique le corps dans son ensemble puisse n'avoir pas besoin d’eau. L'application de cocaïne aux surfaces mu- queuses de la bouche abolit le tourment de la soif, non par un effet central, et évidemmentpas en satisfaisant un besoin général d’eau du corps, mais en anesthésiant ces surfaces. La vertu mi- raculeuse des feuilles de coca, comme baume pour la détresse de la soif, s'explique de la même façon. La soif de ceux qui souffrent d'une dimi- nution des fluides du corps — diabétiques, cho- lériques, personnes sujettes aux hémorragies, travailleurs exposés à la transpiration, mères! nourrices — peut s'expliquer par la réduction du flux salivaire suivant l’abaissement de la te- neur en eau de l'organisme et le malaise résul- tant d'une muqueuse buccale pâteuse, Je ne me dissimule pas que d’autres questions soulevées par les vues que je viens de dévelop- per restent à résoudre: effets que d’autres ac- tivités glandulaires, soustrayant des liquides au corps, peuvent exercer sur les fonctions des glandes salivaires; effets sur la sécrétion de l’altération des propriétés du sang et de la lym- phe autres que la pression osmotique; relations. entre ce qu’on appelle | « eau libre » des fluides de l'organisme et la sécrétion salivaire quand on empêche l’absorption d’eau ; influence des bois- sons alcooliques fortes sur la production de la soif; nature des états pathologiques dans les- quels la soif semble disparaitre. Mais il faut at- tendre des temps moins troublés pour répondre à ces questions. Toutefois, d’après les arguments présentés, il me semble que nous sommes maintenant en état de comprendreles mécanismes par lesquels trois des apports essentiels du monde extérieur sont. fournis à l’économie de l'organisme. L'apport d'oxygène estsous la dépendance du contrôle que. les variations du sang — provoquées surtout par les modifications dela teneur en CO ? — exercent sur le centre de la respiration, l'apport con- venable de nourriture est assuré par la préoccu- sont 1 L | pation d'éviter, ou d'arrêter, en mangeant, les Te À “ré Ÿ * D: … affres de la faim provoquées par les contractions … puissantes de l'estomac vide. Et l'apport d’eau + est maintenu par le soin d'éviter, ou d'abolir, en s'abreuvant, les sensations désagréables qui nous tufligentun malaise croissant lorsque les glandes salivaires, par suite d'un abaissement de la te- neur en eau du corps, manquent de l’eau dont elles ont besoin pour fonctionner et ne peuvent | I. — LEs DEUX MÉTHODES DE SÉLECTION Deux méthodes sont actuellement appliquées pour le choix des céréales de semences : l’une, . pratiquée depuis un temps indéfini, est celle de la sélection des porte-craines ou des mélanges de semences; l’autre, usitée seulement depuis … une époque récente, du moins d’une façon sys- . tématique et extensive, est celle des lignées pu- resou «sortes pedigree! », qui ne comporte pas de - sélection à proprement parler, sinon tout au dé- but dans le choix des individus qui serviront de souches aux « lignées pures » ou « pédigrées ». Voyons en quoi consistent ces deux métho- des : / $ 1. — La méthode de sélection des porte-graines L ou des mélanges …. 1. Principe. — Les semences sont choisies sur _ lesindividus ou lesépisquidonnentles meilleures promesses. Cette élite est ensemencée et, dans la récolte obtenue, on triera dans les mêmes condi- - tions les semences pour l’année suivante et ainsi de suite. Ce triage, cette sélection, doit être effectué chaque année, sans défaillance. On assure ainsi une prédominance des qualités choi- sies, mais une prédominance seulement ; le pro- - duit reste hétérogène : à côté du type choisi, il en est constamment de différents. Si la sélec- tion est négligée une ou plusieurs années, les types différents peuvent devenir prédominants et le type choisi disparaitre. 2. Défauts de la méthode des mélanges. — Nous venons de Signaler une grave imperfection de 1. Pedigree, mot anglais qui signifie « arbre généalogique » » et fut primilivement employé pour l'étude des races d'ani- maux. J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION & 3 79 plus déverser leur sécrétion aqueuse en quan- tité et en qualité suffisantes pour maintenir hu- mides la bouche etle pharynx!. Major W. B. Cannon, de de l’Armée américaine, Professeur de Physiologie à l'Université de Harvard. 1. Croonian Lecture, faite devant la Société Royale de Lon- dres en 1918. LES MÉTHODES DE SÉLECTION APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES ETAT ACTUEL DE LA QUESTION PREMIÈRE PARTIE la méthode : elle réclame une sélection répétée chaque année, sous peine de voir dégénérer la culture. Nous expliquerons plus loin la raison de cette faculté de dégénérescence. : | Une autre difficulté réside dans l’imperfection de nos connaissances relatives aux 7reilleurs caractères que l’on devra choisir pour assurer le plus grand rendement. Voici, par exemple, ce que l’on fait dans la pratique : Ontrie dans le champ les épis les plus longs,/on en élimine les deux'extrémités, on choisit les grains les plus gros. Au moyen des quelques litres ainsi obte- nus, on ensemencera une parcelle de terrain qui fournira une quantité notable de semences. Grâce à ce choix, on fait prédominer dans la culture les longs épis et les gros grains, mais c’est en vertu d'une supposition toute gratuite que l’on attribue à ces caractères une valeur au point de vue du rendement. En effet : un épilong a ses grains plus écartés, ceux-ci peuvent n’y être pas plus nombreux que dans un épi compact et court. La suppression des deux extrémités de l’épi est une pratique que ne justifient pas les ré- sultats de l’expérimentation : cette suppression est sans effet. « En ce qui concerne les gros grains, si l'aspect estplus flatteur, ils ne correspondent pas forcé- ment à un rendement plus élevé. C’est cependant chez nos cultivateurs une croyance enracinée que ces gros grains sont préférables, mais M. Bœuf, inspecteur de l'Agriculture à Tunis, fait remar- quer, fort à propos, qu'on peut opposer à cette pratique l'habitude tout aussi séculaire de nom- breux fellahs arabes qui donnent la préférence, pour les semailles, aux grains depetit volume et consentent même à les payer plus cher ! . M. Bœuf conclut de ses expériences que le 80 poids des semences n’a aucune influence sur le poids individuel des grains récoltés, ilnese trans- met pas héréditairement. Les gros grains donnent, il est vrai, des pieds qui tallent plus, mais, pour deux surfaces égales ensemencées, un poids donnéde petits grains donne plus de tiges qu'un même poids de gros grains et la supériorité de tallage des pieds issus de ces derniers est plus que compensée par le grand nombre des pre- miers. L'effet de la grosseur des grains sur le tallage s’expliqueparce faitquela plantale,ayantplus de réserves à sa disposition que celle issuede petits urains, peut donner de bonne heure un plus grand nombre de tiges. Enfin, le tallage peut devenir un inconvénient, surtout dans les pays à régime de pluies déficientés, pour peu que l’année soit légèrement plus sèche que la nor- male. En somme, les caractères : grosseur des grains, faculté de tallage, longueur des épis, proportion des grains dans la récolte totale, qui sont autant de facteurs de rendement, ne sont pas des caracte- res purementetsimplementhéréditaires;ils sont fluctuants dansles générations successives et les fluctuations sontliées à la culture. Nous pouvons donc les améliorer, mais l'effet de la sélection sur eux est loin d’être prouvé. La culture amé- liore ces qualités, mais la sélection ne les main- tiendrait pas sans la culture. Et cependant la vieille méthode de sélection a fait ses preuves; c’est à elle que nous devons la plupart des meïlleures variétés que l’on culti- vait en Europe il ya quelques années et dont on _se sert encore presque exclusivement en France. - Ily a donc dans le principe de la méthode des mélanges une part de vérité, d’où résulte son efficacité partielle. Mais l'efficacité de la méthode en question paraît devoir s'expliquer par ce qui fait la supériorité de la méthode pédigrée. C’est ceque nous exposerons plus utilementaprès avoir traité de la méthode pédigrée elle-même. Cette sélection méthodique à partir d’un mé- lange de semences, malgré tout ce qu’ellea d’ardu et de décevant, a bénéficié de la vogue de la théo- rie de la sélection de Darwin, considérée comme capable de résoudre le problème de la formation d’espècesdans la Nature, théorieavec laquelle elle setrouveen concordance. On croyaitqu’une sélec- tion méthodique et continue des plantes présen- tantune certaine qualité ou disposition commune devait conduire à la création d’une sorte nouvelle et constante avec justement cette qualité désirée comme caractère distinctif héréditaire, Malheu- reusement, si, à force d’assiduité, on arrivait à obtenir la prédominance du caractère voulu, sa J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION constance héréditaire demeurait fugace et se dérobait dès que les soins du sélectionneur se relàchaient. $2. — La méthode pedigree ou par semences, lignées ou sortes pures 4. Exposéetprincipe. — On fait partir la culture d’un seul individu, d’une seule graine ou d'un seul épi et on n'utilise jamais, dans la suite des années, que les semences issues de cet individu unique. C’est toute la descendance de cetindi- vidu qui constitue la lignée pure, sonascendance aussi, mais elle nous est inconnue puisque nous ne l’avons pas suivie. Ces semences ne seront donc pas un mélange provenant d’invidualités différentes, mais bien la continuation, la « lignée », capable, théoriquement, de s’étendre indéfiniment dans l’espace et le temps, d’une seule et même individualité. En résumé, la lignée pure ou pedigree est l’ensemble des individus qui descendent d’un seul et même ancêtre. 2. Fixité de la « lignée ». — On conçoit que dans la lignée un caractère constaté dès la pre- mière génération doive se retrouver indéfiniment, pourvu qu'il soit de l’ordre des caractères héré- ditaires. Un des premiers attributs de la lignée est donc la constance des caractères (héréditai- res) une fois reconnus. Si donc, dans les indi- vidus qui constituent un champ, on observe un caractère heureux, on pourra le conserver indé- finiment par pedigree. Les sortes sont prêtes et fixes dès la première phase du travail ; « ce qu'il reste de difficile, dit Nilsson-Ehle, c’est d’ap- prendre à les connaître et à les apprécier juste- ment. [ei le travail principal et décisif ne vient donc qu'après la fixation et après qu’on possède déjà la sorte ». 3. Le principe de corrélation. — Pour apprécier la valeur des « sortes », il ne faut pas perdre de vue le principe de la « corrélation », que Nilsson a mis en évidence. Il a constaté, en effet, qu'il peutexister une relation entré des caractères morphologiques sans intérêt pareux-mêmes et des propriétés physiologiques très importantes pour la culture, mais que l'observation d’un grain, ou même d'une plante entière, ne permet pas de reconnaitre. Ainsi, dans l’Orge à deux - rangs, le redressement de l’épi indique la résis- tance à la verse. Les caractères morphologiques sont eux- mêmes reliés entre eux:dansl'Avoine, le nombre des graines d'un même épillet augmente en même temps que le poids moyen de chaque grain. Dans le Blé, la longueur des tigesentraine une augmentation du nombre des épillets et du vi . « OS TER 2) et L 4 » nombre de grains, en même temps que la dimi- _nution de la densité des épis. Nous verrons plus loin combien peut être utile dans la pratique, pour l'appréciation de la valeur dés sortes au point de vue industriel, la corrélation de caractères morphologiques, faci- . lement reconnaissables, avec des caractères de constitution chimique interne que rien, en dehors de l’analyse chimique, ne permettrait de déceler. On concoit qu’elle peutêtre l'importance de ces caractères en boulangerie, par exemple, _ pour la panification. | « ? . K3. — Comment l'efficacité relative de la sélection des mélanges s'explique par ce qui fait la supériorité de la méthode des pédigrées Par la sélection des mélanges, le caractère choïsi peut se maintenir dominant grâce à une .… sélection constamment répétée, mais on cons- _tate qu’il est bientôt noyé, pour ainsi dire, dans la culture, si les soins du sélectionneur viennent - à cesser ou à se relâcher. S'il en est ainsi, c’est sans doute que la sélection a assuré la prédomi- nance de la lignée qui, dans le mélange, presente le caractère requis. Nous avons donc mainte- » nant l'explication de la valeur relative de la - méthode de sélection éclairée par le principe de la méthode des pédigrées. IL. — Les LIGNÉES PURES AU POINT DE VUE DE LA SYSTÉMATIQUE _ $r. — Caractères absolus, moyens et fluctuants _ Aupointde vue de la Systématique, leslignées pures constituent une multitude d'unités. Elles se confondent avec les «petites espèces » ou _« espèces élémentaires » en quoi on a reconnu _ que devait très souvent se démembrer l'espèce linnéenne. L'ensemble des individus de toutes les lignées semblables constitue l'espèce élémen- taire. L'expression « lignée pure » est due au | professeur danois Johannsen; on lui préfère, à _Svaloff, pour des raisons d'ordre pratique, le . terme de pedigree. - Les petites espèces ne diffèrent généralement entre elles que par des caractères très ténus, mais qui présentent la fixité héréditaire. Les petites espèces peuvent se différencier par des caractères absolus qui se maintiennent tels _ quels par hérédité; tels sont la présence ou l’ab- sence de certains éléments : arêtes, poils, etc., _a forme des glumes ou des grains, l'existence de telle ‘ou telle coloration. ét différences entre _ individus de diverses espèces élémentaires sont . APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES généralement peu visibles en pleins champs où ! réprésentative de la fréquence de ce caractère, ily a mélange; elles deviennent, au contraire, très apparentes lorsque des centaines de plantes M de chaque espèce élémentaire sont cultivées sur des parcelles distinctes, mais assez voisines pour | être facilement comparées. Rappelonsenfin qu’en 1" “vertu de la « corrélation » dont nous avons parlé M des caractères morphologiques d'apparence infi- À } me peuvent acquérir une grande importance du ! ve fait qu'ils sont liés à des caractères physiologi- ques ou internes d'intérêt pratique, tels que la! précocité, la composition chimique, la résistance aux rouilles, à la « verse » et diverses maladies cryptogamiques, au froid,etce., qui sontégalement des.caractères absolus. Les espèces élémentaires ne diffèrent pas seulement entre elles par des caractères absolus, : mais encore par des caractères moyens : ce sont des caractères susceptibles de mesure qui mon- trent toujours dans une même lignée des degrés définissant les variations individuelles. La densité des épis, la hauteur des tiges, le poids des grai- nes sont généralement des caractères moyens, qui ne sont pas chez tous les descendants identi-. ques à ce qu'ils étaient chez la plante-mère, On à peut représenter ces caractères par une courbe! et, si l’on compare de telles courbes obtenues avec des groupes d'individus assez nombreux,on remarque qu’elles sont constantes, c’est-à-dire M présentent une même forme caractéristique. | Cette forme sert de diagnose à la variété. ‘LCR Un caractère moyen ne peut être clairement distingué et défini que par un grand nombre de | mesures. | Si l’on opère sur des races pures, en culture pédigrée, on constate que les caractères moyens mentaire. C'est ainsi qu’au LÉ) aboratoire de Svalôf, l’Hor- deum distichum nutans a pu être divisé en quatre E 74 espèces élémentaires d’après des caractères abso- ir lus (relatifs aux épines : présence ou absence, et aux poils : simples ou ramifiés). De ces quatre espèces : «, 8, }, à, on a pu isoler des sortes défi- nies par des caractères moyens. Par exemple, # l’'Hordeum distichum nutans « permet de distin- cuer les sortes Æaunchen et Bohemia, dont la compacité de l'épi est représentée par une courbe qui a pour sémmet la fréquence 32 pour /aun- chen et la fréquence 35 pour Bohemia. Ce carac- tère semaintient par la culture Lorsqu'un caractère moyen se traduit par une courbe à un seul sommet, c’est que l'on a affaire 1: D'une façon plus précise, le caractère moyen vrai de la lignée est défini par l'abseisse du maximum de la courbe A 82 J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION à une sorte unique; si, au contraire, il se repré- sente par une courbe à 2 x sommets, c'est que l'on se trouve vis-à-vis d'un mélange de sortes, dont on pourra faire la séparation à la généra- tion suivante en cultivant uniquement des indi- vidus dont la densité de l'épi, par exemple, cor- respondra aux deux sommets de la courbe. En somme, on voitqueles espèces élémentai- res, distinguées par des caractères absolus, peuvent elles-mêmes être subdivisées en sous- groupes définis par le degré de fréquence de caractères moyens. « On pourra appliquer à ces sous-groupes le mot de sorte » (N. Bernard). Ajoutons qu'il règne une asséz grande con- fusion dans l'emploi des termes : sorte, variété, race, elc.; aussi importe-t-il bien plus d’avoir une idée nette des entités distinctes que repré- sentent les groupements en question que d’atta- cher trop d'importance aux mots eux-mêmes dont l'emploi est variable, Les caractères absolus sont héréditaires et indépendants du milieu; les caractères moyens ne sont que partiellement héréditaires, en ce qu'ils subissent l'influence du milieu; ils sont dits encore Yuctuants. La courbe représentative d’un caractère moyen n’est constante dans son amplitude que pour un milieu déterminé: en modifiant le milieu, on peut modifier l'amplitude de la courbe (expérience de Klebs), mais cette modification restera constante pour une même action du milieu. Ces caractères pourront donc être influencés par la culture et ils le seront tou- jours de la même facon pour une action cultu- rale semblable, On peut citer comme exemples de ces caractères fluctuants #e poids des grains, le nombre des épillets d’un épi, la faculté de tal- lage, etc. Sur eux, la culture a une action di- recte : ils ne se maintiendront à un écart déter- miné de la normale qu'autant que la culture con- tinuera à exercer son influence dans les mêmes conditions ; sinon la fluctuation reprend l'ampli- tude ordinaire représentée par la courbe carac- téristique. En somme, le développement de la lignée est sous la dépendance : 10 de facteurs héréditaires, 2° de facteurs résultant de l’action du milieu. : qe | Les premiers maintiennent sa constance, les se- conds (nourriture, température, lumière, etc.) produisent des variations ou fluctuations, mais ils n’affectent que les individus et non la descen- dance. $ 2, — Action de la sélection artificielle sur les caractères fluctuants Le sélectionneur a intérêt à choisir les porte- graines qui présentent le caractère fluctuant au degré le plus favorable; tel est le-cas suivant : dans une race de Maïs, étudiée par Fritz Müller, le nombre des rangées de graines dans l’épiétait représenté par une courbe de fréquence ayant 8 et 20 comme extrêmes et 12 comme maximum de fréquence. Comme il y a intérêt à augmenter le nombre moyen des rangées, il choisit comme porte-graine un individu à nombre de rangées se rapprochant de l’extrême, soit 17. Les expé- riences faites ont montré que la descendance de ce porte-graines produisait des épis ayant üne moyenne de 14 rangées. Il y a donc progression de deux rangées par rapport à la moyenne de la race et régression de 3 par rapport au porte- graines. Par conséquent, la sélection peutamener un développement des caractères fluctuants, une modification de leurcourbe caractéristique, mais il faut, pour cela, une sélection continue qui laisse se développer parmi toutes les plantes possiblesseulement des plantes exceptionnelles: les caractères de l'élite ainsi choisie ne sont pas héréditaires, il y a retour à la valeur moyenne des caractères fluctuants dès que la sélection cesse. $ 3. — Origine des lignées dans la nature : : mutation et croisement Les lignées existent dans la nature en quantité innombrable, vivant côte à côte dans les champs. Ceux-ci sont constitués par un inextricable mé- lange de lignées. Elles sonten dehors de Paction de l’homme, qui ne sait que les isoler pour les cultiver ensuite à l’état de pureté lorsqu'il fait de la sélection pédigrée. Quelle est donc l’origine de ces lignées dans la Nature? À Bien que les circonstances qui ont entraîné l'origine de la plupart des lignées soient demeu- rées obscures, on peut admettre que le point de départ de chacune a été un sport, c’est-à-dire l'apparition brusque d’un nouveau'caractère sur un individu, fait que l’on désigne encore par le mot de z7utation. On a constaté, en effet, que certaines espèces, particulièrement « sportives », présentent parfois des individus offrant quelque | caractère absolument nouveau et capable de se transmettre héréditairement, C'est ainsi que peut apparaitre une lignée nouvelle, Il y a un autre mode d'origine de lignée, c’est le croisement ou hybridation spontanée entre lignées préexistantes. Ce croisement spon- tané, rare chez les ‘plantes autogames, est au contraire assez fréquent chez les plantes à fé- condation croisée ou staurogame. Lam s rt à detente “t NES TO Nr re LE d | : APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES ke III. — L'EMPLOI DES PÉDIGRÉES NE DONNE PAS DE PLANTES À CARACTÈRES NOUVEAUX. COMMENT ON PEUT SE LES PROCURER EN UTILISANT LA MUTATION ET LE CROISEMENT Nous ne pouvons rien sur les caractères légués par l’ascendance, ils échappent à notre action; quant aux earactères variables, nous avons le pouvoir de les modifier par la culture: sol, en- grais, humidité, etc. Ces améliorations ne se | transmettent pas héréditairement. | La lignée pure est donc un type naturel qui n’est pas plus susceptible d'amélioration que de dégénérescence et que nous sommes impuis- sants à modifier par action directe. Autrement dit, une lignée pure n’est pas susceptible de sé- lection, ainsi que l’a énoncé d’abord Johannsen . et que l’ont confirmé divers auteurs, notamment . Fruwirth (1917), par leurs recherches expéri- mentales. L'homme intervient seulement en choisissant, parmi les lignées que lui offre'la Na- ture, celles qui lui sont favorables. Est-ce à dire qu'il faille renoncer à voir jamais la lignée se modifier, même dans le temps limité où s'exerce notre observation humaine? Non, car la lignée peutse modifier: 1° par mu- tation; 2° par hybridation, ainsi que nous l'avons » indiqué dans le paragraphe précédent. “ ! Si. — La mutation La mutation, quiest l'apparition brusque d’un caractère nouveau, d'emblée héréditaire, a fait beaucoup parler d’elle à la suite des travaux re- tentissants de de Vries (1901) et de ses disci- - ples. On a pensé avoir par elle le moyen d’ex- pliquer l'apparition d'espèces nouvelles et l'on a + opposé le mutationisme, où apparition brusque - d'espèces nouvelles, au darwinisme, qui expli- . que leur production par le jeu extrêmement lent de facteurs divers, tels que la sélection naturelle, » la survivance du plus apte, etc., et au /amarc- kisme, qui attribue un rôle prépondérant à & l’adaptation au milieu avec transmission des.ca- | ractères acquis. : N. H: Nilsson revendique l'honneur d’avoir utilisé le premier, à l'Institut de Svalof, les faits de mutation pour l'amélioration des semences des Céréales plusieurs années avant les travaux de de Vries. Au fond, cela importe peu; chacun de ces savants s'étant placé à des points de vue _ très différents conserve le mérite spécial de ses recherches. Nilsson a remarqué que les pieds des céréales _ qui présentent quelques particularités remar- __ quables, telles que la vigueur des tiges, la lar- _ geur des feuilles, ont plus de chances que les autres de produire des sports donnant lieu à des variétés nouvelles. Les pieds les plus remarqua- bles sont done isolés, léur descendance est étu- diée et montre quelquefois des variations dont quelques-unes peuvent être le point de départ des variétés nouvelles. La mutation est, en fait, assez rare. Elle sem- ble bien avoir procuré déjà quelques types nou- veaux à l’agriculture et à l'horticulture, mais on n'est pas toujours certain que ces variations. fortuites nesoient point issues d’une hybrida- tion naturelle. $ 2. — L’'hybridation L'hybridation est encore un moyen de modifier les lignées pures : elle permet d'obtenir aux dé- pens de lignées préexistantes des lignées présen- & tant des combinaisons nouvelles de leurs carac- tères (mais non des caractères nouveaux à proprement parler). Des différents produits obte- nus, se séparant conformément aux « lois de Mendel! »,on pourra isoler des lignées pures favorables. ; L'hybridation;fait remarquer Nilsson, doitèêtre considérée comme un complément de la vieille méthode des pédigrées, mais non comme un subs- titut. Tout travail de croisement demande abso- lument comme point de départ un matériel pur etconstant avec des qualités bien connues, qu'il faut, par conséquent, obtenir d'avance. D'ailleurs la méthode pédigrée intervient ensuite pour le choix ei l'isolement des produits de l’hybrida- tion. Les deux méthodes sont donc liées l’une à | l'autre et c'est par leur collaboration in- time que l’on procède actuellement à la Station de Svalof. L'emploi de l’hybridation exige, en général, des essais très nombreux et des champs d'expérience très étendus; nous indiquerons, dans la partie historique de ce travail, com- bien la Station de Svalof possède pour cela une organisation favorable. Dans un domaine de plantes différentes de celles dont on s'occupe dans cette station modèle, citonsle cas des Fram boisiers de Luther Burbank: sur 40,000 hybrides obtenus par ce sélectionneur célèbre, un seul réunissait lacombinaison de caractères cherchés et tous les autres ont dû être rejetés. L'hybridation naturelle chez les Céréales est très rare?, mais on peut la produire artificielle 1. Un des plus notables spécialistes de l'étude de l’hybrida- tion, Tschermak, formule la conclusion suivante ; « Les hybrides de céréales, de variétés, d'espèces ou de gen- res différents, suivent la loi mendélienne de la ségrégation des caractères ; l'opinion contraire estinexacte, » 2,11 faut distinguer : 1° les plantes chez lesquelles la fécon- dation se fait à huis clos dans la même Meur entre l'ovaire et le pollen de la dite fleur; ce sont les plantes autogames :: | À ment. Tandis que les modifications dues à la | mutation constituent des faveurs du hasard sur “y lesquelles il ne faut pas trop compter, l'hybri- 4 dation donne forcément des produits nouveaux (c’est-à-dire présentant une combinaison nouvelle n des caractères des deux parents). | Noussignalerons particulièrementle parti que n_ l'on peuttirer de l’hybridation dans la recherche! 4 des lignées résistantes aux rouilles. Biffen, pro- À . . fesseur anglais, auteur d'expériences aujour- è d'hui fameuses sur l’ hybridation des céréales, et Nilsson ont montré que l’immunité et la sus- ceptibilité aux rouilles peuvent être combinées, à l’aide de croisements, avec n'importe quel groupe de caractères morphologiques; elles sont héréditaires et propres à certaines espèces et à # re variétés : ce sont des caractères mendé- . liens. ji x | que L'emploi de l'hybridation pourra se faire dans e ! les conditions suivantes : Ÿ Un desparents présente certains caractères vou- lus:par exemple résistance au froid ou fort rende- ment, mais d’autres lui font défaut, soit : _ sistance aux rouilles; l’autre parent peut ne pas … posséder la résistance au froid ou le rendement élevé, mais ilest résistant aux rouilles. On effec- tue la fécondation croisée. A la deuxième génération de la descendance _ se produit la disjonction des types suivant des proportions définies, conformément aux lois de Mendel. Dès la génération, on cherche à reconnaître les individus de race pure, compris dans la deuxième génération, c’est-à-dire d’héré- dité stable qui présententassociés à la foislarésis- tance aux rouilles d’un des parents et la résis- tance au froid et la productivité de l’autre pa- rent. | On réalise des lignées avec les individus de race pure choisis. Pour cela, on met en œuvre la méthode des cultures pedigree : on sème à part chacune des graines de la seconde géné Toutes celles qui ne donnent que des produits semblables à la plante-mère sont de pure race; on peut être assuré que les générations successives qui en se- vont issues ne varieront point. A] “1 la ré- troisième ration. Comme on le voit, c’est àla seconde génération 7 Blé, Orge, Avoine, Pois, Vesce, etc.; 2° les plantes chez les- 4 quelles la fécondation est au contrairecroisée,ou plantes stau-h — rogames:Seigle, Trèfle, Graminées fourragères, Betteraves, , etc. $ Dans le cas de la fécondation autogame du Blé, par exem- A _ ple, lorsque les élamines et les stigmates apparaissent en de dehors des glumes, ondit à Lort que ces céréales fleurissent. (4 En réalité, lu fécondation s'est déja eMectuée et les étamines , à devenues inutiles sont simplement rejetées au dehors, reconnait les hybrides nouveaux et à la qu'on troisième que l’on constate ceux qui sont fixés. Il’suffit donc de trois années pour obtenir et isoler des variétés stables. IV, Tout d’abord on choisit la ou les variétés qui doivent faire l’objet d’une séparation par lignées: — PRATIQUE DE LA MÉTHODE PÉDIGRÉE ét qui appartiennent généralement à une de ces « races de pays » qui englobent plusieurs types individuels divers. A l’époque de la récolte, on choisit donc dans les champs ou dans les lots comportant des. variétés diverses que l’on veut étudier, des pieds se différenciant par un caractère Baillants compa- cité des épis, résistance aux rouilles, ete. On lais- se naturellement de côté les types qui ne se- raient représentés que par des pieds mal venus, donnant à penser que le milieu ne leur convient pas. Soit 30 le nombre des pieds choisis; chacun de ces pieds sera égrené #so/ément à la main et les graines de chacun seront placées dans un sachet et conservées jusqu'aux semailles. A ce moment, on choisira un terrain n’ayant pas porté de céréales l’année précédente, afin - d'éviter les repousses. Les grains de chaque sa- chet y seront semés à la main dans des raïs ou des trous sur une même ligne. Par conséquent, à chaque sachet correspondra une ligne. Ces li- gnes seront espacées d’au moins 30 cm., afin d'éviter la concurrence vitale entre plantes sem- blables. On a préconisé aussi de faire alterner dés lignes d’espèces différentes dans le but: de diminuer les possibilités de croisement. - Le voisinage des lignes estune cause d’erreurs d'évaluation dans les travaux de sélection des céréales, par le fait de la concurrence vitale qui entre en jeu. Hayes et Harny (1917) ont fait une série de recherches dans le but d’atténuer cette difficulté. On sèmera à la main et un peu clair, On bi- nera soigneusement, le terrain devant rester propre. On ne fumera pas la première année, si l’on veut mieux se rendre compte des caractères particuliers à la sorte dans le milieu donné, abstraction faite des modifications qu'introduit la culture. È Bientôt le sélectionneur se rend compte de faits intéressants : dans chaque ligne, l'aspect des plantes est uniforme et des différences se manifestent de l’une à l’autre, portant, par exem- ple, sur la couleur et l'abondance du feuillage, la hauteur des tiges, le tallage, le port (érigé, couché, diffus), la précocité, la résistance à la verse ou à la rouille, à la carie, au charbon; à l’'échaudage, etc. Ces différences, qui, le plus 7, = r'À È PP CP LI . souvent, eussent passé inaperçues dans le mé- … lange d’un champ, deviennent frappantes surles _ lignées bien séparées et pures. _ Commeon le voit, dès la première année dé cul- ture pédigrée, on peut obtenir des résultats ou tout au moins choisir parmi les lignées obte- … nues celles qui paraissent le plus favorables et . dont on poursuivra la culture comparative à » l'exclusion des autres, l’année suivante. Mais + c'est cette appréciation, ce choix des lignées qui - est généralement l'opération la plus délicate et difficile; lorsqu'on veut choisir la lignée présen- tant l'ensemble maximum de qualités, il y a lieu de tenir compte d’un si grand nombre de carac- “ 1tères qu'il faut au sélectionneurune très grande - habitude de l'espèce soumise à l'étude, une véri- _- table spécialisation. Il ne serait pas suffisant de baser son jugement de la produetivité d’une sorte sur les données d’une seule année qui pourrait être ou trop fa- vorable ou trop défavorable, ce qui entrainerait des conclusions inexactes. . Dans le cas où l'opération est conduite au- _ delà de la 2° année, comme nous venons de l’in- diquer, voici comment on opère, au Danemark, par exemple, d’après Vestergraad (1914) : … 1" année. —100pieds;parexemple, ontétéchoi- sis et 50 graines de chacun ont été semées en li- . gnes.Onexamine les plantes en croissance et l’on _ décrit exactement toutes les propriétés qui peu- _ vent avoir une importance pratique. Chaque lignée est récoltée à part. On déter- _ mine le rendement en grain et en paille. 2° année. — On affecte à de nouveaux essais les 30 lignées qui promettent le plus, chacune sur deux parcelles de 3 à 4 m°; on observe aiten- tivement les plantes à chaume faible et celles su- jettes à des maladies pour les éliminer; finale- _ ment, l'on ne garde pour les essais ultérieurs _ que les 8 à 10 plantes donnant le meilleur _ rendement. \ 3e année. — On entreprend les essais plus en grand et avec plus de sûreté pour les résultats en affectant à chaque lignée 3 à 4 parcelles de 10 à _ 20 m?, Sitoutes les conditions ont été favora- _ bles, les résultats de cette série d'essais peuvent ». servir à éliminer les nouveautés de moindre va- leur, pour ne conserver que 2 ou 3 sortes. …_ Lannée. —On pratique l'essai comme la 3° et, si aucun accident ne survient, suivant le résul- tat obtenu, on peut songerà commencer, la 5° an- née, la multiplication en plein champ de la sorte la plus productive. Toutefois, il est rare qu’on . puisse prévoir assez sûrement Si cette sorte sur- - passe vraiment de beaucoup les meilleures con- - nues jusque-là et il en résulte qu’il faut faire des Si fe APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES $5 essais pendant quelques années pour s’en assu- rer. Pour, ces essaïs, on peut profiter des deux années généralement nécessaires pour élever à la quantilé requise pour la vente le petit stock du champ de multiplication. | Cet exemple, que nous empruntons à ce qui se fait dans les Stations officielles du Danemark, mais que nous aurions pu aussi bien tirer de la pratique des stalions de Suède, des Etats- Unis, etc., montre combien il faut de prudence et de temps pour arriver à lancer dans le grand commerce une variété nouvelle, d’une supério- rité bien démontrée par rapport à ce qui existe | déjà. Mais il faut ajouter, pour ne point décou- rager le sélectionneur, que l’on peut déjà après une année seulement obtenir de très intéressants | résultats, immédiatement utilisables, surtout si. l'on n'envisage la plante qu’à un point de vue spécial, concernant un caractère particulier que l’on veut obtenir, améliorer L’expérimentateur scientifique peut également arriver en une année ou deux à des résultats qui "M lui soient suffisants ou utiles. V. — La SÉLECTION AU POINT DE VUE î DE LA LUTTE CONTRE LES ROUILLES , LN Un des aspects les plus intéressants de la question de la sélection est celui de la lutte contre les rouilles et autres maladies cryptoga- miques. Les rouilles constituent un fléau perma- nent etconstant des Céréales dans toutes les ré-. gions du globe où on les cultive ; leur action sur. l’hôte en abaisse le rendement dans des propor- + tions considérables; enfin, nous n'avons aucun moyen pratique d'atteindre et de détruire le pa- rasite. Or, il a été établi que l’immunité ou la sensibilité des Graminées aux rouilles sont des caractères héréditaires ; on conçoit done que les : méthodes des pédigrées puissent permettre d'i- M soler des lignées résistantes. De plus, ce sont des caractères mendéliens; par conséquent, une lignée reconnue résistante, mais manquant de certains autres caractères utiles, pourra être croisée avec telle autre, non nécessairement ré- sistante aux rouilles, mais présentant lesdits ea- ractères ; on pourra, par la suite, isoler, dans la descendance du produit de cette hybridation, les lignées de race pure présentant la combinai- son de caractères cherchée. C'est là la seule méthode de lutte contre les rouilles que nous puissions actuellement conce- voir; c’est la méthode d'avenir, qui a d’ailleurs fait déjà l'objet de recherches importantes, mais qu’il y a lieu d'étendre beaucoup encore. Il faudra tenir compte dans l’expérimentation qu'il y a au moins trois espèces de rouilles ou supprimer. rer Ed 1 sensibles à la rouille. 86 J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION ; présentant une importance pratique : Puccinia graminis, rouille noire, rouille commune, rouille linéaire où rouille de la tige; P. triticina ou rouille brune du blé; P. glumarum ou rouille jaune. Il peut être bon aussi, dans l'étude de ces faits, de se rappeler une des explications les plus admissibles données du mécanisme de la résistance aux rouilles. Lorsque le mycélium pé- nètre dans les tissus d’un blé dit « résistant à la rouille », ces tissus sont immédiatement tués; le champignon, étant parasite obligé, ne peut con- tinuer à croître dans les tissus morts et il suc- combe « affamé », dit Marshall Ward. Les blés dits « résistants » sont donc, en réalité, les plus Le mot « résistant » ne traduit qu’une des phases du phénomène, mais c'est la phase finale, celle aussi qui produit le résultat qui nous importe au point de vue pra- tique. Pour apprécier la valeur des lignées mises en observation, au point de vue de la résistance aux rouilles, nous estimons qu’il serait tout à fait insuffisant d'attendre leur contamination des germes que l'air peut transporter et de dé- duire leur résistance de ce qu’elles ont été con- taminées et malades ou non au cours de la sai- son. En effet, pour des raisons diverses, les taches de rouille ont pu ne pas se manifester, soit que les spores aient fait défaut dans la région pen- dant cette année, soit que quelque obstacle mé- canique ou la disposition des lieux n'aient pas permis leur arrivée jusqu'aux plantes; l'ab- sence de rouille ne prouvera pas alors que la plante possède une immunité particulière. On devra done contaminer artificiellementtioutes les plantes mises en expérience, et avec les spores de chacune des espèces de rouilles vis-à-vis des- quelles on veut conclure, Cela représente natu- rellement un travail long et minutieux. Nous préconisons d'y procéder de la façon suivante :: Il y a lieu de tenir compte : 1° de la recherche et de l'obtention du matériel contaminant, 2 de l'inoculation elle-même. . Le matériel contaminant — dans l'espèce, les urédospores — devra être abondant ; on peut le recueillir dans la nature, en pleins champs, sur les plantes déjà atteintes, mais on risque d'en manquer et l’on n’aura pas toujours le matériel ‘sous la main. Mieux vaudra se procurer artificiel- lement ce matériel; pour cela, on pourra inocu- ler le champignon à des plantules de blé, par exemple, cultivées en milieu artificiel, dans des boîtes de verre, à l’étuve, suivant les méthodes de la technique mycologiqué La contamination elle-même se fera naturel- lement en déposant sur les feuilles des spores émulsionnées dans l’eau. Une difficulté de l’opé- ration réside dans le manque d'adhérence de … l’eau pour la surface des feuilles. Un bon moyen d’atténuer ce défaut sera de faire glisser, entrer les doigts mouillés par l'émulsion des spores, les feuilles dans toute la longueur. On répartirà ainsi d'une façon très suflisante des spores sur. les deux faces de cet organe. Au moment de la récolte, on choisit les pieds non où peu rouillés, on en retient un très petit nombre : 5 à 10 par exemple; on récolte et on bat séparément chacun des pieds et chaque ré- colte est conservée dans un sachet particulier. On sacrifie résolument les autres pieds. Û Ces cinq lignées sont semées l’année sui- vante, chacune sur une parcelle différente; on compare les produits et l’on peut faire un nou- veau choix. Se basant sur le fait que le Puccinia graminis, rouille commune où rouille de la tige, n’attaque pas les parties della tige protégées par les feuilles, on peutchoisir les plantes à entre-nœud court (il s’agit du dernier entre-nœud précédant immé- diatement l’épi) pouren faire les points de dé- part de lignées; entre les lignées obtenues, on choisira encore celles présentant au plus haut degre le caractère requis, | Par les croisements, on peut encore améliorer dans une très large mesure les résultats des pé- digrées. Les travaux de Biffen et ceux de Nils- son-Ehle ont:démontré que l'immunité et la susceptibilité peuvent être combinées, à l'aide dg/croisements, avec n'importe ques groupe de caractères morphologiques. La sensibilité aux rouilles n’est pas acciden- telle ou indépendante d’une loi définie. C’ est ainsi qu'il ressort des recherches de Vavilo (1915) les faits suivants : L’étude de 800 races de froment de printemps et d'automne provenant de différentes parties de l'Europe et de l’Asie, par rapport au Puccinia trilicina, a démontré que chacune des 8 espèces. de froment, comprenant un grand nombre de variétés et de races, possède un comportement défini et caractéristique vis-à-vis du parasite, conformément au tableau suivant : ESPÈCES SUSCEPTIBLES : . Triticum vulgare (sauf quelques races); —* compactum Host: — spella. ESPÈGES RÉSISTANTES ! Triticum durum. — polonicum. — turgidum. ESPÈCES TOTALEMENT EXEMPTES Tritic uni IONOCOCCUM PORC PT SI PET NE ® APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES 87 Le Triticum dicoccum comprend à la fois des races susceptibles et des races sensibles, Cette généralisation peut être appliquée, dans une certaine mesure, à d’autres rouilles comme le Puccinia glumarum. La question de la résistance aux rouilles est de celles qui préoccupent le plus les grands Instituts de sélection de l'étranger. “Na ainsi qu’à Svalof (Suède) a été réalisée la variété Pansar, jouissant d'une immunité aux rouilles presque absolue en même temps que de la capacité pe rendement la plus élevée pour la - région, soit 140, le rendement du blé suédois indigène étant représenté par 100. * PTS NT AN" Aux Etats-Unis, la question/des rouilles des” céréales présente une énorme importance. Di- _verses stations expérimentales se sont altaquées - à la lutte contre le fléau par la recherche de sor- … tes résistantes, C'est ainsi que celle de l’lowa s'est proposé dans ce but spécial : 1° d'isoler et d'expérimenter des lignées pures de sortes commerciales; 2° de sélectionner des lignées pures prove- nant de croisements. Plus de 8.000 lignées pures d’avoines ont été isolées de 1906 à 1914; en 1916, le choix s’est porté sur 125 sortes et les semences de deux d’entre elles seulement, choi- _sies parmi celles qui donnent le plus de, pro- messes, ont été distribuées aux agriculteurs en quantité suflisante pour ensemencer 40 ares. Les ‘avoines sélectionnées peuvent ainsi être compa- * rées, dans les conditions agricoles ordinaires,aux meilleures sortes commerciales. En 1914, déjà, le _ rendement des sortes d’avoines « Jowa 103 » et « Jowa 105 » surpassait de plus de 160 kg. par ba la moyenne des rendements des variétés com- - merciales (Hughes, H, D., 1916). En France, où si peu dé recherches ont été _ entreprises sur cette question, on peut signaler celles commencées en 1908 pour l’amélioration . des blés Taganrog de la Limagne, achetés avec prime par pe Minoteries de Marseille en vue de | la fabrication des semoules. Le but à atteindre - était celui-ci : obtenir de la variété Taganrog des lignées aussi productives, plus précoces et plus résistantes à la rouille. M. Blaringhem pro- posa d'adopter la méthode des « cultures pédi- _grées ». Par les soins des chimistes des usines _sucrières, pour lesquelles le Blé constitue l’as- - solement de la Betterave, six lignées furent _ choisies ; après quatre ans d’essais, elles furent reconnues nettement supérieures aux çentaines _ d’autres obtenues ; une ou deux seulement furent . introduites dans les eultures. VI. NE SONT — Les RÉSULTATS DE LA SÉLECTION VALABLES QUE POUR UNE. CONTRÉE DONNÉE On peut dire encore, d’une façon plus géné- rale et plus scientifique : pour des conditions agrogéologiques et météorologiques données. ne faudrait donc pas croire que, parce qu’une lignée présente une supériorité dans une localité donnée, elle la présentera de même dans une localité différente ayant un autre climat. C’est ainsi qu'elle pourra y être en défaut par la sensi- bilité au-froiïd, s’il s’agit d’un pays plusfroid que celui d’origine, et ce caractère viendra annihiler toutes les qualités qui faisaient son excellence. Tel est le cas du Blé Squarehead, sorte bonne productrice en Angleterre, qui a donné de très mauvais résultats en Suède, Mais on est arrivé, à Svalôf, à en tirer une sorte, dite Extra-Squa- rehead IT, qui s’est montrée excellente en Suède méridionale, où se trouve cette station, mais qui a complètement échoué dans l’Ostergotland, plus au nord (1905), sa résistance au froid étant ‘encere trop faible pour soutenir un hiver plus long et rigoureux. Aussi la célèbre Station de Svalôf, qui occupe en Suède une situation ex- trème méridionale, a-t-elle établi un certain nombre de filiales Fe des localités distinctes différant au point de vue agrogéologique et météo- rologique. Dans les zones les plus froides, il y a lieu de tenir compte spécialement de la résistance au froid ; dans celles où la pluie fait défaut au prin- temps, il faut des races résistantes à la sécheresse; dans celles où la fertilité du sol-provoque un développement luxuriant et rapide des tiges, il faudra tenir compte de la résistance à la verse, elc, En somme, le but de la sélection est de réunir chez une même sorte le caractère « productivité intrinsèque » etle caractère « résistance au phé- nomène météorologique le plus nuisible » dans une localité déterminée, Dans un second article, nous montrerons la supériorité el les avantages de la méthode des cultures pédigrées, et nous terminerons par l'exposé de ce qui a été tenté officiellement dans divers pays pour la mise en pratique de la sélec- tion des semences. J. Beauverie, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. ss, TE Pa 1 À En 7 À TR ET PR A ET TR CT es pe NE NP I EE Te Ve t 85 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE | ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Borel (Emile), Professeur de Théorie des Fonctions à l'Université de Paris. — Leçons sur les fonctions mo- nogènes uniformes d'une variable complexe, rédi- gées par GASTON Jucra, — 1 vol. in-8° de 163 pages: (Prix SIT -N AS) Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Parts, 1917 Dans cet ouvrage, qui fait partie de la collection de monographies publiée sous sa direction, M. Borel s’est proposé d'étendre la notion de fonction monogène au delà des bornes fixées par Weierstrass, c'est-à-dire en dehors de certains domaines bien définis que l’on peut appeler les domaines W ; pour Weierstrass et son école, à tout élément de fonction analytique, c’est-à-dire à toute série entière convergente, se rattache un domaine W, et à tout point de ce domaine est attaché un élément de fonction analytique; l’ensemble de ces éléments cons- . titue une fonction dont le domaine W est le domaine d'existence naturel; en dehors de ce domaine, la fonc- tion n’existe pas. M. Borel, s'appuyant sur certainstravaux de Cauchy, s’est elforcé d'élargir ce point de vue. Déjà sa remarquable thèse, qui remonte à 1894, ren- ferme à ce sujet des résultats importants ; -plus tard, l'extension de l'intégrale de Cauchy aux domaines que l'auteur appelle les domaines C devait permettre de montrer que les fonctions définies dans ces domaines possèdent les propriétés caractéristiques des fonctions analytiques de Weierstrass, et que, par suite, la limi- tation imposée par ce savant est arbitraire; d’ailleurs, il semble qu’on ne puisse fixer les limites au delà des- quelles une extension nouvelle serait impossible. En principe, la construction des fonctions monogènes non analytiques au sens de Weierstrass repose sur leur développement en séries de polynômes, valable dans tout le champ d'existence de la fonction monogène à pointS singuliers en nombre infini, et qui le demeure quand ces points, sans cesser de former un ensemble dénombrable, constituent un ensemble dense sur une ligne singulière, ce qui n empêche pas d'effectuer le pro- longément à l’aide de la série de polynômes considérée, Le présent livre est la reproduction des leçons faites à l’Université de Paris, et rédigées par M. Gaston Julia. Après un chapitre d’ introduction dans lequel est exposé le point de vue de Weierstrass, M. Borel étend l’inté- grale de Cauchy au développement en série de polynô- mes d’une fonction définie dans un domaine W.Ilexpose ensuile un important complément à la théorie des en- sembles de mesure nulle, puis parvient à la définition des fonctions monogènes non analytiques dans de nou- veaux domaines qu'il appelle domaines de Cauchy ou domaines C. L'ouvrage se termine par deux notes, l’une sur une extension de da formule de Green aux ensembles parfaits discontinus, l’autre sur la théorie du potentiel logarithmique; il renferme, sous une forme concise, claire et élégante, un exposé de recherches profondes et difliciles, auxquelles M. Borel a apporté la contribu- tion la plus importante. M. LRuIEUVRE, Directeur de l'Ecole préparatoire à l'Enseignement Supérieur de Rouen. Appell (P.), Professeur de Mécanique rationnelle à La Faculté des Sciences de Paris, et Dautheville (S.), Professeur de Mécanique rationnelle à la Faculté des Sciences de Montpellier. — Précis de Mécanique rationnelle. INTRODUCTION À L'ÉTUDE DE LA PHYSIQUE ET DE LAMÉCANIQUE APPLIQUER, à l'usage des candidats aux certificats de licence et des élèves des Ecoles techniques supérieures, %° Edition, revue et augmen- tée, — 4 vol. in-8° de VIII-734 p. avec 230 fig. (Prix :. 50 fr.) Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1918. En présentant aux lecteurs de cette revue la pre- mière édition de cet ouvrage!, M. A. Boulanger pré- voyait que le Précis de Mécanique rationnelle de MM. Appell et Dautheville serait bientôt « un ma= nuel classique dans toutes nos Universités ». La pré- | diction s’est rapidement réalisée, et n étaient les cir- ; constances créées par la guerre, la Seconde édition eût suivi plus rapidement encore la première, depuis long-. 1 temps épuisée. Cette seconde édition n’est pas une simple réimpres- sion. Les auteurs y ont introduit, de nombreux perfec- tionnements de détail; ils yont, d'autre part, ajouté ; deux chapitres nouveaux, particulièrement impor- | tants au point de vue.des applications : l’un est relatif | à la Statique graphique, l’autre aux éléments de la Ré- 4 sistance des matériaux. Enfin les exercices placés à la | fin ont étéen grande partie renouvelés, d'après lesques- tions aux dernières sessions d'examens. | Nous ne doutons pas que cette seconde édition ne rencontre auprès des étudiants un succès au moins : UE égal à la précédente. | | | . 29 Sciences physiques Guillet (Léon), Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers, et Portevin (Albert), Chef des Travaux de Métallurgie et de Métallographie à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures. — Précis de Mé- tallographie microscopique et dé Macrographie. — 1 vol, in-8° de 504 p. avec 117 pl. hors texte com- prenant 562 fig. et micrographies. (Prix : 42 fr.) H. Du- nod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1918. : C'est Widmanstätten qui, en 1808, eut l'idée de polir grossièrement les surfaces métalliques pour les exa-. miner après attaque par des réactifs chimiques appro-. priés et eréa ainsi la Macrographie, dont la technique a élé surtout mise au point par les RAR UE récents de Frémont et de Heyn. C'est Sorby, le créateur de la Pétrographie, qui eut l'idée, en 1864, d'appliquer la méthode d'examen au mic roscope par réflexion, après attaque, aux météorites, vrais produits métallurgiques artificiels, et ouvrit la voie à la Wetallographie microscopique, définitivement fondée par Osmond dans son mémoire de 1883 sur la théorie cellulaire des aciers (en collaboration avec Woerth) et surtout celui de 1894 sur la constitution des aciers au carbone. Depuis lors, et grâce à l’activité d’une pléiade de chercheurs français, russes, allemands, anglais, améri- cains, ete., Macrographie et Métallographie microscopi- que, principalement la seconde, se sont développées avéc rapidité et'ont pris une importance de premier ordre pour l'examen des produits métallurgiques. Plu- sieurs ouvrages ont déjà été consacrés à l’exposé de, ces méthodes, mais les DIE récents ne sont déjà plus au point ; aussi MM. Guillet ét Portevin, auxquels on doit de nombreuses contributions à la technique métallogra- phique, ont-ils été bien inspirés en dotant la littéra- ture scientifique française d’un Précis au courant des plus récents travaux. La Métallographie microscopique procédant, comme nous l’avons dit, à l'examen par réflexion d'une surface polie et attaquée, on doit distinguer, dans une opération demicrogräphie: 1° le prélèvement de l’échantillon; 2° son polissage; 3° son attaque ; 4e son observation au micros- cope, avec, s’il y a lieu, sa photographie. Ces opérations forment le sujet du premier chapitre de l'ouvrage, 1. Voirla Rev. gén. des Se. du 15 mars 1914, t, XXII, p. 209. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 89 \ L'interprétation des données de la micrographie est essentiellement basée sur les lois de la Physico-Chimie; aussi les auteurs ont-ils jugé indispensable d'exposer ensuite sommairement la question des diagrammes des alliages et de leurs relations avec la structure d’une part, et avec les principales PRAPEME physiques et mé- caniques d’autre part (chap, 11). De même, l’un des points les plus intéressants pour l'industrie étant la relation étroite qui existe entre la constitution des produits métallurgiques, leurs proprié- tés et leurs traitements (mécaniques, thermiques ou chimiques), MM. Guillet et Portevin ont cru nécéssaire de consacrer quelques pages à l'étude de ces questions (chap. m). Ils sont alors en mesure d'aborder l'étude des appli- - cations industrielles de la métallographie aux produits métallurgiques, d'abord aux alliages de fer : fontes et aciers ordinaires, aciers spéciaux (chap. 1v), puis aux autres métaux industriels et à leurs alliages : laitons, bronzes, alliages anti-frictions, etc. (chap. v). Une seconde partie, beaucoup plus courte, est rela- tive à la Macrographie et se [subdivise en deux cha- pitres : un de technique donnant les moyens utilisés - pour la préparation des échantillons, et un d'application mdustrielle, montrant les résultats que peut donner z'emploi de cette méthode. Enfin, dans un dernier chapitre de conclusions, les auteurs résument en quelques pages les résultats que peut fournir la métallographie, en se plaçant d’abord à un point de vue général et en passant ensuite en une revue sommaire les différents alliages industriels étu- diés, Cet ouvrage se distingue par sa simplicité et sa clarté; il est dégagé de tout détail inutile, et vise avant tout à mettre en lumière des principes, en lesillustrant par les exemples typiques de l'industrie. Il peut donc ètre abordé avec fruit par des débutants; il correspond d'ailleurs à . une partie de l'enseignement que les deux auteurs dou- nent à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures et que M. Guillet développe dans son cours du Conservatoire _des Arts et Métiers, Si l’on ajoute que les nombreuses microphotographies qui l'illustrent sont judicieusement choisies et fort bien venues, on ne peut que féliciter les auteurs de leur œu- » vre, qui est appelée à rendre de grands services dans la période de développement de l’industrie métallurgique française qui va commencer. _ A. DELESNE. Montgolfier (Pierre de), /ndustriel. — La tourbe et son utilisation. — 1 vol. in-8° de 179 pages. (Prix : 7 fr. 50.) H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, 47, Quai des Grands-Augistins, Paris, 1918. i La lecture d’un livre écrit par un industriel est tou- . jours attrayante pour quiconque dirige une entreprise. Dans cet ordre d'ouvrages, « La tourbe et son utilisa- tion » est bien le manuel qui devra être consulté par les propriétaires ou ingénieurs qui exploitent cette richesse » trop méconnue encore de notre sol. Il est conçu d’une fa- çonéminemment pratique et comporte, à la fin, en dehors d'une bibliographie. étendue, une liste nominative des spécialistes quis’oceupent de la question des Lourbières et des constructeurs de machines pour leur exploita- tion: ce sont bien les renseignements pratiques dont a besoin celui qui veut extraire de la tourbe et on sait gré à l’auteur de les avoir indiqués. * Dans les six premiers chapitres de son ouvrage, M. de Montgollier résume la formation, les propriétés physi- quesetchimiques, la description des tourbières d'Europe etd'Amériqueet les fossiles des tourbières ; quatre cha- pitres sont ensuite consacrés à la recherche et l’exploi- tation des tourbières, au rendement, à la législation des tourbières et usines de trailement ; l’auteur a bien soin de signaler les causes d’insuccès contre lesquelles on devra se mettre en garde, à de nombreuses reprises, la question delatourbe présentantencore bien des points . exigeant une étude sérieuse. © La partie la plus importante de ce livre traite de l’uti- lisation de la tourbe’et de la description des appareils et installations pour son traitement. Le point de vue économique est envisagé, à propos de chaque industrie décrite, sous la rubrique éminemment utile : « coût de l’installations ». Nous ne pouvons résumer les cent pages qui traitent successivement de la tourbe comme combus- tible, de la Carbonisation humide, de la distillation, du gaz de tourbe, des divers usages industriels de la tourbe (teinture, papier, etc.) et de latourbe en Agricul- ture: il y a là trop de points à mettre enrelief et il est nécessaire de consulter ce petit ouvrage pour se rendre compte de l'importance que peut prendre la tourbe dans l’industrie. Ecrit dans un style très clair, nous souhaitons que cet ouvrage soit apprécié comme ille mérite. 1 M. RiIGOTARD, Ingénieur Agronome, 3° Sciences naturelles Cvijic (Jovan), Professeur à l’Université de Belgrade, Agréé à l'Université de Paris. — La Péninsule balka- nique. GÉOGRAPHIE HUMAINE. -— 1 vol. in-8° de 528 pages avec 31 cartes et croquis dans le texte et 9 cartes hors texte. (Prix : 17 fr. + 20/6.) Librairie Armand Colin, Paris, 1918. M. J.Cvijic est un maître de la Géographie physique, spécialiste de la Péninsule balkanique. Nul ne connaît mieux que lui, pour l’avoir parcourue en tous sens, la région qu’il étudie et à laquelle appartient son pays d'origine. C’est pourquoi ce livre de géographie hu- maine est si fortement imprégné de géographie physi que, et c’est ce qui en fait la valeur et l'originalité. Le livre premierest consacré au milieu géographique et à l'homme. L'auteur étudie les principaux caractères géographiques, les régions naturelles, les influences géographiques et l'intervention des éléments sociaux, les principaux faits ethnographiques et sociologiques :. la propriété rurale, les genres de vie, les aggloméra- tions urbaines et rurales, les types de maisons. Cet CL est remarquablement clair dans l'exposi- tion, complétée par une série de cartes dressées par l’au- teur et consacrées aux zones climatiques, aux zones de civilisation, aux formes de la propriété rurale, aux types de villages et de maisons, aux migrations et à l'ethnographie. Une ligne allant du golfe d'Arta à celui de Salonique sépare les pays égéens du Bloc continental dont l’ossature est formée par l'are balkanique, les Rhodopes et la chaine pindo-dinarique.Entre ces massifs deux grandes dépressions sillonnent la péninsule : le bassin de la Maritza et la région où coulent en sens in- verse la Morava et le Vardar. Ces remarquables unités géographiques, routes de peuplement et d’invasion, auraient pu constituer un seul et puissant Etat slave si des interventions sociales n’étaient venues modilier les conditions géographiques : la pénétration des Bul- gares, d’origine ougro-finnoise, au milieu du vu’ siècle, l'invasion turque au xiv° siècle, les luttes pour l’indé- pendance, puis pour la prépondérance, au cours ‘du xix* siècle. C’est la Serbie qui se réveille la première, de 1804 à 1815, en formant un noyau d'Etat national dans le bassin de la Morava. Pendant tout le xrx° siècle, elle cherchera à s'étendre vers le Sud, son prolonge- ment naturel, barrant à J'Autriche-Hongrie la route de Salonique. Toute la question d'Orient est conditionnée par une double série de facteurs, les uns géographiques : l'attraction de deux grands Etats continéntaux vers la mer libre, celle de la Russie vers Constantinople et les Détroits, celle de l'Autriche-Hongrie, encouragée par l'Allemagne, vers Salonique; les autres ethnogra- phiques : les efforts de l’Autricheet de la Hongrie pour empêcher la réalisation de l’unité yougo-slave, l’anta- gonisme séculaire qui réunit tous les Slaves contre l’envahisseur ture, et la lutte pour la prépondérance entre Serbes et Bulgares, occupants des deux grandes 90 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX unités géographiques de la péninsule, L’Autriche dis- loquée, dans l'impossibilité de peser. sur Îles destinées balkaniques; la Turquie réduite au rôle de gardienne des détroits neutralisés; la Bulgarie confinée dans sa région naturelle, le couloir de la Maritza; la Yougo-Slavie unifiée et reconstituée dans son domaine géographique qui devrait logiquement s'étendre jusqu'à Salonique, telles sont les réalités géographiques, ethnographiques et économiques dont il faudra s'inspirer pour arriver à une solution garantissant la paix. Le livre second étudie les caractères psychiques des Yougo-Slaves : le type dinarique, le type central, le type balkanique oriental et letype pannonique. Il est la synthèse d’une vaste enquête, menée pendant vingt ans, à travers toute la péninsule, par les collaborateurs de l'institut de Géographie de Belgrade, sous la direction de M, Cvijie, qui a groupé les faits scientifiquement. Cette énorme documentation, bien que répartie géogra- phiquement et reliée aux conditions du milieu physique, a plutôt un caractère ethnographique. L'auteur recon- naît que sa conception de la géographie humaine dif-! fère de celle.de Ratzel et de celle de M, Jean Brunbhes, auxquels il reproche de trop exclure l’homme de leurs ouvrages. Nous croyons, pour notre part, que M. Cvijic présente l’excès contraire et s’écarte sensiblement du domaine de la géographie humaine dans toute cette seconde partie, alors que la première lui appartenait tout entière, mais le lecteur ne saurait se plaindre de cet empiètement qui lui vaut, en plus de l’étude pro- mise par le sous-titre du livre, une eontribution de premier ordre à la sociologie des peuples balkaniques. Elle dépasse les limites d'un compte rendu et ne se laisserait point résumer : il faut la lire dans l’ouvrage Nous souhaiterons, toutefois, que, dans une prochaine édition, des photographies des différents types balka- niques viennent illustrer la riche documentation de l'auteur, ‘ PIERRE CLERGET, Directeur de 1 Ecole supérieure de Commence de Lyon. The Botany of Iceland (LA BoTANIQUE DE L’IsLANDE), édité par L. Komperur RosENvINGE et Euc. Wanr- MiNG. Part 11, — 1 vol. in-8° de 334 p. avec 37 fig. et 1 pl.J. Frimodt, Copenhague, et John Weldon and Co, Londres, 1918. La ARevue a publié antérieurement l’analyse du pre- mier fascicule de cet ouvrage! ; le second contient les deux travaux suivants : E. Osrnur : Marine Diatoms from the coasts of Iceland. Ce mémoire contient les résultats de la détermination des Diatomées marines des côtes d'Islande, d’après les 438 échantillons recueillis par divers observateurs. L’au- teur a pu constater la présence de 209 espèces, qui mon- trent que cette faune a un caractère européen prédomi- nant. L'espèce la plus répandue est le Æ#habdonema arcualum, Auc. Hessezro: The Bryophyta of Iceland. Les Bryo- phytes d'Islande sont Surtout connus par les explora- tions botaniques de Grünlund (1868 et 1876), complé- tées par celles de l’auteur en 1909, 1912 et 1g14; mais une partie du pays est encore inexplorée au point de vue des mousses, Le nombre total des Bryophytes trouvés en Islande est de 439, dont 93 Hépatiques, 20 Sphagnum et 326 Mousses vraies. 6 espèces seulement sont particulières à l'Islande, Les autres peuvent être réparties en 4 grou- pes géographiques : 1° espèces ubiquistes (132), presque également distribuées dans toute l'Europe du Nord au- delà du cercle arctique ; 2° espèces méridionales (73), 1. Rev. gén, des Se, du 30 jnillet 1915, t. XXVI, p. 445, | | | qui sont très fréquentes dans le sud de la Scandinavie, et beaucoup plus rares dans le nord ; 3° espèces boréales (111), qui sont plus fréquentes dans le nord que dans le sud de la Scandinavie, et sont distribuées principale- ment au-dessous de la limite des arbres; 4° espèces al- pines (108), distribuées principalement au-dessus de la limite des arbres. Une des parties les plus intéressantes du mémoire de M. Hesselbo est constituée par l'étude des communautés de Bryophytes, qu'il subdivise de la façon suivante : I. Formations de plaines, A. Végétation bryophytique lit- torale; B, Formations bryophytiques hydrophiles : a) végélation bryophytique des eaux pures (rivières et lacs, graviers inondés, sol boueux proche des sources, b) vé- gétation bryophytique des sols tourbeux; c) végétation bryophytique des sols sableux humides; d) végétation bryophytique voisine des sources chaudes. C. Forma- tions bryophytiques mésophylles. D. Formations bryo- phytiques xérophylles. E. Végétation bryophytique des rochers (en particulier des tufs). F. Végétation bryophytique des champs delaves. Il, Végétation bryo- phytique des montagnes. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici la liste des espèces constituant ces diverses associations, dont quelques-unes sont très typiques. Le mémoire se termine par deux chapitres sur la dis- tribution en altitude et la distribution horizontale des espèces. 4° Sciences diverses Chavigny (D'R.), Professeur agrégé du Val-de-Grûce. — Organisation du Travail intellectuel. Pré- face, de M. Gu. Anam, membre de l'Institut. 2° édi- tion. — 1 vol. in-16 de 130 p. avec 16 jig. (Prix cart: 3 fr. 90): Librairie Ch. Delagrave, 15, rue Souf]lot, Paris, 1918. Ce petit ouvrage 4 été écrit pour remédier à une étrange lacune des programmes de l’enseignement. Comme le remarque l’auteur, « dans les écoles, collè- ges, lycées, etce., le maître dirige l'élève, mais jamais ne le prépare aux méthodes qui lui permettraient plus tard de travailler personnellement, d'acquérir des ma- tériaux, de les ranger, de pouvoir les retrouver, et de savoir les utiliser au jour voulu ». On se fie à la mé- moire pour conserver l’instruction reçue, les lectures faites, les citations typiques, les idées suggérées, et lorsqu'on veut y faire appel on se trouve la plupart du temps en face d’ «un champ de ruines ». Tout travail- leur intellectuel a done besoin d’une méthode de tra- vail, qui lui permette de se faire un index, un réper- toire commode de toutes les connaissances acquises au jour le jour et d'y faire appel chaque fois qu'il en a besoin, À son intention, le D' Chavigny expose done d'abota dans queiles occasions: cours, conversations, lectures, observations, réflexions, il est nécessaire, utile, profi- table de prendre des notes, et surtout comment on doit prendre ces notes et les classer. Il préconise le système des fiches, bien supérieur à celui des cahiers de notes, et la classification décimale, d’une portée ab- solument générale et indéfiniment extensible, et üil donne des renseignements pratiques sur le matériel à_ employer, qui peut fort bien s'improviser à peu de frais, Enfin l’auteur montre comment on doit mettre en œuvre les matériaux ainsi rassemblés pour la pro duction d'un travail original, et il donne des conseils sur la Lechnique de la rédaction. On ne saurait trop remercier le D' Chavigny d'avoir voulu faire bénéficier les autres des fruits de son expé- rience personnelle et d'avoir mis entre les mains de la jeunesse studieuse et des travailleurs de la pensée les éléments d'une bonne méthode de travail intellectuel. Louis Bruner. ‘ ACADÉMIES ET SOCIÉTES SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du G Janvier 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. G. Bigourdan : Projet de réforme du calendrier civil actuel (julien, gré- gorten). Pour remédier au principal inconvénient du calendrier civil actuel (les dates des mois n'ont pas une . concordance simple avec les jours correspondants de Ja semaine), l’auteur propose de former chaque trimestre d'un premier mois de 31 jours suivi de deux mois de . 30 jours ; toutefois, dans le 4° trimestre, le dernier mois aurait toujours 31 jours; en outre, dans les années bis- - sextiles, l’'avant-dernier mois serait aussi de 31 jours. -On voit que les trois premiers trimestres seraient cha- cun de g1 jours ou exactement 13 semaines, de sorte “que dans chaque trimestre les mêmes jours de la se- maine tomberaient aux mêmes dates des mois corres- … pondants. — M. Ch.Rabut : Sur une nouvelle forme ca- nonique des massifs armés. L'auteur a étudié et réalisé “le remplacement systématique de l’'armature-ligne, for- > mée de barres, dans les massifs armés par l’armature- surface, formée dé plaques planes ou courbes dont l'épaisseur peut, en principe, varier suivant une loi . quelconque, mais reste faible par rapport aux deux di- mensions superficielles. La forme nouvelle parait pré- * senter de nombreux avantages sur la forme actuelle, _ Un cassingulier et particulièrement avantageux de la nouvelle forme est celui du béton tubé, où le métal tra- , vaille non seulement paradhérence longitudinalement, - mais aussi à la tension transversalement, et subit une . pression normale du béton. Le béton tubé s’imposera 4 Du pour la constitution économique des pièces “fortement chargées debout, des pylônes, etc. —M. Fré- . mont : Sur la rupture prématurée des pièces d'acier soumises à des efforts répétés. On sait que certaines pièces métalliques recevant des secousses en service fi- nissent par se fissurer et se rompre au bout d’un cer- » tain temps. Wobhler a admis que la rupture peut être ‘amenée par la répétition de charges alternées, toutes inférieures à la limite d’élasticité du métal employé. - L'auteur croit qu’en réalité une pièce peut résister indé- finiment aux efforts alternatifs quand, en aucun point, la limite élastique ne se trouve atteinte et que, dans le - cas contraire, c’est le travail non restitué qui, en's’ac- cumulant, finit par produire la déformation perma- mente. En se basant sur cette conception, l’auteur a pu faire diminuer très notablement le nombre de ruptu- rs res d’essieux de chemins de fer, non pas en augmen- … tant le volume de ces pièces, mais au contraire en en- … Jevant du métal dans certaines parties judicieusement hoisies, de manière à augmenter l’élasticité de l’essieu -età lui permettre d'amortir ainsi une plus grande quantité de travail dynamique, . … 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. R. Dubrisay, Tri- pier et Toquet : Sur une méthode physico-chimique de dosage des carbonates alcalins en présence des bases alcalines, Application à l'analyse LA gaz des fumées. es auteurs ont montré antérieurement (voir p.59) que, andis que les bases alcalines augmentent le coeflicient de miscibilité réciproque de l’eau et du phénol, les carbonates alcalins agissent en sens inverse; ils utili- «sent cette propriété pour doser les carbonates alcalins en présence des alcalis, en se servant de ‘courbes éta- . blies préalablement avec des solutions de titres con- - nus. Ce procédé peut être appliqué à l'analyse des gaz . des fumées : on en fait barboter un volume connu dans une quantité déterminée de soude titrée; la proportion 'alcali carbonaté après passage du courant gazeux me- sure le taux de CO? dans le gaz des fumées. — MM. F. Bourion et A. Sénéchal: Sur l’évolution et l'oxydation de l'hydrate chromique en solution alcaline, Une solu- tion alcaline d'hydrate chromique subit une évolution qui tend à lui faire perdre en vieillissant toute activité chimique, et spécialement ses propriétés réductrices, d'autant plus rapidement que la concentration en chrome est plus grande et la concentration en alcali plus petite. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. P. Bugnon: Sur une nouvelle méthode de coloration élective des membranes végétales lignifiées. Le vert lumière, par l’électivité et la stabilité de la coloration qu’il donne, par la simpli- cité de la préparation de ses solutions et par la rapi- dité de leur emploi, par la facilité avec laquelle il peut être associé à de nombreuses teintures des diverses membranes végétales, paraît mériter une des meilleures places parmi les colorants des membranes lignifiées. — M. Marcel Denis: Sur quelques thalles d'Aneura dé- pourvus de chlorophylle. L'auteur a observé des thalles d'un Aneura sp, dépourvus de chlorophylle et envahis par un champignon endophyte. Il semble qu'une ab- sence totale de chlorophylle coïncide avec un dévelop- pement très grand de l'endophyte, celui-ci tendant vi- siblement à se substituer au pigment, morphologique- ment et physiologiquement, et à introduire chez l'hôte un mode de nutrition purement saprophytique. — M. Y. Delage : Suggestion Sur la nature et les causes de l'hérédité ségrégative (caractères mendéliens) et de l'hérédité agrégative (caractères non mendéliens). L'au- teur explique les trois modes essentiels de l'hérédité : transmission uniparentale, transmission biparentale égale et biparentale inégale avec prépondérance plus ou moins accentuée d’un des parents, par trois modes d'association des chromatines paternelle et maternelle qui s'expliquent eux-mêmes par les divers degrés d’hé- térogénéité des chromatines en présence. — M. G. A. Boulenger : L'évolution est-elle réversible? Considéra- tions au sujet de certains Poissons. L'auteur montre que, chez les Cichlides d'Afrique, les dents à couronne comprimée et lobée ont conduit aux dents coniques, faisant ainsi retour à l’élat primitif. De même, les Ci- chlides à24-26 vertèbres, loin de représenter des types spécialisés, sont au contraire les plus rapprochés de la souche. Si donc il faut bien admettre comme incon= cevable qu'un organisme compliqué puisse tout entier évoluer à rebours pour retourner à l’état premier (en ce sens l’évolution est irréversible), il n’en est pas de même d’un organe particulier, qui peut présenter une évolution renversée. — M. J. Amar : Origine et consé- quences de l'émotivité féminine. Les femmes, ayant une puissance physique inférieure de moitié à celle de - l'homme, ne doivent jamais être admises dans les mé- tiers de force. Elles ne peuvent, non plus, soutenir l'effort continu du cerveau. Leur système-nerveux réa- git vivement à la plus légère émotion, d'où surmenage et moindre résistance aux germes infectieux, L'émotivité de la femme résulte du sentiment de sa faiblesse phy- sique, de la peur, fixé par l’hérédité organique. Ce ca- ractère fatal se traduit toujours par des troubles res- piratoires, des menaces d’asphyxie. On doit donc écar- ter toutes circonstances où l’éffort et l'émotion ont chance de se produire, et n’employer les femmes qu’a- près examen de leurs aptitudes physiologiques et psy- chologiques. — M. G. Sanarelli : Pe la pathogénie du choléra, La défense naturelle du péritoine contre les vibrions cholériques. Les cobayes tués par une in- jection péritonéale de vibrions cholériques ne meurent pas ‘de péritonite. L'injection vibrionienne est jugulée au moment de leur mort. La cause de celle-ci doit par conséquent être recherchée en dehors du processus pé- ritonéal, È ‘4 Te RU ti sis: 2 + ES perposition des courants aériens au-dessus de la 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Chazy : lemar- ques sur les problèmes des deux corps etdes trois corps. L'auteur démontre le théorème suivant :Dansle problème des trois corps, tout choc ile deux corps a lieu dans le plan du maximum des aires. — M. R. Baillaud : Sur un appareil genre astrolabe à prisme, destiné à la me- sure des variations de latitude. Si l'on place l'axe de la lunette d'un astrolabe à prisme dans le plain du méridien, les deux images directe et réfléchie d’une étoile décrivent dans le champ des trajectoires qui, au voisinage immé- diat du méridien, peuvent être regardées comme recti- lignes et parallèles, Ces deux trajectoires coïncident quand la hauteur de l’étoile est égale à l'angle du prisme. Une variation de la latitude a pour effet de faire varier la hauteur de l’étoile et par suite la distance des deux trajectoires. L'auteur indique comment on peut dispo- ser l’appareil pour mesurer cette variation, qui donnera en valeur absolue les variations de la latitude par des observations différentielles, 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. H. Hubert : Séance du 13 Janvier Sur la su- pres- qu'ile du cap Vert (Sénégal). L'observation directe a permis à l’auteur d'établir les faits suivants pour la région de Dakar : 1° superposition de l’harmattan à l’alizé, la zone de contact des deux vents étant infé- rieure à 500 m. pour la période octobre-novembre ; 2" température toujours plus élevée de l’harmattan à cette époque de l’annéé, l'augmentation de température pouvant atteindre6° ; 3° descente toujours possible de l'harmattan à terre, même lorsquece vent est beaucoup plus chaud que l’alizé, — M. Eug. Mesnard : Sur l'ori- gine et le groupement des phénomènes météorologiques. En se basant sur des observations notées à Rouen et contrôlées, l’auteur croit pouvoir admettre l'existence de périodes météorologiques plus ou moins compliquées par une succession de phases écourtées ou se chevau- chant, groupant dans un même ordre tous les phéno- mènes qui intéressent nos régions européennes, et leur reconnaître, comme cause déterminante, l’ébranlement des couches d’air par des tremblements de terre d’im- portance notoire, des cyclones, etc., et aussi, mais à un degré moindre, les mouvements anormaux de l’atmos- phère an moment des syzygies (NL)et (PL). L'établisse- ment d’un régime de fortes pressions ou anticyclone marque habituellement la fin de ces périodes; par sa persistance en certains points, il peut les atténuer ou les écourter, — M. E. Mathias: La pluie en France. Le phénomè ne parasite. L'auteur montre que la hauteur moyenne annelle de pluie À pourtoutes les stations plu- viométriques françaises est une fonction continue de l'altitude A,assez bien représentée par la formule: h= ko + KA — - (£Y. Mais, quand on compare des pluviomètres situés en un même lieu à dés altitudes dif- férentes, au lieu de la croiss#nce lente avec l’altitude, on trouve un phénomène de sens contraire et beaucoup plus grand. Ce phénomène parasite tient au support du pluviomètre (mur, terrasse, tour, etc...), qui fonctionne comme un obstacle au déplacement horizontal de l’air et oblige celui-ci à s’écouler verticalement de bas en haut; dès lors, l’obliquité de la pluie augmente et par suite l'indication du pluviomètre diminue, Toute disconti- nuité du terrain dans le sens vertical donne le phéno- mène-parasite ; c'estpourquoi, si l’on cherchel'influence de l'altitude, il faut que la pente reste toujours faible et continue, Sinon la hauteur À doit être corrigée d’une grandeur qui constitue l’anomalie de la station. — M. C. Somigliana : Sur la théorie des ondes sismiques. L'auteur reprend, d’un point de vue plus général, la théorie des ondes de Rayleigh et en tire une interpréta- tion possible des ondes longues des sismogrammes. — M. L. Eblé: Ebranlements du sol causés par des explosions. Des explosions accidentelles qui se sont produites aux environs de Paris pendant la guerre, quatre ont été enregistrées aux sismographes de l'Ob- servatoire du Pare Saint-Maur : celles de Saint-Denis, Massy-Palaiseau, Mitry et La Courneuve. Les deux dernières ont agi également sur le barographe, mais celui-ci paraît avoir réagi comme enregistreur de pres-" sion et non comme sismographe vertical. — M. Ch. Du- four: Valeur des éléments magnétiques a l’Observa- toire du Val Joyeux àau 1* Janvier 1919, Voici ces valeurs: Valeurs absolues 138,1 0 Variation séculaire Déclinaison —6;ni Inclinaison 64°43,7 LH Er,9 Composante horizont. 0,19674 — 0,00014 — verticale 0,41693 . —- 0,00028 — nord 0,19199 — 0,00002 — ouest 0,04471 — 0,0003 Force totale 0,46085 + 0,00020 — M. G. Lippmann: Sur les propriétés des circuits électriques dénués de résistance. Tandis que les ac- Lions électriques à distance sont toutes indépendantes de la nature des conducteurs employés, la résistance électrique d’un circuit dépend au contraire de la nature du conducteur et de ‘son état physique. Il s'ensuit logi-. quement que, si l’on veut établir les lois les plus géné- rales de l’action électrique à distance, il faut éviter d'introduire ou de laisser dans l’analyse ‘les termes qui dépendènt de la résistance (les expériences de K. On- nes au voisinage du zéro absolu ont d’ailleurs apporté une sanction physique à l'hypothèse de la résistance nulle), On fait ainsi disparaître une complication arbi- traire, étrangère aux lois générales que l’on à appliquer; on n’a plus à tenir compte de la variation arbitraire des vitesses, et l’on aboutit à une relation qui montre que les lois générales des phénomènes d’induction sont des . lois statiques. — M.R. Swyngedauw: /n/fluence de l'enveloppe sur les résistance et réactance effectives d’un câble armé pour les harmoniques 3. L'auteur a trouvé que la résistance et la réactance kilométriques sont 2 à3 fois plus grandes pour les tronçons courts que pour les longs câbles en service. A la fréquence 500, ces grandeurs atteignent jusqu'à 4 fois les va- leurs correspondantes des longs câbles, de sorte qu'il est impossible de déterminer à l’usine, sur des tronçons de quelques mètres, les résistances et réac- tances des câbles en service, pour l’harmonique 3. Cette énorme différence entre les valeurs desconstantes, pour les càbles longs et courts, semble due à l'enveloppe. — M. H. Grandjean : Calcul des rayons extraordinaires pour certaines structures de liquides anisotropes. L’au- teur développe une méthode de caleul de ces rayons en partant de l'hypothèse suivante : En chaque point, le milieu transmet les mêmes vibrations que s’il était ho: mogène et avait pour axe optique l'axe optique de ce point. Il doit alors exister un rayon ordinaire transmet- tant la vibration ordinaire avec une vitesse constante, | comme dans les milieux homogènes, Cerayon est recti- ligne et ne dépend pas de la structure. Le rayon extra- ordinaire dépend au contraire de la structure et doit être une courbe gauche. — MM. F. Bourion et A. Sénéchal: Sur l'évolution et les propriétés magnétiques de lhy- drate chromique en solution alcaline. Les auteurs ont déterminé l’ordre de la réactiond'évolution des solutions d'hydrate chromique à la température ordinaire (voir p. 9i). Cette réaction paraît être du 4° ordre. Le para- magnétisme de ces solutions va en diminuant avec le temps, plus rapidement pour les solutions les plus concentrées, ce qui confirme la formation de combinaïi- sons complexes, 30 SGiRNCES NATURELLES. — M. P. Pruvost: Sur l'existence du terrain houiller en profondeur, à Merville (Nord). L'auteur a étudié les carottes provenant d’un sondage effectué à Merville en 1905, pour fournir de l’eau potable à à cette agglomération. Les terrains ren- contrés sont les suivants : de o à 221 m., de profondeur, terrains récent, quaternaire, tertiaire et crétacé ; de 221 m.à245 m., terrain houiller inférieur (assise de Flines):de 245 m, à 259 m., terrain houiller inférieur D de Chokier); 252 m., fin du sondage:eau (cal- - caire carbonifère ?). Ces résultats montrent que la structure du sous-sol paléozoiïique de la Flandre et du Brabant n'est pas aussi simple qu’on l'avait d’abord sup- posé. — M. S. Stefanescu : Sur la phylogénie de l'Ele- phas africanus. De l'étude des lames des molaires de l'Elephas africanus, l'auteur tire la conclusion que les ancêtres de cet animal sont-issus directement des Mas- todontes bunolophodontes. — M. L. Daniel: Cultures "maraichères expérimentales au bord de la mer. Les faits observés par l’auteur établissent unefois de plus l'impor- tance fondamentale du régime de l’eau dans les cultures maraichères du bord de la mer, Ils font voir que l'excès de . la nourriture azotée est un des facteurs de la fonte et du . folletage des salades quand ces plantes subissent des » à-coups élevés dans leur végétation et que la structure xérophytique peut être provoquée expérimentalement - chez elles, dans certaines conditions de milieuextérieur, par leur culture sur un substratum d'épaisseur conve- … nable formé par des Sphaignes vivantes maintenues … suffisamment humides pendant les fortes sécheresses de Drrété— MM. L. Lapicque etE. Barbé : /ndice de chlore . comme mesure comparative de la richesse des terres en _humus. Les auteurs ont constaté que l'hypochlorite de soude (eau de Javel),en réagissant sur des terres arables diverses, s’'appauvriten chlore actifdans des proportions très largement variables. Cet effet, qui donne la mesure de l’oxydabilité des terres mises en expérience, est en rapport avec leur teneur en humus. La détermination de l'indice de chlore permet donc de classer les terres dans l’ordre de leur richesse probable en humus. — MM. D. Berthelot et-R. Trannoy : Sur le Pouvoir absor- : bant delaterre sèche ou humide vis-à-vis du chlore ga- zeux. À l'occasion des attaques par les gaz chlorés, Îles auteurs ont déterminé le pouvoir absorbant de diverses … variétés de terres sèches ou humides. 1° Le sable blanc . absorbe mal lechlore et est peu ellicace comme agent … de protection. 2° Le sable jaune ferrugineux, bien que … préférable au précédent. est très inférieur à la terre vé- . gétale. 3° L'humidité augmente à peine le pouvoir ab- _ sorbant de ces sables. 4° La terre végétale a un pouvoir ‘absorbant supérieur à celui du sable; il ne parait pas _ dépendre de la teneur en chaux. 5° Le pouvoir absor- bant de la terre végétale humide est de 2 à 2,5 fois celui de la terre sèche. — M. G. A. Boulenger: Un cas d’évo- ” lution ontogénique à rebours chez un Lézard africain - (Eremias lugubris 4. Smith). Chez les jeunes de cette espèce, l’auteur a noté l’acquisition temporaire d’une - livrée voyante, sur un sol arideet désertiqueavec lequel - l'adulte s’harmonise, au contraire, parfaitement. Aucune - des théories en cours ne semble pouvoir donner la solu- Lion de cette anomalie. — M. R. Dollfus : Continuité de … la lignée des cellules germinales chez les Trématodes. - Digenea. 1° Les sporocystes, rédies, cercaires ne naissent pas aux dépens d'éléments somatiques de la paroi de sporocystes ou de rédies, 2° Ils naissent aux dépens - d'une même lignée germinale. 3° Cette lignée de cellule _ germinale, i issue de la segmentation de œuf fécondé, est l’origine des tissus imaginaux (y compris les cellu- « les sexuelles de l'adulte); elle donne au cours de l’évo- - lution individuelle les tissus somatiques larvaires cons- _ tituant les Sporocystes et les rédies, ensuite les cercaires par une sorte depolyembryonieinterne continue, 4° Les formes larvaires ne sont que superposées à cette TER germinale qui les forme en s ’étendant sans discontinuilé de l'œuf fécondé à l'adulte sexué. 5° Les tissus somatiques des sporocystes et rédies sont seulement des envelop- - pes larvaires où sont incluses les cellules de la lignée gérminale; ils ne prennent aucune part dans la généra- tion de la suite des formes larvaires; ils sont stériles. " €] ! ACADÉMIE DE MÉDECINE | Séance du 17 Décembre 1918 M.A. Pinard: De la protection maternelle et in- . fantile ponte la quatrième année de guerre dans le af | ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 93 camp retranché de Paris, Les statistiques montrent, pendant cette quatrième année de guérre : une augmen- tation des naissances (mais qui n'implique pas sûre- ment une augmentation de la fécondité parisienne, nombre de femmes réfugiées ou évacuées étant venues accoucher à Paris); une augmentation de la mortina- talité; une augmentation du nombre des enfants aban- donnés ; une augmentation sensible du nombre des en fants illégitimes (aujourd’hui 1 sur 3); une augmentation de la mortalité infantile de o jour à 3 mois (aujourd’hui supérieure à ce qu’elle était avant la guerre); une dimi- nution de la mortalité de 3 mois à 1 anet de rà 2ans, ce qui fait que la mortalité totale de o à 2 ans reste in- férieure à ce qu'elle était avant la guerre. De tous les { facteurs de mortalité de o jour à 3 mois, la débilité + congénitale à elle seule cause autant de morts que tous les autres facteurs nocifs, que toutes les maladies. D’au- tre part, le nombre des enfants prématurés, nés avant terme, est égal à la moitié du nombre total des nais- sances. M. Pinard attribue ces deux derniers faits au surmenage des mères pendant la gestation, consé- quence du travail des femmes dans les usines, Il ré- clame le repos obligatoire des mères avant l’accouche- ment et relate ce qui a été fait dans ce sens dans les usines de l’État et différents établissements industriels et commerciaux. Les quelques résultats obtenus sont tout à fait convaincants ; ils devraient être généralisés.— MM. Ch. Achard et L. Binet: Ztude expérimentale: de l'emphysème du médiastin. Les auteurs ont étudié ex= !. périmentalement sur le chien l'emphysème du médias- tin, souvent observé en chirurgie de guerre chez les blessés de poitrine. Ils ont reconnu que l’'emphysème du médiastin est le stade moyen d’un emphysème plus étendu, cervico-thoraco-abdominal. Il peut être déter- miné par une insufllation soit directe, soit indirecte (poumon, plèvre, tissu sous-cutané cervical ou périnéal), ou encore par aspiration à la suite d’une obstruction mécanique de la trachée associée à une plaie périphéri- que. LE Séance du 24 Décembre 1918 M.le Président annonce le décès de M. E. Bureau, membre de l’Académie. — M. A. Laveran est élu vice- président de l'Académie pour 1919; M. R. Blanchard est réélu secrétaire annuel. M. le D' Gourdon : La reprise du travail par les àam- putés et estropiés de guerre. Les observations de l’au- À teur ont porté sur 4780 mutilés du Centre d'appareil- ÿ lage et de rééducation de Bordeaux, dont 30 °/, étaient des amputés et estropiés graves des membres supé- rieurs. Tous ont été dirigés vers les travaux manuels après rééducation ou éducation professionnelle nouvelle. Pour la majorité des amputés et estropiés des membres inférieurs, les résultats obtenus se rapprochent sensi- blement de ceux qu'obtiennent les sujets normaux ; ils ne S'en écartent que de 10 9/0. Quant aux amputés et Ê estropiés des membres supérieurs, le rendement au- … é quel ils arrivent s'écarte de 35 à 80,°/, du rendement L normal. De ces chiffres, l’auteur conclut qu’on ne sau- rait trop orienter vers les professions manuelles la grande majorité des mutilés, réservant les\emplois commerciaux et administratifs à.un petit nombre, qui y sont préparés par leuréducation antérieure. — MM. Ch. Mirallié et Denès : Un cas d’écrilure en miroir. Les au- teurs ont observé chez une femme, frappée d'hémiplé- gie droite, le phénomène spontané de l'écriture en mi- roir (écriture de droite à gauche, avec la main gauche). Elle écrit aussiles chiffres en miroir, soit qu'elle les copie, Soit qu'on les lui dicte. Si on lui pose une addi- tion ou une soustraction, elle écrit chaque nombre en miroir, mais elle commence lesopérations par la droite, c'est-à-dire par les chiffres des plus fortes unités, et aboutit par conséquent à un résultat qui n’est pas la reproduction en miroir du résultat exact. Il y a donc dissociation de deux phénomènes : l'acte matériel de ‘écriture en miroir, l'opération intellectuelle de l’addi- * tion ou de la soustraction, ’ 94 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Seäance du 31 Décembre 1918 MM. F.Rathery et M. David: Les broncho-pneumo= nies au cours de l'épidémie de grippe actuelle. Le pro- nostie des broncho-pneumonies qui viennent souvent compliquer la grippeordinaireesttoujours très réservé, En dehors de la thérapeutique ordinaire (saignée, enve- loppement froid du thorax, alcool, adrénaline et toni- cardiaques), les auteurs ont fréquemment fait usage de deux médications un peu spéciales : l’or colloïdal en‘in- jections intra-veineuses, et Jabcès de fixation. Les résultats obtenus permettent d’aflirmer leur réelle efli- cacité; dans des cas extrêmement graves, ils ont assisté à des guérisons soudaines et inespérées. Séance du 7 Janvier 1919 MM. F. Barbaryét E. Hamaide : Le cacodylate de gaiacol dans l'infection grippale. Les auteurs ont em- ployé le cacodylate de gaïacol à la dose de 5 cgr. en solution aqueuse, à'raison d’une ou deux injections par jour, Ce médicament semble jouer, dans la grippe, à la fois un rôle prophylactique, un rôle abortif extrême- ment important et un rôle curatif. Séance du 14 Janvier 1919 - MM. F. Bezançon et R. Legroux : Essais de bacté- riothérapie dans la grippe. Dans les complications pul- monaires de la grippe, les auteurs ont observé ce qui suit : Les lésions de simple congestion sont en général amicrobiennes. Les lésions limitées de splénisation ren- ferment très souvent le bacille de Pfeiffer presque seul. Les lésions d’hépatisation renferment le pneumocoque en grande abondance et une petite quantité de strep- tocoques. Certaines lésions massives du poumon mon- trent la prédominance du streptocoque sur les autres … bactéries. Il semble donc que le bacille de Pfeiffer soit le premier agent microbien des lésions pulmonaires, et qu’il soit remplacé dans les lésions plus avancées par le pneumocoque, puis par le streptocoque. En se basant sur ces données, les auteurs ont préparé un vaccin qui contient par em? : pneumocoques, 4 milliards; strepto- coques, 2 milliards; bacille de Pfeiffer, 2 milliards ; Micrococcus aureus, 2 milliards. Les injections de ce vac- cin chez les malades atteints de grippe simple ou pré- sentant déjà des complications pulmonaires se sont montrées inoffensives ; elles amènent en général une défervescence rapide, et elles ont diminué de plus de moitié la mortalité par rapport aux cas non traités. — M. P. Robin : //ygiène quotidienne de la bouche; son importance prophylactique en cas d’épidémie. Dans l'épidémie de grippe actuelle, l'hygiène de la bouche doit devenir particulièrement sévère. L’auteur recom- mande : le brossage des dents sur toutes les faces, le nettoyage des espaces interdentaires avec un fil, suivi du rinçage de la bouche et des dents avec de l’eau frai- _ che chambrée, parfumée ou non. L'emploi et l'abus des dentifrices dits antiseptiques, qui bien souvent détrui- sent les cellules plus rapidement qu'ils ne tuent les microbes, prédisposant ainsi les tissus à toutes les infections, doit être abandonné. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 21 Décembre 1918 MM. J.Gatéet M. Déchosal : Les microbes des com- . plications grippales. Essais de vaccination. Résultats fournis par 105 recherches portant sur 82 cas de grippe, dont 37 sévères el compliqués. 19 Le B, de Pfeiffer s'est moritré une seule fois dans les crachats, 2° Le Préumo- coque, fréquent dans les crachats, a été trouvé 5 fois seulement dans des pus pleuraux au début de l’épidé mie, jamais dans le sang. 3° Le Streptocoque hémo- lytique a été vu 18 fois dans les crachats, 12 fois dans des pus pleuraux, 4 fois dans les hémocultures, Très virulent pour l’homme (6 décès sur 12 pleurésies; 3 sur 4 Septicémies), ce streptocoque a montré peu de virulence pour le lapin, 4° Des essais peu nombreux de, vaccinothérapie curative antistréptococcique ont paru ‘donner des résultats assez nets, quand il s'est agi de grippes compliquées de streptococcies, — M, A. D. Ron- chèse : Variante du procédé d'Hecht. Les causes d’ér-" reurs propres à la méthode. de Hecht ont pour base unique l’inégale valeur du pouvoir hémolytique natu- rel. Pour avoir dans tous lescas des résultats exacts et comparables, il suflit d'opérer sur des prises d'essai va- riables de sérum suspect, de façon à introduire dans la réaction des complexes hémolytiques de mème valeur. La prise d'essai de sérum doit être juste suffisante pour hémolyser en 30 minutes à 37° l’unité de volume adopté des globules à 1/4 dans le volume totai.— MM. E.:Weill et G, Mouriquand : La notion de carence dans l'inter- prétation des résultats des recherches sur l'alimenta= tion artificielle et la vie aseptique. La plupart des au- teurs ayant fait des patent dans les expériences classiques de Forster, Lu= nin, Soné, Knapp, ete., qui ont tout prévu dans leurs rations, sauf l'élément « ferment ». Les mêmes consi- : dérations sont applicables aux expériences poursuivies sur la vie aseptique, faites avec des aliments carencés par la stérilisation, — MM. H. Méry et L. Girard : Action des antiseptiques sur les germes virulents du rhino-pharynx. Chez trois enfants porteurs de pneumo- coques, virulents pour la souris, dans le rhino-pharynx, le collargol au 1/100 et l'huile goménolée au 1/10, versés par les narines largement dans le cavum pendant plu- sieurs jours de suite, n’ontréussi qu'à diminuer ie nom- bre des colonies microbiennes ensemencées avec le mu- eus sur boîtes de Petri, sans atténuer la virulence des germes, notamment du pneumocoque, qui demeure vi- rulent pour la souris, — MM. M. Pommay-Michaux, J. Michaux et F. Moutier : Diplocoque trouvé dans les hémocultures pratiquées chez les grippés. Dans vingt-quatre cas, les hémocultures dé grippés ont dé- celé un diplocoque prenant le Gram, poussant lente- ment en milieux ordinaires, très bien en milieux à l’ascite, qui rappelle les caractères morphologiques du’ pneumocoque, mais qui n’est pas pathogène pour les … animaux usuels de laboratoire (souris, cobaye etlapin). | — MM. S.Costaet J. Troisier : Liquide céphalorachi- dien dans la spirochétose ictérohémorragique. Le li- quide céphalorachidien est virulent pour le cobaye! plus souvent que le sang, La virulence n’est pas enrap- port avec la réaction cytologique. — MM. G. Blanc, J. Pignot et M. Pomaret : Maladie du cobaye d’ori- gine murine. Chez le Rat sain, il existe un virus typhi- que pathogène pour le Cobaye : l'infection est.caracté- . risée par une phase septicémique et des lésions organiques variables suivant l’évolution de la maladie. — MM. L. Bruntz etL. Spillmann: La gelure des pieds est une avitaminose. Le manque de vitamines entraine des troubles scorbutiques ou névritiques. Les soldats, auxquels les aliments frais riches en vitamines: font défaut souvent, ont présenté des troubles pré- scorbutiqués et des névrites dont tous les caractères. les | rapprochent des névrites du béribéri clinique et expéri- mental. — MM. P. Masson et Cl. Regaud : Sur l'exis- lence de nombreux microbes vivant à l’état normal dans le tissu des follicules lymphoïdes de l'intestinches le lapin. Chez le lapin adulte sain, le Lissu des organes lymphoïdes intestinaux est toujours habité par des mi- crobes très nombreux qui, dans les conditions norma= les, n’y déterminent aucun phénomène inflammatoire. Ces microbes proviennent du contenu intestinal; ils pénètrent dans l’épithélium de revêtement de la têtedu follicule, d’où ils passent dans le tissu lymphoïde soûs- épithélial, Après un stade de vie libre et de multipli- cation entre les cellules lymphoïdes, les microbes sont englobés et digérés par des macrophages. Il semble y avoir adaptation physiologique entre l'hôle-lapin et le commensal-microbe, ' Séance du A1 Janvier 1919 MM. A. Grigaut et F. Guérin : /rocédé précis de Ai recherches sur l'alimentation artificielle ont ignoré la notion de carence. Le fait est : çw CEA | À 26 “dosage de l'urée dans de faibles quantités de sang. Les auteurs indiquent un procédé de dosage basé sur l'hy- drolyse de l’urée par l’uréase de la farine de soja. Ce procédé très précis donne à 3 (/, près les mêmes résul- tats que le procédé de Fosse au xanthydrol. Il offre le grand avantage de ne nécessiter qu'une quantité très faible de sang (1 à 3 em*). — M. Ed. Retterer : Zvo- lution des côtes. Au début du 3° mois, la côte cartila- gineuse de l'embryon humain présente, vers son angle postérieur, une large zone de cartilage hypertrophié. Ce n’est qu'à la fin du 3° mois que ce tissu hypertrophié et hyperplasié édifie le premier lissu osseux. — MM-+ P. Masson et C1. Regaud : Apparition et pullulation des microbes dans le tissu lymphoïde de l'appendice du La- pin. Les bacilles qui habitent normalement le tissu lymphoïde intestinal du lapin adulte (voir p. 94) com- mencent à pénétrer dans les follicules de l’appendice cœcal vers la fin de la deuxième semaine de la vie extra- l utérine, À la fin de la cinquième semaine, ils atteignent ; environ la partie moyenne de la panse des follicules. k, L'infestation microbienne. semble être en relation avec à le développement histologique du tissu lymphoïde et avec l'introduction du régime alimentaire végétal, — M. P. Portier : Cannibalisme de certaines femelles d'insectes après l’accouplement. Le cas de cannibalisme se présente toujours chez des espèces dont les femelles . font dans la mème saison plusieurs pontes composées . d'œufs très nombreux. Il semble donc qu’il y ait pour elles, dans cette habitude, un moyen de trouver, con- É densés dans les tissus de la même espèce, les maté- - riaux nécessaires à l'édification de leurs œufs. — MM. J. Nagéotte et J. Sencert : Surles phénomènes biologi- ques mis en évidence par les greffes fonctionnelles d'ar- ‘ tères mortes. L'endothélium se reforme. L'appareil | élastique de la média s’affaisse après l'enlèvement par phagocytose des cellules musculaires lésées mortes; par contre, les points de l’artère où les fibres muscu- * laires lisses vivantes ont été traumatisées sont scléro- _ sés, ce qui mène à chercher la sclérose non pas dans la disparition mais dans la maladie des éléments nobles et dans les perversions secrétoires qui résultent de leur état de souffrance. Des fibres musculaires lisses de nouvelle formation apparaissent dansles couches extérieures de la média du greffon reviviscent, — M. J, Nageotte: Les greffes’ mortes de tissus conjonctifs dans la technique chirurgicale et dans l'investigation biologique. Deux catégories doivent être établies :Îles tissus perméables aux migrations cellulaires et-les tissus à interstice clos. Dans les premiers, la reviviscence est complète et le greffon reprend entièrement ses propriétés physiologi- ques; les seconds restent exposés à certaines causes de destruction après qu'ils se sont réunis aux tissus de — … l’hôte. — M. R. Dubois : /njections de saccharate de … chaux dans le parenchyme pulmonaire, dans les mus- cles et les vaisseaux. Par des injections intramuseulaires de saccharate de chaux, l’incrustation de certains tissus par le carbonate de chaux a été obtenue, ce qui n'avait _ pu être réalisé par les voies digestives, Les injectious. ._ intrapulmonaires directes peuvent parfois provoquer des désordres quand l'injection a été trop brusque ou l'excès d’alcalinité non corrigé. — M. S. Marbais : Le preumobacille reversible et le bacille lactique aérogène. En ensemençant le bacille de Friedländer et le bacille lactique aérogène sur de la gélose inclinée, tournesolée, additionnée de différents sucres, on constate que tous les tubes deviennent rouges après 24 heures d’étuve; mais, tandis que cette acidité est permanente pour le . bacille lactique, elle est remplacée par une réaction neutre dans les tubes au pneumobacille, — M. J. Du- frénoy : La dégénérèscence pectique. Les produits du gonflement de la lamelle pectique des tissus supérieurs, ou de la paroi externe de la membrane des miero- organismes, montrent la même basophilie et sont anatomiquement et physiologiquement équivalents. La > « matière interstilielle » des méats intercellulaires cor- respond au « voile » des levures et dés colonies bac- tériennes, la gomme des « écoulements muqueux » à la ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 95 viscose des ferments visqueux ou à la barégine des eaux thermales, toutes substances basophiles. | SOCIÈTE CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 27 Décembre 1918 M. Marc Chauvierre : Un nouveau réactif des bases - et des acides. L'auteur indique l'emploi et la prépara- tion d’un réactif des acides d’une extrème sensibilité : c'est tout simplementune décoction de betterave rouge. On peut déceler avec ce réactif des quantités très fai- bles d'acide organique. W Séance du 10° Janvier 1919 , MM. P. Nicolardotet Boudet : Contribution à l'étude du remplacement du platine par un alliage dans | les appareils d'analyse électrolytique. Les auteurs VL indiquent les résultats obtenus à l’aide des électro- F des en alliage d’or-platine, dont ils ont proposé Ÿ l'emploi à la place du platine, soit pour remédier à la pénurie de ce métal, soit pour diminuer le prix de re | vient des appareils utilisés enélectrolyse. Un telalliage, w employé comme cathode, permet d'exécuter les analyses j avec la même précision qu'une électrode en platine; comme anode, l’alliage est un peu plus attaqué que l’'anode en platine, mais pour des analyses industrielles M courantes (en l’absence de cyanures) la précision ob- tenue est très suflisante. ACADEMIE D’AGRICULTURE Seances de Novembre et Décembre 1918 M. Pluchet donne le compte rendu d'observations . bl © A sè sur l'emploi des tracteurs pour l’arrachage des bet- ù teraves, On arrive à faire 3 ha. par jour, avec une dé- pense de 22 litres d'essence à l’hectare : tracteur Filz ‘ ko HP, tirant directement une arracheuse Bajac. Le prix de revient est le même qu'avec la traction animale, mais le travail est plus rapide et plus régulier. Des dé- À chaumages et labours d'automne ont été réalisés aussi avec grand succès à l'aide des tracteurs, — Dans un rapport intitulé : Les industries du froid à l'Exposition universelle de San Francisco, M. Massé montre l’état actuel des applications de l’industrie frigorifique. On peut y voir un moyen de régularisation des cours des. produits agricoles, le beurre, les œufs, les viandes pou- … vant désormais être conservés par le froid en parfaite sécurité. Il cite par exemple des volailles, dindes et pou- lets, consommées 8 ou 9 mois après avoir élé tuées, et ayant subi de longs voyages par voie ferrée: Au lende- main de la guerre, on pourrait donc réaliser un afllux de volailles et d'œufs frigorifiés venant de pays très lointains, comme la Chine par exemple. Pourquoi sommes-nous si en retard en ce qui concerne le maté- riel frigorifique? Construisons done sans délai. — MM. A. Gouin el P. Andouard établissent les con- ditions actuelles de la production de la viande de porc. Elles sont très onéreuses et reviennent à un prix de R 6 fr. 25 par kilo de poids vif. C’est actuellement un éle vage trop onéreux pour se maintenir. Il est donc peu à peu abandonné. On pourrait souhaiter l'interdiction du = z 3 ES : Ti châtrage des jeunes femelles, pour être assuré de pou- voir rapidement restaurer cet élevage lorsque les con- "« ditions alimentaires viendront à changer. — M. An- dré Leroy envoie une note sur les essais des bœufs de 4 travail du Maroc. Le poids de ces animaux oscille ordi- nairement entre 400 et 500 kilos, Ils sont moitié moins | Es puissants que nes hœufs limousins. La meilleure als mentation des bœufs des colons européens profite à leur rendement en force, Les bœufs croisészébus ne semblent, À pas plus forts que ceux de racepure.—M.H. Sagnieren- tretient l’Académie d'une Coopérative de cullure méca= | nique en Beauce. 300 adhérents ont apporté un capital M de 80.000 francs ; 534 ha, de cultures de céréales ont été cultivés à l’aide de 3 tracteurs. A cette coopérative, dont les résultats ont été appréciés, sont venus se join- dre 41 Syndicats d'Eure-et-Loir possédant 74 tracteurs, 96 "4 ‘ et 17 propriétaires possédant 18 tracteurs. C'est un beau succès pour l’idée coopérative, — La crise du tabac fait l’objet d’une communication de M. de Lapparent. Il y a, à la fois, diminution des importations et des sur-. faces cultivées en tabac dans notre pays. Notre produc- & tion indigène a ainsi baissé des 2/5 depuis 1913, malgré les majorations de prix consenties aux planteurs par l'Etat, — M. J. Dybowski appelle avec raison l’atten- tion sur les ressources colonialeset le ravitaillement. No- tre troupeau colonial est intact et n’a pas subi de réduc- tion du fait de la guerre. Et les chiffres de ses effectifs sont plus élevés que ceux du bétail métropolitain. Il y a là pour l'industrie frigorifique un avenir à développer en grand, et non pas avec la parcimonie et la timidité des essais actuels. Il faudrait pourtant cesser de voir là une concurrence à la production métropolitaine. Il n’y a pasautre chose qu'une collaboration qui s'impose ac- tuellement, et aussi pour demain.—M. Truelle présente un mémoire où il relate les expériences sur la variation … dela perte de poids et des altérations des poires pen- . dant leur conservation. La perte de poids est surtout très élevée pendant la première quinzaine. Le produc- teur a donc intérêt à vendre sa récolte le plus tôt possi- ‘ ble. La transformation en poiré, pour fournir le maxi- mum de rendementet de qualité, doit avoirlieu dela 2e à la 3° quinzaine après la récolte. — M. Michotte lit une “note sur la protection de la ferme contre l'incendie. La _ suppression des causes de feu, les moyens de premiers - secours en cas d'incendie, les moyens d'extinction sont … classés et passés enrevue, L'auteur proscrit l'emploi des .extincteurs comme sans eflicacité. — M. Portevin ap- porte une idée intéressante qu'il étudie dans son appli- cation à une région dévastée par la guerre. Il s’agit du . magasinage en commun des récoltes. Il vise à suggérer la construction de 3 grands magasins généraux qui …— remplaceraient 500 installations séparées nécessaires à - Ja rentrée et à la conservation des récoltes à la ferme. … "Une économie très importante dans les frais de cons- truction et d'exploitation pourrait amener peut-être un abaissement du prix des denrées pour le consomma- teur, sans réduction du bénéfice du producteur, Jamais les circonstances ne seront aussi favorables à un essai de ce genre. Il faut le tenter, Et il se pourrait bien que ce soit le point de départ d’une réforme capitale dans les habitudes particularistes et peu modernes dé beau- coup de nos populations paysannes. Dans une commune rurale, il y a des efforts qui n’ont qu’un rendement dé- _risoire, et qu'une meilleure adaptation aux conditions une des questions d'actualité en Agronomie: M. G. Truffaut apporte des résultats d'expériences person- … nelles où il a vérifié les accroissements des rendements . qu'on obtient lorsqu'on pratique la stérilisation par- … Lielle du sol. IL y a plus de 25 ans que cette question a … été posée en Alsace par Oberlin, qui a publié une bro- - chure en français, où il s'étend sur l'effet du CS?. Plu- - sieurs mémoires détaillés ont vu le jour depuis 10 ans, … confirmant l'utilité d'assainir biologiquement le sol, de temps à autre, par une stérilisation partielle, Plus de 830 mémoires sur le sujet sont mentionnés, en 1916, par les auteurs qui se sont occupés de la Protozoolo- - gie et de la Microflore concernant la stérilisation et la … fertilisation du sol, Il n'est done pas prématuré de con- —sidérer cette question, qui appelle en elfet des applica- tions encore ignorées de beaucoup d’agronomes, Cette question se relie naturellement à celle de l’intoxication - du sol par l’effetnaturel des cultures. Les terres les plus anciennement cultivées se sont modifiées biologique- “ment au hasard des concurrences et des procédés cullu- nouvelles devrait tripler sans grande difficulté, pour le ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES essais poursuivis à Rothamsted, en 1909, accusaient des augmentations de rendement de 14 à 58 0/0. Le travail d’ammonisation, comme nous l'avons indiqué ailleurs!, peut s'accroiître de 1.900 0/0 en 9 jours, avee le toluène employé comme antiseptique. Il est curieux de constater que ces données, qui sont classiques et enseignées, arrivent seulement. aujourd'hui à la con- naissance de la presse agricole en France, Dans ses expériences, faites sur plusieurs hectares, M, Truffaut ob- tient les meilleurs résultats avec le sulfure de carbone émulsionné et le sulfure de calcium à 500 kilos à l’hec- tare. Il enregistre de 100 à 200 0/0 d'augmentation de rendement, Il faut employer des sulfures purs. Des car- bures aromatiques solides, et des carbures aromatiques huileux, ont aussi donné de bons résultats. La stérilisa- tion partielle agit en favorisant la germination, en modifiant les travaux biologiques qui incombent à la microflore du sol, en détruisant beaucoup de parasites. Elle réalise en somme un assainissement hygiénique de la terre qui est très favorable au rendement cultural, Il reste d’ailleurs beaucoup à étudier, sur ce sujet, pour établir les modalités d'action les plus pratiques et les. plus économiques. Il faut aussi élucider les détails du mécanisme scientifique de cette action complexe; plu- sieurs stations agronomiques étrangères poursuivent leurs études pour les préciser. Dès maintenant, la prati- que peut utiliser les connaissances acquises. — Les pro- blèmes agricoles en Alsace-Lorraine sont étudiés par M. A. Souchon. Une première question est celle desa- voir sice pays gardera les 400.000 immigrés allemands qui représentent une main-d'œuvre complémentaire de celle des 1.800.000 Alsaciens-Lorrains. L'auteur propose de garder aux immigrés leur nationalité allemande et de ne pas les expulser. Pour la culture des céréales, du tabac et du houblon, il ne semble pas qu’on trouve là des difficultés qui soient notables. Pour le vignoble, il pourrait diminuer d'importance en plaine, dans les par- ties qui produisent des vins ordinaires un peu acides, — M. Massé, qui vient d’enquêter sur l'élevage et le troupeau d'Alsace-Lorraine, montre que ce pays doit demander à la France du bétail. [l luimanque100.000 che- vaux et 200.000 bovins. Les races françaises vos- gienne et montbéliarde peuvent convenir, et nous pou-- vons aussi vendre en Alsace dés taureaux de la race Simmenthal, Toute mesure générale prise pour assu- rer la restauration du cheptel vivant des fermes fran- çaises devra être appliquée aussi à l’Alsace.— M. Emile Mer donne le résultat d'expériences sur l'influence de la grosseur des arbres sur l'efficacité des éclaircies. Ces. expériences ont duré 25 ans, ce qui est appréciable, même pour une question d'Economie forestière qui exige généralement de longs délais. La conclusion générale, basée sur des statistiques biométriques, c’est que la crois- sance des plus jeunes sapins, faisant partie de l'effectif du peuplement, a été particulièrement activée par lé- claircie : cette dernière doit donc être entreprise bien plus tôt qu’on ne le fait d'habitude dans la pratique fo- reslière. Si on veut rapprocher le résultat ainsi obtenu des faits de sociologie générale, on voit qu'il vérifie la loi suivante : ce sont les plus faibles et les plus jeunes qui sont appelés, plus que les autres, à bénéficier des changements favorables à l'alimentation et à la erois- sance du groupe social, Le jeune individu est, en effet, celui qui est le plus opprimé dans sa croissance, par la concurrence des forts et des adultes, là où jouent exclusivement les facultés instinctives. Ed: Gaïn. AT ji 1 ler ORNE 1. E, Gain: Précis de Chimie agricole, p. 253. Le Gérant : Octave Dom. Sens. — Imp, Levé, 1, rue de la Bertauche, / x N° 4 | 30° ANNÉE | 28 FÉVRIER 1919 des Revue générale SCtences / pures et appliquées rs $ Fonpareur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine 4 | Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des ; travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE TT $ 1. — Nécrologie Edouard Bureau. — Ed. Bureau, décédé à Paris le 14 octobre 198, était Professeur honoraire du Mu- séum et membre de l’Académie de Médecine, Né dans cette ville de Nantes où se formèrent tant de sagaces observateurs de la Nature,élevé dans un milieu de savants tels que J. Lloyd, Letourneux, etc., dirigé d’abord, par tradition defamille, vers l'Ecole de Méde- cine, il put, sans s’écarter beaucoup de la voie qui lui était tracée, se consacrer de bonne heure à l'étude des Seiences naturelles, qui exerçait sur lui un invincible attrait. De l'Ecole de Médecine de sa ville natale, Ed. Bureau vint suivre à Paris les cours de la Faculté et il entrait bientôt dans le Laboratoire créé et dirigé par Payer. C’estsous la direction de ce maître éminent, auteur du Traité d'Organogénie végétale, qu’il s’habitua, dans ses premiers travaux de Botanique, à l'analyse minutieuse et à l'observation méthodique. L Encore jeune étudiant, il fut avec quelques autres le fondateur de la Conférence Buffon, et en 1855 il contri- buait à la création de la Société Botanique de France, dont il devait plus tard exercer plusieurs fois la prési- dence. Arrivé au terme de ses études médicales, il soutenait une thèse intitulée : La famille des Logamines et les plantes qu’elle fournit à la Médecine. Dans ce premier travail, ses qualités de botaniste s’aflirmaient avec une telle netteté que, malgré sa jeunesse, un de ses juges n'hésitait pas à le recommander à P. de (Candolle comme rédacteur du Prodrome. Il entreprenait bientôt l'étude de la famille des Bi- gnoniacées et il en tira le sujet de sa thèse de Doctorat ès sciences (1864). En 1872, il succédait à Tulasne comme aide natura- liste de Brongniart au Muséum et, deux ans après, le vote des Professeurs de l'établissement le désignait au choix du Ministre pour la chaire de Botanique systéma- tique (classification et familles naturelles des plantes), autrefois illustrée par les Jussieu et dont il resta le titu- laire pendant 31 années. REVUE GÉNÉRALE DES SCIE*: ES Pendant cetle longue période, Ed. Bureaureprit, pour les étendre, ses précédentesétudes sur les Bignoniacées, puis il entreprit et publia de nombreuses études sur les plantes exotiques que les voyageurs rapportaient de notre domaine colonial naissant. Il ne manqua pas d’entrevoir la nécessité de l’éta- blissement de la flore de nos colonies et, s’il n'eut pas la possibilité d’en entreprendre la publication, il eut du moins le grand mérite de rassembler peu à peu les matériaux d’études nécessaires pour la préparer. Il réu- nit aussi une foule de produits végétaux (bois, textiles, caoutchouc, etc.), qui devaient dans sa pensée consti- tuer le fonds d’une exposition particulièrement sugges- tive, mais dont les éléments, victimes de vicissitudes diverses, attendent encore de meilleurs jours dans une galerie inaccessible d’un bâtiment désaffecté, Soucieux d'enrichir les collections du Muséum, il réussit à faire rentrer dans l'établissement où il avait été formé l'herbier Lamarck, que des héritiers besoigneux avait cédé à un professeur de l'Université de Rostock. Dans sa lorigue carrière de Professeur de Botanique au Muséum, Ed. Bureau eut l’occasion d'entreprendreet de mener à bien des études très diverses de morpholo- gie,de taxinomie et même de physiologie et de tératolo- gie. Ses travaux sur les applications médicales des plantes lui valurent en 1901 le titre envié de membre de l’Académie de Médecine. Fidèle disciple de Brongniart, Ed. Bureau manifesta de bonne heure une prédilection marquée pour la Paléo- botanique, Il avait compris que la Botanique, malgré tout l'intérêt qu’elle présente, ne pouvait être qu’une science incomplète si, au monde des plantes actuelles, ne venaient se rattacher les flores-éteintes dont l'étude peut seule éclairer la filiation des formes végétales, dé- celer de nouveaux chainons entre des groupes actuelle- ment dépourvus de liens apparents et surprendre comme sur le fait, à travers les phases de l’existence du globe, l'apparition progressive des plantes qui en font aujourd’hui la parure. Mais il savait bien aussi que, pour cette étude des plantes fossiles, réduites sou- vent à des fragments épars ou à des empreintes, l'expé- rience consommée d’un botaniste rompu à son métier 1 98 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE est indispensable, et il ne se consacra entièrement à l'é- tude de la Paléobotanique que le jour où il put se dire que ses travaux antérieurs de Botanique avaient mis lans ses mains une arme puissante lui permettant d'attaquer et de résoudre les problèmes si divers et si particulièrement hérissés d’inconnues que présente l'étude des flores éteintes. I1 s'efforça de compléter les collections de fossiles vé- gétaux recueillis par Brongniart et constitua ainsi au Muséum, avec l’aide de Bernard Renault dont on con- nait l’œuvre importante, une mine incomparable de do- cuments et de matériaux d’étude. En même temps, il rassemblait une belle bibliothèque personnelle de Paléobotanique, qui devait, dans sa pen- sée, rejoindre et compléter un jour au Muséum lesriches collections de fossiles qu'il avait contribué à y réunir, Soucieuse de satisfaire un désir si souvent exprimé, ‘sa famille vient de remettre généreusement la biblio- thèque de Paléobotanique d’Ed. Bureau au Muséum d'Histoire naturelle, qui se trouve par ce fait admira- blement outillé pour l’étude des végétaux fossiles. Il manque malheureusement un service spécial de Paléo- botanique. De tels services existent dans tous les grands centres scientifiques et le signataire de ceslignes en a visité à l'Université de Tokio; maïs le Muséum d’'His- toire naturelle, berceau de la Paléobotanique, en est encore privé | Les travaux publiés par Ed. Bureau sur les plantes fossiles sont assez nombreux et beaucoup se rapportent au bassin houiller de la Basse-Loire.Il profita des loisirs ‘de Ja retraite pour rassembler des matériaux recueillis depuis de nombreuses années sur la flore fossile de cette région en un ouvrage considérable intitulé : Ze Bassin houiller de la Basse-Loire, publié de 1910 à 1914 et ne comprenant pas moins de 3 volumes in-4° avec 80 plan- ches représentant presque toutes des fossiles végétaux recueillis dans l'étendue de ce bassin houiller.: Profondément attaché à son pays d'origine, Bureau avait tenu à lui consacrer son dernier travail, fruit de longues années de recherches dans la région. Henri Lecomte, de l’Institut, $ 2 — Physique Une nouvelle théorie des rapports de la gravitation et de l’électrieité. — M.Einstein a pré- senté il y a quelque temps à l’Académie des Sciences de Berlin!, de la part de M. Weyl, une nouvelle théorie, qui paraît assez remarquable, des rapports entre les champs électro-magnétique et gravitationnel, Voici, d'après The Observatory (nov. 1918), quelques indica- tions générales sur cette théorie, qui aura des retentis- sements éloignés si l’auteur parvient à surmonter les diflicultés de calcul qui se présentent dans son dévelop- pement et ses applications. Weyl part des considérations suivantes : La théorie du champ de gravitation d’'Einstein se fonde sur la géo- métrie non-euclidienne de Riemann. Mais celle-ci n’est pas la géométrie la plus générale qu’on puisse conce- voir; en réalité, elle implique une certaine limitation qui semble quelque peu illogique. Si on supprime cette dernière, on trouve que l’espace non-riemannien résul- tant est caractérisé, non seulement par la propriété: qu'on a interprélée comme champ de gravitation, mais par quelque chose d’autre qui se présente avec toutes les propriétés bien connues du champ électromagnétique, Ainsi la théorie de Weyl étend aux forces électroma- gnétiques ce qu'Einstein a accompli pour la gravita- tion ; toutes deux sont réduites à une description mé- trique de l’espace et du temps, À la base de la théorie d’Einstein, on sait qu'il existe A. Silzungsber. der Berlin. Akad., n° du 30 mai 1918. “ a, une quantité ds, correspondant à deux points {évène- ments) voisins et appelée l'intervalle qui les sépare, qui peut être mesurée d’une façon absolue; ainsi il n’est pas nécessaire de spécilier le mouvement de l’observa- teur qui la mesure. Si les deux points P,, P, ne sont pas rapprochés, il faut les relier par une série de points intermédiaires; la mesure de l'intervalle implique alors une intégration, et en général le résultat dépen- dra du trajet choisi. Ainsi, quand on exprime ds en centimètres, on le compare virtuellement à un inter- valle-type défini une fois pour toutes en un lieu et en un temps éloignés. Or il semble illogique de faire cette comparaison à distance, étant donné que, pour relier P, et P,, il faut procéder par la méthode pas à pas. On doit comparer ds avec l’intervalle-type en transférant cet intervalle par une série d'étapes conjuguées (comme une triangulation géodésique); et il peut arriver que le résultat de la comparaison dépende du trajet suivi. C’est en admettant cette dernière possibilité que la théorie de Weyl diffère de celle d'Einstéin. D'après lui, quoiqu’on puisse faire un levé relatif des environs d’un point, l'échelle absolue de la carte est arbitraire, parce qu’il n’y a pas qu’une facon unique de la comparer avec l’étalon éloigné. Le multiplicateur arbitraire y implique clairement une intégrale linéaire prise le long du tra- jet par lequel nous cheminons pour atteindre l'intervalle, étalon, et Pauteur montre que les quatre fonctions qui apparaissent comme coeflicients de dx, dy, dz, dt dans l'intégrale linéaire peuvent être interprétées comme les: quatre potentiels du champ électromagnétique. Quand les forces électriques et magnétiques s'évanouissent, - di est une différentielle totale, de sorte que À est indé- pendant du chemin d'intégration, et le caractère distine- . tif de lathéoriede Weyl disparait. La géométrie d'Ein- stein n’est donc valable qu’en l’absence d’un champ électromagnétique. ‘ Le résultat de Weyl peut être grossièrement repré- senté sous la forme suivante : le résultat de la mesure dépend des forces électriques et magnétiques qui ont agi sur les échelles et les pendules depuis qu’elles ont été comparées pour la dérnière fois avec les étalons. Il: est clair que cette conclusion a une portée immédiate pour le déplacement des lignes de Fraunhofer dans le Soleil. D’après Einstein, le temps gardé par un atome. sur le Soleil peut être comparé immédiatement (en thé- orie) avec le temps gardé par un atome semblable sur la Terre. D’après Weyl, il faut remonter pas à pas dans leur histoire jusqu’à ce qu’on trouve les deux atomes ensemble dans quelque milieu primitif, et tenir compte des forces électromagnétiques différentes qui ont agi sur eux, L’atome actuellement au repos sur le Soleil a subi un sort différent sur un point essentiel; sa grande vitesse de chute a été détruite par des rencontres avec d'autres atomes. Les forces électriques de cesrencontres ont-elles apporté une contribution systématique à 2, de sorte que le garde-temps moyen des atomes solaires dif- fère systématiquement de celui des atomes terrestres ? On ne peut actuellement que faire des suppositions sur ce point; mais de cette façon le résultat négatif de St. John pourrait être expliqué. D'autre part, l’explication due à Einstein du mouvement du périhélie de Mercure nest pas sensiblement affectée par la modification pro- posée, car le champ électromagnétique ne semble pas intervenir dans ce cas. D Beaucoup de recherches devront être poursuivies avant que la nouvelle théorie puisse être soumise à l'épreuve expérimentale. Actuellement, elle se recom-. mande surtout par son appel à la logique. Quoique le traitement des équations électromagnétiques soit l’un des traits les plus élégants de la théorie d'Einstein, le fait subsiste que le vecteur électromagnétique est quel- que chose d’étranger; il n’y a aucuné raison pour sup- poser l'existence d’un tel vecteur, et aucune pour qu'il n'en existe qu'un seul, Il est donc particulièrement in- téressant d'obtenir une explication du champ électro- magnétique, non par l'introduction, mais par la sup- pression d’une hypothèse artificielle. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 99 Influence des diélectriques sur les po- tentiels disruptifs. — M. E. R. Wolcott! a établi que, sous certaines conditions, la présence d’un dié- lectrique entreles deux électrodes d’un éclateur abaisse . le potentiel disruptif. +6 Le phénomène présente un certain intérêt pratique pour la précipitation électrique des poussières et des fumées contenues dans les gaz, parce qu’il entraine une diminution de la différence de potentiel qui peut être maintenue entre les électrodes, au détriment du rende- ment de l'opération. On sait? que la précipitation des fumées contenues dans un gaz s'effectue en faisant cir- culer le gaz dans le champ électrique établi entre une électrode de faible surface, généralement filiforme (électrode de décharge), et une électrode de grande sur- face (électrode coMectrice), cylindre concentrique ou plan-parallèle à là première : les fumées repoussées par l’électrode de décharge se précipitent sur l’électrode collectrice. On avait reconnu que, dans certains cas, le - rendement de l'opération devient de moïns en moins . bon à mesure que les poussières s'accumulent sur … l'électrode collectrice, sans pouvoir expliquer cette di- _ minution. On n'avait pas interprété davantage l'in- fluence favorable qu'exerce l'humidité. Les mesures de potentiels disruptifs effectuées par ._ M. Wolcott se rapportent à un éclateur constitué par - une pointe et un plateau. Les résultats sont analogues avec un fil et un cylindre. La valeur absolue du poten- - tiel de décharge varie grandement suivant que la pointe » est positive ou négative ; elle tombe de 120.000 volts, . pour une pointe négative, à 45.000 volts, pour une pointe positive. Dans ses essais, M. Wolcott a pris un éclateur dont la pointe était négative par rapport au plateau (mis au sol), la distance de la pointe au plateau étant de 6 cm. ; L'influence qu'exerce sur le potentiel disruptif la - présence d'un diélectrique interposé au voisinage du . plateau est mise nettementen évidence par les mesures suivantes : : Nature du diélectrique pas de diélectrique | Potentiels disruptifs 120 kilovolts mica 5o soufre 50 coton de verre 50 papier filtre EX 90 amiante 100 __ | papier à écrire 118 | papier à écrire plissé 90 Le diélectrique interposé prend une charge électrique considérable, Ainsi le mica peut fournir une étincelle assez forte après avoir été retiré du champ. Si on em- pêche cette électrisation de se produire, en mettant la masse du diélectrique en communication. avec le sol, soit directement, soit, si le diélectrique est pulvérulent, en l'humectant d’eau, l'abaissement du potentiel dis- ruptif disparait. non dépend de la position du diélectrique, - comme le montrent les mesures suivantes effectuées avec une lame de mica interposée entre la pointe et le 4 plateau : Position du mica : Potentiel disruptif Pr. pas de mica 120 kilovolts mica près de la pointe 122 mica à égale distance de la pointe et du plateau 122 mica près du plateau 65 id 5o 11 suflit d'une quantité assez faible du diélectrique pour produire l’abaissement du potentiel disruptif. 1. E. R. Woccorr : Physical Review, 9% série, t, XII, p. 284-292 ; octobre 1918. | 2: Voir F. Micnez : La précipitation électr. des fumées et »" des poussières. Revue gén. des Sc,, t. XXIX, p. 456; 15- + 30 août 1918. RL ET à Avec une poussière contenant 20 °/, de soufre, les ré- sultats ont été les suivants : Densité du dépôt o mg par cm? Potentiels disruptifs 130 kilovolts 0,91 120 5,74 74 8,78 60 19,14 5a L'influence de l'humidité, qui rend le diélectrique conducteur, est très nette. Dans le cas précédent, une proportion de vapeur d’eau, dans le dépôt, de 2,9 °/o fait disparaitre l’abaissement. Avec des poussières d’o- xyde de zinc, il suflit d'une proportion de vapeur d’eau de 10}, pour le supprimer. En résumé, le diélectrique disposé au voisinage du plateau ou sur le plateau d’un éelateur pointe-plateau dont la pointe est négative, peut prendre une charge électrique positive dont le potentiel soit suflisant pour ioniser le gaz environnant et le rendre conducteur : la décharge passe ainsi plus facilement, d'où une diminu- tion du potentiel disruptif. Le phénomène est plus net quand la subtance est à l’état divisé ou posséde une certaine porosité. La vapeur d’eau tend à le contrarier ; dans une atmosphère humide, la plupart des diélectri- ques n’abaissent pas le potentiel disruptif. A. B. $ 3. — Chimie La réduction de l'acide formique et la pro- duction d’aldéhyde formique et d'alcool mé- thylique aux dépens des formiates. — On a préconisé dans de nombreuses communications et bre- ets la préparation de l’aldéhyde formique et de l’al- cool méthylique par réduction de l’acide formique au moyen de l'hydrogène dans les” conditions expérimen- tales les plus diverses, MM. K. A. Hofmann et H.Schi- bsted!, qui viennent de reprendre l'étude de cette réac- tion, n'ont jamais réussi à obtenir plus de 4 flo du réndement théorique et estiment que les indications contraires de la littérature chimique doivent être rayées. Par contre, ils ont reconnu que les formiates métalli- ques sont susceptibles, à un degré qui dépend de Ia na- ture du métal, de fournir de l'aldéhyde formique sui- vant la réaction : 2H,CO2M — M?CO* + CH?0. La tempé- rature à laquelle le formiate commence à dégager un courant continu de gaz est en général d'autant plus élevée que l'oxyde métallique est plus basique. Voici quelques-unes des températures relevées par Îles au- teurs Cu, 17909 C.; Pb, 1950-2000; Ni, 210°; Zn, 240-245°; Fe, 245-250; Mn, 295°-300°; Ba, 325°; Ca, 33°; Mg, 3400-345°; Sr, 3550; Li, 355°; Na, 5550; K, 37994 L’aldéhyde formique produite subit, suivant la na- ture du résidu métallique, des transformations diverses dont la plus importante est sa transformation en al- cool méthylique et acide formique. La vapeur d'acide formique, avec onu sans hydrogène, donne CO + HO ou CO? + H? lorsqu'on la fait passer sur un catalysa- teur chiriquement inerte à une température suflisam- ment élevée, Ou obtient, par contre, des quantités con- sidérables d'aldéhyde formique et d'alcool méthylique si le catalysateur et la température de réaction sont choisis de telle façon qu’il ne se forme pas de formiate. Les auteurs recommandent dans ce but l’oxyde de zinc et la thorine. j Fabrication d'huile de palme néutre. — Le Palmier à huile ?, une des richesses de nos possessions de l'Afrique occidentale, spécialement du Haut-Sénégal, donnait jusqu'à présent une huile acide, dont le degré 1. Ber. der deutsch. chem. Ges.,t. LI, p. 1389 et 1398. 2: L'huile de palme est extraite de la pulpe externe charnue du fruit de l'Elæis guineensis. L'amande extraite du noyau central donne l'huile de palmiste, 100 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE d'acidité augmentaitrapidement avec le temps; si bien que, pratiquement, on ne pouvait trouver dans le com- merce que des huiles de palme très acides, Deux inconvénients en résultent: cette huile a un goût et une odeur forte qui lui permettent diflicilement d'entrer dans lacomposition des aliments pour l'homme. De plus, par son traitement industriel, elle ne pouvait donner en sous-produit qu’une faible quantité de glycé- rine. Ces deux inconvénients sont de première impor- tance, étant donnée la consommation actuelle de grais- ses végétales alimentaires et de glycérine. M. Paul Ammann, chef du Service des Laboratoires du Jardin colonial et de la Mission des Recherches in- dustrielles en Afrique Occidentale Française, vient d’in- diquer une méthode de préparation de l'huile de palme qui permet d'obtenir un produit pratiquement toul-à- fait neutre et capable de se conserver sans altération ultérieure. Cette méthode, élaborée après de nombreu- ses recherches poursuivies à Paris et sur place dans les diverses colonies de l'A. O. F., brise une des pierres d’achoppement de l’utilisation de l’huile de palme. La préparation en est même simplifiée. La question de l'huile de palme va ainsi entrer dans une phase nou- velle,puisque l’industrie peut considérer comme immé- diatement applicables les résultats obtenus par M. Ammann. à Jusqu'à présent, l'extraction de l'huile de palme était presque entièrement pratiquée parles indigènes, qui effectuaient en principe les opérations suivantes : Les fruits du palmier à huile, abandonnés en tas à la fermentation, sont ensuite cuits plusieurs heures dans l’eau. Le péricarpe charnu, dissocié parla fermentation et la cuisson, laissé à macérer encore dans l’eau de cuis- son, est pilonné et foulé aux pieds:l’huilevientse réunir à la surface de l’eau, onla recueille et on lafait bouillir plusieurs heures. k En pratique, on n'obtient ainsi que des huides acides à 12ou15 0/0 d'acides gras libres, environ, c’est-à-dire ‘dont l’hydrolyse des glycérides est à un état avancé. Pendant les transports ultérieurs jusqu’en Europe, cette acidification se poursuit pour atteindre 20 à 50 °/, (et même davantage) d'acides gras libres. Dans une fabrication plus soignée, les indigènes font bouillir les fruits dès leur récolte : ils apprécient le goût de cette-huile, réservée à leur consommation et dont l'acidité est plus faible, M. Ammann, après de nombreuses observations, a pensé que dans l'huile de palme fraiche, c'est-à-dire obtenue avecdes fruits frais en dehors de toute action de ferments figurés ou non figurés, la quantité d'acides gras libres pouvait être assez faible pour être pratique- ment négligeable. Poursuivant la vérification de cette hypothèse dans des essais effectués au Jardin d'essais de Bingerville,il a obtenu avec des fruits mûrs naturellement (sans fer- mentation en présence d’eau), et traités aussitôt, des huiles dont l'acidité pouvait descendre à 0,35°/,. L’aci- dité était dans tous ces essais en fonction directe du temps pendant lequel les fruits ont été abandonnés à la fermentation, même très légère, D'autre part, les fruits à maturité très avancée présentent, surtout à leur base, un commeucement de pourriture sensible, De tels fruits donnent des huiles très acides. L'auteur a décrit en détail les expériences qui lui ont permis de suivre ces phénomènes !. De toutes les cons- tatations faites, il résulte que, sans l’emploi de produits chimiques ni d'appareil compliqué,avec un peu de soin et de méthode, on peut obtenir de l'huile de palme neutre. 2 Les régimes récoltés doivent être immédiatement por: tés entiers à l'huilerie; on ne doit procéder à l’égrenage des fruits qu'au moment de les mettre en travail, les traiter aussitôt par la vapeur’et les presser. Le traitement des régimes entiers à la vapeur présente au point de PORT ER ELA 6 à ds LI ER OMR 1. Pauz Ammanx : Recherches sur la fubrication de l'huile dé palme neutre. L'Agronomie coloniale, sept-oct. 1918. vue industriel des avantages : les fruits se détachent plus facilement et on détruit plus tôt les enzymes qui commenceraient l’hydrolyse des glycérides si les fruits étaient détachés au préalable, L'huile de pale obtenue allait-elle conserver sa pré- cieuse propriété d’avoir peu d'acides gras libres ? La ré- ponse est donnée par les expériences poursuivies pen- dant plus d’un an : les huiles préparées à Bingerville et filtrées ont donné les résultats suivants au moment de la préparation, aprês six mois et après un an : huile 1 A (filtrée sur papier), 0,60! 0,91 0,74 1 B (simplement décantée)o,60 1,10 » 2 (filtrée sur papier) 0,38 0,38 o,4o Ces nombres montrent que les huiles de palme bien préparées selon les précautions indiquées et filtrées ne s’altèrent qu'avec une extrême lenteur. Voici donc bien établis les faits qui confirment l’hy- pothèse que, dans l'huile de palme fraiche, c’est-à-dire obtenue avec des fruits frais en dehors de toute action des ferments figurés ou non figuré$, la quantité d'aci- des gras libres peut être assez faible pour être prati- quement négligeable. De plus, letraitement par la cha- leur des fruits au moment de la rétolte empêche prati- quement toute acidification spontanée ultérieure de l'huile. ù Avant la guerre, l'Europe importait 200.000 tonnes d'huile de palme, d’après les évaluations du Rapport de la Section des oléagineux du Congrès d'Agriculture co- loniale de Paris en 1918. Si l’on applique rapidement à l'exploitation de l’£- læis guineensis les résultats obtenus par M. Ammann,on voit quelle immense production d'huile de palme neu- tre l’industrie peut envisager. Il n’est d'ailleurs guère douteux que de nouvelles huileries importantes puis- sent se monter en Afrique Occidentale, puisqu'elles | peuvent désormais livrer un produit plus recherché, partantmieux payé par les industries européennes. La possibilité de faire de l'huile de palme neutre ne contribuera pas peu à faire du palmier à huile la plante qui sera, selon une expression de M. Chevalier en 1910, « La plante oléagineuse la plus précieuse du monde en- tier ». : + L. Rigotard, Ingénieur-Agronome. $ 4. — Agronomie La science agronomique aux Etats-Unis. — Les travaux du U. S. Bureau of Plant Industry sont un bel exemple de ce que peut la Science appliquée à l'Agriculture. Les deux derniers rapports du directeur de ce Bureau? nous montrent, en particulier, ce qui a été fait: pour répondre aux besoins nouveaux créés par la guerre (développement de la culture du riein), pour la sélection des espèces les meïlleures : maïs (Gol- lins®), orangers', pour la mise en valeur des marais et des pine-barrens (par les Ericacées à baies comestibles), et surtout pour la lutte contre les maladies des plantes. Celle-ci se poursuit: 1" par l'étude des relations physio- logiques d'hôtes à parasites (Stakman Ÿ, Shear), 2° par la sélection des plantes résistantesT, 3° par la destruc- tion des hôtes où hiverne le parasite (tiges des groseil- liers sauvages et cultivés pourla rouille des Pins, — cer- 1. Acidité exprimée en acide oléique?/,. 2, Rep. of the Chief of the Bur. of PI. Ind. n° 17, oct. 1917 et sept. 1918. 3 Cf Rev. gén. Sc.,15-30 sep. 1917, 4. Citrus fruit improvement... ; bud variation in the Was- hington navel orange. U.S. Dept. Agr. Bull. 623, 22juil. 1918. 5. Sraxman et Piemrisez : Biologie forms of Puccinia gra- minis on cereals and grasses, J, Agr. Res., vol. .X, n°9, août 1917. ; *6. Spoilage of cranberries afterharvest. U.S. Dept. Agr. Bull, 714, 9 août 1918. 7. J.H. Panker: Rust resist, of oat varieties. U. S. Dept. Agr, Bull. 629, 11 fév. 1918. | “… É stat ont sr dt. 6 | ; CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 101 oo tains hybrides d'orangers pourle Ps,citri des chancres!), 4: par l'emploi judicieux des anticryptogamiques ?. — La lutte contre les rouilles comporte encore la destruc- tion de l’un de leurs deux hôtes successifs : Epine-vinette pour les Rouilles du blé 3, Genèvriec pour les Gymnospo- rangium des Pomacées, Groseiller pour les Cronartium ribicola des Pins blancs. Les recherches les plus importantes ont exigé la colla- boration des Collèges nationaux d'Agriculture et du Bureau of Plant Industry. J. D. $ 5. — Physiologie Le temps de réaction de quelques réîlexes chez les oiseaux.— Quand on saisit fortement avec Ja main les pattes d'une colombe à capuchon et qu'on la fait tourner autour d’un axe transversal, il se pro- duit des mouvements réflexes définis, Quand la têteest dirigée en bas et en avant, la queue se relèveet s'étend ; quand la tête est dirigée en haut et en arrière, la queue s'abaisse et les ailes se soulèventet battent si le mouve- ment est très prononcé. MM. R. Ditiler etS. Garten* ont cherché à détermi- ner le temps de réaction de ces réflexes, en se basant sur la méthode de Stephan et en se servant d’un appareil permettant une faible inclinaison rapide du corps (pro- duite par une rotation de l’uxe de 1° 1/2), l'oiseau étant fixé dans un licou qui laisse toute liberté à la queue et aux ailes. L'instant de l'excitation et le mouvement de la queue étaient enregistrés photographiquement. Le réflexe d’élévation de la queue chez trois colombes s'est manifesté au bout de 0,026" à 0,0249° ; cette du- rée était un peu plus longue après décérébration, mais elle redevenait normale 4 jours plus tard. Les auteurs ont trouvé pratiquement la même durée pour le réflexe d’abaissement de la queue. Par contre, la période la- tente diminuait d'une façon nette (0,01) lorsqu'on substituait l'excitation électrique de la peau de la tête à l'inclinaison du corps. La période de 0,05" après ex- citation musculaire directe diffère à peine de celle qu’on trouve pour d’autres animaux. Enfin, les auteurs ont comparé le réflexe de la pau- pière chez l’homme et la colombe, en se servant ausside - l'énregistrement photographique. Le temps de réaction après excitation électrique et mécanique chez l'homme était d'environ 0,35 à 0,40', tandis que chez la colombe il n’était que de 0,009’. Ces expériences vérifient l'hypothèse de Putter, sui- vant laquelle un même processus réflexe se déclanche chez l'oiseau avec une bien plus grande rapidité que chez l’homme. $ 6. — Géographie La Délimitatior des régions économiques françaises. — Dans sa circulaire du 25 août 1917, le Ministre du Commerce soumettait aux Chambres de Commerce un projet de division de la France en 16 ré-" gions économiques. y Les bases du projet avaient été établies par M. H. Hauser, professeur à l'Université de Lyon, conformé- ment aux principes posés par Paul Vidal de la Blache*. C'est dire que la méthode était bonne; plusieurs de ces régions sont à l'heure actuelle ofliciellement constituées, telles Nancy, Bordeaux, Clermont, Limoges, Rouen, 1. C. L. Peurier et D, C. Near : Overwintering of the citrus canker organism...J. Agric. Res., vol. XIV, n° 11,9 sept. 1918 2, SueAR : Endrot of Cranberries. J. Agr, Research, Vol. XI, n° 2, p. 40; 8 oct. 1917. 3. FRreeMmAN : The common barberry an enemy of wheat. Univ.Minn. Agric. ext. Divis., Sp. Bull. 26 et 27, avr. 1918. 4. Zeitsch.. f[. Brol.,t: LXVIII, p. 499-532 ; 1918. 5. Cf. PauL Vinas DE LA BLACHE : Régions françaises. Revue de Paris, 15 décembre 1910, — P. Vipaï. DE LA BLa- eue, C. BLocn, etc. : Les divisions régionales de la France, in-8°; F. Alcan, 1913. — H. Hausrr : Les régiuns économi- ques. Le Fait de la Semaine, n° 27,9 novembre1918,B. Gras- set, éditeur. Nantes, Toulouse, Montpellier. Pourtant, bien des con- troverses sont encore à trancher: Nice refuse de se réu- nir à Marseille: Besançon, à Dijon; Chambéry, à Gre- noble; Saint-Etienne, à Lyon; Nimes, à Montpellier; etc, Il n’est donc pas sans intérêt d'examiner en lui-même l’intéressant problème de la délimitation des régions économiques. Le choix des capitales régionales est facile et ne prête guère à contestation. Ces points de cristallisation sont des nœuds de communication, des lieux d'échange, des marchés entrerégions voisines, des zones de gran de activité industrielle, de grande densité démographique, de concentration de capitaux, des eentres financiers et d'activité bancaire, des centres intellectuels : foyers d'instruction technique et de diffusion de la presse, « Le rôle des grandes cités travailleuses, écrit Paul Vi- dal de la Blache, est capital dans la formation des régions; c'est autour d'elles que les moyens de trans- port canalisent les courants économiques, et ce sont elles qui distribuent letravail dans leur région urbaine, formant des rues usinières et s’entourant d’un essaim de villes neuves. » J La région prend naissance par son centre et non par sa périphérie. C’est la délimitation de celle-ci qui pré- sente la plus grosse difliculté, pour une double raison : l’une, spéciale à notre pays, qui est la variété et la dis- persion de l’activité française; la seconde, d'ordre plus général, qui résulte des transformations industrielles, de la mobilité des courants commerciaux. Cette rela- tivité des divisions se complique encore du fait que chacune dés branches d'activité de la capitale régionale correspond à des sphères d’extension de rayons diffé- rents, qui chevauchent en partie sur les zones corres- pondantes de la capitale voisine. Il se produit ainsi des franges d’interférence, sortes de territoires contestés, qu’il faudra répartir entre les régions concurrentes, où qui obligeront à des groupements interrégionaux,à une fédération de ces régioné voisines solidaires. Le nouveau régionalismè,inspiré uniquement de con- sidérations économiques actuelles, n'a rien de commun avec les anciennes provinces d'avant 1789. Suivant l'expression de M. H. Hauser, il s’agit de géographie économique vivante et non d'archéologie politique. Les arguments historiques n’ont plus de valeur. Il faut faire choix parmi les directives économiques. Les rapports d’approvisionnement s'étendent trop loin avec la rapi- dité des chemins de fer; il en est de même de l’activité bancaire. De meilleures indications sont fournies par le rayonnement de la presse régionale et des établisse- ments d'enseignement technique. L'analogie de produc- tions, hormis des cas de localisation exceptionnels, comme l’industrie de la soie dans la région lyonnaise, ne saurait être retenue davantage. Ce sont pourtant les arguments invoqués par Grenoble pour lahouille blan- che, par Nice pour le tourisme, par Dijon pour la vigne, par Saint-Etienne pour la métallurgie. Comme le remar- que M. H. Hauser, à propos de Besançon invoquant son industrie horlogère, il serait impossible de constituer en France autant de régions distinctes qu'il y a de groupes industriels spécialisés. Il semble que la pro- duction est plutôt affaire nationale, comme le montre le rôle joué par de puissants groupements tels que le Comité des Forges de France, le Comité des Armateurs ou celui des Houillères. Le régionalisme économique, sans négliger les inté- rêts agricoles et industriels, dont les organes débordent généralement le cadre régional, nous paraît justifié sur- tout au point de vue dé la circulation, comme un agent de liaison entre toutes les activités de la région ; la ca- pitale régionale serait comme le cœur d’un organisme dont elle est chargée d'assurer la circulation, soit pour l'alimenter en main-d'œuvre, en énergie, en matières premières, soit pour lui faciliter l'écoulement des objets fabriqués. Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. 102 XXX. — CE QUE LE TRAITÉ DE. PAIX CE QUE LE TRAITÉ DE PAIX DOIT EXIGER DE LA SCIENCE ET DE L'INDUSTRIE ALLEMANDES A l'heure où la question de l'indemnité de guerre à exiger des Allemands fait l'objet de nombreuses discussions dans tous les milieux, un grave problème se pose : le montant des ravages et des destructions de tous ordres que les Allemands ont commis apparaît si élevé que l’on semble admettre déjà, ce dont ils cherchent à tirer le meilleur profit, qu'ils sont incapables , de le payer intégralement. Un groupe de tech- niciens a établi le rapport que nous publions ci-dessous, dans le but de montrer que les res- sources réelles de l’Allemagne sont infiniment plus grandes qu’on ne le pense dans les milieux diplomatiques, trop étrangers aux questions techniques et commerciales, NPD L: RE AVANT-PROPOS Lorsque les Allemands ont détruit les usines, les laboratoires, les, bibliothèques français et belges, lorsqu'ils en ont emporté le matériel, les plans, les cartons, les modèles, les archives qui , constituent la base du travail industriel, il ne s’est pas seulement agi, pour eux, de s’enti- chir à nos dépens, de profiter de nos richesses, mais aussi de nous priver de nos moyens de tra- vail, de production, Il y a lieu de s’en souvenir à l'heure actuelle, où, sans priver nos ennemis de ce qui est indispensable à la vie de leur pays, il importe de récupérer le matériel qu'ils nous ont enlevé et de prélever tout ce qui est nécessaire à nos alliés comme à nous-mêmes pour affronter sans désavantage initial la lutte économique de demain. Toutes ces récupérations, tous ces prélèvements en mature sont susceptibles d’être évalués en espèces el peuvent contribuer pour une part con- sidérable au paiement de l'indemnité de guerre ou, si l'on préfère, des réparations de guerre. Le présent article a pour but d'établir que : 1° dans le domaine scientifique, agricole et industriel, le travail accumulé, les connaissances acquises de l'Allemagne dans tous les domaines représentent des possibilités formidables, dont une partie est immédiatement disponible ; 20 une organisation simple permettrait d’en faire bénéficier les Alliés dans un délai très court et par suite avec le maximum d'effet utile. Dans lecas où nos ennemis n'accèderaient pas à nos demandes, l'emploi de la force serait tout à fait justifié, les Allemands ayant prouvé par leurs actes qu'ils considéraient de telles prises comme parfaitement légitimes. I. — ConsIDÉRATIONS GÉNÉRALES Principe et montant de l'indemnité. — Tous les Alliés européens acceptent le principe que les Puissances centrales doivent payer les frais de la guerre jusqu’à la limite de leurs possibilités. Les Alliés se proposent de nommer une Commission d'experts chargés d'examiner la meilleure procé- dure pour exiger des indemnités, ces indemnités ayant trait aussi bien à la réparation des dom-* mages de guerre qu'au réglement des dépenses proprement dites de celle-ci. On ne dispose pas à l'heure actuelle d'éléments d'appréciation suflisants pour fixer le total de l'indemnité due par nos ennemis; mais il ne paraît pas possible d'admettre que ce total soit inférieur à 600 milliards. Si énorme que paraisse cette somme, les Alliés peuvent l’exiger, et l'Allemagne peut la payer. Il suffit, pour cela, de ne pas considérer unique- ment le capital matériel de l'Allemagne (argent, matières premières, produits manufacturiers), mais encore son capital travail acquis (brevets, documentation de toute nature, etc.), également Er As susceptible d'une évaluation monétaire et infini- ment plus important que le premier, puisque celui-ei en découle. : Eléments constitutifs de l'indemnité. — En résumé, les Allemands sont à même de nous fournir : 1° Une indemnité en argent, payable immédia- tement ou par annuités, gagée par des taxes sur les matières premières allemandes, etc... Ainsi une taxe de 10 francs par tonne de houille, dont l'extraction cheznos ennemis dépasse 200.000,000 de tonnes par an, fournirait une annuité de 2 milliards de francs, Il n'y aurait pas là une innovation, puis- qu'il existe déjà sur tout minerai extrait du sol alle- mand un droit de 2,5 +/, ad valorem perçu au profit de l'Empire, Toutefois il n’est pas intéressant que cette indemnité soit très élevée. Ce qui importe à l'heure actuelle, c’est moins de recevoir de l’ar- gent — instrument d'échange — que du maté- riel, des objets de consommation (machines, produits manufacturés) et surtout les moyens {[méthodes, procédés) permettant d'en fabriquer nous-mêmes. nt ie sion te ane Led / DOIT EXIGER DE LA SCIENCE ET DE L’INDUSTRIE ALLEMANDES 103 Supposons, en effet, pour aller à l'extrême, que l'in- demnité allemande soit uniquement versée en espèces. Cet argent ne permettrait de se procurer que peu de choses, les marchandises étant rares; le prix de la vie monterait en conséquence. La Hollande, depuis 1916, - a fourni un exemple typique de cette loi d'économie politique, renouvelant une fois de plus l’exemple éter- nel des galions d’Espagne, 2° Tous les objets, mobiliers, œuvres d'art, etc….., tout le matériel technique et industriel, tous les produits destinés à remplacer ceux qui ont été détruits ou volés, et qu'une indemnité en asgent ne pourraitcompenser. 3° Une contribution sous forme d’objets de toute nature (matières premières, etc...), livra- bles immédiatement ou par annuités, et consti- tuant la fraction « paiements en nature » de l'indemnité de guerre, Ce point a aussi été maintes fois signalé. C’est en effet la seule manière de nous procurer rapidement les appareils, les objets, les produits que l'Allemagne ne manquerait pas de nous vendre ensuite pour nous per- mettre d’équiper ou de compléter nos usines, nos ins- tiltuts techniques, nos bibliothèques et offices de docu- mentation, en un mot de travailler. Notre industrie devra, en effet, assurer tant de fabrications indispensa- bles à nos besoins immédiats que, sans cette mesure, il faudra nous adresser à l’industrie étrangère, alle- mande même, aux capacités de production actuellement intactes et considérables, dont nous resterions ainsi tributaires pendant de longues années. | * 41 Enfin, et surtout des prélèvements, repré- sentant des sommes considérables et visant plus spécialement le capital travail acquis allemand: c’est le seul moyen, pour la France et les Alliés, de se libérer de la domination économique alle- mande. | But de la présente étude. — La présente étude a précisément pour but de faire connaître un certain nombre de ces récupérations et prélève- ments frappant, dans le domaine technique, agri- cole et industriel, le travail acquis dé nos enne- mis; elle indique, en outre, les conditions, qui doivent peymettre de réaliser ces opérations dans le minimum de temps, c’est-à-dire avec le maximum d'effet utile. ÿ Il importe de bien insister sur le fait que toutes les récuperations, tous les prélèvements dont il va être question peuvent être évaluées en francs etcontribuer ainsi au paiement de l'indemnité de guerre. Ces prélèvements ne consistent pas à enlever aux Allemands ce qui est absolument né- cessaire à leur industrie : ils leur retireront seu- lement la supériorité industrielle et commerciale qu'ils possédaient incontestablement avant la guerre. Ainsi, cette maniére d'opérer ne permettra pas à nos ennemis de prétendre que notre but est dé les affamer, de supprimer leur droit de vivre ; en même temps, elle frappera les vérita- bles responsables, à tous les degrés, de la guerre hs Ts nat ti D'ns > 10.71 actuelle : capitalistes, industriels, commerçants, professeurs, qui s'étaient lancés joyeusement en 1914 à la conquête du monde. II. — Sur LA NATURE DE QUELQUES RÉCUPÉRATIONS ET PRÉLÈVEMENTS Causes de la puissance technique allemande. — On peut l’attribuer à quatre causes princi- pales : 1° Qualité des procédés employés; 2° Qualité du matériel utilisé; 3 Qualité de l’organisation commerciale ; 4° Qualité et nombre du personnel chargé d'étudier, de mettre au point et de diriger les fabrications, et abondance des moyens d’étude et de réalisation mis à sa. disposition. Tous ces facteurs se traduisent matérielle- ment par des organisations, des documents, des appareils, des produits qui peuvent et doi- vent entrer en ligne de compte dans le règle- ment de l'indemnité. $1.— Les procédés de fabrication (brevets, ete...) Importance des brevets allemands. — La légis- lation spéciale des brevets allemands a permis à nos ennemis de perfectionner, souvent aux dépens des étrangers, leurs procédés de fabrica- tion. L’examen préalable, qui oblige le dépo- sant à fournir les détails les plus circonstanciés, quand ce n’est pas à donner des échantillons ou des pièces fabriquées, documentait trop souvent les industriels allemands. Or beaucoup de procédés allemands couverts, pour la plupart, par des brevets représentent actuellement des intérêts considérables: Le procédé Haber (ammoniac synthétique), monté par la Badische Anilin und Soda Fabrik, fournit par an plus de 500.000 tonnes de sulfate d’'ammoniaque, représen- tant une valeur de plus de 300 millions de francs au cours actuel (il n’est pas question ici des autres procé- dés de fixation de l’azote, dont la production annuelle dépasse de beaucoup ce chiffre). De même, les brevets exploités par les grosses firmes allemandes de produits chimiques ont permis à celles-ci de recueillir des bénéfices énormes. Voici, par exemple (cf. Cote de la Bourse et de la Ban- que, 7 mai 1918), les dividendes distribués dans les deux dernières années par toutesles entreprises appartenant au Trust allemand de l’industie chimique, dont le capi- tal était, au 1° mai 1918, de 383 millions de marks (à l'exception de l’une d’elles dont les résultats ne sont pas parvenus à notre connaissance) : Capital Dividende ancien actuel 1916 1917 (en millioris demarks) {en ‘/;) Hôüchste Farbenwerke.. 54 90 29 18 Badische Anilin....... 54 90 28 20 Couleurs Bayer ....... 54 go .28 20 CABREL ER EM. .- 30 45 non parvenu DRE EE, ne. 19,8 33 29 18 GOPSREUN ,.,-.. 0... 1Ô 29 22 16 Welter-ter-Meer..,.... 8 10,4 12 12 104% On pourrait multiplier à l'infini de tels exemples, même pour des industries en apparence beaucoup plus modestes. La contribution des brevets allemands, et son évaluation. — Aussi la possession de certains brevets allemands, et la connaissance exacte des conditions de fabrication d'un grand nombre de produits non encore préparés en France, de- vraient être exigées. Nous ne ferions qu'appliquer aux Allemands le traitement qu’ils voulaient nous imposer, quand ils annonçaient que leurs conditions de paix com- prendraient l’expropriation, à leur avantage, des brevets français qu'ils jugeraient intéressants. Remarquons que l’Etat allemand a déjà réqui- sitionné et exproprié pour ses besoins un certain nombre de brevets allemands. Il n’y aurait qu’à le contraindre à généraliser cette mesure et à nous remettre les brevets qui lui seraient indiqués. Toute la documentation ainsi prélevée peut être évaluée en espèces, comme des licences d'exploi- tation de brevets, et contribuer au paiement de l'indemnité de guerre. L'Etat français, devenant propriétaire de ces licences pour la France, pourrait en concéder l'exploitation à ses natio- naux dans des conditions faciles à déterminer. Le dépôt des brevets allemands, depuis 1914. — Signalons, en outre, qu’au cours du pillage des établissements techniques etindustriels du Nord et de la Belgique, les Allemands ont générale- ment enlevé les dossiers et documents concer- nant les problèmes de toute nature en cours d'étude dans ces établissements (carnets d’expé- rience, recueils d'observations sur les essais et incidents de fabrication Jet de fonctionnement, projets, etc.) Il faudrait suspendre l'effet de tous les brevets pris parles Allemands depuis 1914, soit chez eux, soit chez les neutres (à la suite d'accords inter- nationaux à intervenir), afin d'accueillir toutes les revendications légitimes des industriels et techniciens lésés, sous réserve de toute répara- tion pour le préjudice causé. Brevets allemands utilisés par les Alliés depuis 191%. — Enfin, certaines industries travaillant dans les pays alliés pour la défense nationale ont dû s'inspirer de brevets allemands : les maisons allemandes ont parfois adressé des sommations et des protestations à nos industriels. Se trouvant sous la protection de nos lois, elles poursuivront après la guerre nos sociétés, dont les efforts ont été souvent considérables pour mettre au point les procédés en question, si l’on n'insère pas dans le Traité de Paix une clause faisant tomber dans le domaine public tous lesbrevets allemands uti- XXX. — CE QUE LE TRAITÉ DE PAIX - lisés chez les Alliés depuis la guerre, pour des buts de guerre. $ 2. — Les matières premières et les appareils industriels Livraisons immédiates et livraisons à terme; leurs caractères distinctifs. — Il importe de dis- tinguer entre les fournitures urgentes, qui seront faites immédiatement, pour permettre la reprise de la vie industrielle, et celles qui seront exigées à titre d'intérêt de l'indemnité non libérée. Parmi les premières, on peut signaler les stocks de métaux en lingots ou usinés, les stocks de charbon, de papier, les rails de chemins de fer, à déboulonner sur les lignes stratégiques alleman- . des, etc... Au même rang d'urgence que ces fournitures, il faut placer toutes les machines indispensables pour remonter nos usines dévas- tées sur un pied d'égalité avec celles des Alle- mands, d'autant plus que, par leur faute, aucun perfectionnement|n’a pu être accompli depuis quatre ans dans nombre de nos industries. Citons, à titre d'exemple : les machines spéciales pour le travail des verres d'optique (rodeuses, perceuses, et tous appareils pour la confection et le montage despris- mes, lentilles, etc...); — les machines à baryter le pa- pier, et toutes celles utilisées dans le domaine de la papeterie et de l'impression photographique ; — les machines spéciales pour l’industrie électrique (bobineu- ses, filières, trompes à vide pour la fabrication des lam- pes à incandeseence, charbons pour lampes à are, etc….); — les appareils de distillation et de rectification de l’al- cool; — l’appareillage de brasserie ; — les appareils de récupération des sous-produits dans l’industrie du gaz d'éclairage, du coke métallurgique ;— les fours à recuire, : les pièces métalliques, le verre, la porcelaine, etc, ete... ! Pour les secondes, il importe que ces fourni- tures ne viennent pas à l’encontre des intérêts de nos industriels, mais au contraire leur permet- tent d'augmenter leurs possibilités detravail. Tel- les sont leslivraisons annuelles de matériel rou- lant et de combustibles, ces derniers devant nous être fournis sous forme de houille et non de coke, par suite de la valeur des sous-produits dont l’industrie est encore peu développée en France. Comment le matériel sera récupéré ou prélevé. — En ce qui concerne plus particulièrement les prélèvements de matériel, la restitution pure et simple des objets et des machines français volés est insuffisante, car ces machines ont travaillé contre nous, ou été plus ou moins détériorées. De plus, les Allemands pourraient les rendre inutili- sables, par un sabotage scientifique dont ils ont déjà fourni la preuve : des roulements à bille rongés, des axes faussés, des pièces essentielles supprimées, etc... ne peuvent être reconnus pour tels que lors de la mise en marche des machines. Il ne faut pas oublier que, déjà en 1871, Regnault trou- va son Laboratoire de Sèvres intact à première vue: mais toutes les règles graduées avaient été faussées, de légers traits au diamant constiluaient sur les tiges de thermomètre des amorces de rupture, etc... Il faut donc prendre en Allemagne le matériel allemand en service. On sera d’ailleurs non seu- lement assuré de son bon fonctionnement, mais encore, dans bien des cas, pourvu d’appareils plus perfectionnés. Les pièces de rechange. — L'introduction de machines et de matériel allemands soulève la. question des pièces détachées et de rechange : il ne faut pas que nous nous trouvions sous la dé- g dèles. pendance de nos ennemis pour leur fourniture. Ils en livreront donc immédiatement un stock im- portant, et les constructeurs français seront mis à même de les fabriquer, en expropriant, d’après la méthode des licencesobligatoires signalée ci- dessus, les brevets allemands protégeant ces organes. Les dessins d’exécution exacts !devront en outre être remis aux techniciens chargés des prélèvements, sans préjudice des moules de fon- derie, des séries de calibres vérificateurs, etc. Exposition de matérielennemi. — Enfin, comme l'a proposé M.V. Cambon, il y aurait lieu d’orga- niser une exposition de tous les appareils énne- mis intéressants, afin que nos industriels puis- sent s’en inspirer pour perfectionner leurs mo- $3. — Les documents commerciaux (inventaires, statistiques, etc...) La documentation commerciale comprend en particulier lesfiches quipermettent d'établir un inventaire général de la clientèle par catégories de matériel et de produit, et les renseignements statistiques sur l'exploitation industrielle pro- prement dite. L'importance de ces documents, souventigno- rés en France, est fondamentale; dans toute firme allemande de quelque importance existe un ser- vice de statistique et de renseignements commer- ciaux dirigé par des techniciens compétents. Ce service, d’une part, groupe les renseignements donnés par les voyageurs de commerce, les agents consulaires, etc... d’autre part, procède à des récapitulations et à des regroupements de renseignements fournis par la comptabilité ; il met ainsi en évidence une quantité de facteurs économiques qui, dispersés, échapperaient à - l'examen. Les archives de ces services de statis- _ tique sont à même de fournir tous les rensei- 4. Rappelons que le matériel d'artillerie nécessaire construit chez Krupp a été livré à la Roumanie avec des plans faux; il en résulta un retard important dans la construction des fu- sées d'obus à plateau. | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES DOIT. EXIGER DE LA SCIENCE ET DE L'INDUSTRIE ALLEMANDES 105 Co gnements sur l'intérêt qu’il y aurait à obtenir telle licence, à fabriquer tel produit, sur l’im- portance de tels articles que l’on supposerait négligeables, et sur leurs débouchés, En obte- nant communication deces renseignements(sans oublierles statistiques détaillées d'exportation), nous mettrons en mains de nos industriels un élément primordial de direction et d'expansion. A côté du servicecommercial de chaque firme, il existe des agences spéciales de renseignements, en particulier à Leipzig. Désirez-vous savoir ecombienil y a d'architectes au monde? Un catalogue spécial vous en communique la liste, renfermant 25.000 noms et adresses. — Etes- vous fabricant d'objets de piété, d'ornements d’églises ? vous aurez intérêt à savoir qu'il existe en Éspagne 890 couvents dont l'agence vous fournira la liste, avee le nom et la résidence de leurs supérieurs, — Voulez- vous suivre la carrière d’un professeur de Chimie de Faculté d’un pays quelconque? Consultez la Zeitschrift lür £lecktrochemie, et, dans les tables spéciales de ce journal, vous trouverez ses différents postes d'année en année. * Ces renseignements si variés, si précis et si utiles faciliteraient énormément la reprise du travail s’ils nous étaient communiqués ; ce serait en somme l’utilisation légitime des renseigne- ments du service d'espionnage allemand. $ 4. — Les techniciens Il semble que les résultats pratiques obtenus. par les techniciens allemands sont dus, avant tout : 19 à l’organisation remarquable de l’enseigne- ment technique à tous les degrés (Universités, Hochschulen, Ecoles techniques diverses, etc.) J5 2 à la documentation industrielle et aux moyens de travail et d'étude dont disposent les techniciens dans ce pays. Voici deux exemples qui illustrent ces faits : Tout le monde connait le rôle que la Chimie physique joue dans les découvertes scientifiques et industrielles modernes. Or tandis qu’en Allemagne dix Instituts d’é- tudes supérieures de Chimie physique, richement dotés par l'Etat, les Chambres de commerce, les industriels, ont été créés depuis quinze ans, venant s'ajouter à ceux qui préexistaient, il n’y a pas un seul instilut de ce genre en France à l'heure actuelle. On a rappelé plus haut l’activité de la B. À. S. FR. et les bénéfices énormes réalisés par cette Société, Le ser- vice des recherches chimiques de cet Etablissement comprend de vastes laboratoires où travaillent plus de 150 chercheurs, ayant à leur disposition une bibliothè- que spéciale contenant plus de 15.000 volumes relatifs aux matières fabriquées par l'usine, sans compter les ouvrages généraux et la collection complète d'environ 500 périodiques scientifiques où industriels. Les prélèvements sur le capital technique. — Comment ne pas songer immédiatement, dans ces conditions, à faire porter les prélèvements non seulement sur les matières premières et les produits fabriqués, mais aussi Sur : ‘1° Ze matériel scientifique et technique des Uni- versités, des écoles techniques et des laboratoires 2 106 XXX, — CE QUE LE TRAITÉ DE PAIX industriels allemands, afin de procéder immédia- tement en France à la réorganisation de l’enseis gnement technique à tous les degrés : | 2% Ja documentation scientifique des bibliothè- queset offices de documentation allemands, pour rétablir les établissements similaires détruits, améliorer ceux qui existent chez les Alliés ou en créer de nouveaux; 3° la documentation industrielle, notamment les collections de brevets des établissements scientifiques et industriels; à ce point de vue la documentation et l'installation du Patentamt, les laboratoires des « Technische Hochschulen », des usines, etc. présentent un intérêt particu- lier. Quelques exemples feront mieux comprendre lim- portance légitime que nos ennemis accordent à cette do- cumentation : rappelons d'abord l’exemple donné à l'instant de la Bibliothèque de la B. A. S.EF., riche de 15.000 volumes de chimie et de la collection complète de 500 périodiques. De même, à l'Université de Leipzig, les étudiants et leschercheurs ont à leur disposition une bibliothèque renfermant plus de 600.000 volumes; c’est la plus riche bibliothèque universitaire du monde et il n'existe rien de comparable en France. À la Technische Hochschule de Charlottenburg, une série de salles. sont réservées à la collection complète, classée méthodiquement, de tous les brevets relatifs aux matières colorantes avec, en annexe, des flacons de ces produits et les cartons d'impression sur les différents tissus. On conçoit facilement l'énorme avantage que nos in- dustries chimiques et textiles pourraient tirer d’une pareille documentation, quand on songe que l’exporta- tion des matières colorantes par l'Allemagne représen- tait en 1912 une valeur de 280 millions de marks (soit 350.000.000 francs)!. Cette collection existe également au Patentamt, où l’on trouve en outre la collection com- plète de tous les brevets pris dans le monde entier, Les fournitures spéciales pour recherches tech- niques. — Il est encore un point sur lequel nous croyons devoir attirer l'attention : - Tous les laboratoires, tous les instituts scien- tifiques ou industriels ont besoin de matériel et de produits chimiques spéciaux. Or, les Alle- mands avaient, là encore, conquis peu à peu le marché mondial. En particulier, les produits chimiques pour recherches, dont le moindre la- boratoire consomme pour plusieurs milliers de francs paran,étaient fournis parcertaines maisons allemandes, à un degré de régularité, de pureté souvent incannu.en France, et cela avec un bul- letin de garantie, ce qui montre à quel pointelles étaient sûres de leurs fabrications. La vente an- nuelle de ces substances représente des dizaines et des dizaines de millions. De plus, ces produits avaient fini par s'imposer à un tel point que, dans beaucoup d'ouvrages, de mémoires, de traités scientifiques, mème édités en français, on en 1. Sunscompler les produits intermédiaires pour matières colorantes, qui augmenteraient ce total de plusieurs dizuines de millions. était arrivé à faire suivre l'indication du produit em- , ployé ou conseillé du nom de la maison allemande qui le fournissait. Ainsi l'édition française du célèbre Traité d'Analyse quantitative de Treadwell mentionne : p. 20, les papiers à filtres de Schleicheret Schüll; p. 25 et 26, les creusets et les fours électriques de la maison Heræus à Hanau-sur-le-Mein ; p. 81, le nitrite d'ammoniaque de Kahlbaumà Ber- lin, ete., etc. Là encore il y a un marché à prendre pour les Alliés. Les Américains l'ont compris : la « Gene- ral Chemical C° », la « Baker Chemical Of », « Powers et C° » ont déjà adopté le système du bulletin de garantie effective. Ainsi y aurait-il lieu, selon une proposition déjà formulée, de faire dans les usines spéciales allemandes des prélèvements suffisants pouvant servir de mise de fonds pour la reprise immé- diate du travail dans les laboratoires, en atten- dant les fournitures alliées. Ces prélèvements formeraient, d’ailleurs, un totalintéressant pour le paiement de l'indemnité : ainsi, dans l’une seule de ces maisons, ils dépasseraient 20 mil- lions de francs. é Conclusion. — En résumé, des prélèvements industriels ou des indemnités ne sufliront pas à placer l’industrie française de 1919 dans des conditions qui lui permettraient de lutter avec nos concurrents étrangers. Demain, alors que notre industrie ne possède pas en nombre sufli- sant des techniciens, des spécialistes, qu’elle est, sauf de rares exceptions, privée de labora- . toires d’études ou d'essais industriels, elle serait incapable de suivre la marche du progrès avec la même rapidité que nos ennemis qui travailleront fébrilement à reprendre l’avance momentané- ment perdue, si l’on ne prend pas les mesures que nous proposons. * é Ainsi, nôs ennemis, se plaçant sur le terrain humanitaire, ne peuvent prétendre que nous les privons des moyens d'existence, des matières fon- damentales sans lesquelsils ne peuventsubsister. Les marchandages auxquels donnent déjà lieu les . questions du matériel roulant, du charbon, du minerai de fer, du tonnage, sontici impossibles: c'est le travail cérébral, c’est l'acquis, c’est l'avance technique actuelle de nos ennemis que nous leur enlèverons, — ce n’est pas leur droit à l'existence. Insistons encore sur ce point : /oules ces prises, tous ces prélèvements sont susceptibles d'une évaluation monétaire, et doivent, par suite, contribuer au paiement des indemnités de guerre. III, — Proyer D'ORGANISATION PRATIQUE Les opérations précédemment décrites com- prennent : l° Des récupérations immédiates, en nature, destinées à remplacer le matériel, Les objets volés DOIT EXIGER DE LA SCIENCE ET DE L’INDUSTRIE ALLEMANDES 107 ou détruits par les Allemands en France et en Belgique ; 2° Des prélèvements sur le travail acquis alle- mand, et devant concourir au paiement de l'in- demnité de guerre. Constitution d'un Commissariat général; ses attributions. — L'accord étant déjà fait entre les Gouvernements alliés sur la première partie de ce programme, qui estla plus urgente au point de vue de notre relèvement national, celle-ci peut être réalisée dès maintenant par uu organisme, technique fonctionnant sur les bases suivantes. - Le même organisme, comprenant les mêmes . techniciens, opérant suivant les mêmes métho- des, permettra d'exécuter la deuxième partie du programme, dès que les accords interalliés _ aurontfixé le montant de l’indemnitéà percevoir sur le capital travail acquis allemand, et son mode de répartition. IT est indispensable que cet organisme soit uni- que, non seulement pour éviter la dispersion des efforts, mais aussi et.surtout pour éviter que l'Etat ne soit privé d’une partie du bénéfice qu’il doit retirer des licences obligatoires, ce qui ne manquerait pas de se produire si l’objet de celles-ci était successivement étudié par diverses - missions ne présentant pas toutes le même carac- _ tère officiel. [1 semble qu'un Commissariat géné- ral à forme technique remplisse parfaitement les conditions nécessaires, indispensables; seul, il aura l'autonomie, l'autorité et l’unité indispen- sables pour mener à bien un tel programme qui comprendra les opérations suivantes : A. — Grouper, à l'exclusion de tout autre organe ou service, et à l'aide d’un personnel tech- nique compétent, les informations suivantes : 10 Desiderata de l'Etat, des industriels, des techni- ciens, etc, dont les installations ont eu à souffrir ma- tériellement de l’état de guerre en priant ceux-ci de faire connaître, si possible, le ou les établissements . allemands susceptibles de fournir les objets de rempla- cement ; - 29 Lacunes de tous ordres qui pourraient être com- blées par des prélèvements immédiats en Allemagne, de manière à nous permettre de prendre part à la lutte économique sans désavantage initial (avec indicalion d'origine); 3° Dresser d'aprés ces renseignements : a) la première liste des établissements allemands à mettre à contribution ; b) la liste des opérations à exécuter dans ceux-ci. L'ensemble de ce travail peut être exécute dans ‘un délai très bref. B. — Dresser simultanément la liste des techniciens qui seront à même de procéder aux opérations ci-dessus (physiciens, chimistes, in- _ génieurs, commerçants, avec le personnel subal- _ terne nécessaire : mécaniciens, dessinateurs, etc...). Ceux-ci seront répartis en missions qui auront un caractère à la fois technique et mili- taire, et devront connaître, si possible, la langue allemande et les régions qu'ils auront à parcou- rir. Ces missions seront responsables dela bonne exécution des opérations, et auront toute l’ini- tiative pour effectuer celles-ci : en particulier, elles auront sous leur autorité immédiate les détachements d'occupation placés dans les usi- nes et établissements qu’elles visiteront. C. — Réaliser d’accord avec le ministère de la Guerre et le G. Q. G. les opérations suivantes : 1° Faire occuper dans le plus bref délai les usines, les laboratoires, instituts et oflices de documentation techniques allemands, etc.., afin d'éviter la disparition de la matière imposable. — A partir de ce moment, les dits établissements devront être soumis à une surveil- lance technique et militaire des plus striétes ; 2° Faire dresser parles missions indiquées ci-dessus, et opérant de préférence par spécialité, l'inventaire du matériel, des produits, procédés, documents, etc.…., susceptibles d’être récupérés ou prélevés. Ces opérations seront effectuées dans un ordre d'importance et d'urgence nettement défini, et avec le concours éventuel des détachements militaires d'occupation des Etablisse- ments; : 3° Après réquisition régulière des prélèvements par le Gouvernement allemand !, faire expédier ceux-ci dans le plus bref délai possible, par le soin d'agents compta- bles responsables, sur lés centres d'évaluation et de répartition désignés ci-dessus. D. — Evaluer et distribuer les prélèvements effectués qui pourront être groupés en trois caté- gories : 1° Brevèts, licences, procédés, documentation indus- trielle et commerciale, etc... Ces prélèvements seront de préférence repartis par l'Etat, soit directement dans ses services, soit sous forme de concessions ou de licences aux particuliers ; 2° Matériel de remplacement, et matériel de perfec- tionnement. Ces deux catégories de matériel pourraient être remises aux bénéficiaires ou aux acheteurs par l'intermédiaire d’un Oflice général de répartitions pos- sédant, pour la France, un certain nombre de sucecur- sales, On pourrait adopter pour son fonctionnement une organisation analogue à celle de la Croix-Rouge Améri- caine:; on pourrait également, pour réaliser ces opéra- tions dans le minimum de temps, concevoir la forma- tion d’une société fermière à prix de vente et à bénélice définis et limités. Dans le cas spécial desproduitsde laboratoire, instruments, bibliothèques, documentation scientifique, un organisme comme celui que l'Association interalliée des Sociétés chimiques va fonder à Bruxelles serait tout indiqué pour en assurer la æépartition entre les Instituts et Etablissements interalliés ?. IV. — ProposiTions 1° Poser en principe que le capital travail acquis, les brevets, les procédés de fabrication, 1. Voir plus haut. 2. En même temps, cet office pourrait établir, en toute 1n- dépendance, le catalogue général des fournitures et produits de laboratoire fubriqués chez les Alliés, de manière à réser- ver à ceux-ci tout le bénéhce d'un marché intéressant. 108 J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION la documentation de toute/nature des Empires centraux sont matières imposables au même titre que les produits naturels du sol et ceux de l’in- dustrie. Les prélèvements effectués sur ce capital seront évalués et entreront dansle paiement des indem- nités. 20 immédiatement un Commissariat général ayant les attributions suivantes : a) Prélever dès à présent les instruments, ma- chines, matières premières, etc..…., nécessaires pour remplacer les objets similaires détruits ou volés et assurer la reprise de la vie économique; Créer b) Dresser la liste des contributions spéciales à imposer au capital travail acquis de nos enne- mis et portant sur : Les brevets et procédés de fabrication: Le matériel perfectionné ; La documentation technique, agricole, com- merciale et scientifique; c) Réaliser ces prélèvements au moyen de Mis- sions ayant un caractère technique et militaire; d) En assurer l'évaluation et la répartition après entente entre les Alliés. 3° Suspendre l'effet de tous les brevets pris par les Allemands depuis 1914, afin d'accueillir toutes les revendications possibles des industriels de Belgique et du Nord de la France dont les mé- thodes et appareils nouveaux ont été volés pen- dant l’occupation. 4° Faire tomber dans le domaine public tous les brevets allemands utilisés chez les Alliés de- puis le début de la guerre dans l'intérêt de la Défense Nationale. XXX. LES MÉTHODES DE SÉLECTION APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES ETAT ACTUEL DE LA QUESTION ME DEUXIÈME PARTIE! VII. — SupÉRIORITÉ DE LA MÉTHODE D'AMÉLIORATION DES SEMENCES PAR PÉDIGRÉES SUR LA MÉTHODE ANCIENNE DES MÉLANGES Nous avons déjà montré, au cours de cet exposé, comment et pourquoi cette supériorité existe; nous n'avons plus qu'à en rassembler et résumer les éléments. Grâce aux pédigrées, on peut obtenir en un an ou deux une semence qui présente une w/néliora- tion certaine et définitive. La méthode usuelle de sélection donne, il est vrai, chaque année des semencessélectionnées, mais l'amélioration n’est pas certaine, nous avons dit pourquoi; de plus, elle n’est pas définitive, puisqu'il faut chaque année recommencer l'opération de sélection. Les pédigrées restent pures et ne demandent plus aucune sélection. La seule sélection est celle opérée une fois pour toutes au début de l’opéra- tion, à la fin de la première année, lorsque l’on choisit entre les lignées mises en observation. Les sortes pures présentent encore, sûr les variétés culturales qui sont des mélanges de plu- sieurs types distincts, les avantages importants "à 2 1. Voir la première partie dans la Rev. gén. des Sc. du 15 février 1919, t. XXX, p.79, et suiv. suivants, que nous énumérons d'après M. Bœuf : «Une culture pure présente une remarquable uniformité de végétation : la levée, l’épiage, la maturité ont lieu avec la plus grande régularité: les tiges sont de la même hauteur, ce qui donne à la récolte le plus bel aspect et lui assure un rendementélevé; les grains sont de même forme, de même couleur et cette uniformité constitue une excellente qualité au point de vue de, leur - vente, » «Un type unique possède des exigences bien définies sous le rapport du sol, des engrais, du climat, ce qui permet de réaliser très complète- ment les meilleures conditions de son dévelop- … pement, de placer chaque variété dans le milieu qui lui convient le mieux, de doter ainsi chaque © localité des sortes de céréales qui peuvent y don- ner les meilleurs résultats.» À propos de la simultanéité des diverses pha- ses végétatives entre tous les individus d’une même lignée végétant côte à côte, M. Costantin rapporte le fait suivant caractéristique : Un américain, M. Fairchild (1902), visitant Svalüf, « vit.une variété de blé, non encore en vente, qui présentait une vigueur et une régula- rité de croissance si frappantes que de loin on apercevait sur le champ, de 5 à 6 ares d’étendue, deux bandes d'un vert foncé qui donnaient l’im- pression d’une culture qui aurait été, peinte; l'examen de près montrait que ce résultat était dû à la teinte vert foncé des entre-nœuds, carles nœuds étaient rigoureusement à la même hau- teur, tant la simultanéité de développement avait été parfaite ». Cette méthode puise d’abord ses éléments, ses lignées, dans les « variétés de pays ». Celles-ci « sont des plantes où prédomine un type parti- culièrement adapté à une région spéciale, vivant en harmonie avec un ensemble de conditions cli- matériques déterminées ». Mais si ces variétés constituent le premier matériel à expérimenter, elles ne sont pas le seul qu'il y aitlieu d'essayer. On peut en effet trouver encore parmi des semen- ces venant de l'étranger, et qui essayées en mé- lange pourraient ne donner que des résultats défavorables, des lignées capables de constituer d’excellentes variétés. VIIL.— AVANTAGES DE LA MÉTHODE DES CULTURES PÉDIGRÉES AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE, INDUSTRIEL ET AGRICOLE Au point de vue industriel, il est facile de con- cevoir les grands avantages que présente l’em- ploi des sortes pures. Ces avantages résultent de la constance des caractères entrainant l'unifor- mité des produits. La récolte va aux minotiers, aux boulangers, aux brassedrs, aux industries de l’alcoo!. L'idéal serait de leur fournir un produit constant sus- ceptible de garantie à la vente, par exemple un blé de teneur constante en amidon ou en gluten, une orge dont tous les grains lèvent dansle même temps pour le maltage. Les races pures donnent des produits homogènes lorsqu'elles provien- nent de cultures de même solet climat; les mé- langes, au contraire, donnent un produit hétéro- gène très éloigné de cetidéal. Le sélectionneur doit connaître les caractères avantageux d’un blé, suivant sa destination spé- ciale. S'il s’agit de blé à panification, par exem- ple, il doit se rendre compte que l’aptitude spé- ciale dépend du gluten etde la teneuren cendres. L'analyse chimique du gluten n’a pu fournir jusqu'ici de bases d'appréciation, tandis que l’étxde de ses propriétés physiques donne des renseignements importants (Caron-Eldingen, 1917) : un gluten à la fois tenace, élastiqueet sec, est bien panifiable, tandis qu’un gluten tendre, très extensible et humide, caractérise les farines panifiant mal. Quant au taux de cendres de la farine, plus il est élevé, moins celle-ci est pani- fiable. L’aptitude à la panification est manifestée APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES 109 et peut être mesurée par le volume du pain après cuisson. Le sélectionneur doit tenir compte des carac- tères susdits et s'appliquer à rechercher quels caractères morphologiques peuvent être en cor- rélation avec la teneur en gluten, afinde pouvoir guider facilement ses expériences. « Le problème de la production économique des blés à haute valeur boulangère, qui provoque de gigantesques travaux au Canada, aux Etats- Unis, en Angleterre et aux Indes anglaises, est à peine connu chez nous. Cependant nos mino- tiers paient cinq fois leur valeur des blés améri- cains dont le marché n’est pastoujours pourvu; une faible quantité de ces blés permet d’amélio- rer, par des mélanges convenables, les farines de pur amidon des blés de printemps, les plus répandus actuellement en France» (Blaringhem 1913). Les industriels apprécieront de plus en plus les produits homogènes résultant des cultures de lignées pures. En France, c'est la corporation éclairée des Brasseurs qui a pris les devants. Sous l'inspiration de M. Kreiss, Président de la Société d'encouragement de la culture des Orges de France, de M. le Professeur Petit, de la Fa- culté des Sciences de Nancy, Directeur de l'Ecole. de Brasserie, la méthode des pédigrées appli- quée aux Orges fut essayée en France. Cette étude fut confiée à un botaniste, M. Blaringhem, qui fit au préalable le pèlerinage de Svalôf, en Suède. Ce ne fût pas le moindre résultat de sa mission que de faire connaître en France les méthodes de cette station modèle. Si la semence est longue à germer chez nous, inévitablement elle.arrivera à porterses fruits. Déjà les minotiers de Marseille créaient, en 1913, dans cette ville, un « Laboratoire d’étude des céréales et des plan- tes féculentes », sous l'initiative du président du Syndicat des Minotiers, M. L. Arnaud, et de M.H. Jumelle, Professeur à la Faculté des Sciences. Le programme de ce Laboratoire est avant tout de mettre en œuvre les méthodes vulgarisées à la Station de Svalôf: Un obstacle au progrès résulte du régime du prix unique, ainsi que le fait remarquer M. Bla- ringhem : le grain se vend au poids, abstraction faite des qualités spéciales du produit. On cher- che donc simplement à atténuer les défauts tels que la verse ou la rouille qui pourraient dimi- nuer ce rendement en poids, on cherche à obtenir des variétés à épis serrés, à chaume raide, capa- ble de supporter sans verser les fumures azotées que réclame une culture intensive, mais on nese préoceupe pas autrement des caractères spéciaux répondant aux besoins de telle ou telle industrie. ue ÉPÉ 2 LR ES 110 J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION À 4 7) + r, Ca, | MD CE FA ; ERA nr RnÈ net) Ne” AE La 1e Ce régime du prix unique ne saurait durer et nos agriculteurs ne pourront résister à la tentation d'utiliser les meilleures semences obtenues dans un but spécial, pour avoir les plus belles récoltes et toucher les plus fortes primes. Abstraction faite d’une utilisation spéciale, il y a tout intérêt pour l’agriculteur à se servir des meilleures semences, soit celles que de laborieu- ses recherches ont mises en évidence pour des régions données dans la plupart des grands pays agricoles. Il ya, en effet, pour lui plus à gagner du fait del’accroissement du rendementet moins à perdre du fait de l’atténuation des maladies. C'est ce que l'on peut établir à l’aide de quelques exemples et de quelques chiffres. Dans la culture en grand, l'élévation de ren- dement se traduit par un taux qui, pour n'être pas aussi élevé que dansles champs d'expérience, est néanmoins extrêmement frappant. Prenons d'abord l'exemple de la Suède, pays initiateur de ces recherches; voiei les chiffres que cite M. Hjalmar Nilsson, Directeur de la Station . de Svalof. En Scanie (Suède méridionale), où se fait le plus directement sentir l'influence de la célèbre station, la production s’est accrue, de 1889 à 1913, de 200 à 300 %. Plus au nord, où le _ pays est sous la dépendance des succursales, l'augmentation de rendement est de 100 % dans le Gôtaland etle Värmland et, enfin, de 25 à 30 % dans le Svealand. Pour donner uneïdée des résul- tats financiers dus à la propagation des types sélectionnés, N. H. Nilsson mentionne les faits suivants : dans la seule province de Malmôhus, les sortes de blé Pansar et Fylgia, en augmen- tant le rendement de 7 à 8 %, ont procuré un surplus de gain évalué à un million de couron- nes (1.389.000 francs au pair), tandis que l’avoine Klock III, qui produit 12 % de plus que Klock I], a donnéun excédent de bénéfices atteignantpres- que 4 millions de couronnes (5.556.000 francs), les frais de production restant absolument les mêmes. Ce revenu supplémentaire annuel de près de 7.000.000 de francs pour une province d'assez faible étendue est suffisamment éloquent et les cultivateurs suédois ne doivent pas regretter l’aide financière que l'Etat apporte aux Stations : d'études des Céréales. Prenons d’autres exemples aux Etats-Unis : En 1902, la Station expérimentale du Nebraska entreprend l’amélioration systématique du Blé rouge de Turquie, cette variété s'étant montrée particulièrement résistante aux hivers froids et secs de la région. On adopta la méthode de « sélection d’un seul épi ». En 1910-1911, le ren- dement du blé rouge de Turquie local est de 2,413 quintaux par hectare, celui du blé amé- lioré est de 2,854 quintaux, soit une augmenta- tion de 0,441 quintal par hectare. Cette amé- lioration s’est continuée depuis. Au Minnesota, la méthode pédigrée a permis à W. M. Hays de substituer aux Blés Fife et Blue Stem leurs dérivés Minnesota n° 163 et Minnesota n° 169 et d’élever ainsi le rendement moyen à l’acre! de 1 1/2 bushels?, ce qui se tra- duit par une augmentation annuelle de récolte évaluée à un million de dollars pour le Minnesota seulement. On pourrait multiplier les exem- ples. Voyons maintenant quel profit par « moins à perdre » l’agriculture peut retirer de l'emploi de la méthode pédigrée comme moyen de lutte contre les maladies et tout particulièrement les rouilles, le plus grand fléau des céréales. Comme on l’a dit excellemment : « nous récoltons ce que les parasites nous laissent ». L'éminent phyto- pathologiste Massee évalue à 4 ou 5 milliards de francs les pertes qui résultent annuellement pour les grands pays agricoles des principales épiphyties. Il appartient à l'initiative éclairée de l'homme de ne pas se laisser faire. On a évalué les pertes subies du chef des rouilles des céréales à 15 millions en Angleterre, en 1881; à 24 millions en Australie, en 1886; à plus de 50 millions dans le même pays en 1889, si bien qu’une conférence fût organisée cette même année à Melbourne, consacrée entière- ment à la rouille du froment, etelle se continua les années suivantes. La Suède, qui n'avait pas perdu moins de 20 millions en 1889, prit, en 1890, l'initiative d’une vasteenquête scientifique sur le fléau et offrit pour cela une somme de 10.000 couronnes à l'Académie royale d’Agricul- ture de Stockholm. J. Eriksson fut chargé de la diriger. Elle a produit des travaux célèbres et fait faire un pas énorme à nos connaissances des rouilles des Céréales®. C’est en Suède même que la Station de Svalôf a mis au premier rang de ses recherchesl’obtention de lignées pures ré- sistantes aux rouilles; nous avons dit ailleurs que la sorte Pansar, par exemple, unit la grande productivité à une immunité presque complète vis-à-vis de cette maladie. Une enquête faite en Allemagne, il y a quel- ques années, a montré que les dégâts s’éva- luaient à plus de 400 millions de marks par an. Aux Etats-Unis, d'après le Yearbook of the Department of Agriculture (1917), il se présente 1. Unacre équivaut à 0,40469 hectare. 2, Un bushel de froment (Etats-Unis) représente 0,27216 quintal. 3. Voir duns cette Revue : 15 fév. 1912, pp. 106-119, notre article sur l'État actuel de la question de la propagation des rouilles. | : _ des blés de printemps, APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES 4 112 rarement une année où les pertes causées par la rouille noire ou rouille de la tige {Puecinia gra- minis), qui est la principale rouille de ce pays, ne se cotent pas en millions de bushels!'. Dans les années d’épidémie comme 1916, les pertes peuvent constituer un désastre. La dite année, la récolte des Etats produisant se montant, en période normale, à 160 millions de bushels, fût annihilée. . Aussi bien, des études sont-elles en cours à la Station expérimentale d'Iowa afin de trouver des variétés résistantes à la rouille : pour le blé, à la rouille noire; pour l’avoine à la rouille couron- née; nous en avons rendu compte ci-dessus. En somme, la méthode pédigrée, le seul moyen … qui nous permette de lutter contre les rouilles, L doit augmenter les revenus de l’agriculture dans des proportions formidables, ainsiquele démon- _trent les résultats déjà acquis. Ilne faut pas ou- blier que lorsqu'il s'agit de plantes de grande culture, et la culture des céréales s’étend au monde entier, la moindre plus-value due à un perfectionnement se multiplie par un coefficient énorme. IX. Historique : LES ANCIENS SÉLECTIONNEURS.— LA SUEDE ET LA STATION DE SVALOF. — LES AUTRES PAYS. — LA FRANCE; NÉCESSITÉ D'UNE ORGANISA- TION SYSTÉMATIQUE DES TRAVAUX DE SÉLECTION DANS NOTRE PAYS. Sans revenir sur les travaux des sélectionneurs _ anciens, tels que Lecouteur, Louis et Henri Lévêque de Vilmorin, Schribaux, Gatellier, etc., pour ne citer qur ceux de notre pays, nous n’en- visagerons cet historique que du moment où la Station de Svalof, en Suède, est arrivée à consti- tuer un corps de doctrine basé sur une vaste expé- rimentation et à donner à la sélection un essor qui s’est étendu au monde entier. Ainsi que nous l'avons dit, ces travaux récents ont abouti à dé- montrer la profonde imperfection de la méthode de sélection par mélange et la supériorité de la méthode des lignées pures (pédigrée) combinée ou non à l'hybridation. L'origine de la Station de Svalof est une so- ciété locale fondée en 1886 pour l'amélioration des semences. Elle agrandit bientôt son cadre -et prit le nom de Société d'amélioration des plan- tes agricoles de Suède (« Sveriges Utsädes- {orening »). Le but était la purification des semen- ceset la recherche de variétés nouvelles. L’inten- tion des fondateurs était bien de tirer partie commercialement des travaux effectués, mais ils comprirent que les botanistes qu'ils s'étaient 1. Voir note précédente sur la valeur du bushel. adjoïnts, seuls capables de diriger la genèse des formes nouvelles, ne devaient pas être distraits de leur tâche scientifique par des soins d’ordre commercial. Leur service fut disjoint de celui de la vente et l'association scientifique eut son autonomie assurée. Les débuts furent modestes, mais bientôt, avec les résultats acquis, les encouragements arri- vèrent de l’État, des agronomes et des particu- lens Aux subventions qu'ils allouërent, s’ajoutèrent les profits sans cesse croissants de la vente des semences; si bien qu’en 1912 de la Station s'élevait à 150.000 fr., pour la part de l'Etat. L'organisation matériellecomporte 5 bâtiments etun musée très remarquable. Lastation possède 16 hectares de terrain, dont 10 affectés aux cultu- res spéciales et parcelles de multiplication. Elle utilise, de plus, la grande propriété voisine, soit 600 hectares de terres de qualité supérieure où sont exécutés la plupart des travaux en pleins champs. De grandes cultures subséquentes sont faites chez d’autres propriétaires dans les diffé- dont 56.000 fr. rentes provinces et soumisesàl’inspection d’ex- perts spéciaux. D'ailleurs, la nécessité fut bientôt reconnue d'établir des filiales afin d'obtenir des types de plus en plus adaptés aux conditions agrogéologi- que et météorologiquesdes différentes provinces. C’est ainsi qu'après Svalof, dont les résultats valent surtout pour la Suède méridionale, furent fondées : Ostergotland, en 1894, dans la Suède centraleet, plus récemment, Lulea, dansla Suède septentrionale, le « Norrland », près du cercle polaire (surtout pour les plantes fourragères). D'autres stations sont en projet. La Station possède un périodique spécial, depuis 1891 : Sveriges Utsades forenings Tidskrift, recueil indispensable à toute personne s’occu- pant de recherches de sélection et dont l'essen- tiel est accessible à tous grâce aux comptes ren- dus développés que donne le Bulletin de l' Institut international d'Agriculture de Rome. Il y a deux périodes dans l'histoire des tra- vaux-de la station : La première s'étend de 1886 à 1890 et corres- pond à la direction de l'ingénieur agronome Bruin de Neergard ; la deuxième va de 1890 à l’époque actuelle, M. Hjalmar Nilsson étant de- venu directeur de la Station. Neergard reconnait dans les «grandes espèces » de « petites espèces» jusque là méconnues. Il ar- rive à ce résultat grâce à une grande précision dans l'appréciation des caractères. Il remplace le budget annuel 112 J. BEAUVERIE. — LES MÉTHODES DE SÉLECTION RSR Que jf NU CARRE ©, À 7 SE RE, DIR NIGER ra DURE DOME TIR ER OCTO PS MR FRS l'évaluation approximative des qualités par des valeursnumériques de poids, de mesure, de nom- bre, de grandeur, etc. et invente pour cela une série d'instruments Spéciaux. Les types anciennement connustels que le Blé Squarehead, l’'Orge Chevalier furent améliorés. Mais H. Nilsson démontra que ces petites espèces étaientencore des mélanges de « sortes » nombreuses et que les « élites » obtenues retom- baient au bout d’un an ou deux dans l’état de mélange de sortes d’origine. Les meilleures sortes, et avant tout constantes, que réclament les agriculteurs, ne pouvaient donc être obtenues de cette manière. Il fallait chercher une autre méthode sur des bases scientifiques plus sûres. « Telle était la situation désespérée au com- mencement de 1891 », écrit M. H. Nilsson. Grâce à la culture séparée, partant d’un seul épi (culture pédigrée), très facile à contrôler, il réussit à trou- ver ces formes constantes et seulement très ra- rement en ségrégation à la suite decroisements anormaux. Aussi, tandis qu'on était auparavant incapable de produire aucune sorte réellement constante, il était devenu possible d'obtenir un nombre in- détermine de sortes stables etpropresàla culture. De plus, ainsi que nous l’avons exposé, l’obser- vation des mutations et la pratique de l’hybri- dation permettaient d'obtenir en nombre presque indéfini des formes nouvelles. L'Institut de Sva- lof revendique d’avoir ouvert la voie aux travaux modernes sur l’hybridation : Avant que les théo- ries de Mendel, renouvelées par de Vries, Correns, Tschermak, eussent donné Îleur impulsion féconde aux travaux d'amélioration des plantes cultivées par sélection et hybridation — dit H.Nilsson —Nilsson Ehleavaitdéjà implicitement admis, dans ses travaux d’hybridation à Svalof, l'existence d'unités héréditaires se transmettant intégralement et indépendamment les unes des autres, etil avait appliqué dans ses expériences de sélection par lignées pures, des 1900, les mé- thodes etles conceptions préconisées parJohann- sen. La méthode des croisements n’est d’ailleurs qu'un supplément à celle des pédigrées et non un substitut, le pédigrée donnant un matériel pur,constantet bien connu, constituant une base nécessaire de l'opération ultérieure d’hybrida- tion, D'ailleurs, la sélection entre les produits de l’hybridation se confond complètement avec les vieilles méthodes de travail de Svalof. Une descaractéristiques qui esten même temps une des forces de l’organisation de Svalof, c'est l'extrême spécialisation des travailleurs, chacun d’eux ne s’occupant, le plus souvent, que d’une seule espèce. Nous avons dit déjà quels résultats pratiques et quelles plus valuesles travaux de l’Institut ont apportés à l’agriculture suédoise.-Rappelons les principales variétés obtenues: Fylgia, Pansar, Extra-Squarehead WI, très supérieures aux va- riétés indigènes antérieurement cultivées. La Compagnie commerciale suédoise s’est chargée de prendre soin des nouvelles sortes et de les mettre en vente. Etablies pour un climat septentrional, lessor- tes de Svalôf ne sauraientnaturellement recevoir qu'une application fort restreinte dans les pays de climat différent. Par contre, elles sont utili- sées à des degrés divers en Russie(orge Jaunchen, avoine Culdgren), en Danemark, en Allemagne; en Hollande et récemment en Angleterre. En France, on a introduit certaines Orges et Avoi- nes. Au Canada etaux Etats-Unis, plusieurssortes sont employées, chacune dans des aires bien circonscrites. Mais: il est juste d'ajouter que dans tout le monde civilisé on s’est mis à re- chercher directement les sortes qui conviennent le mieux aux circonstances locales. En somme,conclut le Prof. H. Nilsson, «c'est dans son organisation libre, dans son programme bien approprié, dans le contact intime avec l’a- griculture pratique et.ses hommes, aussi bien que dans l’emploi des meilleures méthodes et ressources de la science, qu’on doit chercher l'explication du fait qu'une humble installation. provinciale de la pauvre Suède, au climat peu favorable, ait été en état de contribuer à la réor- ganisation etau développement de l’amélioration des plantes cultivées avec l'ampleur attestée par les résultats de ses travaux dans le dernier quart de siècle. Une autre cause de son succes, c’est sans doute son organisation entièrement agri- cole ». Svalôf est devenu un centre d'attraction pour les agriculteurs ou agronomes du monde entier, qui sont allés visiter ses installations et s'initier à ses méthodes. Le français Blaringhem y. a fait une fructueuse mission. ; Dans la plupart des grands pays agricoles, on s’est mis à rechercher des sortes de céréales convenant aux circonstances locales en suivant les méthodes de Svalôf. Le Danemark et l’Alle- magne, que leur proximité favorisaient, se sont avancés les premiers dans cette voie. C'est au prof. danois Johannsen, autant qu’à Svalôf, que l’on doitla démonstration de la cons- tance du type de chaque lignée. Les stations danoises de Tystofte, d'Abed, etc, appliquant depuis 1899-1900 la méthode des pédigrées, ont doté leur pays des sortes Wi/helmina, Petit Blé, Blé inversable et Blé à gros épis qui ont pu atteindre un rendement de 40 à 44 q. à l’hectare. Le Danemark est d'ailleurs le pays du monde quiatleint le plusfort rendement moyen du du blé à l’hectare, soit 27,8 quintaux. En Irlande, dès 1901, des expériences sont commencées à Corket à Tipperary sur les orges, qui s'étendront bientôt à tous les comtés. L'Angleterre est le pays de la « Génétique ». L'Ecole d'Agriculture de l’Université de Cam- bridge est le grand centre des recherches sur l’hy- bridation; le Prof. Biffen et ses élèves ont entre- pris des recherches très connues sur l’hybrida- tion des céréales. L'Etat reconnut bientôt les résultats acquis par l’encouragement de subven- tions. L'Institut le mieux organisé pour l'étude de la Génétique est l'Institut d’Horticulture … Johns Innes, à Morton près de Londres. Créé en 1909, son premier directeur fut le Prof. Bateson. Le but de l'Institution était d'éclairer et définir les principes de l'hérédité, au sens le plus large, indépendamment de toute considération d’uti- lité économique directe. Une chaire de Génétique a été créée à l'Uni- versité d'Edimbourg. Des élèves de Cambridge, répartis dans le monde entier, ont appliqué les données acquises à des recherches de sortes meilleures, en Egypte (cotonnier), dans l'Inde (céréales), etc. Rite En Italie, les divers instituts agricoles se sont occupés de la sélection des céréales. Citons les travaux du Prof. N. Strampelli, Directeur de la Station expérimentale de Rieti, fondée en 1903; ilest arrivé, en combinant la méthode pédigrée et l’hybridation, à obtenir aux dépens du « blé de Rieti », depuis longtemps connu parsa résistance aux rouilles, mais de rendement assez faible, un . blé qui a surpassé toutes les autres sortes du pays quant au rendement (20 à 34, 49 qx à l'ha) et à la résistance à la verse, aux rouilles et aux autres cryptogames. Cette sorte a reçu le nom de « Carlotta Strampelli ». La Hongrie paraît s’être sérieusementpréoccu- pée de la question de l'amélioration des céréales par les méthodes récentes. Le Blé hongrois ne suffit point aux exigences de la Hongrie, à cause de son faible rendement, de sa prédis- position aux rouilles et à la verse. Si par des sélections rigoureuses, fait remarquer Grabner, on arrivait à augmenter de 4 à 2 qx le rendement moyen à l’'ha pour toute la Hongrie (rende- ments actuels : 10,42 qx à 12,15 qx à l’ha), les ‘3.707.784 ha de blé du pays donneraient un un surplus de produit de 3.707.784 à 7.415.568 qx, représentant une plus value de 77.863.464 à 155.726.928 fr. dans le revenu moyen du pays, en ne comptant que 21,10 fr. le quintal. Ces consi- APPLIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES 113 dérations ont entrainé la fondation de l'«fnstitut royal Hongrois pour la sélection des plantes ». Son but est de coordonner les efforts isolés : 1° en prétant son assistance aux sélectionneurs par des indications professionnelles ; 2° en ré- organisant et développant les méthodes d’amé- lioration et en procédant lui-même à l’amélio- ration des plantes cultivées. Les premières ex- périences furent faites en 1905 à Magyarovar, où l’Institut fut installé en 1909. Les frais de cons- truction et d'achat de terrain s'élèvent à 336.000 fr. et ceux d'installation à 84.000 fr. Les bâtiments comportentdes serres et sontentourés d’un jardin de culture de 3/4 d’ha; à quelques mi- nutes de la ville, un terrain de 20 ha sert aux eul- tures des semences de l’fnstitut. Le personnel comprend : 1 chef, 4 assistants, 1 chimiste et 1 employé. L'Institutoffre gratuitement aux agri- culteurs la direction nécessaire et fait aux be- soins des essais locaux. Enfin, M. Grabner, di- recteur de l’Institut, a fait adopter en 1913, par le Ministère del'Agriculture hongrois, un projet de Registre officiel des plantes sélectionnées en Hongrie. Les Etats-Unis, avec leur organisation gran- diose de l'Agriculture, ont entrepris dans leurs stations expérimentales des Etats producteurs de céréales des recherches de sélection suivant les méthodes récentes. Beaucoup ont donné déja detrès importants résultats pratiques. Nousavons fait allusion à ceux obtenus dans l’iowa, le Min- nesota et le Nebraska. Au Canada, le D' Saunders à obtenu une sorte pure dite Blé Marquis qui supplante toutes Res autres dans ce pays pour la précocité. Sa pro- pagation en France, d’après M. J. de Vilmorin, serait très utile en raison de sa précocité et de son rendement. Si maintenant nous considérons ce qui a été fait en France pour l'application des méthodes nouvelles à la sélection, nous devons convenir que l’effort a été minime, bien que notre pays soit un des premiers producteurs de blé du monde. Et cependant la France fut la patrie de sélectionneurs renommés dont nous avons cité les noms; Louis de Vilmorin énoncçait, dès 1856, : le principe de la sélection généalogique, redé- couvert en somme à Svalôf en 1890, et lui-même etses descendants, tels que Philippe de Vilmorin, l'appliquèrent dans leur domaine de Verrières. Quoi qu'il en soit, ce genre de recherches n'a pas été systématiquement organisé chez nous, les rares efforts tentés sont restés isolés. Faute de moyens et de coordination, les résultats sont peu sensibles, sauf peut-être en ce qui concerne les orges de brasserie. F) L [EE 114 LATE Pauz OTLET. — LES ASSOCIATIONS INTERNATIONALES Nous avons dit plus haut l'initiative éclairée | lui-même, dirigerait ou conseillerait les spécia- des Brasseurs de France pour l’amélioration des orges, la mission féconde de M, Blaringhem à Svalôf, les timides essais pour l'amélioration des blés de meunerie en Limagne, la fondation du « Laboratoire d'étude des Céréales » à Marseille, — trop récente (1913) pour qu'on puisse appré- cier des résultats, — les essais fructueux de Verrières, les intéressantes cultures de M. Bœuf .à Tunis et d’autres à Alger. Si louables que soient ces efforts, ils sont trop isolés et res- treints. L’agronomie des Céréales semble être arrivée à un point à partir duquel elle puisse provresser surtout en suivant la voie de la sélec- tion telle que nous venons de la définir, c’est- à-dire l'exploitation des qualités héréditaires de la plante, trop méconnues jusqu’à ce jour, l’in- fluence dés conditions extérieures sur la plante ayant presque exclusivement retenu l'attention. C’est une voie nouvelle offerte pour réaliser l’aug- mentation du rendement et c'est la seule voie ouverte pour la lutte contre les maladies cryp- togamiques telles que les rouilles, lutte pour la laquelle nous étions jusqu'ici sans armes. 11 y aurait donc lieu, pensons-nous, de provo- quer et d'encourager des travaux dans ce sens dans notre pays. Pour cela, on pourrait faire mieux que de s'intéresser aux efforts individuels en créant tout au moins un Institut central pour la sélection des céréales; cet Institut opèrerait listes etpraticiens répartis dans toutes les régions agricoles du pays, ferait œuvre de vulgarisation et de propagande des méthodes dites nouvelles, tiendrait registre des meilleures sortes obtenues et pourrait se charger de leur distribution. La Suède, le Danemark, les Etats-Unis, l'Italie, la Hongrie, ete. ont fait plus que cela. Certes, ces Etats ne regrettent pas les sacrifices consentis, et, chez plusieurs, la plus-value du rendement agricole dépasse déjà toute attente. Les événementsont mis aujourd'hui enlumière d’une facon éclatante l'intérêt qu’il y a d’appli- quer sans retard et largement les données ac- quises de la Science à la production. Cette no- tion s'impose particulièrement en Agriculture. Pensons bien que, dans ce cas, le moindre per- fectionnement acquis se traduit par un bénéfice qui se multiplie dans d'énormes proportions et. vient immédiatement enrichir l'Etat tout entier; or la France cultive beaucoup de blé et tout le monde, vit de pain. L’opportunité d’insister sur ces faits est d’autant plus évidente que les sta- tistiques proclament avec trop de certitude que notre pays, dans son ensemble, occupe parmi les nations unrang humiliant au point de vue du rendement des terres. J. Beauverie, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. L LES ASSOCIATIONS INTERNATIONALES ET LA RECONSTITUTION DE L'APRÈS-GUERRE Le développement des relations entre les peuples a été un des traits caractéristiques de la civilisation contemporaine. Une fois créées, il a fallu régulariser ces relations et les organiser. Cette tâche a été en très grande partie celle des Associations internationales, qui sont devenues rapidement, chacune en son domaine, la plus haute représentation des intérêts universels et les organes centralisateurs du mouvement vers l'organisation. « Dans toutes les branches de la science et de l’activité pratique, il a été créé de telles associa- tions. Depuis 1840, date du premier congrès in- ternational, il s'est tenu environ 2.000 réunions internationales et lé nombre en a été sans cesse en croissant. En 1910 s’est assemblé un Congrès mondial des Associations internationales pour examiner des questions communes à elles toutes et opérer des rapprochements. Ce Congrès donna naissance à une Union permanente et tint uné nouvelle session en 1913. Deux cent vingt organismes in- ternationaux y ont adhéré. Vingt-deux Gouvernements avaient patronné ces congrès, parmi lesquels — fait digne de re- marque — ne figuraient ni l'Allemagne, ni l’'Au- triche, auxquelles n’avait pas plu l'allure de libre fédération donnée à tout le mouvement. Avec l'armistice, Fheure de la reconstitution a sonné et tous les éfforts libérés vont être ap- pelés à concourir à cette grande œuvre. Une tâche urgente s'impose dès lors aux Associations internationales : se donner une organisation conforme à l'orientation et aux besoins nou- veaux, établir entre elles plus de coordination et de coopération. , \ Pendant ces quatre années aussi, de nouvelles associations internationales ont été constituées qi ET LA RECONSTITUTION DE L'APRÈS-GUERRE f 115 ntre Alliés et plusieurs associations anciennes ont continué à travailler. Voici que déjà l'Asso- iation internatipnale des Académies a été ap- pelée à se transformer sans plus tarder. Une Conférence interalliée, préparée à Londres en octobre dernier, a été réûnie à Paris fin novem- bre 1918 pour statuer sur le programme de la ollaboration scientifique internationale !. Aux orgänisateurs de cette conférence, l'Union des ‘Associations internationales a adressé ces deux vYœuXx : T ; de que le plan général d'organisation embrasse les divers ordres de questions dont les travaux du Congrès mondial des Associations Interna- tionales ont démontré les corrélations étroites ; 20 que, dans toute organisation proposée en e de réaliser ce plan, des mesures soient “prévues pour assurer la coopération entre les organismes officiels et les organismes libres et mixtes. Pour appuyer ces vœux et préparer l’action … ultérieure, il ya utilité à rappeler sommaire- _ ment quelques données. C'est l’objet de cette . notice, basée sur les travaux publiés par l'Union. Ces travaux comprennent en premier lieu les Actes du Congrès mondial des Associations internationales. Ceux du Congrès de 1910 com prennent 1266 pages avec 60 rapports et ceux du Congrès de 1913, 1.600 pages avec 80 rapports. ans l'Annuaire de la Vie internationale paru en 909 et en 1911, des notices et monographies sont consacrées à chacune des 400 associations internationales. existantes, relatant leur histoire, leur programme, leurs travaux, les principales résolutions de leurs assemblées et congrès. Dans la revue Vie internationale, qui a paru en fasci- cules mensuels pendant les années 1912, 1913 et 4914 et qui comprend 3.600 pages, tous les faits de la vie internationale ont été rapportés au jour le jour et des études consacrées à chacun deses grands mouvements; elle a publié régulièrement un Calendrier des réunions et congrès interna- tionaux. Un Code systématique des résolutions et conclusions des Associations internationales en toutes matières a été commencé. C'est un tableau des desiderata, raisonnés ‘et discutés, formulé par les plus hautes compétences de tous les pays surtoutes les questions qui intéressent le progrès de la société. Une première partie de ce code a 1, Royal Society : Memorandum of the Comittee on inter- tional scientific organisations (may 1918) (15p.). — Royal Society : Preliminary report of inter-allied Conference on in- ternational scientific organisations, held at the Royal Society on october 9-41 1918 (4 p.). — Institut de France, Académie des Sciences : La Hitérénes interalliée des Académies scien- tiques à Londres, note de MM. Emile Picard et Alfred La- croix. Comples Rendus des séances de l'Académie des Sciences, t. CEXVII, p.566 (séance du 21 oct: 1918). paru dans les actes du Congrès mondial (140 pa- ges): I. — Opser DE L'UNION Le but assigné à l'Union des Associations in- ternationales est de réunir les Associations en yue de poursuivre l'organisation plus systéma- tique de la vie internationale dans toutes ses parties : vie matérielle, vie économique, vie intellectuelle, vie politique et juridique. Pour cela, il est nécessaire d'étendre et de coor- donner la coopération dans le domaine des sciences et des activités techniques ou sociales, de développer les associations existantes, d’har- moniser leurs programmes et leurs travaux, de constituer un centre international pour leurs services généraux, et un point d'appui pour leur action à travers le monde. Voici sur divers points les conclusions générales auxquelles ont abouti les travaux de l’Union. _ 1. Conditions des organismes internationaux. — L'association internationale est susceptible de progrès en vue d'accroître son activité et son rendement. Des études comparatives doivent être établies à ce sujet. Un des points les plus nécessaires est l'établissement d’une législation mondiale qui accorde aux-associations interna- tionales la reconnaissance, la liberté d’action etla personnification juridique avec droit de posséder un patrimoine: Semblable législation nécessite une définition de l'association interna- tionale. Les discussions à ce sujet ont mis en lu- mière les conditions essentielles suivantes, aux- quelles elle doit répondre: avoir un but d'intérêt publie, universel ou susceptible de le devenir; être ouverte aux éléments semblables, particu- liers ou collectivités de tous pays ayant le désir d'y entrer; n'avoir pas de but lucratif au sens usuel et juridique du mot; posséder une assem- blée délibérante à session périodique et une institution permanente, pouvoir exécutif qui fonctionne avec continuité. Il y a lieu de traiter d'une manière distincte les deux sortes d'associations internationales : les unes sont libres et constituées par l’union d'individus ou de groupes nationaux également libres: les autres sont officielles et formées par l'association des Etats eux-mêmes ou de leurs administrations, unis pour réaliser des objets d'intérêt commun. Un point est essentiel : les associations ne doivent pas se borner à l'affirmation statutaire d'un vaste objet social. Elles doivent prendre chacune en considération l’ensemble des inté- rêts dont elles ont la charge et veiller à ce que leurs travaux, leurs décisions et les services 116 Pau OTLET. — LES ASSOCIATIONS INTERNATIONALES qu'elles organisent répondent bien au dévelop- pement qu'on peut attendre d'elles, eu égard aux exemples donnés par les associations les mieux organisées. Elles ont à faire face à un ensemble de fonctions scientifiques et pratiques bien dé- finies, dont elles doivent assumer la responsabi- lité. Plusieurs rapportsont développé avec détails quelles associations nouvelles devaient être créées et quelles devaient être refondues. Ils ont proposé la création de divers instituts nouveaux. En vue d’accroître le rendement des organis- mes internationaux, il y a intérêt à voir périodi- quement leurs dirigeants s'informer les uns les autres des moyens qu'ils ont mis en œuvre pour surmonter les difficultés, en grande partie com- munes à tous, et pour mieux dégager les causes de certaines supériorités. Suivant les cas, divers types d’associations peuvent être préconisés : fédération d’associations nationales indépen- dantes, association générale et sections nationa- les, association centrale unique avec membres cooptés dans les différents pays, union interna- tionale traitant dans chaque pays avec un orga- nisme national acceptant d'agir comme sa divi- sion nationale. 2. Réglementation et législation internationales. — Les Associations internationales ont à s’occu- per de la réglementation de leur matière. Trois voies principales leur sont ouvertes : | a) Arrêter les règlements collectifs obligatoi- res pour toutes les associations affiliées et pour leurs membres, règlementcodifiantles coutumes et usages existants, ou tendant à provoquer l’éta- blissement de coutumes et usages nouveaux; b) Arrêter des contrats internationaux types, oucontrats normaux, destinés à régler les rela- tions entre particuliers ou groupes de divers pays et auxquels les intéressés aient la faculté ‘ de se référer dans leurs accords privés; c) Préparer les conventions internationales entre les Etats (enquête, réunion de matériaux, énoncés de base, rédaction d'avant-projets, dé- marchesauprès des Gouvernements, propagande auprès de l’opinion publique et des Parlements). 3. Systèmes d'unités. — Il y a lieu d’établirun système universel d'unités reliant en un seul ensemble homogène tous les systèmes particu- liers érigés internationalement en unités légales par des conventions ou des lois concordantes. Ce système doit avoir pour base la décimalisa- tion et le système métrique.lldoit être applicable dans les sciences comme dans l’industrie. Il doit comprendre notamment les unités de longueur, de masse, de force, de temps, les unités méca- niques, les unités de température, les unités électriques, les unités photographiques. Il doit ù s'étendre au calendrier, à l'heure, au méridien fondamental, à la monnaie. Une Commission centrale, formée de repré: sentants des associations internationales, doit” être chargée de fixer ce système en utilisant ce qui existe déjà dans cet ordre d’idées. Elle doit condenser les résultats de ses travaux en un « Code des Unités scientifiques et techniques, en le développant en unités fondamentales, déri- vées primaires et dérivées secondaires. Des tables de constantes numériques d'ordre chimique, physique et technologique doivent être publiées; elles sont en fait le résultat de l'application des mesures arrêtées aux données essentielles des sciences et de l’industrie, : 4. Nomenclature, terminologie, langue. — Le développement de l’organisation internationale, celui de la vie internationale elle-même ren- contrent un obstacle considérable dans la lan-. gue. Le problème est triple. Comment perfec- tionner le langage ? Comment EE ni scientifique : répandre la connaissance des langages usuels et” en régler l'usage international ? Comment in- troduire une langue auxiliaire internationale? Le langage scientifique doit comprendre pour chaque branche de savoir les termes ou nomen- clatures, les définitions, la classification systé-. matique, les notations ou symboles, les schémas et diagrammes. Le perfectionnement de ces élé- ments est nécessaire si l’on veut disposer de moyens d'expression susceptibles de traduire intégralement la variété et la complexité des données de la science moderne; le perfection- nement peut être demandé aux efforts de tous. Il y a donc lieu d'établir un système univer-. sel, à la fois interscientifique et international. Ce doit être l’œuvre de la coopération entre les. associations, tendant à relier, harmoniser, sim- plifier, généraliser, en un mot systématiser et coordonner ce'que d’aucunes ont déjà entrepris dans leur propre branche et ce que d’autres doi- . vent être invitées à entreprendre. 5. Documentation. — Les Congrès de l'Union des Associations Internationales ontlonguement, traité de la question de documentation. Ils l’ont envisagée sous sés multiples aspects. Voici com= ment ils ont conclu : Li Il y a lieu de former pour chaque branche de science et d'activité un système de publications, condensant l’ensemble des données fragmen- taires et individuelles, et tenues constamment à jour (traité exposant systématiquement les don- nées; encyclopédie alphabétique; périodiques concentrant les mémoires originaux et les infor- mations nouvelles; catalogue des objets de la science; tableaux des données fondamentales ; » J 1 ER Re vi ET LA RECONSTITUTION DE L'APRÈS-GUERRE 117 recueil d'actes et de pièces fondamentales ; his- . toire de la science ; annuaire exposant son orga- nisation); Il y a lieu de former, pour chaque branche, des collections documentaires : internationales (bibliothèques, musées et archives). — Chaque branche doit posséder aussi sa bibliographie » complète, rétrospective et courante, en particu- lier la science pure, la technique (industrie), la + médecine et la science sociale. Toutes les biblio- graphies particulières doivent être rattachées à | la Bibliographie générale (Répertoire Biblio- 4 graphique Universel). A cette fin, elles doivent se conformer à une méthode unitaire, en parti- | ticulier parl’application d'une classification uni- À taire (classification décimale) et d’un mode de kr publication facilitant l'édition continue, rapide . et en coopération (système de fiches condensées périodiquement en volume). La bibliographie doit être complétée par des résumés, publiés d'une manière distincte, mais - en connexion avec elle. Des mesures d'ensemble doivent réglèr les échanges internationaux et les prêts de biblio- thèque à bibliothèque. Pour réaliser un tel programme dont tous les _ éléments déjà ont été étudiés en détail, il faut . procéder à une refonte de ce qui existe. Une | Ünion pour la Documentation doit relier en une … organisation fédérative internationale les mul- tiples organisations et services déjà créés. Les _ grandes associations internationales ont à y in- _ tervenir chacune pour leur spécialité et aussi les grandes institutions nationales de divers pays (Açadémies, Bibliothèques, Universités, Sociétés savantes). Un Institut international de Bibliographie et de Documentation doit agir comme organe exécutif d’une telle Union. 6. Coordination et Coopération. — Les Associa- tions internationales ne peuvent se satisfaire d’une existence indépendante. Entre toutes les parties du savoir et de l’activité pratiqueily a trop de corrélations pour justifier une « compar- timentation » étanche. La science doit aider les applications et celle-ci fournit un aliment aux spéculations théoriques. Les unes et les autres ont à connaître les besoins sociaux et à contri- buer à un plus large développement de toute la sociélé. La coopération entre associations inter- nationales est donc nécessaire. La coopération peut porter soit sur l’objet même de l’activité des Associations (objet com- mun à plusieurs, mais envisagé à des points de vue divers; programme et plan d'ensemble), soit sur les méthodes {unification des instruments, des systèmes d'unités, des éléments unitaires des travaux), soit sur l'exécution (coopération de tra- vail impliquant répartition des tâches à accom- plir ou coopération financière pour assurer les . moyens de faire en une fois et au profit de tous ce qui dépasse les force isolées ou coûterait davantage). La seule coopération ne suffit pas, la courdi- nation est aussi nécessaire. Il ÿ a trop d'asso- ciations, manquent de moyens adéquats à leur objet, beaucoup de fonctions reconnues nécessaires manquent d'orbanés. Une refonte générale s’im- pose. Un rôle distinct doit être réservé aux associa- tions de.caractère officiel et aux associations li- bres, mais des relations permanentes doivent être établies entre lés unes et les autres. Les asso- ciations internationales doivent agir comme Con- seils supérieurs consultatifs des Unions admi- nistratives universelles et être représentées dans leur direction. Une procédure régulière doit être arrêtée qui leur permette de s’adresser directe- ment aux institutions internationales officielles et qui leur confie soit un droit de pétition [trans- mission de vœux), soit même le droit d'initiative pour certains projets. Une organisation générale à laquelle puissent se rattacher librement toutes les associations particulières est nécessaire. Elles doit avoir un siège fixe formant centre et travailler systéma- tiquement, incessamment à accroitre la coopé- ration et la coordination, comme aussi à éten- dre les collections et les travaux communs. C'est la tâche que doit assumer l’Union des Associa- tions internationales. 7. Centre international. — L'Union a créé à Bruxelles, avec le concours d’un grand nombre d'associations, un vaste Centre international. Ilcomprendles offices permanents de beaucoup deces associations et un ensemble de collections établies toutes en coopération : 4° la Biblio- thèque collective internationale, formée de la réunion de 68 Bibliothèques adhérentes ; 2° les Répertoires élaborés par la direction de l’Institut international de Bibliographie. Le Répertoire bibliographique universel comprend onze mil- lions de fiches classées par auteurs et par ma- tiéres; les Archives documentaires sont com- posées d'environ 10.000 dossiers et comprennent notamment 150.000 documents iconographiques; 3° le Musée international, développant ses sec- tions géographiques et ses sections comparées en 17 grandes salles. C’est une synthèse gra- phique des grands problèmes dont s'occupent les associations, une vue générale du monde et de son principal contenu. Tous ces services ont été installés dans des bâtiments mis à la disposition de l’Union par le Gouvernement belge. Immédiatement avant la guerre des mesures étaient prises pour y affecter un vaste édifice. Des rapports avaient aussi pré- conisé l’adjonction au Muséé de sections com- merciales, la création d’une Université interna- tionale et celle d’un Oflice international des Brevets. un trop grand nombre d’entre elles. 118 IL. — Avexir DE L'UNION La guerre est venue arrêter les travaux de l’Union. Depuis août 1914, la publication de la revue La Vie internationale a été suspendue. Le 3° Congrès mondial, qui devaitavoir lieu en 1915 aux Etat-Unis, n’a pas eu lieu. Cependant, toutes les collections du Centre international sont de- meurées intactes. Le Secrétariat général a con- tinué hors Belgique à rester en relation avec beaucoup d'associations affiliées à l'Union. Deux publications ont paru au cours de la guerre dans la collection des Publications de l’Union : « Les Problèmes internationaux et la Guerre » (n° 50) et « La Constitution mondiale de la Société des Na- tions » (n° 51). Elles n’ont engagé que la respon- sabilité de leur auteur, mais elles ont largement mis en œuvre les travaux des Congrès mondiaux et cherché à les mettre au point des circonstances présentes. Une partie y a été consacrée aux questions d'organisation scientifique d’après guerre.! L'Union maintenant va sortir de son inaction forcée. Un nouveau Congrès des Associations internationales va être convoqué à Bruxelles aussitôt que les circonstances le permettront. Il sera préparé par les représentants des Nations alliées. Son objet principal sera le problème de la reconstitution et l’aide qu'y peuvent appor- ter les organismes internationaux. Reprenantles travaux antérieurs de l'Union, le Congrès aura à les développer, à les compléter et avant tout à les mettre au point des besoins nouveaux. Les questions suivantes pourront s'inscrire à son programme, 1. Composition des Associations internationales. — Elle devra faire l’objet d’un nouvel examen. Par leur conduite dans cette guerre, les Empires Gentraux ont creusé un fossé entre eux et le reste du monde. La reprise des relations économiques et intellectuelles ne saurait done point ne pas être soumise à de sévères conditions. Il s’en suit que chaque association d’avant guerre va devoir procéder à un tel examen. Il serait éminemment désirable que des principes généraux de conduite pussent être adoptés. Déjà la Conférence inter- alliée des Académies scientifiques a commencé à en formuler quelques-uns, inspirés surtout des conditions propres à des corpsofliciels. Il faudra examiner aussi les conditions inhérentes aux associations libres. Le prochain Congrès de Bruxelles, organisé exclusivement par les délé- gations des nations alliéeset neutres amies, aura à statuer tout d’abord sur cette question. Il a été proposé que son ordre du jour prévoie la possi- bilité pour les associations adhérentes de réunir au même moment leurs comités directeurs et de 1. Pauz OrLer : Les Problèmes internationauæet la Guerre, 500 p. Paris, Rousseau, 1916, Paur Orrer: Constilution mondiale de la tions, 250 p. Paris, Crès, 1917, Société des Na- ‘ Pau OTLET.— LES ASSOCIATIONS INTERNATIONALES délibérer parallèlement au sujet de leur propre réorganisation. 2. Rapports entre les divers groupes de sciences. — Il y aura à envisager avec plus de précision. les rapports qui doivent exister entre les scien- ces pures, les techniques, les activités écono- miques, sociales, morales et, par suite, entre les grands groupes d'organismes qui s’en occupent. ! Les sciences pures établissent les lois générales de la Nature et de l'Homme; la téchnique en fait des applications aux machines, aux procédés, aux matières susceptibles de donner satisfaction aux besoins humains; les disciplines économi- ques établissentles conditions optima de la pro- duction et de la circulation; les sciences sociales sont appelées à définir les desiderata sociaux auxquels avant tout doivent répondre la techni- que et l’économique; les sciences morales dres- sent l’échelle des valeurs qui doivent déterminer la conduite, Une certaine hiérarchie s'impose si l’on adopte désormais le point de vue d’une civilisation harmonique. Les fins doivent avoir le pas sur les moyens; elles ont à inspirer large- ment l’ordre de priorité dans les programmes de recherches. D'autre part, à la proposition de l’Académie des Sciences de Washington de ratta- cherles Associations internationales de sciences pures à un Conseil international de recherches scientifiques devrait correspondre la proposition de créer aussi un lien organique distinct entre les Associations comprises dans les quatre autres groupes. 3. La Collaboration scientifique. — Le Congrès : devra préciser aussi la grande question de la collaboration scientifique. Il devra tendre à con- cilier dans une organisation fédérative appro- priée les nécessités de l'autonomie et de l’action individuelle d’une part, de l’action concentrée et coordonnée de l’autre. L'investigation, les Aca- démies viennent de le rappeler, doit demeurer principalement individuelle. Mais l'outillage de la recherche, la discussion des découvertes, leur conservation et leur utilisation, ont besoin d’être largement collectifs. Des Associations internatio: nales ou Unions sont nécessaires à cette fin, re- posant sur des organismes nationaux, et ceux-ci à leur tour sur des organismes régionaux et lo- caux. Pour chaque branche d'étude et d'activité, nous devons posséder l'organisme central res- ponsable de toutes les fonctions reconnues collectives, et qui donne lieu à programmes, méthodes, outillage, collections, publications, travaux à établir en commun. Dès lors, il s’agit de ne pas confondre la division du travail avec son éparpillement. A vingt associations aujour- d’hui distinctes et sans lien il va falloir en subs- tituer une qui sera divisée, s’il y a lieu, en sec- tions. L'économie sera considérable: Les Acadé- mies alliées ont proposé sur ces bases la création d’une Union astronomique et d’une Union géo- physique; elles ont conçu l'établissement dans chaque pays d’un Conseil national de recherches | agissant comme Conseil international auquel se- raient rattachées les susdites unions. C’est entrer résolument dans une voie féconde: Toutes les associations internationales ont à examiner à nouveau leur organisation en prenant en consi- dération de tels principes. 4. La Societé des Nations. — L'établissement - d’une Societé des Nations, qu'elle soit réalisée . en une ou plusieurs étapes, qu'elle prenne la - forme d'une société universelle ou d’une simple Ligue permanente des nations belligérantes, va placer les associations internationales en face d’une situation nouvelle, éminemment favorable. Il ne peut plus s’agir, en effet, d’une simple so- …. ciété diplomatique des nations, mais aussi, par - la force des choses, d’une société économique et intellectuelle !. Nous marchons avec une vitesse - vertigineuse vers l’organisation de tous les rap- ports internationaux. L’entente entre les Gou- vernements ne saurait créer qu’un cadre général à l’activité. A côté d’eux les Associations doivent intervenir, iei exclusivement officielles, là exclu- sivement libres, ailleurs-d’un caractère mixte, La proposition suivante sera mise en discussion: « La = « Société des Nations entretiendraà ses frais des « établissements internationaux destinés à faire « progresser les sciences, les techniques, les _ «lettres, les arts, l'éducation (universités, aca- À « démies, musées, archives, laboratoires de re- | - - «cherches, explorations, office des inventions). « Ces établissements internationaux serviront de « lien, d’organe de concentration et de complé- 1 « ment aux établissements nationaux. L'Union « des Etats patronnera et subsidera les Asso- « ciations internationales qui y concourent. Elle « affectera à cet objet le sixième au moins des « ressources du budget international et un pre- « mier fonds d’un milliard sera destiné exclusi- « vement aux besoins scientifiques ? ». 5. Le Centre international. — Le Congrès sera invité à statuer sur les mesures qui pourraient développer un tel centre. Les principes de cen- tralisation et décentralisation seront examinés à nouveau. Cette question, en effet, comme bien d’autres, se poseen termes nouveaux depuis la guerre, notamment en ce qui concerne le rôle des Gouvernements. La proposition suivante sera soumise à la discussion : « La Société des Nations « aura son siège dans une capitale internatio- « nale dont le territoire sera internationalisé. « Le Conseil des Etats, la Cour de Justice, le « Parlement, ainsi que les services de l’Admi- « nistration internationale y seront installés. Les « Associations internationales libres seront in- « vitées à y organiser, sous la protection de , « l'Union des États, leurs assemblées, services, _ «instituts, collections, de manière à en faire un 1. Voir Pauz Orser : Lu société intellectuelle des Nations : Scientia, janvier 119. + ,.2. Art. 17 du projet de Constitution mondiale de la Seciète des Nations. Le Re: ET LA RECONSTITUTION DE L'APRÈS-GUERRE 119 « centre d'études et d’activités mondiales dans « ‘tous les domaines ! ». 6. Les systèmes généraux. — Les efforts particuliers ont à se rejoindre dans “un effort sénéral, les vérités partieiles dans une vérité _universelle. Ce sont là les lois du développe- ment social et du développement intellectuel auxquelles ont à satisfaire les Associations in- ternationales. De grands systèmes sont en éla- boration,. les premiers congrès en ont délibéré. Ils doivent maintenant se parfaire : système des unités, système de langages {(terminologie, no- mencelature, etc.), système de législation et réglementation, système de documentation. Ad- ditionnées et ensuite refondues en un ensemble, toutes les conclusions d’ordre pratique des Asso- ciations internationales ne constitueraient-elles pas un véritable système de conduite universelle et collective, un programme de politique scien- tifique ? Et les conclusions d'ordre scientifique, traitées de la même manière, ne constitueraient- elles pas le système de nos çonnaissances, une science générale, méthodes et résultats, en la- quelle pourraient puiser tous les travailleurs pour faire avancer leurs investigations partieu- lières ? L'heure semble venue de passer de la phase d'isolement à la phase de corrélation et d’universalisation. # La vision d’avenir décrite en 1910 et 1913 par les Congrès de l’Union des Associations interna- tionales est confirmée par la marche du monde au cours des derniers événements. Il devient nécessaire de considérer dans leur ensemble la vie et le progrès des sociétés et, en partant de certains postulats communs, d'envisager com- ment, par quels organismes, méthodes, pro- grammes et travaux péuventèêtre réalisés la coor- dination desefforts, la coopération, le rendement maximum. L'ère du gaspillage intellectuel, de Vihorganisation doitêtre close : les Associations internationales ont une structure assez souple pour s’adapter facilement etrapidement aux be- soins sociaux. Elles sont des instruments indi- qués pour l'enquête, le conseil, la réglementa- tion et aussi l'exécution. Sous nos yeux s’achève dans notre société de grands mouvements large- ment esquissés avant la guerre. C’est la confédé- ration des forces du travail et du prolétariat; c’est la confédération des forces du capital et du pa- tronat. Les forces du troisième ordre, celles du savoir et de la science, n’ont-elles pas à se con- fédérer à leur tour et à apporter à notre monde appauvri et tant divisé par les luttes, des moyens nouveaux de bien-être et de solution rationnelle des antagonismes ? Paul Otiet, Secrétaire général de l’Union des Associations internationales. 1. Art. 16 du projet de Constitution mondiale, 120 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE . ANALYSES 1° Sciences mathématiques Annuaire pour l'an 1919, publié par le Bureau des Longitudes. — 4 vol. 1n-16 de 700 p. avec 14 fig., 5 cartes célestes en couleurs et 3 cartes magnétiques. (Prix : 3fr.). Gauthier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1919. L’Annueire pour 1919 se divise en 5.chapitres, qui ont-pour objets respectifs : le calendrier pour 1919, avec les prédictions etla comparaison avec les autres calendriers; la Terre (forme, dimensions, pesanteur, densité), avec des données sur la météorologie, la ré- fraction et le magnétisme terrestre; les coordonnées astronomiques des différents astres, avec un paragra- phe sur les fuseaux horaires et l'heure légale dans les divers pays; les poids et mesures, en France et à l’Etran- ger; enfin, des données statistiques géographiques et démographiques, et des tables de survie, d'intérêt et d'amortissement. Les notices scientifiques qui terminent généralement l'Annuaire sont dues cette année à M. Paul Appell, qui a tracé l’état actuel de nos connaissances sur un pro- blème qui s’est imposé aux astronomes et aux géomè- tres dès la découverte de l'attraction universelle : celui des figures d'équilibre relatif d’un liquide homogène, en rotation, dont les éléments s’attirent suivant la loi de Newton, — et à M. Maurice Hamy, qui a exposé la question de la détermination interférentielle des dia- mètres des astres. 2° Sciences physiques Turrière (Emile), Professeur au Lycée de Montpel- lier.— Sur le calcul des objectifs astronomiques dé Fraunhofer. (Fascicule 1 des Travaux du Bu- reau d’études d'Optique du Service géographique de l'Armée). — 1 vol, in-80 de 123 p. avec 3 pl. Service géographique de l’Armée, Paris, 1918. Tous ceux qui, en France, s'intéressent à l'Optique géométrique ont applaudi à l'initiative prise par M. le Général Bourgeois, Directeur du Service géographique de l'Armée, en entreprenant la publication de la série d’études qu'inaugure la brochure de M. Turrière. Jusqu'à ces tout derniers temps, cette branche de l'Optique n'était guère enseignée .chez nous que dans les classes de Mathématiques spéciales, dont le pro- gramme, déjà très chargé, exclut tout ce qui concerne la théorie des aberralions. A l'étranger, au contraire, et en Allemagne en particulier, elle n’a jamais cessé de faire partie de l’enseignement supérieur; et ce sont le$ leçons de Abbe et deses élèves qui ont formé les opti- ciens qui ont dirigé les grandes maisons Zeiss, Gœrz, Voigtlander, etc. C’est la substancede cet enseignement que l’on trouve dans l'ouvrage de Czapski : « Die Theorie der Optis- chen Instrumenten nach Abbe », dans le très riche « Lehrbuch der Geometrischen Optik » de Gleichen, et d’une façon plus détaillée dans le traité publié par von Robhr avec la collaboration des ingénieurs de la maison Zeiss : « Die Bildsentstehung in den Optischen Instru- tuenten » (1904). A côté de ces traités classiques con- tenant l'exposé de la théorie, son application aux di- vers problèmes que pose la technique a fait l'objet, dans le même pays, de nombreux et importants mé- moires publiés notamment par la Zeitschrift für 1ns- trumentenkunde. Les savants français n'ayant pris qu'une très petite part à ce développement de l’Optique appliquée, il était nécessaire, pour facilit r les recherches originales ET INDEX que ne peut manquer de provoquer la création d’un Institutd'Optique, de marquer l’état actuel'de cette dis- cipline scientifique. Déjà M. Bouasse, dans la première. édition de son « Cours de Physique », avait donné un exposé succinct de l’Optique de Abbe, et dans un volume de l'Encyclopédie scientifique, J. Blein, — que la guerre nous a brutalement enlevé, — avait écrit un excellent résumé de ce qu'il y a d’essentiel dans les traités étrangers, Il restait à faire çonnaître aux lecteurs français les mémoires spéciaux relatifs aux méthodes de calcul dés divers instruments d’Optique. C’est le travail qu'a entrepris, dans le Bureau d’études du Ser- vice géographique de l'Armée, un élève et collabora- teur de M. Bouasse, M. Turrière, dont on connaît les déjà nombreux travaux sur les congruences de droites. Tous les lecteurs l’en remercieront, certains pour leur avoir rendu accessibles des travaux publiés dans des langues dont ils n’ont pas l’intelligence,mais tous pour avoir substitué à la lourdeur et à la complexité des ex- posés germaniques la clarté et l'élégance traditionnelle de l’enseignement français. Dans cette première brochure, M. Turrière envisage le problème le plus simple que pose la technique, celui des objectifs astronomiques, Ces objectifs doivent être achromatiques, et corrigés de l’aberration sphérique dans l’axe et en dehors de l’axe. Ils sont en général formés de deux lentilles, d'épaisseur négligeable de- vant leur distance focale, en contaet par leurs som- mets et séparées par un intervalle d'air très réduit qui peut même être nul. Les formules actuellement le plus souvent utilisées dans le calcul des objectifs de ce type introduit par Fraunhofer ont été établies en 1887 par C. Moser, de la maison Goerz. Ces formules manquent totalement d'élégance et de symétrie et nécessitent l’em- ploi de paramètres auxiliaires nombreux et sans signifi- cation physique ou géométrique. M. Turrière a done repris l'étude de la détermination des courbures des avant-projets des objectifs de Fraunhofer en posant Îles mêmes hypothèses que Moser, c’està-dire en suppo- sant que le rapport de l'ouverture de l’objectif à la dis- tance focale est très faible, mais en se proposant d’ob- tenir des équations dont tous les coeflicients et toutes les inconnues aient une réelle signification physique et de leur donner une forme assez simple pour en per- mettre la discussion. Ce travail se divise assez naturellement en deux par- ties. La première consiste précisément dans l'étude des objectifs de Fraunhofer. Dans le premier chapitre estenvisagé le cas le plus simple : celui où les deux lentilles sont accolées. Il contient d’abord la détermina- tion des courbures de l'objectif. Les formules obténues se présentent sous une forme particulièrement simple, grâce au choix de l’inconnue principale, qui est le nul- invariant de Abbe attaché à la surface de collage des deux lentilles, et à l'introduction d'un paramètre auxi- liaire } qui représente soitl’inverse dela distance ou proxi- mité dioptrique du point-objet par rapport à la lentille antérieure supposée dans l'air,soit la proximité du point conjugué, par rapport à la seule lentille postérieure supposée dans lair, de l’image donnée par l'objectif. k Le second chapitre de cette première partie contient uné curieuse interprétation géométrique des diverses équations du problème précédent. Si l’on porte sur deux axes de coordonnées rectangulaires les rapports au nul-invariant attaché à la surface de collage des nuls- invariants attachés respectivement à la première et à la dernière surface, la condition d'achromatisme est re- présentée par une droite qui passe par un point fixe ; il en est de même pour la condition des sinus ; quant à la condilion qui supprime l’aberration das l'axe, elle BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 121 donne une conique qui décrit également un faisceau ponctuel lorsque varie le couple de points conjugués pour lesquels on corrige l’aberration. Il résulte de là un procédé graphique de caleul des courbures. Un troisième chapitre donne l'étude de l'équation du 5e degré qui détermine le choix des verres, pour que la condition des sinus soit ipso facto satisfaite dès que l’aberration chromatique et l'aberration de sphéricité dans l'axe sont supprimées. Cette équation, appelée en Allemagne «équation de Harting ou de von Hægh », avait été indiquée bien antérieurement par Mossotti. Elle se présente sous une forme particulièrement sim- ple et suggestive, si, comme le fait M.Turrière, on prend comme inconnue le rapport des pouvoirs dispersifs des deux verres à choisir, Ce rapport doit être plus faible dans la combinaison avec flint antérieur, de sorte que le choix des verres est plusfacile que dans la disposi- tion contraire. Le cas particulier où les deux verres as- sociés ont deux indices très voisins est traité dans un quatrième chapitre. : Le cinquième chapitre étend les résultats déjà acquis aux objectifs de Fraunhofer dont les lentilles ne sont plus accolées. L'étude théorique des objectifs de Fraun- hofer ainsi achevée, M. Turrière compare à ces objec- tifs ceux dans lesquels à la condition des sinus estsubs- tituée soitla condition de Prazmowski, qui impose à l'objectif une forme telle que les rayons lumi- neux le traversent sous le minimum de déviation, — soit la condition d’'Herschel, qui maintient la correc- tion de l’aberration sphérique dans l'axe quand le point-objet se déplace sur l’axe, — soit la condition d’Airy, qui supprime la distorsion. L'étude appro- fondie de la condition de Prazmowski montre qu'elle est pratiquement équivalente à la condition des sinus. Celle-ci, même lorsque l’aberration sphérique dans l’axe n'est pas supprimée, conserve ainsi une haute signili- cation physique, puisqu'elle place l’objeetif au mini- mum de déviation. Les conditions d'Herschel et d’Airy sont également pratiquement équivalentes. Ces quatre conditions peuvent être représentées par qua- ire droites parallèles dont le resserrement indique l’é- quivalence pratique.Les deux chapitres qui contiennent cette comparaison sont des plus nouveaux de tout l’ou- vrage : on y trouve en particulier une élégante démons- tration de l’équivalence entre la condition des sinus et la seconde équation de Seidel. Quelques renseignements historiques et bibliogra- phiques sur les objectifs de Fraunhofer forment le der- nier chapitre de cette première partie. La deuxième partie comprend quatre chapitres an- nexes. Le premier se rapporte à la véritable position du ‘foyer d’un objectif imparfaitement corrigé de l’aberra- tion sphérique, d’après Smith, Besselet Gauss. Le se- cond est consacré à un examen rapide des méthodes de calcul usitées en Angleterre depuis Coddington et aux ouvrages de D, Taylor (de la maison Cooke) et de Whit- taker. Viennent ensuite la traduction du mémoire de Moser, qui contient l'historique des principes de la construction des divers types d'objectifs astronomi- ques, et celle de notes de M. von Hoegh sur l'équation qui détermine le choix des verres. Des tables de calcul très commodes terminent cette monographie de l'objectif astronomique, que tous les opticiens seront heureux de connaître en souhaitant qu'elle soit suivie d’autres brochures relatives aux au- tres types d'objectifs. F. CROZE. ‘3 Sciences naturelles Binet (D: Léon). — Recherches sur le tremblement. — 4 vol. in-8° deA12 p. (Prix : 6 fr.) Vigot, éditeur, Paris, 1918. ; Excellente mise au point, avec documentation clini- que personnelle abondante et recherches expérimen- tales. Le problème du tremblement est vaste, et L. Bi- net n’a pas craint de l’aborder dans son ensemble; comme cela s’imposait, il consacre les premières pages de sa thèse à la technique d'analyse et de représenta- tion des oscillations qui constituent le tremblement (cinématographie, photographie, méthode du porte- plume, ete.). Le tremblement est un phénomène nor- mal physiologique, constant, susceptible de variations considérables, que le travail!, l'émotion, le froid, la douleur, ete., exagèrent, En pathologie, le tremblement présente des modalités nombreuses. Pendant cette guerre, Binet l'a observé dans des con- ditions variables. Chez les blessés, il existe au niveau du mémbre atteint des oscillations caractérisées par leur irrégularité (type instable). Chez les commotionnés, il s’agit d'un tremblement à type périodique, que l’émo- tion augmente singulièrement, Le tremblement du goitre exophtalmique, fait de huit oscillations à la se- conde, est atténué pat résection de la thyroïde; celui des typhiques est du type instable; dans le paludisme, on note à côté du frisson un tremblement à tracé. périodique, L'expérimentation permet de reproduire le frisson fé- brile, qu’on peut considérer comme analogue au frisson thermique (de Richet), et d'étudierles modifications du frisson thermique central sous l'influence des médica- ments. Binet a constaté que la morphine, la scopola- mine; le bromure de potassium, le valérianate d’ammo- niaque arrêtent le frisson. La caféine, la pilocarpine, la nicotine l’augmentent ; deux extraits de glandes vas- culaires le modifient: le corps thyroïde en l’augmentant, l’adrénaline en le diminuant. Il nous sera permis de rapprocher ce fait de celui que nous avons observé et publié: la phase d’excitation constatée parfois au début de l’'anesthésie par le chloralose est supprimée par l’in- jection de suprarénine ou d’adréaline. J. GAUTRELET. 4° Sciences diverses Caullery (Maurice), Professeur à la Sorbonne. — Les Universités et la vie scientifique aux Etats-Unis. — 4 vol. in-12 de XI1-302 pages (Prix: 4 francs). Librairie Armand Colin, Paris, 1917. Cet intéressant ouvrage, écrit d'une plume aisée et informée, se divise en deux parties. La première est con- sacrée aux Universités ; elle décrit leur organisation, leur administration (rôle des Trustees et du Prési- dent, etc.), la vie des étudiants, la condition des pro- fesseurs et de leurs assistants, les écoles professionnel- les qui font partie intégrante des Universités, l'exten- sion universitaire, ete.En tout pays, le problème essen- tiel de l'Université est d'assurer aux étudiants une culture générale en même temps que les connaissances techni- ques nécessaires à l'exercice des professions auxquelles ils peuvent prétenure. La première question qui se pose aux Etats-Unis comme ailleurs est par conséquent celle de la formation de l'esprit du jeune étudiant. L'auteur montre, un peu brièvement peut-être, que c’est là un point faible en Amérique, où l’enseignement secondaire ést moins solidement organisé qu'en France et n'offre pes les mêmes ressources, si bien que force est de le compléter à l'Université; il s'ensuit un temps perdu no- table pour les études propres à celle-ci, Au contraire, les écoles professionnelles, depuis celles de droit et de méde- cine, jusqu'à celles d'architecture, de commerce, de jour- nalisme, ete., c'est-à-dire les parties de l'Université pré- parant à des professions déterminées, sont remarqua- blement développées aux Etats-Unis; les écoles de commerce, d'ingénieurs et d'agriculture sont particu- lièrement florissantes. M. Caullery, à ce propos, a bien mis en lumière quelques-unsdes inconvénients que pré- sente chez nous la séparation absolue qui existe entre les écoles techniques et l'Université. Inconvénients et même dangers pour celles-là comme pour celle-ci. Dan- ger social aussi. L'ingénieur, par exemple, en Amérique 1. L.Biner : Le travail et le tremblement : Revue générale des Sciences du 15 avril 1918 (n° 7), p. 214. \ 122 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX «est jugé sur ses actes d'homme fait, non sur un con- cours de jeunesse, dont les conditions n'ont aucun rap- port avec celles qui font la valeur de l’homme. On ne commence pas par éliminer, par voie de concours, la plus grande partie de la jeunesse, en donnant à une mino- rité une prime formidable, qui trop souveñt la dispense de touteffort sérieux le jour où celui-ci devrait commen- cer et qui lui fait croire à une supériorité définitive, avant même qu’elle n'ait été mise à l'épreuve de la vie» (p. 199). Critique trop justifiée de notre Ecole Poly- technique. La seconde partie de ce livre traite de la recherche scientifique. L'auteur y examine en des chapitres suc- cessifs la question de la recherche dans les Universités à côté de l’enseignement, la question des Instituts indé- pendants de recherches,celle des Musées d'histoire natu- relle, celle des Services fédéraux de recherches à Washing- ton, celle des Académies el des sociétés savantes et de leur rôle, Deux points apparaissent bien prédominants dans cet ensemble. D'un côté, il y a une tendance mar- quée aux Etats-Unis à développer, soit dans l’Univer- sité, soit plutôt en dehors d'elle, des institutions de re- cherches autonomes et spéciales pour chaque science, sans que ceux qui dirigent les laboratoires consLitutifs de ces organisations aientla moindre charge d’enseigne- ment.La simple description de ce qui s'est fait en Amé- rique dans cette direction suflit à montrer ‘quelle voie féconde a été ouverte ainsi dans ce pays à la science. Si l'étude expérimentale de l'hérédité et celle de l'évo: lution, si l’eugénique, bref, si nombre de questions de biologie générale ont reçu aux Etats-Unis un développe- ment remarquable et fait des progrès qui ont singu- lièrement augmenté nos connaissances, c’est à ces Insti- tuts qu’on le doit. Peut-être cependant, trop frappé par l'importance qu'ils ont prise, M. Caullery n'a-t-il pas assez mis en lumière l’œuvre originale des Universités; car c’est bien dans celles-ci,si je ne me trompe,c’est bièn grâce à des professeurs de! l’Université, grâce à leur travail dans les laboratoires qu'ils dirigent à ce titre, que la bio-chimie, la physiologie expérimentale et la psychologie expérimentale ont, depuis une vingtaine d'années, acquis un développement comparable, supé- rieur même pour la psychologie, à celui que ces sciences . présentent dans n'importe quel grand pays européen, Dans ces domaines, les Américains récoltent déjà les fruits que promettaient l’excellence de l’organisation et la perfection de l'outillage de leurs laboratoires. Grave avertissement donné aux Administrations attardées qui s’imaginent encore que la pénurie des moyens matériels qu'il a à sa disposition n’est pas une gêne pour le savant et que celui-ci peut suppléer par l’intelligence à tout ce dont son laboratoire manque. Il n’en est pas moins vrai que, d’une façon générale, la création de grands Instituts de recherches,richement dotés,servira merveilleusement la soience aux Etats-Unis; déjà l’Institut Rockefeller de médecine expérimentale, la Station expérimentale de recherches sur l’évolution et le Laboratoire de la nutri- tion de l’Institut Carnegie en ont fourni des exem- ples saisissants; travailler brillamment. — Une autre institution améri- caine sur laquelle M. Caullery a particulièrement ap- pelé l'attention est la National Academy of Sciences ; il montre en quoi elle diffère de notre Académie des Sciences et pourquoi elle est beaucoup mieux adaptée aux conditions actuelles de la science; ici il convient de citer : « Tandis que tant de choses se sont renouvelées depuis un siècle, l'Institut garde encore, pour ainsi dire sans retouches, le statut que Bonaparte lui a octroyé, L'Académie des Sciences, pour sa part, a toujours ses onze sections de six membres, établies d’après l’état des connaissances à la fin du xvin siècle, mais dont l’inéga- lité numérique et la délimitation ne sont plus en har- monie avec les rapports présents de sciences... Avec sa constitution présente, l’Académie accueille presque tous ses membres trop tard, la plupart après la phase vrai- mént productrice de leur carrière, Ainsi son influence, très grande en fait, est exercée par des hommes dont la nul doute qu'ils ne continuent à - majorité n’est plus à l’âge des entreptises et des vues sur l’avenir, Fatalement, une collectivité, où dominent des hommes âgés, a une tendance à avoir quelque mé- fiance pour ce qui semble devoir bouleverser les notions auxquelles elle est habituée »(p. 256-257). Et de cet état d'esprit M. Caullery donne des preuves que l’on ne con- naît que trop; puis il conclut : « Il n'est pas bon que le corps scientilique, qui dispose de la plus haute in- fluence morale, soit composé surtout d'hommes quisont à la fin de leur carrière. C’est établir fatalement une gé- rontocratie, qui tend à arrêter l'élan des générations jeunes » (p. 258). Le remède, c’est une constitution plus large, sur le modèle de l’Académie américaine et de la Société Royale de Londres, sans sections rigides et im- muables ou avec des sections plus sbuples, modifiables suivant le progrès des sciences et dont le nombre des membres n’est pas fixe. è Voilà un enseignement à tirer pour nous de ce que l’auteur nous dit des Etats-Unis. Il y-en a bien d’autres que, dans un dernier chapitre de conclusions générales, il a rassemblés et fermement présentés, C’est d’abord la trop grande dépendance de nos Universités vis à vis de l'Administration centrale et la nécessité de leur laisser plus de liberté, C'est l'excès d'individualisme de nos étudiants non moins que de nos professeurs et l'utilité qu’il y aurait à introduire dans la vie des uns et des au- tres plus de solidarité. C'est le peu de place que les sciences appliquées oceupent encore dans nos Universi- tés; ici l’auteur est revenu sur la question de l'Ecole Polytechnique dont il critique de nouveau avec force le principe ainsi que l’enseignement !, C’est l'insuffisance des moyens de recherche mis à la disposition de nos professeurs et, à ce propos,M, Caullery insiste encore avec raison sur la question de la création d’instituts exclusivement consacrés à la recherche, « La France, dit-il justement, — et c'est ce que j'ai eu l’occasion d’é- crire aussi moi-même, — avait montré la voie depuis fort longtemps, Le Collège de France et le Muséum répondent à cette conception; mais la place qu'on y a conservée à l’enseignement verbal a été trop rigide, au moins pour les sciences expérimentales, et on a, par contre, laissé les laboratoires dans un état souvent la- mentable » (p. 279); et il ajoute plus loin : « Si done nos universités, au lieu d’être vivifiées, outillées et sub- ventionnées comme elles le doivent être, restaient, au lendemain de la paix, ce qu’elles sont aujourd’hui, nous ne tarderions pas à être loin en arrière des na- tions qui aspirent, non à dominer le monde, mais à vivre d’une vie indépendante, sans être les satellites de celles qui produiront et qui fatalement règleront les conditions des autres » (p. 282). La conséquence s'im- pose : il faut agrandir et améliorer nos laboratoires, il faut développer nos Universités qui ne sont plus adap- tées aux conditions du monde présent. C’est la thèse que. … j'ai soutenue ici même (15 juin 1917) en me plaçant au point de vued’une science spéciale. Exactementinformé des conditions de la recherche scientifique en France, M. Caullery montre clairement que nos institutions, brillantes et fécondes il ya 100 ans, sont surannées. Il faut réformer hardiment... où se condamner à végéter. On saura grand gré à l’auteur d’avoir écrit un livre si utile au moment présent, E. GLey, Professeur au Collège de France. ———_——————_—_____———_—_—— 1.« L'Ecole polytechnique.., conelut-il (p. 291),est, à divers égards, un anachronisme dans l’enseignement supérieur mo- derne, Le contraire serait étonnant, si l'on songe qu'elle n’a pour ainsi dire pas changé depuis un siècle, et c'est une sSu- prême anomalie qu'aujourd'hui encore le Ministère de Ja Guerre règle les destinées et modèle le régime d'une école d'ingénieurs, » ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 20 Janvier 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Deslandres : Sur la réforme du calendrier. À propos du projet de ré- forme du calendrier récemment préconisé par M. Bi- gourdan (voir p. g1}, l’auteur fait remarquer que cette question a déjà été souvent étudiée et a donné lieu à de nombreux projets analogues. Non seulement on a de- . mandé une année formée de 4 trimestres égaux de 9: jours et de 1 ou deux jours supplémentaires, maison … a réclamé la rupture de la continuité de la semaine pour l’intercalation des jours supplémentaires, de ma- -nière que les mêmes dates correspondent toujours aux mêmes jours de la semaine. M. Deslandres considère - cette seconde amélioration comme la plus importante et la plus utile. Enfin une troisième amélioration consis- terait dans un déplacement de lorigine de l’année qui mette les quatre trimestres en meilleur accord avec les saisons astronomiques; la meilleure origine serait le solstice d'hiver (22 déc. actuel). 29 ScIENGES PHYSIQUES. — M. E. Brazier : /n/luence de la vitesse du vent sur la distribution verticale et les variations des éléments météorologiques dans les cou- ches basses de l'atmosphère. 1° Pour une variation diurne donnée de la quantité dé chaleur envoyée au sol par le Soleil, l'amplitude A de la variation diurne de la température-de l'air au voisinage immédiat de la surface terrestre est plus forte par vent faible que par ventfort. 20 À partir d’un certain niveau dont la hauteur peut varier avec la saison et le lieu d'observation et qui, en - avril et au-dessus de Paris, est inférieur à 200 m., l’'am- -plitude de’la variation diurne de la température de l'air croît, toutes choses égales d’ailleurs, avec la vitesse du vent. 3° Il semble doncque, dans ce cas, on puisse con- clure à l'existence d’une certaine couche d'air située à une hauteur relativement assez faible au-dessus du sol et dans laquelle la variation diurne de la température est indépendante de la vitesse du vent. — M. E. Es- clangon : Sur une nouvèlle détermination de la vitesse du son à l'air libre. L'auteur a effectué en 1917 et 1918 à Gâvre, avec M. Foex, la détermination de la vitesse du son à l'air libre, en opérant par tous les temps, même par les plus grands vents, par des températures qui ont varié de oo à 20°, enfin avec tous les calibres de canons. Les observations se divisent en deux groupes. Le premier, se rapportant aux vents forts et irréguliers allant jusqu’à 18 m., a donné des résultats comportant des écarts très importants allant jusqu'à 3 m., indice d'erreurs systématiques, mais inconnues, dues à l'in- - fluence du vent. Le second, se rapportant à des vents d'apparence régulière, de vilesses comprises entre o et 10 m.,a donné pour la vitesse du son ramenée à 15°(en air sec) le nombre 339 m. 9. Regnault avait obtenu en * aircalme 339 m. 7. — M. G. Déjardin: Calcul du rap- port des chaleurs spécifiques principales dubenzène et du crelohexane par la méthode cyclique de M. Leduc. L’au- teur a obtenu pour le benzène y—1;,106 à 20° et1,116 à 100°; pour le cyclohexane, } varie peu entre 20 et go° et semble voisin de 1,077. On peut déduire du principe de l’équipartition de l'énergie la formule : y— 1 + 2/(1. + À), où y et 2 désignent respectivement les nombres de degrés de liberté relatifs à l'énergie cinétique de la molécule et à l'énergie potentielle intramoléculaire, Si l'on assimile la molécule de vapeur de benzène à un système de 3 sphères polies et indéformables disposées au sommet d'un/triangle, disposant donc de 18 degrés de liberté, et la molécule de cyclohexane à un système de 3 solides non sphériques et non parfaitement de ré- . ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 123 ACADÉMIES ET SOCIÉTES SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER volution autour d’un axe(correspondant aux 3 groupes C2H), disposant donc de 27 degrés de liberté, on trouve pour > des valeurs différant peu des valeurs expérimen- tales. — M, Horsch: Méthode de réduction rapide du chloroplatinate de potassium. Le précipité de chloro- platinate, bien lavé avec l'alcool à 80 °/,, est dissous sur le filtre par l’eau bouillante et reçu dans un creuset de platine pesé; on ajoute 2 ou 3 em* d’alcoolet chauffe au bain-marie bouillant. Bientôt le platine commence à se précipiter à l'état métallique en adhérant solidement à ‘l'intérieur du creuset; la réduction est complète en 25 minutes. On verse le liquide, lave à l’eau distillée, sèche, caleine et pèse le creuset. Cette réduction par l'alcool n’a lieu qu'en présence de Pt métallique; elle ne se fait pas dans des vases de verre ou de porcelaine. 3° SCIENCES NATURELLES, — MM. Ph. Dautzenberg et G. Dollfus : Une plage soulevée aux environs de Sarnt- Malo. Les auteurs ont découvert au hameau de Saint- Joseph, entre Saint-Servan et Paramé,les restes d'un an- cien rivage correspondant à l'altitude de 8 m. Sonépais- seur est de 1,2 m. et il repose directement surlegranit. Les auteurs y ont trouvé 42 espèces de coquilles de mol- lusques, semblables à la faune des baies rocheuses du voisinage; il n’y a aucune variété spéciale, ni aucun changement dans la proportion relative des formes. — M.P. Bertrand : Sur la flore du bassin houitler de Lyon (bassin houiller du Bas-Dauphiné). Le terrain, houiller du nouveau bassin du SE et de l'E de Lyon paraît com- prendre 3 groupes de dépôts, qui sont de haut en bas : la grande formation poissonneuse et bitumineuse de Genas-Chassien, la formation charbonneuse, la forma- tion de base, cette dernière reposant partout sur les ter- rains cristallophylliens, en complète discordance. Les plantes houillères recueillies dans tous les sondages sans © exception appartiennent toutes à la flore de Saint- Etienne, et non à celle de Rive-de-Gier. Les couches de houïille de Lyon paraissent représenter les couches in- férieures de Saint-Etienne: les schistes bitumineux de Genas représenteraient probablement les couches su- périeures. — M. L. Joleaud: Relations entre les migra- tions du genre Hipparion et lesconnexions continentales de l’Europe, de l'Afrique et de l'Amérique au Miocène supérieur. L'auteur montre que les récentes données ac- quises sur le genre Hipparion permettent de conclure à l'existence très probable, au Miocène supérieur, entre l'Ancien et le Nouveau Monde, de terres émergées par lesquelles l’Aipparion et divers autres genres de Mam- mifères ont pu venir d'Amérique en Europe et en Afri- que. — M. L. Moreau: L'architecture du calcanéum en stéréoradiographie. L'auteur montre que la radiogra- phie stéréoscopique permet beaucoup mieux que la méthode des coupes en série de démêler l'architecture des os. Pour le calcanéum, en particulier, elle révèle l'importance structurale des fibres thalamiques, auprès desquelles les fibres achilléennes et surtout plantaires n’ont dans la trabéculation qu’un rôle tout à fait secon- daire. Cela explique pourquoi, dans la plupart des cas de fracture, le système ogival sous-thalamique règle le cheminement du trait fissulaire. — MM. H. Vincent et G. Stodel : Les résultats du traitement de la gangrène gazeuse par le sérum multivalent. Le sérum provient de - chevaux ayant reçu des doses progressivement croissan- tes de cultures de 16 races microbiennes appartenant aux groupes : Bac. perfringens etvibrion septique; Bac. ædematiens et Bac. Bellonensis; Bac. putrificus et spo- rogenes. Sur 81 malades traités par ce sérum, 69 ont guéri, dont plusieurs dans un état désespéré; quelques- uns, où une amputation jugée nécessaire n’avait puêtre accomplie en raison de leur état de faiblesse, ont con- servé leur membre, le processus gangréno-gazeux ayant été enrayé par la sérothérapie. 124 Séance du 27 Janvier 1919 M. W. Kilian est élu Membre non résidant en rem- placement de M. P. Duhem, décédé. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M.Ch.Rabut: Principes et règles scientifiques pour l'établissement des longs tunnels sous nappe d’eau. La méthode de l’auteur a pour principe de subordonner la détermination du tracé en plan et en profil, tous les autres dispositifs du projet et tous les moyens d'exécution, à l'obligation majeure de prévenir l’inondation, subsidiairement d’en atténuer les effets. D'où la règle pratique d’affecter à l'étanchéité, en les intensifiant, tous les moyens dont on usait jus- qu'ici en vue de l’économie, économie apparente qui, en fin de travaux, s’est toujours trouvéeillusoire, 20 SCIENCES PHYSIQUES.— M, V. Crémieu : *echerches expérimentales sur la gravitation. Si l’on admet a priori que l'attraction newlonienne est due à une propriété en- core inconnue de l'éther du vide, ilest naturel de cher- cher s'il n’existe pas de relation entre cette propriété inconnue et les propriétés élastiques bien connues de l’é- ther, c’est-à-direles propriétés électromagnétiques. Dans ce but, l’auteur a exploré le champ électromagnétique au voisinage immédiat d'un cylindre de plomb pesant 5okg. et tournant à 1200 tours par minute, Il a reconnu que le balayage del’espace par deslignes de force gravilique, parallèlement à un plan, et même la torsion du plan de balayage ne modifient pas les propriétés élastiques de l’éther électromagnétique. Si la masse est due à un propriété de l’éther du vide, celle-ci n’a donc pas d’ac- tion sur les propriétés classiques de l’éther. — M. G.- A. Le Roy : Sur les incendies provoqués par les ondes hertziennes. L'auteur a constaté plusieurs cas d’incendies où, toutes lés autres causes possibles étant éliminées par l’examen des faits, aucune autre explication de l’ori- gine des incendies n'était admissible que l’interven- tion malencontreuse des ondes hertziennes. L'auteur a reproduit au laboratoire des phénomènes du même ordre au moyen d’un dispositif dénommé résonateur-inflam- mateur, qui, influencé par des ondes hertziennes relati- vement peu intenses, détermine l'inflammation de sub- stances combustibles diverses, telles que : fulmi-coton, amadou, étoupes, papier, coton en ouate, laine ensimée, etc. — M. R. Swyngedauw : Sur les pertes d'énergie dans les diélectriques des câbles armés. Lorsqu'on charge un câble triphasé à une différence de potentiel . alternative donnée entre les trois àmes: connectées en- semble et l'enveloppe, l’auteur a reconnu que la presque totalité de l'énergie absorbée par le câble ainsi alimenté l’est dans les isolants plutôt que dans les conducteurs. Cette absorption estsous la dépendance de la tempéra- ture; le diélectrique étouffe d'autant moins les surten- sions que les âmes sont plus chaudes, c’est-à-dire que le courant y est plus intense et depuis un temps plus long. — M. E. Ariès: Formule donnant la chaleur de vapori- sation d'un liquide. Cette formule, assez compliquée, est déduite par l’auteur de son équation d'état dans la- quelle les covolumes “et £ sont fonctions de la tempé- rature. — MM. F. Bourion et Ch. Courtois : Sur les conditions d'utilisation de l'appareil de Schilling pour le contrôle de l'hydrogène industriel. Les auteurs mon- trent qu'il est impossible, sans commettre des erreurs graves, de déterminer la force ascensionnelle de l’hydro- gène industriel par l'appareil de’Schilling, en traitant les gaz comme s'ils étaient secs, ainsi qu'on le fait dans la pratique courante. Les auteurs ont établi une table de correction à double entrée en tenant compte de la tension de la vapeur d’eau. Cette correction a une va- leur absolue et est indépendante de l’impureté gazeuse qui souille l'hydrogène sec. — MM. P. Jolibois et A. Sanfourche : Sur laconstitution des vapeurs nitreuses. Si l’on mélange l’air et le bioxyde d’azote dans les pro- portions nécessaires pour former N°05, la combinaison est instantanée; au bout de 1/10° de seconde, la réac- tion est complète. Après 100 secondes de contact, il ne s’est pas formé de composés nitriques. Si l'air et NO sont dans les proportions nécessaires pour former NO?, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES \ la combinaison atteint très rapidement le stade N203; après 1 seconde, il n’y a pas sensiblement de peroxyde formé; après 20 sec., la proportion est de 34 °/,, après 37 sec. de 68 °/,, après 100 sec. de 92 °/0. Si l'oxygène est fourni en excès, soit pur, soit sous forme d’une pro- portion d’air plus élevée, les temps constatés pour la formation de N°20‘ sont du même ordre de grandeur. Dans aucun cas, et quelque prolongé que soit le contact, l'oxydation n’est allée plus loin que le stade N?0, — MM.Enm. Bourquelot et M. Bridel : Synthèses biochi- miques simultanées du gentiobiose. et des deux glucosi- des B du glycol par l'émulsine. En soumettant à l’action de l’émulsine un mélange de 2 mol. de glucose, 1 mol. de glycol et d’eau, les auteurs ont pu en retirer successive- ment, aucours de 4 ans, à l’état cristallisé trois principes différents : un polysaccharide, le gentiobiose, et deux glucosides, les mono- et di-glucosides £ du glycol. Ce résultat confirme l'hypothèse des auteurs, d’après la- quelle, si la proportion d’alcool est forte par rapport à celle du glucose, on n'obtient guère que le glucoside, tandis que s’il y a plus de glucose que d'alcool dans le mélange soumis à l’actionsynthétisante del'émuisine, il se forme surtout des polysaccharides.— M. E. Mathias: La: pluie en France. Calcul des anomalies et du coefji- cient d'altitude. L'auteur décrit une méthode de calcul. de ce qu'il a appelé les « anomalies » dans leschutes de pluie (voir p. 92). L'application de cette méthode à la France, y compris la Corse, montre que le coeflicient d'altitude est constant en tous les points d’un paral- lèle géographique, cette valeur croissant avec la lati- tude proportionnellement à celle-ci. ? 3° SciENGEs NATURELLES, — M. J. Répelin : Sur un point de l'histoire de l'Océan Pacifique. L'auteur a trouvé dans des calcaires rapportés d’une des îles basses Toua- motou par M. Rozan des moules de divers mollusques appartenant à l’Eocène. Ainsi les coraux qui étaient considérés comme constituants uniques de ces iles re- posent, en réalité, sur une base de Tertiaire érodée. La mer éocène, dont les dépôts sont répartis dans un grand géosynelinal s'étendant du Japon à la Nouvelle Zélande, avançait done bien plus à l'Est et au Nord qu'on ne l’'admettait jusqu'ici, dans la partie centrale du Pacifi- que méridional. — M. L. Mangin : Sur l’action nocive des émanations de l'usine de Chedde. L'aûteur a cons-, taté que les émanations de l’Usine de Chedde (Haute- Savoie) donnent naissance, après une série de décompo- sitions, à de l'acide chlorhydrique qui est dissous dans les gouttelettes d’eau des brouillards, Ces gouttelettes, condensées sur les aiguilles des Epicea, les pénètrent et les tuent rapidement sans que ces plantes aient le temps de réagir contre l’action du liquide toxique. Au contraire, chez le Pin sylvestre et le Sapin pectiné, la présence.de ce liquide provoque une réaction énergique de défense. La division et l’hypertrophie cellulaires, accompagnées d’une excrétion gommeuse dans les la- cunes chez le Pin sylvestre, la muraille continue de liège chez le Sapin pectiné, protègent efficacement les, feuilles contre l’action toxique et expliquent la résis- tance relative de ces plantes, Aucune différence anato- mique essentielle ne distingue les tissus des feuilles de l'£picea, du Pin sylvestre ou du Sapin, etil n’est pas pos- sible actuellement de justifier par la structurela grande sensibilité de l'Epicea à l’action toxique qui provoque sa disparition rapide dans la région contaminée. — M: J. Pantel: Le calcium, forme de réserve dans la fe- melle des Phasmides; ses formes d'élimination dans les deux sexes, On peut admettre que le carbonate de cal- cium, signalédans les tubes de Malpighi inférieurs de la femelle, chez les Phasmides, fonctionne principalement comme un matériel de réserve pour la minéralisation de l'œuf, La principale forme d'élimination du caleïum chez les Phasmides est un sel assez rarement signalé dans l'appareil rénal des insectes : le phosphatei Ca H PO'.— MM. C. Delezenne et H. Morel: Action cataly- tique des venins de serpents sur les acides nucléiques.Les auteurs ont constaté que les venins de serpents ont la propriété de libérer l'acide phosphorique qui entre 7, \, dns CT \ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dans la constitution des acides nucléiques. Les venins | titué le cireuil oscillant avec la capacité très faible du les plus toxiques sont ceux qui dédoublent le plus ai- sément les acides nucléiques. Mais il n’y a aucune pro- portion entre la quantité de matière transformée et la dose de venin utilisée. —M. A. Vernes : Le graphique du syphilitique. Il est impossible de faire un diagnostic certain de syphilis à la suite d’un seul examen de sé- . rum, car il n'y a que la forme de la courbe obtenue dans une série d'examens successifs qui puisse permettre de se prononcer catégoriquement, — M. &. Douris : Sur l'emploi des sérums chauffés dans la séro-réaction de Vernes (séro-diagnostic de la syphilis). Le chauffage des sérums entraine une modification de l’état col- loïdal de la plus haute importance. Il est nécessaire de chauffer les sérums dans les conditions bien définies par Vernes si l’on veut que l'écart d'hémolyse observé conserve sa valeur d'indice syphilimétrique. — M. Alb. Berthelot : echerches biochimiques sur les plaies de guerre. L'auteur a reconnu que les plaies de guerre peu- vent être infectées par des germes analogues au Bac. aminophilus, qu'en collaboration avec D. M. Bertrand il a isolé de la flore intestinale de l’homme, et capables, comme ce microbe, de produire des bases très toxiques aux dépens des acides aminés libérés dans la plaie par les protéases bactériennes ou leucocytaires. Ces bases intérviennent sans doute dans la genèse de certaines complications locales. — M. A. Paillot: La pseudo- grasserie, maladie nouvelle des chenilles de Lymantria dispar. L'auteur a isolé d’une chenille de Zymantria dispar qui présentait les symptomes extérieurs de la grasserie et de la flacherie deux coccobacilles qu'il nomme Bac. lymantricola adiposus et Bac.lymantriæ f. Le premier est pathogène pour les chenilles de Vanessa urticæ, d'Euproctis chrysorrhea, du ver à soie, et y re- . produit les symptômes d’une même maladie que l'auteur appelle pseudo-grasserie, à cause de sa ressemblance extérieure avec la grasserie, L'action pathogène de ce microbe se manifeste surtout par la désorganisation du tissu adipeux. Séance du 3 Février 1919 M. P. Vialaestélu membre dela Section d'Economie rurale, en remplacement de M. Müntz, décédé. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. Edm. Maillet : Sur le mouvement graduellement, varié et la propagation des crues. L'auteur arrive aux résultats suivants : A l'aval d'un point x, où une crue est simple, l'onde ni- veau est simple:la hauteur du maximum local, qui pré- cède le maximum de l'onde niveau, va en diminuant vers l'aval, Dans une crue multiple, si un maximum local se relève en se propageant, il est précédé à un ins- tant antérieur en x, d’un maximum local plus élevé qui s'affaisse. Les résultats sont analogues, en général du moins, pour les minima. On arrive à des conclusions toutes semblables pour les débits : un maximum ou un minimum de l’onde débit coïncide d’ailleurs respective- ment avec un maximum ou un minimum local des hau- teurs. : i 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Nodon : Aecherches sur uriie nouvelle méthode de prévisions météorologiques L'auteur poursuit, depuis plus de dix ans, des recher- ches sur les relations existant entre les troubles visi- bles de la surface solaire, les troubles électriques et magnétiques terrestres et ceux de l'atmosphère. L’é- troite relation qui unit ces divers phénomènes lui a permis d'établir une nouvelle méthode de prévision de l’état de l'atmosphère dans unerégion déterminée, telle que l’ouest de l'Europe. Cette méthode, appliquée avec succès par le Bureau militaire météorologique, a permis d'y faire des prévisions météorologiques très satisfai- santes 3 ou 4 jours à l'avance, — MM. Gutton et Touly : Oscillations électriques non amorties de courte longueur d'onde. Au cours de recherches de radiotélégraphie mi- litaire, les auteurs ont réalisé un appareil permettant d'entretenir des oscillations aussi fréquentes que lesos- cillations de Hertz, Pour obtenir des oscillations de longueurs d'onde aussi courtes, les auteurs ont cons- DR, D condensateur formé par la grille et la plaque de la lampe et la self-induction des seuls fils de connexion nécessaires, La condition d'entretien et la condition à réaliser afin d'obtenir la plus grande amplitude possible sont les mêmes que dans le cas des oscillations de gran des longueurs d’onde. — M. G. Claude : Sur une ap- plication nouvelle de la viscosité. L'auteur a utilisé à la fabrication d'un canon de tranchée la résistance consi- dérable des corps visqueux aux. efforts énormes, mais presque instantanés, Dans un trou du sol, on vide quel- ques seaux d’un mélange de brai et de goudron; dans ce brai, immergé de 60 em. et reposant sur une plaque de fer placée sur le sol dur du fond de la tranchée, on place un tube d'acier constituant le canon lui-même, sur le- quel s’enfilent les projectiles. Grâce à l’obéissance du brai aux efforts prolongés, ce tube-canon peut subir aisément tous les déplacements lentsvoulus par le poin- tage. Arrêlé en bonne place par un support approprié, il n’en bougera plus de tout le tir, grâce à l'énorme ri- gidité du brai aux coups de canon, — M. Paul Gau- bert : Les cristaux liquides de l'acide agaricique. L’a- cide agaricique chauffé, après avoir perdu son eau de cristallisation, fond en un liquide isotrope qui, par re- froidissement lent, donne des cristaux liquides tantôt appartenant au système cubique, tantôt biréfringents et optiquements positifs. Les deux formes se colorent par le bleu de méthylène. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. M. Mirande : Sur le chondriome, les chloroplastes et les corpuscules nu- ‘’cléolaires du protoplasma des Chara. Par la méthode de Regaud, l’auteur a mis en évidence chez plusieurs espères de Chara un chondriome constitué parde petites mitochondries granuleuses, ou sous forme de très courts bâtonnets. Les chloroplastes, qui sont placés dans la couche périphérique immobile de faible épaisseur du protoplasme apparaissent dans les cellules initialesdes points végétatifs et se différencient progressivement en émigrant vers la périphérie. Les corpuscules nucléolai- res sont en partie expulsés par le noyau lui-même, en grande partie abandonnés dans le protoplasme par des noyaux qui s’y sont fondus. — M. Marage: Le timbre de la voix chez les sourds et muets. Pour modifier la voix des sourds-muets, il faut, ou bien développer leur audition de manière àles faire passer dans la catégorie des demi-sourds, ou bien, si cela ne peut se faire, déve- lopper l’action de leurs muscles inlra- et extra-laryn- giens. Il nesemble pas impossible d'obtenir ces résultats avec les procédés déjà décrits par l’auteur, ACADÉMIE DE MEDECINE Séance du 21 Janvier 1919 MM. G. Boyé et R. Guyot : Contribution à la-lutte contre les mouches, Les auteurs ont essayé quelques produits chimiques ou organiques pour la destruction des mouches à l’état larvaire ou adulte. Pour les larves, les substances caustiques, alcalis ou acides, crésylol sodique, leur ont donné les meilleurs résultats. Dans la lutte contre les mouches adultes, de nombreuses obser- vations leur ont montré que les mouches semblent plus particulièrement attirées vers les substances organiques en décomposition et vers les substances sucrées. Aussi ont-ils associé à la plupart des produits essayés du sucre ou dusirop. Parmi les substances expérimentées, deux doivent retenir surtout l'attention : le cobold {ou arse- nie noir) d'une part, et l'huile de ricin (additionnée au besoin de quelques gouttes d'huile de croton) d'autre part, \ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 25 Janvier 1919 M. P. Portier: Développement complet des larves: de Tenebrio Molitor obtenu au moyen d'une nourriture stérilisée à haute température (130*). Les animaux, dans ces conditions, sont approvisionnés de symbiotes Séance du 126 ACADÈMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES par un mécanisme spécial : cryptogames ou microorga- nismes inclus dans leurs tissus, quis'y développent et échappent à la carence. — M. Michel Siedlecki : Quel- ques remarques à propos de ce qu'on appelle « la posi- tion terrifiante v des animaux, 1° La position de bataille et celle qu'on appelle terrifiante ne sont pas les mêmes. 2° Très souvent là position terriliante n’a pas de valeur pour la défense de l'animal. 3° La position terrifiante , peut être provoquée non seulement par la présence de . l'ennemi au voisinage de l'animal, mais aussi par diffé- rents autres agents, soit la fatigue, soilen général une irritation de tout l'organisme, — M, le D' Bonnefon : « Régénération » n'égale pas « Reviviscence ». Les élé- ments cellulaires morts sontremplacés par des cellules étrangères au greffon. Il y a donc régénération et nou reviviscence, Quand à la trame connective du greffon qui sert de canevas à cette régénération, elle n’a pas à mourir, ni par conséquent à survivre ou revivre, puis- que c’estun « coagulum inerte », Elle ne peut qu'être assimilée. Tous ces faits ont été étudiés el interprétés aucours de recherches d’avant-guerre sur la greffe de la cornée, — M.J.Mawas : Nouveau procédé de coloration du fer dans les tissus. Action de l'alisarine-monosulfo- nate de sodium sur le fer inorganique. Ge procédé donne une coloration polychrome : le fer-est coloré en brun noir, les noyaux en violet rouge, le fond de la prépara- tion en rose. Les colorations obtenues sont stables. — M. Ed. Retterer: Du cartilage articulaire et costal des individus adultes et vieux. Chez les individus adultes et vieux, la zone du cartilage sérié est formée de cellules toutes encapsulées ; la zone calcifiée, de cellules qui sont plus petites que les cellules sériées et qui ne sont plus hypertrophiées. Ces cellules calcifiées se transforment directement en cellules osseuses. La trame hématoxyli- nophile devient plus épaisse, plus ramifiée, tandis que la masse amorphe se réduit. — M. L. Launoy : De l'ac- tion antagoniste du sérum sanguin contre les protéases microbiennes. Il résulte de ces recherches Pour les actions protéolytiques qualitativement égales, l’action du sérum sanguin est beaucoup plus faible sur les pro- téases microbiennes que sur la trypsine. D'où l’auteur conclut que l'interprétation qui fait du pouvoirantitryp- tique dü sérum un phénomène banal est incompatible avec les faits. D'autre part, l’auteur a obtenu par l’injec- tion au lapin de protéases microbiennes lapparition dans le sérum de propriétésinhibitricestrès énergiques. Ces propriétés inhibitrices sont spécifiques pour la pro- téase injectée. — M, Henri Piéron : De la discrimina- tion spatiale des sensations thermiques; son importance pour lathéorie générale de la discrimination cutanée.Les expériences faites sur deux sujets montrent la finesse discriminative pour des excitations chaudes ou froi-- des sur des surfaces circulaires, L’abaissement du seuil en fonction des intensités croissantes d’une excitation se fait suivant une courbe dont l'allure générale est celle: d'une branche d’'hyperbole, — MM. A. Grigaut, Fr. Guérin et Mme Pommay-Michaux : Sur La mesure de la protéolyse microbienne, Les différents microbes de la plaie de guerre, ensemencés sur le milieu à l'œuf, déter- minent une protéolyse plus où moins abondante dont la marche peut être suivie commodément au moyen du procédé de nesslérisation décrit par les auteurs. Le dosage de l'azote non protéique notamment permet d'apprécier le taux de la protéolyse dans un milieu de culture déterminé et de mesurer l'activité protéolytique comparée des différentes espèces ou associations micro- biennes,—MM.F,. Chevrel, A. Ranque, Ch. Senezet E. Gruat : Prophylaxie bactériothérapique des compli- cations de la grippe par la vaccination mixte pneumo- streplococcique. Les injections intra-veineuses de vaccin pneumo-streptococcique iodé, parfaitementbien tolérées, ont amené des défervescences brusques avec guérison dans de nombreux cas à complications pulmonaires graves. Dans les septicémies à streptocoques, le vaccin n'a pas donné de résultats appréciables; par contre, dans les sépticémies à pneumocoques, la vaceinothérapie a donné des résultats excellents, — M. P.,Remlinger : Immunisation du Lapin contre l'inoculation ‘sous-dure- mérienne de virus rabique fixe au moyen de cerveaux traités par l'éther. Des émulsions à 1/50 de cerveaux rabiques ayant séjourné de 60 à 120 heures dans l'éther. sulfurique sont douées d’un pouvoir immunisant élevé. On peut même, à l’aide de ce procédé, vacciner le lapin contre l'épreuve si sévère de la trépanation du virus fixe. Cette immunisation est plus facile à réaliser qu'il n'est d'ordinaire admis.Une fois obtenue, elle se mon- tre le plus souvent d’une solidité à toute épreuve. — MM. A. Besson, A. Ranque et Ch. Senez : Sur la vie du colibacille en milieu liquide glucosé. Le glucose semble apporter à la vie dece microbe les modifications suivantes : 1° Multiplication rapide et régulière jusqu’à une densité d’arrêtfixe; 20 Attaque du sucre avec pro- duction de gaz qui débute exactement au moment où la multiplication des germes s'arrête; 39 Diminution de la durée de la vie des germes, SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 17 Janvier 1919 M. H. Bénard : Délerminations du coeficient de transmission de la chaleur à travers les parois d'un wagon fortement isolé. 1° D'une première série d’expé- riences effectuées en janvier 1915 à la demande de M. le Général Abaut, alors Chef du Service des viandes frigoriliées au Ministère de la Guerre, on a pu déduire une méthode de mesure du coeflicient moyen de trans- mission de la chaleur à travers la paroi d’un wagon, hermétiquement clos, isolé sur toutes ses faces par une couche de liège granulé, ou de tourbe-poussière de Hollande, épaisse de o m{15. Le wagon, plein de viande congelée (11.000 kgr. environ), était chauffé dans une étuve pendant 6 jours, la température de l'étuve variant suivant une loi périodique de 24 heures de période : pour cela, on réglait l'admission de la vapeur dans les radiateurs de chauffage, de façon à ce que la plume de. l’enregistreur suivit la courbe imposée à l'avance ét tracée au crayon sur la feuille hebdomadaire. Cette courbe a une branche ascendante diurne de 12 heures, et une branche descendante nocturne de 12 heures, symétrique de la branche montante, par rapport à l'axe des temps. L'analyse harmonique de cette courbe donne donc seulement les harmoniques impairs. La sinusoïde fondamentale a une amplitude totale voi- sine de 24°, et son maximum én avance de 4 heures sur le maximum vrai. Le thermomètre placé à l’intérieur du wagon, tout contre la paroi interne, a donné une sinu- soiïde parfaite, de 1°, 1 d'amplitude totale, dont les maxima sont en retard de 11 heures sur ceux de la sinusoïde fondamentale extérieure, Les harmoniques y Sp le mur, Les équations connues de Fourier permettent de calculer de deux façons différentes le coefficient de transmission, qui esten moyenne égal à 0,30. Ces expé- riences étaient, en réalité, destinées surtout à de périodes » etc., sont complètement étouffés par à mettre le wagon type dans des conditions pratiques analogues à celles d’un été Lorride, avec une forte oscillation diurne, pour satisfaire au programme sévère imposé (décongé- lation insignifiante de la viande aprés 6 jours de séjour dans les wagons), à étudier l'utilité de la réfrigération du tvagon avant chargement, à comparer les divers modes de préréfrigéralion, ete, 2° Au contraire, la seconde série d'expériences (avril-mai 1915) a eu réelle- ment pour but d'éprouver, en vue de les réceptionner, l'isolation des wagons aménagés, d’après les enseigne- ments de la première série d'expériences, par diverses Cempagnies, et de mesurer pour chacun des types de construction adoptée la valeur du coeflicient moyen de transmission. La méthode de choix consiste à chauffer électriquement, à puissance constante, l’intérieur du wagon vide et hermétiquement clés, la température extériéure 2’ étant maintenue constante, En réalité, les essais n’ont pu avoir lieu à température extérieure constante on a opéré dans divers ateliers dont la | | . . : | L 4 . . pe à 1 04/7 BL ere AL CA : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 427 température subissait, atténuées, les oscillations diurne - del’air extérieur. Parfois, heureusement, ces oscillations, de peu d'amplitude, ont été à peu près périodiques pen- dant les quelques jours qu'a duré l'expérience : elles n'ont pas pénétré du tout à l’intérieur du wagon. Mais d’autres fois, il y a eu des variations irrégulières, qui pénètrent et modilient la courbe intérieure des tempé- ratures d’une façon qui est forcément mal déterminée. La puissance électrique constante alimentant Îles rhéostats de chauffage et le ventilateur intérieur, géné- ralement comprise entre 800 et goo watts, était mesurée à l'extérieur du wagon par un wattmètre enregistreur. La température limite était voisine de + 50°. Les coefli- cients de transmission pour les divers wagons essayés, compris entre 0,27 et 0,42, sont tout à fait voisins de ceux qu'on peut calculer a priori, d'après la nature et l'état de l’isolant (lieges agglomérés, granulés, tourbe de Hollande plus ou moins bien séchée) et la discussion . des effets produits par des ruptures d'isolation inévi- - tables (lambourdes et autres pièces de charpente, boulons des portes, tassement des isolants pulvéru- Jents,etc.). SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 21 Novembre 1918 » ScrENCES NATURELLES. — MM. W. Stiles et F. Kidd : Influence de la concentration extérieure sur la position de l'équilibre atteint dans l'absorption des sels par les cellules végétales. Les auteurs ont suivi la marche de l'absorption des sels par les tissus de carotte et de pomme de terre en mesurant les variations de la con- ductibilité électrique de la solution de sel agissant sur * le tissu. Les concentrations employées pour chaque sel ont varié de 0,1 à 0,0002 N, Dans le cas du sulfate de cuivre, l’exosmose du tissu surpasse l'absorption, et il . enest ainsi pour toutes les concentrations du sel; ce . phénomène est caractéristique des substances toxiques. Le tissu de carotte absorbe les chlorures de K, Na, Ca à toutes concentrations essayées. L’absorption a lieu d’abord à une vitesse à peu près proportionnelle à la concentration extérieure ; mais cette relation ne per- siste pas à mesure que l'absorption progresse : celle-ci tend vers un équilibre où le rapport de la concentra- tion interne à la concentration externe — ou rapport d'absorption — n'est pas constant, mais varie avec la concentration; il diminue quand la concentration augmente. Pour de faibles concentrations extérieures comme 0,0002 N et 0,002 N, il est égal à plusieurs unités ; pour de fortes concentrations, comme 0,1 N, . ilest inférieur à l'unité. La relation entre les con- centrations finales interne y et externe c parait être donnée par l'équation d’adsorption y — #c®, mais les résultats obtenus ne justifient pas que l'absorption des sels par la cellule soit un processus d’adsorption. — MM. W. Stiles et F. Kidd : Vitesse d'absorption com- parée de divers sels par les tissus végétaux. Les auteurs ont mesuré, parla méthode de conductibilité électrique décrite ci-dessus, l’absorption de divers chlorures, sul- fates, nitrates et sels de K aux dépens de solutions 0,02 N. Les cations semblent absorhés à l’origine dans l'ordre : K, [Ca, Na], Li, [Mg,Zn), Al (la position des ions entre parenthèses pouvant être renversée), Mais cet or- dre initial n'indique pas l'importance de l'absorption des ions quand l'équilibre est atteint ; l’ordreest alors: K, Na,Li, [Ca Mg]. La principale différence entre l’ordre initial et l’ordre final réside dans la position du Ca, qui est finalement peu absorbé en comparaison de K et Na. Les anions sont absorhés à l’origine dans l’ordre SO!, NO', CI, remplacé plus tard par l’ordre NO, CI, SO!, par suite de la faible absorption de l’ion sulfate, Ces résultats concordent en général avec ceux de Ruhland, . Fitting, Pantanelli et Troendle, qui ont utilisé des mé- thodes et des matériaux d'expérience différents. Mais ces auteurs n'ont pas fait de distinction entre la vitesse | initiale d'absorption et la position de l'équilibre final. Celle-ci paraît dépendre d’une propriété tout-à-fait dif- férente de celle qui détermine la vitesse initiale d’ab- sorption. Seance du 5 Décembre 1918 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. E. Nevill : Valeur de l'accélération séculaire de la longitude moyenne de la Lune. L'auteur montre que là où les erreurs observées de la place tabulaire de la Lune sont soigneusement corrigées des erreurs observées dans les valeurs des coeflicients principaux employés dans les Tables lunai- res de Hansen les erreurs résiduelles sont telles que la valeur vraie du coeflicient de l'accélération séculaire du movement moyen de la Lune ne diffère pas sensible- ment de la valeur 6,2 que Jui assigne la théorie. Ainsi l'observation ne fournitaucune preuve d’un retard de la rotation de Ja Terre dû aux marées, 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Ç. Chree : Gradient de potentiel électrique et opacité atmosphérique à l’'Obser- vatoire de Xew. Depuis plusieurs années, on enregistre à l'Observatoire de Kew, aux heures habituelles des observations météorologiques, l’objet visible à la plus grande distance parmi une série choisie; on note aussi séparément la présence de brume ou de brouillard, On a ainsiassemblé une quantité d'observations suf la plus ou moins grande opacité de l'atmosphère. L'auteur a comparé ces données avec le gradient de potentiel de l'électricité atmosphérique. Il a reconnu que même pour l’'opacité la plus faible qu'il soit possible de discerner, la valeur du gradient de potentiel augmente avec l'opa- cité. En hiver, l'effet de la brume ou du brouillard sur le gradient de potentiel estélevé, et comme il existe une large variation diurne dans l’apparition de la brume et du brouillard, celle-ci exerce une influence notable sur le caractère de la variation diurne du gradient de poten- tiel. — MM. S. B. Schryveret N. E. Speer : Recher- ches sur l'état d’agrégation. IV. La floculation des col- loides par les sels contenant des ions organiques univa- lents, D'après une certaine théorie, l'absorption de l'ion déchargeant du sel floculant joue le rôle prédominant dans la floculätion des colloïdes, Si c'est bien lecas, on doit s'attendre à ce que les sels qui causent le plus fort abaissement de la tension superficielle de l’eau exercent la plus grande action floculante là où l’eau est le milieu de dispersion. Les auteurs ont choisi une série de sels contenant des ions organiques, dont les solutions nor£ males présentent un grand intervalle de tensions super- ficielles, et ils en ont étudié l’action floculante sur un certain nombre de colloïdes. En général, ils n’ont trouvé aucune relation entre cette action et les tensions super-, ficielles des solutions. Dans un cas, toutefois; celui du mastic, il existe un parallélisme marqué. Les auteurs attirent l'attention sur le fait qu'il peut exister deux classes de colloïdes suspensoïdes. La première comprend ceux qui doivent leur charge à un ion du sél qui a servi à préparer le colloïde (par ex. l'ion CI attaché à un sol d'hydrate ferrique préparé par hydrolyse du chlorure fernique). La seconde comprend les colloïdes dont la charge est due à un ion labile dissocié appartenant au colloïde lui-même, attaché électrostatiquement à un ion moins labile /par ex. le maslie où un ion H du radical carboxyle est attaché électrostatiquement à un gros anion).Les auteurs proposent de désigner sous lès noms d'exionique et d’endionique les colloïides de ces deux classes. — M. E. Hatschek : Zlude des formes prises par les gouttes et les vortex d'un liquide gélatinisant dans diverses solutions coagulantes. L'auteur fait tomber des gouttes du so} gélatine dans diverses solutions, et s'arrange pour que la formation du gel ait lieu lorsque la goutte tombante ou le vortex produit a atteint la forme désirée. On obtient ainsi des modèles permanents des formes transitoires observées quand on emploie deux Hiquides. Si les solutions ont un effet déshydratant sur la gélatine, on obtient un certain nombre de parti- cularités qui ne se produisent pas avee les liquides : côtes et membranes radiales, non circulaires. On peut encore varier les conditions par l’emploi de solutions, ou de sels ajoutés au sol de sections transversales . gélatine, qui conduisent à la formation de membranes perméables ou semi-perméables sur la goutte de gélatine. On obtient ainsi une nouvelle série de formes : disques biconcaves de la forme des globules rouges du sang humain, gouttes pendantes à profils anormaux et seg- mentation superficielle, ete. Plusieurs de ces formes pré- sentent une yrande ressemblanee avec celles des orga- nismes ivférieurs. Séance du 12 Décembre 1918 19 Sciences PHYSIQUES. — MM. L. Hill et H. Ash: Les pouvoirs refroidissant el évaporant de l'atmosphère déterminés par le cata-thermomètre. Les auteurs ont procédé, avec le concours de M. N. Piercey, à une nou- velle étude du pouvoir refroidissant de l’air, à tempé- rature et vitesses connues, dans les grands tunnels à ventilation du Collège d’East London; ils déterminaient en fonction du temps la vitesse de refroidissement d’un catathérmomètre, thermomètre à alcool à gros réservoir gradué entre 100° et 9° F., d’où l'on déduit au moyen d'un facteur approprié le pouvoir refroidissant sur une surface à la température du corps en millicalories par em? par sec. Des observations on déduit la formule H'=— (0,27 + 0,49 5), où 8 est la différence entre la température de l'air et 36°,5 C. En utilisant cette for- mule, les auteursont trouvé que la vitesse du vent déler- minée par le cata-thermomètre à l'Observatoire de Kew concorde bien avec celle qu’on détermine par les anémo- mètres de Cup et Dines. En employant cette formule pour déterminer la vitesse, on a réétudié le refroidisse- ment du catathermomètre dans un tube de 7,5 em. de diamètre, traversé par de l'air de température et d’hu- midité variables. Les auteurs ont également déterminé l'effet de la pression barométrique sur le pouvoir refroi- dissant dans une chambre où la pression variait entre 15 livres et 340 mm, de mercure. Les résultats concor- dent avec une formule déduite théoriquement : Ho Fr Hy— sl: de V ps). Po La formule exprime l'influence de la pression baromé- trique surle pouvoir refroidissant par convection. Aux températures ordinaires, le pouvoir refroidissant exercé sur le catathermomètre sec est dû moitié à la radiation, moitié à la convection. 2° SCIENCES NATURELLES, — Mlle M. C. Stopes : Les quatre constituants visibles du charbon bitumineux à bandes. Le charbon étudié est le charbon bitumineux panaché ordinaire des « Coal Measures » britanniques, largement utilisé dans les maisons et usines. Laissant de côté pour le moment la nature morphologique ultime des organes végétaux ayant contribué à sa formation, l’auteur décrit quatre substances ou constituants diffé- rents dans ce charbon, Elles peuvent être distinguées: par des différences de caractère général : 1° différences d'aspect et de texture macroscopique; 29 comporte ment différent dans le traitement par divers réactifs chimiques; 3 différences des « débris » qui résultent du traitement précédent; 4° différences des coupes micros- copiqués de la substance avant traitement. Ces difré- rences seront suivies par l'analyse et la distillation, dont les résultats formeront le sujet d'un mémoire ul- térieur. L'auteur donne des diagrammes montrant la distribution caractéristique de ces constituants dans les coupes. Les quatre constituants ainsi déterminés ont reçu les noms de fusain (noir animal, minéral), durain, clarain et vitrain. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 8 Novembre 1918 M. J. C. Mc Lennan: Les arcs à faible voltage dans les vapeurs métalliques. L'auteur décrit des expériences elfectuées sous sa direction par MM. Hamer et Kemp. Ceux-ci ont constaté qu’en augmentant la température ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de la cathode incandescente, on abaisse le voltage né- cessaire à la production d'arc dans les vapeurs de Hg, Zn et Cd, Avec des cathodes de Pt recouvertes de chaux on n'obtient pas de voltages d’arc aussi bas qu'avec des filaments de Tu incandescents. En opérant avec Hg, il a-été possible de faire jaillir des ares avec des voltages s'abaissant à 4,795 volts et de les maintenir avec 2,84 volts; les valeurs correspondantes pour Cd sont 5 et 2 volts. Pour réaliser ces voltages d'arc très faibles, il est nécessaire d'employer des cathodes excessivement chaudes et de fournir abondamment la vapeur métal- lique fortement chauffée, En opérant avec des eathodes incandescentes à température modérée et une quantité moyenne de vapeur métallique, les voltages d’are sont donnés par l'équation de quanta : V — L >X (1,5S)/e, où 1,55 est la fréquence de la plus courte longueur d'onde dans la série v — 1,5$—mP.—M.C.R. Gibson : Quelques expériences de cécité des couleurs. L'appareil consiste en une lanterne produisant un faisceau intense de lumière blanche, et un verre coloré quipeut êtrein- tercalé sur son trajet de façon à retenir tous les rayons rouges. Divers échantillons de tissus et de rubans colo- rés disposés par paires, qui apparaissent très différents en lumière blanche, semblent parfaitement identiques quand on interpose l’écran,les conditions d'observation étant alors les mêmes que celles d’une personne atteinte de cécité pour le rouge. En expérimentant par cette méthode sur des laines teintes, l’auteur a constaté que plusieurs ne s’y prêtent pas, par suite de leur fluores- cence : bien que l’appareil ne leur envoie aucune lu- mière rouge, on trouve une grande quantité de rouge dans la lumière qu’elles réfléchissent. Dans ce cas, pour connaître les couleurs qui apparaîtraient à un homme atteint de cécité pour le rouge, il faut placer le filtre entre la laine et l’œil et non pas simplement entre la source de lumière et la laine. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE SEcTIoN D’EptMBoUuRG Séance du 15 Octobre 1918 MM. T. J. Rettie J. L. Smith et J. Ritchie : Une. nouvelle poudre à blanchir pour les pays chauds. A 37°C. la poudre à blanchir perd 96 °/, de son eflicacité, mesu= rée en Cl actif, en 8 semaines, et à 45° la même perte a lieu en 15 jours. La décomposition est attribuable à l'humidité de la poudre; mais, quoique la poudre dessé- chée se conserve mieux que la poudre humide, l'enlève- ment de l’humidité dans le vide sur de l'acide sulfuri- que provoque une perte considérable de Cl actif. Les auteurs proposent d'ajouter à lä poudre commerciale de la chaux vive fraîche, Un tel mélange ne perd plus que 3 à 10 0/, de son CI actif à 45° G.en 3 mois. En outre, la présence de chaux vive empêche la formation de chlo- rate de calcium, dont la présence communique un mau- vais goût à l’eau stérilisée avec la poudre. En mélan- geant 70 parties de poudre à blanchir contenant 34 5 de CI actif et9,7 /, d'eau avec 30 parties de chaux vive, les auteurs ont obtenu un produit sec contenant 28 !/, de CI actif, lequel, après exposition à 45° en tube scellé pendant 15 jours, renfermait encore 22 0/, de Cl actif; il contenait 0,52 0/, de chlorate au commencement de l’ex- périence, et 1,2 °/o à la fin, - . Le Gérant : Octave Don. Sens. — Imp. Levé, 1, rue de la Bertauche. 30° ANNÉE N° 5 15 MARS 1919 Revue générale td DCiences ‘’# pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER DIRECTEUR : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de. l’Académie de Médecine resser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l'Académie dés Sciences de Paris. — Dans sa séance du 24 février, l'Académie a procédé à l'élection d’un membre dans la Section de Physique, en remplacement de M. E.-H. Amagat, décédé, La Section avait présenté la liste suivante de candi- dats : en première ligne, M. M. Brillouin; en seconde ligne, MM. H. Abraham, D. Berthelot, A. Cotton, A. Leduc et J. Perrin. Au premier tour de scrutin, M. Daniel Berthelot a obtenu 26 suffrages contre 19 à M. Brillouin, 3 à M. Perrin, 1 à M. Cotton et 1 à M. Leduc. En conséquence, M. D. Berthelot a été déclaré élu. Le nouvel académicien, qui est professeur à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris, est l'auteur d’un grand nombre de recherches de Physique et de Chimie physique, parmi lesquelles nous citerons: l'application de la méthode des conductibilités électriques à l'étude des acides, sels et autres corps en solution, la mesure des hautes températures par les méthodes optiques, les propriétés des gaz et des fluides et l’équation d'état, les effets chimiques des rayons ultra-violets. $ 2. — Physique Action de la lumière sur les particules ultramicroscopiques.— Ehrenhaît! a indiqué, il y a quelques années, qu’on peut étudier directement l’ac- tion exercée par la lumière sur des particules ultra- microscopiques, aclion qui, d’après Arrhénius?, joue un rôle important dans la Physique cosmique. Récemment, Ehrenhaft a entrepris une étude systé- matique de cette action en mesurant la vitesse du mou- vement communiqué aux particules par un faisceau de lumière concentrée et il a donné au phénomène le nom de « photophorèse »3. Contrairement à ce qu'on suppo- sait jusqu'à présent, l'action produite par la lumière 1. EurenuArT: Wien. Akad. Ber., t. CXIX(II a), p. 836; 1910. } 2. ARRHÉNIUS : Phys. Zeëlschr., t. II, p. 81-97; 1900. 3. EHHENHAET : Ann. der Physik,t. LVI, p. 81-132; (918. REVUE GÉNÉRALE DES SCIFNCES n'est pas toujours répulsive; on observe, dans certains cas, une attraction. Des particules à surface très ré- fléchissante, telles que les particules d'argent, sont re- poussées et subissent une photophorèse positive. Des particules de soufre et de sélénium, au contraire, sont attirées par la lumière; elles subissent une photopho- rèse négative. Enfin on trouve aussi des particules neu- tres. D'après Ehrenhaft, les effets précédents seraient attribuables à une action directe de la lumière et non pas à un effet indirect dû à l'intervention du gaz dans lequel les particules sont suspendues, M. A. Schidlof! fait remarquer que la photophorèse négative conduirait à l'abandon : du principe de Carnot si l'attraction exercée par le rayonnement avait lieu sans que les particules attirées subissent certaines transformations, On pourrait, en effet, dans ce cas, construire un moteur thermique fonctionnant d’une manièré périodique et empruntant de la chaleur à un seu! réservoir. Le moteur en question serait composé, par exemple, d’un cylindre à parois réfléchissantes dont le fond comprendrait un corps porté à une tempéra- ture assezélevée pour provoquer l'émission d'un rayon- nement intense, Le piston du cylindre présenterait alternativement au rayonnement une surface réfléchis- sante et une surface recouverte d’un enduit photopho- rétique négatif. IL fournirait alors constamment, à l'aller et au retour, un travail extérieur positif unique- ment en empruntant de la chaleur à la surface rayon- nante. Pour éviter la contradiction avec le principe de Carnot, il est indispensable de supposer que l’enduit est le siège d’une transformation tant que dure l’attrac- tion exercée par le rayonnement. Le changement en question ne peut pas, d'après M. Schidlof, consister simplement en une absorption et une transformation de l'énergie rayonnante en cha- leur qui cesseraient lorsque les températures se seraient égalisées. Pour qu'il y ait attraction, la transformation doit être d’une nature bien plus compliquée. Peut-être 1. A. Scuincor : Séances de la Soc. de phys. et d'histoire nat. de Genève, séance du 7 nov. 1918 (V. Archives des” Sciences phys. et nat,, décembre 1918). 130 pourra-t-on réussir à la mettre en évidence d’une façon directe parune variation progressive des durées de chute et d’ascension, par exemple. Dès maintenant, il semble bien que « toutes les conclusions basées sur la supposition que les particules ont dans tous les cas les propriétés de la matière à partir de laquelle elles ont été obtenues ne méritent aucune confiance ». Détermination du nombre de particules « émises par le radium. — L'unique détermina- tion expérimentale directe du nombre Z de particules # émises en une seconde par un gramme de radium est due à Rutherford et Geiger (1908) et a conduit à la ya- leur 3, 4. 1010; en réduisant cette valeur à l’étalon inter- national de radium, on obtient Z—3, 5..1010, Des considérations théoriques conduisent à la con- clusion que cette valeur de Z ne doit pas être exacte. MM. F. Hess et Robert W. Lawson! ont procédé à une nouvelle détermination au moyen d'une méthode identique, en principe, à la méthode d’ionisation par chocs introduite par Rutherford et Geiger. Les dé- nombrements étaient effectués dans l’air, dans l’acide carbonique et dans les mélanges de ces deux gaz à l’aide de l’électromètre à corde d’Elster et Geitel, Dans Pair, à côté des particules «, il faut tenir compte de l’action des rayons £ et y : dans l’'anhydride carbonique, dans les mélanges d'air et d'anhydride carbonique conte- nant au moins 54 °/, de CO?, seules les particules & ont une action ionisante par chocs. Aussi, pour les séries définitives de mesures, MM. Hess et Lawson ont-ils uti- lisé un mélange de 54°/,; de CO% avec 46 07, d'air. Comme source de rayons &, ils ont pris un échantillon ‘ de radium C. La moyenne de 268 déterminations de Z, comprenant chacune un dénombrement d’une durée de 10 min., con- duit à la valeur : Z —=(3,72 Æ 0,02). xo!0. Cette valeur expérimentale fournit une détermina- tion de la vitesse et du parcours des particules « du ra- dium, à parlir du dégagement de chaleur, connu très exactement, d’un gramme de radium sans produits de décomposition (25,2 cal. : heure). On obtient, pour la première, ; pv — 1,53, 10° cm. : sec. et pour le second, r,—/3,p2 cm. à 15° G Brags a trouvé expérimentalement, pour r, 3,44 cm. à 15° C, qui fournirait pour Z la valeur 3,78. rod, supé- rieure de 3,6 0/, à celle obtenue par MM. Hess et Law- son, Cet écart peut s'expliquer par l'incertitude des mesures expérimentales du parcours des rayons «. Aussi semble-t-il que l'hypothèse de la libération d’une certaine énergie interne intra-atomique à eôlé de lé- nergie cinétique des particules z et des atomes de choc est désormais superflue pour expliquer le dégagement calorifique révélé par l'expérience. En partant de la valeur Z — 3,92, 1010, et de la va- leur N — 2,68. 10°! (nombre d’atomes dans 1 gr. de xadium, (on obtient pour la constante radioactive 4 du radium Z P ÿ== N soit pour la vie moyenne : O = 2,280 ans, période ; T— 1.580 ans. —=1,39.107 Miseet 1—= 4,38. 10! ans=!; et pour la $ 3. — Adsorption des gaz par des surfaces planes de verre, de mica et de platine, — Dans ses re- cherches sur le passage continu de l’état liquide à l'état Chimie physique 1. Archives des Sciences phys. el nat. (Genève), 4° période, XLVI, p. 530 ; décembre 1918, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de vapeur, aux températures supérieures à La tempéra-M ture critique, Van der Waals a développé la théorie qu’à la surface de séparation entre un liquide et sa ya peur il n’y a pas passage brusque d’un état à l’autre,« mais plutôt qu'il existe une couche de transition dans laquelle la densité et les autres propriétés varient gra-h duellement de celles du liquide à celles de la vapeur. Cette idée d’une transition continue entre les phases de la matière a été appliquée d’une manière très géné- rale à la théorie des phénomènes de surface: tension su- perficielle, adsorption, etc. |, $ Eucken!, par exemple, envisageant la théorie de l’ad- sorption des gaz, considère que la couche de transitionest une sorte d’atmosphère en miniature, les molécules étant attirées à la surface par une sorte d'action à distance. Bakker? a émis une théorie analogue pour rendre compte des phénomènes de tension superticielle, Il suppose que les molécules dans la couche de transition sont attirées, l’une vers l’autre avec une force qui est une fonction. exponentielle inverse de leur distance. Les chimistes s'occupant des colloïdes ontforcément: accordé une grande attention au phénomène de lad- sorption., Quoique plusieurs théories chimiques de l’ad- sorption aient été proposées, la plupart des savants considèrent plutôt l'adsorption comme un phénomène : physique. : Langmuir* a proposé récemment une théorie dans laquelle il admet qu'il y a variation brusque des pro- priétés à la surface d’un solide ou d’un liquide: Les) atomes constituant la surface d’un solide sont reliés aux atomes sous-jacents par des forces analogues à celles. qui s’exercent entre les atomes situés à l'intérieur du. solide. Les recherches de Bragg sur la structure cristal” line et quelques autres considérations nous amènen à penser que ces forces sont analogues à celles qu'on classe habituellement parmi les forces chimiques. Dans la couche superficielle, par suite de la dissymétrie des conditions, l’arrangement des atomes doit différer tou“ jours légèrement de. ce qu’il est à l’intérieur, Ces atomes sont chimiquement non saturés et ils sont ainsi entou: rés d’un champ de force intense; En outré, d’après Langmuir, quand des molécules de gaz viennent frapper une surface solide ou liquide, ell ne rebondissent généralement pas d’une manière 6 tique, mais se condensent à la surface, maintenues par le champ de force des atomes superficiels. Ces molécu= les peuvent ensuite s’évaporer. L'intervalle de temps qui s'écoule entre la condensation d'une molécule et son évaporation conséeutive dépend de l'intensité des forces superficielles, L'adsorption est le résultat direct de cet sorte de retard dans le temps. Si les forces superficiel se les sont relativement intenses, l'évaporation ne se pro: duira qu'à une vitesse négligeable, en sorte que la sur face du solide se recouvre complètement d’une couche de molécules. Dans lecasoüil y a véritablementadsorp tion, cette couche ne peut avoir plus d’une molécule d'épaisseur, car aussitôt que la surface est recouverte d’une couche simple les forces superficielles sont chi- miquement salurées. Lorsque, au contraire, les forces superficielles sont faibles, l’évaporation peut se produire si rapidement après la condensation qu’une petite frac tion seulement de la surface se recouvre d’une couche simple de molécules adsorbées. En accord avee E nature chimique des forces superficielles, on a constaté que le champ d'action de ces forces est extrêmement faible, de l’ordre de 108 cm., c'est-à-dire que le champ réel d'action des forces est habituellement beaucoup moindre que le diamètre des moléculés. Les molécules s'orientent ainsi d’elles-mêmes suivant des modes définis dans la couche superlicielle. M. Langmuir a développé sur ces bases une théorie 1. Eucrun: Verhdeut. physik. Ges., t. AYD À. 345 ; 1914 2, Bakker : Z, physik. Chem, L. LXXXIX, : 1915; È 3. Lancmuir : Journ. of Americi Chem. S02S ". Et p- 1361- 1403 ; sept. 1918. “ CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 131 mathématique de l’adsorption pour l'exposé de laquelle nous renvoyons au rhémoire original. . D'après cette théorie, l'épaisseur de la couche adsor- bée, dans les cas d’adsorption véritable, ne doit pas dé- passer une molécule, ce qui est contraire au 'point de vue habituellement admis. L'écart doit tenir au fait que presque tous les chercheurs ont opéré sur des corps poreux dans lesquels la couche adsorbante est indéter- minée, ou bien ont ulilisé des vapeurs presque saturées en sorte qu'il y a condensation de liquide dans’les espaces capillaires. M. Langmuir a étudié expérimentalement l'adsorp- tion de plusieurs gaz par des surfaces planes de mica, de verre, et de platine. Ila opéré sous des pressions égales ou inférieures à 0,1 mm. dé mercure, qui permet- tent de mesurer plus facilement de faibles quantités de ‘gaz et d'éviter tout danger de condensation des gaz li- quéliés dans les espaces capillaires. _ A la température ambiante, l’adsorption est négli- geable avec le verre et le mica; la surfacen’est certainé- ment pas recouverte d’une simple couche de molécules Sur le centième de son étendue, À — 1839 et à — :118°C. ladsorption est relativement importante, sauf dans lhydrogène. Aux pressions’les plus élevées qui ont été utilisées par M. Langmuir, les surfaces tendent à se Saturer de gaz. Les quantités ma%ima adsorbées, même sur des surfaces saturées, sont toujours un peu infé- eures à celles qu’on pourrait prévoir pour une couche “monomoléculaire. Ces quantités vont en croissant pour ï les différents gaz étudiés, dans l’ordre suivant : hydro- . gène, oxygène, argon, azote, oxyde de carbone, mé- _thane, anhydride carbonique. _ L'adsorption, pour tous ces gaz, est un phénomène réversible. Avec le platine, tes phénomènes sont tout différents, # a n'observe aucune adsorphon dé gaz, Hier 183°, 4 e, ou ‘l'oxyde de carbone et onvime "réagissent ai- ément l'un sur l'autre, à la température ambiante, au ide. Quand le platine est au contact d'un excès d'oxy- gène, la quantité d'oxygène adsorbé aügmente avec a température, mais le phénomène est “irréversible. oxyde de carbone adsorbé ne peut pas être éliminé x l’action du vide à la température ambiante; il l’est en partie à 300°. Quand l’oxygène éstamené au contact de l’oxyde de carbone adsorbé sur le platine, il réagit à la température ambiante, wa aucune tendance à être adsorbé sur le platine. D'une manièreanalogue, l'oxyde de carbone mis au contact d'oxygène adsorbé réagit mmédiatement. De nouvelles recherches Sont nécessaires pour déter- miner la cause du curieux phénomène de l'activation du platine. È A propos de l'occlusion des gaz dans les miétaux. — Nous avons reçu de M. G. Belloc la lettre suivante : Dr «Monsieur, « Je lisdans [à Revue générale des Sciences du 15 jan- vier un afticle résumant les communications faites à la Société Faraday sur l’occlusion des gaz dans les mé- taux. J'ignorais l'appel de cette Société; autrement j'aurais présenté la série de travaux que j'ai faits sur les gaz ocelus dans les aciers,'sous le patronage de MM. Os- mond et Le Chatelier. Je suis arrivé à des résultats très intéressants et très nets au point de vue des variations es propriétés des aciers avec la teneur des gaz ocelus, J'ai this en évidence : 1° Que les gaz occlus sont nécessaires à la CPR tion des aciers; 2 Qu'ils font Yariér dans de grandes proportions la résistance électrique; 3° Que leur émission est en relation avec les points critiques des aciers; 4° Qu'à basse température (: gaz qui se dégage ; 59 Qu'au delà de 600, CO* cesse, mais il y a dégage- ment de CO et H en relation avec les points critiques; N apparait aussi, mais en proportion bien moindre. 60 Qu'il ést pratiquement impossible de débarrasser un acier de ses gaz occlus ; au bout de six mois, on peut — 6ooc) CO? est le seul encore en éxtraäire, à condition de faire suivre l’'échauffe- ment de périodes de repos. Tels sont résumés les principaux résultats dont je revendique la priorité; ils ont en effet paru dans les C. R. de l'Académie des Sciences, le Bulletin de la So- ciété d'Encouragement à l'Industrie nationale, la Revue de Métallurgie, les Annales de Physique et de Chimie. Veuillez agréer, Monsieur, etc. » G. Belloc. Nous insérons bien volontiers la réclamation de M. G. Belloc; nous tenons cependant à signaler que l’article de M. A. Delesne n’avait nullement pour but de rappe- ler tout ce qui a été fait sur la question de l’occlusion des gaz par les métaux, mais simplement de résumer quelques travaux nouveaux et de montrer l'intérêt des séances de discussion organisées par la Société Faraday. $ 4. — Chimie biologique La diffusion de l'aluminium dans les plan- tes. — Cette question a déjà fait l’objet de nombreux travaux, mais la grande divergence de vues qui règne entré les savants tant sur la diffusion que sur le rôle de l'aluminium dans l'organisme végétal rendait de nouvelles recherches très opportunes. Celles-ci viennent d’être faites, à l'Ecole techniquede Prague, par M. J. Sto- klasa (auteur, déjà, de plusieurs travaux Sur ée sujet), avec lé concours dé plusieurs collaborateurs, MM. J. Se- bor, W. Zdobnjcky, EF. Tymich, O. Horak, F4 Nemec et J. Cwac, et elles ont porté sur les diverses catégories écologiques du monde végétal : ro xérophytes, 2° hy- drophytes et hygrophiles; 3° mésophiles ?. Ces savants s'étaient procuré un matériel trés abon- dant éttrès divers dans la plupart des contrées de l'Eu- rope. Avant d’être soumises à l'analyse, les plantés furent soigneusement lavées, surtout les racines, puis séchées à l’air. Les auteurs ontexposé les données obte- nués pour chaque espèce en de nombreux tableaux indiquant lé pourcentage des cendres dans la matière sèche, lés pourcentages d'oxyde d’Al et d'oxyde de Fe respectivement dansles cendres et dans la matière sèche. Voici les principaux résultats qui se déduisent de l'examen de ces tableaux pour chaque catégorie écolo- gique : 1° Xérophy les. — La flore xérophile se distingue par une teneur très faible de tous les organes dela planteen ions aluminium. Parfois même, par exemple dans les fleurs et les semences des Phanérogames, on constate tout au plus des traces de cet élément, Le fait d'absor- ber en quantités très faibles lesions Al du sol constitue . Dansun mémoire présenté par M.Th., Baker à la séance de. la Société Faraday et résumaut des recherches faites en 1909, cef auteur arrive à des conclusions en partie analo- gues à celles de M. Bellocsur la relation entre l'émission des gaz ocelus et les points critiques de l'acier, maïs en partie aussi très différentes, puisque d'après lui H constitue le prin- cipal produit de dégagement à basse temipérature,et ensuite CO, et que la proportion de CO? est toujours infime par rap- r port aux précédents (Voir le mémoiré in eéxtenso de M. Baker d: ans Engineering du 15 nov. 1918, p. 572). Nm Li R. Biochem. Zeitschr., t. LXX&VIIE, n°4, p: 229-322; 1918; 4 à 10 dans Bull. mens, Inst. HHerna ts Agric., t. XI, ne 12, P. 1530 ; déc. 1918: Le PAL PRE 27 RCE pee - æ À E (* =: biere NN 7 PT + RUE 132 done une propriété physiologique caractéristique de la flore xérophile. > Hydrophytes et flore hygrophile. — L’inverse a lieu pour les hydrophytes et la flore hygrophile, qui sedis- tinguent par une teneur élevée en Al, notamment les Algues, comme on en peut juger par les taux suivants de Al203 dans la matière sèche :chezles Chlorophycées: Bryopsis n. sp., 1,414 °/; Halimeda opuntia, 1,419 0/5; chez les Phæophycées : Sargassum bacciferum, 1,5128/6; chez les Rhodophycées : Delesseria, 2,332 1/5. Chez les plantes supérieures, la racine renferme beaucoup plus d'aluminium que les parties aériennes; ainsi, chez les Equisétacées, la matière sèche de la racine peut ren- fermer 1,739 à 1,799 ‘/0 d'ALO®, et celle du reste de la plante de 0,345 à 0,458 /1. Même différence, souvent encore plus accentuée, chez les Lycopodiacées, les Cypé- racées, les Poligoniacées, etc., toutes très riches en Al. Chez les autres hydrophytes et plantes hygrophiles, la matière sèche du système radieulaire contient de 0,104 à 0,766 °/, d'APO*, celle du reste de la plante de 0,018 à 0,276 0/,. Les fleurs et les semences des Phanérogames renferment toujours de l’AI, souvent en quantité notable. L'absorption parla cellule des ions Al de l’eau ou du sol semble donc constituer pour cette classe de végétaux une exigence physiologique spéciale, en rapport avec une faculté élective particulière de la cellule pour ces ions, quise concentrent, chez les plantes supérieures, dans les racines, rhizomes, tubercules ou bulbes, la partie aérienne en renfermant toujours moins que la partie souterraine. 30 Flore mésophile, — Lorsque les plantes apparte- nant à la flore mésophile (plantes qui se développent dans un milieu à degré d'humidité moyen et variable entre certaines limites; ex. : certaines Graminées, Papi- lionacées, Caryophyllées, ete.) croissent dans un/milieu plutôt sec, leur système radical et leur partie aérienne sont excessivement pauvres en ions Al; par contre, ces mêmes plantes, croissant dans un sol humide ou maré- cageux, accumulent, spécialement dans leurs racines, des quantités notables d'ions Al. Il semble donc exister une relation bien définie entre la diffusion desions Aldans le monde végétal et les fac- teurs édaphiques et écologiques. $ 5. — Botanique Recherches sur les pneumatocarpes. — M. O. Baumgaertel a entrepris récemment une série de recherches sur les fruits qui, sous l’effet d’une pression gazeuse interne, présentent une grosseur anormale ré- sultant'du gonflement du périearpe. Il désigne les fruits, des espèces les plus diverses, qui présentent cette fla- tuosité sous le nom de preumatocarpes, et ila étudié le phénomène qu'ils présentent aux points de vue mor- phologique, biologique et physiologique. On peut se rendre compte de la présence d’une atmo- sphère intérieure dans ces fruits, en exerçant Sur eux une pression digitale ou en pratiquant des piqûres dans l'épicarpe, L'origine de ces gaz doit être attribuée à la combustion des hydrates de carbone par suite de la respiralion : en effet, des recherches analytiques (de Negri) ont fourni sur la composition de ces gaz les don- nées suivantes : CO?, 9,88 0/,; O,16,590/,; N,73,58 0/,. Si l’on compare ces chiflres avec la composition de l'air atmosphérique, on voit que le mélange gazeux enfermé dans le péricarpe est beaucoup plus riche en CO?, La respiration a lieu dans les tissus où les hydrates de carbone peuvent s’accumuler, et l'auteur s'est atta- ché à l'étude microscopique des tissus des pneumato- carpes en vue d'établir les rapports entre la conforma- tion histologique de ces fruits el le processus de formation du mélange gazeux qu'ils renferment, Ses observations, qui ont porté sur les éspèces sui- Vantes : Astragalüs Cicer L,, Colutea halepica Lam,, C.orientalis Mill., Nigella damascena L., Staph) lea Bu- malda D, C., S. pinnata L,, l'ont amené à distinguer à ce point de vue 3 types : CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ——————_———……"…"…" "— — —"…"— — —"…"…" —_— — — 19 type S/aphrylea : siège de la respiration dans le mésocarpe et phénomènes osmotiques à travers l'endo- carpe ; 27 type Nigella : siège de la respiration dans le méso- | carpe et « décollement » de l'endocarpe imperméable d’une part, avec, d’autre part, formation de gaz par la respiration des embryons; : 3° type Légumineuses : siège de la respiration d’abord dans les nombreux embryons, puis localisé surtout dans les tissus méatiques du placenta et du funicule, d'où il résulte que l’endocarpe peut devenir le siège de la respiration. | Le rôle biologique de l'atmosphère interne des pneu- matocarpes consiste d’une part à procurer un milieu saturé d'humidité favorable au développement des em- bryons et, d'autre part, à permettre la formation d’un fruit à la fois aussi développé et aussi léger que pos- sible, résultat avantageux si l’on considère l’action exercée par le vent comme facteur favorisant la repro-. duction!. $ 6. — Physiologie Lesactivités des poulets décérébrés et décé-" rébellés. — Deux physiologistes américains, MM.E.- G. Martin et H. W. Rich, viennent de se livrer sur celte question à quelques expériences intéressantes ?. CS Si, à des poulets qui viennent d’éclore, on enlève toute la partie du cerveau qui est au-devant du thalamus, on « constate que les activités locomotrice et d’ « auto-net- … toyage » se dévelopçent normalement, mais, dans la prise de la nourriture, ils ne progressent pas au delà du becquetage. Ils ne boivent pas spontanément. Ils courent vers les objets en mouvement, Ils ne sont pas” « sauvages » et n’ont pas peur. — Si l’on ne pratique la décérébration qu'après le développement des réac- tions normales, c’est-à-dire entre le 3° et le 8° jours, les. poulets retournent à l’état décrit ci-dessus, Mais ils re- M couvrent l'habitude de gratter leur litière plus rapide- ment que celle-ci ne se développe chez les poulets Eu n'ont pas encore gratté au moment de leur décérébra- tion, Ils tendent à courir en ligne droite pendant plu- sieurs jours. — Si l’extirpation du cerveau a lieu après le 8e jour, les activités du poulet deviennent sembla bles aux précédentes, excepté celles qui se rapportent … à la nutrition; ils becquètent moins, et le grattage ne réapparaît pas. UE Si le pallium seul est enlevé, en conservant autant que possible le corps strié, les poulets ainsi traités ne. présentent que de faiblés différences avec les poulets. normaux; il y a une obéissance plus prononcée aux excitations et moins de « sauvagerie », Si l’on enlève le thalamus (décérébration profonde), les poulets sont … plus faibles et la marche est chancelante; le nettoyage des -plumes est dificile; il y a une altération marquée des fonctions au froid, ce qui suggère que la tempéra- ! ture du corps s’est abaissée. L'enlèvement du cervelet produit une incoordination locomolrice complète; les poulets S’agitent violemment et poussent des cris perçants. De ces observations, les auteurs concluent que le dé- veloppement des activités locomotrice et d’ « auto-net- toyage » chez les poulets n’est pas sous la dépendance du cerveau, tandis que la recherche de la nourriture dépend de la coopération de celui-ci, quoique le becque- tage et le grattage puissent se développer quand on enlève le cerveau aux premiers jours de l'existence, L’a- bolition de l'acte de boire qui résulte de la décérébra- : tion pourrait signifier, d’après MM. Martin et Rich, que cel acte, qui n’est pas nécessaire chez les animaux ma: rins, ne s’est développé qu'avec le cerveau et après que les parties sous-jacentes ont eu acquis leur fonetion. | 1, Sitzungsber. K. Akad, der Wiss. in Wien, Mat. nat. Kl., Abt. 1, 4, CXXVI, p. 13-40; résumé dans Bull. mens. Inst, internat, d'Agries, 4. IX, n° 11, p. 1410; nov, 191$. 2, Amer. J. Physiol., t. XLVI, p. 396-411; 1918. 133 Le grand astronome américain E. C. Picke- ring, Directeur de l'Observatoire de Harvard College, à Cambridge (Mass.), et membre de la plupart des académies d'Europe, vient de mourir à 72 ans, après une belle vie si laborieuse et si emplie que retracer sa carrière c’est presque faire l'historique des immenses progrès accom- plis par l’'Astronomie d'observation durant près d'un demi-siècle. . Nommé à 30 ans directeur de l'Observatoire où il succédait à un savant assez obseur, Win- lock, il ne tardait pas à montrer ce que peuvent intelligence etle zèle auxquels on confie, avant qu il soit trop tard, une responsabilité. Rien pourtant, croyons-nous, ne l'avait mis en évi- dence : à peine quelques publications secondai- res ou participations en sous-ordre à des mis- * et, davantage encore SEtiette. grâce à ses 2e nts d’organisateur, un des établissements scientifiques les plus productifs du monde. Sous son règne, car un pareil homme régnait raiment, les ressources de l'Observatoire qua- druplaient, tandis que près de 250.000 clichés fixaient pour l'avenir l’aspect du ciel de notre époque. En même temps 75 volumes d’Annales ou de publications variées paraissaient qui, dans les domaines les plus divers, mais surtout en Astronomie sidérale, renfermaient une immense moisson de découvertes. Ds * . Un des premiers travaux de Pickering fut pour amorcer toute une branche de ses recherches ultérieures. Précisant les soupçons de Goo- dricke sur la cause des variations d'éclat d’Al- twol, il montrait qu'une étoile brillante en mouvement orbital autour d'un corps obscur suffisait à rendre un compte exact des faits; il calculait les dimensions du système et prédisait les fluctuations de sa vitesse radiale, bientôt confirmées par Vogel. C'était la première éloile dont nous connaissions le vrai diamètre. Il y 40 ans, il ne s'agissait pas tant d’obser- ver pour la centième fois des astres connus que de profiter de découvertes encore récentes et d'en ftrouver de nouveaux. Frappé des inconvé- nients d’une recherche à l'aveuglette, Pickering EDWARD C. PICKERING ET SON ŒUVRE employa le procédé du «sweeping », aussi simple que fructueux. Armé d’un petit spectro- scope à vision directe relié à une lunette, il balayaït le ciel er quête de ces astres à raies brillantes qui, rares en proportion des autres, manifestent presque toujours quelque caractère singulier. Le succès fut éclatant. Les nébuleuses gazeuses attiraient alors surtout l'attention : on en connaissait une cinquantaine vers 1880. En peu d’années, Pickering et Copeland ajoutaient 20 nébuleuses à la liste, qui d’ailleurs ne s’est- guère allongée depuis. L Mais un des principaux efforts du directeur de Harvard College a porté sur la photométrie, jusque-là assez négligée dans les catalogues d'étoiles. Son premier soin avait été d'imaginer un photomètrevraimentpratique, permettant un travail intensif en assurant à l’observateur une position à la-fois invariable et commode : ce fut le photomètre méridien à polarisation, où l’on amène simultanément dans le champ l’image de l’astre étudié et celle de la Polaire, prise comme terme de comparaison. C’est avec cet instrument que fut exécuté le premier catalogue photomé- triqué précis, publié en 1884 (la « Harvard Pho- tometry »). Ce catalogue, il fallut bientôt l’étendre, ainsi que d’autres études, au ciel aus- tral. Pickering résolut de chercher au Pérou, dansles Andes, une station favorable : il y fonda en 4891, à une altitude de 2.700 mètres, la suc- cursale d’Arequipa, où il envoya M. S. Bailey et surtout son frère cadet, William H. Pickering — à qui nous devons, soit dit en passant, la découverte des 1x° et x° satellites de Saturne. — Mais le recensement tout entier fut, dans la suite, complètement repris par des mesures vi- suelles et photographiques : il devint, avec plus de 9.000 étoiles, la « Revised Harvard Photo- metry », qui actuellement fait autorité. Cepen- dant, lesressources instrumentales s’améliorant, Pickering voyait encore plus grand. La fixation de la « North Polar Sequence » (ou échelle étalon de grandeurs, basée sur les étoiles voisines du pôle) et l'emploi d’un photomètre très expéditif à étoile artificielle, rendirent possible la publi- cation d’une vaste « Photometric Durchmuste- rung » (1901), allant jusqu'à la grandeur 7,5. L'étude des spectres stellaires marchait de pair avee ces travaux. Un amateur new-yorkais, Henry Draper, avait déjà obtenu vers 1880 des résultats pleins de promesses; il mourut en i882 et sa veuve ne crut pouvoir mieux faire que —" 134 JEeax BOSLER. — EDWARD C. PICKERING ET SON ŒUVRE s de confier à Harvard College, avec les fonds nécessaires, le soin de continuer l'œuvre inache- vée. La «Fondation Draper » devait ainsi aboutir à l’enregistrement photographique des spectres des étoiles, supérieures à 8° grandeur, visibles à Cambridge. Tout cela ne pouvait se faire que par l'emploi systématique du prisme objectif, qui seul permettait d'étudier à la fois tous les astres d’une région du Ciel, et aussi grâce à un “#roupe dévoué de collaborateurs auxquels est due en partie la réussite de l’entreprise. Les dames du Bureau des mesures méritent ici une place particulière. Plus qu'ailleurs, on les devinait désintéressées, parleur recrutement même, des vains soucis du monde, vivant au milieu des Etoiles, dans le renoncement de la foi monastique. Ce sont elles — Mrs. Fleming, morte aujourd’hui, Miss Maury et Miss Cannon entre autres — qui ont exécuté l'énorme travail de la classification des divers spectres et rendu ainsi à l’Astronomie le même service qu'au- trefois Linné ou de Jussieu à la Botanique. Le « Draper Catalogue » parut en 1890; mais lui aussi ne tarda pas à être jugé insuflisant. Afin d'en faciliter la continuation au Pérou, une généreuse donatrice, Miss Bruce, se chargea des frais d’un superbe instrument ayant 60 centi- mètres d'ouverture, un champ étendu et une grande luminosité. Le second Draper Catalogue allait sortir de là. Les résultats déduits de tous ces clichés spectraux sont également consignés dans la Revised Harvard Photometry ou dans d’autres listes d’étoiles particulières. L’accomplissementdecetimmense programme dépassait le but poursuivi : il amena indirecte- ment uné série de découvertes. Aïnsi Pickering remarqua en 1889 que les raies spectrales de cer- taines étoiles (d’abord £ Grande Ourse, puis B Cocher) se dédoublaient périodiquement : il voyait là les premières étoiles doubles spectro- scopiques dont il devinait vite le mécanisme et qui, de jour en jour plus nombreuses, nous ré- vèlent des couples silointains qu’en dépit de tous les grossissements on n'aperçoit jamais qu’une seule étoile, L'étude du Ciel, si limitée dans ses moyens, acquérait de ce chef une nouvelle et puissante ressource. Vers la même époque, Pickering découvrait dans une étoile connue, £ Poupe, un spectre in- solite faisant songer à la formule de Balmer, On l’appela la série de Pickering et on l’attribua à une forme stellaire de l'hydrogène. Ce spectre se retrouve dans d’autres astres et notamment dans les si curieuses étoiles de Wolf-Rayet : nous devons ajouter que M. Fovwler a établi de- puis peu qu'il était en réalité dû à l’'hélium. — Une multitude d'étoiles variables furent aussi signalées, en si grand nombre même que plus des trois quarts de celles qu’on étudie l’ont d'a- bord été à Harvard College. Quant aux étoiles | nouvelles, sur les 20 belles novæ de ces 30 der- nières années, 15 ont été annoncées par les télé- grammes de Pickering. Et ces quelques mots en, disent long, pour peu qu’on y pense, sur l’acti- M vité de l’établissement. F Nous ne pouvons tout citer. Nous ne ferons à que mentionner la vaste enquête statistique sur À la Voie Lactée, qui a prouvé que les étoiles blan- ches et surtout celles à hélium y sont particuliè- Ê rement concentrées, fait dont l'importance cos- « mogonique saute aux yeux avant même que nous 8 en sachions les vraies raisons, D’autres recher- « ches furent entreprises sur les Nuées de Ma- gellan, les amas globulaires et les variables ! spéciales qui y fourmillent, sur la nébulosité quirelie-les Pléiades, sur la grandeur stellaire “ du Soleil pour la première fois abordée, sur lin: « terprétation de nombreux systèmes tels que 54 Lyre, sur le spectre énigmatique de Mira Ceti, sur certaines petites planètes enfin «— notre voi- 4 sine Eros par exemple — dont Pickering et ses astronomes ont reconnu les fluctuations d'éclat dues sans doute à une forme irrégulière. Nous n'avons malheureusement guère parlé des. procédés et des iristruments, également perfec-. tionnés. Il nous faudrait dire comment, pour. mieux surveiller le Ciel, et afin de ne laisser. passer inaperçu rien d’important, un appareil … spécial, le « policeman », le photographiait tout” entier sur 12 clichés ; comment les étoiles varia- bles se découvraient par dizaines grâce à d'ingé- Ï i nieuses superpositions de clichés successifs; comment, pour permettre l’observation visuelle sans faire tort à la photographie, un objectif convenablement calculé se métamorphosait en ù quelques minutes, comment les rouages des H équatoriaux étaient si habilement contrôlés qu'ils : suivaient le mouvement diurne ! avec une préci-« sion inconnue ailleurs... et bien d’autres choses Î encore pour lesquelles la place nous manque. * * * En somme, on peut dire qu’une très grande part de ce qui se fait dans le monde comme as- tronomie d'observation sortait de Harvard Col-, lege. Mais qu'avait donc cet établissement pour être aussi fécond? Les moyens instrumentaux, 1. Pendant 1 heure entière, près du méridien, sans la moin- dre déformation des images photographiques et sans que, l'as- tronome intervienne en quoi que ce soil. _R. FORTRAT. — ENTROPIE ET PROBABILITÉ 135 “excellents certes, n'avaient rien d'extraordinaire. Lé ciel de Cambridge, à quelques kilomètres de Boston, c'est-à-dire d'une ville très active, ne “vaut pas mieux que beaucoup d’autres. Picke- ring lui-même, malgré sa haute valeur, n'était cependant pas Newcomb, sans chercher plus Join que parmi les savants de son pays. — Non, le secret de ce succès prodigieux était ailleurs, là « même où les dernières années écoulées, avec tous leurs enseignements, nous ont montré qu'il ré- . side d'ordinaire aujourd’hui : dans l'organisa- tion. Une impression d’ordre, de méthode, de per- . fection dans les détails matériels autant qu'ad- ministratifs, impression que nous avons ressen- “tie nous-même, frappait tous les visiteurs de - l'Observatoire de Pickering. Rien n’était gaspillé, ni au propre ni au figuré. C'était comme ces usines modermes — à la Taylor — où personne ne fait un mouvement de trop, et cela sans con- trainte, simplement parce que le travail produc- üf est l'ennemi du désordre. Savoir nettement ce qu’on veut chercher, dis- cerner clairement les moyens nécessaires et pas- ser à l'exécution, sans flottement ni contre- ordre. Donner l'exemple de l’activité (Pickering » avaitfaitlui-même plus de 1.400.000 mesures pho- . tométriques).Bien choisir ses collaborateurs, les “ mettre à leurplace ets'en faire aimer. Enfin savoir aussi captiver les profanes, les persuader que . rien ne sert mieux la civilisation que la Science . désintéressée et obtenirnon seulement leur sym- { pathie, mais encore leur appui matériel!. — | D 4. Rappelons cette anecdote rigoureusement authentique : Pickering causant dans un banquet à un voisin inconnu et _ obtenant de lui, avant [a fin de la soirée, un chèque de 250.000 francs pour un instrument qui lui manquait. — Le v. plus joli est que le monsieur, dont il montrait le portrait, ne … voulut pas permettre que son nom füt autrement divulgué ! | , Toutes ces qualités paraissent banales; il n’en coûte guère de les énumérer et chacun croit les posséder : elles sont en réalité fort rares. Picke- ring, comme certains hommes nés pour com- mander, les avait au plus haut degré : elles ont fait de lui un des plus grands astronomes du siècle. Peut-être y a-t-il, dans cette carrière, quelque chose de consolant pour nous, Français. Nous ne pouvons songer à rivaliser avec d’autres pays sur tous les terrains scientifiques. Nous n'avons ni les ressources ni le climat de Lick ou du Mont Wilson. L’esprit d'organisation nous manque souvent lui aussi : du moins pouvons- nous espérer l’acquérir; l'avenir du pays, dans tous les domaines, l’exige d’ailleurs absolument. Si la France veut vivre, il lui faudra beaucoup de Pickerings et, si elle en trouve parmi ses astro- nomes, il ne sera pas impossible de tenter, dans nos Observatoires, ce qui a si bien réussi là-bas : renoncer à des méthodes surannées qui ont fait leur temps et nous orienter vers les recherches, trop dédaignées chez nous, qui ont illustré Harvard College. Celles-ci nous en apprennent davantage que beaucoup d'autres sur la constitution de l'Univers; elles nous montrent, en tout cas, de plus près, et avec moins de dé- tours, la Nature réelle dont l’étude, sans cesse approfondie, est le seul objet véritable de l’As- tronomie. ! Jean Bosler, Docteur ès sciences, Astronome à l'Observatoire de Meudon. « rÉ | . ENTROPIE ET PROBABILITE TL. — IMPORTANCE DE L'ENTROPIE Le monde évolue dans un sens déterminé, il vieillit comme les êtres vivants. Les innombra- bles modifications simples dans lesquelles on . pourrait décomposer son évolution sont presque toutes irréversibles. Le plus souvent il y a alors dégradation de l'énergie, qui devient de moins en moins utilisable. Mais cette règle n'est pas absolument générale; il y a des cas, comme celui de la diffusion des gaz, où il y a irréversibilité sans dégradation d'énergie. L'entropie est la N, ? nd + EE -- "Te grandeur essentielle qui commande le sens dans lequel se font toutes les transformations, qu’elles soient de nature physique, chimique ou même biologique. — Nousn'envisagerons ici que les transformations physiques. Malheureusement la Thermodynamique clas- sique fait de l’entropie une grandeur trop abs- traite pour être aisément accessible à la com- préhension. La Mécanique statistique se place à un point de vue tout différent. Nous nous pro- : posons d'exposer iei la conception qu'elle se fait de l’entropie. £ Caddie Ta née Su. À NS Curr. api 4 En ee 136 R. FORTRAT. — ENTROPIE ET PROBABILITÉ II. — RAPPEL DE LA DÉFINITION CLASSIQUE DE L'ENTROPIE Il n’est sans doute pas inutile de rappeler la définition de l’entropie d’après la Thermodyna- mique classique. Le deuxième principe de la Thermodynamique a pour point de départ le postulat suivant : «Ilestimpossible de construire une machine thermique qui fournisse du travail sans autre compensation que le refroidissement d’un seul réservoir de chaleur. » Une telle ma- chine réaliserait un véritable mouvement per- pétuel, qu'on appelle mouvement perpétuel de deuxième espèce. Une fois ce principe posé, ce qui suit s’en déduitcomme conséquence logique. Pour chaque état d’un système physique, on peut définir son entropie comme une fonction jouissant de la propriété que, si le système est isolé (c'est-à-dire à énergie etvolume constants), toute transformation spontanée fait croître l’en- tropie, ou, dans le cas limite des transformations réversibles, la laisse constante. Le cas des gaz parfaits est particulièrement simple etimportant. Les variables indépendantes étant la température absolue T et le volume spé- cifique ?, l’entropie a pour valeur : = ra ce log La ë log + C) (1) m étant la masse du gaz, €, sa chaleur spécifique à volume constant, M sa masse moléculaire, R la constante des gaz et C une constante que nous pouvons provisoirement regarder comme arbi- traire. Pour définir l’entropie des autres substances, il est nécessaire de prendre un chemin très dé- tourné. Considérons un système qui subit une transformation l’amenant d’un état initial [ à un état final IT. On peuttoujours imaginerune suite de transformations réversibles le conduisant du même état initial au même état final. Il suffit de supposer que chacune de ses parties élémentai- res n’a d'échanges qu'avec l'extérieur et d’une fa- çon réversible, soit par des modifications réver- sibles de volume, soit par des échanges réversi- bles de chaleur, Si on désigne alors par dQ.dm la quantité de chaleur reçue parun élément de masse dm pendant une partie infiniment petite de la transformation fictive où sa température absolue serait T, la variation de l’entropie, quand on passe de | à II, vaut: AS=—= WE (2) J I. l | On reconnait facilement l'identité de (1\ et de (2) pour les gaz parfaits, Pour les autres sub: stances, on ne sait pas intégrer l'expression (2). On ne peut donc exprimer leur entropie en ter- mes finis, et cela contribue pour beaucoup à lui donnerun caractère si abstrait. L'énergie rayonnante a aussi une entropie. Imaginons une enceinte vide à parois parfaite-. ment réfléchissantes et ne conduisant pas la chaleur. Si nous y introduisons un corps chaud, il se refroidit jusqu’à une certaine température d'équilibre. Son entropie a diminué de LE Comme l’entropie totale a augmenté, il faut que l'énergie rayonnante ‘produite rt accumulée dans l’enceinte considérée ait une entropie au 4Q j moins égale à IT. — Mérnone pe LA MÉCANIQUE STATISTIQUE La Mécanique statistique aborde la question d’une façon complètement différente. Tous les systèmes qu'elle envisage sont formés d’un nom- bre énorme de parties identiques dont certaines propriétés sont variables. Dans le détail elles obéissent à des lois données, mais leur ensem- ble n’est pas coordonné. De la sorte elles obéis- sent à cerlains égards aux lois du hasard et la Mécanique statistique intervient dans la même mesure que le Calcul des Probabilités. Les gaz sont constitués de molécules en conti- nuelle agitation. Leur volume n’est qu’une petite fraction du volume total occupé par le gaz. Aussi, dans la plus grande partie de leur parcours, elles échappent à toute action de la part des autres molécules ou des parois du vase qui les contient, De temps en temps, chaque molécule est déviée de son chemin par le choc contre une autre : molécule ou le passage dans son champ d'action. Dans l’un et l’autre cas, on dit qu’il y a choc des deux molécules l’une contre l’autre. La dé- viation de chacune des molécules à lieu conformément aux lois de la Mécanique. Mais les conditions du choc échappent à toute loi fixée d'avance et n’obéissent qu'aux lois du ha- sard. C'est la cause, du désordre élémentaire. Dans les liquides, lès molécules sont libres aussi, mais bien plus rapprochées que dans les gaz. Les solides amorphes sont des liquides visqueux. Les solides cristallisés sont des con- structions régulières d’atomes ou de molécules. L'agitation thermique y existe cependant : les molécules — ou les atomes — s’agitent autour de leur position d'équilibre et agissent sur les mo- lécules voisines. Les phénomènes électriques sont produits par les ions etlesélectrons qui se comportent comme des molécules soumises à une force supplé- mentaire du fait de leur charge électrique. Ils prennent part à l'agitation thermique tout comme les molécules. Les phénomènes magnétiques sont produits . par des éléments connus avec moins decertitude. Quels qu'ils soient, électrons ou magnélons, ils sont liés aux atomes ou aux molécules dont ils - peuvent modifier les mouvements individuels, mais sans leur enlever le caractère essentiel du désordre élémentaire. Enfin les lois du hasard interviennent aussi : dans le rayonnement, qui se trouve ainsi faire - partie du domaine de la Mécanique statistique. Toutrayon ou plutôt tout faisceau de lumière est défini par la phase, la grandeur et la direction de … l’amplitude des vibrations dans chaquedomaine : élémentaire de fréquence. Or ces grandeurs sont - soumises à de continuelles fluctuations. A l'in- térieur d’une enceinte fermée, l'absorption et à l'émission continuelles qui se font indépendam- ment l’une de l’autre changent constamment l'état élémentaire du rayonnement. L'équilibre n’a lieu que dans l’ensemble avec de continuels changements dans le détail. Ilest un équilibre statistique. Les lois du hasard ne sont applica- bles que s'il y a désordre élémentaire, c’est-à- dire si les variations de l’état élémentaire du faisceau de rayonnement se font de façon à ne : rien conserver comme invariant. Cette condition se trouve réalisée grâce au grand nombre et à l'indépendance des oscillateurs qui émettent . et absorbent le rayonnement, et qui sont eux- mêmes en désordre élémentaire. Ainsi tout système physique peut être envi- sagé à deux points de vue, suivant qu'on envi- : sage l’ensemble ou le détail. , è Le plus souvent on s’arrête au premier point de vue; on considère l’ensemble du système quise _ trouve défini par des propriétés telles que la __ température, la pression, le potentiel électrique ou encore la couleur et l'intensité d’un faisceau | de rayonnement. Celles-ci ne tiennent pas _ compte individuellement de chacun des innom- brables éléments incessamments variables dont le système se compose et qui interviennent - dans les propriétés globales seulement par des moyennes. Ces éléments sont en désordre élémentaire. C’est par là que la Mécanique statistique a prise sur eux. Elle combine les lois essentielles aux- quelles ils sont soumis avec les lois du hasard, et établit ainsi les moyennes accessibles à l’ob- servation. IV. — La ProBautLitÉ er LE sens p8 L'Evoruriox Une même moyenne peut être réalisée par beaucoup d’agencements très différents des élé- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES RE Rss —————_———.—… PA SPrAUE CEE DTA R. FORTRAT. — ENTROPIE ET PROBABILITÉ 137 ments qui constituent le système. En particulier un état d'ensemble permanent comporte d'in- cessantes fluctuations dans le détail. Ces chan- gements, ont lieu sans qu'aucune loi préside à leur succession. Bien entendu ils sont détermi- nés, mais leur détermination nous est impossi- ble parce qu’elle dépend d’une multitude de conditions entre lesquelles il n'y a aucune rela- tion ni aucune régularité. Pour cette raison même,les changements suc- cessifs ont lieu conformément aux lois du hasard. De tous les asgencéements qui se succèdent sou- vent avec des changements considérables dans un temps très court, aucun n’est privilégié. On peut dire qu’ils sont également probables. Ii ést nécessaire de montrer comment cette proposition s'accorde avec l'existence d’une évo- lution, car les deux choses paraissent d’abord formellement incompatibles. En effet, si chaque état élémentaire est égale- ment probable, et sile système isolé peut passer indifféremment de l’un d'eux à tout autre .com- patible avec son énergie totale, il semble que toute transformation devrait pouvoir se faire in- différemment dans un sens où dans l’autre. Il n'y aurait donc pas de transformations irréversibles, Il semble aussi qu'il ne devrait pas y avoir d'état privilégié et en particulier pas d'état d'équilibre. _ Pour prendre un exemple simple, chaque mo- lécule d’un gaz peut se trouver indifféremment dans n’importe quelle partie du vase qui le con- tient. Comment se fait-il alors que les molécules soient toujours distribuées uniformément dans ce vase et jamais accumulées dans une des moi- tiés seulement ? Si on les y enferme, pourquoi se répandent-elles uniformément dans tout le vase aussitôt qu’on leur eu donne la possibilité? Les molécules du gaz passent d’une distribu- tion à une autre par une série continue de trans- formations, Ces distributions, envisagées au point de vue des positions et des vitesses, sont donc en nombre infini. Maïs nous verrons plus loin qu’il y a une manière de les grouper en un nombre fini de complexions différentes, deux quelconques d’entre elles étant également pro- bables. Un même état d'ensemble peut être réalisé par un certain nombre de complexions différen- tes. En général, ce nombre est très grand et varie dans des proportions considérables avec l’état d’ensemble réalisé. Or toutes les complexions possibles sont également probables : donc un état d'ensemble donné est d'autant plus probable qu'il‘est réalisé par un nombre plus grand de complexions différentes. Mais il ne faut pas se laisser tromper par le 9 133 R. FORTRAT. — ENTROPIE ET PROBABILITÉ { . mot probable, car les probabilités que nous en- visageons sont extrèmement voisines de la certi= tude. Si nous agitons un mélange de) deux pou- dres à grains identiques, les uns blancs, les autres noirs, les grains se distribuent au hasard, Il est seulement moins probable de séparer les blancs des noirs que de rendre le mélange de plus en. plus homogène. Nous savons cependant que cette probabilité équivaut à une certitude. Les systèmes physiques étant beaucoup plus compliqués, e’est une certitude encore bien plus grande qui commande leur évolütion. Boltzmann deux systèmes indépendants est fonction de la probabilité P — P,.P,. La fonction f est alors définie par l'équation : PAPaPs) = 7 (P3) +7 (Pa), qu’on résoud facilement en prenant les déri- vées partielles par rapport à P, et à P,, en pas- sant aux dérivées totales et en intégrant. On trouve, à une constante-additive près : (3) celte relation étant écrite sans indices, ou avec le même indice dans les deux membres de l’éga- SK. log P, a fait à cet égard un calcul très caractéristique À lité. La constante K est absolument universelle, à l’aide de la théorie cinétique des gaz. Il consi- dère un mélange à volumes égaux de deux gaz placés dans un vase d’un décilitre, à la pression et à la température ordinaires. À partir du mo- ment où ils sont mélangés, pour qu'il s’établisse entre eux une séparation appréciable, il faudrait attendre un temps qui est « encore énormément grand par rapport à 10 10!° années! On peut donc énoncer la proposition suivante ; L'évolution d’un système physique isolé (à éner- gie.et volume constants) se produit de façon à le faire passer par des états successifs de probabilité croissante. On voit aussitôt l’analogie avec le principe de l’entropie, qui a précisément le même énoncé à condition de remplacer probabilité par entropie. Mais on reconnait combien l'augmentation de probabilité est plus intuitive que l'augmentation d'entropie. ' V. — Principe De Gi88s-BoLTzMANN Il y a là plus qu'une simple analogie fortuite. La diminution de l’entropie est impossible dans la même mesure que le mouvement perpétuel de deuxième espèce. Sonimpossibilité est donc non pas rigoureusement certaine, mais seulement extraordinairement probable. C’est exactement ce qu'on peut dire de l'impossibilité de la dimi- nution de la probabilité. L'entropie et la probabilité ont été définies à partir de deux points de vue tout à fait différents, Chacune d’elles est, dans le point de vue corres- pondant, la seule grandeur connue qui ne puisse jamais décroitre. Si on pouvait les expliciter en car le système 4 étant choisi comme système de référence, le système 2 peut être pris absolument quelconque. Pour que la formule (3) soit applicable, ül faut encore définir d’une façon précise la proba- bilité P. VI. — LEs DOMAINES ÉLÉMENTAIRES D'ÉGALE PROBABILITÉ k Avant d'aborder cette importante question, nous allons voir comment on peut définir l’état d’un système à l’aide des éléments qui le con- stituent. Nous nous bornerons d’abord au cas le plus simple d’un gaz parfait composé de molé= cules sphériques parfaitement lisses dont-le cen- tre de gravité coiïnciderait avec le centre géomé- trique. L'état du gaz est défini dans le détail par les coordonnées x, y, : du centre de chaque mo- lécule et par les projections w, v, w de leurs vi- tesses. Pour simplifier, nous les représenterons par un point de coordonnées x, y, 3, u, ,w dans un espace à 6 dimensions. Comme l'état d’en- semble du gaz ne dépend que des moyennes, il sera défini si nous connaissons le nombre dé points représentatifs qui se trouvent dans cha- que volume p= f, dx. dy.dz.du.dp.dw, (4) l'intégrale étant étendue à un domaine D très petit de l’espace à 6 dimensions. Deux complexions diffèrent par le nombre et l’individualité des molécules dont les points re- présentatifs sont dans chacun des. domaines D, fonction des mêmes variables, il est donc bien |‘ mais non par la façon dont ils y sont répartis. probable qu'on les trouverait fonction l’une de l’autre. C’esthien en effet ce que l’on trouve dans le cas des gaz parfaits, le seul où l’on sache faire le calcul. Admettons que l’entropie S d’un système isolé f(P). On peut alors démontrer, au moins dans des cas par- ticuliers, que l’entropie totale 5 —S, +S$, de soit fonction de sa probabilité P : S Pour réaliser un certain état, il devra y avoir par exemple », points dans le domaine D,,", dans D,, ete., nr. dans D,, disons ri points dans le domaine D; (i —1, 2, 3...., r). La probabi- lité P est alors le rapport du nombre des com- plexions qui remplissent cette condition au nombre tolal des complexions possibles. Une condition essentielle à remplir pour que cette {+ né ds "és hs ich définition ait un sens estque, dans le dénombre- ment des complexions différentes, chacune in- tervienne réellement pour une unité, autre- ment dit qu'elles soient également probables. Cette condition exige que les domaines D soient des domaines d’égale probabilité pour les molé- cules prises isolément. On démontre alors que ces domaines ont des volumes égaux. Ils sont très petits, mais non pas infiniment petits. Leur grandeur est déterminée par la valeur absolue de l’entropie ou la déter- mine. Elle résulte alors soit de la loi de Nernst (valeur nulle de l’entropie des solides au zéro absolu), soit de la’théorie des quanta. Pour abréger, nous appellerons les domaines D domaines d’égale probabilité, en sous-enten- dant « pour les éléments pris isolément ». Sans cette restriction, l'égalité des volumes des do- maines D entrainerait une répartition uniforme de toutes les variables. Pour nous expliquer sur un exemple, considérons les positions des mo- lécules d’un gaz placé dans un champ de pesan- teur considérable. Si nousimaginons que toutes les molécules soient immobilisées, sauf une seule, celle-ci à une accélération uniforme du haut vers le bas, mais chaque fois qu’elle rebon- dit verticalement vers le haut, c'est avec une vitesse qui la ferait remonter au niveau d’où elle serait partie avec une vitesse nulle. La probabi- lité est donc la même pour qu’elle soit dans le haut ou dans le bas du vase qui contient le gaz. Rendons maintenant leur mobilité à toutes les molécules : leurs trajectoires tendront aussi à s’incurver vers le bas et leurs chocs sur la pre- mière auront lieu plus souvent de façon à la chasser vers le bas. Par suite, les domaines d’égale probabilité, pour les molécules prises ensemble, ont un volume plus petit dans le bas que dans le haut. VII. — Formuze pe PLanxck La probabilité est un rapport. Cependant, au lieu de calculer ce rapport, il est plus commode de compter le nombre N des complexions qui réalisent l’état considéré. Alors la probabilité P n’est plus une fraction, mais un nombre. . Dans l'expression (3) de S, cela change seule- ment la constante additive dont nous n'avons pas tenu compte. N est égal au nombre de permutations d’un nombre d'objets égal à celui des domaines D, soit r, chaque objet étant répété respective- ment 7}, No, «.., ir FOIS. l È n! P=N———— nn, tn, tL...…… Nr ao rer mn R. FORTRAT. — ENTROPIE ET PROBABILITÉ 139 Bien que les domaines D; soient très petits, chacun des nombres r; est assez grand (quelques dizaines) pour qu’on puisse appliquer la formule de Stirling : Comme les factorielles n’interviennent dans l’entropie que par leur logarithme, on ne com- met aucune erreur appréciable en écrivant : n\r A=N\ETIE: ñ (:) ef On a alors : pre Ti 2)" LEA mire ty) No Nr nm & . Chacun des facteurs 7. représente la probabi- t lité pour que, dans l’état d'ensemble considérée, une molécule aitson point représentatif dans D;. On peut donc écrire la dernière relation sous la forme : pe mA) EL LT AP qui, combinée avec (3), donne : S——Kar Ÿ pi log pi. (5) i=1 En général, le nombre »:; varie lentement d’un domaine au domaine voisin, et on peut parler d’une probabilité p fonction continuede x,7,z,u,v et w. Il est alors souvent commode de mettre cette formule sous une autre forme, grâce à l’éga- lité des volumes des domaines élémentaires. En combinant (5) avec {4) on obtient : S=— 2 logp. dx. dy.dz.du. do. diw, l'intégrale étant étendue à tout l’espace occupé par les points représentatifs des molécules. VIII. — Fonrmure pe MaxweLz A titre d'exemple nous allons appliquer ce qui précède à un problème très important : Comment se répartissent les coordonnées et les vitesses des molécules d'un gaz placé dans un champ de po- tentiel V ? L'état d'équilibre du gaz est défini par la condition que l’entropie est maximum, la masse, l'énergie et le volume du gaz étant con- stants. Soit » la masse d’une molécule; l'énergie du gaz, somme des énergies, cinétiques et poten- tielles de toutes les molécules, vaut à une con- stante additive près : 1 —= DA (ui pAPt MISE mN | ONE Er =: RSR (EEE à 4 v) 140 ———— À partir de l'état d'équilibre, si l'on fait subir au système une variation virtuelle qui laisse l'énergie constante et conserve la relation Epi—1,on doit trouver pour S une variation nulle. Les trois conditions se traduisent par les équations suivantes : L fu? + p? LE pv? NEUF ED (EE + V)ôpi= 0 Sôpi= 0 3S = Ÿ (log pi + 1)pi — 0. Additionnons les premiers membres de ces équations multipliés respectivement par les constantes indéterminées zet Bet par 1. Il vient : DI72 fete + v) +B+ 1| dpi= 0 Cette égalité est vraie quelles que soient les variations des pi. On a donc, en laissant de côté les indices : Log p + a (+ V)—1=0 BL y+1—0) ou ; | up? +? p =e?: 4 2 AE On trouve la loi de répartition de Maxwell. Les constantes e/et « sont déterminées par l'énergie du gaz et par son volume. En les cal- culant et en portant les valeurs trouvées dans la formule (5), on retrouve bien la formule (1), avec intervention de grandeurs moléculaires. IX. — GÉNÉRALISATION ET CONCLUSION Nous n’avons examiné en détail que le cas le plus simple. Les cas plus compliqués se traite- raient‘exactement de la même façon, il y au- rait seulement un plus grand nombre de varia- bles. Il ya cependant lieu de faireune remarque essentielle au sujet de leur choïx. Il convient de définir chaque état élémentaire par les coordon- nées généralisées de Lagrange et par les varia- bles qui interviennent avec elles dans les équa- tions canoniques. C’est grâce à ce choix que les domaines élémentaires d’égale probabilité ont des étendues égales. L’entropie estencore donnée par l'équation (5). [1 semble bien que la relation entre l’entropie et la probabilité soit plus qu’une simple éga- lité. La probabilité doit bien être la nature même de l’entropie. Celle-ci n’existerait alors que dans des systèmes composés d’un nombre extrêmement grand de parties identiques ou de méme nature, subissant dans certaines de leurs R. FORTRAT. — ENTROPIE ET;PROBABILITÉ propriétés des modifications multiples et conti- nuelles, et en désordre élémentaire. L'énergie rayonnante est un champ électro- magnétique, mais eile peut avoir une entropie, tandis qu’un champ électrique ou un champ magnétique n'en possèdent pas en général. Si elle a une entropie, c'est à cause des innombra- bles petites charges électriques mobiles, disons des oscillateurs par lesquels elle se modifie tout en leur servant d’intermédiaire dans leurs ac- tions mutuelles. L’entropie est une propriété des oscillateurs eux-mêmes autant que de l'éner- gie rayonnante. C’est pourquoi ces oscillateurs jouent un rôle si important dans la théorie du rayonnement, où leur introduction pourrait sembler à première vue un simple artifice de caleul. La Thermodynamique classique ne définit l’entropie que comme une expression matkémati- que, tandis que la Mécanique statistique remonte à la nature même des choses. C’est pourquoi elle permet d'étudier des problèmes dans lesquels la Thermodynamique classique ne serait d’au- cun secours. Un de ses plus beaux succès a été de conduire à une détermination théorique de la formule du rayonnement du corps noir. Il n’y a d’ailleurs pas lieu de se demander laquelle de ces deux. définitions de l'entropie est la meilleure. Elles s'appliquent à des pro- blèmes différents. En rejetant l’une d’elles, on. se priverait volontairement d’un précieux moyen de recherche. Cependant la théorie statistique de l’entropie, déjà classique à l'étranger, ren- contre encore beaucoup de préventions en France. La découverte de la relation entre l’entropie etla probabilité est surtout l'œuvre de Gibbs et de Boltzmann.Plus récemment, un très grand progrès a été réalisé par Planck, qui, avecla théorie des quanta, à précisé et étendu les ré- sultats antérieurement acquis. ‘ On doit à ces savants les plus importants des ouvrages où soient exposées la théorie statisti- que de l’entropie et ses principales applications. Leurs titres sont : Giogs : Elementary Principles Mechanics (New York). BourzManx : Théorie des gaz (Traduction fran- çaise, Paris). PLanck : Theorie der Wärmestrahlung (Lei- pzig). in statistical R. Fortrat, | Docteur ès Sciences. R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D'ANATOMIE 141 REVUE D'’ANATOMIE PrécimiNaires 11 nous a paru indispensable de faire précéder cette première Revue d'Anatomie d’un exposé succinct de la facon dont nous comprenons la tâche qu'a bien voulu nous confier la direction de ce Journal. Si l’on veut que l'Anatomie soit une science, on ne saurait la concevoir comme purement des- eriptive; ici, comme partout ailleurs, les faits constatés ne sontque des matériaux d'utilisation possible ;,ce qui les fait seulement entrer dans le domaine de la science, c’est notre raison, lorsqu'elle les systématise et les élabore suivant les formes de notre entendement. Les travaux de pure description en Anatomie humaine ou ani- male, qu'ils tendent ou non à un but utilitaire, ne nous retiendront done que dans la stricte mesure où leur portée générale pourra êtré sup- putée, et où ils pourront être considérés comme des contributions éventuelles (directes ou indi- rentes, prochaines ou éloignées) à la solution du grand problème de l'Évolution organique ; celui- ci est, en effet, l’aboutissant naturel de toutes nos spéculations en Biologie, s’il est vrai que toute science n’est qu'une élaboration des don- nées de l'expérience en fonction du concept caüsal. Les travaux dont nous nousattacherons à four- nir surtout l’exposé et la critique seront ceux d’Anatomie comparée qui, en raison de l'esprit de synthèse qui les inspire, font nécessairement partie du véritable domaine de la science. Bien que les travaux de ce gere soient malheureu- sement peu nombreux, ils le sont trop encore en une année pour que nous puissions préten- dre les examiner tous; et nous serons forcés de choisir. Notre manière de procéder sera-toujours la suivante : nous élablirons des têtes de chapi- tres se rapportant à quelques-unes des questions quinous auront paru les plus importantes parmi celles traitées au cours de l'année. Nous serons ainsi entrainés à chevaucher d’une période sur l’autre, à revenir parfois sur une question déjà traitée dans une revue précédente, ou encore à exposer une question ancienne qui aura pris, par la suite, une importance qu'elle n'avait pas eue ou n'avait pas paru avoir tout d'abord, Logiquement, une Revue d'Anatomie devrait s'étendre, sinon à l’ensemble du monde organi- que, du moins au monde animal tout entier. Nous négligerons .cependant les Invertébrés d'une façon complète. Sans doute, considérée en elle-même, leur anatomie présente-t-elle un aussi grand intérêt scientifique que celle des Vertébrés ; mais il faut convenir qu’elle a encore été trop peu étudiée pour ne pas se confondre avec la Zoologie. La plupart des recherches dont les Invertébrés font actuellement l’objet tendent plutôt à fixer les types d'organisation, à montrer leur continuité idéale, à préciser leurs affinités possibles, qu’à en rechercher le déterminisme et à faire saisir comment, sous l'influence des fac- teurs extérieurs, les formes que nous voyons au- jourd’hui adaptées à leurs conditions particuliè- res de milieu ont pu provenir de formes ancien- nes également adaptées aux conditions d’un milieu différent. L'examen des travaux anatomi- ques sur les Invertébrés trouvé sa place naturelle dans la Revue de Zoologie, dont les Vertébrés sont, d’autre part, systématiquement exclus; concernantles Vertébrés seuls, la Revue annuelle d'Anatomie comble done ainsi une très impor- tante lacune‘. Récemment, dans ce même périodique ?, l'un de nous a essayé de faire ressortir les causes pour lesquelles la science anatomique qui, jadis, en France, a brillé d’un si vif éclat, est aujour- d'hui presque abandonnée chez nous. Nulle part, en somme, elle n’est vraiment enseignée : les élèves des Facultés de Médecine, auxquels, dans l’année d’études scientifiques préparatoire dite du P. C. N., on s’est plus préoccupé de meubler la mémoire que de former l'esprit, auxquels on n’a pas appris ce qu'est véritablement la science dont, en tant que ‘médecins, ils auront à se servir, exigent de leurs maîtres, qui souvent le déplorent, un enseignement purement uti- litaire et professionnel. Quant à ceux des Fa- cultés des Sciences, et qui seraient peut-être, : bien que chez eux non plus on ne cultive guère l'esprit de synthèse, plus en mesure de s'intéresser aux grands problèmes que soulève l’Anatomie, on la leur laisse à peu près ignorer. Depuis longtemps, les Invertébrés tiennent dans les cours qui aboutissent à la licence une place presque exclusive; et notre connaissance des Invertébrés est actuellement insuflisante pour 1. Seront également négligés les travaux concernant les faits de développement, quand ils n'auront pas un rapport direct et immédiat avec l'anatomie de l'adulte. Leur examen est à sa place dans la Revue d'Embryologie. 2. R. Axruowy : L'étude de l’Anatomie comparée des Mam- mifères en France à l’époque actuelle, Revue gén. des Scien- ces, t. XXXVIII, p. 546 ; 15 oct. 1917. 142 R. ANTHONY et H. VALLOIS. —-REVUE D’ANATOMIE permettre, dans la plupart des cas du moins, d'aboutir à autre chose qu'à une sèche énumé- ration de faits. Peut-être cette suite de Revues, que nous comptons donner ici, et qui mettra, chaque année, sous les yeux des jeunes biologis- tes, une partie tout au moins de ce qui se fait, à l'étranger, dans les établissements d’enseigne- ment et ailleurs, de ce qui se fait aussi chez nous, dans des milieux qu'ils n’ont guère l’habi- tude de fréquenter, les conduira-t-elle à recon- naître les lacunes de l’enseignement qu'ils ont reçu. Peut-être contribuera-t-elle ainsi à dévelop- per en France le goût de l’Anatomie, en même temps que le désir de la cultiver, et à faire cesser un état de choses regrettable dont la responsa- bilité incombe à l’enseignement mal entendu de nos Universités. On trouvera peut-être que les circonstances sont singulièrement défavorables pour essayer de tenir des promesses faites en des temps meil- leurs. La guerre, dans laquelle la plus grande partie de l’Europe et de l'Amérique se trouve engagée depuis quatre ans, a nécessairement diminué la production scientifique, en Anatomie comme en tout. De nombreux chercheurs se trouvent placés dans des conditions qui les obligent à interrompre leurs travaux; et des raisons d'ordre économique général, bien plus encore, croyons-nous, que le manque de copie, ont fait que de nombreux périodiques ont dù . cesser de paraître un peu dans tous les pays. Il est difficile aussi de se tenir au courant de ce qui se fait chez nos ennemis, et cette :circon- stance particulière concourt, avec les causes précédentes qui sont générales, à diminuer le nombre des documents où nous pourrions puiser. Quoi qu’il en soit, et après inventaire des res- sources que peut, pendant cette période de guerre, fournir la littérature, nous avons cru pouvoir donner au début de 1919 cette première revue de quelques-uns des principaux travaux anatomiques parus en ces temps derniers !. I. — Lrs OUVRAGES GÉNÉRAUX SUR LE DÉTERMINISME MORPHOLOGIQUE ET L'ADAPTATION Ce sont les travaux de Packard et de Cope, et surtout le fameux livre de ce dernier, trop peu connu en France, sur les facteurs primaires de l’évolution organique ? (Chicago, 1870), qui ont véritablement ouvert la voie aux nombreux cher- cheurs que nous voyons maintenant aborder l'étude du problème de l'évolution suivant un point de vue qui fut longtemps négligé, mais 1. Ces deux derniers paragraphes ont été écrits avant la cessation des hostilités. 2. The primary factors of organic Evolution, qui n’en est pas moins le point de vue fonda- mental de toute science, celui auquel nos spé- culations, en Biologie comme partout ‘ailleurs, doivent tendre et, finalement, se ramener, à savoir celui du déterminisme. L'ouvrage de Cope resta longtemps le seul qui traität de cette question à un point de vue d’en- semble; mais ces dernières années ont vu son exemple suivi par O. Abel!, un élève de Dollo dont les belles recherches ont tant fait pour le développement de la science anatomique, et par R. Anthony?. Tout récemment R. S. Lull . vient de faire paraître, sur le même ordre de sujets, un livre d’un intérêt puissant ® dont l’un de nous a donné, il y a peu de temps, le compte rendu dans ce même périodiquéf. Le sujet est à ce point inépuisable que les ouvrages de Cope, d’'Abel, d’Anthony, et de Lull, loin de se répéter, se complètent. Mais à leur propos une double remarque s'impose : leurs auteurs sont, d’une part, à l'exception d’un seul, des pa- léontologistes, qui ont appliqué aux animaux disparus les conséquences de nos observations éthologiques sur les animaux actuels; d'autre part, ils sont tous versés dans l’étude des Ver- tébrés, et ce sont des Vertébrés qu'ils se sont presque exclusivement servis pour illustrer leurs développements. Comme, cependant, ils ne sont ni les uns ni les autres des vertébristes exclu- sifs, on se rend compte, de par ce choix qu'ils se sont accordés à faire, des services que, mieux que toute autre, l’anatomie des Vertébrés peut. rendre au point de vue de l'examen du problème fondamental que la Biologie pose. En présence de ces exemples que l'Amérique nous a donnés jadis avec Cope, qu'elle continue aujourd’hui de nous donner avec Osborn, avec Lull et plu- sieurs autres, on ne peut que regretter l’aban- don en France d’études si fertiles au point de vue vrai de la science. Nous ne saurions clore ce paragraphe, consa- cré aux ouvrages généraux sur le déterminisme morphologique et l'adaptation, sans mentionner encore un ouvrage de F. Wood Jones dévolu à l'étude du problème de l'adaptation humaineetde celui de la dérivation infiniment probable de cette dernière d'une adaptation arboricole antérieure. L'ouvrage de F. Wood Jones a fait également l’objet dans cette revue d’un compte rendu de 1. O. Asez : Grundzüge der Palæobiologie der Wirbel- tiere. Stuttgart, 1912. 2. Contribution à l'étude morphologique générale des ca- ractères d'adaptation à la vie arboricôle chez les Vertébrés. Annales des Sciences naturelles, Zoologie, 1912. 3, Organic Evolution; New-York, Macmillan Comp., 1917. k, Revue gén. des Sciences, t. XXIX, p. 555; 15 oct. 1918. 5. Arboreal man. London, Edw. Arnold, 1916, | l'un de nous! : qu'il nous suflise de rappeler ici qu’en dépit du très grand intérêt qu'il présente . et dé son originalité, il est très loin d'épuiser - l'important sujet du déterminisme de la forme . humaine. M. F.Wood Jones s’est plutôt attaché à - exposer ses idées personnelles et à rappeler les résultats de ses propres travaux qu’à donner une vue d'ensemble de la question; les immenses + lacunes qu'offre son ouvrage, et qu’il eût pu ai- « sément combler en tenantun plus grand compte des travaux antérieurs, en font plutôt une - source de documents nouveaux qu'un livre vé- . ritable résumant l'état de nos connaissances à une époque précise. II. — Les 1NÉES NOUVELLES sur LA CONSTITUTION DES CEINTURES Les idées actuellement classiques sur la con- | stitution et l’évolution des deux ceintures, sca- . pulaire et pelvienne, sont le résultat d'une lon- gue série de recherches auxquelles ont participé - de nombreux auteurs. De l’ensemble de leurs travaux, s’est dégagée une conceplion très gé- néralement admise et qui est celle que nous _ allons d’abord brièvement exposer. Ceinture scapulaire. — Le type considéré * comme fondamental, celui dont, idéalement, on fait dériver tous les autres, est celui réalisé chez: les Batraäciens urodèles, où (fig. 1) la ceinture se compose de trois pièces, l’une dorsale, les deux autres ventrales, s’unissant par leur base, et à _peu près au point d'union desquelles se trouve la cavité glénoïde où s'articule la tête de l’humérus. La pièce dorsale est dite scapulum. Des deux . pièces ventrales, l’une, postérieure, se dirigeant _ avec celle du côté opposé, est dite coracoïde ; l'autre, antérieure, plus étroite, se dirigeant _obliquement en dedans et en avant, mais restant assez loin de la ligne médiane, est dite proco- _ racoïde. On admet que chez les Batraciens anoures (fig. 2), qui conduiraient à ce point de vue aux autres Vertébrés, la ceinture scapulaire est con- struite sur le même type. Toutefois, les deux éléments ventraux se seraient réunis à leur extré- mité libre, formant un anneau complet qui cir- conscrit un orifice auquel, par analogie avec ce que l’on observe à la ceinture pelvienne des Mammifères par exemple, on a donné le nom de trou obturateur. L'élément qui forme la marge postérieure de l'anneau est comme étant le coracoïde; celui qui en forme la 1. Revue gén. des Sciencer, t. 15 mars 4917. XXVIIE, p. 155: R. ANTHONY et H. VALLOIS donc considéré .— REVUE D'ANATOMIE _143 marge antérieure comme étant le procoracoïde. Notons, par parenthèse, qu’au superpose dé bonne heure et souvent mème finit par se substituer totalement in élément osseux d’origine membraneuse qu’on appelle la clavicule. R L'interprétation que nous venons de rappor- ter des éléments ventraux de la ceinture scapu- laire chez les Urodèles et chez les Anoures, sert coracoïde se de base à la conception de l’évolution morpho- logique de cette ceinture chez lesaautres Verté- brés marcheurs. On considère, en effet, qu'à l'exception des cas nombreux où tous les deux . semblent persister (Chéloniens, par exemple), les éléments ventraux de la ceinture scapulaire subissent, au cours de la phylogénie, une régres- sion progressive portant tantôt sur un seul élé- ment, tantôt sur les deux à la fois. Ceinture pelvienne.— Comme pour la ceinture scapulaire, c’est la ceinture pelvienne des Uro- dèles qui sert de point de départ. Elle se compose de deux pièces, l’une dorsale, l’autre ventrale, se réunissant au niveau de la cavité cotyloïde. La pièce dorsale est représen- tée par un os allongé en forme de baguette, appelé é/ion ; on admet qu’en raison de sa posi- tion dorsale, l’ilion est l’homologue du scapu- lum. La pièce ventrale est constituée par une large plaque, dont la moitié antérieure, ou pu- bis, serait l'équivalent du procoracoïdeetla moi- tié postérieure, ou éschion, parfois relativement individualisée par l'apparition dans son épais= seur d’un centre d’ossification, serait l’équiva- lent du coracoïde, Dans la suite des Vertébrés marcheurs; la modification secondaire essentielle subie par la ceinture pelvienne serait la séparation des deux parties, antérieure et postérieure, de la plaque pubo-ischiale : le pubis et l'ischion seraïent alors séparés l’un de l’autre par un orifice appelé le trou obturateur. Aucune formation comparable à la elavicule ne viendrait à la ceinture pelvienne se superposer au pubis!. Telle est la conception classique de la mor- holocie des ceintures dans la série des Verté- P g L brés marcheurs. Répond-elle à la réalité des faits ?? Les travaux récents d'Anthony et Vallois 1: Notons cependant que certaines chauves-souris, du groupe des Microchéiroptères, présentent une ossification plus ou moins complète du ligament ilio-pubien (arcade de Fallope). Quoique ayant une origine embryologique analogue à celle de la clavicule, l'élément osseux nouveau ainsi formé en est totalement différent par sa situation et ses rapports. 2, L'importante question de la morphologie des ceintures avait été mise à l'ordre du jour de la Section d'Anatomie et d'Embryologie du XVII Congrès international de Médecine tenu à Londres en 1913, et l’un de nous (R. Anthony) sue du rapport sur les Batraciens actuels, ceux des paléontolo- gistes Williston, Broom, Watson surles Reptiles fossiles de divers groupes, ceux enfin de l’em- bryologiste Vialleton s'accordent pour répondre non de la facon la plus catégorique. Le mémoire d’Anthony et Vallois! a pour su- jet la « signification des éléments ventraux de la ceinture scapulaire chez les Batraciens». Sa conclusion essentielle est que le procoracoïde des Urodeèles n’a rien à faire avec la branche antérieure de la partie ventrale de la ceinture des Anoures. L'homologation des parties ven- trales de la ceinture scapulaire des Vertébrés, serait donc toute à reprendre, puisque le point de départ qu’on lui donne est faux. Le premier argument que font valoir les au- teurs est la situation des divers segments de)la ceinture par rapport à la cavité glénoïde. Si l’on prolonge en effet chez un Urodèle l’axe de cette dernière (axe facile à déterminer, puisque la ca- vité glénoïde a une forme en fer à cheval?), on constate qu’il passe par l’échancrure coraco- procoracoïdienne, laissant par conséquent du côté dorsal le procoracoïde, ce qui tendrait à in- diquer que le procoracoïde est, morphologique- ment, plutôt une pièce dorsale qu’une pièce ven- trale. Ceci est d’ailleurs corroboré par le fait que le procoracoïde ne présente jamais de centre d’os- sification distinct et que, quand sa base s’ossifie, c'est toujours par l’extension du noyau d’ossifi- ‘cation du scapulum. De ces faits, on peut con- clure que le procoracoïde des Urodèles n’est pas, à proprement. parler, une pièce ventrale, mais qu'il se rattache étroitement au scapulum, tant au point de vue anatomique qu’à celui de l’em- bryologie. Chez les Anoures, la cavité glénoïde présente le même aspect que chez les Urodèles. Or, chez eux, l'axe de cette cavité passe dorsalement à l’ensemble de la plaque ventrale. Toute cette pla- que, c’est-à-dire le procoracoïde et le coracoïde des classiques, présente done par rapport à l’hu- mérus cette même position ventrale qu'avait seul le coracoïde des Urodèles. D'autre part, dorsalement à l’axe dela ‘avité glénoïde, on voit se détacher de la base du scapulum une apophyse assez marquée dirigée cranialement et qu'on ap- pelle l’acromion (lig. 2). C’est cet acromion des Anoures qui représente, pour Anthony et Vallois, l'équivalent morphologique du procoracoïde des Urodèles. 1. Bibliographie anatomique, +. 277; 1914, 2, Disposition remarquable signalée pour la première fois par. R. Anthony chez le Cryptobranchus. XVII th Intern: Congress of Medicine, sect. Anatomy. London, 1918, XXIV, fasc, 4, p. 2!8 à R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D'ANATOMIE N ‘ indique l’axe bissecteur de la cavité glénoïde; cet axe passe La pièce cartilagineuse qui limite en avantle « trou obturateur des Anoures ne serait done pas M un procoracoiïde, mais seulement la branche an- térieure d'un coracoïde fenestré. La pièce qui li= mile en arrière ceitrou obturateur ne représente- rait plus que la moitié postérieure du coracoïde au lieu de représenter le coracoïde tout entier. Quant au soi-disant trou obturateur, il ne serait plus l'équivalent de l’échancrure coraco-proco- Ë racoïdienne des Urodèles : le fait qu’il donnepas- sage à un nerf du plexus brachial, le nerfsupra- coracoiïidien, porte à penser qu'il est en réalité l'équivalent, mais excessivement agrandi, d'un petil orifice que l’on trouve au milieu de la pla=- que coracoïdienne des Urodèles où il donne éga- lement passage au même nerf supracoracoiï- dien. : L'étude des muscles ne faitque confirmer cette! conclusion, qui résulte de la seule considération Fig. 1. — Ceinture scapulaire gauche (4 du Menobranchus lateralis (x 3) €. p. + s., insertions sur la plaque coracoïdienne des \ muscles coraco-radial propre et supracoracoïdien; — p. k., inserlion sur le soi-disant procoracoïde du muscle procoraco- huméral: — f. i. et d. s., insertion sur le scapulum du mus- cle dorsal du scapulum. c, b., coracobrachialis brevis; — é, L., coracobrachialis lougus; — s. c., subcoracoscapularis. Les insertions indiquées par un pointillé correspondent! aux faisceaux musculaires innervés par le nerf dorsal; celles indiquées par des hachures correspondent aux faisceaux in- nervés par le nerf supracoracoïdien, La double innervation du procoraco-huméral est bien visible, — Le trait noir par l'échancrure coraco-procoracoïdienne. Bibliographie anatomique.) (Cliché de la . du squelette, Chez les Urodèles (fig. 1), les mus- cles qui relient la face cutanée de la ceinture scapulaire au membre forment trois groupes, et leurs appellations indiquent leurs insertions : un groupe dorsal (». dorsalis scapulæ); un groupe ventral (72. supracoracoïdeus et m1. Co- raco-radialis proprius); un groupe cranial (». procoraco-humeralis). L’innervation de ces mus- eles est faite par deux nerfs : d’une part un nerf la moitié dorsale du procoraco-humeralis ; d'autre part un nerf ventral, le nerf supracoracoïdien, . qui perfore la plaque du coracoïde par le petit orifice déjà signalé et se distribue aux muscles supracoracoïdeus et coraco-radialis proprius, ainsi qu'à la/moitié ventrale du procoraco-hume- ralis. Ce dernier «est donc caractérisé par une innervation double. Chez les Anoures (fig. 2), on trouve : 4° un * musele dorsalis scapulæ ; 2 un ensemble de mus- cles dont l'origine occupe toute l’étendue de la plaque ventrale, aussi bien sa branche antérieure (pro- | coracoïde des auteurs) que sa branche postérieure (cora- coïde des auteurs), et dont la terminaison se fait sur l’humérus et sur le radius. Cet ensemble, dont le nerf moteur traverse le trou ob- + turaleur, représente, indis- cutablement, les supracora- coïdeus et coraco-radialis proprius des Urodèles; 3°un . muscle qui se porte de l’acro- mion sur l'humérus, l’acro- mio-humeralis, muscle dont _ la moitié ventrale est inner- vée par le nerf supracoracoï- . dien,tandisquesa moitiédor- sale est innervée par le nerf du dorsalis scapuleæ. Ce muscle est, évidemment, l’'homologue à peine modifié du procoraco-humeralis des Urodèles. Les conséquences que l’on peut tirer de ces faits, en ce qui a trait à l’évolution morpholo- gique générale de la ceinture antérieure dans la série des Mammifères marcheurs, sout grandes, puisqu'elles impliquent la suppression d’un des trois éléments considérés jusqu'ici comme fon- damentaux, le procoracoïde qui ne serait qu'une apophyse du scapulum, déjà très réduite chez les Anoures. } # Voici, brièvement résumés, les résultats es- sentiels des recherches modernes, principale- _ ment de celles de Williston, de Broom et de ë Watson sur la ceinture scapulaire des Stégocé- _ phales fossiles et des plus anciens Reptiles des groupes Cotylosauria, Pelycosauria, Deinoce- ‘ _phalia, Theriodontia, ete. Chez les Rachitomes (Stégocéphales du Per- mien inférieur) tels que l'£ryops, le Cacops, le Trematops, la ceinture scapulaire, réduite à sa * dorsal, qui se distribue au dorsalis scapulæ et à, R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D’ANATOMIE 145 partie fondamentale, c’est-à-dire abstraction faite des formations d’origine dermique, est constituée d’un seul élément scapulo-coracoï- dier, à la partie moyenne duquel s’articule l’hu- mérus ; la région coracoïdienne ou ventrale de cet élément unique porte un orifice par où devait passer le nerf supracoracoïdien (Watson) !. Chez les Pélycosauriens, de mème que chezles Deinocéphales, les Dicynodontes, ete, l'arc thoracique comporte trois éléments individuali- sés (fig. 3): un scapulum (dorsal) qui, chez le Dicynodon Halli Watson, par exemple, porte un acromion bien marqué; un élément moyen ap- . pelé par les auteurs qui l’ont étudié précora- coïde, mais que, pour éviter toute confusion, il vaut mieux désigner à notre sens par le terme Fig. 2. — Ceinture scapulaire gauche du Pelobates cultripes (X 3) e. h., €. p., s. s., ensemble des muscles coraco-radial et supracoracoïdien®,inpervés par le nerf obturateur;— a. cl. A, musele acromio-huméral, innervé par le nerf oblurateur (partie hachée) et le nerf dorsal (partie pointillée); — d. s., muscle dorsal du scapulum, innervé par le nerf dorsal. L’axe bissecteur de la cavité glénoïde, non indiqué sur la figure, mais facile à se représenter, ne passe pas par le trou obturateur (dessiné en noir sur la figure), mais par l’échan- crure acromio-coracoïdienne. (Cliché de la Bibliographie ana- tomique.) de coracoïde antérieur; un élément postérieur ou coracoïde, que nous proposerons d’appeler eoracoïde postérieur {Wiiliston, Broom, Wat- son). J Chez les Cotylosauriens (Seymouria par exem- ple), l'arc thoracique ne comporte que deux éléments : un scapulum dorsal et un coracoïde ventral (Williston, Broom et Watson). Watson ? considère ce dernier élément non point comme représentant/les coracoïdes antérieur et posté- rieur des Pélycosauriens, Deinocéphales, Dicy- nodontes, etc., non encore individualisés, mais comme étant un coracoïde antérieur, le posté- rieur n’existant pas encore. La présence d’un double coracoïde ne serait 1. The evolution of the tetrapod shoulder girdle and fore limb, Journ. of Anatomy, oct. 1917. 2. WarsoN : loco citato. 146 donc point pour lui, comme pour Williston, la | un acromion, maïs beaucoup plus réduit que condition primitive des Reptiles. L'ensemble des auteurs précités estiment que le coracoïde souvent fenestré des Sauriens serait un coracoide antérieur (qu’ils appellent précora- coïde), et Watson, se basant sur la régression manifeste que subit peu à peu le coracoïde anté- rieur des Anomodontes, défend l'opinion, que celui des Mammifères, généralement réduit à l’état de vestiges, mais que Broom vit si bien dé- veloppé chez un très jeune Trichosaurus, serait un coracoïde postérieur. Fig. 3. — Dicynodon Hblli. Arc scapulaire droit; faceexterne. —S$., scapulum:— €, a., coracoïde antérieur ; — €. p.,cora- côïde postérieur; — a., acromion; —$£., articulation basilo- humérale ; — 0., orifice probable du nerf supracorucoïdien, (Imité de Warson : Journal of Anatomy.) En résumé, des recherches d’Anthony et de Vallois d’une part, de celles de Williston, Broom et Watson d'autre part; se dégagent dès main- tenant, relativement à la partie fondamentale de la ceinture scapulaire (les formations secondai- res d'origine dermique, clavicule, cleithrum, episternum, etc., étant, pour le moment présent, laissées hors de compte), les données suivantes qui paraissent suffisamment assises : Chez les Stégocéphales rachitomes, de même que chez les Urodèles actuels, c’est-à-dire chez les Batraciens de type primitif, l’arc thoracique R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D’ANATOMIE comprend un scapulum et un coracoïde non en-, core individualisé, Chez les Urodèles actuels, le scapulum comporte un long processus céphali- que, acromion (procoracoïde des auteurs). Chez les Cotylosauriens, les Sauriens et vraiï- semblablement les Batraciens anoures actuels, on note simplement une tendance plus ou moins marquée à l'individualisation du coracoïde, qui chez les seconds et les troisièmes deviendraitde 4 plus fenestré; les Batraciens anoures présentent | antérieur. De plus, 2 GR ZA 08 CURE Fra L. LE celui des Urodeles. Chez les Pélycosauriens et un certain nombre de groupes voisins, Dicynodontes par exemple, un coracoiïde secondaire postérieur s’ajouterait au coracoïde primitif des Stégocéphales rachi- tomes, Urodèles, Cotylosauriens, etc., lequel peut de ee fait être appelé maintenant coracoïde \ chez les Dicynodontes no- tamment, on remarque, comme chez les Batra- ciens anoures, un court acromion. Dans le phylum qui aboutit aux Mammifères (Anomodontes), le coracoïde antérieur at 4 en régression, et les vestiges côracoïdiens des Mammifères actuels dépendraient du coracoïde postérieur ou secondaire apparu chez les Pélyco- sauriens, Dicynodontes, etc. Nous n’avons pas jugé à propos de rappelerici les hypothèses moins solides que l’on peut émet- tre à propos ‘des divers groupes de Reptiles que nous n’avons pas nommés, des Oiseaux, des Mo- notrèmes, etc. La question reste encore ouverte en ce qui les concerne; mais il est à considérer que nous voyons, au moins dès maintenant, la route à suivre pour trancher dé teens et complètément un problème qui est, sans aucun doute, l'un des plus complexes que PRE la morphologie.comparée. Les deux publications de Vialleton!, qui ne sont, comme il l'annonce, qu'une introduction à un mémoire plus développé ultérieur, doivent, en raison de leur caractère très particulier, être examinées à part des précédentes. - Que l’on remarque d’abord, fait observer l’au- teur, que les premiers mémoires traitant de l'évolution des ceintures n’envisageaient celles- ci qu’en elles-mêmes, sans égards à leurs con- nexions, ni à leurs rapports avec les muscles, les nerfs et les organes voisins. Le type d’un tel travail est la monographie de Parker (1868). Un notable progrès a été réalisé lorsque la deserip- tion morphologique pure et simple des pièces osseuses s’est doublée, avec Sabatier (1880), de l’étude des muscles. Un autre progrès est celui. que réalisent, entre autres, les nombreux tra- vaux de Fürbringer (1873- 1900), où il est tenu compte à la fois des muscles et des nerfs. Les trois sortes de renseignements se complètent alors mutuellement. Vialleton ajoute à la considération des pièces 1. Conditions morphologiques du bassin des Vertébrés, tétrapodes. Bulletin de l'Académie des Sciences\et Lettres de Montpellier, 1917, n° 2-4, p. 70-111; — Ceinture pectorale et thorax des Vertébrés tétrapodes, Jbidem, 1917, n° 5-7, p. 170-214. ! f R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D'ANATOMIE F sseuses, des muscles et des nerfs celle des rap- ports avec le trone. L'évolution morphologique e la ceinture scapulaire se rattachera donc troitement à celle du thorax, de lextrémité a ceinture pelvienne se rattachera, non moins étroitement, à celle du plancher pelvien de la cavité abdominale et devra être étudiée en fonction des conditions de statique du membre inférieur. Ceinture scapulaire. — En ce qui concerne les Amphibiens, Vialleton admet les conclusions : d'Anthony et de Vallois relativement à la signi- _fication des éléments ventraux de la ceinture. » Mais le trait essentiel de cette dernière serait, - pour lui, qu’elle entoure complètement l’extré- mité craniale du cœlôme (essentiellement re- . présentée par le péricarde). On sait que les côtes _ des Batraciens, très réduites, ne s'engagent ja- mais dans les parties latérales du tronc; à plus forte raison ne se sternalisent-elles point. Ce sont les éléments ventraux de la ceinture sca- -pulaire qui remplissent chez eux le rôleque joue . ailleurs le sternum costal (point d'appui muscu- laire). Ce rôle explique, à ses yeux, les grandes - dimensions que présente ici la ceinture scapu- laire. - À propos des Sauriens, intéressante à noterest l'opinion de l’auteur que « les différents rayons osseux qui limitent les fenêtres représentent les lignes principales de force et les lignes de résistance » de la ceinture soumise à l’action . des muscles. L'application de ce principe mé- . canique à l’étudedela ceinture scapulaire semble . susceptible de nous donner la clef du dispositif des fenestrations diverses, si multiples dans leurs aspects, que présente cette ceinture. - Les rapports de la ceinture avec le cœlôme ne sont plus ici les mêmes que chez les Batraciens. Le scapulum est en grande partie séparé de la _ cavité cœlômique par les deux premières côtes, en dehors desquelles ilest situé. Mais ces deux côtes s'arrêtent à mi-distance de la ligne mé- diane antérieure du thorax, de sorte que c’est la plaque coracoïdienne qui achève ventralement la paroi de ce dernier. L’orifice antérieur du tho- rax se trouve ainsi bordé dorsalement par la . première côte et ventralement par le bord cra- nial de la plaque coracoïdienne que double la clavicule. Chez les Sauriens, par conséquent, la ceinture scapulaire s’unit authorax pour former une cage zono-thoracique entourant l'extrémité antérieure de la cavité viscérale. Chez les Oiseaux, le coracoïde paraît avoir subi un mouvement de rotation qui fait que son bord - cranial regarde en dedans. Au lieu de former, "à antérieure du cœlôme et du cou. L'évolution de ! comme chez les Sauriens, une partie dela paroi latéro-ventrale du tronc, il semble, par suite, en former plutôt 14 paroi antérieure, Une consé- quence de cette torsion serait l’atrophie de toute la partie craniale de la plaque coracoïdienne qui, sielle ne s'était pas atrophiée, aurait obturé l'orifice antérieur du thorax. Toute la portion antérieure du coracoide n’est plus représentée, pour Vialleton, que par une toile fibreuse tendue entre le bord mésial du coracoïde et une autre membrane qui provient-de la clavicule. Les relations de la ceinture avec le cœldme sont à peu près les mêmes que chez les Sauriens, et, chez les Oiseaux aussi, il existe une cage zono- thoracique, Chez les Mammifères, la ceinture s'est com- plètement séparée du thorax costal et celui-ci reste seul à remplir le rôle de soutien pour la cavité viscérale. En dehors de ce caractère géné- ral, le type de la ceinture est très différent chez les Monotrèmes et chez les Euthériens. Chez les Mammifères non monotrèmes, le sca- pulum est placé sur la face externe des côtes dans leur partie dorsale. Son caractère essentiel consiste, pour Vialleton, en ce que la cavité glénoïde est située à son extrémité ventrale et perpendiculairement à sonaxe. Il en résulte que l’axe de l'humérus est, ou peut être mis, dans le prolongement de l’axe du scapulum, « qui fonctionne bien pluscomme segment du membre, chez les Mammifères sans clavicule, que comme élément zonal ceinturant le tronc ». Vialleton conelut de ces faits que la partie ventrale de la ceinture ne peut exister chez les Mammifères non Monotrèmes, puisque le membre en a pris ‘la place. Il va même jusqu’à nier qu'aucune des pièces rudimentaires quien sont habituellement considérées comme les restes puisse avoir cette signification. Chez les Monotrèmes, toute la ceinture, au lieu d’être placée sur es côtés du thorax, est si- tuée en avant de lui, dans le cou. Et l’auteur re- garde une telle disposition comme le résultat de l’adaptation à la vie fouisseuse qui entraînerait en même temps la persistance du coracoïde. En raison de sa position, la ceinture scapulaire des Monotrèmes ne peut donc, en aucune manière, être regardée comme un terme de passage entre celle des Reptiles et celle de l’ensemble des Mammifères. En résumé, chez les Amphibiens, la ceinture scapulaire remplace le thorax absent. Chez les Sauriens, étroitement unie au thorax, elle forme avec lui autour de la cavité viscérale une cage zono-thoracique. fl en est de même chez les Oi- seaux, mais là une rotation en dedans de la plaque coracoïdienne détermine l’atrophie de toute Ja partie craniale de cette plaque. La ceinture des Monotrèmes, perdant toute relation avec le tho- rax etavec la cavité viscérale, vient se loger dans le cou. Celle des autres Mammifères, enfin,s’ap- plique contre la cage thoracique sans relations directes avec la cavité viscérale; en outre, l’arti- culation de l’humérus avec l'extrémité ventrale du scapulum détermine la disparition de toute la plaque ventrale coracoïdienne. Ceinture pelvienne.— Ici, ce sont les rapports avec le plancher pelvien qu'il s’agit de considé- rer. Sous le nom de plancher pelvien, l’auteur désigne la partie de la ceinture qui constitue la paroi ventrale du bassin et s'interpose, typique- ment, entre les muscles droits et obliques de l’abdomen en avant, le cloaque et les muscles ventraux de la queue en arrière. Chez les Urodèles (fig. 4, 1), c'esttoute la moi- tié ventrale de la ceinture pelvienne, c’est-à-dire la plaque pubo-ischiale, qui forme le plancher pelvien de la cavité viscérale--complètement en- fouie dans la paroi, elle est directement en con- tact par toute sa face dorsale avecle cœlôme. Le fait que les muscles droits de l'abdomen s'insè- rent sur son bord antérieur et les muscles ischio- caudaux sur son bord postérieur, montre nette- ment qu'elle est partie intégrante; de la paroi ventrale. Chez les Sauriens, on considère généralement que les deux branches osseuses, divergentes à partir de la cavité cotyloïde, et qui constituent la partie antérieure du bassin, résultent de la fenes- tration de la plaque pubo-ischiale. Tel n’est pas lavis de Vialleton. En effet (fig. 4, Il), chez les Sauriens, les muscles droits de l'abdomen ne’ s’insèrent pas sur le bord antérieur de ce qu’on appelle le pubis, mais bien sur le bord pos- térieur de ce qu'on appelle l’ischion. L'auteur en conclut que, seul, le bord caudal de l'ischion peut être homologué chez les Sauriens à la pla- que pubo-ischiale des Urodèles, puisque, seul, il s’interpose entre les muscles abdominaux et les muscles ischio-caudaux. La moitié ‘craniale de leur ischion:et latotalité de la branche hori- zontale de leur pubis seraient à ses yeux des éléments néoformés. Notons, en ce qui concerne les Crocodiliens, que Vialleton estime que la pièce généralement regardée comme pubis serait en réalité une côte ventrale. Chez les Mammifères (fig. 4, HT), la partie ven- trale du bassin n’est plus en rapport avec la ca- vité viscérale, qui s'arrête au niveau de son bord antérieur où se fixent, d'autre part, les muscles grands droits. Le corps du pubis et l’ischion se- R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D'ANATOMIE NE IR An tn M EU aient des formations secondaires dont le déve- loppement serait en rapport avec celui du sinus uro-génital. Telleest, brièvement résumée, la conception de Vialleton. Pour la juger, il faut attendre que pa- raisse le mémoire plus détaillé qu’il annonce. Peut-être toutes les conclusions qu'elle laisse entrevoir ne subsisteront-elles pas? Mais ce qu'il ne. Fig. 4. — Coupes antéro-postérieures et parasagittales de la paroi abdominale antérieure et du plancher pelvien. (Sché- mas des auteurs destinés à illustrer la conception de Vialleton.) I. chez un Urodèle; II, chez un Saurien: III, chez ün Mammifère. ‘ P., cavité péritonéale; — pl., plaque pubo-ischiale (des Uro- dèles) ; — p., pubis; — à., ischion; — #, muscle pubo-ischio- fémoral externe (obturateur ext, chez les Mammifères); — B, muscle pubo-ischio-fémoral interne (obturateur int. chez les Mammifères); — d., muscle grand droit de l’'Abdomen ;— Q., muscle ischio-caudal; — U,, sinus uro-génital. faut considérer présentement, c’est qu’elle élar- git considérablement le problème et que l'on ne pourra se dispenser de tenir compte des vues originales de Vialleton. ” À travers les recherches dont nous venons d'exposer les résultats, nous voyons nette- ment les ruines d'une conception que l'on pou- vait croire l’une des plus solides de l’Anatomie comparée. Et il semble même que l’ensemble R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D’ANATOMIE — #0 149 de ces travaux en cours nous fournisse, à mesure, les moyens de reconstituer ce qu'ils sont en train de détruire. III, — Les RECHERCHES SUR LES ORGANES GÉNITAUX DES MauMirÈres De 1914 à 1918, le Professeur F. Wood Jones a continué ses importantes recherches sur les organes génitaux des Mammifères. Parmi les résultats qu'il a publiés au cours de cette pé- riode, il convient de mentionner surtout ceux qui concernent : le genre Tupaïa!, insectivore de type primitif qui rappellerait singulièrement les Primates par l’organisation de son système gé- nital ; les Chéiroptères? ; le Galeopithecus*, mam- _mifère énigmatique qui serait pour l’auteur, se basant sur les conclusions de ses travaux parti- culiers, un représentant des formes ancestrales d'où les Chéiroptères ont pu provenir. Il convient d’insister tout spécialement sur les conclusions de F. Wood Jones relatives aux organes génitaux du genre l'upaïa : on sait que la tendance actuelle est d’opposer les Tupaiidés et les Macroscélidés à l’ensemble des autres Insectivores ; ils conduiraient aux Primates, au Galéopithèque et aux Chéiroptères, alors que les autres Insectivores conduiraient aux Carnas- siers. Nous devons, d'autre part, au Professeur À. Meek' une excellente étude d'ensemble des organes génitaux des Cétacés (Phocæna commu- nis, Lagenorhynchus albirostris, Delphinapterus leucas, Monodon monoceros, Delphinus delphis, Balæna mysticetus), où il s'efforce de faire res- sortir les modifications en rapport avec la vie pélagique, tant au point de vue de l'anatomie qu'à celui de la physiologie. : Enfin, E. Retterer et A. Neuville ont publié aussi” un assez grand nombre de notes consa- crées à l’étude des organes génitaux externes des Vertébrés et plus particulièrement des Mam- mifères. Ce sujet présentait de nombreux points controversés, et les classiques eux- mêmes étaient loin d'être d'accord sur des faits relativement élémentaires. On considère généralement, par exemple, le gland comme un renflement du tissu spongieux de l’urêthre. Il y a déjà longtemps que Rettérer, partant de données histologiques et embryolo- giques, s'était élevé contre cette interprétation, 1. Journal of Anatomy, janvier 1917, 2. Journal of Anatomy and Physiology, octobre 1916. 3. Journal of Anatomy and Physiology, janv. 1916. 4, Journal of Anatomy, janv. 1918. 5. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, 1913-1917. Li: et les dispositions qu'il a décrites, avec H. Neu- ville, chez divers Mammifères, achèvent de la ruiner. \Y C’est ainsi que, chez l'Eléphant, les corps ca- verneux se prolongent jusqu'à l'extrémité du gland en embrassant le corps spongieux inclus sous leur albuginée : ici, comme ailleurs, le gland est formé à la fois par les corps caverneux et par le corps spongieux; son revêtement cutané est séparé de bonne heure, par une invagination épithéliale, en deux feuillets: l’un pariétal, for- mant le fourreau ou prépuce, l'autre viscéral, restant intimement uni aux tissus sous-jacents et se vascularisant à l’extrême pour former l’é- corce érectile. L'étude des faits tératologiques amène d’ailleurs aux mêmes conclusions, et H. Vallois, au cours de la dissection des organes génitaux externes d’un chien hypospade!, avait déjà été amené à reconnaître le bien-fondé de la conception de Retterer. En ce qui concerne la structure des corps ca- verneux, Retterer et Neuville concluent que l’é- bauche de ces corps est identique partout, mais qu’elle se développe différemment suivant les cas : tantôt, seule, la partie radicale des corps caverneux est munie de tissu érectile, tandis que sa partie distale devient cartilagineuse ou os- seuse (os péniens de nombreuses espèces mam- maliennes); tantôt, la trame reste fibreuse et des vaisseaux dilatés en remplissent les interstices; tantôt, elle s'enrichit de fibres musculaires, et les capillaires débouchent dans des réservoirs à parois résistantes et élastiques. Les corps caver- neux présentent ainsi l'un des exemples les plus démonstratifs des transformations que su- bissent des parties homologues suivant des con- ditions physiologiques diverses. En 1914, Ed. Retterer avait étudié, en collabo- ration avec À. Lelièvre, l'influence de la castra- tion sur la structure du pénis chez les Chats. Avec H. Neuville, il a repris cette étude sur les Bœufs et les Moutons, animaux faciles à obser- ver en très grand nombre, èt susceptibles aïfnsi de fournir des résultats particulièrement pro- bants. Les auteurs ont observé que la castration diminue les dimensions du pénis et du gland et modifie la forme de ce dernier; elle dimirue la tendance de l’albuginée à produire du cartilage ; elle favorise la transformation des éléments con- jonctifs en tissu adipeux; chez les Moutons, la charpente de l’appendice uréthral, au lieu de de- venir vésiculo-fibreuse, demeure simplement fibreuse. L'appendice uréthral des Ruminants a enfin 1. Bulletins de la Société d'Anthropologie de Paris, 1913. - 150 été l'objet de la part d’E. Retterer et de H. Neu- ville d’'intéressantes observations. Ghez cer- tains Ruminants, l'appendice uréthral n’existe pas : l’urèthre s’ouvre alors soit à l'extrémité du gland (acrospades de Retterer et Neuville), soit en decà de cette extrémité, au sommet d’une courte papille et à la face inférieure ou latérale de l'organe (hypospades de R. et N.); chez d’au- tres, il forme un tube cylindrique, plus ou moins long ét plus où moins contourné à l’état de re- pos : à son extrémité s'ouvre l’urèthre (télespades de R. et N.). Chez les Cavicornes, le Bœuf est hypospade, le Mouton est télespade ainsi que les Antilopes, à l'exception, dans l’état actuel de nos connaissances, du Guib (7ragelaphus) et du Nylgau (Boselaphus) qui sont acrospades. Les Cervidés vrais sont aussi acrospades, tandis que les Moschidéset les Tragulidés sont télespades. Enfin, les Girafes présentent à cet égard, comme à beaucoup d’autres, des variations indivi- duelles : Retterer et Neuville ont observé une Girafe acrospade, tandis que d’autres sujets ont été décrits comme télespades. Les auteurs insistent sur le fait que le Guib et le Nylgau, qui diffèrent ainsi, au point de vue des organes génitaux externes, des autres Anti- lopes, constituent, à d’autres égards, des types très particuliers : se basant sur leurs caractères spéciaux, Knotterus-Meyer et Matschie ont in- corporé le Nylgau aux Girafidés. De même, les Moschidés et les Tragulidés, télespades alors que les vrais Cervidés sont acrospades, dif- férent, à tous points de vue, profondément de ceux-ci. Et enfin, en ce qui concerne les Gira- fes, dont les affinités restent encore indécises, la variabilité du caractère envisagé est à rap- procher de la variabilité de plusieurs autres. Ed. Retterer et H. Neuville estiment que la posi- tion de l’orifice uréthral sur la verge est un élément qui doit entrer en ligne de compte pour l'appréciation des affinités réciproques des divers groupes de Ruminants. _ Cette dernière conclusion a soulevé à la So- ciété de Biologie une suite de discussions avec le Professeur Trouessart, qui se refuse à accor- der à ce caractère une importance taxinomique comparable à celle que présenteraient les carac- tères sur lesquels, depuis longtemps, on base la classification des Ruminants. La détermina- tion des affinités réelles des groupes dont toute classification doit être le tableau exige des recherches aussi nombreuses que variées; et ce sont les discussions que soulèvent les opi- nions émises qui contribuent le mieux à les susciter. Retterer et Neuville ont également signalé À ñ A de R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D’ANATOMIE chez un Singe, le Cercocèbe fuligineux, la pré- sence de canaux de Gartner qui n'avait été jus- qu'à présent constatée que sur quelques rares espèces (femme, vache, truie, chatte). Le fait intéressant est que ces canaux débouchent dans le vagin à l'union de son tiers moyen avec son tiers inférieur. Or on admet, classiquement, que les canaux de Gartner représentent les canaux de Woiff, et le vagin, les canaux de Müller. Com: ment expliquer alors que les premiers débou- chént dans les seconds, au lieu de déboucher, comme le voudrait l’'embryologie, dans Le sinus urogénital représenté chez l’adulte par la vulve? Tourneux pense que les canaux de Wolff de l'embyron femelle se fusionnent, par leur extré- mité distale, avec les canaux de Müller, de sorte qu’en réalité le tiers inférieur du vagin proviendrait des uns comme des autres con- duits. Pour Retterer et Neuville, le tiers infé- rieur du vagin dérive du sinus urogénital : dans la partie profonde de ce sinus apparaîtraient deux lames latérales qui se rejoindraient sur la ligne médiane pour donner naïssance à la cloi- son uréthro-vaginale, dédoublant ainsi cette partie profonde du sinus en deux segments, l’un prolongeant l’urèthre et l'autre, le vagin. Quoi qu'il en soit, il est en tout cas certain que le tiers distal du vagin doit être considéré, contrairement aux données classiques, comme ayant une origine différente de ses deux tiers proximaux. IV.— LES PLISSEMENTS NÉOPALLÉAUX DES PRIMATES (MORPHOLOGIE ET DÉVELOPPEMENT) La description du neopallium humain, telle qu’elle est faite dans tous les traités classiques d'Anatomie, est une description artificielle. Elle n’est ni physiologique (les recherches récentes de Brodman et de beaucoup d’autres surles «champs cérébraux » l’ont prouvé surabondamment), ni anatomique, puisqu'on voit mettre sur le même plan des plissements dont la signification est totalement différente, par exemple la scissure de Sylvius et le sillon de Rolando. Elle ne peut être enyisagée que comme une softe de clef mnémotechnique donnant à un anatomiste non exercé le moyen de se reconnaître rapidement dans les détails nombreux de la surface néopal- léale. Artificielle comme elle l’est, cette descrip- tion du cerveau humain reste, de par sa nature, propre à l’homme; or a pu l’étendre aux Pri- mates, et encore pas à tous (cas du Cheiromys); mais entre elle et la description du ne opallium des autres Mammifères s'étend un hiatus qui semble infranchissable. s / Qu'une telle conception ait pu dominer jus= qu'ici tient surtout à la pénurie des travaux récents sur la morphologie et l’embryologie du neopallium. Le premier auteur qui fit entrevoir les liens étroits qui rattachent la morphologie cérébrale télencéphaliqué, et plus particulière- ment celle du neopallium des Primates en gé- néral, à celle. des autres Mammifères, est William Turner, lorsqu'il montra que beaucoup de non= Primates, dans le groupe des Carnassiers par exemple (Ursidés, Mustélidés), ont une insula operculisée comme l'Homme et les Singes. Dans ses nombreux-travaux, notamment surla - région postérieure des hémisphères, G. Ælliot- Smith nous rendit ces liens plus manifestes en- core. R. Anthony et A.S. de Santa-Maria lesont précisés par leurs études de la région latérale externe du neopallium; en synthétisant les tra- vaux de G. Elliot-Smith et les leurs, ils sont ar- rivés à élaborer un plan de description qui, con- venant-tout aussi bien aux Primates qu'aux non-Primates, rend compte de l’évolution mor- phologique des plissements, tant au cours de l’évolution des divers groupes qu'au cours de l’ontogénie des individus. - Ces résultats généraux ont fait l’objet du cours d'Anatomie de R. Anthony à l'Ecole d'Anthro- pologie (1911-1912), et un résumé de ce cours, illustré de nombreuses figures, a été publié l’an : dernier!'. Dans la description qu'il donne de l'écorce du télencéphale, le rhinencéphale ne re- tient guère l'auteur, et il se borne, à son propos, à exposer les résultats des recherches d’Elliot- Smith et de G. Retzius qui ont fait abandonner la vieille conception de Broca. Les chapitres qui traitent de l’évolution du neopallium sont la partie essentielle de l’exposé, puisque ce sont eux qui ont pour but de substituer à la nomen- clature ancienne une nomenclature nouvelle, rationnelle, basée sur la comparaison de tous les Mammifères. 2 Dans un cerveau de type relativement simple, comme celui d’un Canidé, on trouve, sur la face externe du neopallium, trois sillons en fer à che- val, s’éngainant successivement : l'ectosylvid, la suprasylvia-postsylvia et la scissure corono-laté- rale; leur centre de figure est représenté par un sillon axial, la pseudosylvia. En avant, est un sillon oblique, la presylvia. Enfin, sur la face interne du cerveau, sont la sèissure calearine et la scissure intermédiaire qui s’enroule paral- lèlement au corps calleux. — Téls sont les plissements qui peuvent être considérés comme 1: La Morphologie du cerveau chez les Singes et chez l'Homme. Revue anthropologique, mars, avril, mai, juin, juil- let, août 1917. ; R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D'ANATOMIE 151 les « plissements archaïques » du cerveau des Mammifères, car ils sont présents dans toutes les espèces dont le cerveau a une taille com- patible avec une certaine complexité; la cal- carine d’abord, et la, suprasylvia ensuite se montrent même, parmi ceux-ci, les plus fonda- mentaux. Chez les Primates, ces plissements sont forte- ment modifiés du fait del’accroissement du neo- pallium qui entraine : 1° l’invagination dans sa presque totalité du « territoire central » de la face externe (ainsi est appelé, en raison de ses connexions avec les noyaux gris centraux, le ter- ritoire situé en dedans de la suprasylvia et en arrière de la presylvia); 2° l'apparition de sillons radiaires, conséquence mécanique de la forme vlobuleuse que prend le cerveau par suite de son accroissement.La suprasylvia-postsylvia, qui dé- limite en haut et en arrière le territoire central, est représentée chez l'Homme par la partie postérieure du circulaire supérieur de Reil, le sillon tempôro-pariétal n° 1 et le premier sillon temporal; en avant, ce sillon se réunit par un sillon deformation secondaire (transversus gyri reunientis), réduit à sapartie postérieure chez les Singes, complet seulement chez l'Homme, à la presylvia qui correspond au circulaire antérieur de Reïl (fronto-orbitaire des Anthropoïdes). Le territoire central, si largement apparent sur la face externe du cerveau de la plupart des non- Primates, se trouve représenté chez l'homme par l’insula, la face supérieure du lobe temporal et la première circonvolution temporale. Son invagination, qué l’on voit progresser des Lé- muriens-à l'Homme, détermine l’existence de la soi-disant scissure de Sylvius (fig. 5). En dehors de ce territoire, sur la zone péri- phérique du neopallium, le sillon corono-latéral est représenté par le sillon frontal inférieur (vraisemblablement) et le sillon intrapariétal. La face interne de l'hémisphère varie peu des non-Primates aux Primates : la calcarine con- serve les mêmes rapports constants avec l'aire striée, mais sé complique par l'addition de la rétrocalcarine ; l'intermédiaire n’est autre que le sillon appelé, en anatomie humaine, le calloso- marginal. Quant aux sillons radiaires (sillon de Rolando, lunatus, incisure pariéto-occipitale, ete.) qui se superposent chez les Primates aux sillons archaïques, ce sont des sillons de néo- formation dont il serait vain, par conséquent, de rechercher les homologues chez les non-Pri- mates. Or, ce sont justement certains de ces sillons qui ont été considérés jusqu'ici comme fondamentaux, fait qui ne contribuait pas peu à rendre impossible toute comparaison. ’ Tel est, résumé seulement dans ses lignes fon- damentales, le nouveau plan descriptif du cer- veau qui nous est proposé. Cette conception se substituera-t-elle à la conception classique, dé- pourvue de toute valeur anatomique réelle ? II est malaisé de le dire. La description classique a pour elle la routine, la force que crée l’habi- tude de termes employés partout, dans les mi- lieux médicaux comme dans les milieux anato- miques. N'oublions pas cependant qu'en ce qui concerne le cervelet, la vieille subdivision en Fig. 5. — Operculisation du territorre central du neopallium dans les différents types de Primates; les parties indiquées par des bachures sont celles qui restent superficielles chez les types représentés : C., Cheiromys (pas d’operculisa- tion). — L., Lemur, — 4., Gibbon. — /., Homme. , $., suprasylvia; — p.s., postsylvia: — C. S., complexe sylvien; — P., presylvia; — £., incisura opercularis (chez le Gibbon); — a., branche ascendante, et k., branche hori- zontale du complexe sylvien (chez l'Homme]; — C., central. (D’après la Revue anthropologique.) lobes et lobules est en train de disparaitre et que la conception récente de Bolk, basée sur l’anatomie comparée, a, depuis quelques années, pris place dans les traités classiques. Le plan de description du neopallium qui résulte des recherches d’Elliot-Smith, ainsi que de celles d’Anthony et de Santa-Maria, est sur- tout basé sur l'anatomie comparée; mais il con- venait de rechercher aussi si les sillons consi- dérés comme fondamentaux, d’après la compa- raison des formes adultes, sont également ceux qui se développent les premiers au cours de l’ontogénie et si, au point de vue embryologi- que, ils sont également fondamentaux. C'est pour répondre à cette question que R. An- thony a entrepris l'étude du développement du cerveau chez les Singes. Le développement du R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D’ANATOMIE neopallium humain est bien connu aujourd'hui, et, parmi les documents que l’on possede à cet égard, ceux qu'a fournis G. Retzius sont suffi- samment complets pour que nous puissions nous considérer en possession de tous les matériaux désirables. Mais, sur le développement du neo- pallium des Singes, on ne savait presque rien : un seul cerveau de fœtus de Gorille avait été décrit, par Deniker; deux cerveaux de fœtus de Gibbon avaient été décrits, l’un par Deniker, l’autre par Elliot-Smith. Un cerveau de fœtus de Cebus avait été anciennement figuré par Pansch et c'était seulement à cela, à très peu de choses près, que se bornaït, avant les recherches de R. Anthony, l’ensemble de nos documents. Réunissant les observations des autres aux siennes propres, cet auteur vient de faire parai- tre la première partie de son travail d'ensemble, el a ajouté déjà aux données anciennes la des- cription d’un nouveau cerveau de fœtus de Gorille, d’un nouveau cerveau de fœtus de Gib- bon, enfin celle d’un-fœtus de Chimpanzé, le premier qui ait été examiné. Ces matériaux, trop peu nombreux, ne permettent point encore d'apercevoir les conclusions générales qui se dégageront de l’ensemble de l’ouvrage actuelle- ment en cours. Nous reviendrons sur la ques- tion du développement du cerveau chez les Singes à mesure qu’en paraïitront les autres par- ties. En même temps que paraissait le mémoire de R. Anthony sur le développement du cerveau des Anthropoïdes, Hulshoff Pol publiait, dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences d'Amsterdam, une série d’études sur divers points de détails se rapportant au développe- ment du neopallium du Semnopithecus maurus Schreb. V: — LaA viLLOSITÉ DU PLACENTA ET SES MITOCHONDRIES Depuis le moment où Benda a donné le nom de mitochondries à certaines formations cyto- plasmiques décrites avant lui par de nombreux auteurs, les travaux sur ces organites se sont multipliés. On les a trouvées dans presquetoutes les cellules animales, aussi bien dans les tissus normaux que dañs ceux, pathologiques, des tumeurs; on les a aussi cherchées, et avec non moins de succès, dans Îles cellules des Protistes et dans les tissus végétaux. Les formations mito- chondriales, sous quelque forme qu'elles se 1. Le développement du cerveau chez les Singes : Préli- miuüires et Anthropoïdes. Annales des Sciences naturelles, . Zoologie, 1916, dl présentent, existeraient donc typiquement dans toutes les cellules vivantes, animales ou végéta- les, normales ou pathologiques ; ce seraient des organites nécessaires à la cellule, au même titre que le noyau et que le centrosôme. IL existe encore cependant quelques tissus où le chondriôme n’a pas été signalé. Telestle cas des globules rouges ; tel était également, jus- qu'ilya très peu de temps, le cas des cellules du placenta à terme. En ce qui concernk les glo- bules rouges, on déclare généralement que, ceux-ci étant des cellules très évoluées, les mitochondries ont dù s'être entièrement trans- formées ; suivant l'hypothèse soutenue depuis longtemps par E. Retterer, l’explication serait beaucoup plus simple : si le globule rouge n'est -_ qu’un noyau libre, comme le dit cet auteur, il ne peutavoir de mitochondries, puisque la mito- chondrie est essentiellement une formation cytoplasmique. En ce qui concerne le placenta, seule l'absence de travaux spéciaux pouvait ex- pliquer qu’on n'y eût pas encore décrit de mito- chondries, puisqu'il est acquis qu’elles prennent une part essentielle aux phénomènes de sécré- tion cellulaire et que le placenta peut bien, en un certain sens, être regardé comme un organe d'absorption et de sécrétion, En fait, en 1908, Van Cauwenberghe avait montré la présence de mitochondries dans l’épithélium du chorion hu- main pendant la première moitié de la grossesse. Dans un travail récent, M. de Kervilly ! a décrit le chondriôme dans l’épithélium et le tissu conjonctif des villosités placentaires, à tous les stades de la parturition. Une villosité placentaire, prise isolément, com- prend: un axe central conjonctif, une couche cellulaire dite couche de Langhans, une couche plasmodiale dite syncytium de Van Beneden, limitée par deux membranes, enfin une bordure ciliée. - Des cellules de l’axe central, les unes sont des cellules conjonctives ordinaires, étoilées ou fusi- formes, anastomosées; les autres, d’un type très spécial, propres aux villosités jeunes, sont les « cellules vacuolaires », qui représenteraient, pour certains, des globules blancs phagocytes, et qui seraient, pour d'autres, une forme parti- culière de cellules plasmatiques. Pour de Ker- villy, ce sont des cellules conjonctives modi- fiées, des cellules sécrétoires. En effet, leur É cytoplasmerenferme des grains mitochondriaux contre lesquels se forment, petit à petit, les va- cuoles qui grossissent, tandis que le nombre des 1. Archives mensuelles d'obstétfique etde gynécologie, 1916. R. ANTHONY et H. VALLOIS, — REVUE D’ANATOMIE “ 153 grains diminue. Le produit soluble contenu dans les vacuoles n’a pas pu être identifié, mais ce ne saurait être de la graisse. La couche de Langhans persiste, suivant de Kervilly, pendant, toute la grossesse, mais, aux derniers stades, les cellules sont isolées ou sroupées en amas au lieu de former, comme au début, une couche continue. Cette opinion s'op- pôse à celle de nombreux auteurs qui admet- taient la disparition de cette couche pendant les derniers mois de la vie fœtale. A'tous les stades de la grossesse, les cellules de Langhans présentent un chondriôme dont l’aspect est ya- riable selon la cellule examinée : chondrioconte, mitochondrie ou chondriomite ; ces différences ne dépendraient pas de l’âge, mais seulement de l’état fonctionnel actuel, On trouve aussi dans le cytoplasme des vacuoles où s'accumulent les substances élaborées par le chondriôme. La cellule de Langhans est donc une cellule glan- dulaire, mais le fait que l’orientation des élé- ments du chondriôme est queleonque, prouve qu’elle n’est pas polarisée au point de vue sécré- toire; elle se comporte comme une cellule de glande à sécrétion interne. L'origine de la couche de Langhans a été dis- cutée : mésodermique pour les uns, cette couche serait ectodermique pour la plupart; en tout cas, on s'accorde pour lui reconnaitre une origine fœtale. Selon de Kervilly, une partie-des cellules de Langhans serait, au contraire, d’origine ma- ternelle : en s’accroissant vers la périphérie, le syncytium engloberait un certain nombre de cel- lules déciduales ; le protoplasma de celles-ei ne tarderait pas à être absorbé par le syncytium, mais plusieurs noyaux seraient incorporés sans être détruits et se grefferaient dans le proto- plasme synceytial. Plus tard, ces noyaux recon- stitueraient, dans l'intérieur du syncytium, des cellules entourées d’une membrane et sembla- bles aux cellules de Langhans. Si l'hypothèse de de Kervilly est vraie, on se trouverait en pré- sence d’un phénomène du genre de ceux qu’a décrits, pour d’autres organes, Guieysse-Pélis- sier. E La membrane basale qui existe entre les cel- lules de Langhans ‘et le syncytium ne serait pas une vitrée, mais une lame de nature con- jonctive ; comme elle ne peut donner passage à des cellules migratrices, on ne peut expliquer, comme on l’a fait parfois, certains phénomènes d’hérédité par la migration de globules blancs maternels à travers les villosités placentaires. Le syncytium présente, à tous les stades de la grossesse, des formations mitochondriales libres : dans la partie moyenne, dite « zone 154 R. ANTHONY et H. VALLOIS. — REVUE D’ANATOMIE * nucléaire », ainsi que dans la «zone sous-nuclé- aire »,les grains mitochondriaux, comme ceux de sécrétion, sont petits et peu nombreux. Dans la « zone sus-nucléaire », les uns et les autres sont très abondants et volumineux, occupant la majeure partie du cytoplasme. Le syneytium fonctionne done comme une cellule glandu- ‘laire, ceci n’étant pas, au surplus, sa seule fonc- tion : les mitochondries élaborent des grains de sécrétion quine sortent du syneytium que par dialyse, car, en aucun endroit, de Kervilly n’a pu voir, contrairement à ce que disent les clas- siques, de vacuole protoplasmique s’ouvrir dans les espaces intervilleux. A la partie superficielle du syneytium existe une bordure ciliée que l’auteur, contrairement à l'opinion courante, a rencontrée à tous les sta- des de la grossesse; elle se présente sous des n aspects extrêmement variables et l’on y trouve de nombreux grains de sécrétion et des mito- chondries. Le travail de de Kervilly nous ouvre des hori- zons nouveaux sur la cytophysiologie du placenta et, si ses conclusions sont confirmées, elles conduiront peut-être à envisager d’une façon tout autre qu’on ne l’a fait jusqu'ici le problème des échanges entre la mère ét le fœtus; l’étude des phénèmènes de télégonie pourrait y trouver une nouvelle voie. R. Anthony, Directeur adjoint à l'Ecole des Hautes-Etudes, Professeur à l'Ecole d'Anthropologie. H. Vallois, Chargé d'un Cours d'Anatomie à la Faculté de Médecine de Montpellier. éditeurs, Paris, 1918. Pour donner une idée de cet ouvrage, nous ne sau- rions mieux faire que de reproduire quelques passages de la Préface, due à M. Paul Appell, juge particulière- ment qualifié en la matière : 7 La Statique graphique, d’origine récente, a pris rapi- dement une grande extension, parce que, pour l’ingé- ‘. nieur et le praticien, elle substitue, au calcul, des con- structions graphiques dont les règles sont simples, dont le développement est conforme à la nature des pro- blèmes et dont les résultats ônt une signification con- erète ; en outre, les fautes, souventdifliciles à découvrir dans un calcul, sautent aux yeux dans les méthodes graphiques. « Dans l'ouvrage actuel, le capitaine Bugat-Pujol, après l'exposé théorique indispensable à la compréhension de chaque cas envisagé, s'attache à en développer le côté pratique. Il donne, en s'inspirant de l'esprit de l’en- seignement de Carlo Bourlet au Conservatoire des Arts et Métiers, des règles assez simples pour que le dessi- nateur puisse en faire des applications faciles, sans être tenu de revenir à la théorie, qui a été exposée une fois pour toutes; il traite de nombreux et suggestifs exemples, se rapportant tous à des questions effective- ment posées dans l’industrie. Il arrive ainsi à donner à l'ingénieur, à l'architecte, au charpentier, au mécanicien, une idée réaliste de la Statique, en lui fournissant les moyens de traiter avec précision les questions de Sta- tique pure qui appellent à chaque instant son attention. x Tout en partant de notionstrès élémentaires, l’auteur pousse son exposé jusqu'aux propriétés des polygones : de Crémona, l’étudegles ponts avec charges roulantes : et des arcs à rotules, | Après l'exposé des éléments, l’auteur s'occupe d'abord des forces parallèles et des centres de gravité, puis des couples et de leurs moments; il étudie les réactions des appuis avec et sans frottement, et il donne des appli- ? cations nombreuses à l’équilibre des poutres, des con- soles, des fermes de combles et de leur résistance à l’ac- tion du vent. Vient ensuite l'étude des problèmes de résistance des matériaux, des couples de torsioni et des efforts tranchants, développés par des charges s0- lées ou uniformément réparties : citons, en particulier, « les épures ayant pour objet la détermination des mo- ments, des efforts et des tensions dans des poutres ou des essieux portant à la fois des charges isolées et des charges réparties, asymétriques et inégales, ou soumis à des poussées obliques. L'auteur introduit ici un élé- ment qu'il appelle le moment idéal et il fait des appli- cations intéressantes de cette notion aux manivelles et aux vilebrequins. Les systèmes triangulés sont traités par la méthode - de Crémona, conjointement avec les méthodes de Rit- ter et de Culmann, Viennent ensuite les problèmes relatifs aux charges roulantes, aux calculs et aux épreuves de ponts. Enfin est exposée la théorie des ares articulés : détermination des pressions et des effets de cisaillement et de flexion dans un are, sous l'influence du vent et des charges permanentes isolées ou réparties. - En appendice, on trouvera une application de la sta- . tique graphique au problème de la poussée des terres. Les épures sont tracées sur des planches spéciales, formant un atlas, qu'on peut avoir commodément sous les yeux pendant la lecture, ‘Chauveau (D'C.), Sénateur de la Côte-d'Or. X À BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 155 ‘% BIBLIOGRAPHIE | ANALYSES ÊT INDEX 4° Sciences mathématiques 2° Sciences physiques < Bugat-Pujol (Capitaine).— Statique graphique. — | Les Progrèsde la Physique moléculaire. Conférences : 1 vol. in-4° de X11-237 p., avec 1 atlas de 41 pl. com- faites en 1913-1914 par MmeP. Curie, MM, J. Becous- prenant 171 fig. Préface de M, PauL APpPELL, membre REL, M. pe BroGut, A. Corron, Ca. Fapry, P. Lan- . de l'Institut, (Prix : 24 fr.) H. Dunod et E. Pinat, Gevis, Ca. MauGuIx et H, Mouron. — 1 vol. in-8° de ""« , 243 p. avec fig. (Prix : 12 fr.) Gauthier-Villars et te éditeurs, Paris, 1914, 4 Ce volume qui, bien que portant la date de 1914, n'a | paru qu'à la fin de l’année dernière, renferme une série de conférences faites devant la Société française de Far “(4 sique, en 1913-1914, sur les sujets suivants : La Physique du discontinu, par M. P. Langevin ; 4 : Les progrès de nos connaissances concernant les rayons de Rôüntgen,par M. M. de Broglie; & Les cristaux liquides, par M.Ch. Mauguin; 2 Les radio-éléments et leur classification .parMme Pl. : Curie ; ” . :À Biréfringence magnétique des liquides purs, Aniso- 4 tropie et orientation des molécules, par M. H. Mouton; | Symétrie des cristaux et symétrie moléculaire, par … M. A. Cotton; À Les mouvements des particules lumineuses dans les. gaz, par M. Ch. Fabry. Ces conférences, faites par des savants particulière- ment compétents, nous donnent l'état de la science, à la veille de la guerre, sur ces diverses questions de Physique moléculaire. 3° Sciences naturelles — 2 France ROIS et la guerre. T. IL — 1 pol. in-121 de 321 p. J.-B. AAUSEE ét fils, éditeurs, ERA eut mécanique. Le con remet à de la propriété rurale et ; js les échanges d'immeubles ruraux sont deux questions \ d'actualité dont l'exposé est fait avec une bonne mé- | thode et une documentation précise, Un projet de loi a. d’ailleurs sanctionné les efforts méritoires du sénateur Chauveau. Nous apprécions moins favorablement l'étude fragmentaire, et de polémique, sur l'Enseignement agricole. Nous croyons que, mieux informé, l’auteur modifierait ses idées sur les Instituts Agricoles d'Uni- versité, si prospères à l'étranger, et qu'un ostracisme aveugle, mais puissant, empêche seul, en France, de donner toutes leurs possibilités. à Nous voyons un grand pays, les Etats-Unis — en cela d’ailleurs se rencontrant avec l'Allemagne écono- … mique — qui à adopté pour ses enseignements agricoles … la formation universitaire ; etce pays vientd’accomplir, depuis 20 ans, dans les domaines, théorique et pratique, de l'Enseignement et des Recherches, des travaux agro- nomiques admirés du monde entier. En France, toutle | monde constate, avec l’auteur, l'impuissance de déve- loppement et la déchéance des effectifs recrutés par nos Ecoles d'Agriculture des divers degrés : les statistiques . (p- 216-197) ne trompent pas à cet égard. D'autre part, nos Stations Agronomiques n’ont à peu près rien fait … pour élever la mentalité scientifique paysanne, pas plus que pour perfeclionner nos méthodes traditionnelles ou développer le rendement scientifique de leurs labora- toires, qui sont enlisés danslestravaux d'analyse chimi-" que. Il faut donc changer quelque chose dans l'esprit directeur de ces services : origine, éducation, mode de préparationet de recrutement des maîtres. Ce n'est pas. ‘A la dernière loi votée sur ce sujet qui représente un pro grès ou une lueur d'amélioration des concours. Ceux-ci restent réservés aux tenanciers de petites chapelles qui redouteñnt la concurrence. Il faut un bel optimisme, 156 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX pour supposer, avec l’auteur, que les Ecoles d'Agricul- ture de demain vont attirer 60.000 élèves, lorsque celles d'hier n’en recevaient pas 2.000, et voyaient parfois des bourses d’études offertes et délaissées. Les maîtres compétents, qui pourraient suflire à cette besogne, seraient d'ailleurs difliciles à trouver. S’il était permis à un orfèvre de parler orfèvrerie, nous dirions, avec beaucoup de nos collègues de l’Enseigne- ment supérieur, que toutes les réformes en matière d'Enseignement public en France sont toujours et fà- cheusement particularistes. C’est tout l’édilice qu’il fau- drait reconstruire, avec une haute préoccupation de l'ensemble. Ce qu'il faudrait créer, c’est, comme le de- mandait Paul Bert, un Ministère de l'Education Natio- nale, IL y a aussi une technique de l'Enseignement, de son organisation, de ses leviers matériels et moraux, de coordination des efforts. Cette technique ne s’improvise pas et nécessite quelque apprentissage, en plus d’une haute culture générale. En cela nous voyons le D' Chau- veau prendre lepointde vueinverse, et souhaiter (p. 226) l'éparpillement des Ecoles techniques dans dix Minis- tères différents, dont la compétence en matière d’ensei- gnement est parfois discutable, qui semblent s’ignorer ou se jalouser, et perdent le point de vue national, Ce qu'il faut réaliser, dans une démocratie, c’est la sup- pression des compartiments jaloux de leurs privilèges, c’est le concours ouvert à tous, la fonction donnée à qui fait la preuve de ses aptitudes et de ses mérites, la va- riété de la préparation aux professions et aux çoncours de tous ordres, où librement chacun peut demander sa place ; c’est aussi l’organisation pédagogique des ensei- gnements avec le but non pas seulement de servir les intérêts des individus et des fonctionnaires, mais aussi ceux de l'Etat. Et ce dernier doit avoir des objectifs de rendement politique et économique qui ne se peuvént atteindre que s’il centralise et coordonne tous les roua- ges administratifs qui y conduisent. Cela est plus vrai surtout du point vue de l’enseignement qui a un but économique, En cette matière, le législateur lui-même doit être guidé dans son travail par un but objectif de rendement pratique à réaliser et réalisable, et non pas, comme cela arrive trop souvent, par le souci de dresser une façade, et de satisfaire son idéologie du moment. Toutes nos lois sur les enseignements techniques sont à refondre : nous attendons le grand maitre qui pour- rait y apporter à la fois un sage esprit révolutionnaire et une bonne méthode de constructeur. L'ouvrage se termine (p. 233 à 326) par des articles de propagande, extraits de la presse quotidienne; ils ont naturellement une portée plus limitée, mais ils indiquent l’activité et la curiosité de l’auteur sur les questions forestières, ou dans la campagne en faveur de la culture mécanique. Plusieurs des appels du séna- teur Chauveau sont relatifs à des situations créées par les faits connexes de la guerre, Ils sont de la bonne pu- blicité d'actualité. EpmMonp Gain, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy, Directeur de l'Institut Agricole et Colonial. 4° Sciences médicales Moure (Prof. E.), Liébault (D' G.) et Canuyt (D'G.).— Pathologie de guerre du larynx et dela trachée. — 1 vol. gr. in-8° de 370 p. avec 128 fig. et 8 pl. en couleurs. (Prix: 29 fr. 15.) F. Alcan, édi- teur, Paris, 1918. En temps de paix, la proportion des lésions laryngo- trachéales parrapport aux plaies des autres organes esl assez forte; en temps de guerre, les blessures du larynx et de la trachée sont plutôt rares ; un certain nombre de publications françaises ont étudié ces blessures; les auteurs ont jugé utile d'écrire un travail d'ensemble sur la question, > Les troubles fonctionnels sans aucune lésion objec- tive, mutilé, aphonie, bégaiement, sont d’abord envisa- gés avec les solutions militaires, Puis sont passées en revue les lésions extrinsèques, périlaryngées ou extra laryngées avec les blessures des nerfs laryngés supé- rieurs, récurrent et les paralysies laryngées associées ; les lésions des organes voisins : œsophage, hypopha- rynx. Le troisième chapitre est consacré aux plaies de guerre du conduit laryngo-trachéal. L'extraction des projectiles du larynx, de la trachée, des bronches con- stitue un gros chapitre, L'évolution, les complications des traumatismes laryngo-trachéaux sont étudiées en détail, particulièrement les laryngo-sténoses, qui sont presque toujours l’aboutissant des blessures laryngées. Un chapitre spécialest consacré à l'action des gaz toxi- ques sur les voies respiratoires supérieures. La der- nière partie, la plus importante, renferme la technique des diverses interventions que réclame la chirurgie de guerre du larynx et de la trachée. La trachéotomie, la thyrotomie sont décrites: Le traitement des laryngo- sténoses cicatricielles est exposé complètement avec tous les détails nécessaires. Le traitement chirurgical de ces sténoses a fait de grands progrès et la laryngo- trachéotomie suivie’ de dilatation à ciel ouvert, puis de plastique, constitue une opération suflisamment bien réglée pour qu'on puisse en attendre les meilleurs ré- sultats pratiques. Cet important traité, orné d’un grand nombre de gra- vures et de planches coloriées, est d’une lecture extrè- mement facile et instructive. Le souci des auteurs a été moins de faire une œuvre de science pure qu'un guide pratique du chirurgien et du laryngologiste en présence des blessés du larynx. M. le Professeur Moure a réussi parfaitement à vulgariser, tout en les précisant, les méthodes opératoires qui lui ont donné de si beaux résultats. Le traité qu'il publie constitue un véritable monument qui lui fait le plus grand honneur, et cet honneur rejaillit sur la science française, É J. DUVERGEY, / Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Bordeaux > 5° Sciences diverses k Flagey (E.). — Comment devenir ingénieur : par l'Ecole ou par l'Usine? — { vol. in-18 de 243 p.. (Prix : 4 fr. 50.) Payot et Cie, éditeurs, Paris, 1918. Ce livre promet plus qu'il ne tient. C'est un simple exposé de ce que l’auteur a vu en Amérique en matière d'enseignement technique : opinions de professeurs et de téthniciens; programmes sommaires de cours. Il renferme peu d’inédit : l'ouvrage d'Omer Buyse, l’arti- ele de M. Jarry dans la Revue de Métallurgie ont, ce me semble, mieux dégagé l'esprit de l’enseignement techni- que américain, esprit plus divers, d’ailleurs, qu'on le * croit généralement, Et les principales opinions rappor- tées par l’auteur ont déjà paru sous son nom dans la Revue générale d'Electricité. Un chapitre sur l'ingénieur commercial retient l’atten- tion. Il y a, de ce côté, tout à faire chez nous, ou pres- que. On ne peut, non plus, ne pas relever la contradic- tion entre la nécessité reconnue de l’enseignement de laboratoire et l’enseignement par correspondance pré- conisé par l’auteur, en faveur chez nous, comme on sait, pour la préparation à nos si nombreux examens de car- rière, mais qui ne peut préparer à la vie pratique. L. Zorerrt, Professeur à la Faculté des Sciences de Caen, Directeur de l'Institut technique de Normandie, hitis édan de y. dhihés lé 6.2 Ré tn . nsc ion nn rie. tes je just Là dé a 2 p ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du. 10 Février 1919 M. Jean Effront estélu Correspondant pour la Sec- tion d'Economie rurale, en remplacement de M.Leclain- che, élu membre de la Section. — M. le Président an- nonce le décès de M. Th. Schloesing père, membre de la Section d'Economie rurale. ! 1e ScrENGES MATHÉMATIQUES. — M, Louis Roy : Sur la résistance dynamique de l'acier. L'auteur a étudié l’opé- ration du matriçage des balles de laiton par un poinçon en acier. À la pression à exercée d'une manière discon- tinue sur la. base À du poinçon correspond une pres- sion interne P quiest, en chaque point, périodique par rapport au temps, de fréquence a/4l (a étant la vitesse du son le long du poinçon et / sa longueur’, et qui os- cille entre les limites + 25, Dans les machines à ogiver où a/4l—24.400, l'auteur a trouvé expérimentalement que & atteint 45 kg. par mm>? en fonctionnement nor- mal; il en conclut que Jes poinçons de ces machines sont capables de résister à des pressions alternatives de fréquence 24.400 et oscillant entre des limites de l'ordre de + go kg. par mm?. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Rouch : Sur les brises de terreet de mer à Bayonne. Des observations faites à Baÿonne en 1918 il résulte que la brise de terre est par- ticulièrement nette de minuit à 10 heures du matin; de 10 heures à midi, on a une période de transition avec une composante horaire venant de terre très faible; la brise de mer souffle de 13h. à 19 h.; de 20 h. à minuit, nouvelle période de transition, avec une composante horaire faible venant du large. La marée ne semble pas avoir d'influence sur l'établissement des brises de terre et de mer. Ces brises se font sentir jusqu'à 4oo m. de hauteur sensiblement dans la même direction qu’au voisinage du sol. Plus haut, la direction du ventchange très nettement ; à 1.000 m., l'alternance des deux brises a complètement disparu. L'auteur déduit de ces obser- vations des règles pratiques de manœuvre pour les aé- rostats, — M. A. Sanfourche : Sur l'oxydation du bi- oxyde d'azote par l'air sec. A toutes les températures de — 50° à 5oo€ environ, le bioxyde d’azote est intégrale- ment oxydé par l'air sec avec une très grande rapidité. Le premier stade de l'oxydation amène à l’anbydride azoteux, dont la durée de formation est de l’ordre d’une fraction de seconde. Cette durée ne parait pas influencée par la température entre les limites précédentes. L’oxy- dation de l'anhydride azoteux en peroxyde d’azote est régie par la réaction réversible : 2N20%-+ O? 7 4 NO? (ou = 2 N°0"), dans laquelle le déplacement de l'équilibre a lieu dans le sens de droite à gauche à mesure que la tem- pérature s'élève de 2000 à 6000. — MM. E. Bourquelot et M. Bridel : Synthèse biochimique, à l'aide de lé- mulsine, du glucuside 8 de l'alcool naphtylique #. En fai- santréagir lémulsine sur un mélange de glucose et d’al- cool naphtylique + en solution dans l’acétone, les au- teurs ont isolé, après 5 ans de repos, le glucoside £ de l'alcool naphtyliquez, en aiguilles F, 1560— 155°,[z]n — — 51,02 en solution aqueuse. Il est hydrolysé par l'é- muilsine, — M. R. Fosse: Formation, par oxydation des substances organiques, d’un terme intermédiaire produi- sant spontanément de l’urée. Un corps intermédiaire pro- duisant spontanément de l'nrée prend naissance par oxydation des matières protéiques et des acides ami- nés. De même, une matière uréogène précède l’appari- “tion de l’urée dans l'oxydation, en présence de l’ammo- niaque,des autres principes carbonés contenus chez les êtres vivants : glycérine, hydrates de carbone, ainsi que leur générateur chez les végétaux, l'aldéhyde for- mique, Le corps qui engendre ainsi l’urée ne serail ACADÉMIES ET SOCIÉTÉSSSAVANTES - ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER autre que l'acide eyanique.— M. M. Mirande : Sur les réactions microchimiques et sur les localisations de l'al- caloïde de l’Isopyrum thalictroides Z. L'auteur indique un certain nombre de réactions microchimiques de cet alcaloïde, l'isopyrine, avec : KI iodé, précipité brun ou cristaux bruns dans les cellules ; acide picrique, granu- lations jaunes ; HgCl?, précipité blanc; AuCI#, P1CI, précipités jaunes; etc. Au moyen de ces réactions, l’au- teur a reconnu que l'alcaloïde est contenu principale- ment dans les organes souterrains (rhizomes el racines), et, en moins grande quantité, dans les organes verts aériens. 30 ScrENCES NATURELLES. — M. À. Lacroix : Dacites et dacitoïdes, à propos des laves de la Martinique: L’é- tude des laves de la Martinique a montré à l’auteurque la limite entre les dacites et les andésites est actuelle- ment fictive, et que nombre de laves regardées comme andésites sont en réalité des types hétéromorphes de dacites, Il propose donc de classer les roches provenant des magmasdacitiques en : 1° forme holocristalliné, mi- crogrenue, à quartz exprimé, qui sera une microdiorite ou un micro-gabbro quartzique, suivant la nature de son plagioclase moyen; 2° une forme semi-cristalline, à si- lice libre partiellement exprimée sous forme de quartz, qui sera une dacile, qualifiée d'oligoclasique, d’andési- tique ou de labradorique suivant la nature de son feld- spath moyen; 3° une forme semi-crislalline, à silice libre entièrement dissimulée, qui sera une dacitoïde oligocla- sique, andésitique ou labradorique, — M. L. Joleaud : Sur les migrations à l’époque néog?ne des Hipparion, des Hippotraginés et des Tragélaphinés. D'après lesre- cherches de l’auteur, c’est par les terres émergées de l’Atlantique centralqueles Hippotraginés, apparentés à Palaeoryx et à Oryx, paraissent avoir, envahi l’Améri- gue au Pontien, et non par le détroit de Behring et l'A- sie, comme Osborn l’a supposé. Les Tragélaphinés au- raient, un peu après les Hippotraginés, suivi le même chemin que les Hipparion, c'est-à-dire la voie inverse, La liaison continentale plus ou moins discontinue et intermittente del’Afrique, de l'Europe et de l'Amérique, qui s'était établie à la fin du Tortonien, semble avoir subsisté jusqu’au début du Pliocène. — M. J. Bergo- nié : De la reconstitution de muscles isolés ou de grou- pes musculaires par la faradisation rythmée intensive. L'auteur recommande chez les blessés de guerre qui ne peuvent encore travailler la faradisation rythmée in- tensive au moyen d'ondes aiguës induites, à tracé oscil- lographique pur, de fréquence juste tétanisante (50 à 35 par seconde). Elle lui a donné les résultats suivants : aucune fatigue nerveuse, ni musculaire; augmentation considérable et rapide du volume des muscles ainsi traités ; en particulier, réfection des parois abdominales, cicatrices décollées et assouplies, circulation locale con- . sidérablement activée, œdèmes résorbés, et indirec- tement : retour des fonctions motrices et diminution rapide ou disparition des impotences, état général très amélioré. — MM. E. Debains et E. Nicolas : Sur les causes de la mort chez les chevaux imimunisés avec les bactéries tuées ou les extraits bactériens. Les auteurs ont immunisé un grand nombre de chevaux dans le butd’ob- tenir des sérums antimicrobiens ou à la fois antimiero- biens et antitoxiques.Aucours de l'immunisation,ilsont observé des accidents mortels, succédant toujours, sauf une seule fois, à l'introduction de l'antigène par la voie intra-veineuse. De leursrecherches, les auteurs déduisent que les accidents immédiatement mortels sont manifeste- ment dus à l’hypersensibilité aux toxines microbiennes. Séance du 17 Fevrier 1919 \19 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. G. Reboul et L, Dunoyer : Sur une règle de prévision des variations 158 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES barométriqueset.son coefficient de certitude.M.G.Reboul a antérieurement énoncé (t. XXIX, p. 220) certaines rè- gles qui perméttent de prévoir les variations baromé- triques en faisant intervenir. la tendance barométrique (variations pendant les dernières heures) et l’inten- sité des vents de surface, Les auteurs pnt déter- miné pendant une année le coeflicient de certitude de ces règles, c’est-à-dire le rapport F/N du nombre F de eas favorables au nombre N de cas d'application de la règle. La valeur moyenne du coellicient de certitude a été de 0,70 en 1917, mais sa valeur réelle varie d'un . mois à l’autre. Pendant le semestre d’été, il est plus fort L pour les hautes pressions que pour les basses pressions; L e’est le contraire pour les mois d'hiver. — M. E. Ma- …/thias : Zsquissé d'une théorie de la pluie. Influence de …_ l'altitude. D'après l’auteur, l’origine de la pluie est ex- pa térieure à la Terre et son flux moyen annuel, par unité “de surface/de la Sphère, doit être considéré comme con- stant au-dessus d’un département français. Mais, si l’al- titude des points de la surface varie, la hauteur de pluie récoltée en deux points différents n’est pas la même, parce que la pluie, dont la quantité à l’origine était égale pour chacun d'eux, a parcouru dans l’air des chemins inégaux, dont la différence est égale à l'altitude rela- tive de l’un des points par rapport à l’autre. La princi- - pale cause agissant sur la pluie dans sa chute est la va- porisation provoquée par l'action réchauffante de la M Terre sur l'atmosphère, action due surtout à l’échaufre- . ment solaire, qui est constant sur un même parallèle . géographique. Dans d'assez larges limites, le coeflicient d'altitude # de la pluie reste donc constant le long d’un parallèle géographique. — M. J. Cabannes: Sur la . diffusion de la lumière par les molécules de l'air, L’au- . teur montre les complications que peuvent introduire certaines radiations ultra-violeites dans l'étude de la lumière diffusée par les gaz, en créant dans ceux-ei des particules provoquant une diffusion supplémentaire, Il _est donc prudent, pour vérilier expérimentalement la - théorie de Lord Rayleigh, de supprimer les radiations de longueur d'onde inférieure à 0,5 y. L'auteur a pu ce- pendant étudier par la photographie la diffusion des radiations de fréquence élevée par lesmoléculesde l’air, # mais en n’éclairant qu’une faible partie de la masse ga- …_ zeuse contenue dans le vase clos, et cela pendant des " . | temps très courts séparés par d'assez longs intervalles, . — M, P. Braesco : Sur la silice amorphe précipitée, 1 …. L'auteur a cherché à déterminer la aature de la silice … précipitée, dité amorphe, par des mesures de dilatation … effectuées sur ce corps aggloméré en baguettes avec une … faible proportion de silicate de soude. D’après les résul- _tats, la silice précipitée, déshydratée et chauffée seule- ment à 6007, se comporte exactement comme la silice ‘vitreuse, dont elle a lé faible coefficient de dilatation: elle est donc bien amorphe. Mais dès qu'elle a été cal- cinée à 1,000° et au delà, elle présente un changement brusque de dilatation entre 220° et 240°, propriété tout à fait caractéristique de la cristobalite. — M.A. Porte- vin : /nfluence de divers facteurs sur la vitesse critique de trempe des aciers au carbone. La vitesse critique de trempe, définie par le Lemps en Secondes nécessairepour franchir l’intérvalle 700°-200°, parait présénter un mi- nimum vers la teneur eutectique pour les aciers au car- bone trempés à partir d’une même température; mais elle est également influencée notablement par la teneur en Mn et elle décroît avec cette dernière. La tempéra- ture minimum de trempe dure est fonction de la vitesse de refroidissement et est d'autant plus basse que cette dernière est plus élevée, — MM. P. Nicolardot et A. Reglade: Sur le dosage du zirconium. Les auteurs mon- trent quele phosphate d’Am en milieu acide (20°/, au » moins d'acide sulfurique) est un réactif caractéristique HA du Z+ en présence de Fe, Cr et Al, puisque Bi, qui seul … précipite dans de telles conditions, lui est très rarement » associé. Les auteurs se proposent d'appliquer ce procédé de dosage du Zr à l'analyse des minerais, des alliages ét des aciers qui en renferment, — M: M. Molliard : | Production d'acide citrique par le Sle”igmatocystis FA A0 DE duire alternativement des œufs d'été et des œufs d’hi- nigra, L'auteur a constaté que le Sterigmalocystis nigra, dans certaines conditions (cultures contenant très peu dé nitrate d'Am et de sels minéraux), est capable defa- briquer de l'acide citriqueaussi bien que de l'acide oxa- lique ; tantôt les deux acides sont concomitants, tantôt un seul apparait, à l'exclusion de l’autre, Le rendement en acide citrique peut atteindre celui des cultures de Citromyces. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. G. Délépine : Le Cal- caire carbonifère dans la région de Lille. D'après les données fournies par les sondages, les facies .du cal- caire carbonifère se succèdent et s’orientent dans la ré- gion de Lille comme s'ils tendaient à déborder et à con- tourner le massif silurien du Brabant par le nord-ouest, dans l’espace compris entre la région de Renaix et le bombement du Boulonnais. Cette allure paraîtindiquer que l’axe du massif du Brabant subirait un affaissement à l’ouest de Renaix et qu'il existerait dans l’èspace comi- pris entre Halluinet Hazebroucq non seulementun golfe comme l’avait indiqué Gosselet, mais plutôt une large cuvette transversale comme l’avait pensé Marcel Ber- trand. — M. A. Lécaillon : Sur la reproduction et le développement des Bivoltins accidentels et de la pre- mière génératian qui en dérive, chez le Bombyx du mü: rier. Tandis que dans lés races univoltines typiques n'existe qu'une seule catégorie d'œufs, il en existe deux catégories chez les Bombyx ayant deux générations dans l’année, différant par la coloration et certaines. particularités du développement embryonnaire, On peut: appeler les uns œufs d’hiver et les autres œufs d'été, puisque les uns passent par une période d’hibernation et n'éclosent qu'au printemps, tandis que les autres éclosent pendant l'été, une dizaine de jours après avoir été pondus. Quand les œufs ‘d'été apparaissent dans une race univoltine, les Bivoltins accidentels qui en naissent ne transmettent pasintégralement etimmé- diatement à tous leurs descendants l’aptitude à pro- ver, mais seulement à un certaim nombre d’entre eux; il \ n'y a donc pas là une mutation au sens de de Vries, — MM. E. Fauré-Frémiet et F. Vlès: Les lois de cica: trisation des plaies sont-elles réductibles aux lois géné- rales de croissance des organismes ? D’après les calculs des auteurs, il semble qu’en première approximation les lois de la cicatrisation des plaies puissent être ra-, menées aux lois plus générales de la croissance des or- .ganismes. Quant à l'interprétation des unes et des autres comme réactions monomoléculaires autocataly- tiques, la réserve s'impose encore pour le moment. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 28 Janvier 1919 M. H. Martel : Au sujet de l'épizootie de rage qui sévit dans la région parisienne. Le foyer de rage pari- sien a pu être supprimé grâce à une grande persévé- xance dans l'application des mesures de prophylaxie édictées à Paris depuis 1892 et en banlieue depuis 1903. De 846 en 1901, lenombre de cas de rage dans le dépar- ! tement de la Seine est tombé à 3 en 1913, 4 en 1914et 5 en 1915: Mais, depuis lors, la maladie a repris ses pro grès : 6a cas en 1916, 56 en 1917, 411 Cas en 1918, jus- | qu'à sévir aujourd’hui avec une intensité extraordi- nairé : 55 cas en moins d’un mois, du 1° au 28 janvier 1919. Les causes de lépizootie actuelle sont de deux or- dres : d’une part, les introduetions de chiens contami-, nés provenant de la provinee et du front, où la rage sé- vit aussi avecviolence ; d'autre part, les contaminations sur place, é’est-à-dire opérées sur la voie publique, par suite du grand nombre de chiens errants sans laisse ni muselière, la rage sévissant surtout sur lès animaux vagabonds, M, Martel propose à l'Académie d'émettre divers vœux, parmi lesquels le renforcement des ser vices de capture des chiens errants de la Préfecture de Police. — M, A. Calmette: Considérations Sur l'état sa- nitaire de la ville de Lille pendant l'occupation alle- mande, La mortalité générale, qui variait avant la \ t 0 % ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES guerre de 19 à 21 pour 1.000 habitants, s’est progressive- ment élevée: en 1915, à 27,730/00; en 1916, à 29,26 0/59; en 1917, à 30,410/6; en, 1938, à 41,550/59. Les causes principales de cet accroissement ont été, en premier lieu, une terrible extension de la tuberculose, puis les maladies organiques du cœur, la dysenterie épidémique et le scorbut, toutes affections, provoquées ou aggravées par l'insuffisance alimentaire. Le nombre dés naissances a diminué progressivement de 4.885 en 1913 à 609 en 1918; mais la mortalité infantile a été plus faible qu'avant la guerre ; ce fait tient à ce que tous les nou- veau-nés ont pu être allaités par leurs mères, et nour- ris ensuite exclusivement au lait'concentré fourni par le Comité de secours américain, puis hispano-hollandais. Un autre effet de la sous-alimentation prolongée à été l’arrêt de éroissance subi par presqué toute la jeunesse lilloise ; les enfants de 14 ans paraissent en avoir 10 et, fait beaucoup plus grave, la très grande majorité des jeunes filles de 18 ans ne sont pas plus développées que des fillettes de 13 ans. Séance du 4 Février 1919 _ M. Ch. Achard: Les séquelles des intoxications par les gaz de combat. L'auteur a pu examiner avec ses col- laborateurs,en 23 mois, 3.525 cas d'accidents consécutifs aux intoxications par les gaz vésicants ou suffocants. Ce sont surtout ces derniers qui exposent aux séquelles les plus fréquentes et les plus sérieuses. L'appareil res- piratoire est leur siège de prédilection. Avecles gaz suffocants, on note d’abord un trouble des échanges respiratoires : abaissement brusque de l’exhalation car- bonique, qui se relève ensuite graduellement pendant 2 semaines environ;ensuite — fait inattendu — survient un abaissement secondaire qui persiste pendant des se- maines et des mois, Enfin, peu à peu, la courberemonte au niveau normal, Ces variations sont en relation avec l'état histologique du poumon; elles vont de pair avec une gêne tenace de la respiration. Les séquelles respi- ratoires se manifestent surtout sous deux types clini- ques : le type emphysémateux et lé type bronchitique ou pseudo-tuberculeux. La tuberculose pulmonaire est moins à craindre chez les gazés qu’on ne Le supposait à l’origine; on peut toutefois la voir se développer à titre de complication secondaire, plus ou moins longtemps après l’intoxication.L’auteur signale enfin une séried’au- tres séquelles : laryngées, oculaires, digestives, cardia- ques, nerveuses. — M. Armaingaud : Le l'opportunité actuelle d’un appel en faveur de l'éducation et de l'u- tilisation égale des deux mains. Le contact de nom- breux mutilés privés de leur main droite et obligés à des efforts parfois pénibles pour éduquer leur main gauche à servir aux mêmes usages a ramené l'attention de l’au- teur sur la perte de forces et de richesses qui est la con- , séquence de lamutilation volontaire, de l’invalidité vou- lue imposée à nosenfants, donc aux adultes, en ne leur apprenant pas à se servir de leur main gauche. Dans beaucoup de professions et de métiers, au service mili- taire, l’ambidextrie rend les plus grands services.M. Ar- maingaud propose done à l'Académie derédiger un bref appel à la population pour engager les familles, au nom de l'intérêt national, à habituer les enfants, dès le bas âge, à seservirégalementdes deux mains; elle inviterait aussi le Ministre de l’Instruetion publique à rendre obli- gatoire, dans toutes les écoles primaires etles établisse- ments d'instruction secondaire, l'usage des deux mains pour’ écriture et autres exercices. SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE . Séance du 7 Février 1919 M. L. Décombe : La Conservation de l'électricité et la Théorie électronique. 1. La constitution électrique de la matière étant admise, le Principe de la Conservation de l'électricité doit être envisagé comme établissant un lien étroit entre les transformations extérieures d’une substance ét les modifications intérieures, de nature électrique, dont elle est le siège. Il implique alors, au moins dans un cas très étendu, celui des diélectriques, la Conservation du moment électrique de l'atome assi- milé à un doublet de moment variable. Plaçons-nous au point de vue plus particulièrement électronique et assi- milons l’atome à une sphère d'électrification positive renfermant, par exemple, un électron négatif decharge e. Pour une distance s entre l’éleetron et le centre. de l'atome, le système est assimilable à un doublet de mo- ment y — es et l’électron est rappelé vers le centre par la force — ks proportionnelle à ladistance, Soumettons alors à une différence de potentiel V les armatures d’un, condensateur plan, supposées adhérentes à une lame diélectrique d’épaiseur set de surface $, la substance du diélectrique étant formée d’atomes assimilables au modèle précédent. Chaque électron atomique est alors soumis: 1° à une force Xe due au champ extérieur X = V/E; 2° à la force élastique de rappel — #s; 3° à Paetion résultante de tous les autres atomes transfor- més chacun par le champtotal en un doublet de moment u — es. Cette action est de la lorme : Æ L'e2Ns, N dési- gnantle nombre d’atomes par unité de volume et £:un coeflicient positif. Si l’on pose K— Æ— k'e?N, Le mouve- ment de l’électron atomique a pour équation : (1) Le condensateur étant supposé soumis, en outre, à une pression p et à une température { uniformes, le coëfli- cient K (qui ne dépend que de l'état instantané du diélec- trique) doit être considéré comme une fonction uniforme des trois variables indépendantes X, p et 1. (Il enest de. même des dimensions et, en particulier, de la surface S du condensateur.) Si Ja transformation est réversible, Faccélération d?s/dt? est constamment nulle et l’équa- tion (1) donne : Xe 3 Xe- STE et, par suite, =: Le moment électrique étant alors, comme on le voit, fonction uniforme des trois variables X, pet{, reprend la même valeur en même tempsque ces dernières au cours d'un cycle fermé quelconque : il y a donc Conservation du moment électrique de l'atome. I y a en même temps Conservation de l'électricité, la charge instantanée q du condensateur s'exprimant dans les mêmes conditions par la relation S Ne?\ tre)» Grâce au caractère linéaire dé l'équation (1), ces résul- tats subsistent encore lorsque, pour tenir compte de l'émission d'énergie rayonnante, on attribue à l’électron atomique un mouvement orbital à l’intérieur de l'atome, le moment de ce dernier étant alors pris égal à es, s dé- signant la distance instantanée du centre de l'orbite au centre de l'atome. Dans le cas de lirréversibilité, les conclusions précédentes tombent en défaut, même si Faccélération d?s/d£ est négligeable, les anomalies dié- lectriques (résidus, hystérèse, chaleur de Siemens) ne permettant plus de considérer l'équation (1) comme exacte. Îl ÿ a alors lieu d'attribuer au milieu atomique une certaine viscositéet d'introduire dans cette équation un terme résistant proportionnel à la vitesse de l’élec- tron (i) (terme nécessaire d’ailleurs à l'explication de l'absorption lumineuse). Le moment électrique et, par suite, toutes les grandeurs qui en dépendent, sont alors constamment en retard sur le champ! et iln’y a plus, en général, conservation du moment électrique de l'atome. — 2. Envisagé au point de vue précédent, le Principe de La Conservation de l'électricité peut permet- tre d'approfondir la constitution de la matière en utili- sant, par exemple, les remarquables résultats par 1. Découse : Théorie électronique des phénomènes diélec- triques résiduels. Journal de Physique, mars 1912. Z 160 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES lesquels M. Sacerdote! a réussi à exprimer les déforma- tions des diélectriques des condensateurs au moyen des paramètres élastiques proprement dits (coeflicient d'al- longement longitudinal a et module d'Young 5) et des paramèlres électro-élastiques 4, et A (coetlicients de variation de la constante diélectrique par traction per- pendiculaire ou parallèle aux lignes de force), Chacune de ces déformations se présente comme la somme de deux déformations partielles, dont la première résulte des forces connues qui s’exercent sur un diélectrique électrisé placé dans un champ électrique, forees mises en évidence par M. Pellat et qui deviennent les pressions électrostatiques pour les-portions de surface où le dié- léctrique esten contact avecles armatures. La deuxième partie de la déformation est attribuable à une modifica- tion dans l'état moléculaire de la matière accompagnant la modification de l'éther qui constitue le champ électri- que. On conçoit donc toute l'importance qui s'attache à la connaissance et à l'interprétation des coeflicients électro-élastiques 4, et. Toutefoisl’analyse de M.Sacer- dote se rapporte uniquement au cas où la température du diélectrique demeure constante.Cependant les résul- tats obtenus subsistent dans le cas général où on la sup- pose variable. Il suffit pour le voir d’adjoindre aux deux principes de la Conservation de l'énergie et de l'électri- cité le principe de l’Entropie; il est alors particulière- ment simple de faire appel, comme l'a montré M. Leduc dans son Mémoire sur le Principe de Lenz ?, aux proprié- tés des fonctions de Massieu. On trouve aisément que les formules élablies par M. Sacerdote pour le cas de la température constante conservent toute leur valeur. — 3. Pour en tirer parti au point de vue qui nous occupe, il faudrait obtenir pour les forces moléculaires ou atomi- ques une interprétation électronique, Cette question a été déjà traitéeetavec beaucoup d'ampleur par M.Suther-- land, Cet auteur assimile l'atome à un doublet électri- que et essaie d'interpréter larigidité et les propriétés des diélectriques en admettant que les forces atomiques se réduisent à l'action mutuelle de tels doublets. Mais, oulre certaines diflicultés sur lesquelles il est inutile d'insister, cette théorie conduirait, pour l’action mu- tuelle de deux atomestrès éloignés, à une force variant en raison inverse de la quatrième puissance de la dis- tance, alors qu'on doit s'attendre à retrouver l'action newtonnienne de gravitation. Il est donc mieux indiqué de considérer le modèle d’atome formé par un électron en révolution orbitale à l'intérieur d'une sphère d'élec- trification positive, pour laquelle on retrouve, aux grandes distances, la loi classique de gravitation !. Pour les distances moins considérables, le calcul de l’action atomique mutuelle se p'ésente comme particulièrement laborieux. Commencé avant la guerre, il a dû être inter- rompu depuis bientôtcinqans; aussi convient-il d'atten- dre son completachèvement pour publier, s’il y a lieu, les résultats à première vue encourageants qu'il a per- mis d’entrevoir dans le double domaine de la gravita- tion proprement dite etdes actions moléculaires et qui DR TU EP PUS PUR 1. P. Sacenpore : Recherches théoriques sur les déforma- tions électriques des diélectriques solides isotropes. Annales de Physique et de Chimie, t. XX, p. 289; 1900. 2, Lepuc : Application du Principe de Lenz aux phénomènes qui accompagnent Ja charge des condensateurs et aux phé- nomèues de magnétostriction. Annales de Physique et. de Chimie,t. XXVII, p. 392; 1912. 3. Suruen£anD : Phil. Mag., t. XNIT, p. 657 ; 1909,— t. XIX, p.13; 1910, — t. XX, p. 249; 1910, 4. L. Découpe : Théorie électronique de la gravitation, Comptes rendus, t. CLVI, pp. 940 et 1222; 1915, pourraient être rapprochés de certaines conclusions récentes de M. Weiss. D’une manière générale, l’action mutuelle de deux atomes parait se présenter sous la forme A B C r=statat où d représente leur distance réciproque, quelques-uns des coeflicients B, C,... pouvant être nuls, circonstance qui peut présenter une grande importance pour l’inter- prétation de certains phénomènes, Quoi qu'il en soit à cet égard, le Principe de la Conservation de l’électricité, en tant qu'il est susceptible, par des considérations analogues aux précédentes, d’approfondirla constitution de la matière, paraît devoir être considéré! comme le Principe fondamental de la Théorie électronique. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 24 Janvier 1919 : MM. P.Nicolardot et Ch. Coffignier communiquent les résultats de l’action de la potasse alcoolique sur les résines. Cette étude, entreprise pour réaliser la sépara- tion des résines de l'huile, dans le résidu de la distil- lation du vernis gras, montre qu'il n’est pas possible d'établir une méthode analytique fondée sur la sapo- nification de l'huile et l’inertie des résines en présence de la potasse. Au cours de cette étude, des détermina- tions ont été faites qui permettent d'ajouter un carac- tère nouveau aux caractéristiques des résines déjà con- nues. — M. L. Maillard décrit une méthode par voie humide pour le dosage de l’arsenic dans les composés volatils de la série du cacodyle. Elle consiste à introduire | la prise d’essai dans un flacon contenant une solution de persulfate d'ammonium acidifiée par H?SO! : la sub- stance volatile est oxydée en acide cacodylique, dans le- quel le dosage de l'arsenic se poursuit par les voies habi- tuelles.—M.André Meyer a cherché à obtenir dans la sé- rie de l'isatine un composé analogue à l’aciderubazonique étudié par Knorr dans la série du pyrazol. L’oxydation ménagée de l'amino-oxindol, préparé par réduction de l’isatoxime, fournit, à coté d’une grande quantité d'isa- tine, une petite quantité d’un composé rouge ayant des propriétés analogues à celles de l’indine de Laurent. Ce corps ne donne pas de cuveavecl'hydrosulfite alcalin.La réduction de l’isatoxime par lezincen milieu acétique con- duit à unsel zincique de composition C!SHSO?N?Zn, par conséquent un sel zincique d’un isomère de l’indigo, Vrai- semblablement de l’indine, laquelle est probablement identique à l’iso-indigotine de MM. Wall et Bagard. La condensation de l'isatine et de ses dérivés substitués avec l'amino-antipyrine donne lieu par contre à la formation d'acides rubazoniques mixtes de la forme : OA AN CH—CC—N—C) den CH3—N \Y NF N—C6H5 NH X désignant les substitutions. L'amino-oxindol se comporte comme une benzylamine substituée et non comme une amine aromatique, car il n'est pas diazotable, Cette amine fournit avec les aldé- hydes aromatiques des produits de condensation colo- rés. Le Gérant : Octave Doi. ———_—_—_—p—— Sens. — Imp: Levé, |, rue de la Bertauche. N° 6 Fonpareur : LOUIS OLIVIER Revue générale Sciences pures et appliquées Dinecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $S 1. — Mathématiques L'itération. — L'Académie des Sciences avait mis au concours, pour 1918, l'étude de l’itération ; elle vient de faire connaître les résultats de ce concours. On sait que l’itération consiste à répéter un nombre _ quelconque defois de suite une opération donnée. Ainsi, . soit z, = f (:) une fonction donnée de la variable com- plexe z. Les quantités z et =, étant, à la manière ordi- naire, représentées par des points du plan ou de la sphère, on considère les points transformés successifs Z2 = f (44); z3 — f (2) et ainsi de suite. Que deviennent ces transformés ou, suivantla locution de Poincaré, ces « conséquents » d’un même point ini- tial lorsque le nombre des opérations augmente indé- finiment? En général, ils tendent vers un point déterminé, so- lution de l'équation f (z) — 3,,qui est dit « point d’attrac- tion ».Mais toutes les solutions de l'équation en ques- tion ne sont pas point d'attraction : il en existe en par- ticulier qui sont « points de répulsion »,c’est-à-dire dont la suite des conséquents tend à s'éloigner à mesure que l'indice s'élève. IL peut aussi arriver que les points z, tendent vers un « cyclelimite » de p points, c’est-à-dire se parta- gent en p séries (suivant les restes donnés par les valeurs correspondantes de n lorsqu'on les divise parle nombre fixe p) tendant respectivement vers p points : différents. Au voisinage d’un point d'attraction ou d’un cycle, les propriétés des itérés successifs ont fait l’objet des travaux, restés classiques, de M. Koenigs, qui ont servi de point de départ à toutes les recherches suivantes. D'autre part, Poincaré a rencontré cette question dans ses immortels mémoires sur les courbes définies par les équations différentielles, et il a mis en lumière l’analo- gie remarquable qui existe entre ce dernier sujet et le précédent. Les courbes définies par les équations difré- rentielles admettent aussi, dans beaucoup de cas, des points d'attraction ou de répulsion : c'est ainsi que les lignes de plus grande pente d’une surface topographique partent en général des sommets (points de répulsion) | __ RÉVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES pour aboutir aux fonds (points d'attraction). Les deux figures formées par la ligne de pente aboutissant à un fond A, d'une part, ou par les points z tendant vers un point d'attraction a, de l’autre, se comportent d'une manière absolument identique, à la différence près qui sépare une ligne continue d’un système discret de points. Dans l’un et l’autre cas encore, toutes les lignes de pente n’aboutissent pas aumême fond A, ni tous les systèmes de points itérés au même point a; par contre, on est assuré d’arriver à un point final déterminé À ou a sila position de départ a été choisie dans un domaine suli- samment petit entourant ce point, Mais l’analogie cesse complètement sil’on ne veutplus se borner à ce domaine local et si, prenantla position de départ de plus en plus éloignée du point d'attraction, on cherche à déterminer d’une manière précise à partir de quel moment celui-cicessera de jouer son rôle pour être remplacé par un autre, Lorsqu'il s’agit d'une équation différentielle, — des lignes de pente, pour nous en tenir toujours au même exemple, — les domaines qui envoient leurs lignes de pente respectivement à différents fonds (les « bassins », dans le langage géographique) sontséparés les uns des autres par des arcs de courbe appelés lignes de faite. Si leur détermination complète est souvent malaisée, au moins sait-on que ces lignes de faité ne sont rien autre que des lignes de pente spéciales(passant par les points particuliers appelés cols). Commentles choses se passent-elles à cet égard dans le cas de l’itération? Comment sont délimitéesles plages où doit se trouver le point initial pour que ses consé- quents successifs aient pour limite un point d'attraction donné a ? Tel était l’objet de la question qu'avait posée’ l'Académie. Les réponses qui lui ont été données manifestent la 4. La notion de cycle limite se retrouve également dans les équations différentielles, lorsqu'on quitte le cas des lignes de plus grande pente pour passer au cas général: et l’une des conclusions fondamentales de Poincaré est précisément que l'exemple des lignes de pente doit être, à cet égard, con- sidéré comme exceptionnel. 30 MARS 1919 ; f profonde différence du problème, sans rapport aucun avec ce que nous offrait l'examen dés lignes de faite, C'est ce qui pouvait déjà se conclure des travaux publiés (1906) par M. Fatou. Ce géomètre avait mis en évidence des cas étendus où les contours des régions cherchées ne sont plus formés par des courbes (telles que l'étaient les lignes de faite), auxquelles les modes d'ex- préssion du Calcul infinitésimal classique — comme le développement en série de Taylor — puissent s’appli- quer, et où la théorie des ensembles s’introduisait néces- sairement. Nous savons maintenant que ces lignes sont de celles dont la science moderne seule a pu découvrir l'existence et à l'étude desquelles s'attache le nom de M. Jordan, lignes quenotre logique nousimpose sans que notre imagination arrive à les concevoir pleinement, De telles monstruosités, si j'ose m'exprimer ainsi, ont été d’abord construites d’une manière artificielle par Riemann et Weierstrass. Mais, une première fois, la science avaitété obligée de les rencontrer sans les cher- cher, dans une étude liée aux principaux problèmes de l'intégration des équations différentielles et où rien ne faisait prévoir leur intervention, C’est avec les travaux de Poincaré sur les fonctions Kleinéennes qu’elles avaient ainsi forcé les portes de notre Géométrie. La question actuelle offre un second exemple dans lequel leur intervention est inéluctable et constitue même, cette fois, un phénomène d’une haute généralité. Deux chercheurs, M. Julia, que ses glorieuses blessu= res de guerre n’avaient pas empêché de remporter pré- cédemment une première récompense académique, et M. Lattès, malheureusement enlevé avant l’âge, alors qu'il venait à peine de déposer son travail, ont répondu avec succès à l’appel de l’Académie, pendant que, d’au- tre part, M. Fatou, reprenant et développant ses précé- dentes recherches, obtenait, de son côté, des résultats équivalents. Les géomèêtres que nous venons de nommer sont arri- vés à décrire souvent avec une assez grande précision les phénomènes quise présentent, en même temps qu'ils en constatent l'extrême complication. Tout d’abord, — et ceci se conçoit si l'on réfléchit au caractère de discontinuité, aux déplacements par bonds qui distinguent la question actuelle de celle des équa- tions différentielles, — le domaine D où doitse trouver z pour que ses conséquents successifs tendent vers le point d'attraction donné a ne se compose pas du tout nécessairement, ni même généralement, d’une seule région comprenant & à son intérieur, de sorte qu'il y a lieu de distinguer entre le domaine (domaine restreint . ou «immédiat ») Ds, région d’une seule pièce autour du point a, et le domaine « total » D, qui se compose en général d’une infinité de morceaux. Dans tel cas qui a pu être étudié à fond !, le domaine d’un premier point d'attraction a, tout en étant d'une seule pièce et ayant son contour d’une seule pièce, s'infiltre en quelque sorte d’une manière infiniment compliquéeentre les morceaux en nombre infini dont se compose le domaine total d’un second point d'attraction. Dans d’autres exemples tout aussi simples, le domaine de a est encore d'une seule pièce, maïs il est percé d'une infinité de trous faisant partie des domaines de tels ou tels autres points d’attrac- tion. Mais, comme nous l'avons dit plus haut, c’est surtout dans la forme des lignes frontières de ces différents do- maines que se manifestent des circonstances toutes difré- rentes de celles qui se présentent dans l'Analyse clas- sique et de celles qu’offrait la théorie des équations dif- férentielles, Non seulement la ligne frontière d'un domaine d'une seule pièce tel que D, est en général une courbe non analytique, mais les recherches des géomè- tres cités plus haut établissent qu'elle n’a généralement de tangente en aucun de ses points, 1. Tous les exemples auxquels nous faisons allusion por- L 23 tentsur des aubstilutions extrêmement simples : 2, = 1=2+ on z$ ; etc. [2 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ? Dans d’autres exemples (Julia), la ligne frontière du domaine total peut être conçue comme tracée d'un seul trait, mais, contrairement aux courbes de Jordan pro- prement dites, elle à une-infinité de points doubles, Prenant contact avec elle-même un nombre infini de fois, elle délimite à les, points d'attraction. (A noter cependant que le nombre total des points d’attr action, où même des cycles limites, — contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier NE abord — est fini.) L'extraordinaire complication de ces figures apparaî- tra peut-être encore mieux si, avec M. Julia, l’on porte son attention sur les points de répulsion, plus impor- lants à certains égards que les pointsA attraction, et si l'on réfléchit que, partant du voisinage de l’un d’eux, la suite des itérations successives conduit au voisinage de n'importe quel point du plan, à une ou au plus deux positions exceptionnelles près. On voit quelle intrica- tion cela suppose si, comme il arrive en général, il ya plus d'un point de répulsion. Des cas spéciaux peuvent d'ailleurs se produire: C’est ainsi que le domaine d'un point d'attraction peut être constitué par tout le plan, à l'exception d’un segment de ligne (par exemple de droite) auquel se réduit alors la frontière. Dans d’autres cas, au contraire, le rôle de celle-ci est joué par tout le plan, etil n’y a plus depoint d'attraction. Il peut aussi arriver que, dans une certaine région, les conséquents successifs, où plutôt une prie convenablement choisie d’entre eux, tende, non vers un point d'attraction fixe, mais vers une position limite fonction (analytique) de z. Ce cas est celui de :, = cb, où l'angle constant 4 est incommensurable avec x. Mais,en général, c’est bien aux courbes de Jordan et à la théorie des ensembles que la question présente nous conduit. Peut-être, dans un avenir prochain, le nombre est-il destiné à augmenter encore des cas où elles appa- raitront comme un élément nécessaire de toute spécula- tion mathématique importante, et n'avons-nous man- qué de les rencontrer jusqu'iei que parce que nous ne savions pas les aperceyoi Le fait d'y être parvenu‘cette fois et d’avoir mené à bien des discussions que les résultats montrent si com- pliquées est un honneur pour nos chercheurs, et, sur- tout si on a égard à la crise au milieu de laquelle leur tâche a été accomplie, pour la science française, \ $ 2. — Astronomie 0 Nouvelles observations sur le rayon vert: le rayon vert artificiel.— Dans le numéro de février 1919 de The Observatory, le Capitaine Gago Coutinho, de la Marine, portugaise, publie de très intéressantes observations sur le célèbre rayon vert, dont l'existence réelle n’est pas encore admise par certains savants, qui le considèrent comme une simple illusion d'optique. Le Capitaine Coutinho l’a observé maintes fois en mer dans les conditions exactes décrites par Jules Verne, c'est-à-dire lorsque le Soleil disparaît derrière un hori- zon marin absolument sans nuages. Ce phénomène est d’ailleurs beaucoup affecté par les oscillations du na- vire, et il est bien plus net et durable pendant le temps où le navire se relève. Mais il n’est pas particulier à l'horizon marin, car M. Coutinho l’a constaté une fois aux environs de Ténériffe sur un horizon terrestre, au moment du lever du Soleil. Toutefois, c'est surtout dans sa dernière campagne géodésique sur les côtes du Mozambique que le Capi-. taine Coutinho a observé le rayon vert dans des cir- constances tout à fait nouvelles, qui ne lui semblent laisser aucun doute sur la réalité de ce phénomène. Etabli à 8 km. au sud du port de Bartolomeu Dias, sur une petite dune de sable de 16 m. de hauteur, il échangeait des signaux héliographiques avec le Lieute- nant Carvalho, stalionné à une cinquantaine de kilo- mètres sur la plus hauté dune du nord de l'ile de Baza- ruto, à 9b m. d'altitude. La lumière du soleil, réfléchie elle seule un nombre infini de mail=" lesquelles appartiennent aux domaines d'autres M : À + à: \ £ À A par l'héliographe de Bazaruto, lui parvenait en eflleu- tant la surface de la mer. Il eut l'idée de descendre la nte de la dune pour voir jusqu'à quelle hauteur les naux étaient encore observables, et il trouva bientôt le point précis où la lumière disparaissait sous l'horizon. Alors, à sa grande surprise, peu avant de s’effacer, la mière devenait verte, d'un vert émeratde pâle, abso- lument identique à la couleur du rayon vert observé par lui sur mer. Le phénomène était absolument net et permanent sur-un espace dé 20 em. environ en hauteur, à tel point qu'en se baissant progressivement on pouvait apercevoir successivement la lumière jaune de l’hélio- aphe, la lumière verte et la disparition de la lumière, Moutes les personnes présentes firent la mème consla- tation. - Mais ce n’est pas tout. Au même endroit, pendant la * devenait alors vert, de la même teinte que pendant le jour, bien que la lumière du projecteur fût plus oran- vée que celle de l'héliographe, » L'auteur appelle rayon vert artificiel ce phénomène, u’il est possible de réaliser d’une façon durable soit de jour, soit de nuit. De l’ensemble de ces observations, le Capitaine Cou- inho conclut que le rayon vert du coucher du Soleil rest bien un phénomène réel, et qu'il doit être d'autant plus facile à observer que le mouvement du Soleil en altitude est plus lent; c’est le cas sous les hautes . latitudes en hiver. D'autre part, il doit être possible d'observer souvent lerayon vert artificiel avec la lumière des phares, à la limite de leur portée, Soit sur mer, soit sur terre. ge — Physique ser les plaques photographiques dans le buge. — M. Usaboro Yoshida! signale qu’il est pos- niaque. Cette solution est refroidie dans la glace. On dissout ensuite 1 gr. de violet méthyle dans un litre alcool absolu et on verse 5 em de cette solution dans précédente ; on agite, on relroidit dans la glace et on onge la plaque à sensibiliser dans ce bain pendant cinq minutes. On rince à l'alcool et on sèche. . Le maximum de sensibilité a lieu vers 0,640 u. Pour es plaques panchromatiques immergées dans cette lution, il y a un déplacement du maximum de sen- bilité de À — 0,560 vers — 0,6/4ou. Bien qu’elles erdent un peu de leur sensibilité dans le jaune et vert, elles peuvent néanmoins êlre employées comme plaques rapides pour toutes les longueurs d'onde, sauf le rouge extrême. A propos d'une trompe à mercure à remon- je automatique. — Nous avons reçu de M. L. Ma- aenne la lettre suivante : tomatique, que l’auteur présente comme une nou- auté. C’est pourtant une disposition bien connue, qui _ employée dans tous les laboratoires qui font usage la trompe à mercure, depuis plus de 25 ans, et qui st désignée couramment sous le nom de-« remontage automatique Verneuil »; c’est en effet A. Verneuil qui la imaginée et décrite, d’ailleurs sous une forme plus .Memoirs of the College of Science, Kyolo Imperial Univer- ély, t. III, p. 69 ; 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE simple et plus commode que celle adoptée par M. Ma- thieu, au Bulletin de la Société chimique en 18g1. « Je profite de l’occasion, bien que la trompe à mer- cure soit aujourd’hui un instrument quelque peu démodé, pour rappeler que moi-même jai construit il y a 20 ans, pour les besoins de mes recherches sur l’hygrométricité des graines, une trompe à deux chutes accouplées et munie du remontage automatique qui permet de faire le vide sec à moins de 1 millième de millimètre dans un vase contenant de l'air humide, voire même quelques gouttelettes d'eau, sans desséchant d'aucune sorte, Cet appareil, monté sur un support vertical de 2 mètres de hauteur sur o m. 4o de largeur, est entièrement en verre, sans raccords, ni joints, ni robinets, quiexposent toujours à des fuites; il n'a jamais été décrit en détail, mais seulement signalé dans une note insérée aux Comptes rendus de 1899; quelques-uns de mes collègues; entre autres M. le Professeur Leduc, de la Faculté des Sciences de Paris, ont pu le voir fonctionner régulière- ment pendant plusieurs mois dans mon laboratoire, sans aucune surveillance ». L. Maquenne, Membre de l’Institut, Professeur au Muséum. $ 4. — Chimie biologique Recherches sur les peroxydases. — MM. R. Willstaetter et A. Stoll viennent de faire connaître les premiers résultats d’une série de recherches qu'ils ont entreprises sur la constitution &es peroxydases |, Ces auteurs s'étaient posé les questions suivantes : 19 L'activité enzymatique est-elle le fait. d’un composé pur, où bien l’enzyme est-elle un système de sub- stances agissant en coopération ? 20 Un métal constitue- t-il une partie intégrante de l’enzyme? 3° Quels sont les groupements atomiques associés à l’activité enzy- matique ? Comme enzyme, les auteurs se sont adressés à la peroxydase du raifort, et ils ont élaboré d’abord une méthode. permettant d'isoler des préparations très concentrées de cette dernière, Voici cette méthode, qui pourra servir de modèle pour l'isolement d'autres en- zymes : É 1° Les racines sont débitées en tranches minces qui sont plongées pendant quelques jours dans l’eau cou- rante pour l'élimination par dialyse des produits les plus simples. 2°On fait ehsuite digérer les tranches la- vées dans une solution d'acide oxalique. L'influence ré- gulatrice du protoplasma vivant est ainsi abolie, la peroxydase se précipite, en partie absorbée par la pro- téine coagulée, et la dialyse continue en fournissant des quantités importantes d'essence de moutarde (sulfo- cyanure d’allyle). La dialyse est si intense que les tran- ches séchées perdent plus de 25 °/, de leur poids et la moitié de leurs substances minérales. 3° La matière est alors broyée, lavée avec de l’eau contenant de l'acide oxalique et pressée jusqu'à extraction complète de ses sucs. Le résidu est trituré intimement avec de l’eau de ‘baryte, en quantité à peu près suffisante pour neutra- liser son acidité, puis pressé de nouveau, et traité avec une nouvelle quantité de baryte pour libérer l’enzyme. L'enzyme est finalement précipitée*par l'alcool. 4° On constale que le précipité estconstitué par un mélange de l’'enzyme avec un glucoside azoté, lequel peut être précipité à l'état de composé avec le chlorure mercu- rique. : : Pour contrôler les opérations préeédentes, MM. Will- staetter et Stoll ont établi une méthode de détermina- tion de la peroxydase. Elle dépend en principe de la production de purpurogalline au moyen du pyrogallol et de H?0?. Ils ont ainsi reconnu que la peroxydase est altérée non seulement par une trop grande concen- tration en ions H, mais aussi par H20? trop concentré, el qu'il faut prendre grand soin, en élaborant une 1. Licbigs Annalen, t. CDXV, p. 21-64; 1918. Ge net D QT ES és D RE : 164 . méthode analytique, de choisir des conditions dans lesquelles l’enzyme ne soit pas détériorée. L'étude préliminaire de l’enzyme la plus pure qu'il ait été possible de préparer et du glucoside qui l’accom- pagne a donné les résultats suivants : L'enzyme elle-même paraît consister principalement en un glucoside azoté, contenant un pentose el une quantité équimoléculaire d'un autre sucre, probable- ment un hexose. Elle ne paraît pas très complexe, et si elle ne contient que les résidus de 2 molécules de su- cre, son poids moléculaire serait d'environ 500 et le nombre des atomes d'azote dé 3, Elle renferme égale- ment environ 5,5 ‘/ de cendres, consistant en alca- lino-terrenx et fer. La quantité de ce dernier est très faible (0,46 °/, dans la meilleure préparation), mais elle s'élève par purification de l’enzyme. Les auteurs ne croient pourtant pas que le fer joue un rôle stoechiomé- trique dans la production de la purpurogalline. Le glucoside compagnon de l'enzyme est un com- posé à poids moléculaire élevé. Ses vapeurs donnent la réaction du pyrrol, etil fournit lui-même les réactions de Millon et xanthoprotéique. Il contient environ 50 ?/, de résidus de pentose et un hexose, et la proportion de l'azote est d'environ 3 atomes pour 2 molécules de pentose. I1 faut espérer que ces premiers résultats, qui jettent un jour nouveau sur Ja constitution des enzymes, se- ront confirmés et complétés par la suite des recherches de MM. Willsttaeter et Stoll. $ 5. — Physique du Globe L'influence du vent sur la distribution des glaciers.— Au cours de ses recherches dans la région dehautes montagnes dunord dela Scandinavie, M. Fred. Enquist! a été frappé par l'orientation prononcée des glaciers ainsi que des champs deneige pérennes. Ceux- ci se rassemblent d’une façon extraordinairement mar- quée sur le versant oriental des montagnes. Cette dis- tribution des glaciers et de la couverture de neige des montagnes en été est un des traits les plus caractéris- tiques de la physionomie de celte région élevée. Si l'on représente sur une carte l'orientation des gla- ciers au moyen de flèches, on constate qu’elle est en rapports étroits avecles roses des vents, ce qui démon- tre immédiatement l'influence des vents prépondérants, en particulier des vents d'hiver, sur l'orientation des glaciers et des chutes de neige. M. Enquists’estlivré à une étude très détaillée de ces deux phénomènes, en particulier dans lenord de la Scan- dinavie,et il est arrivé à formuler la règle suivante, qui lui paraît d’une application tout à fait générale : Les glaciers et les champs de neige pérennes se for- ment principalement sur le côté des montagnes qui est sous la direction des vents régnants amenant la neige. D'après M. Enquist, cette relation régulière entre l'orientation des glaciers et la direction du vent peut être appliquée très avantageusement aux recherches climatologiques. Par des observations sur la distribu- tion variable des glaciers, on peut trouver la direction des vents d'hiver prédominant dans la région. La déter- mination du côté d'une montagne ou d'une chaine de montagnes qui offre le plus fort glaciarisme ne présente que peu de diflicultés au cours d’un voyage d'été, et si l'on possède des cartes topographiques qui indiquent correctement la répartition des glaciers il suflit d’un coup d'œil pour trouver la direction du vent prédo- minant. Ce fait est très important, car, dans beaucoup de régions de hautes montagnes, les observations direc- tes du vent manquent, et celles-ci ne pourront être prises, surtout en hiver, qu'avec d'énormes difficultés, dans des régions comme les Andes de l'Amérique du Sud, le centre de l’Asie ou les régions polaires, ——_—_—_—_—_—_—_———Z—— 1, Bull. of the Geolog. Instit, ofthe Univ. of Upsala, t. XIV, p. 1-108, 4 pl. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE s LA Er Naturellement, les conclusions que l’on peut tirer de telles déductions devront être contrôlées, autant que possible, par des observations directes du vent. Mais il y a-lieu de remarquer que ces observations, surtout quand elles sont faites dans des stations de vallées, n’in- diquent le plus souvent que des vents tout à fait locaux, causés par la topographie des environs, et qui peuvent différer notablement des vents libres des sommets. Et dans les régions, comme les tropiques, où des systèmes de vents différents soufltent à des hauteurs diverses au- dessus de la mer, il faut prendré garde que ceux-ci se déplacent beaucoup horizontalement et verticalement au cours des saisons, en sorte que les observations du vent prises, par exemple, au cours d'un voyage en sai- son favorable ne valent nullement pour la saison où la neige s’accumule sur les hautes montagnes. Mais il est un domaine où les résultats de la Géogra- phie physique ont été souvent transportés très heureu- sement et où cette méthode de détermination de la direction des vents peut devenir très importante : c’est dans l'étude de l’époque glaciaire. Par l'examen des tra- ces qu'ont laissées les glaciers de ce temps, et avant tout de l'orientation des moraines et des niches gla- ciaires, on peut relever directement les vents qui ré- gnaient alors sur les diverses parties de la Terre. Par comparaison avec les conditions actuelles, on tirera en- suite des conclusions certaines sur le climat de l’époque glaciaire, Et l’on possède ici un avantage précieux : c’est qu’à cette époque il existait des glaciers dans de noni- breuses régions où ils ne s'étendent plus aujourd’hui, ce qui nous donne un réseau d'observations à la fois plus serré et plus étendu que pour la période actuelle. Ce travail, M. Enquist l’a accompli, et il est arrivé aux conclusions suivantes, en ce qui concerne la répar- tition des pressions à-l’époque du maximum de la gla- ciation : Sur les grands champs de glace de J’hémisphère nord régnait une haute pression prononcée, causée par l'in- fluence refroidissante des glaces sur la couche d'air qui les surmontait. La région de basses pressions qu'on observe aujourd’hui sur le nord de l'Atlantique — le minimum de l’Islande — n'existait donc pas alors, A la place de celui-ci un domaine de basses pressions aceu- sées se formait sur la partie méridionale de l’Atlanti- que nord, là où règne aujourd’hui le maximum des Açores, Sa limite septentrionale se trouvait à peu près à la limite méridionale du minimum actuel d'Islande. Ce minimum parait s'être étendu à l’ouest sur une partie de l'Amérique du Nord. Le maximum actuel des Açores — probablement atténué — était déplacé vers le Sud, sur le tropique. Leminimum qui se tient actuellement pendant l'hiver sur la partie septentrionale de l’océan Pacifique était beaucoup plus prononcé. Il s'étendait — à l’inverse de l'actuel — sur la partie des Montagnes rocheuses située au sud de l'inlandsis nord-américain, où il rencontrait le minimum de l’Atlantique. Au sud de ce minimum, il se formait sans doute un maximum. Comme une haute pression régnait durant toute l’an- née sur les inlandsis, les deux minima précédents, qui compensaient les régions de maxima du nord, devaient rester formés toute l’année aussi, Les uns et les autres étaient également accusés, surtout pendant l'hiver, par analogie avec les conditions actuelles, À cause des gra- dients élevés de ces maxima et minima de l’époque gla- ciaire, les vents dans les régions limites qui les sépa- raient devaient prendre un caractère de tempête, qui a dû influer puissamment sur le phénomène d'orientation des neiges, Pour les autres parties de la Terre, il n’y a aucune raison de supposer une modification notable de la ré- partition actuelle des pressions, car il ne paraît pas y avoir existé de modifications géographiques de l'impor- tance de la formation de la calotte glaciaire de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Aussi les glaciers de l’épo- que glaciaire, pour autant qu'ils sont connus, y accusent les mêmes directions du vent que les glaciers actuels, te. à à dt be. 5 Le. 2. à Lu 7 ’ X. — LE ROLE DU GOUVERNEMENT BRITANNIQUE _ Dès la fin de la première année de la guerre, l'attention du Gouvernement britannique fut fortement attirée sur la nécessité de collaborer, par une intervention directe de l'Etat, à l’en- couragement et à l’organisation de la recherche scientifique, et cela non seulement dans le but de gagner la victoire, mais de faire face aux pro- blèmes, plus difliciles peut-être encore à ré- soudre, de l'après-guerre. De prime abord, l'intrusion de l'Etat dans ce domaine pouvait prêter à quelques objections. La vraie recherche, quiest une création de con- naissances nouvelles, a besoin d’une grande li- berté. Dans un certain sens, le savant qui cher- che est une sorte d’anarchiste: il ne peut re- connaître d'autre autorité que les lois, d'ailleurs sévères, de sa propre science et de sa méthode de travail personnelle; mais comment tolérer une action extérieure, qui le placerait dans des sortes d'œillères et l’obligerait à travailler sous la direction d'hommes qui ne peuvent voir les questions par les mêmes yeux que lui? Le problème qui se posait était donc de - savoir s'il est possible pour l'Etat d'agir en stimulant Ha recherche sans interférer avec elle, et secondairement si, dans l'application des résultats de la recherche aux questions que l'Etat désire voir résoudre dans tel ou tel domaine, il peut contribuer efficacement à l’organisation des moyens d’attaque de ces problèmes. En d’autres termes est-il possi- ble pour l'Etat, d'une part d'encourager la re- cherche pure, d'autre part d'organiser la re- cherche appliquée? Le Gouvernement britannique a répondu oui à ces deux questions, et il nous semble intéres- sant de donner ici quelques indications généra- les sur les solutions qu'il a mises en œuvre de- puis bientôt quatre ans!. = En Grande-Bretagne, la façon traditionnelle de traiter un problème comme celui qui précède est de nommer une Commission royale compo- sée de personnes qualifiées pour l’étudier et re- commander les mesures à prendre. Par un-or- dre en Conseil privé du 28 juillet 1915, le Gouvernement a donc créé le « Conseil consul- 4. Pour plus de détails, voir Sir F. Heaïu : The Govern- ment and the organisation of scientific research, J. of the R. Soc. of Arts,t. LXVII, p. 206; 21 février 1919. LE ROLE DU GOUVERNEMENT BRITANNIQUE DANS L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE tatif pour la Recherche scientifique et indus- trielle », composé de hautes personnalités de la science et de l’industrie. Ce Conseil est perma- nent, et il doitagir comme conseiller d’un Mi- nistre responsable, lequel est, en l'occurrence, le Lord président du Conseil privé, parce qu’il est à la fois indépendant des autres ministères d'Etat et en relations avec tout l'Empire bri- tannique. D'autre part, le Gouvernement a demandé au Parlement le vote annuel d’un crédit destiné à l’encouragement et à l’organisation de la recher- che scientifique et industrielle. Toutes les pro- positions d'emploi de ces crédits doivent être soumises au Conseil consultatif permanent, et ce Conseil possède lui-même le droit d'initia- tive en matière de dépenses. L'ensemble de cette organisation constitue le Département des recherches. | Le Conseil consultatif commença par recom- mander au Ministre de venir en aide à un cer- tain nombre de recherches conduites par des sociétés scientifiques et professionnelles, puis d'accorder des subventions au Laboratoire na- tional de Physique pour des études urgentes sur la fabrication du verre d’optique et au Comité de l'Ecole de Poterie de Stoke-on-Trent pour des recherches sur la fabrication de la porce- laine dure au moyen de matières premières in- digènes. Entre temps le Conseil, après avoir consulté les professeurs des Universités et des Ecoles techniques, les leaders des principales industries et les représentants des départements ministériels, avait élaboré un programme d’ac- tion systématique, qui fut adopté non seulement par le Ministre responsable et le Gouverne- ment, mais par les Dominions et plusieurs pays alliés. Ce programme se divise en trois parties principales que nous allons examiner: 1° l'en- couragement aux chercheurs ; 2° l'organisation de la recherche dans les industries ; 3° l’orga- nisation de la recherche nationale. * Le Conseil consultatif se rendit compte dès le commencement que le nombre de chercheurs exercés dans le pays n’était pas en rapport avec les besoins et qu'ille deviendrait de moins en moins à mesure que se développeraient les plans d'extension des recherches. Il ne pouvait assu- rer directement une plus grande fréquentation ae À 166 X. — LE ROLE DU GOUVERNEMENT BRITANNIQUE des universités et collèges, ni assister des étu- diants ou étudiantes au cours de leurs études; mais il décida d’aider ceux qui avaient acquis assez de connaissances pour commencer des recherches ou qui avaient montré des capaci- tés pour les investigations originales. [1 a con- sacré à cet effet des sommes qui ont atteint 87.500 francs en 1916-17, 187.500 francs en 1917-18 et 250.000 francs en 1918-19, et qui, par suite de la démobilisation, seront portées à 750.000 francs pour l’année académique 1919-20. Le principe qui préside à l'attribution des subventions, d’ailleurs variables suivant cha- que cas individuel, est le suivant : Les sub- ventions sont accordées, par un Comité spécial du Conseil consultatif, sur la responsabilité per- sonnelle du directeur du département de l’In- stitution où travaille le chercheur, ou, si celui-ci est un chercheur privé, sur la responsabilité personnelle d’un savant connu qui se porte ga- rant pour lui. Cette délégation de responsa- bilité a donné des résultats infiniment meil- leurs que la recommandation collective d’un corps académique ou universitaire. Les subventions accordées sont de quatre es- pèces : 4° à des étudiants, pour leur permettre de s’exercer et de se perfectionner dans les mé- thodes de recherches ; ce sont des subventions d’un an, renouvelables au besoin pour une seconde année; 2° à des chercheurs indépen- dants, consacrant tout leur temps à des recher- ches de science pure ou appliquée; ce sont éga- lement des subventions annuelles, mais pouvant être renouvelées jusqu’à 4 fois; 3° à des pro- fesseurs engagés dans des recherches, pour leur permettre de s’adjoindre un assistant qualifié pour les aider dans leurs recherches, mais non dans leur enseignement; 4° à un travailleur étudiant une branche nouvelle de la science, pour lui permettre de donner des conférences sur la recherche dans une université, en atten- dant que celle-ci ait trouvé ailleurs les ressources nécessaires. Le Conseil consultatif travaille dans ce do- maine en parfait accord avec la Société Royale de Londres, qui administre de son côté un fonds spécial du Gouvernement pour venir en aide aux chercheurs. * * La seconde branche du ‘programme du Con- seil consultatif était l’encouragement à la recher- che dans les industries. Une enquête préliminaire a montré que le peu d'emploi des méthodes scientifiques dans NN l’industrie anglaise tient moins à l'ignorance où à l’indolence des industriels qu'à l'importance relativement faible de la majorité des usines an- glaises, au manque de chercheurs qualifiés et même de travailleurs scientifiques pour les beso- gnes courantes et au manque d'entente entre les universités et les industries. 4 Le Conseil consultatif arriva à la conclusion qu'un progrès notable ne pouvait être réalisé que par les industries elles-mêmes, par une coo- pération des entreprises serattachant à une même industrie, et que le Gouvernement devait se bor- ner à encourager cette coopération, en laissant la responsabilité immédiate aux premiers inté- ressés, soit les manufacturiers eux-mêmés. Il a donc recommandé la formation d'associa- tions coopératives de recherche, sous forme de compagnies à responsabilité limitée, travaillant sans bénéfice et avec une garantie nominale de leurs membres à la place d'actions, Le Départe- ment des Recherches peut leur venir en aide par des subventions, pour une période de 5 années, . dont le montant ne dépasse pas le total des sous- criptions des membres. L'association a le con- trôle complet de son revenu, y compris les sub- ventions du Gouvernement, et les résultats des recherches sont sa propriété absolue. Le Con- seil consultatif recommande l'admission, dans le Comité directeur de l'association, d'hommes de science à côté des capitalistes, et si possible de représentants du travail qualifié; la direction de la recherche doit aussi être confiée à un tech- nicien responsable, pour assurer l'unité de di- rection. Deux autres points importants ont été prévus. Les associations doivent être limitées, dans cha- que cas, aux entreprises d’une industrie ou d’un groupe d'industries en connexion étroite dont les intérêts sont assez komogènes pour les, pousser à mettre leurs ressources en commun en vue de la recherche. D'autre part, il ne doit y avoir qu’une association de chaque espèce pour tout le Royaume-Uni et non une série d’associa- tions locales. Sur ces bases, quatre associations de recher- ches fonctionnent déjà depuis un certain temps, quinze viennent d’être créées et onze autres sont en cours de formation. * % Le dernier point du programme du Conseil consultatif était l'organisation de la recherche nationale. En un certain sens, les travaux précé- dents ont déjà un caractère national, maïs le Conseil a jugé préférable de les déléguer à d’au- tres autorités. Il reste, par contre, un ensemble au Gouvernement, et ce sont eux qui constituent … à proprement parler la «recherche nationale ». . Ces travaux peuvent se diviser entrois parties. - 40 D'abord le Département des Recherches agit - commeune chambre centrale décommunication > d'informations pour tousles chercheurs et orga- … nisations de recherches. Tous exécutent des tra- vaux confidentiels d’un grand intérêt pour les uns et les autres et il importe qu'ils puissent s’en communiquer, dans certaines conditions, … les résultats, afin de faciliter à chacun son pro- … pre travail. C’est ce rôle d'organe centralde com- munication qu'a assumé le Département des Recherches. En outre, il établit progressivement un registre confidentiel des chercheurs et de “leurs travaux, à l'usage des différentes organi- + sations qui dépendent de lui, puis un inventaire des appareils et machines scientifiques dont le Gouvernement pourra disposer après la dispa- ‘rition des services de guerre. Enfin il a formé . _.une bibliothèque technique ‘pour les directeurs ettechniciens des associations de recherches. ._ 2° Ensuite le Département des Recherches a pris en main le contrôle des recherches effec- tuées par les autres services d'Etat dans le but + d'éviter la confusion et les travaux faits en dou- ble. Dans ce but, chaque département ministé- * riel envoie au Conseil consultatif un ou plusieurs . ‘assesseurs qui assistent aux séances et tiennent … le Conseil au courant des recherches engagées _ ou projetées par leurs départements respectifs. IL a été ainsi possible d'empêcher que des cher- - cheurs attachés à des services différents n’en- : treprennent isolément le même travail; ils ont - puêtre mis en relations eton leur à tracé un 1 plan de travail coordonné. L'établissement de \ É _ces rapports étroits entre les Départements mi- nistériels et le Département des Recherches à même conduit les premiers à confier exclu- sivement au second certaines recherches pour lesquelles des services administratifs étaient __ moins bien préparés que lui. Ainsi, le Conseil _ des Affaires locales a invité le Département des _ Recherches à entreprendre des recherches sur les matériaux de construction, en rapport avec _ la politique des logements du Gouvernement; cette demande en provoqua d'autres analogues _ des Commissaires des bois et forêts, concernant | les bois indigènes, du Ministère de l'Agricul- ° ture. Ainsi se sont développées peu à peu des ‘à recherches très importantes sur les problèmes, de l'habitation. 3° Enfin lorsqu'il s'est agi d'entreprendre, DANS L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE j \ “. ! ” de travaux qui incombent plus particulièrement 167 tion perfectionnée, le Conseil consultatif a re- commandé au Ministre de donner au Comité de recherches une certaine! indépendance et d’en faire un « Bureau de recherches ». Le premier bureau de ce genre a été le Bureau de recherches sur les combustibles. Les combus- tibles, l’économie dans leur emploi, sont des questions qui touchent aussi bien le plus mo- deste travailleur queleplus gros consommateur. Le combustible estla base de toutes les industries et de la suprématienavale anglaise. Aucune asso- ciation d'industriels ne peut attaquer un pro- blème aussi vaste dans toutes ses. parties. C’est ‘ pourquoi on a créé un orgañisme spécial de re- cherches, dont le coût de fonctionnement devait être supporté par l’ensemble des contribuables. Un autre exemple typique de recherche natio- nale, c’est celle qui incombe au Bureau de recher- ches sur l'alimentation, créé à la demande des Ministères du Ravitaillement et de l'Agriculture et des Pêches. De même, sur l'invitation du Se- crétaire d'Etat à l'Intérieur et du Comité des recherches médicales, le Conseil consultatif a "créé le Bureau de recherches sur la Fatigue in-, dustrielle. Autre exemple : Sur la demande même de la Société Royale, qui en avaiteu jusque-là le con- trôle, le Gouvernement a repris depuis le 31 mars 1918 la responsabilité du fonctionnement du Laboratoire national de Physique. Maïs on re- connut que tous les pouvoirs de contrôle scien- tifique exercés par la Société Royale par l'in- termédiaire d'un Comité exécutif pourraient se continuer avec avantage si ce Comité était con- stitué en Bureau de recherches par le Départe- ment. Ainsi fut fait. On se rendra compte de l'importance prise par ce Laboratoire pendant la guerre si l’on songe que son budget annuel pour 1913-1914 était d'environ 1.093.000 francs, tandis qu'ilest prévu par le Département des Recher- ches pour 1919-1920 à 3.866.000 francs. Tels sont, dansleurs grandeslignes, les moyens par lesquels le Gouvernement britannique a, depuis bientôt4 ans, tenté d'encourager et d’or- ganiser la recherche scientifique et industrielle. Il n'est pas encore possible de les juger sur les résultats, ceux-ci ayant été pour la plupart main- tenus secrets jusqu’à présent; contentons-nous de signaler qu’ils ont obtenu, en général, l'ap- probation des hommes de science et des indus- triels et qu’ils constituent une tentative intéres- sante de solution d'une des questions qui préoccupent le plus les nations civilisées. ZX. 168 LES CARTES DES VENTS A L'USAGE DES AÉRONAUTES Un des services les plus remarquables rendus à la navigation par les études météorologiques fut l'établissement de « routes recommandées », que les navires à voiles ont grand avantage à suivre pour rencontrer des vents favorables. Ce fut le lieutenant de vaisseau Maury, de la Marine américaine, qui eut le premier l’idée de coor- donner les observations éparses dans les jour- naux de bord des navigateurs, d’en déduire la fréquence des vents en chaque région et d’en tirer des règles permettant de réduire au mini- mum les traversées. Pour éveiller l'attention pu- blique par un résultat capable de fairesentir l’im- portance pratique des études nouvelles, il concentra d’abord tous ses efforts sur une seule traversée, celle de New-York à Rio de Janeiro; ses recherches lui permirent bientôt de déter- miner une route bien plus avantageuse que celle suivie jusqu'alors. Le navire Wright fut le premier à suivre les indications de Maury. Parti le 9 février 1848 de Baltimore, il coupait la ligne 24 jours après, tandis que cette traversée en exigeait d'ordinaire 41. Un pareil résultat suffit à fonder l’œuvre de Maury. L'application de ses règles permit par la suite de réduire de plus de 50 °/, la durée des voyages des Etats-Unis à l'équateur et au cap Horn, ainsi que la durée des voyages de cireum- navigation dans les mers Australes. L’exemple de Maury fut suivi par toutes les Marines du monde, qui entreprirent des recher- ches analogues : des services réguliers d’obser- vations furent organisés, eton publia pour toutes les mers du Globe des cartes donnant pour cha- que mois ou pour chaque saison la fréquence des vents des différentes directions. D'’ordinaire, cette fréquence est indiquée sous la forme de rose des vents. Le dispositif généralement adopté pour le tracé de ces roses est le suivant : à partir d’un point qui figure l'emplacement de la sta- tion, on mène des lignes droites dont les direc- tions, par rapport au nord de la carte, sont celles des vents qui ont été observés dans la région. La longueur de ces lignes droites est proportion- nelle au nombre de fois que le vent de la direc- tion en question a été observé. Le Service hydrographique de la Marine fran- çaise a publié en 1874 les cartes mensuelles et saisonnières établies par le lieutenant de vais- seau Brault et qui donnentla fréquence des'vents sur l'océan Altantique et sur l'océan Pacifique. Ces cartes constituent des documents de pre- J. ROUCH et L. GAIN. — LES CARTES DES VENTS | mier ordre, car elles indiquent pour chaque di- rection non seulement la fréquence totale, mais encore le nombre des vents faibles, des vents modérés, des tempêtes, etc. Une autre collection de cartes des vents très répandue dans le Monde entier est la collection des Pilot-Charts que publie tous les mois le « Weather Bureau » de Washington. Sur ces cartes la fréquence de chaque direction de vent El “cv | RCE re APE 5 FEES Te EVE “ E i _ 1 { ù ! x RE Fig. & — fragment d'un Pilot-Chart (Janvier 1918). Région de Dakar. estindiquée par une flèche plus ou moins longue, et la vitesse moyenne de chaque direction par un plus ou moins grand nombre de barbules. La fi- gure 1 reproduit la partie du Pilot Chart du mois de janvier se rapportant à la région de Dakar. D'un coup d’œilon voit sur cette carte que les alizés de NE soufilent d’une façon très régulière et sur toute la région : on n’a aucune chance d’avoir du vent d’W ou de SW. * * * Ces documents sur la fréquence des vents dans les diverses régions du Globe n'intéressent pas simplement les navigateurs : ils sont indispen- sables aux aéronautes pour la préparation des longs voyages aériens. Si, comme on peut l’es- pérer, la réalisation de voyages aériens régu- liers en dirigeable ou en avion est prochaine, il sera nécessaire, pour établir les itinéraires et les prix de revient, de se préoccuper de l’aide ou de l’obstacle qu’apporte l'atmosphère. I ne suffit pas en effet de tracer des itinéraires qui font bien sur la carte, mais il faut tenir compte de la vitesse du vent, qui atteint fréquem- ment le 1/4 de la vitesse d’un appareil aérien et qui parfois est du même ordre. Par exemple, avant d'entreprendre une traversée de l’océan Altantique, iln’est pas indifférent de savoir que, si l’on part d'Europe vers les Etats-Unis en ligne directe, on aura en hiver 60 à 70 chances pour 100 d’avoir contre soi un vent de 12 à 15 mètres à la seconde au niveau de la mer, soit 50 kilo- mètres à l'heure, circonstancés qui, pour un appareil ayant une vitesse: de 100 kilomètres à l'heure, ren- dront le voyage deux fois:plus long qu’on ne l'aurait prévu sans tenir compte du vent. Un détour sur la carte, loin d'être une perte de temps, per- met souvent, au contraire, d’ar- river plus tôt qu’on ne le ferait par une route directe. Mais, si, pour chercher des vents favorables, le navire à voiles n'a d’autres ressources que de faire un détour, l'avion a pour lui l'avantage de voler à des altitudes différentes, et de trouver ainsi des vents diffé- rents. Il n’est pas rare, en effet, que le vent change de direction à mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère, et chacun a pu ob- serverfréqueniment des nuagesallanten sens con- traire de la direction du ventau voisinage du sol. Un exemple classique de ce changement de direction du vent est fourni par le contre-alizé. On sait que sur l'Atlantique nord, entre 30° de latitude Nord et l’équateur, on observe à la surface de la mer des vents très réguliers deNE appelés les alizés. Maïs ces courants de NE ne dépassent pas l'altitude de 2.000 à 2.000 mètres environ. Au-dessus souflle un vent de SW, appelé le contre-alizé. C’est ainsi qu'au sommet du pic de Ténériffe, haut de 3.700 mètres, on observe 1000 toute l’année un vent soufilant régulièrement du SW, alors que les alizés du NE se font sentirà la base du pic et surles parties basses de l'ile au niveau de la mer. Si l’on organise des voyages aériens d'Europe à l'Amérique du Sud, il faudra recommander aux pilotes, entre les iles Canaries et l'équateur, de voler bas à l’aller et de voler haut au retour. Il est doncessentiel de fournir aux aéronautes des documents précis sur le vent en altitude, en même temps que sur les vents au niveau de la REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES L A L'USAGE DES AÉRONAUTES ——— 3 Fig. 2. — Sondages de Paris, de décembre 1915 à nowembre 1917. 169 mer, Les observations de ce genre ne sont pas encore très nombreuses, mais elles permettent cependant d'établir dès maintenant, au moins pour les régions européennes, des roses des vents à 1.000 mètres, à 2.000 mètres, etc. La figure 2 donne les roses des vents tous les 1.000 mètres jusqu'à 6.000 mètres au-dessus de Paris pour les jours de ciel clair et pour ceux où les nuages ont été observés à une hauteur supé- rieure à 6.000 mètres, c'est-à-dire pour tous les jours où il aurait été possible à un avion de voler jusqu’à 6.000 mètres de hauteur. 2000 4000 6000 Nombre de | sondages fn Caimes On voitsur ces roses qu’à mesure qu’on s'élève les vents d'W deviennent de plus en plus fré- quents. On voit encore que, si l’on part avec un vent d'ouest au sol, on a des chances de voir ce vent | augmenter de vitesse à mesure qu'on prendra de l'altitude, tandis que si l’on part avec un vent d’est on à des chances de voir la vitesse du vent diminuer en l’air. Depuis plusieurs mois, de nombreuses stations en Angleterre, en Italie et en France mesurent journellement là vitesse du vent en altitude, ou, comme on dit, exécutent des sondages aéro- logiques. Ces documents permettent de dresser des cartes de fréquence du venten allitude, ana- logues aux cartes de Braultet aux Pilot-Charts. A titre d'exemple, nous reproduisons (fig. 3, 4 et 5) les cartes du vent au sol, à 1.000 m. et 2.000 m. sur les bords de la Méditerranée occidentale, en été, d’après les observations des stations mari- times et de quatre stations italiennes. Ces cartes contiennent des indications très utiles : c’est ainsi, par exemple, qu'on voit très 9 170 J. ROUCH et L. GAIN. — LES CARTES DES VENTS 7 Fig. 3. — Rose des vents à 2.000 mètres Les barbules correspondent aux unités L 1 sur la Méditerranée occidentale. de l'échelle de Beaufort. neîtement qu'un pilote qui aurait à assurer un | vents pour l’aéronaute. Cet intérêt est si grand, service régulier entre Oran et Tunis devrait vo- | qu’à notre avis il ne faut pas retarder la publica- ler vers 2.000 mètres pour aller d'Oran à Tunis | tion des cartes de vent en altitude sous le pré- et à une altitude inférieure à 1.000 me- texte qu'on n’a encore qu'une ou -deux , tres pour aller de Tunis à Oran. de années d'observations. Il faut, au con- traire, publier dès maintenant les don- ire uées que l’on possède, non seulement parce que telles quelles elles Les indications très succinc- contiennent des renseigne- ments très utiles, mais aussi parce que c’est la meilleure tes qui précèdent n’ont d'autre but que de montrer l'intérêt que présentent les cartes des Fig. 4, — Rose des vents à 1,000 mètres, 4 A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ ' € ? 171 Fig. 5. — Rose des vents au sol. facon de faire ressortir les lacunes de nos obser- vations. Un document même incompletvaut mieux que A pas de document du tout, et les cartes des vents - enaltitudequi maintenantne serontqu'uneébau- née én année. I] serait dans tous les cas regretta- ble qu'au moment où les services publics se pré- L'émission d'électricité par les corps incan- descents a suscité, au cours de ces dernières années, un grand nombre de recherches dont nous nous proposons d'exposer les grandes lignes en utilisant largement les données ras- semblées par M. O. W. Richardson dans unein- téressante monographie de publication récente". L'étude de ce phénomène, qui pouvait sembler a priori toute théorique, a permis la réalisation d'un très grand nombre de dispositifs pratiques du plus grand intérêt, qui montrent une fois de plus les liens étroits de la science pure avec la _ technique. L’exposé de ces applications fera l’objet d’un deuxième article. 1. O. W. RicnarpsoON : The emission of elertricity from hot bodies. Lougmans, Green and Co, London. * _chese compléteront et se perfectionneront d’an- L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ PAR LES CORPS INCANDESCENTS PREMIÈRE PARTIE : LES RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX ET LES THÉORIES Stations : Cette, Valence, Fréjus, Rome, Messine, Trapani, Antioco, Bizerte, Alger, Oran. occupent de développer les transports par avions et dirigeables, les renseignements météorologi- ques indispensables aux études préliminaires fassent défaut. J. Rouch, Chef du Service météorologique de la Marine, et L. Gain, Docteur ès Sciences. ou Il. — HisToriQuUE Er CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES $ 1. — Les précurseurs Du Fay! semble avoir constaté le premier, dès 1733, que l’air devient conducteur au voisi- nage des corps incandescents. Mais la première étude systématique du phénomène est due à Edmond Becquerel?, qui lui a consacré, en 1853, un mémoire important : « Les résultats exposés dans ce travail, conclut Becquerel, mettent en évidence la propriété que possèdent les gaz de livrer passage aux courants électriques lors- qu'ils environnent des électrodes métalliques 1. Du Fay: Mémoires de l'Académie, 4733. 2. BecquEerreL (Edmond) : Ann. de Chim.et de Phys.; 3e série, t. XXXIX, p. 355; 1853. * 172 parfaitement isolées et que leur température est suffisamment élevée. Les gaz acquièrent cette faculté à la température du rouge naïis- sant, et, à partir de cette limite, ils transmet- tent d'autant mieux l'électricité que leur tem- pérature s’élève plus haut; ils livrent alors passage même aux plus faibles courants élec- triques que l’on puisse produire à l’aide d’un couple de petite dimension. » Il indique que les faits observés pourraient conduire à admettre « que les électrodes métalliques portées à la tem- pérature du rouge laissent détacher des parti- cules matérielles alors que l'excès de tension est très faible, et que ces particules établissent une circulation continue d'électricité ». Les expériences de Becquerel, contestées par Wiedemann, ont été reprises par Blondlot !, qui établit l'existence d’un courant, entre deux élec- trodes au rouge, pour une force électromotrice lé t : d lt ne dépassant pas ogg de volt. Guthrie?a,le premier, appelé l’attention sur la différence entre l'électricité positive et l’électri- cité négative. Il a montré qu'une boule de fer por- tée à la température du rouge, et disposée dans l'air, peut conserver une charge négative, mais non une charge positive. Aux températures plus élevées, la différence disparait et la perte de charge s'effectue rapidement pour les deux élec- tricités. Elster et Geitel* ont consacré une longue série de recherches à l'étude des actions électriques provoquées parles solides incandescents. Leur méthode consiste à chauffer des fils métalliques de nature différente au moyen d’un courant électrique et à examiner le potentiel acquis par une électrode voisine : avec un fil de platine chauffé dans l’air, à la pression atmosphérique, ce potentiel, d’abord positif, augmente avec la température, passe par un maximum au rouge, décroit ensuite et tombe presque à zéro au rouge blanc; aux basses pressions, les résultats sont analogues, sauf qu'après s'être annulé, le poten- tiel devient négatif et prend des valeurs négati- yes croissantes avec la température. Les fils se comportent donc comme s'ils avaient tendance à émettre de l'électricité positive aux basses températures et de l'électricité négative aux tem- pératures élevées; à une certaine température in- termédiaire, la perte est la même pour les deux 4. BLonpcor : C. R. Acad. Sc. (Paris), t. XCII, p. 870; 1881, —et t. CVI. p. 283; 1887. 2. Gurunie : Phil, Mag., 4° série, t. XLVI, p. 257 ; 1873. 3. ELsrer et GeireL : Annalen der Phys.,t. XVI, p. 193, 1882; t. XIX, p. 588, 1883; t XXII, p. 123, 1884; t, XX VI, p. 1, 1885; t. XXXI, p. 109, 1887; t. XXXVII, p. 815, 1889; Wien. Ber., t. XCVII, p. 1175; 1889. A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ électricités, en sorte que le potentiel acquis par l'électrode est égal à celui du fil porté au rouge. Le signe et la grandeur de l’électrisation dépen- dent d’ailleurs de la nature du gaz. Ainsi l’élec- trode acquiert, dans l'hydrogène, une charge négative, même sous la pression atmosphérique. Branly ', en mesurant la déperdition électrique d'un conducteur isolé placé au voisinage d'un corps chaud, c’est-à-dire par une méthode in- verse de la précédente, a confirmé les résultats d’Elster et Geitel. Il a constaté que les oxydes de plomb, d'aluminium, de bismuth, se com- portent d'une manière opposée à celle des mé- taux étudiés : dans l’air, à la température du rouge, ils perdent une charge négative et non une charge positive. $ 2. — L'effet Edison Dans les lampes électriques, Edison (1884) a constaté l'existence d’un phénomène analogue aux précédents, qui peut s'expliquer par la perte d'électricité dont est le siège le filament de car- bone négatif, même dans le vide le plus parfait. On fixe une petite électrode métallique plane. entre lesbranches opposées d’un filament métal- lique ayant la forme classique d’un fer à cheval. Si le filament est porté à l’incandescence par le passage d’un courant continu et qu’on branche un galvanomètre entre l’électrode isolée et l’ex- trémité négative du filament, on n'observe le passage d'aucun courant sensible dans le galva- nomètre. Quand on branche au contraire le gal- vanomètre entre l’électrodeet l'extrémité positive du filament, le galvanomètre indique le passage d’un courant dirigé, à l'extérieur de l’ampoule, du filament vers l’électrode, qui peut s'élever à 2 ou 3 milliampères dans des conditions conve- nables. | Edison, pas plus que Sir William Preece, qui fit également quelques recherches sur cet effet, n'ont donné l'explication du phénomène. Ils n’en ont indiqué aucune application. J. A. Fleming? a montré que l'effet Edison disparaît presque entièrement si l’on entoure Ja branche négative du filament d’un cylindre mé- tallique ou isolant. D’autres expériences analo- gues le conduisirent à penser que l'effet est dû à l'émission d'électricité négative par le filament incandescent vers l’électrode froide, émission dont les expériences d’Elster et Geitel ont révélé l'existence dans les vides élevés. Fleming a pu observer également l'effet Edi- son, bien qu’à un degré beaucoup moindre, en 1. Branzy : C.R. Acad, Sc. (Paris), t. CXIV, p. 1351; 1892. 2,J. A. FLeminc : Proc. of the Royal Institution, 1890. tuba hédtton. aan remplaçant le filament de carbone de la lampe par un filament de platine. A l’époque où ces expériences ont été ellec- tuées, le passage du courant a été attribué au transport d’atomes de carbone ou de platine élec- trisés négativement. Cette hypothèse tirait quel- que vraisemblance du fait que les filaments de carbone et de platine émettent réellement de fines particules dont le dépôt sur l’ampoule en provoque le noircissement après un fonctionne- ment de longue durée ‘. $ 3. — La théorie des ions La théorie des ions, suggérée par les décou- vertes de Roentgen et de Becquerel, mise au point par J. J. Thomson, a été appliquée par ce dernier savant à l'explication des phénomènes précédents. Ces phénomènes ne sont pas sans analogie avec ceux que présentent les gaz ionisés : d'où l’hypo- thèse d'une certaine action du métal incandes- cent sur le gaz environnant, action qui entraîne l’ionisation de celui-ci. * La conductibilité électrique: des gaz qui ont séjourné au voisinage des corps incandescents présente de grandes analogies avec celle des gazs ionisés par les rayons X ou les radiations radioactives. Ainsi, le courant qui s'établit entre deux électrodes plongées dans le gaz croît avec la force électromotrice appliquée, d’abord assez vite, puis de plus en plus lentement et tend vers une limite (courant de saturation). Signalons cependant des différences importantes : . Les propriétés des gaz dépendent'beaucoup de la température du filament : au rouge naissant, le gaz décharge un conducteur électrisé négati- vement, mais demeure sans action sur un con- ducteur positif ; pour des températures suflisam- ment élevées, le gaz décharge avec une égale 1. Les particules négatives dont nous postulons l’existence se déplacentle long des lignes de force du champ électrique qui aboutissent au filament, mais en sens inverse de la direc- tion de ces lignes (puisque les lignes de force sont, en tout point de l'espace, tangentes à la force qui agirait sur une charge positive égale à l’unité placée en ce point). Si la plaque est à un potentiel supérieur à celui du fila- ment, c'est-à-dire si elle est positive par rapport au filament, les lignes de force du champ électrique partent de la plaque et vont aboutir au filament , les particules négatives libérées par le filament « remontent » les lignes de force et viennent rencontrer Ja plaque. 11 faut noter que le filament n’a pas un potentiel uniforme, puisqu'il est parcouru par un courant; il se produit le long du courant une chute régulière de tension. Les potentiels des différents points sont compris entre celui du pôle posilif ét celui du pôle négatif de la source génératrice. La plaque peut donc être positive par rapport à certaines régions du filament - et négative par rapport à d’autres. Dès qu'elle devient posi- tive par rapport à un élément du filament, les particules libé- rées par cet élément gagnent la plaque et on constate un cou- rant dans la partie métallique du cireuit filament-plaque. PAR LES CORPS INCANDESCENTS ER ES 173 facilité les conducteurs des deux signes. D'où il faut conclure qu'à bassetempérature les ions en- gendrés dans le gaz par le métal sont tous posi- tifs, tandis qu'à des températures plus élevées les ions des deux signes existent dans des pro- portions sensiblement égales. $ 4. — La théorie électronique La théorie électronique suppose la présence, dans les conducteurs, de corpuscules négatifs ou électrons, dont les mouvements sont analogues à ceux qu’on attribue aux molécules gazeuses dans la théorie cinétique. [L'existence d’un champ électrique dans le conducteur a pour effet de superposer au mouvement désordonné de ces électrons un mouvement dirigé suivant le sens de la chute de potentiel et dont la vitesse moyenne dépend de la grandeur du champ élec- trique : le mouvement de ces électrons constitue le courant électrique. L'énergie du mouvement calorifique des élec- trons libres dont nous venons d’envisager l’exis- tence augmente avec la température. Il est pos- sible qu’à une certaine température éette énergie soit suffisante pourentraîner les électrons à l'ex- térieur du conducteur. Dans ces conditions, le conducteur devient capable d'émettre de l’élec- tricité négative. L'émission d'électricité négative par les corps incandescents apparaît donc comme très analo- gue à l'émission des molécules que donne la va- porisation d’un solide ou d’un liquide : on peut assez bien l’assimiler à une vaporisation d'élec- tricité. L'émission d'électricité positive aux tempéra- tures relativement basses semble procéder d’un tout autre mécanisme. II. — L’ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ NÉGATIVE PAR LES CORPS INCANDESCENTS $ 1. — Etude expérimentale des courants d'ionisation La figure 1 représente un dispositif expéri- mental permettant d'étudier aisément les cou- rants d'ionisation produits par les corps incan- descents. Le filament à étudier A, supporté par des fil plus gros B et C, est fixé au centre d’une élec- trode cylindrique E, constituée par une feuille ou mieux une toile métallique que supporte le conducteur F. Le tube H permet de faire le vide dans l’ampoule D qui renferme l’ensemble du dispositif. Dans toutes les expériences relatives à l’étude des courants d'ionisation, il est de la plus grande importance, non seulement de vérifier minutieu- sement la pureté chimique des substances uti- ” lisées, mais encore de s'assurer que des traces de gaz ne sont pas mises en liberté dans l’ampoule au cours de l'expérience. Le meilleur moyen consiste à faire un vide aussi poussé que possi- ble dans l’ampoule, en même temps qu’on en chauffe les parois et qu'on porte le fil A à l’incan- descence au moyen d’un courant électrique. En outre, pour chasser‘toute trace de gaz du métal constituant l’électrode cylindrique E, il est bon de la soumettre au bombardement intense de rayons cathodiques obtenus en portant A à un potentiel élevé. Pour l’étude de l’ionisation, on produit l’in- candescence du filament À au moyen d’un cou- rant électrique. Il est hors de doute que les Fig. 1. — Dispositif pour l'étude des courants d'ionisation. champs électrique et magnétique créés par le courant doivent influer sur le mouvement des ions. Mais les effets semblent négligeables tant : qu’on ne fait pas appel à de trop fortes inten- sités. La plupart des phénomènes auxquels donne lieu l'émission d'électricité par les corps incan- descents sont sensibles aux moindres variations de la température. Aussi, dans l’expérience que nous décrivons, est-il essentiel de maintenir la température constante. C’est ce qu’on réalise de la manière suivante : Le filament À constitue l’une des branches d'un pont de Wheatstone qui est actionné par la batterie destinée à produire l’incandescence (fig. 2); trois autres résistances, K, BE et M con- stituent les autres branches. La plus grande partie du courant d’échauffe- ment est fournie par la batterie P ; le système de rhéostats Q,R,S permet d'atteindre une grande précision dans le réglage. A. BOUTARIC. — L'EMISSION D'ÉLECTRICITÉ Le filament A devant être porté à une témpé- rature élevée, il estnécessaire de le faire traverser par un courant intense. Aussi la résistance de Ja branche M doit-elle être du même ordre de gran- deur que celle de la branche A, afin de pouvoir supporter un courant intense sans donner lieu à un échauffement exagéré. Si les résistances K et L sont très grandes par rapport aux résistances M et À, tout le courant passe pratiquement par M et par A et les branches K et L ne risquent pas de s'échauffer trop fortement. La résistance du filament À variant notable- ment avec la température, l’ensemble du dispo- sitif constitue un indicateur de température Fig. 2, — Dispositif pour maintenir la température constante dans l'étude des courants. À, filament ; E, électrode; K, L, M, résistance formant le pont de Wheatstone; G, galvanomètre ; P, batterie ; Q,R,S, rhéostats; T. interrupteur; C, appareil de mesure; U, batterie. extrêmement sensible. On maintient la tempé- rature constante, le pont étant préalablement réglé, en agissant sur les résistances Q, R,S, de manière que le galvanomètre demeure au zéro. Pour évaluer le courant thermo-ionique, on relie le cylindre E au point V du circuit d’échauf- fement par l'intermédiaire d’une batterie U, de l'interrupteur T et d’un appareil de mesure C. La . batterie U sert à créer dans l'intervalle AE un champélectrique mettant lesions en mouvement. Lanature de l’appareil de mesure C dépend de la grandeur des courants qu’on utilise : pour des courants intenses, on peut utiliser un galvano- mètre ordinaire ou même un milli-ampère- mètre ; mais avec les faibles courants qu'on obtient aux températures relativement basses, l'emploi d'un électromètre s'impose. Différentes méthodes peuvent être utilisées pour évaluer la température du filament. Quand là résistance du filament en fonction de la température est suffisamment: connue (platine, tungstène), la mesure de la résistance fait con- naître la température. Un couple thermo-électrique peut également ns bi ns à PAR LES CORPS INCANDESCENTS 175 donner des résultats intéressants; mais son em- ploi devient difficile dans le cas de filaments très - fins, par suite de la diminution locale de tempé- rature qu’il entraine. $ 2. — Théorie de l'émission des électrons par les corps incandescents L'émission d'électricité par les corps incandes- . cents a été assimilée par Richardson à une sorte de vaporisation d'électrons, analogue à la vapo- risation des corps liquides ou solides sous l’ac- tion de la chaleur. Il a donné deux théories, calquées sur celles de la vaporisation : une - théorie thermodynamique et une théorie ciné- tique. a) Considérations thermodynamiques. — En- fermons un métal dont la tension de vapeur soit négligeable dans un récipient où l’on a fait le . vide et qu'on maintient à la température T. Le . métal émet des électrons vers l’espace libre. Mais, en vertu de leur agitation thermique, ces électrons tendent, d'autre part, à retourner vers ._ le métal. Il s'établit finalement un état d’équi- libre dans lequel le nombre des électrons qui - retournent au corps solide, dans un certain - intervalle de temps, est égal au nombre des élec- _trons émis. Désignons, à ce moment, par » le nombre d’éléctrons contenus dans un centfmètre . cube de l’espace libre et par p la pression qu'ils exercent. _ La Thermodynamique permet d’établir une . relation entre la pression p exercée par les élec- _trons et la température absolue T de l’enceinte. Soit ? le volume de l'enceinte. Si l’on adapte au récipient qui limite cette enceinte un cylindre - muni d’un piston, on peut, par le jeu du piston, provoquer des changements qui modiferont l’entropie S du système. En désignant par ® la variation de l'énergie du système qu’entraine le passage d'un électron du métal vers l'enceinte, on a : (1) AS=— Rd (nv®) + pdv], ce qu'on peut écrire : dS— r[(e + nee RE) de Lv dar] \ 2 d’où l’on tire : ON 1 on D G=rlrtretl] ë , dS\ _v dnd (3) îT) LOT. En égalant les deux valeurs de= LE vT que four- nissent les équations (2) et (3) et tenant compte de la relation évidente 2? — 0, on obtient : [4 (4) TPE Ent. La pression p des électrons contre le piston est évale à celle qu’exercerait un gaz parfait com- prenant par unité de volume le même nombre de molécules : (5) p=n#T, : 4 désignant la constante des gaz rapportée à une molécule. Portons cette valeur de p dans l'équation (4) On a: dn p 6 le (6) nr k LA d’où : = D TE dT (7) n—=AÂe ; la constante A étant indépendante de la tempéra- ture. On obtient ainsi une relation entre le nombre d'électrons par unité de volume et la variation d'énergie qu’entraine l'émission d’un électron par le corps solide. Or, d’après les principes de la ne cinéti- que des gaz, le nombre N'des électrons qui attei- gnent, pendant l'unité de temps, l'unité de sur- face du métal est : f (8) N'=# 1 KT (r désigne la masse d’un électron). D'autre part, lorsque l’équilibre est réalisé, le nombre N des électrons émis doit être égal au nombre N' des électrons captés. D'où : Ji LR 7 (9) N—N—A 2m Des considérations thermodynamiques dont nous ne pouvons donner le détail ici permettent d'établir entre ® et T la relation approchée : dB _ dy 1 7 désignant le rapport des chaleurs spécifiques des électrons à pression constante e! à volume constant. On entire : (41) (10) 00 : 5 ce qui donne, pour - (A1 bis) D = Do + SAT. 176 A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ Représentons enfin par : la charge électroni- que élémentaire. Le courant de saturation : — Ne prend, pour cette valeur de ®, ia forme : — D, iNe DIE ACe, B et ®, étant des constantes indépendantes de la température. b) Considérations cinetiques. — La théorie ci- nétique classique fournit une relation simple entre le nombre des molécules par unité de volume qui existent en deux points quelconques d'un système à température uniforme et le tra- vail nécessaire au déplacement d’une molécule d’un point à l’autre. Appliquant cette relation au problème envisagé, on obtient, en désignant par », le nombre d’électrons libres par unité de volume à l'intérieur du corps incandescent : D AT n—n,e à (13) Combinant ce résultat avec celui que donne la relation (8) entre le nombre N d'électrons émis par unité de temps et le nombre 7 d'électrons contenus dans l'enceinte extérieure au corps in- -candescent lors de l’équilibre, on en déduit le courantsde saturation par unité de surface : Co \ PA EENT del k FE (LM Ne Te le 2r/N SYES Supposons ® indépendant de la température et égal à ®, : 4° Si, est également indépendant de la tem- pérature, l'expression (14) prend la forme : CUS RTE t1— À, 1?e (15) ; 3 2 Sin, est proportionnel à T*; on obtient la relation : | D, DA Et 1 (16) LEA e identique à (12). Les différents calculs dont nous venons d’in- diquer le principesupposentque les mouvements des électrons dans le métal obéissent aux lois de la Dynamique classique. Cette hypothèse sou- lève certaines difficultés. Ainsi, les propriétés optiques des métaux donnent à penser que le nombre des électrons libres est trés grand; si tous ces électrons possédaient l’énergie que leur attribue la théorie cinétique, la chaleur spéei- fique prendrait une valeur bien supérieure à la valeur expérimentale. La variation générale de la chaleur spécifique des métaux est en contra- diction avec l'hypothèse d'un nombre considé- rable d'électrons libres si ces électrons obéissent aux lois dela Dynamique classique. Quelques-unes de ces difficultés disparaissent quand on substitue à cette Dynamique le groupe d'hypothèses qui sert de fondement à la fhéorie des quanta, dont on sait les applications intéres- santes aux lois du rayonnement, aux propriétés des corps pris sous des températures très basses, à la photo-électricité, à la structure atomique, etc. D'après cette théorie, l'équation (13) devrait être considérée, non comme rigoureusement vraie, ainsi que le veut la Dynamique classique, mais comme la limite vers laquelle tend une expression plus générale quand la température s’élève suffisamment. Li] $ 3. — Relation entre le courant et la force électromotrice sous différentes pressions Les premières recherches effectuées avec un dispositif analogue à celui que représente la fi- gure 1 ont montré quela relation entrele courant et la force électromotrice est indépendante de la nature du filament, pourvu que celui-ci ait été préalablement porté à l’incandescence pendant üun temps assez long!. É Pour de faibles valeurs de la tension et sous des pressions de l’ordre de grandeur de la pression atmosphérique, le courant est propor- tionnel à la tension ; maïs, à mesure que la ten- sion augmente, l'accroissement relatif du courant (saturation). Le nombre des ions issus du fila- ment, par seconde, a donc une limite finie. Dans l'air, aux températures peu élevées, le résultat précédent ne se vérifie que pour des fila- ments positifs ; il n'y a pas de courant appréciable lorsque le filament est électrisé négativement. ment. de mercure, les variations du courant avec la température sont entièrement différentes. Pour un filament négatif, il n’y a aucun indice de satu: ration : le courant croît en général plus vite que la différence de potentiel. Le courant obtenu avec un filament positif est représenté sur la figure 3 : pour une certaine valeur de la force électromotrice, il semble qu'une saturation soit | atteinte; en réalité, le courantaugmente ensuite à nouveau si l’on continue à faire croître la tension. —_—_—q 1. Me CéecranD : Camb. Phil: Proc:, t. XVI, 1901. va en diminuant et tend vers une valeur nulle. Aux températures élevées, les résultats devien= nent analogues, quel que soit le signe du fila- Sous des pressions de quelques millimètres … p. 296;/ nd fiat des PAR LES CORPS INCANDESCENTS 177 ————————————————————————…—…——ppc Me Clelland a montré qu'on pouvait interpréter ces divers phénomènes en admettant quelesions libérés à la surface du filament sont capables, sous l'influence accélératrice du champ électri- que, de produire de nouveaux ions par leur choc contre les molécules neutres. Dans le cas des ions positifs, cet accroissement du courant attri- buable à l’ionisation par choc ne commencerait à faire sentir son action que pour une différence de potentiel de 200 volts entre les électrodes. L'existence d’une saturation apparente pour des potentiels plus faibles montre que tous les ions mis en liberté sont alors captés par le cylindre etqu'il n’y a pas, à ce moment, de courant supplé- mentaire dû à l’ionisation par choc. — L'absence pas LE) ss =] lcensit O0 40 8C 120 160 200 240 280 320 360 Volts Fig. 3.— Variation du courant thermo-ionique en fonction de la différence de potentiel. de saturation pour les fils négatifs conduit à penser que l'ionisation par choc prend naissance avant que soit atteinte la tension qui détermine la saturation : aussi la partie a b de la figure 3 est-elle absente. Wilson ! a fait une étude plus complète de la relation entre le courant, la pression et la force électromotrice, dans le cas des fils négatifs. Pour les pressions élevées aussi bien que pour les pressions très faibles, le courantestindépendant de la force électromotrice, sauf pour les forces électromotrices très faibles. Dans le premiercas, les molécules sont si rapprochées que les ions ont un libre parcours trop faible pour qu'ils puissent acquérir l'énergie nécessaire à l’ionisa- tion par choc. Dans le second cas, ils ne rencon- trent pas de molécules sur leur parcours. L’ioni- sation par choc se produit dans un intervalle de pressions moyennes dont l'étendue dépend de la différence de potentiel appliquée. En fait, si l’on maintient le filament sous ‘un potentiel constant et qu'on augmente graduellement la pression à partir de zéro, le courant va d’abord en croissant, passe par un maximum, puis décroit, 1. WiLsoN : Phil. Trans., À, t. CCC, p. 243; 1903, S 4. — Variation de l'émission électronique en fonction de la température De nombreuses recherches ont été consacrées à étudier l'influence de la température sur l'émission électronique. Les résultats obtenus ne sont pas très concordants. Ils indiquent tous, néanmoins, une croissance extrêmement rapide de l’émission en fonction de la température. Ainsi, dans une expérience faite sur un filament de sodium, on a constaté que le courant électro- nique croît de 1,8><10-° ampère à 1,3>x<10-*am- père quand la température passe de 217° C.à 427°C. : une élévation de la température à peine supérieure à 200° a. suffi pour rendre le cou- rant 107 fois plus grand. Les substances diffèrent surtoutentre elles par la valeur de la température pour laquelle l’émis- sion devient appréciable. On peut donner comme indication générale qu’un galvanomètre sensible ne décèle habituellement aucun courant quand la température du corps incandescent est infé- rieure à 1.000° C. Les considérations théoriques que nous avons précédemment exposées ($ 2) conduisent à l’une des deux formules suivantes pour exprimer la variation du courant d’ionisation avec la tempé- rature : \ b d LT x 45) i—AT’e ,, (16) 14 CTe qui deviennent, en prenant les logarithmes vul- gaires des deux membres : TE, ; EL b (15 bis) logi—5logT=log À — 55 ; : d (46 bis) logz—2 log T — log C 230371 Si la variation de l'intensité en fonction de la température est exprimée parla relation (15 bés), les valeurs expérimentales de log Η 5 log T doivent varier linéairement en fonction de 1/T. Si la variation est exprimée par la relation (16 bis), ce sont les valeurs expérimentales de log i — 2 log T qui varieront linéairement en fonction de 1/T. Il semble done qu’il n’y ait, pour choisir, qu’à porter sur un graphique, en fonction de T, les 2% Au valeurs expérimentales de log :— : log T d’une part, les valeurs expérimentales delogi—21ogT d'autre part, et à voir quelle est la série qui se dispose suivant une droite. En réalité, on obtient très sensiblement une droite dans les deux cas. En sorte que les deux formules représentent suffisamment, l’une et l’autre, les résultats de l’expérience. On adopte A. BOUTARIC, — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ de préférence la formule (15), sans qu'il y ait, semble-t-il, des raisons bien décisives en faveur de ce choix!. Tagceau I SUBSTANCES | OBSERVATEURS Richardson .. 103%117,8 10: Carbone ...,.. Deininger....|14,68 102515,49 — Langmuir....|1,49 102%14,87 — Richardson ..|7.5 10%14,93 — NVilson ete 6,9 10*%16,55 — Wilson. ..... 4,17 40277,25 — Richardson ..| 5 10?816,78 — Platine ....... Deininger....13,06 10#16.1 — Horton ...... 1,6 10216,14 — Wilson. ..... 2 101128 — Langmuir....|2,02 10%18,0 — Schlichter....17,2 102%15,11 — É : ( Langmuir....|1,55 4102%615,25 — Tungstène ... ) K.K.Smith..13.0 1027|5,47 — { Deininger....|2,7 102114,42 — Fantale | Langmuir....|7,45 402%|5,0 — Molybdène....| Langmuir..,.|1,38 102%615,0 — Nickel. : 4" Schlichter....12,9 10%]3.4 — Calcium ,.... .| Horton ...... 1,1 103,3,65 — Sodium, .... ..| Richardson. 10#13,16 — Le Tableau I donne, d’après Richardson?, les valeurs des constantes quientrent dans l’équa- tion (15). Toutefois on a indiqué, au lieu de A, les valeurs de A, —A/: pour:—#4,8 X10-#U.E.S., en sorte que la formule mise sous la forme : b RE (15ter) N=A, T'e $ donne directementla variation du nombre des électrons émis. On voit, d’après le Tableau 1, que les diffé- rentes valeurs obtenues pour une même sub- stance different entre elles beaucoup plus que ne semblent l'indiquer les erreurs possibles sur les mesures. En réalité, la détermination expérimentale des constantes d'émission constitue un pro- blème extrêmement complexe, surtout à cause de l'influence qu’exercent, sur le courant d'ioni- sation, les moindres traces, dans l’atmosphère ambiante, d’un très grand nombre de gaz, ainsi que certaines impuretés du métal étudié. $ 5.- — Influence des gaz sur l'émission électronique L'influence des gaz sur l'émission électroni- que semble parfois très capricieuse, Avec le 1. Faisons remarquer en passant l'analogie de la formule (15 bis) avec celle de Dupré relative à la vaporisation, En effet, d’après la théorie de Richardson, l'émission des élec- trons est assimilable à une vaporisation de matière. 2, RicnanDsow: The emission of electricity from hot bodies, p. 69. platine, par exemple, l'émission garde la même valeur, pour une température déterminée et sous des pressions très faibles, dans l'air, l’azote et la vapeur d’eau; elle s’accroit au contraire énormément par la présence de traces d'hydro- gène, de mercure, d’anhydride phosphorique. L’effet accélérateur de l'hydrogène a été con- staté également sur le palladium et le sodium. Il est à remarquer que :le platine, le palla- dium et le sodium se ressemblent par l'extrême facilité avec laquelle ils dissolvent l'hydrogène et se combinent à lui. Par contre, Langmuir! a signalé que l’hydro- gène diminue notablement l’émission du tungs- tène, ce qu'il attribue à l’action de la vapeur d'eau produite par des actions secondaires, plutôt qu’à l'hydrogène lui-même?. Tous les gaz essayés, sauf l’argon, réduisent le courant de saturation du tungstène (il est pro- bable que les autres gaz inertes se comporte- raient comme l’argon). Parfois, certains gaz chi- miquement actifs semblent accroître l'émission du tungstène, mais ce n’est là qu’une apparence due à ce que la saturation n’a pas été atteinte; dans ces conditions, les ions positifs mis en li- berté sous l'influence de l’ionisation par choc dans le gaz permettent qu’on s'approche da- .vantage du courant de saturation pour une dif- férence de potentiel donnée. $ 6. — Emission électronique de quelques corps composés La propriété que possèdent un certain nom- bre d’oxydes d'émettre des électrons a été mise en évidence pour la première fois par Weh- nelt: en étudiant les potentiels de décharge entre électrodes de platine dans un tube à vide, Wehnelt a constaté qu’une couche même très mince de certains oxydes, par exemple des 1. LancmuiR: Phys. Rev., t. II, p. 463 ; 1913, 2, Signalons à ce propos ies avantages que présente le tungstène pour les expériences relatives à l'émission élec- tronique : 1° C’est le corps le plus réfractaire que l'on con- naisse; il fond à 3.270° C. et il est très peu volatil aux tem- pératures les plus élevées. Aussi peut-on le chauffer fortement, pendant un temps suflisant pouréliminer toutes les impuretés; sans qu'il subisse une perte de poids appréciable ; 2° À haute température il permet d'obtenir des courants électroniques intenses: ainsi Richardson a observé une perte thermo- ionique de 0,4 ampère sur un filament fin dont l'incandes- cence ne nécessitait que 0,8 ampère ; dans ces conditions, la densité du courant thermo-ionique atteignait # ampères par cm? de la surfacé d'émission ; 3° À cause de l'emploi du tungstène à la eonfection des filaments de lampes à incan- descence, on a étudié soigneusement ses propriétés électri- ques et rayonnantes ; 4° Enfin, il joue le rôle d'agent purif- cateur, en formant avec les principaux gaz, sauf les gag inertes, des composés qui sont ensuite volatilisés et vont se déposer sur les parois de l'ampoule, L 3 Weunerr : Phil, Mag,, t. X,p. 88; 1905. PAR LES CORPS INCANDESCENTS 179 oxydes de calcium, de strontium, de baryum, ré- duit notablement le potentiel de décharge ; un effetanalogue, quoique moins sensible,estexercé par les oxydes de magnésium, de zinc, de cad- mium, d'yttrium, de lanthane,-de thorium etde zirconium. Au contraire, les oxydes de gluci- nium, d'aluminium, de thallium, de titane, de cérium, de fer, de nickel, de cobalt, de chrome, d'uranium, d’étain, de plomb, de bismuth, d'argent et de cuivre n’exercent aucune influence. L'émission des oxydes alcalins suit des lois analogues à l'émission des métaux ; les courbes qui représentent la variation du courant en fonc- tion dela tension ont même allure : elles indi- quent l’existence d’une saturation pour les pres- sions faibles aussi bienque pour les pressions élevées, et elles révèlent la présence d’effets dus à l’ionisation par choc pour des pressions intermédiaires, de l’ordre du millimètre. L'émission des cathodes de Wehnelt (catho- des métalliques recouvertes de chaux ou de ba- ryte) a fait l’objet de nombreuses recherches à: cause des applications pratiques dont elles peu- vent être l’objet comme sources de courants électroniques. L'émission d'électrons sous l’action de la cha- leur ne se limite pas aux corps simples et aux oxydes. Elle semble appartenir à toutes les substances qu’on peut porter à des températures suffisamment élevées, parmi lesquelles nous ci- terons les sels suivants: Ca [?, Srl?, Ba [l?, GdulP,CarF?;, Ca Br? Mn Cl, Fe Cl: Les iodures alcalino-terreux, en particulier, sont remarquables par l’émission intense qu'ils four- nissent à des températures relativement basses : on a pu obtenir, par l’emploi d’un fragment d'iodure de baryum recouvrant à peine quel- ques millimètres carrés_d’une lame de platine, un courant de 2 milliampères sous une tempé- rature tellement basse que la lame de platine était à peine visible. $ 7. — Sur la cause de l'émission électronique On à parfois attribué à une action chimique l'émission d'électricité qui s’observe dans les corps incandescents. ke Dans certains cas, en effet, l’action chimique d’un gaz sur un solide semble déterminer une émission d'électrons. Haber et Just! ont mon- tré que l’action sur les métaux alcalins, leurs amalgames et leurs alliages, de l'oxygène, de l’acide chlorhydrique, de l'hydrogène phos- phoré, de la vapeur d'eau et de quelques autres vapeurs chimiquement actives provoque une LEE TA ENS SP Ge SEE 1. Haser et Juar: Ann. der Physik, t. XXXVI, p. 308; 1911. émission considérable d'électrons. Encore cer- tains auteurs ont-ils prétendu qu'on se trouve, même dans ce cas, en présence d’une émission thermique déterminée par l'accroissement local de la température dans la couche superficielle, accroissement provoqué par la chaleur que dégage l’action chimique. L'activité d'une cathode recouverte de chaux a été attribuée à la recombinaison du calcium et de l'oxygène mis en liberté électrolytique- ment par le passage du courant. D'une manière analogue, l’émission par le carbone a été attribuée à une action chimique entre le carbone et des traces d’impuretés ga- zeuses, sans que les expériences qui ont servi à étayer cette hypothèse soient absolument con- vaincantes. En réalité, il semble bien qu'on n'ait jamais établi avec certitude que l’action chimiquesoitla cause directe et immédiate de l'émission d’élec- trons. Et même, certaines expériences de Ri- chardson ! paraissent indiquer que l'émission du tungstène dans un bon vide est une propriété atomique et ne peut être attribuée à des actions chimiques entre le tungstène et des traces d’im- puretés; d’après Richardson, ces expériences excluent l'hypothèse d'une activité chimique comme cause de l’émission. Plus récemment, J. Langmuir? a formulé la même conclusion à la suite de recherches qui méritent une mention spéciale. On sait qu’à l’intérieur d’une ampoule à incandescence à fila- ment de tungstène le vide est très élevé (de l'or- dre du millionième de millimètre de mercure) dès que la lampe a fonctionné un certain temps; le courant qui va d'un point à l’autre du fila- ment est certainement très faible, tandis que d’après l’équation de Richardson l’émission du tungstène à des températures voisines du point de fusion devrait atteindre plusieurs ampères par em?. Langmuir a montré que la petitesse des courants thermo-ioniques tient, non à ce que le. filament n’émet pas d'électrons, mais à ce que le potentiel de l’anode est insuffisant pour main- tenir un courant intense autour du filament. Dans une de ses expériences, Langmuir monte dans une ampoule deux filaments de tungstène ayant la forme d'une boucle simple. Après avoir fait le vide le plus poussé possible et traité les électrodes de manière à les libérer des gaz oc- clus, il chauffe, au moyen d’un courant, le fila- ment qui servira de cathode. Il applique un 1. RicuarpsoN : Phil. Mag., t. XXVI, p. 345; 1913. 2. J. LANGuUIR : Proc. of the Institute of Radio Engineers, t. IL, p. 261, 1915 ; General Electric Review,t. XVIII, p.327, 1915; Electrician, 1. LXXV, p. 240, 1915. Li, For “a PR ET ET 77 180 _ potentiel constant et positif à l’autre filament, fonctionnant comme anode, et il branche un galvanomètre entre les deux filaments : les lec- tures du galvanomètre pour des échauffements cathodiques variables permettent d’étudier la relation entre le courant thermo-ionique et la température. Les résultats obtenus par Langmuir sontrepré- sentés par les courbes de la figure 4, qui com- prennent deux parties : dans la première, le cou- rant augmente suivant l'équation de Richardson et est indépendant du potentiel ainsi que de la 140 120 100 80 60 eres Es Q P Milliam n © 0 2100 abs. 2200 2500 Fig. 4. — Relation entre le courant thermo-ionique et la température. 2300 2100 forme et des dimensions de l’anode; dans la se- conde, le courant est influencé par ces deux fac- teurs, Si l’on maintient constant le potentiel de _l’anode, le courant atteint finalement la satura- tion et un nouvel accroissement de température de la cathode ne produit aucune augmentation sensible du courant thermo-ionique. En élevant le potentiel anodique, on augmente la valeur du courant de saturation ainsi que latempérature à laquelle doit être portée la cathode pour que la saturation soit atteinte. Cette limitation du courant thermo-ionique par le potentiel de l’anode semble devoirétreat- tribuée aux électrons transportant le courant, qui réalisent entre les électrodes une sorte d’« électrisation de l’espace » et repoussent vers le filament les électrons qui s’en échappent. A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ Langmuir a étudié l'effet de cette électrisation de l’espace et calculé que le courant thermo- ionique maximum qui puisse s'établir dans l'espace compris entre la cathode et l’anode est proportionnel à la puissance 3/2 de la différence de potentiel entre les électrodes ; ses résultats expérimentaux sont en accord complet aveccette loi dans les cas où le videest suffisamment élevé pour qu’il n’y ait pas d’ionisation positive appré- ciable dans l’ampoule!, $ 8. — Nature des ions négatifs produits par les corps incandescents Pour étudier la nature des ions négatifs pro- duits parles corps incandescents, J.-J. Thomson? a mesuré le rapport :/m de leur charge élec- trique « à leur masse. Un filament rectiligne du métal C, disposé de manière à pouvoir être chauffé par un courant électrique qui le traverse, est disposé parallè- lement et immédiatement en face d’un plateau de métal À avec lequel une des extrémités du filament est reliée électriquement. Un second plateau B, parallèle à A, est mis en communi- cation avec les quadrants d’un électromètre. On établit entre les plateaux une certaine diffé- rence de potentiel qui produit ua champ électri- que d'intensité X. | On enfermeles plateaux et le filament dans une ampoule de verre où l'on fait le vide jusqu’à ce que la pression du gaz soit assez faible pour que le libre parcours moyen des molécules gazeuses soit supérieur à la distance entre les plateaux. Dans ces conditions, on peut négliger l'influence des molécules gazeuses sur le mouvement des ions. On dispose l’ampoule dans un champ magné- tique H dontla direction est parallèle au filament. Les ions issus du filament sont ainsissoumis à l’action d’un champ électrique constant, per- pendiculaire aux plateaux, et d’un champ magné- tique constant, parallèle à la longueur du fila- ment. ' Si l’on prend comme plan x — 0 le plan du plateau A, et comme axe des z une direction pa- rallèle au champ magnétique H, on établit que la ‘plus grande distance que puisse parcourir une particule électrisée, issue du plan x = 0 à l’in- stant / — 0 avec une vitesse nulle, est: m X ri:U Désignons par d la distance des plateaux. Dans les conditions précisées, c’est-à-dire le fil coin- cidant avec la partie antérieure du plateau A, le (17) ri V1 4.9. Lancmuir : Physical Review, 2° série, t.II, p. 450; 1913. 2, J. J. Tnomson : Phil. Mag., t. XL VIII, p.547; 1899. . PAR LES CORPS INCANDESCENTS 181 oo courant reçu par le plateau B dépend de la valeur (REA x Me Ur! ==. Si est inférieur à —; aucun H? H? 2m des ions issus du filament n’atteindra le plateau du quotient 5 Se RE d : B. Si, au contraire, . dépasse + tous lesions atteindront B. Il existe donc une valeur critique x de passe brusquement de zéro à un maximum: dési- pour laquelle le courant qui va de À à B gnons-la par (he On a évidemment: ; € 2//X CA PSE (me Pratiquement, le courant ne subit pas une varia- tion aussi brusque que l'indique la théorie. Pour X TE le courant est sensiblement nul; il se manifeste pour une cer- de très petites valeurs de e X 2 “ taine valeur de =; croit avec cette dernière, H? d’abord lentement, puis de plus en plus vite, puis à nouveau lentement, de manière às’appro- cher asymptotiquement du maximum final cor- respondant aux grandes valeurs de = Cette di- vergence entre la théorie et l'expérience doit sans doute être attribuée à ce que les ions ne sont pas émis avec une vitesse nulle ; on a pu établir, en effet, que les vitesses au départ va- rient dans un large intervalle. Bien que la variation de la courbe qui repré- sente le courant d’ionisation en fonction de r 4 TEL soit pas brusque, ce qui diminue la préci- - sion de la méthode de mesure de :/m, les valeurs obtenues sont suffisamment exactes pour per- mettre d'établir la nature des ions négatifs. Les expériences de Thomson fournissent: = —8,7 X10$ U.E.M., m valeur du même ordre de grandeur que celles antérieurement obtenues par Wiechert pour les rayons cathodiques, par Lenard pour les rayons de Lenard et par Thomson pour les ions qui s’échappent des métaux sous l'influence de la lu- mière ultraviolette. On sait que le quotient :/m relatif à l'atome d'hydrogène dans l'électrolyse vaut 9.649 U.E.M. Or, un certain nombre d'expériences permettent d'établir que la charge : transportée par les cor- puscules issus des corps incandescents est la même que celle d’un atome monovalent dans l’électrolÿse. On peut en conclure que les cor- puscules négatifs envisagés ont une masse très inférieure à celle des atomes chimiques : ils ne sont autres que les électrons négatifs qui inler- viennent dans la structure des atomes, dans les rayons cathodiques, etc. Par une méthode différente, Richardson! a trouvé 1,45 x 107. U.E.M. pour les corpuscules négatifs émis par le platine et 1,49 X 107. U.E.M. pour ceux qui s’échappent du carbone. ILE. — L'ÉMISsION D'ÉLECTRICITÉ POSITIVE PAR LES CORPS INCANDESCENTS Les expériences anciennes de Guthrie, et d’Elster et Geitel, ont établi l'existence d’une émission d'ions positifs par les métaux chauf- fés dans le vide, tout à fait indépendante de la présence d’une atmosphère gazeuse. $ 1. — Variation de l'émission positive en fonction du temps Elster et Geitel ont mis en évidence le carac- tère transitoire du phénomène. Quandon chauffe ls. 160 80 9 $ S S Ni DS (0 40 80 120 Temps en minutes Fig. 5. — Variation de l'émission posilive en fonction du temps. pour la première fois un métal dans le vide et qu’on maintient la température constante, l’é- mission positive, notable au début, diminue pro- gressivement, en sorte que lephénomène semble caractériser quelque propriété exceptionnelle des métaux vierges de tout échauffement dans le vide, mais non le métal lui-même. La forme de la courbe de décroissance du cou- rant en fonction du temps varie d’un échantillon à l’autre. Elle dépend aussi de la température. La figure 5 en donne l'allure générale : le courant décroit rapidement au début, puis de plus en plus lentement et s'approche asymptotiquement 1. RicuArpsoN : Phil. Mag.,t. XVI, p. 740; 1908, d’une valeur. La variation de # peut être repré- sentée par l'équation : (49) A et k désignant deux constantes. Cette équation pourrait s’interpréter dans l'hy- pothèse que les ions transportant la portion {—& -du courant proviennent de la décomposition de quelque substance présente dans le filament, la vitesse d’'émis- sion étant propor- tionnelle à la quan- i— 1 —Ae=#, 70 60 tité de substance. 50 Souvent, la varia- 40 tion en fonction du | temps est plus com- 30 plexe que ne l’indi- ” quent l'équation (19) à et la courbe de la So figure 5 : la chute = rapide du début est suivie d'une crois- sance et d'un maxi- mum, après quoi se produit la diminu- tion lente et régu- lière (fig. 6). Cette variation rappelle celle qu’on observe dans cer- tains phénomènes radioactifs et peut être inter- prétée, d’une manière assez analogue, par la _présence, dans le métäl, de deux substances “susceptibles de se décomposer en donnant des ions. () 10 Temps 20 30 U0 50 60 Fig. 6. — Autre cas de variation de l'émission positive en fonction du temps. $ 2. — Variation du courant avec la force électromotrice Les courants qui s’établissent, dans le vide, entre un fil incandescent positif et une cathode convenable, sous des forces électromotrices dif- férentes, varient d’une manière très complexe, en fonction de la force électromotrice. D'après Richardson et Sheard, le courant, pour un filament de platine vierge de tout échauffe- ment antérieur, augmente quand on fait croître la tension de 0 à 5 volts etpasse par un maximum vers 5 volts; il diminue ensuite légèrement, croît à nouveau, et demeure proportionnel au poten- tiel entre 40 à 400 volts. Parfois on n’observe pas de diminution après 5 volts. L'augmentation entre 40 et 400 volts disparaît graduellement à mesure que l’incandescence se prolonge. $3. — Activation d'un filament ayant été longuement chauffé Un filament métallique qui a perdu la pro- priété d'émettre des ions positifs par suile d'une A. BOUTARIC. — L'EMISSION D'ELECTRICITE incandescence prolongée dans le vide peut être à nouveau activé de différentes manières : 4° Par distillation. — Si, au voisinage d’un filament À ayant perdu, par une incandescence prolongée, la propriété d'émettre des ions, on dispose un filament B qu’on rend incandescent après l’avoir porté à un potentiel positif, À de- meurant froid, le passage d’un courant thermo- ionique de B vers À redonne au filament A la propriété d'émettre des ions par une nouvelle incandescence. Tout se passe comme si l'émis- - sion était due, au moins en partie, à une sub- stance qui distillerait d'un métal sur l’autre. 2° Sous l'influence d’une décharge lumineuse. — On rend le filament actif en le disposant dans un tube qui renferme un gaz sous une faible pres- sion et dans lequel on fait passer une décharge lumineuse. L'effet est maximum quand le fila- ment est voisin de la cathode; il devient inap- préciable sitôt que le filament en est à quelques centimètres; il disparaît également lorsqu'on dispose un obstacle solide entre le filament et la cathode, ce qui semble indiquer que l'activa- tion se produitgrâce à une émanation cathodique. 30 Par immersion du filament dans un gaz sous une pression élevée. — Klemensiewiez! a con- staté qu'un filament recouvre son activité par immersion dans une atmosphère d'hydrogène, d'azote ou d'oxygène sous une pression de 50 à 100 atmosphères et à une température voisine de 100° C. D'où il conclut que l'ionisation initiale d’un filament neuf est due aux gaz occlus. $ 4. — Variation de l'émission avec la température Les courants thermo-ioniques fournis par les - ions positifs suiventune loi analogue à celle des courants d'électrons: TRE) y i=AT'eT La valeur du coefficient 4 relative à l'émission positive est généralement plus faible que celle correspondant à l'émission électronique. Sidonc les deuxémissions pouvaient être com- parées sous des températures croissantes, on constaterait que l’émission négative augmente plus vite que l’émission positive. En sorte que, la décroissance de l'émission positive en fonc- tion du temps mise à part, il y a une nouvelle cause qui contribue à rendre l'émission positive négligeable vis-à-vis de l'émission négative, aux températures élevées. DOC ALS | L-) US AY SR MERE ES 1. Keeñexswwicz : Ann. der Physik, t. XXXVI, p. 796; 1911. ‘ $ 5. — Charge spécifique et poids atomique électrique des ions positifs La mesure de la charge spécifique «/m des ions positifs permet de connaître une grandeur qui lui est liée et qu’on peut appeler le poids atomi- que électrique M des ions.Onl’obtient en divisant la charge spécifique d'un élément monovalent de poids atomique unité, soit 9.649 U,E.M., par la charge spécifique 457 | 13,3—21,1 Aantnless rc... 486 — 376 | 52 —25,7 Timgsiène st. 1... 230 42,1 NPA des DER de 336 28.8 LOGS TOMATE 322 30,0 Nickel-chrome ......... 395 24,5 CATDONE: 2 2 same 332 29;1 Le tableau IT résume quelques résultats obte- nus par Richardson et Hulbert!. On voit que les ions ne sont ni les atomes ni les molécules des éléments qui leur ont donné naissance. Pour des poids atomiques allant de 12 (carbone) à 192 (platine), les valeurs de M demeurent comprises entre 20 et 30. L’analogie entre les valeurs obtenues semble indiquer que la majorité des iqns provient de quelque impureté commune à tous les métaux, qui n’est ni de l'hydrogène, ni un gaz léger de poids atomique inférieur à 20, car les valeurs de M sont trop élevées. Les ions pourraient être des atomes électrisés de sodium ou de potassium ou des molécules électrisées d’argon, d'oxygène, d’oxyde de carbone. De nouvelles expériences plus précises ont - fourni des nombres tous voisins de 40, en sorte que les seules substances dont la présence soit vraisemblable sont : K + — 39,1, Ar + —39,9 et Ca + — 40,07. $ 6. — Quantité d'électricité émise Comme l’émission d’un filament neuf, chauffé à une température constante, finit par s’annuler, la quantité totale d'électricité libérée a une va- leur finie. 1. Ricuarpson et HuLBerr : Phil. Mag.,t. XX, p. 545. : PAR LES CORPS INCANDESCENTS _183- Neuf filaments de platine ayant chacun 5 cm. de longueur et 0,01 cm. de diamètre, chauftés à diverses températures entre 600 et 800° C., ont mis en liberté environ 10—5 coulomb. Un ruban de 0,01 cm. de largeur, de 1 cm. environ de longueur, pesant 0,055 g. et chauffé à 700°, a fourni 2 XX 10—6 coulomb. Le rapport de la masse de matière émise sous forme d'ions à la masse de platine portée à l’in- candescence est de l’ordre de 10 —7. $ 7. — Emission d'ions par les sels chauffés J. J. Thomson! a constaté, le premier, un accroissement très notable de la conductibilité entre des électrodes de platine disposées dans un récipient chauilé et contenant de l’air, quand on recouvre ces électrodes de quelques sels : KI, KCI, NH*CI, NaCI. Vers la même époque, Arrhénius a constaté un accroissement dans la conductibilité de la flamme d’un bec Bunsen par l'introduction de différents sels. Les recherches faites récemment sur le phé- nomène ont été conduites de la manière sui- vante : on dispose le sel sur un fil ou une étroîte lame de platine constituant l'une des électrodes; l’autre électrode, maintenue froide, entoure la première. Dans la grande majorité des cas, on n’observe de courant que sile sel chauffé est électrisé positivement. Les courants obtenus semblent devoir être attribués à l'émission d'ions, soit directement par le sel chauffé, soit par l'électrode sous l'influence dela vapeur saline. Quand on chauffe un sel dans le vide ou dans uneatmosphère gazeuse,souspression constante, le courant de saturation, pour une tension sufli- samment élevée, varie avec le temps. Il croit d’abord rapidement, passe pär un maximum, après quoi la décroissance suit une loi exponen- tielle analogue à celle qui régit la décroissance de l’émission pour un métal incandescent et qu’on peut également interpréter en admettant que l'émission est due à la décomposition d'une substance contenue dans le sel. La variation avec la température, quoique compliquée, parfois, par la production de réac- tions chimiques, peut aussi s'exprimer par une loi analogue à celle qui régit la variation avec la température des autres courants thermo- ioniques. A. Boutaric, . Agrégé de l’Université, Docteur ès sciences, Chargé d’un cours complémentaire de Physique à l'Université de Montpellier. 1, J.J. Tuomson: Phil. Mag.,t. XXIX, pp. 351, 441 ; 1890. 184 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Lecornu (Léon), Membre de l’Institut. — La Méca- nique. Les idées et les faits. — 1 vol. in-18 de 304 pages. (Prix : 4 fr. 75, compris majoration tem- poraire.) Bibliothèque de Philosophie scientifique. Ernest Flammarion, éditeur, Paris, 1918. Professeur de Mécanique à l'Ecole Polytechnique, M. Lecornu, Inspecteur général au Corps des Mines, a déjà fait paraître, il y a peu de temps, un traité de Mé- canique conforme au programme de Son cours et dont les deux premiers volumes sont consacrés à la Mécani- que pure. Ils constituent, certainement, à l'usage des ingénieurs, l’une des œuvres les plus complètes, les plus précises et les plus lucides qui aient été publiées j dans ces dernières années, et méritent de figurer à côté du grand traité de M. Appell destiné, non Plus spécia- lement aux ingénieurs, mais à l’enseignement supé- rieur en général, La nouvelle publication de M. Lecornu n’est pas un extrait ou un abrégé de son traité didactique; c'est une œuvre d’un caractère tout différent, visant une catégorie plus étendue de lecteurs. Ce n’est pas une mélaphy- sique ou une philosophie de la Mécanique, ni, à l'op- posé, un manuel de ses applications pratiques. Ce n’est pas, à la façon des œuvres de Dübring ou de Mach, une/ analyse critique des principes, ou de leur développe- ment historique; enfin ce n’est pas un exposé de Méca- nique physique ou expérimentale. C’est avant tout un résumé explicatif de la Mécani- que rationnelle, telle qu’elle s’enseigne habituellement, mais réduite à ses lignes principales, exposé dégagé de tout détail inutile et surtout accompagné de commen- taires destinés à faire comprendre l’origine et la portée des lois générales. Ces lois y sont exposées sans lacunes, mais sans au- cun appareil mathématique ; l'ouvrage ne contient ni figures ni formules. Tous les théorèmes importants de la Mécanique y sont cependant indiqués, mais énon- cées en langage ordinaire; ils n’y perdent rien en pré- cision, et peut-être y gagnent-ils en clarté. Le livre est ainsi rendu d’unelecture facile,attrayante même, et accessible aux lecteurs de toute catégorie, même à ceux qui n'ont qu'un très mince bagage mathématique, Il peut être lu aussi avec fruit par ceux qui savent déjà, et qui trouveront là l’occasion rare de passer rapidement en revue les définitions et les théo- rèmes de la Mécanique, dont ils pourront alors mieux suivre l'enchainement logique, que ne masquent plus: les corollaires et les applications. Ce petit ouvrage est donc élémentaire, sans manquer toutefois de profondeur. Si les formules algébriques sont absentes, l'esprit mathématique n’y fait pas défaut, et règne partout, l'esprit de Lagrange plutôt que celui de Poinsot, L'auteur ne se présente pas en réformateur de la Mé- canique; la science qu’il expose n'est pas la Mécanique de Hertz, encore moins celle des électrons. C’est une vieille connaissance, la Mécanique de nos pères, celle de Newton, de d'Alembert, d'Euler, de Poisson; c’est la Mécanique classique, qui considère les réactions méca- niques des corps matériels au point de vue surtout des relations mathématiques auxquelles elles sont assujet- ties, mais qui se soucie moins de leur aspect physique et concret, Ainsi comprise, la Science du mouvement apparait comme une application de l'Analyse mathématique à un ordre particulier de phénomènes, plutôt que comme une descriplion de ces phénomènes; elle apparaît comme une science rationnelle et exacte plutôt que comme une « philosophie naturelle », c’est-à-dire une | science d'observation et d'expérience. Détachée des autres sciences physiques, enseignée de préférence par des mathématiciens, et non pas de purs « mécaniciens », elle est une science à part, sœur de la Géométrie, et n’a pu.encore recevoir, malgré quelques tentatives, celte forme positive, cohérente et ordonnée, qui la fe- rait rentrer dans le cadre de l'Energétique, commun à toutes les sciences physiques et dont elle constitue, ce- pendant, à ce point de vue, le prototype. Elle reste tou- jours une ancienne construction, faite des additions successives, non complètement refondues, apportées à nos connaissances depuis Archimède, Galilée et Newton. Appliquée plus volontiers à des corps matériels fic- tifs, comme la Géométrie l’est aux points, lignes et sur- faces, étudiant les solides indéformables ou parfaite- mentélastiques, les systèmes conservatifs ouréversibles, elle est devenue, malgré les lacunes de la réalité, une science presque achevée et dont les progrès ne sont plus subordonnés qu'à ceux des procédés de caleul. De là son caractère rigoureux, sa forme élégante et symé- trique. Toutefois, M. Lecornu, qui est un ingénieur, ne se laisse pas entièrement absorber par le côte abstrait de la Mécanique classique; il ne néglige pas le côté con- cret, tout en le subordonnant aux principes généraux. Sous ces principes, il laisse toujours transparaïître les conditions et les diflicultés d'application, qu'il signale notamment dans son introduction (p. 16-17). : Aureste,une analyse sommaire des matières traitées fera nettement ressortir le caractère réel du nouvel ouvrage, é Il faut dire que M. Lecornu a réalisé presque un tour de force en réussissant à condenser, dans un des petits volumes de la Bibliothèque Le Bon, toute la théorie de la Mécanique, c’est-à-dire toute la matière essentielle d’un gros traité. Le premier chapitre, très court, sort peut-être un peu du cadre de l'ouvrage; il est consacré à des généra- lités sur la réalité du monde extérieur, sur les notions d'espace et de temps. M. Lecornu cite surtout Pascal et H. Poincaré, deux esprits qui seraient bien étonnés de se rencontrer. L'auteur, sur des sujets tant discutés depuis l’origine de la philosophie, et spécialement étudiés au point de vue positif par Berkeley, Hume, Stuart Mill, Spencer et d’autres, se réfère au jugement du « sens commun ». Il est principalement question, dans le second chapi- tre, de la cinématique des solides indéformables, et de mécanismes spéciaux. Quelques indications y sont données, au début, sur les applications mécaniques de la théorie des quantités scalaires, mais celle des fonc- tions vectorielles n'est guère rappelée que de nom, Elle n’a pas encore pénétré en France, Le troisième chapitre présente plus d'intérêt que les précédents. Avec Duhem, l’auteur suit le développe- ment de la Statique, et aussi celui de la Dynamique jusqu'à Newton dont il reproduit les principes dans leur texte original. Le quatrième chapitre renferme l'exposé des notions fondamentales de la Mécanique tirées,comme d'habitude, des principes de Newton, principes dont M. Lecornu ne modifie que légèrement la forme. Il expose ensuite la notion de liaison dans les systèmes matériels, c'est- à-dire des modes d'association des éléments solides formant le système, puis les principes généraux qui permettent de traiter simplement les problèmes de mouvements relatifs. 1 Etudiant l'équilibre à la manière ordinaire par la considération de l’action de forces agissant sur un même point matériel — ce qui laisse échapper le cas fondamental des réactions entre corps distincts — il BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 185 fait connaitre le théorème ou plutôt la méthode de d'A- lembert, qui ramène les problèmes de mouvement à ceux d'équilibre, Le cinquième chapitre se rapporte à la Statique; il y est d'abord question du principe des travaux vir- _tuels, puis de la notion des forces passives, et enfin des déformations élastiques et des déformations perma- nentes ou résiduelles, M. Lecornu signale, à ce sujet, les intéressantes recherches de M. Rabut et de M. Mes- nager sur les procédés de mesure des déformations et des efforts intérieurs, : La Dynamique fait l'objet du sixième chapitre, qui débute par l'énoncé des quatre théorèmes généraux classiques, puis par l'application du théorème de d’'Alembert aux systèmes à liaisons. Sous le nom de Mécanique analytique, emprunté à Lagrange, M. Lecornu fait connaître le procédé de cal- eul le plus général et le plus symétrique dans le cas des systèmes réversibles. Il donne les équations de La- grange, et la formule d'Hamilton. Ce sont là les seules formules que contienne l'ouvrage, avec la formule de Weber pour exprimer l'attraction mutuelle des charges électriques en mouvement. Le chapitre se poursuit par la théorie du pendule composé, et par celle du gyroscope avec ses multiples F applications scientifiques et industrielles, IL se ter- mine par la théorie du choc des solides. À signaler, au cours de ce chapitre, une digression sur l’Energétique, la Thermodynamique et le principe de Carnot. Disons-le, c’est un genre de sujet qui ne ga- gne pasà être traité sommairement. Le septième chapitre est réservé à la mécanique des fluides, cette mécanique qui, d'après Denis Papin, de- vrait différer entièrement de celle des solides, mais que l'on a, jusqu’à présent, rattachée directement à la mécanique des systèmes matériels composés de parti- cules solides, M. Lecornu n'entre pas dans les difficultés spéciales que soulève cette mécanique. Après quelques mots sur les principes bien assis de l’'Hydrostatique, il envisage l’'Hydrodynamique, mécanique des liquides parfaits dont les problèmes peuvent sinon toujours se résoudre, du moins se poser à l’aide de quatre équations ou groupes d'équations. Le cas particulier et bien étu- - dié des tourbillons d'Helmholtz, et celui du courant per- - _manent qui donne lieu au théorème de Bernouilli, sont . les seuls cas signalés. | La mécanique des fluides naturels, objet propre de e J k à l’'Hydraulique, n’est que très sobrement traitée. Le plus souvent, l'effet de la viscosité des liquides joue dans lèurs mouvements un rôle aussi essentiel que celui de la gravité et de la pression. C’est un sujet très spécial qui a été étudié en France, théoriquement par M. Boussinesq, expérimentalement par Bazin, aux tra- vaux desquels se réfère M. Lecornu. Il est dit aussi _ quelques mots de l’Aérodynamique. L'avant-dernier chapitre se rapporte aux machines pour lesquelles, tout au moins en sa qualité d’'ingé- nieur, M. Lecornu a une compétence particulière. C’est . dire que le sujet est traité ayec soin, quoique d'une ma- | nière concise, L'auteur insiste surtout gur la régula- _ Lion des moteurs et décrit les principes de chaque genre _ de’régulateurs et de freins. Il traite suceessivement des moteurs animés, avec _ digression sur la « méthode Taylor », puis des moteurs hydrauliques, des moteurs à vapeur (machines à piston _ et turbines) et enfin des moteurs à combustion interne (moteur Lenoir, à gaz pauvre, à pétrole, Diesel, mo- teurs d’aéroplane, ete.). Quelques considérations très générales sur le carac- L tère des lois naturelles, et sur l'avenir de l’utilisation de certaines sources de richesses ou decertaines organisa- tions (houille, minerai de fer, ciment armé, naviga- tions marine et aérienne) remplissent le dernier cha- pitre. = En bornant là notre analyse, nous ne donnerions - qu'une idée fort incomplète de l'ouvrage dont nous ._ avons à rendre compte. Il nous faut encore signaler les intéressantes dis- cussions auxquelles, au cours de son exposé, se livre M. Lecornu sur différents points de la Mécanique et de sujets connexes qui ont donné lieu à des divergences d'interprétation. Nous citerons, entre autres, les questions relatives: au nombre des dimensions de l’espace (p. 6), — à la con- ception de Minkowsky, concernant la nature du temps (p.12), — aux conséquences que certains savantsétran- gers ont tirées de l'association du principe de relati- vité du mouvement et de l’hypothèse (contraditoire, pour nous) de l’éther (p. 45), — aux observations de Leibnitz sur le principe cartésien de la conservation de la quantité de mouvement (p. 74), — aux modifications à apporter à la notion de masse, pour tenir compte de l'hypothèse des électrons (p. 101), — au degré d’exacti- tude de la loi d'attraction universelle, aux mécanismes supposés de ce phénomène, à la vitesse de propagation de l’action de la gravité, et aux causes du déplacement du périhélie de Mercure (p. 115-119), — aux actions de contact (p. 115 et 119), — aux concepts opposés de Newton et de Hertz sur la nature des actions moléculaires (p. 129), — à la relativité prétendue de la rotation ter- restre, et aux idées de H. Poincaré sur le sujet (p. 135), — aux conceptions diverses touchant la continuité des fluides (p. 146); — aux objections faites à la réalité du frottement de roulement (p.154); — aux anciennes dis- cussions sur la relation qui existe ou non entre les coeflicients de Lamé, ) et u.(p. 167), —aux conséquences de l'application de la théorie de l’élasticité des solides à l’éther (p. 176), — aux applications du théorème des aires, et au mécanisme de la chute du chat (p. 187), — à la mécanique sans forces, de Hertz (p. 189), — à la re- lation quiexiste entre le théorème d'Hamilton et le prin- cipe dela moindre action (p. 195), — au principe de Carnot et à la notion d’entropie que M. Lecornu, peut- être sous impression de théories nuageuses d'origine étrangère, considère, avéc Poincaré, comme une notion « prodigieusement abstraite »! (p. 204), — etc. Parmi les sujets traités, ceux qui se rapportent aux fondements de la Mécanique ne pourraient être vrai- ment approfondis qu’à l’aide de considérations d’ordre logique et surtout psychologique. C’est un terrain sur lequel ne se place pas M. Lecornu, qui se contente encore d’invoquer le « sens commun ». Vis-à-vis de certaines hardiesses, telles que le renver- sement de nos notions d'espace et de temps ou de la mécanique newtonienne, M. Lecornu, si nous le com- prenons bien, reste courtoisement sceptique. C'est une attitude que ne sauraient critiquer ceux qui ne confon- dent pas les faits positifs et les hypothèses. G. MourET, Professeur à l'Ecole des Ponts et Chaussées. 2° Sciences physiques Boutaric (A.), Agrégé des Sciences physiques, Chargé d'un cours complémentaire d’Electricité industrielle à la Faculté des Sciences de Montpellier. — Contribu- tion à l'étude du pouvoir absorbant de l'atmo- sphère terrestre. (Thèse de Doctorat présentée à la Faculté des Sciences de Paris.) — 1 vol. in-8o de 218 p. avec 49 fig. Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1918. L'influence qu’exerce l'atmosphère sur l’état thermi- que de notre globe peut être schématisée d’une manière très simple. Pendant le jour, l'atmosphère tamise le rayonnement solaire et en arrête une grande partie. La nuit, elle modère le refroidissement de la surface ter- restre. Ces deux actions contribuent à atténuer l’ampli- tude des variations diurnes de la température. M. A. Boutaric s’est proposé d'étudier, dans sa thèse, quels sont les facteurs dont dépendent les propriétés régulatrices de l'atmosphère, et de préciser, à ce point de vue le rôle de la vapeur d’eau et celui des poussiè- res en suspension. 186 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Vapeur d'eau et poussières, agissant respectivement par absorption sélective et par diffusion, influent sur le pouvoir absorbant de l'atmosphère pour le rayonne- ment solaire, mais l'influence prépondérante appartient aux poussières dont les observations polarimétriques permettent d'apprécier l'importance, Sur le rayonne- ment nocturne, l’action de ces poussières est insigni- fiante : de longues séries d'observations simultanées du rayonnement nocturne et de la proportion de lumière polarisée contenue dans la lumière diffusée par le ciel, un peu avant le coucher et un peu après le lever du Soleil, n’ont fait apparaître aucune relation entre les deux ordres de phénomènes; par contre, les observations de l’auteur ont mis en évidence l'influence atténuante très nette de la vapeur d’eau sur le rayon- nement nocturne. Voici un résumé des principaux résul- tats de M. Boutaric : Dans tous les cas, à moins que les états hygrométri- ques soient trop différents, les quantités de chaleur réçues à la surface du sol, pour des épaisseurs atmo- sphériques traversées égales ou voisines, varient dans le même sens que les valeurs de la polarisation. Des variations analogues s’observent dans les milieux trou- bles constitués par des particules en suspension dans un liquide, lorsque celles-ci ont des dimensions nota- bles vis-à-vis des longueurs d'onde, mais non lors- qu'elles sont de plus faibles dimensions, Les modifica- tions dont l'atmosphère est le siège, et que traduisent les variations de la polarisation et du pouvoir absor- bant, portent donc sur des particules dont les dimen- sions sont au moins de l’ordre des longueurs d’onde. Outre les molécules gazeuses, dont le rôle dans la diffusion a été précisé par Lord Rayleigh, il faut envi- sager l'existence des poussières qui, suivant l’expres- sion imagée de Crova, contribuent à former la vase atmosphérique dans laquelle nous vivons, surtout aux faibles altitudes. De bonnes courbes horaires des calories relatives à des journées diverses conduisent à des valeurs très dif- férentes dela constante solaire suivant les polarisations atmosphériques qui leur correspondent. On s’explique ainsi les discordances entre les résultats obtenus par les observateurs, même très exercés, qui ont abordé le problème de la détermination de la constante solaire au moyen des seules méthodes pyrhéliométriques. De nombreuses mesures du rayonnement nocturne aux diverses heures dela nuit, pendant un grand nom- bre de nuits appartenant à tous les mois de l’année, permettent d'établir ainsi l’allure de ce rayonnement au cours d’une nuit sans nuage : le rayonnement, qui appa- raît bien avantle coucher du Soleil, passe par un maxi- mum vers ce moment, puis décroitlentement et régulière- ment jusqu'au matin, Ce résultat a été confirmé par l'inscription graphique du rayonnement qu'une sur- face noire exposée à l’air libre envoie vers les régions - voisines du zénith. Ces résultats ont amené M. Boutaric à rectifier l’in- terprétation incorrecte qu'on donne généralement du rayonnement nocturne, Le rôle protecteur de l’atmo- sphère, au point de vue du refroidissement de la surface terrestre, ne tient pas à ce qu’elle intercepte en partie le rayonnement du sol, mais à ce qu’elle émet un rayonnement compensateur, L'intensitédu rayonnement nocturne peut donc être considérée comme la différence entre l'émission thermique Q de la surface rayoñnante et la quantité de chaleur g que cette surface reçoit de l'atmosphère. L'auteur a pu, en utilisant un petit nom bre de données physiques et météorologiques, établir | des formules qui fournissent une valeur approchée du rayonnement nocturne et permettent de se rendre compte de ses variations. M. Boutarie a abordé ensuite l'étude des échanges qui se produisent, pendant le jour, entre le ciel et une surface noire exposée à l'air libre, mais abritée des rayons solaires directs, en se limitant au cas où la por- tion active du ciel se réduit à une zone restreinte voi- sine du zénith, Dans ces conditions, le sens des échanges est parfaitement défini : par temps clair, il y a tou- jours un excès de rayonnement dirigé de la surface noire vers le ciel, même pendant les plus chaudesjour- nées d’été ; l'apparition de nuages augmente le pouvoir diffusif de l’atmosphère et inverse souvent le sens du rayonnement effectif. Ces résultats sont en accord avec les indications de la théorie relativement à l'énergie dif- fusée par l'atmosphère. Enfin, l’auteur montre que l'existence d’une couche isotherme dans les régions élevées de l'atmosphère peut apparaitre comme une conséquence du pouvoir absorbant de cette atmosphère. Si latempérature décrois- sait indéfiniment suivant la loi adiabatique, 4 n'y aurait pas égalité entre l'émission d’une tranche élémentaire d'air et l'absorption que cette tranche exerce sur les rayonnements de la Terre, du Soleil et du reste de l’at- mosphère, Dans ces conditions, l'équilibre ne saurait être réalisé. Il devient possible si lon admet qu'après avoir diminué suivant la loi adiabatique jusqu’à une certaine altitude, la température demeure ensuite cons- lante sur une certaine épaisseur. Ce bref apercu permet de saisir toute l’importance des contributions apportées par M. Boutaric à lasolution de problèmes qui ont déjà fait l’objet des travaux de nombreux savants. 3° Sciences naturelles GOUVERNEMENT GÉNÉRAL DE L'AFRIQUE OCCI- DENTALE FRANÇAISE. — Annuaire et Mémoires du Comité d'Etudes bistoriques et scientifiques de l'Afrique Occidentale française (1917). — 1 vol. in-8° de 519 p., avec P' hors texte. Imprimerie du Gouvernement général, Gorée, 1918. — Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique Occidentale française. Année 1918, n°5'1 et 2, 334 p. (publication trimestrielle), in-8°. Æmile Larose, Paris. Le Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique Occidentale française, créé en 1915 par le Gou- verneur général Clozel, avait publié en 1916 son pre- mier volume Annuaire et Mémoires! ; il a poursuivi son œuvre par la publication, pour l’année 1917, d’un second volume établi selon le même plan et qui présente une valeur scientifique non moindre que le premier. Les nombreux travaux réunis dans ces ouvrages, érudits et solidement documentés, et tous dus à des spécialistes compétents ayant pu étudier les questions sur place, permettent d'acquérir des connaissances de plus en plus exactes et complètes sur tout ce qui touche prinei- palement à l'histoire, l’ethnographie, la géographie phy- sique et l’histoire naturelle de notre grande colonie, et ces données savantes offrent, à beaucoup/ de points de vue, des intérêts pratiques notables pour sa mise en - valeur et sa bonne administration, La partie du volume de 1917, consacrée aux mémoi- res, débute par une série de travaux dus à un de nos plus distingués et actifs géologues de l'Afrique Occiden- tale française, M. Henry Hubert, dont nous avions déjà signalé ici un.des importants ouvrages: Mission scienti- fique au Soudan?. Après des aperçus sur les formations géologiques en Guinée portugaise et dans la Gambie anglaise, il donne de précieuses indications sur des espèces minérales qui n'avaient pas encore été signalées en Afrique Occidentale française ou sur lesquelles on possède de nouvelles observations. Ces études ont pu être faites surtout grâce à la création, à Dakar, d'un laboratoire-de recherches géologiques où M. Hubert a pu réunir les échantillons récoltés par lui-même ou qui lui ont été procurés. Dans un mémoire suivant, M. Henry Hubert expose les résultats des recherches hydrologi- ques qu’il a été chargé de faire dans la région de Cam- : bérène (presqu'ile du Cap-Vert) pour l'alimentation de Dakar, et de ces études il tire une conséquence d'un 1. Re vue FR in. des Scie on 15 avril 1917, p. 218. 2, Jbid., 15 mai 1917, p. 282. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 187 haut intérêt pratique: c’est l'établissement d’une méthode susceptible de quelque généralisation dans ces régions pour la reconnaissance et l’utilisation des eaux souter- raines. Il étudie ensuite les causes de la variation de la déclinaison magnétique. Toute une autre série de mémoires se rapporte à des questions qui touchent à la mise en valeur de la terre etpour celles-ci en particulier nous voyons quel précieux concours les recherches scientifiques apportent à leur solution. Plusieurs de ces mémoires sont dus encore à un spécialiste compétent, M. J. Lemmet, ingénieur agro- nome, inspecteur d'agriculture des colonies, Comme chimie agricole il a étudié le dosage de l’acide cyanhy- drique dans des échantillons de haricots provenant de la Côte d'Ivoire. Ayant été chargé par le gouverneur général d’études agrologiques et en même temps éco- nomiques, dans la vallée du Moyen Niger, il a, avecson collègue M. Vitalis, donné dans ce volume des travaux sur la mise en valeur de cette région et sur les essais de cultures irriguées qui peuvent y être entreprises. Dans le même ordre d'idées nous trouvons des travaux d'éco- nomie agricole de M. Henri Leroide, inspecteur de l'agri- culture, sur la culture du cotonnier à la Côte d'Ivoire, et de M. Jean Aldigé, inspecteur de l'élevage, sur l'amélioration des bovidés du Sénégal. Ë Une large place est faite dans ce volume comme dans le précédent à tout ce qui concerne la vie et les mœurs des populations : linguistique, folklore, ethnographie, Là nous relevons une étude sur l’origine du mot « Toubab », en usage chez certains peuples pour désigner les Euro- péens, qui est due à l’érudit vice-président du Comité, +: M. Maurice Delafosse, aujourd’hui gouverneur des colo- nies. Là nous retrouvons encore le nom de l’infatiga- - ble administrateur Henry Hubert en tête d’un artiele surles coutumes indigènes en matière d'exploitation de gites aurifères. Une curieuse note sur la géophagie à la … Côte d'Ivoire a été donnée par M. Gaston Joseph, admi- nistrateur des colonies, et au folklore nous pouvons rattacher sa notice zoologique sur un singulier lémurien, l'hyraxe ou daman d’arbre. Nous ne pouvons tout citer et de même passerons- nous rapidement sur les mémoires d'archéologie et d’histoire, qui sortent davantage du cadre de la Revue, mais en observant cependant que des articles comme celui du D'P, Jouenne sur les monuments mégalithi- ques au Sénégal, ou qui traitent de l’histoire ou des tra- ditions de peuples indigènes, se rattachent de très près à l’ethnographie, La partie du volume consacrée à la bibliographie complète très utilement, par le nombre et le choix dés travaux enregistrés, la richesse de sa docu- mentation. Pour l’année 1918, une transformation de la publica- tion du Comité d'Etudes a été décidée.Afin de rendre son œuvre plus vivante et de répandre plus rapidememt les résultats des études faites, le Comité a décidé de la transformer en un Zulletin trimestriel, sans changer d’ailleurs le cadre général de l’œuvre, Dans les numéros qui ont paru, nous retrouvons toujours à la fois d’im- portantes études scientifiques et historiques. M. P. Louise, ingénieur, a présenté des considérations sur le littoral des environs de Saint-Louis, M. Henry Hubert a donné un tableau de l’état actuel de nos con- naissances sur l'atmosphère, le sol et le sous-sol de l'Afrique Occidentale ; MM. J. Lemmet et Scordel font une étude agrologique de la vallée du Bas-Sénégal, M. Etesse traite du reboisement au Sénégal, le D' André Léger de - la spirochétose sanguine animale découverte à Dakar. _ Parmi les sujets se rattachant à l’histoire, nous trouvons _ entre autres la fin de l'étude du D’ Jouenne sur les monuments mégalithiques du Sénégal, les mémoires du colonel Mangeot et de M. Paul Marty sur les Touareg de la boucle du Niger. Ainsi, grâce à la variété des 7 LT, Rd de. ie, és. fi à Dé 2/ articles et à l’autorité des auteurs, le nouveau Bulletin continue à nous apporter celte précieuse contribution à la connaissance scientifique de l'Afrique Occidentale qui répond au programme si utile du Comité d'Etudes. G. REGÉLSPERGER. Henderson (Lawrence J.), Professeur-adjoint de Chi- mie biologique à l'Université de Harvard. — The Or- der of Nature. An Essay (L'ORDRE DE La NATURE, Essai). — 1 vol. in-8° de 234 pages. Cambridge : Harvard University Press ; London : Humplhrey Milford, Oxford University Press, 1917. L'une des principales lacunes de notre science mo- derne est, dit l’auteur dans sa préface, l'absence d’une étude'systématique de l’adaptabilité. Le problème de l’adaptabilité n’est, au fond, qu’un problème physique et chimique que l'énigme de la vie vient compliquer; il re- lève donc de la science physique, et c’est d’elle seule- ment que l'on peut espérer voir venir sa solution. Le premierchapitre du livre est consacré à poser qu’il existe dans la nature un ordre dont l’apparence téléo- logique est indéniable; dans les trois chapitres suivants, M. L. J. Henderson examine comment, par Aristole d’abord, par les philosophes du xvu‘ siècle (F. Bacon- Descartes-Leibniz) ensuite, et par ceux du xvin® siècle (Hume-Kant) enfin, fut compris et interprété le carac- tère téléologique de l’ordre de la nature. A cette partie historique et d’un très grand intérêt fait suite une étude analytique de la question, examinée d’abord au point de vue biologique particulier, puis à celui des phénomènes naturels généraux, enfin à celui de l’évolution au sens large. La question ainsi considérée sous toutes ses faces, il s'agit maintenant d'essayer de la résoudre. L’explication de l’apparence téléologique de l'ordre de la Nature doit être recherchée dans les combinaisons diverses des pro- priétés caractéristiques et des activités des trois prin- cipaux éléments (quatre, si l’on tient compte de l’azote dont le rôle n’est que secondaire par rapport aux au- tres,en ce qui concerne tout au moins le monde inorga- nique) : hydrogène, carbone et oxygène. Le neuvième chapitre est consacré à une étudedes pro- priétés et des activités diverses de ces trois éléments, et cette étude conduit l'auteur, dans le dixième chapitre, à un essai de réponse à la question qu'il a posée au dé- but. Des propriétés de l’hydrogène, du carbone et de l'oxygène, de leurs activités particulières résulte en ef- fet un ensemble de conditions qui impliquent le proces- sus évolutif et aboutissent à un état qu'avec notre ma- nière de penser nous considérons comme une téléologie de la Nature. Le livre de M. J. L. Henderson, substantiel au point qu’il défie l'analyse, au moins si l’on veut l’approfon- dir, possède d'autre part un ensemble de qualités dont la rencontre ést exceptionnelle : en le parcourant, les mathématiciens, les physiciens, les chimistes, les biolo- gistes, les philosophes se retrouveront, en effet, chacun dans son domaine particulier, et reconnaïîtront dans l’auteur un habitué de leur science et de leurs spécula- tions. Ce qu'il faut, à mon sens, par-dessus tout considérer dans cet ouvrage, c’est la tendance d'esprit hautement généralisatrice de l'auteur, l’intrépidité de son raison- nement, et surtout l’enseignement qu'il donne indirec- tement aux savants de nos jours en leur montrant par son exemple que la sciencene commence qu'avec lasyn- thèse que notre raison fait de ses matériaux. J'estime avec M. L, J. Henderson que la séparation, si profonde axjourd'hui, des philosophes et des scientistes ralentit et entrave la marche et le mouvement de la pensée. R. ANTHONY. 188 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS 1919 M. D. Berthelot est élu membre de la Section de Physique en remplacement de M. E.-H, Amagat, dé- cédé. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. E. Faure: Sur la force gyroscopique des fluides. L'auteur expose une illustration des effets gyroscopiques dans le but de les rendre plus accessibles à l'imagination. Sa méthode montre que l’action de ces forces sur les fluides est une reproduction matérielle des phénomènes électromagné- Seance du 24 Février tiques, etque la théorie des machines gyroscopiques est la répétilion de celle des machines électriques. — M. Al. Véronnet : Température centrale du Soleil. Si l'on applique à une masse comme le Soleil la loi des gaz réels, en admettant que la température croit depuis la surface du noyau jusqu’au centre, de façon à y mainte- nir la densité uniforme et égale à celle de la surface du noyau, la température ainsi réalisée au céntre, et surcha- que couche, est la température maximum compatible avec l’équilibre physique. L'auteur déduit de ses calculs, comme valeur probable du maximum de la température centrale du Soleil, 12.600°,soit le double de latempérature superficielle. — M. Em. Belot : L'organisation écono- mique des transports, industriels aulomobiles dans une grande ville. L'auteur, ayant eu à organiser un service de transports industriels par camions automobiles à Paris, y a appliqué le principe de continuité, qui con- duit à la recherche de la suppression de toute discon- tinuité dans la circulation des matières. Pour qu'un camion de charge utile GC ait l’utilisation maxima, il faudrait qu'il ne füt jamais arrêté, ce qui exigerait théoriquement un nombre n infini d'ouvriers occupés au chargement et déchargement à chaque extrémité de course, Pratiquement, le problème à résoudre est le suivant : trouver le nombre d'ouvriers nr à occuper au chargement et déchargement, tel que le prix de revient R par tonne transportée soil minimum. Si l’on trans- porte tous les ouvriers avec le camion, l’auteur trouve que le minimum de R correspond au nombre d'ouvriers nñn} 'e où P est le tarif forfaitaire par journée de 10 h. en cas de location du camion, p le salaire journalier d’un ou- vrier et T le nombre de tonnes chargées et déchargées à l’heure par chacun d'eux, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Renaud : Diflicultés rencontrées dans l'étude des grains par suite de l'incer- titude sur l'heure des observations. La principale difli- culté rencontrée par le Service de la Météorologie ma- ritime en dépouillant les observations faites en France au cours de ces dernières années a été de savoir si, dans certaines stations, les instruments enregistreursavaient été réglés sur l'heure normale (temps moyen de Green- wich), ainsi que le prescrivent les instructions, ou sur l'heure d'été que doivent marquer les horloges publi- ques. Il paraitrait nécessaire d'adopter dans les stations un système de notation de l’heure qui ne puisse donner lieu à aucune incertitude, — M. A. Sanfourche : Le cycle d'oxydation du bioxyde d'azote en présence d'eau. mn L'oxydation du bioxyde d'azote en présence d’eau a pour intermédiaire l’anhydride azoteux et non le per- oxyde d'azote; il en résulte que le cycle comporte la ré- génération périodique de 2/3 de bioxyde d'azote, 2° L’anhydride azoteux est oxydé par l'acide nitrique de concentration suflisante avec formation de peroxyde d'azote et d’eau; cette réaction est limitée par la réaction inverse. 3° La conséquence de ces faits est qu’il doit s'établir un équilibre pour une certaine concentration en acide nitrique, que les expériences de l'auteur ont montré être 50 °/,. En effet, dans l’industrie, c’est autour decette teneur qu’oscille l'acide nitrique récupéré dans les colonnes ou fabriqué. par le procédé des tours, — M. E. Léger: Sur les oxydihydrocinchonines « et 8 et leur rôle dans la production de certains isomères de la cinchonine. Il résulte des recherches de l’auteur que la soi-disant f£-oxycinchonine doit être considérée comme un produit d’addition de H20O à la cinchonine, La fixation ne peutse faire que sur la double liaison du groupe CH?— CH —, qui devient CH? — CHOH —. — MM. Em. Bourquelot et H. Hérissey: Application des méthodes biochimiques à l'étude des feuilles d'Hakea laurina. Les feuilles d'Aakea renferment d’abord du sucre de canne, ce qui est la règle pour toutes les Pha- nérogames; puis deux glucosides hydrolysables par l’émulsine, dont l’un estidentique à l’arbutine; enfin un principe lévogyre non hydrolysable, qui est constitué par de la québrachite. É 3° SCIENCES NATURELLES. — M, L. Joleaud : Sur les migrations des genres Hystrix, Lepus, Anchitherium et Mastodon à l'époque néogène. Le genre Hystrix, rongeur originaire de l'Amérique du Sud, a émigré en Afrique et en Europe par une ligne de terres émergées à tra- vers l'Atlantique central, probablement au Pontien. Ce serait à l’Astien qu'aurait émigré en Europe le genre Lepus, originaire aussi du Nouveau Monde. Le genre Anchitherium a immigré de l’Orégonen Chine, du début à la fin du Miocène, en passant par le bassin du Missis sipi, les terres atlantiques et l'Europe. En même temps se produisait une migration en sens inverse : les Mas- todontes, qui sont originaires d'Egypte, passaient d’abord en Berbérie, puis aux Etats-Unis, au Burdi- galien. — M. G. Petit: emarques sur la morphologie du centre phrénique des Mammifères. Dans ses recher- ches sur les différents ordres de Mammifères, l’auteur a constaté des variations de forme et des variations de dimensions,souvent considérables, ducentre phrénique, Ainsi il ne peut être question, comme le voulait Le Double, de lui attribuer une forme définie constante, des limites invariables, d'établir en somme pour le centre phrénique un type morphologique. — MM. Ch. Richet, P.Brodinet F. Saint-Girons : Des phénomè- nes hématiques dans l’anaphylaxie et l’anti- -anaphylaxie (crise hémo- anaphy lactique). Trois faits nouveaux résul- tent des expériences des auteurs : 1° le sang se modifie profondément dans lanaphylaxie par l'apparition pré- coce d'hématies nucléées, celles-ci provenant sans doute des organes hématopoïétiques, altérés ou stimulés; 2° la concentration du sang augmente; 3° la formule leucocytaire varie, les polynucléaires disparaissant pen- dant un temps relativement long. — MM. Boguet et L. Nègre : ’infection, la sensibilisation et l'immuni- sation dans la ly mphangite épidémique des Solipèdes. 1° L'inoculation sous-cutanée d’une culture de crypto- coques chez le cheval neuf détermine l'apparition d’un nodule qui s’abeède et guérit sans généraliser; 2° L'ex- tension et la généralisation de la lésion primitive sont provoquées par les réinoculations de ces microbes; 3° Sur l'organisme sensibilisé par une première inocu- lation, l'incubation du nodule de réinfection est plus courte que celle du nodule primitif, 4° Les animaux atteints de lymphangite naturelle ou expérimentale s'immunisent lentement. L'immunité n’est complète que 50 jours après la première inoculation. Séance du 3 Mars 1919 M. L. Fabry est élu correspondant pour la Section d'Astronomie, en remplacement de M. Backlund, dé- cédé. _» nt dr dti: OST TS SL 19 SCIENCES PHYSIQUES. — MM.L. Dunoyer et G. Re- boul : Sur la prévision des variations barométriques : vents d'appel pour les dépressions. Les auteurs formu- lent la règle Suivante: Lorsqu'il y a, dans le voisi- nage d’une dépression, une zone de vents dont les di- rections, sensiblementparallèles, viennent de l'intérieur de la dépression, et en particulier de sa région cen- trale, cette dépression est appelée sur la région que couvre la zone de vents. Cette règle est beaucoup moins générale que celle des « vents divergents » de Guilbert, mais elle est d'une application et d’un contrôle beau- coup plus faciles. Son coeflicient moyen de certitude est de 0,70; il est plus élevé en hiver qu'en été. — M. G. Guilbert : Sur les anomalies de la station météo- rologique de Skudesness (Norvège). Les vents de Sku- desness précédent presque toujours l'arrivée d’une bourrasque océanienne sur les côtes de l’Europe, du Portugal à l'Islande, mais principalement de la Breta- gne au nord de l’Ecosse. Ces vents n’amènent cepen- dant aucune hausse barométrique consécutive : la vitesse exagérée des courants d’entreS. et E. à Skudes- ness est le plus souvent en rapport direct avec l’in- tensité de la bourrasque, existante ou non, qui doit venir. —M.E. Ariès: Application à huit substances dif- férentes de la formule qui exprime la chaleur de vapori- sation d’un liquide. L'auteur a appliqué la formule qu'ila trouvée antérieurement pour la chaleur de va- porisation d’un liquide aux 8 corps suivants, rangés dans l’ordre de leur atomicité : CO?, NH, chlorure stan- nique, formiate de méthyle, pentane, hexane, heptane et octane. Si l’on tient compte des incertitudes qui pè- sent encore sur les données expérimentales, notam- ment en ce qui concerne la pression critique, la com- paraison des valeurs calculées et observées est aussi satisfaisante que possible, notamment pour les trois premiers corps. 29 SCIENCES NATURELLES. — M. D. Faucher: Contri- bution à la détermination des niveaux lacustres de la basse vallée du Vardar. L'auteur estime d’après ses recherches que les phénomènes lacustres et fluviatiles se sont succédé de la manière suivante dans la basse vallée du Vardar : 1° invasion lacustre au niveau de 580-590 m.; 2° retrait des eaux lacustres et phase d’é- rosion fluviatile jusque vers 530-540 m.; 3° transgres- sion lacustre à cette altitude ; 4° régression lacustre et phase d’érosion fluviatile jusqu’au voisinage de {400 m.; 55 transgression lacustre à cette altitude. Trois ni- veaux au moins de calcaires lacustres se sont déposés depuis la terrasse égéenne de 670-680 m. décrite par Cvijie. — M. S. Stefanescu: Sur les sections transver- sales des lames des molaires d'Elephas africanus. Ses observations sur ces lames conduisent l’auteur à ad- mettre que les ancêtres d'Elephas africanus sont issus directement des Mastodontes bunolophodontes à col- lines dentaires formées de deux tubercules congénères non alternes, et qui, par conséquent, appartiennent à une branche différente de celle du Mastodon arvernen- sis. — Mme D. Cebrian de Besteiro et M. Michel- Durand : /nfluence de la lumière sur l'absorption de matières organiques du sol par les plantes. Les auteurs ont constaté que le Pois, plante héliophile, qui ne peut adapter son assimilalion chlorophyllienne aux éclai- rements faibles, est également incapable d'augmenter le pouvoir absorbant de ses racines de façon à leur per- mettre de puiser dans le sol une plus grande quantité de carbone organique. Il n’y a donc pour cette plante ni parallélisme, ni compensation entre l'absorption du carbone par les feuilles vertes dans le gaz carbonique de l'air et l'absorption du carbone organique par les racines dansle sol. — M. J. Eriksson : Ætudes biolo- giques et systématiques sur les Gymnosporangium sué- dois. En Suède, on rencontre sur le Juniperus communis deux espèces de Gymnosporangium : les G. clava- riæforme et tremelloides. Le premier croît sur le Gené- vrier commun; l’æcidium de la forme suédoise du cham- pignon se développe sur les feuilles aussi bien que sur les branches et les fleurs des Cratægus. Le second vit ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 189 sur le même arbuste; l’æcidium se développe sur le Pyrus Malus.— M. F. Maignon : L'étude du mécanisme de l'action des graisses dans l'utilisation et l'assimila- tion des albuminoïdes. Pour l’auteur, les graisses exer- cent une action favorable sur l'assimilation de l’albu- mine en intervenant dans la reconstitution synthétique des molécules protéiques. L'expérimentation physiolo- gique corrobore pleinement les conclusions des travaux de Maillard sur le rôle de la glycérine dans la protéo- génèse, comme agent de condensation des acides ami- nes, ACADÈMIE DE MÉDECINE Séance du 11 Février 1919 M. Darier est élu membre de l’Académie dans la Section de Pathologie médicale, — M. le Président an- nonce à l'Académie le décès de M. R. Blanchard, Secrétaire annuel. Séance du 18 Fevrier 1919 A la suite de la communication de M. Martel sur La recrudescence de la rage dans la région parisienne (voir p- 158), l'Académie, après discussion, émet les vœux sui- vants : 1° que l'attention du législateur et des pouvoirs publics soit appelée sur unesituation sanitaire dont la gravité est notoire et progressive; 2° que dans les villes ou dans les campagnes les services de capture fassent diligence pourenvoyer en fourrière, à toutes fins utiles, tout les chiens qui errent ou qui vagabondent ; 3° qu'un appel pressant soit fait à la population en vue d'obtenir son concours pour l'application stricte de toutes les mesures capables de faire disparaître la rage, notamment de la tenue en laisse de tous les chiens sur la voie publique. 4“ L'Académie estime, en outre, que le port de la médaille, qui a donné les meilleurs résultats pour combattre la rage, tant à l'étranger qu'en certaines villes de France, soit imposé comme établissant d’une manière certaine la responsabilité du propriétaire du chien. — M. À. Chauffard : La réactivation tuberculini- que de l'érythème noueux.L'auteur cite des faits qui prou- vent la réactivation possible du processus complet de l’érythème noueux par la tuberculine et, chez lesyphili- tique virulent, par le novarséno-benzol à dose forte, ce qui démontre que les arthralgies, aussi bien que les éléments éruptifs, dérivent de la toxi-infection bacil- laire. De même que la nodosité érythémateuse est un véritable {uberculinôme, les déterminations articulaires associées sont un pseudo-rhumatisme toxi-infectieux en rapport direct avec la tuberculose. Toutela maladie, dans l’ensemble de ses éléments constitutifs, reconnait une seule et même pathogénie. — M. Th. Tuffier: Les. blessés et l'aviation dans les marches du Sahara, L'auteur rapporte le cas d’un oflicier blessé au sud du Tafilalet qui apu recevoir après quelques heures, aussi vite que sur le front français et presque aussi rapidement qu’à Paris, les soins de chirurgiens qualifiés, venus par avions de guerre de plus de 300 km. Son état s’aggra- vant, il a pu, lui-même, être transporté par unavion de guerre sur un centre où la radiologie permettait de repé- rer le corps étranger, de préciser le diagnostic, et où l'installation assura l’eflicacité du traitement nécessaire. L'aviation sanitaire à rendu service dans bien d’autres cas au Maroc, dans le Sud oranais et dans le Sahara, et paraît appelée à se développer beaucoup dans ces régions. — M.R. Anthony: /e développement des plis- sements du cerveau chez les Singes anthropoïdes (voir p.150). Séance du 25 Février 1919 M. le Président annonce le décès de M. A. Chante- messe, membre de l’Académie, et de M. le D' Henrot, correspondant national. — M. Ch. Achard est élu Secrétaire annuel et M. Louis Martin membre titulaire dans la Section de Thérapeutique et d'Histoire naturelle médicale, M. Cadiot : Sur le cancer de la langue etsur-celui des 4 190 lèvres chez Les animaux. L'auteur montre que les can- cers de la langue et des lèvres sont excessivement rares chez les espèces animales, malgré les continuelles irri-, tations exercées chez quelques-unes d'entre elles par le mors ou le filet, Cette raretétient, pour l’auteur, surtout à l'inexistence, chez les animaux, de la maladie spéci- fique (syphilis) qui est la grande cause favorisante de ces cancers chez l'homme. — M. L. Moreau: Fréquence de la tuberculose pulmonaire chez les représentants des races colorées importées en France. Observations radio- logiques. U ressort des observations de Pauteur que les races colorées, dont il à pu étudier des échantillons aussi nombreux que variés, sont très fortement enta- chées de tuberculose, cette affection étant d'autant plus difficilement décelable par la seule investigation clinique que l’état général des sujets ne semble pas, pendant une longue période, notablement modifié. Mais les condi- tons climatiques nouvelles de leur émigration, le sur- menage physique auquel on les soumet (surmenage relatif, étant donnée la nonchalance de ces races), les modifications du régime alimentaire sont autant de causes qui expliquent l'évolution rapide, sur des orga- nismes ainsi perturbés, de tuberculoses cliniquement latentes, quoique marquées d'indéniables stigmates radiologiques (cavernes muettes, pleurites interlobaires, énormes adénopathies médiastino-hilaires). Ces états expliquent également que la grippe à forme broncho- pulmonaire ait trouvé dans les camps de travailleurs coloniaux un terrain extrêmement favorable, avec issue rapidement fatale. 3 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 8 Février 1919 . M. A. Vernes : /lyperimmunité foudroyante. Le lapin vacciné contre les globules de mouton acquiert une immunité qui dépasse le but, si l’on injecte une trop grande quantité d'érythrocytes: l'animal est foudroyé par la propriété qu’il acquiert de détruire trop rapide- ment les globules ennemis. — M. G. Marinesco : /?e- cherches histologiques sur les oxydases. La présence des oxydases dans les centres nerveux est mise en évi- dence par la réaction de von Gierke et Graff. Les oxy- dases existent dans presque toutes les glandes exami- nées : hypophyse, thyroïde, foie, rein, rate, etc., et à ce point de vue il y a une différence à établir entre les ani- maux à sang chaud, les homéothermes,et hétérother- mes. Chez ces derniers, la réaction est manifeste surtout dans le muscle cardiaque, elle est très faible dans les autres muscles où l’on trouve beaucoup de substances osmioréductrices. — MM. A. Mayer et G. Schaefïer : Rôle de l'arginine et de l’histidine pour la culture du ba- cille tuberculeux. Les recherches récentes ont montré que l'équilibre et la croissance des organismes supé- rieurs ne sont possibles que si l’on couvre leurs be- soins azotés par une quantité donnée d'acides aminés qualitativement indispensables. Parmi ceux-ci sont l’histidine et l’arginine. La notion d'acides aminés indis- pensables dépasse en généralité le cas des organismes supérieurs. Elle s'étend à la nutrition des microbes, Un travail de MM. Armand-Delille, André Mayer, Schaef- fer, Terroine, a montré que le bacille tubereuleux donne une culture maxima sur un milieu contenant, comme éléments azotés, un acide mono-aminé et soit de l'his- tidine ou de l’arginine, soitun des extraetifs du bouil- lon. Or on sait que la carnosine est la £-alanyl-histi- dine; la créatine renferme sans doute le noyau guani- dine, Le noyau imidazolique et celui /de la guanidine paraissent done indispensables au bacille tuberculeux comme aux organismes supérieurs. — MM, Le Moi- gnic, Sézary et Demonchy: Action thérapeutique du lipo-vaccin antisonococcique. On injecte de sept à trente milliards de gonocoques, Dans la grande majo- rité des cas d’uréthrite aiguë, les symptômes doulou- reux cédent rapidement; l'écoulement disparait en huit ou quinze jours. La goutte résiduelle ou la Sérosité vi- rulentequi peuvent persister disparaissent ensuite rapi- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES dement sôus l’action d’une ou deux injections de ni- trate d'argent. L'évolution est donc notablement raccourcie De plus, chez les malades qui n'ont pu être suivis jusqu'au bout, l'affection n’est jamais passée à la chronicité. L'action du lipo-vaccin sur l’orchi-épididy- mite est rapidement frappante, — M. R. Porak : Relation de la cholestérinémie et du pronostic, dans certaines conditions cliniques el expérimentales: L'auteur montre que, dans la syphilis initiale, comme dans le paludisme primaire, le taux de la cholestérinémie tombe d'autant plus que le pronostic est plus grave. Après un mois de traitement par le néosalvarsan, la cholestéri- némie du syphilitique atteint ou dépasse le taux normal, La cholestérinémie ne varie pas à la suite d'une courte anesthésie à l’éther ou au-chloroforme. Lorsque l’intoxi- cation chloroformique est prolongée, la cholestérinémie baisse. La même corrélation entre la cholestérinémie et la gravité de la maladie s’observe dans la grippe (à l’ex- ception des formes suraiguës que l'auteur oppose aux pernicieuses palustres), — M. Ed. Retterer : uw mode d'ossification des cartilages du larynx. S'effectuant chez les individus adultes, leur ossificalion procède comme celle des cartilages articulaires de l’adulte, Les cellules cartilagineuses prolifèrent et produisent des cellules plus petites et entourées d’un halo hématoxylinophile. C’est dans les mailles et aux dépens de cette masse que s’éla- bore la substance éosinophile du tissu osseux, pendant que le noyauetle cytoplasma deviennent cellule osseuse. — M. E. Laguesse: Sur l’histogenèse du tissu conjonctif dans l'embryon humain. L'auteur a observé un mode de formation des fibres conjonctives par groupement, ras- semblement et resserrement des fibrilles, C’est un mode qui n'exclut aucunement le mode le plus fréquent par accroissement considérable de volume, puis clivage de fibrilles isolées. Ce processus apparaît côte à côte avec le premier dans les fibres moyennes, Séance du 22 Février 1919 M. Marcel Rheïn : Sur la production d’indol par le bacille de Pfeiffer. Grâce à l'emploi d’une technique spéciale, l’auteur peut démontrer que le bacille de Pfeiffer produit de lindol, sur gélose! au sang, en cul- ture mixte avec des microbes adjuvants, sur gélose de Levinthal en culture pure. Le pouvoir indologène ne paraît se conserver que sur les milieux où le bacille pousse en abondance. — M. E. Ketterer : Processus de l’ostéogenèse. Quand le tissu conjonctif produit du tissu osseux, la cellule conjonctive commence par pro- liférer, puis elle donne naissance à des cellules vésieu- lèuses devenant plus tard osseuses. Lorsque le tissu osseux se développe dans le cartilage, deux cas se pré- sentent : a) lors de l’accroissement rapide des segments squelettiques, les cellules cartilagineuses produisent des éléments cartilagineux hypertrophiés ; b) pour les cartilages à croissance faible, la cellule cartilagineuse prolifère, mais ne s’hypertrophie point avant de se transformer en cellule osseuse, — MM. Bossan et Guieysse-Péllissier : Xecherches sur la pénétration d'une substance médicamenteuse dans le poumon sain ou tuberculeux par injection trachéale.Sur des lapins sains ou tuberculeux, une substance médicamenteuse dissoute dans de l’huile est injectée dans la trachée. L'huile est recherchée sur des coupes après action de l'acide osmique. Chez le lapin sain, l'huile se répand. dans toute la hauteur du poumon et peut'être retrouvée dans les alvéoles six heures après. Chez le lapin tuber- culeux, on la retrouve dans l'intérieur des nodules et des cavernes. — MM. P. Brodin, G. Loiseau et F. Saint-Girons : Pouvoir antitoxique du sérum et du plasma chez les chevaux producteurs de sérum antité- tanique et antidiphtérique. Des recherches effectuées par les auteurs surle sang de 8 chevaux antitétaniques et de 2 chevaux antidipthériques, il résulte que sérum et plasma ont exactement le même pouvoir antitoxique. Desrecherches parallèles, faites à leur demande par M. Ni- colle sur le sang de chevaux immunisés contre pneumo- coque, ont montré que sérumet plasma ont égalementle même pouvoir agglutinant.—MM.A,Besson,A.Ranque et Ch. Senez : Sur la vie ducolibacilleen milieu glucosé. . Le cycle de la vie en milieu sucré s’observe pour le coli- bacille cultivé dans un milieu contenant 4 grammes ou plus de glucose par litre, sans que les quantités supé- rieures aient une importance sur les phénomènes ca- ractéristiques, Si la dose de sucre est inférieure à 4 grammes, le microbe vit le cycle de la vie en milieu sucré jusqu'à l'épuisement du glucose, puis il vit secon- dairement de la vie ordinaire dans les milieux non su- crés. — M. A. Benoit: ation alimentaire d'azote. L'auteur a eu l’occasion d'observer quantitativement le régime strict d’un camp d'ofliciers russes prisonniers en Allemagne. Avec 1,700 calories et 7 à. grammes * d'azote par jour, la santé et l’activité se sont mainte- - nues malgré un amaigrissement notable, La proportion d'acides aminés était conforme aux nécessilés physiolo- giques connues. — M. J. Mawas : De l'emploi de l’'hé- matoxyline pour la recherche du fer dans les tissus. L'hé- matoxyline pure en solution aqueuse à 0,9 ‘/, est un _ excellent réactif pour déceler le fer dans les tissus. Pour que la réaction se produise, il est nécessaire que les tis- sus soient bien imprégnés de fer. L'opinion de Macal- lum, qui base: sur la réaction à l’'hématoxyline la divi- sion des composés organiques du fer, est par trop absolue. L'inconvénient de l’hématoxyline est son af- finité pour la chromatine des noyaux, qui se colore de - Ja même facon que le fer. L'auteur décrit en détails la . technique qu'il emploie, — M. À. D. Ronchese: Pro- cédé de conservation de l'activité du complément. En ajou- tant au sérum de cobaye 0,04 gr. de fluorure de sodium bien neutre par centimètre cube, ou plus simplement ‘en le saturant de ce sel, on conserve un complément suflisamment actif pendant plus de deux semaines. Le mélange est en outre impropreaux développements mi- crobiens. Le titre baisse des deux tiers en quinze jours. Au moment de l’emploi, il suffit d'ajouter à un volume _de complément saturé de fluorure, cinq volumes d’eau distillée pour avoir du complément dilué à 1/6 en solu- - fion isotonique, — M, P. Remlinger : /mmunilé hé- réditaire contre la rage. Chez le lapin, le rôle du père est nul; celui de la mère, peu marqué. Mème sion se … place dans les conditions les plus favorables (animaux complètement réfractaires), les petits succombent tou- jours à l’inoculation sous-dure-mérienne, presque tou- _ jours à l’inoculation intra-oculaire et ne se comportent guère mieux que les témoins à l'égard des inoculations - intra-musculaires etsous-cutanées. L'’immunité relevée ‘chez quelques portées est si légère, si irrégulière qu'elle - est pratiquement négligeable, — MM. M. d'Oelsnitz et L. Cornil : Ztude ostillométrique des réactions vaso- » motrices d'un segment de membre après compression à , la bande d'Esmarch. Immédiatement après suppres- sion de la bande, on a constaté, chez 9 sujets sur 20, dans le segment du membre sous-jacent (avant-bras), . uneaugmentation de l'indice oscillométrique variant en- - tre les proportions extrêmes de 1 1/4 et 5 suivant/les cas, par rapport au chiffre primitif avant compression. Cette réaction persiste d’ailleurs pendant 2 à 3 minutes pour une compression de 5 minutes, — M. M. A. Mou- géot * Action anli-anaphylactique des eaux thermales de Royat injectées au lapin. Les animaux reçoivent à 29 jours de distance deux injections intra-veineuses de sérum de cheval, et dans l'intervalle, de l’eau minérale en injections intra-péritonéales quotidiennes, dès son . émergence du griffon. L'eau de la source Eugénie em- _ pêche le choc anaphylactique et supprime les accidents . tardifs; l’eau de la source César atténue le choc anapby- lactique, mais laisse subsister les accidents tardifs mor- tels. — M.J. Mawas : La bréziline et ses laques ferri- - ques. Leur utilisation en microchimie. L'avantage de la réziline sur l’hématoxyline est de colorer simultané- ment le fer et les noyaux, le premier en brun foncé, les seconds en violet. Ce qui évite d’une part la confusion possible des dépôts ferrugineux avec la chromatine, et d'autre part la nécessité d'une coloration secondaire des noyaux et du fond de la préparation. — Mile M. F | | ‘ . È ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 191 Nevin: Sérums préventifs dans la gangrène gazeuse. 1° Le sérum antimicrobien anti-perfringens possède une plus grande valeur prophylactique que l’antitoxine contrele B.de Welch, dans le traitement d’une infection due uniquement au microbe. 2° Lorsque le vibrion sep- tique. le B. oedematiens on le B, Bellonensis sont pré- sents dans une infection mixte, l'emploi d'un sérum spécifique contre l’un ou l’autre, même dilué par le mélange à d’autres sérums, est eflicace. 3° Ni le sérum antimicrobien contre le 3, perfringens, ni l'antitoxine ne possèdent de valeur protectrice dans la ‘gangrène gazeuse lorsque celle-ci est due à une infection anaéro- bie mixte habituellement conslatée dans les plaies de guerre. — MM. A. Vernes et A. L. Marchaüier : Sur La séroréfraction du sérum sanguin. L'indice de séro- réfraction du sérum sanguin d'animaux tels que.co- bayes, pores,.bœufs, moutons, présente une remarqua- ble constance, L'indice de réfraction pour le sérum humain est au contraire des plus variables, mais il n’y a pas de rapport entre ces variations ét les modifications produites dans le sérum humain par l'infection syphi- litique. L'indice de réfraction du liquide céphalo-rachi- dien, qu’il s'agisse de liquides céphalo-rachidiens nor- maux ou de ‘malades atteints de méningopathies syphilitiques, reste ‘remarquablement constant, — MM. P. Masson et C1. Regaud : l’énétration des mi- crobes dans l’épithélium de revêtement des follicules b mphoides du lapin. Les globules blancs ne jouent au- eun rôle dans l'introduction des microbes de la cavité intestinale dans l'épithélium de revêtement des follicu- les lymphoïdes; la captation des microbes est une fonc- tion spéciale de cet épithélium; les microbes adhèrent à la surface de cet épithélium, à l'exclusion de l’épithé- Hum banal de l'intestin; la contraction de la mus- culature lisse qui entoure les calices des follicules détermine des plis temporaires à la surfage de l’épithé- lium; lés microbes pincés dans ces plis sont ainsi intro- duits dans les cellules épithéliales, MM. M. Kolïllmann et P. Mazé sont élus membres titulaires de la Société. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 14 Fevrier 1919 MM. P. Nico!lardot et Boudet : Xecherches sur le fulminate de mercure et quelques-unes de ses impure- tés. Les auteurs montrent que les cyanures alcalins proposés par certains auteurs pour apprécier la pureté du fulminate de mercure dissolvent un grand nombre des impuretés qui peuvent se trouver dans les fulmina- tes mal préparés. Le dosage du mercure dans cette so- lution par voie électrolytique fournit une teneur trop élevée en fulminate. L'emploi des hyposulfites al- calins, proposé par divers chimistes et sous des formes difrérentes, est plus exact au point de vue analytique; il est également préférableà celui des cyanures au point de vue industriel (traitement des résidus de fulminate- rie).— M. André Meyer fait connaitre une modification de la méthode volumétrique de Denigès pour Le dosage du, thiophène et des autres impuretés, précipitables par les sels mercuriques, dans les benzines industrielles. Cette modification consiste à déterminer le mercure non précipité par les impuretés à l’aide de sulfocya- nure d’ammopium N/10 et d’alun ferrique comme indi- cateur. Le procédé est suflisamment exact pour les be- soins industriels. ACADÉMIE D’AGRICULTURE Séances de Janvier 1919 M. A. Lécaillon envoie une étude sur la biologie du Tigre du Poirier (Tingis piriGeoffroy) et sur les dégâts qu'il produit dans les vergers. Les méthodes insecticides à employer contre cet Hémiptère consistent à projeter sous la feuille des arbres attaqués des substances qui tuent les insectes par simple contact, ou qui produisent l'asphyxie des parasites par leurs vapeurs toxiques 192 (nicotine, acide cyanhydrique). Pour ces dernières, qu'on utilise aux Etats-Unis, l'emploi n’est pas autorisé en France. — MM. À. Gouin et P. Andouard appellent l'attention sur la farine de manioc et la production beur- rière. Ils montrent qu’on pourrait introduire la farine de manioc dans les habitudes d'alimentation des veaux. Avec 1.000tonnes de manioc, on peut écrémer le lait et libérer 7950 tonnes de beurre sans que les veaux aient nullement à en souffrir. Que nos colonies, et surtout Madagascar, nous envoient du manioc, le beurre sera produit en plus grande quantité et son prix s’abaissera d’une façon appréciable. On peut rappeler que le manioc est aussi la plante qui fournit l’alcool au plus bas prix. Notre agriculture coloniale pourrait donc se préoccuper activement d'en augmenter la production, puisqu'elle fournirait une unité calorifique et énergétique très éco- nomique.— M. H. Jumelle donne le compte rendu d’ex- périences sur la culture du ricin à Marseille. On sait combien l'huile de ricin est demandée pour l’entretien des moteurs rotatifs; c’est donc une question d'actua- lité de faire l'étude comparée de diverses Variétés culti- vées dans notre Midi. Sur 23 types, 12 ont bien müri leurs graines : ce sont surtout les espèces du Sénégalet 2 variétés indiennes, alors que celles d'Amérique et d’Indo-Chine ont moins bien réussi, L'auteur poursuit l'étude botanique des variétés en expérience, mais n’a pas donné celte année de chiffres visant leur rendement cultural. — Le traitement de la distomatose,ou cachexie aqueuse des moutons, a été pratiqué par M. Vilcoq, de l'Ecole d'Agriculture du Chesnoy, à l’aide de l'extrait éthéré de Fougère mâle. Ce traitement, qui revient à 4 fr. 95 par tête, est très curalif. Ces expériences confir- ment celles de MM. Moussu, Raïlliet et Henry, faites à Alfort, en 1911, dont la découverte avait été exploitée par une maison pharmaceutique allemande qui en dis- simulait l'origine française. — M. J. Dybowski revient sur la question du sorgho denos colonies, pour montrer le rôle qu’il pourrait remplir au point de vue de notre élevage métropolitain. Cette plante qu'un bouturage permet de multiplier, pour fixer les types les mieux sé- lectionnés, devrait jouer un rôle très actif dans la pro- duction du pore. MM. A. Gouin et P. Andouard don- nent à ce sujet des indications sur son emploi : asso- ciés au tourteau d’arachide (25 kg.) et à la poudre d'os {10 kg.), 200 kg. de sorgho pexvent, en quatre mois, donner 95 kg. de viande nette avec un goret de 25 kg. Lorsque le fret normal sera rétabli entre Dakar tet Bordeaux, on pourra s’en souvenir. — M. Tardycommu- nique les résultats obtenus par des coopératives de cul- ture des terres. I] donne des chiffres relatifs à celles de la Haute-Garonne, du Forez, de la Dordogne, d’Eure-et- Loir, et de diverses coopératives des régions envahies. Les résultats ont été très heureux, et pourront susciter le développement du principe d'association, s’aidant même des capitaux des non-agrieulteurs. Elles contri- buent au relèvement de la valeur des propriétés foncières comme le montre l'exemple suivant : une propriété ter- rienne, qui n'avait pas trouvé preneur à 46.000 francs en 1915, a été vendue 120.000 francs en 1918 après qu'une coopérative l'avait prise en charge pour en intensifier la production, Ne peut-on pas trouver là un enseignement général sur l'intérêt qu'il y aurait à introduire, dans les fermes françaises, un peu plus de capitaux et de Com- pétence scientifique? — C'est aussi la même leçon qui ressort d’un mémoire très sincère de M. Mennesson sur la production du sucre de betteraves en France par la graine de betterave à sucre française. Après avoir constaté que notre rendement industriel accuse une in- fériorité globale de 3°/, sur ceux des pays voisins, l’au- teur recherche toutes les causes de ce déficit. Il trouve successivement l'influence possible du sol et du climat (10/0), celle des méthodes culturales défectueuses (ense- mencements faibles et tardifs, irrégularité des plantes), ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES puis de mauvaises conditions de mise en silos nonabri- tés, enfin les perles au pesage.Il semble quela moyenne et la petite culture n’ont pas suivi les progrès des gran- des exploitations. Il faudrait intéresser le producteur à l'amélioration du rendement industriel final, La sélec- tion méthodique, dont les méthodes sont bien connues, peut faire beaucoup pour élever le rendement moyen de nos cultures de betteraves, en fournissant de bonnes semences que nous n'avons pas besoin d'aller cher- cher ailleurs; mais il faut aussi supprimer les causes accessoires de pertes que M. Mennesson a signalées. — M. L. Mangin signale le dépérissement des Epiceas sous l’action nocive des vapeurs d’acide chlorhydri- que provenant de l'usinede Chedde. — M. Sagnier pu- blie lerapport de la Commission spéciale chargée d’élu- dier l’avant-projet d’un programme agricole présentépar M. le Ministrede l'Agriculture. Il exprime l'opinion de l’Académie sur ce programme. — M. H. Hitier pose une question qui intéresse les fermiers dont les terres peuvent être soumises au remembrement. Il montre que la loi sur le remembrement, qui prévoit des indemnités au propriétaire, néglige en partie d’in- demniserle fermier pourles améliorations apportées par lui à un domaine dont il peut être dépossédé. — M: Paul Serre envoieunenote sur l’utilisation des pépins de raisins en Californie. — Signalons aussi un mémoire de MM. Vermorel et Dantony sur les bouillies sulfo- calciques, moins coûteuses que les bouillies cupriques, et dont ils ont fait une étudetechnique et pratique. — M. Bachelier donne les résultats obtenus dans un essai comparatif de plusieurs engrais azotés.1Il en résulte no- tamment que dans le nitrate d'ammoniaque l'unité de l'azote engrais a sensiblement la même valeur que dans les autres engrais chimiques azotés pour la culture de la betterave. Ed. G. SOCIÈTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 5 Décembre 1918 M. R. V. Wheeler : L'inflammation des mélanges d'éthane et d’air dans un vase clos: les effets de la turbu= lence. Poursuivant les travaux antérieurs de Schloesing et de Mondésir, l'auteur a étudié l’effet de la turbulence sur la propagation de la flamme à travers les mélanges combustibles. L'auteur a observé dans une bombe de 4 litres le caractère de l'agitation produite par un ventila- teur et l'aspect des flammes, en expérimentant sur des mélanges gazeux dilués, Il a reconnu qu'une langue de flamme pointue partant du point d'inflammation (au centre du vase) est attirée en bas vers l’axe du ventila- teur et se propage de là avec un mouvement tourbil- lonnant en spirale oblique à travers le mélange. L’em- ploi du ventilateur, quoique favorisant la propagation de la flamme, augmente la difficulté d’inflammation du mélange. L'effet de l'agitation sur les mélanges d’éthane et d’air est d'augmenter lavitesse de propagation de la flamme. La différence de vitesse de la flamme entre les mélanges turbulents et tranquilles dépend du degré de, turbulence communiqué au mélange, etelle est plus mar: quée avec des mélanges à combustion lente. La valeur des pressions maxima atteinte concorde avec la valeur « corrigée » pour un mélange tranquille de même teneur en éthane,la correction appliquée étant basée sur l'hy= pothèse que la portion plate caractéristique de la crête des courbes de pression des mélanges tranquilles repré- sente unéquilibre entre la chaleur dissipée et la chaleur dégagée, après que la combustion est complète, par égalisation des gradients de température dans les gaz brülés, À F / + ————————— AHZUYTYT]T-]-]-]-]_DO—T————— Le Gérant : Octave Doix. a Sens. — Imp. LevÉ, 1, rue de la Bertauche. N° 7 15 AVRIL 1919 Revue générale pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER L Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l'Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eton pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique . Phosphorescences de types divers. — L'exis- ence de phosphorescences de très courte durée a été élée depuis longtemps par le phosphoroscope de Becquerel ; mais, jusqu'à une époque toute récente, la umière persistant après l'excitation n'avait été étudiée uantitativement que dans les cas où sa durée est rela- ivement grande. Les courbes de décroissance étaient pposées toutes du même type. On admettait que la oi de diminution de l'éclat était représentée par une quation de la forme : 1 I CET CET es phosphorescences des diverses substances ne différant entre elles que par la couleur, l'éclat et la durée. - Les mesures de Waggoner! et de Zeller ? sur les phos- phorescences de courte durée tendaient à confirmer cette vue. Au contraire, les observations de Ives et Luckiesh 5, relatives à l'influence de la température sur les courbes de décroissance de certains sulfures phos- phorescents, semblaient nécessiter une modification de a loi usuelle dans certains cas, tandis que les recher- ches sur la phosphorescence des gaz par C. C. Trow- bridge ‘et de la parafline à la température de l'air li- quide par Kennard° indiquaient que, dans le champ ‘des mesures effectuées, la loi de décroissance ne peut pas être exprimée par une somme determes de la forme : Li 1. WaccoxeR : Physical Review, 1"° série, t, XX VII, p.209; 908. 2, ZeuLer : Ibid. , 1'* série, t. XXXI,p. 367; 1910. 3. Ives et Lucxtesn: Astrophysical Journal, t. XXXVI, . 330; 1912, 4. G. CG. TROWBkIDGE : Physical. Review, 1r-série,t. XXXII, p- 129; 1911. 5. Kennanp : Jbid., 2e série; t, IV, p. 278; 1914. KEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Nichols et Howes! ont signalé que la phosphores- cence des sels d’uranyle, très brillante, mais très brève (elle ne dure que 0,03 sec.), est d’un type entièrement différent. Sa décroissance, d’abord très lente, devient de plus en plus rapide, à l'opposé de ce qu'on avait observé dans tous les cas étudiés antérieurement. Les mesures effectuées sur la calcite indiquent que cette nouvelle forme de décroissance n'est pas spéciale aux sels d’uranyle. Aussi MM. Nichols et Howes? proposent-ils de dis- tinguer deux types de phosphorescences qu'ils dési- gnent, l’un sous le nom de phosphorescence persistante (persistent phosphorescence), l'autre sous celui de phos- phorescence évanouissante (vanishing phosphorescence). 1° La phosphorescence persistante est caractérisée Fig. 1. Fig. 2. Fig. 1. — Phosphorescence du type « persistant ». Fig. 2. — Phosphorescence du type « évanouissant ». par une courbe de décroissance formée d'une série de fragments de droite dont le coeflicient angulaire dimi- nue à partir de l’origine des temps (fig. 1); pour toutes ET — 1. Nicuouset Howxs : /bid., 2e série, t. IX, p. 292; 1917. 2. Nichos et Howes : Proceed. of the National Acad. of Sciences (U. S. A.}, t. IV,p. 305-312; octobre 1918. 194 les substances étudiées dans un intervalle assez élendu, on a constaté l'existence d'au moins trois de ces frag- ments. \ 2° La courbe de décroissance de la phosphorescence évanouissante est constituée par une série de droites dont le coeflicient angulaire augmente à mesure qu’elles s'éloignent de l’origine des temps (fig. 2). Dans lescourbes de décroissance, on porte en ab- seisses les temps comptés à partir du moment où l'exei- tation est interrompue, et en ordonnées l'inverse de la racine carrée de l'intensité 1 ‘2, On peut supposer que les variations plus où moins brusques du coefli- cient angulaire des fragments de droite qui consti- tuent la courbe de décroissance traduisent des varia- tions réelles dans les processus de l'émission de lumière par les corps phosphorescents. On peut trouver un critérium permettant de distin- guer les deux types dans l'intersection avec l’origine des diverses portions de droite, Pour le typer,lesin- tersections sont toutes sur la partie positive de l'axe des ordonnées; pour le type 2, les intersections des fragments de droite 2 et 3 sont sur la partie négative. Le passage d’un processus de phosphorescence au suivant n’est probablement jamais discontinu, comme on l’a indiqué schématiquement sur les figures 1 et 2; il est parfois très brusque (calcite); parfois, au con- traire, la transition est graduelle, Dans le cas des sels d'uranyle, la position des points anguleux dépend de l'intensité de l'excitation. Quelquessubstances peuvent présenter les deux types de phosphorescence suivant le mode d’excitation, Ainsi la phosphorescence des sels d’uranyle est éva- nouissante quand on la produit par l’action de la lu- mière ; quelques-uns de ces mêmes sels, notamment KUO2 NO) et K?UO?(NO%)', soumis à l’action de la décharge cathodique à la température de l'air liquide, demeurent lumineux plusieurs secondes après la fin de l'excitation et présentent des courbes de décroissance du type persistant. Certaines calcites présentent une particularité analogue : nouissante après une excitation lumineuse et persis- tante après une excitation cathodique. Le type d’une phosphorescence ne semble pas défini par sa durée et toute phosphorescence à disparition ra- pide n’est pas forcément du type dit évanouissant. Ainsi la willémite, étudiée par Waggoner, dont la durée de décroissance est très inférieure à celle de certai- nes calcites, appartient cependant à un type diffé- rent. Ilen estde même de divers composés phosphores- cents étudiés par Waggoner : par exemple, ZnCl?, CaCE, CdS0O!, contenant une trace de MnSO! et chauffés au rouge dans Na?SO'; bien que les phosphorescences soient de courte durée, les courbes de décroissance appartiennent au type persistant, A: Be $ 2. — Chimie physique Lanature del’affinitéchimiqueet la valence des atomes. —MM. Ciamician et Padoa! ont présenté des considérations inléressarites sur la nature de l’afli- nité chimique et de la valence des atomes que nous nous proposons de résumer brièvement, 1. Les progrès qu'ont fait faire à la théorie atomique les recherches récentes effectuées dans certains domai- nes de la Physique el la découverte des corps radioac- tifs ont posé le problème de l’affinité d’une façon toute différente. Autrefois on pouvait faire abstraction de l'hypothèse atomique et se borner aux lois générales telles qu’elles dérivent des principes de la Thermodyna- mique. Actuellement, il paraît utile de rechercher la signification que peuvent acquérir, à la lumière des théories sur la constitution des atomes, les relations ainsi établies entre l'énergie chimique et l'énergie ther- mique. 1. Journal de Chimie physique,t. XVI,p. 97-106; 31 juil- let 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE la phosphorescence est éva- : D'après la théorie cinétique, tout mouvement des atomes cesse au zéro absolu et la capacité calorifique s’'annule. Au contraire, l'énergie interne des atomes ne disparait pas aux températures extrêmement basses, comme le démontrent les phénomènes des corps radio- actifs et les expériences de Moissan sur le fluor et Phy- drogène solide qui réagissent encore violemment. La chaleur, d’après la théorie cinétique, résulte de la force vive des atomes ou des molécules en vibration ou en translation : un processus réversible dans lequel l’é- nergie chimique se transforme en énergie thermique peut être représenté comme un mécanisme selon lequel” l'énergie cinétique des atomes se transforme d’une ma-* nière réversible en énergie potentielle, c'est-à-dire en mouvement intérieur de leurs constituants, En d’autres termes, on pourrait dire que l’énergie libre des atomes est la fraction de leur énergie interne qui peut devenir. extérieure sous forme de chaleur ou sous toute autre forme sans que l’atome se décompose, 2. Pour rendre compte de la partie essentielle du. phénomène chimique, il ne suflit pas, pensent MM. Cia- mician et Padoa, d'envisager seulement les attractions électrostatiques ou magnétiques. IL semble diflicile, en particulier, d'admettre que deux corps, quelque petits qu’ils soient, deux atomes par exemple, puissent prendre des propriétés essentiellement différentes parce qu'ils sont placés dans des conditions nouvelles d’attraction réciproque. La nature du phénomène chimique est très spéciale et ne peut résider seulement dans un échange. d'attractions. On sait aujourd’hui, grâce aux expérien- ces de Bragg, que les atomes, dans les cristaux, ne sont que juxtaposés : par exemple, dans un cristal de chlo- rure de sodium, les deux espèces d’atomes alternent dans le réseau cristallographique; on peut se demander quelle différence il existe entre le chlorure de sodium cristallin et un mélange dans lequel le même nombre d’atomes de sodium et de chlore serait disposé avec la même régularité. Pour répondre à cette question, MM. Ciamician et Padoa sont conduits à admettre que « l'essence du phé- nomène chimique est une modification de la structure interne de l'atome ; cette modification, que subit l'atome au moment de la combinaison, peut se faire avec perte où gain d'énergie. Les atomes dans les molécules sont bien juxtaposés ; mais leur structure intérieure n’est plus la même que dans l’atome libre. » Cette structure se modifierait au moment de la combinaison et retrou- verait son état primitif quand l'élément est libéré. Il est impossible, pour l'instant, de connaître la na- ture de ces changements. On ne peut faire que des hypo- thèses. Il semble que l'expulsion ou l'acquisition d’un électron au moment de la combinaison doive s'accom- pagner d’une transformation intérieure plus ou moins. profonde de l'atome ; ceci ferait comprendre la diffé- rence véritable qu'il y a entre l'atome et l'ion correspon- dant, différence que la seule présence d'une charge électrique ne suflit peut-être pas à expliquer. On peut maintenant très bien concevoir qu'un atome (ou une molécule) puisse acquérir une charge électrique sans. être pour cela différent chimiquement d’un atome élec- triquement neutre, et que l’air ionisé, par exemple, ne soit pas différent de l’air non conducteur. L'atome devient ion en perdant ou en gagnant de l'£= nergie selon la nature des transformations intérieures qu’il subit (indépendamment de l'hydratation qui peut accompagner le phénomène),eLsa stabilité dépend étroi- tement des variations d'énergie ainsi mises en jeu. La , modification de structure de l'atome qui devient ion, accompagnée, selon l'hypothèse précédente, d’une varia: tion d'énergie interne, peut expliquer notamment l’ori- gine des chaleurs d'ionisation positives dont il était difficile de rendre compte. 3. Sur la natureet la signification physique de la va- lence, on a fait les hypothèses les plus variées. Elle est déterminée, dans la théorie de la dissociation, par le nombre d'électrons que l’atome peut perdre ou acqué- rir. J, J. Thomson imagine que les actions attractives, ‘ D Ed" déterminées par les valenees, s'exercent non pas, comme pour les autres attractions, dans un champ sphérique, mais seulement dans les directions de certains tubes de force qui correspondraient, en quelque sorte, aux traits par lesquels les chimistes représentent les valences. Faisant abstraction de la nature de ces attractions, MM: Ciamician et Padoa pensent que « le nombre des flinités dont peut disposer un élément dans ses com- binaisons dépend de ce qu’on pourrait appeler la forme ëxtérieure de l’atome », Ainsi, le réseau cristallogra- phique du diamant, d’après les recherches de Bragg, est Constitué de telle façon que chaque atome de carbone èst relié à quatre autres atomes dans des directions qui nt du centre aux sommets d'un tétraèdre. Ce fait cor- spond d’une manière surprenante à la disposition étraédrique des valencesde l’atome de carbone à laquelle les chimistes ont dû recourir pour expliquer certaines soméries des composés organiques. Aussi semble-t-il ique d'admettre que le carbone fonctionne comme | nt tétravalent dans ses composés, parce que son tome acquiert une forme tétraédrique. Mais cela ne eut pas dire, évidemment, que l’atomelibre ait la même orme. Gette manière d'interpréter la valence des atomes pourrait être généralisée et appliquée aux autresélé- ments. Pour certains, il faudrait admettre des formes atomes différentes suivant le type de combinaison en- isagé : ainsi l'atome de cuivre n'aurait pas la même brme dans les selscuivreuxet dans les sels cuivriques lont les caractères sont si différents. Des remarques nalogues s'appliqueraient au thallium, au manganèse, au chrome, etc, Autrement dit, pour certains éléments, ‘omme le carbone, la variation de la valence n’entraine- pas la modification de forme de l'atome, car des va- nces restent libres; pour d’autres, aux divers lypes de binaison correspondraient des formes différentes e l'atome, et l'élément est poly morphe, On comprendrait ainsi pourquoi certains éléments vent donner diverses séries de dérivés isomorphes lon le type de combinaison : l’atome de thallium, ans les composés monovalents, aurait une forme emblable à celle des métaux alcalins dans leurs sels, semblable à celle de l'aluminium dans les composés ivalents. Le type de combinaison détermine souvent s relations d’isomorphisme entre éléments de carac- : différent, parce que leurs atomes sont eux-mêmes lymorphes. Dans les relations entre les éléments radioactifs et s produits de désintégration, on a découvert réçem- ent des faits qui appuient les vues précédentes : deux u plusieurs atomes de même structure ef de même peuvent être identiques dans leurs propriétés, ie si la quantité de matière qu'ils renferment est #èrement différente (éléments isotopes), et, réciproque- ent, deux éléments peuvent être différents malgré dentité du poids atomique, c’est-à-dire pour des quan- és de matière égales, si leur structure et leur forme mt différentes. Les propriétés des éléments, concluent fort juste- ent MM. Ciamician et Padoa, ne sont pas seulement ne fonction de leur poids atomique, comme le pensait endéléeff, mais aussi de leur intime structure. » 4 A. B. $ 3. — Chimie industrielle préparation commerciale de l'hélium ur le gonflement des dirigeables. — Un des ‘ogrès les plus remarquables réalisés au cours de la érre au point de vue technique, c’est la préparation l'hélium en quantités suflisantes pour servir au gon- ment des dirigeables, L'hélium est, en effet, un gaz > qui se rapproche beaucoup à ce point de vue de ogène, dont il possède les 92 */, de la force ascen- mnelle. Mais il a sur lui l'énorme avantage de n'être inflammable, ni explosible, ee qui permet de placer hyd CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE les moteurs au besoin à l'intérieur de l’enveloppe; en outre, les pertes par diffusion sont moindres pour l’hélium que pour l'hydrogène. L'hélium, qui paraît abondant sur le Soleil, est rare à la surface de la Terre, où on ne le trouve que dans les gaz qui se dégagent de certains minéraux radio-actifs chautfés ou dänscertains gaz naturels. Avant la guerre, on n’en avait jamais préparé que de faibles quantités et à un prix très élevé. C’est sur les suggestions de Sir R. Threlfall, qui s'était livré à une étude appro- fondie des sources d’hélium, et des frais de préparation et de transport de ce gaz, que l'Amirauté britannique se décida à entreprendre cette tentative. On trouva que certains gaz naturels du Canada contiennent en- viron 1/3 pour cent d’hélium, et un laboratoire de re- cherches fut établi à l'Université de Toronto. Quand les Etats-Unis furent entrés en guerre, le Bureau des Mines vint également coopérer à l'étude de la question, en vue de l’exploitation des sources d’hélium du pays, Grâce à la vigoureuse impulsion donnée à ces travaux, la fabrication industrielle de l’hélium : était mise en train en juillet 1918. Au moment de la cessation des hostilités, 4.100 m* d’hélium presque pur étaient com- primés et prêls à être transportés, et les usines en construction étaient prévues pour fabriquer 1.400 m° d’hélium par jour à un prix ne dépassant pas 18 francs le mètre cube. D'autre part, tous les détails pratiques pour la con- struction de dirigeables à hélium et leurs règles de na- vigation avaient été étudiés par la Section d’Aéronau- tique de l'Amirauté brilannique, et l'on avait préparé les plans d’une station pour la purification de l’hélium contaminé en service; on recherchait également d’au- tres emplois techniques de ce gaz. Tous ces travaux ne sont certainement pas perdus, car la production courante d’un gaz quiévite tout dan- ger d'incendie ouvre cértaisement une nouvelle êré à la navigation aérienne par ballon dirigeable. $ 4. — Agronomie L'expérimentation agricole en Algérie!. — On a dit trop souvent que nous manquions d'esprit d'organisation : aux tempéraments pessimistes nous opposerons les lignes suivantes qui nous montreront ce que les Français savent faire en Algérie. A la veille de la guerre et pour répondre au désir unanime des Assemblées algériennes, M. le Gouver- neur général venait d'arrêter le plan d’une organisation moderne et rationnelle de Services d'Etudes, de Recher- ches, d'Expérimentation et de Vulgarisation agricoles. A la réalisation du programme que nous allons expo- ser sont affectés les fonds versés par la Banque d'Algé- rie en vertu de la convention signée à l’occasion de la prorogation de son privilège, En vue de permettre une gestion rationnelle des di- vers établissements agricoles, ils ont été réunis en deux groupes, dotés chacun d'un budget autonome : d’une part, l'Ecole d'Agriculture de Maison-Carrée (Alger) et ses annexes; d’autre part, le Jardin d'Essais du Hamma et les stations expérimentales qui lui seront annexées.En- fin un décret du 22 octobre 1916 a placé les Services de l'Agriculture sous l’autoritéexelusivedu Gouverneur général. Il appartient désormais à ce haut fonction- naire d'adapter aux besoins de la Colonie les attribu- tions de chaque Service ainsi que leur fonctionnement. Autonomie financière et gépendance du seul Gouver- neur général, telles sont les mesures qui donnent à ces divers Etablissements une grande souplesse d'action, propice à la réussite des travaux très variés qu’ils sont appelés à effectuer. La direction et la coordination des différents Services sont assurés par le Directeur de l'Agriculture, du Com- merce et de la Colonisation, assisté du Sous-Directeur. 1. Note sur les Services de l'Agriculture en Algérie. Direction de l s'ariqince, Alger, 1918. 196 Enuméronsles Services qui viennent d’être créés ou réorganisés : 19 Service météorologique, rattaché à l'Université, orienté dans un sens nettement agricole; 2 Service géologique, constitué depuis longtemps déjà sous le nom de Service de la Carte géologique, auquel il sera fait appel pour les questions agricoles !; 3° Service agrologique, chargé de l’étude chimique et physique du sol et des productions agricoles ; 4° Service agronomique, pour tout ce qui concerne le travail et la préparation du sol en vue de déterminer les conditions les plus favorables à la végétation et aux diverses cultures ainsi que l'étude dé l'outillage agricole; 5° Service botanique, déjà ancien et dont Je: rôle a été maintes fois apprécié; 6° Service de la défense des cultures, contre les insec- tes et végétaux nuisibles; 9° Service de l'élevage, qui fait appel au concours des agents du Service vétérinaire et du Service des Etablis- sements hippiques et à l’Institut Pasteur d'Algérie; 8° Service du Crédit, dela Coopération et de la Mutua- lité agricoles, sur lequel l'Administration fonde de sérieuses espérances pour l'amélioration de la culture, indigène ; 9° Service agricole général, provenant de la trans- formation des anciennes chaires d'Agriculture et qui comprend, dans chaque département, un « Chef du Ser- vice agricole général » et des « Conseillers agricoles ». Cette organisation, des mieux comprises et très com- plète, possède commemoyen d'action un certain nombre d'Etablissements de recherches et de vulgarisation. Il serait trop long de les étudier en détail; bornons-nous à les citer : danssa sécheresse, cette liste est bien élo- quente :. ‘ Ecole d'Agriculture de Maison-Carrée (près Alger) et ses fermes annexes pour l’expérimentation agricole (Do- maine de Berteaux, sur les hauts plateaux constanti- nois, commune mixte d’Ain-M'lila, avec ses 525 hecta- res ; Station botanique de Rouiba). Notons encore cette mesure logique : les professeurs chargés des différentes chaires de l'Ecole relèvent, sans que cependant soitpor- tée atteinte à leur initiative, des services techniques énu- mérés plus haut. f Station botanique de Maison-Carrée; Jardin d'Essais du Hamma (Alger); Station Ampélographique de Mon- dovi; Station expérimentale du domaine de l’'Habra (dé- partement d'Oran) ; Ecole d'Agriculture de Philippeville et Laboratoire de Chimie agricole; Fermes-Ecoles indi- gènes à Taourirt-Zaouau, à Ben-Chicao (département d'Alger), à Mazouma, à Ammi-Moussa (département d'Oran); d’autres encore doivent être créées. Pour la détermination des nouveaux centres de re- cherches et d'expérimentation, la Direction de l'Agri- culture a d’ailleurs bien compris « qu’ilest moins indis- pensable de multiplier les stations que de bien choisir leur emplacement, de les doter de tout l'outillage né- cessaire et de les confier à des hommes compétents et expérimentés ». Parmi les Services que l’on doit encore organiser pro- chainement, le Service d’ Aquiculture, pour l'étude de la pêche sur lescôtes d'Algérie, est vivement réclamé. Ci- tons également la Station de culture des Zibans;eprès de Biskra ; la Station d'Elevage de Talmit, près de La- gouat (pour les Ovins);la Station agricole et biologique Saharienne, projetée dans la vallée de l'Oued-Rhir, L'enseignement agricole dispose : des Ecoles d’Agri- culture de Maison-Carrée, de Philippeville; de l'Ecole ménagère agricole (à Alger), de l'Ecole d’Apprentissage horticole, On envisage enfin la possibilité de recevoir des stagiaires agricoles sur les domaines des Ecoles d’A- griculture et des Stations expérimentales d'une impor- lance suflisante. 1. Notons, à ce propos, que la Curte géologique de l'Algé- rie étant à “l'échelle de 1/50.,000°, ce document est précieux pour les études ugrologiques et pour repérer exactement les { prélèvements d'échantillons de terres. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | justifiable d'applications pratiques. On comprend la pos=, Pour clore cet exposé, faisons ressortir ce fait qu’il ne s’agit pas d'un programme sur le papier, mais bien d'une organisation qui existe et qui a donné plus de cohésion: à des services déjà en fonctionnement en même temps que se poursuivait, en pleine guerre, la création deplu- sieurs Etablissements d’études agricoles. Cette preuve de vitalité de l’énergie française doit nous donner bon espoir en l’avenir. M. Rigotard, Ingénieur-A gronome. $ 5. — Sciences médicales L'état actuel de la chimiothérapie de la tu- berculose et les difficultés du problème. — Depuis la stagnation de Ja thérapeutique biologique de la tuberculose par les sérums et les tuberculi- nes, la chimiothérapie de cette affection a attiré l’at- tention des physiothérapeutes. Le problème est'ac- tuellement étudié de près par la science française et, dans une récentecommunication à l'Académie de Méde- cine, M. le D' L. Rénon en a examiné l’état actuel et les dificultés qu'il présente, 1 Le but que se propose la chimiothérapie de la tuber- culose est le suivant : trouver une substance minérale ou organique, nettement définie, qui, nocive pour le ba- cille tuberculeux dans l’organisme animal, ne lèse pas les éléments constituants de cet organisme. Ce problème thérapeutique peut comporter deux grandes solutions : 1° rendre l’organisme réfractaire à l’action du bacille tuberculeux qui ne pourra s’y développer; 2° agir sur le bacille lui-même, en le tuant dans l’or- ganisme infecté. Pour trouver la substance chimique capable de dé- truire le bacille tuberculeux dans l'organisme, il faut d'abord s'adresser à celles qui entravent son développe- ment dans les cultures. | Des recherches de MM. Frouin, Becquerel, Aug. Lu- mière et Chevrotier, Sauton, P. Courmont et Dufourt, Rénon et d’autres auteurs, il résulte que les substances suivantes ont, à petite dose, une action efficace pour arrêter le développement du bacille tuberculeux dans les cultures : azoture de sodium, phénylhydrazine, ar- séniate de sodium, sulfure d’allyle, fluorure et chlorure de cadmium, nitrate et acétate d’urane, sulfate de lan= thane, sulfates de néodyme et de praséodyme, sels d’ar- gent, d’or et de sélénium, chlorure de baryum, sulfate de zirconium,sulfate d'yttrium, sulfate de titane. sulfate et chlorure de glucinium, chlorure de nickel, sels de bismuth, etc, La chimiothérapie peut s'adresser aux modifications des milieux de culture du bacille, ce qui est devenu plus facile depuis la découverte de milieux deculture très net- tement définis au point de vue chimique. Les rechérches de M. Frouin, de MM. Tiffeneau et Marie, de MM. Ar- mand-Delille, ‘Mayer, Schaeffer et Terroine, de M. Sau- ton, montrent que, dans des milieux bien définis, lacom: position du milieu joue un rôle important ‘dans le développement du bacille. L'alcalinisation avec descon= centrations de soude supérieures à N/5, l'absence de po tassium, soufre, phosphore, fer, magnésium, empêchent sa culture, Par contre, l'addition d’ «un centimillième »e de fer suflil pour tripler le poids de la récolte. Théoriquement, on peut donc penser obtenir une ac- tion thérapeutique sur la tuberculose des animaux et de: l'homme en ajoutant à l'organisme animal infecté par le bacille une des substances énumérées plus haut. Théoriquement aussi, on peut penser soustraire à l'or: ganisme animal, par suppression alimentaire, les sub- stances chimiques indispensables à la vie du bacille: dans les cultures, substances telles que K, Mg, Fe, PS. De ces deux cures théoriques, la première paraît seule sibilité de l'addition d’un corps à l’organisme; mais il parait difficile d'empêcher l'apport de K, S, Mg, Fe, PA ? Tout au plus pourrait-on diminuer la quantité alimen- taire de ces aliments. Puisque l’alcalinisation excessive a uné action empêchante dans les cultures, on devrait envisager aussi l'éventualité d'une alcalinisation plus grande de l'organisme. Pour déterminer la valeur de la chimiothérapie de la tuberculose expérimentale et de la tuberculose humaine, il est indispensable de pousser à fond l'étude pratique de ces cures théoriques d'addition et de soustraction. Dans ce but, il est nécessaire de réaliser/le programme suivant : établir l’action d’une substance sur la culture du bacille, puis vérilier la toxicité de cette substance . sur l’animal, au moins sur le chien, le lapin etle cobaye; si la substance n’a qu'une toxicité réduite, essayer son action sur la tuberculose expérimentale et spontanée des animaux, puis sur la tuberculose de l’homme. On - opérerait de même pour la eure de soustraction. M. L. Rénon a pu, depuis dix ans, étudier de cette manière quelques substances; ila obtenu certains résultats inté- ressants, mais sans effets décisifs. Tel est le problème de la chimiothérapie de la tuber- culose. On ne peut déclarer que l’avenir de la phtisio- thérapie n’est pas dans cette voie, si ce problème n’est pas solutionné en enlier dans un sens positif ou dans un sens négatif. Il est d’une telle ampleur qu'il ne peut être résolu-par des recherches isolées et dispersées, qui prendraient un temps trop considérable pour aboutir. Malgré toutes ces difficultés, malgré le labeur énorme qu'il réclame, il pourrait, d’après M. Rénon, être solu- tionné en quelques années s’il était abordé avec méthode et précision par un grand nombre de travailleurs dis- . posant de toutes les ressources nécessaires, . $ 6. — Géographie et Colonisation La voie ferrée du 45e parallèle!. — C'est ainsi que. l'a baptisée M. Paul Claudel, qui en forma le pre- mier projet; ce serait un nouvel Æxpress-Orient, s'écar- ant des Empires centraux et n’empruntant que des territoires alliés. De Bordeaux à Odessa, la ligne pas- Sera par Lyon, Turin, Milan, Vérone, Venise, Trieste, Zagreb (Agram), Belgrade, Orsova, Bucarest et Galatz; - de Paris, on peui la rejoindre par Pontarlier et le Sim- . plon, ou par Culoz et le Mont-Cenis ; à Belgrade, les voyageurs bifurqueront à leur gré sur Salonique ou Constantinople. _ La voie existe partout, sauf sur le trajet direct Bel- l grade-Orsova ; il ne s’agirait donc que de doublement - et d’unification de voies, de corrections de courbes et de profils, de raccordements, principalement de Venise » à Zagrebet de Brod à Belgrade, et d’électrification gra- » duelle, possible sur tout le parcours, ce qui augmente- - rait la vitesse et la puissance de traction. Cette grande ligne de 3.260 km. (distance de Paris . à Odessa) suit à peu près tout le contour sud du massif _ européen, tangente à l’Adriatique et à la mer Noire, à . égale distance du pôleet de l'équateur. C'est une des routes les plus anciennes du continent : quand la puis- . sance romaine s’étendit au delà des Alpes, son centre de gravité remonta vers le nord, Milan devint la vraie capitale de l'Italie et le nœud de la puissance militaire se trouva reporté sur le Danube etsur la Save; la grande route d'Occident en Orient passa par les cols des Alpes, .. 4. Cf. G. Hexsenr : La grande ligne transeuropéenne du 45* parallèle. Rapport sur le projet Paul Claudel. 1 br.in-8, * Paris, édit. de la Revue franco-étrangère, 1917. — Cu. Loi- sEAU : Une artère sud-européenne. Revue de Paris, 1 mars 1918. — CnazumeAU : La grande ligne transeuropéenne Bordeaux-Lyon-Odessa. Bullelin mensuel de la Foire de «Lyon, octobre 1917. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE JANINE a AN CU RS TUNES 197 Milan, Aquilée, Logatec, Laibach, Siscia (résidence impériale et hôtel des monnaies), Sirmium (Mitrovica); elle franchissait ensuite la Save entre Semlin et Bel- grade, suivait la rive droite du Danube jusqu'à Kos- tolac, puis par la vallée de la Morava, jusqu'à Nich, se dirigeait sur Sophia (Serdica), Philippopoli, Andrinople et Constantinople, tandis qu'une autre branche suivait la rive droite du Danube jusqu’à la mer Noire !. Ce sont les Empires centraux, et l'Autriche notamment, qui ont condamné cet axe du monde yougo-slave en dé- tournant le trafic d'Orient sur Budapest, Vienne et l'Allemagne du Sud, comme ils s'élaient opposés à le rouvrir, en 1906, à la Conférence internationale des ho- raires, réunie à Brême, lorsque la demande en fut faite par M. Noblemaire, au nom de la Cie P.-L.-M., à l'oc- casion du percement du Simplon, Grâce à notre victoire, l’ancienné voie naturelle re- prendra ses droits ; il faut enlever à l'Allemagne tout contrôle sur les voies internationales qui traversaient son territoire; en modifiant ses tarifs suivant les arti- cles et lès pays, grâce à ses chemins de fer d'Etat, ce pays élevait ou abaïssait à son gré les barrières doua- nières ; de même qu'en dénationalisant le transit, l’Al- lemagne faussait les statistiques commerciales. Les grandes voies terrestres internationales, ferrées ou flu- viales, doivent bénéficier des mêmes garanties que les routes maritimes, sous la protection d’une Commission internationale, du genre de celle qui fonctionnait pour le Danube. Ligne de voyageurs, ligne d’émigrants slaves et rou- mains venant s’embarquer dans nos ports de l’Atlän- tique, elle transportera surtout les produits manufac- turés de l'Occident et les denrées périssables de l'Orient (beurre, œufs, etc.); mais, si l'exploitation en est faite rationnellement, avec un matériel bien approprié, par wagons de gros tonnage et par trains complets, cette voie pourra attirer les céréales, lepétrole, la houille, en faisant concurrence à la navigation maritime, L'ouverture de cette grande artère pose la question d'amélioration des voies transversales françaises qui relient Bordeaux et Nantes à Lyon et à Chalon, et dont l’exploitation est rendue difficile par la traversée du plateau Central. Trois tracés relient Bordeaux à Lyon : 1° le plus court passe par Périgueux, Brives, Tulle, Ussel, Clermont-Ferrand, Saint-Etienne ; l’alti- tude de la ligne atteint 500 mètres : il y aurait lieu de réduire les déclivités et les courbes, et de poser la dou- ble voie, là où elle n’existe pas; 20 le plus long passe par Périgueux, Limoges, Guéret, Montluçon, Gannat, Lapalisse; M. l'ingénieur Mange en propose la correc- tion par une voie nouvelle entre Limoges et Saint- Germain-des-Fossés? ; 3° un projet Pech utilise la ligne de Bergerac, Sarlat, Aurillac; Murat, Brioude, Saint-. Etienne, par une correction de Massiac à Sambadel. D’autre part, M. L. Villat, signalant les graves incon- vénients des lignes précitées entre Bordeaux et Lyon, préconise-le débouché sur Nantes par Tours, Nevers, le Creusot, Chagny, avec bifurcation sur Dôle, Pon- tarlier, pour le Simplon, ou Mäcon et Culoz, pour le Mont-Cenis®?. Pierre Clergat, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. 1. A. Evans : Les Slaves de l'Adriatique et la rôute conti- nentale de Constantinople. Trad, franc. Br. in-8°, édit, du Near East. London. 2. M. Maxce: Le Suisse-Océan. L’Erpansionéeonomique, n° 7, août-septembre 1918, avec 1 carte. 3. L. NiaT : Annales de Géographie, 15 novembre 1918. | 198 L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ PAR LES CORPS INCANDESCENTS : DEUXIÈME PARTIE : LES APPLICATIONS La deuxième partie de cette étude! sur l’émis- sion d'électricité par les corps incandescents, consacrée aux applications, ne saurait avoir la prétention d’être complète ni entièrement à jour. Les dispositifs quiont été proposés par les inven- teurs ont fait l’objet d’un nombre si élevé de brevets qu'il faudrait écrire un gros livre pour les décrire et les discuter tous. D’antre part, bien des perfectionnements apportés en ces der- nières années ont été tenus secrets. Aussi nous bornerons-nous à l'exposé des principes sur les- quels reposent les principaux dispositifs qui ont été décrits dans les revues techniques ?. I. — Soupare DE FLEMING $ 1. — Principe du dispositif J. A. Fleming a été le premier, en 4904, àappli- quer l'émission d’électricité par les corps incan- descents au redressement des courants alterna- tifs de basse et de haute fréquence *. Le dispositif de Fleming peut revêtir diverses formes, dont quelques-unes sont représentées Fig. 1. — J'ormes diverses du dispositif de lleming. [, filament de carbone; e, électrode isolée, sur la figure 1.11 consiste en une lampe à incan- descence ordinaire à filament de carbone, pour- vue d’une électrode isolée e; cette électrode peut être une lame métallique, plane ou cylindrique, 1. Voir la première partie dans la Rev. gén. des Sc. du 30 mars 1919, t. XXX, p. 171 et suiv: 2. Outre les Mémoires que nous signalerons au cours de notre étude, nous avons utilisé les études d'ensemble sui- vantes : R. L, Smrru-Rose: The evolution of the Thermionic Valve, Journ. of the Institution of Electr. Engineers (Lon- don), t. LVI, p. 253-266; avril 1918. — W.H, Eccres: Tonic Valves. Year-Book of Wireless Telegraphy and Telephony, 4947, p. 674-693, The Wireless Press Ltd, London, — ViARo : Cours élémentaire pratique de Télégraphie sans fil. 1 vol. in-8?, Librairie de l'Ecole spéciale des Travaux publics, Paris, 1917. 3, J. À. FLceminG : Brevet anglais n° 24.850 ; 1904, A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ ou un autre filament de carbone. Quand le fila- ment f'est porté à l’incandescencée par un courant électrique, on constate que l’espace vide compris entre l’électrode isolée et le filament incandes- cent peut être traversé par un courant intense pourvu que la plaque soit portée à un potentiel supérieur à celui de l’extrémité négative du fila- ment (dans le cas contraire, il ne passe qu'un courant inappréciable dû aux ions positifs que RÉNTAODE fournir les molécules du gaz résiduel ‘de l’ampoule). Ces propriétés sont une conséquence directe de l'émission de corpuscules négatifs par le filament Fig. 2. — Dispositif de Fleming pour la transformation des oscillations électriques en courant de sens uni- que. — e, électrode isolée; /f, fila- ment incandescent; p, primaire, et s, secondaire d’un transforma- teur: G, galvanomètre; C, con- densateur ; B, batterie. Terre incandescent : ces corpuscules ne peuventêtre attirés par l’électrode isolée que si le potentiel. de celle-ci est supérieur à celui d'une partie du. filament. L'espace compris entre l’électrode et le flament possède donc une conductibilité unilatérale. - L'ampoule fonctionne comme une soupape : d'où le nom de valse proposé par Fleming. Fleming a indiqué ensuite que ce dispositif peut être utilisé pour convertir les oscillations électriques en courants dirigés dans un sens uni- que et, parsuite, susceptibles d'être décelés par un galvanomètre ordinaire. Le schéma des connexions qui permettent | de réaliser cette PP rpR est senté sur la figure descent f'et l ne e, on branche un galva- nomètre sensible G disposé en série avec l’enrou- lement secondaire d’un transformateur. Si l'on produit au moyen du primaire p des oscillations électriques dans le secondaire s, les seules demi- repré= Entre le filament incan- - ondes du courant qui passent sont celles qui correspondent à un flux d'électricité négative allant du filament f vers l’électrode e. Le galva- nomètre est traversé par des courants ayant une seule direction : le cadre ou l'aiguille mobiles sont déviés. j Pourutiliser la soupape comme récepteur dans un poste de T. S:F., on dispose l’enroulement entre l’antenne et le sol. Un condensateur C, ranché aux bornes du secondaire s, permet de réaliser la résonance avec les ondes reçues. Les oscillations induites dans le secondaire s sont rectifiées grâce à la conductibilité unilatérale de la soupape, et chaque train d'ondes produit dans le téléphone récepteur une série d'alternances dirigées dans une seule direction, qui donne un toc. Le diaphragme du téléphone récepteurvibrera donc avec une fréquence égale à celle des trains d’oscillations reçus, c'est-à-dire à la fréquence du poste transmetteur de T. S.F. dont on reçoit les signaux. - La conductibilité de la soupape est d'autant plus unilatérale que l’électrode e est maintenue plus froide. Si on laisse l’électrode s’échauffer par le rayonnement du filament, elle peut elle- même émettre des électrons et le courant entre le filament et l'électrode n’a plus lieu dans une direction unique. $ 2. — Théorie générale du fonctionnement On peut expliquer d’une manière plus précise le fonctionnement de la soupape de Fleming. Il résulte, en réalité, de ce que l’intérieur de l’am- poule se comportecomme un conducteur n’obéis- sant pas à la loi d'Ohm. Quand on applique une Î. é, m. progressive- ment croissante entre l’électrode collectrice e et le filament, celui-ci constituant la cathode, on constate que le courant n’augmente pas d’une manière uniforme, mais atteint assez vite un maximum (courant de saturation pour l’espace gazeux), après quoi il diminue très lentement. La conductibilité de l'espace gazeux, mesurée par le rapport du courant à la tension, augmente jusqu’à un maximum et diminue ensuite, On a reproduit sur la figure3 la courbe re- présentant le courant en fonction de la tension pour une soupape de Fleming dans laquelle l'électrode collectrice, cylindrique, entoure le filament. La forme des courbes varie d’ailleurs notablement avec la température du filament et à ledegré du vide. 1. Quand la quantité de gaz laissée dans le tube on dégagée . par le bombardement cnthodique de l’anode devient suffisante Hs que se produise l'ionisation par choc, le fonetionnement evient capricieux et la caractéristique est mal définie, — PAR LES CORPS INCANDESCENTS —————————— —— ————— — ————_——_—— 199 On voit que la courbure de la caractéristique n’est pas constante. Supposons qu’on applique entre le filament et la plaque collectrice la ten- sion Vequi correspond à l’abscisse du point A pour lequel la courbure est maxima. Si l'on aug- menteet qu’on diminue alternativement la dif- férence de potentiel d’une faible quantité # à partir de V;, l'accroissement correspondant du courant dans l’un des cas sera bien supérieur à la diminution du courant dans l’autre. Si l’on elfectue cette augmentation et cette diminution du potentiel en superposant à la dif- férence fixe de potentiel V, appliquée entre le 0 1020 30 ko Sa 6o 7o 80 go 100 c Volts Fig. 3. — Variation du courant en fonction de la tension dans une soupape de Fleming. filament et la plaque une tension alternative, la valeur moyenne du courant qui s'établit est supérieure à celle que donnerait la seule diffé- rence constante de potentiel V.{!) ; en disposant —————_—_—_—_—————— — —]… aa Mentionnons les équations obtenues par W. Wilson (cité par Van der Bijl, loc. cit., p, 174) en supposant que, l'extrémité négative du filament étant prise comme point de potentiel zéro, le potentiel de l'extrémité positive du filament soit V, et celui de l’anode V : 2 Ve V.\S I=5 ke [a (1 Si pour V => V, 2, Va et 1= ke ÿ; pour Mau e désignant la charge de l'électron et k une constante. 1. Cette propriété peut être établie rigoureusement de la manière suivante : La forme de la caractéristique montre qu'au voisinage du point A, d'abscisse V,, le courant qui correspond à une varia- tion v du potentiel peut ètre représenté par une expression de la forme : I=f(e)= a + bo +cv2+,., Si » désigne une tension oscillante de la forme » — v, sinw £, par exemple, l'intensité moyenne du courant, pendant une période T, aura pour valeur : 1fT be, (T cs PT up f fott=e+r f sin w tdi +7 [ sin? w édt+.. ° 0 V0 soit, 1 Im=a+sc1+ ..… Le courant moyen est représenté par une fonction paire de l'amplitude; il est donc rectifié. La rectification peut être plus ou moins parfaite selon la forme déla caractéristique au point où on l'utilise. Elle sera meilleure au voisinage d'un sommet, c’est-à-dire d'un point où le rayon de courbure est minimum et la dérivéesecande, fe) maxima, qu'au voisinage d'un point d’inflexion où /" (e) s’annule. Il y a donc intérêt à opérer au voisinage du sommet de la caractéristique. 200 un téléphone dans le circuit filament-plaque, on entendra un toc chaque fois que la tension alternative agira aux bornes du tube. Cette propriété permet d'utiliser la soupape comme détecteur des oscillations électromagné- tiques. Le schéma des connexions du circuitest indiqué sur la figure 4. Le secondaire du circuit oscillant ps est relié, d’un côté avec l’électrode collectrice e par l'intermédiaire du téléphone T, de l'autre avec un dispositif potentiométrique (contact glissant se déplaçant sur la résistance r montée en dérivation aux bornes de la batterie B) qui fournit le courant nécessaire à l'incan- Fig. 4, — Emploi de la soupape de Fleming comme détecteur d’oscillations électromagnétiques. T, téléphone; r, résistance à contact glissant; les autres lettres comme dans la figure 2. descence du filament. Si l’on règle le contact glissant de manière que la différence.de poten- tiel appliquée à la soupape soit égale à V., cha- que fois que des oscillations seront produites dans le circuit ps, la valeur efficace du courant traversant le téléphone sera augmentée et la membrane du téléphone rendra un son dont la hauteur correspond au nombre detrains d’os- cillations reçus par seconde, c’est-à-dire au nombre d'étincelles produites par seconde au poste transmetteur. A condition de régler soigneusementles condi- tions du fonctionnement, ce dispositif constitue, d’après Fleming, un détecteur plus sensible que celui utilisant la conduction unilatérale de la soupape. 23. — Perfeetionnement du dispositif de Fleming Fleming a indiqué, par la suite !, qu’on pou- vait améliorer très notablement les conditions de fonctionnement de la soupape en la consti- tuant par un filamentde tungstène entouré d’une électrode collectrice cylindrique de cuivre. L’'a- mélioration tient à ce que le tungstène peut être porté à une température beaucoup plus élevée 1. FLEMING : Brevet anglais, n° 13.518 ; 1908, A. BOUTARIC. — L'EMISSION D'ÉLECTRICITÉ sans se volatiliser d’une manière sensible et qu’il donne, dans ces conditions, une émission élec- tronique plus forte. Comme on le verra dans la suite de cette étude, cette remarque a été mise à profit pour la construction des divers modèles de tubes rectifiants ou amplificateurs, qui utilisent tous, actuellement, un filament de tungstène ou de tantale. Willow et Hill! ont effectué quelques expé- riences en vue d'accroître les propriétés recti- fiantes et la sensibilité de la soupapeFleming.Ils ont utilisé des électrodes de platine pouvant être toutes deux chauffées par un courant. La cathode est recouverte de chaux qui émet des électrons négatifs quand on la porte au rouge blanc (voir . première partie, ch. Il, $ 6, p. 179), tandis que l’anode est recouverte de phosphate d'aluminium qui donne au rouge des ions positifs (voir pre- mière partie, ch. 111, K 7, p. 183). ” II. — [L'’aupion ? 1. — Principe de l'audion Lee de Forest a perfectionné le fonctionne- ment de la soupape thermo-ionique par lintro- duction d'une troisième électrode dans l’am- poule; il a donné le nom d’audion au dispositif ainsi constitué. Les recherches de Forest sur l’audion? ont été sensiblement contemporaines de celles de Fle- ming. Une longue controverse en est résultée sur. la priorité relative des inventions de la soupape Fleming et de l’audion.ÆElle s’est terminée en faveur de Fleming en ce qui concerne le prin- cipe même de la soupape, Lee de Forest conser- vant le mérite d’avoir introduit une autre élec- trode isolée qui transforme.la soupape en une sorte de relais à gaz pouvant amplifier les oscil- lations reçues, Cette troisième électrode, constituée par une 1. Wizzow et Hi : Electrician, t. LXVIII, p. 302; 1911. 2. Lee DE Foresr : Trans. of the American Inst. of Electr. Engineers, t. XXV, p. 735; 1906. Voir également Electrician, t. LVIN, p. 216; 1906, — et t. LXXII, p. 285 ; 1918. 3. On trouvera dans la Revue générale de l'Electricité (t. 1, p. 277; 17 février 1917) l'analyse du jugement rendu à New- York, le 22 septembre 1916, à l'eccasion d'un procès intenté par la Compagnie Marconi à la Société Lee de Forest, pour infraction à un brevet que Fleming lui avait transmis. Ce jugement commence par établir l'originalité et l’antériorité de l'invention de Fleming ; il déclare ensuite que les brevets revendiqués par la Société Lee de Forest ne permettent pas d'applications ayant une utilité commerciale, et après avoir démontré que les circuits de la valve Fleming et de l'au- dion sont équivalents, l'arrêt conclut que les «revendications du brevet Fleming sont’ valables et que les défendants ont commis une infraction à ces revendications ». Le juge a en même temps reconnu que de Forest avait apporté une con- tribution intéressante à la science par son audion à trois électrodes. D: >: PAR LES CORPS INCANDESCENTS 201 lame métallique perforée ou par un treillis de fils fins et à laquelle on donne le nom de grülle, est disposée entre le filament et la plaque. La plaque et la grille sont isolées du filament et isolées l’une par rapport à l’autre; elles sont réunies à des fils qui sortent de l’ampoule. La plaque ést généralement portéeà un poten- tiel positif élevé par rapport au filament, Si donc la grille n’existait pas, les électrons émis par le filament incandescent se dirigeraient vers la plaque en produisant un courant dans le circuit filament-plaque. Le rôle de la grille est de produire un champ électrique qui se superpose à celui de la plaque et de modifier ainsi le nombre des électrons qui voisines du filament, mais reste fortement néga- tive par rapport à la plaque. Les lignes de force qui partent de la plaque aboutissent en partie à la grille et en partie au filament (fig. 5, c). On coustate un faible courant dans le circuit fila- ment-grille et un courant plus fort dans le cir- cuit filament-plaque. d) La grille est très fortement positive et peut même être positive par rapport à la plaque. Ce cas ne présente pas d'intérêt pour la théorie envi- sagée. En réalité, le filament est porté à l’incandes- cence par le passage d’un courant (fig. 6); le potentiel varie donc en ses différents points qui peuvent correspondre aux cas 4, b, ou c. Plaque + ; Plaque + Plaque + ' PTT EF RE filäment Flament \ Fig. . — Posilion des lisnes de force du champ électrique entre la plaque et le filament pour divers potentieis de la grille. atteignent la plaque, c’est-à-dire l'intensité du courant dans le cireuit filament-plaque. Supposons que la plaque soit portée à un po- tentiel élevé par rapport au filament, et qu'on donne à la grille un certain potentiel. Plusieurs cas peuvent se présenter (fig. 5) : / a) Le potentiel de la grille est fortement néga- tif par rapport à celui des régions voisines du filament. Ce potentiel est donc, a fortiori, forte- ment négatif par rapport à celui de la plaque. Toutes les lignes de force du champ électrique partant du filament et de la plaque vont aboutir à la grille (fig. 5, 4). Aucun des électrons émis par le filament n’atteint ni la plaque, ni la grille. Il ne passe aucun courant dans le circuit filament- grille ni dans le cireuit filament-plaque. b) La grille est négative par rapport aux ré- gions voisines du filament. Les lignes de force du champ partantde la plaque et du filament abou- tissent à la grille, mais certaines de ces lignes, traversant la grille, vont directement de la pla- que au filament (fig. 5, b). Dans ce cas il-:n’y a aucun transport d'électrons du filament vers la grille; mais quelques-uns commeñcent déjà à passer du filament sur la plaque. On ne constate donc aucun courant dans le circuit filament- grille ; il ya un courant très faible dans le cir- cuit filament-plaque. e) La grille est positive par rapport aux régions REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES | une température déterminée, Les courbes qui représentent la variation du courant filament-plaque ou filament-grille en fonction du potentiel de la grille traduisent un elfet global correspondant à la totalité du fila- Fig. 6. — Schéma desconnesions de l'audion employé comme détecteur. B;, B, B;, batteries ; ps, trans{ormateur ; Ci, capacité ; F, filament; P, plaque; G, grille; R, téléphone. ment. L’allure de ces caractéristiques dépend de lanature des électrodes et de leur distance, du degré de vide, de la température du filament, du potentiel de la plaque, etc. L'étude complète d’un modèle d’audion exige le tracé des caractéristiques qui correspondent à différentes températures du filament. Pour il faut également 2 È 302 A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ connaître les caractéristiques relatives à diffé- rents potentiels de la plaque. On obtient ainsi une famille de courbes dont l'examen permet de déterminer les conditions du fonctionnement optimum. Sur la figure 7 on a tracé les caractéristiques d'un audion dont le filament était chauffé par une batterie de #4 volts, la grille étant portée à différents potentiels négatifs à l’aide d’un poten- tiomètre (voir fig, 6). Pour des potentiels de la grille inférieurs à —11 volts, le courant est nul dans les circuits filament-plaque et filament- grille : tous les points du filamant sont dans le > (C) Fig. 7, — Caractéristiques d'un audion. Oo Go Éfiiliampères 9 D ‘ension négative Volts 12 0 10 g 8 7 5 cas (a). Entre —11 volts et —4 volts, une région reste dans le cas (a) et une autre région de plus en plus étendue estdans le cas (b); on n’observe un courant que dans le cireuit filament-plaque, (courbe C), Au-dessus de —4 volts, certaines par- ties du filament deviennent négatives par rap- port à la grille et sont dans le eas (c); le courant filament-plaque devient de plus en plus intense et un courant filament-grille prend naissance, mais reste très inférieur au premier (courbe C.). L’allure générale des caractéristiques tracées ! sur la figure 7 va nous permettre de comprendre les divers modes de fonctionnement de l’audion. $ >. —Utilisation de l’audion comme détecteur La caractéristique relativeau courant filament- plaque (ceurbe C, fig. 7) présente, au voisinage du point À, une forte courbure; par conséquent, ee paint est un point détecteur. Si on donne à la grille le potentiel déterminé par la position du point À, c'est-à-dire —7 volts, et qu'on applique entre le filament et la grille une tension alterna- tive, on obtient dans le circuit filament-plaque un courant redressé analogue à celui que four- nit la soupape Fleming; la théorie du fonction- nement est d’ailleurs la même. On peut remarquer qu'il ne passe aucun cou- rant dans le circuit filament-grille, si ce n’est le faible courant qui charge la capacité de la grille. Le détecteur ne consomme donc pas d'énergie, Il peut, d’ailleurs, être très sensible si l’on combine les éléments de l'audion de ma- nière à obtenir une caractéristique à forte cour- bure. L La figure 6 représente le montage d’un tube à vide détecteur. Les oscillations produites dans l’antenne agissent sur la bobine secondaire 5, fortement inductive, aux bornes de laquelle est branchée une faible capacité. Les tensions alter- natives produites entre les armatures dn conden- sateur de ce circuit s'ajoutent à la différence de potentiel permanente établie entre le filament et la grille par la batterie B,. La réception se fait dans un téléphone branché sur le cireuit fila- ment-plaque. La plaque est portée à un poten- tiel positif par rapport à celui du filament au moyen d’une batterie B,. En pratique, on substitue à la batterie B, et au réducteur de potentiel destinés à donner à la grille la tension négative voulne un dispositif plus simple. Le potentiel négatif que doit avoir la grille par rapport au filament pour que le fonctionnement ait lieu autour du point A de la caractéristique.est éompris entre 4 et 6 volts _ environ. Or, c’est précisément une tension de 4 à. G volts qu'il convient d'appliquer aux bornes du filament pour le rendre incandescent. On à done songé à se servir de la batterie de chauffage pour communiquer à la grille le potentiel voulu. On supprime la souree B,, ainsi que le réducteur de potentiel, et on intercale dans le cireuit fila- ment-grille un condensateurde très faible capa- cité Gr mt) shunté par une grande résistance (1 mégohm). $ 3. — Wtilisation de l'audion comme amplificateur Supposons qu'au lieu d'opérer dans la région voisine du point À, on applique à la grille un potentiel négatif d'environ —5 volts, en sorte que le point de fonctionnement soit B (fig. 7). La caractéristique filament-plaque est sensi- blement rectiliwne au voisinage du point B. Des variations alternatives du potentiel de la grille se traduiront dans le cireuit filament-plaque par un courant moyen »ul etiln'y aura pas de rectification. PAR LES CORPS INCANDESCENTS 203 Mais, comme la caractéristique est très incli- née sur l’axe des ordonnées, à de/faibles varia- tions du potentiel de la grille correspondront de grandes variations d'amplitude du courant fila- ment-plaque et le système agira à la manière d'un relais. Le courant se trouvant ainsi amplifié, mais non rectifieé, pour utiliserun tube amplificateur à la réception d'oscillations électriques, il faudra, une fois l’amplification obtenue, opérer la rec- tification à l’aide d'un autre détecteur (galène, par exemple, ou tube à vide détecteur). On doit de préférence amplifier d'abord et redresser ensuite, car les détecteurs redresseurs sont, dans certaines limites, d'autant plus sensibles que les oscillations ont des amplitudes plus grandes. Fig. 8. — Montage en cascade de deux audions ë 8 pour accroître l'amplification. Pour les oscillations d’amplitudes très petites, l’effet de redressement disparaît. De plus, dans l’amplification à haute fréquence, on bénéficie des avantages sélectifs des circuits résonnants. L’audion possède sur tout autre relais le grand avantage de ne présenter aucune limite infé- rieure de sensibilité; car, si l’impulsion reçue est trop faible pour être directement percepti- ble, on peut l’amplifier plusieurs fois. Sur la figure 8 on a représenté le montage en cascade de deux audions permettant d’accroitre l’amplification. Dans le cireuit fillament-plaquede celui qui reçoit les oscillations à amplifier, pro- venant par exemple d’une antenne P, on insère le primaire d’un transformateur T dont l’enrou- lement secondaire transmet les impulsions am- plifiées au circuit filament-crille du deuxième audion. De la même manière l’audion n° 2 peut en actionner un troisième, et ainsi de suite, chaque amplification nouvelle nécessitant, en général, un tube plus volumineux, dont le fila- ment et l’électrode froide ont une surface plus grande, permettant de transporter des courants plus intenses. Le récepteur disposé dans le cir- cuit filament-plaque du dernier audion sera alors actionné par le courant oscillant amplifié total obtenu à partir des oscillations que recoit le pre- mier audion. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES De Forest a mesuré l’amplification par la mé- thode du téléphone shunté. Il a trouvé qu'un bon audion peut amplifier einq fois les impulsions initiales. Avec trois appareils en cascade, il a obtenu une amplification égale à 120, $ 4. — Perfectionnements apportés à l’audion Lee de Forest a effectué de nombreux essais en vue d'améliorer le fonctionnement de l’audion. Il a essayé des filaments de tungstène, des fila- ments de platine recouverts de métaux ou de sels alcalins, il a introduit dans l’ampoule diffé- rents gaz ou vapeurs, ete. Maisil n’a pas réussi à augmenter la sensibilité obtenue avec un fila- ment de tantale et une atmosphère d’air réduite par un vide extrêmement poussé. Une légère variation du degré du vide, entraînant une mo- dification du nombre des ions présents, se tra- duit par une varialion notable du courant fila- ment-plaque. Le potentiel dela batterie B, (fig.6) qui donne la sensibilité maxima dépend du de- gré du vide‘. Quand la tension de cette batterie B, a une valeur suffisante, la décharge par les ions qui prennent naissance dans l’ampoule devient visi- ble sous forme d’une lueur blete. Et même, quand on reçoit sur la grille des signaux inten- ses, il peut arriver que chacun d'eux se traduise par un vacillement de la lueur permettant de lire les signaux radiotélégraphiques. Cette lueur bleue, ainsi que quelques autres phénomènes qui proviennent de la présence d’un gaz résiduel dans l’ampoule, entrainent des irrégularités dans le fonctionnement de l’audion. La produc- tion de la lueur bleue, en particulier, est tres préjudiciable à la durée de l'ampoule, par suite de la désagrégation du filament qu'entraine le bombardement intense par les ions positifs. Aussi l’audion semble-t-il moins parfait que cer- taines modifications à vide beaucoup plus poussé que nous décrirons plus loin. Les indications générales que nous venons de fournir sur l’audion nous permettront de saisir le fonctionnement de dispositifs plus ou moins perfectionnés, mais constitués toujours par un tube à trois électrodes, qui ont été proposés, soit comme détecteurs, soit comme amplificateurs, 1. Sur l'influence du gaz résiduel dans le fonctionnement de l'avdion, voir Razpn BROwN : Physical Review, 2° série, t. X, p. 253; septembre 1917. — Signalons également parmi les travaux récents parus sur l’audion : L, W, Ausrin : No- tes sur l'audion. Journ. of Washington Acad, of Sc., 19 sep- tembre 1917 (analysé dans la Revue génér. de l'Electricité, t. I, p. 72; 12 janvier 1918); G. VaLLAURI : Essais compa- ratifs sur les audions. Revue génér. de l'Electricité, t. II, p. 887 ; 8 décembre 1917. 204 soit comme générateurs d’oscillations entrete- nues et que nous allons décrire brièvement. $ 5. — Tube à trois électrodes de Lieben-Reisz Lieben et Reisz ont établi un tube à atmo- sphère gazeuse analogue à l’audion, mais dont lioniseur, d'une forme légèrement différente, utilise la propriété qu'ont certains oxydes, en particulier la chaux et la baryte, d'émettre des électrons sous de faibles tensions (voir première partie, ch.II, KG, p. 179). Voici, d’après l’un des inventeurs !, la forme finale du tube Licben-Reisz (fig. 9). La cathode de Wehnelt consiste en un ruban de platine de 4 mètre de longueur, 1 mm. de 8. B haha} fs = — 3o volts ; 220 volts Fig. 9. — Tube à trois électrodes/de Lieben-Keisz. À, anode; G, grille; K, cathode; B;, PB», batteries ; P, potentiomère ; T,, T,, translormateurs ; R, résistance; G, condensateur, largeur et 0,02 mm. d'épaisseur, enroulé en zig- zag autour d’un support en verre, et recouvert d’une mince couche de chaux ou de baryte. La grille G est un plateau d’aluminium circulaire, perforé de trous d'environ 3,5 mm. de diamètre ; l’anode À, une courte spirale en fil d'aluminium de 2 mm, de diamètre. Les trois électrodes sont montées dans une ampoule de verre ayant la forme indiquée sur la figure 10, de 40 cm. de longueur sur 10 de diamètre maximum. La cathode est portée au rouge vif (1.000° C.) par une batterie B, de 30 volts environ. Le dis- positif potentiométrique P permet d’établir une certaine différence de potentiel entre la grille et la cathode. Le courant qu’on désire amplifier arrive dans le primaire d’un transformateur T,, dont le se- -! condaireest branché entre le filamentet la grille. Le secondaire du transformateur T, fournit le courant amplifié. On maintient entre l’anode et la cathode une différence de potentiel d’environ 1. Reise : Electrician, t. LXXIV, p. 726; 1914, Voir éga- lement L'Industrie Electrique, p. 6%, 10 février 1914, A. BOUTARIC. — L’EMISSION D'ELECTRICITE 220 volts et on insère dans le circuit une résis- tance R afin d'éviter une trop forte augmenta- tion du courant de décharge. On n'obtient que difficilement une décharge uniforme avec ce dispositif, car les variations que subit la pression du gaz contenu dans l’am- poule modifiént la sensibilité et imposent un réglage permanent du potentiel de la grille et de la tension destinée à assurer l’incandescence de la cathode. Aussi a-t-on remplacé le gaz par de la vapeur de mercure, dont la pression peut être maintenue constante par une petite quantité de mercure liquide qu’on dispose dans un petit tube latéral fixé à la partie inférieure de l’ampoule. En réalité, on remplace actuelle- ment le mercure par un amalgame ayant une: faible pression de vapeur; la pression du mer- cure augmente en effet rapidement au-dessus de 20° C., et la densité du courant arrivant sur la cathode peut atteindre une valeur suffisante pour entraîner la fusion dela lame de platine. Bien que la décharge, dans le tube Lieben- Reisz, soit entretenue par l’oxyde incandescent disposé sur la cathode, la plus grande partie du courant est transportée par la vapeur de mer- cure. Le vieillissement du tube, qui, dans les modèles primitifs, tenait au gaz résiduel, est ainsi rendu très lent, et on obtient des durées de fonctionnement allant de 1.000 à 3.600 heures. D’après les inventeurs, le tube permet d'ac- croître, dans le rapport de 1 à 33, l'amplitude du courant. En associant quatre tubes en cascade, ils ont réalisé une amplification égale à 20.000, avec reproduction parfaite de l'onde primitive pour des courants de fréquence comprise entre 2.000 et 8.000 pér : sec. Cette forme de relais à gaz a été adoptée par la Telefunken Ce comme amplificateur pour la réception des signaux radiotélégraphiques. Mais il est probable que les dimensions notables du tube et les fortes tensions qu'il nécessite limi- teront sérieusementlechamp deses applications, malgré la valeur élevée de l’amplification qu'il permet d'obtenir. III. — Tunes UTILISANT DÉS DÉCHARGES PUREMENT ÉLECTRONIQUES $ 1. — Avantages des décharges purement électroniques Dansles dispositifs que nous avons décrits jus- qu'ici, l’'ampoule renferme toujours une certaine quantité de gaz résiduel dont l'influence est loin d’être négligeable, même quand la pression esL de Pordre du dix-millième de mm. de mercure. Les molécules de ce gaz donnent naissance à H des ions positifs qui neutralisent dans une pro- portion notable l’« électrisation de l’espace » produite par les électrons et vermettent l’éta- blissement de courants relativement intenses sous des tensions inférieures à 50 v. Par contre, la présence d’une atmosphère gdzeuse raréfiée entraine un certain nombre d’inconvénients : les caractéristiques du tube tendent à devenir | très irrégulières à mesure .que la tension aug- mente. Il arrive souvent aussi, pour des tem- pératures élevées de la cathode et de forts po- tentiels anodiques, que la décharge est instable et que la caractéristique est légèrement diffé- rente suivant qu'on opère sous des tensions erois- santes où des tensions décroissantes. Tous ces effets varient, en outre, avec la composition et la * pression du gaz, qui dépendent elles-mêmes de l'intensité et de la durée de la décharge, la pres- sion diminuant considérablement au bout d'un certain temps de fonctionnement, tout comme dans une ampoule à rayons X. Enfin le bombar- dement de la cathode par les ions positifs en- traîne sa désagrégation rapide et réduit très no- tablement la durée de fonctionnement du tube. La plupart de ces inconvénients disparaissent par l’utilisation de décharges purement électro- niques, ainsi que l’a établi Langmuir! dans ses recherches effectuées au laboratoire de la « Ge- neral Electric Co » (Schenectady, N. Y.). On réa- lise dans l’ampoule un vide aussi poussé que possible afin de rendre l’ionisation négligeable ; l'émission électronique obéit alors à l’équation de Richardson (voir première partie, ch. IL, $ 2, p- 175, et$ 4, p, 177)et on peut obtenir les cou- vants thermo-ioniques qui lui correspondent, à Ja condition d'appliquer au tube une tension suf- fisante pour contre-balancer l'effet d’électrisa- tion de l'espace dû au courant électronique. Pour distinguer ce modèle de tube de ceux qui contiennent un gaz résiduel, Langmuir à créé le mot de kenotron?. Ce terme s'applique d'ailleurs plus spécialement aujourd’hui au tube à deux électrodes utilisé comme soupape, celui de pliotron* servant à désigner un kenotron muni d’une troisième électrode à grille qui lui permet de fonctionner comme amplificateur. $2. — Ampoule à rayons X de Coolidge L'ampoule à rayons X inventée par Coolidge en19131 peut ètre considérée comme une des pre- 1. Voir Lancuut# : The pure electron discharge and its “applications in radiotelegraphy and telephony. Ælectrician, t. LXXV, p. 240; 1915. 2. De #65, vide. 3. De rec, plus grand. 4. W.D. CooLipce : Physical Review, 2° série, t. 11, p. 409 ; 1913. PAR LES CORPS INCANDESCENTS 205 mières applications du kenotron. Rappelons que, dans ce tube, la cathode est constituée par une spirale plate en filament de tungstène qui, portée à l’incandescence par un courant auxiliaire, sert à l'émission des électrons ; la spirale est entourée d’un manchon cylindrique en molybdène destiné à donner au champ électrique une forme telle que le/faisceau cathodique vienne former sur l’anticathode un focus convenable. L’anode, ou anticathode, est un cylindre massif en tungstène forgé muni d’un dispositif spécial, variable avec les modèles, et destiné à favoriser le refroidisse- ment. Les diverses pièces internes sont expur- gées de tous gaz occlus, afin qu’elles ne puissent donner lieu à aucun dégagement gazeux pendant le fonctionnement. Enfin le vide du tube est poussé jusqu'aux plus extrêmes limites qu'il est possible d’atteindre (pressions de quelques cen- tièmes de micron‘}; dans ces conditions, aucune décharge ne passe quand le filament est froid, même pourdes tensions de l’ordre de 100.000 volts. Les électrons qu'émet la cathode quand on la porte à l’incandescence par un courant auxiliaire viennent frapper l’anticathode et donnent, nais- sance aux rayons X. Par suite de l'absence de gaz, le courant ne s'établit que dans une seule direction et n'entraîine aucune désagrégation de la cathode. Ces propriétés permettent au tube: de fournir un régime prolongé en donnant un faisceau intense et constant de rayons'X. Pour les emplois usuels, le filament peut être main- tenu à une température relativement basse; il ne se vaporise ni ne se détériore d’une manière ‘appréciable et la durée de fonctionnement du tube est presque illimitée ?. 1. On peututiliser pour faire le vide, soit la pompe de Gaede (Ann. der Physik, 4, XLVI, p. 357; 1913), soit la pompe à condensation de Langmuir (Physical Review, 2 série, t. VIII, . p. 48 ; 1916). (Sur les moyens de produire des vides élevés et de mesurer leur pression, consulter également SHRADER et SuErwooD : Physical Review, 2 série, t. XII, p, 70; 1918). On fait le vide en maintenant l’ampoule à la température la plus élevée que puisse supporter le verre sans se ramol- lir, afin d'éliminer autant que possible les gaz occlus dans les parois, Il est bon également de chauffer les électrodes électriquement à une température d'environ 2.500° C, Malgré ces précautions, la première décharge électronique libère une quantité considérable de gaz ecclus dans les couches su- perfcielles des pièces métalliques; aussi maintient-on la pompe à vide en fonctionnement pendant qu'on fait passer la décharge sous une tension qu'on fait croître jusqu'à une valeur supérieure à la tension normale de fonctionnement. 2, Parmi les études parues récemment sur le tube Coolidge mentionnons : H. Picon : Les propriétés du rayonnement du tube Coolidge. Journ. de Radiologie et d'Electrologie, t. H, n* 4; juillet-août 1916.— Radiométallographrie : le tube, l'ap- pareillage, l'application. Revue gén, de l'Electricité,t, 1, p.735; 1917. — Un nouveau tube à rayons X du « type Coolidge ». Ibid., t. IV, p.99; 1918. — Le tube Coolidge, ses applica- tions médicales, 1 brochure de 86 pages, Masson et C'*, éd., Paris, 1919 (Prix : 4 fr.),. Le | x 206 A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ ———_—_—p—Z $ 3. — Autres formes de kenotron S.Dushman! a décrit d’autres formes de keno- tron utilisées pour la rectification des courants alternatifs dans lesquelles l’intensité de la dé- charge électronique peut atteindre 0,5 ampère pour une température du fila- ment de 2.500° abs.; la durée de fonctionnement est de 2.000 heures environ. Comme les caractéristiques du keno- tron sont parfaitenent stables, on peut monter plusieurs dis- positifs en parallèleet rectifier ainsi des courants très in- tenses?. Les oscillogrammes enregistrés montrent que le redressementobtenu estexcel- lent. La figure 10 représente une forme de kenotron pour des tensions allantjusqu'à50.000v. Le filament est monté entre deux plateaux parallèles dont l’ensemble constitue l’anode*. $ 4. — Le pliotron Fig. 10, La disposition générale du Forme de kénotron. pliotron* est très analogue à celle de laudion. La cathode est constituée par un fil de tungstène en forme de V renverséou tendu entrelessupports.L'anode en fil de nickel} et la troisième électrode (pla- ] Fig. 11. — forme de pliotron. A, anode; C, cathode; G, grille; F, cadre en verre. 1.S. Dusuman: General Electric Review, t. XVIII, p. 156; 1915, — et Electrician, t. LXXV, p. 276; 1915. 2. Plusieurs kenotrons élant réunis en parallèle, chacun d'eux prend sa part du courant total. Au contraire, les arcs au mercure et autres appareils analogues ne supportent pas lé montage en parallèle : l'un des appareils prend tout le courant, les autres ne fonctionnent pas. 3. Cette disposition a été adoptée afin d’équilibrer autant que possible les forces électrostatiques qui s'exercent entre l’anode et le filament et qui pourraient devenir suflisantes, aux tensions élevées, pour briser le filament, 4, I, LancmuiR: General Electric Review, t. XVIII, p. 327, 1915; — EÆlectrician, t. LXXV,p. 240; 1915. que de nickel perforée) sont disposées de part et d’autre de la cathode et parallelement à elle, comme l’indiquentles figures 11 et 12. Dans un autre modèle, la grille est une spirale cylindri- que en fil de nickel suivant l’axe de laquelle on dispose le filament cathodique, l'anode étant un cylindre co- axial qui entoure à la fois la grille et le filament. Comme nous l’avons déjà si- gnalé, les caractéristiques de ces modèles de tuhes sont par- faitement régulières et exemp- tes des perturbations et des régions d’instabilité qu’on ren- contre dans les modèles de tube à atmosphère gazeuse. Elles dépendent de la longueur du filament utilisé, de la distance entre le filament et la grille et entre la grille et l’anode, de l’écartement et du diamètre des fils de la grille, des dimensions et de la forme de l’anode, etc. La figure 13 reproduit les caractéristiques _relatives au modèle de pliotron correspondantà Fig. 12. — Autre forme de pliotron. Courant (miiampères [| Fy [| TETLÉLABSÈLTeARTEEUE o -20 10 Volts +10 Potentiel de la grille . Fig. 13. — Caractéristiques du pliotron de la figure 11. la figure 11 : les courbes représentent les cou- rants filament-grille et filament-plaque en fonc- tion du potentiel de la grille, la plaque (anode) étant maintenue au potentiel de 220 v. Pour des valeurs différentes du potentiel de l’anode, les courbes s’étagent. Le pliotron ne peut fonctionner que sous des potentiels anodiques bien supérieurs à ceux que nécessite l’'audion. Ces potentiels peuvent d’ail- leurs atteindre plusieurs milliers de volts sans que se produise une ionisation positive sufli- sante pour déterminer l'apparition de la lueur bleue. PAR LES CORPS INCANDESCENTS 207 ————_—_—_—_—_—_—_—…—…—…" —…"…—"…" —"—"—…—…—…—…—….…—.— — .— — — — — ————————————— De nombreux modèles de pliotron ont été pro- posés. En réalité, ils ne diffèrent guère de ceux que nous avons décrits que par des modifcations de détail relatives à la disposition ou à la forme des électrodes, modifications destinées à ac- croître la sensibilité ou à étendre les limites d'emploi. IV. — THÉORIE MATHÉMATPIQUE DU FONCTIONNEMENT DES TUBES À TROIS ÉLECTRODES ET À ATMOSPHÈRE RARÉFIÉE ! $ 1. — Equation de la caractéristique Nous supposerons que le nombre des ions po- sitifs dus à l’ionisation par choc des molécules du gaz résiduel est négligeable vis-à-vis du nom- bre des électrons émis par la cathode. Considérons le dispositif représenté schéma- tiquement sur la figure 14: F désigne le filament, A our * : Fig. 14. — Schéma de fonctionnement d'un tube à vide à trois électrodes. F, filament ; G, grille ; P, plaque; E, batterie: R, résistance. P l'anode (ou plaque) -et G la grille disposée entre F et P. Supposons nul le potentiel de F, celui de P étant maintenu positif par la batterie E. Nous ferons successivement les hypothèses suivantes : a) Le potentiel communiqué effectivement à la grille est nul (E. — 0); ‘ b) Ce potentiel a une valeur constante (E. — const.); . c) Outre la source constante de potentiel, on fait agir sur la grille une force électromotrice alternative qu’on désire redresser ou amplifier. 4. Si Ec est nul, le champ électrique entre le filament F et la grille G n’en a pas moins une valeur définie et différente de zéro qui dépend du potentiel de l’anode P: cela tient à ce que le champ produit par la plaque agit à travers les ouvertures de la grille. Désignons par Egle po- tentiel de P. En un point voisin de F, le champ est identique à celui que produirait une diffé- rence de potentiel ;Eg établie directement entre le filament F et un plan imaginaire qui coïnci- 1. Vax Der Bu : Physical Review, 2° série, t. XII, p.171; 1918. derait avec celui de la grille. La valeur de ; dé- pend de la structure et de la position de la grille ; sila grille est à réseau très fin, est pres- que nul; si ia grille est enlevée, ce qui revient à la supposer reportée sur la plaque, y est égal à l'unité. La grille se comporte done comme si elle était portée au potentiel E, défini par la rela- tion : (1) E, —7En+e, = étant un terme assez faible, généralement de l’ordre de 1 volt, qui dépend d’un certain nombre de facteurs (différence de potentiel de CN 16 entre la cathode et la grille, puissance développée dans le filament, ete.) et qu'on peut souvent négliger vis-à-vis de /E. IL est évident que le courant entre l’anode et la cathode doit dépendre de E,. 2. Supposons maintenant qu'on établisse en- tre la grille et le filament une différence de po- tentiel constante E.. Le courant entre la cathode et la plaque devient une fonction de E.et de E. qu'on a trouvé empiriquement être de la forme : d(2) I a(E,+E.); la constante : dépend du mode de disposition des divers éléments, D'où, en tenant compte de l'équation (1): (3) 1— (yo E-+e)e. Cette équation donne la valeur du courant dans le circuit filament-plaque en fonction des potentiels de la plaque et de la grille, celui du filament étant nul. On voit que le courant persiste pour des va- leurs négatives du potentiel E, de la grille et s’annule seulement pour E.——(Es +0). Les dérivées partielles de I par rapport à E; et à E, sont : èl ‘ (6 Q=r—2erl7En + Etre), (He SR —24fBe RE + di d'où, Ÿ (6) d— y = const 4 3. Si les potentiels communiqués à la plaque et à la grille proviennent de diverses sources, on aura, en généralisant l'équation (3) : (7) 1=— «(y2E5 + 3E, +). Si, par exemple, on superpose une force élec- tromotrice aliernative esinpt à la différence # té ont \ constante de potentiel filament-gerille, E,, l’équa- tion précédente devient : (8) I—=alyEs+ EE +e sin pt +5)?, qu'on peut écrire : (@) 1=a(7En+ Eee 2a(7Eu- Ect à + cos (pt +) + e sin Pt Le premier terme du second membre repré- sente le courant continu permanent entretenu parles potentiels Es et E, quand la tension al- * ternative est nulle (éq. 3). Le second représente le courant alternatif dans le cireuitd’utilisation : ce courant a la même fréquence que la tension alternative appliquée entre le filament et la grille et il est en phase avec elle; quand le dispositif fonctionne comme amplificateur, c’est le seul courant utile qu’on ait à envisager. Le troisième terme traduit la présence‘ du premier tharmoni- que. Le dernier, proportionnel au carré de la tension, représente la variation du courant con- tinu que produit la tension alternative appliquée: c’est le seul courant qui soit efficace quand le dispositif fonctionne comme détecteur d’oscilla- _ tions (redresseur). L’impédance R, de l'amplificateur par rapport au circuit d'utilisation peut être calculée par la relation : } : Rp s 2 _.T désignant la période = du courant à amplifier, : ol d’où, en introduisant la valeur de — dE, que four- nit l'équation (8) : p 1 ENT è : KE=T | 2w(yEn + E +: e sin pt)dt et, par intégration : (11) . = 2ay(yEs + Eee) = Q, ou encore : +88 1 … yEn + E RTS 2%)[yEs + E, + :) Ty 24y(7Ee HE, +- e)? ce qui, en tenant compte de l’équation (3) et 1 5 posant p, — —; devient : jt En + po[Ec He) (12) Ro = La comparaison des équations (6) et (11) four- nit immédiatement : (6 bés) b__ À hp, Ro A. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ Cette relation est importante, les qualités d’un dispositif dépendant grandement de la valeur de S. Quand la résistance R du circuit d’utili- sation est nulle (fig: 14), la tension E, appliquée entre le filament et la plaque est égale à E, ten- sion de la batterie insérée dans le circuit EPRE. Si la résistance R n’est pas nulle, on a, en vertu de la loi d'Ohm : ! (13) Es = E —RI. L'équation (8) devient alors : (18) I= y(E —RI) +E,+:—+esin pt}, La valeur de I fournie par cette équation du second degré a une expression assez complexe. $2. — Equations d'amplification D'une manière générale, on peut représenter le courant dans le circuit extérieur FPER (fig. 14) par unerelation de la forme (15) 1= (En, Ed), d’où l’on tire : : di ÔI dEp . OI (16) dE 0E ENT 0E:! ce qui donne la variation du courant dans la ré- sistance R en fonction dela variation du poten- tiel de la grille. En tenant comp de (4) et (5) la relation précédente peut s’écrire : : 1 d RI D = Da(7En + Es + af: + | d’où l'on tire, E étant une constante : A Def +Eetd dE T LE 2e RyEr Be 6) Multipliant les deux membres par R, posant 1 : y = — et tenant compte de la relation (3), on a : Ho Ps Ral BR (A7 de R+EHmE +) 21 Or, Rdl est la variation de potentiel aux ex- trémités de la résistance R et GE, la variation de la tension d’alimentation. Par suite, l’équa- tation (17) donne l’amplification de la tension produite par le dispositif; nous la désignerons par v. En tenant compte de la relation (12), qui donne l’impédance de l’amplificateur par rap- port au circuit extérieur, on voit que l’amplili- cation » de la tension a pour expression: boR RER: elle s'approche asymptotiquement de la valeur bd, Qui estatteinte quand la résistance extérieure (18) | el _ PAR LES CORPS INCANDESCENTS R devient infiniment grande vis-à-vis de l’impé- dance R, que possèlle l'amplificateur lui-même dans le circuit extérieur. * Pour pouvoir calculer l’amplification de la puissance, il est nécessaire de connaître l’impé- dance du dispositif par rapport au circuit d’ali- mentation, c’est-à-dire l’impédance du circuit FGE, (fie. 14). Or, dans les conditions admises jusqu'ici, l’amplificateur est actionné de manière qu'aucun courant ne passe dans FGE, ; l’impé- dance de ce circuit doit donc être considérée comme infinie et la puissance correspondante 1 comme indéterminée. Mais, si l’on établit entre lefilament etla grille une résistance élevée qu'on puisse considérer comme la résistance R; du circuit d'alimentation de l'amplificateur, on pourra supposer la tension d’alimentation égale à la tension e; qui s'établit entre les extrémités de cette résistance. à Désignons par e la tension qui s’établit entre les extrémités de la résistance extérieure R; les puissances développées sont, respectivement, Sa Fetr et R, et le pouvoir d'amplification de la puis- sance est : e°R; ; Ri n eR —=p R: ce qui, en tenant compte de (18), devient : _BRR AR ER)? amplification est done maxima pour R=R,. ‘La puissance développée dans la résistance extérieure R est : ME: (49) to?eiR RER Cette puissanceestencore maxima pour R=R,, c'est-à-dire lorsque la résistance R du cireuit d'utilisation est égale à l’impédance R, du tube. On voit facilement que l’amplific ation du cou- rant est donnée par : uoRi . TRER; d’où il résulte que l’amplification s'approche asymptotiquement de zéro à mesure que R aug- mente, l’amplification maxima étant réalisée quand R est négligeable vis-à-vis de Po. Posant R — R, dans (19) et R — 0 dans (21) et se rappelant que le coeflicient angulaire S de la tangente àla caractéristique filament-plaque par rapport au potentiel de la grille est S =4R,, on obtient pour l’amplification maxima de la puissance : (19 Bis) _ #— TR L à 1 ONU. (20): ” P (21) BoRi n S, et pour l'amplification maxima du courant : (21 bis) ESS: Ces relations montrent le rôleimportant que joue le coefficient angulaire de Fa tangente à la caractéristique filament-plaque dans l’étude du fonctionnement des tubes à vide. NV. — QUELQUES FORMES RÉCENTES DES TUBES A DÉCHARGE THERMO-IONIQUE Les nombreux modèles de tubes proposés ces dernières années peuvent se rattacher aux deux types principaux que nous avons décrits : le tube à deux ou trois électrodes, avec ou sans atmosphère. $S 1. — Tubes à deux électrodes G.S. Meikle !a décritdes redresseurs thermo- ioniques à deux électrodes pouvant être utilisés à lacharge des batteries dans lesstations centrales. Le kenotron nécessitant l’emploi de fortes ten- sions, M. Meikle l’a modifié par l'introduction d'argon dans l’ampoule sous une pression! de 3 à 8 cm. de mercure. Cet argon, tout en fournis- sant des ions positifs en quantité suffisante pour neutraliser l'effet d’électrisation de l’espace, n'influe pas sur l'émission de la cathode de tungstène et n’en entraîne aucune détérioration sérieuse. Les tubes fonctionnent d’une manière satisfaisante pour des courants allant d’une fraction d’ampère à plusieurs ampères, et sous des potentiels compris entre 2 et 3 volts et plu- sieurs centaines de volts. S. E. Russell? a décrit assez récemment un modèle industriel de redresseur à atmosphère d'argon permettant de fournir des courants de 2 à 6 ampères; «redresseur Tungar » (Tungar rectifier). $2. — Tubes à trois électrodes fonctionnant comme rectificateurs De même, W. C. White a établi qu’une trace de certains gaz accroît la sensibilité du plio- tron détecteur. Il introduit une petite quantité d’amalgame d’argent qui donne une pression facile à régler et à maintenir constante. La pres- sion est bien moindre que dans l’audion et le nombre des ions positifs est négligeable vis-à- vis de celui des électrons *. 1. G, S. Meixce : Lumière Electrique, 2% série, t. XXXIV, p:209; 1916. Electrical Review (Londres), t. LXXVII, p.472; 1916. 2. R. E. RusseL : 1917. 3. Tous les appareils que nous avons qualifiés de recti- ficateurs : valve Fleming, audion de Forest employé comme rectificateur, kenotron, etc., sont surtout employés, ainsi que General Electric Review, t. XX, p. 209 ; il le désigne sous le nom de . 210 ; À. BOUTARIC. — L'ÉMISSION D'ÉLECTRICITÉ $3. — Tubes amplificateurs à trois électrodes troisième enroulement E monté sur le transfor- L’amplification fournie par,un tube à trois électrodes ne dépend pas de. la fréquence du courant. Aussi a-t-0on pu utiliser ces tubes à l'amplification de courants téléphoniques ordi- naires én vue d'augmenter la distance de trans- mission. On relie à la grille et au filament les conducteurs qui aboutissent au récepteur dans les montages ordinaires ; le récepteur est alors, soit introduit dans le circuit filament-plaque, soit branché sur le secondaire d’un transfor- mateur dont le primaire fait partie du circuit filament-plaque. Plusieurs tubes peuvent être montés en cascade en vue d'accroître l’'ampli- fication. On a utilisé les tubes à vide à trois électro- des comme relais dans quelques essais récents de téléphonie par fil à grande distance, entre New-York et San Francisco, sur une distance de 5.000 km. Un emploi analogue de ces tubes, sur la ligne Paris-Marseille, a montré qu’on peut ainsi réaliser une économie considérable de cuivre dans la construction de la ligne. S 4. — Tubes générateurs à trois électrodes } Les tubes à vide à trois électrodes du type plio- tron ont pu être utilisés, grâce à une légère modification des circuits, comme générateurs d’oscillations électriques. La tension alternative, au lieu d'être empruntée à une source extérieure, provient de l’enroulement L, d’un transforma- teur, dont l’autre enroulement L, est branché sur le circuit de la plaque (fig. 15). Si l’on applique une petite différence de po- tentie] oscillatoire au circuit filament-grille, il en résulte une oscillation amplifiée dans le circuit filament-plaque. Pour des connexions convenables du transformateur, ce courant am- plifié filament-plaque induit une nouvelle va- riation amplifiée du potentiel dans le circuit filament-grille. Il en résulte un nouveau cou- rant amplifié dans le circuit filament-plaque; et, ainsi de suite, les*circuits réagissent l’un sur l’autre et l'amplitude des oscillations va en croissant dans le circuit filament-plaque jusqu’à ce que le système entier atteigne un régime stable. Il s'établit ainsi des oscillations suf- fisamment intenses qui dépendent des dimen- sions du tube et qu’on peut utiliser grâce à un nous l'avons indiqué, pour supprimer l’une des deux alter- nances d'un courant alternatif. On peut utiliser les deux alternances et obtenir un courant toujours de même sens, vraiment redressé pur renversement d'une alternance sur deux, en associant d'une manière convenable deux des apja- reils. mateur. La fréquence des oscillations est déterminée par l'inductance de l’enroulement L, et par la capacité C, du circuit de la plaque; en faisant varier ces données, on peut modifier la fréquence dans des limites étendues. Ainsi W. C. White! a pu, avec un même pliotron, obtenir des fré- quences comprises entre une demi-période et 50 millions de périodes par seconde. Le tube à trois électrodes fournit un courant alternatif parfaitement stable, sinusoïdal, dont Fig. 15. — Tube générateur à trois électrodes. P, plaque; G, grille; F, filament; B;, B», batteries; G;, capacité; L,,,Lo, E, enroulements d’un transformateur, la fréquence peut être modifiée à volonté. En faisant varierles dimensions du tube et la carac- téristique, on agit sur l’amplitude. On a construit des pliotrons fournissant des puissances de 1 kilowatt et on peut obtenir des puissances supérieuresen montant plusieurs tubes en paral- lèle. Le tube à trois électrodes constitue un géné- rateur intéressant d'oscillations entretenues pour la télégraphie et la téléphonie sans fil : 300 à 500 de ces tubes ont été utilisés dans les ex- périences de transmission de la parole à longue distance par téléphonie sans fil qui ont été entre- prises en 1916, entre la station américaine d’Ar- lington et la Tour Eiffel, et entre Arlington et Honolulu, sur uné distance de 5.000 milles. Les plus petits modèles de tubes oscillants constituent également des détecteurs très simples de télégraphie sans fil par ondes entretenues. On monte le tube récepteur de manière qu'il engendre des oscillations locales d'une fréquence assez voisine de la fréquence utilisée pour la transmission. On fait interférer ces fréquences, 1. Wisciam C. White : t. XXXIII, p. 81; 1916. Lumière Electrique, 2% série, J. CHAINE. — L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA FILLETTE MUSULMANE 211 qui sont toutes deux trop élevées pour être perçues isolément au téléphone: elles produisent des battements d’une fréquence égale à la diffé- rence des fréquences primitives et perceptibles dans le récepteur téléphonique où ils donnent une note musicale. $5. — Remarques sur les caractéristiques de certains tubes récents à trois électrodes. La forme de la caractéristique représentée sur la fig. 13 n’est pas la seule possible. Dans cer- tains dispositifs, on a obtenu des caractéristiques Courantde le plaque Courant de la plaque Potentiel Potentiel de la grille Fig. 16 Fig. 17 Fig. 16 et 17, — Caractéristiques de cerlains lubes à trois électrodes. qui ont la forme générale indiquée par les figures 16 et 17. On remarquera que l’axe des abscisses représente le potentiel de la grille sur la figure 16, et celui de la plaque sur la figure 17. . La particularité intéressante de la garactéris- tique représentée sur. la figure 16 est le maxi- mum du point A. Evidemment, si l’on actionne le tube en ce point, il y aura rectification par- faite, c’est-à-dire qu'un potentiel oscillatoire appliqué à la grille donnera, pour les deux alter- nances consécutives, une diminution de courant. La caractéristique de la figure 17 possède une branche descendante CD analogue à la carac- téristique bien connue d’un arc. Quand le tube est réglé pour fonctionner sur un point de cette branche, le tube doit posséder les mêmes pro- priétés qu'un arc. Autrement dit, la production d’oscillations devient possible sans aucun cou- plage des circuits de la grille et de la plaque". Il importe d’ailleurs de remarquer que toutes les caractéristiques envisagées sont des caracté- ristiques statiques, puisqu'elles représentent les variations du courant produites par des accrois- sements lents du potentiel. Les caractéristiques dynamiques, qui seraient relatives à dés varia- tions rapides du potentiel, comme c’est le cas pour des oscillations de haute fréquence, ne sont encore que très mal connues. On acependant des raisons de croire que, pour un vide suffisamment poussé, les caractéristiques statiqueet dynamique peuvent être considérées comme identiques. A. Boutaric, Agrégé de l'Université, Docteur ès sciences, Chargé d'un Cours complémentaire de Physique à l'Université de Montpellier. 1. On trouvera une étude des brevets pris en 1917 sur les tubes à décharge thermo-ionique dans I. SCHOENB8ERG : Notes on valve patents published in 1917. Year Book of Wireless Telegraphy and Telephony, 1918 (The Wireless Press Ltd, London), p. 928-951. L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA FILLETTE MUSULMANE ET LA RÉNOVATION DES ARTS FÉMININS INDIGÈNES AU MAROC Depuis l'établissement de notre protectorat au Maroc, degrands efforts ont été faits par l’'Admi- nistration française pour développer les œuvres d'enseignement et mettre à la disposition tant des colons que des indigènes des institutions scolaires appropriées aux besoins du pays. Et ce n’est pas une des moindres causes d’étonne- ment pour le voyageur qui débarque aujourd’hui dans notre nouvelle et belle colonie de constater les immenses résultats réalisés, en si peu de temps, dans cette si importante voie. Des lycées, des collèges, des écoles primaires, des écoles professionnelles s'élèvent de toutes parts, des maitres dévoués se multiplient pour instruire les enfants qui leur sont confiés, des élèves tant français qu'indigènes se pressent aux portes des nouyeaux établissements. Celui qui, comme moi, eut la bonne fortune de pénétrer à l'intérieur des nouvelles écoles, de voir de près ces institutions et de juger de leur. installation, est frappé par l'esprit de méthode qui préside à toute cette organisation. Il est vrai qu’au Maroc est une Direction de l'Enseignement des plus vigilantes, toujours en éveil, constamment au travail et qui, depuis qu’elle est créée, ne songe, non pas qu’à amélio- rer, Car avant elle rien n'existait, mais qu'à in- nover, à aller de l’avant. 212 à PAS PL ET PRE EE RSR 7 7 ET EX M 4 D n > Al Pa nd 2 er Sn A es ie, Pa 2 J. CHAINE. — L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA FILLETTE MUSULMANE Il est vrai aussi que cette Direction a à sa tête un homme vraiment d'élite, fonctionnaire aussi actif que bien doué au point de vue de l’organi- sation. Il faut voir M. Loth dans son cabinet, au milieu de ses collaborateurs immédiats, en- touré de ses dossiers; pour se faire une juste idée de la lourde tâche qui lui incombe dans ce pays neuf. Quant on voit ce qu'il a fait en si peu de temps, les énormes résultats qu'il a obtenus, les créations qu'il a fait aboutir, on se demande comment tout cela a été possible. Je ne puis suivre ici toutes les initiatives de M. Loth. Je n’en retiendrai qu'une seule, qui lui fait le plus grand honneur, car, à la fois, elle a pour but d’instruire et de relever le niveau social et moral, et par cela même tend à rapprocher les indigènes que la méfiance, entretenue pär l’igno- rance, tenait jusqu'ici éloignés de nous : l’œuvre de l’organisation du travail de la femme musul- mane et de la rénovation des arts féminins ma- rocains. Pour peindre cet effort, indiquer le but poursuivi et montrer les résultats atteints, je prendrai pour exemple l'Ecole professionnelle de Salé. ; “+ L'Ecole professionnelle de Salé eut pour ori- give l'exploitation d’un atelier de broderie local pour fillettes husulmanes, créé et dirigé par une maitresse indigène. En octobre 1913, l'attention de M. Loth fut attirée sur ce foyer d'éducation féminine. Il vit de suite toute l'importance qu'il y aurait à lui donner plus d'extension, tant au point de vue dé l’enseignement professionnel qu’à celui de la colonisation en général, car, avec sa celairvoyance ordinaire, il percevait là un moyen pacifique de pénétration dans les milieux arabes. Il chargea Miles Brouillot, qui parlent couramment l’arabe et qui ont une connaissance étendue de la société musulmane, d'étudier la question. Ces demoiselles appartiennent au cadre des institu- trices françaises, mais il est juste d’ajouter qu’elles ne sont point des institutrices ordi- naires ; l’une et l’autre sontdiplômées des lingues orientales, elles ont beaucoup voyagé, séjourné longiemps en Tunisie et sont douées d’un véri- table tempérament d’artiste. Miles Brouillot se mirent aussitôt à la tâche. Tout en étudiant la question qui leur était con- fiée, elles intervenaient de plus en plus active- ment dans la marche de l'atelier de broderie in- digène, donnant leurs conseils, modifiant les méthodes de travail, recommandant des modèles et des couleurs à l'exclusion d’autres; sans heurt, elles arrivèrent ainsi à transformer l’école primi- tive. C’est donc avec un tact parfait et en se basant sur ce qu’elles savaient de la mentalité de la femme marocaine, de son caractère, de ses facultés, de ses aspirations, qu’elles déduisi- rent ce qui pourrait être fait. Comme suite aux rapports qu'elles adressèrent à la Direction de l'Enseignement, on envisagea, en octobre 1915, la possibilité de la création d'une école-atelier. d'arts indigènes réservée à la femme musulmane! et de direction entièrement française. Le projet fut mis à exécution, et, le 1er mars 19146, la nou- velle école ouvrait ses portes. Mme Driss Amor (une des demoiselles Brouillot, alors mariée) fut appelée à la direction de l'établissement, avec sa sœur pour collaboratrice immédiate; en plus de la direction matérielle, ces dames se char- geaient de la conduite artistique des ateliers, de la composition des modèles, etc. 1 En somme, trois étapes bien distinctes se pré- sentent dans l'installation de l'Ecole profession- nelle de Salé : jusqu’en octobre 1913, simple ate- lier indigène ; d'octobre 1913 au 1° mars 1916, école encore indigène, mais avec conseilières artistiques et techniques françaises; depuis le 1er mars 1916, établissement nettement français avec direction française. Cette sage progression était bien faite pour ne pas froisser les suscepti- bilités des indigènes. # La nouvelle Ecole professionnelle de Salé dépend entièrement de la Direction de l’Ensei- gnement, qui a pris à sa charge le local et le per- sonne] enseignant. Les fonds nécessaires à l'achat des matières premières et aux rétributions/ des apprenties sont constitués par la vente des objets exécutés sur commande, L'école est installée dans une maison indigène du quartier de Bab Hasseïn, au Dar El Haj’ Allal, qui à été réparée et aménagée aussi bien que son édification première lepermettait. Elle comprend, comme toute maison arabe, une cour intérieure principale sur laquelle ouvrent, au rez-de-chaus- sée, deux grandes pièces servant d'ateliers, l'un pour les travaux de la laine, l’autre pour les tra-! vaux de l'aiguille, et deux pièces plus petites transformées en bureau et en magasin où sont enfermés les laines et les modèles. Au premier étage sont quatre autres pièces ; dans l’une sont conservés les produits tinctoriaux; les autres, libres, sont réservées pour être plus tard amé- nagées en salles de, classe. Dans des cours adja- centes, formant dépendances, a été installée la teinturerie. La surveillance de chagne atelier est exercée par une institutrice française; l'enseignement, ET LA RÉNOVATION DES ARTS FÉMININS INDIGÈNES AU MAROC 213 : technique seul est confié à des maîtresses indi- … gènes formées par l’école. La maîtresse princi- pale, ainsi que sa famille, est logée à l’école; ses } filles et petites filles font l’oflice de sous-mai- tresses, gardiennes ou surveillantes; elles exé- - culent aussi en partie les commandes faites à l'école. Au début, c’est-à-dire jusqu’au 1‘ mars 1916, l’enseignement ne portait que sur la broderie, la conféction du trousseau de la jeune fille musul- . mane, l’enseignement ménager et l'éducation . générale. À partir de cettè date, on y ajouta, sur * la demande de M. Loth, le travail de la laine et Je tissage indigène des tapis et couvertures. Rien d'étonnant qu’à l’école indigène la broderie fut Je principal enseignement. La broderie, en effet, est l’art domestique le plus goûté dans la plupart des milieux féminins aisés du Maroc; mais cet » art était tombé dans une vulgarité désespérante, par suite du mauvais goût dans le choix des tissus de support, des thèmes décoratifs et des couleurs. Mme Amor et sa sœurluttèrent patiem- ment contre cette décadence ettous leurs efforts tendirent à faire revivre les vieux procédés etles anciens modèles qui étaient fort beaux, Elles _ firent de même pour le tissage des tapis lorsqu’en . décembre 1915 M. Loth leur demanda d'étudier : un projet de création d'atelier pour le travail de . donner à ce projet un cachet tout à fait spécial, - quifait aujourd’hui de l’école de Salé un établis- sement vraiment modèle. C’est pourquoi, actuellement, l'enseignement de l'Ecole professionnelle de Salé est des plus | variés. Les travaux à l'aiguille portent sur la coupe » et la couture, la confection du trousseau, l’exé- . cution des entre-deux, la broderie aux points de Salé et de Rabat, la copie de vieilles broderies, la réparation des broderies anciennes, les mon- tages divers en application de la broderie maro- caine à l’ameublement européen. Le travail de la laine comporte le nettoyage, le cardage et le filage, la confection des tapis ._ neufs d’après des modèles récents, des adapta- tionsetcompositions modernes inspirées de l’an- _ cien, la reproduction des vieux tapis, la répara- tion destapis ancienset modernes. Les enfants participent en outre à la prépara- tion des matières tinctoriales et aux travaux de lateinturerie;ils étudient aussi l'application des _ procédés de teinture anciens. L'enseignement du francais, qui a été de- mandé par quelques familles et qu’on ne peut par conséquent pas refuser, est entièrement pra- tique et oral; il consiste en la connaissance des la laine. Avec leur caractère d'artiste, elles surent L termespropres à chacune des parties profession- nelles de l’enseignement et en conversations au moyen de tableaux muraux représentant des scènes de la vie arabe bien connues des enfants. On y joint des notions d'enseignement ména- ger et des principes d'éducation générale. Le but qu'on se propose d'atteindre à l’école de Salé est d'amener progressivement les élèvés à fournir un travail réglementé et ponctuel qui, dans l'avenir, puisse rendre possible l’appli- cation d’un programme plus étendu. Pour le mo- ment, ce serait une faute de leur imposer une discipline trop sévère qui ne ferait que les rebu- ter où les effaroucher, les diflicultés du début, qui ne sont d’ailleurs pas encore tout à fait effa- cées, ayant été l’observance des heures de rentrée et de sortie, l’acceptation des jours de congé et la présence régulière et quotidienne. L'école est exclusivement réservée aux fillettes musulmanes âgées de quatre à quinze ans. Aucune connaissance n’est exigée d'elles pour. leur admission. Les enfants entrent à l’école à 8 heures du matin, y prennent le repas de midi et en sortent à 6 heures du soir. Les ateliers vaquent le vendredi (jour religieux musulman), le dimanche (sauf la section de broderie) et les jours de fêtes musulmanes. L'atelier indigène n’était fréquenté que par les fillettes des notables de la ville et par un certain nombre d'enfants de la bourgeoisie; depuis qu'elle a été transformée, l’école a des élèves appartenant à toutes les classes de la société; mais une sorte de sélection se produit dans le choix des sections : celle de la broderie étant surtout suivie par les enfants des famillesriches, celle du tissage par ceux des classes moyenne et pauvre. C'était bien ce qu'avait prévu M. Loth ; en créant un atelier de travail de la laine, il avait, en effet, surtout en vue l'intérêt des familles peu fortunées. Lors de mon passage à Salé, l’école comptait 70 élèves dont la répartition était la suivante : Groupe enfantin : 15 élèves de quatre à sept ans qu'il s’agit surtout d’amuser, de soigner et d'intéresser peu à peu au travail de la maison; les plus âgées savent tenir une aiguille et s’occu- pent de la préparation et du triage de la laine en flocon. Groupe moyen : 35 élèves de sept à dix ans qui sont déjà initiées aux travaux de l'aiguille, apprennent à carder et filer la laine et reçoivent les premières notions de tissage. Groupe supérieur : 20 élèves de dix à quinze ane auxquelles sont enseignés les derniers éléments de l’art professionnel indigène de la broderie et de la confection des tapis. 214 L'école serait plutôt une distraction pour la petite musulmane, dont l'existence est assez monotone. Aussi faut-il une grande surveillance pour obtenir de l’élève un travail régulier, sur- tout s’il n’est pas pour elle une nécessité. De là vient que les élèves des ateliers de tissage, qui presque toutes appartiennent à des familles peu fortunées, portent plus d'attention et sont plus travailleuses que celles de la section de broderie. * * * { La transformation de l'atelier indigène de Salé en école professionnelle française fut pour Mmes Amor et Brouillot une période de grand labeur, en même temps qu'une époque de très délicat travail diplomatique, qu’elles seules, par leur connaissance approfondie de la société musulmane, étaient à même de mener à bonne fin. En même temps, en effet, qu’elles s’occu- paient de l’aménagement de la future école, de la confection du matériel, du recrutement et de la formation des maîtresses ouvrières, elles pré- paraient le milieu intéressé à l’idée de confier les enfants à une école de création et de direc- tion entièrement françaises. Or l'atelier indigène qu'il s'agissait de transformer était fréquenté presque uniquement par des filles de notables, et c’est parmi ces derniers qu’on rencontre, en pays musulman, le plus d’attachement aux principes établis et, par conséquent, le plus de résistance à tout ce qui s'oppose à ces principes ou les combat. C’est pourquoi, au début de leur intervention, elles bornèrent leur action aux travaux manuels, tout en préparant les voies pour une extension prochaine de l’enseignement. Si, à ce moment, elles avaient introduit dans le programme de l’école l’enseignement du français, ou même un enseignement intellectuel quelconque désap- prouvé traditionnellement par la bonne société musulmane en ce qui concerne l’éducation fémi- nine, elles se seraient exposées à mécontenter le plus grand nombre des grandes familles de la ville et très probablement les plus influentes, dont la défection et l'éloignement possibles eussent été du plus mauvais effet et par suite fort nuisibles à la réalisation du projet. Le matin du 1° mars 1916, jour de l'ouverture, les enfants sont venues au nombre de 3; l’après- midi on en comptait 11. Le 1° avril elles étaient 35 et en novembre 1918 l'effectif présent était de 70. Les fillettes étaient amenées parleurs parents qui demandaient qu’on leur enseignât la bro- derie, la couture, le tissage et aussi le... fran- çais, Voici donc facilement réalisée, et plus tôt même qu'on ne l’eût pénsé, une prévision de J. CHAINE. — L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA FILLETTE MUSULMANE ES En Mme Driss Amor qui écrivait en octobre 19143 : «Il ne faut pas perdre de vue que la fillette musulmane n’entrera à l'école qu'après avoir franchi la porte de l'atelier. » Il est évident qu'un tel résultat ne pourra qu’aider à abattre le restant de préjugés qui persistent encore et d’au- tant mieux que parmi les élèves sont des enfants de la classe aisée. Non seulement l’école donne l’enseignement aux enfants, mais encore elle exécute des com- mandes pour le dehors. Si bien des élèves, par suite de leur situation sociale, ne travaillent que pour leur propre compte, quelques-unes donnent leur temps à ces tâches extérieures auxquelles participent aussi, mais moyennant salaire, les élèves-maîtresses déjà sorties des ateliers qui les ont formées. Les bénéfices qui résultent de la vente des objets ainsi fabriqués servent, comme je l'ai déjà dit, à l'achat des matières premières nécessaires à la confection des ouvrages que font . les élèves et aux rétributions des apprenties et. de certaines ouvrières. L'instruction des élèves est plus ou moins tôt terminée selon les capacités des sujets et leur assiduité. On cite, par exemple, le cas de telle élève de l’atelier des tapis qui, n’ayant jamais manqué l’école et trâvaillant avec goût et atten- tion, a été capable en moins d’un an de remplir le rôle de maitresse. Les élèves suffisamment instruites, sortant par conséquent de l’école avec le titre de maï- tresse, peuvent aspirer à un poste de sous-. maitresse ou de maitresse dans une école pro- fessionnelle du Protectorat. En tout cas, elles sont toujours capables d'exécuter chez elles les commandes qui abondent dans les divers éta- blisséments d'enseignement. Pour donner maintenant une idée de l’activité des ateliers de l’école de Salé au point de vue de la production, il me suflira de citer des chif- fres, en prenant pour point de départ de cette statistique la date du 1er novembre 1913, époque à laquelle Milles Brouillot sont intervenues. De cette date au 15 novembre 1918, l'atelier de broderie a fourni 472 objets différents, neufs ou réparés, représentant une valeur de 3.988 fr. 90. L'atelier de tapis, depuis sa fonda- tion, le 1% mars 1916, jusqu'à la même date, a produit 5couvertures Salé moderne, 1 grand tapis reproduction Rabat ancien, { petit tapis ordi- naire, plus 5 autres tapis ou couvertures neufs ou réparés, pour l’ensemble desquels il a fallu 1.197 francs de matières premières. Il est à re- marquer que tous ces objets n’ont été exécutés que sur commande. Toutes les laines qui ont. servi à la confection ou à la réparation dés tapis ET LA RÉNOVATION DES ARTS FÉMININS INDIGENES AU MAROC 215 et couvertures ont été nettoyées, cardées, filées et teintes à l’école même. Il faut y ajouter encore - 21 kg. de laine préparée et teinte pour l'atelier de tissage de Casablanca. # k € Lors de mon voyage au Maroc j'ai visité l'Ecole . professionnelle pour fillettes de Salé. Je vois : encore ces charmantes petites musulmanes, _accroupies sur les coussins ou les nattes recou- vrant le parquet de leurs salles de travail, et s’occupant qui de la laine, qui des travaux à » l'aiguille; les plus jeunes me regardaient avec de grand yeux étonnés, tandis que les plus âgées, déjà voilées, continuaient leur tâche sous l'œil | vigilant de leurs maitresses. Mille Brouillot, en l'absence de Mme Amor, nous a montré, à mes compagnons de voyage et à moi, _ les merveilleux travaux que l’on exécute dans son institution. J'ai vu des broderies magnifi- _ ques, des tapis admirables de différents types‘; ._ de ceux-ci les uns étaient anciens, les autres de . fabrication moderne ; les laines des tapis anciens . sont teintes par des couleurs végétales, celles . des tapis modernes par des colotants d’aniline. É Aussi quelle différence de tons! Autant les pre- . miers sont doux et s’harmonisent bien, autant les seconds sont durs, criards et se choquent. _ Mlle Brouillot nous a montré, sur des tapis _ anciens, des teintes d’une délicatesse exquise _ que ne donnent pas les produits industriels et _ qu’elle et sa sœur n’ont jamais pu reproduire _avec ces colorants, malgré de nombreux essais. En outre, les colorations obtenues avec des pro- _ duits végétaux s’atténuent et se patinent agréa- blement avec le temps, elles résistent bien au lavage et au frottement; tandis que celles dues aux matières chimiques s’altèrent plusau moins à la longue, et leur assemblage reste toujours discordant. Malgré leurs belles qualités artistiques, dans ces derniers temps, les tapis de modèle ancien dévenaient de plus en plus rares, parce que l'artisan indigène n’en fabriquait plus. Aux cou- 1. Comme nous l'avons dit, l'Ecole de Salé s'occupe aussi bien des tapis de Rabat que des couvertures de Salé. Rabat a la spécialité du tapis de haute laine à dessins va- riés de même genre que ceux d'Orient, mais moins riches et moins fins d'exécution, Leurs dessins, pour un profane, sont des arabesques quelconques ; pour l'artiste, ils représentent les animaux les plus communs du pays, la cigogne et le chameau, plus ou moins déformés pour l'adaptation aux diverses combinaisons du thème décoratif. A Salé, on tisse le Aambel, sorte de tissu très épais qui tient le milieu entre le tapis et la couverture; il est caractérisé _ par des bandes de points noués à dessin de Rabat, alternant avec des bandes de points de tapisserie à rayures ou-à des- sins berbères rectilignes. leurs végétales il préférait lés produits d’aniline. D'autre part, le gont des indigènes s'était rapide- mentorienté vers ces vives couleurs. C’est ainsi que peu à peu les anciennes traditions se per- dirent et que les vieilles techniques furent oubliées. Malheureusement donc à ce point de vue, comme à beaucoup d’autres au Maroc, il faut noter une décadence marquée. Un programme complet de rénovation s’imposait, programme qui devait nécessairement comprendre le releve- ment des arts indigènes et en particulier celui de la confection des tapis anciens, de façon à faire revivre les vieilles traditions qui ont pro- duit de si belles choses et établi le bon renom artistique de certains centres marocains. Aujourd’hui,le mal est en partie réparé. Le Service des Beaux-Arts, conscient de l'impor- tance de l’industrie de la tapisserie et de la nécessité d’en sauvegarder les qualités essentiel- les, s’est appliqué à faire revivre les vieux procé- dés, tout en essayant de restaurer et de sauver ce qui existe encore afin de remettre en valeur les trésors d’art d'autrefois. De divers côtés on se mit à l’œuvre, mais c'est certainement à Salé que les résultats ont été le mieux et le plus rapi- dement atteints. Les résultats obtenus à Salé, nous les connais- sons par l'exposé qui précède. Ils sont dus aux longues et patientes recherches et aux efforts ingénieux de Mme Amor et de sa sœur, qui ont ainsi vu leur ténacité couronnée de succès bien au delà des premières espérances, puisque au- jourd'hui leur école non seulement répare les vieux tapis et broderies ou er confectionne d’après les anciens types, mais encore teint les laines et les soies par les procédés d’autrefois, procédés que ces dames ont ressuscités et par- fois aussi modifiés en les améliorant. k k * Les travaux de teinturérie ont pris à l’école de Salé une bien grande importance, au point qu'il ya été créé un atelier spécial à cetellet, dans les céurs adjacentes à l'établissement. Cet atelier est vaste, bien aéré, cimenté et présente toutesles commodités essentielles ; il comprend quatre cuves de dimension moyenne avec chauffage au bois, une fosse profonde, centrale, pour l’écou- lement des eaux de teinture et une citerne des- tinée à recevoir les eaux de pluie; un séchoir sera prochainement installé. Les couleurs fondamentales, toutes d’origine végétale, que produit cet atelier sont le rouge, le bleu, le jaune, le vert et le noir. Le rouge esttiré 216 "3, CHAINE! — de la garance, le bleu de l'indigo, le jaune de l’elzaz, sorte de garou. Le vert s'obtient en fai- sant passer le pi-d-d’indigo ! au bain d’elzaz et le noir en traitant la teinture d’elzaz par le sul- fate de fer. Le blanc n'est pas une couleur; on blanchit les laines et les soies au moyen des vapeurs d'anhydride sulfureux. Les tons ocre, violet, cuivre, orange, etc., sont obtenus par le passage dans des bains de colorations différentes. Les fixatifs ordinaires sont l’alun, le tartretet l'écorce de grenade. Actuellement une partie des produits servant à la teinturerie vient de France, mais la plus grande quantité est fournie par le Maroc même; l'elzaz, par exemple, croit dans toute la cam- pagne marocaine, la garance s’y trouve à l’état sauvage, mais la plus estimée est celle de la ré- gion de Marrakech. Les anciens teinturiers se servaient de procé- dés analogues pour préparer leurs divers colo- rants lorsque leur industrie fut complètement transformée par l’arrivée des produits d’aniline. Dès l'apparition de ces dérniers, ils les adoptè- rent parce ‘qu'ils sont d’un maniement plus facile et plus rapide, donnent toujours de bons résultats et sont d’un emploi bien moins coù- teux ; ils étaient, en effet, à des prix fort bas et ne nécessitent pas de longues cuissons, d’où éco- nomie de combustibles. C'étaient les Allemands qui alimentaient la région de Salé-Rabat de ces matières colorantes, comme, d’ailleurs, ils l’alimentaient d’une foule d’autres produits; il est cependant à noter que, depuis l'établissement de notre protectorat, quelques maisons françaises commencçaient à concurrencer les Allemands, la Société de Saint- Denis par exemple. Pendant la guerre,les importations alleman- des ontévidemment cessé; mais, comme certains négociants avaient constitué des stocks assez importants, les produits d'aniline, bien qu'ayant considérablement renchéri, n’ont jamais fait défaut, de sorte que l'industrie de la teinturerie a pu continuer au Maroc pendant cette période troublée, bien que cependant gênée. Il est vrai: que, pendant ce temps, autant par suite de la raréfaction des matières premières que par éco- nomie, quelques teinturiers indigènes se sont remis à l'emploi de certains colorants végétaux, qu'ilsrenforçaienttoujours d'aniline, leur clien- tèle étant maintenant habituée à ces vives tona- lités. 1. Pied-d'indigo est une expression technique qui désigne les produits de la cuve d'indigo dont la préparation est con- venablement amorcée, L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL DE LA FILLETTE MUSULMANE * Les lignes qui précèdent laissentdéjà préjuger de l'importance au Maroc de l'industrie de la teinturerie et des arts plus spécialement féminins de la broderie et de la tapisserie ; quelques chiffres puisés à des sources oflicielles le mon- treront mieux encore. La confection des tapis est surtout une occu- pation familiale. A Rabat, avant la guerre, elle "À comprenait80 métiers et faisait vivre 320 ouvriers \ et 450 apprentis. En raison de la hausse qui frappa tous les produits au début des hostilités et des difficultés d'écoulement à l'extérieur et dans le pays même où le tapis a doublé de valeur, cette industrie, après une période prospère, était devenue stagnante, À Salé, on compte une cen= ‘taine de métiers et environ 500 ouvriers ; les mêmes causes produisant les mêmes effets, l'in- dustrie des tapis y était également devenue sta= tionpaire. N La broderie est une autre industrie familiale de Rabat-Salé ;elle faisait vivre autrefois un très. grand nombre de personnes, mais dans ces der- nières années elle a beaucoup diminué d'impor- lance, L'industrie de la teinturerie participe évidem- ment des deux précédentes; elle était autrefois très florissante, mais on constate actuellement une sensible diminution, qui affecte non pas le nombre des ateliers, on en compte une quinzaine à Rabatseulement, mais celui des ouvriers. Con- trairement à ce qui a lieu pour la broderie etla ï tapisserie, où le travail s'exécute à domicile par » des femmes généralement, les ateliers de tein- turerie d'une ville, de même que la plupart des autres industries, sont groupés dans une même rue, comme en France, au Moyen Age, l'étaient la plupart de nos corporations. Il est vrai que le Maroc, à de nombreux points de vue, n’est pas sans rappeler notre époque moyenàâgeuse. > Il était donc temps d'intervenir pour redonner à ces industries leur vitalité d'autrefois. L'action rénovatrice esten quelque sorte générale, car l'effort que je viens d'analyser à Salé se poursuit également dans d’autres villes du Maroc. Maza- gan, Mogador, Saili, possèdent également une, école-ouvroir indigène; à Casablanca il a été créé un atelier pour la confection des tapis ; une école professionnelle analogue à celle de Salé, dont la direction sera confiée à une personne expéri- mentée, esten voie d'organisation à Rabat, À Fez de réels ateliers familiaux de broderie, compre- nant aujourd'hui une centaine d'ouvrières, ont élé organisés ; ils sont placés sous la surveillance : d'une inspectrice française, dont l’action a eu les re * 4 il | plus heureux effets; munis de modèles irrépro- chables, de tissus et de soies choisis avec un goût des plus sûrs, éclairés de conseils con- stants,ils ont déjà produit de très beaux ouvrages; un genre très ancien de broderie dit a/ouÿ et fort - artistique, abandonné depuis plus de quatre- . vingts ans, & pu ainsi être remis à la mode. Dans le même ordre d'idées, je crois pouvoir . encore citer la création de musées spéciaux où | \sont conservés les mille objets d’art confection- nés autrefois au Maroc et qui peuvent servir de modèles aux ouvriers d'aujourd'hui. Déjà plus d'un patron ou d’une maitresse ouvrière sont venus s'inspirer des types qu’ils renferment. C'est ainsi qu'au Musée de Fez, une salle con-, laine et à points noués, des couvertures, des manteaux de femme, tous du type ancien. Une salle, actuellement en voie de formation, réunira des collections de tissus brochés, de broderies d'or et de soie, de dentelles, en un mot toute la série des arts féminins de la région de Fez. Enfin un cabinet de dessins renferme des relevés d’art où les formes, les couleurs, l’ornementation, les proportions sont notées avec soin et forment d'importants modèles se rapportant aux tapis, aux broderies et aux tissus brochés. Telle-est donc l’action exercée au Maroc en ce qui concerne la rénovation des arts féminins et de l’enseignement professionnel de la fillette musulmane sous la haute main de la Diréction de l'Enseignement et du Service des Beaux-Arts. Cértes, il y a encore beaucoup à faire, mais les résultats déjà obtenus sont un sûr garant de | tient entre autres objets des tapis de haute- 3 | cm à 7 4 it ET LA RÉNOVATION DES ARTS FÉMININS INDIGÈNES AU MAROC 217 l'opportunité d’une telle œuvre et des succès futurs. En particulier, l'œuvre des écoles profession- nelles pour fillettes est remarquable à plus d'un titre par la raison qu’elle rénove des industries artistiques tombées dans l'oubli, qu'elle fait revi- vre le passé, qu'elle relève le niveau social de la femme musulmane en lui donnant un état, et parce qu'aussielle nous permet de mieux pénétrer dans les milieux arabes en même temps qu’elle rapproche de nous une grande partie de la popu- lation indigène, comme le montre clairement le passage suivant extrait d’un rapport de Mme Amor : « La visite officielle faite à l'atelier lors du passage de M. le Ministre de l’Instruc- tion publique en octobre 1916, sans précédent dans le milieu féminin indigène de Salé, accep- tée avec joie et qui ne souleva aucun commehn- taire, montre que la méfiance n'existe plus et qu'il n’y a plus, en milieu riche, qu'à faire tom- ber une barrière déjà fortement ébranlée, main- tenue seulement, à l’heure actuelle, par le souci d’un prestige de caste à conserver. » Une telle œuvre fait donc le plus grand honneur à M. Loth, son fnitiateur, et à ses collaborateurs !. J. Chaine, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Bordeaux. 1, En terminant, je tiens à sincèrement remercier M. Fleury, adjoint au Directeur de l'Enseignement du Maroc, pour l’ama- bilité et la bonne grâce avec lesquelles il a facilité mes visites à l'Ecole professionnelle de Salé et m'a fourni une partie des documents qui m'ont permis d'écrire cet article. 218 EPS BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Teixeira |F.Gomès), Recteur de l'Université de Porto.— Œuvres mathématiques. Volume VII : Traité des courbes spéciales planes et gauches. Zome III (Supplément). — 1 volume in-!° de 420 pages avec 37 fig. Imprimerie de l'Université de Coïmbre, 1915. Ce volume est un supplément au Traité du savant géomètre portugais, dont les deux premiers tomes ont été analysés dans cette Revue {années 1908 et 1910). Il renferme de nouveaux développements sur la théorie des courbes déjà étudiées, complète leur histoire et leur bibliographie,et contient,en outre, l'exposé de la théorie de bien d’autres courbes qui n'avaient pas pris place dans les volumes précédents. D'ailleurs, il reproduit un grand nombre d'articles et de mémoires publiés par l’auteur dans divers recueils entre les années 1910 et 1914. “Le volume est divisé en cinq chapitres ; le premier traite de quelques courbes algébriques; le second, de certaines courbes transcendantes; le troisième est con- sacré à quelques classes de courbes, telles que spirales, caustiques, courbes de Clairaut, de Lissajous, elc., et le quatrième le complète par l'étude de quelques pro- blèmes de géométrie générale (roulettes, podaires, déve- loppables, etc.); enfin, le cinquième se rapporte à cer- taines courbes gauches (géodésiques de l’hélicoïde, pseudo-cereles, courbe dela corde à sauter). ’ Le livrese termine par un appendice consacré aux problèmes historiques de la Géométrie qui ne sont pas résolubles par la règle etle compas : duplication du cube, trisection de l’angle, quadrature du cercle. Cet appen- dice avait été publié antérieurement en un volume qui a été analysé dans cette Revue (année 1915). On retrouve dans le dernier volume du Traité de M. Gomès Teixeira toutes les qualités qui distinguaient les précédents : la richesse de la documentation mathé- matique et historique, l’ingéniosité et la variété des méthodes que l’auteur, avec une grande souplesse, em- prunte à toutes les branches de l'Analyse; la lecture en est aisée, et toujours fort attrayante. Ê M. LELIEUVRE, Directeur de l’Ecole préparatoire à l'Enseignement supérieur de Rouen. Meyer (Adolph.-F.), Professeur adjoint d'Hydraulique à l'Université de Minnesota. — The Elements of Hydrology. — 1 vol. in-8° de 587 p. avec 287 figures et cartes (Prix : 18 sh. 6 d.). John Wiley and Sons, New-York; Chapman and Hall, Londres, 1917. L'Hydrologie, telle que la conçoit l’auteur, est la science qui traite des phénomènes présentés par l’eau sous toutes ses formes et des rapports de ces phénomènes avec la vie et les activités de l’homme. Elle présente une importance fondamentale pour la solution de nom- breux problèmes concernant les forces hydrauliques, l’adduction d'eau, l'écoulement des eaux d’égout, le drainage, l'irrigation, la navigation, la protection contre les inondations et leur prévention. C'est une science qui fail appel à d'autres disciplines mieux établies, comme la Météorologie, la Géologie, la Physique et la Chimie agricoles, la Botanique, mais qui possède pourtant déjà un grand nombre de données physiques qui lui sont propres. M. Meyer a cherché à donner dans cet ouvrage une idée de l’état actuel de nos connaissances dans ce domaine un peu nouveau, en se basant sur l'expé- rience acquise par une pratique de quinze années dans les problèmes de l'ingénieur hydraulicien. La radiation solaire est la source dechaleur qui cause l'évaporation de l'eau et la circulation de l'air chargé de vapeur. L’échauffement inégal de la surface terrestre donne naissance aux grands mouvements atmosphéri- ques qui déterminent en grande partie les pluies, les inondations et les sécheresses. L'auteur expose done d’abord ces grands déplacements aériens et la circu- lation secondaire à laquelle ils donnent lieu, ainsi que les phénomènes concomitants. Suit un chapitre sur les propriétés de l'eau à ses divers états, et en particulier sur les caractéristiques et les effets de la vapeur d’eau de l’atmosphère. L’auteur décrit alors en détail la manière dont l’eau se précipite, les méthodes de mesure de cette précipita- tion et les résultats observés. Il résume sous forme de tableaux les résultats de plusieurs dizaines de milliers d'observations pluviométriques faites aux Etats-Unis. Il représente sous forme de cartes les chutes de pluie les plus fortes sur diverses parties du pays, en vue de servir à la détermination de la capacité des canaux et des déversoirs. Les chutes de pluie excessives sont trai- tées en détail, et l’auteur indique de nouvelles formules qui donnent les quantités de précipitation qui seront probablement dépassées une fois en 1 à 100 ans, M. Meyer passe alors à la question de l’évaporation de l’eau superficielle, des facteurs qui la modifient et de leur importance relative. Il donne sous forme tabulaire et graphique quelques-unes des meilleures observations etentire des formulespour l'application pratique. L'éva- poration des eaux superticielles est, en substance, con- tinue et uniforme ; l’évaporation des surfaces terrestres est irrégulière et intermittente. La quantité d’eau éva- porée par les terres dépend à la fois de la vitesse d'éva- poration et de l'opportunité d’évaporation représentée par la quantité d'humidité existante. La percolation et l’action capillaire dans les différents sols, la végétation et le drainage ont une influence considérable sur l’éva- poration, L'auteur envisage également le phénomène de la transpiration par les plantes, son importance et les facteurs qui le modifient, et il étudie l’effet de la nature du sol sur la quantité d’eau qui disparait par percola- tion,transpiration et évaporation dans les différents sols. Le résidu de la précipitation après l'évaporation, la transpiration et l’infiltration profonde constitue l'écou- lement, qui peutêtre divisé en superficiel et souterrain. L'auteur étudie un certain nombre de bassins typiques des Etats-Unis pour montrer jusqu’à quel point les carac- téristiques de ces bassins se réfléchissent dansles obser- vations hydrographiques des cours d’eau. Il analyse les crues dues aux chutes de pluie et aux chutes de neige pour en montrer les causes eflicientes, et il étudie d'autre part les facteurs qui influent sur les basses eaux. Un chapitre expose les principes fondamentaux et les résultats des diverses méthodes de mesure du débit des cours d’eau, ainsi que les moyens de compléter ces données par le caleul de l'écoulement d’après les chutes de pluie. Enfin l’auteur termine son ouvrage par un chapitre important sur les modifications du régime des cours d'eau consécutives à l'établissement de réservoirs ou de barrages. Il traite successivement de l'emplacement des barrages, des pertes des réservoirs, et des principes à observer suivant que l’on se propose d'établir des réser- voirs pour : les besoins municipaux, l'irrigation, la navigation, la prévention des crues ou la production d'énergie, Tel est le contenu de cet ouvrage, qui n’a pasla pré- ge, q P tention d'être complet, mais tout au moins de présenter les données fondamentales de l’'Hydrologie utiles à la fois à l'étudiant et au praticien. Comme nous l'avons dit, l’auteur emprunte toutes ses applications aux Etats- Unis et faitune part presque exclusive aux travaux de ses compatriotes; c'est ainsi que dans son ouvrage nous [4 n'avons relevé qu'une fois le nom de Bazin, et point dn tout ceux de Darey, de Belgrand où de Boussinesq, dont l'auteur semble ignorer les travaux; il y a là une grosse lacune. Néanmoins cet ouvrage pourra fournir - d'utiles indications aux ingénieurs français sur la pra- tique de l’'Hydrologie en Amérique, 0. Marrranp, ; 2° Sciences physiques + Silberstein (Ludwik), Lecturer in natural Philosophy at the University of Rome. — Simplified method of tracing rays through any optical system of lenses, prisms and mirrors. — { vol. in-S° de VIII-37 pages, avec 7 fig. (Prix cart. : 5 sk), Long- mans, Green and C°, éditeurs, 39, Paternoster Row, Londres, 1918. | née Las dé ti L'ouvrage de M. Ludwik Silberstein est une contri- bution à la résolution d’un problème fondamental de . l’Optique géométrique : la recherche des formules de _ traversée d’un système optique par un rayon lumineux. J C'est le problème de la « Durchrechnung » des opti- | ciens allemands : L. Seidel, C. Moser, A. Kerber, . B. Wanach, K. Schwarzschild, ete., ont établi diverses formes plus ou moins simples ou pratiques d'équations qui permettent précisément de suivre la marche exacte … d’un rayon lumineux quelconque. ; É Mais alors que, jusqu'à présent, les diverses formules ._ proposées ont été le plus souvent établies en applica- _ tion de celles de la trigonométrie sphérique, M. L, Sil- ._ . berstein adopte une méthode différente : celle qui repose essentiellement sur l'emploi des symboles de l'analyse vectorielle (en considérant un vecteur égal à l'unité de longueur porté par chaque rayon lumineux). A l’occasion de l'étude d’un problème très particulier, _ M. L.Silberstein avait déjà,.en 1916, reconnu l'avantage . considérable offert par l'emploi des notations vecto- rielles !, Il-a pu étendre cette simplicité de forme des 4 | J . équations de la théorie des miroirs à celles de la théorie dés prismes ou des systèmes centrés de surfaces sphé- riques, réfléchissantes ou réfractantes, Les formules d « Uebergang » ainsi présentées sont autrement simples que celles des travaux allemands. Le dernier paragraphe de l’ouvrage de M. L. Sil- berstein concerne enfin un problème encore plus géné- rai : les propriétés différentielles de la réflexion et de la réfraction des pinceaux. Tout ce travail de M. L. Silberstein est du plus grand intérêt. L'auteur a parfaitement réussi à produire, ainsi qu'il le désirait, un ouvrage dont l'existence suflit à prouver l'importance que pourra prendre l’introduc- tion de l'analyse yectoriellé dans l'étude des difhciles problèmes de l’Optique géométrique appliquée, faut regretter — (et ce regret n’est pas une crili- _ qué, car il exprime une pensée élogieuse) — que l'im- _ portance de l'ouvrage de M, L. Silberstein ne soit pas du tout en rapport avec celle de la question abordée. Il __ faut regretter, dis-je, que M. L, Silberstein se soit horné _ à m'écrire qu'un opuscule de trente-sept pages, une simple introduction à l'œuvre qu'il y avait ken d'édifier. Auteur de travaux importants sur la Physique ma- } thématique et spécialement sur la théorie électromagné- tique de la lumière, M. L. Silberstein avait toute la compétence nécessaire pour produire un travail défi- nitif sur l'application de l'analyse vectorielle à l'Optique géométrique. Quant aux éléments de ce travail, ne sont-ils préci- sément pas dans l'opuseule publié? L'auteur mentionne, en effet, mais sans insister suflisamment sur sa haute portée, le remarquable Mémoire de MM, A. Sommer- feld et J. Runge*,. \ ME, nn di. “0. tn ii 1. SuusensreIx : On multiple reflexion. The London, Edin- » burg and Dublin Philosophical Magazine and Journal of Sciences, [6], vol. XXXHK, p. 487-494 ; novembre 1916. 2. À. SowmexeeLp und J. Runce : Anwendung der Vec- towrechnung auf die Grundlagen der geomelrischen Optik. Annalen der Physik, [4], t. XXV, p. 277-298 ; 4911, (A . we à « BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 219 Est également insuffisante la citation de l'ouvrage bien connu de M. Moritz von Rohr : il eût été bien intéressant d'entrer dans une confrontation de la méthode proposée et de la théorie de la Durchrechnung, exposée dans l'ouvrage des mathématiciens d’Iéna, Les raisons de la simplification apportée dans l’ex- pression des formules fondamentales de l’'Optique géo- métrique ne sont pas enfin assez recherchées. Non seulement les lois classiques lle la réfraction sont susceptibles de prendre des formes analytiques sim- ples par l'introduction des symboles du calcul vecto- riel, mais il en est de mêmede presque toutes les pro- positions générales de l'Optique géométrique. Les considérations finales de l'ouvrage de M. L. Sil- berstein (propriétés différentielles des pinceaux) consti- tuaient une excellente occasion de prolonger son étude dans cette voie, Il suflisait de reprendre l'équation. du cône de Malus, la fonction caractéristique d'Hamilton, ou encore de se placer, avee Sophus Lie, sous le point de vue des transformations de contact, à Il n’est peut-être pas inutile d'appeler à ce propos l’attention sur les beaux travaux d'Abel Transon!; les surfaces résolvantes du problème de Transon ont en un point donné des plans tangents qui passent par une mème droite : celle droite est le tourbillon du vecteur unitaire porté par le rayon issu du point considéré. Le problème de Transon est ainsi équivalent à un pro-! blème de tourbillons, A l'heure où tout ce qui concerne l'Optique géomé- trique paraît être du plus grand intérêt, on ne saurait trop encourager des recherches dans la voie ouverte par MM. A. Sommerfeld, J, Runge et L. Silberstein, Emile TURRIÈRE, Docteur ès Sciences, professeur au Lycée de Montpellier. Eseard (Jean), /ngénieur civil, Lauréat de l'Institut, — L'Aluminium dans l'Industrie. MÉrAL PUR. ALLIA- GES D'ALUMINIUM. — 1 vol. in-8° de VI1-272 p. avec 81 fig. (Prix : 14 fr. 40). H. Dunod et Æ. Pinut, édi- teurs, Paris, 1918. Après les beaux travaux de Sainte-Claire-Deville qui a fait connaître les propriétés si remarquables de l’alu- minium, c'est un de nos compatriotes, Héroult, qui a indiqué et vulgarisé le procédé pour l'obtenir industriel- lement, En outre, notre pays possède les plus beaux gisements de bauxite connus jusqu'ici. On peut done considérer l’aluminium comme un métal bien français, A cette époque. où l'industrie de laluminium prend une extension considérable, et où le consommateur l’emploie tant à l'état pur que sous forme d’alliages légers, l'étude de M. Escard vient tout à fait à point pour fixer le publie sur l’état actuel des progrès déja réalisés : elle comprend d’abord l'exposé des proeédés de fabri- cation, détaille les diverses propriétés du métal ainsi queses applications et s’étendsurtout sur les nombreux alliages utilisés dans la construction. On aura une idée de l'intérêt des questions traitées par l’auteur par l'ex- posé très sucecinet qui va suivre. Le procédé Héroult, presque universellement appli- qué, comme l’on sait, consiste dans l’électrolyse à l'état igné d’un bain de cryolithe en fusion tenant de l’alu- mine en dissolution. L'aluminium est mis en liberté à l'électrode négative et se rassemble au fond de la euve, l'oxygène venant brûler le carbone de l'électrode posi- tiveen formant dé l'oxyde de carbone qui se consume au contact de l'air, Le minerai traité étant de la bauxite, c'est-à-dire un hydrate d’alumine impur, il faut d'abord le transformer en alumine pure par le procédé Bayer généralement appliqué près des gisements. On effectue ensuite l’extraction du métal là où la force motrice peut 1. Apez Transox : Mémoire sur les propriétés d'un ensem- ble de draites menées de tous les points de l'espace suivant une Joi continue. Journal de l'Ecole Polytechnique, 1861, 38: cahñer, p. 195-208. — Voir aussi €. r. Acad. Se., t. LII, p. 245-247; 11 février 1861, et le rapport de Guaszres (ibid,, t. LIF, p. 1013-1018 ; 20 mai 1861). Ù 1 An 220 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX être obtenue à bon compte, c’est-à-dire non loin des chutes d’eau, On mentionne à propos de l’alumine le procédé Serpek, dit aux nitrures, dont on a beaucoup parlé, et qui consiste à chauffer dans un four électrique un mélange de bauxite et de charbon dans un courant d'azote. Le nitrure d'aluminium obtenu à 20 °/, d'azote est décomposé en autoclave en présence d’une lessive de soude et fournit de l’ammoniaque, de l’aluminate de soude et par hydrolyse de l'alumine. L’ammoniaque est ensuite soit oxydée (procédé Ostwald), soit transformée en sulfate pour l’agriculture. Les propriétés de l’aluminium sont remarquables. Sa légèreté, sa chaleur spécifique relativement élevée, son faible pouvoir émissif rendent ce métal éminemment propre à la fabrication des ustensiles de cuisine. Sa con- ductibilité électrique est à celle du cuivre dans le rap- 60 port a Son point de fusion est assez bas 6500, tandis que sa volatilisalion ne se produit qu'à de très hautes températures. Très ductile et très malléable, l'aluminium coulé a une résistance qui ne dépasse pas 12 à 19 kg.et un allongement de 4 à 5 0/0. Sa ténacité est à peu près moitié de celle du cuiyre. La soudure est diflicile à réa- liser par suite de la formation d’alumine, de la présence des impuretés {Si et Fe), de son coeflicient de dilatation élevé et de sa grande fusibilité, Comme ce métal forme diflitilement des alliages avec les soudures habituelles, il se prête mieux à la soudure autogène avec un flux décapant approprié. Cette question si importante de la soudure est traitée en détail dans l’ouvrage de M. Es- card. Ilen est de même des propriétés chimiques de l'aluminium, de l’influence de ses impuretés, et surtout de celle de l’écrouissage sur sa corrosion et sa désagré- gation,. Les applications industrielles du métal sont multiples ; l’auteur de plusieurs ouvrages de métallurgie très re- marqués ne pouvait manquer de les signaler en con- naissance de cause. L'aluminium, réducteur énergique, joue un grand rôle comme désoxydant dans les opéra- tions d’affinage des aciers. Ajouté à la fonte soit à l’état pur, soit par l'intervention du ferro-aluminium, il dé- place le carbone sous forme de graphite et supprime les soufllures, L’énorme quantité de chaleur dégagée par la production de l’alumine est utilisée pratiquement dans l’aluminothermie pour la réduction d’un grand nombre d’oxydes réfractaires, tels les sesquioxydes de chrome ou de vanadium, l’oxyde salin de manganèse, l'acide tungstique, etc., pour la soudure des rails, pour le chauffage des creusets à température très élevée, pour la perforation du fer et de l'acier, etc. L’aluminium est également employé dans l'installation des lignes électriques à courant continu, les câbles, les barres de connexion, les enroulements et bobinages (fil nu), cer- taines lampes à are et incandescentes, certaines piles et accumulateurs, redresseurs de courants, parafoudres ; au point de vue mécanique, on connaît ses applications dans l’industrie automobile, l'aéronautique, ‘l'aviation et les constructions navales. Le papier d'aluminium fait concurrence au papier d'étain. On le lamine jusqu’à une épaisseur de 1/100 de millim. Quant aux déchets réduits en poudre au pilon, ils sontutilisés sous cette forme dans la peinture anti- rouille eten photographie. Enfin on peut cuivrer, nicke- ler et dorer l'aluminium pour ajouter à sa légèreté les qualités qui lui manquent, Tous ces procédés sont, pas- sés en revue et méthodiquement discutés. La seconde partie de l'ouvrage comprend l'étude com- plète des alliages où rentre l'aluminium, L'auteur dis- tingue les bronzes d'aluminium et les bronzes à l’alu- minium. Les premiers, qui comprennent 7 constituants isolés par M. Guillet, et particulièrement les 4 combi- naisons définies Al?Cu, AlCu, AlCuÿ, AlCui, ont une densité variant naturellement de 2,6 à 8,2, On est par- faitement renseigné sur leurs propriétés physiques, mé- caniques, leurs nombreux emplois et les moyens de les fabriquer. Quant aux alliages à l’aluminium, ce sont des alliages de cuivre ordinaires auxquels a été ajouté une petite quantité d'aluminium. On cite d’abord les bronzes à l’aluminium où ce dernier métal joue le rôle d'épurateur ; les alliages Cothias, les bronzes à J'AI et au fer, ceux à l’Al et au Mn, au Si, au Tu, à l'Or, où le cuivreentre toujours en forte proportion, puis le dura-" lumin, le wolframinium où au contraire c'est l’AI qui joue le plus grand rôle, D'autre part, dans les laitons à l'aluminium, où ce métal remplace généralement quel- ques unités de zine et augmente ainsi les conditions de résistance et de limite élastique de alliage, on trouvele laiton de Froges, le bronze Roma, le métal Delta, Il en est de même pour les maillechorts au zine qui ne con- tiennent l'aluminium qu’en proportion très minime et malgré cela présentent des propriétés mécaniques re- marquables. Puis l’auteur arrive aux alliages de l’alu- minium avec tous les métaux usuels et en particulier avec le zinc (ziskon, alzyne) et le magnésium (magna- lium), utilisés les premiers dans la construction des aéroplanes, les seconds pour la batterie de cuisine et les instruments de chirurgie et de physique; viennent ensuite ceux avec l’étain, le bismuth, l'antimoine, le plomb, le nickel, l'argent, l'or, le platine, le cadmium, l'uranium, le cobalt, le manganèse, le chrome, le tungs- tène, le vanadium, le titane, le molybdène. Et enfin les alliages d'aluminium et de silicium, les siliciures, car- bures et azotures d'aluminium, dont on connaît la pro- priété de dégager de l’'ammoniaque au contact de l’eau, les alliages encore plus complexes tels que le partinium dont la résistance à la rupture est très grande malgré la légèreté du métal. C’est toute la chimie passée en revue, défilant devant l'aluminium, étude très complète à laquelle a si laborieusement contribué le Professeur Guillet et dont M. Escard rassemble tous les éléments pour le grand intérêt du lecteur dans un exposé précis et clair. Emile DRMENGE. 3° Sciences naturelles Sarasin (Fritz). — La Nouvelle-Calédonie et les. îles Loyalty. SOUVENIRS DE VOYAGE D'UN NATURALISTE. Traduit de l'allemand par JRAN Roux. — 1 vol. in-8° de 296 p., avec 184 figures, 8 planches et une carte. Paris, Fischbacher et Cie; Bâle, Georg et Cie, édi- teurs, 1918: L'auteur de ce livre, qui est directeur du Musée de Bâle, s’est déjà acquis une place en vue par ses explo- rations scientifiques à Ceylan et à Célèbès; il était done tout spécialement préparé pour mener à bien une expé- dition en Nouvelle-Calédonie et pour lui faire rendre son maximum en intérêt et en profits pour la science. Il est bon de noter en premier lieu que ces explorations ont été conduites sans l’appui d'aucune subvention et que toutes les charges en ont été supportées par M, Sa- rasin lui-même. C’est un fait à souligner, car il témoi- gne de l’entier dévouement à la science et du profond désintéressement du savant bälois. Celui-ci n’est pas un de ces voyageurs pressés qui prennent en passant quelques notes hâtives ; il S’'in- stalle dans le pays, le parcourt dans ses régions les moins accessibles et les moins connues, prend contact avec les indigènes et collectionne méthodiquement les. animaux, les plantes et les-produits de l’art et de lin- dustrie des habitants. C’est pourquoi son livre est si riche en observations nouvelles et en vues originales ; c’est aussi pour cela que les résultats scientifiques de son expédition sont d'un si haut intérêt. Ceux-ci sont consignés dans un ouvrage intitulé : Nova Cule- donia. Recherches scientifiques en Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyalty, dont ont déjà paru deux volumes con- sacrés à la Zoologie, et un volume à la Botanique; quant à la partie anthropologique, elle est en cours de publication, Pour l'étude de ses collections zoologi- ques et botaniques, le D’ Sarasin s’est assuré l’aide de 80 collaborateurs de tous les pays. L'ouvrage qui fait l’objet de ces lignes est, comme le dit l’auteur dans la préface, un simple récit, composé de souvenirs et d'aventures de voyage, auxquels il a dd. ds Je BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 221 ajouté un certain nombre d'observations. Agréable à lire, dépouillé de tout ce que la science peut avoir de rébarbatif, ce livre est en effet destiné au grand public. Mais il est aussi plus que cela : il constitue une contri- bution de valeur à l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances, un document important que devront consulter ceux qu’intéressent la géographie de cette régionet, d’une façon plus générale, les questions coloniales, Les observations qui viennent interrompre le cours du récit portent plus spécialement sur l’Ethnographie. L'auteur nous initie à la vie des indigènes, à leurs cou- tumes, à leurs superstitions, telles les incantations des « faiseurs de pluie », à la construction de leurs de- meures, à la fabrication de leurs armes, de leurs outils et de leurs vêtements: Données dont les détails mêmes sont à conserver, car, sous la poussée de la civilisa- tion, certaines industries disparaissent, certaines cou- tumes sont délaissées, celles par exemple qui sont rela- tives aux sépultures et au culte des morts, et d’autres encore. Des fouilles, pratiquées en divers points de l'ile, ont permis au D'Sarasin de se documenter sur les anciens habitants de l'ile; il a reconnu l'existence de véritables Kjükkenmüddings et ila mis au jour des ins- truments préhistoriques en pierre d’un travail supé- rieur à ceux des indigènes actuels qui, au contact des Européens, ont perdu leur habileté. Notons encore au passage les alignements de pierres,, dont chaque bloc représente un ennemi tué et qui, ainsi que s'exprime l’auteur, pourraient jeter une lumière nouvelle sur le sens des alignements semblables de la période néoli- thique européenne. La faune, du moins celle des animaux supérieurs, n’est pas riche. Pas de Batraciens, pas de Serpents, peu de Mammifères : une douzaine en tout, dont sept, des chauves-souris, sont les seuls qui n'aient pas été intro- duits par l’homme; les Oiseaux sont, chose fort plau- sible, beaucoup mieux représentés. Quant aux Inver- tébrés, ils sont assez abondants. L'auteur a pu noter quelques traits intéressants de la biologie des espèces animales et ila été amené, par des considérations d’or- dre faunistique, à la conclusion que la Nouvelle- Calédonie a été détachée d’un continent australien à une époque géologique reculée. A propos du Cagou, l'oiseau le plus célèbre de l'ile, le D' Sarasin adresse un nouvel appel pour l'établissement de « réserves » qui pourraient, avant qu'il fût trop tard, sauver cette espèce de la disparition qui la menace. Ces réserves protége- raient aussi la flore qui est en voie d'appauvrissement, à tel point que certaines régions sont en danger de devenir complètement désertiques. Après avoir séjourné dix mois en Nouvelle-Calédo- nie, M. Sarasin en a consacré cinq à l'exploration des trois principales îles de l'archipel Loyalty, dont les ha- bitants, plus intelligents que les Néo-Calédoniens, sont cependant d'une civilisation plus pauvre. Les observa- tions dans le domaine de l’ethnographie n’en sont pas moins intéressantes; l’auteur a pu également recueillir des données sur les anciens habitants de ces îles, La faune, qui est de caractère calédonien mais qui possède néanmoins des espèces spéciales, a conduit M. Sarasin à quelques considérations sur le peuplement de ces îles et sur leur histoire géologique, moins simple qu’on ne pourrait le supposer de prime abord. Voilà, notés au courant de la plume, quelques-uns des sujets abordés par le Dr Sarasin. Nous avons dû nous borner; pour être complet, il eût été nécessaire de citer encore ses observations dans les domaines de la botanique, de la géologie, de la météorologie et de l'anthropologie, Ajoutons encore que cette œuvre de M. Sarasin a été traduite par le Dr Jean Roux, conservateur du Musée de Bâle, qui fut le collaborateur etle compagnon de voyage de l’auteur et qui a su garder, sous une forme élégante, le cachet d'originalité et de précision de l'édition alle- mande. EMILE ANDRÉ, Professeur à l'Université de Genève. | Finch (V. C.), Assistant de Géographie agricole, et Baker (0. E.), Agronome, du Département de l'Agri- cullure des Etats-Unis. Geography of the World's Agriculture. — #1 vol. in-4° oblong de 450 :p. avec 206 cartes et diagrammes et 2 cartes en couleurs. Goyernment Printing Office, Washington, 101%. Le but de cet ouvrage est de montrer l’originè géo- graphique des substances alimentaires et des autres produits agricoles importants dans le monde entier, et d'indiquer brièvement les conditions climatiques,agro- logiques et économiques qui rendent compte de la dis- tribution des cultures et de l'élevage du bétail à la sur- face de la Terre. La partie principale de l'ouvrage est formée par les cartes, qui sont de deux sortes: celles qui représentent la production d’un produit déterminé (en livres anglai- ses de 0,45359 kg.), et celles qui représentent la surface ensemencée (en acres de 0,40468 ha.); à causé de la fluc- tuation des rendements d'une année à l’autre, ces der- nières donnent souvent une meilleure idée de l’impor- tance relative des cultures que les premières. Sur cha- que catégorie de cartes, la densité de la production ou ‘de la surface cultivée est donnée par des points noirs représentent chacun un certain nombre de livres ou d’acres. Les cartes sont soit des cartes mondiales ou continentales montrant l’importance relative des diffé- rentes contrées, soit des cartes d’un pays ou d’une partie de pays, permettant d'apprécier dans ce dernier l'importance des différentes régions pour un produit déterminé, À côté des cartes, des graphiques fournis- sent des renseignements analogues sous une autre forme. Enfin, un texte bref, accompagnant les cartes, met particulièrementen évidence les facteurs géographiques qui sont à la base de la distribution des industries agri- coles et pastorales; les facteurs économiques et histori- ques sont également considérés. Les produits agricoles pour lesquels des indications figurent dans cet ouvrage sont : blé, seigle, mais, avoine, orge, sorgho, millet, riz, coton, lin, chanvre, tabac, pomme de terre, sucre (canneet betterave), rai- sin (et vin), fruits divers, olive, noix, café,thé, légumes, haricots, pois, houblon, foin et fourrage. Comme ani- maux, citons : les vaches (et le lait), les bœufs et tau- reaux, les buffles et carabao, les porcs, moutons,chèvres et la volaille. Toutes les données utilisées pour l'établissement des: cartes et graphiques ont été empruntées par les auteurs aux publications statistiques oflicielles, dont ils don- nent la liste à la fin du volume. Au moment où les ques- tions de ravitaillement en produits alimentaires et en matières premières agricoles jouent un rôle si important et intéressent un si grand nombre de personnes, c’est avec fruit qu’elles se reporteront au travail de MM. Finch et Baker, qui constitue une excellente source de renseignements à cet égard. L. DEcPHIN. 4o Sciences médicales Sollier (Paul), Chartier, Rose (Félix) et Vil- landre. — Traité clinique de Neurologie de guerre. — 1 vol. in-8° de S30 pages, avec 313 gra- vures et tracés (Prix : 35 fr. 20). Félix Alcan, édi- teur, Paris, 1918. Le traité que MM. Sollier, Chartier, Félix Rose et Villandre offrent aux cliniciens est, comme son titre l'indique, directement inspiré par les circonstances, Œuvre de collaboration intime du neurologiste et du chirurgien et résultant de très nombreuses observations recueillies dans un des plus importants centres neurolo- giques français, il marque une étape intéressante dans le développement d'une des branches de la médecine auxquelles la guerre a apporté le plus d’enseignéments. L'ouvrage, auquel est annexée une statistique portant sur 12.000 cas de troubles nerveux de guerre, estdivisé 222 en quatre parties, en suivant l’ordre anatomique, La première est consacrée aux traumatismes-cranjio-encé- phaliques; d’abord à l'exposé des causes, puis à l'étude clinique de ces blessures, enfin à leur traitement chirur- gical, Les affections traumatiques et non traumatiques de la moelle et des plexus font l’objet de la seconde partie; les affections des nerfs (blessures, névrites, névralgies), celui de la troisième, Un grand nombre de schémas, des planches anatomiques pour la plupart ori- ginales, des tableaux donnant parallèlement la fonction physiologique des muscles et leur innervation avec ses originesradiculaires facilitent la compréhension du texte eten rendent la lecture attrayante. Un chapitre est réservé au traitement médical des lésions nerveuses (électrothérapie, radiothérapie, massothérapie, ortho- pédie); on y trouve des planches très détaillées, fixant la position des points moteurs des divers nerfs el mus- cles et la description schématique de quelques appareils orthopédiques, utilisables dans la paralysie du EIRE FERotee et du membre inférieur. La quatrième partie, de beaucoup la plus PA et peut-être aussi, par les problèmes qu'elle aborde, la plus attachante, si l’on fait abstraction du grandintérêt clinique qui est lié aux précédentes, traite exclusive- ment des troubles dits « fonctionnels ». On sait que ceux-ci, qu’ils soient dus ou non à des traumatismes, ont été des plus fréquents au cours de la guerre, princi- palement pendant les deux premiers mois; après la ba- taille de la Marne et le début de la guerre de positions, ils ont été, comme le montrent les statistiques dressées par Sollier, en décroissance rapide, ce qui s'explique facilement par l'amélioration des conditions physiques et morales du combattant, et par ce fait que tous les prédisposés ont, dès le début, payé leur tribut à la né- vrose; à partir de 1916, c'est presque uniquement parmi les soldats des nouvelles classes qu'ils apparaissent encore. Discutant les théories relatives à ces troubles fonctionnels, Sollier arrive à la conclusion qu'à l’origine de toutes les manifestations hystériques et hystéro- traumatiques, il faut placer, engendrées par l'émotion, la commotion ou la fatigue, des perturbations physio- logiques des éléments nerveux, sans qu’il y ait néces- sairementun processus psychologique pathogène inter- posé.Comme l'étude des phénomènes commotionnels le lui a montré, ces perturbations nerveuses peuvent se produire aux différents étages du système nerveux cen- tral, engendrant ainsi, selon les cas, des troubles for- cément très différents : au niveau de l'écorce cérébrale, les trouble sersitifs et moteurs s’accompagneront de manifestations d'ordre psychologique ; au niveau de la moelle, au contraire, ils apparaîtront seuls. L'existence très fréquente d'accidents hystéro-traumatiques, non accompagnés de phénomènes psychologiques, démontre donc que ceux-ci sont secondaires et non primordiaux. Cette théorie physiologique de l'hystérie, dans le détail de laquelle il nous est impossible d’entrerici, est confirmée etcomplétée par l'étude particulière des divers troubles fonctionnels: commotion par explosifs, con- tractures, paralysies, spasmes, tremblements, mutisme, troubles sensoriels et viscéraux, asthénie, etc., dont de nombreuses photographies et des graphiques précisent le caractère en complétant les indications du texte. Ajoutons que les discussions théoriques ont d’ailleurs généralement été abrégées, et que, nulle part, le point de vue pratique n'a cessé d’être mis en lumière, C'est ainsi qu'une place importante a été constamment accordée aux conséquences militaires ‘qui découlent des blessu- res et des troubles décrits, ainsi qu'aux caractères des affections simulées et aux moyens de les déceler. Dans un chapitre spécial, réservé au traitement des troubles fonctionnels, les auteurs discutent la valeur des métho- desle plus couramment employées etinsistentsur l’oppo- sition profonde qui existe entre les méthodes de réédu- cation motrice el la mécanothérapie. Celle-ci, qui ne met en jeu, nile moral, ni l'intelligence du sujet, est le BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX plus souvent inefficace, et parfois nuisible, dans le trai- tement des troubles fonctionnels. Le procédé de choix est, avant tout, la rééducation motrice, qui fait appel au pouvoir d'attention et à la volonté du malade, rééduca- tion individuelle d’abord, collective, mutuelle et récipro- que ensuite, couronnée enfin par le travail profession- nel. H. Carpor. 5° Sciences diverses Lartique (Alfred), /ngénieur à la Compagnie Thom- son-/ouston, Chef du Service des Tramways. — Lettres à l'Académie des Sciences sur l'unification des forces et des phénomènes de la Nature. — /ntro- duction par M. DANIEL BERTHELOT. — 1 vol. in-16 de 460 p. avec 158 fig. et 1 pl. (Prix :6/fr.). O. Doin et fils, éditeurs, Paris, 1918. Sous forme d’une série de lettres à l’Académie des Sciences, M. Lartigue expose les résultats d'une vaste tentative de synthèse des lois et des phénomènes natu- rels. La base de cette synthèse est constituée par un théo- rème d'unification ramenant à une même forme algé- brique l'expression de l’énergie mécanique totale mise en jeu dans le mouvement d’un système matériel élas- tique, et l'expression de l'énergie électrique totale mise en jeu dans un courant périodique parcourant un cir- cuit complexe, De ce résultat (obtenu sans ajouter au- cun postulat personnel à ceux sur lesquels reposent les lois fondamentales de la Dynamique et de l’Electrody- namique), l’auteur déduit immédiatement, par voie d’in- terprétation et presque sans nouveau calcul, une théorie tricinétique générale des phénomènes naturels; rame- nant leurs lois à celles d'un triple mouvement de pul- sation, de rotation et de torsion élastique, et ramenant leurs mécanismes à des résonances plus ou moins com- plexes entre les mouvements élémentaires. Sur cette base, M. Lartigue développe successivement dans ses premières lettres : Une théorie mécarique explicative des trois états de la matière; du passage de l’état solide à l’état liquide, parrésonance de pulsation-giration; du passage de l’état liquide à l’état gazeux, par résonance de rotation-tor- sion; et des phénomènes secondaires connexes : distil- lation, surfusion, maximum de densité, etc. Une théorie mécanique générale des sens, considérés comme autant de résonateurs doués d’un centre de per- ception; et des sensations, considérées comme des ré- sonances de pulsation, de ‘rotation ou de torsion, par- venant au même centre; Une théorie mécanique générale des propriétés de l’é- ther sidéral, considéré comme un milieu universel sus- ceptible de revêtir successivement les trois. états solide, liquide et gazeux; Une théorie générale de la vie; vie fonctionnelle nor- male, caractérisée par la prépondérance de l’état liquide dans le « milieu intérieur », mort par prépondérance de l’état solide; de la croissance par amitose ou par caryocinèse, se ramenant à des résonances biodyna- miques. Et dans une série d’autres lettres il poursuit les mul- tiples conséquences de sa théorie, dans les domaines de la Physique, de la Chimie et de la Biologie. « En des sujets aussi délicats et aussi neufs », écrit M. D. Berthelot dans l'Introduction, — « M, Larti- gue ne saurait $e flatter d’entrainer toujours la convie- tion; il doit s'attendre à être taxé plus d’une fois de hardiesse et de témérité; peut-être lui-même sera:t-il amené à apporter à ses idées plus d’uneaddition et d'une retouche, Du moins, il noûs soumet un livre de bonne foi et qui, fruit d’un long labeur, ne peut manquer dé susciter à son tour la réflexion; je ne saurais en faire de meilleur éloge. » ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ‘ 223 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 10 Mars 1919 M. G. E. Hale est élu Associé étranger, en rempla- cement de M. A. von Baeyer, 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Lecornu : Sur l'écoulement des fluides. Hugoniot a indiqué en 1886 que, « dans le mouvement permanent d’un fluide, la vitesse au point du filet où se produit le maximum de contraction est égale à la vitesse du son correspondant à la pression et à là densité en ce point ». L'auteur montre que ce théorème est inexact, et que, quel que soit le nombre de sections dilatées ou contractées, c’est uniquement dans la plus petite des sections con- tractées que peut être atteinte la vitesse du son. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. F, Michaux Les théories émissives et le principe de Doppler-Fiseau, D'après l’auteur, le fait que la formule de Doppler se vérifie quand on mesure la longueur d’onde d'une lu- mière émise par une source en mouvement au moyen d’un interféromètre infirme les théories de Tolman et de Thomson-Stewart, mais se trouve être conforme à la fois à la théorie de Lorentz et à celle de Ritz. Lors- que la lumière, issue d'une source fixe par rapport au sol, seréfléchit sur un miroir en mouvement, elle con- serve, d'après la théorie de Ritz, une vitesse constante V relativement au sol. Le mouvement du miroir produit un changement effectif de la longueur d’onde qui est le même danslathéorie de Ritz que dans celle de Lorentz, IL y a encore” dans ce cas, identité complète entre les résultats donnés par les deux théories. — M. J. Rey : Propriétés physiques de la vapeur de pétrole. De ses mesures, l’auteur déduit qu'entre 3 et 25 kg. de pres- sion absolue la fonction f(p,v, T)— 0; pour la vapeur de pétrole surchauffée, est sensiblement de la forme : pt + a) = RT, dans laquelle les deux constantes ont pour valeur : 4 — 0,024, R — 5,09. L'auteur a calculé également le débit de la vapeur surchauffée de pétrole se détendant d’une enceinte dans Üne autre. — MM. L. Maquenne et E. Demoussy : Sur une réaction très sensible du cuivre. Application à l'analyse des cendres et des terres arables. Lorsqu'on traite par le ferrocya- nure de potassium une solution chlorhydrique de cen- dres, suflisammentconcentréeet soigneusement dépouil- lée de Fe et de Mn, la liqueur, après s'être teintée en rose, indice de la présence de cuivre, donne en général un précipité qui passe au brun et au bleu. Les auteurs ont reconnu que celte réaction est due à la présence simultanée de zine et à la formation d'un composé cupro-zincique. La coloration bleue qui se développe ainsi atteint son maximum d'intensité et de pureté lorsque le zinc est 4 à 5 fois plus abondant que le cui- _vre; elle est extrêèmement sensible, puisqu'elle est déjà très nette pour 0,005 mgr. de cuivre. Les auteurs ont fondé sur ces constatations ‘un procédé de dosage du cuivre dans les cendres de graineset les terres arables. Hs ont ainsitrouvé de 3 à 8 mgr. de Cu dans les grai- nes de blé, maïs, pois, haricot, ricin, aucuba, ete. — M. Eug. Cornec : Etude spectrographique des cendres de.plantes marines. L'auteur a examiné au spectrogra- phe à prisme de quartz des cendres de Laminaires fon- dues à l’are électrique. Il a décelé la présence des trois groupes d'éléments suivants : 1° Ag, As, Co, Cu, Mn, Ni, Pb, Zn; 2° Bi, Sn, Ga, Mo, Au ; 3° Sb, Ge, Ti, Tu, Va. Les éléments du 1°’ groupe ont déjà été indiqués dans les végétaux marins; ceux du 2° groupe ont été signalés dans l’eau de mer ; ceux du 3° groupe n'avaient encore été déconverts ni dans les plantes marines, ni dans l’eau de mer. 30 ScrENGRS NATURELLES. — M. A. Bigot : Le col du Cotentin. Le col du Cotentin est constitué par un fajs- DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ceau d'assises paléozoïques qui, comme la zone bocaine, présente une structure imbriquée, avec prédominance de la suppression de la lèvre nord'des plis, disposition due à des poussées venant du Sud, — M. P. Guérin : L'Urera Humblotii 77. Baillon et ses affinités. L'Urera Humblotit H. B., qui n'est probablement qu’une forme de l'U. longifolia Wedd., possède dans tous ses orga- nes aériens, comme l'U. baccifera Gaud., un système de laticifères analogue à celui des Morées et des Artocar- pées. L'existence de laticifères chez les Urera n’est pas sans intérêt, puisqu'on croyait que ces organes font défaut dans toute la tribu des Urticées. — M. H. Cou- pin : Sur le pouvoir absorbant du sommet des racines. D'après les recherches de l’auteur : 1° la racine, con- trairement à ce que disent les ouvrages classiques, peut absorber l’eau par sa pointe, laquelle comprend toutau plus la coiffe (quand elle existe) et le méristème terminal, auquel on déniait jusqu'ici tout pouvoir absorbant; 2° l’eau que la racine puise ainsi peut suf- fire à permettre à la germination d'acquérir le dévelop- pement maximum compatible avec la faible quantité d'éléments nutritifs mis, dans ces expériences, à sa dis- position et avecla vie à l'obscurité. — M. M. Molliard: L'ovalbumine constitue un aliment complet pour l’Isaria densa. L'ovalbumine satisfait à tous les besoins nutri- tifs de l’/saria densa. Les phénomènes d’oxydation intense de l’ovalbumine se traduisent par un quotient respiratoire très faible et la formation d'acide oxalique., —:MM. G. Rivière et G. Baïlhache : /’Amygdalo- persica Formonti. Les auteurs ont semé en 1916 une amande venue à maturité récoltée sur un hybride de greffe pêcher-amandier désigné sous le nom d’Amyg- dalopersica Formonti. Is ont obtenu un jeune arbuste vigoureux, âgé aujourd’hui de 3 ans, qui offre seule- ment les caractères d’un amandier. — M. J. Chifflot : Sur les canaux sécréteurs de quelques Gesnéracées, en particulier ceux de Monophyllæa Horsfeldii À, Br. Les travaux de l'auteur montrent : 1° l'existence manifeste de canaux sécréteurs dans les genres Xlugia, Rhyn- choglossum et Monophyllæa; 2° la localisation presque constante de ces canaux à la pointe des faisceaux libéro- : ligneux de la tige ou de l'axe hypocotylé, ainsi qu'à celle des méristèles, dans les nervures de la feuille, qu’elle soit normale ou totylédonaire; 3° l’existence d'une oléo-résine odorante dans tous les canaux, — M. A. Lécaillon : Sur les changements qu'on observe dans la reproduction et le développement -des Bombyx polyvoltins de Chine lorsqu'ils sont transportés et élevés en France. Chez les Bombyx polyvoltins de Chine, il ne peut se développer complètement, sous le climat toulousain, que deux générations chaque année. Mais cerlains sujets de la 2° génération peuvent produire une 3° génération qu’on peut élever entièrement en ayant recours à un relèvement artificiel de la température. | Dans cette race, il y a aussi des œufs d’hiver et des œufs d'été, fondamentalement différents par leur com- position chimique et par les particularités qui y appa- raissent quand l’embryon se développe. Séance du 17 Mars 1919 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Lévine : Périodi- cité des vagues atmosphériques. L'auteur a tracé la courbe des minima barométriques annuels à Paris depuis l’année 1700 ; son allure générale révèle l'exis- tence d’une période de g6 ans environ, se subdivisant elle-même assez nettement en plusieurs sections. La pression atmosphérique est done un phénomène pério- dique, auquel on pourra appliquer l’analyse harmo- nique. — M. H. Hubert : Sur la prévision des grains orageux en Afrique Occidentale. L'auteur a constaté qu'au Sénégal tout au moins la direction moyenne des w 224 grains orageux est E-W . Leur vitesse moyenne de pro- pagation est de 58 km. à l'heure, avec des extrêmes de 44 et 52 km. Dansla période d’hivernage, les orages se groupent dans une période relativement courte et débutent vers le même moment pour toutes les stations situées sur le même méridien. Bien que ces orages si- multanés soient souvent indépendants, leur ensemble forme cependant un grain orageux, et ce fait permet d'établir un service de prévision des grains orageux, au moins pour certaines localités. — MM. A. Trillat et M. Fouassier : Sur un appareil destiné à l'étude de la formation et de la persistance des brouillards. La construction de l’appareil repose sur les deux princi- pes suivants : 1° L’aptitude plus ou moins grande d’une masse d'air calme, dont on connaît la température, la pression etle degré hygrométrique, à former un brouil- lard, dépend surtout de la présence plus ou moins per- sistante de particules solides ou liquides dans l’atmo- sphère; 2° La détente nécessaire pour provoquer l'apparition du brouillard pour une espèce de parti- cules déterminées ‘est d'autant plus faible que le nombre de particules actives dans l'air examiné est plus grand. Cet appareil pourrait être utilisé dans les stations météorologiques pour se renseigner sur l'aptitude plus ou moins grande d’un air à former un brouillard, — M. M. Dechevrens : La variation diurne du courant électrique vertical de la terre à l'air. L’au- teur a mesuré, à la tour d’acier de 55 m. de l’Observa- toire Saint-Louis à Jersey, la différence de potentiel entre le pied et le sommet, qui correspond d’après lui au courant verlical de dispersion de l'électricité néga- tive du sol vers l’atmosphère. Ce courant présente, comme le potentiel électrique de l'air, un minimum le matin et un maximum l'après-midi, Il n’est troublé que par la pluie, qui l'augmente. — M. R. Dubuisson : Sur les anomalies magnétiques du Bassin parisien. L'auteur a dressé une carte des observations magnéti- ques du Bassin parisien, avec les anomalies (différences “entre les valeurs observées et celles qu'on déduit des coordonnées géographiques). IL y a parallélisme entre l'axe des anomalies magnétiques et les failles géologi- ques. Mais celles-ci n’influent pas sur la perturbation elle-même, car, d'un même côté de l’axe, les déviations de l'aiguille aimantée sont concordantes, que l’on soit à droite ou à gauche d’une faille. Il parait exister une relation entre les plissements et l'intensité des forces perturbatrices, celles-ci se trouvant renforcées dans les dômes et les anticlinaux, affaiblies dans les aires d’en- noyage. — M. C. Raveau : Comment Carnot a calculé l'équivalent mécanique de la chaleur. Un document inédit, L'auteur a retrouvé, dans les archives de l’Aca- démie des Sciences, parmi les manuscrits de Carnot, un texte qui nous renseigne sur la façon dont il a cal- culé l’équivalent mécanique de la chaleur. Il est parti des valeurs du rendement d’un de ses cycles qu'il avait calculées dans le cas de l’eau et de l’alcool, et ce rende- ment étant égal au quotient de EA{ par 267 - {, par une simple multiplication il en a tiré la valeur de E. — MM. Ch. Chéneveau et R. Audubert: Sur l'ab- sorption par les milieux troubles. Influence du diamè- tre et du nombre des particules. Pour ‘une longueur d'onde donnée, deux relations assez simples existent, dans le cas de milieux à grosses particules, entre l’ab- sorptionr — (1/1) et les propriétés physiques de la suspension, c’est-à-dire la grosseur des particules et leur nombre. — M, L. Abonnenc : Sur les lois de l’é- coulement des liquides par gouttes dans destubes cylin- driques. Les lois de l'écoulement de l’eau dans un tube cylindrique se résument dans la formule : p = «l) + MEN — n(7/d)N?, où p est le poids des gouttes, D et d les diamètres extérieur et intérieur du tube, N la fréquence de chute, «, 8 et y des constantes positives, m et n des puissances de 2, Cette formule s'étend à d’autres liquides, — M, P. Nicolardot: Sur l’écrouis- sage du plomb, de l'étain et du thallium. Le plomb, l'étain et le thallium s'écrouissent. Ils se recuisent spontanément à la température ordinaire et d'autant ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plus vite que celle-ci est plus élevée, — M. O. Bailly: Sur l’action des iodures alcooliques sur le phosphate neutre de sodium en solution aqueuse. Les iodures al- cooliques réagissent sur le phosphate neutre de so- dium en solution aqueuse avec formation notable du monoéther phosphorique correspondant, mais dans le cas des premiers termes de la série seulement ; en outre, il se forme toujours une petite quantité de diéther monophosphorique. 2° SCIENCES NATURELLES, — M. F. Vlès : Sur quel- ques propriétés optiques des émulsions bactériennes. L'auteur montre qu’on peut tirer d’une mesure de transmission lumineuse à travers une émulsion bacté- rienne une notion approchée sur la quantité de subs- tance bactérienne présente dans l’émulsion, à condition de se donner une certain nombre.de limites expérimen- tales, en particulier de restreindre la mesure à des radiations peu affectées par les propriétés du liquide interbactérien,— M. G. Sanarelli : De la pathogénie du choléra. Le gastro-entérotropisme des vibrions. L'auteur montre que les vibrions injectés dans le péritoine du cobaye se déversent rapidement dans la circulation gé- nérale, non pour y rester, mais pour se diriger vers le tube digestif, où ils provoquent dans les parois intesti- nales un processus phlogistique très grave. Ces cobayes ne meurent donc pas de péritonite, pas plus que d’une intoxication ou d’une infection générale, Ils meurent d’une gastro-entérite très aiguë, causée par l'accumu- lation de vibrions dans les parois du tube digestif, — MM. Ch. Richet et G. Noizet : D'un vêtement insub- mersible et protecteur contre le froid. C’est un vêtement imperméable de toile caoutchoutée, tapissée à l'inté-, rieur d’une couche de kapok, de 15 cm, d'épaisseur, ce qui assure à la fois la non-conductibilité au froid et l’insubmersibilité, Les mains sont libres et les poignets serrés par du caoutchouc, Le vêtement se termine par un capuchon, avec une ouverture par laquelle on peut passer la figure, serréè par une lame mince de caout- chouc. Aux pieds sont accrochés des poids pour main- tenir l'équilibre vertical, Ce vêtement a été expéri- menté sur plusieurs personnes dans de l’eau à 7°; au bout der h. 1/2, on n'avait pas la plus faible sensation de froid. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du & Mars 1919 M. le Président annonce le décès de M. Ed. Ber- trand, correspondant national, M. A. Robin : La déminéralisation osseuse et son trui- tement. Les causes de la déminéralisation osseuse relè- vent soit d'états infectieux (tuberculose, syphilis), soit de troubles dyspeptiques, soit de vices d’alimentation et de nutrition, soit enfin de lésions du système nerveux. Le traitement doit comporter les éléments suivants : 1° fournir à l’organisme les éléments minéraux qu'il perd en excès et alimenter avec les aliments les plus riches en principes minéraux; 2° supprimer les causes accessibles de la déminéralisation (réduire la formation d'acides dans l’organisme, saturer par les alcalins et les alcalino-terreux le contenu gastrique à la fin des repas); 3° assurer l’assimilation des principes minéraux alimentaires ou médicamenteux, par une nourriture riche en matières ternaires, la régularisation des fonetions de l'intestin et le relèvement de l’activité hépatique; 4° agir sur le système nerveux par le glycéro- phosphate de chaux; 5° favoriser l'assimilation et l’in- tégration des matières ternaires par l'huile de foie de morue et les arsenicaux en combinaison organique, L'auteur cite comme exemples deux cas de reminérali- sation du tissu osseux obtenue par cette thérapeutique. — M. E. Brumpt : Maladie de C. Chagas au Brésil, Cette maladie est une infection causée par un Trypano- some, qui présente chez l'homme des formes aiguës très rapidement mortelles et des formes chroniques. Elle est transmise à l’homme et aux animaux par des Hémi- ptères du genre 7riatoma, que l’auteur élève depuis ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 1912. Si la contagion peut se produire par piqüre di- recte, l'infection est transmise habituellement par les déjections des Triatomes quand il s’agit de l'homme, ou par ingestion des insectes parasités quand il s’agit des animaux sauvages. Les hôtes vecteurs ont une vaste distribution géographique, mais la maladie est relative- ment peu répandue par suite de l'intervention de plu- sieurs facteurs limitants, — M. L. Rénon : £a chimio- thérapie de la tuberculose : les dificultés du problème (voir p. 196). « Seance du 11 Mars 1919 M.F. Bezançon présente, au nom de la Commission permanente de la Tuberculose, un Rapport sur la décla- ration obligatoire de la tuberculose. Après avoir réfuté les objections des adversaires de cette mesure,le rappor- teur conclut comme suit : La Commission permanente de la tuberculose estime que la déclaration obligatoire de la tuberéulose est un des éléments fondamentaux de la lutte antituberculeuse, mais qu’elle n’en constitue qu'une des faces, la lutte contre l’alcoolisme et le loge- ment FAR devant être au même degré au nombre des préoccupations urgentes du législateur. Elle pense que le médecin traitant est le plus qualifié pour faire cette déclaration, et qu'en Ja faisant à un médecin sa- nitaire il ne viole pas le secret professionnel. Elle n’é- carte cependant pas le mode de déclaration par l’inté- *ressé ou le chef de famille. La déclaration sera limitée aux cas de tuberculose ouverte des voies respiratoires. Elle ne devra entrer en vigueur que le jour où les me- sures de prophylaxie et d'assistance nécessaires à son application seront réalisées. SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Séance du 4° Mars 1919 M. H. Coupin: Conservation en préparations micro- scopiques des Moisissures et des Péronosporées. Em- ployer la gomme glucosée au sublimé (bichlorure de Hg à 3/1.000, gomme arabiqueet glucose). Recouvrir d’une lamelle, luter par le bitume de Judée ou toutautre lut. — MM. Th. Madsen, O. Wulff et T. Watabiki : Sur la vitesse de réaction de la phagocytose. La vitesse de réaction de la phagocytose suit la loi des réactions bimoléculaires. Les relations entre la vitesse deréaction de la phagocytose et la température suivent les lois de Vant’'Hoff-Arrhénius. La phagocytose a un maximum, dépendant de la température de l'organisme qui a fourni les phagocytes. — MM. Pasteur Vallery-Radot et A. Lhéritier : *apports entre la résistance globuluire aux solutions chlorurées sodiques et la dimension de l'héma- lie. À l’état physiologique, dans la série des Mammi- fères dont l’hématie est discoïde, existe un parallélisme entre la dimension du globule et la résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques; les‘résistances mi- nima les plus fortes correspondent aux globules les plus gros, les résistances minima les plus faibles, aux glo- bules les plus petits. Chez les Vertébrés à hématies nucléées, on n'observe pas un parallélisme semblable à celui qui existe chez les Vértébrés à hématies anucléées. Les globules à noyau sont, en effet, extrêmement diffé- rents les uns des autres, Les résistances minima les plus fortes correspondent cependant ici aussi aux glo- bules des Batraciens et des Reptiles. — M. J. Jolly : Ze système lymphatique des Batraciens. Il existe chez la grenouille,en avantde l'articulation temporo-maxillaire, de chaque côté, un organelymphoïde comparable à une amygdale; on trouve aussi chez cet animal, dans la région de la thyroïde et faisant saillie dans le sac lym- phatique rétro-sternal, un petit organe lymphoïde qui peut être considéré comme représentant un ganglion lymphatique rudimentaire, , Séance du 8 Mars 1919 M. G. Métivet : L'utilisation des aliments après l'exclusion du duodénum: L'utilisation des graisses est bonne. Leldosage de l'Az urinaire chez l'animal à jeun, FR [SI > [+14 puis soumis à un régime carné, successivement avant ‘ puis après exclusion du duodénum, ne montre pas de différences importantes. L'utilisation des albuminoïdes après exclusion du duodénum paraît bonne, — M. G. Mangenot : Sur la formation des asques chez l'Endo- myces Lindneri (Saito). Les asques d'Endomyces Lind- neri (Saito) se forment par bourgeonnement d'anasto- moses entre deux becs émis par des cellules contigués, En général, la cloison de ces diverticules ne se résorbe pas et l’un des becs, seul, se transforme en asque. Les anastomoses ne sont jamais le siège d’une fusion nu- cléaire. Elles doivent être considérées comme les ves- tiges d’une sexualité isogamique, du type d'£remascus fertilis, où l’on constate une fusion nucléaire. Elles sont comparables à celles que l’on observe chez l'£nd. fibu- liger. Chez l'End. hordei, qui offre tous les caractères morphologiques d'£nd. Lindneri, les anastomoses elles- mêmes ont disparu. — M. G. Quarelli : Contribution à la vaccination contre l’influenza. L'auteur a préparé un vaccin qui répond au concept aujourd’hui le plus géné- ralement ‘accepté, que le virus primitif de l’influenza est un virus filtrant, et que d’autres germes ne sont que des microorganismes d'association, bien que très importants sous l’aspect pathogène, Outre le virus filtrant supposé, le vacein ainsi préparé contient aussi les corps bactéri- ques et les produits autolytiques des germes d'associa- tion. — MM. Robert Debré et Hundeshagen: Une bactérie voisine des Pasteurella, pathogène pour l'homme. Chez un homme atteint d’une pleurésie puru- lente (probablement grippale) et d'une hémiplégie, les auteurs ont isolé à deux reprises du liquide pleural (et retrouvé dans le pharynx du malade) un coccobacille; dans le sang des animaux inoculés, il a la forme carac- téristique des pasteurella ou du bacille de la peste (forme en navette avec un centre clair et deux extré- mités colorées). Il pousse très aisément sur gélose-ascite, fait fermenter la plupart des sucres sauf le maltose, est strictement aérobie et est doué d’une assez grande vi- talité, d’une résistance marquée au froid et à la dessicea- tion. — M.E. Laguesse : Origine de la substance con- jonctive amorphe. La substance fondamentale croit en assimilant des albuminoïdes, dissous dans le milieu li- quide interposé qui est de la lymphe interstitielle banale ou chargée en quelques points de mucine lui donnant une consistance gélatineuse. Cette substance peut se diversifier, se transformer selon les besoins locaux de. l'organisme et les matériaux qu’elle trouve à sa dispo- sition. — M.S. Marbais : Classification des staphylo- . coques. L'auteur distingue : 1°-le Staphylocoque Pasteur ; | 2° le Staphylocoque Ogston : liquéfie à la glacière le sé- rum coagulé, n’attaque pas le lactose et la dulcite; 3° le Staphylocoque Bonome : n’attaque pas le lactose, la dulcite, la sorbite; 4° le Staphylocoque Richet : ne coa- gule pas la mannite; 5° le Staphylocoque Wright : atta- que la dulciteet non la mannite. — M. A. Ch. Hol- lande : Absence d'alexine dans le sang des insectes. Le sang des Insectes (chenilles de Vanesses, Bombyx, larves et imagos d’Orthoptères : Decticus, Ephippiger) ne renferme pas d’alexine. Ce ferment ne joue donc aucun rôle dans les phénomènes de la digestion qui” accompagne la phagocytose (des bactéries par exemple) ou durant la métamorphose. IL en est de même dans l'immunité acquise, sifréquente chez les insectes. SOCIETÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 21 Février 1919 M. G. Déjardin : Calcul des chaleurs spécifiques des vapeurs du benzène et du cyclohexane par la méthode des cycles de M. Leduc (voir p. 123). Séance du 7 Mars 1919 MM. Edm. Bauer et Aug. Piccard : Sur les coefji- cients d'aimantation des gaz paramagnétiques et la théorie du magnéton. Le coeflicient d’aimantation spé- cifique (susceptibilité rapportée à l'unité de masse) de l'oxygène a déjà élé déterminé à plusieurs reprises. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Celui de l’oxyde azotique a été l’objet d'un travail ré- cent de Weiss et Piccard. Il étaitintéressantdereprendre ces mesures avec autant de précision que possible. En effet, c’est aux gaz paramagnétiques que s'applique avec le plus de rigueur la théorie du magnétisme de Lange- vin, Cette théorie permet de déduire de la valeur du coeflicient d'aimantation à une température connue celle du moment magnétique moléculaire qui, d’après l'hypothèse du magnéton de P. Weiss, doit être un multiple entier (relativement simple) du magnéton- gramme, 1.123,5 C. G. S. Deux méthodes différentes ont été employées. La première est celle qui avait servi au travail antérieur de Weiss etPiccard, mais notablement perfectionnée. La deuxième est nouvelle, Les nombres obtenus par ces deux méthodes, à l’aide de trois appa- reils différents, sont parfaitement concordants. Voici les résultats définitifs : D CSN RE LCR ANRT 220 — La différence entre ces nombres et ceux qui avaient été obtenus antérieurement tient à une cause d'erreur systématique que les auteurs ont pu mettre en évidence et éliminer. La précision relative des mesures est d’en- viron 3 pour 1.000 pour l’oxygène, 5 pour 1.000 pour l’oxyde d'azote. Si l’on déduit des nombres ci-dessus les moments magnétiques moléculaires et le nombre 7 de magnétons correspondants, on trouve : pour l’oxygène n= 8,06 (par atome); pour l’oxyde azotique n — 9,20 (par molécule) ; c'est-à-dire des nombres qui ne sont pas entiers, E’écart est certainement supérieur aux erreurs possibles d'expérience. Ces mesures, calculées à la ma- nière habituelle, sont donc en contradiction avec la théorie du magnéton, et pourtant celle-ci repose sur un ensemble si étendu de concordances qu'il ne semble pas permis d'y renoncer actuellement, Cependant, il semble nécessaire de la compléter en tenant compte des écarts bien connus entre la théorie cinétique classique et les faits, et particulièrement de ceux qui sont relatifs aux mouvements de rotation des molécules et aux chaleurs spécifiques des gaz. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Seance du 28 Février 1919 M.E. Léger : Sur les oxydihydrocinchonines « et B et leur rôle dans la production de certains isomères de la 220 —107;79X< 1076 0,3. .10 6 48,3 <10-6—+0,25.10—6 cinchonine. L'auteur à repris l'étude du composé déerit par Jungfleisch et Léger sous le nom de £-oxycinchonine. IL a reconnu que ce composé, comme son isomère x, ré- sulte de la fixation de H°O sur la double liaison de la cinchonine: c’est une oxydihydrocinchonine. L'action de :SO'H? à 5o et à 70 °/, sur ce composé est la même que sur l'isomère *. Les produits obtenus/sont les mêmes, à savoir cinchonigine, cinchonilineé, apocinchonine, ) ainsi qu’une certaine quantité de base oxyhydrogénée yn7 5 non attaquée, Avec l’isomère z, les 3/4 environ du mé- lange cinchonigine-cinchoniline obtenu sont formés de cinchonigine; avec l'isomère £, ces 3/4 sont représentés _par la cinchoniline, Si l’on tient compte que la eincho- q niline peut, sous l'influence prolongée de SO‘, se trans- former en partie en cinchonigine et que cette réaction est réversible, on conclut que la cinchonine représente l’éther-oxyde interne de l’-oxydihydrocinchonine et la cinchoniline l'éther-oxyde interne de la £-oxydihydro- cinchonine. L’apocinchonine, qui se forme indifférem- ment avec l’une ou l’autre des oxyhydrobases, résulte du déplacement de la double liaison de la cinchonine, La fixation de H?0O sur la double liaison du groupe CH?=—CH- de la cinchonine a pour effet d'introduire - dans la molécule de ce corps un cinquième atome de carbone asymétrique, ce qui explique l'existence de deux oxydihydrocinchonines, de deux hydrobromo et de deux hydroiodo- dérivés de la cinchonine stéréoiso- drocinchonine les mêmes composés qu'avec l’isomère e : cinchonigine, cinchoniline, apocinchonine, 6-cinchonine, mères, L'acide bromhydrique donne avec la B-oxydih y- : ainsi que deux dérivés hydrobromés isomères qui con- stituent le principal produit de la réaction. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES à : Séance du 23 Janvier 1919 SCIENCES PHYSIQUES. — Sir H. Jackson et M. G. B. Bryan : Expériences démontrant un effet électrique dans les métaux en état de vibration, Les auteurs mon- trent que les fils et autres corps métalliques en état de vibration produisent un effet électrique et indiquent le moyen de le mettre en évidence grâce à des bôbines exploratrices reliées à des enregistreurs délicats. Un fil vibrant exerce un effet inducteur sur un circuit voisin; et tous les corps métalliques expérimentés, quelles que soient leur forme et leur nature, engendrent des cou- rants transitoires, qui peuvent être décelés par le même moyen, Les expériences prouvent que cet effet est dû principalement au fait que le conducteur en état de vi- bration coupe les lignes du champ magnétique terrestre, mais il semble exister un effel résiduel, non encore ex- pliqué et supérieur aux erreurs expérimentales. Ces recherches se rallachent à d’autres travaux d’un des auteurs, précédemment analysés dans la Æeyue (n° du 15 oct. 1918, p. 560) — M. W. M. Hicks : Ztude criti- que des séries spectrales. V. Les spectres des gaz mono- atomiques !. L'auteur traite des relations danS les seconds spectres ou spectres bléus des gaz rares et déve- loppe les lois déjà indiquées précédemment. Ainsi, dans le cas où z estle nombre d’ondes d’une ligne de l’ulira- violet, n— eoun — u(ou vice versa 7e oun—+u s’il s’agit de l’infra-rouge), où e et u sont des quantités définies et caleulables, peuvent être des nombres d'on- des de la région observée, et correspondant à des lignes qui ont élé observées effectivement, La découverte de séries de sommation est également importante pour la théorie générale des spectres. Dans le cas des séries or- dinaires, les nombres d’ondes sont représentés par la différence de deux quantités À — ®{(m),où m est l’ordre dans la série. L'auteur montre que, dans le cas des sé- ries F au moins, ilexiste, en plus de ces fréquences par différence, une série correspondante de fréquences par sommation, donnée par 7 — A<-%{(m). Pour les séries S, D, si de teiles séries existent, elles se trouvent bien loin dans l’ultra-violet. L'auteur a déterminé avec grande précision la valeur de l « oune» (loc. cit.), en général à 1/100.000, et s’en est servi pour déduire les poids atomiques (à 1/7.000) ou le rapport des poids ato- miques (à 1/200.060). Voici les valeurs obtenues, avec celles qu'on a trouvées par les méthodes chimiques à titre de comparaison : Ne Ar kr ô 14,4708-0,0006 55,9209-0,002 249,540-+0,002 P.at.20,0005+0,0004 40,0141-0,0006 83,0550-0,0002 P. at. chim. 20,2 39,88 82,92 ».6 Ra Em è G11,0100+0,0017 1.787,024 +0,09 P: at. 129,963 —0,00018 222,259-+-0,008 P. at. chim, 130,2 229 à 222,4 Séance du 30 Janvier 1919 SGIENGES PHYSIQUES. — MM. F. Horton et A. C. Da- vies : Détermination expérimentale du potentiel d'ioni- sation pour les-électrons dans l'hélium, Les auteurs ont recherché la différence de potentiel minimum que doit franchir un électron pour ioniser un atome d'hélium par collision, en se seryant de méthodes capables de distinguer entre l’ionisation du gaz et les effets secon- daires dus à la radiation. Ils onttrouvé qu'une radia- tion se produit quand les électrons animés d’une vi- tesse de 20,4 volts rencontrent des atomes d’héliums 1. Voir, pour les précédentes parties de ce travail, la Revue gén. des Sc. des 15 févr. 1910, p: 130; 30 mai 1912, p. 413; 15 oct, 1913, p. 746. ; ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES . 22 1 mais que celle-ci n’est pas accompagnée d’une ionisa- tion du gaz, Cette dernière ne se produit que lorsque la vitesse des électrons s'élève à 25,6 volts; aucun autre type de radiation ne se forme à ce moment. — MM. J. C. Mc Lennanet F.T. Young: Sur les spectres d'ab- sorption et les potentiels d'ionisation du calciüm, du strontium et du baryum. Les auteurs montrent que les longueurs d'onde constituant la série 8— (1,5 S) — (m, P), qui sont fortement absorbées par les vapeurs de Ca et Sr, le sont également par la vapeur de Ba. Les lon- gueurs d'onde de cette série sont (pour les valeurs de m allant de 2 à 10) :2— 5535, 3259,2845, 2597, 2542, 2498, 2430, 2455, 24h41. La longueur d'onde de fréquence ô — (1,5 S) pour le baryum est 2— 2380,56. En suppo- sant que le potentiel d'ionisation pour le baryum est donné par la relation Ve— hô, où — (1,5 S), sa valeur est de 5,21 volts.— M. C. Dearle : Emission et absorp- tion dans le spectre infra-rouge du mercure, du zinc et du cadmium. L'auteur a étudié les spectres d'absorption de Hg, Zn et Cd au moyen d’un spectrographe de Hil- ger pour l’infra-rouge pourvu d’un prisme de sel gemme et d’une thermopile linéaire, en combinaison avec un galvanomètre de Paschen. En étudiant le spectre d’é- inission de la vapeur de Hg bombardée par les électrons, il a constaté qu’une radiation de longueur d'onde 1=—10.140 est émise pour des voltages de choc ne dépas- sant pas 5 volts, et même passablement inférieurs. Le mercure possède déjà un potentiel d’ionisation de 10,4 volts; il doit donc en avoir un second d’un autre type aux environs de 2,5 volts. — M. E. Wilson : Mesure des susceptibilités magnétiques d'ordre faible. L'auteur a construit un instrument qui se prête bien à la mesure des susceptibilités magnétiques d'ordre faible, et il a examiné un certain nombre d'échantillons de roches et d’autres substances. La susceptibilité des roches pul- vérisées est sensiblement la même que celle des roches compactes. Pour le mica, la susceptibilité dans la di- rection parallèle aux lames est, dans certains cas, jus- qu’à 50 fois plus forte que dans une direction perpen- diculaire, La mesure de la susceptibilité des alliages d'Al légers montre que la susceptibilité de l’AI commer- cial est augmentée par alliage avec Cu et Mn, et dimi- nuée par alliage avec Co. Les variétés de tourmaline verte et bleu foncé opaques ont des susceptibilités de 16 à 20 fois moindres dans la direction de l'axe crislal- lographique principal que dans une direction perpendi- culaire. La susceptibilité de la tourmaline rose est très faible en comparaison. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE Section pe NEWCASTLE Séance du 20 Novembre 1918 M. W. Diamond : Notes sur la détermination du soufre dans l’oryde de fer épuisé. La méthode usuelle de détermination par extraction avec CS? est inéxacte, parce que ce solvant enlève aussi du goudron et de la matière organique. Aussi l’auteur commence par traiter l’'oxyde de fer épuisé avec du benzène pour enlever la matière goudronneuse. Cet extrait est divisé en deux parties égales; dans l’une, on détermine le total de la matière extraite, dans l’autre, le soufre à l'état de sul- fate de baryum après oxydation par l'acide nitrique. La différence est considérée comme matière goudron- neuse. Celle-ci est alors soustraite du résidu de l’ex- . traction ordinaire avec CS? et on obtient ainsi le sou- fre vrai. — M. G. Weyman : La relation entre la structure moléculaire et l’activité vis-à-vis de l'hydro- gène sulfuré de loxyde de fer. L'enlèvement de l'hydro- gène sulfuré du gaz d'éclairage par l’oxyde de fer est plus complet quand celui-ci est en milieu alcalin, L'au- teur a constaté que jusqu'à 650° C. l’oxyde de fer con- serve son activité vis-à-vis de H?S, mais elle diminue considérablement au-dessus, Ce résultat s'applique à l’oxyde lentement refroidi; mais, si on le refroidit ra- pidement en le plongeant dans l’eau, il retrouve la plus grande partie de son activité. L'emploi utile de ce corps dans la putification du gaz d'éclairage paraît donc dé- pendre de sa nature, spécialement de son degré de po- lymérisation. L’hydrate produit par oxydation du sul- fure ferrique n'est pas du même type que les variétés rouge, rouge-brun ou brun foncé obtenues en précipi- tant les sels ferriques par les alcalis; c’est une sub- stance jaune ou brun clair semblable à celle qui se forme par oxydation atmosphérique des hydrates pré- cipités des sels ferreux, Les minerais naturels em- ployés dans la purification du gaz ont été probablement formés d’une manière analogue par précipitation en mi- lieu réducteur et oxydation subséquente. } SECTION DE LONDRES Séance du 2 Decembre 1918 MM. H. G. Colman et E. W. Yeoman: L'ammo- niaque concentrée commerciale et ses impuretés. L'ammo- niaque concentrée commerciale (25 0/;), fabriquée sur- tout comme produit intermédiaire pour la préparation des sels d’Am, contient généralement une quantité con- sidérable des impuretés volatiles des liqueurs ammo- niacales brutes. Dans un produit normal, ces impure- tés (en gr. par 100 ém“) varient entre les limites suivantes : H?S, o à 0,9; phénols 0,11 à 0,37; basespy- ridiques, 0,21 à 0,32; thiosulfate d'Am, 0,08 à 0,25. On y trouve aussi des dérivés du cyanogène : cyanure d’Am, 0 à 0,0054 ; ferrocyanure, o à 0,0415; thiocya-: nate, 0 à 0,0578, qui présentent des inconvénients sur- tout pour la fabrication du nitrate d’Am, Les auteurs discutent les meilleurs moyens de les éliminer. — M.F. B.Jones : Analyse des benzols purs du commerce. L’au- teur traite de l’extraction de CS?, du thiophène, du toluène et de la parafline, qui ne se présentent générale- ment qu'en petites quantités, Les élévations corres- pondantes du point de congélation de l'échantillon occasionnées par l'enlèvement successif de CS? et du thiophène sont proportionnelles aux quantités de ces impuretés. Le toluène et la parafline sont déterminés d après les quantités dont le point de congélation et la densité du résidu, débarrassé de CS? et de thiophène, sont plus faibles que les valeurs correspondantes pour le benzène pur. L'auteur donne un graphique sur le- quel on peut lire directement le pourcent en volume de chaque impureté d’après les mesures faites. — MM. J. J. Fox, F. R. Ennos et E. W. Skelton : Analyse des alliages d'aluminium et de l'aluminium métallique. Le procédé employé dépendant de la composition de la substance, les auteurs divisent les alliages en 3 classes: 1° Al métallique, dans lequel 4ucune impureté,ne dé- passe 1 1/5; 2° alliages contenant jusqu’à 13 0/, de Cu, 30/, de Zn, 3 °/, de Sn et un peu de Mn, Niet Mg; 3° alliages contenant jusqu’à 20 0}, de Zn, 5 0/4 de Cu et pas plus de 1 0/, d’impuretés. Deux méthodes sont pro- posées. Dans la première, pour les classes (1) et (2), Pb et Mn sont déterminés sur des portions séparées en traitant l’alliage par NaOH à 100/,; dans la portion insoluble, Ph est déterminé à l’état desulfate, et Mnau moyen du bismuthate de Na. Dans la seconde méthode, pour la classe (3),le métal est dissous dans l'acide nitro- sulfurique, et la silice et le sulfate de plomb filtrés, Cuest déterminé électrolytiquement en présence de H?0?, qui donne des dépôts brillants et ne laisse pas de composés azotés qui influeraient sur la détermina- tion électrolytique subséquente de Zn. Après sépara- tion des métaux du groupe II, on ajoute un peu d’acide tartrique et un excès de NaOH et on électrolyse Zn et Fe ensemble sur une électrode tournante de platine doré, Le dépôt est dissous par H?SO dilué et le fer titré au permanganate, SecrTion DE NorriINcHam Séance du 11 Décembre 1918 MM. H. D. Richmond et C. A. Hill : L'analyse de la saccharine commerciale. I. Dans un précédent mé- moire, les auteurs avaient décrit la détermination de la 228 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES saccharine par hydrolyse et estimation de l’ammonia- que formée; ils s'occupent maintenant de la recherche et de la détermination des impuretés. La matière miné- rale peut être estimée par sublimation de la saccharine juste au-dessus de son point de fusion, ou par dissolu- tion dans l’acétone qui laisse la matière minérale, L’acide p-sulfonamidobenzoïque, l'impureté la plus importante, se détermine d’après les différences de titration entre cet acide et la saccharine, ou en se basant sur son in- solubilité dans l’eau. Enfin l’o-toluène-sulfonamide est déterminé en se basant sur son insolubilité dans une solution de bicarbonate de soude, qui dissout la-sac- charine. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM À Séance du 29 Septembre 1918 1° SGIENGES MATHÉMATIQUES. — M. Jan deVries: {ne involution dans l’espace à rayons déterminé par deux . congruences de Reye.— M. J.C. Kluyver : Sur le calcul de & (2n + 1). L'auteur traite de nouveau la transfor- D mation des séries Èn—(2h+41) en d’autres, plus rapide- 1 ment convergentes, et ajoute quelques résultats à ceux déjà obtenus. — MM. L. E. J. Brouwer et J, C. Kluyver présentent un travail de M. J. Wolff : Sur des séries de fonctions analytiques. Démonstration simple d'un théorème d'Osgood étendu par Vitali et Porter. — MM. W. Kapteyn et Jan de Vries présentent un travail de M. N. G. W. H. Begeer : Sur les corps diviseurs du corps circulaire des racines l'ièmes de l'unité et les nombres de leurs classes. 1. — MM. Jan de Vries et J. Cardinaal présentent un travail de M. ÇC. H. van Os: Une involution de paires de points et une involution de paires de rayons dans l'espace. — M. H. A. Lorentz et J. C. Kluyver présentent un travail de M. H. B. A. Bockwinkel : Remarques sur le développement d'une fonction en une série à facultés. IH. — MM. H. A. Lo- rentz et H, Kamerlingh Onnes présentent un travail de M. A. D. Fokker: Sur ce qui répond, dans des espaces non euclidiens, à un déplacement parallèle et sur la courbure riemannienne. — MM. H. A. Lorentz et P. Zeeman présentent un travail de M. Th. de Donder: Le tenseur gravifique. — MM. H. Kamerlingh Onnes et H. A. Lorentz présentent deux travaux de M. W. H. Keesom et Mme C. Nordstrom van Leeuwen Déduction du troisième coefficient du viriel pour des points matériels (ou des boules rigides) qui exercent les uns sur les autres des forces centrales. Développement du troisième coefjicient du viriel pour des points maté- riels (ou des boules rigides) qui agissent les uns sur les autres par des forces centrales proportionnelles à r— ou re ñ 29 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. A. Lorentz et W. H. Julius présentent un travail de MM, L. S. Orns- tein et H. C. Burger : Sur la théorie du mouvement brownien. Les auteurs montrent que, dans sa nou- velle théorie du mouvement brownien, M. J. D. van der Waals Jr part d’hypothèses et de thèses inexactes. — MM. H. A. Lorentz et P. Zeeman présentent un tra- vail de M. ©. Postma : Sur le frottement uu point de vue du mouvement brownien. — MM. H. A. Lorentz et W. H. Julius présentent un travail de MM. L. S. Ornstein et F. Zernike : Propriétés magnétiques de réseaux cristallins cubiques. Les auteurs prouvent qu'un cristal magnétique construit suivant lé mo- dèle de Peddie, Honda et Okubo, où les atomes magné- tiques sont disposés en un réseau cubique, est instable et ne saurait donc présenter de force coercitive, — MM. H, A. Lorentz et H. Kamerlingh Onnes présentent un travail de MM. J. J. Haak et R. Sissingh : Xecher- ches expérimentales concernant la nature des couches superficielles dans la réflexion par le mercure et la différence au point de vue optique entre le mercure solide et le mercure liquide. La couche d’air adsorbée àla sur- face du mercure a une influence sur les constantes opti- ques de ce métal; cette couche augmente d'épaisseur avec le temps et les constantes sont donc fonctions du temps. Par extrapolation, on trouve les constantes pour une surface de mercure pur. Ces constantes sont les mêmes pour le mercure solide que pour le mercure liquide, — MM. H, Kamerlingh Onnes et W. H. Julius présentent un travail de M. A. J. Bijl et N. H. Kolkmeyer : Examen au moyen des rayons Roentgen de la structure cristalline de l’étain blanc et de l'étain gris. II. La struc- ture de l'étain blanc. III, La structure de l’étain gris. L'étain blanc est quadratique, l’étain gris a la structure du diamant; cette dernière structure montre bien la té- travalénce de l’étain, tandis que dans la première deux valences prédominent. — MM. P. Zeeman et S. Hooge- werff présentent un travail de MM. A. Smits et J. M. Bijvoet : Sur l'importance de l'effet Volta dans la mesure d'équilibres électromoteurs. Même en supposant que dans le cas d'équilibre interne des métaux l'effet Volta soit petit, dans les phénomènes de polarisation cet effet devient grand et n’est par conséquent plus né- gligeable; c'est ce qu'apprennent les nouvelles théories concernant les équilibres électromoteurs, — MM. J. Boeseken et F. M. Jaeger présentent un travail de M. F. E.C. Scheffer : Sur l'acide phénylcarbamique et ses homologues. Etudes du système aniline-anhÿdride carbonique ; formation d’une combinaison additionnelle, probablement un acide carbamique; extension aux trois toluidines : formation destrois acides tolyl-carbamiques. — M.P. van Romburgh présente un travail de M. A. - W. K. de Jong : La détermination de la teneur en gé- raniol de l'huile de citronelle. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. F. van Bemmelen : L'origine androgène des cornes et des ramures. — MM. H. J. Hamburger et R. Brinkman : La facon dont les reins se comportent vis-à-vis de quelques sucres isomères. L’épithélium glomérulaire est capable de dis- tinguer le glycose des autres monosaccharides; il arrête le glycose en laissant passer les autres. Ge n’est pas une question de grandeur de la molécule, ear l’épi- thélium est perméable aux disaccharides, à poids mo- léculaire plus élevé, et même au raflinose. Il, semble que ce soit une question de stéréoisomérie. — M. F. A. F. C. Went : L’allure de La formation de la diastase chez l'Aspergillus niger. Pendant les premiers jours après la. germination, il se forme de grandes quantités de diastase dans le mycélium de cette moisissure, puis cet enzyme se détruit de plus en plus rapidement, au point qu’au bout de cinq jours environ la quantité de diastase présente atteintun maximum,— M.G. Grijns : Ÿ a-t-il une relation entre le pouvoir absorbant pour la chaleur rayonnante et le pouvoir odorant des substances À Recherches prouvant qu'une telle relation n'existe pas. — MM. C. A. Pekelharing et H. Zwaardemaker présen- tent un travail de Mlle M. A. van Herwerden : De l'in- [luence des rayons du radium sur l'ovogenèse de Daphnia pulex, Les ovules de Daphnia pulex sont les plus sensi- bles au rayonnement du radium dans le dernier stade de leur maturation. La résistance augmente durant le idéveloppement embryonnaire, J.-E. V. Le Gérant : Octave Doux. ZE ZE Sens. — Imp. Levé, 1, rue de la Bertauche, des $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l'Académie des Sciences de Paris. . — Dans sa/séance du 31 mars, l’Académie a procédé à l'élection d’un membre non résidant, en remplacement de M. H. Bazin, décédé. La Commission chargée d’éta- blir une liste de candidats avait présenté : en. première ligne M. Eug. Cosserat, en seconde ligne M. M. de Sparre, _en troisième ligne MM. Ph. Barbier et R. de Forcrand. Au premier tour de scrutin, M. Eug. Cosserat a été élu par 35 voix sur 53 votants. Le nouvel académicien, qui est directeur de l’Obser- vatoire et professeur à la Faculté des Sciences de Tou- louse, est l’auteur d'importants travaux d’Astronomie, de Géométrie supérieure et sur la théorie de l’élasticité, $ 2. — Art de l'Ingénieur L'aménagement du Rhône!.— Parmiles grands travaux publics, dont nous avions commencé l'étude avant la guerre, l’un des plus urgents est à coup sûr celui de l'aménagement du Rhône, mais l'aménagement inté- gral, envisagé au/triple point de vue de la force mo- trice, de la navigation et de l'irrigation; c'est la seule solution qui soit capable de concilier à la fois les inté- rêts particuliers et l'intérêt général, et qui, en même temps, se prête le mieux à l'organisation financière. La dernière Conférence interdépartementale pour l'aménagement du Rhône, réunie à Marseille le 29 août 1918, avait décidé : 1° d'inviter l'Etat à faire procéder d'urgence à la mise au point du programme complet d'aménagement; 2° de constituer entre les collectivités intéressées (départements, villes, chambres de com- _ merce) un groupement chargé de résoudre le problème financièrement avec l’aide de l'Etat ; 3° de réserver d’a- bord au « périmètre d’intérêt économique direct du » 1. Cf. spécialement le Bulletin trimestriel de l'Office des Transports du Sud-Est, qui paraît à Lyon, au siège de J'Of- fice, et le Bulletin mensuel de la Chambre de Commerce fran- gaise de Genève. — M. Armanp : L'aménagement intégral du * Rhône; solutions possibles. Organisation et Production, février 1919, avec 1 carte. REVUE GÉNÉBALE DES SCIENCES N° 8 30 AVRIL 1919 Revue générale Sciences pures et appliquées Fonvareur : LOUIS OLIVIER J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M: J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Rhône » les forces motrices indispensables à son déve- loppement. D'autre part, le Congrès de la Houille blan- che, qui s'est tenu à Paris les 24 et 25 février 1919, a af- lirmé à nouveau les mêmes principes, à savoir: 1° que l'aménagement du Rhône constitue un tout qui, dans aucun cas, ne peut être morcelé par l'octroi de conces- sions ni à des intérêts particuliers, ni à une collectivité prise isolément; 2° que la région du Rhône a un privi- lège sur les forces motrices indispensables à son complet développement économique; mais le Congrès a reconnu, en outre, et c'est le fait nouveau intéressant, que la réalisation de l’œuvre d'ensemble réclamele concours de la ville de Paris, comme associée et cliente pour la sa- tisfaction de ses besoins urgents et actuels. Sur le Haut-Rhône, de Lyon à Genève, c'est la ques- tion de la force motrice qui est prépondérante; toute- fois, elle doit être résolue en sauvegardant les intérêts de la navigation, si l’on veut faire du Rhône une voie concurrente à celle du Rhin et « capter » à notre profit une bonne part du trafic d’approvisionnement de la Suisse, qui passait auparavant par Rotterdam ou par Gênes et que nous avions absorbée depuis la guerre. Trois projets d'aménagement sont en présence : 1° un barrage unique de 69 mètres de hauteur, plus 3 r mètres de fondation, établi à Génissiat; 2° un double barrage de 38 mètres de hauteur, à Bellegarde, et de 25 mètres, à Malpertuis, à 9 kilomètres en aval. Le barrage unique submérgerait le site de la « perte du Rhône », le village d'Essertoux, une partie de ceux d’Arlod, de Bellegarde, de Coupy, avec leurs installations industrielles, et le pont de Lucey, maïisil servirait mieux les intérêts dela navigation que le double barrage!. On reproche aussi à ces grands ouvrages les aléas relatifs à leur stabilité et surtout à leur étanchéité, le danger des possibilités de rupture, les probabilités de comblement par les apports de l’Arve. D'où le 3° projet, qui substitue aux barrages une dérivation au moyen d’un canal latéral à ciel ou- vert, et qui, d’après ses auteurs, vise encore à régulari- ser le régime du fleuve à son entrée en France, par 1. Cf. E-A. Martez : La perte et lé cañon du Rhône. La Géographie, 15 mars 1914. 230 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE l’utilisation méthodique de la capacité de retenue du Léman, Les intérêts de la navigation seraient sauve- gardés par l'établissement d’un canal laléral, Avec la solution des barrages, les bateaux passeraient d'un bief à l’autre au moyen d’un système d'ascenseur, très coûteux d'établissement et d’entretien, et dont il n'existe pas. encore d’exemplaire réalisé avec de pa- reilles dimensions. C’estpourquoi M, l'Ingénieur en chef Armand, quoique partisan du barrage unique, préfère remplacer l'ascenseur par un Système d’écluses, en fai- sant observer que, si l’écluse enlève de l’eau au barrage, l'ascenseur est un gros consommateur de force motrice. D'autre part, en vue d'améliorer la navigation en aval de la région des barrages ou du canalde dérivation, deux projets sont en présence : 1° celui de M. l’Ingé- nieur en chef Armand, qui consiste en six dérivations, analogues à celles du canal de Jonage, quiÿpermettraient la traction au moyen de remorqueurs à aubes et qui seraient, en outre, susceptibles de produire en basses eaux 142.000 chevaux de force; 2° le projet de l’ingé- nieur suisse Autran, en vue de la création d’un chenal navigable par dragages dans le lit du fleuve. La navigation éviteraitla traversée de la ville de Lyon au moyen d’un canal de ceinture, qui est actuellement étudié par l'Ingénieur en chef de la ville, Ce canal, de 11 kilomètres environ, réunirait le Rhône, en ayal de Lyon, près de Saint-Fons, au canal de Jonage, près de l'usine de Vaulx-en-Velin, et passerait en souterrain sous l’éperon qui relie Bron à Saint-Priest. Il communi- querait avec deux ports placés vers ses extrémités, Sur le Bas-Rhône, de Marseille à Arles, c’est la navi- gation et l'irrigation qui doivent avoir la prépondérance, ce qui peut, d’ailleurs, se concilier avec une importante récupération de force motrice, 200 à 300.000 chevaux, Depuis 1878, la navigation a déjà été très sensiblement améliorée par la construction de digues longitudinales sur les rivesconcaves, et de diguestransversales {tenons ou épis), dirigées du côté de l’amont et qui, rejetant les eaux vers le milieu du fleuve, provoquent l’affouillement du lit. De nouveaux progrès sont nécessaires pour vaincre les pentes trop fortes et augmenter le mouillage. Le prernier projet qui se présente, dù à MM. Billet et Givoiset, est celui qui a été primé au concours organisé par l’Oflice des Transports du Sud-Est; c’est le plus sim- ple et le moins coûteux : au moyen de courtes dériva- tions éclusées, de 2 à 3 kilomètres de longueur, il évite les rapides et dispense les bateaux, à la remonte, du gros supplément de puissance, fort onéreux, nécessaire juste àces endroits el inutilisé sur tout le reste du par- cours. Le projet de canal latéral au Rhône est, au con- traire, le plus onéreux, et c’est pour celte raison qu'il a été rejeté par le Conseil général des Ponts et Chaussées. Il a cependant conservé des partisans très convaineus, comme MM. Estieret J. Maitre, qui le considèrent comme la seule solution complète et acceptable, laissant dispo- nible la presque totalité de l’eau pour la force motrice et les irrigations, et la meilleure solution pour la navi- gation en allongeant suflisamment les biefs au moyen du remplacement des écluses par un système d’ascen- seurs ou de plans inclinés. Enfin, tout récemment, M. L. Mähl vient de proposer la canalisation du Jit du fleuve par des barrages à vannes, avec écluse double ascendante et montante, placés en travers du fleuve et formant 28 biefs en aval de Lyon et 16 entre Jonage et la frontière suisse. L'auteur signale les avantages sui- vants sur le canal latéral : le bénéfice de la navigation sur les deux rives du fleuve, les moindres chances de gel durant l'hiver, la largeur plus grande de la surface navi- gable; enfin, la possibilité d’une marche beaucoup plus rapide pour les bateaux !, Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon, 1. Sur l'importance el les conditions de la navigation surle Bas-Rhône, cf. notre article de la Revue générale des Scien- ces du 30 juin 1909, $ 3. — Physique Variation de la résistance électrique pen- dant la fusion des métaux. — Il est naturel de penser que la fusion des métaux entraine une variation brusque de leur résistance électrique, comme des au- tres propriétés chimiques. L. de la Rive!, opérant sur six métaux, étain, zinc, plomb, cadmium, bismuth et an- timoine, a noté, le premier, une variation discontinue de la résistivité pendant la fusion : pour l’étain, le plomb, le cadmium et le zinc, la résistivité devient ap- proximativement double; elle diminue pour l’antimoine et le bismuth, G, Vincentini et D. Omodei?, reprenant les mesures sur le bismuth, l’étain, le thallium, le cad- mium et le. plomb, conclurent que la résistivité d’un métal pris à l’état liquide, à son point de fusion, est proportionnelle au poids atomique; mesurantégalement la variation de volume de ces métaux pendantla fusion, ils constatèrent que les métaux dont la résistance ag- mente pendant la fusion sont précisément ceux qui augmentent de volume en fondant ; les métaux dont la résistance diminue subissent une contraction. Mentionnons simplement les recherches postérieures de Vassuraÿ, Muller {, Vicentini et Omodei, Hackspill6, Les expériences de Guntz et Broniewski? sur le gal- lium et le tellure ont montré que la résistance du gal- lium diminue pendant la fusion, tandis que celle du tellure augmente avec la température jusqu'à 50° C., . passe alors par un maximum, diminue ensuite quand la température s'élève jusqu’au pointde fusion (4469 C.) où elle augmente brusquement; un peu avantla fusion, la résistance est environ le 1/12 du maximum; après fusion, elle en est environ le 1/6. ‘ Northrup a fait une étude complète du phénomène sur douze métaux différents : potassium, antimoine, aluminium, sodium, cuivre, zine, cadmium, étain, mer- cure, plomb, or, bismuth. Il a étendu ses mesures jus- qu’à 1.000° C. et a constaté que la résistance du métal fondu varie linéairement en fonction de la température. M. Hidéo Tsutsumi$ a publié récemmentles résultats de mesures précises sur la variation de volume pendant la fusion. La méthode consiste à mesurer le courant qui traverse un échantillon déterminé et la différencede potentiel entre deux de ses points. Le récipient conte- À nant le métal est conslilué par deux creusets de ma. gnésie (2 em. de diamètre et 2 cm. de hauteur), reliés à leur partieinférieure par un mince tube desilice (3 mm. de diamètre et 6,5 cm. de longueur); le tube est noyé dans un ciment destiné à éviter les ruptures, Les électrodes sont en fer, sans action sur la plupart des métaux fondus, On éliminel'influence possible de l'effet thermo-électrique sur la différence de potentiel en pre- nant la moyenne des lectures obtenues avec deux sens opposés du courant, Pour étudier le cuivre, qui est atta- qué parle fer, une disposition spéciale à été adoptée, Les métaux sont chauffés dans un four électrique à ré- sistance permettant d'atteindre 1.3000C. Afin de protéger le métal contre l'oxydation, on maintenait dans le four une atmosphère d'hydrogène; pour l’antimoine, atta- qué par l'hydrogène, on a pris une atmosphère de gaz carbonique. Dans le tableau I, qui résume les mesures de M. Hi- déo Tsutsumi, nous avons indiqué, pour chaque métal : la température de fusion {, la conductivité à l'état li- quide s,, la conductivité à l’état solide 5,, et le quotient GI/Gs . Arch. des Sciences phys. et nat. (Genève), 1863. 2, Atti Acc. Sc, Torino,t. XX, 1881. 3. Nuovo Cimento, 1890, L. &, T2, 1: XAN//p:#2; 1892. », Atti Acc. Lincei, 1894, 6. C. R. Acad. Se., 910. 7. C. R. Acad. Sc., 1910. 8. Science Reports of the Tôhoku Imperial University, 1re série, t. VU, p. 93-106; septembre 1918, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 231 à Tarcrau I. — Conductivités de quelques métaux au point de fusion. l cl Gs gi cas — 380,8C. 93,8>x<10-6 29,2%X<10—6 3,22 230 48,2 25,8 2,03 269 123 282,6 0,43 327 99,3 48,1 3,07 18 30,2 17,3 2,09 630 108 162 0,67 657 20,1 12,2 1,64 962 10,2 9,32 1,94 1.082 246 10,9 2,04 Comme on le voit par l'examen du Tableau, le quo- tient des résistivités d’un même métal à l’état liquide et à l’état solide, au point de fusion, est approximative- ment égal à 2, sauf pour le bismuth et l’antimoine pour esquels il est voisin de 1/2. Variations du courant photo-éléctrique pro- duites par l'échauifement, l’occlusion et l'émission des gaz. — M. Welo! a étudié spectro- Scopiquement les gaz émis par l'argent, l'or, le nickel, le palladium et le platine à diverses températures.com- prises entre la température ambiante et le point de fusion et déterminé, après refroidissement du métal, l'émission photo-électrique. L'échauffement est produit par le pas- sage, dans le métal, d’un courant d'intensité croissante, L'auteur a représenté sur des courbes l'intensité du ourant photoélectrique en fonction du courant d’é- chauffement (l’échauffement est prolongé jusqu’à ce que l'émission photo-électrique ne varie plus). Le nickel, le ‘palladium et le platine n’émettent des gaz carbonés ou de l'oxygène que dans les intervalles où la sensibilité photo-électrique est. grande; ailleurs ils fournissent de ‘hydrogène. L'argent et l’or donnent de l'hydrogène avec tous les courants d'échauffement, mais dans les intervalles où la sensibilité photo-électrique est grande, es gaz qui prédominent sont ceux qui fournissent le pectre du carbone. M. Welo a également étuuié l'influence qu'exercent les gaz sur l'émission des métaux purifiés par échauf- fement dans le vide jusqu’au voisinage de la fusion, es- pérant ainsi relrouver des courbes analogues à celles obtenues pendant la purification des métaux. Les mé- . taux, après purification, étaient maintenus pendant un temps assez long dans les gaz à étudier ou bien chauftés dans le gaz jusqu'au voisinage de la fusion, la tempéra- ture étant ensuite abaissée graduellement. Un mélange d'hydrogène et d'oxygène permet de retrouverdes cour- bes analogues à celles que donne le métal vierge, pour l'argent, le palladium et le platine. L’oxygène seul fournit une bonne imitation de la courbe primitive avec le nickel, L'anhydride carbonique est sans influence sur les métaux à moins qu'il ne soit seul. Le cyanogène et le gaz d'éclairage introduisent des caractéristiques nou- velles dans les courbes. L’échauffement dans les flam- du type hydrogène-oxygène. M. Welo examine ensuitè diverses théoïies permettant d'interpréter ces phéno- mènes, $ 4. — Chimie - La rouille du fer en contact avec d’autres métaux et alliages. — MM. O. Bauer et O. Vogel? ont essayé de déterminer jusqu'à quel point le contact avec-un autre métal influe sur le degré de corrosion du fer dans une solution de chlorure de sodium à 10/5 à r8° C. . Dans tous les cas où deux métaux sont en contaet, le métal le plus noble est beaucoup moins corrodé que S'il avait été seul dans la solution ; cette protection s'obtient aux dépens du métal le plus électro-négatif Dans les solutions à faible conductibilité électrique, cet effet est moins marqué. Seuls, le magnésium et le zinc peuvent être employés pratiquement pour protéger le fer, le zinc étant le plus avantageux par suite de la plus facile désintégration du magnésium. Au contact du cuivre, le fer est beaucoup plus forte- ment attaqué que s’il était seul. Quand la concentration de la solution saline augmente, la vitesse d'attaque du fer au contact du cuivre diminue. En ce qui concerne l'effet protecteur de Mget Zn dans diverses solulions salines, MM. Bauer et Vogel montrent que la conductibilité de l'électrolyte a uneinfluencecon- sidérable: plus elle est élevée, plus la protection d'une quantité donnée de métal protecteur est eflicace. Quand on ne peut déceler aucune rouille visible du fer, l'immu- nité contre la corrosion est complète. La direction suivant laquelle le courant électrique traverse l’électrolyte a de l'importance: larésistance est plus forte quand le courant passe d'une grosse électrode à une petite qu’en sens inverse. Les auteurs désignent.sous le nom de «limite de pro- tection » le courant en ampères par em? qui empêche juste la corrosion. Pour la solution de sel à 1 0/,, cette limite est de 0,0000106. ILest donc possible de détermi- ner le courant qui protège complètement unesurface don- née de fer dans l'eau de mer. $ 5. — Métallurgie La production minière et métallurgique aux Etats-Unis pendant la querre !. — Les Etats-Unis sont au premier rang dans le monde pour la production du charbon, du pétrole, de la fonte, de l'acier, des principaux métaux usuels et de l'argent, L'extraction du charbon bitumineux et du lignite a passé de 502 millions de tonnes (de go7 kg.) en 1916, à 585 millions en 1918, et celle de l’anthracite, dans le même intervalle, s'estélevée de 87 millions à 99. La pro- duction du coke a atteint 56 millions de tonnes en 1918. La production du minerai de fer a, par contre, fléchi de £Eo 38 36 & 26 LL] n Fig. 1. — Production de la fonte aux États-Unis. 99 millions de tonnes (de 1.016 kg), en 1916, à 792 mil- lions, en 1918, sur lesquels 63 millions provenaient des gisements du lac Supérieur, qui constitue le principal centre d'approvisionnement des Etats-Unis. Cette loca- lisation, au bord d’une magnifique voie d’eau constituée par la réunion des cinq lacs et les canaux qui en divergent, permet Le transport des minerais aux grands RS EL 1. The Engineering and Mining Journal, 11 janvier 1919 L'Economistle français, 1:° et 8 mars 1919, centres métallurgiques dans des condilions particuliè- rement avantageuses de bon marché. La production de la fonte accuse également une ré- duetion de 39,4 millions de tonnes, en 1916, à 38,8 mil- lions en 1918, dont 47,3 °/, en fonte basique, 33 0/, en fonte Bessemer. Le graphique ci-dessus (fig. 1) indique les progrès réalisés depuis quinze ans, les larges fluc- tualions dues aux crises industrielles et commerciales, et, après les incertitudes de la déclaration de guerre, l'énorme impulsion produite par les commandes des pays alliés. L'acier a subi une réduction du même ordre que la fonte; la production de 1918 a atlleint 42 millions de tonnes contre 43,7 millions en 1917. Grâce à la demande grandissante du produit et à l'établissement des prix, maintenus ofliciellement à des niveaux très élevés, la production du pétrole s’estéleyée de 637 millions d’hectolitres en 1917, à 656 millions, en 1918. Les principaux Etats fournisseurs sont, par ordre d'importance, l'Oklahoma et le Kansas, la Californie, les Etats du Golfe, la région appalache, l'Illinois et le Texas; chaque année, d’ailleurs, des fluctuations se produisent dans les différents districts suivant l’épui- sement des anciens champs et le rendement des nou- veaux forages. Les Etats-Unis fournissent plus de la moitié de la pro- duetion mondiale de cuivre, soit, pour 1918, 848.000 tonnes métriques sur un total de1.395.000. Les prin- cipaux Etats fournisseurs sont par ordre d'importance : l'Arizona (40 °/5), le Montana, l'Utah et le Michigan, Les Etats-Unis sont ég >alement au premier rang pour la pro- duction du plomb ; ils ont extrait, en 1918, 499.000 tonnes métriques, sur un total de 998.000 tonnes, en diminution, comme pour le cuivre, sur les chiffres de 1916 etrg17, et provenant principalement des Etats d’'Idaho et de Missouri. La production du zinc accuse aussi un fléchissement sensible sur les chiffres des deux années précédentes, 477.000 lonnes métriques contre 620.000 en 1917. Les Etats-Unis occupent encore le pre- mier rang pour ce métal, qui est extrait principalement de l'Illinois, de Oklahoma, du Missouri et du Kansas. Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. $ 6. — Biologie Un projet de Catalogue des Collections d'Ostéologie comparée du Muséum. — Nous recevons de M.R. Anthony la lettre suivante, que nous nous faisons un plaisir d'insérer : Monsieur le Directeur, Un premier fascieule du Catalogue descriptif et rai- sonné des Collections d'Osteologie comparée du Muséum d'Histoire naturelle devant prochainement paraitre, je prends la liberlé de venir, par avance, vous exposer quel sera le caractère de cette publication, dont a bien voulu me charger le Professeur Edmond Perrier, et qui a pu être entreprise grâce à une subvention de l’Acadé- mie des Sciences (fonds Loutreuil) accordée sur la pro- position de l'Assemblée des Professeurs du Muséum. L'ouvrage a un double but : en premier lieu, fournir la liste exacte et précise de ce que contiennent les Col- leetions d'Ostéologie du Service d'Anatomie comparée de notre établissement national; en second lieu, donner aux chercheurs les moyens d'étudier avec frait l'Ostéo- logie comparée n'importe où, mais plus particulière- ment dans les Collections du Muséum. Du but conçu résulte le plan qui doit être uniformé- ment suivi dans chacun des fascicules dont la publica- Lion sera composée. Chaque ordre, de Mammifères par CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE exemple, fera l’objet d’un fascicule spécial dont lim- porlance variera suivant lenombrede formes différentes que l'ordre comporte, et chaque fascicule comprendra » deux parties : une parlie descriptive générale, et une partie consacrée à l’énumération des pièces de collec- tions, La partie descriptive, sur laquelle je crois devoir tout particulièrement insister, contiendra les diagnoses » des ordres, de leurs subdivisions, celles des familles, de leurs subdivisions aussi, des genres et des sous-genres, et, même, des espèces maîtresses autour desquelles se” groupent les autres, en insistant plus particulièrement sur les caractères empruntés à l'anatomie du squelette ;, seronten outre indiquées les grandes lignes de la répar- tition géographique, ainsi que les principales sources bibliographiques à consulter sur l’ostéologie des divers groupes. Cet ensemble de renseignements, qu'illusire- ront de très nombreuses figures toutes originales et exécutées d'après les pièces de nos collections, meparaît devoir constituer en somme une série de mémentos zoologiques, de monographies résumées dont aucun. exemple, je crois, ne peut être actuellement cité. # On se plaint souvent à l'étranger, notamment en Amérique, où l’on s'intéresse infiniment plus qu'on ne le fait ici à l'Anatomie des Vertébrés, de l’inexistence. d'un traité moderne d'Ostéologie mammalienne com-= parée, plus. détaillé que celui de Flower, et moins exclusivement iconographique que les Ossements fos- siles de G. Cuvier et l’'Ostéographie de Blainville. La partie descriptive de l'ouvrage dont je vous expose la conceplion me paraît dévoir remplir ce desideratum, au moins en ce qui concerneles formes actuellement vivan=. tes. Etl’Anatomie des Vertébrés estencoresi mal connue, même dans ses plus grandes lignes, en dépit’d'appa- rences qui ne peuvent tromper queceux qui enignorent les éléments, qu'il ne saurait s'agir ici d'une œuvre de compilation pure : un tel travail implique une revision complète des caractères des groupes, et cette revision, aboutit souvent à réformer des erreurs anciennes, pres-. que toujours à découvrir des caractères de très grande importance qui avaient passé inaperçus. La partie catalogue proprement ditecomportera dans | chaque fascicule 'énumération de toutes les pièces que. contiennent aussi bien les Collections publiques que les Réserves d'études du Service d’Anatomie comparée, : leur numéro d'inscription, leur détermination exacte (toutes les déterminations ont été soigneusement revues à l’occasion même de la rédaction du Catalogue), l'indication de leur état, de leur provenance et des études pour lesquelles elles ont déjà été utilisées, enfin les remarques qu’elles suggèrent, Il ne saurait vous échapper, Monsieur le Directeur, que la tâche entreprise, du moins de la façon dont elle est envisagée, dépasse les limites des possibilités d'un seul travailleur; mais il est à espérer que peu à peu les études d’'Anatomie comparée sur les Vertébrés retrou- verontprèsdes biologistes français leur ancienne faveur et qu'alors les collaborations autorisées ne manque- ront pas au Catalogue. Les immenses ressources que possède, pour l'étude de l’'Ostéologie comparée, le Service d’'Anatomie du Muséum national d’ Histoirenaturellesontpeut-être encoreinsuffi=. samment connues, tant en "France qu'à l'étranger. Le, but de cette publication est d'en faciliter la large utili- sation |, Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, ; R. Anthony. le 11 avril 1919, Dani Paris, . Lepremier fascicule à paraître du Catalogue d'Ostéologie APE est celui qui concerne les Pangolins (Pholidota). Chez MM, Masson et Cie, 120, boulevard Saint-Germain, Paris, » Il n'est pas exagéré de penser que l'avenir de -la France dépend actuellement, pour une irès large part, du développement que va prendre son ‘industrie. À son essor est lié l'essor économique -cénéral du pays, et peut-être, au moins en partie, la solution du problème si grave de la dépopu- lation. Pour que ne risque pas de devenir inutile le sacrifice de tous ceux qui sont morts pour conserver à la France le rang auquel elle a droit, il nous faut réaliser dans un délai de quelques années un développement industriel analogue à celui par lequel l’ennemi était à la veille de nous vaincre sans coup férir. Pour cela il importe de tirer tout le parti pos- sible de trois éléments importants de succès que la guerre elle-même nous a apportés : blèmes industriels ; elle a supprimé les cloisons étanches entre le monde scientifique, qui doit fournir les bases des méthodes, etle monde industriel, qui doit mettre au point les méthodes, et les faire produire; enfin, elle à fait sentir beaucoup plus nette- ment à tous la nécessité impérieuse d’une orga- -nisation méthodique de l'Industrie. 4 La guerre économique de ces dernières dé- _cades conduisait la France à une lente mais to- tale défaite dont elle ne se serait pas relevée, et cependantil a fallu la crise violente de la guerre militaire, le coup de fouet des nécessités de réalisation immédiate et improvisée d’un maté- riel chaque jour plus varié et plusabondant, pour amenef la masse des Français instruits à réflé- chir aux problèmes industriels, jusque-là com- plètement abandonnés à une petite minorité de spécialistes. Les besoins sans cesse croissants des orga- _nisations techniques de guerre ont provoqué des contacts multiples entre les industriels spécialisés et tous ceux qui apportaient, avec leur bonne volonté, lestournures d’esprit diverses produites par d’autres types de culture intellec- tuelle. Ces collaborations, jointes aux rudes leçons des faits, ont eté riches d'enseignements pour tous et dans tous les domaines (social, éco- nomique, financier, scientifique). - La liaison qui s’est établie en particulier entre les industriels et les hommes de science est une des plus intéressantes. Quelque inattendu que cela paraisse à première vue, elle a été réelle- elle a intéressé tous ceux qui pensent, aux pro- JR VILLEY.— LES LABORATOIRES D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHES 233 LES LABORATOIRES D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHES DE PHYSIQUE ET MÉCANIQUE INDUSTRIELLES ment, pour presque tous les intéressés, une révé- lation mutuelle. La «collaboration de la Science et de l’Indus- trie » n’est pas un mot nouveau, mais elle n'était guère qu'un mot, malgré quelques efforts indivi- duels isolés et les campagnes entreprises, déjà bien avant la guerre, par les plus qualifiés d’entre ceux qui veulent en faire une réalité. Les indus- triels utilisaient les résultats scientifiques ; certains d’entre eux se trouvaient d’ailleurs conduits à prendre part à leur élaboration ; mais il n’y avait en réalité, sauf de rares exceptions, ni collaboration, ni même, en général, volonté précise de collaborer, entre ceux dont le rôle est de faire des recherches scientifiques et ceux dont le rôle est d'utiliser dans l'Industrie les données de la Science. Ce fossé, la guerre ne l’a pas complètement comblé ; mais elle a préparé le travail à tel point qu'ilsuffit maintenant de quelques efforts de part et d'autre pour achever son œuvre. L'Académie des Sciences, tant par ses encouragements que par la création récente d’une Division de Sciences appliquées, a mis en lumière la volonté du milieu scientifique de se donner activement à une collaboration effective avec l'Industrie. D'autre part, beaucoup d’industriels se sont rendu compte, au contact des hommes de science avec qui ils ont collaboré, que les « savants » ne sont nullement des gens dénués de sens pratique ‘et que la culture scientifique n’exclut en rien le bon sens et le talent de réalisation. Des deux côtés, les esprits sont donc parfai- tement préparés et il ne reste plus qu'à entrer dans la voie des réalisations ; c’est à quoi sont décidés, en particulier, presque tous ceux des hommes de science et universitaires qui ont eu, dans les services techniques de guerre, la capti- vante révélation des problèmes industriels. La tournure d’esprit méthodique qu'ils doivent à leur culture scientifique leur a fait sentir, plus vivement encore qu'à qui que ce soit, la néces- sité de diriger avant tout l’effort de demain vers l'Organisation méthodique et scientifique du travail industriel : c’est l’organisation scientifi- que qui avait fait la puissance de l’industrie allemande, contre laquelle nous avons du lutter, et c'est elle encore qui a assuré le développement formidable de l’industrie américaine, dont le concours nous a apporté une aide si précieuse, 234 Jean VILLEY. — LES LABORATOIRES D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHES L'organisation méthodique est à améliorer en France, non seulement dans le matériel et les procédés (c’estlà le but de la collaboration directe des ingénieurs et des chercheurs scientifiques), mais aussi dans la formation du personnel industriel; c’est là l’œuvre la plus urgente peut- être, car elle est la condition premiere d’une organisation matérielle suffisante et durable. Pour ia formation des ouvriers, des voix beau- coup plus autorisées ont signalé la crise grave de l'apprentissage et l’urgence des mesures à prendre !. Les associations syndicales semblent appelées à jouer un rôle fondamental dans la solution de ce problème. C’est encore à elles qu'il appartiendra de faire les efforts indispensables pour assurer aux plus capables des ouvriers le complément d’instruc- tion nécessaire pour faire d'eux des chefs d'é- quipe et des contremaîitres. l Reste la question de la formation des ingé- nieurs, que nous allonsexaminer ici. Ï. — La FORMATION SCIENTIFIQUE pes INGÉNIEURS Cette formation comprend ou doit comprendre deux parties : 1] faut d’une part enseigner aux futurs ingé- nieurs les connaissances scientifiques ettechni- ques indispensables dans la pratique indus- trielle normale ; Il faut d’autre part développer chez eux les facultés intellectuelles sans lesquelles ils ne. pourront guère apporter de contribution per- sonnelle au perfectionnement des industries qu'ils sont appelés à diriger : c’est-à-dire le gout de la méthode et le sens expérimental autrement dit l'esprit scientifique. Les Ecoles et Instituts techniques de divers types et degrés répondent au premier de ces deux besoins. Les Ecoles techniques ont été conçues et réalisées suivant des formules très diverses, pour donner : soit l'Enseignement technique général des Ecoles d'Arts et Métiers, soit l'Enseignement téchnique général supé- rieur de l'Ecole centrale des Arts et Manufac- tures, après une culture scientifique et surtout mathématique plus poussée, soit l'Enseignement technique supérieur spé- cialisé des. Ecoles des Mines, des Ponts et Chaus- sées, ou supérieure d'Electricité, après une culture scientifique étendue, fournie, suivant les cas, par l'Ecole Polytechnique, la licence ès sciences, ou les cours préparatoires spéciaux. 1. Voir en particulier E, BerTRAND fessionnel, p. 139-151. : L'apprentissage pro- des Sc. du 15 mars 1916, t, XXVII, (N. de 1. R.) tev. gén, Rev. g À quelque catégorie qu’ils se rattachent, ces enseignements ont nécessairement à fournir une somme très lourde de connaïssances tant scientifiques que techniques, qui constituent, en ce qui concerne les problèmes industriels, la Science acquise. ? Les modifications qu'il pourrait être utile d'apporter aux programmes des Ecoles techni-" ques ont fait l’objet de longues discussions entre les gens les plus qualifiés pour juger à l'épreuve le rendement pratique de ces enseignements. Beaucoup voudraient réduire l'importance et la durée des enseignements généraux au profit des enseignements spécialisés, pour permettre aux jeunes gens d’acquérir rapidementun rendement industriel utile dans telle ou telle branche limi- tée. Il est très certainement important de donner / aux futurs ingénieurs des connaissances plus. étendues que celles qu'ils auront strictement à utiliser; mais, si les nécessités économiques imposent vraimentdes sacrifices, il y aurait in- térêt à réduire au besoin les programmes «d’en- seignement » pour introduire des disciplines nouvelles destinées non à fournir des connais- sances, mais à développer les qualités intellec- tuelles qui caractérisent l'esprit scientifique. Ces qualités intellectuelles indispensables au perfectionnement rapide des industries, les en- seignements didactiques ne peuvent guère les. faire naître. Ce n’est même pas un paradoxe de dire que, souvent, ils tendent à les élouffer : ils développent facilement, en effet, une tournure d'esprit livresque, qui conduit à rechercher. uniquement parmi les résultats acquis, et con- signés dans les traités ou les cours, la solution, des diflicultés de toute espèce rencontrées en pratique. Le progrès exige, au contraire, un ef- fort personnel en face de toute difficulté qui n’a pas été antérieurement résolue. ! Parfois même, lorsqu'ils font à la culture ma- thématique une partexagérée, lesenseignements . . » . L didactiques peuvent provoquer une déformation intellectuelle plus fâcheuse encore que l’absence d'initiative scientifique : les mathématiques ces- sent alors d’être l'outil admirable qu'elles consti- tuent pour devenir une panacée universelle. Les » déductions qu’elles permettent à partir des hy- pothèses initiales les plus fragiles forment un. SM tout si harmonieux qu'elles paraissent s'imposer … à la Nature elle-même, et l’on ne veut plus ad- mettre que les phénomènes puissent s’écarter des lois mathématiques simples et harmonieuses imposées «a priori. Ce n’est plus alors l'absence de vues sur les voies nouvelles; c’est le mirage trompeur qui risque de diriger et maintenir sa victime dans des sentiers sans issue. + POSE PE | - - Au futur ingénieur, qui doit être aux prises avec les phénomènes de la Nature, il faut assu- rer une culture expérimentale. De nombreux efforts ont déjà élé faits dans ce sens : par exem- ple à l'Ecole supérieure d’Electricité, pour don- ner une place importante aux essais de labora- toire, ou à l'Ecole centrale des Arts et Manufactu- res, pour augmenter le nombre et l'importance des manipulations. Des initiatives nouvelles ont créé des établissements comme l'Ecole munici- pale de Physique et de Chimie industrielles de la ville de Paris, où les études expérimentales de laboratoire tiennent une très large place. Les Universités enfin, grâce à la souplesse de leurs cadres administratifs, ont pu organiser, à côté des Facultés des Sciences, des Instituts techni- ques soit généraux, soit spécialisés, où elles ont . fait une très large part à l’enseignement expéri- mental. Ces efforts divers pour donner aux jeunes ingé- nieurs une idée plus exacte des sciences physi- ques sont très intéressants. Îls ne suffisent tou- tefois pas pour développer chez eux le sens et le goût de la recherche expérimentale person- nelle, nécessaire à tout perfectionnement des sciences de la nature et de leurs applications in- dustrielles. Une remarque est à faire ici : Bien des chefs d'industries manifestent quelque méfiance àl’en- droit desingénieurs qui ont le goût des expérien- ces; etcela pouravoirétéparfois entraînés dans des dépenses hors de proportion avec les résultats immédiats obtenus. Ces insuccès viennent à l’appui de notre thèse même : dans le domaine de la recherche expérimentale, autant et plus que dans tout autre, la bonne volonté ne saurait, en effet;suflire : il faut savoir distinguer les essais utiles des essais superflus, apprécier la valeur de chaque expérience, et la réduire à sa partie utile, sans gaspillage de temps ni d'argent; en un mot # faut savoir expérimenter. Et cela est vrai aussi bien pour l'ingénieur d'atelier, appelé à solutionner par des expériences simples les dif- ficultés diverses rencontrées dans les fabrications courantes, que pour l'ingénieur de laboratoire, spécialement affecté aux recherches systémati- ques des services d’études. Il faut donc apprendre aux futurs ingénieurs à expérimenter, c'est-à-dire à faire comme il con- vient les expériences utiles, et rien que celles-ci. Le seul moyen pratique et rapide, c’est de leur faire exécuter personnellement, sous une direc- tion éclairée, un travail de recherche expérimen- tale ; et nous arrivons ainsi à la notion des Labo- : ratoires d'Enseignement et de Recherches de Sciences industrielles, en particulier des Labora- DE PHYSIQUE ET MÉCANIQUE INDUSTRIELLES 235 toires d'Enseignement et de Recherches de Phy- sique et de Mécanique industrielles, qui sont l’objet essentiel de la présente étude. L'organisation et la direction de ces labora- toire scientifiques, les Universités les doivent à l'Industrie. Par eux, elles pourront développer chez le futur ingénieur, après qu'il a acquis d'autre partles connaissances techniques utiles, ‘ l'esprit scientifique qui lui permettra de les faire fructifier. C’est une des formes, l’une des plus importantes et des plus fécondes, sous lesquelles peut et doit être réalisée la collaboration de la . Science et de l'Industrie. Les Universités ont actuellement à leur dispo- sition les moyens de les créeret de les organiser. Si elles obtiennent, des groupements industriels, les appuis et les encouragements nécessaires, elles pourront les développer et leur assurer un plein rendement. Un double devoir s'impose donc aux unes et aux autres, pour le plus grand bénéfice de l'Industrie française. II. — ORGANISATION GÉNÉRALE DES LABORATOIRES D'ENSEIGNEMENT El DE RECHERCHES DE PHYSIQUE ET -DE MÉCANIQUE INDUSTRIELLES Ces laboratoires doivent être distincts et indé- pendants des Instituts techniques déjà fondés par diverses Universités: ils y pourront recru- ter une partie de leurs élèves, mais il importe que d’autres recrutements leur soient assurés sur le même pied d'égalité, en particulier celui des élèves sortant des Ecoles d’Arts et Métiers, ou même des Ecoles techniques supérieures. Ils devraient être adjoints aux chaires de Phy- sique industrielle des Facultés des Sciences,ou même, plus exactement, le titulaire de cette chaire devrait être avant tout directeur du labo- ratoire d'Enseignement de Physique industrielle, le Coursde Physique industrielle étant considéré plutôt comme annexé au laboratoire pour en se- conder les travaux. L'épreuve essentielle imposée à chaque élève ‘ du laboratoire consistera à réaliser personnelle- ment une étude méthodique comportant la mise au point d’un dispositif expérimentaletson utili- sation pour la réalisation de mesures utiles, sur un sujet quelconque de physique ou de méca- nique applicable à un problème industriel. Une difficulté apparaît, qui semble grave à première vue: c’est le choix de la durée normale de scolarité. j Presque tous les débutants dans la recherche expérimentale passent un temps assez long au laboratoire avant de pouvoir faire du travailutile, ou du moins du travail qui fournisse des résul- tats utilisables. D'autre part, les nécessités de la te 236 Jean VILLEY. — LES LABORATOIRES D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHES lutte économique obligent les jeunes gens à deve- nir le plus rapidement possible des producteurs, et nous allons, au moment où le futur ingénieur peut commencer sa carrière industrielle, lui demander un nouveau délai, pour un complé- ment de formation intellectuelle dont il ne com- prendra pas toujours toute l'importance. Une enquête menée auprès d’un grand nombre d'in- dustriels et ingénieurs nous a conduit à conclure qu’on ne peut songer à demanderune scolarité normale de plus de dix mois, sous peine d'aller à un échec pratique par suppression du recru- tement, 1 . On peut résoudre cette difficulté et organiser un enseignement à très bon rendement malgré sa durée restreinte. Les étudiants ne devront pas être livrés à eux-mêmes, comme des candidats au doctorat ès sciences, mais devront exécuter leur recherche expérimentale en collaboration avec le Directeur du Laboratoire.Celui-ci pourra alors, tout en leur laissant bien voir les difi- cultés rencontrées, et même en mettant celles-ci en lumière, leur éviterles pertes de temps etles tâtonnements qu’elles auraient entrainés sans son intervention. Cette conception rend très lourde la tâche du Directeur du Laboratoire; mais l'importance des résultats à atteindre jus- tifie cet effort, et le paierait largement. Quelque activité et quelque dévouement qu'il apporte à sa tâche, il est d’ailleurs évident qu'il ne pourra ainsi guider qu'un nombre peu élevé d'étudiants. Une fois ce nombre atteint, le labo- : ratoire pourra cependant continuer à se déve- lopper grâce aux collaborations suivantes : 1° Les professeurs ou chercheurs qui poursui- vent, dans les divers autres laboratoires de la Faculté, des travaux susceptibles d'applications industrielles, pourront prendre comme collabo- rateurs des élèves du laboratoire d'enseignement, à qui ils serviront de guides; 2 Quelques-uns des élèves, surtout ceux qui se destinent plusspécialement aux services d’études et essais des usines, poursuivront au laboratoire des recherches plus étendues en vue de se spé- cialiser et d'obtenir le diplôme de Docteur; des élèves des promotions suivantes pourront leur être adjoints pour exécuter, sous leur direction et en collaboration avec eux, les diverses recher- ches qu'ils auront à coordonner; 3° Enfin, à mesure que le laboratoire se déve- loppera, il pourra {comme il est indiqué plus loin) obtenir, par son fonctionnement même, des ressources suflisantes pour assurer le traitement d’adjoints permanents chargés de diriger une partie des recherches d'élèves. Les élèves seraient tenus de suivre en même temps le Cours de Physique industrielle ; mais ce ne serait nullement un cours didactique à pro- gramme encyclopédique; il serait au contraire conçu avant tout pour développer, lui aussi, l’esprit de méthode. Des questions peu nom- breuses y seraient étudiées avec précision, sui- vant des programmes très variés, en vue de faire comprendre avant tout les procédés d’utilisation industrielle des résultats scientifiques. Les sujets mêmes des recherches expérimentales entre- prises au laboratoire feraient Je plus souvent l'objet de cet enseignement annexe. Les élèves seraient même, de temps en temps, invités à exposer leur plan de recherche ét la documentation qui leur a servi de point de dé- part. De tels exercices, convenablement dirigés par le professeur, stimuleraient utilement les élèves, en même temps qu'ils contribueraient à. développer chez eux les qualités d’ordre et de précision qui leur seront plus tard indispensa- bles : avant de s'engager dans les recherches ex- périmentales, il faut savoir réunir toute la docu- mentation utile, sous peine de perdre son temps et ses efforts. Enfin, ils obligeraient les étu- diants à s'intéresser mutuellement à leurs diver- ses rechercheset à retirer par conséquent le pro- fit maximum de leur séjour au laboratoire. III. — NATURE DES RÉCHERCHES CHoix DES SUJETS D'ÉTUDE Ainsi guidés d’une façon précise et continue, les élèves pourront, malgré la faible durée de leur séjour au laboratoire, y mener à bien des recherches utiles, non seulementpour leur forma- tion intellectuelle, mais aussi parles résultats qu'elles apporteront. Il est en effet facile de choisir les sujets de recherches tels que leurs résultats soient suscep- tibles d’utilisationsindustrielles immédiates : en particulier, ils pourraient être pris, le plus pos- sible, dans des problèmes posés par des indus- triels pour perfectionner leurs fabrications ou résoudre les difficultés pratiques qu'elles sou- lèvent. Une telle manière de faire présente trois avan- tages importants: D’unepart, elle est susceptible de stimuler beaucoup l'intérêt des élèves en leur faisant sentir plus immédiatement l'utilité des méthodiques. D'autre part, elle permet d’intéresser plus directement les indus- triels au fonctionnement et au développement du laboratoire en leur manifestant que la formation donnée aux élèves est productive et non pure- ment spéculative. Enfin, la réalisation de recher- ches utiles peut assurer au laboratoire une partie des ressources nécessaires à son développement, recherches "i r- DE PHYSIQUE ET MÉCANIQUE INDUSTRIELLES 237 les industriels étant amenés à contribuer, sous | mières esten effetla base detoutesles industries. forme d’achatd'’instruments, subventions d’entre- tien accordées à des élèves, règlement de frais de recherches, aux études dont ils demanderont l'exécution. Le champ ouvert pour le choix des sujets est extrêmement vaste, et chaque élève pourra suivre ses préférences. Il doit être bien entendu, d’ail- leurs, que le choix d’un sujet ne constitue pas une spécialisation du futur ingénieur, le but de la scolarité proposée étant essentiellement de cultiver la tournure d'esprit scientifique sur un cas concret. Les élèves qui seraient fixés, dès leur entrée au laboratoire, sur le genre d'industrie où ils s’engageront, choisiraient naturellement des sujets en rapport avec cette industrie; mais il serait contraire à l'esprit même du projet de con- sidérer l’élève comme destiné à tel ou tel genre d'industrie par le choix de son sujet d’études, comme il l’aurait été par une année d’un ensei- gnement technique complémentaire spécialisé. La spécialisation véritable interviendra seule- ment pour ceux des élèves qui poursuivront pendant deux ou trois ans des rechèrches sur un sujet plus étendu, en vue d'obtenir le diplôme de Docteur : ceux-là pourront guider et coor- donner (toujours sous le contrôle du directeur du laboratoire) les recherches de détail confiées à deux, trois, quatre élèves ordinaires et rela- tives à divers aspects ou diverses parties de leur sujet de Doctorat. Ces collaborations sont susceptibles de porter les meilleurs fruits, non seulement au point de vue des résultats immédiats dont elles permet- tront l’acquisition, mais plus encore en raison de leur valeur coéducative. Suivant les cas, elles pourront comporter des recherches analogues poursuivies parallèlement (par exemple, pour étudier une même propriété sur divers alliages à comparer), ou bien des recherches relevant des diverses branches de la Physique, appliquées à un même objet (comme on en pourrait instituer pour déterminer toutes les qualités mécaniques et physiques d’un alliage nouveau). Il ne saurait être question de cataloguer ni même de classer ici tous les sujets possibles, et leur variété même serait un des attraits du labo- ratoire pour tous les élèves doués de la curiosité scientifique indispensable à un bon ingénieur. Il nous suffira d’en indiquer succinctement quelques catégories : Un des champs les plus vastes offert aux recherches est l'étude des matériaux de toute es- pèce, naturels et artificiels, et de leurs propriétés diverses (mécaniques, thermiques, électriques, optiques): la connaissance des matières pre- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES L’étude des déformations élastiques et perma- nentes, et des modifications que ces dernières apportent danslesdiverses propriétés des métaux (écrouissage, laminage, tréfilerie.…..), l'étude des frottements, l’étude du travail et du rendemént dès machines-outils, ont également une grosse importance industrielle. L'emploi combiné de matériaux divers pose aussi des problèmes nombreux et très intéres- sauts : pour ne citer qu’un exemple simple entre mile, à titre d'indication, la construction ration- nelle des bougies d'allumage pour moteurs à explosion suppose des études méthodiques rela- tives à : l'influence de la composition et de la cuisson des isolants céramiques sur leurs pro- priétés mécaniques (solidité), thermiques (résis- tance à la chaleur, dilatabilité) et électriques (isolement); la distribution et l'évacuation de la chaleur dans la bougie; les valeurs respectives à donner aux coefficients de dilatation des diverses parties (électrode, isolant, culot) et l'emploi de dispositifs compensateurs. Les problèmes relatifs aux conductibilités calorifiques et aux échanges de chaleur sont encore de ceux où l’industrie a le plus grand besoin d'introduire des habitudes rationnelles et méthodiques. En ce qui concerne les machines thermiques et électriques, les études des rendements et l'étude méthodique de l'influence de chaque facteur sur le fonctionnement de la machine, sont les plus simples et les plus instructives. Au point de vue mécanique proprement dit, l'étude expérimentale des transmissions et mécanismes, de leurs rendements, de la distribution des efforts et déformations, est également pleine d'enseignements. Ces diverses études seraient souvent à faire sur des machines industrielles trop importantes et trop coûteuses pour être installées au laboratoire : des étudiants pour- raient être éventuellement détachés dans des usines pour y poursuivre, en liaison intime avec le Directeur du Laboratoire, les études dont il vient d’être question. Des études comparatives expérimentales d’ins- truments ou accessoires destinés à un même but pourraient encore constituer des sujets très inté- ressants de Diplômes d'Etudes. Enfin tous les procédés de fabrication employés par les diverses industries peuvent faire l’objet d’études innombrables. IV. — RECRUTEMENT DES ÉTUDIANTS Comme il a été déjà indiqué plus haut, le séjour au Laboratoire se placeraïit, pour les jeunes 2 ingénieurs, au moment où ils vont s'engager dans les réalisations industrielles, c’est-à-dire lorsqu'ils viennent de terminer leur instruction et d'acquérir leur diplôme d'Ingénieur. Il ne serait exigé aucun grade universitaire antérieur ; les examens et concours qui déter- minent l’obtention de ces diplômes d'ingénieur constitueraient le procédé de sélection des candi- dats, Au moins au début de l’organisation de ces laboratoires, il serait indispensable de n’y admettre que les candidats pris parmi l'élite des sélections réalisées dans les diverses Ecoles techniques. Si l’on veut arriver à faire connaitre etapprécier l'utilité de ces laboratoires, il faudra savoir, dans les premières années, sacrifier complètement, dans le recrutement des élèves, le nombre au profit de la qualité. Les raisons mêmes invoquées étude pour la création des laboratoires sont évi- demment applicables à tous les ingénieurs, qui devraientuniformément recevoir ce complément de formation intellectuelle; maïs cette généra- lisation devra être poursuivie seulement lorsque l’utilité de ces laboratoires se sera suffisamment affirmée pour être reconnue et exactement appréciée par tous les intéressés. Pour cela, il n'y faut d’abord admettre que les candidats suffisamment doués pour en tirer le maximum de profit et s'imposer ensuite dans l’industrie, Il y aurait lieu en conséquence d’exiger des candidats : 1° Un diplôme d'ingénieur délivré par une des Ecoles techniques figurant sur une liste officiel- lement arrêtée (et d'ailleurs revisable); 2 [’agrément d'un conseil de direction qui examinerait les références du candidat, et s’im- posetrait comme règle, au moins provisoirement, de n’accepter que les élèves classés dans les têtes de promotions ou présentant des réfé- rences exceptionnelles. La question des frais d'entretien et frais de scolarité des étudiants mérite une attention spéciale : les frais de recherches au laboratoire alourdiront forcément ceux-ci; or si, outre une année de retard avant de gagner leur vie, on impose encore aux candidats possibles un gros sacrifice pécuniaire, on risquera deïdécourager nombre de bonnes volontés. C’est aux Municipalités, aux Associations syndicales, aux Associations d'anciens élèves des Ecoles techniques, enfin aux Industriels eux-mêmes,qu'il appartiendra de résoudre cette difficulté, en créant des bourses pour les candi- dats les plus aptes à profiter de l’enseignement du laboratoire. dans cette 238 JEAN VILLEY. — LES LABORATOIRES D'ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHES La solution la plus rationnelle, et qu’on verra. sans doute se généraliser lorsque ces labora- toires auront su s'imposer, est d’ailleurs la suivante : l’industriel engage le jeune ingénieur à son service au moment où il quitte l'Ecole technique, conformément aux habitudes actuel- les, mais, pour ses débuts, il le détache au Labo- ratoire d'Enseignement et de Recherches, où il subvient à son entretien et aux frais de ses recherches; en revanche, le sujet traité paricet élève est choisi parmi ceux dont la solution a été demandée par ce même industriel. Cette combinaison permettra à l'industriel d’obtenir, au moyen d'une dépense assez réduite : a) une grosse amélioration de rendement de son nouvel ingénieur, laquelle compensera bien vite les dix mois de retard imposés à sa produc- tion effective ; b) la solution méthodique etrapide de problè- mes expérimentaux qui l'intéressent. V. — DIPLÔMES ET ENSEIGNEMENTS ACCESSOIRES | ‘* Pour les enseignements nouveaux ci-dessus envisagés, on pourrait songer à créer des diplô- mes nouveaux ; mais cela même n’est pas néces- . saire. Il existe déjà deuxdiplômes qui répondent exactement aux besoins : 1° le Diplôme d’études supérieures de sciences physiques; 2° le Docto- rat ès sciences physiques d'Université. PUR Ils peuvent, l’un et l’autre, être délivrés à des candidats dénués de tous grades univérsitaires antérieurs ; et c’est là une condition indispensa- ble pour atteindre le but que nous poursuivons. Une question de forme peut être envisagée : on pourrait constituer une classe nouvelle de diplômes en modifiant légèrement leur désigna- tion, et créer, exactement sur les modèles exis- tants : 1° un Diplôme d'Etudes supérieures de physique industrielle; 2° un Doctorat (d’Univer- sité) de physique industrielle, dont les titres plairaient peut-être plus aux jeunes ingénieurs. Ce n’est là qu’une question de mots. Inverse- ment,d’ailleurs,on peut voir un certain avantage à conserver non seulement dans leur esprit, mais même dans leur énoncé, les diplômes d'ordre scientifique actuellement existants, pour manifester nettement qu’il s’agit d’un complé- ment de culture scientifique ajouté aux ensei- gnements techniques divers, et nullement en rivalité avec eux. Ç Le maintien pur et simple des titres actuels a d'autre part cet avantage qu'aucune organisation administrative nouvelle n’est alors nécessaire pour la création et le fonctionnement des labo- ratoires réclamés dans la présente étude. Le diplôme d'Etudes supérieures convient très » : j je = D - ‘bien comme sanction de la scolarité normale d’une année. Son attribution serait basée avant tout sur l’appréciation du travail de recherche expérimentale réalisé par le candidat. Toute- * fois, ily aurait lieu de donner un caractère net- * tement élimidatoire à la « seconde question » prévue dans le règlement du diplôme d’études supérieures et qui serait constituée par un véritable examen en deux parties. Cet examen porterait d’une part sur les questions traitées pendant l’année dans le cours de Physique indus- trielle, d'autre part surles matières du certificat de Mathématiques générales, lesquelles repré- sentent le minimum de connaissances mathé- matiques indispensable à un ingénieur. Les élèves du Laboratoire suivraient obligatoirement le premier de ces deux cours et facultativement le second. ; x, On pourrait d'autre part profiter de cette sco- larité supplémentaire d’une année imposée aux jeunes ingénieurs pour organiser à leur inten- tion des conférences accessoires sur diverses questions importantes qui ne font pas l’objet d'enseignements méthodiques, en particulier les questions relatives aux lois sociales, à la législa- : tion du travail, aux douanes, à l'inspection du travail, aux finances, à l’organisation métho- dique du travail et de la production, etc. Pour obtenir le diplôme de Docteur, quelques- uns des élèves poursuivraient des, études plus ! étendues pendant au minimum deux ans, et normalement trois ans, de séjour au laboratoire. Nous avons déjà indiqué que, pour certaines parties de leur recherche expérimentale, ils pourraient être autorisés à utiliser la collabora- tion de candidats au Diplôme, travaillant sous leur direction et vis-à-vis de qui ils joueraient le rôle de directeurs d’études. Cette spécialisation serait recherchée surtout par les jeunes ingé- nieurs qui se destinent aux services d'Etudes et d'Essais des grands établissements industriels. La « seconde question » serait constituée par une interrogation sur l’ensemble des questions étudiées dans le cours de Physique industrielle pendant le séjour du candidat au Laboratoire. _ Les jeunes ingénieurs qui se spécialiseraient en préparant le Doctorat seraient d’autre part autorisés à suivre ceux des cours de licence de la Faculté des Sciences qui seraient intéressants pour leur spécialité (Physique générale, Chimie générale, Géologie, ete.). Leur séjour au Labo- ratoire leur donnerait ainsi toutes facilités pour acquérir des compléments de connaissances scientifiques beaucoup plus immédiatement uti- lisables dans la technique pratique qu'on ne se l’imagine en général. DE PHYSIQUE ET MÉCANIQUE INDUSTRIELLES 239 ! VI. — Conczusrons Les Laboratoires d'Enseignement et de Re- cherches de Physique et de Mécanique indus- trielles, tels que nous les avons décrits ci-dessus, peuvent être créés par les Universités si elles trouveñt, dans le milieu industriel, l'appui néces- saire. Il semble certain qu’ils pourraient rendre à l'Industrie française des servicés inapprécia- bles; il est donc urgent de faire les efforts né- cessaires pour créer au moins un laboratoire de ce genre, à titre de première expérience. Les objections principales qu’on peut faire à ce projet ont été réfutées au cours de l'exposé; ce sont les suivantes : 1° Les jeunes ingénieurs ne se résoudront pas à consacrer une année à une étude supplémen- taire bénévole dont l'utilité ne leur apparaît pas primordiale. Pour éviter cet écueil, il suffit d'obtenir des groupements industriels des encouragements actifs pendant les 3 ou 4 premières années, et de maintenir une sélection sévère dans le recrutement; le Laboratoire possédera alors les éléments voulus pour s'imposer par lui- même. - 2° Les élèves ne pourront faire une recherche expérimentale utile en dix mois de laboratoire. Cette objection tombe devant la conception du travail effectué en collaboration avec le Directeur d'Etudes, conception absolument primordiale dans notre projet. Il y a lieu de remarquer d’ailleurs que certains candidats, comme les élèves sortant des Ecoles d’Arts et Métiers, s'ils possèdent une instruction scien- tifique un peu moins complète, ont acquis par contre, dans leurs travaux d’atelier, une expé- rience et une habileté manuelles qui sont d’un très grand secours pour s'engager dans la recher- Le} D = che expérimentale. 3° La Direction du Laboratoire, conçue comme il vient d’être dit, exigera d’y consacrer entière- ment une très -grande activité. Cette observation est exacte, mais l’importance des résultats à obtenir est telle qu'elle justifie entièrement cet effort. ; Le succès d’un tel Laboratoire serait essentiel- lement fonction de l’activité et de la valeur professionnelle de son: Directeur, et de la valeur du recrutement qu'il saura y maintenir, Fondé par une Université, en collaboration avec des groupements industriels intéressés, cet établis- sement aura, pour se développer, la même liberté qu'une fondation libre, tout en profitant - de subventions oflicielles et des garanties qu'as- sure le recrutement du personnel scientifique : l x RE 74 =" Et RE dE LE L” + ER ENT es led re LL. 240 B. PETRONIEVICS. — LA LOI DE L'ÉVOLUTION NON CORRÉLATIVE des Facultés des Sciences. Réalisant, pour l’In- dustrie, des recherches utiles, il pourra obtenir d'elle les subventions nécessaires pour remplir l’essentiel de sa tâche, c’est-à-dire développer chez les jeunes ingénieurs l'esprit scientifique et les habitudes d'observation méthodique qui augmenteront leur rendement dans des propor- tions inappréciables. { Par là, cetté création peut apporter un secours puissant au développement de l’Industrie fran- çaise, c’est-à-dire au relèvement de la France. Jean Villey, Maitre de Conférences de Physique et Physique appliquée à la Faculté des Sciences de Rennes, Sous-Lieutenant à la Section technique de l’Aéronautique militaire. LA LOI DE L'ÉVOLUTION NON CORRÉLATIVE La loi de corrélation, formulée par Cuvier, est bien connue’. Je ne veux pas discuter ici sa va- leur statique, c'est-à-dire en tant qu’elle ex- prime le lien nécessaire entre les parties et les organes d’un être vivant. On sait que, même à cet égard, la loi est soumise à des exceptions nombreuses ?. Ce que je me propose dans ce bref article, c’est de montrer, en'm'appuyant sur des faits paléontologiques bien établis, que l’é- volution réelle des êtres organiques se fait pres- que toujours en opposition directe avec cette loi. Par rapport à cette évolution, nous croyons pouvoir formuler la loi suivante : « Les parties des organes d’un organisme et ceux-ci mêmes ne suivent pas dans leur évolution phylogénique la loi de corrélation; maïs, tandis que certaines parties évoluent rapidement et de- viennenttresavancées,d’autresparties n'évoluent que lentement et restent peu avancées, etil peut y avoir mêmedes parties qui n'évoluentpresque pas, qui restent primitives. » Les faits paléontologiques, que nous pouvons avancer comme la preuve de cette loi, sont de deux genres : 1° les séries évolutives (phylo- géniques et morphologiques); 2° les types in- termédiaires. * Æ % Parmi les séries évolutives, je ne veux citer que les trois séries les plus notoires et les plus solidement établies : celle des Dipneustes (série plutôt morphologique que phylogénique), celle des Equidés et celle des Proboscidiens. 1. G. Cuvier : Recherches sur les ossements fossiles, t. I, p. 178; 1834 : « Tout être organisé forme un ensemble, un système unique et clos, dont les parties se correspondent mutuellement et concourent à la même action définitive par une réaclion réciproque .Aucune de ces parties ne peut chan- ger sañs que les autres changent aussi; et par conséquent chacune d'elles, prise séparément, indique et donne toutes les autres, » 2. Pour ces exceptions, comp. surtout H, M. D, pr BLain- VILLE : Ostéographie des Mammifères, t. 1, p. 33-36; 1839, Parmi les auteurs récents, comp. H, F, Ossonn : The Age of Mammals, 1910, p. 2-3, p.18 et 25, La série des Dipneustes, établie pour la pre- mière fois par L. Dollo dans un mémoire ex- trèmement ingénieux!, commence par le Dip- terus Valeciennesi duDévonien inférieur et, en passant par les Dipterus macropterus, Scaumé- nacia, Phaneropleuron, Uronemus, Ctenodus, Ce- ratodus et Protopterus, finit par le Lepidostren ?. Si nous suivons l’évolution de cette série du Dipterus jusqu’au Ceratodus, nous constatons que, tandis que le crâne subit une régression continuelle quant au nombre de ses éléments, et tandis que lesnageoiresimpaires, complètement séparées chez le Dipterus, perdent de plus en plus leur indépendance pour se fusionner chez l'Uronemus, les nageoires paires ne subissentau contraire aucun changement constatable et con: servent partout le même type d’un archiptéry- gium bilobé. Du Ceratodus au Lepidosiren, au contraire, ce sont les nageoires paires qui su- bissent une évolution régressive; la régression du crâne continue, tandis que l’évolution des nageoires impaires, en tant qu'il s’agit de la for- mation d'une seule nageoire impaire continue, estterminée. La série évolutive des Dipneustes est donc composée de deux séries différentes, au point de vue des changements non corrélatifs. La série phylogénique des Equidés commence par l’Ayracotherium du London Clay et, en pas- sant par des formes américaines Æohippus, Oro- hippus, Mesohippus, Parahippus et Meryhippus, finit par l'Equus. Dans cette série, tandis que læ dentition subit des modifications importantes, et les membres antérieurs et postérieurs su- bissent des modifications profondes, il est. 1. L. Doro : Sur la phylogénie des Dipneustes, Bulletin Soc. belge de Géol., t. IX, p. 79-125; 1895. 2, L. Doro, op. e., p. 88. Qu'il s’agit ici d'une série de stades morphologiques plutôt que d'une série strictement phy- logénique, Dollo le dit expressément (op. c., p. 88). Il n’est pas possible, par exemple, que l'Uronemus se trouve dans la, ligne ancestrale du Ceratodus, sa dentilion étant plus avan- cée que celle de celui-ci (op.c.; p. 88 et p. 116). Aussi, le Protopterus ne peut pas être l'ancêtre du Lepidosiren (op. c., p. 88 et p. 121 seq.). dans / B. PETRONIEVICS. — LA LOI DE L'ÉVOLUTION NON CORRÉLATIVE a — —— — étonnant de constater combien peu le crâne de l’'Hyracotherium a changé en se transformant en celui du cheval.Sa partie antérieure s'est allongée * en corrélation avecla mâchoire inférieure, l’ar- cade zygomatique s'est un peu fortifiée, la crête pariétale a diminué, et c’est presque tout'. Re- marquons encore que cette modification du crâne de l'Hyracotherium se trouve réalisée déjà chez le Parahippus,et nous aurons dans la série des Equidés un des exemples les plus convain- cants en faveur de la loi de l’évolution non corrélative. Dans la série des Proboscidiens, qui commence parle Moeritherium et, en passant par les Palæo- mastodon, Tetrabelodon, Mastodon et Stegodon, finit par l’Elephas, c'est au contraire le crâne. qui subit les modifications les plus profondes *. Encore long, bas et plat chez le Moeritherium, sa partie antérieurese raccourcitde plus en plus, sa partie postérieure se prolonge d’abord un peu (chez le Palæomastodon) et s'élève ensuite de plus en plus, pour devenir enfin chez l’éléphant le crâne le plus court et le plus élevé parmi les Mammifères (excepté l’homme). La modification deladentition n’est pas moins importante. La mo- dification des membres antérieurs et postérieurs est,au contraire, peu importante en comparaison des modifications précédentes : le nombre des doigts reste le même, tandis qu’une certaine modification dans le tarse et le carpe est incon- testable, et la proportion mutuelle de certains autres os a aussi changé. Un changement cor- rélatif des parties existe donc aussi peu dans l’évolution des Proboscidiens que dans les deux cas précédents. * x * Malheureusement, les séries évolutives sont rares, et nous ne pouvons pas baser notre loi sur elles seules. Le nombre des formes intermédiai- res, fragments isolés de séries évolutives que nous n’avons pu compléter, et dont elles nous indiquent l'existence, est relativement plus grand. Or, nous pouvons affirmer que toutes ces 1. Sur les points principaux de l’évolution des Equidés, comp. W. B. Scorr : A History of Land Mammals, 1913, p. 304 seq. Le crâne de l'Hyracotherium, quise trouve depuis 1914 au British Museum (Natural History) à Londres, où nous avons eu l'occasion de l’examiner, a été décrit par Owen, Quart. Journ. Geol. Soc., v. XIV, p. 56-58; 1858. 2. Sur ces modifications du crâne, comp. le mémoire fon- damental de C. W. Anpnews : On the evolution of the Pro- boscidea, dans Phil. Trans. Roy. Soc., 1903. 3. Sur ces changements des membres, comp. M. ScaLos- sER : Beitrage zur Kenntniss der oligocænen Landsæugtiere aus dem Fayum, Aegypten, dans Beitræge zur Paleontologie Oesterr. Ung. und des Orients, 1911, p. 129-139 et p. 153- 155. Pourtant, les modifications du carpe et du tarse ont été exagérées par Schlosser, * 241 formes représentent des types mixtes, possédant, à côté de caractères très avancés, d’autres ca- ractères nettement primitifs. Ce fait n’est point explicable dans l'hypothèse d’une évolution sui- vie en conformité avec la loi decorrélation: seule la loi de l’évolution non corrélative les explique. L'exemple le plus frappant d'une forme inter- médiaire représentant un type mixte, c’est l’Ar- chæopteryx.D'après les caractères communs àses deux espèces connues, l’Archæopteryx combine la tête d’un oiseau avec la queue d’un lézard, les membres postérieurs d’un oiseau avec les côtes abdominales des reptiles, ete. Dans son membre antérieur il combine l'aile d’un oiseau (humerus, radius et ulna sont ceux d’un oiseau)avec lamain d’un reptile (en tant que celle-ci possède des doigts libres etle nombre de phalanges camme chez un lézard). Mais ce n’est pas tout. Ma dé- couverte récente des pubis et du coracoïde chez. le fossile de Londres a augmenté encore le nom- bre des caractères reptiliens de l’'Archæopteryx!. En effet, les pubis d'Archæopteryx sont sans analogues parmi les Oiseaux. Par leur forme gé- nérale aussi bien que par leur symphyse, ils sont analogues aux ischiums de quelques Dino- saures, tandis que leurs foramens obturateurs sont un caractère nettement reptilien. Le cora- coïde est encore plus important à cet égard. À part quelques caractères déjà ornithiques, ce co- racoïde est, par sa forme générale aussi bien que par sa courbure en arrière et par l'existence d'une échancrure à son bord médian, le cora- coïde d’un lézard. Et avec ce coracoïde presque lacertilien se trouve réunie l’omoplate d’un oi- seau ! Un pareil type mixte tel que l’Archxopte- ryx suffit à lui seul pour nous convaincre que l’évolution ne se fait point d’après la loi de cor- rélation?. | A côté de l’Archæopteryx nous trouvons une foule d’autres exemples de types mixtes parmi les formes fossiles et vivantes. Mentionnons seule- ment : parmi les oiseaux l/chthyornis, un oiseau 1. Comp. sur cette trouvaille la notice préliminaire de B. Perrontevics et A. S. Woopwaup : « On the pectoral and pelvic arches of the London specimen of Archæopteryx », dans Proc. Zool. Soc., April 1917, p. 1-6. Mon propre mé- moire, qui contient tous les détails nécessaires, sera publié prochainement. Les pubis et les coracoïdes de l'échantillon de Berlin semblent être totalement différents et je pense qu'il représente un genre à part (Archæornis). 2.Combien le préjugé de l’évolution corrélative est répandu, surtout parmi les zoologistes, ressort d'un exemple que je dois citer. M. Menzbier, dans son étude « Vergleichende Osteolo- gie der Pinguine » (Bulletin de la Soc. imp. des naturalistes de Moscou, 1887), dit expressément que l'Archæopteryxz ne peut pas être l’ancètre des Garinates justement parce qu'ilest un type mixte, et l'organisation des Carinates n'a pu évoluer qu'en harmonie avec la loi de corrélation (op. cét., p. 560 et p. 571 seq.). 242 F, PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE déjà parfaitement carinate, mais muni encore. de dents et possédant des vertèbres amphicæles; parmi les poissons crossoptérygiens l’Osteolepis d'une part, avec l’archiptérygium réduit, mais avec écailles romboïdes, et l'Æ/oloptychius d’au- tre part, avec l’archiptérygium non réduit et avec écailles cycloïdes ; le Chalicotherium parmi les Mammifères, etc. Mais à côté des types mixtes (types spécialisés à parties non corrélatives), ily a aussi des types généralisés à caractères primitifs d’une part et des types spécialisés à parties corrélatives, d’au- tre part. Le condylarthre le plus primitif, l'Zu- protogonia, est l'exemple d’un type généralisé, tandis qu'un oiseau carinate moderne est l’exem- ple d’un type spécialisé à parties corrélatives, REVUE DE I. — La cELLULE Mitochondries etcorpuscules métachromatiques. — L'origine et la nature des mitochondries et la formation des chloroplastes chez les Végétaux continuent à préoccuper les histologistes. Tan- dis que Nemec et d’autres botanistes admettent que les chloroplastes peuvent se former de novo aux dépens du protoplasma, la plupart, avec Pensa, Guilliermond, etc., prétendent qu'ils se développent aux dépens de mitochondries. C’est aussi l’opinion de Meves!, qui fait dériver les chloroplastes de corpuscules identiques aux granules d’Altmann et qu’il nomme plastosomes. Von Derschau? explique par l’excrétion de la chromatine dans le protoplasma l’origine des chondriosomes et la néoformation des chloro- plastes; il nie, d’ailleurs, pour expliquer cette sortie de la chromatine, la présence d’une mem- brane nucléaire. L'origine des corpuscules métachromatiques est aussi discutée. Les recherches de Guillier- mond sur les corpuscules métachromatiques des Ascomycètes, qu'ont confirmées celles de Beau- verie chezles Urédinées et celles de Moreau chez les Mucorinées, ont conduit ces auteurs à accor- der à la métachromatine une origine mitochon- _driale. Dangeard?* s'élève contre cette conclusion et 1. Fu, Mrves : Historisch-kritische Untersuchungen über die Plastosomen der Pflanzenzellen. Arch. Mikr. Anat., t. XXXIX, 72 p., 4 pl.; 1916. 2. M. von Dersénau : Der Austritt ungelôster Substanz aus dem Zellkerne. Arch. f. Zellforseh., t. XIV, 22 p.,5 pl.; 1916. 3. P, A. Dancrarp : La métachromatine chez les Muco- rinées, Bull, Soc. Myc, de France, t. XXXII, p. 87-96; 1916, presque toutes ses parties étant dominées parune seule fonction : celle du vol. Les types générali- sés sont ordinairement les points de départ de séries évolutives, tandis que les types spéciali- sés à parties corrélatives en sont quelquefois la … fin. Mais, même quand ils en sont la fin, l’évolu- tion n’est pascapable de les réaliser autrement que par des stades intermédiaires, qui représen- tent des types mixtes. Et il est évident qu'une série évolutive, dont le résultat est la réalisa- tion d’un type spécialisé à parties corrélatives, doit être composée de deux ou plusieurs séries évolutives élémentaires, qui obéissent à la loi de l’évolution non corrélative. B. Petronievics, Docteur en Philosophie. BOTANIQUE fait naître les corpuscules métachromatiques dans les vacuoles par précipitation d'une solution colloïdale. Cette précipitation prend l'aspect de corpuscules, quand les vacuoles perdent de l’eau, Dans un travail plus récent, Guilliermond! main- tient que les corpuscules métachromatiques sont bien des formations permanentes, indépendan- tes et autonomes, car on peut les observer sur le vivant. Ils tirent leur origine non des vacuoles, mais des mitochondries. Henneberg? pense que, dans les cellules de levures, ces corpuscules re- présentent la zymase. Mottier*, de son côté, a publié une contribution à l'étude des mitochondries importante non seulement par les faits nouveaux qu'il a appor- tés, mais encore par les méthodes qu'il a em- ployées. Il a découvert, lui aussi, des structures semblables aux mitochondries,très nombreuses, de forme et de taille variables. Les leucites ne se développent, d’après lui, qu'aux dépens des plus grandes structures; les plus petitesne sont pas génératrices de plastides. L'auteur réserve le nom dechondriosomes ou mitochondries aux structures qui ne donnent pas de plastides, tan- dis qu’ilappelle les autres plastides primordiaux. C’est là la seule différence entre les vues de Guilliermond et celles de Mottier. Le premier appelle mitochondries toutes les structures qui 1, A, GuiLLiEkrRmonD : Nouvelles recherches sur les corpus-, cules métachromatiques, C, R. Soc, Biol., t. LXXIX, pp. 1090- 1093; 1916, 2, J. HenveserG : Ueberdas Volutin (metachromatische K ürperchen) der Hefezelle. Centralb.f. Bakt., 1916. 3. D. A. Mowrier : Chondriosomes and the primordia of chloroplasts and leucoplasts, Ann. Bot., t. XXXII, 1 pl. ; 1918. | N F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE 243 donnent les mêmes réactions chimiques, sans souci de leurs fonctions; Mottier réserve ce nom à celles qui ne se transforment pas en plas- tides. Mais l’un et l’autre admettent que ces structures sont des unités morphologiques de la cellule au même titre que le noyau. Mouvements des chromatophores. On sait que les chloroleucites se déplacent sous l'influence de la lumière. Dans la lumière diffuse, peu intense, ils s’assemblent sur les parois de la cellule per- _pendiculaires à la direction de la lumière inci- dente ; si la plante est éclairée directement par le soleil, ils se placent sur les parois paralléles aux rayons lumineux. Mais on ignore si les chro- matophores qui se déplacent ainsi sous l’action de la lumière ont un mouvement propre ou s'ils sont entraînés par le cytoplasma. Or, des obser- vations faites par C. Sauvageau ! sur les chroma- tophores des plantules de Laminaires, en par- ticulier du Saecorhiza bulbosa, doués d’une plus grande sensibilité phototactique que lesexemples classiques, il résulte qu'il s’agit bien d’un dé- placement actif et d’une déformation par con- tractilité propre. Des plantules de Laminaires fraîchement cueil- lies et placées à l'ombre dans un verre de montre ont une teinte foncée; chaque cellule renferme’ sur chaque face péricline quatre à huit chroma- tophores étalés, tandis que les faces anticlines n’enabritentaucun. Si l'on placele verre de mon- tre dans un endroit bien éclairé par la lumière diffuse, les chromatophores se déforment, dimi- nuent de surface, se présentent en disques ou en courts rubans parfois rétrécis en leur milieu, - puis ils rampent contre la paroi, se dirigent \ } vers les faces anticlines, se courbent le long de celles-ci et bientôt ne présentent plus que leur tranche à l'observateur, tandis que les faces pé- riclines devenues incoloreslaissent voir le noyau; chaque chromatophore paraît plus foncé, mais l’ensemble est plus clair. Vingt minutes ont. suffi pour obtenir ce résultat et l'intensité lumi- neuse semble seule agissante, non la direction de la lumière. L'expérience inverse réussit aussi facilement sur les mêmes plantules ; sil’on cou- vre le verre de montre avec une feuille de papier gris, les chromatophores rampent de nouveau vers chaque face péricline, s’y étalent et se re- joignent. Nombredes chromosomes.— Les investigations des ceytologistes dans les divers groupes végé- taux sont aujourd’hui assez avancées pour que l'on se préoccupe de dresser la statistique des nombres de chromosomes propres aux différentes 1. C. Sauvacrau: Sur le mouvement propre des chromato- phores. C.R. Ac. Se.,t. CLXV, pp. 158-159 ; 1817, espèces pour confirmer leur interprétation bio- logique et leur signification phylogénétique. La première liste des nombres de chromosomes a été publiée en 1915 par Tischler (Progressus rei botanicæ, 5). En 1916 et 1917, Ishikawa! et Winge? donnaient les listes les plus complètes que nous possédions aujourd’hui, en distinguant le nombre xetle nombre 2x de chromosomes, quand ce dernier est connu. Chezles Thallophy- tes, les nombres sont variables. Tous les Myxo- mycètes étudiés ont 8 chromosomes, Chez les Conjuguées, le nombre x dominant est 12, tandis que chez les Chlorophycées, il varie de 6 à 32 et que, chez les Phæophycées, il peut être repré- senté par 16, 18, 22, 24 et 32. Chez les Floridées, le nombre x oscille entre 7 et 24. Chez les Cham- pignons, les nombres sont faibles. Chez les Bryophytes, on rencontre souvent 8 chromoso- mes, mais chez les Ptéridophytes les hombres sont plus élevés et varient de 4 à 120. Chez les Gymnospermes, 42 et 24 apparaissent très fré- quemment comme nombres + et 2x, et chez les _Angiospermes les nombres x vont de 3 dans le Crepis virens à 45 dans le Chrysanthemum arcti- Cum ; D'après Winge, dans des groupes systémati- ques déterminés, les nombres x de chromosomes sont de simples produits d'un même nombre car- dinal multiplié par les facteurs primaires 2 et3, plus rarement 5 et7. Ce résultat peut éclairer les relations de petites unités systématiques. L'apogamie et l'existence de nombres doubles ou multiples de chromosomes seraient dues à l’'hy- bridation. Dans ce cas, les chromosomes des parents sont ajoutés les uns aux autres, mais incomplètement accouplés dans l'œuf. Winkler® pense qu’on peut obtenir expérimen- talement des plantes avec des nombres aberrants de chromosomes. C’est ainsi qu’il explique quel- ques formes géantes qu'il a obtenues dans ses recherches sur les chimères. L'étude cytologique a montré que le Solanum lycopersicum gigas à 24 et 48 chromosomes, au lieu de 12 et 24 que possède la forme normale. Il n'est pas possible de préciser la naissance de ces formes tétraploi- des, dues peut-être à la fusion dans le cal de deux cellules normales. Cette augmentation du nom- bre des chromosomes ne provoque pas l’appa- rition de propriétés nouvelles et il ne saurait être D RME ERP et 4. M. Isiiwawa : À list of the number of chromosomes. Bot. Mag. Tokyo,t. XXX, pp. 404-448, 32 Gg.; 1916. 2,0. Wince: The chromosomes. Their number and gené- ral importance. C. R. Trav. Lab. Carlsberg, t. XII, pp.131- 975, 46 fig. ; 1017. 3. H. Winxcen : Ueber die experimentelle Erzeugung von Pflanzen mit abweichenden Chromosomenzahlen, Zschr. Bot., t. VII, pp. 417-531, 3 pl, 17 fig.; 1916. 244 F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE question, pour ces So/anum, de mutation au sens de de Vries. II. — MorPHoLOoGiE ET ANATOMIE Hormones vegétales.— Jacques Loebi, en expé- rimentant sur le Bryophyllum calycinum, a dé- montré l'influence de la feuille sur la formation des racines et la courbure géotropique de la tige. Des tiges de Bryophyllum décapitées étaient sus- pendues horizontalement au moyen de fils atta- chés aux extrémités dans un vase saturé de vapeur d’eau ; on les voyait bientôt se courber en devenant convexes vers le bas et prendre finale- ment la forme d’un U. La courbure, lente à se produire si la tige ne porte pas de feuille, est considérablement accélérée si l’on a laissé une feuille adhérente à la tige. La position de cette feuille a une grande influence non seulementsur la rapidité de la courbure et sur la région où elle se produit, mais encore sur la formation de nouveaux organes. Si l’on a conservé une feuille du côté du sommet et sur la face inférieure, il se produit une courbure rapide vers le second nœud quisuit la feuille ;en même temps de nom- breuses racines poussent au-dessous dela feuille. Si, au contraire, la feuille conservée occupe la base dela tige, la courbure est moins prononcée et localisée en avant de la feuille et il se forme peu ou pas de racines. L’intensité de la cour- bure et la quantité de racines formées varient dans le même sens. Ces expériences deviennent intelligibles sil’on suppose que chaque feuille a une tendance à envoyer vers le sommet des substances forma- trices de bourgeons et vers la base des substan- ces formatrices de racines. Si l’on pouvait dé- montrer que, dansle Bryophyllum,une substance spécifique, une hormone, provoque la courbure géotropique, on pourrait dire que les deux sub- stances ont une tendance à se rassembler sur la face inférieure d’une tige placée horizontalement et que la marche de ces deux substances est in- fluencée dans le même sens par la feuille. Tandis que, dans le Bryophyllum, l'hormone géotropi- que hypothétique est associée ou identique à l'hormone formatrice de racines, dans d’autres plantes, l'hormone géotropique peut être asso- ciée à une hormone formatrice de bourgeons. Ainsi s'explique que, dans certains sapins déca- pités, une branche horizontale située près du sommet devient négativement géotropique. La substance géotropique, qui auparavant se diri- 1. J. Lors : Influence of the leaf upon root formation and geotrupic curvature in the stem of Bryophyllum calycinum and the possibility of a hormone theory of these processes. Bot. Gaz., t. LXII, pp. 25-50, 30 fig.; 1917. geait vers le sommet, s'écoule maintenant vers les branches horizontales voisines du sommet, et celle qui, par chance, reçoit un peu plus d'hormone que les autres est la première à deve- nir verticale; cette nouvelle position continue à favoriser le flux de substances vers le nouveau sommet. L’embryon des Monocotylédones. — A propos d'une anomalie d’un embryonde Zea Mays, con- sistant en une coléoptile fourchue, Worsdell ! aborde la discussion générale dela morphologie de l'embryon des Graminées. Le scutellum re- présente le limbe du cotylédon etestcomparable au limbe de la feuille végétative. La partie cor- respondant à la gaine de la feuille végétative n'existe qu’au début du développement et s’efface ensuite complètement. La coléoptile est l’équi- valent de la ligule de la feuille végétative, ainsi. que le prouventle développement, l’anatomie et la bifurcation anormale. L’épiblaste est cette partie du cotylédon qui correspond aux auricules delabase du limbe dans certaines Graminées. Le cotylédon des Graminées ne diffère pas essentiel- lement de celui des autres Monocotylédones et sa position est toujours terminale. Cambium intrafasciculaire chez les Monocoty- lédones. — Arber? ajoute aux exemples déjà con- nus de cambivm intrafasciculaire chez les Mo- nocotylédones quelques cas nouveaux. Il a constaté une activité cambiale dans les axes des jeunes inflorescences d’Éremurus himalaicus et de Nothoscordum fragrans et aussi l'existence d'un cambium éphémère dans les jeunes tiges d'Asparagus ofjicinalis. L'auteur voit dans ces faits un argument en faveur de l'hypothèse sou- tenue par de nombreux auteurs, à savoir que les Monocotylédones dérivent des Dicotylédones. III. — ASssIMILATION DU CARBONE L'état actuel de nos connaissances surl’assimi- + lation du carbone par les plantes vertes vient d’être mis au point par Jürgensen et Stiles #, qui consacrent les premiers chapitres de leur travail à l'étude des pigments chlorophylliens. La dis- cussion relative à la valeur des échanges gazeux entre la feuille et l’atmosphère ambiante est sur- tout basée sur les travaux de Blackmann et de Brown et Escombe. 1. W. WorsbeLL : The morphology of the monocotyledo- nous embryo and of that ofthe Grass in particular. Ann. Bot., t. XXXI, pp. 509-524, 10 fig.; 1916. 2, A. Auger : On the occurrence of intrafascicular cambium in Monocotyledons. Ann. Bot.,t. XXXI, pp. 41-45, 3 fig.; 1917. 3. JorGensen et W. Srires : Carbon assimilation, A re- view of recent work on the pigments of the green leaf and the processes connected with them, New Phytologist, t. XIV, XVet XVI; 1915, 1916, 1917. F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE 245 Il est définitivement prouvé que la voie essen- tielle de pénétration du gaz carbonique dans le tissu chlorophyllien est représentée par les sto- mates chez les plantes supérieures; l'entrée du gaz par la cuticule est d'importance secondaire. L'intensité de l'assimilation chlorophyllienne dépend de cinq facteurs principaux : la tempé- rature, l’éclairement, la proportion de gaz car- bonique, la quantité de chlorophylle contenue dans la feuille et l’approvisionnement en eau. Au-dessous de 25e C., le taux de l’assimilation augmente d’un peu plus du double pour chaque élévation de température de 10° C., conformé- ment à la loi de van't Hoff qui exprime la relation entre la température et la vitesse des réactions. Au-dessus de 25° C., l'intensité de l'assimilation décroît rapidement et d'autant plus vite que la température est plus élevée. En ce qui concerne le facteur éclairement, on peut admettre avec Blackmann que, sila température et la propor- tion de gaz carbonique restent constants, le taux de l'assimilation est proportionnel à l’intensité de l’éclairement. Pour chaque température il y a un minimum d’éclairement suffisant pour pro- duire le maximum d’assimilation à cette tem- pérature, si d’autres facteurs ne viennent pas limiter le phénomène. L’assimilation augmente avec la proportion de gaz carbonique, jusqu’à ce que quelque autre facteur vienne la limiter. À partir de ce moment, l'intensité de l’assimilation reste constante pour des proportions croissantes de CO*?. Au-dessus d’une certaine proportion, l'assimilation décroit rapidement; sans doute, pense Blackmann, à cause de l’action narcotique exercée par le gaz carbonique à haute dose sur le protoplasma. Les relations entre l'intensité de l’assimila- tion et le contenu de la feuille en chlorophylle ont été étudiées par Willstätter, qui a émis une hypothèse que l'expérience n'a pas encore con- firmée. Willstätter admet que l'assimilation du carbone consiste en deux processus distincts : l’un photochimique, localisé dans le chloroleu- cite, et l’autre enzymatique, ayant son siège à la limite du chloroleucite et du protoplasma; l'oxy- gène est éliminé durant le second processus. Cette hypothèse a pour elle la commune action de la température sur l’assimilation du carbone et sur le travail des diastases. Quoi qu’il en soit, si d’autres facteurs n’interviennent pas, la quan- tité de chlorophylle détermine la quantité de gaz carbonique qui pénètre dans la feuille. La quantité de pigment n'est pas modifiée durant l'assimilation. Les auteurs abordent ensuite l’étude des pro- duits de l’assimilation, c’est-à-dire de l'oxygène \ et des hydrates de carbone. En ce qui concerne l’évolution de l'oxygène, les premiers expéri- mentateurs ne séparaient pas les échanges gazeux dus à l'assimilation de ceux de la respiration, Bonnier et Mangin tentèrent les premiers cette séparation par plusieurs méthodes. Leurs résul- tats, rapprochés de ceux obtenus plus récemment par Maquenne et Demoussy, permettent de con- clure que le coeflicient réel de l'assimilation de CO?diffère peu de l'unité.Les hydrates de carbone dont la présence a été révélée dans les feuilles sont variés. Ce sont d’abord des polysaccharides, amidon, pentosane et dextirine, puis des disac- charides, saccharose, des hexoses, glucose et fructose, et peut-êtrè des pentoses, /-arabinose et /-xylose. Il est probable que le premier pro- duit de l'assimilation est un sucre et que l’ami- don n’est qu'un produit secondaire ; mais on ne sait pointactuellement si le premiersucre formé est le saccharose ou un hexose. Pour évaluer la quantité d'énergie captée par la feuille, les auteurs passent en revue et dis- cutent les nombreuses expériences faites dans trois directions différentes : détermination des substances produites et de leurs chaleurs de combustion, mesure de l'énergie lumineuse, intensité de l’assimilation dans les radiations de différentes longueurs d'onde. La fin du travail est consacrée aux diverses théories de l'assimilation, dont aucune ne repose sur des faits bien établis. La théorie de Baeyer, qui admetlaproduction de formaldéhyde comme produit intermédiaire, est bien connue. Aucune des expériences invoquées en sa faveur n’est probante. L'hypothèse de van’t Hoff! est plus intéressante et plus suggestive ; elle fait appel à l’action réversible des enzymes, qui caractérise de nombreuses réactions produites dans les plantes. Les quelques remarques de van't Hoff n’expliquent pas clairement de quelle manière il conçoit la coopération de la réaction photochi- mique et de la synthèse diastasique dans la production des hydrates de carbone. Mais elles tirent un nouvel intérêt de la découverte de Will- stätter qui a montré que la chlorophylle est un double éther de deux alcools primaires et que les feuilles contiennent une diastase qui peut effectuer l’'hydrolyse et la synthèse de la chloro- phylle. La suggestion de Siegfried repose sur l’ac- tion du gaz carbonique sur les amino-acides et sur les protéines et sur la production de compo- sés définis, acides carbamiques et carbamates ; 1. J. H. vanw't Horr : Ueber kung. Sitzungsb. d. K. preuss. Akad. d. 1076 (1909) et pp. 963-970 (1911). synthetische Fermentwir- Wiüss., pp. 1065- 246 F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE la réaction photochimique survient ensuite et démolit ces composés. L'hypothèse de Siegfried! diffère d’une façon marquée de celle de Bacyer : dans celle-ci, la première étape de l’assimilation est une réaction photochimique; dans celle-là, elle est purement chimique et l’action photo- chimique ne survient qu'ensuite. L'hypothèse de Siegfried, aussi négligée par les physiologistes que celle de van’t Hoff, offre pourtant la possi- bilité d’unir l'assimilation du carbone à celle de l'azote. Enfin Willstätter? s’est aventuré lui aussi à donner plusieurs théories successives de l'assi- milation du carbone. Dans ses premières tenta- tives, impressionné sans doute par la proportion relativement considérable de magnésie qu'il avait isolée des chlorophylles les plus diverses, il avait conclu qu'il se forme des combinaisons ‘analogues aux organomagnésiens de Grignard et que l'absorption du gaz carbonique serait tout à fait analogue à une réaction de Grignard. Plus tard, il reconnutlui-mêmel'inexactitude du parallélisme qu'il avait voulu établir entre la chlorophylle et les composés de Grignard et, après de nouveaux essais, il en arriva à une hypo- thèse qui ne diffère pas de celle de Siegfried, bien qu'il n'ait pas connu les travaux de ce dernier. IV. — ParasiTisME Physiologie du parasitisme, — Le Botrytis cinerea est capable, dans des circonstances favorables, d'attaquer la plante hospitalière dès qu'ilest en contact avec sa surface externe. Quel est son mode de pénétration ? L'opinion domi- nante jusqu'à présent est celle qu’a développée de Bary à l’occasion du Sc/erotinia Libertiana ; d’après lui, le champignon possède le pouvoir de tuerles cellules sous-jacentes de l’hôte avant de pénétrer dans ses tissus. Des travaux récents dus à Blackmann et Welsford* et à Brown# apportent une autre interprétation. Il faut d’abord noter que le parasite ne pénètre d’ordi- naire ni par des blessures accidentelles, ni par les stomates, mais qu’il est capable de percer la cuticule des cellules épidermiques., D’après 1. M. Srecrrieo : Über die Bindung von Kohlensäure durch amphotere Amidokorper, #oppe Seyler's Zeitschr., t. XLIV, pp. 86-964, 1905, 2, R. WiLLSTATTER et A. Srouz : Untersuchungen über Chlorophyll, Berlin, 1913. — Über die chemische Einrich- tungen des Assimilationsapparates. Sutzungsb. d, K. preuss. Akad. der Wiss., pp. 322-346; 1915. 3, V. H. BLackmann êt E. J. Wezsronp : Studies in the physiology of parasitism. I, Inleétion by Botrylis cinerea. Ann. Hot., t. XXX, 6 pl,; 1916. 4. W, Brown: Studies in the physiology of parasitism. III, On the relation between theïinfection drop and the under- lying host tissue, Ann. Bot.,\t. XXX ; 1916, — On the phy- siology of parasitism, New Phytologist, £SUX VIS AAU7. Blackmann et Welsford, la cuticule est rompue par la pression mécanique qu’exerce le tube ger- minatif et non par l’action dissolvante de quel- que substance excrétée par lui. Brown, qui a préparé des extraits de germinations de spores de Botrytis cinerea, constate lui aussi qu'il n'y a point dans ces extraits de substance capable de dissoudre là cuticule. Il conçoit de la ma- nière suivante la pénétration du champignon :, les spores contenues dans une goutte d’eau à la surface de la plante trouvent d’abord la force de pénétration dans leur pouvoir germinatif; la germination provoque l’exosmose des substan- ces nutritives contenues dans les cellules sous- jacentes, qui restent vivantes tant que le parasite n’a pas pénétré. Cette exosmose accélère beau- coup la germination des spores et leur force de pénétration. Le cancer des plantes et le cancer des animaux. — En 1912, un botanisteaméricain, Ervin Smith, à la suite d'expériences qui n’avaient pas duré moins de huit années, établit qu’une tumeur par- ticulière de certains végétaux, la crown-gall ou galle de couronne, est une véritable maladie cancéreuse des plantes. Matruchot? a rendu compte dans Scientia des premiers résultats ob- tenus par Smith. Lorsqu'une crawn-gall se dé- veloppe sur üne plante, il se fait d'abord une : première excroissance qui affecte les formes les plusirrégulières et peut atteindre la grosseur du poing. De cette tumeur primaire dérivent, par l'intermédiaire de cordons cancéreux progressant longitudinalement,des tumeurs secondaires plus ou Moins éloignées. Suivant qu’elles ,se déve- loppent sur une tige ou sur une feuille, ces tu- meurs possèdent la structure anatomique d'une tige ou d’une feuille, et toute tumeursecondaire, quelque soit l'organe sur lequel elle se développe ultérieurement, possède la structure de la tu- meur primaire dont elle dérive. Ces tumeurs possèdent donc le caractère essentiel des cancers des animaux, c’est-à-dire la proliféra- tion des tissus malades. À la suite delaborieuses recherches, Smith a pu découvrir le microorga- nisme qui provoque ces tumeurs ; c'est un para= site intracellulaire, une bactérie en farme de bâtonnet muni d’un eil à son extrémité, le Bac- terium lumefaciens. Smith a, depuis, poursuivi ses recherches 1. E. Smiru: Cancer in plants. Proc. 17 th Intern. Congress, VIII, London, 1916. 9, L. Marrucnor: Le problème du cancer éclairé par la pathologie végétale. Scientia, t, XIX, 11 p.; 1916, 3. E. Smrru : Further evidence as to the relation between crown gall and cancer, Proc. nat, Acad, Se., t. Il, 443-448; 1916. — Further evidence that crown gall of plants is cancer, Science, t. XL, pp: 871-889: 1916, F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE Pa | 247 en inoculant systématiquement le parasite-dans les divers tissus spécialisés de la plante et il a démontré que les tumeurs cancéreuses des plantes peuvent être rapportées aux trois types principaux des tumeurs animales : sarcome, épi- théliome et tératome embryonnaire. Si l’inocu- lation est faite profondément dans le cambium internodal, elle arrête l’activité normale de ce tissu, c’est-à-dire son aptitude à former des éléments à orientation déterminée. Les cellules continuent à se diviser yapidement en engen- drant une masse de parenchyme embryonnaire où sont dispersés quelques éléments de bois et de liber arrangés sans ordre. C’est l'équivalent des tumeurs parenchymateuses ou sarcomes. Si l’ino- culation est faite plus superficiellement, dans l'écorce, les cellules se divisent si rapidement qu'elles restent petites comparées aux cellules du parenchyme normal; elles conservent encore un caractère embryonnaire. Plus tard, l’on voit se développer des éléments vasculaires qui se disposent en une stèle plus ou moins définie. Ce sont là les caractères des épithéliomes. Enfin, si l’inoculation est faite sur des organes en voie de développement, jeunes bourgeons situés à l’aisselle des feuilles ou feuilles jeunes, on ob- tient l'équivalent des tératomes embryonnaires ; la tumeur se couvre dans ce ‘cas de pousses avortées. La spécificité de ces tumeurs dépend non de la nature du parasite, quiest toujours le même, mais de la nature du tissu atteint. Dans un autre travail, plus spécialement écrit pour les médecins, Smith! insiste sur les res- semblances de la crown-gall et du cancer hu- main. Sans prétendre que le parasite du cancer des plantes aquelque relation avec le cancer des animaux, il constate que le Bacterium tumefa- ciens provoque chez les plantes un ensemble de phénomènes dont le parallélisme avec les mani- festations du cancer humain est frappant: crois- sance des tissus sans fonction déterminée, carac- tère embryonnaire permanent de ces tissus, différencration désordonnée, propagation par des _traînées tumorales, formation de galles ressem- blant à des tératomes embryonnaires. En outre, malgré son pouvoir envahisseur, la cellule de la crown-gall n’est pas le parasite lui-même; ce pouvoir résulte du parasite qu’elle héberge. Ces raisons donnent beaucoup de force à l’hypo- thèse que le cancer humain est dû à un parasite endocellulaire. Enfin Smith? a institué toute une série d’expé- 1. E. Suiru : Studies on the crown-gall of plants; its re- lation to human cancer. Journ. Cancer Research, t, 1, p- 231- 258, 25 pl.; 1916. 2. Surru : Mechanism of tumor growth in erown-gall. Journ. Agrie. Research, t. VII, pp, 165-186, p. 465; 1917. L' É.. riences destinées à élucider les causes immé- diates de la tumeur dans la crown-gall et à décider notamment si les substances produites parle métabolisme du parasite ne représentent pas les agents qui provoquent directement la prolifération des cellules. Dans ce but, des plantes diverses furent injectées d’abord avec des substances que l’analyse chimique avait ré- vélées dans le parasite et ensuite avec d’autres nombreuses substances chimiques. Les pre- mières expériences consistèrent en injections d'ammoniaque à des états divers de concentra- tion dans la cavité de la tige de Ricin et dans les cavités de tomates vertes. Dans les deux cas, il se produisit des intumescences en forme de coussinets dans l’intérieur des cavités. Plus tard, des proliférations du même genre furent obte- nues par l'injection de substances variées : sels organiques et inorganiques d’ammonium, solu- tions diluées d’acides, de sels, de glucose, de saccharose et même d’eau distillée. Le résultat le plus frappant fut obtenu par l'injection d’une solution à 5 °/, de phosphate d'ammonium dans un très jeune entrenœud de Ricin. Dans ce cas, la cavité centrale se remplit d’une moelle de prolifération où se différencie un cylindre vas- culaire complet. L'orientation des éléments dans cette nouvelle stèle était renversée, avec le liber intérieur et le bois extérieur. En somme, si le liquide stimulant était appliqué d’une facon continue, on obtiendrait des tumeurs qui ne différeraient pas de la crown-gall. Comme ces tumeurs résultent de la présence de substances variées et non de substances produites par le parasite, l’auteur attribue leur effet non à une action chimique spécifique, mais à quelque pro- priété commune aux substances employées et in- dépendante de leur composition chimique; cette propriété commune, c’est l'action osmotique qu’elles exercent. Les substances excrétées parun' parasite endocellulaire, diffusant dans des di- rections variées, exercent desactionsosmotiques locales qui renversent le sens dû mouvement normal de l’eau etdes aliments : c’est là qu’il fau- drait trouver pour la crown-gall et sans doute aussi pour les néoplasmes animaux la cause si longtemps cherchée dela croissance des tumeurs. V. — SymBi0oSE Mycorhizes endotrophes. — Jusqu’en 1915, les Orchidées représentaient la seule famille de plan- tes à mycorhizes où le champignon endophyte avait été isolé et dans laquelle l’existence d’une symbiose obligatoire avait été prouvée.Rayner! 1. M. Tu. Raywen : Obligatesymbiosis in Calluna vulgaris. Ann. Bot.,t. XXIX, 1915 248 F., PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE vient de démontrer qu'il en est de même chezles Ericacées et qu'il existe également chez ces plan- tes une relation nécessaire entre lechampignonet son hôte. Les embryons de Calluna vulgaris pro- venant de graines stérilisées etcultivés dans des conditions aseptiques arrêtent de bonne heure leur développement et sont incapables de former des racines. Le champignon des Calluna a été isolé et cultivé à l’état de pureté; il a les carac- tères morphologiques du genre Phoma, du groupe des Hyphomycètes. Des embryons stériles placés dans un milieu convenableet dansdes conditions aseptiques, dès qu’on les inocule avec des cul- tures pures, forment un vigoureux système radi- culaire et se développent en plantes normales. La présence de mycorhizes endotrophes dans les racines des Ericacées était connue depuis longtemps, mais les observations cytologiques n'avaient pas éclairé les relations des deux asso- ciés. < Les faits mis en lumière par Rayner sont re- marquables et, à quelques égards, uniques parmi les plantes à fleurs. Le champignon des racines de Calluna non seulement forme des. mycorhizes, mais encore il s’étend dans toute la plante, à un état extrêmement atténué, à l’intérieur des tissus de la tige et de la feuille. A son tour, l’ovaire est envahi et les hyphes gagnent lés téguments des jeunes graines. Celles-ci, quand elles sont dissé- minées, emportent avec elles les hyphes sous forme de cordons délicats à la surface de leurs téguments. Les conditions nécessaires à la ger- mination de la graine favorisent aussi l’activité du mycélium quienvahit l'embryon et détermine son développement. La difficulté et l’irrégularité de la germination des graines d’Ericacées doit être attribuée, sans aucun doute, commepourles Orchidées, à l'absence du champignon ou à sa mort par suite dela dessiccation. De son côté, Dufrénoy! étudie les mycorhizes endotrophes d’une autre Ericacée, Arbutus Unedo. Les racines de cette plante sont revêtues d'un manteau serré d’hyphes dont quelques branches pénètrent les tissus et envahissenttoute la plante, en émettant des sucoirs. Les cellules de l'hôte ne réagissent pas d'ordinaire, mais le pro- toplasma devient granuleuxetse réduit à mesure que le champignon se développe. Des radicelles envahies de bonne heure setransformenten tuber- cules. Le mycélium se rencontretoujours surles sépales et les grains de pollen. Les vuvules peu- vent être inoculés de deux manières : ou par les grains de pollen, ou par les spores du champi- gnon développé sur les sépales. 1. J. Durrénoy : The endotrophice Mycorhiza of Ericaceae. New Phytol.,t. XVI, 4 fig. ; 1917. : Toutefois, les observations anciennes de Stahl! ne concordent pas avec les données de Rayner. Les expériences faites par Stahl sur le Vacci- nium, une autre EÉricacée, lui ont montréque les graines de ces plantes, seméés sur un solstérilisé, germaient sans difficulté et produisaient des plantules bien racinées qui, six mois après, ne montraient pas trace de champignon; il ne sau- rait donc être question chez les Ericacées de mycorhizes obligatoires. Cependant, Rayner con- tinue à croire à une infection ovarienne chez les Vacciniées et met en doute les résultats expéri- mentaux obtenus par Stahl. Comment s’est faite l’évolution des mycorhi- zes? Les racines des plantes vasculaires vivent dans un milieu riche en microorganismes ; bac- téries, algues inférieures, champignons se sont groupés autour de ces racines par chimiotaxie et quelques-uns d’entre eux ont pu pénétrer à l’intérieur des racines, à l’état primordial de pa- rasites. Mais la résistance des cellules de la racine est telle qu’elle domine le parasite. Plus tard, par la digestion du mycélium, la plante recouvre les matériaux qui lui avaient été déro- bés. Le phénomène des mycorhizes ne serait ainsi que l'expression de la lutte continuelle menée par tous les organismes contre l'invasion de leurs tissus par des parasites. Les plantes à fleurs ont non seulement tenu l’envahisseur en échec; mais encore elles ontfaittourner sa péné- tration à leur avantage. VI. — REPRODUCTION ET PARTHÉNOGÉNÈSE Développement des organes reproducteurs. — En étudiant le pollen d'un grand nombre d’espe- ces du genre Aosa, Cole ? constate qu’il est en grande partie stérile; ce fait, joint à la grande variabilité des formes, prouve que les espèces du genre Rosa sont d’origine hybride. Cette varia- bilité ne saurait servirde fondement à l'hypothèse d’une mutation, puisqu'elle n’est ici que le résul- tat d’une contamination hybride naturelle. Miss L. Sawyer® a réussi à extraire les tubes polli- niques qui germent sur Je stigmate et dans le sillon longitudinal que parcourt le style de l’/ris versicolor et àles faire croître dans des solutions nutritives. La germination se trouve accélérée et ilest possible de suivre l’évolution des divers éléments. Le tube pollinique se ramifie et dans certains casle grain de pollen donne deux tubes polliniques. La cellule génératrice peut précé- der le noyau végétatif dans sa migration et elle 1. Sraur : Der Sin der Mykorrhizenbildung. Jahrb. f. wiss. Bot., t. XXXIV; 1900, 2. C. Cour : Imperfection of pollen and mutability in the genus Rosa. Bot, Gaz., t. LXII, 3 pl. ; 1917. 3. L. Sawyer: Pollen tube and spermatogenesis in Jris. Bot. Gaz.,t. LXIV, 18 fig.; 1917. À F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE ne forme les deux gamètes qu'après sa pénétra- tion dans le tube pollinique. Une fois formés, les noyaux des gamètes se débarrassent du proto- plasma de la cellule génératrice et se montrent libres dans le tube pollinique ; l’un d'eux parait plus grand que l’autre. Dans l’évolution de la cellule-mère du -embryonnaire de certaines Pipéracées, Hauser! constate que la division du noyau n’est pas sui- vie de la formation de cloisons cellulosiques. Il se forme ainsi ce que l’auteur appelle une syn- macrospore, pour marquer que chacun des noyaux représente une cellule. Le sac embryon- naire de Peperomia magnolifolia présente les anomalies suivantes : une seule synergide, une oosphère, six antipodes et huit noyaux polaires. Les études entreprises par Weniger? sur le développement du sac embryonnaire et de l’em- bryon de certaines Euphorbiacées n’apportent aucun faitnouveau ; il en est de même des recher- ches de Dupler ? sur les gamétophytes de Taxus canadensis; les résultats qu'il a obtenus sont conformes aux faits déjà bien établis pour le Taxus baccata. + Parthénogénèse. — Depuis la découverte de Braun, en 1856, le Chara crinita est considéré comme le type de la parthénogénèse générative, c’est-à-dire de la parthénegénèse due au déve- loppement de l’oosphère non fécondée et pour- vue d'un nombre réduit de chromosomes. Ernst arrive à des résultats différents. Il remarque d’abord que, tandis que les individus femelles de cette algue sont très répandus, on ne signale que quelques régions où l’on trouve à la fois des individus mâles et des individus femelles (Bu- dapest, Sicile). Il constate ensuite par l'examen des spores, que celles-ci sont de taille très va- riable. Les mensurations de 500 spores prove- nant de plantes d’origine suédoise ont donné . une courbe de variation à un seul sommet. Avec les spores de Chara, provenant de Budapest, on obtient au contraire une courbe de variation à deux sommets. Il était donc vraisemblable que, dans les localités où poussent des CAara mâles et des Chara femelles, il se forme deux sortes de spores, des parthénospores et des zygospores, distinctes par leur grosseur; c’est ce que con- firma l'expérience. Les matériaux issus d’une région à pieds femelles donnent en culture des oogones dont les oosphères se transforment en sac 1. R. Hauser : Untersuchungen an Makrogametophyten von Piperaceen. Beïh. Allg. Bot., 1; 1916. 2. W. Wenicer : Development of embryosac and embryo in Euphorbia Preslii and E. splendens. Bot. Gaz., 1. LXII, 3 pl. ; 1917. 3. A. W. Dupuer : The gametophyles of Taœus canadensis Marsh, Bot. Gaz., t. LXIII, 4 pl. : 1917. 4. A. Eunsr : Experimentelle Erzeugung erblicher Parthe- nogenesis. Zschr. Ind. Abstamm.-u. Vererb.-lehre, XVI, 1917. 249 spores capables de germer; chez les plantes issues d’une région à pieds:mäles et à pieds femelles, il n’en est pas ainsi, Une partie des plantes seulement forme des oosphères capables de germer sans fécondation; l’autre partie ébau- che bien ses oogones, mais ceux-ci périssent bientôt. Mais si, au moment où les premiers oogones se détruisent, on ajoute des pieds mâles ou de l’eau où ontété cultivées des plantes mâles, on voit les oogones qui n'avaient pas encore péri se développer et arriver à maturité. On peut donc isoler, dans le Chara crinita, trois sortes de plantes : des plantes mâles, des plantes femelles parthénogénétiques et des plantes femelles ca- pables de fécondation. Les parthénospores et les zygospores ne sont jamais réunies sur la même plante. La numération des nombres de chromosomes montre qu'il s’agit ici d'une par- thénogénèse somatique. Les pieds mâles et les pieds femelles capables d’être fécondés présen- tent dans les divisions des cellules végétatives 12 chromosomes; il en est de même dans les filaments à anthérozoïdes. Les divisions végéta- tives dans les individus parthénogénétiques montrent un nombre double de chromosomes, c'est-à-dire 24. Patrogénèse. — Collins et Kempton ! ont croisé deux Graminées, un Tripsacum dactyloides fe- melle et un Æuchlaena mexicana mâle; les hy- brides fertiles ainsi obtenus ont été reproduits entre eux pendant trois générations et tous les produits, sans exception, ont été des Euchlaena purs, sans qu’on püt y observer quelque carac- tère du parent femelle. La prédominance des ca- ractères mâles dans un hybride est un fait connu, auquel on donne le nom de patroclinie; mais il s’agit ici de la présence exclusive de ces carac- tères, pour laquelle les auteurs proposent le nom de patrogénèse, par opposition avec la par- thénogénèse. Le fait que les produits soumis à des conditions différentes ont montré de mülti-, ples variations et anomalies sans que jamais apparûüt la moindre trace des caractères du pa- rent femelle prouve qu'il ne s’agit pas ici d’une simple dominance des caractères mâles. La seule explication possible est que le noyau mâle s’est développé dans l'ovaire à l’exclusion du noyau femelle, réalisant ainsi le contraire de la parthé- nogénèse. VII. — Les Taazcopnyres La sexualité chez les Basidiomycètes. Mlle Bensaude ? apporte à la sexualité des Basi- 1. G. N. Coruins et J, H. KemPproN : Patrogenesis. Journ. of Heredity, t. VII, 1916. 2. M. Bexsauve : Recherches sur le cycle évolutif et la sexualité chez les Basidiomycètes. Thèses Fac. Sc. Partis, 1 156 p., 30 fig., 13 pl.; 1913. 14 1 F. PÉCHOUTRE. — REVUE DE BOTANIQUE diomycètes un nouvel argument fondé sur l’exis- ténce de l’hétérothallie chez certaines formes et notamment chez le Coprinus fimetarius. Le corps végétatif de ces champignons est formé de deux mycéliums différents par leur structure et leurs fonctions : un mycélium primaire à cellules uninucléées, sans anses anastomotiques, et un mycélium secondaire à cellules binucléées et pourvues à chaque cloison d’une anse préposée à la division conjuguée. Les deux noyaux, dans les cellules du mycélium secondaire, forment un dicaryon et leurs divisions simultanées, nom- mées divisions conjuguées, se font par biparti- tion parallèle des deux noyaux. Les cellules bi-- nucléées du Coprinus fimetarius naissent comme chez les Urédinées, à la suite de fusions entre des couples de cellules uninucléées. Or, les cel- lules binucléées ne se forment jamais à la suite de plasmogamie entre deux cellules d’un même thalle, mais seulement à la suite d’une fusion entre cellules primaires de thalles différents. Dans les cultures monospermes de Coprin, faites à partir d'une seule spore, le mycélium reste in- définiment primaire et stérile. Dans les cultures polyspermes, faites à partir de tout un lot de/ spores, au contraire, le mycélium devient tou- jours secondaire. Il y a donc ici une hétérothallie comparable à celle que Blakeslee a signalée chez les Mucorinées et les thalles (+) et (—) sont un peu différents. Dès que deux thalles de signe ‘contraire sont en présence, il se fait en un point de contact des deux mycéliums, ou en plusieurs points, entre une cellule (+) et une cellule (—), une plasmogamie déterminant la production d’un dicaryon d’où dérive le tronçon binucléé dont le terme final est la baside. Parasitisme du prothalle chez une Laminaire. — Les Algues épiphytes sont fréquentes sur les Algues calcaires, mais celles qui y pénètrent en parasites sont infiniment rares. C. Sauvageau! en a fait connaître un cas d'autant plus intéres- . sant qu'il s'applique au prothalle d’une Lami- 1naire. On sait, d’après les recherches de cet auteur exposées dans cette Revue?, que les Lami- naires présentent une alternance de générations comparable à celle des Equiselum et que les ‘zoospores engendrent les unes des prothalles mâles à anthéridies et les autres des prothalles femelles à oogones. Les oosphères fécondées produisent des plantules qui deviennent les La- minaires adultes, Or, le Phyllaria reniformis, l'unique espèce méditerranéenne, n'avait pas encore été étudié à ce point de vue; il apparaît à 1. C. SauvaGeau : Sur les plantules d’une Laminaire à prothalle parasite (Phyllaria reniformis Rostof). C. A. Ac. Se., 1. CLX VI], pp. 787-789; 1918. Banyuls vers la fin de l'hiver pour disparaitre en été. L’auteuren a trouvé, en avril, de nombreuses plantules très jeunes, certaines mesurant 200 y seulement; il n’en a vu aucune sur les rochers, toutes étaient sur une Corallinacée, le Litho- phyllum lichenoides, et en apparence épiphytes. En réalité, leur cellule basilaire, dont la forme est par ailleurs remarquable, continue une file de cellules profondes visibles seulement après décalcification, qui représente le prothalle de la Laminaire parasite dans l’épaisseur du Litho- phyllum, tandis que la cellule basilaïre de la plantule est un oogone fertile. L'auteur n’a vu, aucune trace deslanthéridies, maïs des cultures que les circonstances ne lui ont pas encore per- mis de réaliser les révéleraient peut-être. Comme les Lithophyllum ne s’accroissent pas en épais- seur et qu’on ne peut invoquer ici aucune cause d’inelusion, il faut admettre que le prothalle traverse l’Aloue calcaire à la manière d’un para- site et la dissout sur son passage jusqu'au moment où, venant au jour, il forme aussitôt un oogone-qui persistera comme cellule basi= laire de la plantule. L'auteur se propose de re- chercher si ce mode inaccoutumé d’existente dans une Algue cälcaire est devenu une adapta- tion nécessaire pour le P. reniformis, s'il en- traîne l’apogamie etcomment s'y fait la première pénétration. Alternance des générations chez les Algues brunes. — C. Sauvageau! vient de signaler un , nouveau type d’alternance des générations chez une Algue brune, le Dictyosiphon foeniculaceus, dont on connaît seulement les sporanges uni- loculaires, et chez lequel Areschouÿ avait cru ob- server une copulation de zoospores. Cette alter- nance offre un caractère tout différent de celle que cet observateur a déjà déctite chez les Lami- naires. Les zoospores fournissent un prothalle sur lequel apparaissent des organes plurilocu- laires dont les éléments motiles sont des gamètes isogames ; les zygotes, ou les gamètes parthéno- génétiques, donnent un protonéma sur lequel apparaissent les plantules de Dictyosiphon. phyte de l'individu total. La culture des Phéo- sporées réunies par Oltmanns sous le nom d’Ectochrpacées permettra sans doute de mieux apprécier qu’on n'a pu le faire jusqu’à présent les affinités des nombreuses familles de ce groupe complexe, F. Péchoutre, Professeur au Lycée Louis-le-Grand. 1. C. SauvacGrau : Sur un nouveau type d'alternance des générations chez les algues brunes (Dic{yosiphon foenicula- ?. Revue générale des Sciences, t. XXVII, pp. 688-692; 1916, |! ceus). C, R. Ac. Se., t. GLXIV, pp. 829-831; 1947. 1 - L'Algue connue sous ce nom n’est que le sporo= ,, { BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 251 | BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Œuvres de G. H. Halphen, publiées par les soins de C. Jorpaw, H. Poincaré, E. Prcarp, avec La collabora- tion de E. Vsssior. Tome 11, — 1 vol. gr. in-8° de 560 pages (Prix : 40 fr.). Gauthier-Villars et Cie,éditeurs, Paris, 1918. Le tome II des Œuvres d'Halphen ! embrasse les tra- yaux du grand géomètre parus de 1878 à 1882, à l'excep- tion de son mémoire magistral sur la réduction des équations linéaires aux formes intégrables, couronné en 1881 par l'Académie des Sciences, qu’en raison de son étendue les éditeurs ont jugé à propos de rejeter en tête du tome LIT. Le volume s'ouvre par le mémoire sur les éaractéris- tiques des systèmes de coniques et de surfaces du second ordre où Halphen élucide définitivément cette impor- tante question par une méthode non moins profonde qu'originale qu’il devait étendre encore à d'autres sujets, notamment à l'étude des singularités des courbes gau- ches et des surfaces développables ainsi qu’à celle des surfaces gauches, traitées dans deux mémoires qui figu- rent également dans le présent volume. A la même époque se rattachent les premières inves- tigations d'Halphen dans le domaine alors nouveau des formes projectives infinitésimales, divulguées dans sa thèse sur les invariants différentiels et dans son mé- moire capital sur les invariants différentiels des cour- bes gauches. Les mémorables découvertes condensées en ces pa- ges attestent l'incomparable maîtrise d’Halphen sur le terrain de la géométrie algébrique et des formes diffé- rentielles qui s’y rattachent. Le même volume contient encore ses piofoudes recher- ches sur les courbes planes du troisième degré. Pour apprécier l'importance des services rendus par Halphen à la géométrie des courbes et des surfaces algébriques, « il convient, dit Poincaré, de considérer dans leur ensemble tous ces travaux géométriques. Ils sont, en ellet, étroitement liés les uns aux autres, mal- gré l'apparence contraire, el ils ont été inspirés par une pensée unique, ainsi que le HoAprendre aisément tout lecteur un peu attentif. a Tous se rattachent à la « géométrie énumérative », à cette branche de la science dont l'intérêt est considé- rable, qui doit ses premiers progrès à Chasles..…. », à laquelle il appartenait à Halphen de rendre « la rigueur absolue sans laquelle les mathématiques ne sontrien ». Quant aux invariants différentiels, dont, suivant l’in- génieuse remarque de Poincaré, la théorie est à celle de la courbure ce que la géométrie, projective est à la géo- métrie élémentaire, à peine Halphen en avait-il abordé l'étude qu’il l'embrassait, peut-on dire, dans toute’ sa plénitude, la fondant sur des assises inébranlables et en faisant apparaître, de prime abord, et sous la forme la plus imprévue, toute la fécondité, Le même volume renferme encore les premiers essais d’Halphen relatifs aux fonctions elliptiques,qui devaient, un peu plus tard, devenir le centre même de ses recher- ches, et ses découvertes touchant la théorie des séries, notamment celle de la série d'Abel, d'où il a su, comme sur tous les sujets qu’il a abordés, faire saillir les résul- tats les plus cachés, parfois les plus déconcertants, comme celui qui concerne l'application de la série d'Abcl à une fraction rationnelle quelconque, cas où une telle 1. On trouverä dans le numéro de la Revue du 30 mars 1917, p- 186, l'analyse du tome J de cette publication, où sont rappelées les principales caractéristiques de l’œuvre d'Hal- phen. série converge toujours et ne représente jamais la frac- tion. « \ Au milieu de ces travaux de grande Haleine, on rencontre encore dans le volume une foule de courtes notes sur des sujets divers où s’aflirme la haute maîtrise du profond géomètre, particulièrement en. de difliciles questions de la théorie des nombres, Parmi ces hors- d'œuvre, qui sufliraient à asseoir la réputation d’un mathématicien non qualifié par les géniales découvertes d’un Halphen, qu'il nous soit permis de signaler la très ingénieusé démonstration d’une jolie remarque de M. Picard relative aux lignes asymptotiques des sur- faces gauches douées de deux génératrices rectilignes et l'élégante solution du problème de Joseph Bertrand concernant les lois de Képler. Maurice D'OCAGNE, Professeur à l'Ecole Polytechnique. Perrigo (Oscar E.), Zñgénieur-mécanicien. — Les Tours. ConNsTRUGTION, HBFAÏE, BMPLOE, EXEMPLES PRATI- QUES DE TRAVAUX, Zraduit sur la deuxième édition américaine par M. VARINOIS, Ingénieur des Arts et Manufactures. — 4 vol. gr. in-8° de XV1-419 p. avec 341 fig. (Prix : 30 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Parts, 1918. Varinois (Maurice), /ngénieur des Arts et Manufactu- res.— Le Fraisage. LA FRAISE. LES MACHINES A FRAI- SER. LES MACHINES A TAILLER LES ENGRENAGES. ExEM- PLES DE TRAVAUX DE FRAISAGE, — { vol. gr. in-8® de: 68% p. avec 586 fig. (Prix : 54 fr.). H. Dunod et E. Pi- nat, éditeurs, Paris, 1919. On sait que l’industrie américaine doit une bonne partie de son remarquable développement à la magni- fique série de machines infiniment perfectionnées qu’elle emploie dans ses divers domaines, et que la construc- tion de celles-ci n'a été elle-même possible que grâce à’ l’aide de nombreuses machines-outils /qui dérivent des premiers types de mécanismes les plus simples amenés d'Europe par les premiers colons des Etats-Unis. Parmi ceux-ci figurait au premier rang le tour à pied, qui, d'étape en étape, est devenu le tour moderne, avec les formes diverses qu'il à prises dans l’industrie, C’est cette évolution que M. Perrigo retrace au commence- ment de son ouvrage sur Les Tours, comme préface à l'exposé de l'état actuel de la disposition, de la con- struction et de l'emploi de ces machines-outils en Amé- rique. Les éléments essentiels d’un tour simple pour le tra- vail des métaux comprennent : des moyens convena- bles pour supporter et maintenir entre pointes la pièce à tourner (banc, poupée et contre-pointe); un mécanisme approprié pour faire tourner la pièce (cône d’entraine- ment, engrenages, etc.); un outil coupant convenable- ment montéel supporté par unappareil approprié com- mandé par un mécanisme spécial (chariot, porte-outils, outil, engrenages, etc.). M. Perrigo indique les prin- cipes de l'établissement des projets de chacune de ces parties du tour en vue de la construction des diverses catégories de tours, Un chapitre spécial est consacré aux outils de tours qui ont subi une véritable révolu- tion par l'introduction des atiers dits « rapides »; l'au- teur montre les vitesses de coupe et d'avancement con- sidérables qu'on peut réaliser par l'emploi de ces aciers et indique les méthodes de calcul de la puissance néces- saire. Le tour une fois construit doit être soumis à une vérification avant d’entrer en service; M. Perrigo est l’auteur d'une méthode qui permet d’établir si le tour remplit bien les conditions essentielles auxquelles il doit satisfaire, et il l’expose avec tous les dispositifs nécessaires. 252 L'auteur consacre ensuite deux importants chapitres aux principales opérations du travail au tour, parmi lesquelles nous relevons : le centrage et l'entrainement des pièces, le travailsur mandrin, le travail sur plateau, le tournage des cônes, le travail de profilage, de per- cage, d’alésage, de filetage, de fraisage, etc. Puis vient la description détaillée des principaux ty- pes de tours : tours à fileter, gros tours, tours à grande vitesse, tours pour travail en l'air, tours-revolver ordi- naires et spéciaux, tours à commande électrique, en fai- sant ressortir et commentant les particularités de leur disposition, de leur construction et de leur emploi. Enfin un dernier chapitre renferme des instructions pratiques sur l’emploi des tours : mise en place, mon- tage, commande, leviers de manœuvre, elc. IL faut savoir gré à M. Varinois d'avoir entrepris la traduction française de cet ouvrage, qui nous donne une idée complète des tours américains modernes el qui constitueune mine derenseignements précieuse pour les mécaniciens, constructeurs, ingénieurs, chefs d’ate- liers et même apprentis. Non moins utile à consulter par les mêmes catégo- ries de techniciens est le second ouvrage que M. Vari- nois vient de publier sur Le Fraisage. L'emploi de la fraise a pris une importance considé- rable pour l’usinage des pièces dans la construction mécanique. Les applications de la fraise s'étendent maintenant à tous les métaux : fonte, acier, bronze, laiton, aluminium, etc., ainsi qu'à divers produits artificiels non métalliques, dont la dureté se rapproche de ceux-ci. La différence fondamentale qui séparela fraise desou- tils de rabotage, de tour, à mortaiser, etc., consiste en ce que, tandis que ces derniers n’attaquent le métal qu'aumoyen d’un seul tranchant, la fraise les usine au moyen d'un grand nombre de tranchants, qui viennent couper le métal successivement, Ilen résulte que, tandis que les outils des autres machines se trouvent en prise constamment ou pendant de longues périodes suecessi- ves et s’échauffent rapidement, lafraise, ne coupant que pendantde courtes périodes,séparées par des intervalles équivalents ou même supérieurs, a une tendance moins marquée à l’échauffement, ce qui permet de la faire tra- vailler dans des conditions plus dures. D'autre part, avec la fraise, on peut attaquer simultanément une pièce sur toute sa largeur, et la surface de la pièce se trouve dressée par un seul déplacement de l'outil. Enfin, avec la fraise il est possible de fabriquer des outils dont le tranchant présente toujours le même profil, malgré des affütages répétés. Ces diverses qualités assurent à la fraise un emploi de plus en plus répandu, et justifient l'ampleur de l'ouvrage que M. Varinois lui a consacré. Cet ouvrage est avant tout un livre d’atelier, dans le- quel l’auteur s’est efforcé de réunir tous les renseigne- ments utiles d'ordre pratique dont l’ouvrier peut avoir besoin pour l'exécution du travail. Il contient, en outre, présentés sous la forme la plus claire et la plus com- préhensible possible, tous les genres de calculs néces- saires pour les opérations de fraisage, et de taillage des engrenages droits, hélicoïidaux, vis sans fin et crémail- lères. La première partie est consacrée à l'étude de la fraise proprement dite; dans la seconde, l’auteur passe en revue les différents typesde machines à fraiser, ainsi que leurs accessoires tels que les appareils diviseurs, les appareils à reproduire, ete, La troisième partie estcon- sacrée au taillage des engrenages aumoyen de la fraise, Le volume se termine par des exemples de travaux de fraisage et des renseignements pratiques divers concer- nant ‘l'emploi des fraises et machines à fraiser, Un nombre considérable de figures illustre cet important ouvrage. C. Maïrcanp. 2° Sciences physiques Righi (Aug.). — I Fenomeni elettro-atomici sotto l’azione del magnetismo. — 1 vol. in-8 de 135 p. avec BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 123 fig. et 8 pl. (Prix : 17,50 lire). N. Zanichelli, édi- teur, Bologne, 1918. Dans cet ouvrage, l’éminent physicien italien a en- trepris de donner un exposé d'ensemble des recherches expérimentales qu'il poursuit depuisun certain nombre d'années sur les phénomènes électriques qui se produi- sent dans le champ magnétique. La matière du volume est groupée en cinq grands cha- pitres, dont le premier constitue une espèce d’introduc- tion ayant pour but de mettre tout lecteur un peu cul- tivé au courant des idées aujourd’hui dominantes en Physique, plus spécialement dans la science de l’Elec- tricité, et de lui faciliter l'intelligence du reste de l'ouvrage. Depuis longtemps età desépoques diverses,des condi- tions nécessaires à la production de l’étincelle ou du courant électrique dans un gaz, exposé à l’action du magnétisme, ont fait l’objet de recherches expérimen- tales. L'auteur les expose dans le chapitre n, en ne se bornant pas à une description aride des faits, mais en cherchant à les expliquer, ce qui l’a amené à créer une nouvelle théorie, l'explication courante, basée sur les variations des trajectoires parcourues par les parti- cules électrisées, produites sous l’influence du champ, lui ayant paru insuflisante. La théorie de la magnéto- tonisation, proposée par M. Righi pour la remplacer et qu’il appuie sur de nombreuses expériences, consisle à admettre que le champ magnétique favorise l’ionisa- tion par le fait qu’il tend à donner aux molécules du gaz une orientation telle que la force électromagnétique agissant sur les électrons satellites des atomes est di- rigée vers l'extérieur, ce qui a pour effet de diminuer l'énergie nécessaire à l’ionisation. Le chapitre ur est consacré à l'étude des phénomènes lumineux qui se produisent en particulier autour de l’électrode négative pendant la décharge dans les gaz raréfiés lorsque les forces magnétiques entrent en jeu. Là aussi l’auteur a remplacé les hypothèses antérieures par sa théorie des rayons magnétiques, hypothèse de travail d’abord, qui lui a permis de réaliser un nombre croissant d'expériences nouvelles, et celles-ci ontysi bien confirmé ses prévisions que cette hypothèse lui parait être aujourd’hui l'expression même de la réa- lité. | Le chapitre 1v contient l'exposé de faits complètement nouveaux, auxquels l’auteur a été conduit incidemment par quelques expériences relatées au chapitre m1. Ce sont les phénomènes dits de rotation ionomagnétique, observés quand un champ magnétique agit sur un tube à décharge renfermant un moulinet à ailettes verticales, et dus à des modifications de forme des trajectoires des particules électrisées. Ce qui confère pour M. Righi une importance spéciale aux phénomènes de rotation iono-magnétique, c'est le fait qu’en transportant les propriétés inhérentes aux gaz ionisés, et révélées par l’étude de ceux-ci, au cas de la théorie électronique de la conduction métallique, il arrive À une théorie qui explique d’une façon nou- velle le mécanisme des forces électromagnétiques ten- dant à repousser les conducteurs parcourus par un courant. À cause de la forme incurvée que prennent, sous l’action d’un champ magnétique, les trajectoires des ions et des électrons, l’action résultante sur les pa- rois du récipient n’est pas nulle, mais se traduit par un couple dont l'axe est parallèle à la direction du champ. C’est pourquoi un tube d'étincelle est repoussé dans un champ magnétique, et précisément de la même façon qu'un conducteur parcouru par un cou- rant Les électrons libres dans un métal donnent naïis- - sance, d'une façon analogue, aux mouvements des con- ducteurs, attribués jusqu'à présent aux forces électro- magnétiques agissant à distance, L’exposé de ces conceptions nouvelles et des expériences sur lesquelles l’auteur les appuie forme l’objet du chapitre v. Par ce court aperçu, on se rend compte de l’impors lance des sujets traités par l’éminent professeur de BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Bologneet des nombreuses contributions qu’il a appor- tées à la solution des problèmes posées par l'étude des * phénomènes électriques qui se produisent dans les gaz raréfiés sous l’action du champ magnétique. AuV. Martinet (J.). — Synthèses dans la série de l’indol. Homologues du dioxindol etde l'isatine (7hèse de doctorat de la Faculté des Sciences de Paris). — 1 vol. in-8° de 115 p. Gauthier-Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1918. Les éthers mésoxaliques RCO?. CO. COR doivent, à la présence de deux carboxyles au voisinage de leur carbonyle fonctionnel, une aptitude réactionnelle qui a été spécialement mise en évidence par M. À, Guyot en France et M. R..S. Curtiss en Amérique. M. J. Martinet a étendu aux amines secondaires la réaction de ce corps avec les amines tertiaires étudiée par M. Guyot. Il a montré que cette réaction peut être décomposée dans les phases suivantes : 1° obtention d'éthers arylaminotartroniques ; 2° cyclisation de ces éthers en éthers indo-xanthiques; 3° transposition des éthers indo-xanthiques en éthers dioxindol-carboni- ques; 4° saponification en acides dioxindol-3-carboni- ques; 5° décarboxylation et obtention de dioxindol; 6° oxydation du dioxindol en milieu alcalin et transfor- mation en isatates alecalins; 9° obtention d'acides isati- ques; 8° lactamisation en isatine. La thèse de l’auteur est spécialement consacrée à la description de la préparation et des propriétés des éthers dioxindol-3-carboniques, des dioxindols, des isatines et des acides isatiques et isatates métalliques dont il a ob- tenu de nombreux échantillons. L. B. Fryer (P. J.) et Weston (F. E.). — Technical Handbook of Oils, Fats and Waxes (TRAITÉ TECH- NIQUE DES HUILES, GRAISSES ET CIRES). Vol. 11: Practi- cal and analytical. — 1 vol.in-8° de XV1-314 p. avec 69 fig. et 1 pl. en couleurs {Prix cart. : 15 sk.). Cam- bridge University Press, 133-135, Fetter Lane, Londres, 1918. Le premier volume de cet ouvrage ! était consacré aux notions générales sur les huiles, graisses et cires, leur constitution chimique et leur préparation; le second volume traite de leur examen analytique. Il est peu de sujets qui aient donné lieu à un aussi grand nombre de travaux. Grâce à une pratique industrielle déjà longue, les auteurs ont eu l’occasion d’essayer la plus grande partie des méthodes proposées pour l'essai ou l’analyse des huiles, graisses et cires, et ils ont éliminé de leur traité toutes celles qui ne leur ont pas paru donner des résultats dignes de confiance; d’autres ont été modifiées et quelques-unes, fruit de leurs recherches, sont origi- nales. Après quelques notions préliminaires surles principes du « succès en analyse chimique », les méthodes d’é- chantillonnage et les essais préparatoires, les auteurs abordent les méthodes pratiques de détermination ana- lytique « types », qui ont pour objet la mesure des va- leurs suivantes : densité, point de fusion et de solidifi- cation, indice de réfraction, viscosité, solubilité, pouvoir rotatoire, indice d’iode, indice de saponification, indice de Reiïchert-Meissl, indice d’acétyle, ete. Ils décrivent ensuite les essais relatifs à certaines huiles particuliè- res ou groupes d'huiles, Le chapitre suivant est consa- cré à la détermination des acides gras et des alcools dérivés des huiles. Puis vient l'application des résultats précédents à l'analyse des hydrocarbures et des cires, de la rosine et de la térébenthine. Le chapitre capital de l'ouvrage est celui qui concerne la diflicile question de l’interprétationdes résultats ana- lytiques obtenus avec les produits du commerce, Ici se 1. Voir la Revue gén. des Sc. du 15 octobre 1918, t. XXIX, p.592. , greffe, en effet,le problème dela variation naturelle des huiles etgraisses et des modifications introduites par les diverses opérations techniques. Les auteurs recomman- dent l'usage de diagrammes colorés, ainsi conçus: Pour chaque propriété (densité, etce.), les diverses valeurs dé- terminées pour les différentes huiles, graisseselcires sont réprésentées sous forme d’une échelle verticale, s'éten- dant des plus basses aux plus hautes valeurs connues. Les différentes classes d'huiles, etc. se distinguent par des couleurs différentes. La valeur moyenne pour chaque huile est indiquée par une ligne horizontale de sa cou- leur, tracée exactement en face de sa position sur l'é- chelle verticale, Les limites de variation de la valeur considérée sont représentées par un trait veëlical de la même couleur. Dans le même chapitre est également traitée la question de la détermination des adultérations, à l’aide de plusieurs exemples pratiques qui sont inter- prétés. Un dernier chapitre donne sous forme systématique le schéma des opérations analytiques nécessaires à l'identification d'une huile, graisse ou cire supposée pure. Enfin un certain nombre de tables résument desdon- nées utiles à l'analyse. L'ensemble de l’ouvrage de MM. Fryer et Weston con- stitue l’un des meilleurstraités pratiques sur la matière; il sera consulté avec fruit par les chimistes industriels. L. B. 3° Sciences naturelles Pézard (A.). — Le conditionnement physiologique des caractères sexuels secondaires. — 1 vol. in-8° de 176 pages avec 79 fig. et 1 pl. {Thèse de Doct. ès sciences). Extrait du Bulletin biologique de la France et de la Belgique, t. LI, Paris, 1918. Les caractères sexuels secondaires du mâle apparais- sent habituellement au moment de la puberté, On en avait conclu qu’ils étaient sous la dépendance d’une sé- crétion interne produite par la glande génitale, Une telle inférence est-elle légitime, et raisonner ainsi ne conduit-il pas au risque de prendre ce qui n’est peut-être qu'une coïncidence fortuite pour un rapport de cause à effet? L'action du testicule dans le déterminisme des ca- - ractères sexuels secondaires du mâle ne peut être aflir- mée en dehors d’un ensemble d'expériences comportant l'épreuve et la contre-épreuve. C’est en partant de cette idée que M. Pézard a entrepris, sous la direction du pro- fesseur Gley, à la Station physiologique du Collège de France, sur un matériel de choix (coqs et faisans où les caractères sexuels sont, comme on le sait, particulière- ment nets), une série de longues et patientes recher- ches qui ont abouti à l'important travail dont je vais ex- poser les principaux résultats. La première partie de l'ouvrage est consacrée à l’é- tude des conséquences de la castration chez les coqs. Quand la castration est prépubérale, la crête et les bar- billons ne se développent pas, et par la suite, les ani- maux opérés ne chantent point, ne manifestent aucun instinct sexuel; par contre, aucun ralentissement ne s’observe dans le développement normal ni des carac- tères mâles du plumage (camail, lancettes, faucilles), ni de l'ergot. Quand la castration est postpubérale, il s'ensuit immédiatement la régression de la crête et des barbillons, la disparition du chant et de linstinet sexuel; par contre, le plumage et les ergots ne subis- sent aucune modification. Voilà pour l'épreuve! Dans les expériences de contre-épreuve, l’auteur fait réapparaître, chez lescastrats, les caractères abolis, soit en transplantant dans le péritoine des fragments frais de parenchymetesticulaire, soit par des injections pé- riodiques d'extrait. La crête et les barbillons grandis- sent et deviennent rutilants; l’instinet sexuel reparaît; la cessation des injections est immédiatement suivie des régressions prévues, Ainsi se trouve rigoureusement démontré que le testicule ne tient sous sa dépendance * recherches sur le moineau domestique, | ments de Sertoli. - action empêchante. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX qu'une partie des caractères sexuels secondaires : le plu: mage et les ergots échappent à son action. Ces résultats sont d’ailleurs pleinement confirmés par les expérien- ces sur les faisans. Notons ‘qu'au cours de cette première partie, vient une intéressante contribution à la connaissance dusiège de la sécrétion interne testiculaire chez les Oiseaux. Différents auteurs, mais surtout Bouin et Ancel, ont dé- crit sous le nom de glandeinterstitielle du testicule des “amas de cellules intermédiaires aux canaux séminifères, orientées autour des vaisseaux sanguins, et que l’on voit constellées de produits de sécrétion(g raisses, pigments, cristalloïdes). La glande interstitielle élabore chez les Mammifères l’harmozone testiculaire. Une telle fonction ne peut être étendue à la glande interstitielle des Oi- seaux, etcela pour plusieurs raisons : 1° Chez le poulet et le faisan argenté jeune, le tissu interstiliel est abon- dant; il disparaît chez l’adulte, au moment où son ac- tion paraitrait devoir être d’une nécessité continue. 2° Chez le faisan doré, le tissu interstitiel est abondant en hiver, c’est-à-dire en période de repos sexuel; en été, au contraire, on n’en trouve que quelques traces dans les carrefours intertubulaires, Il y a donc ici discordance entre le développement de cette glande et l'effet qu’elle devrait avoir. La sécrétion interne lesticulaire doit être localisée chez les Oiseaux dans les cellules reproduc- trices ou, comme l'avait pensé G. Loisel à la suite de ses dans les élé- : Dans la deuxième partie de sa thèse, M. Pézard aborde le conditionnement du plumage et des ergots, question qui n'avait point été tranchée au cours dé la première partie. Partant des nombreux faits de virilisme (trans- formation masculinéeapparente de certaines femelles), il a été amené à pratiquer l’ovariotomie de la poule. Cette opération entraîne l'apparition immédiate des ergots, et, dans la suite, l'apparition des caractères propres au plumage mâle.'— L'auteur conclut que les phanères si particuliers des Gallinacés mâles ne doiventpas être con- sidérés comme des caractères sexuels secondaires mas- culins; c’est, au contraire, leur absence chez la femelle que l’on deit tenir pour un caractère sexuel secondaire féminin. L’ovaire exercerait, en la circonstance, une De ces conclusions ressortent les conditions de l’inversion sexuelle secondaire d’un sujet : il faut d’abord lui enlever par castration les caractères de son sexe, et transplanter ensuite dans ses tissus des fragments de la glande génitale du sexe opposé. Enlin, une question de très haute importance exami- née par l’auteur est celle des relations qui existent entre le foie et les glandes génitales. L'ablation du testicule, qui diminue le glycogène musculaire (Maignon), n'a au- cune influence sur le glycogène hépatique. Il est établi’ d'autre part (Deflandre), quele foie se charge de graisse au moment de la reproduction, M. Pézard admet que le mâle et le castrat possèdent, au même degré, la pro- priété d’accumulerdes graisses dans leur tissu conjonc- tif. Chez le mâle, la graisse est mobilisée au momentde la reproduction et se rend dans le foie où elle subit une élaboration qui la rend apte à être utilisée par la glande reproductrice ; chezle castrat, cette mobilisation n’a pas lieu, enraison de l’absence des glandes génitales, et l’a- diposité générale s'ensuit, On comprend alors pourquoi le foie est, comme l’a établi l'auteur, moins volumineux chez le castrat, où il n'a plus à emmagasiner les grais- ses, que chez l’entier. Et c’est ainsi que M. Pézard posele principe d’une interrelation génito-adipo-hépatique, A l'appui de cette manière de voir, je puis citer une obser- vation personnelle contemporaine des reclierches de l’auteur (voir R. ANrnony : Recherches sur le dévelop- pement de Ja circulation chez l'Epinoche. Archives de Zoologie expérimentale et générale, juin 1918, page 3, note 2) : j'ai constaté que, sur des Epinoches, des kys- tes de 77 iænophor us pouvaient, par leur développement, arriver à détruire le foie en très grande partie; dans ces cas, les produits génitaux femelles ne mürissent pas. Qu'on remarque qu'ici c’est le processus inverse de ce- lui établi par M. Pézard. Ce ne serait point la castration qui déterminerait le déficit hépatique, mais le déficit hé- patique qui provoquéerait la castration. Les expériences de Pézard sont l'épreuve; mon observation peut deve- nir le point de départ de contre-épreuves susceplibles de transformer une hypothèse probable en un fait. scientifique établi. Je ne louerai dans cet ouvrage ni le mode de présen- tation qui en fait un modèle parfait de thèse dans le sens grammatical du mot, ni les grandes qualités dont l'auteur fait preuve tant dans le choix dé ses observa- tions que dans la conduite de ses expériences. M. Pé- zard n'est pas seulement un excellent ouvrier de la science; il à le mérite plus rare de s’en montrér un ar- chitecte de talent. Ce qui m'a surtout frappé dans la lecture de ce travail, c’est l'esprit de logique qui-a présidé à son élaboration. Avec,.un rare sens critique, l’auteur dissocie les problèmes, les passe au crible d’une analyse qui ne laisse rien échapper, et dont les pro- cédés sont partout visibles; ses graphiques par exem- ple montrent, dans chaque cas, le moment précis où agit la cause précise. Si tous les coins de la Biologie étgient ainsi parcourus, combien de termes prétentieux et insignifiants disparaîtraient peu à peu du vocabulaire scientifique qu'ils encombrent; on verrait alors claire- ment'que les mots anhydr robiose, allotrophie et tous ceux du même genre, loin de contenir la SANTE explication, comme paraissent trop souvent le croire ceux qui aiment à les employer, ne désignent en fait que des questions qui restent, comme devant, ouvertes à l’ana- lyse. R. ANTHONY. 4° Sciences diverses Clerget (Pierre), Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon.— Manuel d'Economie commer- ciale (LA TECHNIQUE DE L'EXPORTATION). 2e édition refondus. — 1 vol. in-18 de 374 p. avec 18 graphiques. (Prix : 6 fr.). Librairie Armand Colin, Paris, 1919. La ARevue alonguement-présenté à ses lecteurs la pre- mière édilion de cet ouvrage!, qui constilue une éxpo- sition raisonnée, animée de l'esprit scientifique, des principes et des méthodes de l’économie commerciale, Entreprises commerciales et industrielles, organisation de la maison de commerce, documentation, publicité, vente, prix, règlements, crédit, banques, transports, douanes, octrois, tels sont les principaux sujets que M. Clerget y traitait avec la compétence PAGES qu'il possède, Aujourd’hui, c'est une seconde édition, entièrement refondue, qu ‘il nous présente, où il a mis à profit tant les expériences de son enseignement à l'Ecole supé- rieure de Commerce de Lyon que les enquêtes nouvel- les auxquelles ils’est livré. Les graphiques ont été mis au courant des dernières statistiques parues: quelques- L uns sont nouveaux, S'inspirant des événements actuels, l’auteur insiste fortement sur les réformes qui s'impo- sent dans tous les domaines de notre activité commer- ciale et sur les méthodes d’ « offensive économique » qui doivent permettre à la France de reprendre dans le domaine commercial la place à laquelle elle a droit, Ce livre sera donc lu avec fruit non seulement par les élèves de l'Enseignement commercial et technique aux- quels il est plus spécialement destiné, mais par tous les hommes d’affaires, 1. Rev, gén, des Sc. du 15 juillet 1910, t, XII, p. 656, à r= ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 2 ot &t ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ‘ DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE Seance' du 24 Mars 1919 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Rateau : Quan- tité de mouvement totale et vitesse moyenne dujetde gaz sortant d'un réservoir qui se vide par une tuyère. L'au- teur a montré antérieurement comment on peut calcu- ler, en tenant compte du covolume, les états successifs d'un gaz à haute pression à l’intérieur d’un récipient qui se vide par une tuyère dans une enceinte indéfinie. Il calcule maintenant la quantité de mouvement totale et la vitesse osehe du jet gazeux depuis le début de l'écoulement jusqu'à la fin. Ce problème se présente dans quelques questions de la technique, en particulier - dans celle du recul des canons, Sur la synthèse statique des constructions. La synthèse sta- tique a pour objet d'assurer à une construction son meilleur rendement en disposant, non seulement de ses dimensions résistantes, mais aussimoyennantl’introduc- tion de dispositifsspéciaux,temporaires ou permanents, de tout ou partie des paramètres vectoriels de la résul- tante des forces intérieures agissant sur une ou DÉRAQUES sections de l'ouvrage, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. H. Hildebrandsson : Réflexions préliminaires sur les mouvements généraux de l'atmosphère. L'auteur déduit des observations faites depuis 50 ans,.sans aucune théorie préconçue, les résul- tats suivants : 1° Autour de l'équateur thermique, il y a un grand courant E-W. Ilest faible en général à la surface terrestre, mais très constant et très fort dans les couches supérieures de l'atmosphère (courant équa- torial}. »" Dans les zones tempérées, il règne des cou- rants W-E. 30 Dans les régions supérieures, ces courants sont déviés à droite dans l'hémisphère boréal et à gau- che dans l'hémisphère austral. Ces courants supérieurs alimentent les hautes pressions des tropiques. 4° De ces maxima soufllent dans les couches inférieures les alizés du NE etdu SE vers l’équateur;et d'autre part les vents du SW-W dans l'hémisphère boréal et du NW-W dans l'hémisphère austral vers les zones tempérées. 5° Les moussons n’appartiennent pas aux mouvements géné- raux de l'atmosphère; ce sont des perturbations gran- dioses ne dépassant pas 4.500 m. 6° Dans les régions polaires, il semble que les vents d'Essont fréquents à la surface, les vents de N W-SW dansles régions supérieures. 7° Plus la hauteur est grande, plus les vents d’'W sont constants dans les zones tempérées, 80\Un courant supé- rieur direct de l'équateur vers les pôles n'existe pas, ni un courant inférieur en sens inverse des pôles à l’équa- teur, 9° Cependant, il y a un échange lent de l'air le long des méridiens, eausé par les tourbillons eycloni- ques et anticycloniques qui se succèdent sans arrêt dans les zones tempérées. En se basant sur ces résultats, l’au- teur en déduit un mécanisme général des mouvements de l'atmosphère. — MM. G. Reboul et L. Dunoyer : Sur les actions mutuelles des basses pressions et des hautes pressions. Les auteurs ont trouvé la règle sui- vante : Lorsqu'il y a, dans le voisinage d’une haute pression, une zone de vents dont les directions, sensi- blement parallèles, vont vers l’intérieur de la haute pression, celle-ci est appelée sur la région que couvre la zone de vents. Le coeflicient de certitude moyen de la règle est 0,68; il est plus élevé en été qu’en hiver. — M. A. Baldit : Sur les .orages de froid et leurs trajec- toires. Les orages de froid, qui se distinguent des ora- ges de chaleur et des orages de dépression, sont dus à l’arrivée d’une vague de froid, constituée par un domaine de basses températures s'avançant sur un front étendu, grossièrement rectiligne, ou d'un noyau de froid, formé par un domaine limité où la baisse de température est nettement plus grande que dans les régions qui l’en- PARIS tourent. Les vagues de froid procèdent généralement du N. vers le S, entraînant la zone orageuse qu'elles pro- duisent; mais, dans cette zone, les orages se déplacent du S vers le N, en sens inverse de la vague de froid, — MM. R. Ledoux-Lebard et A. Dauvilli er : Sur la structure spectr ale des rayons J, Les auteurs ont essayé de mettre en évidence dans le spectre de rayons X du bore les rayons J récemment signalés par Barkla et White dans lespectre de C,O et Al. Mais ils n’ont obtenu, aucune indice de ces rayons, soit que, s'ils sont émis avec une intensité appréciable, ils constituent une raie: unique qui coïncide avec la discontinuité K de l'argent de la plaque, soit qué, plus probablement, l'émissi- vité J du bore soit excessivement faible et hors'de proportion avec l’émissivité K. — M. H. Copaux : Traitement dû béryl pour en extraire la glucine. La méthode de l’auteur consiste essentiellement à désa- gréger le béryl par le fluosiliéate de sodium à 850o° environ, La silice reste inattaquée; la glucine donne de la silice et du fluorure de glucinium qui se fixe sur le fluorure de sodium à l’état de fluoglucinate de sodium GIFiNa?, sel soluble dans l’eau. L'alumine, par une réaction analogue, se transforme en fluoaluminate de sodium, AIFGNa?, mais à peine soluble dans l’eau. Il suflit donc de traiter par l'eau bouillante pour rassem- bler toute la glucine en solution. — M, L. Benoist : Dosage de l'ozone. Si, dans un flacon d'oxygène faible- ment ozonisé, on introduit quelques em? d’une solution très diluée de fluorescéine, on constate, après quelques secondes d’agitation, la disparition intégrale de la fluo- rescence, avec décoloration complète du réactif. Cette réaction est très sensible et se prête au dosage de petites quantités d'ozone, la réaction ayant lieu entre 2 molé- eules d’ézone et 1 de fluorescéine. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. L. Dantan: La structure de la mésoglée et l’origine des cellules sexuel- les du Parantipathes larix. La question du feuillet moyen chez les Coelentérés, Chez le Parantipathes larix, la lamelle de soutien non seulement n’est pas anhyste, comme l’a prétendu Brook, mais encore n’est pas formée par l’un des deux feuillets primordiaux : elle provient de l'activité propre des cellules qu’elle renferme: ou dé celles qui l’a tapissent, De plus, dans cette espèce, et vraisemblablement dans tout le groupe, il existe, entre lectoderme :et l'endoderme, un tissu conjonetif typique, qui forme un véritable feuillet moyen (mésenchyme) au sens large du mot. L'auteur admet, chez tous les Coelen- térés, l’existence d’un feuillet moyen qui donne nais- sance aux produits génitaux. — M. F. d'Hérelle : Du role du microbe filtrant bactériophage dans la fièvre typhoide. Dans 28 cas de fièvre typhoïde étudiés par l'auteur, et sans exception, l'amélioration définitive a toujours coïncidé avec l'apparition, dans les fèces, d’un pouvoir bactéricide extrêmement énergique pour le ba- cille pathogène. Ce pouvoir bactéricide, cultivable en série en dehors de l'organisme, ne peut être attribué, en l'état actuel de nos connaissances, qu’à un microorga- nisme antagoniste.- Séance du 31 Mars 1919 M. Eug. Cosserat est élu membre non résidant, en remplacement de M. Bazin, décédé. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M, G. Guilbert : Sur quel- ques exemples de « compression de cyclone ».L'auteur déduit de ses observations : 19 qu'il y a une relation directe entre les variations de pression et les vents courants de surface, à l'exclusion des vents de monta- gne ou supérieurs; 2° que la destruction et l’aggrava- tion des cyclones sont, pour ainsi-dire, causées par la convergence ou la divergence des vents de surface; 3° que, sous toutes les latitudes, l’évolution des cyclones Ê ‘ M7... est liée à des causes mécaniques, sans qu’il soit au- cunement nécessaire de faire intervenir des Liens thermiques, hygrométriques ou extra-terrestres : lu- naire, solaire ou planétaire. — MM. Ch. Chéteycan et R. Audubert : Sur l'absorption par les milieux troubles. Dispersion par diffusion intérieure, L'étude de la variation de l’exposant n de la longueur d'onde, dans la formule obténue en transformant celle de Lord Rayleigh pour des milieux à grosses particules (1 : à 12 4), montre que cet exposant dépend à la fois de la grosseur et du nombre des particules, Il peut, en outre, prendre des valeurs indifféremment positives ou néga- tives suivant que le bleu est plus ou moins dispersé que le rouge. — M. P. Vaillant : Sur la production d'un courant continu par application d'une {.é. m. alterna- tive à un voltamètre à électrodes de platine. Une cuve à électrodes de même nature, mais d’inégales dimensions, fonctionne toujours plus ou moins comme redresseur, même avec des courants très faibles. Avec un volta- mètre à électrodes de platine, la polarisation, d'abord négative et sensiblement égale pour les deux électrodes, diminue lorsque la f, é. m. alternative appliquée aug- mente, devient positive et va en croissant de plus en plus. Mais elle varie plus vite pour la petite électrode que pour la grande, en sorte que la première devient positive par rapport à la seconde, la différence e; —e, des polarisations devenant de plus en plus grande, — M. Alb. Colsoôn : l'héorie de la solubilité. L'auteur a établi une nouvelle formule rationnelle de la solubilité ; 425 L — dc T(V+:)i ar où le travail de transformation à To, mesuré par a chaleur de saturation L, est relié non seulement à la contractione du système final comme dans tout changement d'état, mais encore au volume- V de solvant que sature la molécule dissoute, L'im- portance de cette nouvelle variable V est considérable, car cette quantité, toujours positive et supérieure à la contraction €, caractérise la solubilité d’un corps dé- fini, tandis que la concentration ou poids de sel an- hydre peut correspondre à divers degrés d’hydra- tation. — MM. -P. Sabatier et G. Gaudion : Déshydrogénation catalytique par le nickel en présence d'hydrogène. Si l'on dirige sur une colonne de nickel à 350°-360° des vapeurs de pinène entrainées par de l’'H, on recueille un mélange d'hydrocarbures benzéniques (cumène et surtout cymène) et d’un hydrocarbure sa- turé (menthane). Il y a donc eu simultanément hydro- génation et déshydrogénation; mais la présence d’'H est indispensable pour que la réaction s’effectue, La même réaction simultanée a été appliquée à d'autres compo- sés: limonène, camphène, cyclohexanol, pulégone, ete. La réaction de déshydrogénation sur Ni en présence d'H : paraît devoir être avantageuse pour la production de benzols à partir de l'essence de térébenthine, — M. ]J. Martinet : Sur la mobilité des atomes d'hydrogène dans les molécules organiques. Action de la phénylhy- drazine sur les dioxindols. Bien que le groupe carbo- nyle des dioxindols ait un caractère lactamique et non cétonique, ces corps ont une structure moléculaire qui rappelle celle des alcools z-cétoniques, Or on sait que la phénylhydrazine agit sur cette classede composés pour donner des diphénylhydrazones ou osazones, Il doit en être de même avec les dioxindols, et l'expérience a con- firmé cette manière de voir. L’auteur a préparé, entre autres, l’isatine-phénylhydrazone,F, 211, la 5-méthyl- isatine-phénylhydrazone, F, 2680, la 5 : 7-diméthylisa- tine-phénylhydrazone, F. 2722, — MM. Em. Bourque- lot et M. Bridel : Application de la méthode biochimique à l'étude de plusieurs espèc es d'Orchidées indigènes. Dé- couverte d'un glucoside nouveau, la loroelossine: Par l’action successive de l’invertine et de l’émulsine sur l'extrait aqueux de Zoroglossum hircinum; les auteurs ont décelé la présence dans cette plante : de sucre de canne, d’un principe dextrogyre inattaquable par les ferments, d'un glucoside lévogyre, F. 137°, hydrolysa- ble par l’'émulsine et par l'acide sulfurique étendu chaud. — M, À. Jauffret : La détermination des bois de deux ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES > Dalbergia de Madagascar d’après les caractères de leurs matières colorantes. La poudre de bois de Dalber- gta Perrieri (ou manipika), après 24 h. de séjour dans J’alcool à 95°, donne une solution qui, filtrée, est rouge, mais devient: orangée par l'acide sulfurique, brun orangé foncé par NaOH et NH, rouge orangé par le perchlorure de fer. Dans les mêmes conditions, la solu- tion de D, ikopensis (manary) est orangée après filtra- tion, mais ne change pas de teinte par l'acide sulfu- rique, tandis qu’elle devient orangé brun par NaOH, NH°etle perchlorure de fer. Ces réactions et d’autres sonttrès constantes et peuvent servir à différencier les deux bois, 2° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Lacroix: Les laves leucitiques de Trébizonde et leurs transforma- tions, Les roches de Trébizonde peuvent être divisées en deux groupes: l’un caractérisé par la présence d’un feldspathoïde de la famille sodalite-haüyne, l’autre par la leucite. Les roches leucitiques (leucittéphrites, leu- citites) présentent presque sans exception une prédo- minance de la soude sur la potasse, indice d’une épi- génie de la leucite par l’analcime due à l’action des circulations d'eaux superficielles. Cette métasomatose . est sans doute l’une des causes de l’extrême rareté des roches à leucite reconnaissables dans les formations pa- léozoïiques, — MM. Ch. Barrois et P, Pruvost : Les divisions stratigraphiques du Terrain houiller du Nord de la France. Les auteurs, en mettant en œuvre tous les débris organiques, tant de la flore que des faunes terrestre, aérienne, limnique ou marine, ont délimité, dans le Terrain houiller du Nord de la France, un cer- tain nombre de faisceaux, quise retrouvent constants à peu près dans tout le bassin, Ils se groupent comme suit : Assise de Bruay, à Anthracomya Phillipsi Will. : a) faisceau d'Edouard (350 m.), b) faisceau de Dusouich (200 m.), c) faisceau d'Ernestine (up m.); Assise d'An- zin, à Vaiadites carinata Sow.: a) faisceau de Six- Sillons (250 m.), b) ) faisceau de Cuvinot (300m.),c) faisceau Meunière (200 m.); Assise de Vicoigne, à Æstheria striata Münst. : 4) faisceau deModeste{250 m.), b)faisceau d’'Olympe (150 m.),c) grès de Fline; Assise de Flines: a) faisceau de Flines (200 m.), b) ampélites de Bruille (go m.). — M. H. Douvillé : Les Nummulites : évolu- tion et classification. L'auteur reconstitue, d’après les découvertes les plus récentes, les grandes lignes de lé- volution des Nummulites. Celle-ci semble avoir dépendu de deux facteurs : tout d’abord des conditions ambian- Les plus ou moins favorables, puis de l'énergie ou de la vigueur des individus, permettant à certains ; d’entre eux seulement de profiter de ces conditions; ainsi se pro- duit l’évolution ascendante, qui peut s s'arrêter brusque- ment lorsque la croissance a été trop rapide ou exa- gérée, et dans ce cas le rameau meurt aussitôt après avoir atteint son maximum. Mais il peut arriver que la sève s'épuise'; alors le rameau décline, puis dépérit peu à peu avant de s’éteindre tout à fait. Quant à la naissance des rameaux, elle semble bien résulter d’une adaptation aux conditions de vie ; ils apparaissent à l'origine comme des races, épaisses, minces, ou naines : celles-ci persistent plus ou moins longtemps, puis évo- luent à leur tour, — M. L. Daniel : A#echerches sur de développement comparé de la laitue aw soleil et à l'om- bre. Contrairement à cequi se passe pour la campanule, la lumière atténuée transforme les feuilles orbiculaires de la rosette en feuilles allongées; en même temps, elle nuit à la formation de la pomme d'autant plus que la lumière est plus réduite. Mais, dans les limi- tes de l’optimum d’éclairement, la lumière ne permet d'obtenir le maximum de développement qu'à la con- dition d'assurer l'harmonie complète des autres facteurs, en particulier du régime de l’eau : de là, les bons effets de l’arrosage capillaire continu. —M.H. Colin : ltilisation du glucose et du lévulose par les plantes supérieures. {L'auteur a constalé que, dans les tiges et feuilles” étiolées de betterave, de topinam- bour et de chicorée, le glucose est en excès sur le lévulose. Cette observation confirmerait l'hypothèse ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES de Brown etMorris d'après laquelle le glucose serait brûlé dans la cellulenormale de préférence au lévulose. — MM. Ch. Richet et H. Cardot: Mutations brus- ques dans la formation d'une nouvelle race microbienne. Les auteurs ont étudié jour par jour, pendant plus de 4 mois, la modification qu’exerce un milieu arsenical sur la fonction essentielle (formation d'acide lactique) d’un micro-organisme (ferment lactique). Ils ont con- staté sur ce bacille des mutations brusques, liées direc- tement aux.modificationddu milieu extérieur, et carac- térisées par l’accoutumance forte et stable au milieu toxique. Ces mutations brusques, même dans le milieu modificateur, sont suivies d’un retour presque complet, mais non complet, à l'ancienne forme. Après chaque mutation persiste un résidu de mutation, notable etsta- ble. Il s’agit bien là d’une race nouvelle, malgré l’iden- tité des caractères morphologiques, par ce fait qu'elle pousse très bien dans un milieu très toxique pour toute autre race, même après 9 passages sur milieu normal. — M. G.-A. Boulenger : Un cas intéres- sant de dimorphisme sexuel chez un Serpent afri- cain (Bothrolycus ater Gunther), Ruthven a montré qu'en général il y a tendance à la réduction du nom- bre des séries longitudinales d’écailles du corps des Ophidiens chez les mâles, et l’auteur a confirmé le fait pour la Vipère du Nord. Il vient de reconnaitre qu’un serpent assez rare, le Bothrolyeus ater du Cameroun, présente constamment 17 séries d’écailles chez les mâles et 19 chez les femelles. Cest un exemple unique jus- qu'ici de caractère sexuel secondaire fixé chez cétte espèce. — M. E. Esclangon : Sur les sensations phy- siologiques de délonation. Pour l’auteur, une courte mais très brusque variation de pression, survenant dans une atmosphère initialement en repos, ne peut provoquer dans l'oreille de phénomènes de résonance interne, puisque la perturbation peut ne comporter ni périodes, ni durée bien définie. Mais si la variation manométrique est suflisamment rapide, l'organe tout entier se trouve ébranlé, comme les touches d’un piano qui seraient frappées simultanément. La sensa- tion perçue sera précisément celle d’une détonation, d'autant plus vive que la percussion aura été plus puis- sante et plus brusque, On conçoit que, dans ces condi- tions, aucune hauteur musicale ne puisse être associe à l'impression reçue, — MM. Ad. Bayet et Aug. Slosse: L'intoxication arsenicale dans les industries de la houille et de ses dérivés (intoxication houillère arseni- cale). Les auteurs ont reconnu que les symptômes car- dinaux de la maladie qui frappe les ouvriers des fa- briques de brai : hyperpigmentations, hyperkératoses, cancer cutané à localisation génitale, fréquemment multiple, d'apparition précoce, se retrouvent avecleurs caractères essentiels dans l’arsenicisme chronique. Cette constatation est confirmée par la démonstration de la présence d’arsenic dans le brai et, d'une façon géné- rale, dans tous les dérivés de la houille : goudron et ses sous-produits, asphalte, noir de fumée. Il y a donc une intoxication afsenicale professionnelle très répandue, frappant un très-grand nombre d'ouvriers et ayant la houille comme point de départ, L ACADEMIE DE MÉDECINE Séance du 18 Mars 1919 M. G. Thibierge présente un Rapport sur un mé- moire du Dr R. Le Clerc relatif à l'alcoolisme et l'alié- nation mentale chez la femme dans le département de la Manche. L'auteur a eu la patience de relever les diagnostics des femmes entrées dans les asiles d'aliénés du département de la Manehe de 1886 à 1915. De 1886 à 1895, sur 210 entrées, on comptait 13 cas d’aliénation mentale dérivant de l'alcoolisme, soit 6,191/5; de 1896 à 1905, sur 255 entrées, 235 sont imputables à l'alcoolisme, soit 9,80/;; de 1906 à 196, sur 322 entrées, 82 sont dues à l'alcoolisme, soit la proportion considérable de 23,29 /, près de quatre fois celle de 1885 à 1895. C’est une nouvelle eteffrayante . contribution à l'étude des méfaits de l’alcool en Nor- mandie. — M. Ch. Achard : La grippe des nourrissons. La grippe chez les nourrissons est loin d'être exception- nelle, comme on l’a cru; l’auteur en a observé 32 cas dans une petite crèche d'hôpital. Elle se présente sous des formes diverses et avec une gravilé variable. Le nourrisson ne jouit donc pas à son égard d’une immu- nité réelle; il parait seulement moins exposé aux con- tagions du dehors, la transmission se faisant pour lui surtout par sa mère. — M. Belin : /railement des lym- Phangites contagieuses du cheval par la pyothérapie. L'auteur montre que les lymphangites contagieuses du cheval, dont on connait la très inquiétante extension au cours de la guerre, ont trouvé dans la pyothérapie (injection sous-cutanée du pus des abcès stérilisé par l'éther) une méthode de traitement qui s'applique à toutes les formes de l'affection, permettant de lutter contre les lésions les plus petites et les plus dissimu- lées; partant, elle est nettement supérieure à tous les procédés employés jusqu’à présent, sanscependant être . incompatible avec aucun d’eux. Séance du 25 Mars 1919 M. le Président annonce le décès de M. L. Hallopeau, membre de l’Académie. — M. A. Calmette est élu membre titulaire dans la Section d'Hygiène publique, Médecine légale et Police médicale, M. H. Hartmann présente un Rapport sur un mé- moire du D' Aug. Lumière, intitulé : Considérations sur le problème du cancer. Plan d'expériences. L’au- teur, tout en tenant compte des diverses modifications de tissus étudiées par Ménétrier sous le nom d'état pré- cancéreux, ne voit dans ces différents états que la for- mation d’un terrain permettant le développement d’a- gents virulents. Il se rapproche des idées soutenues par Borrel. Comme ce dernier, il admet que la pénétration du parasite dans les cellules normales de l’économie leur confère des propriétés nouvelles, celles de la cellule cancéreuse. Allant encore plus loin, il arrive à la conclu- sion que le parasite doit être un Protozoaire. Cette théorie, très séduisante, ne repose encore que sur des hypothèses; des recherches nouvelles sont nécessaires. L'auteur suggère 37 séries d'expériences à faire pour élucider le problème. — L'Académie entreprend la dis- eussion du rapport de M. Bezançon concernant la décla- ration obligatoire de la tuberculose. M. H. Vincent se montre partisan de cette mesure qui constitue à ses yeuxl'instrument fondamental de la lutte contre la tuber- culose, lutte d'autant plus nécessaire que la France est aujourd’hui à la tête des pays frappés par le mal. En 1912, la mortalité par tuberculose pour 100.000 habi- tants était : en France, 211; en Angleterre, 137; en Italie, 149; en Suisse, 205; en Espagne, 149; aux Pays- Bas, 142. Le chiffre total des décès par tuberculose, en 1913, a été en France de 84.443, chiffre auquel il faut ajouter la plupart des décès par bronchite chronique (15.277), pleurésie chronique, etc. Aujourd’hui la décla- ration obligatoire de la tuberculose existe en Suisse, Norvège, Danemark, Angleterre, Italie, Ecosse, Saxe, Allemagne, au Brésil et aux Etats-Unis; le corps médi- cal, qui y avait fait partout, au début, la plus violente opposition, s’y est aujourd'hui complètement rallié. L'exemple de ces mêmes pays montre également que la déclaration obligatoire n'a pas eu pour effet de rendre plus pénible le sort des malades, ni d'en faire des pros- crits de la société. M. P. Reynier est d’un avis absolu- ment opposé; il ne croit ni à l'utilité, ni à l’eflicacité de la déclaration obligatoire; tout au plus accepterait-il la déclaration facultative avec assentiment du malade. Pour lui, seules les mesures prophylactiques peuvent avoir des résultats rapides, el on peut les prendre sans avoir recours à la déclaration. Ces mesures consistent dans la lutte contre l’alcoolisme et les débits de boissons: dans l'enseignement de l'hygiène dans les écoles; dans la lutte contre les logements insalubres ; dans la création de cités ouvrières hors des grands centres: dans le dé- yeloppement de l'œuvre de Grancher permettant de faire ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES vivre à la campagne des enfants menacés de tubereu- lose; dans la désinfection obligatoire par le propriétaire . de tout logis loué à un nouveau locataire; dans la fon- dation par l'Etat d'assurances sociales contre les mala- dies. — MM. A. Loir et H. Legangneux : Le cancer au Havre. La statistique du Bureau d'Hygiène du Havre et l'examen des casiers sanitaires des maisons ‘prouvent qu'il existe des groupes d'immeubles paraissant être le centre de foyers cancéreux. Un certain nombre de ces quartiers à cancers présentent des caractères communs; ils semblent situés le long d’une nappe d’eau qui pro- vient des sources coulant de la falaise et descendant dans la partie basse de ja ville; de plus, ils sont situés près de marchés, ou de!grandes écuries, ou de maga- sins à fourrage, c'est-à-dire en des points où les rats pullulent. L'humidité du sol ne serait-elle pas une con- dilion nécessaire à la conservation de la virulence des germes, tandis que les rats en Seraïent les véhicules? SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Seance du 15 Mars 1919 MM. Ch. Lesieur, P. Jacquet et Pintenet: Pro- cédé simplifié de coloration des crachats tuberculeux. La préparation, recouverte de violet phéniqué, est exposée 3 minutes à la veilleuse d’un brûleur, puis por- tée sous un filet d’eau, On décolore à l'alcool, On co- lore le fond avec un rouge quelconque. — M. G. Li- nossier : Développement de l'Oidiym lactis en milieu artificiel : influence de la quantité de semence sur le poids de la récolte. Au début de la végétation, les récoltes dans des bouillons de culture identiques et inégalement ensemencés se développent suivant une loi logarithmi- que proportionnellement aux quantilés de semence.Mais très rapidement les poids des récoltes tendent à s'égali- ser; celte tendance-est très manifeste dès quela récolte de- vient pondérable. — MM. Ch. Lesieur et P.Jacquet : Coloration élective du sang paludéen. Technique appli- cable à tous les colorants hématologiques à base d’éo- sinates et d'azur. Fixation préalable à l'alcool absolu: Coloration rapide en verre de montre et en solution faiblement diluée. La neutralité de l’eau doit être par- faite, Les préparations sont d'une transparence parti- culière et conviennent très bien de cefaità la recherche des hématozoaires. — M. P. Remlinger : Accidents paralytiques étrangers au virus au cours de l’immuni- sation antirabique du lapin. On peut observer chez le lapin, auquel ilest injecté sous la peau de grandes quantités de suübstance nerveuse rabique homologue traitée où non par un agent d'atténuation, des acci- dents paralytiques rappelant ceux qui ont ‘été notés chez l’homme au cours du traitement pasteurien. Les passages étant négatifs, il resle à incriminer la toxine rabique ou un poison de la substancenerveuse normale, — M. C1. Regaud : Witochondries et symbiotes. Entre les mitochondries etles microbes, il n’y a que des dit- férences de propriétés, sauf des ressemblances de for- mes et quelquefois une similitude de réaction tincto- riale qui n’ont qu’une très minime importance. On ne saurait donc admettre avec Portier que les mitochon- dries sont des bactéries symbiotiques, — M. E. Rétif: Différences dans l'action des poisons et des anesthési- ques sur la grenouille normale ou anesthésiée par la chaleur. 1° L’anesthésie thermique est prolongée par l’atropine, la pilocarpine et par les poisons en général, 2 Il y a antagonisme entre l’atropine et la pilocarpine relativement à leur influence sur le sommeil thermique, 3° Le chloroforme prolonge la durée du sommeil ther- mique ; l’atropine et la pilocarpine ne prolongent pas l'anesthésie chloroformique chez la grenouille. — M.F. Dévé : La colique hépatique hydatique envisagée au point de vue doctrinal. C'est une colique hépato-cholé- docienne ; la vésicule biliaire n'intervient que très ac- cessoirement dans son processus, Les phénomènes in- flammatoires péricholéeystique et angiocholitique .ne jouent qu'un rôle secondaire. Au corps étranger mi- grateur revient le rôle pathogène primordial. La douleur est liée à la brusque mise en tension de l'appareil bi- liaire. — MM. Ed. Lesné, P. Brodin et F. Saint- Girons : Auloplasmothérapie de la grippe. Si on in- jecte à un grippé son propre plasma, on observe des effets identiques à ceux qui suivent l'injection Jintra- veineuse de plasma de convalèscent ou de plasma nor- mal, c’est-à-dire une réaction assez vive suivie généra- lement d’une défervescence ou passagère ou délinitive, L’autoplasma ne semble pas avoir d'action spécifique; il agit comme une albumine étrangère, Il ne détermine pas d’accidents sériques à distance ; il est peu toxique et n’est pas anaphylactisant. — M. G.: Marinesco: Oxydases et peroxydases des tissus. A mesure ‘que le cytoplasma se développe, le fer diminue dans le noyau ét augmente dans le protoplasma. Les images obtenues par la. méthode de Nisslet par celle de Perls se su- | perposent. Dans la Chromatolyse, qui n’est autre qu'un changement de la réaction du milieu, le fer est attaché aux granulations colloïdales, Le fer joue sans doutele rôle d'un catalysateur qui accélère les oxydations de la cellule nerveuse et de la myéline si riche en lécithine. En faisant usage du monochlorhydrate de benzidine et de l’eau neutre, l’auteur a constaté la réaction de peroxydases dans les centres nerveux, le rein, les mus- cles, ete. Seance du 22 Mars 1919 M. André Thomas : Les réaclions pilomotrices et lesréflexes pilomoteurs dans les blessures de la moelle. Il existe chez l’homme des centres pilomoteurs pour les membres supérieurs dans les IV, V, VI, VII seg- ments dorsaux, des centres pilomoteurs pour les men:- bres inférieurs dans les IX, X) XI, XI[° segments ,dor- saux et lel®r lombaire, Un segment spinal innerve plusieurs ganglions sympathiques au-dessus et au- dessous du ganglion qui lui correspond. L'étude des réactions et des réflexes pilomoteurs peut fournir des indications utiles sur l’état anatomique du segment sous- lésionnel de la moelle et de la chaine sympathique, —: M.F. Masmonteil : Véplacements du cubitus au éours de la rotation antibrachiale. Us se produisent, selon les classiques, par des mouvements d'extension et de flexion au niveau du coude, associés à des mouvements de laté- ralité. Or les mouvements de latéralité ne peuvent se produire dans une articulation serrée comme l'articula- tion du coude. Ce qui se produit, c’est une rotation hu- mérale, comme les expériences sur le cadavre et sur le vivant le prouvent. Ainsi s'explique la limitation de la rotation antibrachiale à la suite des ankyloses dé l'épaule, — M. F. Dévé : /lydatidémèses et hydatiden- térie, Valeur séméiologique de ces deux symptômes. Le rejet d'hydatides par le vomissement ou par les selles est généralement attribué à l'ouverture d’un kyste hyda- tique dans le tubedigestif (estomac, duodénum, côlon). Une étude critique de plus de 150 observations a amené M. Dévé à la conclusion que, dans la majorité des cas, on a affaire à une élimination hydatique vatérienne, : liée à l'évacuation d'un kyste,hépatique dans les voies biliaires, — MM. Ch. Lesieur et Paul Jacquet : Sur une méthode de coloration élective du sang paludéen. Technique applicable à tous les colorants hématologi- ques à base d'éosinates et d'azur. Fixation à l'alcool absolu. Coloration rapide en verre demontreet en solu- tion faiblement diluée. Nécessité de n’employer pour la dilution qu’une eau parfäitement neutre et que l’on obtient telle par une redistillation fractionnée de l’eau déjà distillée donton dispose. Les préparations obtenues sont d’une transparence particulière et conviennent très bien de ce fait à la recherche des hématozoaires. — M. J. Chaussin : £tude comparée de la digestion du son meunier par le chien et par le lapin. Le lapin digère en- viron 55 °/, du son meunier, alors que le chien en di- gère Seulement 5o ‘/,. Les résidus de son ayant traversé le tube digestif sont peu déminéralisés chez le lapin et beaucoup plus chez le chien, ce qui fait penser à la dif- férence d’acidité de leurs sucs digestifs. Les résidus du son ayant traversé le tube digestif du chien sont plus LE ml ES appauvris en azote s’il s’agit du son meunier qu'avecdes enveloppes de blé entières obtenues par simple écrase- ment du blé après trempage dans l’eau qui n’ont pas subi les traumatismes des opérations de meunerie. Des expériences antérieures en collaboration avec M. Lapic- que ont montré que l'homme digère les enveloppes de blé à peu près comme le chien. — M. G- Métivet : /a répartition de la sécrétion dans le duodénum et le jéju- num du chien normal et du chien ayant subi l'exclusion du duodénum. Chez le chien normal, il y a autant de sécrétion dans le jéjunum que dans le duodénum, Chez le chien à duodénum exclu, il y a, dans les premiers mois qui suivent l'opération, une diminution notable de la sécrétion-dans le duodénumetdansle jéjunum.,— M. A. Bréchot : Valeur comparée de l'éthérisatiôn et de la chloroformisation. La fréquence du pouls, l'amplitude du pouls et la pression maxima sontaugmentées dans l’éthé- risation, diminuées dans la ehloroformisation; la pres- sion minima est le plus souvent légèrement augmentée dans l'éthérisation, reste sanschangement dans la chlo- roformisation, SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 21 Mars 1919 M. Eug. Bloch : Sur la théorie des chaleurs spécifi- ques des corps solides. L'hypothèse des quanta dePlanck peut s'exprimer en écrivant que l'énergie attachée à cer- taines variables qui définissent l’état d’un système est un multiple d’une quantité élémentaire s —h> (> est la fréquence de vibration correspondant aux variables considérées, et À une constante universelle égale à 6,6. 10—27 C. G.S.). Une difliculté se présente dans les ap- plications pratiques pour le choix des variables à quan- tifier, et elle a donné lieu récemment à des travaux in- téressants de Planck et de Sommerfeld. Sommerfeld a proposé, pour résoudre cette difficulté, une hypothèse générale!, qui se justifie par son succès dans l’explica- tion théorique de l'effet Stark, L'auteur montre que l’hy- pothèse de Sommerfelä était déjà contenue implicite- ment dans certaines théories antérieures fondées surles quanta,en particulier dans lathéorie des chaleurs spéci- fiques des corps solides donnée par Einstein en 19072. Le succès de la théorie d’Einstein est une preuve de lexac- titude de cette hypothèse, tout à fait indépendante des résultats de Somimerfeld lui-même. Il semble done bien que la quantification de l'énergie doive porter, comme le veut cette hypothèse, non sur l'énergie d’un vibra- teur élémentaire, mais sur chaque portion de cette énergie attachée au groupe formé par une coordonnée de position et le moment correspondant. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 14 Mars 1919 MM. P.Nicolardot et Lévi: Dosage volumétrique du manganèse dans les aciers ordinaires et les aciers spé- ciaux au chrome et au tungstène. Les auteurs ont éludié la méthode de dosage volumétrique du Mn dans les fontes el aciers par une solution 1itrée d'acide arsénieux après oxydation du Mn à l’aide d’un persulfate, en pré- sence de nitrate d'argent. Ils ont reconnu que le per- manganate est détruit sous l'action de la chaleur en présence des acides, et que les persulfates, loin d'accélé- rer cette réduction, semblent au contraire la retarder, L'action de l'acide nitrique est plus néfaste que celle de l'acide sulfurique. Aussi doit-on éviter le plus possible, dans l’attaque de la fonte et de l'acier, l'emploi de l’a- cide nitrique. Pour n'avoir pas à préparerun trop grand nombre de liqueurs titrées, les auteurs se servent d’une solulion saturée de sulfate d'argent, Pour une même quantité de manganèse, l'oxydation, qui a lieu déjà ! 1. SOMMERFELD : Ann. der Physik, t. L, 1916, p. 385. Voir sur les travaux de Sommerfeld l'article de M. Léon BLocu : Quelques récents progrès de la Physique, dans la Rev. gén, des Sc. des 30 mars et 15 avril 1918. 2. Eixsrein : Añn.der Physik, t. XXII, 1907, p. 180. NRA en DA : ét ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 259 à froid, est d'autant plus rapide que les quantités de persulfate et de sel d'argent mises en œuvre sont plus fortes. La vitesse est encore plus grande quand'il s'agit de vérilier un dosage sur une liqueur déjà titrée, parce que le manganèse ne parait pas être ramené à l'état de protoxyde sous l’action de l'acide arsénicux. Aussi, en présence de chrome, y at-il réoxydation très rapide, du manganèse, à cause de la présence d'un excès de per: sulfate. Il faut, par suite, pour obtenir un litrage exact que la teneur de l’acier en manganèse soit de 1 °/, au moins. Il convient donc d'ajouter aux aciers spéciaux une quantilé connue de manganèse sous la forme même sous laquelle il sera dosé, c'est-à-dire à l’état de pér- manganate. Dans le cas des aciers au tungstène, il est possible d'empêcher la précipitation de l'acide tungs- tique. par l'addition d'acide phosphorique qui forme un complexe stable et qui n’attaque pas les récipients, comme le fait l'acide fluorhydrique. — MM. Z. Ma- quenne et E. Demoussy : Sur une réaction très sensi- ble du cuivre (voir p. 223). — M. Ch. Féry: Sur la théorie de l'accumulateur au plomb (voir la Rev. gén., L'IM des Se. des 15 juin 1916, p. 328; 15 déc. 1916, p. 700, et15 déc. 1918, p. 687). — M. ©. Baïlly : Action des iodures alcooliques sur le phosphate trisodique en solu- lion aqueuse. L'auteur a fait réagir, sur le phosphate trisodique en solution aqueuse, les iodures de méthyle, d’éthyle,d’allyle, de propyle, d'isopropyle etd'isobutyle, Il se forme, dans tous les cas, le monoéther phospho- rique correspondant : : PO(O.Na}ÿ L RI— PO(ONa}?0.R -!- Nal, en même temps que très peu de diélher : PO(O.Na}#+ 2RI—PO(O.Na)(O.R)? + 2Nal, tandis qu’il y a saponification d’une notable proportion | de l’iodure alcoolique mis en œuvre, La réaction peut être effectuée vers 50° avec les iodures de méthyle et d’allyle, tandis qu'il faut chauffer vers 1009 dans le cas, des autres iodures. Le rendement en monoéther est va- riable et il diminue notablement au fur et à mesure que l’on s'élève dans la série des iodures alcooliques : de 72,9°/, avec ICH#, il tombe à 10,5 °/, avec ICH2.CH: *CH*}. L'auteur a préparé un certain nombre de mono- alcoylphosphates alcalins et alealino-erreux non en- core décrits,etil a pu dégager, de l’étude de ces derniers sels, certaines observations relatives à leur teneur en eau de cristallisation, SOCIETÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 6 Fevrier 1919 MM. P. F. Frankland, F. Challenger et N. A. Ni- cholls : Za préparation de la’ monométhylamine au moyen de la chloropicrine. Les auteurs préparent la monométhylamine en réduisant la chloropicrine par le feret de très faibles quantités d'HCI, On obtient le meil- leur rendement en monométhylamine à 98,5°/, en em- ployant les proportionssuivantes : chloropicrine, 26gr.; fer, 50 gr.;.eau 200 cm*; HCI, 32 em. L'emploi de la quantité théorique d'HCI donne lieu à la production in- tense de NH*, On verse la chloropicrine dans le mélange d'acide et de fer; après réduction, on ajoute NaOH et on distille la base à la vapeur. La méthode convient fort bien à la préparation de grandes quantités de monomé- thylamine, pour la fabrication du tétryl, de l’adrénaline, etc. Préparation de la monométhylaniline. Les mêmes auteurs ont essayé d'autre part de préparer la monomé- thylaniline par réduction de la méthylène-aniline, obte- nue en condensant l’aniline avec la formaldéhyde. Un excès de formaldéhyde donne lieu à la formation d’une grande quantité de diméthylaniline. Les auteurs ontéga- lement essayé de préparer la monométhylaniline en chauffant l’'aniline et l’alcool méthylique en autoclave ou en tube scellé à 180° C., ou par l’action du chlorhydrate d’aniline sur la diméthylaniline, où encore par action du chlorhydrate de diméthylaniline sur l’aniline, Les _ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rendements ne sont pas très élevés; la première mé- thode est la meilleure et donne de 51 à 56 °/, du mono- dérivé, SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE \ SECTION DU YŸORKSHIRE Séance du 16 Décembre 1918 M.S. F. Dufton: Les limites de séparation par distil- lation fractionnée : une nouvelle colonne rectificatrice. Letrait caractéristique de la nouvelle colonne est l’exis- tence d'un espace annulaire entre les tubes intérieur et extérieur, espace rempli par un fil enroulé en spirale autour du tube intérieur; ce fil ale double but de main- tenir le tube dans sa position et de fournir un trajet au liquide descendant, qui ne se mêle pas aux vapeurs as- cendantes. On estime généralement que la séparation de benzène chimiquement pur d’un mélange de benzène et de toluène est une tâche impossible à réaliser, L’au- teur montre qu'il n’en est rien et que cette séparation s'effectue très facilement grâce à son appareil. Seance du 13 Janvier 1919 M. H. M. Dawson: Le sulfate de sodammonium, un nouvel engrais. L'idée de la fabrication de ce nou- vel engrais est résultée de la rareté de l’acide sulfu- rique pendant la guerre. Le sulfate de sodammonium, NaSO'(NH')SO'.4H-0 se forme par action du sel de Glauber sur le sulfate d’ammonium à la température ordinaire, et peut être obtenu par cristallisation de solutions aqueuses contenantles deux sulfates dans des conditions convenables de température et de concen- trations relatives. Les solutions des deux sulfates obte- nuesen neutralisant le bisulfatede soude ou des mélan- ges de bisulfate de soude et d'acide sulfurique, peuvent donner soit du sel de Glauber et du sulfate d’ammo- nium, soit du sulfate de sodammonium. Dans le premier eas, la séparation du sel de Glauber est obtenue par cris- tallisation à basse température, et la liqueur-mère, con- tenant le sulfate d’ammonium en assez grand excès, est évaporée aux environs de 1000, avec dépôt de cristaux de sulfate d'Am, jusqu’à ce que le rapport du sulfate d’'Am au sulfate de Na dans la solution chaude soit tombé à environ 2,7 : 1. Dans le second eas, les solu- tions neutralisées, qui doivent contenir un excès de sulfate d'Am, sont mises à refroidir à la température ordinaire, ce qui provoque la séparation du sel double à l’état pur. La liqueur mère qui reste après l'enlèvement des cristaux est utilisée pour dissoudre de nouvelles quantités de bisulfate de soude et d’acide sulfurique. Le coût de fixation de l’ammoniaque par ce procédé est bien moindre que dans le procédé ordinaire à l’acide sulfu- rique, et les essais préliminaires sur l'emploi du sulfate de sodammonium comme engrais artificiel ont montré que la valeur fertilisante de l’ammoniaque n'est pas altérée par le sulfate de sodium présent, ACADÉMIE DES SCIENCES DE BELGIQUE Séances de Janvier 1919 M. Louis Le Nain (secrétaire) : Rapport sur la vie académique pendant la période de guerre 1914-1918. — MM. Georges Lecointe et H. de Guchtenaere : Les relations intellectuelles internationales d'après guerre. — M. Modeste Stuyvaert : Courbes algébri- ques gauches représentables par des matrices. Commen- cement de solution d’un des problèmes posés par l'au- teur dans son travail : Congruences de cubiques gau- ches, couronné par la Classe des Sciences en 1913. J.-E. V. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 26 Octobre 1918 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. W. Kapteyn et! Jan de Vries présentent un travail de M. N. G. W. H. Begeer : Sur les corps diviseurs du corps circulaire des racines l'ièmes de l'unité et leurs nombres de clas- ses. II. — M. Félix Klein : Femarques sur les relations entre le système de coordonnées B de de Sitteret le monde généralisé à courbure positive constante. — MM. W. de Silter et J. C. Kapteyn présentent un travail de M. A. Pannekoek: La dilatation d’un globe gazeux cosmique, les étoiles nouvelles et les Céphéides. — MM. J. C. Kapteyn et W. de Sitter présentent un travail de M. W. J. A. Schouten : La répartition des grandeurs sur les étoiles de La Voie lactée et en dehors. I! : 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. A. Lorentz et F. A. H. Schreinemakers présentent \ un travail de M.J.J. van Laar: Sur la chaleur de dissociation de gaz diatomiques dans ses rapports avec l'augmentation des attractions de valence VA des atomes libres. — MM. H. Kamerlingh Onnes et J. P. Kuenen présentent un tra- vail de M.P. G. Cath: Sur la mesure des basses tem- pératures. XXIX. Tensions de vapeur de l'oxygène el de l'azote en vue de la détermination de points fixes sur l'échelle des températures en dessous de 0°C. — MM. H. A. Lorentz et H. Kamerlingh Onnes présentent une note de MM. G. Holst et E. Oosterhuis : Quelques remar- ques sur l'audion comme renforcateur. — M. W. van Bemmelen : La circulation atmosphérique au-dessus de l'Asie australe d'après des observations faites en ballon- sonde à Batavia (fin). — M. J. P. van der Stok : Sur la chute journalière du niveau de la mer sur les côtes néerlandaises. | 39 SCIENCES NATURELLES, — M. J. F. van Bemmelen: La signification des caractères des genres et des espèces vérifiée au moyen du dessin des ailes des Sphingides. — MM. H. Zwaardemaker et €. Winkler présentent un travail de M. Eugène Dubois : La signification de la grandeur du neurone el de ses parties. Les données nu- mériques existantes permettent de conclure que les longueurs et sections de neurones homologues croissent, dans la série des espèces de mammifères homoneures, avec le poids P suivant l'expression Po8, J.-E. V. Le Gérant : Octave Don. EE ——— Sens. — imp. Levé, 1, rue de la Bertanche. 30° ANNÉE N° 9 15 MAI 1919 pures et appliquées Foxpareur : LOUIS OLIVIER (a! G\ CATS L's | y © Dingereur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suëde, la Norvege et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique du Globe Les Aérolithes et la composition du Globe. — Un géologue américain bien connu, M. George P. Merrill — à qui nous devons en particulier de beaux travaux sur le célèbre « Cratère du Bolide » du Canyon Diablo — vient de publier dans les Proceedings de l’Aca- - démie de Washington (vol. V, fév. 1919, p. 37) une très curieuse statistique. M. Merrill s’est posé la question suivante : Il se pour- rait que la Terre se soït formée par l'accumulation gra- duelle de matériaux météoriques, analogues à ceux que nous voyons tomber encore aujourd'hui!, Or les régions internes du globe sont sans doute d'autant plus riches en métaux que l’on pénètre plus profondément dans le sol. N'y aurait-il pas alors, pour chaque espèce miné- ralogique d’aérolithes, une relation entre la teneur en ‘métal et le pourcentage des cas, forcément récents, où les chutes ont eu des témoins? Voici les résultats de l'enquête complète et arrêtée à 1916 : Sur 367 Sidérites connues (fers météoriques à peu près purs), on en a vu tomber 17, soitenviron 5 ro Sur 31 fers pierreux (Lodhranites, Pallasites et Méso- sidérites), contenant jusqu'à 50°}, de métal, on en a vu tomber 5, soit 160/,;, Sur 370 aérolithes composés en majeure partie de si- licates à structure chondritique (depuis les Chondrites howarditiques jusqu'aux Ureilites incluses), de teneur métallique comprise entre 5 et 25°/,, on en a vu tomber 322, soit 89 °/,; Sur 21 pierres riches en calcium ou en aluminium (Angrites, Eukrites, Shergottites et Howardites), sans chondrules et renfermant moins de 1°}, de métal, on a constaté 20 chutes, soit95°/,; ; Enfin sur 12 pierres riches en magnésie, dépourvues aussi de chondrules, mais ne contenant pas de métal (Bustites, Chassignites, Chladnites et Amphotérites), on a pu observer 12 chutes, soit 100 °/o. 1. Voir à ce propos, dans la Revue gén. des Sciences, l'ar- ticle intitulé : Les Pierres tombées du Ciel et l’Evolution du Système solaire (15 novembre 1916). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Ajoutons à cette liste les 8 météorites carbonacées ac- tuellement recensées : toutes ont été vues tomber, la première en 1834. Si, une fois tombés, les fers météoriques ont plus de chances d’être signalés, par contre il n'est guère a dmis- sible que certaines catégories de météorites soient, lors de leur chute, plüs visibles que d’autres : il semble done vraisemblable que les espèces, d’ailleurs fort alté- rables, ayant donné les pourcentages les plus faibles sont celles correspondant en majorité aux époques les plus reculées, surtout préhistoriques. Les chiffres qui précèdent manifestent une progression suggestive; ils ne constituent encore qu’un indice, mais bien fait, croyons-nous, pour attirer l'attention sur une interprétation de la formation du globe dont on nes'est peut-être pas assez préoccupé jusqu'ici, Jean Bosler, Astronome à l'Observatoire de Meudon, $ 2. — Météorologie Quelles sont les conditions météorologi- ques qui influent sur la santé? — A la séance de mars de la Société royale météorologique, le Profes- seur Léonard Hill a présenté sur ce sujet quelques intéressantes observations, On s'accorde à reconnaître que le temps et le climat ont une grande influence sur la santé et le confort de l'homme, et l’on a cherché à démèler le rôle des prinei- paux facteurs météorologiques : pression barométrique; température, précipitation, vent, etc, M. Hill se demande s’'iln’y a pas d’autres données qui présentent une importance etun intérêt plus grands. Et il voit dans le pouvoir refroidissant et évaporateur de l’atmo- sphère et dans la chaleur rayonnante du Soleil ou des autres sources de calorique les facteurs qui ont l’effet le plus considérable sur notre santé et notre bien-être et qui méritent d'attirer avant tout l'attention des hygié- nistes. Le thermomètre à boule sèche ne suflit pas pour indi- quer l'effet refroidissant, car c'est un instrument statique faisant la moyenne de l'influence du milieu, tandis que 1 262 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE le corps est un appareil dynamique se maintenant à une température presque constante par la combustion interne des aliments et la perte de chaleur par la peau et la membrane respiratoire, le gain ou la perte calori- fique étant tous deux soumis à un contrôle physiologi- que. C’est le nouvoirrefroidissant a agissant sur la surface du corps, et non la température, qu’il faut étudier, et comme la surface de la membrane respiratoire est tou- jours humide et que la peau peut être relativement sèche ou très humide, le refroidissement par évapora- tion n’a pas moins d'importance que le refroidissement par convection et radiation. 7 Pour déterminer le pouvoirrefroidissant, le Professeur Hill a proposé le cata-thermomètre. C’est un thermo- mêtre à alcool à gros réservoir, gradué entre 95° et 100°F., c’est-à-dire donnant une température moyenne de 369,5 C., qui est prise arbitrairement comme tempé- rature de la surface du corps. L'instrument est chaufé dans de l’eau à environ 80°C., jusqu’à ce que leménisque arrive à uné petite boule située au sommet de la tige; puis on mésure en secondes la vitesse de refroidisse- ment entre 100° el 95° F. La moyenne de 3 à 5 de ces mesures donne la lecture du catathermomètre sec. Puis le réservoir est recouvert d'une enveloppe de mousse- line humide, et l’on répète l’opération. La moyenne donne la lecture du cata-thermomètre humide. Plusieurs milliers de lectures catathermométriques ont été faites en Grande-Bretagne; d’autres aux Indes, en Egypte, sur le front de Salonique, en Mésopotamie ; quelques-unes aussi à New-York, dans la Nigeria et à Melbourne, Celles-ci présentent un contraste frappant suivant qu’elles ont été faites à l'intérieur ou à l’exté- rieur, et M. Hill arrive à la conclusion que les condi- tions observées à l’intérieur en Angleterre se rappro- chent de: celles qu'on observe à l’extérieur dans un climat tropical humide telque celui de Ceylan, qui est considéré comme énervant pour les Européens. Les recherches du Prof. Hill ouvrent une voie nou- velle, qui semble devoir offrir des constatations inté- ressantes, $ 3. — Physique Propriétés des écrans renforcateurs uti- lisés en radiographie !. — Les rayons X détermi- nent deux sortes de rayonnements qui peuvent être, tous deux, utilisés dans les écrans renforçateurs : 1° un rayonnement secondaire caractéristique ; 2° un rayon- nement constitué par des radiations ultra-violettes ou visibles. Pratiquement, c’est ce dernier type de fluores- cence qui semble donner les meilleurs résultats. Parmi les substances qui deviennent fluorescentes sous l’action des rayons X, un petit nombre seulement peuventêtreeflicacement utilisées danslesrenforçateurs. Citons, parmielles: le platino-6yanure de baryum, le salicylate de baryum, le tungstate de calcium, le tungs- tate de molybdène, le tungstate de magnésium et quel- ques tungstates doubles de ces métaux. Avec les pro- cédés usuels de la techniqueradiographique;, letungstate de calcium cristallisé est, parmi ces corps, de beaucoup celui qui donne les meilleurs résultats. Habituellement, on réduit le sel en poudre et on le fixe avec un agglu- tinant approprié sur un support constilué par une substance faiblement absorbante pour les rayons X, carton ou cellaloïd, On dispose cet écran au contact de la surface à impressionner et on produit l'exposition soit à travers l’écran, soit à travers la plaque ou la pel- licule photogr aphique, Dans un négatif obtenu avec un des écrans au tungs- tate de calcium qu’on trouve dans le commerce, on con- state que l’action photographique produite tient, pour 20 ‘/, à l’action des rayons directs, et pour 80 °/,'à la fluorescence de l'écran. La meilleure technique pour l'emploi d'un écran con- 2e série t. XII, 1. Millard B, p. 431-435; décembre Hobcson : Physical Review, 118. siste à effectuer la posé à travers le support de l'émul- sion, celle-ci étant au contact de l'écran fluorescent; aussi ce support doit-il être d'opacité minima pour les rayons X. Dans l’enregistrement des rayons X de très courte longueur d'onde qu’on utilise dans la radiographie des aciers, à eause du grand pouvoir pénétrant des rayons, la plaque photographique n'arrive pas à absorber une énergie suflisante pour donner un cliché d’interpréta- tion facile. Dans ces cas, le tungstale de calcium des écrans habituels forme, sous l’action de la fluorescence, un dépôt granuleux. M. Hodgson, en vue de réduire les poses, a essayé d'utiliser le rayonnement caracté- rislique d'écrans métalliques. Il a étudié l'argent, le cui- vre, le plomb, le tungstène et le platine. De tous ces corps, l'argent et le platine ont été les plus ellicaces; une feuille d'argent de 0,2 mm. d'épaisseur donne, dans » des conditions “habituelles, un renforcement de 100 00: Le platine employé, par raison d'économie, sous forme. d'un miroir obtenu par pulvérisation cathodique, l'épaisseur de la couche étant inférieure à 0,001 mm., produit un renforcement de 20 1/,. Ges pourcentages, qui peuvent paraitre peu intéressants dans la pratique … radiographique courante, où la pose se mesure en se - condes, deviennent relativement importants quand, pour une seule pose, la durée de fonclionnement du tube s’évalue en minutes ou en heures, A. B. $ 4. — Chimie industrielle L'emploi de composés chimiques pour déceler la surchauîie des paliers ou des par- ties de machines. — L'emploi rationnel des lubri- fiants, en réduisant considérablement les frottements des organes des machines, a fait disparaitre en grande partie les élévations de température excessives de cer- tains de ces organes et les mises hors de service qui en étaient souvent la conséquence. Cependant des trouble de ce genre se présentent encore, généralement dans les parties les moins accessibles des machines, et il serait intéressant pour beaucoup de conducteurs d’être. avertis des échauffements dès qu'ils se produisent x. avant qu'ils n’aient causé des dégâts sérieux. Dans ce but, on a proposé divers dispositifs dise teurs actionnés soit par des couples thermo-électriques, soit par la simple dilatation des pièces. En Amérique, Tonner avait suggéré l'emploi de l'iodure de cuivre et de mercure sur les essieux du matériel. roulant pour indiquer la surchauffe par son simple changement de coloration, M. H, T. Pinnock! vient de reprendre cette idée, qui ne semble pas avoir été mise en pratique, et il a montré que les composés de ce genre sont admirable- | ment adaptés au but qu'on se propose. On sait, en eflet, que la plupart des iodures doubles possèdent la propriété de changer de couleur quand on les chauffe et de revenir par refroidissement à leur première coloration, Deux composés, d'après M, Pin: … nock, sont particulièrement précieux, à cause de la rapidité et de l'intensité de leur transformation : ce sont l’iodure double d'argent et de mercure, Agl. Hel?, f jaune citron pâle à la température ordinaire, devenant carmin éclatant à 90°-100°C., êt l'iodure de cuivré et de 4 mereure, Cu2l2, 2Hgl?, vermillon à la température ordi- naire et devenant brun-chocolat vers 609-700C. Un mé- lange de 85 parties du sel-de.cuivre et de 15 °/, du sel d'argent est encore plus sensible et passe du vermillon au noir d’une façon très tranchée. Pour utiliser ces composés, il est. préférable de les. transformer en un vernis ou émail, en les incorporant = n à l'état de poudre à un milieu incolore résistant sans se ramollir à une température modérée, On trace d’abord, au moyen d'une peinture blanche au zinc, un cercle où un anneau sur le palier ou l'organe qu’on désire main- tenir en observation, puis on applique à l’intérieur de * 1. Journ, of the Soc. of chem. Ind., 15 mars 1919, t. XXX VIII, n°5, p. 78 R: CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE celui-ci un enduit rouge vif du détecteur, en formant “ainsi une marque qui, à cause du contraste, est visible de très loin. On peut aussi, lorsqu'il s'agit d'un arbre, peindre une bande rouge entre deux bandes blanches, Dans tous les cas, quand la peinture est sèche, on la protège contre la poussière et les pollutions extérieures par une couche d'un vernis incolore. La visibilité de a couche détectrice sur son fond blanc est très pronon- ée, et le passage au noir vers 60°-70° s'observe très aisément, Ce détecteur a été employé avecsuccès sur un moteur à gaz, dont l’un des paliers chauffait fréquemment par suite d'une légère distorsion de l'arbre, ce qui permet- it de réduire aussilôt la charge pour éviter des acci- réchauffage d'air, par exemple dans les installations de azogène où l'air qui entre doit être saturé de vapeur d'eau à environ 90°-75°C. Si l’on peint sur l'extérieur de la tour un cercle blanc d'environ 1 mètre de diamètre, et au centre un cercle du détecteur de 30 em. de dia- mètre, l'apparition de la couleur rouge, visible de loin, sera le signal que la température de saturation est toni- bée trop bas. ILen est de même pour les réchauffeurs d'eau d'alimentation des chaudières, Là où l’on a besoin d'indiquer des températures un peu supérieures, on peut employer le sel double d'argent qui se transforme vers g0°-100° : ainsi pour attirer l’at- ention sur le fait qu'une eau va bouillir. L'application lux évaporateurs par le vide, aux turbines à vapeur d'échappement, etc., est également indiquée. M. Pinnock a installé plusieurs de ces indicateurs qui onctionnent depuis une dizaine d'années et dont le hangement de coloration est aussi tranché et aussi tinct qu'à l’origine, $ 5. — Physiologie ] La survie des globules sanguins transfusés ns la circulation. — Les résultats heureux de la ransfusion du sang sont reconnus par tous les méde- cins depuis longtemps ; mais on est loin d'être d'accord sur la façon dont elle agit : est-ce par la simple aug- mentation du volume du sang, ou en stimulant les or- ganes hématopoïétiques par la désintégration des glo- bules introduits, ou par l'intermédiaire d’un autre facteur, on ne le sait pas exactement. Une grosse difficulté qu'on rencontre dans l’étude de e problème, c'est l’absence d’une méthode digne de confiance pour déterminer la durée de vie des corpus- ules primitifs et injectés dans la circulation. On a herché une solution partielle dans l'injection de cor- buseules nucléés aux mammifères, mais sans grand ésullat, car ceux-ci, qui constituent des protéines angères, sont rapidement éliminés. D’autres expé- nces reposant sur la produetion de pléthore, sur l'in- etion intrapéritonéale des globules sanguins, ou sur à transfusion du sang à des animaux préalablement ient à la normale en 2 à { semaines; mais on ne ut guère tabler sur ces résultats, parce qu'ils ne tien- lent aucun compte du volume total du sang ou des per- rbations probables provoquées dans les appareils de ontrôle ou de formation du sang. “Aussi un grand intérêt s’attache-t-il à la méthode à à lois ingénieuse et simple que vient de proposer : Ashby! pour déterminer la durée de survie des glo- ules transfusés. Elle repose sur l'agglutination du sang ar les sérums de groupe. Tous les sangs peuvent être assés dans l’un des 4 groupes suivants : dans le roupe I, les globules rouges sont agglutinés ‘par les érums de chacun des trois autres groupes, mais le 1. Journ. of experim. Med., mars 1919, le sérum du groupe Il agglutine les globules du groupe II et vice versa ; dans Le groupe IV, les globules ne sont agglulinés par le sérum d'aucun autre groupe, tandis que le sérum de ce groupe agglutine les globules de tous les autres groupes, Donc, le sang provenant d'un donneur appartenant au groupe IV peut être trans- fusé à un récepteur dont le sang se classe dans un groupe quelconque, car les globules introduits ne seront pas agglulinés, tandis que les globules du récepteur seront protégés contre la coagulation par suite de la faible quantité de sérum du donneur injecté, Or, dans la méthode ordinaire d’agglutination par les sérums de groupe, on peut obtenir une agglutination pratiquement complète par un réglage convenable des globules et du sérum, Il reste une faible proportion de corpuscules non agglutinés entre les caillots, mais on peut déterminer celle-ci avec une exactitude suflisante dans chaque cas. Hn mélangeant des quantités connues dé sang agglutinable et non agglutinable dans un tube d'essai, on peut les séparer dans leurs proportions res- pectives par l'emploi d'un sérum agglutinant conve- nable; lun sera représenté par le nombre de corpus- ‘ cules agglutinés, plus le pourcentage antérieurement déterminé de corpuscules non agglomérés, l’autre par le reste. , Si l’on applique cette méthode au cas de la transfu- sion, on a le moyen de séparer les globules propres du donneur et du récepteur dans la circulation, et de dé- terminer de temps en temps leurs proportions respec- tives, pourvu, naturellement, qu'ils appartiennent à des groupes sanguins différents. Ainsi, avant transfu- sion chez un malade appartenant à un groupe aggluti- nable, on fait un compte initial des globules, en utilisant le sérum agglutinant convenable comme fluide diluant dans la pipette, et l’on compte le nombre de globules non agglutinés. Puis, à intervalles donnés après la transfusion du sang inagglutinable (groupe IV), on fait des dénombrements analogues et l’on observe le très grand accroissement de corpuseules non agglutinés. Le nombre de ces derniers est un indice de la quantité de sang transfusé dans. la circulation du récepteur. Si le malade a été transfusé avec du sang de son propre groupe, on ne trouve ni augmentation ni décroissance du nombre des corpuscules non agglutinés, ce qui per- met d'éliminer l'hypothèse d’une réaction non spéci- fique vis-à-vis du sang étranger, Les expériences entreprises par la méthode de M. Ashby ont montré que les globules du sang trans- fusé restent dans la circulation pendant plus de 30 jours, et paraissent en excellent état durant toute cette période, constatation qui n’est pas favorable à la théo- rie d’après laquelle c’est la désintégration de ces glo- bules qui stimule la moelle osseuse, Elle vient plutôt à l'appui de l’idée que l'effet produit sur les cellules de la moelle est dû à l'amélioration du métabolisme pro- voquée par le plus grand nombre de globules présents dans le sang. $ 6. — Géographie et Colonisation Un nouveau tracé de chemin de fer trans- saharien'. — L'idée du transsaliarien a été lancée vers 1879, puis soutenue avec beaucoup d’ardeur et de ténacité par Paul Leroy-Beaulieu ?. Quelques années avant la guerre, elle avait été reprise par M. Berthelot pour le compte d’une Société, l'Union française pour la réalisation des chemins de fer. transafricains, qui avait subventionné une importante mission d’études, dirigée 1. Gouvernement général de l'Algérie. Territoires du Sud, Transsaharien et Transafricain, par le lieutenant-colonel du génie P. Goprrroy, directeur de la ligne Biskra-Toug- gourt. Alger, avril 1918, avec 1 carte. Ce mémoire a paru en outre dans la Revue politique et parlementaire de septembre, octobre, novembre et décembre 1918. 2. Paul Léroy-Braurtieu : Le Sahara, le Soudan et les che- mins de fer transsahariens, In-8, Alcan. par le capitaine J.-Niéger et mise à la disposition de la Société par le Ministre de la guerre‘. Directeur de la voie ferrée Biskra-Touggourt, termi- néeen 1914, chargé des études de son prolongement sur Ouargla, M. le lieutenant-colonel Godefroy se trou- vait naturellement amené à l'étude complète d’une ligne transsaharienne, et son projet bénéficie d'une compé- tence spéciale de praticien. Le point de départ est Alger, LA / . jee ol / Ù ; SAin Guettara C4 $ In Salah TIDIKELT\ 1 MOUYDIR 1 1 AHNET } ! TANEZROUFT élnZize € HOGGAR \ “oSilet PAS À 9 Bèuressa_ 7 < ADÉAR dd 0 STabankhort TE Bourem A Agadès a ga ë Fig. 1. — Nouveau tracé de chemin de fer t. anssaharien, qu'il serait avantageux de relier directement à Biskra, en traversant d’intéressants territoires de colonisation. La ligne est construite jusqu'à Touggourt et les études sont failes jusqu'à Ouargla. De cette dernière localité jusqu’à In-Salah, la voie suivrait dans ses grandes lignes la piste automobile actuellement à peu près achevée et passant par Inifel. Au sud d'In-Salah, ta ligne se dirige par l’Ahnet sur le point d’eau d'In-Zize, d'où elle gagne- rait Timissao et Bouressa à la limite des territoires du Sud algérien et de l'Afrique Occidentale française, et à l’entrée de l’Adrar des Ifoghas; elle suivrait ainsi la piste habituelle des caravanes, connue sous le nom de « route des moutons ». Au delà de Bouressa et depuis 4. Camir, J. Niicen : La mission d'études du transafrieain. La Géographie, 15 février 1913. « Le but de la mission éluit de reconnaitre à travers le Suhoara, sur un axe délerminé d'uprès l'état actuel des connaissances géographiques; l'iti- néraire présentant le minimum de difficultés pour l'établis- sement d'une ligne ferrée, en sacrifiant en toutes circonstan- ces lu proximité des points d'eau à la simplicité du tracé, » ærs le Tchad Le CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Timissao, la voie adopte le tracé du projet Berthelot pour l’embranchement sur l'Afrique Occidentale française et descend vers le Niger sur la rive droite du Tilemsi, en passant par le puits d’In Rhar ét Tabankhort. Le tracé. aboutit sur le Niger au défilé de Tosaye, aux abords de Bourem, où lefleuve se resserre entre deux rives escar- pées, favorables à l'établissement d'un pont métallique. Le raccord avec le réseau projeté de l'Afrique Occiden- tale française se ferait à Ansongo. Dans sa partie centrale, l'Océan saharien est coupé par une sorte d’isthme, point de passage obligé pour la voie ferrée et qui s’épanouitvers le nord en trois bran- ches : à l’ouest par la « rue des Palmiers » de l'oued Saoura, vers Colomb-Béchar (projet Berthelot); au cen- tre, par l’oued Mia, sur Ouargla (projet Godefroy), et à, l'est, par l'oued Igharghar et le couloir du Gassi Touil, qui coupe l’Erg oriental (projet Rouveyre). La bifur- cation vers le Tchad se ferait parle point d’eau de Silet et Agadès, é > Le projet Godefroy se décompose ainsi : Alger-Biskra 420 km. Biskra-Touggourt 2200 Touggourt-Ouargla 160 — Ouargla-In-Salah 700 — In-Salah-Bouressa 900 — Bouressa-Bourem 600 — Total 3.000 km. Le lieutenant-colonel Godefroy recommande la voie étroite comme moins chère et se raccordant plus facile- ment aux lignes d'Algérie et de l'Afrique Occidentale française; il en évalue le coùt, depuis Touggourt, à 311 millions de franes, et la durée de la construction à 8 ou 10 ans. En formant un blocentre l'Afrique du Nord et l'Afrique Occidentale française, la ligne permettrait un échange continu de produits manufacturés de France et d'Algérie contre les matières premières et les pro= duits alimentaires de l'Afrique Occidentale, et comme conséquence, le nivellement des prix, la hausse des ex- portations, la baisse des importations, double bénéfice pour l’indigène et puissant encouragement à la mise en. valeur du sol, notammentdans toute la région centrale du Niger. 4 Le lieutenant-colonel Godefroy est opposé au transe, africain Nord-Sud, et il donne pour cela de bonnes rai- sons : l’insuflisance du tonnage marchandise, la tempé= rature intolérable pour les voyageurs pendant la traversée des régions équatoriales, enfin, les difficultés politiques qui pourraient surgir de la concurrence à la ligne anglaise du Cap au Caire !,mieux placée, d’ailleurs, plus près de la mer et dans des conditions climatiques plus favorables, Parcontre, M, Godefroy préconise deux autres lignes très intéressantes. Un transafrieain Ouest-Est, de Tan-” ger au Caire, nouvelle route du had), la plus directe et, la plus commode pour les pèlerins de la Mecque et qui ne comportera bientôt plus que la lacune tripolitaine,. quand nous aurons achevé les lignes marocaines et que les Anglais auront prolongé jusqu’à Solloum, à la fron- tière de la Cyrénaïque, la voie déjà construite d’Alexan-. drie à Daba. Une seconde ligne, longeant la côte occi- dentale, réunirait Tanger à Dakar ; le trajet Paris-Dakar se ferait en cinq jours, et en combinant les horaires du. chemin de fer avec ceux de services maritimes rapides; qui mettraient Dakar à 3 jours de Pernambuco, on voit que Paris se trouverait à 8 ou 9 jours de l'Amérique du» Sud ?, Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Gommerce de Lyon, [ 1. Cf, notre article : Le chemin de fer du Cap au Caire, in Revue générale des Sciences du 15 septembre 1910. à 2, La Compagnie du chemin de fer Paris-Orléans a de- mundé la concession de la ligne Paris-Tanger-Dakar, avec établissement d'un tunnel sous le détroit de Gibraitar, À Dans trois notes insérées aux Comptes rendus “le l'Académie des Sciences (t. CLXV, 1917, p. 465 ; t. CLX VII, 1918, p. 229, 445), M. Gabriel Sizes étudie les doctrines Hbeidenne et aristoxénienne relatives à la formation des notes de la gamme, pelaient « l'harmonique ». Sans rien contester des intéressants résultats présentés par M. Si- zes, il me paraît utile de revenir sur ce sujet en me Niant franchement au point de vue de la science et de l’art grecs. Les théories des Pythagoriciens et des Aris- toxéniens sont clairement exposées dans un livre dont j'ai déjà utilisé ailleurs! quelques extraits : Claudii Ptolemaei? Harmonicorum libri + (texte grec et traduction latine, par Johannes Wallis). C'est principalement sur ce livre que je m'appuie ici. 4 I. Il y a entre les Pythagoriciens etles Aristoxé- niens une différence de point devue qu'ilimporte de mettre en évidence. Leur point de départ commun est la division du monocorde : : 1° en deux parties égales : ces parties sonnent \ l'unisson; _ Zen LE parties dans le rapport de 2 à 1: tervalle obtenu : déa-pason* ou octave ; 3° en deux parties dans le rapport de 3 à 2: in- tervalle obtenu : dia-pente où quinte ; . 4° en deux parties dans le rapport de 4 à 3; intervalle obtenu : dia-tessaron où quarte. . Les Anciens comptent les intervalles de l'aigu au grave; nous les'comptons du grave à l'aigu; mais ils les évaluent en rapports de longueurs ‘de corde sous tension constante, et nous en rap- ports de fréquence du mouvement vibratoire; “ces deux évaluations sont inversement propor- tionnelles, en sorte que leurs nombres sont les mêmes que les nôtres pour les mêmes intervalles. Les Anciens admettent donc trois intervalles fondamentaux : c'est-à-dire à ce que les Grecs ap- tres — HanMONIQUE PYTHAGORICIENNE in- 1 l'octave : la quinte : cal + ] © »| 12 la quarte : 1. Léon Bournoux: Sur la nature et le rôle du système musical tradilionnel. Revue musicale, 1910. .… 2. Claude Ptolémée vivait au n° siècle après J.-C. » 3. dx nazûv : intervalle qui comprend loules les notes. 2 \ SUR L'HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE Ces intervalles sont trop grands pour se prêter aux applications artistiques; il s’agit d’insérer dans le plus petit d’entre eux, la quarte, des sons intermédiaires, C’est ici que commencent les divergences d'écoles. Un procédé primordial consiste à comparer la quinte à la quarte, ce qui fournit un intervalle nouveau : J «1 9 : , Cet intervalle —Z est appelé 1 ton: c’est le plus pelit des quatre intervalles déjà formés. Insérant cet intervalle autant de fois que possible dans la quarte, on constate qu'il y tient deux fois, avec un résidu, un limma ()uue, reste), dont la va- leur numérique est 4 [9 4e Cette manière d'opérer, attribuée à Philolaos', conduit au tétracorde désigné dans Ptolémée sous le nom de tétracorde d’Eratosthène? : 9 9 : 256 & X — ——: \ CSG DE PTE NE Cette manière de diviser la quarte n’est pas la seule adoptée par les Grecs, mais elle a joué un rôle fondamental dans l’harmonique : elle a con- duit à admettre unanimement que l'intervalle k . . C3 doit être rempli par deux sons, ni plus, ni moins, d'où le nom de 2 r:554pur (intervalle qui comprend 4 notes, ou quarte}, et, pour l'inter- valle qui contient un {on de plus, le nom de à re (intervallequicomprend 5 notes, ou quinte). Mais la détermination des sôns intermédiaires a ététraitée presque exclusivement comme un problème abstrait d'arithmétique, qui consiste à ; : Ê ! décomposer la fraction — en trois facteurs, sa- J tisfaisant à certaines conditions. Nous donnerons comme exemple la manière dont Ptolémée pose le problème. Pour lui les 3 facteurs doivent en tous cas satisfaire à deux conditions : 1° 11s doivent être des fractions superpartielles, c'est-à-dire comprenant l'unité + une partie ali- n +1 quote*, ou de la forme Hit 1. v* siècle avant J.-C. * 2, ant siècle avant J.-C. 3. « Sonos, etiamin tetrachordis continue positos, ratio- , nes inter se semper facere superparticulares » (Ptol., p.66). 266 Léon BOUTROUX. — SUR L’HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE LS } 2° Si l’on part de la mèse, le troisième facteur doit toujours être plus petit que chacun des deux autres! (il doit toujours se présenter comme un résidu). Pour Ptolémée, cette seconde condition est destinée à donner satisfaction à l'oreille, tandis que la première satisfait la raison. Ces conditions fixées, le problème admet en- core de nombreuses solutions, qui sont classées en deux groupes. Dans le premier groupe, le pro- duit des deux derniers facteurs est plus petit que le premier facteur, c’est-à-dire que les trois notes graves forment un groupe serré (rurviv — en latin, spissum), tandis que la note aiguë est isolée de ce pycnon par un large intervalle ?. Dans le second groupe, aucun des facteurs n’est plus grand que le produit des deux autres ; c'est le groupe des tétracordes sans pycnon*. Pour l'oreille, la différence entre ces deux groupes de tétracordes consiste en ce que dans le premier les deux notes intermédiaires sont plus graves, et dans le second, plus aiguës, d’où, pour le premier, le nom de « paurwrepoy » (mollius, cor- des plus molles, tétracorde grave}, et pour le se- cond, celui de « cuvrowsrepor » (éntensius, cordes plus tendues, tétracorde aigu). Le second groupe forme le genre diatonique; le premier, le groupe à pycnon, se subdivise en deux genres : celui dont le pycnon est le plus serré, dont les notes intermédiaires sont les plus graves, est le genre enharmonique; celui dont le pycron est le moins serré est le genre chroma- tique. Le genre chromatique est donc intermé- diaire entre les genres enharmonique et diatoni- que : plus grave que le diatonique, il est plus aigu que l’enharmonique. Tels sont les points essentiels de l'harmonique grecque. Ce qui diffère d’une école à l’autre, ce sont les conditions particulières du remplissage de la quarte. On n’exige pas toujours que chaque facteur soit une fraction superpartielle, ni que le plus petit facteur soit le troisième. Voici, par exemple, les divisions de la quarte selon Archy- tas (Ptol., p. 62) : Enharmonique Chromatique 5 Se 36 Se 28 h 32 243 28 REUS PR Rp Ie ET GA ESS ER I EE 2440430 27 3 DIRES DD Or 3 |. Diatonique 9 8 28 h rm a ur PCT) TEA DUREE 27 3 1. « Sequentem trium magnitudinum, minorem semper esse utravis reliquarum!» {ébid.). 2, « Quae in gravissimo sut magniludines duas simul sumptas, minores esse quam illa quae est in acutissimo, » 3, « Nullam esse magnitudinem singulurem quae major sit duabus reliquis simul sumptis. » Tr HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE Mais les différences sont insignifiantes à côté du changement de point de vue apporté par Aristoxène !. Le problème de la division de la quarte était pour les Pythagoriciens un problème d’arithmé- tique, et ils n’en concevaient pas d’autres solu- tions qué les solutions exactes. : Aristoxène prend pour guide suprême, non pas la raison, mais la sensation, et il admettra des solutions approchées. Pourlui, l'intervalle de quarte est une différence de deux sons que l'oreille connaît, et entre lesquels elle admet. l'insertion de nouveaux sons, dont elle mesurera les intervalles par ses propres ressources. Dans le choix de ces intervalles, il respecteralesidées reçues. Les sons insérés seront toujours au nom- bre de deux, et porteront les noms que tout le monde leur donne : « Tant que les sons extrêé-, mes d’un tétracorde, écrit-il, garderont leurs noms et s’appelleront respectivement rrèse et hypate, les sons moyens garderont leurs noms au même titre : le plus aigu sera la /ichanos; le plus grave la parhypate, car la sensation ne man- que jamais de percevoir comme lichanos et. parhypate ce qui est compris entre la mèse et l'hypate*. » mèse lichanos parhypate hypale Noms modernes: /a sol fa mi Mais comment l'oreille mesurera-t-elle ces intervalles ? C’est ici le trait de génie qui appar- tient à Aristoxène. Elle les mesurera commen les musiciens lés mesurent encore aujourd’hui : par addition ou soustraction d’un intervalle élé- mentaire convenablement choisi. Pour le musicien, le son, la note de musique, n’est ni un certain nombre de vibrations par se- conde, niun rapport entre deux longueurs de. corde; c’est le résultat de l'addition, répétée un certain nombre de fois, d’un intervalle élémen- taire à partir d’un son choisi arbitrairement. Et c’est bien d’Aristoxène que vient cette idée :. Ptolémée nous le dit en toutes lettres, en même temps qu’il nous montre combien ce changement de point de vue renversait toutes les idées re- çues, au point d'être, pour lui, inintelligible, comme il l'avait été pour Euelide *. Voici le passage textuel # : « Que les Aristoxéniens mesurent à tort les conso- nances (consonance est pris ici dans le sens de groupe —— 1. 1v' siècle avant J.-C. 2, Citation empruntée à L.LaLoy : Aristoxène de Tarente, p.228. 3. Voir sur Euclide Louis LaLoy : Aristoxène, p. 186. k. « Quod perperam Aristoxenei, intervullis, nonipis sonis, dimetiuntur consonantias. … Quomodo autem se ad invicem habent, in unaquaque de notes conjointes) par les intervalles entre les sons et non par les sons eux-mêmes, . _.…. Quel rapport il y a, dans chaque intervalle, entre } les deux sons qui le constituent, les Aristoxéniens ne le disent, ni ne le cherchent. Mais, comme si les sons eux-mêmes n'élaient pas réels et que le réel füt ce qui - se trouve entre les deux sons, ils comparent seulement - entre elles les distances comprises dansles intervalles, L defacon à se donner du moins l'apparence de faire quelque chose par nombre et proportion, Mais c’est tout le contraire, Ainsi ils ne commencent pas, comme nous, par délinir ce qu'est tel ou tel intervalle, Si par . exemple on nous demande : qu'est-ce qu'un ton ? nous disons : c’est la différence de deux sons qui sont entre eux dans le rapport de 9 à 8. Pour eux ils vous ren- voient aussitôt à une autre grandeur, qui est encore indéterminée, comme quand ils disent qu’un ton est la différence entre une quinte et une quarte... Puis si nous » leur demandons d'évaluer cette différence, ils ne le feront pas sans en faire intervenir encore une autre : ils diront, par exemple, que cette différence contient 2 fois ce que la quarte contient 5 fois, et que la quarte - contient elle-même 5 fois ce que l'octave contient 12 fois, _ et ainsi des autres intervalles, jusqu’à ce qu’ils revien- nent enfin à dire que l'intervalle d’un ton contient deux _ fois cet élément. » : i , ; .: Voyons maintenant comment, de ce point de ._ vue, Aristoxène divise la quarte. [l nous suffira _ de citer textuellement Ptolémée !: «'Les modernes établissent dans chaque genre de tétra- . corde plusieurs espèces. Pour le moment, nous allons specie, qui eam constituunt duo soni, neque dicunt, neque inquirunt: Sed (quasi ipsi quidem non essent reales; realia vero, quae interjacent) specierum solummedo distantias in- ter se comparant : ut videantur saltem aliquid numero et -proportione facere. Quod tamen plane contrarium est. Nam primo, non definiunt (hoc paclo) specierum per se quamlibet qualis sit (quomodo nos, interrogantibus, quid esttonus, di- ‘cimus, differentiam esse duorum sonorum, rationem sesqui- _octavam continentium}): Sed remittunt statim ad aliud quid, prod adhuc indeterminatum est : ut, cum tonum esse dicunt, differentiam dia-tessaron et dia-pente.. Quin et, si quae- ramus, quanta sit jam dicta differentia, neque hane indicant, absque alia; sed Solummoëo, talium forte dixerint esse - duo, qualium dia-tessaron est quinque; atque hanc itidem . (dia-tessaron) talium esse quinque, qualium dia-pason est _ duodecim, et similiter de reliquis, usque dum eo tandem -redeunt, ut dicant, ‘qualium distantia tonica est duo, » L {Ptol., p.40.) : … 4. « Horum vero ipsorum (generum) faciunt quidem re- -censiores distribuliones plures; nos aulem, impraeseptiarum eas describemus quae sunt Aristoxeni, quae sic se habent, Di_ vidit ille tonum, nunc in duas, nunc in tres, nunc in qua- 14 et nunc in octo partes aequales. Tonique partem quar- tam, appellat diesin enarmoniam; partem tertiam, diesin chromalis mollis; quartam una cum octava, diesin chromatis ibnecins: hemitonium vero. commune facit tum chro- ? matis tonici, tum generum diatonicorum. Atque hinc consti- _ tuit generum (purorum) differentias (seu species W) [paren- thèse intercalée par Wallis} sex : unam, Enarmonii, tres Chromatici (nimirum Mollis, Sesquialterius, et Tonici}; . reliquasque duas, Diatonici (nimirum Mollis et Intensi})... Beliquorum vero duorum generum, non-spissorum, inter- _vallum sequens in ytroque retinet hemitonii; eorum vero quae continue sequuntur, facit quidem in Molli Diatonico, medium, à semissis simul et quadrantis unius toni, praecedens vero, unius cum quadrante (utpote 12, et 18, et 30). In Diatonico autem Intenso : sequens, hemitonii; reliquorum utrumque {medium scilicet et praecedens) tonicum (utpote 12, et 24, et 24)... Hic igitur (Aristoxenus) prout hic liquet, rationes nequaquam cural; Sed, per sola quae sonis interjacent inler- walla, definit genera, non per ipsorum (sonorum Wjinter se excessus (seu rationes W). » (Ptol. pp. 58-61, passim .) 7 267 exposer celles qui appartiennent à Aristoxène, et voici comment il les établit. « Aristoxène divise le /an, soit en 2, soit en 3, soit en 4, soit en 8 parties égales. Il appelle le quart de ton diésis enharmonique ; le tiers de ton, diésis du chroma- tique grave; les = de ton, diésis du chromatique sesqui- 8 altère »(un quart et demi); « quant au demi-ton, il le prend comme intervalle commun à la fois au chroma- tique tonique et aux genres diatoniques. Et avec ces éléments ‘il constitue, dans les trois genres purs » (enharmonique, chromatique et diatonique), « 6 espèces, savoir : Une dans le genre Enharmonique, { Chromatique grave. Cüromatique sesquialière. Chromatique tonique. Trois dans le genre chroma- tique . Et les deux dernières dans le ( Diatonique grave. genre diatonique : | Diatonique aigu. Je passeles genres exharmonique et chromati- que, qui présentent pour nous moins d'intérêt. «.. Quant aux dernières espèces, voici comment illes constitue : il prend pour dernier intervalle » (celui qui est dans le grave) «un demi-ton dans chacune d'elles, et, pour compléter le tétracorde du diatonique grave, ilmet au milieu - de ton et à l’aigu un ton et quart, comme 4 sont entre eux les nombres 12 18-30; et, pour le tétracorde du diatonique aigu, un ton au milieu et un ton à l’aigu, comme sont entre eux les nombres 12 +24 +24. » Et Ptolémée ajoute : « On voit donc qu’Aristoxène ne s'occupe nullement des rapports, mais qu'il définit les espèces de tétracorde par les seuls écarts qui se trouvent entre les sons, et non par les rapports que présentent entre eux les sons eux-mêmes, » Nous voyons là ce que nous montre Ptolémée, et bien plus encore : l'invention d’unsystème de nombres qui, par additions ou soustractions, fournissent des résultats correspondant à ceux qu’on obtient en multipliant ou divisant entre eux les nombres correspondants d’un second système; la correspondance n’est qu'approxima- tive, et l'oreille est juge de la légitimité de l’ap- proximation ; les nombres additifs du tétracorde diatonique aigu d’Aristoxène : , £ 24 + 94 + 49 — 60 ou : 2L24+11—5 sont proportionnels aux logarithmes des fac- teurs du tétracorde d’Eratosthène : 9 9 256 h Se TS Et l’approximation qu’on fait en considérant les deux systèmes comme se correspondant est enregistrée par Ptolémée comme un fait d’expé- rience !. 1. « Ubi canunt secundum jam dictum Diatonicum intensum, ., aliud adaptant genus quoddam, ipsi quidem vicinum, sed alioqui in promptu : praecedentes enim duos locos, Tanos fa- ciunt; reliquumque, ut ipsi quidem exislimant, Hem A 7 Je Al le / /. + LT Ho; Le Sv « 268 Léon BOUTROUX. — SUR L'HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE : « Quand ils chantent, dit-il, suivant le diatonique intense précédemment exposé » (il s’agit du diatonique . Le 10 intense de Ptolémée : — XX = »X——— — |; «les chan- , 9 ONE 3 teurs lui substituent un autre genre, voisin du premier, et d’ailleurs d’un emploi plus commode : ils font les deux intervalles de l’aigu égaux à un ton, et l’inter- valle qui reste, égal à se qu'ils croient être un demi-ton, mais en réalité, comme le montre le calcul, à ce qu'on appelle un limma, Et cela ne leur réussit pas mal; car pour les intervalles de l’aigu, il n’y a pas de notable différence entre a et + 8 ni, pour le dernier intervalle, 16 : ue Ë entre —— et 1 limma.., C'est pourquoi ni dans l'un ni 15 dans l’autre de ces deux genres » (tétracorde diatonique intense de Ptolémée et tétracorde diatonique d'Eratos- thène) « iln’y a pour l’oreille aucune offense notable si lun est par erreur pris au lieu de l’autre, si par exem- ple dans le diatoñique intense on remplace à l’aigu ; 10 ! 1 l'intervalle —— par + et dans le grave l'intervalle EX 1 par le limma.., » Ptolémée reconnaît donc que l'oreille admet 256 . 16 la substitution du rapport — à ——: Or le demi- PPOTSES: 46 ton aristoxénien, douzième d’octave, est inter- médiaire entre ces deux intervalles. Les mesu- res modernes en savarts sont, 256 927 pour 943 2 16 287 our Nes 28 P 15 1 301 c 3 D — LR es pour le D d’octave, > — 25 Par conséquent la substitution du demi-ton aristoxénien à l’un ou à l’autre des deux rap- portssera, à plus forte raison, tolérée par l'oreille. De plus, les deux tons d’Aristoxène qui sont à la partie aiguë du tétracorde ne se confondent pas exactement avec ceux du tétracorde d'Era- tosthène, mais la différence est encore plus négligeable, comme le montrent immédiate- ment les mesures en savarts : 1 ton d'Eratosthène vaut \ SLT 301 X 2 12 Voilà donc la substitution des nombres addi- 1 ton d’Aristoxène vaut — 507, tifs d’Aristoxène aux facteurs d’Eratosthène reconnue, d’après le critérium de l'oreille, comme une approximation acceptable. Il est donc permis d’aflirmer que cette apparence de calcul, que Ptolémée reproche aux Aristoxéniens sed, ut suggerit ralio, id quod Limma dicitur. Quod quidem ipsis non male cedit; quia non notabili aliquo inter se differunt, neque, in locis praecedentibus, ratio sesquioctava a sesquinona, neque, in sequentibus, sesquidecima quintäa Limmate... Qua- propter,in neutroexpositorum generum, continzit ulla notabilis offensio, si perperam usurpentur, puta, in Diatonico intenso sesquioctava pro sesquinona in loco praecedente, et Limma pro sesquidecimaquinta in loco sequente... » (Ptol., p. 84.) comme une charlatanerie, est, en réalité, le calcul approximatif par logarithmes, calcul fondé, non pas sur la théorie purement mathé- matique, qui ne sera donnée qu'au xvue siècle par Neper, mais sur l'aptitude de l’oreïlle à me- surer par addition des intervalles musicaux qui se confondent sensiblement avec ceux qui sont calculés par multiplication. On pourrait dressertouteune table de logarith- mes calculés empiriquement en prenant pour nombres tous les rapports numériques représen- tant tous les sons de la série de quintes dite série pythagoricienne, et comme logarithmes correspondants les nombres de demi-tons qu'il faut ajouter au premier pour former ces mêmes sons dans le système d’Aristoxène, soit 7 demi- tons par quinte. Nous inserivons dans la première colonne les noms modernes des notes qui sesuiventde quinte en quinte ; dans la deuxième leurmesure pytha- goricienne, P; dans la troisième leur mesure aristoxénienne À. Notes P A Notes P A D 35 ut 1 0 sol, as 56 3 À 39 sols ES 7 rés 55 63 ; 32 ” 310 ré, ee 14 la; 56 70 33 | au la, EE 21 ul] 97 34 Ne 312 Mis et 28 Si76 = 84 # 2! "A el ï 35 ù 313 Si — 39 NE gi DR 36 71 31 fa pa 42 | ul Es «I 98 FUST F, 315 ut# 1" ri 49 7 7 105 Les nombres pythagoriciens sont les termes d’une progression géométrique de raison 3 i les nombres aristoxéniens sont les termes d’une progression arithmétique de raison 7. Les der- niers sont les logarithmes des premiers. Pour calculer la base du système, le nombre dont le logarithme est 1, il suffit d'abaisser (suivant l'évaluation moderne des intervalles) le si, de 95 2 octaves, ce qui donne le nombre T3 s0n loga- rithme sera diminué de 2 fois 12; il sera donc L 35 — 24 — 11. Or l'intervalle de ut, (mesure te AU UT A 5 2 pythagoricieone : 2) à st, () est approximati- vement d’un demi-ton, et a pour logarithme 1, L | L Léon BOUTROUX. — SUR L'HARMONIQUE ARISTOXENIENNE 269 35 28 DT ou 35 ment, ou, aussi bien : VE «A On peut insérer des nombres nouveaux entre deux termes de la progression géométrique et connaître immédiatement les logarithmes de ces nombres. Il suflit de considérer le 7x + 1i*"° terme -La base est donc 2: » approximative- (+) de la progression des nombres pyipagos | riciens et de le diviser par une pan p de2 telle que le HAOSER) soit compfis entre les deux termes fixés : le nombre obtenu est la mesure pythagoricienne de la nième quinte, baissée de p octaves; sa mesure aristoxénienne est : n quintes — p octaves, c’est-à-dire : À 7n —12p; £ 3 tel est le logarithme de —— DncF Par exemple la note ut, FF à pour mesure LAS 3! L : pythagoricienne ji et pour mesure aristoxe- nienne 98. Abaissons-la de 8 octaves pour l’insérer entre ut, et ul, : Note obtenue Mes. pythag. 314 JATFS 214 FR Ce logarithme est Mes. aristox, \ ut 98— 19 »xX8—2 2 est le Po de aussi égal à 14 — 12; c’est donc le même que 2 celui de ré) : l’approximation d’Aristoxène ne distingue pas ut #;# de re. On voit aussi que, le premier nombre de la série aristoxénienne qui soit multiple commun à 7 et à 12 étant 7 X 12— 84, ce nombre repré- sente à la fois la douzième quinte et la septième octave de ut. La note, comme douzième quinte, s'appelle si ; comme septième octave elle s’ap- pellewt., et tous les doubles dièses qui suivent se confondent, dans l’approximation aristoxé- nienne, avec les redoublements des notes qui suivent uts. ; . La relation qui existe entre les tétracordes dia- toniques d’Eratosthène et d’Aristoxène est une application de l’aphorisme que Ptolémée met en tête de son ouvrage! : 1. « Universim loquendo, Sensuum proprium est, id quidem invenire posse quod est vYero-propinquurn, quod autem accuratum est aliunde accipere; Rationis autem, aliunde accipere quod est vero propinquum, et quod eccuratum est adinvenire, » (Ptol., p- 1.) REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES « D'une manière générale il appartient aux sens de pouvoir découvrir l’approximatif, et de recevoir d'ailleurs l’exact; maïs c’est le propre de la raison de recevoir d’ailleurs lapproxima- tif et de découvrir l’exact », par le curieux schéma : ce qu'il représente invenit Pise secipit Sensus Propinquum Ratio - - Accuratum invenit JL. — ENCHAÎNEMENT DES TÉTRACORDES : SYSTÈMES Nous ne nous sommes occupé jusqu'ici que de la constitution du tétracorde, et c’est le problème essentiel de l’harmonique. Mais les Anciens superposaient les Dares de manière à former des « systèmes », et cela de deux manières, soit en prenant pour première note du second tétracorde la dernière note du premier {tétracorde conjoint), ce qui donne une septième, soil en séparant le second du premier par un intervalle d’un ton disjonctif (tétracorde disjoint), ce qui fournit une octave. Enfin, ajou- tant au système d’octave, dans l’aigu, un tétra- corde montant (hyperbolaïoi), et dans le grave un tétracorde descendant (kypatoti), les Anciens ont oblenu un système de 15 notes enfermé dans un dis-diapason, dit « système parfait ». 11 n’y a pas dans l’Antiquité d’autres sortes de gammes. Les rapports qui mesurent les interval- les des notes conjointes varient suivant le genre etl’espèce des tétracordes, mais jamais on ne com- pare entre elles, à la même place dans l'échelle, les différentes notes de remplissage possibles, de manière à former ce que nous appelons de 108 jours une gamme chromatique. Ce qui pourrait, dans la musique antique, y faire penser, ce sont les mélanges de genres et d'espèces, pour lesquels les Grecs avaient beau- coup de goût. Ptolémée a tout un chapitre sur l'étude de ces mélanges. Parmi les tétracordes qu’il a adoptés, un seul, dit-il, peut être chanté seul d’un bout à l’autre de Foctave, c’est son « diatonique tonique » (+ X LUN 2 = 4 : PAC TEe. 2 3 lequel se confond avec celui d’Archytas. Les autres sont faits pour être mélangés; et il donne de nombreuses formules de mélanges: en voici une, à titre d'exemple (nous inscrivons au- dessous les noms modernes des notes qui pré- sentent les intervalles indiqués) : DE 467 6 D HAN 10 ré ut st la 9 nd D) ER D NC PAT sol fa mi ré Léon BOUTROUX. — SUR L'HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE i Les notes da sol fa mi appartiennent au « dia- tonique tonique de Ptolémée », et les autres au « diatonique intense de Ptolémée ». Mais on n’emploie pas au même degré deux notes d’ori- gine différente dans la même phrase musicale. L'idée de cataloguer toutes les notes musicales possibles à l’intérieur d'une octave est toute mo- derne : on ne comparait pas entre elles, par exemple, la lichanos du diatonique intense de Ptolémée avec celle de l’exharmonique d'Archy- las : il y aurait eu ainsi un nombre indéterminé de rapports différents. Les altérations des notes {ce que nous appelons maintenant dièses, bémols, intervalle enharmoni- que) ont été introduites dans la musique par deux voies différentes. Vers le x° siecle de notre ère apparurent les premiers essais de polyphonie : dans l’organum duplum (harmonisation à deux voix), le cantus firmus ou tenor (chant donné) était accompagné parun chantparallele soit à la quinte supérieure (contra-tenor), soit à la quarte inférieure (dis- cantus), interrompu parfois par l’unisson ou l’oc- tave; la note finale du £enor était toujours accom- pagnée de cette dernière façon, ce qui la faisait singulièrement ressortir. Ainsila finale prit dans le chant une importance croissante, et on en vint à lui attribuer une puissance d’attraclion par- ticulière, même dans la musique non organisée, ou homophone, sur la note pénultième. Dans les modes où le degré inférieur conjoint à la finale en était séparé par un ton, par exemple quand la finale était ré ou so/, cédant à cette attraction on éleva d’un demi-ton ce degré inférieur pour les cadences : ainsi s’introduisaient les notes ut” , faf., pour jouer ce que nous appelons mainte- nant le rôle de «note sensible »!.Cette dérogation au diatonisme fut popularisée par la musique des trouvères et des troubadours ! Elle s’introduisit aussi dans le chant d'église; mais l'autorité ecclésiastique la repoussait. Une bulle du pape Jean XXII, en 1322, interdit cette surélévation de la note pénultième : on s’abstint alors de la noter, mais on persista à l’exécuter. C'était bien une véritable altération de la note, qui gardait son nom : aussi appelait-on « usica ficta » là musique qui employait cette altération. Ces notes altérées n'étaient que des notes d’or- nement. Mais d’un autre côté on fut amené à 1. M.G. Sizes n'admet pas qu'on dise : la tonique attire la note sensible, C'est, dit-il, «un non-sens acoustique. Pour qu'un aimant attire, il faut d'abord qu'il existe », Mais il ne s'agit pas d'une attraction matérielle, C'est la pensée de la tonique qui attire la pensée de la note sensible, quand le chanteur est sur le point d'émettre la note sensible, il pense préalablement à la tonique, et l'aimant préexisté bien à ce qui est alliré, introduire les mêmes sons, sans sortir du diato- nisme, par une autre voic, par l'usage de la mo- dulation, c’est-à-dire du changement de tonalité à l’intérieur d’unepièce musicale. Primitivement, dans la musique homophone, la modulation était limitée à l'emploi du tétracorde conjoint et du disjoint concurremment dans une même mélo- die. Maïs la musique polyphonique fit naître de nouveaux besoins. Vers la fin du Moyen Age, elle fit de grands progrès : à l'oxganum double, tri- ple uu quadruple, composé de parties parallèles, succéda le contrepoint. Là les parties, loin de demeurer parallèles, se répondaientles unes aux autres en un véritable dialogue où les répliques chevauchaient. Un des moyens de développe- ment de la pensée musicale fut l’éitation, Dans l’imitation dite «régulière », on transporte d'une partie à une autre un dessin mélodique en con- servant exactement les intervalles des notes qui le composent. En voici un exemple, tiré du motet « O vos omnes, qui transitis per vium » de Vittoria : Soprani L’imitation régulière, quand elle n’est pasfaite à l'unisson ou à l’octave, faitnécessairement sor- tir de la tonalité : ainsi dans cet exemple l'anté- cédent(le fragment chanté par les soprani) appar- tient à la tonalité de si? mineur; le conséquent, chanté par les alti, appartient à la tonalité de fa mineur. Ainsi s’introduisit d’une façon régulière l’em- ploi de la modulation. Sous l’influence de l’imi- tation, l'oreille s’habitua non seulement à tolérer, mais à rechercher le passage d’une tonalité à une autre, et l'usage de la modulation s’étendit indé- finiment en prenant une importance croissante dans la musique ; à tel point qu'aujourd'hui la marche des modulations, le choix prémédité des tonalités qui se succèdent, est devenu un des moyens fondamentaux de la construction d’une œuvre musicale, La modulation exige la création de notes nou- velles. Prenons par exemple la modulation la plus simple, produite par l’imitation régulière. à la quinte. Si l’on imite une mélodie en wt en i * prenant so/ pour nouvelle toniqde, et si le sys- tème musical employé est celui d’Eratosthène ou celui d'Aristoxène, la nouvelle tonalité aura - des notes communes avec la première, savoir : sol, la, si, ut, ré, mi; mais le septième degré devant être à 1/2 ton de la tonique aiguë, le fa du ton d’uf ne peut plus servir : il doit être remplacé par une note plus élevée d’un demi-ton : nous la nommons aujourd’hui fa” parce qu'elle se trouve être identique au fa altéré de la rnusica ficta. Une nouvelle modula- tion, où la nouvelle tonique sera le ré, quinte de sol, introduira de même la note nouvelle ut#, et ainsi de suite. C’est ainsi que s’engen- drent, diatoniquement, tous les dièses et tous - les bémols, les doubles dièses et les doubles bé- mols : ils sont essentiellement caractéristiques de nouveaux tons. Ils n’appartiennent pas à une gamme, mais à plusieurs gammes différentes. Non seulement dans V’Antiquité, mais au Moyen Age, où nous trouvons l’harmonique grec- que mise en œuvre dans le chant grégorien, on n'avait aucun besoin de grouper à l’intérieur d’une octave des notes appartenant à des tona- lités différentes. Ce n’est qu’au xvn° siècle de notre ère que, sous l'influence des besoins de la musique polyphonique, qui, par le procédé de l’imitation, comme nous venons de le voir, fai- sait entendre simultanément des fragments de mélodie appartenant à des tonalités différentes, s’est introduite l’idée d’une échelle fixe compre- nant des sons propres à des tonalités diverses, et alors il est devenu rationnel de comparer, par exemple, la note sensible du ton de so/ au qua- trième degré du ton d’ut. Le groupement des notes altérées avec les notes naturelles, groupement antimusical comme enchainement mélodique, est nécessaire au fac- - teur d’orgues ou de pianos, qui doit fournir à toute hauteur le matériel sonore nécessaire à l'emploi de tous les tons. Mais il est peut-être à regretter qu'on lui applique le nom de gamme, qui fait penser à des notes enchainées les unes aux autres par un lien mélodique. Il me parait surtout à regretter que, dans les études de méca- nisme instrumental, les élèves-musiciens s’ha- bituent l'oreille à la gamme dite chromatique (laquelle est absolument étrangère au genre chromatique grec), gamme propre à détruire la délicatesse du sens musical, puisqu'elle prive les notes de toute fonction tonale et façonne l'oreille à trouver toute naturelle une succession de sons qui devrait être pénible à entendre. Les notes altérées sont, dans la musique antique, et en particulier dans le chant grégo- rien, qui la fait revivre pour nous, essentiellement 2 PO | des notes de remplacement, et non de juxtaposi- tion. C'est à la musique moderne seule qu’ap- partiennent les relations dites chromatiques telles que Certes les notes du pyenon grec étaient en- core plus rapprochées les unes des autres: mais elles conservaient toujours le caractère d'élé- ments d’un tétracorde déterminé. Même dans la musique moderne, ces relations dites chroma- tiques donneraient à la mélodie un caractère maladif si l’on en faisait un usage très fré- quent; et quant aux successions de nombreuses notes à intervalles de demi-ton, elles devraient être réservées à l’imitation du bruit du vent ou d’autres bruits non musicaux. IV. — RÉALISATION, SUR LES INSTRUMENTS, DES SONS DÉTERMINÉS THÉORIQUEMENT Jusqu'ici nous nous sommes occupé de la détermination théorique des sons musicaux.Mais ces sons doivent être entendus. Commentest-il possible de faire produire sur des instruments de musique les sons choisis ? Nous avons trouvé deux méthodes de déter- mination théorique : la détermination pytha- goricienne, fondée surles rapports de longueurs des cordes vibrantes, ce qui revient au même que la détermination moderne fondée sur les rapports de fréquence du mouvement vibratoire; et la détermination aristoxénienne, fondée sur l'addition d’un intervalle élémentaire, Laquelle de ces deux méthodes conduit à des résultats susceptibles d’être réalisés matériellement ? Certes la division d’une corde en parties mesurées est un fait concret qui peut être réalisé mécaniquement, sans autre erreur indétermi- née que l'erreur inévitable dans l'exécution mécanique de toute mesure. Mais ce procédé pour réaliser les sons ne peut être employé pra- tiquement que d’une manière exceptionnelle, parce que, pour que des cordes pussent être accordées d’après leur longueur, il faudrait qu’elles eussent destensionsinvariables en même temps que des longueurs invariables, ce qui est impossible. D'un autre côté, la détermination aristoxé- nienne des sons mérite bien réellement le repro- che exprimé par Ptolémée : elle ne repose sur Léon BOUTROUX. — SUR L'HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE aucune réalité matérielle; elle suppose toujours réalisés au préalable un certain nombre d'’inter- { valles par la mesure pythagoricienne. Il ne suflit pas de mesurer l'intervalle d'octave, car le musi- cien ne pourrait pas, par l'oreille seule, prendre le douzième de cet intervalle. Il faudra encore mesurer ceux de quinte et de quarte. Une fois ces intervalles réalisés par la méthode pytha- voricienne, l'oreille les retient par la mémoire, de sorte qu'après avoir chanté les notes /a-mi et la-ré, le musicien est apte à chanter aussi l'intervalle »ri-ré, en rapprochant les deux sons mi et ré qu'il se rappelle. Ainsi est fixé pour l'oreille, sans mesure géométrique nouvelle, l’in- tervalle musical d’un ton. De plus, le sens mu- sical possède l'aptitude à transposer les inter- valles, c’est-à-dire à reproduire les intervalles qu'il connaît, à partir d'un premier son quel- conque. Aussi le musicien peut-il, sans faire aucune nouvelle mesure matérielle, superposer des quintes les unes aux autres, on superposer des tons, et par des reculs d’octave où de quinte, ou de quarte ou de ton, remplir la quarte, ou la quinte, ou l’octave, ou un intervalle quelconque, de sons qui, par leur mode de génération; appartiendront théoriquement à la gamme dite pythagoricienne, c’est-à-dire au système disjoint d'Eratosthène. C’est le seul procédé pratique pour la réalisation des sons de cette gamme : à l’origine, détermination géométrique d’inter- valles fixes, qui sont pour l'oreille des modèles reçus de la raison, comme le veut Ptolémée, et agréés par le sentiment; puis transposition de ces modèles à partir de divers sons pris pour origines, sans autre guide que l'oreille. Ce procédé ne conduit donc pas à la gamme d’Aristoxène; mais, comme il repose sur l’apti- tude de l'oreille à reconnaître les intervalles, et que la sensibilité du sens musical ne permet pas PEDS ——) soit 98 de distinguer sûrement un limma (5 0 US" en mesure moderne 23°) d'un vrai demi-ton 9 ; ? S < ( g soit 257,5 | ni d’un vrai douzième d’oc- AE tave ( 2, soit 267,4). Aristoxène peut l’em- ployer et l’emploie en effet pour produire les sons réels sur les instruments. Nâturellement Ar:stoxène ne se rend pas un compte exact de l'approximation qu'il emploie : aussi est-il facile de relever des inconséquences daus ses affirmations. C'est ainsi qu'il formule le principe suivant : « Dans tous les genres, si l’on part d’un son quelconque pour parcourir lé- chelle de degré en degré soit vers le grave soit , vers l’aigu, le quatrième son que l’on rencontre doit former une consonance de quarte avec le premier, ou le cinquième une consunance de quinte !.» Ce principe est appliqué rigoureuse- ment dans l’échelle d’Eratosthène, mais il ne peut pas l'être dans celle d'Aristoxène. Demême les règles pratiques reproduites d’après Aris- toxène par M. Gabriel Sizes (note du 5 août 1918) conduisent à des sons qui ne présentent pas en- tre eux les intervalles de tons et demi-tons aris- toxéniens. 4 Les inconséquences du système d’Aristoxène proviennent de l’indétermination de l'approxi- mation avec laquelle ses mesures sont faites. La ] 2 : 2j9 base de son système de logarithmes est V—+ 42 ou 28 2 ee 2 ou => l’un de l’autre; en les prenant indifféremment pour bases, on arrive aux mêmes mesures loga- rithmiques approchées. Mais si l’on prend pour Ces nombres diffèrent très peu 12 | base V 2, les octaves, mesurées par les mul- tiples de 12, sont justes, et tous les autres inter- valles sont faux; si l’on prend une base telle que la quinte 7 soit juste, l’octave 12 est fausse. En somme les définitions du demi-ton mn 5 1 le -— de l’octave, le +de la quinte, le — de la 47 er se ; quarte, le —- de la différence de la quinte à la quarte, ces définitions sont, rigoureusement parlant, incompatibles. Aristoxène a donc visiblement échoué dans sa tentative d’émancipation parfaite de la musique à l’égard de la géométrie, et aujourd’hui nous voyons clairement qu'il ne pouvait en être au- trement, puisque ses mesures numériques ne sont que des logarithmes appartenant à un sys- tème dont ja base n’est pas un nombre exacte- ment défini, Mais comme il est impossible, sinon dans des expériences d'acoustique, du moins dans l'emploi des instruments de musique, de réaliser les sons déterminés géométriquement, autrement que par le jugement de l'oreille, les inconséquences du système d’Aristoxène per- dent toute importance dans le domaine pra- tique. Ce qui est à retenir comme gamme d’Aris- toxène, c'est sa gamme théorique, procédantpar tons et demi-tons additifs. Cette gamme présente le grand avantage de fournir des sons intermédiaires entre ceux de 4. Citation empruntée à Louis LaLo»: Aristoxène de Ta- rente, p. 223. Léon BOUTROUX. — SUR L’HARMONIQUE ARISTOXÉNIENNE 273 * deux gammes exactes : celle d’Eratosthène, où ne figurent que les facteurs premiers 2 et 3 et qui a été employée pendant tout le Moyen Age, et une nouvelle gamme où intervient le facteur . premier suivant, 5, qui utilise la tierce Fa figu- . rant dans le tétracorde diatonique intense de Ptolémée, et qui a étéadoptée pour les calculs de- puis le xvire siècle de notre ère sous les noms de gamme de Ptolémée.ou de Zarlino. Il est inutile d'étudier ici cette dernière gamme, qui est ex- | posée dans l’enseignement officiel. Son avantage particulier est de posséder une tierce rigoureu- sement consonante, comme appartenant à la sé- rie des premiers harmoniques, et donnée natu- rellement parle cor et la trompette. Grâce à cette qualité de sa tierce, elle a servi, et pouvait seule - servir, à constituer des accords, et l’harmonie moderne repose sur cette dernière gamme. Mais elle est inutilisable dans les modulations, parce * qu'elle ne présente que très peu de notes com- munes à des tonalités différentes. Par exemple, SÉDENE- à : ; son 7ri 7 tierce de la tonique ut, n'est pas le second degré de la gamme qu’on formera en pre- nant son ré pour nouvelle tonique : ce second ; 9 9 Ë Due degré est SX (diton pythagoricien au- dessus de ut). Mais, si le tétracorde diatonique intense de Ptolémée peut être remplacé sans offense pour l'oreille, comme le reconnaît Ptolémée, par le tétracorde d’Eratosthène, à plus forte raison pourra-t-il l’être par le tétracorde d’Aristoxène, dont les sons ont des hauteurs intermédiaires entre les correspondants de ces deux tétracor- des. La gamme d’Aristoxène peut donc rempla- ne. te À tosthène) et la gamme dite de Ptolémée. | _ Les musiciens modernes profitent de la légiti- . mité pratique de la confusion entre les trois gam- mes. Ils empruntent au système pythagoricien le catalogue général théorique de toutes les notes _ utilisées dans tous les tons sans avoir égard aux fonctions tonales des notes; dans chaque ton . isolé, ilsattribuent aux notes de la gamme leurs . valeurs ptoléméennes de façon à en faire des ac- cords dérivés de l’accord parfail 4-5-6; et, pour l'exécution sur les instruments à sons fixes, ils n’emploient que les sons de la gamme dite {em- pérée, c'est-à-dire de la gamme théorique d’Aris- toxène. V.— Conczusrox La doctrine d'Aristoxène doit être considérée de deux points de vue : du point de vue théo- cer à la fois la gamme pythagoricienne (d'Era- rique (définition des notes musicales} et du point de vue pratique (réalisation des notes sur les instruments). Les mesures théoriques des intervalles musi- caux constituent la partie originale de la doc- trine d’Aristoxène. Il prend pourpoint de départ la définition pythagoricienne de l'octave, de la quinte et de la quarte. Il prend pour unité d’in- tervalle musical la différence entre la quinte et la quarte, le ton. Pour mesurer tous les inter- valles, cette unité est trop grande : il adopte des sous-multiples. Pour constituer les sous-multiples, il divise arithmétiquement, et non par extraction de ra- cine nième, l'intervalle de ton tel que le connait l'oreille. Le musicien ne peut pas, par l'oreille seule, effectuer directement cette division; mais il peut, dans la quarte descendante /a-mi, insé- : rer deux tons, ce qui donne les notes sol, fa; entre fa et miil ya un résidu; si le musicien transpose la formule mélodique /a-sol-fa-mi à partir de sol pour origine, il trouve, comme le montre le schéma ci-dessous, une nouvelle par- hypate, que j'appellerai fa! (troisième terme de quarle ton la sol fa mi ER 7 sol fa' mi quarte \ Noms modernes : (sol) (fa) (mit) /ré). la nouvelle quarte /a'-sol'-fa'-mi'), à laquelle au- jourd'hui nous donnerions le nom de ri; son oreille a retenu le premier z£, et juge que l'in- tervalle entre celui-ci etle fa’ est le même que l'intervalle entre le fa et le mi. Nous savons que l'égalité n’est pas rigoureusement exacte, mais l'oreille ne sent pas la différence. Dès lorscet in- tervalle, le résidu compris entre faet mr, est, pour l'oreille, le demi-ton,et voilà réalisée, parl'oreille, la division du ton en deux parties égales. L'évaluation par l'oreille d’un intervalle musi- cal moitié d’un autre est obtenue par le même procédé que l'évaluation par l'œil d’un éclaire-. ment moitié d'un autre. On constate avec un photomètre que deux sources lumineuses, pla- cées à la même distance de l’écran, y produisent des éclairements égaux, que par conséquent elles sont égales; puis on constate que, placées tout à côté l'une de l’autre, c’est-à-dire sensiblement au même point, elle produisent un éclairement égal à celui que produit une seule source placée . 74 M. DESMARETS. — LA COMBUSTION DE SURFACE à la même distance de la surface éclairée: et l’on affirme que l’éclairement produit par l’une des petites sources est la moitié de l’éclairement pro- duit par la grande. Si l'intervalle ainsi déterminé est bien un demi-ton, il est contenu 5 fois dans la quarte, 7 fois dans la quinte, 12 fois dans l’octave. Le principe de la division arithmétique d’un intervalle est ainsi établi. Dès lors on peut, théo- riquement, diviser le ton en quarts ou en hui- tièmes. Les sous-multiples du ton sont, pour Aristoxène, comme nous l’avons vu, le demi-ton, le tiers, le quart et le huitième de ton. Mais ces trois derniers sous-multiples ne sont employés par lui qu’à la génération de genres tombés au- jourd’'hui en désuétude : nous n’avons donc à re- tenir, pour comparer la musique aristoxénienne à la nôtre, que le demi-ton. _ Ainsi le système propre d’Aristoxène repose sur la confusion, considérée comme fait expéri- mental, entre le limma et la moitié d’un ton, confusion géniale, qui le conduit, comme nous l'avons montré, à trouver le principe du calewl par logarithmes. Par cette nouvelle manière de calculer les intervalles au moyen d’une unité ad- ditive, Aristoxèneaffranchit, non pas absolument, mais dans la mesure légitime, la musique-art de la musique-science, et il consacre un sys- tème d’approximation sans lequel tout le déve- loppement de l'harmonie moderne aurait été im- possible. Léon Boutroux, Professeur à l’Université de Besançon. LA COMBUSTION DE SURFACE I. — Historique Humphry Davy, au cours de ses recherches sur les flammes en 1817, constata qu’un fil de pla- tine chaud, introduit dans un mélange de gaz d'éclairage et d’air rendu inexplosible par un excès de combustible, rougit immédiatement et reste à cet état jusqu’à ce que tout l'oxygène du mélange ait disparu. Plus tard Dulong et Thé- nard, William Henry et Th. Graham reprirent cette question ; ils établirent que les métaux du groupe du platine, principalement, possèdent la propriété de déterminer la combustion des gaz à des températures relativement basses; de tous les gaz combustibles, c’est avec l'hydrogène que ce phénomène se produit le plus facilement. Le mécanisme de cette combustion de surface fut l’objet d'une controverse célèbre entre Fara- day et de la Rive en 1834-5. Ce dernier émit l’hy- pothèse que cette combustion était le résultat d'oxydationset de réductions de la surface alter- nant rapidement. Faraday pensait que la sur-° face condense à la fois l’oxygène et les gaz com- bustibles, ce qui produirait dans les couches superficielles un état comparable à celui qui ré- sulte d’une pression élevée. Cette intéressante question fut ensuite long- temps négligée. Elle ne fut reprise qu’en 1887 par Fletcher, qui montra la possibilité de réaliser la combustion de surface avec des métaux autres que ceux du groupe du platine. Il injectait un mélange de gaz et d’air sur une grosse boule de fil de fer, chauffée au préalable à une tempéra- ture suffisante pour amorcer la combustion con- tinue superficielle. La flamme était éteinte en suspendantmomentanément l’arrivée du mélange combustible; puis la combustion superficielle s’amorçait dès que le mélange combustible arri- vait à nouveau au contact de la masse encore chaude et la température augmentait dans de très fortes proportions. W. A. Bone reprit cette question en 1902 et l’étudia très à fond. Il trouva : 1 que toutes les surfaces possèdent la propriété d’accélérer la combustion gazeuse à des températures infé- rieures au point d'inflammation, et cela à des degrés différents selon leur caractère chimique et leur texture physique; 2° que cette combus- tion superficielle accélérée dépend de l'absorp- tion du combustible gazeux et vraisemblable- ment aussi de l’oxygène par la surface, ce qui l'active (probablement l'ionise) par association avec la surface; 3° que la surface elle-même se charge électriquement pendant la combustion. Ces faits sont établis clairement par l'examen de la, surface d’une toile métallique en fil d'argent avant et après une assez longue série d’expé- riences, où elle avait servi d'agent catalyseur pour la combinaison de l'hydrogène et de l’oxy- gène à 400°C. Les fils avaient un aspect givré résultant de l’action de creusement des gaz pendant leur absorption par la surface. L'on ne sait pas encore d’une façon certaine comment agit la surface dans la combustion sans #3 x "05 SEULS É | 3 4 j flamme ; mais, ce qui est indéniable, c’estle rôle que joue cette surface. Sir J. Thomson a exposé en 1910 à la « British Association» que la com- bustion met en jeu non seulement des atomes et des molécules, mais encore des électrons; il émettait l'hypothèse que l'émission, par les sur- | | | faces chaudes, de particules chargées électrique- ment constitue un facteur extrêmement impor- tant de leur influence. C’est un fait connu que les surfaces incandescentes émettent des torrents d'électrons animés d’une grandeï vitesse; il en résulte la formation de couches de gaz électrisé dans lesquelles les changements chimiques se produisent avec une extrême rapidité. Il, —. APPLICATIONS INDUSTRIELLES / La combustion sans flamme a reçu en Angle- terre principalement, sous l’impulsion de M. le Professeur Bone, certaines applications indus- trielles. Les avantages de ce procédé, connu sous le nom de procédé « Bonecourt », sont les sui- vants : 4° La combustion est Mélérde dans de très grandes proportions par la surface incan- . descente, et peut, à volonté, être concentrée à l'endroit exact où la chaleur doit être appli- quée ; 2° La combustion est parfaite avec un excès d'air réduit au minimum ; 3° L’obtention de tem- - pératures élevées peut être réalisée sans qu'il soit nécessaire d'utiliser des dispositifs de récu- pération de chaleur; 4° Par suite de la propor- tion énorme d’énergierayonnante développée, la transmission de chaleur du siège de la com- bustion à l’objet à chauffer est excessivement rapide... Le premier dispositif qui fut utilisé pour réa- liser la combustion sans flamme et qui a servi à l’étude de cette question est représenté par la _ figure 1. Le mélange homogène de gaz et d'air était envoyé sous faible pression à travers un _ diaphragme poreux constitué par des substances | ; ; d'âbord arriver le gaz seul, réfractaires ; le mélange brülait sans flamme sur le côté desortie des gaz; cette surface était ainsi __ maïntenue à l'état d’incandescence. Le dia- phragme se compose de grains de briques réfrac- taires agglomérés au moyen d’un liant quelcon- que. La porosité du diaphragme est établie selon la nature du gaz à employer. Le diaphragme est monté dans un logement approprié, de telle sorte que l’espace compris entre le diaphragme et l'enveloppe forme chambre d'alimentation du mélange gazeux. Pour allumer ce dispositif, 10 faisait tout et on l'enflammait lorsqu'il arrivait sur la surface ; l'air était en- suite ajouté graduellement jusqu'à se trouver en ‘la cuisine domestique, M. DESMARETS. — LA COMBUSTION DE SURFACE 275 À —_—_—] ———_——_—————————————…"…"—— ———— <<’ << << — proportion voulue dans le mélange. La flamme, d'abord lumineuse, perd peu à peu de sa lumi- nosité, au fur et à mesure que la quantité d’air ajouté augmente, eten même temps diminue de longueur; finalement, elle se retire sur la surface qui prend aussitôt une teinte bleuâtre; bientôt les grains de la surface sont portés au rouge, en prenant un aspect truité caractéristi- que ; finalement, toute la surface devient rouge mais et la combustion su- perficielle accélérée proprement dite com- mence. Tout aspect de flamme disparaît; il se manifeste seule- mentunrayonnement calorifique intense, qui peut être main- tenu aussi longtemps qu'on le désire. Les essais effectués avec le diaphragme ont permis de faire un certain nombre de remarques intéres- santes. La combustion réel- le est localisée dans unecouchetrès mince de 3 à 6 millimètres d'épaisseur seulée- ment : il n'y a pas trace de chaleur dégagée dans aucune autre par- tie de l'appareil, à tel point que l’on peut poser la main sur le dos de l'appareil en plein fonc- tionnement. La combustion du gaz est absolu- ment complète, pourvu que le mélange d’air et de gaz soit en proportions convenables. La tem- pérature à la surface du diaphragme peut être réglée instantanément en faisant varier la quan- tité de gaz alimentée. Le diaphragme dela figure1 peut être employé dans toutes les positions, sous un angle quelconque. Une grande variété de com- bustibles est utilisable : gaz de ville ou de fours à coke, seuls ou mélangés de gaz pauvre, gaz na- turel, ait carburé, gaz à l’eau carburé. Enfin, l'incandescence ne dépend pas de la nature de l'atmosphère extérieure, c'est-à-dire qu’une fois le-diaphragme porté au rouge et les proportions de gaz et d’air bien réglées, la surface se main- tient incandescente même dans une atmosphère d'acide carbonique. Ce ‘dispositif de diaphragme a été utilisé pour puis industriellement pour le chauffage et la concentration du sirop de sucre. Le sirop est mis dans des bassines en Fig. 1. — Premier dispositif em- ployé pour réaliser la combustion sans flamne. 276 M. DESMARETS. — LA COMBUSTION DE SURFACE nn ———_—_—_————— —" —— ————— "—.—_—_————————— cuivre placées au-dessus d’un diaphragme cir- culaire de 33 em. de diamètre (fig. 2) : l’alimen- tation du mélange gazeux est réglée au moyen d’un levier qui commande d’un même mouve- ment les robinets d'air et de gaz. L'allumage est réalisé automatiquement-au moyen d’une petite lampe pilote, Chaque bassine effectue 16-12 tes par jour cui- : certains diaphragmes sont en ser- vice journalier continu depuis un an environ. Fig. 2. — Dispositif à combustion sans flamme pour le chauffage el la concentralion des sirops de sucre. Avec ces appareils, une longue pratique a per- mis de constater que la consommation de gaz était la moitié de celle résultant de l'emploi des brüleurs à gaz ordinaires. * Ilexisteun secondprocédé de combustionsuper- ficielle, applicable à tous lescombustibles gazeux ou vaporisés : il consiste à injecter, à travers un — Dispositif de chauffage d'un creuset par la combustion sans flamme. Fig. 3. orifice approprié, à une vitesse plus grande que celle de retour de flamme, un mélange explosif de gaz (ou de vapeur) et d'air, en proportions de combinaison, dans un lit de grains de matières réfractaires incandescentes disposées autour ou à proximité du corps à chauffer; la figure 3 mon- tre comment ce procédé peut être appliqué au chauffage d’un creuset. Ce dernier est entouré d'une couche de grains de substance réfractaire “incandescents. Le mélange de gaz et d'air est injecté à grande vitesse à travers un orifice étroit à la base du four et vient frapper sur la masse incandescente ; la combustion s'effectue immé- diatement et sans flamme, Le siège de la com- bustion active est à la partie inférieure de la couche : les gaz brûlés, en s’élevant à travers les couches supérieures, leur abandonnent rapide- ment leur chaleur et les maintiennent à l'incan- descence. Ce dispositif est applicable à tous les types de fours, par exemple au chauffage des moufles, creusets, cornues, etc. Il n’est pas nécessaire que la couche de substance réfrac- taire soit épaisse, puisqu’une faible épaisseur suflit pour que la combustion soit complète. Il n’est pas nécessaire non plus que cette couche soit disposée autour de l’objet à chauffer; elle peutêtre placée dans des tubes qui traversent le corps ou le fluide à chauffer. Avec ces dispositifs l’on peut obtenir des tem- pératures très élevées, la seule limite semblant être les qualités réfractaires des substances con- stituant l’enceinte à chauffer (moufle ou creuset). Dans unfourà creuset chauffé par ce procédé avec du gaz de ville, l’on est arrivé à fondre un cône de Séger n° 39 (1.8800C.), ce qui aurait permis de fondre du platine, Sans récupération de chaleur, l’on peut atteindre facilement 2.000°C. avec du gaz de ville et 1.500°C. avec du gaz pauvre (gaz Mond). L'utilisation la plus importante de la combus- tion superficielle, ou du moins celle qui a été étudiée le plus complètement, a été la produc- tion de vapeur dans les chaudières multitubu- laires. Le premier essai de Bone se rapportant à cette question fut effectué au moyen d'un simple tube d’acier de 76 mm. de diamètre et de 91 em. de longueur, réfractaires et placé dans l’eau: il était possible d'y brüler par heure 2,83 m* de gaz de ville en mélange avec 15,6 m° d'air; tube à la température de 200°C. La transmission de chaleur atteignait 88 °/, et la quantité d’eau évaporée par mètre carré de surface de chauffe. était le double de celle d’une chaudière de loco- motive. Le gaz était complètement brûlé à 10-12 cm. de son entrée dans le tube. 7004 de l’évaporalion totale se produisait dans les 20 pre- miers centimètres, 22 0) dans les 30 suivants et rempli de grains de substances les gaz sortaient du M. DESMARETS. — LA COMBUSTION DE SURFACE . - 8 °/, dans les 30 derniers. Les matières réfrac- taires quise trouvent dans les deux derniers tiers du tube forment chicanes pour les gaz chauds brülés et les font frapper contre les parois du tube ; ceci augmente leur refroidissement et empêche la formation d’une pellicule immobile faiblement conductrice qui, dans les chaudières ordinaires, entrave sensiblement la transmission de la chaleur. « 2 Ayantobtenu desrésultats aussiencourageants, Bone construisit une petite chandière d'essais. ; qui lui permit de confirmer les conclusions de S ses premières expériences. Il fit ensuite cons- truire aux hauts fournaux de Skinningrove une chaudière qui devait être chauffée au moyen de gaz de fours à coke. Cette chaudière consiste en une virole de 3 m. de diamètre et de 1 m. 20 del’avant à l'arrière ; elle Boîte 3 fumée. 4. — Chaudière à combustion sans flamme, LA Fig. ; : | est traversée par 110 tubes en acier de 7,6 em. de diamètre intérieur, dans lesquels sont bourrés des fragments de substances réfractaires. A l'avant de la chaudière est placée une chambre d'alimentation qui distribue dans les 110 tubes le gaz de fours à coke à 15-20° C. sous une pres- sion de 25 à 50 mm. d’eau. Ce gaz avec une pro- portion réglée d'air est aspiré par un ventilateur, ._ àtravers un court tube de mélange, dans chacun ! des tubes de combustion où il brûle sans flamme au contact des matières réfractaires incandes- centes. Les gaz brülés ayant traversé les tubes s'échappent dans une chambre semi-circulaire à l'arrière de la chaudière et se rendent au réchauf- feur d’eau. Le ventilateur est placé immédiate- ment après cetappareil. Cette chaudière, après nn essai ininterrompu d'un mois, fut visitée; l’on constata que les tubes n'étaient pas entartrés; par suite de l’évapora- tion excessivement intense, le tartre aussitôt formé tombe de lui-même et d'une façon con- tinue des tubes à l’état des fines pellicules d’envi- ron 8/10 de millimètre d'épaisseur. féchauffeur d'eau ‘ d'alimentation. Les résultats indiqués ci-dessous sont ceux d'un essai à cdectué en présence d'une Commis- sion d'ingénieurs américains venus pour exami- ner cette chaudière : 10 heures 6,8 kgs; 2,882 m# 4.545 cal, par mÿ 13.098.690 calories, Dimée/del'essaun 7,0. 20e Pression moyenne de la vapeur... Volume du gaz brülé............. Pouvoir calorilique du gaz Chaleur totale fournie Température des gaz quittant la GARCIA SAN ae ele Lettis 1960C. Température des gaz quittant le réchauffeur d’eau. ,..... Hree 94,6°C. Eau totale vaporisée,....,.. 22,600 litres Vaporisation en kgs par m? de < sur- face de chauffe et par heure..... 68,8 kgs. Sécheresse pour cent de la vapeur. 99,2 Chaleur totale utilisée. ........... 12.170.699 calories Chaleur utilisée STE | Chaleur fournie 2902 Force prise par le ventilateur... 8,2 HE 2 (Aspiration de 50 em. d’eau.) Après cinq mois de service ininter- rompu de jour et de nuit, un tube de la chaudière fut démonté et soumis à des essais mécaniques. Ceux-ci furent abso- lument concluants : les propriétés du métal (résistance à la traction, limite d'élasticité, striction, etc.) n'avaient été altérées en aucun façon. Au cours de ces essais, l’on se rendit compte que les bourrages de grains de. produits réfractaires convenaient très bien pour des gaz parfaitement propres, c’est-à-dire débarrassés de poussières et de goudrons, mais qu'il était préférable d'employer des dispositifs rigides pour les gaz de gazogène qui contiennent toujours des impu- retés. Le dispositif représenté par la figure 5 à à combustion sans flamme. donné de bons résultats. Le mélange gazeux passe à la surface de ce dispositif au contact duquel il brüle à très grande vitesse. L'expérience a montré qu'il était plus avanta- geux d'employer des tubes plus longs et de plus grand diamètre (de 4 à 6 m. de longueur et de 15 em. de diamètre) ; de cette façon, le nom- | bre de brûleurs peut être réduit. Dans une Fig. 5.— Blocs creux pour le remplissage des tubes 278 ne Jeax CHAUTARD. — LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE Li chaudière ainsi construite, les gaz sortaient de la chaudière à 250°C., la pression de vapeur étant de 6 kgs. La composition des gaz brülés était la suivante : co? — 18,1 °/ O—=x,20) COS — néant N?r—,80;57007; Des chaudières multitubulaires dont les tubes sont bourrés de matières réfractaires peuventêtre utilisées également avec d'excellents résultats pour récupérer la chaleur des gaz de combus- tion. Cela tient très vraisemblablement à la _ grande vitesse avec laquelle les gaz traversent les tubes, tout en étant projetés sous différents angles contre les parois du tube, condition pri- mordiale pour une bonne transmission de cha- leur. Appliqué de cette façon, le système Bonecourt est employé. pour la production de vapeur au moyen de gaz de fours à coke sans régénération, de gaz de fours à sole, de gaz d'échappement de moteurs à gaz. Le rendement varie de 50 à 80°, selon la température des gaz brülés, qui peut varier entre 400 et 1.000°C. En Amérique, il existe un certain nombre de fours de trempe et de fours à recuire chauffés au moyen de la combustion superficielle; certains de ces fours ont les dimensions suivantes : 6,70 m. de longueur, 2,40 m. de largeur et 2,10 de hau- teur. Ces fours ont donné d’excellents résultats. La combustion sans flamme n’en est encore qu’à ses débuts. Les résultats excessivement encourageants obtenus pour la production de vapeur et le chauffage des fours métallurgiques montrentl’importance que peut prendre ce mode de combustion dans l’industrie. Il y a là toute une technique à créer et il est permis de croire qu'elle sera très fructueuse. M. Desmarets. LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE! Rien ne peut mieux montrer l'importance pri- mordiale des pétroles que l’énoncé le plus élé- mentaire des applications des divers produits de ‘Jeurdistillation : gazoline, restée le meilleur car- burant connu malgré les recherches de mélanges de remplacement; kérosine (pétrole), de plus en plus employée pour l'éclairage domestique mal- gré la propagation du gaz et de l'électricité; huiles lubréfiantes, indispensables à notre outil- lage économique, machines, matériel roulant, etc.; huiles lourdes, résidus de distillation, utilisées soit pour les moteurs Diesel, soit comme combustible de choix supérieur aux meilleurs charbons. - Accessoirement, il est opportun de signaler que de tout nouveaux procédés de distillation et de raflinage, procédés Rittmann?, assurant ün meilleur rendement en gazolines, permettent d'extraire du pétrole les earbures aromatiques, benzène, toluène, qui trouvent dans l'industrie chimique des débouchés importants. Escomptant l’évolution industrielle future, même en supposant que, par l’utilisation exclu- 1. Voir Jean CnaurarD : Le Problème de l'Origine des Pétroles, Revue générale des Sciences, t. XXV, n° 12, pp. 588- 596; Paris, 1914. 2, W. FE. Rirrmanx ; Manufacture of gazoline and benzene- toluene from petroleum and other hydrocarbons, in U. $, À, Bur. of Mines Bull, n° 114, Washington, 1916. — Voir aussi M. Dresmauers ; La Pyrogénation des hydrocarbures (craking). Fabrication d'essence minérale, de benzène et de toluène au moyen des huiles lourdes de pétrole. Rev. gén. des Sciences du, 28 févr. 1917, t. XXVIII, p. 109 et suiv. sive d’autres sources d'énergie, la gazoline,- la kérosine, les huiles lourdes n'aient plus d’em- plois, les huiles lubréfiantes n'en seront pas moins indispensables et leur préparation suflira à absorber la majeure partie des pétroles. Quoi qu'il arrive, nous ne sommes pas exposés à avoir des pétroles en excès, mais, bien au contraire, à en manquer, dans des délais plus ou moins loin- tains que l'on pourra bientôt évaluer. Pendant l'année 1915, alors que tous les gise- ments connus étaient encore exploités, la pro- duction des pétroles a atteint quatre cent cin- quante-deux millions de «barrels! », répartis comme suit : Etats-Unis d’A- mérique.,... 67:70 00/5 RABÉTOUL RSR 0,540/, Russie...., LD LT Allemagne..... 0,20 Mexique ...... 7,34 Trinidad,....,. 0,18 ‘Indes néerlan- dass PEER 2,73 Argentine, ..., * 0,12 Roumanie..... 2,70 j,_ Egypte... 0,0 inde}: RE 1:69 + |) JAÏSacer A EE ed Galicie.:.... : 0,850 Canada ie re" 0,0) Japon et For- Autres pays (en- , Moser .-5. : 0,68 semble) ..... o,o1 Depuis 1915, l'exploitation des gisements de Russie et de Roumanie a été en partie arrêtée ; la prépondérance américaine s'est accrue malgré le développement intense des exploitations mexicaines et l'ouverture de nouveaux champs pétrolifères importants d'Asie Occidentale : en 1. « Barrel » américain de 158 litres 985. Les Jean CHAUTARD. — LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE 1” 279° 1917 la production des Etats-Unis a dépassé 350 millions de « barrels » pour environ 500 mil- lions de production mondiale. Les puissances détentrices de grands territoi- res producteurs de pétrole ont aujourd’hui, pour n’envisager que celle-là, une suprématie écono- mique manifeste sur toutesles autres puissances; la situation de celles-ci,est particulièrement cri- tique puisque, privées de pétrole, elles ne pour- raient vivre ni industriellement ni socialement. Toute nation non productrice de pétrole a donc le besoin impératif de rechercher et d'acquérir, partout où faire se peut, les gisements de pétro- les susceptibles d'assurer, en totalité ou en par- tie, son indépendance économique. Les enseignements tirés de plusieurs centai- nes de milliers de forages et des études géologi- ques des régions pétrolifères exploitées ont amené depuis peu à connaître, sinon dans tous leurs détails, tout au moins dans leurs éléments essentiels, les causes de la formation des gise- ments de pétrole; chaque jour, des observations nouvelles dans les divers ordres de sciences pré- cisent ces connaissances et, au moment où se pose impérieusement la question du partage des gisements de pétrole du monde, chaque peuple dispose précisément de la plupart des données qui doivent permettre de rechercher et de trou- ver ces gisements. J: — ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DES GISEMENTS DE PÉTROLE \ Les organismes animaux et végétaux sont à l’origine de tout gisement; leurs graisses, leurs hydrates de carbone, leurs matières albuminoïdes ‘et gélatineuses, ensevelis dans les sédiments, constituent la matière première du pétrole. Dans certaines conditions de milieu réalisées dans les bassins d’évaporation d'eaux salées, bras de mer fermés, lagunes, atolls, etc., cette matière pre- mière a été bituminisée; les sédiments qui la ren- fermaient sont ainsi devenus des roches mères d'hydrocarbures. Les roches poreuses, interstra- tifiées dans les roches mères, déposées au-dessus d'elles ou venues à leur contact par des dépla- cements d'ordre tectonique, sont devenues les roches magasins recevant à l’état de pétrole — avec ou sans changement préalable d'état phy- sique — les hydrocarbures expulsés des roches mères; les meilleures roches magasins sont les sables, les grès, certains calcaires magnésiens ; à défaut de roches poreuses pouvant les emma- gasiner, les hydrocarbures restent localisés dans leurs roches mères ou vont constituer dans des failles ou des fissures des gisements d’un type spécial; des roches mères poreuses peuvent elles-mêmes devenir des roches magasins. Les gisements de pétrole formés par la concentra- tion des hydrocarbures, dans des roches maga- sins ou des fissures, ne peuvent être et subsister que s’ils sont recouverts par un toit imperméable; les meilleurs matériaux de ce toit sont les argiles, les marnes, les calcaires compacts; sa meilleure forme est la coupole. Si les dépôts d'un complexe pétrolifère sont restés horizontaux, les hydrocarbures sont res- tés disséminés in situ dans leurs roches mères; une partie de ces hydrocarbures émigre bien, sous la pression des sédiments qui les recou- vrent, dans des roches poreuses ou des fissu- res; mais il ne semble pas que des gisements exploitables aient pu en provenir. Si, au con- traire, il y a eu des localisations dans la com- pression des roches mères, les hydrocarbures en ont été refoulés et sont venus s’accumuler dans les roches magasins; ils y ont formé des gisements dont l'importance est proportionnée à la masse des roches mères comprimées et leur richesse en matière première. Pratiquement, les poussées orogéniques ont été les principaux agents d'expulsion des ‘hydrocarbures des ro- ches mères. Les plissements simples, avec ondu- lations d’axe dont témoignent les successions de dômes et de cuvettes, correspondent aux loca- lisations de gisements régies par la loi anticli- nale ; les plis couchés, les plis failles, les char- riages, les failles, intéressant des roches mères ou des gisements préexistants, posent autant de problèmes particuliers. Normalement, le pétrole des gisements est en équilibre dynamique : dans cet état interviennent la pression des sédiments couvertures, les poussées latérales, les poussées des gaz et des eaux, etc.; dès que la couverture présente une fissure, les gaz s’échappent et à ce moment le trouble survient dans l'équilibre du gisement; après un délai plus ou moins long, l'érosion superficielle, facilitée par la fissure, intervient et met le gisement en contact régulier avec l'air : à ce stade le pétrole est en équilibre statique; l'érosion s'accentuant amène la destruc- tion du gisement; celle-ci laisse parfois, comme .derniers témoins, des affleurements de roches magasins imprégnées de pétroles ou de bitume. Les eaux souterraines, fossiles ou non, peu- vent être, tour à tour, le piston maintenant le pétrole en équilibre, le chassant ou le laissant s'écouler. Au cours même de l'existence d'un gisement, toute modification dans la répantition des pres- sions peut provoquer la migration du pétrole. Ces données succinctes sur la constitution - des gisements de pétrole ne sont énoncées que fournir la 280 —— pour éclairer l'étude, présentée ici, qui a pour objet essentiel de montrer les voies et. moyens de recherche des champs pétrolifères. IL. — ExTENSION DES ROCHES MÈRES D'HYDROCARBURES La matière première des pétroles étant une matière animale ou végétale très facilement dé- composable à l'air n’a pu être mise à l'abri dans les sédiments que pendant la vie ou immédiate- ment après la mort des organismes; l’enseve- lissement rapide a dû empêcher tout contact ultérieur avec l'air: il est une des conditions de la substitution de la bituminisation aux décom- positions nitrifiantes ou oxydantes. Cette con- dition est réalisée dans les mers peu profondes, au voisinage des continents susceptibles de matière minérale abondante néces- saire à l'ensevelissement; elle ne semble pas réalisée dans les grandes profondeurs marines. Dans les lagunes et les mers intérieures en voie d'évaporation recevant d’abondants apports terrigènes, dans les récifs coralliens où les vases et le développement des jeunes organismes ense- velissent les organismes plus anciens, non seu- lement la matière première est abondante, mais ‘encore elle est conservée en milieu halogène fa- vorable à la bituminisation. L'extension des ro- ches mères d'hydrocarbures est d’ores et déjà limitée par ces deux constatations. Les roches mères sont particulièrement abondantes lorsque les bassins d’évaporation qui les renferment ont été alternativement inondés et exondés : les ré- gions et les périodes à régressions et transgres- sions intermittentes correspondent aux princi- paux gisements de pétroles!. Ces éléments d'appréciation et la comparaison avec les roches des gisements connus permet- tent de tenter une détermination de l'extension des roches mères d'hydrocarbures déposées au cours des périodes géologiques $1. — Ere primaire Les roches mères de la periode silurienne, les plus anciennes connues, sontlocalisées aux gise- ments de l’anticlinal de Cincinnati; ment permis de supposer que, aux abords des boucliers primitifs, il peut exister d’autres ro- ches mères, comparables, en particulier, aux for- mations récifales de bordure du caires de Trenton. facies des cal- La periode dévonienne donne déjà des docu- ments plus nombreux; les roches mères des Lacs 1. Jean Cuxuranb: Les rupports des gisements pétroli- fères avec les transgressions et les régressions marines, C. HR, Ac. Se., t. CLVII, p. 2931; 29 juin 1914. il est seule-. JEAN CHAUTARD.— LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE Canadiens et de l'Ontario, soit schistes alternant avec des grès, soit talcaires récifaux, corres- pondent à des types de sédiments qui se rencon- trent en Amérique du Nord et en Eurasie du Nord avec ies mêmes caractères; l’analogie des roches mères du Timan avec celles du Mackensie est tout à fait frappante. Les roches mères dévo- niennes doivent être recherchées en bordure des boucliers primitifs et aux abords des chaines calédoniennes. Les périodes carboniférienne et permienne ont vu un important développement de roches mères d'hydrocarbures; celles des gisements connus s'échelonnent sur toute la bordure des Appala- ches et de leurs prolongements occidentaux Bos- ton Mounts et Wichita Mounts: elles s’y sont déposées depuis la fin du Dévonien jusqu'à la base du Permien ;-les roches mères s'élèvent à des niveaux variables dans la série géologique, mais partout elles passent, brusquement ou pro- gressivement selon leslocalités, à des formations houillères. Cette vaste province américaine, riche en pétrole et en charbon, constitue une région périphérique où, pendant des temps très longs, se sont trouvés réunis uné matière première abondante et des milieux sursalés favorables à sa bituminisation; ces temps étant écoulés ou touchant à leur fin, la carbonisation s'est mani- festée dans des eaux moins salées tant sur la même matière première que sur des éléments nouveaux apportés avec les dépôts terrigènes et prenant bientôt la prépondérance. La succession sel-charbon ou hydrocarbures-charbon, qui se retrouvera dans des gisements plus récents, s’observe plus ou moins haut dans la série, soit verticalement, soit latéralement. Si l’on s’en rapporte à la longue période de temps pendant laquelle ces phénomènes se sont superposés ou juxtaposés, il est à prévoir que leur extension n’est pas limitée à la bordure des Appalaches, mais intéresse d’autres régions périphériques, Le champde recherches des roches mères car- bonifériennes et permiennes englobe les dépôts lagunaires et récifaux répartis dans des terri- toires dont l'énoncé géographique ne saurait trouver place ici; dans ce champ, il importe de rechercher tout particulièrement les formations en relation avec les dépôts de sel et les dépôts houillers, dans les régions où le sel a précédé le charbon. $ 2. — Ere secondaire La période triasique pendant laquelle les dé- pôts halogènes sont les plus fréquents et les plus considérables ne renferme que de rares petits gisements de pétrole : il y a là une exception et" du JEAN CHAUTARD.— LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE L LI d DE NN NT 281 apparente aux relations habituelles entre le sel et le pétrole. Il est cependant hors de doute que la bituminisation s’est manifestée dans les grandes lagunes triasiques :'on trouve, dans la plupart, des enduits et de petits niveaux de bi- tume, des inclusions de gaz hydrocarburés ; mais jamais on n’y à signalé d'importants dépôts de roches mères. À Stassfurt, les cristaux de sel de la zone inférieure contiennent, en inclusion, 3 à 8 centimètres cubes d'hydrocarbures gazeux par kilogramme; la zone inférieure de sel de Stassfurt est en quelque sorte une roche mère de mauvaise qualité ;la matière première du pétrole existait bien, mais l'apport des éléments néces- saires à son ensevelissement semble avoir fait défaut. Deux bassins lagunaires paléozoïques ou mésozoïques du Sé-tchouen, presque juxtaposés vraisemblablement de même âge, fournissent à ce sujet des données intéressantes : le premier, recouvert par une puissante série de schistes, de calcaires marins alternant avec des marnes et des grès, ne renferme que des quantités infimes de gaz et de bitume; le second, où le sommet du cal- caire marin est remplacé par des grès houillers, renferme de puissantes réserves de gaz et de pétrole. Il serait très important de compléter et de préciser ces observations. , [l'est probable que nous trouverons d'abon- dantes roches mères dans des lagunes triasiques chaque fois qu’une sédimentation assez intense yaura accompagné ou suivi les phénomènes d’éva- poration. La périodejurassique, considérée commeessen- tiellement tranquille, a été caractérisée par l'abondance de dépôts franchement marins; on connaît très peu de gisements jurassiques: il est cependant fort possible qu’il en existe parmi des formations récifales ou lagunaires de régions où la régularité et la tranquillité de sédimenta- tion n’ont pas été la règle. La même opinion peut être émise pour le dé- but dela périodecrétacique; la fin de cette période présentant des caractères communs avec l'ère tertiaire sera examinée avec elle. $ 3. — Ere tertiaire Les roches mères des gisements les plus nom- breux et les plus connus, Californie, Mexique, Caucase, Carpathes... — auxquels reviennent les trois cinquièmes de la production mondiale — appartiennent à des dépôts échelonnés du Cré- tacé supérieur au Pliocène ; dans toute cette série, le facies lagunaire se représente-assez fréquem- ment pour que, dans certains champs, on trouve une succession presque ininterrompue de com- plexes pétrolifères passant de l’un à l’autre, soit verticalement, soit latéralement ; la Californie offre plusieurs exemples de gisements superpo- sés du Crétacique au Miocène; le Texas montre des passages latéraux de gisements miocènes à des gisementls éocènes et crétaciques. La répartition géographique de tous ces gise- ments les fait apparaître comme des maillons d'une chaîne qui aurait jalonné les régions péri- phériques des temps secondaires et tertiaires; les roches mères connues du golfe du Mexique, de Californie, de l'Aïaska, du Japon, des Indes, du Caucase, des Carpathes, etc., incitent en quelque sorte à la recherche des maillons qui doivent compléter la chaîne. Au milieu du vaste champ de recherches qui s’ouyre ainsi à nous, l'exemple de la période miocène dans la région méditerranéenne est l’un des plus frappants; il intéresse les roches mères des gisements des Carpathes, du Caucase et, sans doute, de nombreux gisements encore inconnus. Au début de la période, la mer com- muniquant avec l’otéan a été le siège de dépôts calcaires marins correspondant à l'étage burdi- galien;les communications se ferment, de grands bassins d’évaporation se constituent: les forma- tions halogènes du ScAlier des Carpathes s'y dé- posent; plus tard, les communications avee l'océan se rétablissent, et c’est la nouvelle inva- sion marine de l’Aelvetien et du Tortontien; mais de nouveau l'isolement se fait, les bassins lagunaires et les bassins d’eau douce du Sar- matien y correspondent ; enfin l'abaissement du niveau marin s’accentue, les dépôts sarmatiens exondés sont en partie érodés pour faire place aux dépôts continentaux du Meotien et aux grands lacs d'eau douce du Pontien. Au cours de cette succession de phénomènes, les périodes du Schlier et du Sarmatien ont été particulièrement favo- rables aux dépôts de roches mères dans les bas- sins d'évaporation ; les roches mères ne se ren- contrent pas sur toute la surface de ces bassins, mais seulement aux emplacements où les dé- pôts ont renfermé en proportions convenables la matière organisée, le sel, la matière ensevelis- sante; c'est sous cette réserve qu’il est permis d’entrevoir l’extension des gisements possibles du Schlier et du Sarmatien d'après la distribu- tion des dépôts de ces deux étages. Les roches mères des nouveaux gisements envisagés en Perse, en Mésopotamie et en Egypte sont pour la plupart dans la zone d’extension ainsi définie. A travers les temps géologiques, le dépôt des roches mères de ‘pétroles a été localisé dans des régions à caractères bien déterminés. Si uous 252 connaissions dans tous leurs détaÿls les éléments sédimentaires de la lithosphère, ou si nous dis- posions de cartes paléogéographiques complètes correspondant aux diverses périodes géologiques, nous pourrions, dès maintenant, tracer les li- mites précises d’un champ de recherches. Nos connaissances ne sont pas encore assez dvancées pour nous permettre d'atteindre ce résultat, mais elles sont suffisantes pour nous déceler de vas- tes territoires à roches mères possibles. Quatre provinces géologiques s'imposent à l’at- tention: la province des roches mères siluriennes et celle des roches mères dévoniennes correspon- dent à deux bandes de formations périphériques successives bordant les boucliers primitifs ; la province des roches mères carbonifériennes- permiennes, au large des précédentes, plus éten- due qu’elles, correspond aussi à des formations de bordure; la province des roches mères crétaci- ques et tertiaires, de beaucoup la plus vaste, s’étale à la périphérie des continentssecondaires et tertiaires au fur et à mesure de leur émer- sion. Bien entendu, il ne peut y avoir de gisements dans les régions à roches mères que si des com- pressions ont agi sur ces roches pour en expul- ser les hydrocarbures; ainsi les poussées orogé- niques échelonnées du Silurien jusqu’à nos jours ont étéles principales causes de la formation des gisements connus et inconnus répartis dans les grandes provinces pétrolifères possibles envisa- gées ci-dessus. III. — MérnopE DE RECHERCHE DES GISEMENTS La recherche de nouveaux territoires pétroli- fères est généralement provoquée par le voisi- nage de gisements ‘exploités, la présence d’af- fleurements de roches imprégnées d’asphalle ou de bitume, de sources de gaz, de suintements de pétrole, de substances considérées comme les satellites du pétrole, sel, eaux sulfureuses, etc. L'étude d’un territoire présumé pétrolifère diffère complètement de l’étude d’un gisement minier; elle ne peut pas profiter des aflleure- ments ou développer des découvertes pour consta- ter la valeur d’un gisement d’après des données tangibles ; elle doit décider, par une simple étude de surface, si des forages profonds ont chance de rencontrer un gisement ; elle n’a point pour ob- jet l'examen d’un gisement existant, mais celui de l'opportunité d'engager des dépenses parfois considérables pour la recherche d’un gisement possible. Desexemples multiples prouventqu’une recherche en territoire à possibilité de pétrole doit être poursuivie jusqu'à son terme final, , quelle que soit la dépense à faire; par contre, une recherche doit être abandonnée dès qu'apparait l'impossibilité du territoire, Un géologue connaissant les champs pétroli- fèresestle technicien le plus désigné pour récon- naître cette possibilité ou cetteimpossibilité: Le terme final de la recherche d’un champ supposé pétrolifère est l'établissement, à l’aide de l’étude géologique de surface complétée par des forages, de l’épure de toute la masse des terrains intéres- sant le champ. Siles premiers forages profonds, placés aux emplacements les plus favorables à la rencontre des gisements,sont couronnés de suc- cès, cette épure n'est établie qu’au fur et à me- sure de l'exploitation. Dars quelques cas, un examen géologiquesuc- cinct permet d'abandonner les recherches avant d'entreprendre tout forage; le plus souvent,.il faut faire une étude géologique détaillée avant de décider de l’exécution de forages ou de l’a- bandon d’un territoire. \ $ 1. — Indices extérieurs Les suintements de pétrole, les sources de gaz, les aflleurements de bitume ou d’asphalte four- nissent desrenseignements divers selon la strati- graphie et la tectonique des terrains où ils apparaissent : il ne faut ni exagérer, ni SOus- estimer leur valeur, toujours réelle. Les pétroles s’étant formés etmis en gisement à l'abri de l'air, tout affleurement d'hydrocarbures gazeux, liqui- des ou solides, peut correspondre à un gisement en cours de destruction; les indices provenant de petits accidents locaux établissent seulement que la région aété le siège de la formation d’hy- drocarbures sans préjuger de l'importance de ce caractère; par contre, les indices provenant de la destruction de véritables gisements fournis- sent les éléments essentiels des premières inves- tigations dans une région nouvelle, En pays autochtone à plis réguliers, un suin- tement, une imprégnation dans une roche po- reuse, peuvent provenir d’une roche magasin mise à jour; quelques travaux d'abatage dans les couches supérieures et inférieures permettent souvent de préciser cette origine et de reconnai- tre tous les éléments, couverture, magasin, roche mère, d’un complexe pétrolifère, Ces renseigne- ments conduisent à rechercher si ce complexe n’est pas superposé à un autre ou si les couches, mises à nu à l'emplacement du suintement, ne sont pas convenablement recouvertes à d'autres emplacements. Les analyses physiques et chimi- ques des hydrocarbures imprégnants fournissent des documents sur les caractères des pétroles \ : régionaux, completenu desoxydations et polymé- risations superficielles. La puissance de la roche imprégnée, sa porosité, témoignent de l’impor- tance du gisement détruit et établissent une pré- somption sur celle des gisements conservés. Ce mode d'investigation simple a trouvé de nom- breuses applications dans la recherche des gise- ments américains subordonnés à des anticlinaux. En pays de nappes, les suintements sont plus difficiles à interpréter : au front d’une nappe, ils peuvent provenir de complexes pétrolifères de l’autochtone ; à l'arrière d’un lambeau convexe de recouvrement, ils peuvent établir soit que les roches autochtones sont pétrolifères, soit que des éléments.d'un gisement de pétrole ont été charriés avec le lambeau; dans l'axe d’un pli convexe de nappe, ils peuvent provenir soit des sédiments de la nappe elle-même, soit d'un gise- ment constitué au détriment de Fautochtone et dont la nappe est la couverture. Seule l'étude détaillée des facies des sédiments del’autochtone et des nappes permet de rechercher l’origine de ces divers types desuintements. Les sources d'hydrocarbures gazeux fournis- sent des renseignements de même ordre que les suintenjents de pétrole; elles correspondent à un stade moins avancé de la destruction des gise- ments, mais les voies par lesquelles les gazsont venus au, jour sont particulièrement délicates à suivre : de puissantes venues gazeuses sont con- sidérées comme un indice régional très favora- ble. Les affleurements de bitumecorrespondent, selon les roches dans lesquelles onles trouve,soit : à des pétroles polymérisés, soit à des bitumes de roches mères, provenant à leur tour, soit de gise- . ments détruits, soit d'accidents locaux. Les af- fleurements d’asphalte ont des origines plus variables : action de pétroles ou de bitumes sur des roches calcaires, imprégnations de calcaires parvenuesde gaz, produits de bituminisation ini- tiale en milieux calcaires. $2. — Stratigraphie ‘L'étude stratigraphique est la base de. toute recherche; extrêmement détaillée, elle doit mettre en évidence la continuité ou les change- ments de facies des diverses couches, leurs carac- tères lithologiques, minéralogiques, paléonto- logiques; les niveaux aquifères, ete. Pour cette étude, de bonnes cartes topographiques etgéolo- giques sont indispensables; un fond de carte au cinquante-millieme est suflisant, mais de nom- breux détails doivent être levés au dix-millième ou au cinq-millième. L'examen des afilleurements a besoin d'être complété par quelques tranchées © Jean CHAUTARD. — LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE 283 ou quelques puits permettant de recueillir des échantillons de roches saines. Toutes les roches doivent être analysées, examinées en plaques épaisses et minces, afin de déterminer les roches mères, magasins, couvertures possibles ; les ca- ractères macroscopiques et paléontologiques servent de repères aussi bien pour la recherche de minéraux importants que pour les comparai- sons avec des régions pétrolifères connues. Le travail sur le terrain est forcément loug; il doit être fait presque pas à pas, sans idée pré- conçue, en notant les détails en apparence les plusinfimes; il donne aiusi un faisceau de docu- ments parfois touffu, mais toujours complet et portant en soi la plupart des éléments de mise en œuvre de recherches ultérieures. Il estcertain que les succès de nos confrères américains dans la recherche des gisemerts de pétrole tiennent en partie au soin méticuleux qu'ils apportent dans le travail stratigraphique préparatoire. $ 3: — Tectonique La stratigraphie renseigne sur la valeur des roches mères, magasins, couvertures ;: la tectoni- que renseigne sur les zones de concentration possible des pétroles. L’expulsion des hydrocar- bures a été maxima dans les zones les plus com- primées ou les plus étirées des roches mères ; la réception des hydrocarbures chassés des roches mères n’a été possible dans les roches magasins qu'aux points où elles ont gardé une porosité suflisante; les parties fortement com- primées des roches magasins sont peu propices à l’existence de réserves d'hydrocarbures. On entrevoit ainsi que c’est au voisinage des zones neutres que la mise en gisement du pétrole a été le plus facile. Pour élucider ces divers problèmes, simples dans les régions régulièrement plissées, com- pliqués à l’extrème dans les régions fracturées et les pays de nappes, il est essentiel d'approfondir les études tectoniques susceptibles de fournir des renseignements tant par elles-mêmes que par comparaison avec des observations analo- gues faites sur des champs pétrolifères parfai- tement connus. Les études géologiques doivent aboutir à l'établissement de cartes, profils, coupes- qui seront les bases de la construction d’un stéréo- gramme. Si les travaux de surface ne sont pas suffisants pour obtenir ce résultat, il est utile de les compléter par des recherches en profondeur: quelques puits ou forages convenablement pla- cés élucident souvent des détails importants de la stratigraphie ou de la tectonique. 284 2 4. — Forages Le stéréogramme des terrains étudiés décèle les positions possibles des gisements et serl en même temps à déterminer à la surface du sol les points d’origine des forages qui devront attein- dre ces positions. Cependant, comme les'coupes qui ont servi à l'établissement du stéréogramme sont forcément approximatives, il est exception- nel qu'un premier forage comporte un succès ; de toutes facons, il donne une coupe détaillée des terrains traversés et permet de déterminer le choix des emplacements d’un certäin nombre de forages qui, par approximations successives, atteindront la position cherchée. Les forages de recherches doivent être d’un diamètre suflisant pour être l’objet d’une exploi- tation éventuelle; il est done bon de les faire du même diamètre que les forages réguliers d'ex- ploitation. Ils doivent être poursuivis assez len- tement pour effectuer toutes prises d’échantil- lons, reconnaitre et repérer les couches dures et tendres, les variations brusques de pendage, les niveaux aquifères, les cavités, les imprégna- tions d'hydrocarbures. Pour atteindre sans acti- dent ces divers buts, les appareils de forage par battage de trépans utilisant « la tige en fer » (système français), « la tige en bois » (système . canadien-galicien), « la corde » (système chinois- américain), peuvent être indistinctement em- ployés; par la rapidité avec laquelle s’y font les opérations de descente et de relevage des outils, le forage à la corde a un rendement bien supé- rieur aux autres et doit leur être préféré toutes les fois que l’on peut avoir de bons foreurs ha- bitués à son emploi: L'usage d’appareïls de forage à couronnes ro- tatives permettant de ramener au jour des « ca- rottes » d'échantillons n’est qu'exceptionnel; en effet, les autres procédés de forage permettent généralement des prises d'échantillons conve- nables et, si des « carottes » sont indispensables, il est facile d'adapter à n'importe quelle foreuse les accessoires nécessaires pour les obtenir. Dans un terrain dont la coupe est parfaitement connue, les appareils dits « rotary », usant les roches par rotation et friction de burins en pré- sence d'un Fa Le d’eau ramenant en surface les débris, donnent des résultats remarquables de rapidité : une bonne équipe de « rotary » peut faire, en terrain de difliculté moyenne, un forage de mille mètres en moins d'un mois. La rapi- dité même de ce système condamne son emploi pour des forages en territoires nouveaux ou mal connus, Pratiquement, dans la plupart des champs LA Jean CHAUTARD. — LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE pétrolifères, des dispositifs spéciaux permettent d'utiliser les mêmes moteurs et les mêmes « der- ricks » soit pour le battage soitpour le « rotary ». L'opération du forage est accompagnée par celle du tubage qui a pour objet, non seulement d'éviter les éboulements, mais encore de mas- quer les venues aquifères à l’abri desquelles il est indispensable de placer' les niveaux impré- gnés de pétrole dont on poursuit la découverte. IV. — INTÉRÈT NATIONAL DES RECHERCHES | DE PÉTROLES | Les prémières manifestalions d'une politique nationale, des’ gisements de pétroles datent de 1913-1914 : le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique imagine, pour constituer une ré- serve d'Etat, d’immobiliser, avec interdiction d'exploitation, un certain nombré de territoires pétrolifères ; le Gouvernement anglais encourage l'acquisition etla mise en valeur des gisements mexicains, les recherches en Perse, Mésopota- mie, etc.; le Gouvernement allemand soutient les groupes qui s'efforcent en vain d’acquérir de nombreux gisements du golfe du Mexique et d’accaparer les territoires présumés pétrolifères du Maroc; au même moment l'importance de la question n'apparaît pas en France, où l’importa- tion des pétroles étrangers fournit d'importantes recettes douanières et où des arrangements avec un syndicat commercial semblent devoir assu- rer au pays tous les produits dérivés du pétrole qui lui sont nécessaires. De 1914 à 1919 l’Allemagne n’a pu bien en- tendu poursuivre cette politique, mais les autres puissances déjà placées sur cette voie s’y sont engagées à fond: Aux Etats-Unis, la découverte de nouveaux champs a eu comme conséquence le développement des territoires de réserve na- tionale (petroleum withdrawal) dont, en 1916, la surface atteignait 5.587.077 acres. En dehors du Nouveau Continent où la doctrine de Monroë leur accordait un privilège, les groupes améri= cains se sont assuré l'acquisition de territoires pétrolifères dans l'Ancien Coritinent : en Tur- * quie, la Standard Oil Cy de New York a acquis diverses concessions au sud-ouest de la mer Morte; en Chine, la même compagnie a obtenu, par contrat passé avec le Gouvernement de la République chinoise, le privilège de recherche d'hydrocarbures dans un certain nombre de districts. | Dans cette course aux gisements de pétroles, les groupes ‘anglais n'ont pas été moins actifs ; le Gouvernement britannique a attaché une telle importance à la question que, dès 1914, il s’est © Jean CHAUTARD. — LA RECHERCHE DES GISEMENTS DE PÉTROLE 285 assuré la majorité des intérêts dans l'Anglo- Persian Oil Cy(Ltd), détentriee d’une concession de 500.000 milles carrés au sud et à l’ouest de la Perse; les recherches et les achats de gise- ments ont été activement poursuivis par di- verses Sociétés anglaises en Mésopotamie, en Egypte, en Algérie, au Maroc, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. É D'autres peuples sont engagés sur la même voie : avant d'accorder des concessions aux par- ticuliers, le-Gouvernement argentin a nationa- lisé les premiers territoires pétrolifères recon- nus en République Argentine; des groupes chiliens se sont assuré une partie des gisements probables de la Bolivie; etc., etc. Quel a été l'effort français ? un effort de pré- paration bien plus qu'un effort de réalisation. Les premières recherches se sont orientées vers la France etil’Afrique du Nord, Les recherches en France sont justifiables; des gisements fran- çais ne sont pas impossibles, mais ils ne seront que des gisements à faible production, ne pouvant donner qu’une infime partie des pétroles qui nous sont nécessaires. Les recherches en Afrique du Nord (Tunisie, Algérie, Maroc) présentent plus d’ampleur : elles portent sur d'immenses territoires dont la situation géographique ren- drait l’exploitation facile ; elles ne sont point sans diflicultés ; les roches mères n’ont pu encore être précisées; la tectonique est très compliquée, comme l'ont montré de belles découvertes récentes; plusieurs années peuvent s’écouler avant que nous soyons fixés sur la valeur de ce domaine. L'Afrique du Nord nous donnera- t-elle une production comparable à celle de la Roumanie ou nous donnera-t-elle simplement la production de quelques petits gisements acces- soires : nous ne pouvons le présumer. Quels sont nos besoins ? Des gisements pouvant fournir dès maintenant chaque année les deux millions de tonnes de pétrole (chiffre supérieur à la plus forte production annuelle — 1913 — de la Roumanie) qui ne nous suflisent pas aujour- d'hui, et nous assurer plus tard les dix millions de tonnes, ou plus, qui nous seront annuellement nécessaires. Quels que soient les résultats des recherches-en France et en Afrique du Nord, il ne semble pas que ces territoires puissent satis- faire à de tels besoins. Une conclusion s'impose formellement : il est essentiel, au point de vue national, que nos recherches ne soient pas limitées à la France et à l'Afrique du Nord, mais s'étendent sur le monde entier, si nous avons la ferme volonté de décou- vrir et d'acquérir les gisements de pétrole capa- bles d'assurer notre indépendance économique. Si cette action n’est pas immédiate, de nombreux territoires pétrolifères possibles, faciles à trou- ver, nous échapperont au profit de peuples plus entreprenants, plus diligents et plus prévoyants que nous. Ilest d'ailleurs hors de doute que, dans l’état actuel dela science, la découverte et le par- tage des gisements de pétrole, encore inconnus, répartis sur le globe, ne demanderont pas plus de quelques années. La recherche des gisements de pétrole a un caractère nettement scientifique : nous savons ce qu'est le pétrole; la stratigraphie nous mon- tre où et quandil s’est formé, la tectonique où et comment il s’est concentré. La géologie est aujourd’hui le véritable instrument de cette re- cherche; c'est elle quia conduit nos amis améri- cains et anglais sur les domaines pétrolifères qu'ils ont acquisau cours de ces dernières années ; ilest certain que cette science, éminemment fran- çaise, peut également, si nous le voulons, nous assurer la découverte des gisements de pétrole dont la possession est indispensable à la prospé- rité de la France. Jean Chautard. BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Desgardes (E.). — Calcul des ressorts. FormuLes PRATIQUES ET BARÈMES. — 1.vol, in-8° de 75 pages avec 25 fig. (Prix : 6 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1919. £ L'auteur, dans cette courte étude de 73 pages, ne s'est pas proposé de refaire la théorie du calcul des ressorts, qui a déjà fait l’objet de nombreux travaux. Mais au point de vue industriel les formules qui sont courammentemployées donnent des résultats qui s’écar- tent assez sensiblement de ceux que l’on obtient aux essais. Aussi son étude, basée à la fois sur la théorie de la résistance des matériaux et sur les résultats obtenus dans de nombreux essais mécaniqués, a pour but de mettre à la disposition de ceux qui ont à étudier des ressorts des formules simples et pratiques, serrant d'aussi près que possible les constatations expérimen- tales. L'ouvrage débute par l'étude des ressorts à lames parallèles à étagements réguliers et paraboliques. L’au- teur passe ensuite à-celle des ressorts en hélices à sec- tions circulaires et rectangulaires, puis enfin aux calculs des ressorts en spirales à sections rectangulaires et elliptiques. : L'ouvrage se termine par un formulaire et un barème pour les calculs rapides des diverses formes de ressorts précédemment étudiés. Ê Nous regrettons que l’auteur n'ait pas cru utile de donner dans son ouvrage la traduction nomographique des formules le plus ordinairement employées. On sait, en effet, combien il est intéressant. pour l'ingénieur d'avoir à sa disposition des graphiques qui lui donnent immédiatement les éléments dont il a besoin et qui lui permettent de se rendre aussitôt compte de l'influence que peut avoir sur le résultat la variation dans un sens ou dans l’autre d’un ou plusieurs des facteurs dont il dépend. Nous espérons que le succès que cet ouvrage trouvera près des praticiens fournira à l’auteur l’occasion, dans une prochaine édition, de le compléter dans le sens . indiqué, L. Porn. 2° Sciences physiques Silberstein (Ludwik), Privat-docent à l'Université de Rome.— Elements of the electromagnetic Theory of Light (ELÉMENTS DB LA THÉORIE ÉLECTROMAGNÉ- TIQUE DE LA LUMIÈRE). — { vol. in-12 de 48 p. (Prix : 3 sh. 6. d.). Longmans, Green and Co, 39, Paternoster Row, Londres, 1918. Ce petit opuscule de 46 pages résume les éléments de la théorie électromagnétique de la lumière, Après avoir | fait comprendre l’insuflisance des anciennes théories élastiques, il applique les équations de Maxwell aux principaux phénomènes de l’'Optique classique:réflexion et réfraction, réflexion totale, optique cristalline, La brièveté de l’exposition est due à un emploi exclu- sif de la notalion et du caleul vectoriels. Les lecteurs français feront bien de s'habituer à cette méthode fort répandue à l'étranger, et qui, sans apporter d'idée vrai- ment nouvelle, permet de rendre intuitifs une foule de résultats qui nécessitent sans cela de longs caleuls, Le petit ouvrage actuel; comme le remarque l’auteur lui- même, doit être regardé plutôt comme un chapitre d'un livre que comme un ouvrage indépeudant. Les idées y sont claires et bien groupées. Eugène BLocn, ET INDEX Escard (Jean), /ngénieur civil. — Les Fours élec- triques de laboratoire. — 4 vol.in-S* de VIII-72 -p. avec 60 fig. (Prix : à fr. 40). Dunod et Pinat, éditeurs, Paris, 1918. ‘ L'ouvrage de M. Escard constitue un exposé clair et très bien disposé des différents modèles de fours élec- triques de laboratoire. Ces fours sont classés en 6 caté- gories : 1° fours à lames ou fils métalliques résistants entourant des tubes réfractaires; 2° fours à are; 3° fours à arc et résistance; 4’ fours à résistance; 5° fours à bain de sels fondus ; 6° fours à induction, Pour chaque catégorie de fours, l’auteur décrit les modèles les plus couramment utilisés, ainsi que les emplois auxquels ils s'adaptent plus particulièrement, La lecture de ce travail est à recommander à tous ceux qui, pour des essais de laboratoire, veulent recourir au. chauffage électrique. M. DESMARETS, Hale (Arthur), Demonstrator and lecturer in Chemistry, The City and Guilds -of London Technical College, Finsbury. — The Applications of Electrolysis in chemical Industry. — 1 vol. in-S* de 448 pages avec 58 fig. de la Collection : « Monographs on industrial Chemistry » (Prix curt.:7 sh. 6 d.). Longmans, Green and Co, éditeurs, Londres, 1918. L’électrolyse a été appliquée dans les domaines les plus variés de l’industrie chimique. L'auteur expose d’abord les lois générales de l'électricité nécessaires à la compré- hension de l'ouvrage; puis il traite des principaux géné- rateurs électriques. Il passe ensuite - en revue les mé- thodes de raflinage électrolytique des métanx. A côté de celui du ‘cuivre, universellement connu, ildéerit ceux de l'argent, de l'or, du plomb, du fer destiné aux arma- tures de tranformateurs et la récupérationde l'étain par désétamage. ; Le chapitre III est consacré à l’extraction électrolÿti- que des métaux, Nous mentionnerons l’importante pré- -paration de l'aluminium, et celle du magnésiu ui a 14 'u pris une grande extension depuis la guerre, La prépa- ration du calcium est également industrielle. L'auteur examine les efforts tentés pour l'extraction du plomb et surtout du cuivre. Les sels de zinc solubles obtenus à partir de la blende sont électrolysés dans plusieurs usi- nes; en particulier, l'Anaconda Copper Company pro- duit plus de 100 tonnes de ce métal par jour. La produc- tion annuelledu sodium se chiffre par milliers de tonnes, On l'extrait de la soude au Niagara (procédé Castner) et en Allemagne à Bitterfeld aux usines de la Griesheim Elektron. Par contre, à Philadelphie, on utilise le nitrate de sodium (procédé Darling), qui donne comme sous- produit l'acide azotique. Les trois chapitres suivants sont consacrés à des in- dustries bien connues dans leurs grandes lignes : l’élee- trolyse des sels haloïdes alcalins et la production de l'hydrogène et de l'oxygène. Les deux derniers chapitres traitent de la préparation des produits minéraux et organiques spéciaux. Citons les percarbonates, les persulfates, l'eau oxygénée, l'hy- droxylamine, l’hydrosulfite de sodium, l'extraction de l'acide nitrique des tourbières, les préparations de l’io- doforme, du chloral, de l'alcool isopropylique, de l’an- thraquinone, de la saccharine, la réduction des dérivés nitrés et la diazotation des amines. Vu la quantité de sujets traités en un nombre res- treint de pages, ce livre ne peut s'adresser aux spécia- listes; mais il permet de se faire une idée du développe- ment de cette branche industrielle. La bibliographie qui accompagne chaque chapitre permet aux lecteurs inté- ressés de pousser plus avantleuriniliation. Il faut savoir BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 287 gré à l’auteur d'avoir attiré l'attention sur les applica- tions de l’électrolyse à la Chimie organique, procédés qui semblent négligés en dehors de l'Allemagne, J. MARTINET, Docteur ès-sciences physiques. 3° Sciences naturelles RÉGENCE DE TUNIS. — DIRECTION GÉNÉRALE DE L’A- GRIGULTURE, DU COMMERCE ET DE LA COLONISATION. — Statistique générale de la Tunisie (année 1917). — 1 vol.in-S° de 384 p. Imprimerie rapide, Tunis, 1918. Les 384 pages de chiffres de ce volume présentent un puissant intérêt : elles nous exposent avec précision le résultat de nos efforts pour la mise en valeur de la Tunisie dans tousles domaines où s’exerce notre acti- vité. Quatorze chapitres sont consacrés succéssivement à la Démographie, aux Communes, à l'Assistance publique et Santé, à la Justice, aux Etablissements pénitentiaires, à la Propriété immobilière, à l'Enseignement, aux Pos- tes, télégraphes, téléphones, aux Travaux publics, aûx Finances, à V Agriculture, au Commerce, àla Navigation, à la Colonisation, aux Institutions économiques et sociales. La population européenne de la Tunisie n’a cessé de croître durant l'occupation française, Le recensement effectué en 1881 faisait connaître 25.214 Européens, dont 708 Français, 11.206 Itäliens, 7.000 Maltais : en 1911 il y avait, dans la Régence, 148.436 Européens, dont 46.04 4 Français, 88.082 Italiens, 11.300 Maltais, Quant à la population musulmane, elle était, en 1971, d'environ 1.740.000; les [sraélites étaient au nombre de 50.000 {les ditlicultés du recensement ne permettent pas, . il faut le dire, de donner autre chose que des approxima- tions en ce qui concerne les musulmans et les israélites). En résumé, la population totale de la Tunisie s'élève, d’après le recensement de 1911, à 1.939.087 habitants, ce qui, pour une superficie de 125.130 km?, repré- sente une densité moyenne de 15,49 habitants par km?; la plus faible densité, 2,78, est constatée dans les Territoires du Sud, la plus forte 67,48 dans le contrôle civil de Tozeur, de surface très restreinte, 650 km?,avec un groupe d'oasis très peuplées. Dans le contrôle civil de Tunis, la densité est de 46,85. La ville de Tuniselle- même a une population totale de 163.099 habitants,dont 17.875 Français, 44.237 Italiens, 5.986 Maltais, environ 1.300 Européens de nationalités diverses, 67.129 Musul- mans, 26.491 Israélites, Pourquoi, dans l'analyse d’un ouvrage quitraite de l'Agriculture, du Commerce, de la Colonisation, nous sommes-nous attardés si longuement sur la population? Il faut bien reconnaitre — les tragiques événements de la guerre l'ont montré — que le « capital humain » est une des grandes raisons de la force des peuples. Si nous voulons posséder des colonies, il nous faut des Français pour les peupler; sinon d’autres en prendront effectivement possessionet profiteront de nos sacrifices. A la base de tout rêve colonial se poseune question de population et, par voie de logique conséquence, la pos- session d’une flotte importante pour assurer les rela- tions avec la métropole et maintenir par delà les mers le prestige de son nom. On attirera d'autant plus les Français dans nos territoires lointains qu’on leur procu- rera à meilleur compte les terres leur permettant d’ac- quérir rapidement une notable aisance en récompense des efforts qu'ils effectuent pour la prospérité des colo- nies. Notre Administration l’a d’ailleurs bien compris. Les ventes de terrains aux colons, par le Service de la Colonisation, sont nombreuses, En 1917,ilyavait, en chiffresronds, 113.000 hectares vendus et 2.500 hectares disponibles pour les ventes avec obligation de s’instal- ler, De plus, ily avaitr91.000 hectares cédés avec au- torisation de planteret 103.000 vendus définitivement. Malgré la température élevée du pays, qui porte au ralentissement des efforts, la Tunisie est douée d’une vie active et aujourd’hui encore on entend redire ce que disaient les colons romains : « C’esl mourir deux fois que mourir loin de la terre d’Afriquel » M. RiaoTarp, Ingénieur agronome, Rolet (A.), Professeur à l'Ecole d'Horticulture d'An- tiles. — Plantes à parfumet plantes aromatiques. — 1 vol. in-16 de 432 p. avec 99 fig. de l'Encyclopédie agricole Wéry (Prix : 6 fr.).J. B. Bailliere et fils, éditeurs, Paris, 1918. Ce volume de l'Encyclopédie agricole présente la ques- tion des plantes à parfum sous le point de vue cultural et commercial, Après un avant-propos, où l'on trouvera des indications sur les coopératives provinciales des producteurs de fleurs, et sur les divers autres pays de production, l'auteur passé en revue chaque produit en luiconsacrant une monographie, L'étude de l’'orangeret des Aurantiacées ne comprend pas moins d’unecentaine de pages ; celles du rosier, de la lavande, du jasmin, de la menthe, de la cassie, du géranium, de la violette ont reçu un développement de 20 à 35 pages. Puis vien- ! nent de plus courtes notices sur l'angélique, l’anis; le basilic, l’estragon, l’eucalyptus, le fenouil, l'iris, la mélisse, le réséda, le romarin, la sauge, lethym, la tubé- reuse, la verveine.. Pour chacune de ces plantes, l’auteur : cite les variétés culturales avec leurs qualités propres, les régions de culture, les soins de plantation et multi- plication, la taille ou la récolte. Il mentionne les mala- dies et leurstraitements, le rendement cultural et le. traitement d'extraction du parfum avec le revenu final de production et les prix de vente. L'expérience acquise! par l’auteur, dans un pays célèbre pour ses produits parfumés, est mise à la disposition du lecteur, et peut inspirer Loute conliance. Plus d’uxie fois, c'est avec les chiffres obtenus par des syndicats de producteurs qu’il aflirme la précision de sa documentation, Pour ceux qui - ne rechercheront dans cet ouvrage qu’une lecture tech- nique instructive, ils y rencontreront souvent d’intéres- | santes incidentes historiques ou descriplives, d’où un style gracieux dégage la couleur et le charme du pays du naturaliste Fabre, du littérateur Daudet, et du poète Mistral : des/arlésiennes, la cassié « à la bouco ». Edmond Gain, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. 4° Sciences médicales Rogues de Fursac {J.), Médecin en chef des Asiles de la Seine. — Manuel de Psychiatrie (5° Edition), — 1 vol. in-A16 de 509 pages (Prix : 7 fr. 70). Librai- rie Félix Alcan, Paris, 1917. Ce manuel, clair, précis et complet, d’une lecture facile et attrayante, sera une guide précieux et sûr pour ceux qui s’initient à la psychiatrie : il constitue un exposé systématique d'ensemble qui sera également fort apprécié de ceux-là mêmes pour qui la psychiatrie n'aurait plus de secrets, — Connaissant l'importance, toute particulière dans cette science, d’une connaissance précise de la séméiologie, l’auteur a réservé dans son ouvrage une grande place à la psychiatrie générale, el tout spécialement à l'étude isolée des symptômes di- vers dont l'association constilue les diverses psychoses, — Un chapitre est très justement et très utilement consacré à la pratique psychiatrique,! à l'examen du malade, dont on sait les diflicultés ét la complexité toute spéciale en psychiatrie, — Il n’est pas possible d'analyser avec détails les divers chapitres d’un livrequi résume d'une façon si heureuse, si complète nos con- naissances actuelles en psychiatrie; signalons seule- ment plusieurs chapitres sur les psychoses par intoxi- cation, des pages du plus haut intérêt qui touchent à l'hygiène sociale générale (prophylaxie des maladies mentales, étude des diverses méthodes de lutte contre l'alcoolisme, etc...) et, en fin d'ouvrage, un chapitre relatif aux psychoses émotionnelles de gnerre. F IL. L. : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Ée Fort (René), Professeur adjoint à la Faculté de Médecine de Lille. — Tes projectiles inclus dans le médiastin. — 1 vol. in-S° de 254 pages, avec 75 gra- vures et radiographies dans le texte (Prix* 11 fn): F. Alcan, éditeur, Paris, 1918. Le travail de M. Le Fort est surtout basé sur 33 ob- servations personnelles de corps étrangers du médiastin ayant donné lieu à 34 opérations d'extraction, Ces ob- servations lui ont permis de faire un certain nombre de remarques originales, tant au point de vue anatomo- pathologique qu'au point de vue clinique. Il insiste sur certaines parlicularités de l'étude radiologique des pro- jectiles du médiastin : c'est ainsi qu'il recommande de déterminer les rapports du corps étranger avec l’œso- phage en examinant le patient sous des incidences va: riées à l'écran, après lui avoir fait déglutir une sonde œsophagienne remplie de carbonate de bismuth. C’est au point de vue de la technique opératoire que l’auteur expose le plus de vues personnelles, Pour lui, le médiastin doit être abordé par la voie antérieure transpleurale. Il préfère le volet thoracique (volet an- térieur à charnière externe) qui donne sur le médiastin l'accès le plus large et le plus direct. En tout cas, il pré- fère encore à la résection d'une côte l’incision intercos- tale combinée à la section simpledes cartilages costaux sus et sous-jacents. Mais ces voies préférées par M. Le Fort ne sont pas les seules qu’il ait été amené à utiliser et il expose dans son ouvrage les différentes autres voies d’abord qu'un chirurgien doit connaitre. D' Paul Marmreu, ê Chirurgien des Hôpitaux, 5° Sciences diverses Leclerc (Max). — La formation des ingénieurs à l'Etranger et en France. — 4 v2l. in-16 de 150 pa- ges (Prix : 2? fr. 40). Librairie Armand Colin, 103, boulevard Saint-Michel, Paris, 1918. Pour maintenir et développer notre armature indus- trielle après la guerre, il faut lui constituer des cadres permanents, compétents et nombreux, La bonne forma- tion des ingénieurs est donc le véritable problème du jour, et depuis plus de deux ans tous les hommes clair- voyants de notre pays s'en préoccupent à juste titre. | Avant d'exposer la réforme telle qu'on la conçoit chez nous, l’auteur examine comment la question a été résolue à l'étranger. En Allemagne, où l’on compte jusqu’à 13 Ecoles techniques, l’enseignement n’a pas le caractère encyclopédique. Chacun se spécialise à sa guise et en toute liberté. La durée des cours est de quatre années; mais, pour obtenir le diplôme, il faut avoir fait en outre un stage de douze mois dans.une exploitation ou un atelier, Aux Etats-Unis, il y a une centaine d’Ecoles techniques, mais on réagit contre la spécialisation extrême du système allemand. L'ensei- gnement manuel et pratique occupe la plus grande place dans les travaux. Maïs en même temps l'élève re- çoit une culture générale qui développe surtout chez lui des habitudes d'observation sévère et de raisonne- ment exact, Au sortir de l'Ecole, il est entrainé au:tra- vail personnel et a acquis en même temps une grande habileté manuelle, Les Anglais, longtemps réfractaires à l’enseignement scientifique, puisque beaucoup de leurs ingénieurs se formèrent uniquement aux cours du soir, ont suivi depuis peu l'exemple des Américains, et créé des Ecoles techniques supérieures, avec la coopération des Universités. M. Leclerc passe ensuite en revue l'œuvre de cerlai- nes Universités françaises, les Instituts de Nancy, de Grenoble, de Toulouse, de Lyon, de Marseille; ces créa- tions fort utiles, que les libertés accordées aux Univer- sités par la charte nouvelle de l’enseignement supérieur ont permis de réaliser, ont été rendues possibles grâce aux concours pécuniaires des industriels de chaque ré- gion intéressés à leur développement, C'est la réussite de ces instilutions qui a provoqué chez M. Goy l’idée de généraliser et d’adjoindre à chaque Université une Faculté des Sciences appliquées. Toutefois, ce projet est très combattu par les Universités régionales elles-mêmes, qui entendent conserver aux {nstituts leur liberté entière et surtout leur autonomie budgétaire. : L'auteur arrive enfin à l'examen du fonctionnement de nos grandes écoles et aux réformes qui lui parais- sent devoir y êlre apportées, On sait que les grandes écoles sont : l'Ecole Polytechnique d’une part, avec les Ecoles d'application quien sont les succédanées, l'Ecole Centrale d'autre part. M. Leclerc critique la prépara- tion à ces écoles, la longue durée qu’entraine l'étude des mathématiques spéciales, et enfin le principe du con- cours. Quant à l'enseignement donné dans ces Ecoles, il le trouve trop théorique ou trop encyclopédique et pas assez spécialisé. Commentant rapidement l'enquête gé- nérale conduite par la Société des Ingénieurs civils à la suite de la conférence si remarquée de M. Léon Guil- let, il expose les points de vue de chacun des orateurs, Tandis que M. Guillet propose la suppression de la classe de mathémathiques spéciales, et remplace le concours par une élimination de 5o °/, de tous les can- didats admis librement aux Ecoles après une première année d’études, M. Chesneau constate que ce système est inapplicable en pratique et revient à la nécessité du concours avec abaissement de la limite d'âgemaximum; M. Blondel est partisan du concours, qui est en même temps une épreuve d'endurance; toutefois il admettrait la délivrance d’un certificat servant de sanction aux études dans les classes de Mathématiques spéciales et permettant de supprimer l'examen oral à l’entrée des écoles. Enfin, de son côté, M. Lecornu voit dans le con- . cours le seul moyen pour le sujet de manifester la ra- pidité de conception, la netteté d'explication, le sang- froid imperturbable si nécessaire à celui qui doit êtreun homme d’action. Quant à l'utilité des Mathématiques spéciales pour la carrière de l'Ingénieur, les avis sont aussi extrêmement partagés. À côté de M, Fayol, qui les considère comme inutiles parce que les ingénieurs ne s'en servent pas dans l'exercice de leur fonction, MM. Blondel, Chesneau et Janet en trouvent le programme trop chargé; mais M. Janet insiste aussi pour que la classe de Mathémati- ques élémentaires soit remise en honneur et que la Géométrie, si propre à développer lestrois qualités d'in- vention, de réflexion et d'attention, devienne le centre de l’enseignement. Il y a lieu évidemment d'alléger le programme de spéciales et de modifier surtout la façon dont il est compris par certains professeurs qui abusent vraiment des méthodes analytiques; mais, on en convien- dra, si les mathématiques transcendantes ne sont pas immédiatementutilisables dans la vie courante de l'in- génieur, elles contribuent, tout comme les études clas- siques, à développer chez lui cette haute culture et cet esprit de généralisation qui lui donnent le moyen de se distinguer et d'occuper des fonctions élevées. Pour terminer, l’auteur insiste avec juste raison sur la nécessité de faire une pius large part à l'effort per- sonnel et aux travaux pratiques dans les écoles d'appli- cation; puis il rappelle tout ce qui a été dit sur le re- crutement des Ingénieurs de l'Etat et sur le prétendu monopole de l'Ecole Polytechnique. Qu'il nous soit per- mis de remarquer que déjà maintenant il n'est pas exact que les fonctions d'ingénieurs des Ponts et des Mines soient exclusivemant réservées aux élèves sor- tant de Polytechnique. Si cependant la plupart des in- génieurs du Corps y sont recrutés, ils le sont parmi les premiers, et il n’est pas douteux que ce soit là une ‘vé- ritable sélection où n’interviennent ni influences poli- tiques ni recommandations, et que des élèves ainsi pré- parés soient plus aptes que tous autres à profiter dans les Ecoles d'application des leçons spécialisées qui se rapportent à leurs futures fonctions, En appendice sont énumérés les vœux émis par la Société des Ingénieurs civils de France, consécration de cette longue et intéressante diseussion dont l’auteur a largement cité des extraits. Emile DEMENGE. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 289 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Seance du 7 Avril 1919 M. le Président annonce le décès de Sir William Crookes, Correspondant pour la Section de Physique. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. Dunoyer : /ndi- ‘cateur jalonneur de route pour la navigation aérienne à Lestime., L'instrument simple décrit par l’auteur peut être employé en cours de vol par l'observateur sur la, carte elle-même. Il fait intervenir, d’après les observa- Lions faites au bout d’un élément de parcours, le vent vrai qui règne dans la couche où l’on navigue, et permet ainsi de corriger, au fur et à mesure que les variations du vent le rendent nécessaire, la route à suivre au compas. De plus, il donne automatiquement le jalonne- ment de la roule, c'est-à-dire qu’il indique à l’observa- teur au-dessus de quel point il doit se trouver,sachant que l'avion a suivi une route au compas donnée pen- dant un temps que fait connaitre la montre du bord et avec une vitesse que le compte-tours du moteur lui in- dique à chaque instant. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Ariès: lormule donnant la densité d'un fluide à l'état de saturation. L'auteur déduit de ses précédentes recherches les for- mules : qui déterminent, à chaque température, le volume molé- culaire ou, ce qui revient au même, la densité d'un fluide sous ses deux états de saturation (gazeux et liquide), La table de Clausius donne les valeurs de y, et 2; la fonc- tion a, comme la fonction l’, est unique pour tous les corps d’une atomicilté déterminée, L'auteur calcule au moyen de ces formules les différences v, — , pour CO?, SnCl', le formiate de méthyle et l'heptane, et les compare aux valeurs trouvées expérimentalement par Amagatet S. Young pour les mêmes corps; la concor- dance est suflisamment bonne. — MM. A. Portevin et Garvin: La formation de la troostite à basse tempéra- ture dans les aciers au carbone et l'influence de la tem- pérature d'émersion dans les trempes interrompues. Tandis que, dans leurs expériences antérieures, les au- teurs ont toujours, lors d’un refroidissement continu des aciers au carbone, noté que la troostite se forme à une température relativement élevée (vers 60o°), en em- ployant la trempe interrompue ils ont pu observer la formation de la troostite à des températures beaucoup plus basses (jusque vers 380°), mais toujours avec une recalescence prononcée caractéristique (de 80° d’ampli- tude). La limitation de la durée de trempe par sortie des pièces encore chaudes du bain de trempe est un des moyens les plus eflicaces pour_réduire les chances de tapurés. — M.E. Alilaire: /n/lammation spontanée des mélanges d'air et de vapeurs d’'éther. Sans le ‘secours d'aucun catalyseur,on peutoblenir l’inflammation spon- tanée d’un mélange d'air et de vapeur d’éther vers 190°. Ce phénomène se produit lorsque la quantité d’éther dansle mélange gazeux est voisine de 1 gr. par litre. La flamme qui se produit est bleue très pâle et visible seulement dans l’obseurité. La combustion four- nit un mélange d’aldéhydes méthylique et éthylique, d'acides acélique et carbonique. 3° SCIBNGES NATURELLES. — M. Ch. J. Gravier: ?edo- génèse et viviparité chez les Actiniaires. L'auteur com- munique un certain nombre d'observations qui condui- sent à penser que certaines larves d’Actiniaires sont capables de se multiplier par des ovules non fécondés, ILest fort possible que cette parthénogénèse larvaire ou pédogénèse s'accompagne parfois de viviparité, — M. H. V. Vallois : Sur quelques caractères du fémur du Pithécanthrope. En ce qui concerne les dimensions relatives de son épiphyse inférieure et l’obliquité de sa diaphyse, le fémur du Pithécanthrope présente tous les caractères des fémurs d'Homme actuel; il s'éloigne, au contraire, de celui des Anthropoïdes et, tout spéciale: ment, de celui du Gibbon. — M. G. Bertrand: Sur la hauté toxicité de la chloropicrine vis-à-vis de certains animaux inférieurs et sur la possibilité d'emploi de cette substance comme parasiticide, L'auteur a recherché si la chloropicrine, substance lacrymogène et suffocante employée pendant la guerre, et qui se prépare aujour- d'hui facilement par action du chlorure de chaux sur l'acide picrique, ne pourrait être utilisée à lutter contre les insectes parasites. Il a reconnu qu’une exposition de 5 à 10 minutes, dans une atmosphère ne renfermant pas plus de 1 à 2 egr. de chloropicrine par litre, a sufli pour tuer des larves de Lépidoptères (Pyrale de la vigne, Eudémis de la grappe, etc...) et d'Hyménoptères (Ten- thrède du peuplier) et des pucerons, immédiatementrou en l’espace de quelques heures. En solution dans l’eau, la chloropicrine est également très toxique pour les infusoires et les amibes. Elle pourrait donc être utilisée avec avantage, soit en fumigations, soit en pulvérisa- tions, contre certains parasites, et rendre aussi des ser vices dans la stérilisation partielle des selles, Séance du 14 Avril 1919 M. A. Bigot est élu Correspondant pour la Section de Minéralogie, en remplacement de M. Kilian, élu membre non résidant. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. L. Dunoyer et G. Reboul : Sur l’utilisation des vents de sondage pour la prévision des variations barométriques. 1° Lorsque des sondages successifs donnent des vents fortsen haut, ou des vents dont l'intensité est progressivement crois- sante, prévoir la baisse, 2° Lorsque des sondages sue- cessifs donnent des vents faibles en haut, ou des vents dont l'intensité est progressivement décroissante, pré-. voir la hausse. 3° Lorsque les vents de sondage sont homogènes et n’ont point varié depuis plusieurs heures, prévoir l’immobilité barométrique, — M, Paul Janet: Sur une analogie électrotechnique des oscillations entre- tenues. Si l'on alimente, au moyen d’une génératrice excitée en série, un moteur à excilation séparée tour- nant à vide, on voit le moteur s’élancer rapidement dans un sens, s’arrêler, repartir en sens inverse, etc. En d’autres termes, on oblient des oscillations parfai- tement régulières tant de la vitesse angulaire du moteur que du courant dans le circuit de ce moteur. Cette expé- rience présente des analogies inattendues avec les oscil- lations entretenues utilisées ent.s. f., par exemple avec celles qui se produisent dans l'arc de Duddell ou dans les lampes à trois électrodes employées comme oscilla- teurs. La production et l'entretien des oscillations dans tous ces systèmes tiennent essentiellement à la présence, dans le cireuit oscillant, de quelque chose d’analogue à une résistance négative. — MM. Ch. Chéneveau et R. Audubert : Sur l'absorption par des milieux trou- bles. Application au dosage des suspensions. Les auteurs montrent que, dans nn milieu trouble constitué par un mélange de grains de diamètres différents, en appelant 1/1, le coeflicient de transmission du mélange et M la masse totale des particules en suspension, on a : ê , I — B/M 1———e L Lo B et $ étant deux coellicients dépendant seulement de * 290 la nature des grains en suspension et de la longueur d'onde de la lumière utilisée. Par la mesure directe de 1/1,, il est donc possible de doser la quantité de matière en suspension, pourvu qu'il n’y ail pas sédimentation immédiate. — M, F. Vilès : Sur la transmission des émulsions de bactéries et d'hématies. L'auteur aconstaté que la transmission de la lumière par les émulsions de bactéries et d'hématies (corps non sphériques) corres- pond assez bien à une expression de la forme : =K (nv) lu ny étant la quantité de substance et uw un coellicient de l’ordre de 2,5.— MM. Lambert, F. Vlès et C. de Wat- teville : Sur un opacimètre destiné aux dosages bacté- riens, L’opacimètre est un photomètre constitué par . deux circuits lumineux juxtaposés, émanés d’une même source, l’un traversant le récipient d’émulsion bacté- rienne, l’autre soumis à un système affaiblisseur quel- conque permettant d'en faire varier l'intensité suivant une loi connue. Les deux circuits viennent former dansle champ d'un oculaire deux plages adjacentes, dont l'ob- servateur cherche à réaliser l'égalité en agissant sur le système affaiblisseur, Les cotes de la graduation de l'écran progressif sont étalonnées empiriquement et donnent directement le poids sec de bactéries de l’es- pèce étudiée, par em$ d’émulsion. — M.BP. Vaillant : Sur la polarisation en courant alternatif. L'auteur dé- duit de-ses recherches antérieures (voir p. 256) que la capacité de polarisation d’une électrode en courant alter- natif doit être très différente de sa capacité mesurée en courant continu, et d’ailleurs beaucoup plus grande. L'expérience a confirmé cette prévision, La polarisation alternative croit proportionnellement à l'intensité, — M. F. Michaud : Action mécanique et osmotique de l'énergie rayonnante sur les milieux qu'elle traverse, Théorie de la photophorèse. Le facteur d'intensité de l'énergie rayonnante étant la fréquence, qui est. fonc- ; 5 Y ; tion non seulement de la longueur d'onde, mais aussi de l'indice de réfraction du milieu traversé par lesondes, on doit s'attendre à ce que la pression du milieu (et, dans le cas d’un mélange, les potentiels chimiques des constituants) soit modifiée, par la présence d'un rayon- nement, dans un sens tel que l'indice tende à augmen- ter. Si le milieu est discontinu, l'énergie rayonnante doit attirer vers elle les corps d’indicetlevé. Ainsis’expli- queraient les phénomènes de photophorèse négative, . tandis que la photophorèse positiveest'due à la pression deradiation ordinaire. — MM.A.Kling et R. Schmutz : Caractérisation et dosage de l’oxychlorure de ‘carbone. La solution aqueuse d'aniline saturée constitue le réac- tif le plus sensible pour curactériser le phosgène et le plus commode pour le doser avec exactitude. En effet, même lorsque lé phosgène est fortement dilué dans un gaz inerte, il se forme instantanément de la diphényl- urée symétrique sous forme de longues aiguilles, F. 2369, insolubles dans l’eau froide. 29 SCIENCES NATURELLES, — M. À. Brives : Le Sues- sonien dans le Maroc central, L'auteur a reconnu que les dépôts suessoniens, déjà signalés chez les Rehamna sur la rive gauche de l'Oum-er-Rbia, sont très dévelop- pés chez les Beni-Meskin sur la rive droite, La compo- sition lithologique et la disposition des couches mon- trent la plus grande analogie avec les dépôts de l'Eocène inférieur de l'Algérie et de la Tunisie, La faune abon- dante recueillie par l’auteur, tiche surtout en restes de - Squalidés, confirme entièrement le synchronisme de ces couches dans toute l'Afrique du Nord, — M. P. Russo : /apports latéraux et signification tectonique de l'ellipse granitique des Rehamna (Maroc). Le massif granitique des Rehamna se présente comme un nœud dans le système des plis hercyniens du Maroc central, elcomme un des éléments du rempli de la chaîne carbo- nifère. C'est un dôme anticlinal depart et d'autre duquel se développent des zones abaïissées : plateau de Settat, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES plaine d'El Bahira dans le sens des plis, Doukkala et Tadla inférieur dans le sens perpendiculaire, Le réseau orthogonal de fractures qu’on voit l’entourer correspond à cette donnée. — M. P. Bertrand : Les zones vésétla- les du terrain houiller du Nord de la France. L'auteur distingue : une zône à Zinopteris obliqua Bunb. et Nevropteris tenuifolia Schl. (correspondant aux fais- ceaux d'Edouard, de du Souich et d'Ernestine); une zone à Linopteris Münsteri Eichw. (correspondant au faisceau de Six-Sillons); une zone à Alethopteris Da- vreuxi Brongn. et Lonchopteris Bricei Brongn. (corres- pondant aux veines supérieures à Bernicourt et à Ber- nard); une zone à-Alethopteris lonchitica Schl. (corresp. au faisceau de Modeste) ; une zone à Wevropteris Schle- hani Stur et Sphenopteris Hæninghausi Brongn, (cor- resp. au faisceau d'Olympe); une zone à Pecopteris aspera Brongn. (corresp. aux veines et bancs marins de Flines et d'Annoeullin). — M. P. Pruvost : Compa- raison entre le terrain houiller du Nord de la France et celui de la Grande-Bretagne, d’après la succession des faunes. En se basant sur l'étude des faunes, l’auteur établit le parallélisme suivant : 1° L’assise de Klines, à faune exclusivement marine, est l’équivalent exact du « Millstone grit » ; 2° Les « Lower Coal Measures » correspondent à l’assise de Vicoigne; 3° Le niveau ma- rin de Poissonnière, qui fait la limite supérieure de l’as- sise de Vicoigne, est de toute évidence représenté par celui de « Gin Mine » enStaffordshire ; 4° L’assise d’An- zin etles « Middle Coal Measures » sont rigoureuse- ment équivalentes ; 5° Les couches de Bruay représen- tent, sous un facies plus riche en houille, au moins la partie inférieure, sinon la totalité, des « Upper Coal Measures ». — M. R. Souèges : Zmbryogénie des Poly- gonacées. Développement de l'embryon chez le Polygo- num Persicaria. /. L'étude embryogénique des Polygo- nacées permet d'établir que la cellule basale prend une part importante à la construction de l'embryon pro- prement dit, Par là, les plantes de ce groupe se rappro- cheraient des Monocotylédones, chez lesquelles toute la partie hypocotylée tire son origine de la cellule basale, M. A. Laveran : Sur les variétés acentrosomiques artificielles des trypanosomes. Werbitzki a annoncé en 1910 qu'en traitant les animaux infectés par le Trypa- nosoma Brucei au moyen de l’oxazine on pouvait obte- nir des trypanosomes dont le blépharoplaste ou cen- trosome était atrophié et chez lesquels cette modifica- tion morpholoyique était héréditaire. L'auteur, ayant obtenu en 1911 des Tr. Evansi acentrosomiques,.les a cultivés par passages successifs sur la souris, Jusqu'au 3 avril 1918 (890* passage), tous les trypanosomes étaient restés acentrosomiques; mais, le 28 octobre 1918. (945° passage), on remarqua qu'un grand nombre de trypanosomes possédaient des centrosomes bién dis- tincts; le 14 janvier 1919 (998° passage), il ne restait plus un seul trypanosome acentrosomique., IL faut donc être très prudent avant de déclarer qu’une modification héréditaire est définitive, — MM, Ch. Nicolle et Ch. Lebaïilly : Les infections a nd à inapparentes. Exemples tirés de l'étude du typhus exanthématique. Chez certainscobayes, l’inoculation du virus dutyphus exänthématique ne produit aucun symptôme, pas même la fièvre, et cependant leur sang.se montre virulent au bout d'un certain temps. Ce même phénomène parait être la règle chezles rats, jusqu'alors considérés comme réfractaires. De tels faits ne sont sans doute pas parti euliers au typhus. — M. E. P. Cesari: La maturation du saucisson. L'auteur a constaté que le phénomène de la maturation du saucisson (cru), consistant dans l’ap- parition d’un arome particulier accompagnée d'une légère peptonisation de la viande, est dû à la présence de levures, dont il a isolé et cultivé trois espèces se rangeant dans la famille des Saccharomycétées, genre Zygosaccharomyces, I serait possible de modilier avan- tageusement la maturation naturelle des saucissons en ensemençant la pâte avec des cultures pures des levu- res en question, lesquelles pourraient être sélectionnées pour obtenir les aromes les plus agréables. | ACADEMIE DE MEDECINE Séance du 1 Agril 1919 M. E. Fourneau est élu memlire dans la Section de Pharmacie. L'Académie poursuit la discussion du Rapport con- cernant da déclaration obligatoire de la tuberculose, M.Albert Robin est opposé à la déclaration obligatoire pour un cerlain nombre de raisons déjà signalées, Il pense que l'Etat, au lieu de se substituer à l'initiative - privée, doit encourager et aider les œuvres existantes qui s'emploient à la lulte antiluberculeuse, et qui à Paris ont fait tomber la mortalité par tuberculose de ? 42,3 pour 10.000 habitants en 1888-1890 à 29,2en 1918. M. M. Letulle est partisan de la déclaration obligatoire, seule eflicace et dont la pratique est déjà entrée dans les mœurs beaucoup plus qu'on ne le croit. Du 1° juin 1908 au 31 décembre 1918, le nombre des déclarations spon- tanées faites à la Préfecture de Police pour Paris et les communes suburbaines a été de 160.154, alors que le nombre des déclarations de maladies infectieuses et con- tagieuses pour lesquelles la déclaration et la désinfec- tion sont obligatoires a été daris la même période de 277.462. Il demande seulement à ce que l'obligation res- sortisse non au médecin traitant, mais au chef de fa- mille ou au répondant. M, Beclère estime que, si la dé- claration facultative est si fréquente, la déclaration obligatoire devient superflue. Elle ne ferait que néces- siter la création d'un organisme administratif encom- brant et coûteux, dont le besoin ne se fait pas sentir, — M. Ch. Mirallié : Des résultats du traitement de l'épilepsie par le régime achloruré et le bromure. L’au- teur a reconnu que la réduction du sel chez les épilep- tiques ne donne que des résultats inconstants, el doit être remplacée par le régime achloruré absolu. La sup- pression du sel rend les cellules nerveuses plus sensi- bles à l’action du bromure, et il faut réduire la dose quotidienne à 2 ou 3gr., moilié matin et soir à jeun, dans un grand verre d’eau. Le régime doit être continué pen- dant longtemps, au moins de 4 à 5 ans; après cette pé- riode, le malade peut, s’il le veut, reprendre le régime ordinaire. Sur 161 malades ainsi traités, 20 n’ont ob- tenu aucune amélioration, 44 ont vu leurs crises dimi- nuer de fréquence où d'intensité; chez 97, soit6o °/,, les crises ont disparu complètement, chez quelques-uns depuis 12 ans. . Séance du 8 Avril 1919 M. E. Sergent est élu membre titulaire dans la Sec- tion de Pathologie médicale, — MM. Yersin et Dela- genière sont élus associés nalionaux. , Suite de la discussion sur la déclaration obligatoire de la tuberculose, MM. Sieur et Ch. Achard y sont favo- rables, tandis que M. Capitan préconise la déclaration facultative, et seulement dans les cas où le malade ne veut pas se soumettre aux mesures d'hygiène et de prophy- laxie que comporte son état morbide. — MM. P. Marie et Ch. Chatelin : £tude de la forme paralytique de la rage chez un enfant, Les auteurs ont observé un cas de forme primitivement paralytique de la rage chez un en- fant de 11 ans mordu à la lèvre supérieure et après une incubation relativement courte (six semaines), Il ne s’a- git pas de phénomènes paralytiques survenantau cours du traitement antirabique, puisque l'enfant n'a pas été traité, mais de la forme paralytique d'emblée de larage, caractérisée par la paralysie des membres inférieurs, presque complète dès l’abord, et devenant rapidement totale par extension aux muscles de l'abdomen, du thorax et des membres supérieurs. Cette paralysie, tou- jours flasque, s'accompagne d’abolition des réflexes tendineux, Il y a absence de phénomènes douloureux et de troubles sensitifs objectifs. 1a mort est survenue sans phénomènes bulbaires, par la paralysie des muscles respirateurs. L’autopsie a montré les lésions d'une polio- * encéphalo-myélite aiguë infiltrative. M. H. Martel attire, à ce propos, l'attention sur la progression de l'épizootie rabique dans le département de Ja Seine. 11 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 291 y a eu 221 cas de rage enregistrés du ir janvier au 8 avril, chiffre qui n'avait jamais été atteint. — M. P. Remlinger : Le passage du virus rabiquede la mère au fœtus et ses conséquences. L'auteur à inoculé la rage à une femelle de cobaye. 50 jours après, elle met bas 3 pelits dont un meurt le13e jour, et les deux autres le 34° jour à la suite de phénomènes paralytiques dont la nature rabique est démontrée par l’inoculation. La mère wa succombé.à la rage que 39 jours après (123° jour après l’inoculation). Ces expériences confirment celles de Konradi et démontrent bien la transmission de la rage de la mère au fœtus. — MM. Barthélémy et G. Gross : Le l'action stérilisante des vapeurs de formol. Les auteurs ont constaté qu’à 4o° les vapeurs de formol, après avoir agi 49 minutes, détruisent tous les germes bactériens expérimentés. Mais, pour obtenir sûrement la stérilisa- tion des objets, il faut préalablement les nettoyer et les dégraisser, les espacer dans l’étuve et fermer herméti- quement celle-ci, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 29 Mars 1919 M. J. Chaussin : /ythme nycthéméral dans les varia- tions du rapport urée : chlorures des émissions successi- ves d'urine, situant le jeu compensateur entre l’'urée et les chlorures. On rencontre deux minima aux repas, et deux maxima entre les repas, à des distances fixes pour un même régime, variant légèrement avec celui-ci, L'écart entre les valeurs des maxima et des minima dépend naturellement des proportions d'urée et de chlo- rures pour les 24 heures. La représentation graphique a été donnée dans 3 cas types différents. La suppression du repas du soir a laissé subsister sensiblement le rythme constaté avec les deux repas, — M. Cordier : La figure du sang dans le paludisme secondaire. La lo- bulation des noyaux des polynucléaires s'accentue au cours du paludisme secondaire; elle dévie versyla gau- che. Elle n'apparaît que chez les sujets infectés depuis 3 à 5 mois; elle a son maximum au moment des accès, débutant une heure avant le frisson, redevenant nor- male 11 heures après, déviant à droite vers latrentième heure, L'absence de déviation vers la droite coïncide’ avec les anémies profondes et indique un ralentisse- ment de la rénovation leucocytaire, — M.E. May: Spécificité des hémolysines naturelles. Les expériences de fixation des hémolysines naturelles sur les globu- les de diverses espèces animales montrent que ces hé- molysines ne sont pas spécifiques. IL semble s'agir dans touÿ les cas d'une même substance hémolysante à laquelle les divers globules sont inégalement sen- sibles . qui peuvent fixer la plus’ grande quantité d’hémo- lysine. — M,L. Grimbert : Pouvoir amylolytique de la salive. L'auteur propose d'exprimer le pouvoir amylolytique d’une salive, non par lerapport qui existe entre le volume de salive mis en œuvre et la quantité desucre formé, mais par la quantité d’amidon transformé en maltose en un temps donné, quantité qui est indé- pendänte du volume de salive employé quand on se place dans certaines conditions. — M. E. Feuillié : Glycosurie et carbonaturie. Glycosurie par la théobro- mine, La théobromine se rapproche du nitrate d’urane et de cantharidine, non seulement par la polyurie et la polychlorurie qu’elle provoque, mais encore par la pos- sibilité d’albuminurie et de glycosurie. Chez le chien, la mort subite survient par hémorragie méningée, hépati- sation pulmonaire et épanchement péritonéal hémor- ragique. La carbonaturie accompagne d'ordinaire les glycosuries sans hyperglycémie; elle fait défaut dans les glycosuries avec hyperglycémie. — MM. Ch.'Richet fils et A. Gigon : Action des condiments añtiseptiques surle pouvoir infectant des huîtres. 'Le jus de citron, le vinaigre, le vin blanc, l'alcool mis en contact pendant 5 secondes (en moyenne) détruisent respectivement 92°/o, 4o 7, 80 °/0, 0°/,, des bactéries du groupe Coli-Eberth comprises dans le liquide intervalvaire de l'huitre. Les globules les plus fragiles sont aussi ceux ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Séance du 5 April 1919 M. Léopold-Levi : /nstabilité thermique à mécanisme neurothyroidien. L'hypothermie hypothyroïdienne et l’hyperthermie hyperthyroïdienne sont fréquemment associées chez un même sujet thyroïdien, soit d’une fa- con successive (intermittence d’'hyper ou d’hypother- mie), soit d'une façon homochrone : le sujet a une partie du corps froide, l’autre partie brülante. L'insta- bilité thermique est due à un mécanisme thyroïdien et nerveux qui se rattache à la thermogénèse physique.— M. L. Cornil: Le liquide céphalo-rachidien dans le syndrome subjectif des blessés du crâne. Les modilica- tions du liquide céphalo-rachidien sont très minimes dans le syndrome subjectif persistant chez les trépa- nés anciens; là plupart ont une formule normale (ten- sion, albumine, lymphocytose); seules,. l'hyperglycor- rachie etl’hyperviscosilésont assez fréquemmentnotées. — MM. P. Brocg et L. Morel : Le rôle de la bile dans la reproduction expérimentale des pancréatites hémor- ragiques avec stéato-nécroses. Cette reproduction peut être réalisée aseptiquement par le contact de la bile avec le suc pancréatique ; il n’est pas besoin d’invoquer pour cela Le contact de ces deux éléments avec le tissu pan- créatique lui-même, puisque l'expérience peut être réali- sée dans le péritoine, en dehors du pancréas. — MM, M. Rubinstein et A. Radossavlievitch : Sérodia- gnostic de La syphilis. Saturation du pouvoir hémolytique des sérums. La loi des additions fractionnées des an- tigènes aux anticorps (loi de Bordet-Danysz) est appli- cable aux cas des hémolysines. La technique de la séro- réaction de la syphilis baséesur l'épuisement du pouvoir hémolytique des sérums par addition fractionnée des hématies fournit un nombre très élevé de réactions non spécifiques, — M.M.Molliard : Signification biologique de l'acide oxalique.Sa formation par le Sterigmatocystis nigra résulte d’une réaction des cellules végétales vis-à- yis d'une tendance à l’alealinité du milieu nutritif., On peut provoquer la formation del’acide oxalique en sub- stituantau liquide de culture des solutions de carbonate neutre de sodium ; toute la soude est rapidement neu- tralisée à l'état d’oxalate; on observe une production analogue d'acide oxalique dès le début du développe- ment mycélien lorsque l'aliment azoté est constitué par le nitrate de potassium, — MM. E. Couvreur et J. Teissier : Sur la survivance du Colibacille dans les eaux, Ce bacille persiste en pleine vitalité, après une vingtaine d’années, dans une eau mise en bouteilie, tandis que les microbes banals qu’on rencontre cou- ramment dans les eaux fluviales et de rivières avaient disparu (à l'exception de quelques moisissures du type Penicillium). $ ACADEMIE D'AGRIEULTURE Séances de Février et Mars 1919 M. L. Lindet signale les travaux -récents sur la fabrication de l'huile de palme. neutre, Les régimes de fruits récoltés avant maturité complète sont mis à cuire dans l'eau. On obtient ainsi des huiles dont l'acidité ne dépasse pas 0,2 ‘/,, au lieu de 14 et 150/,, Ces huiles neutres se prêtent dès lors à la consomma- tion de bouche, En Guinée française et en À. E,F. on pourrait récolter annuellement, dit M. Dybowski, pour 1 milliard 1/2 de francs d'huile de palme. — MM. Ver- morel et Dantony étudient lés propriétés des bouillies sulfo-calciques qui sont très employées en Amérique, Elles sont moins coûteuses que les bouillies cupriques, mais elles exigent des pulvérisateurs en aluminium. — M. Bachelier apporte quelques résultats d'essai comparatif de plusieurs engrais azotés, et notamment du nitrate d'ammoniaque, — M. F. Rollin donne sa statistique annuelle du marché de la Villette en 1918, Il en déduit l'utilité de supprimer toute mesure res- trictive à l'importation des viandes congelées ou réfri- gérées, afin de rendre possible la reconstitution de notre cheptel en diminution. Cette importation est assuré- ment un moyen de sortir de la crise de bétail, dont M. Massé entretient l’Académie. — M. R. Chavastelon apporte des résultats analytiques sur la conservation en silo des collets de betteraves. Dans un ensilage bien fait, les produits ensilés peuvent se conserver pendant plus d’une année sans modification de leur valeur ali- mentaire, à la condition d’être en milieu anaérobie. — M. Gauwain, dans son discours de la séance an- nuelle, traite de la confection d'un code rural. Le Code de Commerce, en France, est rédigé depuis 1807. On peut souhaiter voir l'Agriculture pourvue aussi d’un code, dont la rédaction est commencée depuis plus d’un siècle, mais n’est pas achevée. — M. Moussu montre le rôle que les colonies sont appelées à jouer dans le ravitaillement de la France. IL fait voter par l’Académie un vœu demandant la création au Minis- tère des Colonies d’un Zureau de l'industrie animale qui centraliserait la documentation sur cette production. — À propos de l'emploi de l'acide borique pour la conservation des aliments, M. L. Lindet montre que la dose quotidienne ingérée pendant la guerre peut atteindre 0,5 gr. par jour et par habitant, Or l'orga nisme élimine incomplètement l’acide borique. Il y a donc à souhaiter que l'autorisation provisoire d'emploi de l'acide borique, comme antiseptique alimentaire, soit rapportée, — M. Bouché, aviateur, suggère quel- ques applications de la photographie aérienne à Va-. gronomie. À 500 m. de hauteur, l'avion permet des pho- tographies qui peuvent être précieuses pour la réfec- tion du cadastre, l'enregistrement .et la statistique du morcellement des terres, la notation des détails de cul- ture d’une exploitation et de la réussite plus ou moins homogène des semis, le relevé des plantations, la nu- mération des arbres d’alignements, l'étude de la forme et de l’utilisation du terrain, l'enregistrement des bor- nages, l'orientation générale des pentes en vue des avant-projets d'améliorations agricoles. Il semble aussi qu'elle peut fournir une documentation utilisable pour l'expertise des dommages de guerre, — La communi- cation de M. Moussu sur le ravitaillement civil de l'Al- lemagne pendant la guerre amène l'estimation du bé- tail détourné des pays français envahis (1.200.000 têtes). Pour le gros bétail, M. Moussu demande une restitution de 250,000 têtes par an, durant quatre ou cinq ans, pour reconstituer notre cheptel réduit. C’est surtout le cheptel laitier dont nous avons grand besoin : les ra-" ces flamandes et hollandaises qui nous ont été prises sont supérieures comme valeur au bétail rhénan. C'est dans l'Allemagne du Nord, de la Hollande au Danemark, que se trouvent de bonnes races laitières issues de la Frise Orientale. — M. Dechambre préconise aussi la race du Bas-Rhin pour suppléer la Normande, les races badoises et bayaroïses, issues de Suisse, pour suppléer. dans l'Est, les vaches de la race de Montbéliard. — : M. Tisserand signale la race bonne laitière d'Olden- bourg, diverses races du Holstein, et la race de Ton-. dern qui avoisine la région du canal de Kiel. — M. L. Guignard présente le programmie d'organisa= lion économique de l'Algérie établi par le D' Trabut. C'est une tentative, en voie de réalisation, où les préoccupations scientifiques et la collaboration des hommes de science s'ajoutent à la participation des praticiens agronomes, — M. Marcel Vacher parle de. la réorganisation méthodique du cheptel francais. I préconise les méthodes de la Zootechnie expérimen- tale en vue d'élever la qualité du rendement. La sé- lection des taureaux, notamment, pourrait être prati- quée, comme aussi le développement de troupeaux ovins sur les terres dévastées de la zone de guerre, avec des concours de bergerie. La réduction du trou- peau porcin de 7 à 4 millions de tètes impose aussi des mesures spéciales, et notamment l'amélioration à l’aide des races anglaises. S Ed. Gain, Le Gérant : Octave Doux. EEE _—_———————————…—…—…—…— Sens.— Imp. Levé, 1, rue de la Bertauche. ; SH EE . seïlle le 9 juillet 1824, 30° ANNÉE N° 10 30 MAI 1919 Revue générale Scien pures et appliquées FONDATEUR LOUIS OLIVIER DirecrEur J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie Th. Schlæsing (1824-1919). — Une grande figure de la science ne vient de disparaitre, Né à Mar- J.-J.-Th. Schlæsing est décédé à Paris le 8 février 1919. Les progrès de l'âge n'avaient altéré ni la santé ni l'intelligence de cet homme de bien, -dont le labeur ne s'était ralenti à aucun moment pen- dant une période de soixante-dix ans. Il conserva jusqu’à la fin une activité physique et une puissance de travail remarquables. Sa première publi- cation date de l’année 1847 : quelques mois à peine avant sa mort, il poursuivait encore, avecun matériel trèsres- treint qu’il avait apporté dans son propre domicile, ses recherches sur les phosphates pour lesquelles il n'avait ménagé, depuis longtemps déjà, ni sa peine, ni son temps. - Directeur de l'Ecole des Tabacs en 1846, professeur à l’Institut agronomique en 1876, à l'époque où cet éta- blissement fut réinstallé à Paris, successeur de Bous- singault dans la chaire de Chimie agricole du Conserva- toire des Arts et Métiers en 1889, il entrait à l'Institut en 1882 en remplacement de Decaisne, Schlæsing fut à la fois ingénieur, chimiste, agronome, Sorti de l'Ecole Polytechnique en 1843, il était appelé, en raison même de ses fonctions d'ingénieur des Manu- factures de l'Etat et de Directeur de l'Ecole des Tabaes, à orienter ses recherches vers les problèmes si délicats que soulève l'étude du développement des végétaux. Elèvede Boussingault,ilreçutde bonne heure l'empreinte de l’illustre savant, Cependant, si l'étude de la Chimie dans ses rapports avec l'Agriculture constitue la partie maitresse de son œuvre, il s’appliqua également avec un rare bonheur à la solution de quelques grandes ques- tions industrielles, telles que la fabrication de la soude dite à l'ammoniaque et le traitement des phosphates naturels. La structure physique du sol, encore si imparfaite- ment délinie avant ses travaux, attira de bonne heure l'attention de Schlæsing. Sa profonde sagacité, jointe à une habileté d’expérimentateur peu commune, le REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES conduisit à inventer ou à perfectionner une foule de procédés analytiques : le chimiste et l'ingénieur se rencontrèrent pour créer des méthodes nouvelles ou pour corriger dans le sens d’une précision plus parfaite des méthodes déjà connues. Les rapports du sol avec l’eau ont une importance de premier ordre dans les phénomènes de la végétation. Schübler qui, vers 1830, les avait, le premier, étudiés de façon méthodique avait employé des procédés assez sim- ples,sans doute, mais l'interprétation qu'ilenavaitfour- nieétait erronée. Schlæsing, par des expériences élégan- tes et bien conçues, montre ce que l’on doit entendre par imbibition d’une terre par l’eau et par aptitude des terres à la dessiccation. La grosseur des éléments joue ici un rôle capital. Le premier, Schlæsing a bien défini le rôle joué dans les sols par l'argile colloïdale, laquelle est le véritable ciment des terres. Une argile grasse ordinaire est com- posée de deux parties : des matières sableuses de gros- seur variable et de l'argile colloïdale, silicate d’alu- mine hydraté, qui ne figure dans l’ensemble que pour quelques centièmes. Schlæsing a, de plus, montré quelle était l’action des sels en général, et des sels cal- caires en particulier, dans la coagulation de l’argile et dans le maintien de la terre arable à l’état particulaire tel qu’il existe dans les conditions naturelles. L’argile coagulée par le calcaire n’est pas le seul ci- ment des terres arables. L’humus, que l’on rencontre dans tous les sols, joue ce, rôle de ciment là où l'argile fait défaut. Ce ciment organique des éléments sableux est également susceptible de maintenir ceux-ci à l'état particulaire. De plus, le colloïde humique tem- père les propriétés du colloïde argileux : l'addition de l’'humus ameublit les terres argileuses., Ce sont là des notions courantes dont l'explication rationnelle a été fournie par Schlæsing. Etant donnée l'importance capitale, awpoint de vue de la perméabilité des terres, des rapports qui doivent exis- ter entre les quatre éléments sable, argile, calcaire, humus, il fallait imaginer une méthode de dosage de ces quatre éléments, à la fois simple, rapide et suflisam- ment exacte, Les procédés employés jusque-là, ceux t CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de de Gasparin et de Masure entre autres, ne permet- taient pas une évaluation précise de l'argile. Nous som- mes encore redevables à Schlæsing d’une méthode d’a- nalyse physique des terres, comportant sans doute certaines conventions, mais qui est susceptible de ren- dre de très grands services, surtout lorsqu'il s’agit d'aborder le problème particulièrement délicat de la classification des terres arables. C’est d'ailleurs sur les données de l'analyse physique que s’appuie le plus sou- vent l’agriculteur relativement au choix qu'il est appelé à faire de tel ou tel engrais. Plus récemment, dans un beau travail daté de l’année 1903, Schlæsing montrait, à la suite d'expériences méti- euleuses, que l’on peut classer en un certain nombre de lots, dans l’ordre de leur grosseur décroissante, les sa- bles fins d’une terre végétale en observant à la fois le temps que ces sables emploient à parcourir au sein de l’eau une hauteur déterminée et le poids des dépôts for- més pendant les intervalles successifs de ces temps. Discutant les résultats que fournit, en divers points du globe, le dosage du gaz carbonique, et tenant compte des besoins “de la végétation en carbone, Schlæ- sing caleule que la consommation que font les plantes de ce gaz représente une fraction importante du stock répandu dans l'atmosphère. A côté de cette absorption existent évidemment Ges causes importantes de restitu- tion, du fait des combustions vives et des fermenta- tions de toute nature. Mais ces deux phénomènes in- verses peuvent ne pas agir d’une façon simultanée, Pour expliquer la constance du taux du gaz carbonique aérien, Schlæsing pense qu'il doit exister un régula- teur susceptible de fournir ce gaz à l'atmosphère lorsque le taux de celle-ci vient à diminuer et, réciproquement, capable d’absorber ce gaz lorsque le taux vient à aug- menter : ce régulateur ne serait autre que l’eau de la mer, À la suite d'une étude approfondie (1872) sur les équili- bres entre l’eau, le carbonate de chaux et le gaz carbo- nique, l’auteur a formulé uné loi mathématique rigou- reuse. À chaque taux d'acide carbonique correspond une proportion déterminée de bicarbonate de chaux formé. Le taux croit-il ou décroit-il? la quantité de bicarbonate qui prend naissance varie dans le même sens jusqu’à ce que le gaz carbonique prenne dans l’atmosphère une | tension fixe, bien définie pour une température donnée. En appliquant ces notions à l’eau de mer, Schlæsing trouve que, si le taux du gaz carbonique diminue dans l'atmosphère terrestre, les bicarbonales contenus dans l'eau marine se dissocient et dégagent du gaz carboni- que ; si le taux augmente, l’eau de mer absorbe du gaz. Cette théorie ingénieuse et très séduisante, fondée sur l'observation des faits,rend bien comptede la constance du gaz carbonique atmosphérique, sans que l’on puisse dire si l’appauvrissement certain que notre atmosphère a éprouvé depuis les temps primitifs est destiné à s’ac- euser encore ou à demeurer dans les limites actuelles, La présence de l’ammoniaque dans l'atmosphère et sa circulation comme source d’azote combiné pour la nu- irition végétale — à une époque où l'absorption directe de l'azote gazeux par le sol et par certains végétaux était ignorée — ont également retenu l'attention de Schlæsing. Il imagina une théorie, basée d’ailleurs sur des faits expérimentaux indéniables, d’après laquelle l’alcali contenu dans l’eau de mer passerait, en vertu de sa tension, dans l'atmosphère. Cet alcali serait alors ab- sorbé par les plantes et par le sol où il se transformerait en acide nitrique, puis retournerait sous cette dernière forme vers l’eau de la mer par l'intermédiaire des fleu- ves. Là, dans la profondeur, cet acide nitrique serait ré- duit et reparaitrait à l'état d'ammoniaque : d’où cireula- tion ininterrompue de l'azote combiné à la surface du globe, Mais, comme il existe de nombreuses causes de pertes de cet azote combiné — on admet que cette frac- tion est environ d’un septième — Schlæsing estime qu’il doit se trouver une source de production compensa- lrice : cette source a ses origines dans l’union de l'azote avec l'oxygène sous l'influence des décharges électriques qui sillonnent l'atmosphère. Le caleul montre que la quantité d'azote combiné qui prend alors naissance, et se répand sur le sol par l'intermédiaire des eaux de la pluie, est plus que suflisante pour couvrir les pertes. La découverte de l'agent vivant susceptible de trans- porter l'oxygène de l'air sur l’ammoniaque avec forma- tion d'acide nitrique est peut-être celle qui contribua le plus à étendre la renommée de Schlæsing. Il s'était ad- joint, pour la réalisation de ce travail, un collaborateur de haute valeur, Achille Müntz, dont la’ science déplore la mort récente, La nitr ification, c’est-à-dire la produc- tion naturelle du nitre (mélange habituel de nitrate de potassium et de nitrate de calcium), est un phénomène très anciennement connu, mais dontla nature élait tou- jours restée mystérieuse : : on le regardait autrefois comme étant très probablement d'essence purement chi- mique. I1.faut lire à cet égard une curieuse leçon de Cloëz exposée devant la Société chimique de Paris le 15 mars 1801. Schlæsing commença d’abord par étudier avecle plus grand soin les conditions elles-mêmes du phénomène, telles qu’elles résultaient des travaux antérieurs de Bous- singault. Cependant, l’idée directrice qui le guida dans ses recherches avait été formulée dès 1862 par Pasteur. Cet illustre savant atlribuait un rôle capital aux êtres inférieurs dans les phénomènes de la fixation de loxy- gène sur la matière organique, fixation qui aboutit à la production ultérieure d’eau, de gaz carbonique, d'am- moniaque... Une question se posait à cette époque (1877) qui inté- ressait au plus haut point l'hygiène publique : celle de l’'épuration des eaux d’égout. Schlæsing se demande si la combustion de la matière azotée contenue dans ces eaux n'avait lieu que dans laterre végétale, déjà spon- tanément nitrifiable,ou bien si cette combustion pouvait s'opérer simplement dans des solsexcelusivementsableux, exempts de matière organique. L’expérience lui montra que, si l’on fait passer lentement de l’eau d’égout au tra- vers d’un long tube rempli de sable calciné,additionné d’un peu de calcaire et soumis à une aération continue, le liquide qui s'écoule au bas du tube contient d’abord un taux invariable d’ammoniaque; puis, graduellement, celle-ci disparait et fait place à l’acide nitrique, Il sem- blait, déjà, qu'il ne s'agissait pas ici d’une combustion pure et simple de la matière azotée par l'oxygène, car l'acide nitrique n'apparaissait que peu à peu, comme si quelque ferment, introduit par l’eau d'égout elle-même, füt intervenu et n’eût commencé à faire sentir son ac- tion qu'après qu'il se fût suflisammentdéveloppé au sein de la colonne de sable, L'épreuve au chloroforme qui suspend l’activité des microorganismes, l'application de la chaleur sur des terres en voie de nitrification qui an- nule celteactivité, confirmèrent d’une façon irrécusable la nécessité de la présence, dans le phénomène nitrili- cateur, d’un être vivant. Celui-ci possède des propriétés spécifiques : aucune de ces Mucédinées banales que l’on rencontre dans le sol n’est susceptible d'oxyder l’ammo- niaque. k Les tentatives d'isolement du microbe nitrique dans des solutions artificielles, réalisées par Schlæsing et Müntz, venaient à l'appui des faits que l'observation dès milieux naturels avait mis en évidence, Sans doute, des recherches ultérieures aussi nom- breuses que brillantes — celles de Winogradski et de Warington entre autres — ont-elles élargi singulière- ment le cadre de nos connaissances au sujet des mi- crobes nitrificateurs. Le premier pas était néanmoins accompli. À Schlæsing et à Müntz revient l'honneur d'avoir montré, les premiers, que la nitrification est l'œuvre d’un être vivant, très répandu danstous les sols, les eaux, peut-être même dans l'atmosphère. C'est de celte époque que date le début, pour ainsi dire, des études bactériologiques du sol au point de vue agricole, études qui, dans la suite, ont été d'une r À : CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE extraordinaire fécondité. L'importance de l'azote nitri- que est immense, puisque la plupart des végétaux empruntent sous cette forme leur azote au sol. Faut-il maintenantparler des applications de la science à l’industrie? C’est à Schlæsing et à Rolland que l’on doit le beau procédé industriel de la fabrication du car- bonate de soude, dit procédé à l’ammoniaque, basé sur - la double décomposition entre le bicarbonate d’ammo- … niaque et le sel marin, dans lequel on utilise ainsi directement le chlorure de sodium alors que, dans la méthode de Leblane, ce chlorure doit être d’abord trans- = formé en sulfate, Le procédé à l’ammoniaque, presque universellement adopté aujourd’hui, présentait d’assez grandes diflicultés de réalisation ; car la réaction ne se passe qu'entre des limites de température et de concen- tration fort étroites, Onsait quel développement prodi- gieux a pris cette industrie de la soude artificielle. 1 : Schlæsing est également l’auteur d’une méthode très . simple d'extraction de l’ammoniaque dans les solu- tions étendues, sans emploi de la chaleur. Cette mé- - thode, qu'il appliqua à l'extraction de l’ammoniaque - des eaux vannes, consiste à précipiter l'alcali sous . forme de phosphate ammoniaco-magnésien. L’acide _ phosphorique employé résulte du traitement des … phosphates naturels par l’acide sulfurique, la magné- . sie du traitement parun lait de chaux des eaux magné- . siennes provenant de l’eau de mer. ; Le phosphate ammoniaco-magnésien contient trois éléments de fertilité indispensables à la nutrition de la plante, Il conviendrait encore de citer la préparation indus- trielle du phosphate bicalcique. Les eaux magnésiennes, précipitées par la magnésie, fournissent de l’oxychlo- rure de magnésium, décomposablie à chaud par la vâpeur d'eau avec production de magnésie et dégagement de - gaz chlorhydrique. Ce dernier, agissant surle phosphate tricaleique, le change en phosphate bicalcique dont la valeur agricole est sensiblement la même que celle du superphosphate. La plupart des recherches qui portent sur la chimie . agricole exigent l'emploi fréquent de méthodes assez spéciales : ou bien les éléments que l’on veut doser n'existent qu’en faible quantité dans les milieux natu- rels où ils se rencontrent, ou bien ils sont relativement _abondants, mais il s'agit alors d'apprécier une faible différence entre deux expériences. Aussi Schlæsingfut-il amené à modifier beaucoup de ces méthodes. On luidoit, É dans cet ordre d’idées, le dosage de la potasse dans les « terres au moyen de l'acide perchlorique, le dosage simul- tané du carbone, de l'hydrogène et de l’azote dans les . matières organiques, le dosage de l’ammoniaque à l’aide . d’un appareil qui permet l’évaluation des plus faibles - quantités de cet alcali, le dosage exact de l’acide nitri- que par l’action du chlorure ferreux et del’acide chlorhy- drique sur les nitrates avec oxydation ultérieure de _l'oxyde azotique dégagé, et, enfin, une méthode d’ana- lyse des cendres végétales. Dès l'année 1863, il avait imaginé un nouveau procédé de jaugeage des fluides qu'il avait mis en usage lors de ses recherches sur l’am- _moniaque atmosphérique. . . Préoccupé de simplifier les appareils sans nuire à la rigueur scientifique, Schlæsing a préconisé l’emploi - d’une foule de’dispositifs ingénieux réalisables avec les ressources d’un laboratoire ordinaire et que tout chi- _miste, tant soit peu habile, peut lui-même construire, Nul ne saurait contester que les méthodes introduites dans la science par Schlæsing portent en elles la mar- > que d'une préeision diflicile à surpasser : d’ailleurs, elles sont aujourd’hui classiques. On peut, avec un légitime orgueil,en regardantleche- min parcouru, proclamer que, depuis bientôt un siècle, la science agronomique française a ét admirablement . représentée, Digne successeur de PR ps Schlæ- _ sing a droit à toute notre reconnaissance. À Que tous ceux qui se consacrent à l'étude des phéno- mènes de la Nature gardent pieusement le souvenir d'une existence vouée uniquement à la recherche et au culte de la vérité! G. André, Professeur à l’Institut agronomique, $ 2. — Art de l'Ingénieur Recherches sur les causes de la corrosion ou de l’érosion de- helices propulsives. — La corrosion ou l'érosion des hélices propulsives a depuis quelques années retenu l'attention des ingénieurs etdes constructeurs de navires ; mais le caractère capricieux de celte action n’a pas permis d'attribuer une cause adé- quatéetsatisfaisante aux phénomènes observés, Sur la demande du Prof. H.C.H. Carpenter, un sous-comité du Bureau anglais des Inventions ét des Recherches a été formé en 1915 pour étudier cette question. Les recher- ches ont duré environ 18 mois, et Sir Ch. A. Parsons et M.S.S. Cook en ont communiqué les résultats à la réu- nion d'avril de l’Institution des Architectes navals, à Londres. Les causes possibles de corrosion ou d’érosion qui ont élé considérées sont les suivantes: 1° Nature de la surface du métal et état de tension initial de cette surface; 2 Tensions dans les pales dans les conditions de fonctionnement ; 3°Choc de l’eau à grande vitesse contre la surface des pales; 4° Cavitation ; 5° Coup de bélier produit par le remplissage des cavi- tés des tourbillons. Chacune de ces causes possibles a été soumise à une série d'expériences, dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici; nous nous bornerons à en indiquer les conclusions générales : Les quatre premières causes étudiées n’exercent au- cux effet appréciable. La corrosion des hélices propul- sives est très faible, mais l'érosion est importante et elleest due à l’action de martelage de l’eau sur les pales du propulseur, produite par le remplissage brusque des cavités formées à la surface des pales. Cette action provient soit de la cavitation du propul- seur lui-même, qui survientgénéralement quand l'hélice trace un sillage variable, soit des cavités et tourbillons formés par l'action d'autres propulseurs placés en avant de lui, et l’action érosive s'aggrave généralement sur une hélice qui travaille dans le sillage d’une autre. L'action de coup de bélier doit également se produire quand des remous violents et brusques sont produits dans l’eau par la forme de la poupe, du renflement de l'arbre, ou par des lignes très pleines. La cavitation ne produit l'érosion que lorsqu'elle s'accompagne de conditions qui forcent les cavités à se contracter de telle façon et dans une position telle que l'énergie de la contraction se concentre sur une petite portion de la surface de l'hélice. D’après les calculs de M.S. S. Cook, la pression du coup de bélier semble indépendante de la forme de la cavité ; elle dépend seulement du rapport de sa contrac- tion, de sorte que les cavités causant l’érosion peuvent étre petites ou grandes. Dans le cas de lhélice d'un croiseur rapide, inspecté par le Comité aux Usines Stone, quelques-unes des cavités qui ont causé l'érosion ont dû être grandes, car les marques laissées à certains endroits étaient semblables à celles produites parl’emploi d’un marteau à tête ronde. Dansle cas d’un navire à une seule-hélice donnant une vitesse de 11 nœuds, dont les lignes de poupe sont pleines, l'érosion de l’hélice semble avoir été causée par les cavités formées par les pales dans leur passage à travers lesillage suivant ; ces cavités sont entrainées par les pales et se comblent 1. Engineering, t. CVI, n° 2781, p. 515; 18 avril 1919. 296 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ie ———_————— soudainement quand les pales entrent dans les lignes d'écoulement du vaisseau là où le glissement est normal. Les auteurs déduisent de ces coñstatations des règles sur la façon de disposer les propulseurs dans les navi- res à 2 et à 4 hélices. $ 3. — Physique Mesure de l'épaisseur de la pellicule for- mée par les liquides sur le verre et le sable. _— D'assez nombreuses recherches ont été faites sur la formation des pellicules d’eau à la surface du verre et de la silice. Voici quelques-unes des épaisseurs mesu- rées : Epaisseur Observateur. 1. Globes de verre 0,0000033 Ihmori. 2. Laine de verre 0,0000133 Parks. 3. Sable en poudre microsc. 0,000000/5 Briggs. 4. Quartz en poudre très fine 0,0000013 Katz. 5. Verre de lampe 0,00000166 Langmuir, Les résultats obtenus sont, on le voit, assez diffé- rents. Pour les expliquer, on a fait intervenir deux théories, l'une physique, l’autre chimique. D’après la première, des couches successives de molécules d’eau peuvent s’empiler à la surface d’un solide jusqu’à une épaisseur telle que la force d'attraction du solide com- pense exactement la tendance à s’évaporer de la couche extérieure de la pellicule. La seconde suppose qu’une réaction chimique se produit et que l’eau adhérente devient partie d’un composé chimique plus ou moins stable. M. E. Pettijohn! vient de reprendre l'étude de celte question par une méthode nouvelle. Tandis que la plu- part des précédents expérimentateurs soumettaient le solide à l’action de la vapeur d’eau près de son point de saturation jusqu'à l’élablissement d'un équilibre, cet auteur ajoute, à un tas de perles de verre ou de, grains de sable, de petites quantités de liquide jusqu’à établissement d'une pellicule ecntinue. Des couches successives de molécules s'ajoutent jusqu'au moment où les plus superficielles deviennent normales, c’est-à- dire s'évaporent ou s’écoulent. Tout liquide ajouté à partir de ce moment reste à l’état liquide. On opère de la façon suivante : Un poids connu de sable est placé dans un flacon d'Erlenmeyer et, au moyen d'une burette, on y verse le liquide goutte à goutte, en agitant chaque fois vigoureusement, jusqu’à ce qu'une dernière goutte provoque l'adhérence des grains au flacon. À ce moment, la pellicule d'épaisseur maximum est réalisée et le liquide est présent à l’état fluide. Connaissant la surface des grains et le poids de liquide ajouté, on en déduit l'épaisseur de la pellicule. Voici quelques résultats obtenus avec l'eau et divers solides : Diamètre Epaisseur de en cm. la pellicule. Perles de verre n° 1 0,1367 0,0000129 — — 3 0,1180 0,0000128 — — 5 0,0808 0,0000120 — = 7 0,042 0,0000113 — = 8 0,0410 0,0000128 — — 9 0,040 0,0000066 Sable d'Ottawa 0,0790 0,0000130 — (tamis à 10 mailles) 0,0494 0,0000285 — — 20 _— 0,0430 0,0000214 — — ho _— 0,0280 0,0000135 — _ 6o — 0,0170 0,0000114 Ces chiffres montrent que, d’une façon générale, l'épaisseur de la pellicule est indépendante de la di- mension des gains pour une même substance solide. M. Pettijohn a également exécuté une série de déter- 1. Journ. of the Amer, Chem. Soc., L. XLI, nv 4, p. 477- 486; avril 1919. minations avec différents liquides organiques, qui lui a donné les résultats suivants (exprimés ici en gr. de liquide par gr. de substance solide) : Sable Tamis de d'Ottawa Perles n°8 10 mailles Nitrobenzène 0,00136 0,00039 0,00056 Eau 0,00133 0,00037 0,0009g Aniline 0,00122 0,0003g 0,0005 Diméthylaniline 0,00131 0,00039 0,0009 lodure de phényle 0,00126 0,0003ÿ 0,00059 , Toluène 0,00134 0,00038 0,0003 Ces derniers chiffres montrent que l'épaisseur de la pellicule est indépendante de la nature du liquide, ce qui prouve que la tension superficielle du liquide n’a aucune influence sur cette épaisseur. On en déduit éga- lement qu'aucune réaction chimique n'intervient dans le phénomène, puisque les liquides organiques, pour lesquels toute réaction de ce genre est ici exclue, se comportent absolument comme l’eau. 1l est donc-certain que la pellicule est maintenue par l'énergie superficielle libre du solide. Il.en est très probablement de même pour les pelli- cules formées par l’eau à l’état de vapeur. Les épaisseurs mesurées dans ce cas sont, en effet, de peu inférieures à celles des pellicules obtenues par addition de liquide. Une même pellicule liquide se forme dans les deux cas, mais avec la vapeur non saturée elle ne devient jamais assez épaisse pour se comporter comme un liquide nor- mal à la surface d’un solide. Sur le vieillissement des lampes en quartz à vapeur de mercure. — On sait que le rayonne- ment des lampes en quartz à vapeur de mercure ests utilisé dans diverses applications : réactions photo- chimiques; stérilisation des eaux, thérapeutique, essais de résistance des couleurs,etc. Les fabricants de papier, de couleurs, d’étoffes, d'objets en caoutchouc, de pa- piers peints, ete. ont besoin d’une source intense de rayons ultra-violets, dont l'intensité diminue le moins possible par le fonctionnement. On sait d’autre part que le rayonnement des lampes en quartz à vapeur de mercure diminue notablement par l'usage. Divers auteurs! ont constaté qualitative- ment ce vieillissement des lampes par des essais physi- ques, chimiques ou biologiques. Il tient? pour la plus grande part à un léger voile qui se forme à l’intérieur, et qui, comme l'analyse chi- mique l’a montré, est un dépôt de carbone très divisé, provenant probablement des électrodes en acier invar et prenant souvent un aspect miroilant. À travers ces lampes enfumées, la dernière raie qui passe est la raie 0,2378 y; c'est exactement le résultat qu’on observe en photographiant un spectre ultra-violet à travers un gros morceau de quartz enfumé. M. Daniel Berthelot a pu suivre les altéralions len- tes des lampes en quartz à vapeurde mercure au moyen d'un photomètre chimique basé sur la décomposition des cétoses avec dégagement d'oxyde de carbone. La dioxyacétone est le plus sensible de ces corps; mais, en raison de sa rareté, on emploiera plutôt le lévulose, qui est facile à obtenir en grandes quantités. Les me- sures effectuées avec ce photomètre mettent nettement en évidence que l’eflicacité des lampes diminue peu à peu; la partie la plus réfrangible disparait la pre-. mière et il devient alors impossible de réaliser les synthèses photochimiques, telles que l'union de l’oxyde de carbone etde l'hydrogène, qui exigent les radiations extrèmes. | RE 4. Vainrawt : C.R., t. OXLII, p. 81; 1906. — BorDiER : Archives d'électricité médicale, t. XVII, p. 390 ; 1910, — Courmonr et Nocter: C.R., t. GLIT, p. 1746; 1911. 9 V. Daniel BexrugLot: Journal de Physique, janvier- février 1917, paru en 1918. € | 7 mn. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE MM. Coblentz, Long et Kahler! se sont proposé ré- cemment d'étudier quantitativement le vieillissement des lampes. Ils ont mesuré les intensités par une mé- thode radiométrique utilisant une pile thermo-électrique et un galvanomètre, Une cuve à fenêtres de quartz eontenant une épaisseur d’eau de 1 em., disposée de- vant la pile, arrête les rayons infra-rouges de longueur d’onde supérieure à 1,44, émis par les électrodes et le quartz. Le faisceau complexe qui passe peut être attri- bué à la vapeur de mercure; son spectre se compose de raies intenses dans l’ultra-violet, dans la partie visi- ble et dans l’infra-rouge, jusque vers 1,45. Par le fonctionnement de la lampe, on sait que le quartz devient de moins en moins transparent pour les rayons ultra-violets. La méthode la plus simple pour étudier le vieillissement consisterait donc dans l'emploi d’un écran transmettant tout l'ultra-violet et absorbant les rayons visibles ou infra-rouges, ou bien absorbant l’ultra-violet et transmettant tout le rayon- nement visible ou infrarouge, Il n'existe aucun écran de ce genre, mais MM. Coblentz, Long et Kahler ont utilisé un verre jaune foncé (corning naviol, shade B), qui absorbe tous les rayons ultra-violets de longueur d'onde inférieure à 0,4 w et dont la transmission ne dépend pas de la puissance absorbée par la lampe (entre 100 et 200 w.). Ils mesurent done les déviations que donne au galvanomètre la pile thermo-électrique : 1° directement après passage dans la cuve à eau qui arrête les radiations de très grande longueur d'onde émises par les parois du tube; 2° après interposition du verre jaune. Le rapport de ces deux déviations, ou coeflicient de transmission, augmente à mesure que diminue la proportion des radiations ultra-violettes dans le rayonnement, c’est-à-dire à mesure que le tube vieillit. Des essais effectués sur des lampes de la Cooper- Hewitt Electric Co et de la-R. U. V. Co se dégagent les résultats généraux suivants : 1° La proportion du rayonnement ultra-violet dans le rayonnement total varie de 70 °/o, pour une lampe neuve, à 50 °/,, après 1.000 à 1.500 heures de fonctionnement. 2° Pendant les 500 premières heures, il n’y a pas de différence sensi- ble dans le pourcentage du rayonnement ultra-violet émis par les deux types de lampes. 3° Le rayonne- ment total diminue de la moitié ou dutiers de sa va- leur initiale après 1.000 à 1.200 heures de fonctionne- ment. Les nombres indiqués dans le Tableau I permettent Tagreau I. — Comparaison des rayonnements du Soleil, de la lampe en quartz à vapeur de mer- cure et d’une lampe à arc. Lampe en quartz à vapeur de. mercure Rayonnement solaire 2 AT — LONGUEURS D'ONDE par cm? et par sec. °/, du rayonn' total par cm et par sec. gr. par cm- et par sec. = æ r e a ] en cal. 0,0008 0,0129 0,0121 0,0026 0,0155 de comparer, au point de vue de leur eflicacité pour la production de l’ultra-violet, les rayonnements du So- leil (à la surface du sol l'épaisseur de l'atmosphère tra- 1. W. CogLenrz, B. Loxc, H. Kaui.er : Scéentifie Papers of the Bureau of Standards, n° 330, 12 nov. 1918. versée étant 2,7 fois celle de l'épaisseur suivant la ver- ticale), de la lampe en quartz à vapeur de mercure, et d'une lampe à arc à électrodes de charbon et flamme violette, fonctionnant sous 200 v. et consommant 4.000 w., utilisée dans les teintureries pour l'essai des couleurs. On voit en particulier que la proportion de radia- tions ullra-violettes contenues dans le rayonnement de l'arc est pratiquement la même que pour la lampe en quartz à vapeur de mercure, tandis que le rayonne- ment total est 2 à 3 fois celui des lampes à vapeur de mercure. La puissance consommée est environ cinq fois celle consommée par les lampes à vapeur de mer- cure. Cependant, la surface utile autour de l'arc au charbon, sur laquelle l’éclairement est sensiblement constant, est environ 2,5 fois celle de l'arc au mer- cure; cet accroissement de surface utile compense l'augmentation de puissance consommée, en sorte que le rendement du fonctionnement est sensiblement le même pour les deux types de lampes. Si l’on pouvait construire la lampe en quartz à vapeur de mercure de manière à l'utiliser en position verticale, le rénde- ment du fonctionnement serait plus que doublé par l'utilisation de l’espace entourant complètement l'axe de la lampe. A. B. $ 4. — Physiologie L'énigme du cerveau des Oiseaux. — A la séance du 18 mars de la Société littéraire et philosophi- que de Manchester, le Prof. G. Elliot Smith a lu un in- téressant mémoire sur ce sujet. On a toujours, dit-il, considéré comme une énigme le fait que les Oiseaux, en dépit du très faible développe- ment de leur écorce cérébrale apparente, présentent dans leur pouvoir de discrimination tactile, visuelle et acoustique, dans leur mémoire associative, et dans leur aptitude à apprendre par expérience individuelle, la preuve évidente de fonctions telles que celles qui, chez les Mammifères, sont intimement associées avec les activités de l'écorce. L’explication de cette discordance apparente entre la morphologie du cerveau et ie pouvoir de l'oiseau de profiter de l'expérience réside dans cette constatation qu'une grande partie de la structure communément ap- pelée « corps strié » est corticale par son origine et par ses connexions fibreuses. Les structures appelées par Edinger « hyperstriatum » (neostriatum de Kappers) et « epistriatum » (archistriatum de Kappers) sont com- posées d’écorce cérébrale modifiée; et la première repré- sente non seulement le neostriatum (nucleus caudatus et putamen) du cerveau mammalien, mais aussi le neo- pallium primordial de l'écorce cérébrale vraie. Le fil conducteur pour l'interprétation de ces homolo- gies est fourni par le cerveau reptilien archaïque qui a survécu chez le Sphenodon, chez lequel on observe avec toute la clarté d’un diagramme la formation d’une grande croissance corticale dans le ventricule latéral. La raison de cette curieuse transformation est l’expan- sion du bord latéral du pallium sous l'influence d’une augmentation subite de l’afflux des fibres sensorielles (tactiles,visuelles etacoustiques) venant duthalamus. En vertu du principe de la neurobiotaxie de Kappers, celle sur-croissance corticale reste ancrée aussi près que pos- sible des fibres thalamiques entrantes, d'où le dévelop- pement du « sillon ventriculaire dorsal » (Johnston). Chez les Mammifères, l’ensemble de l'écorce nouvel- lement modifiée n’est pas attiré dans le sillon ventricu- laire ; une partie reste à la surface, libre de s'étendre et de se développer en neopallium ; le reste se transforme en nucleus caudatus, putamen et nuclus amygdaleus. Mais chez les Oiseaux l’ensemble de la masse devient intraventriculaire el représente non seulement le neo- striatum, mais aussi le neopallium rudimentaire. RECHERCHES NOUVELLES SUR LE PRINCIPE DE PASTEUR Il ya peu de temps, j'ai eu l'honneur de don- ner ici un résumé des travaux exécutés à mon Laboratoire de l'Université de Groningue, sur/ l'étude des corps à des températures très éle- vées!. Je désire aujourd’hui attirer l'attention des lecteurs de cette Aepue sur une autre caté- gorie de recherches, poursuivies dans ce même laboratoire pendant les dernières années. Il s’agit des investigations se rapportant au prin- cipe énoncé par L. Pasteur au sujet de la rela- tion entre la dissymétrie moléculaire des subs- tances et la dissymétrie caractéristique de leurs propriétés physiques. Ce fut en 1848, tout au dékut de sa brillante carrière scientifique, que Pasteur fit la décou- verte remarquable de la séparation du raceé- mate de sodium et d’'ammonium en ses antipodes optiques. Dans un travail qui exigea environ dix ans de recherches, il établit les méthodes qui conduisent en général à la séparation des « subs- tances racémiques » en leurs antipodes. Ces fait sont maintenant bien connus et on sait quelle révolution la découverte de 1848 a appor- tée dans les idées scientifiques, en ce qui con- cerne la représentation de la configuration des atomes dans l’espace. Les résultats obtenus par Pasteur peuvent se résumer comme suit : Chaque fois que la con- figuration dans l’espace des atomes constituant la molécule d’une substance chimique est diffe- rente de son image ?, celle substance pourra exis- ler sous deux formes isomères, ayant en solu- Lion des pouvoirs rotatloires égaux, mais de signe contraire, et qui à l'état solide présenteront des formes cristallines symétriques l'une de l’autre, mais non superposables. $ Pasteur lui-même n’a parlé de la configura- tion des molécules, différentes de leurs images, que d'une manière assez générale. Il dit seu- lement qu'il faut s’imaginer une certaine dis- position des atomes, dansle genre du filet d’une vis gauche ou droite, et il ajoute qu’un tel sys- tème, au point de vue purement mécanique, doit être l’image non superposable de l'autre système. Sous cette forme générale, le principe de Pas- teur ne pouvait pas être pris pour guide dans 1. Voir cette Revue, t, XXX, p. 7 ; 15 janv. 1919. 2. Dans ce qui suit, le mpt « image » a toujours la signif- cation de « symétrique » ou ( image en miroir )». F.-M. JAEGÉR. — RÉCHERCHES NOUVELLES des recherchés purement chimiques, parce qu'il était plutôt une description de faits observés qu'un critérium précis pour prévoir si, dans un cas nouveau, les circonstances particulières sont telles que la configuration atomique dont parle Pasteur apparaîtra ou non. On sait que ce complément nécessaire fut donné simultanément, en 1874, par Van’t Hoffet Le Bel, indépendamment l’un de l’autre, grâce à une hÿpothèse qui attribuait au principe de Pas- teur une valeur heuristique d'une importance considérable. Ces deux savants ont montré d’une part que la présence d’un «atome de carbone asymétrique » dans les composés organiques est indispensable pour quela molécule ait une con- figuration non superposable à son image. D’au- tre part, ils ont émis cette seconde hypothèse — basée sur la conception des unités de liaison (valences) des atomes plurivalents comme gran- deurs vectorielles — que la dissymétrie de l’atome de carbone est déterminée surtout par la pré- sence de quatre substituants chimiquement dif- férents. Ces deux règles ont donné, en effet, un moyen de prévoir, en chaque cas particulier, la possibilité de la séparation d’une substance organique en antipodes optiques. Le succès ne s’est pas arrêté là : toute la doc- trine de la « Stéréochimie » s’est développée depuis lors, d'abord pour les composés du car- bone, plus tard pour les dérivés des autres élé- ments plurivalents, et elle est venue constituer un nouveau chapitre de la Chimie. " Il faut cependant reconnaître que la théorie de l'atome de carbone asymétrique, telle qu’elle fut énoncée par Van’t Hoff et Le Bel, malgré son influence énorme sur la Chimie, a plutôt troublé à certains points de vue la signification réelle du principe de Pasteur. En effet, au lieu de la ds- position des atomes, non superposable à son image, l'hypothèse de Van’t Hof et Le Bel intro- duit plutôt l'exigence de l’inegalité chimique des substituants groupés dans l’espace. Personne ne doutera qu'il ne doive bien exister une relation entre les caractères chimiques des substituants d'une molécule et leur arrangement dans l’es- pace. Mais, tant que les lois de l'attraction et de larépulsion atomiques nous seront totalement inconnues, nous n’aurons pas la moindre idée de la nature propre de cette relation, et certai- nement pas le droit de rendre le cas tout parti- culier de la configuration moléculaire non superposable exclusivement dépendant de l'inégalité des substituants. : 1 On peut tout d’abord imaginer que, dans cer- taines circonstances, la superposition particu- lière de toutes les forces agissant entre les ato- mes de la molécule produit une configuration bien superposable à son image, malgré l'inéga- lité des substituants faisant partie de la molé- cule. Un tel cas sera rare peut-être, mais non impossible, Mais il faut considérer surtout la possibilité, pour une répartition dans l’espace différente de son image, d’être totalement indé- pendante de l’inégalité ou de l'identité des ato- mes ou groupes ainsi répartis. Aussi des radicaux identiques entre eux, — méme en petit nombre, — peuvent être disposés dans l'espace d’une façon telle, que le complexe qui en résulte diffère de son image : bilité de l'existence d'un second complexe, énan- tiomorphe avec le premier. Il appartient aux recherches futures de décou- vrir de telles molécules et de prouver la possi- bilité de leur séparation en antipodes optiques. Le principe de Pasteur dans sa forme primitive englobe ces cas,qui seront certainement réalisa- bles par la synthèse; la théorie de Van’t Hoff et Le Bel, par sa spécialisation plus étroite des con- ditions à remplir, ne les renferme plus. Si l’on se souvient que nos traités de Chimie, même les meilleurs, contiennent encore des développe- ments incomplets, voire inexacts, sur les condi- tions à remplir pour qu'un cas d’isomérie opti- que de cette espèce puisse être prévu dans une molécule chimique, on se rendra compte de la nécessité de rompre enfin avec ces conceptions courantes beaucoup trop étroites, et de les rem- placer par d’autres, plus rationnelles, basées sur la théorie générale de la symétrie. d'où possi- Il \ C'est ce que j'ai mis en lumière en détail, il ÿ a peu de temps, dans mon livre : Leçons sur le Principe de la symétrie, elses applications dans toutes. les sciences naturelles*. Dans cet ouvrage, je me suis efforcé d’attirer l'attention sur le fait que, pour trancher ces questions, il faut tenir compte en tout premier lieu des conditions mathématiques générales pourlesquelles les figures stéréométriques diffé- reront, ou non, de leurs images. De ces conditions il ressort que — indépendamment de la ques- tion de savoir si les éléments de la figure grou- pés dans l’espace sont identiques ou non — une telle figure ne diffère de sonimage que lorsqu'elle 1. En anglais. Edition de la Compagnie « Elsevier », Ams- terdam, 1917 ; 380 pages, 150 figures, 80, Voir aussi l'analyse de M. L. Brunet dans cette Revue, t. XXIX, p. 312; 1918. SUR LE PRINCIPE DE PASTEUR 29 Le] possède comme éléments de symétrie unique- ment des «axes de rotation simple »; mais, dès que parmi ces éléments de symétrie se trouvent aussi des «axes du second ordre », la configura- tion doit être identique avee son image !, C’est pourquoi ni la condition, toujours énoncée dans les manuels de Chimie, de l'absence de tout «plan de symétrie », nicelle de l’absence d’un « centre de symétrie », ne sont suflisantes pour qu'un cas d'isomérie optique de ce genre se produise. Car on peut s’imaginer une foule de figures qui ne possèdent aucun centre de symétrie, mais bien un axe de second ordre ayant une période carac- REDA 27 2r 2 téristique de FT elc., etqui pour cette raison pourront être amenées en coïncidence avec leur image. De mêmeon peutse représenter un grand nombre de figures qui n'ont aucun plan de sy- métrie quelconque et qui, malgré cela, pour les mêmes raisons, sont identiques à leurs images. La condition unique et suflisante pour qu’une isomérie optique se produise est que la molé- cule, considérée comme figure géométrique, ne possède pas un seul axe du second ordre; et on peut prouver que la présence d’un seul plan de symétrie ou d’un centre de symétrie n’est qu’un cas particulier de cettecondition générale. Afin de démontrer ce qui précède par quel- ques exemples, nous avons reproduit dans les figures 1 et 2 deux types de complexes atomiques, man na 0ù = MAL 48 AS A RAAAARETS PS 14 î à LA Fig. 1. qui, en effet, ne possèdent ni plan, ni centre de symétrie, mais qui, malgré cela, sont bien iden- tiques à leurs images. La figure 1 représente un dérivé du tétramethylméthane, dans lequel deux 1. I est naturellement impossible de résumer ici ces prin cipes fondamentaux de la théorie générale de la symétrie des corps. Rappelons simplement que l'« axe du premier ordre » n’est qu'un axe ordinaire de rotation, pour lequel existe un 300 F.-M. JAEGER. — RECHERCHES NOUVELLES des atomes d'hydrogène de chaque groupe mé- thyle sont substitués par les radicaux Xet Y de telle manière que les deux groupes supérieurs (CHXY) sontcongruents, et en même temps sont les images non superposables des deux groupes inférieurs (CHYX); c'est pourquoi ils.sont mar- qués des lettres d et /. Quoique cette molécule contienne quatre atomes de carbone asymétri- ques dans le sens de Van’t Hoffet Le Bel, elle est, néanmoins, identique à son image, parce qu’elle possède un axe quaternaire du second ordre. Cependant elle n’a ni plans de symétrie, ni centre. La figure 2 représente un cas analogue : c’est un dérivé du tétraméthylène, et celui-ci n’a Kpren2. ni plan de symétrie, ni centre, mais bien un axe quatérnaire du second ordre perpendiculaire au plan de l'anneau. C’est pourquoi sa séparation en antipodes optiques estimpossible, bien qu’il ait, selon la théorie de Van’t Hoff et Lebel, huit ato- mes de carbone asymétriques. Pour les mêmes raisons, l’anhydride de trans- alanyle, ou 1 : 4-dicéto-2:5-diméthyl-pipérazine : CH5 CO NH, H CET PS A H “NH CO CH (trans). ne pourra être séparé en antipodes optiques, bien qu’il n'ait pas de plan de symétrie; car il a un axe binaire du second ordre, qui équivaut à un centre de symétrie. C’est pourquoi, malgré angle de rotation déterminé &, nommé «{ période caractéris- tique », qui est toujours une partie aliquote de 27. Les «axes du deuxième ordre », au contraire, sont tels qu'une rotation autour d'eux par leur angle caractéristique x est toujours et inséparablement combinée avec une réflexion de la figure (dans sa nouvelle position) dans un miroir fictif, dont le plan est supposé perpendiculaire à la direction de l'axe. Par le mouvement d'une figure autour d'un tel axe, elle est donc toujours transformée en son image, sauf le changement de position dans l'espace qu'elle a subi simultanément. le manque de plans de symétrie, la molécule ne diffère pas de son image. Au contraire, la forme cis de cette substance : A2 GS 180° CH, CH, Pa NH | GC j DS Spa eo H H i(cis). À 2 ) n’a qu'un seulaxe derotation binaire, perpendi- culaire au plan de l'anneau, et aucun autre élé- ment de symétrie ; c’est pourquoi il est possible de la décomposer en deux antipodes optiques, ce qui a été effectué par E. Fischer et Raske. Pour les mêmes raisons, en tenant compte de la répartition dans l’espace des liaisons autour de l’atome de carbone central, comme dans la théo- rie de Van’t Hoffet Le Bel, on ne pourra pas s’at- tendre à une scission en antipodes pour une mo- lécule présentant la configuration : ee Yz (Aÿ---XC 2Y vu que l’axe X°?C...C...CX? est un axe quater- naire À, du second ordre, tandis que la molécule beaucoup plus simple : CH? APS HCX Nes si ÿcHx & TP \cH2” Nc“ permettrait bien une telle séparation, puisqu'elle ne possède pas d'éléments de symétrie dusecond ordre, même pas un centre d’inversion, — ce qu'on peut facilement constater en construisant un modèle dans l’espace. II Est-il possible d'obtenir des isomères optiques de molécules qui ne comportent pas d’atomes de carbone asymétriques dans le sens de Van’t Hoff et Le Bel, pourvu que la disposition des atomes dans l’espace soit seulement non superposable à son image ? La chose est vraisemblable d'après ce qui précède. L'étude de ces derniers cas, — même dans les dénvés du carbone, — et la mise à l'épreuve du principe de Pasteur possèdent un grand intérêtthéorique, surtout pour la solution de quelques questions, sur lesquelles je revien- drai plus loin. Comme exemple d'une telle molécule ne con- tenant aucun atome de carbone asymétrique à proprement parler, je citerai le cas des inosites où kerahydroxyhexahydrobe izènes : HAL 0H Lt 2 gH OH Î È ê 0H H k d l La molécule ne possède que la symétrie axiale, — ici un seul axe binaire A, du premier ordre. C’est pourquoi il y a deux complexes d'atomes possibles, images l’un de l’autre non superposables et désignés ici par d'et /. Au contraire, une inosite de la configura- tion : , as : y mur ct par exemple, ne se présentera pas sous deux formes isomères, car elle possède, à côté d’un axeternaire perpendiculaire au plan de l'anneau, et de trois axes binaires situés dans ce plan, encore trois plans de symétrie verticaux pas- sant par les bissectrices des angles formés par __ deux axes binaires consécutifs, aussi qu’un cen- tre de symétrie. Cette molécule possède la symé- trie typique du spath calcaire. Ensuite, une molécule du type à c=e— 0 ; B ‘A _ doit pouvoir être séparée en deux antipodes optiques, comme Van’t Hoff l’a déjà indiqué. En écartant toutes les hypothèses, toujours un peu * factices alors, au sujet de l’existence ou de la non-existence d'une liberté parfaite de rotation des atomes de carbone autour de leurs liaisons communes simples ou doubles, — ce fait paraît évident déjà par l’absence de tout élément de symétrie dans la molécule considérée : cette REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES SUR LE PRINCIPE DE PASTEUR 301 molécule est « asymétrique » dans le plein sens du mot. IV Pour appliquer les principes de la théorie gé- nérale de la symétrie dans chaque cas particu- lier d’arrangement atomique dans les molécules chimiques, il suffit d'admettre le fait, constaté expérimentalement, que la symétrie spéciale d’un radical n'apparait jamais dans les considé- rations de ce genre, sice n'est par la disposi- tion droite ou gauche du groupement des ato- mes constituant ce radical. Pour le reste, tous les substituants se comportent, au point de vue de ces phénomènes, comme s’ils possédaient la symétrie la plus élevée possible, c’est-à-dire la symétrie d’une sphèré. De plus, il faut admettre la répartition tétraédrique bien connue des pla- ces de substitution dans l’espace autour de cha- que atome de carbone, si celui-ci estlié à qua- tre substituants égaux; — cette question se ramenant à un problème de géométrie, à la suite de la théorie de la « coordination » des substi- tuants autour d’un atome plurivalent, énoncée par l’école de Werner, et dégagée de toute ana- logie mécanique au sujet de la nature des aflini- tés ou valences. De plus, l’étude des molécules, qui,. malgré l'absence d’atomes asymétriques proprement dits, sont susceptibles d’être séparées en anti- podes optiques, par le seul fait qu’elles sont non superposables à leur image, quoique for- mées de radicaux chimiquement identiques, est encore intéressante à un autre point de vue, comme nous l’avons déjà indiqué en passant. Car le nombre des cas augmente eonstamment où l’on trouve bien l’activité optique opposée des deux antipodes en solution, mais où l’énan- tiomorphie des cristaux, exigée par Pasteur, et les phénomènes pyro- ou piézo-électriques qui en dépendent, n’ont pu être constatés, ou sont au moins douteux. Wyrouboff, Walden et d’autres se sont déjà, en diverses occasions, élevés contre une accep- tation trop dogmatique du principe d’après le- : quel l’hémiédrie non superposable de Pasteur accompagnerait toujours l'activité optique en solution. Mais on a constaté que la plupart des cas considérés par Walden comme des excep- tions vraisemblables de la loi de Pasteur résul- taient d’une analyse trop incomplète des pro- priétés physiques des cristaux. Îl ya néanmoins de bonnes raisons de croire que l’énantiomor- phie des cristaux, bien qu'accompagnant géné- ralement l’activité optique, n'y est pas forcé- ment liée: et que l'existence de cette hémiédrie - 9 302 \ TN CE VA TUE 4% .#h F.-M. JAEGER. — RECHERCHES NOUVELLES non superposable ne peut pas toujours être prouvée réellement, même en faisant usage de toutes les méthodes de recherche physique ap- plicables. L'activité optique en solution dépend . avant tout de l’état de la molécule complète et isolée; la forme cristalline dépend platôt de la nature spécifique des unités olus ou moins cum- plexes qui constituen: l’architecture cristalline, et de la manière dont un grand nombre de mo- lécules se groupent les unes par rapport aux autres, ainsi que d’une foule d’influences incon- nues qui sont entrées en jeu lors de la genèse du cristal, parfois plus ou moins fortuitement. A plusieurs points de vue, l'activité optique — quelque compliquée qu’elle puisse être — doit être considérée comme un phénomène beaucoup plus simple que la structure cristalline dans sa dépendance des fonctions de la molécule isolée. Comme je l'ai déjà fait remarquer, la théorie de Van’t Hoff et Le Bel entraine une sérieuse complication du problème. Elle conduit, en effet, à se demander quelle part il faut attribuer à la configuration énantiomorphe dans l’espace, êt quelle autre au contrastechimique dessubstituants, dans tous les cas où l’on observe le phénomène final et total énoncé par Pasteur. Or, ce que nous cons- * tatons est toujours /a superposition des deux effets; et il est du plus grand intérêt, pour une juste com- préhension des postulats de Pas- teur et de la théorie de Van’t Hoff et Le Bel, d'estimer séparément la valeur de chaque influence dans le phénomène total servé. finalement ob- V C'est à Werner que l'or doit la possibilité d'une telle analyse. Au cours de ses remarquables re- cherches complexes des métaux trivalents, il trouva que les sels à ions complexes du type : }Me(X’}! — dans lesquels X est un reste d'acide bibasique ou une molécule d’une forte pseudo-base biva- lente --- peuvent être séparés en antipodes op- tiques. En effet, on a justement ici un cas où trois radicaux, entièrement identiques, sont grou- pés dans l'espace autour d'un atome métallique plurivalent, de telle manière que leur configura- tion n'est pas superposable à son image. Dans ces combinaisons, seule l’énantiomor- phie de la configuration entre dans le phéno- mène final. On ne peut donc, proprement, sur la séparation des combinaisons parler ici d'atome métallique « asymétrique » dans le sens de la théorie de Van’t Hoff et Le Bel. Comme nous le verrons plus loin, les ato- mes de ce genre possèdent bien une symétrie essentielle, d'un ordre même relativement élevé: et c'es. seulement par l’absence de. élé- ments de symétrie du second ordre que ces con- figurations symétriques diffèrent réellement de leurs images, — d’une manière analogue aux inosiles actives. C’est pourquoi il vaut mieux parler, comme les auteurs français et Pasteur en paiticulier, de molécules dissymétriques. Le mot « dissymétrtev exprime simplement l’ab- sence de certains éléments de svmétrie dans une molécule au reste bien symétrique, et « l’a- symétrie moléculaire » proprement dite n'est qu’un cas particulier de la dissymétrie molécu- laire plus générale. ; Pourquoi ces ions complexes diffèrent-ils de leurs images ? La question est facile à résoudre au moyen d'un modèle dans l’espace. Qu'on se représente (fig. 3) un atome métallique pluriva- 3. Fig. lent, de fer, chrome, cobalt, iridium, rhodium, ete., entouré de ses six places de coordination ordinaires, qui, selon la théorie de Werner, sont réparties dans l’espace comme les sommets d’un octaèdre régulier, au centre duquel se trouve l'atome métallique. Cette représentation-est ana- logue à la répartition dans l’espace des quatre places de substitution équivalentes autour de l'atome de carbone dans la théorie stéréochi- mique. Au lieu de six molécules d'ammoniaque, on peut, d'après l’expérience, y introduire rois molécules d'une pseudo-base bivalente, comme l'éthylènediamine (Eïne), la propylenediamine, la pseudo-phénantroline, Va u'-dipyridyle, ete.; ou à la place de six restes d'un acide monobasique, on peut introduire #rots restes d’un acide biba- sique, tel que l'acide oxalique, l'acide malo- nique, tartronique, carbonique, ete. Nous ne nous SUR LE PRINCIPE DE PASTEUR occuperons iei que des cas où les substituants sont : l’éthylènediamine IPN.CH?.CH?.NH?, l'acide oxalique : (COOH)? et l'acide malonique : COOH.CH?.COOH, tous trois étant des corps d’une structure relativement simple et symétrique. Jouvoër MATIN Il est maintenant facile de Molecular voir sur la figure 3 que la Late Dry: configuration totale de l'ion |, possède la symétrie spéciale 55991 \ du quartz, ayant un axe ter- 24000 = naire bipolaire, et trois axes 23000 =: binaires polaires dans un 220 Es plan perpendiculaire à l’axe 2100 = ternaire principal. Il n'y a 2% & pas d’autres éléments de sy- a =. métrie que ce système d'axes de S de rotation. Et, comme pour opy + les cristaux de quartz, à La 507 303 généralement, — après avoir dû vaincre parfois de sérieuses difficultés, — à séparer les deux antipodes optiques de ces sels, et à étudier les propriétés physiques et cristallographiques de ces deux formes .Celles-cisont, en effet, siétran- : ges et si curieuses, que ces combinaisons appar- tiennent aux espèces les plus intéressantes con- nues jusqu'ici en Chimie inorganique, et que leur étude détaillée promet encore une riche moisson de phénomènes inattendus. Les sels du type : |Co (Eïne)#! R* sont de cou- leur brun rougeûtre; les sels correspondants du rhodium sont incolores, et ceux du chrome oran- ges, mais se transformant aisément en solution aqueuse en d'autres sels ayant une couleur vio- let rougeûtre. Le sel \Co (C204}3} K$ est vert émeraude, le sel correspondantdel'iridiumestorange, suite de cette symétrie exclu- 1000 du rhodium ont une couleur rouge sivement axiale, le complexe 1300 sang foncé. De plus, après la sépa- __ d’atomes doit donc pouvoir 12 ration des sels rhodiques des deux | se présenter sous deux confi- 000 catégories, nous avons pu préparer, > gurationsnon superposables "© : en combinantles cations dextrogyres, ; à leur image. nel =. lévogyres, ou inactifs de l’un aux VI 7000! — anions dextrogyres, lévogyres, et 6000° = Jusqu'ici nous avons éten- 500 2 pp) NES du nos recherchesàäun grand «üo ah lin > nombre desels complexesde 3000 ce genre : du /er, du chrome, 20 du cobalt, du rhodium, et de 10 l'iridium trivalent, et aussi bien sur les sels dans les- quels l'ion complexe joue le rôle d’un cation, que sur les anion. De la première catégorie nous avons examiné les sels du type : \Co(Eine)#|R#; {Rho(Eine)#!R£; et |Cr(Eine)\R&, où R est l’anion d’un acide monobasique tel qué : HCI, HBr, HI, HNO*, HCNS, HCIO#, ou bibasi- que comme H?S0*, H?$?05, ete. De la deuxième catégorie nous avons étudié les sels complexes : |Co(C20:}/K3; |Rho(C204)%/K5; | IRho(CH20:)5/K3 ; et |Ir(C20)5/K, chez lesquels la séparation en antipodes opti- ques réussit parfaitement, tandis que la décom- position des sels racémiques analogues : \Fe(C204}31Mes et |Fe(CH*04}3 Me? dans lesquels Me est un des éléments K, Na, Rb ou Cs, n'a jusqu'ici donné aucun résultat positif. En appliquant les méthodes de sépara- tion indiquées par Pasteur, nous avons réussi Rs aire Sd ds hs oué, à) : tout REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES CU OS nos YUCUTS dc 712 “80 5400 5100 5200 5300 5409 S500 5600 5700 580 5900 6000 6100 6200 6300 6400 6500 6600 6700 6800 «72 //4/. lagsli 7/2 Fig. 4. — Dispersion rotatoire de quelques sels de cobalt- et de rhodium-triéthylènediamine. dérivés où l'ion complexe fonctionne comme | inactifs de l’autre, les neuf sels isomères du type : \Rho(Eine)®| |Rho(C20:)%}, qui sont tous d’une couleur jaune ou orange pâle. Cependant ces derniers sels sont très peu solubles, et en conséquence ni leur rotation spé- cifique, ni leurs formes cristallines, n'ont été déterminées jusqu'ici. Quoique les substituants arrangés dissymétri- quement dans ces molécules soient tous identi- ques entre eux, lesantipodes optiques ainsi obte- nus manifestent un pouvoir rotatoire spécifique et moléculaire souvent si énorme, que celui-ci surpasse tout ce qu'on a observé jusqu’à présent chez lessubstances organiques douées d'activité optique en solution. De plus, la dispersion du pouvoir rotatoire pour les différentes longueurs d’onde du spectre est souvent :tellement anor- male, que les curieux phénomènes observés ne à tandis que les deux sels mentionnés P | , Jou voir rolalotrr 304 F.-M. JAEGER. — RECHERCHES NOUVELLES concordent avec aucune théorie de la disper- sion rotatoire : d’où résulte pour les physi- ciens la nécessité de fournir une théorieentière- ment nouvelle de cette dispersion basée sur des hypothèses plus générales. Les courbes de dispersion rotatoire de quel- ques-uns de ces sels sont représentées dans les figures 4 et5; la figure 4 se rapporte à quelques sels de la première catégorie, la figure 5 à ceux de la seconde, toutes ces combinaisons ayant une constitution ana- logue. liolecutairs ct Degréss 2 ypy) 2 7? 27/4 [ ‘ 7777 p 1] 3000 Fig. 5, — Dispersion rolatoire des trioæalates complexes de polassium et de cobalt, rhodium et iridium. On remarque tout de suite, en considérant les courbes des bromures, iodures et nitrates de cobalt-triéthylène-diamine et de rhodium- triéthylène-diamine, l'influence caractéristique qu’exerce la nature chimique de l'atome métal- lique central, non seulement, comme nous lavons dit déjà, sur la couleur de ces sels, c’est-à-dire sur l’absorption spéciale dela lumière, mais aussi sur la relation entre le pouvoir rotatoire et la longueur d'onde de la lumière employée. Pour donner, de plus, une idée de la valeur extraordinaire de la rotation moléculaire, calcu- lée par la relation : [u]=r dans laquelle + est la rotation observée, V le 13100 4800 4800 5000 S100 5200 5300 5400 5500 S500 5700 S800 5300 6000 6100 6200 6300 6400 6590 6600 6700 6800 Es 10 7000 volume en cm qui contient une molécule- gramme du sel, et / lalongueur du tubeenem.,— . on à également indiqué dans la figure 4 la courbe de dispersion correspondante du sucre saccha- rose, qui apparaît ici comme une ligne à peu près droite, d’inclinaison relativement faible. La figure 5 donne les courbes de dispersion pourles trioxalates complexes de potassium et de cobalt, rhodium, et iridium. Ici encore, on remarque, à côté des valeurs très considérables de la rotation, l’anomalie étrange de ladispérsion chez quelques-uns de ces sels. Les sels du cobalt présentent une bande d'absorption dans la par- tie jaune du spectre, là même où la rotation passe rapidement de son maximum à son mini- mum, — fait qui est observé souvent au voisi- nage immédiat des bandes d'absorption. La! courbe passe par zéro deux fois successivement; de plus, phénomène bizarre, même dans les par- ties du spectre où il n’y a pas d'absorption, la rotation augmente de valeur avec l'allongement des ondes lumineuses, ce qui est en pleine con- tradiction avec la dépendance normale entre la rotation du plan de polarisation et la longueur d'onde, comme on l’observe dans la plupart des cas. Fait remarquable, pour les rhodium- trioxalates de potassium, à une longueur d’onde de 5.970 U. A., correspond une rotation nulle des solutions; il n’y a donc ici 0° aucune différence entre les so- lutions des antipodes droit et gauche, tandis qu’au delà le sel dextrogyre devient lévogyre. Ce phénomène est d'autant plus extraordinaire qu'on ne trouve pas trace d’une bande d’ab- sorption dans cette partie du spectre ou dans les parties voisines. Dans tous les cas, ces observations prouvent d’une façon évidente que, malgré l'identité chi- mique des substituants placés autour de l'atome central, les valeurs absolues du pouvoir rotative sont vraiment colossales. La grandeur de l’activité optique semble done dépendre faiblement du contrastechimiqueentre les radicaux liés à l'atome polyvalent, mais, au contraire, en tout premier lieu, non seulement de l’atome central, mais surtout du groupement dissymétrique des substituants dans l’espace. « Cugu US, dl 7) wr Uailes- Capérn ‘ VII Après avoir rendu évidente l’influence prédo- minante de cette disposition dissymétrique sur SUR LE PRINCIPE DE PASTEUR 305 l'apparition de l’activité optique, nous pouvons nous demander ce qu'il en est de « l’hémiédrie non superposäble » exigée simultanément par le principe de Pasteur dans les formes cristalli- nes des deux antipodes ? Pour résoudre cette question, nous avons pré- paré avec le plus grand soin des cristaux de tous d. Premures de Chr - nm ON à Oo ù Abonntes de Rhodiuri Ététhy Enahan pa de Ghalii 7 lyénediarine. { . CR Tlitrates de Fig. 6. — Formes cristallines des sels de cobalt. et de rhodium-triéthylènediamine. ces sels, et nous avons déterminé leur symétrie particulière, non seulement par des mesures précises, mais aussi à l’aide de la méthode des figures de corrosion. Les séries des sels de cobalt- et rhodium-triéthylènediamine, ainsi que ceux des acides rhodo- et irido-oxaliques et de l'acide rhodo-malonique, ont pu être étu- diées le plus complètement dans cette direction. . Dans ces dernières séries, renfermant toutes des restes d'acide oxygéné comme substituants dis- symétriques, on voit, d’après la figure 6, que le principe de Pasteur est complètement vérifié, car, dans tous les cas de re genre, l’hémiédrie non superposable des antipodes se trouve mani- festée dans les formes cristallines. Par contre, pour les sels de la série des ions à triéthylènediamine, ce n’est pas toujours le cas. Tandis que, pour quelques-unes de ces com- binaisons, l'apparition de l'hémiédrie non super- posable s'exprime d’une façon assez évidente, par exemple chez les nitrates, dithionates, per- chlorates, etc., — en un mot pour les sels dont l’anion était un oxyacide, — il fut impossible de la trouver chez les sels halogénés, particuliè- rement chez les chlôrures, bromures, iodures, et en général aussi chez les thiocyanates. Mal- gré toute la peine dépensée pour obtenir des cristaux montrant des formes non superposa- bles, par des cristallisations répétées dans les . circonstances les plus variées (par exemple avec des bromures de cobalt- et rhodium-triéthylène-" diamine, qui cristallisent en très beaux cris- taux), il a été impossible jusqu'ici d'obtenir des faces limitantes, par lesquelles on aurait pu prouver cette hémiédrie en toute certitude (fig. 7). Si l’on place ces faits en regard de l’énorme activité optique de ces sels, il faut reconnaître qu’il n’y a pas, chez ces combinaisons extraordi- naires, de relation rationnelle entre l'intensité du contraste optique des antipodes et le con- traste cristallographique. Même chez les oxala- tes, nettement trigonaux hémiédriques (trapézo- . =, 4 édriques), on n’a pu rencontrer une seule fois, dansles cristaux hémièdres, une forme trapéZoi- dale, qui est la plus générale pour cette symé- trie, — mais seulement une bipyramide trigo- nale. Il semble qu’on doive chercher la cause de cette imcompatibilité entre les phénomènes optiques et cristallographiques dans les circon- stances spéciales par lesquelles ces cas diffèrent de ceux ordinairement étudiés en Chimie orga- nique, à savoir : dans l'identité chimique des radicaux disposés dissymétriquement dans ces molécules, — identité qui semble être une con- dition très défavorable à l’apparition.de l’énan- tiomorphie cristallographique. On ne peut cependant plus douter de l’exac- titude de principe de la loi de Pasteur. Car l’ac- tivité optique desens opposés chez les antipodes va néanmoins de pair avec une énantiomorphie de leurs cristaux. Mais, tandis que la grandeur du pouvoir rotatoire, déterminé surtout par la con- figuration dissymétrique en soi, ne semble pas fortement influencée par l’identité chimique des substituants, cette dernière semble diminuer r ÿ n | ? * : ” 306 F.-M. JAEGER. — RECHERCHES NOUVELLES parfois l’intensité de l'énantiomorphie cristallo- graphique à un tel degré, qu’elle devient trop faible pour prouver son existence avec certitude, en se basant sur les mesures directes. De ce qui précède nous pouvons tirer une vue Fridium- béoxalales de Llasséum. À T, alim - bimalonales de Tolassiun Fig. 7. — l'ormes cristallines des trioxalates et trimalonates complexes. nouvelle sur la superposition des effets précé- dents chez les dérivés du « carbone asymétri- que », selon la théorie de Van’t Hoff et Le Bel : là aussile groupementdissymétriqueaune influence prépondérante sur la valeur du pouvoir rotatoire en solution, tandis que l'inégalité chimique des quatre radicaux entourant l'atome de carbone est la cause principale, dans la plupart des cas, d'une énantiomorphie prononcée des cristaux des antipodes. C’est par cetle distinction des elfets différents superposés dans le phénomène final que décrit l'énoncé de Pasteur que nous pourrons sans doute approfondirunjournos con- ceptions sur cette loi et la doctrine des « atomes asymétriques ». VIII L'étendue de cet article ne nous permet pas de considérer en détail les questions nombreuses qui se sont posées au cours de ces recherches ; nous renvoyons pour cela le lecteur aux mémoires originaux. Je veux seulement attirer encore l’attention sur un point : faut-il at- tribuer aux antipodes de même si- gne, ayant une constitution analo- gue malgré la nature différente de Patome central, un groupement droit ou gauche? Car l'influence très considérable de la nature chimique de l’atome central sur la forme de la courbe de dispersion, comme -nous l'avons vu plus haut, n’écarte pas la possibilité d’un renversement du sens de la rotation par le remplacement du cobalt par le rhodium comme atome central, par exemple. Werner, en effet, a cru pouvoir con- clure à des faits analogues, lors de ses essais de séparation des sels des ions triéthylènediamine-cobalt et triéthylènediamine-rhodium par com- binaison avec un acide optiquement actif. En supposant que les ions com- plexes actifs de même structure sté- réochimique donnent avec la même substance — base ou acide — opti- quement active toujours les combi- naisons les moins solubles, il a con- clu du fait, qu’en séparant les bro- mures de triéthylènediamine-cobalt et de triéthylènediamine-rhodium à l'aide des bromo-Wd-tartrates, on ob- tient du bromo-tartrate le moins soluble le sel cobaltique dextrogyre, mais le sel rhodique /évogyre, le sel de rho- dium lévogyre a la même configuration stéréo- métrique que le sel cobaltique dextrogyre; ou, en d’autres termes, que le remplacement de l'atome de cobalt par le rhodium n’a pas seule- ment changé la grandeur de la rotation spéci- fique, mais simultanément son signe algébrique, : Ce fait est d’une telle importance pour la con- ception que nous devons avoir de l'atome comme système composé qu'il est intéressant de vérifier l'exactitude de cette supposition. Disons d’abord que Werner ne donne qu'un SUR LE PRINCIPE DE PASTEUR 307 oo seul exemple !, mais non une preuve persuasive de la valadité générale de la thèse qu'il soutient au sujet de la relation entre la configuration et la solubilité. En effet, l'exactitude de cette aflir- mation de l’éminent chimiste suisse semble fort sujette à caution, vu que la solubilité des subs- tances chimiques, et sa relation avec la tempé- rature, est une « propriété constitutive » des mo- lécules si compliquée que des règles quisemble- raient d’uneapplication générale, même pour des séries homologues, deviennent souvent d’une valeur illusoire par suite d’exceptions tout à fait inattendues. Au contraire, dans la forme cristalline des substances, on a un phénomène qui est lié beau- coup plus étroitement aux relations géométri- ques existant dans la molécule, c'est-à-dire avec sa configuration, que la solubilité. Un fait important pour notre but, et qui a été rigoureusement prouvé par nos recherches, est Fig. 8. — Formes cristallines des chloro-d-fartrates triéthylène diamine-cobaltique et rhodique. que les combinaisons correspondantes des sels cobaltiques, de rhodium et d'iridium sont parfai- tement isomorphes entre elles, et non seulement les sels racémiques, mais également les antipo- des optiques. La place des éléments Co, Rho et Ir dans la même série verticale du huitième groupe de la table périodique des éléments le faisait déjà prévoir, au moins pour les sels ra- cémiques; mais les investigations effectuées ici nous ont permis d'étendre cette conclusion aussi aux séries des sels optiquement actifs. Sur les figures 6 et 7 on peut voir divers exemples de formes cristallines montrantcette relation d'iso- morphie; et c'estun fait de très haute importance pour les considérations qui vont suivre que le remplacement simple d'unatome métallique cen- tral dans ces complexes optiquement actifs par un autre atome métallique de cette série laisse intacte la relation d'isomorphie existant pour les substitutions de ces éléments l’un parl'autre.Bien 1. A. WERNER : Bull. de la Sos. Chim. Paris (1912), p. 21; G. Ursaix et A. SÉNÉGHAL : Introduction à Ia Chimie des Complexes (1913}, p. 174. qu'il n’y ait aucun rapportdirect entre les formes cristallines du racémique et de ses antipodes chez les sels du cobalt, la substitution dans les deux cas de l’atome central par un autre, par exemple par le rhodium, n’entraine aucune va- riation essentielle de la forme cristalline. Toutes les combinaisons complexes racémiques analo- gues du cobalt et du rhodium sont rigoureuse- ment isomorphes, de même que les sels actifs de ces métaux, quand leur constitution est ana- logue. La configuration de lion complexe actif des sels cobaltiques ne subit donc pas de change- ment sensible, lorsque l’atome de cobalt est substitué par un atome de rhodium. Et ce fait, qui découle immédiatement des expériences, me semble pouvoir servir de base à la solution de la question de savoir quels sels optiquement actifs du cobalt ont une configuration correspondant à celle des sels actifs du rhodium. Quand on opère la séparation des isomères optiques du chlorure ou bromure de triéthylène- diamine-cobalt au moyen de chloro-d-tartrates ou de bromo-d-tartrates, on obtient, en élimi- nant le radical tartrique du sel déposé le premier, un antipode dextrogyre. Quand, dans le chloro- d-tartrate d'un ion optiquement actif d’un sel triéthylènediamine-cobaltiqueayant un arrange- ment dans l’espace déterminé, on remplace le cobalt central, en respectant et en conservant rigoureusement l’arrangement orignal des trois substituants, par un atome de rhodium, il va de soi, d'après ce qui précède, que le chloro- ou bromo-d-tartrate de l'ion triéthylènediamine- rhodique ainsi crééseraaussi rigoureusement iso- morphe avec le sel de cobalt correspondant. Mais si l’arrangement original du ion complexe cobal- tique était changé en l'inverse en substituant le cobalt par le rhodium, il est clair que les chloro- d-tartrates et les bromo-d-tartrates maintenant formés ne pourraient plus être isomorphes avec les sels correspondants mentionnés ci-dessus, parce que ces sels sont formés par la combinai- son de deux ions à structure énantiomorphe et d’un anion optiquement actif. ; Dans la figure Snous avons représentéles deux chloro-d-tartrates les moins solubles, se dépo- sant donc les premiers des solutions aqueuses du mélange générateur. Orils ne sont même pas isomorphes:le dérivé cobaltique estasymétrique (triclinique-pédial; a : b : ce —0,6211 : 1 : 0,6521; æ—102°20' ; 8 — 10116" ; y —9526*/;") ; le sel rho- dique est monoclinique [probablement de symé- trie sphénoïdique; a : b : c—0,9158 : 1 : 0,6965 : 8— 72°35'), et leurs paramètres ne présentent pas la moindre similitude. t 308 P: CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE Il faut done bien en conclure que les deux chloro-d-tartrates,— et de même les deux bromo- d-tartrates qui manifestent une isomorphie confinant à l'identité avec eux, — ne correspon- dent pas à des complexes triéthylènediamine de configuration analogue, maïs à ceux de structure antilogue. Et le fait que ces sels ne sont pas iso- morphes concorde, de plus, avec la constatation que le chloro-d-tartrate du sel cobaltique cris- tallise avec 5 molécules d’eau, tandis que l’ana- lyse montre que le chloro-tartrate du sel rhodi- que ne contient que 4 molécules d’eau de cris- tallisation. Les sels proprement isomorphes des séries homologues ont toujours le même nombre de molécules d’eau d'hydratation: Et, en réalité, en éliminant le radical tartrique du chloro-d-tartrate rhodique considéré ci-des- sus, on obtient un sel triéthylènediamine-rhodi- que actif, zon dextrogyre, comme dans le cas du sel cobaltique, mais /eévogyre. Ce dernier fait ne s’explique donc pas, comme l’a cru M. Werner, par une inversion du signe algébrique de l’ac- tivité optique de l'ion sous l'influence spéciale du rhodium introduit, mais simplement parce que le sel chlorotartrique le moins soluble, dans le cas du‘ rhodium, possède la configuration in- verse de l'ion cobaltique qui s’est combiné dans le sel le moins soluble avec l’ion chloro-d- tartrique. Tous ces faits sont d’une dépendance si logi- que qu’à mon avis on ne peut pas douter que les sels dextrogyres du cobalt et du rhodium ont un arrangement dans l’espace tout à fait analo- gue, comme également les sels lévogyres des deux séries. Le fait que les nitrates actifs de ces deux séries présentent souvent des sphénoïdes de signe contraire, tandis que leurs solutions possèdent un pouvoir rotatoire de même direc- tion, ne prouve rien contre notre conception, vu qu'il n'ya pas de relation déterminée entre la configuration de la molécule et l'apparition de formes hémiédriques positives ou négatives dans l'habitus des cristaux. Celle-ci dépend surtout de circonstances extérieures mal définies et sou- ventaccidentelles pendantla cristallisation. C’est ce qui résulte, par exemple, de la comparaison des bitartrates alcalins, qui sans aucun doute ‘correspondent à la même configuration dans l’espace, à savoir celle de l'acide tartrique dex- trogyre, mais chez lesquels l'apparition de sphénoïdes positifs ou négatifs paraît fortement influencée par la présence de traces de certains autres sels dans la solution, par exemple du citrate de sodium. D'après ce qui précède, l'atome de cobalt ou de rhodium central a donc bienune influence sur la grandeur de la rotation spécifique de la molé- cule, mais nullement sur le sens de celle-ci. Cette conception est moins forcée et plus natu- relle que cellede M. Werner. Elle se prête mieux à l'imagination immédiate; et tant que les faits ne nous y obligent pas absolument, il vaut mieux nous représenter les relations entre les phéno- mènes naturels d’une manière aussi simple et aussi claire que possible. L’exactitude de notrevue pourra être soumise à un contrôle ultérieur par l’étude des dérivés triéthylènediamine-iridiques correspondants, qui toutefois semblent très difficiles à préparer. J'espère que le résumé précédent, forcément schématique et incomplet, des recherches effec- tuées en ces derniers temps au laboratoire de Groningue, aura du moins fait saisir au lecteur leur importance pour notre conception de la con- figuration stéréochimique des molécules. En même temps, j'ai attiré l'attention sur quelques autres côtés de la loi énoncée par Pasteur, ily a soixante-dix années, à la suite de son admirable découverte, etdu principe au sujet duquel on n'a pas encore dit le dernier mot, ni estimé entie- rement la signification la plus profonde. F.-M. Jaeger, Professeur de Chimie physique et inorganique à l'Université de Groningue, Membre de l’Académie des Sciences d'Amsterdam, L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 L'étude que j'ai faite antérieurement au sujet de la pullulation des rats aux tranchées ! a rap- pelé que les données de la Zoologie générale 1. Revue générale des Sciences, 15 et 30 juillet 1918. devaient servir de base à toute prophylaxie dirigée contredes parasites animaux de l’homme. Si nous étudions dans le même esprit cet autre fléau des armées en campagne, qui fut l'invasion par les poux, nous verrons que les données de ME 1 PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 la lutte contre cette autre calamité de la guerre bénéficient encore des mêmes idées, de la même sorte d'analyse. Si le rat était redoutable au point de vue épi- démiologique, parce qu’il aurait pu être l'agent propagateur de la peste, les poux risquaient d’être toutaussi dangereux parce qu’ils pouvaient dissé- miner le typhusexanthématique et la fièvre récur- rente. En outre, des travaux récents ont établi qu'ils étaient les agents d’inoculation de la fièvre des tranchées!. Sauf à l’armée d'Orient, le typhus fut excep- tionnel aux armées. La peste n’y a pas été épidé- mique, tandis que la fièvre des tranchées y était très fréquente. Ceci prouve bien qu’en épidémio- logie, l'agent parasite propagateur, même quand ilse multiplie à l’excès, peut ne pas avoir de conséquences graves, si le germe spécifique de la maladie ne s’est pas trouvé à l’un de ces stades évolutifs qui font les grandes épidémies. Cela n'empêche que le parasite, hôte intermédiaire, mérite toute l'attention de l’hygiéniste; car, en temps d'épidémie, le parasite est ce qu'il y a de plus facile à atteindre, à détruire. Si l’insecte parasite, sans le germe microbien, est incapable de faire l'épidémie, le germe microbien, d'autre part, ne se propagera pas, si l’insecte parasite intermédiaire ne le véhicule pas ,ne l’inocule pas. Si, dans nos armées en campagne, depuis 1914, la peste et le typhus exanthématique n’ont pas fait de déplorables ravages, on ne peut guère dire que cela soit dû à l’activité du Service d'Hy- giène, car celui-ci, du commencement à la fin de la guerre, fut totalement impuissant à débar- rasser l’armée des rats aussi bien que des poux. Si l’une des grandes épidémies, peste ou typhus, avait commencé à se développer, il eût été à craindre de la. voir prendre les proportions d’un véritable désastre; rien ne s’opposait à leur pro- pagation; au contraire, leur très large diffusion était préparée par la présence, en très grande -abondance, des hôtes intermédiaires indispen- sables. Aux armées de 1914, la répartition des poux, la zone d'épidémie de ceux-ci, s’est presque rigoureusement limitée aux tranchées et aux cantonnements de repos des troupes de l'avant. Il y eut bien, il est vrai, une légère augmenta- tion de la fréquence des poux dans les régions de l’intérieur, carles permissionnaires enrappor- taient ; mais, à l’intérieur, la multiplication de 1. SrrowG : Etude expérimentale sur la fèvredes tranchées. Bull. Académie de Médecine, 19 novembre 1918; — et Travaux du Comité de recherches médicales de la Croix-Rouge Amé- ricaine, Oxford, 1918. Le. 309 ces parasites fut promptementendiguée, etle pou y resta presque une des originalités du « poilu ». Nous en revenons donc à établir sur ce point un parallèle avec ce qui fut observé pour la répartition des rats pendant la guerre. Ceux-ci, nous l'avons vu, excessivement abondants aux tranchées, ne se multipliérentpas cependant sur le reste du territoiré. Aux tranchées, les « totos » furent une cala- mité par leur excessive fréquence pendant les grandes périodes de la guerre; les hommes, alors, en étaient couverts; c'était par centaines qu'on les comptait et nul n’était à l’abri de leurs atteintes. Cette invasion parles poux fut une surprise. Nul nel’avait supposée possible. On savait bien qu'il existait des pouilleux dans certaines popu- lations pauvres, mais rien n'avait permis de penser que la guerre au xx*siècle s’accompagne- rait encore de ce fléau; même, les traités d’hy- giène militaire étaient muets à ce sujet. Jusqu’à une période presque toute récente, les parasites du corps étaient très répandus, et dans toutes les classes de la société. Il serait facile de réunir des anecdotes typiques à ce sujet !. On a rencontré des poux depuis les contrées les plus froides (Groënland; Nansen) jusqu'aux pays tropicaux. Aux armées en campagne, les poux furent de * tout temps une calamité du soldat. C'est ainsi que, pendant la guerre de Crimée?, ils consti- tuaient un véritable fléau. . Pendant la guerre de 1914, les poux ont été très fréquents sur le front de France et au front d'Orient; les Allemands en étaient infestés; les Américains en ont eu également à en souffrir. Le pou, animal répugnant, doté de la plus fâächeuse réputation, avait l'inconvénient de troubler et même d'empêcher, par des déman- geaisons intolérables, le peu de sommeil que le soldat parvenait à soustraire aux obligations du service. Le pou, lorsque ses piqüres sont répé- tées, provoque chez certains sujets prédispo- sés diverses sortes d’éruptions cutanées fort pénibles. De plus, il est bon de rappeler qu’il aurait pu être dangereux; il le fut sur le front d'Orient où il fit de nombreuses victimes par le typhus qu'il propagea. Exactement comme l'invasion des rats, l’inva- sion des poux ne fut pas tout à fait contemporaine 1. Vie de Nicolas Platter (autobiographie, p. 13), cité in LerourxEAU : Evolulion de l'éducation, Paris, Vigot, 1898, p. 519, — RagELais : Gargantua, livre 1, chap. xxxvn. 2. MISMER : Souvenirs d'un\dragon de l'armée de Crimée. Hachette, 1887, p. 99. 310 P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX,ARMÉES EN CAMPAGNE du début de la guerre. Il lui fallut quelques semaines pour se propager au point de devenir gênante; mais, dès le deuxième mois de la cam- pagne, toutes les troupes, à l'avant, en étaient infestées, Un fait très particulier qui vaut d’être soigneu- sement noté, c'est que si les troupes virent pul- luler à l'infini le pou du corps, à aucun moment, par contre, nul n’eut à se plaindre d’une inva- sion similaire par le pou detête. De même encore, le pou du pubis ([morpion), s’il fut peut-être un peu plus fréquent qu'à l'ordinaire, le fut seule- ment dans les limites où les maladies vénérien- nesse multiplièrent. On voitimmédiatement par là que, si l’on était tenté d’expliquer la pullu- lation du pou du corps par la seule cohabitation, on se contenterait d’une interprétation insufli- sante. Si la cohabitation était seule en jeu, le pou de tête, le pou du pubis et le pou du corps auraient dû se propager en proportion équiva- lente, puisque les conditions générales étaient semblables pour ces trois sortes de parasites. C’est la biologie du pou du corps qui seule peut nous expliquer comment cet insecte a pu donner naissance à cette sorte d’épidémie para- sitaire observée aux armées ; elle nous dira aussi pourquoi les mesures hygiéniques qui ontété appliquées sont restées à peu près ineflicaces. Les conclusions de cette étude biologique constituent une lecon pour l'avenir, car elles nous apprendront quelle orientation devrait être donnée à la lutte contre la phtiriase dans les grandes agglomérations. PREMIÈRE PARTIE : BIOLOGIE DU POU DU CORPS Il ne faudrait pas croire qu'il soit bien facile d’être complètement documenté sur celte biolo- gie du pou du corps. Les travaux d’entomologie abondentà son sujet,mais la presque totalité des travaux français, si minutieux sur une descrip- tion exacte de la forme de l’animal, de celle de ses pattes, de ses antennes, ne nous apprend presque rien sur la biologie de l’animal, sur ses mœurs. Les travaux descriptifs récents paraissent seulement bien établir qu'il n’y a plus lieu de distinguer, comme on le faisait autrefois, une espèce ou une variété distincte pour le pou des malades (Pediculustabescentium Alt,1824). Celui- ei est simplement un pou du corps qui bénéficie de conditions tout spécialement favorables à son développement et à sa multiplication. Si l’on veut être documenté sur la biologie du pou du corps, il faut avoir recours à des travaux parus en langue anglaise, particulièrement à ceux de Warburton, et surtout au travail consi- dérable de G. Nuttall, paru en 1917. Ce travail extrêmement complet comporte une bibliographie de 639 numéros, dont nous repro- duirons seulement, en fin du présent travail, le répertoire français, en y ajoutant quelques réfé- rences plus récentes. Dans l’exposé que nous allons faire de la biologie du pou du corps, le travail de Nuttall nous servira de guide. I. — SPÉCIFICITÉ PARASITAIRE Le premier fait qui domine la biologie du pou, c’est qu'il est parasite strict, en ce sens qu’à aucun stade de son existence, il ne peut trouver sa nourriture ailleurs que surl'animal même dont 1. G. Nurrair: Bibliographie du Pediculus et sa biologie, Parasilology, vol, X, n° 1, 19 novembre 1917, la nature l’a fait parasite; en outre, un lien très étroit unit chaque espèce de pou à une espèce déterminée ou à un groupe très restreint de Mammifères ou d’Oiseaux. Voici à ce propos ce qu’en dit Railliet! : « Dans la plupart des cas, il est nécessaire que les sujets, seuls affectés, appartiennent à la même espèce. Cependant, on sait que cette règle souffre des ‘exceptions, puisque certains poux sont communs à plusieurs hôtes (Kemmerer aurait même cons- taté sur l’homme la présence de 7’richodectes (?), s’accompagnant de douleurs violentes). « En dehors de ces cas exceptionnels, il peut arriver, par suite de la promiscuité qui règne souvent parmi les animaux domestiques et en particulier parmi les oiseaux de basse-cour, qu'une espèce parasite passe sur un hôte étran- ger ; mais on reconnaît aisément ces déserteurs àleur petit nombre (ils sont ordinairement du même sexe. des femelles), à l'absence de leurs lentes qui normalement sont le témoignage de leur reproduction, et à l'absence d'individus à différents degrés du développement. » Dans une note qu'il a eu l’obligeance de m'envoyer à ce sujet, le Prof.Raïlliet ajoute : «On peut done dire que la spécificité de l'hôte est une règle assez étroite, quoique non absolue ; elle est étroite surtout chez les Anoploures ou poux suceurs de sang, moins chez les Mallophages ou poux mordeurs, mais comporte des exceptions dansles deux groupes. Exemples : Poux suceurs : le Pedicinus longiceps se rencontre chez un semnopithèque et chez un macaque. L’Hæma- topinus astni, chez le cheval et chez l'âne. 1, RaïvuteT : Traité de Zoologie médicale et agricole,2° édi- tion, 1895, p. 849, IE 1 t » 7, PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 311 ——— « Je ne connais pas d’exemples de passage du pou de l’homme aux animaux. Par contre, Artault a signalé à la Société de Biologie (1895, p. 684) deux cas de pédiculose accidentelle trans- mise du singe à l’homme. Il s'agissait dans les deux eas du Pedicinus breviceps transmis par le Macacus cynomolgus. « En ce qui concerne les poux mordeurs, les exemples d'hôtes multiples sont plus nombreux et peut-être un peu plus variés. Exemples : Trichodectes pilosus sur le cheval et l’âne, Philopterus icterodes sur le canard et l’oie, Lipeurus heterographus sur la poule et le canard, Lipeurus caponis sur la poule, le faisan, la pintade, etc. « En tout cas, le danger de contagion entre homme etanimaux domestiques est pratiquement nul. » Dans’ le groupe des rats, l'Aæmatopinus spi- nulosus a été observé chez le Mus decumanus ; V1. Spiniser chez V Arvicola amphibius;V H. prae- cisus sur un rat d’Abyssinie (?); l'A. acanthopus sur le Microtus agrestis, le Mus arvalis etle Mus decumanus. On voit par laque la règle de la localisation spé- cifique des parasites cutanés se trouve confirmée, dans des groupes bien différents. Il est heureux pour nous que nous ne soyons pas aptes à échanger nos poux avec des espèces voisines, car ce serait une voie redoutable ouverte à cette sorte de contagion. Le pou du corps se rencontre d’ordinaire en plus grande quantité chez l’homme au cours de l'hiver. Ceci concorde d’ailleurs avec une donnée épidémiologique bien établie, celle de la prédo- minance habituelle des épidémies de typhus exanthématique pendant la saison froide. Si le pou est plus fréquent en hiver, il est vraisem- blable que cela correspond à ce que les pauvres gens conservent alors leurs effets plus volontiers sur le corps, sans pouvoir ni les quitter ni les changer. La température de la peau, au contact des vêtements, varie entre 40° et 320 C. et c'est préci- sément la température optima pour la vie et le développement du pou du corps. . Il. — Lieux D'ÉLECTION Le pou se tient accroché dans ceux des vête- ments qui sontportés au contact direct de la peau, et ne descend sur la peau du porteur qu'au moment précis où il doit y prendre sa nourri- ! ture. Dans les vêtements, le pou réside de préfé- rence dans toutes les parties de ceux-ci qui sont plus strictement appliquées contre le corps (cou, . ceinture, dos, fesses). Il pond ses œufs dans les vêtements, surtoutdans les vêtements de dessus. Là, il les loge de préférence dans les plis, lelong des coutures, dans la ceinture du pantalon, dans les plis de la vareuse, de la veste: il les amasse dans tous les coins où ces œufs pourront profiter de la chaleur humaine nécessaire à l’éclosion, sans risquer cependarñt aucun frottement intem- pestif, destructeur. Aussi, presque jamais les œufs ne se trouvent-ils dans la chèmise. C’est le pou du corps, adulte, seul qui réside dans celle- ci. Nuttall affirme que, si on y regardait de plus près, on trouverait plus souvent qu'on ne le pense des amas d'œufs de poux sur les poils du corps humain. Je puis affirmer pour ma part que cette localisation est très exceptionnelle. Je ne l’ai jamais constatée, malgréunerechercheatten- tive dans un très grand nombre de cas. Neveu-Lemaire est d'avis aussi que jamais les œufs du Pediculus vestimentine sont pondus sur la peau ou sur les poils!. III. — RapiniTé DE Locomorion Un des faits un peu imprévus de la biologie du pou du corps est l’agilité que cet insecte est capable de déployer sur une surface velue, tandis qu'il est au contraire complètement hors d'état de progresser sur une surface lisse. - Ainsi Nuttall rapporte que des poux se trouvant dans l’intérieur d’une chaussure sont tout à fait incapables d’en sortir. Pour ma part, ayant con- duit un certain nombre d'éleyages de poux, je me suis amusé à constater leur maladresse quand, leur repas terminé sur une portion de peau bien lisse et bien glabre, ils essayaient de regagner leur oîte habituel. Alors, sur cette surface lisse, ils patinaient, dérapaient, et leurs efforts mala- droits rappelaient assez exactement la démarche d’un canard sur la glace. Sur le vêtement au contraire, le pou est réel- lement très agile. En général, il cherche à pro- gresser en fuyant la lumière et, quand la tempé- rature baisse légèrement, il progresse plus vite. Hase rapporte que le pou marcheplus rapidement quand il est à jeun. L’adulte a une allure plus rapide que le jeune. Sur un papier-filtre bien horizontal, on à vu un pou adulte parcourir 22,7 cm. à la minute. Si la surface est inclinée, il marche moins aisément. Sur un tissu rugueux, il parcourt 10 cm. à la minute. Peacock l’a vu progresser de 1 m. 50 en une heure. Si l’on rapporte comparativement ces vitesses à la longueur du corps de l'animal, on constate | Que, par rapport à sa taille, le pou marche aussi 1. Neveu-Lematxe : Parasitologie animale, 1902, p. 165. Je 312 vite qu’un homme qui ferait six kilomètres à l'heure. Cette rapidité de progression del'animal explique très bien comment le parasite peut aller du: pouilleux à l'homme indemne qui cou- che à peu de distance. C’est presque toujours le contact assez proche avec un pouilleux qui pro- duit la contamination. Le contact un pouilleux moribond ou mort depuis quelques instants est particulièrement dangereux, parce qu'à ce moment les poux émigrent rapidement à la recherche de l’homme vivant le plus proche. Il y a là quelque chose de très analogue à ce qui se produit, dans les mêmes conditions, pour avec les puces et pour le pou de tête chez les mou- rants. C’est alors, pour ceux-ci, l’émigration en. masse et on les voit grouillant sur l’oreiller, sur le matelas, en recherche de pâture, d’un nouveau porteur. On avait supposé que la maladresse du pou à procresseret à se fixer sur les surfaces lisses rendrait utile, dans les milieux infectés, l'usage de sous-vêtements en soie. Spécialement, en Angleterre, des essais ont été faits dans ce sens. Ils n’ont donné aucun résultat favorable; le pou réussit à s’accrocher aux étoffes de soie et arrive à fixer ses œufs dans les coutures de celles-ci. On a affirmé que le pou du corps pouvait être disséminé par le vent. Schilling a rapporté le cas d’une Commission sanitaire turque qui, en 1916, aurait été contaminée de cette façon. Il faut avouer que le cas cité par lui n’a pas la valeur d'une expérience bien rigoureuse et que toutes les interprétations restent plausibles. On a même été jusqu’à parler de la dissémina- tion des poux parles mouches domestiques. Le fait n’est pas impossible, mais il est cependant vraisemblable qu’il reste bien exceptionnel. IV. — ELEVAGE EXPÉRIMENTAL DU POU ‘: Toutes les notions acquises sur la biologie du pou ont pour base des expériences faites par élevage du parasite. Ilsemblerait, à première vue, que rien ne soit plus aisé que de l’élever, étant donnée la façon dont le pou se reproduit à l’excès quand on ne le souhaite pas; ée serait cependant se faire bien illusion. Le pou s’élève difficilement en captivité et tous ceux qui ont voulu en faire l’élevage expérimental ont eu, pour commencer, de nombreux échecs.J’en avais,pour mon compte, été quelque peu surpris au début. J’ai été moins étonné quand j'ai su quels avaient été les échecs analogues des divers expérimentateurs. Pour réussir un élevage de poux, il. faut placer ceux-ci dans des conditions rigoureusement identiques à celles de leur vie normale. Le premier qui ait essayé de se faire quelque P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMEES EN CAMPAGNE idée expérimentale de la vie et de la reprodue- tion du pou paraît être Leuwenhæek. Celui-ci mettait deux gros poux femelles dans un fin bas noir, cette couleur étant choisie à dessein, pour mieux distinguer les parasites et leurs œufs. Le bas étant mis en place, Leuwenhæck appliquait sur celui-ci une ligature un peu serrée au-dessus du genou. Examinant le bas quelques jours plus tard, il constatait que l’une des femelles avait, en un endroit, déposé un lot de cinquante œufs; en un autre point, l’autre femelle avait groupé qua- rante œufs. Au dixième jour Leuwenhæck trouva dans le bas 25 sujets. 11 les jugea nouvellement nés, âgés de un ou deux jours, mais il ne conti- nua pas l’expérience au delà de ce terme. Quantité de détails en apparence insignifiants interviennent pour faciliter ou compromettre les tentatives d'élevage artificiel. Ainsi, Nicolle, élevant, pour ses études sur la propagation du, typhus, des poux qu’il conservait, en dehors des moments de pâture, dans des tubes de verre, au- rait constaté qu'il est nécessaire de placer dans l’intérieur de ces tubes des fragments d’étoffe ayant élé déjà portée au contact de la peau. I semble que l'imbibition de l’étoffe par les pro- duits de la sécrétion de la peau humaine aient une heureuse influence sur le développement du pou. Une étoffe neuve n’a pas les mêmes pro- priétés. , Divers autres procédés de culture du pou ont été proposés. Le plus perfectionné, sans contre- dit, semble la méthode du bracelet, de Nuttall, système dont on trouvera la description com- plète avec figure dans son mémoire déjà cité : Un bracelet de:cuir faisant deux fois le tour de l’avant-bras y maintientencastrée, dans une sorte de lucarne de ce cuir, une petite boîte en bois, assez basse, dont les deux fonds ontété large- ment percés. Le fond inférieura sonorifice garni d'un tissu très fin, à mailles tout justement assez larges pour que les poux, même jeunes, ne puis- sent s'échapper au travers de cette sorte de gril- lage!; mais cependant les mailles sont encore assez larges pour que les sujets en expérience puissent prendre leur repas sur la peau humaine en piquant celle-ci au travers des espaces laissés libres. Le fond supérieur,est garni d’un tissu à mailles plus fines, son, rôle étant simplement d'assurer la ventilation de l’intérieur du sys- tème. Les expérimentateurs, qui essaient d’élever | 1. De 25 à 36 mailles au centimètre carré. Sikora, qui utilisait, dans un but analogue, une gaie de soie à 12 trous par centimètre carré, vil que, dans ces conditions, les larves n’arrivaient pas à se nourrir; probublement leur rostre trop court ne leur permettait pas d’atteindre la peau du porteur. 4 PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 313 des poux en les conservant soit dans un sachet placé à l’étuve ou porté sous les vêtements, voient la plupart de cesinsectes périrrapidement par suite des traumatismes inévitables subis par eux au moment où on les saisit, soit pour les mettre en pâture, soit pour les réintégrer dans leur tube. J'avais pour ma part essayé de réduire ces traumatismes en manipulant le pou à l’aide de petites bandelettes de papier pour- vues d’une encoche minuscule à une de leurs extrémités. Malgré cette précaution, les pertes, dans mes élevages, restaient encore considé- rables, et il vaut certainement beaucoup mieux adopter un système analogue à celui qui a été proposé par Nuttall. Dans l'appareil de cet auteur, l'animal vit dans des conditions aussi pareilles que possible à celles de son existence normale; il descend de lui-même prendre la nourriture dont il a besoin, et aussi souvent que cela lui est nécessaire. Quand, dans une contrée où le typhus exan- L thématique risque d’être observé, on désire faire : des expériences sur la biologie du pou, et par conséquent en faire des élevages, il est de ri- gueur de les nourrir sur des sujets ayant déjà été atteints de typhus, de façon à éviter toute ino- culation accidentelle de la maladie, puisque le typhus se transmet par voie héréditaire chez le pou. V. — CycLe ÉVOLUTIF Nous’allons maintenant décrire le cycle évolu- tif complet de cet animal, en partant de la ponte, en suivant ensuite les différentes phases de sa vie jusqu'au moment où il devient lui-même apte à se reproduire. $ 1. — Sexes Swammerdam supposait que le pou était her- maphrodite. Peut-être se basait-il sur le nombre colossal des œufs pondus. Pourtant le pou est nettement sexué; en dehors de certaines diffé- rences morphologiques, on reconnaît la femelle sous le microscope aux œufs prêts à être pondus qui se dessinent fort bien au travers de son abdomen. La proportion des mäles aux femelles a été assez discutée. Un auteur a indiqué qu'il y aurait seulement 40°/,de mâles. _ $ 2. — Ponte La ponte commence de 24 à 36 heures aprèsla troisième mue larvaire. Elle est nettement in- fluencée par la température, le froid la retardant, et diminuant le nombre des œufs, Le nombre d'œufs dépend aussi de l'abondance de nourri- ture que trouve l'insecte. En général la ponte commence au 2° ou au 3° jour après la copulation, Dans les vêtements, sur leur face non soumise à ja lumière, dans les plis, dans les endroits où se superposent deux épaisseurs non exposées à glis- ser l’une contre l’autre, la mère fixe solidement ses œufs à l’aide d’une substance qui agglutine avec eux les poils du tissu. L’adhérence est telle qu'ilne faut pas compter sur un brossage, même énergique, pour les détacher. 1. Influence de la température. — L'influence bien nette de la température sur le nombre des œufs est démontrée par le tableau que voici : 65 femelles de P. corporis à 22° donnent 3 œufs en 46 heures 35 30° 188 24 10 21° 0 24 Les mêmes 220-239 8 24 Les mêmes 34° meurent rapidement après avoir pondu On voit par là et de la façon la plus indiscu- table que la ponte est soumise à un maximum thermique extrêmement limité; cet optimum est aux environs de 30°; il correspond exactement à la température à laquellese trouve le vêtementporté surle corps de l’homme. 2. Nombre d'œufs pondus par une femelle. — Pour se rendre compte de la rapidité de pullu- lation des poux, connaître le nombre d’œufs pon- dus par une femelle était un renseignement pri- mordial à obtenir. D’après Railliet, une femelle fournit de 70 à 80 œufs. Eysell donne le chiffre de 80. Warburton, ayant fait vivre une femelle pendant 25 jours, obtient 124 œufs. Sikora a suivi le développement de femelles qui ont vécu de 21 à 45 jours. Il obtint avec celles-ci : 88, 81, 175, 194, 198, 197 œufs. Swellengrebel (1916) vit une femelle lui fournir 107 œufs. Bacot observa 6 femelles qui, en 23,29, 32, 32 et 34 jours eurent 118, 102, 180, 123, 172 et 150 œufs. En totalisant les résultats obtenus par les divers auteurs, on a des chiffres qui vont de 55 à 295, soit une moyenne de 177. Si l’on cherche ensuite à savoir quel est le nombre d'œufs pondus par jour, on apprend que Nuüttall, mettant en expérience 10 femelles à 320 C., récolta en 10 jours un total de 312 œufs, soit par conséquent une production de 3,1 par jour. Mais il faut tenir compte qu’à l’état naturel la production est plus intensive. À l’intérieur d'un grand gant de feutre montant haut sur l’avant-bras et servant de cage d'élevage, on obtint une moyenne journalière de 9,6 œufs par jour pendant 23 jours. $ 3. — Développement de l'œuf 1. Eclosion des œufs. — L’éelosion des œufs est encore strictement fonction de la température ; ” 314 P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE entre Set 10°, les œufs ne peuvent pas éclote (Hindle). Des œufs soumis pendant13 jours à 10°, puis placés ensuite à une température oscillant entre 26° et 30°, éclosent en 8 jours. Si des œufs ont été soumis d’abord pendant deux jours à une température de 0°, puis qu'on les porte ensuite à la températère de 26°-30°, ils éclosent en 13 jours, ce qui établit, par compa- raison avec l'expérience précédente, que la tem- pérature de 0° en a retardé l'évolution ulté- rieure. \ Dans une série d'expériences portant surcette même question, on a noté que des œufs mainte- nus : uniformément à 25° éclosent en 16 jours, entre 25° et 28° 8-10 25° et 30° id. uniformément à 28° 6-7 » 280 7 » 30° (sec) 7-14. dans une poche de vêtement 8 32° (sec} 7-8 dans un tube près du corps 8 35° ge 1/2 à 35° sur le corps, ; 6 à 35° sur le bras 7 dans un bas, sur la jambe 6-8 à 360 (sec) 4-8 39° 5-7 380 ; 8 40°-45° meurent, La conclusion est que, entre 30° et 350, tempé- rature optima, l’éclosion se produit entre le 6° et le 8° jour. L’éclosion est nettement retardée quand les œufs sont soumis à des alternances un peu marquées de température. Si, par exemple, les œufs sont placés pendant le jour à la tempéra- ture du corps, puis, pendant la nuit, à la tempé- rature de la chambre, Warburton constate que l’éclosion est retardée au delà de 4 semaines. Nuttall fait subir à un lot d'œufs des alternan- ces oscillant entre 30° et 10° par périodes de 24 heures chacune. Quatre œufs seulement ont éclos sur le lot en expérience, et au 35° jour seu- lement. D’autres expérimentateurs ont répété la même expérience en faisant passer ces œufs par ces mêmes températures, par périodes alternantes de 12 heures; 4 œufs seulement ont éclos aux 26° et 27° jours. Nuttall, dans une autre expé- rience, avec oscillations de température de 37° à 8° par périodes de 12 heures, voit seulement 2 œufs arriver à éclosion au 16: jour. : Le même auteur, soumettant un lot d'œufs à des alternances de température de 37°-14°, par périodes de 12 heures, a obtenu seulement 4 éclo- sions au 15° jour. Bacot, voulant se rendre compte de l'influence 0 de l’état hygrométrique du milieu, maintient des œufs à 24°5 sous un état élevé d'humidité. Il obtient des éclosions en très petit nombre au 23e jour seulement. Cette série d’expériences est d'importance capitale au point de vue hygiénique; elle expli- que comment il suffit de quitter ses vêtements la nuit ou d’user de vêtements de nuit pour être promptement débarrassé de poux qu'on aurait accidentellement contractés. C’est la raison pour laquelle, dans les nations modernes civilisées, les personnes qui s’astreignent aux petites exi- gences banales des usages contemporains ne con- naissent plus les parasites dont leurs ancêtres étaient infestés. 2. Fertilité des œufs. — D'ordinaire, pendant toute la durée de son état adulte, la femelle pond des œufs à peu près également fertiles et il n'ya à établir, à ce point de vue, aucune différence ni pour les premiers, ni pour les derniers de-la série. On trouve un certain nombre d'œufs infertiles entremêlés au hasard parmi les autres, mais seu- lement dans la proportion infime de 9 à 40°}, La femelle reste fertile pendantun certainnom- bre de jours après qu'elle a été isolée du mâle. D'après Harrisson, cette période durerait deux jours seulement; Sikora a vu des femelles demeu- rer fertiles pendant douze jours après leur iso- lement. D’autres femelles le sont restées pen- dant neuf jours seulement. Dans un cas de Hindle, cette fertilité s’est prolongée pendant huit jours. Bacot, recherchant quel était le pouvoir ferti- lisant du mâle, a constaté qu'un mâle avait pu fertiliser dix-huit femelles. 3. Durée du développement. Mues successives. — L’œuf donne naissance à une larve qui sort de celui-ci assez rapidement, en 2 à 5 minutes. C’est une période très dangereuse pour l'animal qui, à ce moment de son existence, est extrêmement fragile et meurt si les conditions extérieures ne sont pas parfaites pour lui, Il suffit du moindre abaissement de la température environnante pour que la larve succombe. | Dans aucun auteur je n’ai trouvé mention de l'habitat des larves du pou. Habitent-elles encore au voisinage de leur point d’éclosion, dans les coutures des vêtements, ou au contraire vivent- elles déjà accrochées, comme l'adulte, dans le linge de corps? Je n’ai pas pu être renseigné à ce sujet, qui est cependant d’une importance extrême en ce qui concerne la prophylaxie. Avant de parvenir à l’état adulte, l’insecte subit trois mues successives. Autrefois, le nombre de PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 315 mm mues avait été l’objet de quelques contestations. | descendance d'une seule mère fertile suit une Warburtonen a nettement déterminé le nombre, | progression vraiment formidable, si l’élevage ne qui s'élève à trois, et le fait a été confirmé en | subit aucun déchet. Les calculs faits à ce sujet 1913 par Patton et Cragg, puis successivement | restent bien entendu du domaine de l'hypothèse, par Hindle, Sikora, Müller, etc. puisque nous avons eu soin de signaler déjà Voici, résumées dans le’ tableau I, les consta- | qu’à divers stades de son existence l'animal est | tations des divers auteurs au sujet du temps | extrêmement fragile. Le nombre des descen- total qui s'écoule depuis le premier stade (éclo- | dants vrais est par conséquent inférieur à celui sion) jusqu'à l’état adulte. des parasites qui pourraient exister. Dans une édition des œuvres de Leuwenhæck, datée de 1807, cet auteurestime qu’un seul couple peut avoir 5.000 descendants en 8 semaines. D'après TABLEAU I. — Durée du développement du pou Temps Tempéra- écoulé ture Nourriture Rétégence Raiïlliet (1895), une seule femelle peut avoir nico nrmmmléenpoudee og nti, 125.000 descendants en 12 semaines. 15à18j. ? ? Railliet, 1895. Héraud dit que, si toutes les circonstances sont « : J 5 , . » A Q . Hi. SUDE A Warburton, 1911. favorables, la 2* génération d’un même indi- 11à 12. ° » Rnthe ns vidu parvient en deux mois au chifire de 25.000 15 j. 95» __ 980 À fois Legroux. et que Ja 3° ÉSELROES au bout de trois mois, par jour atteint 125.000 individus. Dove, en 1916, calcule 17j. a 2 Jeanneret-Minkine,| | qu'une femelle a, durant son existence, donné | * : 1915. + naissance à 8.000 descendants. Bacot estime 9 à 10 j. 30° 2 fois |Sikora, 1915. u f, ll d .. oduit 4.160 d (35poux | parjour qu'une femelle a, durantsa vie, produit 4. es- sur une cendants. Nuttall, tenant compte de toutes les F ) P Hits: SR Fo variables qui peuventintervenir, abaïsse ce chif- a 19). J° )ras Nuttall, ES CRE Ù 2 RÉSnS fre à 1918, mais il est cependant d'autresauteurs à satiété qui, en yajoutant la production des descendants eux-mêmes, établissent qu’une même femelle Un autre tableau, également emprunté à Nut- | arrive à avoir 112.778 petits-enfants. tall, donne le détail du temps nécessaire pour Cette excessive fertilité se rencontre, en gé- chaque mue : néral, chez les espèces animales totalement TaBLEAU IL. — Temps nécessaire à chaque mue Nombre de! 1re mue 2° mue 3° mue Total Température Nourriture Référence poux après ; apres : apres : il l 11 3 jours | 2à 3 j. | 3 à 4j. | S à 10 j. 39° 6 fois par jour Sikora 11 5a6j. | 4à6)j. | 4à 6j. |11 à 15 j. 35° 2 fois par jour id. 40 3 jours | 4 à5 j & à 5j. | 12 jours | poche le jour — 31° |6 à 7 fois par jour Bacot ; la nuit 40 4 jours | 6 jours | 6 jours |16 à 17 j. 30° 1 fois par jour [Patton et Cragg. D’après les expériences qui ont été faites, on | dépourvues de moyens de défense ou soumises à peut aussi fixer le temps nécessaire pour arri- | de très nombreuses causes de destruction. L'é- ver, d'œuf en œuf, à la maturité de reproduction. | tat d'équilibre vital des diverses espèces sur le Ce temps est de 16 jours, c’est-à-dire qu'il peut | globe n’est pas modifié par la fécondité exubé- s'écouler exactement 16 jours entre le moment | rante de certaines de ces espèces. où, un œuf ayant été pondu, l’insecte qui en est sorti est, à son tour, apte à la reproduction, et $4. — Biologie de l'adulte pond lui-même son premier œuf fertile. Neveu- - Lemaire fixe ce temps à 18 jours. 1. Résistance du pou à l’inanition. — Au point de vue de la destruction du parasite, il était bien 4. Nombre hypothétique des descendants. — D'a- | intéressant de savoir combien de temps celui-ci près les données précédentes, en raison du très | peut survivre quand il est privé de toute nour- grand nombre d'œufs pondus par une femelle et | riture. Malheureusement les expérimentateurs aussi du temps relativement très court qui s’é- | sont à ce sujet d'avis sensiblement différents et coule avant que les descendants du premiercou- | les données de leurs expériences sont souvent ple soient eux-mêmes en état de reproduire, la | mal précisées (tableau 111). Le. 316 P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE TagceaAu III, — Résistance de l'adulte à l’inanition Température | Conditions Longévilé Auteur 36° Sec 3 jours Bacot 3 34 ? 1 jour Haymann 25" à 29° ? 3 à 5 jours Id. 24° Humide | 3 jours Bacot 16° à 48° Sec à 7 jours Id. 12° à 150 Sec 7 à 9 jours | Hatmann 45° See | 3 à 4 jours Nuttall H 5e ? 5 jours Id. 3) 2 3 jours 1/2 Id. 5° 2 3 jours Id. Il ne semble pas que les conditions acces- soires d'habitat modifient en quoi que ce soit la résistance de l'animal à l’inanition. Le pou ré- siste aussi bien, qu’on le place soit dans du sable, soit dans de l’étoffe, soit dans de la paille, etc. Quand on se reporte, à ce sujet, aux condi- tions naturelles, on constate que, là encore, les auteurs sont d'avis assez différents. Ainsi Le- gendre, à diverses reprises, a cherché lui-même et fait rechercher les poux dans la paille de cou- chage, sans réussir à en trouver. Une fois même, en présence de déclarations catégoriques de tout un groupe d'hommes qui mettaient en cause un logement sans d’ailleurs apporter un seul pa- rasite, Legendre employa pendant deux heures consécutives une équipe de huit brancardiers à des investigations dans la paille incriminée. Malgré l'appat d’une forte prime aux chercheurs, il fut impossible à ceux-ci de découvrir un seul parasite !. Peacock, de son côté, faisant des re- cherches analogues dans les abris des tranchées n’en a trouvé qu'un très petit nombre, pas même un parasite par couchette (exactement une moyenne de 0,8 par couchette). Dans les enquêtes que j'ai faites en cours de guerre, jamais les abris n'ont été accusés d’avoir contaminé de nouveaux occupants toutes les fois que ces abris étaient restés inoccupés pen- dant plus de deux jours. Au contraire, les récri- minations visaient toujours les abris dans les- quels les troupes s'étaient succédé à moins de 48 heures d'intervalle. Il semble que ce soit une donnée. moyenne d'ordre pratique à laquelle on puisse s’en tenir, lorsqu'on a à prescrire des mesures générales. 2. Durée de l'existence de l'insecte adulte. — Voici quelques données sur la longévité du pou lorsqu'il est nourri (tableau IV). 1. Lecenone : Sur la biologie et la destruction des poux, Revue d'Hygiène el de Police sanitaire, novembre 1916, p: %56. Taprgau IV, — Longévité du pou adulte Nombre de Sexe Conditions| Longévité Auteur poux 1 Femelle |T+be sur ° le corps| 21 jours |Fantham Quelques- uns # Femelles |Etuv.à 28°| 30 jours [Swellengre bel (1916) 2 Mâles Tubedans le vêtem.| 17 à 21 j.| Warburton 1 Femelle Id, 30 jours Id. Quelques auteurs ont constaté des chiffres s'élevant jusqu'à 45 et 46 jours. La moyenne gé- nérale.est de 22 à 28 jours. 3. Nourriture. — Le pou se nourrit exclusive- ment, à tous les stades de son existence, de sang humain qu’il pompe par piqûre de la peau faite au moyen de son rostre. I1ne pique, poursenour- rir, qu'aù moment où le norteurest au repos. IL lui faut éviter en effet, lorsque son rostre est ainsi engagé dans la peau, qu’un frottement, : qu’un déplacement intempestif du vêtement, ne vienne râcler la surface sur laquelle il est im- planté, ce qui serait pour lui, assurément, la cause d’un traumatisme grave ou mortel. Quand on met le pou en pâture sur la peau, on le voit généralement hésiter un moment, comme pour choisir la place à laquelle il va piquer. Au moment où il engage son rostre dans la peau, son corps fait un mouvement de bascule, la tête. s’abaissant jusqu’au contact de la peau, tandis que la pointe de l'abdomen se relève, et l'animal fait alors avec le plan de son horizon un angle qui atteint presque 450. IL faut au minimum que l'animal se nourrisse deux fois par jour. C’est en effet un gros man- geur, à digestion rapide. Quand il arrive pour piquer la peau, tout son corps est transparent, d'un blanc sale. Bientôt tout son abdomen se gonfle du sang qu'il vient de sucer et dont la couleur rougese voit par transparence. L’abdo- men prend alors une coloration brunâtre, un peu irrégulièremént répartie, ce qui avait fait, aux tranchées, raconter cette plaisanterie que les poux dont on était infesté étaient certainement d'origine boche, puisqu'ils portaient la croix de fer dessinée sur leur dos, ou bien qu'il en exis- tait deux espèces, l’une grise, l’autre brune, l’une beaucoup plus redoutable que l’autre. La larve se nourrit une seule fois en sortant de l'œuf. L'adulte commence à se nourrir 45 minu- tes après qu’il a atteint sa forme définitive. A basse température, la digestion est suspendue. \ PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 317 4. Réactions à la lumière. — Le pou du corps | mort vraie, un état de mort apparente. Cet état fuit la grande lumière, cherchant toujours à se réfugier dans l'ombre, à se cacher. Quand ones- saie comparativement des éclosions en-pleine lumière et des éclosions à l'ombre, on constate seulement que le nombre de succès est moindre sur le lot exposé à la lumière. 5. Action de la température. — Les variations de la température ont sur le pou une action très nette. À 0°, il est immobilisé. À 100, il se meut très lentement. A 20°, il est assez actif; à 30°, très actif ; de 37° à 40°, il est extrêmement actif. Au- dessus de 40°, il succombe bientôt. Entre 45° et et 50°, il meurt en quelques minutes. + 6. Mort apparente et mort réelle. — Quand on se livre à des expériences sur la résistance du pou aux divers agents destructeurs, il faut bien se méfier que le pou présente, à côté de l’état de BIBLIOGRAPHIF, FRANÇAISE DE LA QUESTION DES Poux AUBERT : Les poux etles écoles. Ann. de Dermatologie, 1880, p. 292. Borpas et BRUÈRE : Ellicacité comparée de la benzine et de l’anisol pour la destruction des parasites. Ae- vue d'Hygiène et de Police san., t. XXX VII, p. 628. BRUMPT : Traité de Parasitologie, BLANCHARD : Zoologie médicale. Decra: Destruction des poux dans les épidémies de typhus. Presse médicale, XXII, p. 175. DESMONS : Traitement de la phtiriase. Ann. de Théra- peut. dermat. et syph., t. I, 1907, p. 27. GRELETTY : Pédiculose et son traitement. tés médicales, Paris,lI, 161,1890. JEANSELME : Phtiriase et son traitement. Journ. de Méd. interne, Paris, t. IX, p. 31; 1905. JOUSSEAUME : Destruction des poux du corps. Bull. Acad. . de Méd. et Rev. d'Hygiène, t, XXXVIL, p. 93 ; 1915. LEGENDRE : Destruction des poux par le crésyl et le brossage. Bull. Soc. Path. exotique, Paris, t. VI, p. 280; 1915. À LEGROUXx : Destruction des poux. /bid.,1915, p. 470. LETULLE et BORDAS : La désinfection entomoparasitaire. Rev. d'Hyg., 1. XXXVII, p.245; 1915. Meice : Les pouilleux dans l’art. Nouv. Iconogr. de la Salp., 1897 et 1903. NiCOLLE : Série de publications sur le typhus. POUILLAUDE : Contre les poux des soldats. /nsecla, 1919, p. 56. © — Animaux nuisibles aux soldats en campagne. Bull, Soc, méd. Ouest, 1915. SABOURAUD : Traitement des phtiriases par le xylol. Clinique, t. 1, p. 201 ; 1906. SouLimA et EBErT : Nouveaux remèdes contre les para- sites. C. À, Soc. Biol.,-1915, p. 340. WARBURTON: Rapport sur des sujets d'hygiène et de santé publique au Local Govt. Board, Londres, 1910. NicoLLE, BLANC et CoNsEIL : C: R. Acad. des Sciences, 3 nov. 1914. BLANCHARD : Instructions pour l'hygiène et la désin- fection en temps de guerre (25 nov. 1914). i Actuali- de mort apparente peut donner naissance à des erreurs complètes d'appréciation de la valeur d’un antiseptique, -d'un insecticide. Il est donc nécessaire de soigneusement noter, à la fin de chaque expérience, si les poux, immobilisés d'abord, nereviennent pas ensuite à la vie. Beau- coup de substances essayées en vue de les dé- truire ont seulement sur eux une action anes- thésiante : le pou s’immobilise, ne réagissant plus à aucune excitation. Si on le laisse ensuite quelques moments à l’air libre, on le voit peu à peu reprendre son activité. LÀ Dans un second article, nous étudiérons les moyens de destruction employés contreles poux. | : D' P. Chavigny, (e Médecin principal de 2e classe, Professeur agrégé au Val-de-Grâce. BLANCHARD : La lutte contre les poux. Bull. de la Ligue sanitaire franç., n° 3, 2€ édition, 15 juin 1915. | STRONG : Etudes expérimentales sur la fièvre des tran- chées. Bull. Acad, de Méd., 19 nov. 1918. CARMICHAEL SMITH: Observations sur la fièvre des prisons et sur les fumigations de gaz nitrique, Ge- x nève, an IX (1801). y G. Vrroux : Les sections d'hygiène corporelle, Revue we d'Hygiène et de Police sanitaire, 1917, p. 398. L — Phtiriases du corps et du cuir chevelu. Revue À des procédés de traitement. Presse médicale, 1916, pp. 268 et 448. LETULLE : Rapport relatif à la lutte contre les poux, puces, punaises. Bull. Acad. de Méd., 21 décem- bre 1915. Notice reproduite in extenso in /tevue scientifique, 1916, p. 55. DE CLÉRAMBAULT : Destruction des poux. Repassage des vêtements, Réunion médicale de la V° Armée, Presse médicale, 1915, p. 525. Rowpor pu TAILLIS et POUÈGES : Les poux. Journal des. Sc. pharm. et chim., 1917. : DE FONT-RÉAULX : Une maladie des yeux attribuée aux poux (Kératite phlycténulaire). Arch, de Parasito- logie (Blanchard), 1911, p. 385. 1 J. LkGENDRE : Un nouveau mode d'élevage du Pediculus vs vestimenti. C. R. Soc. Biologie, 4 mars 1916, p. 208. 4% J. LEGENDRE : Sur la biologie et la destruction des poux. UT Rev, d'Hyg., 11n0v. 1910, p.956. A H. LABBÉ : Destruction des poux et traitement des phti- j riases. Bull, Acad. de Méd., 18 mai19r5, p.615. ES LABBé et WauL: Recherches sur lintoxication des ] insectes du genre Pediculus par les vapeurs des dif- férents corps minéraux ou organiques. Journ, de Physiol. et de Path. générales, sept. 1915, p, 872. - Les principaux insectes qui peuvent affeeter la santé de lhomme ou des animaux dans les opérations mili- j taires (cire. du r2 août1915 du Bureau du Secrétaire d'Etat du Département de l'Agriculture des Etats- Unis, Traduction in extenso in Bull, de l’Ofjice in- tern. d'Hyg. publique, 1917, p.324). y 318 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Duhem (P.), Membre de l'Institut, Professeur à l'Uni- versité de Bordeaux. — Le Système du Monde. His- toire des doctrines cosmologiques de Platon à Copernic!. Jome V. — 1 vol. in-8° de 596 pages. Hermann et fils, éditeurs, Paris, 1919. « Né du désir de concilier tous les dogmes d’origine juive ou chrétienne avec des théories issues du Péripa- tétisme, le Néo-platonisme ne pouvait manquer de se heurter aux diflicultés que rencontre toute opinion moyenne; il devait, sur l’un comme sur l’autre de ses flanes, se voir assailli par les deux partis extrêmes ; les disciples d'Aristote, d'une part, les théologiens maho- métans, juifs ou chrétiens, d'autre part, devaient, par des raisons de sens opposés, mais convergentes, s'ef- forcer d’en rendre intenables les principales positions, surtout cellès qu'il avait prises sur les rapports du Créateur et de la créature. » Le tome IV nous a initiés aux « efforts » des phil- sophes ,néoplatoniciens arabes, Al Kindi, Al Farabi, Avicenne, Al Gazali, puis du restaurateur du Péripaté- tisme, « Averroës » ou le « Commentateur ». Le tome V, avec d’amples et copieux extraits, nous expose les théo- ries juives et chrétiennes, Parmi les Hébreux, Duhem étudie longuement les œuvres d’'Avicébron, de Moïse Maïmonide et sesdisciples, la Kabbale ; chez les docteurs chrétiens, les ouvrages commentés et critiqués sont principalement ceux de Jean Scot Erigène, Amaury de Benes, David de Dinant, Guillaume d'Auvergne, Alexan- dre de Hales, Robert Grosse Teste, Roger Bacon, Albert le Grand, saint Thomas d'Aquin, Siger de Brabant... Avicébron ou Salomon ben Gabirol, dit Ibn Gabirol ou le Rabbin de Malaga, est l'auteur de Fons vitae, ou- vrage qui, traduit par Dominique Gondisalvi, eut tant de vogue chez les Docteurs chrétiens parce que «la doc- trine du Rabbin de Malaga leur semblait si fortement teintée de christianisme, que plusieurs d’entre eux se demandèrent si l'auteur n’avait pas été chrétien ». Guillaume d'Auvergne, Albert-le-Grand, saint Thomas d'Aquin, Jean Duns Scot citeront à l’envi ce traité d’Avicébron. Voici comment le docteur juif comprend la Philosophie : « Dans la science entière, dit-il, il y a trois parties, qui sont : la science de la Matière ét de la Forme, la science de la Volonté et enfin la science de l’Essence première, » Cet ordre, ajoute-t-il, est celui qui convient à l’étudé; mais, dans la réalité, l’ordre est inverse : l'Essence première précède la Volonté, qui précède, à sontour, la Matière et la Forme. Duhem ne croit pas que le traité de l’Essence première ait été composé, ce- lui de la Volonté ne nous est pas parvenu et on ne trouve, au chapitre 1v, que les théories de la Matière et de la Forme, des substances intermédiaires et du Verbe. Pour Avicébron, « la Matière universelle est la com- muneé matière des substances corporelles et des subs- tances intellectuelles; car les substances intellectuelles, même les plus simples, ne sont ni pure matière ni forme pure; elles sont composées de matière et de forme ».En attribuant une matière aux substances spirituelles, Avi- cébron se trouve débarrassé d’une difficulté qui a pré- occupé une foule de Péripatéticiens, La notion de forme, pour la plupart des philosophes péripatéticiens, se con- fondavecla notion d'espèce. Dans tous les êtres de même espèce se trouve la même forme. La forme de l’huma- nité est unique et se rencontre identique en tous les hommes. Si les individus d’une même espèce se distin- guent les uns des autres, c’est que la même forme ne se 1. Voir Aevue p. 139; p. 693; générale des Sciences : Tome 11, 27° année, p. 94 Tome IV, 282 année, P. 312. Tome 1, 26° année, “; Tome III, 27e année, trouve pas en l’un appliquée à la même matière qu'en l’autre. C’est la matière qui est le principe d’individua- tion, principe fondamental en la Philosophie chrétienne. Si, « visiblement », Avicébron s'est inspiré de la Zhéolo-., gie d’Aristote, œuvre anonyme très remarquable, écrite pour « tenter ‘la conciliation de la théorie néo-platoni- cienne de Proclus, de la doctrine chrétienne de Denys avec la Métaphysique d’Aristote », il semble non moins certain que le Rabbin de Malaga a puisé également à une source toute chrétienne que Duhem attribue à Jean Scot Erigène, L'œuvre du Docteur chrétien est ainsi commentée et rapprochée de celle d’Avicébron, au cha- pitre v, pour faire ressortir l'influence du premier sur le second. C’est dans la conception de la matière univer- selle que le Rabbin juif apparaît comme le disciple de Jean Scot, car il y a entre les deux auteurs « une si frappante ressemblance, non seulement dans les idées, mais jusque dans les formes revêtues par les idées, jus- que dans les comparaisons et métaphores par lesquelles elles se veulent rendre plus aisément saisissables », que Duhem n'hésite pas à supposer qu'Avicébron ait eu connaissance du De divisione naturæ de Jean Scot. La vogue d’Avicébron dans la Scolastique latine est ainsi justifiée. La Kabbale, ou Philosophie religieuse des Hébreux, fait l'objet du chapitre vr, C’est une œuvre anonyme, extrêmement complexe, allégorique, dont quelques par- . ties «très obscures n’ont jamais été traduites dans au- cune langue chrétienne ». C’est surtout sous le nom de Zohar que les théories de la Kabbale sont exposées. L'origine du Zohar est mal connue. Quant à son esprit et à ses auteurs, Duhem les présente ainsi : « Les in- nombrables rabbins qui ont, au cours des âges, colla- boré à la production du Zohar n'étaient aucunement, en effet, chercheurs d'idées claires, Pour ces subtils commentateurs, chaque mot, chaque lettre, chaque point de l’Ecriture avait une signification mystique qu'il s’a- gissait de découvrir, « Malheur, disaient-ils, à l'homme qui prétend que l’Ecrilure ne nous apprend que de sim- ples contes et des choses vulgaires !.. Chaque parole de l'Ecriture renferme un mystère suprême... Malheur aux coupables qui prétendent que l’Ecriture n’est qu’une sim- ple narration !... » Les matières traitées sont:la nature de Dieu, la dualité divine, la trinité divine, la création, les deux Mondes,.…, la théorie de l'Amour, la Grande Année, l’ Astronomie, la Chimie, l’ämehumaine... On sera tout de suite fixé sur les clartés de l'ouvrage -par ces débuts : « S'il est un sujet que le Zohar traite d’une manière sin- gulièrement confuse, c’est assurément la nature de Dieu; plus on lit cet ouvrage, plus on désespère d'en tirer, touchant l'unité et la trinité divines, une doctrine pré- cise...» Le lecteur appréciera donc à son gré cette théorie de la nature de Dieu et sans doute conclura-t-il, néan- moins, avee Duhem, que « toute cette doctrine kabba- listique de la trinité divine offre, avec la doctrine chré- tienne, une bien grande ressemblance ». L’énigme de la création du monde est dévoilée en ces termes : « La créa- tion s’opéra par la volonté du mystérieux Infini.. le Verbe n'apparaît que pour la création des détails, alors que la création de la matière générale fut opérée avant la manifestation du Verbe. » Les récits sur la création se composent donc d’allégories compliquées et nébuleu- ses; néanmoins, il semblecependant assez évident que Jean Scot et Avicébron aient été lus par les Kabbalistes. Une particularité de la création dévoilée par le Zohkar, c'est la duplicité des choses: « Tout ce qui est sur la Terre est formé sur le modèle du monde d'en haut; et il n'y a pas le moindre objet en ce bas monde qui n’ait son équivalent dans le monde d'en haut qui le régit, En mettant en mouvement les objets d'ici-bas, on fait agir les forces d’en haut qui les régissent. Ainsi tout BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX objet ici-bas est l’image d'une force céleste qu’on met en mouvement en remuant l’objet d'ici-bas. » Pour les Kabbalistes: « À chacun des astres visibles un ange est proposé; c'est cet ange qui transmet aux êtres terrestres les ordres du Chef céleste. Dans toutes les étoiles et dans tous les corps célestes, il y a des anges chargés de régir le monde d’une manière conve- nable,eLil n’y a pas une plante sur la terre qui n’ait son régisseur dans quelque étoile ou corps céleste. Chaque étoile, à son tour, est placée sous les ordres d’un Chef céleste qui la régit de manière convenable. Toutes les étoiles du firmament sont au service de ce bas monde; et il n’y aurait ni plante, ni arbre, ni herbe sans les étoiles qui se regardent avec la terre, face à face.» Les auteurs du Zohar croyaient à la Grande Année d'après ce « mot fameux de la Sagesse» :« Ce qui a été «stencore, ce œui doit être a déjà été.» D'après eux: « Une tradition nous apprend qu'avant de créer cemonde Pieuavaitcrééet détruit piusieurs autres mondes. Quand il a plu à la volonté de Dieu decréer ce monde: il con- sulta la Loi et il créa le monde actuel de manière par- faite. » Au chapitre Zivre Occulte, du Zohur, or lit: « Le Monde subsistera pendant six mille ‘ns auxquels fontallusion les six premiers mots de la Gen°se. Au com- mencement du septième millénaire, le Monde entier sera anéanti en douze heures... À la treizième heure du sep- tième millénaire, Dieu nous relèvera dans sa miséri- corde et renouvellera le Monde en le remettant dans l’état où ilétait pendant les six millénaires précédents, » L’astronomie de la Kabbale ne sort pas du domaine théologique ; Rabbi Hiya nous dit : « Les dix rideaux dont parle l'Ecriture désignent les dix cieux. Sept de ces cieux sont étendus dans le Trésor d’en haut. Au- dessus de ces cieux existe un Ciel qui n’a nulle couleur et qui échappe à tout entendement. Nul ne sait ce qui se passe dans les trois cieux supérieurs ; il convient à l'homme de garder le silence à ce sujet et de ne pas même chercher à approfondir ce mystère... » Selon d’autres Kabbalistes : « Il y a sept firmaments enhaut;chacun estorné d'étoiles, d'astres et desoleils… Tous les firmamentsson! superposés comme des pelures d'oignons; les uns sonten hautet les autresen bas. Chaque firmament marche et se meut par la crainte de son Maître; c’est sur l'ordre de Dieu qu'ils se meuvent, sur son ordre qu’ils demeurent immobiles. » Cette pa- role de la Genèse: « Au firmament du Ciel, que des lu- mières soient faites » est ainsi commentée: « La Lune... et le Soleil... avaiént été primitivement créés dans lebnt de cohabiter et d'éclairer la Terre simultanément ; maïs c’est par la faute du Serpent queleslumières de cesdeux astres furent séparées. » Malgré ces divagations astro- nomiques, certains auteurs modernes ont cru que l'on pouvait compter quelquesrabbins au nombredes précur- seurs de Copernic. Duhem ne partage pas cette opinion et la réfute en excellents termes. L'âme humaine, dit le Zahar, est désignée sous trois noms:esprit vital, esprit intellectuel et âme... L'âme doit dominer sur l’es- prit intellectuel et celui-ci sur l'esprit vital. Les âmes descendent du Paradis en ce monde : au Paradis l'âme est formée de quatre vents, qui soufllent au Paradis. Sans ces quatre vents, qui constituent l'air du Paradis, l’âme n'aurait aucune forme, car elle n’aurail aucune enveloppe. Ces quatre vents sont noués l’un à l’autre et donnent la matière à l'enveloppe de l'âme, comme Îles quatre éléments de la terre fournissent la matière du corps. L'âme supérieure ne peut entrer dans un corps que lorsqu'elle est enveloppée préalablement dans une- âme inférieure, laquelle lui sert en quelque sorte de nourriture, Quand le profane regarde un homme, il n’en voit que le corps; le sage aperçoit aussi l'enveloppe de l'âme; quant à l’âäme même, Dieu seul la connaît, » Duhem ajoute : « Tout ce que le Néoplatonisme des Hellènes et des Arabes a dit de l'âme humaine nous surprend par deux caractères : cetle doctrine ne tient aucun compte de l'individualité humaine, car elle mor- celle l'âme de chacun de nous et la compose de plusieurs âmes plus ou moins séparables; cette doctrine ne tient De >. \ 319 2 aucun compte de l’irréductible indépendance de chaque individu humain, car elle fond les raisons des hommes divers dans une seule Intelligence active... Ce sera le propre de la Théologie catholique de lutter contre ces doctrines et de défendre l’individualité comme l'indé- pendance de la personne humaine...» Avec plus de sens critique et en termes moins téné- breux, Moïse Maïmonideet ses disciples, dont Lévy Ben Gerson est le plus notoire, discutent au chapi- tre var tous les points philosophiques déjà maintes fois énumérés. L'autorité d’Aristote est ainsi limitée par Maïmonide : « Toutcequ’Aristote a dit sur ce qui existe au-dessous de la sphère de la Lune, jusqu’au centre de la Terre est indubitablement vrai; et personne ne sau- rait s’en écarter si ce n’est celui qui ne lecomprend pas ou bien celui qui a d'avance adopté des opinions erro- nées el qui veut repousser lesobjections qui renversent ses opinions erronées, Mais à partir de la sphère de la Lune et au-dessus, tout ce qu’en dit Aristote ressemble, à peu de choses près, à de simplesconjectures; et à plus forte raison, ce qu'il dit de l’ordre des Intelligences.…..» Moïse Maïmonide formule ensuite sa méthode : « Toutes les fois qu'une chose n’est pas susceptible d'être démon- trée, il taut poser successivemen. les deux hypothèses contraires, voir queis sont les doutes qui s'altachent à chacun des deux cas opposés et admi'uc elui qui offre le moins de doutes... » Si prudente qu: soit la phi- losophiede Maïmonide,elle allait cependantfa'resurgir, au sein de la Synagogue des discussions passionnées, Celles-ci.provoqueront cette appréciation de Renan: « La Théologie chrétienne, dès le xnu° siècle, avait cherché à s’incorporer l’Aristotélisme, mais en le corrigeant, en lui enlevant ses théories mal sonnantes, si bien même qu’en définitive tout se borna à l'introduction sans ré- ! | serve dans les écoles chrétiennes de la Logique péri- patéticienne, c’est-à-dire dela partie du Péripatétisme qu'aucune école ne peut renier. Il n’en fut pas de même dans le Judaïsme. C’est la Philosophie péripatéiicienne tout entière avec sa Théodicée restreinte, sa théorie de l’âme pleine d'hésitation, sa négation de la Providence au sens vulgaire, son rationalisme absolu, son apparent matérialisme que Maïmonideadopta. Non seulement il n’y fit pas les suppressions et les additions que Thomas d'Aquin, Albert le Grand jugèrent indispensables; mais, parmi les interprétations du Péripatétisme, celle qu’il choisit fut la plus matérialiste, la plus opposée aux sentiments religieux du vulgaire, la plus ressemblante aux assertions des panthéistes et des athées... I1semble que la pensée de Maïmonide resta toujours contra- dictoire, que Maïmonide théologien et Maimonide philo- sophe furent deux personnes étrangères l’une à l’autre et qui ne se mirent jamais d'accord... » à Dubhem s'explique mal ce jugement, qui lui paraît d’ailleurs excessif et injuste, tout en admeltant que les idées de Maïmonide aient pu « sembler singulièrement hérétiques à tout Israélite quelque peu soucieux d’or- thodoxie », Les controverses religieuses.suscitées par les théo- ries de Maïmonide partagèrent les synagogues en deux camps : les Averroïstes et les Talmudistes, « Entre les deux partis la lutte fut ardente; les accusations d’hé- résie et les anathèmes se croisèrent. Israel n'était pas une église hiérarchisée et soumise à un pontife, mais une synagogue anarchique et privée de grand prêtre; nulle autoriténe pouvait imposer silence aux adversai- res, peser leurs raisons et leurs torts et porter un arrêt qui mit fin au débat.….Celui qui mit fin au débat, ce fut Philippe le Bel; en juillet 1306, l'expulsion générale des juifs, chassant à la fois de Montpellier Averroïstes et Talmudistes, les accabla de craintes el de soucis qui leur firent oublier leur différend philosophique et reli- gieux... » Le chapitre vi nousinilie aux premières infiltra- tions de l'Aristotélisme dans la Scolastique latine. « Jusqu'au milieu du xru' siècle, semble-t-il, les deux noms de Platon et d’Aristote eurent ainsi, pour beau- coup de Latins, une signification qu'un historien de la ET 77 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Philosophie quel que peu renseigné ne leur eût certes pas accordée; le nom de Platon dominait toutes les doctrines que l’on connaissait depuis longtemps, toutes celles qu'avec l’aide de saint Augustin et de Denys, on avait accommodées de telle sorte qu'elles s’accordassent au Dogme catholique ou nelui fussent pas directement contraires ; le nom d’Aristote, au contraire, servait d'enseigne à tous les systèmes nouveaux venus aux- quels un commun langage donnait un air de parenté et, surtout,qu’une foule d'hérésies manifestes readaient également suspects aux Chrétiens. », Les conséquences des théories d’Aristote se formulent ainsi : « Ce que l'Eglise redoute pour ses fidèles, ce dont elle veut les garantir, ce n’est ni toute l’œuvre d'Aristote ni la seule œuvre d’Aristote. La Dialectique péripatéticienne, la Logique de l'Organon, est depuis longtemps en usage dans les Ecoles ; ce n’est pas que les docteurs, les saints, les Pères de l'Eglise n’aient, avec une inlassable persévérance, signalé et réprouvé l’esprit de subtilité et de chicane qu’elle y développe; mais elle a conquis droit de cité, et si l'excès qu’on en peut faire paraît également dangereux pour la raison ‘et pour la foi, elle n’est pas, en soi, tenue pour semeuse d’hérésie. IL n’en va pas de même de toutes ces doctri- nes physiques et métaphysiques que les Grecs et les Arabes ont développées, et que les traducteurs viennent d'importer d'Espagne ; c'est en elles, en elles seules, . mais en elles toutes que gisent les nouveautés dange- reuses. L'autorité ecclésiastique va le marquer avec pré- cision, » Nous n’entendrons plus désormais que les docteurs de l'Eglise. Au chapitre 1x, ce sont Guillaume d'Auvergne, Alexandre de Hales, Robert Grosse-Teste. « L'autorité du légat du pape a interdit, à Paris, toute leçon, soit publique, soit privée, dont l’objet serait la doctrine physique et métaphysique d’Aristote ou les diverses philosophies qui s’y rattachent... » Cela ne suflit pas. Contre cetle philosophie jugée subversive, il fallait autrechose que des prohibitions portées par l’autorité ; il fallait une réfutation, rigoureuse et complète, oppo- sée par la raison ; il fallait qu'une analyse minutieuse mit en pièces la vaste synthèse composée par les dis- ciples d'Aristole, el montrât où chacune de ces pièces se trouvait faussée. Cette œuvre allait être entreprise par l'homme de grande science et de solide bon sens qui, en 1228, était monté sur le siège épiscopal de Paris, Guillaume d'Auvergne. C’est au De Universo et au De Legibus que se trouvent exposées les réfutations fon- damentales de l’'Evêque de Paris, aux théories aristo- téliciennes qu'il ramenait à ces trois « aflirmations essentielles » : La première, c'est que la création tout entière a été faite nécessairement et de toute éternité. La seconde, c’est que Dieu n’a créé directement qu'un être unique; bien que créé, cet être a été à son tour créateur ; l'Intelligence qu’il avait produite a, elle aussi, fait œuvre créatrice, et l'Univers entier a été produit par une suite de créations non pas successives, puis- qu'elles sont toutes éternelles, mais subordonnées les unes aux autres. La troisième, c'est que les âmes humaines, créées par la dixième Intelligence, ne se distinguent point les unes des autres, si ce n’est en raison des corps qu'elles informent ; séparées de ces corps, elles ne forment plus qu'une âme unique. Logiquement liées les unes aux autres, ces trois doc- irines sont trois hérésies redoutables que le chrétien doit combattre avec la dernière vigueur; cette: lutte contre les hérésies aristotéliciennes, il la mènera de pair avec la lutte contre l’hérésie astrologique, qui est venue des pays musulmans en même temps que les trois premières, et qui est soutenue, bien souvent, par les mêmes philosophes; cette dernière hérésie est souve- rainement funeste, car elle supprime le libre arbitre de l'homme, ; La diseussion sur l’Etre et le non-Etre, la Matière et la Forme est longue et abstruse. En voici un pas- sage : « Si comme ils l'entendent, toute chose est ceci et cela, il en résultera que toute matière est ceci et cela, que toule forme est ceci et cela; tout serait ceci et cela, et l’on irait ainsi à l'infini; toute chose serait infiniment multiple; elle serait une infinité de fois ceci et cela ; rien ne serait plus intelligible, définissable ni démontrable ; ce Sage aurait erré d'intolérable façon si le sens de ses paroles était conforme à ce qu'en pen- sent ces gens-là... » Sur l œuvre d'Alexandre de Hales, Duhem s'exprime ainsi : « En réalité, Alexandre de Hales ne croit pas du tout à l'existence d’un Monde idéal éternel, distinct de Dieu, bien que créé par Dieu; il partage pleinement la pensée que Jean Scot, que Guillaume d'Auvergne expriniatent avec tant de force et de clarté. » Robert Grosse Teste, évêque de Lincoln, « avouait à l'égard de la philosophie péripatéticienne une très réelle méliance » ; ses préférences « vont évidemment ! à la méthode platonicienne » et « en fait, ses pensées appartiennent toutes à ce platonisme chrétien que saint Augustin avait inauguré, que Scot Erigène, que Gilbert de la Porrée avaient professé ». Les Questions de Maïtre Roger Bacon remplissent le chapitre x. « Entre la tradition de l’Ancienne scolas- tique latine, fidèle au Néo-platonisme de saint Augus- tin, et l'influence des pMilosophies nouvellement révé- : lées à la chrétienté, il y aura lutte; le principal théâtre de cette lutte sera l'Université de Paris, » Roger Bacon est l’un des plus virulents protagonistes. Il dispute avec ardeur sur la matière, la forme, la quiddité, le prin- cipe d'individuation et, dit Duhem, de « ces débats, un temps devait venir où Bacon les tiendrait pour pures jongleries de mots autour d’une question qu'un homme sensé ne doit pas poser ». Sur l'éternité du Monde, citons ce passage : « L'Aristotélisme aflirme et pré- tend démontrer que le Monde n’a pas eu de commen- cement; le Christianisme enseigne que le Monde a commencé, qu'il y eut une première révolution céleste et un premier homme. » Bacon s’imagina qu'il pouvait « démontrer philosophiquement que le Monde avait! nécessairement commencé » et il prétendit encore « qu’Aristote n’avait jamais eu l’intention de soutenir la doctrine contraire ». Il fut seul de cet avis, Toute- fois « si Bacon était seul à croire qu’'Aristote ‘n'avait pas soutenu l'éternité du Monde, il était, semble-t-il, : de l'avis général, en prétendant que la Philosophie suffit à condamner cette éternité. Aussi entendra-t-on, dans: l'Université de Paris, des murmures, et plus que des? murmures, quand Albert le Grand et Thomas d'Aquin: La foi seule nous peut affirmeront cette proposition : assurer que le Monde a eu un commencement. » Les chapitres x1 et x sont consacrés aux deux docteurs dominicains qui tiennent une place si prépon- dérante dans ces luttes philosophico-religieuses et dans l'esprit de Duhem, particulièrement saint Thomas d'Aquin, Albert le Grand, ainsi surnommé par « la postérité, admiratrice de son savoir encyclopédique », ne fut pas aussi goûté par ses contemporains. Roger Bacon a dit de son œuvre : « C’est la confusion et la destruction de toute science, car les écrits de cet auteur sont remplis d'erreurs etcontiennentune inlinité de choses inutiles... Jamais le monde n'a été abusé à ce point... » Duhem partage un peu l'opinion de Bacon, car il ajoute : « Le jugement que Roger Bacon porte sur Albert le Grand n'est pas, dans sa violence, dépourvu : de perspicacité.., l’auteur s'y montre comme un homme prodigieusement laborieux... mais son œuvre n'a rien d'une synthèse où les doctrines, disparates en appa- rence, se trouveraient véritablement réduites à l'unité logique, Compilateur clair, consciencieux et complet, c’est vraiment le titre que mérite Albert ; c'était d’ail- leurs le seul qu’il ambitionnât, » Albert présente son œuvre en ces termes : « Dans la science de la Nature, notre intention est de donner sa- tisfaction, autant qu’il est en notre pouvoir, aux Frères de notre ordre... BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 321 « La Philosophie réelle, c’est-à-dire celle qui n’est pas causée en nous par notre œuvre propre, comme est pro- duite la seience morale, se compose de trois parties : ce sont : la Philosophie naturelle ou Physique, la Mé- taphysique et la Mathématique. Notre intention est de rendre intelligibles aux Latins toutes les parties de cette Philosophie réelle, » Albert le Grand n'a pas entièrement accompli sa promesse ; il n’a pas traité les sciences mathématiques; il est permis d'ailleurs de douter, avec Roger Bacon, qu'il fût en état de la mener à bien; mais il a exposé tout ce qu’en son temps comprenaient la Physique et la Métaphysique. Il ne serait pas tout à fait exact, selon Duhem lui- même, de regarder Albert le Grand comme un simple compilateur. Tout en dissimulant ses préférences et s'efforçant de rapporter le plus fidèlement possible l'opinion de ses devanciers, ilest visible qu’il est dis- ciple d’Aristote plutôt que de Platon et qu'il est souvent fort perplexe devant les conclusions contraires de la Théologie et du Péripatétisme. « Les théories théologi- ques n’ont, dit-il, avec les systèmes philosophiques aucun prinéipe qui leur soit commun. La Théologie, en effet, est fondée sur la révélation et l'inspiration, non pas sur la raison. Nous ne pouvons donc, en Philoso- phie, discuter de questions théologiques. » Il y a ainsi deux doctrines pour Albert: « Lorsqu'il enseigne à titre de théologien, il déclare faux et jette par-dessus bord tout ce qu'il avait enseigné comme philosophe, » En Philosophie, Albert déclare : « Le physicien doit démontrer ce qu'il avance par les méthodes qui sont propres à la Science qu’il a l'intention de considérer, ou bien il doit se taire... Le philosophe ne doit rien imaginer niaflirmer qu'ilne puisse démon- trer par raison. » Ecoutons encore le théologien sur le mouvement des Cieux. Les philosophes arabes ayant donné une âme pour moteur aux cieux, comme il y a incompatibilité avec le dogme révélé, Albert le Grand écrit: « Mais que tout cela ne soit qu'une maudite erreur, cela se voit clairement par cette parole de saint Jean Damascène, qui dit au chapitre vi de son second livre : « Que nul n’aille attribuer une âme aux cieux et « aux astres, car ils sont inanimés et insensibles. » Je crois done plus vrai de dire que les cieux se meuvent seulement par l’ordre et la volonté de Dieu... » La lecture des traités d'Albert le Grand laissait l’es- prit du lecteur dans une étrange perplexité. Fallait-il reconnaître l'existence de deux vérités indépendantes l’une de l’autre, l’une fondée sur les raisons des Philo- sophes, l’autre établie sur l’enseignement de l'Eglise, toutes deùx également certaines, ayant droit toutes deux à l’acquiescement de nos intelligences, même lors- qu’elles se contredisent formellement l’une l’autre ? L'Œuvre de saint Thomas d'Aquin, c’est, semble-t-il, l'effort tenté par l’âme chrétienne pour sortir de la pé- rilleuse situation où l’œuvre d'Albert le Grand l'avait placée. Thomas d'Aquin admet, comme son Maitre, qu'il existe une vérité philosophique s’établissant par voie de raisonnement, sans rien emprunter aux méthodes de la Théologie; il admet également qu'une autre vérité réside dans les enseignements de l'Eglise, « mais il est convaincu que ces deux vérités ne se peuvent opposer l’une à l’autre, qu'elles se doivent, au contraire, accor- der de la plus harmonieuse façon ; et tous ses efforts, peut-on dire, vont à faire taire les dissonances qui nous empêcheraient de percevoir l’accord entre la Philosophie péripatéticienne et le Dogme catholique ». Pour atteindre ce but, Thomas d'Aquin va donc re- prendre la diseussion de toutes les idées philosophiques de l’époque. Il commente l'Essence et l'Existence, Dieu et la Création, développe la théorie des Idées, le prin- cipe d’individuation, disente sur la matière et la forme, sur la Nature, les moteurs des cieux, l'éternité du monde et la Création, et l’ensemble de son œuvre forme le Thomisme que Duhem apprécie en ces termes : « Si, par Thomisme, on veut entendre une- doctrine une et co- ordonnée qui appartienne en propre à saint Thomas d'Aquin, soit par les principes dont elle découle, soit par l'ordre qui en réunit et compose les diverses par- ties, nous pouvons, croyons-nous, formuler hardiment cette réponse : Il n’y a pas de philosophie thomiste. « Dans l'œuvre philosophique du Doctor Communis, nous n'avons pas rencontré une seule proposition quel- que peu notable dont nous puissions attribuer la pater- nité à ce Maitre ; il n’en est pas une au bas de laquelle nous ne puissions inscrire le nom de l’auteur à qui elle a été empruntée... La vaste composition élaborée par Thomas d'Aquin se montre done à nous comme une marquetterie où se juxlaposent, neltement reconnais- sables et distinctes les unes des autres, une multitude de pièces empruntées à toutes les philosophies du Paga- nisme hellénique, du Christianisme patristique, de l'Is- lamisme et du Judaïsme,Le Thomisme n’est donc pasune | doctrine philosophique; il est une aspiration et une tendance; il n’est pas une synthèse, mais un désir de synthèse... Son désir de synthèse est si grand qu'il aveugle en lui le discernement du sens critique. Il nelui vient pas à l'esprit que, de quelque manière qu'on les découpe et disloque, les doctrines d'Aristote, du Livre des causes, d’'Avicenne,n'arriveront jamais à se raccorder les unes aux autres, qu'elles sont radicalement hétéro- gènes et incompatibles, et surtout qu’elles sont inconci- liables avec la foi chrétienne... » Le chapitre xnr, avec Siger de Brabant, termine le tome V. « Siger de Brabant excelle à montrer comment un esprit qui fait abstraction de tout l'enseignement catholique pour se metttre à l’école des seuls philoso- phes del’Antiquité, ne peut pas ne point aboutir à des propositions directement contraires à Ja foi. L’incom- patibilité du Dogme chrétien et des principes péripaté- ticiensse manifeste avec éclat dans ses écrits... Siger de Brabant n’a pas prétendu qu'il enseignaïit la vérité à ses contemporains, mais seulement qu'il leur exposait la pensée d'Aristote. Pour Duhem : de tous les auteurs du x siècle, Siger de Brabant est le seul qui nous présente l’authentique pensée d’Aristole sans mélange, sans déformation, sans réticence, Dans les écrits d'Albert le Grand et plus encore dans ceux de saint Thomas d'Aquin, le Péripatétisme se montrait atténué, imprégné de Néo-platonisme, dépouillé de ses thèses essentielles : il semblait qu'il fût possible de le concilier avec l'enseignement de l'Eglise catholi- que. Ceux qui, comme Siger de Brabant, se sont mis à l’école d’Averroës, ont restauré ce Péripatétisme altéré ; au système d’Aristote ils ont rendu sa rigidité logique. A la vue de cet Aristotélisme qui se montrait à elle sans déguisement et tout nu, la Scolastique chrétienne comprit quelles seraient les conditions du vainqueur si elle se laissaitconquérir par cette doctrine, Il lui faudrait déclarer faux tout l’enseignement de l'Eglise catholi- que, ou bien il lui faudrait admettre que deux doctrines contradictoires peuvent être également vraies, l’une parce qu’elle est enseignée par l'Eglise, l'autre parce qu’elle est démontrée par la raison des Philosophes; il lui faudrait, en un mot, sacrifier sa foi ou son bon sens. Son parti fut vite pris, elle sacrifia la philosophie paienne., » Aussi bien édité que les précédents, par MM. Hermann et fils, ce tome V est d’une'lecture ardueet souvent dif- ficile avec nos préoccupations du jour. Il nous initie, avec une grande richesse d’information, à la pensée phi- losophique du Moyen Age, mais sans accroître nos con- naissances sur le Monde. Nous sommes encore bien loin de Copernie ! Au tome IV, Duhem nous a montré la nécessité d'une Révolution théologique! pour arriver aux lois de l'Univers. Le tome V ne nous-confirme pas seulement cette nécessité, Par le tableau vivant et vi- goureusement accentué des discussions intellectuelles entre les plus grands esprits de l'époque, il nous fait sentir encore plus profondément quel effort de génie Copernic et ses successeurs devront dépenser pour 1. Voir Revue générale des Sciences, 28° année, p. 314. 322 accomplir la Révolution scientifique du xviesiècle. Mais quel historien nous ressuseitera Duhem ? Il est rarement d'accord avec ses prédécesseurs et il justifie ses juge- ments par des arguments qui ne sont point à la portée de chacun. Son œuvre elle-même ne nous découvre-t-elle pes de longues éclipses entre le maître et les disciples, entre Aristote et Averroès ? Etn'y a-til pas, dans cette rupture brutale d’une œuvre en gestation, une image mélancolique de la fragilité de nos efforts, de la lenteur inexorable imposée à la marche de la Vérité et qui ajoute encore, si possible, aux regrets causés par l'im- placable Destin! À. LEBEUF, Correspondant de l’Institut, Directeur de l'Observatoire de Besançon, 2° Sciences physiques Gauthier (H.), S. J/., Directeur de l'Observatoire de Zikawei. — La température en Chine et à quel- ques stations voisines (d’après les observations quo- tidiennes, compilées par). Tome [ : Introduction. Tableaux quotidiens (/anvier-avril); tome 11: Ta- bleaux quotidiens (mai-septembre); tome III : Ta- bleaux quotidiens (octobre-décembre). — Appen- dice. — 3 vol. in-quarto de ÀLVIII-784, pages avec XIX diagrammes hors-texte. Publications de l'Obser- vatoire de Zihawei, Imprimerie de la mission catholi- que, Orphelinat de T'ou-sé-wé, près Shangaï, 1918. Cet important travail comprend en réalité trois par- ties. La plus volumineuse, qui est désignée par le titre de l'ouvrage, est constituée par des éphémérides très complets des valeurs moyennes et extrêmes de la tem- pérature ainsi que des phénomènes météorologiques exceptionnels observés dans 100 stations réparties sur toute l’étendue du territoire chinois et les pays voisins; elle comprend près de 400 tableaux, un pour chaque jour de l’année, un par mois et un pour l’année entière, dans lesquels on a porté en regard des noms des sta- tions, classées par ordre de latitude décroissante, d’abord les moyennes brutes, les moyennes ramenées à la nor- male et les moyennes calculées de la température, puis les moyennes des températures maxima, celles des tem- pératures minima et les amplitudes thermiques, enfin les températures extrêmesobservées,le nombre d’années d'observations et l’indication du début de la série; on y a ajouté-une comparaison des observations de l’année 1916 avec les normales et enfin les phénomènes particu- liers qui ont été consignés sur les registres d'observa- tions ou quirésultent de la comparaison des différentes journées à la journée normale. Depuis l’ouvrage du D’ Fritsche : « The Climate of Eastern » (1877), qui ne contenait que les observations de 15 stations en Chine, c’est le premier essai de grou- pement d'un aussi grand nombre d'observations rela- tives à cette région couvrant une aussi longue durée, La grande difficulté d’une telle entreprise est d’ob- tenir des observations faites dans debonnesconditions. L'auteur indique les précautions prises par les obser- vateurs bénévoles pour assurer l'exactitude des tempé- ratures qu'ils notaient : emploi de thermomètres bien construits, comparaisons fréquentes avec des étalons, vérifications annuelles du zéro de l'échelle; il cons- tate que l'abri thermométrique du genre « Stevenson » n’est pas suflisamment protecteur des réverbérations et de l’échauffement et que l’adjonction au toit d’une troi- sième feuille perforée n'a pas été faite partout; enfin, le changement d’observateur a été suivi quelquefois d'é- carts sensibles dans la valeur des observations. Malgré ces défectuosités difficiles à éviter, auxquelles il faut ajouter le nombre trop petit d'années d'observations pour quelques stations, les moyennes fournies ne s'é- cartent guère de plus d'un degré des valeurs réelles, et les résultats publiés constituent une première approxi- mation vraiment sérieuse de la température observable dans l'étendue du territoire chinois, L'Introduction n'est pas moins intéressante que les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX éphémérides. L'auteur expose les tentatives qu’il a faites pour. formuler devant le lecteur le problème qu'il s’est posé à lui-même :« Y a-til un parallélisme entre la quantité de chaléur théorique Q fournie par le Soleil, à notre latitude, et la température T enregistrée, de fait, à Zikawei? Ce parallélisme n'étant pas parfait, l'au- teur, après avoir établi les témpératures moyennes de l'air à 1 m. 5o au-dessus du sol, et utilisant les valeurs de Q fournies par la méthode établie par M. A. Angot, Directeur du Bureau Central Météorologique, a tenté de déterminer l'effet causé sur l’action calorilique solaire par l'absorption atmosphérique au moyen des obser- vations de l’actinomètre Arago-Davy, de l’héliographe enregistreur Jordan, et des observations de nébulosité; il a pensé également à rechercher l'influence du sol sur la température, celle de l'absorption de la chaleur par l’acide carbonique, l'ozone et la vapeur d’eau, celle de la pression, du vent et de l’évaporation, Constatant la régularité des courbes des moyennes mensuelles obte- nues pour ces différents éléments à Zikawei, l’auteur les a représentées au moyen des formules de Fourier, puis il a cherché comment les courbes représentatives de ces différentes grandeurs peuvent être combinées entre elles pour être amenées, au moyen d’une échelle convena- blement choisie, à produire une courbe résultante aussi proche que possible de la courbe expérimentale four- nie par les seules moyennes thermométriques men- suelles, Le résultat des calculs dont tous les éléments sont donnés fournit une courbe dont la comparaison avec celle donnée par les températures moyennes mon- tre que les résidus sont peu importants, Enfin, des résumés mensuels très condensés donnent une description très claire de l'état général de la si- tuation atmosphérique sur le continent asiatique, de ses variations au cours de l’année et des différents ca- ractères du temps quien découlent sur les différentes parties du territoire asiatique. L'ouvrage constitue un ensemble de renseignements très détaillés et suffisamment précis qui sera consulté avec profit par toutes les personnes ayant quelque in- térêt à connaitre les éléments thermiques des divers climats de la Chine. G. BARBÉ. Carré (Pierre, Professeur à l'Ecole des Hautes Etu- des commerciales.— Précis de Chimie industrielle. — 1 vol. in-8° de 976 p. avec 220 fig. (Prix : 16 fr. 50). J. B, Baillière et fils, éditeurs, Paris, 1918. Dans cet ouvrage, d’un caractère élémentaire, l’auteur a eu pour but d'exposer les propriétés et usages et la fabrication industrielle des substances chimiques les plus importantes. Voici un aperçu des principaux sujets traités : eau, glace et air liquide; combustibles; grande industrie chimique; métallurgie; matériaux de construc- tion; petite industrie chimique; couleurs minérales, peintures et vernis; distillation du bois et du goudron de houille; matières colorantes organiques, teinture et impression; produits pharmaceutiques; huiles essentiel- les; poudres et explosifs; produits photographiques; hydrates de carbone et leurs produits de fermentation; corps gras, savons, bougies; matières textiles et plasti- ques; cuirs et peaux; caoutchouc et gutta-percha; colles et gélatines. L'ouvrage est, en général, bien au courant des der- niers progrès de l'industrie chimique et rendra service à tous ceux qui désirent s'initier rapidement aux prin= cipales opérations de la Chimie industrielle, Férasson (Louis), ancien élève de l'Ecole Polytech- "nique. — L'industrie du fer. — 1 vol. in-16 de 219 p.de la Bibliothèque politique et économique(Prix : 4 fr. 50). Payot et Cie, éditeurs, Paris, 1918. Le petit ouvrage de M. Férasson permet de se faire une idée assez claire de ce qu'est l'industrie du fer, Après une définition des différents produits sidérur- giques, l'auteur s'occupe des matières premières utilisées, puis des divers procédés de fabrication, du travail du BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX métal et des principaux emplois des produits sidérur- giques. L'ouvrage se termine par une partie statistique très complète de la métallurgie du fer et de sa situation en France. M, DESMARETS, 3° Sciences naturelles Suess (Ed.).— La Face de la Terre (DAs ANTLITZ DER ErDE). Traduit sous la direction de M. Em. DE Man- GertE. Tome 111, 4° partie (fin). Avec un Epilogue de M. P. Termier, de l'Académie des Sciences, et les Ta- bles générales de l'ouvrage.— 1 vol. gr. in-8° de XVI1- 364-958 pages, avec 2? cartes en couleurs, pl. et115 fig. {Prix : 25 fr. Majoration temporaire de 20°/,). Li- brairie Armand Colin, Paris, 1918. Le dernier fascicule de la traduction française de l'ouvrage magistral d'Ed. Suess : Das Antlit: der Erde — dont la publication avait été retardée par la guerre — vient enfin de voir le jour. Ainsi s'achève le tra- vail entrepris il y a plus de 20 ans par M. Emm. de Mar- gerie et poursuivi depuis lors avec une inlassable per- sévérance. Non seulement ce dernier a su rendre avec + une scrupuleuse fidélité le texte du Maitre, mais encore il l’a enrichi d'innombrables notes, cartes ou coupes qui font de Za Face de la Terre un ouvrage plus com- plet et plus compréhensible que l'Antlitz, Et il a par là justement mérité l’unanime reconnaissance de tous les géologues qui parlent notre langue, Dans un Zpilogue qui est le digne pendant de la Pré- face écriteen 1897 par Marcel Bertrand pour le premier volume de l'édition française, M. P. Termier a porté, sur l’ensemble de l’œuvre de l’illustre géologüe vien- nois, un jugement dont nous reproduirons quelques passages : C « La Géologie a marché d’un pas bien rapide depuis qu'Edouard Suess a écrit, en 1882, le premier volume de Das Antlitz der Erde, et mème depuis qu’il a dicté, en 1908 et 1909, les dernières pages du livre. Mais, directe- ment ou indirectement, il æsa part, souvent prépondé- rante, dans toutes les récentes découvertes, soit parce qu’il les a prédites, soit parce qu’elles sortent nécessai- rement des idées qu’il a semées, soit parce que les géo- logues auxquels nous les devons sont ses disciples et ont pris à son école, avec la méthode exacte et féconde, le bel enthouiasme qui fait les savants perspicaces etles novateurs heureux, La synthèse de notre globe, telle qu’elle est réalisée dans La Face de la Terre, n’est pas absolument définitive; aucune question n’est complète- ment résolue; aucun mystère n’est supprimé; le nombre des problèmes n'a fait que s'accroître au fur et à me- sure que s’étendait la connaissance. Mais les grandes lignes sont désormais tracées du visage terrestre; et cette ébauche, ‘exécutée par la main d’un maitre, gar- dera sa vigueur et ses principaux traits sous les retou- ches successives... « Livre extraordinaire, vraiment, et qui, dans son en- semble, ne peut pas être trop loué; livre ou chaque géo- logue vient, quand il est désorienté, retrouver saroute, et, quand il est fatigué, ranimer son énergie; livre don- neur de elartés, excitateur d'enthousiasmes, inspirateur d'hypothèses fécondes, guide et soutien de l'observa- teur dans sa pénible marche à la conquête des phéno- mènes; grenier d'idées, et trésor de résultats acquis; école, tout à la fois, de hardiesse et de prudence; livre 1. Rappelons les volumes précédemment parus: Tome I : Les Montagnes ; in-8° de XV-835 p. avec 2 cartes en cou- et 122 fig. (Prix : 20 fr.). — Tome Il: Les Mers; in-8° de 878 p. avec ? cartes en coul. et 128 fig. (Prix : 25fr.). — Tome IN : La Face dela Terre; 1'* partie : in-8° de XII- 350 p. ayec 2 cartes en coul. et 94 fig. (Prix: 15 fr.); 2e par- tie : in-8° de XI1-426 p. avec ? cartes en coul. et 124 fig. (Prix : 12 fr.); 3° partie: in-8* de XI1-404 p. avec 1 carteen coul., 2 pl. et 92 fig. (Prix : 12 fr.) [Majoration temporaire de 20*/, sur les prix marqués] 323 qui fait, à nos yeux, le monde plus vaste, la Terre plus éclairée et mieux comprise, et dont la lecture nous laisse une impression non pareille, l'impression d’une « Invitation au voyage », captivante et berceuse, mur- murée par une voix très douce et nous entrainant à parcourir la Création enchanteresse, « Il est divers, ce livre; et il est un. Commencé avant 1880, achevé en 1909, son élaboration a pris plus de trente années d'une vie incroyablement laborieuse : d'où sa diversité, qui est comme un raccourci des trans- formations et des progrès de la Science pendant ce tiers de siècle. Il est un, néanmoins : non seulement par le style, qui n’a point changé et qui a, tout au long du livre, la même gravité majestueuse, la même plasticité, la même sérénité; mais aussi par les idées générales, qui, presque toutes, datent de la jeunesse de l’auteur. Il expose l’histoire de la Géologie, dans le passé, et ïl semble la prophétiser, dans l'avenir. Quand on lit les derniers chapitres, ceux que contient l’ultime fascicule, on a la vision anticipéede la Géologie de demain, de la Géologie à laquelle seront conviés les jeunes hommes quand la Paix bienheureuse aura étendu sur l'Europe son ombre réparatrice, » MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE. —Statistiqueagri- cole annuelle (1916). — 1 vol. in-S° de 420 p. (Prix : 2 fr. 50). Imprimerie nationale, Paris, 1918. L'intérêt que présente cet ouvrage n’est pas discutable: c’est un état d'ensemble, pour l’année 1916, en pleine guerre, de notre production agricole. Les chiffres qui s'y rapportent ont donc une importance considérable non seulement pour l’agronome et l’'économiste, mais encore pour l'historien. La France, dévastée dans ses riches provinces du Nord, n’a produit que 55.767.320 quintaux de froment en 1916, alors que pendant les années de paix la pro- duction s'élevait, en 1907, jusqu’à plus de 103 millions de quintaux. Ce simple exemple suffirait à prouver que nous devons être intransigeants sur les réparations à exiger de notre barbare envahisseur. MORE 4° Sciences médicales Dumas (Georges) et Aimé (Henri). — Névroses et psychoses de guerre chez les Austro-Allemands. 1 vol. in-16 de 243 p. (Prix : 6 fr. 60). Librairie Félix Alcan, Paris, 1918. Ce volume est consacré à l'analyse et à la critique sommaire de trois rapports d'ensemble écrits à Berlin par K. Birnbaum; ces rapports résument eux-mêmes les 360 publications parues sur le sujet en Allemagne jusqu’en mars 1916. Georges Dumas et Aimé attirent l'attention sur l'insuflisance de certaines distinctions ou théories; telle par exemple l'identification de la con- fusion mentale avec l’hystérie, qui obscurcit considéra- blement l’exposé de l’auteur allemand. — On lira avec curiosité certaines interprétations dont la pauvreté ne peut manquer d’apparaître : c'est ainsi que les Alle- mands expliquent le nombre relativement faible d’acci- dents nerveux ou mentaux observés dansleurs troupes en campagne, par la supériorité neuropsythique des ra- ces germaniques; quant à la cause de l'excellente santé nerveuse des prisonniers, il faudrait la rechercher dans l'hygiène publique et morale, et dans la diète noc- turne auxquelles ils étaient astreints! — Au reste les faits observés par les auteurs allemands, et qui ont trait aux modifications de la psychologie normale et patho- logique des populations civiles et militaires pendant la guerre, à la neurasthénie de guerre, aux accidents neuropsychiques et aux troubles psychogènes (névroses de peur, névroses traumatiques, états hystériques), ne diffèrent en rien d'’essentiel des faits observés par les neurologistes français sur les troupes alliées, =. HT eo [Se] rs ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 22 April 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. A. Guldberg : Sur la loi des erreurs de Bravais. L'auteur montre que la méthode des probabilités continues introduite par M. Bachelier conduit immédiatement à la loi de Bravais pour l’espace à p dimensions. 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. Picon : De l'action de l’'acétylène monosodé sur quelques éthers halogénés des alcools secondaires, Contrairement à ce que l’on observe dans l’action de l’acétylène monosodé sur les éthers halogénés des alcools primaires normaux, il nese forme pas, avec les iodures des alcools secondaires et ter- tiaires, de carbures acétyléniques vrais par fixation du radical — C — CH. Ces dérivés halogénés donnent nais- sance à des carbures éthyléniques par élimination d’une moléculed’'hydracide, fait vérifié pour les iodures d’isopropyle, de butyle, d'hexyleet d'octyle secondaires et aussi pour les iodures de butyle et d’amyle ter- tiaires. 3° ScrENCES NATURELLES. — M. J. Amar :2acourbe de ventilation pulmonaire. L'auteur a reconnu que la respi- ration à un débit croissant avec le degré de fatigue, le- quel atteint, dès la 3e minute, mais sans la dépasser, 21 litres par minutes et revient à la valeur du repos (7 litres environ) 4 minutes après la cessation de tout exer- cice. Le débit est constant durant la période de régime et révèle une activité normale. Celle-ci exige des repos de 4 minutes. après 30 minutes au moins. Seance du 28 April 19149 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. H. Parenty : Présentation d'un modèle réduit du compteur de vapeur. Cet appareil utilise une perle de charge imposée à l’affluent de vapeur par un rétrécissement de la con- duite. Deux manomèêtres donnent la pression initiale et la dépression. Le piston du premier, la cuvette mer- eurielle du second, sont suspendus à deux leviers cou- dés munis de contrepoids, dont les bras s’entre-croisent et supportent en leur point de rencontre un troisième levier. Ces trois leviers concourants tracent sur un tambour les diagrammes de la pression, de la vitesse en eau et enfin du débit en poids, débit totalisé par la rou- lette d’un intégrateur. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Aug. Righi : L'expé- rience de Michelson et son interprétation. Ayant refait, par l’emploi du principe de Huyghens, la théorie de l’ex- périence de Michelson, l’auteur a reconnu que, contrai- rement à la prévision généralement encore admise, rien ne doit changer dans le phénomène optique lorsqu'on fait tourner de 90° l'appareil. La prévision de Michel- son reste valable si l'angle des miroirs n’est pas de go°, et de 45° ceux des miroirs avec la lame demi- argentée, — M. R. Biquart : Sur une modification à la méthode fluorométrique de mesure des rayons X, et son application à la mesure du rayonnement des ampoules Coolidge. L'auteur substitue à l'écran épais au platino- cyanure de baryum généralement employé un nombre suflisant d'écrans minces (0,2 mm.). l'énergie du rayon- nement incident est alors évaluée en fonction de la somme des éclats des écrans successifs. Le nombre de ces écrans doit atteindre 40 pour absorber les rayons très durs d'une manière pratiquement complète, Par celte méthode, l'auteur a reconnu que la somme des éclats des écrans successifs superposés en nombre suf- fisant pour absorber tout le rayonnement d'une ampoule Coolidge varie comme le cube du voltage moyen des ondes. — M. M. de Broglie :‘Spectroscopie des rayons X, Sur le spectre d'absorption L du radium. En déterminant le spectre d'absorption pour les rayons X du sulfate de radium solide contenu dans un tube de verre capillaire placé devant la fente du spectrographe, l'auteur a obtenu très nettement la bande d'absorption L, du radium, dont la discontinuité se place à la longueur d’onde 1 — 0,659.10—8 cm., assignant au radium le nombre atomique N — 88, en bon accord avec les prévisions. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. J. Bourcart : Sur lu présence du Priabonien dans la région de Salonique. L'auteur a observé au sud du lac de Doiran un niveau de roches calcaires horizontales, en discordance sur le Crétacé à Rudistes, dont la faune, déterminée par M. Douvillé, appartient au Priabonien. C'est la pre- mière fois que l’'Eocène supérieur marin est signalé aussi au sud dans l’est de la Péninsule des Balkans. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 15 Avril 1919 Suite dela discussion sur la déclaration obligatoire de la tuberculose. M. Cadiot estime que, dans la lutte contre la tuberculose, on a jusqu'à présent trop insisté sur le danger de la contamination de l’homme par les animaux, et, pas assez sur celui de la contagion inter- humaine. M. À. Pinard est partisan de la déclaration obligatoire, quiaura pour conséquence d'assurer à tous les malades atteints de tuberculose ouverte non seu- lement les soins dont ils auront besoin, mais encore et surtout d'assurer le nécessaire à leur famille ou à tous ceux dont ils sont le soutien, M. Vaillard rappelle le vote de l’Académie de 1913 pour la déclaration obliga- toire et demande à celle-ci de ne pas se déjuger aujour- d'hui. M. G. Hayem ne pense pas qu'il soit nécessaire d'imposer aux médecins l'obligation de déclarer les cas de tuberculose ouverte conslatés dans leur clientèle. IL suffirait : 1° d'engager les tuberculeux semi-valides et simples tousseurs habituels à s'adresser aux dispen- saires, dont les médecins, après diagnostic précis, déter- mineront le mode de traitement applicable à chaque cas particulier; 2° de laisser aux médecins des malades le soin de faire la déclaration quand ils la jugeront op- portune; 3° de prescrire la déclaration immédiate aux dispensaires des cas aigus nécessitant d'urgence l’hospi- talisation. IL faudrait d'autre part augmenter les lois ayant pour but de prévenir l’éclosion de la maladie, et en assurer l'application stricte (lois contre les logements insalubres et contre l'alcoolisme). — M. Capitan: La méningite de la grippe. Dans tous les cas de grippes extrêmement graves, sauf rares exceptions, l’auteur a observé des symptômes très marqués de méningite, en rapport avec des lésions typiques à localisation basale. Malgré cette extrême gravité, la médication colloïdale arsénio-argentique lui a permis d'obtenir la guérison dans près des deux tiers des cas. — M. E. Léger : Sur la solution injectable de benzoate de mercure, On a cons- taté que les solutions dans lesquelles le benzoate de mercure est dissous à l’aide de NaCI (pour faciliter son injection) ne renferment pas trace de mercure à l’état de benzoate, mais sont constituées par un mélange de bichlorure de mercure et de benzoate de sodium. Il sem- ble donc inutile de se donner la peine de préparer du benzoate de mercure, et l'auteur propose de remplacer la solution habituelle par la suivante : HgCL, Go egr.; NaCI pur, 2,25 gr.; benzoate de sodium, 70 egr.; eau distillée, q.s. pour 100 em, : Les expériences compara- tives ont montré que la nouvelle solution injectable æ le même pouvoir thérapeutique que l’ancienne. MM. Ch. Richet fils et M. Mignard : Le syndrome d'hypotrepsie chez les prisonniers français rapatriés d'Allemagne. L'étude de nombreux rapatriés civils et militaires, évacués ou évadés d'Allemagne et rentrés à pied en France par le secteur sud de la frontière belge, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES a permis aux auteurs d'observer un certain nombre de symptômes rares ou inconnus en temps normal chez l'adulte. Ces symptômes semblent liés à une alimentation physiologiquement mauvaise etréalisent un véritable syndrome d'hyponutrition ou mieux d'hypotrepsie, Trois signes dominent le tableau clinique : amaigrisse- ment, anémie et diarrhée; secondairement, on note des lésions infectieuses dela peau, de la mélanodermie, des déformations osseuses des doigts, de la bradycardie, de la pollakiurie, de la faiblesse irritable, Chez les prison- niers les mieux nourris, la ration ne dépassait pas 2,050 calories par jour, avec 65 gr. d’albumine, 350 gr. d’hydrates de carbone et 30 gr. de graisse, quantités manifestement insuflisantes, Seance du 22 Avril 1919 M. le Président annonce le décès de M. Fernet, membre de l’Académie. MM. Sacquépée et V. de la Vergne: Diagnostic pa- thogénique précoce de la gangrène gazeuse. Les auteurs recommandent, lorsque l'examen clinique ne suflit pas pour reconnaitre lequel des agents pathogènes est en cause, l'épreuve biologique des cobayes protégés, basée sur les principes suivants : On sait que tout tissu gan- greneux en évolution est pathogène pour le cobaye; d’au- tre part, le cobaye peut être protégé contre l’action pa- thogène des trois germes essentiels : Bac. bellonensis, Bac. perfringens, vibrion septique. Dès lors, si à trois animaux traités chacun par un sérum spécifique respec- tivement contre chacun des germes précédents on ino- cule un produit gangreneux, seuls devront réagir les animaux non immunisés., Au contraire, l'animal immu- nisé ne réagit pas; en même temps il indique à la fois l'agent pathogène présent et le sérum à utiliser. — MM. E. Marchouxet Klotz : Vaccination jennérienne dans les usines de guerre de la région parisienne. Sur les prescriptions du Service de Santé, les auteurs ont pro- cédé en 1917 et 1918 à la revaccinalion de tout le per- sonnel militaire et en partie civil employé dans les usi- nes appartenant à l'Etat ou travaillant pour la Défense nationale. 1l a été pratiqué, dans le territoire du Gou- vernement militaire de Paris, 306.587 vaccinations, qui ont donné lieu à 224.168 vérifications; celles-ci ont permis de constater 52 0/, de succès. Les ouvriers civils vaccinés depuis plus longtemps que les militaires ont manifesté une sensibilité plus grande et qui croissait avec leur âge, Les femmes, qui moins souvent que les hommes subissent la revaccination, ont fourni un pour- centage remarquable de succès. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Seance du 12 Avril 1919 MM. Ameuille et M. Sourdel: Ælimination paral- lèle de l’iodure de potassium par l'urine et par la salive. L'iodure de potassium injecté dans les veines s'élimine parallèlement par l'urine et par la salive chez le sujet sain. Dans le cas d’insuflisance rénale, il n’y a pas plus d'élimination salivaire qu'urinaire. IL semble que l’io- dure soit fixé et retenu par les tissus. — M. G. Linos- sier : Vitamines et champignons. L'Oidium lactis, bien que capable de se développer sur des milieux exclusi- vement constilués par deS substances minérales addi- tionnées d’un aliment hydrocarboné simple, est sen- sible à l'action des vitamines, Si la semence est suflisamment affaiblie, l'organisme est devenu incapa- ble de se développer dans un milieu avitaminé. À un degré moindre d’affaiblissement, ‘la croissance est plus ou moins ralentie par l'absence de vitamines. Dès que, après un début diflicile, la végétation est mise en train, elle se poursuit aussi facilement que dans un liquide vitaminé. — MM. G. Labbéet M. Vitry: Attion du corps thyroïde sur le métabolisme du glucose. Des injec- tions intraveineuses d’une solution de glucose furent faites à des lapins, puis le glucose dosé dans l'urine, Les expériences ont porté sur des lapins normaux, des lapins éthyroïdés, et des lapins auxquels on faisait ingérer du corps thyroïde. L’ingestion du corps thyroïde ne modifie pas sensiblement la quantité de glucose que peut fixer le lapin. L’ablation du corps thyroïde, au contraire, a augmenté légèrement la glycosurie, — MM, P. Carnot et L. Gérard : Action de l'uréase en injec- lions intraveineuses ‘chez le chien. I] se produit après quelques minutes une agitation extrême, des convul- sions cloniques et toniques, puis le coma et la mort. L'uréase est retrouvée active dans le sang et le foie. L'urée diminuerapidement du sang, du foie et del’urine; il se produit une certaine quantité d'ammoniaque, — M.F, Maignon : /nfluence de la carence sur les expé- riences d'alimentation à l'aide de produits purs. I ré- sulte d'expériences d'alimentation à l’aide de produits purs effectuées sur le rat blanc, que les graisses inter- viennent dans l’utilisation des albuminoïdes en atté- nuant leur toxicité et en augmentant leur rendement nutritif, ce que les hydrates de carbone sont impuis- sants à réaliser. Ces recherches n’ont pu être faussées par la carence, car les résultats ont été recueillis au cours de la période latente pendantlaquelle l’utilisation des principes alimentaires n’est pas encore troublée par l’avitaminose, — M. F. Maignon : Bases physiologi- ques du rationnement.Toute ration doit posséder le mi- nimum de graisse nécessaire pour l’utilisation économi- que et non toxique de l’albumine qu’elle contient. Le rapport adipoprotéique devient un des facteurs essen- tiels du rationnement.Pour l'ovalbumine et le saindoux chez le rat blanc, il doit être au moins égal à l’unité.Or dans l'alimentation naturelle des jeunes animaux, mam- mifères à la mamelle, et oiseaux pendant la période fœtale, ainsi que dans l'alimentation carnée chez l'a- dulte, ce rapport est très voisin de l'unité. — M.F. Vilès : Sur la signification des dosages bactériens. L'au- teur montre que, lorsqu'on emploie, suivant lacoutume courante, des émulsions bactériennes dosées en nom- bre de bactéries par cm*, on peut s'exposer à des va- riations fortuites du simple au double ou même au triple dans le poids sec total correspondant des bactéries uli- lisées, et à plus forte raison dans les quantités réelles de substance en jeu.— M. F. Ladreyt : Le chondriome des cellules adipeuses. Le chondriome des adipocytes est constitué par des mitochondries et des chondriocontes bacilliformes dont le développement est fonction de l’activité sécrétoire des cellules connectives. Par disso- ciation probable de leur complexe albuminoïde-lipoïdes, les mitochondries et les bâtonnets se transforment en vacuoles à lipoïdes qui, à leur tour, évoluent en vésicu- les. Les adipoeytes migrateurs présententdes mitochon- dries « neuves » destinées, vraisemblablement, à réap- provisionner les cellules carencées, en particulier les éléments reproducteurs, en organiles de synthèse, SOCIÈTÉ FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 4 Avril 1919 M. M. de Broglie : Remarques sur les droites repré- sentant la loi de Moseley, La loi de Moseley, relative aux spectres de haute fréquence des éléments, s'exprime par la relation : (1) V>— aN + b, étant la fréquence correspondant à une ligne spectrale déterminée, dont on suit les homologues à travers les spectres des diffé- rents éléments, et N le rang de l'élément dans la série périodique. Jusqu'ici toutes les raies et tous les repères spectraux, bandes critiques d'absorption, etc., parais- sent suivre cette loi, au moins en première approxima- tion; les points obtenus en portant en ordonnées V> et en abscisses N se rangent sensiblement sur une ligne droite. D'autre part, l'expérience a montré (et les théo- ries de Bohr et de Sommerfeld rendent compte de ce fait) que, dans un même spectre, les fréquences présen- tes ont entre elles certaines relations, notamment des relations linéaires telles que : (2) » = » +», On peut alors se demander à quelles conditions doivent satis- faire les coellicients de la relation (1) pour que les relations (1) et (2) soient vériliées à travers tous les sl Cl ie di DS 326 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES spectres, c'est-à-dire quel que soit N (on pourrait aussi envisager des relations quelconques telles que : y y e \ F R ’ Ke »—» —=K, =") y») — "2 .)E 7 ? Il suflit de remplacer dans les équations telles que (2)>par aN + b, » par a'N +-b',>" par a'N + b'et d'écrire que tous les coeflicients des puissances de N, ainsi que le terme constant, sont séparément nuls; on trouve ainsi que- — K exige que les droites corres- pondantes se coupent sur l'axe desN,> — » — K est impossible, » — » — »" donne encore comme condition l'intersection des droites sur ON, etc. La simple in- spection d’un graphique met donc en évidence les rela- tions (2) qui peuvent exister. — M, M. de Broglie : Sensibilité de l'analyse spectrale par photographie de la bande d'absorption des éléments. On sait que, pour tous les éléments jusqu'à présent soumis à l’expé- rience, il existe une discontinuité brusque dans le coeflicient d'absorption des rayons X pour une lon- gueur d'onde très voisine de celle des raies du groupe K qui a la plus haute fréquence; cette particularité spectrale esl aisément mise en évidence par la photo: graphie au cristal tournant, et se traduit par unchange- ment très brusque d'intensité à l'endroit correspondant à la longueur d'onde critique. Le phénomène est sur- tout facile à observer pour les éléments dont le poids atomique est supérieur à celui du brome, parce qu’alors l'absorption se manifeste sur un point de la plaque où le fond continu est intense. On peut se demander quelle est la sensibilité de cette réaction d'absorption pour des solutions étendues ou pour detrès petites quantités de substance à l’état solide. Les mesures, déjà assez nombreuses, effectuées sur les coeflicients d'absorption permettent de prévoir quelle concentra- tion correspondra à un contraste donné entre lesin- tensités de part et d'autre de la bande d'absorption; mais il faut de plus tenir compte de l’eau servant de solvant, dont l'absorption non sélective n'est pas né- gligeable. En général, le contraste est encore bien visi- ble sur lés clichés, quand le rapport des intensités de chaque côté de la bande est de l’ordre de 1 à 2, sans te- nir compte du voile. Une solution de chlorure de ba- ryum, contenant 5 gr. de sel parlitre, a donné une oppo- sition bien tranchée sur 3 em. d'épaisseur. On peut encore, pour des épaisseurs de solution un peu plus grandes, reconnaître la présence du baryum dans une solution contenant 1 gr. par litre; en employant la mé- thode d’ionisalion au lieu de la méthode photographi- que, on pourrait arriver à une sensibilité dix fois plus grande, mais la mesure est plus délicate. L'effet d’ab- sorption dépend seulement de la quantité de matière absorbante placée sur le trajet des rayons; c'est-à-dire que, dans le cäs d’une colonne de 10 em. de longueur, ayant pour base la surface de la fente (2 ou 3 mm?) et formée d’une solution à 1 gr. de chlorure de baryum par litre, l'absorption est due à une quantité de baryum à peine del’ordre du milligramme. Si l’on dispose à l’état solide de la substance à essayer, c’est donc seulement une quantité, de cet ordre qui sera nécessaire; on n'aura qu’à la disposer en couche très mince sur la fente et on ne’ la perdra pas, ainsi qu’il arrive dans les réactions spectroscopiques lumineuses utilisant la flamme ou l’étincelle, Les résultats expérimentaux pré- cédents sont relatifs à l'atome de baryum; dans cette région de la série des éléments, le coellicient d’absorp- tion passe environ de 1 à 8 en traversant la fréquence critique ; en tenant compte de la loi de Moseley pour la bande d'absorption et de la loi qui relie l'absorption à la longueur d'onde, on peut voir que, pourun contraste donné de part et d'autre de la discontinuité, le poids par centimètre carré de la substance absorbante varie approximativement en raison du cube du nombre ato- mique N. Pour les substances employées à l'état non dissous, la sensibilité diminue donc quand N augmente; mais, si la substance est employée à l’état de solution, l'absorption par le solvant devient gênante quand N diminue trop. — Pour résoudre divers problèmes qui lui ont été posés au cours de la guerre, M. C. de Wat- teville a dû effectuer, à l’aide du diapason, la mesure de temps très courts. En ne traitant que ce point par- ticulier, l’auteur fait l'exposé de celles des méthodes employées par lui qui sont susceptibles de recevoir des applications générales, notamment pour la détermina- ‘tion des caractéristiques d’un mouvement de transla- q tion ou derotation d’un axe. — M. H. Buisson : Mé- thode pour l'examen de la pureté optique des cristaux. de quartz. On n’examine habituellement les cristaux de quartz que dans la direction de l'axe optique. On uti- lise pour cet examen soit l'appareil de Norremberg, soit un compensateur, et l’on opère en lumière blanche ou avec celle du sodium, Dans la méthode de M. Buisson, on prend comme source l'arc au mercure, qui donne plusieurs radiations simples bien distinctes et faciles à séparer. Le faisceau de lumière, issu de la source con- venablement diaphragmée, traverse un nicol polariseur, une lentille qui le rend cylindrique, et va se concen- trer au foyer d'une seconde lentille, près duquel se trouve le nicol analyseur, Si l’on place l'œil au foyer de la seconde lentille, on voit, en l'absence de lame cris- talline, une plage uniformément éclairée, qui s'éteint si les nicols sont croisés, La lumière reparaît quand on introduit la lame entre les lentilles, mais l’éclairement n’est pas uniforme, et les irrégularités du cristal de- viennent visibles. Si l’on n’emploie qu’une seule ‘des ra- diations émises par la source, le champ lumineux, d'une seule couleur, montre des plages brillantes et sombres qui renseignent sur la place et la forme des irrégularités. Au contraire, en conservant toutes les radiations, on obtient des plages de coloration diffé- rente; l'aspect est des plus frappants, les plus légères différences se traduisant par des colorations distinctes. L’eflicacité de ce procédé tient d’abord à la simplicité des radiations employées, qui permettent d'obtenir des in- terférences avec d’assez grandes épaisseurs de cristal, de sorte qu'on pourra examiner un échantillon dans toutes les directions, aussi bien normalement à l’axe que parallèlement. La variété des radiations de l’are au mercure fait qu'un détail qui resterait invisible avec l’une d’elles, si les différences de phase ne sont pas fa- vorables, apparaitra avec une autre, les conditions d’interférences étant différentes. D'autre part, l'emploi de lumière parallèle permet d'examiner des épaisseurs considérables, sans que les aspects d'intérférence, qui sont fonction de l’inclinaison des rayons, soient con- fondus; c’est le grand éclat intrinsèque de la source qui fait qu’on peut réduire l'étendue angulaire du fais- ceau, en conservant une quantité de lumière suflisante. Enfin, il n’est pas nécessaire que la lame soit taillée même d’une façon sommaire, ni que ses faces soient polies. Un dépoli grossier n’est pas gênant. Il suflit de plonger l'échantillon dans une cuve contenant un li- ! quide de même indice, pour que le grain de la surface disparaisse, On examinera ainsi en tous sens un bloc après l'avoir détaché du bloc primitif, Un prisme, une lentille n’offrent*pas plus de diflicultés qu'une lame à faces parallèles. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 28 Mars 1919 MM. P. Nicolardot et Gourmain : Dosage du nickel dans les ferro-nickels et dans les aciers au nickel, L'ana- lyse deces alliages a conduit les auteurs à faire une comparaison des trois méthodes qui sont le plus em- ployées pour le dosage du nickel : l’électrolyse en mi- lieu ammoniacal, et la précipitation par la diméthyl- glyoxime ou par le sulfate de dicyanodiamidine. De leurs essais, il résulte que l'emploi de ce dernier réac- tif, proposé par M. Grossmann, n’est pas à recomman- der. La diméthylglyoxime, - qui ne précipite que le nickel, fournit des résultats trop faibles, que sont en droit de contester les industriels. Ceux-ci livrent en. : ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 327 effet du nickel commercial renfermant du cobalt et non du nickel pur. Après avoir examiné les avantages et les inconvénients des deux premières méthodes, qui sont les meilleures à leur avis, et indiqué les modifica- tions à y apporter, MM. Nicolardot et Gourmain esti- ment que l’on aurait avantage, au point de vue de la rapidité et de l'exactitude, à combiner la méthode électrolytique, qui permet d’avoir nickel et cobalt, avec la méthode à la diméthylglyoxime. Cette dernière ser- virait à contrôler les résultats de la première méthode. SOCIEÈTE ROYALE DE LONDRES Séance du 6 Février 1919 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Mallock : /n- fluence de la température sur l'élasticité des métaux. L'auteur a suivi les variations avec la température du module d'Young pour 15 métaux: Rh,Pt, Fe, Pd, Ni, Cu, Au, Ag, Mg, Al, Zn, Pb, Cd, Biet Sn. Il déterminait la fréquence des vibrations d'un barreau rigide porté à son extrémité inférieure par une petite plaque mince du métal à essayer, l’autre extrémité de la plaque étant serrée dans un support fixé. La plaque et son support pouvaient être immergés dans un fluide à une tempé- rature quelconque sans mouiller le barreau et interférer avec le montage, Les températures employées ont été : celle de l’air liquide, o° C., la température ordinaire {10°-159)et le voisinage de 100° C. La mesure des fré- quences de vibration à ces températures fournissait les données nécessaires pour déterminer les variations du module d’'Yourg. Les résultats obtenus montrent que, plus le métal est infusible, moins le module est affecté par une variation de température donnée, ce qui suggère l'existence d’une relation entre la variation du module M et le point de fusion @y en degrés absolus. L'auteur donne un diagramme comparant les résultats expéri- mentaux avec ceux qu'on obtiendrait si la relation dM/d® — Oy était exacte. Dans ce cas, si @, et O, sont deux températures pour lesquelles les modules sont M, et M,,ona : M,/M, — {®y—0,)/(Ox —6;) et si 0, est le zéro absolu et ®, le zéro centigrade, il en résulte que M,/M;, — point de fusion absolu / point de fusion cen- tigrade pour chaque couple de températures différant de 270° C. Les résultats expérimentaux se rapprochent assez bien de ceux qu’on obtient dans cette hypothèse, Séance du 13 Février 1919 ! SCIENCES PHYSIQUES. — M. G.N. Watson : La trans- mission des ondes électriques autour de la Terre, D'après les résultats expérimentaux d’Austin, il semble que la force magnétique due à un oscillateur hertzien varie comme | = di A) 2 cosec - 0 2 à une distance augulaire @ de l’oscillateur, où À est la longueur d'onde et À une constante égale à 9,6 dans le cas des signaux transrais sûr mer. Il semble impossi- ble d'obtenir aucune formule de ce genre par une théo- rie ne faisant intervenir que la diffraction; il est donc nécessaire d'examiner l'hypothèse (lancée par Heavi- side et d'autres, et déjà traitée analytiquement par Eccles) que les régions supérieures de l’atmosphère agissent comme réflecteurs d'ondes. L'auteur montre qu'on peut déduire une formule du type d'Austin comme conséquence de cette hypothèse, et que la valeur numérique de À donnée par Austin s'obtient en assi- gnant des valeurs convenables à la conductivité de la couche réfléchissante et à sa hauteur au-dessus de la surface terrestre, L'auteur considère également le pro- blème des ondes sur la terre ferme et calcule la valeur correspondante de À. Séance du 20 Février 1919 SCIENCES NATURELLEKS. — MM. S. S. Zilva et E. M. Wells : Modifications des dents du cobaye produites par un régime scorbutique. La structure des dents du cobaye vivant sur un régime scorbutique subit des change- ments radicaux. Le dernier est caractérisé par la dé- sorganisation totale de la pulpe, y compris les cellules odontoblastiques. La première modification s'observe à une période où l’on ne peut noter avec certitude aucune autre anomalie systématique ; elle est caractérisée par des altérations des cellules odontoblastiques et la dila- tation des vaisseaux sanguins de la pulpe. Les dents du singe sont également affectées quand cet animal est soumis à un régime scorbutique, — MM. W. E. Bul- lock et W.Cramer: Un nouveau facteur du mécanisme de l'infection bactérienne. Les bactéries de la gangrène gazeuse (B. Welchii,vibrion septique et Z. vedematiens) et du tétanos, complètement débarrassées de leurs toxi- nes soit par lavage soit par chauffage à 8o° pendant une demi-heure de façon à ce qu’il se forme des spores, ne produisent pas la maladie spécifique quand on les injecte à la souris ou au cobaye. L'animal normal se débarrasse des bactéries principalement par lyse et aussi par phagocytose, et ce mécanisme défensif est si eflicace que ces bactéries deviennent non pathogènes quand on les injecte elles-mêmes. Mais si l’on injecte une faible dose de sel de calcium ionisable en même temps que les bactéries ou leurs spores, la maladie spé- cifique se déclare sous une forme très virulente. Les chlurures de Na, K, Am, Sr et Mg, injectés avec le B.-Welchii, ne sont pas capables de produire la gan- grène gazeuse. Le contact direct entre les bactéries et le sel de calcium n’est pas essentiel. Le phénomène se produit aussi bien quand l’émulsion bactérienne et le sel de calcium sont injectés à des temps différents au même endroit, ou en même temps à des endroits diffé- rents, ou à des temps et des endroits différents. Les auteurs tirent de leurs expériences et d’au- tres la conclusion que les sels de calcium en injection sous-cutanée produisent un changement local des tissus au point d'injection; il en résulte une rupture du méca- nisme défensif contre les bactéries de la gangrène ga- zeuse et du tétanos, phénomène qu'ils désignent sous le nom de cataphylaxie. Des extraits aqueux stériles du sol peuvent produire le même phénomène. Ils doivent cette propriété dans beaucoup de cas à la seule pré- sence de sels de calcium, mais dans certains cas à la pré- sence d’une autre substance chimique qui n’a pas encore élé identifiée. Séance du 27 Février 1919 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. W. G. Duffield, T.H. Burnham et A. H. Davies : La pression sur les pôles de l'arc électrique. Pour plusieurs raisons, on peut s’at- tendre à la projection d'électrons par la cathode d’un are électrique ; le mécanisme de l’are semble d’ailleurs la nécessiter, Si une telle projection existe, elle doit océa- sionner un recul mécanique dela cathode., Déjà en 1912, les auteurs ont recherché et constaté l'existence d’une pression de ce genre; il restait à vérifier si son ordre de grandeur est tel qu'elle puisse être attribuée à la pro- jection électronique. De nombreuses observations ont été faites, au moyen d’un appareil spécial,sur l’anode et la cathode, pour divers courants et longueurs de l'arc. La pression trouvée est d'environ 0,17 dyne par am- père ou, en éliminant autant que possible les effets des courants de convection, 0,22 dyne par ampère. Cet effet ne paraît pas attribuable à l'action radiométrique, etil est environ 200 fois trop faible pour être rapporté à l'expulsion d’atomes de carbone au point d'éballition de cet élément, Ces observations sont donc en faveur de l’hypothèse que le reculest dû à la projection d’élec- trons. — M.R. J. Strutt : La diffusion de la lumière par les substances solides. Les verres de toute nature offrent une forte diffusion interne de la lumière ; le fais- ceau lumineux observé latéralement estfortement, mais non: complètement polarisé. Le quartz jaune etle quartz fumeux présentent aussi une forte diffusion. Si l’on fait passer un faisceau polarisé suivant l’axe d'un cristal de quartz de ce genre, on observe, pour une longueur 4 328 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES d'onde donnée, des maxima et des minima de lumière diffusée le long du faisceau, Ce phénomène est dû au pouvoir rotatoire. Par suite de la dispersion rotatoire, la période varie avecla longueur d'onde et il se produit des bandes colorées. Le quartz blanc et clair est beau- coup moins diffusant; dansun cas, l'intensité de la dif- fusion était égale à 8 fois celle de l’air exempt de pous- sières à la température ordinaire. L'auteur attribue cette faible diffusion à des inclusions, comme pour le quartz jaune ou fumeux. La structure atomique régu- lière, dont la période est faible en comparaison de la longueur d'onde de la lumière ordinaire, ne doit donner aucune diffusion. Pour les trèsiourtes longueurs d'onde (rayons X), les éffets de diffraction bien connus des cris- taux entrenten jeu. — Sir J. Dobbie: Constitution de La vapeur de soufre. On sait que les recherches basées sur la détermination de la densité de vapeur n’ont pas élucidé la question de l'existence de molécules de soufre intermédiaires entre S8et $?, L'auteur a essayé de ré- soudre le problème par l'étude du pouvoir absorbant de la vapeur de soufre pour la lumière à diverses tempé- ratures. Celui-ci augmente régulièrement jusque vers 650° C., puis diminue jusqu’à goo° C., après quoi il demeure constant. Cette allure du phénomène indique l'existence à 650° de molécules plus fortement absor- bantes que les molécules octoatomiques ou diatomi- ques. La densité de la vapeur desoufre vers 650° corres- pond à la formule moléculaire S?. Il semble donc probable que les molécules fortement absorbantes exis- tant à cette température ont une constitution analogue à celle de l’ozone, fait d'autant plus vraisemblable que le pouvoir absorbant de l’ozoneest beaucoup plus grand que celui de l’oxygène ordinaire. SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Séance du 14 Février 1919 MM. S, Skinner el R. W. Burfitt : Le coefficient de température de la résistance del'eau à la tension. Le li- quide est forcé sous pression à travers un rétrécisse- nent capillaire entre les deux branches d’un tube en U. Partätonnements, on règle la pression jusqu’à ce que la vitesse dans le capillaire soit suflisante pour produire la rupture, qu'on estime au son et à l'apparence. L'en- semble du tube en U est immergé dans un bain, dont on peut faire varier la température. Les auteurs ont noté les observations de rupture, de vitesse et de tem- pérature jusqu'à 100° C., d'où ils déduisent que la ré- sistance à la tension devient nulle aux environs de 2459 C., ce qui concorde avec la théorie. — M. W. H. Eccles : Les diagrammes vectoriels de quelques circuits oscillants employés avec les tubes thermo-toniques. La méthode des diagrammes vectoriels, communément em- ployée dans l'étude des circuits à courant alternatif, a été appliquée par l’auteur à l'ensemble formé par un oscillateur, le relai thermo-ionique qui le maintient en oscillation, et les dispositifs qui les relient, Ces dia- grammes peuvent servir comme succédanés pour le trai- tement habituel du problème par les équations difré- rentielles, et l'on en peut déduire toutes les formules, Ils ont, en outre, l'avantage de montrer aux yeux les phases des courants et des voltages dans chaque partie des circuits, Pour former les diagrammes, on calcule la chute de potentiel à travers l'osciilateur par les règles habituelles du diagramme de courant alternatif, et on l’ajoute géométriquement à la chute de potentiel à tra- vers le tube. On rend le total égal, en grandeur et en phase, au voltage appliqué à l'instant à la grille, multi- plié par le facteur du voltage du relai, A son tour, le Li voltage appliqué aurelai dépend du courant qui traverse une portion de l’oscillateur, dont il se déduit, — MM. W. H. Eccles et F.W. Jordan: Petit moteur à cou- rant direct utilisant des tubes thermo-ioniques au lieu de contacts glissants. Dans ce moteur, la partie tournante est un disque d’ébonite à dents de fer fixées à sa péri- phérie, et la partie stationnaire comprend deux électro- aimants dont les pôles sont voisins de deux dents, Un électro-aimant est relié à la grille d’un relai thermo- ionique; l’autre est inséré dans le circuit de la plaque. Quand, durant la rotation, une dent passant devant l’ai- mant de la grille induit un voltage dans son enroule- ment, l'augmentation transitoire de courant qui en résulte à travers l’autre aimant conduit cet aimant à exercer une attraction sur la dent qui l'approche. On a ainsi un petitmoteur sans commutateur, ni étincelle, qui peut, branché sur le circuit d'éclairage, tourner sans charge à une vitesse de 4.000 à 6.000 tours à la mi- nule. Séance du 28 Février 1919 M. R. Dunstan: Quelques expériences d’acouslique sur des sifflets et des flûtes. L'auteur a fait des expériences sur des sphères, des cylindres et des cônes creux pour- vus de trous de diverses dimensions et dans diverses positions. Il montre que le théorème de Bernoulli, qui donne la longueur d'onde du son produit par un tube cylindrique en fonction de la longueur du tube, avee une correction dépendant du diamètre seul, est ‘tout à fait inapproprié pour des buts pratiques, le ton dé- pendant de plusieurs autres facteurs, comme ia pression du vent, la dimensionet la forme de l'embouchure, etc. Les flûtes cylindriques paraissent nécessiterune correc- tion qui, dans certaines limites, est égale à D?/d, où D est le diamètre du tube et d le diamètre moyen de l’em- bouchure (qui est souvent ovale). Dans la plus courte flûte essayée, de 1,25 em. de longueur, le théorème de Bernoulli aurait donné une longueur d'onde de 5 em., tandis qu'elle était en réalité de 35 em. L'auteur conclut de ses expériences que, quand on souflle à travers un trou däns un corps creux, on exerce un force sur une substance élastique; il en résulte un « recul », qui pro- duit une pulsation aérienne.La fréquence de la pulsation est déterminée par desrelations entre les dimensions de l'instrument, le diamètre du trou, la pression du vent, etc. Tout son résultant a une longueur d’onde détermi- née par sa fréquence, ét non d’abord par les dimensions de l’instrument, comme on l'indique dans les traités, — M. G. Brodsky : Sur un nouveau polariseur, L'auteura cherché à obvier aux désavantages des polariseurs for- més de piles de lames de verre, désavantages dus au vo- lume de l'appareil et à la perte de lumière. Dans cebut il a eu l’idée de placer la pile de lames entre deux pris- mes du même verre, de façon à :1° réduire de moitié la longueur du polariseur, 2° utiliser l'ouverture complète de la pile, 3° se débarrasser de toute lumière réfléchie. Les résultats obtenus sontsi bons que ce dispositif peut être considéré comme un excellent substitut des pris- mes de Nicol de dimension correspondante; la très faible quantité de lumière qui s'échappe à travers les prismes croisés est négligeable pour la plupart des usages. Il n’y a aucune difliculté à construire de tels polariseurs d’une dimension quelconque, el comme tous les maté- riaux sont en verre il n'est pas douteux que cette inven- tion trouvera de larges applications. Le Gérant : Octave Don. EE ————— Sens. Imp, Levé, 1, rue de la Bertauche. ! Li ji 30° ANNÉE N°14 15 JUIN 1919 Revue générale PPS Sciences pures et appliquées de Fonte LOUIS OLIVIER a 8 DAC Directeur : J.-P. LANGLOIS, Docteur es Sciences, de l’Académie de Médecine LS é Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la! Revue sont completement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suëde, la Norvège et la Hollande, ; CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | $ 1. — Distinctions scientifiques Elections à l'Académie des Sciences de Pa- _ ris. — Dans sa séance du 12 mai, l’Académie a procédé à l'élection d'un membre dans la Division des Applica- _ tions de la Science à l'Industrie, La Commission char- . gée de présenter la liste des candidats avait désigné : en première ligne, M. Hilaire de Chardonnet; en seconde ligne, MM. G. Claude, M. Laubeuf, L. Lu- . mière, M. Prudhomme et Ch. Rabut, Au premier tour . de scrutin, M. de Chardonnet a été élu par 3r suffrages - sur 58 votants, contre 6 à M. G. Claude, 6 à M. Lu- - mière, » à M. Laubeuf, 3 à M. Ch. Rabut, 1 à M. Em. - Belot et 1 à M. L. Weiller. Le nouvel académicien est . l'inventeur bien connu de l'industrie de la soie artifi- 3 cielle. È Dans sa séance du 19 mai,c’est un membre dans sa - Section de Géométrie que l'Académie avait à choisir en - remplacement de M. Emile Picard, élu Secrétaire perpé- - tuel. La Section avait présenté la liste suivante de can- didats : 1° M. Emile Borel; 2°M. Ed. Goursat; 3° MM. “ E. Cartan, J. Drach, H. Lebesgue et E. Vessiot; en ou- tre, l’Académie avait à l’unanimité adjoint M. C. Gui- chard à la liste de présentation. Au premier tour de scrutin, M. Ed. Goursat a été élu par 29 suffrages con- tre 23 à M. Em. Borel. { Le nouvel académicien, qui est professeur de Caleul différentiel et intégral à la Faculté des Sciences de Pa- ris, à enrichi la science mathématique de nombreuses contributions, en particulier dans la théorie des fonc- tions analytiques et la théorie des équations aux déri- vées partielles du second ordre. Il est l'auteur d'un Cours d'Analyse mathématique qui est classique. $ 2. — Nécrologie Sir William Crookes. — Le { avril dernier ‘s'éteignait à Londres, plein d'années et d’honneurs, et malgré cela actif jusqu’à la fin dans son laboratoire, Sir William Crookes, l’un des plus illustres représentants de la science anglaise. REVUE GÉNÉBALE DES SCIENCES Né le 17 juin 1832, il avait étudié au Collège Royal de Chimie d'Oxford Street sous la direction d'A. W. Hof- mann, dont il fut pendant quelque temps le préparateur, puis l'assistant. En vue de recherches-qu’il se propo- sait de faire sur la préparation et la constitution des sélénocyanures, Hofmann avait mis à sa disposition en- viron 5 kilogs de dépôts séiénifères provenant de la fa- brique d’acide sulfurique de Tilkerode, dans le Hartz. Crookes eut l’idée d'examiner au spectroscope les rési- dus laissés par l'extraction du sélénium, et son atten- tion fut attirée par une ligne verte brillante, non en- core signalée. Il l’attribua à un métal nouveau, auquel il donna le nom de tallium (1861), et dont il entreprit et poursuivit pendant 12 ans l'étude des propriétés et des composés. Sa détermination du poids atomique de cet élément, en particulier, opérée sur des substances ameñées à un état de grande pureté et avec les soins les plûs minutieux, a été longtemps considérée comme la plus parfaite qui existât. Quelques diflicultés rencontrées au cours de ce pre- mier travail allaient orienter l’activité de Crookes vers un champ tout nouveau. Pour obvier à des irrégularités observées dans ses pesées, il avait eu l’idée de placerses balances dans le vide; mais les troubles persistant lorsqu'il opérait en pleine lumière, il les attribua à une « répulsion résultant de la radiation », qu'il illustra au moyen d'un appareil de son invention,leradiomètre : c'est unmoulinetconstitué par/hailettes verticales noircies d’un seul côté et qui, placé dans un tube où l’on a fait le vide, se met à tourner aussitôt qu'ilest frappé par la lumière, De 1874 à 1839, Crookes consacra de nombreux mé- moires à l'exposé des expériences entreprises avec le radiomètre; il dut reconnaitre que son -interprétation était erronée et que le mouvement des aileltes, suivant une suggestion de G. J. Stoney, est dû à l'entraînement par un courant du gaz résiduel provenant de l’échauf- fement inégal des parois du tube, Mais ces recherches avaient lancé le jeune savant dans une voie nouvelle, l'étude des gaz raréfiés, où il allait moissonner de brillantes récoltes. Reprenant les recherches de Plucker, de Hittorf et de Goldstein sur la décharge électrique dans les gaz, il approfondit les Li 330 propriétés des rayons cathodiques et illustra leurs pro- priétés lumineuses, mécaniques, électromagnétiques, calorifiques, par une foule d'expériences ingénieuses, Pour lui, on se trouve ici en présence d’un quatrième état ou condition de la matière, la matière radiante, constitué par un flux de particules ou de molécules né- gativement chargées et projetées avec une grande vitesse par l'électrode négative, Pendant longtemps, il dut, défendre cette conception contre les attaques de l'Ecole des physiciens allemands Goldstein, Hertz, Lé- nard..…,qui voyaient dans les rayons cathodiques des ondulations de l’éther, mais il finit par faire triompher son explication, aujourd'hui universellement acceptée. Crookes a résumé tous ses travaux sur ce sujet dans une conférence prononcée le 22 août 1879 devant l’As- sociation britannique pour l’Avancement des Sciences réunie à Sheflield ; cette conférence, restée classique, a été reproduite dans le beau volume édité par la Société française de Physique : /ons, Electrons, Corpuscules. Crookes avait remarqué que, sous l'influence du bom- bardement cathodique, un grand nombre de substances émettent une lumière phosphorescente. Pour la plupart, le spectre de cette lumière est continu; mais pour d’au- tres, en particulier les terres rares, le spectre est dis- continu, Crookes basa sur ces faits une nouvelle mé- thode d'analyse spectrale (1881), sur laquelle il-s'ap- puya pour la séparation laborieuse des terres rares de la gadolinite et dela samarskite; mais il n'apparaît pas que ce procédé présente des avantages sur l’emploi des spectres de flamme; il peut même conduire à des erreurs : telle la découverte d’un élément nouveau, le victorium, que les recherches ultérieures n’ont pas confirmée. La découverte des phénomènes de radio-activité atLira dès l’origine l’attention de Crookes. Mettant à profit l'ex- périence qu'il avait acquise dans la séparation des ter- res rares, il soumit à la cristallisation fractionnée les sels d'uranium, et il parvint à en isoler le premier pro- duit de transformation de cet élément, l'uranium X, D'autre part, en 1903, il découvrit que les rayons & du radium produisent, par leur bombardement, la phospho- rescence d’un petit écran de sulfure de zinc cristallin, phénomène qu'il a popularisé dans son spinthariscope. En dehors de ces directions principales, l'activité scientifique de Crookes s’est étendue à une foule de do- maines des plus variés. Mentionnons ses recherches sur les verres protecteurs pour lunettes, entreprises dans le but de mettre l’œilà l'abri soitdesradiations calorifiques, soit des radiations ultra-violettes ; plus de 300 verres différents ont été préparés, dont une vingtaine ont été reconnus propres au but visé, Il s’est intéressé encore au tannage électrique, à l’examen et à la purification des eaux,au traitement des eaux d’égout; il fut le premier, en 1866, à appliquer le phénol comme désinfectant dans la peste bovine, Il s’est occupé du « problème du blé»et de la fabrication des engrais azotés par voie électrique aux dépens des gaz de l’atmosphère. En 1859, il avait fondé le journal Zhe Chemical News, qu'il dirigea jusqu’à sa mort. Elu membre de la Société Royale de Londres en 1863, il en devint secrétaire pour l'Etranger en 1908 et prési- dent en 1913; ce corps savant lui avait attribué succes- sivement la Médaille Royale, la Médaille Copley et la Médaille Davy; Crookes était, d'autre part, correspon- dant de l’Académie des Sciences de Paris depuis 1906. 1 $3. — Physique ’ L'application de la piézo-électricité à la mesure des pressions. — En 1883, P. Curie a découvert le phénomène connu Sous le nom de piézo- électricité et qui consiste dans la production d’un cou- rant électrique entre les deux faces parallèles d’une lame cristalline de quartz ou de tourmaline soumise à une pression perpendiculaire à la surface. IL a mon- tré que la quantité d'électricité développée est propor- tionnelle à la pression, et indépendante de l'épaisseur CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ; de la lame, Ce phénomène curieux a fait l’objet de spéculations théoriques de Voigt, mais ne semble avoir reçu aucune application pratique. Dans une conférence récente devant l’Institution royale, à Londres, Sir J. J. ‘Thomson a donné connaissance des recherches qui ont été entreprises dans cette voie par MM. D. À. Keys et E. Everett au Laboratoire Cavendish et qui ont conduit à l'élaboration d’une remarquable méthode pour la mesure des pressions élevées !. En effet, si la mesure de la pression d'après la quan- tité d'électricité produite par un cristal piézo-électrique peut sembler dépourvue d'intérêt dans les circonstances ordinaires, il est des cas où la soudaineté des pressions développées et l'incertitude des procédés de détermina- tion mécaniques confèrent aux méthodes électriques un avantage décisif :' il en est ainsi pour les explosions dans l'ame des canons ou les cylindres des moteurs, où les modifications s’accomplissent avec une rapidité extraordinaire de l’ordre du 1/30.000° au 1/50.000° de seconde. Voici comment la piézo-électricité peut être mise en œuvre dans ce cas, Supposons la lame cristalline soumise à la pression explosive à mesurer. Appliquons deux feuilles de métal aux deux surfaces de la lame, et joignons-les par des fils à deux plaques métalliques montées dans un tube: - à vide, La pression de l’explosion électrise les plaques et établit entre elles un champ électrique. Dirigeons maintenant un courant d'électrons, provenant d’un fil de tungstène chauffé par une batterie, à travers un tube fin dans l’espace qui sépare les plaques. Tant que les plaques sont électriquement neutres, les électrons se meuvent en ligne droite et frappent un écran ou une plaque photographique disposée au bout de l'appareil en formant une tache centrale. Maïs, dès que les plaques sont électrisées, la supérieure devenant par exemple positive, le courant d’éleetrons est dévié vers le haut et forme une nouvelle tache dont la distance à la tache centrale est proportionnelle à la pression, On peut lancer des particules à la vitesse de 10.000 km. à la” seconde; dans un champ électrique de 2,5 em. de lon- gueur, les particules traverseront le champ en moins d’un cent-millionième de seconde. On pourra donc me- surer des pressions correspondant à ce très court espace de temps. ; Par ce seul moyen, toutefois, on ne peut obtenir une courbe de la pression en fonction du temps. Une expo- sition d’un,cent-millième de seconde suflirait à exciter la plaque photographique, et en déplaçant celle-ci ou en la laissant tomber on obtiendrait une courbe pres- sion-temps. Mais il serait plutôt diflicile de faire fonc- tionner un tel dispositif dans le vide, On arrive plus commodément au résultat désiré en rendant mobile le courant de particules négatives, qui peut être dévié par une force magnétique. Si l’on établit un champ magné- tique indépendant à côté du champ électrique, il se superposera aux déviations (par exemple horizontales) dues à la force électrique une déviation verticale par la force magnétique. En employant un champ magné- tique à alternanceS rapides, la tache formée par les rayons cathodiques se meut verticalement de haut en bas et de bas en haut quand le cristal n’est exposé à aucune pression, Au moment de l'explosion, la tache subit une déviation horizontale et se déplace suivant une courbe qui donne la pression en fonction du temps. L'examen de ces courbes montre que la pression s'élève d’abord très rapidèment jusqu'à un maximum, puis diminue graduellement. Lorsqu on fait exploser un mélange d'hydrogène et d'oxygène à la pression ordi- naire, dans la proportion de 2 H à 1 O dans un vase clos en laiton, l'étude de la courbe montre que la pression maximum est atteinte en 1/16,000€ de seconde environ, puis décroit presque suivant une loi exponentielle, Si l’on ajoute une trace d'air aux deux gaz, l'élévation de pression est plus lente et un peu moins prononcée; en présence d'une forte proportion d'air, le maximum de ne UP EE 1. Engineering, t. CVIT, n° 2782, p. 543; 25 avril 1919. J , | ‘ VOA MARS 7 | "h rai =. pression est atteint en 1/400° de seconde et est encore moins élevé. L'emploi de ces diagrammes de pression est suscepti- ble de jeter une lumière nouvelle sur les phénomènes d'explosion, aussi importants industriellement que scientiliquement. A l’aide de la méthode piézo-électri- que, on pourra observer la propagation d’une onde explosive le long d’un tube en plaçant des cristaux en différents points, De la même façon on pourra étudier la propagation. d’une onde explosive à travers une épaisseur de solide en fixant un cristal à la surface supérieure et à la surface inférieure, Dans sa conférence Sir J. J. Tuomson a projeté un diagramme se rappor- tant à l'explosion d’une charge de coton-poudre dans la mer; il présente deux courbes, l’une relative à l'effet direct de l'explosion, la seconde à la pression produite par la réflexion de l'onde explosive sur le fond de la mer. $ 4. — Chimie Poids atomique du plomb extrait de la sa- marskite. — Les nombreuses déterminations du poids atomique d'échantillons de plomb de provenances diverses, effectuées dans le cours des cinq dernières an- nées, ont confirmé la théorie des isotopes de Fajans et Soddy. 4 M. Arthur L. Davis! vient de publier les résultats de nouvelles déterminations sur un minerai radioactif qui n'avait pas été encore étudié : la samarskite. La samarskite est un niobo-tantalate complexe des térres rares, contenant une quantité considérable d’ura- nium et un faible pourcentage dethorium. La plupart desanalyses anciennes ne mentionnent pas la présence de thorium ou de plomb, qui devaient sans doute être entrainés avec les terres rares; néanmoins ces deux éléments existent probablement dans la plupart des ° échantillons. La samarskite étant un minéral de l’époque primaire, le plomb présent doit être considéré comme le produit ultime des séries de l’uranium et du thorium etnonpas comme un dépôt secondaire. Pour séparer le plomb, M. Davis emploie la méthode suivante :. On ajoute une fois et demie la quantité d'HF néces- saire pour fixer les bases présentes et le mélange est évaporé presque à siccité dans des creusets de platine. On ajoute au résidu HF dilué afin d'enlever les fluoru- res solubles, la présencede l’acide étant nécessaire pour empêcher l’hydrolyse de ces fluorures. Le mélange est filtré dans un entonnoir en caoutchouc et lavé jusqu’à élimination de l'acide, le liquide qui filtre et les eaux de lavage étant recueillies dans une capsule de platine. Le résidu, additionné d’une très petite quantité d’eau, est évaporé à siccilé dans une capsule de platine, et chauffé avec de l'acide sulfurique concentré necontenantaucune trace de plomb. Ce mélange est refroidi et les sulfates solubies sont éliminés âvec de l’eau chaude; on fait bouillir les sulfates insolubles avec une solution de soude, le mélange est traité par l'acide azotique dilué, filtré et évaporé à siccité. Le résidu est repris à l'eau, - acidifié par HCI, et le plomb est précipité par H?S, On “ fait bouillir le sulfure de plomb ainsi précipité avec HCI concentré et la solutionest évaporée à siccité : 1.100 gr. de samarskite ont fourni 14 gr. de chlorure de plomb brut. é Pour purifier ce chlorure de plomb, on le dissout dans l'eau, on le sature par H?S et on dissout le sulfure formé dans l'acide azotique, On purilie l'azotate par quatre cristallisations, on le transforme en chlorure qu'on fait eristalliser trois fois. Afin d'avoir un échantillon de plombordinaire, M.Da- vis a traité une galène (d'Oklahoma) par l'acide azoti- que. Après avoir fait cristalliser six fois, comme précé- 4. Arthur L. Davis : Journal of physical Chemistry (Nthaco), décembre 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 331 demiment, le nitrate obtenu, il le convertit en chlorure qu'il fait cristalliser deux fois. La méthode de détermination du poids atomique du plomb repose sur la transformation du chlorure de plomb en chlorure d'argent, La technique suivieest celle de Baxter el Grover!, Les valeurs adoptées pour les poids atomiques de l'argent et du chlore sont: Ag=— 107,88 et Cl— 35,457. ÿ Voici les résultats obtenus : Poids atomique du plomb ordinaire : 207,27 = radioactif : 206,30 Les pourcentages en uranium et en thorium du mine- rai étudié sont : U308 12,21 °/o ThO? 1,030/0 Indiquons pour terminer les valeurs obtenues pour le poids atomique du plomb ayant une origine radio- active par différents auteurs : Richards et Lemberg? : uranite de la Caroline du Nord 206,40 pechblende de Joachimsthal 206,57 carnotite du Colorado 206,59 thorianite de Ceylan 206,82 pechblende d'Angleterre 206,86 Soddy et Hyman * : thorite de Ceylan 208,40 Honigschmid et St. Horovitz‘: pechblende de Joachimsthal 206,405 uranite de Morogoro (Est Africain) 206,059 brüggerite de Moss (Norvège) 206,083 brôggerite (PhC/? distillé) 206,066 Maurice Curie : yttrio-tantalite 206,34 carnotite 206,36 pechblende 206,64 sable monazité 207,08 Richards et Wadsworth! : carnotite d'Australie 206,34 carnotile d'Amérique 207,00 clévéite de Norvège (Moss) 206,08 brôggerite de Norvège (Langesund) 206, 12 Arthur L. Davis: samarskite 206,30 A. B. L'extraction du thallium des poussières des gaz de grillage des pyrites.— Dans l’indus- trie de l’acide sulfurique, les gaz sulfureux provenant du grillage des pyrites contiennent des poussières qui se déposent en grande partie dans les tuyaux condui- sant ces gaz des fours à pyrite à la tour de concentra- tion de Glover, Dans ces poussières, on trouve un grand nombre d'éléments, et, sur l'invitation du Département des recherches du Ministère anglais des Munitions, MM. G.Sisson et J.-S. Edmondson ont, pendant la guerre, essayé d'en retirer du sélénium. Les essais n’ont pas abouti, la plus grande partie du sélénium restant vola- tile à la hautestempérature des conduites; par contre, les auteurs ont été plus heureux avec le thallium. C'est d’ailleurs dans les poussières de grillage des 1. G. P. Baxter et F. L. GROvER : Journ. of Americ. Chem. Soc., t. XXXVII, p. 1027; 1915. 2.T. W. Ricnaxps et M. E. Lemeerr : Journ. Am. Chem. Soc.,t. XXXVI, p. 1329; 1914. 3. F. Soppy el H. HxmAn: Journ. Chem. Soc., t. CV, p. 1402; 1914, 4. Hôxicscumip et Sr. Horovirz p- 355; 1915. : 5, Maurice Curie : C. R. Acad. Sc. (Paris), t. CLVIIT, p.1676; 914. 6. T, W. Ricuarps et C. WADswORTH: Journ. Am, Chem. Soe., t. XXX VIII, p. 2613 ; 1916. : Monatshefte,t. XXXVI, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE x pyrites du Harz que Crookes a découvert d isolé cet élément, et bien qu'il soit distribué d’une façon très étendue à l’état de sulfure avec ceux d’autres mélaux, c’est toujours à l’état de traces, de sorte que les pous- sières en question constituent encore la source la plus pratique du thallium. MM. Sisson et Edmondson! ont recueilli en 6 mois 50 kilogs de poussières, provenant du grillage de 1.500 tonnes de pyrites. Elles contenaient 0,25 °/,, soit environ 2 kg. dethallium, La méthode de séparation du thallium repose principalement sur la faible solubililé du chlorure et la solubilité du sulfate, La poussière est traitée à l’eau bouillante, acidiliée par H?S0', dans un récipient en bois ou en grès, en injectant de la vapeur; après décantation, le liquide clair est traité par HCI. Le précipité de chlorure brut est séparé, lavé et converti en sulfate par chauffage avec H?S0‘ concentré; l’excès d'acide est éliminé, le sulfate restant dissous dans l’eau, filtré et reprécipité à l’état de chlorure. Le chlorure purilié, après dessiccation, est mélangé avec du cyanure de potasse et du carbonate de soude, et fondu dans un creuset àune température pas trop élevée pour éviter les pertes par volatilisation, Le chlo- rure peut également être réduit par le zinc et le métal formé fondu dans un courant de gaz inerte. $5. — Géologie Un continent dévonien, le Falklandia. — M. J. M. Clarke, directeur du Musée de l'Etat de New- York à Albany, à la suite de ses recherches sur les faunes dévoniennes de l'Amérique du Sud, vient de pro- poser de donner le nom de Falklandia à une terre con- tinentale qui, pendant la période dévonienne, a pré- cédé le conunent du Gondwana et l’Antarctide dans la partie occidentale de l'hémisphère austral?. L'histoire du continent du Gondwana a été bien éta- blie par Aeumayr et Suess : c’est un grand continent austral de direction E-W,qui a échappé au tourbillon des déformations post-carbonifères mondiales et qui a poursuivi son existence d'asile continental pour la vie terrestre et fluviatile jusque tard dans les temps méso- zoïques (Crétacé), époque où commencèrent des incur- sions marines qui aboutirent à sa rupture et à sa dé- molition au Tertiaire. L’est du Brésil, le sud de l'Ar- gentine, et lamoitié nord des Iles Faikland constituent ses fragments occidentaux; l’Afrique du Sud, la Le- muria perdue (de Madagascar à Ceylan), l'Inde et l'Australie indiquent son extension à l’est, Suess et tous ceux qui ont étudié ce continent n’ont pas signalé son existence antérieurement au Carbonifère. L’Antarctide, autre asile austral, définie en se basant sur ses fossiles, a fourni des preuves d’un commence- ment de stabilisation et peut-être aussi d’une durée analogues. Les bois fossiles trouvés par J. Eights dans la Terre Victoria du Sud il y a go ans, et les fossiles rapportés récemment par les explorateurs polaires, tendent à montrer qu’elle a coexisté avec le continent du Gondwana. D'après Osborne, l’Antarctide se serait rompue au Tertiaire. Dans la période qui a précédé immédiatement l’iso- lement de ces masses conlinegtales, elles étaient unies à l'ouest; autrement dit, dans l’Atlantique sud occi- dental, la terre polaire australe s’étendait d’une façon continue dans les régions terrestres du continent du Gondwana. Nous le savons par la détermination des li- gnes de rivage dévoniennes dans l'Amérique du Sud, les Iles Falkland et l'Afrique du Sud. Le Dévonien de ceslatitudesest une unité tant au point de vue de la vie que de la sédimentation; à cet égard, il diffère complètement du Dévonien de l’Eria, le conti- nent E-W de l'hémisphère Nord. L'extension connue des faunes de rivage dévoniennes australes indique 1. Journ.ofthe Soc. of chem, Ind.,t. XXXVIII, n° 6, p.70 M; 31 mars ‘919. ; 2. Proc of the Nat. Acad, ofthe U. S. of America, t. V n° 4, p. 102; avril 1949, , l'union des continents du Gondwana et de l’Antarc- tide pendant tout le Dévonien, L’étendue de ce pont continental dévonien à travers l'Atlantique résulte clairement de l’unité des faunes côtières dans l'Afrique du Sud, le Sao Paulo, l'Argentine et la Bolivie, et il existe des indications d’une terre composée de strates paléozoïques de date encore antérieure. C’est cet en- semble que M. Clarke appelle Falklandia, Yasile con- tinental aux dépens duquel, à l’époque post-carbonmi- fère, le Gondwana et l’Antarctide ont été TEA Ce terme parait le plus approprié, étant donné qu'aux Iles Falkland les strates marines dévoniennes bordent les lits à Gangamopteris du continent du Gondwana. Les autres noms proposés pour ces terres australes pré-gondwaniennes (Ile Sud-Atlantique de Frech, At- lantide dévonienne de Katzer, Terre à Ælabellites de Schwarz) sont beaucoup moins adéquats. $ 6. — Botanique L'origine et le support physique de la suc- culence chez les plantes. — Les bolanistes re- connaissent deux types de plantes succulentes ou grasses : celles qui croissent dans les régions sèches, comme les cactus, et celles des bords de la mer, con- nues, aussi sous Le nom d’halophytes. Le principal ca- ractère anatomique de ces formes consiste dans le fait que des files de cellules à paroi mince se sont démesu- rément élargies, soit par multiplication, soit par dé- veloppement exagéré, et que ces masses de cellules. contiennent d'assez grandes quantités d’eau ou de suc cellulaire, L'origine et le développement évolutif de ce genre de végétation ont été l’objet de beaucoup de spécu- lations. Presque toutes les plantes succulentes sont ca- ractérisées par une acidité marquée des tissus et, comme beaucoup habitent des localités dans lesquelles le solest tres chargé de sels, on a vu dans ces facteurs physiques la cause de l'accumulation de l’eau dans les plantes par le jeu des forces osmotiques. Mais toutes les explications de ce genre ont été, par la suite, trou- vées inadéquates. La découverte par H. M. Richards du fait que les Cas- tilleja Erigeron vivant sur la côte de Californie com- prennent des individus à feuilles minces et d’autres à feuilles épaisses, et que ces caractéristiques foliaires sont en relation avec l'alimentation en eau des plantes, a fourni à M. D,T. Mac Dougall! la base qui l’a con- duit à une explication plus rationnelle de la succulence. Les mesures de l’hydralation ou de l’imbibition par les tissus végétaux lui ont montré que le protoplasme des plantes est formé en grande partie de pentosanes (dont les mucilages sont un exemple), mélangés à une proportion plus faible de dérivés protéiques et à des sels. Comme la succulence implique une augmentation de l’emmagasinement d’eau, c’est vers le mécanisme de la teneur en eau de la cellule que devait se porter l’at- tention, ÿ Or une série d'analyses des hydrates de carbone des plantes désertiques a établi ce fait fondamental que, lorsque des cellules contenant des polysaccharides su- ‘bissent une réduction de leur teneur en eau, ces su- cres sont réduits en pentosanes, qui forment la prinei- pale partie des mucilages. La capacité d’imbibition des polysaccharides est faible, Mais leur transformation en pentosanes l'augmente considérablement, de sorte que sans addition d’aueune substance à la cellule, par sim- ple perte d’eau, une modification se produit qui rend la cellule capable d’absorber et de retenir des propor- tions infiniment plus considérables d’eau. En d’autres termes, l’aridité, en provoquant une forte perte d’eau, produit un changement dans la cellule qui lui permet de retenir beaucoup plus d'eau, La capacité d’emmagasi- nage conférée à la masse cellulaire est permanente, car les pentosanes ne sont pas reconvertibles en poly- saccharides, 1. Yearbook of the Carnegie Inst,, n°17, p. 85; 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 333. On a noté, d'autre part, chez le Castilleja que l'aci- dité des plantes à feuilles minces est à peu près le dou- ble de celle des plantes grasses; ce fait suggère l'hypothèse que c’est chez les plantes à forte acidité, ou plutôt à type de métabolisme produisant une acidité prononcée, que le développement de la succulence est possible. $7. — Géographie et Colonisation Nouvelle exploration du Danois Rasmus- sen dans le Groenland septentrional. — L'ex- plorateur danois Knud. Rasmussen, qui s’est déjà fait connaitre par plusieurs expéditions remarquables accomplies par lui dans la partie septentrionalt du Groenland, est rentré à Copenhague au début de juin 1918, après avoir effectué, dans le nord de cette vaste terre insulaire, un voyage qui, de mème que les précé- dents, aura été fructueux en résultats scientifiques !. Nous avons déjà relaté ici? la série des explorations faites par lui sur cette terre polaire depuis 1402 etnous rappelons que la plus importante de toutes a élé celle accomplie en 1912, au cours de laquelle il a fait deux traversées du Groenland, la première de l’ouest à l’est, la seconde de l’est à l’ouest. En 1913,ilopéra son retour en suivant toute la banquise de la baie Melville, de la baïe de Baïñlin et du détroit de Davis pour gagner Hols- tenborg, sur la côte occidentale du Groenland, un peu au nord du cercle polaire. ; Knud Rasmussen, qui s'était toujours préoccupé de l'étude des questions se ratlachant à l’origine et aux migrations des Esquimaux, rechercha et visita,en 1916, tous les restes d'anciens établissements de cette popu- lation qui pouvaient se trouver autour de la baie Mel- ville et dans la péninsule de Hayes qui forme sa côte septentrionale, Avec son compagnon Lauge Koch, géo- logue et topographe, il découvrit cinquante habitations dans la baie Melville et une soixantaine à Umanak, dans le Wolstenholme sound. : En 1917, Rasmussen entreprit une nouvelle expédi- tion au cours de laquelle il put explorer les fjords de l’extrème Nord du Groenland, mais ce fut au prix de terribles souffrances,dues à l'insuffisance de la nourri- ture, qu'il put mener à bout son entreprise. De même que l’expédition de Mylius Erichsen avait été cruelle- ment éprouvée en 1907 dans le nord de la côte orientale du Groenland par suite du manque de vivres 3, celle de Rasmussen laissa aussi des victimes sur les terres ‘polaires. L'explorateur danois Rasmussen était parti le 6 avril 1917 de Thulé, station d’'hivernage qu'il avait installée ” en 1910 sur les bords du Wolstenholme sound, auprès du cap York, pointe de la côte occidentale du Groenland en dessous de laquelle s'ouvre la baie Melville, Il avait pour compagnons le géologue et topographe Lauge Koch, le botaniste suédois Thorild Wulff, l’eskimau Henrik Olsen et de nombreux indigènes, et il était muni de traineaux à chiens. La caravane fit route dans la direction du nord en 1. Des détails sur cette exploration ont été donnés par M. Charles RABoT dans La Géographie (tome XXXII, n° 3. 1918, p.195), d’après des renseignements communiqués par l'amiral F. Wandel, directeur des explorations danoises au Groenland; par M. Maurice ZiMmeRMANN dans les Annales de Géographie, 15 mars 1919, p. 157-158, et dans The Geogra- phical Journal (Londres, LIF, janvier 1919, p. 59-60). 2. Revue générale des Sciences, 15 février 1914, p. 97-98. 3. Revue générale des Sciences, 15 janvier 1913, p. 5. longeant la rive orientale du long détroit qui met en communication la baie de Baflin avec le bassin polaire. Après un mois de trajet, les voyageurs purent doubler la côte nord-ouest du Groenland et prendre la direction de l’est. Ils purent alors exécuter le levé de tous les grands fjords de la côte septentrionale jusqu'au fjord de Long sur la terre Peary.Les mois de mai, juin et juil- let furent consacrés à ce vaste travail de topographie. Ces levés vinrent compléter et rectifier d’une façon notable ceux qui avaient été faits par les expéditions de Nare et de Peary, surtout pour la partie comprise entre les fjords Sherard Osborn et de Long. Il fut re- connu que ce dernier se divise en trois branches pro- fondes. Quant au tracé de la côte, il fut refait suivant un dessin très différent, On constata que beaucoup de fjords étaient envabis par des fronts glaciaires flottants qui se reliaient à la glace de pleine mer; c’est ce qui avait lieu pour le fjord Sherard Osborn et le fjord Victoria. Ces conditions glaciaires se trouvaient avoir une ré- percussion forcée sur le développement zoologique, et la conséquence en était dans toute cette région la dis- parition des animaux qui cessaient de pouvoir y vivre. Ce fut une circonstance désastreuse pour l’expédition qui avait eru pouvoir y trouver une certaine abondance de gibier, et surtout des phoques et des bœufs musqués qui auraient pu faire le fond de son alimentation, Décue dans ses espérances, elle éprouva de grandes difficultés et elle eut le malheur de perdre son fidèle Esquimau Henrik Olsen qui disparut, le 21 juillet, au cours d’une chasse entreprise pour ravitailler la caravane. Le 5 août 1917, l'expédition commença son voyage de retour dans la direction de l’est à l'ouest. Ayant gravi la rive du fjord George qui avoisine à l’ouest le fjord Sherard Osborn, elle traversa l’inlandsis de façon à gagner le couloir qui sépare le Groenland de la terre -Ellesmere, Après dix-neuf jours de trajet, elle l’attei- gnit au cap Agassiz, dans le canal Kennedy, L'expédi- tion se trouvait là à 225 kilomètres au nord d’Etah, village eskimau situé presque à la même distance du cap York. Quand la caravane arriva sur les bords de la mer, elle était complètement épuisée faute de nourri- ture, et les derniers chiens venaient d'être mangés quel- ques jours auparavant, Prenant les devants, Rasmus- sen partit de suite pour Etah avec un Esquimau pour rapporter des approvisionnements à ses compagnons restés en arrière, qui étaient très affaiblis; quand il put les rejoindre le 4 septembre, le D" Thorild Wulf avait malheureusement succombé. Après avoir passé l'hiver à la station de Thulé, les survivants de l'expédition purent, au printemps de 1918, gagner les établissements danois situés plus au sud sur la côte occidentale et de là ils furent rapatriés, Les reconnaissances faites par l’expédition sur la côte nord du Groenland et lesimportants levés effectués ont permis de se rendrecompte que les Esquimaux n'avaient pas pu émigrer de la côte Ouest vers la côte Est par les contrées du Nord comme l'avait pensé Rasmussenen 19r2, et l'absence de gibier en était l'une des principales raisons. On ne rencontra en effet aucune trace d’'habi- tations au nord de la baie Benton, située par 80° lat. N. Les études géologiques faites par Lauge Koch ont apporté d'importantes données nouvelles sur les for- mations que l’on rencontre au Groenland et de riches collections botaniques ont été rassemblées par Th. Wulfr. Gustave Regelsperger. NES dy ÉE els Lt Le “à Ca de ES À — NAN Tr À 1 L 334 J, MARTINET, — COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE Nous recherchons actuellement la cause des propriétés physiques de la matière et en parti- culier de la couleur,soitdansla nature de l'atome, soit dans l'arrangement des atomes dans la molé- cule, soit dans la disposition des molécules dans l’espace. C’est à cette dernière cause, agence- ment des molécules en lames minces, qu'estattri- buée la coloration des bulles de des couches d'oxyde à la surface des métaux, etc. Onsaitd'autre partque certains atomes, comme ceux de nickel, de cobalt et de chrome, appor- tent La propriété colorée aux molécules qui les contiennent. Si nous comparons les chlorures incolores d'argent et de plomb aux iodures jaunes des mêmes métaux,ilest évident qu'on doit attri- buer à l'atome d'iode la différence de coloration. On explique de la même manière que le chloro- forme soit incolore etl'iodoforme coloré en jaune. Mais ces deux causes sont bien insuffisantes pour expliquer la plupart des colorations, et la Chimie organique, avec ses nombreux corps isomères dont parfois les uns sont incolores : xylène (1) et les autres colorés : diméthylfulvène, jaune d'or (Il), nous oblige à rechercher une relation entre la couleur et la constitution chimique. savon, CH, HC—CH | C ZX HC CH HG CH La HD) DAENICN ) HC CH C N/ Il 3 C | FAN CH IC CH D'ailleurs l'existence de cette relation n’est pas mise en doute, et depuis longtemps les chimistes se sont préoccupés de trouver une solution à ce problème, Les travaux entrepris dans ce but sont très nombreux et souvent importants. Des règles plus ou moins générales ont été formulées, mais aucune ne présente le caractère d’une loi. Nous nous proposons de faire une sorte de mise au point de cette question, certain d’ailleurs à l'avance d’être incomplet puisque nous avons rejeté systématiquement un certain nombre de règles, souvent d’ailleurs fortintéressantes, mais qui n'offraient aucun lien entre elles et que nous aurions été obligé de présenter sous forme d’une sèche énuméralion, L'intérêt qu'on porte actuel- lement aux matières colorantes nous incite à traiter ce sujet et la récente publication d'un livre de M. Watson : « Colour in relation to chemi- cal constitution » nous en fournit l’occasion. [.— Qu’Esr-cE QU'UNE SUBSTANCE COLORÉE ? La substance noire est celle qui absorbe toutes les radiations qu’elle reçoit, la substance blanche les diffuse toutes, et la substance incolore les laisse passer. La substance colorée se caractérise par son absorption sélective. Elle transmet donc par transparence ou diffusion les radiations com- plémentaires de celles qu’elle absorbe. L'œil nous révèle l'absorption des radiations de la région visible du spectre. Maisil estévident que, dans une étude scientifique autre que physiolo- gique, nous ne pouvons créer une cloison étanche entre les radiations visibles comprises à peu près entre 02,4 et 04,8 et les radiations infrarouges ou ultraviolettes.La coloration, au sens ordinaire du mot, n’est qu’un cas particulier d’un phéno- mène beaucoup plus général, l’absorption sélec- tive, dont il est intéressant de connaître les lois. Nous devons donc prendre en considération les indications que nous fournissent l'œil, la plaque photographique, le bolomètre ou la pile thermo- électrique. Mais s’il importe, au point de vue scientifique, de ne pas faire de distinction entre les différentes longueurs d’onde pour élucider la loi qui domine l'absorption, il n’en est pas moins vrai qu'au point de vue pratique l'absorption des radiations visibles est particulièrement intéres- sante; nous sommes ainsi amené à dire quelques mots des relations entre l'absorption des radia- tions visibles et la couleur. II. — SPECTRE D0’ABSORPTION ET COULEUR Le spectre d'absorption des matières colo- rantes présente des bandes obscures d’une assez grande largeur. Ces bandes sont généralement peu nombreuses; souvent on n'en observe qu’une | seule dans toute l'étendue du spectre visible. La couleur de la substance considérée est cons- tituée par l'ensemble des radiations visibles res- tantes; elle est donc complémentaire de celle que formerait l’ensemble des radiations absor- bées. Suivant, par exemple, que l'absorption se D CIO UT PF (e RO, RS 1. Le livre de M. Watson appartient à la collection bien connue Monographs on industrial Chemistry (Longmans, Green and C°, 1918). Cet ouvrage bien illustré groupe un grand nombre de documents, Il offre au lecteur un exposé critique de règles bien présentées, une bibliographie intéressante, des généralités sur les spectres d'absorption et leur obser- vation. Il traite en outre de la phosphorescence et de la fluor- escence, di £ MARTINET. — COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE 335 fait dans le violet ou le vert, les matières colo- | rantes paraîtront jaune-vert ou rouge. Si la bande d'absorption se déplace dans lesens violet, bleu, vert, jaune, orangé, rouge, les substances considérées paraissent jaune, orangee, rouge, violette, bleue, verte. On dit que la couleur s’ap- profondit, et toute cause qui produit un appro- fondissement de la couleur est dite avoir un effet bathochrome. L'effet inverse est dit Lypsochrome. La bande d'absorption peut parfois être relative- ment étroite, par exemple ne couvrir que le dixième du spectre : la couleur est pure et fran- che. C’est le cas des colorants du groupe du tri- phénylméthane. Mais parfois la bande peut s’éta- ler largement, avoir des bords moins nets : la couleur est alors généralement plus terne. Beau- coup de colorants azoïques offrent cette particu- larité. Il importe de bien distinguer les expressions « profondeur de la coloration » et « intensité de la coloration ». Deux substances colorées peu- vént avoir la même couleur: mais, pour produire une solution d’une teinte donnée, il peut falloir beaucoup plus de l’une que de l'autre. Ces deux substances différeront non par la profondeur, mais par l'intensité de leur coloration, Nous pouvons maintenant poser nettement la question : étant donnée la formule de constitu- tion d’un corps, peut-on dire s'il est coloré ou non, peut-on prévoir sa couleur avec sesqualités de pureté et d'intensité ? A l’heure actuelle, on peut répondre, mais pas avec toute la certitude ni toute la précision désirable. Nous allons donc examiner les règles qui solutionnent partielle- ment le problème. à III. — INFLUENCE DE LA DOUBLE LIAISON Peu de temps après la découverte des premiers colorants synthétiques, Graebe et Liebermann, en 1868, reconnurent que tous ces colorants sont des corps non saturés, ce qui se traduit dans leur formule par la présence de doubles ou de triples liaisons. Mais disons dès maintenant que la triple liaison semble bien moins eflicace que la double liaison. Ceci résulte, entre autres observations, de celles de Stobbe et Ebbert. Le stilbène{(l) absorbe des radiations de plus grande longueur d’onde que le tolane (Il). COMD=CEECR TD CODEC > (1) (1) Les colorants fournissent par réduction des dérivés très fréquemment incolores qui, pour cette raison, ont été appelés /euco-dérivés. Cette influence des doubles liaisons est un fait extré- mement général et bien reconnu, confirmé par toutes les observations ultérieures. Le. Un progrès considérable ne se fit pas attendre. En 1876, Otto Witt émit une théorie plus com- plète, qui fut célèbre entre toutes et qui est encore très en honneur aujourd'hui. Pour cet auteur, tous les hydrocarbures seraient inco- lores. L'introduction dans leurs molécules de groupes spéciaux comme N=N—, —C—0, etc., appelés chromophores, donne naissance, quand leur nombre est suffisant, à des molécules colo- rées appelées chromogènes. L'addition de grou- pes salifiables tels que OH, NH° dans la molécule d’un chromogène exalte la coloration et apporte le pouvoir tinclorial : de tels groupes sont les auxochromes. Nous pouvons adapter cette règle à nos con- naissances actuelles ét donner des définitions qui précisent les termes introduits par Witt. Nous dirons tout d’abord qu'il existe actuelle- ment un grand nombre d'hydrogarbures colorés. Ch. Courtot, dans son étude dans la série des fulvènes, a apporté une large contribution à leur connaissance. Nous ne pouvons donc plus, avec Otto Witt, définir le chromophore : un groupe d’atomes qui apporte la coloration quand il est introduit dans la molécule d'uc hydrocarbure. Un arrangement spécial, formé uniquement d’atomes d'hydrogène et de carbone, peut lui- même être un chromophore. Nous le définirons donc : le groupe d’atomes non saturés dont la presence est nécessaire pour qu’un corps soitco= loré. Un auxochrome est un groupe tel que OH ou NH? qui exalte la coloration deschromogènes dans lesquels il se trouve substitué. Mais il iaporte de remarquer qu’il n’y a pas icide chan- sement de teinte. Un auxochrome n’a pas forcé- ment un effetbathochrome. Par exemple la colo- ration jaune de l’amidoazobenzène (1) est moins profonde que la coloration orangée de sa subs- tance mère, l’azobenzène (II). D" Om OO [” bu n'apporte pas non mé néces- sairément le pouvoir tinctorial. Un exemple bien connu est celui desisomères de l’alizarine qui ne teignent pas, bien qu'ils possèdent deux auxochromes OH comme l’ali- zarine elle-même. O OH O0 PIC UN PAR N | [f N OH L T No NE 7 EN N EL CRE VAE © KZ O0 O Alizarine Acide anthraflavique VA 7 ; ASE LEE" 8, Res * 336 D'autre part, il ya des groupes dont la présence n’augmente pas l'intensité de la coloration, mais fait apparaître le pouvoir tinctorial. Nous les appellerons des tinctophores. Tels sont les groupes COOIN et SOSH. On sait, en effet, qu’il n’est pas nécessaire qu'une molécule soit colo- rée pour se fixer sur la fibre. Il en est ainsi dela cuve: d'indigo. L'apport du pouvoir tinctorial, la variation de la nuance et l'augmentation d’une couleur donnée sont donc trois propriétés bien distinctes, mais qui peuvent être conférées à une molécule par lintroduction d’un groupement unique. L’auxochrome peut parfois être un tinc- tophore et un bathochrome. Cette particularité explique l'emploi de termes dans des acceptions différentes, ce qui n’est pas pour rendre plus claire l'interprétation des résultats expérimen- taux. Nous allons préciser la nature des chromopho- res, des auxochromes, des bathochromes et des . hypsochromes. Nous laisserons de côté les tine- tophores, qui sont en dehors de notresujet puis- que la fixation sur la fibre est indépendante de la coloration. IV. — Taéorie D'ArmsrRONG ET DE Nierzki (1888) THÉORIE QUINONIQUE Cette théorie, qui est une des plus anciennes en date après celle de Witt, est aussi fort connue, Armstrong et Nietzki cherchent à démontrer que toutes les substances organiques colorées contiennent le complexe quinonique, On connait deux sortes de complexes quinoniques : le com- plexe paraquinonique (1) et le complexe ortho- quinonique (Il; : 6 VE ANT —C \C— | | © | | (in) DA Ce \ 7€ Ï F On connaît peu de corps à structure quinoni- que qui ne soient pas colorés. Je ne signalerai que la quinonediimide qui est incolore, alors que la quinone est colorée en jaune. H H H GC C C CH oc DO MINE CA CN C CH C CH H H Quinone Quinonediimide Mais, la bande d'absorption de la quinone se trouvant dans le violet, il se peut très bien quela quinonediimide, sans être colorée à l'œil, ait un pouvoir absorbant très voisin, Par suite, cet J. MARTINET.— COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE exemplen’infirmerait pas la suffisance de la théo- rie. Par contre, les corps colorés qui n’ont pas la structure quinonique sont en grand nombre. Signalons le mésoxalate d’éthyle, les fulgides de Stobbe, les fulvènes, les isatines,l'indigo, ete. HÿC?20 — C —C — C — OC?H Ie A 0 O0 0 Jaune © R:, R, HC CH N / C—C—C—C FA Se R, | | Ro HG CH O=G G—=0 TANT NEA (o Ô Î Jauné ou rouge C ZX R, R, Jaune ou rouge AN LS AN ‘4 LE . Ro, | N GE97 Ko ANUO EE OAESRRS KZ UN NON N NA R R R Rouge Bleu V. — RÈGLE DU CHROMOPHORE ESSENTIEL DE Lie81G (1908) Beaucoup plus générale est la règle du chro- mophore essentiel de Liebig. EHe fait rentrer dans le cadre de son explication toutes les excep- tions précédentes. Liebig constate que tous les corps non colorés renferment un système de doubles liaisons conjuguées croisées. Nous rappellerons que quatre atomes sont unis par un système de doubles liaisons conjuguées quand à chaque atome aboutitune doubleliaison etune seule (schéma [). On dit que trois doubles liai- sons sont en position conjuguée croisée, quand l'une d’elles est conjugée des deux autres d’un même côté (schéma {1} : Es DE eh CR I fl (0) an) Un rapide examen des formules du mésoxa- late d’éthyle, des fulgides, des fulvènes, des isa- tines et de l'indigo convaincra de l’existence Ge ces doubles liaisons conjuguées croisées. Les quinones renferment, ,pour ainsi dire, doublementce système. Car quatre doubles liai- sonsconjuguées doublement croisées concourent à leur formation. Cette règle met donc aussi en relief l'importance du complexe quinonique qui avait frappé Armstrong et Nietzki. Elle est C=C—C—cC _—— : F J. MARTINET. — COULEUR E :T CONSTITUTION CHIMIQUE 337 fort satisfaisante pour reconnaitre un chromo- phore. Cependant à lui seul un système unique de doubles liaisons conjuguées croisées est sou- _ vent incapable de provoquer une absorption dans le spectre visible. Ainsi l'acide tétraméthyl- fulgénique (1) est incolore, quoique la pentane- trione soit colorée en jaune (Il). HEC CH, ss + C—G—c—c H3C—C—C—C—CHS F2 NIGAUIMRRS NANIPEAT H3C O—C C—O CH, 010710 ll OH OH @ Qi) Cette règle pèche encore par son absence de nécessité absolue etquoique les exceptions soient rares nous en citerons pourtant deux : celle des dérivés nitrosés tertiaires, incolores à l’état solide, bleus à l'état liquide (I), et celle du diméthylcétène de Staudinger, jaune (Il). CH, cE* | N HC—C—N—O (1) C—C—0 (il) Le CH, Cependant, à notre connaissance, rien n’a été trouvé qui permette d'expliquer d'une manière plus précise et plus générale la cause d’un aussi grand nombre de colorations. Nous laisserons donc là l'étude du chromophore pour examiner les groupements ou les particularités de struc- ture qui ont une action bathochrome ou hypso- chrome sur la coloration du chromogène. VI.— RèçeLe DE KAUFFMANN Il est tout d’abord intéressant de remarquer avec Kauffmann que l’accumulation des doubles ‘ liaisons approfondit la couleur. Cet auteur,pour rendre compte dela coloration des hydrocarbures, introduit la notion de densité de doubles liaisons. La densité est d’autant plus forte qu'a un nombre donné d’atomes de car- bone cuntigus aboutit un nombre plus grand de doubles liaisons. Ainsi dans le fulvène, coloré en jaune, les trois doubles liaisons aboutissent à trois atomes de carbone, tandis que dans le benzène incolore cestrois doubles liaisons, éga- lement conjuguées, aboutissent à quatre atomes de carbone contigus. Ch. Courtot précise cette définition en exprimant la densité par une frac- tion dont le numérateur est le nombre de doubles liaisons et le dénominateur le nombre d’atomes de carbone qui les porte. En même temps, Courtot critique cette théorie et fait apparaître l'importance de /la double liaison conjuguée. En effet, quand les doubles liaisons sont jumelles, le résultat est trèsirrégu- lier. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Nous disons que deux doubles liaisons sont jumelles quand elles aboutissent à un même atome. En elfet,le méthyl-2-heptatriène-4-5-6 (I) découvert par Grignard et qui possède trois: doubles liaisons comme le fulvène, mais avec une densité plus considérable, devrait être coloré et il ne l’est pas. Le fait est encore plus curieux si on considère le tétraphénylbutatriène inco- lore (Il). H H HiC—C—C—C—C—C—CH ){ PO ) CH ART N RES N AS. TK 7 Nc= CG CC ATEN "NS HR MN Ÿ f ss Vi an) Mais, si nous passons à des corps autres que des D caen nous arrivons à des consta- tations déconcertantes. Alors que le diméthyl- cétène est coloré en jaune (III), le sous-oxyde de carbone de Diels et Wolf est incolore (IV\. H°C DG—=a—0 (1) 0 C—=C—C— at) H°C Mais, si nous restreignons la théorie de Kauffmann aux doubles liaisons conjuguées, elle est pleinement confirmée. Plus le nombre des conjugaisons de doubles liaisons est grand, plus la couleur est profonde. Pour le montrer, indiquons seulement un exemple. Nous consta- terons que la coloration s’approfondit quand, sans changer le nombre des doubles liaisons, on augmente le nombre de leurs conjugaisons. Le tétraphényléthylène est incolore, le diphényldi- benzofulvène est jaune et le bisdiphénylène- éthène est rouge. PAIN LAN [Lt] TO (T0 NAN PAN A NN ZE ] ] | C C ! PSN AN 2 NERO PS APE URCRÉROREE Né INCARNE KA TNA TIN ES ncolore Jaune Rouge VII. — Récre pe Nierzki Er Scaurze Nietzki prétend que l’alourdissement d'une mo- lécule colorée provoque l'approfondissement de la couleur. Schütze critique cette règle et la pré- cise. Plus que leur poids, la nature des groupes 2 Ÿ Û î 335 * J. MARTINET.— COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE , substituants a de l'influence. Schütze a intro- duit alors les termes de bathochrome et d’hyp- sochrome. D’après cet auteur, certains groupes comme les oxhydryles et les halogènes, les grou- pes alcoylés etsurtout arylés sontdes bathochro- mes; d’autres, comme les groupes nitré NO* et acétyle CH*CO, ont un effet inverse ; ce sont des hypsochromes. Il considère en outre une troi- sième catégorie de groupes qui n'ont pas ou peu d'effet, tels les carboxyles CO?H et les groupes sulfoniques SO#H. Cette règle a rendu et rend encore de grands services, maiselle estloin d’être infaillible ; même avec l'amélioration de Schütze, elle présente encore de nombreuses anomalies. Nous l’illustrerons d’abord par quelques exem- ples, puis, pour mettre en garde contre un em- ploi trop absolu, nous signalerons quelques exceptions. L'approfondissement de la coloration dansles séries desoxyanthraquinones, des alcoyl- et aryl-pararosanilines est très suggestif. L'an- thraquinone est jaune, l’alizarine ou dioxyan- thraquinone, jaune orange, le bordeaux d’ali- zarine ou tétraoxyanthraquinone est rouge violacé, etle bleu d’anthracène est une hexaoxy- anthraquinone. 2 O O G de OH C OH ( (0 ECO CU ANANPAINNT VA NE NT 5 6 O Jaune Jaune orangé Rouge violacé O A C : OH xd 1] ô Bleu De même, le remplacement de six hydrogènes aminés par six groupes méthyle dans un sel rouge de pararosaniline conduit au violet cris- tallisé, celui de trois de ces hydrogènes par trois groupes phényle donne le bleu de diphényl- amine. NH? N(CH3)2 CH? ] —— * => \ | CHEN 6 ŸG= NH°2C] °C = CG CG = NCI | F D—— | N = | 0 f) CH N/ NH? N(CH} Rouge Violet (1) (1) NH.CSHÿ . (II) NH,C6H° Par contre, l’acétylation des groupes oxhydry- les ou aminogènes, bien qu'alourdissant la mo- lécule, peut avoir un effet hypsochrome. Les isatines rouges non substituées à l’azote s’acéty- lent en donnant des corps jaunes. QE CIE UK /co \_Jco N X H | COCH: Mais, comme nous l’avons annoncé, l’effet de ces groupes est quelquefois inversé. Quoique le brome soit généralement un bathochrome, il a un effet très nettement hypsochrome dans le 6:6°- dibromo-indigo (pourpre des Anciens). de re (), Br Ve=de Br H H Pourpre antique Bleu Sous ce rapport, le groupement de beaucoup le plus curieux est le groupement aminé. Jus- qu'ici pas de règles qui prévoient son effet. Il est le plussouventhypsochrome; cependant l’amino- anthraquinone est rouge, alors que l’anthra- quinone elle-même est jaune. 5 O NH? Rouge La fuchsonimide est incolore ; l'introduction d’un groupe aminé a un effet bathochrome des plus considérables, puisqu'on passe au violet de Doebner, mais l'introduction d’un nouveau groupe aminé ramène la coloration au rouge dans la pararosaniline déjà formulée, C = C=& Nc=N— Ô CI 0 Q Incolore INT Violet Comme nous venons de le voir, la nature du substituant a de l'influence sur la coloration; il enest aussi de même de la position de ce groupe. _ Si le brome a un effet RyBSocRxIRE dans le 6 :6'- dibromoindigo précité, il n'a pour ainsi dire pas - d'effet dans le 5 : 5’-dibromoindigo. D’autre part, l'alizarine est jaune orangé, tandis que la quini- _zarine est rouge, | | à ‘ CO OH # FENA SNS ANA NE NC oi ju LE |] NAN Ne CO OH FANS rs Rouge - Noelting a étudié l'influence de la position - d’un substituant, en particulier dans les colo- | rants du triphénylméthane. Il serait très inté- ressant de comparer ces résultats avec ceux à . recueillir dans l'étude d'autres séries de colo- rants. VILE — Tné£orie DE L'OSCILLATION DE BABYER ET DE WILLSTÆTTER Pour tâcher d’élucider, dans la mesure du possible, l'influence de cette position, nous allons examiner les règles qui tiennent compte à la fois du chromophore et des groupes bathochromes etauxochromes. Nous avons vu plus haut que _ l'introduction d'un groupe aminé dans la fuch- . sonimide incolore transforme ce corps en un colo- . rant, le violet de Doebner. Le groupe NI intro- _duit a en même temps une action auxochrome, » bathochrome et tinctophore. Baeyer cherche à pepe ce fait par sa théorie bien connue de . l'oscillation. Nous voyons que dans le violet de # Doebner deuxnoyaux portent des atomes d'azote, 1 l’un deces noyaux est benzénique et l’autre qui- E … sons et d’un atome d'hydrogène, de manière que 4 chacun des deux noyaux soit alternativement . benzénique et quinonique, comme le montre le schéma : . 2 4 NE Dour, NE L: : — eE— NH2— —< QUE GED". NH Cette théorie met en évidence l'importance de ‘lasubstitution en para. On ne saurait en effet J. MARTINET. — COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE _ Les exemples de ce genre ne font pas défaut. | _nonique. Baeyer admét une oscillation des liai- 339 expliquer de la même manière un tel approfon- dissement de la couleur si le groupe aminé était introduit dans le deuxième noyau en méta par rapport au carbone méthanique. Willstætter explique d’une manière analogue la coloration d’un grand nombre de corps. Il montre que beaucoup d’entre eux sont des com- binaisons de quinones avec leurs produits de réduction, c’est-à-dire sont des quinhydrones ou, pour employer son expression, des mériqui- noides. Nous pouvons comme il suit schématiser cette oscillation : HAz AzH° H°Az AzH | ee || | C C C G ZA AN di \ 72 RACE LE ! = | NO NZ N7 N 4 C C C C | || || | HAz AzHCI .CIHAz AzH Au groupe des colorants mériquinoïdes ap- partiennent ceux de Piccard, qui proviennent de la combinaison d'une molécule de tétraphényl- benzidine avec une molécule de la diquinone- diimide correspondante. Dans ces molécules très complexes, une bande d'absorption a déjà traversé le spectre visible en entier; mais, à cause de la symétrie de la molécule, dit l’au- teur, cette bande est suffisamment étroite pour ne pas laisser de queue derrière elle. Une seconde bande d'absorption pénétrant par l’ex- trémite violette du spectre peut donner à nou- veau une coloration jaune très pure à la molé- cule. La coloration, peu profonde en apparence, de ces composés à poids moléculaire très élevé est dite de second ordre. Ces colorants répon- dent à des formules compliquées qui contien- nent douze noyaux quinoniques ou benzéniques. Ilest intéressant de remarquer que l’auteur énonce une relation entre la pureté de la colo- ration et la symétrie de la molécule. IX. — Rècze pe Warson Cette règle est un complément à la théorie de l’oscillation. Quand il y a oscillation des atomes, il y a tau- tomérie et, d’après Watson, la coloration d’une molécule est particblièrement profonde quand toutes les formes desmotropes sous lesquelles elle peut se présenter ont une structure quino- nique. La comparaison de l’hexaoxybenzophé- none jaune avec le bleu d'anthracène de consti- tution assez voisine peut servir d'exemple. On peut concevoir en effet deux formes du premier 340 ‘ Î J. MARTINET.— COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE corps, l’une quinonique (let l’autre non quino- nique (Il) : (1) Au contraire, le bleu d’anthracène ne peut se représenter que par des formules quinoniques. Nous écrirons deux d’entre elles : O O0 HO C OH HO! 1C OH 0 cho ce HENGEN Ne HO UAZ OH 20,10 HO’: C || | 0] OH X. — Récze pe Bazy Er DEscn Ces règles nous acheminent vers l’idéequeles phénomènes de coloration des corps organiques doivent être liés aux phénomènes de tautomé- rie. C’est ce que Balyet Desch ont énoncé depuis plus de quinze ans. L'examen dans l’ultraviolet des éthers B-cétoniques et des B-dicétones les a amenés à ces considérations. Pour ces auteurs, ni la forme cétonique ni la forme énolique des corps considérés ne donne lieu à une absorption dans l’ultra- violet, mais seuls les corps susceptibles d’exis- ter sous les deux formes desmotropes en équilibre d’isomérie dynamique produisent une absorption R — CO — CH° — CO?R' Forme cétonique R — COH — CH — CO?R' Forme énolique Une objection très nette a été faite à cette théo- rie, Le nitro-camphre est susceptible d’exister sous deux formes:la forme nitrocamphre et ja forme isonitrocamphre : CH, CHE | | ce AN NC / X H2C C—=0 H2C È=0 \ leC-C- 13 (9) uc-6-cu | pecém) | H2C C—N H2C C—N—0 \ NUE K | NC H O0 Nc” OH H H Orces deux formes ont des pouvoirs rotatoires différents. Quand elles sont en état d'équilibre d’isomé- rie dynamique, on peut donc doser très exacte- ment les quantités de chaque forme desmotrope en équilibre. Des variations dans les conditions de température et de milieu entraînent desva- riations dans leur rapport. On a étudié l'absorp- tion correspondante et on l’a trouvée nulle. Cette règle avait donc besoin d'être complétée ou modifiée. XI. — Rècis pe Warson et MBEk | Ces savants ont fait une remarque intéressante au sujet de la règle précédente. Ils considèrent | en milieu acide l'hydrolet la cétone de Michler. Tous deux peuvent exister sous deux formes tautomères. Ces deux formes exigent pour se transformer l’une dans l’autre un renversement de tout un système de doubles liaisons conju- guées : une double liaison prend la place d'une simple et inversement. Or, par l'examen des for- mules, on peut se rendre compte que cinq dou- bles liaisons sont déplacées dans l'hydrolettrois seulement dans la cétone (les doubles liaisons marquées d’astérisques restent fixes) : CH° H°C CH3 ERA NN” NN | VAN AN | | F | À Ÿ CH de ) | ZAN DANS LU | ll 4 TA CH HC/ \CH CI-N< Nc A PO PH OR | | INC AN * | . | er NP r C—=0 C—OH | || TAN AN À | | mc RL N 1 ci” Nc HiC/ Ti Ce rapport 5/3 est, chose curieuse, à peu près égal au rapport des longueurs d'onde des radia- tions principales absorbées par ces corps; ce rapport est exactement 6100/3680. Il y a plus qu'une simple coïncidence, puisque le fait a pu être mis en évidence sur sept groupes de deux .… corps. Nous voyons donc que les radiations ab- - sorbées ont une longueur d'onde sensiblement » proportionnelle à la longueur de la chaîne de - doubles liaisons renversées pendant la transfor- - mation tautomérique. La radiation principale absorbée par l’hydrol _ de Michler a, comme nous l’avons vu, une lon- - gueur d'onde voisine de 04,6; les éthers B-céto- . niques doivent donc absorber une radiation dont - la longueur d'onde est environ les 2/5 de celle de l'hydrol de Michler, car il n’y a plusiciqu’un système de deux doubles liaisons conjuguées renversé au lieu d’un système de cinq. En fait, ces corps absorbent des radiations de longueur d'onde voisine de 0#,25. Un calcul analogue fait _ pour le nitrocamphre, équilibre dans lequel il n'y a qu'une double liaison renversée, donne 04,12. Or cette radiation est en dehors du champ observable avecles spectrographesen quartz dont on dispose ordinairément. Ce calcul réfuterait donc l’objection faite à la règle de Baly et Desch. : r : XII. — RëGze DE SrewanT ET Bazy Maisun grand nombrede corps colorés ne sont pas susceptibles d’exister sous deux formes tau- 4 tomères. Pour ces corps, on imagine des for- - mules qui diffèrent non par l’arrangement des . atomes, mais par celui des liaisons qui unissent ces atomes. La bande d'absorption du diacétyle . s'explique par un équilibre de ce corps entre les _ deux formes: Ÿ HiC—C—C—CH° > HC—C—=C—CH Z LE IL Il 0 0 Rp | O—0 - Nous sommes ici en présence d’un phénomène . de tautomérie spéciale, que les auteursdésignent . sous le nom d’isorropèse. Ainsi s'explique l’exis- tence des différentes bandes de la quinone, qui . peut donner lieu à plusieurs phénomènes d’isorropèse. Pour les auteurs, cette nou- velle théorie est préférable à l’ancienne de Baly et Desch, car elle permet d'admettre une isorro- pèse dans les corps solides colorés, la conception d'une tautomérie dans lescristaux paraissant plus invraisemblable. XIII. — Coxczusion En somme, on voit d’après ce qui précède que l’on a surtout cherché à pouvoir déterminer si un corps est coloré ou non ou quelle est sa cou- … leur, mais qu’on s’est peu préoccupé de détermi- . ner quelle est l'intensité de la coloration. Autre- | ment dit, on a cherché à élucider les problèmes J. MARTINET, — COULEUR ET CONSTITUTION CHIMIQUE 341 relatifs aux chromophores, aux bathochromes et aux hypsochromes, plutôt qu'aux auxochro- mes considérés seulement pour leur effet sur le coefficient d'absorption. Ceci tientnaturellement à ce que les spectrophotomètres sont encore peu répandus dans les laboratoires de Chimie. D'autre part, la pureté de la coloration ou la largeur de la bande d'absorption n’a pas donné. lieu à beaucoup de travaux spéciaux, quoique l'expérimentation soit plus aisée. Une des seules idées émises estqu’une couleur est d'autant plus pure que la molécule colorée est plus symé- trique. En résumé, quelques cas particuliers mis à part (nitrosobutane tertiaire, diméthylcétène, etc.), on a trouvé une relation assez générale entre la constitution des corps organiques et leur colo- ration. Pour qu’un corps soit coloré, un certain groupementest nécessaire : c'est lechromophore; un autre est utile : c'est l’auxochrome. Le chro- mophore est un groupement non saturé quiren- ferme le plus grandnombre possible de doubles liaisons conjuguées surtout en position croisée. Il est capable d'isorropèse. L’auxochrome est un groupement qui possède un hydrogène mobile susceptible de transformer en tautomérie l’isor- ropèse du chromophore. Mais tout groupe qui possède un hydrogène mobile n’est pas pour autant capable d'opérer cette transformation. Considérons en effet le nitrobenzène, qui est un chromogène. L'introduction dans la molécule d'un oxhydryle, en para par rapport au groupe nitré, donne un colorant, le paranitrophénol, susceptible d'exister sous deux formes tautomè- res. Au contraire, l'introduction dans la même position d’un carboxyle, qui possède aussi un hydrogène mobile, donne un corps non suscep- tible de tautomérie. La coloration n'est pas accrue. O : NC HO—N—0 O A _ À ae \7 qi OH ( Nitrophénol O Le groupe OH se comporte donc comme un auxochrome. Le carboxyle n’en est pas un; c’est un simple groupe salifiable. Mais un corps n’a une coloration intense et .profonde que s’il contient à la fois des chromo- phores et des auxochromes. Ces derniers grou- pes peuvent avoir aussi, comme nous l’avons dit, ‘ une action bathochrome, Si donc, dans un corps ! coloré qui ne renferme que deschromophores,on 342 P, CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE transforme l’un d’eux en auxochrome {par exem- ple par réduction), il apparait une coloration plus intense et plus profonde. Cette remarque cons- titue la règle de Scholl, déduite de l'étude des colorants anthraquinoniques pour cuve. Un exemple simple est celui de la transformation de la nitroquinone jaune en nitrohydroquinone rouge intense : O LE Il ou ce à AN not 7 \-No? EN | | ou mieux | | OH Ne V NZ Il | OH O0 OH Mais nous sommes encore bien loin d’avoir exprimé ces règles sous une forme mathématique qui permette de calculer la position et la forme de la bande d'absorption d’après la structure moléculaire, comme on talcule par exemple l'indice de réfraction. S'il y a un rapport entre la tautomérie ‘et la coloration, il faut pourtant se garder de voir dans ces deux phénomènes une relation de cause à effet et considérer le déplacement des atomes comme le mouvement 'oscillatoire qui produi- rait l'absorption. / Nous connaissons d'ailleurs peu de choses sur lemécanisme de absorption et nous signalerons seulement. quelques hypothèses émises : l’une, par Campbell et beaucoup d’autres, admet que l'électron et plus particulièrement l’électron de valence est le vibrateur ; dans une autre, énon- cée par Baly, les radiations æbsorbées dans le spectre visible et ultra-violet sont considérées. comme les harmoniques de celles sbsories dans l’infra-rouge. J. Martinet, Docteur ès sciences, “ L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE : PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 DEUXIÈME PARTIE : MOYENS DE DESTRUCTION DES PARASITES! La lutte hygiénique contre les parasites doit étroitement s'inspirer d’une connaissance pré- cise de la biologie de l'animal auquel on s’atta- queet des conditions spéciales qui, dans chaque cas particulier, ont présidé à sa pullulation. Quand il s'agissait des rats, nous avons vu com- bien cette notion expliquait à la fois leur pullu- lation excessive dans certains cas, et réglait la conduite à tenir quand on veut les détruire. Bien entendu, il n’en saurait être autrement quand * on a à s'occuper des poux et toutes les données biologiques qui ont étéénumérées déjà nous ser- viront de directives. I. — CAUSES DE LA PULLULATION DES POUX AUX ARMÉES Pourquoi la pullulation du pou fut-elle aussi extraordinairement abondante en 1914; quelles furentles conditions favorisantes de cette inva> sion ? Nous n’en sommes plusau temps où l’on croyait à la génération spontanée, et, si les poux se mul- tipliérent aux armées, c'est qu'ils y furent im- portés. 1. Voir la première partie dans la fev. du 30 mai 1949, & XXX, p. 308, et suiv. gén. des Sciences Ils y furent importés quand on incorpora, au milieu des autres mobilisés, tous ces infra- sociaux, qui, nous l’avons vu plus haut, sont, en … temps de paix, porteurs habituels de cette ver- - mine. On n’eut pas le temps de les nettoyer suffi- samment au préalable, lorsqu'on les habilla dans © les dépôts et qu’ils partirent rapidement vers le F front, Mais, pourra-t-on dire, il est difficile, lorsque tous ont revêtu l’ Does dé reconnai- tre dans la troupe quels sontlesinfra-sociaux, les pouilleux impénitents. Chose bien particulière, un psychiatre n’est alors guère embarrassé pour répondre. Nombre de fois l'enquête que j'ai faiteà ce sujet dans mes courses aux tranchées à fourni unrésultat identique : Au régiment, même quand les conditions de vie sont redevenues favorables, presque normales, il ya des sujets qui échappent aux mesures d'hygiène etde propreté prescrites: Ce sont ceux-là qui continuent à être porteurs, de parasites. Le porteur de poux est presque tou: jours un débileintellectuel, et la réponse qu'on … me faisait, au cours de mes enquêtes, était ab- solument stéréotypée : : « Nous avons là deux ou. trois pauvres idiots, absolument indécrottables; " on ne peut obtenir d'eux ni qu'ils se lavent ni. qu'ils changent delinge, et même, quand onles. bte 200... dt mi « dt 2 nd fit ne in dé. al “ és ds HR PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 KA 3437" oo a soumis à un épouillage soigneux, quinze jours plus tardils sont à nouveau couverts de vermine!» Nul doute à ce sujet, et c’est une nouvelle tare militaire à ajouter au compte des débiles intel- lectuels. Incapables de rendre aucun service en temps de guerre, dangereux aux tranchées à tel point que, dans diverses unités, j'en ai vu aux- quels on enlevait leur fusil pour qu'ils ne fussent pas trop redoutables à leurs voisins immédiats, ces débiles sont des propagateurs chroniques de poux. Ils seraient, le cas échéant, des propaga- teurs de typhus. $ 1. — Tolérance aux paraëites Ces pouilleux impénitentssont porteurs de poux parce qu'ils sont porteurs inéifférents, c'est-à- dire que leur nonchalance intellectuelle, leur état psychique rudimentaire ou anormal, leur permettent de tolérer la présence d'innombrables parasites sans réellement en ressentir les piqü- res, sans en rechercher la cause, sans la com- prendre ou sans s’en inquiéter. Il y a en effet des sujets qui sont, à l'égard des insectes, d’une in- croyable tolérance. J'en appellerai, parexemple, au témoignage de tous ceux qui ont voyagé en . Algérie. Ils ont vu là des enfants indigènes dont le visage était couvert de mouches; elles sont là cinquante ou cent qui, sur leurs joues, autour de leurs paupières, pompent le pus de la con- jonctivite chronique; jamais l'enfant ne fera un geste pour écarter cetamas de mouches dontune seule suffirait, chez un européen, à provoquerun état d’énervement et de fureur. Entre de nom- breux cas analogues en ce quiconcerne les poux, je citerai simplement celui-ci : Au service des détenus de l'Hôpital Sédillot à Nancy, où chaque cellule, par suite de l'encombrement, compor- tait deux lits, un détenu, à la visite du matin, se plaint d'avoir passé toute sa nuit à se gratter. La cause en est bientôt trouvée, lorsque je dé- couvre dans la chemise de ce malade quelques poux. C'était un sujet très cultivé et propre qui pouvait me certifier n'avoir pas eu de poux de- puis longtemps. Ce malade était entré la veille même à l’hôpital. D'où venaient alors ces para- sites? J’examine donc l’autre habitant de la cel- lule, vieux trimardeur, léger débile, qui était déjà hospitalisé là depuis longtemps. Je constate dans sa chemise la présence de centaines de poux. Il m'a affirmé qu'il ne s'en doutait pas, que jamais ces parasites ne l’avaient gêné. Des cas de même genre, j'en ai vu de nom- breux exemples, et ce qui est vrai pour les poux du corps l'est tout aussi bien pour le pou du pubis. Nombre de fois il m'est arrivé de voir cer- tains malades amplement parasités, et assuré- ment depuis longtemps, par cette espèce de Pediculus ; ils m'ont affirmé ne s’en être jamais douté et leur bonne foi paraissait entière. Faisant un rapprochement avec une notion qui domine peut-être trop à l'heure actuelle l'épidé- miologie contemporaine, on pourrait dire que, sicene sont pas des « porteurs sains », il est / logique de les cataloguer tout au moins comme « porteurs indifférents, porteurs néglivents ». Cela va d’ailleurs fort bien avec leurtétat intel- lectuel ; l'un explique l’autre. Je ne voudrais pas dire assurément que le lot des. infra-sociaux soit exclusivement composé dedébiles; il renferme beaucoup d'instables, et ceux-là aussi sont très souvent négligents des soins les plus élémentaires de propreté, J'ai eu plusieurs fois occasion de leremarquer, à propos d’expertises disciplinaires pratiquées sur des infra-sociaux, sur des inadaptables appartenant parfois à d'excellentes familles qui les avaient fait engager pour s'en débarrasser; ces inadap- tables sont souvent d'une répugnante malpro- preté. Ces notions expliquent que les poux soient toujours abondantssur la population des prisons civiles et militaires. Quand on désire faire des expériences sur ces parasites, on trouvera tou- jours à se fournir à souhait d'innombrables échantillons de poux en allant en demander à la prison la plus voisine. Si, d'ordinaire, l'agent de dissémination des poux dans les diverses unités est un soldat, por- teur indifférent, coutumier de ce parasitisme, il serait injuste de ne pas incriminer aussi parfois la contagion par l'habitant chez lequel le soldat est cantonné au repos. Dans les villages voisins deslignes, le cantonnement est resserré. On use des moindres recoins, des habitations même les plus misérables, et dans celles-ci les contamina- tions sont aisées. $2. — Etat réfractaire A côté des porteursindifférents et faisantoppo- sition avec ceux-ci, il m'a paru exister réellement de véritables états réfractaires aux poux. Cer- tains individus, je parle de sujets soigneux, très attentifs à leur propreté corporelle, peuvent séjourner dans un milieu infesté par les poux, coucher dans un cantonnement où ils pullullent sans jamais cependant être infestés par eux. Ces cas, pour n'être pas très nombreux, m'ont cepen- dant paru bien réels, car le fait m'a été répété par divers officiers, par plusieurs médecins qui n'avaient certainement pas pu se suggestionner entreeux surun même point; ils n'avaient jamais eu occasion de se rencontrer et mes questions 344 P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE sur ce sujet étaient assez discrètes pour ne pas pouvoir orienter les réponses. La cause de cet état réfractaire reste tout entière à élucider. Dans ces grandes agglomérations denses des armées en campagne, la contamination par les poux est facile, parce que le pou du corps est migrateur nocturne, et que, très agile, comme nous l’avons vu, il passe facilement à un voisin de cagna ou de baraque, car ilest toujours à la recherche d’un nouvel homme encore peu para- sité, sur lequel il trouvera plus aisément pâture, logement pour ses œufs, avec une moindre con- currence vitale, Au lieu de nous demander pourquoi, à certai- pes époques, toute la population de l’Europe fut envahie par les poux, pourquoi certaines peu- plades non civilisées en sont encore infestées, pourquoi les armées en campagne ont tant à en souffrir, il vaut mieux et il est plus simple de rechercher celles des habitudes hygiéniques banales de la vie courante auxquelles on doit que certaines classes de la société actuelle ne con- tractent jamais de poux, n’ont pas même besoin de s’en préoccuper, ni de prendre jamais de pré- cautions spéciales contre ce parasite. Actuelle- ment même, dans les classes aisées, il arrive encore parfois, rarement il est vrai, que des enfants jeunes surtout, et quelquefois des vieil- lards, contractent des poux de tête. On peut par contre établir en principe que jamais, dans la population aisée, on ne rencontre de poux du corps. Peut-être pourrait-on penser que les con- tacts nocturnes des gensriches sont relativement rares avec les infra-sociaux, porteurs de poux. Ce serait se faire illusion que d’attribuer grosse valeur à cet argument : la diffusion de la gale, imputable aussi à la contagion, à une promisecuité spéciale, surtout nocturne, est là pour prouver qu'il y a des fissures dans cette muraille de pré- jugés et de conventions élevée, pendant la nuit, entre lesdiverses castes sociales. Si l’on veut connaître les causes réelles de limmunité aux poux dansles classes supérieures, 1] faut faire un parallèle entre les habitudes de celles-ci et les faits spéciaux qui nous ont été appris sur la biologie du parasite. IL. -— PrécauTIONS HYGIÉNIQUES BANALES QUI EMPÊCHENT LA PULLULATION DU POU DU CORPS L'influence du bain ne peut guère être mise en avant. Si, en moyenne, notre génération se baï- gne un peu plus souvent qu'on ne le faisait au xvn siècle, le bain reste encore pour nombre de gens un luxe si peu courant, qu'il ne saurait guêre troubler la vie, la multiplication d’un 1 parasite se reproduisant aussi vite que le pou du corps. Deux causes véritables doivent être invoquées et il faut en préciser avec grand soin la valeur fondamentale, car les habitudes, à ce point de vue, sont devenues si traditionnelles qu'on n’y prête plus même la moindre attention, C’est d'une part la coutume de porter, surle corps, du linge qu'on nettoie souvent, et, d'autre part, l'habitude de quitter ses vêtements pendant la nuit !. L'usage de porter, au contact de la peau, le linge qui en recueille la saleté, a forcément con- duit à laver ce linge, et on peut dire qu'actuel- lement, rares sont les individus qui se sous- traient à l'obligation de changer leur linge de corps au moins tous les huit jours. Or, se dépouil- ler de sa chemise au moins tous les huit jours, c’est se débarrasser du même coup de tous les parasites qui vivent accrochés dans celle-ci. Nous savons, en effet, que le pou ne descend sur la peau qu'au moment deses repas, quand le su- jet estimmobile. Tout le reste du temps le pou vit accroché au tissu de la chemise etil part à la lessive avec celle-ci. L'’habitude de retirer ses vêtements pour se coucher est absolument néfaste à la pullulation du pou. Les tableaux de Nuttall reproduits plus haut ont montré que l'œuf du pou éclôt rapide- ment, presque infailliblement en six jours quand ilestmaintenu d’une façon constante à la tempéra- ture du corps humain, des vêtements de l’homme (30°-32°); qu’au contraire l’éclosion est extrême- ment retardée et même très compromise quand l'œuf subit des alternatives qui, par périodes de douze heures, le font successivement passer par latempérature du corps humain, puis par celle de 100-150 qui est celle de nos appartements. Soumis à ces causes destructives qui accumu- lentleurs effets, qui s’attaquent à tous les stades de son existence, le pou, en somme, parasite très fragile, très exigeant dans ses conditions de vie, ne peut absolument ni vivre ni se reproduire sur l'homme civilisé actuel qui se soumet aux habi- tudes de propreté réputées les plus banales. Pourquoi les peuplades sauvages, pourquoi les Anciens, pourquoi les gens du Moyen Age, sont ou étaient infestés de poux, la chose devient claire : c'est que ceux-là ne se sont pas astreints à changer de linge ou qu'ils n’en avaient pas, et aussi qu’ils couchaient tout habillés. 7 " 1. Nous sommes bien loin du temps où le linge était si rare que voir figurer deux chemises de toile dans le trousseau d'une reine de Francesemblait aux chroniqueurs l'indice d'un luxe qui méritait d'être relaté, signalé à l'admiration des géné- rations suivantes. PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 Pourquoi les infra-sociaux, les vagabonds de nos pays vivent avec des pouxeten entretiennent lasemence parmi nous, c'est parce qu'ils ne quittent leurs haïllons qu'au moment où ceux-ci tombent en lambeaux, et que leluxe d’une lessive leur paraît une complication bien inutile dans l'existence. Ceux-là aussi couchent tout habillés. Dans les contrées où l’on rencontre encore des sauvages qui vivent complètement et toujours nus, lé pou du corps est inconnu{(de Puyberneau. Sous l'influence combinée des mercantis etdes missionnaires, le nombre des sauvages complète- ment nus tend à diminuer. Le plus souvent, lors- que ces sauvages arrivent à se procurer un lam- beau d'’étoffe, c’est pour ne jamais le laver et bientôtce haillon crasseux donne asile à des poux. Notons d'ailleurs qu’une coutume centre-afri- caine tend à défendre les indigènes contre la ver- mine : presque tous ont l'habitude de s’enduire le corps d'huile. III.— Causes QUI FAVORISENT LA PULLULATION DU POU PARMI LES ARMÉES EN CAMPAGNE Faut-il s'étonner alors, aux armées en campa- gne, que les poux se soient tant multipliés ? Evidemment non puisque, dès les premiers jours de la guerre, les troupes ont été mises dans l'impossibilité soit de laver leurlinge, soit de se déshabiller la nuit. Que nos soldats n'aient pas pu se déshabiller la nuit, la chose est incontesta- ble, puisque le soldat en campagne n’a qu'une collection d'effets, et qu’il ne couche pour ainsi dire jamais dans un lit. Si par hasard il a le bonheur d’en trouver un, c’est pour y dormir tout habille. Quant à la difficulté rencontrée par les sol- dats pour laver leur linge, ceux qui n’ont pas vécu dans les conditions de la troupe ne peuvent se l’imaginer et il est nécessaire de donner à ce sujet des précisions sommaires. Un officier chimiste d’une armée avait com- mencé la campagne comme brigadier d’artille- rie, et il me racontait qu’en 1914 il resta près de trois mois sans pouvoir changer de chemise. La température de l'été lui permettait de temps en temps, ainsi qu’à ses camarades, de profiter de quelques rares répits pour savonner quelque peu le col et les poignets de sa chemise quand ceux-ci devenaient trop râpeux, trop empesés par la crasse. J'ai recueilli nombre de témoigna- ges analogues, tous fournis par des sujets qui, habitués chez eux à une propreté presque méti- culeuse, avaient fait tous leurs efforts pour se netioyer lorsqu'ils le pouvaient. Que penser alors de l’état de malpropreté de certains soldats, quand ceux-ci, de nature, étaient négligents. Ajoutez à cela l'ignorance dans laquelle cer- tains soldats peuvent être au sujet des procé- dés de nettoyage. J'en ai trouvé un piquant exemple dans lés mémoires du général! du Bar- rail. Celui-ci raconte que, jeune engagé volon- taire en Afrique, il essaya un jour de rendre à sa chemise sa blancheur primitive en la rinçant à plusieurs reprises dans un ruisseau voisin du campement. Il fut, raconte-t-il lui-même, fort étonné d'apprendre que les résultats plutôt mé- diocres auxquels il était arrivé tenaient à ce qu'il n'avait pas songé à la savonner. Le secret de cette recette de ménage lui était totalement inconnu. Il ne faudrait pas croire que les premiers mois dela campagne aient eu le privilège d’être ceux pendant lesquels le blanchissage du linge fut im- possible. Pendant toute la durée de la guerre, il en fut souvent ainsi ; c'étaient par exemple des troupes qui, prises dans une attaque comme celle de Verdun, ou toute autre des grandes batailles de la guerre, restaient des semaines aux prises. avec l'ennemi. C’étaient encore des troupes qui, postées à titre de demi-repos dans des secteurs calmes, restaient aux lignes pendant un. mois, un mois et demi sans être relevées, et dans bien des secteurs, l'eau était si rare qu'à grand'peine pouvait-on s’en procurer pour la boisson et pour la cuisine. Dans ces conditions, laver son linge, il n’y fallait pas songer. Et alors, parmi ces trou- pes, s’il se trouvait quelques porteurs chroni- ques de poux, ils avaient tôt fait de contaminer à nouveau tous leurs camarades qui offraient à la multiplication des parasites un terrain d’éle- vage illimité où la concurrence vitale entre les poux ne restreignait pas la progéniture de ceux-ci. Le troupier français en campagne a deux che- mises. Quand il a de l’eau à sa disposition, il lui estencore possible d'en laverune, mais quand il gèle, quand il pleut, quand on change souvent de cantonnement, la difficulté n’est pas de laver la chemise, la difficulté insurmontable, c’est de la faire sécher. IV. — Les MOYENS DE DÉFENSE CONTRE LES POUX PrOCÉDÉS DIVERS QUI ONT ÉTÉ PRÉCONISES LEURS RÉSULTATS De très nombreux systèmes, des appareils très divers ont été inventés et recommandés peur mener la lutte contre les poux. Beaucoup d’en- tre eux ont été essayés, même appliqués en grand aux armées en campagne depuis 1914. Un grand travail récapitulatif sur ces ques- tions a été fait par Nuttall et Hindle !. Ces 1. Nurrazz et Hixpce : Moyens de lutte contre les poux. 4, p.411. Parasitology, mai 1918, n° 4, 346 P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE - auteurs y ont accumulé, condensé les renseigne- ment fournis par tous ceux qui se sont occupés de ces questions, et leur travail comporte, sous une forme pratique, le résumé de 474 protocoles et références d'expérimentation. Après avoir rappelé que la préservation con- tre les poux comporte une œuvre d'éducation sociale à entreprendre dès l’école, et qu'il reste encore beaucoup à faire pour l’enseignement courant de la propreté dans les masses, ils résu- ment ainsi les données expérimentales exactes sur la résistance du pou aux agents destruc- teurs : La chaleur sèche agissant sur les œufs détruit ceux-ci quand la température est maintenue à 55° pendant 10 minutes, ou à 60° pendant 5 mi- nutes. Agissant sur l’insecte adulte, la chaleur sèche, le tue sensiblement dans les mêmes conditions. L’adulte périt après passage à 500-560{(Heymann) ou à 65° pendant 15 minutes ; mais, en pratique, en raison de la difficulté de faire agir la chaleur sèche en tous les points des vêtements, fourru- res,etc., entassés dans l’étuve, la plupart des auteurs recommandent, avec une température de 60°, de prolonger l'étuvage pendant 60 minu- tes, ou si l’on veut limiter l'opération à une demi-heure de porter la température à 100°-110°. L'eau chaude détruit les œufs quand une tem- pérature de 500 agit pendant 25 minutes. À 50°, Veau chaude tue l’insecte adulte en 30 minutes. Pour nettoyer le linge et le débarrasser de ses parasites, on recommande l’eau à 100° pendant 10-15 minutes. La vapeur d'eau sous pression agit bien, à condition que la durée d'exposition soit main- tenue pendant 25 minutes, Le très gros inconvénient d'employer l’eau chaude ou la vapeur d'eau quand il s’agit de la désinsectisation desvêtements pour des centaines de mille hommes, c’est le temps très long qui est nécessaire pour pratiquer un étuvage dans un appareil dont la capacité est forcément très li- mitée; ensuite, il faut assurer le séchage des vé- tements, du linge, et c’est là un des gros écueils de la méthode. Aussi les efforts des chercheurs se sont-ils di- rigés du côté des corps qui pourraient avoir une action insecticide rapide; pour ainsi dire spéci- fique, en choisissant des substances qui ne soient pas mouillantes, dont l’évaporation à l'air soit presque immédiate. La faveur des expéri- mentaleurs s’est surtout portée soit sur l’anisol, soit sur la benzine, Après un premier engoue- ment pour ces parasiticides, une étude attentive de leurs propriétés a montré que les résultats annoncés tout d’abord étaient moins parfaits qu’on ne l'avait dit. Ainsi, par immersion dans l’anisol, les poux adultes sont tués seulementLau bout de deux heures (Swellengrebel). Dans la benzine, des nids d'œufs de poux survivent après une immersion prolongée jusqu'à 25 mi- nutes. À On a essayé également l’éther et le xylol, mais sans résultats meilleurs. L’expérimentation faite avec les vapeurs de l’anisol et de la benzine n’a guère donné de résultats plus satisfaisants. Dans les vapeurs d’anisol, les poux adultes ne suc- combent qu'après 45 minutes, tandis que les œufs donnent encore un nombre important de survivants après trois heures d'exposition. Dans les vapeurs de benzine, les œufs ont résisté trois heures. Les adultes ont été généralement tués après un quart d'heure. | Ces diverses substances et d’autres analogues qui ont été essayées devraient réunir bien des qualités pour arriver à être d’un emploi pratique: il faudrait qu'elles soient d'un prix peu élevé, d’une évaporation rapide à l'air, non inflamma- bles, non toxiques pour l'homme. Il faut avouer, que l'insecticide idéal répondant à tous ces desi- derata n’a pas encore été trouvé. Aussi doit-on peu s'étonner de ce que les résultats pratiques. de désinsectisation aient été, en somme, bien. peu satisfaisants. Une série de corps se sont montrés tout parti- culièrement actifs contre les poux et leurs œufs : ce sont les huiles. L'huile agit mécaniquement sur les poux, comme d’ailleurs sur presque tous les insectes, probablement en les asphyxiant, sans doute par obstruction mécanique de leurs pores respiratoires. Cette action est aussi nette et rapide sur les œufs que sur l’insecte adulte. Malheureusement, les huiles ne peuvent pas être employées comme parasiticides, en raison de leur évaporation pratiquement nulle. La conclusion de tout ceci, c’est que, comme en beaucoup d’autres questions, la prophylaxie l'emporte immensément sur la thérapeutique. Des mesures très simples garantissent absolu- ment contre les poux ceux qui veulent s’y astreindre, Si, au contraire, on prétend se sous- traire aux mesures de propreté indispensables, nul procédé de désinfection ne produira rien, et -encore ici il en est tout juste de même que pour les rats : Si vous ne les élevez pas, vous n'aurez pas à les détruire. Avoir la prétention de faire d’un côté tout le nécessaire pour élever les poux, pour les multiplier indéfiniment, puis ensuite essayer de les détruire, c'est rouler le rocher de Sisyphe. Devant cette besogne, nulle puissance humaine ne saurait réussir, Aux armées, on a \: BE réellement fait des efforts de désinfection et de désinsectisation. Il y a eu, d'autre part. quelques résultats obtenus, puisqu'à la fin de la campagne il y à eu en général moins de poux qu’au com- mencement; mais ce serait, je crois, se faire bien illusion que d'attribuer ce résultat aux me- sures direetes de destruction prises contre ce parasite. Si, peu à peu, les poux diminuèrent, il semble qu’on doive en attribuer la cause à ce que la propreté générale de la troupe fut peu à peu mieux assurée qu'au début de la campagne. Quand, par exemple, le soldat revenait en permission de détente dans l'intérieur, ce séjour, au lieu de disséminer là les poux qu’il y rappor- tait, avait en général pour résultat de détruire bientôt ceux dont il était lui-même porteur. Replacé en effet dans des conditions normales de vie, il changeait de linge, se déshabillait la nuit, et par conséquent, il était bientôt débar- rassé de sa vermine. : Les appareils envoyés aux armées y restèrent souvent sans emploi. D'ailleurs le système qui consiste à employer Fétuve contre les parasites est, ainsi que je l'ai dit, un de ces procédés omnibus qui, appli- cables à tout, ne conviennent exactement qu’à fort peu de cas. J'ai vu, surtout au début de la campagne, des soldats dont on avait soumis le fourniment complet à une désinfection par pas- sage à l’étuve Geneste et Herscher, sous la con- duite de mécaniciens peu exercés. Du passage à l’étuve sortaient des vêtements si fripés, si dé- formés que les hommes semblaient vêtus de haïllons, et qu’il fallut souvent renvoyer sur l’ar- rière, pour y être rééquipés, ces malheureuses victimes des services hygiéniques. Puis une étuve Geneste et Herscher est, au point de vue de lx désinfection, un instrument à débit très limité; le temps nécessaire pour une seule four- née de désinfection, le nombre infime de paque- tages que contient l’étuve, la quantité nécessaire de combustible, l’eau relativement propre indis- pensable à l'alimentation de la chaudière, tout cela rend l’action de l’étuve sous pression abso- lument illusoire quand il s'agit de débarrasser de leurs parasites les innombrables multitudes d'hommes qui constituent les armées modernes. Cela d'autant plus que, pour être efficace, la désinsectisation doit être simultanée sur de très grandes unités Si la mesure est appliquée par petits paquets, en faisant le tour d’une compa- gnie ou d’un régiment, le mal se reproduit aus- sitôt, la contamination se faisant à nouveau de ceux qui n'ont pas encore été nettoyés à ceux qui viennent de l'être. L’ineflicacité des mesures hygiéniques prises PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 347 fut encore d'autant plus complète qu'en vertu d’une conception théorique certainement erronée on crut indispensable de faire passer simultané- ment les pouilleux parle bain en même temps que par la désinfection de leurs vêtements. Il eût fallu des ingtallations formidables pour per- mettre simultanément de donner à l’homme un baïn ou une donche, tandis que, pendant le même temps, tout son paquetage aurait dû être désinfecté à l'étuve. C'était done compliquer la question au point de la rendre pratiquement insoluble ; puis, en supposant que le pouilleuxait conservé quelques parasites en entrant dans le bain, il risquait d’en sortir en les conservant tout aussi vivants, puisque l’insecte résiste près de quinze minutes à 50°, température que le patientne supporterait pas pendant une minute. Cela ne veut pas dire qu'il soit inutile de four- nir des bains aux troupes en campagne. Elles enont assurément besoin, mais le bain n’est nul- lement une mesure d’épouillage. Souvent, j'en ai fait l’expériénce : Recevant habituellement dans un service de détenus des sujets couverts de poux, il suffisait, dans le couloir d'entrée, de les. dévêtir complètement, de les mettre rigoureuse- ment nus à un bout du couloir. Une dizaine de pas plus loin, l’entrant trouvait son paquet d’ef- fets d'hôpital. Ce simple déshabillage les pri- vait complètement de leur vermine. Au passage entre les deux points terminus de cette opéra- tion, l'examen rapide par un infirmier exercé. permettait de découvrir parfois un ou déux poux restés accrochés à un poil du corps ou à une sur- face rugueuse et l’épouillage était complet. Compliquer l’épouillage par la question des bains, c'était montrer d’une façon péremptoire qu'on agissait sans avoir tenu le moindre compte de la biologie de l’insecte en cause. On avait utilisé simplement ces sortes de procédés neutres de désinfection qui, s'appliquant à tout, ne sont spécialisés à rien. V.— MEsuRES DE PROTECTION CONTRE LES POUX $ r. — Mesures individuelles Le pou est une maladiedescollectivités. Aussi ne faut-il pas bien s'étonner que les mesures in- dividuelles, en collectivités contaminées, soient à peu près inopérantes. Les multiples procédés préconisés sont restés sans résultats : sachets d’anisol, sachet de feuilles de tabac, etc. Le repassage des coutures des vêtements avec un fer chaud ou même avec une bouteille rem- plie d’eau chaude est un procédé individuel de nettoyage qui semble recommandable. Dans un seul cas, les mesures individuelles 348 — - peuvent avoir une certaine valeur : c’est celui de quelques professionnels qui doivent assurer la désinsectisation d'autrui; c’est le cas des méde- cins, officiers d'administration, etinfirmiers qui, dans un hôpital réservé au traitement dutyphus exanthématique, doivent recevoir ces malades à l'entrée et en opérer un épouillage minutieux. On a conseillé, toutes les fois que cela est faisa- ble, d'employer là des sujets ayant déjà eu anté- rieurement le typhus, mais c'est une mesure qu'il est souvent impossible d'appliquer. Comme mesure de protection pour ces cas-là, il sera bon de prescrire à tout ce personnel le port de vête- ments en tissu caoutchouté, en toile cirée, forme combinaison, étroitement fermés aux poignets et au cou; ce vêtement devra être complété par des gants de caoutchouc et un passe-montagne ou bonnet également en caoutchouc, le tout lais- sant la moindre surface possible de contamina- tion!. Tout ce personnel pourra, en outre, être as- treint, matin et soir, à subir une onction hui- leuse de tout le tégument. L’onction huileuse pourra d’ailleurs être aussi une mesure prescrite pour tous les typhiques entrant à l'hôpital. Ce procédé est peut-être peu plaisant, et il l’est cependant plus que celui que préconisait l'École de Salerne contre les puces : « Des puces veux-tu fuir la visite importune ? D'un procédé bizarre éprouve la fortune; De la fiente de porc introduite en ton lit Garnis le vêtement préparé pour la nuit. Ce soin, de l'ennemi précipitant la fuite, En paisible sommeil change ta nuit maudite ?, » $ 2. — Mesures collectives Contre les poux, les mesures ne peuvent être que collectives. Dans la vie civile, en temps de paix, la défense collective contre les pouilleux se faisait par isolement de caste. Quand, dans les collectivités, aux armées ou dans une popu- lation en temps d’épidémie de typhus, on voudra obtenir des résultats, il faut la collaboration complète, voulue, préméditée du public et de l'autorité. À l'autorité il appartient d’être rensei- gnéesur les données du problème; à elle in- combe defaire connaître ces données au publie, de l'en instruire, de les lui expliquer, puis, enfin, au besoin; de les lui imposer. 1. Peut-être voudra-t-on bien ne pas trop sourire à propos de cette tenue professionnelle de l’infirmier. Nous sommes , à une époque à laquelle le chirurgien a adopté une tenue spéciale et à laquelle le tank est devenu le vétement profes- sionnel du fantassin-automobile, 9, Meaux Sainr-Manc : Ecole de Salerne. Traduction en vers français; IX® partie, Baillière, 1880. P. CHAVIGNY. — L'INVASION DES POUX AUX ARMÉES EN CAMPAGNE Dans le milieu militaire, il faut souhaiter d’abord que l’hygiéniste militaire fasse, sur ces questions, sa propre éducation, qu'il soit comple- tement documenté à ce sujet pour provoquer l'application des mesures indispensables et pour ne demander que celles-là. C'est alors qu'il pourra entreprendre de faire l’éducation des offi- ciers, ses collaborateurs obligés, puis, par eux, celle de la troupe. L'hygiéniste militaire doit faire l’éducation hygiénique du milieu dans lequel il vit : À tous, officiers et soldats, il devra enseigner que le pou n’est pas seulement un parasite répugnant, mais que c’est un hôte dangereux et que, si uneépi- démie de typhus survenait, tous ceux qui portent des poux en seraient à peu près infailliblement victimes. Il faut apprendre au soldat que, s'il a des poux, et que s’il ne s’en débarrasse pas, c'est parce qu'il ne lave pas son linge, c’est parce qu'il ne quitte pas ses vêtements pour se cou- cher. À tous, il faut enseigner que le pou vit dans le linge de corps et que, par conséquent, il est d'importance primordiale de faire régulièrement le change et le nettoyage de ce linge. À ce point de vue, l'hygiéniste doit encore dire que lesimple rinçage à l’eau ne suffit pas, ni même le savon- nage seul, le pou étant capable de résister plu- sieurs minutes dans l’eau ou dans l’eau savon- neuse. C’est la lessive bouillante qui, seule efficace,est par conséquent nécessaire. C’est done une opération collective qui s'impose, chaque troupier ne pouvant évidemment faire sa lessive personnelle. En outre, il faut savoir que le pouil- leux, s’il veut se débarrasser de ses parasites, doit changer en même temps, d’un seul coup, tout son linge. S’il change celui-ci, au contraire, pièce par pièce, les parasites émigrent successi- vement du linge resté parasité sur le linge propre qui vient d’être mis, et alors le cycle continue indéfiniment, tout aussi bien que si l’on n’avait pris aucune précaution. | Au nettoyage! doivent en même temps passer, on pourrait même dire doivent surtout passer les flanelles et tous les objets portés directement sur la peau. On a signalé par exemple que le cor- don de la plaque d'identité avait servi de refuge aux poux qui, de là, avaient ensuite ensemencé à nouveau complètement le porteur. Très cou- ramment les flanelles, les lainages de dessous sont pris par les hommes au commencement de l'hiver et quittés seulement au printemps. 1. Il serait bien entendu inutile de rappeler à des ména- gères que les Lissus de flanelle ne doivent pas passer à la lessive. [1 peut ne pas étre superflu de l'indiquer, pour l'usage des soldats. _ PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 A4 l'officier, au commandement, V'hygiéniste enseignera qu'en campagne, la lutte contre les poux n’est pas surtout affaire du Service de santé, que c’est bien réellement affaire de com- mandement; que celui-ci doit compter au nom- bre de ses prérogatives, mais aussi au nombre de ses obligations les plus strictes, le devoir d’as- surer la propreté corporelle des hommes. L’exem- _ple des Japonais à ce sujet peut nous démon- trer que le commandement n'énerve pas la discipline en ayant l'air de s’abaisser à ces minuties, au contraire. Assurer cette propreté, c'est un devoir qui peut paraître bien terre à terre, bien secondaire, c’est pourtant préparer aussi parfois des résultats de grande envergure ; , pour cause de malpropreté, le typhus s’in- troduit dans nos armées, on verra fondre rapi- dement nos effectifs, et l’armée qui, la première, est envahie, décimée par le typhus, s'expose sans résistance possible aux coups d'une armée ennemie, hygiéniquement mieux conduite. Energiquement il faut lutter contre l’apathie, l'indifférence habituelles en milieu militaire, dans lequel on ne s’irquiète de la défense contre les parasites qu'au moment où ceux-ci, grâce à une malpropreté et à une incurie collectives invétérées, sont devenus intolérables par leur multitude. C’est la scène tant de fois vécue dans les casernes à propos des punaises. Le service de blanchisserie d'armée, au lieu d'être laissé à l'initiative et à re on des commandants d'unités, devrait être minu- tieusement prévu dès le temps de paix. On a bien vu qu'au cours de la campagne, on avait dû officiellement construire des cuisines rou- lantes sur le modèle d’improvisations ingénieu- ses de soldats poussés par la nécessité. La blan- chisserie ou régimentaire ou de brigade est tout aussi nécessaire. Le lavage du linge est affaire collective parce qu'il doit, pour être efficace contre les parasites, comporter une les- sive (et non simple rinçage), puis un séchage immédiat, donc un séchage artificiel. Quelques timides essais de blanchissage col- lectif ont été faits en cours de guerre. Laver le linge de l’homme tandis que celui-ci prend un bain est une opération à peu près irréalisable, surtout si on prétend y ajouter encore l’étuvage des effets. Cet ensemble d'opérations est tou- jours trop long et l’homme qui attend comple- 349 tement nu risque, sous prétexte d'hygiène, des accidents graves de refroidissement. La voie à prendre est celle du changement collectif de linge, en ayant soin de faire la distribution par 3 ou 4tailles appropriées à celle de l’homme lui- même. Quand le typhus menace, le commandement doit envisager de très près les mesures destinées à combattre l'invasion par les poux. Toutes les fois que les circonstances militaires le permet- tent, le commandement devra par exemple ré- gler le temps de séjour aux tranchées sur la pos- sibilité de changer de linge dans les délais voulus. Toutes les fois que cela sera faisable, il faut exiger que les hommes se déshabillent pour se coucher. Trop souvent, en effet, les hommes se couchent tout habillés par simple négligence. Enfin une mesure d'ensemble qui peut s’appli- quer dans certains secteurs, c'est de faire alter- ner l'occupation, l’utilisation des abris en les laissant alternativement inoccupés par périodes de deux jours au moins. C'est, après un simple nettoyage, le moyen le plus pratique de désin- sectisation de ces abris. l Comme nous l’avons précédemment fait à pro- pos des rats, pour terminer cette étude par des formules pratiques, nous dirons : L'homme est la mère-couveuse des nichées de poux. lne les mène à bien qu'avec des précau- tions involontaires et cependant minutieuses. Il peut s'en dispenser. C’est même son intérêt. Et c'est facile. Autres formules : Le pou du corps ne vit que sur les individus que ne changent pas de linge. Ses œufs sont couvés par l'homme qui ne quitte pas ses vêtements pendant la nuit. Tout homme qui évitera ces deux causes de multiplication des poux est assuré d’être, en quelques jours, débarrasse de tous les poux du e corps qui génent son sommeil et risquent de lui inoculer les maladies épidémiques les plus graves. D: P. Chavigny, Médecin principal de 2e classe, Professeur agrégé au Val-de-Grâce, 390 A. LOIR et H. LEGANGNEUX. — LA PISCICULTURE D'EAU DOUCE EN FRANCE LA PISCICULTURE D'EAU DOUCE EN FRANCE La diminution de notre cheptel pendant la guerre nous engage à rechercher les moyens d'utiliser toutes les richesses que possede notre pays, et d’en tirer un plus grand bénéfice. Dans cet ordre d'idées, comment devons-nous mettre en valeur nos étangs et intensifier la prod gi ou du poisson d’eau douce. C’est dans ce but qu’au’ mois de mars 1918 s'est réuni à Paris le Congrès de l’Etang, dont les très intéressants comptes rendus viennent d'être publiés par MM. Roule, professeur au Muséum * national d'Histoire naturelle, et E. Poher, ins- pecteur principal à la Compagnie d'Orléans. Ces mémoires fournissent de précieux renseigne- ments. De nosfleuves, ruisseaux, lacs,canauxetétangs, on pourrait retirer des ressources alimentaires * beaucoup plus importantes que celles que nous en obtenons. Aussi notre pays est-ilobligé d’im- porter de l'étranger, en particulier de l’Angle- terre, de l'Allemagne, des Pays-Bas, de la Belgi- que, de la Suisse et de l'Italie, une valeur assez importante de poissons d'eau douce. En 1911, cette importation atteionait le chillre de 6.897.250 francs. La Hollande nous envoie destruites, saumons, perchés, goujons et brochets. L'Allemagne, des truites et des brochets, ainsi qu'une quan- tité importante d’écrevisses provenant pour une ‘large part de Russie. Le Canada nous expédie, par le Havre, 80 tonnes de saumon congelé. La Grande-Bretagne verse nos marchés des truites et des saumons. La Suisse envoie, plus particulièrement à Lyon, des truites et des sau- mons. L'Italie et la Belgique nous fournissent des anguilles. Par contre, nous n expédions à l'étranger que sur pour 328.340 francs de poissons, Berlin, avant la: guerre, achetait nos carpes des Dombes et de Sologne, qui étaient transportées dans des wagons réservoirs Spéciaux. Cependant, en France, l'Administration des Contributions directes estime à 176.040 hectares la surface de nos lacs, marais, étangs, abreu- voirs et éanaux non navigables qui pourraient être utilisés pour la pisciculture. Pour M. Cardot, Chef de la pêche au Ministère de l'Agriculture, la contenance des étangs véri- Blement soumis à Ja pisciculture n’est pas de plus de 110.000 hectares. C’est dans l'Ain et la Sologne que l’on trouve le plus grand nombre d’étangs. Pour le dépar- tement de la Seine-Inférieure, la statistique compte 559 étangs ayant une superficie de 348,99hectares, d’une valeur locative de 36.896fr., soit 411 francs l'hectare, et d'une valeur vénale de 1.066.090 francs, soit 2.884 francs l’hectare. xx S La truite, sur laquelle se sont portés les efforts de nos pisciculteurs dans ces dernières années, exige des eaux très aérées, contenant au moins 6 em° d'oxygène dissous dans l’eau. De plus, elle est très carnässière et le bénéfice de son élevage diminue en proportion des exigences corrélatives à cette nourriture, Aussi, pour M. Roule, la carpe doit être choisie exclusive- ment pour les élevages en étang de basse et moyenne altitudes. Elle y vit en effet sans difli- culté, y prospère rapidement, n’est pas exigeante pour la température, s’alimente à la fois de vé- gétaux et de chair d'animaux. Elle demande seu- lement une alimentation suffisante. La carpe commune, qui à la fin du premier été pèse 8 gr.,arrive au bout d'un an à peser 30 gr. et dès Le 3*été 400 gr. Au 5° été, elle atteint le poids de 2 kg. 500 et au 8° celui de 9 kg. Les carpes sélectionnées, notamment les va- riétés dites carpes cuirs qui ont une chair beau- coup plus fine, ont une croissance encore beau- coup plus rapide. La carpe de vente la plus courante est celle de 3 à 4 ans, pesant environ, 750 gr. ; c'est ce qui fait que la pêche se pratique dans les étangs tous les trois ans. L'alimentation complémentaire doit être rai- sonnée. Il faut distribuer ce qui est nécessaire, mais pas davantage; aussi est-il utile de con- naître approximativement la quantité de pois- sons que l’on doit nourrir. Le caleul est assez facile. 14 Pour les carpes du premier été,la mortalité est énorme ; on l’estime à 80 0/0; Hans le cours du deuxième été, le poisson est plus robuste; cette moftalité tombe à 120/0 et n’atteint que 7 0/0 dans le troisième été. Ainsi donc: 100.000 œufs pondus donnent 19/1 1à 20.000 carpillons du 1°" été, puis tombent HOIO à 12.000 dans le courant du 2: été, et à 8 à Ÿ9.000 » » 3° été. Pour les carpes du premier été, il faut une nourriture riche en produits animaux. On mé- lange parties égales de viande ou de sang avec des éléments végétaux (lupin, orge, maïs). t A. LOIR et H. LEGANGNEUX. — LA PISCICULTURE D'EAU DOUCE EN FRANCE 351 Pour les carpes du deuxième été, on diminue les produits animaux et on ne met plus dans le mékange que le quart ou le cinquième de viande. Enfin pour les carpes de troisième année on ne laisse plus subsister que l’alimentation végé- ‘tale, De plus le poisson, pour fabriquer son sque- - letteet ses écailles, a besoin d'éléments miné- raux qu'on lui fournira en ajoutant à son alimen- . tation un peu de chaux (craie, poudre d'os, ete.). La-carpe s’habitue très rapidement à venir chercher sa nourriture à heure fixe et toujours au même endroit. Si donc on ‘met la nourriture dans de petits récipients déposés toujours à la même place, on pourra vérifier l'alimentation et il n’y aura pas de perte d'aliments. La graine de lupin semble fournir le meilleur rendement comme aliment végétal, 3 kg. de graine de lapin produisant dans un été 1 kg. de chair de poisson. Le maïs donne une chair trop grasse. M. Vallois, pisciculteur à Fismes, qui a étu« dié d’une façon très méthodique l'alimentation du poisson, a calculé la ration sur un taux de . 8 à 90/0 de matières azotées et d’un prix de re- vient inférieur de 0 fr. 40 le kg. i Voici le type d’une de ses formules : : 3 kg. de tourteaux de maïs; 4 dietÿ » lin ; RE » soja ; AMEN farine de viande; 23 litrés d’eau. L'alimentation artificielle doit se faire de juin à septembre. Pour déterminer les moments oùil faut commencer ou interrompre l'alimentation artificielle, il suffit d'examiner la transparence de l’eau. Lorsque la: carpe a faim, elle fouille la vase _avec frénésie et par lämême trouble l’eau. Quand, . au contraire, l'appétitest calmé, elle abandonne ses recherches dans la vase; l’eau devient lim- _pide et il est inutile de continuer à nourrir. Pendant l'hiver la carpe n’assimile pas, elle ne mange pas, ou très peu, et se déplace peu; . aussi dès le mois d'octobre jusqu’en avril on peut _ rassembler les carpes dans un espace restreint, C’est ainsi que 50 kg. de carpes peuvent vivre _ commodément dans un mètre cube d'eau. On _ profite donc de cette période pour vider l'étang, . entretenir le fond par des fumures et chaulages. On reproche souvent au poisson d’étang d’a- _voirle goût de vase ; or ce goût ne provient nul- lement de la vase, mais de petites algues très fréquentes dans les eaux vaseuses et qui portent le nom d'Oscillaires. Ces algues sont détruites très facilement par les chaulages; on voit donc l'intérêt qu'il y a à entretenir très soigneusement le sol de l'étang. Dans les petits étangs, la pêche se fait princi- palement en carême, au moment de la Semaine sainte, époque où la vente est la plus rémunéra- trice par suite de la demande, En Sologne, elle a Heu du 29 septembre au 25 mars, dans la Bresse du 15 octobre au 31 mars, dans les Dombes du 15 août aux grands froids, puis de la fin de l'hiver au 15 mars. Dans la Somme, les étangs qui servent à ac- tionner dés moulins ne sont point asséchés ét la pêche se fait en toute saison. Le poisson est vendu à Paris, Reims, Epernay, Saint-Quentin. * * * Il ne suflit pas d’élever le poisson, mais il faut encore le présenter au public, Jusqu'alors il existe quelques rares magasins de vente au dé- tail pour le poisson de mer; il n’en existe aucun pour la vente du poisson d’eau douce, que le consommateur devrait pouvoir trouver en toute saison. Il suflirait aux agriculteurs de créer des bas- sins-réservoirs étduns les villes des magasins de vente dont Dagry a précisé le fonctionnement au Congres de la pêche. Le poisson peut rivaliser avec la viande de boucherie; on doit en vulgariser la consomma- tion par des Campagnes de presse et des cours de cuisine. Nous devons, toutefois, dire que le poisson d'eau douce renferme moins de matières grasses; ainsi, après un repas constituéseulement avec du poisson, a-t-on fréquemment une sensation de vide dans l'estomac. !l faut donc manger plus de poisson ou, mieux, l’associer à d’autres alis ments tels que pomme de terre, pâtes, etc. qui comblent le déficit de la ration nutritive. Le transport du poisson joue un grand rôle dans la vente, Le producteur a le plus grand in= térêt à amener son poisson vivant sur le marché; mort,le poisson d’eau douce perd de 30 à 40 % de sa valeur. Pour des petits colis ne dépassant pas 25 à 30 kg. et lorsqu'il s’agit d’un transport à pe- tite distance, on peut ranger le poisson dans un panier d’osier en le déposant par couches sépa- rées par des herbes ou de la paille mouillée. Pour de plus longs transports, on emploie des récipients en bois ou en métal, et pour un trans- port d’une demi-journée on compte : « 5 litres d’eau pour 1 kg. de tanche ou de carpes de 2 à 3 ans; « 10 litres d'eau pour 1 kg. de carpes d’un an ; 352 « 40 à 20 litres d'eau pour { kg. de truites, per- ches ou brochets. » En été, l’eau doit être rafraichie avec de la glace, sans jamais descendre au-dessous de 4°; aussi ne doit-on jamais mettre la glace directe- ment dans l’eau, mais la laisser fondre peu à peu au-dessus de la surface liquide. Eau et bacs représentent à eux seuls plus des 3/4 du poids total de l’expédition; or, les prix de transport par chemin de fer sont assez élevés !. Le poisson voyage par des trains de grande vitesse spécialement désignés et malheureuse- ment trop peu nombreux. Les gares ne sont pas tenues d'accepter pour un train désigné les expéditions remises moins de trois heures avant le départ de ce train. Or, pour une marchandise aussi fragile que le pois- son (d’eau douce ou d’eau de mer), ce délai est beaucoup trop long et il serait à souhaiter qu'il fût réduit à une heure. Enfin, la livraison en gare se fait 2 heures à partir de l'heure régle- mentaire d'arrivée du train, À Paris, le délai de livraison à domicile est de dix heures. La Compagnie d'Orléans a donné en location pour aménagement deux wagons à la Société pour l’extension de la pisciculture française. Ces wagons ont été aménagés spécialement pour le transport du poisson vivant. Ces wagons peu- venttransporter, de novembre à fin mars,5.000 kg. de poisson vivant. Cette quantité doit être ra- menée à 3.000 kg. pendant les autres mois, par . suite de l’obligation de refroidir l’eau avec de la glace. ‘ La construction de ces wagons nécessite des connaissances spéciales; aussi les Compagnies ne peuvent que favoriser les initiatives person- nelles pour la création et l'exploitation des wagons-réservoirs. Ces wagons étaient très em- ployés en Allemagne. Il existe également un autre mode de trans- port : ce sont les bateaux-citernes qui rendent des services importants aux éleveurs dont les étangs se trouvent à proximité des cours d’eau navigables. Tout bateau peut être transformé en bateau-citerne ; M. Gau estime à 2.000 francs le prix de revient de tels bateaux. l. Lorsque le transport emprunte plusieurs compagnies, le tarif employé est le tarif spécial commun G."V. 114. Si le transport ne se fait que sur une seule compagnie, le tarif varie suivant ces compagnies. Les Compagnies de l'Etat, l'Ouest-Etat, Orléans, D.-L,-M. ont, prévu un tarif spécial pour le transport du poisson, le Midi, le Nord et l'Est emploient le tarif général des denrées. Enfin les Com- pagnies ont un tarif spécial pour le poisson vivant trans- porté dans des réservoirs, mais sauf sur la Compagnie du P.-L.-M, l'expédition doit être d'au moins 500 kilogs. A. LOIR et H. LEGANGNEUX. — LA PISCICULTURE D'EAU DOUCE EN FRANCE “ Ils-offrent de grands avantages; d’abord le poisson ytrouve les conditions de son ambiance habituelle et peut, par suite, y séjourner lopo- temps; ensuite le: transport est peu coûteux, et enfin le vendeur a devant lui tout le temps dési- rable pour écouler sa marchandise en parfait état; 8 bateaux desservent Paris et rendent de très grands services. * * * Comme on le voit, nos étangs peuvent nous fournir une richesse alimentaire considérable, mais des stations piscicoles de reproduction sont à créer. La diffusion des études doit être faite par des établissements d'enseignement agricole et des universités. De la collaboration des professeurs de l’ensei- gnement supérieur et des agents forestiers char- gés de la pisciculture peuvent sortir des résultats féconds au point de vue de l’agriculture et de l’hydrobiologie. On doit intéresser le public à toutes ces ques- tions; l’enseignement de la pisciculture peut rendre de grands services aux mutilés dela guerre, aux femmes, car de même que l’agricul- ture, l’aviculture, la pisciculture peut devenir une industrie féminine. Il serait à souhaiter que des démonstrations pratiques soient organisées dans de nombreuses villes. Ces démonstrations seraient rendues fa- ciles par la création d’aquariums démontables et transportables. On augmenterait pêche et des appareils de transport. Telles sont les conclusions qui ont été adop- tées au Congrès de l’Etang; en les présentant ici, nous avons cru faire œuvre utile. Nous devons tirer parti de toutes les richesses mises à notre disposition par la Nature. Beaucoup de questions qui ont été traitées à ce Congrès du poisson d’eau douce se relient à celles qui intéressent la vente du poisson de mer, en particulier les modes de transport, les frais de transport et enfin la campagne de diffusion en faveur de la valeur alimentaire du poisson. N'oublions pas non plus la collaboration qui doit exister entre les professeurs et les profes- sionnels : c’est ce que nous cherchons à créer, au Havre, au Laboratoire de l'Institut Océano- graphique. / A. Loir et H. Legangneux, de l'Institut Océanographique du Havre, encore l'attrait par l’exposition des divers engins de BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ee me BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Maccätierri (Eugenio), Professeur à l'Institut techni- que d'Ancône. — Calcolo numerico approssimato. — 1 vol. des Manuels Hoepli de XVI-200 p. (Prix: 5 fr. 50). Hoepli, éditeur, Milan, 1919. Le caleul approché a pour :objef essentiel de résou- dre les deux problèmes suivants : 1° Comment se dé- termine l’'approximation du résultat d’un calcul numé- riqueexécuté sur des données approchées ? 2° Comment . peut-on obtenir un résultat avec une approximation fixée d'avance? Il n’est pas besoin (’insister sur l'intérêt qu’offrent de telles questions pour la pratique, Leur solution ne laisse pas d’être délicate; elle peut, si l’on n’y prend garde, paraitre entachée de quelque confusion, L’au- teur a su la développer avec une grande simplicité et une parfaite clarté, non moins qu'avec un souci cons- tant de la rigueur, en envisageant, d'une part, les opérations fondamentales de l’arithmétique prises isolément, de l’autre, les calculs plus complexes pro- venant d’une combinaison de ces opérations. | L'auteur s'attache, au reste, à faire connaitre divers ! procédés opératoires simplifiés applicables aux calculs approchés, tels que ceux de la multiplication, ou de la division, abrégée et ordonnée, Ce petit ouvrage, qui se lit très facilement, peut rendre de grands services à tous ceux qui ont à s’occu- per d'applications où intervient le calcul numérique. M. O. Massot (L.), Ingénieur des Arts et Manufactures. — La taille des métaux, d'après les expériences de F.W. Taylor,et la forme rationnelle des outils.— 1 vol. in-4° de 108 pages, avec.42 fig. (Prix : 7 fr. 20). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1919. On sail avec quel soin jaloux industriels et ingé- nieurs conservent pour eux tous les renseignements de divers ordres qu'ils ont eu l’occasion d’accumuler au cours de leur carrière. Sans souci de l'intérêt général, ils laissent d’autres recommencer indéfiniment ce qu’eux- mêmes ont déjà fait. Quelle perte de temps et d'argent de telles conceptions fausses représentent-elles? Or, voici qu'un ingénieur, M. Massot, ayant pour son usage personnel condensé et résumé tous les renseigne - ments utiles et tableaux numériques d'usage courant dans l'atelier et disséminés au milieu des descriptions d'expériences dans le mémoire de Taylor sur la taille des métaux, a eu la bonne idée de les publier, faisant ainsi proliter collègues et concurrents de la peine qu'il a prise, comprenant, comme nous venons de le dire, que, dans l'Industrie, tout ce qui profite à la communauté sert par là même à chacun de ses membres. 3 Le résumé qu’il nous offre est extrèmement clair, les unités de mesure rappelées à propos de chaque chiffre, et l’on sait combien cette précaution est essentielle. Voici dans quel ordre M. Massot a condensé ses ren- seignements, les siens et ceux pris dans Taylor : Mode d’action de l’outil et détermination des efforts qu'il supporte ; Influence sur la vitessse de coupe de la qualité de l'outil (composition de l'acier, traitement); Influence sur la vitesse de coupe de la forme de l’ou- til (grosseur de l'outil, forme du tranchant, angle d'’af- fütage); Influence sur la vitesse decoupe de la durée de coupe, c'est-à-dire du temps pendant lequel l’oulil doit tailler convenablement, sans avoir besoin d’être affûté ; Influence sur la vitesse de coupe de la profondeur de . passe ou prise (c’est-à-dire réduction du rayon de la pièce après le passage de l'outil) et de l'avance par tour ou serrage (pas de l’hélice tracé par l'outil sur la pièce); Influence, sur la vitesse de coupe de la nature du métal travaillé ; Influence sur la vitesse de coupe du refroidissement de l'outil (travail à sec ou sous jet d’eau); Influence sur la vitesse de coupe de la machine et du montage de la pièce (puissance de la machine, broute- ment). L'auteur termine cette première partie par des tableaux résumant les renseignements essentiels pour la déter- mination pratique des conditions économiques de coupe. Dans une deuxième partie de son ouvrage, M. Massot traite de la forme rationnelle des outils procédant par enlèvement de topeaux, Dans un premier chapitre, il nous parle des angles qui définissent les conditions de coupe, de manière que leur détermination ne présente aucune ambiguïté. Dans un deuxième, il traite des considérations générales qui fixent les valeurs pratiques à donner à ces angles sui- vant les diverses applications. Dans le suivant, l’auteur nous entretient des phénomènes connus sous le nom de « broutement » et d’« engagement ». Les chapitres sui- vants sont consacrés enfin aux outils simples façonnés en bout, aux outils de forme façonnés en bout, aux outils à profil constant, à la recherche des angles de coupe et de dépouille des outils de tour, des fraises à profil constant, Cette adaptation nouvelle des études de Taylor, comme le dit M. H. Le Chatellier dans l'introduction qu'il a écrite pour cet ouvrage, en accentuera certainement l'importance par la facilité qu’elle donnera à un grand nombre d'ateliers de tirer plus facilement parti de recherches, dont l'exposé trop complexe avait souvent paralysé l'usage. L. Porn. 2° Sciences physiques Paraf (M.), Ingénieur à la Compagnie française Thomson-Houston. — Installations à hautes ten- sions et usines centrales. 2° éd. — 1 vol. in-8° de 426 p. avec 140 fig. et 18:-pl. (Prix : 20 fr.). Ecole spé- ciale des travaux publics, Paris,1917. Si l’on considère une certaine région géographique, comprenant, plus ou moins distants les uns des autres, divers consommateurs d'énergie électrique, il est en gé- néral avantageux de les alimenter en commun par une source d'énergie unique, usine centrale, établie en un point central, ce point étant relié aux différents consom- mateurs au moyen de canalisations qui peuvent être assez étendues (artères ou feeders). Souvent d’ailleurs certains clients voisins les uns des autres se groupent de manière à être tous rattachés à un même centre se- condaire de distribution. M. Paraf étudie dans son ouvrage les problèmes que soulève la création de ces usines centrales à grande puissance. Dans la première partie, il examine les dif- férents systèmes employés pour le transport et la dis- «tribution de l'énergie et il décrit quelques grandes usi-: nes centrales (usines de Moutiers, en Savoie, d’Issy-les- Moulineaux et de Tuilière dans la Dordegne), La deuxième partie est consacrée à l'étude de la station centrale elle-même : groupes électrogènes ; services &uxi- liaires ; disposition et montage des machines et de l’ap- pareillage. Vient ensuite {troisième partie) l'étude des stations et des postes transformateurs, et enfin (qua- trième partie) celle des canalisations à haute tension : calcul d'une ligne aérienne, choix des matériaux, opérations sur le terrain et montage des lignes. L' BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Dans cet ouvrage, qui est la reproduction du cours professé par l’auteur à l'Ecole spéciale des Travaux pu- blies de la rue Thénard, et dont le caractère est nette- ment industriel, les lecteurs que ces questions intéres- sent trouveront, clairement exposés, les renseigne- ments qui concernent le fonctionnement des usines centrales et, d’une façon générale, des installations de transport et de distribution d'énergie électrique. A. Bouranrfc. Molinari (E.), Professeur de Chimie technique au Poly- technicum royalde Milan et à l'Université commerciale Luigi Bocconi. — Trattato di Chimica generale ed applicata all industria. Vol. / : Chimica inorga- nica. 2° Partie. 4e édition, revue et augmentée.— 1 vol. in-8° de 634 p. avec 4165 fig. et # pl. spectroscopique (Prix :26 lire). U. Hæpli, éditeur, Milan, 1919. En analysant ici le premier volume de cet ouvrage!, nous avons fait connaître le but et le plan général de l’auteur : non seulement exposer les lois fondamentales de la Chimie et les propriétés des éléments et de leurs composés, mais aussi faire une large part aux applica- tions industrielles. La première partie du tome I s’arrêtait à l’azote; la seconde partie contient la fin de l'étude des métalloïdes et celle des métaux. Parmi les questions sur lesquelles l’auteur donne des détails intéressants et tout-à- fait au point, signalons en particulier : à propos du carbone, les combustibles (spécialement l’industrie du coke métallurgique), la combustion sans flamme (mé- thode de Bone), les industries du gaz à l’eau, du gaz de gazogène et du gaz de haut fourneau; à propos des mé- taux alcalins, l'industrie des sels potassiques pendant la guerre, celles des hypochlorites alcalins et du carbonate de soude; à propos des métaux alcalino-terreux, la fa- brication des verres et des superphosphates; à propos de l'aluminium, l’aluminothermie, l’industrie des ci- ments, de la céramique; à propôs du fer, toute l’indus- trie sidérurgique avec les ferro-alliages, et des notions de métallographie ; ete. Comme nous l'avons déjà signalé à propos du précé- dent volume, l’auteur donne d’assez nombreuses statis- tiques sur l’importance des industries chimiques et du commerce de leurs produits dans les différents pays, ce qui ajoute à l'intérêt de son ouvrage. L.B. 3° Sciences médicales Delbet (Pierre), Professeur à la Faculté de Médecine de Paris, et Fiessinger (Noël). — Biologie de la plaie de guerre. — { vol. in-8° de 460 p. avec 4 pl. et 20 figures. (Annales de la Clinique chirurgicale du Professeur Pierre Delbet.) (Prix : 30 fr.) Félix Alcan, éditeur, Paris, 1918. Cet important ouvrage de MM, Pierre Delbet et Fies- singer résume tous les travaux, eten particulier les nom- breux et intéressants travaux personnels des auteurs, relatifs à l'étude de la plaie de guerreentre 1914 et1918. Nous ne pouvons que donner une idée succincte des principales notions bien mises en évidence à la suite de ces recherches remarquables, qui ont contribué à améliorer notablement la thérapeutique chirurgicale des plaies par projectiles, Le point de départ de toutes ces recherches aété la connaissance précise des lésions anatomiques causées par le projectile de guerre, Les dégâts tissulaires sont dé- terminés par la force vive des projectiles, ce qui expli- que que les altérations s'étendent à distance du trajet sur les muscles et les vaisseaux, d’où attrition tissulaire et infiltration hémorragique profonde. Ces altérations favorisent le développement de l'infection par les ger- mes accompagnant le projectile ou les débris vesti- mentaires. Le premier phénomène observé est la dégénérescence 1. Rev. gén. des Sc. du 30 nov, 1917,t. XXVIII, p. 651. des tissus contus, des muscles en particulier (myolyse), qui est déjà constatée 45 minutes après le traumatisme et s’accentue entre la 2° et la 4° heure, La désorganisa- tion mécanique du musele est rapidement suivie de phé- nomènes d’auto-protéolyse qui favorisent le développe- ment des germes. La réaction phagocytaire est très précoce. Dès la 4° heure, le leucocyte polynucléaire neu- trophile et le gros mononucléaire entrent en scène. Les phénomènes d’autolyse, sous la dépendance d'actions diastasiques, donnent naissance à des produits de désin- tégration des substances organiques (albumines en par- ticulier), produits dont la résorption est susceptible de produire une intoxication de l’organisme, Cette notion cadre avec la récente théorie du choc proposée par M. le Professeur Quénu. L'étude de l'infection des plaies de guerre conduit à un certain nombre de constatations d'intérêt capital. L'adaptation des microbes du projectile pour le « mi- lieu humain » exige quelques heures, car ces microbes, venus du sol, semblent avoir une virulence atténuée pour l’espèce humaine. Cette virulence, ils la retrouvent. au bout de quelques heures, délai pendant lequel l'in- tervention chirurgicale présente des conditions très fa: vorables. Les microbes du projectile proviennent surtout du vêtement du soldat, vêtement qui séra toujours souillé tant qu’il y aura des guerres, etqu'on ne pourra jamais désinfecter préventivement. Delbet et Fiessin- ger ne croient pas que la nature spéciale du sol favo- rise certaines infections (gangrène gazeuse ou tétanos). La flore des vêtements est analogue dans toutes les tran chées du front: il n'y a pas derégions maudites, Ou à l’analogie entre la flore bactérienne des plaies de guerre et la flore intestinale, elle ne signifie pas que les vêtements des soldats sont souillés par les déjections, mais simplement que la pütréfaction terrestre fait inter- venir les mêmes éléments bactériens que la putréfac- tion intestinale. Huit fois sur dix, le projectile (éclat d’obus surtout) est infecté par les débris qu'il entraine. La contamination par les bactéries de la peau est beau- coup moins importante, Le développement microbien traverse deux étapes: l’éclosion, la diffusion. L’éclosion est rapide, mais la diffusion est retardée de quelques heures : c’est la phase d'adaptation des microbes. Sans qu'on puisse établir un horaire précis, c’est aux envi- rons de la sixième à la huitième heure que l’infectionse diffuse, avec brusquerie, Il ya souvent un retard dedif- fusion, surtout dans les plaies articulaires où les exsu- dats restent parfois aseptiques 24, 36,72 heures après la blessure. Ce retard de la diffusion s’observe d’ailleurs pour les plaies des autres séreuses viscérales, « Etudier la bactériologie de la plaie de guerre, c’est aussi étudier la bactériologie de la gangrène gazeuse. » Dans la série anaérobie, le vibrion seplique, considéré avant la guerre comme le microbe de la gangrène ga- zeuse, est loin d’avoir été le plus fréquent dans les plaies de guerre et même dans la gangrène gazeuse. Il n’est d’ailleurs pas forcément un agent d'infection mortelle; d’autres agents peuvent donner naissance à des gan- grènes gazeuses à marche foudroyante, en particulier le Bacillus perfringens, que l’on retrouve dans 80 !/, des: plaies. Entre le vibrion septique et le Z. perfringens, il existe une série de formes microbiennes intermédiaires (Bacillus lyticus de Coste et Troisier, bacilles A, B, G de Weinberg et Séguin). : Les espèces sporulées suivantes: Bacillus œdematicus, B. bellonensis, B. sporogenes, ete. ont aussi été isolées dans les plaies; les espèces non sporulées signalées sont le bacille neigeux, le Z, fallax, le B. aerofetidus. Le bacille tétanique mérite une mention spéciale. Il existe avec une fréquence considérable dans les plaies de guerre. Silvio Colombino l'a trouvé dans les plaies de sujets ayant reçu leur injection antitétanique, Be- rard et Lumière dans des plaies anfractueuses ancien- nes ou cicatrisées qui constituent un foÿer latent d’éclo- sion tétanique, La flore anaérobie se développe précocement, la flore: aérobie n'apparaît que plus tardivement, souvent après la 12° heure; elle est constante au 2° ou 3' jour. Les in- ‘fections aérobies graves relèvent du streptocoque, espèce la plus nocive qui donne lieu à desinfections locales et généræ#es redoutables, soit isolé, soit associé à un “anaérobie. C’est aussi le microbe des suppurations pro- longées des plaies de l'arrière, “ Les autres microbes aérobies rencontrés dans les plaies de guerre et dont l'action mérite d’être étudiée sont le staphylocoque, les diplocoques, le pneumocoque, des sarcines, et une série de microbes intestinaux (di- plostreptocoque, entérocoque, proteus, colibacilles), plus rarement les bacilles diphtériques. Le B, pyocya- nique, agent fréquent d'infection secondaire, semble jouir d’une influence favorable sur l'infection strepto- coccique. Les auteurs signalent l'existence dans les plaies de . guerre de bacilles sporulés aérobies : B. subtilis et B. mycoides, etc. On a signalé aussi des infections myco- siques. … Si l'infection unimicrobienne existe, elle n’est pas la - règle. En général, elle est plurimicrobienne : associa- tion d’anaérobies, ou associations d'aérobies et d’ana- -érobies. Ces associations exaltent les virulences : une des associations les plus graves est celle du Z. perfrin- gens et du streptocoque. Delbet et Fiessinger trouvent néanmoins que l'opinion de H, Tissier et G. Gross, d’après laquelle toute plaie de guerre qui n’est pas infec- tée par le streptocoque peut être suturée primitivement, est trop bactériologique et trop absolue, quoique vraie dans l’ensemble, Enfin il existe des associations d’aéro- bies, La flore des plaies est successivement anaérobie, puis mixte, puis aérobie. L'étude bactériologique d’une plaie peut renseigner sur l’évolution de l'infection. L’examen des empreintes de plaies prises sur une lame flambée, la pyoculture, euvent rendre des services, L'examen d’uneprise dans a plaie avec une anse de platine, suivie d’étalements est pour les auteurs un procédé inférieur, surtout si l’on tient compte seulement du nombre des microbes et non de leur nature, comme l'ont fait d'une façon intéres- sante G. Gross et Tissier. C’est sur ces données bactério- logiques que l’on règle le traitement des plaies par suture primitive ou secondaire, La répartition des ger- mes infectieux n'est d’ailleurs pas la même en tous les points de la plaie. Il existe des nids bactériens. L'influence du milieu sur le développement des infec- tions est bien démontrée dans la plaie de guerre, qui, par la grande étendue de l’attrition des tissus qu’elle comporte, constitue un excellent milieu de culture. - L’exérèse des tissus atteints rend souvent l'infection sans gravité, Les ligatures vasculaires favorisent la gangrène gazeuse, en diminuant la vitalité des tissus. La plaie de guerre est aussi une source d'intoxication par les toxines microbiennes (cénotoxines ou toxines associées), par les produits de l’autolyse musculaire. … Les ferments bactériens ont une action protéolytique, qui transforme les albuminoïdes de la plaie en pto- maïnes, une action glycolytique et lipolytique, Les fermentations expliquent les phénomènes de lyse tissulaire, l'odeur des gangrènes et la production des gaz. | La défense de l'organisme dans les plaies en général - est exposée avec d'amples détails, en partieulier la dé- fense par le leucocyte (phagocytose, action des opso- nines), à propos de laquelle les auteurs établissent l'ac- tion cytophylactique de certaines solutions salines, puis la défense par les réactions humorales (antigène et an- . ticorps, sensibilisatriceet alexine). Delbet et Fiessinger exposent leur conception, d'après laquelle la sensibili- satrice serait une protéase, l’alexine une lipase. La sensibilisatrice adsorbée par la bactérie formerait avec les lipoïdes de cette dernière un complexe lipoïdo- protéasique, L’alexine romprait le complexe en atta- quant les lipoïdes et la protéase pourrait produire la bactériolyse. Dans les plaies de guerre, les auteurs étudient en dé- tail l'aspect des divers processus de défense. A propos BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX de l’afflux leucocytaire, ils démontrent que les cellules de pus frais sont la plupart des cellules vivantes, Ils étu- dient les granulations et les enclaves de ces cellules, les caractères de leur noyau, la marche de la phagocytose des bactéries par les cellules de pus. Les ferments d'ori- gine microbienne jouent un rôle entravant le dévelop- pement des microbes. ; La défaite de l'organisme aboutit à’la gangrène ga- zeuse quand l'acte chirurgical est retardé, La chambre d’attrition et son tissu mortifié est le foyer d'infection et d'intoxication, L'afflux des phagocytes est gêné par l'épaisseur du tissu mortilié. La protéolyse destissus par l’action des anaérobies produit des substances toxiques qui entravent la phagocytose. L’ischémie d’un groupe musculaire important favorise l'extension de la gangrène gazeuse, qui, après s'être développée localement, arrive rapidement à la toxémie générale, plus rarement à la bactériémie. La réparation des plaies est étudiée en détail. Delbet et Fiessinger insistent sur le rôle de la protéase leuco- cytaire dansle phénomène de la détersion. La plaie passe par les étapes de mortification et de détersion, de sup- puration, de réparation dans laquelle apparaît le bour- geon charnu dont la zone superficielle protéolytique empêche la réussite des réunions secondaires sans avi- vement. Vient ensuite l'étape d’épidermisation, gênée par la protéase leucocytaire du pus et non par les mi- crobes. Cette étude de la réparation des plaies amène les auteurs à celle des infections de la cicatrice et des su- tures primitives et secondaires. Un chapitre est réservé à l'étude de la séroculture de Wright et de la pyoculture de Pierre Delbet. La pyocul- ture a pour but de mettre en évidence dans le pus des propriétés soit favorisant, soit empêchant le déve- loppement des microbes. Après avoir compté le nom- bre des microbes dans le pus d’une plaie, ce pus est placé à l'étuve, En examinant ce pus à des intervalles variables, on constate que tantôt les microbes se déve- loppent abondamment dans le pus, tantôt ne s'y déve- loppent pas, tantôt diminuent, On dit que la pyocul- ture est positive, nulle ou négative suivant celle destrois évolutions constatées. Seule la pyoculture positive est susceptible de permettre de poser un pronostic grave. Mais il importe de bien savoir que la pyoculture est élective : négative pour un microbe, elle est nulle pour un autre, positive pour un troisième, Dire qu'une pyo- culture est positive sans dire en quel microbe n’est rien dire du tout. Le microbe dont la gravité prime celle de tous les autres est le streptocoque. La thérapeutique des plaies de guerre est la brillante conclusion des recherches biologiques précédentes. Son éxposé et sa discussion trouvent une place impor- tante dans le travail de Delbet et Fiessinger. Cette thérapeutique peut être une thérapeutique gé- nérale, par l'emploi de la sérothérapie ou de la vaccina- tion dont les différentes techniques sont exposées dans ce travail. Le traitement local des plaies reste, bien entendu, d'importance primordiale. Après avoir rappelé les er- reurs du début de la guerre, les auteurs montrent les étapesde la méthode définitive de la résection des tissus atteints d’attrition : le parage des plaies avec ses diffé rentes modalités et ses conséquences bienfaisantes, les réunions primitives immédiates ou retardées. Quant aux antiseptiques, les auteurs en étudient l’ac- tion sur les microbes, sur les cellules, sur les toxines, Leur critique porte à la fois sur les antiseptiques fixa- teurs (acide phénique), qui coagulent les albumines et ne peuvent atteindre les régions profondes de la plaie, et les antiseptiques dissolvants (hbypochlorites). Pour les plaies infectées, surtout celles qui se défendent,les au- teurs préfèrent l'emploi de la méthode cytophylactique, à l’aide d'irrigations continues au chlorure de magné- sium. ' Dr Paul Marureu, Chirurgien des Hôpitaux. 3906 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du \5 Mai 1919 1° SCIENCES puaysiQues. — M. H. Deslandres : Àe- marques sur la constitution de l'atome et les propriétés des spectres de bandes. Les calculs de Vegard donnent avec une certaine précision le diamètre et la composi- tion des anneaux d'électrons dans le voisinage immé- diat du noyau de l’atome de Bohr, mais les indications sur les anneaux extérieurs sont insuflisantes, L'auteur montre que les spectres de bandes semblent capables de combler la lacune, car ils dépendent surtout des an- neaux extérieurs de l'atome et des conditions spéciales de sa surface, — MM. Ed. Urbain et C. Scal : Sur la décomposition de liquides diélectriques au sein desquels jaillit un arc. L'arc, jaillissant au sein des tétra- chlorures de Ti, Sn, C, produit une décomposition pro- fonde et un dégagement intense de CI. Dans les mêmes conditions, avec les hydrocarbures liquides saturés, dé- gagement d’acétylène, d'éthylène, d'H et dépôt de C. Avec le pinène, production des mêmes corps et forma- tion dans le liquide de notables quantités d'isoprène. Avec les cétones, production de CO et d'hydrocarbures divers, Il faut opérer avec des électrodes métalliques et de préférence à 15° C.. — M, A. C. Vournasos : Les azotures normaux de nickel et de cobalt. L'auteur a ob- tenu l’azoture normal de nickel'en oxydant le cyanure de ce métal par son oxyde à plus de 2.000° : NiC?N° + 2NiO — 2CO+NiN?. Ce corps n’est pas magnétique; il brûle si on lechaulfe dans une atmosphère d’O. ILest inattaquable par l’eau à l’ébullition, mais est décom- posé par NaOH fondue en donnant NH3, L’azoture nor- mal de cobalt a été obtenu par action de l'arc voltaï- que sur un mélange intime de CoO et de Co{CN). — M. Picon : Action de l'acétylène monosodé sur quelques iodures d'alcools primaires à chaine ramifiée. L'acéty- lène monosodé réagit sur les éthers iodhydriques des alcools primaires à chaîne ramifiée en donnant le car- bure éthylénique provenant du dérivé halogéné employé par perte d’une molécule d’'Hydracide : CH=CNa +R, CHR’, CH?I = Nal + CH = CH +R.CR : CH?.— M.R. Fosse : Oxrydation simultanée du sang et du glucose. Tandis que le rendement en urée dans l’oxydation des albuminoïdes seuls est assez faible, il s'élève à des va- leurs considérables si, dans des conditions convena- bles, on oxyde simultanément les protéiques du sang et le glücose, Le rendement en urée formée par oxyda- tion du sang additionné de glucose s'accroît, dans cer- taines limites, avec la proportion de glucose et d’oxy- gène consommés. — MM. A. Lacroix et A. de Gra- mont : Sur la présence de bore dans quelques silico- aluminates basiques naturels. Les auteurs ont constaté spectrographiquement la présence de bore dans la sa- phirine, la grandidiérite et la kornerupine, puis l'ont dosé analytiquement : les quantités trouvées sont res- pectivement de 0,75, 2,81 et 3,59°/0 de B°0*; dans ces minéraux le bore remplace isomorphiquement l’alumi- nium, La présence de traces de bore a été également constatée dans la dumortiérite et dans les idocrases, 2° SCIENCES NATURELLES. — M. Ch. Depéret: Zssai de coordination chronologique générale des temps quater- naires. L'auteur, en employant la méthode de détermi- nation c omparée des glaciers quaternaires par l'altitude de la terrasse fluviale correspondante, montre d’abord que le maximum d'extension des glaciers alpins à la fois dans les Alpes orientales et dans les Alpes fran- çaises correspond à la glaciation mindélienne et non à la glaciation rissienne. Cela étant, le maximum d’ex- tension des glaciers alpins (Mindélien) coïncide avec le maximum d'avancée des glaciers scandinaves (Drift ancien ou Saxonien). Dès lors, le Rissien des Alpes correspond au Drift récent ou Polonien des plaines du nord de l'Angleterre, et il faut trouver l'équivalent du Würmien dans les glaciers locaux de l’Ecosse et dans les moraines baltiques (Mecklembourgien). Enfin la gla- ciation seanienne serait le pendant du Günzien des Al- pes. — M. Ernest Fleury: Sur la significationetlerôle de la lapiésation dans la désagrégation des roches gra- nitiques en Portugal. Dans plusieurs régions de la Me- ‘seta, les roches granitiques sont exceptionnellement dé- coupées et parfois grossièrememt sculptées comme si elles avaient été modelées par la lapiésation ou par les, eaux courantes, Ces formes sont en réalité le résultat de l’arénisation, qui agit surtout sur les feldspaths et aussi les micas, el se rapproche de la lapiésation des calcaires en produisant des matériaux résiduels. Son … activité est dirigée par les facteurs structuraux : dia- clases de retrait et de consolidation,desquamation ouex- foliation, etc. Cette arénisation dirigée peut être consi- dérée comme une forme de lapiésation des roches de composition hétérogène et peu solubles, — M, Paul Thiéry : Nouvelles observations sur le système d'acci- dents géologiques appelés « Faille des Cévennes ». Le pays alaisien compris entre la bordure tertiaire et une ligne sinueuse allant de Mercoirol à Pierremorte est. constitué par un système d'écailles, séparées les unes des autres par des surfaces de friction, peu inclinées sur | l'horizon, dont chacune estun lieu de déplacement rela- tif, ou une faille de charriage. La ligne sinueuse qui li- mite au NW ce paquet d'écailles est elle-même l’aflleure- ment d’une surface de charriage, séparant la nappe du pays autochtone. — MM. L. Léger et E. Hesse: Sur une nouvelle Coccidie parasite de la Truite indigène. Les auteurs ont découvert chez la Truite une Coccidie nouvelle qu'ils font rentrer dans le genre Goussia en raison de sa faible taille, de sa paroi kystique mince, sans reliquat, et de sa maturation dans l'hôte. — M. S.. Stefanescu : Sur la coordination des caractères mor- phologiques et des mouvements des molaires des Élé- phants et des Mastodontes, Les molaires des Eléphants et des Mastodontesne progressent pas suivant des grands ares decercles, mais suivant d’autres courbes ; pendant leur progression, elles accomplissent, simultanément, un mouvement de torsion sur elles-mêmes. — M. G. Bertrand et Mme M. Rosenblatt: Action toxique com-. parée de quelques substances volatiles sur divers In- sectes. Les auteurs ont fait agir plusieurs substances volatiles : anesthésiques, GS?, CCI, monochloracétone, bromure de benzyle, chloropicrine, HCN, sur divers Insectes parasites. Les résultats font ressortir le grand pouvoir parasiticide dela chloropicrine, au moins égal en pratique à celui de HCN. Séance du 12 Mai 1919 M. H. de Chardonnet est élu membre de la Division des Applications de la Science à l'Industrie. 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. L. Lecornu : Sur les tourbillons d'une veine fluide. Beltrami à recherché en 1889 s’il est possible que, dans le mouvement d’un fluide, les lignes de flux, c’est-à-dire les courbes partout tangentes aux vitesses, coïncident avec les lignes de tourbillon, et il a fourni divers exemples permettant de répondre aflirmativement. L'auteur montre que le genre de mouvement permanent étudié par Beltrami, loin de présenter un caractère exceptionnel, doit être » celui que possède toute veine sortant d’un réservoir, 20 ScIRNCES PHYSIQUES, — MM. G. Reboul et L. Du- noyer : /nfluence des saisons et des régimes aérologiques | sur les variations corrélatives de la pression atmosphé= rique et de l'intensité du vent. Les auteurs montrent que « les règles de prévision des variations barométriques F 4 qu'ils ont précédemment énoncées (voir p. 289) s’appli- quent mieux l'hiver (où leur coellicient de certitude est remarquablement grand) que l’été. Cela tient sans doute * à l'existence de périodes orageuses dans cette dernière saison ; de brusques variations dans l'intensité du vent, dues à des phénomènes locaux, se produisent alors sans variations barométriques importantes, régulières et géographiquement étendues. — M. E. Ariès : Détermi- mation directe de l'exposant de la température dans léquation d'état des fluides. L'auteur a appliqué à la détermination directe de l'exposant n une formule donnée précédemment et qui concerne les volumes mo- léculaires v, et v, d'un fluide saturé à l’état de vapeur ou à l’état liquide. En opérant sur 9 substances étudiées par M.S. Young, et dont le nombre d’atomes augmente égulièrement de 3 par 3 de 5 à 23, on obtient pour # des valeurs croissantes allant de 1,09 à 1,30. — MM. Ch. Chéneveau et R. Audubert : Sur la vitesse de la lu- mière dans les milieux troubles. Les auteurs montrent que, dans les milieux troubles, l'indice de réfraction du iuilieu est toujours supérieur à celui du liquide inter- granulaire ; il en résulte que la réflexion joue un rôle important dans tous les phénomènes optiques présentés par les milieux. Dans le cas de particules transparentes en suspension dans un milieu de même indice de réfrac- - tion, il ne doit se produire aucun trouble optique, ce que confirme l'expérience. — M. A. Boutaric : Sur l'application de l'équation de Gibbs-Helmholtz : À — U — T(OA/ÔT) aux systèmes monovariants. L'auteur mon- tre que l’extension de cette équation aux systèmes _ monovariants par Nernst et ses commentateurs n’est pas légitime, tout au moins d’une façon générale, et peut conduire à de grossières erreurs. Pour l'appliquer aux transformations isothermiques des systèmes mono- variants, il faut la mettre sous la forme : dA » d?y aT J Par: ) — M. Alb. Colson : L’eutexie et les solutions étendues. L'auteur montre que le phénomène d’eutexie est contenu dans la formule de solubilité qu’il a donnée récemment (voir p. 256). L'eutexie peut être figurée par un point anguleux provenant de l'intersection de la courbe de saturation avec la courbe de congélation des solutions étendues. Ce point de rencontre, situé au point le plus bas, constitue en quelque sorte le pendant du summum de solubilité. — MM. P. Sabatier, A. Mailhe et G. ‘Gaudion : Action des métaux divisés sur les vapeurs de pinène. En faisant passer des vapeurs de pinène sur du uivre réduit vers 600°-630°, les auteurs ont obtenu une série de fractions renfermant : de l’isoprène et des _carbures éthyléniques; du toluène et du métaxylène; ‘du cymène, du cumène, du méthyléthylbenzène et des terpènes issus de l’isomérisation du pinène ; des polyter- pènes et des carbures éthyléniques ou diéthyléniques très condensés. La dose tolale de carbures aromatiques formés est voisine de 31 °/, du pinène traité, Avec le nickel réduit, on obtient en plus une certaine quantité de carbures saturés. Le fer donne lieu à un charbonne- ment très intense, — M. A. Béhal : Sur l'isolement et la caractérisation des alcools à l'état d'allophanates. La méthode de préparation consiste à faire passer dans alcool un courant de gaz cyanique provenant de la dépolymérisation de l'acide cyanurique, Le produit de ‘la réaction est lavé à l’éther, pour enlever l'alcool qui aurait pu ne pas réagir et l'uréthane qui se forme acces- soirement. Le résidu insoluble, qui constitue l'allopha- ate souillé par un peu d'acide cyanurique, est redissous à chaud dans l'alcool absolu, le benzène ou l'acétones il cristallise par refroidissement. Tous les allophanates sont des corps cristallisés et inodores, à point de fusion ractéristique. Les allophanates d'alcools acyeliques tiaires et de phénols sont déjà saponifiés par l’eau Jouillante, avec régénération de l'alcool, 30 ScrENCES NATURELLES, — M. J. Braun-Blanquet : ‘Sur La découverte du Laurus canariensis Webb et Berth. ans les tufs de Montpellier. L'auteur a trouvé dans la A—U=T( ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 357 oo partie inférieure des tufs de Montpellier plusieurs grands fragments de feuille et une feuille tout entière de Lau- rus canartensis. Cette découverte confirme et accentue le caractère océanique et relativement chaud de la flore au temps de la formation de ce dépôt; elle permet en outre de le synchroniser avec les tufs des Aygalades qui datent de la dernière période interglaciaire. — M. P. Bertrand : Xelations des zones végétales A, A: et B, Bs avec les niveaux marins du terrain houiller du nord de la France. Le niveau marin de la passée du toit de Laure représente le plus élevé des horizons marins de la zone à Nevropteris Schlehani Stur et Sphenopteris Hoenih- ghausi Br. (zone A, de Zeiller). La zone à Lonchopteris Bricei Br. (zone B, B, de Zeiller) débute à 150 ou 200 m. sous le niveau marin de Poissonnière et s'étend à environ 5oo m. au-dessus. — M. L. Joleaud : Sur le rôle des chenaux maritimes nord-floridien et sud-caraïbien dans les migrations des Mammifères tertiaires et quaternaires. L'auteur montre que les mouvements épirogéniques qui ont déterminé la formation des détroits nord-bétique et sud-rifain onteuleurrépercussion dans la mer desAntilles et amené la formation entre les deux Amériques d’un dé- troitnord-floridien, entre la Caroline, la Louisiane et la Floride, et d’un chenal sud-caraïbien, correspondant à la plaine des Llanos, Ces chenaux ont joué un rôle im- portant dans les migrations des Mammifères tertiaires et quaternaires. — M.J. Pellegrin : Sur la faune ichthyo- logique du Sahara oriental. Les espèces de Poissons actuellement connues dans le Sahara oriental sont au nombre de 15; elles ont toutes un caractère netlement africain ‘et appartiennent sans exception à la faune éthiopienne proprement dite. Ce sont les derniers restes d'une faune aquatique autrefois beaucoup plus riche et aujourd’hui en voie de disparition, — M. L. Roule : Sur la pigmentation des alevins du Saumon (Salmo salar Z.) et sur ses relations avec le premier séjour en rivière et la première migration à la mer. L'auteur dis- tingue 5 périodes dans le développement de ces alevins, depuis l’éclosion jusqu'à la migration de descente à la mer : périodes vésiculée, nue, écailleuse, de transposi- tion pigmentaire, et migratrice. La pigmentation, faible au moment de l’éclosion, devient de plus en plus intense jusqu’au début de la 3° période; à la 4°, la plupart des ponctuations et des taches disparaissent, et il apparaît un pigment gris bleuâtre assez clair, dont la répartition aboutit à l’état de livrée migratrice. C’est seulement alors que l’alevin, quel que soit son âge, se rend à la mer. — M.J, Amar : Ventilation pulmonaire et héma- tose. L'auteur déduit de ses expériences les conclusions suivantes : 1° La ventilation pulmonaire augmente bien plus par l’amplitude que par la fréquence des respira- tions. 2° Les respirations lentes et profondes favorisent l'oxygénation du sang. L'hématose exige donc que la respiration développe en toutes circonstances un maxi- mum de capacité pulmonaire. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 29 April 1919 Suite de la discussion sur la déclaration obligatoire de la tuberculose. MM. D. Berthelot et Maunoury exposent les raisons pour lesquelles ils y sont opposés. M. H. Martel montre la fréquence de la tuberculose bovine et la nécessité de prendre des mesures pour res- treindre cette maladie et stériliser le lait et les sous- produits. — M. L. Grimbert : La thérapeutique jugée par les chiffres. L'auteur, se basant sur des documents fournis par la Pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris, trace le tableau des fluctuations subies dans leur con- sommation par les principaux médicaments utilisés dans lesservices hospitaliers. De 1907 à 1917, il n’a été introduit comme médicaments nouveaux que la novo- caïne (1908), l'argent colloïdal électrique (1909), l'arséno- benzol (Gg11), le novarsénobenzol (1912) et le galyl (1915). Quant aux autres médicaments, depuis 1906 tousles classiques sont restés stationnaires ; quelques- uns, alors en baisse, se sont arrêtés en chemin et n’ont plus varié: tels les cantharides, le cacodylate de soude, le sulfate de quinine, la caféine, le naphtol et le benzo- naphtol. Sont en baisse :, les antiseptiques, à l’excep- tion du formol, les iodures, l’antipyrine, qui n’ont fait qu'accentuer leur mouvement de chute signalé en 1906. Il faut y ajouter aujourd’hui les bromures, l'eau oxygénée, le trional, le sulfonal, l’arsénobenzol, la gly- cérine, l'huile de foie de morue, l'extrait de quinquina et les ferments lactiques. Sont en hausse : novarséno- benzol, aspirine, formol, urotropine, théobromine, co- déine, véronal, collargol, protargol, benzoate de soude, éther anesthésique, teinture d’iode, phosphate trical- eique et sirop iodotannique. — MM, J. Genevrier et G. Heuyer: Etat sanitaire des enfants des écoles dans les régions libérées. Les auteurs ontexaminé les enfants des écoles de trois régions: 1° Lille, Roubaix, Tourcoing; 2° Maubeuge; 3° Charleville, Mézières, Sedan. Ils ont souffert surtout de la sous-alimentation, puis de l'insa- lubrité du logement, de l’insuflisance des vêtements chauds et des moyens de chauffage, des travaux impo- sés. Sur plus de 700 sujets, il y a, au point de vue an- thropométrique, insullisance du poids chez 100 (/, des enfants au-dessous de 6 ans, insuffisance de la taille et du poids chez 8o °/, des enfants de 12 à 13 ans. Tous ces enfants ont des thorax étroits qui se dilatent mal et ne savent pas respirer. La proportion des enfants atteints de micropolyadénopathie varie de 65 à 85°/o. L'adénopathie trachéo-bronchique est de 20 °/, chez les enfants des écoles maternelles et de 60 à 95°/, chez les enfants de 8 ans et de 13 ans. Pour remédier à cette situation sérieuse des enfants des régions libérées, dont l'avenir est compromis, il faut prendre rapidement des mesures précises : installation de cantines scolaires, réalisation des écoles de plein air, organisation de lins- pection médicale des écoles, enseignement de la gym- nastique respiratoire, etc. Séance du 6 Mai 1919 M. le Président annonce le décès de M. P. Carles, Correspondant de l’Académie. L'Académie reprend la discussion du Rapport sur la déclaration obligatoire de la tuberculose. M.E. Roux rappelle que la cause de la tuberculose est le bacille tuberculeux et que la prophylaxie de cette maladie est commandée par les propriétés de ce microbe. Or le microbe est rejeté dehors avec les crachats, et il jouit d’une résistance particulière aux agents qui détruisent rapidement la plupart des autres virus. De plus, la tu- berculose est une maladie chronique, de sorte que pen- dant des mois, parfois durant des années, ceux qui en sont atteints répandent le mal autour d’eux. Or au- cun médecin n’hésite à faire la déclaration d’un cas de scarlatine, maladie contagieuse qui ne dure que quel- ques semaines et dont le virus ne persiste guère hors de l'organisme, et il se trouverait des médecins pour se refuser à déclarer la tuberculose, maladie dont la con- tagiosité est reconnue, qui est des plus meurtrières et des plus répandues et qui, circonstance aggravante, dure longtemps. Ces médecins n'iraient-ils pas vrai- ment contre toutes les données de la science et de la raison? La déclaration obligatoire s'impose done. — M. H. Martel : La consommation de la viande frigori- fiée en France. L'auteur divise les viandes frigori- fiées en deux ‘catégories : les viandes réfrigérées, sim- plement refroidies de — 1° à + 4°, et les viandes çon- gelées, portées aux températures très basses de — 10° à — 150. Les premières diffèrent des viandes fraiches en ce qu’elles sont devenues plus tendres; elles rappel- lent les viandes dites rassises. Les transformations qu'elles ont subies sont dues à l’autolyse des matières albuminoïdes et des graisses, et très peu à l’action des bactéries qui vivent à la surface des viandes. Leur va- leur alimentaire n’a guère varié. Les viandes conge- lées présentent des modifications de composition dur ordre tellement faible qu'elles sont pratiquement équi- valentes aux viandes fraîches, Le froid ralentit, mais ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ne supprime pas les allérations des viandes dues à la contamination par des microbes, | Séance du 13 Mai 1919 L'Académie procède à l'élection de quatre Corres- pondants nationaux dans la Division de Médecine. MM. P.Courmont, Lemoine, Pachon et P. Remlinger sont élus. M. F. Bezançon résume les arguments qui ont élé apportés pour et contre la déclaration obligatoire de la tubereulose. M. Vaïillard dépose un amendement qui reproduit le vote de l’Académie du 1° juillet 1913 sur la question. — MM. Lannois et A. Sargnon et Mme Moutet : La radiumthérapie des tumeurs en oto- rhino-laryngologie, D'une façon générale, les tumeurs malignes non épithéliomateuses sont très améliorées, guérissent souvent complètement sous l'influence du radium; mais les résultats sont moins bons dans l'épi- théliome, surtout dans les épithéliomes qui ont les formes cliniques molles, ulcérées; les épithéliomes du type ectodermique avec globe corné indiquent au point de vue histologique une formule peu justiciable du ra- dium ou tout au moins avec résultat douteux, souvent mauvais, è | Séance du 20 Mai 1919 M. le Président annonce le décès de M. H. Benja- min, membre de la Section de Médecine vétérinaire. L'Académie procède au vote des conclusions du rap- port sur la déclaration obligatoire de la tuberculose. Après discussion, elle adopte, par 46 voix contre21, l'amendement déposé par M. Vaillard et ses collègues et ainsi conçu : 1° Ilest d'intérêt public que tout cas de tuberculose bacillaire ouverte soit obligatoirement déclaré, sitôt le diagnostic établi. 2° La déclaration sera adressée à un médecin sanitaire, tenu au secret pro- fessionnel, et qui veillera à l'exécution des mesures de prophylaxie, lorsque celles-ci ne seront pas assurées par le médecin traitant, 3° La déclaration entraîne l'obligation, pour les pouvoirs publics, de procurer aux tubercüleux nécessiteux les soins que réclame leur état, ainsi que l'assistance à leurs familles. L'Académie adopte également une série de propositions dues à MM. Reynier et Hayem et visant les mesures prophy- lactiques à prendre contre la tuberculose. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 3 Mai 1919 M. F. Dévé : Aystes hydatiques du foie et lithiase biliaire. On constate la coexistence de calculs biliaires avec un kyste hydatique du foie. Tantôt il s'agit d’une simple coïncidence, tantôt la lithiase est en relation avec l’échinococcose hépatique, soit que la poche comprime ‘un gros conduit biliaire, soit qu’elle communique avec la vésieule, soit enfin que le kyste se soit évacué dans lacanalisation biliaire intra-hépatique. — MM. M. Favre et À. Civatte : Les spirilles des végétations vénériennes. Après fixation d’après Regaud et chromisation pro= longée, l'hématoxyline au fer montre dans les végéta- tions vénériennes en pleine poussée de très nombreux spirilles. Ces spirilles siègent dans la couche épider- mique, Si celle-ci est mince, ils arrivent presque au contact du corps papillaire, mais n’y pénèlrent jamais. On les trouve là, entre les cellules et dans les cellules elles-mêmes. Ces parasites ont peu d’aflinité pour Par- gent. Ceci peutexpliquer bon nombre de résultats néga- tifs invoqués comme autant d'arguments contre l'hypo- thèse qui attribuerait une valeur étiologique à ces spirilles. — M. Léopold-Lévi: Glandes endocrines et fièvre. L'auteur a observé : a) une fièvre endocri- nienne pure par action sur les centres thermogènes des hormones thyroïdiennes, lutéiniennes, surrénaliennes, hypophysaires; b) une fièvre favorisée par le terrain endocrinien ou les oscillations endocriniennes (des réflexes, par ex.); c) une fièvre exagérée du fait des RE NP ER s troubles endocriniens. Les glandes endocrines parti- cipent done à l'élaboration de toute fièvre. — M. V. Wallich : Sur la cause de l’'hémorragie menstruelle, On ignore pourquoi la femme et la guenon ont seules des règles parmi les femelles des Mammifères. Ne serait-ce pas à cause de la texture de leur utérus à fibres muscu- laires imbriquées d'aspect plexiforme ? Dans les utérus - de Mammifères autres que la femme et la guenon, les vaisseaux de la couche intermédiaire reçoivent le choc de la poussée congestive, qui agit ainsi faible- ment sur les capillaires terminaux de la muqueuse. Dans l'utérus plexiforme de la femmeet de la guenon, au con- traire, le choc congestif n’est pas atténué dans les vais- seaux intra-muscülaires, enserrés et peu élastiques; toute la poussée Sanguine s'exerce dans les fragiles anses terminales des capillaires muqueux, qui se rom- pent, et l’hémorragie est constituée, L’hémorragié uté- rine des règles n'empêche donc pas de considérer comme analogues le rut et la menstruation. — M, Pierre-Paul Lévy : Présence, dans l'urine normale, de filaments flexueux de nature spirochétidienne. IL doit s'agir d’un spirochétidé vivant en saprophyte dans la vessie et peut-être dans le rein. Il serail intéressant de vérifier sur des coupes de reins sains si cette hypothèse est fondée et d'établir si ces microorganismes ne joueraient pas un rôle dans l’étiologie des néphrites chroniques, — M. M. Arthus : L'antithrombine engendrée dans les intoxications protéiques est-elle exclusivement d'origine hépatique ? L'injection intraveineuse de venin de Crota- lus adamanteus chez le lapin neuf provoque la produc- tion d’antithrombine, alors même que, par des liga- tures posées sur l'aorte diaphragmatique, la veine porte et la veine sus-hépatique, on a supprimé toute interven- tion du foie. — M. M. Molliard : Obtention artificielle de pétales panachés chez l'OEillette blanche. Les pétales normalement blancs restent susceptibles de produire un pigment anthocyanique quand on les expose de bonne heure à la lumière solaire; mais, dans les conditions normales, ils ont perdu cette faculté au moment de l’anthèse. On est donc en présence d'une race végétale dont l’un des caractères, la couleur blanche des pétales, provient de la disjonction dans le temps des divers fac- teurs qui concordent à la formation du pigment. — M. E. Laguesse : Sur la structure des papilles et de la couche superficielle du derme chez l'homme. Le tissu conjonctif des papilles est constitué par une variété de tissu réticule alvéolaire. Les noyaux se trouvent de place en place dans les points nodaux entourés d’une petite quantité de cytoplasme granuleux; tout le reste du corps et les prolongements ont en général subi la transformation en un exoplasme amorphe précollagène qui constitue le réseau alvéolaire. — M. E, La- guesse : Sur la membrane vitrée basale sous-épidermi- que. Les cloisons limitantes de la dernière rangée d’al- véoles s'unissent en un tout continu pour constituer la membrane basale; une partie des cellules conjonctives se trouve incluse dans son épaisseur; les plus fines fibres conjonctives et élastiques viennent s’y perdre, — M. M. Arthus : Anaphylaxie passive du lapin. Le lapin peut présenter une anaphylaxie passive; les con- ditions de sa manifestation sont plus strictes qu’elles ne sont chez le chien et le lapin. Le lapin est préparé par injection préalable de sang défibriné ou de sérum Sanguin de lapin activement anaphylactisé, — M, M. Arthus : echerches sur le venin des Abeilles. Le venin des Abeilles présente les caractères des venins protéo- toxiques injectés dans les veines :il provoque une chute de pression, une accélération respiratoire, une diminu- tion de la coagulation du sang chez le lapin, ete,, avec «prédominance très marquée des accidents intestinaux. — MM.T.Kumagaiet S. Osato : Sur la sécrétion interne du pancréas. Les auteurs montrent que la sécrétion interne prend la voie de la lymphe ét que l'hormone pancréatique qui régularise le métabolisme de l’hydrate de carbone est obtenue à l'état concentré dans la lym- phe du canal thoracique après injection de pilocarpine. — M. A. Distaso : Peut-on créer une nouvelle fonction ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 0 Lt 359 dans l'organisme animal? L'auteur a essayé sans succès de faire apparaître la lactase dans l'intestin du rat par injection ou ingestion prolongée de lactose. Il ne croit pas qu'il soit possible de créer une nouvelle fonction dans l'organisme animal. Pour lui la production des anticorps par l'organisme serait due à l’hypertrophie d’une fonction déjà existante. e Séance du 10 Mai 1919 M. A. Guilliermond : Sur une levure à copulation hétérogamique. Un peu avant la sporulation, la plupart des cellules cherchent à s’unir au moyen de petits becs, mais un petit nombre seulement arrivent à se réunir : la copulation s’effectue en général entre une grosse cellule adulte et une petite cellule jeune, mais elle peut s’accomplir aussi entre deux cellules semblables, Tout le contenu de l’une passe dans l’autre, qui devient l’asque. Les asques ne se forment qu'en très petit nombre et beaucoup par parthénogénèse. La levure manifeste donc une double tendance à perdre sa sexualité et sa fonc- tion sporogène. — MM. Nicolas et Faivre : L’histo- génèse des néoplasmes épithéliaux. Les épithéliomas spino-cellulaires sont pourvus de filaments spiralés basaux, que l'on retrouve développés dans l'assise mal- pighienne basale de l’épiderme normal. Par contre, les épithéliomas dits baso-cellulaires sont dépourvus de ces filaments. Pour trouver des éléments cellulaires qui se rapprochent des cellules des épithéliomes dits baso- cellulaires, il faut s'adresser à l'appareil sébacéopilaire, Ces observations remettent en question l’origine exacte des différents types d’épithéliomas cutanés. — M. J. Chaussin : Débits urinaires diurne et nocturne. En laissant de côté l'influence du repas et de l’élimina- tion exagérée d’eau qui suit, où trouve pour l’eau un taux d’excrétion diurne etun taux d’excrétion nocturne, ce dernier étant notablement plus faible que le taux diurne. Ce fait physiologique a été retrouvé dans les expériences de l’auteur, au cours des régimes habituelle- ment pratiqués. Mais, sous l’action d'une forte dose de sel ingéré, ou dans un régime hyperazoté, où par un effet combiné des deux, on peut obtenir un aspect inversé du phénomène. — M. J. Phocas : //yperglycé- mie adrénalinique. L'auteur présente une série de dosages du sucre virtuel du sang faits avant et après l'injection d’adrénaline chez des lapins bien nourris et chez des lapins tenus à jeun : le sucre virtuel du sang des lapins bien nourris ne parait pas influencé par l'injection de l’adrénaline. Mais les substances qui pourraient libérer du glucose sous l’influence de l'adré- naline peuvent toujours être immédiatement reformées par du glueose provenant du glycogène hépatique. Par : contre, les résultats ont été beaucoup plus nets sur les lapins à jeun, et la diminution du sucre virtuel sous. l'influence de l’adrénaline devient chez eux évidente, — MM. L. Boez et E. Duhot: Zaréaction de fixation avec les antigènes de Calmette et Massol et le pronostic de la tuberculose pulmonaire, La présence des anticorps tuberculeux est un indice de haute valeur en faveur de l'existence d’une tuberculose pulmonaire en activité. Si l’on considère les divers stades de la tuberculose, la courbe des anticorps s’élève pendant la première et la deuxième période, se maintient ou s’accroit au début de la troisième période; à la phase ultime les anticorps peuvent disparaître brusquement. Si l’on considère le mode évolutif de la tuberculose, il n’y a guère de paral- lélisme entre la teneur du sérum en anticorps et. la gra- vité ultérieure de la maladie, et les anticorps ne peuvent ètre considérés comme des éléments essentiels de la défense contre l'infection tuberculeuse. : Avec la cuti- réaction il n’existe aucune relation nécessaire de coexis- tence ou d'intensité, — M. E. Doumer : Action diuréti- que du riz. Au cours de l'enquête qu’il a faite en 1917 (et dont il commence aujourd’hui la publication) sur les causes de l’amaigrissement rapide et profond des popu- lations dans les pays envahis, M. Doumer a constaté que l'ingestion de riz s'accompagne souvent d’une diurèse extrêmement abondante. Dans cette première 360 note, l’auteur se contente de montrer et d'établir ce fait, Mais cette action est-elle réelle ou apparente? est-elle directe ou indirecte? M, Doumer réserve sa réponse pour le jour où ilaura exposé le processus de cet amaigrisse- ment et où il en aura donné l'explication. — M. G. Mangenot : Sur la formation des asques chez l'Endo- myces Lindneri Saito. Les anastomoses, précédant les asques, vestiges de gamètes devenus non fonctionnels, apparaissent entre l’avant-dernière cellule et la dernière cellule d’un filament. Puis cette dernière cellule se divise et donne un bouquet d’asques. Souvent, l'anastomose ne bourgeonne pas d’asques; lorsqu'elle en bourgeonne, il existe parfois entre elle et les asques une file de cellules. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 2 Mai 1919 M. Poucholle présente un remarquable appareil réalisé par M. Gueugnon pour le Laboratoire de l’Ecole normale de l'Enseignement technique. En principe,c’est une machine d'Atwood convenablement modifiée pour permettre non seulement l'étude des principes fonda- mentaux de la Dynamique, mais pour fonctionner en machine Morin, produire et inscrire les mouvements pé- riodiques, les combiner, réaliser notamment les courbes de Lissajous et les courbes périodiques complexes ré- sultant de la superposition des harmoniques de la série de Fourier. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 11 April 1919 MM. P. Nicolardot et Reglade : Dosage du zirco- nium. Avant de procéder à une étude méthodique de l'emploi du zirconium en métallurgie, il importait de trouver une méthode permettant de doser exactement le ziréonium, MM. Nicolardot et Reglade ont étudié tout spécialement dans ce but la précipitation du zirconinm par les phosphates alcalins en milieu acide, utilisée déjà par Hillebrand pour l'analyse des roches. Ils in- diquent quels résultats ils ont obtenus en présence du chrome, de l’aluminium et du fer au maximum et au minimum, et quelles conditions leur paraissent être les. plus favorables pour réaliser un dosage exact du zirco- nium dans les divers alliages et aciers. — M. Marc Chauvierre présente à la Société un mémoire sur une nouvelle classification périodique des éléments. En por- : tant en abscisses les poids atomiques, en ordonnées les valences principales des éléments (de zéro à quatre), et en plaçant les corps d’une même famille et de poids atomiques rapprochés au-dessus de la valence IV, on obtient une courbe périodique, dont la période est double. Cette courbe, construite par points successifs, est remarquablement régulière. La période de la courbe est en moyenne de 48 unités. Les éléments que l’on re- trouve périodiquement sur la courbe ont des propriétés chimiques générales semblables, et correspondent ri- goureusement aux groupements jactuels des éléments. Les deux premières périodes sont incomplètes, et la période se trouve réduite des deux tiers, Pour éviter que des éléments de propriétés différentes, mais de même valence, soient sur une même ligne, on peut développer cette courbe dans l’espace sous forme de vis lemniscatique; on peut aussi mettre les éléments dans un tableau à double entrée semblable à celui de Men- deleef : ceux-ci se trouvent alors rangés par groupes ayant des propriétés chimiques générales semblables. Cette classification permet de faire certaines considéra- DEN EP PR PRE IN pee ES 1. Pour la description de l'appareil consulter : 1° le Bul- letin de l'Enseisnzment technique (Librairie Vuibert), numéro du 30 mars 1918, et numéro du 26 avril 1919; 2° le Bulletin de l'Union des Physiciens (février-mars 4919). ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES tions sur l’évolution inorganique et la radioactivité, — M. J. Bougault rectifie les résultats présentés dans ses précédentes communications sur les acidylsemicar- bazides et les acidylhydroxamides. La composition de ces corps diffère de celle annoncée par une molécule d’eau en moins. Leur constitution devra également être modiliée. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 6 Mars 1919 ScrENGEs PHYSIQUES, — M. L. F. Richardson: Mesure de l'eau dans les nuages. Les mesures photométriques permettent de déterminer la quantité d’eau dans les nuages en fonction du diamètre des gouttelettes du nuage. Pour les nuages légers, à travers lesquels on aperçoit le Soleil, il suflit de mesurer le contraste d’e- clat entre le ciel et le Soleil. Pour les strates uniformes épaisses, on mesurela lumière totale transmise à la terre en fraction de la lumière solaire incidente. Si le nuage étaitcomprimé en une lame horizontale homogène, d’eau ou de glace suivant la température, l'épaisseur de cette lame, exprimée en multiples du diamètre des gouttelet- tes du nuage, serait : pour les cirrus, cirro-stratus et cirro-cumulus, en moyenne 0,5; pour les stratus qui permettent juste d'apercevoir le Soleil, 4,1 (la distance du Soleil au zénith étant de 49°); pour un strato-nimbus ordinaire, 24, Séance du 13 Mars 1919 SCIENCES NATURELLES. — M. WW. L. Balls : Existence d'anneaux de croissance journalière dans la paroi cellu- laire des fibres de coton. L'auteur avait déduit la pro- babilité de l’existence de tels anneaux de croissance de ses études sur la physiologie et le milieu du cotonnier en Egypte; mais, comme leur épaisseur doit être submi- ceroscopique, il n'a pu en obtenir que récemment la preuve directe. Le gonflement de la paroi par l’hydra- tation qui suit la formation du xanthate de cellulose, la numération des couches ainsi devenues plus épaisses, et l'étude comparative des poils de vesce, ont montré que chaque anneau correspond à la cellulose déposée pendant la croissance d'une nuit. ; SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE SECTION DE BIRMINGHAM Séance du 12 Decembre 1918 M. D. F. Twiss : Le caoutchouc considéré comme un colloïde. Le latex des plantes à caoutchouc se comporte à plusieurs points de vue comme une suspension colloï- dale négative inorganique simple; des méthodes ana- logues de coagulation ou de précipitation sont appli- cables dans les deux cas. Dans le cas de la coagulation du latex par une très faible proportion d'acide, ou de la coagulation spontanée, le processus paraît dépendre de la présence d’une enzyme, et être analogue à ce point de vue au caillage du lait par la présure. Le caoutchouc brut est un colloïde du type émulsoïde, donnant des solutions de divers degrés de dispersité dans différents solvants. Comme beaucoup de colloïdes dans des con- ditions convenables, il exerce une action d'adsorption marquée et un effet de solvant. Ces caractéristiques ont une grarmde influence sur la composition du caoutchouc brut et sur la façon dont il se comporte avant et après vulcanisation, La synthèse artificielle du caoutchouc est rendue plus difficile par la nature colloïdale du produit désiré. ADD Le Gérant : Octave Dorx. a ————_—_—p22 Sens. — Imp, Levé, 1, rue de la Bertauche. "A, 7 en ” or … « N° 12 ._ 30" ANNÉE 30 JUIN 1919 1 Revue générale . Bdes. Sciences: ù ° L4 | pures et appliquées | 1 Fonpareur : LOUIS OLIVIER Dinecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des 0 travaux publiés dans la Rèvue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Election à l'Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 2 juin, l'Académie a pro- cédé à l'élection d’un membre dans sa Section de Chi- mie, en remplacement de M. Jungfleiseh, décédé. La Section avait présenté la liste suivante de candidats : - 1° M. Em. Bourquelot; 2° M. G. Urbain; 3° MM. A. Béhal, E. Blaise, M. Delépine et P. Lebeau. A cette liste, l'Académie avait adjoint les noms de MM. A. Col- sonet C. Matignon. . L'élection n’a pas nécessité moins de 4 tours de scru- tin, au cours desquels les voix se sont réparties comme D Suit: 1er tour 2° tour 3° tour 4etour M. E. Bourquelot 13 16 22 33 M. G. Urbain 10 8 2 — % M. A. Béhal 12 12 10 — . M. A. Colson 21 19 20 21 - M. C. Matignon — — 1 % M. E. Bourquelot, ayant finalement recueilli la majo- - rité des suffrages, a été déclaré élu. Le nouvel acadé- - micien, qui est professeur à l’Ecolesupérieure de Phar- +. macie et membre de l’Académie de Médecine, est l'auteur de nombreux travaux de Chimie végétale, ayant porté principalement sur les fermentations, les ferments solubles et la réversibilité de leur action, les glucosides et leur synthèse biochimique, etc. ; $ 2. — Chimie physique Matière et lumière, Essai de synthèse de la . Mécanique chimique. — M. Jean Perrin! vient de . publier sous ce titre une étude extrèmement curieuse, riche d'idées pouvant provoquer des recherches nou- » velles et qui nous a paru, à ce titre, mériter d’être si- gnalée aux lecteurs de cette Æevue, Nous ne pourrons indiquer, dans cette analyse forcément brève, que les points qui nous ont paru essentiels. Nous renverrons 1. Ann. de Physique, janvier 1919. . REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES au mémoire original le lecteur qui désirerait approfon- dir les différents aspects de l'hypothèse de M. Perrin et, prendre connaissance des vérilications déjà indiquées. 1. La nature des forces chimiques qui maintiennent réunis les atomes d'une mème molécule est demeurée jusqu'ici mystérieuse. On a seulement pu reconnaitre qu'à bien des égards les liaisons entre atomes se com- portent comme des barres d'assemblage unissant deux à deux les atomes etconstituant chacune ce qu’on appelle une valence. Cela pourrait faire supposer que les ato- mes chimiquement combinés exercent les uns sur les autres des forces d'espèce inconnue dont nous n'avons pas d'exemple entre les corps qui sont à notre échelle. M. Perrin a été amené à penser « qu’il s’agit plus pro- bablement de forces électromagnétiques agissant entre centres chargés mobiles, et les organisant en systèmes stationnaires dont les propriétés ne peuvent pas varier de facon continue ». Il a essayé de montrer « qu’une relation nécessaire existe entre les forces chimiques et la lumière, les valences ne pouvant être nouées ou dé- nouées sans qu’il y ait émission ou absorption de lumière, En sorte que la Mécanique chimique tout entière devient un chapitre des rapports entre la Lumière et la Matière. Il est bien entendu que par lumière il faut entendre tout le spectre des radiations électromagnétiques qui s'étend de l'extrême infrarouge à l'extrême ultraviolet, et non pas seulement la petite. partie de ce spectre qui se trouve capable, en excilant notre œil, d'éveiller en nous des sensations visuelles, » 2. On sait que les vitesses de réaction sont extrême- ment sensibles aux variations de température, Au voi- sinage de la température ordinaire, une élévation de 10° multiplie chaque vitesse de réaction par un nombre généralement compris entre 2 et 3; ainsi, la transfor- mation de l’acide dibromo-succinique par l’eau devient 3.000 fois plus rapide quand on passe de 15° à :00°. Arrhénius a indiqué une formulé simple qui exprime l'influence de la température sur la constante de yitesse, soit : a (1) EE — se T4 a et s désignant deux constantes à choisir convena- blement pour chaque réaction, L'influence considérable des variations de température sur les vitesses de réaction est demeurée énigmatique. On a bien essayé de faire intervenir la violence plus ou moins grande des chocs moléculaires, Mais cette explication ne semble pas devoir être retenue, Dans les seuls cas où l'on peut observer des effets sûrement pro- duits par des chocs très violents entre molécules char- gées ou neutres, on conslate une ionisation abondante. Or une telle ionisation (qui, même faible, est facile à déceler) n’accompagne généralement pas les réactions chimiques ordinaires. Et cela n’est pasen accord avec une théorie des ruptures de valences à la suitedes chocs, puisque nous voyons que ceux-ci détachent des « cor- puscules » plutôt que des atomes quand ils sont assez violents pour agir, Enfin, objection plus grave encore, la vitesse de dissociation, à température constante, d'une masse déterminée d’un gaz À suivant une réaction du genre À —=> A’, + A’, ne dépend pas de la dilution, Si la masse occupe 10 fois plus de place, avecune concen- tration donc 10 fois moindre,ils'en transformera 10 fois moins par unilé de volume, soit autant en tout. Si les ruptures de molécules étaient produites par les chocs, elles devraient devenir plus fréquentes et rendre ainsi la dissociation plus rapide quand la concentration du gaz augmente. D'où l'on peul eon-lure que le nombre des chocs n’a aucune influence sur la vitesse de disso- cialion. M. Perrin a cru pouvoir trouver l'explication de l'in- fluence de la température dans une action de la lumière, et il propose le postulat suivant : « Toute réaction chi- mique est provoquée par une dis os lumineuse ; sa vitesse est déterminée par liritensité de cette radiation, eine dépend de la température que dans la mesure où celte intensité en dépend. » M. Perrin admet, en outre que la vilesse de réaction est proportionnelle à l’ inten- sité de la radiation excitatrice. 3. Ces réactions peuvent être, le plus souvent, considé- rées comme se produisant dans une enceinte opaque, de température uniforme, où ne pénètrent pas de radia- tions venues de l’extérieur. En disant, par exemple, que c'est le cas pour du sucre dissous en cours d’interver- sion, on rappelle simplement que rien n’est changé dans la réaction si on prend soin de mettre à l'abri de la lumière du jour, dans une enceinte métallique, le verre où se trouve la solution sucrée, Or, une enceinte opaque, à température uniforme, est nécessairement emplie de lumière en équilibre statistique où toutes les radiations visibles etinvisioles Se trouvent représentées par une loi fixée, Les expériences surle pouvoir émissif du corps noir indiquent pour l'intensité relative à une radiation de fréquence » la formule : C3 (2) = ————; fl P T désignant un facteur constant à peu près égal à 4.10—-17 dans le système CO, G.S et p une constante uni- dv: 1 vérselle peu différente de | 10-10, Toute vitesse de réaclion peut alors être mise sous la forme : (3) Ca — kCA, RAT où» désigne la fréquence active, p une constante uni- verselle, s une constante chimique particulière à la réaction el CA une fonction des concentrations partiel- les des divers corps réagissants, indépendante de la température. L'équation (3) peut encore s'écrire : (4) ° dlogr=dlogk =—d ad CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE M. Perrin désigne sous le nom d'accélération thermique 14 lé : 4 d log (4 a dérivée —7— PT figure plus que par sa fréquence : deux réactions sen- sibles à la même radiation sont donc accélérées de La méme manière par un même accroissement de tempéra- ture, On peut d’ailleurs mu: plus souvent l'unité vis- +: Dans cette équation, la radiation ne à-vis de l’exponentielle e —— ; les équations (3) et (4) £ ; deviennent alors : La PT (3bis) p —se CA = ÀCA ; . d log [2 P? bis PASSER LEE pe Gus) == La formule (3 bis) est indentique à 7 (1) éta- blie expérimentalement par Arrhénius, dont la cons- tante «a se trouve explicitée sous la forme : 3 ©) qui permet le caleul de » connaissant a, Si l’on considère, par exemple, l'interversion du sac- charose, la constante à est égale à 12.800. La formule () indique alors une fréquence »—2,8.10!{, soit une longueur d'onde active = 1,12. C'est là un infra- rouge (oclave grave du jaune verdâtre) présent en pro- portion appréciable dans le spectre du corps noir à la température ordinaire (à peu près comme le violet dans le spectre d'un four chauffé à blanc). Les données rela- tives à l'accélération thermique de réactions bien étu- diées fournissent des longueurs d’ondes excitatrices comprises entre 2,6 & et 1 y. Ce sont là des valeurs acceptables. 4. Quand il y a équilibre entre deux réactions inver- ses, on sait que cet équilibre est d'autant plus influencé par les variations de température que l'énergie de la réaction est plus grande, ce qu’exprime l’équation de Gibbs-Van’t Hofr : a — P}, (6) d log : DA TETE 4 Si, dans cette équation, on explicite les constantes de vitesses # et ken fonction des fréquences » et » qui pro- duisent les deux réactions inverses, soit : ï ” k'—=;e on obtient la relation très simple : Re 6—v) =U, ou bien, en désignant par H le produit Rp, (7) U—H(—). L'énergie absorbée par une réaction chimique s’ob- tient done en multipliant par un nombre fixe l'écart des fréquences qui provoquent et renversent la réac- tion. Le rôle de la lumière, d’après M. Perrin, est toujours de fournir un apport notable d'énergie. Quand une réac- 7 A'se produit dans le sens AA, il y a absorp- » tion A tion d'une énergie W sous la forme d'un rayonne- ment » et émission d'énergie W' sous la forme d’un rayonnement »'; l'énergie mise définitivement en jeu dans la transformation est W— W. L'inverse a lieu si la réaction s'effectue dans le sens A’A. Toute réaction chimique réversible s'accompagne donc de fluorescence ou de phosphorescence au sens général de ces mots. On a donc : (8) U—=W—W, W et W' désignant les quantités des rayonnements p12: + CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 363 Q »et > qui transforment À en A et A’en À, D'autre part, l'équation (7) donne : Li: U—= RH. - Onest donc probablement fondé -à écrire, H étant un nombre fixe : ’ (o) M NE AY: D'où l'énoncé suivant : « De la matière ne peut pas- ser d'un état initial stable, constitué par une unité moléculaire définie, à un état final stable, constitué par une autre unilé moléculaire définie, qu'en absorbant une lumière excitatrice déterminée et en rayonnant une autre lumière déterminée. Cette absorption el cette perte d'énergie (dont la différence mesure l'énergie de la réaction) sont égales, à un facteur universel près, aux fréquences de la lumière absorbée et de la lumière émise, » , Si l’on rapporte les phénomènes aux molécules et non aux molécules-yrammes, on aura : w= hretw"— h;, hk étant une constante universelle : « Une molécule ne se transforme en une autre molécule qu’en absorbant et en émettant de la lumière; elle gigne et elle perd alors de l'énergie par « quanta » respectivement égaux, au facteur L près, aux fréquences des radiations absorbées et émises. » On retrouve ainsi l'hypothèse des quanta formulée par Planck, mais légèrement modiliée : Quand certaines conditions favorables se trouvent réalisées, la radiation de fréquence » amène, en lui cédant le quantum >, la matière qui se trouvait dans l’état d'équilibre stable a, jusque dans un état d'équilibre instable intermédiaire, d’où elle « retombe », spontanément, dans l'état «’ en rayonnant une autre lumière définie de fréquence ”, 5. Voici quels sont les principes essentiels de la théo- rie proposée par M. J. Perrin. Dans la deuxième partie de son Mémoire, il applique cette théorie à l'explication _ de phénomènes fort différents : catalyses; phospho- rescences atomiques; radioactivité ; changements d'état, etc. « J'ai tenté de montrer, conclut-il, qu'on peut dé- velopper une théorie cohérente qui voit dans la lumière la cause des réactions chimiques et qui élucide et rap- proche des classes de phénomènes au premier abord assez dissemblables, Dissociations où combinaisons, phosphorescences, radioactivité, changements d'état . physique, semblent obéir à une même loi fondamentale par où se traduit, à notre échelle, la physique intérieure à l'atome. » * AB: ts $ 3. — Chimie industrielle Nouveau procédé de cémentation au moyen . d'un bain de sels. — A côté du procédé ordinaire de cémentation, qui consiste à chaufter les objets à cémenter au contact de poudres susceptibles de leur céder du carbone, il existe une autre façon d'opérer par immersion dans du cyanure de potassium fondu, Ce ‘dernier procédé est coûteux et surtout excessivement dangereux par suite de l'emploi du cyanure de potas- sium. Avec le procédé Shimer, l’on opère encore la cémentalion par immersion des pièces dans un bain de sels fondus, mais les sels employés ne sont nullement toxiques. Ce sont des chlorures de métaux alcalins (sodium, potassium) et alcalino-terreux (baryum, cal- cium). Ce mélange ne possède aucune propriété de cémentation ; pour la lui communiquer, on lui incorpore e la cyanamide calcique à raison de 5 °/, du poids des els fondus. Dès que la cyanamide est placée dans les sels, il se produit un vif dégagement gazeux, qui se continue tant que la cyanamide est active. Ce dégagement gazeux rasse le bain, assurant une bonne répartition de la aleur dans toute la masse. Les objets à cémenter sont plongés dans le bainet y sont laissés un temps variable selon l'importance de la cémentation que l’on veut obtenir; ils sont ensuite retirés du bain et lrempés dans un . liquide approprié de refroidissement, tout comme dans les procédés ordinaires. Ce procédé est nettement supérieur au procédé au cyanure, Lant au point de vue économique qu'au point de vue de la salubrité. M. Desmarets. . La stabilisation de l'hypochlorite de chaux. — On sait que l’hypochlorite de chaux exposé à l'air se décompose peu à peu, et cela d'autant plus rapidement que la température est plus élevée. À la requête du Département des Munitions aux Indes, M. A. N. Meldrum a étudié les moyens de stabiliser ER NS de chaux et il a obtenu les résultats sui- vants!: L'hypochlorite de chaux commercial contenant tou=. jours de l'eau, il a recherché l'effet que produirait sa déshydratation, et pour cela il l’a soumis à l’action des quatre agents hygroscopiques suivants : soude caustique en poudre, chlorure de calcium (basique) en grains, pentoxyde de phosphore et acide sulfurique. Des poids égaux d'hypochlorite étaient placés dans des dessicca- teurs avec ces divers déshydralants, et on déterminait à intervalles réguliers la perte de poids et le « chlore actif ». Les expériences ont montré que l’hypochlorite est plus rapidement desséché par les agents alcalins (soude caustique et chlorure de calcium basique) que par les agents acides (pentoxyde de phosphore et acide sulfu- rique), et aussi que la tendance de l’hypochlorite à per- dre du « chlore actif » est fortement réduite par la des- siccation. L'hypochlorite, au cours de la dessiccation, perd non seulement de l'eau, mais du chlore, qui est absorbé par les déshydratants alcalins; cette quantité est faible, toutefois. La dessiccation peut être obtenue plus rapide- ment en présence de P20 que de NaOH, si l’on ajoute au premier un absorbant pour le chlere; un mélange de chlorure mercurique et de mercure peut remplir £e rôle. L’hypochlorite de chaux desséché par l’un des moyens ci-dessus contenait plus de 25 c/, de « chlore actif » au bout d’une année, $ 4. — Chimie biologique Recherches récentes sur la biochimie des hydrates de carbone. — Les plantes vertes réa- lisent aux dépens de CO? et H?0 la synthèse de molé- cules hyÿdrocarbonées simples, « oses », dont la con- densation peut donner une série de composés à poids moléculaire élevé, ou «anes ». Des « anes » s'accumulent dans les cellules {amidon...); d'autres, fixant des com- posés aromatiques ou s’incrustant de sels minéraux, servent à l'édification des membranes végétales. Le bois (lignine ou vaseulose) est composé de manno-celluloses chez les Cycadées et les Conifères, de xylane hadro- mal chez les Angiospermes, de xylane Æ sphagnol chez les Muscinées. Les gommes sont des mélanges d’araba- -nes, de galactanes avec des composés calciques et des oxydases. Les composés pectiques et les hémicelluloses sont des mélanges d’arabanes, de xylanes, de galactanes, de galacto-arabanes et de mannanes, Les mucilages sont des manno-celluloses, Ces « anes » peu assimilables peuvent, par hydrolyse chimique ou biologique, se transformer en « oses? ». —————————_—_—_—_]] 1. Journ. of the Soc. of chem. Ind., t. XXXVIIS, n° 6, p. S0T; 31 mars 1919, 2. Puimmer : Pract. org, and bio-chem., p. 18%, 205, 211, 213, 303, 468. Longmans, Green and Co., Londres, 1918, — Mouxeu : Chim. organ. Gauthier-Villars, Paris, 1917. * CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 364 TaBLeAu I ANES OSES Polysaccharides. — Monosaccharides à Dioses, Trioses, Tétroses. Fentosanes : Pentoses : Arabanes,...... DS: LS sole RENE Arabinoses. Xylanes ...,... AO: SA Xyloses. Ribose. Pento-hexosanes : Lignocelluloses Hémicelluloses. Méthylpentosanes : Méthylpentoses. (Glucosides) Rhamnose. lucosanes...... RAC DOUDOU ‘ Fucose. Hexosanes : Hexoses : Maltosanes : Amidon, Dextrines..... Mallose.... Glucose. Glucosanes : Celine: he cute detre Cellose .... Id. Glycogène...........:............. Id. MATNANEB See cedo ds eines ou ol Mannose. Mannocelluloses, Galartanes a. se meet spuste 1. 1GalaCtOse, (Chitine).........,4..4...sss..s . _d-glucosamine, Fructosanes : Inuline..... a dlve ee RAR ETES Fractose. Sorbose. (Glucoprotéines) (Mucines, Mucoïdes)............... (Glucosamines). I. — La pénurie des aliments hydrocarbonés pendant la guerre fitemployer aux usages industriels, ou trans- former en aliments assimilables, les anes des mem- branes végétales!, des bois, des pailles, des algues. Desimplestraitements mécaniques (broyage, hachage) transforment en fourrage des plantes à piquants (Yucca[Soap- Weed], Agave, Dasylirion [Sotol], Nolina?). — Le broyage et la digestion diastasique transforment les foins en tourteaux digestibles (Gain$). P L'hydrolyse partielle augmente la digestibilité de la paille, Les épis égrénés du maïs peuvent, par traitement sulfurique, fournir du xylose, du glucose et divers succédanés À : y adhésif (succédané des dextrines). ac. acélique, glucose. Epis de maïs xylose lactose gulonique. xylotol. ac. acétique. Les produits d'hydrolyse des sciures de bois ou des gommes d'eaux résiduaires de papeteries et de sucre- ries sont des sucres fermentescibles que des levures peuvent transformer en alcool. II. — Il est important d'étudier le métabolisme des hydrates de carbone dans la plante vivante, de chercher à quel moment la plante saine contient la plus grande: proportion des hydrates de carbone les-plus,assimi- lables 6, de connaître les troubles causés par les mala- dies. Toute maladie réduit la photosynthèse:les grains de blé momiliés par des Bactéries ne contiennent pas d’amylo-leucites bleuissables (Dufrénoy) et, dans les plantes atteintes de mosaïque, les aires chlorotiques contiennent moins de sucres et d'amidon que les aires vertes7, Cependant, ne pouvant les utiliser à leur méla- bolisme, les plantes malades accumulent souvent les 1. MALLèvRE : Ann. Sc. Agr., t. XXXIV, p. 46; 1917. 2, Wooron : Desert plants as emergency xtock feed, U, 5. Dept. Agr. Bull. 728, pl. I-VIL; 18 déc. 1918. 3, Gain : C R. Ac. Agric. 1918; Rev, gén. Sc., p. 383, 30 juin 1918, et 720, 30 déc, 1918. 4, F. B. La Force : Scient, Ameri, p. 273; 5 oct. 1918. 5. Se. Amer., p. 230: 16 mars 1918. Cf, PeLer : C. R. Ac. Se., t. CLXII, p. 274; 1916. 6. MazLèvre : /,c., p. 67. 7. FawiserG : Ann, Mo. Bot. Gara.,t, IV, p. 185; 1917. hydrates de carbone; le dépôt d'amidon peut s’exagérer dans les cellules infectées!, et R. H, True montre que les épinards atteints de mosaïque, à croissance retardée, accumulent au sommet des tiges une proportion d’ami- don double de la normale? : S 0/1 du p.s. AT Saccharose Amidon Epinards sains ........ 1.02 14 8 _— mosaïques... 1,53 28 10,5 IT, — Aux basses températures (—3°), les polyglu- coses sont rapidement clivés en mono et disaccharides solubles et osmotiques, dont l'accumulation abaisse le point de congélation du suc cellulaire, + Aux températures élevées des déserts l'accélération des processus respiratoires cataboliques oxyde rapide- ment les monosaccharides, tandis que les polyglucoses persistent. ù La perte d’eau modifie dans le même sens l'équilibre hydrocarboné : quand la teneur en eau s’abaisse, la proportion des mono et des disaccharides diminue dans la plante, — tandis que, d'autre part, la proportion et la quantité absolue des pentoses augmentent #, L'hydrolyse de l'amidon en saccharose procède en l'absence d'O; elle est inhibée par une pression d'O de à atm, qui permet encore l’hydrolyse du saccharose dans les cellules tuées. IV. — Les sucres en C?, C*, C* paraissent inassimi- \ ” CC ‘ lables, et, par exemple, la gelée des Bact. Radicicolasf! ne se forme pas aux dépens des sucres contenant * moins de 5 G. La valeur nutritive des pentoses même est mal connue. Ce sont des « aliments respiratoires » qui, chez les Opuntia affamées, sont ‘consommés au même titre que les hexoses. Ce sont des aliments assi- milables pour les Champignons, les Bactéries, les plantes vertes7, Les pentoses s'accumulent dans les membranes végé- tales (composés pectiques), surtout chez diverses Bacté- riacées (barégine [Dufrénoy]) et Algues (gélosè; fuco- sanes ÿ). : Dans les débris végétaux qui se sédimentent, les pentosanes sont rapidement détruits par la faune dé- iritivore du fond”, ou par les fermentations généra- trices de gaz, de pétroles et de bitumes 10, En résumé, de nombreux travaux récents ont eu pour but la plus grande production des hydrates de carbone et leur meilleure exploitation, par l'extension de l'aire de culture des plantes à fécule ou à suere!t, par la sélec- tion de variétés productrices et résistantes!2 et la lutte contre les maladies, par l'utilisation d'aliments nou- 1. Goebel, Smith, Nordhausen ster i “ti Woronin, Dufrénos, Weir. Pas, Ha/ster, NS k is AS he A ET A : Carbohydrate product, in healthy and in blighted spinach. J. Agric, \ sù7 p. 381-4; 18 nov. 1918. ; sh fete ose) à Ÿ 3. R. B. Hanvex : Hardening process in Plants and dev. from frost injury. J. Agric. Res., t&. XV, n°2; oct. 1918, — Cf. Rev, gén. Se.,p. 30b, 1917, et p. 293, 1918. 4. H, A. Sporux : The Carbohydrate Economy of Cacti. Carnegie Instit. Wash. Year-Book, n° 16, p. 76-82; 1917. 5. H. Hassezguino : Carbon. metab. of the sweet potato J. Agr, Res., 1. XIV, n° 7; 12 août 1918. ; , | Se WarrnG : JE Agr,. Exp. St: Bull. 179, p, 486. Urbana, 915, 7. Les feuilles de Parthenocissus vilacea, nageant sur des solutions de {-arabinose, fabriquent de l'amidon. 8. G. Sauvacrau : C. AR. Ac. Sc., 13 juin 1916. 9. Rep. Danish. biol. St., 1914-16, 10. CLarkEe : The Data of Geochemistry, p. 732.U.S. Geol, Surv. Bull. 616, Washington, 1916, — Picrer et SARASIN : C. R. Ac. Sc, 7 janv. 1918, 11. Cf. Winter wheat in the great Plains Area. — Exp! with Duram wheat, — Growing sugar beets in Montana. Là Am. Egypt. cotton; U. S. Dept. Agr. Bull. 595, 618, 735, 742 (1918-19). 4 12, Cf, J. BrauvemE : Rev. gén. Se,, t. XXX, p. 109, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 365 ee ——_—_—_——— veaux (maïs, glands!, soja?, marrons, muscari 3), par la transformation physique, chimique ou biologique des * produits végétaux, et surtout par une meilleure con- naissance du métabolisme hydrocarboné des êtres vivantsi, C’est à ce titre qu'il nous a paru intéressant » de les signaler brièvement ici. J. D. $5. — Géologie La nature des explosions volcaniques. — A la séance de mars de la Société géologique de Was- hington, M. R. B. Sosman a présenté sur ce sujet une intéressante communication. La conception usuelle de l'explosion volcanique est celle de la libération d’une réserve d'énergie ramassée qui a été maintenue dans un espace confiné par une force extérieure, Cette conception peut revêlir deux formes : u° celle d’une « explosion de chaudière: », dans laquelle la pression a été élevée par la chaleur à une pression qui dépasse la résistance à la ruptüre des roches encaissantes; 2° celle de l’« éruplion geysé- rienne », dans laquelle une configuration métastable . des matériaux du volcan a été troublée, ce qui a donné naissance à une violente réaction. Dans chaque cas, la conception est celle d’un système en réaction rapide, tendant à reprendre son équilibre à la suite d'une varia- tion des conditions extérieures. La chaudière à vapeur et le geyser peuvent être désignés sous le nom de « systèmes explosifs ». Une autre classe d'explosions peut résulter de l’éta- blissement de réactions chimiques dans des « mélanges explosifs », comme la poudre à canon ou un mélange de S et de chlorate de potasse. IL semble improbable qu'il y ait beaucoup d’explosions volcaniques de cette nature, par suite de la difhiculté d'accumuler les quan- tités nécessairement grandes,de substances capables de réagir (comme H et O) sans dissiper l'énergie par une réaction tranquille continue, comme au Kilauea. Une troisième classe comprend les « substances explosives », dont la nitroglycérine est le représentant commun le plus puissant. Celles-ci explosent par dé- sintégration interne et recombinaison, et peuvent dé- toner par des méthodes autres que la simple élévation de température. Une poussière organique (farine, char- bon) ayant adsorbé de l'oxygène et de l'humidité à la surface de ses grains est un composé chimique explo- sif, quoique d’un type plus doux que les composés nitrés. Mème une poussière inorganique ayant adsorbé de l'humidité peut agir comme explosif, M. Sosman a constaté que l’alumine finement divisée, connue comme très hygroscopiqué; peut être surchauflée dans un four électrique ouvert et amenée à exploser par une pertur- bation mécanique, Ce phénomène est tout à fait ana- logue aux explosions de poussières du Lassen Peak et du Mont Pelée, qui doivent reconnaître une cause de cette nature. Il en est sans doute de même des explo- sions vulcaniennes et pliniennes, l’explosif étant dans ce cas un silicate liquide métastable ou un mélange de silicates liquides et solides amené à une condition mé- tastable par une élévation graduelle de température ou par l'accumulation graduelle d’eau ou de gaz magma- tiques, soit par distillation, soit par cristallisation frac- tionnée, 1. Menriam (Nat. Geogr. Mag., t. XXXIV, août 1918) indique comme teneurs en hydrate de carbone 0}, : farine de blé, 75,4; farine de maïs, 74,4; farine de glands de Quercus californica : lavée, 62,02; brute, 59,62. 2. Le soja contient 24 1/, d'éxtrait non azoté (galactanes, pentosanes, saccharose, dextrine, cellulose, cire). 3. BEAUVERIE : Rev. gén. Sc., p. 326, 1918. &. Rev. gén. Sc.,t. XXIX, p. 160, 419, 522, 682. — C. R. Ac. Sc., 18 fév., 11 mars 1918; C. R, Soc. Biol., 12 janv., 26 oct. 1918. C. R. Soc. Agric., mai, oct. 1918, — Trans Roy. Soc., 8 nov. 1917. — Ass. Fr. Av. Sc. Conf. 1M8, p. 202 et 218. — Scient. Amer., t. CXVIL, p. 36, 288, 373, 383 (1917); t. CXVIII, p. 550, 563 (1918).] | | Le caractère spécifique du choc nécessaire pour faire détoner une substance explosive; l'intervalle limité de propagation de l'onde explosive dans un matériel pulvérulent, contrastant avec la détonation plus com- plète qui peut être provoquée dans un explosif liquide ou solide continu; et le fait que la force d’une explo- sion par détonation est souvent dans la direction de l'impulsion détonante et indépendante de la configu- ration des matériaux avoisinants (Mont Pelée, Las- sen Peak), sont tous applicables à l'explication des phénomènes connus d’explosion volcanique. $ 6. — Sciences médicales La peste aux Indes depuis vingt ans. — M. FE. Norman White, haut Commissaire sanitaire du Gouvernement de l'Inde britannique, vient de publier un Rapport d'un grand intérêt, où il résume la marche des épidémies de peste dans l'Inde au cours de ces vingt dernières années !. La maladie a été apportée à Bombay en 1896, mais ce n’est qu'en 1898 qu'elle s'est propagée considérable- ment en dehors de cette région. Pour l'établissement de ses statistiques, l'auteur adopte non l’année lé- gale, mais l’année pesteuse, qui va de juin à juin. En effet, juillet étant le mois où la peste atteint son point minimum, il constitue un bon point de départ pour tra- cer la courbe annuelle. Celle-ci s'élève dans les der- niers mois de l’année, atteint son maximum en mars et avril, et descend ensuite rapidement en mai et juin. Du 1°" juillet 1898 au 30 juin 1918, plus de 10.500.000 décès dus à la peste se sont produits dans l'Inde. Les quatre épidémies les plus sérieuses ont été : r° Celle de 1904-1905, avec 1.328.249 décès; 2° Celle de 1906-1907, avec 1.286.513 décès; 3° Celle de 1903-1904, avec 1.138.451 décès; 4° Celle de 1917-1918, avec 820.292 décès, Les deux épidémies les plus bénignes ont été celle de 1898-1899, avec 119.045 décès, et celle de 1908-1909, avec126.442 décès. Les trois provinces de l'Inde qui ont eu le plus à souffrir du fléau ont été le Penjab, à qui la peste a enlevé,en 20 ans, 2.992.166 habitants; les Provinces Unies d'Agra et d'Oudh, qui ont perdu 2.386.332 âmes, et enfin la Présidence de Bombay, dont les pertes s'élè- vent à2.295.221 habitants. Certaines parties de l’Inde ont été peu atteintes : on a noté que les régions épar- gnées par le fléau sont celles où l’on cultive le riz, tandis que les plus éprouvées sont celles où l’on se consacre à la culture du blé, Dans les premières, les importations de grains sont relativement peu impor- tantes, et les facilités qu'offre le transport des grains à la propagation des germes (par les rats et leurs para- sites) expliquent dans une certaine mesure les diffé- rences signalées. M. White attire l'attention sur les variations d'in- tensité dans les épidémies de peste d’un lieu à un au- tre et d'une année à l’autre. Les recherches faites par la Commission d’études sur la pes'e ont montré que la gravité et la diffusion des épidémies pesteuses en cer- taines régions peuvent dépendre de la plus ou moins grande humidité de l'atmosphère, cette humidité dé- pendant à son tour du régime des pluies, L'exeès d'hu- midité à certaines saisons de l’année favorise le déve- loppemént de la puce du rat, à toutes ses phases, et cet excès dans le nombre des parasites du rat semble être la condition nécessaire de l'extension anormale des épidémies, L'auteur estime qu'il existe quelques preuves d'une diminution de la virulence pesteuse en certaines loca- lités: il croit qu’on peut l’attribuer à l'immunité crois- sante qui se manifeste parmi la population murine. ————__—_—_—_—_——…—…—…—…—…—…——…—…—…—_—_—_—_—_————————…—…—_—_—_—————— 1. The Indian Journ. of medical Research, t, VI, n° 2; ré- sumé dans Bull. mens. Oflice internat. Hyg. publ.,t. XI, no 4, p. 390; avril 1919. 366 Cu. GRAVIER. — LA STATION ZOOLOGIQUE DE NAPLES L LA STATION ZOOLOGIQUE DE NAPLES Tous ceux qui passent à Naples, ne füt-ce que ! quelques jours, ne manquent jamais d'aller visiter l’Aquarium, où certains bacs, notamment ceux qui contiennent les Anémones de mer, les Coralliaires etles Annélides tubicoles au panache branchial curieusement bigarré, offrent une grande variété de formes gracieuses et une éton- nante diversité de cpuleurs vives et brillantes. C’est un vrai régal pour les yeux que ces « par- terres » d'animaux provenant du golfe voisin. L’Aquarium fait partie d'un édifice imposant, bien connu des naturalistes du monde entier, la Stazione zoologica, qui est située dans la Villa Communale, en bordure de la magnifique Via Caracciolo qui longe le golfe. Ce dernier, enca- dré d’un côté par Posilippe, de l’autre par le Vésuve et la fameuse côte jalonnée par la Torre del Greco, Castellamare, Sorrento et qui se con- tinue par la route si pittoresque allant à Posi- tano, Amalfi, Ravello, est un lieu véritablement enchanteur, d'autant qu’on trouve dans son voi- sinage immédiat les iles de Capri, d’Ischia, de Procidaetaussi Pompei, Herculanum,les Champs Phlégréens, Pouzzoles, etc. La Station zoologique est actuellement le plus grand centre d’études de Biologie marine du monde entier; elle possède 60 cabinets d'étude où une centaine de chercheurs peuvent travailler en toute commodité dans toutes les branches de la Biologie : taxonomie, anatomie, embryogénie, æcologie, chimie biologique, etc. Une machi- nerie très moderne assure la circulation de l’eau de mer dans l’Aquarium et dans les bacs d’éle- vage des laboratoires et celle de l’eau douce dans toutes les parties de l'édifice. La biblio- thèque, qui contient plus de 30.000 volumes (périodiques, la plupart au complet, ouvrages de zoologie et de biologie marine), est certaine- ment l’une des parties les plus précieuses de l'établissement; les livres y sont rangés de telle facon qu’à l’aide d’un répertoire très maniable, tout travailleur peut trouver presque instanta- némentl’ouvrage qu'il désire. La Station possède un ‘vapeur de 27 mètres de longueur déplaçant 150 tonneaux et une autre embarcation plus petite, d'un usage plus fréquent, muni d’un moteur Bolinder à huile lourde. Un outillage très complet permet à un personnel de ma- rins expérimentés d'explorer scientifiquement le golfe, dont la riche faune habite à des profon- deurs très variées, jusqu'à un millier de mètres de la surface. É MS C'est en 1873 qu'un zoologiste allemand, Anton Dohrn, fonda la Station zoologique, avec le con- cours de la Municipalité napolitaine qui fournit gratuitement l'emplacement. Près de 1.500 natu- ralistes ont fréquenté la Station depuis son ori- gine; le tiers environ est représenté par des Allémands ; les autres appartiennent à diverses nationalités : Italie (plus de 200), Russie (161), Angleterre (129), Autriche-Hongrie (126), Amé- rique (111), Suisse (76), Hollande (72), Belgique (39), etc. {Un nombre infime de Français sont als = pi os os dot ess did, à D. allés travailler à Naples avant la guerre qui vient de se terminer. Le caractère trop allemand de l'institution, bien qu'elle fût internationale, nous en éloignait instinctivement. D'autre part, nous possédons sur la Méditerranée plusieurs stations où la faune est comparable à celle de Naples. Les nombreux mémoires élaborés à la Station, dans les directions les plus diverses, contenus dans plus de 100 volumes, sont publiés dans trois séries d'ouvrages : 19/ Fauna e Flora del Golfo di Napoli, qui compte actuellement 35 grandes monographies in-folio,richementillustrées avec de nombreuses planches lithographiques, dont beaucoup sont coloriées ; 20 Pubblicaziont della Stazione zoologica (con- tinuation des «Mitteilungen » créées en 1873 par l'administration allemande), réservées à des tra- vaux de moindre étendue et aussi abondamment illustrées ; 3° Enfin, ayant la guerre, avec le concours de collaborateurs déplusieursnationalités,la Station publiait un résumé annuel des travaux de Z0olo- gie parus dans tous les pays du monde. Ce pério- dique rendait de grands services aux naturalistés en facilitant leurs recherches bibliographiques; il est fort désirable que les biologistesdes nations alliées s'entendent pour en continuer la publi- cation, qui a été suspendue pendant la guerre. Après l'entrée de l'Italie dans la grande guerre et le départ des Allemands, la direction de la Sta- tion a été confiée au professeur Fr. S. Monticelli, de l'Université de Naples. Par le décret royal du 9 mai 1918, la Station a été érigée en un « Ente morale autonomo », pourvu d’un conseil d’admi- nistration italien et placé sous l’autorité du Mi- nistère de l’Instruction publique d'Italie, sans perdre en quoi que ce soit le caractère interna- tional qu'avait voulu lui donner son fondateur. eh, fé L'Italie a jugé, avecraison et avec dignité, quele moment était venu pour elle de « fare da sè » à Naples. La Station, qui a une complète indépen- dance scientifique et administrative, est ouverte aux biologistes du monde entier. Chaque travailleur poursuit les recherches dont il a choisi le thème, suivant la méthode qui lui plait et dans la direction qui lui convient, en toute liberté. Le personnel de la station lui fournit les matériaux d’études et tousles moyens d'observation qu'il juge nécessaires, sans s’in- gérer en aucune facon dans l'œuvre à accom- plir. ] Pour subvenir aux lourdes dépenses nécessi- tées par la rétribution du personnel nombreux qu’elle emploie et aussi par l’entretien et le développement de son matériel et de sa biblio- thèque, la Station a deux sources principales de revenu : 1° La location des tables de travail par les Etats, les Universités, les grandes associations scienti- fiques du monde éntier (à raison chacune de 2.500 francs par an, payables en or); 2° Le droit perçu à l'entrée de l'aquarium (1fr. par personne avant la guerre). En outre, la Station tire quelque profit de la vente d'animaux de collection ou d'étude prépa- rés par d’habiles techniciens. Depuis 1915, la plupart des Etats n'ont pas renouvelé la location de leurs tables de travail. Le droit d'entrée à l'aquarium a été réduit et les visiteurs ont été beaucoup moinsnombreux qu’en - temps normal. De ce fait, les ressources de la Station ont été considérablement amoindries, sans que les dépenses l’aient été dans les mêmes proportions. * * + Malgré les sentiments que nous inspirent les Allemands qui ont été et demeurent pour nous des ennemis implacables, malgré la répulsion que suscitent leur mauvaise foi et leur barbarie, il faut, en toute justice, reconnaitre que la Sta- tion fondée par eux à Naples, soutenue active- ment par leur gouvernement, fut un grand foyer de recherches biologiques de tout ordre qu'on ne peut laisser éteindre, dans l'intérêt même de la science. L'Italie, à elle seule, ne peut faire vivre un établissement aussi onéreux, qui reste large- ment ouvert aux naturalistes du monde entier. Les puissances de l'Entente, qui ont réussi à ob- tenir la victoire, qui se sont mises d'accord sur Cu. GRAVIER. — LA STATION ZOOLOGIQUE DE NAPLES 367 | tant de questions différentes, se doivent à elles- mêmes d’être également unies surleterrain scien- tifique. En France, nous possédons sur les côtes de la Manche, de l'Atlantique et de la Méditer- ranée, une quinzaine de laboratoires mariti- mes (et la liste enest-elle close?), dont la plupart, trop maigrement dotés, ne peuvent que végéter. Quel gaspillage! Il vaudrait beaucoup mieux, à touségards, n’en conserver qu'un très petit nom- bre, à caractère national ou même international, . mais les outiller complètement de façon que les naturalistes pussent y entreprendre des travaux biologiques de tout ordre, tant dans le domaine purement scientifique que dans celui des appli- cations pratiques. Il faudra se décider enfin à ne pas rester perpétuellement en arrière de la plupart des nations de l'Europe et des Etats- Unis, en ce qui concerne les recherches océano- graphiques si intimement liées aux questions des pêches maritimes. Les puissances de l’Entente, notamment l’An- gleterre, la France et l'Italie, avec leurs acadé- mies et leurs associations scientifiques, doivent se concerter, pour éviter, dans toute la mesure du possible, l'entretien de centres d’études bio- logiques faisant double ou triple emploi, ce qui est onéreux et, en outre, préjudiciable au ren- dement. [1 faudrait également faciliter, dans chaque pays, le séjour des travailleurs dans l’un au moins des laboratoires des autres nations alliées. Il y aurait profit pour les naturalistes et pour leurs pays respectifs qui auraient intérêt à se mieux connaître. Les Etats-Unis, qui ont beaucoup plus de ressources que nous, n'ont sur leurs côtes qu’un nombre restreint de stations maritimes : les laboratoires de Woods Hole (Mass.), Tortugas (Floride), San Diego (Califor- nie), situés dans des régions très éloignées les unes des autres, ont chacun leur orientation par- ticulière, avec un outillage approprié!. Il serait sage, de notre part, de suivre l'exemple de nos associés dont nous avons pu apprécier le sens pratique, au cours de la guerre qui nous à été si cruellement imposée. Ch. Gravier, Professeur au Muséum d'Histoire naturelle, 1. Cf. Revue générale des Sciences pures et appliquées, 1912, n° 2; 1913, n° 23. 368 E. GLEY. — LA PHYSIOLOGIE LA PHYSIOLOGIE ET LA STATION ZOOLOGIQUE DE NAPLES Entre les dispositions qui assurentàla Station de Naples une supériorité sur toutes les institu- tions du même genre, l’une des plus caractéris- tiques et des plus importantes à la fois est sans contredit la Section de Physiologie et de Chimie physiologique, avec ses vastes laboratoires, ses installations physiques et chimiques pour ainsi dire parfaites, que j'ai eu l’occasion d'admirer, il y a quelques mois, dans une trop rapide visite, bref son outillage au niveau des besoins de la recherche et dont bien adéquat à sa destination. Il ne faudrait pas en effet prendre à la lettre le titre Station zoologique. Dans la réalité, cet éta- blissement est une Station de Biologie marine où les études physiologiques occupent une place aussi importante que les études morphologiques. C'est à bon droit. Etje pense queles zoologistes le reconnaissent eux-mêmes; ils savent que pré- sentement les recherches de physiologie compa: rée et de physiologie du développement des organismes ont pris une telle extension et fait detels progrès qu’il est nécessaire que le labo- ratoire où elles s'effectuent ait, dans un établis- sement comme celui de Naples ou dans toute institution similaire, son autonomie. Subor- donnée à la zoologie, cette physiologie risque- rait d’être, non pas sans doute sacrifiée, mais traitée en parente pauvre. Au temps où Dohrn a fondé la Station de Naples, on comprend que la zoologie y ait été prépondérante, Le maintien de cette prépondérance ne pourrait résulter-que d’uneconception surannée des conditionsrespec- tives actuelles des études morphologiques et physiologiques. Le caractère international de la Station de Naples, qui en fait un organisme plus souple que si elle était un établissement d'Etat soumis à un régime fixe etrisgoureusement défini, doit permettre l'établissement entre les labora- toires de zoologie et ceux de physiologie d'un modus vivendi susceptible de varier avec les con- ditions mêmes de cessciences.Nous sommes à une époque de développement, prodigieux des re- cherches physiologiques. C’est donc à la Section de Physiologie de la Station qu'il importe de veiller et de donner tous ses soins. La Section de Zoologie, restant ce qu’elle est, ne s’en trouvera d’ailleurs pas diminuée, . C’est justement, je crois, en raison de cette: place qu’occupent les laboratoires de physiologie à la Station de Naples que celle-ci offre pour notre pays un intérêt toutparticulier. Il n’estplus aujourd'hui, en France comme ailleurs, un seul | physiologiste qui méconnaïsse l'utilité des re- cherches de physiologie comparée et spéciale- | ment de celles que l’on peut entreprendre sur : M les animaux marins. Qu'il s'agisse de chimie biologique, d'étude des mécanismes fonction nels, d'immunologie, de physiologie générale, il y a peu de questions pour lesquelles il ne soit sûrement très intéressant, voire nécessaire sou- vent, d’expérimenter sur les êtres aux organisa- | tions si variées etaux fonctionnements si divers : qui peuplent les eaux de la mer. Et la richesse M de la faune du golfe de Naples, que rappelait x . tout à l'heure mon collègue Gravier, si compétent en tout ce qui touche à l’océanographie et qui d’ailleurs à constaté de visu cette richesse, est une des principales raisons par lesquelles de- … vraient être attirés à Naples les physiologistes de notre pays: E Il en est une autre, plus décisive encore. Sur la quinzaine de laboratoires maritimes que nous _avons dispersés sur nos côtes, on n’entrouverait pas un qui fütvraiment outillé pour que des tra- vailleurs pussent y poursuivre, dans de bonnes ‘ conditions, des recherches d'ordre physiologique. Je n’ignore pas que R. Dubois a mené à bien à Tamaris-sur-Mer (dans le Var) des études consi- dérables !; mais ce laboratoire, qui dépend de sa chaire de physiologie générale à l’Université de Lyon, lui est quasi personnel et je suis matheu- reusement sûr qu'il ne possède ni la place, niles installations, ni les ressources de toutes sortes nécessaires au travail simultané de plusieurs expérimentateurs. Et cependant Tamaris est pro- prement le seul de nos laboratoires maritimes voué à la physiologie. Qu'on juge par cet exem- | plede ce que peuvent être les autres. A la vérité, on a fait desrecherches physiologiques, etmême d'excellentes recherches, à Arcachon: Maïs la chose a tenu à un heureux accident, à sa proxi- mité de Bordeaux et à ce fait que le directeur de la Station d'Arcachon fut en même temps, pendant de longues années, professeur de phy- siologie à la Faculté de Médecine de l'Université bordelaise. Les facilités de communication entre "rs 1. On consultera à ce sujet avec intérêt un mémoire de R. Dunois : Les essais français de culture marine en Médi- terranée, Association française pour l'avancement des sciences, 1916, À F4 Mis nl RIT OS DNS UT ee UT Pa dt LA din | : tue (lu a int ty Su TA ’ les deux villes et l'obligeance du professeur Jolyet permettaient de transporter du laboratoire de Bordeaux les appareils nécessaires à une re- cherche entreprise à Arcachon. C'est d’ailleurs ce que faisait Jolyet pour ses propres travaux; il était obligé d'apporter de Bordeaux lout ou à peu près tout ce dont il pouvait avoir besoin : réactifs, instruments, appareils, etc. C'est dire qu'il n'y a point à Arcachon d'installation phy- siologique permanente, digne de ce nom. Un seul exemple, en dehors du cas particulier du professeur )Jolyet : quand, il y a une quinzaine d'années, M. et Mme Lapicque, cherchant à éten- dre et à généraliser la loi d’excitabilité élec- trique des muscles qu'ils étudiaient, voulurent ‘expérimenter sur des Invertébrés marins, ils ‘durent, .eux aussi, apporter à Arcachon tout leur outillage; transport moins facile évidemment de Paris que de Bordeaux. Partout ailleurs, en |France, il en va de même. Un physiologiste, amené à faire quelque recherche dans l’un de nos laboratoires maritimes, où du reste on l’ac- cueille toujours avec aménité, est tenu d'y arriver muni de l'instrumentation et des appa- reils appropriés, empruntés à son propre labo- ratoire. C’est ce que j'ai dû faire moi-même quand je reçus, ily a une dizaine d’années, au laboratoire de Tatihou {Saint- Vaast-la- Hougue), l'hospitalité du Directeur de notre Muséum d'Histoire naturelle. On conçoit quelles difficultés, quelle impossibilité souvent même entraine pareille obligation. Aussi ne faut-il pas trop s'étonner du petit nombre physiologiques effectués dans notre pays sur des animaux marins, en comparaison du nombre des travaux italiens par exemple. Si nous explo- rons peu cette mine pourtant si riche, c'est faute des ressources matérielles nécessaires, ce n’est pas faute de chercheurs ni, de la part de ceux-ci, d'idées d'investigation et de bonne _ volonté. Assurément on pourrait remédier à ce grave desideratum en créant dans l’une de nos plus im- portantes stations de Biologie marine, à Roscoff ou à Banyuls, une section de physiologie et chi- mie physiologique. Mais que l’on songe à toutes les difficultés que comporte dans notre pays, dans le domaine de l’Instruction publique, une ‘création nouvelle! Il y faudrait, en mettant les choses au mieux, des années pour l'enquête et le choix du lieu et des années pour la construc- tion et l'aménagement. Souhaitons que cette organisation finisse par se faire. En attendant, ne convient-il pas que nos physiologistes pro- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES de travaux ; AE jh d'A bé ARS ds à ANT AUS nl dE? v” à 4 44 “ 1 - ET LA STATION ZOOLOGIQUE DE NAPLES n°369 fitent des admirables installations’ de la Station biologique de Naples? Ils sont assurés d'y trou- ver en tout temps les! moyens de recherche les plus perfectionnés, y compris une bibliothèque précieuse; ils y trouveront aussi un excellent milieu intellectuel; à côté de l’éminent direc- teur de la Station, le professeur Monticelli, le professeur Bottazzi est directeur de la Section physiologique ; pas seulement l’expérimentateur habile que l’on connait, ilest très bien informé de tout ce qui concerne la vie des animaux marins et peut donc fourniraux chercheurs les plus utiles renseignements; c'est, de plus, un esprit très cultivé, très au courant des choses et des livres de France et ce n’est pas le moment d'oublier qu'il a été à Naples, dès 1914, le président fort actif d’un comité franco-italien. L'accueil que recevraient de lui et de ses assistants, ainsi d’ailleurs que du Directeurmême de la Station, les travailleurs français ne saurait être que des plus aimables. S'initier, dans ces conditions, à la vie italienne, en goûter le charme, se donner le plaisir d’un libre commerce avec ces esprits italiens, fins et pénétrants et si mesurés à la fois, tout en fai- sant sa tâche de bon travailleur, ce n’est pas non plus chose à dédaigner pour des Français, et surtout dans les circonstances actuelles qui imposent à notre pays une entente étroite avec notre voisine latine, entente si facile à réaliser avec un peu d’intelligente volonté. Les meil- leurs ouvriers de cette entente seront toujours les « intellectuels ». C’est maintenant à notre Gouvernement de faire le nécessaire pour que la Station de Naples devienne ainsi un centre normal de recherches françaises non moins qu'italiennes. Et qui donc estimerait que ce ne serait pas là acte de bonne politique autant que de bonne amitié? Les deux tables dont actuellement nous avons la disposition paraissent plutôt réservées aux zoologistes. Assurément il peut se trouver des années où, les zoologistes ne les revendiquant 3ottazzi n'est pas, les physiologistes ‘seraient appelés à les occuper. Ne vaudrait-il pas mieux que deux autres tables fussent en permanence attribuées à ceux-ci ?Il n’en coûterait que cinq mille francs de plus à notre Gouvernement, ce qui, en vérité, ne parait pas au-dessus des ressources qu'il doit consacrer au développement des sciences bio- logiques dans notre pays. E. Gley, Professeur au Collège de France, J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE REVUE D'AGRONOMIE I. — GÉNÉRALITÉS Après les faits de guerre et d'armement, c’est vers les questions agricoles que l'attention des hommes s’est trouvée le plus vivement sollicitée au cours de ces dernières années ; aussi l’acti- vité scientifique, qui a dü, le plus souvent, se détourner de ses buts ordinaires, est-elle restée particulièrement intense dans le domaine des Sciences agronomiques. La nécessité de tirer sur place les produits, dans les limites des compartiments souvent étanches que créaient les difficultés de communication, a montré tout ce qu'il fallait demander à l'Economie et à la Science. Des problèmes nouveaux se sont posés: il a fallu, notamment, établir rigoureusement la balance entre la consommation et la production et, pour cela, recourir à des mesures de prévoyance et de restriction. L'historique de cette période exceptionnelle serait plein d'enseignements pour les temps ordinaires : l'anomalie éclairant bien souvent la règle. Les matériaux de cette étude sont tout prêts, grâce à l’œuvre admirable de l’Institut international d'Agriculture de Rome, qui a pu, en dépit de toutes les difficultés de l'heure, centraliser les documents statistiques et législatifs du monde entier. Les circonstances ont également appelé l’atten- tion sur les questions de l'Enseignement agro- nomique et agricole et particulièrement sur les moyens dont nous disposons au point de vue des recherches scientifiques appliquées à l'Agri- culture, sources de tous progrès. C’est actuelle- ment la production scientifique qui, peut-être, manque le plus au progrès de notre agriculture. De quelles institutions devons-nous attendre surtout cette production ? M. E. Tisserand écrit : « Les Facultés des Sciences et les institutions de haut enseignement d'Agriculture ou autreset une Station centrale doivent préparer la pépi- nière dans laquelle les stations (agronomiques) pourront trouver l’armée des travailleurs scien- tifiques dont elles ontbesoin pour donner à leurs travaux toute l’ardeur désirable. » À côté du rôle des Etablissements d'enseignement supérieur agricole, se place, en effet, celui des Universités d’une part, des Stations agronomiques d’autre part. Le rôle des Universités doit être considéré avec une attention spéciale, car il peut et doit être de grande importance dans l'avenir. Cette PREMIÈRE PARTIE À importance est, d’ores et déjà, démontrée parles résultats obtenus aux Etats-Unis, où la plupart des découvertes agronomiques proviennent d’éta- blissements incorporés à l’organisation univer- sitaire. Nos Facultés entreront dans cette voie, bien plus qu'elles n’ont pu le faire, si on les en- courage moralement et matériellement. Certes, les Facultés des Sciences sont les derniers sé- minaires de la Science pure, c’est leur première raison d’être et leur meilleur titre de noblesse; mais, sans faillir à ce, rôle primordial, elles peuvent rechercher, dans les conditions les plus parfaites, les applications dont la Science est La source. Qui pourra mieux répondre aux ques- tions que pose la pratique, que l’auteur de re- cherches personnelles se rattachant à ces ques- tions! D'ailleurs, souvent la distinction entre le fait scientifique et son application est arbi- traire et inexistante, elle ne résulte que de « l’in- tention » du travailleur. Par exemple, en faisant de la biologie du parasitisme, on fait tout aussi bien de la Phytopathologie si les plantes étu- diées sont de celles qui intéressent l'Agriculture ; en étudiant l’action des produits de la digestion, de la dégradation de la protéine, sur la nutrition, le physiologiste traite, en même temps qu'un problème d’un haut intérêt biologique, une ques- tion que l'agronome ne peut ignorer pour établir le régime alimentaire des animaux, etc. Si les Facultés des Sciences doivent être des foyers de recherche scientifique agronomique et des pépinières de chercheurs, peut-être serait-ce aller trop loin que d’en attendre la for- mation de simples praticiens. Ce but est moins conforme à leur rôle et nécessiterait d’ailleurs une organisation matérielle spéciale. Lesstations agronomiques,créées par M. Tisse- rand pour continuer, exploiter les grandes dé- couvertes de nos agronomes : Boussingault, À. Girard, Schlæsing, ete., sont à l’ordre du jour des réorganisations. Depuis longtemps, absor- bées par une besogne purement professionnelle d'analyses ou d’expertises, elles ont cessé de contribuer au progrès de la Science. Des hommes tels que Tisserand, Le Chatelier, Wery, Ed. Gain ont vigoureusement dénoncé cet état de choses et proposé des remèdes. On peut espérer les trouver dans l’action du « Conseil supérieur des Stations agronomiques et des Laboratoires agri- coles », tout récemment créé. L'esprit individualiste, si proprementfrançais, ’ | | ! : J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE 371 en même temps qu’il est le secret de notre originalité,, constitue l'explication de notre inaptitude à retirer de nos découvertes tout le fruit qu'elles comportent. Pour qu’il n’en soit pas ainsi, il faudrait que les initiateurs fassent école, que les chercheurs travaillant à un même sujet groupentleurs efforts, que des organisations per- manertes se spécialisent dans un but déterminé. Il faudrait à l'Agriculture ces laboratoires spé- cialisés que l’on a préconisés pour l'industrie sous le nom de « Laboratoires nationaux de re- cherche scientifique ». Ce genre d'initiatives existe en Angleterre et il a fait le succès de la production aux Etats-Unis et en Allemagne. Quoi de plus typique, à ce point de vue, que le « Nutrition Laboratory » de l’Institut Carnegie, d'où sortent actuellement ces incessantes dé- couvertes dont nous parlons au dernier para- graphe de cette « Revue », découvertes qui renouvellent la question de l’alimentation. Tout en respectant le travail isolé, il faudrait donc organiser notre recherche scientifique ap- pliquée sur la base de la devise : « coopération, coordination-sans subordination ». Chez nous- mêmes, nous pouvons déjà trouver quelques bons exemples à suivre, tel le Service des Epiphyltes. Il s’agit, en définitive, ainsi qu'on l’a dit avec vigueur, de savoir si notre pays continuera à prendre sa part du progrès ou s'il le suivra seule- ment après que la Science étrangère l’aura créé. La place nous manque pour développer ces généralités, et d’autres encore, comme nous l’aurions voulu. Nous devons nous en tenir à l'Agronomie proprement dite, c'est-à-dire aux questions où la relation de la Science à la Pra- tique est le plus apparente. Domaine très vaste, puisque l'Agronomie fait appel au concours de sciences les plus’diverses. Nous serons obligé de choisir arbitrâirement quelques sujets parmi ceux qui présentent le plus d'intérêt, en faisant bien remarquer que les Revues successives sont appelées à se compléter mutuellement et que ce n'est qu'au bout d'un certain tentps que leur en- semble pourra avoir quelque prétention à repré- senter l’état actuel de la Science agronomique. IT. — L'ArmosPhÈRE Le problème de la Météorologie agricole Il a été posé d’une façon très intéressante par le Professeur italien G. Azzi. L'essentiel a été 1. Nous avons dù retrancher de notre rédaction, qui avait pris trop d'extension, les articles que nous avions écrits sur: 1° les Hommes; 2 les Institutions (Académie d’Agri- culture, Institut international d'Agriculture de Rome et son rôle pendant la guerre, le Congrès d'Agriculture coloniale, l'Institut scientifique de Saïgon, ete.); 3° les Livres. rapporté dans un article de la Revue auquel nous renvoyons le lecteur (numéro du 30 mai 1918, pp. 307-312). { ILE. — LErs02 $ 1. — Biologie du sol On a fait jusqu'ici dans le domaine agronomi- que beaucoup de Chimie et trop peu de Biolo- gie. Aussi faut-il souhaiter que les recherches portent de plus en plus sur la Bactériologie (ou même la Microbiologie) du soletles rapportsdes microorganismes avec le sol et la production végétale. Nos laboratoires agricoles sont mal outillés dans ce but et il sera intéressant de consulter dans cet ordre d'idées le manuel Kuivant qui nous renseigne sur l’organisation de \ces études en Amérique: Wuinine, Professeur à l’Université de lIlinois : Soi! Biology, À Laboratory Manual, dont il a été rendu compte dans cette Repue!. 1. Recherches sur les Bacteries du sol fixatrices d'azote atmosphérique. — Les recherches ont porté principalement sur deux espèces de Bacté- ries : l’Azotobacter chroococeum et le Clostridium Pasteurianum, qui sont les mieux connus et vraisemblablement les plus importants des microorganismes fixateurs d'azote: le premier est aérobie, le second anaérobie. Il faut leur ad- joindre les microbes des nodosités des Légumi- neuses qui, bien que restreignant leur action aux plantes de cette famille, n’en ont pas moins une importance considérable. Omeliansky s'est particulièrement attaché à l'étude des bactéries fixatrices d’azote?. Se bornant à l'étude des deux espèces ci- dessus dénommées, il recherche quelle est leur importance en établissant leur diffusion dans le sol et leur extension géographique. L'examen fait sur des échantillons prélevés à des profon- deurs différentes, dans des localités se répartis- santen Russie d'Europe et d’Asie et dans d’au- tres pays, l'amène à conclure que ces deux espèces sont extrêmement répandues; elles sont presque toujours présentes et manquent seule- ment dans des terrains très spéciaux : les sables des steppes, les terrains tourbeux. Deux autres auteurs : Veis et Bornebusch (1914), ontconstaté, de leur côté, que l’Azotobacter n'est présent dans les sols boisés du Danemark (oùils ont faitleurs recherches) qu'exceptionnellement. 1. Compte rendu de M. Ed. Gain, Rev. gen. des Sc., 15 mai 1918, p. 154, 2. Archives des Sciences biologiques, publiées par l’Insti- tut de Médecine expérimentale de Petrograd (édition fran- çaise),t. XVIII et XIX, 1915 et 1916. 372 J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE La question de la présence ou de l'absence de l’'Azotobacter dans les sols se rattache d’ailleurs à celle des réactions de ces sols : acides ou basi- ques. Nous aurons occasion d’en reparler à pro- pos du travail de Veis et Bornebusch. Omeliansky constate encore que les races d’Azotobacter et de Clostridium qu'il a isolées se distinguent nettement entre elles, notamment celles du Clostridium. Leur pouvoir fixateur est différent : plus fort pour le Clostridium, mais les chiffres obtenus en culture sont très rapprochés. Ces microorganismes ne sont pas dans le sol à l’état de culture pure; ils sont au contraire asso- ciés à de nombreux microbes différents, il y a donc lieu de connaître leur action réciproque: Omeliansky a repris cette étude et établi des cu/- tures mixtes avec des races diverses d’Azotobac- ter et de Clostridium, d’une part, et de nom- breux microorganismes qui les accompagnent d'ordinaire dans le sol, d'autre part. Ces cultures mixtes se rapprochent beaucoup plus des conditions naturelles du sol que les cultures pures; elles peuvent, à ce titre, nous renseigner avec une exactitude plus grande sur ce qui se passe dans la nature. À Omeliansky constate que les microbes qui, dans les couches supérieures du sol, exercent leur action au voisinage des fixateurs d'azote, ont sur eux une influence considérable qui varie suivant leur nature spécifique et aussi suivant les conditions du milieu. C’estainsi que certai- nes espèces satellites qui sont avides d'oxygène créent un milieu anaërobie qui favorise le Clos- tridium ; d’autres, parles décompositions qu’elles , engéndrent, fournissent les composés du car- bone qui serviront comme matière énergétique au phénomène de fixation de l'azote. L’Azotobacter et le Clostridium ont une action réciproque d'autant plus marquée que l’un est aérobie et l’autre anaérobie. L’Azotobacter, en fixant l'oxygène de l’air, favorise l’anaérobiose du Clostridium; de plus, il détruit les produits nuisibles du second, parmi lesquels dominent les composés butyriques acides, de telle sorte que la réaction du milieu se maintient, l’Azoto- bacter étant alcaligène et le Clostridium acido- gène. Inversement, les espèces conjointes peuvent avoir sur les fixateurs d'azote une influence dé- favorable, soit par leurs produits, soit en con- sommant le carbone nécessaire au processus de fixation d'azote. La fixation énergique d'oxygène par les satellites favorise, il est vrai, le dévelop- pement du Clostridium, maïs entrave celui de l’Azotobacter, aérobie nécessaire. De toutes les associations où entrent enjeu des fixateurs d’azote, celle de l’Azsotobacter et du Clostridium est la plus fréquente et aussi la plus favorable, Leurs exigences opposées font qu’elles ne se concurrencent point et vivent dans une sorte de symbiose. L'auteur a recherché ensuite l'influence qu’exerce sur la fixation d’azote la consomma- tion par ces microbes de matières organiques non azotées, puis des substances azotées. Dans le premier cas, Omeliansky procède à l’aide de cultures mixtes: Azotobacter et Clostri- dium, afin de se rapprocher plus des conditions naturelles ordinaires. Dans le liquide de culture, le dextrose futchoisi commesubstance organique non azotée parce qu'il convient également bien aux deux espèces. Tous les cinq jours,on prenait trois des matras mis en culture pour doser, dans l'un le sucre par le procédé Bertrand, dans les deux autres l’azote suivant la méthode de Kjeldahl. Les résultats, traduits sous forme de cour- bes, établissent un rapport direct entre la fixa- tion d’azote et la consommation du sucre. Le processus de la fixation s’est développé d’une façon continue jusqu'à épuisement de la subs- tance énergétique; les deux courbes sont en général parallèles. C'est pendant la 1re période (soit5 jours) que le rendement, au point de vue fixation d’azote, est le plus avantageux: la quan- tité d’azote est encore faible, en valeur absolue, mais elle est plus forte que par la suite si on la compare au sucre consommé. Le travail de ces bactéries est donc plus productif, au début, lorsque les cellules se multiplient plus active- N ment. Le rapport sl , à la fin de l’expérience, traduit une influence déprimante s’exerçant sur | la faculté des microbes de fixerl’azote. Dans des recherches ultérieures, poursuivies avec le Clostridium seul, Omeliansky à fait des essais de culture en présence de nombreuses matières hydrocarbonées et observé la fermen- tation de dix d’entre elles (dextrine, lévulose, saccharose, galactose, etc.). La culture la plus énergique a lieu en présence de : dextrose, raflinose, dextrine, etc. Plus la concentration du sucre est grande, moins est marqué l'ef- fet utile de la fixation pour un gramme de sucre. C’est ce qui a lieu aussi pour l’Azoto- bacter. 1 Dans ce même travail, 'Omeliansky étudie encore les effets de la nutrition azotée sur la fixation d'azote par le Clostridium. Une aug- mentation trop forte de la teneur du milieu en azote diminue la fixation, pour l'arrêter enfin tout à fait, Cependant, tandis que Winogradsky J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE avait constaté l’arrêt de la fixation pour unrap- port de l'azote et du sucre du milieu de 1.000 Omeliansky observe encore une accumulation » ns d'azote pour un rapport de 000! Il y a lieu de rapprocher de ces recherches celles de T. L. Hills ! sur l'influence des nitrates sur les bactéries du sol fixatrices d'azote. Hills constate un effet différent suivant la nature du sel mis en expérience dans le liquide de cul- ture ou dans le sol et suivant sa concentra- tion. De faibles quantités de nitrates de potassium, de sodium et de calcium (10 à 150 mgr. pour 100 cm de terre sèche) firent augmenter forte- ment le nombre d’Azotobacter dans le sol. L'effet de mêmes quantités de nitrate d’ammoniaque fut moins marqué. Des concentrations plus élevées furent moins favorables.— _ Les nitrates de potassium et de sodium, à des concentrations atteignant 150 mg. de NO* pour 100 em de milieu, firent augmenter la quantité d'azote assimilée par l’Azotobacter sur plaque d’agar. Les mêmes concentrations de nitrate de calcium firent diminuer la quantité d’azote jus- qu'à un degré inférieur à celui de la quantité d'azote assimilée en l'absence denitrates. En milieu anaérobie, l’'Azotobacter en cultures liquides réduit les nitrates en nitrites, mais hon en ammoniaque. Il y avait plus d’azote fixé en présence des nitrates qu’en leur absence. Hills remarque encore que les trois nitrates expérimentés ont une action favorisante sur la production, dans les cellules, des granules de métachromatine, qu’à tort il désigne encore sous le nom de « volutine ». Ces corpuscules avaient été mis en évidence chez l’Azotobacter par Bonazzi. Hills étend ses recherches sur l'influence des nitrates sur la fixation d'azote aux microbes des Légumineuses représentés par le Bacillus radi- cicola. De faibles quantités des trois nitrates (attei- gnant 50 mgr. pour 100 cm de terre sèche) augmentent le nombre des microbes, mais l’ac- tion est plus faible que dansle cas de l’A zotobacter. Ils résistent mieux que ce dernier à de fortes con- centrations, mais la présence de grandes quantités des trois nitrates agit au détriment de la forma- tion des nodosités radicales dans la luzerne. Reeds et Williams? se sont demandé si les substances organiques trouvées dans le sol, auxquelles on attribue une action déprimante 1. Idaho Agric, experim. Station, 1918. 2, Centralblatt für Bakteriologie, 1915. sur la fertilité, n’exercent point leur effet l'Azotobacter, Ils ont donc expérimenté l’action sur ce microbe de plus de quarante substances éventuellement présentes dans le sol, telles que : esculine, vanilline, asparagine, acide oxalique, caféine, urée, glycocolle, nico- tine, rhamnose, scatol, xanthine, etc. [ls con- cluent que la fixation de l’azote n'est que bien rarement influencée par la présence de ces corps, quin'interviennent qu'àune concentration relativement grande. Quelques-uns, comme la nicotine, la guanidine et le scatol, présentent des propriétés toxiques proportionnées à celles qu'on attribue d'ordinaire à ces substances. Les plus simples de structure, parmi les composés organiques azotés, exercent une action dépri- mante sur la fixation de l'azote parl’Azotobacter, mais on peut expliquer le fait non par une: action toxique, mais par l'utilisation de l’azote de ces composés par le microbe qui peut ainsi se passer d’une partie de celui que lui fournit d'ordinaire l'atmosphère. Il y a lieu de signaler ici l’action de facteurs accessoires de-la croissance et de l’équilibre chez les plantes, que Bottomley (1914, 1917) et Mockeridge (1917) désignent sous le nom d’« auxi- mones » et que nous définissons dans la der- nière partie de cette revue. Bottomley a cons- taté leur action stimulante sur l' Azotobacter chroococcum :une culture pure en milieu synthé- tique (mannite, K?PO‘H, MgSO', CaCOï), qui donnera une fixation de 3,8 mgr. d’azote, en fixera 18 mgr. sion ajoute un peu d’extraitalcoo- lique, repris par l’eau, de tourbe fermentée «bac- térisée ». L'action stimulante n'existe pas si on se sert d’un extrait de tourbe n'ayant pas subi de fermentation. L'action chimique peut donner deshumates, mais non ces substances activantes dites « auximones ». Omeliansky' reprend, en une monographie, l'étude du Clostridium Pasteurianum. I réagit contre l'opinion accréditée que cette espèce a moins d'importance pratique que l'A zotobacter. Il constate que, si une température d'une tren- taine de degrés permet une culture plus abon- dante, elle est moins favorable pour l'effet utile que la température ordinaire. Ce microbe sup- porte d’ailleurs des températures élevées attei- gnant 75°, ce qui permet de l’isoler, par une pas- teurisation, des espèces asporogènes qui peuvent l'accompagner. Les spores sont d’ailleurs très résistantes et reproduisaient encore le microbe, doué de ses propriétés caractéristiques, après plus de 20 années sur 1! Arch. des Sc. biol. de Petrograd, 1917. J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE 1 Enfin, l’auteur appuie fortement l’opinion de Winogradsky que ce microbe anaérobie est un ferment butyrique typique, la faculté de fixer l'azote étant d’ailleurs très répandue dans tout le groupe des bactéries butyriques. Les exigences de l’Azotobacter au point de vue de la réaction du sol : alcaline ou acide, ont fait l’objet de quelques recherches. On sait que ce microbe ne se montre jamais dans les sols accu- sant de l'acidité, qu'il est rare dans les sols neutres, fréquent dans les terres faiblement al- calines, constant dans les sols alcalins (H. R. Christensen). Le développementde l’Azotobacter dans un sol déterminé correspond donc à la présence de certaines substances basiques et donne une méthode de détermination de la basicité. Veis et Bornebusch! ont constaté que le sol des forêts, où doit s'effectuer d'une façon parti- culièrement active la fixation de l'azote atmos- phérique puisque la teneur en azote s’y main- tient ou augmente même en dépit de l’exporta- tion de substance organique sous forme de coupes sans fumure, est très pauvre en Az@{o- bacter:. Is expliquent le fait par laréaction de ce sol, par sa teneur trop faible en composés de chaux et aussi par un excès d’humus. Si l’Azotobacter est souvent absent du sol des forêts, ce sont d’autres microorganismes qui doivent avoir de l'importance pour la fixation de l'azote, probablement des champignons inférieurs. Comme. application, les auteurs signalent une méthode destinée à démontrer si un ter- rain destiné à la régénération a besoin ou non de chaux : dans la solution nutritive de Beije- rinck, on met, au lieu de chaux, 5 gr. du sol à {méthode Harald R. Christensen): l'intensité plus ou moins considérable de déve- loppement de la culture indique s’il ya quantité suffisante, ou au contruire, déficit de cet élé- ment. La chaux peut avoir encore une action utile sur le développement de l’Azotobacter en con- trebalauçant l’action toxique de la magnésie dans le sol? par suite de l’antagonisme exis- tant entre les ions Ca et Me. Ces métaux sont dans le sol à l’état de carbonates. Les auteurs ‘étudier montrent expérimentalement, à l’aide de cul- tures, comment l'effet toxique du carbonate de magnésium se trouve neutralisé par l'addition 1. Det Forstlige Forsogsvæsen. t Danemark, vol. VI, fase. 4, p. 319-337 (résumé en allemand : pp. 337-340), Copenhagen, 1914, 2. Lipman el Buncrëss : The, Journal of /Agric. Science, vol. VI, p. 484-198, Cambridge (&. U.), dée. 1914, au milieu de doses croissantes de carbonate de calcium. Cette question se rapporte à celle du quo- chaux magnésie rapport se rapproche .de l'unité, plus l'action favorable est sensible. Si le sol renferme MgO en quantité plus grande que CaO, la récolte diminue. On peut corriger l’action de l'excès. de MgO par apport de CaO. L'effet sur l’Azoto- bacter donne une explication de cette particula- rité déjà connue. Ajoutons que O. Loew, qui a exposé le prin- chaux | magnésie tient dans le.sol. On sait que plus ce cipe du quotient dans un mémoire récent! contre diverses eri- tiques ou objections que l'on avait élevées et appelle l'attention sur ce qu'on ne doit pas négliger, dans l'analyse d’un sol, la détermina- tion de la magnésie, ainsi qu’on le fait trop souvent, Il peut être intéressant de signaler les re- cherches faites par B. L. Issatchenko sur la pré- sence de l'Azotobacter et du Clostridium dans les eaux de l'océan Arctique?. Ces deux microor- ganismes se rencontrent dans la mucosité exis- tant à la surface des algues; ils trouvent dans la substance organique qui y est contenue les ressources d'énergie nécessaires pour la fixation de l'azote libre. D'ailleurs, ils se développent mieux dans les milieux qui contiennent du sel marin que dans tout autre. Dans la mer, ils sont accompagnés des deux sateilites qu’on leur con- naît sur terre, savoir : les Bacillus « et & de Winogradsky. Pour l’auteur, la formation de substance azotée résultant de l'activité de l'A zotobacter et du Clostridium de la mer doit présenter de l'importance du fait qu’elle sup- plée au déficit en azote de ces eaux. A côté des Azotobacter et des Clostridium, il faut ranger un microorganisme fixateur d'azote, récemment isolé et caractérisé par Fulmer et Fred*, à qui serait due l'augmentation de la te- neur en azote du fumier de ferme pendant la fermentation. Cet organisme esten bâtonnets,de 0,7 à 0,8 y sur 1,4 à-1,8p; il est encapsulé en culture sur extrait de fumier mannité;il est mo- bile et prend la coloration de Gram. Il pousse sur l’agar ordinaire avee optimum à 28° Il géli- fie la gélatine. Les auteurs le désignent sous le nom de Bacille azophile. 1. Landwirtschaftliche Jahrbücher, vol. XLIV, pp. 733- 752, Berlin, 1914, D» 2, Rev. d'Agr. expérim., dédiée à la mémoire de P. S: Kossovitch, t, XVII, pp. 175-179, Petrograd, 1916. En russe (Analyse in Bul. i, d'Agr. de Rome, 1916, p. 1876). 3. J. of Bacter., t. I, pp. 423-434. : justifie sa découverte, \ J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE D CR EN CAR RU NT Lt Ua Cet aérobie strict produit un accrofssement de la quantité d'azote dans la culture sur ex- trait de fumier, de 3 à 5 mgr. pour 100 cm° de solution. 2. Les Protozoaires et la fatigue du sol. — La Protozoologie constitue un chapitre tout récent de la Microbiologie du sol; elle cherche encore ses méthodes, mais, dès à présent, son intérêt paraît considérable, Cette question est, en effet, liée à l'étude des effets de la stérilisation par- tielle du sol et à celle de la « fatigue du sol». Nous citerons au mombre des principaux au- teurs de recherches : Cunningham et Lühnis, Mussell et Hutchinson, etc. Il existe des Protozoaires dans le sol :cesont des Amibes du type limax, des Thécamibes, des Flagellés et des Ciliés. Les procédés de dé- nombrement, quoique imparfaits, montrent que les Amibes et les Flagellés peuplent abon- damment le sol (au moins par dizaines de mil- liers dans 1 gr.), tandis que les Ciliés sont beaucoup moins nombreux (par centaines seu- lement). Quelques-uns paraissent nouveaux pour la Science et présentent un intérêt consi- dérable. La présence et le nombre des individus sont naturellement liés aux conditions de milieu. Une forte teneur en eau favorise leur appari- tion, comme elle favorise aussi les phénomènes de réduction dans le sol. La présence de nom- breux Protozoaires est pour Von Wolzogen Kühr un indice révélant les processus de réduc- tion. Il y a lieu de tenir compte de la concurrence vitale qui s'établit avec les bactéries du sol. Elle paraît généralement favorable aux Proto- zoaires, qui peuvent les absorber, les englober etles détruire'. Par cela même, ils exercent une action limitant celle des bactéries. C’est là que réside le secret de leur intérêt pratique. En effet, les bactéries ainsi détruites étant gé- néralemènt des agents utiles à la fertilité du sol, celle-ci peut se réduire dans des proportions considérables. La stérilisation partielle du sol, 1. Nous avons eu l'occasion de rencontrer dans du vin doux d’abondants individus d'Amæba du type limaæ (?), qui possé- daient un pouvoir absorbant sur le Saccharomyces ellipsoi- deus remarquable ; certains amibes renfermaient 4 et5 le- vures, lesquelles ne tardaient pas à être digérées. Le rôle de ces amibes, qui devaient se trouver sur les raisins humides de pluie ou transportés de toute autre manière dans la cuve, pourrait être intéressant au point de vue de la vinification. Il y a lieu, croyons-nous, d'attirer l'attention des spécialistes sur cette question. Ba facilité avec laquelle se cultivent si- multanément la levure et l’amibe sur des milieux liquides ou solides: moût de vin, moût de bière, tels ou gélosés, fa- cilitera l'étdde expérimentale. détruisant plus facilement les Protozoaires que les Bactéries, apparait, dès lors, comme un moyen de rendre à la terre « fatiguée » ses pro- priétés utiles. Nous y reviendrons plus loin. Les conditions ambiantes influent encore sur l’état qu’affectera le Protozoaire. Il peut, en effet, se présenter : ou sous la forme mobile, libre, avec cils ou flagelles, s’il en comporte, autre- ment ditsous la « forme végétative » que quel- ques auteurs appellent « trophique », ou bien, si les conditions lui sont moins favorables, sous une forme de conservation qui est le kyste ou l’état quiescent ou de repos. D’après Martin et Lewin!, il y a dans le sol une faune de Protozoaires à l’état trophique, mais dontla forme diffère de celle qui se déve- loppe dans les infusions de foin ensemencées de terre : les formes prédominant dans le sol ne le sont pas dans ces infusions et vice versa. La faune en question est abondante, facile à re- connaître dans les sols humides ayant reçu de copieuses fumures organiques : terres fumées, terres « fatiguées » des champs d'épandage et surtout des coucheset des serres. Mais, comme nous l'avons dit, cette forme trophique n’est pas la seule, G. P. Koch?s'est efforcé de définir les cas où l’on rencontre la forme libre et ceux où l’on trouve la forme en- kystée. Il procède à l’examen direct de différents sols en délayant sur une lame, dans un peu d’eau de fontaine, une parcelle de la terre à exa- mineret il arrive à conclure que la prédominance ou l'exclusivité d’une des deux formes est liée à la quantité d’eau existant dans le sol étudié. L'humidité est le facteur le plus important qui détermine la sortie des Protozoaires des kystes et les place, par suite, dans des con- ditions d’activité. Lorsque les conditions sont favorables, les kystes éclosent en quelques heures: 2 à 3heures à 22-240 C. pour les petits Ciliés, 6 à 8 heures pour les Flagellés et 40 heu- res pourles gros Ciliés. L'action limitante des Protozoaires sur l’acti- vité bactérienne du sol a été démontrée par des expériences diverses : Des terres peu humides, ou partiellement sté- rilisées avec le toluène, peuvent après quelque temps montrer une activité bactérienne considé- rable. Mais, si l’on y introduit alors une autre terre reconnue riche en Protozoaires, ou bien une culture de ces microorganismes, on voit promptement décroitre l’activité bactérienne. Goodey insiste sur une précaution à prendre 1. The Journal of agricultural Science, pp. 106-119, 2 pl., 1915. 2, Journal of agricultural Research, 1915,p. 477-478. lorsque l’on veut inoculer un sol avec une culture pure de Protozoaires : pour réussir, il ne faut pas inoculer en masse la culture dans le sol sté- rilisé au toluëène, car alors cette faune périclite bientôt, mais il est nécessaire que l’inoculation soit effectuée par l'entremise d’un peu de terre non traitée; dans ces conditions, les Protozoaires continuent à vivre et le nombre des bactéries diminue. Les Protozoaires employés étaient du type /imax, forme commune dans le sol. Toute- fois, cette expérience n’est pas nettement démonstrative du rôle (du moins exclusif) des Protozoaires, comme facteur limitant, puisque la terre introduite peut amener avec elle d’autres agents vivants. Dans le cas particulier de l’Azotobacter, Hills ! a constaté que, dans les cultures mixtes avec des Protozoaires, l’action fixatrice d'azote de la bac- térie se trouve diminuée d'intensité et que de nombreux individus sont détruits. Par contre, dans les cultures en terre, les Protozoaites n’ont pas paru exercer d'action nuisible sur les phé- nomènes de fixation d’azote libre, de nitrifica- tion et d’ammonisation. Maïs cela tient, sans doute, à ce que les conditions de l’expérience étaient défavorables à leur action et même à leur végétation. En somme, cette étude présente encore quel- que obscurité et reste bien incomplète, Il faudra établir le rôle des Protozoaires vis-à-vis des espèces diverses de Bactéries, tant utiles que nuisibles et, pour cela, procéder d’abord à des séries de cultures où se trouveraient en concur- rence une espèce déterminée de Protozoaire du sol avec une espèce déterminée de Bactérie du sol. Ces études serviraient de point de départ pour élucider les faits plus complexes qui se passent dans le sol où des espèces multiples se trouvent en association. Il faudra encore recon- naître l'influence des facteurs du milieu sur les Protozoaires habitant le sol normal ou le sol soumis aux agents de la stérilisation partielle. On pourra alors agir méthodiquement pour régler l’action limitante de ces Protozoaires sur les Bactéries et peut-être les champignons du sol. La Protozoologie peut’ donc être appelée à prendre dans l'étude de la Biologie dés sols une place importante à côté de la Bactériologie?. Quoi qu'il en soit, ces faits permettent déjà de. se rendre’ compte de certains phénomènes jus- qu'ici obscurs ou parädoxaux. Tels sont l’exis- 1. Journal of Bacteriology, 1916, pp. 423-433. 2. Kopelo®f et Coleman oût fait, dans Soël Science (vol. VIN, pp: 197-269, mars 1917), une revue des recherches concer- nant les Protozoaires et la stérilisation du sol, qu'accompayne un index bibliographique de 337 publications. J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE L ROME TNA OL à L'an. UV PNR € RO AE AE AT tence d'actions nuisibles aux plantes et qui cependant favorisent la productivité : gelées fortes et prolongées, sécheresse prolongée, chauffage, chaulage, traitement au sulfure de carbone {appliqué aux vignes phylloxérées [Oberlin]). D'autre part, on arrive à comprendre comment des actions indubitablement favorables à la vie peuvent coïncider, généralement après quelque temps, avec une diminution de la pro- ductivité : telle est la combinaison de l’humi- dité, de la chaleur et de la fumure dans les serres et surtout dans les couches où se mani- feste ce que le praticien désigne sous le 10m de « fatigue du sol » (soil « sickness »). La fatigue du sol dans les terres des couches forçage, notamment, a fait l’objet d’études spé- ciales, vu son importance pratique, et des causes diverses lui ont été assignées : 1° L'existence de diverses maladies addi- tionnées ; 2 L’accumulation de toxines, excreta des plantes!. Il n’a pas été possible de les déceler; 3° Enfin, le développement anormal d’an fac- teur nuisible aux bactéries. C’est ce facteur qui semble se confondre avec l’action des Proto- zoaires. D’aileurs, MM. Martin, Levin et Goo- dey ont pu isoler de ces « sols fatigués » quelques Protozoaires particulièrement intéressants, et cet état maladif est justiciable de la stérilisation partielle, laquelle affecte d’abord les Proto- zoaires. On a donc élaboré des traitements appli- cables en grand, dans la pratique, parmi lesquels le chauffage à la vapeur semble avoir particu- lièrement réussi; on a encore étudié, à ce point de vue, les effets de la chaux (Hutchinson et Mac Lennan) et ceux des antiseptiques (Buddin). La Protozoologie du sol progressera d’autant plus que ses méthodes seront meilleures; elles, sont pour le moment encore à l'étude. Comme milieux de culture, on préconise : le foin en décoction à 1 °/,, les extraits de terre, l’extrait de sang desséché à 3 °/,, la décoction de fumier de cheval, ete. Martin et Lewin donnent la préférence aux substratum solides, tels que les plaques d’agar à 15 gr. par litre d’extrait de viande. Comme colorants, on donne le pas à lhématoxyline ferrique. Pour leur dénombre- ment, les méthodes utilisées en médecine pour la numération des globules rouges du sang peuvent être employées. D'ailleurs, la Protozoo= logie du sol n’a qu’à puiser dans l’arsenal assez . riche de la Parasitologie humaine concernant les Protozoaires pour y trouver nombre de méthodes 1. Sur ce sujet, voir : D, Zoura, Revue d'Agronomie, «1. La Fatigue du sol... », dans cette Revue, 1915, p. 116. PF. POS OP TE ns J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE 377 d'observation sur ie vivant ou par fixation et coloration. La numération des individus contenus dans un sol donné et leur attribution spécifique pré- sentent des difficultés spéciales. Martin et Lewin! font ressortir qu’il n’est guère possible de réaliser une méthode donnant le nombre exact des Protozoaires actifs à cause de l’hété- rogwénéité du sol. On peut seulement se faire une idée de l'abondance relative des Protozoaires dans des terres diverses. Ils préconisent la méthode suivante : Dans un plat où se trouve l'échantillon de terre, on ajoute de l'eau peu à peu jusqu'à immersion; à la sur- _ Mace, se forme une pellicule dont on prélève des 1 parcelles à l’aide de lamelles couvre-objet. En fixant la préparation obtenue, par exemple avec une solution d’acide picrique ou de chlorure de mercure, on obtient les formes actives, c’est-à- dire non enkystées. On peut encore verser directement sur la terre, placée dans une capsule de porcelaine, le fixa- teur : acide picrique ou chlorure mercurique (solution aqueuse saturée + volume égal d’al- cool). La pellicule est recueillie sur lamelle. Une autre méthode consiste à insuffler de l'air au travers d’une émulsion de terre contenue dans un long tube de verre (50 em.), de façon à ce que les bulles en s’échappant aillent se briser contre un couvre-objet revêtu d’agar. Grâce à l’action mécanique exercée, des Protozoaires se sont détachés des particules auxquelles ils'adhé- raient pour venir se fixer sur l’agar. Suivant la méthode employée, des terres semblables ne donneront pas forcément la même faune à l’ob- servateur, ce qui en dénote l’imperfection, Des Flagellés plus ou moins volumineux, par exem- ple, peuvent céder plus ou moins facilement à l’action physique ou mécanique de l’eau ou de l’insuflation ou rester adhérents aux particules terreuses. La méthode des cultures n’est pas meilleure, car elle favorise les grands Flagellés au détriment des autres microorganismes. La nécessité de méthodes plus parfaites s’im- pose done pour la détermination des formes actives du sol. Il faudra aussi établir des recher- ches_ systématiques sur les variations de la faune avec le terrain, lès saisons et les condi- tions de la culture. 3. La stérilisation partielle des sols. — L’ex- posé que nous venons de faire des recherches concernant la Protozoologie du sol va nous per- 1. The Journal of Agricultural Science, pp. 106-119, 2 pl.; 1915. mettre de comprendre l'utilité et le mode d’ac- tion de la stérilisation partielle du sol au point de vue de la productivité. Il faut dire, d’ailleurs, que les Protozoaires n'ont pas été seuls mis en cause dans cette question, mais que plusieurs hypothèses différentes ont été émises dont nous dirons, plus loin, quelques mots !. Comme plusieurs autres découvertes fameuses, telle l’atténuation des virus par Pasteur étudiant le choléra des poules, celle de l'effet favorable de la stérilisation partielle des sols sur la ferti- lité a été due à une circonstance fortuite, à un accident de laboratoire. E. J. Russell?, directeur de la station de Rothamstead, voulait démon- trer expérimentalementle faitconnu qu’uneterre stérilisée à 130° C., privée de microorganismes par conséquent, devient incapable d'absorber l'oxygène. À la suite d’un accident, l’autoclave ne put être employé, on fit usage d’une simple étuve à vapeur; or, la terre ainsi traitée, loin de perdre sa propriété d'absorber de l'oxygène, l’avait accrue. Les microorganismes n'avaient donc pas tous été tués, les sporulés avaient ré- sisté; la stérilisation réalisée avait été partielle. Le même résultat fut obtenu par une stérilisation partielle au moyen d’antiseptiques. On doit sup+ poser que les bactéries qui ont résisté, trouvant libre le champ de la concurrence vitale, ont pu se multiplier bien plus activement que dans les circonstances ordinaires et augmenter d'autant leur effet utile. Russell a conclu que la stérilisation partielle augmente l’activité bactérienne et, par suite, le taux de décomposition. Il se produit une plus grande quantité de matières nutritives pour la plante, et il résulte des tableaux publiés par ! Russell que la quantité de matière sèche obte- nue en terres traitées soit par la chaleur, soit par le sulfure de carbone, est supérieure à celle que donnent les témoins. Il ne serait peut-être pas très juste d'attribuer à Russell seul le mérite de cette découverte. Comme il arrive souvent, avant les savants qui orientent définitivement une question dans une voie féconde, se placent des précurseurs : tels, dans ce cas, les observateurs qui notérent à ce point de vue les effets du sulfure de carbone incorporé au so] pourla lutte contre le phylloxera, tel Aimé Girard déterminant l'augmentation 1. M. D. Zolla, dans sa « Revue d’agronomie » de 1915 (Revue g. des Sc.,t. XX VI), traite (p. 118) des « expériences de stérilisation des sols » et particulièrement de celles de M.Miège et de M. Rollet, Nous renvoyons le lecteur à ce travail. 2. E.J. Russe: La stérilisation partielle du sol. Travaux récents de la station d'expériences agricoles de Rothamstead (Angleterre). Bull. de l'Inst. int. d'Agr. de Rome, Aperçus originaux, an. VII, mai 1917, pp.1693-703. 378 .J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE que produit ce traitement sur le rendement du blé, du trèfle et de la pomme de terre. Russell porte directement ses investigations sur l'effet produit sur l'élément bactéricide du sol. Par numération des colonies produites par l’ensemencement de 1 gramme de terre sèche sur plaque de gélatine, il constate l'augmentation du nombre des bactéries à la suite du traitement. Quand on emploie un antiseptique, comme le toluëne, il y a d'abord diminution, puis augmen- tation progressive qui coïncide avec le moment où s'évapore l’antiseptique. Au bout de quelques jours, le nombre dépasse celui des microbes de la terre non traitée. Avec le nombre des bactéries, s’accroît la pro- duction d’ammoniaque. La connexion est si étroite qu'il paraît y avoir rapport nécessaire; cette ammoniaque se produit aux dépens de com- posés organiques, l'azote nitrique ne disparait pas. L'amélioration est persistante; un second traitement né produit que peu ou pas d'effet. L’addition d’une parcelle non traitée entraineune nouvelle progression du nombre des bactéries et aussi de la production d'’ammoniaque si cette terre est convenablement sèche, maïs une ré- gression, au contraire, si elle est assez humide et a recu d’abondantes fumures organiques. De ces faits, Russell cherche à déduire quel est le facteur limitant de la fertilité que le traite- ment a fait disparaitre ou a atténué. Ce ne sont pas les bactéries, nileurs produits, ni une mani- festation propre et spontanée des terres. Cepen- ‘dant, cet élément peut être introduit par des terres non traitées ; la chaleur, les antiseptiques ayant une action suffisante, l’annihilent; cette action paraît s'exercer sur des organismes sensi- bles, tels ceux ne produisant pas de spores; si l'ac- tion a été assez faible, l'élément peut reprendre son activité après l’avoirtemporairement perdue; il peut être introduit dans des terres, où il avait été anéanti, au moyen de parcelles de terre non traitées; ilse développe beaucoup plus lentement que les bactéries et -peut ainsi ne produire que peu ou pas d'effet pendant un certain temps; il provoque ensuite une diminution considérable du nombre des bactéries et son effet final est notoirement hors de proportion avec la parcelle deterre introduite; l'amélioration des conditions trophiques du sol le favorise et, parallèlement, la vie des bactéries se trouve déprimée et cela d'autant plus qu'il est plus favorisé. Le facteur limitant est donc un être vivant; n'étant pas de nature bactérienne, il a fallu cher- cher parmi les autres microorganismes du sol ceux qu'on pouvait incriminer, On a alors con- staté combien les Protozoaires sont abondants dans les conditions où s'exerce le « facteur limi- tant ». Ces Protozoaires sont tués par la stérili- sation et l’on sait, d’autre part, quelle est leur influence destructive sur les bactéries. [Il parait donc vraisemblable d'admettre que les Protozoaires du sol, dans certaines conditions à eux favorables, luttent au détriment des bac- téries. La stérilisation partielle les détruit facile- ment, tandis que les bactéries — au moins celles qui sont sporulées — résistent; elles se dévelop- peront d'autant mieux, ultérieurement, que, dans la concurrence vitale, seraéliminé leur plus dan- gereux ennemi. Or, parmi les bactéries à spores se trouvent précisément de nombreuses espèces avides d'oxygène, parmi lesquelles le Bacillus subtilis. (On tente actuellement de venir au se- cours de ce moyen naturel par ensemencement direct du sol au moyen de cultures de certaines bactéries choisies.) Pour Russell, le « facteur limitant » est donc le facteur Protozoaire. Une preuve à l'appui de cette théorie, que toutes les considérations précédentes rendent plausible, est que des cultures de Protozoaires introduites dans la terre traitée abaissentletaux des bactéries. C’est Goodey qui, comme nous l'avons relaté plus haut, a réussi ces inoculations, après quelques échecs, en se plaçant dans les conditions spéciales que nous avons rapportées. À côté de cette théorie séduisante de Russell, en existent un certain nombre d’autres que-nous devons également mentionner : 1° Les agents stérilisants mis en œuvre ont uné action stimulante directe sur la croissance des plantes en vertu d’une propriété physiologique. C'est la théorie de la « stimulation directe » de Koch. Elle est peu admise. 2 Certaines bactéries antagonistes sont dé- truites, ce qui permet un nouvel essor de celles qui subsistent, fait qui se traduit par une plus grande activité bactérienne et une plus abon- dante formation de matière assimilable et, par suite, par une fertilité plus considérable. C'estla théorie de la « stimulation indirecte » de Hiltner et Stormer. Elle est encore en vogue, mais ne rend pas aussi bien compte des faits que celle de Russell. à 3° La stérilisation partielle entraine des mo- difications chimiques du sol qui, d’après Picke- ring, seraient suflisantes à expliquer l’augmenta- tion de fertilité. ho Pour Greig, Smith, et d'autres auteurs, ce seraient les bactério-toxines qu'atteindraitla sté- rilisation partielle. De plus, pour Greig, les traces d’antiseptiques qui restent dans le sol 7 J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE 379 suffisent à expliquer la multiplication bacté- rienne. En somme, de la multiplicité de ces explica- tions et d'autres que nous n'avons pas rappor- tées, il faut conelure que cette question si com- plexe de biologie du sol n’est pas complètement résolue. Il faudra, pour y arriver, élucider d'abord un certain nombre de questions préalables : rap- ports entre les Protozoaires et les Bactériesdans un sol normal; propriétés dans le sol des divers groupes d'organismes et manière dont les affecte la stérilisation; rôle des champignons du sol vis-à-vis des Bactéries ou des Protozoaires ; propriétés des associations de Protozoaires avec d’autres organismes; actions réciproques des cultures pures de Bactéries et de Protozoaires; stérilisation d’un sol sans affecter sa composi- tion chimique. D'ailleurs, la théorie des Pro- tozoaires facteurs limitants de la fertilité est contestée par divers expérimentateurs, comme L.-L. Hills, J. Scherman, etc. Quoi qu'il en soit, la stérilisation partielle du sol rend déjà des services importants en culture maraîchère, en horticulture et dans tous les cas de culture en serre et sous châssis où elle permet d’enrayer la « fatigue du sol». Il y a donclieu de rappeler les méthodes usitées dans la pratique ou celles qui sont à l'essai. a) Chaleur humide et chaleur sèche. On a fait d'abord circuler de la vapeur d’eau dans le sol, ce qui était d’une pratique difficile et coûteuse. Actuellement, surtout pour la culture marai- chère et horticole privée, on utilise la chaleur sèche‘, Les températures utilisées vont de 50 à 98°. | b) Agents chimiques, antiseptiques. Le prix trop élevé dela stérilisation par chauffage rend le pro- cédé inaccessible à la grande culture. Il n’en se- rait pas de même de l’emploi des agents-chimi- ques. On trouvera des renseignements sur nom- bre d’entre eux dans la Æevue d'Agronomie de M. Zolla (1915, oc. cit.). Rappelons que le to- luène et le sulfure de carbone donnent de bons résultats, mais ils sont encore trop coûteux. Par contre, la chaux, que l’on est habitué à considé- rer exelusivement comme agent trophique et comme base favorisant le processus de la nitrifi- cation, agirait comme antiseptique. Elle retient l'attention par son prix peu élevé. A la dose de 0,5 à 1°/, du sol, elle parait avoir la propriété de modifier d’une façon favorable le microbisme de la terre arable. : 1. Suivant uneinstallation décrite et figurée dans The Gar- deners’ Chronicle, vol. LIX, n° 3914, p. 10, 1 fig.; janv. 1916. Buddin ! a expérimenté, à la othamsted Expe- rimental Station, une vingtaine de produits chi- miques volatils ou non. Un grand nombre ont produit une stérilisation partielle présentant les caractères suivants : diminution du nombre des bactériesiau début de l'expérience, suivie de son augmentation très rapide et durable; destruction des protozoaires, augmentation de la teneur en ammoniaque et, par suite, de la productivité du sol. Les substances solides n’ont pu produire l'effet cherché, qui est réalisé seulement par les anti- septiques assez volatils ou éliminables. Ces expériences ont fait ressortir la valeur du phénol et du crésol. Un fait intéressant a été mis en évidence dans cette série d'essais, à savoir que certaines espè- ces de bactéries du sol peuvent résister à des doses extraordinaires de poisons — ce qui ne nous surprend pas, étant donnée Ja diversité de substances à pouvoir antitoxique présentes dans le sol : ces bactéries peuvent alors se multi- plier et arriver à constituer des cultures pures. On conçoit l'intérêt de cette observation lorsque les bactéries qui arrivent ainsi à prédominersont utiles au point de vue de la productivité. Skalskji (1916) a expérimenté l’action du chlo- roforme sur le {chernozion (terre noire de Rus- sie). Ce corps est mis durant 3 jours au contact de la terre en vase clos, puis évaporé complète- ment. L'effet se traduit par une augmentation de production de la masse végétale, mais il n’est pas aussi accentué que celui de la chaleur, qui en- traine une pullulation des bactéries etune désin- tégration subséquente dessubstances organiques de cette terre qui en est particulièrement riche, à un tel degré que la stérilisation aurait le même effet que la fumure complète. Enfin, tout récemment, M. Truffaut ? a rendu compte d’une série d'expériences s'étendant à plusieurs hectares. Après avoir essayé divers car- bures aromatiques, il revient à l'emploi du sul- fure de carbone préconisé par Oberlin en Alsace, il y a plus de 25 ans, mais il lui donne la forme très favorable d’émulsion. Il en est de même pour le sulfure de calcium. L'un et l’autre étaient appliqués à raison de 500 kg.à l’hectare.Une aug- mentation de rendement {choux, oignons, etc.) de 100 à 200 0/, fut constatée. $ 2. 1. Nouveaux engrais azotés.— L'Allemagne, ne recevant plus de nitrate de soude du Chili, devait ne UN AORRNPONT L. V ONE 1. The Journal of Agric. Science, vol. VI, 191%, pp. 417- 451. 2. Ac. d'Agriculture, 4 décembre 1918. — Les matières fertilisantes 330 J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE obtenir tous les composés azotés de l’ammo- niaque. Il s'agissait, d'autre part, d'économiser l'acide sulfurique qui ne joue d’ailleurs pas de rôle utileet, par suite, de remplacer les sulfates!. On a substitué à l'acide sulfurique le bisul- fate de soude, produit résiduel de la préparation de l'acide nitrique.On l’ajoute au superphosphate et aux scories Thomas et on obtient ainsi un engrais composé azophosphaté. Nitrate d'ammoniaque. Is ont enfin pensé à utiliser comme engrais le nitrate d’ammoniaque, que l’on étudiait déjà à ce point de vue avant la guerre. Il faut établir si cet engrais, très con- centré en ce qui concerne l'azote (35°) et, par suite, d’un transport facile, peut donner les mêmes résultats à égalité d'azote qu'un engrais plus dilué. Le prix de revient de cet azote avait fait jusqu'alors reculer devant l’emploi de l'en- grais et aussi le fait qu'il n'avait jamais été mis couramment à la disposition des agriculteurs. Il n’en est plus de même aujourd’hui, où ilne trouve plus son emploi dans les poudreries. C’est ainsi que le Ministère de l'Agriculture et du Ravitail- lement donnait avis, au début de 1919, de la mise en vente d'engrais azotés provenant des poudre- ries, délivrés parl’Office central des produits chi- miques agricoles, à Paris. Le nitrate d'ammoniaque y est coté 145 fr. les 100 kg. en fût de 250 kg. environ, tare de 15°) à déduire. Il dose 33 à 34 °/, d'azote. A titre de comparaison, nous donnons ici les chiffres cor- respondant aux autres engrais azotés de même provenance : Nitrate de soude, 15 à 16 °/, d'azote, 92 fr. 35 les 100 kg, Cyanamide, 16 à 18 °/o d'azote, 64 fr. Sulfate d'ammoniaque, 30 °/, d'azote, 96 fr. (tare 1 °/, à déduire) On signale aux agriculteurs que 100 kg. de cet engrais, nouveau pour eux, doivent être consi- dérés, tant du point de vue du mode d'emploi que de la valeur fertilisante, comme l’équiva- lent de 200 kg. d’un mélange à parties égales de nitrate de soude. et de sulfate d'ammoniaque. Le nitrate d'äammoniaque a fait l’objet d'essais de la part de Th. Schlæsing (fils)?. Pour en préciser la valeur fertilisante, il a pratiqué des essais en pots en procédant comme suit : Une série de pots contenait chacun 8 ke. de terre à humidité initiale de 12,9 °/,, et 15 kg. de phosphate bipotassique, comme engrais fon- damental. L’engrais azoté était ajouté à chaque pot, sauf à 2 qui servaient de témoins ; cet engrais 4. Voir Maricnox : L'effort allemand dans le domaine des matières azotées. Rev, gén. des Sc., 15 et30 janv. 1917, p, 6.12 et P: 50-56, 9, C. r. de l'Académie des Sciences, 6 mai 1918. contenait 3 g. 37 d'azote par pot. Dans 4 pots, c'était de l’azotate d'ammoniaque, dans 4 autres, du sulfate d'ammoniaque. Ces pots furent ense- mencés avec des grains de maïs de même poids. Les plantes furent coupées au ras du sol au début de l’épiage et les rendements par pots, poids moyen de la récolte séchée à l’air, furent les suüi- vants : pots témoins : 87 gr. 6, pots avec sulfate d'ammoniaque : 106 gr. 8, pots avec nitrate d’am- moniaque : 108 gr. 4. Le nitrate d'ammoniaque a donc fourni un excédent de récolte sèche au moins égal à celui du sulfate d'ammoniaque. Schlæsing indique également la manière de faire les essais en pleine terre. Ultérieurement M. Bachelier! a fait de tels essais, qui ont confirmé que l'unité d'azote dans le nitrate d'ammoniaque a sensiblementlamême valeur que dans les autres sels fournis par le commerce. Schlæsing fait d'importantes remarques con- cernant l'influence de l'humidité sur les rende- ments respectifs des engrais à azote nitrique et des engrais à azote ammoniacal. Dans les expériences ci-dessus, l'humidité de la terre fut maintenue constamment à un degré prononcé, plutôt favorable au rendement de l'azote ammoniacal. On constata, en effet, que, bien que les engrais à azote nitrique donnent desrécoltes légèrement plus fortes que les engrais à azote ammoniacal, cette différence s’annule lorsque l’année est très humide. Il est assez généralement admis que l’azote des engraisammoniacauxdoitèêtire nitrifiéavant d’être utilisé par la plante. Cependant des auteurs tels que Müntz, Mazé, Schlæsing fils, ont montré que l'absorption sous forme ammoniacale se fait aussi bien que sous forme nitrique; il y a seule- ment, entre les deux, une différence de vitesse dans l’absorption. Cette différence paraît pouvoir s'expliquer par une influence des propriétés absorbantes du sol vis-à-vis de l’ammoniaque. Celle-ci serait moins mobile que la forme nitri- fiée de l’azote; un excès d’eau, en favorisant le jeu des équilibres qui amènent la dissolution de nouvelles quantités retenues par la terre, permet d’en libérer constamment, ce qui ne se produirait pas en terre moins humide. C’est ainsi que s’ex- pliquerait l'influence favorable de l'humidité sur l’action fertilisante de l'azote ammoniacal. Si l'emploi de l’azotate d'ammoniaque est nou- veau chez nous, cet engrais azoté synthétique est fabriqué en Norvège depuis quelques années et l’exportation de ce pays, qui était en 1911 de 3.000 tonnes, est passée à 59.639. tonnes en 1916. Les pays qui recevaient ce produit jusqu’en 1917 sont surtout le Canada et la Suède. 1. Acad, d'Agriculture, 5 fév. 1919. à #5 J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE Les résultats de ces expériences, faites en pots avec un maïs fourrage, se confirment et se géné- ralisent par ceux, beaucoup plus étendus, d'ex- périences poursuivies depuis trois ans dans le N.-E. de l'Ecosse sous les auspices du Collège d'agriculture du nord de l'Ecosse. Elles ont porté sur le foin et l’avoine (Journ. of the Soc. of chem. Ind., t. XXXVIT, p. 146, 30 avril 1918). On procé- dait de la façon suivante : 1° des parcelles ne recevaient pas d'engrais ; 2° une parcelle recevait un mélange de superphosphate et de potasse (pas d'engrais azoté) ; 3° des parcelles recevaient le mélange précédent et, en plus, un engrais azoté variable, mais en quantité telle que la même pro- portion d'azote fût administrée par are. L'excé- dent de récolte des parcelles 3 sur les parcelles 2 provenait uniquement de l’effetdel'engrais azoté. Le résultat général fut le suivant : le nitrate d’ammoniaque donne des augmentations de récolte au moins aussi grandes, poids pour poids d'azote, que n'importe lequel des autres engrais azotés employés : nitrate de soude, nitrate de chaux, sulfate d’ammonium. Le nitrate d'ammo- niaque employé était presque pur, il contenait | de 34 à 34,8 °/, d'azote (au lieu de 35°/,, quantité théorique). A côté de ces avantages, le nitrate d’ammo- niaque présente quelques inconvénients : il est hygroscopique comme le nitrate de chaux, ce qui le désavantage vis-à-vis du nitrate de soude et du sulfate d’ammoniaque. Il ne peut être con- servé en sacs et nécessite l'emploi de fûts. On a essayé de ie mélanger avec d'autres engrais comme le superphosphate, mais ces mélanges sont également pâteux et humides. 2. Engrais agissant simultanément par leur acide phosphorique et leur azote. — Les Alle- mands ont utilisé la capacité du superphosphate de chaux d'absorber le gaz ammoniac pour obtenir un nouvel engrais agissant simultané- ment par tout son acide phosphorique et tout son azote. Pour économiser l'acide sulfurique destiné à absorber l’'ammoniaque dans la fabrication du sulfate, on fait absorber le gazammoniac (prove- nant des eaux-vannes, des eaux du gaz ou de la cyanamide) par du superphosphate de chaux préparé à l’aide du bisulfate de soude, résidu des poudreries encombrant et de peu de valeur. Le gaz ammoniac passant sur le superphos- phate est vivement absorbé avec production de chaleur. Une molécule de phosphate monocal- cique absorbe 4 molécules de gaz ammoniac. Il 1. GerLACu : Zeitschrift für angewandte Chemie,t. XXIX, pp. 13-14; 11 janvier 1916, Leipzig. ” 381 se produit encore d’autres transformations sous l'influence du plâtre que renferme le superphos- phate. M. Ch. Brioux !, qui a étudié les propriétés chimiques du nouvel engrais, propose pour lui, à défaut d'autre désignation commode, celle de « superphosphate d'ammoniaque ». En réalité, c’est un complexe de phosphate de chaux inso- luble et de sulfate d’ammoniaque. La réaction peut se produire comme suit : CaH4(PO:)2 -L 2CaS04,2H20 LE 4NHS Superphosphate — 9(NH‘)}?2SO0* + Ca*(PO‘}? + 4AH20. L'acide phosphorique du superphosphate traité par le gaz ammoniac est presque insoluble dans l'eau, mais il est dissous facilement dans une solution faible d'acide citrique. L’eau contenant de l’acide carbonique dissout aisément l'acide phosphorique du superphosphate traité par le gaz ammoniac. Le gaz ammoniac absorbé ne se dégage pas pendant la conservation de ce superphosphate, même après plusieurs mois. L'auteur a fait de 1913 à 1915 des expériences ! comparatives nombreuses en vue de détermjner si l'engrais en question convient à la fumure et s'il peut remplacer l’« Ammoniaksuperphosphat» ordinaire (mélange de superphosphate et de sulfate d'ammoniaque). Ses essais ont porté sur l’avoine et la moutarde blanche cultivées en pots et sur parcelles de 1m?, Il a obtenu, en moyenne, pour l'« Ammo- niaksuperphosphat », 100 unités de rendement, et 101 unités pour le nouvel engrais, qui n’est, par conséquent, pas inférieur au premier. En se fondant sur le même principe, les Amé- ricains obtiennent le phosphate d’ammoniaque « Ammophos », engrais que fabrique l’« Ame- rican Cyanamid Company ». Les recherches sur les sels ammoniacaux comme engrais ont été exécutées jusqu’à ce jour avec du sulfate d’ammo- niaque et quelques autres sels, mais jamais avec le phosphate d'ammoniaque que son prix de re- vient écartait du domaine de la pratique; grâce à une nouvelle méthode de préparation indus- trielle, ce vice rédhibitoire paraît écarté. Onle prépare en mélangeant du phosphate minéral moulu avec une quantité d’acide sulfu- rique suffisante pour mettre en liberté tout l’a- cide phosphorique, que l’on sépare par filtration et lavage; d'un autre côté, de l’ammoniac ga- zeux est produit en traitant de la cyanamide de calcium brute par la vapeur en autoclave et sous pression de plusieurs atmosphères, et l’on fait ———————_—_—_—a— * . C.r. Ac. d'Agr., 12 juin 1918. 382 \ barboter cet ammoniac dans l'acide phospho- rique jusqu'à sa transformation presque com- plète en phosphate biammonique; il se forme cependant en même temps un peu de phosphates doubles (de fer et d’ammoniaque, d'aluminium et d’ammoniaque) insolubles dans le citrate ; on ajoute ensuite de l’acide phosphorique en titrant avec le méthylorange jusqu'aux proportions du phosphate monoammonique, de façon à rendre assimilables même les phosphates insolubles. La solution évaporée à siccité donne enfin le pro- duit commercial « Ammophos », dont l'aspect de matière grise, légère, est analogue à celui du superphosphate. Allison! s’est proposé de rechercher les meil- leures conditions de l'emploi et les doses conve- nables de cet engrais. Le phosphate d’ammo- niaque commercial dont il s’est servi dosait: 13,5 % d'ammoniaque et 43 % d'anhydride phos- phorique, dont 96,5 % solubles dans l’eau et le citrate. Il résulte de ces essais, sur lesquels nous ne pouvons nous appesantir, que le phosphate d’am- moniaque à en général la même valeur, par équi- valent d'azote, que le sulfate d’ammoniaque et par équivalent de phosphore, que le superphos- phate; on pourra l'employer pour remplacer ces deux engrais à la fois. Le phosphate d'ammo- niaque est promptement nitrifié et utilisé par les microorganismes et par les plantes. Les fortes concentrations, dont il faut prévoir les effets nuisibles, ont une action analogue à celle du sulfate d'ammoniaque et il est légère- ment moins toxique que le nitrate de soude. 3. Le Magnesium.— L'influence du magnésium sur le développement des plantes est connue de- puis longtemps. Quelques recherches récentes sont venues préciser son importance dans la constitution de la chlorophylle. La nécessité du magnésium pour les plantes est démontrée parle sérieux déficit des cultures faites en l'absence totale de ce corps, par l'effet très favorable de son addition, dans le cas, par exem- ple, des expériences faites sur les terres bette- ravières dans la région des Flandres; enfin, Raulin en avait donné la preuve et montré l’im- portance dans ses travaux célèbres sur les corps indispensables à la constitution de la matière végétale. Mais, déjà avant que Raulin appliquât sa méthode dite « des physiologistes », la mé- thode « des chimistes », c’est-à-dire la simple analyse, avait montré la présence de la magnésie dans les plantes. Inséparable compagnon du 1. Soil Science, vol. V, p. 1-79 + 10 fig., bibliographie de 36 publications, Baltimore, janvier 1918, J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE phosphore, le magnésium existe dans les albu- minoïdes les plus complexes, le noyau, les plas- tes ettout particulièrement les chloroplastes. Il est plus fréquent dans les tissus jeunes : les mé- ristèmes, les cambium; cela se conçoit par Îe volume relatif du noyau, par rapport au reste du tissu, plus grand dans ces éléments jeunes qu'il ne sera par la suite ; les cendres des graines en renferment généralement beaucoup plus que de chaux. Nous ne reviendrons pas sur les travaux des auteurs dont les noms sont attachés à la décou- verte du magnésium et de son rôle dans la chlorophylle : A. Gautier, Hoppe-Seyler et, plus récemment, Willstätter, Tsvett ainsi que, d'une façon indirecte, Grignard. Rappelons seu- lement que, pour Willstätter, ce serait le métal dont l’action catalytique provoquerait la syn- thèse chlorophyllienne. Les travaux de Eva Mameli et ceux d'André, dont nous allons parler, démontrent encore l'existence d’un rapport physiologique étroit entre le magnésium et la chlorophylle et ap- puient la constatation de Willstätter que la chlorophylle est un composé magnésien. Eva Mameli a montré que la quantité de ehlo- rophylle qui se forme est en rapport avec la quantité de magnésium donné à la plante. En effet, des plantes très diverses, tant algues que plantes supérieures, cultivées dans des solu- tions privées de magnésium, ne donnèrent que des végétations étiolées; les mêmes plantes, cultivées dans des solutions renfermant des quantités variables de magnésium, donnèrent un appareil végétatif dont l'intensité de colora- tion était fonction du magnésium administré. Les essais colorimétriques des extraits éthérés des feuilles prouvèrent ce rapport direct et constant entre le magnésium et la chloro- phylle. - Fat Le mème auteur fortifie sa démonstration de l'observation du comportement du magnésium chez les plantes albinisées et chlorotiques!. De la comparaison des analyses, il conclut que : 1° chez les plantes atteintes de chlorose, les parties chlorotiques contenaient, dans 2 cas sur 3,une moins grande quantité de magnésium. La nature variée des causes physiologiques qui engendrent la chlorose doit exercer une action différente, suivant les cas, sur l'absorption des sels ; 2° chez les plantes albinisées, la quantité de magnésium fut, dans 8 cas sur 9, plus grande dans les parties vertes que dans les parties blan- ches du même individu. 1. Atti della Reale Acad, dei Lincei, Rendiconti, 25 fév, 1915, pp. 262-267, théorie lécithinique qui veut, ‘pare les rapports J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE Dans un autre mémoire, E. Mameli! confirme les résultats analytiques de Willstätter et ses collaborateurs quant à la présence du magné- sium et à l'absence du phosphore dans la molécule de chlorophylle, contrairement à la avec Stoklasa, Sebor et Senft, que le phosphore fasse partie de la molécule de chorophylle et que les chloro- plastes ne puissent se former sans lui. G. André? part de ce raisonnement que, si le magnésium joue dans la molécule de la chloro- phylle le rôle particulier qu'on lui attribue et que nous avons signalé plus haut, on doits’atten- dre à trouver que le poids de cet élément sera d'autant plus grand que le phénomène d’assimi- lation aura acquis plus d'intensité dans les feuil- les d’où on l'aura extrait. L'auteur dose done MgetP à divers moments de la végétation. Le dosage du phosphore présente, suivant lui, un intérêt du fait qu'on lerencontre dans la molécule des lécithines et des nucléines quiforment le substratum incolore(c’estle plaste proprement dit) sur lequel se fixe le pigment vert (la chlorophylle proprement dite) et-dont le rôle dans l’assimilation estprobablement capital. Une partie du phosphore {calculé en PO*HS) est soluble dans l’éther et l'alcool (P et Mg orga- niques), une autre partie est insoluble {P et Mg résiduels). Il enest de même > pourle magnésium, caleulé en MgO. Or, le poids absolu de magnésie organique (celle qui est entrainée par l’éther et l’alcool) atteint son maximum : le 4 mai, chez le Marron- nier, le 3 mai chez le Lilas, le 26 avril chez le Châtaignier. En supposant qu ‘à l’époque où le rapport entre le poids du Mg organique et celui du Mg résiduel atteint sa plus grande valeur, cotres- ponde l’activité maximum de la fonction d’assi- milation, il faut conclure que cette fonction s'exerce de la façon la plus intense pendant toute la durée du mois de mai chez le marron- nier, au début du mois de mai ehez le lilas et entre la fin de mai et le milieu de juin chez le châtaignier. D'un autre côté, lorsque l’on com- P organique Mg organique P résiduel ° Mg résiduel on trouve chez les feuilles de marronnier une concordance satisfaisante entre les maxima de ces deux rapports. Quoique cette concordance soit moins marquée chez les deux autres espèces, il est raisonnable d'admettre que le maximum de l’activité végétale se traduit en même temps par l'élaboration des hydrates de carbone et la pro- 1. /bid., 6 mai 1915, pp. 755-760. 2, C.R. de l'Acad. des Sc., 10 avril 1916. + 383 —.————————r duction des composés organo-phosphorés dont l’existence paraît liée, selon l’auteur, d’une façon incontestable à la synthèse chlorophyllienne. Il y aura intérêt à étendre ces expériences à d’autres espèces végétales. Nous ajouterons que, si l’on s’estpeu occupé de la magnésie comme engrais, c’est qu’elle est assez constante et en quantité suffisante dans les sols pour fournir une longue série de récol- tes. Dans les terres ordinaires, sa proportion va- rie de 0,5 à 4°/,; elle est particulierement forte dans les sols dolomitiques (la dolomie est un calcaire magnésien) et, enfin, les sols qui en sont trop riches peuvent devenir nuisibles à la végétation, comme il advient pour beaucoup d’autres substances, utiles à dose convenable!. h. Le Calcium. — 1] est intéressant de dire un mot sur la facon dont les plantes se comportent vis-à-vis du calcaire du sol à propos des recher- ches de Mile Robert; elles éclairent d’une façon remarquable la vieille question des plantes calei- fuges et calcicoles et trouvent leur application en Agronomie ?. On sait que les végétaux calcifuges, c’est-à- dire qui se comportent comme s'ils fuyaient le calcaire, n’ont qu’un besoin très réduit de cal- caire, et cependant l'analyse de ces végétaux montre que les cendres en sont particulièrement riches. Ce dernier fait, inattendu, et l'observation que la proportion de calcium fixé par les plantes calcicoles et calcifuges est à peu près la même, permettent de faire diverses hypothèses que Mile Robert a vérifiées expérimentalement; elle conclut ainsi 1° Les plantes calcifuges sont douées d’un grand pouvoir absorbant vis-à-vis du calcium. Elles peuvent vivre sur des terrains pauvres en chaux parce que, grâce à leur grande faculté d’as- similation, elles sont capables d'y puiser une quantité de calcium suflisante pour leur déve- loppement, cette quantité n'étant pourtant pas inférieure à celle qui est utile aux autres végé- taux: Mais, absorbanttropfacilementle calcaire, pourrait-on dire, elles paraissent le fuir pour éviter d'en absorber à dose toxique. 2° Les végétaux calcicoles sont, au contraire, ceux qui possèdent un très faible pouvoir d’ab- sorption vis-à-vis du calcium; jil faut qu'ils en 1. Voir aussi plus haut ce qui concerne l’elfet du rapport LPS” sur le développement de l’Azotobacter dans le sol magnésie et la fixalion consécutive d'azote atmosphérique. 2. Bul. de la Soc. de Chimie biologique, juin 1914. Recher- ches sur le rôle physiologique du calcium chez les végétaux Thèse, Paris, 1915, et « Le rôle physiologique du calcium chez les végétaux». Rev. gen. des Sc., 27 jan. 1917, pp. 101-109. 384 trouvent beaucoup pour en obtenir peu, d’où leur prédominance en sols calcaires où ils peu- vent s'accommoder sans souffrir, même si la quantité en est forte. | Au point de vue de la pratique agricole, les re- cherches de Mile Robert montrent que l'analyse des cendres des végétaux poussant sur un ter- rain donné, en vue d'établir la constitution chi- mique de ce terrain d’une façon suflisante pour guider sur la nature des engrais à y apporter, peut se trouver en défaut ; ce sont précisément les végétaux les plus riches en chaux qui indi- quent un terrain où il y a moins de calcaire et où il en faut moins apporter pour ladite plante et inversement. Des recherches de Maquenne et Demoussy! sur l'influence de l’eau et des matières minérales sur la germination des Pois ont établi que le calcium a une influence déjà sensible à une dilu- tion de quelques cent-millionièmes seulement. On peut comparer l'énergie de cette action à celle des toxiques les plus puissants, qui se ma- nifeste, comme on sait, à des doses extrêmement faibles. Cette action du calcium avait été mal inter- prétée ou méconnue parce qu'on avait constam- ment expérimenté avec des doses trop fortes. Il arrivait même que l'expérience fût entachée de nullité avant même que d’être commencée. En effet, les auteurs démontrent que la stérilisation de l’eau dans le verre, en autoclave, provoque l'attaque du verre par l’eau qui renferme alors des quantités de matières salines qui, quoique faibles, sont beaucoup trop grandes encore (40 à 50 mg. par litre, quantité plus de 50 fois supé- rieure à cellequi commence àse montrer active). Les auteurs ont donc exclu, dans leurs recher- ches, tous les ustensiles de verre et n'ont utilisé que des vases de quartz et, pour les simples ger- moirs, de la porcelaine bien vernissée ; ils pren- nent, en outre, toutes les précautions pour s’as- surer de la pureté aussi grande que possible de l’eau employée. Ils font sermer des lots de graines de pois gris d'hiver dans l’eau pure au sens précis qu'ils déterminent comme nous venonsde l’indi- quer. Après 10 jours, ils mesurent la longueur des racines (dont ils se préoccupent exelusive- ment) et constatent une moyenne de 26 mm. Ces dimensions sont extrêmementréduites; de plus, la croissance s'arrête dès le 3° ou 4° jour, la ra- cine principale reste glabre et les radicelles sont rares; l'aspect général est celui d'une plante 1. C, r. de l'Ac. des Se., 25 juin 1917, pp. 979-985, [ J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE limite, tout à fait différent de celui qu'offrent les cultures venues dans l’eau distillée ordinaire qui contient toujours un peu de chaux. Les auteurs n’admettent pas l'opinion d’une action toxique de l’eau pure qui a été émise quel- quefois, mais ils soutiennent la thèse que cette eau pure est simplement insuffisante à entrete- nir le métabolisme de la germination. Les sels enlevés par l’eau au verre ordinaire sont constitués surtout par un mélange de sili- cates alcalins et de sulfate de calcium et c’est, d’après les recherchesdes auteurs, exclusivement le calcium qui agit. On peut conclure qu'il se révèle ainsiune nou- velle propriété du calcium vis-à-vis des végétaux, propriété jusqu’à ce jour méconnue parce qu'on avait insuffisamment purifié les milieux de cul- ture : celle d’agir sur la végétation à dose infini- tésimale. Des recherches ultérieures de Maquenne et Demoussy! ont précisé cette action du calcium: elles ont permis, de plus, des comparaisons avec celle d’autres matières minérales. Après le calcium, à la dose de 0,05 mg. par graine, pour laquelle les toxiques employés n’agissent pas encore, viennent se ranger : le strontium, le manganèse, l'aluminium, le baryum et le magné- sium beaucoup moins favorables, puis les métaux alcalins, le zinc, le plomb et le cuivre, qui sem- blent n'avoir aucun effet immédiat. Le calcium paraît être le seul corps qui, en l'absence de tout autre, soit capable d’assurer la germination normale du pois, à son début. A la dose de 0,01 mg. de sulfate ou de chlorure par graine, ce qui correspond à 0,003 mg. de métal, c’est-à- dire à environ 1/40.000e du poids de la semence sèche, il augmente la longueur des racines de près de moitié et commence à y faire apparaitre des poils absorbants. Son action se fait done sentir à des doses extraordinairement faibles, inférieures à celles où la plupart des toxiques commencent à produire un effet. La matière végétale possède’une affinité puissante pour la chaux, qui est un des facteurs indispensables aux premiers stades de la vie de la plante, etla graine n’en renferme pas une quantité suffisante pour satisfaire à ses besoins. (À suivre.) J. Beauverie, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. 1. C,r. Ac. des Sc., 9 juillet 1917,pp. 45-51. … BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 385 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Goursat (Edouard), Professeur à la Faculté des Scien- ces de Paris. — Cours d'Analyse mathématique. Tome 11, 3° édition, revue et augmentée, — 1 vol. in-8° de 1V-670 p. avec 39 fig. (Prix : 30 fr). Gauthier Vil- lars et Cie, éditeurs, Paris, 1918. Dans ce tome II, M. Goursat introduit la variable complexe æ-E y et les fonctions monogènes, ou sy- necliques, où analytiques f(x + 6). Nous avons, d'abord, une image géométrique, la re- présentation conforme; puis la fameuse intégrale de Cauchy, avec toutes ses conséquences admirables et simples. On passe aux périodes des intégrales et, par inversion, aux fonctions elliptiques (deux fois périodi- ques), puis à la définition générale de la fonction ana- lytique, Viennent ensuite les équations différentielles, théories générales et types classiques, y compris ceux de Fuchs et de Picard. Enfin les 1°" ordre. Une Note termine l’ouvrage surle théorème de Picard : au voisinage d’un point singulier essentiel , une fonction analytique uniforme régulièr e est telle que, si A estune constante quelconque, l'équation f (x) — A admettra une infinité de racines. [1 peut exister, au plus, deux valeurs de À pour lesquelles le théorème est en défaut. La démonstration exige le maniement savant des iné- galités, chose ardue car une inégalité facile est trop large et ne donne rien, mais une inégalité serrant de près un élément n’est généralement pas facile à obtenir, Le livre de M. Goursat a les qualités d'une belle œu- vre classique et nous en verrons certainement bientôt une nouvelle édition, équations aux dérivées partielles du R,. D'ADHÉMAR. Bouasse (H.), l'rofesseur à la Faculté des Sciences de Toulouse. — Géographie mathématique (Ar- PENTAGE, TOPOGRAPHIE, CARTES GÉOGRAPHIQUES, GÉKO- DÉSIE). — 1 vol.in- 8°, de 19% p. avec 233 fig.(Prix: 23fr.). Librairie Ch. Delagrave, éditeur, Paris, 1919. . Voici un nouvel ouvrage de M. Bouasse qui, comme ses devanciers, sera lu avec le même intérêt approbatif par les uns, avec le même esprit de dénigrement par les autres, C'est le propre, en effet, des ouvrages de M. Bouasse de forcer à la critique (voir par exemple la Revue du 15 décembre 1918), preuve certaine qu'ils sortent du cadre ordinaire des livres qui nous submer- gent sans utilité et sans profit pour leurs lecteurs. Ce nouveauvolume continue la série de la Zibliothè- ue de l'Ingénieur et du Physicien, tout ‘entière rédigée par M. Bouasse, nouveau témoin ajouté à tant d’autres de l’inlassable fécondité du professeur de la Faculté de Toulouse, Une surprise y attend le lecteur. Il n’y trouvera pas, en effet, une de ces longues introductions auxquelles nous avait habitués l'auteur. Est-ce la crise du papier ?... ou est-ce que M. Bouasse a pensé que sa façon de concevoir l’enseignement était maintenant suiisamment connue ? Mais l’auteur ne s’est pour cela pas privé à l’occa- sion, au cours de son volume, d'appréciations toujours écrites dans la forme vive qui, malgré tout, nous étonne encore. Cette forme demanderait, il faut l'avouer, à être exprimée dans d’autres termes, et les idées qu’il soutient dans des conditions quidépassent celles d’une disceus- sion courtoisè, en ne laissant pas ainsi toujours à ses contradicteurs éventuels tout le sang-froid nécessaire à de tels débats, y gagneraient certainement. Peut-être ET INDEX parviendrait-il alors à rallier des suffrages qui se détournent ainsi systématiquement de lui, Fidèle à ses principes, M. Bouasse, qui trouve, non sans raisons, que les «traités d’arpentage sont volumi- neux parce qu'ils enseignent jusqu'aux quatre règles », admet comme connues la géométrie élémentaire, comme aussi ce quiintéresse les appareils de mesure, l'optique, la théorie des erreurs déjà étudiés dans ses autres ouvra- ges et dont l'introduction ne serait«admissible seulement que pour des lecteurs qui veulent juste savoir leur métier ». Cela lui permet de traiter toutes les questions d'arpen- tage et de nivellement dans les 66 premières pages, non pas sans envoyer en passant un coup de patte au Colo- nel Goulier qui pose, avec sérieux, que le rayon du cer- cle inscrit du triangle d’erreur déterminant la position d’un point ne doit pas dépasser 0,4 mm,., « ce qui fait bien sur le papier »,et donneren passant de bons conseils comme celui-ci : « User d'appareils simples, indérégla- bles, dont la précision soit si l’on veut médiocre, mais au moins connue ». M. Bouasse passe ensuite à l'étude des coordonnées géographiques, à la détermination du point et de la route d’un navire, ce qui lui demande 60 autres pages. Les 50 suivantes s'occupent de l’étude de la représenta- tion plane de ces coordonnées, c’est-à-dire des cartes géographiques, Il n’y étudie guère que les projections dont parle l'Atlas classique de Schrader-Prudent- Anthoine. C'est poar lui l’occasion, qu’il n’omet pas de saisir, de prévenir son lecteur qu'il « s’offrira une pinte de bon sang, en comparant son texte à celui de ces Messieurs » qui traitent dela même question dans quatre colonnes d'introduction de leur atlas... | Car, entre vou- loir faire d’un cours une revue générale de la connais- sance.et en faire un roman, à l'usage des gens du monde, il y a une juste mesure. M. Bouasse, qui nous a déjà averti que « les géodé- siens modernes ont été uniquement mis au monde pour rendre inabordable leur petit truc », nous expose enfin l'étude de la figure de la Terre, que lui « ne complique pas pour le plaisir », et, en effet, en 100 pages il nous dit tout ce qu'il y a d’essentiel sur le sujet, La loi de Newton, la gravité, ses conséquences sont ensuite étudiées et ne prennent qu'un développement d’une cinquantaine de pages, au cours desquelles, à pro-. pos de la coordination des mesures de la pesanteur et de la formule de Clairaut, il signale « l'arbitraire, l’inu- tilité et l’absurdité » de la réduction de ces mesures. M. Bouasse, en effet, a-t-il tort quand il parle de la « monomanie des moyennes, des paramètres normaux, des nombres à décimales, et autres fichaises des cours que les polytechniciens apprennent par cœur, qui dé- tournent de se demander si les quantités qu’on repré- sente avec tant de décimales existent seulement ». Deux courts appendices terminent l'ouvrage. M. Bouasse revient dans le ref sur la loi de la gravitation et la loi de relativité de Laplace, et dans le deuxième traite rapidement des théories cosmogoniques. Toutes les qualités d'exposition et de précision de M. Bouasse se retrouvent dans son nouvel ouvrage, dans lequel il a condensé la matière exposée à l'ordi- naire dans plusieurs gros volumes où l'essentiel se trouve la plupart du temps perdu dans des expositions accessoires. Le mérite de ce livre est donc vraiment très grand, et arpenteurs comme topographes retireront de sa lecture l'inestimable avantage d’abord d'avoir acquis une vue concise sur l’ensemble de leur technique, et ensuite d’avoir reconnu que les « trucs » dont on a usé pour la leur enseigner en la rendant d'accès difficile les 386 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX conduisaient avec beaucoup de mal à des résultats d’une précision douteuse. M. Bouasse leur enlèvera à cet égard leurs illusions et les ramènera par des chemins très simples à obtenir dans leurs travaux la précision simplement raisonnable. L. Porn. 2° Sciences physiques Lecat (Maurice), Docteur ès Sciences naturelles, phy- siques et mathématiques. + La tension de vapeur des mélanges de liquides :l’Azéotropisme. 1" Par- lie : Données expérimentales, Bibliographie. — Un vol. petit in-8° de X11-319 p. (Prix : 45 fr.). Edi- teurs : Hoste, S. A., à Gand, et H, Lamertin, à Bruxel- les,1918. Les mélanges azéotropiques sont les mélanges de li- quides à ébullition isotherme sous pression constante, Cette seule définition montre l'intérêt de cette étude. On connaît, en effet, depuis longtemps de tels mélan- ges et on sait à quelles erreurs d'interprétation ils ont conduit les chimistes, Mais jusque dans ces derniers temps de tels cas étaient considérés comme rares. De- puis 20 ans leur nombre s'est quelque peu augmenté grâce aux travaux de divers auteurs, mais aucune étude systématique de cette intéressante propriété de l’azéo- tropisme n’avait été faite. L’ouvrage de M. Lecat repré- sente cette étude systématique et ses essais nous révè- lent l'existence d’un nombre considérable de ces mé- langes, dont plus de 1.050 sont décrits. On peut imagi- ner quel travail de laboratoire considérable représente une telle recherche, La discussion des résultats obte- nus permet à l’auteur de donner ‘des lois empiriques permettant, d'après le point d'ébullition des constituants et leur structure, de prédire souvent l’azéotropisme, et même dans certains cas de donner la température d'’é- bullition et la composition du mélange (constantes azéotropiques). Ê Ce travail démontre chez son auteur un tempéra- ment de bénédictin, La bibliographie est formidable, et ceux qui en ont l’habitude savent combien elle est difficile quand il s’agit, à travers toute la littérature, de rechercher de semblables faits. Nous éprouvons par suite une certaine satisfaction personnelle à constater que depuis 1910 les travaux de cette sorte sont singulièrement facilités par les Tables de Constantes dont nous avons provoqué la création en 1909 et assuré depuis la publication, Les expériences de laboratoire faites sur d’innom- brables mélanges ont permis de constater en passant des faits intéressants au point de vue Chimie pure, de telle manière queles chimistes peuvent trouver dans ce volume des indications utiles et des idées pour des re- cherches à poursuivre. La première partie de l’ouvrage, sous le titre « Con- sidérations élémentaires sur la Tension de Vapeur des Mélanges liquides et sur l'Azéotropisme », constitue un exposé général de la question, La seconde partie donne les propriétés des mélanges étudiés. Un autre volume en préparation donnera la théorie analytique du phé- nomène. L'ouvrage contient, en outre, quelques pages de po- lémique sans intérêt pour le lecteur et d’autres pure- ment philosophiques qui témoignent une sympathique originalité chez l'auteur. Son prix relativement élevé se justifie par l’augmen- tation actuelle des travaux d'impression et par la con- densation du texte imprimé en très petits caractères avec le maximum possible d’abréviations. C. Marie, Dr ès Sciences. 1. Interrompue par la guerre, la publication est actuelle- ment reprise et le Comité des Tables -spère publier fin 1920 les résultats numériques parus en 1913, 1914, 1915 et 1916, Jauréguy (Pierre), Froment (H.-B.) et Stephen . (R.-E.). — L'industrie allemande et la guerre. — 1 vol. in-5° de 160 p. (Prix : 7 fr. 20). Dunod et Pinat, éditeurs, Paris, 1918. La lecture de cet intéressant ouvrage montre la méthode et l'esprit scientifique dont firent preuve les Allemands au cours de la guerre pour vaincre les diffi- cultés de toute nature qu’ils eurent à surmonter, L'im- pression qui ressort de cette étude, c’est le rôle prépon- dérant joué par la Chimie dans ces circonstancés : que ce soit dans le domaine de la métallurgie, dans le domaine des produits chimiques, dans le domaine. alimentaire, partout le blocus exercé par les Alliés a causé des difficultés énormes à nos ennemis; mais pres- que partout, il faut le dire grâce à leur science et à leur persévérance, les Allemands sont arrivés, sinon à éli- miner ces difficultés, tout au moins à les atténuer dans . de très grandes proportions, Fait à noter, les questions théoriques qui sont à la base des procédés nés par suite du blocus ne sont pas neuves, La plupart sont fami- lières aux spécialistes et ont déjà fait l'objet de travaux très étendus. Ce qui est nouveau, c’est le parti quia été tiré de recherches en apparence purement théoriques, | c'est la méthode qui a été employée pour faire passer du laboratoire de Physiologie ou de Chimie dans la ferme ou dans l'usine, en vue de leur utilisation immédiate, des procédés qui ne paraissaient présenter qu'un intérêt purement scientifique. De tous ces nouveaux procédés, dont certains ont pris un développementénorme, quels sont ceux qui se main- tiendront une fois que la levée du blocus permettra aux Allemands de travailler dans des conditions complète- ment différentes ? Ilest assez diflicile de le dire, car beau- coup de circonstances secondaires entreront en ligne de compte, telles que droits de douane, régime intérieur fiscal, etc, Toutefois, il est vraisemblable que certains procédés de fabrication synthétique des produits azotés (ammoniaque, acide nitrique) survivront. Du côté combustibles, l'Allemagne, si riche en char- bon, n’a pas hésité à étudier la question de l’utilisation du lignite et a obtenu des résultats remarquables. La solution adoptée consiste dans la gazéification de ce combustible sur le lieu d'extraction en vue d'obtenir la force motrice à un prix raisonnable. A signaler qu'en France, pays riche en ligniteet pauvre, hélas! en houille, il n'existe encore, à notre connaissance, aucune instal- lation de ce genre. Ces résultats, les Allemands les doivent uniquement au développement du mouvement scientifique chez eux, à leur armée de techniciens devant lesquels faisaient piètre figure les chimistes français relégués systémati- quement dans des positions subalternes, dans les pou- dreries en particulier, Les Allemands se sont tellement bien rendu compte | de l'influence exercée par leurs techniciens au cours de : la guerre qu'ils ont créé l’« Association des bourses de - Liebig », destinée à fournir aux jeunes étudiants le moyen de pousser leurs études, tout en restant prépa- 4 rateurs de professeurs, situation insuffisamment rétri- buée par les seules facultés, Cette association a réuni en peu de temps près de 1.500.000 marks, Les auteurs terminent leur ouvrage par la phrase: « Wissenschaft über alles. La science par-dessus tout, 4 Tel est le mot d'ordre de l’industrie allemande. » Nous _ serions heureux si la lecture de ce livre avait pour résultat d'en faire le mot d'ordre de l'industrie fran- çaise, M. DESMARETS, _ 3° Sciences naturelles Combes (Raoul), — Recherches biochimiques ex- périmentales sur le rôle physiologique des glu- cosides chez les végétaux. I. Etude préliminaire. [Extrait de la Æevue générale de Botanique, to- mes XXIX et XXX].—1 vol. in-8° de 214 p. avec 11 fig. et 7 pl. Imprimerie nemourienne, Nemours, 1918. Dans cet important travail, l’auteur expose les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX recherches qu'il a effectuées depuis 1909 sur ce sujet délicat de physiologie végétale. Les expériences de M. R. Combes ont eu pour résul- tat la mise en évidence d’un certain nombre de faits relatifs à l’action des glucosides sur les végétaux et à leur absorption par les plantes : essayons de résumer et de mettre en relief les principales conclusions de cette consciencieuse étude. Après une céntaine de pages d'historique, l’auteur, ayant indiqué avec précision les détails minutieux de la technique de ses expériences et décrit les appareils qu'il a dù faire construire de toutes pièces, expose enlin dans les soixante dernières pages de son mémoire ses recherches personnelles — et elles sont des plus inté- ressantes. « Il ne faut pas voir simplement dans un glucoside déterminé soit une substance de résepve, soit un déchet : de l’activité cellulaire; la question est moins simple », et l’auteur a bien soin de faire observer qu’en commen- cant ses expériences il s'est dégagé de toute idée pré- conçue; il a seulement « voulu essayer de constater ce que, deviennent les glucosides dans l'organisme végélal dans des conditions et à des périodes du dév eloppement déterminées ». re C'est sur l'étude du rôle des saponines que portèrent les premières recherches de M. Combes et le résullat le plus nettement observé fut l’action indiseutablement toxique de l’Agrostemma-saponine (extraite d’Agros- temma Githago) pour les racines des plantes apparte- nant à des espèces différentes de celle qui produit ce glucoside; par contre, l'Agrostemma Githago ne souffre pas de la présence de l'Agrostemma-saponine dans le liquide de culture (milieu de Knop), maison constate par le dosage que cette saponine n’a pas été absorbée parles racines ; elle est laissée dans la solution, qui s'enrichit en glucosige. Dans une autre série de recherches, l’auteur étudiele -rôle de l’amygdaline sur quelques plantes : Mise à la disposition des racines du radis, et en l’ab- sence d’autres sources d'azote, l'amygdaline exerce sur cette plante une action toxique. De même, il n’a pas été possible de considérer ce glucoside comme un aliment carboné, parce que l’amygdaline, ajoutée au milieu de culture en même temps que les diverses substances minérales nécessaires au développement de cette plante, exerce sur elle une action toxique. Dans une série de cultures comparatives en milieu nutritif avec ou sans amygdaline, M. Combes opéra en- suite sur deux plantes qui normalement contiennent. au moins dans leur graine, un glucoside voisin de l'amyg- daline : Vicia macrocarpa et Vicia sativa : les résultats furent les mêmes qu'avec le Raphanus sativus : Vamyg- daline se comporte à leur égard comme une substance nocive: « Les expériences relatives à l'absorption des gluco- sides montrent, au moins pour ce qui concerne les corps étudiés et les espèces végétales sur lesquelles ont porté les expériences, que l'on ne peut faire pénétrer ces sub- stances à l’intérieur des tissus en les plaçant sous forme de solution au contact des racines. Les résultats obte- nus ne peuvent en rien faire préjuger du rôle quejouent les glucosides étudiés lorsqu ils se trouvent à l’intérieur des tissus...; les techniques employées n'ayant pas per- mis de faire pénétrer les glucosides dans les tissus des espèces étudiées, l’évolution des glucosides à l’inté- rieur de l'organisme végétal n’a pu être abordée », et l'auteur, considérant son étude comme préliminaire, se propose de rechercher par des expériences ultérieures la solution du problème posé, Les physiologistes sui- vront avec intérêt les savantes recherches de M. Raoul Combes. M. RiGorarp, Ingénieur agronome. 4° Sciences médicales Dumas (Georges), Professeur de Psychologie expéri- mentale à la Sorbonne. — Troubles mentaux et 387 troubles nerveux de guerre.— 1 vol: in-16 de 227 p. de la Nouvelle collection scientifique (Prix : 4 fr. 60). Librairie Félix Alcan, Paris, 1919. Cetouvrage contient un exposé systématique des troubles nerveux et mentaux que l’auteur eut l'occa- sion d'observer d’abord comme médecin chef d’un cen- tre, puis comme chargé de mission neuropsychiatrique auprès d'une armée, Le nombre des affections mentales ou nerveuses pro- duites directement ou indirectement par la guerre pa- rait être, d'après les statistiques de l’auteur, assez fai- ble; d'autre part, et bienqu'on ait adopté les termes de délire, psychoses, ou névroses « de guerre »,il ne paraît pas y avoir eu véritablement création de types nou- veaux, non encore observés, de troubles mentaux, — Un premier chapitre est consacré aux troubles dits « de coloration » : de nombreux cas sont décrits, très vi- vants, où la guerre a fourni des thèmes à des délires préexistants (paralytiques généraux, psychoses rai- sonnantes hallucinatoires ou non, alcooliques, déments précoces, aliénés inventeurs...). — Puis sont décrits les troubles confusionnels provoqués par les émotions et les commotions dues aux bombardements; de nombreux exemples en sort citéset leur pathogénie est discutée; l’auteur recherche quelle part revient à la commotion physique organique et au choc émotif dans la produec- tion de ces divers troubles; il indique que le délire des purs émotionnés est en général plus dramatique et plus riche que celui des purs commotionnés. — Plusieurs chapitres sont consacrés à ladescription des troubles nerveux (surdité, mutisme, cécité, tremblements, tics, etce.). que provoquent les émotions et les commotions, ainsi qu'aux interprétalions organique, toxique, émo- tionnelle ou pithiatique qui en peuvent être données, et aux différents procédés de thérapeutique mentale qui se sont montrés eflicaces. En fin d'ouvrage se trouve un résumé succinct de l’histoire des centres neuropsychia- triques, et de leur activité pendant la guerre. Ce livre, qui, selon la volonté de l’auteur, n’est pas une étude complète des nombreux travaux sur le sujet, mais un exposé des faits que l’auteur a observés, sera un élément des plus précieux pour des publications synthétiques d'ensemble ultérieures. E Here Frick (P.), /ngénieur des Constructions civiles du Mi- nistère de l'Agriculture, — Considérations sur l'établissement des projets de distribution d’eau potable dans les communes. — vol. in-8° de 118 p. avec 40 fig. (Prix:7 fr.20). H. Dunod et E. Pi- nat, éditeurs, Paris, 1919. Au moment où,après la paix, de nombreux projets de distribution d’eau potable vont être établis pour les régions libérées, il était indispensable que les au- teurs trouvent un guide pratique leur permettant de dresser leurs projets rapidement et d'éviter certaines erreurs que la longue pratique apprend à connaître, Le livre de M. Frick répond à cès desiderata et doit être dans la bibliothèque de tous ceux qui s'occupent d'établissement de projets de distribution d'eau potable pour les communes. Peut-être pourrait-on faire remar- quer que, pour certains dispositifs nouveaux, l’auteur n'est pas assez circonspect et qu'il ne mentionne que leurs avantages sans citer leurs inconvénients, mais cette légère critique n'enlève rien à l'intérêt que pré- sente cetle publication pour les spécialistes et même pour les municipalités. Un livre traitant des considérations sur l’établisse- ment des projets d’'égouts et d'épuration des eaux usées dans les communes compléterait utilement celui de M. Frick et éviterait des retards dans l'assainisse- ment des communes françaises qui en ont un besoin impérieux. F. DIENERT, Chef du Service de Surveillance des Eaux d'Alimentation de Paris. i k, 388 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS montrer que la racine plongée intégralement dans # Seance du 19 Mai 1919 M. Ed. Goursat est élu membre de la Section de Géométrie, en remplacement de M. Em, Picard, élu se- crétaire perpétuel. ! ° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Muraour: Sur la détermination des températures atteintes dans les réuc- lions explosives. Les expériences exécutées dans la bombe à érosion, avec détente brusque des gaz, mon- trent d'une façon indiscutable que la plus grande par- tie, sinon la totalité du méthane contenu dansles pro- duits de la combustion des poudres se forme pendant la période de refroidissement. Dans le calcul des tem- péralures d’explosion, les résultats les plus exacts se- ront done JUS en rétrogradant la Lotalité du mé- thane en CO + H2. — M. M.-P. Robert: Sur une nouvelle ae à distiller pour laboratoire et sur la mesure de son efficacité. S'inspirant des appareils indus- triels de distillation fractionnée, dont l'eflicacité est supérieure à celle des appareils de laboratoire, l’au- teur a réalisé dans une colonne en verre ordinaire des dispositifs analogues à ceux qu’on emploie dans l’in- dustrie : 1° en isolant thermiquement la colonne pro- prement dite par un manchon vide d’air; 2° en la sur- montant d'un rétrogradateur qui alimente la colonne en liquide par condensation partielle des vapeurs, Le coefficient d’eflicacité de cette colonne est de 0,94 au lieu de 0,793 pour la colonne type Vigreux. — M.G. Claude : Sur une conséquence importante de la syn- thèse industrielle de l'ammoniaque. En temps de paix le but essentiel de la fixation de l’azote sera la fabrica- tion des engrais. Or il y aura grand intérêt à fixer l'azote sous forme d’ammoniaque, car, en utilisant, au lieu d'acide sulfurique coñïteux, le chlore du sel marin perdu dans l'industrie de la soude, on pourrait fabriquer avec l’ammoniaque synthétique un engrais, le chlorhy- drate d'ammoniaque, moins coûteux et moins lourd, à poids d'azote égal, que le sulfate d'ammonium. — MM. Em. Bourquelot et M. Bridel: Synthèse biochi- mique du cellobiose à l'aide de l'émulsine Les auteurs, en faisant réagir l'émulsine sur une solution de glu- cose, puis, après séparation du gentiobiose, amorçant la cristallisation avec quelques parcelles de cellobiose, ont obtenu une certaine quantité de ce sucre, qui a été identifié par ses diverses propriétés. La cellobiase qui setrouve dans l'émulsine exerce donc son action syn- thétisante sur le glucose au même degré que la gen- tiobiase ou la glucosidase 8. 29 SCIENCES NATURELLES. — M, Dalloni : Le terrain houiller sur le littoral de la province d'Oran. L'auteur a étudié la formation du Djebel Khar, au N.-E, d'Oran, renfermant des couches de combustible constitué par un anthracite typique, mais réduites par le plissement et l’'écrasement en une série d’amas interstratiliés dans des schistes ; le laminage est souvent si intense que le schiste peut être intimement mélangé à la matière char- bonneuse, dont la qualité est par suite très irrégu- lière, Il s'agit d’une véritable houille métamorphique, tout à fait analogue aux anthraciles des gisements houillers des Alpes. — MM. À. Gautier et P. Claus- maun : /nfluence des fluorures sur la végétation. A. Es- sais préliminaires en vases de jardin. Sur 12 espèces cultivées dans des conditions toutes semblables, mais avec addition ou non de fluorures, 9 ont été favorisées par le fluor (cresson, chou, escholtzia, épinard, vipé- rine, spergule, chanvre), à sont restées indifférentes (belle-de-jour, oignon, seigle), 3 ont donné des récoltes inférieures (pois de senteur, pois chiches, centaurée). — M. H. Coupin: Sur le lieu d'absorption de l'eau par la racine. Les expériences de l’auteur sont unanimes à l'eau ne s’accroit pas plus vite que celle qui n'y plonge que par son sommet seulement, La racine absorbe donc l’eau uniquement par son sommet et nullement par les poils radicaux. Ceux-ci semblent n'avoir pour fonctions que de protéger la racine contre une évapo- ration trop rapide et de donner un point d'appui au sommet de la racine pour lui permettre de s’enfoncer dans le sol. — M. G. Lusk: Calorimétrie comparée de l'ingestion de viande, d'acide lactique et d’'alanine chez l'animal. Les mesures calorimétriques de l’auteur montrent que l'acide lactique est aussi eflicace comme stimulant du métabolisme animal que l'alanine dont il peut provenir dans l’organisme. La conclusion est done justifiée que l’un des excitateurs essentiels consécutifs à l’ingestion de viande est l'acide lactique qui en dé- rive par transformation dans l'organisme. — M. A. L. Herrera : Sur les pseudo-organismes de fluorosilicates | de calcium. Diverses considérations ayant amené l’au- teur à essayer les fluorures et fluoro-silicates pour imi- ter les microorganismes, il est arrivé par ce moyen à obtenir des pseudo-amibes et plusieurs autres formes en voie de division et decroissance, présentant un grand nombre d'analogies de structure, de coloration, de di- vision, etc. avec les êtres naturels. Séance du 26 Mai 1919 1° SCIENCES PHYSIQUES, — M. F. Vlès : /emarques sur la constitution des spectres d'absorption. L'auteur a mis en évidence de véritables séries dans les spectres d'absorption de corps en solution appartenant à des familles très diverses : permanganate de potasse, hémo-" globines, chlorophylles, chlorure de néodyme, etc. Ces relations sériales sont à rapprocher, non du type Balmer ou de ses dérivés usuels dans les spectres de raies, mais plutôt du type Deslandres relatif à la répar- tition des « têtes » dans les spectres de bandes, — M. A. Colson : Réduction de la cryoscopie aux lois générales de la solubilité. L'auteur, reprenant la formule initiale qu'il a tirée de la Thermodynamique sans faire aucune hypothèse sur l’état dissous : 425L — T(V+:)(dp/dT), en déduit la loi des phénomènes cryoscopiques de Raoult, applicable aux solutions étendues. — M. Alb. Noyes : Force contre-électromotrice de polarisation PA l'acide sulfurique. La force contre-électromotrice d’une solution -d’acide sulfurique diminue d’abord avec la température, sensiblement proporlionnellement à l'inverse de la température absolue, Au delà, de 60° à 120°, plus rapidement; enfin, au delà de cette tempéra- ture, elle ne varie presque plus. Ce changement peut être attribué à une différence dans le mode d'ionisation, qui se fait d’abord en HT et HSOi-, et ensuite en 2H et SOi—, — M. G. Langlois : Sur une nouvelle synthèse de la benzylidène-acétone. Lorsqu'on fait ré- agir le chlorure d’ acétyle sur le cinnamène en présence ñe SnCl', on obtient le chlorhydrate de benzylidène- acétone libre qui, traité par la diéthylaniline, fournit la benzylidène-acétone libre. — MM. J. Guyot et L.- J. Simon : Action de la chaleur sur les méthylsulfates alcalins et alcalino-terreux. Les méthylsulfates alcalins se décomposent par la chaleur en oxyde de méthyle et pyrosulfates, Les méthylsulfates alcalino-terreux,chauf- fés à une température inférieure, se décomposent en sulfate diméthylique et sulfates alcalino-terreux. Le sel de lithium se comporte comme les sels alcalino- terreux, 29 SCIENCES NATURELLES, — M. H. Douvillé : À pro- pos d'un mémoire de M. J. de Lapparent sur les brèches des environs d'Hendaye. Dans l'intervalle des grands mouvements de plissements et de charriages qui ont ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 389 donné naissance aux chaines de montagne, on sait que venaient s’intercaler des mouvements plus lents d’affais- sement ou de soulèvement : ce sont les mouvements épirogéniques. Les trav aux de M. J. de Lapparent mon- trent qu'ils étaient accompagnés de tremblements de terre importants et répélés, ayant donné naissance à des raz de marée. Les brèches sont les résultats de ces soubresauts de l’écorce terrestre pendant les mouve- ments épirogéniques. — MM. P. Termier et G. Frie- del : Les débris de nappe, ou klippes, de la plaine d'Alais ; lambeaux de calcaire urgonien mylonitique posés sur l'Oligocène. Les auteurs ont constaté qu'aucun des blocs, petits ou grands, de calcaire urgonien de la plaine d’Alais n’est constitué par de l’Urgonien massif, homogène et sain, mais que tous sont entièrement for- més d’une mylonite urgonienne, composée de débris de ce niveau cimentés par un peu d'argile rouge et par de la calcite secondaire. Ces blocs sont done les témoins d'une nappe charriée qui a recouvert l'Oligocène et que l'érosion a presque totalement détruite. Ils sont assimi- lables aux klippes des Alpes suisses et des Carpathes. — M. P. Pelseneer : L'hybridation chez les Mollusques. Chez les Mollusques, il ne se produit pas de véritables hybrides, même bispécifiques. Même pour des formes excessivement voisines et encore incomplètement dis- sociées, comme Âlelix hortensis et H. nemoralis, on obtient d'habitude de faux hybrides, de caractère ma- ternel ; ce n’est qu'exceptionnellement qu’on y observe quelques hybrides paraissant véritables, comme Lang croit en avoir rencontré. — MM. C. Vaney et A. Alle- mand-Martin : Action de l'Hippospongia equina des côtes de Tunisie sur les Posidonies. L’Hippospongia equina des côtes de Tunisie vit très souvent fixée sur des Posidonies qu’elle recouvre partiellement et dont le panache de feuilles perd sa couleur primitive pour pren- dre une teinte blanchâtre. Les auteurs ont constaté que chaque feuille subit à sa base une désorganisation plus ou moins profonde. Les fragments foliaires sont englo- bés dans le corps de l’éponge et digérés à la longue. Les portions libres des feuilles ainsi attaquées perdent leur relation avec le rhizome et deviennent blanchâtres.” — M. H. Coutière : Sur la morphologie du membre des Crustacés. Le membre théorique des Crustacés paraît à l’auteur pouvoir comporter au maximum 10 articles : 1° précoxa ou pleuropodite, avec un ou plusieurs pro- épipodites, le plus souvent épisternal; 2° coxa avec un ou plusieurs épipodites fonctionnant comme branchies, oostégites, sténobranchies, etc.; 30 probasis, et 4° méta- basis, portant ou non un exopodite; 5° ischion; 60 mé- rus ; 7° carpe, et 8° propode, portant ensemble, à l’occa- sion, un scopule ; 9° dactyle, et 10° stylopodite, souvent confondus én une griffe terminale, mais fréquemment distincts. Cette structure est valable avec le minimum d’hypothèses pour tous les Crustacés et s'applique à tous les Arthropodes. — M. C. Gessard : Variété achro- mogène de bacille pyocyanique. L'auteur, en cultivant en eau peptonée un germe pyocyanique du type nor- mal À (donnant de la pyocyanine et une fluorescence verte en bouillon), a obtenu une culture incolore. Il s’agit ici d’une nouvelle variété, achromogène. ACADEMIE DE MÉDECINE Seance du 27 Mai 1919 MM. Bérard (de Lyon), Crivelli (de Melbourne), Fabre (de Lyon), Sencert (de Strasbourg) et Van- verts (de Lille) sont élus Correspondants nationaux dans la Division de Chirurgie. M. A. Robin : L’hydratation, le résidu soluble et le résidu insoluble dans le cancer du foie. Une nouvelle conception sur la genèse du cancer. Le tissu du foie cancéreux renferme une quantité d'eau supérieure à celle du foie normal. Cette hydratation atteint son maxi- mum dans les régions les plus cancérisées (14 °/, en plus); elle n’est pas caractéristique de la cancérisation, puis- qu'on l’observe aussi dans le foie des phtisiques et dans les poumons tuberculisés. Mais ce qui différencie ces deux affections, c'est que, dans les formes aiguës de la phtisie, l'hydratation des régions les moins atteintes du poumon s’abaisse sensiblement au-dessous de la nor- male, pendant qu'elle est supérieure à celle du foie nor- mal dans les régions relativement saines du foie cancé- risé, L'hydratation est un phénomène commun à tous les tissus à croissance rapide. L'hydratation du tissu cancéreux entraîne dans le résidu Lotal une diminution qui porte sur les matières organiques et inorganiques et qui est accentuée dans les régions très atteintes, à l’in- verse de ce qui se passe dans le poumon tuberculeux. Les régions relativement saines du foie cancéreux four- nissent à l'analyse plus d’extraits solubles dans l'éther, l’eau bouillante et l'alcool à chaud que les régions très cancérisées. Le processus cancérisant pourrait être l’œuvre d’un ferment, d’abord dissociateur des protéi- ques de l’organe où va naitre le cancer, el qui, par une action réversive, intégrerait dans quelques cellules de cet organe les amino-acides de croissance dissociés, im- primant ainsi à ces cellules un développement rapide et une multiplication anarchique, — M. M. Renaud : Pro- vocation de la crise salutaire dans les formes graves de la grippe. Dans tous.les cas graves, l’auteur a fait d'abord une injection intra-veineuse de 1/4 de mgr. d’adrénaline, puis 20 minutes après une injection de : 20 à 4o cm du sérum antipneumococcique de l’Institut Pasteur. Il se déclanche une crise brutale, mais de courte durée, qui aboutit rapidement à la défervescence et à la guérison. L'auteur a appliqué ce traitement à 120 grippés, dont 90 étaient atteints de formes pulmo- naires graves et dont 5 ou 6 au moins auraient dû mou- rir. Il n'a pas perdu un seul malade. — M. le D' Fer- rier : Les empreintes digitales et la signature des aveugles. Il est très difficile aux aveugles par accident de conserver l'usage de l'écriture et la faculté de signer ; cela est presque impossible aux aveugles nés. L'auteur propose de remplacer la signature, dans tous les actes où elle est nécessaire, par l'apposition de l'empreinte digitale, qui offre une preuve d'identité absolue. SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Searice du 17 Mai 1919 MM. Monziols et Castel : De l'emploi d'une huile quinisée, lipoïdée, camphrée comme méthode thérapeuti- que du paludisme grave. Cette huile, qui contient 5 egr. de quinine, 16 cgr. de camphre et 5 cgr. de li- poïdes, a servi de moyen thérapeutique dans trois cas d'accès pernicieux. L'injection de 2 em* est absolument inoffensive. Elle a été suflisante pour enrayer la mar- che foudroyante de l'affection, pour faire cesser le coma et pour permettre d’instituer un traitement quinique intensif. — M. E. G. Debaut : Variations chez les Sui- dés. Par l’ensemble des particularités de sa têle os- seuse, par ses caractères extérieurs, le cochon corse est intermédiaire entre les Sangliers et les formes domes- tiques porcines plus moditiées. — M. Éd. Retterer: Structure de la dentine ou ivoire. La masse calcifiée et les espaces non éalcifiés de la dentine sont formés d'une trame réticulée dont les mailles sont remplies d’'hyaloplasma. Au centre des espaces non calcifiés passe la fibre de Tomes qui émet sur tout son trajet des ramuseules latéraux. L'image qu'on obtient par des colorations appropriées est la reproduction de celle que donne la dentine macérée. — M. B. G. Duhamel : Réaction biologique du soufre colloidal. Le soufre col- loïdal obtenu par la méthode chimique, présentant une coloration jaune, introduit par la voie intraveineuse, esttoxique (formation de H*S) Certaines variétés de soufre colloïdal en solution d’un blanc laiteux ont une toxicité moindre, en rapport avec un moindre degré de dispersion du métalloïde. 24 Mar 1919 M: M. Doyon: Antithrombine des organes. Tous les organes soumis soit à l'autodigestion, soit à la dialyse chloroformique, soit à la chaleur, produisent un Séance du 390 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES LEAGUE UE Ne Ta PAST A RER EURE à Eu A 19 y nucléoprotéide à pouvoir anticoagulant; si l’on injecte de la peptone chez le chien, dont la circulation est ré- duite à la moilié sus-diaphragmatique, le sang coa- gule, mais le caillot se dissout bientôt après. — M. V. Wallich : Aut et menstruation. Toutes les femelles des mammifères présentent des congestions génitales hé- morragiques, d’une façon intermittente, La périodicité de ces phénomènes congestifs se montre presque men- ‘ suellement, par des manifestations anatomiques dans la muqueuse utérine. Ces modifications anatomiques du rut et de la menstruation sont : les unes, prémens- truelles ou de prénidation; les autres constituent la ni- dation de l’œuf ou la grossesse. — M, N. Fiessinger : Peroxydases leucocytaires : indice peroxydasique hé- matimétr ique. Après avoir montré l’imperfection des méthodes d'évaluation du dynamisme leucocytaire, l’'au- teur propose une téchnique de numération hémalimé- trique des leucocytes peroxydants., Normalement, le nombre de ces leucocytes peroxydants oscille entre 3.500 et 4.000 par millimètre cube. L'auteur publiera prochainement les résultats fournis par celte méthode en clinique. — M. H. Bierry : lation d'entretien. Rôle fonctionnel des hvdrates de carbone. Les hydrates de carbone ont un rôle fonctionnel certain, et la ration d'entretien doit renfermer une certaine quantité de ces substances, IL y a un minimum de sucre, ou plutôt des minima de sucre, suivant la structure chimique et la fonction de l’hydrate de carbone considéré et la consti- tution moléculaire des autres aliments qui entrent dans la composition de la ration. — M. A. Tupa: Cytolo- gie du liquide céphalo-rachidien dans le typhus exan- thématique. Le liquide céphalo-rachidien, chezles exan- thématiques, présente d’une façon à peu près constante une réaction cellulaire caractérisée par une polynu- eléose initiale, suivie pendant la période d'état d'une mononucléose où prédominent les éléments de Türk, et se terminant par une lymphocytose qui se prolonge longtemps après la convalescence. On peut considérer celte réaction comme pathognomonique. — M.J. Du- mas : Aéactions des vibrions cholériques dans les mi- lieux glycogénés tournesolés. Le groupe vibrion cholé- rique etle pseudo-cholérique déterminent dans les mi- lieux liquides une hydrolyse du glycogène en le trans- formant en maltoseet-en glycose, puis en atide lacti- que. Les autres microbes d’origine intestinale et les bacilles pathogènes (sauf le charbon qui acidifie le mi- lieu) sont sans action sur le glycogène. La constance de cétte réaction permet d'en faire un caractère du vibrion cholérique.— M. A.-Ch. Hollande : Substances albumi- noïdes précipitées par le sulfate d'ammoniaque et réac- tions biochimiques. En saturant par le sulfate d'ammo- niaque chimiquement pur un liquide naturel donné renfermant des substances albuminoïdes, on obtientun précipité qui se redissout dans l’eau chlorurée à 9 grammes pour 1.000 em. On peut extraire ainsi les substances albuminoïdes des milieux naturels toxi- ques. Les albumines trailées par le sulfate d’ammo- niaque conservent leurs caractères biochimiques; elles peuvent être utilisées comme antigènes dans la prépa- ration des anti-sérums et fournissent la réaction des précipitines. — M. G. Marinesco : Recherches sur la température des muscles du squelette dans certains états pathologiques du système nerveux. La tempéra- ture du musele varie dans les différentes lésions du système central, Les blessures des nerfs périphériques sont suivies d’une hyperthermie des muscles lorsque la contraction lente a fait son apparition, et celte lenteur s’atténue en réchauffant les muscles. Pendant la phase de régénérescence, la température s'élève ; les muscles qui présentent la réaction hypotonique dans la maladie de Thomsen offrent de l’'hypothermie, notée également dans la maladie de Vorckmann. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 20 Mars 1919 M. Ch. Chree : SCIENCES PHYSIQUES, Les orages magnétiques des 7-8 mars et 15-16 août 1918 et leur discus- sion. Ces orages sont du même type général que celui qui s’est produit le 16-17 décembre 1917; mais, à l'in verse de ce dernier, tous deux présentent un « commen- cement brusque ». Les mouvements constituant ce commencement brusque dans l'orage du 15-16 août sont extraordinairement accusés et leur caractère oscillatoire ést très prononcé sur les courbes provenant des obser- vatoires d’Agincourt (Toronto) et d'Eskdalemuir, — M. L. C. Martin : La transparence de la biotite aux radiations infra-rouges. L'auteur décrit une variation thermique réversible curieuse dans la transmission infra- rouge de la biotite. Son effet général est de diminuer de moitié la transmission pour une élévation de tempéra- ture d'environ 2000 C. Seance du 27 Mars 1919 SCIENGES NATURELLES. — M. H. L. Howkins: La mor- phologie et l’évolution de l'ambulacre des Echinoïdes, Le Bothriocidaris présente le type de structure de l’am- bulacre le plus simple, ét le plus eflicace pour la résis- tance coronale. Lorsque le podia augmente, les plaques ambulacrales se multiplient et les surfaces deviennent mécaniquement faibles. La fonction podiale principale chez les Echinoïdes réguliers étant adhésive, la faiblesse coronale exige une modification. Chez la plupart des types paléozoïques, la flexibilité générale a neutralisé la faiblesse locale; mais, avec l'adoption de la rigidité, le problème a reparu. Alors se sont formées des « pla- ques composées », Le « groupement » a précédé la - « combinaison », dont ilreste distinct, La réduction des plaques est due à la « pression de croissance », la com- binaison à la poussée des tubercules L'élaboration de la combinaison culmine chez les Echinométridées: Chez les Echinoïdes irréguliers, il n'y a aucune combinaison, mais le groupement se présente souvent, Séance du 3 Avril 1919 SCIENCES PHYSIQUES, — MM. T. R. Mertonet J. W. Nicholson : Note sur le décrément de l'intensité dans La série de Balmer. Les auteurs ont observé 12 membres de la série de Balmer de l'hydrogène dans des tubes à - vide contenant une trace d'H dans l’hélium à la pression de, 41 mm. de mercure. Par contraste avec l’apparence diffuse des derniers de ces membres dans Hpur, ils se présentent dans ce cas sous forme de lignes accusées, quoique fines. Une comparaison quantitative de la dis- tribution de l'intensité dans ces tubes contenant H pur, de la vapeur d’eau, et un mélange d'H et He à basse pression montre que la visibilité des membres supérieurs dela série dans les tubes à haute pression est probable- ment due au fait que l'énergie, dans ces conditions, est concentrée entre d'étroites limites de longueurs d'onde, au lieu d’être distribuée sur une ligne élargie, Les résul- tats d'observation semblent incompatibles avee Ja théo- rie de quantum du spectre de l'hydrogène développée par Bohr, — MM. W. Rosenhaïin et S. L, Archbutt : La fracture intercristalline des métaux sous l'applica- tion prolongée d'un effort. Les auteurs ont constaté que, chez certains métaux : plomb, acier doux, alliage Al- Zn-Cu, l'application prolongée d’un effort produit dans certains cas un type anormal de fracture où les cristaux se séparent les uns des autres, au lieu de se briser ou de se déformer à la manière normale. Une fracture semblable s’observe dans les « craquelures par vieillis- sement » du laiton; dans ce dernier cas, l'effort appli- qué est un effort interne provenant d'une déformation élastique, Les auteurs expliquent ce genre de fracture en se basant sur une hypothèse qu'ils ont émise anté- rieurement et qui est acceptée par la majorité des métal- lurgistes : c’est que les cristaux constiluant les métaux sont maintenus ensemble par des couches minces d’un ciment intercristallin amorphe, dont les propriétés ressemblent à celles d’un liquide fortement surfondu, Quand on applique des efforts à un tel agrégrat, les pellicules liquides surfondues se comportent d’abord comme un matériel très fort et très dur (ressemblant au mb Li SA D verre), et quand la fracture se produit, elle s'opère par la rupture des cristaux eux-mêmes et non par la sépara- tion d’un cristal de l’autre. Mais, sous l'action prolongée de l'effort, le ciment visqueux cède lentement, quand les cisconstances sont favorables, et les cristaux se détachent l’un de l'autre. Le cas de rupture intercris- talline se présente généralement quand le métal a subi un recuit trop élevé. SOCIÉTÉ ANGLAISE DE CHIMIE INDUSTRIELLE Secrion DE LONDRES Séance du G Janvier 1919 MM. P. E. Spielmann et H. Wood : Détermination des composés cyanogénés dans les liqueurs ammonia- cales concentrées. Les méthodes de Linder et d’autres pour l'examen des liqueurs brutes des usines à gaz ne sont pas appropriées à la recherche des cyanures dans les liqueurs ammoniacales concentrées. Les principales impuretés étant le thiocyanate, le cyanure et le ferro- cyanure d'ammonium, les auteurs convertissent le cya- nure et le thiocyanaäte en ferrocyanure et mesurent l'intensité de la couleur obtenue au moyen du tinto- mètre de Lovibond par comparaison avec des solutions étalons. On peut appliquer une correction en tenant compte de la quantité de ferrocyanure originellement présente. — M. F. B. Thole : Détermination du bensène et du toluène dans le pétrole. La méthode la plus simple est de distiiler le liquide jusqu’à 1502 C. et de fraction- ner le distillat, On a aussi utilisé les dilférences entre les indices de réfraction du liquide avant et après trai- tement par SO? liquide. Les méthodeschimiques ne sont pas entièrement satisfaisantes : le traitement du pétrole par l'acide sulfurique fumant peut aussi attaquer des composés non aromatiques et l’action des mélanges de nitration donne des résultats trop élevés. Le procédé de l’auteur, consiste essentiellement à séparer lès consti- luants aromatiques par le fractionnement, les deux points les plus importants étant 95° et 122°,5 C., et à déterminer le poids spécifique après absorption par agi- talion avec de l'acide sulfurique à 98 ‘/. Le pourcentage des hydrocarbures aromatiques se calcule d’après la formule : à p. spécif. initial — p. sp. final p.-sp. des hydroc. aromat. — p. sp. final X< 100 SECTION DE GLASGOW Séance du 28 Janvier 1919 M. P. Haller : Détermination des sulfites et de l'an- hydride sulfureux dans les mélanges gazeux. L'auteur a reconnu que l’addition de glycérine (environ 5 ©/, en volume) aux solutions de sullites, ou de soude caustique employées pour absorber SO*, prévient toute perte par oxydation spontanée en sulfate. Le passage de l'air et l'exposition à une haute témpérature n’ont aucun effet en présence de glycérine. L'emploi de celle-ci n’influe pas sur l'exactitude de la détermination du sulfite. Par titra- tion avec l’iodate de K en solutions fortement acidifiées par HCI, les sullites peuvent être déterminés avec une exactitude suflisante. L’absorption de SO? des gaz qui en renferment, au moyen de soude caustique, est com- plète et s'opère très facilement. SECTION bE NEWCASTLE Séance du 12 Février 1919 MM. P. E. Spielmannet G. C. Petrie : Le point de ramollissement de la poix. Les auteurs-montrent la difficulté de caractériser par une valeur numérique une propriélé qui n'existe pas et résument les divers essais qui ont déjà été proposés. Leur méthode consiste à prendre un bloc rectangulaire de poix de 3,75 em. de longueur et de 1,25 em. de côté de la section carrée, et un morceau de fil de cuivre de calibre 17 terminé par un carré. On chauffe le fil et on enfonce la partie carrée ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES. 391 dans le bloc de poix, à 1,25 em. de l'extrémité et per- pendiculairement à sa longueur. Après refroidissement on suspend le morceau de poix porté par le fil dans un récipient plein d'eau, qu'on chauffe à la vitesse de 19 C, par minute. Le point de ramollissement est Ja température à laquelle le bloc de poix tourne sur son axe de façon à devenir vertical. : SECTION DE MANCHESTER Séance du 7 Fevrier 1919 M. J. T. Craig : La détermination volumétrique de l'acide sulfureux. Le sulfite est dissous dans l’eau, puis on ajoute un excès de solution titrée de H°0?, Après refroidissement et addilion d'acide sullurique dilué, on titre l’exeès de H20? par le permanganate N/2. Ce procédé donne des résultats comparables comme exac- . titüde à la méthode à l’iode. — M. J. T. Craig : La détermination de l’alcali dans les liqueurs au perman- zanate. L'auteur décrit une méthode pour déterminer l'excès d'alcali aux différents stades de la fabrication du permanganate. La liqueur est traitée par H°0? neutre jusqu’à décoloration. Après chauffage pour décomposer l'excès de peroxyde, on ajoute un léger excès d'acide sulfurique normal pour décomposer le. manganite, on filtre, et le filtrat et les lavages sont titrés avec l’alcali normal à ébullition. On obtient ainsi l’alcali total. En déduisant l’alcali équivalent au perman- ganate -présent, on trouve l’alcali présent à l’état d’'hy- drate et de carbonate, Le carbonate peut être déter- miné dans une portion séparée. — MM. J. A. Crockett et R.B. Foster : Dispositif pour mesurerde petites quan- tités d'humidité dans les gaz. I est basé sur l’allonge- ment de certaines fibres quand leur teneur en eau aug- mente, L’extrémilé d’une fibre de soie artificielle est attachée à un crochet sur un barreau, et l’autre extré- nrité à une série de levier$ amplificateurs reliés à un index, L'instrument est placé dans une cloche conte- nant le gaz à essayer ; on déduit le degré d'humidité du déplacement de l'index sur une échelle, dont chaque division correspond à une variation d’euviron 0,05 0/ dans la teneur èn humidité. SECTiON DU YORKSHIRE Séance du 10 Février 1919 MM. H. Ingle et Woodmansey : Huile de lin poly- mérisée ou oxydée. Les auteurs ont étudié les change- ments qui se produisent dans le traitement de l'huile de lin par ébullition ou par aération, surtout au point de vue de sa permanence à l'air ou par le vieillissement et de l’action de la chaleur. Les auteurs attribuent une durée plus grande à l'huile polymérisée (bouillie) qu'à: l'huile oxydée (par aération à froid) dans les peintures. Ils attirent aussi l'attention sur le fait que les huiles contenant du manganèse sont à la dessiccation plus sujettes à se madilier que les huiles au plomb ; il est donc recommandé pour les peintures permanentes — surtout aux artistes — de choisir un huile bouillie avec siccatif au plomb de préférence à une huile aérée avec siccatif au manganèse, ” ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Seance du 30 Novembre 1918 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES.— M. L.E. J. Brouwer : Sur des transformations définies, continues, de sur- faces en elles-mêmes. VI. Justification d’une remarque faite par l’auteur en 1912, que le théorème analytique de Hurwitz s'applique à toutes les transformations pé— riodiques, définies et continues, — MM, Jan de Vries et J. Cardinaal présentent un travail de M. K. W. Rut- gers : Dégénérations dans les systèmes linéaires de courbes cubiques planes. — MM: H. A. Lorentz et J. Cardinaal présentent un travail de MM. J. A. Schouten et D. J. Struik : Sur la relation entre la géométrie et la mécanique dans des problèmes statiques. Considéra- tions se rattachant à la théorie de la relativité. — MM. 392 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES és r W, Kapteyn et Jan de Vries présentent un travail de M. N. G. W. H. Begeer : Sur les corps diviseurs du corps Sphérique des racines l-ièmes de l'unité et leurs nombres de classes. II. — MM. J. C. Kapteyn et W. de Sitter présentent un travail de M. W. J. A. Schouten: La répartition des grandeurs absolues entre les étoiles dans la Voie lactée et en dehors. Il, Les mêmes données qui dans le premier travail furent traitées par la mé- thode de Kapteyn sont traitées maintenant par une méthode proposée et appliquée par Schwarzschild, Les résultats apprennent que très probablement la courbe de fréquence des grandeurs absolues ne varie pas avec la latitude galactique. Ils constituent une pleine confir- mation de la loi des intensités lumineuses exprimée par Kapteyn en 1901. 2° ScreNcEs PHYSIQUES. — MM. J. D. van der Waals et H. A. Lorentz présentent un travail de M.J.D. van der WVaals Jr. : Sur la théorie du frottement des liquides. — MM. Kamerlingh Onnes et J, P. Kuenen présentent un travail de M. J. E. Verschaffelt : Sur la forme de larges gouttes liquides ou bulles gazeuses et leur emploi dans la mesure de constantes capillaires. — MM. J. Bôeseken et F. M. Jaeger présentent un travail de M. F. E. C. Scheffer : Sur l'existence d’une phase solide dans des systèmes binaires à démixtion.1.Considérations théo- riques. — MM. H. Kamerlingh Onnes et J. P. Kuenen présentent un travail de MM. L. Hamburger, G. Holst, D. Lely et E. Oosterhuis : Sur l'influence de diverses substances sur l'absorption de la lumière par de minces couches de tungstène. Recherches relatives à la décolo- ration du dépôt de tungstène sur les parois de lampes à filament de ce métal. — MM. H. Haga et H. A. Lorentz présentent un travail de M. J. Huizinga : Za conduc- tion unipolaire de détecteurs à cristal. L'auteur conclut de ses recherches que la conduction unipolaire résulte d’une polarisation électrolytique, donnant lieu à une tension de polarisation qui fait que le courant change d'intensité avec la direction. — MM. J. Büeseken et F. M. Jaeger présentent un travail de M. L. Hamburger : Contribution à La connaissance de l'élimination des gaz restants, en particulier dans la lampe à incandescence à vide. Ces gaz peuvent être éliminés par combinaison avec le phosphore, sous l'influence de la décharge élec- trique, ou avec des silicates. — MM. F. M. Jaeger et VW. Thomas : /echerches sur le principe de Pasteur concernant la relation entre la dissymétrie moléculaire et La dissymétrie cristallographique. VIII. La décompo- sition spontanée de l'oxalate double de potassium'et de cobalt, racémique, en ses antipodes optiques. — MM. P. van Romburgh et Ernst Cohen présentent les trois tra- vaux suivants : M. H. R. Kruyt et Mlle H. G. Adriani: Sur les séries irrégulières. Recherches dont la conclu- sion est qu’en général les séries irrégulières sont pro- duites par la forte action électrocapillaire des ions qui déchargent. MM.H.R. Kruyt et A. E. van Arkel : Sur la relation entre la valeur limite et la concentration dans Les sols d’or. M. H. R. Kruyt : Sur le potentiel critique. — M. J. Boeseken, Mlle G. W. Tergau et M. A. C: Binnendijk : Sur l'influence de quelques sels sur la coloration de la tellulose à la bensopurpurine 4B. — M. J. Boeseken et Mile W. M. Deerns : L'influence mutuelle des conductibilités électriques du tannin de noix de galle et de l'acide borique et ses rapports avec la constitution des tannins. La conductibilité électrique dû tannin de noix de galle est considérablement aug- mentée par l'addition d’acide borique, beaucoup plus même que celle du gallate de méthyle, ce qui est d’ac- cord avec la constitution du tannin, telle que l’établit . E. Fischer. 30 ScrENcEs NATURELLES. — M. J. W. van Wijhe : L'anatomie de la larve d'Amphioxus lanceolatus et l'ex- plication de son asymétrie.— MM. H. Zwaardemaker et C. Winkler présentent un travail de M. Eugène Du- bois : Comparaison du poids du cerveau, en fonc*on du poids du corps, entre les deux sexes. On sait que d’une espèce à une autre homoneure, le poids du cerveau est proportionnel à la puissance 0,56 du poids du corps; dans une même espèce et dans le même sexe, celle puis- sance est moitié moindre. D'un sexe à l’autre le rapport de proportionnalité est encore déterminé par l’exposant 0,6, comme pour des espèces homoneures différentes. — MM. J. Boeke et J. F. van Bemmelen présentent un travail de M. A. A. Hueber : Le muscle transverse de l'orbite. —.MM. J. Boeke et J, van Bemmelen présen- tent une note de M. A. B. Droogleever Fortuyn : Sur des nerfs de vertébrés ayant la structure de nerfs d'inver- tébrés. — MM. F. A. FE. C. Went et G. van Iterson pré- sentent un travail de M. C. Spruit : Sur l'influence d’électrolytes sur la mobilité de Chlamydomonas varia- bilis Dangeard (communication préliminaire). Cette influence a beaucoup d’analogie avec l'action des élec- trolytes sur la floculation et la dissolution de colloïdes. — M. C. E. À. Wichmano: Sur la séparation de phos-. phates dans les troncs de diati kapour (Fectona gran- dis L.). — MM. G. A. F. Molengraaf et C. P. Sluiter. présentent un travail de M. H. A. Brouwer : Sur les couvertures coralliennes. Etude des mouvements orogé- niques des iles coralliennes de l'Archipel indien. Séance du 28 Décembre 1918 2 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. L. E. J. Brouwer : Remarque sur le théorème de la translation plane. — M. Jan de Vies : /nvolutions quadratiques dans l'es- pace à rayons.— MM. W. de Sitteret P. Zeeman présen- tent un travail de M. J. Woltjer Jr : La longitude du péricentre d'Hypérion et la masse de Titan. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. A. Lorentz et H. Kamerlingh Onnes présentent un trayail de M. G. Kru- tkow : Contribution à la théorie des invariants adia- batiques (communication préliminaire). — MM. H. A. Lorentz et H. Kamerlingh Onnes présentent un travail de MM. G. Holst et A. N. Koopmans : L’ionisation de l’argon. Vérification des résultats obtenus par Franck et Hirtz dans leurs études sur la conductibilité des gaz et mesure de la tension d’'ionisation de l’argon. — M. P. van Romburgh présente un travail de M. A. W.K.de Jong: Les acides hétérocinnamiques d’Erlenmeyer Jn: 30 SCIENCES NATURELLES. — M. J. K. A. Wertheim Salomonson : Un nouvel ophtalmoscope de démonstræ= tion. — M. J. K. A. Wertheim Salomonson et Mme Ratu Langi-Houtman: l'onus et létanus faradique. Une augmentation du tonus favorise le fusionnementdes secousses musculaires en une courbe tétanique unie. — M. G. van Rynberk : Petites contributions à la physio= logie comparée. IV. Sur la locomotion de la limace ter- ” restre Helix aspersa. — MM. H. Zwaardemakeret C. Winkler présentent un travail de MM. F. Roels et Li. Moll : Sur l « index loquelae ». Détermination du rap- port des moyennes distances auxquelles on comprend des phrases et des mots prononcés à voix basse, — M: . C. E. A. Wichmann : Sur les voleans de l'ile Tidore (Holuques). 5 J. ENS Le Gérant : Octave Doix. Sens. — Imp. Levé. 1, rue de la Bertauche. 30° ANNÉE Nr4S 1 15 JUILLET 1919 Revue générale des Sciences ES pures et appliquées FonparTeur : LOUIS OLIVIER Directeur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et l# Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | | $ 1. — Distinctions scientifiques Elections à l'Académie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 23 juin, l’Académie a . procédé à l'élection d’un membre titulaire dans sa Sec- _ tion de Médecine et Chirurgie, en remplacement de M. Dastre, décédé. La Section avait présenté la liste suivante de candidats : 1° M. F. Widal ; 2° M. A. Chauf- fard; 3° M. H. Vincent. Au second tour de scrutin, .. M. Widala été élu par 33 suffrages contre 25 à M. Vincent. M. F. Widal est professeur de Clinique médicale à la . Faculté de Médecine de Paris et membre de l’Académie _ de Médecine. Sa découverte capitale est celle du séro- » diagnostic, appliqué d’abord à la fièvre typhoïde et généralisé depuis à bien d’autres maladies. Dans sa séance du 30 juin, l’Académie avait à élire un membre dans la Section d'Astronomie, à la place vacante par le décès de Ch. Wolf. La Section avait pré- senté la liste suivante de candidats : 1° M. H. Andoyer; 2° MM: Em. Belot, F. Boquet, Ch. Nordmann, Alf. Perot et M. Simonin.Au 1°" tour de serutin, M. Andoyer a été élu par 32 suffrages contre 20 à M. Perot et 1 à M. Belot. s Le nouvel académicien est professeur d’Astronomie à la Sorbonne et membre du Bureau des Longitudes. Il est l’auteur de travaux de Mécanique céleste, en parti- culier sur la théorie des orbites et sur celle de la Lune. Il a, d'autre part, calculé entièrement et publié des täbles des logarithmes et des valeurs naturelles des lignes trigonométriques avec 14 à 20 décimales, qui sont d’une valeur inestimable, Dans sa séance du 16 juin, l'Académie avait eu, d’au- tre part, à élire un Correspondant pour la Section de Physique générale, en remplacement de M. G. Gouy, élu membre non résidant. Au premier tour de scrutin, M. E. Mathias a été élu par 41 suffrages, contre 5 à M. P. Weiss et 2 à M. H. Bénard. M. Mathias, qui est professeur à la Faculté desSciences de Clermont-Ferrand et directeur de l'Observatoire du Puy-de-Dôme, est l’auteur de travaux classiques sur les gaz liquéfiés et la loi des états correspondants et de recherches sur le magnétisme terrestre en France. | | RÉVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES $2. — Physique Méthode oscillante pour mesurer les di- mensions des particules ultramicroscopi- ques. — Trois méthodes principales ont été utilisées pour mesurer la grosseur des particules ultramicro- scopiques : La première consiste à mesurer la vitesse de chute sous l’action de la pesanteur. Cette méthode est insuf- fisante pour les particules dont le diamètre est infé- rieur à :0—4 em., les courants de convection produisant des vitesses bien supérieures à celle de la chute propre- ment dite; de plus, la méthode se complique par suite de notre ignorance de la densité réelle des particules. La seconde méthode repose sur l'emploi de l’équation d’Einstein ! relative audéplacement d’une particule pro- duit par le mouvement brownien. Ici encore, il faut éliminer l'effet de la convection qui, pour les petites particules, est généralement supérieur au déplacement brownien lui-même. On évalue le déplacement moyen avec une chambre claire, et les temps avec un compteur à secondes. Pour que le résultat obtenu ait une signi- fication, il faut opérer sur un grand nombre de dépla- cements, ce qui rend la méthode longue et laborieuse. En outre, la particule repérée est assez vite entrainée hors du champ par diffusion et il faut choisir une nou- velle particule. Le déplacement peut être enregistré photographiquement, comme l'a indiqué de Broglie?; mais il y a une incertitude relativement au temps, puis- que la particule peut venir dans le champ ou en sortir durant la pose. Dans la troisième méthode, on mesure la vitesse des particules dans un champ électrique. La méthode ne convient évidemment que pour les particules électri- sées, mais ceci ne limite pas son application puisque, dans toutes les suspensions étudiées, un certain nombre au moins des particules sont électrisées. La charge de la particule peut être supposée égale à un électron, le 1. À. Einstein : Ann. der Physik, 1905, t. XVII, p. 549; 1906, t. XIX, p. 289. 2. M.nE Brocuie: Le Radium, 1909, t. VI, p. 203. / CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE nombre des particules qui portent deux électrons élant négligeable Toutes les méthodes précédentes reposent sur l’em- ploi de la loi de Stokes qui exprime la résistance op- posée par l'air au mouvement d’une sphère. La loia été l’objet d’un grand nombre de recherches, et on sait qu'elle devient en défaut, dans l'air, pour les particules de dimensions inférieures à 10—4 cm. Ces particules subissent une résistance inférieure à celle que prévoit la loi de Stokes, par suite de La structure discrète du mi- lieu. Gunningham! a établi, d’après la théorie cinéti- que, la formule de correction suivante : “(1 up 7) où v, désigne la vitesse fournie par la loi de Stokes, y la vitesse corrigée, d le diamètre de la particule, / le libre parcours moyen du gaz et À une constante. Le libre parcours moyen est inversement proportionnel à la pression. Le tableau I donne les diamètres des parti- cules calculés à partir des vitesses observées: 1°au moyen de la loi de Stokes, 2° par la formule corrigée de Cun- ningham en utilisant les données de Millikan sur les gouttes d'huile : Tableau I. — DIAMÈTRE DES PARTIGULES AU d’après la formule d'après la loi de Stokes de Cunningham y 1.10—4 cny 1,14.10—4 1.10—5 2,97. 10—9 1.10—6 LÉ TS Toe 1,107 DEN MALO 7 MM, Wells et Gerke? ont proposé récemment une technique intéwessante, qui est une modification de la troisième méthode. Un dispositif simple permet de me- surer la vitesse d’une particule électrisée dans un champ électrique, En inversant la direction du champ au moyen d’un commutateur tournant, on fait décrire un certain nombre de fois à la particule une trajectoire définie. La convection due à la source lumineuse est per- pendiculaire à ce mouvement, ce qui entraine la produt- tion d’une trajectoire en zig-zag. L’amplitude de l’oscilla- tion mesure d'une manière précise la distance parcourue par la particule sous l'influence du champ électrique pendant un intérvalle de temps déterminé et de faible durée. On fait varier l'intervalle de temps et le champ électrique de manière à obtenir les meilleurs résultats. La vitesse du commutateur tournant et le champ élec- ‘trique pouvant être mesurés avec précision, on a ainsi une détermination précise des dimensions de la parti- cule,. D'après la loi de Stokes, si l’on désigne par X l’in- tensité du champ électrique, par e la charge de la par- ticule supposée sphérique, par d son diamètre, par w sa vitesse, par » le coeflicient de viscosité du milieu, le mouvement de la particule dans le champ électrique obéiLl à la relation : Xe — 3nnvd. Si l’on exprime X en volts par cm.el qu'on prenne comme charge électronique e— 1,59. 10—20, le diamètre d en centimètres est donné par la formule: X (Me Dan o Le champ est mesuré au moyen vitesse se calcule en faisant le produit de l'amplitude de l’oscillation par la fréquence du renversement du champ, On mesure directement l'amplitude de l'oscilla- lion sur des photographies obtenues avec un micro- scope de faible puissance; la fréquence d'inversion du 1. E. Cunnincnam!: Proc. Roy.'Soc., A, 1910, t. LXXXIN, p: 357. + 2. P. V. Weiss et R. If. Genke : Journ. of American Chem, Soc, t. XLI, p. 412-329; mars 1919. d'un voltmètre et la champ s'obtient en mesurant la vitesse de rotation du commutlaleur au noyen d’un compteur. Il convient d'augmenter le champ et de diminuer la vitesse de la commutation à mesure qu’on opère sur des particules plus grosses. La précision de la méthode, discutée en détail dans le mémoire des auteurs, semble intéressante. Avec de la fumée de tabae, différentes intensités du champ four- nissent les résultats suivants : Purée d’une demi-oscillation 0,23 sec, 0,29 Champ Diamètre moyen des particules 259 v : cm. 1,0, 10e cm. 550 o e Un autre échantillon de fumée de tabac, pour lequel , : on à laissé le champ sensiblement invariable, et fait varier la durée d’oscillation, a donné : Durée : i d'une Diamètre moyen demi- Champ Vitesse des particules oscillation Û se 0,25 sec. 587v:cem. 1,97.10—?cm.: sec, 2,96.10- cm. 0,25 290 2,07 2,05 A L f D 0,545 287 2,03 2,70 rc ER 0,545 585 1,87 2,80 YA L'écart maximum entre ces quatre déterminations est 5,4 0/0- d “ AXE: $ 3. — Electricité industrielle É Effets inductifs des courants électriques de traction sur les circuits téléphoniques et : télégraphiques. — On sait qu’une des sources prin- cipales des perturbations dont souffre le service des lignes téléphoniques et télégraphiques réside dans lin= fluence qu'exercent sur ces lignes les courants alterna- üifs de traction. Cette question a été l’objet dé nom- breuses recherches de la part des techniciens français. Nous nous proposons de résumer ici brièvemgnt la lon- gue étude quelui a consacrée récemmerit, èn Amé-, rique, M. H.S. Warren!, : Dans les ondescomplexes de courant qui constituent : ies émissions téléphoniques et télégraphiques, les élé- ments les plus importants ont, pour les courants télé-. graphiques, des fréquences inférieures à 300 pér.: sec... et, pour les courants téléphoniques, des fréquences variant de 200 à plus de 4.000 pér.: sec. Les courantsal- ternatifs de traction ont une fréquence au plus égale à |! 60 pér. : sec., qui n’est même parfois que de 25 pér.: sec. Ils ne produiraient done pas de perturbations s'ils formaient un système parfaitement équilibré etsil’onde principale n'était pas accompagnée d’harmôniques su- périeurs. Ces perturbations seraient négligeables si les distances élaient assez grandes entre les éléments des À deux réseaux, et si les zones dans lesquelles s'exerce ; l'induction mutuelle étaient assez étroitementlimitées,, Il n’en est pas généralement ainsi, et les perturba- | É tions dépendent de nombreux facteurs : longueur des zones d'influence; écarts entre les réseaux considérés; 1! configuration des lignes de transport d'énergie; inten- 4 sité, fréquence et tension de l'onde fondamentale d'é- D nergie el de l'onde duréseau télégraphique; importance. des courants du réseau qui ne sont pas équilibrés; sen- ÿ sibililé des appareils récepteurs de télégraphie et de téléphonie, ete. F: Les conséquences les plus importantes de ces éllels : inductifs sont faciles à deviner : perturbations dans M le service léléphoniqne ou télégraphique (arrêt du service, mise en action dés sonneries, « friture », brouil- lage des signaux télégraphiques); dé térioration des ap- pareils et dangers d'incendie; dangers d'accidents pour le LPO TRES 4 A ——————————————————— . Procecdings of the American Institute of Electrical Engi-\ néers, uoût 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 395 Il suflit d’ailleurs d’une minime quantité d'énergie pour influencer les récepteurs téléphoniques ou télégra- phiques : le téléphone donne une audition suflisamment } claire avec un petit nombre de microwatts; à la fré- quence de 29 pér. : sec. un courant induit de 1 ma, est susceptible de troubler, dans certaines conditions, la transmission des signaux Morse, et & fortiori le + fonctionnement des récepteurs rapides, des télégraphes _ _imprimeurs, etc. s M. Warren indique l’ordre de grandeur des tensions … qui peuvent se développer dans les lignes télégraphi- ques ou téléphoniques, du fait des réseaux voisins par- courus par des courants de traction. Ainsi, à 1 m. de distance, une ligne de trolley parallèle à une ligne té- léphonique sur une longueur de 16 km, serait Suscepti- * ble de développer dans cette ligne une tension de 1 volt par ampère de courant dans la ligne de traction : done 100 v. si le fil de trolley transporte 100 a., 1.000 v. s’il . transporte 4.000 a., ete. Des risques d’incendie appa- raissent dès que les tensions induites atteignent 200 x. É De nombreux procédés ont été proposés pour atté- nuer ces perturbations. . En ce qui concerne les lignes télégraphiques ou télé- phoniques, on peut : 1° mettre une distance raisonnable entre les réseaux des deux circuits, ce qui est un ex- cellent moyen préventif; 2° neutraliser la plus grande part (90 à 95 °/,)des tensions induites à l’aide des « trans- formateurs de neutralisation » (Thomas Shaw); en réalité ces appareils laissent subsister les perturbations dues . aux harmoniques supérieurs et s'appliquent diflicile- ment aux réseaux téléphoniques; 3° plus particulière- ment sur les lignes télégraphiques, interposer ce qu’on appelle les « bobines de drainage », qu'on branche en dérivation sur la ligne et dont on met le centre à la terre; ces bobines abaissent d'ailleurs le rendement des lignes téléphoniques et c’est plutôt pour les lignes pri- - vées que pour les réseaux assurant un service public … qu'on peuten recommander l'adoption; elles ne con- viennent pas aux lignes télégraphiques; 4° sectionner les lignes téléphoniques et interposer en un ou plu- sieurs points des appareils répétiteurs; ce système convient encore assez mal pour les réseaux téléphoni- ques et est plutôt applicable aux lignes rurales ou aux réseaux privés; 2° utiliser un conducteur de cuivre . comme écran au voisinage des lignes téléphoniques ou - télégraphiques; cette méthode, qui n’a pas fait ses preu- ves, est à mettre au point ;,6 employer des circuits * auxiliaires, avec bobine inductrice et capacité, réglés - à la résonance pour les courants perturbateurs, Ce sys- _tème peut donner de bons résultats dans les transmis- . sions télégraphiques peu rapides; mais pour les vitesses de transmission plus élevées il devient impossible de sé- - parer les signaux à recevoir des courants perturbateurs, à supposer, comme c’est le cas, que les signaux à rece- … xoir se traduisent à l'enregistrement par un nombre de “ 20 à 25 traits par seconde, ce qui est dans les limites . de rendement des bons appareils télégraphiques mo- _dernes. Cette méthode est inapplicable à la téléphonie, les harmoniques qui causent la « friture » ayant des fréquences du mêmeordre que les fréquences suscepti- - bles de donner lieu à une bonne réception dela voix au téléphone; 7° isoler aussi parfaitement que possible les circuitstéléphoniques!, employer des relais quand les lignes sont) soumises à des perturbations de nature à méttre en action les sonneries, et modilier les sonneries de manière qu’elles présentent une sensibilité moindre à l’action des courants perturbateurs. Ces derniers . moyens sont d'action très limitée et- ne doivent être considérés que comme d’utiles précautions, . Indiquons maintenant les procédés que peuvent mettre en œuvre les exploitants du réseau de traction . perturbateur : 12 Un procédéradical consiste à renoncer _ au retour du courant par la terre et à employer un . double circuit métallique (aller et retour}, isolé du sol; … la méthode est coûteuse, maisson adoption peut rendre - Superflus l'emploi de moyens parfois plus coûteux : 2° On doit recommander la multiplication des points d ee d'alimentation, ce qui est encore une obligation coù- teuse, mais souvent intéressante et, autant que possible, alimenter, symétriquement la ligne, dans les deux sens autour de chaque point; 3° Le sectionnement de la ligne . de trolley est aussi à recommander au point de vue de la réduction et de la localisation des effets perturba- teurs, mais il présente l'inconvénient d'imposer l’in- stallation de nombreux transformateurs ; 4° Lorsque le réseau de traction comporte deux voies parallèles, on pourrait alimenter les deux voies par des lignes de trolley reliées aux pôles opposés de l’usine, la voie étant le neutre du système et ne transportant que la diffé- rence des intensités des deux lignes; cette méthode complique l'établissement des lignes, surtout aux croi- sements; 5° Pour réduire les courants vagabonds prove- nant des lignes de traction électrique, le « New-York, New-Hartford and New-Haven Railroad » utilise des auto-transformateurs alimentant le système et en assu- rant l'équilibre ; 6° Des transformateurs-survolteurs pla- cés à intervalles convenables le long de la ligne per- mettent de résoudre le même problème. Leur enroule- ment primaire est en série sur la ligne de trolley, et leur enroulement secondaire en série avec le rail de retour du courant. Leur courant égalise localement les circuits d'aller et de retour; et elle est plus parfaite encore si on leur adjoint un distributeur ou feeder relié électriquement aux rails à intervalles rapprochés. $ 4. — Chimie La formation de l'acide graphitique et la nature du graphite. — Il y a quelques années, De- bye etScherrer, en examinant le diamant, le graphite et le carbone amorphe au moyen des rayons X, sont arrivés à la conclusion qu'il n'existe que deux modifi- cations allotropiques du carbone: le diamant incolore et le carbone noir. Cependant, la vieille hypothèse des trois modifications du carbone conserve encore des adhé- rents, malgré la difficulté de tracer une ligne de démar- tation définie entre le graphite et le carbone amorphe (noir de fumée). On sait, en effet, que le graphite a des propriétés très variables suivant son origine ou son mode de préparation: sa densité peut varier de 1,8 à 2,35, sa dureté de 0,5 à 2. MM. V. Kohlschütter et P. Haenni, de l’Université de Berne, ontrepris l’étude de cette question, en seplaçant au point de vue de la formation de l'acide graphitiquet,. Onsait qu’en chauffant le graphite — mais non lecarbone amorphe — avec des oxydants énergiques: chlorate de potassium et acide sulfurique (auxquels Kohlschütter ajoute de l’acide nitrique), il est converti en un oxyde ou un acide graphitique solide, lepremier vert, le second jaune (parfois brun ou noirâtre); les différents graphites donnent l’un ou l’autre de ces composés et ont été clas- sés d'après ce caractère. Or Kohlschüter et Haenni trouvent que la couleur dépend des conditions de la réaction et non de l'origine du graphite, et que l'acide graphitique ne forme pas de cristaux, mais simplement des pseudomorphoses rem- plissant plus ou moins l’espace occupé primitivement par le graphite. La composition des acides graphitiques varie; ils renferment environ 2 °/, d'H, 39 à 44 °/, d'O, le reste de carbone et d'humidité, Chauffé ou traité par des agents réducteurs, l'acide graphitique perd CO, CO? et de l'eau et se transforme en carbone avec plus ou moins de violence ; le produit final contient g9,7 °/ de C et est analogue à du noir de fumée, mais il devient graphitique par compression. En décomposant l'acide graphitique par l'acide sulfurique à 1709 C., il se forme une substance intermédiaire, entre le noir de fumée et le graphite, De leurs recherches, les auteurs concluent que le gra- phite se forme principalement par des« réactions topo- chimiques », c'est-à-dire des réactions localisées ayant CV, pp: 35-68 et 121-144; 1. Zeitsch. [.-anorg. dée. 1918-janv. 1919. Cliem., t. 396 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE lieu dans un espace limité. Ce sont surtout des réactions: de surface (ainsi la décomposition de l’acétylène), des réactions ;1 situ(décomposition d’uncarbure,commedans le procédé Acheson), ou des réactions de couclie super- ficielle (décomposition du sulfure de carbone). Dans la Nature, le graphite est probablement produit principa- lement par la métamorphose de composés carbonés organiques en contact avec des roches ignées ou par la décomposition de l’oxyde de carbone dans des fissures. Le graphite lui-même n'est pas cristallisé, mais forme des pseudomorphoses comme l'acide graphitique, et les différences entre le graphite et le carbone amorphe sont essentiellement de nature physique et structurale. Cela explique les différences de chaleur spécifique et de densité des deux variétés, qui ont été regardées comme des preuves de leur allotropie. La production de la glycérine aux dépens des mélasses. — LH y a plus de6o ans, Pasteur a montré que la glycérine, ainsi que l’acide succinique, est un produit invariable de la fermentation alcoolique des sucres. Mais, malgré de nombreux essais, ce n’est jamais qu’en très petites quantités qu’on a obtenu la gly- cérine par ce moyen. Les nécessités dela guerre ontremis cettequestion sur le tapis, et l’on a annoncé en 1917 que les Allemands étaient parvenus à fabriquer de grandes quantités de glycérine par un procédé de fermentation. Du côté des Alliés, des recherches ont été entreprises dans la même voie, et couronnées de succèsau Laboratoire du Bureau des Revenus intérieurs de Washington, où MM. J.R. Eoff, W. V. Linder et G. F. Beyer ont mis au point une méthode commerciale de préparation dela glycérine aux dépens du sucre!. Après de nombreuses tentatives avec des cultures pures de levures diverses, ils ont finalement choisi le Saccharomyces ellipsoideus (var. Steinberg). Celui-ci doit agir sur le sucre dans des solutions contenant 5 °/, de carbonate de sodium, qu'on commence à ajouter au mo- ment où la fermentation part,et progressivement ensuite. Une proportion plus faible d'alcali diminue lerendement en glycérine;une plus forte proportion arrête la fermenta- tion. La température la plus favorable est de 30-32° C. el la concentration optimum de 17,5 à 20 gr. de sucre par 100 em%. Quand la fermentation a été conduite sur ces bases et qu’elle est terminée, 20 à 25 c/ du sucre ont été transformés en glycérine, le reste en alcool et CO?. Ce qui fait le grand intérêt de ce procédé, c’est qu’il est applicable non seulement aux solutions de sucre pures, mais aussi aux mélasses, résidus de la fabrication du sucre commercial qui contiennent encore une quan- tité importante de sucre, En opérant sur des mélasses noires de Porto-Rico, les auteurs ont obtenu un liquide de fermentation renfermant en volume : 3,1 °/, de glycé- rine, 6,75 °/o d'alcool et 0,86 /, de sucre restant (appa- rent). De ce liquide, on peut retirer, par des moyens assez simples, d’une part l'alcool, d'autre part une bonne partie de la glycérine, qui a servi à la fabrication de nitroglycérine, Comme les mélasses sont des déchets qui, en Australie et en Océanie, sont évacués directement à la mer, la méthode ci-dessus pourra leur être appliquée avec profit, Mais elle rendra également des services ailleurs. $ Une nouvelle conception du strabisme et le traitement qui en dérive. — La déviation de lun des deux yeux estun symptôme si caractéristique du strabisme qu'on l’a identifiée avec le strabisme lui- même, Pourtant elle n’est qu'un symptôme secondaire qui peut disparaitre sans que l'affection soit modifiée. Les causes du strabisme siègent ailleurs que dans l’ap- pareil oculaire proprement dit ;elles sont d'origine céré- brale, comme l'ont établi Javal et Parinaud. 5. — Physiologie 1. Journ, of the Soc, of chem. Ind.,t. XXXVIII, n° 10,p. 175 R ; 31 mai 1919. - ture l’œil fixateur). L'ocelusion successive de l’un, puis Le strabisme, d'après Parinaud, est un trouble de la convergence, empêchant leslignes visuelles de se réunir sur l’objet fixé. 1l en résulte que lecerveau fait abstrac tion, ou neutralisation, de l’image fournie par l'œil dé- vié, Cette neutralisation a été notée par Javal, et plus récemment par Rémy. Mais, tandis que ceux-ci font de l’abstraction cérébrale une conséquence de la déviation strabique, — le cerveau du sujet neutralisant l’image dé- viée pour éviter la diplopie,— le Dr Ch. Sauvineau,dans | une récente communication à l’Académie de Médecine!, fait de cette abstraction cérébrale, constante, la cause première, préexistante, probablement d’origine hérédi- taire, du strabisme, 1 La tendance au fusionnement cérébral des images vi- suelles des deux yeux, si forte chez les sujets normaux, est nulle ou faible chez les sujets strabiques. Lorsque cette disposition existe, le moinde obstacle à la vision binoculaire, une taie, une amétropie, sufliront pour provoquer le strabisme,Lorsqu’elle manque, au contraire, les causes optiques les plus gènantes sont impuissantes à le produire. En résumé, tout strabisme vrai équivaut à une vision cérébrale monolatérale. Si. cette conception est exacte, le traitement rationnel du strabisme doit consister, non pas à redresser les | yeux, mais à rétablir la vision binoculaire cérébrale. Le redressement de l'œil dévié viendra par surcroît, et toute rechute sera devenue impossible. Dans ce but, deux modifications doivent être successivementréa= | lisées : | 1° Transformer la vision monolatérale en vision si- | multanée, c’est-à-dire éduquer les centres nerveux visuels à percevoir simultanément les images fournies par les deux yeux, et donc, puisqu’un œil est dévié, produirela diplopie. Pour ce faire, M. Sauvineau se sert de deux verres de couleur complémentaire, l’un vert, placé devant l'œil fixateur, l’autre rouge, placé devant l’œil dévié, et met- tant le malade devant un point lumineux (écran perforé devant une bougie), il lui fait constater que la flamme rouge n'est pas perçue par lui (à moins que l’on n'ob- ie diese. de l’autre œil, amène plus ou moins rapidement le ma- lade à percevoir simultanément les deuximages, c’est-à- dire que le sujet, qui ne voyait qu'une flamme verte, arrive à voir simultanément une seconde flamme, rouge, plus ou moins éloignée, 20 Reste à transformerla vision simultanée en vision binoculaire, c'est-à-dire à provoquer le fusionnement cérébral des deux images verte et rouge en une seule image de couleur mixte, aisément reconnaissable (qui serait franchement blanche s'il était possible d’avoir des verres de couleursrigoureusement complémentaires : vert et rouge-violet). Pour ce faire, le malade estinvité, en se guidant sur les points lumineux vert et rouge, à relâcher ou à con- tracter sa convergence, suivant le cas. Si le strabisme est faible, le sujet parvient vite au fusionnement. L’ex- périence clinique a montré à l’auteur que mêmede forts strabismes de 30 à 4o° peuvent être guéris par ce procédé et en moins de trois mois. Toutefois, dans ces strabis- mes forts, où les deux images colorées sont assez dis- tantes l’une de l’autre, il est préférable de graduer les efforts du sujet, à l'aide de verres prismatiques. Avec un prisme convenablement placé, les deux images verte et rouge sont rapprochées l’une de l’autre jusqu’à une distance de quelques centimètres. Le malade fusionne alors aisément, Puis la force du prisme est diminuée progressivement, jusqu’à ce que le fusionnement s’ac- complisse sans le secours des verres prismatiques, et qu’ainsi la vision binoculaire soit rétablie,. D'après M. Sauvineau, la guérison s'obtient dans tous les cas en un délai de quelques semaines à quelques mois au plus. TO NN TU ZONES 8 VIS OS + NU PURE PRIRENT ee PNE SEA Ne Print. 1. Bull. de l'Acad. de Médecine, t. LXXXI, n° 23, p. 789; 10 juin 1919. 1, dre Ar | TN AE ti NE D: Louis LEGRAND. — UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE NOUVELLE 397 UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE NOUVELLE DE LA CELLULE Une étude parue ici même il y a deux ans ! a présenté une explication nouvelle de l’Hérédité " basée sur une constitution hypothétique de * l'œuffécondéetsurle jeu réciproque de certaines substances ou plasmas formatifs; et bien que ces plasmas ne soient exactement identifiables ni + aux corps chimiques que l’analyse sait peser et + nommer et que la synthèse peut souvent repro- duire, — ni aux détails microscopiques que l’his- \ tologiste coupe, fixe et colore, — il avait paru nécessaire d'accepter provisoirement leur inter- vention jusqu'à ce qu'un autre -article plus récent ? eût été consacré à la démonstration de leur réalité matérielle. Il nous rèste à présent à exploiter à nouveau Ja valeur explicative de ces plasmas si l'on a réussi à écarter l’objection qu'il ne s'agirait que de simples vues de l'esprit ou d'une résurrec- tion, sous un autre nom, des « particules repré- sentatives » imaginées par la plupartdes savants qui ont abordé le problème; il nous reste à les montrer en action, non plus seulement dans l'œuf, mais à travers tout organisme vivant dont ils paraissent les constituants indispensables et universels. On se rappelle que c’est la nécessité de trou- . verun support matériel aux divers types de « caractères » descriptifs des êtres vivants qui a paru légitimer une conception nouvelle des « plasmas » biologiques : le même animal, vu par le biologiste ou vu par l’histologiste ou le chimiste, fournit deux groupes d'images, tous deux exacts, mais qui ne se décalquent pas l’un _ sur l’autre. Pourquoi ? C’est que ceux-ci voient, . séparent, manipulent, pèsent, découpent des substances concrètes, alors que le classificateur, le zoologiste, le botaniste raisonnent sur des abstractions qui sont les caractères ; et ceux-ci _ ne correspondent avec précision à rien de ce que les deux sciences ci-dessus nommées étu- dient spécialement : le décalque ne peut se faire actuellement sur l’existence de tel principe chi- mique dans les tissus, par exemple l'hémoglo- bine, et sur la présence d'un dispositif anatomi- que, tel que la double circulation ; ou encore sur l'absence de cils vibratiles ou d’épithéliums stratifiés et la constitution du type arthropode. Néanmoins, il n'est pas défendu de croire que cetajustement pourrase réaliser quelque jour par J 1. Rev. gén. des Sc., 30 juin et 15 juillet 1917. 2. Ibid., 15 juin 1918. un moyen détourné, de même qu’un problème mathématique se résout aisément par l'Algébre alors qu’il résiste aux procédés ordinaires de l’Arithmétique. Il s’agit donc de serrer de près, de repousser progressivement vers du concretet du matériel, de dissocier et de pulvériser tout ce qui est «caractère ». Mais où allons-nous arrêter, jus- qu’où allons-nous limiter cet émiettement, cette pulvérisation des « caractères » ? On sait que dans tout organisme les carac- tères sont mélangés, inbriqués, entrelacés; or, cette disposition subsiste dans les diverses par- ties de cet organisme : un pouce d’Homme est de suite reconnu comme-pouce d'homme et non d'Anthropoïde, à sa forme, à sa grandeur, à celle de l’ongle et des phalanges, à la saillie de l’émi- nence thénar (caractères fixés ou d’espèce! ; comme un pouce de blanc, de nègre, d'homme de couleur (caractère de race, non fixé) ; comme un pouce d’une lignée de manouvriers ou d’une lignée d'oisifs manuellement (caractères atavi- ques, non fixés); ce pouce est glabre ou porteur de poils, sa pigmentation est accentuée ou nulle ; sa pulpe offre un type de dessins des pa- pilles dermiques qu’on sait être familial {carac- tères parentaux, non fixés); et tous les caractères ci-dessus sont transmis ou transmissibles. Mais ce pouce, qui est d’un homme qui a vécu et travaillé, est barré sur sa pulpe de cicatrices visibles ou non; un panaris a peut-être jadis déformé son ongle ; il présente peut-être quelque verrue ou des papillomes aux angles matriciels ; il est pigmenté par la fumée du cigare ou pourvu d’une callosité professionnelle; et, si on agrandit le dessin de ses papilles dermiques, on se con- vaine qu'il est caractéristique de l’Individu à ce point qu'il n'y a pas une chance sur trente mil- liards qu'un autre pouce, dans toute l'Humanité vivante, en offre d’identiques et d’identiquement disposées (Bertillon); et tous ces caractères qui sont individuels, — c’est-à-dire non transmis- sibles ou exceptionnellement transmissibles, — sont pourtant étroitement mélangés aux pré- cédents : c'est donc qu'ils le sont encore dans chacun des tissus qui composent ce pouce, dans son épiderme, son derme, sa matrice unguéale, son tissu cellulaire, ses muscles, ses phalanges:; c'est donc qu'ils le sont encore dans chacune des cellules qui composent ces tissus-là : et c’est là que nous devons nous arrêter, à cet élément pri- mordial et universel de tous les organismes 398 Dr Louis LEGRAND, — UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE vivants qui est la cellule, et y retrouver nos plasmas formatifs. Mais avant de considérer la cellule comme l'élément biologique ultime des organismes, ce quiest la partie nouvelle du sujet et l’objet de la démonstration, il convient de se représenter avec précision l’idée qu'on doit s’en faire d’après les acquisitions de lascience actuelle. Nous allons donc interroger les Morpholo- gistes, les Chimistes, les Physiciens; nous allons colliger leurs réponses et les colliger dans la mesure où elles peuvent nous éclairer sur la constitution probable de la cellule. K'% — Supposons un observateur placé sur un Astre voisin et muni d'instruments d’optique lui per- mettant de se rendre compte de ce qui se passe à la surface de la Terre; avec cette complica- tion, toutefois, que de son appareil, pourrendre l'observation possible, partirait une émanation qui tuerait, à leur place et à toutes les phases de leur existénce, les habitants de notre planète : si, avec les données résultant de cette vision catastrophique, l’observateur planétaire tentait une synthèse des mœurs et coutumes de l'Espèce humaine, combien parmi nos actions seraient correctement interprétées ? Telle est la situation de l’histologiste vis-à-vis des tissus qu'il doit couper et colorer afin d'obtenir des figures qu’il puisse non seulement décrire, mais expliquer. L'observateur planétaire verrait, comme l’histo- logiste, des accumulations de cadavres de volume inégal, diversement vêtus, surpris également dans des gestes, positions et locaux différents; mais quelles ne seraient pas les chances d’er- reur si, pourvu d’un esprit comme le nôtre, il tentait de reconstituer la vie journalière, le mé- tier, l’utilité sociale, la parenté, la filiation, le mode de nourriture, la durée d’existence nor- male de chacun de ces hommes, ainsi que l’his- tologiste peut s'y employer vis-à-vis de toute cellule qui vient s'offrir dans le champ de son, microscope ! Aussi paraît-il tentant, si ce n’était superflu, après Magendie, après C1. Bernard, après Ch. Ri- chet et tant d’autres, d'écrire un chapitre limi- naire sur la « vanité de la morphologie » — au point de vue explicatif : les exemples sont nom- breux de l'incertitude où l’on reste de la significa- tion de substances figurées, parfois volumineu- ses, incluses dans Ja cellule. Un des plus démonstratifs résulte des expériences de Payne, de Gurwitch, de Morgan et Spooner, qui, en centrilugeant des œufs fécondés d'Arbacia, ont réussi à accumuler dans un des blastomères tout le pigment, dans l’autre toute l'huile, c’est-à- dire à dissocier les seuls éléments visibles — et ont obtenu néanmoins des plutei normaux; et à un stade plus avancé la gastrulation et la diffé- renciation se poursuivent, même après centri- fugation des micromères, sans égards pour la distribution des éléments visibles!. Ces sub- stances formatives sont donc ici parmi les inwi- sibles. Nos directives ne sauraient être très différentes en ce qui concerne les cellules adul- tes, car si aucun détail structural n’a été expres- sément figuré pour faciliter notre compréhen- sion, aucun dispositif non plus n’est nulle part interposé afin d'égarer notre entendement. Au surplus, cette vanité de la documentation mor- phologique au point de vue qui nous occupe est relative et conditionnelle : nous avons réponse à quelques questions parmi tant d’autres qui restent insolubles. C’est la tâche du biologiste de sélectionner dans cette documentation ce qui est fécond et de négliger le reste. 1 Pour l’histologiste, la cellule moyenne, la cel- lule type, est une masse de substances inégale- ment colorables, de l’ordre du centième de milli- mètre, contiguës dans les tissus et d'aspect très différent suivant le tissu, suivant la fonction, suivant la différenciation, et probablement aussi suivant l’âge; le volume est constant dans chaque espèce pour un organe donné (Sachs). Les deux seules parties qui sont constantes dans toute cellule animale ou végétale, c’est d’abord la masse enveloppante extérieure, hya- line ou finement ponctuée dansles tissus jeunes; et à l’intérieur de celle-ci, et d'ordinaire exacte- ment au centre géométrique de l’ensemble de l'élément (Gerassimoff), une masse plus petite, très colorable, constituée d’un filament pelotonné sur lui-même : c'est le noyau; cette dualité cytoplasme-noyau, que Sachs a nommée « éner- gide », est l'élément véritable de l'être vivant (Bonnier). On peut y ajouter, dans les cellules végétales, ét un certain nombre de cellules de tissus animaux, une membrane, ou plutôtenve- loppe, qui fait d’ailleurs partie intégrante de la cellule, ne peut s’en séparer à aucun moment et se divise avec le corps cellulaire (Hérouard). Telles sont les seules parties constantes de toute cellule et presque uniques dans la cellule jeune; tous les autres détails cytologiques : 1. L'œuf, et probablement toute cellule vivante, snpporte la centrifugation, mais non le broiïiement, c'est-à-dire que les molécules constituantes une fois violemment séparées sont incapables de se souder à nouveau : l'importance de la structure, bien qu'invisible, ressort ainsi des expériences de De Meyer, Loeb et Bancroît, qui n’ont obtenu aucun dévelop pement en mettant des spermatozoïdes au contrat d'extraits d'œufs broyés d'oursins ou d'oiseaux. | PER TS MT 7 Ce Ps LA nucléoles, centrosome, inclusions, vacuole, leu- cités, pigments, graisses, sont inconstants ; telles sont les seules partiés visibles sur certains tis- sus vivants, en dehors de toute fixation, de toute coloration. Il n'y à pas de cellule de Polyplastide sans noyau ; chez les Protozaires eux-mêmes, le noyau est constant; onconnait les deux types de noyaux des Infusoires et dans les types les plus infé- rieurs les granulations chromatiques diffuses sont une ébauche de substance nucléaire (Bütschli). Ji On n'a pas à s'arrêter à la constitution optique que certains réactifs déterminent dans le cyto- plasme, tantôt spongieux, tantôt rétieulaire, tan- tôt fibrillaire, car rien n’est généralisable et on entrerait dans le domaine des spécificités colo- rantes fonctionnelles; que le bleu de méthylène ait une électivité pour le tissu nerveux, le rouge neutre pour les granulations cellulaires, le rouge de pyrrol pour la cellule interstitielle du testi- cule, c'est seulement autant de présomptions de l'existence de substances propres à la fonction et à la différenciation cellulaire : nous les retrou-/ verons en temps voulu; mais, ici, nous devons rester dans le général et l'universel; et, à ce point de vue, tout l'intérêt se concentre sur les rap- ports des cellules entre elles et les rapports du cytoplasmelavec le noyau. Dans les tissus végétaux et la plupart des tissus animaux, les cellules paraissent assez isolées * les unes des autres; mais cette individualisation n’est pas universelle ; elle est souvent imparfaite et indécise, même dans les tissus aussi élevés et différenciés que le myocarde des Vertébrés ; par- fois les cellules s'unissent et perdent leurs limi- tes, par fusion cellulaire secondaire : villosités choriales des Mammifères, périblaste des germes embryonnaires des Vertébrés (His, Sachs), épi- thélium intestinal du Triton (Herlitzka); beau- coup d’animauxinférieurs, Siphonées, Myxospo- ridies, restent dans l’indivision plasmatique, for- mant ainsi des cellules géantes : le fait n'est pas rare chez les végétaux, au point que de Bary a pu écrire que c'est «la plante qui forme les cellules et non les cellules la plante ». Pour Prenant, « la séparation objective et matérielle des mem- branes cellulaires n’est pas le point essentiel: mais une complication. qui rend plus complète, mais ne crée pas l’individualité cellulaire ». L'existence de ces plasmodes et des commu- nications protoplasmiques a porté des histolo- gistes de la valeur de Külliker, Hansen, ou Sedgwick à douter de l'importance constitu- tive de la cellule visible, même dans les tissus - ordinaires, la véritable unité vivante étant repré- DE LA CELLULE 399 sentée par cette « énergide »que Sachs a définie « tout corps protoplasmique contenant un noyau et régi par lui ». Nous voyons ainsi, dans le monde vivant, la cellule bien limitée, à bords tranchés, qui est le type ordinaire, réaliser une forme de passage entre le type Protozoaire où les cellules, loin de s'associer, manifestent une sorte dé chimiotaxie négative, et ces singuliers plasmodes où chaque élément fusionne sa substance avec celle des voisins. Mais les noyaux, eux, ne fusionnent pas, Nous connaissons assez l'importance de cette partie centrale : les expériences de mérotomie, d’extrac- tion du noyau, tant surles Infusoires que sur les œufs (Balbiani, Verworn, Delage), sont tellement démonstratives qu'on peut se contenter de rap- peler leur résultat constant : la dégénérescence des deux éléments dès qu’ils sont séparés. D'où vient la substance formatrice du noyau ? Sa situation centrale porte déjà à penser qu’elle doit se séparer, se dissocier du cytoplasme à l’origine de la cellule; et ce n’est pas là seule- mentune vue de l'esprit, car Fauré-Frémiet a observé cette synthèse de la chromatine aux dépens du cytoplasme pendant la scissiparité de l'Infusoire Urostyla Grandis, comme Godlewski l’a notée sur des-épithéliums de Salamandre et de Triton et aussi sur l'embryon d'Oursin. D’au- tre part, il saute aux yeux que, pendant la crois-. sance d’un blastoderme d'œuf d'oiseau, dans chaque cellule nouvelle qui surgit est inclus un. appareil nucléaire complet, lequel n'a pu se cons- tituer (tout comme le cytoplasme ambiant) qu'aux dépens des substances albuminoïdes, jusque-là amorphes et limitées comme quantité, qui for-: ment la cicatricule; car iln'ÿa pas place ici pour le moindre apport exogène, mais seulement mise en œuvre, mise en place, de proche en proche, de substances jusqu'alors inorganisées, par ce mécanisme universel qui est la fragmentation en cellules d’une masse définie, jusqu'alors anhiste et sans structure perceptible. Et nous voici amené à mentionner cette crise unique de la vie cellulaire qui s'appelle la divi- sion cellulaire : il s’agit de la division indirecte ou mitose, l’autre mode, la division directe, étant décidément considéré eomme dégénératif par: la majorité des observateurs (von Rath, Ziegler, de Bruyne, Gross). On ne s'attend pas ici à lire une description détaillée de l'étrange et régu- lière succession des phases de cette opération biologique, qui est restée depuis sa découverte le spectacle le plus captivant de toute l’anatomie microscopique, et dont la généralité est absolue dans les tissus animaux et végétaux : partout le 400 dédoublement du peloton chromatique est suivi de sa segmentation en fragments dits chro- mosomes dont le nombre est fixe pour chaque “espèce ; et si la constance de ce nombre est, le plus souvent, un caractère spécifique, parfoïs seu- lement un caractère racial!, partout la segmen- tation longitudinale de ces bäâtonnets ou anses est suivie de leur écartement lelong desfilaments qui semblent tendus à cet effet; partout les ansesainsidisjointes'se déplacentensens inverse suivant la trajectoire directrice de deux petits organes inconstants ou peu visibles à l’état de repos, qui sont les centrosomes : comme si un doigt invisible, accrochant chaque anse par son milieu, l’entrainait le long d’un des filaments qui convergent vers l’aster; puis chaque groupe de ces bâtonnets qui, à travers la masse pâteuse des plasmas incolores du cytoplasme, ont glissé ‘ encouronne chacun sur sonfilament, reconstitue un peloton chromatique par recollement bout à bout des segments découpés; ceux-ci deviennent moins distincts, et la division de l’ensemble cellulaire s'achève par l'entraînement, vers cha- que noyau reconstitué, d’une masse correspon- dante de cytoplasme, de façon qu'à la place de la cellule primitive il s'en est produit deux nouvelles pourvues de leur noyau, qui vont aug- menter de volume à leur tour et, s’il s’agit d'un organisme en DANS rouvrir le cycle des divisions, Telest le mode AA de reproduction des cellules des tissus sains; mais on a décrit diverses irrégularités de ce processus dans les tissus pathologiques (mitoses tripolaires, multi- polaires). Le moment de la mitose est la phase la plus critique de la vie cellulaire; elle parait alors d'une vulnérabilité inusitée, comme le prouve l’action élective, au moment du déroulement du peloton chromatique, des rayons Becquerel (rayonnement 8 ety du chlorure de radium),dont l'émanation détermine à coup sûr tous les types des déviations mitotiques (fuseaux multipolaires, fragmentation du noyau, glissement asynchro- nique des anses chromatiques). La cause perceptible, la cause histologique de cette segmentation, admise aujourd’hui, est la rupture d’un certain équilibre que nombre d’his- tologistes ont étudié numériquement sous le 1. L'œuf d'Artemia Salina offre 42 chromosomes dans la variété de Cagliari et 168 dans la variété de Capo d'Istria; les Notonectes ont tantôt 12, tantôt 14 chromosomes (E, N Browne), les Banuniers tantôt 6, 8 ou 24 (Tischler). Et, comme le remarque Delage, le nombre dépend avant tout de la nature du cytoplasme, car on observe la persistance de ce nombre (18)chez des larves mérogoniques d'Oursins privées de pronucleus femelle, comme chez les lurves entières, Dr Louis LEGRAND. — UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE NOUVELLE dans les nom de «rapport nucléo-plasmique » : tissus en bonne voie de nutrition, chaque cellule accroit son cytoplasme d’une façon progressive etrégulière ; le noyau croît aussi, d’abord lente- ment, puis bientôt très rapidement, jusqu’à dou- bler son volume primitif (M. Popoif); alors l’élé- ment est prêt pour la cytodiérèse, et -c'est la cessation de ce rapport volumétrique constant pour une espèce cellulaire donnée qui précède la division et paraît la déterminer (R. Hertwig, H. Mareus, Popoff, Boveri). Telle est la vision la plus générale possible que l'histologiste peut nous offrir de la cellule vivante. # + *# Pour le chimiste, la cellule, avec son-noyau, sont des mélanges et des combinaisons plus ou moins stables et en proportion inconnue — même, disent certains, variable d’un instantà l’autre — de grosses et moyennes molécules dont les fragments sonttous connus et même le Br souvent reproduits par la synthèse. Que sont ces substances? Sont-elles com- munes aux deux parties de la cellule ou spé- ciales à l’une d’elles? Laissant de côté, comme n'ayant pas un degré d’universalité suffisant, les graisses et les hydrates de carbone libres, les sels non incorporés à la molécule, il reste avant tout, comme substance vivante fondamentale, les albumines. On sait depuis E. Ehrlich, Erlenmeyer, que les albumines se fragmentent d’abord en polypepti- des, lesquels se résolvent eux-mêmes en acides aminés, qui comptent pour 60 ou 70°}, dans la composition de l’albumine (Kossel); et c'est autour de ces acides aminés que se groupentdes noyaux aromatiques, des noyaux de la série grasse, et des noyaux hétérocycliques (pyrrol, indol, pyridine). Les acides aminés constituants primordiaux de la substance vivante, qui à cette heure ont tous été reproduits par synthèse, sont au nombre de dix-huit etse retrouvent, les uns rarement, les autres fréquemment, dans toutes les albumines animales ou végétales; ce sont ces mêmes corps qui, isolés ou reproduits synthétiquement, ont pu, en bouillon de culture, entretenir la vie d'organismes inférieurs de tout genre : Asper- gillus (Czapek), colibacille, pn'eumobacille, ba- cille pyocyanique, #. prodigiosus (Galimard), et permis à Abderhalden, par un mélange convena- ble, d'assurer la ration azotée d'entretien d’un chien pendant plusieurs mois. À titre de repère numérique, Hofmeister nous donne comme un type assez fréquemment c she D me. A. pe Sms à ns tt tes x }: réalisé une molécule albumineuse qui pèserait environ 15.000 et qui contiendrait par exemple 125 noyaux type tryptophane (poids mol. 204) ou leucine (p. m. 131) ou ornithine (p. m. 132), les uns uniques dans leur genre, les autres répétés plusieurs fois, jusqu’à 20 fois, avec une inépui- sable variété de combinaisons. Mais si la syn- thèse a obtenu des termes de plus en plus élevés et même une chaine aussi longue que l’octodéca- peptide (qui soude 15 mol. de glycocolle à 3 mol. de leucine [Fischer}), la nature est loin d’avoir réalisé toutes les combinaisons qui nous parais- sent possibles, pas plus qu’elle ne forme toutes les molécules des sucres que la théorie prévoit. On note pourtant des liaisons constantes de cer- taines molécules, par exemple guanidine et or- nithine quise rencontrent toujours ensemble et rappellent les corrélations de caractères si fré- quentes en biologie. En supposant, avec Maquenne, que chaque po- lypeptide renferme une centaine degroupements élémentaires ; que chacun de ces groupes, en pé- nétrant dans la molécule, entraine, comme chez les sucres, la formation de deux isomères stéréo- chimiques nouveaux, on trouve que le nombre total des corps possibles doit être écrit avec trente et un chiffres. quelque nombre telle- - mentélevé que chaque cellule vivante dans l'Uni- vers pourrait avoir son albumine spéciale. Il y a cépendant de fortes raisons de croire que les pep- tones naturelles sont des mélanges de moyenne complexité allant des tétra aux octopeptides seu- lement; au delà, on obtient des corps donnant les réactions des albumoses, si cette distinction à l’aide des réactifs n’était appelée à s’éclipser devant « l'importance du nombre, dela nature et du mode d'association de ces acides aminés » (Lambling). Enfin, lorsque les polypeptides arrivent à fixer ensemble une vingtaine de ces composés fonda- _ mentaux, Fischer admet qu'ontouche à la limite de leur capacité d'association et qu’on se trouve en présence de véritables albumines. Une . preuve indirecte, d'ordre physiologique, del’im- portance du mode d'association decesacides,nous est fournie par l'exemple du système «alanyl-gly- cine » qui subit le dédoublement par le suc pan- créatique, alors que le système inverse « glycyl- alanine » n'est pas dédoublé. L'organisme nous révèle ainsi de quels moyens imprévus il dis- pose pour conférer à des protéiques ou à leurs fragments une résistance spéciale (Lambling). On sait que les carbones des albumines offrent trois types de liaison, soit en chaîne ouverte avec 6 atomes de C au maximum, — soit en chaine fermée, avec 9 atomes de C au maximum REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES DE LA CELLULE 401 {ce sont les noyaux aromatiques sur lesquels, dans tout acide aminé, le groupe glycocolle ou un équivalent vient toujours s’insérer en posi- tion &), — soit enfin en chaine hétérocyclique, type tryptophane, avez onze atomes de C et liai- son azotée. Outre son glycogène d'infiltration, libre et mobile, chaque albumine renferme du glycogène de constitution qui reste fixé à la molé- cule : on n'y retrouve jamais toutefois les noyaux d'acides gras élevés, à 16 ou 18 C, qui jouent un si grand rôle dans les « échanges », résultats globaux des analyses physiologiques. Après les albumines, les substances lés plus répandues dans les plasmas cellulaires sont les nucléines, qui, en dépit de leur nom, ne sont pas spéciales au noyau, ni même éléments exclu- sifs de la chromatine : c’est un terme générique qui réunit toutes les substances à la fois protéi- ques et phosphorées de la cellule. Il s’agit de groupements d'acidesaminésordinaires auxquels se joignent des chainons d'acide phosphorique pour donner des produits du type caséine; si on yajoute des radicaux ferrugineux, on obtient les vitellines des œufs d'oiseaux et les ichtulines des œufs de poisson. Certains nucléoprotéides cependant sont plus particuliers aux noyaux et renferment en plus des bases puriques et pyri- midiques et des hydrates de carbone : ce sont les plus compliqués de tous les plasmas vivants et on les trouve aussi bien dans les levures, les bactéries, les champignons que dans les glandes de l'économie. — Une diastase naturelle, la nu- cléase, dégradant les nucléoprotéides, libère d'un côté une protéine (albumine, globuline, histone) et une nucléine, celle-ci, à son tour, se dissociant en un autre fragment protéinique et un acide nucléique. Cet acide nucléinique est le support le plus répandu du phosphore, dont il renferme 14 % (Kossel) ; et il vient s'associer aux protéiques non phosphorés étudiés plus haut pour former les plasmas fondamentaux du cytoplasme aussi bien que du noyau : seulement, dans les nucléoalbu- mines du cytoplasme, la proportion d’acide nu- eléique devient très faible et la teneur en P tombe à 1/2 ou 10/,. Ce même acide nucléique, abon- dant dans les spermatozoïdes des animaux, des Poissons particulièrement, se retrouve identique au moment de la germination dans le pollen, les ovules etles embryons des plantes (Osborne et Harris). Un dernier groupe des constituants cellu- laires comprend cette catégorie plutôt physique que chimique de corps qu'Overton a dénommés lipoides : substances à fonction colloïde, [ex- traordinairement hydrophiles, qui paraissent 402 prédominér däns la membrané où la cofticalité céllulairés: lés lécithines sont parmi les plus répandues, én combinaison plus où moins lâche avec les 4lbuimines chez les animaux; chez les Végélaux, lés lécithines paraissent toujours combinées à des sucres (glucose, galactose); dans les lipoïdes phoüsphorés, il existe unë relation érüissante de la proportion de P à Az, depuisles phospbhatidés vévétaux, comme la phytine, qui Sünt dépourvus d’'Az, jusqu'aux types où P—Az, jusqu'aux phosphatides de Thudichum où Azest double ou triple du phosphore. Cytopläsme ët noyau tirent doncleur matériel dés produits éi-déssus mentionnés; et si les ré- dctions microchimiquesattribuent à lasubstance chrüinatique uné plus forte proportion dé mé- läüx ou de métalloïdes (Fe, As, 1): élles ne mar- queñt pas, entré les deux substahces, de diffé- rénté qualitative décisive : ainsi il ést bien évident qué lé jéuné poulet fabrique de toutes pièces, aüx dépens de matériaux non puriques, lës purines de ses noyaux cellulaires; puisque t'est une véritable pénutié de mätières puriques Qui réssort de l'analyse globale de l’œuf d'oiseau; dé surté que « la multiplication nucléaire des histologistes peut être interprétée chimique- ent comme une synthèse purique » (L: C: Mail- lard): Mais la non-miscibilité des deux substances est néanmoins fondamentale : elle est d’abord d'ordre physique et tient peut-être à une diflé- rencé de densité, de condensation plasmatique, dé compacité moléculaire. Et le procédé élégant dé Miéscher et Hoppe-Seyler, qui consiste à faire une digestion ménagée des tissus dans le suc gastriqué pour dépouiller les noyaux du cyto- plasme ambiant, est moins révélateur d’un écart plasmatique qualitatif que de la progressivité de l'attaque des sucs digestifs; car, si les noyaux _ dénudés ne sont pas sensiblement attaqués au bout de24heures, ils dédoublentnéanmoinsleurs nucléoprotéides après une digestion prolongée; seul l'acide nucléique libéré reste inattaqué (Po- poff, Milrôy, Umber) dans la digestion gastri- que, et c’est la trypsine, qui, à l’étagé suivant, se charge de dissocier ses bases puriques. Lœw, puis Tehougaëf, ont insisté sur la pré- sence simultanée, comme caractère vital, du groupé aldéhyde et du groupe amide, système binaire d’une grande instabilité; et tout spécia- lement sensible aux poisons qui peuvent donner avec eux des combinaisons stables. On sait que les chimistes sont encore partagés sur la ques- tion de la labilité ou de la stabilité des albumi- nes vivantes: or, pourquoi ne seraient-elles pas les deux à la fois ? Parmi les plasmas cellulaires, | D: Louis LEGRAND. — UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE NOUVELLE une portion importante serait mobile et fluc- tuante et masquerait l'existence de la portion stable, loutes deux pouvant du reste présenter à peu près la mème constitution et offrirlés mêmes réäctions colorantes ou autres. Entre l’extrème fragilité ét la plus invraisem- blable stabilité de la structure plasmatiqué, il ya tous les intermédiaires : que la structure moléculaire compatible avec la survie dépasse dans certains cas celle de la plupart des compo- sés de laboratoire, t'est ce qui ressort de l’ex- périence célèbre de MM. Becquerel et K. Onnes : qui ont maintenu à — 253 (t. de l'hydrogène liquide) durant 77 heures, puis dans le vide etla dessiccation la plus parfaite durant 18 mois, des graines de luzerne; de moutarde, des moisis- sures; des bactéries, protoplasmes végétaux pris au hasard : or tous, à travers ces épreuves, ont gardé leur constitution moléculairé vitale, ont pu germer ou fructifier. Et ceci nuus conduit à considérer l’état phy- sique des plasmas cellulaires. Après Delagé, Rénaut, J, Duclaux, Brâchet, l’épinion prévaut de plus en plus que tous les protoplasmes sont des colloïdes; d’où complète insolubilité dans l’eau, condition premièré de leur formation et de leur persistance ; et cette fonction colloïde est d'abord dévolue à la membrane ou zone cvrti- cale qui fonctionne ou paraît funetionner comme filtre à molécules, « filtre intelligént » (J. Du- claux}, semi-perméable, laissant passer cer- taines substances dissoutés et arrétant les dutres, perméäbile aux petites molécules, imperméa- ble aux grosses. De sorte qué la mort de la cel- lule change Ja perméabilité de là parbi : ainsi les cellules épithéliales isolées sont rapidement pénétrées par l’uréé, alurs que le revêtement sain est imperméable à ce corps (Hamburger). Il n’est pas dérhontré cependant que cette pro- priété soit exclusive aux membranes vivantes et ne rélève pas simplement de l’état eolloïdal, ear les membranes de ferrocyanure de cuivre, de tannate de fer, perméäblés au sel marin, sont imperméables au saccharose: Au surplus, les opinions varient sur la peréa- bilité cellulaire vis-à-vis de substances dissou- tes. Pour R. S, Lillié, li mernbrane ne laisse passer librement que Peau et reste infranchis- sable vis-à-vis dé toutes les substances non col loides diffusibles; tant que la cellule vit; elle reste fermée aux échanges osmotiques et, si les substances lipolytiques arrivent à forcer cette barrière, là cellule ne tarde pas à suécomber. Tandis qu'Heinsius, par diverses considérations, écarte des constituants du sue cellulaire les sels de potassium, d’ammoniuri, la glyeérihe et la Ë à Là dal. “nr ss dm. it 16 sé mac en “ts Lab eh : 11 , _ / DE LA CELLULE mannite, auxquels il subsitue, au point de vue osmotique, quelque hydrate de carbone très instable, Von Mayenburg admet que la glycérine, au contraire, pénètre aisément dans tous les pro- toplasmas, la force osmotique du suc cellulaire valantune solution d'azotate de soude de 22 à 23°/, et l’incinération permettant d’attribuer'plus de 90 ©}, de la force osmotique à la présence de substances organiques de la grandeur de la gly- cérine. On sait, depuis Van t'Hoff, que la pression os- motique d’une masse liquide est proportion- nelle au nombre de molécules contenues dans l'unité de volume, quelle que soit la nature et la grosseur individuelle de chacune de ces molécu- les : il en résulte qu’une molécule composée d'un grand nombre d’atomes détermine, pour sa part, une pression égale à celle que produit une molécule très petite. Or la cellule renferme de grosses molécules n'intervenant que peu, par rapport à leur masse, dans la valeur de la pres- sion osmotique actuelle : l'équilibre osmotique entre lecontenu cellulaire et le milieu ambiant, autrement dit l'isotonie, est donc sauvegardé, malgré l'accumulation de ces grosses molécules; mais si elles viennent à se fragmenter, non seu- lement elles libéreront l'énergie chimiqueemma- gasinée, mais la pression osmotique intracellu- laire s’élèvera d'autant plus que les fragments seront plus nombreux, et à ce moment l'eau pé- nétrera, chargée de molécules « nutritives » ; au contraire, toute diminution du nombre des molé- cules intracellulaires s'accompagne d’émission d’eau à l'extérieur, entraînantles molécules rési- duaires. Le rapport entre le nombre des molécules résiduaires, molécules dissociées, et le nombre des néo-albumines à molécules plus légères, . varie avec chaque espèce cellulaire; mais les différentielles doivent être dans un rapport dé- terminé pour chaque cas, et c'est cette équation différentielle qui caractérise chaque élément _vivant (Iscovesco). Ce physiologiste admet, en outre, que toutes les cellules du corps sont perméables à 87°/,des albumines du sérum et que le passage des pro- duits est réglé soit par la concentration saline extérieure, soit par la concentration moléculaire internet. ES 1. Iscovesco a été amené à admettre que le globule rouge est complètement perméable à la plupart des albumines du sérum ; voici, à titre d'indication numérique, la constitution moléculaire qu'il attribue au sérum humain : si la molécule d’albumine pèse 6.000, le plasma doit renfermer, pour 560.000 mol. d'eau, 131 mol. d’albumine, dont 114 ont, par rapport à l'hématie, une pression osmotique nulle. Mais ce rôle régu- lateur serait exclusif aux solutions salines. lesquelles sont spéciales aux animaux, aux polyplastides mobiles ; il dépen- _ drait même uniquement de la solution de NaCI. Et la com- BEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Par analogie avec ce qui se passe dans la cellule végétale où l'observation est plus facile, et qu'enveloppe une membrane toujours visible, durable, plus durable que la cellule elle-même, R. Hober admet que la substance vivante de la cellule se laisse forcer parles corps solubles dans les lipoïdes et se défend contre les autres: mais ce sont justement des substances « subtoxiques » (colorants vitaux, alcools), alors que la cellule semble fermée aux produits qui sont nécessaires à sa nutrition (sucres, acides aminés, sels de K, acides et sels organiques). Il ya là une antinomie qui ne laisse pas d’être embarrassante et fait transparaitre l'insuffisance et la superficialité des explications purement physiques du méta- bolisme cellulaire. Les physiciens et les physio- logistes se sont trop empressés de généraliser à tout type cellulaire les résultats obtenus soit avec les cellules végétales, véritables utricules parfai- tementencloses d’une membranesouventépaisse, soitavec les cellules libres du sang, les hématies, où l'Embryologie a reconnu des noyaux devenus libres et pourvus d’une adaptation très spéciale: à part ces lueurs douteuses et si restreintes, nous sommes dans l'ignorance du mécanisme du méta- bolisme cellulaire. Il n’y a, du reste, aucune raison pour qu'il soit d'un type univoque et il est à présumer que là, comme ailleurs, une longue échelle d’intermédiaires, suivant la diffé- renciation, s’étendra entre le type cellulaire où les échanges sont nuls ou presque, et'celui où la majorité des substances formatives se renouvellent ou se détruisent à de fréquent intervalles. X + Telles sont les données positives qui nous ont paru dominer la notion de cellule en général et que toute synthèse biologique devra prendre garde de contrarier. Nous ne pouvons suivre des yeux aucune cellule individuellement de sa naissance à sa mort: nous ne connaissons que son origine aux dépens d’une moitié de cellule préexistante, sa mort par les diverses formes de dégénérescence, ou la céssation de son individualité par unebipar- tition semblable à celle qui l’a produite; tout le reste est description pure; et en comblant, par raisonnement analogique,les hiatus de l’observa- tion,leshistologistes nous proposentune biologie plexité du problème s'accroît de ce fait que la spécificité chi- mique domine tout de méme les échanges plasmatiques et l’osmose de la cellule vivante, puisque aucun autre sel ne peut à celégard se substituer au sel marin, pas même le chlorure de lithium dont les molécules sont pourtant plus petites (Achard). 404 Dr Louis LEGRAND. — UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE NOUVELLE cellulaire où l’on sent percer la hantise zoomor- phique, l'effort pour reconstituer un animalcule ® qui naît, grandit, se nourrit, digère, se reproduit, peut être malade et guérir, tout en s'employant de son mieux au bien commun, suivant sa fonc- tion. Que d’incertitudes, que d'erreurs peut-être dans chacune de ces aflirmations! Le biologiste se trouve, d'une part, devant le fait énorme, fondamental,que Lamarek n’a pas connu . et que Darwin n'a pas utilisé, de l'existence de la matière vivante sous là forme cellulaire, présenter d'une seule venue comme on croyait, avant la découverte de Dujardin, de Schleiden et Schwan, est essentiellement fragmentaire; | étnon pas uniformément fragmentaire, comme s'il s'agissait de cubes de mosaïque accolés, car ces fragments sont hétérogènes et constamment 4 et uniformément hétérogènes ; et si une certaine - structure cellulaire peut être observée sur des »_ James minces de toute sorte de métaux coulés, surle verre, la gélatine, le collodion, le caout- … : chouc (Osmond), &/ re s'agit jamais d’une struc- ture « cellulo-nucléaire »; celle-ci est propre au monde vivant et nul système. biologique ne sau- rait éluder cette forme de morcellement sub- stantiel. Ce morcellement est-il un but ou un résultat? . Ce n’est évidemment pas le but d’un construc- teur doué d’une intelligence comme la nôtre et s'évertuant à composer les pièces d’une machine * de son invention; car l’homme, pour ses appa: reils les plus robustes, les plus durables, les * plus perfectionnés, recherche l'homogénéité de …_ structure. Ce morcellement est donc unrésultat. n Jlest reconnaissable dans les tissus des débris géologiques les plus anciens. Il a précédé la vie. - Jl en est une des conditions d'existence, puis . qu’il nous fait remonter par la pensée Es ‘aux _ âges où la matière vivante n existait qu’à l’état “ Die fragments séparés les uns des autres, c’est-à- - dire à l’état de Protozoaires, Mais, pour s'en tenir aux polyplastides, le bio- logiste se trouve done en présence de cette dua- lité. histologique fondamentale qui est la cellule avec son noyau inclus — et d'autre part de cette | dualité biologique fondamentale dans le monde » vivant, qui est l'existence de deux types de carac- tères, les fixés et les non fixés. bu ne voit, quelle fécondité explicative va - résulter du décalque de celle-ci sur celle-là ? Mais, pour accepter la légitimité de ce décalque, . il convient de se permettre une éçhappée sur l’origine de la vie. On a le choix parmi quelques hypothèses déjà connues. La plus vraisemblable, la plus conforme À c'est-à-dire que la matière vivante, au lieu de se ; à la doctrine de l'Evolution et de la complication progressive desorganismes,nousautoriseà croire, après Naegeli, Erlsberg, Delage et nombre d’autres, que la substance vivante a commencé par dessynthèsesautomatiquesd'innombrables types de plasmas primordiaux, dont un petit nombre seulement ont persisté, se sonttrouvés viables, se sont compliqués et accrus au cours des âges, ” suivant l’idée déjà ancienne de Danilewsky; il s'agissait donc, à l’origine, d’édifices molécu- laires fragiles et précaires, non fixés ou mal fixés entre eux, de plasmas individuels appelés pour la plupart à se dissoudre, à se dissocier presque aussitôt formés; au point de vue plasmatique et biochimique, l’individualité a évidemment précédé la spécificité, et oe sont les Protozoaires, et spécialement les Protozoaires les plus inféz rieurs, qui restent les témoins, dans Île monde vivant actuel, de ces synthèses plasmatiques primordiales. D'une façon générale, chez les Proton inférieurs, la flexibilité biologique et la variabi= lité morphologique sont beaucoup plus accen- tuées que chez les Infusoires ou les Diatomées pan exemple et surtout que chezles Métazoaires ; toute la Bactériologie est là pour en témoigner : les microbes modifient aisément leurs formes, leur mode d'association, leurs dimensions, leurs réao- tions colorantes suivant les milieux, d’une facon habituellement passagère, mais parfois défi- nilive; et si on considère un type des plus petits, probablement des plus primitifs, à la limite de la visibilité, tel que le parasite de la péripneu- monie bovine (Bordet, Borrel), on y remarque un incomparable polymorphisme; toutes les figures possibles s’y rencontrent: cocci,rosaces, haltères, fuseaux, étoiles, amibes, chapelets, filaments, bâtonnets, raquettes, témoignent que la forme spécifique, encore mal fixée, est en formation, en gestation, à l’état de devenir, ou encpre, ce qui. . A “ . L revient au même, que les plasmas de variation morphogène sur les Et il ne s’agit pas là l’emporlent en pouvoir plasmas de stabilisation. d'un cas isolé, encore qu’il soit très accentué; ; I ; car la description, dans le champ du microscope, ‘d’un amas de levures quelconques, nous offrira des différences individuelles du même ordre, les éléments alternant depuis la sphère parfaite jus= qu'au boudin, en passant par les divers types de l’ovale. : On peut, de cette inconstance de la morpholoz gie des Protozoaires, donner deux explications: ou bien la forme spécifique y est, quoique multi ple, aussi rigoureuse comme fixité que chez les Métazoaires:; ou bien, ce qui est plus probable, * ce polymorphisme extérieur n'est que le signe, , # DE LA CELLULE la traduction biologique, de l’extrême variélé des plasmas constitutifs, c’est-à-dire de l’abon- dance ou de la prédominance des plasmas de variation (ou non fixés} sur les plasmas fixés ou spécifiques. L'analyse chimique même a con- firmé cette variabilité en ce qui concerne les pro- portions respectives de C, H,0, N,S5, et celle des cendres et des sels (Guilliermond); et cette variabilité serait rendue plus éclatante par com- paraison, si on la rapportait à un poids de levure équivalent en importance à celui d’un métazoaire chez qui la proportion de ees éléments primor- diaux offre, au contraire,une stabilité très remar- quable,. Orilse trouve que la tentative présente de détermination de la proportion réciproque des deux plasmas chez les Protozoaires coïncide avec un débat qui dure encore, entre bactério- logistes, sur la proportion relative du cytoplasme et de la substance nucléaire dans chacune: de ces cellules isolées; les trois opinions possibles ont été égalementsoutenues : Massart, À. Fischer décriventles bactériescomme cellulessans noyau, Bütschli affirme que le microbe est tout noyau, et Weigert que noyau et cytoplasme y sont intime- ment confondus; et il existe, en fait, tous les intermédiaires entre un type comme « Bacillus mazimus buccalis » avec son noyau spiralé nette- ment isolé, entre les trypanosomes à noyau médian en forme de ruban ondulant et la série sans cesse accrue des microbes à la limite de la visibilité où la distinction des deux substances est impossible. Au point de vue dela constitution plasmatique, les Protozoaires seraient formés de plasmas non fixés divers, surabondants et mélangés à des plasmas fixés, lesquels sont en proportion insuf- fisante pour former une enveloppe complète vis-à-vis des premiers, De sorte que, si les Pro- tozoaires restent toute leur existence à l’état d'isolement et d'indépendance, dans une situa- tion de répulsion réciproque habituelle, c’estque justement ils n'arrivent pas à se constituer une enveloppe corticale suffisamment pure de plas- mas fixés, spécifiques el identiques d'un individu à l'autre pour que l'adhérence se produise et se maïintienne. — Ainsi se présente notre premier décalque des plasmas biologiques et des appa- rences mophologiques. _ Au contraire, les tissus des Métazoaires, les colonies animales ont pu se constituer dès que la masse des plasmas fixés est devenue assez im- portante pour être toujours enveloppante, corti- _ cale, par rapport à celle des plasmas non fixés: les cellules tendent à s'associer dès que leur . similitude chimique, tout au moins par leurs 405 faces en contact, est suffisante pour que l'asso- ciation cellulaire soit permanente et stable, On aboutit ainsi par gradations à ces tissus des ani- maux supérieurs dont la ténacité et la solidité s'expliquent par la continuité des ceytoplasmes corrigeant la discontinuité des noyaux, au point que la réalité de la constitution fragmentaire a pu être mise en doute pour certains d’entreeux, par suite de l’importance des communications proto- plasmiques que l'histologie décrit dans quelques tissus animaux et végétaux et qui sont pourtant des dispositifs secondaires. Ainsi l'importance de la notion d’adhérence, de « fixation », saute aux yeux en Biologie, pour expliquer les formes des organismes. Elle est d’abord d'ordre moléculaire — ete’est ainsi que les chimistes se figurent, sansles voir, les concaténations des radicaux destinées à sa- tisfaire les valences libres, puis l'extension des « chaînes latérales », lesquelles, par grandes masses, aboutissent à nos plasmas fixés !. L'Histologie nous montre les adhérences inter- \ cellulaires et la fusion des cytoplasmes deve- nant d'autant plus rigoureuse et parfaite qu'il s’agit d'organes plus importants, de tissus du- rables; cette fusion, portée [au plus haut degré dans le myocarde, est encore très notable dans les fibres musculaires striées ordinaires dont l'ensemble constitue la masse la plus importante du corps des animaux supérieurs; on la recon- nait encore sur les muscles lisses dans les ponts intercellulaires décrits par Heidenhain; enfin elle domine la physiologie du système nerveux, à quelque théorie qu'on se rallie, qu’on admette la continuité ou, au contraire, la contiguité des pro- longements et ramifications des cellules nerveu- ses; et c’est l’intrication de tous ces cytoplasmes qui, chez l'adulte sain, parachèvera chimique- ment et stéréochimiquement le dispositif opti- mum des plasmas représentatifs de l'Espèce, La légitimité de l'attribution au. cytoplasme des plasmas fixés se renforce donc de plus en —— 1. Inutile d'insister à nouveau sur l'inépuisable variété de combinaison des polypeptides qui se déplacent, s'enchaînent, se substituent, se fixent, se défixent, et la ressemblance des albumines naturelles, puisque leurs éléments originaux, les acides aminés, n'atteignent pas une vingtaine. Ce qui est spé- cifique — zoologiquement parlant — est donc le nombre et le ruode de fixation, Si un noyau albumineux, porteur de dix molécules de leucine, détache la dixième, la déplace, la sup- prime ou lui substitue une arginine, une histidine, et sicette modification se répèle dans les albumines spécifiques d’un organisme, dans l’ovule, dans les liquides nourriciers, elle ne peut manquer, en se reproduisant par centaines de mil: liards d'exemplaires, d'imprimer une modification structorale à tous les plasmas vivants, une modification morphologique de tous lestissus, qui sufira à expliquer et délerminer des caractères nouveaux, non seulement spécifiques, mais géné- riques, et peut-être plus extensifs encore. 406 plus; mais, quand on dit cytoplasme, entendez : quelque part dans le cytoplasme; entendez une portion, peut-être assez minime, du cytoplasme des histologistes, une sorte de squelette molécu- laire peut-être fibrillaire, peut-être spongieux, qui s'étend en tous sens jusqu'à la corticalité de l'élément, jusqu'à la membrane cellulaire, trame invisible mais solide, noyée dans une masse de substances de toute nature, albuminoïdes, phos- phatides, lécithines, hydrates de carbone, sels, graisses, qui dominent dans la cellule adulte et fonctionnant, mais qui, biologiquement, sont circulantes, instables, non fixées, qui sont des plasmas individuels. La présence néanmoins du plasma spécifique correspond d’abord à la con- servation d'un certain complexe moléculaire fixe comme nature et eomme dispositif dans l’archi- tecture générale de la cellule;et ensuiteàla facon dont cette armature primitive oblige les subs- tancas qui ne lui sont pas incorporées biologi- quement à s'agréger, à se placer, à se distri- buer dans les mailles ou les lacunes disponibles sous l'œil de l’histologiste, impuissant évidem- ment à faire avec sécurité le départ des uneset des autres; et cet arrangement, cette organisation — par la substance specifique, de substances qui, elles, ne sont pas spécifiques — sont eux-mêmes spécifiques. La cellule hépatique, par exemple, offre une proportion considérable de glyco- gène, pigments et acides biliaires, de graisses supportés par une trame protoplasmique im- perceptible représentant, en volume, peut-être le vingtième de la masse totale : cette trame est la partie vraiment vivante, le reliquat spécifique à travers toute la série des cytodiérèses origi- nelles ; si on réussissait à l'isoler, elle témoigne- rait, chimiquement, qu'il s’agit bien d’une cel- lule hépatique d'homme et non de bœuf ou de chien, alors que les produits cités plus haut sont probablement identiques chez un grand nombre d'animaux voisins. x C'est la présence de cette armature plasmati- que qui a réglé, à travers les lignées cellulaires successives, la morphogénèse des travées hépa- tiques et celle du foie tout entier, pour aboutir, par la totalisation de ses cellules, à la forme typique, spécifique, d’un foie d'homme et non d’un autre mammifère. Le plasma spécifique est relativement abon- dant et assez pur dans la cellule jeune qui vient de se former et n’est pas encore encombrée de produits fonctionnels; mais, dans la plupart des cellules de l'adulte, il ne peut exister qu'à l'état dissimulé ou mélangé : mélangé de produits (al- bumines, lécithines) très semblables à lui-même et dont nous ne saurons de longtemps le distin- Dr Louis LEGRAND. — UNE CONCEPTION BIOLOGIQUE NOUVELLE / guer; mais 2élangé aussi de produits définis qui ne sont pas süremeril spécifiques, mais fonclion- nels, par conséquent individuels, ainsi que l’a très bien vu Hallion, à qui revient l’idée de la distinction de la spécificité zoologique et de la Spécificité fonctionnelle. Ainsi le plasma spéci- lique se cache, se dérobe dans la cellule conjonc- tive sous la graisse, la substance fibrillaire, les dépôts pigmentaires; dans l’ostéoblaste, la cel- lule cartilagineuse, sous une gangue surabon- dante d’'osséine, de mucine, de sels calcaires; dans la thyroïdienne, sous le colloïde qu'on voit et qu'on colore et lesiodothyrines qu’on isole au laboratoire; dans l’épithélium surrénal, sous la substance chromafline qu'on voit et qu'on colore et l’adrénaline qu'on isole; dans l’épithélium sto- macal, sous le pepsinogène; dans la cellule végé- tale adulte, il est encore plus raréfié, plusimpon- dérable, plus débordé par l'abondance des chloro- phylles, des amidons, des leucites, des sucres, des hydrates de carbone à tous degrés de polymé- risation il n'en subsiste qu'une trame légère dans la cloison cellulosique et quelques tractus réticulaires autour du noyau. Existe-t-il quelque part un élément cellulaire où les plasmas fixés se présentent dans un état de pureté relative ? Les conclusions du précé- dent article nousont fait prévoir, en effet, qu'une division du travail entre les deux sexes, très pré- cise parce que très ancienne, et contemporaine de l’aurore des phylogénies des polyplastides, a réalisé en faveur d'un certain type cellullaire une différenciation plasmatique singulière, faisant de l'opule mür de la femelle le dépositaire phy- siologique d'une abondante provision des plas- mas de l'espèce ; les phases de l’ovogénèse et l'ex- pulsion.des globules polaires, si bien connues à présent, aboutissent non seulement à une épu- ration substantielle du contenu de cet ovule, mais à une accumulation quantitative de cette substance, telle que cette cellule est habituelle- ment la plus volumineuse de tout l'organisme.” On a déjà eu l’occasion de rapporter l’observa- tion élégante de Phisalix, quia vu les glandes. cutanées du crapaud se vider de venin pour four- nir à l’ovaire du matériel formateur des œufs, et comme indices isolables, témoins de cette cir- culation plasmatique, y a retrouvé les deux poi- sons caractéristiques de l'espèce. Par une opération inverse et parallèle, les phases de la spermatogénèse aboutissent à un allégement progressif de l'élément mâle en ey- toplasme, c’est-à-dire en plasmas fixés, pour ne lui laisser presque exelusivement que de la chro- matine nucléaire; et dès lors son volume con- traste non seulement avec celui de l’ovule, des { DE LA CELLULE 407 centaines, des milliers de fois plus gros, mais reste inférieur à celui de la moyenne des cellules somatiques. Le gamète mâle résulte d’une diffré- renciation d'un autre sens, du reste pas absolu- ment unique dans l'organisme, qui équivaut à une énucléation physiologique, chaque noyau restant vivant, mobile et individuellement auto- nome ; et si, par exclusion, par une sorte de symé- triecompensatrice propre à cetteantique manifes- tation de la division du travail dont on parlait tout à l'heure, le spermatozoïde, noyau presque nu, reste le véhicule principal ou exclusif des plasmas non fixes, il doit, pour remplir son rôle, parmi toutes les différenciations si variées des cellules du corps, acquérir cette autre différen- ciation singulière et qui lui est propre, qui con- siste à n'être pas fixé à l'ensemble du soma, qui consiste à pouvoir s'en défixer, s’en détacher tout en restant vivant. Il nous apparaît donc, dans les types vivants très évolués, comme le parfait antipode de l’ovule, aussi bien au point de vue histologique qu’au point de vue plasmatique, c'est-à-dire biologique. Toutes les autres cellules somatiquesvont donc osciller, au point de vue constitutif, entre ces deux types-là : aucune, pas même les blastomè- res les plus jeunes, n'étant aussi riche que l’ovule en plasmas fixés; aucune, peut-être, n'étant, à l’état de vie, aussi allégée que le spermatozoïde des mêmes plasmas. Mais si, pour construire un organisme, nous ne voulons faire état d'aucune prédestination ou affectation particulière en fait de cellule ou de tissu; si nous voulons nous con- tenter d'en essayer la reconstitution avec de simples variantes de la cellule type et non enin- voquant des dispositifs exceptionnels, alors cette homologation de ce noyau dénudé qui fait un spermatozoïde va permettre une généralisation à toutes les cellules du corps, et nous confirmer dans cette opinion que notre décalque est légi- time entre le noyau cellulaire d’une part, et le groupe des plasmas non fixés d'autre part; et cette attribution fondamentale est exactement complémentaire, pourla compréhension des dé- lails de la morphogénèse, de celle qu’on a réser- vée aux cytoplasmes cellulaires. Considérons donc ce noyau à l'état statique, car la mitose mérite une étude à part, et admet- tons que le peloton chromatique au repos est le support de ceux des plasmas de variation qui se fixent entre eux pendant la vie de l'individu en dehors des crises cytodiérétiques; il est un peu mieux dégagé que le cytoplasme des détails cel- lulaires accessoires, moins noyé que le passif et inerte plasma spécifique dans la masse des pro- duits fonctionnels des plasmas individuels; mais ces plasmas nucléaires sont constamment solli- cités à des mutations moléculaires par l’afflux des plasmas nourriciers dont quelques-uns sont en quelque sorte obsédants et en mesure de s’inter- caler de suite dans ces enchainements molécu- laires d’inégale ancienneté, à demi fixés, fluc- tuants et mutants, qui sont les bases matérielles des caractères raciaux et parentaux.. Peut-être lescentrosomes etleurs équivalents histologiques qui mettent en branle tout l'appareileinétique cellulaire, correspondent-ils précisément aux points d'accrochage, d'insertion des plasmasstric- tement individuels, à l'extrémité de cette chaine plasmatique ancestrale ? Et peut-être sont-ils les plus actifs parce qu'ils sont les plus actuels ? Quoi qu’il en soit,ce qui caractérise les noyaux, c'est qu'ils sont défixés les uns par rapport aux autres, qu'ils sont isolés, qu’ils ne sont pas mis- cibles au cytoplasme; sans qu'il y ait entre eux antinomie fonctionnelle fondamentale, chi- mique ou physique, il y a pourtant certaines « prédilections » vis-à-vis de la substance chro- matique qu’on ne peut passer sous silence : le noyau est partout plus riche en phosphore, et non seulement en phosphore, mais en fer, en ar- senic, en iode. Est-ce à dire qu'il constitue un organe «de réserve », une sorte de magasin cen- tral des métalloïdes, intentionnellement appro- visionné ? Comment interpréter cette différence qu'on ne peut éluder, car elle semanifeste dans tous les types organiques ? Il faut considérer le noyau comme le centre de ralliement des plasmas non fixés, mais éventuel- lement fixables : c’est un rôle biologique antique comme la vie; et sila théorie présente se doit d’étudierà son heure comment lamatière vivante a été amenée à tel choix moléculaire plutôt que tel autre, des à présent nous concevons que les protéines primitives, les plus anciennes, :com- munes aux deux règnes, celles dont lesfragments exclusifs nourrissent aussi bien leschiens d’Ab- derhalden que les Aspergillus de Czapek ou le microbes de Galimard, soient médiocrement mi néralisées, pauvrement phosphorées et restent dans les cytoplasmes; mais d'autres qui entre- ront peut-être on n'entreront jamais dans les plasmas fixés — mais qui sontà portée et pour ainsi dire à pied d'œuvre, depuis des siècles et des siècles, — celles-là, entre autres, restent dans la masse nucléaire; par opposition aux sédi- mentations immuables qui les entourent, dans les plasmas nucléaires, au contraire, ce qui s’agite, se mélange, se déplace, se substitue, se fixe, se défixe, toujours à l’occasion dela crise cytodié- rétique, c’est à la fois du passé récent, du pré- sent, du futur, du conditionnel. 408 D'une façon générale, il est done cohérent que ce rôle qu'on attribue ici au noyau soit en rapport avec la présence d’un matériel plus riche et plus diversifié; et, dans ce sens, le noyau est, si l’on veut, par rapport aux plasmas anciens, un réservoir de possibilités moléculaires quali= tatives et quantitatives. # k # On pense avoir suffisamment établi la distinc- tion, pour l’ensemble plasmatique de la cellule, de ce qui est matériel héréditaire et de ce qui estsubstances individuelles. L'esprit de système pourrait se contenter d'admettre uniquement des substances individuelles arrangées,modeléés par ces nisus mystérieux, la forme seule restant spé- cifique. On tomberait alors dans l'exagération de tous ceux qui ont espéré et essayé de reproduire de la substance vivante, au moyen de sels mélal- liques ou de solutions colloïdales (Herrera, Bene- dikt, Leduc). Mais il y a plus que cela; iln'ya pas seulementiquele mode de mouvement qui est spécifique, il y a aussi une fraction du matériel plasmatique, une portion de la cellule; certes, la matière effectivement transmise par la féconda- tion esttellement diluée qu'il n’en reste rien de pondérable dans les tissus adultes ; mais la nutri- tion, la digestion, l’« assimilation » pourvoient à la réfection du matériel plastique, identique pour une certaine proportion. L'existence de ce bloc une fois assurée, il ne s'ensuit pas.moins une certaine indépendance qualitative et quantitative pour d’autres plasmas, qui sont toutefois régis, mis en place par l’action préalable des plasmas fixés ou ancestraux au sens de Weismann ; ainsi se conçoit la dualité plasmatique de la cellule vivante à l’état statique. Mais, à l’état dynamique, quand la sollicita- tion des molécules nouvelles surabondantes se fait sentir, quand ces plasmas plus ou moins _ assimilés réclament leur place dans l’ensemble, quand se déclanche cette crise néoformative qui entraine le dédoublement de l’énergide entière, ” Louis GAIN. — LA PRÉVISION DES HOULES SUR LA COTE DU MAROC alors, le bloc des plasmas aritestraux, jusque-là stable et cohérent, se scinde en deux groupes momentanément défixés l’un par rapport à l’autre : toute l’architecture moléculaire et mo= laire de la cellule est remise en question ;et jus- qu'à la reconstitution des deuxédifices nouveaux, ce n’est plus une dualité, mais une trinité plas= matique qui se dégage ; mais ce n’estplus la trinité originelle de l’œuf fécondé, car il s’agit iei du - plasma spécifique fixé, d’une part — mélangé de plasmas fonctionnels ou individuels, jamais fixés — le tout entraîné par les deux groupes des plasmas défixés des nouveaux noyaux. * Ainsi nous apparaît la cellule eh général ! ce n’est pas un animalcule jouant à son heure un rôle défini dans l’ensemble, à la façon de quelque fonétionnaire microscopique, zélé et conscien= cieux; c’est la forme parcellaire obligatoire de toute matière vivante; agrégeant dés plasmias d’inégale valeur biologique en un microcosme moléculaire probablement assez compliqué. Et la vie cellulaire collective qui va constituér l’or- ganisme d’un Vertébré supérieur bien adapté n’estque la résultante, équilibrée pour un temps, de ces potentiels plasmatiques parcellaires, infi= mes et dissemblables, parmi lesquels tous les degréss'observent entre lesélémentsinégalement hiérarchisés, où se mêlent les coordinateurs, les laborieux, les résistants; les sacrifiés et les paraz sites, les vigoureux et les malades, les robustes et les fragiles, les fixés et les migratéuts, les infatigables et les mous, les utilisables et les utilisés, les utilisablés et inutilisés, les inutili- sables... | N'est-ce pas d’un pareil mélange d'éléments humains et en proportions très analogues qu'est . faite l'harmonie; la durée et la force des cités humaines les plus civilisées ? D' Louis Legrand, Lauréat de l'Académie de Médecine. LA PRÉVISION DES HOULES SUR LA COTE DU MAROC Parmi les nombreux services que peut rendre | raz de marée du 8 janvier 1913 à Casablanca, la Météorologie, il en est an particulier aux côtes atlantiques du Maroc, Chacun sait que la côte marocaine est très fréquemment battue par de fortes houles, houles qui peuvent devé- nir très violentes et occasionner des dommages dans les ports. [1 suflit de rappeler à ce sujet le qui provoquait la perte de 4 voiliers, 3 remors queurs, 9 barcasses, — tandis que 18 autres barcasses étaiènt avariées. Or, ces fortes houles venant du SW au NW, et quise font particulièrement sentir pendant la période d'hiver (oetobre à rai), surviennent inopinément. Rien dans les conditions météo- rologiques locales ne peut prévenir de leur arrivée. IL est tout naturel que le danger qu’elles pré- sentent pour la navigation côtière et les opéra- tions dans les ports ait inquiété les naviga- teurs. L Nôs marins étaient lés prémiers à souffrir de _ cet état de choses et, en mai 4913, le capitaine de \ vaisseau Simon, chef de la division nayale du Maroc, signalait en haut lieu les dangers dus à ces houles et demandait une étude de la ques- tion en vue, si possible, de leur prévisivn. M. le capitaine de frégate Roullin, chef de la Section de Météorologie nautique de la Ma- rine, fit un travail fort documenté sur la ques- tion. Il admet que cette houle peut se produire par suite d’une profonde dépression ayant passé peu auparavant sur l'Atlantique Nord, les hou- les produites par cette dépression se propageant … plus ou moins rapidement jusqu'aux côtes du …. . Maroc. | Fin 1913, M. le lieutenant de vaisseau Lacroix * reprend et vérifie les conclusions édictéés par ù le commandant Roullin; il cherché à les com- pléter en étudiant une année d'observations du _ Bureau Central Météorologique en compataison _ avec les observations faites dans les ports sur les états de la barre à Méhédiyah et Rabat, les états _ dela mer à Casablanca et Mogador. Li LE Nous avons été amené récemmetit à reprendre l'étude de la prévision des houles du Maroc en nous servant des quatre années d'observations Météorologiques (1915-16-17-18) recueillies à … Casablanca à bord des bâtiments de servitude. D Nous les avons étudiées en comparaison avec _ les bulletins du B. C. M. et du Meteorological 4 Uffice. Le résumé ci-après donne ur aperçu gé- | héral des points les plus saillants de cette étude. E 7e En principe, la théorie de propagation des _ houles, indiquée d’abord par le Commandant È … Roullin, puis reprise-par le lieutenant de vais- _ seau Lacroix, s’est trouvée confirmée, . La houle produite sur la côte du Maroc est la conséquence, dans la plupart des cas, de dé- pressions passant sur l'Océan éntre les Açores ét le SW de l'Islande, dépressions qui, dans l’état actuel des observations météorologiques, _ nous sont connues soit en approchant de l'Is- à lande, soit en se dirigeant vers l'Irlande, soit en __ arrivant vers la France et le Portugal, ces der- | nières beautoup plus rares ét ne sémblant ja- mais donner une mer grosse à Casablanca. C'est plus rarement encore qu'une dépres- | # GAIN. — LA PRÉVISION DES HOULES SUR LA COTE DU MAROC v 109 sion-descendant du nord {passant entre Islande et Norvège) puisse produire de la houle à Casa= N blanca; il faut pour cela que, soit cette dépres- sion,.soit un centre secondaire, arrive vers le ® golfe de Gascogne et la Corogne, ou sur la péninsule Ibérique : ià encore, la houle ne sera K jamais très forte à Casablanca. »'>000 _ Le” La vitesse de la houle peut varier dans de grandes proportions. Une dépression arrivant £ x æ au large de l'Islande se trouve à 1.600 milles en- viron de la côte marocaine. LCR à le . » LC La houle se formera dans une région indéter- À minée entre l'Islande et le sud du Groënland: x . . « Ce En admettant que sa vitesse de propagation soit 1e voisine de 15 à 20 nœuds à l'heure, elle mettra ! 3 à 5 jours à parvenir sur la côte du Maroc. Or, bien avant ce délai, la dépression, ayant pres- que toujours une trajectoire W-E, sera signalée soit vers l'Islande, soit vers l'Irlande. La présenée de cette dépression sera done connue 2 à 4 jours avant que la houle n'arrive au Maroc, temps largement suffisant pour la prédire et prendre 4e les précautions nécessaires. ART Il est évident que, plus la dépression sera sud, moins la houle mettra de tempsà se propager jusqu’au Maroc; mais, d’après de nombreuses W observations, une dépression signalée au large 9 , de l'Irlande donne encore un délai d'environ 48 heures avant l’arrivée de la houle à Casa- ! blanca. | pression, sa vitesse présumée, on est le plus sou- 1e vent prévenu 24 heures à l’avance. I1 peut se faire que des dépressions profondes, à marche normale, paraissant devoir donner de la houle à Casablanca, produisent peu ou pas produit, et il est fréquent non seulement en. g été mais encore en hiver, nous avons constaté FE qu'un anticyclone régnait sur la région comprise. entre les Açores et le Continent, ou bien sur la zone Acores-Espagne-Portugal-golfe de Gasco- gne, ou encore Iles Britanniques et Océan au - large de l'Angleterre. Cet anticyclone semble agir comme écran s’interposant entre la dépres- sion etles régions méridionales, arrêtant ou di- minuant dans de notables proportions la propa- gation, la vitesse et l'ampleur de la houle. 11 Il est de même toute une série de dépressions qui ne produisent aucune houle à Casablanea : celles qui passent au nord de l'Islande, Les observations de Madère et des Canaries ne sont en général d'aucun secours pour la pré- diction des houles, Ellés ne pourraient être utiles que dans les cas fort rares detdépressions k10 Lours GAIN. — LA PRÉVISION DES HOULES SUR LA COTE DU MAROC N situées dans la région Sud Acçores-Nord Canaries- côte d'Afrique. En principe, elles ne doivent pas être mises à l'écart. De même il ne faut pas attacher trop d’impor- tance pour la prévision, dans le cas de dépres- sions arrivant vers l'Islande ou l'Irlande, aux observations de stations telles que la Corogne, ‘Lisbonne, Porto, San Fernando. L'état de la mer, notamment, ne parait pas toujours très exact. En outre, le vent et la prédominance du vent dans ces stations ne semblent pas souvent donner des renseignements qui puissent être de quel- que utilité. On trouve fréquemment des périodes de vents du nord sur la côte du Portugal, vents locaux qui n’amènent aucun trouble sur la côte du Maroc. Inversement, tandis qu’une houle plus ou moins forte de NW se fait sentir à Casablancä, les stations de Porto.et Lisbonne signalent fréquemment une succession de vents des régions S et SW. _. Enfin, nous avons toujours constaté qu’une dépression normale, qui peut être une forte dépression, profonde, à gradient élevé, venant de l’ouest de la région Islande-frlande et qui, aucun anticyclone ne s’interposant entre elle et la côte Marocaine, devrait donner une forte houle à Casablanca, produit peu ou pas d'effet lorsqu'elle a une vitesse de propagation rapide. * { Nous avons réparti les 210 dépressions étudiées de 1915 à 1918 en 4 groupes : I. Le groupe 1, de beaucoup le plus impor- tant, comprend les dépressions atterrissant de l'Islande à l'Irlande et venant de la région de l'Océan située au nord des Açores. IL. Le groupe 2 comprend les dépressions se formant dans la région des Acores et ayant une trajectoire dirigée vers l'Est. III. Le groupe 3 renferme les dépressions passant au nord de l'Islande, cas fréquent lors- qu'un anticyclone recouvre l’Europe occidentale. . IV. Le groupe 4 comprend les dépressions ayant une trajectoire plus ou moins N-$, des- cendant entre l'Islande et la Norvège pour venir soit vers les Îles Britanniques, soit vers la Nor- vège, soit vers l’Europe centrale, soit sur la Méditerranée. En rapportant les 210 dépressions étudiées , aux quatre types ci-dessus, nous avons constaté que : 130 dépressions, soit 62/100 se rapportent au groupe 1 31 » 15/100 » 2 36 » 17/100 » 13 » 6/100 » 4 Ce sont les houles produites par les dépres- sions des types 1 et 2 qui sont de beaucoup les plus fréquentes à Casablanca, puisque sur 161 dépressions appartenant à ces deux groupes, 116 ont donné des houles plus ou moins fortes, tandis que 45 ne produisaient aucun effet pour les raisons indiquées précédemment (anticy- clone interposé entre dépression et région du Maroc, dépressions qui se sont creusées trop dans l'Est, dépressions faibles ou très faibles à gra- dient réduit et vent modéré ne soulevant pas de houle, dépressions plus ou moins profondes à déplacement très rapide). Sur 49 dépressions appartenant aux-groupes 3 et 4, quatre seulement ont donné de la houle, houle en général assez faible. Enfin, pour être tout à fait exact, nous devons ajouter que six cas de mer houleuse à Casablanca n’ont pu être expliqués par le passage de dépres- sions dans le Nord. * *X % Nous pouvons résumer sous forme de lois les observations précédentes et dire : I. — La houle produite à Casablanca est la conséquence : 1° Dans la plupart des cas, de dépressions passant sur l'Océan entre les Açores et l'Islande, dépressions qui, dans l’état actuel de nos con- naissances, nous sont signalées à leur arrivée vers l'Islande ou l'Irlande, La houle era d’autant plus forte que la dépression sera plus profonde et plus étendue et que les conditions de la zone interposée entre elle et le Maroc favoriseront son développement et sa propagation (vents de NW ou calme). La houle, suivant l’emplacement de la dépression, mettra de 2 à 5'jours à parvenir au Maroc; 2° Moins fréquemment de dépressions se diri- geant des Acores vers le Portugal, le golfe de Gascogne ou le sud de l'Irlande. La mer, pour ces dépressions, sera rarement grosse à Casa- blanca. La houle mettra de 24 à A8 heures à par- venir au Maroc ; 3° Exceptionnellement de centres le plus sou- vent secondaires provenant de dépressions venant du Nord (entre Islande et Norvège), centres qui arrivent soit vers le golfe de Gas- cogne, soit vers le sud de l'Espagne et le nord du Maroc (ces derniers provenant de dépressions sur la Méditerranée). f à II. — La houle est plus ou moins atténuée ou fait défaut à Casablanca : , 1° Quand un anticyclone s’interpose entre le 3 l Maroc et la dépression, notamment lorsque l’an- ticyclone s'étale sur la région Acores-Portugal ; L: ï. à | | 3 : - + e È ñ } x J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE 2° Lorsque les dépressions passent au nord de l'Islande; 30 Dans la plupart des cas lorsque les dépres- sions descendent sur l'Europe en passant entre Islande et Norvège ; 4 Lorsque les dépressions, même profondes et à vents forts, se déplacent rapidement vers l'Est. * * * Il reste à examiner comment prévenir Casa- blanca d’une arrivée probable de houle. Cette prévision peut se faire soit directement au Maroc d’après la réception des observations météorologiques européennes envoyées journel- lement par la tour Eiffel, et la comparaison de : REVUE D'AGRONOMIE DEUXIÈME PARTIE! 5. La potasse. — Il peut être intéressant d’in- sister sur la situation nouvelle, heureusement modifiée, de notre Agriculture vis-à-vis de cette matière fertilisante, par suite de l'existence en Alsace de gisements de potasse d’une très grande richesse. Avant la guerre, la production des sels de po- tasse était assurée, pour la plus grande partie, parl’Allemagne au moyen de ses gisements célè- bres de Stassfurt et, en ces dernières années, de la Haute-Alsace dont la production était inten- tionnellement restreinte. En 1913, la production de l'Allemagne en sels bruts était évaluée à 11.607.510 tonnes, dont 3.567.423 servaient à la fabrication des engrais. Plus de la moitié de la consommation totale du monde était assurée par l'Allemagne qui, à elle seule, en consommait plus que tout le reste du mande, soit 536.102 t. con- tre 467.810 t. Sa consommation à l’hectare de terre cultivable s'élevait à 15 kg. 293 (19 kg. 428 en 4916), tandis que pour la France elle était seulement de 0 kg. 899. Faut-il s'étonner après cela que nos rendements à l’ha. soient de 13 quin- taux pour le blé, 85 q. pour la pomme de terre, alors qu'ils atteignent en Allemagne respective- ment 21 et 137 q.! Le reste de la consommation mondiale était assuré parle salpêtre (nitrate de potasse) des Indes et par d’autres engrais potassiques fabri- . qués dans divers pays avec les Algues marines, les vinasses de distillerie, etc. 1. Voir la première partie dans la Rey. gén. des Sciences du 30 juin 1919, p. 370 et suiv. 411 celles-ci avec Les observations des jours précé- dents; — ou bien, d'observations entre Paris et Casablanca, peut adresser directement à ce port la prévision s’il y a échange quotidien Paris relative à la houle. Il est probable que, par la suite, des docu- ments plus nombreux permettront de compléter cette étude, qui n’a pas la prétention d’être défi- nitive. Mais, dès maintenant, il est permis d'affirmer que la plus grande partie des houles qui se font sentir à Casablanca peuvent être prédites, prédiction qui permettra d'empêcher le renouvellement de catastrophes comme celle du 8 janvier 1913. Louis Gain, Docteur ès Sciences / La suppression des exportations allemändes a amené la pénurie de cet engrais dans le monde, d’où une hausse de prix atteignant jusqu’à 251 fr. le quintal (janv. 1916) au lieu de 22 fr. le quintal (janvier 1914), sur le marché de New-York. Aussia-t-on cherché de tous côtés à développer la production des sources de potasse connues avant guerre et à en créer de nouvelles. C’est cette question qu’à passé en revue M. L. Brunet dans un article très documenté de cette Revue (30 mars 1918, pp. 175-185); nous y renvoyons le lecteur. Aujourd’hui, la situation est toute différente grâce à l’appoint des gisements d'Alsace dont il convient de signaler l'importance. En 190%, un sondeur alsacien, Vogt, recherchant la houille ou le pétrole dans la forêt de Wittels- heim, au nord de Mulhouse, y découvrit un ma- gnifique gisement de potasse d’une pureté bien supérieure à celle dela potasse de Stassfurt. En 1906, Vogt avait ellectué 42 sondages. Le Syndicat de Stassfurt ne tarda pas à mettre la main sur des mines constituant une aussi dan- gereuse menace de concurrence. Les Allemands poussèrent les sondages et constatèrent que le gisement alsacien se prolongeait même au delà du Rhin, sur la rive droite de ce fleuve. En 1914, 4 groupes se répartissaient le gise- ment : 3 allemands et 1 franco-alsacien. Sur les 200 km. carrés repérés, les Allemands détenaient 18.000 ha. et les Français 6.000. Les Allemands avaient dans l’affaire 42 millions de capitaux, les Franco-Alsaciens, 40 millions, et le Gouverne- ment d’Alsace-Lorraine, 7 millions et demi. 412 ’ J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE PAPIERS 2 LA : EL x MRC ANR à At ne ? “77 Les seules eoncessions allemandes étaient ex- ploitées et 200.000 q. contre les douze millions de Stassfurt. M: Fernand Engerand, député du Calvados, à qui nous empruntons une partie des détails pré- cédents, conclut: « Le gisement potassique d’Al- sacé nous revient donc intact; on n’est assuré- ment pas au-dessous de la vérité en l’évaluant à plus de 50 milliards, Les puits foncés étaient presque tous, au inoment de la guerre, en état d'exploitation, et, étant donnée la pureté du produit, ils eussent pu arriver, en 1917, presque au chiffre de la production de l'Allemagne cen- trale, qui dépassait de beaucoup celui de toute la consommation française. » Des mesures ont été prises, dès le début de 1919, pour que fussent fournies à l’agriculture francaise, sans formalités administratives, toutes les quantités d'engrais de potasse d'Alsace dont elle aurait besoin. Un avis du Journal ofjiviet du 5 janvier1919 fait connaître les conditions de li- vraison et de prix qui sontinférieutres à celles d'avant-gaerre. Déja, dans les premiers mois de 1919, il arrivait de 3 à 6,000 tonnes par semaine de potasse d'Alsace. Le large emploi de ce précieux engrais, que pous utilisions si peu jusqu'ici, doit véritable- ment ouvrir une ère nouvelle pour la prospérité de notre agriculture. >roduisaient, en 1913, seulement l ; $ 3. — Les corps radioactifs et la végétation © Onsait aujourd’hui que les atomes renferment une source d'énérgie qu'ils dépensent au hasard en se désintégraut spontanément et périodique- ment. Cette radioactivité constitue une imiménse réserve, un «stock » d'énergie intra-atomique qui se disperse. Or, la vie exige pour ses mañifesta- tions et les déclanchements qu'elle opère, de l'énergie; on peut donc se dernañder si 1e phé- nomène de radioactivité ne pourrait pas en être une des sources. L'expérience a déjà démontré qu'il en estbien ainsi : une graine, par exémple, peut se laisser pénétrer ét utiliser cette émäna- tion au profit de sa germination; la plante plus dé- veloppée, au profit de sa végétation. D’autres fois cette énérgie peut exercer une action défavorable sur certains organismes, propriété qué nous pou- vons utiliser s’il s'agit de parasites, par exemple. L'observation pure vient, à elle seule, appuyer l'opinion a priori que l’on pouvait avoir de l’effi- cacité de ves radiations : l’eau de Saint-Joa- chimsthal, én Bohème, où abonde lapechblende (oxyde d’uraniui}), permet une germination plus rapide et un développement plus grand dés plan- tes qu’une eau où cet élément fait défaut et dont la minéralisation est égale. Les botés radio- actives, provenant des résidus d'extraction du - radium, jouissent de propriétés semblables. On sait aussi que les éléments radioactifs sont doués d'un pouvoir indiféct sur les phénomènes diastasiques qui peut déjà faire prévoir leur rôle actif sur la germination en particulier, ainsi que sur la végétation. Ce sont ces inductions qui ont provoqué l'ex=, périmentation en vue d'obtenir des données plus précises et pratiques. Nous ne reviendrons pas sur les recherches datant de plusieurs années, telles que celles de D. Bertlielot, les premières en date, de Berthault et Brétignière, Crochetelle, Marcel Vacher, Petit et Ancelin, Viäud-Brüant, - Foulkes, ete:: elles ont été rapportées dans la « Revue d'Agronomie » de M. D. Zolla!; nous ferons seulement état de travaux plus récents., Des études ont été faites en vue de déterminer les éléments radioactifs dans un sol normal.C'est ainsi que Sanderson?ainstitué une méthodepour évaluer la quantité de radium dans ces condi- tions, aihsi que la radioactivité. Il a constaté que, sans exception, les sols très fertiles étaient plus riches que lés sols peu fértiles eh émañations de: radiuri et de thoriuin. Les expériences ont été faites avec 13 térfains typiques du Minnesota. Sutton* constate que des terrés radioactives iélangées à un sol déterminé accélérent là ger- mination du colza; mais les terres, mises däns des bouteillés que l’on enfonce dans le sol, 4près avoir prodüit jusqu’au 119 jour un effet sutle développeniént qui le rénd Supétrieuf aux té- mois, éntraiñent, après 17 jours, un dépérisse- metit, et le conträste va s'actentuärnit par la Suite. Cés rayons äinsi arrêtés par un obstacle sont les rayons gamma, suivant la notation dé Ruther- ford. II$ paraissent donc 4voir un éffét héttément , défavorable ôù Ithibitoire sur le dévélopperient des platites. k nur Agülhon ét Robert ünt répris les éxpéfientes dés auteurs antérieurs ét dorinent lés résultats de trois sériés d’expériencesii I. Avec le radiur en tube scellé : Les résultats sortit dé même ordre Qué ceux de Sutton dont fous vénons de parler. Avéc lé pois, ils démon- trent néltement l'influence empêchante |des. fadiations süscéptibles de traverser le vefré Il. Avec le Fadium en solution : Il nésé mani- feste pas d’action nette. De très faibles doses de radium én sülution (de 2 xX 107 à 10 X 10-7 gr. par litre) sonf inactivés. 1. Rev. gén. des Sc., 1913, p. 782. | Ne. 2, American Journal 9f Science, vol. XXXIX, pp: 391-897 ; 1915. : ï , 3. The Gardeñer Chronicle, vol: LVII, 1915: h. Ann. dé l'T. Pasteur, 1. XXIX, p. 261-278; 1915, 1 r< v Ji BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE 113 I. Avec le radium en ampoule non scellée : Les expériences ont été faites avec des pois, soja, froment et lupin blanc. Le résultat a été partout le même : une activation considérable de la croissance par l’effet de l’émanation du radium. Des recherches de contrôle éxcluent une action secondaire de l'ozone qui sérait éventuel- lement produit par les émanations. L'auteur conclut que la radioactivité perma- nente du sol n’est pas sans jouer un rôle dans la vie végétale, mais il est nécessaire de mesurer exactement la quantité d'émahation favorable et d'en éténdre l'étude, si possible, à la croissance complète de la plante dans les milieux naturels et artificiels: il faudra aussi essayer de délimiter la part des différentes émanations et continuér l’étude de leur influence sur les caractères des tissus. Nous ajouteroñs qu’il faudrait parallèlement étudier leur influence sur la flore microbienne du sol, qui peut être ‘elle-même influencée et exercer une action secondaire sur le développe- ment des plantes mises en observation. A côté de ces études théoriques, des essais pratiqués ont été faits au moyen d'engrais radio- actifs en pleins champs ou dans des jardins. Ces expériences ont été conduites en Amérique avec _ des engrais préparés par la Standard Chemical Company de Pittsburg. Hopkins et Sachs! emploient l’engrais sous . forme de solution de chlorure de baryum radi- fère et de sulfate de baryum radifère solide. _ L'application se fait à la dose dé 0,025 mg. de radium à 100 fois cette quantité par hec- _ tare. Les plantes cultivées furent : üne année le maïs, une année le soja. Il n’y eut jamais . augmentation de rendement, Le prix est d’autre . part élevé et les auteurs .concluent que, dans les conditions économiques actuelles, une dépense formidable à l’hectare serait effectuée Sans avantage: Ultérieurement, Rusby? est äfrivé à des con- 4 clusions bien différentes à tous points de vue. L'engrais employé, provenant également de _ Pittsburg, était sous la forme de résidus fine- ment pulvérisés de minerais radifères après extraction du fadium. Ils comportaient de 2 à 3 mg. de radium par tonne. Une première série d'expériences fut faite avec des radis semés en caisse. La poudre était appli- quée à raison de 11,16 gr. ‘par m°; entre deux _ lignes de radis écartées de 10cm. Les radis traités furent immédiatement tres différents de ceux 1. Science, vol. XLI, pp. 732-735; mai 1915. 2. Journal df thé Néw York botanic ‘al Garden, vol. PP. 133; pl. CXLII ; 1915, XVI, qui ne l’étaient RE : le poids des parties vertes était réduit de 17 /,, mais celui des racines avait augmenté de 20 ‘/,. Par conséquent, sous l'influencé de la radiation, l'assimilation requiert une moindre surface de feuilles vertes: Une deuxième expériencé, faite avec des choux et dés tomates, rhone de constater que la germination a (Fo 1 à 2 jours plus tôt. Une troisième série d'expériences fut effectuée dans un jardin avec desnavets, carottes, tomates, pastèques, oignons, graminées fourra- geres, etc. Presque toutes les plantes donnèrent une augmentation de rendement dont le maxi- mum atteignait 129 (/,. L'effet de la radiation se traduit surtout par le développement du système radiculaire, qui est d'autant plus accéléré que les caractères spé- cifiques comportent an contact plus g'and avec le sol. C’est ainsi que dés variétés dé navets à racine de forme allongée donnent une augmen- tation proportionnelle du poids des racines plus grande que celle d’une variété à forme courte et globuleuse. Quant à la tige, son déve- loppement peut être retardé. L'effet sur la résistance à la maladie est favo- rable ou défavorable suivant la nature spéci- fique de l'hôte infesté. Quant au coût de l’opéra- tion, il est inférieur à la plus-value obtenue dès la première année et l’effet favorable se maintient dans les cultures successives. céleris, IV. — La PLanre. LES MÉTHODES DE SÉLECTION APPIIQUÉES AUX CÉRÉALES DE SEMENCES L'importance de cette question, une des plus à l’ordre du jour de l’Agronomie contempo- raine, nous a oblige de la traitér à part dans un article récent de la /evue (n° du 15 février 1919, pp: 79285, et n° du 28 fév., pp. 108-114). Nous rappelons aussi la mise au point si inté- réssante de la question du « Blé et sa culture en France », parue dans là AÆRevue (n° du 31 déc. 1918, pp. 694-716), par MM. de Vilmorin et A. Meunissier. V.— L'Aximac. — DonNÉES NOUVELLES RELATIVES A L'ALIMENTATION Au cours de ces dernières années, nos idées sur la nutrition ont subi une évolution qui ést presque une révolution, A la suite de découvertes de faits nouveaux, qui honorent particulièrement l'Ecole améri- caine, on a dù reconnaitre que certains principes trop simples sur lesquels on sefondait pour éta- blir les régimes alimentaires étaient faux à force d’être incomplets et conduisaient à des pratiques défectueuses. Bien des maladies inexpliquées il k14 y a peu de temps apparaissent aujourd’hui, à la lumière de ces découvertes, d'une étiologie plus claire et d’une curabilité possible. L'alimentation du bétail, sa pathologie, doi- vent recevoir un profit considérable des faits nouveaux mis en évidence. Aussi, croyons-nous devoir insister un peu sur ces progrès que nous n’hésitons à considérercomme les plus notables dont se soient enrichies les sciences biologiques appliquées dans ces dernières années. Toutefois, l'étendue et la complexité de la question ne nous permettent d'en donner qu’une ‘simple esquisse. 1. Les idées anciennes. — I] s’agit d’une ancien- neté bien relative, puisque ces idées règnent encore généralement, les idées nouxelles entrant à peine dans le domaine classique et dans celui des applications. C’est seulement depuis une huitaine d'années qu’elles commencent à se faire jour. On enseignait que le développement et la vie d’un animal sont assurés si on lui procure, en quantité suflisante : l’eau, des sels minéraux, de l’azote et des rations calculées pour subvenir à ses besoins énergétiques et calorifiques. Peu importait sous quelle forme chacune de ces catégories était administrée, les besoins étant, pensait-on,simplementquantitatifs. Le problème alimentaire se ramenait à un calcul de calories; des substances capables de donner un même nombre de calories étaient interchangeables. De même, il importait peu sous quelle forme était apportée l’azote; les différentes albumines animales ou même végétales pouvaient égale- ment satisfaire aux besoins de l'édification plas- tique de l'organisme. Si cette notion d’équiva- lence ou d’interchangeabilité est vraie en ce qui concerne beaucoup de matières hydrccarbonées (certains sucres, ete., mais non les graisses), elle est fausse pour les matières albuminoïdes. On les considérait, dans la pratique, comme un groupe homogène, et cependant, depuis long- temps déjà, les chimistes nous ont appris que les albumines donnent par l’hydrolyse, soit ën vitro, Soit au cours des digestions naturelles, des produits de dégradation qui peuvent ètre différents suivant leur C.:_ine; ces albumines d’origine sont donc elles-t1èmes :fférentes. [l'en résultait dans la pratique des errements fâcheux : régimes diététiques mal composés entiainant le retard ou l'arrêt de développe- ment des jeunes, régimes trop uniformes aux- quels manquaient certains éléments secondaires, mais nécessaires pour l'entretien, produisant parfois des maladies graves encore qu'ils fussent institués souvent dans un but thérapeutique. La J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE a ———————————— ——————————— —…—— — —" ————————————…—— — — ———————…—…— —….—…— ——_—_…—…—…—…—….…____…—— procréation, l'élevage de la progéniture pou- vaient eux-mêmes subir le contre-coup de ces fautes d'alimentation. De nombreuses maladies, au sujet desquelles les pathologistes exerçaient en vain leur saga- cité, n’ont d’autres causes que le manque dans le régime d'éléments méconnus hier encore et dont la connaissance donne aujourd’hui lexpli- cation en même temps que les moyens curatifs. Telles sont : le béribéri, maladie des pays rizi- phages, et diverses polynévrites des animaux, le scorbut vrai ou « des navigateurs » et le scorbut infantile ou maladie de Barlow, le rachitisme, la xérophtalmie et vraisemblablement la pellagre. Ce sont des maladies par insuffisance, deficiency diseases où avitaminoses de Funk, appelées encore «maladies par carence », du lat. carere, manquer, par Weillet Mouriquand.Il faut, sans doute, join- dre à ces maladies plusieurs affections nées des conditions spéciales de la guerre : les «néphrites: de guerre » et peut-être — au moins pour une part — la « gelure des pieds » (Bruntz et Spill- mann). .. Les connaissances nouvelles concernant ces maladies de nutrition résultent, pour l’homme, de l’observation clinique et, pour les animaux, de celle-ci complétée par l’expérimentation. 2. Les matières albuminoïdes et les acides aminés. Travaux de l'École américaine. — Ce fut certainement, pour nombre de biologistes que leurs études habituelles n’obligent pas à évoluer dans le domaine des questions de l'ali- mentation des animaux, une révélation que la lecture de l’article par lequel M. le professeur Gley faisait connaître les travaux de l'École amé- ricaine sur le rôle des acides aminés dans l’ali- mentation, notamment ceux de Osborne et Mendel!. . . Les matières albuminoïdes donnent par dégra- dation, comme nous venons de le dire, des pro- duits divers et finalement des acides aminés qui. peuvent être différents. L'organisme animal, suivant sa nature spécifique et, pour une même espèce, suivant l’époque de son développement, exige tel ou tel de ces acides aminés, non pas comme aliment proprement dit, mais parce que son organisme, qui ne sait en faire la synthèse, — en a besoin pour constituer le noyau chimique de telle substance particulière indispensable au fonctionnement normal. Il faudra que les albu- mines ingérées lui procurent un minimum de ces amino-acides déterminés, sans quoi elles ne seront pas adéquates, quelle que soit leur quan- üté; l'organisme souffrira alors par défaut d’un élément essentiel dans l’alimentation si un tel l. Rev. scientifique, juin 1917, p. 321. t E ! | | Ë J. BEAUVERIE. — REVUESD'AGRONOMIE 415 régime déficient se prolonge. Cet état d'infério- rité existera quel que soit le nombre de calories apportées d'autre part, au moyen de matières hydrocarbonées : hydrates de carbone, huiles ou graisses. La quantité de ces amino-acides (par exemple la lysine pour la croissance, le tryptophane pour l'entretien), disponibles dans le régime, peut de- venir le facteur limitant qui détermine l’équili- bre nutritif et la capacité de croissance chez un individu. Ces expériences fournissent un exem- ple notable de la « loi du minimum » appliquée aux constituants essentiels de l’alimentation. 3. Les acides aminés, les «hormones» et les ve- gétaux. Les « Auximones ». — Nous signalerons ici l'intéressante remarque suivante, à propos du rôlé des acides aminés dans l'alimentation des animaux : « Pareille conclusion parait s'appli- quer aussi aux plantes supérieures; celles-ci sont en effet capables d'absorber divers produits organiques azotés, tels que des acides aminés; elles-peuvent donc trouver, dans l’humus, cer- tains aliments spéciaux actifs, utiles tout au moins au fonctionnement organique et peut-être susceptibles de jouer le rôle d'aliments spéciaux. Il y a là un sujet de recherches théoriques qui peuvent être d'un grand intérêt au point de vue agricole !. » Des recherches ont d’ailleurs été engagées dans cette voie. Bottomley (1914, 1917), en vou- lant éclaircir les causes de l’action fertilisante de la tourbe de Sphagnum bactérisée (par action des aérobies du sol à 26°), fut amené à étendre aux végétaux la notion de vitamine. Il donna le nom d'auximones aux facteurs accessoires de la croissance et de l'équilibre chez les végétaux. Les microorganismes de la tourbe transforment l'acide humique en humates solubles. Cette tourbe, une fois stérilisée, constitue une ma- tière fertilisante excellente. Il constata, de plus, “par la suite, que cette tourbe fermentée renferme une substance extractible par l'alcool et l’eau résultant d’une synthèse par les bactéries du sol introduites, laquelle, même à très faible dose, a une action stimulante remarquable sur la végétation ; il en fit tout naturellement le rappro- chement avec là vitamine que Funk venait d’ex- traire de la levure de bière. Cette action stimulante d’auximones peut être constatée sur des végétaux aussi simples que les bactéries, ainsi que nous le signalons plus haut à propos de l’Azotobacter ? (voir p. 373). 1. Gain : Précis de Chimie agricole, 1918, p. 50. 2. On trouvera un exposé de cette question des « auxi- mones » des végétaux, pp. 46 à 54 du travail de G. Scnarr- FER : « Facteurs accessoires de la croissance et de l’équili- bre », Bul. de l'Institut Pasteur, n°* 1 et 2, 1919, Pour Ciamician et Ravenna (1918), les alca- loïdes ont peut-être dans l'organisme un rôle d'hormones végétales ; les diverses espèces végé- tales, pour tirer parti de ces produits de rebut inutilisables tels quels, en transformeraient la composition de façon à les rendre aptes aux fonctions spécifiques auxquelles elles doivent servir, comparablement à ce qui se produit chez les animaux qui, par exemple; produisent l'adré- naline des capsules surrénales à l’aide de la tyrosine. 4. Les Vitamines. — D’autres éléments que les amino-acides, agissant aussi en quantité infime, doivent se trouver présents dans lali- mentation sous peine d’entrainer la faillite de tout le régime alimentaire. On les a appelés les vitamines-et on a d'abord reconnu leur présence dans le péricarpe et le tégument des graines de céréales, dans ces enveloppes soudées à l’albu- men farineux que certains auteurs appellent la « cuticule » par un abus de langage particulié- rement sensible à un botaniste. Ces « graines » de céréales (nous devrions dire ces « fruits », pour parler correctement la terminologie bota- nique, mais nous sacrifierons à l'usage), admi- nistrées « décortiquées » et exclusivement, en- trainent des maladies spéciales parmi lesquelles le béribéri, des polynévrites avec manifestations paralytiques et même la mort. L'expérience la plus typique et la plus ancienne est celle qui consiste à administrer du riz glacé à des pi- geons. Ces maladies résultent de l'absence de vitamines dans le régime, emportées qu'elles furent par « l'écorce » des grains. Ces vitamines, que Funk a particulièrement étudiées, sont encore mal définies au point de vue chimique, mais on a formulé à ce sujet plu- sieurs hypothèses qu'il sera intéressant de retracer et de comparer[Funk, puis William, Roberts, Seidell et Atherton (1916)].Quoi qu'ilen soit, Funk est arrivé à extraire des balles du riz une substance qui fait promptement cesser les troubles de la polynévrite et du béribéri et cor- respond à la vitamine de ces organes. 5. Le « facteur À » et le «facteur B » : carac- tères, répartition dans les aliments naturels, les régimes compensés. — Les savants américains, notamment Me Collum et Davis et des collabora- teurs, Osborne et Mendel, et d’autres, étendant les données du problème, ont caractérisé des « facteurs À et B » (que nous définirons plus loin; et certaines substances minérales, comme le calcium et le sodium, dont l'absence prolongée dans le régime alimentaire entraîne des troubles caractérisés qui peuvent être très graves. Si l’on donne au mot « vitamine » un sens générique, s'appliquant à l'ensemble des substan- ces plus ou moins mal définies chimiquement qui provoquent des troubles: par défaut, il fau- dra ranger les facteurs À et B dans cette catégo- rie. Il faudrait à fortiori y faire rentrer les aci- des aminés, qui, eux, sont des corps chimiques définis et connus, si l’on s’en réfère à l'étymolo- gie:vrta, vie, et amine. Le mot vitamine, au sens où on l’'emploie généralement, est donc défec- tueux. Les substances du groupe À sont solubles dans les graisses et les lipoïdes. On les trouve, par exemple, dans le jaune d'œuf, le lait, le beurre, l'huile de foie de morue, la graisse de bœuf et la margarine qu'on en tire, les feuilles de chou- fleur et, d'une façon générale, dans beaucoup de feuilles. Elles manquent dans le saindoux, le lard de porc, la margarine ne provenant pas de la graisse de bœuf, les huiles végétales (olive, amande douce, coco, arachide, coton): les « beurres végétaux » ne peuvent donc être assi- milés au véritable beurre. Si l’on remplace le - beurre par une quantité isodynamique de sain- doux dans la ration alimentaire d’un animal, celui-ci perd de son poids jusqu’à ce que la mort _survienne; par contre, la margarine de graisse de bœuf présente une valeur nutritive similaire à cellè du beurre. L'absence du facteur À provoque particulièrement des lésions oculaires (de la xéro- phtalmie) et, après quelques semaines, la cécité. Mais ces manifestations rétrocèdent et dispa- raissent si l'on modifie à temps le régime!. Le facteur À est abondant dans les feuilles, rare dans les graines (sauf le lin, le millet, le soja). i Les substances du groupe B sont solubles dans l’eau et l'alcool, insolubles dans les graisses et les lipoides; elles se trouvent : dans « l’écorce » des graines ou les embryons et non au sein des résérves amylacées (blé, haricots, etc.), le jaune d'œuf, le lait et particulièrement le petit lait qui entraine, la levure de bière et même le lactose, car ce sucre cristallisable retient à l'état d’im- pureté une matière azotée qui renferme le prin- cipe actif. On peut affirmer aujourd’hui que le facteur B est identique à la « vitamine » de Funk extraite du son de riz, 1. Déjà en 1912, K, Maignon avait montré que l'albumine d'œuf est np à elle seule à entretenir la vie chez les animaux (chien, rats blancs}, tandis que le mélange albu- mine d'œuf el graisse permet de maintenir en état d'équilibre nutritif des rats blancs pendant plusieurs mois. Les graisses jouent, dans l'utilisation des matières protéiques, un rôle important, que ne peuvent remplir les hydrates de carbone {MAIGNON : C. r. Ac! des Sc., 1918). Un certain équilibre est, en autre, nécessaire entre les trois facteurs : protéines, graisses et hydrates de carbone (sucres) pour éviter les troubles du métabolisme (Breray et PorTier : C.r, Ac, des Se., 1918), J. BEAUVERIE. — REVUE D’AGRONOMIE Ces deux types de vitamines existent, en somme, tous les deux dans les extraits de tissus riches en dans les tissus de réserve, qu’ils soient animaux ou végétaux. Ces données, établies expérimentalement, font prévoir les applications : Il est difficile, sinon impossible, d'obtenir un développement, même limité, pendant une période un peu longue, à l’aide d’un régime constitué exclusivement de graines, Les graines — si l’on en excepte le riz glacé et le haricot —ontdes propriétés diététiques voisines (Me Collum, Simmonds et Pitz, mai 41917), à savoir : 1° leurs protéines ont une valeur mé- diocre : certains amino-acides y sont en quan- tité inférieure à l’optimum; 2° la teneur en sels {notamment de Na et Ca) est insuffisante pour satisfaire au développement normal ; 3° la tenèur en élément À soluble dans les graisses est infé- rieure à ce que réclame l'animal pendant sa croissance. Le riz leur ressemble s'il est entier, mais, s’il est glacé, l'élément B soluble dans l’eau fait, en outre, défaut. Quant au haricot, il diffère surtout par l’infériorité de ses protéines, où les amino-acides essentiels sont en quantité défi- ciente. On sera peut-être surpris d'apprendre ainsi qu'un régime où l’aliment protéique n’est fourni que par le froment exerce une influence nette- ment défavorable sur la vie de l'individu ou sur la progéniture, suivant l’espèce animale consi- dérée. Du fait que le facteur B est abondant dans les graines, mais que le facteur À y est rare et les sels aussi, et que, d'autre part, le facteur À est abondant dans les feuilles, ainsi que les élé- ments minéraux, dn pourra à l’aide de mélanges — que les auteurs analysent avec précision — établir des régimes compensés donnant le déve- loppement optimum, Comme on le voit déjà, la présence de ces fae- teurs accessoires de l'alimentation pour la erois- sance et l’équilibre a fait l’objet de nombreuses recherches poursuivies par une légion de travail leurs dans les Instituts des Universités améri- caines. On les a recherchés et étudiés dans la viande, le lait, les matières grasses, les matières minérales; chez les végétaux: dans les tiges, les fruits et surtout les graines et les feuilles. Des études monographiques ont été publiées sur les graines de céréales : blé, orge, avoine, maïs, riz, etc., les pommes de terre, les graines de Légus mineuses : haricot, arachide, etc. Dans une étude complète et immédiatement pratique, il faudrait analyser les résultats obtenus dans les divers cas. On a poussé également l'étude de la localisa- tion des « facteurs accessoires » ou « vitamines » éléments cellulaires actifs et non 4 NAS D nr CFA J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE 17 dans les graines des céréales, particulièrement dans l'enveloppe (péricarpe et tégument), dans l'embryon et dans la couche à aleurone. _ Me Collum, Simmonds et Pitz mettenten garde contre la confusion qui pourrait s'établir entre les troubles résültant d’un régime invariable de blé ou d'avoine par suite de carence ou de toxi- - cité spécifique et ceux qui proviennent dela stase dans l'intestin des produits de digestion de ces _ aliments. Ën séjournant, ils subissent une fer- _ mentation dont les produits toxiques sont absor- bés par la muqueuse intestinale. D'ailleurs, Hul _ et Rettger ont montré que la flore bactérienne _ putréfiante qui se développe dans pe peu - être transformée en flore acidophile par inges- tion de lactose et d'autres sucres ayant un effet _ moindre. ke : 6. Application des données précédentes à > l'étude des régimes alimentaires des animaux. — _ Nous venons d'indiquer comment ces données ! acquises ont déjà pu conduire à des conclusions pratiques pour l'établissement des rations équi- librées du bétail, des régimes compensés,par des _ mélanges d'aliments naturels dont la considé- - ration des « rapports complémentaires » exis- tant entre eux indique la nature et les propor- tions. Les « rations complètes » anciennes, calculées _ en: protéine totale (sans mention de qualité), énergie calorifique, cendres, ont certainement . une très grande valeur résultant d’un empirisme _ éprouvé, mais elles doivent être améliorées dans : le sens des connaissances nouvellement acquises, c'est-à-dire en tenant compte des, facteurs sui- xants : protéines (quantité et qualité), énergie calorifique, cendres (qualité et proportion), plus . deux facteurs de constitution inconnus (qu'on peut appeler « vitamines » au sens large) : le « facteur À soluble dans les matières grasses » et le « facteur B soluble dans l’eau ». Il ÿ a lieu de _ Lenir compte encore des facteurs {oricité, qui ne sont peut-être que des résultantes des elfets de l'absorption par la muqueuse intestinale de poi- _ sons résultant d'une fermentation microbienne aux dépens des aliments considérés. _ On a pu déduire aussi del’étude des vitamines, _ ments!. # 1. Depuis la rédaction de ce travail, ont paru les conclu - - sions des séances de la « Commission d'alimentation de la Société de Biologie », présidée par M. Ch. Riehet {C. r. Soc. . de Biologie, Mémoires, t. LXXI, n° 22, p. 1163-1164; déo. - 1918) en ce qui concerne les « Besoins de l'organisme enma- lières azotées ». , - Nous crofons utile de reproduire ces conclusions particu- lièrement nettes et pratiques : _ 1* Les matières dbéminordes sont nécessaires dans l'ali- mentation, non point en Lant que telles, mais par les acides . Jes méilleurs moyens de conservation des ali-. .7.. Influence des conditions de milieu sur les pi- tamines. — Les vitamines sont fort sensiblesaux actions extérieures, comme la chaleur, la réac- tion acide ou alcaline du milieu, ete. La réfrigé- ration, telle que celle qui permet d'obtenir les « viandes frigorifiées », est sans effet défavorable sur elles. On conçoit toute l'importance pratique de l'étude des facteurs qui peuvent détruire l’acti- vité des vitamines et faire perdre ainsi à l'aliment certaines de ses propriétés essentielles, C’est ce -qui se produit par la stérilisation des aliments d'origine animale ou végétale (Gryns [19011, Weill et Mouriquand) !ouw par leur cuisson trop prolongée. Ainsi s'expliquent les maladies ré- sultant de l'adoption d’un régime exclusif de « conserves » et le fait qu'elles cèdent prompte- ment à l'apport d'aliments frais. peuvent être précisés que suivant un détail qualitatif très compliqué, : 2+ La Physiologie ne peut encore établir un tel tableau. Ces besoins en acides aminés définis sontimpératifs, mais quan- titulivement très faibles. Les vitamines sont un cas particulier de cette règle géné- rale. 3° Avec un régime suffisant au point de vue énergétique et choisi spécialement quant à la qualité des albuminoïdes, l'apport quotidien de celles-ci peut être réduit à un taux tres bas. 49 Duns les problèmes pratiques d'alimentation et de ravi- tuillement, on nepeut prendre comme base de tels résultats, 11 faut réaliser une ration globale d'albuminoïdes suffisante pour que tous les besoins de’ détail trouvent à s’y satisfaire. ñ° … On peut fixer comme minimum exigible pour l’entre= tien de l'adulte, suivant la formule donnée par Lapicque en 189%, À gr. d’albumine par jour et par kg de poids corporel, étant bien entendu que le ‘besoin d'énergie est couvert par ailleurs. ü° Cette règle suppose le régime mixte; en régime stricte- ment végétarien, la qualité des albuminoïdes doit être ana- lysée ; pur exemple, le régime du riz seul paraît insuffisant, 7° Le cas du travailleur ne demande aucune attention parti- culière, le travail ne consommant pas d’albumine et, au sur- plus, toute augmentation de Ja ration entraînant épso facto un accroissement d'apport d'albuminoïde. 8° Les enfants, les jeunes gens, les femmes enceintes, les nourrices, c'est-à-dire, directement ou indirectement, les or- ganismes en croissance, doivent être l'objet d'une sollicitude partieulière au point de vue de l'azote, lorsque la nourriture est rare. Il est prudent, outre la règle ci-dessus, de leur assurer l'apport d'une petite quantité d'albumine animale. 1. I y a lieu, évidemment, d'appliquer ces connaissances à la confection des milieux de culture en Miorobiologie, Dans les milieux usuels, le facteur B existe toujours si l'on emploie un bouillon et plus encore s'il y a la levure comme élément . de préparation. Le facteur À manque le plus souvent et n'existe à coup sûr que par l'apport de lait ou de jaune d'œuf. De plus, la stérilisation à 120° détruit les vitamines: dès lors, bien des échecs peuvent s'expliquer et la qualitéde « paräsites nécessaires » que nous attribuons à certains mi- crobes parasites des végétaux, notamment, ne serait pas réelle; la notion que nous en avons résulterait de notre incapacité à leur fournir l'aliment complet. 11 y aurait donc grand intérêt à préparer des milieux par des moyens n'alté- rant pas les vitamines ou facteurs accessoires de la nutrition. S'il s'agit d'un parasite (champignon ou bactérie) de plante, on pourra essayer d'extraire le milieu de culture de la sub= stance même de l'hôte et de l’obtenir aseptiquement, ou bien par filtration, ou par une tyndallisation, ou par quelque autre procédé à étudier. On pourra aussi chercher à intro- duire les vitamines isolées dans un milien donné où l’on aura préalablement reconnu leur absence. Peut-être alors des pa- rasiles que nous ne savons cultiver, comme les rouilles des céréales, par exemple, pourront-ils être obtenus en culture: il en est de mème pour certains purasiles des animaux. On peut done entrevoir un champ d'étude et de progrès vaste et ninés qui les constituent, Les besoins de l'organisme ne ! fécond pour la lutte contre les parasites. % 418 I] faut d’ailleurs distinguer, à ce point de vue, entre les vitamines d'origines diverses: c’est ainsi que le «facteur B soluble dans l’eau » peut sup- porter l’action prolongée de la chaleur au point d’ébullition et même au-dessus. On verra plus loin comment ce rôle de la tem- pérature sur la production « d'aliments carencés» permet à Portier de déduire de sa théorie des symbiotesune explication des maladiespar « avi- taminose ». [ 8. Activité des recherches en cours. Importance de la question au point de vue agronomique. — Sans parler des précurseurs, nous citerons quel- ques noms parmi ceux qui reviennentle plussou- vent au cours de ces recherches. On sait qu’à la suite de l’observation de ce qui se passe dans les pays de grande ‘consommation de riz, on constata, notamment Eijkmann (1897), que le béribéri sévit sur les individus qui se nourrissent de riz glacé, c’est-à-dire débarrassé de’sa pellicule glacée par polissage; ceux qui consomment, au contraire, le riz paddi, c’est-à- dire entier, ne sont pas atteints. Si l’on ajouteau régime du riz poli les pellicules enlevées, le ma- . lade guéfit très vite. Gryns en conclut, dès 4900, que la pellicule argentée du riz contient une sub- stance indispensable à la régularité de certains échanges et que le béribéri est une maladie de nutrition résultant de l’absence de cette sub- stance dans le régime. Ce fut Casimir Funk, sa- vant polonais, qui isola d’abord le principe actif de la balle du paddi, le caractérisa chimiquement comme base pyrimidique (elle appartiendrait, par conséquent, au groupe des substances con- stituant le noyau cellulaire) et lui donna le nom de vitamine pour exprimer d’une part son rôle biologique important (du latin vita, vie), et d’autre part sa parenté chimique avec les acides aminés. : De très nombreux expérimentateurs améri- cains ont poursuivi aux Etats-Unis des recher- ches sur les éléments accessoires de l’alimenta- tion. L'importance desrésultats obtenus dansune période relativement très courte démontre ce que peuvent faire, en même temps que l'esprit de méthode des travailleurs, leur nombre et la puis- sance des moyens. Parmi eux, contentons-nous de nommerOsborne et Mendel, Me Collum, Funk, Hopkins et leurs collaborateurs. Les résultats sont le plus généralement publiésdans The Jour- nal of biological Chemistry, de Baltimore. Le ri- che filon est inlassablement exploité et il n’est pas de mois qui ne voie éelore une série de nou- velles publications. Il faudrait encore citer des Japonais, Loew en Allemagne (pour les matières minérales), ete. En J. BEAUVERIE. — REVUE D'AGRONOMIE é France, de remarquables articles du Professeur Gley, de G. Schaelfer ont fait connaître les prin- cipauxrésultats obtenus. WeilletMouriquandont été amenés, comme médecins-s'occupant spécia- lement des maladies des enfants, à aborder l’étude des éléments accessoires en question. C'est qu’en effet l’alimentation des jeunes, for- cément très limitée dans sa variété, laisse plus facilement prise que toute autre au déficit de certains éléments; la compensation n'intervient pas,comme cela se produit aisément chezl’adulte, du fait de la variété du régime. Siles savants lyonnais n'ont pas inventé la question des vita- mines, ils l’ont du moins « agitée », — et cela fort utilement. Ils n’ont d’ailleurs pas seulement sollicité l'attention en France sur le sujet, ils l'ont encore enrichi de contributions person- nelles. Le professeur “Maignon est également l'auteur d'importantes recherches qui se ratta- chent à la question; nous aurons l’occasion d'y revenir dans une revue ultérieure. L'ensemble de ces travaux mériterait d’être exposé en détail, au point de vue de l'alimenta- tion des animaux. Ils présentent, nous le répé- tons, un immense intérêt pour l’agriculture. Ils sont à leur début, mais font prévoir dans l'ave- nir une économie bien plus parfaite dans l’éta- blissement des rations alimentaires en suppri- mant le gaspillage involontaire, une précision toute scientifique dans l’élevage des jeunes et une amélioration certaine des conditions de la pro- création !. J. Beauverie, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. . 1. Nous ne ferons que citer ici, pour mémoire, les théories de Portier réunies en un corps de doctrine dans un volume récent (Les Symbiotes, 1918, 315 p., 63 fig., 1 pl.). Leur nou- veauté, leur hardiesse excessive doivent être un tilre à notre prudence, Voici, en deux mots, ce dont il s'agit : Tous les êtres vivants sont constitués par l'association, l’« emboitement de deux êtres différents ». C'est ainsi que dans nos tissus toute la synthèse biologique serait l’œuvre d’un symbiote vivant sous forme de bactéries (« mitochon- dries » des cylologistes). Elles viennent du milieu extérieur et peuvent y retourner, y vivre d'une vie indépendante, si toutelois elles ne sont pas définitivement domestiquées. Ces bactéries seraient les seuls êtres simples, tous les autres se- raient doubles. Si les microbes symbiotes viennent à faire défaut dans un organisme (animal ou plante), il meurt, dans l'incapacité où il se trouve réduit de procéder à la répara- tion de ses lissus ou de ses réseèrves, Ces hypothèses, construites sur des faits sujets à interpre- tation, conduisent l’auteur à expliquer la cause des maladies par « carence » ou « avitaminose » : elles ne seraient autre chose qu'un déficit de symbiotes dans l'organisme, La cha- leur humide à 120° tue les symbiotes; or c'est précisément la température qu'il faut atteindre pour avoir des aliments pro- voquant la « carence ». Portier arriverait même à guérir l'animal souffrant de « carence » en lui inoculant ses microbes symbiotes, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX À CU SATRORE SEP TR RE ERRE RS "6 RER E 419 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX : 4° Sciences mathématiques Kaÿé (G. R.). — The Astronomical Obsérvatoriés of Jai Singh. (Archrolôgical Sürvèy 6f Indiu, Néiv Imperial Séries, vol. XL.) — À vôl. in-4° de 151 . illustré. àvéc carté (Prix : 25 sh.). Superintendent ôvernment Printiné, Calcuttà, 1918. Un successeur de Tamerlan, son pelit-fils Ulugh Beg, avait publié à Samarcande, en 1437, le plus précieux des Catalogues d’étoiles du Moyen Age. Les Grands Mogols, héritiers d’Ulugh Beg-aux Indes, ne paraissent pas avoir partagé son amour de l'Astronomie et ils * laissèrent à leurs vassaux indigènes Khonneur d’être sés continuateurs. Tel fut Jai Singh (1686-1743), rajah de Jaipur, dont M. Kaye nous présente ici l'œuvre sous forme d'un magnilique volume orné de très belles héliogravures. ; . À dire vrai, le rajah s’est surtout borné à reprendre le catalogue d'Ulugh Beg et, étant donnée l’époque où il vivait, l'intérêt astronomiquede son travail ést assez mince. Mais ce point de vue n’est pas le seul à envi- sager et il est vraiment curieux de voir quels instru- ments, à la fois grandioses et surannés, nécessitèrent ces recherches. Car Jai Singh (en 1740!) ne connaitpas encore les lunettes et il emploie des gnomons, des ca- drans solaires en maçonnerie, de dimensions colossales (ses cercles de pierre ont jusqu’à 30 m. de rayon), tän- dis que de grands astrolabes ou même des équato- riaux à pinnules lui servent à mesurer les distances. Ce n’est évidemment pas par de tels moyens qu’il pou- vait rivaliser avec Bradley. Nous voyons là un nouvel exemple de cette stérilité inusulriäne dont témoignaient déjà lés Arabes du témps des ealifes : une civilisation poétique et raflihée, des intelligenées promptes à $’ässimiler le passé et; malgré des dons adrhirables, nul elfort sérieux vers le pro- grès. Jean BosLER, , Astronome à l'Observatoire de Meudon. Jaquin (F.), /ngénieur À. et M. — L'organisation rationnelle des Atéliers de mécanique. — / vol. in-S° de 86 pages (Pri£ : 7 fr. 80). Dunod et Pinat, éditeurs, Paris, 1019. C’est un lieu commun de dire que la lutte économique … vadévenir très âpreet que, pour la mener, l'industriel va être tenu d’avoir une compréhension tout autre, que celle d'avant guérre, dés méthodes de travail et des rap- : ports qu’il doit entretenir avec sesouvriers. Aüssi n'est-il partout question que d'organisation scientifique, ce qui ne doit pas vouloir dire exploitation forcenée, car organiser c'est prévoir pour évitértous les | _ gaspillages, celui du témps en particulier. C'est pourquoi on entend de tous côtés parler des méthodes de Taylor comme propres à amener automaäti- quement ce résultat. La taylorisation est devenue un dogme qui, comme tous les dogmes, est aceeplé Sans que la plupart du temps on sache bien de quoi il s'agit. Ce n’est pourtant pas faute d’écrits sur la questian: Mais la méthode de Taylor ne vaut que par la façon dont elle peut être appliquée, et toutes les dissertations théoriques Sur le sujet ne vaudront jamais, comme valeur éducative, une exposition d'une application eoncrète à un objet bien déterminé. C'est ce que réalise ce petit volume. L'auteur a choisi la construction automobile parce qu'elle utilise toutes les spécialités de la construction . mécanique. Il ne s'occupe que de l'atelier et des services qui le commandent.Il suppose les modèles étudiés et admet qu’il ne reste à travailler que suivant les plans _ définitifs. C’est le eas de toute usine travaillant à façon. : 4 Un premier chapitre traite donc de la répartition des attributions, un deuxième du rôle de chaque service pendant la période de préparation, un troisième du rôle et de la liaison des services pendant l'exécution. Il Semible bien que l’auteur ait ättéint lé but qu'il s’E- tait proposé : celui de tiontrer là méthode à suivre pour éviter tout ÿäspillage de temps, permèéttre le perfection- nement continu des procédés de travail et assürér à la Direction une vue d'ensemble constante et un contrôle effectif. È , Ce petit livre sera certainement bien reçu des jeunes générations que la question d'organisation passionne maintenant et qui nous promettent pour l'avenir la conquête de la position industrielle à laquelle nous avons droit. L. Porin.: 2° Sciences physiques Copäux (H.), Professeur de Uhimie minérale à l'Ecble de Physique etde Chimie industriellé de là Ville de Pris. — Introduction à là Chimie générale. — 1 vol. in:12 de 219 pages avéc 21 figures (Prix : 7fr.20). Gaüthier-Villars et Cie, éditeurs, Parts, 1919. Le temps est passé où l’enseignement de la Chimie seréduisait à l'énumération des propriétés des corps; elle a pris rang de‘science rationnelle et; avec le con- cours de la Physique, elle interprète les phénomènesen mettant en évidence leurs rapports mutuels et leurs liens de parenté, De ce fait, la curiosité des élèves; toujours avides d'explications, trouve à se satisfaire et leur mé- moire est soulagée d'autant. JE Les principes de cette Chimie rationnelle ont été ad- mirablement exposés par M. Copaux dans s on /ntroduc- tion à la Chimie générale, plaquette de lecture facile, attrayante par sa sobriété et par sa clarté, en mêmetemps que par le nombre et l'importance des sujets de Chimie et de Chimie physique qui y sont traités. Dans un travail si consciencieux, et j'ajouterai si sé- duisant, les moindres ombres vous frappent d'autant plus qu'elles se détachent sur un fond plus clair et, si peu importantes qu’ellessoient, l’impartialité ducompte rendu nous oblige à les signaler. Depuis que la Chimie existe comme science (et peut- ètre déjà du temps de l’Alchimie), on s’est servi du mot force pour déterminer l’activité des acides et des bases. Il faut avouer que ce terme vague ne convient plus — si tant est qu'il ait jamais convenu — à une Science qui a lié son sort avec la Physique; En réalité, ce qui définit cette activite des acides, c’est leurs vitesses de réaction sur les métaux ou sur les éthers ou sur le sucre qu’ils intervertissent, etc:; vitesses en parfait accord avec leurs conductibilités moléculaires. M, Copaux nous dit bien (pp. 105 et 106) qu'un acide et une base sont d’au- tant plus forts que leurs conductibilités moléculairessont plus grandes; mais il nous dit également (p: 189) que « lachaleur deneutralisation définit approximativement la force des acides ».1I1 y a là deux points de vue tout à fait différents, l’un qui concerne la vitesse de réaction, l’autre qui se rapporte au travail chimique, deux gran- deurs qui, non seulement n’ont pas les mêmes dimen- sions, mais ne sont pas proportionnelles; et; de fait, l’ordre décroissant des vitesses de réaction ne corres- pond pas avec celui des chaleurs de neutralisation. M. Copaux qui. dans son /ntroduction, traite de la dis- sociation électrolytique et des réactions d'ions, qui fait nn parallèle entre l’ordre des forces électromotrices de décomposition et les affinitéschimiques, aurait bien pu nous parler des sels compleres qui révèlent des for- ces électromotrices de décomposition, donc aussi des réactions, tout à fait anormales et que la théorie des ions interprète très bien. } bé, ; LE he Ces petites réserves n’aflectent en rien la valeur de l'ouvrage qui reste entière. Celivre, quiest au courant des recherches les plus récentes, intéressera non seulement les chimistes débu- tants auxquels il est destiné, mais peut-être encore da- vantage les chimistes déjà avancés dans la carrière. Auguste HozLARD, Docteur ès Sciences, Grandmougin (Eug. et Paul), — La réorganisa- tion de l'Industrie chimique en France. — 1 vol. in-8° de 277 pages (Prix : 15 fr.). H. Dunod et E. Pi- nat, éditeurs, Paris, 1918. La préface de cet ouvrage est écrite par Eugène Grandmougin; qui y développe cette idée fort juste que lé but de l'industriel et celui du savant sont les mêmes : tous deux travaillent pour accroître le bien-être maté- riel et moral de l’ensemble des citoyens. Pour y réussir, il faut qu'ils soient aidés par l'opinion publique, ins- truite par les livres et par la presse quotidienne. Cette dernière devrait être plus dégagée des visées commer- ciales et des influences politiques quelquefois mesquines, M. E. Grandmougin croit que l’évolution désirée par lui dans la mentalité française ne pourra être obtenue que par les jeunes gens en qui il place tout son espoir. Son livre est partagé en trois parties : La première, intitulée « Réorganisation du pays », est consacrée à mettre en lumière les leçons tirées de la guerre et, en particulier, cette vérité que la richesse ne consiste pas en or, mais dans la possession des matières premières et la capacité de les transformer. Dans la seconde partie, sous le vocable d'organisation spécialisée, le rôle de l'intelligence et du travail néces- saires à la production de la richesse est analysé avec une puissance de raisonnement et une documentation très frappantes. La troisième partie est relative à des questions de législation industrielle. Chacune de ces divisions mérite un examen spécial. Dans la première, l’auteur montre que la Conférence économique des Alliés (14 au 17 juin 1916) a examiné trop de choses pour qu’un pays particulier ÿ trouve une orientation. Or c’est la puissance économique qu'il faut développer chez nous. \. La meilleure utilisation de nos Colonies, si fertiles en richesses inexploitées, en serait un facteur puissant; mais cela ne sera possible qu'avec un développement du nombre de nos enfants. L'auteur montre que la po- pulation de l'Allemagne et celle de la France étaient à peu près égales en 18799. 35 ans après, celle de la France s'était accrue de 8 °/0; celle de l'Allemagne de 26 °/,. Les statistiques commerciales et maritimes sont aussi impressionnantes, Il insiste sur la nécessité de moderniser les méthodes d'éducation et d'instruction pour que les Français soient des hommes à la fois disciplinés et pleins d'initiative, Pour faire face aux charges fiscales d’après guerre, il faudra développer nos ressources. Il faudra plus que doubler le revenu annuel de la fortune française d'avant guerre (80 milliards au lieu de 35). Les ressources de la France en hommes, en matières premières, en force motrice, en moyens financiers sont examinées. Puis, c'est le « système Taylor », très intéressant pour les industries mécaniques, qui l’est moins pour les industries chimiques, mais qui a le grand mérite d’avoir mis en honneur le système analytique et d’avoir donné une solution de la réduction du nombre des ouvriers. La conclusion de ce chapitre est que la première chose consiste à changer notre mentalité, notre individualisme n'étant ni assez discipliné ni assez porté à des fins altruistes, La seconde partie de l'ouvrage débute par des consi- dérations sur l’enseignement et l'éducation, sur de la croyance aux grandes choses. Cela empêche de voir grand'et loin. d la perte . BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Puis l’auteur expose de nouveau ses idées sur l’ensei- gnement de la Chimie: Nous les avons analysées en ren-) dant compte d’un de ses ouvrages précédents : « Ensei- gnement de la Chimie industrielle en France!, » Il signale l'importance de la spécialisation, à laquelle il attache une importance de premier ordre, en particu- lier de la spécialisation à l'usine. Il parle avec autorité du rôle du chimiste industriel et de sa documentation par le périodique et le livré à l’usine même. L'organisation des services généraux et scientifiques d’une usine chimique est décrite avec précision dans les termes etavec beaucoup de compétence. Tous les futurs # industriels y apprendront à la bien concevoir, L'unité de direction et la coordination nécessaire des efforts y sont bien mises en valeur. La publicité industrielle y est aussi signalée comme un des facteurs du succès, Enfin, dans la troisième partie de l’ouvrage, la légis- lation relative aux brevets d'invention est analysée avec un esprit critique très avisé et avec hardiesse, puisque l’auteur émet le principe de protéger la richesse en for- mation et de frapper la richesse acquise, Il termine par une considération philosophique très juste quand il dit: « Les méthodes humaines n’évoluent guère dans le domaine moral, mais seule la technicité est en progrès. » On pourrait peut-être en déduire quelques conclusions qu'il laisse de côté, mais il a assez apporté d'idées et de faits dans son ouvrage pour en rendre la lecture utile et attachante. C'est un livre d'actualité, mais son mérite est assez grand pour qu'il reste plein d'intérêt quand, les années ayant passé, on pourra juger si les conseils Lu y sont donnés auront été bien suivis. C. CHABRIÉ, Professeur à la Sorbonne. 3° Sciences naturelles Van Tieghem(Ph.), Membre de l'Institut. — Eléments de Botanique. 5° édition, revue et corrigée par J, Cos- TANTIN, membre de l'Instlut. — 9 vol. in-16 de 619 et 743 p,.avect 260 et 326 fig. (Prix : 15 fr. 40). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1919. appelons brièvement le plan de cet ouvrage. Le premier volume, consacré à la Botanique générale, étudie successivement, d'abord au point de vue morpho- logique, puis au point de vue physiologique : le corps de la plante, la racine, la tige, la feuille et la fleur, puis la formation de l’œuf et le développement des Phanéro- games, des Cryptogames vasculaires, des Muscinées et des Thallophytes, enfin le développement de la race Le second volume, consacré à la Botanique spéciale, donne la classification des plantes, suivant le système particulier à l’auteur, et la description des caractères des familles. Il se termine par un aperçu de la distribu- tion des plantes à la surface du Globe, tant à l'heure actuelle (Géobotanique) qu'aux diverses époques géolo- giques (Paléobotanique). « M. Costantin, qui a accepté la tâche de rééditer cet ouvrage, l'a refondu et complété sur plus d’un point, Signalons, parmi les modifications qui lui sont dues, celles qui portent sur : l'étude des formes primitives des. êtres, l'exposé des phénomènes osmotiques de la nutri- tion, les questions de symbiose, l'exposé de la loi de Mendel, ete. Dans la Botanique spéciale, il a fait une plus large part aux plantes des pays chauds, en raison du développement de l'Agriculture coloniale, Enfin, pour faciliter l'étude de la classification de van Tieghem, il a introduit des tableaux nouveaux qui permettent d'éta- blir sa concordance avec les classitications les plus usuelles, en ce qui concerne les Dicotylédones. Harmer (S. KF.). F. R. S. — Report on Cetacea stranded on the British Coasts during 1918. — 1 vol, in-4° dé 24 p. avec 2 fig. et 1 carte (Prix: 35. l. Revue gén. des Sciences du 15 juin 1918, p. 346. e L 11 ÿ, 1, SRE Il 6 d.). Publication n° 6 du British Museum (Natural History), Cromwell Road, Londres, 1919. Le Conservateur du Département de Zoologie au Bri- tish Museum (Natural History) publie depuis 1913 un rapport annuel concernant les échouagés de Cétacés sur les côtes des Iles Britanniques. Ce sixième rapport (1918), accompagné d’une carte et de plusieurs figures, mentionne 41 échouages; et l’au- teur, enrapprochant les résultats de ceux des rapports précédents, en tire les conclusions les plusintéressantes au point de vue de l’éthologie des Cétacés qui nous est encore si mal connue, On conçoit quelle grande importance prendront ses conclusions lorsqu'elles seront basées sur des observa- tions poursuivies pendant un nombred’années considé- rable. IL est regrettable au surplus que l'exemple donné par M.S.F. Harmer n'ait pas été encore suivi; quelle haute portée scientifique aurait nécessairement un ensemble de documents de ce genre recueillis aux divers points du globe! R. ANTHONY. 4 Sciences médicales Héricourt (D: J.). — Les maladies des Sociétés. TuBERCULOSE, SYPHILIS, ALCOOLISME, STÉRILITÉ. — 1 vol. in-18 de 279 p. de la Bibliothèque de Philoso- phie scientifique (Prix : 4 fr. 75). Eug. Flammarion, éditeur, Paris, 1918. Rageot (Gaston), Professeur agrégé de Philosophie. — La Natalité. SEs LOIS ÉCONOMIQUES ET PSYCHOLOGI- ques. — 1 vol. in-18 de 300 p. de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 4 fr. 75). E. Flamma- rion, éditeur, Paris, 1918. Il est souvent question, depuis quelques années, des maladies des sociétés, c’est-à-dire des affections qui, par le grand nombre d'individus qu’elles atteignent, compro- mettent l'avenir des peuples. Avant la guerre, un mo- raliste, M. Paul Gaultier, avait déjà publié sur ce sujet un livre douloureux : Les maladies socialest, Aujour- d’hui, c’est un médecin, le Dr Héricourt, qui entreprend d'éclairer l'opinion publique, par des arguments avant tout d'ordre scientifique, sur « les quatre grands fléaux dont souffrent toutes les sociétés modernes, qui mena- cent particulièrement la société française, fléaux plus terribles encore que la plus terrible des guerres, et qui sont : la tuberculose et la syphilis, maladies d'origine parasitaire; l'alcoolisme, maladie par intoxication, etla stérilité, trouble fonctionnel ». D'une façon générale, l’auteur étudie chacune de ces maladies dans ses causes et dans ses formes d’abord, puis dans son étendue et sa gravité, dans ses consé- quences éloignées au point de vue de la valeur de la race, dans les remèdes qu’on lui a opposés dans le passé et dans ceux qu'il conviendrait de lui opposer dans l'avenir. En ce qui concerne la tuberculose, M. Héricourt s’atta- che à faire ressortir le rôle de la contagion, entretenue par le grand nombre de demi-malades, encore capables d'activité, qui vivent au dehors comme les gens sains, bien que porteurs de lésions pulmonaires sécrétantes et bacillifères, et qui favorise à tel point l'extension de la maladie qu «on peut aflirmer qu’il n'existe qu’un nom- bre très limité de citadins qui échappent à l'infection tuberculeuse ». Parmi les causes adjuvantes, l’auteur attribue, à côté des facteurs connus : mauvaise hygiène, air confiné, surmenage, alcoolisme, une importance pré- pondérante à l’hérédo-syphilis, hypothèse qui nous pa- raît reposer sur des bases encore fragiles. — Dans la lutte contre la tuberculose, les sanatoriums et dispen- saires ne sont que des œuvres philanthropiques d’une utilité contestable ; ce ne sont pas des armes contre la 1. Huchette et Cie, Paris, 1913. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 421 ‘“ contagion. Dans les hôpitaux, les phtisiques, s'ils ne viennent pas mourir, ne font que passer en contagion- nant quelques voisins, Le seul moyen de lutte ellicace, c'est l'isolement du tubereuleux contagieux : isolement à domicile quand il pourra être assuré, isolement dans des stations sanilaires spéciales pour les autres, avecla déclaration ébligatoire de la tubereulosé comme corol- laire nécessaire. Les charges résultant de cette mesure seraient évidemment très lourdes, mais M. Héricourt pense qu'« il vaut mieux nous ruiner un peu pour évi- ter d'être tuberculeux, que nous ruiper tout à fait pour entretenir des tuberculeux ». On sait que le Gouverne- ment a récemment déposé devant les Chambres un pro- jet de loi dans ce sens, et que le principe de la déclara- tion obligatoire, bien que très combattu dans le corps médical, a été approuvé par l'Académie de Médecine à une majorité de plus des deux tiers des votants, Si le péril tuberçuleux est grave, le péril syphilitique apparaît comme peut-être encore plus redoutable à l'heure actuelle. Avant la guerre, l’avarie atteignait, d’après l’auteur, au moins le tiers de la population mas- culine adulte. Elle fait sentir son influence, tant par les accidents secondaires graves ou mortels qui se dé- veloppent chez l'individu infecté ou la stérilité qu’elle provoque souvent chez la femme, que par sa transmis- sion à la descendance, au travers de plusieurs généra- tions, soit sous sa forme infectieuse rapidement mor- telle, soit sous forme de tares aussi nombreuses que variées. Depuis la guerre, d’après les statistiques du Prof. Gaucher, la fréquence de la syphilis, sous l’in- fluence du relâchement moral de beaucoup de milieux, a bien augmenté d’un tiers, sinon de moitié, et la géné- ration de la grande guerre, si elle est « pauvre en uni- tés », sera « riche en hérédo-syphilitiques ». — En l'absence d’une médication vraiment stérilisante de la syphilis, qui supprimerait le problème de la lutte contre ce fléau (l’auteur conteste la réalité des cures radica- les par les arsénobenzols et autres produits similaires, qui sont tout au plus d’actifs cicatrisants), le D' Héri- court étudie les diverses mesures d'ordre public qu’on a préconisées pour l’enrayer. Une fois de plus est fait le procès de la réglementation de la prostitution ou de la police des mœurs, qui s'est montrée complètement ineflicace contre l'extension de la maladie. La contami- nation syphilitique dérivant d’aetes volontaires, c’est à la volonté qu'il faut s'adresser pour lutter contre elle. On agit sur la volonté de deux façons: par la crainte ou par l'intérêt. L'éducation des jeunes gens des deux sexes, en matière de péril syphilitique, réalise la pre- mière manière; il faut l’organiser sur une grande échelle, La persuasion par l'intérêt serait réalisée par une loi consacrant le délit pénal de contamination in- tersexuelle, loi établissant l’égale responsabilité de l’homme et de la femme en matière de contagion syphi- litique !. Le corollaire deces mesures serait la suppres- sion de la prostitution oflicielle. Des ouvrages nombreux, et de volumineux, ont été écrits depuis un demi-siècle sur la question de l’alcoo- lisme. M. Héricourt n’a pu que résûmer brièvement les éléments du problème et signaler l'étendue actuelle du mal: depuis 50 ans, la consommation de l’alcoo!l à doublé en France, et ce pays se trouve maintenant à la tête des autres sous ce rapport?. En même temps, la criminalité, l’aliénation mentale. la tuberculose, les sui- cides, qui marchent de pair avec l'alcoolisme, ont suivi une progression parallèle. L'état de guerre, comme pour la syphilis, a encore aggravé cette situation, et l’entréeen grandes masses de l’ouvrière à l’usine a mul- tiplié les cas, jusqu'alors rares, d’alcoolisme féminin.— 1. Un projet de loi de cette nature « élé proposé en 1905 par la Commission extraparlementaire du Régime des mœurs et approuvé par la Société française de Prophylaxie sani- taire. 2. Voir entre autres A. WaucLix : La consommation des boissons alcooliques dans le monde, dans la Rev, gén. des Sciences du 30 janv. 1916, t. XXVI, p. 60-62, 422 L'action des ligues anti-alcooliques, l'éducation antial- coolique à l'école et dans les casernes, la prohibition de l'absinthe, la loi (malheureusement incomplète) sur la limitation des débits de boisspn constituent des me- sures tout à fait insuflisantes pour enrayerl'alcoolisme. L'auteur ne voit qu'un remède radical : la prohibition absolue de toutes les boissons alcooliques autres que les boissons dites hygiéniques (avec son corollaire obligé : le développement de la consommation de l'al- cool industriel pour le chauffage et la force motrice). On sait quels obstacles puissants, d'ordre électoral sur- tout, s'opposent à l'adoption de la première de ces mesures. Aussi la conclusion de cette troisième partie de l’ouvrage est-elle plutôt pessimiste : « Et l'alcoolisme sévira toujours! » La dernière maladie des sociétés envisagée par M. Héricourt est la stérilité. Sans être la seule atteinte par ce mal, la France est incontestablement le pays où il sévit le plus fortement, Chaque année, la dépopula- tion y va s’amplifiant, non par suite d'une mortalité excessive, mais à cause d’une natalité insuflisante, qui baisse régulièrement ; là encore la guerre a singulière- ment aggravé la situation, Cette natalité défaillante n’est nullement la conséquence de la stérilité physiolo- gique (la proportion des ménages inféconds est sensi- blement la même chez nous que dans les autres pays), mais bien d'une restriction volontaire de la procréation, à laquelle on peut attribuer des causes diverses : am- bition du père pour son enfant, amour du luxe et des plaisirs, développement des idées féministes modernes, qui jette la femme hors du foyer et l’arrache à sa fonc- tion naturelle, — Les remèdes proposés contre la dé- population sont de trois ordres : moral, économique où fiscal, pénal. Parmi les premiers, l’auteur discute : l’in- stitution du vote plural, d’après le nombre des enfants; l'extension de la liberté de tester; les faveurs à accor- der aux familles nombreuses; l'imposition ‘spéciale et directe des célibataires et des ménages sans enfants; l'institution d'une prime à la natalité, Les moyens d'ordre pénal doivent consister dans une défense éner-- gique contre la propagande malthusienne' anticoncep- tionnelle, et dans l'application stricte de la loi contre l'avortement volontaire après la conception, favorisée par la correctionalisation du crime d’avortement. « Au total, dit M. Héficourt, le mal est si grave, et la théra- peutique si urgente, qu'il est indiqué de faire interve- nir toutes les influences, même celles en apparence les moins eflicaces, » La question de la natalité, et spécialement de la na- talité française, est traitée d'une façon encore plus ap- profondie dans un autre ouvrage de la Bibliothèque de Philosophie scientifique, dù à la plume de M. Gaston Rageot. L'auteur commence par y dissocier le problème de la natalité des théories de la population, confusion qu'ont toujours faite les démographes, La population, où en- trent des facteurs tels que l’émigration et l’immigration, la mortalité, ne peut être étudiée que pour l’ensemble d’un pays: elle est un fait proprement statistique. A n’en est plus demême de la natalité, qui dépend de fac- teurs nettement psychologiques : la famille, la religion, l'amour, la société, ete, (M. Rageot rend ici hommage i Arsène Dumont, qui fut le premier à dégager cette idée). L'étude de ces différents facteurs amène l’auteur à formuler quelques lois générales de la natalité: 1° La natalité est, dans un état, l'indice statistique du bon ou mauvais fonctionnement de la famille; 29 Ïl y a, quel que soit le degré de civilisation d'un état, natalité élevée dans cet état lorsque le régime fa- milial s’y trouve adapté, économiquement et morale- ment, au régime social; 39 L'évolution de l’un et l’autrerégime n’est pas néces- . BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX sairement parallèle : il y a action et réaction mutuelle, mais avec un retard plus ou moins long. La résultante est le statut juridique de la famille; 4° Parmi les crises sociales quiinfluencent directement la natalité, les ,crises économiques tendent à la surpo- pulation, les crises politiques à la dépopulation. La con- cordance des deux espèces decrises n’en compense point les effets respectifs; elle les compose, au contraire, et tend à provoquer une oliganthropie chronique. Passant alors au problème des conditions particuliè- res de la natalité en France, l’auteur montre que la baïsse de la natalité est ici principalement imputable, d’une part à la crise du droit paternel, conséquence d’un indi- vidualisme mal compris, et surtout à l’état d'esprit dela femme française, en qui l’amoureuse a successivement éclipsé l'épouse, puis la mèré; les classes sociales les plus atteintes coïncident avec celles où prédomine le développement romanesque. Mais celte instabilité familiale serait elle-même une conséquence du mouve- ment démocratique en France, ce qui amène M. Rageot à cette conclusion finale : « Lacrise française est due à la désadaptation d’une famille monarchique et chrétienne dans une démocratie égalitaire et laïque: » Dans une dernière partie de son ouvrage, l’auteur étu- die les divers remèdes qui ont été proposés pour provo- quer le relèvement de la natalité: sans méconnaître leur valeur, il voit surtout la solution du problème dansune «réforme des mœurs »,aboutissant à l'institution d’une véritable démocratie, animée d’un idéal) vivant et vivi- liant. La guerre a fait sourdre lès énergies profondes du pays; peut-être aura-t-elle pour conséquence cel autre sursaut de volonté nécessaire au rétablissement d’une natalité normale, qui seul peut permettre à la France de profiter complètement de sa victoire, Les deux livres du Dt Héricourt et de M. G. Rageot sont à lire et à méditer par tous ceux que préoccupe l'avenir de notre nation. ‘ A. WAUCHIN. 5° Sciences diverses Soulier (Edouard), — La Hollande amie, — 1 vol. in-12 de 126 p. (Prix teurs, Paris, Nancy, Strasbourg, 1919. Cet ouvrage est le fruit des observations et impres- sions que M. Edouard Soulier a rapportées d’une mission aux Pays-Bas. Il nous présente l'état de l'opinion hol- landaiïse vis-à-vis de la France sous un jour auquel une certaine presse ne nous a point habitués, Il est des Hollandais qui ont vu surtout dans la guerre une occa- sion de profits; il en est qui, encore aujourd” hui, con- servent des sympathies germaniques. Ce n’est là qu'une pétite minorité : de par son histoire même, qui a été pendant plusieurs siècles une lutte pour la liberté reli- gieuse et politique, le peuple hollandais ne pouvait être, devant la guerre de 1914, qu'un convaincu d'avance de Comment il l'a prouvé. la justice de la cause des Alliés, ar sa générosité inlassable vis-à-vis des réfugiés belges, AR par la fondation d'hôpitaux pour les blessés en France et dans les Balkans, par le nombre de ses fils qui se sont énrèlés au service de la France, par les diverses manifestations de l'opinion publique’ au cours de ces dernières années, M. Soulier le détaille en une série de chapitres fort bien documentés, qu'on lit avec un intérêt soutenu. Il termine en adjurant ses compa- triotes de mettre à profit cette sympathie hollandaise, sincère et profonde, pour l'établissement de relations plus intimes dans le domaine intellectuel et le domaine commercial, La Kevue générale des Sciences, qui compte depuis longtemps de “nombreux collaborateurs et lec- teurs parmi les savants hollandais, ne peut que souli- gner cet appel, pré B. 3 fr.). Berger-Levrault, édi- 4 \ 1 423 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 2 Juin 1919 M. Em. Bourquelot est élu membre de la Section de Chimie, en remplacement de M. Jungfleiseh, décédé. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. Em. Picard, B. Baillaud et Ferrié: Sur un projet du Bureau des Longitudesrelatif à la détermination d'un réseau mon- dial de longitudes et de latitudes. Ce projet revient à constituer autour de la Terre un polygone fermé, com- portant un petit nombre de sommets. Celui-ci peut être tixé à 3, situés dans l'hémisphère Nord, sur des méri- diens écartés de 8 heures les uns des autres, On déter- minerait les latitudes des 3 points à l’astrolabe à prisme, et d'autre part les différentes de longitude entre les - sommets successifs, en effectuant les comparaisons des pendules au moyen de signaux émis par des stations radiotélégraphiques puissantes et bien choisies. La somme des différences de longitude ainsi déterminées devant être de 360°, on aura là une vérification qui don- nera l’idée du degré d’approximation des résultats des opérations. Les points qui paraissent avoir la situation la plus favorable pour la réalisation du projet sont Paris, Shanghaï et la région de San Francisco. — M.G. Bigourdan: Sur l'unification du temps astronomique-et dutemps civit. L'auteur annonce qu'aux Etats-Unis la Commission de l'American Ephemeris a décidé qu’à partir du 1° janvier 1925 cette éphéméride compterait le temps astronomique à partir de minuit, comme dans l'usage civil. Les lords de l’'Amirauté anglaise viennent de se rallier à cette proposition, en ce qui concerne le Nautical Almanac. Enfin le Bureau des Longitudes a pris la même décision pour la Connaissance des temps. — M. Marti: Sur un procédé de sondage en mer, à bord d'un bateau en marche, basé sur la propagation du son dans l'eau. On fait détoner une petite charge d’explosif dans l’eau, à côté du bateau en marche. Un microphone, immergé à une très faible profondeur et fixé au bateau à une distance connue du point d’explosion, recueille d’abord la détonation, puis l'écho provenant de la réflexion sur le fond, Ces deux bruitssont enregistrés sur un chronographe’permettant de lire avec une grande précision l'intervalle de temps qui les sépare, Etant donnés cet intervalle et la vitesse moyenne du son dans l'eau de mer, dans les conditions de l'expérience, une formule simple donne la hauteur d’eau, en tenant compte de la profondeur du point d’explosion, de celle du mi- erophone, de leur distance mutuelle et de la vitesse du bateau, La précision des lectures des tracés est d'environ 1/1.500° de seconde,ce qui correspond à une approxima- tion de 1 m. pour la profondeur.— M. L. Dunoyer: Sur les erreurs d'estime que peut entrainer la connaissance incomplète du régime aérologique. Dansla traversée par les aéroplanes de courants aériens contigus et opposés, et pour un parcours égal à la largeur d’un de ces cou- rants, les erreurs d'estime atteignent facilement une fraction très importante du trajet total; en outre, elles peuvent être beaucoup plus grandes si l’on fait la correc- tion de dérive au voisinage du point de départ sans la rectifier en cours de route, que si l’on ne tient aucun compte du vent, Cesconstatations font ressortir l’'impor- tance capitale que présente la détermination, à bord mème de l'avion, de la route à suivre au compas, en te- nant compte du vent réel au sein duquel on vole. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H, Abraham et Eug. Bloch : Sur la mesure en valeur absolue des périodes des oscillations électriques de haute fréquence. En uti- lisant un multivibrateur riche en harmoniques, dont la fréquence fondamentale estcomparée directement à celle - d’un diapason, et par lui à la seconde fondamentale, et en combinant son emploi avec une méthode de réso- nance électrique, qui permet de comparer les harmoni- ques du multivibrateur aux oscillations propres d’un circuit de hante fréquence} on détermine directement en valeur absolue la période du cireuit oscillant. La pré- cision globale atteinte dans l’ensemble des opérations est au moins du millième. Ce procédé de comparaison peut être rapproché de celui de Michelson pour compa= rer directement l'unité de longueur aux longueurs d'ondes lumineuses. — M. de Mallmann: Sur les sys- tèmes chlore-acide hypochloreux-hypochlorite de soude. Quand on mélange CI, CIOH et CIONa, il se produit la réaction réversible : CL? + CIONa + H20 2 2CI0H + NaCI. Il en résulte que: 1° un mélange réalisé à partir de solutions pures de C1 et CIONa de teneur connue doit sembler fixer du C1 ; 2° la quantité de CI ainsi stabilisée doit être fonction du rapport CI/CIONa des quantités mé- langées et décroître quand ce rapport croit; 3° cette fixation apparente de C1 ne doit pas se produire dans les mélanges Cl4 CIOH, si bien qu'en acidifiant un mélange Cl+CIONa par H?SO on doit pouvoir effecti- vement récupérer tout le CI libre; 4° un mélange binaire de CIOH + NaCI doit perdre du CI par simple ventila- tion. — M, M. Boll: £volution des solutions très diluées d'acide tétrachloroplatinique dans l'obscurité complète et à diverses températures. Ellea lieu suivañt la réac- tion: 2 PtCL'(OH)?H?--3H20 —> PLCI(OH)ŸH2.PL(OH)SH> -7HCI.Aux environs de 12°,5, la réaction est très lente, puisqu'elle est effectuée à moitié en 26 jours et aux 9/10 en 260 jours. La réaction est {00 fois plus rapide vers 1000 qu'à la température ordinaire : elle est effectuée à moilié en 8 minutes et aux 9/10 en 1 heure. — MM. G. Chavanne et L. J. Simon: l'empératures critiques de dissolution dans l'aniline des principaux carbures d'hy- drogène renfermés dans les essences de pétrole. Lorsque deux liquidesnesontpas entièrement miscibles à la tem- pérature ordinaire, il peut arriver qu'ils le deviennent à une température plus élevée : cette température dépend de leur proportion, Maïs il y a une température au delà de laquelle le mélange est homogène quelle que soit sa composition : c’est la température critique de dissolution TCD. Les auteurs ont déterminé les va- leurs de la TCD avec l’aniline des constituants hydro- carburés essentiels ou les plus probables des essences de pétrole bouillant au-dessous de 1509. Les carbures acycliques linéaires ont des TCD dans l’aniline très voi- sines; moyenne 31-11 en est de même des carbures acy- cliques renfermant un groupe CH substitué en £; moyenne : 74,4. Pour des carbures isomères, la TCD et la densité suivent une marche inverse. — MM. J.E. Abelous et J. Aloy: /nterversion du saccharose parioni- * sation mécanique de l'eau, L'interversion du saccharose en solution aqueuse nécessite l’ionisation de l’eau. L’ean distillée pure n’est que très faiblement ionisée; mais on peut augmenter notablement son ionisation par de sim- ples actions mécaniques, comme la pulvérisation. Il était donc à prévoir que la simple pulvérisation d’une solution de saccharose dans l’eau distillée donnerait une certaine quantité de sucre interverti, C'est ce que les auteurs ont vérifié. L'addition d'un électrolyte , aug- mente l’interversion; celle d'un antiseptique l’entrave. 39 SCIENCES NATURBLLES. — M. M. Mascré: Sur lerûle de l'assise nourricière du pollen. De ses observations sur l’étamine du Datura arborea L., l'auteur conclut: Entourant de très bonne heure le massif pollinique, le « tapis » (ou assise nourricière) n’est pas simplement traversé par le courant nutritif. Il aceumule d'abord les substances nutritives à l'état dissous dans les vacuoles . primitives; puisil les transforme ; il élabore des graisses, de l'amidon, des vésicules deutoplasmiques; à cette phase d'élaboration correspond un chondriome bien différencié; dans la dernière phase de son évolution, 424 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES il livre au pollen les matières élaborées, puis il dégé- nère., Les modifications nucléaires sont en rapport étroit avec cette évolution fonctionnelle. Il y a multi- plication des noyaux pendant la période d’acçumulation des réserves; il y a fusion pltérieure des noyaux lors- que la cellule s’appauvrit. — M. A. Vandel: Sur le déterminisme des deux modes de reproduction d'une Planaire : Polycelis cornuta Johnson. Le Polycelis cor- nuta Johnson présente deux modes de reproduction: l’un par voie sexuée, avec œufs pondus au nombre de 15 à 20 dans un cocon; l’autre par voie asexuée, avec ’ scission transversale brusque et régénération des par- 4 ties manquantes, D'unefaçon générale, les animaux pos- sédant des organes copulateurs plus ou moins dévelop- pés ne se coupent jamais ; ce qui empêche la fragmen- tation, ce n’est point la présence des glandes génitales elles-mêmes, mais bien plutôt d'organes musculaires et résistants qui s’opposent au déchirement des tissus. La température a une action manifeste sur la multiplica- tion des glandes génitales et la formation des organes copulateurs ; celles-ci n’ont'lieu qu’entre 5° et 10°. — M.H. Piéron : Durélejoué parles pertes physiologiques d'énergie dans la relation qui unit le temps de latence sensorielle à l'intensité de l'excitation. Le renouvel- lement de l'excitation tend à diminuer, à annuler pratiquement, dans des limites naturellement assez étroites de durée, la fuite physiologique d’énergie qui apparaît nettement dans le cas de l’excitation con- tinue; et cette différence entraîne une modification dans l’allure de la courbe de décroissance des temps de latence: la durée liminaire est plus grande, la phase de sommation eflicace étant allongée, et la décroissance est plus lente, Seance du 10 Juin 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Rateau: Théo- rie du vol des aéroplanes aux diverses altitudes. Pré- détermination de la hauteur du plafond. La théorie ana- lytique exposée parl'auteur permet de déterminer, avec une bonne approximation, par la résolution de simples équations du 2° degré, toutes les circonstances du vol horizontal (en palier) d’un aéroplane aux diverses alti- tudes, en particulier la hauteur du plafond; elle suppose, bien entendu, la connaissance préalable des caractéris- tiques de l’avion, de l’hélice et du moteur. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. C.E. Bragier: /nfluence de la distribution verticale des températures sur les vi- tesses du vent mesurées au voisinage du sol. Les recher- ches de l’auteur l’ontamené aux conclusions suivantes: 1° Quellés que soient la grandeur et la direction du gra- dient, les vitesses du vent mesurées à la terrasse du Bureau central météorologique (21 m. au-dessus du sol) sont en moyenne plus faibles, pour une même valeur du gradient, quand il y a inversion de température que dans le cas contraire, 2° A la terrasse du Bureau cen- tral, la vitesse du vent correspondant à un gradient donné croît progressivement à mesure que le décroisse- ment de la température dans la couche de 300 m. devient plus accusé, Ces premiers résultats montrent que le rapport (vitesse du vent : gradient), à la hauteur où sont placés nos anémomètres,esttropfortementinfluencé par la distribution verticale des températures pour que l’on puisse négliger cette dernière donnée dans la déter- mination expérimentale de la loi reliant la vitesse du vent dans les couches basses de l'atmosphère à la valeur du gradient. — M. F. Michaud : Pression de vapeur des liquides en lames minces. L'auteur démontre que, de même que la tension superficielle, la tension de va- peur d’une lame liquide devient, à partir d’un certain degré d'amincissement, fonction de l'épaisseur de la lame. Il en est de même lorsque la lame liquide est étendue sur un autre liquide. Aïnsi la pression de va- peur de l'huile en couche mince sur l’eau n’est que le 1/2.000° de la pression de vapeur normale de saturation. Ce résullat montre que les pellicules liquides étendues sur l’eau peuvent avoir une extrême fixité. — M. KR. Fosse Le mécanisme de la formation artificielle de complète. S'il ne se produit ni élévation de température, l'urée par oxydation et la synthèse des principes natu- relschez les végétaux. L'oxydation de très petites quan- .tités de glucose, au sein de l'ammoniaque concentrée, engendre des proportions considérables d'acide cyani- que et d’urée, Après tautomérisation par la chaleur du cyanate d’Am, le rendement en urée peut dépasser 90 °/o du-glueose mis en expérience, Une molécule de glucose est susceptible de donner plus de 2 molécules d’urée., Le rendement en urée atteint des valeurs incom- parablement plus fortes en oxydant, dans les mêmes conditions expérimentales, le plus simple des hydrates de carbone, l’aldéhyde formique,ou son dérivé ammo- niacal l’urotropine; 100 parties de CH?O peuvent pro- duire 140 parties d’urée. 3° SCIENCES NATURELLES, — M, Ph. Glangeaud : Ze groupe volcanique adventif ou de superposition du Mas- sif du Mont-Dore. Ce territoire éruptif, superposé en partie sur le flanc NNEdu volcan de Sancy, comprend une dizaine de collines trapues,aux sommets arrondis, dont l'altitude varie entre 1332 et 1729 m. Ce massif adventif contraste avec les trois centres principaux du Mont- Dore par la forme et le groupement de ses édifices vol- caniques, orientés principalement NS, par l’uniformité assez grande de ses laves, presque toutes acides, et par la postériorité de ses éruptions. Les glaciers ont recou- vert le massif adventif, sur lequel on observe des niches bien caractéristiques. — M. G. Bertrand : Sur les con- serves de fruits préparées à froid, sans addition de sucre, d'alcool, ni d'antiseptique. D'après les expérien- ces de l'auteur, il est possible de conserver des fruits par soustraction de l'air, dans des flacons remplis d’eau, sans qu’il soit nécessaire d’ajouter du sucre ou une autre substance, ni même de chauffer. Le rendement peut être amélioré en tenant les flacons à la cave ou dans un endroit frais et en n’exagérant pas la durée de mise en garde. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 3 Juin 1919 MM. H. Hartmann et A. Peyron : Placentomes et choriomes du testicule. Dans le testicule, lieu d'élection des embryomes avec l'ovaire, on peut observer une série de tümeurs à complexité croissante, correspondant aux stades successifs du développement de l'œuf, de l'embryon proprement dit et du fœtus. Dans ces di- verses tumeurs, la prolifération du trophoblaste, forma- tion chargée normalement d'assurer les liens entre l’em- bryon et la mère, peut l'emporter et constituer soit un placentome identique au placentome utérin, soit un choriome caractérisé par des éléments embryonnaires spéciaux, — M. Walther : Note sur le traitement chi- rurgical des cicatrices des blessures de guerre. L'auteur croit qu'il ne faut pas prolonger au delà des limites raisonnables le traitement excellent, indispensable, des cicatrices des blessures de guerre par le massage et la gymnastique, et qu'il y a toujours lieu, lorsqu'au bout d’un certain temps, vañable selon les lésions, l’état fonctionnel reste stationnaire, d'envisager l’indication d’une opération, Celle-ci doit comporter une résection large et une réfection soigneuse au moyen des parties saines. On obtient ainsi des résultats inespérés et l'on voit disparaitre des troubles fonctionnels qui paraissaient définitifs, L'auteur préconise la création de services spéciaux pour le traitement de ces cicatrices, — M. L. Rénon : Une épreuve de guérison de la tuberculose puls monaire,. L'auteur soumet les tuberculeux présumés guéris à une épreuve d'adaptation progressive à l’acti- vité, Elle porte sur une durée de 3 mois et consiste à faire travailler le malade d’abord quelques heures un jour sur deux, puis de plus en plus jusqu'à la journée ni toux, ni expectoration nouvelle, ni le moindre râle à l'inspiration, il y a grandes chances pour que la situa- tion se maintienne bonne par la suite. L'époque de l’année la plus favorable pour tenter l'épreuve est la fin de l'été el l'automne, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Séance du 10 Juin 1919 MM. Ch. Dopter et Rieux : La javellisation deseaux de boisson aux armées françaises pendant la guerre. Les auteurs donnent la description des appareils à ja- vellisation automatique, imaginés et appliqués dans les armées françaises dans les deux dernières années de la guerre, et qui sont : l’appareil à arrêt automatique sys- tème Vila, les appareils Bunau-Varilla, G. Vienne,Rei- gnard-Salaneuve et Piault. Ces appareils ont présenté des avantages incontestables sur tous les autres procé- dés. Ainsi qu’en font foi de nombreuses analyses bac- tériologiques, ils ont assuré la disparition complète du colibacille dans les eaux les plus polluées. De plus, en opérant un brassage énergique de l’eau à épurer, ils ne nécessitentqu'une dosede chlore moitié moindre qu'avec les procédés antérieurs, d’où également disparition du goût désagréable des eaux javellisées dans des ton- neaux. — M. le D‘ Marage : Causes et durées de cer- taines surdités de guerre. L'auteur a reconnu que les ondes de choc développées dans l’éclatement d’un obus explosif sont caractérisées par : a) des pressions ini- tiales de l’ordre de 150 à 300 kg.; b) des vitesses initia- les de l'ordre de 2.000 à 3.000 m.; c) l'amortissement rapide de ces pressions et vitesses qui s’annulent prati- quement après un parcours de 50 à 6o m.; d) la répar- tition des ondes condensées suivant quatre gerbes : avant, arrière et latérales, laissant entre elles des sec- teurs morts où prennent naissance des ondes dilatées. Ces répartitions inégales des pressions permettent d'ex- pliquer pourquoi les phénomènes cliniques observés sont si variables; cela dépend de la partie de la zone explo- sive dans laquelle se trouvent les combattants. De plus, ces surpressions énormes doivent produire dans cer- tains cas des lésions définitives de surdité et de surdi- mutité. — M. le D' A. Castex : Oreille et surdité du musicien. L'auteur a reconnu que la surdité, chez le mu- sicien, dénature l'intensité, la hauteur et letimbre,c’est- à-dire les caractères propres des sons. 1° L’inlensité. L'oreille qui devient scléreuse ne perçoit plus que les sons aigus et les cuivres; elle n’entend rien des paroles que prononce le chanteur. 2° La hauteur. Il y a des di- placousies : une oreille entend juste, et l'autre un demi- _ ton ou même un vctave au-dessous. Il y a aussi des per- ceptions fausses de tonalité, des persistances prolongées de sons. à Le timbre. Les sons perdent leur musicalité et ne sont plus perçus que comme de simples bruits,ou bien les instruments semblent avoir un timbre nasil- lard, argentin. — M. L. C. Maillard : Sur l’origine et la signification de l'acide acétylacétique. La production de l'acide acétylacétique dans l'organisme est expliquée couramment par la théorie de la B-oxydation. L'auteur suggère la possibilité de la formation par simple désa- mination réductive de dipeptides nés de la désassimila- tion protéique. Il a observé, en effet, que, dans un milieu renfermant de la cycloglycylglycine, de la gly- cérine et une levure travaillant en milieu presque an- aérobie, il s’est formé de l’acide acétylacétique par désa- mination et hydrogénation du dipeptide, — M. Ch. Sauvineau: L'origine cérébrale du strabisme et son traitement par les verres de couleur complémentaire (voir p.396). — M.leDr A.Zimmern: La radio-sensibilité des glandes à sécrétion interne. Application à la surré- nale. Grâce à une localisation aussi précise que possible du faisceau de rayons X,l’auteur a pu irradier la glande surrénale d’une façon suflisante pour observer des mo- difications histologiques chez l'animal, fonctionnelles chez l’homme, sans avoir à déplorer ni accidents cuta- nés, ni lésion rénale. Chez le chien, la surrénale nor- male présente après irradiation des lésions accusées (cytolyse) de la corticale ; la glomérulaire est peu ou pas modifiée. Chez l'homme présentant une surré- nale en hyperfonctionnement (c’est-à-dire chez des ma- lades avec le syndrome d'hypertension permanente), l'irradiation a provoqué, au bout de 48 h. à 10 jours, un abaissement de la tension artérielle, qui s’est pro- longé pendant plusieurs mois. 425 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 31 Maiï1919 M. A. C. da Costa : Sur le processus de formation de l'amnios chez le Miniopterus Scheibersii Natterer. Il se forme dans le bouton embryonnaire une cavité amniotique primordiale, close, puis le toit de la cavité se disloque, l'ectoderme se sépare du trophoblaste par une fausse cavité amniotique, la vraie se formant lors- que l’amnios définitif se constitue par des plis. —MM.R. Debré, R. Letulle et L. Sergent : Valeur des granu- lations de Babès pour le diagnostic de la diphtérie et la recherche des porteurs de germes. La double coloration met en évidence les granulations polaires. Parmi les faux bacilles diphtériques, seule une espèce(Bacterium cutis commune) est pourvue de granulations vraies; elle ne se trouve jamais dans le pharynx. Inversement, dans une colonie de bacilles diphtériques, il se trouve tou- jours un certain nombre de bätonnets pourvus de gra- nulations polaires authentiques. — M. E. Wollman : Elevage aseptique des larves de la mouche à viande sur milieu stérilisé à haute température. Des larves de Cal- liphora se développent beaucoup moins bien sur la viande stérilisée à des températures très élevées : 122°- 125°, que lorsqu'on a soin de ne pas dépasser 115°. Le fait s'explique par la destruction de certaines substances (vitamines) ou bien par des modifications de la consis- tance (coagulation). — M. Léopold Levi : Des angio- criniens. Sujets présentant d’une façon paroxystique et répétée des troubles vaso-moteurs, congestifs, des fluxions sanguines et sécrétoires d’origine endocri- nienne. Ils simulent des maladies et peuvent conduire à des interventions chirurgicales injustifiées, L’opothé-, rapie simple, thyroïdienne, ovarienne, surrénalienne ou combinée met à l'abri des congestions et des œdèmes. — M. L. Launoy et Mme S. Debat-Ponsan : Sur la protéase du vibrion cholérique, 1° Chez l'homme pré- * sentant une maladie nettement caractérisée déterminée par le vibrion cholérique ; 2° chez le cheval, le cobaÿe, le lapin qui ne présentent pas d'épizooties dans les- quelles intervienne le vibrion cholérique : le sérum se comporte de la même façon, négative, en présence de la protéase de ce vibrion. — MM. M. Caulleryet F. Mes- nil: Sur l'origine et la différenciation des testicules chez le Xenocoeloma Brumpti. Le Xenocoeloma, à la différencede tous les Copépodes connus, est hermaphrodite. Les Les- ticules sont des organes nouveaux, n'ayant pas leur équivalent chez les autres Copépodes et qui semblent, d’après leur développement, résulter d’une différencia- tion de la vésicule séminale. Dans ces conditions, les éléments sexuels mâles dériveraient de l’'ébauche de cette vésicule. — M. A. Marie: Action de l'adrénaline vis-à-vis des toxines solubles. L'adrénaline agit dans l'organisme des animaux en faisant disparaitre le poison bactérien du sang, lequel continue à en contenir des quantités appréciables (toxine tétanique) chez les ani- maux témoins ayant reçu seulement la toxine. Cette neutralisation in vivo est due sans doute à une action indirecte de l’alcaloïde ‘vis-à-vis de substances qui, à l'état normal, empêchent les anticorps indifférents, nor- maux, du sang d'être mis en évidence. — M. E. F. Terroine : Xôle des divers aliments dans la nutrition (Observations à propos des recherches de M. Maignon), Les points principaux sur lesquels s'appuie M. Maignon (toxicité, albumine, valeur du minima azoté plus faible de l'alimentation adipo-protéique, hydrate de carbone, transformation des albumines en graisses, existence d'un rapport adipo-protéique voisin de l'unité dans lait et viande) ne paraissent pas suflisamment établis pour que la conception de la supériorité des graisses sur les hydrates de carbone puisse être acceptée sans examen. Séance du 7 Juin 1919 Mme S. Vinaver et M. V. Frasey : Recherches expé- rimentales sur limmunité anti-streptococcique. On peut immuniser le cheval avec une seule dose relativement grande d’un streptocoque humain d'emblée virulent 126 _ ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS. SAVANTES pour la souris. Le cheval ainsi vacciné par une seule injection donne un sérum supérieur à celui qu’on obtient par une immunisation fractionnée et longue de plusieurs mois, Ce sérum, après 15 jours, montre déjà des pro- priétés préventives très actives,et non seulement contre le streptocoque qui a servi à l’immunisation du cheval, mais aussi contre des streptocoques étrangers. — M. H. Roger : Action comparative du sang hémolysé et du sang autolysé. La toxicité du sang hémolysé dimi- nué, disparail presque sous l'influence de l’autolyse, et l’action hypotensive estremplacée par une action hyper- tensive ; seulement, les courbes ne sont pas semblables : . ayec les extraits de foie ou de poumon autolysé, les élé- yations sont rapides, très marquées, mais passagères; avec le sang autolysé, elles sont progressives, mais dura- bles, — M. A. P. Dustin : L'emploi des greffes mortes dans le traitement des lésions des nerfs. D'une quinzaine d'interventions comportant la pose d’un greffon mort, l’auteur conclut que l'emploi des greffes mortes est jus- tifié, Les greffons sont parfaitement tolérés; ils restent perméables et servent bien réellement de conducteurs aux jeunes axones. — M. J. Nageotte : Sur la durée de conservation des greffons nerveux morts. L'auteur a constaté que, jusqu’à 4 mois au moins, la durée de con- servation du greffon nerveux n'’influe pas sur le résultat fonctionnel de la greffe, — M. Ed. Retterer : Du cor- tex de La racine des dents, La racine possède des couches d'ivoire ou dentine de structure et d'évolution identi- ques à celles de la couronne; les dernières zones se transforment en un émail semblable à celui de la cou- ronne, La racine s’entoure, de plus, d’une couche de tissu osseux, qui se développe comme celui des maxil- laires aux dépens du tissu conjonctif inter-dento- maxillaire. C'est là l’origine du cortical osseux (cément des auteurs), tandis que le reste du tissu inter-dento- maxillaire reliant le cément au maxillaire persiste à l’état /ibreux ou ligamenteux. — M.H. Zwaardemaker : Hadio-antagonisme et balancement des ions. L'auteur estime que la nécessité absolue de la présence de la potasse parmi les constituants des solutions physiolo- giques ést liée à sa radio-activité. Il a montré, en effet, qu'on péut remplacer la potasse ionique des fluides par tout autre corps radio-actif(rubidium, uranium, thorium, radium, ionium, etc.) pourvu qu'il puisse être maintenu en solution ou à l'état colloïdal, que la dose soit choisie convenablement (équi-radio-active) et que des propriétés toxiques ne l’empêchent pas d’agir, Toutefois, on note une incompatibilité des éléments légers et lourds dans les liquides physiologiques; l’auteur y voit un phéno- mène de radio-antagonisme, tandis que le balancement ionique de Loeb est un phénomène d’origine colloïdale, SOCIÈTE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 16 Mai 1919 M.J. Duclaux: /ntervention de la Chimie dans lathéo- rie du rayonnement calorifique. À toute température les corps solides émettent des radiations lumineuses où obseures, Ces radiations emportent de la chaleur qu’el- les peuvent communiquer à d'autres corps. Les phéno- mènes de rayonnement réalisent donc la circulation de l'énergie entre la matière et l’éther: Suivant lhypo- thèse des quanta, cette circulation se fait d’une façon discontinue, Mais cette hypothèse ne précise pas le mécanisme de l'émission lumineuse. L'énergie passe de la matière à l’éther : on voit bien ce qu’elle devient, mais on ne voit pas d'où elle vient, Le fait de la dis- continuité semble cependant indiquer qu'il y à eu va- riation de structure. Selon une hypothèse émise anté- rieurement par l’auteur, la transformation est effectivement de nature chimique, c'est-à-dire gw’elle consiste en l’une des variations de structure qui font l’objet de la Chimié. Dans cette conceplion, l'étude du rayonnement et la Photochimie ne sont qu'une seule ‘et, même chose, étudiée avec des préoccupations différentes. 1 y a un phénomène unique qui intéresse à la fois la matière et l'éther. Dans ce phénomène, la Physique relient ce qui intéresse l'éther; la Chimie retient ce qui intéresse la matière. Pour le montrer, il faut d’abord transformer l'expression de l'élément d'énergie rayon- née en y introduisant la température. A toute Lempéra- ture toutes les longueurs d'onde sout émises, mais le rayonnement le plus intense à la température T est celui qui correspond à une longueur d’onde à telle que 2T — 0,294. Ne considérant que celle-là, on pourrait exprimer l'élément d'énergie, non plus en fonction de 2, mais en fonction de T. Soit : cet élément : sa valeur est :—6,6.10—16T(ergs). Donc, à toute température correspond un élément déterminé d'énergie :, Il m'est pas le seul, puisque toutes les longueurs d'onde sont émises : les autres sont plus grands ou petits, mais on peut considérer cette dispersion des éléments d'énergie comme un phénomène correspondant à la dispersion des forces vives des molécules autour de leur valeur moyenne (dispersion des températures), sont évidemment sous la dépendance l'une de lau- tre, et le : moyen à chaque température est aussi bien défini que cette température elle-même, On aboutit ainsi à la formule suivante : PREMIER ÉNONCÉ ou ÉNONGÉ ‘PHYSIQUE : À la température T il se produit dans les corps des transformations discontinues, de nature indélerminée, mettant en jeu de l'énergie sous forme d'éléments indivisibles de grandeur 6,6.1016P, Ces éléments d'énergie prennent dans l'éther la forme de rayonnement, Voyons maintenant la question du côté chimique, On sait que la chaleur de vaporisation d’un liquide (rapportée à 1 molécule-gramme, sous la pres- sion 76 em.) est égale au produit de la température absolue d’ébullition par un facteur qui, pour les liqui- des normaux, est voisin de 21, Cette règle, dite de Pictet-Trouton, s'écrit : L— 21T (calories). En divisant par la constante d'Avogadro, et exprimant le résultat en ergs, on a la variation d'énergie qui correspond à la vaporisation d’une molécule d'un liquide quelconque. Cette variation, désignée par =, a pour valeur — 13.101677, On a done dans le phénomène de la’ vaporisation une transformation discontinue mettant en jeu de l’énergie sous forme d'éléments indivisibles de grandeur 13.10—16 T. Il suflit de relire le premier énoncé pour être frappé de la ressemblance : les élé- ments set: ont lesmêmes dimensions,la même variation avec la température et sont du même ordre de grandeur, On retrouve des nombres analogues dans d’autres phéno=. mènes, ceux-là purement chimiques comme la ‘dissocia- tion et la dépolymérisation. En exprimant les nombres trouvés en ergs par molécule-unité, ils deviennent : 13.10—16T (règle Pictet-Trouton), - environ 13.10—16 "4 (règle Matignon), 12! 107 16:T (dépolymérisation). Tous ces nombres sont non seulement du même ordre de grandeur, mais encore très voisins. Ils se rap- portent à des phénomènes assez différents par leur nature. Mais tous ces phénomènes ont un élément commun : ils consistent dans la rupture d'unlien entre dèux atomes ou deux molécules. D'ailleurs toûte la cha- leur absorbée n’est pas employée à rompre ce lien : une partie est transformée en travail extérieur ou se re- trouye sous la forme d'énergie cinétique de la molécule libérée, Cette fraction ne peut être calculée que par approximation, mais l'erreur possible est pour le mo- ment peu importante. En en tenant compte, les nombres’ deviennent : = NTI 0 UT 10,10—10T (Pictet-Trouton), (dépolymérisation),. On arrive ainsi à l'énoncé suivant : DEUXIÈME ÉNONCÉ OU ÉNONCÉ CHIMIQUE : À la température T, il se produit dans les corps des transformations physico-chimiques réversibles Hscorates consistant dans l'établissement ou la rupture de liens entre les atomes, et mettant en jeu de l'énergie sous la forme d'éléments indivisibles de grandeur voisine de 10.10—16T, Ces éléments etrcu- lent par l'intermédiaire de l'éther, où ils prennent une Les deux ; S jo forme indéterminée. I suflit de rapprocher cel énoncé du premier pour voir qu'ils sont exactement complémen- taires. La Physique a besoin d’une discontinuité de grandeur déterminée, qu’elle ne sait où prendre, mais qui doit lui fournir le rayonnement qu’elle étudie. La Chimie dispose d’une discontinuité qui est précisément, ‘en toutes circonstances, de même grandeur et dont elle ne sait que faire. Les deux se complètent et la disconti- .… nuité qu’elle étudie est évidemment la même. On peut . donc dire que le rayonnement dissipe l'énergie rendue … libre par la création de nouveaux liens, et réciproque- ment que la rupture de ces liens absorbe l'énergie du rayonnement. M. Ed. Bauer fait observer que les coïncidences remarquables mises en évidence par M. Duclaux peuvent être rapprochées des idées, récem- . ment émises par M. Perrin, et qui tendent à préciser la - dépendance étroite qui parait relier les phénomènes - chimiqueset lerayonnement!.— M. Ch. Féry: Fonclion- * nement de la sonnerie électrique. Expériences de cours. 1 I. On cite à tort dans les ouvrages élémentaires la son- - nerie électrique comme le type d'une application simple de l’électro-aimant, Il est bien évident, en effet, que si - l'établissement du courant dans l’électro avait lieu ins- tantanément et si la rupture sefaisait brusquement, tous les dispositifs dérivés du trembleur de Neef ne fonction- - neraient pas. Ce west que grâce à la self-induction que la palette mobile est soumise à une force de retenue plus faible pendant sa période d'éloignement que la force attractive qui se produit pendant son retour vers _ l'électro. L’intensité pendant la période variable d’éta- blissement du courant dans un électro-aimant est don- née en effet par la formule connue : g ( eu) et CFE L:), ISSN } ‘Cette expression ne permettrait d'ailleurs pas de cal- … culer I dans l’électro de sonnerie, dont la réductance et par suite la self varient continuellement du fait du dé- placement de l’armature, Il. Une expérience simple per- met de mettre en évidence devant un nombreux audi- _ toire le rôle important joué par la self-induction dans . tous les appareils dérivés du trembleur de Neef. On monte en série une sonnerie dont J’électro-aimant ne - porte qu’une seule couche de fil, une bobine de self sans fer, un rhéostat et unepile. En ajustant convenable- ment le rhéostat, on arrive à entretenir faiblement le mouvement de la sonnerie, Si à ce moment on aug- . mente la self-induction en plongeant un noyau de fer -dans la bobine de self, le fonctionnement de la sonne- _ rie devient normal. Il serait facile de trouver dans les . ouvrages d'enseignement élémentaire des exemples plus simples d'application de l’éléctro-aimant : le trieur élec- tromagnétique par exemple ou le télégraphe Morse. M. À. Guillet appelle l'attention sur la complexité du roblème de l'entretien du mouvement d’un électro- vibrateur. En particulier, aucune règle quantitative ne « Saurait être formulée sans prendre en considération la 4 sition + de l’organe vibrant à l'instant où le circuit …. est fermé puis ouvert, car l’aire du cycle d’entretien, qui mesure le travail compensateur des actions amortis- _Santes, dépend tout à la fois des diverses inerties élec- - | tromagnétiques qui assurent l'entretien du mouvement et de >. Au point de vue pratique, la considération du courant apparent : et du courant statique I est elle aussi fondamentale, car, avec des retards très différents, on peut maintenir une même amplitude en agissant sur . la phase d'attaque de manière à maintenir l'intensité apparente invariable. M. A. de Broglie remarque en jeu vient encore s'ajouter la variation d'hystérésis due aux” ondulations électromagnétiques déclanchées te l'étincelle de rupture et qui constitue le principe es détecteurs magnétiques de Rutherford et de Mar- coni. — 1. Voir la Revue du 30 juin 1919, p. 361. qu’à la complication déjà grande des phénomènes mis, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 427 Er —_———— SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 23 Mai 1919 M. A. Béhal : Sur l'isolement et la caractérisation des alcools à l'état d'allophanates (voir p. 357). — M. M. Robert : Nouvelle colonne à distiller pour laboratoires (voir p. 389). — M. E. Fourneau et Mme Ramart- Lucas : Amino-alcools 1 : 3. Les auteurs décrivent la préparation et les propriétés du méthyl-chloro-éthyl- carbinol : CH$-CHOH-CH--CH>-CI, de plusieurs de ses homologues et de leurs dérivés parmi lesquels il faut signaler surtout les aminoalcools à cause de leurs rela- tions avec la tropine : CHÈ?— CH—CH? CH?-CH? | FA | CH-N CHOH CHS-N CHOH | | LT LR | CH?—CH— CH? CH CH Les chlorhydrines s’obtiennent en traitant les dérivés organomagnésiens par le chloropropaldéhyde. Elles distillent sans décomposition et restent incolores; leurs éthers sont facilement obtenus quand on les chauffe avec des chlorures d’acides et qu’on distille directement le mélange, Les iodhydrines se préparent en chauffant les chlorhydrines avec l’iodure de sodium en solution acétonique. Plusieurs aminoalcools dérivant de la dimé- thylamine et de la diéthylamine sont décrits; ils sont tous plus solubles dans l’eau froide que dans l’eau chaude, ils peuvent être titrés directement par les acides en présence de tournesol; leurs sels sont incristalli- sables, sauf ceux des termes élevés : par contre, les sels de leurs dérivés benzoylés ou cinnamylés sont très bien cristallisés, ils sont doués d'une action anesthésique intense, Ce qui distingue ces dérivés des dérivés de la stovaïne, c'est leur neutralité au tournesol qui vient de ce que les fonctions aminées et alcooliques sont sépa- rées par au»moins un chainon carboné, — MM. E. Fourneau et M. Crespo : Alcooulyse des baumes. Les baumes sont constitués par des mélanges de cinnamate et de benzoate de cinnamyle et de benzyle en propor-. tions variables, et de résines. Seuls les éthers sont alcoo- lysés, les résines ne sont pas touchées. Les baumes sont chauffés à l’ébullition avec de l’alcool contenant 3 ‘/, d'acide chlorhydrique gazeux, la solution est neu- traliséé par du carbonate de soude et distillée dans un courant de vapeur d’eau; par distillation des éthers et des alcools entrainés, on sépare assez nettement un certain nombre de fractions. Chaque fraction est sapo- nifiée par la soude alcoolique, et les acides qu’elle con- tient sont caractérisés par leur point de fusion, ou: d’autres propriétés. Le baume du Pérou donne environ Lo °/, de produits entraiînables par la vapeur d’eau, parmi lesquels on caractérise du styrol, le benzoate d’éthyle, le cinnamate d’éthyle, et un produit insapo- nifiable qui semble être identique au péruviol de Thoms, La proportion des acides benzoïque et cinnamique semble être équivalente. Le baume de tolu donne 20 °{, environ de produits distillés, parmi lesquels on peut caractériser un carbure terpénique,du benzoate d’éthyle et du cinnamate d'éthyle, Le benjoin fournit un mé- lange à parties égales de cinnamate d’éthyle et de ben- zoate d'éthyle sans alcool cinnamique. Le s{orax ne fournit que 5 °/, de liquide distillable, où l’on ne peut caractériser que de l’acide cinnamique et de l’alcool cinnamique., Les résultats obtenus par l’alcoolyse du storax sont intéressants par l'absence totale d'acide benzoïque et d'alcool benzylique; c'est une confirmation de l'hypothèse péur expliquer le mécanisme de la for- mation des éthers dans les baumes, Si la réaction dans les plantes passe par les phases : phénylalanine, acide cinnamique, benzaldéhyde, alcool benzylique, acide benzoïque, nous rencontrons le storax dans une plante où la réaction ne dépasse pas le deuxième terme et où le processus d'oxydation fournissant l’aldéhyde benzoï- que ne se produit pas. 428 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADEMIE D’AGRICULTURE Séances d'Avril et Mai 1919 M. L. Cayeux résume une de ses publications Sur l'inventaire des minerais de fer de la presqu’ile armori- caine, Les plus beaux minerais sont ceux du Calvados, qui renferment 53 °/, de fer. En Anjou, et sur la Basse- Loire, il y a une bande exploitable de 125 km. de lon- gueur. On a là une réserve de près de 2 milliards de tonnes. Ces minerais sont très siliceux, privés de chaux, moyennement phosphoreux; ils conviennent à la fabri- cation des fontes de moulage. La situation éloignée de la frontière de ce nouveau bassin métallurgique milite en faveur d'une mise en exploitation, qui est toujours retardée par suite du refus de l'Etat qui laisse en souffrance plus de 50 demandes de concession, — M. De- chambre signale des importations en France de jeunes vaches hollandaises venant des Etats-Unis. Ce sont des types améliorés au point de vue laitier qui pourront peut-être conserver leurs aptitudes sous notre climat. — M. René Berger appelle l'attention sur l'intensification de la production laitière par l’accroissement du nom- bre des vaches et par le contrôle laitier qui élève le rendement individuel. — M. Lafosse apporte des ren- seignements sur les Forêts de l’Alsace-Lorraine. M. Schribaux donne quelques indications sur la végé- tation du Sorghum exiguum (Herbe du Soudan) qui peut donner 20 tonnes de foin à l’hectare dans le midi de la France, — La prorogation des baux à ferme fait l’objet d’un rapport de M. Petit. L'Académie admet cette pro- rogation pour les fermiers et métayers qui ont été mobilisés. — L'estimation des cheptels à été étudiée par M. Pluchet. — M. Michotte apporte une étude d'en- semble sur les Feux «le forêts. Il en déduit les mesures préventives et combatives qui peuvent être employées. — M. Riverain parle sur la question de protection des familles nombreuses. C'est un sujet qui n'est pas exclu- sivement d'intérêt rural, mais qui mérite cependant l'attention particulière du monde agricole, Le Syndicat des Agriculteurs de Loir-et-Cher a organisé un concours qui a réuni 72 familles comprenant 741 enfants et 424 petits-enfants. Des combinaisons financières de secours peuvent faire beaucoup pour fixer à la terre ces prolifiques familles, qui sont la base de notre tradition nationale et la force de notre défense entemps de guerre. L'initiative du Syndicat de Blois mérite d’être connue et imitée. — M. Marcel Vacher préconise une nouvelle base d'estimation du cheptel. IL propose d'augmenter la valeur d'estimation du cheptel de fer dans la proportion de 1 à 3, qui exprime l’augmentation de valeur actuelle du cheptel global. Cette modification réduirait les ris- ques éventuels du métayer ou du fermier dans une large mesure. —M.Foex donne, sur le Piétin du blé, des observations faites dans ces dernières années, Il passe en revue l’influeñce de la succession des cultures,/des engrais, des traitements au sulfate de fer, Il semble que l'apport de nitrate de soude, au printemps, favorise la, céréale dans sa lutte contre le piétin.— M. E. Bouvier a suivi l'extension des attaques de la Cochylis et de l’Eu- démis dans la région parisienne en 1918.— M. P. Viala signale les effets utiles des températures élevées et sèches, qui agissent défavorablement sur les éclosions. — M. Chauvigné, qui a réalisé des expériences suivies, aflirme que la Cochylis et l’'Eudemis sont détruits en 2° génération lorsque la chaleur solaire atteint 50 à 569 sur les œufs en incubation. — Le président de la Cham- bre de la Motoculture, M. Julien, donne le compte rendu des semaines de motoculture qui ont été organisées en vue d'orienter les efforts de la fabrication française et aussi pour vulgariser les résultats parmi les agriculteurs. Il précise heureusement certains côtés du problème agro- logique de la motoculture : qualité du travail obtenu, résultats culturaux, mesures et constatations techniques. — MM. A. Gouinet P. Andouard, constatant la baisse des prix de 4o à 60 °/, des tourteaux d’arachide et de palmiste, en profitent pour apporter le résultat d'expé- riences sur l'effet de l'alimentation du porc à l'aide des tourleaux. La qualité de la viande ne présente pas de diminution. A la condition d’ajouter au tourteau un peu de poudre d'os, on a un développement normal du sque- lette L'opération del'élevage est des plus rémunératrices, même avec les prix excessifs qu'atteignent les jeunes gorets. — Quelques-uns des procédés mis en œuvre dans la guerre qui vient de finir paraissent susceptibles d’être appliqués à la destruction des insectes nuisibles à l’agriculture : M. le D' Gautier organise des expé- riences sur l’utilisation des gaz de combat et des lance- flammes, Peut-être la lutte contre les Acridiens en. Algérie pourrait-elle se servir de barrages produits par les lance-flammes, — M. Massé fait une communication sur l'élevage du cheval belge en Allemagne. I] en déduit la nécessité du retour en Belgique des animaux repro- ducteurs indispensables à l’agriculture belge. M. Mongenot étudie la question de l'exemption d'impôt pour les sociétés forestières. Lorsqu'il s’agit d'une œuvre d'utilité publique, il y aura intérêt à exonérer d'impôt, les personnes, ou les sociétés, comme celle qui s’est con- stituée dans le Rouergue, qui travaillent à reconstituer notre domaine forestier appauvri. On peut souhaiter pareille faveur pour les entreprises de reconstitution des châtaigneraies. En, GAIN. ACADEMIE DES SCIENCES DE BELGIQUE Seance du 8 Février 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Demoulin : Sur la transformation de Guichard et sur les systèmes K. I : Etude de la transformation des surfaces que Bianchi a appelée transformation asymptotique et que l’auteur appelle transformation de Guichard. IL: Quelques pro- priétés de la transformation de Lie. JIL: Etude des con- gruences de cercles que l’auteur a appelées systèmes K, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. P. Bruylants et W. Mund : Thermostat pour basses températures. Les au- teurs ont recours à la fusion de mélanges eutectiques pour obtenir des températures constantes, s'échelonnant entre o° et — 62°, — MM. P. Bruylants et J. Michiel- sen : Vouveau procédé de détermination du poids ato- mique du tellure. Le procédé consiste dans l’analyse de l'hydrogène telluré; le gaz est décomposé et l'hydro- gène est combiné à l’oxygène. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. J. de Meyer: L'ori- gine des phases ventriculaires de l'électro-cardiogramme (Note préliminaire). Les deux groupes de phases QRS et TU de l’électro-cardiogramme sont produits par des processus physiologiques essentiellement différents. Le premier est la manifestation d’un vraicourant d’action; le second est en réalité un courant de déformation qui parait particulièrement lié au travail de contracture sarcoplasmique qui s'exécute dès le moment d’ouver- ture des valvules sigmoïdes. Séance du 17 Mars 1949 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Demoulin : Sur les surfaces dontles lignes de courbure d'unsystème sont planes ou sphériques et sur les familles de Lamé dont les trajectoires orthogonales sont planes ou sphériques. — M.'A. Demoulin : tèmes À. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Th. de Donder: La vi- tesse de l'énergie électromagnétique dans un champ gra- vifique. — M. Th. de Donder: La gravifique. Exposé synthétique de l'étude des relations qui s'établissent entre les champs électromagnétique et matérialistique d'une part et l’espace-temps déformé d’autre part. — M. A. de Hemptinne: L'action chimique de l'effluveélec- trique et la loi de Faraday. L'action chimique de l’ef- fluve est étudiée par la fixation d'hydrogène sur des diélectriques liquides, en particulier l'acide oléique. ? Le Gérant : Octave Doux. Sens. — imp, L&vé, 1, rue de la Bertauche, A Sur les systèmes © et sur les sys- | Le: , | Mn, \ E 30° ANNÉE | * 30 JUILLET 1919 Revue générale des Dciences pures et appliquées FonparTeur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique Sur la transformation directe de lachaleur en énergie électrique par d'autres voies. que les couples thermo-electriques. — A la séance _ de la Société suisse de Physique tenue à Berthoud le j 10 mai 1919, M. Albert Perrier, professeur à l’Univer- : sité de Lausanne, a présenté un intéressant travail!, consacré à deux principes différents de transformation ”_ directe de la chaleur en énergie électrique, basés res- pectivement sur les dissymétries magnétique et électri- que de la matière, et à la discussion de leurs possibili- tés de rendement. Considérons un corps cristallin ferromagnétique, c'est-à-dire doué d’aimantation spontanée, On sait que . cètte valeur est une fonction bier déterminée de la température, plus précisément qu'elle décroit au chanf- fage jusqu'à disparaitre (point de Curie) et-que cetle variation est réversible. En disposant sur un tel corps » un enroulement fermé, on réalise un générateur de cott- rant électrique par voie thermique. En effet, chauffons . et refroidissons alternativement : les variations pério- _diques de l’aimantation provoquent dans l'enroulement des courahts d’induction alternatifs ; l’auteur les quali- fie de pyro-induits. Considérons de même un cristal pyro-électrique : ici, la production de courants alternatifs par oscillations périodiques de température est évidente; il suflit de munir les extrémités opposées d’axes polaires d’arma- tures et de les réunir par des conducteurs. Les rendements peuvent affecter une infinité de va- leurs suivant les enroulements ou armatures M. Per- > rier a cherché s'ils demeurent nécessairement au- . dessous de limites inférieures à celles exigées par le prineipe de Carnot; il a trouvé : a) Pour les phénomènes pvro-inductifs : le maximum d'énergie que l’on peut tirer par induction d’une varia- tion AŸ de flux a pour valenr(AP)-/L, c'est-à-dire l’éner- gie électrocinétique de ce circuit pour un flux de valeur V 0 A. Arch. des Se. phys. et nat. (Genève), 5° pér., t. I, p:243; mai-juin 1919. REVUE GÉNÉBALE DES SCIRNCES égale (L représente le coeflicient de self-induction du même cireuit calculé dans le vide). Appliquant au cas le plus favorable d’un tore, on obtient pour l'expres- sion du rendement limite : 5 — (AB)-/4 x JpcAt, où J est l'équivalent mécanique, la densité, c la chaleur spéei- que et At l'amplitude de l’oscillation de température ; b) Pour les phénomènes pyro-électriques : l'énergie maximum correspond ici à une résistance infinié entre les deux armatures. Pour une plaque pyroélectrique à deux faces perpendiculaires à un axe polaire, on trouve: a = krp?At|J=pc, où p est la constante pyroélectrique et | sla constante diélectrique (relatives à la direction de | l’axe)!. M. Perrier a appliqué les résultats ci-dessus à deux | cas particuliers : | a) Soit du nickel, dont on fait osciller la tempéra- ture de 340° à 360° (disparition du ferromagnétisme); ici At — 20°. Tous calculs faits, on trouve : 1— 0,020/5; + b) Soit un cristal de tourmaline, Ssaumis à une varia- tion At de 100°; on trouve : 7 — 0,006 2/0, Ces deux valeurs sont très petites, mais d'ordres de | grandeur assez différents. La première est comparable | à ce que donnent des couples thermo-électriques sim- ples; dans les mêmes conditions, un cyele de Carnot donnerait 3,2 2/0. Le débit d'énergie est en proportion de la vitesse avec laquelle les échanges de chaleur peuvent être effectués ; il serait certainement fort petit dans les conditions d'une expérience ordinaire. | * On peut généraliser beaucoup les considérations pré- cédentes : on transformera en principe de la chaleuren énergie électrique (ou électrocinétique) avec tout dis- positif tel que l'on puisse produire dans des champs magnétiques ou électriques des oscillations de tempé- rature de corps dont respectivement les perméabilités 1. M. M. Deprez et avant lui M. Nodon ont indiqué lapas- sibilité d'engendrer des courants au moyen d'un ferroma= gnélique chauffé dans un aimant en fer à cheval, shns cepen- dant calculer les limites de rendement données ci-dessus, ni aborder les phénomènes symétriques du côté électrique, M. Edison avait aussi indiqué la même possibilité à propos de son moteur pyromagnélique, 430 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ou constantes diélectriques sont fonctions de la tempé- rature. Ces conditions ne correspondent toutefois pas exactement aux précédentes où les corps actifs agis- sent seuls (l’action simultanée d’un champ n’est pas né- cessaire); en outre, les rendements et débits seraient d'ordres encore plus petits. On notera les caractères principaux suivants des Cy- cles Considerés : ils fournissent de l'énergie durant tout leur parcours. Ils n’ont ainsi pas de correspondants dans les cycles des fluides de la Thermodynamique classique; on trouverait des correspondants chez les so- lides; L'énergie libérée n'est pas du tout identique à l'énergie d’aimantation où de polarisation diélectrique. Ils sont irréversibles, M. A. Perrier envisage ensuite le cas où, aulieu d’un corps actif, on utiliserait une série de corps dont les températures sont échelonnées entre celle de la source chaude et celle de la source froide, chacun d'eux ser- vant successivement de source froide au précédent et de source chaude au suivant. On peut démontrer que le rendement d’une telle ma- chine (pyro-inductive ou pyro-électrique) sera plus grand ou plus petit que celui d’une machine à un seul corps actif suivant que l'intensité de polarisation des substances utilisées varie plus lentement ou plus vite que la proportionnalité à l’oscillation de tempéra- ture. Ce cas limite correspond à ‘un rendement pro- portionnel à l'écart de température. ë Les lois connues de la pyro-électricité exeluent done l'application du procédé; au contraire, la variation quasi parabolique de l’aimantation spontanée dans la région du point de Curie est particulièrement favora- ble : ilsuflirait de s'adresser à des corps (alliages) avec points de disparition échelonnés convenablement, Les diflicultés pratiques rendent ce principe à peu près irréalisabie dans la forme ci-dessus; on l’adaptera, par exemple, en se servant de corps immobiles el iso- lés à travers lesquels on fera circuler de la chaleur par mouvement alternatif d’un fluide, Cela présenterait en parliculier le très grand avantage de n’exiger aucune pièce mobile dans la macliine proprement dite et de pouvoir monter les enroulements en série dans un seul circuit, les cycles partiels étant parcourus simultané- ment. Il ne semble pas absolument impossible d'atteindre un rendement comparable à celui d’un cycle de Carnot pour des intervalles de température appropriés, en fai- sant appel à un grand nombre de cycles intermédiaires. Un nouveau tube à vide àanode extérieure. — M. H. P. Donle vient de faire connaître un modèle de tube à vide, conçu sur un type nouveau!, Comme les autres tubes à trois électrodes, il se compose d'un fila- ment, d’une électrode de contrôle (grille) et d’une anode, mais disposés différemment, Le filament est sous forme d’épingle à cheveu etil est entouré d’un fil en tungstène étiré, enroulé en hélice. Ces deux élément seuls sont à l'intérieur du tube, L'anodeest constituée par une cou- che d'argent appliquée directement à l'extérieur du tube à vide, sur la partie qui entoure le filament et la grille, Pour être mis en fonctionnement, le tube est connecté comme tout autre tube à vide à trois électrodes ; toute- fois, l'électrode de contrôle n'a pas besoin d'être polari- sée quand le tube est employé comme détecteur Quand on a réalisé dans le tbe le vide le plus grand, le fila- ment, chauffé par une batlerie, devient la source d'une émission électronique pure entre le filament et l’anode, La question intéressante qui se pose ici est celle du pas- sage du courant à travers le verre. Jusqu'à présent, le verre avait été considéré comme un bon isolant, quoi- qu'il devienne bon conducteur près de son point de fusion. On en est loin ici, mais des expériences entreprises par l’'auteuront montré que, lorsque le verre est en contact avec certains éléments il devient bon conducteur à des températures beaucoup plusbasses, La conduction, dans 4, Electrical World, t. LXXIIT, n° 23, p. 1204 ; 7 juin 1919. ce cas, est alors purement électrolytique, et tous les phé- nomènes qui accompagnent la conduction dansun éléc- trolyte liquide: décomposition, polarisation, etc., se présentent dans le verre chaufté,. Toutefois, avec des AMPLIFIER , 3% DETECTOR Fig. 1, — Modes de montage du nouveau tube employé : comme détecteur (à gauche), comme amplificateur (à droite). électrodes d'argent, la polarisation disparait presque complètement, et la dissociation est si faible qu’elle n’influe guère sur la durée de fonctionnement du tube. Outre leur simplicité, leur compacité et leur robus- tesse, ces tubes présentent un intérêt spécial par le fait que leurs caractéristiques comprennent une inflexion à angle droit quien fait des détecteurs exceptionnellement sensibles. En proportionnant convenablement les élé- ments du tube, cette inflexion peut se produire pourun potentiel nul de l’électrode de contrôle. Le fonetionne- ment sans potentiel polarisant de la grille pr un avantage considérable, Une forme de ce tube peut fone- tionner avec un potentiel anodiquede/ volts, quiest at- trayant toutes les fois qu'on veut diminuer la dépense de la batterie, réduire le poids ou assurer la compacité. Les propriétés oscillantes exceptionnelles de ces tubes les rendent parliculièrement aptes à l'emploi comme détecteurs régénérateurs ou oscillants. La figure 1 plificateur. $ 2. — Chimie Saveur et constitution Chinrique. — Les chi- mistes pnt établi depuis longtemps des relations entre la couleur des composés organiques et leur constitution chimique, et ils ont formulé des règles assez générales qui permettent de déterminer si un corps est coloré où non, où quelle est sa couleur!, Pour les autres propriétés organoleptiques, on est beaucoup moins avancé, C'est le cas, par exemple, pour les rapports entre la constitu- tion et la saveur. On sait, il est vrai, depuis longtemps que presque tous les acides ont un goût particulier, « aigre » où « sûr », qui est sans nul douteen relalion avec l'existence d'ions H dissociés. Nef a montré que la plupart des composés correspondant à la formule (CH20)' sont doux, tandis que L. Henry a cherché à relier l'amertume d’autres corps avec le groupe CNO®, CH2OH. G. Cohn? est allé le plus loin dans cetle voie en montrant que la saveur dépend d'une façon générale de cætaitis groupes, dits sapophores, eomme OH et NEP, présentg'souvent par paires; dans beaucoup de cas, les membres inférieurs d’une série homologue ont une saveur douce, tandis que les membres supérieurs sont insipides ou amers. Mais Cohn n’est pas arrivé à don= ner une théorie générale reliant ces faits et permettant aux chimistes de classer les substances sapides. Une contribution beaucoup plus importante à la solution de ce problème vient d'être apportée-par deux . 1.3. Manriver: Couleur et constitution chimique, Rev. gén. des Sc. du 15 juin 1919, t. XXX, p. 334 et suiv. 2. Die organischen Geschmackstoffe, 1914. \ montre les schémas des connexions du nouveau tube employé comme détecteur et comme am- Le RS ACTES CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 431 savants américains, MM. E. Œrtly et R. G. Myers!, de l'Université Leland Stanford. Ceux-ci, au lieu d'attribuer - la saveur douce d’un composé donné à un seul facteur, comme Con, en font intervenir deux. De même que, dans les relations entre la constitution et la couleur, on distingue des groupes chromophorès et des groupes auxochromes, les auteurs ont mis en évidence, chez les + substances à saveur douce, la présence simultanée de groupes glucophores et de groupes « auxoglucs ». En se bornant pour le moment aux composés de la série aliphatique, ils attribuent la propriété glucophore aux radicaux suivants : à —CO-CHOH—(+H) ‘ CH*OH.CHOH CO?H.CHNIP — CH2ONO? — PE H2-x = HS. ° H2Y # Char — Cale — CHal © D'autres groupes viendront sans doute s'ajouter à cette liste. Les atomes ou radicaux- suivants semblent, au con- traire, agir comme « auxoglucs », en donnant avec les glucophores des substances à saveur douce : Hydrogène ; Les radicaux CaH2n+1 des hydrocarbures saturés, contenant de 1 à 3 atomes de carbone, Ex. : CH*.CH? — ; Les radicaux CuH21+10 des alcools monohydriques, n étant égal à 1 ou 2, Ex. : CHOH—; Les radicaux C2H2r-107 des alcools polyhydriques: Ex. : CH°OH.CHOH —. Cette liste pourra également s'allonger par la suite. 11 faut ajouter que la présence d’un radical acide, s’il « n'appartient pas à un glucophore, suflit à donner au composé la saveur aigre. f MM. Œrtly et Myers ont établi un tableau déjà long … de composés renfermant deux des groupements ci-des- * sus, un glucophore et un auxogluc, et qui, à 2 ou 3 excep- tions près (provenant peut-être d’erreurs d'observation), … possèdent tous la saveur douce. L: Pour prédire si un composé donné est doux ou non, il faut déterminer d'abord s’il contient un glucophore. … S'iln'y en a point, on peut conclure immédiatement que . Ja substance n’est pas douce. S'il en existe un, il faut alors rechercher si la substance renferme aussi un auxo- … gluc, ou par hasard un radical acide : dans le premier … cas, elle sera douce; dans le second, aigre, Ainsi la sérine CH2OH.CHNH?.CO?H renfèrme à la fois un glucophore CO?H.CHNH?— et un auxogluc CH OH — ; elle doit donc être douce, ce que l'expérience confirmé. Aucontraire, l’isosérine, CHNH?.CHOH.CO?H, . bien que composée des mêmes atomes, ne contient pas … de glucophore, et ne peut être douce ; elle a été, en effet, _ décrite comme insipide. …_ Les auteurs se proposent d'étendre leur théorie aux composés aromatiques, et de rechercher d’autre part quels soût les facteurs qui communiquent aux corps une _ saveur amère, 3 $ 3. — Zoologie La restauration de la vitalité par conju- . gaison chez les Protozoaires. — Maupas, dans e série de recherches classiques, a montré que le rotoplasm d'un Protozoaire qui se reproduit unique- _ment par division subit un affaiblissement progressif _ de ses activités vitales, conduisant à la sénescence, à la dégénérescence et finalement à la mort. Par contre, la conjugaison intervenant au cours d’une série de repro- ductions par simple division a pour effet un « rajeu- nissement » du protoplasma affaibli. Cette restauration de l'activité métabolique est-elle complète? Tel est le problème que s'est posé M. G. N. Calkins, de l’Univer- -sité Columbia, et: qu'il a cherché à résoudre par des _ méthodes exactes? 1, Journ. of the Americ. chem. Soc., t. XLI, n° 6, p. 855; juin 1919. ARE à 2, Proc. ofthe Nat: Acad. of Sciences of the U. S. of Ame- ca,4. V, n° 4ÿ p.95; avril 1919. + De : x L Ses expériences, qui ont duré une année et demie, ont porté Sur un Protozoaire cilié, l’'Uroleptus mobilis ; elles se rapportent à la descendance d'une seule cellule indi- viduelle, maintenue dans des conditions identiques et alimentée quotidiennement avec le même milieu de cul- ture type (infusion de farine et de foin finement coupé). Cette première cellule, provenant de la conjugaison de deux individus « sauvages », a été isolée le 24 novembre 1917. Chaque jour l’auteur séparait des individus isolés provenant dé la division du premier pour les placer dans un milieu de culture frais, constituant, ainsi einq lignées d'individus de même parenté for- mant une « série », la série À, L'isolement ayant lieu chaque jour, la conjugaison ne pouvait se produire. L'auteur enregistrait le nombre dé divisions par jour dans chacune des 5-lignées de la série, puis la somme des divisions quotidiennes, donnant le total des géné- rations dans chaque lignée. La moyenne de ces sommes pour les 5 lignées el pour chaque période successive de 10 jours était considérée comme mesurant d'une façon exacté l’activité métabolique relative aux diverses pé- riodes du cycle évolutif. / Après les isolements quotidiens, les individus res- tant dans le milieu de culture étaient soient jetés, soit rassemblés dans un flacon plus grand, contenant ‘du milieu de culture frais, et abandonnés pendant une quinzaine de jours. Il y a d’abord multiplication rapide par division, qui va en diminuant à mesure que les substances alimentaires s’épuisent, pour faire place en- fin à la conjugaison. Detemps en temps, les individus qui ont subi la conjugaison dans ces conditions sont isolés pour former le point de départ de séries filiales, qui sont cultivées par la méthode d'isolement exacte- ment comme lasérie parentale A et qui donnent lieu aux mêmes déterminalions du nombre de divisions quoti- diennes et de l’activité métabolique relative. Il est évi- . dent que chaque série filiale représente le même proto- plasma original que la série parentale. Toute différence, à la même date, entre les mesures faites sur la série parentale et sur les série filiales doit donc êtreattribuée à la conjugaison. M. G:N. Calkins a isolé à quatre reprises des produits de conjugaison de la série A pour en faire les points de départ de séries filiales : le 4 février 1918, à la 98° gé- nération de la série À (série C); le 8 mars, à la 137° gé- nération (série D); le r7'mai, à la 237° génération (série H); le v2 août, à la 3° génération (série J). La série pa- rentale A s’est éteinte par épuisement à la 313* géné- ration. Le Tableau suivant donne le taux moyen de di- visions par individu dans chaque période de 10 jours (pour abréger, nous supprimons une période sur-deux): Périodes Série A SérieC Série D Série H Série J 1 9,8 3 4,8 5 7,8 7 18,6 9 18,0 18,8 11 13,2 16,8 16,0 13 14,6 15,6 16,0 15 15,0 16,4 17,0 17 17,0 19,4 19,0 19 5,4 13,4 15,2 16,8 21 7,0 12,8 H,4 15,8 23 9.6 11,4 14,6 19,1 25 4,8 10,6 12,6 16,4 : 27 0,2 9,8 954 15,6 19,2, 29 0,2 7,6 1,4 15,4 18,6 31 Mort 6,8 0,4 17,8 20,4 33 2, 0,0 15,4 15,8 35 0,0 Mort 9,4 14,6 37 0,4 1,6 14,4 39 0,0 0,4 17,0 ho Mort 1,2 12,6 Il est'évident, d'aprés les chiffres qui précèdent, que la conjugaison a pour résultat la complète restauration \ 432 de la vitalité, quel que soit l’âge ou le degré d’affaiblis- sement du protoplasme parental, et bien que les séries parentale et filiales soient nourries simultanément sur le même milieu de culture, Cela est tout particulièrement frappant dans lecas de la série J, Toutes les séries filiales retournent après conjugai- son à un certain optimum de vigueur métabolique, re- présenté par une moyenne de 17,1 à 17,9 divisions par individu en 10 jours, Il y a ensuite une perte graduelle de vitalité, commune à toutes les séries, et conduisant finalement à la mort par vieillesse. h, — Sciences médicales 74 La peste bovine en Afrique Occidertale Française. — Parmi les maladies auxquelles sont exposés les Bovidés en Afrique Occidentale Française, il en est une, de caractère épizoolique, qui a causé, à diverses époques, des pertes énormes dans certaines parties de la colonie : c’est la peste bovine. Les deux dernières grandes épizooties qui se sont produites sont celles de 1891-1892 et de 1915-1918. H est à noter que lune comme l’autre se sont propagées de l’est vers l’ouest. Sur la première, M. le commandant Monteil a pu fournir quelques renseignements précis dans sa rela- tion de voyage de Saint-Louis à Tripoli par le Tchad, sa caravane ayant eu à subir de graves pertes dues à cette maladie, et il a donné une description des symptômes et de la marche de la maladie!. Sur la seconde, une étude détaillée et très instruclive a été récemment écrile par M. E. Aldige, vétérinaire, inspecteur du Service zootechnique et des épizooties?. La propagation de la peste à chacune des colonies du groupe, exposée par M. E. Aldige, montre bien quelles sont les causes à peu près fatales de l’irradiation de la maladie. Des foyers de peste se trouvent constitués sur les grandes voiés suivies par les caravanes et sa dissé- mination est assurée par les transactions commerciales portant sur le bétail, En même temps celui-ci s’agglo- mère autour des points d’eau elles troupeaux, étendant l'aire de leur pâture, se mélangent dans la brousse. loin de leur champ d’attäche. A la suite de Rapports de M. Yves Henry, inspecteur de l'Agriculture de l'Afrique Occidentale Française, fu- rent rendus par le gouverneur général E. Roume deux arrêtés, l’un en date du 31 décembre 1904 créant un Service zootechnique et des épizooties dans chacune des colonies dépendant du gouvernement général, l’autre en date du 18 janvier 1909, portant réglementation de la police sanitaire des animaux en Afrique Occidentale Française. Puis de nouvelles dispositions fu-ent prises par divers autres arrêtés qui se succédèrent de 1906 à 1918, en vue d'exercer l’action sanitaire et prophylac- tique à la périphérie de la zone infectée, dans les ports ouverts à l'exportation des animaux et produits rani- Maux, ainsi qu'à l’intérieur des territoires infectés. En ce qui concerne les mesures prises jusqu'ici dans les foyers d'infection eux-mêmes, trois moyens d'inter- vention, que nous nous bornons à énumérer, ont été appliqués : la contamination artilicielle, les inoculations 1. G. Prerke, vétérinaire en premier, chef du Service z00- technique de l'Afrique Occidentale Française : L'élevage dans l'Afrique Occidentale Française ; Paris, Aug. Ghallamel, 1906, in-8° ; page 258. d 2. E. Avnice : La peste, bovine en Afrique Occidentale Française. Etude de l'épizootie de 1915-1918 (Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique Occi- dentale Française, 1918, n° 3 et 4, p. 337-399; Paris, Em, Larose, in-8°), CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE de bile, les inoculations de sérum el de sérum-virus. On aura recours selon les circonstances à tel ou tel de ces procédés, mais celuiqui parait appelé à jouer le rôle le plus décisif c’est le dernier. Dès le mois de juillet 1917, l’on s'était préoccupé au, Sénégal de la préparation du sérum, Mais cette récolte est une œuvre très délicate, et, faute de pouvoir dispo- ser de tout l’outillage nécessaire, elle se trouva fort entravée, De plus, il faut avoir sur place des animaux malades présentant une forme de peste suflisamment grave pour tirer d'eux un virus actif. Faire une prépa- ration permanente de sérum est une entreprise diflicile en Afrique Occidentale ; aussi a-t-on été ameué, comme l’a fait M. Lagaillarde, à rechercher un procédé simple, apide et pratique de fabrication, aü sein même du ter- ritoire infecté,en un endroit quelconque de la brousse. MM. Lagaillarde et Sournies ont obtenu d'excellents résultats dans le Niani-Ouli avec le sérum ou le sang préparés sur place; et ce procédé est appelé, comme le montre M. Aldige dans sa savante étude, à rendre d'inappréciables services dans les pays tropicaux pour intervenir rapidement dans la lutte contre l'épi- zootie. à C'est à des résultats et des conclusions analogues que vient d'aboutir une mission confiée, à la fin de 1918, par le gouverneur général de l'Afrique Occiden- tale Fra ançaise à M. Curasson pour s'occuper de la pro- duction du sérum dans les régions de la Guinée fran- çaise infectées de peste bovine !, De Conakry il se rendit avec le vélérinaire Nevot dans la région de Dombe où il arriva le 29 janvier. Dix animaux guéris qui furent loués fournirent 168 litres de sérum ou de sang immunisant. Les dernières inoculations furent pratiquées le 28 février et les deux vétérinaires quittè- rent la région après avoir immunisé 1,090 animaux. Aucun accident imputable aux inoculations ne se pro- duisit, comme on a pu le savoir, jusqu'au 20 mars. Des opérations faites, M. Curasson Lire cette conelu- sion qu'un vétérinaire ‘ou deux de préférence) peut, 15 jours après son arrivée dans un milieu infecté de peste bovine, obtenir du sérum immunisant, et avec des dépenses minimes ; il estime qu’en l'élat actuel descho= ses, on ne peut lutter efficacementcontre la peste bovine qu'à l’aide du sérum moyen d'un petit laboratoire mobile, sans qu’il soit nécessaire de créer des installations centrales fixes et coûteuses, M. Curasson donne d’utiles indications pratiques sur les meilleurs animaux à choisir comme producteurs de sérum ou comme fournisseurs de sang virulent; il explique comment on doit s’y prendre pour la-récolte et la conservation du sang ou du sérum immunisant; enfin ilen montre l’utilisation. L'emploi du sérum seul ou du sérum-virus dépendra des conditions dans les- * quelles se trouve l’épizootie. Quand on agit à titre pré- ventif, il y a lieu de recourir largement au sérum-virus si l’onest en présence d'une épizootie dispersée à carac- tère envahissant. Si c’est le début ou la fin de l’épizoo- tie, ou qu'ils’agisse d’un foyer bien limité, on emploiera le sérum-virus pour les troupeaux voisins du centre pestique, et le sérum seul pour ceux qui sont plus éloi- gnés, A titre curatif, l'emploi du sérum ne peut agir efli- : cacement qu'au cours de la première période de la maladie. Gustave Regelsperger. 1. Le Rapport de mission de M. Cunasson a été publié dans le Journal officiel de l'Afrique Occidentale Française, 26 avril 1919, p. 255-257. rapidement préparé sur place au # Las 1673 Re JV 67, hp at ES oi dd di Défi Herr MARCHAND. LA SOUDURE AUTOGÈNE — SES PROGRÈS PENDANT LA GUERRE Les nécessités créées par la guerre ont fait se développer beaucoup, dans le cours des quatre dernières années, Les procédés employés pour réaliser la soudure autogène du fer et de l'acier. Comme on le sait, les métallurgistes enten- dent généraiement par soudure autogène d’un métal le. procédé consistant à réunir deux pié- ces de ce métal directement par fusion des surfaces juxtaposées, sans addition d'un métal desoudure étranger. La soudure autogène demande naturellement une température d'autant plus élevée que la température de fusion du métal à travailler est plus s élevée; facile avec le plomb, par exemple, elle est moins commode avec le zine, et moins encore avec le fer et l'acier. Il n’y a pas d’ailleurs concordance absolue entre la tempé- rature nécessaire pour la fusion et la tempé- rature nécessaire pour la réalisation de la sou- dure autogène : c'est ainsi que le fer et l'acier sont en réalité plus faciles à souder que le cui- vre et le bronze. En effet, la température n’est pas le seul facteur qui intervienne dans l’opéra- tion : à la température de soudure, le cuivre, par exemple, devient cassant et oxydable, au lieu de se ramollir graduellement, comme cela a lieu dans le cas du fer. Enfin, d’autres difficultés se présentent en- core : le laiton et les alliages du même genre ont, en particulier, l'inconvénient de se disso- cier sous l'influence de la chaleur, le zine se vo- latilisant et laissant un métal qui ne possède plus les propriétés de l’alliage initial. Ces diverses diflicultés ont cependant été sur- montées ; l’on peut aujourd’hui exécuter la sou- dure autogène de tous les métaux industriels, du plomb, du zinc, du bronze, du cuivre, de l'aluminium, du fer et de l'acier. Les procédés dont on dispose pour cela sont de deux catégories : 1° les procédés où il est fait usage de chalumeaux à gaz; 2° ceux où l’on em- ploie pour produire la chaleur requise le cou- rant électrique; ceux-ci se divisent en deux catégories principales : 4) ceux où il est fait usage de l’are électrique ; b) ceux où l’on utilise” simplement l'effet Joule du courant. Le principe de ces divers procédés est trop connu pour qu'il y ait lieu d'insister ici; ce n'est pas d'aujourd'hui d'ailleurs qu'ils ont été ima- ginés et mis en pratique; nous nous bornerons — LA SOUDURE AUTOGÈNE-—. Et donc à en rappeler les caractéristiques fonda- mentales. I. — La SOuDURE AUTOGÈNE PAR LE CHALUMEAU OXYACÉTYLÉNIQUE Divers gaz combustibles, brûlés dans un cha- lumeau avec de l'oxygène, peuvent produire une température suffisante pour porter à la fu- sion les métaux les plus réfractaires, comme le feret l'acier. En pratique, cependant, deux gaz seulement ont donné des résultats satisfaisants: l'hydrogène pur et l'acétylène ; encore le pre- mier s'est-il presque complètement effacé dès que l’acétylène a été mis en usage. L'inconvénient principal du procédé oxyhydri- que est son coût relativement élevé : les volu- mes de gaz nécessaires y sont importants, le mètre cube d'hydrogène ne donnant que 3.000 calories. L'acétylène coûte moins cher et il est plus efficace; à égalité de volume, il donne presque cinq fois plus de chaleur (14.300 calories par m*) etil permet de réaliser des températures plus élevées ; la flamme oxyacétylénique est la flamme la plus chaude connue : 3.500°. Ses premières applications pratiques furent réalisées, en France, il y a une quinzaine d’an- nées, et, presque tout de suite, se rendit compte qu’elles pourraient acquérir un très grand intérêt. Peu de temps après les premières tentatives, la méthode était déjà d’un usage fré- quert dans beaucoup de fabriques pour l’exé- cution de réparations aux moulages d'acier, spécialement pour le rebouchage des eriques et soufilures. On l'introduisit aussi avec succès dans la tôlerie, la chaudronnerie, la fabrication des tubes en fer, le reboutage des tubes de lo- comotives, le montage des cadres de bicyclette, ete. ; l'expérience fit cependant constater dans la suite que la technique du procédé demandait à ètre approfondie. La pratique avait précédé de beaucoup Ja science, dans ce domaine; on était demeuré ignorant du mécanisme ,des phénomènes qui sont à la base du procédé, des influences sus- ceptibles de modifier les résultats obtenus, de l'action exercée sur le métal par la chaleur, ete. Le problème, à ce point &e vue, n'est pas encore élucidé : il reste beaucoup de points à physicien et le métallurgiste; on étudier, pour le Les # 434 Mexri MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE il est certain, par exemple, que le métal d'apport - et le métal des pièces subissent des altérations profondes au cours de l'opération. Les qualités physiques se trouvent modifiées : on peut les restaurer d’une façon plusou moins parfaite, pour le feret l'acier, par un traitement mécanique — martelage — approprié, supplé- menté, au besoin, d’un traitement thermique convenable — recuit de 30 à 40 minutes. Il y a aussi des changements chimiques provoqués par la haute température atteinte : dans le cas de l'aciet, on constatera, notamment, une diminu- ‘tion de la teneur en carbone, en silicium, en manganèse, si on ne la corrige pas d'avance par l'emploi d’un métal d'apport assez riche. Mais ces détails n’ont pas empêché le procédé de se montrer dans la pratique d’une valeur qui a cru à mesure que l'expérience des soudeurs grandissait, et de devenir d’une utilité extraor- dinaire à l'instant où le besoin est devenu pres- sant d’une méthode de travail rapide et efficace. + + Pour que les applications anciennes et nou- velles devinssent possibles -et avantageuses, il avait fallu créer tout l’outillage nécessaire à l’ob- tention des gaz et à l'exécution des opérations. En France, la question fut assez simple à ré- soudre grâce au grand développement atteint par l’industrie de la fabrication de l’oxygène li- quide et au degré de perfectionnèment des gé- nérateurs à acétylène ; le procédé de l'acétylène dissous favorisa également lés débuts de la sou- * dureoxyacétylénique. Dans d’autres pays, il n’en a pas été de même : aux Etats-Unis d'Amérique, par exemple, malgré le haut avancement géné- ral de l’industrie, l'introduction du procédé oxyacétylénique s’est heurtée à des difficultés sérieuses, sous le rapport des méthodes de production des gaz. Quoi qu’il en soit, l’uniformité est à peu près établie aujourd'hui; d’une facon générale, on achète l'oxygène en tubes d'acier, sous 100- 120 atmosphères, et l’on produit l'acétylène au moyen de générateurs quelconques, à basse ou à haute pression. 4 Le procédé de production est sans influence sur le mode d'application, avec cette seule ré- serve que, si l'on emploie un générateur à basse pression, il est nécessaire d'employer un chalu- meau oxyacélylénique spécial, dutype injecteur. Dans ce cas, c’est l’aspiration produite par le courant d'oxygène envoyé, à grande vitesse, dans le chalumeau, qui aspire l’acétylène; si celui-ci est fourni sous une pression suflisante, le mé- lange s'opère dans une chambre de mélange simple; le système a peut-être un léger avantage en ce qu'il donne un mélange plus réguliér. Au point de vue de la production, un point es- sentiel à surveiller est la pureté des gaz; l'oxy- gène fourni par les fabricants est régulièrement d'une pureté suffisante; quant à l’acétylène, il doit être filtré et débarrassé, par des oxychloru- res, du soufre et du phosphore qu’ilpeut conte- nir. [l est indispensable que ces élémentssoïent éliminés si l’on veut obtenir une bonne soudure, parce qu’ils nuiraient inévitablement à la com- position du métal d’apport et du métal de la pièce travaillée elle-même. De toute façon, l'équipement est simple et. transportable; cette simplicité eteetteportabilité ont certainement été l’un des éléments de son succès, la simplicité de la manœuvre en a été un second. É Pour que la soudure se fasse bien, il faut que. la flamme soit maintenue neutre, qu’elle ne pré- sente ni un excès d'oxygène qui oxyderait le mé- lal, ni un excès d’acétylène qui le carburerait. Le soudeur expérimenté règle facilement la flamme en se basant pour cela sur son aspeet ei sur la coloration des étincelles arrachées au mé- tal ; s’il lui faut travailler des pièces de/ dimen- sions très différentes, il doit avoir des chalu-_ meaux de débits correspondants ou un chalumeau ‘à bouts amovibles. * * * Lorsque le chalumeau est convenablement réglé, l’obtention d’une bonne soudure peut être considérée comme assurée, à la condition toutefois que l'opérateur travaille convenable- ment et qu'avant tout il ait bien préparé ses pièces. ; À cet égard, il est absolument indispensable que les surfaces à réunir soient parfaitement propres et qu’elles aient un développement suf- fisant pour que la soudure ait une bonne section. Le nettoyage se fait soit au burin, soit chimique- ment; s'il s’agit de réunir des tôles minces, on les juxtapose simplement bord à bord; s’il s’agit de tôles épaisses ou de pièces du même genre, on les chanfreine, soit sur une face, soit des deux côtés, D'autre part, il importe absolument que les pièces soient arrangées de façon qu'elles ne se déplacent ni ne se déforment sous l'influence des variations de température. Les ayant disposées comme il faut, on peut les fixer par quelques points de soudure : on com-= mence alors l'opération proprement dite, consis- tant à faire fondre dans l'intervalle entre les pièces une barrette de métal. Her: MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE Avant de commencer la soudure, on doit ré- chaufferla pièce : ce chauffage préliminaire peut se faire par les moyens ordinaires, où bien à l’aide du chalumeau si la pièce n’est pas trop grosse; c’est une simple question d'économie. Des précautions sérieuses sont encore à prendre -au cours de l’opération de soudure pour éviter des élévations de température locales qui pour- raient amener des détériorations mécaniques ou physiques. Sous ces réserves, l'exécution dela soudure est - aisée, grâce à la grande énergie de l’échauffe- - ment, ainsi qu'au fait que la flamme agit comme désoxydant. - Pour ne pas compromettre le résultat de l’opé- ration, il importe encore cependant que l'on ! opère rapidement, afin d'éviter un échauffement exagéré, qui modifierait la texture du métal et pourrait favoriser l'occlusion de gaz, de l’hydro- . gène en particulier. Enfin il est essentiel que _ le refroidissement soit méthodiquement gradué; on ne pourrait, sans danger pour la soudure, l'abandonner à un refroidissement rapide. ‘Le martelage de la soudure et un recuit sont généralement utiles eus employer le chalumeau oxyarétylénique, ‘ainsi que noûs l'avons fait FARGEQUES plus haut. __ Le métal d'apportdoitêtre d’une bonne pureté et approprié à la qualité du métal sur lequel on travaille. Pour l’acieret le fer forgé, il est bon . d’employer comme métal d'apport du bon fer de - Suède et pour le fer coulé de la fonte grise con- tenant un peu de silicium (5°/,) et exempte de . manganèse; pour le cuivre, on emploie du cuivre - phosphoreux contenant des traces d'aluminium, et pour le laiton, du laiton contenant également un peu d'aluminium. . Le fondant doit être choisi de telle façon que * sa température de fusion soit bien en rapport _avec celle du métal même; pour le fer et l'acier, _ce sera un mélange à parties égales de DE _nate et de bicarbonate de soude additionné de 40- 15 °/, de borax et de 5°/, de silice précinitée. Pourle cuivre etpour le laiton, le fondantest un mélange de borate de PCR de chlorure de sodium, d’acide borique, ete. \ » 4 L > x + * + __ L'expérience a établique, si ces principes sont observés, le procédé oxyacétylénique donne des soudures répondantaux exigences de la pratique industrielle et qu’il est à même de rendre d’im- menses services. : . Actuellement, le champ d'application de la méthode est devenu extrêmement vaste et, mal- | ’ ; on peut, pour le chauffage y - 435 gré les nombreuses applications réalisées, on estime qu'elles s’étendront et se multiplieront beaucoup dans un avenir prochain. Les indus- tries de la guerre ont fait réaliser à la soudure oxyacétylénique en quatre ans plus de progrès qu'elle n’en aurait fait normalement en dix ans ; les industries de la paix vont sans nul doute s'emparer des conquêtes réalisées et les étendre. Nous avons cité plus haut quelques-unes des applications du début; toutes ces applications se sont développées, affirmées et multipliées, et ils’y.estajouté beaucoup d’autres usages d’un in- térêt plus grand encore. D'importants débouchés lui ont été ouverts dans l’industrie de l'aviation et de l’aéronauti- que, tant pour la fabrication que pour la répa- ration des pièces, en acier, en aluminium, etc. : au front, elle était d’un emploi journalier et y a rendu des services extraordinaires. Dans ce do- maine, son avantage est de permettre la réalisa= tion de joints très légers : des pièces qui étaient autrefois faites en bois ou coulées en aluminium sont confectionnées maintenant en tôle ou tube d'acier; le procédé est plus simple et les pièces plus légères. Le chalumeau oxyacétylénique est aussi d’un usage courant pour la réparation des pièces des moteurs : cylindres, vilebrequins, boîtes à engre- nages, etc. La fabrication par soudure autogène des tu- bes d’acier est devenue très active, pour la con- struction des lits en fer, des voitures d'enfant, des autos à bon marché, ete.; les tubes ainsi confectionnés sont nas aux tubes étirés. Mentionnons aussi la fabrication des coffres- forts, des réservoirs et citernes à huile, à soude caustique, etc., l'exécution de joints surles con- duites de vapeur et les tubes de surchauffe et pour la confection des fers artistiques, la remise en état des piècés usées par frottement, le re- bouchage des dépressions, trous, etc., résultant de l’usure, la confection d'outils à coupe rapide économique, par la soudure de tranchants en acier spécial sur des barres d’acier ordinaire. La soudure oxyacétylénique convient bien également pour la soudure des conduites à gaz à haute pression, ainsi que l’a démontré notam- ment une belle application qui en a été faite à la Panama Pacific Exhibition. On l’a introduite aussi avec grand succès, sur- tout pendant la guerre, dans la construction na- vale,-pour les travaux de montage — gouvernails de navire, hélices — aussi bien que pour les. réparations; mais elle pourrait y être employée beaucoup plus encore. Dans certains ateliers de chemin de fer, elle % 436 est devenue d’un usage courant pour les répara- tions à exécuter à l'outillage des ateliers, au ma- tériel, spécialement aux locomotives : toujours, elle procure de grandes économies. On cite de nombreux cas où il a été possible de réparer en quelques heures, grâce au chalumeau oxyacéty- lénique, des pièces dont la remise en état ou le remplacement aurait demandé plusieurs jours ou plusieurs semaines sans le dispositif en ques- tion. Cette dernière application — dans tous les établissements industriels — ainsi que le tra- vail dans les services de traction électrique et dans les chantiers de construction navale $e ran- seront sans doute parmi les principaux usages du chalumeau oxyacétylénique. } En vue de la réalisation des multiples appli- cations qui peuvent être données au procédé dans les industries de la construction, de nombreux constructeurs se sont occupés d'établir des ma- chines à souder diverses. C’est à la machine, par exemple, que l’on fa- brique les tubes soudés dont nous avons parlé tout à l'heure; on emploie des machines où plu- sieurs dards sont disposés l’un à la suite de l'autre, en ligne. Les machines à dards multi- ples alignés sont préférables, dans cette appli- cation, aux machines à dard unique, parce que les pertes latérales y sont moindres; elles per- mettent de travailler à des vitesses atteignant jusqu’à 2,50 m. par minute. On fabrique égale- ment à la machine les fûts, barils, etc. ; dans certaines machines construites pour cette appli- cation, deuxchalumeaux chauffent le jointsimul- tanément, un de chaque côté. D'ordinaire, dans les machines à fonctionne- ment continu, comme celles employées pour la fabrication des tubes, on est contraint de recou- rirà des chalumeaux spéciaux, refroidis par une cireulation d’eau. Lorsque le chalumeau n’est pas refroidi de la sorte, il peuten effet s’échauf- fer à tel point que les conditions d'écoulement des gaz soient modifiées et que la composition du mélange gazeux se modifie, Pour empêcher ces variations, il faut, si le chalumeau n’est pas refroidi, le faire surveiller par un soudeur très habile et, malgré la plus grande attention, celui- ci ne parvient pas à la régularité de travail que l’on obtient directement avec le chalumeau re- froidi. À côté de la soudure autogène, il y a lieu de mentionner, comme usage très important du cha- lumeau oxyacétylénique, le découpage des Hexrr MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE métaux, du fer et de l’acier surtout, dont il a également été fait de fréquentes applications au cours de la guerre. Comme procédé d'atelier, on l'a employé ré- gulièrement pour le découpage des lingots des- tinés à la fabrication des projectiles, le dégros- sissage des moulages dans les fonderies, le découpage des blindages, ete. Le procédé est susceptible de rendre de grands services dans les travaux de déblaiement des charpentes enfer, sinistrées (incendie de hall, accident de chemin de fer) ; on connaît ces usages. Dans tous les cas, le mode opératoire est à peu près identique, et d’ailleurs très simple; il suffit d’avoir un chalumeau approprié; ce n’est pas vraiment en fondant le métal qu’on le découpe, mais plutôt en le brülant. À cette fin, le chalu- -meau est conditionné de telle manière qu’un jet auxiliaire d'oxygène soit dirigé sur la partie à attaquer, au point que frappe la flamme. Le mé- tal, chauffé par ceite dernière, s’oxyde énergi’ quement dans l’oxygène et la pièce se découpe rapidement; avec un chalumeau de débit suf- fisant, on peut découper des pièces de toute épaisseur. On construit des machines à découper auto- matiques et à main, au moyen desquelles il est facile de découper avec précision, en suivant un tracé modèle donné, des plaques d'acier d’une épaisseur de 5 em. à la vitesse de 1 » à 25 cm. par minute. Au surplus, il n'y a pour ainsi dire aucune limite à l'application du procédé : on a pu tran- cher des colonnes et des poutrelles des plus grosses sections et découper les plaques de blin- dage les plus épaisses. Enfin, le chalumeau oxyacétylénique est appli- qué avec grand succès depuis quelque temps pour la cémentation de l'acier; exposés au cha- lumeau oxyacétylénique, les aciers se carburent superficiellement beaucoup plus rapidement et plus efficacement que par les autres procédés de cémentation. II. — LA SOUDURE AUTOGÈNE PAR L’ARC ÉLECTRIQUE La plupart des applications du chalumeau oxy- acélylénique, toutes pourrait-on dire, peuvent être réalisées aussi à l’aide de l’éleetricité, parle procédé de l’are électrique, qui, au point de vue opératoire, présente beaucoup d’analogie avec le procédé oxyacétylénique. Bien qu'il soit relativement ancien — ses dé- buts, rappelons-le, remontent à 1881 — un peu avant la guerre le procédé de soudure à l'are n’était encore employé qu'exceptionnellement. En France notamment, jusque dans ces derniers sûrs ie k ) z | * | R | À _ punément que le métalest soumis brusquement le D -Hexrt MARCHAND. temps, malgré les efforts faits pour le généraliser par différents constructeurs, on ne te trouvait encore appliqué que dans quelques grands éta- blissements et seulement pour des usages res- treints; le rebouchage des criques etdes souf- flures était à peu près son domaine principal. On éprouvait certaines appréhensions à, l'em- ployer, par suite de quelques mécomptes que l’on avait eu à enregistrer et qui étaient imputables cependant bien plus à l’inexpérience des opéra- teurs qu'au procédé lui-même. La guerre, en secouant les apathies, lui a ap- porté des succès identiques à ceux qu'a obtenus le procédé oxyacétylénique, et plus marqués même peul-être ; la difficulté dese procurer l'acé- tylène et l'oxygène l’a souvent fait essayer, puis adopter avec avantage. Au surplus, l'améliora- tion de l'outillage de production de l’énergie électrique et de réglage des appareils récepteurs a notablement aidé à son succès; sans doute eût-il été moins apte à faire face apx exigences quise sont présentées si l’on avait dû se conten- ter du matériel ancien, mais, justement, de sé- … rieux perfectionnements avaient été réalisés de- puis quelques années. Rappelons,en particulier, la grande amélioration introduite dans la cons- truction des machines génératrices par l’appli- * cation des -pôles- de commutation : cette modi- . fication à elle seule est essentielle, car le. fonc- _ tionnement des ares donne lieuà des à-coups de _ courant violents. Enfin, une innovation très heureuse avait été réalisée dans le procédé de soudure même par l'adoption de l’électrode métallique à gaine iso- lante, dispositif qui, tout simple qu’il puisse paraître au premier abord; à constitué en fait un progrès d'une importance capitale. * + * Pendant plusieurs années, le procédé à Pare a été appliqué de deux façons principales : 1° en faisant jaillir l’are entre la pièce etune électrode de charbon; 2° en remplaçant cette électrode de - charbon par une barre de même métal que la pièce à souder; c'étaient, dans leur forme pres- que initiale, les procédés rudimentaires de Ber- nardos et de Slavianoff. Ces procédés présentent chacun leurs avanta- ges et leurs inconvénients ; le premier se recom- mande par sa simplicité et sa rapidité ; le second par la qualité des soudures qu'il fournit; le mé- tal d'apport fondu directement perd moins que ‘celui fondu dans l'arc au charbon ses Pete physiques et chimiques. On comprend facilement que ce n'est pas im- | REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES — LA SOUDURE AUTOGÈNE aux températures extraordinaires que développe l'arc (et aussi le chalumeau oxy-acétylénique) : la texture s’altère quelque peu et devient cris- talline ; en outre, il se produit assez facilement une sorte de rochage qui, après le départ des gaz ocelus, laisse Le métal un peu poreux. ; Comme dans le cas de la soudure oxyacétylé- nique, ces deux défauts peuvent être corrigés, le premier parle martelage du métal encore chaud, ce qui restitue du nerf au métaleten resserre le grain, le second parunrecuit au rouge, suivi d'un refroidissement de 30 à 40 minutes. En règle gé- nérale, ces remedes sont plus eflicaces et moins indispensables d’ailleurs avec la soudure à élee- trode métallique parce qu’elle donne un métal plus ductile, ce qui ést important si l’on doit tra- vailler la pièce au tour. Toutefois ce procédé à électrode métallique, qui semble à première vue être un procédé de fu- sion idéal, donne lieu en pratique à quelques difficultés ; la plus sérieuse est due à l'instabilité de l'arc; celui-ci se déplace constamment sur l’électrode et il jaillit aussi bien de côté que par le bout. La raison de cette mobilité est facile à deviner; elle provient évidemment de la très fai- ble résistance ohmique du crayon métallique et de la conductibilité des vapeurs produitespar ce crayon entre l’électrode etla pièce. Constater le défaut, même coup en connaitre le remède : envelopper l’électrode métallique d’une gaine isolante ap- propriée; cependant il fallut plusieurs années avant que la solution fût conçue et mise en pra- tique; son adoption renouvela véritablement l'art de la soudure par l'arc. Kjellberg, à qui en revient l’honneur,emploie, comme gaine, une enveloppe se volatilisantsous l'effet de la chaleur et donnant des vapeurs ré- ductrices qui, tout en empêchantl'oxydation du métal travaillé, ne laissent pas de trace dans la soudure. « Une variante, due à Strohmenger, consiste à employer une gaine fournissant un laitier qui surnage sur le métal en fusion; on y travaille en. maintenant l'électrode très près de la pièce, avec un arc par conséquent très court. D'après l'expérience acquise, les procédés Kjellberg et Strohmenger conviennent bien pour les tôles de 1/4 de pouceet plus; pour les tôles plus minces, ils sont moins bons que le procédé à électrode métallique nue, parce qu'ils locali- senttrop l'échauffement; tous sont moins rapi- des que le procédé Bernardos, mais ils lui sont supérieurs qualitativement. c'était donc presque du : 438 Un grand avantage des procédés à élee- trode métallique, spécialement des procédés Kjellberg et Strohmenger, est de permettre d'exécuter des soudures au-dessus de la tête de l'opérateur, de bas en haut, sur la face infé- rieure des pièces à réunir, aussi bien que verti- calement et supérieurement. Ce mode de travail est réalisable à vrai dire par d'autres moyens, mais beaucoup moins facilement; même avec l'électricité , il demande au surplus une grande habileté de la part de l'opérateur. Le mécanisme des phénomènes qui le rendent possible n’est pas encore bien connu; on doit. travailler avec le courant continu et, semble-t-il, en reliant l’électrode au négatif ; cedernier point est contesté; peut-être tout n’est-il qu'une ques- tion de température, dépendant de la masse de la pièce. Les tensions et intensités de courant avec les- quelles on opère dans ces procédés diffèrent quelque peu d’une méthode à l’autre, mais pas. assez notablement. pour qu'ily ait à s’y arrêter spécialement ici. On peut, au choix, travailler avec du courant continu ou avec du courant alternatif; si l’on travaille avec du courant continu, on peut relier Henri MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE dans le Kjellberg, jusqu’à 250-300 dans le Bernar- dos, 500 à 800 dans le découpage. Avec le courant continu, on est amené à ra- mener la tension à la valeur voulue à l’aide d’un groupe moteur-générateur; le rendement de ces groupes est communément de 60 à 70°}, au plus. On peut aussi, à la rigueur, si l'installation comporte deux ou plusieurs postes, les faïre marcheren série l’un avec l’autre: maïs cette mé- thode exige l'intervention de dispositifs addi- tionnels dont on préfère se passer lorsquela chose est possible. À tous ces égards, le courant alternatif est préférable; quelle que soit la tension de distri- bution, et quelle que soit la tension secondaire, sur l’are, que l’on veut réaliser, on obtient faci- lement cette dernière avec un transformateur- \ réducteur. Une question doit retenir spécialement l’atten- tion de ceux qui veulent étudier ou appliquer la soudure à l'arc : c’est la question des effets'phy- siologiques de l’arc; ces effets sont extrêmement marqués et il importe absolument que les opé- l’électrode soit au positif, soit au négatif de la | rateurs se prémunissent contre eux. source. En réglé générale, le courant continu est L'are agit à la fois par les radiations ultra : considéré comme préférable, et il vaut mieux | violettes qu'il produit et par ses radiations infra- que ce soit l’éléctrode qui se trouve au pôle po- | rouges; les radiations ultra-violettes sont très - sitif en raison de la tendance de l'arc à trans- | nuisibles pour les yeux, les radiations infra- 7 + porterle métal dans le sens du courant. Pour la | rouges déterminent sur la peau des phénomènes 24 tout semblables à ceux de l’insolation.. soudure du fer et de l’acier à l’aide de l’électrode \ ë 1 à : Ÿ Le soudeur et les aides doivent donc se proté-\ … à charbon, le crayon doit cependant être néga- U . : tif, sous peine de voir lemétal] fortement earburé ! par les vapeurs dé carbone; il convient de noter que c’est à l’électrode positive que l’on réalise ger le visage, les poignets.et les mains; pour les poignets et les mains, on emploie des gants de cuir épais; pour la tête, un casque cylindrique en ‘micarta où en aluminium. Le casqueest muni, . devant les yeux, d’une fenêtre à verres spéciaux; pour avoir une bonne protection, il faut trois verres successifs : un verre élair ordinaire, et deux verres verdàtres ou ombrés. La fenêtre doit - être conditionnée de façon à se déplacer facile … ment pour que l’opérateur puisse regarder direc- Ë tément la pièce qu’il travaille sans devoir ôter | la température la plus forte, Sauf dans les cas particuliers, on tend aujourd’hui à généraliser l'emploi de l’arc alternatif, non pour des rai- sons relatives à l’arc, mais uniquement pour des motifs de commodité dans la production de … Jl’énergie. - + La chute de tension sur l’are n’est jamais su- … périeure à 45-50 v.; comme l'arc sous tension ‘constante tend à absorber une intensité crois- sante, on doitlui adjoindre une résistance limi- tative en série; mais cette résistance est sufli- sante si elle absorbe quelque 20 v. La tension nécessaire pour le fonctionnement de l'arc est done-voisine de 80 à 90 v.; si l’on doit travailler chaque fois le casque; les verres doivent être placés à une distance des yeux de l'opérateur suflisante pour ne pas le brûler. Lorsque le pro- cédé de travail est tel que le soudeur ait une main libre, on peut remplacer le casque par un simple écran, conditionné suivant les mêmes principes que le casque. ‘4 Afin que le personnel occupé aux travaux de soudure ne soit pas exposé à contracter l’ophtal- mie, il importe encore d'éviter dans la salle où s'effectuent les travaux l'existence de lumières | surun réseau à tension de 110 v. ou plus, ily a - donc une perte d'énergie préjudiciable. Cette ‘perte est d’ailleursimportante, car les intensités : avec lesquelles ont travaille sont fortes : 20-175 ampères dans le procédé Strohmenger, 45 à 475 * d'intensités différentes. C'est pourquoi les éta- blissements métallurgiques qui possèdent plu- sieurs postes de soudure font bien de les instal- ler dans des locaux distincts et de diffuser la lumière d’une façon régulière. * + * Quant aux applications de la soudure à are, elles sont aujourd'hui, ainsi que nous l'avons dit plus haut, extrêmement variées; on peut dire que le système est utilisable avec avantage dans toutes les industries où l’on travaille le fer ou l'acier. En règle générale,les bons spécialistes ne sont pas d'avis toutefois qu’elle doive concurrencer la soudure oxyacétylénique, mais plutôt la com- pléter; ils ne larecommandent pas pour les tôles de très faible épaisseur (au-dessous de 6 mm.). Dans les ateliers de construction électrique, on emploie le procédé avec électrode métallique ou avec électrode à charbon, pour les travaux de réparation à exécuter aux moulages d’acier, par- fois aussi pour la fabrication de certaines parties (carcasses de moteur). Dans les fonderies et les ateliers de machines, on emploie l'arc pour l’enlevage des jets, cou- lées, ete., le forage de trous dans les moulages, le remplissage des trous de soufllure relevés pendant l’usinage; ces opérations se font très rapidement et très commodément. Les entreprises de traction emploient avec avantage l’arc électrique pour la réparation des carcasses de moteur, des timoneries de frein, des rails usagés, et, en général, de toutes les pièces en acier soumises à usure, comme les axes d'induit des moteurs. Pour cette dernière répa- ration, on renforce très simplement les parties usées, à l’aide de l'arc; onles fait passer au tour, et on les remet en état, sans avoir à démonter - quoi que ce soit de l'induit, ce qui est un grand gain de temps. ï De la même façon, on répare très économique- ment les aiguilles et croisements, en faisant la réparation sur place ; des spécialistes recomman- dent même de souder électriquement les éclisses et joints au lieu de les boulonner ou de les river. VERS Dans les aciéries, on utilise avantageusement l'arc pour beaucoup d'opérations; le procédé permet souvent de remettre en état, à peu de frais, des pièces d'une grande valeur et que l’on aurait dû perdre sans cela. L’are électrique est également très utile pour déboucher les trous de coulée des fours, lorsqu'ils sont obturés par du métal froid ou par du laitier; mais il faut alors que l'on recoure à une très grosse électrode, de Herr MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE 439 D ———— > plusieurs pouces de diamètre et plusieurs pieds de longueur, avec un support approprié. * LE | Un champ d'applications très important pour la soudure électrique est la remise en état des châssis et des chaudières dans les ateliers de ré- paration des chemins de fer. Il arrive souvent que les châssis se crevassent en service; d'ordinaire, on doit, pour les réparer, démonter la machine et envoyer le châssis aux forges; avec l'arc, la réparation se fait sur la machine restant montée. Ce procédé est remarquable aussi pour les réparations à exécuter dans les boîtes à feu, pour la soudure des rayons des roues motrices, et pour beaucoup d’autres réparations à toutes les parties ; une des applications les plus remar- quables, dans ce domaine, est le montage des tubes dans les locomotives. Autrefois, il était de règle d'insérer les tubes dans la plaque à feu postérieure, en les faisant dépasser d'une longueur suffisante pour que l'on püt les rabattre ; les tubes montés de cette façon demandent des réparations à bref délai. L’expé- rience a démontré qu'il est possible de souder les tubes à la plaque à feu éléctriquement; différentes grandes compagnies ont adopté ce procédé et en obtiennent des résultats très satis- faisants. La soudure électrique à arc a également été introduite avec succès dans la construction na- vale, et ce pour toutes fes parties : coque, étraves, étambots, tôles usées, machines (pièces cassées, corrosions des arbres porte-hélices, fapport du métal sur les parties frottantes), chaudières (cor- rosions intérieures, fuites, bouchage des trous, remplacement des parties amincies, fuites au rivetage, etc.). Aux Etats-Unis, cette partie de la technique de la soudure a fait l’objet de travaux très inté- ressants, à la suite des expériences entreprises en 1917 pour rechercher les moyens d'activer la construction des navires. Jusqu'à ce moment, on estimait en Amérique qu’il n'avait pas été dé- montré que le procédé püt donner des joints ‘d'une résistance -irréprochable dans la soudure des plaques de la coque comme procédé de fabri- cation courant; un Comité s’est chargé d’appro- fondir cette question. Dans ce but, des soudures ont été exécutées sous les yeux de spécialistes avec des intensités et des tensions différentes et en employant des électrodes diverses, sur des tôles de 1/2 pouce; des échantillons de soudure ont ensuite été pris et envoyés à un service d’essai indépendant (le Æ Bureau d'étalonnage de Washington). Bien que les soudures eussent été exécutées par des opé- rateurs très divers et dans des établissements différents, les essais ont donné des résultats d'une concordance étonnante; toutes les épreuves ont montré que la soudure électrique est parti- culièrement avantageuse pour les pièces sou- mises à des efforts de flexion, de pression, éte. Actuellement, on poursuit les recherches sur des tôles de 3/4 et de 1 pouce d'épaisseur, les essais élant organisés de la même façon que les premiers; on a, entre autres, confectionné des cuves d’épreuve soudées entièrement par l’are électrique, en vue des essais de pression. On a en outre exécuté @e nombreuses opérations pra- tiques : parmi celles-ci, le montage d’une cible flottante pour le chantier naval de Norfolk, avec upe quille de 33 m. de longueur, complètement soudée à l'électricité. Cet exemple, donné par un groupement tech- nique ofliciel, a communiqué un vive impulsion aux recherches et stimule très énergiquement le zèle des constructeurs, de telle sorte que lon peut actuellement trouver dans le commerce tous les appareils désirables. # X Il restérait d’autres usages à mentionner; ce sont tous ceux que l’on a donnés au procédé dans les industries de la guerre, par exemple dans la fabrication des projectiles; comme exemple d'application de ce genre, on peut citer les bombes de tranchée. Ces projectiles sont constitués par un corps en tôle roulée et soudée, avec deux calottes forgées et en général six ai- lettes qui assurent la régularité du tir; on sou- dait au chalumeau le corps et les calottes et à l’arc les aïlettes. D’après la Société de la Soudure autogène française, le travail était fait par des ouvrières; une bonne ouvrière faisait jusqu'à 100 bombes en 10 heures, ce qui représente 9 m., de soudure à l'heure. Comme la soudure oxyacétylénique, la sou- dure électrique à l’are est utilisable pour le cui- vre et le bronze aussi bien ‘que pour le fer et l'acier, etles applications qu’elle reçoit pour ces derniers métaux, elle peut les avoir pour ceux-là. D'autre part, si l'on augmente le courant sur l'arc électrique — en accroissant la tension appli- quée sans allonger l’are — l’échauffement peut devenir tel que la pièce soumise à l'arc entre elle-mème en fusion, Il est donc possible, en procédant de la sorte, de réaliser le découpage, d’une façon comparable à ce que l'on fait avec le chalumeau oxyacétylénique ; ce mode de travail est cependant moins bon que le travail au cha- Henri MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE lumeau et il n’a encore reçu que des applications relativement restreintes. C’est surtout un moyen de fortune, auquel on ne recourt que si les gaz nécessaires pour le procédé oxyacétylénique font défaut; dans quelques cas, cependant, il peut présenter de l'intérêt, grâce à la facilité avec laquelle il permet de localiser l’échauffement. On peut l’employer par exemple avec avantage! pour percer un trou de petit diamètre dans une plaque d’acier cémentée (cuirasse d’acier), à l'air ou sous l’eau, pour dériver les tôles de bordé dans les navires, en brûlant les têtes de rivet, sans toucher à la fraisure. HIT. — La SOUDURE AUTOGÈNE ÉLECTRIQUE PAR RÉSISTANCE De même que les deux méthodes de soudure précédentes, la soudure électrique par résistance a fait des progrès pendant la guerre; son avance a été moins marquée, cependant, parce qu'elle réalisait déjà avant le commencement des hosti- lités la plupart des applications dont elle est susceplible. La soudure par résistance ou à incandescence n'est pas apte à autant d’usages que les deux autres méthodes ; elle est précieuse, elle est sans égale pour certains travaux; mais ce sont des travaux d'atelier de fabrication et des travaux auxquels elle est couramment appliquée de longtemps. Ils sont généralement connus : sou- dure de barres, de fers L, de fers T, de bandages de roue, de jantes d’automobile, de chässis, de fils, de maillons de chaîne, etc., en acier doux ou en cuivre principalement, depuis les plus petites dimensions jusqu'aux plus fortes qui peuvent se présenter. La plupart du temps, ces travaux s’exécutent en série, à la machine, de façon partiellement ou totalement automatique, et sans aucun tra- vail complémentaire; pour les grosses pièces seulement, on soumet la soudure à un marte- lage, afin qu'elle ait toute l’homogénéité voulue. Le martelage se fait quelquefois sur la machine à souder, mais plus souvent la soudure s'achève sur l’enclume. Les machines employées sont nombreuses et variées; de très bons modèles sont connus de longue date en France ; tous les types reposent sur le même principe fondamental etilsne se diffé- rencient que par des détails d'exécution relatifs aux dispositifs dans lesquels sont prises les pièces à réunir, aux organes de réglage comman- dant la pression qui rapproche les pièces ou à d’autres accessoires. De toute façon, il est très utile pour la bonne exécution de la soudure que les pièces à réunir Lun L | HExRt MARCHAND. — LA SOUDURE AUTOGÈNE h41 soient de section égale et qu’une même lon- gueur de chacune d'elles se trouve entre les mâchoires où elles sont prises et qui y amènent le courant; des jauges sont employées au besoin pour faciliter la réalisation de cette condition: les mâchoires sont refroidies par une circulation d’eau. Dans toutes les applications, la soudure élec- trique à résistance demande de très grandes intensités de courant sous une tension très réduite et l’on travaille en conséquence avec du courant alternatif, en alimentant le circuit des pièces à souder à l’aide d’un transformateur réducteur. | Deux modes de travail peuvent être employés : 19 On peut opérer avec une puissance res- treinte, maintenue pendant un certain temps : le métal s’échauffe lentement, on le travaille au marteau s'il le faut pour assurer le contact; lorsque la température de fusion est atteinte, on porte rapidement la pièce sur l’enclume et on achève la soudure au marteau; la tension néces- saire pour ce mode de travaik est de 1 à 2 volts; 20 On peut, au contraire, soumettre les pièces à réunir à une très forte intensité : dans ce cas, les surfaces sont brûlées, mais les pièces sont pres- sées l’une contre l’autre, pour chasser le métal brûlé; lorsque ce résultat est atteint, on coupe le courant: on enlève le métal sale à la meule après refroidissement; on ne travaille pas au marteau et le joint est donc formé de métal propre uniquement; la tension nécessaire est de 2 à 4 volts. Le premier procédé s’applique lorsque l’on veut éviter toute augmentation d'épaisseur au joint, dans la soudure de tubes, de bandages de roue, etc., en acier par exemple. On applique le second lorsque l’augmentation d'épaisseur au joint est sans inconvénient. * : Il n’y a rien de bien nouveau à dire au sujet des machines employées pour la confection des tubes. des bandages, et autres dispositifs et pour la fabrication des chaines, opérations usuelles de la soudure par rapprochement et qui sont au point depuis quinze ou vingt ans. Dans le travail des tôles, selon la nature de la soudure qu'elles fournissent, les machines à souder par résistance peuvent se classer en deux catégories : celles où la soudure est continue, celles où la soudure est faite de point en point, et constitue une sorte de rivure aulogène. Les tôles à réunir se trouvant mises dans la position requise, et formant joint à recouvre- ment, on introduit le joint entre les deux élec- trodes terminées par des galets — en cuivre pur — el l'on fait passer le courant tout en soumet- tant le joint à une pression convenable. A mesure que la soudure s'opère, la pièce avance entre les galets et le joint se trouve bientôt soudé sur toute sa longueur; on fabrique ainsi à très bon compte des récipients de toute espèce par- faitement étanches. Dans la soudure point par point, les électrodes! sont coniques, jointes en regard; elles sont ani-.. mées, automatiquement ou non,d’un mouvement alternatif de rapprochement et d’écartement, exécutant chaque fois, sur les pièces travaillées, un point de soudure. Les points de soudure peuvent être aussi rapprochés ou aussi éloignés que l'on veut; on confectionne de cette façon les ustensiles de ménage ou industriels les plus variés. Dans les deux procédés, les soudures sont remarquablement fortes, le métal se trouvant peu altéré, car l’échauffement est restreint au plus strict minimum, mais, par ce fait même, la soudure est délicate; il est essentiel que les sur- faces juxtaposées soient bien propres. Le travail est généralement automatique : dans la soudure point par point, le courant est coupé automatiquement au moment voulu; dans la soudure continue, c’est l'avancement de la pièce qui est automatique; il n’est pas bon de laisser à l’opérateur le soin de fixér le temps de chauffage. * PE La soudure électrique par résistance peut être appliquée pourdes tôles d'épaisseurassez variées, jusqu’à 1/2 et 3/4 de pouce; la soudure point par point remplace avantageusement le rivetage; elle économise le temps et la main-d'œuvre; il ya cependant des limites à son application. En règle générale, la méthode est surtout appliquée aux objets de faible épaisseur; cer- tains spécialistes estiment que le métal doit être de qualité appropriée; dans le cas de l'acier doux, par exemple, il faudrait un métal fabri- qué au creuset, d'épaisseur uniforme, à faible teneur en carbone (moins de 0,1 0/4), en soufre et en phosphore (pas plus de 0,05 °/.) : à défaut de quoi, on risqu'erait que la soudure soit diffi- cile et cassante. Un excès le phosphore rend la soudure cassante; un excès de carbone empêche la soudure; lorsqu'il y a excès de soufre, il sem- ble que le métal est soumis à une sorte d'ébulli- tion qui le laisse rempli de cratères lorsqu'il est refroidi. Cette question de l'influence de la qua- lité du métal sur la soudure mérite d’être signa- lée spécialement, parce qu’elle n’a pas suffisam- | ment retenu l'attention jusqu'ici. 442 A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE Une application récente du procédé à résis- tance est la confection d'outils spéciaux à coupe rapide; la méthode permet de fabriquer des outils dont le tranchant seulement est en acier spécial, soudé sur un corps en acier ordinaire. - Ce travail demande généralement une certaine expérience; le réglage de la température y est particulièrement important; il est d'ailleurs essentiel dans tous les travaux; on constate que les aciers à coupe rapide s’échauffent plus vite que les aciers doux (il y a en outre de grandes différences entre eux-mêmes). D’ordinaire, on maintient le courant jusqu'à ce que l’acier dur soit au rouge, on le coupe alors’et on laisse la chaleur se communiquer conductivement à l'acier doux qui doit être soudé au premier; la machine à souder est en conséquence munie d’un interrupteur que l'opérateur ouvre et ferme alternativement, en surveillant les pièces, tan- dis que celles-ci sont en même temps pressées l’une contre l’autre de façon à s'unir; l’interrup- teur souffre quelque peu des ouvertures fré- _quentes auxquelles il est soumis, mais la dépense qui en résulte estinsignifiante comparativement à l’économie réalisée sur le prix de l’outil. % # * Il nous reste à signaler, pour terminer cet exposé sommaire, les travaux auxquels s’est livré, au sujet de la soudure par résistance, ce même Comité américain dont nous avons parlé à propos de la soudure par arc. | Dans le passé, le procédé par rapprochement n'avait été appliqué que pour la fabrication d'objets en tôle mince; le Comité voulut voir si la méthode pouvait être appliquée à la soudure de tôles, de 1/2 à 1 pouce d'épaisseur telles qu'on en emploie dans la construction navale. Dans ce but, il fit construire un appareil de grandes dimensions; il constata bientôt que la soudure des tôles de 1/2, 3/4 et 1 pouce d’épaisseur ne présentait aucune difficulté et que l’on pouvait même souder facilement 3 épaisseurs de tôle de 1 pouce. C'était la première fois que l’on appliquait la soudure par rapprochement à de pareilles épais- seurs; l’on établit immédiatement. de grosses machines pour introduire le procédé dans l'in- dustrie. L'on compte qu'après cette expérience, le système deviendra d’un grand emploi dans la construction des navires et qu’il y procurera une grande économie de temps et de travail. Il sera peut-être diflicile, cependant, de réaliser des machines qui puissent servir dans la construction navale, parce que, la plupart du temps, la place dont on dispose de part et d’autre des pièces à travailler est trop restreinte pour que l’on puisse y monter les machines à souder. | Tel est cependant l’attrait de la méthode qu’on va jusqu’à ‘envisager une transformation des | types de navire eux-mêmes, pour permettre ‘l'application de la soudure par rapprochement ; sans trop escompter pareille transformation, on peut supposer que l'industrie tirera parti d'une façon plus immédiate de l'aptitude, établie par les expérimentateurs américains, de la soudure à résistance au travail des grosses tôles. - Henri Marchand. \ REVUE DE CHIMIE MINÉRALE Depuis la publication de la dernière Revue (1916), les recherches de Chimie minérale n’ont pas été très nombreuses. Du moins, les travaux qui ont paru jusqu'à ce jour sont relativement restreints. Les Industries chimiques de la guerre ont absorbé le temps de tous ceux qui se préoc- cupaient d'apporter une contribution eflicace à l’œuvre de la Défense nationale, et l’activité a été tournée vers les perfectionnements indus- triels qui devaient assurer un meilleur rende- ment en produits de toute espèce, dont la consommation prenait un développement pro- " digieux. un” Les grandes fabrications chimiques existant dans les différents pays ont été multipliées ; celles \ qui faisaient défaut avant la guerre ontété créées de toutes pièces. Le besoin formidable d'acide sulfurique et d'acide azotique a fait surgir des usines énormes, qui ont fourni finalement la quantité de produits nécessaires à la fabrication des explosifs. Dans la plupart des pays, et en France en particulier, l'acide sulfurique était préparé avant la guerre par le vieux procédé des chambres de plomb, et ses emplois pour la plupart des industries qui en faisaient usage ne nécessitaient pas sa concen- tration. Sauf dans quelques cas exceptionnels, l'acide à 50-52 Baumé, tel qu'il sortait des chambres de plomb, suflisait à tous les besoins industriels. Mais la nécessité d'obtenir de Z + sets Éd o LU, +. 2 ui A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE 413 / l'acide à 66° pour la fabrication des différents explosifs a mis les industriels dans l'obligation d'effectuer la concentration de l'acide des cham- bres de plomb. Et dans toutes les usines privées ou nationales, la production de cet acide con- centré est devenue intensive. Le tonnage atteint annuellement dans tous les pays est devenu si fantastique, que l’on peut se demander ce qu'il va- advenir aujourd’hui de ces merveilleuses usines, créées à grand'frais. La fabrication de sulfate d'ammoniaque et de superphosphates que l’on a préconisée pour l’utilisation de ces usines ne consommera jamais plus du dixième de la fabrication du temps de guerre. L’acide azotique a été fabriqué dès le début de la guerre par le procédé classique de Valen- tiner. Les nombreuses installations effectuées ont répondu largement à tous les besoins. Le nitrate de soude du Chili, qui parvenait normale- ment dans les différents pays alliés, permettait d'arriver à ce résultat. Un seul inconvénient résultait de cette fabrication : c’est l'énorme quantité de bisulfate de soude résiduaire qui était produite dans toutes les usines. Sur l’uti- lisation de ce bisulfate, de nombreuses études ont été faites. Il en est peu qui soient entrées dans la pratique. ” Lorsque le prix du nitrate de soude est devenu trop important, ou même pour accroître encore la production d'acide nitrique, on a créé des _ succursales de la Société norvégienne, et, utili- .sant des chutes naturelles, on a fabriqué l’acide azotique à partir de l’air par le procédé bien connu de Birkeland et Eyde. Puis à cette fabri- cation est venue s'ajouter l'oxydation de l’ammo- niaque en vue de sa transformation en acide azotique, et, conséquemment, l'installation d'usines à cyanamide afin de produire le gaz ammoniac. Des études entreprises un peu partout pour effectuer la fabrication del’ ammoniacsynthétique n’ont pas été suivies généralement d'application industrielle, tandis que l'Allemagne développait au contraire d’une manière extraordinaire cette réaction qu'elle avait déjà mise au point avant la guerre. Ces diverses fabrications ont fait l'objet d’un grand nombre de recherches. On sait que, pour effectuer la synthèse directe de l’ammoniac à partir de ses éléments, il est fécessaire d'employer des températures extré- mement élevées, qui peuvent devenir moindres si l’on fait usage d'un catalyseur; même dans ’ ce cas, il faut faire réagir les gaz en présence sous de fortes pressions. Et l’on sait, d’après les _ données de Haber et Le Rossignol, qu'une tem- pérature de 5509 et une pression de 180 atmo- sphères fournissent, en présence de catalyseurs comme l’'osmium, l'uranium ou le fer, un rende- ment de 10-12 % en ammoniac. Zenghelis a essayé d’effectuer cette combinai- son à la température ordinaire ou à une tempé- rature peu élevée en prenant l'azote et l'hydro- gène à l’état atomique, à l’état naissant ou l'hydrogène ocelus par les métaux. Ces deux gaz traversant, même au rouge, le platine ou le palladium très divisés, n'ont aucune trace d’ammoniac. En dirigeant le mélange de 3 vol. d'hydrogène et 1 vol. d’azote dans un tube contenant 10 cm° d’eau chauffée à 1000, conte- nant un métal divisé comme catalyseur, résultats ont été positifs. De l'ammoniac s’est formé, en quantité nettement dosable. Les résul- tats ont été encore plus accentués en utilisant de l’eau acidulée par de l’acide sulfurique. La mousse de platine ou de palladium, le noir de platine, n'ont donné que de faibles quantités d’ammoniac. Par contre, le palladium colloï- dal de Paal et Amberger, donné les l'argent colloïdal de Carey Lea, ont fourni des. doses importantes. d'ammoniac. Le cuivre, le mercure et l'argent = colloïdaux ont conduit également à la formation de ce composé azoté. En préparant l'hydrogène à l’état atomiquepar dissolution d’un métal dans un acide ou par élee- trolyse, Zenghelis a pu ébtenir son union avec l'azote. passant dans un tube contenant 10cm$ d'acide sulfurique 2N et 3 gr. de zinc en poudre, chauffé à 90°, il se forme de l’ammoniac. Ces expérien- ces montrent nettement l’activité que possède l'hydrogène naissant ou occlus, puisqu'il réalise à basse température et à la pression ordinaire, en présence de traces de catalyseurs, la synthèse du gaz ammoniac avec de l’azote moléculaire. Mais, lorsque les deux gaz sontpristous les deux à l’état atomique, les résultats sont tout à fait remärquables. En dirigeant un courant d'hydro- gène dans une solution contenant 1,32 de chlorure d'ammonium et 1,72 gr. de nitrite de sodium, en présence d'un catalyseur, l' azote naissant provenant de la réaction : r gr. NO? Na -{- NHICI = NaCI -L 2H°20 -L 3N° aurait dû produire 5 litres d’une solution d'am- moniaque centinormale. À 70-99, 0,5 gr. de pla- tine colloïdal en a fourni 1.756cm5 et le palladium colloïdal (0,5 gr.) 2.060cw8, Le volume d’hydro- gène qui passait dans la solution était de 5 l.par heure. Dans le cas où l'hydrogène seul était ato- mique, la plus grande quantité d’ammoniae formé n'avait pas produit plus de 32°"8 d'une Par exemple, avec un courant d’azote = 7% PRE NE PR Æ LL UT avec les deux gaz à l’état atomique, la formation était 60 fois plus forte. solution centinormale ; Hampel et Steinau ont également décrit un procédé de fabrication de l'ammoniac, n’exigeant ni températures élevées, ni fortes pressions, en utilisant les deux gaz N et H sous forme atomi- que. Le principe de la réaction est basé sur la . décomposition du chlorure d’ammonium par le fer. Quand ce sel est chauffé en présence de li- maille de fer, il est détruit en donnant de l’am- moniac et de l'hydrogène : > NHCI + Fe — FeCl? + 2NH$ + H°?. Si l’on effectue la réaction en présence d'azote, ce gaz va s'unir à l'hydrogène naissant et donner 2 molécules d’ammoniac, de telle sorte que la réaction! finale, qui est effectuée à 300° et à 50 at- mosphères : 3Fe -!- 6 NHiCI + N° — 3FeCl2? + SNHS, montre que l’on obtient deux molécules d’ammo- niac de plus que celles que fournit la décompo- sition du chlorure d'ammonium. LesS molécules d’ammoniac sont dirigées dans la solution de chlorure ferreux. Il se précipite de l’hydrate de fer, qui est ensuite réduit à l’état de fer par le gaz à l’eau, tandis que le chlorure d’ammonium est récupéré. sit Les vapeurs de chlorure d’anrmonium produi- tes dans cette réaction sont corrosives et d’un manienient délicat. Pour les éviter, les auteurs ont essayé d'effectuer la formation d’ammoniac es résultats auraient con- duit à une formation de 94-99 à l’aide de solutions. Le d’ammoniaque. On sait, d'autre part, que l’on a réalisé la syn- thèse directe de l'ammoniac en mettant ses élé- ments en présence, sous forte pression, à une tempéralure supérieure à A00°, à l’aide de cata- lyseurs divers, tels que les azotures et carbures decérium, d'uranium, de tungstène, de molyb- dène, defer, de lithium et autres métaux. Les rendements ont été toujours faibles, 10 à 45 % au plus. Suivant un procédé breveté de Ceder- berget Backstrom, on peut opérer à une tempé- rature inférieure à 400° et atteindre un rendement de 40 à 50 % ; en utilisant comme ca- bien talyseurs des métaux dont les azotures sont déjà instables à température relativement basse. L'emploi de cette température permettra dèslors d'effectuer la réaction à une pression plus élevée: sans craindre son action sur les appareils em- ployés, Le cuivre-amiante, la poudre de zine, l’hydrure de cuivre, le ferrocyanure de cuivre, le bromure ou l'azoture de mercure, seraient les ; catalyseurs de choix. Dans ces conditions, ils A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE agiraient suivant les réactions (M désignant le métal) : ( M-- N—MN; | MN+3H—M-+ NES. (M+H—MH; | 3MH-LN—3M+ NH, Parexemple, en envoyant de l'azote à 10-15 at- mosphères sur un mélange de. Hg et de chlorure mercureux chauffé à 300-3500, il se forme le chloroazoture 2HgCl#.Hg%N?, qui est ensuite réduit par l'hydrogène. L’ammoniac obtenu est liquéfié par la neige carbonique-acétone. Un grand nombre de brevets ont été pris sur cette synthèse de l’ammoniac; les uns changent le catalyseur, d'autres font varier la température et la pression. Dans le brevet américain de Bosch et Mittasch, l'hydrogène et l'azote, débarrassés de toute trace d'humidité, sont dirigés à 6000 sur un catalyseur formé de fer, de cobalt, de nickel et dé molyb- dène. Le rendement est d’autant plus grand que les az réagissants sont plus secs. L'emploi de la pression n’est pas indiqué. Vogt fait passer le mélange d'hydrogène et d'azote sur un chlorure métallique anhydre chauffé. Il se forme dans ces conditions du' chlo- rure d’ammonium. À une plus haute température, ce sel se sublime. Ellis combine N et H en présence de masses de contact formées par du cérium obtenu par réduction de son oxyde préalablement purifié. La présence de terres rares, telles que La, Di, Yt, augmente la facilité de combinaison. Ces mé- taux sont mélangés avec du charbon de boïs etla réaction est effectuée à 350-450°, sous une pres- sion de 60 à 80 atmosphères. On:a également fait passer alternativement H et N sur une couche de carbures de cobalt, fer, titane, magnésium, baryum, ou un mélange de ces carbures. Ils sont chauffés électriquement dans un four approprié. Avec les carbüres de calcium et de fer, la formation d'ammoniac au- rait lieu suivant les réactions : 2CaC2+- FeC? + 6N —Ca?Fe(CN}f; Ca?Fe(GNÿ 18H — Ca?FeC$ | 6NHS, Toutes ces réactions n’ont été suivies d’aucun effet industriel pratique. Seul, le procédé Haber et Le Rossignol, propriété de la Société Badoise d’Aniline, a pu fonctionner d'une manière très étendue pendant la guerre, parce que déjà dès 1914 il était mis au point. Un certain nombre de brevets ont été pris également sur la formation de lacyanamide.Leur intérêt est bien moins grand, car cette industrie Le - sn ur: … s Éiie. | L L # À ; , » r A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE était parfaitement connue et fonctionnait admi- rablement dans divers pays. On a essayé d'augmenter la teneur en azote fixé par les carbures, par addition decertains ca- talyseurs ou corps indifférents, sur lesquels le secret a été gardé. La eyanamide obtenue serait plus poreuse et plus facile à broyer (Carlson). Polzeninius emploie du sulfure de sedium ou de potassium. Leur effet est tel que, mélangés au carbure de calcium, l'azote commence à être absorbé dès la température de 750°. De plus, la transformation du carbure est complète et l'on peut ainsi obtenir un produit renfermant plus de - 20 % d'azote. On sait que dans les procédés in- dustriels actuels, pour favoriser l'absorption de l’azote par le carbure de calcium, on emploie gé- néralement du chlorure ou du fluorure de cal- cium. Mais le premier a le défaut de fournir un produit azoté hygroscopique, qui prenant de l'humidité perd toujours une certaine quantité d'azote ammoniacal, et l'emploi du fluorure ne permet pas d’abaisser la température de fixation _ . de l'azote au-dessous de 9000. L'emploi des sul- fures évite ces deux inconvénients, et fournit en outre une cyanamide à plus forte teneur en azote. La cyanamide constitue un excellent engrais azoté ; maïs elle présente le grand inconvénient d'être très pulvérulente, ce qui occasionne des accidents dus à sa causticité et des pertes au mo- ment de l’épandage. Aussi, l’on a essayé de gra- nulercette poudre et Roussel a préconisé un pro- cédé très commode qui consisterait à la mélanger avec 5 °/, de terre alumineuse, telle qu'argile, kaolin, marne grasse, etc., et 0,35 °/, de caséine, afin d'augmenter le pouvoir agglutinant. Le tout : est Moine d’eau alcaline et soumis ensuite au brassage. La pâte obtenue se granule facile- _ ment. : Enfin, l’oxydation de l’ammoniac, obtenu par synthèse ou à partir de là cyanamide ou des ni- trures, a également fait l’objet d'un grand nom- bre de Mc Bosch et Mittasch utilisent pour cette oxyda- _ hion un catalyseur formé d’oxyde de bismuth, Bi20®, mélangé avec un oxyde de fer, manganèse, cuivre, cobalt, nickel, chrome, uranium, cérium, yttrium, zine, thorium, ou un métal du groupe du platine, ou undérivé du silicium ou du titane, disposé ou non sur des briques réfractaires Ellis emploie un composé d'argent et d’un acideoxygéné d'un autre métal, etildonnecomme exemple le molybdate d'argent. Le gazammoniac et l’air fournissent aussi les oxydes de l'azote. Le vanadate de cobalt a été utilisé également comme catalyseur, : 445 Ces procédés n’ont d’ailleurs pas été suivis d'application industrielle. L’oxydation de l’am- moniac par l’air, en présence du platine, con- duit à un bon résultat. La production d'acide azotique et des produits conduisantà l’ammoniaqueaété pousséetrès acti- vement dans les différents pays. crainte de voir s'arrêter cette production ne doit pas être envisagée, attendu que la terre constitue le dé- bouché naturel de ces composés, soit sous forme de nitrate d'ammoniaque ou de sulfate d’ammo- niaque, soit sous forme de cyanamide. Si la fabrication de l'acide azotique et celle de l’acide sulfurique ont prisun très grand déve- loppement pendant la guerre, il est d’autres in- dustries de chimie minérale qui ont vu s’accroi- tre également leur production. Celle du chlore a pris en particulier une extension énorme, et la fabrication du gaz phosgène, ou oxychlorure de carbone, COCP, relève de cette industrie. En de- hors de la préparation classique bien connue de ce gaz, il faut signaler une préparation de White- house, consistant à faire barboter de l’oxyde de carbone à trayers une couche de chlore liquide, àune température inférieure à 34°, jusqu'à ce que le gaz nesoit plus absorbé. La fabrication de l’oxychlorure de carbone pourra être maintenue dans une certaine limite, attendu qu'il est utilisé pour la synthèse d’un certain nombre de colorants artificiels. partie du chlore trouvera également un débouché dans la fabrication du chlorure de soufre, em- ployé dans la vulcanisation du caoutchouc. La Nous avons décrit dans la précédente revue (30 mai 1916, page 310)les nouvelles méthodes de préparation de l'hydrogène, dont la plupart avaient été brevetées par la Badische. D'après cette Société, on peut également se servir, dans la réaction de la vapeur d’eau ‘sur l’oxyde de carbone ou sur des gaz en contenant, en présence du nickel comme catalyseur, de métaux tels que le fer ou ses oxydes additionnés au nickel. Celui- ci posséderait une activité très satisfaisante sans que l’on ait à craindre la formation de méthane. D'après Buchanan, on obtient un rendement maximum en hydrogène, en faisant passer l’oxyde : de carbone et la vapeur d’eau sur un catalyseur formé par des couples métalliques, par exemple un couple fer-cuivre que l'onobtient en chauffant de l’oxyde de fer avec du carbonate de soude. On lave le produit formé avec de l’eau pour enlever l’alcali, et après dessiccation on réduit par de l'hydrogène. Lorsque le métal est refroidi, on Une 44G A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE l'humidifie avec une solution de nitrate de cui- vre, et le produit est chauffé dans un courant d'hydrogène. À 506°, ce couple fournit une décomposition parfaite du mélange oxyde de carbone-vapeur d’eau : CO + H20—CO0?+ 1. Un couple argent-fer s'est montré aussi très actif. Dans le procédé de 1e Chemische Elektron, on produit l'hydrogène par réaction du DONS ou de gaz contenant CO et de la vapeur d’eau, surdes oxydes alcalins ou alcalino-terreux, ainsi que sur leurs hydrates. Le charbon employé est très poreux ; c'est du lignite ou du charbon de bois. Le gaz etla vapeur d’eau, dirigés sur mélange de chaux et de charbon, sous unepres- sion de vapeurde 10 atmosphères, fourniraient de l'hydrogène sensiblement pur. Cette action de la vapeur d’eau sur le charbon en présence de chaux avait déjà été étudiée par Léo Vignon, et les résultats qu’il avait obtenus montrent-que l’on peut obtenir par ce procédé un un gaz très riche en hydrogène. À une tempéra- ture comprise entre 600 et 800°, la vapeur d'eau, dirigée sur un/mélange homogène et intime de charbon et de chaux, peut produire les réactions suivantes : _G-L'CaO + 2H20 — COSCa ct 2H ; 2C -L CaO + 2H?0 — CO'Ca | CH! ; 3C -L CaO +- 2H20 —CO’Ca CHA. * Ces trois transformations sont exothermiques et dégagent respectivement 25 calories, 47 et _ 17 calories. 10 gr. de coke de gaz mélangé avec 35 gr. de chaux vive ont fourni un gaz à 65 % drogène formée n'atteint que 58,7 %. d'hydrogène et 25 % de méthane; en rempla- cant le coke par du noir de fumée, la dose d’hy- La quan- tite de vapeur d’eau intervient et joue un rôle important dans la réaction, car elle réagit sur le méthane suivant la formule: CH! H20 — CO -3H2. Dès lors, aveo un excès de vapeur d’eau, onten- dra vers un pourcentage plus élevé en hydrogène. L'on constate, en effet, que, pour le même mé- lange chaux-charbon, l'excès de vapeur d’eau ne laisse plus subsister que 8 °/, de méthane et qu’il se forme 85 à 87 1/, d'hydrogène. Au contraire, on peut arriver à la formation d’un mélange de méthane et d'hydrogène se rapprochant de celui qui existe dans le gaz de houille, lorsque l’on se place dans des condi- tions telles que l’eau ne soit pas en excès. Vignon a pu obtenir un gaz présentant suivante en ?/, : H, 69,3; CH, 10) 0,6; N, 3,96; CO, 0,4. composition 20,46: CO, 5,28; Ilest donc possible de gazéifier le charbon en faisant intervenir la vapeur d’eau en présence de chaux vive. Comme, d'autre part, le carbonate de chaux formé dars la réaction peut être dé- ” A La » La \ doublé, la chaux peut être considérée comme constituant le catalyseur dans cette opération. Nous croyons savoir que des essais industriels sont pratiqués en vue de. l’utilisation de cette : réaction. Vignon a étudié également la décomposition de l’oxyde de carbone par la vapeur d'eau ; en présence de chaux, ce gaz est transformé, à par- tir de 400°, en un mélange d'hydrogène et de méthane : CO -L Ca(OH}?— COCa -L H?; à CO +- 2Ca(OH)?—2Ca0 ++ 3 CO? + CH. En cherchant à réaliserla transformation totale de CO en H et CH", par des passages successifs d'oxyde de carbone sur la chaux hydratée, il a obtenu avec un gaz contenant 98,5 ‘Jo d'oxyde de carbone : Après un premier passage, 88,5°/ d'hydrogène et = scan de— 94,5°/o hydrocarbures _ troisième — 99:25 ”/0 . ! La transformation a été sensiblement totale. L'emploi d’autres catalyseurs, tels que le fer, le nickel, le cuivre, la silice, l’alumine, ete., permet également d'arriver à une produetion importante d'hydrogène et de méthane, à partir de l’oxyde de carbone. On parvient ainsi à une meilleure utilisation du charbon, puisqu'il est possible, à l’aide de ce procédé, de gazéifier le coke obtenu dela houille. La transformation des goudrons en gaz n’est pas à envisager, car elle ferait perdre une matière trop importante au point de vue industriel. L'étude de l’origine de ces goudrons a pris un nouvel aspect depuis les beaux travaux de Pic- tetet de ses élèves. Ces recherches ont été expo- sées dans la Revue générale des Sciences du 30 octobre 1916 (n° 20, p. 579). La houille, si abondante dans la nature, est mal connue au point de vue de sa composition chimique. De- puis longtemps cependant, et Berthelot fut le premier à en faire l'hypothèse, on pensait qu'il devait exister dans ce produit quelque principe immédiat qui, parsapyrogénation, devaitengen- drer les goudrons. Il n'insista pas sur ce point, important aujourd'hui, tandis qu'il développa largement la théorie de la formation à partir de l'acétylène. En partant de ce principe qu'il pouvait y avoir dans la houille quelques produits bien définis, un certain nombre d'auteurs essavèrent de les enlever à l’aide de solvants neutres, alcalins ou = _ A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE k47 acides. Le benzol, la pyridine, la quinoléine, l’aniline, le phénol, etce., permirent d'enlever à la houïlle üne certaine quantité de produit solu- _ ble dans ces solvants, et dans certains cas … (quinoléine) la proportion fut près d'atteindre la ” moitié (47,3 0/,). Mais les produits ainsi obtenus J ne furent pas étudiés. Pictet, ayant fait l’épuise- ment de 5 tonnes 1/2 de houille de la Sarre, à » l'aide du benzol, isola pour la première fois, de | l'extrait obtenu, des composés hydroaromati- | ques et des oléfines, analogues à celles que l’on trouve dans certains pétroles. Plus récemment, Fr. Fischer et Gluud, en _ traitant par la benzine quelques charbons, dans une bombe spéciale dont la température a été _craduellément élevée jusqu’à 235°, et sous une pression de 40-50 atmosphères, ont pu extraire 6,6°/, de produits solubles, alors que Pictet - n'avait obtenu que 0,250/, d'extrait. Ces produits constituaient une masse peu fluide à forte odeur de pétrole. Mais les auteurs n’en ont retiré aucun . composé défini, de telle sorte que tout le mérite de l'étude de l'extrait de la houïlle revient à Pictet et à ses élèves. Les mêmes auteurs ont soumis du charbon pul- vérisé, en suspension dans l’eau, à l’action d’un - courant d'ozone. Ils ont constaté que ce corps brune d’une substance semblable au caramel et - possédant une forte réaction acide : 9 or. G - de charbon ont été réduits à 0 gr, 7, et 9 or. 2 de substances sont ainsi passées en dissolution. - Cette réaction suppose la formation d’ozonides, et par suite la présence dans la houille de composés à fonctions éthyléniques. Ce sontbien des corps de cette nature que Fischer a isolé la première fois de la houille. * € # A côté de ces travaux d'ordre général, nous . citerons un certain nombre de réactions présen- tant un certain intérêt. _. Haworth et Irvine ont donné une méthode de préparation de l’acide hypochloreux qui consiste à diriger du chlore à travers une série de flacons contenant de l’eau et un catalyseur qui est de préférence l'oxyde de cuivre ou un de ses sels, - un sel de nickel ou de cobalt. En agitant d'une manière continue, on arrive finalement à un liquide qui contient 2 °, d'acide hypochloreux libre que l’on peut séparer par distillation. La quantité de catalyseur employé est assez : élevée. Pour 2 litres d'eau, il est nécessaire de prendre 80 à 100 gr. de sel de cuivre. : Signalons également un procédé de fabrication _ de l'acide perchlorique CIO‘H, par électrolyse, à \ . disparaît graduellement en laissant une solution : l’aide d’un courant de 0,5 ampère par em? d’élec- | trode, d'une solution normale d’acide chlor- hydrique. La réaction entre le gaz sulfureux et l’'ammo- niac ne conduit pas au composé complexe (SO2}(NHS)#, comme l'ont indiqué Divers et Ogawa. D'après ce dernier chimiste, il se forme deux produits bien définis: l’un est l’acide amido- sulfureux NH?SO?H, de couleur jaune pâle; le second, blane, estle sel d'ammonium de cet acide, NH2SO2NH: : NH® -- SO? — SO és SN? ONH d 2NH3 SO? —S0 er Ces composés sont d'ailleurs assez instables et on constate même, peu de temps après leur formation, la présence d’une substance orange ou colorée en rouge, qui provient dé la décom- position de ces corps. Même à la température d’ébullition de l’ammoniac liquide, la chaleur produite par la réaction est suffisante pour pro- voquer cette décomposition, si l’on ne prend pas des précautions pour régler les courants de gaz qui réagissent. On sait que les chlorures de thionyle SOC? et de sulfuryle SO?CI constituent des corps chlo- rurants au premier chef, et nous avons vu dans des Revues antérieures qu'ils avaient été utilisés pour la préparation des chlorures métalliques à partir des oxydes de différents métaux. North et Thomson ont appliqué cette propriété chloru- rante à la transformation du soufre et du phos- phore en chlorures correspondants. En chauffant du soufre avec du chlorure de sulfuryle en tube scellé, on obtient le chlorure de soufre : SO?CL + 28 — S?CL + SO2. Cette réaction débute lentement à 950 et elle devient totale en peu d'heures à 1250. Le phos- phore blane ou le phosphore rouge, chauffé avec un excès de SO?C}?, subit une chloruration en deux temps. La première donne le trichlorure de phosphore, qui se transforme ensuite en penta- chlorure : 3SO2CL —- 2P = »PCK + 3S0?; PCIS + SOC? — PCI + SO?. Avec le chlorure de thionyle, le soufre réagit en tube scellé, dès 1500, suivant la réaction : 2SOCL + 35 — SO? + 2S2C12, et le phosphore, dès 425°, donne un mélange de trichlorure de phosphore, de gaz sulfureux et de trichlorure de soufre : {SOCL — 2P — 2PCB + 28502 + S?2CP. L44S A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE Si on élève la température du mélange jusqu’à 180°, la chloruration est poussée jusqu’au penta- chlorure qui se fait en petite quantité; mais il se forme en même temps du chlorosulfure de phosphore PSC. Un procédé de fabrication d'acide sulfurique pur, privé d’arsenic et de sélénium, consiste à faire agir sur du sulfate de chaux naturel le car- bonate d’ammonium. À chaud, il se produit une double décomposition : SO Ca + COWNHi)? — COCa + SO(NH). \ Le sulfate d’ammonium ainsi obtenu est décomposé à l’aide d’acide phosphorique, ce qui libère l'acide sulfurique. On chauffe ensuite le phosphate d’ammonium à une température élevée pour le détruire en ammoniaque et acide phosphorique, qui rentrent tous les deux dans la fabrication. Il résulte de là que les matières premières nécessaires pour la production d’acide sulfurique par ce procédé seront le sulfate de chaux et l’anhydride carbonique. Une seconde réaction, pouvant avoir une application industrielle, repose sur l’action de l'hydrogène sulfuré sur le sulfate de cuivre: il se forme du sulfure de cuivre insoluble et de l'acide sulfuriqueentre en dissolution, d’où on le retire par évaporation après séparation du sul- fure métallique. Celui-ci, soumis à une action oxydante dans des tambours rotatifs, chauffés à 300, est transformé en sulfate de cuivre qui ser- vira à la fixation d’une nouvelle quantité d’hy- drogène sulfuré. Cette réaction tout à fait simple ne s'effectue cependant d’une manière complète qu'à la condition d'ajouter au sulfure à oxyder deux à trois fois son poids d'oxyde de cuivre.. Comme application immédiate, l’auteur envi- sage l’enlèvement de l'hydrogène sulfuré du gaz d'éclairage, et l’acide sulfurique formé pourrait servir à la fabrication du sulfate d'ammoniaque. Une méthode récente pour enlever les com- “posés sulfurés du gaz d'éclairage, due à Clowes, consiste encore à faire passer le gaz, à 2300, sur des briques réfractaires imprégnées de nickel réduit. À son contact, le sulfure de carbone et l'hydrogène se charbon et hydrogène sulfuré. Ce dernier, dirigé sur de l'oxyde de fer, est enlevé, le charbon déposé sur les briques est oxydé et la surface du nickel se trouve disponible pour une autre purification. Grâce à cette méthode, qui a été adoptée dans certaines usines municipales anglaises, la teneur en soufre serait réduite à !/, gramme par 100 pieds cubes de gaz. transforment en En ce qui concerne l’étude des peroxydes, nous trouvons une préparation d’eau oxygénée très stable et concentrée, par la méthode classi- que de décomposition du bioxyde de baryum par l’acide phosphorique sirupeux. Les meilleures conditions pour l'obtenir consistent à mélanger 30 litres d'acide de densité 1,7 avec 60 litres d'eau, et à ajouter peu à peu, en remuant, 75 kg de bioxyde de baryum à 87 °/, en ne dépassant pas une température de 50-70°. Le phosphate de baryum cristallise; il est séparé par filtration de l’eau oxygénée, qui titre 16 °/, de H20?. On sait l’action oxydante qu'exercent l’eau oxy- génée ou ses sels les peroxydes. Le bioxyde de sodium permet d’arriver à une oxydation aisée de certains gaz; Zenghelis a trouvé que leur action sur Na?0? est généralement beaucoup plus vive qu'on ne l’avait constaté jusqu'ici. L’oxyde de carbone attaque vivement le per- oxyde de sodium; la température de la réaction s'élève peu à peu, et il se forme du carbonate de sodium : Na?0? + CO — COËNa?. L’anhydride carbonique agit très fortement; la température s'élève considérablement et il y a dégagement d'oxygène : Na?0? + CO?2— COSNa? + O. Cet oxygène brüle vivement les substances, oxydables mêlées avec le peroxyde alcalin : fer, aluminium, magnésium, corps organiques. Or, si l’on compare les effets thermiques des deux réactions précédentes, on constate que le pre- mier, qui dégage 123.330 calories, est grande- ment supérieur au second, qui n’en dégage que 55.225. On aurait dù avoir dans ce second cas une réaction moins vive, tandis que c’est le contraire qui arrive. Il est probable que la réaction dans le second cas s’accomplit en deux phases simul- tanées : il y aurait d’abord formation d’un per- carbonate de soude, qui se décomposerait ensuite dans la seconde phase : 2C0? + Na?0? — C?2O6Na?; C?O6Na? — COSNa? -- CO? + 0, L'effet thermique reste le même, mais la forma- tion de ce corps intermédiaire, endothermique, : qui se décompose aussitôt formé, entraîne une réaction rapide et plus vive. L'hydrogène sulfuré produit également une réaction très vive au contact de Na?0?, La tem- pérature s'élève beaucoup et le peroxyde devient incandescent et fond. Si la réaction est effectuée dans un tube en porcelaine, celui-ei est forte- ment endommagé. En présence d’air, l’hydro- gène sulfuré s'allume; il se forme de l’eau qui attaque à son tour le peroxyde et la réaction devient très compliquée. » SÉ. nndit n.— sise RE } A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE 449 Si cette oxydation de CO au contact d’un per- oxyde paraît tout à fait naturelle, il n’en est pas ‘de même de celle qui est réalisée à la tempéra- türe ordinaire en présence de cuivre. Hofmann à montré que ce gaz réagit sur l’oxyde de cuivre en présence d'une solution aqueuse d’alcali, etse transforme lentement en CO?, absorbé par l'al- cali. L'addition, au mélange oxyde de cuivre- alcali, de traces de métaux du groupe du platine, et spécialement d'iridium, accroît considérable- ment la vitesse d’oxydation. On comprend que, -dans cette réaction, le carbonyle réduise l’oxyde de cuivre peu à peu. Mais si on effectue l’oxyda- tion par l'oxygène de l’air, au contact du cuivre métallique mélangé par agitation avec une solution alcaline, l’oxyde de carbone est oxydé à froid 2 ou 3 fois plus vite que lorsqu'il est en contact avec l’oxyde de cuivre, à surface de contact égale. Il est vraisemblable que, dans cette opération, le métal est converti en oxyde, Cu?0* ou CuO?, qui constitue l’agentoxydantréel. Et iei l'addition d’une trace d'iridium au cuivre ne change pas le pouvoir oxydant comme tout à l'heure, mais elle accroît la capacité d'absorption de la surface pour CO. On emploie comme alcali une solution de potasse à 15 0/0. Si l'oxydation de CO en milieu alcalin est aisé- ment réalisée en présence de cuivre, qui parait jouer là un rôle de catalyseur, de support d'oxy- gène, on sait au contraire que l’hydrogénation de ce gaz au contact du nickel est assez délicate et qu’elle ne se produit pas avec un nickel impur. … Dès lors, toutes les fois que les gaz réagissant contiendront des substances toxiques pour le métal (chlore, soufre, phosphore, etc.}, l’hydro- génation sera arrêtée. La Badische a pensé amé- liorer la réaction, et retarder l'empoisonnement du nickel, en lui ajoutant certains oxydes des métaux terreux, contenant des terres rares, ou du glucinium, ou du magnésiüm. Un mélange intime de ce catalyseur avec l’oxyde peut être obtenu en précipitant simultanément les hy- _ drates, oxydes ou carbonates, d’une solution d'un mélange de sels, et chauffant ensuite le mélange des précipités, que l’on réduit à tempé- rature aussi basse que possible par de l'hydro- gène pur ou tout autre agent convenable. L’acti- vité catalytique du nickel, celle du cobalt et du fer sont particulièrement exaltées. L’oxyde de carbone est ainsi facilement transformé en méthane. On peut utiliser également, d'après un second brevet, des oxydes difficilement réducti- bles à haut point de fusion, particulièrement ceux de titane, d'uranium, de manganèse, de vana- - dium, de tantale, mélangés au métal catalyseur. En dehors de la transformation de l’oxyde de carbone en méthane, ces catalyseurs mixtes con- viendraient parfaitement pour l'hydrogénation de molécules organiques diverses, et particu- liérement pour la transformation des huiles en corps gras solides. On sait que, lorsqu'on dirige des vapeurs de soufre en excès, avec de l’oxyde de carbone, dans un tube de porcelaine chauffé au rouge, il se forme de l’oxysulfure de carbone COS, en petite quantité. Than l’a obtenu en faisant réagir à 0° du sulfocyanate de potassium sur l'acide sulfu- rique étendu de son volume d’eau. Le gaz est recueilli sur du mercure; il serait soluble dans son volume d’eau, qui prend une saveur sucrée, puis sulfureuse. Stock et Kuss l’ont obtenu par action de HClsur le thiocarbonate d’ammonium : SNH* CO< L2HCI—aNH{CI+ COS. “NE Afin de le purifier, il est dirigé à travers une solution de soude à 33 °/,, pour absorber CO? et H?S qui prennent naissance en même temps. Après. dessiccation à l’aide de chlorure de cal- cium et d'anhydride phosphorique, il est con- densé au moyen d’air liquide et finalement frac- tionné. À l'état pur, c’est un gaz inodore, qui ne donne pas de précipité avec la baryte, ou le sulfate de cuivre en dissolution. Il est lentement décomposé par l’eau, mais il peut être conservé permanent à la lumière solaire. I fond à — 13802 et bout à — 50° sous 760 mm: Une partie d’eau en dissout © volume 54 à 20°; il est plus soluble dans l'alcool qui en dissout 8 vol. et dans le toluène qui en dissout 15 fois son volume. Il est lentement et régulièrement absorbé par une solution à 8 °/, de soude. * La bromuration directe du silico-méthane, SiH*, n’a jamais pu être réalisée, en raison de la réaction violente qu’exerce le brome sur cet hy-s drure. Et l’on ne connaît pas les étapes intermé- diaires, SiH*Br, SiH?Br?, comme pour le mé- thane. On obtient toujours du premier coup le tétrabromure de silicium, SiBr‘. Seul le silico- bromoforme, SiHBr*, a été obtenu en dirigeant des vapeurs d'HBr sur du silicium chauffé au rouge. Cependant la série des dérivés chlorés du silicométhane existe complète et, en outre des dérivés tri et tétrachlorés, préparés de la même manière que les dérivés bromés (action du chlore et HCI sur le silicium), on a préparé le mono- chlorosilicométhane, SiH°CIl, et le composé dichloré substitué SiH?Cl?, par action de HCI sur le silicium chauffé à 300-4000, Ces dérivés » 450 ? A. MAILHE présentent une différence constante dans leurs points d’ébullition : SiH®Cl bout à — 10° SiH?Cl — 120 SiHCI8 — 350 SiCl# — 58 Stock et Someski ont pu établir la liste com- plète des dérivés bromés correspondants, en préparant le mono et le dibromosilicométhane inconnus. En faisant réagir le brome sur un excès de silicométhane, à une température de — 800 à — 70°, on obtient à la fois les deux composés, que l’on sépare par une distillation fractionnéé. La technique de l'opération consiste à déposer sur les bords d'un large vase du brome solide, et à diriger sur lui un excès de gaz. Le silicométhane monobrome, Si°Br, est un gaz incolore, possédant une odeur âcre, de den- sité 1,533, qui bout à 10,9, et fond à —94e. 11 peut être conservé sur le mercure pendant quelque temps, sans se décomposer. Mais, lorsqu'on l’ex- pose à l’air, il détone en donnant de l'acide sili- cique et du silicium brun. Il réagit avec l’eau froide, selon l'équation : + 2 SiHiBr H20 — 2HBr + (SiH?)0; c’est l’oxyde de silicométhyle, l’oxyde de méthyle (CH3}?0. En présence d’une solution de soude à 30 °/,, le bromosilicométhane se décompose en dégageant son hydrogène et il se forme du silicate de soude : SiH?Br + 3NaOH — SiOSNa? !- NaBr + 3H2. En mesurant le volume d'hydrogène produit dans cette réaction, on peut faire l'analyse du dérivé monobromé de SiH. Le dibromosilicométhane, SiM?Br?, est un li- quide incolore mobile, très réfringent, de den- sité 2,17, bouillant à 660, et dont le° point de fusiop est de — 70°. Il peut être conservé long- temps dans un vase fermé; mais à l’air il s’en- analogue à flamme. Il est très sensible à l’action de l'humi-” dité; il se décompose en HBr et un solide de formule (SiH20}", formule tout à fait analo- gue, à la valeur de » près, à celle du trioxymé- thylène (CH OR. Au contact des alcalis, il se décompose en libérant son hydrogène: SiH?Br? + 4NaOH == SiOËNa? Æ 2NaBr -|- 2H? | H20, Quant à l’oxyde de silicométhyle (SiH*0, provenant de la décomposition par l’eau du bromosilicométhane, c’est un gaz incolore, qui ne s’enflamme pas spontanément, mais brüle avec uné flamme brillante en laissant déposer du sili- eium. Il bout à —1502, stantes sont à peu près celles du silicoéthane, Si2HS (fusion — 132°,5; ébullition — 15°). [1 n'est pas soluble dans l’eau d’une manière apprécia- et fond à —1440, Ses con- , — REVUE DE CHIMIE :MINERALE ble. Mélangé avec l'oxygène il explose, ou s’en- flamme en donnant de la silice et de l’eau : (SiH50 + 30? — 2810? 3H20, Ce sont là des propriétés parallèles à celles du premier éther-oxyde, l'oxyde de méthyle, et c'estla première fois que l’on trouve un com- posé de cette nature dans la série organique du silicium. Comme l’oxyde de méthyle, il se laisse chlorer facilement; mais ici la substitution de l'hydrogène par le chlore atteint toute la molé- cule, età la température de — 1250 il se forme exclusivement le dérivé hexachloré : (SiH#}20 -L 6CI2 — 6HCI -L (SiCl#)20. C’est un corps liquide qui bout à 137 etse solidifie par refroidissement en cristaux fon- dant à — 33. Il est assez ihstable et il se décompose en silice et chlorure de silicium: 4(SICIS)0 — »2Si0? + 68iCU. Il existe une différence essentielle avec l’oxyde de méthyle : celui-ci est stable en présence des alcalis, tandis que l’oxyde de silicométhyle se décompose au contact de soude diluée à 30°/, : (SiH3)20 + H20 + {NaOH — 2SiO3Na? — 6H, On voit que peu à peu la chimie du silicium s’enrichit de corps nouveaux, identiques à ceux de Ja chimie du carbone. , Si nous comparons les différents points d’ébullition des quatre dérivés bromés connus actuellement : SiH#Br 1°,9 SiH?2Br? 66° SiHBrè urr° SiBri 147° nous ne trouvons pas une différence régulière comme dans le cas des dérivés chlorés, au moins pour les deux premierstermes. Pourles derniers, au contraire, l’écartest peu sensible; nous trou- vons en effet35-degrés de différence entre le se- cond et le troisième, et 37entre les deux derniers. * *k + / Dans le chapitre des métaux, nous devons en- registrer un nouvel élément, le wzlsonium, qui a été trouvé dans les sables monazités des Etats- Unis, ‘en particulier dans ceux du Montana. Contrairement aux métaux des terres rares, qui sont trivalents — mais qui présentent quelque- fois des valences inférieures — il est monova- lent. Sa masse atomique est 204,6. Ce métal est brun grisâtre, avec un éclat métallique un peu sombre. Ses différents sels sont blancs et trans- parents. Il possède, quoique à un degré bien moindre, les propriétés radioactives de l'ura- nium et du radium, et comme eux il émet éons- tarnment de l’hélium, même à la température ré A. MAILHE. — REVUE DE CHIMIE MINÉRALE 451 ordinaire. Il impressionne les plaques photogra- | phiques. À la manière des métaux des terres rares, il possède la propriété de s'unir à haute tem- pérature à l’azôte, à l'oxygène et à l'hydrogène, pour donner des azoture, oxyde et hydrure. A la liste des métaux-carbortyles dont nous avons parlé dans les revues précédentes, il faut ajouter encore le ruthénium-carbonyle, qui a été obtenu au Laboraloire de Mond, en chauf- fant du ruthénium en poudre très fine dans une atmosphère d'oxyde de carbone à une tempéra- ture de 3000, et sous la haute pression de 400 at- mosphères. 11 est soluble dans l’alcool, ce qui permet de l’extraire du milieu où il a été produit et enparticulier de le séparer duruthénium non transformé. Tandis que les autres métaux- carbonyles pouvaient être séparés facilement par simple distillation en raison de leur volatilité, le ruthénium-carbonyle ne peut être séparé que par l’intérmédiaire de l'alcool, car il n’est pas volatil. On sait que l'emploi des métaux-carbonyles a reçu un commencement d'application indus- trielle; en particulier, l’utilisation du nickel- carbonyle, Ni(CO)', dans l’extraction du nickel, a permis d'effectuer le traitement des minerais nickelifères pauvres du Canada. Lessing a eu également l’idée d'employer le nickel-carbonyle, avec de l'hydrogène, pour la transformation des huiles en corps gras solides. En dirigeant dans une huile chauffée à 170°-180° un courant de nickel-carbonÿle, celui-ci se décompose au sein de l'huile agitée en Ni métallique et CO. Or ce nickel se trouverait dans l'huile à un état de ‘division extrême, et les particules infiniment petites de ce métal contribueraient à activer for- tement l’hydrogénation. Mais ce qui parait le plus curieux dans cette réaction, c’est que Max- ted a signalé que la présence dans l’hydrogène d’une proportion d'oxyde de carbone.voisine de 6 à 8°, fait perdre au nickel la faculté d’hy- drogéner des composés organiques et en particu- lier les huiles. Et Lessing pense que cet arrêt. de l’hydrogénation serait dû à la décomposition bien connue de l'oxyde de carbone au contact du nickel, qui donnerait du charbon : c 2CO — CO? —E C, lequel charbon boucherait les pores du métal. Au contraire, cette action n’a pas lieu lorsqu'on em- ploie le nickel-carbonyle mélangé d'hydrogène. Et une huile aurait été solidifiée, même quand la teneur en nickel-carbonyle correspondrait à 50 °/, d'oxyde de carbone. Un grand nombre d’oxydes métalliques ré- fractaires n’ont jamais été réduits à l’aide d’hy- drogène. On sait que seules les méthodes alu- minothermique, ou électrique, ont permis de préparer ces métaux soit à l’état pur, soit à l’état de fontes. Newbery et Pring ont essayé de les réduire en les chauffant au contact d'hydrogène à une température de 2.000° environ et sous une pression de 150 atmosphères, dans un appareil spécial consistant en un creuset de magnésie chauffé par un courant passant à travers une spire de tungstène. La vapeur d’eau produite dans la! réaction était absorbée par du sodium métallique. Dans ces conditions, l’oxyde de chrome, Cr?0$, et le bioxyde de manganèse, MnO?, sont réduits en métaux Correspondants. Et les deux métaux ainsi obtenus sont vraisemblablement plus purs que les métaux obténus par les mé- thodes que l’on avait utilisées jusqu'ici. Leur point d’ébullition est de 1.230° pour le manga- nèse, à 0° près, et de 1.615° pour le chrome, avec une erreur possible de + 150. | Les autres oxydes réfractaires examinés n’ont pas conduit au métal; la réduction s’est arrêtée à un oxyde’‘inférieur. Ainsi, l’'oxyde de vana- dium, V?05, les oxydes de molybdène, M?0ÿ, et : de titane, Ti0?, ne donnent que les monoxydes correspondants, VO, MO, TiO. L'’oxyde d'ura- nium, U*O$, conduit à l’uranyle UO?, etle bioxyde .de cérium, au sesquioxyde Ce?0*. Quant à l’alumine, la magnésie, la zircone, la thorine, ces oxydes ne sont pas réduits dans les conditions de l’expérience. Nous signalerons, pour terminer, qu'au mo- ment où le platine est de plus en plus rare et cher, il est possible dans beaucoup de cas de le rempläcer par un autre métal de den- sité très élevée, 16,6, le tantale. Il faut cepen- dant remarquer de suite que ce métal n’est pas inoxydable comme le platine aux températures élevées, ce quien limite l'emploi. Mais, à des températures inférieures à 200, il n’est pas at- taqué par l'oxygène. Il ne commence à s’oxyder réellement à l’air qu'au rouge sombre; puis, à une température plus élevée, il brûle en don- nant de l’oxyde de tantale. Il s'ensuit qu’il ne 4 sera pas possible de faire des creusets ou des capsules de tantale pour être utilisés à cette tem- pérature. Mais comme le tantale n'est attaqué, ni par les alcalis, ni par les acides, à l'exception de l'acide fluorhydrique, ni même par l'eau régale, . son emploi pourra se généraliser à condition de se maintenir au-dessous du rouge sombre. Parcontre, les électrodes de tantale peuvent en touté circonstance remplacer celles de platine, si l’on prend la précaution de recouvrir l’anode d'un faible dépôt électrolytique de platine. A. Mailhe, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Toulouse, 9 Re 1 452 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX EEE CE OR ET UE VS OS EURE Cu 2 NT BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Castelnuovo (Guido), Professeur à l'Université de Rome. — Calcolo delle Probabilita. — 1 vol. in-8° de XA111-373 p. (Prix : 20 lire). Société éditrice Dante Alighiéri, Milan, Rome, Naples, 1919. Le rôle joué par la théorie des probabilités dans les Sciences de la nature est d'une importance toujours croissante. Cependant il y a bien des points, dans la théorie et dans les applications, qui sont loin d’être acceptés sans difficulté par tous. Problèmes dont l'énoncé manque de précision, solutions dont l’enchainement logique manque de rigueur, sont la cause de scrupules légitimes ou l’objet de reproches sarcastiques. Ainsi s'opposent avec force les deux tendances distinctes qui s’aflirment le plus nettement dans les ouvrages scien- tifiques modernes : tendance abstraite et formelle, ten- dance concrète et utilitaire. Dans l'ouvrage de M. Castelnuovo, ces deux tendan- ces ne s’affirment que pour se compléter : Si la théorie des probabilités est chaque jour plus indispensable au progrès des sciences physiques, son application sera d'autant plus féconde que la logique de ses déductions sera plus parfaite, C’est ce que l’auteur met en lumière dans une importante et intéressante préface, qui repro- duit les points essentiels de deux articles publiés dans la revue Scientia. Le souci de la rigueur en même temps que celui des applications dominent en effet l'ouvrage tout entier. Les questions les plus importantes au point de vue philo- sophique, comme celle de la loi empirique du hasard, les questions les plus modernes au point de vue des applications, comme celle de la théorie cinétique des gaz, . y sont examinées sous leurs divers aspects. Les quatre premiers chapitres contiennent, sous la forme la plus élémentaire, les parties essentielles : pro- babilités totales et composées, espérance mathématique, problème des épreuves répétées. Le théorème de Ber- nouilli y est démontré d’abord sans le secours de la formule de Stirling, au moyen du théorème élémentaire de Bienaimé-Tchebytchef, Quelques exemples sont empruntés à la théorie des jeux de hasard, qui fut tout d’abord le domaine le plus important des applications du calcul des probabilités. Mais la théorie moderne des probabilités a un objet plus. élevé : c’est l'étude des variables qui dépendent du hasard, C’est ce point de vue qui est adopté dans les trois chapitres suivants, consacrés aux formules d’ap- proximation, à la loi empirique du hasard, à la loi nor- male de probabilité. “ L'auteur met en lumière d’une manière très nette la pétition de principes qui consisterait à croire que le théorème de Bernouilli établit la loi du hasard, Il intro- .duit non moins nettement la notion de certitude prati- que à laquelle celle-ci peut conduire dans certains cas. Une part importante est faite à l'étude de la loi de pro- babilité des valeurs d’une quantité X somme d’un grand nombre de variables. C’est Laplace, que la question semble avoir préoceupé pendant plus de trente ans, qui a eu l'intuition géniale que cette loi, en raison des nom- breuses irrégularités provenant des variations indivi- duelles, devait être la loi exponentielle aujourd’hui bien connue, Mais sa démonstration west pas exemple de critiques : et c’est à l’école de Tehebytehef que revient le mérite d'avoir élabli rigoureusement le résullat, moyennant des hypothèses restrictives, à la vérité très larges, sur les varialions des quantités élémentaires. M. Castelnuovo fait aux traités français sur le caleul des probabilités le reproche d'avoir méconnu Tehebytehef, et il eslime réparer une grave lacune en faisant connaître la rigueur toute nouvelle obtenue par l’école russe dans l'exposé de certaines questions impor- tantes. ‘ Les chapitres vur et 1x traitent respectivement des probabilités continues et des probabilités des causes. Les questions sont traitées avec beaucoup de mesure et l’auteur ne veut pas suivre certains sugecesseurs de Laplace sur le terrain des abus qui ont attiré au caleul des probabilités tant de critiques. Les quatre derniers chapitres sont consacrés aux applications : étude des résultats statistiques, loi des erreurs d'observation, méthode des moindres carrés, théorie cinétique des gaz. Ë - Les séries statistiques sont étudiées d’après la théorie des coellicients de dispersion de Lexis. La théorie des erreurs d'observation pose deux questions distinctes, qui font l’objet de deux chapitres successifs : la première, . d'ordre essentiellement théorique, est la critiqué de la loide Gauss ; la deuxième, de nature purement technique, est l'étude des procédés spéciaux d'exploitation des séries de mesures physiques. Le dernier chapitre est consacré à la théorie cinétique des gaz ; la loi de Maxwell en esl, comme c’est justice, le plus important sujet : la représentation de la Mécanique statistique par l’exten- sion en phase, la partie purement dynamique de théorie avec le théorème de Liouville, viennent à l'appui des diverses justifications de la loi de Maxwell: Les derniers paragraphes sont consacrés à la représen- tation géométrique de M. Borel. | $ Quatre notes, d’un caractère mathématique, ont élé mises en appendice pour ne pas alourdir l’ensemble de l'exposition : les deux plus importantes traitent de la formule de Stirling et des travaux de Tchebytchef. R. DELTHEIL, Agrégé-Préparateur à l'Ecole Normale Supérieure. Camichel (Ch.), Professeur à la Faculté des Sciences, Directeur de l'Institut Electrotechnique de Toulouse, Eydoux (D.), Ingénieur des Ponts et Chaussées, Professeur à l'Institut Electrotechnique, et Gariel (Maur.), Directeur général des Ateliers Neyret-Beylier, Piccard-Pictet. — Etude théorique et expérimen- tale des coups de bélier (publiée sous les auspices de la Société hydrotechnique de France). + 4 vol, in- 4 de 400 p. avec 205 fig. Editeurs : Ed. Privat, à Toulouse ; H. Dunod et E. Pinat, à Paris, 1919. Les recherches de M. Camichel et de ses collabora- teurs sur les coups de bélier, faites à l’Institut Elec- trotechnique de Toulouse et à l’'Usine hydro-électrique de Soulom, sont bien connues de nos lecteurs ; les prin- cipaux résultats en ont été exposés ici-même par MM. Camichel et Eydoux !. Dans le présent ouvrage, les auteurs décrivent en détail les méthodes qu'ils ont employées tant au labo- ratoire qu’à l'usine, les expériences qu’ils ont effectuées, les considérations théoriques auxquelles elles donnent lieu, enfin les lois générales qui s’en dégagent, Cetravail n’a pas la prétention d’épuiser/la question, quelques problèmes, comme celui des oscillations en masse, réservoirs d’air et cheminées d'équilibre, ayant été laissés de côté. Cependant, tel qu'il est, il constitue la plus importante publication qui ait paru sur le sujet, et il se recommande par là à tous les ingénieurs qui ont à s'occuper de conduites d’eau sous pression. e 4 C. M. —_—_—_—_—_ 1. G. Camicnez et D, Eypoux : Les coups de bélier dans les conduites forcées. Rev, gén. des Sciences des 81 octobre et 15 novembre 1917. - : 2° Sciences physiques Weyl (Th. ). — Les Méthodes de la Chimie orga- nique. TRAITÉ CONGERNANT LES MÉTHODES DE LABORA- rotRe. Traduit par M. R. CoRNuBEerT, Préparateur à l'Ecole de Physique et de Chimie indastrielles de Paris. Tomes 11 et IT (Deuxième Partie : Monographies). | — 2 vol. gr. in-8° de 1.067 p. avec nombreuses figures, (Prix : 30 et 42 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1914-1919. En présentant aux lecteurs de la Æevue le tome I de cet ouvrage!, nous en avons exposé le but général : rassembler les nombreuses méthodes de synthèse au- jourd'hui en usage en Chimie organique, en les groupant par catégories dont chacune fait l’objet d’un -chapitre écrit par un spécialiste rompu aux diflicultés expéri- mentales et tout spécialement compétent en la matière. Le premier volume était consacré à l’ensemble des appareils nécessaires aux préparations organiques el aux méthodes et instruments de mesure qui permettent de déterminer les formules et constantes des corps préparés. Dans le tome II, les auteurs ont fait l'exposé des prin- : « cipales méthodes en usage dans les laboratoires ou à * l'usine pour la préparation des corps : méthodes d’oxy- dation et de réduetion, de polymérisation et de dépo- lymérisation, de condensation, de catalyse, de dédou- blement des corps racémiques en leurs constituants actifs; pour chacun des procédés envisagés, il est indi- qué une ou plusieurs applications, et, à la fin de chaque chapitre, un tableau résume les méthodes énumérées et les principaux ças où il convient de les employer. — Dans ce volume, on trouvera encore des chapitres sur la préparation et l'emploi des enzymes les plus impor- tants, sur la préparation des peroxydes et des ozonides. Le tome III, enfin, est consacré aux différentes fonc- tions organiques et aux méthodes qui conduisent à l’in- troduction de ces fonctions dans une molécule donnée. Sont successivement passés en revue les groupes hy- droxyle, alcoxyle, aldéhyde, cétone, carboxyle, sulfo- nique, sulfurés, cyanés, halogénés, l'introduction d’une - liaison double ou triple,set les composés organométal- liques. Comme précédemment, chaque méthode est illustrée par un ou plusieurs exemples, et chaque chapitre se termine par un tableau récapitulatif. D’innombrables références bibliographiques permet- tent au lecteur de se reporter, le cas échéant, aux mémoires originaux pour de plus amples détails. L'ensemble de l'ouvrage constitue un véritable monu- ment élevé aux méthodes de synthèse organique et qui rendra les plus précieux services dans les laboratoires, Louis BRUNET. = Martel (L.), Ingénieur civil des Mines, Professeur d'Ex- loitation des Mines à l'Ecole des Maïtres-Mineurs d'Alais. — Les Explosifs dans les Mines (Eruow PRATIQUE DE LEUR EMPLOI ET DE LEUR RÉGLEMENTATION), — 4 vol. in-8° de VIII-183 p. avec 52 fig. (Prix : 51142 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Puris, 1919. L'ouvrage de M. Martel est un exposé très complet de E toutes les questions concernant l'emploi des explosifs dans les mines. L'auteur étudie d'abord lesipropriétés générales des explosifs ; il passe ensuite en revue les différents types d'explosifs de mine.et il en indique les propriétés parti- culières, puis il expose la réglementation des mines grisonteuses et poussiéreuses. Le tirage des mines fait l’objet d'un chapitre spécial dans lequel est décrit le matériel employé. Un dernier chapitre traite du trans- port et de la conservation des explosifs, et l'ouvrage est complété par des notions élémentaires sur la fabri- . cation des explosifs de mines et quelques textes de la législation des explosifs. … Cet ouvrage, destiné à faire l'éducation des maîtres 1. Rev. gén. des Sc. du 30 juillet 1914, t. XXV, p. 689. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 453 ecrans rem . mineurs, sera lu avec fruit par tous les exploitants de mines qui y trouveront, parmi des détails qui leursont familiers, une foule de renseignements utiles. Nous si- gnalerons en particulier que les décrets et arrêtés parus pendant la guerre, et qui ont pu passer inaperçus, sont mentionnés et analysés. On y trouvera surtout les ré- sultats si importants oblenus en France, tant sur la théorie des explosifs que sur leur emploi dans les mi- nes ; les ouvrages similaires renvoient généralement le lecteur aux travaux étrangers, paraissant ainsi ignorer que nôtre pays atoujoursété à l'avant-garde pour l'étude de ces questions. M. Martel, qui est professeur d'Exploitation des Mines à l'Ecole des maitres mineurs d’Alais, a élé mobilisé pendant la guerre à la Poudrerie de Vonges. IL était donc tout particulièrement désigné pour écrire un ouvrage contenant à la fois des notions sur la théorie des explosifs et leur fabrication et des indications sur leur emploi. Nous signalerons seulement que les développements concernant l'emploi des explosifs dits « brisants » pourraient prêter à discussion. En outre, à la page 9, les expressions employées pourraient faire croire que le terme « densité limite » s'applique à la densité de chargement en trou de mine et non à la densité d’en- cartouchage. Ce sont là des détails qui ne diminuent pas la valeur de l’ensemble de l'ouvrage. De VARINE, Ingénieur Principal Militaire des Poudres. Perkin (A. G.), Professeur de Chimie des colorants et de , Teinture à l'Université de Leeds, et Everest (A. E.), D. Sc., des Laboratoires de recherches Wilton. — The natural _organic colouring Matters. — 1 vol, in-8v de 655 pages, de la Collection des Mono- graphs on industrial Chemistry (Prix cart. : 28 sh.). Longmans, Green and Co, éditeurs, Londres, 1918. Nos connaissances sur les colorants d’origine végé- tale et animale sont actuellement très étendues. La constitution chimique de presque tous les colorants na- turels employés est établie, la plupart d’entre eux ont été reproduits par synthèse. L'important ouvrage de MM. Perkin et Everest classe tous les documents ac- tuellement acquis. La compétence de M. Perkin est universellement connue, et nous sommes heureux qu’un tel spécialiste ait bien voulu faire une mise au, point de cette intéressante question. Les auteurs étudient successivement chaque produit naturel en indiquant son origine botanique et géogra- phique et son histoire. Ils passent ensuite à la consti- tution chimique et aux synthèses de ses constituants s’il y a lieu, puisils abordent les propriétés tinctoriales. Après un historique assez court, nous arrivons au groupe important de l’anthraquinone, qui contient un très grand nombre de colorants naturels. L'étude de la racine de garance est particulièrement importante. Cette racine sèche contient un peu plus de 11/, de co- : lorant, constitué surtout par l'alizarine (1 : 2-dioxy- anthraquinone) et la purpurine (1 : 2: 4-trioxyanthra- quinone), dont la production artificielle constitue aujourd’hui une si importante industrie. Moins impor- tant que la garance est le « chaya » de l'Inde (Oldenlan- dia umbellata), qui, commé l'alizarine, donne des teintes variées suivant les mordants, en particulier les beaux rouges de l'Inde. Elle contient à côté de la pur- purine de la xenthopurpurine (dioxy- 1 : 3-anthra- quinone), d’où sa valeur moindre que celle de la ga- rance. Le « munjeet » provient de plusieurs espèces de Rubia ‘de VInde ; il contient de la purpurine et de la munjeestine (acide dioxy-quinone-carbonique-2). Parmi les autres Rubiacées qui contiennent des, colorants de ce groupe, nous avons retenu les Morinda, qui servent en particulier à la teinture des fameux batiks de Java. Un certain nombre de Gallium très connus dans nos pays (G. verum el G. mollugo) ont aussi des propriétés : À . ment parler un colorant, 454 tinctoriales. Les matières colorantes et pharmaceuti- ques de la rhubarbe (hémodine et acide chrysopha- nique), de l'aloès et du -senné appartiennent aussi à ce groupe. Les colorants anthracéniques ont aussi des représentants dans le règne animal. Les rouges de co- chenille sur mordants d’alumine et d'étain sont très es- timés. Le kermès et le colorant de la laque sont ana- logues. Le groupe de la benzophénone est représenté par la maclurine du bois jaune de Maclura aurantiaca de l'Amérique du Nord, et la gentiséine de la racine de gentiane. Un très grand nombre de matières colorantes natu- relles renferment dans leurs molécules un noyau hété- rocyclique oxygéné, Nous allons passer en revue un certain nombre de groupes qui contiennent de tels noyaux. L'euxanthone est le principe du jaune indien, que l’on extrait de l'urine des vaches nourries de feuilles de manguiers. Il sert exclusivement en peinture. / thèse des colorants jaunes naturels de la série de la flavone et du flavonol. La chrysine ou dioxyflavone des bourgeons de peupliers n’est pas encore à propre- mais la lutéoline (tétraox y- flavone) de la gaude en est un, Ce fut le premier colo- rant de cette classe dont on fit la synthèse, Plus importants que les colorants de la flavone simple, sont ceux du flavonol qui possède un oxhydryle à la place de l'hydrogène du noyau pyronique. Quatre colorants de ce groupe sont particulièrement employés. Ce sont la fisétine du fustet ou sumac des teinturiers (lus co- tinus), la morine du bois jaune (Chlorophora tincloria), la quercétine du quercitron (Quercus tinctoria) et la rhamnéline des graines de Perse. Les anthocyanes ou colorants des fleurs (rouges ou bleues) appartiennent à un groupe voisin du précé- dent. Les auteurs leur consacrent 110 pages de leur ou- vrage, dans lesquelles sont exposés les récents travaux de Willstætter!, Au groupe du dihydropyrane appartiennent les colo- rants des bois du Brésil et de Campèche, La brésiléine est le principe actif du boïs rouge du Brésil. Elle ne donne pas de teintures bien solides. Par contre, l’hé- matoxyline du bois de Campêche donne des teintures remarquables el à très bon marché, On s'en passerait difficilement, surtout pour teindre la soie en noir. Grâce aux travaux de Kostanecki et Perkin, on connaît d’une façon presque cerlaine la constitution de ces colorants, Les deux chapitres suivants sont consacrés à l'étude des tannins et des cachous, qui sont aussi très impor- tants en teinture, La constitution de ces corps est actuellement bien connue, Les colorants à noyaux azotés sont beaucoup moins nombreux. Ils $ont représentés dans le groupe de l'iso- quinoléine par la berbérine, colorant jaune de l’épine- vinette, qui est le seul colorant basique naturel. Nous ne ferons que mentionner l’'indigo, bien connu. Le 6 : 6'-dibromoindigo constitue la pourpre des Anciens. Ce colorant célèbre fut reproduit synthétiquement par Friedlænder. Si réputé autrefois, il serait invendable aujourd hui, vu son peu d'éclat, Un très important chapitre» est consacré aux colo- rants des lichens (orseille et tournesol). Il contient en particulier une liste de plus de quatre-vingts espèces de lichens, indiquant les produits chimiques qu’on en a isolés. L'ouvrage se termine par les colorants dé constitu- Lion inconnue, parmi lesquels nous citerons le bois de santal, le cartlame et l'orcanette, d’ailleurs aujour- d'hui assez peu importants, et par quelques pages sur les laques d’origine végétale, \ Ju. Marmwer, Docteur ès Sciences physiques. 1, Voir BEAUVERIE : Rev. des Se. (1918), page 611, gén, Kostanecki s’illustra entre 1898 et 1906 par la syn-, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 3° Sciences naturelles Ward (H. B.), Professeur de Zoologie à l'Université de l'Illinois, et Whipple (G. C.), Professeur de Génie Sanitaire à l'Université de Harvard. — Freshwater Biology.— 1 vol. in-8°, de X1-1.111 p. Pins 17 fig. (Prix : 6 doll. ou 28 sh.). Editeurs : J: Wiley and Sons, New-York; Chapman and Hall, Londres, 1918. Cet ouvrage, écrit sous la direction des deux auteurs. prineipaux par une série de spécialistes, a pour but de mettre les débutants et les amateurs à même de‘récolter, étudier et déterminer les organismes d’eau douce qu'ils rencontrent autour d'eux. Comme tel, il est appelé à rendre aux Etats-Unis les plus grands services à ces catégories de chercheurs, et même à des savants déjà one La faune de notre pays (qui ne possède, à l'inverse de ses voisins, aucun ouvrage sérieux de ce genre) est trop différente de celle de l'Amérique du Nord, sauf pour les groupes tout à puisse y être utilisé de la même façon, On le lira néan; moins en France avec le plus grand profit. Les chapitres généraux comprennent l’/ntroduction, par H.B. Ward, qui donne la classification générale des collections d’eau et de leurs habitants, et les’ Conditions d'existence par V. E. Shelford (plus un chapitre de technique). Ce dernier est fort intéressant par le résumé des récents travaux de l’auteur sur la bionomie et de fait inférieurs, pour qu'il. ‘ ses nouvelles classifications écologiques encore peu con- nues en Europe. On peut lui reprocher de faire, comme la plupart des ouvrages sur les eaux douces, une place trop prépondérante aux lacs par rapport aux petites collections et aux eaux courantes. Un résumé des récents travaux parus en Allemagne et en Suisse sur la faune des sources et des torrents n'aurait pas été inutile pour. compléter ce qui en est dit. Critique plus importante : les phénomènes généraux qui se présentent dans la plupart des groupes d'eau douce en rapportavee les conditions de cemilieu : enkys- tement et formes de résistance, alternance de reproduc- tion asexuée ou parthénogénétique avec la reproduction sexuée qui produit les œufs de durée, variation saison- nière des appendices liée à la yiscosité de l'eau, déter- minisme de tous ces cycles, ne sont exposés nulle part et pour ainsi dire pas mentionnés. Lacune inexeusable dans un ouvrage qui s'intitule « Biologie » et doit appe- ler Fattention sur les points intéressants à étudier, À défaut d’un exposé d'ensemble qu'auraient mérité ces questions, on s'attendait à les voir traitées à propos de certains groupes comme les Rotifères, d'autant plus que les travaux récents de Shull et de Whitney, qui ont ‘éelairci la reproduction de l’Hydatine, ont été faits en Amérique. Mais précisément le chapitre des Rotifères' est en retard de 20 ans à tous les points de vue sur l’état actuel de la science ! On lira par contreavec intérêt, comme monographie d’un groupe peu connu, l’article de N. A: Cobb sur les Nématodes libres. Tous les chapitres systématiques sont rédigés pour la détermination sous forme de -clefs dichotomiques, avec une illustration dont l'abondance est digne d’éloge. Pour la plupart des groupes, ces clefs s'arrêtent aux genres où aux espèces principales. Dans quelques-uns seulement on a compris toutes les espèces connues sur. le territoire des Etats-Unis. On peut se demander si cela était bien utile, étant donné que ces formes sont certainement peu nombreuses par rapport à celles qui .restent à trouver, eomme le montrera une comparaison de ces chapitres (Rhabdocæles, Entomostracés) avec leurs correspondants de la Sässwasserfauna Deutsch- lands, qui concernent un territoire moins étendu, mais beaucoup plus exploré. Or pour les débutants un ouvrage de détermination complet en apparence seulement est dangereux, s’il est inutile pour le spécialiste : une espèce voisine d’une de celles qui sont décrites sera toujours con- fondue avec elle, une autre s’en écartant nettement con- sidérée a priori comme nouvelle, La plupart des confu- sions qui rendent toute faunistique incertaine n’ont pas d'autre origine, Il est à mon sens nécessaire de séparer ‘ nettement l'ouvrage de détermination, fournissant au travailleur à coup sûr, dans la mesure du possible pour les groupes qu'il concerne, le nom d'un être vivant (comme la Süsswasserfauna Deutschlands déjà citée), et l'ouvrage de semi-vulgarisation, permettant à l’étu- diant de se rendre compte à peu près de ce qu'il trouve, seule ambition que puisse avoir une faune d’eau douce en ün seul volume. Du moins les chapitres en question sont-ils intéressants pour le savant européen à litre d'inventaire des espèces nord-américaines à comparer . à celles qu'il connait. D'autre part, les Végétaux autres que les Algues et les Vertébrés ont été Ltotalement laissés de côté (sauf deux chapitres, fort bien faits d’ailleurs, sur leur physiologie … respective), sous le prétexte qu'ils auraient exigé des - volumes à eux seuls. I semble qu'on aurait mieux ré- . pondu aux besoins du lecteur et assuré l homogénéité …— de l'ouvrage en donnant sur eux aussi des notions sys- … tématiques sommaires, sauf à réduire les chapitres trop - complets d'Invertébrés. Ces quelques critiques ne dimi- » nuent d’ailleurs pas la valeur du volume qui est consi- . dérable. Il mérite, je tiens à le répéter, de servir de _ modèle chez nous, P. pk BEAUCHAMP, Chargé de Cours à la Faculté des Sciences de Dijon. 4° Sciences diverses . Carnegie Institution of Washington. Year Book n° 17 (1918). — 1 vol, in-8° de XV1-33%1 p. avec fig. et 1 carte en couleurs (Prix : 1 doll.). Carnegie Ins- titution, Washington, 1919. Ce volume renferme une série de Rapports sur le fonctionnement de l’Institution Carnegie pendant J'année allant du 1° novembre 1917 aü 31 octobre 1918. - Par suite de l’entrée en guerre des Etats-Unis, l'Insti- : tution avait placé les services de tous ses membres et associés et de ses laboratoires à la disposition complète du Gouvernement américain.Ces services ontétéacceplés -et utilisés pour des recherches très variées, Citons celles ur les verres d'optique, effectuées au Laboratoire de . Géophysique, que 10 années d’études sur les propriétés À des silicates avaient particulièrement bien préparé à cette tâche; grâce à elles, la production des verres d'op- _ tique s'est élevée de 1 à 100 tonnes par mois et a pu … suflire à tous les besoins de l’Armée et de la Marine. Dans un autre ordre d'idées, le Laboratoire de l4 Nutri- tion a entrepris une série de recherches sur les effets des restrictions alimentaires, qui ont montré, en parti- _eulier, qu'un homme adulte normal peut vivre pendant plusieurs mois avec un régime restrejint.et subir des pertes marquées dans le poids du corps et des réserves azotées sans affaiblissement sérieux de son activité . mentale et musculaire. Le navire non magnétique Carnegie a terminé au cours de l’année sa 4e croisière autour du monde ; parti de “ Buenos-Aires le 4 décembre 1917, il est arrivé le 16 juin 1918 à Washington via le cap Horn, l'océan Pacifique, le canal de Panama et la mer des Antilles, ap près avoir fait de nombreuses déterminations de -mâgnétisme en mer. … Au cours de l’année, l'institution Carnegie s’est enri- “ chie d'un nouveau service, par le don de l'Eugenics Record Office, fondé en 19:10 par M. E. H. Harriman à _ Cold Spring Harbor (N._ Y.) dans le but de promouvoir des recherches sur l’ Eugénique. Aux terrains et bâti- … ments évalués à environ 700.000 francs, M. Harriman a ajouté une somme d’un million et demi, dont les inté- - rétsannuels seront affectés à la poursuitedesrecherches, … Le 17 novembre 1917, l'Institution Carnegie a perdu BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 455 l'un de ses membres les plus éminents en la personne du Prof. F, P. Mall, directeur du Département d'Em- bryologie, l'un des meilleurs anatomistes americains ; il avait réuni une collection remarquable d'embryons humains, qui a déjà fait l'objet de travaux importants. La plupart des chercheurs de l'Institution ayant dû répondre à l'appel du Gouvernement américain, le pro- gramme des travaux des divers Départements et Laho- ratoires a subi un temps d’arrêt; néanmoins, plusieurs recherches en cours ont été-poursuivies ou terminées ; on en trouvera l'indication dans les-rapports particu- liers de chaque chef de service. L. B. Gravier (Gaston), Lecteur à l’Université de Bélgrade. — Les frontières historiques de la Serbie. — 1 vol. in-89 de 164 pages avec 3 cartes dans le texte et 3 car- tes hors texte (Prix : 4 fr. 80). Librairie Armand Colin, 103, Bd Saint-Michel, Paris, 1919. Ce livre est une œuvre d'avant-guerre, M. Gas- ton Gravier le termina en 1914, après avoir étudié, pendant quatre années passées en Serbie, l’histoire et la géographie de ce pays. Parfaitement maître de sa langue, initié à son passé et à son présent par des maitres éminents tels que le géographe Jovan Cvijic, M. Gravier serait devenu, sans sa mort prématurée, un informateur précieux pour l'Europe occidentale : il est glorieusement tombé en 1915 sur le champ de bataille de l’Artois. Terminé peu de temps après le traité du Bucarest, son livre est écrit à un point de vue différent de celui qu'envisage aujourd'hui la Conférence de la Paix. En 1914, la question yougo-slave n'élait pas posée; eL la seule préoccupation du Gouvernement serbe était de réaliser l'union intime de la Vieille-Serbie avec la Ma- cédoine serbe récemment acquise. M. Gravier nous montre que cetle union est bien la conséquence logique - du développement territorial de la Serbie. Résumons son étude en quelques mots. Après avoir caractérisé la situation et la nature du pays où la Ser- bie va, durant le xix° et le début du xxe siècle, accom- plir son évolution, et consacré un chapitre aux survi- vances du passé serbe, l'auteur nous dépeint la résur- rection de la Serbie, au cours des années 1804-1815, dans les limites du Pachalik de Belgrade. Le soulève- ment de 1833, dont résulte là Réunion des six districts, et l'annexion de 1878 font l’objet des déux chapitres suivants, Puis M. Gravier dégage les caractères géné- raux de la nouvelle extension résultant du traité de Bucarest, en la méttant en étroit rapport avec celles qui l'ont précédée; il constate que ce développement tout en longueur n’a rien d’anormal, puisque conditions naturelles et souvenirs historiques concordent pour lui imprimer la même direction ; enfin ce but : la mer, qui n'avait guère élé entrevu jusque-là, s’imposait à tous, depuis qu'en 1906 l’Autriche avait hermétiquement fermé ses portes. L'auteur conclut en remarquant que la Serbie mo- ‘derne représente une volonté etun programme national, et il termine par ces paroles, que les événements actuels rendent singulièrement prophétiques : « Les Serbes, un jour ou l’autre, porteront leurs regards vers les provinces serbes de l’Autriche, qui deviendra pour eux une sorte de nouvelle Turquie. EL cette œuvre de rassemblement ira de pair dans leur esprit avec ce qui manque encore à la complète indé- pendance de leur Etat : l'accès à la mer. » Robert DEMENGE, Lieutenant d'artillerie (E.-M. A. A. F. O.). ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 16 Juin 1919 M. E. Mathias est élu Correspondant pour la Section de Physique, en remplacement de M. Gouy, élu mem- bre non résidant. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. A. Baldit : Sur certains cas de diminution de vitesse du vent avec l'altitude. Dans les couches basses et moyennes de l’atmosphère, la vitèsse du vent augmente généralement d’une manière continue avec la hauteur. En étudiant les sondages aérologiques d’au moins 4.000 m., effectués dans la région de Chälons-sur-Marne de septembre 1915 à mars 1918, l’auteur a observé de nombreux cas de dimi- nution nelte de la vitesse du vent avec l'altitude. Ces cas se répartissent en 3 groupes: 1°vents d’entre N etE, de o'à 4.000 m. (67 cas); 2° vents d'entre E et S, de Oo à 4.000 m. (24 cas); 3° vents d'entre E et $, de o à 3.000 m., puis d’entre $S et W (15 cas). — M. H. Des- landres : emarques sur la constitution de l'atome et les propriétés des spectres de bandes. L'auteur montre que la distribution des vibrations dans les spectres de bandes peut être représentée par la formule à trois paramètres indépendants : [0 X m2 + (np) X m | + 2 2 TES E PONS EE m, 7, p élant les nombres entiers successifs, positifs et négalifs, b, et c, des constantes indépendantes de Bet C, L'une des trois raisons F(r°p=), B ou C, ou deux d’entre elles, ou même les trois, peuvent être nulles, et l’on a une ou deux, ou trois séries de raies et bandes équidis- tantes. Tous les spectres de bandes connus (sauf celui de l'hélium) peuvent être rattachés à cette formule: — M. E. Arièés : Sur les tensions de vapeur saturée et les chaleurs de vaporisation de l'acétate de propyle à di- verses températures. L'auteur montre que les trois cons- tantes T+, P., n et la fonction [sont les seuls éléments nécessaires pour calculer très simplement à loute tem- pérature, grâce à la table de Clausius, et moyennant trois formules tirées de l'équation d'état, la tension de vapeur saturée, la chaleur de vaporisation et la diffé- rence entre les volumes moléculaires d'un fluide à ses deux états de saturation. Les résultats obtenus avec l’acétate de propyle dénotent, par leur précision, la confiance que méritent à la fois les formules employées et les données expérimentales de M.S. Young. — M.H. Abraham et Eug. Bloch : Sur l'entretien des oscilla- tions mécaniques au moyen des lampes à trois électrodes. On sait que les lampes à trois électrodes (audions) pos- sèdent la propriété de permettre d'introduire dans un circuit électrique une résistance négative. On peut uti- liser ce principe pour l'entretien de vibrations ou d’os- cillations mécaniques de toutes fréquences, puisque la lampe est par elle-même un relais apériodique à fone- tionnement instantané, Les auteurs ont ainsi réalisé l’entretien des oscillations d'un pendule (on peut même faire osciller le pendule à partir du repos) et d’un diapason. — M. G. Reboul : Sur les phénomènes de luminescence accompagnant l'oxydation du potassium où du sodium, La luminescence que le potassium ou le sodium fraîchement coupés produisent à l'obscurité s’observe le plus facilement avec l’alliage K-Na liquide. Quand on fait écouler goutte à goutte cet alliage dans une atmosphère humide, chaque goutte qui se forme devient lumineuse; à la surface de la goutte se produit uné pellicule blanche d'hydroxyde, La luminescence parail être due à l’'hydratation de sous-oxydes ou per- oxydes qui se forment d'abord à la surface du métal, > + bin | ms K, — M. A. Joannis : Sur quelques propriétés des phos- phates acides. L'auteur a étudié l’action de l’'ammoniac gazeux ou liquéfié, mais non en solution, sur quelques phosphates acides anbhydres. PO'NaH, PO‘KH?, POMgH, ne l’absorbent pas; seul PO*H?NH" a absorbé en 19 jours à peu près 1/2 molécule d’ammoniae, — MM.J.Guyotet L.J.Simon: Action du sulfate diméthy- lique sur les sulfates alcatins el alcalino-terreux. Lors- qu'on chauffe un mélange équimoléculaire de sulfate diméthylique et de sulfate alcalin en maintenant en- semble les deux substances, elles réagissent selon la formule : SO {(CH3)2 + SO M? — S207M2-(CH#)0, Mais tandis qu'à 220° la réaction ne fait que s’'amorcer pour le sulfate de Li, elle est déjà à moitié terminée pour le sulfate de Na et quasi complète pour le sulfate de K; pour le sulfate de Ba, elle est nulle à 220°-240°. Cette” influence de la température permet d'expliquer les diflé- rences trouvées dans la décomposition des méthylsul- fates par la chaleur (voir p.388). — M. S. Posternak : Sur deux sels cristallisés du principe phospho-organique de réserve des plantes vertes. Le sel double de chaux et de soude cristallise des solutions du sel phospho-orga- nique de chaux dans un-excès du sel de soude saturé; sa formule est CSH!1202TP5Ca?Nas. Le sel de soude eris- tallisé, obtenu aux dépens du sel ferrique, a pour for- mule C6H!2027PEN al? -E 44H20. Il est très soluble dans l’eau; il sert à préparer tous les autres sels purs du principe phospho-organique. — M. H. Bierry : Le sucre protéidique. Chaque espèce animale possède un plasma artériel constilué par des protéiques dont le rapport de l'azote au sucre (N proléidique /S.protéidique) est carac- téristique de l’éspèce, Le muscle parait jouer un rôle dans la genèse du sucre protéidique. 29 SCIENCES NATURELLES. — MM. A. Lacroix et Tilho : Æsquisse géologique du Tibesti, du Borkou, de l'Erdi'et de l'Ennedi. Les formations sédimentaires, Le substratum du Tibesti est essentiellement constitué par des grès horizontaux qui ont été vus en place jusqu'à 1.000 m, La découverte de contre-empreintes d’Aarlania Harlani permet d'attribuer au Silurien supérieur (Goth- landien) au moins une partie de ces grès. Ils sontrecou- verts par endroits d’une formation latéritique, identique à celle des grès de la Guinée, On a trouvé d'autre part des formations à facies gneissique ou schisteux, qui sont des ! mylonites, preuve d'accidents tectoniques importants, — M. Ch. Audebeau Bey : Afaissement du nord du delta égyptien, depuis l’Empire romain. Les hypogées du Kom-el-Chougafa, à Alexandrie, permettent, d’après l'auteur, de constater l’affaissement du grès dans lequel ils ont élé'creusés au n° siècle de notre ère, très vraisem- blablement, Leurs galeries inférieures, toutes garnies de loculi (niches sépulcrales), sont inondées pendant toute l’année par les eaux dues à la nappe souterraine naturelle du Nil, Comme l'élévation du plan d’eau souterrain de l'Egypte depuis le siècle des Antonins n’a pu être que très faible, il faut bien attribuer ce phéno: mène à un affaissement du delta. — M. S. Stefanescu: Sur la structure des lämes des molaires de Y'Elephas indicus et sur l’origine différente des deux espèces d'Elé- phants vivants. L'auteur tire de l'étude de la structuré des lames des molaires la conclusion que l'£lephas in- dicus, comme l’Æ. primigenius et l'£. meridionalis, sont liés phylogéniquement aux espèèes de mastodontes bunolophodontes à collines des molaires formées de. tubercules congénères alternes, telles que les Mastodon. sivalensis et arvernensis; par conséquent, l'origine de l'E, indicus est tout à fail différente de celle de l'Z, afri canus, — M. H. Coutière : Le membre des Arthropodes. L'auteur, ayant montré antérieurement que le membre des Crustacés pouvait comporter théoriquement dix articles, cherche à retrouver ceux-ci dans le membre “ di nt RE ed. LA des Arthropodes. — M. P. Cappe de Baïllon : l'existence, chez les Locustiens et les Grilloniens, d'un organe servant à la rupture du chorion au moment de l'éclosion. Cet organe, déjà signalé chez plusieurs fa- milles d'Insectes, a été retrouvé par l’auteur chez un | grand nombre de Locustiens et de Grilloniens. Il se pré- | sente sous la forme d’une lame de longueur variable, s'étendant, à la façon d’une crête, sur le front du labre chez les premiers, sur les bords du labre chez ies seconds. L'organe doit son origine à une différenciation locale de la membrane amniotique. — M. M. Baudouin : …_ Mode d'ossification du grand trochanter chez l'homme | de la pierre polie. Chez les enfants et adolescents de l’âge de la pierre polie, le bord supérieur du col du fémur constitue une véritable surface aplatie, d'aspect trapézoïdal, qui sert de support au point épiphysaire du grand trochanter. Cette surface atteint la périphérie même de la tête et arrive à Son contact immédiat, dans le très jeune âge, si bien qu'il y a alors fusion complète. Donc, à ce moment, les masses cartilagineuses qui donneront les deux épiphyses, devant nettement s’isoler par la suite, n'en forment qu'une seule et unique. Ce caractère peut être utilisé en médecine légale pour dé- terminer exactement l’âge des jeunes enfants. — M. J. Amar : Le coefjicient hématopnéique. L'auteur appelle coefficient hématopnéique ia valeur 5 /Vn 1 —) #N où V ets sont les volumes d'air expirés en faisant un . exercice déterminé et au repos, en un temps quelcon- que, par ex. 2 min., et N et n les fréquences des respirations correspondantes. Ce coellicient est une donnée expérimentale rigoureuse pour caractériser les maladies de l’apparéilrespiratoire, notamment la tuber- culose pulmonaire, et en suivre l'évolution, comme pour mettre en évidence les troubles de la respiration dus au surmenage ou à un milieu confiné, les séquelles par gaz toxiques. — M. P. Woog : De la persistance variable . des impressions lumineuses sur les différentes régions de La rétine. La persistance des impressions lumineuses “est maximum au centre de l’œil et va en diminuant depuis ce point jusqu'à la périphérie. Cette moindre » persistance des impressions sur les régions latérales de 4 la rétine augmente encore l'importance de ja vision _ périphérique, puisque celte vision indirecte est capable - de nous donner une perception plus distincte des objets ‘eh mouvement. ” Séance du 23 Juin 1219 , M. F. Widal est élu membre de la Section de Méde- cine, en remplacement de M. Dastre, décédé. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Rateau : Suite de la théorie des aéroplanes. Conséquences principales - des formules. L'auteur tire dè sa théorie des aéropla- nes (voir p. 424) les conséquences suivantes : Au pla- fond, un avion, muni d’une hélice et d’un moteur don- nés, atoujours la mème vitesse quel que soit son poids. A n constant pour le moteur, la vilesse de l'avion est - proportionnelle à la racine cubique du, coeflicient du - coupledu moteur. L'auteur calcule d'autre part lesgains de hauteur qui peuvent être obtenus par l'emploi du _ turbo-çompresseur. > 2° ScreNces PHYSIQUES. — M. J. Rouch : Sur la vitesse du vent dans la stratosphère. Les observations des stations maritimes semblent montrer que, par ciel clair et par vent généralement modéré, la vitesse du . vent ne diminue pas dans la stratosphère, La règle gé- ._ nérale est plutôt une augmentation de vitesse qu'une … diminution. — M. L. Bloch : La formule.de Ritz et la théorie des quanta. La théorie de Bohr rend compte d’une façon très satisfaisante de la formule spectrale de . Balmer pour l'hydrogène; pour les atomes plus compli- _ qués, les séries sont bien représentées par la formule ._ de Ritz, L'auteur montre qu'en compliquant légèrement la structure de l'atome et en appliquant la théorie des quanta, des calculs semblables à ceux de Bohr condui- : ? LU K= ” ® Lx x À ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 457 Sur 1 sent à des formules spectrales du type de Ritz, Inver- sement, l’étudè des termites expérimentaux p et 7 de ces formules permettra d'obtenir quelques indications sur la structure de l'atome. — MM. R. de Forcrandet F. Taboury : Sur les sulfones formées par les iodures de sodium, de rubidium et de cæsium. Les auteurs ont fait réagir SO? à basse température (jusqu'à —23°) sur Nal, RbI et Csl, bien desséchés er pulvérisés. IL se forme en général une sulfone colorée, qui se dissout en partie dans SO? liquide en excès. Les auteurs sont par- venus à isoler ces sulfones, qui correspondent aux for- imules Nal + 3S0?, Rb] + 3S0*, CsI + 3502. L’iodure Lu de potassium parait se comporter d’une façon différente. ? — M. H. Colin et Mlle A. Chaudun: Sur la loi d'action de la, sucrase : influence de La viscosité sur la vilesse d'hydrolyse. Les auteurs ont constaté que, lorsque le saccharose est en excès par rapport à l'enzyme, la vi- tesse d'hydrolyse est proportionnelle à la fluidité de la ay solution. — MM.-A. Valeur et E. Luce : Action de l'eau oxygénée sur la spartéine et l'isospartéine { (voir p. 499). 3° SCIENCES NATURELLES, MM. A. Lacroix et Tilho : Les volcans du Tibesti. La caractéristique des volcans tibestiens réside dans l'existence de vastes cal- j deiras, dont la plus grande est celle qui termine l’'Emi- Koussi, Ce volcan a commencé par l’'épanchement sur les grès de puissantes coulées de basaltes, suivies d’une alternance de coulées et de projections trachytiques résultant de grandes explosions dont les dérnières ont donné naissance à la caldeira ; puis est venue une émis- sion de scories basaltiques sans épanchement de lave. —M. Ch. Gorceix :Conslatation d’un mouvement isosta- 1 sique post-glaciaire dans la région de Chambéry. Age des lignites de Voglans. L'auteur, rapprochant les trois affleurements cunnus de la couche de lignite qui! existe au nord de Chambéry, montre qu'ils se trou- … vent sur une surface cylindroïdale parallèle à la direc- À tion de la vallée, correspondant à un soulèvement du ÿ centre de la chaîne, par isostasie, s'étant produit après le recul du dernier glacier et les ablations de terrains consécutives. — MM. C. Sauvagean et L. Moreau : Sur l'alimentation du cheval par les Algues marines. Le Fucus serratus et le Laminaria flexicaulis constituent » une excellente nourriture pour le cheval, dont le seul 4 défaut est d’être, en général, difficilement acceptée au $ début. Après une période d’accoutumance gustative, KE V4 puis d'accoutumance digestive, ces Algues agissent à la fois comme aliment d'entretien, comme aliment de tra- vail et, en outre, semble-t-il, comme adjuvants de l’as- similation de la nourriture courante. — M. J. Tissot :” Mécanisme de là destruction, dans le sérum, de la cel- lule antigène sensibilisée par son anticorps spécifique. La sensibilisatrice sensibilise la cellule vis-à-vis des acides gras, et la fixation préférentielle de ceux-ci sen- sibilise à son tour très vivement la cellule vis-à-vis des à basés. L'hématie sensibilisée qui a fixé de l'acide oléi- MAL que -devient si avide de base qu'elle hémolyse tota-: Hé lement, en 1 ou 2 minutes, si on la mel en présence # d'une petite quantité de base. — M. G. Bertrand: Sur € le mécanisme £e conservation des fruits dans l'eau froide. L'auteur a montré qu'il est possible de conser- ", ver dés fruits pendant plusieurs mois, sans fermenta- NN tion apparente, lorsque, après les avoir lavés, on les * enferme dans un flacon exactement rempli d'eau. I 1 explique ainsi le mécanisme de ce phénomène : Sous 4 l'influence des réactions diastasiques qui s’accomplis- sent dans les fruits et jusque dans le liquide environ- nant, toute trace d'oxygène dissous est bien vite absor- | bée, le milieu devient rigoureusement anaérobique et les phénomènes de fermentation ne peuvent prendre haissance ou se développer d'une manière normale. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 17 Juin 1919 M. E. Jeanselme est élu membre dans la Section de Pathologie médicale. M. A. Robin : L’azote total, l'azote soluble et l'azote insoluble dans le tissu du foie cancéreux, L'azote total présente dans le foie cancéreux frais une diminution variable sur celui du foie normal; diminution due à l'hydratation variable du foie cancéreux, Mais le foie sec renferme plus d'azote que le foie normal. L'azote insoluble augmente dans les régions les plus atteintes du foie, tandis que l'azote soluble diminue; par contre, l'azote insoluble diminue dans les régions relativement saines, alors que l'azote soluble augmente, L'interpréta- tion la plus logique de ces faits est que les protéiques du cancer se forment aux dépens des produits de l’auto- lyse des protéiques de l'organe dans lequel il se déve- loppe, et non par l’apport des protéiques destinés normalement aux tissus sains. — M.F. Balzer : La prophylaxie et le traitement collectif des enfants hérédo- syphilitiques; les asiles Welander. L'auteur fail con- naître les résultats obtenus dans les paysScandinaves, dans les hôpitaux créés par le D' Welander pour le traitement des enfants hérédosyphilitiques. Ces enfants y sont reçus dès leur plus jeune âge, et y reçoivent le traitement spécifique nécessaire; celui-ci est poursuivi méthodiquement pendant un temps assez long, en moyenne 3 ans, pour arriver à l’atténualion ou à l’an- nihilation des conséquences funestes de la syphilis. A l’époque de la diffusion de la syphilis que nous traver- sons depuis la guerre, les résultats obtenus dans de tels asiles doivent être vulgarisés autant que possible, parce qu'ils peuvent conduire à pallier de la façon la plus eflicace l'influence néfaste de l'infection hérédo-syphili- tique. — M. C. Truche : Préparation et propriétés des sérums antipneumococciques. L'auteur a préparé des sérums antipneumococciques par injections répétées au cheval de pneumocoques très virulents tués par Palcool- éther, L'emploi de ces sérums chez l'homme a donnéles résultats suivants : dans la pneumonie, la défervescence se produit en 24-48 heures; dans la pleurésie, le sérum paraît constituer un bon adjuvant des méthodes chirur- gicales. Seance du 2h Juin 1917 M. V. Balthazard est élu membre dans la Section d'Hygiène publique, Médecine légale et Police médicale, M. R. Wurtz : La variole à Paris et dans la banlieue pendant la guerre (août 1914 à juin 1919). On constate depuis quelque temps, à Paris et dans la banlieue, un certain nombre de cas de variole, provoqués par l’im- portation étrangère et qui vont en augmentant depuis 2 mois. Il y a là un contraste frappant avec l’immunité presque absolue dont a joui l’agglomération parisienne pendant près de 4 ans (1914-1918). Il y a lieu de multi- plier les vaccinations et revaccinations, en particulier chez les femmes et les vieillards. — M° 0. Laurent : Les centenaires en Californie. L'auteur signale le nom- bre relativement important de centenaires existant en Californie. Il attribue ce fait à 3 causes : 1° la pureté de l'air ; 26 la constance et le degré généralement modéré de la température; 30 la fertilité du sol assurant une saine alimentation. — M. P. F. Armand-Delille : Héliothérapie préventive de La tuberculose chez l'enfant. L'école au FAT L'auteur a organisé pour des petits rapatriés dont les mères étaient atteintes de tuberculose ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pulmonaire avérée, ouverte ou fermée, non seulement une école de plein air, mais une véritable école au soleil, suivant le type de celle de Rollier. Celle-ci a fonc- tionné d'avril à octobre 1918 en Savoie et a produit une régénération profonde de l'organisme chez tous les enfants qui l’ont fréquentée. Des résultats analogues ont été obtenus pendant l'hiver à la station de Sylva- belle (Var). SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 21 Juin 1919 M. L. Blaringhem : Polymorphisme et fécondité du Lin d'Autriche. Les fleurs à styles courts sont porlées sur grappes denses offrant- trois fois moins d’avortement que les fleurs à long style, — M, L, Binet : £tude des réponses à l'émotion provoquée. Cette épreuve consiste. en l'étude des modifications des tracés du tremblement, de la respiration et de la circulation, lors de la mise en action d’une sirène ou d’un coup de revolver à blanc. La grandeur de la réaètion est fonction du coeflicient d’émotivité du patient. La nature de la réaction doit être envisagée au niveau des différents appareils, — MM. EL, Launoy et Y. Fujimori : Sur quelques anésthésiques locaux. Les dérivés benzoylés de la série d'amino- | alcools dont la fonction alcoolique est fonction aleool # Lertiaire, sont plus toxiques et plus sensiblement actifs que les dérivés benzoylés correspondants,appartenantà. la série À fonction alcool secondaire, Les dérivés en @, M alcools amyliques, sont les plus toxiques et les plus 4 actifs. — M. N, E. Bardier : /émorragie et adrénaline! La sensibilité du réflexe vasculaire aux doses infinitési- males d’'adrénaline disparaît sous l’influence de l’'hémor- | | à ! k j : ragie, lorsque la pression tombe aux environs de 10 mm. à de mercure, Mais avec une pression basse de 15 à 20 mm. on observe qu'une dose très faible peut produire un M réflexe très net de vaso-constriction. — M. B. G. Duha- *… mel: Fixation au niveau du foie des métaux et métal= 0 loïdes en solutions colloïdales introduits dans l'organisme par la voie veineuse, Le platine, le palladium donnent lieu à la formation d’enclaves dans les cellules de ke Kupffer En revanche, le cuivre, le mercure, le fer, le sélénium, le soufre en solutions colloïdales ne forment” pas de dépôt visible dans les cellules étoilées. Quinze » minutes auprès l'injection intraveineuse de ces diver= ses solutions colloïdates, les deux tiers environ du mé tal ou du métalloïde sont immobilisés dans le foie. — M. Ed. Retterer : Structure et développement des dents composées. La structure et l'histogenèse des molaires du-cobaye (dents composées) sont identiques à celles des dents simples du chien. Si les lames éburni-adamanti- nes se plient et se replient, c’est que la papille dentaire présente, dès le principe, une forme aplatie et plissée. . Les interwalles de ces replis sont comblés par le tissu inter-dento-maxillaire qui produit un cortical vésicu- leux, devenant partiellement cartilagineux. — M. J. Giaja : Emploi des ferments dans les études de physio- logie cellulaire : le globule de levure dépouillé de sa membrane. La levure possède une membrane hydrocar- " bonée très résistante aux agents chimiques; cependant cettè membrane est dissoute par un ou plusieurs fer- ments contenus dans le suc digestif d'Aelix pomatia, La levure dépouillée de membrane conserve, au début, son pouvoir fermentatif envers le sucre; d’autre part, elle continue à respirer, car elleréduit à plusieurs repri- ses une solution d'hémoglobine. à à = Séance du 28 Juin 1919 Va M. M. Léger : Contribution à l'étude biologique du Necator americanus. La transformation à l’air libre des L larves rhabdoïdes en larves. strongyloïdes de Meca- « tor americanus se fait plus rapidement que l'indiquent » les classiques, Cette rapidité d'évolution intervient pour rendre infiniment plus difficile la prophylaxie de la « maladie du ver». — M. ét Mme L. Lapicque : Modiz fication de l'excitabilité musculaire par la fatigue. La uw fatigue augmente la chronaxie du musele sans changer, la rhéohase sensiblement. Quand la chronaxie a doublé, l'excitation indirecte devient ineflicace (curarisation); si l’on continue le travail par excitation directe, la chronaxie continue à augmenter. — MM, Ch. Achard, |“ A. Ribot et L. Binet : Utilisation du glycose dans les maladies aiguës fébriles. Dans la grippe avec forte fièvre la glycémie consécutive à l’ingestion de glycose est plus ? prolongée que chez le sujet normal et rappelle ce qui s'observe dans le diabète, Ce fait confirme l'existence, dans les maladiesaiguës fébriles, d’une insuflisance gly-" colytique, déjà mise en évidènce par la glycosurie con sécutive à l'injection sous-cutanée de 10 gr. de glycose et mieux encore par l'augmentation de l'acide carboni- que exhalé après 20 gr. de glycose. — M. E. Bardier: : Hémorrasie el. adrénaline. L'excitabilité cardio-vaseu- laire du chien vis-à-vis des fortes doses d'aeneier Ë à décroit avec l'importance de la saignée et disparait à » l'agonie. Les doses employées ont été en moyenne de 0,030 mgr. par kilogramme. — Mme A: Drzewina et M. G. Bohn : Les variations de la résistance aux hau- tes températures, chez la grenouille à différents stades. En soumettant à des températures variant de 36° à 4o° - des embryons à l'éclosion, des embryons à branchies et de jeunes têlards de /'ana fusca, on constate une sensibilité croissante ; à quelques jours d'intervalle, il y a une diflérence de 2° à 3°, Les mêmes animaux présentent une sensibilité croissante analogue vis-à-vis du manque d'oxygène et vis-à-vis du cyanure. — M. Ch. Nicolle : Æntretien du virus du typhus exanthématique. Un virus exanthématique prélevé sur un malade le 15 mai 1914 et inoculé à un singe à pu, à partir de cet animal, réaliser 199 passages consécutifs par cobaye, sans se perdre, et a été conservé, Le cobaye est donc bien l'animal d'excellence à utiliser pour la conservation du virus. — MM. J. Nagrotte et L. Guyon : Sur la décroissance et la disparition de la substance conjonctive dans lorganisme., La méthode des grefïes permet d'introduire dans l’expériencé des points de repère précis, grâce auxquels on peut apprécier les moindres modilications quantilalives-de la substance collagène. Placées dans des régions qui ne sont pas appropriées à leur conservation, les greffes vivantes ou mortes des Lissus conjonetifs fondent sans présenter aucun phénomène inflammatoire, par la seule action du milieu intérieur local dans lequel elles ont été intro- ‘ duites. Cette fonte ne se fait pour les greffes mortes qu'après reviviscence du Lissu. MM. Balthazard et Debré sont élus membres titu- laires de la Société. SOCIÈTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du 6 Juin 1919 \ M. D. Hurmuzescu : Champs magnétiques des … aimants permanents. On connaît l'importance de l'em- - ploi des aimants permanents dans la construction » des appareils électriques tels que les galvanomètres de 4 - grande sensibilité et d’autres appareils. Mais la symé- tE trie et la constance de leurs champs magnétiques dépen- - dent de certaines conditions. En étudiant, par la . méthode des spectres magnétiques; les différents aimants . obtenus dans les conditions les plus diverses de travail, de trempe et d'aimantation, on peut déduire un certain nombre de conséquences concernant la meilleure utilisa- tion des dispositions, des formes et des champs magné- tiques des aimants. Par les figures projelées, M. Hur- muzescu montre le manque de symétrie dans la distribution des lignes de forces résultant d'une trempe . non uniforme de l’aimant et d'actions diverses ayant … pour aboutissement une irrégularité dans la distribution - de l’aimantation permanente. Ces défauts peuvent être corrigés, en partie au moins, ainsi que l'expérience le montre, en modifiant convenablement les aimants et . Surtout en y adjoignant des pièces supplémentaires en fer doux et des pièces polaires. — M, A. Zimmern : L'impression radiographique du tube Coolidge. On . admet généralement que la puissance des rayons X émis par l'ampoule varie comme le cube du potentiel et que l'action sur la plaque photographique varie comme le Carré du potentiel. La quantité IV2?/d? a même été * adoptée par certains auteurs comme caractéristique du -noircissement. Elle signifie que, pour une même sensibi- lité de plaque et des conditions de développement iden- - tiques, on obtiendra un même noircissement quelles que soient les valeurs 1, £, V? et d? pourvu que leur produit soit constant. Encherchant à vérilier cette formule I{V=/1? —K avec un tube Coolidge monté sur contact tournant, il a semblé à M. Zimmern qu'elle n’élait exacte qu'entre - certaines limites. Dans un premier cliché, il a élé fait . une série d’impressions successives sur la même plaque de manière à éliminer les inégalités de sensibilité et de - développement. La distance d a été maintenue constante (Go) et l'intensité I au voisinage de la valeur moyenne V | 4 mA, Le potentiel a été mesuré comme d'usage dans les appareils courants au moyen d'un voltimètre aux bornes. du primaire. Enlin le Llemps de pose a élé calculé pour les différentes épreuves de manière à obtenir 1/V2 — const. On constate alors qu'au-dessous de 30.000 volts on n'a, malgré le temps de pose considérable (3mi,50), aucune-impression (absence du rayonnement correspon= dant à la bande d'absorption de l’argent et du brome). Les noiréissements ne deviennent vraiment wniformes que vers 95.000 volts. Dans un second cliché, pour une intensité de l'ordre de 4 mA, on a mtroduit dans la for- mule la distance explosive et l’on a calculé 1 de manière à maintenir constante l'expression I/L2, L étant la dis- lance explosive, Les temps de pose varient alors de 11 minutes {o secondes pour 3° d’étincelle à 0,19 Se- conde pour 19" d'étincelle. Dans ces conditions, les images apparaissent toutes simultanément au dévelop-. pement et les noircissements se rapprochent sensible- ment de l'équivalence. L'expression [{L2—K représente donc le phéngmène d’une manière plus générale, Un troi- sième cliché, dans lequel on a fait varier 1, montre qu'au dessous,de { m A et pour de faibles voltages les résultats ne, sont pas conformes à l'expression IL? const. M. M. de Broglie croit qu'une partie des résultats obte- nus par M.Zimmern peut s'expliquer par le fait que la relation IV?/d? (produit de l'énergie dépensée dans le tube sous forme de rayons cathodiques par le rendement en rayons X proporlionne]l à V, d’où le terme en V?)ne doit S’appliquer rigoureusement qu'à potentiel constant, Avec des ampoules excilées sous tension variable, la! longueur d'étincelle mesure la tension maxima, et les autres procédés, la tension eflicace, La question est encore compliquée par la répartition de l'énergie entre, les longueurs d’onde qui varie avec la tension. Les résul- tats de M. le D' Zimmern gardent néanmoins leur importance, puisqu'ils relient l'effet à obtenir en radio- graphie à des quantités mesurables avec les disposilifs ordinaires, ; SOCIÉTÉ CHIMIQUE DÉ FRANCE Séance du 13 Juin 1919 MM. P. Nicolardot et Baurier, après avoir rfpelé les différentes rhéthodes proposées pour doser l'ammo-" niaque et la pyridine et montré qu’elles étaient inappli- cables pour la détermination de l’'ammoniaque dans les produits de distillation des houilles, lignites, schistes..., indiquent comment ils effectuent ce dosage par l'emploi des hypochlorites ou des hypobromites. dans un rou- vel appareil qu’ils ont imaginé.— M. V. Auger a étudié à nouveau le rouge d'uranium dont Kohlsehütter avait donné en 1901 une formule qui semblait définitive. Il a constaté que les résultats analytiques de Kohlschütter, très voisins de la vérité au point de vue centésimal, étaient entachés d’une erreur fondamentale : le soufre, d’après ce chimiste, serait relié à la molécule complexe sous forme de persulfure -S-SH tandis qu’en réalité il en fait partie sous la forme sulfure a En effet, le rouge d’urane bien pur, traité par un acide dilué, se dissout en donnant une-liqueur claire contenant le sel d'uranyle de l’agide et H?S dissous, tandis que Kohlschütter, opé- rant évidemment avec un produit altéré, obtient, dans * ces condilions, la moitié du soufre à l’état H?S et l’autre moilié sous/forme de soufre précipité, L’addition ména- géed’alcali à une solution de sel d’uranyle donne d’abord naissante à un sel acide de l’anion complexe [U*O!SH}—, de forme (U*O!'SH)HMei, qui, abandonné à lui-même, se détruit plus ou moins rapidement, avec une vitesse décroissante dans l’ordre des métaux alcalins NH',K,Ba, Un excès d’alcali le décompose immédiatement en four- nissant le pyro-uranate U=07Mé?. En faisant passer un courant de H°S dans le complexe en suspension dans l'eau, 20 sont remplacés par 2$ et on forme le sel [U*Ot& S’H}HMe#, orangé avec K, Na, NH, rouge avec Ba. On conçoitque, étant donnée la faiblestabilité du complexe oxygéné, il est à peu près impossible d'obtenir ainsi un nl st > « 460 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES rouge d’urane absolument pur; aussi est-il bien préfé- rable de traiter directement le sel d'uranyle par une solution de sulfure-alcalin en quantité juste suflisante _» pour fournir le sel cherché. Si le sulfure alcalin est pris en proportion moindre, une quantité correspondante de sel d’uranyle reste en solution, el peut ètre enlevée par lavage: inversement, si le sulfure est en excès, le com- plexe sulfuré est souillé d’oxysulfure brun d'uranium qui ne peut plus être enlevé. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 15 Mai 1919 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. W. H. Young : L'aire des surfaces, Plusieurs auteurs connus ont essayé de bâtir üne théorie de l'aire des surfaces. Leurs efforts ont obtenu si peu de succès que même les traités les plus récents définissent l'aire d’une surface gauche au moyen des formules applicables au cas d'une surface de révolution, Dans la présente communication, l’auteur considère la question d'un point de vue entièrement nouveau, La définition donnée est basée sur un concept lui-même nouveau, celui de l'aire d'une courbe oblique fermée. Elle est caractérisée, d'autre part, par l'emploi dé l’idée que la surface est, comme une courbe, une mul- tiplicité ordonnée, l’ordre étant double au lieu d’être simple. La surface est donc supposée définie par des équations de la forme : Taie) y—=Y (u, v) t—t(u, v) et divisée par les courbes : u — const. y —const. La définition de l’aire de la surface est basée sur le fait que la somme des aires des frontières des portions de la surface ainsi obtenues à une limite unique. 20 ScIENCES PuYsIQUEes. — M E. F. Burton: Une nou- velle méthode de pesée des particules colloidales. Quand des particules colioïdales fines sont attirées vers le haut et vers le bas, dans un liquide, pendant des périodes égales, par l'application d’un champ électrique vertical, il se produit lune sédimentation nette des particules. * D'après l’auteur, quoique pour de petites forces, comme Ja pesanteur seule, le mouvement brownien les empêche d'atteindre une vitesse limite, lorsque les particules sont attirées par une force beaucoup plus grande, la force gravitationnelle relativement insignifiante s'ajoute à la force électrique, dans le mouvement vers le bas et s'y soustrait dans le mouvement vers le haut, et agit ainsi en produisant une sédimentation marquée des particules. L'application de la loi de Stokes à cette sédimentalion donne pour le diamètre des particules une valeur qui concorde de très près avec celle qu’on obtient par la méthode de comptage (soit 2,2><10—5 em. el 1,7 10 em,), même en empruntant les données à de vieilles observations. — MM, W. A. Boneët Fe J. Sar- jant : Recherches sur La chimie de la houille! XL. Action de la pyridine sur la substance du charbon. Les auteurs ont repris l'étude expérimentale de la prétendue action dissolvante de la pyridine et de ses homologues sur la substance du charbon. Ils montrent que la présence de l'oxygène a une action retardatrice importante sur le procédé d'extraction et que, pour oblenir des résultats concordants, il est nécessaire non seulement d'employer un solvant anhydre, mais aussi d’exelure l'oxygène. Les auteurs décrivent l'application de cette méthode à deux charbons bitumineux isomérestiypiques.Pour ceux- ci, la limite d'extraction dépasse considérablement la quantité de matières volatiles obtenues par carbonisa- tion à go, A plus haute pression, cette limite est encore dépassée, et lorsque l'extraction a lieu en tubes scellés entre 1302 el 150° près des deux tiers de la sub- stancé du charbon sont rendus solubles. Dans l'ensem- ble, les résultats indiquent que ni la pyridine seule, ni même la pyridine additionnée de chloroforme, ne sont capables d'extraire à l'état pur les constituants résini- ques de la houille, et qu’en plus de l’action dissolvante que la pyridine peut avoir sur Ces constituants elle attaque lentement et résout en agrégats moléculaires plus simples la structure complexe de la substance char- bon, pour laquelle elle a une affinité marquée. Seance du 22 Mai 1919 SCIENCES NATURELLES. — M. WW. J. Sollas : La structure du Lysorophus, telle quelle se montre par les coupes en série, Comme la position précise du Zysoro- plius, éonsidéré par Broom comme le vertébré fossile le plus intéressant découvert depuis plusieurs années, reste toujours discutée, quelques nodules contenant des restes ont été mis entre les mains de l'auteur, pour l'examen par des coupes en série. Ce travail est main- tenant terminé, et l’auteur expose tous les faits de l’ana- tomie du crâne et des vertèbres, et les principaux trails de la ceinture scapulaire et des pattes antérieures, avec une grande précision et richesse de détails. Il est main- tenant hors de doute quele Lysorophus appartient à un groupe ancestral d'Amphibiens en relation étroite avec les Urodèles. Parmi les caractères primitifs frappants qu'il conserve, on peut mentionner la présence d’uñ os basi-occipital et supra-occipital, avec un foramen dans le premier pour le 12° nerf, et probablement la présence d’un large proatlas accouplé. ACADÉMIE DES SCIENCES DE BELGIQUE Séance du 5 Avril 1919 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. À. Demoulin : Sur la transformation de Moutard et quelques-unes de ses applications géométriques. — M. M. Stuyvaert : Sys- tèmes triplement infinis de coniques dans un plan, Pro- blème d’algèbre relatif à l’invariantologie de quatre coniques d’un même plan. 20SCIENCES PHYSIQUES. — M. Th. de Donder : La gravifique.N. — M.J.E.Verschaffelt : L'existence d'une déviation, constante dans la réfraction par un prisme biréfringent. Preuve analytique de l'existence d’une pareille déviation. — M. A. de Hemptinne : La loi de Faraday et l’action de l'effluve électrique sur les oxydes métalliques. Certains oxydes métalliques, l’oxyde de plomb par exemple, se laissent réduire régulièrément par l'eflluve électrique en présence d’une atmosphère d'hydrogène ou d'oxyde de carbone. 7 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A.Gravis: Connexions anatomiques de la tige et de la racine (note prélimi- naire). Exposé des résultats généraux fournis par l'étude des rapports entre la structure de la tige et celle de la racine, L’auteur considère que ce qui a été appelé le passage de la racine à la tige est une illusion. — MM. E. Gley et A. Quinquaud: /emarques sur les relations admises entre lès fonctions des nerfs splanchniques et la sécrélion surrénale d'adrénaline. Les nouvelles recher- ches des auteurs infirment la‘“donnée fondamentale de leur’ mémoire de 1914. Il n'y a pas d'adrénalinémie physiologique, J. E. V. Le Gérant : Octave Doux. —aaaa—_—@p—p———— TT TTL Sens. — Imp. Levé, 1, rue de la Bertauche. EP EE bas CNT ‘Aer 17 N'° 15-16 15-30 AOÛT 1919 Revue générale DNciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER Dingcreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P, LANGLOIS, &, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande, - $ 1. — Nécrologie Lord Rayleigh.— La Science britannique vient de perdre un de ses plus illustres représentants : Lord Rayleigh est décédé le 30 juin dernier à l'âge de 77 ans. John William Strutt, troisième baron Rayleigh, avait fait ses études au Trinity College de Cambridge, dont il devint « fellow » en 1866. A trois reprises dans sa vie, il remplit des fonctions universitairés : d’abord à Cambridge, de 1839 à 1884, comme professeur de Phy- sique expérimentale, dans la chaire Cavendish où il succéda à Maxwell pour céder lui-même la place à Sir J.J. Thomson; puis à Londres, de 1887 à 1905, comme professeur à l’Institution Royale, poste qui lui laissait beaucoup plus de loisirs pour la recherche. De 1908 à sa mort, enfin, il exerça l'oflice de chancelier de l’Uni- versité de Cambridge. Mais c’est dans sa propriété de Terling Place (Essex), où il avait fait construire un laboratoire, qu'il a exécuté la plupart des travaux qui l'ont fait connaitre. De son vivant même, ses travaux ont été réunis en volumes, sous le titre de: Scientific Papers ; cinq tomes ont déjà paru, contenant par ordre chronologique 369 mémoires allant jusqu'à l’année 1910. Les titres sous lesquels ils sont classés dans les tables des matières suflisent à montrer que les recherchés de l’au- teur ont embrassé presque tout le champ de la Phy- sique. Mais l’angle sous lequel il les a abordées a été souvent le même : qu'il s'agisse des phénomènes des barreaux, des plaques et des membranes vibrantes, du mouvement des fluides et des gaz, du son, de la lumière ou de l'électricité, c’est la théorie des mouvements vibra- toires qui lui sert de clef pour résoudre les problèmes quise posent, et malgré sa diversité son œuvre acquiert par là une certaine unité. Lord Rayleigh a toujours marqué une certaine préfé- rence pour les questions d’Acoustique et d'Optique, Dans le premier de ces domaines, outre ses mémoires originaux, il laisse un traité en 2 volumes : Theory of Sound, qui a eu deux éditions, en 1897 et 1894. Il y a repris les vues d'Helmhéltz, en les complétant et en les perfectionnant, surtout en ce qui concerne les phéno- REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE mènes de résonance, Au moyen de son audiphone, il a déterminé la raréfaction et la condensation minima d'une onde aérienne capable d’impressionner l'oreille, ainsi que l’amplitude minimum de déplacement des sons perceptibles, On lui doit aussi des travaux sur la perception de la direction du son et celle des signaux dans le brouillard. En Optique, à côté de mémoires sur la nature de la lumière blanche, lasréflexion par les surfaces, l’aberra- tion dans un milieu dispersif, les réseaux de diffraction, le pouvoir résolvant des instruments d'optique, ete., son nom est surtout attaché au problème de la lumière bleue du ciel, Dès 1871, il avait montré que la lumière diffusée par de petites particules est d'autant plus intense qué les longueurs d'onde sont plus coyrtes, et que la lumière bleue est plus diffusée que la lumière rouge, et il avait suggéré que le ciel paraît bleu parce que les plus fines particules de poussières de l’atmo- sphère supérieure diffusent surtout de la lumière bleue. Il devait revenir à son fils, M. R. J. Strutt, de faire voir récemment que les molécules d'air elles-mêmes peuvent agir comme particules diffusantes. ù La radiation etl’énergie radianteont égalementretenu l'attention de Lord Rayleigh, qui est l’auteur d’une des trois principales formules donnant la relation entre l'énergie et la longueur d'onde dans le spectre continu. Comme membre du Comité des étalons électriques de l’Association britannique, il fut amené à s'occuper de la détermination exacte des unités électriques, En 1881, il mesura, avec A. Schuster, la valeur absolue de l’ohm, etil établit plus tard, avec Mme Sidgwick, l'équi- valent électrochimique de l’argent et la force électromo- trice absolue de la pile-étalon de Clark, Ces travaux de précision lui fournirent l’occasion de publier de nom- breuses remarques sur les appareils et méthodes de mesuresélectriques, leursensibilité, leurs imperfections. En Electricité, on lui doit d’autre part des contributions d’un caractère plutôt mathématique sur des sujets tels que : la théorie du potentiel, la capacité des sphères et des cylindres, les vibrations électriques des barreaux minces, la propagation des ondes hertziennes, En Hydrodynamique, Lord Rayleigh a fait progresser 1 462 CHRONIQUE ET C \ ORRESPONDANCE l'étude de nombreuses questions, comme la théorie de la formation et de la stabilité des jets, celle de la stabilité du mouvement dans les fluides visqueux, les phéno- mènes capillaires, les tourbillons, les ondes de marée, la théorie de la résistance rencontrée par un plan se mouvant à travers un liquide, d’où il a tiré des appli- cations importantes à la théorie du vol, Des recherches sur la théorie dynamique des gaz le conduisirent à la mesure exacte de la densité de cer- tains d'entre eux. En 1892, il fut frappé par la difré- rence existant entre les densités de l'azote retiré de l'air, d'une part, et des composés chimiques de cet élé- ment, d'autre part, le premier étant toujours plus lourd, En 1894, il attribuait cet écart à la présence, dans l'azote retiré de l'air, d’un gaz plus lourd et encore inconnu, opinion qui rencontra d’abord un scepticisme assez général. Les essais d'isolement de ce gaz l'ayant mis en relation avec Ramsay, les deux savants parvin- rent en 1896 à la découverte de l’argon, dont l’air ren- ferme environ 0,5 0/,, et qui appartient à une famille nouvelle d'éléments chimiques dont Ramsay devait plus tard retirer de l’air tous les autres membres, Quelle que soit la part importante qui revienne au chimiste dans l'isolement de l’argon, c'est Rayleigh qui fut l’initiateur de la découverte, et il y arriva non par des méthodes nouvelles ou perfectionnées, mais par l'emploi d’un instrument ancien et bien connu: la balance. Un trait remarquable des recherches expérimentales de Lord Rayleigh, — que relève Sir J. J, Thomson au cours de la notice qu'il lui a consacrée dans Mature, — c’est la simplicité des appareils avec lesquels il a obtenu ses principaux résultats. On a dit de lui qu'il n'avait eu besoin, pour ses investigations, que de quelques mor- ceaux de tube de verre et de cire à cacheter, et, en fait, tous les physiciens qui ont visité le laboratoire de Ter- ling ont été étonnés de la simplicité de ses installa- tions, Cet exemple montre une fois de plus que, si cerltainés recherches dé Physique nécessitent des appa- reils puissants ou compliqués, bien des problèmes peu- vent encore être abordés avec fruit par des moyens beaucoup plus modestes. L'importance de l’œuvre de Lord Rayleigh, l’exacti- tude de ses déterminations expérimentales, son sens critique très averti, la sûreté et l’impartialité de son jugement lui avaient acquis dans le monde savant une autorité incontestée, Le Gouvernement britannique sol- licita à plusieurs reprises ses avis sur des questions scientifiques. Depuis 1896, il était conseiller scientifique de Trinity House; il était depuis 1909 président du _ Comité consultatif de l’Aéronautique, et pendant la guerre il fut l’un des premiers membres du Conseil consultatif du Département de la Recherche scientifique et industrielle, IL avait pris une part importante à la fondation du Laboratoire national de Physique, et jus- qu'à la veille de sa mort il fut le président du Comité éxécutif chargé par la Société Royale de la direction et du contrôle de ce grand établissement. Les honneurs lui vinrent nombreux : élu en 1873 membre de la Société Royale de Londres, il en devint le secrétaire de 1887 à 18y6 et le président de 1905 à 1908; ses collègues lui témoignèrent d'autre part leur haute estime par l'attribution des Médailles Copley, Royale et Rumford. IL était associé étranger de l’Institut de France et oflicier de la Légion d'honneur, et de nom- breuses sociélés scientiliques, britanniques et étran- gères, avaient tenu à le compter au nombre de leurs membres, En 1904, il avait reçu le Prix Nobel de Phy- sique, Bien que proche parent de deux premiers ministres britanniques, Lord Salisbury et M. Balfour, Lord Rayleigh n’a pas pris part à la vie politique. Il s’est par contre intéressé à l'exploitation de son grand domaine et à la situation de ses fermiers, avec lesquels il a réalisé un système d’associalion en co-propriété, les « Laiteries de Lord Rayleigh », bien connu en Angle- terre. Lord Rayleigh laisse deux fils, dont l’ainé, l'Hon. R. J. Strutt, qui hérite de son titre, marche sur les traces de son pèré: il est professeur de Physique au Collège impérial des Sciences de South Kensington et. s'est déjà fait connaître par d’intéressantes recherchés. L. B. $2. — Physique , Recherches sur le recuit des verres d’op- dique. — A la température ordinaire, le vetre est dur, rigide et élastique; mais, quand on lé chauffe, il se ramollit graduellement et se transforme sans dis- continuilé en un liquide visqueux, puis mobile, Pen- dant le, refroidissement, le phénomène inverse a lieu et la solidification s'étend sur un assez long intervalle de température. C'est la raison principale pour laquelle les objets en verre refroidis acquièrent une tension interne. Le verre d'optique doit être exempt de ces tensions, d’abord parce que, si elles sont trop fortes, le verre peut se briser par manipulation ou chauffage, ensuite parce que la surface d’une lentille ou d’un prisme mal recuit peut se déformer graduellernent. On fait disparaître ces Lensions par un recuit approprié. Pour effectuer le recuit d’une façon rationnelle, une connaissance précise des diverses propriétés du verre dans l'intervalle de température utilisé est absolument nécessaire, La viscosité surtout joue ici un rôle impor- tant : sa grandeur et sa variatidn avec la température permettentseules de calculer le temps pris par les ten- sions pour serelächer de leur valeur initiale dans un rapport déterminé et de fixer le meilleur mode de re- froidissement. MM. À, O. Tool et J. Valasek se sont livrés à ce su- jet à une série de recherches, qu’ils ontrécemment com- muniquées à la Société philosophique de Washing- ton. Ils désignent sous le nom de température de recuit la température constante el uniforme à laquelle le verre doit être maintenu pour que les tensions inter- nès disparaissent. Cette température est déterminée par une étude du relächement des tensions dans un échantillon de verre à diverses températures. Déux genres de méthodes ont été employés dans ce but: les unes reposent sur la détermination du taux de di- minution des forces internes au moyen de la double réfraction de l'échantillon, les autres sur la mesure du taux de déformation d'une pièce de verre convenable soumise à des forces appliquées extérieurement. Une des méthodes du premier groupe consiste à chauffer un cylindre de verre à bouts polis à une vi- tesse constante entre des nicols croisés et à noter la température à laquelle la double réfraction commence à diminuer sensiblement et aussi celle où elle dispa- rait rapidement. On a trouvé expérimentalement que la température inférieure donne de bons résultats comme température de recuit, et que le verre peut être maintenu à la température supérieure pendant un temps raisonnable sans déformation sensible. Lex temps de relâchement » des éfforts internes de Maxwell dans le verre non recuit est déterminé à diverses tempéra= tures par la mesure des constantes de la polarisation elliptique au moyen d'un analyseur elliptique de Stokes modifié. Dans les méthodes du second groupe, on détermine l'extension et la flexion de lames de verre soumises à une charge, Les résultats obtenus montrent que le temps de re- lächement ne dépend pas seulement de la température et de la nature du verre, mais aussi de l'intensité des tensions, les plus fortes se relächant plus rapidement, L'élongation et la flexion donnent pratiquement Îles mêmes résultats, mais la méthode optique fournit des valeurs beaucoup plus grändes, l'écart variant avec la nature du verre. Pour des tensions fortes et égales, l'accord est meilleur. La loi exponentielle empirique formulée par Twy- man, pour la variation du temps de relächement en fonction de la températuré se vérifie pour de petits CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 463 intervalles de température. La constante du terme expo- nentiel semble augmenter avec la température et varie considérablement avec le verre. La méthode de re- froidissement la plus eflicace parait êlre celle quiobéit à la même loi exponentielle, Les auteurs ont observé, d'autre part, un phénomène qui peut acquérir une grande importance dans le re- euit ou d’autres parties du travail du verre : c'est une transformation apparemment endothermique, qu'on 4 décèle en prenant des courbes de chauffage avec un | couple thermique différentiel. M. C. G. Peters a montré que cet effet s'accompagne d'une augmentation marquée du coellicient de dilata- tion thermique, Il parait indiqué d'opérer le recuit . au-dessous de la région où se produit cet-efret. IL se - montre, en général, immédiatement après le point où la double réfraction commence à diminuer sensible- ment. On l'a trouvé dans tous les verres d'optique » étudiés. ; | On peut donner l'explication suivante de ce phéno- | mène : le chauffage rapide trouble l'équilibre entre les | 4 ] composants qui existent dans-le verre; mais celui-ci, étant donnée la diminution rapide de la viscosité, tend à se rétablir avec une rapidité correspondante, en pro- voquant les effets thermiques observés. Sensibilité photoélectriquè et propriétés rectifiantes de Ia molybdénite. — Certains cristaux, comme la molybdénile, présentent la cu- rieuse propriété d'exister sous diverses variétés dont quelques-unes ont des propriétés photoélectriques, quelques autres des propriétés rectiliantes si on consti- ? tue avec ellesun détecteur à cristaux.Il était intéressant de rechercher s’il existe un lien quelconque entre ces deux propriétés et si les cristaux sensibles à la lumière sont ceux qui peuvent former un bon détecteur. C'est ce qu'ont fait W. W.Coblentzet Louise S. Me Dowell{. Au cours de recherches sur la Sensibilité photoélec- trique de la molyhbdénite, on avait constaté” que les échantillons sensibles au point de vue photoélec- trique ont une résistivité électrique 100 à 10.000 fois plus forte que les échantillons non sensibles à la lumière, En outre, la conductivité des échantil- lons non sensibles est indépendante de la direc- tion dans laquelle passe le courant, tandis que les cristaux à propriétés photoélectriques ont une conducti- _ vité beaucoup plus forte pour une certaine direction | du courant dans le cristal que pour la direction oppo- sée, la différence atteignant 10 à 30 °/, suivant les cris- taux. Le courant photoëlectrique augmente donc si dans le circuit d’une batterie de 4 v.oninsère le cristal suivant la direction qui donne la conductivité maxima. Pour rechercher s'il existe une relation entre la sensi- bilité photoélectrique et l'action rectifiante exercée quand on dispose le cristal dans un circuit oscillant de haute fréquence, les auteurs ont choisi des cristaux : (0 >X<4 > schaft Amelie et d'autres associa- tions qui firentexé- cutér à partir de 1906 120 nouveaux sondages, d’une . profondeur quel- quefois supérieure à 1.000 mètres, d'après lesquels on délimita le gise- ment. La superficie to- tale dès lors recon- nue était d’au moins 20.000 hec- tares; ses bornes actuelles sont ja- Munster o S lonnées par les SES So Massevaux communes de Cer- | naÿ, Berrwiller, PORTES Isenheim, Merx- : héim, Meienheim, D — Fiouve rivière — » Obévenzèn Butten. Shan Bb Yi : { e : + héim, Sausheim, : 6 ® Puits de mine Mulhouse, Heims- | *° brunn et Schweig- hausen; des re- 4 és Forêt ; cherches ultérieu- . rés, Couronnées de succès, notamment à Buggingen, por- tent à croire qu'il _ s'étend à l'est, dans 3 lé grand duché de 4 à Le $ : à + * Bade; par contre, les insuccès des forages effec- ne tués à Reppe, Chavannes, Suarce, Phare etc., Ê ne laissent guère d'espoir de le voir se OUR - ger dans la direction de Belfort, vers l’ouest. Il _ est vrai de dire que les Lrbtes exactes de la zone exploitable sont encore mal déterminées 3 en quelques points, surtout vers le nord. _… Legisément ne forme pas un banc horizontal él uniforme dans toute son étendue; les, forages 4 le rencontrent à des profondeurs différentes, et 4 È . en traversent des épaisseurs inégales ; la carte Le ils ont PEUR de tracer témoigne de relëe- Lautenbach SN cahier À © Soultz "à F RSdéeshS ‘Sch feighauset + +8++$ ; | Reifingen ++ + ++++ à élimites du champ concède 2 vers Belfort suit parfois avec peine. En moyenne le banc de Selgemme mesure près de 250 mètres d'épais- seu; la potasse ÿ forme deux couches nettement | vers Strasbourg LOL MANS 4 | | Roufach c ao (La s/#+ 1 Sfr + SF % ; + 9 Meienheim hegishéim x + + x° + + n + 2 AKiPER Fig. 1. — Carte du champ de potasse d'Alsace. séparées, l’une de 1 m. 16, à 130 mètres en pro- fondeur, l’autre de 4 m.15, une vingtaine de mètres plus bas. La seconde couche, puissante, est un peu moins riche en KCI que l’autre, mais elle rachète cette légère infériorité par son volume plus grand, et c’est elle qu’on exploite surtout ; elle circonscrit du reste entiè- rement la couche supérieure. Les deux cou- ches s’amincissent surles bordset affectent donc la forme d'une lentille. Chaque coùche est composée de bandes rou- ges et grises, séparées par des entrefilets de la plus seur CHAMP DE POTASSE D'ALSACE 480 Aimé WITZ. — LE schiste argileux et d’anhydrite CaSO! : l'analyse chimique y trouve de la sylvine KCI, mélangée au chlorure de sodium NaCl ; la teneur en KCI varie de 10 à S0°/,, mais elle descend rarement au-dessous de 20 et ne dépasse qu'exceptionnel- lement 65'. La couleur rouge, due à de l’oxyde de fer, correspond aux plus hautes teneurs, tan- dis que le sel de sodium prédomine dans les parties grises. En réalité, le champ alsacien est un champ de sylpinite, mêlée d’un peu de car- nallite KCI, MgCl, 6 H?0, de kaïnite MgSO!, KCI, 3 H2?0 et de kiésérite, MgS0*, H?0; ses pro- duits sont très supérieurs à ceux des célèbres mines de Stassfurt, moins riches en KCI, plus chargées de carnallite et de kiésérite ; or, la ma- gnésie constitue pourlessels destinés à l’industrie chimique et à l’agriculture un élément de dé- préciation notable, qui mettait les produits de l'Allemagne septentrionale dans une indiscuta- ble condition d’infériorité, et provoqua les me- sures de jalouse restriction que nous aurons à relater plus loin. II. — Ervune cÉoLoGIQUuE Le gisement de potasse que l’on venait de conquérir n’avait été ni indiqué ni même prévu parles géologues ; toutefois, devant le fait acquis, leurs yeux se dessillèrent, et M. de Launay trouva un lien tectonique entre Mulhouse et Pechelbronn, dont les couches exploitées appar- tiennent à des formations oligocènes du même âge. On pourrait faire remarquer de plus que les forages de la Haute-Alsace ont traversé des zones bitumineuses, à diverses profondeurs, et que réciproquement les eaux salées, dont le pétrole de Pechelbronn est émulsionné, renfer- ment par litre 0,664gr. de chlorure de potassium pour 7,961 gr. de chlorure de sodium. Mais ces coïncidences n’ont pas convaincu M. le profes- van Wervecke, qui n’encourage pas les recherches de sylvinite dans la Basse-Alsace, en région pétrolifère?. A dire vrai, on trouve du sel gemme dans les terrains sédimentaires de la plupart des étages géologiques, d’abord dans les roches cristalli- nes primitives, puis dans le Permieu, le Keuper du Trias, le Jurassique et le Crétacé, ensuite dans le Tertiaire (Eocène, Oligocène, Miocène et Pliocène), jusqu'au Quaternaireet aux alluvions. La formation d’un banc de sel est dès lors le résultat d’un accident, qui a pu se produire à 1. Le sel gemme est aussi coupé pur des bandes bleues, dans lesquelles on croit reconnaître la sodulite, silicate d'alumine et de soude, associé au chlorure de sodium. 2. Die Tektonik des Sundgaues, ihre Beziehung zu den Kalisalzvorkommen im Oberelsass und in Baden, Strasbourg, 1913. toutes les époques ; il s'y trouve généralement une minime quantité de sels potassiques ; l’éxis- tence d’une proportion notable est rare et se rapporte à une nouvelle phase de l’accident. Cette manière d'envisager les faits est d'ac- cord avec les idées que nous nous formons au- jourd’hui sur l’origine des gisements salifères. Voici comment nous nous expliquons leschoses, Les dépôts salins sont le produit de la côncen- tration progressive de l'eau résultant de l’évapo- ration du dissolvant dans une mer intérieure, ou dans des lacs salés, ou gncore dans des gol- fes séparés momentanément des hautes eaux par une barre ou un seuil. Au début de la con- centration des eaux, ce sont les sels les moins solubles qui se déposent les premiers, le carbo- nate de chaux, le carbonate de magnésie et le sulfate de chaux; puis vient le chlorure de s0- dium, dont la masse est prédominante, et qui forme un sédiment de grande épaisseur. Celui- ci se trouve alors surmonté d’une couche liquide d’eaux-mères, saturées, dans lesquelles se sont * accumulés les éléments plus solubles, chlorure de magnésium et chlorure de potassium; une température élevée et des vents secs interve- nant pour continuer l’évaporation, ces sels se déposent à leur tour, jusqu’à assèchement com- plet; des apports d’alluvions peuvent les recou- vrir alors et les protéger contre toute redissolu- tion subséquente. Mais il est rare que cette couche protectrice couvre efficacement de son manteau les dépôts antérieurement formés. Le plus souvent. il se produira un retour des eauxde la mer, qui reprendrontetentraineront dans leur flot les chlorures solubles supérieurs, auquel cas le banc ne présentera qu'une faible teneur en potassium ou n’en renfermera même quelqie fois pas du tout. Les phénomènes que nous venons de décrire se produisent actuellement sous nos yeux dans le golfe de Kara-Boghaz, situé sur la rive asia- tique de la mer PRE celui-ci est relié à la mer par un chenal de quelques hectomètres de largeur sur 5 kilomètres de longueur,très peu profond; de petites baies bordent le golfe et quelques-unes forment des lagunes, séparées de la mer pay des barrages plus ou moins étanches, * derrière lesquels il se produit un desséchement complet, qui ne tarde pas à être recouvert de sable, et donne naissance à un banc dont le som- met est riche en potasse. Le golfe lui-même, fréquemment balayé parles eaux dela mer, cons- titue un vulgaire marais salant, où l'on récolte annuellement des milliers de tonnes de sel. Une objection spécieuse a été faite autrefois à cette théorie de la formation des dépôts de Aimé WITZ. — LE CHAMP DE POTASSE D'’ALSACE 481 sel : étant donné que l’eau de mer ne renferme que 25 grammes de NaCI par décimètre cube, il eût fallu une mer d’une profondeur inadmis- _sible pour donner naissance aux bancs de grande épaisseur qu’on rencontre en certaines régions !. L'argument ne tient pas, puisque l'on admet des alternatives d’évaporation et de retour d’eaux nouvelles, pouvant se succéder durant une longue période et superposant les sédiments. L'hypothèse de la concentration s'applique sans difliculté à la création du gisement alsa- cien, dont nous pouvons dès lors retracer la ge- nèse de la manière qui suit. Un bassin s'était formé dans une dépression comprise entre le Jura, les Vosges et la Forêt Noire, au milieu des temps tertiaires, lors de l'époque oligocène; une dépression produite dans sa ceinture du nord, du côté de Phalsbourg, livra passage à un flot venu de la vaste mer qui couvrait alors la Belgique etune partie de la France; le chenal était étroit et peu profond ; l'évaporation donna lieu aux cristallisations fractionnées habituel- les. Mais elles ont été interrompues plusieurs fois par des invasions d'eaux salées, suivies d'un afflux d’eau douce, venu par un seuil du sud, qui ont abandonné les dépôts caractéristiques des couches rencontrées dans les différents fo- rages. On y a trouvé alternativement des pro- duits d’eau salée et d’eau douce, des poissons (Meletta, Amphysile, etc.), des crustacés et des mollusques (Limnées et Foraminifères), des végétaux (graines de Carats, Callitris, Cinnamo- mum, Graminophyllum, etc.). Les retours alter- nants du flotont été produits par des mouve- ments du sol : à un moment donné, tout le système a été soulevé du côté des Vosges et de la Forèt Noire, puis ils’est produit desaffaissements dont on découvre la preuve indéniable dans la succession des marnes schisteuses, gypseuses, dolomitiques et autres, recoupées à diverses pro- fondeurs, séparant les bancs de sels sodiques, deux fois surmontés d’un dépôt potassique. C’est ainsi que l'on peut s'expliquer la formation, dans un profond bassin, d'une couche puis- santé de sel; le Tertiaire repose ici sur le Lias, voire même sur les roches primitives, sans in- terposition de Carbonifère; en effet un sondage, poussé à 1.129 mètres de profondeur, n’a pas at- teint le mur du banc. La théorie générale que j'ai exposée plus haut explique la genèse des gisements salins à tous 1. Pour déposer une couche de 15 millimètres d'épaisseur, il faudrait environ 1 mètre d’eau; donc, pour un banc de 300 mètres (on en connait de 1.200 mètres), il eût fallu une profondeur de 20,000 mètres, double des plus grandes pro- fondeurs océaniques actuelles. les âges du monde et la rareté des dépôts potas- siques. En Europe, on ne connaissait guëre que les potasses de Stassfurt (entre Magdebourg, Halle, Cassel et Hanovre) et celles de Kalusz en Galicie; la découverte du champ de Cernay provoqua des recherches de tous côtés : elles semblent avoir été couronnées de quelque suc- cès dans la province de Lerida, à une soixantaine de kilomètres de Barcelone, dans le voisinage des célèbres mines de sel de Cardona. En Amé- rique, on a aussi découvert de la sylvinite en Californie, à Searles Lake, mais il semble que son importance ait été exagérée,' car il ne s'agit en l’espèce que d'un gîte de NaCl imprégné d’une saumure de KCI. Enfin on vient de rapporter d’Abyssinie des échantillons d’une sylvinite, qui a éveillé l’attention de financiers italiens ; ceux- ci se sont empressés de solliciter des conces- sions, et ils ont commencé d’évaporer les eaux de sources thermales riches en KCI. On n'est pas encore suffisamment fixé sur la valeur de ces divers gites; quoi qu'il en soit, on est fondé à croire que les bancs de sylvinite sont rares, surtout ceux qui renferment un mi- nimum de sels de magnésium, et que par suite les produits alsaciens resteront classés parmi les plus riches et les plus faciles à exploiter. IT. — ExpLoirarTion Le gite de sylvinite, découvert en 1904, était ‘ donc tombé entre les mains d'un consortium allemand, recruté dans les milieux familiarisés déjà par l’expérience acquise à Stassfurt : il ne laissa pas sommeiller l’affaire, et dès 1907 la Gewerkschaft Amelie concluait un contrat avecla Deutsche-Schachtbaugesellschaft qui s'engageait à creuser un puits dans un délai de 27 mois;il ne fut pas atteint, car l'opération rencontra peu de difficultés. Une extraction régulière commença dans le courant de l'année 1910, et l’on procéda aussitôt au forage d’unsecond puits, dénommé Amélie II. La première société passa alors la main aux Deut- sche Kaliwerke,de Bernterode, qui fusionnèrent les exploitations du sud-ouest du bassin, s'éten- dant sur 14.000 hectares environ, et y engagè- rent une quarantaine de millions; entre temps d’autres groupements se formèrent. À la veille de la guerre, 18 puits étaient creusés dans 9 ex- ploitations partagées entre 4 groupes, dont 3 al- lemands : Kaliwerke, Wintershall et Ræœchling, et un franco-alsacien. Ce dernier avait été cons- titué par M. Vogt, avec le concours de M. L, Mer- cier, l’'éminent directeur des mines de Béthune, sous le nom de Mines de Kali Sainte-Thérèse: il s’assura les concessions du nordet du nord- 482 est, vers Regisheim et Meienheim, couvrant 6.000 hectares sur les 20.000 du gisement tôtal reconnu, soit le tiers de sa surface. Le capital de cette Société, fixé d'abord à 5.600.000 marks, fut porté ensuite à 8 millions et l’on émit en outre pour 2.400.000 marks d’obli- _gations. Le siège social se trouvait à Mulhouse; le conseil d'administration se composait d’in- dustriels et de financiers de l'Alsace, de la Lor- raine et du nord de la France, MM. Vogt, Mer- cier, Schlumbérger, Buffet, Bailly, Plichon et Léon Thiriez, auxquels M. Charles Baudry-Vogt. fut adjoint en qualité de secrétaire. Ces mes- sieurs ont été évincés par les Allemands, quel- que temps après la déclaration de la guerre, et supplantés par des hommes venus de Berlin, qui ont évidemment été renvoyés à leur tour pour céder de nouvéau la place à nos compatriotes, ainsi que cela devait être, attendu que les fonds avaient été recueillis surtout à Mulhouse, Nancy et Lille. Nous avonslinsisté sur ces divers faits pour montrer ce que peut l'initiative française; il s'agit de frapper aux portes qu'il faut et de s'adresser aux hommes qu’il faut, et l’on est assuré de trouver des répondants. , Au cours de la guerre, il existait 12 socié- tés d'exploitation (Gewerkschaften), possédant 15 puits déjà en service ou près de l'être : le tableau [ donne les noms des puits, leur posi- tion, leur profondeur! et la nationalité des capi- taux investis dans chaque société. On avait fait école en fonçant le premier puits, Amélie I; on traversa des sables glaiseux et du gravier, des argiles grises plus où moins dures, mêlées de sel et d’anhydrite (CaSO!), {. Nous donnons la profondeur des puits en exploitation et non pas du forage de sondage. ï | PUITS | POSITION Amélie | Sud de Wittelshelin 4... Max | près de la gare de Richwiller..,,.... Drehelens fe Ouést de Wittenheim...,............. DAxe .… | entre Pulversheim et Staffelfelden.. .. Märie-Louise { Joseph } contre lé chemin de fer à égale distance Else de Lutterbach et Gernay,.,..,,.:. Æheodor entre Pulversheim et Rulisheïm,,......, ) Prinz Eugen Rudolf | Alex Ensisheim | Regisheim —————_——————————————————————————————— — — entre Pulversheim et Bollwiller.,,,,,,., à l’ouest et contre Ensisheim.,,,.,.,.., Aimé WITZ. — LE CHAMP DE POTASSE D'ALSACE puis des alternances de sel et de schiste, en employant des appareils à percussion et à rotaz üon ; des précautions spéciales s’imposaient dans les terrains aquifères, particulièrement dange= reux pour un gisement de potasse, et l’on recou- rut au procédé Poetsch, par congélation! jusqu’à 75 mètres de profondeur. Dans la suite, et notamment aux puits Max, Rudolf et Alex, situés dans la région Sud et Sud-Ouest du champ, on employa le procédé moins onéreux par trousse coupante et tour descendante en maçonnerie; mais on est revenu à la congélation dans les concessions Sainte-Thérèse, sises au nord. On peut dire qu’en général les fonçages présentent peu de difficultés. Les puits ont 5 m. 50 de diamètre; leur revête- ment est en fonte où en maçonnerie; pour com= bler le vide entre le cuvelage et la paroi du terrain, on ÿ coule un lait de ciment à 1 pour 7. Les puits comprennent d'ordinaire un compar- timent d'extraction, un autre aux échellés et un boyau d’aérage. Les cages sont guidées par les petits côtés dans un guidage en pitch-pin ; on les construit à deux étages, avec deux berlines bout à bout. Elles sont suspendues à un câble sans fin, lequel passe sur les molettes et descend au tam- bour de la machine; pour que les deux cages se fassent équilibre à toute profondeur, elles sont reliées par un câblé pendant librement dans le puits. Le poids de ce câble équilibreur augmente l’adhérence sur la molette de la machine, qui est une simple poulie, à jante garnie dé bois. Les machines d'extraction sont alimentées de courant continu, avec une batterie-tampon; le système adopté est celui de Ward-Léonard, dans lequel l'induit reste constamment couplé en série TABLEAU I. — Puits actuels du champ de potasse d'Alsace à PR NATIONALITÉ 669" Deutsche Kaliwerke D. K. à 630 D. K, et divers. #70 |£\ Hokenzollern. £ L:] 680 |£\D.K.et divers. ! < 450 D.K. 650 Wintérshall et Etat Alsace-Lorraine, 750 ÿe | franco-alsacienne Sainte-Thérèse, Les sociétés Marie-Louise | et Anna n'ont pas encore de puits. P ————_— avec celui d’une génératrice fonctionnant conti- nuellement, mais qui n’est excitée qu’au moment où elle doit fournir du travail. La vitesse ést réglée par cette excitation, que l'on fait varier à l'aide d'un rhéostat à touches : à l'arrêt, l'excitation de la génératrice cessant, l’induit du moteur, toujours excité, se trouve mis en court-circuit et il fait frein; un frein à air com- primé joint son action à celle de ce frein auto- matique. On effectue le changement de marche par une inversion de l’excitation. Le gisement est attaqué par galeries poussées à la fois dans les deux couches, en donnant tou- jours une certaine avance dans la couche supé- rieureé. La méthode employée est celle des traçages et montages avec piliers réservés. L'abatage s'opère à l’aide d’explosifs et conjoin- tement par des perforatrices électriques. Un aérage intense s'impose dans des travaux conduits à une telle profondeur, d'autant plus qu’on n’y est pas, quoi que l’on pense, à l'abri des coups de grisou:eneffet, à Stassfurt, on trouve dans les blocs de sel des inclusions de gaz hydrogène, hélium et méthane, que l’on a attri- buées à un effet de radioactivité. Du reste, les barres de schiste bitumineux s’oxydent à l'air et contribuent à élever la température. Les galeries d'extraction partent de la recette ; elles sont taillées à même dans le sel et se sou- V7 hs ‘és DS AR LS, | tiennent d'elles-mêmes sans nécessiter de boi- sage. Toutefois, pour éviler une désagrégation rapide du toit, les traçages sont conduits dans les sillons bas de la couche, qui renferment du reste une très minime proportion de chlorure de ma- gnésium : on n’a donc pas à regretter de laisser ‘en place les sillons du haut. La friabilité des roches favorise le travail, ainsi que le grand tonnage par mètre carré décou- vert, surtout dans le banc inférieur, de plus forte épaisseur; aussi le rendement moyen par ouvrier du jour et’ du fond occupé approche-t-il d’une tonne et demie, alors que dans nos mines du Pas-de-Calais il n'atteint guère que 900 kilogs dans les exploitations et les conditions les plus favorisées. Le minerai sort de la miné en fragments de toute grosseur; on lui fait subir des broyages successifs, pour le réduire en poudre fine, quand on le destine à la fabrication du chlorure de potassium, mais on se contente de l'amener à gros grain, pour les emplois agricoles. La séparation des deux chlorures KCI et NaCI est facile, par suite de la grande différence de solubilité de ces sels ; on traite le minerai pulvé- risé par une solution saturée chaude de NaCI, qui ne dissout que KCI; après filtration, on laisse Aué WITZ. — LE CHAMP DE POTASSE D'ALSACÉ 483 refroidir la solution de laquelle cristallise le chlorure de potassium pur. Le produit resté sur les filtres est lavé à l’eau, desséché sommaire- ment et mis en tas, d’où il retourne à la mine pour combler les galeries. Lés cristaux formés dans les bassins de cristallisation subissent un lavage avant d’être dirigés vers les séchoirs, à gaz chauds. Les eaux-mères et les eaux de lavage sont reprises par des pompes et ramenées aux appareils de dissolution ; elles servent indéfini- ment, du moins tant qu'elles ne sont pas souillées d’une quantité nuisible de sels de magnésium. A Stassfurt, la présence de la carnallite com- plique singulièrement la marche des opérations, et les eaux mères, qui en renferment de grandes quantités, constituent une source d'embarras de toute nature pour les usines. Le minerai salin alsacien est, du seul chef de sa pureté, très supérieur au minerai allemand. Il : & : A F . . , . 1 se prête de plus à une exploitation intensive.! . En 1912, la mine Amélie I extrayait 450 tonnes par 24 heures ; maïs la capacité réelle de l'entre= prise était bien plus considérable : elle eût large= ment dépassé ce chilfre, si dés influences exté- rieures n'avaient limité sa production. Nous sommes amenés à étudier les conditions dans lesquelles étaient placées lés sociétés minières au point de vue économique. IV. — ConNSIDÉRATIONS FINANCIÈRES ET ÉCONOMIQUES Examinons d’abord la Situation légale dans laquelle se trouvait l'industrie de la potasse dans le pays d’'Empire. La découverte de M. Vogt avait provoqué une vive émotion dans le monde/de Stassfurt: son industrie jouissait alors d’uné prospérité extra- ordinaire, qui lui paraissait garantie par un monopole mondial : or, voici que du jour au lendemain se dressait en face d’elle un concur- rent redoutable, disposant d’un gisement aussi important que le sien et certainement plus riche. Laisserait-on ce rival développer librement ses moyens d'action et inonder le marche de ses excellents produits ? Ne pas lutter contré lui eût été un suicide; on se mit donc sur la défensive, et l’on fitintervenir les pouvoirs publics; aidons: nous et l'Etat nous aidera. On commenca par la création d’un Syndicat, le Kalsyndicat, qui se fit donner la mission de con- trôler la production de la potasse et sa vénte, en englobant toutes les mines en service : son siège était à Berlin, il avait une filiale à Hambourg êt une agence en Amérique, à New-York. Le concours du pouvoirlui étaitacquis, atténdu que les gouvernements de Prusse, d'Anbalt, de Brunswick et du Mecklembourg, possesseurs de TPE ” *' 484 mines, participaient nécessairement au Syndicat et que, du reste, des intérêts généraux étaient en jeu. On prépara donc une loi, qui réglementait d'une façon draconienne la fabrication et la vente des sels de potasse; le Reichstag la vota le 25 mai 1910, après d’intéressants débats. On posait en principe que la potasse était une richesse nationale, qu’il ne fallait pas laisser déprécier par surproduction en l’exposant à une mévente, ni renchérir par accaparement, et qu'on devait d'autre part mettre avant tout à la disposition de l’agriculture allemande; les autres se partageraient les restes, c’est-à-dire ce qu’on voulait bien leur laisser. En conséquence, les produits de toute nature des mineset de la fabri- cation furent surveillés, réglés et taxés officielle+ ment ; le Syndicat était tenu d'établir des prix de vente à l’intérieur plus bas que ceux de l’expor- tation; les chemins de fer concédaient des tarifs réduits sur le territoire de l'empire. Tout cela “était fort habilement conçu et exécuté: il devait en résulter que l'Allemagne conservait pour elle plus de la moitié de la production mondiale et qu'elle dépensait en retour moins d’argent que tous les autres. Quelques détails du fonctionnement de cette puissante et remarquable organisation sont à relever. Chaque année, une Commission fixait le contingent, non pas de la roche à tirer du sol, mais des sels à fabriquer, en l’exprimant en quin- taux de K?0 pour tout le Syndicat; elle fixait le taux pour mille attribué à chaque exploitation, en calculant le coefficient de participation de chacune d’elles, d'après des éléments déterminés, qui avantageaient les vieilles Gewerkschaften de l'Allemagne du Nord. Celles-ci se firent la part du lion : en 1913, le Syndicat se composait de 455 participations, sur lesquelles il n’y en avait qu’une douzaine d'’alsaciennes; à celles-ci on n'octroya que 49 millièmes de la productiontotale, soit un vingtième; à lui seul, le fisc prussien s’en était réservé le double, pour son domaine. Cette œuvre avait été méthodiquement orga- nisée, mais elle n'empécha pas une fièvre d’ex- ploitation et de spéculation de sévir; on put lire, au début de 1914, dans les journaux politiques, techniques et économiques, de nombreux arti- cles, portant en titre les mots de Xalifieber et de Kalikrisis, que nos députés feront bien de se faire traduire avant de légiférersur la prise de posses- sion de notre riche conquête du champ de Cernay!. Le but principal de la loi de 1910 avait 1. M. Bellom a publié en 1911, dans la Technique moderne, une substantielle étude de la loi allemande, que M. Binder a discutée de son côté, avec une grande clairvoyance, dans un travail très documenté, qui nous a souvent servi de guide, Aimé WITZ. — LE CHAMP DE POTASSE D’ALSACE été d’assainir une industrie dont le développe- ment trop rapide pouvait troubler l’équilibre entre l'offre et la demande, par une exagération de production; ce résultat ne fut pas atteint. En effet, de 1910 à 1914, l'Allemagne mit en exploi- tation une soixantaine de puits; leur nombre était déjà de 160, et il aurait atteint certainement 250 en 1918, si la guerre n'était venue mettre un terme à cette croissance pléthorique. Le Syndicat n'avait en somme d’action que sur les entreprises dont les travaux étaient achevés; il restait im- puissant à l'égard de celles qui ne lui avaient pas encore donné leur adhésion, et leur nombre croissait sans cesse. [1 contribuait d’ailleurs lui- même à entretenir un état fébrile, en maintenant une taxation élevée, qui incitait à la création d'exploitations nouvelles. Avant tout, il eût fallu augmenter la consommation et s'ouvrir de nou- veaux débouchés; or, le moyen le plus efficace pour obtenir ce résultat était d’abaïsser les prix de vente, La demande augmentant, ces prix se seraient établis d'eux-mêmes à un niveau donnant satisfaction aux consommateurs et aux produc: teurs ; si plus tard il y avait eu surproduction, la baisse automatique qui en serait résultée n’au- rait point tardé à maintenir l'extraction dans ses justes limites plus sûrement qu’un contingente- ment officiel, dont l’unique souci était de favo- riser l'Allemagne du Nord au détriment de l'Alsace. La France saura sans doute profiter des erreurs commises par l'Etat allemand. A un régime autoritaire et arbitraire, elle substituera un régime libéral, qui ne paralysera pas l’essor de l’industrie de la potasse et n'aura en vue que l'intérêt général. Nous avons la potasse avec la victoire, mais il en sera de la potasse comme de la victoire, il faudra savoir s'en servir. Pour développer la consommation en France, il sera nécessaire d’y faire connaître la valeur de ces engrais, par l’enseignement et par des conférences. On s'assurera des débouchés à l'extérieur en obtenant de nos alliés un régime de préférence pour notre potasse; tant que les Allemands n’auront pas recouvré la liberté des mers, ils ne nous feront pas concurrence. C'est le marché américain qu'il faudra viser avant tout; au lieu de faire traverser l'océan à des na- vires naviguant sur lest, on les chargera de kaïnite, qu'ils échangeront contre du fer, du co- ton, du pétrole, des céréales, etc. L'agriculteur américain est un client acquis : il sait ce que lui ont coûté cinq années de disette de potasse. Les financiers ‘américains ne manqueront pas de nous accorder le concours de leurs capitaux, si nous le leur demandons. Ils nous aideront à < gd È ne | RAAGECTE L ds 2 fl À mn dé Aimé WITZ. — LE CHAMP DE POTASSE D'ALSACE restaurer les installations existantes, plus ou moins victimes de la guerre, et à achever d'a- ménager celles qui se préparaient et n'étaient pas encore en état de travailler. [/Etat français devra d’autre part améliorer les moyens de communication de l’Alsace avec nos ports par feret par eau, surtout par eau : l'insuffisance des canaux de la Marne au Rhin et du Rhône au Rhin est depuis longtemps reconnue etil fau- dra procéder à leur élargissement et à leur ap- profondissement, avec agrandissement et dou- blement des écluses, dès qu’on le pourra. Le sort qu'il y aura lieu de faire aux capitaux allemands engagés dans les exploitations sou- lève des questions délicates, que je ne peux que signaler en passant; mais nous arrêterons notre attention sur l’organisation financière de ces s0- ciétés, car elle diffère notablement de ce qui se pratique chez nous. La Gewerkschaft est une société à capital pa- riable dont la forme présente une certaine sou- plesse. Sa base n’est pas l’action, mais la part, qu'on appelle Xux, qui est nominative et d’une valeur d’abord déterminée : elle constitue une _ quote-part de l’entreprise, quelquefois un cen- tième, plus souvent un millième. Son possesseur n’est obligé en principe que jusqu’à concurrence de sa mise de fonds ; mais en réalité sa participa- tion à l'affaire n’est pas limitée aussi étroite- ment, attendu que, si le besoin s’en fait sentir, il est exposé à des appels subséquents. En effet, quand les dépenses effectuées dépassent les dis- ponibilités, le Conseil des directeurs invite les porteurs de Kuxe à verser des suppléments, qualifiés de Zubussen (contributions supplémen: taires), qu'on n’est pas obligé de solder, mais qu’on a tout intérêt à solder, puisqu’un refus en- traînerait la perte de la première mise. C'est par- fait pour la société, c’est moins heureux pour le sociétaire. La dure éventualité de ce versement forcé oblige le malheureux propriétaire de la part à s’exécuter ou bien à vendre ses droits à un preneur plus riche ou plus confiant dans le sort final de l’entreprise; cette cession ne s’effectue le plus souvent qu’à perte, cela va sans dire. Le sys- tème, excellent à certains égards, n’est donc pas à l'avantage des petits capitalistes, qui peuvent n'avoir pasles moyens de supporterde copieuses Zubussen; les banquiers et les princes de la finance, bien informés et toujours pleins de res- sources, versent les apports de supplément et exploitent trop souvent les hésitations et la gêne . des petits, qu'ils évincent ainsi des meilleures affaires. Des mines aujourd’hui prospères ont pu infligeraux propriétaires de leurs Kuxe de lourdes Zubussen, s'élevant quelquefois à plusieurs fois | leur valeur primitive : nous apprendrons à mieux connaître ce mécanisme en racontant l’histoire des Gewerkschaften alsaciennes. Le nombre des Kuxe, d'une valeur nominale de 4.000 à 4.000 marcs, était de mille pour la plupart des exploitations; exceptionnellement Max en avait émis 4.000, et Rudolf et Alex n'a- vaient point dépassé 100; mais celles-ci étaient contrôlées par la Société Sainte-Thérèse, dont le capitalse composait de 8.000 Kuxe à 1.000 mares. Pour Reichsland, les Zubussen montèrent à 6.500.000 mares et pour Amélie à 6.000.000 ; la plupart des entreprises contractèrent de plus des emprunts, sous forme d'obligations, à 4 1/2 Amélie était grevée de ce chef de 2.627.000 mares, d'après M. Eccard, qui a dressé un tableau de la situation des différentes sociétés concessionnaires, en se servant des données recueillies par le lieutenant Herren- schmidt, attaché au Gouvernement d’Alsace- Lorraine. En dépit de la limitation de fabrication imposée par le Syndicat, l’industrie alsacienne de la potasse avait pris un grand essor et les parts de plusieurs mines avaient bénéficié d'une hausse notable. Les chiffres ci-dessous, que j'emprunte au Slatistisches Jahrbuch für Elsass- Lothringen pour 1913-14 permettent de se ren- dre compte de la marche des affaires. En 1912, sur 13 sociétés, deux seulement étaient en pleine exploitation, et pourtant on avait vendu OURS: 137.243 tonnes de kaïnite et d’autres sels de . potasse valant 2.962.000 marcs. Max atteignait le cours de 4.000 marcs pour 1.250 versés et Theo- dor valait 2.700 marcs pour 2.000. En 1913, la production s'était élevée à 350.000 tonnes; elle devait dépasser 500.000 tonnes en 1914, si la guerre n’était venue. Les capitaux engagés à ce moment dans le Kali alsacien étaient estimés à 72 millions de mares, dont 33 allemands, 6 du Gouvernement d'Alsace-Lorraine, et le reste français, pour le groupe Sainte-Thérèse. Le prix de vente, fixé par le Syndicat, était alors de 15 mares la tonne de sels bruts (à 150/, de K?0) pour l'Allemagne et de 19 pour les pays étran- gers. L’ouvrier du fond gagnait 6 marcs pour cinq heures de travail; le salaire moyen de l’ou- vrier du fond et du jour ne dépassait pas 4,50 marcs. Dans ces conditions, les Deutsche Ka- liwerke annonçaient un bénéfice de 13 °/, et distribuaient un dividende de 10 ; _ j'avais frappée de suspicion. à à 7 À d EE ANT LM ; s'attacher àla variation de cette constante plutôt qu'à sa grandeur, D’après M. Dienert, une . élévation minima de 2 mgr. en sus de la teneur normale des sources du périmètre considéré, suffit à déceler des infiltrations dangereuses. Tout récemment, M.Maillard, dans un mémoire « sur la valeur de la méthode chimique pour la prospection des eaux! », va encore plus loin. Il tient compte d’une variation de plus grande am- plitude, au moins de 6 mgr. de chlorures au- _ dessus de la teneur normale des eaux potables des sources du bassin. Il a trouvé ce criterium si parfait qu'il a basé sur lui sa méthode chimi- que et que, d’après les résultats obtenus, il n’a pas craint deformuler les conclusionssuivantes : « 4° Quand la méthode chimique a jeté la sus- picion sur une eau, ilest inutile que la bacté- riologie perde son temps à en poursuivre l’ana- lyse. Sur plusieurs centaines d'observations comparatives, je n'ai jamais vu la méthode bac- tériologique accepter comme bonne une eau que « 20 Quand la méthode chimique a déclaréune eau bonne, je n’ai jamais vu la méthode bacté- riologique la déclarer franchement mauvaise. « 3Ilse produit toutefois, bien que peu fré- quemment, une divergence qui n’est jamais im- ”portante, mais dont le sens est celui de la plus grande sévérité de la bactériologie, celle-ci éle- vant l'échantillon d’uu échelon dans l’échelle des pollutions croissantes. » IT. — Les ANOMALIES DES EAUX DE LA CRAIE * Or toutes les règles précitées, el même les . trois dernières conclusions trop générales con- : cernant l'interprétation des chlorures, sont mi- ses en défaut par les résultats des analyses des eaux potables de la région crayeuse de Picardie. En effet, sur 217 eaux excellentes, sans coliba- cilles pour les quantités analysées, provenant des examens bactériologiques etchimiques com- paratifs de 890 points d’eau, nous en avons trouvé 74, c'est-à-dire 34 1/,, dont les quantités de chlo- 1. M. Marrraro : Bulletin de l'Académie de Médecine, 5 mars 1918. rures ont dépassé la teneur de 80 mgr. par litre et montaient parfois jusqu'à 500 mgr. Par rapport à la constante normale des chlo- rures des sources pures du bassin environnant, qui ne dépassait guère 23 mgr., lés variations de la teneur normale des chlorures se sont pro- duites dans des limites considérables sans que la pureté bactériologique de ces eaux ait été compromise. Enoutre, nous avons eu des cas fréquents où, dans certains villages, ce n’était pas les eauxles plus chlorurées qui étaient les plus souillées par les colibacilles,mais c'était souvent celles qui se trouvaient le plus faiblement minéralisées. Ainsi au village d’Hangest-en-Santerre, nous avions une eau à 35 mgr. de chlorures et 2.000 coli, alors qu'une autre d’un puits voisin de la même pro- fondeur avait 222 mgr. de chlorures et 0 coli- bacille ; au village d'Etelfay, nous trouvions une eau à 1.000 coli avec 70 mgr. de chloruresetune autre toute proche à O0 coli et 269 mgr. Ces exemples pourraient être multipliés. Les eaux les moins chlorurées étaient probablementsouil- lées occasionnellement par des eaux sales; mais, pour les eaux fortement chlorurées, la diver- gence entre l’analyse bactériologique et l'ana- lyse chimique était énorme; elle s'était faite dans le sens inverse de la règle établie par M. Mail- lard. Il n'y a donc rien de plus décevant que de se fier aux résultats d’une seule sorte d'analyse. Des faits analogues ont déjà été signalés par d'excellents bactériologistes, et encore tout ré- cemment dans l’intéressant travail de MM. Brulé et Hazard !. Mais ici ces phénomènes acquièrent une importance nouvelle, en raison de ce qu'ils n'ont jamais été constatés avec une pareille fré- quence et des chiffres aussi élevés. C'est pour- quoi nous avons pensé qu'il y aurait un certain intérêt à les étudier plus complètement. IT, — DisrrBUTION DE LA CHLORURATION DES EAUX DANS LA NAPPE PHRÉATIQUE Nos investigations ont porté particulièrement dans la région de Montdidicr. D'abord nous nous sommes demandé quelle était la chloruration normale des sources, des eaux pures de la nappe phréatique, ses variations sous les plateaux loin des villages, sous les villages, dans les ravinset dans les vallées. C’est ainsi que nous avons constaté que la te- neur en chlorures des sources et des puits bac- tériologiquement excellents augmentait à mesure 1. BruLé et Hazaro : Valeur comparée des analyses bac- tériologiques et chimiques des eaux de boisson. Presse médi- cale, 22 avril 1918. += 490 que l’on quittait les vallées, les ravins, et que l’on s'approchait du centre des plateaux. Par exemple, les sources du plateau de Montdidier, dans la vallée des 3 Dons, les puits des villages de cette vallée, les puits des ravins de Labois- sière, d’Assainviller, excellents au point de vue bactériologique, ont une teneur assez constante de 23,4 mer. Dans les ravins ou en dehors des vil- lages, en amont du sens de la circulation des eaux, sur le plateau, les forages exécutés par lé Génie et s’alimentant à la même nappe d'eau possédaientune chloruration un peu plus élevée, de 25 à 45 mgr. Par contre, les puits des villages du sommet des plateaux, tels que ceux d’Etelfay, de Fave- rolles, de Fignères, de Remaugis, présentaient des eaux dont la teneur en chlorures montait de 35 mgr. jusqu'à 315 mgr. Sur d’autres plateaux voisins, tels que ceux du Ployron, de Brunvillers-la-Motte, de Mesnil- Saint-Georges, certaines eaux de puits, toujours pures bactériologiquement, ont atteint 538 mgr. de chlorures, accompagnés de quantités énormes de nitrates dépassant quelquefois 400 mer. Et ce qu’il y a d'étonnant pour les puits des villages de ces plateaux s’alimentant à la même nappe d’eau à 35 ou 40 mètres de profondeur, c’est que, dans chaque village, chaque puits a sa teneur en chlorures et en nitrates qu’il conserve dans le temps, sans que cette dernière soit en relation avec la colimétrie. Voici par exemple le cas de Montigny-en- Chaussée. L'analyse d’une moto-pompe chaîne- hélice du Génie s’alimentant à une profondeur de 40 mètres donne le 8 janvier 1917 une aleali- nité Bonjean de 310 mgr., 0,7 mgr. de matière organique, 175 mgr. de chlorures, 67 mgr. de ni- trates, 0 colibacille. L'analyse du même point d’eau, accomplie un an plus tard, le 3 mai 1918, nous apporte : alcalinité Bonjean, 310; matière organique, 0,7; chlorures 163,8 mgr.; nitrates, 65 mgr.; colibacille, 0. La teneur élevée en chlorures et en nitrates a donc été retrouvée avec la même pureté bactériologique. D'autre part, non loin de là, dans les communs du château de Montigny, une pompe s’alimen- tant au même niveau avait 23 mgr. de chlorures, 9 de nitrates et 1.000 coli. IV.— ORIGINE DES CHLORURES D'où viennent ces chlorures ? Doit-on invoquer pour expliquer leur apport la nature géologique du terrain parcouru par les eaux souterraines ? Si nous étudions la géologie de ces plateaux, nous constatons que les puits de leur surface traversent les terrains suivants : 1°3 à 5 mètres Pauz BECQUEREL. — LES CHLORURES DES EAUX POTABLES de limpns quaternaires ; 2° 30 à 40 mètres de craie blanche à Bélemnitelles, dontles dernières cou- ches sont constituées par des banes durs, imper- méables, de craie noduleuse à Wrcraster formant la base du niveau d'eau. La nappe phréatique, il est important de le constater, n’est pas ici une véritable nappe; c'est un réseau de canalicules aquifères s’anas- tomosant entre eux, formant des mailles plus ou moins larges selon l’état de fissuration de la craie. Les eaux s'accumulent dans ces canalicu- les, et à partir de la zone imperméable remon- tent à travers le réseau jusqu’à ce qu’elles attei- gnent leur niveau piézométrique. : Or l'analyse de la craie qu’elles rencontrent dans leur parcours n’a pas revélé, comme dans les terrains salifères du Permien, du Trias, du Lias, la présence de bancs de sel. Malgré la forte chloruration de certaines eaux, il n’y a pas lieu de lui attribuer une origine géo- logique. Elle est due à une autre cause. Nous l'avons trouvée dans la localisation permanente des infiltrations superficielles des eaux résiduai- rés souillées parles fumiers, les fosses d’aisance, que les habitants établissent depuis de nombreu- ses années dans les mêmes endroits plus ou moins près de leûrs puits. La présence des ni- trates en grande quantité, de traces de nitrites et même d’ammoniaque décelées dans ces eaux nous en apporte les preuves incontestables. Mais alors comment se fait-il que, dans ces villages, tous les puits s’alimentant au même niveau d’eau ne soient pas contaminés par les bactéries de la matière fécale ? V.— RoLE DE LA STRUCTURE PHYSIQUE DU TERRAIN Pour l'expliquer, il faut tenir compte du rôle considérable que jouent les limons quaternaires de ces plateaux. N'oublions pas que leur strati- graphie nous montre généralement : 1° 50 à 60 centimètres de terre végétale tra- vaillée par les facons culturales ; 20 50 em. à 1 mètre de limons argilo-sableux brun foncé ; 3° 1 à 4 mètres d’ergeron, dépôt beaucoup plus constant, constitué de sables fins mélangés à des fragments de craie et de silex; à 4° 25 à 50 em. de sables gras à nombreux silex du Diluvium des plateaux; 50 Une très mince couche d'argile de 2 à3 em., plus ou moins discontinue, mais trèsinsuflisante pour donner lieu à un niveau ‘d'eau permanent. Or ces limons se laissent tous traverser lente- ment par les eaux superficielles. Ils sont un mi- lieu particulièrement favorable à une excellente épuration biologique et à une bonne filtration. ad RE tn de dde D ds sales) . hé DE LA CRAIE DE PICARDIE 491 Dès lors, on comprend comment les infiltra- tions superficielles; chargées de chlorures et de nitrates, débarrassées des bactéries dela matière fécale, atteignent par les fissures de la craie la nappe phréatique et, la minéralisant en certains endroits, rendent ses eaux chimiquement mau- vaises pendant qu’elles sontbactériologiquement potables. Nous arrivons maintenant à un point fort dif- ficile. Pourquoi l'eau du réseau aquifère de la nappe phréatique n'a-t-elle pas dans toute son étendue la même concentration en chlorures et en nitrates? Pourquoi cette teneur, assez cons- tante dans chaque puits bien protégé, varie-t-elle autant d'u» puits à l’autre, dans les villages du centre des plateaux, et s'abaisse-t-elle lorsque l’on gagne les ravins et les vallées où elle atteint son minimum ? JA La raison en est dans l'hydrologie très com- plexe de ces régions. Depuis longtemps, les géo- logues ont constaté que, dans le terrain crétacé de la Picardie, il y avait, au point de vue de sa structure physique, deuxsortes de craie: la craie fendillée des ravins et des vallées absorbant la plus grande partie des eaux de pluie, et la craie compacte des plateaux, parcourue par des frac- tures-et des diaclases plus rares, très pauvres en eau. Ces deux états de fissuration de la craie,en re- lation directe avec les accidents tectoniques qu'elle à subis, ont donné lieu à deux régimes hy- drologiques bien différents : celui des plateaux avec un réseau aquifère peu développé à faible débit, et celui des ravins et des vallées, avec un réseau aquifère très abondamment ramifié à grand débit. Dans ces conditions, on conçoit pourquoi les eaux fortement chlorurées du réseau aquifère à faible débit des villages du sommet de chaque plateau se diluent de plus en plus dans les eaux nouvelles qu’elles rencontrent en se rendant au réseau plus riche des ravins et des vallées où elles acquièrent en chlorures la teneur minima des sources. Quant au phénomène si eurieux de la chloru- ration, de la minéralisation particulière de cha- que puits dans un même village, il trouve son explication dans l'importance et le nombre des filets d’eau du réseauquialimentent chaque puits et dans les rapports constants que ce dernier possède avec les infiltrations superficielles les plus proches provenant des matières organiques accumulées continuellement dans les mêmes en- droits, depuis de nombreuses années, Maintenant, s'il arrive fréquemment que la minéralisation d’un puits n’a aucune influence sur celle du puits voisin, c’est parce que souvent chaque puits est installé sur une ramification différente du réseau dont les branches peuvent se rejoindre en dehors du village. VI. — Coxczusion En somme, la constitution géologique de cette région de la Picardie, où une certaine épaisseur de limons quaternaires plus ou moins perméa- bles recouvrant la craie permet en beaucoup d’endroits sur les plateaux la filtration et l'épu- ration biologique des eaux contaminées des vil- lages, nous rend compte pourquoi nous avons rencontré en aussi grand nombre des eaux liti- gieuses potables fortement chlorurées et nitra- tées dont l'analyse chimique contredisait l’ana- lyse bactériologique. | D'autre part, la teneur particulière en chlo- rures des divers points du réseau aquifère est non seulement le résultat du mode d'apport et de distribution de ces derniers dans le réseau, mais encore provient du changement qui s'opère dans le débit du réseau, lorsqu'il passe de la craie peu fissurée du centre des plateaux à la craie très fendillée des ravins et des vallées, où se rendent la majeure partie des eaux de pluies et de ruis- sellement. Dans la craie où la circulation des eaux est si complexe, si capricieuse, on re peut donc pas se fier à la chloruration et à son mode de variation, pour apprécier! la potabilité. L'analyse bartériologique, dont certains hygié- nistes pensent encore pouvoir se passer, est abso- lument indispensable. Mais parce que l'analyse chimique a éliminé dans ces régions plus d'un tiers des eaux bacté- riologiquement excellentes, a-t-elle été pour ces cas particuliers complètement inutile ? Devons- nous négliger ses indications? Nous ve le pensons pas. Quoique bactériologi- quement excellentes, ces eaux où la méthode chimique a décelé de grandes quantités de chlo- rures et de nitrates, marques indéniables d’im- portantes infiltrations superficielles, sont à surveiller par des analyses bactériologiques fré- quentes. Car si, à la suite de certaines circonstances, telles que des remaniements de limons par des fouilles, la filtration était compromise, les eaux du réseau de la nappe phréatique recevraient les bactéries des souillures superficielles et devien- draient dangereuses. Paul Becquerel, Chargé d'enseignement pratique de Botanique à la Faculté des Sciences de Paris. / 492 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX { BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences mathématiques Boutroux (Pierre), Professeur à l'Université de Prin- ceton. — Les Principesdel'Analysemathématique. Exposé historique et critique. /ome 11, — 1 vol. in-8° de 512 p. avec fig.(Prix': 20 fr.). Librairie A. Her- . mann, Paris, 1919. M. Pierre Boutroux estun mathématicien doué d’es- prit philosophique — (le contraire serait bien étonnant) — et muni d'une érudition très considérable. Dans ces conditions, son livre ne pouvait manquer d’être très in- téressant. On peut dire que tout y est passé en revue, les notions, les méthodes, les faits classiques, c’est-à- dire ces théorèmes et propriétés fondamentales des êtres mathématiques qu’on pe peut ignorer et qui con- slituent l'ambiance normale du mathématicien. Le lec- teur verra, avec plaisir, défiler devant lui les données actuelles de la science, les idées, leur histoire, leur évo- lution. S On sait qu’il y a, dans les Mathématiques positives, une branche très abstraite, la doctrine des transforma- tions et des groupes. Il est très intéressant, pour un géomètre, d’édifier sur cette doctrine sa conception du nombre entier, de l’es- pace géométrique, etc. Par contre, ceux qui ont voulu faire de ces études une science autonome ont rarement été heureux et ont couru le risque de faire figure de cymbales retentissantes, plutôt que de savants. , Au sujet des échafaudages formels, qui prétendent relever de la Logique pure et exclure toute intuition, Poincaré a écrit des pages claires et vivantes, qui satis- font un savant, infiniment plus que les mémoires des Cantor et des Dedekind... M. P. Boutroux semble bien être, à peu près, de mon avis (voir page 200, à propos de M. Hilbert). Si un jeune étudiant trouve beaucoup d'occasions de s’instruire, dans cet excellent exposé, il s’instruira da- vantage encore s’il a l'esprit plus mür et plus riche en expérience mathématique, R.D'ADHÉMAR. Dejust(J.), Ingénieur des Arts et Manufactures, Profes- seur à l'Ecole Centrale. — Chaudières à vapeur. 2e édition, entièrement revue et mise à jour par ANDRÉ- Turin, /ngénieur des Arts et Manufactures, Répétiteur à l'Ecole Centrale. — 1 vol. in-16 de X11-670 p. avec 542 fig. et 2 pl. de la « Bibliothèque du Conducteur de Travaux publics » (Prix relié peau souple : 30 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1919. Malgré la concurrence du moteur à explosion et de la houille blanche, la chaudière à vapeur conserve tou- jours une importance primordiale dans l’industrie, sinon dans les petites installations, du moins dans les grandes usines, productrices de « force en gros », où, grâce aux perfectionnements apportés successivement à ses divers organes, le rendement de la transformation de l'énergie va constamment s’améliorant. On conçoit done, l'utilité d'un ouvrage comme celui de M. Dejust, qui se propose de traiter toutes les parties de cette vaste question. Il ne s’agit d’ailleurs point d’une œuvre entiè- rement nouvelle, mais d’un livre dont le succès d’une première édition a déjà consacré la valeur, La mort prématurée de l'auteur l'a empêché de préparer com- plètement la seconde édition, mais il atrouvéen M. André Turin un continuateur de son œuvre dont la compétence s’est déjà aflirmée dans deux autres ouvrages : L’'ali- mentation des chaudières et Les foyers de chaudières. L'édition actuelle comprend cinq parties. La première, après des généralités sur la formation et les propriétés de la vapeur d'eau et sur la combustion et les combustibles, traite de la production de la chaleur, \ c’est-à-dire des foyers, cheminées et carneaux, injecteurs et ventilateurs. La seconde partie est consacrée à la production de la vapeur, qui est assurée par les chaudières proprement dites (étude des divers types, établissement) et par les surchauffeurs. La troisième partie étudie les organes accessoires des chaudières : appareils de sûreté, dispositifs d’ali- mentation, moyens de combattre les incrustations, etc. La quatrième partie expose les causes d’accidents et d’explosion des chaudières, les règles à suivre pour leur conduite et leur entretien, et la réglementation de ces appareils. : Enfin la cinquième partie est relative au transport de la vapeur; l’auteur y décrit l'installation d’une canali- sation et les appareils accessoires de celle-ci. Un appendice indique la marche à suivre pour le cal- | cul des dimensions d’une chaudière. Cet ouvrage, très clairement écrit et abondamment illustré, figurera en bonne place dans la bibliothèque de tous ceux qui ont à s'occuper d'appareils à vapeur. C. MAILLARD. 2° Sciences physiques Tillieux (J.). — Leçons élémentaires de Physique expérimentale, selon les théories modernes. — 1 vol, in-8° de 390 p. avec 490 fig. (Prix: 6 fr. 50). Ceu- lerick, éditeur, Louvain, 1919. Il n’est pas dans les habitudes de la Fevue de rendre compte des ouvrages destinés à être mis dans les mains des élèves de l’enseignement secondaire; le fait seul qu'il est dérogé à cet usage en faveur des Lecons de Physique expérimentale, selon les théories modernes, de M. J. Til- lieux, est un indice que ce livre est un travail de va- leur, dont l'importance pédagogique mérite d'être prise . en considération par tous ceux qui ont souci de la for- mation intellectuelle de la jeunesse qui nous suit. En 1915, à Louvain qui réparait activement ses plaies, M. Tillieux faisait paraître chez l'éditeur Ceuterick un . Essai d'un Traité élémentaire de Physique selon les théo- ries modernes. L'accueil fait à cet Essai, malgré les difficultés créées par l’état de guerre, fut tel que le tirage en est actuellement épuisé. — Une 2° édition, très augmentée, est en préparation. La raison de ce succès ne doit pas être cherchée dans l'impossibilité où était le public belge de se pro- curer des ouvrages français. Il avait, dans son propre fonds, d'excellents traités de physique conçus suivant le plan habituel, celui de Seligmann entre autres. La fa- veur avec laquelle fut reçu le livre tenait uniquement à l'esprit nouveau qui l’animait, \ Faisant table rase des divisions habituelles descours de Physique en Pesanteur, Acoustique, Optique, ete., divisions que l’on trouve dans les programmes univer- sitaires belges comme dans lesnôtres, M. Tillieux essaie de construire tout un cours en suivant l’ordre logique que nous allons voir, et y arrive. L'esprit: et l’ordre de cet Essai ont été jugés si favora- blement par plusieurs de ses collègues, que l’auteur s'est décidé, sur leur demande, à publier un travail plus élémentaire, « qui pût être mis dans les mains des | élèves, et où l'expérience occuperait la place qui lui revient et servirait de fondement à l'exposé des théo- ries ». Telles sont les Zecons qui viennent de voir le. jour. — Un coup d'œil jeté sur la table des matières permettra de distinguer en quoi ces leçons diffèrent des classiques existants, Dès l’Introduction, partant du fait de la divisibilité de la matière, l’auteur fait passer l'élève, des corps de l'échelle des astres à ceux de l'échelle des molécules, | 1 4 . - aux atomes, aux électrons, puis à léther. C’est par l'application à chacun de ces groupes des lois de la Mé- canique élémentaire, rappelées d’une façon un peu trop succincte peut-être dans les trois premiers chapitres, qu'il nous mène à l'interprétation naturelle de la plu- part des phénomènes connus, La première partie du livre est consacrée au domaine . du Pondérable, passé en revue en cinq chapitres de lon- gueur très inégale. Chap, 1 : Les Mondes, très court, puisqu ilressortit à l’Astronomie. Chap. 11 : Les corps en présence de la Terre (pesanteur), Chap. ur : Des corps terrestres, actions mutuelles ; deux pages seulement, mais qui suflisent à établir le principe de la détermina- _ tion de la masse de la Terre. Chap. 1v : Les molécules ; . successivement sont étudiés leur équilibre naturel (élas- ticité), leur équilibre contraint (vibrations et son), et la rupture de l'équilibre interne des corps (résistance el viscosité), Chap. v : Les atomes (équilibres et réactions chimiques). Chap. vi : Les électrons : statique (élec- tricité statique), dynamique (courants dus à des causes extérieures, courants dus à des causes intraatomiques : . radioactivité). ’ Dans la seconde partie de ses Leçons, M. Tillieux - traite de l’Impondérable; c’est le domaine de l’éther. Le champ électrique est défini comme représentation graphique des tensions de l'éther. L'étude du champ magnétique est celle de l'énergie cinétique de l’éther, l'induetion électro-magnétique celle de l’inertie del'éther. Les oscillations de l'éther conduisent aux oscillations hertziennes, aux oscillations calorifiques (ondes calori- fiques, ondes lumineuses, ondes actiniques, et absorp- tion des ondes), aux rayons Xet } et aux régions incon- nues du spectre, Entin, dans un dernier chapitre, l’au- masse comme une fonction de la vitesse, et à dire _ quelques mots de la nature de l’électron, L'ouvrage se termine par un choix judicieux de pro- blèmes résolus destinés à « apprendre l'emploi des unités dans l'application des formules de physique ». En cours de route, l'étudiant a d’ailleurs-trouvé beau- coup d’autres applications numériques. On le voit, ce livre est très loin de l'orientation habi- tuellement donnée aux cours élémentaires de Physique. _ L'intérêt y est sans cesse soutenu par l'attraction si forte + qu’exerce la théorie sur l'imagination. Dans l'Essai de Traité élémentaire, les expériences étaient plutôt ame- nées par les raisonnements, ce qui peut ne pas présenter d'inconvénient pour des lecteurs déjà accoutumés à la discipline scientifique. Ici, l'expérience vient avant la théorie, elle en est le fondement, comme il est néces- saire, Mais l’élève se rend compte, à chaque pas, qu'à … son tour la théorie donne naissance à l'expérience, et que des découvertes capitales ont eu pour point de départ des considérations Mégrapes — La disposition typo- - graphique adoptée permet d’ailleurs sans cesse de dis- tinguer ce quiest délinitivement acquis à lascience de ce qui est hypothèse. ] Sous sa forme même, le livre de M. Tillieux ne pour- . rait guère pénétrer dans nos lycées et collèges, où l’on se propose malheureusement avant tout de préparer aux baccalauréats. Mais la voie nouvelle dans laquelle l’au- . teur essaie d’orienter l'enseignement élémentaire de la Physique mérite d’être retenue et d'inspirer nos maitres _à l’heure où l’on sent partout le besoin de s'affranchir des formules surannées, à l'heure où ces maitres font tendre leurs efforts à la réorganisation de l’Université, _ à la transformation de méthodes pédagogiques qui furent bonnes peul-être, mais qui ne sont certes plus en harmonie avec le devenir social. L. Guixer, Professeur à l’Institut des Hautes Etudes de Bruxelles. 7} » Henderson (G. G.), Professeur de Chimie au Collège technique royal de Glasgow. — Catalysis in indus- ‘trial Ch2mistry.— vol. in-Se de 202 p. de la col- lecjion « Monographs on industrial Chemistry ». teur n'hésite pas à présenter aux jeunes travailleurs la . Lipe ® et À VAR e BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 493 (Prix cart. :9 sh.). Longmans, Green and Co, édi- teurs, Londres, 1918. On appelle catalyseur un corps qui, sans prendre part apparemment à une réaction, peut par sa présence la provoquer, l’accélérer ou l’orienter dans une direc- tion nouvelle, Le rôle du catalyseur est quelquefois expliqué, mais il est le plus souvent obscur; aussi les réactions par catalyse chargent-elles la mémoire du chimiste, qui sera heureux de trouver encore un ouvrage qu'un index des catalyseurs employés et des substances préparées rend d'une utilisation facile. Après quelques généralités bien connues exposées en une quinzaine de pages, l’auteur aborde les diverses réactions de Chimie minérale qui forment l’objet de deux chapitres développés dans le premier liers du livre. Le reste est consacré aux réactions de la Chimie organique, Trois grandes industries basées sur la catalyse appa- raissent en relief. Ce sont celles de l'acide sulfurique, de l’ammoniac et de l’acide azotique. C’est par centaines de milliers de tonnes que se chiffre la production annuelle de l'acide sulfurique par la méthode dite de contact, L'auteur fait un historique de la question et montre que tous les brevets pris dans le courant du xix° siècle échouèrent industriellement jusque vers 1890. La masse de contact était en effet le platine ou mieux l'amiante platiné, et ce catalyseur coûteux était vite mis hors d'usage par des impuretés du gaz sulfureux, notamment l’arsenic. Se débarrasser de ce redoutable « poison » fut une des difficultés les plus grandes à surmonter, La réaction est réversible, mais l’utilisation de la loi de l’action de masse permet de convertir pratiquement tout le gaz sulfureux, à con- dition d ‘employer un excès d'oxygène (air). La réaction s'effectue à la pression ordinaire. On a récemment pro- posé, pour remplacer Je platine, l’oxyde de fer et de cuivre provenant du grillage des pyrites, Il est indis- pensable d'éviter le refroidissement après le grillage, Les deux opérations s'effectuent donc dans un même four convenablement aménagé. Les poisons sont moins a redouter, car on a le catalyseur à discrétion, mais on ne transforme pas quantitativement le gaz sulfureux. La synthèse de l'ammoniac est encore plus à l’ordre du jour. L’hydrogène et l’azote se combinent directement en présence d'osmium, de carbure d'uranium et prati- quement de fer. Cette réaction est une réaction d'équi- libre Il se forme au plus 14 o/, d'ammoniac. Il est done nécessaire de condenser le produit formé et de faire rentrer en réaction les gaz non transformés. La néces- sité d'opérer sous de très fortes pressions (150 à 200 atm.) crée de grandes diflicultés pour la construction des appareils. Durant ces quatre dernières années, la « General chemical Company » a beaucoup diminué la température et la pression nécessaires par l'emploi comme catalyseurs de métaux alcalins ou de ferrocya- nures. Signalons d’autre part qu’on peut rendre le fer plus actif par addilion de petites quantités de subs- tances étrangères comme la potasse. Cette industrie, qui ne date que de 1913, a pris un essor considérable, comme on peut s'en rendre compte par les quantités crois- santes de sulfate d' ammoniaqué produites par la Badische Anilin: 1913 20,0r0 lonnes 1914 60,000 — 1915 150.000 — 1916 300.000 — 1917 200,000 — Une grande partie de cetammoniac est transformé en acide azotique. L'oxydation se fait par le passage, pen- dant une petite fraction de seconde, d'ammoniac et d’air sur des toiles métalliques en platine. Le fer s'emploie aussi avantageusement. : Pendant la guerre, les carbures aromatiques furent d’une grande importance. Le passage de vapeurs de pétrole mélangées d'hydrogène sur des métaux comme le fer, le cuivre, le nickel, etc., donne du benzène. 49% Le toluène, d'importance toute particulière, a été pré- paré par action sur le benzène du chlorure de méthyle en présence de chlorure d'aluminium et de tournure de fer. Le chlorure de méthyle était lui-même obtenu par action de l’acide chlorhydrique sur l'alcool méthylique en présence de chlorure de zinc fondu. Ces quelques exemples ont été choisis parmi le nombre considérable de réactions catalytiques décrites dans l'ouvrage. Il est impossible d'en donner ici une idée complète; beaucoup d’ailleurs n’intéressent que des spé- cialistes. Jh, MARTINET, Docteur ès Seiences physiques; Giua (Michele), Professore incaricato di Chimica gene- rale nella R. Universita di Sassari., — Chimica delle Sostanze esplosive. — 1 vol. gr. in-8° de 557 p. avec 83 fig. et 7 pl.(Prix: 98 lire). Ulrico Hoepli, Milan, 1919. Ecrire un traité général et détaillé des explosifs con- situe une tâche considérable et qui parait ne pouvoir être accomplie que par la collaboration étroite des dif- férents spécialistes (fabricants, chimistes, consomma- teurs, etc.). Dans le livre qu'il vient de publier, M. Giua s’est ef- forcé d'étudier les explosifs d’une manière suffisamment générale pour n’omettre entièrement aucun des points de vue auxquels on peut se placer, mais en insistant plus particulièrement, ainsi qu'il le dit dans sa pré- face, sur la constitution chimique des matières explo- sives, Même ainsi limité, le sujet reste encore très vaste; les substances dontil faut faire l'étude sont très différentes, suivant qu'il s'agit de poudres, d’explosifs proprement dits, de mélanges gazeux explosifs, d’allu- meurs initiaux, etc. ; leur fabrication industrielle n'est généralement parfaitement connue que des spécialistes qui les produisent. Il est devenu encore plus diflicile depuis quelques années, en raison du développement pris par l’industrie des explosifs, de donner sur ces corps des renseignements exacts et complets. IL faut savoir gré à M. Giua d’avoir réuni dans son livre un très grand nombre de renseignements qui se trouvent dispersés dans diverses publications; ces renseigne- ments, quoique forcément incomplets, seront extrême- ment utiles aux spécialistes. La première partie de l'ouvrage est consacrée aux gé- néralités sur les explosifs. Dans la deuxième partie, l’auteur passe en revue les principaux explosifs; pour chacun d’eux, il examine d'abord les matières premières; il décrit ensuite les procédés de préparation, puis enfin les propriétés du produit obtenu. Les dérivés nitrés du benzène et du toluène sont soigneusement étudiés ; l’auteur a d’ailleurs apporté à la connaissance de ces dérivés une contribu- tion importante; la large place qu'il donne à l’analyse thermique des mélanges de produits explosifs est justi- fiée par les nombreuses applications que ces mélanges ontreçues dans la pratique. Nous devons signaler tonte- fois dans cette partie quelques négligences el quelques lacunes presque inévitables, La troisième partie traite des mélanges explosifs; nous croyons que les poudres propulsives, qui ont été classées dans cette partie avec un grand nombre de mé- langes moins intéressants, auraient dû, en raison de leur importance, faire l’objet d'une étude spéciale plus approfondie. La quatrième partie est consacrée aux gaz et aux mé- langes gazeux explosifs, Dans la cinquième partie, l'auteur s'occupe des allu- meurs initiaux; les azotures et les fulminates sont étu- diés d'une manière très complète, Nous croyons devoir signaler à ce sujet que le remplacement du fulminate de mercure par l’azoture deplomb a été indiqué pour la pre- mière fois dans les brevets du chimiste français Hyro- nimus, antérieurs aux brevets du Docteur Wôhler. Lu sixième partie est consacrée à l’étude des métho- des d'essai desexplosifs. L'épreuve Angeli, décrite en BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX x ER détail, est presque identique à l'épreuve au rouge Congo utilisée depuis longtemps en France peur l'examen des poudres B. Nous ferons remarquer d’ailleurs que les es- sais de ce genre fournissent des indications sur l’étatde la poudre au moment de l'essai, mais qu'ils ne rensei- gnent pas sur sa stabilitéet ne sauraient remplacer les épreuves plus complètes actuellement en usage. + L'analyse des poudres sans fumée, qui présente très souvent de grandes difficultés, gagnerait à être traitée plus longuement; il en est de même de l'analyse des mélanges fulminants. L’élégante méthode de Dautriche est déerite en quel- ques lignes et les très importants travaux de cet auteur sont passés sous silence. À notre avis, cetle sixième partie aurait dû étreplus détaillée; nous aurions voulu, en particulier, trouver dans cet ouvrage, destiné à des chimistes, la discussion des résultats fournis par les différentes méthodes d'es- sai qui s’y trouventdécrites, Malgré ces quelques critiques de détail, l'ouvrage de M. Giua reste des plus intéressants ; il a sa place mar-. quée dans la bibliothèque de tous ceux qui, à un titre quelconque, ont à s'occuper des explosifs. P. Joviner, Agent Chimiste Principal militaire des Poudres, : 3° Sciences diverses Gérin (O.-1.), Professeur à l'Ecole des Hautes Etudes commerciales, avec le concours de MM. Er, DaAmour et ‘L, H.SERRE, — Précis intégral de Publicité. — 1 vol. in-8° de 324 p. avec fig. (Prix: 12 fr.). H. Dunod etE.Pi- nat, éditeurs, Paris, 1918. D'empirique, qu’elle était presque exclusivement jus- qu'à ces dernières années, la publicité tend à devenirra- tionnelle, c'est-à-dire à s'appuyer sur des données scien- tifiques. En Amérique, où ee mouvement a pris naissance, la publicité fait l'objet d’études expérimentales dans les laboratoires de psychologie. C’est également sur des notions d'ordre psychologique que M. Gérin et ses colla- borateurs se basent pour établir les règles de l'action commerciale. 3 « Le terme final de la publicité commerciale ou indus- trielle est l'achat par le public de la chose proposée par l'annonceur. Pour arriver à ce résultat, la publicité doit suggérer l'achat. » La théorie suggestive de la publieité a été formulée explicitement pour la première fois par M. Gérin!, et e’est à en développer les principes et les applications que le présent ouvrage est consacré. Il est divisé en cinq parties. ; La première traite des principes et montre en parti: culier les différentes modalités de la suggestion en pu- blicité; un chapitre important y est réservé au rôle de la vision. é Q La seconde partieexposeles moyens d'exécution maté- rielle de la publicité : Lypographie, lithographie, photo- gravure et galvanoplastie, illustration, ete. Dans la troisième partie, les auteurs développent l'ap- plication des principes aux moyens de publicité dans une série de chapitres intitulés: l'annonce, l’afliche, le tableau-publicité, la chronique, la circulaire, la lettre- formule, les primes, l'échantillon, l'étalage. La quatrième partie est consacrée aux media, c'est-à- dire aux éléments matériels destinés à véhiculer ou à supporter les moyens.de publicité : journaux et revues, murs intérieurs ou extérieurs, Enfin la dernière partie montre comment doit s'or- ganiser un plan de campagne en vue d’une publicité déterminée. Au moment où la reprise des affaires va communiquer un grand développement à la publicité, lelivre de M. Gérin sera d’un précieux secours à Lous ceux qui voudront faire une publicité profitable, NO CME 1. 0.-J. Gérin et G. EspinaDez: Lu publicité suggestive. Ai | Ê F 4 | re SCA ST OO ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 495 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 30 Juin 1919 M.H. Andoyer est élu membre de la Section d’As- » tronomie, en remplacement de M. Ch. Wolf, décédé, 1° SCIRNCRS MATHÉMATIQUES, — M.-A. Rateau : J'héo- rie de la mantée rectiligne des aéroplanes. Vitesse as- … censionnelle maximum, L'auteur arrive aux résultats suivants : La vitesse sur la trajectoire en montée sous l'angle optimum est, à peu près, inversement propor- tignnelle à la racine carrée du poids spécifique de l'air. La pente maximum de la trajectoire a lieu lorsque le pilote donne aux ailes de l'avion l'incidence optimum. La vitesse ascensionnelle décroit à peu près linéaire- . ment avec l'altitude ; elle dépend surtout de la hauteur du plafond. — M. A. Cornu-Thénard : Sur les essais … de flexion par choc de barreaux entaillés. Pour la grande majorité des aciers trempés et reyenus ou re- cuits normalement, les travaux absorbés par la rupture : de barreaux entaillés diffèrent très peu les uns des au- tres, que la sollicitation soit vive ou lente. Toutefois, l’extra-doux cristallisé à gros grains fait exception à cette règle, et il peut y en avoir d’autres. Ce \fait suffit, à lui seul, à imposer le choc dans l'exécution des essais . de flexion sur barreaux entaillés, et à interdire l’action progressive, malgré tout l'intérêt que ce dernier genre d'épreuves pourrait offrir. Il faut prévoir, d'autre part, dans la définition des machines de choc, une limite in- . férieure à la hauteur de chute. — M. Létang : Sur les phénomènes qui se produisent dans la combustion de la poudre en vase clos. Si l'on suppose que les produits de la décomposition de la poudre soient constamment les mêmes et dans les mêmes proportions, on doit admettre - que la vitesse de combustion est proportionnelle à la pression, Mais si les produits de la décomposition va- _rient tout le long de la combustion, la proportionnalité de la vitesse de combustion à la pression ne saurait exister que si la variation de la densité de chargement n'est pas trop étendue, 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Guilbert : Sur la À prévision, à courte échéance, des variations de pression . de faible amplitude. L'auteur montre que sa méthodede prévision du temps ne s'applique pas seulement aux cas types et aux vents forts; elle a donné ses meilleurs ré- sultats dans des mois d'été, à vents faibles, à faibles “ variations : juillet 1914 et juillet 1917, avec 89 et go°/, ” de succès, — M. M. Brillouin: Actions mécaniques à hérédité discantinue par propagation ; essai de théorie dynamique de l'atome à quanta. L'auteur formule lhy- . pothèse dynamique suivante pour représenter les pro- _ priétés essentielles de l'atome de Bohr: Outre la vitesse _ de la lumière, le milieu universel (éther) possède une - célérité de propagation beaucoup plus petite (de l'ordre - de quelques dizaines de kilomètres par seconde). Les _ phénomènes de quanta apparaissent lorsque les élec- trons se meuvent avec une vitesse supérieure à cette célérité, le long d’orbites quasi-périodiques, de telle sorte que l'électron soit à chaque instant dans le champ d’un nombre fini de ses posilions antérieures. — M. L. - Benoist : Nouvelles parois poreuses à filtration dissy- métrique. L'auteur a pensé que si l’on pouvait réaliser … des plaques d’une porosité spéciale où le diamètre des - pores iraiten variant progressivement d’une face à l’au- tre, le passage d’ün même gaz ou d'un même liquide au » travers d’une telle cloison, au lieu de se faire avec la même vitesse dans les deux sens, serait accéléré dans … le sens des diamètres croissants, par analogie avec l’ef- - et Venturi. L'expérience a confirmé ces prévisions, Avec … des plaques en faïence poreuse à trois étages de poro- - silés bien distinctes, le rapport de la vitesse d'écoule- - ment de l’eau dansles deux sens a été de 1,27. — MM.H. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER Abraham etEug. Bloch : Amplificateurs pour courants continus el pour courants de très basse fréquence. Les auteurs ont réalisé ces deux types d'amplificateurs en établissant des liaisons entre lampes à trois électrodes successives d’un amplilicateur à résistances soit par piles, soit par des capacités très élevées. Ces amplifica- teurs peuvent $ervir en t.s. f., à l'entretien des oscilla- tions mécanèques lentes, à la mesure des courants con- tinus très faibles d'ionisation. — MM, G. Ohavanne et L. J. Simon : Préparation de quelques hydrocarbures volatils aeyeliques ou cycliques saturés renfermés dans les essences de pétrole, La synthèse de l’isohexane a été effectuée en partant de l’oxyde de mésityle de l'acétone, qui est hydrogéné, puis déshydraté, puis hydrogéné de nouveau; Eb. 61°,7-62°,4. L'isoheptane s'obtient par condensation des bromures d’éthyle et d'iso-amyle au moyen du sodium; Eb. go°-91°. L'heptane a été préparé par hydrogénation catalytique de l’heptine de l’æœnan- thol; Eb. 98°-98°,3. L’octane s'obtient par action de Na sur le bromure de butyle normal ; Eb. 125°,8, — MM. G. Charpy et G. Decorps : Sur les conditions de forma- tion du coke, Les auteurs ont étudié l'influence de la compression préalable et de la teripérature de cuisson sur la formation du coke par les charbons assez riches en matières volatiles. La compression préalable donne souvent une amélioration notable de la résistance du coke, mais parfois aussi une diminution marquée. La cuisson en deux temps, d’abord vers 500°, puis à goo°, réalise la plus forte amélioration de la résistance du coke, 3° SCIENCES NATURELLES. — M, P. Termier : Phéno- mènes de charriage, d'âge alpin, dans la vallée du Rhône, près d'Avignon, L'auteur a observé sur la rive droite du Rhône, le long de la route qui va d'Avignon à Aramon, une bande de mylonite de calcaire néocomien, intime- ment liée à son substratum calcaire et surmontée par la mollasse. Une zone d'Urgonien mylonitique parallèle court, d'autre part, le long du borddu plateau urgonien, de Nimes à Châteauneuf-Calçeernier. Pour l'auteur, les accidents en question sont des surfaces de charriage, plongeant au SE et planes sur de vastes espaces. Ces surfaces sont analogues à celles qui séparent les unes des autres les diverses écailles du pays d’Alais, et leur direction est à peu près la même; ce sont des manifesta- tions d'une seule et même cause.'— M. P. Girard : Schème physique pour servir à l'étude de la nutrition minérale de la cellule, On sait le rôle que joue, dans la théorie de la diffusion des électrolytes, le champ que crée l’inégale mobilité des deux ions d’un électrolyte dissocié. L’interposition entre la solution électrolyte et l'eau pure d’un septum polarisé (siège d'une diffé- rence de potentiel) modifiera considérablement la va- leur ou même l'orientation de ce champ; le jeu des forces électriques qui interviennent dans le passage vers l'eau pure des ions de charge contraire pourra être alors per- turbé d’une façon telle qu'il devienne possible que ces deux sortes d'ions ne diffusent plus en proportion chi- miquement équivalente, On aura ainsi réalisé un ana- logue de Ja cellule vivante, qui présente vis-à-vis de cer- tains ions une perméabilité considérable et vis-à-vis d'autres une perméabilité très réduite, — M. A, Ch. Hollande : Formes levures pathogènes obseruées dans le sang d'Acridiens (Caloptenusitalieus). L'auteur a observé à Gresse (Isère) des Criquets maladesdont le sang ren- fermait un grand nombre de formes levures; celles-ci, injectées à des Criquets sains, leur communiquaient ra- pidement la meladie. Le parasite n'existe que dans le sang ou la partie terminale de l'intestin. En culture, ces formes émettent parfois des filaments myeéliens. — M. J. Dufrénoy : Sur les maladies parasitaires des chenilles processionnaires des Pins d'Arcachon. Les 496 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE = - : = 4 chenilles de Cnethocampa pilyocampa sont parasitées : | peut avantageusement employer l'acide sulfurique ordi- 1° par deux Tachinaires ; 2° par des bactéries à patho- | naire en catalysant la réaction avec de la terre d’infu- génie entéritique : Pact. pityocampae et Streptococcus ; | soires. — MM. Ch. Mauguin et L. J. Simon : Action: 30 par des Muscaïdines : Beauveria globulifera, Penicil- | de l'acide sulfurique concentré sur le tétrachlorure de lium et Spicaria farinosa. Les Beuuveria seront sans | carbone. Les auteurs, ayant éludié la même question doute les agents les plus favorables pour la destruction | que les précédents, montrent que acide sulfurique biologique. — M. A. Besredka : Mécanisme de l’infec- | concentré (65° ou 66° B.) décompose aux environs de tion typhique chez lé lapin. Vaccination antityphique 1502 le tétrachlorure de carbone en fournissant du par la voie buccale. Le virus typhique inoculé par :la | phosgène et HCI et laissant comme résidu la chlorhy- voie veineuse donne lieu à des lésions semblables à | drine sulfurique. MM. F. Diénert et F. Wanden- celles qui caractérisent l'infection par la voie buccale, | bulcke : Action de l'hyposulfite de sodium sur les hypo- } En raison de l’aflinité particulière des bacilles d'Eberth | chlorites. Quand on javellise une eau ne contenant que pour l’appareil intestinal, les mêmes localisations s’ob- | des traces de GO*, là réaction ‘qu’il faut employer pour servent dans les deux cas. En faisant ingérer des cultures | calculer la quantité d'hyposulfite nécessaire pour dé- typhiques tuées par la chaleur, on vaccine contre l’in- | truire le chlore libre est : 3 Na?S°0% 10 CI + 5 HO0O— fection typhique mortelle, à la condition toutefois de | Na?2SO' + 8HCI + H?SO' + Na?SiO6 + 2Na0l. Si favoriser la résorption du vacein par l’ingestion préala- | l’eau renferme CO? libre, il faut moins d'hyposulfite, ble ou simultanée de bile de bœuf. — MM. Yamanou- ee on se rapproche de la réaction : Na?S20% HE 8 GI chi, Iwashima et Sakakami : Etude sur la grippe + 5 HO = 2 NaHSO' +8 HCI. — M. Picon: Sur la épidémique de 1918-1919. Le virus de la grippe épidémi- | pre jaration de quelques carbures acétyléniques aw que de 1918-1919 est un virus filtrable. Il se trouve | moyen de l'acétylène monosodé. T’action de l'acétylène dans les crachats ainsi que dans le sang des malades. | monosodé sur les dérivés monohalogénés de formule + Le virus peut infecter les sujets par les muqueuses de | générale R. CH?.CH?X permet de préparer facilement la cavité respiratoire aussi bien que par l'injection | à la température ordinaire l’heptine, le décine et loc- ‘af sous-cutanée, todécine vrais normaux, Ce dernier, encore inconnu, : Are lu 7 Juillet 1919 est solide; il fond à 22°,5, — M.S. Posternak : Sur la À CACHE CUS Ré constitution du principe phospho- organique de réserve ù M. E. Paterno est élu Correspondant de l’Académie | des plantes vertes. L'auteur pense qu'on se trouve en * pour la Section de Chimie, — M. le Secrétaire perpé- | présence d’un hexaphosphate d’inosite, possédant la tuel annonce le décès de M. Liapounoff, Correspondant | faculté de retenir 3 molécules d’eau assez énergique- pour la Section de Géométrie, — M. le Président pro- | ment pour qu'il soit impossible de les lui enlevér sans nonce l'éloge funèbre de Lord Rayleigh, Associé | le décomposer. étranger. ÿ 30 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Krempf : Sur un ° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. V. Karpen : Sur | stade primitif, essentiel, non encore reconnu dans le la cause de l'adhérence du béton au fer dans les cons- | développement des Anthozoaires. L'auteur déduit de ses WE : truclions en béton armé. L'auteur estime que l'adhé- | recherches sur deux Hexacoralliaires que la bilatéra- rence du fer au béton n’est pas due à une sorte de col- | lité de l'embryon des Anthozoaires est d'origine secon- l ‘lage, comme on la prétendu, mais à la friction | daireetvient masquer, d'assez bonne heure pour l'avoir : ‘produite par la contraction du béton autour du fer, | complètement dissimulé à nos yeux, un dispositif plus | contraction qui ne saurait être mise en doute Cette | primitif, relevant de la symétrie radiaire. — M. A. A théorie montre l'importance capitale qu'il faut attribuer | Rochon-Duvigneaud : La double fovéa rétinienne des ( à la connaissance et à la valeur du coeflicient de con- | Rapaces diurnes. Depuis longtemps signalée, mais insuf- traction du béton c, — MM. Auclair et Boyer-Guil- | fisamment étudiée, niée dn reste par Fritsoh, la double RM lon: Surun accélérographe. Les auteurs décrivent une | fovéa des Rapaces diurnes est un fait incontestable, 9 méthode expérimentale permettant d'étudier avec une | que l’auteur a constaté chez les espèces suivantes : buse | grande précision un mouvement périodique pour l’'ob- | vulgaire, autour, épervier, crécerelle, milan noir. La ; servation duquel on ne dispose pas de repères fixes, par fovéa centrale est située en avant et un peu an-dessus je exemple le mouvement vibratoire du pont d’un navire. | de l'extrémité supérieure du peigne ; la fovéa latérale, Elle a pour basela détermination directe de l'accélération | en arrière et au-dessus de celle même extrémité Loi- qu au moyen d’un appareil dit accéléromètre à maxima. — | seau voit avec ses deux yeux, indépendamment et sé- { M. J. Ubach: Sur les-observations de l'éclipse annu- | parément;etde chagneœæil le rapace voit avec plusieurs qu laire du 3 décembre 1918 faites à Buenos-Arres. L'au- | fovéa. —-MM. Ch. Richet, P. Brodin et F. Saint- 70 teur a profité de cette éclipse pour mesurer avec le plus | Girons: De l'action immunisante du chlorure de sodium | grand soin la corde commune au Soleil et à la Lune à | contre l'injection anaphylactique déchainante (thérapeu- des instants déterminés, pour, en comparant les lieux tique mé tatrophique). Si, trois semaines après une pre- de la Lune donnés par ses mesures avec ceux tirés des | mière injection (préparante) de plasma de cheval à un Ephémérides pour les mêmes instants. en déduire la | chien, on fait au même chienuneinjection (déchainante) correction à faire subir aux ascension droite, déelinai- | de ce même plasma de cheval, la réaclion anaphylac- son et demi-diamètre lunaires. [Il a ainsi obtenu les cor- | tique, qui ne manque jamais, est brutale, sondaine et rections suivantes pour les coordonnées de la Lune | intense. Or si, au lieu d’injecter le plasma pur, on injecte données par les Ephémérides de la Connaissance des | la même quantité de ce même plasma après l'avoir L Temps pour le 3 décembre 1918 : de — + 05,64; dô | dilué dans Qg fois son volume de la solution isotonique ' 4 0,6; dA' = + o";1. de Na, il ne se produit presque plus rien. Tout se | [at ScreNces Puysiquks, — M. R. Lespieau : Cryosco- | passe comme si le chlorure de sodium imprégnait la 1 pie dans le tétrabromure d'acétrilène. Le tétrabromure | cellule nerveuse et l’immunisait contre le poison ana- d'acétylène, qui fond à + 0°,13, est doué d'une cons- | phylactisant. tante cryoscopique très élevée, égale à 217, Toutefois, ,, ‘ pe DTA il semble que de dis ol tant cryoscopique de des ré- Séance du 15 Juillet 1919 sultats anormaunx dès que les solutions ne sont pas très 19 Scrences PHysroues. — M. Ch. Maurain : Sur la 4 étendues, — MM. Ÿ. Grignard et Ed. Urbain : Surla | vitesse du vent dans la haute atmosphère par temps préparation du phosgène au moyen du tétrachlorure de | clair. L'auteur se base- sur les résultats déduits des carbone et de l'oléum ou de jt ne ordinaire. | ascensions de ballons-sondes ayant dépassé 10.000 m. La préparation du phosgène par l’action de l’oléum sur | La vitesse moyenne du vent déduitede ces sondages croît CCI doit être faite avec l’oléum à 450/o, qui fournit le | régulièrement, d'une manière à peu près linéaire, de- LPR rendement maximum et ne donne, comme résidu, que | puis 5 m, par sec. à l'altitude de 500 m. jusqu "à 19 6 m, ) de la chlorhydrine sulfurique HSO*CI. Mais, quand la | par sec, à 11.000 m., et décroit ensuite jusqu'à environ présence d'un peu d'HCI avee COCE ne gêne pas, on 8m. par sec, à 19.000 m, Le maximum de la vitesse | moyerine correspond à environ 11,000 m., ce qui est à peu près la limite inférieure moyenne de la zone à tem- pérature sensiblement constante, — M, J. Rouch : La vitesse ascensionnelle des ballons-pilotes. Les obser- vations de l’auteur montrentqu'il estparfaitement légi- time d'admettre que la vitesse ascensionnelle d’un bal- -lon-pilote est pratiquement constante jusqu’à une dizaine . de kilomètres de hauteur. Dans les mille premiers mè- : tres, des courants ascendants importants augmentent sensiblement la vitesse ascensionnelle. La formule M — 42{F/(F + P)28| permet de déterminer la vilesse ascensionnelle V des ballons-pilotes employés en France, P étant le poids du ballon et F la force ascen- . sionnelle au départ.— M. À. Muguet : Sur un fluoro- mètre. Dans ce fluoromètre, l’écran absorbant est cons- titué par uhe réglette formée de feuilles superposées de papier calque, croissant de em. en em. Les’ produits à mesurer sont comparés à un étalon de luminescence constitué par 1 mgr. de Ra élément étalé sur 1 em? de surface, agissant sur un écran de plalinocyanure de baryum collé sur un carton bristol éliminant le rayon- nement #. — MM. H. Abraham, Eug. Bloch et L. Bloch : Appareils sensibles pour ies mesures en cou- rants alternatifs. Les auteurs décrivent un voltmètre . amplificateur à lecture directe, constitué essentiellement par un amplificateur à résistances dans lequel le cou- rant alternatif à mesurer, d’abord amplifié, est ensuite redressé par une lampe détectrice; on mesure le cou- rant redressé au moyen d'un milliampèremètre à ai- guille à lecture directe. Cet appareil permet : la mesure d’une intensité de courant très faible, de capacités très faibles en haute fréquence, de la longueur d'onde propre d’une self, des pertes dus un diélectrique ou dans une self, etc. — M. A. Duffour : Sur le chromate double hexa- hydraté magnésico-potassique. L'auteur l’a préparé en dissolvant Séparément les deux chromates composants dans un poids d’eau tiède égal à 2 1/2 fois environ le poids des sels supposés anhydres; après mélange et fil- tration, la liqueur est abandonnée à l’évaporation dans mn local dont la température ne dépasse pas 15°. On obtient des cristaux jaune d’or, de formule (CrO')Mg K2.6 H?0. Ce chromate double offre, avec le sulfate et le séléniate correspondants, un très étroit isomorphisme. — MM.F. Taboury et M. Godchot : Sur un nouveau mode d'obtention des cétones bicycliques. On sait que la plupart des cétones cyclopentaniques et cyclohexa- niques possèdent la propriété de se condenser, avec éli- mination d’une molécule d'eau, pour donner des cétones bicycliques. Les auteurs signalent un nouvel agent, J'hydrure de calcium, préparé industriellement, qui permet de réaliser très facilement cette condensation; on obtientavec lui des cétones bicycliques non satu- rées, c’est-à-dire dont les deux noyaux sont unis par une double liaison. — MM. Vavonet Faillebin : //ydro- “génation de la pipéronalcétone et de la dipipéronalcé- tone. L'hydrogénation de la dipipéronalcétone se fait en deux temps et donne finalement la cétone saturée cor- respondante, La pipéronalcétone, jaune ou blanche, fournit de même la cétone saturée correspondante. Les auteurs ont reconnu accessoirement que le prétendu -isomère jaune n'est que le corps blanc souillé d’un peu -d'impureté, qui est la dipipéronalcétone. — M. E. Léger : Contribution à l'étude de la cinchonidine. ‘’oxydihydrocinchonidine se comporte vis-à-vis de "SO“H? à 70 °/, d’une autre façon que les deux oxydihy- drocinchonines. Il ne se forme pas, commeavec ces der- nières, de bases à fonction éther-oxyde interne, analo- es à la cinchonigine et à la cinchoniline. Les produits de déshydratation de l'oxydihydrocinchonidine cor- espondent à l'apocinchonine. Dans ces bases, comme dans l’apocinchonine, la double liaison a émigré; le groupe CH? : CH est devenu CH®.CH : La £-cinchonidine et l’apocinchonidine |sont vraisemblablement stéréo- Somères.— MM. G. Chavanne et L.-J. Simon: Emploi de la température critique de dissolution (TCD) Hans l'aniline à l'analyse sommaire d'une essence de pétrole. On détermine d’abrod la TCD dans l'aniline de l'essence ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 497 naturelle (T,), puis celle de l'essence débarrassée des carbures aromatiques par agitation avec un mélange sulfonitrique froid de composition déterminée (T;). On a alors : Carbures aromatiques Ar — 1,18 (T;-T,). Car- bures cyeliques saturés C — ([92—(Ts + 0,2)]/[72-39,5]) (100 — Ar). Carbures acycliques Ac = 100 — Ar — C, — M.R. Fosse Formation de l'acide chanique par oxydation des substances drganiques. Son identification basée sur l'analyse quantitative. L'auteur à établi que l'oxydation des substances organiques engéndie un corps intermédiaire, produisant spontanément l’urée, Ce corps n’est autre que l'acide cyanique qui a été iden- tilié quantitativement à l'état de cyanate d'argent. 2° SCIENCES NATURELLES, — M. C. Dauzère : Sur la formation des colonnes de basalte. La division des la- ves en colonnes prismatiques hexagonales est un cas particulier de la structure fibreuse des roëhes et des corps solides. Elle a été produite, comme le croit B. Sos- man, tantôt par les fentes dues à la contraction du solide pendant le refroidissement, tantôt par les tour- billons cellulaires que provoque dans la lave fondue la propagation de la solidification à partir de la eroûte superlicielle non prismée solidifiéela première. —M.P. Girard : Xelation entre l’état électrique de la paroi de la cellule et sa perméabilité à un ion donné. L'auteur a montré (voir p. 495\ que l'état de polarisation d’un sepltum séparant de l'eau pure uné solution d'un sel dissocié lui confère du même coup la propriété d'être inégalement perméable aux deux ions de ce sel. En transposant ce schème à la cellule vivante, l’analogie du septum polarisé est la différence de potentiel dont est le siège la paroi de la cellule séparant du milieu de suspension le liquide endoplasmique. Or l’auteur fait voir que l’état électrique de la cellule est modifiable à notre gré et qu'une relation existe entre cet état électri- que et la perméabilité de l'ion CI, — M.R. de la Vaulx: L'intersexualité chez un Crustacé Cladocère : Daplne Atkinsoni Laird. L'auteur a observé135 Daphniés inter- sexuées, c'est-à-dire présentant, dans l’ensemble de leurs caractères, tous les états intermédiaires entre les deux sexes. La mauvaise nutrition est peut-être l’une des causes d'apparition de ces formes. L'intersexualité est nettement héréditaire, mais d’une façon irrégulière. La régénération semble dépendre uniquement de la na- ture de l’organe sectionné et non du métabolisme géné- ral de l'organisme, — M.J. Pellegrin : Sur les Eleo- iris des eaux douces de Madagascar. Le genre Eleotris se présente comme un des plus riches en espèces des eaux douces de Madagascar, Le nombre de celles-ci est actuellement de 7. A Madagascar, les formes exclusive- ment dulcaquicoles sont très rares; au contraire, les familles les mieux représentées sont celles venues de la mer, à espècesmixtes à la fois marinesetd’eau douce, — (M. Lienhart : Ve la possibilité, pour Les éleveurs, d'ob- tenir à volonté des mâles ou des femelles dans les races gallines. L'auteur, partant du fait que le cogest toujours plus grand et plus lourd que la poule, a pensé que cette: différence entre les sexes se traduit déjà dans l'œuf, . Ayant mis à couver 6o œufs parmi les plus gros d’un lot de 350, et provenant tous d’une race pure, il a obtenu à l'éclosion 48 poussins, dont 77°/, de mäles. L’hypo- thèse semble donc justifiée. Des œufs de poules de race bâtarde donnent des résultats moins conceluants. — MM. P. Carnot et P. Gérard : Mécanisme de l'action toxique de l'uréase. La toxicité de la farine de soja, en injections veineuses ou sous-cutanées, est due à l’ac- tiun de l'uréase qu'elle contient. Cette action toxique, caractérisée par des contractures tétaniques et du coma rapidement mortel, s'explique par l'action chimique du ferment. L'urée disparait très viteetentièrement du sang et du foie, et l'ammoniaque provenant de sa décompo- : sition augmente progressivement dans le sang et les organes. Les phénomènes d'intoxication cérébrale sem- blent dus à la localisation de l'ammoniaque sur le cer- veau. — M. P. Delbet : *echerches sur la toxicité des muscles broyés au point de vue de la pathogénie du choc. Les accidents toxiques déterminés par les injections 498 intra-péritonéales de pulpe musculaire useptique sont toujours de même type, inuis ils sont très variables en intensité : avec la même dose, ils peuvent étre insi- gniliants ou rapidement mortels, Rats gris et grenouil- les, qui sont Surtout carnivores, Se sont montrés beau- coup plus sensiblés que les cobayes, qui sont her- bivores. Cela conduit à penser que, dans la sensibilité des carnivores à la pulpe de muscle, quelle que soit son origine, entre un facteur de l’ordre de l’'anaphylaxie, ce mot étant pris dans son #ens le plus général d'état an- térieur produit par l’assimilation d’albumines étuan- gères. ACADÉMIE DE MÉDECINE Seance du 1° Juillet 1919 MM. R. Wurtz et L. Camus : Le vaccin sec, Tech- nique de sa préparation. On sait que lés pulpes vacci- nales à l’état liquide ne résistent pas à l’action de la chaleur et ne peuvent être transportées dans les pays chauds, L'emploi du vaccin desséché a donné lieu d'abord à de nombreux insuccès, Les auteurs montrent qu'on peut préparer un vaccin sec actif et se conservant bien, én suivant une technique déterminée. La pulpe préparée, c’est-à-dire broyée, trilturée et débarrassée par le tami- sage des poils et des croûtes, est congelée, puis soumise dans cet état au vide instantané en présence d'acide sulfuriqué où phosphorique; elle se déshydrate ainsi à mesure qu’elle se réchauffe. L'essentiel est d'opérer aussi rapidement que possible. Le produit est ensuite maintenu dans une attnosphère bien sèche, puis conservé en paillettes ou pulvérisé dans des tubes bien secs. — M. le D' Berthier : Alimentation, recalcification. L’au- teur préconise, pour combatire la déminéralisation de l’organismé et renforcér la futrition dans certains états maladifs, l'alimentation au moyen des os spongieux, constitués en grande partie par de l’osséine chargée de sels calcaires, Ces os, surtout ceux de veau, sont soumis à une cuisson prolongée dans l’eau (environ 6 h.); bien cuits, ils constituent un excellent aliment et des plus savoureux: Séance du 8 Juillet 1919 M. P. Remlinger : Vaccination des herbivores contre la rage au moyen du virus-éther. L'auteur immerge dans l’éthér des cerveaux de lapins morts dé rage À virus fixe, Après 70 à 95 heures, ceux-ci ont tolalement perdu leur virulence. Les émulsions des cerveaux devenus ainsi avirulents sont susceptibles de conférer aux animaux une immunité solide contre la rage. Des expériences très concluantes ont élé faites par l’auteur sur la chèvre, et elles pourront être étendues, sslon toute vraisem- blance, aux Bovidés etaux Equidés. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Seance du 5 Juillet 1919 M.J. Giaja: La levure vivante provôque-t-elle la fermentation du sucre uniquement par sa zÿmase, En l’état actuel de notré connaissance, il n'y a guère que 590/, environ dé l’activité fermentative de la levure vi- vante qui peuvent être considérés comme dus à la zy- mase, el rien n'autorise à attribuer au ferment tout le pouvoir fermentatif de la substance vivante. — M. M. Kollmann : /nfluente de l'extrait de thyroïde sur cer- lains carattères sexuels du Triton. Les Tritons mâles conservés en âquärium perdent rapidement la crête dorsaleetles membranes nataloires caudalés après la période de reproduction. L'injection d'extrait de thy- roïde empêche l'involution de cés organes, mais est in- capable dé déterminer la réapparition, — MM. L. Mer- cier ét CO. Lebailly : Myxosarcome el Acariens chezune Poule, Etant donnée l'hypothèse de Borrel sur le rôle des Acariens dans la genèse des tumeurs, et le fait que l’on a pu provoquer l'apparition du cancer chez la poule par inoculation de filtrat de tumeur, il y aurait lieu d'établir une relation de cause à effet entre l'infection à ACADEÈEMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Cytolichus nudus et la présence du myxosarcome. — M. M C. Gessard : Classement des germes pyvcyaniques. Les gérmes pyocyaniques peuvent être répartis en quatre variétés susceptibles chacune de quatre races. Les races Fet S dela variété pyocyanogène se distinguent dans l’eau peptonée, les autres dans le bouillon. Le milieu gélose-peptone glycérinée est le milieu spécifique où les seize germes résultant de ce classement peuvent être reconnus d'emblée pyocyaniques. — M. H. Hérisséy : Conservation du ferment oxydant des champignons. Le ferment à été fourni à peu près exclusivement par le Russula delica. Des macérés glycérinés de ce champi- gnon préparés depuis 20 ans, ainsi que dés sues de la même espèce, additionnés où non de glycérine et eonser- vés en vases clos, préparés depuis 14 et 15 ans, possè- dent encore actuellement (juillet 1919) une remarquable activité. — MM, Ch.Achard, À. Ribot et L. Binet : Action des extraits d'organes sur l'hyperglycémie provoquée. L'hyperglycémie provoquée par l'injection simultanée de glycose et d’adrénaline dans les veines est plus forte et plus prolongée que la somme des aug- mentations provoquées par le glycose seul ou l'adréna- line seule, Un résultat analogue est donné par l'injec- tion simultanée dé glycose et d’extraithypophysaire. Au contraire, l'extrait frais de pancréas, qui favorise lagly- colyse, diminue, quand on l’injecte en même temps que le sucre, l'hyperglycémie et en abrège la durée, Il agit de même à l'égard de l'extrait hypophysaire, — M. J. Jolly: Sur les modifications morphologiques qui se pas- sent dans le sang des Mammnufères au moment de la naissance, Il se produit au-moment de la naissance, chez le rat, une augmentation assez brusque du nombre des leucocytes dans le sang, qui est vraisemblablément en rapport avec l’établissement de la circulation pulmo- näire : il se fait un appel de ces cellules soit des tissus, soit simplement de certains territoires où elles étaient accumulées, / À / Séance du 12 Juillet 1919 | | MM. Cluzet et Tixier : L'électro-cardiogramme pen- dant l'anesthésie générale chez l'homme. L'anesthésie générale au chloroforime produit, pendant la résolution musculaire, un ralentissement du cœur et quelquefois des extra-systoles. L'anesthésie à l’éther ne produit aucune modification. Le schock opératoire, pendant l’anesthésie, détermine souvent des modifications impor | tantes (tach ycardie, fibrillations de l'oteilletté et extra- systoles). — M, E. Bugnion : Le ver-luisant provencal (Phausis Delarouzeei Duval). La larve de ce lampyre diffère de celle du L. noctiluque. par la présence de 4 feux disposés en quadrilatère, dont deux placés à la base de l’abdomen et deux au bout postérieur. La larve « du L. noctiluque renferme deux corps lobulés qui, par leur position et leur structure, répondent aux organes lumineux antérieurs de la larve du Phausis. — M. A. Weber : Sur le sommeil anesthésique de larves de Ba- traciens. Eau éthérée à 5 0/,; au-dessus de 25 cgr., les têtards s'endorment en mème temps; au-dessous de ce poids, ils s'endorment d'autant plus vite qu'ils sont plus petits; au-dessous de {0 egr., ils se réveillent d'autant plus rapidement qu'ils sont plus petits. — MM, P. Mauriac, P. Cabouat et M. Moureau : Xecherches expérimentales sur la fragilité leucocytaire. 1° L'injec- tion au cobaye de sérum antidiphtérique, vaccin TAB,. métaux colloïdaux, essence de térébenthine, provoqué uné augmentation fugace de la fragilité, avec leucopénie, une diminution de la fragilité avec hyperleucocytose, puis retour à la normale vers la 20* heure. 2° L'injection de novarsénobenzol provoque une chute brusque et passagère de la fragilité avec leucopénie, une augmen- lation secondairé de la fragilité avec hyperleucocytose, puis retour à la normale de ces deux éléments vers la 24° heure, 3° L'injection dé eultures et de toxinesmicro- biennes provoque une augmentation progressive de la fragilité leucocytaire, Si l'animal ne fait pas les frais de sa défense, l'hyperfragilité et la leucopénie S'accen- , tuent jusqu'à la mort. Si la guérison doit survenir, on ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES. - 499 voit peu à peu la fragilité diminuer et la leucocytose … augmenter, — MM. Chr. Champy et P. Colle : Corré- … lation entre la glande du jabot du pigeon et les glandes ' génitales. Chez le mâle, dès le début de l'incubation, le » testicule subit une réduction de taille, dont le maximum . coïncide avec le début du développement de la glande du jabot, qui correspond histologiquement à la période . de multiplication cellulaire. La régression du testicule » est caractérisée par la résorption de tubes séminifères, » Chez la femelle, au même nfoment, on conslate aussi + l’atrésie de nombreux ovocytes, — Sir E. S. Schafer : » Sur le rôle du vago-sympathique chez le chat. L'auteur a réussi à couper les deux pneumogastriques (Vago-sym- athiques) cervicaux chez deux chats, sans le résultat … fatalordinaire de cette opération. Il y estartivéenélectro- + cautérisant les ligaments thyro-aryténoïdes; le caractère et le rythme des mouvements respiratoires restent nor- maux. — M. N.de Bettencourt : Sérum frais el sérum n inactivé dans le séro-diagnostic de la syphilis. L'étude comparative de la réaction de Wassermann et de la réaction Hecht-Weinberg-Gradwohl, faite sur 1.400 : sérums, porte l’auteur à conseiller la pratique simulta- née des deux méthodes dans le sérodiagnostie de la syphilis. Une plus grande rigueur dans les résultats compensetait largement l'excès de travail, les deux méthodes se servant pour ainsi dire de contrôle l’une à l’autre. : SOCIETE FRANÇAISE DE PHYSIQUE Séance du 20 Juin 1919 M. Ch, Fabry : Wélhode par invmersion pour la me- sure des indices de réfraction des corps solides. Le pro- blème s’est posé, à diverses reprises, de mesurer les indices de réfraction d’une lentille sans la détériorer, par suite sans y tailler de nouvelles faces, avec la pré- cision qu'exigent les calculs de l'Optique géométrique, c'est-à-dire avec une incertitude ne dépassant pas quel- ques unilés du cinquième ordre décimal. Une méthode par immersion, dont le principe est d’ailleurs connu, a conduit au résultat; appliquée sous la forme qu'on va décrire, elle donne une solution commode d'un problème » plus général: mesurer les indices d'échantillons de verre mis sous des formes diverses, même sans aucune face polie. La méthode pur immersion consiste, en prin- cipe, à plonger le solide dont on fait varier la compo- sition jusqu'à ce que son indice soit, pour une certaine radiation, le même que celui du solide; l'égalité d’in- dice sera caractérisée par l'absence dé déviation, et se traduira, selon la forme du solide, par divers crité- . riums sur lesquels on va revenir, Il suflit alors de me- surer l'indice du liquide pour avoir l'indice cherché!. L'emploi de cette méthode donne lieu à certaines difli- cultés dont il faut s'affranchir: 1° Les indices des mé- langes liquides peuvent subir spontanément des varia- . tions notables (influence de la température; évapora- tion inégale des deux composants). Il est nécessaire de mesurer l'indice du liquide dans la cuvemême où leso- lide est immerzé. L'auteur fait cette détermination par comparaison avec un prisme de référence, d'indice voi- sin, immergé dans la même cuve ; on mesure la dévia- tion (très petite) produite par ce prisme immergé, La . mesure est ainsi réndue différentielle, et devient de ce fait beaucoup plus facile. 2° Il est dificile de réaliser l'égalité exacte d'indice du liquide et du solide, On réa- lise seulement l'égalité approchée:; le solide immergé produit alors une légère déviation, se traduisant par un effet qu'on mesure; on observe en même temps la De 1. Les propriétés d'un solide immergé dans un liquide de ême indice ont êté bien des fois indiquées ét proposées soit pour la mesure des indices, soit pour l'examen des masses de verre brut au, point de vue de leur homogénéité ou de leur biréfringence (MAscant : Journal de Physique, 1874). L'em- ‘ploi de la méthode d'immersion pour des mesures précises d'indices n'a été ehvisagé qe récemment, par plusieurs phy- Siciens anglais (L.C Manrin, Transactions of the optical So- ciely, décembre 1916; R. W. Cuesnire : idem., même date). déviation due au prisme de référence, En répétant ces deux mesures simultanées pour deux ou trois composi- tions du liquide, dbtenues en ajoutant quelques gouttes de l’un des composants, on a les éléments nécessaires pour calculer, par interpolation, l'indice cherché, On est finalement conduit au dispositif suivant : une cuve à faces planes et à peu près parallèlésest plaëée entre un collimateur et une lunette montée sur un cercle divisé (quin'aura à mesurer que dés déviations de quelques degrés), La cuve contient le prisme de référence (angle réfringent égal à go°) immergé dans le liquide, Dans la lunette on voit, grâce à l'inégale dispersion du liquide et du prisme de référence, un spectre de la source qui éclaire la fente du collimateur. On emploie cinq prismes de référence, dont les indices s'échelonnent entre 1,49 et 1,66: on peut ainsi mesurer tous les indicesentre 1,43 el 1,67sans quela différence entre l'indice cherché etl'indice connu du prisme deréférencedépasse+0,03.Pour mesurer l'indice d’une lentille, on l'immerge dans la cuveet on l'interposé sur lé faisceau; elle produit alors un change- merit de tirage de la lunette pour la mise au point de chaque image monochromatique de la fente. C’est ce lirage, obsérvé en même temps que là déviation pro- duite par le prisme dé référence, qui sert à faire l’inter- polation indiquée plus haut, On obtient une grande précision, pourvu que la convergence de la lentille à étudier ne soil pas trop faible ; la cinquième décimale est obtenue avec certitude si la différence d'épaisseur entre le centre et le bord, de cette lentille dépasse 4mm, Il n’est pas nécessaire que la lentille soit cor- rectement taillée; on peut mesurer avec précision l'indice d’une simple perle de verre. Si l'échantillon est en forme de prisme, on placera son arêle normalement à celle du prisme de référence, et l'on mesurera simul- tanément les deux déviations, l’une au moyen du cercle divisé, l’autre (en unité arbitraire) avec un micromètre oculaire. 1l n’est nullement nécessaire que les faces de l'échantillon soient planes, ni même polies; leur angle n'intervient pas, et l'on oblient de très bonnes images, dès que l'égalité d'indice est à peu près réalisée, même si les faces ne sont que grossièrement usées à la meule. On peut ainsi faire des mesures exactes à une unité près. du cinquième ordre,sur des échantillons presque bruts. Les mesures faites par cette méthode sont un peu plus longues que par la méthode du prisme ou par celle de Pulfrich ; mais la préparation des échantillons est beau- coup plus facile, et elle s'applique à des cas où les au- tres méthodes seraient complètement en délaut(lentille, perle, bagüëtte, substance pulvérisée). Les essais ont été faits aveé des appareils existant dans tous les la- boratoites. Un instrument plus commode, spécialement destiné à l’emploi de la méthode, est actuellement à l'étudé, 1 SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 27 Juin 1919 M. À. Béhal : Vérol et linalol. L'auteur a applique à l'étude dés alcools térpéniques la méthode de caractéri- sation des alcools au moyen des allophanates (voir p. 355). Trois échantillons de nérol commercial se sont montrés être du géraniol impur, Le nérol pur, régénéré de l’allophanate, a les constantes suivantes : Eb. 1150- 1179 sous 17/mm.; D —0,881 à 19°; n0 — 1,47539. Avec le linalol, l'auteur n’a pu obtenir d’allophanate cristal- lisé. Pour expliquer cé fait, il émet l'hypothèse que le linalol ne serait pas un alcool, mais un oxyde de con- stitution : (CH#},C : CH.CH?.CH>.C(CH*).CH?.CH?, A Û re) l l'appui de cétte hypothèse, il signale que le linalol, chauffé avec de l'eau à 2100, se transforme en géraniol. Cependant, un essai de condensation à froid avec la diméthylamine est resté sans résultat. Les faits ancien- nement connus ne sont d’ailleurs pas en contradiction avec l'hypothèse émise. — M, À, Madinaveitia: Déri- vés de la naphtyl-B-éthylamine., Pour étudier l'influence que le noyau naphtalénique exerce sur les propriétés 500 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES physiologiques des aryl:£-éthylamines (dont le type est la phényl-£-étb ylamine), l'auteur a préparé: 1° le phényl- méthoxyméthylaminométhane CSHÿ,CH(OCHS).CH?,. NHCHŸ en trailant par la méthylamine le produit de l’action du chlorométhoxybromo-éthane CH?Br.CH (OCHY)CI sur le bromure de phénylmagnésium; 2° le dérivé naphtalénique correspondant. Il a constaté que ce dernier avait une action vaso-constrictive 4o fois plus forte que celle du dérivé phénylé, la phényl-£-éthyl- amine étant prise comme type. On peut aflirmer, d'autre part, que l'introduction du méthox yle OCH sur la chaine latérale n’a pas d'influence. Enfin, dans le but de voir si, dans le noyau naphtalénique, l'introduction d'un oxhydrile phénolique en para exerçait la même action que dans la série du benzène, M. Madinaveitia a préparé l'amino-acétonaphtone (en réduisant la nitroacéto- naphtone), l’amino-acétométhoxynaphlone et l’aminoa- céto-oxynaphtone CIOH6(OH).CO.CH=.NH?. Comme dans le série benzénique, l’oxhydrile en & (par rapport à la chaine aminée) exerce une influence notable sur les pro- priétéssympathomimétiques.-MM.A.ValeuretE.Luce ont repris l'étude de l’action de H2O? sur la spartéine, Is montrent que la dioxyspartéine C!SH?5N20?, qui prend naissance dans celle réaction, se comporte comme un hydrate d'ammonium quaternaire, décomposant KI pour donner un iodure C'*H-6N2O(OH) (1), réductible par HI en donnant entre autres corps un periodwre de spartéine CI5H26N? ,2H1.12, — M Georges Lemoine communique quelques résultats d'un ensemble d'expériences sur la réaction mutuelle de l'acide oxalique et de l'acide iodique en solution dans l'eau, réaction déjà étudiée par Millon en 1845: C2H20i-2/,103H—200242/,14-6/,H20 Les solutions, normales, étaient mélangées dans les * proportions de l'équation; on mesurait le gaz recueilli sur de la glycérine. Lorsque la réaction est assez vive, par exemple vers 90°, la vitesse de la réaction est pro- portionnelle aux masses réagissantes, suivant ainsi la loi des réactions bimoléculaires ou de deuxième ordre, Si p est le poids de matière active à l’origine, y le poids décomposé au temps #, on a: | PS RE e) ED EEE dr K(s Jai d'où 1: CT Mais à des températures moins élevées (ou avec des solutions plus étendues} il y a un retard : la réaction semble ne s'éveiller qu'après un temps d'autant plus long que la température est plus basse, Cependant, par une étude plus minutieuse, notamment en observant sur des prises d'essai la coloration de l'iode libre avec le sulfure de carbone, on constate que la réaction com- mence un tant soit peu dès l'origine, puis s'accélère jusqu'à ce qu’elle arrive à l’état de régime exprimé par la formule ci-dessus. Cette accélération ne vient pas d'une action catalytique de l’iode mis en liberté, comme le montrent des expériences comparatives faites en ajoutant de l'iode dès l’origine. Ces observations se prêtent à divers rapprochements. On peut penser que dans la nature, où le temps ne compte pas, des réactions d'abord insensibles peuvent ainsi se réaliser peu à peu. SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 5 Juin 1919 SCIENCES PHYSIQUES. — M. P. N. Ghosh: Sur les cou- leurs des stries dans le mica et la radiation des limites diffractantes des lamelles. Par l'examen des anneaux de Haidinger dans le mica, l’auteur a constaté que les stries sont des surfaces de séparation entre des parties ayant des épaisseurs légèrement différentes. La couleur de chaque strie à l'éssai de Foucault est complémentaire de la couleur de la frange centrale dans l’image de diffraction lamellaire produite par ‘elle. Ces couleurs s'altèrent lorsqu'on tient le mica obliquement ou qu'on le plonge dans un récipient contenant un liquide. La iuminosité d'une strie dans l'essai de Foucault passe à peu près par un maximum quand les phases de l'onde frontale, après avoir traversé la plaque des deux côtés de la strie, sont opposées, et devient pratiquement nulle quand les phases sont identiques. L'auteur a essayé de reproduire le phénomène en gravant des plaques de verre avec de l'acide fluorhydrique, maïs sans grand succès, sans doute par suite d'un manque de netteté suflisante des bords ainsi produits. Les stries du mica paraissent doubles (avec une ligne noire au centre) quand la lumière arrivant à un foyer est arrêtée d'une façon symétrique au lieu de l'être par une arête en lame de rasoir comme dans l'essai de Foucault. — MM. E.F. Armstrong et T. P. Hilditch : Ztude des actions catalytiques sur les surfaces solides. Les auteurs ont étudié et exprimé sous forme de courbes le taux d'hydrogénation d’un certain nombre d’acides gras non saturés en présence de Ni finement divisé, Ces courbes sont caractérisées par un segment linéaire initial-suivi, par un changement brusque de direction, d'un segment à pente plus douce, d’abord linéaire, puis courbe. Les points d'inflexion sont sur des parties correspondantes de chaque courbe. Les deux composants linéaires bien définis des coùrbes correspondent à l hydrogénation de glycérides moins saturés que l’oléine et à celle de l’oléine. Les courbes ne s'approchent jamais du type logarithmi- que que nécessite une réaction unimoléculaire. L'aspect général des courbes obtenues dans l’hydrogénation catalytique est très analogue à celui des courbes obtenues avec les enzymes, et elles représentent sans doute des phénomènes voisins. Dans chacun d'eux, le catalyste (enzyme ou nickel réduit) s'unit d'abord avec le composé organique prêt à subir un changement (hydrolyte ou glycéride non saturé), le complexe ainsi formé étant détruit par l’autre composant de la réaction (eau ou hydrogène). Dans chaque cas, en outre, la réac- tion a lieu en entier à la surface des particules colloi- dales, et l’activité du catalyste dépend uniquement de la production d'une surface maximum et de l'absence d'impuretés pouvant détruire ou souiller cette surface. Seance du 19 Juin 1919 SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. J. Strutt : Ztude du spectre de lignes du sodium excité par la fluorescence. L'auteur décrit une forme perfectionnée de lampe à vapeur de sodium,'en quartz, donnant un spectre du sodium excessivement brillant etadmirablement propre à l'excitation de la vapeur de sodium à la résonance. Il a trouvé que l’excitation de la vapeur de sodium par la seconde ligne de la série principale conduit à l'émission des lignes 23.303 et D. D'autre part, l'excitation par la ligne D provoque l'émission de la ligne D seule, sans 3.303. Si un seul des composants du doublet 3.303 est excité, les, deux lignes D sont émises. Quand la lumière D tombe sur la vapeur de sodium d’une densité convenable, il*se produit une émission superficielle intense de la couche extérieure, et une émission plus . faïble des couches suivantes. L'analyse par absorption dans une couche indépendante de la vapeur de sodium montre que l'émission superficielle est plus. absorbable, done plus proche du centre de la ligne D: L'auteur a déterminé par des méthodes interféromé- triques la largeur des lignes D dans la résonance super- ficielle; elle correspond à la largeur conditionnée par l'effet Doppler, calculé dans l'hypothèse que le centre lumineux est l'atome du sodium. La polarisation m'a pu être décelée dans la radiation de résonance ultra- violette, quoiqu’elle soit facile à observer dans la résonance D, Le Gérant : Octave Doix. EE Sens. — Imp. Levé, 1, rue de la 'Bertauche. ct Mr N° 17-18 Revue générale des Sciences | pures et appliquées FONDATEUR LOUIS OLIVIER . Directeur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine A dresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont completement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande. 4 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Physique du Globe | Phénomènes magnétiques observés pen- | dant les éclipses de Soleil, — A cause de l'intérêt } que présente, pour les théories du magnétisme ter- restre, la connaissañce précise des phénomènes magné- . tiques dont s’accompagnent les éclipes de Soleil, la Sec- tion du Magnétisme terrestre de la Carnëgie Institution (Washington) a organisé des observations magnétiques pendant l’éclipse de Soleil du 8 juin 1918, aux divers observatoires et universilés répartis sur la zone entière de visibilité. M. L. A. Bauer ! a résumé les résultats recueillis dans 25 stations environ, résuitatsqui confirment les conclu- sions qu'il avait déduites des observations qu'il a effec- tuées lors des diverses éclipses survenues depuis 1900. On peut considérer aujourd’hui comme définitivement acquis que, pendant une éclipse de Soleil, le champ ma- gnétique terrestre subit une légère oscillation dont la période suit celle de l’éclipse et dont l’amplitude, com- parée à celle de la variation magnétique solaire diurne, est sensiblement proportionnelle à l” intensité du rayon- nement arrêté par-la Lune. . L'effet magnétique produit par l'éelipse est générale- ment l’inverse de celui qu’on observe pendant les heu- res où la Terre est éclairée par le Soleil. Les caractères principaux, aux diverses stations, se reproduisent, non en suivant le temps absolu, ni même le temps local, mais les variations de l'éclipse elle-même, comme cela “doit être si l'effet provient effectivement de l'éclipse. L'action exercée sur la déclinaison magnétique est le dixième environ de celle que produit la variation so- aire diurne, soit une minute d’are sous les latitudes des . Etats-Unis. La variation maxima du champ magnétique terrestre est d'environ 0,03 0/0; elle équivaut à celle qu'entraînent les variations de 10 o/o de la constante solaire observée au Mont Wilson par la Smithsonian Institution. 1. L. A. BAUER; Physical CT 2e série, t. XIIL, p. 160; février 1919. Voir le mémoire complet dans Journ. of Tara: trial hi Ur and Atmospheric Electricity, t. XXIII et = XXIV. REVUE GÉNÉhALE DES SCIENCES L'analyse mathématique des variations magnétiques produites par l’éclipse peut fournir des renseignements intéressants sur les causes des autres variations du champ magnétique terrestre, surtout sur celles attribua- , bles au Soleil et à la Lune, $ 2. — Art de l'Ingénieur Le tunnel sous la Manche!.— Le projet de relier l'Angleterre au Continent par une route sous-marine date de longtemps. En 1802, l'ingénieur Mathieu propo- sait au Premier consul d'établir sous la Manche une route pavée sous-marine ; en 1835, un autre ingénieur français, Thomé de Gamond, entreprit une enquête géologique sur la nature du fond du détroit et fut le pre- mier à soupçonner que les couches calcaires se prolon- geaient de France en Angleterre. Maïs c’est à partir de 1875 que le projet prend corps: sous le patronage de Michel Chevallier, de Léon Say, de l'ingénieur Lavalley, se fonde la Société francaise du tunnel sous la Manche, reconnue d'utilité publique par la loi du 2 août 1895; cettesociété, pourvue d’une concession de 99 ans, est toujours prête à entrer en action, dès que le Gouvernement anglais aura ? donné ofliciellement son accord, Celui-ci semble prêt si nous en croyons les déclarations faites en son nom à la Chambre des Communes, par M. Bonar Law, le11 mars 1919. La question redevient donc d'actualité, Les recherches entreprises pour le compte de la So- ciélé française par les géologues Potier et de Lapparent ont confirmé les prévisions de Thomé de Gamond, c’est-à-dire le parallélisme complet des formations géo- logiques dé chaque côté du détroit, et l'existence dans la zone du tunnel d’une couche de craie argileuse, sans silex, dite craie cénomanienne ou craie grise de Rouen, assez tendre pour se laisser travailler, assez résistante pour ne pas ébouler, et rendue imperméable par l’argile qu’elle renferme. Le tunnel n'aura qu’à suivre cette cou- che géologique; il rétablira les dispositions primitives 1. Cf. les nombreux articles de M. Albert Sartiaux, et notam- mentceux de la Revue des Deux Mondes des1t"octobre 1913 et 15 septembre 1917; celui de M. Charles Lenthéric dans la même Revue du 1e juin 190%. 15-30 SEPTEMBRE 1919 ee 502 N de la nature, au temps où l'Angleterre était reliée au | continent par l'isthme de l’époque miocène, Le projet de tunnel, tel qu'il sera probablement exé- cuté, est l’œuvre desingénieurs Ludovic Breton et Albert Sartiaux. Lalongueur totale sera de 60 kilomètres envi- ron, dont 39 sousla mer, 14 sous terre et7 à ciel ouvert pour les raccordements en France et en Angleterre. Le tunnel sèra creusé à une profondeur de 945 mètres au- dessous du niveau de la mer et à 50 mètres au-dessous du fond de l’eau ; ce plafond de 50 mètres formera une pro- tection suflisante contre les sous-marins et les explosifs. Les voies du tunnel passeront, comme les trains du mé- tropolitain de Londres, dans deux galeries circulaires indépendantes, distantes l’une de l'autre de 15 mètres, A l'inverse des grands tunnels de montagne, tracés en dos d’àne, celui de la Manche aura un profil en fond de bateau, nécessaire pour faciliter la remontée à la côte. La technique de la construction profitera des expériences fournies par les tunnels sous-marins de la Severn et de la Mersey et par les galeries des mines d’étain et de cuivre de la Cornouaïilles, qui s'étendent sous la mer, à plus de 5 kilomètres de la côte. Le tracé du tunnel part de Douvres et aboutit en France à la gare de Marquise, sur la grande ligne de Calais à Boulogne, où sera in- stallée une gare d'échange avec raccordements sur Lille et Bruxelles, La traversée du tunnel pourra s'effectuer en 4o minu- tes par les trains de voyageurs et en uneheure etdemie par ceux de marchandises, traînant de 800 à 1.200 ton- nes ; M. Sartiaux estime qu'il est possible de faire cir- culer de 120 à 150 trains par jour, dans chaque sens; le trajet Londres-Paris s’effecluerail pour les voyageurs en 5 heures et demie et permettrait facilement l’aller et le retour dans la même journée. La traction électrique s'imposerait naturellement pour la traversée du tunnel. Le coût de la construction était évalué avant guerre à 400 ou 500 millions, et ce prix déjà fort élevé par rap- port à celui des autres tunnels existants sera très sen- siblement majoré par le renchérissement actuel!l, Mais le rendementest estimé par M. Sartiaux à 50 millions pour les voyageurs, à 20 ou 30 millions pour les mar- chandises, alers que les frais d'exploitation ne dépas- seraient pas 30 °/, de la recette brute. On se rend compte facilement des services que ce tun- nel — construit à bien meilleur marché — eût rendus pendant la guerre, épargnant la main-d'œuvre des manu- tentions et les bateaux, en soulageant les blessés trans-, porlés, en supprimant les risques de la guerre sous- marine, de Brindisiauxcôtes d'Angleterre, Lesavantages de l’insularité de la Grande-Bretagne et deson «splendide isolement » se sont trouvés annihilés par la guerre sous- marine et les progrès de l'aviation ; il n’en reste que des inconvénients tels que la mise à l'écart de Londres de la cireulation transatlantique etdes passages des grands express européens. Grâce au tunnel, Londres devient tête de ligne des grandes artères de l’Europe, et les relations franco- anglaises, sinaturelles avec les productions complémen- taires des deux pays,setrouventsingulièrementfacilitées. Le nombre des voyagéurs qui passaient le détroit repré- sentait à peine le quart de ceux qui franchissaient notre frontière du Nord-Est; il ne peut manquer de s’accroitre dans une très large mesure grâce à la suppression du mal de mer, au raccourcissement de la durée du trajet, à l'économie de fatigue, de temps et d'argent. Pour les marchandises, c'est la suppression des manutentions et destransbordements,unegrosseépargne de main-d'œuvre et de bateaux; aucun service maritime, si bien organisé soit-il, ne peut développer les échanges avec la puis: sance de la voie ferrée, Au point de vue de notre pays, cette route nouvelle favorisera le détournement sur C&- lais des voyageurs pour Flessingue et Ostende ; elle fera de Marseille l'entrepôt du commerce de la Grande- 1. Le prix kilométrique du tunnel du Métropolitain a été de un million et demi à 2 millions; celui du tunnel d'Austerlitz à la gare d'Orsay, 3 millions ; celui du Simplon, & millions. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Bretagne avec les Indes; Lyon deviendra le croisement « des grandes voies Bordeaux-Odessa et Londres-Marseille: Conformément à l'histoire, l'influence bienfaisante de la latinité se répandra plus facilement parmi les races anglo-saxonnes; Tacite, cité par M. Sartiaux, disait déjà: Proximi Gallis et similes sunt, Pierre Clerget. $3. — Physique L Enregistrement des particules v, des parti- “ cules £ et des impulsions dues aux rayons y et aux rayons X. — On peut compter les parti- cules x par les scintillations qu'elles produisent sur un écran fluorescent; onpeut aussi les compter par la méthode d’ionisalion par choc aux basses pressions, qu'a décrite Rutherford! dans ses expériences sur la charge d’une particule #. Rutherford et Geiger? ont modifié cette méthode par l'emploi d'une électrode sphé- rique dans l'hélium sous la pression d'environ 1/3-d’at- inosphère, au lieu de l’électrode filiforme utilisée dans l’air sous une pression très faible; ils ont également substitué un électromètre à corde à l’électromètre à quadrant. Plus tard, Geiger* a utilisé une fine aiguille disposée dans la chambre d'ionisation et a pu déceler sous la pression atmosphérique, non seulement les par- ticules qui pénètrent dans la chambre, mais aussi les particules £. Kovarik # a proposé diverses modifications - relatives aux instruments d'observation : l’électroscope de Zeleny, l’électroscope de Wilson, un téléphone récep- teur et un galvanomètre balistique ont pu être utilisés. Ces méthodes visuelles ou auditives sont très fati- gantes; elles nécessitent une attention soutenue pen- dant de longs intervalles de temps. Un dispositif enre- gistreur constituerait donc un perfectionnementévident, Rutherford et Geiger, en déplaçant une pellicule photographique derrière le fl éclairé d’un électromètre à corde, ont obtenu des photographies du fil qui donnent les déviations déterminées par les décharges entre l’électrode et la chambre qui l'entoure, lorsque l'ionisa-- tion par choc se produit dans la chambre, au moment où pénètrent les particules z. M. Alois F. Kovarik? a. décritrécemment une méthode permettant d'enregistrer les particules x ou £ ou les pulsations dues aux rayons ?, dont nous allons indiquer le principe. Dans la méthode visuelle, on porte la chambre à un potentiel positif relativement élevé(environ 2.000 volts), on met la pointe au solà travers une résistance très élevée (encre sur papier) et on la fait également communiquer avec le fil de l’électromètre à corde ou avec les feuilles d'or des électromètres à feuilles. Dans la méthode auditive, on dispose un téléphone entre la pointe et le sol, si le courant de décharge dans la chambre est suflisamment intense pour actionner la membrane du téléphones si- non, on le dispose dans le circuit filament-plaque d’un audion amplilicateur, l’électrode en pointe étant reliée soit directement à la grillé, soit au sol par l'intermédiaire du primaire d’une bobine d’induction dont le secondaire est relié à la grille et au filament. Dans la méthode d'enregistrement, on amplifie le courant entre l’électrode en pointe et les parois de la chambre au moyen d'un tube à vide amplificateur à trois électrodes; ce courant actionne un relais très sensible disposé dans le cireuit d'une batterie de piles qui, à son tour, actionne la plume d’un chronographe; le relais est sensible à un courant d’une fraction de milliampère. Dans son mémoire, M, Kovarik reproduit une partie du graphique fourni par les particules £ pénétrant dans la chambre d'ionisation à la vitesse de 160 par min. 1. Ruruerronb et GwiGekk : Proc. Roy. Soc., série À, t. LXXXI, p. 162; 1908, è 2. Gricek et RurueRroRD : Phil, Mag., 6° série, t, XXIN, ». 618; 1912, 3. Geicer : Verh. D. Phys. Ges., t. XV, p. 534; 1913. h. Kovanix : Phys. Hev., 2e série, t. IX, p, 667; 1917, >. Alois EF, Kovarik : Phys. Rev,, 2* série, t. XIII, p. 272- 280 ; avril 1919, | 11 reproduit aussi les graphiques que donnent les dé- charges spontanées au nombre de 8 environ par min. … Ces décharges spontanées sont dues aux particules «. … provenant de l'émanation contenue dans l'air, aux radia- » tions émises par la substance des parois de la chambre !, “aux rayons 7 du sol et autres sources extérieures, et, peut-être aussi, à l'imperfection des pointes. Les électrodes en pointe utilisées doivent être pré- parées avec un soin spécial, Les pointes ordinaires peu- vent produire une décharge continue dans le champ électrique intense, tandis qu’elles ne doivent donner un courant de réponse que lors de l’ionisation produite par les radiations. M. Kovarik a étudié un grand nombre d'électrodes : fils de platine en pointe, fils de platine terminés par un petit globule obtenu en chauffant la lpointe jusqu'à la fusion, pointes d’acier de diverses formesetdiverses dimensions, filaments detungstène, ete. Les meilleurs résultats ont été fournis par des pointes d'acier, travaillées de manière à avoir des extrémités ylindriques et très fines, qu’on chauffe à la flamme pour constituer une surface régulière et uniforme. Le fila- ment de tungstène peut facilement donner une pointe ‘de forme quelconque par chauffage dans une flamme ; les pointes ainsi obtenues fonctionnent très bien dans ne atmosphère sèche, mais l'humidité affecte rapide- ment la surface et détruit les propriétés voulues. On n'a pas encore trouvé de pointe dont les qualités soient durables, Quelques électrodes en pointe peuvent fonc- tionner d'une manière continue pendant plus decent heu- es, tandis que d’autres se brisent après une heure “d'emploi. …. M. Kovarik a utilisé son dispositif pour étudier la loi d'émission des particules 8. Le graphique obtenu ‘pendant 430,6 min. a permis d'inscrire 37.266 parti- tules 8. On l’a divisé en intervalles de 0,2 min. et on a compté les particules £ dans chacun des 2.153 inter- valles. Le plus petit nombre de particules a été 7 et le plus grand 31. On a calculé le nombre d’intervalles qui contiennent 7, 8, …, 31 particules et on a représenté e nombre des intervalles en fonction du nombre cor- respondant de particules. La courbe obtenue est très voisine de celle fournie par la formule de Bateman : * PRE n où æ représente le nombre moyen de particules par intervalle et P la probabilité relative à un nombre de n particules par intervalle. F * En disposant un écran sur l'ouverture de la chambre d'ionisalion de manière à arrêter les rayons 8, M. Ko- varik a pu enregistrer les pulsations dues aux rayons 7 et aux rayons X. - A} B. - Au sujet d'une trompe à mercure à remon- “taye automatique. — Par une lettre publiée dans la “Revue du 30 mars 1919, M. le Professeur Maquenne fait remarquer que le principe du remontage automatique des trompes à mercure remonte à M. Verneuil, qui en “a décrit un dispositif au Bulletin de la Société chimique en 1391: J'ignorais ce dispositif, que je n’ai jamais rencontré dans les laboratoires de la Sorbonne que j'ai eu l’occa- Sion de visiter. M. Maquenne, que j’ai vu à ce sujet, a bien oulu m'en montrer quelques modèles qu'il a adoptés pour une trompe à deux chutes dont il est parlé dans la lettre précitée. …—._ Le système Verneuil et le mien utilisent le même principe avec des dispositifs bien différents. Afin d’éta- blir les faits, je fais une comparaison des deux systèmes en me reportant d'une partau Bulletin de la Société chi- mique de 1891 (p. 748), d'autre part au numéro du 30 novembre 1918 de la Revue générale des Sciences : M. Kovarik fait remarquer qu'une chambre en plomb ‘donne un si grand nombre de décharges spontanées dues aux rayons du radium DEF contenu dans le plomb qu'elle est inutilisable pour ces expériences. " \ 1° Dans la trompe à mercure ordinaire, on utilise deux réservoirs à mercure fixes; il en est ainsi dans le système Verneuil, M, Le Professeur Maquenne, jugeant utile d'augmenter les dimensions de l’appareil,/a rendu le réservoir supérieur mobile afin deproduirel’amorçage, Dans mon système, il n’y a qu'un seulréservoir à mer- cure; il est fixe, d'où une économie de mercure. 2° La prise d'air dans la colonne de remontage du dis- positif: Verneuil se fait par une parti& biseautée en con- tact avec le niveau du mercure maintenu constant. M. Maquenne remplace la partie biseautée par une petite ouverture à la base de la colonne de remontage. Dans mon dispositif, la prise d’air se fait par un petit ‘bout de caoutchouc à vide muni d’une pince, ce qui per met le réglage du remontage, avantage intéressant. 3° L'appareil où vient gicler le mercure de la colonne de remontage est plus simple dans l’appareil Verneuil que dans le mien ; cependant, actuellement, on ne s'ar- rête pas devant quelques complications dans le travail du verre, Il faut d’ailleurs remarquer que le jet de mer- cure qui est assez violent se produit horizontalement dans le remontage Verneuil, verticalement dans le mien, ce qui fait que dans mon dispositif on a un équilibre mécanique meilleur. Paul Mathieu, Ingénieur (ESE), professeur de Physique. $ 4. — Cristallographie Les méthodes de production de gros eris- taux homogènes dans les solutions. — Cer- taines recherches sur les propriétés des cristaux néces- sitent l'emploi de gros spécimens, aussi parfaits que possible, La production de ceux-ci à fait objet de nombreuses recherches depuis quelques années, En 1908, F. Krüger et W. Finke! ont breveté un. appareil pour la production de cristaux homogènes, propres aux recherches physiques, par la cristallisation en mouvement dans une solution circulante, Il comporte un élément thermique, soumis à un contrôle délicat, placé dans un récipient à sursaluralion, et un dispositif de refroidissement; également contrôlé, situé entre le récipient à sursaturation et le crislallisoir. En 1915, J. J. Valeton ? a perfectionné cet appareil, et tout récem- ment J, C. Hostetter 3 paraît avoir porté à son plus haut point de perfection la production des cristaux par cette méthode. ; En 1915, J. M. Blake ia décrit deux autres méthodes de formation des cristaux. L'une consiste à refroidir lentement une solution saturée; pour cela, on place la solution dans un flacon, on suspend un germe cristallin dans la solution, on plonge le flacon dans un récipient plein d’eau bouillante entouré lui-même de sciure de bois, et on laisse refroidir. L'autre méthode consiste à suspendre un-germe cristallin dans une solution du sel contenue dans un vase incliné, à placer une provision de sel solide vers l'extrémité supérieure du vase et à chauffer doucement cette extrémité. Blake a obtenu de bons résultats par cette dernière méthode, A son tour, M. R, W. Moore”, du Laboratoire de recherches de la General Electric Co, à Shenectady, vient d'expérimenter une méthode très simple, qui lui a donné de magnifiques cristaux homogènes avec le sel de Rochelle. Il dépose un ou plusieurs germes crist{l- lins dans une solution presque saturée du sel, refroïdit celle-ci jusqu’à ce qu'elle soit très légèrement sursaturée et maintient cet état de légère sursaturation par un refroidissement lent soigneusement contrôlé. Si le refroidissement est suflisamment lent et que la tempé- rature ne varie que dans des limites très étroites, les germes cristallins se développent en cristaux clairs 1. Breyet allemand n° 228.246. 2, Ber. Sachs. Ges. Wiss.,t. LXVH, pp. 1-59; 1915. 3. Journ. Washington Acad. of Se., t. IX, pp.85-94; 1919. 4. Amer. Journ. of Sc.,t. XXXIX, pp. 567-570; 1915. 5. Jour, Amer. chem. Soc., t. XLI, n°7, pp. 1060-66 ; juil- let 1919. 4 à \ CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE parfaitement formés, qui continuent à s’accroitre et à rester homogènes aussi longtemps que l’état de légère sursaturation est maintenu, Avec le sel de Rochelle, l’auteur opère comme suit : Il prépare une solution saturée entre 35° et 4ov, sépare celle-ci de l'excès de sel, la chauffe à 7° ou 6° au- dessus de la température/de saturation et la filtre sur papier dans un entonnoir de Büchner. IL prend soin que la température de la solution ne s’abaisse pas à moins de 4°-5° au-dessus de la température de satura- tion. De petits germes cristallins sont déposés au fond d'un vase qu’on remplit ensuite avec la solution saturée. Le vase est recouvert d’une plaque de verre, puis placé dans un grand bain-marie, dont la température est supérieure d'environ 0°,5 à la température de satura- tion de la solution, On laisse refroidir jusqu'aux envi- rons de cette dernière. Puis, au moyen d’un thermostat très sensible, on controle la marche durefroidissement : “on ne laisse la température baisser que de o°,1par jour jusqu’à ce que les cristaux se soient notablement accrus et aient pris une forme parfaite; on y arrive fénéralement en un seul jour. Puis on laisse la tempé- rature diminuer de o0°,2 par jour; après que les cris- taux ont atteint 2 à 2,5 em., on élève la vitesse de refroidissement à 0°,3-0°,4 par jour; quand les cristaux ont dépassé 3 em., on la porte à 0°,5-0°6 par jour. Lorsque la solution s'est refroidie à peu près à la teém- pérature de le chambre, on enlève le vase du bain- marie, on retire les cristaux et on les sèche rapidement les frottant avec une étoffe douce. M. Moore a ainsi obtenu des cristaux de seldeRochelle atteignant jusqu'à 9 em., parfaitement clairs et homo- gènes, à faces et angles bien formés; il a également préparé de beaux cristaux d’alun, et sa méthode Jui paraît applicable à la plupart des substances cristalli- sant en solution. Ce procédé demande toutefois du temps et de la patience, Il sera bon de déterminer à l’avance exacte- ment la température de saturation de la solution sur un petit intervalle autour du point où l’on se propose de commencer la cristallisation, En outre, il faudra faire quelques essais pour trouver l'intervalle de tem- pératures où il faut se maintenir pour que les germes cristallins ne se dissolvent pas et qu’il ne se forme pas de cristaux spontanés. Le contrôle de la température doit être parfait pendant toute la durée de la cristalli- sation, pour éviter la formation de plages opaques dans les cristaux, $ 5. — Chimie industrielle L'action des conditions atmosphériques sur la laine et le drap. — La nécessité pour l’AI- lemagne d'économiser le plus possible le drap servant à la confection des uniformes de ses soldats a conduit l'Administration à faire étudier les causes de la dété- rioralion des vêtements militaires qui ont élé portés pendant longtemps en service actif. M. A. Kertesz, qui a été chargé d'élucider ce point, vient de faire connaître les principaux résultats de ses recherches, qui le con- duisent à attribuer cette détérioration à l’action prolon- gée des conditions atmosphériques normales !, Des fibres de laine, laissées pendant longtemps à l'air exposées à toutes les intempéries, se désintègrent peu à peu et finissent par se détruire complètement. La laine non teinte est beaucoup plus rapidement attaquée que la laine teinte, la différence étant facile à discerner sur les tissus mélangés. Les sels acides, les sels d’alu- minium et de fer exercent une certaine influence pro- lectrice, mais bien moindre que les sels de chrome. Les draps légers sont beaucoup plus rapidement détruits que les draps lourds, L'influence des trois principaux facteurs atmosphéri- ques : humidité, ozone, lumière actinique, a élé étudiée séparément. L’ozone produitleramollissement dela laine, 1. Zeitschr. angew. Chem., 1919, t. XXXII, p. 168; .à l'air, La présence ou l’absence d'humidité ne parais- mais non le durcissement particulier et la perte de l’ap- parence laineuse qui ont été notés sur les draps exposés sent pas exercer d’action particulière. Par contre, les effets destructeurs observés peuvent être exactement reproduits par exposition aux rayons d’une lampe en quartz à vapeur de mercure, de sorte qué la destrue- tion de la laine est attribuable en définitive à l’action de la lumière actinique. L’oxyde de chrome est l'agent protecteur le plus efli- cace contre cetle destruction; il doit être présentenpro- portion d'environ 10/, du poids de la laine sèche. On peut l’incorporer sous la forme du sel de chrome d’un acide organique, par exemple une solution d’acétate de chrome à 3°-5°B. (d—1,02- 1,08). $ 6. — Physiologie L'asoxémie, ses causes et son traitement. — L'anoxémie est une condition de l'organisme dans laquelle l'apport de l'oxygène aux tissus par le sang dans les capillaires est insuflisant au maintien normal de la vie. Son existence se traduit par des symptômes anormaux, qui peuvent être annulés par une augmenta- tion de l’apport d'oxygène. Le Prof. J. S. Haldane a exposé récemment, dans une conférence au Laboratoire de Physiologie du Guy’s Hospital, à Londres, lés recher- ches qu'il a effectuées sur cette affection et qui en éclairent les causes et le traitement!. On sait/que l'oxygène utilisable du sang existe sous deux formes. Une petite partie (environ 1/50 dans le sang artériel humain normal) est présente en solution. , Mais la plus grande proportion est combinée avec l’hémo- globine sous forme de composé aisément dissociable, l'oxyhémoglobine, qui libère de l’oxygène libre à me- sure que celui qui est en solution est consommé. La rapidité avec laquelle l'oxygène est cédé aux tissus dépend de la pression partielle, ou pression de diffusion, de l'oxygène libre en solution. Bohr, de Copenhague, a déterminé le premier la courbe de dissociation de l'oxy- hémoglobine dans le sang de l'homme avec la pression partielle variable de l'oxygène libre présent. L’anoxémie — ou chute excessive de la pression de diffusion de l’oxygène dans les capillaires — est due à l'une ou à plusieurs des causes suivantes : \ 19 Une saturation délicitaire du sang artériel par l'oxygène. Celle-ci peut provenir à son tour de, l’une des deux circonstances ci-après : ou bien la pression partielle de l'oxygène dans les alvéoles pulmonaires est trop basse (par exemple par suite d’une diminution de la pression barométrique) pour produire une saturation normale de l'hémoglobine par l'oxygène, ou bien, par suite de gonflement, d’exsudation ou d’une autre ano- malie des parois alvéolaires, l'oxygène ne peut diffu- ser vers l’intérieur assez rapidement pour saturer le sang pendant le temps limité de son passage à travers les capillaires alvéolaires ; 2° Un ralentissement de la circulation (provenant par exemple d’une faiblesse subite du cœur ou d’une grande perte de sang); une proportion excessive d'oxygène est alors consommée dans les capillaires, 3° Une diminution de la proportion d'hémoglobine. active du sang (comme dans l’anémie ou l’intoxication par certains gaz qui se fixent sur l’hémoglobine ou li. détruisent) ; 4° Enfin une modification de la courbe de dissocia- tion de l’oxyhémoglobine, qui fait qu’elle cède plus lentement son oxygène. Bohr et ses élèves ont montré, en effet, que, lorsque la pression partielle de CO? dimi- nue dans le sang, l’oxyhémoglobine retient plus forte- W ment son oxygène, et Barcroft a reconnu que d’autres acides en faibles qu'antités agissent comme CO?. C’est donc en vertu de ses propriétés acides que CO? altère les fonctions de l'hémoglobine. Or on peut 1. The British medical Journal, n° 3055, p. 65;19 juillet 1919. à : : : : | AVE er: CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 505 diminuer la proportion normale de CO? dans le sang - artériel par une ventilation exagérée, comme dans la respiration forcée. Celle-ci produit en effet une série de - symptômes tout à fait semblables à ceux de l’anoxémie - pure, Ceux-ci sont beaucoup moins accusés quand la respiration forcée a lieu dans l'oxygène pur et non . dans l'air ordinaire. L'anoxémie provoque certains symptômes qui cons- -tituent autant de réponses de l'organisme. Quand elle provient d'une diminution rapide soit de la proportion d'oxygène dans l'air inspiré, soit de la pression atmosphérique, le premier symptôme défini est généralement une accélération de la respiration ; mais, à moins que l’anoxémie ne soit forte, la respira- tion devient bientôt plus tranquille. Si l'anoxémie s’est . produite graduellement et n’est pas excessive, l’aug- mentation de la respiration n’est pas perceptible, On _ peut l’expliquer ainsi : Dans les conditions normales, l’activité du centre . respiratoire est réglée très exactement par la pression _ partielle de CO? dans l'air alvéolaire, autrement dit par la variation de la concentration du sang en ions H. _ Quand le manque d’ oxygène vient stimuler en outre le centre respiratoire, si aucun excès de CO?n’accompagne le défaut d'oxygène, une plus grande quantité de CO? est éliminée du sang artériel. L'excitation du centre due aux ions H devient plus ou moins latente, et il se pro- duit dans le sang un état d ’« alcalose » (qui se traduit - par une forte diminution d’acidité de l'urine). L'action du centre respiratoire se ralentit donc à mesure que la quantité de CO? du sang diminue, et le résultat final est une faible accélération de la respiration, Mais l’anoxémie n'en persiste pas moins pour cela. Un' autre phénomène respiratoire fréquent dans . J'anoxémie, surtout modérée, c’est l'apparition de la respiration périodique du type clinique ordinaire de Cheyne-Stokes. La production de cette dernière dépend du fait que, lorsque le manque d'oxygène agit sur la respiration, la mise en train et la cessation de l’excita- . tion se produisent d’une façon beaucoup plus tran- chée que sous l'influence de CO”. Le gouvernail respi- ratoire devient alors trop sensible, commele régulateur . d'une machine à vapeur qui n’a pas de volant,ou une . charge insuflisante : l'apport d'oxygène au centre de- . vient, quand l’anoxémie n’est pas trop considérable, alternativement assez faible pour provoquer une res- _piration précipitée, et, assez fort, en l'absence de CO? qui a été éliminé, pour produire l'apnée. La réponse de la circulation à l’anoxémie paraît dans . l'ensemble analogue à celle de la respiration. Quand Vanoxémie intervient rapidement, ily a d’abord une accélération marquée du pouls et une légère augmenta- - tion de la pression; mais, comme pour la respiration, ces varialions se modèrent bientôt. La couleur des lèvres, de la langue et de la face renseigne en une cer- . taine mesure sur le degré d’anoxémie. Si l’anoxémie se produit rapidement, ou si elle survient sans qu’il y ait un excès d'élimination dé CO? du sang, on observe la « cyanose bleue » des lèvres et de la face. Mais, si l’'anoxé- mie se produit graduellement et que CO? s’élimine du sang en grande quantité, la cyanose est moins évidente et d'une couleur plus terne. Les effets de l’anoxémie sur lesystème nerveux sont caractéristiques : l'acuité des organes des sens, la mé- moire, la rectitude du jugement s’affaiblissent gra- duellement et sans grand malaise. Quand la cause dé l’anoxémie persiste, elle ne peut évoluer que vers l'une des deux terminaisons sui- vantes : Ou bien l'individu s'adapte, s'acclimate à un degré plus ou moins étendu, et cela par diminution de l’alea- lose, sous l’action des reins et du foie; Ou bien son état empire de plus en plus, Il se pro- duit des phénomènes du genre de ceux du mal des montagnes, puis des symptômes encore plus graves, On note une sorte d'épuisement du centre respiratoire : la respiration devient de plus en plus courte et fré- quente; un cercle respiratoire vicieux s'établit, car la respiration peu profonde augmente à son tour l’anoxé- mie, et la mort survient bientôt par fléchissement du centre respiratoire plutôt que du cœur. Le traitement de l’anoxémie doit consister à rompre le plus tôt possible ce cercle vicieux, et pour le Prof. Starling le seul moyen pratique est l’inhalation d'oxygène, dont les bons effets ont déjà été montrés par Pembrey. Pour éviter le gaspillage, il est inutile de faire res- pirer au malade l'oxygène pur,ou même à 800/,, lequel, au bout de quelques jours, produirait d’ailleurs de la pneumonie. Il suffit d'ajouter à l’air ordinaire la quan- lité d'oxygène juste suflisante pour faire disparaître l’anoxémie, M. Starling a combiné un petit appareil, pouvant s'adapter à une bonbonne à oxygène, qui per- metau malade d'aspirer juste la quantité d'oxygène nécessaire, sans perte à l'expiration. Cet appareil a été utilisé avec succès depuis 1917 dans l'armée anglaise pour le traitement des cas d’anoxémie causés par l’as- piration de gaz toxiques. Uue méthode différente d'administration continue de l'oxygène a été appliquée depuis 1918 à Cambridge par MM. Barcroft et Hunt. Elle consiste à maintenir le malade, avec son lit, dans une chambre hermétique- ment close où l’on envoie de l’air enrichi en oxygène dans la proportion voulue; cet air est continuellement purifié et desséché par passage dans des appareils d'absorption. Cette méthode est plus onéreuse, mais elle a permis d'obtenir d'excellents résultats dans les cas où le traitement doit se prolonger pendant une certaine période. Etant donnée la fréquence de l'anoxémie, qui cons- titue une complication dangereuse de la pneumonie et de la broncho-pneumonie, et se retrouve presque toujours dans la bronchite, l'asthme et la plupart des maladies chroniques ou congénitales du cœur, les recher- ches du Prof, Starling acquièrent une grande impor- tance pratique. “ « # 4 e., ê ' >: 4 4 506 LES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES FRANÇAISES D'AVANT GUERRE Eire DEMENGE. — LES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES FRANCAISES LEUR AVENIR En ce moment de reconstitution de nos forces, il ést intéressant plus que jamais de dresser le tableau fidèle des industries métallurgiques qui occupaient déjà une si grande place dans notre pays et vont désormais prendre une importance prépondérante, maintenant que la vaillance de fos Soldats nous a rendu les riches provinces qui nous avaient été brutalement arrachées. Aussi faut-il reconnaitre que M. le professeur Léon Guillet a fait œuvre bonne et utile en ras- semblant dans un seul ouvrage ! le développement des nombreuses conférences que, depuis le dé- but dés hostilités, il a eu l’occasion de faire sur la question avec la compétence que l’on connait. Nous nous proposons d'analyser cet important travail, en insistant tout particulièrement sur les chapitres que M. Guillet lui-même a tenu à cœur de présenter au public, en les soulignant avec son énergie si pleine de conviction; ces chapitres présentent un intérêt capital pour le relèvement de notre situation dans le monde, puisqu'ils ont trait aux rapports de la science et de l'industrie, à l'inflüence de la méthode scien- tifique dans les progrès passés et à venir de la Métallurgie, à J’organisation scientifique dans lés usines, enfin à la préparation technique du personnel dirigeant, par suite aux améliorations à apporter à notre enseignement supérieur. # 4 \% Dans la première partie de son livre, l’auteur passe en revue les différentes meétallurgies, en donnant naturellement la placé d'honneur à celle du fer êt de l'acier. Ce n’est pas À proprement parler un traité de métallurgie, mais plutôt une Monographie de chacun des métaux, où les pro- cédés de fabrication sont fort bién exposés ainsi que les derniers perfectionnements qui y ont été apportés. C’est la mise à jour des méthodes nouvelles, où interviennent surtout l'emploi du four électrique et de l’électrolyse, et aussi les progrès résultant des plus récentes recherches de laboratoire. Enfin, par une heureuse innovation, l’auteur à rapproché de l'étude technique de chaque métal, sa situation économique en France et dans le 1. Les Industries mélallurgiquesd'avant guerre : Leur avenir, par Léon Guirvier, Frofesseur au Conservatoire des Arts et Métiers et à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures, 1 vol, in-8° de 768 pages uvec 44 planches hors texte, H. Dunod et Pinat, éditeurs, 47 et 49, quai des Grands-Augustins, Paris. monde. Ces statistiques établissent d’une façon » frappante notre situation relative, notamment « vis-à-vis des Allemands, à la veille du conflit for-” midable qui vient de se terminer, Elles permet- tent de se rendre compte de ce qu’elle peut deve- nir, lorsque l'équilibre sera rétabli, à la condition toutefois de tirer le meilleur parti des éléments favorables en notre possession. M. Guillet, exposant l’histoire de différents métaux, étudie les conditions techniques et éco- nomiques au milieu desquelles évolue chaque métallurgie, et débute en examinant la situation mondiale des combustibles soit naturels, soit artificiels, qui constituent pour chacune d'elles la matière première principale commune. Nous résumerons les points essentiels dé cette étüde très détaillée. COMBUSTIBLES. qui comprennentanthracites, houilleset lignites, ont donné lieu en 1913 à une production mon- ES T4 — Les combustibles naturels, | diale de 1.343 .000.000 de tonnes. Dans ce chiffre intérviénnent pour plus des 4/5 les trois pays producteurs : etl’Allemagne, ces deux derniers, presque égaux, largement dépassés par le premier. La France avec ses 40 millions de tonnes ne joue qu’un rôle: très effacé. Aussi, pour sa consofmrhation de 60 millions, ‘était-elle-obligée d'importer l’excé- dent d'Angleterre, d'Allemagne et de Belgique. Sur les 191 millions de la production allemande, : l’Alsace-Lorraine intervient seulement pour 3.800.000. D'après le calcul des réserves mondiales de charbon établi par M. de Launay, celles de la France ne constituéraient pas pour elle plus d’un siècle assuré, même au taux de la consom- mation actuelle. Il nous faudra alors compter sur les immenses réserves PROPARRE de l’Asie et des | Etats-Unis. Parmiles combustibles artificiels, le cokgest de beaucoup le plus important, en raison de ses emplois métallurgiques et des sous-produits récupérés dans sa fabrication. Les progrès apportés à cette industrie consistent dans l’em- ploi d’une gamme de charbons beaucoup plus. étendue et dans la compression du charbon avant sa mise au four. M. que, par le pilonnage etun traitement thermique convenable, cokéïlier des charbons spéciaux. les Etats-Unis, la Grande-Bretagne . Charpy a démontré. on pouvait ne plus s'astreindre à Dares AR vs degli ere Det: Dre + La production mondiale du coke en 1913 a été de 110.000.000 de tonnes, dont 32 millions pour l'Allemagne, 3.667.000 seulement pour la France. Notre consommation dépassait avant la guerre -f millions de tonnes; notre déficit était done de ‘3 millions de tonnes, et nous recevions de nos “ennemis plus de 2 millions de tonnes. Ce déficit ‘en coke sera augmenté de plus de 4 millions du fait de l' incorporation des usines métallurgiques - de Lorraine, sans compter que les cokeries de Lens et dé Dourges sont à reconstruire. L’utili- » sation des combustibles gazeux résiduels pour - les chauffages industriels, gaz des hauts four- neaux et gaz des fours à coke, prend tous les jours plus d'importance. - Fer. — Plus que toute autre, cette métallurgie intéresse notre pays en raison des richesses en . minerai dont il se trouve doté. En parcourant le tableau historique tracé de main de maître par . M. Guillet, qui fait passer sous les yeux les grandes figures de Bessemer, Martin, Gruner, Thomas, Le Chatelier, etc., il est intéressant de noter ke rôle primordial que la France et - l'Angleterre ont joué dans la création de toutes les méthodes utilisées actuellement et combien . peu l'Allemagne y a participé. » Les principaux progrès dans la fabrication de la fonte se rapportent aux hauts fourneaux eux-mêmes (dimensions, parois, 4 Béhargement automatiques ou skips), à l’utili- sation des gaz de hauts fourneaux avec l’épura- “tion qu'elle comporte, au chauffage et à la des- - siccation de l'air ét enfin au parti que l’on tire . des sous=produits (ciment de laitier). Dans les aciéries, l'emploi du mélangeur se généralise de plus en plus. — Les fours sont à - plus grande capacité, la disposition des appareils . mieux étudiée, = On adopte la marche en fonte liquidé ; of combine le travail au mieux de Ja - conduite de l’aflinage et de la qualité du pro- duit à obtenir entre convertisseurs, fours Martin - ét même fours électriques, d’où les procédés … Duplex ét Triplex dont les Américains font si _ grand usage. - Dans là production du minerai, de la fonte et … de l'acier, l'Allemäâgne occupait en 1918 le second … raïg derrière les Etats-Unis, et la France le qua- : 5s Sur une extraction mondiale de 170 mil- lions de tonnes, l'Allemagne-Luxembourg contri- . buait pour 48 millions, dont 21 millions prove- nänt de Lorraine et 7 millions du Luxembourg, et la France pour 22 millions, dont 19 millions 1/2 . de Lorraine. Le rapprochement de ces simples chiffres explique suffisamment d’une part le but _ principal que recherchaient nos ennemis en nous D'AVANT GUERRE appareils de. LOL CS D" Re oi AA à attaquant, d'autant plus que le minerai de Lor- raine qu'ils exploitaient est plutôt siliceux et considéré par eux comme minerai d'appoint, et aussi la situation extrêmement brillante que nous a réservée la victoire, puisque nous dispo- serons désormais d’un tonrage dé minerai de fer presque double. Avant la guerre, l'excédent des exportations de minerais français sur les imporz tations s'élevait à 7 millions (exportations en Belgique et Allemagne surtout) Il faut espérer que désorinais le chiffre de nos exporlations deviendra bien plus considérable. La production mondiale de la fonte est passée de 12 millions de tonnes en 1870 à 80 millions en 1913, dont19 millions pour l'Allemagne et5mil- . lions pour la France. Celle de l’acier, qui était. de 5 millions en 1880, a atteint 75 mil- lions en 1913, avec 19 millions pour l'Allemagne et4 millions 1/2 pour la France. On voit que ces chiffres sont à peu près parallèles. La fonte fa- briquée en France esten grande partie déla fonte Thomas (3 1/2 millions). Quant au fer propre- ment dit, sa production diminue sans cesse, et après s'être élevée au maximum à 1 million de tonnes en 4882, elle est retombée en 1912 à en- viron moitié (525.000 tonnes). : L'étude détaillée de la situation des usines dans les différentes régions de France et de l'Etranger fait ressortir l'importance croissante : du procédé Martin basique, parce qu'il utilise des matières premières moins limitées comme qualité, et qu'il fournit des produits de premier : choix. Néanmoins la proportion de l'acier Mar- tin est très Variable, suivant Îles pays, etle pour- centage est de 70,9 °/; pour l'Angleterre et de 65,5 pour les Etats-Unis, tandis qu’il se main- tient à 34,8et 32,8 pour l’Allémagneet la France, pays où l’on traite les minerais franchement phosphoreux !. Quant à l’acier électrique, sa fabrication est encore peu répandue. C’est surtout en Allema- gne qu’elle a tendance à se développer. Cuivns. — Le principal minerai étant la pyrite cuivreuse, la question du grillage joue un rôle, primordial dans cette métallurgie, comme d’ail- leurs dans celle de la plupart des métaux autres que le fer, et là les progrès ont été considéra- bles. Le convertissage par insufflation et surtout pär aspiration (procédé Dwight et Lloyd) est avantageusement appliqué, aussi bien pour la désulfuration que pour l’agglomération. Nous 1. E. Demexcre : L'acier Martin dans le monde, duction comparée à celle des autres aciers. 14t; 8, 15 et 22 avril 1916. Sa pro- Génie civil des / 508 Emiie DEMENGE. — LES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES FRANCAISES citerons comme autres améliorations dans la fa- brication du cuivre brut l'emploi de water-jackets à section rectangulaire munis d’un avant-creuset avec fusion pyritique ou semi-pyritique pour la préparation de la matte, tel qu'il est appliqué à l'usine de Givet de 14 Compagnie française des Métaux, usine qui vient d’être reconquise, le convertissage de cette matte avec le procédé basique, les fours d’aflinage de grandes dimen- sions et enfin l’extension que prennent les mé- thodes par voie humide pour le traitement des minerais pauvres. L'emploi du four électrique n’est encore qu'à l'étude. Enfin, pour l’affinage électrolytique pratiqué à Givet et à Dives, on utilise une densité de courant plus élevée qu’au- trefois et des anodes plus impures. La production mondiale du cuivre métal s’éle- vait en 1913 à 1.000.000 de tonnes environ. Elle avait plus que triplé dans les treize dernières années. Ici encore les Etats-Unis jouent un rôle prépondérant, puisqu'ils produisent presque les 6/10 (589.100 t.). L'Allemagne avec 41.000 tonnes et la France avec 12.000 tonnes se trouvent-au contraire, reléguées au dernier plan. Les Etats- Unis sont donc le réservoir où puisent toutes les nations. Ils ont fourni, en 1913, 72.000 tonnes à la France et 220.000 tonnes à l’Allemégne. On conçoit combien cette dernière se trouva au dé- _ pourvu quand elle eut épuisé ses stocks. La France, qui consomme 103.000 tonnes, produit à peine 12°/, de sa consommation et importe environ 95.000 tonnes pour les transformer. Pcous. — Les water-jackets pour la fusion du plomb d'œuvre ont été agrandis comme ceux du cuivre. On applique l’électrolyse à l’affinage. Enfin on récupère l'antimoine des crasses dans la proportion de 80 à 90 !/,, en les chauffant avec du sulfure de sodium. La production mondiale du plomb marchand en 1913 s'élève à 1.186.000 tonnes, dont 407.000 tonnes pour les Etats-Unis, 203.000 tonnes pour l'Espagne, 181.000 tonnes pour l'Allemagne, 116.000 tonnes pour l'Australie et seulement 28.000 tonnes.pour la France. On voit que l’Es- pagne est le plus gros producteur européen. Il est à remarquer que le plomb fabriqué en Allema- gnecomporte 40 ?/, de minerais importés et que la consommation dans ce pays est supérieure à sa production d’environ 40 à 50.000 tonnes. La France, qui consomme plus de 100.000 tonnes, est obligée d'importer des tonnages considéra- bles. Il n’est pas douteux que les fonderies de plomb peuventet doivent s'y développer en trai- tant les minerais de nos colonies africaines dont ainsi que les l'exploitation va progresser, concentrés australiens qui alimentaient jusqu'ici les usines allemandes. ARGENT ET Or. — Les bocards sont de plus en plus remplacés par les broyeurs à cylindres ou tubes-mills. La cyanuration prend la place de l'amalgamation, etlon précipite non plus par les tournures de zinc, mais par des poussières dé zinc recueillies dans les étoufloirs des fonderies ou par la poudre d'aluminium. ù Sur une production totale de 7.745 tonnes d’ar- gent en 1911, les Etats-Unis et le Mexique inter- venaient pour 5.200 tonnes et la France pour 47 tonnes, provenant seulement des métallurgies du cuivre et du plomb. Nous étions tributaires de l’étranger pour 400 tonnes environ. À la même époque on produisait 713 tonnes d'or dans le monde, soit 294 tonnes au Trans- vaal, 138 tonnes aux Etats-Unis, 82 en Australie, 43,5 en Rassie, 34 au Mexique et 2,8 en France. On sait que nos principales exploitations indi- gènes sont actuellement La Bellière et le Chà- telet, et à ce propos il est bon de noter que notre pays possède réellement des mines d’or, tandis que les 5 tonnes de l'Allemagne sont unique- ment obtenues comme sous-produits des métal- lurgies du cuivre et du plomb. Zinc. — C’est la métallurgie où les progrès ont été les plus lents en raison des difficultés qu’elle présente. Les améliorations consistent dans l'emploi de fours économisant autant que possible le char- bon et pourvus d'appareils mécaniques de char- gement, et aussi dans la conduite dela distil- lation qu'il convient de ne pas pousser à l'extrême, quitte à recueillir à l’état d’oxydes les dernières quantités de zinc restant dans les cen- dres. L'application du four électrique pour extraire le zine métallique des minerais est tou- jours à l’état d'étude. Quant aux procédés d’élec- trolyse auxquels l’'Anaconda a donné une grande extension, ils ne fournissent des résultats indus- triels qu'avec certains minerais et dans des con- ditions de revient, de courant et de cours du métal particulièrement favorables. Les principaux producteurs sontles Etats-Unis, l'Allemagne et la Belgique. Surle million de ton- nes de métal réalisé dans le monde entier en 1913, ces trois pays ont des contingents respectifs de 320, 280 et 197 milliers de tonnes. La France arrive au chiffre modeste de 63.000 tonnes en 1912. Toutefois sa situation est meilleure au point de vue minerais : 46.000 tonnes sont extraites de la métropole, 74.000 d'Algérie, 37.400 de Tunisie et enfin 25.000 à 30.000 tonnes du ‘fonkin, Æraix. — En dehors de la métallurgie propre- . ment dite de l’étain, qui est très simple, se pré- sente la question très importante du traitement - des déchets de fer-blanc. L’étain est recueilli soit sous forme de tétrachlorure, soit à l’état métallique, par électrolyse. Les Allemands ont particulièrement étudié tous ces procédés d’ex- traction. -La situation économique est très spéciale : les » pays consommateurs ne sont pas les pays produc- » teurs. Ceux-ci sontles Détroits(Etats anglais de la . presqu'ile de Malacca et certaines iles hollan- . daïses telles que Banka et Billiton), la Bolivie. Ces régions envoient d’ailleurs en Europe une . partie de l’étain sous forme de minerais. La pro- duction mondiale de l’étain est de 130.000 ton- . nes, dont 65.000 expédiées par les Détroits. L'An- _gleterre produit à peu près sa consommation : 22.000 tonnes, dont 5.300 avec ses minerais indi- gènes, et l'Allemagne 11.500 tonnes, alors qu’elle en consomme 19.300 tonnes. La France importe la plus grande partie des 8.300 tonnes qui lui sont _ nécessaires. (4 ANTIMOINE. — À noter le nouveau procédé appliqué par M. Marcel Biver pour traiter au water-jacket la cervantite Sb*0*, provenant du département de Constantine, par une simple _ fusion réductrice avec addition de minerai de fer et silice comme fondant. On recueille 30 à . 40 % de l’antimoine dans le métal fondu. Le reste est presque entièrement volatilisé et con- densé dans des chambres à l’état d’oxysulfure _à 73 %. Le métal brut est ensuite affiné. Ce traitement eut lieu aux wsines de Langeac. … On produit en tout 16.000 tonnes environ - d'antimoine avec la Chine et le Mexique. La France est un gros producteur, avec un chiffre . dépassant 5.000 tonnes. D'ailleurs le tonnage de . minerai extrait de ses mines et de celles d'Algé- rie atteint 14.500 tonnes. Ce métal est surtout . utilisé sous forme d’alliage avec le plomb ou l'étain. Son rôle est de durcir. On afait grand emploi du plomb antimonieux dans la fabrica- . tion des balles de shrapnel. Nickez. — On distingue le traitement de la “garniérile, silicate double de” nickel et de magné- - sium, et celui des pyrites ou arsénio-sulfures du Canada qui contiennent soit du cuivre, soit du cobalt, de l'argent. Comme dans la métallurgie - du cuivre, on traite la garniérite en formant une matte que l’on déferre, mais à l’inverse du cui- | _vre, on ne continue pas le convertissage et ,9n grille à mort le sulfure de nickel pour le trans- . former en oxyde que l'on soumet à une calcina- _ tion réductrice. Le procédé si original de Mond REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES D'AVANT GUERRE | 509 s'applique aux minerais canadiens. On sait qu'il est essentiellement basé sur l’action de l’oxyde de carbone à 100° sous une pression de 15 atmo- sphères sur le nickel réduit obtenu comme pré- cédemment. Il se forme alors un carbonyle de nickel Ni(CO)* volatil, qui se décompose à 1800 sous la pression atmosphérique et abandonne son nickel. On connait le rôle important que joue le nickel dans la métallurgie de l'acier. C’est la France qui la première en 1885 en indiqua l'emploi. Il intervient également dans la fabrication des cupro-nickels etmaillechorts. La production dans le monde s'élevait en 1912 à 28.500 tonnes. Dans ce chiffre, les Etats-Unis et le Canada interve- nalent pour 15.900 tonnes, l'Angleterre 5.200, l'Allemagne 5.000 et la France 2.100 tonnes. Quant aux matières premières, la Nouvelle-Calé- donie exportait à elle seule, en 1913, 93.000 ton- nes de minerais à 7 %, tandis que le Canada produisait 22.500 tonnes de minerais ou mattes. L'Allemagne dépend donc entièrement des Alliés pour s’approvisionner. Mercure. — Dans la métallurgie de ce métal se présente la même complication quenousavons vue à propos du zinc. Il faut condenser le métal qui se dégage à l’état de vapeur: toutefois ici on n’a pas à craindre l'oxydation et le produit fon- dant à 38°6 est forcément obtenu à l’état liquide. Sur les 4.200 tonnes qui représentaient la pro- duction totale en 1913, l'Espagne a fourni plus de 35 % avecsa vieille mine d’Almaden. Venaient ensuite l'Italie, l’Autriche-Honyrie et les Etats- Unis, avec une production du même ordre de grandeur (de 1.000 à 703 kgs). ALUMINIUM. — La fabrication industrielle de ce métal a une origine bien française et nous pou- vons en revendiquer l'honneur. C’est d’ailleurs notre pays qui possède les plus beaux gisements de bauxite, qui alimentaient jusqu'ici trop d'usines étrangères et seront réservés désormais, il faut l’espérer, aux seuls industriels francais. La métallurgie comporte 2 phases : transforma- tion du minerai en alumine pure et électrolyse de cette alumine en solution dans la cryolithe fondue. L'alumine est obtenue maintenant principale- ment par le procédé Bayer, dans lequel on dis- sout l’alumine par une solution de soude causti- que, et on laisse se précipiterlentement l’hydrate d’alumine par la simple action de l’air. Le pro- cédé au nitrure, si intéressant, puisqu'il fournit de l'ammoniaque comme sous-produit, n’est pas encore sorti de la période d'essais. Dans l’élec- trolyse de l’alumine, on est arrivé par des essais 3 510 d'ordre scientifique à déterminer le mélange pré- sentant la plus grande fusibilité possible et àtrou- ver dans quelle proportion il est nécessaire d'ajouter de la fluorine à la eryolithe. La situation économique de Faluminium est très intéressante à étudier à notre point de vue national. En 1913, les 68.000 tonnes produites dans le monde comprenaient 18.000 tonnes fran- çaises, soit 26,5 %. En 1900, notre production était de 1.500 tonnes. En 13 ans elle est donc devenue 15 fois plus forte, alors que la produc- tion mondiale a été seulement multipliée par 8,7. L’Angleterre, qui a produit 7.500 tonnes en 1913, a progressé dans la même proportion que, la France, mais avec des chiffres relatifs bien moins Néanmoins l'Amérique tient encore la tête avec le chiffre de 22.500 tonnes, qu’elle tire en plus grande partie de ses mine- rais indigènes. Le tonnage des bauxites extraites de nos mines françaises s’est élevé en 1912 à 259.000 tonnes. D'autre part, en 1913; alors que nos importations étaient insignifiantes, nos ex- élevés. portations comprenaient environ 168.000 tonnes de bauxite, 7.500 tonnes d’alumine, 3.000 ton- nes d'aluminium en lingots et déchets, et enfin 1.600 tonnes de feuilles d'aluminium. L’Alle- magne était un de nos gros acheteurs, soit direc- tement, soit par l'intermédiaire de la Suisse ou _des Pays-Bas. Tel est le rôle important que joue notre pays vis-à-vis de l'étranger dans tout ce qui se rapporte à cette métallurgie. On sait que pendant la guerre les Allemands, privés de la source où ils s’alimentaient, ont considérablement développé les gisements de bäuxite de Hongrie et de Dalmatie. Nous ne nous étendrons pas sur les emplois toujours plus nom- breux de l'aluminium et sur le brillant avenir réservé à ce métal, Etant données nos riches et considérables réserves, nous ne pouvons que nous en réjouir. Pcarine. — La métallurgie du platine se fait par voie humide. L'Oural fournit 90 °/, du pla- tine employé dans le monde, et à elle seule la Cie Industrielle du platine contrôle la moitié environ de la production mondiale, qui est de 6 à 7 tonnes. On connait la variation considérable des prix du platine. Le kg., qui valait en 1860 de 500 à 800 francs, était monté à 7.000 fr. avant la guerre. Il vaut aujourd'hui de 23.000 à 25.000 francs. Méraux secoNparres. — M. Guillet appelle ainsi ceux qui sont rarement utilisés à l’état pur et interviennent à l’état d’alliages et surtout de ferro ou cuproalliages. Tels le manganèse, le chrome, le tungstène, le molybdène, le vana- Emize DEMENGE. — LES INDUSTRIES METALLURGIQUES FRANCAISES dium, le titane. Un métalloïde, le silicium, vient s'ajouter à la série. Ces alliages peuvent conte- nir plus ou moins de carbone suivant le pro- cédé employé pour leur obtention. Les minerais de manganèse sont fournis surtout par la Russie, les Etats- Unis, les Indes et le Brésil. La chromite provient généralement de la Rhodésie, de la Nouvelle-Calédonie, de la Turquie, de la Russie ou de Ja Grèce. Le wolfram est extrait princi- palement dans le Colorado, en Argentine et en Portugal, le molybdène en Australie et le vana- dium au Pérou. Après avoir ainsi passé en revue les conditions techniques et économiques se rapportant à chacun des métaux, le lecteur a sous les yeux une série de tableaux graphiques fort bien pré- sentés. Sans imposer la comparaison aride des chiffres, ces tableaux indiquent immédiatement la production relative de la fonte et de l'acier dans les différents pays et à diverses époques; de même pour le zinc, le cuivre, le plomb, l'ar- gent, le nickel, l'aluminium, l’étain. Ils consti- tuent le résumé visuel très sucecinct des prin- cipales données statistiques que nous avons analysées. # *X *# La seconde partie de l'ouvrage, tout à fait distincte de la première, comprend la recherche des principaux facteurs ayant influencé le déve- loppement des métallurgies suivant les régions. Ces facteurs sont : . 10 la richesse du sol, soit en minerais, soit en combustibles; 20 l’évolution des méthodes. Exemple : la découverte de la déphosphoration mettant en pleine valeur notre magnifique bassin lorrain; 30 lesrecherches scientifiques, dontl’influence est si efficace sur les méthodes de fabrication; 40 J'organisation des usines et les méthodes commerciales ; 50 la situation douanière; 6° l'enseignement technique, si intimement lié à la formation du personnel et à sa valeur. M. Guillet s’est étendu plus particulièrement sur certains de ces facteurs, et en particulier sur l'intervention de la science en vue de rectifier la marche industrielle des usines et d'améliorer leurs produits. Nous avons plaisir à analyser le magistral exposé de tous ces travaux auxquels il a pris lui-même une part si active. La méthode scientifique, on le sait, peut être définie par l'étude systématique de l'influence des facteurs intervenant dans un phénomène déterminé, un seul de ces facteurs variant à la fois. Alors que l'industrie d'autrefois n’était / faite que de tours de mains et ne procédait que par empirisme, les incomparables progrès réali- sés depuis soixante ans sont uniquement dus à l'introduction de cette méthode dans la fabrica- tion. _ En partant du minerai et le suivant à tra- vers ses transformations jusqu'au métal mar- - chand, on rencontre d’abord la concentration ou, si l'on veut, l'enrichissement par catégories, ‘opération que les procédés par magnétisme et par flôttaison sont venus si heureusement amé- liorer. Ce minerai, avant d'être traité, est ana- lysé avec précision el rapidité : cesanalyses sont nécessaires ‘tant pour évaluer sa valeur que pour . calculer le lit de fusion. IL en est de même pour les autres matières premières. Au cours du trai- : tement, on prend maintenant les températures - (pyromètres Le Chatelier et Fery), on mesure … Les débits des gaz, les pouvoirs calorifiques des - combustibles (bombe Mahler, appareil Junker). - Enfin on arrive aux exemples classiques du Bes- semer, du four Martin, de la déphosphoration, » de l’aluminothermie, etc.; et aux études pure- ment scientifiques, qui en expliquant certains . des phénomènes, et précisant les conditions dans lesquelles réagissent les corps en présence, ont conduit à de multiples applications pratiques. Parmi toutes ces études, on peut citer les sui- vantes : R Conditions d'équilibre pour chaque tempéra- ture du système carbone, oxyde de carbone, - anhydride carbonique,établies parM.Bondouard. . Recherches de M. Charpy relatives aux actions È du carbone solide ou de l'oxyde de carbone sur les oxydes métalliques. Conditions de formation - des mattes. Recherches sur la fusibilité des sili- - cales, c'est-à-dire des laitiers et stories, suivant leur composition, sravaux auxquels sont atta- chés les noms de Vogt, Ackermann, Boudouard et Shepherd. C'est également la science qui permet de son- der la valeur du métal et par suite de l'améliorer soit par des additions, soit par des traitements extérieurs. Les essais auxquels on le soumetsont - mécaniques, chimiques, physiques ou physico- - chimiques. Les premiers comprennent des essais - de traction qui fixent la charge de rupture R, la - limite élastique E, l'allongement % A et la stric- _ tion E, des essais de choc quidéterminent la fra- gilité au mouton ordinaire ou mieux la résilience, . c'est-à-dire le nombre de kilogrammètres néces- saires pour produire la rupture d’un centimètre - carré de section utile d’un barreau entaillé, avec ‘le pendule Charpy, ou les appareils Frémont et Guillery, et des essais de dureté avec l'appareil à bille Brinell, des essais de pliage, d'emboutis- *< ju gi 400,28 A * D'AVANT GUERRE 511 sage, depression, ete. Les essais chimiques con- sistent en analyses proprement dites etien essais de corrosion. Nousnous arrêterons davantageaux essais phy- siques et physico-chimiques Leur multiplicité est grande puisqu'ils embrassent lés différentes propriétés physiques du métal, sa dilatation, sa résistance électrique, etc. L'une des méthodes auxquelles ils donnent lieu,et qui a permis d’ob- tenir des résultats remarquables, est la Métallo- graphie microscopique, science d'origine fran- çaise, qui met en lumière la structure du pro- duit. Rappelons-en le principe. Un alliage, quel, qu'il soit, est formé de constituants qui sont soit des métaux purs, soit des combinaisons de ces métaux entre eux, soit des solutions solides, c'est-à-dire des mélanges en proportion variable de ces mêmes métaux.L’examen au microscope de la surface du métal convenablement polie et at- taquée par certains réactifs permet, avec un éclairage par réflexion, de distinguer les divers constituants. En comparant différentes vues ob- tenues avec le même produit ou avec des produits différents, on est parfaitement renseigne sur les défauts physiques, l’'homogénéité, la composi- tion, les impuretés, le traitement subi, etc. Cette nouvelle science, ébauchée dès 1824 à Paris par M. Bréant, directeur de la Monnaie, a été reprise à divers intervalles par Anosoff, Sor- by, Martens et Wedding, mais le premier mé- moire important sur la question fut établi par MM. Osmondet Werth en 1885 dans leurthéorie cellulaire de l’acier. Enfin parut en 1894 le ma- gistral travail d'Osmond sur la Métallographie des alliages de fer et de carbone, auquel il n’y a presque rien à changer maintenant. Depuis cette époque, M. Henry LeChatelier rendit industrielle la méthode très minutieuse d'Osmond, en sim- plifiant la préparation de l’échantillon, en indi- quant de nouveaux réactifs pour l'attaque et en créant un appareil maniable pour l'observation et la photographie de grandes surfaces. Parallèlement à la métallographie, d’autres. méthodes ont été imaginées pour déterminer les points de fusion et de transformation, c'est-à- dire les températures où des réactions se pro- duisent dans la matière solide. Ces points, les derniers surtout, sont très importants, puisqu'ils fixent les températures de trempe. Les noms de Roberts-Austen, de Saladin, de Le Chatelier et de Broniewski s’attachent à la mise au point des appareils employés pour leur détermination. La méthode des dilatations, en particulier, a per- mis à MM. Le Chatelier, Coupeau, Charpy et Grenet, de faire progresser l'étude théorique des produits métallurgiques courants. Ÿ _ 512 Emze DEMENGE. — LES INDUSTRIES METALLURGIQUES FRANCAISES Viennent ensuite la théorie moderne de la constitution des alliages et laconception du dia- grammé d'équilibre de chaque alliage; ce dia- gramme est constitué par un ensemble de cour- bes représentant en fonction de la température et de la composition le commencement de la so- lidification (liquidus), la fin de la solidification (solidus) et les transformations qui peuvent se produire dans la masse solidifiée (lignes de trans- formation). On sait que, à la différence des mé- taux, dont le point de fusion est à température constante, il y a pour les alliages entre le com- mencement et la fin de la solidification un écart de température variable avec la composition. On constate de plus, dans les alliages une fois à l'état solide, des variations brusques de leurs propriétés, chaleur spécifique, dilatation, résis- tance électrique, magnétisme, elc., qui corres- pondent soit à une réaction entre les différents constituants, soit à une transformation de l’un d’eux. Les courbes, liquidus et solidus, sont donc la représentation des conditions de fusibilité des alliages. Si le liquidus estformé de deux bran- ches se rencontrant en un point bas et que le solidus passant forcément par ce point présente une partie horizontale, ledit point définit un alliage eutectique (fondant bien), c'est-à-dire l’alliage fondant tout d’un bloc, comme un com- posé défini, à la température minima et carac- térisé parune structure extrêmement fine où l’on retrouve généralement les constituants en lames alternées. Si cet arrangement se produit par une transformation des corps, lorsque ceux-ci sont déja à l’état solide, l'alliage est dit eutectoïde (Howe). Les traitements auxquels sont soumis les pro- duits métallurgiques ont pour but de leur don- ner leur forme et leurs qualités définitives. On distingue trois sortes de traitements : mécani- ques (forgeage, laminage, étirage, tréfilage, dres- sage, etc.), thermiques (trempe, recuit, revenu) et chimiques (cémentation, malléabilisation, éta- mage, zincage, cuivrage, nickelage, etc.), On amène le métal à la forme voulue par forgeage, laminage, filage, étirage ou tréfilage. La tempé- rature à laquelle se fait ce traitement est celle où le métal présente le maximum de malléabi- lité oude ductilité : par exemple, le Cu se lamine mieux à chaud qu'à froid, puisque les allonge- ments doublent presque -entre 750 et 950°. Un laiton à 70 % de Cu et 30 % de zinc ordinaire ne peut être travaillé à chaud, parce que sa rési- lience devient trés faible, contrairement à ce qui se passe pour le laiton 60/40. Pour des rai- sons analogues, les alliages Cu-Ni se laminent mieux à chaud à partir de 300°etles maïllechorts (Cu 54, Zn 26, Ni20) ne se travaillent qu'à froid. Les questions de corroyage et d'écrouissage peuvent être soulevées à cette occasion. Ces der- niers temps, M. Charpy a démontré très judi- cieusement qu'il ne fautpas attacher une impor- tance trop grande à l'influence du corroyage. On connait d’autre part les dangers de l'écrouis- sage. M. Guillet insiste sur les traitements thermi- ques, en particulier sur l'opération de trempe, qui consiste en un refroidissement brusque par. immersion soit dansun liquide, soit dans un gaz, rarement dans un solide {suif, älliages fusibles). L'effet de la trempe est de conserver partielle- ment l'état qui est stable à la température où se fait l'opération, en empêchant totalementou par- tiellement la transformation qui se produirait normalement pendant le refroidissement lent. Pour qu’un produit prenne la trempe, il faut donc qu’il existe au moins pour lui un point de transformation, ce qu'indiquentles diagrammes. On pratique le revenu sur un métal trempé en le chauffant à une température inférieure au point de transformation. C’est un cas particulier du recuit, dont l'effet tend à établir un équilibre soit physicochimique, soit mécanique, en fai- sant disparaitre l'effet de la trempeou de l’écrouis- sage. Le recuit est un chauffage à température élevée et assez précise, suivi d'un refroidisse- ment lent. Le revenu ne détruit que partielle- ment l’effet de la trempe ; il fait disparaitre les tensions internes etaugmentela résilience. À ce sujet on peut se reporter aux belles études de M. Portevin (/?evue de Métallurgie, 1912 et 1943). Quant aux traitements chimiques, M. Guillet cite les procédés de dépôt électrolytique, la she- rardisation (galvanisation par cémentation au gris de zinc), la cémentation proprement dite, la fabrication de la fonte malléable, les nouveaux procédés de soudage, etc. Grâce aux progrès scientifiques, toutes ces méthodes se sont amé- liorées considérablement et, au lieu de pratiquer l'empirisme d'antan, on obtient maintenant des produits constants en réglant les différents fac- teurs qui interviennent dans les traitements. Les alliages les plus répandus en métallurgie sont, avant tout, les aciers, puis ceux de quel- ques métaux autres que le fer, où entre princi- palement_le cuivre. L’étude de ces produits montre à quel point l’industrie a profité des recherches théoriques qui se sont poursuivies depuis plus de vingt ans. Les noms d’Osmond_ et de Henri Le Chatelier en France, de Roberts- Austen et de sir Hadfield en Angleterre, de Howe en Amérique, pour ne citer que les principaux, "RME Éptee à * reviendraient sans cesse sous notre plume, si nous avions à faire l'historique de ces beaux - travaux. Nous rappellerons en quelques mots avec M. Guillet les résultats acquis. © En rapprochant lacomposition des alliages /er- carbone de leurs propriétés mécaniques, on peut déjà se rendre compte de l'utilité des traitements mécaniques et thermiques sur l’acier ordinaire. Puis du diagramme d'équilibre qui présente des points de transformation, on déduit la structure du métal et les modifications que ces traitements - peuvent y apporter. D'une façon générale, l’ex- périence a montré que, lors de la solidification, les métaux et les solutions solides sent consti- taés par des cristallites ou dendrites, tandis que les combinaisons présentent des cristaux limités par des faces planes. Quant aux grains de métal, ils sont formés par la rencontre des arbo- _rescences et se développent d’autant plus que la . vitesse de refroidissement est plus lente. Quand les alliages sont représentés par des diagrammes - avec lignes de transformation indiquant notam- ment l’existence d’un eutectoïde, comme c’est le cas pour les alliages fer-carbone, les dendrites se forment à température élevée, mais au pas- sage des lignes de transformationil y a dépôt des éléments de l’eutectoïde soit dans les plans de clivage des cristaux, soit dans les joints des grains suivant la rapidité du refroidissement. Les aciers fondus étant donc composés de cris- taux _ de forme, grandeur et orientation variées, les traitements mécaniques (forgeage par exem- ple) viennent déplacer ces cristaux dans une direction déterminée et les traitements thermi- ques modifient leurs constituants suivant les circonstances de temps et de température. _ La création des aciers spéciaux émane entière- ment des recherches scientifiques. Quel chemin parçouru depuis les essais de Mushet sur l’acier au tungstène en 1859! On distingue aujourd’hui les aciers ternaires, c'est-à-dire ceux où un seul métal tel que le nickel, le manganèse, lechrome, letungstène,vients’ajouteràl’alliagefer-carbone, et les aciers quaternaires où le métal unique estremplacé par deux métaux simultanés : nickel- chrome, chrome-tungstène, etc. Les aciers ter- - naires se divisent en trois classes ; leur structure varie considérablement avec la teneur en métal ainsi que leurs propriétés mécaniques. Pour les basses teneurs (5 à 10 °/, suivant que le carbone varie de 0,80 à 0,10 °).), perlite comme pour les aciers ordinaires, augmentation des résistances, et diminution des allongements et résiliences. Avec les teneurs moyennes (15 à 27 %), la struc- ture est celle des aciers trempés à bonne tempé- rature (martensite) et les caractéristiques méca- ü ñ REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES D'AVANT GUERRE 513 sf 6 727 OCR SNS NS" Ms 5: OU ANNEE SSNNENS RE ES D D OCR SNSE SSSR ES PRET CE niques sont encore accentuées dans le même sens que précédemment. On les utilise peu. Enfin, à haute teneur dépassant 15 % pour les aciers très carburés et 27 % avec les aciers à 0,10 %, on obtient une structure polyédrique (fer y); mais, tandis que pour le Ni les allonge- ments et la résilience sont remarquables, avec une charge de rupture moyenne très acceptable (65 kg), pour le chrome, le tungstène, le molyb- dène et le vanadium, il se forme des carbures complexes qui rendent le métal très fragile. Quoi qu’il én soit, le passage d’une structure à l’autre, qui est d’ailleurs provisoire, correspond exacte- ment à une modification des propriétés. Quand, par exemple, la structure est entièrement mar- tensitique, la limite élastique, la charge de rup- ture et la dureté sont au maximum, l’allonge- ment, la résilience et la striction au minimum. D'ordinaire cette structure correspondant à un état instable, on peut la détruire par un recuit suivi d’un refroidissement suffisamment lent. Or, pour le nickel et le manganèse, les points de transformation sont situés trop bas dans l’échelle des températures pour qu’il soit possible de mo- difier leur structure pour la ramener à la nor- male. Si M. Portevin a pu le faire sur un acier chromé (7,38 °/ Cret 0,12 C) avec un refroidisse- ment de 72 heures, c’est en raison du grañd écart qui existe entre les points de transforma- tion à l’échauffement Acetau refroidissement Ar. Les aciers trempant à l’air sont généralement quaternaires (nickel-chrome, le chrome princi- palement fournissant la dureté), et doivent leur propriété remarquable, si utile dans la coupe des aciers rapides et dans la fabrication de certaines pièces d'automobiles, au fait que Ar est assez bas par rapport à Ac, ce qui permet de maintenir par un simple refroidissement à l'air, suivi d’un revenu au maximum, la structure obtenue par chauffage au-dessus de Ac, Dans ces aciers, la solution de carbure de fer dans le fer, c’est-à- dire l’austénite, qui s’est produite avec difficulté et pour laquelle il a fallu chauffer à une tempéra- ture bien supérieure à Ac, peut être inversement plus facilement conservée sans altération, même si la vitesse de refroidissement est faible. Les aciers chrome-nickel ont également joué un grand rôle dans la fabrication des blindages. Leur application, entreprise dès 1912 par les Aciéries de Saint-Chamond, a été améliorée tout récemment dans les mêmes usines, et le métal breveté : Ni 3, Cr 3 à 4, C 0,65 à 0,80, présente l'avantage de fournir la dureté voulue sur la par- tie antérieure et la résistance voulue sur la face postérieure grâce uniquement à des traitements thermiques appropriés et sans subir aucune 3 ac nm dde 514 Emi DEMENGE. — LES INDUSTRIES MÉTALLURGIQUES FRANCAISES cémentation. Îl lutte avantageusement avec les plaques harveyées et celles du procédé Krupp, lequel faisait également appel à des alliages complexes où les métaux Ni et Cr combinaient leur action avec celle d’autres métaux tels quele manganèse, le molybdène ou le tungstène. Tous ces mélanges n’ont été obtenus qu'à la suité de nombreuses recherches et celles-ci fontle plus grand honneur aux ingénieurs qui y ont par- ticipé. Nous mentionnerons enfin les aciers à haute teneur en nickel, résultant des travaux si origi- naux de M. Guillaume, l’invar à 36°/, de Ni et 0,30 de carbone, employé dans la construction des pendules de haute précision et des étalons; l'acier N58 des Aciéries d’Imphy, dont le coefli- cient de dilatation est le même que celui du fer; l'acier N 34 très manganésé quirésiste à la vapeur surchauffée; le baros, alliage de chrome et nickel,. dur et inoxydable, employé pour les plumes de stylographe, ete. On fait également des utilisa- tions intéressantes d’aciers ternaires et quater- naires ne contenant pas de nickel : l’acier au manganèse (12 à 13 % avec 1 à 1,2 de C) de sir Hadfield, très dur et à grande résilience, employé sous forme de moulage et même de laminé pour croisements de tramways et de rails spéciaux; l'acier chromé (1 à 1,5 %) pour billes de roule- ment et cylindres de laminoirs à froid; l’acier au tungstène pour la fabrication des aimants per- manents; l'acier au silicium (1,50) pour res- sorts, etc. Ces quelques exemples suffisent pour montrer les résultats remarquables auxquels a pu déjà aboutir depuis une vingtaine d'années l’alliance bien comprise entre la science etles applications industrielles. À côté des aciers se présente une classe d’al- liages fort répandus en métallurgie, dans lesquels le Cu entre le plus souvent et dont l’étude phy- sique a été poussée plus récemment encore. Ce sont les bronzes (cuivre-étain), les laitons(cuivre- zinc), les bronzes d’aluminium (cuivre-alumi- nium), les maillechorts (cuivre-nickel). Les dia- grammes d'equilibre ont été établis pour ces alliages binairesetil convient de faire à leur sujet quelques remarques d'ensemble. Le diagramme Cu-Ni ne présente qu’une seule solution solide. Tous les alliages de ce genre sont donc entiè- rement miscibles. Quant aux trois autres, l’état d'équilibre n'a pu être déterminé au-dessous de 200° ou 300° par suite des résistances passives. On admet donc que l’état stable reconnu à ces températures est identique à celui correspondant à la température ordinaire. Dans les trois cas, les alliages les plus riches en cuivre forment encore une solution solide, mais dans Jaquelle l'élément autre que le cuivre entre avec un maxi- mum de teneur variable suivant l’alliage; 9 % d'Al, 16 % de Sn, 37 % de Zn. Cette teneur maximum peut aussi varier dans certains cas à mesure que la température s'élève : constante dans le bronze d'aluminium, elle diminue légère- ment dans le laiton et beaucoup dans le bronze ordinaire. Il en résulte en particulier que les laitons contenant de 63 à 70 % de Cu ont un point de transformation et que la solution & donne à l'échauffement «+8. Pour les trois alliages, il y a de plus formation d'un eutectoide. Continuant l'exemple du laiton, on voit, d’après le diagramme, que les alliages entre 63 et 40 % de Cu ont deux points de transformation, l’un constant à 4750, point de l’eutectoïde, l’autre s’abaissant de 870° à 475° quand la teneur en cuivre passe de 63 à 53 %, puis se relevant de 475° à 850*° lorsque éelle-ci s’abaisse de 53 à 47 %. La solution &, stable à température élevée, aban- donne les solutions + et y; quant à l'eutectoïde, il correspond à 53 % de cuivre. Ce simple aperçu donne une idée de la grande importance des diagrammes d'équilibre et des conclusions industrielles qu'on en peut tirer. Les solutions « participent des propriétés du cuivre en tant que malléabilité, le constituant y est dur et fragile. Qant à &, il est forgeable à chaudettousles alliages pour lesquels on obtient au chauffage ce constituant pur jouissent de cette faculté. Bien plus, M. Guillet, mettant en paral- lèle les différents constituants de chaque alliage avec les propriétés mécaniques, en explique aussi les anomalies. 5 On arrive en dernier lieu à l’étude des alliages ternaires du cuivre, étude très compliquée, puisque les diagrammes auxquels elle donne lieu sont dans l’espace. Une théorie fort origi- nale, imaginée par l’auteur, permet de se rendre compte du rôle des différents éléments mis en présence : elle consiste à supposer que le corps ajouté à l’alliage binaire entre en solution dans les constituants déjà existants, et crée une struc- ture correspondant, non à l’alliage initial, mais à un alliage d’un titre modifié. C'est ainsi que l’alliage Cu 70, Zn 25,5, A1 4,5 a pour titre fictif Cu 57, Zn 43. Il est donc formé de deux consti- tuants « et B, et est laminable à température élevée, tandis que le laiton Cu 70, Zn 30 ne peut être forgé qu’à froid. É Ces additions de nouveaux éléments n’ont pas . seulement pour! but de modifier les propriétés physiques des alliages, elles servent souvent pour les purifier. Tel l'emploi nouveau des oxyÿ- dants comme addition finale, en vue d'agir sur D'AVANT GUERRE 515 - à parois brillantes. Dans la coulée’si délicate des maillechorts, on emploie l’azotate de sodium et le bioxyde de manganèse. Ce résumé rapide ne peut donner qu'une idée très incomplète des perfectionnements apportés dans la fabrication des alliages, dont la suite a été si bien exposée dans l'ouvrage de M. Guillet. » C'est à notre pays et à l'Angleterre que revient l'honneur d’avoir dirigé les travaux de labora- toire qui y ont abouti, et les noms des savants Osmond, Henry Le Chatelier, Roberts-Austen-et Hadfeld resteront attachés à cette collaboration si fructueuse de la science et de l’industrie. Grâce à leurs efforts et à leur constant labeur, les fabri- cations reposent maintenant sur des bases vrai- _ ment scientifiques, les produits connus sont . mieux utilisés et de nouveaux alliages avec des propriétés spéciales sont venus très heureuse- ment faciliter le développement de toutes les . industries mécaniques modernes. * + + Mais, pour que tous ces progrès techniques . portent pleinement leurs fruits dans l'usine où ils sont introduits, il faut que cette usine elle- même soit organisée scientifiquement. L'orga- nisation, tant au point de vue industriel qu’au point de vue commercial, ce fut là évidemment la _ principale force des Allemands. Leur foi absolue . dans les méthodes scientifiques, leur volonté . d'atteindre le but et leur esprit de discipline _ exagéré leur ont permis de mettre à profit la plupart des découvertes dues à l'individualisme _ français. Nous devons profiter de la leçon : les Alle- mands n'ont pas le monopole de l’organisation. Ils l'ont observée, mais ils ne l'ont pas perfec- tionnée. Le principal novateur en cette matière, c’est l'illustre Taylor. Tout le monde connaît le système de cet inventeur, mais bien peu le com- prennent et l’appliquent sous un vrai jour. Le système Taylor ne vise pas à obtenir de l’ou- - vrier un rendement maximum avec surcroît de fatigue conduisant au surmenage. En réalité sa définition est celle donnée par M. de Frémin- ville : son but est d’aplanir les difficultés devant l’ouvrier, d’instruire ce dernier, de le guider dans tout son travail. Le taylorisme bien compris s’im- . pose d'autant plus à l’époque actuelle où il s’agit de produire en 8 heures autant qu’en 10 heures. _ Les syndicats eux-mêmes, si opposés avant la guerre aux méthodes modernes de travail, en - reconnaissent la nécessité. Mais, il ne faut pas se le dissimuler, le système Taylor entraîne;une proportion considérable {jusqu’à 30 % ) de per- de, les gaz réducteurs qui provoquent des soufllures ; sonnel improductif. Il faut multiplier les ingeé- nieurs et le personnel de maitrise pour préparer le travail, en donner l'allure et le contrôler. Le. contremaître de la vieille école doit disparaitre. Quant à l'ingénieur, son rôle n’est plus seule- ment technique, il devient administratifet social, et cette dernière considération nous amène tout naturellément, avec M. Guillet, à rechercher la meilleure méthode pour former ces futurs con- ducteurs d'hommes. On se rappelle la si remarquable conférence que l’auteur à faite à la Société des Ingénieurs civils le 3 novembre 1916 au sujet des réformes à apporter à l'enseignement technique supé- rieur. Entre autres mérites, cette conférence eut celui de donner lieu à une longue discussion où toutes les opinions se firent jour, mais on put juger par le nombre et la qualité des personnes . qui y prirent part, ainsi que par les arguments contradictoires qui y furent exposés, combien la question venait à point et quelle importance elle présentait pour l’avénir de notre industrie française. Après avoir comparé notre système d'enseignement technique à celui de l’étranger, M. Guillet arrive à la conclusion qu'il y a lieu de réformer d’abord l’enseignement secondaire qui y prépare : comme il est indispensable que les ingénieurs possèdent leurs humanités, il demande avec raison un juste partage entre ‘ l’étude des lettres et des sciences, une conden- sation des programmes, une orientation vers le développement des qualités de l'esprit, enfin l’utilisation constante de la méthode expérimen- tale dans les sciences. Toutefois, en ce qui concerne l'utilité des classes de mathématiques spéciales et de la pos-, sibilité de reporter avec avantage leur enseigne- ment dans les grandes Ecoles mêmes, nous nous permettrons de faire certaines réserves en faveur d’un enseignement qui a fait ses preuves. Cette classe nous parait à sa place dans les Lycées. Elle est pour les candidats aux écoles le complé- ment indispensable de leur éducation mathéma- tique. Les généralisations de toutes les théories ne peuvent qu'élargir leurs idées, et leur incul- querune culture très générale sur laquelle il sera facile plus tard de greffer une spécialisation si elle est nécessaire. Mais il n’est pas douteux que les pr'ogrammes de cette classe supérieure doivent être considérablement allégés et surtout revisés par le développement plus prononcé de l'esprit géométrique et la substitution des méthodes intuitives aux procédés analytiques qui tendent à supprimer l'effort personnel chez l'élève. Quant à l'enseignement technique propre- ment dit, qu'il soit donné dans les Ecoles, ou » 516 D CH. BERNARD. — LA CULTURE DU THÉ AUX INDES NÉERLANDAISES dans les Instituts, M. Guillet propose, et nous ne .saurions trop l'approuver, de diminuer les cours ex cathedra, d'augmenter les travaux pratiques, et enfin de multiplier les stages à l'extérieur et les voyages d’études. C’est évidemment là que, bien guidés par des professionnels, les élèves puiseront à la fois l'enseignement le plus profi- table à leur formation tant au point de vue tech- nique que social. Par le long exposé qui précède, lequel consti- tue en quelque sorte une revue des progrès réalisés au cours de ces dernières années dans le domaine de la métallurgie, on peut se rendre. compte du travail écrasant que s’est imposé M. Guillet pour présenter au public un véritable monument d'ensemble sur cette industrie fran- çaise d’avant guerre, sur les moyens merveil- leux dont elle dispose maintenant et sur les différents facteurs qui peuvent et doivent in- fluencer son essor. Personne ne pouvait le faire avec plus de compétence et avec un esprit aussi imbu de science industrielle. Emile Demenge. LA CULTURE DU THÉ AUX INDES NÉERLANDAISES Dans les statistiques se rapportant à la culture et au commerce mondial du thé, le plus souvent une large place est accordée aux Indes Anglaises et à Ceylan, au Japon et à la Chine, tandis que Java n’est pas même cité, ou n’est indiqué qu’oc- casionnellement parmi les « autres pays produc- teurs ». Cela n’est à mon avis nullement justifié : l'im- portance que la culture du thé a acquise depuis quelques années aux Indes Néerlandaises, l'ex- tension qu’elle prend de plus en plus, la source . de richesses qu’elle représente, tout cela devrait cependant la mettre en vedette ou tout au moins lui assurer une place honorable; quelques chiffres en feront foi et démontreront que, si le nombre des plantations et la surface plantée sont en effet loin encore d'être équivalents aux chiffres correspondants des colonies anglaises, si les quantités exportées restent bien au-dessous des chiffres donnés pour Colombo et Calcutta, les chiffres cependant forment un total intéressant et les statistiques accusent un progrès considé- rable réalisé dans un laps de temps relativement court. Les quantités de thé exportées ont atteint en 4915 : Pour les Indes Anglaises plus de 154 millions de kilogs 97 » » plus de 107 » » » Ceylan environ » la Chine Pendant cette année Java a produit 46 millions de kilogs. Nous donnons les chiffres de 1915, car les années ultérieures doivent être considérées comme anormales, la guerre, les difficultés d’ex- pédition ayant causé de graves perturbations sur le marché et par contre-coup sur la production. Ce n’est qu'en 1918 que la situation estredevenue à peu près normale. On comprendra l'importance prise peu à peu par cette culture si on sait que l’exportation de thé de Java n’atteignait en 1903 que 10 millions de kg., en 1910 un peu plus de 18 millions, eten 1914 environ 32 millions. Les chiffres concernant la superficie des plan- tations ne sont pas moins significatifs : il yavait à la fin de 1915 à Java près de 300 plantations et la surface plantée atteignait environ 75.000 hec- tares. ‘ c ‘ Au cours des dernières années, les terrains à thé se faisant plus rares à Java, les intéressés ont dû porter leur attention sur les autres iles des Indes Néerlandaises et en particulier sur Sumatra, où de grandes étendues de terrain sont encore disponibles. Aussi bien sur la côte Ouest que sur la côte Est de Sumatra des concessions ont été demandées et accordées, plusieurs entre- prises importantes y ont été fondées, et la sur- face plantée, surtout dans les régions élevées de Deli, n’est point à dédaigner et s'étend chaque année dans des proportions très importantes. A la fin de 1915, le nombre des plantations à Sumatra dépassait 20 et la surface plantée n’était pas inférieure à 6,000 ha. ; plusieurs plantations étaient en production etlivraientun produit très satisfaisant à tous les points de vue. Les plantations ont en général une superficie de 350 à 700 ha. et la production atteint dans la plupart des cas de 500 à 1.500 kg: par ha. Tous ces chiffres soutiennent, on le voit, la comparai- son avec les résultats obtenus à Ceylan et aux Indes Anglaises et méritent en lout cas d'entrer en ligne de compte pour l'établissement des sta- tistiques. (Je parle surtout de ces deux pays pro- ducteurs, car la culture du thé y est, comme à Java, poussée d’une façon intensive avec l’aide de puissants moyens financiers, tandis qu'en 1 æ, Dr Cn. BERNARD. — LA CULTURE DU THÉ AUX INDES NÉERLANDAISES 517 Chine et au Japon elle reste l’œuvre du petit cultivateur et n'est pas soutenue par d'importants capitaux.) Il fautajouter encore qu'à Java la popu- lation indigène cultive aussi ke théetquel'impor- tance de cette culture n'est nullement négli- geable ; de nombreux indigènes possèdent de petits jardins de thé de 1 à 4 ha. (pouvant aller quelquefois à 10 ha. ou même dans des cas assez rares à 20 ha. et plus). La superficie totale Le Gouvernement a pris dans les dernières années des mesures pour apporter des améliora- tions à cette culture du thé par la population indigène, mesures qui, dans plusieurs districts, ont déjà porté des fruits. On pourrait supposer que la médiocre estime dans laquelle est tenue la culture du thé à Java est la suite d’une infériorité quant à la qualité du produit; les prix obtenus sur les marchés de Fig. 1. — Un jardin de théiers de 4 ans à Nagahoeta (Sumatra). Raies de Grevillea plantées comme brise-bise, A l'arrière-plan, la fabrique. occupée par ces jardins s'élevait en 1915 à près de 20.000 ha., qui avaient donné plus de 16 mil- lions de livres de thé, ce qui représente pour la population un gain brut de 3.600.000 florins hollandais, source de revenus qui n'est certes pas à dédaïgner. L'indigène vend la feuille fraîche fabriques européennes proches !; une petite quantité de feuilles est aux les plus préparée par l'indigène pour la consommation sur place. 1. La guerre a porté un coup très rude aux plantations indi- gènes de thé; le produit se vendant mal où même ne se ven- dant plus, les fabriques européennes furent dans l'impossi- bilité d'acheter la feuille eueillie aux indigènes; ceux-ci se virent d'une source importante de revenus et négligèrent l'entretien des jardins. Depuis 1918 la situation s'est légèrement améliorée, mais il se passera bien du temps encore avant que les jardins des indigènes aient repris leur apparence d'autrefois. done privés Londres et d'Amsterdam montrent que tel n’est pas le cas, et nombreuses .ont été les factures qui, dans les trois dernières années, ont été payées à Londres 1 schelling etplus la livre, prix correspondant donc à celui des bonnes qualités de Ceylan et d’Assam. k La plante à thé se développe le mieux dans un chimat.chaud et la période de croissance {et par conséquent de pro- humide; pendant toute duction), il lui faut des pluies constantes, alter- nant avec de courtes périodes de sécheresse ; des matinées ensoleillées suivies d’après-midi pluvieuses constituent pour le théier des circon- stances très favorables; c’est direque les régions la culture du thé assez limitées : à Java, c’est dans l’ouest de l'île sont en somme propres à 518 que les conditions se sont montrées les meil- leures pour cette culture; on a pu cependant, et souvent non sans succès, établir aussi des plan- tations de thé sur les pentes des montagnes du ecutre et de l’est de Java. La plante à thé n’est pas très exigeante en ce qui concerne le sol; cependant des terrains vol- caniques jeunes, riches en humus et contenant Dr Cu. BERNARD. — LA CULTURE DU THÉ AUX INDES NÉERLANDAISES sévère et qui donnent des descendants d’un type pur et possédant les propriétés exigées pour une plantation donnée; mais la production des jar- dins à graines existant à Java ne suffit pas pour les besoins toujours croissants de la culture et de grandes quantités de graines doivent être impor- tées chaque année des Indes Anglaises. Les graines sont le plus souvent mises en terre Fig. 2. — Un «'khampong », village indigène, à Tytharoem (Java), entouré de plantations de thé. en proportion suffisante du sable et de l'argile semblent lui convenir le mieux. Quant à l'altitude, on a longtemps admis que le mieux était de planter le thé à Java entre 600et 1.000 mètres: mais des plantations établies dans les dernières décades jusqu'à 1.800 m. et plus ont donné des résultats excellents, aussi bien quant à la quantité qu’à la qualité du produit. On ne plante plus actuellement que de bons types de thé d’Assam; les anciens jardins de thé de Chine ont pour la plupart été arrachés et replantés de types à larges feuilles; la vigueur des plantes, les dimensions et la couleur des feuilles sont différentes selon la variété adoptée ; on éta- blit de plus en plus à Java des jardins à graines dont les plantes ont été soumises à une sélection | sur pépinières et plantées à environ 15 em. les unes des autres et à 2-3 cm. de profondeur. Dans certains districts, siles conditions climatériques s’y prêtent, on peut mettre directement les graines à leur place définitive dans les jardins défrichés. Dans les régions où l’on doit redouter des périodes de sécheresse prolongée, on re- couvre les pépinières d’abris provisoires pro- tégeant les jeunes plantes contre l’ardeur du soleil. Quand les pieds sur les pépinières sont âgés d’un an ou deux, on les transplante dans les jar- dins préalablement défrichés (les arbres ont été abattus, le sol nettoyé des mauvaises herbes et labouré); on a déterminé d’abord des raies en suivant sur les pentes les courbes de niveau, et à po : ec aimé leercithe : dinde) ill æ# +. D: Cu. BERNARD. — LA CULTURE DU THÉ AUX INDÉS NÉERLANDAISES 519 en laissant entre elles un espace de 120 em. envi- ron, et c'est le long de ces raies horizontales qu'on met les jeunes plantes, tous les 90 cm. Il vasans dire quechaque planteura sa méthode propre, aussi bien en ce qui concérne la prépara- tion du terrain qu’en ce qui concerne la manière de planter et celle de traiter ultérieurement les plantes et la feuille cueillie. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail ; nous nedonnons que des Fig. 3. indications représentant à peu près une moyenne des diverses méthodes de travail. Le travail du sol et le sarclage doivent se faire régulièrement; on établit un système de terras- ses, de drains, de fossés pour retenir l’eau et prévenir ainsi l'érosion ; on met les engrais jugés nécessaires, on plante des Légumineuses comme « engrais verts », bref on prend toutes les mesu- res indiquées pour le fonctionnement rationnel d’une culture intensive. Certaines maladies s’attaquent à Java aux plantes à thé; la plaie la plus grave est causée par uninsecte, sorte de punaise (Æelopeltis)qui, par ses nombreuses piqüres, endommage totale- ment la jeune feuille; les plantes affaiblies par l'Helopeltis sont souvent la proie de nombreux parasites d'origine animale ou végétale ; un aca- rien orangé (Brevipalpus), tout en étant d’une | façon générale moins grave que l’Aelopeltis, cause cependant dans certains districts et surtout dans les plantations élevées des dommages assez sé- rieux, et plus importants que ceux causés aux Indes Anglaises par le « red spider » (T'etrany- chus), lequel est à Java presque sans importance. Les racines sont souvent attaquées par des cham- pignons appartenant à diverses espèces qui se développent sur toutes sortes de débris végétaux — Rouleurs de la fabrique de « Goenoeng Mas » (Java). en voie de décomposition et passent de là sur les racines du thé. Les plantes ainsi endommagées meurentet la maladie se propage aux buissons voisins. Des chenilles, des pucerons, deschampi- gnons variés s'attaquent souvent aux feuilles des plantes à thé ; il faut prendre contre eux des me- sures rapides et énergiques pour éviter qu’ils ne causent des dommages graves. Quand les plantes ont deux ou trois ans, on les taille pour la première fois ; cette opération se répétera tous les 18-24 mois selon les circons: tances ; c'est en grande partie par une taille ju- dicieuse qu’on arrivera à donner aux buissons leur forme caractéristique : troncunique, ramifié plus ou moins près du solet portantune abon- dante ramure de nombreuses petites branches qui forment à 1 m.ou 1 m.50 une surface plane ou bombée d'un large diamètre sur laquelle 520 s’élèveront les ramifications dont les jeunes pousses pourront être cueillies. Les cueilleuses enlèvent d'un coup d’ongle ces pousses, qui comportent, outre la jeune feuille terminale non encore épanouie (pecco), deux ou trois jeunes feuilles; celles-ci doivent être encore souples au moment où elles sont cueillies. On revient dans un mêmejardin pour lecueillirtous les 8 à 12 jours selonles circonstances locales. Les feuilles sont transportées (le plus souvent dans des sacs!) jusqu’à la fabrique où les cueil- leuses sont payées (en général 2 ct. — 4 centimes par kg. de feuille fraiche). Les pousses bien ver- tes sont répandues sur des cadres tendus de treillis de fil de fer ou de planches ou de toile de jute dans des espaces ad hoc où un courant d’air provoque le flétrissage? ; après 18-20 heures, la feuille a perdu 35 à 40°/, de son poidset est devenue assez souple pour être roulée: elleesttrituréepen- dant 1 heure ou plus dans les réservoirs des rou- leurs qui tournent sur une table mobile etdont.le couvercle peut exercerune pression sur la masse des feuilles. La feuille, pendant cette opération, prend la forme qu’elle doit avoir; en outre, les sucs de ses cellules sontintimement mélangés, ce qui permet aux transformations ultérieures dese produire. La feuille passe ensuite dans le « ball-brea- ker », cylindre ou table aux mailles de fil de fer où la masse des feuilles est mise en mouvement pour reprendre une température normale et. subir un premier triage. La feuille est ensuite ré- partie en couches d’environ 6-8 cm. sur des ca- dres de bambou tressé ou sur des tables de faïence, où elle séjourne un certain temps jusqu’à ce qu’elle ait pris l’odeur caractéristique et la couleur cuivrée du thé; c’est la fermentation, qui s'effectue dans un temps très variable se- lon les opérations préalables, selon la finesse de la feuille, selon la température et le degré d’hu- midité de l’ambiance, etc.; le plus souvent elle est achevée en 2-3 heures. Le thé vert, qui d’ailleurs n’est presque plus préparé à Java, estroulé beaucoup plus légère- mentà la mainetilnesubitpas de fermentation:il passe aussitôt après le roulage dans les séchoirs. 1. Aux Indes Anglaises et à Ceylan, on transporte les feuilles fraiches dans de grandes corbeilles ; ce procédé est préféra- ble, car dans les sacs la feuille comprimée est endommagée. Dans certaines plantations de Java et de Sumatra, on a égale- ment adopté cette méthode, 2. Le flétrissage est parfois complété ou régulariséau moyen de machines spéciales où la masse des feuilles est mélangée, brassée pendant un certain temps dansun courant d'airchuud. D: Cu, BERNARD. — LA CULTURE DU THÉ AUX INDES NÉERLANDAISES DEN Er. di UE AR k * : à >. ÿ ; CRE Le thé fermenté est ensuite porté dans les sé- choirs, où la torréfaction {ou plutôt la dessicea- tion) s'effectue ; les séchoirs sont de systèmes très variables, mais reposent tous sur le même principe : la feuille encore humide est répartie en couche très mince sur des treillis métalli- ques déplaçables ou mobiles le long d’une chaîne sans fin et où un vif courant d'air chaud et sec enlève à la feuille la plus grande partie de l’eau qu'elle contientencore : 4 1/2kg. de feuille fraichement cueillie donnent le plus souvent 1 kg. de thé sec. à Le thé passe ensuite dans des machines où les feuilles grossières sont coupées en morceaux plus ou moins réguliers, puis sur des tamis où les morceaux de diverses grandeurs sont triés et d’où la poussière est enlevée; enfin des femmes vannent et tamisent encore le produit jusqu’à ce que les diverses sortes soient bien séparées. | Les parties fines, contenant beaucoup de jeu- nes feuilles (pecco), constituent le « orange pecco » et le « broken orange pecco » (les jeunes feuilles, en effet, grâce aux poils fins qui les couvrent, ont pris l'apparence de pointes do- rées); les feuilles un peu moins jeunes, où la pro- portion de ces « golden tips » est beaucoup moins forte, forment le « pecco » etle « broken : pecco»; puis le « pecco souchong » avec une plus forte proportion de vieilles feuilles, le « souchong » où les feuilles plus âgées encore, plus difficiles à rouler, sont facilement recon- naissables; enfin les brisures { « broken tea ») et poussières ({ «fanning »,« dust ») sont de fins débris dont on se sert le plus souvent pour confectionner les briquettes. Le thé ainsi pré- paré et’ assorti est conservé dans la fabrique dans des espaces à l'abri de l'humidité, jusqu’à ce qu'il y en ait une quantité suffisante pour une expédition ; on l’enferme alors dans des caisses (le plus souvent doublées de plomb) qui en contiennent 40-50 kgs suivant les et il est ainsi transporté jusqu’au port le plus proche, Il est presque superflu de dire que les thés de Java ne sont jamais soumis à des procédés ou à des mélanges qui en altéreraient la pureté ; nous ne parlons pas des colorations artificielles appli- quées parfois dans certains pays producteurs et qui ne sont pas autre chose que des falsifications condamnables ; nous voulons surtout parler des fleurs et autres parfums qu’on ajoute dans cer- taines régions au produit pur et qui font de l’ex- quise boisson rafraichissante et réconfortante qu'est le thé bien préparé, une sorte de vague tisane aux aromes écœurants. qualités, , 1 D 4 Jean BOSLER. — REVUE D'ASTRONOMIE 521 % % Il serait impossible de fixer une règle, même approximative, quant aux frais nécessaires pour l'établissement d’une. plantation de thé aux Indes Néerlandaises ; il est par conséquent fort difficile de dire quel capital doit être consacré à exploiter 700 à 800 ha. par exemple; toutdépend des circonstances locales, de la topographie du terrain, de la nature du sol, de la végétation qui le couvrait avant le défrichement, de la facilité des communications, de l'installation plus ou moins «up to date » de la fabrique et en tout pre- mier lieu de l’abondance de la main-d'œuvre; une plantation bien située aura pu se contenter d’un capital d'exploitation de 200.000 à 300.000 {lo- rins, tandis qu’une autre plantation de même étendue aura à peine assez avec 600.000 florins et plus. Les planteurs de thé sont pour la plupart mem- bres de la Société d'Agriculture de Soekaboemi, qui, au moins quatre fois par année, se réunit pour discuter des questions d'intérêt général; ils ont fondé encore d’autres associations dont l’une satisfait aux besoins de la Station d'essais et l’autre à ceux du Bureau d’expertise. La Station d'essais, qui est réunie au Dépar- L'intervention des Etats-Unis dans la guerre a naturellement ralenti l'effort que ce grand pays était à peu près le seul à donner encore — avec les pays scandinaves — dans les branches paci- _ fiques de la connaissance humaine, Les Améri- cains n’en n’ent pas moins continué à apporter à l’Astronomie la plus grosse part des résultats . nouveaux et intéressants qui y sont signalés, résultats principalement dus à des moyens hors de pair, mais aussi à un esprit d'organisation et de méthode, si nécessaire en toutes choses aujourd’hui, auquel il n’est que juste de rendre hommage. | I. — GÉéNÉRALITÉS. INsrRuMENTs £r MÉrHopes Ainsi que les années précédentes, les discus- sions ont été vives parmi les théoriciens, et sur- tout en Angleterre, concernant la loi exacte de la Gravitation. On sait comment, à la suite de REVUE D'ASTRONOMIE (Années 1917 et 1918) tement de l'Agriculture de Buitenzorg, étudie à un point de vue scientifique et pratique les nom- breuses questions qui se posent dans la culture et la fabrication du thé (travail du sol, maladies, engrais, sélection, fermentation, etc.) ; le résul- tat de ces recherches est publié dans une série de brochures, les Mededeelingen van het Proef- station voor Thee (Communications dela Station d'essais pour le thé). Le Bureau d’expertise du thé examine à un point de vue commercial les échantillons de thé des diverses fabriques et donne, le cas échéant, des conseils sur les modifications à apporter à la fabrication. Grâce à la solidarité qui existe entre les plan- teurs, grâce à leur énergie, grâce à la collabora= tion qui s’est établie entre eux et le personnel des institutions qu'ils ont fondées, grâce enfin à l'aide précieuse accordée par le Département de l'Agriculture, l’industrie du thé a pu prendre un essor remarquable et devenir une des cultures les plus importantes et les plus florissantes des Indes Néerlandaises. D: Ch. Bernard, Directeur de la Station d'essais pour le thé à Buitenzorg (Java). Minkowski, M. A. Einstein ! a été amené, par la conviction croissante de la valeur universelle du principe de relativité, à ne plus envisager les phénomènes naturels comme des modifications des points de l’espace au cours du temps, mais bien en tant qu'aspects variés d’un ensemble espace-temps servant de cadre au monde phy- sique et où le temps vulgaire ne jouerait, par rapport aux coordonnées spatiales, aucun rôle privilégié. La mise en œuvre de la nouvelle conception comporte certains paramètres arbi- traires ; c’est en disposant convenablement de. ceux-ci que l’on peut y faire rentrer la gravita- tion: la nouvelle loi permet en outre de rendre compte du mouvement, resté si mystérieux, du 1. A. Emsrenx : Die Grundlage der allgemeinen Relativitäts- theorie, Leipzig, J. A. Barth, 1916. — Ce petit ouvrage résume de nombreux mémoires parus dans divers périodiques allemands, notamment dans les Annalen der Physik. | #F périhélie de Mercure, ce qui laisse bien augurer de l’avenir. Malheureusementtoutcela ne va passanscompli- cations excessives dues en partie, il faut l'avouer, à une exposition du sujet trop spécifiquement germanique. Nos voisins embrouillent parfois les questions simples: que dire alors des autres! Aussi l'ouvrage que vient de faire paraitre M.A.S. Eddington ! pour clarifier un peu ces problèmes difficiles mérite-t-il d’être signalé comme une œuvre originale qui rendra service aux cher- attribueraient à cheurs susceptibles de s’y intéresser. Ne quittons pas le sujet sans mentionner un de ses nouveaux aspects. M. Einstein obtenait pour le potentiel une équation aux dérivées partielles remplaçant celle de Poisson et conforme au prin- cipe de relativité; en revanche, les conditions aux limites ne l’étaient toujours pas. M. W. de Sitter a cherché à écarter cette anomalie en introdui- sant franchement l'hypothèse d’un espace à 5 dimensions (le temps compris) dans lequel nous vivrions et dont la courbure ze serait pas nulle ?. C'est une idée qui se présente facilement à l'esprit. Nous serions — à une dimension près — comme ces insectes hors d'état de sauter dont on a souvent parlé et qui,rampant sur une sphère, l'espace deux dimensions, sans pouvoir acquérir la notion directe de la troisième. La chose parait soutenable : il est seulement fort douteux que l'on réussisse jamais à exp/iquer quoi que ce soit dans l’univers réel par des hyÿpo- thèses sur les dimensions de l'espace. Rappelons- nous ce que disait là-dessus Poincaré : aucune de nos diverses géométries n’est plus vraie que les autres: notre choix n’est au fond dicté que par de sérieuses raisons de commodité et aussi de simplicité. Malgré cette réserve, la tentative de M. de Sitter n'en est pas moins fort inté- ressante ? Mais passons à des recherches plus positives. On connaît le problème de l’aplatissement du Soleil ou encore des variations de son diamètre avec le temps, notamment au cours de la période de41 ans, problème rendu bien délicat par l'incer- titude des pointés micrométriques du bord so- laire : quelques astronomes pensaient même en (= 1. A.S. Enpicrox : Report on the Relativity Theory of Gra- vitation, Physical Society of London, Londres, 1918. 2. Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, t. LXXVI, p. 699, oct. 1916; t. LXXVIT, p. 155, déc. 1916; et t. LXXVIIT, p. 3, nov. 1917. ÿ 3. Pas plus que M. Einstein, M. de Sitter ne recherche d'ailleurs la cause de la gravitation, mais bien la forme que doit avoir la loi pour satisfaire au principe de relativité généralisé, - Jean BOSLER. — REVUE D’ASTRONOMIE ; dernier lieu que le Soleil est allongé! au lieu d'être aplati comme les autres astres. M. Hamy? a cherché un procédé instrumental susceptible » d’accroitre la précision des mesures et d’en éli- mineæ le plus possible la diffraction; il y est parvenu en disposant en avant de l'objectif un écran percé d’une fente étroite : les bords de l’image sont alors, le calcul le montre, très net- tement définis aux extrémités d’un diamètre parallèle à la fente. La perte de lumière qui en résulte est loin d’être avec le Soleil un inconvé- nient, car il est toujours nécessaire de diaphrag- 4 mer fortement d’une manière ou d’une autre pour éviter l'échauffement exagéré de la lunette, de sorte que la méthode est très prätique et paraît pleine de promesses. La question des changements d'heure a fait couler beaucoup d'encre en 1917-1918: partisans et adversaires de l'heure d’été se sont donné un peu partout libre carrière. Ne réveillons pas des passions assoupies : la question n’était pas d'or- dre scientifique, mais purement économique et, par répercussion, militaire. Tout autre apparaît la réforme proposée-par M. Renaud, Directeur du Service Hydrographique de la Marine fran- caise et relative à la manière de compter l'heure en mer. On adoptera désormais à bord des navires l'emploi des fuseaux horaires, en ayant soin de préciserle fuseau danslequelon setrouve. Ainsi prendront fin les ambiguités résultant de l’ancien système où deux navires ayant fait leurs derniers « points » en des lieux différents n'aceu- saient pas des heures concordantes, ce qui trou- blait les observations qu'ils pouvaient faire d’un même événement extérieur. Une autre réforme du même genre sera Ja substitution, dans les éphémérides destinées aux astronomes, du temps civil au temps dit astro- nomique. Le jour astronomique commençait depuis les Grecs à midi, le jour civil à minuit, de sorte que les observations de la matinée étaient datées de la veille. On évitera dorénavant les erreurs qui parfois en résultaient, au prix, il est vrai, d’une rupture de continuité fâcheuse dans une série d'observations séculaire, mais qui tôt ou tard se serait imposée. L’astrolabe à prisme de MM. Claude et 1. Le P. Chevalier pense avoir reconnu à Zo-Sé (Chine) un très faible allongement du disque photosphérique. Dans un ordre d'idées voisin, des mesures de M. Deslandres, faites à Meudon,'ont donné pour la chromosphère une épaisseur plus grande aux pôles. 2. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. CLXV, P- one 1917, et t. CLXVI, pp. 240 et 878, 1918. Anna du Bureau des Longitudes pour 1918. — Notice de +. J. Renaud sur « l'Heure en mer ». Jean BOSLER. — REVUE D’ASTRONOMIE 523 Driencourt continue à montrer ses qualités. Ce précieux appareil, à peu près dénué de causes d'erreurs systématiques et qui, dans bien des cas, peut remplacer les instruments méridiens si encombrants et si compliqués, a été employé par :Mme E. Chandon ! à la mesure de la latitude de Paris et on jugera de la précision obtenue/par ce fait que le maximum des écarts constatés pour chaque série d'observations avec la moyenne générale ne dépasse pas 0”,26. On peut donc atteindre, en groupant plusieurs séries, une pré- - cision de tout premier ordre, qui permettra sans doute d'aborder le problème si délicat de la . variation des latitudes. Voilà donc un instrument français dont le succès a été incontestable. Malheureusement nous serons peut-être de plus en plus réduits à compter comme ici sur l’ingéniosité de nos com- patriotes dans des cas isolés, car il est à craindre que nous nous soyons laissé distancer pour tout ce qui regarde les instruments puissants indis- pensables à la plupart des recherches modernes. … Il n’y a pas qu’à la guerre que l'artillerie lourde ne peut se remplacer ni par le matériel léger ni par la valeur du personnel, valeur un peu liée elle-même en définitive à celle de l'outillage. Et » le génie de notre race semble bien, hélas! avoir la phobie du colossal, phobie qu’il ne surmonte . que sous l’empire de la nécessité. Nous savons comment les Américains, non contents des exploits de leur télescope de 1 m. 50 (60 pouces),en ont construit dès 1908 un de 2m.50, au Mont Wilson également. Ce magnifique ins- trument, dont l'achèvement a été retardé par divers contretemps, est seulement entré en ser- - vice à la fin de 1917°. Le miroir, qui fut fondu en France, à Saint-Gobain, au milieu de difficultés _ considérables, dues à l'obligation d’assurer par _ le recuit à la masse une homogénéité suflisante, pèse 4.000 kg. ; $a longueur focale, de 12 m, 88, peut être portée à 76 m. grâce à l’adjonction de _ miroirs auxiliaires plus petits et la monture pèse en tout cent tonnes, Dans de bonnes conditions atmosphériques, le télescope supporte un gros- sissement de 6.000 diamètres, c’est-à-dire qu’un tout petit cratère lunaire de 600 m. de diamètre y paraîtrait avoir les dimensions de la Lune elle- même, vue à l'œil nu. Enfin l'accroissement de l'intensité des images permettra de poser les cli- chés photographiques ou spectroscopiques 3 fois moins qu'avec le 60 pouces, ce qui augmentera beaucoup les moyens d'action de la Science. Nous ne pouvons entrer dans les détails : bor- | ———— —_—_————— 1. Bulletin astronomique, 1. XXXIV, p. 209; 1917. | 2. The Observatory, n° 594, p. 130; mars 1918. M nons-nous à dire qu'on y voit tout le talent méthodique qui a présidé à la construction d’un pareil instrument, construction dont tous les ingénieurs devineront les multiples écueils. On remarquera aussi l'esprit de progrès jamais satis- fait qui, avant même d’avoir achevé untélescope de beaucoup supérieur à tous ses devanciers, en concevait immédiatement un plus puissant encore. ! Mais les Canadiens!, en dépit de la part si considérable qu’ils ont prise à la guerre, n’ont pas voulu rester en retard sur leurs voisins : ils viennent de mettre en service un réflecteur de 72 pouces (1 m,.80). L'appareil, commencé en octobre 1916 et achevé en avril 1918, — ce qui constitue un record, — est situé à Victoria, dans la Colombie Britannique. M. Plaskett et ses col- lègues les astronomes du Dominion n'ont pas hésité, on le voit, à quitter leur bel établisse- ment d'Ottawa pour aller chercher;là où elles se trouvaient, des conditions climatériques favo- rables. Comme le télescope de 100 pouces du Mont Wilson, celui de Victoria est monté à l’anglaise, c’est-à-dire que les deux extrémités de l’axe po- laire reposent sur des piliers distincts, ce qui permet de franchir le méridien sans retourne- ment. Le miroir, fondu lui aussi à Saint-Gobain, est disposé en vue de la spectroscopie d'une façon très pratique et très stable, sans que l'observateur soit jamais très loin du sol : une plateforme mobile a néanmoius été prévue?. Tous les roulements sont à billes, suivant la mode américaine, etles constructeurs n’ont pas ici perdu leur temps à faire des cercles gradués de précision; des divisions grossières de 5’ en 5’ suffisent-amplement et il vaut mieux consacrer ses peines à éviter, par des plans judicieux, les nombreux « loups » dont il existe déjà, un peu partout, une assez jolie collection. II. — Erupe pu SoceiL La surface tachée du Soleil à atteint son maximum vers le milieu d’août 1917 : c’est cette année-là qu'ont été vues les plus grandes taches observées depuis 44 ans. En 1918, le déclin com- mença à se manifester. On eut à signaler, au cours de cette période, plusieurs formations de 1. Monthly Notices of the R. 4. S., vol. LXXIX, n° 4, p. 299; février 1919. 2 Un autre grand instrument — un télescope de 60 pouces — est en ce moment en construction dans les environs de Cordoba pour le compte du Gouvernement Argentin (Obser- vatory, n° 511, p. 138; mars 1917). Mais nous n'avons encore sur lui que peu de renseignements. È » Jean BOSLER. — REVUE D'ASTRONOMIE files de taches orientées suivant le même paral- lèle, phénomène qui a sans doute dans la cause même des taches une raison d’être encore in- connue. Les protubérances ont en gros suivi la même allure, à cela près que la dissymétrie déjà cons- tatée entre les hémisphères nord et sud s’est de nouveau montrée, en s'étendant même aux fila- ments noirs du disque. Il n’y a d'ailleurs là rien qui doive surprendre, carcesfilamentsont incon- testablement avec les protubérances du bord de très étroites connexions. , Les recherches spectrales de MM. Fowler et Gregory!, à Londres,suggèrenttoujours plus net- tement la présence dans le Soleil de corps com- posés qu'on eütété bien étonné d’y voir il ya trente ans : de très nombreuses bandes ultra- violettes de la vapeur d’eau et de l’ammoniaque ont, en eflet, pu être identifiées dans l’atmo- sphère solaire. Sans quitter le domaine de la spectroscopie, les théories d’Einstein sur la gravitation font prévoir une déviation vers le rouge des raies so- laires en raison de l'influence que les corps céles- tes, par leur seule masse, exerceraient sur la lu- mière. L'écart s'élèverait à 0,008 À par rapport aux résultats des expériences de laboratoire. M. St. John?, mettant à profit les puissants spec- troscopes du Mont Wilson, a recherché si une semblable différence existait : iln’arientrouvéde net, malgré lasuffisante précision de ses mesures. M. Evershed® n’a guère été plus heureux aux Indes avec les bandes du cyanogène. N'oublions pas, cependant, que l'effet en discussion peut être masqué par quelque autre phénomène en- core inconnu : il ne faut pas, en pareille matière, trop se hâter de conclure. M.C.G. Abbotetses collaboyateurs dela Smith- sonian [nstitution étudient toujours avec lemême zèle les variations de rayonnement solaire : ils viennent de fonder à Calama‘ (Chili), à une alti- tude de 2.250 m., une nouvelle station et ils ont voulu la choisir dans un pays quipasse pourjouir du ciel le plus pur du monde. Ils espèrent ainsi trancher le problème encore pendant des fluc- tuations de la constante solaire dont les réper- eussions surla météorologie terrestré,notamment au cours de la période de 11 ans, ontété assez étudiées en 1917-18 ; noùs avons eu cependant 1. Proc, of the Royal Society of London, A,t. XCIV, p. 470 etp.472,.1918, — La vapeur d'eau était déjà, ilest vrai, soup- gonnée et aussi les hydrocarbures ainsi que quelques oxydes métalliques. 2, Proc. of the National Academy of.Sciences, t. II, p. 450, 1917, et Astrophysical Journal, t. XLVI, p. 249 ; 1917. 3. The Observatory, n° 591, p. 371: octobre 1918, 4. Popular Astronomy, t. XX VI, p. 233; 1918. tant de déceptions avec les travaux de ce genre qu’il serait prudent d'attendre, pour en parler, qu'ils soient confirmés. Mais les mesures spectro-bolométriques de M.Abbotontd'autresapplications:unsavantjapo- nais, M. Shin Hirayama!, a tenté, en s'appuyant sur elles, de serrer-de plus près le problème de l'absorption dans l’atmosphère solaire. La com- paraison du rayonnement au centre et au bord du disque lui a montré que, si l’on admet 6.000° absolus pour température « effective » de l’astre entier, la température de la couche renversante doit atteindre 5.210° et celle de la photosphère 7.040°. EE On attendait depuis longtemps la conclusion des recherches de M. Hale sur le champ magné- tique général du Soleil, pris dans son ensemble. Le directeur du Mont Wilson et ses astronomes, MM. Seares, van Maanenr et Ellerman?, sans ou- blier de nombreuses dames employées aux me- sures, ont abordéle problème par les procédés mêmes quiavaientsibrillammentréussiautrefois, lors de la découverte des champs des taches. S'il ya un champ magnétique global, l’effet Zeeman doit se manifester, et en supprimant, grâce à un nicol convenablement disposé, une des compo- santes polarisées des doublets correspondant aux raies spectrales, on doit constater un dépla- cement de celle qui reste. Malheureusement les mesures sont délicates et c’est seulement en les faisant exécuter par un grand nombre de per- sonnes, puis en mettant l’allure des résultats en regard de la distribution probable des lignes de force,que M. Hale a pu déceler la réalité du phé- nomène. Celle-ci sembleacquise ; lechamp n’est toutefois pas considérable: il ne dépasse en au- cun cas 50 gauss, soit 100 fois le champ magné- tique terrestre?, qu’il reproduit du reste dans ses particularités, sa répartition et son sens. Un fait curieux est la décroissance très rapide du champ avec l’altitude, si l’on prend, avec M. St. John, comme critérium de celle-ci, l'intensité des! raies sombres. Disons enfin que l'axe magnétique de l’astre paraît, comme celuide la Terre, incliné sur l’axe de rotation : l'angle serait d'environ 60. L'Observatoire du Mont Wilson organise par ailleurs un service régulier d'observation des po- larités magnétiques des taches, qui semblentplus 1. Proc. of the Math.-Phys. Society of Tokyo, série 2, t. IX, p. 236: 1918. 2. Astrophysical Journal, t. XLVII, p. 206 ; 1918, 3. Ce champ n’a rien de commun, on le voit, avec celui, beaucoup plus faible {de l'ordre de 1077 gauss), dont M. Des- landres a annoncé la reconnaissance à Meudon {C. R., t. CLVII, p. 517; 1913) dans l'atmosphère solaire, par le seul : examen de la courbure de certains jets protubéranciels héli- 1 coïdaux, capricieuses qu’on nel'avait cru jadis :les champs signalés ne paraissent pas provenir des tourbil- » lons superficiels de matière plus ou moins ioni- : sée que révèle le spectrohéliographe. Mais alors à quoi sont-ils dus? On espère avec de la patience - — et la patience, on le sait assez, est la prin- _cipale qualité de l’astronome — parvenir à déchiffrer cette énigme. A ce propos, l’année 1917 aura vu disparaitre - de la Physique solaire un petit mystère resté en suspens. On se rappelle l’étrange spectre que M. Hale avait cru découvrir dans le Soleil en 1902: renversements bizarres de raies et anomalies variées. Il n'y avait là qu’une illusion d’origine instrumentale. Un astronome anglais, M. F. E. ® Baxandall!, a en effet établi que deux spectres simultanés provenant du réseauemployé s'étaient accidentellement superposés sur la meme plaque photographique. 4 Les juin 1918, une éclipse totale de Soleil a été visible aux Etats-Unis ?. On n’y a pas vu reparaitre * la raie rouge intense qui constituait à elle seule à peu près tout le spectre de la couronne solaire lors de l’éclipse du 21 août 1914; par contre, la raie verte classique, dite du « coronium »; s’est montrée de nouveau, assez faible d’ allure: en compagnie de quelques autres. On savait déjà . que le spectre de la couronne éprouve avec le temps de très grosses modifications, mais on ne peut encore aflirmer que celle dont nous parlons soit périodique. M. E. P. Lewis a de plus trouvé à la lumière . coronale une forte polarisation, confirmant ainsi les résultats obtenus notamment par M. P. Salet à dait à plus d’un diamètre solaire. Le fond continu du spectre de la couronne est donc bien dû à la _ lumière-réfléchie du Soleil. Réfléchie sur quoi? _ Peut-être, ét assez vraisemblablement, sur d’in- nombrables météorites; mais peut-être bien aussi, comme nous le verrons plus loin, sur les molécules d’un gaz très raréfé. N'abandonnons pas Le Soleil sans dire un mot . des théories qui le concernent. On a beaucoup disserté là-dessus durant ces deux dernières “années et de savants mathématiciens ont étudié à fond, à ce sujet, l’équilibre dynamique et ther- . mique des astres en général. Une des plus nota- . bles améliorations apportées aux théories exis- pres par M. A. S.Eddington en particulierÿ, a 1. Astrophysical Journal, t. XLVI, p. 291; 1917. 2. Publications of the Astronomical Society of the Pacific, RIL-XXX, p. 219. "3: The Observatory, n° 509, p.38, janvier 1917, et numéros suivants. Le sujet a été discuté à la Société Royale Astro- > nomique de Londres, durant les années 1917 et 1918 (les . procès-verbaux des séances de cette Société sont donnés par pe revue The Observatory). Jean BOSLER. — REVUE D’ASTRONOMIE l'éclipse de 1905. En 1918, la polarisation s 'éten- x LD ot consisté à faire intervenir la pression de radiation parmi les forces internes agissant sur un élément de matière. L'entrée en jeu de ce facteur est hors de doute; mais peut-être devons-nous attendre un peu avant de pouvoir constater un fait quel- conque qui confirme non pas la valeur mathéma- tique de ces recherches, mais l'exactitude de leurs applications à la réalité. Nous en dirons autant de la série de mémoires, d’ailleurs remarqués, où M. A. Véronnet!rajeunit les idées anciennes en substituant à la notion du gaz parfait celle des gaz réels, lesquels ne suivent pas Les lois idéales de Mariotte et de Gay-Lussac, mais bien la formule de van der Waals, et s’écar- tent des premières dans des limites connues — au moins tant qu'on ne dépasse pas le domaine de nos expériences de laboratoire. Nous touchons là du doigt le point faible de ces études : l’ex- trapolation est un procédé qui a ses charmes et le sujet n’incite que trop à y succomber; il est, malgré tout, un peu aventuré de raisonner sur des températures sûrement très supérieures à 6.000° et accompagnées de pressions fantasti- ques en se basant sur ce que nous: savons de la matière terrestre. On a encore moins le droit de calculer à 100.000 ans près — ce qui représente, en l’espèce, de la haute précision — l’âge du Soleil ou le temps qui lui reste à vivre?. Si l’on ne veut pas admettre qu’il y a eu jadis, à un instant déterminé et à partir de je ne sais quel chaos éthéré, créa- tion en bloc de tous les éléments chimiques à la fois — idée assurément contraire à ce que nous croyons connaître des voies ordinaires de la Nature — si donc on se refuse à cette audacieuse affirmation, il faut bien supposer que l’évolution, non pas seulement des étoiles, mais de la ma- tière elle-même, s'effectue encore aujourd’hui quelque part dans le monde. Ce ne peut guère être qu’au sein des astres et l'énergie qu'ils pos- sèdent doit surtout avoir une origine intra- atomique. Une formidable inconnue pèse donc, avant tout calcul, sur nos tentatives pour évaluer la date de la formation du Soleil ou la durée de son avenir possible en fonction de son rayonne- ment actuel], et tout ce qu’il nous est permis de dire à ce propos n’est légitime qu’à la condition 1. C. R. de l'Acad. des Sciences, dernières années, passim, et Bulletin Astronomique, t. XXXV, p. 101; 1918. Voir aussi L'Astronomie, t. XXXII, p. 297; 1918, et la Rev, gén. des Sciences, t. XXIX, p. 359; 1918. 2, Encore ne sait-on rien des pressions ou des températures réelles à l'intérieur du Soleil. Il y aurait même une loi de densité pour laquelle l'énergie enmagasinée par le Soleil (supposé formé par agglomération) serait infinie. Si cette loi est invraisemblable, une loi voisine le serait moins et, encore une fois, il y a là des faits que nous ignorons. (Voir A. Aukic : Comples Rendus, t. CLXVII, p. 328; 1918.) Qt D D | JEAN BOSLER. — REVUE D'ASTRONOMIE de l’envelopper de « si » ou de « à moins que » qui en amoindrissent grandement la portée. IT. — Praneres, Couères Er MÉréoREs Les planètes qui ont attiré surtout l'attention ont été, en 1917-18, Jupiter et Mars, la première principalement, car la seconde n’était pas dans une situation très favorable et n’a rien révélé de bien sensationnel, Le mouvement relatif de la « grande perturbation » et de la « tache rouge » de la surface apparente de Jupiter a été fort étu- dié à Juvisy! par les astronomes de l’Observa- toire Flammarion : il s'est montré assez énigma- tique et s’est terminé par une conjonction, ainsi que cela avait déjà eu lieu autrefois. Mais, si l’on ne peut encore déduire de ces faits étranges quelque chose d’un peu certain, il est à présumer que le zèle des observateurs aboutira un jour à de belles découvertes; le globe jovien rappelle le Soleil à plus d’un titre et récompen sera peut- être aussi généreusement ses fidèles. Trois comètes sont apparues en 1917, quatre en 1918 : on doit leur découverte à MM. Mellish, : Schaumasse et Schorr pour les premières et à MM. Reid, Jonckheere, Fayet et Schorr (de nou- veau) pour les dernières. Elles n’ont donné lieu à aucune remarque spéciale : certaines, du reste, étaient périodiques et déjà attendues comme. celles d’Encke, de Wolf et de Borrelly. Toute- fois la comète de d’Arrest, si soigneusement étudiée naguère par M. Leveau, a été cherchée sans succès, et aussi celle de Faye. Cesrecherches infructueuses sont, on le sait, fréquentes : dues souvent à des conditions d'observation défavo- rables, elles tiennent sans doute, pour une part, snon seulement à l’action perturbatrice des pla- nètes, mais encore à la lente et inexorable influence du Soleil qui tend à désagréger les comètes pour les transformeren essaims d'étoiles filantes. ” Les Sociétés anglaise et américaine des Etoiles Filantes poursuivent toujours leurs travaux grâce au concours de nombreux amateurs, Il se pour- rait même que ces efforts parviennent à déchirer bientôt le voile dé ténebres qui recouvrait Jus- qu'ici le fameux problème des «cradiants station- naires », ces points du ciel qui persistent des mois à nous gratifier de nombreux météores en dépit du déplacement terrestre — lequel exi- gerait que les radiants changent lentement de position avec le temps. Des astronomes réputés et en particulier, parmi les morts, Weiss, Brédi- khine, Tisserand, Callandreau, se sont efforcés LR LAPS SR LR HUE TA CU Top” USA OR SET 1. L'Astronomie, t. XXXII, p. 421; 1918, en vain de mettre fin à ce scandale, fût-ce au! moyen d'hypothèses aussi savantes qu'ingé-\ nieuses. Or M. Charles P. Olivier ! croit avoir démontré que les prétendus radiants. station- naires, celui des Orionides par exemple, ne sont en réalité pas fixes?. Espérons donc voir sous peu s'évanouir cette légende : la Science ne pro- gresse pas que par la découverte de faits nou- « veaux; on lui rend des services également signalés en déblayant, si peu que ce soit, le fouillis d'observations inexactes ou incomplètes qui encombrent ses périodiques de tout ordre. On commence à étudier la radioactivité des météorites. MM. T. T. Quirke et L. Finkelstein® en ont analysé 22 qui ont témoigné d'une acti£ vité beaucoup plus faible que celle des roches de la croûte terrestre. À côté des analogies inçontestables de ces pierres mystérieuses avec nos minéraux, cette différence méritait de ne ‘ pas passer inaperçue. Nous ne saurions terminer ce chapitre sans dire un mot d’une importante question soulevée par M.Ch. Fabry ‘: Quand on essaie d'interpréter certains phénomènesastronomiques, la couronne solaire ou les queues des comètes par exemple, on parle assez souvent, et un peu à la légère, de diffusion de la lumière par des particules solides ou liquides. Maïs on oublie trop que les molé- cules des gaz peuvent aussi jouer ce rôle, pour Le L # À + # À lequel les solides semblent à première vue si qualifiés : la couleur bleue du ciel suffit à le prou- ver. Certaines difficultés assez troublantes dis- paraissent alors. C’est ainsi que l’absence, dans le spectre de la couronne solaire, des raies de Fraunhofer n'a plus rien de surprenant si la cou- ronne est gazeuse: les vitesses que la théorie des gaz conduit à attribuer aux molécules ont pour effet, par suite du principe de Doppler, de! supprimer ces raies, à condition que le gaz inter- posésoit assez léger. Ce dernier pourrait du reste être des milliards de fois moins dense que l'air ordinaire, sans cesser malgré tout de rendre compte de la lumière émise. Les queues des comètes sont dans le même cas. Nous ignorons si ce sont en fait des poussières solides; mais de simples molécules gazeuses se comporteraient : pareillement : on n'aurait besoin d'attribuer au gaz qu'une densité absolument infime. Il n’est pas jusqu'au monde des étoiles où la diffusion des gaz n'ait sans doute à intervenir : elle permettrait d'expliquer la singulière clarté du fond du ciel aux endroits où n'apparait aucune 1. L'Astronomie, t. XXXI, p. 259; 1918. 2. C'était d'ailleurs, en délinitive, l'opinion de Tisserand,: 3. American Journdl of Srience, À. XIAV, p.237; 1917. 4. L'Astronomie, 1. XXII, p. 153 1018, derange Be ue en: Sert Jean BOSLER. — REVUE D’ASTRONOMIE 527 oo e . étoile; un gaz raréfié d’une densité inférieure à 107% (par rapport à l’air normal) sufliraitet ne risquerait d’opposer au mouvement des planètes aucune résistance appréciable. L'absorption de * Ja lumière dans les régions équatoriales de la Voie Lactée ! reléverait aussi de la même hypo- » thèse. — L'intérêt de ces considérations saute aux yeux sans qu'il soit nécessaire d'insister davantage. IV.— EroiLes siMPLES ET MULTIPLES n Deux étoiles très proches de nous ont beau- coup occupé l'attention : celle de Barnard et celle de Innes. La première, visible sous nos latitudes, à un mouvement propre considérable, plus de 10” par an : sa parallaxe moyenne est de 0”,52. Quant à l'étoile de M. Innes, c’est une voisine d’x Centaure avec laquelle elle semble former un couple physique : sa parallaxe ? sur- passe un peu celle de sa compagne et atteint 0”,78; c'est donc l'étoile la moins éloignée de notre système et on l’a baptisée Proxima Centauri. Mais elle ne détient pas que ce record-là, car sa ._ luminosité propre, 10.000 fois inférieure à celle - du Soleïl, en fait, toute question de distance mise à part, l’astre le plus faible connu. Toujours dans le domaine de l’Astronomie de position, signalons encore la publication de tra- vaux assez nombreux sur les étoiles doubles. M. R. Jonckheere, émigré, durant la guerre, de Lille à Greenwich, où il a reçu le meilleur accueil, a continué à s’occuper avec succès de ce genre de recherches, Une méthode nouvelle, dont l’avenir apparait très brillant, est maintenant employée pour me- surer indirectement lesparallaxes. Son principe a déjà été décrit ici. M. W. S. Adams, le direc- teur adjoint du Mont Wilson, a pensé que l’inten- sité relative des diverses raies spectrales d’une étoile dépendait de conditions internes (la tem- pérature, par exemple) qui doivent affecter pa- reillement dans tout l'Univers l'éclat absolu, c'est-à-dire l'éclat qu'aurait l'étoile à une dis- tance donnée, prise pour unité. En utilisant les _étoiles, déjà assez nombreuses, dont nous con- . naïssons la parallaxe directe et par suite l'éclat - absolu, on peut calculer les constantes de cette loi hypothétique, puis les faire servir inverse- ment à la détermination de l'éclat absolu, et par _ conséquent de la distance, d'étoiles quelconques. 1. Voir plus loin p. 529. 2. Union Obsérvatory (of South Africa). Circular 40. 3. Voir, dans la Revue générale des Sciences du 15 juin 1917, la « Revue annuelle d'Astronomie » (1916) par M, P. Pui- Nous avons donc là un puissant moyen de con- naître les distances d’une foule d'étoiles lointai- nes dont les parallaxes mesurées directement eussent été masquéces par les erreurs d'observa- tion. MM. W.S. Adamset A. H. Joy ! ont appli- qué le procédé à 500 étoiles, sur lesquelles 360 avaient, par la méthode ordinaire, des parallaxes sensibles. ,Or, si l’on borne la comparaison aux 59 parallaxes étudiées par 3 observateurs ou davantage, on trouve que l’écart moyen des résultats de la méthode spectroscopique avec les anciens ne dépasse pas 0”,001, ce qui est extré- mement satisfaisant, si l’on songe à la difficulté - du problème. Ces recherches ont mis une fois de plus en évidence la distinction entre les soleils « naïns » et les « géants », découverte par M. H. N. Rus- sell?. Si l’on classe en effet les étoiles suivant leurs spectres en notant les grandeurs ab- solues (celle du Soleil étant, par définition, —L 5%,0), on trouve qu’elles se groupent, pour chaque type spectral, autour de deux valeurs moyennes : l’une forte, à peu près constante et égale à 1,2, l’autre faible et décroissant réguliè- rement de 4,1 à 10,8 quand on va des étoiles blanches aux rouges. On voit donc que notre système comprend à la fois des soleils géants dont l'éclat varie peu et des nains d'autant plus affaiblis que leur lumière est plus rouge. On dirait — sans que ce soit là, bien entendu, la seule explication — que l’évolution stellaire suit unedouble marche,ascendante puisdescendante, et passe deux fois, à l’aller comme au retour, par les mêmes états. C'est à peu de chose près la théorie soutenue jadis par Sir Norman Lockyer, dans son livre sur « l’Evolution Inorganique ». Nous parlions tout à l’heure de l’absorption interstellaire de la lumière ; il ne faudrait pas croire cependant que l’espace cosmique soit par- tout également absorbant : telle est du moins la conclusion des travaux de M. H. Shapley * aussi bien que celle des astronomes suédois d'Upsal. On sait par quel ingénieux détour le directeur d'Upsal, M. O. Bergstrand', est arrivé à maté- rialiser la notion d'indice de coloration — de couleur, si l’on veut — et à atteindre ainsi des astres trop faibles pour nos spectroscopes. Astrophysical Journal, t. XLVI, p. 313; 1917. Voir là-dessus : A, S. EppixGrow, Stellar Movements and the Structure of the Universe, p. 170; Londres, 1914. 3. Contributions from the Mount Wilson Solar Observatory, n° 115-117, — Voir plus loin p. 529. 4. Comptes Rendus, t. CXLVIII, p. 1079 (1909), et Novæ Acta Regiæ Sucietatis Scientiarum Upsala (LV), 2, n° 4 (1909). Voir une méthode analogue de M. E, Hertzsprung : Publik. des astrophysikalischen Observatoriums zu Potsdam, t. XXII, n°1; 1911. fs 25 NW, tes de l'année 1918 JEAN BOSLER. — REVUE D’ASTRONOMIE M. Bergstrand place devant l’objectif d’une lu- nette un grillage formant réseau qui donne des étoiles, à droite et à gauche, une double série de petits spectres séparés par l’image directe. L’in- tervalle de deux spectres du même ordre, rela- tifs à une même étoile, dépend de la plus intense de ses radiations. Et cette « longueur d'onde . effective » est en rapport direct, facile à con- naitre, avec le type spectral. On peut donc — c’est là le point intéressant — déduire ce dernier d'une simple mesure micrométrique. Or MM. K. Lundmark et B. Lindblad' ont montré que la relation de la longueur d’onde effective avec le type spectral moyen restait la même pour les amas globulaires ou les nébu- leuses spirales que pour les étoiles fixes, ce qui n'aurait pas lieu siune absorption sensible, bien entendu sans influence sur le type, venait ren- dre plus rouges les astres très lointains, situés comme ceux-là hors du plan galactique. L'absorp- tion, si elle existe, paraît donc confinée au do- maine de la Voie Lactée, ce qui, nous le verrons, n’a rien qui doive surprendre. Arrivons au plus insolite des événements céles- l'étoile nouvelle de l’Ai- gle?, qui par son éclat a surpassé les plus belles «novæ » de ces 200 dernières années et, en d’au- tres temps, aurait cértainement valu aux astro- nomes bien des visites de reporters. La Nova de 1918 a surtout été intéressante en ce que l’on a pu, cette fois, observer au spectroscope ses tou- tes premières phases, les plus fugaces et les plus ! significatives peut-être, mais aussi celles sur lesquelles nous possédions le moins d’informa- tions. C'est ainsi que l'on a reconnu d’une façon dé- _! sormais incontestable l'existence d’une période où les novæ possèdent, à peu de chose près, le spectre des étoiles ordinaires : raies sombres sur fond continu. Ce spectre ne tarde pas à évo- luer vers celui, devenu banal, qui caractériseles étoiles nouvelles : raies sombres complexes et fortement décalées vers le violet, accolées à des raies brillantes très larges et peu déplacées, l'hydrogène restanttoujours prépondérant. Petit à petit, le fond continu et les raies sombres s’af- faiblissent, tandis qu'apparaissent les raies né- bulaires et celles des étoiles de Wolf-Rayet, 1468 et À? 463. Ces dernières subsistent seules un certain temps, les raies nébulaires ayant disparu à leur tour, puis elles s’étalent de plus en plus, faisant ainsi renaître le spectre continu. L'étoile 1. Astrophysical Journal, t. XLVI, p. 206; 1917. 2. Nous renverrons pour plus de détails surce sujet à notre article : « Les Etoiles Nouvelles », dans la Revue générale des Sciences du 30 nov, 1918, de 1918 a parcouru ces divers stades, sauf le der- nier, d’ailleurs habituellement très long. L’honneur de la découverte visuelle de l'étoile a été, comme de juste, fort disputé. Mais nous ne contristerons personne en disant que lespre- mières observations spectroscopiques datent du 8 juin !. La Mission de l'Observatoire Yerkesétait à Green River, dans le Wyoming, où elle ve- nait d'étudier l’éclipse de Soleil. M. Barnard vit la Nova, la reconnut telle et, sans perdre un instant, MM. Frostet Parkhurst dirigèrent sur elle l'appareil même — un prisme objectif — qui venait de leur servir pour le Soleil. Au Mont Wilson, on fut prévenu par dépêche et l’on prit également un cliché du spectre ce soir-là. Mais la Nova remontait elle-même à une épo- que bien antérieure. On l'avait photographiée à Harvard College ? dès le 22 mai 1888 et, depuis, on en avait pris 405 — oui, 405 — clichés allant jusqu’au 3 juin 1918 et la montrant à peu près de crandeur photographique 10,5: nous disons « à peu près », car elle apparait lésèrement plus brillante sur des plaques d’Alger de 1892 et 1895 et aussi sur une de M. Quénisset, prise à Juvisy en 1909. Le 5 juin 1918, on la trouve à Heidelberg de grandeur 10,5, mais le 7 elle était de 6,5, le 8 de 0,8, le 9 de — 1 et le 10 de 0; elle décrois- sait enfin lentement pour n'avoir plus le 20 que la grandeur 2,2 et tomber à la 6° vers la fin de 1918. Ainsi nous sommes aussi sûrs qu'on peut l'être en pareille matière qu’il existait déjà une petite étoile à l’endroit(ou près de l'endroit) où devaitse montrer la Nova: ce point est d’une importance évidente en ce qui concerne les ex- plications possibles du phénomène, explications dont la plus en faveur repose toujours, croyons- nous, sur la rencontre d’une étoile avec une nébu- leuse, peu lumineuses toutes deux. — Un autre trait qui semble acquis est la présence dansle spectre de nombreuses raies d’absorption de « Cygni* : elles y figurent déplacées d’une cer- taine quantité, sans qu'on soit bien fixé sur la signification à donner à cette curieuse re- marque. Il ne nous reste plus qu'à attendre pour voir si la Nova de 1918 nous montrera quelque jour la lueur étrange, semblant se propager à une vitesse voisine de celle de la lumière, que l'on 1. Monthly Notices, L. LXXXIX, P- 279% fév. 2. Harvard Circulars, n°’ 208 et 210. 3. H, F. NewaLir: Monthly Notices, 1. LXXIX, p. 31; nov. 1918. MM. Newall et Stratton avaient déjà noté la même particularité dans le spectre d'une nova antérieure (M. N., t. LXXII, p. 389. — L'étoile + Cygni possède un spectre très spécial, remarquable par la présence de raies métalli- ques, dites de haute température. 1919. \ a pu admirer autrefois autour de la Nova Persei . de 1901. V. — Amuas D’ Erorces Er NÉBULEUSES C'est surtout l'étude de ces astres qui a le plus progressé dans ces derniers temps et les travaux dont nous allons nous occuper compte- -ront assurément parmi les plus remarquables - qu'aura vus naître la guerre, sinon toute notre génération. Ils n'ont abouti à rien de moins qu’à - nous révéler la distance approchée de ces ma- gnifiques amas globulaires qui font l’étonne- ment de tous les amis du Ciel et les méthodes ‘employées seront sans doute applicables aux né- buleuses spirales. De pareils résultats méritent qu'on s’y arrête. Il existe deux sortes d’amas : les uns, de con- tours mal définis, affectionnent les parages.de la Voie Lactée: dont ils font vraisemblablement partie ; les autres, Les plus beaux, les amas glo- bulaires, semblent au contraire la fuir et se trouvent de plus presque tous réunis dans un . hémisphère de la sphère céleste dont le pôle avoisine le Scorpion ou le Sagittaire. Si l’on - connaissait la distance de ces derniers, on se ferait une idée de leur distribution dans l'es- pace et cela nous en apprendrait long, peut- . être, sur le vaste sujet de la constitution d’en- -semble de tout l'Univers visible. La première méthode employée l’a été, dès - Ja fin de 1913, par un astronome danois travail- lant à Potsdam, M. E. Hertzsprung!, à propos de . la petite Nuée de Magellan. C’est un amas glo- bulaire qui, comme beaucoup de ses pareils, renferme de nombreuses étoiles variables. Or ces variables, analogues à nos Céphéides, ont, dans presque tous les amas, des courbes photo- métriques similaires; leur grandeur moyenne change d’un amas à l’autre, mais fort peu dans le même amas : c'est ainsi que, dans celui des Chiens de Chasse, les variables sont de gran- . déur 15",50, avec un écart moyen de + 0",08. — D'autre part, à Harvard College, Miss Leavitt?, : en examinant une série de clichés d’amas globu- . laires, a découvert en 1912 une loi bien singu- _lière : dans un amas déterminé, le logarithme _ de la période de chaque variable est propor- … tionnel à sa grandeur apparente#, c'est-à-dire - aussi à sa grandeur absolue, puisque toutes les q ‘ x … 1. Astronomische Nachrichten, 1. GXCV, n° 4692, p.1313, et "1. CXCVI, p. 201; 1913. - 2. Harvard Circular, n° 173. … 3.11 faut évidemment choisir des unités appropriées … sinon ia loi s'exprime par une relation linéaire au lieu d'une simple proportionnalité. JEAN BOSLER. — REVUE D'ASTRONOMIE 529 étoiles d’un amas sont sans doute, en gros, à la même distance de nous, Cette étrange formule est beaucoup plus exacte qu’on se le figurerait à priori : il y a donc des chances pour qu'elle touche de près le fond des choses. La généralité de ces constatations suggère la pensée que les variables de ce type sont les mêmes dans tout l'Univers : poser que seule la distance fait les différences d'éclat. La vérification de cette hypothèse ne peut venir bien entendu (comme il arrive plus souvent qu'on ne le dit) que de l'examen de ses conséquences. Mais, si on l’adméet, on en dé- duit — et c'est ce qu'a fait M. Heértzsprung en utilisant la loi de Miss Leavitt — la distance de la petite Nuée de Magellan par comparaison avec les Céphéides de notre système dont la paral- laxe est connue. On peut aussi! aller plus loin et ne se baser que sur l'éclat apparent moyen: on obtient ainsi les distances d’un ceriain nom- bre d’amas du Ciel, distances dont l’ordre de grandeur se trouve concorder. En comparant ces résultats, on remarqua que la grandeur moyenne absoluedes plus brillantes étoiles, non variables, de chaque constante ; on put alors par là obtenir les dis- tances d’une nouvelle série d’amas trop pauvres en variables pour que le premier procédé leur fût applicable et ceci permit de reconnaitre que le diamètre apparent des amas varie à peu près en raison inverse de leur éloignement : on en profita pour atteindre de nouveaux amas encore que les méthodes précédentes avaient dû laisser de côté. En définitive, sur 69 amas considérés par M. H. Shapley, 7 ont été étudiés par les variables, 21 par les grandeurs des plus belles étoiles et 41 par les diamètres apparents. La conclusion de toutes ces recherches, c'est quele plus proche desamasglobulaires envisagés, “ Centaure, est à une distance de 6.500 parsecs (1 parsec — 3,256 années de lumière — distance d'un astre dont la parallaxe serait 1”); le plus éloigné, N.G.C. 7.006, est à 67.000 parsecs, alors que notre système galactique central entier n'a on peut alors sup- amas était mètre. Ces amas forment en somme une agglo- mération dont le centre est situé à une vingtaine de mille parsecs et sur les confins extrêmes de nous paraissent n’occuper qu'un hémisphère du Ciel. Quant à la raison pour laquelle les amas globulaires, distincts en cela des autres, sont si rares dans le plan galactique, elle pourrait bien 1. Voir : Harrow Suapiey : Contributions from the Mount | Wilson Solar Observatory, n° 152, et Astrophysical Journal, l| vol. XLVIII, 1918. probablement guère plus de 1.000 parsecs de dia- laquelle nous nous trouvons: c’est pourquoi ils 530 Jean BOSLER. — REVUE D’'ASTRONOMIE enir à la présence, dans ce plan, de quelque ma- tière cosmique absorbante! ; toutefois cette ex- plication est un peu discutée. Le fait lui-même est en tout cas d’une netteté incontestable, qui se précise encore quand on tient compte des distances. De tout ce qui précède on ne saurait conclure, croyons-nous, avec une certitude absolue, que les amas globulaires sont complètement étran- gers à notre système : la symétrie accentuée de leur répartition par rapport à l'équateur galacti- que plaide, du reste,en senscontraire. C’est peut- être la Voie Lactée elle-même que nous devons regarder, en y comprenant ses plus lointaines ramifications, comme plus immense encore que nous ne le supposions. L'étude des nébuleuses spirales n’èn prend que plus d'intérêt. Nos confrères d’outre-Atlantique et notammentM. V.M. Slipher, le successeur de Percival Lowell à Flagstalf, ont continué à pro- fiter des larges raies noires de leurs spectres pour mesurer leurs vitesses radiales. [ls trouvent toujours? des chiffres énormes de l’ordre de 500 à 1.006 km: sec, tandis que les vitesses de rota- tion se révèlent, grâce à la méthode de l'ineli- naison des raies, également considérables *. Ces mesures spectroscopiques nous permet- tront probablement bientôt de résoudre le pro- blème de la distance de ces astres. M. Bigourdant vient en effet d'achever la publication du grand catalogue de nébuleuses auquel il a consacré presque toute une vie et qui lui a valu cette année la grande médaille d'or de la Société Astro- nomique anglaise. L'œuvre comprend environ 7.000 amas ou nébuleuses, observés chacun plu-. sieurs fois, au micromètre, de 1884 à 1911. Quand on reprendra — par la photographie ou autre- ment — cet immense travail, dans un demi-siècle par exemple, on se fera une idée très nette des mouvements propres des nébuleuses spirales (et aussi des amas stellaires), ce qui fournira des indications positives sur leurs distances. — On vient toutefois, nous allons le voir, d'acquérir là-dessus quelques notions. 1, Ainsi que cela a lieu pour la région équatoriale des nébu- leuses spirales. La chose saute aux yeux pour les nébuleuses que nous voyons par la tranche (comme H1v 24 dans la Cheve- lure de Bérénice) : elle est moins saisissante, mais on la cons- tate aussi, pour celles vues de face, dont les environs sont en général si pauvres en étoiles. 2. On trouverä ces résultats dans les Bulletins de l'Obser- valoire Lick et de l'Observatoire Lowell, ainsi que dans les Publications of the Astronomical Society of the Pacific. 3. F, G. Pease: Proceedings of the National Academy of Washington, t. AV, p. 21 ; 1918. h. Annales de l'Observatoire de Paris, Observations, passim entreles années 1884 et 1907, — Le Catalogue de M. Bigourdan a été depuis rassemblé en 5 volumes sous le titre : Obsenva- tions de Nébuleuses et d'Amas stellaires, Un fait très remarquable a été la découverte de nombreuses novæ dans des nébuleuses spira- les !. Il y avait eu, à la vérité, des précédents: plusieurs de celles déjà classées ont été vues dans des nébuleuses. Mais les observations de ce genre se sont depuis multipliées : on en à ainsi compté 9 en un an, rien que dans la Nébuleuse d'Andromède. - Or les étoiles nouvelles de notre voisinage semblent confinées dans la Voie Lactée : elles paraissent done lui appartenir et la présence d'astres analogues dans les nébuleuses spirales est un nouveau trait commun que ces mondes lointains ont avec le nôtre. Mais ceci nous four- nit un moyen d'aborder la question de leurs distances en traitant les novæ des nébuleuses exactement comme le firent MM. Hertzsprung et Shapley pour les variables des amas. Si le phénomène des étoiles nouvelles est partout le même, la faiblesse de celles des nébuleuses est un effet de leur éloignement : une esti- mation grossière de la grandeur maximum moyenne de nos novæ à nous montre alors que les spirales les plus proches sont à quelque vhose comme une centaine de mille parsecs, ce qui les met plus loin que les amas d'étoiles et conduit à leur attribuer des dimensions réelles compa-: rables à celles de la Voie Lactée elle-même. Tel est du moins le résultat obtenu par M. H. D.Cur- tis?: il s'accorde avec toutce que nous supposions et parait, jusqu’à plus ample informé, fort vrai- semblable. En même temps que la distance de ces nébu- leuses, M. Curtis a tenté aussi d'évaluer leur nombre, immensément plus grand qu'on ne l’aurait imaginé jadis. Les clichés américains en font, en effet, constamment découvrir de nou- velles, presque toutes non cataloguées. M. Curtis arrive dans sa statistique à un total de 722.000, pour le cielentier (austral et boréal), et commeles | plus faibles ne se voient guère qu'au centre de la plaque, on peut aflirmer hardiment que le nom- bre réel de celles qu’un observateur patient pourrait observer dépasse le r#illian®. Nous n’avons rien dit encore de la seconde classe de nébuleuses : les gazeuses. Celles-là sont, on le sait, en nombre infime, 100 tout au plus; mais on les voit heureusement assez bien, malgré que la puissance des grands instruments n’en fasse guère apercevoir d'inconnues, On les DR Re ES COS PE 1. H, Snariry : Publications of the Astronomioeal Society of the Pacific, t. XXIX, p. 214; 1917. — G. W. Rironey: /bid., t. XXXI, p. 162; 1918, et J. C. Duncan, p. 265. 2. Lick Observatory Bulletin, t. IX, p.108, 3. Publications of the Astronomical Society of the Pacifie, avril 1918, a crues longtemps très lointaines; leur concen- ‘tration dans la, Voie Lactée et surtout leurs intimes relations avec les novæ et les étoiles de - Wolf-Rayet ont donné à penser qu'il n’en était rien. Les mesures directes de parallaxes con- firment cette manière de voir : c’est ainsi que M. van Maanen ! a trouvé au Mont Wilson, pour quelques-unes d’entre elles, des chiffres de l'ordre de 50 ou 100 parsecs, comme distances à notre Soleil. : Déjà, quelques mois plus tôt, MM. Campbell et Moore*, puis un autre astronome de Lick, M. W.K.Green*, avaient étudiéla vitesse de rota- tion des nébuleuses gazeuses planétaires : ils ont _ établi que le mouvement s’effectue autour du plus petit axe, la matière semblant répartie en couches ellipsoïdales à peu près concentriques. Le même travail fut exécuté sur les diverses ré- . gions de la Nébuleuse d’Orion : il a clairement fait voir l'exactitude de la belle et ingénieuse méthode spectroscopique employée, trois ans auparavant,par nos compatriotes, MM.Ch. Fabry, Buisson et Bourget* et qui, basée sur les inter- férences comme sur la théorie cinétique des gaz, ouvre à l’Astronomie un champ encore à peine exploré. - Fr 4 De tout ce qu’on vient de lire, plus encore peut-être que des travaux des années précé- dentés, nous voyons se dégager quelques conclu- sions. C'est d'abord la conviction toujours plus _ ferme de la généralité des lois de la Nature, qui apparaissent valables dans out l'ensemble de l'Univers; c'est ensuite, à un point de vue plus immédiat, l'importance croissante des méthodes astrophysiques, voisines de la Physique, sans se RUE avec elle. 4. Public. of the Astr. Soc. of the Pacific, t. XXIX, p. 133 et p.209; 1917 — et Proc. ofthe Nat. Acad. of Washington, t. WI, p- 133; 1917. 2. Lick Observatory Bulletin, n° 278; 1916— et Popular Astro- nomy, p. 655; déc. 1916. 3. Lich Observatory Bulletin, t IX, p. 92. 4, Journal de Physique, 5° série, t. IV, p. 357; 1914. a "T" Jean BOSLER. — REVUE D'ASTRONOMIE 531 Certaines des découvertes ci-dessus parlent d’elles-mêmes. Ne remplissent-elles pas tout le but de l’Astronomie? N'est-ce pas, en grande par- tie justement pour savoir ces choses que tant d'efforts ont été dépensés dans le passé, sans qu'on ait même jamais espéré les savoir un jour aussi bien ? L’astronomie de position, telle qu'on la com- prenait il y a 30 ans, semble avoir fait son temps. Les méthodes mathématiques, appliquées aux problèmes anciens, paraissent bien près d'avoir épuisé leurs possibilités, car les durées que les procédés les plus perfectionnés nous permettent d’embrasser avec exactitude dans nos prévisions sont prétisément celles au delà desquelles les facteurs écartés a priori des équations intervien- nent presque sûrement. Il n'y a pas dans le monde que la gravitation; il s’y manifeste bien d’autres influences encore dont le calcul cons- tituera la Mécanique Céleste future. Et, pour des prédictions à échéance de plusieurs siècles, on ne peut plus négliger ces causes mal connues. Rappelons-nous la conclusion par laquelle M.E. Brown vient de terminer ses vastes recher- ches sur la Lune et où il estime que, pour en amé- liorer les Tables, nous ne devons plus guère compter que sur l'entrée en jeu de forces nou- velles, Or ces forces électriques ou magnétiques, ces milieux absorbants, résistants ou visqueux, ce sera encore à l’Astrophysique de les étudier. C’est donc elle qui nous pose aujourd’hui tous les problèmes vraiment intéressants, ceux qui, une fois résolus, nous feront le mieux pénétrer les secrets de la Nature. Espérons alors qu'un peu partout en France les astronomes n'hésite- ront plus à orienter davantage leurs recherches dans une voie dont tant de succës récents garan- tissent le brillant avenir. Jean Bosler, Docteur ès Sciences, Astronome à l'Observatoire de Meudon- BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Masméjean (A.) et Béréhare (E.), Oficiers mécani- ciens de La Marine, attachés au Service de l'Aviation militaire. — Les moteurs à explosion dans l'avia- tion. /ome 1 : Etudes préliminaires. — 4 vol. in-1?, de 389 pages, avec 128 fig. dans le texte et 3 plan- ches hors texte (Prix : 15 fr.). Dunod et Pinat, éditeurs, © Paris, 1918. « Nous avons réuni en cet ouvrage, disent les auteurs dans leur préface, tous les éléments qui nous ont paru indispensables pour l’étude pratique du moteur à explo- sion, en essayant de les présenter sous une forme sim- ple, capable d’intéresser tous ceux qui ont à conduire, à entretenir et réparer des moteurs de ce genre, » Plus loin, ils déclarent s'adresser plus particulièrement aux « aviateurs et mécaniciens de l’aéronautique et des auto- mobiles », à l’usage desquels ils ont rassemblé, « dans ce premier volume, des renseignements utiles et des ré- sultats d'expériences, leur permettant d'acquérir plus rapidement les connaissances professionnelles suscepti- bles de faciliter l’accomplissement de leur tâche ». Cette préface-programme a été écrite manifestement avant de donner le bon à tirer des dernières feuilles, car le projet primitif a été considérablement élargi, et l'on ne s’est plus adressé uniquement aux conducteurs de moteurs; c’est à l'usage des constructeurs qu'ont été rédigés les chapitres de technologie mécanique traitant des qualités des métaux et des alliages mis en œuvre, de leurs essais de dureté, de ténacité, de fragilité, de rési- lience, des mesures de puissance des moteurs par le moulinet, le banc-balance et autres engins de freinage, des déterminations des vilesses d'écoulement des gaz et des calculs des débits d’air et des quantités d’eau néces- saires au refroidissement, ete. Ces chapitres intéresse- ront les teclfniciens par leur solide et abondante docu- mentation. Pour les conducteurs, ont été étudiés avec soin l'allumage, la carburation et la réfrigération dans les moteurs et ils y trouveront d’utiles renseignements présentés d’une manière lumineuse et méthodique, AIMÉ, WiTz, Correspondant de l'Institut. Petit (Henri), Ancien élève de l'Ecole Polytechnique, Détaché au Service Technique automobile. — Traité élémentaire d Automobile, suiv: de Notes techni- ques. — 7 vol. in-S° de XVI-619 p. avec 506 fig. (Prix : 33 fr. 60). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1919. - Cet ouvrage se compose de deux parties distinctes. La première, qui comprend à peu près les deux tiers du volume, est la reproduction du cours que l’auteur a professé pendant un an au Centre d'instruction des élèves-ofliciers du Service automobile aux armées. Etant donnée l’origine, très diverse, des personnes auxquelles il s'adressait, M. Petit lui a donné un caractère assez élémentaire, sans pour cela tomber dans une fâcheuse vulgarisation, On y trouvera tout ce qui concerne le moteur, les transmissions, le châssis, la suspension, les freins, les roues, l'adhérence et la traction, et les acces- soires, exposé dans un style concis mais très clair et à la portée de tous ceux qui s'intéressent à la construction et à l'emploi des véhicules automobiles. La seconde partie est formée d’une série de notes techniques, où certaines questions sont traitées plus à fond : ainsi lechoix des matériaux pour la construction des châssis, le refroidissement de l'eau, l’équilibrage des moteurs, el en particulier de ceux à 2 et à 6 cylin- dres en V, le dérapage, les efforts dans les organes du moteur, les fléchissements dans les voitures automobiles BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ET INDEX (cette dernière due à M. P. Ravigneaux), Il y a là un ensemble de documents de nature à rendre service à ceux qui voudront poursuivre l'étude de ces questions. C. MaAïLLARD. 2° Sciences physiques Dunwoody (Halsey), Professeur de Philosophie natu- relle et expérimentale à l'Académie militaire des Etats-Unis. — Notes, Problems aud Laboratory Exercises in Mechanics, Sound, Light, Thermo- mechanics and Hydraulics. — 1 vol. in-8° de 369 p. avec 215 fig. (Prix cart. : 13 sh. 6 d.). John Wiley and Sons, New-York; Chapman and Hall, Londres, 1919.. La guerre mondiale a provoqué l’apparition d’un assez! 1 P grand nombre de volumies techniques, destinés à l’ins- truction aussi rapide que possible des jeunes gens can- didats aux fonctions d'oflicier. Le volume actuel a été écrit pour les officiers de l'Armée américaine et doit être considéré comme une annexe du cours de Physique professé à la Military Academy. C'est un assemblage assez touffu, auquel ont contribué plusieurs collaborateurs, et contenant diverses parties plus ou moins indépendantes, dont voici les titres : Notes de Mécanique, Notes de Statique graphique, Pro- blèmes sur la Mécanique, l’acoustique, l'optique, la thermodynamique, et l'hydraulique, Notes sur la trans- lation et la rotation, Manipulations. Le principal intérêt que le lecteur français prendra à parcourir ce livre provient des rapprochements fort ins- tructifs qu’il pourra faire entre les méthodes américaines et les nôtres, Les professeurs ou étudiants anréricains s’étonnent fréquemment de certains caractères de notre enseignement : nous « démontrons » un peu trop à leur sens, alors qu'eux se contentent souvent d'énoncer des résultats en les groupant avec clarté. Notre enseigne- ment tend à être logique et complet; il conserve, même dans les sciences expérimentales, un caractère dogmati- que et déduetif. Le leur vise surtout l'utilisation immé- diate de résultats pratiques, sans trop se soucier de la rigueur des principes ni de l’enchainement des raison nements. Je me contente ici de signaler le fait, sans chercher à choisir entre ces deux tendances dont la lutte n’est pas près de prendre fin, « Dans la première partie de l'ouvrage actuel, les ‘élé- ments fondamentaux de la Mécanique sontexposés avec une grande simplicité et sans aucune recherche de rigueur : les exemples et les données numériques sont seulement destinés à faire saisir la valeur pratique des notionssuccessivement introduites. L'étude du penduleet de la pesanteur est largement développée. Des questions assez délicates sontesquissées, d’unemanière quelquefois heureuse, par exemple l'étude du gyroscope. Dans la seconde partie, qui ne comprend qu'une ving- taine de)pages, les procédés de la Statique graphique sont exposés et appuyés d'exemples et d'exercices, La troisième partie, la plus développée (140 pages), est une des plus intéressantes : là se trouvent réunis les énoncés des problèmes et exercices numériques relatifs à la Physique. La Mécanique y tient une très large place, À Les notes sur la translation et la rotation (40 pages) ont un caractère théorique nettement différent de celui du reste de l'ouvrage : le mouvement à la Poinsot et le gyroscope y sont étudiés d’une manière assez approfon- die (la seconde de ces questions, déjà esquissée dans la première partie, est reprise ici en détail). Enfin la dernière partie (60 pages) est un recueil de manipulations, relatives surtout à la Mécanique, et où les professeurs français pourront puiser pas mal d'idées res etarihere ce but ls intéressantes. Pour chaque exercice, l'appareil est repré- _senté par une photographie, et le sujet de la manipula- tion est expliqué sur une « feuille » complétée par un tableau en blanc, destiné à renfermer les résultats Le numériques de l'élève. L'ouvrage n'a d'autre prétention que celle de servir de guide pratique à des étudiants qui, par nécessité, doivent apprendre vite et beaucoup. Il serait trop facile “de lui reprocher, outre son manque d'unité, bien des imperfections de détail. Mais, dans l’ensemble, on sent -fort bien qu'il a dû rendre les services qu'on en atten- dait, et le lecteur français pourra en tirer bien des sujets d'utiles réflexions. Il pourra par exemple se rendre . compte une fois de-plus de l'importance primordiale que » prenul la Mécanique dans cet enseignement. Nous ou- - blions trop, en France, que la Mécanique est une partie de la Physique, qu'elle en est même la partie fondamen- tale. Chez nous, l° epseignement de la Mécanique n’est » présque jamais confié à un physicien. Les manipulations de Mécanique physique (en y comprenant même les applications) sont peu répandues dans nos laboratoires : je n'en connais pas un seul où on ait jamais fait une manipulation sur la viscosité, pareille à celle qui est décrite dans l'ouvrage qui fait l’objet de cette analyse. Les pays anglo-saxons ont toujours adopté le point de vue opposé au nôtre. Leurs livres de Physique et leur enseignement théorique el pratique sont imprégnés d'idées mécaniques. Peut-être le temps serait-il venu de - ve plus négliger chez nous ce point de vue d’une ma- nière aussi complète. } Eugène BLocu. _ Chercheffsky (N.), /ngénieur Chimiste, Expert près les Tribunaux de la Seine êt près la Douane, — Détermination de la provenance d’un Naphte ou de ses dérivés. — / vol. gr. in-8° de 165 pages, avec 434 tableaux et planches hors texte (Prix :36 francs). . H. Dunod et E. Pinat, fase 47 et 49, quai des Grands-Augustins, Paris, 1919. ” On sait que les divers pétroles RTE au point de vue de leur composilion chimique, des différences _ essentielles. Si le pétrole de Pensylvanie est de nature aliphatique, celui du Canada en diffère déjà par la pré- sence de carbures cycloforméniques. Le pétrole de Roumanie n’est nullement identique au pétrole de Ba- - kou. Et l’on pourrait faire un tableau des divers pétro- _ les, sans qu'il soit possible d'en trouver deux qui pos- sèdent la même composition chimique. Ilsuit de là que leurs caractères physiques doivent également varier avec chaque espèce, et seule la con- - naissance parfaite de ces divers caractères pourra gui- - der le chimiste dans la recherche sur la nature et l'origine du pétrole. - Cette question de l'identification des naphtes paraît è _ être aujourd'hui d'une grande importance au point de | vue commercial, car le plus souvent on trouve sur le + marché dés mélanges divers qui ne répondent pas à un . produit fixe et dont il est difficile de reconnaître l’ori- gine. D'autre part, depuis la fabrication des essences de cracking, qui a pris un développement important en Amérique, on a lancé dans le commerce des produits "1 n’ont plus lé caractère du pétrole primitif. * 11 semble donc qu’une étude rationnelle des métho- des physiques, appliquées à la détermination des di- ers pétroles, peut rendre un très grand service aux dustriels et aux chimistes. Jusqu'à présent, les tra- vaux effectués sur ce Sujet ne sont pas très nombreux, - Depuis la méthode de Riche et Halphen, qui caracté- » rise les divers pétroles en se basant sur les différentes densités des fractions obtenues par distillation, mé- . thode excellente, mais peu précise, il n’a jamais paru ne étude complète permettant de déterminer d’une manière irréfutable l’origine exacte d'un pétrole. _ Le livre que M. Chercheffsky a fait paraître vient combler cette laçune en décrivant une méthode analyti- que qui estétayée sur des résultats très nombreux. …_ La première partie est consacrée à la détermination BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 533 de l’origine des essentes légères et des huiles lampan- tes. Le naphte brut ou ses distillats sont soumis à une distillation fractionnée, et chaque portion obtenue est examinée au point de vue de la densité, du point d’ébullition, de son pouvoir réfringent, de l'indice de solubilité, de la température critique de dissolution, de la température de trouble et de l'indice d’iode. Si la densité et le point d'ébullition étaient autrefois les seules constantes à peu près exclusivement utilisées dans une telle recherche, il ressort des travaux de l’auteur que l'indice de réfraction est tout aussi utile à déterminer. L'indice de solubilité, c'est-à-dire la solu- bilité des pétroles dans divers dissolvants, est égale- ment un complément indispensable pour préciser leur origine. s La température critique de dissolution est aussi in- troduite pour la première fois dans les essais dunaphte. On sait que l’on entend par là la température à la- quelle se trouble, par refroidissement, une solution d’un corps dans un solvant, qui n’est autre, dans le cas des pétroles, que l’alcool ordinaire à 96,5. Il en est de mème de la température de trouble dans l’anhy- dride acétique, qui, contrairement à la précédente, est toujours inférieure à la température d'ébullition du solvant employé. Ces deux constantes sont différentes pour les divers pétroles et constituent un excellent caractère. Enfin, l'indice d’iode permet, comme dans les huiles végétales, de déterminer la quantité de corps à double liaison, des hydrocarbures incomplets, provenant de l'addition d'huiles ou essences de cracking ou d'huiles issues de la décomposition des schistes bitumineux ou de lignites, qui fournissent, on le sait, des hydrocar- bures de nature éthylénique. Tous ces essais sont parfaitement décrits dans l’ou- vrage. Ils ont été effectués par l’auteur sur des pétroles de différentes origines. Ils sont accompagnés de tableaux nombreux, relatant ces différentes constantes, ainsi que de courbes relatives à chaque pétrole. Ils constituent un guide sûr, qui permet de contrôler immédiatement les résultats obtenus dans l'analyse d'un naphte ou de ses distillats. Etant donné un pétrole portant une étiquette déterminée, on pourra constater s’il est réellement le produit indiqué. en déterminant les diverses constantes et les rapportant ensuite à la courbe type correspon- dante. La seconde partie de ce livre traite de la détermina- tion de la provenance des huiles minérales de grais- sage, des vaselines, de la cérésine et de la parafline. On connaît l'importance des premières au point de vue de leurs applications comme lubrifiants. Leur valeur marchande est différente suivant leur origine. Ici, il n’est pas possible d’avoir recours à des procédés chimi- ques pour déterminer leur nature, car ces huiles, de point d'ébullition élevé, subissent par la distillation une décomposition pyrogénée, de telle sorte que les méthodes physiques seules peuvent conduire à un ré- sultat certain. La détermination des huiles de graissage compren- dra l'examen des constantes citées plus haut, avec en plus les caractères d’inflammabilité, de fluidité et de viscosité. L'auteur expose la méthode utilisée pour effectuer ces diverses recherches et il l'accompagne pour chaque constante des résultats obtenus pour des huiles de différentes origines : russes, mazout, pétrole galicien, huile roumaine, huiles américaines. Pour déterminer les mélanges de cérésine et de pa- rafline, l’auteur a créé une méthode d'analyse très com- mode, permettant de se rendre un compte exact de la nature des produits qui sont sur le marché. Des ta- bleaux sur les caractères dislinctifs de ces produits et des vaselines artificielles sont joints à cette descrip- tion. L'ouvrage est terminé par un appendice sur la dé- termination et la distinction de l’huile minérale de l’insaponifiable dans les oléines. On sait que, dans un but de fraude, les oléines de saponification, de distillation 534 ou de suint sont souvent additfonnées d'huiles mi- nérales, d'un prix de revient moins élevé, En géné- ral, où se contente, pour la recherché de ces huiles, de déterminer la quantité d’insaponifiable, Comme, le fait remarquer l'auteur, dans l’état actuel de la législa- tion douanière, cette détermination peut entraîner de graves mécomptes. D'après le tarif des douanes, les huiles contenant 5o °/o au plus d'insaponifiable sont soumises au régime des huiles minérales, Il en résulte qu'une oléine de saponilitation ou de distillation, ad- ditionnée de 4o à 45 ‘/, d'huile minérale, serait admisë au régime des graisses animales, tandis qu'une oleiné de suint, contenant 52 à 53 ‘/, d'insaponifiable, serait considérée comme hüile minérale, La déterminalion de l’insaponifiable n’est dgnc plus une constante suflisante, 11 yavait üne nouvelle technique à créer, afin de dis- tinguer plus nettement les huiles de suint des oléines et de leurs mélanges avecles huiles minérales. M, Cher: cheffsky a montré que l’on pouvaitarrivér nettement à ce résultat en déterminant la teinpérature de trouble de cés différents corps, à l’aide de deux solvants, l’acide acétique et l’aniline, Des tableaux indiquent ces tem- pératures dans chaque cas, La détermination de la provenance et de la pureté des essences de térébenthrine, complétée par de nom- breux tableaux, termine cetappéndice. Les résultats pratiques que l’on trouve dans cet ou- vrage, et qui dccompagneént les descriptions analÿti- ques, sont le fruit d’un labeur considérable, Jusqu'à présent, chaque chimiste suivait; d’une manière systé= matique, les méthodes d'analyse indiquées dans les différents traités: Mais ces méthodes trop générales sont ihcapables dé conduiré d'une façon rigoureuse aû résultat précis, surtout lorsqu'on a affaire à des mé: langes de plusieurs corps d’origine différente. M, Ulier- cheffsky montre qu’il est nécessaire, dans ces détermi- nations, d'avoir des points de repère bien nets, ët les nombreux tableaux et courbes qui sont annexés à son livre permettront d'arriver aisément à ée résultat, Il faut luisavoir gré d’avoir bien voulu condenser dans un oùvrage le produit de tant d'efforts. Il a ainsirendu un service inappréciable aux industriels qüi utiliseñt les huiles minérales, en leur permettant d’avoir une méthode de controle tout à fait sûre, Les chimistes trouveront dans eé livre des renseigriements précieux pour leurs analyses et le consulteront avec fruit. Alph. MAÏïLHE, Professeur adjoint à la Fâcullé des Sciences de Toulouse. 3° Sciences naturelles Meitzger (Hélène). — La genèse de la Science des Cristaux. — 4 vol. in-8° de 248 p. (Prix: 5 fr. 50). Félix Alcan, éditeur, Paris, 1918. « Les ctistallographes modernes considèrent à juste titre Hay commele fondateur deleur science; ilsignotent qu'avant lui les notions de cristallisation et de forines eristallines avaient donné lieu à de nombreux trâväux qui d’ailleurs n’aboutirent à aucun résultat systématique et durable.,; Haïüy à inauguré la « routé royale », qui aboutit à une hauteur d’où la vue peut dominer l’enseém- ble des cristallisations ; le térrain sur lequel il a tracé sa voie, et dont nous apércevons maintenant tous les acei- dents, était déjà défriché par une multitüde de cher- cheurs qui, pour la plupart, finirent par sé perdre dans des taillis inextricables après avoir contribué aux pro- gres de la science, Nous avons essayé de montrer que léur labeur, aujourd’hui oublié, ne fut pas vain.» Tel est, défini par l’auteurellé-même, le but de l'ouvrage que nous présentons àu lecteur: La première partie mottre d’abord comment la Cristal- lographie s’est dégagée peu à peu de la Minéralogie, qui lui a donné nüissance: L'origine de la seiente des cris- täux doit être cherthée dans le grand courant de éurio: sité scientifique qui prit naissance vérs le milieu du xvu'sièele sous l'influëéncedela philosüphie de Descartes, BIBLIOGRAPHIE — ANALYSÉS ET INDEX On en trouve la première trace dans la dissértation de Sténon sur « les cofps solides contenus naturellement dans d'autres corps solides » (1669), qui eut d’ailleurs : péu d'influence: De la Hire (1710) compare les cristaux à un empilement de lames planes, de Jussieu (1719) à üñ amoncellement de petits solides égaux et susceptibles de se superposer sans vides, images qui séront reprises 4 plusieurs fois dans la suité, jusqu'à ce que la Ssecondé l'emporte et donne naissanée à l'hypothèse féconde des « particules cristallines ». Cappeller (1919) est le premier à étudier les cristaux en général au seul point de vue descriptif et il peut ètre considéré à juste titre commé le foñïdateur de la véritable science des cristaux, Maïs, malgré l'œuvre de Bourguet, Barrère, Wallérius, eté:, il faut attendre jasqu’à Romé de l'Isle pour voir la méthodé positive s’introduire définitivement en Cristallographie avec la loi de l'invüriabilité des angles dièdres (1772);il … n'eut que le tort de vouloir lui donner une réciproque, qui est démentie par les faits et qui nuisit au succès de sa métliode, Enfin, quelques années plus tard (1583), Haüy devait dégager la stience des cristaux de tous les problèmes annexés qui concouraient à en obscurcir les données ét la faire entrer dans la phäse mathématique en en faisant une science absolument formelle, Parallèlement à cette évolution s’en dessiné une autre qui a contribué à détacher la Cristallographie de l'étude des êtres vivants; l'exposé fait l'objet de la seconde partie dé l’ouvrage. L'idéé que les cristaux se reprô- duisent par germes.existait déjà avant le xvini® Siècle (Th. Sherley, 1672), mais elle a trouvé son expression complète dans l’œuvre de Tournefort: L'Inorgaänique calqué sur le vivant (1700-1702). Elle a été reprise par Buffon, qui a assimilé les particules cristallines aux iolécules organiques et la génération spontanée à la cristallisation spontanée, et Lamétherie, rénéhérissant encore, a considéré la vie comme un cas parliculiér dela. éristallisition universelle, Cette confusion des rêgnes de la Nature, courante pendant tout le xvin" siècle, cède devant la discussion géométrique de Rothé de l'Île, et désormais la Cristallugraphie poursuit ses destinées indépendamment de la Biologie. Enfin, dans uñe troisième partie, l’autetir motitre coms ment la Cristallographie, pourdevenir purement descrip- tive, mathématique et formelle, a dû se détacher aussi peu à peu des sûiences physiques. Dès l’origine de la science des eristaux, on a chérchié à entrevoir le mécanisme de la cristallisation : Dé Mairan, dans sa Dissertation sur la glace (17161749), proclame la similitude de la conigé- lation et de la cristallisation. L'étude des cristallisations salines, d'autre part, fit naître une théorie chimique de la cristallisation, que développeront successivement Lémerÿ (1716), Petit (1952), Bourguet (729) et surtout Ronelle (944-1745), le premier qui ait 1is eh évidence l'existence de l’«eau de cristallisation »: Nicolas Béblane … (985) fut le derñier, pour un temps, à se propuser de déterminer les conditions qui obligent üne espèce doti- née à prendre telle figuration plutôt que telle autre. C'est avéc Romé dé l'Isle et surtout Haüy. qué la Cris- tallographié, délaissa les théories hypothétiques de la cristallisation qui recherchaient une liaison entre la formation ou la composition et la forme pour devenir uniquembrit géométrique et constructive: Dans uñ chapitre de conclusion, l’auteur à cherché à mettre en lumière quelques idées générales se détachant de ce chapitre d'histoire de la science. Faute de méthodes. propres, la Cristallographie, à l'origine, a vu son do- maine livré aux doctrines philésophiques régnantes ;! tour à tour la philosuphie mécanique (cartésiënne), la philosophie corpustulaire etla philosophie expérimen- . tale ÿontfaitsentir leur influence: L'histoire de la science des cristaux, comme l'histoire de toute la science; se rattache donc dans ses grandes lignes à l’histoire de l'humanité, Dans ün appeñdice, l’autéur a donné une liste de tous les ouvrages mentionnés au cours de son travail, Lôuis BRünkr, CURE RNA EP SPA à * a rl cit : EUR t ic, sig | BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ae - Portier (Paul), Maître de conférences à la Faculté des | thétiqués) dénommées vitamines, mais seraient dus à Sciences de Paris, Professeur à l'Institut Ovcéanogra- | l'absence de symbiotes, ” _ phique. — Les Symbiotes. — 1 vol. in-18 de XX Enfin le rôle des symbiotes se ferait sentir même =+ 516 pages, avec 63 fig. dans le texte et une planche | ans les phénomènes de fécondation, de pa#thénogé- (Prix : 5 fr. 50). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1918 | nèse et d'hérédité, ainsi que dans certains faits de pa- . (paru en 1919). thologie et d’immunité. à On voit comment, parti d'observations judicieuses recueillies patiemment sur des larves d’Insectes, l’au- teur s'est élevé jusqu'à projeter une vue d'ensemble ( sur un grand nombre de faits, eñ apparence très dispa- rates; relevés dans tous les cantons de la Biologie. L'ouvrage de M. Portier est un éssai synthétique au: quel l’auteut à été conduit en partant de recherches pérsonhelles sur les larves d'Inséctes xylophages. * Les chenilles « mineuses » de certains Mitrolépidop- Lères du gente Vépticula, qui creusent üne galerie (où » éllés passent leur vie) dansl'épaisseur même des feuilles de Noisetier, vivent aux dépens des cellules dé l’hôte, qu'elles broient et digèrent complètement. Or ces lar - + = « M. Portier est allé plus loin encore, et, poussant une » Yes Sont aseptiques : aucun organisme étranger n'aide pose — trop hardie — sur le terrain dange- À cette digestion reux de l'hypothèse, il assimile catégoriquement les $ à Chez lés Graciluria qui vivent sur les feuilles dé Li- mitochondries à des symbiotes, On sait que les mito- tn à chondries sont de petits organites de la cellule, inclus | - las, la larve, tout d’abord mineuse, est également tout .- d'abord aseptiqué; mais dès qu’elle sort de la galerie, - on voit son intestin se peupler de microorganismes dont l'action digéslive sur la céllulose se combine au broyage mécanique — comme dans la panse des Ru- minants — pour amener les amas cellulosiques à l’état soluble, . Les larves vraiment xylophages de certains Coléo- _ plèrés ou Lépidoptères (Nonagria) se nourrissent exclu- * siVément du bois des arbres, substance réfractaire aux dans le cytoplasme, pourvus d'une individualité pro- : (6) pre, se multipliant par bipartition et jouant un rôle 1f important dans la nutrition et spécialement dans l'éla- Lx boration des réserves : les leucites ou plastes des vé- CL gétaux ne sont. que des mitochondries évoluées, Or kS l'auteur est visiblement frappé par certaines ressem- , blances morphologiques et physiologiques que présen- d tent les mitochondries avec les Bactéries, et-pour lui les mitochondries sont bel et bien des bactéries Sym sucs digestifs de l’insécte. Or ici se révèle totijours, biotes, ad8plées depuis d'innombrables BÉRETAUORE È | dans l'intestin de l'animal, la présence de micioorga- LUCE intracellulaire et d'où il est difficile (peut cte À nismes qui digérént la pate de bois, se multiplient à | PE DOS tIe que ds nombreux ÉAS) qe" le" tes de" pour les faire vivre d'une vie indépendante. : ses dépens et finaléinent-sônt eux-mêmes digérés par la Jarve, dont ils constituent touté la nôutrilure, Le ii- éroorganisme, d'abord digérant puis digéré, est donc - l'intermédiaire nécessaire à la larve pour que célle-ci puisse sé nourrir de substance ligneuse : sans cette association avec lui, sans célte symbiose, l'insecte ne Ces mitochondries-bactéries-symbiotes, peut-on es- hi pérer les extraire de leur hôte, les isoler et les cul- . À tiver in vitro? L'auteur eslime y avoir féussi dans « maintes circonstances, mäis il y faut des conditions encore mal connues et qui ne semblent pas toujours sdalis : , ñ pu \tibt ‘ M -potitrail vivre, Ce microorganisme, l'autéur le relrouve réalisables: D'ailleurs, remarque M. Portier, on Cul M dans le Sang, où il est plagocyté, et aussi dans les tive déjà depuis longtemps dès mitochondties, à savoir pe ; D , E = ille È Pre : 4e : " à De”: : cellüles épithéliales de l'intestin où il disparait par qi- | 1°S Pacilles des nodosités des Légumineuses [car, pour | géstion intracellulaire, assurant ainsi la nourrituré de l'auteur, les bactéries symbiotiques des racines de Lé- D Pinséèle gumineuses sont de véritables mitochondries, mélan- @ Mais ily a plus, et c'est ici un point fondamental. gées aux mitochondries normales (?)|. à d Certains microorganises échappeñt à cêtte destrüc- FE f:' _ tion et vont s’enkÿyster dans les tissus. On en retrouve Il 1174 Lw: + : £ 0 dans l'œuf, ce qui assure à la jeune lärvé future son ts EERE besoinde dire qélsvee MEME GEAR vi approvisionhement en miéfoorganismes symbiotiques. CA nous n'avons pu dénner ici qu'une idée très im- On En tetrouve dans lé tissu graissétix afñihésé aux parfaite, a été l'objet de critiques. Sa théorie heurte de 54 vryanes géhilaux : chez {ous les individus dé toutes les FROnI SA dé PHebnS jean DuAsIen CHE ce e - espèces xylophages exatinées par lui, M. Portiet à même classiques, pour n'avoir pas rencontré d’ardents \ C Q 5 = £ S conträadicteurs, (0 . constaté que les cellules adipeuses sont littéralement _ botürréés de microorganisines. : M. Portier est avant tout un physiologiste : c'est k en physiologiste qu'il observe et opère, non en bac- - * tériologiste ni en morphologiste. Et précisément les Frappéde cette universelle contamination du tissu | bactériologistes sont en droit de demander de plus * adipeux des organes génitaux des Inséctes, l’auteura | grandes précisions au sujet de la technique employée. - été conduit à la rechercher chezles Vertébrés, et il croit | Ce microorganisme que l’auteur isole de la graisse des lavoir retrouvée dans toute la série et jusque chez les | organes génitaux däns toute la série des Vertébrés, Mammifères, 11 dénomme « symbiotes » ces microorga- | c’est « une bactérie qui se présente toujours avec les . nisrnes, et il essdie de grouper un grand nombre de faits | mêmes caractères morphologiques et physiologiques » recueillis, par d’autres et par lui, dans tous les domaines | (page 19) et cette bactérie n'est pas sans présenter d’in- … biologiques, pour en édifier une vaste synthèse dont son | quiétantes aflinités avec le Pacillus subtilis, Nous di- . livre est l'exposé, rons même ici que la démonstration de l'existence in- 4 La symbiose des animaux et des végétaux supérieurs | tracelluläire du symbiote des chenilles de Nonagria … ävec des microorganismes « symbiotes » seraitrune loi | (page 16) nous parait, pour être absolument convain- _ générale. “ q cante!, exiger encore quelques précisions d'ordre bâc- - es symbiotes auraient pour fonction essentielle | tériologique ou morphologique, LE … l'édification des réserves, le symbiote étant, par na- Ce n’est pas seulement en physiologiste que M. Por- … ture, un organe de synthèse. tier travaille, c'est en philosophe, Il a essentiellement * Obligés par leur fonctionnement même à des bipar- | l'esprit synthétique ; dans les rapports entre les cho- titions répétées, les symbiotes s’épuiseraient rapide- | Ses, il voit les liens qui rattachent, plutôt que les dis- - ment et seraient remplacés par de nouveaux symbiotes | Semblances qui éloignent. Son livre — prématuré peut- pénétrant avec les aliments. être et que des circonstances spéciales l'ont obligé de Si les symbiotes font défaut dans la nourriture, … l'animal présente bientôt les troubles connus sous le ‘4 etre prisé RTE D Ds compte ici est un exposé de doctrine et non un mémoire RO JUSQUICI, 4 | scientifique où devraient être rélatés tous les détails de » l'absence de substances particulières (d'ailleurs bypo- ‘ l'expérimentation. Le Mjoutons toutefois que le livre dont nous rendons - doit plus tard sombrer corps et biens, -titution mentale très différente : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX publier un peu hätivement — est un essai hardi de syn- thèse et, en somme, un véritable corps de doctrine, qui s'étend sur presque tous les domaines de la Biologie. Il faut'bien dire aussi que le problème abordé est trop haut, trop vaste et trop complexe pour avoir pu être résolu en quelques années, par le labeur d’un seul homme, ne disposant que de moyens matériels assez restreints. En réalité on doit savoir gré à M. Portier d'avoir eu le courage de poser ce problème et d’avoir soulevé, dans toute son ampleur, cette intéressante question de Biologie générale que constitue l'existence, encore hypothétique, de « symbiotes ». L’effort qu'il a donné en groupant tant de faits disparates et en leur cherchant une commune explication, est un effort qui ne sera pas perdu. Même reconnue inexacte sous la forme absolue que son auteur lui a donnée, et mal- gré que discutable dans bien des détails, cette « théorie des symbiotes » constitue un véritable cadre de tra- vail ou, si l’on veut, une excellente « directive » pour les recherches. Il n’est pas doutèux que les biologistes de tous ordres pourront tirer profit du livre de M. Por- tier, qu'ils y trouveront de suggestifs rapprochements et d'ingénieux aperçus, et que, même si la doctrine elle n’en aura pas moins joué un rôle utile: ce ne sera pas laipre- mière fois, dans l'histoire de la science, qu'une théorie inexacte aura pu se montrer féconde. L. MarrucHoT, Professeur de Botanique cryptogamique à la Faculté des Sciences de Paris. | 4° Sciences médicales Porot(A.), Ancien chef de Clinique à la Faculté de Médecine de Lyon, et Hensard (A.), Médecin de {re classe de la Marine. Psychiatrie de guerre. Préface de M. le Médecin fhspecteur SIMONIN. — 1 vol. in-16 de 315 pages (Prix : 6 fr. 60). Librairie Félix Alcan, Paris, 1919. Cette étude a été écrité avec la volonté arrêtée de présenter une description objective des faits observés et de leur évolution, en écartantles longues discussions nosographiques, et les interminables dissertations de doctrine, qui ont trop souvent altéré le véritable as- pect de la pathologie mentale. Aussi y trouvera-t-on un exposé coordonné et vivant de la séméiologie des troubles psychiques de guerre. Une première partie est consacrée à l’analyse des divers facteurs étiologiques, et particulièrement de ceux qui sont propres à la guerre (émotions des individus à l’occasion de la transplanta- tion de la vie civile à la vie des camps; déracinement familial ; idée collective et permanente du danger mor- tel; visions de champ de bataille, scènes d’horreur, — surmenage neuromusculaire et psychosensoriel, hygiène défectueuse, blessures diverses, commotions nerveuses). Une deuxième partie présente une descrip- tion, que la présence de nombreuses observations, con- cises et vivantes, rend particulièrement attachante, des nombreux syndromes et états psychopathiques de guerre; un important et intéressant chapitre est réservé aux psychoses infectieuses qui se sont développées à la suite de paludisme, de typhus exanthématique, de fiè- vre récurrente et de dysenterie, chez des sujets ayant appartenu à l’armée d'Orient. — Les auteurs ont eu entre les mains un matériel considérable de faits et .d’obsérvations, matériel dont l'intérêt tient en partie à ce que, dans les centres neuropsychiatriques où ils ont travaillé, se trouvaient rassemblés des éléments à cons- algériens, israélites algériens, créoles, serbes, indigènes musulmans, noirs et sénégalais, Il y a là un important chapitre de psy- chiatrie comparée, où se trouvent décrites les différen- ces de prédispositions et de-réactions que présentent ces diverses populations. Enfin les auteurs abordent l’étude de l'assistance psychiatrique chez les militaires en temps de guerre, et insistent avec force et raison, à la suite de Régis, sur la nécessité de considérer la plupart des psycho- pathes de guerre comme des malades à traiter, et non corhme des aliénés à interner ; dans la grande majorité des cas, il s’agit d'états transitoires et qui sont cura- bles, surtout si une thérapeutique psychiatrique vigic lante et active leur est appliquée dès l’origine. Un important index bibliographique termine cet ouvrage,qui résume d’une façon très heureuse les aspects nouveaux que la guerre a donnés à la pathologie men- tale, Henri LAUGISR, 5o Sciences diverses De Launay (L.), Membre de l’Institut. — Problèmes économiques d’après guerre.— 1 vol. in-16 de 319 p. (Prix: 3 fr. 50). Librairie A. Colin, éditeur, Paris, 1919. M. de Launay n’est point de ces savants qui s’enfer- ment dans la tour d'ivoire de leur spécialisation; voici qu'il revient encore au grand problème de la reconstitu- tion économique de notre pays. Après avoir étudié les questions franco-allemandes concernant la guerre et l'après guérre,et particulièrement les questions minières, après nous avoir entretenus des « qualités à acquérir » pour « gagner la paix », l’auteur examine successivement les problèmes économiques qui se posent dans l’après- guerre : l’organisation industrielle, le ravitaillement en matières premières, les transports, la main-d'œuvre et les forces naturelles. Qu'il serait heureux pour notre pays si nos hémmes politiques voulaient s'inspirer des suggestions et des conseils que renferme l'ouvrage, et comme nous reprendrions beaucoup plus vite notre place, celle que devrait imposer notre victoire, dans le champ de la lutte économique qui commence et qui va succéder, non moins vive, à la lutte militaire! Que nos producteurs au moins s’inspirent des principes exposés par l’auteur sur l'organisation industrielle et sur la main-d'œuvre, et s'appliquent à réaliser toutes les économies nécessaires pour compenser les augmen- tations de salaires et la réduction de la journée de tra- vail, si nous voulons, comme nous le devons, « nous tourner résolument vers l'exportation et servir les autres avant de nous servir nous-mêmes ». Tout retard dans cette voie est grandement préjudiciable, et l’auteur est bien inspiré de nous rappeler ce mot d’un ministre anglais : « le pays qui pourra commencer à produire le premier prendra sur les autres un avantage énorme ». Pour produire, il faut des matières premières et du ma- tériel pour les transporter ; le commerce et le ravitaille- ment sont avant tout fonction des transports, et chacun sait comme la guerre nous a éprouvés à cet égard. De même, si nous voulons « exploiter » nos colonies, encore accrues, améliorer notre change en leur demandant les matières premières qu’elles sont capables de nous four- nir et que nous achetions par milliards à l’étranger, dans l’avant-guerre, c’est là encore une question de transport à résoudre. M. de Launay nous rappelle tout cela avec le programme à suivre; les économistes lui seront reconnaissants de leur prêter l'appui de son nom et de sa science. Pierre CLRRGET, - ACADEÈMIE DES SCIENCES S DE PARIS 21 Juillet 1919 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. Boussinesq: Zxistence d'une relation approchée, signalée par M. Carvallo dans ble quartz, entre les deux pouvoirs rotatoire (ordinaire) et [ dispersif. L'auteur a déjà donné une deuxième approxi- mation de la théorie de la polarisation rotatoire ordi- naire où se trouve mise en vue une relation empirique, + signalée par M. Carvallo dans le quartz, entre les deux pouvoirs rotatoire et dispersif, savoir la proportionnalité . approchée du pouvoir rotatoire à l'expression 4? (N? — const.) pour les diverses radiations simples, à périodes lvibratoires 27/# et à indices de réfraction N. Ilcomplète cette théorie, tout en la simplifiant, et sans négliger les . termes de troisième approximation. — M. M. de Bro- - glie: Sur les spectres de rayons X des éléments. La théo- rie développée par Sommerfeld rattache les différences de fréquence de certaines raies des spectres de rayons X à un intervalle fondamental de fréquence Ar — 0,3645 La mesure du spectre K du rhodium a permis à l’auteur - de retrouver un intervalle à peu près identique, égal à + 0,369. L'auteur a d'autre part mesuré les longueurs, d'onde des bandes L, et L; du spectre d'absorption du radium ; elles se placentà l’endroit qui convient au nom- _ bre atomique 88 attribué à cet élément. — MM. J.He- bert-Stevens et A. Larigaldie: *adiotélégraphie par rayonnement infra-rouge. Les auteurs ont réalisé une t. s. f. par radiations obscures. La source d’émission consistait en un projecteur à arc ou à lampe électrique, dont le flux lumineux visible était absorbé par un écran- filtre : verre noir à l’oxyde de Mn, gélatine oucellophane colorée. Au posterécepteur, un miroir captait le faisceau émis et portait à son foyer un détecteur formé par un couple thermo-électrique. Les auteurs ont ainsi obtenu * des enregistrements de radiation infra-rouges à des dis- tances pouvant atteindre plus de 20 km. — MM. P. Sabatieret A. Maïlhe: Sur la formation catalytique des - chlorures forméniques à partir des alcools primaires. En - dirigeant sur une trainée d’alumine maintenue à 370°- 4500 un courant de gaz HCI en même temps que des va- . peurs d'alcool primaire (à partir de l'alcool propylique), les auteurs ont obtenu dans tous les cas, à côté d'une . certaine dose de carbure éthylénique issu de la déshy- dratation de l'alcool, le chlorure primaire forménique, associé à dès proportions plus ou moins importantes de - chlorures isomères secondaires et tertiaires. — MM. VY. _Grignard et G. Rivat : Sur des composés d’addition des acides halogénés à l'acide diphénylarsinique. En fai- sant agir sur l'acide diphénylarsinique HCI plus ou . moins concentré, les auteurs ont obtenu deux dérivés différents : [(CSH)? 2AsO,OHF.HCLE, 1110-111,5et (C6H°}? _AsO.OH.HCI,F.134°. HBrdonne des composés analogues. — MM. R. Levaillant etL.J.Simon: Action de la chlor- . hydrine sulfurique sur le sulfate acide de méthyle. L'ac- tion de ces deux corps conduit à une réaction complexe, _ fournissant un mélange d'acide sulfurique, de ses éthers - méthyliques acide et neutre, de chlorbydrine Sulfuri- que, et de chloro-sulfonate de méthyle. Le rendement en ce dernier corps est environ la moitié du rendement théorique. Le chlorosulfonate de méthyle pur est un liquide incolore, Eb. 134°-134°,5, très violemment lacry- mogène, — M. S. Posternak: Sur la synthèse de l’éther “hexaphosphorique de l'inosite et son identité avec le principe phospho-organique de réserve des plantes vertes. L'anteur'a préparé artificiellement l’éther hexa- - phosphorique de l'inosite en employant comme déshy- dratant l'anhydride phosphorique. Le produit obtenu + donne un sel saturé de soude C°H!20**P5Na!?, identique - à celui que l’on prépare avec la phytine naturelle. Il -cristallise dans le système monoclinique. Seance du ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 537 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER 2° ScIENCES NATURELLES, — MM. À Gautier et P. Clausmann : Action des fluorures sur la végétation. B, Cultures en champ d'expériences. rotte, la fève, le chou, les pois, le pavot, la pomme de terre, lechanvrelui-même (en pots) sontfavorisés, toutes choses restant d’ailleurs égales, par l’addition au sol arable des fluorures et particulièrement du fluorure de calcium en poudre amorphe à la dose de 5 kg. Le seigle, l'orge, le sarrazin, le haricot, la moutarde paraissent insensibles ou peu sensibles à cet engrais, La betterave, le navet, l'oignon sont contrariés par les flûorures. Ces cultures ont été faites en plein champ sur une terre ar- gilo-sablonneuse pauvre, n'ayant reçu aucun autreen- grais. — M. P. Thiéry : Sur les écailles ou nappes de charriage de la région d’Alais (Gard). Contrairement à l'opinion reçue, il: n'existe pas dans les gisements de St-Brès et de la Voulte une faune particulière compre- nant un certain nombre d'espèces qui, apparues dès le Bathonien, auraient persisté jusqu'à l’Argovien: ilya simplement un mélange de fossiles, et ceux-ci doivent être rangés dans les terrains où on les rencontre norma- lement. — M. L. Gentil: Sur la genèse des formes de terrain appelées rideaux en pays crayeux. On, désigne sous le nom de rideaux des ressauts de terrain formant des talus plus ou moins étendus sur les pentesrégulières des versants, dans les paysages de craie, L'auteur les attribue à l’action de la pluie qui, en délayant l’argile à silex qui recouvre la craie, lui a donné une certaine plasticité et lui a permis de glisser, de couler sous l’ac- tion de son propre poids. : Séance du 28 Juillet 1919 1° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. G. Reboul et L. Du- noyer : Sur l'utilisation des températures pour la prévi- sion des variations ELA LE Les auteurs énoncent les règles suivantes : 1° Les régions où la température esten hausse sont ent ées par la baisse barométrique ; 2° Les régions où la températureest en baisse sont me- nacées par la hausse barométrique. Ces règles ne sont pratiquement applicables en Europe que pendant les mois d'hiver et sur les régions de latitude supérieure à 45°. — MM. H. Abraham et Eug. Bloch : Galvano- mètres inscripteurs à fer mobile. Un aimant est muni de pièces polaires portant des bobinages en fil de cuivre et entre lesquelles on place une pièce de fer doux mobile sur pivots, dont les déplacements sont transmis à une plume qui inscrit sur papier enfumé. L’armature est aimantée par le champ permanent de l’aimant ; mais on équilibre toutes les forces provenant de ce champ, afin de rendre indépendants l’un de l’autre le couple moteur et le couple résistant, en disposant l’armature de manière quesonaimantation soit symétrique par rapport à l’axe derotation ou à un plan passant par cet axe. Le couple moteur est créé par les bobines polaires, parcourues par le courant variable que l’on veut inscrire, — M. E. Brylinski : Sur la réaction d'induit des alternateurs. Sauf dans des cas très particuliers, par exemple si l'angle ? venait à être très petit ou voisin d’un droit, il | est inutile de tenir compte de l’hystérésis dans la réac- tion d’induit des alternateurs autrement que par une majoration fictive de la résistance déterminée d’après l'énergie dissipée. Il pourrait en être autrement si l’on venait, dans des buts spéciaux, à construire des alter- nateurs dont une fraction importante de la puissance serait transformée en chaleur par hystérésis. — M. E. Poirson : Sur un procédé de téléphonie secrète. Lors- qu’on inverse périodiquement, au moyen d’un commu- tateur tournant, un courant téléphonique issu d’un transformateur téléphonique, on produit une modifica- tion de sa composition harmonique qui rend la parole tout à fait inintelligible, Ce courant téléphonique Le blé, l’avoine, la ca- ! 538 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES inversé peut être redressé, à l'aide d’un commutateur identiqüe, et le courant reconstitué reproduit la parole nettement et sans altération. Sur ces principes, on peut réaliser la téléphonie secrète entre deux postes, dans les deux sens, la conversation élantinintelligible toutle long de la ligne detransmission. — M. J. Lavaux : ?hc- nomènes de luminescence électrolyuqué présentés par certaines anodes métalliques. L'auteur a découvert des phénomènes lumineux, corrélatifs d'un état de polari- Sation anodique intense, que présentent dans certaines conditions d’électrolyse divers métaux : Al, Mg, Zn, capables de donner, avec l’anion de l'électrolyte, des sels insolubles, adhérents et doués de résistivité. Ges phénomènes consistent soit en une phosphorescence, soit en un étincellement. — MM. R.de Forcrand et F', Taboury : Sur la stabilité des sulfones formées par les iodures de sodium, de rubidium et de césium. Les auteurs ont mesuré les tensions de dissociation des sulfones à 3 SO? qu'ils ont précédemment obtenues (voir p.457). Les températures de dissociation sont d'au- tant plus élevées que le poids moléculaire de l’iodure est plus grand. La chaleur de formation, par contre, et la stabilité, par conséquent, vont en diminuant de Na à Cs ; cela tiént à ce que les valeurs de Q/T ne sont pas tout à fait constantes. — MM. H, Colin et O. Liévin : * Sur l'oxydation spontanée des complexes organiques du cobalt. On peut distinguer deux cas bien diiférents sui- vant que la quantité d'oxygène fixée est finie ou dépasse toute limite, L'acide lactique et la glycérine forment avec le cobalt des composés du premier type : les solu- tions absorbent au plus 1 at. d’O pour 1 al. de Co. La mannitée, l'érythrité, le glucose, l'acide tartrique appar- tiennent au second type; avec eux, là proportion d’oxy- gène fixé croit indéliniment. La vitesse d'absorption augmente avec la concentration en soude jusqu'à un maximum, — M.J. Martinet: Sur les indirubines, On prépare très facilement les indirubines en projetant dans une solution acétique d’isatine chauffée au b, m. la fondue technique de phénylglycine; la solution se colore en violet et en 5 minutes on obtient un feutrage de fines aiguilles d’indirubine substituée. Ces colorants donnent, avec les hydrosullites en milieu alcalin, des cuves jaune pâle qui teignent facilement la laine el la soie, mais qui ont peu d’aflinité pour le coton. 3° SorENCES NATURELLES, — M, L. Blaringhem : Va- riations florales chez la Grande Marguerite (Leucanthe- mum vulgare). Dans des conditions très favorables au développement végétatif, une même colonie de ces plantes a montré, dans les premières années de son ex- tension, des variations marquées dans les caractères utilisés pour la classification des espèces et sous-genres (ornementation des akènes), dans les caractères qui per- mettent de sérier les espèces élémentaires et les formes locales (lobes et contour des feuilles), dans les caractères qui sont fixés pour certaines variétés horticoles (dupli- cature par multiplication des ligules, métamorphose de ‘fleur ligulée en fleur tubuleuse), le tout accompagné d'anomalies graves (fascies et enroulement hélicoïde des Liges) chez quelques rares individus, — Mme E. Bloch : Modifications anatomiques des racines par action mécanique, 1 est possible de reproduire par l’expériencé (compression mécanique) non seulement les structures dissymétriques observées dans la nature sur certains végétaux, mais encore les modifications anatomiques résultant dans certains cas de l'influence du milieu (culture en terrain pierreux). — M, A. Pail- lot : Cytologie du sang des chenilles de Macrolépido- Ptères. L'auteur a trouvé dans le sang de ces chenilles, _ outre les proleucocytes et les phagocytes de Hollande, des éléments à petit noyau, à protoplasme peu baso- phile et souvent vacuolaire, seuls doués d’une façon constante du pouvoir d'engloher les microbes (micronu- cléotytes), puis des éléments à gros noyau el proto- * ‘plusmé peu basophile (grands macronucléocytes), enfin des oenocytes et des cellules sphéruleuses. — MM, A. Laveran et G. Franchini: Sur quelques Flagellés d'Insectes obtenus en culture pure et en particulier sur le Crithidia melophagi. Les auteurs ont réussi à obtenir des cultures pures du Crithidia melophagi, pro- venant du mélophage du mouton. Dans ces cultures, on observe : de petites formes sphériques, des formes moyennes et grandes du type Crithidia et du type Her- petomonas, et des kystes. Le C. melophagi peut exercer une action pathogène sur la souris. — M, H. Bierry: Ration d'entretien. Besoin minimum de sucre èt besoin minimum de graisse. Les accidents du métabolisme ne sont éliminés que si les albumines, les sucres et les graisses de la ration se trouvent dans un rapport dé- terminé. Il existe un minimum de sucre et un mini= mum de graisse, comme un minimum d’albumine ; ou plutôt il existe des minima de sucre et des minima de graisse variant avec la structure moléculaire et la fonction chimique des aliments qui composent la ration. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 22 Juillet 1919 MM. A. Broca et Garsaux : Note préliminaire sur l'étude des effets de la force centrifuge sur l'organisme. Les auteurs ont soumis des chiens de 10 à 13 kgr. pen- dant 5 minutes à l'action de forces centrifuges égales à 20, 30, 4o et 08 fois la pesanteur (à la périphérie). La mort n’est Survenue que dans la dernière expérience. Dans une expérience d'environ 2 minutes à 80 fois la pesanteur, l'animal s’est parfaitement remis. Les phé- nomènes de compression nerveuse sont très nets : mou- vements en baril provenant de la compression du pédon- cule cérébelleux, phénomènes d’épilepsie corticale. L'autopsie du cas de mort a montré que la mort est survenue par anémie du cerveau, des poumons et du muscle cardiaque, peut-être aidée par une compression du plexus solaire, Les auteurs concluent que le danger de mort par cenlrifugation de l’homme (en aviation) est minime, au moins pour les organismes intacts. — M. M. Letulle présente un Rapport sur un mémoire du D: O. Peyret concernant l’auscultation focale. L'auteur nomme foyers les points où les ondes sonores provo- quées par percussion digitale immédiate sur une boite viennent se réunir après s'être réfléchis sur une surface courbe, Il montre que les cavilés du corps humain, thoracique, cranienne, abdominale, sont soumises, au point de vue acoustique, aux mêmes lois: qu'une boîte, Il y existe des foyers, faciles à trouver expérimentale- ment ou par le raisonnement géométrique. L'auteur donne à l’auscultation pratiquée à leur niveau le nom d’auseultation focale, Celle-ci est pour l’auteur un moyen d’une sûreté incomparable pour déceler la tuber- culose au début, Séance du 29 Juillet 1919 M. Desgrez est élu membre titulaire dans la Section de Physique et Chimie médicales, M. Paul Bouchet: 7raitement préventif et curatif du shock traumatique par la sérothérapie., L'auteur a remarqué l’atténuation et la disparition des phénomènes du shock traumatique chez des blessés ayant reçu une injection de sérum polyvalent de Leclainche et Vallée, seule où accompagnée d’une injection de sérum antilé- tanique. Dans 95 cas où il a pratiqué ces injections sur des blessés au poste de secours, il n'est pas apparu de shock traumatique. SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Séance du 19 Juillet 1919 M. R. Hovasse : Phénomènes de maturation de l'œuf chez la Rana Fusca. La maturation de l'œuf de la grenouille rousse montre; réalisée avec une grande net- teté, la série des phases nucléaires que Grégoire (1910) considère comme générales, Les particularités sont l'existence d'un sinapsis portant sur tout le spirème et d'une dissociation dicentrique des dyades à la première émission polaire, — M, Et. Maigre : Action du bleuet de “Lazsur de méthylène sur les cellules nerveuses médul- laires. 1s sont capables de s'opposer dans une certaine mesure à la mise en état d'hyperexcitabilité des neu- “ rones centraux que provoquent la strychnine et latoxine “iétanique. — M. E. Zaepffel : Sur les séries de Fibo- “racci. Les variations observées soit dans le nombre des ligules chez le Chrysanthème, soit dans la divergence Chez l'Adonis, s'expliquent simplement par l'hypothèse Suivante : Certains éléments peuvent, dans des condi- tions qui restent à préciser, doubler, triplèr mème, mais ‘avec cette restriction que les éléments de formation récente ne peuvent pas ordinairement participer à ce - dédoublement, — Mme Z. Gruzewska et M. H. Bierry : Zeneur en substances hydrocarbonées du foie » et du muscle prélevés immédiatement après la mort.Chez J'homéotherme normal, on trouve toujours dans le foie, à côté du glycogène, une quantité relativement élevée _ de substances hydrocarbonées, qui doit être rapportée principalement à la présence de d-glucose libre; ces Substances sont en quantité beaucoup plus faible dans - lé muscle. — M. J. Dufrénoy : Mycoses momifiantes de - chenilles processionnaires des pins d'Arcachon. Le Spi- L Caria farinosa et le Beauveria globulifera momifient lès “chenilles de Cnethocampa pityocampa. Le B. globulifera permet la momilication expérimentale des chenilles pro- ceSsionnaires et des hannetons. Les spores, d’abord ovales et isolées, se groupent en sympodes sur des - phialides en glomérules, — MM. J. Cantacuzène el A. Marie : Action activante de la muqueuse intestinale sur Les propriétés pathogènes du vibrion cholérique.Un extrait ‘aqueux d’intestin grêle de cobaye, inoflensif par lui- même, et mélangé à une dose non mortelle de vibrion cholérique, inoculé dans le péritoine d’un cobaye neuf, détermine en un petit nombre d'heures un choléra aigu. — MM. d'Oelsnitz et L. Cornil : Application de l'os- cillomètre à l'étude ciinique de l'hémisyndrome sympa- thique cervical. Les auteurs montrent que dans l’hémi- syndrome sympathique cervical paralytique il y a extension dés troubles vasomoteurs au membre supé- rieur du côté atteint, Leur étude, poursuivie au moyen de l’oscillomètre Pachon, leur a permis, de plus, de pré- - ciser la nature irritative ou paralytique du syndrome sympathique en mettant en œuvre divers procédés : ‘épreuves thermiques (bain chaud et froid), ‘épreuves - mécaniques (mobilisation active), épreuve de la bande d’'Esmarch, épreuve de la pression oculaire. — M. R. » Argaud.: Sur l’endoplèvre. La plèvre est formée de deux » tuniques : 1° une tunique interne (endoplèvre), bordée en dehors par une membrane épaisse et continue (limi- | tante); 2° une tunique externe (issu sous-pleural), ratta- … chant l’endoplèvre au parenchyme pulmonaire. L'épi- . thélium endopleural,stratilié par place, est généralement pavimenteux simple, revêtu d’une bordure en brosse. lendoplèvre et le tissu sous-pleural sont infiltrés de ganglions lymphatiques minuscules. Séancé du 26 Juillet 1919 … Mme A. Drzewina et M. G. Bohn: Réactions aux rariations d'éclairement d'un poisson (Trigla corax Fond.) et de son parasite (Nerocila aflinis M, Ewd.). Les réac- “tions de ces deux animaux, trèssensibles aux variations d'éclairement, sont limitées à une paire d'appendices: Jes Trigles répondent à une obscuration par étalement -de leurs nageoires pectorales, les Verocila par l’écarte- . ment des crochets de la 3 paire thoracique. — MM. E. e Moignic et A. Sezary: lésions pulmonaires consé- cutives aux injeclions intra-veineuses d'huiles végétales. Des injections intra-veineuses uniques ou rarementrépé- “tées d’une dose d'huile d'olive variant de 0,03 à 0,03 cm? par kilogramme d'animal, ne déterminent que des alté- “rations légères du poumon. Des injections répétées 15 à 30 fois provoquent une sclérose intersticielle diffuse, enserrant les alvéoles, diminuant notablement le champ -de l'hématose. L'incorporation à l'huile de substances médicamenteuses produit des lésions graves de broncho- neumonie nécrotique. L'huile camphrée seule est bien érée expérimentalement, — MM. E. Le Moignic et ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 539 Norero: Recherches sur la distribution des huiles injec- tées dans la trachée, On injecte à un gros chien par pi- qûre de Ja trachée de petites quantités d'huile colorée par des substances peu ou nou diffusibles. Autopsie après 2{ heures, L'huile ne se répartit pas en définitive dans tout le parenchyme pulmonaire; elle se rend surtout à des lobules desparties inférieures du poumon; il estrare qu'elle se distribue abondamment au lobe supérieur. — MM. A. Frouin et A. Moussali : Action dessels de lerres rares surles bacilles dysentériques, Le sulfate dethorium possède un pouvoir bactéricide très net sur les bacilles dysentériques ; lé sulfate de lanthane exerce une action bactéricide et antiseptique moins forte que les sulfates d’erbium et d'yttrium, mais une action antitoxique ou antivirulente plus grande que celle de ces deux derniers vis-à-vis des mêmes bacilles. Le traitement des émul- sions microbiennes par le sulfate de thorium ou le sul- fate de lanthane les rend moins virulentes et permet une immunisation plus rapide des animaux. — MM. J. Cantacuzène et A. Marie: Sur l'apparition précoce te sensibilisatrice spécifique dans l'intestin grêle des cholé- riques. La sensibilisatrice apparait dans l'intestin grêle dès lès premières heures qui suivent l’imprégnation de l'organisme par l’antigène cholérique; ce pouvoir sen- sibilisateur est très énergique d'emblée. À ce même mo- ment, la sensibilisatrice n’existe pas dansle sang ou n’y existe que sous forme de traces. — M. L.G. Seurat: Considérations sur la géonémie des Nématodes. La géa- némie des Nématodes parasites vient à l'appui de l'opinion déjà émise deleur adaptation récente à la vie parasitaire, leur dispersion ayant eu lieu à l’époque des migrations des Mammifères. Les Nématodes des Vertébrés les plus primitifs appartiennent d’ailleurs à des types qui ne sont pas plus spécialisés que les parasites des Vertébrés les plus récents, — M.CI. Gau- tier: Xecherches physiologiques et parasitologiques sur les Lépidoptères nuisibles. Parthénogénèse chez l'Apan- teles glomeratus Linné.Chezcet Hyménoptère Braconide, la femelle est capable de pondreparthénogénéliquement. 11 ne s’agit pas dans cetle espèce d'un mode physiolo- gique cyclique, des mâles et des femelles existant tou- jours simultanément dans la nature, mais d'un phéno- mène accidentel, qui peut d’ailleurs avoir une haute importance au cas où la femelle ne recontre pas de - mâle. Lenombre des œufs pondus parthénogénétique- ment est élevé. — M. P.-L. Violle: Sur un procédé nouveau d'appréciation des fonctions rénales : épreuve de la synthèse hippurique. Lorsque le parenchymé rénal est lésé, comme au cours d’une néphrite, le pouvoir synthé- tique du rein diminue, et la quantité d'acide hippurique sécrélé, normale ou expérimentale (après ingeslion d'acide benzoïque-et de glycocolle), est d'autant plus fai- ble que le rein est plus touché. Les eaux diurétiques déterminent une augmentation dela synthèse. — M. M. Kollmann: Quelques remarques sur la mue et la kéra- tinisation chez les Ophidiens. l’évolution du tégument des serpents peut être reconstituée de la façon suivante: l’épiderme se compose d’une couche de Malpighi, d'une couche épaisse non encure kératinisée où les cellules commencent à dégénérer, et d'une mince couche cornée. Avant que la mue nese produise, une nouvelle couche cornée prend naissance dansla profondeur, à la limite supérieure du corps de Malpighi. Quand elle est consti- tuée, l’exuvie est rejetée. Ce phénomène est donc bien différent de la desquamation en détail qui est la règle chezles Vertébrés en général, j SOCIÈTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 11 Juillet 1919 MM. C. Marie, R. Marquis et Birckenstock sont arrivés à transformer électrolytiquement l'acide phé- nylaéétique en alcool phényléthylique, que l'on isole des produits de la réaction à l'état de phénylacétate de phényléthyle. Gest le premier exemple de réduction d’un earboxyle atiaché à une chaine grasse, Les ren- demeénts sont malheureusement fort mauvais. — Pr de ON 540 MM. M. Sommelet et L. Ferrand: Action de l'acide formique sur l'hexaméthylène-tétramine. Les auteurs ont reconnu que l’hexaméthylène-tétramine'se dissout avec échauffement dans l’acide formique concentré en donnant une combinaison peu stable qu’on peut isoler par évaporation à froid de l'acide formique excédant, mais quise dissocie complètement par séjour prolongé dans le vide sur KOH, Si on chauffe la solution formi- que de la base, on observe un dégagement d'anhydride carbonique provenant de la décomposition de l'acide formique dont l'hydrogène se fixe en même temps sur l’hexaméthylène-tétramine, Celle-ci se transforme de façon telle qu'après réaction on peut isoler et caracté- riser l’ammoniaqué, la méthylamine et la triméthyl- amine; la présence de la diméthylamine reste jus- qu'ici incertaine. La quantité de triméthylamine obte- nue représente 50 à 60 ‘/, du poids d'hexaméthy- lène-tétramine mise en œuvre et celle de méthylamine 9 à 60/, envirôn. On peut isoler directement du pro- duit de réaction la triméthylamine formée, en le trai- tant par un léger excès d'acide iodhydrique à 30 pour 100 em, évaporant à sec dans le vide et faisant recris- talliser dans une petite quantité d’eau chaude le mé- lange d'’iodhydrates d'ammoniaque et de bases méthy- lées qui résulte de cette évaporation. L’iodhydrate de triméthylamine, qui est le moins soluble, se dépose le premier. — M. E. Léger: Contribution à l'étude de la cinchonidine. L'auteur a préparé, à l’état cristallisé, le bibromhydrate d'hydrobromocinchonidine et l’hydro- bromocinchonidine. Il a fait agir SO‘H? à 50 0/, sur la cinchonidine, ce qui lui a donné: la £-cinchonidine de Hesse, l’apocinchonidine de Zorn et Hesse, bases iso- mères de la cinchonidine, ainsi qu’une troisième base résultant de la fixation de H?0 sur la double liaison de la cinchonidine, Cette base, une oxydihydrocinchoni- dine, est donc isomère des oxydihydrocinthonines et 8. Dans cette réaction, il ne se produit pas de ba- ses à fonction éther-oxyde interne, bases comparables à la cinchonigine et à la cinchoniline qui se forment avec la cinchonine. L'acide SO‘H? à 90 /, agit sur l’oxydihydrocinchonidine pour donner, avec une cer- laine quantité de cette base non attaquée, la £-cincho- nidine et l’apocinchonidine. Là non plus, on n’abserve | pas la formation de bases à fonction éther-oxyde interne. M. Léger explique cette différence d’action en admet- tant que les CHOH des oxydihydrocinchonines x et 8 sont voisins l’un de l’autre, tandis qu'ils seraient éloi- gnés dans l’'oxydihydrocinchonidine. Ces bases : oxy- dihydrocinchonines, d’une part, et oxydihydrocincho- nidine, d'autre part, seraient des isomères de position, en même temps que des stéréoisomères. M. Léger se demande s’il n’eñ serait pas de même de la cinchoni- dine par rapport à la cinchonine. Sans adopter d’une façon absolue éette opinion, il développe des considé- rations qui tendraient à en démontrer l'exactitude, SOCIÉTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES Seance du 9 Mai 1919 M. A.O. Rankine : La transmission de la parole par la lumièrel La lumière d'une source ponctuelle est recueillie par une lentille d'environ 1 mètre de distance focale, qui forme une image sur un pelit miroir concave attachéau diaphragme d’un enregistreur de gramophone, La lumière diverge et passe à travers une seconde len- tille similaire, qui la projette sur la seconde station. Deux. grilles analogues sont montées sur le front de } chaque lentille. Une image de la première se superpose sur la seconde par réflexion sur le miroir concave, Quand ce dernier oscille sous l'influence des vibrations de la voix, les parties sombres de l’image viennent se mou- voir sur les ouvertures de la secondé grille, en produi- santdes fluctuations de l'intensité du faisceau, La lumière est reçue par une lentille collectrice et concentrée sur une pile au sélénium en circuit avec une batterie et un récepteur téléphonique, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Seance du 13 Juin 1919 MM. E. Wilson et E. F. Herroun : Les propriétés magnétiques des variétés de magnétite. Les auteurs ont étudié les propriétés magnétiques de diverses variétés de magnétite, cristallisées, compactes ou en fragments détachés. Dans chaque cas, la susceptibilité varie avec la grandeur de la force magnétisante comme dans le fer, la variation relative étant beaucoup plus prononcée chez les spécimens à plus forte susceptibilité. La sus- ceptibilité maximum chez les échantillons examinés a varié de 3,12à 0,127unités C. G.S. pour des forces allant de 13 unités chez les cristaux à 368 unités. Le chauffage accroît fortement la susceptibilité dans certains cas, la diminue dans d’autres. Chez un échantillon de magné- tite de Penryn, la forte augmentation de susceptibilité peut être attribuée à la conversion du carbonate ferreux et de l’oxyde ferrique en magnétite. La forté suscepti- bilité n’est jamais associée chez la magnétite à une grande force coercitive ou à une magnétisation retenue, | la plus grande valeur de celle-ci s'observant chez les échantillons ayant une susceptibilité moyenne de 0,3 à 0,4. La faible susceptibilité peut être associée à une grande force coercitive, SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE LONDRES : Seance du 15 Mai 1919 MM. B. Blount et J. H. Sequeira : Le « Blue John » et les autres formes de fluorine. Les auteurs se sont pro- posé de déterminer la cause exacte de la coloration de certaines formes de fluorine, L'analyse chimique montre que les échantillons des formes bleue et verte du miné- ral ont une composition pratiquement identique, soit plus de 99,5 */, de fluorure de calcium, des traces d'Al, Fe; Mn, et une très faible trace de Mg. Les résultats analytiques conduisent à la conclusion que la coloration n’est pas due à des constituants minéraux, L’extraction, par les solvants organiques n’a donné une quantité appréciable d'extrait qu'avec le chloroforme et letoluène, et celui-ci contenait moins de 0,05 */, de carbone. De nombreuses expériences avec des composés du radium semblent montrer que la coloration n’est pas d’origine radio-active, Quand les cristaux sont chauffés à 350° en tube scellé, il s’en dégage un liquide (de nature surtout organique); il y a décrépitation, et le minéral devient blanc, puis fluorescent à chaud. Par refroidissement, la : couleur ne reparaît pas. Les auteurs inclinent à penser que la cause de la coloration est de nature organique. Seance du 5 Juin 1919 M. P. Blackman: Appareil isotonique (isosmotique) pour comparer les poids moléculaires, Des poids connus w, et w, de deux substances de poids moléculaires », et m, sont dissous dans le même solvant. Une solution est placée dans un récipient en porcelaine poreuse (en forme de tube à essai), dont les parois contiennent du ferro- cyanure de cuivre comme membrane semi-perméable. Ce récipient est placé dans la Seconde solution, conte- nue dans un tube à essai en verre de plus grandes dimensions, Au bout de 6 heures environ, le courant osmotique entre les deux solutions a cessé; on déter- mine alors les volumes v, et v, des deux solutions. Les calculs se font en se basant sur la relation vi/Ve — (w,/ws) (mrs/m,).. Le récipient poreux est recouvert extérieurement et intérieurement depuis le sommet jus- qu'aux 3/4 de la hauteur par une couche de cire de parafline pour empêcher les liquides de s’infiltrer par le haut, L'auteur a obtenu de bons résultats avec des solutions de sucre de canne. > Le Gérant : Octave Don. —————__—_————…———…—._—_—…—.—..". ———…… _______—a—— Sens. — Imp, Levé, 1, rue de la Bertauche. 44. 30° ANNÉE N° 19 15 OCTOBRE 1919- des $ 1. — Institutions scientifiques La Conférence des Académies alliées et associées à Bruxelles et la création d'un Conseil international de Recherches scien- tifiques.— Du 18 au 28 juillet s’est réunie à Bruxel- les la Conférence des Académies alliées et associées, sous la présidence de M. A. Lacroix, secrétaire perpé- _ tuel de l’Académie des Sciences de Paris, remplaçant M. Emile Picard, empêché. L'objet principal de cette réunion était la création d’un Conseil international de Recherches scientifiques, dont les statuts avaient été préparés par le Comité exécutif nommé à la précédente Conférence, à Paris, en novembre 1918. Ces statuts ont été votés par l'assemblée et doivent être soumis à . l'approbation des Académies, Conseils nationaux de . recherches où Gouvernements répondant pour chaque pays. Le Conseil sera considéré comme définitivement . constitué quand l'adhésion de trois des grands pays . fondateurs aura été acquise. Voici un résumé des statuts _ de la nouvelle organisation : Le Conseil international de Recherches scientifiques a pour but: «) de coordonner l’activité internationale dans les différentes branches de la science et de ses applications; b) de provoquer lacréation d’Associations _ou d’'Unions internationales jugées utiles au progrès des sciences; c) d'orienter l’activité scientifique inter- nationale dans les domaines où il n'existe pas d’Asso- ciations compétentes; d) d’entrer, par des moyens appropriés, en relation avec les Gouvernements des . pays adhérents pour recommander l'étude des questions qui sont de sa compétence. Le siège légal du Conseil est fixé à Bruxelles, où se tiendront les Assemblées générales et où seront con- servées les Archives. Le Conseil et les Associations qui lui sont rattachées sont constitués actuellement par les représentants des nations alliées et associées ; les neutres pourront y être admis sur leur demande ou sur la proposition de l'un des pays faisant déjà partie de l’Association; mais les Centraux et leurs alliés en sont provisoirement exclus. REVUE GÉNÉRALE DFS SCIENCES Revue générale CIenCes pures et appliquées À Fonpateur : LOUIS OLIVIER Dingcreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France et en «pays étrangers y compris la Suède, la Norvege et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Les travaux du Conseil sont dirigés par l'Assemblée générale formée de l’ensemble des délégués accrédités par les différents pays et qui se réunil en principe tous les trois ans. Dans l'intervalle, elle délègue ses pou- voirs à un Comité exécutif formé de 5 membres. Le Président actuel de ce Comité est M. Emile Picard, et le secrétaire le Prof. A, Schuster. Les ressources/du Conseil proviennent des cotisations des différents pays établies d’après un barème qui tient compte de la population dans la fixation des parts unitaires contributives. Le nombre de voix attribuées à chaque pays dans les Assemblées générales varie également de 1 à 5 suivant le chiffre de la population. Les résolutions concernant les questions d’ordre scien- tifique seront prises à la majorité des voix de tous les délégués présents; pour les questions d'ordre adminis- tratif et pour les questions mixtes, le vote a lieu par Etat. Parmi les moyens dont le Conseil international de Recherches doit user pour la réalisation de son but, il faut mettre en première ligne la création d'Unions internationales correspondant aux principaux groupe: ments des Sciences. Ces Unions posséderont un budget et une administration propres; elles pourront se diviser en sections autonomes utilisant librement des ressour- ces réparties par les soinsdu Conseil exécutif de l’Union ; à leur tour, elles auront le droit de se subdiviser en commissions permanentes ou provisoires. Dès à présent sont définitivement constiluées : l'Union astronomique, l'Union géodésique et géophy- sique, l'Union de Chimie pure et appliquée. Une Union des Sciences biologiques et une Union de Radiotélé- graphie scientifique sont en voie de formation. L'Union astronomique resteune, mais elle a constitué dans son sein 32 commissions. Ses statuts, soigneuse- ment élaborés, sont sans doute destinés à servir, de type à ceux des autres Unions. M. B. Baillaud, mem- bre de l’Institut, directeur de l'Observatoire de Paris, a été nommé président du Comité exécutif, et le Prof. À, Fowler secrétaire. La Station centrale pour les télégrammes astronomi- ques sera installée à l'Observatoire de Bruxelles sous 1 542 la direction de M. Lecointe, tandis que l'Observatoire de Paris fonclionnera comme oflice central du Servicé de l’Heure. Û L'Union géodésique et géophysique s’est divisée en six sections : Géodésie, Météorologie, Magnétisme ter- restre, Sismologie, Vulcanologie, Océanographie phy- sique. La Section de Géodésie remplacera l’ancienne Asso- ciation géodésique internationale, dont le bureau était autrefois à Potsdam. Le Service de la variation des latitudes sera probablement rattaché au Comité de la variation des latitudes de l’Union astronomique inter- nationale, M, C. Lallemand, membre de l’Institut, Directeur du Service du Nivellement en France, a été choisi comme président de l'Union géodésique, et ie Colonel H. G. Lyons comme secrétaire général, Les six Sections de l'Union des Sciences biologiques porteront pour titres : Biologie générale, Physiologie, Zoologie, Botanique, Sciences médicales, Biologie appliquée. Dans toutes les Commissions qui ont discuté les pro- jets d'Unions s’est manifesté d'autre part le désir de voir créer par lés savants des nations alliées et asso- ciées des périodiques rapides et impartiaux, chargés de publier non seulement des listes, mais des analyses des travaux correspondant aux principales sciences; pour plusieurs de celles-ci, des accords sont établis dès à présent. $ 2. — Nécrologie William Gilson Farlow. — La Botanique vient de faire une perte cruelle en la personne de W. G., Farlow, professeur de Botanique (Cryptogamie) à l'Uni- versité de Harvard, correspondant de l'Institut. Né le 17 décembre 1844 à Boston, il est mort à Cambridge au mois de juin dernier. — Il conquit ses grades à l’Uni- versité de Harvard,et Asa Gray,son professeur de Bota- nique, qui l'avait distingué parmi les étudiants, l’envoya en Europe vers 1893 afin de l'initier aux méthodes d’études des Champignons inférieurs et des Algues, méthodes sinon inconnues, au moins peu employées jusqu'alors aux Etats-Unis. Après un court séjour en Angleterre et en Ecosse, il vint travailler au Laboratoire de de Bary à Strasbourg, à l’époque où ce savant décou- vrait les phénomènes d’apogamie chez les Fougères. IL termina son voyage d'études chez Gustave Thuret à Antibes. En quittant'la belle installation que les Alle- mands avaient réalisée à Strasbourg, M. Farlow, igno- rant l'indifférence de l'Administration française vis-à-vis des savants, croyait entrer dans un beau laboratoire dont l’existence semblait justifiée par les mémorables découvertes de Thuret et de Bornet, Il fut tout surpris d'entrer dans un modeste local, privé, indépendant de l'Etat. 11 songeait à se retirer, mais l’aceueil si cordial de Thuret le retint à Antibes avec son compagnon Famintzine. C'est là qu’il se fami- liarisa avec l’étude des Algues, Connaissant à fond notre Jangue, M. Farlow aimait souvent à rappeler, dans ses ‘conversations pleines d'humour, son trop court séjour au bord de la Méditerranée, comme l’une des plus sédui- santes et des plus fructueuses étapes de son voyage en Europe. De retour à Cambridge où il devint d’abord assistant (1874), puis professeur de Cryptogamie à l’Université de Harvard (1879), il s’occupa d’organiser les études qu'il devait'diriger. Il fallait d'abord créer un laboratoire de recherches. Comme les ressources financières de l'Université étaient insuflisantes pour réaliser cette installation, il donna à Boston des conférences payantes qui attirèrent de nom- breux auditeurs, et le laboratoire fat rapidement créé. En même temps M. Farlow réunissait les documents relatifs à la-Klore cryptogamique des Etats-Unis. Les colleetions devinrent bientôt si importantes et les étu- diants si nombreux que M. Farlow fonda, à ses frais, | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE une chaire annexe qui lui permit de dédoubler son'’ser- vice. Laissant à son collègue les cours et les examens, il se consacra plus Spécialement au laboratoire et aux herbiers, Il avait reconnu, dès son entrée en fonctions, qu’il était impossible de savoir avec certitude quelles espèces de champignons croissaient dans l'Amérique du Nord, parce que les renseignements étaient dissémi- nés dans une foule de publications savantes, dont beau- coup difliciles à se procurer, dans les comptes rendus de divers Etats, dans les journaux d'Horticulture et d'Agriculture. Pour acquérir la moindre notion sur quelque point de la mycologie nord-américaine, il fallait dépenser un temps considérable à fouiller les grandes bibliothèques afin d'y dénicher les ouvrages rares, souvent peu con- ! nus, contenant les informations désirées. M. Farlow entreprit alors la tâche diflicile et labo- rieuse d’inventorier toutes les espèces de champignons signalées dans plus de 1.000 publications, Il ne s’agis- sait pas d’une besogne de scribe que tout le monde pou- vait faire, mais de la revision d’une masse énorme de matériaux dont la connaissance précise pouvait seule . donner une valeur scientifique à ce vaste dessein. Pendant dix ans M, Farlow fit tout le travail; plus tart la multiplicité de ses occupations l'obligea à prendre des collaborateurs dont M. Seymour est le principal. Toutefois il se réserva la révision suprême ainsi que l'examen des échantillons authentiques. Il est donc seul responsable de l'ouvrage. Une œuvre aussi considérable, car elle s'étend à tout le territoire nord-américain jusqu’à l’isthme de Panama, ne pouvait être menée à bien que par un mycologue connaissant à merveille les Champignons de son pays et familier avec les espèces européennes auxquelles ils doivent être comparés. La haute compétence de M. Far- low dans ce domaine était bien connue des mycologues, dont la plupart étaienten correspondanceavec lui. Grâce à l’Institution Carnegie, l'impression de l’index biblio- graphique des Champignons de l'Amérique, qui com- prend environ 150.000 citations, a été commencée depuis 1905. Dans une publication antérieure, MM. Farlow et Sey- mour ont donné l’'énumération des Champignons para- sites trouvés dans leur pays, d’après les plantes et les animaux sur lesquels ils vivent. L'utilité d’un pareil. travail pour la facilité des déterminations et pour les applications pratiques n'a pas besoin d’être démontrée, Il convient de mentionner encore ane monographie | des Gymnosporangium et des Roestelia des Etats-Unis, parasites des Juniperus et de diverses Pomacées au su- jet desquels M. Farlow institua des essais d'infection afin de déterminer avec certitude certaines formes que les caractères morphologiques ne suflisaient pas à faire distinguer, L'ouvrage intitulé Les Algues marines de la Nouvelle Angleterre n’a pas seulement mis à La portée des per- sonnes qui fréquentent les côtes des Etats-Unis du Nord, de New-Jersey à Eastport, les Algues qui les peuplent ; il leur a fait connaitre en outre, en les introduisant dans sa Flore, les modifications apportées à la classification des Algues par les découvertes récentes, On en a profité dans d’autres pays. Les documents publiés avant l'apparition de cet ou- ‘vrage étaient peu nombreux, Quelques listes locales s’ajoutaient au magnifique et elassique Vereis Boreali- | Americana de Harwey, qui, s'appliquant à la Flore ma- rine des Etats-Unis tout entiers, étaitloin d'avoir épuisé la matière dans un pays encoré trop peu exploré. M. Farlow visita diverses localités depuis Bastport,à la frontière du Canada, jusqu'à Greenport, à la hauteur de New-York, et acquit ainsi la connaissance personnelle de la flore de son domaine. Il y fit des récoltes impor- tantes qui lui permirent de publier, avee le concours . d'Anderson et de Eaton, un exsiccata des Algues de l'Amérique du Nord qui west pas moins remarquable par la beauté des échantillons que par la sûreté des déterminalions, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 543 Pour les Algues comme pour les Champignons, M.Far- “low était le maîtré auquel on avait recours, non seule- ment aux Etats-Unis, mais dans toute l'Europe. Il a été » l'un des artisans de l’admirable essor seientifique des Etats-Unis. Au contraire de la tendance actuelle qui dirige lés jeunes savants, prématurément, vers la spé- - cialisation de plus en plus étroite, M. Farlow, formé à l'anciénne discipline, était seul capable de traiter les diverses branches de la Cryptogamie et il jouissait aux Etats-Unis pour la Botanique d'une notoriété compara- ble à celle que possédait M, Agassiz pour la Zoologie. Membre-de l’Académie nationale des Sciences, de l’A- mériean Philosophical Society, de la Société Linnéenne -de Londres, correspondant de l’Institut de France, mémbré honoraire d’un certain nombre d'Universités américaines et étrangères, M. Farlow a formé de nom- breux élèves, devenus des savants éminents sous sa di- réction aux vues larges: MM, Davis, Setchell, Thaxter, Robinson, Trelease, etc. Dans le conflit qui vient de boulevérser le monde, M. Farlow, ami passionné de la France, avait dès le début pris le parti du droit et manifesté son mépris de la duplicité allemande, son horreur des actes de barba- rie, réglementés, comme tout ce qui se fait en Allema- gne, avec la plus grande minutie, _ A plusieurs reprises il m'envoya des chèques de 500 dollars, destinés à soulager la détresse des veuves de jeunes savants morts aux champs d'honneur, ou cellé des réfugiés des départements envahis, ou enfin, au mo- - ment de l'héroïque épopée de Verdan, pour nos soldats - blessés et leurs familles, el tout cela, modestement, sim- .plement, comme un hommage à la France, sa seconde patrie. L.Mangin, Professeur au Muséum, Membre de l'Institut. $ 3. — Astronomie __ Application de la Photométrie photo-élec- trique à l'Astronomie.— L'Astronomie et la Physi- que sont en rapports constants pour tout ce qui touche les phénomènes de la lumière. L'Analyse spectrale en est une preuve bien connue él nous trouvons une nou- Yelle application de l'union astro-physique dans une . communication récente de MM. A. F.et F. A. Linde- mann !. Il s'agit, en effet, de l'application, pour la pho- tométrie des astres, d’une des découvertes récentes les plus curieusse de la Physique : celle de la photo- électricité. On saït que lorsqu'un jet de lumière tombe sur une plaque de métal, celle-ci émet des électrons. Le cou- rant électrique ainsi produit dépend à la fois de la na- ture de la surface métallique, de la longueur d’onde de la lumière incidente et de la quantité de cette dernière, sans qu'il y ait à tenir compte de l'intensité intrinsèque _de la source lumineuse. C'est cette dernière propriété qui rend la photo-électricité capable de jouer le role de photomètre à l'égard de la lumière émanée d’objets très peu brillants en eux-mêmes, comme les comêtes ou les nébuleuses. 1 Dans la pratique, on est’ conduit à prendre comme source d'électrons des métanx alcalins, le potassium, le cæsium et le rubidium, chacun d’eux étant particu- lièrement sensible aux radiations de longueurs d’onde bien déterminées, de 3,700 à 5.000 unités Angstrom pour le potassium par exemple. De plus, étant donnée la fai- . blesse du courant produit par l'émission des électrons, il y a lieu d'utiliser ceux-ci à produire, par voie de col- lisions, des ions positifs. On y arrive en plaçant le . métal photo-électrique dans une atmosphère d'hélium raréfié et en appliquant à ce même métal un potentiel » négalif pouvant atteindre 50 volts environ. On a ainsi une amplification marquée de l'effet photo-électrique. 1. Monthly Notices of the Royal Astronomical Society » (London), vol, LXXIX, n° 5, mars 1919, L'appareil de mesure, ou cellule photo-électrique !, se compose essentiellement d'une ampoule de verre renfermant une anode en platine et une cathode for- mée de potassium purifié par des distillations succes- sives, L'ampoule, après avoir été purifiée de tous les gaz par le jeu d’une pompe de Gaëde, reçoit une atmo- sphère dhélium à la pression de trois quarts de milli- mètre de mercure. La cathode est reliée, comme nous l'avons dit, à un potentiel négatif de 100 à 150 volts (pile sèche). Quant à l’añnode, qui recueille le courant ionique né des électrons eux-mêmes libérés par l’action de la lumière, elle est reliée à un électromètre spécial, également décrit par les auteurs de la note. Cet électromètre est simplement un appareil à fibre d'Einthoven, se déplaçant dans un champ électrique formé de deux plaques parallèles portées à uné haute et constante différence de poteñtiel au moyen de piles sèches ou d’accumulateurs. Les mouvements de la fibre sont observés avec un microscope, en prenant les précautions convenables pour éviter les perturbations dues aux changements de température ou à la capacité introduite par la présence même de l'observateur. La cellule photo-électrique et l’éléctromètre attenant forment un ensemble léger et peu encombrant que l’on fixe à l’oculaire d’une lunette mue par un mouvement d'horlogerie, Celui-ci n’a pas besoin d’être très précis ni l'ouverture de l’objectif très grande. Une lunette de 12 à 16 centimètres d'objectif, montée en équatorial, suffit très bien. Pour faire une mesuré photométrique, la lunette étant dirigée sur l’astre au moyen d’un ocu- laire coudé jouant le rôle de chercheur, on fait tomber la lumière de l’astre sur le potassiäm contenu dans l'ampoule, L’anodé se charge d'une certaine quantité d'électricité qu'elle transmet à la fibre de l'électromètre. Au bout d'un nombre déterminé de sécondes, on note la déviation de la fibre. L’électromètre est alors relié à un étalon de voltage connu et on détermine ainsi le nombre X de volts par seconde obtenus par l’action de la lumière. On recommence toutela série des opérations en se servant d’une étoile de magnitude bien établie. Soit À le nombre de volts par seconde résultant de la. seconde mesure’. Le rapport X/A est celui de la quantité de lumière émanée de l’astre étudié par comparaison avec l’étoile de repère. Le Prof. Lindemann expose ensuite les principales applications de l’ingénieuse méthode que nous venons d'esquisser et il rapporte les résultats préliminaires déduits de ses premières expériences: On peut tout d’abord citer la détermination de la grandeur stellaire des étoiles. Comme le potassium est surtout sensible à la lumière bleue et violette, tandis que le cæsium réagit de préférence aux raÿons jaunes, il y a des possibilités, en se servant alternativement d’une cellule au potas- sium et d'une au cæsium, de mesurer J’intensité compa- rée de deux régions du spectre d’une étoile et d'obtenir ainsi des indications importantes sur sa température. Des études de ce genre sont particulièrement intéres- santes lorsqu'elles s'appliquent à des nébuleuses où à des comètes, pour lesquelles la photo-électricité est un ins- trument de recherche très favorable, comme nous l'avons indiqué plus haut. Le Prof, Lindemann, par une mesure très approximative des luminosités comparées de l'étoile béta d’Andromède et de la célèbre nébuleuse voisine, a trouvé que cette dernière pouvait avoir un diamètre d'environ 4.000 « parsecs » (le « parsec » équi- vaut à une distance sidérale caractérisée par une paral- laxe d’une seconde d'arc), La nébuleuse d’Andromède serait d'autre part située à un éloignement de 350.000 parsees du Soleil, Cette nébuleuse constituerait done un véritable univers stellaire comparable à notre Voie lactée et indépendant de celle-ci. La photométrie photo- électrique, par sa sensibilité, peut aussi être appliquée 1. Pour les détails, nous ne pouvons que renvoyer au mé- moire original, en précisant que celui-cidonne des indications suffisamment complètes pour permettre auxexpérimentateurs de construire eux-mêmes une cellule au potassium. 544 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE à l’étude des variations de l’éclat du Soleil, Si on estime l'éclat stellaire apparent des planètes et que l’on trouve des variations simultanées de cet éclat pour les diverses planètes, il est bien probable que ces variations sont dues à la source lumineuse initiale, c’est-à-dire au So- leil lui-même. Nous n’avons pas besoin de faire ressor- tir quelle serait l'importance, théorique et pratique, de la constatation de la variabilité, déjà soupçonnée d'ailleurs, des radiations lumineuses et calorifiques de l'astre central de notre système. Le Prof. Lindemann indique, à ce propos, que la photométrie, précise et analytique, des différents phé- nomènes solaires : lumière zodiacale, couronne, protu- bérances, facules et taches, serait de nature à grande- ment augmenter notre conpaissance de la constitution physique de l’astre radieux. En ce qui concerne notre propre globe et surtout l’état de son atmosphère, l'emploi de la cellule photo-électri- que peut rendre aussi de précieux services. Il suflit pour cela de mesurer l'intensité de la lumière cendrée de la Lune, laquelle dépend évidemment du pouvoir réfléchis- seur de la surface terrestre éclairée par le Soleil. De même, la mesure photométrique de l’éclairement d’une région angulaire donnée du ciel permet de connaître les variations de la lumière diffuse del’atmosphère, par- tant son état de pureté et l'importance des particules en suspension. Ces brèves indications suflisent pour montrer tout l'intérêt qui s'attache à la note du Prof, Lindemann. Nous répéterons, avec l’auteur, que ces recherches ne demandent qu’une lunette très modeste. Seule, la cons- truction de la cellule photo-électrique demeure délicate, mais elle reste néanmoins accessible aux ressources d'un laboratoire convenablement outillé. Le Prof. Lin- demann a construit lui-même ses appareils et cela sans ressources exceptionnelles. En vrai savant, il se dé- clare désireux de trouver de nombreux imitateurs, Ce désir sera notre excuse pour les lignes qui: précèdent. M. Moye, Professeur à l’Université de Montpellier. $ 4. — Chimie La fabrication de la glycérine par fermen- tation en Allemagne pendant la guerre. — * La disette de graisses provenant de l'application du blocus a eu pour conséquence une diminution considé- rable de la production de la glycérine en Allemagne pendant la guerre, Etant donnée l’importance primor- diale de ce produit pour la fabrication de certains explo- sifs, les recherches commencées plusieurs années auparavant par Lüdecke en vue d'obtenir la glycérine par fermentation du sucre ont été activement poussées en vue de rendre ce procédé industriel, et elles ont fini par aboutir à un résultat pratique qui, soigneusement tenu secret jusqu’à la fin des hostilités, a été rendu publie par Connstein à une récente séance de la Société chimique allemande!. Le procédé de Connstein et Lüdecke est basé sur l’ob- servation que le pourcentage de la glycérine formée dans la fermentation du sucre s’accroit lorsque la fer- mentation a lieu en présence de substances alcalines, Parmi ces dernières, il faut signaler surtout le sulfite de soude, auquel la levure résiste même en proportion considérable, Ainsi une solution préparée avec 10 litres d’eau, 1 kg de sucre et 400 gr. de sulfite, accompagné d'un peu de sulfate d’ammonium, de phosphate de sodium et de sels de potassium, a complètement fer- menté en quelques jours sous l'influence de 100 gr. de levure, \ Cette méthode a été mise en œuvre par la Compagnie Protol, qui a mis en service à l’origine jusqu’à 63 usi- nes; les plus importantes continuèrent seules dans la suite, et la production mensuelle de glycérine s'éleva à environ 1,000 tonnes. 1. Wochenschrift fur Brauerei, 10 mai 1919. Après avoir rencontré et surmonté de grandes diffi- cultés pratiques, les usines arrivèrent à obtenir 20 par- ties de glycérine pure, 27 parties d'alcool et 3 parties d’aldéhydes aux dépens de 100 parties de sucre. Après l'enlèvement de la levure par filtration et de l’alcool et l'aldéhyde par distillation, l’ensemble des sels présents était précipité par le chlorure de calcium et ensuite par le carbonate de soude, puis le liquide était neutra- lisé par HCI et filtré. La concentration suivie d’une dis- tillation fournissait de la glycérine propre à tous les emplois techniques, Comme pour la glycérine des savonneries, la distillation de la glycérine de fermen- tation est souvent compliquée par la présence de tri- méthylèneglycol. Ni la race de levure, ni la nature du sucre, ni même la température où s'opère la fermentation n’ont d'in- fluence sur le rendement en glycérine; on peut utiliser du sucre non rafliné et même des mélasses!, A la fin de la fermentation, la levure présente certaines modifica- tions de ses caractères morphologiques, mais elle con- serve toujours ses capacités fermentatives; les moüts utilisés Sont, par CORRE fatals aux bacilles lactique et acétique. En augmentant la quantité de sulfite employé, les proportions de-glycérine et d’aldéhyde produites s’ac- croissent graduellement, tandis que celles d'alcool et de CO? diminuent continuellement, comme le montrent les chiffres suivants : Sulfite employé 25 50 100 Glycérine formée 11,3 19,6 27,1 Alcool En) 28,7 93,3 Aldéhyde — 2,4 5,8 8,6 Co? — 37,6 35,8 29,4 Les auteurs n’ont fourni aucun renseignement sur le prix de revient de la glycérine de fermentation: il n'est donc pas possible de dire sielle pourra concurren- cer en temps normal la glycérine retirée des graisses. $5. — Géologie Le puits le plus profond du monde. — Jusqu'à présent les deux forages les plus profonds de la croûte terrestre étaient un puits des environs de Me Donald ” (Pa.), à 23 km. à l'ouest de Pittsburg, qui mesurait 2,209 m, de profondeur, et un puits à Czuchow, en Haute-Silésie, descendant jusqu’à 2.240 m. Ces deux records sont ee ue dépassés par un puits percé près de Clarksburg, dans le nord de la Virginie occi- dentale, pour atteindre, malheureusement sans succès, le sable de Clinton richeen gaz et en pétrole qui s'étend à travers l’est de l'Ohio et qu’on supposait exister aussi dans cette région, Une profondeur finale de 2.252 m,. a été atteinte. L'échec de cette tentative doit être attribué à l’épaississement inattendu desschistes dévoniens, une des séries sus-jacentes, et à la rupture du câble à Goo m, au-dessus du fond quand cette profondeur eût été atteinte. Des données intéressantes concernant le degré géo- thermique ont été fournies par cette opération et des forages analogues dans la même région ?, Les appareils employés peuvent donner la température à o0°,2 ou 0°,3 F. près jusqu'à 1.200 m, et à o°,5 près aux profondeurs supérieures, On a trouvé qu'à 2.100 m. la température s’est élevée jusqu'à 192° F. (979,9 GC.) et que le degré géothermique à cette profondeur est EN 1° KE. par 51 pieds (soit 1° C. par 28 m.). M. van Orstrand estime que la température d’ébullition de l’eau serait atteinte aux environs de 3.000 m. au-dessous du sol. En moyenne, l'augmentation de température ayec la profondeur est à peu près celle qu'avait fixée le Comité du degré géothermique de l'Association britannique . Du côté des Alliés, des savants américains ont égale- FR mis au point un procédé de fabrication de la glycérine aux dépens du sucre des mélasses (voir Rev, gén. des Se. du 15 juillet 1919, t. XXX, p. 396). I. C. Ware etC. E. van Onsrrann : W Survey County Rep., 1918, p. Xxv-CH. est Virginia Geol. pour l'avancement des Sciences dans son rapport pour 1904. Toutefois, l'accroissement est loin d’être uni- forme, car il varie de 19 F. par 20 pieds à 1° F. par 130 pieds (soit 10 C. par 11 m. à 19 C, par 91 m.). Dans cette portion de la région des Appalaches, il n’y a eu que de faibles déplacements des couches depuis le moment de leur dépôt, ce qui donne un intérêt particu- lier aux températures enregistrées. $ 6. — Botanique Les effets d'orientation des lumières mono- chromatiques d'égale intensité sur les spo- res etles rhizoïdes de Fucus. — L'un des phéno- mènes biologiques les plus frappants résultant de l’ac- tion de la lumière sur les organismes est l'orientation du premier plan de clivage des spores en germination par l'éclairement unilatéral. Partout où un tel éclairage est assez intense, la première paroi transversale se - forme perpendiculairement à la direction de la lumière incidente, Ce phénomène a été mis en évidence chez les Æquisetum, les Puccinia, les Fucus et d’autres Algues, en même temps que le fait suivant : c’est la cellule située du côté ombragé de la spore qui devient la cellule rhizoïdale, malgré la pesanteur. Dans ces for- mes, la polarité de la plante est donc établie par la direction des excitations lumineuses. Ce pouvoir d'orientation des ondulations lumineuses - sur la plante n’est, sans doute, autre que leur pouvoir . d'orientation sur le faisceau de la première division nu- » cléaire. La mécanique de ces réactions peut nous rester longtemps inconnue; cependant, la théorie du gradient métabolique de Child nous en fournit une explication très suggestive. Ce savant a démontré, chez plusieurs plantes marines et quelques animaux inférieurs, l’exis- tence de « gradients axiaux », par quoi il entend le taux décroissant des processus métaboliques de l’extrémité apicale à l'extrémité basale. On peut supposer qu’un tel gradient se produit dans une spore en germination s’il existe, entre les quantités de lumière reçues sur deux côtés opposés, une différence suflisante pour produire la différence nécessaire dans le taux des processus d’oxy- dation le long de la direction de l’éclairement. Si l'hy- pothèse de Child est correcte, la cellule située sur le côlé ombragé de la spore devient la cellule rhizoïdale en vertu du fait que la vitesse le moins rapide des réac- tions d’oxydation le long du gradient détermine l'extré- mité basale, le plus rapide l'extrémité apicale de l’orga- nisme, Mlle A. M. Hurd s’est proposé d'étudier, au Labora- toire de Botanique de l’Université de Californie, le pou- voir des lumières monochomatiques pures d'établir la polarité des spores en germination de Fucus inflatus, - et aussi de répondre à diverses questions concernant le phototropisme négatif des jeunes rhizoïdes !, Pour obtenir des lumières monochromatiques, elle a utilisé sept écrans-filtres Wratten, chacun transmettant un intervalle étroit de longueurs d’onde, mais la série embrassant l'ensemble du spectre visible. Ces écrans étaient fixés sur des boîtes peintes en noir à l’intérieur. Comme source de lumière, l’auteur s’est servi autant que possible de l'arc électrique, ou dans quelques cas de lampes à vapeur de mercure et de lampes au tung- stène à remplissage d’azote. Les intensités relatives des lumières transmises par les filtres ont été mesurées au moyen d'une thermopile et d’un galvanomètre; et ren- dues égales en faisant varier les distances de la source lumineuse à la boite. Pour obtenir les spores de Fucus inflatus destinées aux expériences, Mlle Hurd recueillait à marée basse les plantes en élat de fructification, les conservait pendant la nuit dans du papier mouillé et les séchait lentement le matin suivant en les exposant à l'air pendant une demi-heure. Alors en submergeant les pointes fructifères sn de. nel : amd he et O5. al + ont et dé D un ds dd de D. ét ot America, t. V, n° 6, p. 201; juin 1919. / s / CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 1. Proc. of the National Acad. of Sciences of the U. S. of 545 dans les boites de culture remplies d'eau de mer, un grand nombre d'œufs et de spermies se détachent et se déposent au fond des récipients, qu'on porte dans les boîtes à éclairement. L'éclairement des cultures est prolongé pendant 6 à 8 heures; cette durée est plus que suflisante pour que le premier plan de clivage soit orienté d’une façon permanente, quel que soit l'éclairage subséquent. En ce qui concerne le phototropisme des jeunes rhi- zoïdes, l’auteur a trouvé qu'une lumière blanche très faible, trop faible pour orienter les plans de clivage, produit néanmoins une répulsion nette des pointes em état de croissance à l'opposé de la source lumineuse, Quand l'intensité de l'éclairement derrière tous les écrans colorés est égale à 1.800 bougies-mèêtre, seules les lumières bleue et violette provoquent le phototro- pisme. Les autres longueurs d'onde n’ont aucun effet à cette intensité, les jeunes rhizoïdes continuant à pousser dans la direction où ils sont partis, comme ceux qui sont conservés àN'obseurité, Toutefois, lorsqu'on fait agir un éclairage plus intense en plaçant les boîtes à la lumière solaire directe, les rhizoïdes qui se trouvent derrière le filtre vert présentent aussi le phototropisme négatif, Ces expériences, et d’autres, prouvent que la quantité et la qualité, c’est-à-dire l'intensité et la lon- gueur d'onde, sont les facteurs déterminants dans le pou- voir des excitations lumineuses de provoquer le photo- tropisme. Dans chaque culture de Fucus inflatus, qu’elle germe dans l'obscurité ou en lumière unilatérale forte, on observe d'autre part une orientation très marquée de la première paroi transversale par rapport aux spores ad- jacentes. Partout où il existe un groupe de spores dis- tantes de moins de 0,2 mm, l’une de l’autre, le premier plan de clivage est/perpendiculaire à la direction du centre du groupe, et la cellule dirigée vers l’intérieur devient invariablement la cellule rhizoïdale, Ce phéno- mène a été signalé par Rosenvinge chez d’autres espèces de Fucus et chez l'Ascophyllum ; Mlle Hurd le nomme orientation de groupe. La force de cette orientation est supérieure à celle du phototropisme lorsque ‘les spores sont à moins de 0,2 mm. l’une de l’autre ; ce sont donc surtout les spores relativement isolées qui présentent l'orientation par la lumière décrite plus haut, Le phéno- mène de l'orientation de groupe est très apparent dans les groupes de 2, 3 ou 4 œufs, aussi bien que dans les masses de 5o ou 100. Chez tes dernières, il est rendu évident par la constatation invariable qu'aucun rhizoïde ne fait saillie à l'extérieur de la masse. Quand 2 spores sont suflisamment rapprochés pour que l'excitation se produise, leurs deux premiers plans de clivage sont pa- rallèles et les rhizoïdes croissent l’un vers l'autre jus- qu’à se rencontrer souvent pointe contre pointe. Rosenvinge attribue l'orientation de groupe à une différence dans la concentration de l'oxygène ou des substances nutritives des deux côtés de la spore; il pense que le rhizoïde se forme du côté du centre d’un groupe ou vers un autre œuf parce que l’eau située de ce côté est moins riche en substance active que du côté extérieur, par suite du métabolisme, Mais Winkler, opérant avec le Cystoseira barbata, a constaté qu’une différence de concentration en oxygène n’a aucun effet de ce genre. IL est possible aussi que l'orientation de groupe soit due à une polarité établie par la position de l’œuf dans l’oogone. Pour éprouver cette hypothèse, Mlle Hurd a transféré dans un verre de montre un groupe d'œufs quittant l'organe et avec la pointe d’une aiguille les a mélangés jusqu’à ce que leurs positions relatives fussent entièrement modifiées, Néanmoins, quand ils germèrent, ils présentèrent l'orientation caractéristique l'un par rapport à l’autre sans aucune exception. La seule explication de l'orientation de groupe qui. paraît subsister serait l'existence d’un gradient de dif- fusion d’une substance émanant de la spore en germina- tion ou utilisée par celle-ci. Des recherches vont être entreprises dans cette direction, 546 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE IL est à noter que l'orientation de groupe n’agit plus sur les rhizoïdes une fois qu'ils ont commencé à se développer. Jamais aucun rhizoïde ne voit sa direction modifiée par l'approche d’autres spores. En Vabsence de toute excitation lumineuse, les rhizoïdes continuent à pousser dans leur direction originelle, $ 7. — Zoologie L'hivernage de la mouche domestique. — Sur cette question encore controversée, des expé- riences ont été entreprises dans l’automne de 1914 à la Ferme expérimentale d'Arlington, dépendant du « Bu- reau of Plant Industry » du Département de l’Agricul- ture des Etats-Unis; elles ont été transférées au prin- temps de 1915 à la Station d'expériences de Béthesda du « Bureau of Animal Industry », où elles furent conti- nuées pendant 2 ans, Voiciles principales observations qui ont été faites!, A la latitude de Washington, li mouche peut hiverner de deux manières : 1° par reproduction ininterrompue dans les endroits chauds où elle dispose d'aliments et de milieux de ponte; 2° durant les périodes de larve et de chrysalide, au milieu ou sous de gros tas de fumier, Rien ne prouve que la mouche persiste ou puisse per- sister à l’état adulte, de novembre à avril, en plein air, dans des étables couvertes d'un toit, mais sans parois, : sous des arcades ou dans des édifices non chauffés. Les températures de —og° à —11° C. sont rapidement mor- telles pour les mouches, et tout porte à creire que les températures inférieures à o° leur sont fatales si elles sont suflisamment prolongées.Dans les édifices chaufrés, leur viene dure pas plus longtemps qu’à des tempéra- tures égales en été, et il n'y a ni suspension ni retard de leur développement ou de leur activité sexuelle. On sait que les mouches continuent à sortir des tas de fumier même jusqu’à la première semaine de décem- bre, Plusieurs de ces dernières-nées entrent, les jours tièdes, dans les édifices chauffés; celles qui n’y entrent pas ne tardent pas à périr, Celles qui pénètrent dans les édifices chauffés y sont attirées, comme en été, par l'odeur des aliments, et elles se réunissent dans les cuisines, les salles à manger, les restaurants, les éta- bles, etc. Si elles n’y trouvent pas de quoi se nourrir, elles ne tardent pas à périr. Dans le cas contraire, elles peuvent continuer à vivre en décembre, en janvier et même jusqu’en février, à moins qu’elles ne succombent sous l'attaque de champignons, Mais aucune expérience et aucune observation ne prouve qu'elles puissent vivre tout l'hiver jusqu’au retour d’une température suffisamment élevée qui leur permette de vivre en plein air et de pondre. Si les mouches arrivent à pénétrer en automne dans des milieux chauffés où elles trouvent des aliments et des milieux de ponte, comme des éta- bles ou des restaurants où on laisse les ordures à décou- vert, elles continuent à se reproduire pendant tout l'hi- ver, Dans ce cas, les mouches que l’on trouve en mars et en avril sont les descendantes, et non les survivantes, de celles qui se sont mises à l'abri dans ces endroits l'automne précédent. Il est probable que ce mode d’hiver- nage est beaucoup plus répandu qu’on ne le croit, surtout dans les villes où il doit exister de nombreux foyers de propagation, d’où les mouches sortent dans les journées chaudes de mars et d'avril et survivent pour nroduire les essaims qui commencent à se montrer à la fin de mai. La possibilité pour les mouches d’hiverner à l’état de larve et de chrysalide a été démontrée à Washington (D. C.) et à Columbus(Ohio), ainsi que dans les régions les plus tempérées du Texas, Mais on ne saurait encore dire si ce mode d’hivernage est plus commun que celui ‘par reproduction continue, À en juger par les expérien- ces avec des larves et des chrysalides, et par le fait que 1. À. I. Huroninson : Journ. of Agric. Research, t. WI, n° 3, pp. 149-169. Analysé dans Bull, mens. des renseigne- ments agricoles de l'Inst. internat. d'Agric., t::X, "n° 1 p. 692 ; juin 1919, 1514 Là DAS is les mouches ne se montrent pas en grand nombre jus- qu’à la fin de mai ou au commencement de juin, il séem- ble qu'un très faible pourcentage des larves qui se trou- vent dans les tas de fumier en automne vivent pendant l'hiver et donnent naissance aux adultes au printemps. $ 8. — Sciences médicales L'antiseptisation des vêtemerts du combat- tant. — On admet sans conteste aujourd’hui que les projectiles de guerre, non infectieux par eux-mêmes, en entrainant des fragments de vêtements souillés, font pénétrer dans les plaies un grand nombre d'agents pa- thogènes et déterminent ainsi le plus souvent lappari- tion de deux des complications les plus redoutables des blessures de guerre : la gangrène gazeuse et le tétanos. Le nettoyage précoce des plaies, l'injection de sérum antitétanique pratiquée le plus rapidement possible après les blessures ont été préconisés et ont fait leurs preuves; mais, lors des dernières opérations militaires, la guerre de mouvement ayant fait sa réapparition sur les champs de bataille, l'exécution de ces deux métho- des fut rendue plus diflicile, et l'infection des plaies de guerre, qui avait à peu près disparu pendant la guerre de tranchées, reprit une croissante intensité, Devant cette recrudescence, l'étude de nouveaux procédés pro- phylactiques s'imposait et l’on songea à imprégner directement les vêtements de substances antiseptiques. Divers essais avaient déjà été tentés dans cette voie. Mile M, Davies et M. Taylor! avaient obtenu d’excel- lents résultats dans des infections variées avec le pixol (mélange de crésol et de savon noir), M. Carnot?, avec des savons de cuivre et de zinc, a eu les mêmes succès sur les agents de la suppuration, le Z. perfringens, le bacille tétanique. Mais ces travaux n’ont pas été pour- suivis: En présence de l’importance capitale de la pos- sibilité d’antiseptiser les vêtements d'uniforme, MM. F. Heim, E. Fernbach et G. Rullier résolurent de reprendre. la question du point de vue expérimental *, L'animal dont ils se sont servis est le lapin (vu la rareté du cobaye au moment de leurs essais). Ils prati-, quaient dans le muscle de l’une des cuisses un tunnel de 4 à 5 em, de longueur, dans lequel on introduisait aussitôt, et aussi profondément que possible, un moër- ceau de drap de 2 em.?, aseptisé ou non au préalable, puis souillé par les espèces microbiennèes produisant la gangrène gazeuse ou le tétanos. Les produits auxquels les auteurs ont eu recours pour l’antiseplisation du drap étaient : 1° l'huile de houille distillant entre 210° et 2700, soit seule, soit additionnée d’un autre anti- septique, bichlorure de mercure ou acide benzoïque; 2° l'acide hydrofluosilicique, seul ou additionné de HgCl, Les résultats obtenus ont montré qu'il est possible, par l’emploi de ces antiseptiques, même un mois après leur incorporation au drap, de relarder ou même d'em- pêcher l'éclosion de la gangrène gazeuse expérimen- tale; ilen est de même pour le tétanos expérimental. La double imprégnation des étofles, faile successive- ment par l'acide hydrofluosilicique à 7,5 0/0 et l'huile de houille à 5 0/0 additionnée de sublimé au 1/4.000° paraît donner le maximum de sécurité, Aucune de ces substances ne s’est montrée nocive pour la peau hu- maine à la dose employée, x La fin de la guerre est venue empêcher d'entrepren- dre des essais en grand sur l’homme, Il est probable qu'ils auraient donné des résultats analogues, Les au-" teurs n’en concluent pas, cependant, que l’antiseptisa- tion des vêtements du combaltant rendrait inutile l'usage des sérums antigangreneux et antitétanique; M mais elle retarderait les débuts de l'infection dans de très fortes proportions et elle permettrait ainëi un emploi plus eflicace de ces sérums. : 4. Arch.de Méd, et de Pharm. militaire, 1916, p. 227. ; 2. Ibid., 1916, p. 221. É « 3. Ann. de l'Inst, Pasteur, t, XXXIU, n°8, pp. 537-556; à août 1919, A. G. WEBSTER, — LA MESURE ABSOLUE DE L’INTENSITÉ DU SON / 547 Le regretté Professeur Wallace C. Sabine, de l'Université de Harvard, a attiré l'attention du public sur la grande importance des mesures physiques et d'un plan rigoureusement scienti- | fique dans la construction des auditoires, laissée jusqu'alors à l'appréciation des architectes. Je me suis intéressé moi-même, depuis de nombreuses années, au problème de la mesure du son en unités absolues, ce qui implique la réalisation d’un instrument capable de déter- miner, en tout point de l'espace, la pression de l'onde aérienne en fonction du temps. Pour arri- pre à ce résultat, trois choses sont nécessaires. D'abord, il faut construire un étalon de son permettant de reproduire en tout temps un son donné du caractère le plus élémentaire, autre- ment dit dans lequel la pression varie comme . une fonction harmonique simple du temps, et de . mesurer l'énergie de l'émission du son en watts. | C’est un problème qui a déjà étérésolu par plu- . sieurs savants, entre autres le Prof. Ernest Mach | et le Dr Zernov, de Petrograd. En second lieu, il faut trouver un instrument | ‘capable de mesurer en valeur absolue un son du | caractère harmonique sfmple décrit ci-dessus; autrement dit, l'amplitude de la variation de pression doit être évaluée en dynes par cm? ou en millionièmes d’atmosphère. Ce problème a | été également traité avec succès par divers cher- - cheurs, parmilesquels Max Wien, Lord Rayleigh et Lebedeff. Reste une troisième étape à franchir, qui est peut-être aussi importante que les deux précé- | dentes. Etant acquises l'invention d’une source convenable de son, que ‘j'appelle un phone, parce que c'est un son et rien d’autre, et celle d’un instrument de mesure approprié, que j'appelle un phonomètre, il faut encore résoudre la ques- tion de la propagation et dela distribution du _ son entre le phone et le phonomètre. Toute me- - sure faite dans une enceinte fermée séra influen- . cée par la réflexion des parois ; et même si l’on _ possédait une salle de forme géométrique simple ‘et qu'on püt faire fonctionner automatiquement _les instruments d'émission et de réception sans la présence perturbatrice d’un observateur, il serait encoreimpossible de fixer le pouvoir réflé- chissant des parois sans une bonne dose d'expéri- mentation et de théorie compliquée. C’est néan- . moins ce que Sabine a fait, en se servant comme instrument récepteur de l'oreille humaine. Ceux qui ont expérimenté la sensibilité de l'oreille LA MESURE ABSOLUE DE L'INTENSITÉ DU SON humaine pour un son étalon douteront immédia= tement de la possibilité de faire des mesures pré- cisés avec la même oreille à différentes époques, et particulièrement de comparer les mesures faites avec deux oreilles différentes. Néanmoins, Sabine à obtenu des succès remarquables eta créé une Ecole qui utilise ses méthodes avec profit. Pour éviter les perturbations, il faudrait placer le phone et le phonomètre à une distance infinie de tout objet, ce qui est manifestement impos- sible. Le plan que j'ai suivi était d'essayer de me débarrasser de tout obstacle, excepté d’un plan infini couvert d’une surface à coeflicient de réflexion mesurable. J’ai trouvé ces conditions réalisées sur les terrains de golf d'un club de campagne, où j'ai effectué mes expériences. : I. — Le Puoxomètre Pour obtenir la sensibilité requise par la faible quantité d'énergie mise en jeu, il est nécessaire d'employer le principe de résonance. J'ai utilisé un système couplé à deux degrés de liberté, le premier constitué par un résonateur à air synto- nisable, le second par un diaphragme syntonisé qui sert à rendre le mouvement visible. Comme la sensibilité doit dépendre en dernière analyse de l'amortissement résidant intrinsèquement dans le diaphragme, il est désirable de réduire celui-ci autant que possible. Pendant plusieurs années, ce que j'ai trouvé de mieux était un dia- phragme de verre, syntonisé par addition de poids. Ensuite j'ai trouvé qu’on peut préparer des diaphragmes de mica ayant un plus faible amor- tissement que le verre. Enfin, après un essai de mesure de la hauteur de qüelques signaux de brouillard employés sur la côte du Maine, ayant tous des hauteurs différentes, j'ai reconnu la nécessité d'avoir un diaphragme susceptible d'êtreaccordé graduellement,ce queje ne pouvais obtenir par une variation de la masse. En consé- quence, l'instrument a été refondu entièrement, et l'accord a été obtenu en faisant varier l’éner- gie potentielle, plutôt que cinétique, du dia- phfagme, en le renforçant par un ressort accordé par tension. Mais le principal perfectionnement FECA , » ” , a été l’abolition du diaphragme : comme le réso- nateur possède un trou pour l'entrée du son, j'ai résolu de remplacer le diaphragme par un piston rigide placé au centre du trou, laissant une ouver- turé annulaire pour l'entrée du son et en même temps me libérant de la nécessité d’emploge» l'aire équivalente calculée du diaphragme , " Re \ 548 Tous ces perfectionnements sont réalisés dans l'instrument représenté par la figure 1. Le réso- nateur cylindrique 1 glisse dans le tube cylin- drique fixé au châssis principal A. L’extrémité du résonateur est fermée par une fenêtre de verre 15. Pendant plusieurs années, les mesures ont été faites au moyen de l'intérféromètre de Michelson regardé stroboscopiquement, car je désirais que le diaphragme fût absolument libre mouvements. Pour, rendre l'appareil portatif, ce dispositif a été abandonné et rem- . placé par l’observation du déplacement d’un dans ses Fig. 1. — Schéma du phonomètre. / . A, châssis principul; 1, résonateur ; 2, oculaire micrométrique ; 64 69 6 3, culbuteur; 4, lampe; 5, miroir; 6,6, vis; e) dk o 7, tube porté par un joint à baïonnelle ; 8, 8, 8, pointes à vis; Nras 10, piles sèches; 12, disque d'aluminium; 13, pièce triangulaire: / NZ 4 l 13 miroir avec un télescope, comme dans le phono- mètre de Max Wien. L'interféromètre (non repré- senté) est attaché temporairement à l’extrémité frontale ou réceptrice, pour contrôler les indi- cations du miroir. Dans, l’oculaire micro- métrique 2, ajustable avec cinq degrés de liberté, on observe l'image du filament de la petite lampe 4, alimentée, par l'intermédiaire du com- mutateur 25, par trois piles sèches placées dans le cylindre 10 sur lequel s’ajuste par un joint à baïonnette le tube 7. l’image verticale du fila- ment est étirée en une bande horizontale, Le disque d'aluminium 12 est porté au centre du trou de la plaque frontale au moyen de trois fils d'acier fixés à une extrémité par la pièce 13 et enroulés à l’autre sur les pointes 8, tournées par des vis de l'extérieur, l’une étant contrôlée micrométriquement par un levier et une vis 17, qui opère la syntonisation. Les fils passent sur l'une ou l'autre de deux séries de trois ponts appliqués sur la plaque terminale, L'objectif du A. G. WEBSTER. — LA MESURE ABSOLUE DE L'INTENSITÉ DU SON 15, fenêtre de verre; 16, pointes ; 17, vis; 25, commutateur. dispositif d'observation télescopique est le petit miroir concave 5, dont le dos constitue son pro- pre levier court, étant directement mû par une pointe 16 portée par la pièce 13, qui porte ledis- que 12. Au lieu d’être pivoté sur pierres, le miroir est porté par une languette de torsion 9, coupée dans une feuille d'acier mince avec une projection latérale carrée sur laquelle le miroir 5 est cimenté. La languette est maintenue par des étriers et sa tension peut être ajustée au moyen d’une vis 11, portant surun ressort (à l'in- térieur). Deux ajustements micrométriques sont assurés par le fait que la languette est portée sur un culbuteur 3, pivotant sur deux vis 6, ce qui permet un déplacement latéral de façon à chan- ger le bras de levier du miroir 5, et ainsi l’agran- dissement du mouvement. Le mouvement latéral de l’image dans le champ de l’oculaire estobtenu par un mouvement lent du culbuteur, contrôlé à son extrémité inférieure par une vis accessible du dehors. Tous les autres ajustements ‘de l’image s’opèrent à l'extrémité oculaire. Avec le bras de levier habituel de 1/4 à 1/3 de millimètre entre la pointe et l’axe du miroir, et une distance de 40 cm. au réticule de l’oculaire, on obtient un agrandissement de 2.400,et comme on peut lire à 1/10 de mm. près sur le réticule, on peut déceler un déplacement de 1/24.000 de mm. du disque vibrant, c'est-à-dire du même ordre qu'avec l’interféromètre et bien- plus faible qu'avec le microscope. Le phonomètre est aussi sensible que l'oreille normale, quoique sur un intervalle très limité, A. G. WEBSTER. — LA MESURE ABSOLUE DE L'INTENSITÉ DU SON 549 À IL. — Le Puoxe Le phone, après avoir passé par différentes formes, possède actuellement une disposition en relation étroite avec le phonomètre, parti- culièrement en ce qui concerne la possibilité de le syntoniser. La figure 2 représente la forme actuelle. Le disque 3, placé au centre du trou du résona- _ teur, supporté par des fils et des pointes de réglage 7, est actionné par un électro-aimant 9, dont le courant est interrompu par un diapason L'intensité du son émis est mesurée par l’am- plitude de la vibration du disque, lue au micro- mètre 10, pointé sur une fente fine tracée sur l’argenture d’un morceau de couvre-objet 5 porté par le disque etéclairé par ure lampe à incandes- cence et un condenseur non représentés. Remarquons que ce phone peut êlre employé comme phonomètre pour des sons assez forts, comme ceux du chant, qui provoquent une vibra- tion considérable dans le microscope. Ce phone produit des sons d’une facon beaucoup plus efficace que tout autre instrument connu. === n- ( 1 sr 1 : ll LL 1 ' ! HAL * ! ral .. 0 hu | E 1 Ie l ll k 1! un | G> | & | ©: j DE LE, are E fe | VAMAT ET 1 IE Il L HT: 2) ag) | Ù | WI à () 1 h | ! HT : k n | ” 1 il \ b, il ! | [ | L'LRIS TeQNRS ETUIS ONE Res Po AE ni ee pp pre SU NN L à , NS: kr à! , l | 3 " 2 Dre Es ñ 4 | "4 ° . Fig. 2. — Schèma du phone. 3, disque placé au centre du résonateur ; 5, morceau de couvre-objet argenté et strié d’une fente ; 7, pointe de réglage ; 9, électro-aimant ; 10, micromètre, à entretien électrique séparé, avec pointe en _ platine plongeant dans du mercure. Si la pureté absolue du son n’est pas nécessaire, et si l’on n'a pas d’objections contre le léger crépitement tou- |_ jours associé avec un contact sec, on peut em- _ ployer un interrupteur à ressort; maïs en général _ilest préférable d’avoir une série de diapasons utilisables avec un montage interchangeable, pour contrôler le phone à diverses hauteurs. | L'année dernière, j'ai pris connaissance du pliotron, et j'ai trouvé que c'est un instrument 4 remarquablement adapté à la production de cou- rants variables harmoniquement. Je l'ai donc * adopté à la place du diapason à interrupteur, car il peut être instantanément accordé à une hau- teur quelconque, et l’on est ainsi libéré de la _ nécessité de se restreindre à 3 ou 4 hauteurs, car l'on en possède un intervalle continu. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES III. — PROPAGATION ET DISTRIBUTION DU SON La troisième partie de mes recherches a porté sur la détermination du coeflicient de réflexion du sol. Dans ce but, le phone est placé à une hauteur suffisante et le phonomètre à une distance convenable. Puis on déplace ce dernier en avant et en arrière à la même hauteur, et l’on reconnait immédiatement qu'il se produit une interférence entre le phone et son image, provo- quant une variation de l'intensité du son. J'ai obtenu différentes courbes pour différents coeffi- cients de réflexion. Quand la réflexion est nulle, c'est-à-dire quand le sol est parfaitement noir au point de vue acoustique, on obtient une hyperbole rectangulaire. L’existence du mini- mumest frappante, même pour l’observateur le moins exercé. J’ai trouvé que le coeflicient de 550 réflexion d’un sol herbeux ou d’une surface cou- verte de gravier est d'environ 95 ‘/,. L’ensemble des mesures aux deux appareils et la transmis- sion comportent une exactitude probablement supérieure à 2 °/,. Mes appareils ont permis d'exécuter toute une série d'expériences. En attachant au phono- mètre un long tube de verre ou antenne,ilest pos- sible d'explorer toutes sortes d’espaces, comme le champ à l’intérieur d’un pavillon ou d’un tube recouvert de substances absorbantes. La théorie en a été complètement vérifiée. Pour étu- dier la transmission du son, on fixe un morceau de la substance entre deux anneaux de fonte lourds, cimentés contre une ouverture percée dans une paroi en briques, ce qui élimine tout autre son que celui qui traverse la substance à étudier. La transmission à travers les portes, les fenêtres, les parois et les cabines téléphoniques peut être étudiée très rapidement, et les coefli- cients d'absorption et de réflexion déterminés. J'ai enfin établi un instrument pour la déter- mination de la direction des signaux envoyés dans le brouillard, que j'appelle un phonotrope; de même que l’héliotrope se tourne vers le soleil, radiateur de chaleur, le phonotrope se tourne vers le radiateur de son. Cet instrument se W. KOPPEN. — UNE NOUVELLE CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CLIMATS compose de deux pavillons égaux, amenantleson sur les côtés opposés du même disque. Il est disposé de façon à être rapidement tourné dans la direction de la sirène; quand celle-ci sifile, la bande lumineuse s’élargit. On fait alors tour- ner lentement l'instrument jusqu’à ce que la bande réduise salargeur à zéro; lasirèneestàäce # moment juste en face. J'ai utilisé cet instrument à Pensacola pour déterminer la direction d'un aéroplane dans la nuit. Il est aussi sensible que l'oreille; mais, par suite du principe de Doppler, le continuel va-et-vient de l’aéroplane fait varier la hauteur du son, de sorte que l'appareil n’est plus accordé. J’ai établi une modification qui doit remédier à cet inconvénient. Mes appareils me paraissent pouvoir être utilisés avec avantage par les physiciens, les ingénieurs, les physiologistes et les médecins: | (comme stéthoscope)!. / A. G. Webster, Professeur à l’Université Clark, Worcester (Mass.). 1. D'après deux mémoires de l'auteur publiés dans les Proc. of the American Institute of Electrical Engineers, \ t. XXX VII, n° 7, pp. 889-900; juillet 1919, et les Proc. oflthe National Academy of Sciences of the U. S. of America, t.N, n° 5, pp. 173-179; mai 1919. \ UNE NOUVELLE CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CLIMATS Dans un mémoire récent!, M. W. Koppen a présenté une étude détaillée sur la classification des climats etleur répartition à la surface du globe terrestre. Il nous paraît intéressant de re- produire ici, d'après le Bulletin mensuel de l'Ins- titut international d'Agriculture?, les principa- les données de cet important travail. I. — PRINGIPE DE LA CLASSIFICATION ‘La classification de l’auteur est basée sur deux seuls facteurs météoriques : températures et pré- cipitations, et il tient compte à la fois deleurs va- leurs absolues et de leur répartition dans l’an- née. Il distingue : 11 types de climat principaux désignés sur la carte par des lettres et par des couleurs différentes, quelques types se- condaires ou de transition (« Nebenformen ») et de nombreux sous-types, désignés par des lettres ou des groupes de lettres. pe RS EN TN RERO EEE TS AREAS 1. Pelermann's Mitteil,, t. LXIV, pp. 193-203 et 243-248; sept.-déc, 1918. 2, N° de mai 1919, p, 558 et suiv. Voici d’abord les 11 types principaux : I. — CLIMATS HUMIDES DE LA ZONE TROPICALE : 1) CI. des forêts tropicales ............".... A { 2) CI. des savanes ...... CNRS SET CCE TE Aw LI, — CLIMATS ARIDES : : 3) CI. des steppes. ....... Ra PUS Rte DES 4) CL. des déserts... .... a AE LME RENE + BP Ces 4 climats présentent des conditions thermi- ques identiques : températures élevées toute l’année (pas d'hiver); par contre, ils diffèrent les uns des » autres par les précipitations, qui diminuent progressi- vement de 1 à 4. à III, — CriMATS TEMPÉRÉS CHAUDS AVRC PLUIES : H 5) CI. tempérés chauds à hiver sec. ....... 22100 6) CI, temperés chauds à été sec... si CT CRE 9) Cl. tempérés humides..." 1... vie 91e 0 SUN IV. — CLIMATS SUBARCTIQUES : ‘4 8) CI. froids à hiver humide... che tee DEN 9) CL, froids d'hiver set eue. .L MS US . D 0 V.. — CLIMATS NEIGEUX : 10) Cl. des toundras..... he CET MARNE AVE 11) Cl. des glaces éternelles, .,.... SR UR ESS ser FAR La biosphère (partie de la terre où la vie est possible) est comprise entre deux climats extrêé- mes : celui des déserts (xérosphère) et celui des Û ’ 1] He W. KOPPEN. — UNE NOUVELLE CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CLIMATS 551 glaces éternelles (cryosphère), avec, de chaque côté, une zone de transition, à savoir, respective- _ment, celle des steppes (intermédiaire entre la xérosphère et la biosphère) et celle des toundras {intermédiaire entre la biosphère et la eryo- sphère). Dans chacune de ces zones, la vie esten- * core possible, mais fort réduite : ainsi la flore . des steppes ne comprend que quelques grami- - nées spontanées, et celle des toundras seulement _ des mousses. . IT. —— Lrimires DES TYPES DE CLIMAT PRINCIPAUX Comme ligne de démarcation entre la eryo- sphère et la biosphère, on peut considérer la li- - mite des glaces éternelles, c'est-à-dire le lieu . des points où la quantité de neige tombée est _ égale à la quantité qui fond, ce qui empêcheune accumulation progressive. Il est difficile de dé- . terminer exactement ce lieu en se basant sur les » données météorologiques, par le fait que ce phé- nomène dépend de nombreux facteurs agissant à . des degrés divers ; toutefois, M. Koppen croit rer comme facteur prédominant kes températures d'été et, comme limite entre la biosphère et la - cryosphère (ou, plus exactement, entre la toun- . dra etlacryosphère), le lieu des points où la tem- . pérature moyenne du mois le plus chaud ne dé- passe pas 0° C. | _ Pour déterminerla limite entre la biosphère et la xérosphère (ou, plus exactement, entre le _steppeet la xérosphère), l'auteur emploiela com- » binaison suivante de températures (en degrés . centigrades) et de précipitations (en cm.), basée sur le fait que, plus la température augmente, plus augmente aussi l’évaporation et, par'suite, la quantité de pluie nécessaire pour empêcher la formation du désert : a Températures. ......... 25° /25.20e|2015e/15-10°/10-5|5-0° * Plui {Limite du désert} 32 | 29 26 23 | 20 | 16 uies | Limite du steppe] 64| 58 52 46 |: 40 | 32 En dehors de la xérosphère, de la cryo- - sphère, des toundras et des steppes, toutes les autres zones du globe ont des tempéra- _tures et des pluies suffisantes pour le dévelop- - pement de la végétation arborescente. On y éta- blit 3 grandes divisions : 1) zone mégathermique (4), à températures constamment hautes ; — 2) zone mésothermique ou tempérée (C); — 3) zone microthermique ou froide (D); —de plus, entre À points où la température moyenne du mois le plus froid ne descend pas au-dessous de 18° sé- P are Ajde C,et le lieu des points où la tempéra- pouvoir, pour les besoins de son étude, considé- et Cest comprise la zone aride B. Le lieu des pas 10° (limite de la végétation arborescente) sépare D de la région des toundras Æ. La limite entre Cet D est donnée par la température du mois le plus froid: — 2°. Dans l'hémisphère austral, l’isotherme —2° du mois le plus froid ne concerne pas la terre ferme et se trouve plus près du pôle que l’iso- therme + 10° du mois le plus chaud, qui traverse l'extrémité méridionale de l'Amérique au sud. En allant de l’équateur au pôle, avant de rencon- trer la limite entre C et D, on trouvera donc la toundra, en sorte que l'hémisphère austral est privé de toute la zone 2), la zone C constituant presque la dernière région climatique continen- tale versile sud. En effet, le climat de la toundra est très peu représenté; ainsi, au cap Horn, la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 10° (9°,1) et celle du mois le plus froid est supérieure à — 2° (—0°,1 en juillet), en sorte qu'avec l'élévation de Ja température moyenne du mois le plus chaud au-dessus de 10°, on passe directement de la toundra au cli- mat C. Les autres subdivisions des zones mégather- mique, mésothermique et microthermique sont basées sur la quantité et la répartition des préci- pitations. Zone mégathermique.— Etant donnée l’unifor- mité de la température, l'effet des pluies est tou- jours le même, quelle ‘que soit la saison ou bien l’époque où elles tombent. On y distingue 2 cli- mats : celui des forêts tropicales, constamment humide, et celui des savanes, avec un intervalle de sécheresse plus ou moins long, mais jamais assez pour empéther la végétation arborescente. Zone mésothermique. — Dans cette zone, où la limite équatoriale est donnée par la température moyenne + 18° du mois le moins chaud et la li- mite polaire par la température moyenne —2° du mois le moins froid, on peut distinguer trois groupes de climats suivant qu’il y a ou non une période sèche et suivant que cette période se trouve dans la saison chaude ou dans la saison froide : £ 1) Climat hygromésothermique ou tempéré humide, sans période sèche bien marquée, dési- gné par le symbole Cf. 2} Climat tempéré chaud avec période sèche en hiver, désigné par le symbole Cw, La limite entre Cf et Cw, qui est le mois à maximum de pluies de la saison chaude, a un to- tal de précipitations 10 fois plus fort que le mois le plus sec de la saison froide. Avec la diminu- tion de ce contraste, on se rapproche de plus en plus du climat Cf. 3) Climat tempéré chaud avec période sèche en 552 W. KOPPEN. — UNE NOUVELLE CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CLIMATS été, désigné par le symbole Cs.C'est le climat ca- ractéristique des côtes de la Méditerranée et il se trouve aussi, à un degré moindre. dans d’autres régions des hémisphères boréal et austral : Cali- fornie — côtes du Chilientre 31 et 38° de latitude S — angle S-W de la Colonie du Cap (Afrique) — quelques provinces de l’Australie. La limite entre Cs et Cfest le mois d'été le plus sec où le total de pluies ne dépasse pas 1/3 des précipitations du mois le plus humide de la saison froide. Zone microthermique.— 2 types de climat: 1) à hiver humide (Europe septentrionale et Sibérie occidentale); — 2) à hiver sec (Sibérie orientale, Transbaïkhalie, Mandchourie). III. — CLASSIFICATION DÉTAILLÉE ET FORMULES DES DIVERS TYPES DE CLIMAT L'auteur étudie ensuite en détail, à côté des 11 types principaux, les types secondaires ou de transitionet les sous-types,et indique la manière d'établir la formule de chacun d’eux, en em- ployant la liste alphabétique suivante des sym- boles adoptés et de leur signification : A=— Climats tropicaux pluvieux; température moyenne mensuelle jamais inférieure à 18°. 4 B— Climats arides. C— Climats tempérés chauds; température moyenne du mois le moins chaud entre 189 et —°. D — Climats avec hivers froids et pluies; tempéra- ture moyenne du mois le plus froid inférieure à —2° ; celle du mois le plus chaud supérieure à ro°. £ — Climats des toundras ; température moyenne du mois le moins froid entre o° et 10°, : : F — Climats des glaces éternelles; température moyenne du mois le moins froid inférieure à o°, II — Climats de haute montagne (au-dessus 3.000 m, d'altitude). $ — Climats des steppes. W — Climats des déserts. a = Température moyenne du mois le plus chaud supérieure à 22 . b = T. m. du mois le plus chaud inférieure à 22°, plus de 4 mois ayant une t. m. supérieure à 10°. e — Moins de 4 mois à t. m. dépassant 10°,la t. m. du mois le plus froid restant supérieure à —36°. d — Comme en c, mais avec &. m. du mois le plus froid inférieure à — 36°, f = Humidité constante (assez de pluie ou de neige tous les mois). g = Oscillation annuelle de température du type du Gange, avec maximum avant le solstice d'été et la sai- son de pluies estivale, h — Climat très chaud; t, m. à 18°. i — Température uniforme ; oscillation annuelle infé- rieure à 90. k — Climats à hivers froids ; t, m. annuelle inférieure à 18°; t. m, du mois le plus chaud supérieure à 18°. k°— Comme en k, mais t, m. du mois le plus chaud inférieure à 180, m = Pluies de mousson ; climat favorisant la forêt tropicale malgré une période sèche, n = Brouillards fréquents, n — Brouillards peu fréquents, mais forte humidité de l'air malgré le manque de pluies, et températures re- lativement basses (celle de l'été inférieure à 24°). de annuelle supérieure p = Commeen 7, mais avec t, m, de l'été supérieute à 28°. p'— Comme en n', mais avec t, m. de l'été entre 24 el 28°, C s — Période sèche en été } dans ‘chaque hémi- w — Période sèche en hiver ( sphère. s'et w”’ — Comme en s etw, mais avec période plu- vieuse vers l’automne. ÉMIS AC NT TMS » » mais avec2 périodes plu- vietises séparées par une période sèche. \ u — Régime thermique du type soudanais, avec le mois le moins chaud après le solstice d'été. y — Régime thermique du cap Vert, avec époque la plus chaude en automne. æ — Climat de transition avec pluies maxima au début de l’été et en automne, et période sèche à la fin de l'été. x" — CI. de transition avec pluies maxima après le solstice d'été, et période sèche dans la 2° moitié du printemps. x” — CI. de transition avec pluies rares, mais vio- lentes, à toutes les saisons. IV. — Types SECONDAIRES OU DE TRANSITION On peut mentionner : 1) Climats de haute montagne à lempérature uniforme, où loscillation annuelle maximum de température est inférieure à 5°; désignés par la lettre z ajoutée aux symboles de la formule. 2) Climats des forêts tropicales de haute futaie. — Malgré l'existence d’yne période sèche, tout le reste de l’année lesprécipitationssontsiabon- dantes que les réserves d’eau accumulées dans le terrain suilisent aux besoins de la végétation arborescente pendant ladite période ; ainsi, sur les côtes du Malabar, où la somme annuelle des précipitations dépasse 200 cm., la forêt tropicale se développe même sur des territoires où la pé- riode sèche atteint 4 mois. — Ce type de transi- tion au climat des savanes est compris dans la zone À et recoit la lettre distinctive 72; exem- ple : Am. 3) Couches basses très humides de l'atmosphère le long des côtes de régions désertiques, eontras- tant avec l’air sec des déserts continentaux et des steppes. Il peut se présenter 2 cas diffé- rents : a) mers intérieures en région désertique; le long de leurs côtes, l’air est chaud, humide, opprimant et malsain; formule : Bp (mer Rouge, golfe Persique, golfe de Californie); des condi- tions analogues, mais un peu atténuées, s’ob- servent dans la région côtière de Gabès à Alexandrie;-formule Bp’'; — b) dans des régions éloignées de l’équateur, plus froides, par consé- quent, que les précédentes (t. m. ann. 19-200), mais analogues à celles-ci, la vapeur d'eau se condense en brouillards, surtout durant la saison froide; c'est le cas au Pérou, au Chili septen-. trional, sur les côtes de l'Afrique occidentale allemande, et on le désigne par la formule Bn. Des conditions analogues, mais avec brouillards moins abondants, se rencontrent sur certains troncons des côtes méridionales de la Californie, sé bide mai stat sb te do dé, de cn. destins & sé dtnde os à > es donc ne did ses ed. * sur la partie méridionale de la côte atlantique du Maroc et sur les côtes sud-est dela Somalie, et * recoivent la formule Bn', les lettres x et n’servant - à caractériser ce type de climat désertique bru- meux. W k) Climats de transition à celui des steppes (ca- » ractérisés par une des lettres distinctives 2—x — » x’), auxenvirons du 40 parallèle (45° en Europe, 39° dans l'Amérique du Nord, 37: en Australie, 34° dans le Sud africain), là où le climat des steppes est au contact du climat tempéré humide Cf ou du climat méditerranéen Cs. Leur carac- - téristique estl'existence de précipitations maxima à fin printemps-début de l'été et en automne, la seconde moitié de l’été étant, au contraire, sèche et à ciel clair; exemples : plaine du Pà (Italie), Castille (Espagne), Centre de la France, Croatie, plaines hongroise et roumaine, état de Victoria (Australie), une grande partie de l’intérieur des États-Unis. La répartition des pluies dans les _ prairies est très analogue à celle observée dans les steppes de la Russie méridionale, et Les abon- dantes précipitations de printemps-été ont une grandeimportance agricole. Lettre distinctive : +. Au Mexique, une large bande de territoire a des climats analogues de transition à celui des steppes, mais les précipitations maxima s’y pro- duisent après le solstice d’étéet il y a une période sèche dans la seconde moitié du printemps. Let- tre distinctive : +’. Dans l’hémisphère austral, le climat tempéré humide Cf est peu représenté; il se trouve sur- tout dans l’Uruguay et dans la région de la Plata (pampas), mais les pluies, quoique abondantes, y sont irrégulièrement réparties sous forme d’averses qui ne ‘pénètrent pas dans le sol de facon à y assurer les réserves d’eau, mais se perdent rapidement en ruisselant à la surface. L'aspect de steppe que présente cette région pri- vée d'arbres est certainement dû, non seulement aux vents, mais aussi à cette répartition défavo- _rable des pluies, désignée, dans les formules climatiques, par la lettre x”. — Ces types de transition 4-2°-x”° sont compris dans la zone C/. MS UE € AN RER DE ER Sn Do à Types principaux |Types de transition Sous-types 3 a | En, En!, Bp Ur, JA k’ (s, w) NAT OL Re $ ee | Cx, Cwi, Cfila, b(8) S Div { | b AA SD ERLANRE LE CURE 10 E Ei, EH À 41: F Fi, FH % W. KOPPEN. — UNE NOUVELLE CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CLIMATS 553 Le Tableau précédentrassemble les principales formules concernant les 11 types de climat prin- cipaux, les types de transition et les sous-types. V. — RÉPARTITION DES CLIMATS A défaut de la carte des climats du globe, qui ne peut être reproduite, voici une liste des divers climats, représentés par leur formule, avec, en re- gard, des localités ou régions qui les possèdent : [ Afiv — Cameroun, Seychelles, Batavia, Simson- hafen. Afw = Maurice, S-E, des îles Célèbes, Nouvelles- Hébrides, Porto-Rico, Para. Afiv” — Daressalam, Colombo, N des îles Célè- ï bes, Greytown, Jamaïque, Iquitos. Afs — Amboine, Finschhafen, Pernambouc. Afs = E de Ceylan. Amw— Bombay, Akyab. — Amw — Aparri (Philippines). — Amw" — Tenasserim. Aw — Sénégal, Mozambique, Calcutta, Manille, Vera-Cruz, Cuyaba, etc. Aw'— Madras, Nouvelle-Calédonie, Matamoros, È Guyaquil, Ceara, Aw’— Bangkok, Guatémala, Panama, Port-au- Prince. BShuw — Tombhouetou, Khartoum, Karatschi, Alice Springs, San Luis (Argentine), etc. BShs — Gabès, Bakou, Tulare (Californie), Cal- 3 vinia, Port Augusta. BSk — Odessa, Barnaul, Denver (Colorado, E.- U.). 2SX — Chubut. Bn —Swakopmund, lquique. — En’ — Agadir. — Bp — Massaoua, Buschir.— £p — Alexandrie (Egypte). BWh — Le Caire, Strangways (Australie), San Juan (Argentine), ete. A BWk — Astrakan, El Paso (Texas, E.-U.), Limay (Argentine), etc. BW — Santa Cruz (Patagonie). Cwag — Delhi, Hong-Kong, Gondar, Mexico, Halls Creek (Australie). Cwa — Tsingtau, Kimberley, Mackay (Austra- 5 lie), Tatuhy (Brésil). Cwb — Pietermaritzburg, Nova Friburgo (Bré- sil). Cwi — Addis Abeba, Quito, etc. ( Csa — Naples, Smyrne, Sacramento, Adelaïde. 6 Csb — Oporto, San Francisco, le Cap, Valpa- l raiso. | {| Cfa —=Nagasaki, New-Orleans, Brisbane. — Cfax" — Buenos-Aires, \ Cfb — Hambourg, Melbourne, Auckland, Valdi- 7 via, Curitiba. Cfx = Milan, Budapest, Saint-Louis, Port Elisa- beth. | Cji — Chimax (Guatémala), Cinchona Plant (Ja- maïque), Bogota. { Dfa — Omaha,Cleveland. 8 Dfb — Riga, Sitka, Montréal. | Dfe — Haparanda, Tobolsk, Yukon, Fort York. ( Dwa — Pékin. — Dwb — Blagowetchensk. — 9 « Dwe = Nertchinsk. { Dwd — Iakoutsk. £ — Nouvelle-Zemble, Kerguelen, cap Horn, etc. 10 | EH — Säntis, Pikes Peak, Mount Washington. £Hi— Kamerunpik, Antisana. F — Mac Murdo-Sund, Snow Hill, ete. | FH* — Mont Blanc, Gaurisankar, Mount Elias, 11 Orizaba, Aconicagua. | Fi — Kilimandjaro, Chimborazo, (*) Calculé. "'S dé à L n F 554 LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES SUR L'AUTRUCHE PREMIÈRE PARTIE Les gracieuses plumes de l’autruche ont été employées dans un but décoratif depuis un temps immémorial. Aucun ornement personnel -n’est aussi attrayant, et on le rencontre dans les kraals indigènes aussi bien que sur les trônes des rois et des reines. Les plumes d’autrache ont été d’abord le pro- duit de la chasse de l’animal sauvage, et elles’ ont acquis une telle valeur que cet oiseau se serait éteint depuis longtemps si l’on n’en avait entrepris la domestication. De ce fait, les autru- ches ont vu leur nombre s’accroîtré en denen / dans les fermes d'élevage de l'Afrique du Sud, au point d'atteindre près d’un million en 1913 : exemple typique d’un animal sauvé de l’extinc- tion et se multipliant grâce à l'intervention de l'homme. Il y a 50 ans à peine que l’on a envisagé sérieu- sement la possibilité de l'élevage de l’autruche. Dans des conditions convenables, l’oiseau est arrivé à s’adapter aux restrictions de la vie des fermes et à se reproduire librement, et en peu de temps l’industrie de l’autruche est devenue l’une des principales éntreprises de certaines régions de la colonie du Cap. Elle a atteint son apogée avant la guerre, en 1913, où l’on a exporté pour .75 millions de francs de plumes, principalement en Europe et aux Etats-Unis. Comme article de luxe, les plumes d’autruche ont naturellement souffert de la longueur de la guerre, maïs il est à présumer que celte industrie reprendra son essor quand les conditions économiques se seront améliorées. Quoique l'autruche soit indigène en Afrique, on a reconnu que l'oiseau domestiqué prospère etse reproduit dans des conditions diverses, et Ja nature rémunératrice de son élevage a provo- qué son introduction dans d'autres parties du monde, spécialement dans l’Arizona et la Cali- fornie aux Etats-Unis, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Toutefois, les plumes pro- duites dans ces régions ne sont nullement égales à celles qui croissent dans l’Afrique du Sud, et comme on n’élève l'oiseau que pour son plumage, il est douteux que cette industrie soit un succès en dehors des limites de l’Afrique. Comme pour beaucoup d’autres produits animaux et végétaux très spéciaux, les particularités du sol, du climat et le milieu général ont une grande influence sur le résultat final, et même parmi les régions à autruches de l'Afrique on constate des diffé- J. E. DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES rences marquées dans le degré de pere du plumage des animaux. TI: — L'ÉLEVAGE DE L’AUTRUCRE Ce n'est pas un mince résultat pour l’éleveur w sud-africain d’avoir, en moins de 50 ans, amené" l’autruche sauvage, très nerveuse, à un état com-w plet de domestication, établi les détails de trai-. tement nécessaires pour la production des récol-. tes successives de plumes d’une grande perfection, combattu les diverses maladies parasitaires aux- quelles l’oiseau est sujet, élaboré les méthodes « de reproduction et d'élevage des jeunes, et, par sélection, amélioré le plumage jusqu'à l’état actuel de perfection. Un fait très frappant pour le physiologiste, € a l'extraordinaire sensibilité de la croissance des plumes. Si l'oiseau n’est pas parfaitement nourri pendant les six mois nécessaires à la croissance et à la maturation d’une récolte de plumes, le caractère et la qualité du plumage en souffrent, La plume est un produit épidermique, nourri par une longue moelle dermique, et, comme toutes” les structures de ce genre — poils, griffes, sabots et cornes, — elle répond d'une façon déli- cate aux variations nutritivés et aux changements des conditions extérieures. Même les variations normales de la pression sanguine entre la nuit et le jour laissent souvent leurs traces sur la plume en état de croissance, sous forme d’anneaux noc- turnes et diurnes. Ceux-ci représentent des différences alternantes de densité dans l’accrois- sement de la plume nouvelle, et sont la base des défauts dominants connus techniquement sous le nom de « barres ». Les plumes les plus longues” croissent à raison de 6 mm. par jour, et toutes les plumes sont autant de cylindres projetés, pleins de capillaires sanguins, fermés à l’extré- mité extérieure et ouverts en bas à l’afilux du. sang, Le maintien de la pression sanguine uni- forme nécessaire à la plume en croissance pour atteindre sa plus grande perfection exige uns apport constant d'aliments très nourrissants; tels que luzerne, colza, betterave et toutes sortes” de grains. On peut dire qu'aucun animal n’est autant soigné et rassasié que l’autruche domes= tiquée de première qualité. Le moyen d'obtenir une récolte deplumes com= plète et uniforme n’est pas sans intérêt pour les zoologiste. Daris l'Afrique du Nord, on arrache généralement le plumage entier du corps, des \ 4 SUR. L'AUTRUCHE 555 » ailes et de la queue, mais cette méthode aboutit ! à une rapide détérioration des récoltes succes- | _sives. Dans l'élevage méthodique, on enlève seu- lement les trois rangées principales de plumes - des ailes, ainsi que celles de la queue. En procé- dant avec soin, on peut obtenir année après - année, pendant 50 ans ou plus peut-être, un 1 honda ut, \ SSP F x LS PT Re Re mn ee : > cas « ce uit RE EURE EP PP PEN TT 7 D a. { néKe ; 77e. tee SR NT HU! PER" * ELU en, NN PIE à ; % k (] TE] Æ Fig. 1. — Stade auquel les plumes sont coupées pour éviler une lésion de l'oiseau. La coupe a lieu suivant la ligne ab, la moelle s'étant retirée au-dessous; la coupe suivant la ligne cd exposerait la moelle et produirait une hémorragie. - plumage du même caractère. Pour l’éleveur, - l'objectif est de maintenir toutes les plumes commerciales au même état de croissance en . même temps, en d’autres termes de maintenir la . récolte uniforme. La méthode ordinaire ne suflit pas, car la mue des diverses plumes est irrégu- ière; quelques-unes n'ont poussé que partiel- lement, tandis que d’autres sont arrivées à . maturité ou l'ont dépassée. D’autre part, si on laissait les plumes sur l’oiseau jusqu’au moment - de la mue naturelle, il en résulterait une sé- _rieuse détérioration et dépréciation de valeur | » par suite de l'usure qui se produit pendant les deux ou trois mois qui suivent la maturation. Aussi toutes les plumes sont coupées (fig. 1) dès que le plumage est complètement développé, et on laisse le tuyau dans son alvéole jusqu’à ce qu'il soit arrivé à son tour à maturité, ce qui nécessite au moins deux mois après le coupage. La ‘première coupe a lieu quand les jeunes autruches sont âgées de 6 mois ; toutes les plu- mes commerciales, appelées techniquement spa= donas, sont enlevées. Les tuyaux restants müris= sent complètement en 2 mois environ: la moelle, avee ses vaisseaux sanguins etses nerfs, se retire et la pointe du tuyau s’arrondit. Abandonnés à la mue naturelle, les tuyaux seraient expulsés à différentes époques et la seconde récolte de plu= mes commencerait à croître d’une manière irré=. gulière. Pour prévenir cela, on retire à la main tous les tuyaux quand ils sont mürs, les jeunes étant âgés d'environ 8 mois; et invariablement l'enlèvement d’un tuyau agit comme un excitant sur le germe d’une nouvelle plume au fond de l'alvéole ou follicule. Tous les vieux tuyaux étant retirés simultanément, les nouvelles plumes commencent à croître ensemble, et l'on obtient une seconde récolte complète et uniforme au bout de 6 autres mois, c'est-à-dire lorsque. loi seau est âgé de 14 mois. Les mêmes opérations se répètent de nouveau. La troisième récolte | représente en général la maturité du plumage; c'est la meilleure que l'oiseau donnera. Mais, en prenant les soins nécessaires, la dépréciation est très faible pendant un certain nombre d'an- nées. Le rognage des plumes müres est comparable à la coupe des cheveux chez l’homme ou.à la tonte de la laine chez la brebis, c’est-à-dire qu'il ne s'accompagne d'aucune souffrance quand la croissance est complète. L’enlèvement des tuyaux mûrs ne fait que devancer et rendre simultané le processus naturel, plus . lent et irrégulier, de la mue. C’est pourquoi toutes les mesures législatives récentes sur la prohibi- tion du commerce des plumes ont fait une excep- tion pour le plumage de l’autruche. L’autruche sauvage se reproduit vers 4 ou ans, mais l'oiseau domestiqué commence entre Le] 2 et 3 ans, parfois avant 2 ans : exemple remar- quable de l'influence accélératrice d’une nour- riture abondante sur les processus physiologi- ques de la reproduction, combinée avec un certain degré de sélection inconsciente de la part de l'éleveur. La période d’incubation de six semaines est assurée au nid par le mâle pendant la nuit et la femelle pendant le jour, ou artifi- ciellement dans un incubateur. Dans un climat sec, en l’absence d'attaques 556 parasitaires, les jeunes sont vigoureux et leur élevage ne présente aucune difficulté. Mais, à chaque génération nouvelle, la nature sauvage primitive de l'oiseau tend à reparaître, et doit être maitrisée, la docilité acquise par les parents ne se transmettant pas aux descendants. Aban- donnés à eux-mêmes pendantquelques semaines, ou même laissés avec les parents, leur sauvage- rie naturelle reprend le dessus, et tout contrôle ultérieur devient pratiquement impossible. Pour surmonter cette tendance instinctive à retourner à l’état sauvage, il faut élever les jeunes, pendant la première année, en association étroite etcons- tante avec le personnel de la ferme, de façon à ce que leur crainte nerveuse reste latente. La peur naturelle de l’homme chez l’autruche tourne à l'agression à la saison des amours ; le mâle peut s’élancer sur la personne qui, par mégardé et sans arme, entre sur son terrain, au camp ou dans le veld, et d’une ruade ou d’un coup de griffe, faire des blessures graves, même mor- telles. } L’autruche domestiquée présente beaucoup d'intérêt pour ceux qui étudient le « comporte- ment» des animaux. De même que d’autres ani- maux anciens de l'Afrique, comme la girafe, le rhinocéros et l'hippopotame, elle combine une taille maximum avec un minimum de cerveau. Comme eux et les grands Sauriens mésozoïques ou les Mammifères du début du Tertiaire, ses activités nerveuses sont surtout d’un caractère réflexe, et non mental. Si l'intelligence peut être définie comme l’aptitude à profiter de l’ex- périence, alors l’autruche manque d’une façon déplorable de cette qualité désirable. Toutefois, sa stupidité proverbiale qui con- sisterait à cacher sa tête dans le sable quand elle est “poursuivie, en croyant se dérober ainsi à la vue, ne repose sur aucun fait réel : l’origine de cet opprobre vient peut-être de l'instinct de simulation de la mort qui se manifeste chez le jeune quand, subitement alarmé, il se rabat, son long cou et sa tête cou- chés sur le sol. Quand on manipule l'oiseau, pour lui couper les plumes ou arracher les tuyaux, on lui couvre les yeux, ce qui calme son inquiétude nerveuse, L'attachement personnel, que tous les ani- maux domestiques témoignent à ceux qui pren- nent soin d'eux, fait totalement défaut chez l’au- truche. Une lueur de distinction entre les personnes familières et non familières, et une faible tendance à la formation des habitudes les plus simples, comme de venir à l’appel pour prendre sa nourriture ou de marcher plus rapi- dement le long des directions fréquentées, telle J. E. DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES : ést pratiquement toute l'éducation dont cet oiseau est capable. IT. — GÉNÉTIQUE DE L'AUTRUCHE Les autruches domestiquées actuelles de. l'Afrique du Sud résultent d’une sélection gra- duelle appliquée pendant près de 50 années par les éleveurs. Les souches originales étaient na- turellement constituées par des oiseaux sauva- ges, etles meilleurs d’entre eux et de leurs des- cendants ont été employés à former les races supérieures actuelles. L'objet ultime de l’'éle- vage est simple et bien défini : le fermier ne sé- lectionne qu'en vue de la production de la plume; aucun autre caractère de l'oiseau n’est pris en considération. Pratiquement, il n'existe qu’une seule plume idéale : la plus grande, et celle qui combine au maximum tous les carac- tères : résistance, symétrie, densité et, lustre. Aucune des souches originales de l'Afrique du Sud ne possède chacun de ceux-ci au plus haut degré, et l’objectif constant des éleveurs à été de les réunir en un seul type. Aucun n’y est encore arrivé, quoique plusieurs approchent du but. L'éleveur apprécie clairement la distine- tion des divers caractères de la plume, bien que dans sa sélection il procède surtout dans l’'hy- pothèse d’une hérédité par mélange; en prati= que, cette méthode réussit, quoique le progrès soit lent et qu’on rencontre une grande variété chez les descendants. Quand le type de plume idéal aura été obtenu, on suppose qu’il restera « fixé » par la reproduction entre les oiseaux qui l’auront réalisé; en fait, on ne procède que rarement à des croisements très divergents. On reconnait généralement que, malgré toute. la sélection opérée, on n’a réalisé aucun pro- grès sur les meilleurs caractères des plumes ré- partis à l’origine parmi les lignées-souches, excepté ceux qui peuvent être attribués à l’amé- lioration de la nourriture et à d’autres condi- tions dépendant de la domestication. Tout ce que l’éleveur a obtenu, c’est de combiner dans une plume les meilleurs des caractères distri- bués à l’origine parmi les souches sauvages; mais il n’a pas été possible de modifier aucun d'eux au delà des limites naturelles. Si l’on con- sidère séparément ces caractères, d’autruche fournit un exemple typique de l’im- possibilité d’une amélioration continue par voie de reproduction sélective continue. Tout ce que ce procédé a donné, c'est la ségrégation des caractères les plus recherchés, mais aucune trace de « sport » ou de mutation n’a jamais élé observée. | En comparant soigneusement les nombreuses la plume PR NIET. VUE PS) 4 SUR L'AUTRUCHE ! #57 dont chacune Frcute pour le spécialiste un type séparé ayant une valeur distineté, on est amené à se demander jusqu’à quel point les dif- férences de dimensions, de densité, de forme et de lustre peuvent être considérées comme des variations fluctuantes, ou comme des caractères élémentaires. Les expériences d'élevage ont plei- nement prouvé que la reproduction sélective d’un même type ne modifie aucune des minuties de ce type. Si un éleveur désire ajouter à sa li- » gnée un caractère particulier, il doitse le pro- .curer par l'intervention d'oiseaux dont le plu- mage le renferme. Les variations quidistinguent - les types sont done sans aucun doute germi- males, non dues au milieu, et doivent être con- _sidérées comme représentant des caractères élé- mentaires définis. Combien de ces caractères élémentaires sont présents dans une seule plume d'autruche? Seule une analyse très détaillée permettra de le dire un jour. * IE. — L'’aurnucne pu Norn ET L’AUTRUCHE DU SUD De vicilles chroniques ont révélé qu’à l’ori- gine du commerce des plumes d’autruche, quand on n’exportait que le plumage des animaux sau- . vages, celui qui provenait de l’Afrique du Nord se vendait à des prix bien supérieurs à celui des oiseaux de l'Afrique du Sud. Ilest donc raison- nable de supposer que le plumage de l’autruche du Nord est supérieur à celui de l’autruche sau- _vage originale du Sud, et que, malgré le perfec- M sementde cette dernière, on peut se procurer des oiseaux fournissant un meilleur plumage, ou capables d'améliorer encore davantage celui de l’autruche sud-africaine. Depuis de longues - générations, les Arabes et les indigènes de - l'Afrique du Nord gardent l'autruche en capti- _vité dans de petits enclos et en arrachent les - plumes d’une façon barbare. Ces oiseaux ont été capturés jeunes dans le nid d'oiseaux sauvages, car il est impossible de tenir en captivité V'adulte sauvage. Les jeunes ne se reproduisent jamais en captivité, et le terme d’ «élevage de l'autruche » ne peut guère s'appliquer aux con- -ditions primitives d’existence de l'oiseau ainsi ; domestiqué. Dans ces circonstances, il n’a donc » pu se produire aucune Aséliardion de l’autru- . che nord-africaine par sélection. - Ces considérations ont déterminéle Gouverne- - ment de l’Union de l'Afrique du Sud à envoyer, il y a quelques années, une mission dans l'Afri- - que du Nord en vue de se procurer dans la région la plus favorable Îles meilleurs types d'oi- - seaux à plumage. Cette mission, dont la direction 5 était confiée à M. R. W. Thornton, a abouti en 1912 à l'importation dans l'Afrique du Sud de 132 autruches du Nord, d’âges divers, provenant de la Nigeria. Celles- d'Agriculture de Grootfontein, et j'ai été chargé de la direction des recherches qui ont été effec- tuées sur elles. Il est apparu rapidement qu’au- cune des autruches importées n’était supérieure aux meilleurs oiseaux de l'Afrique du Sud, et qu'on n’en pourrait tirer d'avantages que par le croisementet le développement de certains carac- tères spéciaux, comme la résistance et la densité, ci furent envoyées à l'Ecole où excelle l’autruche nigérienne. Les expériences ont été actuellement poursui- vies depuis plus de 4 ans; pendant cette période, on a élevé une centaine de jeunes provenant de croisements, ainsi qu'une vingtaine de jeunes nord-africains purs; quelques-uns des premiers croisements ont atteint l’âge où ils commencent à se reproduire, mais on n’a encore élevé que deux jeunes de la seconde génération. Le temps assez long qui s'écoule entre la maturité d'une génération et de la suivante (de 3 à 4 ans) rend nécessairement les progrès très lents. Observées l’une à côté de l’autre, il est impos-. sible de ne pas faire la distinction entre l'autru- che du Nord (Struthio camelus Linn.) et l’autruche du Sud (S. australis Gurney). La première est plus haute, avec des jambes plus fortes ; la colo- ration de la peau chez la femelle est d’un jaune clair, tandis qu’elle est gris sombre pour l'autru- che du Sud ; le mâle arrivé à maturité sexuelle est encore plus distinct : la tête, le cou et les jambes, chez l'oiseau du Nord, sont d’un écarlate brillant, et le reste du corps rouge, tandis que l'oiseau du Sud est d’un bleu sombre, avec le bec, le devant de la tête, le pourtour des yeux et les écailles du tarse écarlates. Enfin, l’oiseau du Nord a une partie chauve sur le sommet de la tête. On observe également de petites différen- ces de structure des plumes, qui ont une grande importance pratique pour l’éleveur. Jusqu'à pré- sent, tous les caractères distinctifs de l’autruche nord-africaine importée se sont maintenus dans les conditions nouvelles de l'Afrique du Sud, et reparaissent chez les descendants; ce sont done des caractères germinaux, indépendants des influences climatiques et du milieu. ‘ L'autruche du Nord et celle du Sud doivent-elles être regardées comme des espèces distinctes ? Cela dépend beaucoup de la conception que l'on se fait du terme « espèce ». On doit noter, toute- fois, que les deux oiseaux se reproduisent libre- ment et réciproquement entre eux, et que les produits du croisement ou hybrides sont égale- ment fertiles, à la fois /nter se et avec l’une ou * } * (AA kf Ph: [+ 3 J.E. DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES l'autre des formes parentales. En même temps, les deux races ont plusieurs caractères distinctifs ‘qui sont héréditaires, donc germinaux. IV. — RÉSULTATS DU CROISEMENT Au cours des recherches dont le but pratique principal était de déterminer jusqu’à quel point le plumage de l’oiseau du Sud peut être amélioré par le croisement avec l'oiseau du Nord, plusieurs questions se sont présentées qui ont un grand. intérêt pour les généticiens en général. Il a été possible de déterminer comment les caractères distinguant les deux espèces se comportent chez les hybrides résultant du croisement : ce sont “spécialement les dimensions, la coloration, la partie chauve de la tète et certains détails des œufs. 4. Dimensions. — L'autruche du Nord moyenne est d’une taille un peu plus élevée que celle du Sud, ses jambes et son cou étant plus longs. La tête atteint une hauteur de 8 à 9 pieds au-dessus du sol, tandis que chez l'oiseau du Cap elle ne dépasse pas 7 à 8 pieds. Les pieds, les jambes et . le cou de la première sont aussi plus robustes. Les dimensions du corps même ne diffèrent pas beaucoup ; toutefois, chez les jeunes, le corps tend à se rétrécir à l'arrière davantage chez l’autruche du Nord que chez l’autre. Les hybrides à maturité sont plus élevés que les oiseaux du Cap purs, mais moins ‘que les oiseaux de la Nigeria. À l’état jeune, le corps tend à se rétrécir à l’arrière plus que chez les jeunes du Cap. Dans l’ensemble, au point de vue des dimensions, les hybrides sont intermédiaires entre les parents. Les deux jeunes de la seconde génération pro- venant du croisement, âgés actuellement d’une année, ressemblent beaucoup à leur srand-parent sud-africain, en ce qui concerne les dimen- sions, et contrastent avec le grand-parent nord- africain. Mêlés à des hybrides du même âge de la première génération, la différence est très marquée et personne n’hésiterait à les considérer comme des oiseaux du Cap purs. Les dimensions distinctives des deux espèces ont donc subi dans la génération F? une ségrégation dont la nature réelle reste à déterminer. 2. Coloration. — Les couleurs de la peau,'ou du corps, de l’autruche, à l'inverse de celles du plumage, varient de la naissance à l’état adulte, sont différentes chez la femelle et le mâle, et se modifient chez ce dernier suivant l’état sexuel. Les jeunes des deux sexes sont pratiquement semblables. Les femelles conservent toujours la couleur des jeunes, maïs le mâle subit un chan- sement et revêt par places une coloration écar- late brillante, lorsqu'il atteint l’état nuptial. Dès la naissance, les distinctions de coloration entre, les autruches nord et sud-africaines sont nette- ment marquées. La coloration rouge et écarlate des mâles des deux races, ainsi que le bleu sombre de l'oiseau du Cap, dépendent dela présence destesticules, | tandis que le plumage noir est en relation avec. l'absence des ovaires. Les mâles sud-africains qui ont été châtrés quand ils étaient jeunes ne revêtent jamais la livrée rouge et écarlate, mais conservent la couleur gris elair ou foncé de tous | les oiseaux jeunes et des femelles à maturité. Par contre, le plumage des mâles chätrés devient du noir ee à leur sexe, contrastant avec le plu- mage gris des femelles, d’où l’on déduit que la formation du pigment noir des plumes n’est pas 4 influencée par les gonades mâles. Les femelles ovariotomisées conservent la couleur ordinaire de leur peau, mais leurs plumes normalement grises DRREN AE teinte noire de celles du mäle, ce qui montre qu’à l’état habituel les sécrétions des ovaires exercent une influence inhibitrice: sur la formation du pigment noir dans les plumes de la femelle, quoique n’ayant aucune action. sur, la couleur hi la peau. L Les jeunes autruches nord-africaines sont d’un: jaune-profond, presque orange, surles jambes et la tête, et d’un jaune plus pâle sur le corpset le. … cou. À maturité, les femelles deviennent jaune pâle, avec les écailles tarsiennes d’un brun clair ou foncé ; chez les mâles, le jaune sombre passe au janne A au rose, puis au rouge, et même 1 jusqu’à l’écarlate brillant sur les jambes, le cou et la tête à la période des amours. Les couleurs » nuptiales palissent quand la couvée commence, … et aussi après la période sexuelle, le EUreE deve- nant rose ou brique pâle. Les jeunes autruches sud-africaines sont. d'abord jaune pâle, puis gris foncé. Les femel- les à maturité sont gris foncé sur les jambes, le corps, le cou et les écailles du tarse; les mâles | sont d’abord d’un gris d’acier, à peu près comme les femelles, puis, avec la maturité sexes revêtent une coloration d'un bleu brillant surw la plus grande partie du corps, tandis que Re écailles du tarse, le bec et les parties nues qui” entourent les yeux deviennent d’un vif écarlate, Chez eux, la couleur rouge du mäle du Nord_ paraît être latente, ou complètement masquée par le bleu foncé. La couleur de la peau des jeunes hybrides est intermédiaire entre celles des jeunes du Nord et du Sud: les jambes, la tête et les grosses écailles : 1 1 4 | À sont d’un jaune pâle, plus clair que celui des jeunes du Cap, mais pas aussi foncé que celui des jeunes de la Nigeria. Les femelles hybrides adultes conservent cette couleur jaune pâle, - quelquefois un peu plus foncée. Les mâles hy- » brides ont la couleur jaune uniforme des femelles jusqu'à l'approche de la maturité sexuelle ; puis ils revêtent par places une teinte rose, et plus tard écarlate. Mais, comme on J'a vu, c’est par étendue de la coloration rouge, et non par son rent si nettement ; les mâles hybrides sont inter- médiaires entre les deux en ce qui concerne la surface du corps qui prend la coloration rouge. En ce qui concerne les deux jeunes F,, qui sont _ des femelles, la couleur des jambes, du corps et du cou est presque aussi foncée que celle des _ femelles du Cap ; on ne trouve pas d'influence de la couleur plus claire du grand-parent nord- - africain, ni de la couleur intermédiaire des pa- rents hybrides. Il est probable que les couleurs des oiseaux du Nord et du Sud ont une base fac- torielle séparée, et que là aussi une ségrégation se produit chez les hybrides de la seconde géné- ÿ ration. 3./Tache chauve de la tête. — Le sommet de la _ courtes plumes, semblables à des poils, qui for- ment souvent une longue aigrette médiane. La tache pinéale nue, présente chez toutes les au- truches à l'arrière de la tête, est si ponte chez ve adulte qu'on ne peut l’apercevoir qu’en écartant les plumes. L’autruche nord-africaine, par con- tre, se distingue parune calvitie de la plus grande _ partie du sommet de la tête, la tache chauve | commençant à l'arrière et s'étendant en avant . commeune sorte de bouclierentre les yeux (fig. 2). Cette surface a une figure piriforme grossière, . mais peut être partiellement divisée vers le mi- lieu. Cette calvitie est considérée comme un _ caractère de quelque importance pour différen- -cier les espèces du Nord et du Sud. Pline en fait déjà mention dans ses écrits. L’étendue et la . forme de l’espace nu varient un peu chez les ._ diverses autruches, maïs tous les oiseaux nord- _ africains importés à à Grootfontein la présentent à un plus ou moins grand degré. Elle est tout à fait indépendante de la tache pinéale, et son + bord postérieur peut inclure cette dernière (fig. 2) _ ou passer au-devant d'elle. La calvitie n’est pas encore apparente chez l'autruche de l'Afrique du Nord quand elle vient _d'éclore. À ce moment, la tête est couverte d’un | ES court, comme pare Ja race une, É intensité, que les mâles du Nord et du Sud diffè-. tête de l’autruche sud-africaine est couvert de SUR L'AU' r Re 559 premiers mois de la croissance. Il s’installe gra= duellement par la chute des plumes en forme de poils qui commence après le 2 mois, et dans un lot de jeunes du même âge on peut observer pra: tiquement tous:les stades de la chute, les plumes de la touffe médiane persistant le pluslon atom poil Ïl n’y a aucune ligne de démarcation tranchée | 1 entre la partie nue et la partie couverte de la G tète. On n’a jamais signalé de chute de plumes analogue chez les jeunes de la race du Cap. Le comportement de la tache chauvetchez les produits du croisement des autruches du Nord et du Sud présente naturellement un certain in- térêt, Sur la centaine de jeunes hybrides quiont Fig. 2. — Téte de l'autruche nord-africaine, montrant la calvitie. La surface claire, ovale, vers la partie postérieure de l’espace chauve, représente la tache pinéale, été élevés, aucun n’a d’abord présenté le moin- dre signe de calvitie ; mais, dans chaque cas, les. plumes ont commencé à tomber vers le 2e ou. 3 mois, et à six mois la tache s'était formée aussi ; complètement que chez les autruches nord-afri-. caines adultes. Ainsi la calvitie de l’oiseau du Nord est un caractère dominant par rapport CTP son absence chez l'oiseau du Sud. Les deux jeunes de seconde génération déjà obtenus ont maintenant dépassé l’âge où se forme la tache chauve, et chez l’un d’eux la tête reste couverte de poils plumeux comme chez a, l'autruche sud-africaine, tandis que chez l’autre la calvitie s'est formée aussi nettement que chez l'oiseau nord-africain. Les jeunes F? montrent donc que la ségrégation factorielle à lieu chez les hybrides de seconde génération, et il n’est. guère douteux qu'après avoiroblenu assez de re- présentants de cette génération on trouvera que la calvitie se comporte comme un dominant homozysote en proportions strictement mendé- 1 liennes. L + 560 J. E. DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES La tache chauve est par conséquent un carac- tère-unité mendélien distinctif, séparant l’au- truche du Nord de celle du Sud. Les différences associées aux dimensions et aux couleurs de ces oiseaux, comme à leurs œufs (voir plus loin),sont des différences de caractères communs aux deux espèces; mais, chez l'oiseau du Cap, iln’y a rien de comparable à la calvitie de l’oiseau de la Ni- geria. C’est un caractère absolument nouveau, qui à apparu chez la seconde race d’autruches, mais non chez la première. Il peut être considéré comme une mutation, et s'est probablement dé- veloppé complètement dès l’origine, car, quoi- qu'il varie un peu d’étendue et de forme, les dif- férences ne dépassent pas celles des variations fluctuantes. Son origine germinale est manifeste, puisqu'il apparait chez tous les jeunes, purs ou hybrides, tandis que sa dominance chez tous les derniers prouve que les parents sont duplex ou homozygotes par rapport à lui. Il est douteux que la calvitie ait apparu en ré- ponse à une influence extérieure, car il n’est pas probable qu’un facteur du milieu puisse affecter le sommetde la tête de l'oiseau du Nord qui n'ait pas une action correspondante sur son parent du Sud, même s’il était possible qu’une influencede cette espèce püt provoquer un changement cor- respondant dans lé plasma germinatif. Ilne peut davantage être considéré comme ayant une va- leur adaptative. Il apporte done un appui à l’hy- pothèse défendue par W. Bateson et aussi par T. H. Morgan, à savoir que les caractères nou- veaux apparaissent comme un résultat de chan- gements du plasma gefminatif sans aucun rap- port avec les influences extérieures ou un besoin utile à l'individu. Comme la calvitie est mainte- nant présente comme caractère dominant chez tous les oiseaux importés, elle doit avoir pris naissance il y a longtemps dans l’histoire de l’au- truche du Nord, assez longtemps pour que le changement ait affecté tous les individus. Car, comme nous le verrons plus loin, il y a de bon- nes raisons de croire que, chez l’autruche, un nouveau caractère n'apparaît d’abord que chez quelques individus, puis s’étend graduellement de plusen plus, par le changement continué de nopo dans le plasma germinatif des individus nulliplex de la race. 4. L'œuf. — Comme chez tous les oiseaux, les œufs d’une même autruche, et à plus forte raison d’autruches différentes, varient entre cer- taines limites, en ce qui concerne les dimensions, la forme et les caractères de la surface. A côté de ces variations fluctuantes, certaines différen- ces bien définies distinguent toutefois l’œuf de F l'oiseau nord-africain de celui de son parent sud- africain. L’œuf de l'oiseau du Nord est pratiquement toujours plus gros que l’œuf de l'oiseau du Sud; la coquille est presque exempte de pores ou creux apparents et présente une surface lisse comme celle de l’ivoire. En général, cet œuf est de forme arrondie et moins ovale que l’autre. L’œuf! de l'oiseau du Sud est profondément creusé sur toute sa surface; les cavités sont souvent plus grandes et plus nombreuses à l’ex- trémité où se trouve la chambre à air; la coquille ne présente donc pas l'aspect uni de l’œuf du Nord. Les cavités quidonnent un aspect si carac- téristique à l’œuf de l’autruche sud-africaine sont associées avec les pores respiratoires de la coquille. Dans l’œuf du Nord, les pores sont si petits et souvent si près de la surface qu’ils sont à peine visibles à l’œil nu; ilssont répartis à peu près régulièrement, ce qui donne à la surface son aspect lisse uniforme. Dans l’œuf du Sud, les pores de la coquille sont plus gros, enfoncés au-dessous de la surface, et distribués pour la plupart en petits groupes, variant de 6 à 12 po- res par groupe. C'est le groupement rapproché des pores enfoncés qui donne naissance à la sur- face grêlée. | Les deux sortes d'œufs fraïichement pondus sont d’une couleur crème ou jaune, qui se ternit beaucoup-par la suite. Des mesures effectuées sur plusieurs séries d'œufs ont montr { qu'en moyenne l’œuf du Nord est d'environ 6 mm. plus long (156,2 mm. — 150,4-mm.) et 11 mm. plus large (135,9 mm. — 125 mm.) que l’œuf du Sud.La différence moyenne des deux diamètres est de 20 mm. pour l’œuf du Nord et de 25 mm. pour l’œuf du Sud, ce qui indique que le premier est plus rond et moins ovale que le second, Dans la reproduction croisée, les œufs suivent les caractéristiques de la femelle, quel que soit le mâle; c'est-à-dire que les œufs pondus par ‘une femelle du Nord, fécondée par un mäle du Sud, sont gros, ronds et lisses, tandis que ceux d’une femelle du Sud, fécondée par un mâle du Nord, sont plus petits, ovales et parsemés de creux. Ainsi, au point de vue des caractères exté- rieurs, l’œuf pondu n'est pas influencé par le mâle, et participe entièrement de la nature de la femelle, ainsi qu’on pouvait d'ailleurs s’y atten- dre. On n’a jamais observé aucun phénomène de xénie. Chez les femelles hybrides, les possibilités des deux catégories de parents sont naturelle- ment combinées et peuvent donc se faire sentir sur les œufs. L'examen de ces derniers a montré sh que, dans tous les cas, ils sont intermédiaires, - comme dimensions, forme et aspect de la co- } quille, entre les œufs typiques du Nord et du Sud. Des cavités apparentes s'observent sur la . coquille, souvent plus nombreuses vers l'extré- mité de la chambre à air, mais jamais aussi res- serrées ni si profondes que sur l’œuf de l’autru- che sud-africaine. Une série de mesures à donné comme longueur et largeur moyennes 152,6 et 125,5 mm., avec une différence de 24 mm.; au point de vue des dimensions, les œufs des hybri- des se rapprocheraient donc un peu plus des œufs du Sud que des œufs du Nord. La nature intermédiaire des œufs des hybri- des suggère que les caractéristiques différentes . deS œufs des deux races d’autruches dépen- dent d'une représentation factorielle séparée dans le plasma germinatif, comme dans le cas des dimensions et de la couleur des oiseaux. Ces facteurs ne sont pas alternants, car dans l'œuf hybride aucun caractère des parents n’est dominant ou récessif par rapport à l’autre. + _V. — NoMBRE DE PLUMES DES AILES Aux jours prospères d'avant laguerre, les plu- mes de centaines de milliers d'autruches étaient coupées annuellement; il est douteux, cepen- dant, que beaucoup d’éleveurs eussent été capa- bles de dire combien de plumes proviennent de l'aile d'une autruche, et combien de sa queue. En général, on savait que certains oiseaux don- nent plus de plumes que d’autres, mais sans être exactement renseigné sur la différence. Cela tient d’abord au fait que les plumes sont veñdues au poids et non au nombre, et surtout que la qualité compte pour beaucoup plus que la quantité. En comparant le plumage des autru- ches nord et sud-africaines et de leurs hybrides, _ j'ai trouvé nécessaire de déterminer le nombre exact de plumes commerciales produites par cha- cune, ce qui m'a conduit à une étude détaillée des plumes de l’aile et de la queue en général. Ces recherches ont abouti à la découverte de . certains faits relatifs au plumage de l’autruche, susceptibles d’acquérirdans l'avenir une impor- tance pratique pour l’éleveur, etqui ne sont pas dépourvus d'intérêt scientifique au point de vue . de l’évolution de l’autruche. En tenant compte _ deces faits, il sera possible à l’éleveur d’aug- menter de 25°}, le rendement en plumes du même nombre d’oiseaux, ou, ce qui est préféra- ble, d'obtenir la même quantité de plumes avec les trois-quarts de leurs troupeaux actuels. Le Autruches nord-africaines. — On a compté SUR L'AUTRUCHE 561 :_sur 25 des oiseaux nord-africains importés dans l'Afrique du Sud. On a noté fréquemment une différence d’une ou deux plumes entre une aile et l’autre, aussi bien chez les mäles que chez les femelles." Le nombre par aile varie de 33 à 39, la moyenne arithmétique de la série étant 36,54; représenté graphiquement, il s'approche d’une courbe defréquence normale dontle mode serait 36. Manifestement, ces oiseaux représententune population mélangée, résultant d’une reproduc-, tion confuse dans une race où les nombres de plumes diffèrent de petites quantités; mäis les indications ne manquent pas de la possibilité d'établir une lignée pure pour chaque nombre. Nous pouvons considérer chaque oiseau comme hétérozygote au point de vue du nombre des plumes, et le mélange observé est bien celui qu'on peut attendre, étant donné que les oiseaux proviennent d’une seule contrée de l'Afrique du Nord où l’on n’a pratiqué aucune sélection par élevage. F À La numération des plumes des ailes de 15 jeu- nes autruches nord-africaines, nées et élevées à Grootfontein, a dorné à peu près Ja même moyenne arithmétique que ci-dessus, soit 36,7, quoiqu’on n'ait pas noté les nombres inférieurs de plumes 33 et 34. Autruches sud-africaines. — Le nombre des plumes de l’autruche sud-africaine a été compté sur cinq séries de 25, 24, 19, 50 et 19 oiseaux, appartenant aux troupeaux de diverses fermes d'élevage. La moyenne arithmétique générale de ces séries est de 36,78. Le nombre moyen de plumes de l’autruche du Sud est done le même que celui de l’autruche du Nord, conclusion importante qui n'aurait pu être obtenue sans la numération d’un grand nombre de plumages d'oiseaux. Comme les autruches du Nord qui sont actuel- lement à Grootfontein proviennent toutes de jeunes capturés par les Arabes de la Nigeria dans les nids d'oiseaux sauvages, et n’ont pas été influencées par des croisements artificiels, on peut présumer que leurs plumes représentent la moyenne habituelle de l'oiseau nord-africain sauvage, et nous avons de bonnes raisons de con- clure que les autruches produisent le même nom- bre moyen de plumes sur tout le continent afri= cain. Il en résulte que les 50 années d'élevage de l'autruche dans l'Afrique du Sud n'ont fait réaliser aucun progrès dans le nombre moyen de plumes présentes à l'origine sur l'oiseau sauvage. En moyenne, les oiseaux domestiqués d’aujour- d’hui produisent la même. quantité de plumes les plumes de la première rangée de chaque aile : que les premiers oiseaux avec lesquels les 562 JE: fermiers ont commencé l'élevage entre 1860 et 1570. Quoique assez remarquable au prémier abord, ce résultat ne doit guère nous étonner, si nous nous rappelons les principes qui sont à la base ‘de la sélection de l’autruche : {es éleveurs ont % sélectionné en vue de la qualité ; la quantité n’est … jamais entrée en ligne de compte: De grands pro- grès ont été réalisés dans les caractères dits qualitatifs de la plume individuelle, mais on n’a accordé aucune attention au nombre de plumes, et aucune variation numérique n'est survenue. Autruches hybrides. — Etant donné que les autruches nord- et sud-africaines ont le même nombre de plumes et sont un mélange d'hété- rozygotes, on ne doit s'attendre à aucun chan- gement dans le nombre de plumes des hybrides, Les mesures effectuées sur deux parents,un mâle du Nord et une femelle du Sud, et sur lesjeunes ‘hybrides qui en descendent ont donné une moyenne arithmétique de 36,24 pour les premiers et de 36,28 plumes pour les seconds. Une autruche à 42 Panel — Parmi les oiseaux du Cap du troupeau de Grootfontein, on en a découvert deux qui portaient 42 plumes à la pre- mière rangée, quoique les autres eussent la moyénne habituelle de 36. Ces animaux ont été fournis, il y a quelques années, par deux fermes très éloignées. Il à semblé d’abord qu'il existait deux races distinctes d’autruches dans l'Afrique du Sud, l’une à 36, l’autre à 42 plumes. Les numérations faites dans différentes fermes n’ont aucun oiseau ayant plus de 40 plumes, ni aucune influence d’une race à 42 plumes. L'existence d’autruches à 42 plumes est donc tout à fait exceptionnelle chez les oiseaux du Cap et n’a eu aucune influence récente sur la moyenne générale. De même aucun des oiseaux nigériens n'a plus de 39 plumes, ni aucun de leurs jeunes élevés en Afrique du Sud; l'influence d’une race à 42 plumes n’existe donc pas dans l'Afrique du Nord. En ce qui concerne leur origine, il est mani- féste que les oiseaux à 42 plumes représentent - une varialion distincte des oiseaux ordinaires à … 36plumes. En l'absence d’autres preuves, ce nom- … bre élevé pourrait être considéré comme une mutation méristique; l'existence de descendants avec des nombres aussi élevés montrerait que nl les plumes additionnelles ne sont pas simple- ment la limite extrême d’ane série fluctuante, mais ont une valeur factorielle. Ces oiseaux ont DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES SUR L'AUTRUCHE a —————— été également regardés comme des réversions « vers un ancêtre originel, mais d’autres considé- rations conduisent à les expliquer d’une façon” différente. Des observations récentes (voir le chapitre suivant) ont montré que les autruches se présentent à nous sous de nombreux stades indi- quant le cours dé la dégénérescence que les ailes et les jambes ont subie jusqu’à présent, « aussi bien que le cours qu’elles suivront proba- | blement dans le futur. On trouve, dans le nom- Ë breux matériel actuellement disponible pour 1 l'étude, des survivances de plusieurs caractéris- ; tiques decstaas qui indiquent que l'oiseau à M 42 plumes peut être considéré avec de bonnes 1 raisons comme un survivant de l’époque où le nombre moyen de plumes à l'aile était plus élevé © qu'aüjourd’hui. Dans cette interprétation, les oiseaux actuels à 36 plumes doivent être regar= dés comme des dégénérés au point de vue du nombre des rémiges, comme ïls le sont sous beaucoup d’autres rapports. On cherche actuellement à constituer pratiquement une lignée pure d'autruches portant 4? plumes; car avec l'augmentation des autres rangées de plumes en. À corrélation avec les rémiges, il deviendrait pos- % sible de fournir à l'éleveur une autruche don- … nant. environ 25°/, de plumes de plus qu'il n'en obtient avec les'oiseaux actuels, la qualité étant. également supérieure. Il est douteux que par la sélection continue on puisse dépasser le nombre de 42, car les facteurs d’un nombre supérieur ont probablement déjà été perdus par la race, s’ils étaient présents chez l'autruche à l’origine. Des mesures ont montré que la fécondation par le mâle sud-africain à 42 plumes de diverses femelles nord-africaines de la race à 36 plumes donne des hybrides dont le nombre de plumes varie de 37 à 42, avec une moyenne pratiquement intermédiaire, soit 39,56; aucun ne régresse à la moyenne générale. Ces nombres forment une courbe à peu près normale, avec le mode 40. Aucun des oiseaux employés jusqu’à présent comme reproducteurs ne peut être considéré comme («pur » en ce qui concerne le nombre des plumes ; l'oiseau à 42 plumes est donc proba- blement hétérozygote comme les autres. : at tte. 2e PERRET" Le ee + (A suivre.) | 1, | J. E. Duerden, Professeur de Zoologie au « Rhodes University College », Grahamstown (Afrique du Sud). 49 Sciences mathématiques ul Bouligand (Georges), Professeur de Mathématiques * spéciales au Lycée de Rennes. — Cours de Géomé- “ trie analytique. Avec une préface de M, CARTAN, . Professeur de Calcul infinitésimal à la Sorbonne. — 1 vol. in-S° de 421 pages avec fig. (Prix : fr.). … Librairie Vuibert; Paris, 1919. Les meilleurs ouvrages de Géométrie analytique se ” trouvent en France, dans le pays qui a vu naître l’im- mortelle conception de Descartes et plus tard, il y a cent ans environ, la Géométrie projective de Poncelet. Les uhs sont de véritables Traités, d’autres sont des … ouvrages d'enseignement destinés aux élèves, Mais « par une contradiction singulière, durant ces cinquante dérnières années, les livres ont été, pour ainsi dire, un . accessoire dans les classes préparatoires aux grandes Ecoles: le principal était le cours du professeur, si “complet, si rempli qu'il restait top peu de temps pour - les problèmes, la lecture, et les exercices au tableau: - le type caractéristique de cette période a été le Profes- - seur Painvin de Lyon, fort bon mathématicien et excel- lent professeur ,qui, au commencement de l’année de spé- ciales, faisait enlever les livres que ses élèves auraient … pu consulter, C’est dans cet abus de cours rapidement faits, de notes prises à la hâte en style nègre, avec des abréviations nécessaires, qu’il faut, à mon avis, chercher la cause principale de ce qu'on a appelé la _ crise du français. L'ouvrage de M. Bouligand est un véritable livre d'enseignement qu'il faudrait donner aux élèves, en leur indiquant pour chaque classe un certain nombre … de pages à étudier, la classe elle-même étant consacrée … aux interrogations, aux explications et aux exercices qui développent l'initiative. _ Le livre de M. Bouligand a le grand mérite d'être court, clair et élevé ; il prend chaque question du point devue général et fondamental, seule méthode pour faire pénétrer les idées nouvelles dans l’enseignement élémentaire, L'auteur traîte parallèlement la Géométrie plane et . Ja Géométrie dans l’espace; il expose, à propos de cha- _ que question, la Géométtie métrique, puis la Géomé- “rie linéairé, et après la Gécemétrie projective; ‘il ne sépate ailleurs pas la Géométrie analyti- que de la Géométrie tout court et il cherche à déve- Jopper l'intuition et le raisonnement géométriques. Il ite l'abus du calcul, qui était, à un certain moment, - devenu un grave danger pour le développement des . facultés d'intuition et de raisonnement direct, exigées - par la Géométrie, la Cinématique, la Mécanique et, d’une façon générale, par lés Sciences physiques. » … Dès les premiers chapitres, après la droite et le plan, auteur introduit les éléments géométriques imagi- maires et les éléments à l’infini. 11 développe les pro- _priétés générales des lignes et des surfaces de la Géo- . métrie réelle, et Tt théorie des lieux géométriques ; - viennent ensuite les méthodes de transformation ponc- -tuelles, notamment l’homothétie, la transformation linéaire, les transformations homographiques et l’in- vérsion; un aütre chapitre donne les transformations “corrélatives, accompagnant, d'une façon très heureuse, la théorie des enveloppes. | … Les derniers chapitres sont consacrés à l'étude des - courbes, puis des surfaces du second ordre, limitée aux faits essentiels et vraiment éducatifs. … Dans des compléments (p. 355-405), l’auteur a réuni certaines questions fondamentales dont la résolution est basée sur la considération des déterminants et des propriétés des formes linéaires ou des formes quadra- ues. Je ne puis qu'approuver cette façon de procéder; * 4 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX les élèves ne pouvant vraiment comprendre ces grandes théories que quand ils ont approfondi un grand nom- bre de points particuliers. Paul APPEzt, Membre de l'Institut. La surchauffe de la vapeur; ses avantages. 2° édi- tion. — 1 vol. in-8°,\de 98 pages, avec 65 fig. (Prix : à 2 fr. 75 + 20°) ). Editeur : Le Mois scientifique et industriel, Paris, 1914. Les avantages économiques de l'emploi de la vapeur surchauffée, que l’auteur de cet opuseule se propose de mettre en lumière, en insistant particulièrement sur l’économie de combustible qu’elle procure, sont dau- tant plus appréciés que ce combustible est plus rare et son prix plus élevé; les industriels, pour lesquels l’ou- vrage a été écrit, leliront donc avec plus d'intérêt qu'en 1914, aujourd’hui qu'ils paient très cher le peu de char- bon qui est mis à leur disposition. Ils trouveront, ras- semblés en un petit nombre de pages, les résullats d’es- sais qui établissent la réalité de l’économie que lon’ peut réaliser, la description de nombreux appareils, et les applications qui en sont faites pour les machines alternatives et les turbines, fixes et demi-fixes, locomo- biles et locomotives, sur terre el sur eau, ét pour les installations de chauffage. Deux interviews des profes- seurs Boulvin de Gand et Belluzo de Milan, qui n’ont fait que répondre aux questions qu’on leur posait, com- plètent cette documentation, en exprimant une foi jus- tifiée dans lesavantages de la surchauffe, tout en indi- quant les précautions inconvénients des températures élevées. Ce travail constitue en somme un tract instructif, lancé dans le 4 à prendre pout éviter les monde industriel pour répandre l'emploi de la sur- w chauffe, rédigé dans un esprit essentiellement pratique, en laissant de côté les considérations et discussions théoriques, qui auraient pu disperser l'attention de cer- tains lecteurs, et n’auraient été goùtées que de quelques- uns, auxquels le livre n’est pas adressé. Aimé Wirz, Correspondant de l'Institut. ? 2° Sciences physiques Anschutz (R.) et Meerwein(A.), Professeurs à l'U- niversité de Bonn. — Traité de Chimie organique (08 V. von Ricurer). Tome 11: Série cyclique. r'édi- tion française, traduite d'après la 1° édition alle- mande par H. Gault, maître de Conférences à la Fa- culté des Sciences de Caen. — 1 vol. in-8° de 1163 p.. (Prix cart. : 60 fr.).. Ch. Béranger, éditeur, Paris et Liége, 1918. : Le premier volume de cette traduction, consacré à la série acyclique, a été présenté à nos lecteurs par M. le Prof, Paul Sabatier en 19111. Le second volume, qui renferme les données relatives à la série cyclique, était. à peu près terminé en 1914, mais les difficultés créées par l'état de guerre ont retardé sa publication pendant près de 5 ans. l'est inutile de refaire ici l'éloge du Traité classique de Richter-Anschutz. Complet, précis, clair, il est uti- lisé, dans sa langue originale ou dans l’une ou l'autre de ses traductions, par un grand nombre de laboratoi= res de Chimie de tous les pays. Aussi l'apparition dela seconde partie de l'édition française sera-t-elle saluée avee plaisir. On regrettera, évidemment, que la docu-. mentation de l'ouvrage s'arrête aux années 1911-1922; mais, tél quel, par son immense accumulation de faits, le traité rendra de grands servicesaux chimistes. 1. Rev. gén. des Sc. du 15 juin 1911, t. XXI, p.461. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Egiène (Léon), /ngénieur-chimiste, diplômé de l'Ecole française de Tannerie. — La Chimie du Cuir. — 1 vol. in-8o de XV-136 p. ‘avec 9 fig. (Prix : Tfr20). H. Dunod et E. Pinat, Paris, 1919. A cause du développement rapide de la chimie en tannerie, industrie où elle ne semblait pas, il y a vingt ans encore, avoir droit de cité, M. Eglène s'est eforcé de réunir dans un petit livre toutes les notions de chimie intéressant le cuir. Il a divisé son livre en trois parties: La première englobe loute la chimie concernant les opérations préliminaires de préparation des peaux et se termine par quelques généralités scientifiques sur la peau ; La deuxième s'occupe de la chimie se rapportant aux différents modes de tannage; La troisième comprend la chimie du corroyage et du finissage des cuirs. Dans la première partie, l’auteur, quoiqu'il n'ait voulu écrire qu'un précis, insiste très heureusement sur les avaries des peaux séchées au soleil. Très court, mais très net, est Le chapitre relatif aux propriélés chimiques de: la peau. Le déchaulage chimique et les confits sont également bien présentés. La deuxième partie est des plus intéressantes; mais était-il bien utile de rappeler le tannage par l'électricité? La troisième partie est fort bien traitée. En résumé, on peut dire que M. Eglène a atteint le but qu'il s'était proposés, son livre permettra aux indus- triels et aux chimistes du cuir de mieux définir les données des problèmes qui se posent à chaque instant devant eux et de tirer le meilleur parti des ouvrages importants el classiques, comme ceux de MM. Meu- nier, Vaney, Procter, Prévot. Je ne puis que m’associer aux conclusions par les- quelles M. Jossier termine la belle préface qu’il a écrite pour ce livre et où il expose si bien dans quelles con- ditions la tannerie peut faire des progrès: « La Chimie du Cuir n’a pas pour but de donner la solu- tion de tous les problèmes qui naissent à chaque pas dans la tannerie, la corroirie, la mégisserie, etc. ; mais si ce livre éveille chez quelques-uns le désir de les étudier, d'en chercher la solution raisonnée en s’ap- puyant sur les travaux faits dans les laboratoires par des savants professionnels et techniciens, il aura rem- pli un rôle utile et nous félicitons l’auteur de l'avoir entrepris. » PauLz NIcoLARDOT, Docteur ès sciences, Professeur de Chimie industrielle à l'Ecole supérieure d'Aéronautique. 3° Sciences naturelles British Antarctic Expedition 1907-9, under the command of Sir E. H. SHACKLETON. — Reports on the Scientific Investigations. Geology, vol. II : Contributions to the Palæontology and Petrology of South Victoria Land, by W. N. BENsoN, F. Cnar- MAN, Miss F. Conen, L, A. Corron, C. Heocey, H. I. Jensex, D, MAwsow, Prof, E. W. SkearTs, J. ALLAN Tuomson, A. B. Wazkom, Prof, W. G. WooLNoUGit, — 1 vol, in-4°, VIII-270 p., with 38 plates and 18 figu- res in the text. Also Index to volumes 1 and II. Published for the Expedition by William Heinemann, London, 1916. Nous avons longuement analysé, l'an dernier, la pre- mière partie des travaux géologiques de l'Expédition Antarctique Anglaise, commandée, de 1907 à 1909, par Sir E. H. Shackleton!. Le second volume, reçu depuis la publication de ce compte rendu, bien qu'il porte la date de 1916, contient quelques-unes des pièces justifi- catives de la belle synthèse de MM. T. W. E. David et R. L. Priestley : il renferme, sous la signature de onze auteurs différents, treize rapports sûr les organismes 1. Hèvue générale des Sciences, t. XXIX, n° 9, 15 mai 1918, 978-281, 9 p. 278-251, vivants ou subfossiles et les échantillons de roches recueillis par les membres de la mission. Un pareil dos- sier ne se résume pas; il suflira d'énumérer les articles … principaux de cet inventaire et de noter, au passage, ! quelques faits particulièrement saïllants, M. D. Mawson ouvre la série avec un mémoire inti- tulé: Contribution à l'étude des structûres de la glace (p: 1-24, 9 pl.) : glace des lacs, glace de mer, stalac- tites, etc.; intéressantes photographies. M. F. Chapman examine ensuite les Foraminifèreset - les Ostracodes récoltés, d'une part sur les rives de la mer de Ross, dans ces curieux dépôts qui, on l'a vu, ont été charriés de bas en haut par les anciens glaciers (p. 25-51, 6 pl.), et, d'autre part, dans les régions pro- fondes de cette mer (p. 53-80, 6 pl.). Pour les boues qui dominent le glacier Drygalski, il s’agit de formes indi- quant une profondeur de 100 brasses ou davantage; quant aux sédiments de l’époque actuelle, ils provien- nent de 35 sondages, s'échelonnant entre 110 et 655 brasses. L'auteur y a observé 95 espèces ou varié- tés, dont 5 seulement sont nouvelles pour la science: il en examine avec soin la répartition bathymétrique, si- gnalant en outre quelques exemples remarquables de bipolarité. Un complément de ces études est fourni par le bref rapport de Ch. Hedley sur les Mollusques (p.85- 88, 3 fig. : espèces nouvelles de Gastropodes recueillies dans les dépôts des bords de la baie Me Murdo). C’est encore à M. F. Chapman qu’on doit une courte note sur les Algues calcaires probables (£piphyton fas- ciculatum, Sp. n.) du Cambrien (85° de lat. S.; p. 8-84, 1 pl.). : Enfin, M. H. I. Jensen fournit quelques pages'sur Les sols antarctiques (p. 89-92), dont le caractère le plus frappant, lié lui-même aux basses températures, réside dans leur faible teneur en matières organiques. Tout le reste du volume est consacré à la Pétrogra- phie : Rapport sur les roches alcalines du Mont Erebus, par H. I. Jensen (p. 93-128, 5 pl. contenant 27 micro- phot.); types très variés : trachytes, kénytes, leucito- phyres, basaltes, limburgites, etc., décrits par ordre "4 Ê : L 3 L 1 . 1 L + 4 : ; d’acidité décroissante; nombreuses analyses; considé- . rations sur le problème de la différenciation. Rapport sur les enclaves des roches volcaniques de l'Archipel de Ross, par J. Allan Thomson (p. 129-148, 3 pl. contenant 16 microphot.). L'auteur adopte la ter- minologie proposée par M. A. Lacroix dans son mémoire | classique de 1893, et perfectionnée depuis lors par le savant vulcanologiste dans diverses publications ; au point de vue régional, il relève l'intérêt des enclaves sédimentaires provenant du Beacon sandstone, étage qui doit former le tréfonds de ce district éruptif. Rapport sur les dolérites recueillies par l'Expédition Antarctique Anglaise, par W. N. Benson (p. 153-160, 1 pl. contenant 6 microphot.): roches analogues à celles de la Tasmanie, de l'Afrique du Sud et des bords de l’Hudson. Rapport sur les granulites à pyroxène recueillies par l'Expédition Antarctique Anglaise, par A. B., Walkom (p- 161-168, 1 pl. contenant 5 microphot.); et Note sur quelques erratiques recueillis au Cap Royds, par W,. G. Woolnough (p. 169-188, 2 pl. contenant 12 microphot.). \ Rapport sur quelques calcaires [Cambriens]| de l'An tarctique, par E, W. Skeats (p. 189-200, 2 pl. contenant 8 microphot.) : brèches, oolithes silicifiées et dolomi- tisées. . Examen des Collections de roches rapportées des régions continentales de la Terre Victoria, par D. Maw- son (p. 201-234, 4 pl. contenant 25 fig.) : nombreux types de roches sédimentaires, éruptives et métamor- phiques. Un copieux Index alphabétique, s'appliquant aux deux volumes (p. 239-270), termine l'ouvrage, qui restera longtemps, sans doute, la base de nos connaissances sur la géologie des régions australes. Emm. De MARGERIE, Président de la Société Géologique de France, \ Chamberlaïn (Ch. Joseph), Professeur de Botanique » à l'Université de Chicago. — The living Cycads. — 1 vol. petit in-12? de XIV-172 pages avec 91 figures (Prix relié : 1 doll. 50 ct). The University of Chicago Press, Chicago (Illinois), 1919. Ce petit livre n’est en réalité que le prélude d'un ou- vrage plus complet destiné à faire pendant aux deux gros volumes de G.R. Wieland sur les Cycadées fossi- les (1906-1916). C’est un résumé clair et attrayant de nos connaissances sur les Cycadées actuelles ; rédigé de ma- nière à être facilement compris par tout le monde, abon- damment illustré, il contribuera certainement à diffuser des notions fondamentales, jusqu'ici accessibles aux seuls spécialistes, Nous augurons bien de cettetentative de vulgarisation, des plus louables et des plus réussies. Il n’est pas un botaniste qui n'éprouve une curiosité ‘justifiée à l'endroit de ces plantes aux allures archaï- ques, isolées au milieu de la flore actuelle. M. Cham- berlain, collaborateur de Coulter et auteur de travaux . estimés sur les Gymnospermes, a eu la bonne fortune, grâce à voyages au Mexique, en Australie, en Afrique, où il a pu étudier les Cycadées dans leur milieu naturel, - IL nous décrit les conditions de vie très précaires de ces . végétaux primitifs, dont certains comme le Microcycas, . cantonné dans un seul district de Cuba, et le Macroza- + mia Moorei sont menacés d’une disparition prochaine. Avec la mème simplicité et la même clarté, l’auteur - nous décrit ensuite l'appareil végétatif des Cycadées, leurs caractères anatomiques les plus saillants. Les dif- "férents phénomènes de la reproduction : développement de l’endosperme, formation de l'œuf, genèse des anthé- rozoïdes ciliés, fécondation, formation de la plantule, sont réellement captivants. Les derniers chapitres sont consacrés à l’ancestralité des Cycadées et à leur mode d'évolution. La phylogénie des Cycadées peut être étudiée avec plus de confiance que celle de tout autre groupe, car l’évolution de cer- … tains de leurs organes a pu être suivie depuis les temps … primaires. Ces végétaux sont issus d’ancêtres sem- blables à dès Fougères hétérosporées. Ces ancêtres étaient pourvus de sporophylles mâles et femelles peu . différentes des feuilles stériles. - Les cônes fructifères des Cycadées doivent leur ori- gine aux phénomènes de strobilisation, c’est-à-dire au groupement des feuilles fertiles mâleset femelles à l’ex- - trémité de rameaux courts, Cette condensation est ac- compagnée d’une réduction, puis d’une métamorphose complète des feuilles fertiles en écailles staminales ou ovulifères. - Chez les Cycas, toutefois, les écailles ovulifères res- semblent encore à des feuilles réduites. Elles ne forment pas un cône compact. De même chez les Bennettitales de … la période secondaire, les étamines ont encore l'allure de feuilles à peine modifiées. L'appareil végétatif de ces - mêmes Bennettitales, leurs feuilles et leurs troncs, offre les plus grandes ressemblances avec celui des Cycadées - actuelles. Mais le cône femelle des Benettitales a une - structure si particulière, qu’en aucune façon il ne peut avoir donné naissance à celui des Cycadées actuelles. Les 2 groupes sont issus d’ancêtres communs que l’on » trouvera sans doute parmi les types cycadéens les plus anciens de la période secondaire. Les nombreux maté- riaux réunis par Wieland sur la flore liasique de Mix- teca alta (Mexique) apporteront vraisemblablement des - éclaircissements sur ce point. Une dérivation générale des Cycadales à partir des fameuses « Fougères à grai- - nes » (Ptéridospermées) paléozoïques est très probable, quoique non démontrée. E . M. Chamberlain s’est-abstenu d’aborder la question “de l’origine des Dicotylédones, qui fait l’objet des inves- tigations opiniâtres de" Wieland. Nul doute que, dans son . mémoire détaillé, il ne traite ces questions de phylogénie avec toute l'ampleur qu’elles méritent. 108 Paul BERTRAND, Maitre de Conférences de Paléontologie houillère à la Faculté des Sciences de Lille. d'importantes donations, de faire plusieurs BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 565 | Matières premières africaines. Zome Je : Caout- chouc, Textiles, Matières grasses, ouvrage publié sous la direction de M. Yves Henry et avec la colla- boration de MM. Paul Ammann, Jean Adam, Antony Houard, Henri Leroide, Justin Lemmet. Préface de M. E. Roue. — 1 volin-8° de 508 p., avec 35 figures, 53 reproductions photographiques et 8 cartes en couleurs (Prix : 25 fr.). Emile Larose, Paris, 1918. Après les terribles bouleversements amenés par la guerre dans la production nationale et dans le mouve- ment économique général, ce sont nos colonies qui sont appelées à nous tirer d'embarras et à nous sauver, à condition de prendre toutes les mesures nécessaires, On ne saurait trop s’en convaincre aujourd’hui, Nos colonies possèdent des ressources considérables et c'est d'elles que nous pouvons et devons tirer la majeure partie des matières premières qui nous permettront de reconstituer notre développement économique, et notre richesse nationale. Le nouvel ouvrage publié par M. Yves Henry, directeur de l'Agriculture aux Colo- nies, avec le concours de divers collaborateurs, en est une démonstration éclatante pour les principaux d’entre les grands produits africains. On peut d'autant mieux tirer de cette publication des conelusions certaines que celui qui l’a dirigée et en est le principal auteur, est un ingénieur agronome érudit et des plus compétents. Pendant plus de vingt années, M. Yves Henry a par- couru et étudié toutes les parties importantes de l'Ouest africain, où ses fonctions l’appelaient, et il a déjà publié de très importants travaux sur les riches produits végétaux de l'Afrique Occidentale française. Dans ce récent ouvrage, M. Yves Henry et ses colla- borateurs éclairés traitent de trois groupes de ces pro- duits : caoutchouc, textiles, matières grasses, qui peu- vent compter parmi les plus précieux. Pour chaque groupe, les diverses catégories et espèces sont étudiées, et les auteurs font ressortir tous les perfectionne- ments qu’il serait utile d'apporter dans les cultures et dans l'exploitation des produits pour développer et améliorer le rendement. Des statistiques sont données concernant la production et le commerce et des cartes très claires montrent toute l'extension qu'ont déjà ac- quise les principales sortes de ces produits. Pour le caoutchouc, sujet traité par M. Yves Henry, nous voyons dans quelle mesure et à quelles condi- tions le caoutchouc sauvage ou de cueillette peut lutter avec avantage contre le caoutchouc de plantation, Fun- tumia où Hevea, et ce que la plantation de ces espèces peut donner. Parmi les textiles, sont successivement étudiés le coton, le sisal, le chanvre de Guinée, puis la laine par M. Yves Henry, et le kapok par M. A. Hoüard, égale- ment ingénieur agronome et directeur de l’Agriculture aux Colonies. IL résulte des observations présentées au sujet du coton que son principal élément de déve- loppement réside dans l'emploi de l'irrigation, Les ter- rains propres au sisal sont très étendus dans l'Afrique Occidentale française; la culture du chanvre de Gui- née peut se prêter à de grandes exploitations, Les ka- pokiers, comprenant le genre Ceiba ou fromageret le genre Bombax, peuvent donner de sérieux résultats par plantations, le premier dans les régions fraîches, le second dans les terrains secs. L'extension des ovins peut se réaliser plutôt par une meilleure alimentation dans leur habitat actuel que par l’extension de cet habitat. \ Quant aux matières grasses, qui ont un si grand rôle’à remplir dans notre colonie africaine, ce qui con- cerne le palmier à huile et quelques matières grasses secondaires est traité par M. Yves Henry, L'étude du karité est due à M. A. Houard, celle de l’arachide, à M. Jean Adam, ayantlui aussi mêmes titre et fonctions. Le palmier à huile se rencontre sur toute la côte occi- dentale d'Afrique, et il est particulièrement répandu dans quatre de nos colonies : Gabon, Dahomey, Côte d'Ivoire et Guinée. M. Yves Henry montre comment 566 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX les palmeraies pourraient donner une production beau- coup plus abondante par l'amélioration des cultures et de l'extraction. Après quelques matières grasses se- condaires, ricin, sésame, baobab, et autres, vien- nent comme plus importants d’abord le karité, que l’on peut expédier surtout sous la forme d'amandes sèches et qui peut recevoir beaucoup d'applications indus-, trielles, et enfin l’arachide qui, dans nos possessions de l'Ouest africain, est presque partout cultivée et dont la production, grâce aux moyens indiqués par l’auteur, pourrait être de beaucoup accrue. G. REGELSPERGER. 4° Sciences médicales Fiolle (Jean), Frofesseur à l'Ecole de Médecine de Marseille, Chirurgien des Hôpitaux. — Essais sur la Chirurgie moderne.— / vol. in-1ôsde 196 pages de la Nouvelle Collection scientifique (Prix ? 4 fr. 55). Li- brairie Félix Alcan, Paris, 1919. ! M. Jean Fiolle a écritun livre qui expose clairement et agréablement les impressions de la plupart des chirur- giens d'aujourd'hui sur leur profession, Il est bon de répéter aveclui qu'une bonne culture générale est indis- pensable à celui qui veut s'adonner à la chirurgie, et l’on peut parfaitement admettre que le« sens critique » est au moins autant que l’habileté manuelle une des qualités nécessaires au chirurgien. M. Fiolle apprécie dans un langage très élevé la va- leur sociale de la Chirurgie; cela ne l'empêche pas d'adresser de justes critiques à certains de ces collègues, à propos de l’abondance, de la longueur, souvent de l'inutilité de leurs publications, à propos de la fausse originalité de certains procédés, de l'abus des statis- tiques. Je félicite M, Fiolle d’avoir bien reconnu la supério- rité de l’organisation française de l'apprentissage chi- rurgical sur les autres systèmes en vigueur à l'étranger. La guerre a démontré que la France possédait, grâce à l'institution de l’Internat, une « moyenne » de chirur- giens plus nombreux et de meilleure qualité que les au- tres pays belligérants, Je m'empresse de dire qu'il ya encore bien des améliorations à apporter à cette orga- nisalion, Il convient d’ailleurs, et M, Fiolle y insiste à juste raison, de s'inspirer des progrès de la chirurgieaux armées dans les dernières années de la guerre pour en faire profiter la chirurgie civile. La refonte complète . des services chirurgicaux de l'Assistance publique est une nécessité sociale urgente. Ce livre, qui a une belle allure littéraire, sera lu avec plaisir par tous ceux qui s'intéressent à l’évolution de la chirurgie. Dr Paul Marre, Chiturgien des Hôpitaux de Paris. 5° Sciences diverses Vignon (Louis), Professeur à l'Ecole coloniale. — Un Programme de politique coloniale. Les questions indigènes. — 1 vol. in-89 de 569 p. (Prix : 12 fr. 50). Plon-Nourrit et Cie, éditeurs, 8, rue Garancière, Paris, 1919. L'une des questions les plus importantes et en même temps les plus délicates qui se posent au sujet de nos colonies est de savoir quelle est la meilleure politique qu'il convient de pratiquer vis-à-vis des indigènes. Il faut avant tout assurer le calme, la sécurité et la bonne entente avec tous, car ce sont là les conditions essen- tielles pour la mise en valeur du pays et son développe- ment économique, L'ouvrage de M, Vignon apporte à cette question des solutions qui sont des plus logiques et par suite des plus sages : il leur donne pour base des données scientifiques d'une parfaite exactitude et qui conduisent aux plus solides raisonnements. Aussi cet ouvrage, d’une très haute portée au point de vue colo- nial et sur lequel il est utile d’appeler l'attention de tous ceux qui, peuvent aider ou contribuer à la réalisation de ce programme, se trouve-1-il offrir aussi au point de vue scientifique un réel intérêt, F C’est en naturaliste, ainsi que le montre M. Vignon, qu'il convient de considérer les différentes races exis-. tant dans le monde; comme il le dit avec juste raison, « elles sont fonction de leurs milieux, de leur passé, et les Européens ne peuvent espérer les mettre sur les voies de l’évolution qu’en tenant compte des grandes lois naturelles de l'hérédité ét de l'adaptation ». Ée son livre repose sur ces idées fondamentales. L'auteur expose, dans son Introduction, les caractères que pré- sentent normalement ces trois éléments, race, milieu et société, forces primordiales dont la triple influence dirigel’évolution humaïne. Puis ilexamine les conditions de développement de quatre grands phénomènes sociaux, langue, religion, famille, gouvernement, qui se mani- festent chez tous les groupes humains malgré les diffé- rences psychologiques pouvant les séparer. De ces pre- mières considérations il ressort que les groupes ethniques diffèrent beaucoup les uns des autres et que chacun d'eux a des caractères persistants. Cette vérité, M, Louis Vignon la fait ressortir d’une façon frappante pour trois civilisations qui intéressent notre domaine colonial : 1° les sociétés noires fético- animistes de l'Afrique occidentale; 2° les sociétés arabo- : berbères d'Algérie-Tunisie et les sociétés noires musul- $ ÿ Î h ë manisées de l'Afrique occidentale ; 39 la société annamite. Les caractères de chacune sont scientifiquement déter- minés par l'examen successif de tous les traits expli- qués au début, On peut juger ainsi de l'opposition qui existe fatalement entre les colonisateurs et les peuples qu'ils rencontrent dans le pays. L'examen des faits, qui vient ensuite, le démontre amplement.On peut voir quels maux sont susceptibles de résulter de l’oppo- silion des civilisations et de leurs divers contacts, sociaux, intellectuels, économiques, et au début surtout. C’est pour parer à ces dangers ou pour y porter remède qu'il faut savoir pratiquer une bonne politique indigène, Il en est trois très différentes qui ont pu être conçues, et ont été plus ou moins appliquées : le refou- lement, l'assimilation, le protectorat, Mais des trois, c'est la dernière qui seule se présente comme ration- nelle; l’étude psychologique des sociétés indigènes faite par M. L. Vignon le rend de toute évidence, et'les/" nombreuses considérations pratiques d'administration coloniale qu'il présente sont d'accord pour le démontrer avec les raisonnements scientifiques qui forment la base de ce livre. Avec la politique du protectorat, on fera accepter le contact des colons par les indigènes sans les troubler dans leurs croyances, leur mode de vivre et leurs habitudes. Il reste à savoir comment devra être dirigée la prati- que de ce protectorat, question assurément délicate, mais que l’auteur étudie eh délail et solutionne avec une grande compétence de toutes les questions colo- niales, en s'appuyant sur celte méthode scientifiqué et ce principe déterministe qui perméttent de reconnaître les fautes commises et sont les guides les plus sûrspour | arriver à établir une bonne organisalion coloniale, G. REGELSPERGER, LS L j : NT EE PrauvA FRERE LN ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 567 ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 4 Août 1919 . 19 ScrENCRS MATHÉMATIQUES, — M, E, Esclangon : Sur la transformation mécanique du temps sidéral en temps moyen. Cette transformation mécanique peut être réalisée par un jeu d’engrenages, de telle sorte que le “rapport des vitesses de rotation des roues extrêmes soit "égal au rapport des temps sidéral et moyen. L'auteur a utilisé deux couples d'engrenages ayant respectivement gomme nombres de dents 119, 330 et 317, 114; les roues intermédiaires de 330 et 317 dents sont montées sur le même axe; les roues extrèmes de 119 et 114 dents cor- respondent la première au temps moyen, la seconde au rt sidéral. La précision est telle qu’il y aura seule- ment perte d'une seconde en 8 ans. 2° SCIBNCES PHYSIQUES. — MM, P. Roubertie et A. Nemirowsky : Sur de nouveaux écrans fluorescents pour la radioscopie. Etant donnés l'épuisement du stock de platine en France pendant la guerre et le prix exorbitant des écrans au platinocyaïure de baryum, les auteurs .- ont cherché et réussi à préparer de nouveaux écrans fluorescents en utilisant les tungstates, en particulier . celui de calcium, qui donne une Juminescence blanche . sous l’action des rayons X.— MM. R. LevaillantetL.J. Simon : Action de la chloryhdrine sulfurique sur le sul- _ fate dimétyhlique. Préparation du chlorosulfonate de … méthyle. Par l’action de la chlorbydrine sulfurique sur . les sulfates acide et neutre de méthyle, on peut, dans des conditions complexes maïs réglables, obtenir assez avantageusement le chlorosulfonate de méthyle. — M. G. - Mignonac : Synthèse des cétimines par voie catalytique. … Dans un tube, on place une traînée d'oxyde de thorium. Sur la masse chauffée, entre 300° et 400°, on entraine, par un courant rapide de gaz ammoniac, la cétone à . transformer, et l’on condense les produits formés dans . un récipient refroidi par de la glace; puis on sépare l'eau et la cétone en excès, L'auteur a ainsi obtenu : méthylphénylcétimine,éthylphénylcétimine, cyelohexyl- cétimine,-ete, — M, H. Violle : Sur les peroxydases dans les laits. La réaction des peroxydases ne permet point de juger de la qualité d’un lait; des laits sains peuvent . contenir très peu de peroxydases, tandis que des laits . provenant de mamelles malades peuvent en renfermer abondamment. Une réaction positive indique que le lait est cru, mais il est facile de faire apparaître cette réac- . Lion par l’adjonction, à des laits chauffés, de tissus ou de liquides organiques frais, d’origine animale ou végé- tale diverse et de composition variée, , 3° SoreNcEs NATURELLES,— MM. L. Dapiel et Thoulet : Dépôts coquillers aux environs d'Erquy (Côtes-du-Nord). Les auteurs ont découvert au voisinage d’Erquy un grand nombre de dépôts de coquilles marineé, où prédominent surtout des Patelles et des Moules: Les unes peuvent avoir élé apporlées avec le goëmon employé comme engrais; d’autres correspondent à des débris de cuisine préhistoriques; enfin certaines sont des formations ayant fait partie d'anciens esluaires. Beaucoup de ces dépôts datent sans doute du grand cataclysme de l'an 709 qui a submergé la côte ouest de la presqu'ile du Cotentin. » — M. H. Coupin : Sur l'absorption des sels minéraux . par le sommet de la racine. L'auteur conclut de ses . recherches que la pointe de la racine est susceptible . d’absorber les sels minéraux et que ceux-ci sont copieu- sement utilisés pour l'édification du végétal auquel on les a ainsi offerts. — M. P. Marchal : Le cycle évolutif du Puceron lanigère du Pommier (Eriosoma lanigera . Haussmann). Les savants américains ont montré que l'Orme américain hébergeant la génération sexuée du » Puceron lanigère pent être considéré comme l'hôte déli- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER du même groupe jouant le rôle d'hôtes intermédiaires. L'auteur montre que le cycle évolutif du Puceron lani- gère offre en France des caractères très différents; la génération sexnée semble ne jamais aboutir dans notre pays, et l'espèce se perpétuant pendant l'hiver sur le Pommier au moyen des hivernants se maintient sur cet arbre par parthénogénèse indéfinie, Ce fait tient à l’'ab- sence ou à la très grande rareté de l'Ulmus americana en Europe, qui a empêché la migration régulière qui avait lieu en Amérique entre cet arbre et le Pommier de s'établir. Par contre, il existe sur notre Orme indi- gène une espèce voisine, que l’auteur nomme ÆEriosomaæ almosedens, dont le cycle évolutif présente une généra- tion sexuée et des générations parthénogénétiques, mais s'effectue en entier sur l'Orme. — M. P. Vayssière : Quelques procédés de destruction des Acridiens et leur application, À la suite de ses essais, l’auteur croit pos- sible d’enrayer à l'avenir la pullulation du Dociostaurus marocanus et des Acridiens en général. Dans ce but, lorsque les bandes des jeunes larves d’Acridiens se constituent, on doit utiliser : 1° les lance-flamme sur toutes les surfaces contaminées où il n’y a aucune chance d'incendie (Crau désertique, ete.); 2° les pulvé- risations d’une solution à 50 °/, de chloropicrine dans les zones où le lance-flamme serait d'un emploi dange- reux; 9° les appâts arsenicaux dans les prairies irriguées où les animaux ne viennent pas pâturer. — MM. W. Kopaczevski et A. Vabhram : La suppression du choc anaphylactique, Les auteurs sont parvenus à supprimer les accidents anaphylactiques provoqués par l'injection déchaïnante, chez le cobaye, par une injection préalable, 10 minutes auparavant, d'oléate, de taurocholate ou de glycocholate de soude à 1 °/,, substances dont le carac- | tère commun est d’abaisser la tension superficielle, Ce fait semble confirmer que le choc anaphylactique est dû à des phénomènes physiques s'accomplissant entre les colloïdes et régis par les lois des réactions colloïdales. # M.J. Amar : Force élastique des poumons malades. On doit voir dans l’élasticité des poumons une propriété inséparable de la contractilité; toutes deux sont en jeu dans l'expiration et l'inspiration. Elle est un instru- ment dont la fonction d’hématose règle l'emploi, par l'agent nerveux, pour assurer la défense de l'organisme. Elle est plus ou moins compromise dans les maladies alvéolaires et permet de les caractériser par des signes constants, — M, V. Galippe : Nouvelles recherches sur la présence d'organismes vivants dans les cellules des glandes génitales mâles. L'auteur a retrouvé dans les cellules des glandes génitales mâles de la grenouille, du triton, de la tanche, de la raie les organismes vivants qu'il a appelés microzymas, et il y.a observé l’organi- sation de ceux-ci en microcoques isolés ou associés, puis la transformation de çes derniers en bacilles ovoi- des. Cette microbiose normale semble jouer un rôle prépondérant dans la fécondation et dans l'hérédité normale et pathologique. Séance du 11 Août 1919 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, A, Portevin : Sur certaines cassures défectueuses des éprouvettes de trac- tion prélevées en « travers » dans l'acier, Lés cassures en question présentent le caractère commun de posséder, normalement à l’axe de l’éprouvette, des zones fibreu- ses montrant l'hétérogénéité du métal, Ces zones fibreuses sont des amas de sulfures, c’est-à-dire des ségrégations locales du lingot, que le forgeage ni les trailements thermiques ne peuvent faire disparaître. Pour les éviter, il faut : 1° réduire au minimum les déga- gements de gaz dans la coulée; 29 donner à la zone extérieure basaltique du lingot le plus d'importance, c'est-à-dire utiliser des lingots aussi petits que possible, 568 compatibles avec la destination à donner à l'acier. — M. A. Cornu-Thénard : Sur les essais de flexion par choc de barreaux entaillés. Contrairement à la façon dont se comportent la grande majorité des aciers trem- pés et revenus ou recuits normalement, l’acier extra- doux cristallisé à gros grains accuse, à l’essai de choc, une sensibilité spéciale à la variation du diamètre ou de la profondeur de l’entaille ronde. Donc pour déceler en toute sécurité la fragilité d’un matériel, il importe que l’entaille ronde présente simultanément : 1° un diamètre suflisamment petit (au plus 2 mm.); 2° une profondeur suffisamment grande (moitié de l'épaisseur du bar- reau). 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. Marti: Sur une mesure de la vitesse de propagation des ondes sonores dans l'eau de mer. L'auteur a déterminé la vitesse du son dans l’eau de mer au moyen de microphones alignés sur le fond à des distances connues ; les ondes sonores étaient produites par la détonation d’explosifs placés sur lali- gnement, et les passages du front de l’onde aux diffé- rents microphones étaient enregistrés au moyen d’un chronographe. La vitesse de propagation de l’onde est d'environ 1.503,59 m. par seconde à la température de 149,5 dans l’eau de mer ayant, à la température de 14°,9, une densité égale à 1,0245. — MM. H. Abraham et Eug. Bloch : Application des amplificateurs à l’inscrip- tion mécanique des signaux de t. s. f. Les auteurs sont parvenus, par l'emploi des amplificateurs à lampes, à inscrire les signaux de t. s, f. sur bande de papier enfumé ou sur bande Morse,:sans aucun relais mécani- que. Au moyen de leurs dispositifs, on peut recevoir et inscrire correctement les signaux de tous les grands postes européens et américains. — M. J. Rouch : Za variation diurne de la vitesse du vent dans l'atmosphère. La vitesse du vent du matin reste supérieure à la vitesse du vent de l’après-midi jusqu’à une altitude voisine de 2.000 m, Les observations sont encore trop peu nom- breuses pour qu'on puisse en tirer des conclusions défi- nitives sur l'existence d’une variation diurne du vent au-dessus de 3.000 m., quoique en des régions différentes les résultats soient concordants pour assigner au vent de l’après-midi une vitesse un peu supérieure à la vitesse du vent du matin. — MM. G. Chavanne et L.-J. Simon: Sur la composition de quelques essences de pétrole asiatiques. Les essences de Perse sont très riches en carbures acycliques, en particulier l’essence de Perse extra ; elle est surtout remarquable par sa richesse en produits volatils. L’essence épurée est riche en pro- duits élevés. L'essence de Sumatra renferme également beaucoup de carbures acycliques et plus de carbures cycliques saturés que les essences de Perse. Parmi les essences de Bornéo, l’une est d’une richesse exception- nelle en carbures cycliques saturés (84 0/5). 30 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Lacroix : Sur une scapolite des pegmatites de Madagascar constituant une gemme. L'auteur a trouvé dans des pegmatites de Madagascar une scapolite en prismes quadratiques allon- gés suivant l’axe vertical et pouvant atteindre plusieurs centimètres. La coloration est jaune, avec un faible poly- chroïsme. La densité est de 2,67, la dureté de 6,5. Elle présente trois particularités chimiques nouvelles pour ce minéral; elle renferme non seulement CI, mais un peu de F, Sret Fe, La grande pureté du minéral permet, d'en tirer des gemmes d’une limpidité et d’une perfec- tion irréprochables; une fois taillée, elle ressemble à certains béryls. — M. D. Faucher : Contribution à l'étude des niveaux lacustres et des niveaux fluviatiles de la basse vallée du Vardar. Le Vardar, au niveau de 330-350 m., dans larégion du Défilé des Tsiganes, sem- ble l'héritier direct de la transgression lacustre qui a fourni les terrasses de calcaire à l'altitude de 4oo m. Le fleuve, s'enfonçant sur place, a marqué un premier temps d'arrêt vers cette altitude, un’ deuxième temps d'arrêt vers les cotes 270-250 m., et un troisième an moment où il atteignait le niveau 80-70 m. dans le bas- sin Karasouli-Dambovo. Il y a enfin à distinguer, au- dessus du lit majeur actuel, qui est à 25-30 m. dans la ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES région considérée, un niveau formant terrasse à 40-50 m. d'altitude. — M. L. Gentil : Sur l'origine et les carac- tères morphologiques des rideaux en pays crayeux (voir p. 537). Au point de vue géologique, les rideaux ne peuvent prendre naissance si l'argile à silex (qui les forme par glissement superficiel) ne renferme pas une proportion suflisante d'argile. La répartition des rideaux est en rapport étroit avec l’inclinaison des lignes d’aflleurement de la craie. Seul un elimat assez humide, avec pluies fines assez fréquentes, paraît devoir favori- ser leur formation, — M. P. Bonnet : Sur les rela- tions entre les couches à Otoceras de l'Arménie (Trans- caucasie méridionale) et celles de l'Himalaya. L'auteur déduit de ses observations qu'il faut cesser de considérer les Otoceras d'Arménie comme plus anciens que ceux de l'Himalaya et qu’il faut, par conséquent, tenir pour Synchroniques les couches qui les renferment dans €ha- cune de ces deux contrées. La coexistence des Produc- tus avec les Oloceras arméniens doit être regardée comme un indice non de leur plus grande ancienneté, mais du caractère néritique du faciès des couches qui les renferment. — M. L. Blaringhem : À propos de l’hérédité des fascies de Capsella Viguieri. L'état de fas- ciation est un caractère bien fixé pour Capsella Viguieri comme pour Celosia cristata. Ce caractère s'étale avec. d'autant plus d’ampleur que les conditions de croissance de rosette sont plus favorables au développement végé- tatif, conditions qui donnent les légumes bien tournés. — M. E. Vialleton : Epiphyses et cartilage de conju- gaison des Sauropsidés. Les recherches de l’auteur ne sont pas en faveur de la distinction des épiphyses en trois catégories proposée par Parsons. Le noyau osseux de l’épiphyse parait être une formation bien secondaire, et on ne s’explique pas pourquoi les épiphyses de pres- sion manquent, chez les Mammifères, en certains points qui jouent un rôle mécaniqueiïmportant, tandis qu’elles existent dans d'autres qui ne subissent aucune pression notable. Toutes ces diflicultés s'expliquent mieux en pensant au rôle du cartilage de conjugaison qu’en envi- sageant les noyaux épiphysaires eux-mêmes, — M. F. Vlès : emarques sur les propriétés spectrales de quel- ques hémoglobines d’'Annélides. L'auteur a constaté, entre les sangs à hémoglobines de certains Invertébrés et ceux des Mammifères, quelques discordances optiques qui, jusqu’à présent, ne peuvent guère s'interpréter avec vraisemblance que comme résultat d’une structure mo- léculaire aberrante de la protéide chez les premiers. Peut-être se trouve-t-on sur la trace des protohémoglo- bines qu’on a cherchées vainement jusqu'à présent. Seance Alu 18 Août 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — MM. G. Fayet et A. Schaumasse : Sur le prochain retour de la comète pério- dique 1911 VII (Schaumasse). D'après les caleuls des auteurs, le prochain passage au périhélie, qui se trouve avancé d'environ un mois par le fait des perturbations de Jupiter et de Saturne, aurait lieu vers le 8 novembre prochain, La comète pourrait être recherchée dès le début de septembre, avec de grands instruments, par 7 h. d’ascension droite et 19° de déclinaison boréale. — M. R. Baïllaud : Astrolabe photographique imperson- nel. L'appareil se compose des mêmes éléments que l’as- trolabe visuel de Claude et Driencourt, mais le prisme est retourné : l’arête (horizontale) du dièdre formé par les deux faces obliques est située contre l'objectif. Ces deux faces sont argentées. Quand la hauteur apparente de l'étoile a une valeur voisine de l'angle du prisme, le faisceau de rayons parallèles que l’on en reçoit frappe la face supérieure du prisme directement, la face infé- rieure après réflexion sur le bain de mercure, et donne dans le champ, après s'être réfléchi sur ces deux faces, deux images qui se déplacent de la même manière que dans l’astrolabe ordinaire, Dans le plan focal, on place un châssis photographique. Les deux images de l'étoile tracent sur la plaque deux trainées qu'on interrompt à des secondes rondes, enregistrées sur un chronographe. De l’ensemble d'une série de points correspondants des deux trainées, on peut aisément déduire l'heure de la coïncidence, 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. P. Nicolardot : Sur l'al- laque des verres réduits en poudre, L'attaque des pou- dres de verres de diverses grosseurs par l'eau pure est sensiblement la même ; avec HCI décinormal, cette atta- que augmente en général avec la finesse du grain. En outre, presque tous les verres réduits en poudre s’atta- quent plus avec HCI décinormal qu'avec l’eau pure ; c’est le contraire de ce qu'on observe généralement sur les récipients entiers, — MM. Ch. Boulin et L.J. Simon : Sur l'évolution du mélange de sulfate diméthylique et de chlorhydrine ‘sulfurique. Ce mélange, à poids égaux, produit un dégagement de chaleur dû à la formation de chlorosulfonate de méthyle et de sulfate acide de mé- thyle, réaction limitée par la réaction inverse. UMérieu- rement, le sulfate acide de méthyle formé réagit sur la chlorhydrine sulfurique pour donner du chlorosulfo- nate de méthyle et de l'acide sulfurique, Si l’on distille, les constituants volatils s'éliminent et l'acide sulfurique augmente de plus en plus. — MM. J. Bougault et P. Robin : Sur l'oxydation de la bensaldoxime. L'action de liode el du carbonate de soude sur la benzaldoxime fournit, en dehors de l'acide benzoïque : du peroxyde de - benzaldoxime (35 °/.), de la benzoylbenzaldoxime (4 à 6°.) et de la dibenzényl-oxoazoxime (15 à 20 °/,). : 3° SCIENCES NATURELLES. — MM. E. L. Bouvier et d'Emmerez de Charmoy : Mutation d'une Caridine - en Ortmannie et observations générales sur les mutations évolutives des Crevettes d’eau douce de la famille des Atridés, Les auteurs ont constaté sur des élevages que, de même que les femelles de l'Ortmannia Alluaudi don- nent en mème temps des individus de leur type et du type générique supérieur (Atya serrata), les femelles du Caridina Richtersi produisent simultanément des Caridines et des Ortmannia Edwardsi du type supérieur. Ces O. Edwardsi, en se reproduisant, ne retournent plus à la forme Caridine ; une fois réalisée, la mutation ne rétrograde pas. IL n’y a pas ici.hybridation, mais mutation par un saut brusque, sans doute ‘identique à cellé par laquelle se sont formées autrefois les Ortman- nia et les Atya. : Séance du 25 Août 1919 1° Sciences PuysiQues, — MM. Ch. Mauguin et L. J. Simon: Sur la préparation du chlorure de cyanogène par la méthode de Held. La méthode indiquée par Held (action du chlore sur le cyanure de sodium en solution aqueuse en présence de sulfate de zinc) fournit avanta- geusement le chlorure de cyanogène pur à condition de rejeter les proportions de sulfate de zinc qu'il avait indi- quées et de choisir au contraire celles qu'il avait reje- tées (4 mol. de cyanure pour 1 de sulfate), bien qu’elles fussent conformes à sa suggestion théorique. 2° SCIRNCES NATURELLES, — M. Ch. Pussenot : À Le pos d'une submersion récente des côtes du Morbihan. L'auteur déduit de sondages faits en Vilaine près de la Roche-Bernard et à Redon que l’ancien thalweg est en ce point à peu près à 27 m. au-dessous du niveau moyen de la mer. Une différence de cote aussi considérable ne peut provenir que d’une submersion partielle de la val- -lée, submersion que le passage brusque du sable et du _ gravier à la vase indique comme ayant dù être rapide, — M. A. Guébhard : À propos de la prismation des cou- lées basaltiques. Ce n’est pas tantôt par un phénomène de retrait et tantôt par la loi des coupures cellulaires, comme le croit, avec M. R. Sosman, M. Dauzère, que s’est produite la prismation des basaltes, mais toujours par l’action successive et coordonnée de ces deux causes physiques, elles-mêmes subordonnées à une troisième, dont le rôle principal a été trop méconnu, même par Longchambon : la‘propriété de foisonnement momen- tané qu'ont tous les silicates à l'instant de la solidifica- tion. — M. P. Parmentier : Les irrigations et les arro- sages en Syrie et en Palestine. L'auteur estime que les irrigations el arrosages, tels qu'ils sont actuellement pra- tiqués en Syrie et Palestine, sont très défectueux à tous ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 569 les points de vue, 80 litres d’eau, complètement utilisés par la plante, remplaceraient parfaitement, pour le mêmé temps, les 600 litres employés présentement, d’où écono- mie considérable de 520 litres par arbre, et d'autre part plus d’atmosphère humide confinée sous les arbres, ni de durcissement des légumes verts en partie submergés. — M. E. de Wildeman : Sur le Macaranga saccifera Pax, Euphorbiacée myÿrmécophile de l'Afrique tropicale. L'auteur montre qu'il faut indiscutablement considérer cette plante comme pouvant donner asile, dans ses sti- pules transformées en sacs, à des fourmis. Mais on ne peut pas certifier que les fourmis établissent un vérita- ble logement dans- ces urnes comme dans les tiges ou les feuilles d’autres myrmécophiles africaines. — M. A. Paillot : La karyokynétose, nouvelle réaction d'im- munité naturelle observée chez les chenilles de Macro- lépidoptères. Lorsqu'on inocule des chenilles d’£Zuproc- tis chrysorrhea avec une émulsion de culture de Bac. melolonthæ non liquefaciens y, on observe une phagocy- tose assez rapide par les micronucléocytes et quelques macronucléocytes ; puis celle-ci s'accompagne bientôt d’une abondance extraordinaire des éléments en état de mitose, qui passe de 3-4 ®/, à 30-40 0/,. L'auteur propose de nommer karyokynétose cette nouvelle réaction cellu- laire d'immunité, qui aboutit à un accroissement du nom- bre des macronucléocytes. Séance du 1% Septembre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M, G. Guillaumin : Sur les efforts de contact dans les solides hétérogènes et notamment dans le béton armé. L'auteur montre que les déformations longitudinales des pièces en béton armé doivent avoir pour effet de provoquer, entre les deux matériaux, des modifications non négligeables d'adhérence dont le sens dépend du signe de la diffé- rence entre les coefficients de Poisson de l’acier et du béton. M. V. Karpen, dans sa théorie récente du béton armé (voir p.496), ne fait pas intervenir les déforma- tions longitudinales ; sa théorie, certainement exacte au point de vue qualitatif, doit cependant être modifiée de ce fait. — M. Eug. Cosserat : Sur quelques étoiles dont le mouvement propre annuel total est supérieur à 0",5. L’auteura délimité sur le Catalogue photographique de Toulouse six régions renfermant des étoiles doubles douées de mouvement propre. Il a cherché à représenter les positions moyennes, rapportées à l’équinoxe moyen de 1900,0, de ces étoiles par des formules de la forme = 0 + pt, D —50X pt, où t désigne l’époque du cliché, comptée à partir de 1g00,0 et exprimée en années tro- . piques, où %, #o#u, w sont des nombres indépendants de ft, et où x, à désignent l’ascension droite et la décli- naison. — M. B.Jekhowsky : Orbile de la comète 1919 b - (Metcalf): D'après les calculs basés sur les observations des 21, 22 et 23 août, l'orbite de cette comète serait une ellipse, dont l’excentricité estenviron égale à 0,7591. — M. C.-L. Charlier : Sur les nébuleuses spirales. L'au- teur suppose que les nébuleuses spirales sont formées par la collision d’un corps extra-galactique animé d’une grande vitesse avec notre système stellaire; dans ce cas, en effet, ce corps s’éloigne indéfiniment de notre système stellaire, emmenant une partie plus ou moins grande (peut-être une seule étoile)de notre système, qui formera par une évolution graduelle la nébuleuse spirale. Cettehypothèse explique très simplement : 1° les vitesses radiales positives des nébuleuses, 2° leur condensation autour des pôles galactiques, 30 leur forme spiralée. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. À. Soret et R. Coues- pel: Surun microphone à alvéoles multiples. Les auteurs ont réalisé un nouveau transmetteur microphonique en multipliant les contacts individuels des grenailles de leur audiphone avec la lamevibrante; pour cela, ils pra- tiquent dans la pastille de charbon non plus 3, 6 ou 10 alvéoles, mais un très grand nombre, de diamètre réduit et ne contenant chacune qu'une grenaille. L'em- ploi de lamelles vibrantes eXtra-minces et polies permet encore d'accroître la pureté du son et la sensibilité de l'appareil. — M. A. Boutaric : Sur le calcul du rapport 4 570 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES * entre la pression de vapeur d’un solide et celle du liquide surfondu à diverses températures. L'auteur arrivé à là formule : V4 T2 | 33 qui ne fait intervenir que U, et 4, c’est-à-dire la cha- leur de fusion et la température de fusion. L'applica- tion de cette formule donne des résultats concordant bien avec les données expérimentales pour l’eau et lé benzène, mais non pour l'acide formique: les détermi- nations faites sur ce dernier auraient besoin d’être re- prises, — MM. J. Guyot et L. J. Simon : Action du sulfate diméthylique et des méthylsulfates alcalins sur les chlorures et bromures alcalins secs. Le sulfate di: méthylique réagit sur NaCIl pour donner du méthyl- sulfate de Na et du chlorure de méthyle; mais le mé- thylsulfate se’ décompose à son tour en formant du pyrosulfate de sodium et de l'oxyde dé méthyle; en outre, le méthylsulfate réagit sur NaCI pour donner du sulfate de sodium et du chlorure de méthyle. Les bro- ‘mures alcalins donnent lieu à des réactions analogues: — M. J. Delpech : Sur les poudres B pures. Ces pou- dres B pures, qui sont préparées avec des collodions spéciaux filtrés de la même façon que ceux destinés à la filature de la soie artificielle, possèdent exactement les mêmes propriétés balistiques que les poudres B ordinaires Leur transparence : permet d'éliminer tous les brins suspects et rend possible là constitution de lots parfaitement homogènes au point de vue de la sta- bilité. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. Lacroix: La constitution minéralogique et chimique des laves des volcans du Tibesti, Les roches du Koussi constituent | une série pétrographique très homogène, à soude pré- dominant sur la potasse, sauf une exception. Il n'existe pas de types très riches en silice libre; par contre, certains termes renferment, aû moins virtuellement, des feldspathoïdes et cette propriété s'observe aussi bien dans les types de couleur claire qué dans les ro- ches très basiques. Malgré la richessé en alcalis des ro- ches claires, leur teneur en chaux est toujours assez élevée, La partie du Tibesti qui se développe au N.-E, du Koussi présente des caractéristiques lithologiques assez différentes de celles de ce volcan, Ici, plus de ro- ches à silice déficitaire, plus de roches à feldspathoï- des ; l'excès de silice est un caractère général de la sé- rie, qui présente en outre un caractère calco-alcalin dés plus frappants. — M, Tilho : Les matières premières et les chemins de fer de l'Afrique tropicale &u nord de l’'Equateur. Cette région produit les matières princi- pales suivantes : bois et caoutchouc; oléagineux, tex- tiles et fibres; produits alimentaires végétaux et ani- maux ; minéraux divers, Mais leur exploitation dépend du recrutement de la main-d'œuvre et de l'établisse- ment de voies de communications, L'auteur recom- mande la construction : 1° d’une grande voie ferrée d'intérêt général africain, le Transsoudanais, de Dakaf et Conakry à Port Soudan et Djibouti; 2° d’une grande voie ferrée d'intérêt général français, le 7ranssaha- rien ; 3° de chemins de fer de pénétration vers l’inté- rieur. — MM, Vermorel et Dantony : Æficacité com- parée des bouillies bordelaises brdinaires et des bouil- lies bordelaises caséinées pour la préservation des grappes. La castine est un adjuvant de tout premier ordre, qu’il faudra dorénavant employer dans toutes les bouillies bordelaises (à base de chaux) : 1° parce qu’elle assure la « mouillabilité » et, par conséquent, une répartition uniforme, sur toute la surface des or- ganes traités, du cuivre protecteur; 2° parce qu’elle maintient en place, malgré pluies. et intempéries, et sans diminuer la solubilité, le ewivre qu’on ne sau- rait répandre à nouveau sur des raisins enfouis au mi- lieu des feuilles. — MM. G. Bertrand, Brocq-Rousseaw et Dassonville Destruction de la punaise des lits (Cimex lectularius Mer.) par la chloropicrine. La des- truction des punaises peut être obtenue avec des doses de chloropicrine assez faibles pour que l'emploi de cette substance soit pratiquement réalisable, Les doses de 4 à 10 gr. par m° paraissent être les plus convenables. Au cas où les œufs ne seraient pas détruits, la durée d'éclosion étant d'environ 8 jours, un nouveau traite: ment devra être effèctué 3 semaines après le premier pour assurer la destruction des générations nouvelles. Séance du 8 Septembre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. —M. G.Guillaumin : Sur les effets transversaux du retrait dans les ouvrages en béton armé. Le retrait du béton, pendant le duréisse- ment à l'air des ouvrages en béton armé, a pour effet, comme l’a montré M. V. Karpen (voir p. 496), de pres- ser les armatures contre leur gaine de béton et de créer une adhérence. En même temps, il se développe, dans les sections transversales dela gaine, des tensions diri- gées suivant les circonférences des différentes couches concentriques ; ce sont là des effets du retrait qu'on peut appeler transversaux. La rectification des calculs de M. Karpen, faite en tenant compte que le coeflicient d’élasticité du béton à l'extension s’annule dès que Fal- ” longement atteint une limite voisine de 10—4, conduit à donner une limite à l’ahdérence. 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. J. Rey : Phare de grand alterrage avec optique à réflecteurs métalliques. Le nou- veau phare de l'ilot du Galiton, à l'WNW de Bizerte, se distingue par le remplacement de l'optique en verre du système de Fresnel, seule employée dans les phares | depuis une centaines d'années, par une optique entière ment nouvelle, constituée par 4 réflecteurs en bronze spécial doré et bruni, représentant chacun le quart d’un réflecteur entier, parabolique, de 2,25 m. de diamètre et de 0,65 m. de distance focale, Gette optique est montée sur un soubassement, avec cuve à mercure lui permet- tant d’effectuer une révolution complète en 20 secondes, Les mesures photométriques effectuées sur cet appareil à Paris ontindiqué en laboratoire une puissance maxinia du feu de 202.000 bougies, et en plein air d'environ 173.000 bougies. — MM. Ch. Mauguin et L. J.Simon : Sur le chlorure de cyanogène. Les expériences des auteurs montrent qu’il n'existe que deux chlorures de cyanogène,. et non trois : l’un volatil, bouillant à +12°,5 sous la pression atmosphérique; l’autre solide, fusible à 1450, 30 SGrENCES NATURELLES. — M. Ch. Pussenot : Nou-- velles observations au sujet d’une submersion récente des côtes du Morbihan. L'auteur a observé à Plouharnel, à Kerlostin et dans l'ile de Tiviec des dépôts dont la for- . mation peut s'expliquer sans recourir à l'hÿpothèsé d'üne submersion. Au contraire, toutes les observations indiquent qu’ils ont été accumulés sur les points où üls se trouvent, dans les conditions actuëélles d'altitude ét par les vagues des grandes tempêtes. S'il s’est produit des mouvements récents du sol sur les côtes de la Bre- tagne, ils ont eu un caractère essentiellement local. — M. M. Leriche : Sur des Poissons fossiles de la région | côtière du Congo et surla préseñce de l'Eocène dans cette région.L'auteur a déterminéles Poissons fossilesrecueillis à la falaise de Landana (enclave de Ctbinda) et à Sasa- zao, à 10 km. dans l’intérieur des terres. Les premiers ! se caractérisent par l’association d'une espèce crétacée à | un ensemble de formes tertiaires; les seconds repré- » sentent une formule nettement éocène, La situation géographique du gisement de Sasazao, entre les gise- ments incontestablement éocènes de l’Angola, d’une” part, du Togo et du Sénégal, d'autre part, montre qué. l’'Eocène doit former une bande plus où moins continue le long de la côte occidentale de l'Afrique équatoriale. — M. L. Blaringhem : Vigueur végélative, compensaæ- trice de la stérilité, chez les hybrides d'espèces de digi- talés (D. purpurea, D. lutea), L'hybridation entreespèces de Digitales, qui entraîne la stérilité, provoque le déve- | loppement excessif des Lissus végétatifs avec tous les, caractères qui sont propres aux organes jeunes et sur nourris, — M. E. Roubaud : Antagonisme du bétail et de l'homme dans la nutrition sanguine de l’'Anopheles EE) 2 Er & "3 pe tetes À { | 1 ‘ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES Ê 571 Pinéculipennis. Le rôle antipaludique du bétail domesti- que. Les observations de l'auteur lui ont montré que : 10 LA. maculipennis pique à l'intérieur des locaux oceu- pés par l’homme ou ses animaux domestiques. Il “recherche avant tout le bétail, exceptionnellement Yliomme. 2° Les Anophèles se partagent chaque nuit, rordre de préférence, le bétail disponible d’un dis- btrict. Les animaax les plus recherchés protègent les “autres. 3° L'homme est protégé par les animaux ; cette protection est d'autant plus complète que la population « anophélienne trouve plus aisément à satisfaire ses “besoins de sang sur le bétail. C’est là ce qui règle ou - non la présence des Anophèles dans les maisons. Dans nos régions, le bétail domestique joue done un rôle an- . tipaludique de premier ordre en fixant sur lui l'immense … majorité des Anophèles. — MM. G. Bertrand et Das- -sonville : Sur le traitement de la gale des Equidés par es vapeurs de chloropicrine. Les auteurs ont obtenu la - guérison de chevaux galeux par un traitement à Ja chlo- …_ropicrine renouvelé à une quinzaine de jours d'inter- - valle. Cette nouvelle méthode est au moins aussi efli- - cace que la sulfuration; elle réduit le séjour dans les cabines à 30 min. au lieu de 2 h., ce qui permet de “traiter un plus grand nombre de sujets dans le même temps; elle est beaucoup plus simple; elle ne détermine . pas d’accroissement notable de pression à l'intérieur des cabines, ce qui supprime la nécessité d'une étan- chéité absolue. La nouvelle méthode n’a pas d'action destructive sur le tissu des colerettes et sa sécurité vis- _à-vis des chevaux est plus grande, SOCIÉTÉ ROYALE DE LONDRES Séance du 26 Juin 199 - Sonces PaysiQues. — M. H. Jeffreys : La relation - entre le vent et la distribution de la pression. Un elasse- Nord, d’après leur vitesse et leur direction, montre que le trait le plus frappant des valeurs résultantes est leur distribution asymétrique de fréquence. Ce fait se re- frouve dans presque toutes les classes, et l’auteur en conclut qu'il ne peut résulter que d’une variation dans la turbulence ou la contorsion systématique des iso- _bares, mais d'une échelle trop faible pour, être enre- gistrée sur les cartes de temps. Cette dernière cause, toutefois, et aussi les variations de la turbulence qui _maintiendraient égal à toutes les hauteurs le coefficient de viscosité tourbillonnaire, conduiraient à de fortes corrélations entre S/G et «, qui n'ont pas été observées. L'auteur en conclut que la cause principale de la varia- tion dans la relation entre le vent de surface et Le gra- dient est la variation dans la distribution verticale de la turbulence, — M. A. Mallock : Diffusion de la lumière par la pluie, les nuages ou le brouillard. L'auteur attire _ l'attention sur l'analogie entre la diffusion de la lumière par de petites gouttes et la diffusion de la chaleur par conduction. Les gouttes considérées sont supposées avoir, au moins, des diamètres égaux à plusieurs lon- zueurs d'onde de la lumière qu’elles diffusent, de sorte que les particularités de la diffusion dépendant de la relation entre Le diamètre et la longueur d’onde n’affee- tent pas le résultat. La pluie, les nuages et le brouillard sont formés de gouttes de ce genre. L'opacité d’un espace - contenant un nombre de gouttes insuflisant pour obli- -térer complétement les objets éloignés dépend de l’affai- -blissement du contraste entre la lumière et l'ombre provoquée par la lumière qu'elles diffusent, et non d’une de lumière directe qui parvient à l’œil d’une source Située à l’intérieur d'un brouillard où d’ane averse est proportionnelle à 2—", où ml est la distance de la source à l’œil et ! l'épaisseur de la couche qui réduit de moitié la lumière directe. La réduction de moitié est causée par un nombre de gouttes tel que, si elles étaient placées côte à côte dans un plan normal au rayon, elles intercepteraient toute la lumière directe; mais, quand le même nombre de gouttes est distribué au hasard dans 1 2 « _ ment d'environ 600 observations de vent sur la mer du défiguration ou d’un manque de définition. La quantité. un volume d'épaisseur ! dans la direction du rayon, elles permettent à la moitié de la lumière directe de passer, par suile de la probabilité que quelques-unés d’entre elles forment écran à d’autres et laissent donc un espace pour la radiation directe, L'auteur donne une relation entre l'intensité de la pluie (1 pouce par jour ou 1/86.000° de pouce par seconde) et l’opacité d’une avéerse. — M. À. E. Oxley : /n/fluence de la constitution moléculaire et de la température sur la susceptibilité magnétique. IV. Nouvelles applications du champ molé- oculaire, L'auteur poursuit l'application de ses résultats antérieurs. 11 montre que le changement de volume pen- dant la cristallisation peut être interprété comme un eftet de magnéto-striction du champ moléculaire. I suppose que le champ moléculaire est proportionnel à l'intensité locale de magnétisation, le coeflieient de pro- portionnalité étant l'inverse de la susceptibilité limi- tante sous des forcés du champ égales aux champs molé-" culaires respectifs à différentes températures. Après avoir discuté la nature du chatp moléculaire, l'auteur arrive à la conclusion que les forces de cristallisation sont de nature magnétique. — M, F. W. Aston: lxpé- riences avec des électrodes perforées sur la nature de la décharge dans les ga: à faible pression. L'auteur a étudié la décharge entre dé larges électrodes planes percées d’une longue fente étroite, la charge traversant la fente étant recueillie et mesurée dans un cylindre de Faraday. Les mesures directes faites avec le cylindre de Faraday derrière la cathode et au même potentiel semblent indi- quer que la moitié environ du courant total de la dé- charge est transportée à la catliode par des ions positifs, Les essais pour déterminer la distribution dans ce flux montrent qu'il est impossible d'y arriver directement, par suite de la très forte ionisation dans la région de la fente et d’autres raisons. En employant une anode per- forée, on trouve que, lorsque la distance à la cathode augmente en proportion arithmétique, le courant trans- porté par les rayons cathodiques dans le cylindre de Faraday diminue géométriquement si le courant est constant. — M. À.E. H. Tutton: Les séléniates doubles monocliniques du groupe du cobalt. Ce mémoire traite des quatre séléniates doubles de la série R2M(SeO‘}. 6H2O, où M — Co et R —K, Rb, Cs où NH. L'auteur en a poursuivi l'étude cristallographique et physique sur le même plan que ses travaux antérieurement publiés sur les groupes du Mg, Zn, Fe et Ni et sur les séries analogues de sulfates doubles. Les résultats sont parfai- tement d'accord avec ceux des précédentes recherches 1. Deux faits dominants s'en dégagent : 1° l’ordre progres- sif de toutes les propriétés cristallographiques et phy- siques suivant la progression dés nombres atomiques (donc des poids atomiques) des métaux alcalins inter- changeables : K, Rb et Cs; 2° l’isostructure presque par- faite — c’est-à-dire la congruence, la coïncidence el l'égalité de dimensions des cellules élémentaires des réseaux monocliniques — des cristaux des sels de NH et de Rb du groupe. La progression avec le nombre atomique s'explique parfaitement par la loi de Moseley, gouvernant la complexité structurale progressive des atomes d'accord avec la suite des nombres atomiques. ACADEMIE DES SCIENCES DE BELGIQUE. Séance du 6 Mai 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Neuberg : Quel- ques problèmes de probabilité. — M. À. Demoulin : Sur les congruences de sphères cycliques et ‘sur les sys- tèmes triples orthogonaux .à lignes de courbure planes ou sphériques dans un système. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. E. Henriot : Sur uné propriété commune aux systèmes thermo-dynamiques les plus simples. Le fait que l'inverse de l'énergie interne est facteur intégrant de dQse retrouve dans la plu- part des systèmes thermo-dynamiques les plus simples 1. Voir la Revue gén, des Se. du 15 mai 1911, p. 581, et du 15 mai 1918, p. 287. { dont la théorie peut être considérée comme complète. L'auteuren donnequelquesexemples. — M.Ch.Nicaise: Volumes de ménisques de mercüre. Calcul de volumes de ménisques basé sur des photographies faites par l’au- teur, — M. S. Pienkowski : Sur une nouvelte forme de l'étincelle, Observation d’une forme d’étincelle que l’auteur appelle étincelle grenue. 3° SCIENCES NATURELLES. — M. A. J. J. Vandevelde : La stérilisation de la farine en vue de la fermentation panaire. Il. L'auteur est parvenu à obtenir de la farine de froment stérile dont le gluten a conservésesproprié- tés mécaniques et chimiques. L'agent de stérilisation est le sulfure de carbone. JE: NV. ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 25 Janvier 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Jan de Vries : Sys- tèmes zéro, déterminés par des systèmes linéaires de courbes algébriques planes. — MM. Jan de Vries et Hen- drik de Vries présentent un travail de M. G. Schaake : Une involution dans l'espace à rayons. Compléments àun travail de M. Jan de’ Vries (29 septembre 1918) sur le même sujet. — MM. J. C. Kluyver et W. Kapteyn pré- sentent un travail de M. W. van der Woude: Sur une courbe du quatrième degré et du genre deux, où l'on peut inscrire une quantité infiniment grande de conji- gurations de Desargues. À propos d’un travail de Bate- man sur le même sujet, l’auteur examine à quelle con- dition la courbe doit satisfaire pour être circonserite à une infinilé de pareilles configurations. — MM. J. C. Kapteyn et W, de Sitter présententun travail de M. H. Nort : La correction de distance pour les plaques de la « Harvard Map ofthe Sky ». 29 SCIENCES PHYSIQUES. — MM. J.D. van der Waals et H. A. Lorentz présentent une note de M. J. D. van der Waals Jr.: Sur la théorie du mouvement brownien. Réponse à MM. Ornstein et Burger (septembre 1918). — MM. H. A. Lorentz et F. A. H. Schreinemakers pré- sentent untravail de M. J. J. van Laar : Sur l'équation d'état pour des températures et des volumes quelconques. Analogie avec la formule de Planck.L'auteur remplace le problème à trois dimensions par un problème analo- gue à deux dimensions et transforme ensuite le résultat pour l’appliquer à un système à trois dimensions. Il trouve ainsi que la relation entre l’énergie moyenne et la température, pour les petits volumes et les basses températures, estla même que celle exprimée par la formule de Planck, sans qu’interviennent cependant des considérations de quanta d'énergie, — M. A. F. Holleman : Les recherches réfractométriques d'Eyk- man. Coup d’œil sur l’œuvre d'Eykman, à l’occa- sion de la publication de ses travaux. — MM. P. Zee- man et S. Hoogewerif présentent un travail de M. A. Smits : Le phénomène de la surtension électrique. XX. Examen de la surtension qui se produit dans le cas de dégagement d'hydrogène par l’action de métaux sur l’eau ou sur des solutions d'acides, — MM. J. Boëseken et F. M. Jaeger présentent une note de M. F. E. C. Scheffer: Sur la démixtion métastable et la classifi- cation des systèmes binaires. 3° SCIENCES NATURBLLES. — MM. J. Boeke et J. G. Dusser de Barenne: L’innervation sympathique des muscles striés chez les Vertébrés. — MM. J. Boeke- et L. Bolk présentent un travail de M. J. G. Dusser de Barenne : Æncore une fois l’innervation et le tonus de muscles striés. — MM. J. Boeke et C, P. Sluiter présen- tent un travail de M, Erik Agduhr: Les fibres mus- culaires striées des extrémités sont-elles également inner- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES vées par le sympathique ? La réponse à la question est afirmative, — MM. J. Boeke et C. Winkler présentent un travail de M. Erik Agduhr: La croissance post- embryonnaire du système nerveux consiste-t-elle unique- ment en une augmentation des dimensions ou bien y a- t-il aussi un accroissement du nombre des neurones ? (à suivre). — MM. G. van Rynberk et C. P. Sluiter pré- sentent un travail de Mlle Chr. Bastert : Quelques- observations sur le mouvement respiratoire chez le Petro- myz0n fluviatilis, La respiration se fait exclusivement à travers les orifices branchiaux, \ . JE. V. Séance du 22 Février 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Jan de Vries : Une transformation involutoire de l’espace à rayons, déter- minée par deux homologies d’involution. — M. Jan de Vries : ‘Une involution de rayons, déterminée par. une congruence de Reye etune homologie d’involution. — MM. L. E. J. Brouwer et J. C. Kluyver présentent un travail de M. J. Wolf: Sur la convergence quasi-uni- forme. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — MM. H. A. Lorentz et W.H. Julius présentent un travail de MM. L. S. Ornsteinet H. C. Burger: Statistique de séries de nombres. Déduc- tion de quelques théorèmes généraux. Les résultats de Smoluchowski ne sont valables que dans des cas parti- culiers. — MM. J. Boëseken et FE. M. Jaeger présentent un travail de MM. F. E. C. Scheffer et G. Meyer: Sur une méthode indirecte d'analyse d’hydrates de gaz par voie thermodynamique et son application à l'hydrate d'hydrogène sulfuré. I. Etude des équilibres hétérogè- nes dans le système hydrogène sulfuré-eau, — MM. Ernst Cohen et P, van Romburgh présentent un travail de M. Nil Ratan Dhar : Catalyse. à des réactions hétérogènes des résultats obtenus précédemment dans l'étude des réactions en mi- lieu homogène, — MM. J. Boëseken et A. PF. Holleman présentent un travail de M. P. E. Ver- kade: L’acide glutaconique. WI. Exposé de la raison pour laquelle l’auteur ne réussit pas à préparer cet acide par condensation du formylacétate de sodium au moyen du cyanacétate. — MM. J. Boëseken et F. M. Jaeger présentent untravailde M. H. P.Barendrecht : L'uréase et la théorie de l'action des enzymes par rayonnement. I — MM. H. Zwaardemaker et F. Hogewind : La sensibilité photo-électrique des gels. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. L. Bolk : Sur le déve- loppement dela denture d'Elephas africanus. —MM: W. Beyerinck: Oidium lactis, la moisissure du lait, et une méthode simple de s'en servir pour des cullures pures d'anaérobies. — MM. J. Boeke et G. Winkler pré- sentent un travail de M. Erik Agdubr : La croissance post-embryonnaire du système nerveux consiste-t-elle uniquement en une augmentation des dimensions ou bien y at-il aussi un accroissement du nombre des neurones ? Il. La croissance post-embryonnaire des nerfs périphé- riques n’est pas due uniquement à une myélinisation progressive et une augmentation d'épaisseur des axones, Mais aussi à une augmentation du nombre d’axones, Celle-ci ne résulte pas d’une division des fibres nerveu- ses ou du fait qu'une même cellule nerveuse émet plus d'une axone, mais l'explication doit être cherchée dans une augmentation réelle du nombre de neurones: J.-E. V: EE ——— Le Gérant : Octave Doix. ÿ ————————a Sens. — Imp, Levé, 1, rue de la Bertauche. VI. Coeflicients .de température de réactions hétérogènes. Extension N° 20 30 OCTOBRE 1919 | 30° ANNÉE Revue générale r0S Sclences: pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER Dinecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des . travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suede, la Norvège et la Hollande, . . Us gene (nr, ONU RUSSES US DÉCÈS DE M. OCTAVE DOIN La Revue générale des Sciences vient de perdre son éditeur, M. Octave Doin. Nous ne pouvons | laisser partir notre ami sans rappeler à nos collaborateurs et lecteurs que, sans son dévouement éclairé, la Revue n'aurait pu se maintenir pendant les cinq dernières années. Si nous avons pu, sans interruption, continuer malgré toutes les difficultés rencontrées, difficultés que l'état de paix ne parait pas devoir diminuer, c’est grâce à l'appui de M. Doin, qui avait dès les premiers jours compris l'importance de sauver l'œuvre de Louis Olivier, et n'avait pas hésité à s'imposer les sacrifices nèces- » saires. Nous adressons à son fils, M. Gaston Doin, qui sera le digne continuateur de son père, nos affectueuses sympathies. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Déjà en 1894, M. Izarn! avait proposé de protéger le réflecteur télescopique de 33 cm. de l'Observatoire de $1. — Physique La protection des surfaces argentées. — Au commencement de la guerre, l'importation des verres d'optique aux Etats-Unis fut complètement arrêtée, et à cette époque ce pays ne fabriquait aucun verre appro- prié aux instruments d'Optique. Les Etats-Unis s’adap- tèrent rapidement à la production des verres d'optique ordinaires, comme le crown et le flint, mais la prépa- ration des variétés telles que le crown au borosilicate et le crown à la baryte, rencontra des difficultés consi- dérables. Pour éviter des perturbations dans la fâbri- cation des périscopes pour sous-marins, qui utilise des réflecteurs oculaires de grandes dimensions, on songea à substituer aux prismes borosilicatés employés jus- qu'alors dans ce but des réflecteurs d’un autre genre. M. F. Kollmorgan préconisa, comme la solution la plus . simple, un miroir en verre uni, argenté à la surface; mais il fallait que cette surface füt protégée eflicace- ment contre les influences atmosphériques, ce qui a donné lieu à une série de recherches intéressantes!{, = 1. Journ. of the Optical Soc. of America, janv.-mars 1919, p. 16. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Toulouse par une couche de gélatine bichromatée; ce réflecteur résistait ainsi sans changement pendant 24 heures à l'influence de l'hydrogène sulfuré. En 1909, M. A. Perot? a également décrit un revêtement protec- teur composé de celluloïd dissous dans l'acétate d’amyle. M. Louis Bell # a recommandé l'emploi d'une laque commerciale, vendue sous le nom de « laque Las- tina », dans le même but; un réflecteur parabolique de 6o em. de l'Observatoire de Harvard, protégé de cette manière, n'avait perdu par le laquage que 4 °/, de la lumière transmise auparavant, et la perte ne dépassait pas 30 0/, au bout de 3 mois de service, MM. Perot et Bell font remarquer, toutefois, que la laque doit être employée en couche très mince et présente des couleurs d'interférence. Les premières expériences faites par M. Kollmorgan lui ont donné une protection eflicace ; mais les couleurs d'interférence se montrent tout entières quand l’oculaire 1. C.r. Acad. Sc., t. CXVIIS, p. 314. 2. Ibid.,t. CXLIX, p. 725. 3. Electrical World, 1918. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE “ est employé dans un périscope, et ce phénomène doit absolument être éliminé. Si l’on augmente l’épaisseur de la couche de laque de façon à faire disparaitre les cou- leurs d'interférence, la laque, en se desséchant, produit parfois des ondulations et des bandes, ou bien sa surface se déforme en altérant sérieusement là définition du miroir. L'auteur a reconnu qw'on peut éviter ces phéno- mènes en centrifugeant le miroir pendant la dessicca- tion, de façon que la surface soit maintenue sous une tension égale jusqu’à ce qu'elle soit sèche, Des miroirs protégés de cette façon ont été employés depuis lors dans un grand nombre de périscopes avec de très bons. résultats, Mème après une année d'utilisation, ils ne pré- sentent aueune diminution appréciable de rendement et aucune apparence de Lernissement. Le pouvoir réflecteur de ces miroirs est plus grand que celui d’un prisme. La protectien fournie par une laque est toutefois très faible contre les dommages mécaniques, car la laque est très tendre et s'écaille au moindre contact. S'il se ras- semble de la poussière sur le miroir, il faut l'enlever au moyen d'un pinceau très fin en poils de chameau ; on peut employer une peau de chamois en s’assurant qu’elle est absolument exempte de grains durs, On a essayé de durcir la laque en la cuisant at four, mais sans succès, Pour l'emploi, il est préférable de diluer la laque Lastina dans le double de son volume de diluant. $S 2. — Chimie Absorption de différents anions par le sulfate de baryum précipité. —' MM. Weiser et Süerrick! ontétudié l’absorption du sulfate de baryum précipité pour les différents ions suivants : chlorure, bromure, iodure, chlorate, permanganate, nitrate, nitrite, cyanure, sulfocyanate, ferrocyanure et ferri- cyanure. Le précipité de sulfate de baryum était obtenu par mélange d’une solution de sulfate de soude et d'une solution de sels de baryum et la quantité absolue d’ion absorbé était déterminée par analyse directe du précipité. Les anions se classent, au point de vue des quantités absorbées, dans l’ordre décroissant suivant: ferrocya- nure, nitrate, nitrile, chlorate, permanganate, ferri- cyanure, chlorure, bromure, cyanure, sulfocyanure, iodure. Si l’on modifie les conditions des expériences, on fait varier la quantité absorbée pour chaque ion, mais le classement précédent ne change pas, Sclrulze (1882) a étudié la propriété qu'ont les diffé- rents ions d’être absorbés en déterminant leur influence sur la coagulation d'un colloïde qui, comme on le sait, doit sa stabilité à l'absorption sélective d’un ion de si- gne opposé. Dans ces cas, le pouvoir de coagulation d'un ion dépend de son absorption. Ces expériences ontcon- duit à formuler la loi dite de Schulze+ le pouvoir de coagulation des différents ions est fonction de leur va- lence ou du nombre des charges électriques transportées. Le classement des différents ions, obtenu par MM. Weiser et Sherrick, n’est pas dans l’ordre préyu par la loi précédente. Ainsi, l'ion ferrocyanure tétravalent est le plus absorbé; quatre ions monovalents sont plus ab- sorbés que l'ion trivalent ferricyanure ; enfin, ily a une grande variation dans les quantités absorbées pour les divers ions monovalentis. Le classement des ions oblenu par des analyses directes de la phase absorbante, quand celles-ci sont possibles, semble préférable à celui qu'on peut déduire des données relatives à la coagulation d’un colloïde, Il est peu probable, en effet, que, dans le sel ajouté, l'ion de même signe que les particules colloïdales n'ait aucune action sur la concentration critique qui provoque la coagulation du colloïde, L'ordre d'absorption des différents ions par le sul- fate de baryum est inverse de celui déterminé par Hof- meister? dans ses expériences sur la coagulation de l’al- 1. Harry B. Waiser et J. L. Suerrick : Journal of physi- cal Chemistry,t. XXII, p. 205-252 ; avril 1919. 2. Hormeisrten : P/luger's Archiv, t, XXIV, p. 247; 1887. bumine en solution neutre ou légèrement alcaline; l'ordre d’absôrption décroissante établi par les expé- riences d'Hofmeister est, en elfet, lesuivant: sulfocya- nate, iodure, chlorate, nitrate, chlorure, acétate, citrate, phosphate, sulfate, tartrate. Les expériences d’absorp= tion par le charbon de bois ont fourni des résultats plus voisins de ceux obtenus avec le sulfate de baryum!. La cause du désaccord présenté par les expériences relatives à la coagulation de l’albumine est encore à élucider. D'une manière générale, on peut dire que l'absorption des ions par une substance déterminée dépend de deux facteurs : la nature de l’ion et sa valence, Dans le cas d'ions de même caractère chimique général, la nature de lion a moins d'importance et c’est le facteur valence qui prédomine, Ainsi on constate que les ions nitrate et nitritesont absorbés très sensiblement au même degré par le sulfate de baryum; l’ordre d'absorption décrois- sante des divers.cyanures est, en conformité avec la loi de Schulze : ferrocyanure, ferricyanure,cyanure et sulfo- cyanure. Pour des ions de même valence et de carac- tère chimique différent, la nature de l'ion a une grande influence : ainsi, on trouve que le sulfate de baryum .absorbe l'ion nitrate beaucoup plus que l'ion iodure. MM. Weiser et Sherrick confirment l'observation faite. par Mendelejeff, que les nitrates sont entraînés par le sulfate de baryum beaucoup plus facilement que les chlorures. On trouve ainsi la raison de ce fait, signalé dans les manuels de Chimie analytique, que les chlorates et les nitrates doivent être absents des solutions où l'on. veut doser les sulfates à l’état de sulfate de baryum. Les solutions colloïdales de sulfate de baryum sont généralement positives par suite de la forte absorption sélective de l'ion baryum.Leurstabilité doit être maxima en présence d’un anion faiblement absorbé, Ceci expli= que en partie la stabilité des solutions collaïdales de , sulfate de baryum obtenues par von Weimarn en pré- cipitant une solution de sulfocyanate de baryum.Comme l'ion baryum est plus fortement absorbé par le sulfate de baryum que l’ion sulfate, on peut s’attendre, toutes autres conditions demeurant les mêmes, à observer une plus forte peptisation et une plus grande absorption d’anion en présence d’un excès de sel de baryum qu'en présence d’un excès de sulfate. D'une manière analogue, l'ion hydrogène étant plus facilement absorbé que tout autre cation monovalent, on peut s'attendre, toutes au- tres conditions demeurant constantes, à observer une plus forte absorption d’anions quand le sulfate de ba- ryum est précipité de solutions d'acide sulfurique que lorsqu'on l’obtient à partir de solutions de sulfate de sodium, Ces prévisions ont été vérifiées expérimentale- ment par MM. Weiser et Sherrick. s, A. B. L'attaque de l'acier au nickel par l'oxyde de carbone. — On sait que le nickel métallique pos- sède la propriété de se combiner à l’oxyde de carbone pour donner un composé gazeux, le nickel-carbonyle, Ni(CO)*, M. N. Hudson a eu l’idée de rechercher si le nickel des aciers au nickel donne lieu à la même réac- tion ?. Dans ce but, il a placé de la tournure d’acier au ni- ckel le long d’un tube à combustion et fait passer dans le tube un courant d'oxyde de carbone. Même avec un acier ne contenant que 3,26 °/, de Ni, le passage d'oxyde de carbone à froid provoque déjà la formation d'une petite quantité de nickel-carbonyle. Elle aug- mente lorsqu'on chauffe légèrement, pour diminuer et redevenir nulle à une température plus élevée. Le passage de l'oxyde de carbone chauffé sur la tournure d'acier au nickel froide ne donne lieu à aucune réac- tion. L'observation précédente a une certaine importance pratique, car l’acier au nickel est quelquefois utilisé 1. OsakA : Mem, Col, Sci. Kyoto Imp. Univ., t. I, p. 267 1915. 2. Engineering, t, CVIII, n° 2805 p. 464; 3 oct, 1919. ‘dans des conditions où il peut être soumis à l’action de l'oxyde de carbone, etses propriélés sont alors suscep- “iibles de s’allérer par suite du départ d'une partie du nickel superficiel sous forme de nickel-carbonyle. À $ 3. — Photographie . Simplification du développement contrôlé ‘des plaques autochromes. — La grande sensibi- lité que les plaques autochromes offrent à la plupart des radiations visibles avait d’abord semblé exclure toute possibilité de contrôle de leur développement. C’est pourquoi les fabricants avaient primilivement recom- Mandé le développement à durée fixe dans un révéla- eur de composition invariable, quelles que fussent les irconstances de la pose. L'expérience n'avait point tardé à montrer, d’abord que les images obtenues de la Sorte étaient souvent ou trop opaques où insuffisamment détaillées, et ensuite que l’émulsion imprégnée de révé- lateur avait assez perdu de sa sensibilité pour se prêter À un examen rapide en lumière verte, …. Diverses méthodes ont été indiquées pour déterminer lés modifications que doivent subir la composition du révélateur et la durée du développemént, suivant le degré de surexposition: ou de sous-exposition. On en ôbtient de bons résultats, à la condition d'apprécier exactement, au moment où l’image apparaît, les ddsages effectuer, le temps qu'a mis l’image à se montrer et le temps qui doit encore s'écouler avant de faire cesser l'action révélatrice !. Ces évaluations et ces dosages sont assez délicats, parce qu'il estnécessaire d'opérer promp- tement, à une lumière très faible, et des erreurs peu- vent assez fréquemment en résulter. M. Meugniot a proposé une méthode plus simple, qui élimine pratiquement toute cause d'erreur. Après l'avoir expérimentée et légèrement modifiée, MM. Lumière et Seyewetz l'ont reconnue plus commode que les-précé- ntes. Le développement s’effeclue dans deux bains successifs, obtenus en diluant un révélateur coneentré à métoquinone, que l’on trouve dans lecommefce, mais que chacun peut aisément préparer suivant la formule que voici : EAN TE ne 1.000 em? ss RMéoquuone.:4%..47.10 Le 15 gr. . Sulfite de soude anhydre...........,. 100 gr. + Bromure de potassium............/. 6 gr. Ammoniaque à 22° B (densité 0,923). 32 em, Les deux bains dilués, que nous désignerons par les 1 . lettres À et B, contiennent : A. — Révélateur concentré...... 10 cm Mau t ee ANRT ra ve a) ou LONCTDE Bi Solnton A Dee. LE 2 em RU Lara es eue AE RAT 90 CM * Ces quantités sont-celles qui conviennent pour une plaque 9 >< 12 (ou une surface équivalente) développée dans une cuvelle de même format. La plaque est d’abord immergée dans la solution B, t l’on compte, soît à l'aide d’une montre à secondes, soit avec un sablier, le temps qui s'écoule entre l’im- mersion et l'apparition des premiers contours de l'image. S'il s’agit d’un paysage, on ne doit pas tenir ompte des-ciels, qui se montrent trop tôt. Dès que l’on aperçoit les premiers contours, on rejette la solution B, on la remplace par ce qui reste de la solution A tant de temps qu'il en a fallu pour faire apparaitre image dans le premier bain. La durée d'action des deux bains étant la même, mploi du sablier dispense de connaitre cette durée et s’en souvenir pendant la seconde phase de l’opéra- ion. En effet, quand l'image commence à se montrer, on 4. Ces méthodes sont dèvrites dans l'Agenda Lumière- lougla (Gauthier-Villars, éditeur), et dans le Trailé général de Photographie en noir et en couleurs, par E. Coustet {Dela- ave, éditeur), p. 375 à 379 de la 4° édition. 23 em°), et l’on y laisse la plaque exactement pendant A: Q = 7 © Z 3 © el tm tm = O0: OS 7 ER mm #2] © © y © > Z Q tm (S} 1 Lo Li n'a qu'à poser l'instrument horizontalement, afin d'arrêter l'écoulement du sable. Lorsque la plaque est dans le second bain, on remetlesablier dans là position verticale, mais sens dessus dessous, de façon que le sable’ retombe dans l'ampoule qui le contenait au début de l'opération. Dès qu'il sera complètement écoulé, on arrêtera l’action du révélateur, en lavant la plaque. La suite des opérations : immersion dans le perman- ganate acide et deuxième développement (en pleine lumière), s'effectue comme d'habitude. Cette méthode, appliquée à des plaques autochromes dont latdurée d'exposition variait de 1 à 4 par rapport à la durée normale, a fourni dans tous les cas des résul- tats aussi satisfaisants qu'avec les anciennes méthodes, incontestablement plus compliquées et d'application plus délicate. $4. — Géologie Production de îer oxydulé magnétique dans une roche par le chaufiage. — M. A. Brun ! a étudié l’action du chauffage poussé jusqu'à la température de 1.000 sur des roches talqueuses un peu ferrifères. Les expériences ont porté en particulier sur un tale à texture lamellaire schisteuse de compression du Breiterbach, dans la vallée de Viège. L'acide chlor- hydrique y dissout un peu de serpentine ferrifère et les carbonates, le talc lui-même (qui constitue les 690/, de la-roche)restant insoluble. Or le chauffage à l’air provoque la formation instan- tanée de fer magnétique oxydulé, plas ou moins inti- mement mélangé de peroxyde, En-vase clos, il se forme de la magnétite noire. Le fragment de roche, aupara- vant insensible à l’action de l’aimant, devient facile- ment attirable. L’aimant l’oriente tout comme un cristal de magnétite; de plus, les baguettes de la roche sont polarisées et aimantées. À k L'étude de la réaction montre que €&’estla vapeur d’eau ayant son origine dansla déshydratation dutaleà haute température qui produit l'oxydation du fer ferreux. M. Brun avait déjà montré antérieurement que la réac- tion de l’eau sur les silicates ferreux se traduit par une oxydation avec dégagement d'hydrogène, C'est exacte- ment cette réaction qui se passe au sein de la roche en question. Après avoir séparé par les acides les carbo- nates et le fer soluble, il reste un talc ferrugineux qui, lui aussi, devient attirable à l’aimant parla calcination. Cette réaction a une certaine importance pour le vol- #7. canisme; elle confirme que les enclaves réchauffées par le magma agissent comme agents perturbateurs de l'émanation gazeuse. De plus, elle montre que des en- claves peuvent se modilier profondément et créer des néo-minéraux sans que pour cela il soit nécessaire de faire intervenir des éléments extérieurs provenant du magma. Les minéralisateurs chlore, fluor, alcalis, éma- nés du magma ne seraient done pas indispensables au métamorphisme. Ainsi une vase à diatomées argilo- calcaire ou un caleaire schisto-argileux pourront engen- drer dans leur sein des grenats ou, des feldspaths sous l'influence de la chaleur seule et donner les phénomènes de métamorphisme observés dans les enclaves, $ 5. — Agronomie L'utilisation industrielle des sauterelles comme engrais. — Les invasions de sauterelles sont très importantes dans l’Uruguay et donnent lieu à la destruction d'un grand nombre de ces insectes. On s’est demandé si l’on ne pourrait tirer parti de leurs ca- davres, etle Ministre de l'Industrie a nommé une Com- mission pour étudier la possibilité de les utiliser comme engrais?. é 1. Arch. des Sc. phys. et nat., Supplément, t. XXXVI, n° 2, p. 33; avril-juillet 1919. 2, Revista de la Associacion rural del Uruguay, t. XLVIH, n°7, pp: 363-370, analysé dans le Bull, mens, de l'Inst, in: ternat, d'Agrie.,t. X, n° 6, p. 700; juin 1919, LS dy L 576 Des séchoirs ont été employés dans ce but : les sau- terelles, introduites dans une trémie, sont transportées, par une toile sans fin, dans des fours appropriés, d’où elles sortent à l’état presque complètement sec; ce sé- chage est complété par une exposition au soleil. L'a- nalyse du produit obtenu avec le criquet ordinaire a donné g1,07 Ÿ/5 de matière sèche et 8,93 (/, d'eau; la protéine totale entre pour 64,25 °/,, la protéine digesti- ble pour 38,94 ‘/5, les matières grasses pour 9,39 0/5; l'analyse des cendres révèle la présence d'acide phos- phorique et de chaux. Les résultats de cette analyse montrent que les sau- terelles desséchées sont susceptibles des emplois sui- vants : Comme aliment du bétail, leur valeur nutritive inté- grale l'emporte sur celle des tourteaux oléagineux; elles peuvent done servir, comme supplément des fourrages, à engraisser les bovins et les porcs, qui les consomment sans répugnance, de même que les che- vaux et les ovins. Comme engrais,on peut employer le résidu de l’ex- traction de la matière grasse par la benzine ou quelque autre dissolvant volatil, car il est plus riche en azote et en acide phosphorique que le sang desséché et que le « guano de viande en poudre ». Dans la culture inten- sive, chaque tonne de cet engrais représente, théorique- ment, 4 tonnes de blé à pain plus 8 tonnes de paille. La matière grasse extraite de la sauterelle desséchée peut être utilisée comme lubrifiant. La Commission attire, en terminant, l'attention sur les avantages que l'économie nationale pourra retirer de l’intensification et de la vulgarisation des méthodes de destruction des sauterelles en vue de leur utilisa- tion industrielle, à savoir : 1° Etant donnée la valeur économique notable des sauterelles desséchées, on en- courage l'action des indifférents et des indolents, dans la lutte contre le redoutable fléau. 2° On offre aux per- sonnes intéressées dans la production animale un dé- dommagement partiel pour les frais occasionnés par cette lutte sous sa forme actuelle. 3° On dégrève le budget national d'une partie des sommes considéra- bles qu'exige la lutte contre les sauterelles. 4° On accroît la valeur de la propriété foncière et l’on encou- rage la production agricole dans les régions - menacées par des invasions périodiques. $ 6. — Physiologie La température de la peau de l’'honime. — L'importance clinique de la mesure de la température du corps, généralement prise dans la bouche, à l’ais- selle ou dans le rectum, a fait négliger celle de la tem- pérature de la peau, qui possède une signification phy- siologique non moins importante, Les diflicultés techniques de l'enregistrement de la température de la peau sont d’ailleurs pour beaucoup dans le retard des études relatives à ce domaine. La température de la peau de l’homme est la résul- tante de plusieurs facteurs, tels que la chaleur fournie par les tissus sous-cutanés el perdue à la surface du corps par radiation, la conduction et la vaporisation de l'eau. Il est inutile d'essayer de la déterminer par l’ap- plication d'un thermomètre à mercure ordinaire, car seule une faible portion du réservoir vient en contact avec la peau. Même les thermomètres de construction spéciale, munis d’un réservoir à large surface de con- tact avec la peau, ont une surface égale exposée à la température du milieu environnant. Si cette surface ex- térieure est couverte d'une substance non conductrice, il se produit presque immédiatement une modification de la température de la peau, due au retard du rayonne- ment normal et à l'accumulation de la chaleur provenant du tissu sous-cutané, La température exacte de la peau doit donc être mesurée par un appareil à action presque instantanée et suflisamment protégé contre le milieu ex- térieur pour ne pas fournir une moyenne de la tempéra- ture de la peau et de ce milieu. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Sp D re CR ‘ sensiblement la radiation, la conduction ou la vapori- MM. FK,G. Benedict et W. R. Miles et Mlle À, John- son, travaillant au Laboratoire de la Nutrition de l’Insti- tution Carnegie, à Boston, ont réalisé récemment uns dispositif de ce genre!. Il se compose de deux jonctions cuivre-constantan, l’une placée dans un bain à tempéra- ture constante (un flacon de Dewar), l’autre appliquée sur la peau. Le courant résultant, qui peut être mesuré par un galvanomètre quelconque, est directement pro- portionnel à la différence de température entre les deux jonctions. Tout retard thermométrique est donc éliminé et il suffit que la jonction qui est posée sur le corpssoit bien protégée contre la température extérieure; on y arrive en garnissant le dos d’une touffe d’ouate fixée par. une pièce de caoutchouc durci. La jonction prend la tem-. pérature de la peau en quelques secondes, et pendant cette période la substance protectrice ne peut affecter sation de l'eau. Dans une série de recherches concernant l'influence de la température extérieure sur le métabolisme, les auteurs ont reconnu que le sujet utilisé (un modèle pro- fessionnel) pouvait résister pendant plusieurs heures Sans frissonner à des températures s'abaissant jusqu'à. 14° C. Ce sujet présentait donc une occasion exception- nelle pour la mesure de la température de la peau dans des conditions très variables. A son arrivée aw Laboratoire, le sujet, bien vêtu, avait été exposé au dehors à une température d'environ 17°. On desserrait ses vêtements,et l’on prenait la tempé- rature de la peau en différents points sous le vête- ment. Voici les résultats d’une série de mesures : Ligne médiane Côté droit’ . Côté gauche Devant Front 319,6 Cou . 820,5 } 320,1 2° côte 309,3 Mamelon 33°,6 33°,7 4° côte 32°,1 Taille 34°.,4 34°,7 Bas du sternum 33°,2 Aine 34°,0 320,8 7 cm. au-dessus 340,4 KFémur 300,7 310,1 3 cm. au-dessous 33°,4 Tibia 29°,8 30°,9 11,9 cm. > 310,8 É de l’ombilic % Dos | Omoplate 33°,6 33°,7 Taille 330,7 33°,7 Fesse 30°,5 29*,9 Fémur 31°,0 31° ,4 Mollet 28°,1 280,2 : Main 330,5 32°,3 Cette série représente le type de la température de la peau d’un homme normalement habillé. Les extrêmes observés diffèrent de 69,6. Au lieu de procéder par points isolés, on peut utili- ser la propriété de la jonction thermique, lorsqu'elle n'est pas trop protégée, de prendre presque instanta- nément la température de la peau, pour obtenir un en- registrement continu, en promenant la jonction sur la surface du corps. On obtient ainsi des courbes dans le genre de celles de la figure 1. Celles-ci proviennent d’un sujet nu exposé préalablement pendant 3 h, 1/2 à une température de 14°,6 C., la plus grande partie du temps en position debout. La courbe supérieure suit la ligne mammillaire gauche, tandis que la courbe inférieure a été prise suivant une ligne correspondante dans le dos. On remarquera les différences extraordinaires de la température de la peau en divers points, l'intervalle maximum entre le devant et le dos dépassant 10°. La température rectale, prise simultanément, était de 36°,7. Les écarts de la courbe sont moins prononcés quand la température du milieu se rapproche de la température du corps; l'intervalle maximum n’est plus que de 9°,8, 5°,4 et 4°,2, pour destempératures du milieu de 19°, 25°,8 et 30°. De cette étude de la température de la peau découlent DR RENE TR CRETE 26 PORT, Penn ein. 1. Proc. of the National Acad, of Sc, of the U. S. of Ame- rica, t. X, n° 6, p. 218; juin 1919. LA F,, eu, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 577 deux conséquences importantes pour toutes les recher- hes qui ont été faites sur la production de chaleur par le corps humain. D'abord, dans toutes les recherches de calorimétrie di- recte, il est nécessaire de corriger la chaleur mesurée — 30. 0 1 aine) fémur genou tibia cheville oitriné mamelon taille =— 29.0 19.4 [l taille fesse genou mallet cheville épaule Fig. 1. — Courbe de la température de la peau sur le devant et le dos du corps chez un homme nu exposé préalablement , pendant deux heures et demie à une température extérieure de 14°,6. dans le calorimètre de la chaleur gagnée ou perdue par le corps à la suite des variations de température. Jus- qu'à présent, comme les courbes de températures me- surées soit profondément à l'intérieur du corps, soit dans des cavités artificielles sont analogues, on avait dmis qu’une variation de o°,1 de la température rec- ale indique une variation de 0°,1 de la température du corps entier. Or, les observations précédentes montrent que la température de la peau peut s’abaisser de plu- ieurs degrés tandis que celle de l’intérieur du corpsne varie pas ou s'élève légèrement, La correction des me- sures de chaleur directes au moyen des relevés de la température rectale est donc sujette à une grave crili- e; malheureusement, aucune autre correction pré- tise ne peut être indiquée pour le moment, . D'autre part, ces différences prononcées de la tempé- fature de la peau ont une grande importance pour la étendue « loi des surfaces ». Beaucoup de physiolo- sies admettent encore qu'à peu près indépendamment des espèces la production de chaleur de l’organisme au epos estdéterminée par sa surface.Les observations des Savants américains montrent clairement que, contraire- ment à l'opinion courante, la température de la peau, qui est probablement l’un des plus importants facteurs de la perte de chaleur du corps, est très loin d’être uni- forme, car, même chez des sujets bien vêtus, des difré- rences de température de 4° à 5° entre diverses régions de la peau sont régulières, Voilà donc une objection sé- tieuse de plus à la validité des conceptions qui sont à la base de la « loi des surfaces ». $ 7. — Sciences médicales Nouvelles recherches sur l’étiologie de la fièvre jaune. — M. H. Noguchi vient de publier! la suite de ses recherches sur le virus probable de la fièvre jaune, le Leptospira icteroides, organisme voisin du Spirochæta (Leptospira) icterohemorrhagiæ. Il avait montré antérieurement ? que l'injection intra- péritonéale du sang d'un malade atteint de fièvre jaune avait produit, chez 8 cobayes sur 94, des symptômes et des changements morbides ressemblant à ceux de la fièvre jaune chez l’homme ; le sang, le foie et les reins de ces animaux renfermaient le Leptospira icteroides. Il a reconnu depuis qu'un certain nombre des cobayes qui ne manifestent pas les symptômes et les lésions de la maladie après injection du sang d’une personne infectée présentent une réaction fébrile temporaire le 4° ou le 5° jour, suivie dans quelques cas d’une jaunisse légère, avec retour rapide à l’état normal. La plupart de ces cobayes, mais non tous, inoculés postérieurement avec une émulsion d'organes d’une culture de passage de L. icteroides, ont résisté à l'infection, tandis que des cobayes de contrôle, inoculés avec du sang de malades ou de cobayes normaux; moururent lorsqu'ils furent injectés postérieurement avec celte émulsion, Il semble donc que la première série de cobayes a passé par une infection bénigne ou abortive et a été ainsi immunisée. Les recherches sur l'effet du sérum sanguin des con- valescents de fièvre jaune sur le Z, icleroides ont fourni des réactions d'immunité positives, ce qui est bien en faveur d'une relation étiologique entre cet organisme et la fièvre jaune. Les cultures faites dans 11 cas de fièvre jaune n'ont donnéle Z. icleroides que dans 3 cas; les résultats positifs ont été obtenus avec le sang du cœur d'animaux infectés expérimentalement, et ces cul- tures se sont montrées également virulentes pour les animaux susceptibles. L'organisme pathogène ne se développe pas dans un milieu où l'oxygène n’a pas accès, et croît le plus facilement sur un milieu solide dense où l’arrivée de l'oxygène n’est pas excessive. Il se multiplie par divi- sion transversale ; sa longueur est de 4 à 9 z et sa lar- geur de 0,2 y; il est extrêmement délicat, et ne se voit qu'éclairé soigneusement sur fond sombre. Les couleurs ordinaires d’aniline le teignent avec difliculté, mais après fixation à l'acide osmique les colorants de Roma- novsky donnent des résultats positifs, C'est un orga- nisme non sporulant, peu résistant à la chaleur, à la dessiccation, à la putréfaction et aux désinfectants, et qui est détruit rapidement en présence d’autres orga- nismes. Il traverse les filtres Berkefeld V et N etparait passer par une phase granulaire dans certaines condi- tions. L Il paraît difficile de fournir une preuve absolument convaincante de la relation de cause à effet entre le Leptospira icteroides et la fièvre jaune. Comme on l'a déjà vu, on n’a obtenu cet organisme en cultures du sang que dans 3 cas de fièvre jaune, et dans 3 cas seu- lement sur 25 on a pu l’observer dans le sang-par éelai- rage sur fond noir; il est vrai que plusieurs échantil- lons de sang, bien que ne présentant aucun organisme visible, se sont montrés infectieux pour le cobaye. L'examen des viscères humains n'a donné de résultats positifs que dans un cas, celui de l’urine aucun résultat. Par contre, la démonstration du Z. icteroides dans le sang et les divers organes des animaux infectés expéri- mentalement a donné des résultats beaucoup plus satis- faisants, —_—_—_—_—————…—…—…—…—…—…—————————— 1. Journ. ofexperim. Med., t. XXX, pp. 1-30 et 87-167 ; 1919. 2. Voir la Rev. gén. des Sc. du 15-30 août 1919, p. 464. À LL, LES. ‘indivisible, si les éléments étaient irréductibles - blème avec succes. 578 A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES . LA STRUCTURE DES ATOMES' Les notions d'élément chimique indécompo- sable et d’atome indivisible, introduites dans la science par Dalton, ont été intimement liées au merveilleux développement de la Chimie théorique dans le cours du siècle dernier. Au- jourd'hui encore elles suflisent à l'interprétation de la plupart dés phénomènes purement chimi- ques dans lesquels les atomes se comportent toujours comme s'ils étaient impartageables. Tant que l’on a cru pouvoir s'en tenir rigou- reusement à ces notions, il va de soi que le pro- blème de la constitution atomique ne se posait pas. Cependant le caractère trop absolu des con- ceptions daltoniennes ne devait pas tarder à se manifester dans des phénomènes d’ordre divers, parmi lesquels il faut mentionner spécialement l'existence de relations entre les propriétés des éléments et leurs poids atomiques, relations qui ont trouvé leur expression dans la classification périodique de Mendelejeff. Ces relations seraient incompréhensibles si chaque atome était un tout l'un à l’autre et différents dans leur substance même. Elles ne deviennent concevables que si l'on suppose que les atomes ne sont pas simples, mais représentent des systèmes plus ou moins complexes entre lesquels il existe certains rap- ports de structure. Quoique la notion d’atome se soit ainsi modi- fiée, pendant longtemps toute hypothèse précise sur la constitution de la matière est restée impos- sible, car une base expérimentale faisait défaut. On n’entrevoyait aucune méthode capable de révéler la structure atomique, dont l’étude parais- sait réservée à un avenir encore lointain. Cependant, beaucoup plus tôt qu'on n'eût osé l’espérer il y a vingt ou trente ans, certains phé- nomènes inattendus ont permis d'aborder le pro- 6e C’estladécouvertedesrayons de Rüntgen(1895), suivie bientôt de celle de la radioactivité, qui a ouvert une ère nouvelle pour le problème de la constitution de la matière. En réalité, un rapport entre la structure atomique et les rayons X ne s’est pas tout de suite révélé, mais les recherches auxquelles ces rayons ont donné lieu ont amené une découverte de la plus grande importance, celle de l’électron. 1. Conférence présentée à l'Assemblée générale de la Société helvétique des Sciences naturelles, le 7 septembre 1919, à Lugano, < _tricité; toute quantité d'électricité est un multi- dont le diamètre ne dépasse pas 0,fmm. | C’est le nom qui a été donné à une particule très petite, chargée d'électricité négative, que la matière émet dans diverses circonstances. Sa charge électrique est la plus faible qu'on ren- contre jamais. C’est la charge élémentaire d’élec- ple de cette charge élémentaire. Les dimensions de l’électron sontincomparablement plus faibles” que celles de l’atome. Par rapport à un atome représenté par une sphère de 10 m. de diamètre, ; l’électron n’est qu’une particule microscopique « Se 2 La masse de l’électron est 1830 fois plus faible que celle de l'atome le plus léger, celui d’hydro: gène, et il faut insister sur un caractère extrème- ment important de cette masse de l’électron: C’est un fait bien connu que l'électricité pos- sède une propriété qui est ordinairement consi= dérée comme un attribut caractéristique de la” matière, à savoir l'inertie ou la masse. C’est à cette inertie de l'électricité que sont dus les” phénomènes bien connus de self-induction. Une particule électrisée possède donc. en vertu de sa charge, une certaine inertie, une certaine masse. Or, il est à peu près certain que la masse entière de l’électron n’a pas d'autre origine, c’est-à-dire” qu’elle est due uniquement à sa charge électrique. L'électron se présente donc comme un corpus=æ cule d'électricité sans support matériel au sens ordinaire du mot. C’est tout à la fois la particule élémentaire d'électricité négative et une parti= cule élémentaire de matière. 4 Différents phénomènes optiques et magnéti= ques et le fait que toute matière est capable | d'émettre des électrons dans des conditions” variées, indiquent que l’électron est un élément constitutif de tous les corps. Et c’est ainsi qu'on* a été conduit à la conception électrique de la. matière, suivant laquelle toute substance est for-. mée par une agglomération de particules d'élec=« tricité. Ai 1. Le diamètre d'une molécule d'hydrogène a été estimé à" 9.10 %em. environ. Dans l'hypothèse que la masse d'un électron est entièrement d'origine électromagnétique, celte masse »» est liée au diamètre a et à la charge e de l'électron * par la relation : 2e? M= > —: 3 4 / Cette formule nest valablé que pour les vitesses pas trop, élevées, Si on admet e — 1,6.10720 unités électrostatiques et 2 —=1,8. 107, d” m on trouve pour à une valeur voisine de 2.107 13cm, On remar- quera que la masse électromagnétique varie en raison inverse du diamètre. ù : Il est clair que la matière, qui est électrique- “ment neutre, ne peut être constituée seulement -par des électrons négatifs. Leurs charges doivent ‘être compensées par des quantités égales d’élec- tricité de signe contraire. L'existence de l’élec- tron négatif appelle donc celle de l’électron positif. Or, malgré des recherches assidues, jamais l'électricité positive n'est apparue liée à une masse inférieure à celle d'un atome. Nous aurons à y revenir. . Le phénomène de la radioactivité est trop connu pour qu'il soit nécessaire de le décrire ici. Chacun sait qu’un élément radioactif est insta- ble et peut se transformer spontanément en 84 85 86 87 Nombres atomiques émettant soit des rayons 8, formés par des élec- trons animés d’une très grande vitesse, qui s'approche parfois de celle de la lumière, soit des rayons «, formés d'atomes d'hélium (He — 4) qui portent deux charges élémentaires d’électri- cité positive. La radioactivité nous fait donc assister à une véritable transmutation des éléments et réalise, - sous une forme inattendue, le rêve des alchimis- tes. Elle nous apporte ainsi la preuve directe et tangible de la complexité atomique et nous apprend qu'à côté de l'éleçtron, et jouant un rôle sans doute très différent, la particule + est un des -moellons dont est constitué l'édifice atomique. _ L'étude de la radioactiviré a révélé l'existence de nombreux éléments que rien auparayant ne laissait prévoir et la question s’est naturelle- ment posée de leur trouver une place dans le système périodique. Pour quelques-uns des pre- miers qui furent découverts (le radium et son émanalion, le polonium), cela ne présenta pas Fig. 1. — Tableau de la désintegration radio-active de l'uranium. A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES 579 de difficulté; mais, à mesure que leur nombre augmentait, il devint bientôt évident que, sans élargir le cadre du système périodique, il serait impossible de les y faire entrer tous, Le nombre des places disponibles dans la région quicorres- pond à leurs poids atomiques, tous compris entre 206 et 238, est manifestement insuflisant!. Cependant, les recherches dont les propriétés chimiques des éléments radioactifs ont été l'ob- jet ont mis en lumière un fait absolument inat- tendu. Malgré leurs poids atomiques différents, certains éléments présentent une concordance parfaite dans toutes leurs propriétés chimiques, de sorte qu'il est impossible de les séparer chi- _ 88 89 92 CHAT CIE 206 210 21% 218 222. 226 Poids atomiques. 230 CE 238 miquement quand ils ont été mélangés. Le pre- x mier exemple fut observé par M. Boltwood, il y aune dizaine d’années, avec le thorium et le radiothorium. Dès lors, le nombre des cas ana- logues s’est multiplié et il serait oiseux d’en faire une énumération. C’est le phénomène de l'isotopie. Or ilest clair que déux éléments chi- miquement identiques doivent occuper la même place dans le système périodique. Le petit nom- bre des places disponibles cesse donc d’être un obstacle à y faire entrer tous les éléments radioactifs. ———_—_——__——_———————— ——————_————…—…—…"…"…—…—……—…—…" — 1. On connait actuellement une quarantaine d'éléments” radioactifs qui forment les trois séries de l'uranium, du tho- rium et de l'actinium, Nous donnons ci-dessus un ta- bleau de la série de l'uranium qui comprend à elle seule 16 éléments. Remarquons que le poids atomique n'a été déterminé directement que pour un très petit nombre d'éléments radio- actifs, Pour les autres, il peut étre calculé facilement, Ainsi le radium-G, qui se forme à partir du radium avec perte de 5 particules # (He — 4), doit avoir un poids atomique égal à celui du radium (226) diminué de 5 fois 4, soit égal à 206. 580 A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES La solution du problème a été facilitée par la découverte, due particulièrement à MM. Rus- sell, Soddy et Fajans!, de deux lois, dites lois de déplacement, qui expriment une relation remar- quable entre ledéplacement qu’un élément subit dans le système périodique ensuite de sa trans- formation radioactive et la rayons émis. Dans toute transformation liée à une émis- nature des sion de rayons «, l'élément se déplate de deux rangs dans le sens des poids atomiques décrois- sants, ce qui revient à dire que son numéro d'or- dre diminue de deux unités. Ce numéro augmente au contraire d'une unité quand il y a émis- sion de rayons £. Dans la figure 1 (p.579), qui représente la série de l’uranium, on voit que ces règles se vérifient sans exception. Des éléments tels que l’ura- nium Î et l’uranium If, ou bien le radium B, le 1. RussELL: Chem. News, t. CVII, p. 49 (1913); Fayans: Phys. Zeit., 1. XIV, p. 131 et 136; Sonny: Chem. News, t. CVIT, p. 97 (1913). radium D et le radium G, sont chimiquement identiques et ont le même nombre atomique, malgré leurs poids atomiques différents. L’ura- nium X,, l'uranium X, et l'uranium Il ont, au contraire, des propriétés différentes quoique leurs poids atomiques soient égaux. Actuellement tous les éléments radioactifs ont trouvé place dans le système périodique, et on voit dans le tableau [| que presque chaque place du thallium à l’uranium est occupée par un groupe de plusieurs isotopes, qui forment une pleiade. Celle du plomb, par exemple, ne compte pas moins de sept éléments entre les- quels la différence des poids atomiques s'élève à 8 unités. Le phénomène de l’isotopie n’est d’ailleurs pas limité aux éléments radioactifs. Il y a longtemps qu'on a de sérieuses raisons de penser que le dernier terme de la série de l'uranium, le radium G, n’est autre chose que du plomb. Mais le poids atomique de ce dernier TagLEAU I. — Système périodique des éléments I I III IV V V IL 0 ; fe VIII a b a D a 10 a b ab ap a 1H| He 3 Li 4 Be 5B 6€ 7N 8 O °F 1,008! 4.00 16,94 94 11,0 12,00 14,01 16 19,0 { 10 Ne 11 Na 12 Mg 13 Al 14 Si 10e. 16 S 17 CL 20,2 23,00 24,32 PAT | 28,3 31,04 32,06 35,46 18 À 19K 20 Ca 21:Se 22 Ti 93 NV 24 Cr 25 Mn 26 Fe 27 Co 28 Ni 39,88 | 39,10 40,07 44,1 48,1 51,0 52,0 54,93 55,84 58,97 58,68 29 Cu 20 Zn 31 Ga 32 Ge | 33As sase | DUR, | 63.57 65.37 69,9 12,9 74,96 79,2 19492 36 Kr | 37 Rb 38 Sr 39 Yt 40 Zr 41 Nb 42 Mo 43 — 44 Ru 45Rh 46Pdà 82,92 | 85,45 87,63 88 90,6 93,1 96,0 —_ 101,7 102,9 106,7 47. Ag 18 Cd 49 In 50 Sn 51 Sb 52 Te 531 107,88 112,4 114,8 418,7 120,2 127,5 126,92 Y 5 X 55 Cs 56 Ba 57 La 58 Ce 59Pr 60Nd 61—62Sm 63Eu 64Gd 65Tb 132,81 137,37 139.0 140,25 140,9 144,3 450,4 152,07 1457.3%41592 66Dy 67Ho 68Er 69Tu 70 Yb 71Lu 72 — 73 Ta 74 W 76 Os 77Ir 78 Pt 162,5 163,5 167,7. 168,5 173,5 175,00 0— 181,5 184,0 190,9 193,1 195,2 79 Au 80 He 81 TI S2 Pb 83 Bi 84 Po 85 — 197,2 200,6 204,0 207,2 208,0 210 AcD207 |RaG206 |RaE 210 |ThC, 242,4 ThD 208,4 |TRE 208,4 |AcC,211 |RaC A4 | ; RaC» 210 Ra D 210 ThC,212,4| AcA 215 | AcB 211 |XaC, 214 |ThA 216,4 ThB 212,4 RaA 218 ; RaB A4 | D LPC ERLS 2100 lt RC INR | j | SG Ra | 87 — 88 Ra S9 Ac 90 Th 91 Be 92 UI | 222,0 226,0 227 232,4 234,2 238,2 | ThEm220, 4 ACX 993 |MsTh11228,4 UX, 234,2 U11 234,2 | AcEm9 ThX 224,4 lo 230,2 ‘ll MsTh1228 ,4 RaTh 228,4 \ RaAc 227 A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES 4 métal est 207,2, tandis que celui du radium G doit être 206. Il était donc à prévoirquele plomb contenu dans les minerais d'uranium, et prove- nant en partie au moins de la désintégration de cetélément, a un poids atomique inférieur à celui du plomb commun. Cette prévision s’est trouvée exactement con- firmée par les recherches auquelles se sont livrés plusieurs expérimentateurs. Les nombres obte- nus varient suivant la nature du minerai ura- nifère dont le plomb a été extrait, mais ils sont * toujours inférieurs à 207,2. La valeur la plus faible, qui a été trouvée par M. Hônigschmid, en partant d’un minerai d'uranium particulière- ment pur, est 206,0. Elle correspond donc exac- tement au nombre calculé pour le radium G. Ce cas n’est d’ailleurs pas le seul où une preuye directe a été donnée qu'une différence de poids atomique n’entraine pas nécessairement un changement dans les propriétés !, La préparation en quantités pesables d’iso- topes tels que le plomb et le radium G a permis d'entreprendre des recherches précises et du plushautintérêtrelatives au degré de concordance dans les propriétés desisotopes. Or, ni dans les propriétés chimiques ni dans les propriétés physiques, iln’a été possible de constater la moindre différence; pas même dans le spectre lumineux, qui ordinairement varie du tout au tout quand on passe d'un élément à un autre. Le spectre du radium G est identique à celui du plomb commun; celui de l’ionium est identique à celui du thorium. Il est à remarquer que cette identité concerne spécialement les propriétés de l'atome. C’est ainsi, par exemple, que l’eau ne dissout .pas des poids égaux, mais des quantités équimolécu- laires d’azotate de plomb ou d'’azotate de radium Get que, de même, ce ne sont pas les densités ou les volumes spécifiques du plomb et du radium G qui ont la même valeur, mais leurs volumes atomiques. * kr Il estinutile d’insister sur l’importance de ces observations inattendues. Si, parmi les princi- pes qui sont à la base de la Chimie théorique, il en est un qui paraissait ne pas devoir être mis 1. C'est ainsi que M. Hônigschmid a réussi à extraire d’un minerai très pauvre en thorium un mélange de thorium et d’ionium dont les propriétés, abstraction faite d'une forte radioactivité, ne diffèrent pas de celles du thorium le plus pur et dont le poids atomique moyen (231,5) est cepen- dant, conformément aux prévisions, sensiblement inférieur à celui de ce dernier métal. (Th— 232,15; calculé pour l'ionium, lo — 230,2). Monatsch., t. NXXVII, p. 305 et 335 (1915). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES ‘81 en doute, c’est bien celui de l’existence d’un rapport de dépendance entre les propriétés d’un élément et son poids atomique. Etnous trouvons ce principe doublement en défaut. D'une part, le poids de l’atome varie, dans nombre de cas, sans que les propriétés en soient affectées; d’autre part, des éléments de même poids ato- mique peuvent avoir des propriétés différentes. Ce n’est donc pas le poids atomique qui déter- mine les propriétés d'un élément, comme on l’admet depuis Mendelejeff; elles dépendent uniquement de la place qu’il occupe dans le sys- tème périodique, c’est-à-dire de d'ordre, le nombre atomique. Cela serait incompréhensible si le nombre ato- mique n'était qu'un simple numéro d'ordre; il doit évidemment avoir une signification plus profonde ; on ne peut concevoir qu’il détermine les propriétés de l'atome que s’il correspond à quelque chose dans l’édifice atomique. La plupart des propriétés sont des fonctions très complexes du nombre atomique. Il en est une, cependant, qui en dépend d’une manière simple et qui prend par là un grand intérêt. Lorsqu'un élément est soumis, comme antica- thode, à un bombardement par des rayons catho- son numéro diques d’une vitesse suflisante, il émet des rayons X de longueurs d'onde déterminées et ca- ractéristiques de l’élément considéré. On est parvenu à séparer ces rayons par réflexion sur. une face d’un cristal et à en photographier le spectre ?. Ce spectre, dit de haute fréquence, est beaucoup plus simple qu’un spectre lumineux. IL est formé de plusieurs séries de lignes qui se distinguent par leur pouvoir pénétrant et dont les deux plus importantes sont la série K, qui comprend deux lignes #et 6, et la série L, qui en compte un nombre variable. Les spectres des différents éléments présentent une grande analogie, qui tient à ceque leslignes correspondantes d’une même série, les lignes «& de la série K, par exemple, ont des fréquences qui sont une fonction très simple du nombre 1. Avant que ces faits fusseht conuus, l'importance du nombre atomique a été mise en évidence par un savant danois, Rydberg, qui a montré que, dans la comparaison des pro- priétés des éléments, il convient de prendre comme variable indépendante le nombre atomique au lieu du poids atomique [Zeit. anor. Chem., t. XIV, p.66 (1897) ; J. CA. phys.,t. XII, p. 585 (1914); Rev. gén. des Sc., Lt. XXV, p. 734 (1914)]. 2. On sait que les rayons X consistent en vibrations élec- tromagnétiques comme les rayons lumineux; mais, tandis que la longueur d'onde de ces derniers est comprise entre 0,8 et 0,35 x, celle des rayons X est ordinairement de 0,6,10-4 à 8,10-ix. Nous rappelons que la Revue générale des Sciences a publié, il y « quelques années un article de M. L. Brunet sur les phéno- mènes de réflexion des rayons X sur une face d'un cristal (t. XXVI, p.645 et 678 ; 1915). : 7 \ 2 R Y d FL | > ds "eg 582 ro atomique. Un physicien anglais, Moseley,a con- staté,en effet, que lesracines carrées des fréquen- ces sont,en première approximation, proportion- nelles aux nombres atomiques. Si, dans un sys- tème de coordonnées, on porte l’une de ces gran- deurs en ordonnée et l’autre en abscisse, comme nous l'avons fait dans la figure 2, on obtiènt pour chaque série de rayons une ligne droite *. Le spectre de haute fréquence est donc déter- miné simplement par le nombre atomique, et in- versement, connaissant ce spectre, on peut en déduire le nombre atomique. Les! recherches systématiques effectuées par Moseley, puis par MM. Siegbahn et Stenstrüm, \T1072 ho HAE D n 20 90 CRDNCCE CCE Na Ca Zn Zr Sn Nd Yb Hg À Fig. 2. — Relation entre les nombres atomiques et les racines carrées des fréquences des lignes d'une méme série. Friman, de Broglie, etc., ont permis de fixer ainsi le nombre atomique de tous les éléments connus, du sodium jusqu'à l'uranium (à l'exception des gaz nobles). Ces nombres sontiouscompris entre 11 pour le sodium et 92 pour l'uranium et, dans 4. Phil. p. 703 (1914). 2,.Cette loïiestexprimée par la relation NP y — A. N, mais n'est qu'approximative. Les résultats expérimentaux sont repré- sentés très exactement par la formule À A(N— b}, où À et b sont des constantes caractéristiques de chaque série. Pour les ligues & de la série K, la fréquence est donnée par la relation : (50-72) et pour les lignes x de la série L, par : (3-3) (260 Dans ces formules,” représente la constante de Rydberg, voir note 1, page 586. 2° colonne, Mag.;t XXVI, p. 1024 (1913), et t. XXVII, A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES \ toute cette série de nombres entiers, il n’y en a que six qui ne correspondent à à aucun élément connu. On peut en inférer qu'entre le sodium et l’uranium il ne resteà découvrirque sixéléments, savoir : un métal alcalin (87) et un halogène (85), vraisemblablement radioactifs l’un et l’autre, deux éléments des terres rares (61 et 72) et enfin les deux homologues du manganèse (43 et 75). Les éléments isotopes, ainsi qu'il était à pré- voir, ont exactement le même spectre de haute fréquence. C’est ce qui a été constaté, spéciale- ment pour le plomb etle radium-G, par MM.Sieg- bahn et Stenstrom!. On voit immédiatement l’importance de ces résultats au point de vue de la classification des éléments ?. Mais, pour le sujet qui nous occupe, le principal intérêt de la loi de Moseley consiste en ce qu'elle met en lumière l’existence, dans l’intérieur de l’atome,d’une grandeur,représentée par le nombre atomique, qui croît régulièrement quand on passe d’un élément au suivant. Mais quelle est la nature de cette grandeur, que représente-t-elle dans l’édifice atomique? * * * C’est l’étude du passage des rayons z à travers la matière qui est venue apporter une réponse à cette question en révélant les caractères fonda- mentaux de la structure de l'atome, Un fait essentielestquelesrayonsz(duradium, par exemple) sont capables de traverser sans subir une grande diffusion, des pellicules métal- liques de plusieurs centièmes de millimètre d'épaisseur ou des couches de gaz de plusieurs centimètres. Si on considère que ces pellicules ou ces couches de gaz sont formées de milliers d’atomes juxtaposés, il est absolument exclu que les particules + passent dans les interstices qu'ils laissent entre eux; il faut qu’elles traversentles atomes eux-mêmes. Ce phénomène seraitinconcevable silesatomes étaient massifs. Il met en évidence leur structure extrêmement lacunaire, L’atome doit être formé de particules très petites par rapport à ses pro- pres dimensions et qui laissent entre elles des 1. Comptes rendus, t. CLXV, p. 428. 2. Les éléments des terres rares, qu'on a parfois comparés à un groupe d'isotopes, évidemment à tort, ont au contraire des spectres de haute fréquence différents. Leurs nogbres atomiques sont compris entre 57 et 72. Ce résultat vient mettre fin aux discussions relatives à la position qu'il faut attribuer à ces éléments dans le système périodique. Il n'ya plus de doute qu'ils doivent se placer à la suite l'un de l’autre entre le baryum et le tantale, où ils ont une situation excep- tionnelle et anormale puisqu'ils viennent interrompre la périodicité dans la variation des propriétés des éléments en fonction de leurs nombres atomiques. , En (4 A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES - espacesrelativement considérables, et ces corpus- _ cules ne peuvent être que des électrons positifs ou négatifs. Les particules « ne traversent cependant pas la matière sans aucune diffusion et les déviations qu’elles subissent sous l'action des forces élec- triques dont l’atome est le siège donnent de pré- - cieux renseignements sur la de des char- ges positives et négatives. Une première explication de ces ; déviations a été tentée par J.-J, Thomson, à qui on doit un modèle d’atome dans lequel l'électricité positive est supposée répartie uniformément dans une - sphère, dont le:volume correspond à celui de l'atome, et dans laquelle les électrons négatifs _ sont disséminés régulièrement !, Malgré le rôle utile que’les idées de Thomson ont eu dans le développement de nos concep- _ tions sur la constitution atomique, nous ne pouvons nous y arrêter, car elles ne permettent pas de rendre compte des /faits observés. La _ théorie de Thomson suppose, en effet, qu’une . particule #, en traversant un atome, ne subit - jamais qu’un faible changementde direction. Les _ fortes déviations qu’on observe toujours en petit nombre sont attribuées à des rencontres répétées. Or, une analyse serrée des résultats expérimen- taux de Geiger et Marsden ? indique que cette supposition n’est pas conforme aux faits. La ren- contre avec un seul atome peut provoquer une déviation très forte, dépassant parfois 90°. Cette conclusion a pu dès lors être vérifiée par l’obser- vation directe de la trajectoire des particules », * par la méthode de Wilson. Si on considère l'énorme vitesse des parti- cules +, il devient évident que de telles déviations ne peuvent être produites que par un champ de force trèsintense ettel qu’il ne peut exister dans l'atome de Thomson. Pour obtenir un champ suffisamment puissant, il faut supposer, avec Sir Rutherford*, que la charge positive n’est pas répartie dans tout le volume de l’atome, _ mais qu'elle est condensée vers son centre, dans une région très petite, tandis que les électrons _ négatifs circulent autour de ce noyau, dans un espace relativement grand. L’atome nous donne donc l’image d’un système solaire en miniature, dans FT le soleil est représenté par le noyau et les planètes par des électrons négatifs plus ou moins nombreux. . La manière très satisfaisante dont elle permet _ de rendre compte de la loi suivant laquelle le > n. 1. Phil. Mag.,t. XXI, p. 237 (1904). … 2. Proc Roy. Soc., At. LXXXII, p. 495 (1909) ; Phil. Mag., +. XXV, p. 604 (1913). 3. Phil. Mag., t. XXI, p. 669 (1911); t. XXVIII, p. 488 (1914), } nombre des particules « déviées d’unangle donné varie en fonction de leur vitesse et de la gran- deur de cet angle, constitue pour la théorie de Rutherford, et son modèle d’atome, une confir- mation expérimentale des plus sérieuses. On couçoit qu'une particule « ou G soit déviée d'autant plus fortement qu’elle passe plus près du noyau,etilest possible de calculer, d’après sa déviation, la distance dontelle s’est approchée du centre. C’est ainsi qu’on a pu se faire une idée des dimensions approximatives du noyau et en démontrer l’extrême petitesse, D’après les calculs de Rutherford, le diamètre du noyau positif de l’or, par exemple, ne dépasse pas 3.10-12 cm.; il est donc environ 10.000 fois plus faible que celui de l'atome. Le noyau de l'hydrogène, ainsi qu'on devait s’y attendre, est encore beaucoup plus petit. D’après la vitesse maximum qu'une particule & imprime à cèt atome, quand elle vient le frapper, on a pu déduire que la somme des rayons des noyaux atomiques de hydrogène et de l'hélium n’est pas supérieure à 1,7.10—15 cm. Le noyau atomique de l’hydrogène n’atteindrait donc pas même les dimensions de l’électron !. Enfin la dispersion des particules : ou & tra- versant la matière a permis d'évaluer une gran-, deur d’une importance fondamentale, à savoir la charge électrique du noyau positif. Or les résul- tats trouvés par Rutherford justifient l'opinion, déjà émise auparavant par van den Broek?, que. cette charge, si on prend comme unité celle de l’électron, est exprimée par le nombre atomique. Dans l’hydrogène (N — 1), elle est done simple- ment égale, au signe près, à celle de l’électron ; elle est double dans l’hélium (N — 2), triple dans le lithium (N = 3), etc. Et ainsi la significa- tion du nombre atomique, dont nous avons déjà relevé l’importance, nous est donnée. Il est d’ail- leurs facile de concevoir comment la charge du noyau peut être le facteur déterminant les pro- priétés de l’atome, mais avant d'aborder cette question quelques remarques sont nécessaires. * Constatons d’abord que l'égalité du nombre atomique et de la charge positive du noyau est en parfait accord âvec les lois de déplacement dont nous parlions il y a un instant et nous en apportent l'explication, si on admet que les par- ticules « ou 8, émises dans les transformations radioactives, proviennent du noyau. S'il en est ainsi, il est clair que l'émission d’une particule “, qui emporte deux charges positives, doit 1. RuraerrorD et NuTTALL : Phil. Mag., t. XXVI, p. 702 (1913), et RuruerrorD : Phil. Mag., t. XXVU, p..488 (1914). 2. Phys. Zeit,, t. XIV; p. 32 (1918). 584 A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES diminuer la charge du noyau de deux unités, et par conséquent entraîner un déplacement de l'élément de deux rangs dansle sens des nombres atomiques décroissants. Si c’est une particule f qui est émise, la charge positive se trouve, au contraire, augmentée d’une unité et par consé- quent aussi le nombre atomique. Le nombre des électrons négatifs qui circu- lent autour du noyau, et qui compensent sa charge positive, doit évidemment être aussi égal au nombre atomique, puisque l’atome, considéré comme un tout, est électriquement neutre. Il ne dépasse donc jamais 92, et par conséquent ces électrons extérieurs ne forment qu’une très mi- nime partie de la masse del'atome.Cette massese trouve donc concentrée presque totalement dans le noyau. La densité de ce dernier, s'ilestpermis d'employer ici ce terme, est donc extraordinai- rement élevée. Celle du noyau de l’or dépasse- rait le chiffre de 600 milliards, ce qui revient à dire que tous les noyaux d’or que l’on ferait tenir dans un centimètre cube pèseraient plus de 600.000 tonnes. Il n’est pas sans intérêt d'observer que, bien avant que les faits exposés ci-dessus fussent connus, des considérations d'un tout autre ordre, relatives aux chaleurs spécifiques des gaz mono- atomiques ou biatomiques, avaient déjà donné lieu à l’idée que toute la masse d’un atome est concentrée vers son centre !. La charge positive du noyau ne représente pas simplement le nombre des électrons positifs qu'il contient. Il n’y a pas de doute que lesélec- trons négatifs entrent aussi dans sa constitution. Ils sont nécessaires pour assurer sa stabilité. La charge apparente est déterminée par le nombre des électrons positifs en excès par rapport aux électrons négatifs. Il est cependant probable que le noyau atomique de l'hydrogène se réduit à un simple électron positif, dont la masse serait par conséquent presque égale à celle de cet atome, soit 1830 fois plus grande que celle de l’électron négatif. S'il n’est pas possible d'en donner une preuve évidente, c’est l'hypothèse la plus simple 1. D'après la théorie cinétique des gaz et le principe d’équirépartition, la chaleur moléculaire d'un gaz monoato- mique (argon, hélium, etc.) devrait, si on tient compte de l'énergie de rotation et de trunslation des molécules, être égale à 3R (où R représente la constante des gaz parfaits, voisine de 2 calories). En réalité, elle est deux fois plus faible, soit 3/2 R. II faut en conclure que les molécules mono- tomiques n'ont pas d'énergie de rotation, c'est-à-dire que Je chocs ne parviennent pas à les faire tourner sur elles- mêmes, La seule explication satisfaisante de ce fait curieux est fondée sur [a théorie des quanta, suivant laquelle l'éner- gie de rotation d'un atome ne peut varier que d'une manière discontinue, et suppose que toute la masse de l’atome se trouve condensée vers son centre. On trouvera toute cette question clairement exposée dans Les Alomes de J, Perrin, et la plus probable qu’on puisse faire et elle n’est contredite par aucun fait d'expérience. Pour expliquer la masse relativementélevée de l’électron positif, il n’est nullement nécessaire de supposer l’existence d’un support matériel. IL suflit d'admettre que l'électricité est ici concen- trée dans un très petit espace et que le diamètre de l’électron positifest 1830 fois plus faible que celuide l’électron négatif!'. Une détermination ex- périmentale de ce diamètre est actuellement im- possible, mais il estsuggestif que certaines obser- valions indiquent, comme nous l'avons vu, qu'il est effectivement plus petit que celui de l’élec- tron négatif, L’électron positif se présente ainsi comme le plus petit corpuseule qui entre dans la constitu- tion de la matière, et en même temps celui auquel est dû la presque totalité du poids des corps. Puisque sa masse est sensiblement égale à celle d’un atome d'hydrogène, le nombre des électrons positifs contenus dans un atome est représenté par la valeur arrondie du poids atomi- que?.Nous sommes ainsi ramenés, sous une forme rajeunie, à la vieille hypothèse de Prout, suivant laquelle tous les atomes sont formés /par une ag- glomération d’atomes d'hydrogène. Cette hypo- thèse, qui a donné lieu à de nombreuses discus- sions dans le cours du siècle passé, a d’ailleurs toujours conservé des partisans, car si les poids atomiques ne sont pas des multiples entiers de celüi de l'hydrogène, comme Prout avait cru pou- voir l’aflirmer, ils s'en écartent cependant très peu en général, surtout dans le cas des atomes légers, et cela ne peut être un simple hasard. Il pe semble d’ailleurs pas impossible aujourd’hui de rendre compte de ces écarts qui pendant longtemps ont fait rejeter l'hypothèse de Prout*. Le noyau atomique, formé d'électrons des deux 1. Voir note 1, page 578, 2° colonne, 2. L'atome de*sodium, par exemple (Na — 23), serait formé de 23 électrons positifs, tous contenus dans le noyau, et d'un nombre égal d'électrons négatifs. De ces derniers 11 sont extérieurs au noyau ; les autres, au nombre de 12, font partie du noyau, dont la charge positive est ainsi égale au nombre atomique 11. 3, 11 est d’abord très probable que le principe de la con- servation de la masse ne s'applique pas rigoureusement aux transformations atomiques. La masse électromagnétique de plusieurs corpuseules d'électricité, serrés les uns contre les autres, dépend, d'après Lorentz et Nicholson, non seulement de leur nombre, maïs aussi de la manière dont les champs se pénètrent mutuellement. Par conséquent, lors même qu'un noyau atomique serait formé par la condensation de plu- sieurs noyaux d'hydrogène, sa masse ne serait pas nécessaire. ment un multiple exact de la masse de ce dernier. En outre, d'après la théorie de relativité, l'énergie possède une certaine masse, etcomme l'agglomération de plusieurs électrons posi-, tifs en un noyau atomique est sans doute liée à une forte va- riation d'énergie, la loi de Lavoisier ne serait pas exacte- ment applicable à ce phénomène, Enfin, on sait que certains éléments sont constitués par un mélange d'isotopes. C'est le d | A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES ° 85 oc e signes serrés les uns contre les autres, doit être le siège de champs de force d’une extrême inten- sité. Ilne faudrait pas en conelure qu'il estabso- . Jument rigide et que les corpuscules qui le com- posent sont tout à fait immobiles les uns par - rapport aux autres. Ils sontsans doute animés de mouvements non ordonnés, comparables à l’agi- “tation thermique des atomes qui constituent une molécule. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut con- cevoir la spontanéité de la désintégration radio- active. Mais ces mouvements mettent en jeu des énergies énormes, auprès desquelles celles qui se manifestent dans les réactions chimiques sont * négligeables. Telle est la raison essentielle de la grande stabilité des noyaux positifs et des _ atomes eux-mêmes, et de l’ineflicacité de tous és moyens qui ont été essayés en vue de les _désagréger !. On ne sait d’ailleurs rien de précis quant à la constitution du noyau, et cela se conçoit si on considère que les propriétés de l'atome, à l’ex- ception de sa stabilité, en sont indépendantes. On peut cependant affirmer, selon toute vraisem- blance, que les électrons positifs sont, pour la . plupart, réunis par groupes de quatre, qui con- servent dans l’ensemble une certaine individua- lité. C’est ce qu'on peut conclure du fait que, dans la désintégration radioactive,les fragments qui se détachent de l’atome ne sont jamais que des électrons isolés ou bien des particules « (Het-t+—4) 2. cas de l'uranium, formé d'uranium I (U I — 238,2) et d'ura- -nium II (U II — 234,2), et les expériences de Thomson et Aston justifient l'opinion que le néon atmosphérique est un mélange de deux isotopes, le néon proprement dit (Ne — 20) etle métanéon (22). Il n’est pas impossible qu'il s'agisse là d'un fait général, qui permettrait d'expliquer même les poids * atomiques tels que ceux du chlore (35,46) ou du magnésium « (24,32) qui diffèrent notablement d'un nombre entier. Il faut . observer toutefois que les déterminations des poidsatomiques du chlore par exemple, effectuées sur des échantillons de substance d'origines différentes, n’ont pas permis de constater des variations du poids atomique suivant la provenance de l'élément,et sont ainsi peu favorables à cette interprétation. 1. Les tentatives de désagréger des éléments non radioac- - tifs, en employant les agents les plus énergiques, ont été nombreuses. Plus d'une fois des savants ont cru avoir réalisé cette désintégration, mais ces observations n'ont jamais été confirmées. Tout récemment Rutherford|Phil. Mag., VI, … t. XXXVII, p. 581 (1919)] semble avoir consfaté l'apparition de petites quantités d'hydrogène quand l'azote gazeux est * soumis à un bombardement par des rayons « du radium C. Si ce fait se confirme, on ne pourrait guère l’attribuer qu'à une désagrégation de l'atome d'azote, qui est probablement … formé’ par une agglomération de 3 atomes d’hélium et 2atomes d'hydrogène (3x 4 +2— 14). 2. On a faitobserver aussi que les poids atomiques arrondis _ des éléments dont le nombre atomique est pair sont pour la » plupart égaux à un multiple de 4, tandis que ceux dont le nombre atomique est impair correspondent souvent à la relation 4n + 3, où # est un nombre entier. W.-D. Harkins a publié d'intéressantes considérations sur la stabilité et l'abon- - dance relatives de ces deux séries d'éléments (J. Am. chem. Soc., t, XXXIX, p. 856). Les propriétés de l’atome, à l'exception de la masse et de la radioactivité, dépendent directe- ment dés électrons qui circulent autour du noyäu. Mais il est clair que non seulement le nombre de ces derniers, mais aussi leurs posi- tions relatives, les diamètres de leurs orbites et leurs vitesses sont déterminés par la charge du noyau positif etle champ de force qu’elle crée autour délui. [l en résulte qu'en dernière ana- lyse c’est cette charge qui détermine toutes les propriétés de l’atome. Et ainsi nous comprenons enfin le rôle fondamental du nombre atomique qui exprime la valeur de cette charge, et le phé- nomène de l’isotopie s'explique. Les noyaux de deux isotopes ne sont pas iden- tiques; ils ne renferment pas le même nombre d'électrons positifs ou négatifs et l’arrangement de ces électrons peut aussi différer; ils n'ont donc pas la même masse, ni la même stabilité (radioactivité), mais dans l’un et dans l’autre, il y a le même excès d'électrons positifs par rap- port aux électrons négatifs; leurs charges posi- tives sont doncégales,et cela suffitpour entrainer l'identité de toutes leurs propriétés physiques ou chimiques. xx La théorie de Rutherford permet donc de con- cevoir deux faits d’une importance fondamentale, à savoir le rôle dunombre atomique et l'existence des isotopes. L'intérêt qu'elle mérite est donc: d’un autre ordre que celui qui s'attache à l'in- terprétation de la diffusion des particules + ou 8 dans leur passage à travers la matière. Mais, s'il y a tout lieu de penser qu’elle nous donne une image adéquate de la structure atomique, elle ne constitue qu’une première étape vers une solution et nous laisse encore loin du but à atteindre, car elle soulève une grosse objection. De même qu’une corde qui vibre envoie dans l’espace des ondes sonores, de même un élec- tron,-qui tourne rapidement autour du noyau, devrait, d'après les lois de l'Électromagnétisme, émettre de l'énergie rayonnante (rayons infra- rouges, lumineux, ultraviolets ou rayons X). Per- dant ainsi son énergie, sa vitesse devrait se ra- lentir et il devrait tomber pour ainsi dire sur le noyau en décrivant des cercles de plus en plus petits. L’atome imaginé par Rutherford ne pour- rait donc subsister; il apparaît comme un sys- tème instable. Un savant danois, M. Bohr !, a cherché à éviter 1. Phil, Mag., t. XXNI, 1, 476, 857 (1913). Il est à remar- quer que Bohr a eu un précurseur, Nicnozson [Month. Not. Roy. Astr. Soc., t. LXXXII, p. 49, 139, 677, 693, 729 (1912)]. $ 586 A. BERTHOU cette difficulté et à compléter la théorie de Rutherford. On sait que la Physique théorique du siècle passé, basée sur les équations de Maxwell, s’ést montrée insuffisante pour rendre compte des lois du rayonnement du corps noir. Pour expliquer ces lois, M. Planck a imaginé la célèbre théorie des quanta, d’après laquelle l’énergie d’un oscil- lateur, tel qu'un électron,ne peut varier&ue d’une manière discontinue, en cédant un nombre en- tier de quanta d'énergie, chaque quantum étant non pas une quantité constante, mais le pro- duit de la fréquence par une constante univer- selle. à C'est cette théorie que Bohr met à la base de ses conceptions surles mouvements desélectrons extérieurs. Dans l'atome d'hydrogène, par exemple, l’électron unique qui tourne autour du noyau ne peut suivre, d’après Bohr, que certaines orbites circulaires de rayons déterminés et qu’on désigne par leurs numéros d'ordre, en commen- çant par le plus petit. En parcourant un de ces, cercles d’un mouvement uniforme, l’électron, contrairement à ce qu’enseigne la Physique classique, n'émet pas d'énergie rayonnante et il y a constamment égalité entre la force centri- fuge et la force attractive exercée par le noyau, qui varie en raison inverse du carré de la dis- tance. Mais l’électron ne peut être en équilibre. en dehors de ces anneaux. Si, sous l’action d’une - force étrangère, il sort de son orbite, c'est pour passer immédiatement sur un autre cercle de” stabilité. C’est dans ce saut que l’électron émet de l’énergie, sous forme d'ondes électromagnéti- ques, et l'émission est chaque fois égale à un quantum d’énergie. Tels sont les postulats essentiels sur lesquels Bobr fonde sa théorie !. On ne saurait dissimu- 1. Si on représente par W, et W, l'énergie de l'électron sur le cercle de départ et sur le cercle d'arrivée, la fréquence » des rayons émis est délerminée par la relation : Wo — Wi = où À est la constante de Planck'et hy un quantum d'énergie. Bobr suppose que, si un électron se trouve sans vitesse appréciable à une grande distance du noyau et que, sous l'influence de la force attractive de ce dernier, il tombe sur le cercle de numéro d'ordre r, la quantité d'énergie émise Av est égale à : W=h=rh 2 où w représente la fréquence du mouvement de l'électron sur le cercle T: En appliquant ensuite les lois de l'Elec trodynamique clas- sique, on trouve que l'énergie émise W et le diamètre 2a du cercle 7 sont donnés par les expressions : M “19 27r°me?E? r2h?2 W = et DA ——— T°h2 2r-meE où e et E représentent respectivement la charge de l’électron et celle du noyau, et 1 la masse de l’électron. D. — LA STRUCTURE DES ATOMES a ler qu'ils ne sont pas tous faciles à accepter, même pour l'esprit le moins suspect de conser= vatisme. Mais ce qui fait l’intérêt de ces concep- © tions, c'est qu’elles permettent de rendre compte avec une remarquable précision des séries de lignes qui constituent les spectres lumineux de certains éléments. Le spectre de l'hydrogène comprend une série de lignes (on en connaît 29), dont les fréquences peuvent être calculées en remplaçant dans la = formule empirique : A L ÿ==9,29:101 (3) trouvée par Balmer, la variable »m par la série des nombres entiers 3, 4, 5, etc.! Or, la théorie de Bohr conduit à la formule de Balmer; elle rend donc compte de toutes les lignes de cette série, qui correspond aux rayons émis quand. l’électron passe sur le cercle 2 à partir des cer- cles 3, 4, 5, etc. Deux autres séries de lignes, moins impor- _tantes, ont été observées dans le spectre de Lhy- drogène; l’une est située dans l’ultraviolet (ob- servée par Lyman), l'autre dans l’infrarouge (Paschen). La théorie de Bohr laisse également prévoir toutes ces lignes avec une précision qui ne laisse rien à désirer. Les premières sont émises quand l’électron tombe sur le cercle 1, les dernières quand il tombe sur le cercle 32. Avec l’atomé d'hélium qui possède deux élec- trons extérieurs, le problème devient beaucoup plus difficile, mais si on considère l'ion hélium (Ie+), formé d un noyau avec deux charges 1, La constante 3,29.1015, qu'on représente généralement par la lettre »,, est appelée "constante de Rydberg. 2, Dans le cas de l’hydrogène, E est égal à e et l'expres- sion W de la note 1 ci-contre, devient : 9 2 ï 27-me W —= Frrte * On en déduit : 4 Wa — Wi = = (= PES armes /f/1 1 k | M en = |. 3 5 h3 TAN EURE : : e— {9 100, _ — 5,3110—17 et k—6,5.10—77, A Rio ca 1 ie TEE = LA PL TRE LT D 2 d'où : Si on âdmet : on trouve que la fraction placée devant la MR égale à 3,1.105. Elle concorde donc à quelques pour cent près avec la constante de Rydberg. L'écart peut s'expliquer par l’inexactitude des ‘constantes qui entrent dans le calcul, « Pour obtenir la formule de Balmer, il suflit done-de rem- « placer dans la formule précédente Tr, par 2, Cela signifie ! que les lignes de cette série sont émises quant l'électron passe sur le cercle ? à partir des cercles 3, 4, 5, etc. La valeur r,— 3 donne la série de lignes observée par Paschen dans l'infrarouge, tandis que *, = 1 donne la série ? positives autour duquel circule un seul électron, le calcul peut se faire comme dans le cas de l’hy- drogène et ici également la théorie a obtenu un brillantsuccès. Elle permetde calculer plusieurs séries de lignes qui ont été effectivement obser- vées dans le spectre de l'hélium. Elle a même conduit à corriger une erreur qui consistait à attribuer à l'hydrogène certaines raies spectrales appartenant en réalité à l’hélium, ainsi que des - recherches ultérieures l’ont prouvé !. On est allé plus loin encore. La plupart des lignes spectrales de l'hydrogène ou de l'hélium ne sont pas simples. On peut, si on dispose d'instruments suffisamment puissants, les sépa- rer en plusieurs composantes, Or, M. Sommer- feld a apporté à la théorie de Bohr des perfec- tionnements heureux qui permettent une inter- prétation très satisfaisante de ce phénomène *. Sommerfeld admet tout d'abord que les orbites observée dans l'ultraviolet par Lyman. On n'a pas observé des séries de lignes correspondant à d'autres valeurs de Ts. Si on calcule au moyen dela formule de la note 1, page 586, 1'° col., les rayons des cercles de stabilité, on trouve : a, = 0,556.108 cm. a; — 8,896,108 cm, as — 2,224,108 CT 13,90 ,108 ay — 5,000,108 ais — 125,0 ..108 On voit que ces valeurs sont du même ordre de grandeur que les dimensions atomiques déduites de la théorie ciné- tique des gaz. Si on considère qu'à la température ordinaire et sous pression normale la distance moyenne des molécules d'un gaz est de 16.10-S cm. environ, on comprend que sous pression normale les premières lignes de lu série de Balmer _ apparaissent seules et que pour obtenir celles de l'ultra- violet, qui correspondent à des valeurs élevées de +;, il faut opérer sous pression très réduite, 1. Dans le cas del'ion hélium (HeT), la charge du noyau est égale à 2 e, et la fréquence des rayons émis est donnée par la formule : 8r?met {1 1 27r2mei I 1 = À — = | —-, — — h3 nt) h3 2) Fi 2 2, 2 On voit que le facteur placé devant la parenthèse du der- nier membre est égal à la constante de Rydberg, comme dans le cas de l'hydrogène, . Le spectre de l’hélium renferme# séries de lignes, qui cor- respondent à des valeurs der, respectivement égales à 1, ?, 3 ou 4. Les séries données par +, — 1 ou 7, — 2 sont dans L ge On peut décomposer la série correspondant à r9 — en deux séries partielles. La première, qui est don- née par les valeurs de +, égales aux nombres pairs, coïncide avec la série de Balmer du spectre de l'hydrogène, La seconde, qui s'obtient en remplaçant +, par la série des nombres impairs, a été découverte par Pickering dans l'étoile £- Poupe, mais attribuée d'abord à l'hydrogène. Il est démon- tré aujourd'hui qu'elle appartient bien à l'hélium, comme la . théorie de Bobr le fait prévoir. Un fait analogue s'est pré- senté avec la série obtenue en remplaçant 7, par Jet 7, par la série des nombres entiers, Attribuée d° abord. à l'hy- . drogène, il est actuellement prouvé qu'elle est due à l'hélium (Fowler). 2. Ann. d, Physik, t. LI, p. 125 (1916). A. BERTHOUD. — LA STRUCTURE DES ATOMES 587 des électrons ne sont pas seulement des cercles, mais aussi des ellipses. L'énergie d’un électron ne dépendant que de la longueur du grand axe de son orbite, il en résulte que, dans le passage d’un électron d’une orbite de grand axe donné à une autre orbite de grand axe également donné, laligne spectrale émise, déterminée uni- quement par la variation d’énergie, est la même, quelles que soient les excentricités des ellipses de départ ou d'arrivée. La même ligne spec- trale est donc émise de plusieurs manières différentes. Cela n’esttoutefois absolument exact que si 6n suppose constante la masse de l’électron. Mais on sait que cette masse dépend de la vitesse. Or, si on tient compte des variations de la masse de l’électron qui résultent des changements de vitesse de son mouvement elliptique, on arrive à ce résultat que les lignes spectrales correspon- dant aux orbites d’excentricités différentes ne coïncident pas exactement. La théorie de Som- merfeld permet donc de concevoir la complexité des lignes spectrales, et la comparaison des résultats du calcul avec ceux de l'observation montre, tout spécialement pour l'hélium, une remarquable concordance. La théorie devance même ici l'observation, car les composantes qu’elle fait prévoir sont souvent si rapprochées qu’il n’y a pas de spectrographe assez puissant pour les séparer. Si on passe aux autres éléments, les diflicul- tés deviennent très grandes. Les électrons répartis sur de nombreuses orbites s’influen- cent les uns les autres et forment des systèmes très compliqués dont on n’est pas encore par- venu à préciser l'ordonnance. [1 y a des raisons d'admettre qu’à mesure que le nombre des élec- trons extérieurs augmente, ils constituent de nouveaux anneaux, tandis que lespremiers for- més subsistent sans changement quant au nom- bre des électrons qui les occupent, mais non pas quant à leur diamètre. On peut concevoir que cette apparition périodique de nouveaux anneaux d'électrons corresponde à un changement périodique des propriétés qui dépendent de la surface de l'atome. Si une propriété est une fonction simple et non périodique de la charge, ilest à présumer qu'elle ne fait intervenir que les électrons les plus voisins du noyau. Tel est le cas du spectre de haute fréquence. La théorie de Bohr nous donne d’ailleurs, au sujet de ce dernier, plus que cette indication qualitative. Elle permet de rendre compte de la loi de Moseley. Le calcul indique que les lignes + de la série K résultent du passage d'un électron de l’anneau 2 à l'anneau 1, tandis que 588 les rayons « de la série L sont émis quand ül saute du cerele 3 au cercle 2!. Tous ces résultats sont pleins de promesses; ils autorisent à penser que la théorie de Bobr, quels que soient les changements que l'avenir y apportera, correspond à des réalités et que les recherches sont orientées dans une bonne direc- tion. Mais, si les caractères fondamentaux de la structure atomique peuvent être considérés 4. D'après Moseley [(Phil. Mag., t. XXVI, p. 1024 (1913)], un électron, en passant d’un cercle voisin du noyau et de numéro r, à un autre de numéro r,, émet des rayons dont la fréquence est donnée par la relation : D — (= E à) 2, (N — b}? ri> 1 °2 où », est la constante de Rydberg, b une constante que la théorie laisse indéterminée et N le nombre atomique. On voit aisément que, pour obtenir les formules empiriques qui donnent les fréquences des lignes z des séries K et L {voir page 582), il sufiit de remplacer Ty et ro par 1 et 2? ou bien ) par 2 et 3. M. DESMARETS. — L'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL comme connus, les détails, ainsi quenousl’avons déjà dit, nous échappent encore dans presque tous les cas. Cependant les essais tendant à pré- ciser ces détails de structure n'ont pas manqué, s'inspirant d'idées très diverses, cherchant à tirer parti d'observations de nature variée, car il n’est guère de problème qui ait tenté davan- tage la sagacité des chercheurs, ni de domaine où l'imagination et aussi la fantaisie se soient donné plus libre cours, Si l’on n’est pas encore parvenu à représenter chaque atome par un modèle qui traduise toutes les particularités de sa structure et qui rende compte de toutes ses propriétés, la voie est ouverte qui tôt ou tard conduira sans doute à ce but et permettra de ramener toutes les modalités dela matière à de simples différences dansl’arran- gement et dans les mouvements des particules: ultimes de deux éléments primordiaux, l’élec- tricité positive et l’électricité négative. A. Berthoud, Professeur de Chimie à l'Université de Neuchâtel, L'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL REVUE DE QUELQUES OUVRAGES RÉCENTS TRAITANT CE SUJET La question, capitale à l’heure actuelle, de la production intense par l’utilisation la plus par- faite possible et du personnel et du matériel a suscité l’apparition d’un grand nombre d’ouvra- ges dont les auteurs ont eu en vue, les uns d’ex- poser les travaux et recherches effectués dans cette voie, les autres de développer leurs théo- ries personnelles. En ce qui concerne l’augmentation de la pro- duction proprement dite, les principes autour desquels gravitent tous les autres sont ceux de Taylor, dont l'influence est tellement grande et si universellement admise que l’on désigne cou- ramment par le terme T'aylorisation tout ce qui. se rapporte à ce sujet. L'œuvre de Taylor, qu’ex- pose M. C. Bertrand Thompson !, est surtout une œuvre d'observation. Ce n’est qu’à la suite d’ob- servations très longues (plus de 25 ans), métho- diques, que Taylor est parvenu à résoudre une partie seulement de’ la question de la coupe de l'acier sur un tour. Taylor a étendu la méthode scientifique à cha- que détail du travail ; il a introduit l’ordre dans 1. C. Berrnanp TuompsoNw, ingénieur conseil du Ministère de l'armement, ancien maître de conférences à l'Université de Harvard ; Le système Taylor. Payot et Cie, éditeurs, Paris. (Prix : 3 fr.) toutes les opérations industrielles. Pour que les ouvriers puissent appliquer cette méthode, ilest nécessaire de réaliser l’instruction systématique de l’ouvrier. Pour cela, la meilleure méthode d'exécution d’une opération donnée est déter- minée sous la direction compétente du techni- cien, qui est souvent un ouvrier habile choisi par suite de ses aptitudes pour les recherches scien- tifiques. Une fois la méthode de travail établie, fréquemment avec la coopération des ouvriers eux-mêmes, elle est adoptée comme procédé « standard » ; on l'enseigne alors à chaque ou- vrier par des instructions écrites et orales, enfin par des démonstrations pratiques sur place, En ce qui concerne l’organisation industrielle proprement dite, c’est-à-dire la délimitation de la fonction, de la tâche de chacun, il est néces- saire de diviser les travaux en deux grandes classes : préparation (ou planning) et exécution. La première est la fonction de la direction, la seconde est la fonction des hommes. Cette sépa- ration est poussée aussi loin que possible; dans l’organisation, elle est concrétisée sous la forme des services de préparation (planning depart- ment), et dans l'exécution l’ouvrier n'aura plus qu’à s’occuper d'effectuer le travail spécial qui lui est tracé. ] Osbih nee de d PP AE 7 L'application de ces principes a eu pour con- séquence de réduire la somme d'efforts néces- saires pour atteindre un résultat donné; de cette - réduction d'effort découle une réduction du coût de Funité de rendement. Au point de vue de l’ouvrier, ce résultat se manifeste par une - habileté plus grande, un salaire plus rémunéra- teur, rendu possible par l'accroissement de ren- dement. Pour atteindre ces résultats, il est né- cessaire de mesurer d’abord le temps et l'effort ; le temps se mesure facilement par chronomé- trage. Le chronométrage estune des principales caractéristiques du système Taylor, qui lui fait jouer un rôle capital. L'effort dans le cas du travail industriel ne peut pas être déterminé d’une façon aussi exacte et aussi directe. Cepen- dant, l’on peut obtenir le même résultat en étu- teur, en vue d'éliminer ceux qui sont superflus et de rendre les autres plus faciles. C’est cette partie du travail qui constitue l'étude des mou- pements. ÿ L'étude des mouvements fait l’objet d’un ouvrage spécial de M. Frank B. Gilbreth!. Le plan de cet ouvrage est l'étude des diverses va- riables qui influent sur les mouvements : varia- bles relatives au travailleur (anatomie, muscu- lature, fatigue, alimentation, etc.); variables relatives à l’entouragé (instruments, habillement, distractions, éclairage, règles de syndicat, etc.); | enfin variables relatives aux mouvements (rapi- dité, automatisme, efficacité, choix de la posi- » tion, etc.). L'auteur indique le système de fiches qui lui a servi à enregistrer ses observations ; il . termine en indiquant les résultats obtenus dans la maçonnerie de briques en appliquant ses prin- _ cipes. 4 Une fois détérminés et le temps nécessaire pour un travail donné et la façon dont les mouve- : ments, les opérations devront être exécutés pour . effectuer ce travail, il faut établir dans quelordre _ les mouvements,les opérations devrontétreeffec- - tués; c’est là le rôle du contremaitre d’ordonnan- cement.Cetordre est indiqué sur les cartes d’in- . struction auxquelles on ajoute la liste des outils nécessaires, et la carte de travail sur laquelle est noté le temps alloué pour chaque opération en _ vue de l’obtention de la prime. La mise en œuvre du système Taylor nécessite _ des frais de première installation assez élevés, et il s'écoule un certain temps avant que l’on ob- | tienne des résultats appréciables ; il n’y a guère \ F. 1. Frank B. Girgrern : Etude des mouvements, Méthode d'accroissement de la capacité productive d’un ouvrier (tra- duction Ottenheimer). Dunod et Pinat, éditeurs. Paris. Prix: 9fr.) diant en détail tous les mouvements de l’opéra-, M. DESMARETS. — L'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL 589 que les entreprises solides au point de vue finan- cier qui puissent appliquer la « taylorisation ». IL faut ajouter à cela que l’application du sys- tème Taylor entraine la présence d’un grand nombre d'employés fournissant un travail indi- rect (et non improductif comme il est dit sou- vent par incompréhension des principes de l'organisation scientifique). Au point de vue des ouvriers, ce qui indique- rait que le système Taylor n'est pas cause de fatigue et par suite de maladie, et qu'il ne fait pas de l’homme une machine par suite de la spécialisation à outrance, comme on le Jui a reproché très souvent, c'est que, dans les usi- nes où le système Taylor est appliqué, il ya peu de changements dans les ouvriers ; au début, les mauvais ouvriers s’éliminent parce qu'ils sont incapables d’augmenterleur salaire, etles autres, intéressés par leur travail, restent. En résumé, dans la très grande majorité des cas où l’on a appliqué les principes de l’organi- sation scientifique, on a obtenu d’excellents résultats ; les échecs ont pour cause soit l’inex- périence des experts chargés de l'application, soit la faiblesse financière de l'affaire où s’effec- tuait l'application, et qui obligea à suspendre trop tôt les essais. Cependant, il faut reconnaître que les perfectionnements les plus réels dus au chronométrage et aux cartes d'instruction ont été constatés dans les ateliers mécaniques, où le caractère essentiellement technique des fac- teurs en jeu a suffisamment justifiéle concours d'investigateurs experts. L'ouvrage de M. Lefort-Lavauzelle, L'Organisa- tion scientifique des usines!, constitue une étude critique de la méthode Taylor et de celles qui en dérivent. D’après cet auteur, il y aurait à l'heure actuelle, sur 201 usines appliquant le système Taylor : 169 aux Etats-Unis, 4 au Canada, 1 en Australie, 4 en Angleterre, 5 en France, 2 en Hollande, 6 au Japon, 9 en Russie, 1 en Suède. L'auteur réfute, comme conclusion de son étude, les reproches faits au système Taylor; 1° de supprimer l'initiative tant chez l'ouvrier que chez le contremaitré ; 2° de tendre à faire de l’ouvrier une machine inconsciente, objet d’une contrainte’ continuelle et d'un surmenage sys- tématique ; 3° d'augmenter d’une façon excessive le nombre des improductifs qui grèvent lourde- ment les frais généraux. Cette dernière critique, qui semble justifiée à première vue, s'évanouit du fait que, grâce à l’organisation seientifique, la production, les salaires des- ouvriers et les 1. Lerort-LAvAuzeLce : L'Organisation scientifique des usines. Henri Charles-Lavauzelle, éditeur. Paris. 590 bénéfices du patron augmentent dans des pro- portions très sensibles. Le remarquable ouvrage de M. J. Hartness! : Le facteur humain dans l'organisation du travail discute également les principes de Taylor. Cette discussion est excessivement intéressante, d’au- tant qu'elle roule principalement surun sujettrop négligé par des novateurs enthousiastes, le rôle de l’inertie humaine; l’auteur en étudie la nature sous ses différents aspects. L’habitude, qui est une des formes de l'inertie humaine, assure la continuité des résultats acquis et doit être utili- sée pour la réalisation du progrès. C’est l’habi- tude qui nous permet de ménager nos forces, et de surmonter les difficultés, qui nous permet d'emmagasiner l'énergie comme le fait le volant d’une machine. | Dans son livre, James Hartness a fait preuve d’une compréhension très juste, quoique très bienveillante, de l’homme. La lecture du chapi- tre « Tous les hommes se ressemblent » est à recommander à tous ceux, trop nombreux, qui se plaignent de leur personnel, souvent parce qu'ils n’ont pas voulu l’étudier sincèrement et à fond. Cet ouvrage contient toute une série d'excellents conseils se rapportant aux précautions à prendre pour introduire un perfectionnement de quelque nature qu’il soit; continuellement le mot « pru- dence » revient dans ces lignes. Le livre de Hartness complète les ouvrages de Taylor. Les deux extraits suivants de l’œuvre de James :Hartness permettront de juger de sa tournure d'esprit : « Voulez-vous faire une bonne machine ? Com- mencez par bien connaître celui qui doit s’en servir. » « La seule machine parfaite est celle qui n'a. pas encore servi, et l'ingénieur qui ne connaît pas le défaut de sa machine la connaît bien mal. » Dans L’éveil de l'esprit publie, M. Henri Fayol? développe ses théories sur l'administration ou organisation entendueavecle sens de prévoyance, organisation, commandement, coordination et contrôle. Pârlant naturellement du système Taylor, pour lequel il ne nourrit pas un enthousiasme sans limites, M. Fayol est d'avis que pour pouvoir l’appliquer il faut être pourvu de la double capa- cité technique et administrative. 1. James Harrness, ancien Président de l'American Society of Mechanical Engineers : Le facteur humain dans l'organisation du travail (Traduction HA Perrot et Ch. de Fréminville). Dunod et Pinat, éditeurs. Paris. (Prix : 4 fr. 50.) 2, HeNRt FAYOL : L'éveil de l'esprit public. Dunod et Pinat, éditeurs, Paris, (Prix : 6 fr.) M. DESMARETS. — L'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL . 1" * ; Dans L'éveil de l'esprit public est intercalée une très intéressante conférence de M. le lieu- tenant R.Desaubliaux sur l'application des théo- ries de M. Fayol à l'administration d’une section, conférence faite-à des aspirants ayant suivi des cours de mitrailleurs. Le style en est très vivant, et l’auteur y a fait preuve d'une compréhension très remarquable de l'homme. L'Organisation industrielle! de M. P. Char- pentier est une étude beaucoup plus complète que toutes celles que nous avons étudiées précé- demment : elle traite de l’organisation totale d'une affaire. L'auteur étudie très en détail le rôle, l'importance de la publicité, la façon dont elle doit être faite, la préparation puis l'exécution des commandes;ilexamine tout particulièrement la question des salaires, à laquelle il donne une . grande impor tance, très justifiée d’ailleurs. Il décrit les principes du salaire à l’heure, aux pièces, à l’entreprise, donnant quelques indica- tions particulières surles systèmes de Halsey, de Rowan, de Taylor (système différentiel), de Gantt, d'Emerson. Une étude critique de ces divers sys- tèmes accompagne leur description. Ce chapitre est un des plus remarquables de ce très intéres- sant ouvrage. L'auteur le termine par l’étude de la question de la participation des ouvriers aux bénéfices; il en montre les difficultés d'applica- tion, qui cependant peuvent à la rigueur n'être pas insurmontables. L'auteur examine ensuite très en détail les questions de comptabilité (répar- tition des frais généraux tout particulièrement), enfin l'établissement des usines. Le chapitre qui traite des tendances de l’industrie moderne, sans apporter d'idées bien nouvelles, donne toutefois une idée très exacte de la question en ce qui con-. cerne l’enseignement technique et la coopération de la science et de l’industrie. L'ouvrage de M. H. Gisi?, Entreprises indus-" trielles, répond à un objet tout différent, qui est de guider ceux qui veulent créer une usine ou exploitation industrielle quelconque, agrandir ou modifier une installation. Cet ouvrage est l’œuvre d’un ingénieur-conseil qui a exposé avec beaucoup de détails et assez de clarté les diffé- rentes phases de l'établissement d’une affaire : frais précédant la construction, frais d’exploita- tion. Pour ce dernier cas, l’auteur emploie une méthode graphique excessivement ingénieuse qui peut rendre des services aussi bien pour le projet d'installation que pour l'exploitation. Comme exemple d'application pratique des 1. P, CHARPENTIER Organisation industrielle. Dunod et Pinat, éditeurs, Paris. (Prix : 22fr. 50.) 2. H, Gisi : Entreprises industrielles. teur, Paris, (Prix : 14 fr. 40.) Ch. Bérenger, édi- US) TU ET" ; | . - “ d M. DESMARETS. — L'ORGANISATION SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL 591 \ . différentes méthodes d'organisation rationnelle - du travail, nous pouvons signaler le travail de M. L. Guillet : Recherches sur différents points de la fabrication des obus'. On ÿ voit comment + l'étude systématique d’une question peut con- - duire à des résultats excessivement intéres- | sants ; ce qui caractérise ce travail, c'est l'esprit - de méthode avec lequel il a été exécuté. La ques- tion si importante du métal à employer pour fabriquer les poinçons d’emboutissage a conduit _à l'étude de la dureté à différentes températures ; le traitement thermique des obus de son côté a amené l’auteur à étudier les variations des pro- | priétés du métal au cours de la fabrication des obus; ces études présentent un intérêt général dépassant de beaucoup le cadre du travail. . Signalons en passant que l’ouvrage de M. Guillet _ est abondamment et remarquablement bien illustré. L'Etude de l'organisation de la production . française, concernant la sidérurgie, a été traitée par deux auteurs. L'un de ces auteurs, M. G. Charpy, s'occupe de la question de la fixa- tion des termes à employer pour désigner les différents produits de la métallurgie du fér, ainsi … que la fixation des méthodes d'essai de ces pro- duits. L'autre auteur, M. J. Carlioz, publie un _ travail plus en rapport que le précédent avec le . titre de l'étude. Il envisage la situation de notre industrie sidérurgique après le retour du bassin lorrain, et traite avec beaucoup de clarté l'épi- neuse question du combustible et la dépendance dans laquelle nous nous trouverons à ce sujet vis-à-vis de l'Allemagne. Les conclusions du tra- vail de M. J. Carlioz, en ce qui concerne la réduction des prix de revient, sont qu'il faut: … 4° unifier les profils; 2° spécialiser les usines. L'auteur proposele relèvementde quelques tarifs douaniers, la constitution d'un comptoir géné- ral de ventes en commun, en France et à l’étran- _ ger, de tous les produits métallurgiques, et enfin - la modification de l'article 419 du code pénal > dans un sens permettant aux industriels de se _ grouper pour réaliser cette vente en commun. Nous ne voudrions pas terminer cette revue des ouvrages traitant des perfectionnements pouvant être apportés à notre industrie sans mentionner l’œuvre remarquable, tant par son _ importance, par les renseignements qu’elle con- tient que par la façon dont elle a été exécutée, ! 4. L. Guurer ; Recherches sur différents points de la - fabrication des obus. — Publication de la Revue de Métallur- D pie. 2. Etude de l'organisation de Ja production française après la guerre. — La sidérurgie : Produits de la métallurgie du fer, par G. Cuaney. Produits ordinaires, par J. CaAr£10z. — Publications de la Revue de Métallurgie. que constitue le ARapport général sur l'indus- trie française, sa siluation, son avenir |, éta- bli par la Direction des Etudes techniques du Ministère du Commerce. Tout ce qui concerne les industries françaises se trouve exposé dans ce travail, édité avec énormément de soin, abon- damment pourvu de statistiques, de graphi- ques, etque tous les industriels auront intérêt à consulter. # Nous venons de passer en revue différents ouvrages parus récemment, traitant, examinés à un point de vue différent, des moyens à adopter pour intensifier la production. De tous ces moyens, celui qui domine c’est l’organisation scientifique des usines; dans ce domaine, une œuvre se détache entre toutes les autres, c’est celle de Taylor. Bien avant Taylor, ou même depuis ses travaux, mais sans les connaître, de nombreux industriels ont fait de l’organisation scientifique; Taylor n’est donc pas un novateur au sens exact du mot, mais son rôle capital a été de codifier l’organisation rationnelle du travail, d'en donnerles règles, les directives principales ; à cette œuvre, il s’est adonné avec toute la foi d’un apôtre et avecune conscience remarquable, appuyée sur une intelligence et une volonté hors de pair. Le système Taylor n’est cependant pas une panacée ; il ne vaut que par les hommes qui l'ap- pliquent. Il a créé un état d’esprit tout nouveau dans la façon d'organiser le travail, aussi bien au point de vue de la machine qu’au point de vue de l’ouvrier. Le but principal de Taylor a été de rechercherla meilleure utilisation de l’homme dans le travail librement accepté. La sélection et l'adaptation des travailleurs à des besognes adéquates à leurs facultés estune des branches maîtresses du système Taylor. Un fait à noter, c’est que l’organisation ration- nelle du travail, appliquée avec succès surtout dans les industries du travail des métaux, est applicable à toutes les industries. En tout état de cause, l’application des idées, des principes de Taylor, ou d'une facon plus générale ded’or- ganisation scientifique, a donné d'excellents résultats dans la pratique, résultats dont l'im- portance ira en augmentant au fur et à mesure que les idées d'organisation rationnelle du tra- vail se répandront. M. Desmarets. 1. Rapport général sur l'industrie française, sa situa- tion, son avenir, 3 vol, in-4°, — Ministère du Commerce. — Imprimerie nationale, (Prix : 120 fr.) 592 LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES SUR L'AUTRUCHE DEUXIÈME PARTIE! : VI. — DÉGÉNÉRESCENCE DE L'AUTRUCHE Les Ratitæ, ou oiseaux coureurs, auxquels appartient l'autruche, sont considérés comme dégénérés sous plusieurs rapports quand on les compare avec les Carinatæ, ou oiseaux volants, particulièrement au point de vue de l'aile, qui ne sert plus au vol. L'autruche est également le seul oiseau qui ne possède que deux doigts au pied, au lieu des quatre doigts habituels. Lé grand nombre d’oiseaux du Nord et du Sud actuellement utilisables pour l’étude m’a permis de déceler plusieurs autres directions dans les- quelles uné extinction des organes est en train de se produire, et les divers stades observables du processus dégénératif permettent d'indiquer la manière dont s'effectuent ces pertes. Certaines parties du plumage et les doigts de l'aile et du pied présentent également des lignes indépen- dantes de dégénérescence. « $ 1. — Couvertures inférieures 1. Première rangée. — Il n’existe, chez pres- que toutes les autruches, qu’une seule rangée de couvertures inférieures, et celle-ci est rarement complète. Ses éléments alternent avec la rangée des grandes plumes de l’aile et aussi avec la der- nière plume de la première, de la seconde et quelquefois de la troisième rangée de couvertures supérieures qui, avec les rémiges, constituent la rangée marginale de plumes. Sur des centaines d'oiseaux examinés, deux seulement ont montré une alternance complète des couvertures infé- rieures, et souvent il en manque jusqu’à 9 ou 10. La numération effectuée sur 25 oiseaux a donné une moyenne de 30,2 couvertures, soit 6 de moins que la moyenne des rémiges, et il en faudrait 2 ou 3 de plus pour alterner avec la dernière plume des rangées de couvertures supérieures. En général, les plumes qui manquent sont des plumes complètes; maïs parfois on observe 2 ou 3 vestiges de plumes au delà du dernier membre habituel de la rangée. Ce ne sont pas de simples plumes naines, mais des plumes imparfaitement formées. Les stades de dégénérescence sont sem- blables à ceux qu'on remarque plus aisément sur les plumes inférieures des-ailes et de la queue; là le tuyau est la première partie à se briser 1. Voir la première partie dans la Revue du 15 octobre 1919, t. XXX, p. obhet suiv. et à dispayaître, puis les barbules et enfin les barbes. Les vestiges de plumes continuent à apparaître à mesure que les plumages se suc- cèdent, mais ils sont plus enclins à disparaître avec l’âge que les plumes normales. De ce qui précède, il résuite évidemment que la rangée de couvertures inférieures de l’autru- che subit un processus de réduction graduelle, commençant vers le côté du coude. Etant donné le nombre d'oiseaux étudiés, il est possible de trouver tous les stades depuis la rangée complète jusqu’à celle où dix plumes ont déjà disparu, ce qui montre que ce processus ne se poursuit pas uniformément chez tous les représentants de la race. 2. Deuxième et troisième rangées. — Tandis que la grande majorité des autruches ne pos- sèdent qu’une seule rangée incomplète de cou- vertures inférieures, on trouve parfois des oiseaux portant des plumes qui appartiennent à une deuxième et même à une troisième rangée de couvertures inférieures. Elles se présentent plus souvent chez les oiseaux sud-africains que chez les oiseaux nord-africains. Chez un mâle du Cap, j'ai observé jusqu’à 13 petites plumes alter- nantes proches de la première rangée de couver- tures inférieures, et au-devant de celles-ci 4 autres plumes, alternant avec elles et apparte- nant manifestement à une 3e rangée. Elles ten- daient à donner à l’aile l'apparence d’une surface recouverte, bien différente de l’aspect nu habi- tuel.Assez souvent, on remarque desplumes déta- chées de la 2e et de la 3° rangées dans une partie quelconque de celles-ci, ou une série de plumes en succession régulière, les plumes moyennes apparaissant de préférence aux plumes termi- nales. Mais ce n’est que sur les oiseaux d’une seule ferme que j'ai trouvé les 2e et 3° rangées presque complètes, et comme elles apparaissent également chez leurs descendants, on peut consi- dérer qu’elles sont d’origine germinale. Les plu- mes additionnelles sont presque toujours com- plètement formées, et comme les trois premières rangées de couvertures supérieures elles vont en diminuant de taille de la 4re à la 3° rangées. Occa- sionnellement, toutefois, des vestiges de plumes, imparfaits, se montrent, comme si les plumes individuelles passaient par un processus graduel de dégénérescence. Une seule explication paraît pouvoir être donnée de la rareté de la présence des 2e et + : a st bite htm, die SUR L'AUTRUCHE 593 3° rangées de couvertures inférieures : c’est que les ancêtres de l’autruche étaient, comme les oiseaux volants modernes, pourvus d’une couver- » ture de plumes à la surface inférieure ou interne » de l’aile, quoique dans presque tous les cas celle-ci soit nue maintenant, à l'exception de la 17° rangée elle-même en voie de disparition. $ 2. — Plumes sur le 3° doigt Le troisième doigt est habituellement enfoui dans les muscles de l'aile, mais au cours du - développement il se projette librement, et par- fois il reste distinct chez l'adulte. Là où il est caché, son extrémité libre s'étend presque jus- qu'au bord postérieur de l’aile, et à cette place on observe parfois une ou deux plumes addition- nelles, interférant avec l’arrangement régulier . des couvertures inférieures et des rémiges. Les plumes irrégulières sont souvent une énigme pourles éleveurs d’autruches. Des dissections _ m'ont montré qu'elles appartiennent à une série distincte à la fois des couvertures infé- rieures et des rémiges, les tuyaux croisant les phalanges du 3 doigt de la même façon que les tuyaux des rémiges croisent les phalanges du 2e doigt. Sans aucun doute, ces plumes addition- nelles doivent donc être considérées comme appartenant au 3% doigt. | Outre ces plumes de l'extrémité, on trouve aussi occasionnellement des plumes isolées le … long du 3° doigt. Elles peuvent apparaître en un point quelconque de sa longueur, et sont tout à fait distinctes des couvertures inférieures. Je suppose que ces deux sortes de plumes sont les représentants d’une époque où l’ancètre de l'au- truche possédait un 3° doigt pourvu de plumes, comme celles qui survivent sur l’aile bâtarde. Il semble que l’autruche soit le seul oiseau vivant dont le 3° doigt porte des plumes, bien qu'il n’y ait pas de doute que ce füt la condition des _ oiseaux d’autrefois. $ 3. — Couvertures supérieures Les couvertures supérieures sont noires chez le mâle et grises chez la femelle, et alternent avec les rémiges. Le nombre des rangées varie quelque peu : chez certains oiseaux, on n’en con- - state que 2 ou 3 bien définies, chez d'autres5ou6. En ce qui concerne le nombre de plumes par fangée, il varie dans la première en corrélation _ directe avec les rémiges, et ne présente aucune réduction indépendante; la seconde rangée, d'autre part, est dans une phase de dégéné- rescence à son extrémité distale, en contraste avec l’extrémité proximale de la première rangée de couvertures inférieures. La seconde rangée ne porte que très rarement le nombre nécessaire pour une alternance complète avec la première; elle à parfois 1 ou 2 plumes de moins; souvent 5 ou 6, ou même une dizaine manquent; mais on reneontre tous les stades intermédiaires. Ocea- sionnellement, quelques-unes des plumes termi- nales sont à l’état de vestiges, comme si elles subissaientune dégénérescence progressive. Les rangées de couvertures supérieures sont généra- lement plus réduites chez les oiseaux nord-afri- cains que chez les oiseaux sud-africains, l'aile dans son ensemble étant un peu plus étroite. Il est donc évident que le nombre actuel derangées de couvertures subit une réduction, aussi bien que le nombre de plumes dans chacune d’elles à partir de la seconde. L'influence dégénérative n’a pas encore atteint la première rangée de cou- vertures, excepté en tant qu’elle varie avec les rémiges. $ 4. — Couvertures des jambes Chez l’autruchon qui vient d’éclore, la surface extérieure de la jambe est pourvue de plumes natales semblables à celles qui couvrent les ailes et le corps en général, et qui seront remplacées peu à peu par le vrai plumage du jeune. La cou- verture entière de la jambe persiste jusqu'à l’âge de 6 mois, puis les plumes tombent gra- duellement sans être remplacées par d’autres, de sorte que vers l’âge d’un an la jambe est entière- ment nue, à l'exception peut-être de quelques plumes situées le long du bord postérieur, rare- ment le long du bord antérieur. La rapidité de la chute et le nombre des plumes qui persistent va- rient suivant les animaux. Les trous des folli- cules vides subsistent pendant des années, en devenant graduellement moins marqués. Dans ce cas, on peut admettre que les facteurs germinatifs en relation avec la production des couvertures des jambes conservent leur activité normale jusqu’à ce que les jeunes soient âgés de 6 mois environ, puis le plus grand nombre per- dent leur efficacité, et les plumes tombent. Si nous voulions chercher une explication adapta- tive, nous pourrions associer cette perte avec la croissance des plumes des ailes, Pendant que ces dernières sont petites, la surface externe de la jambe serait découverte, si elle n’était revêtue de ses propres plumes. Quand les jeunes grandis- sent, les plumes des ailes s’allongent et, en s'étendant en bas et en arrière, elles servent à couvrir la jambe ; alors la présence des couver- tures des jambes n’est plus nécessaire. Mais, tout en tenant compte d’une corrélation adaptativede ce genre, nous devons chercher néanmoins à l'expliquer sur une base germinale et factorielle. { + 594 =. TUHUL 0 ‘ur - ; = AU ? a FAC LUN as ot 7 r Li à vw CE J.E. DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES Les facteurs de production des plumes perdent- ils naturellement leur puissance quand les jeunes vieillissent, ou sont-ils inhibés par quelque autre influence physiologique apparaissant chez eux ? $ 5. — Duvet Chez la plupart des oiseaux de vol, une couver- ture de plumes de duvet ou plumules apparaît à côté des plumes ordinaires du pourtour du corps et des ailes ; on peut rencontrer aussi un certain nombre de petites plumes, semblables à des poils, ou filoplumes. Les descriptions du plumage de l’autruche signalent l’absencedeces petites plumes additionnelles; maïs, par un examen attentif de chaque oiseau du Niger et du Cap, je les ai retrouvées autour de la base des grandes plumes des ailes et de la queue, leur degré de développement variant beaucoup avec les individus. Un examen accidentel de la sur- face du corps ne permet pas de les découvrir ; mais les fermiers remarquent souvent leur existence sur les ailes et la queue, et ont une vague notion que leur développement- marqué ivdique un oiseau à beau plumage. Elles sont généralement plus rares sur les oiseaux nord- africains que sur leurs parents sud-africains. En ce qui concerne les plumes individuelles, quelques-unes sont bien développées, quoique réduites ; mais le plus grand nombre sont impar- faites et dégénérées. Au lieu d’une simple tige, plusieurs en ont deux ou trois, imparfaites ; d’au- tres sont des touffes de barbes avec barbules, tandis que certaines sont réduites à une ou deux barbes en forme de poils, sans barbules. Sur le même oiseau, on peut observer tous les intermé- diaires entre ces.extrêmes. Tandis que la distribution du duvet se res- treint généralement au voisinage des grandes plumes d’aile et de queue, elle s'étend occasion- nellement à d’autres surfaces. Quelques oiseaux étalent une couverture clairsemée de barbes pili- formes sur toute la partie postérieure du corps, y compris la large aptérie latérale; dans quel- ques cas, un duvet extrêmement dégénéré a été observé sur la partie interne, nue, de l'aile, là où l’on s’y attendrait le moins, si, d’après les indications déjà fournies, on ne savait que la partie inférieure,de l'aile a été autrefois bien pourvue de couvertures. Toutes ces découvertes sont nettement en faveur de l'hypothèse d’après laquelle l’autruche ancestrale était revêtue sur tout le corps d’une couverture de plumes de duvet, s’ajoutant à celle des grandes plumes de pourtour, à la ma- nière de la plupart des oiseaux de vol. En géné- ral, elle est aujourd'hui réduite à la région des grandes plumes d'ailes et de queue, mais parfois elle s'étend sur d’autres parties du corps. En outre, les plumes sont maintenant rarement un duvet typique, mais elles présentent de nom- breuses marques de dégénérescence. $ 6. — Troisième doigt de l'aile Chez tous les oiseaux vivants, le 3% doigt est fortement réduit et enfoui dans les muscles PS LPS NC RE JR NEREC * de l’aile. L'autruche adulte ne fait généralement pas exception à cette règle, quoique les contours du doigt puissent être distinctement perçus à travers la peau mince. Chez l'embryon, par contre, on observe clairement le doigt vers lé 10° jour de l’incubation, et il est alors de taille égale au 2°, de beaucoup le plus gros des trois dans l’aile bien formée. A partir du 10° jour, le second doigt croit beaucoup plus que le 3°, et à quelques jours de l’éclosion ce dernier se présente comme une petite saillie triangulaire du bord post-axial des ailes, beaucoup plus accentuée chez certains embryons que chez d’autres. Après l’éclosion, cette saillie dispa- raît généralement et l’on n’en voit plus aucune trace de l’extérieur. La dissection montre que la première phalange est toujours bien développée; la seconde n’est généralement représentée que par un très petit nodule osseux. Le premier et le second doigts portent, des ongles bien définis, et certains auteurs ! assurent qu’il en est de même du 3°; mais je n’en ai jamais trouvé à ce dernier chez les centaines d'oiseaux que j'ai eu l’occa- sion d'examiner. ; y Tandis que le 3, doigt est généralement caché, comme je viens de le dire, chez quelques. oiseaux il constitue une saillie distincte de la surface inférieure générale de l’aile, et il peut même s'étendre au delà du bord sous forme de doigt, J'ai rencontré tous les stades intermédiaires entre les extrêmes sur le grand nombre d'oiseaux dont je disposais. Etant donnée la manière dont l'oiseau traine ses ailes-sur le sol quand il prend un « bain de sable » ce doigt frotte souvent con- tre la terre dure et rugueuse, ce qui a pour résultat la formation d’une callosité en forme de bosse. Chez les oiseaux dont le doigt se projette nettement, la seconde phalange peut atteindre 25 mm. de longueur, au lieu de constituer un . simple nodule ; mais on rencontre tous les sta- des intermédiaires de dégénèrescence. Le passage de l'un à l’autre des stades de dégénérescence du doïgt se fait par degrés im- perceptibles, et non par étapes distinctes. On: peut admettre que les facteurs génétiques en CR 1, Parker el Haswei : Text-book of Zoology, t. I, p. 395, SUR L’AUTRUCHE - relation avec le 3° doigt sont de même puissance que ceux du 2° doigt jusqu'au 10° jour de l'in- > cubation; mais, à partir de ce moment, ils de- . viennent plus faibles et n’aboutissent ultérieure- ment qu’à la formation d’une ou deux phalanges, sans ongle à l'extrémité, tandis que le 2e doigt a toujours trois phalanges terminées par un ongle. Les facteurs du 3 ongle ont complètement dis- paru du plasma germinatif, et ceux de la seconde phalange ont presque perdu leur pouvoir chez la plupart des individus, quoique encore eflica- ces chez quelques-uns. $ 7. — Quatrième doigt externe du pied Le petit doigt externe du pied de l’autruche est le 4° du pied pentadactyle, le 1er, le 2° et le 5e ayant déjà disparu, bien que le Prof. Broom l'embryon après 10 à 11 jours d'incubation. Si les pertes qui ont déjà eu lieu se poursuivent, le doigt suivant qui disparaîtra sera le 4, età la fin le 3° ou médian restera seul. Outre la grande différence de taille entre le 4°et le 3 doigts, il _ ya d’autres raisons de penser que le premier - subit actuellement une lente dégénérescence, _ surtout en ce qui concerne l'ongle et les écailles de sa face supérieure. Les phalanges, quoique de dimensions très faibles, conservent toujours leur nombre normal, 5. Déjà l’ongle du 4° doigt a disparu dans la plu- part des cas; il sé présente occasionnellement, et plus souvent chez les oiseaux nord-africains que leurs congénères sud-africains. Dans un lot de "25 oiseaux du Niger mélangés, je l’ai trouvé sur 6, - tandis que chez 20 oiseaux mêlés du Cap jene l'ai observé que sur un seul'individu. Toujours il est peu développé, surtout en comparaison avec l’ongle fort du doigt moyen, et ilest tou- jours non fonctionnel, n’atteignant jamais le sol. Là où il est le mieux formé, il fait saillie d’envi- _ron 6 mm, de son alvéole; d’autres fois, il est presque caché dans l’intégument. En général, il est également développé sur les pieds droit et gauche; mais on peut trouver des différences entre les deux pieds. 1f Dans les croisements où les deux parents ne possèdent pas cet ongle, la progéniture en est également dépourvue. Par contre,-là où un des parents la possède et non l’autre, il se retrouve chez la moitié environ des desceudants : les oiseaux à onglé sont donc des hétérozygotes dominants, et la présence de l’ongle obéit à la loi de Mendel. : L'expérience prouve donc que l’absence de cet ongle correspond à'la perte d’un ou plusieurs ‘ait découvert des traces de tous les cinq chez. facteurs génétiques du plasma germinatif, mais les divers stades observés montrent aussi que le facteur ongle subit une diminution graduelle d'action. Il y a donc tout lieu de s'attendre à ce que l’ongle du 4 doigt disparaisse avec le temps de toute la race-des autruches, comme c’est déjà le cas pour l’ongle du 3° doigt. Les grosses écailles de la face supérieure du doigt forment une série continue, en général au nombre de 8 à 10 (fig. 3). Elles ne recouvrent Fig. 3. — Tarses et pieds de l'autruche nord-africaine. qu’une faible partie du doigt, alors que la com- paraison avec d’autres oiseaux nous ferait sup- poser qu’elles doivent s'étendre sur toute la lon- gueur et former une série continue avec les grosses écailles du tarse. Il faut admettre que Jes facteurs des écailles absentes ont complète- ment disparu du plasma germinatif, car je n'en ai jamais trouvé trace, même chez l'embryon. Avec l’ongle, elles constituent une autre preuve de la dégénérescence du 4: doigt. $ 8. — Troisième doigt médian du pied Le gros doigt du pied de l’autruche est le 3° ou médian du pied pentadactyle, et, comme le seul autre doigt persistant est, nous l'avons vu, en voie d'extinction, il est très probable qu’un temps viendra où l'oiseau ne dépendra que de ce 3e doigt. Toutefois, certains traits de sa structure font penser qu'il se trouve, lui aussi, soumis à un processus de dégénérescence, de sorte que finale- ment tous les doigts disparaîtraient, si l'oiseau survit aux stades intermédiaires. Sur le devant du tarse s'étend une série de 596 grosses écailles, presque rectangulaires, qui, dans la plupart des cas, se continuent sans inter- ruption jusqu’à l'extrémité du gros doigt (fig. 3). Sur la jambe leurs bords contigus se touchent simplement, mais ils s’imbriquent là où le tarse rejoint le doigt, et aussi sur ce dernier, de façon à permettre les mouvements de flexion pendant la marche et la course. Le long du tarse, les écailles sont à peu près de même taille, mais à la jonction avec le doigt elles deviennent générale- ment plus petites et s’élargissent distalement. Parfois une rupture de continuité se produit à la jointure: quelques-unes des grandes écailles dis- paraissent et sont remplacées par les écailles insignifiantes qui recouvrent généralement la surface du membre ; dans quelques cas rares, on observe une seconde rupture de continuité à la jointure qui existe vers le milieu du doigt : il y a ainsi une série proximale et une série distale d’écailles digitales. Le nombre d’écailles varie suivant les indivi- dus, et aussi d’une jambe à l’autre ; quelquefois il se produit des irrégularités par suite d’une subdivision partielle d’écailles simples. La nu- mération des écailles a donné les chiffres sui- vants : À. Series continues du tarse au doigt : 53 à 58 à la jambe droite, 53 à 57 à la jambe gauche. B. Séries avec une interruption : Jambe droite: 27 à 28 au tarse, 16 à 17 au doigt. Jambe gauche : 27 à 30 au tarse, 17 à 19 au doigt. C. Séries avec deux interruptions : Jambe droite : 29 à 32 au tarse, 5 à 6 et 8 à 9 au doigt. Jambe gauche : 29 à 31 au tarse, 5 à 7 et 8 à {1 au doigt. La rupture de continuité se présente rarement, surtout chez les autruches sud-africaines. Sur 20 oiseaux du Cap, une seule présentait une in- terruption, tandis que sur 20 oiseaux de la Nige- ria 3 présentaient une seule interruption et 2 une double interruption de la scutellation. On se trouve là en face d’une disparition définitive d’écailles du doigt, et si on la rapproche d’au- tres phénomènes de dégénérescence du pied, on doit la considérer comme la première preuve de dégénérescence du doigt moyen de l’autruche. Les ruptures représentent évidemment des caractères unités indépendants, des mutations régressives, en cours d’introduétion dans la race entière, le processus étant un peu plus avancé chez l’autruche du Nord que chez celle du Sud. Les expériences de croisement prouvent que les ruptures sont de nature germinale. Quand elles n’existent chez aucun des deux parents, les descendants ont également unescutellation con- tinue. Par contre, quand l’un des parents pré- J. E. DUERDEN. — LES RÉSULTATS DES RECHERCHES RÉCENTES sente une discontinuité et pas l’autre, elle se retrouve chez la moitié des jeunes environ, ce qui prouve que le facteur de discontinuité est domi- nant, mais que le plasma germinatif est simplex où hétérozygote par rapport à lui. On pouvait d’ailleurs s'y attendre étant donné que ce carac- tère est en voie d’introduetion dans la race et qu’il se comporte à la façon mendélienne. VII. — Sont ULTIME DE L’AUTRUCHE Etant donnée la dégénérescence quise pour- suit dans des directions si variées, on est en droit de se demander quel sera le sort ultime de l’autruche. Il est raisonnable de penser que les disparitions déja commencées continueront dans le même sens, si l’évolution naturelle se prolonge librement etsansrestrictions. Evidem- ment quelque influence intrinsèque est à l’œuvre sur le plasma germinatif, aboutissant à la lente disparition de certaines parties de l'oiseau d’une manière continue et déterminée, et de ce qui s’est déjà passé il semble possible de tirer une conclusion sur le résultat final. Sans aucun doute, le plumage dans son ensem- ble se restreindra de plus en plus. A l'heure actuelle, il n’existe probablement aucun oiseau aussi nu que l’autruche. Les deux côtés sont presque dépourvus de plumes, une large surface nue apparaît sur le sternum et le pubis, les jam- bes n'ont pas de plumes chez l’adulte, la surface interne des ailes n’en possède presque pas non plus, la tête de l’oiseau nord-africain est chauve et la couche sous-jacente de plumes du duvet va disparaissant de la race. Les faits connus don- nent toute raison de croire que, si l’autruche était laissée à elle-même, les rémiges conti- nueraient à tomber et que le minimum actuel de 33 plumesirait en diminuant; la seule rangée de couvertures inférieures est en voie de réduc- tion, et suivra la 2e et la 3e rangées qui ont pra- tiquement disparu tandis que les couvertures supérieures voient leur nombre baisser progres- sivement; les plumes des jambes peuvent cesser simultanément d’apparaître, même chez les jeu- nes ; la calvitie peut s'étendre; et les plumes du duvet, quoique aujourd’hui à l’état de vestiges et négligeables pour le bien-être de l'animal, peuvent aussi s’effacer totalement. Avec ses premier et second doigts pourvus d'ongles, son troisième doigt séparé et distinct, comptant deux phalanges, l’aile de l’autruche, dans ses parties composantes, est moins dégé- nérée que celle de la plupart des oiseaux, et le membre dans son ensemble est en relation plus étroite avec celui de l’ancètre reptilien. SUR L’AUTRUCHE 597 Toutefois, il subit probablement une diminution générale de dimensions plutôt qu'une disparition de ses constituants, comme c’est aussi le cas pour l'Apteryx et probablement d’autres Ratitæ. Il y a cependant des preuves que le 3° doigt dégé- nère etqu'une aile plus courte et plus étroite est en corrélation avec la réduction du nombre des plumes. C’est dans la perte de ses doigts du pied que le désastre final risque surtout de venir frapper l’autruche. Déjà elle en possède moins qu'aucun autre oiseau vivant, l’autruche américaine, /hea, en ayant trois et la plupart des autres oiseaux quatre. Des deux qui restent chez l’autruche, le 4est déjà très réduit en comparaison du 3°, et la disparition pratique de son ongle ainsi que le nombre réduit des écailles de sa face supé- rieure sont d’autres indices desa dégénérescence. Il n’est guère douteux que le 4° doigt suivra un jour le 1<, le 2° et le 5° et disparaîtra à son tour. Il en séra de même du 3°, le seul qui persistera alors. Quoique bien développé et d’une impor- tance capitale aujourd’hui pour supporter l'oi- seau, et pour la marche et la course, on trouve déjà maintenant dans la perte des écailles les premières traces de sa dégénérescence. Le processus dégénératif se poursuivra certai- nement avec une extrême lenteur, probablement pendant des dizaines ou des centaines de mil- liers d'années. Les diverses survivances qu'on rencontre encore nous révèlent combien les fac- teurs génétiques peuvent persister chez quelques oiseaux, quoique perdus pour la race en général. Si, toutefois, l'influence dégénérative est aussi inexorable qu'elle le paraît, il y a toute raison de redouter qu’elle nous donnera finalement le triste spectacle d’uneautruche sans plumes, sans ailes et sans jambes : dernier résultat à prévoir si l'oiseau est abandonné à l'influence de la Nature, avec toutes ses tendances inhérentes. Aujourd'hui, toutefois, l'homme a pris l’autru- che sous sa direction, et ila la possibilité de travailler à l'encontre des voies de la Nature. Au moyen de la sélection, il peut dans une large mesure tenir en échec les tendances à la dégé- nérescence ; le fermier peut fort bien conserver l'oiseau dans l’état où il désire, ou même le ra- mener à quelque état antérieur. L’autruche en tant que race n’a encore rien perdu d’essentiel à sa prospérité; quelques oiseaux-ont gardé tout le nécessaire, et ces oiseaux peuvent être sélec- tionnés à l’exclusion d’autres chez lesquels le processus dégénératif a poussé plus avant. Ainsi des expériences sont déjà en train pour arrêter la disparition des plumes précieuses de l’aile etpour fournir à l’éleveur un oïseau donnant 42 plumes au lieu de la moyenne de 36, les autres rangées s’accroissant dans la même proportion, et toutes les plumes étant de qualité supérieure. La tendance à la perte de plumage de l'aile dans son ensemble peut être enrayée en choisissant comme reproducteurs des oiseaux possédant les facteurs liés à un nombre de plumes élevé. De même si l’on craint que l’autruche ne perde son seul doigt au pied, cette tendance peut être pres- que indéfiniment combattue en faisant repro- duire des oiseaux présentant les moindres traces, de dégénérescence, etéliminant commereproduc- teurs ceux qui ont perdu le plus d’écailles. Les principes élaborés par lesrecherches mendélien- nes nous permettent de procéder, dans un pro= blème de Génétique de cette nature, avec une assurance qu’on n'eût jamais'rêvée du temps des vieilles méthodes de reproduction. Au point de, vue zoologique même, les pers pectives sont attrayantes. En développant toutes les possibilités, à la fois qualitatives et quanti- tatives, du plumage, on peut anticiper l'arrêt des tendances régressives chez l’autruche, et plus tard la restauration de l’oiseau à sa condition ancestrale riche en plumes. Par la domestication, on éliminera graduellement les oiseaux en voie de dégénérescence et l’on protégera les autres, à caractères ancestraux désirables. Non seule- ment la restauration s’appliquera à la rangée principale des plumes de l'aile, mais aussi aux couvertures inférieures et supérieures, et elle comprendra peut-être les plumes du 3° doigt et une couverture générale sur la nudité actuelle de la surface interne de l'aile. Le matériel déjà trouvé, quoique éparpillé parmi des oiseaux variés, est suffisant pour bâtir une aïle d’autru- che très différente de celle d’aujourd’hui. Les seules limites imposées sont celles qui se rapportent aux caractères ancestraux dont les facteurs ont tout à fait disparu du plasma germi- natif. Aucune sélection ne pourra les faire réap- paraître : nous ne pouvons construire que sur les matériaux qui persistent, et beaucoup, malheu- reusement, se sont évanouis pour toujours !. J. E. Duerden, Professeur de Zoologie au « Rhodes University College », Grahamstown (Afrique du Sud). 1. Conférence prononcée devant ie Congrès de Johannes- burg de l'Association sud-africaine" pour l'avancement des Sciences. M. 598 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 1° Sciences physiques Hubert (Henry), Administrateur des colonies, Adjoint à l'Inspecteur général des Travaux Publics de l'A. O. F. — Sur l'emploi des avions en Afrique Occiden- tale pour les recherches d’ordre scientifique. 1 brochure in-8° de 15 pages avec 11 fig. dont S photos hors texte. Grande Imprimerie Africaine, Dakar, 19191. Cet opuseule met en valeur d’une façon à la fois con- cise et fort complète tout le travail qui peut être fait par un avion pour collaborer à la recherche des ren- seignements météorologiques et à la topographie. En ce qui concerne la météorologie, M. H. Hubert nous expose le régime des courants aériens au-dessus de la région de Dakar, l’alizé et l’harmattan. Il résulte de l'étude de la position respective de ces deux vents une série d'observations procurant un très gros appoint pour les prévisions dutemps. Dans ces régions, les son- dages par ballonnets n’offrent pas toutes les commodi- tés voulues, à cause: des zones superposées de nuages et de la vitesse du vent. Seul l’avion permet de venir . contrôler exactement l’état de l'atmosphère aux diver- ses altitudes, et dans un temps très! court. L'auteur entre dans des considérations d’une haute portée sur l'étude des différences de pression au-dessus des divers lieux et sur le prélèvement infiniment simplifié des poussières atmosphériques. M. photographie aérienne au point de vue de la topogra- phie, ILest évident que l'avion est appelé à un rôle prépondérant pour le levé des cartes dans des régions peu explorées. Si l'on se souvient du rôle qu'a joué la restitution photographique dans la mise à jour des plans directeurs etcanevas de tir pendant la guerre, on voudra voir les colonies dotées d'un important maté- riel d'aviation. | Ce petit travail sait mettre en valeur d’une, manière extrêmement précise et irréfutable tout le parti à tirer des clichés pris par l'observateur aérien ; et, grâce à son étude fort approfondie de la question, M. Hubert arrive à récuser toutes les objections qui peuvent être faites, notamment pour la détermination de l'échelle d'une photo reproduisant des portions de terrain dont on n'a aucun levé, et il nous démontre que l'avion pos- sède par lui-même, grâce à son ombre projetée com- parée à celle des accidents du sol, le moyen d'établir l'échelle exacte par un simple caleul d’angles. * , Puis nous sommes mis au courant d’une innovation de l’auteur, basée sur la stéréophotogrammétrie, qui permet, en plaçant un appareil à chaque extrémité de l’ensemble des ailes, d'obtenir un parallélisme rigou- reux des axes, ce queneé donnait pas le système de recoupement avec un seul appareil, méthode que l’on employait sur le front. Ce mémoire se termine par une énumération des observations pouvant être faites en avion au sujet de la physique du globe, pour des phénomènes que l’on ne peut pas étudier en assez grand au niveau du sol (houle, bas-fonds de la mer, dunes, inondations, etc.). GrorGes REGRLSPERGER. Namias (Prof, R,). — 11 Chimico siderurgico. Ana- lisi dell acciaio e dei prodotti siderurgici. —1 vol. 1. Extrait du Bulletin du Comité d'Etudes Historiques et Scientifiques de l'A. O. F., janvier-mars 1919. — Cette publi- cation, dont M. Henry Hubert est l'un des plus zélés colla- borateurs, a été signalte dansla Revue générale des Sciences, 30 mars 1919, page 186. Hubert s'étend ensuite sur l’importance de la, in-18 de 240 p. avec 10 fig. (Prix cart, : 5 lire -50). U. Hoepli, éditeur, Milan, 1919. Dans ce petit livre, qui fait parlie de la collectiontdes manuels Hoepli, M. Namias a réuni toutes les méthodes d'analyse relatives aux aciers, aux produits sidérur- D giques, aux matières premières nécessaires pour les préparer et aux gaz qui se dégagent au cours de leur fabrication. Une pratique de 25 ans a rendu l’auteur particulièrement compétent en L Vite Aussi les chimistes analystes ont-ils intérêt à lire ce petit livre où sont étudiés systématiquement: les constituants et les impuretés de l'acier et leur influence, les procédés d'analyse des aciers ordinaires et des fontes, des aciers spéciaux et des ferro-alliages, Les minerais de fer, les scories, les-matériaux réfractaires, les combustibles et les gaz sont examinés ensuite avec le même soin. Le manuel se termine par l'indication des facteurs et des | données nécessaires pour procéder aux calculs analy- } tiques. : : L'auteur insiste tout particulièrement sur le dosage du carbone, du manganèse, du soufre et du phosphore, A propos du manganèse, il rappelle que le principe du procédé le plus employé, et toujours indiqué sous le nom de Volhard, est dû à un Français, Guyard. Nous aurions été heureux de voir rappeler également à propos du phosphore, dont l'étude est aussi bien faite que celle du manganèse, les travaux de M. Chesneau, qui ont permis de fixer la composition du phospho- molybdate d'ammoniaque dans les différentes conditions où il est précipité. Le procédé proposé par Eggertz pour doser les scories, les oxydes et autres impuretés, seul indiqué par M. Namias, avec des réserves d’ailleurs, n’est pas très recommandable, L’examen microgra- phique et au besoin l'attaque par le chlore, comme dans le cas de l'aluminium, sont préférables. Ce sont là quelques points de détail qui ne diminuent pas la valeur très réelle de l’œuvre de M. Namias. Pauz NicoLARDOT, Docteur ès sciences, Professeur de Chimie industrielle Î à l'Ecole supérieure d'Aéronautique. : Van Eecke (Ch.), /ngénieur, Lauréat de la Société industrielle du Nord de la France. — Exploitation - industrielle de la Tourbe. — 1 vol. in-8° de 370 p. avec 168 fig. (Prix : 12 fr. 50). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1918. ! Dans cet ouvrage fort documenté, rempli de tableaux de chiffres, 250 pages sont consacrées à l'exploitation de la tourbe pour combustible et à peine trente aux indus- tries diverses de la tourbe : ces deux chiffres suffiraient à eux seuls à montrer que, si la tourbe a une impor- tance, c’est surtout comme source de carbone. : L'auteur a d’ailleurs fort bien traité un sujet qui pré- sente pour ainsi dire autant d'aspects que de tourbières à , exploiter, Comment organiser le chantier d'exploitation, quel est le meilleur parti à tirer de la substance extraite, ce sont des questions délicates à résoudre et dont l’au- teur donne tous les éléments pour cette fin. Un des chapitres du livre second attire particuliè- rement l'attention : c'est celui relatif à la distillation de la tourbe, en vue de la production du gaz pour l'éclai- rage, le chauffage ou la force motrice, ainsi que la récupération des produits ammoniacaux ; ces pages sont à lire et perdraient à être analysées rapidement, M. Van Eecke vient d'écrire un ouvrage fort utile, rempli de documents intéressants, qui rendra de grands services aux ingénieurs appelés à tirer parti de tour- bières ; ce livre ne manquera pas d’être apprécié. M. RiGoTARD, Ingénieur agronome, 2° Sciences naturelles Castro Barea (P.), Docteur ès sciences naturelles. — Los Aragonitos de Espana (7rabajos del Museo nacional de Ciencias naturales, Serie geologica, n° 24). ® — 1 vol. in-8° de 112 p: avec 16 pl. et 34 fig. (Prix : 4,50 pesetas). Junta para ampliacion de Éstudios e Investigaciones cientificas, 1, Moreto, Madrid, 1919. L'aragonite, forme rhombique holoaxe du carbonate de chaux naturel, a été d’abord signalée en Espagne - au xvin' siècle (c’est d’ailleurs du lieu d'un de ses prin- cipaux gisements, Molina de Aragon, qu’elle a tiré son nom actuel). On l’a retrouvée depuis dans presque tous les pays, mais on la rencontre toujours en si grande quantité et en si beaux exemplaires en Espagne que M. P. Castro Barea a pensé qu’une étude des formes de ce pays serait susceptible de fournir quelques résultats nouveaux ou intéressants. La monographie peut être divisée en trois sections : généralités sur l’aragonite et ses caractères, analyse spectrale, description des gisements espagnols et de leurs particularités. Une bibliographie de 98 numéros la ter- mine, Au cours de sès recherches, l’auteur a découvert, à côté de la mâcle typique selon m, une nouvelle sorte de mäcle, consistant en une hémitropie du groupe mimé- tique hexagonal, formé de trois individus, que présente couramment celtf espèce; celle-ci a Heu suivant le plan » unique de symétue et la face possible de notation sim- ple gt de l’un des individus. Il a étudié, d'autre part, la structure en lentille biconcave ou en sablier qu'offrent de nombreux échantillons d’aragonite, et ses expérien- ces tendént à confirmer l'explication donnée par de Sénarmont de cette disposition, qui serait due à une légère différence de composition chimique des individus qui constituent ces mâcles. : M. Castro Barea a pratiqué l'analyse spectrale de sept échantillons d’aragonites espagnoles. Ses mesures l’ont _ amené à signaler pour la première fois la présence du magnésium dans ces minéraux, en général, et du plomb dans les formes espagnoles. D'autre part, il a découvert dans leur spectre trois raies nouvelles, de longueurs d'onde 2.565,06, 2.564,08 et 2.554,73, qu'il attribue au calcium, Louis BRUNET. Reclus (Onésime). — L’Atlantide. Pays de l'Atlas : . Algérie, Maroc, Tunisie. Préface de PAUL PELET. — 1 vol. in-8° de 249 p.(Prix : 3 fr. 50; 30 °/ymajoration temporaire). La Renaissance du livre, 78, boulevard Saint-Michel, Paris, 1918. _ Infatigable travailleur, le grand géographe Onésime Reclus s'était consacré jusqu'à sa dernière heure, avec une admirable ardeur, à l'étude des questions qui devaient assurer le développement d’une plus grande : France, à l'issue de la guerrg mondiale soulevée par . l'Allemagne. Cet ouvrage posthume, récemment publié, - en restera un bel exemple et nous devons savoir gré à M. Paul Pelet, lui aussi éminent géographe, d’avoir, dans la Préface qu'il a écrite, attiré l'attention sur sa valeur, Sous le nom d’Atlantide, ce sont les pays de l'Atlas, Algérie, Maroc et Tunisie, qui sont groupés par l’au- - teur. Il les présente fort justement comme étant une dépendance nécessaire de la France et comme sa pro- longation par delà la Méditerranée. Africain ayant tout, et ayant même été jusqu'à proposer une politique colo- . niale exclusivement africaine, il met en relief toute la valeur qu'offre pour nous cette magnifique Afrique du Nord qu’il qualifie d'Europe du Sud, Elle présente deux … possibilités de colonisation : elle est à la fois à un cer- tain degré une colonie de peuplement français, là où l'Arabe a laissé des terres en friche, et une colonie d’as- - similation dans les régions où s'est ancré et maintenu l'élément berbère. ; Onésime Reclus se trouve ainsi amené à étudier en . détailles deux groupes indigènes principaux qui peu- BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 599 plent cette Afrique du Nord: Berbères et Arabes. C’est sur la connaissance approfondie de leurs caractères dis- tinets que sont basés tous les raisonnements et toutes les conclusions de l’auteur. Aussi ce livre est-il une véri- table étude ethnographique, des plus précieuses pour guider une bonne politique coloniale, Il est intéressant de voir que dans cette Atlantide, ou Afrique Mineure, au-devant de l'Afrique Majeurse, c'est le sang des Berbères qui domine et que ceux-ci sont probablement issus des mêmes ancêtres que nos Méridionaux; aussi Onésime Reclus désigne-t-il notre Atlantide du nom de Berbérie. Les Arabes sont plus loin de nous comme nature et comme pensée, L'auteur suit les uns et les autres dans leurs liens avec le sol, dans leur histoire, dans leurs rapports avec la France colo- nisatrice. Il examine également ce que sont les Juifs et quel est le rôle joué par eux dans le pays, puis quels autres peuples européens ont manifesté des ambitions sur l'Afrique du Nord et ce qu’ils y ont fait, Toutes ces considérations amènent l’auteur à ses con- clusions sur la colonisation de l’Atlantide. Notre œuvre est retracée, critiquée lorsqu'il y a lieu, et d'excellents enseignements en sont tirés pour mieux diriger nos efforts. Que l'on pèse bien les mots, et ces enseigne- ments, on les verra sortir de ce langage souvent imagi- natif et figuré, parsemé des éclats d’une vive causerie, .qui caractérisait souvent le style decetéruditgéographe d’un esprit en même temps si animé. \ Gusr. REGELSPERGER. Stéphani (Philippe), /ngénieur de chemins de fer. —. Les Tunnels des Alpes : Mont-Cenis, Saint-Go- thard, Simplon, Loetschberg, Jura, Faucille, Mont-Blanc. — 1 vol, in-8° de 115 p. avec 4 cartes hors texte (Prix : 5 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1919. Ce livre apporte une intéressante contribution à la question très actuelle des voies d'accès en Italie, et c’est là son objet principal. L'auteur débute par un court historique des voies ferrées à travers les Alpes, consa- cré au Mont-Cenis, au Gothard et principalement au Simplon et à ses voies d'accès suisses et françaises : le Lotschberg, le Frasne-Vallorbe et le projet toujours pen- dant de la Faucille, M. Stéphani observe justement que si, au point de vue français, le Simplon a marqué un pro- grès sur le Gothard, il serait encore possible de favori- ser davantage nos voies ferrées en ouvrant une nouvelle percée plus méridionale à travers les Alpes françaises. Chacan connaît les inconvénients du Mont-Cenis et prin- cipalement l'altitude élevée du tunnel, et son insufli- sance pour assurer le trafic franco-italien. Les avis diffèrent sur le nouveau point à percer : Mont-Blanct Petit-Saint-Bernard ou doublement du Genis. Laissan, de côté les deux dernières solutions, M. Stéphani, auteur d’un projet de percement du Mont-Blane, expose en détail les conditions techniques et s'attache à en démontrer les avantages économiques. C'est un plai- doyer pro domo où l’on trouvera tous les arguments qui peuvent être invoqués en faveur de cette solution. PIERRE CLERGET. DÉPARTEMENT DE L'AGRICULTURE AUX INDES NÉEBRLAN- paIsEs. Mededeelingen van het Laboratorium voor plantenziekten (Communications du Laboratoire pour les maladies des plantes), n° 28. A. A.E. Rutgers : Heveakanker (LE CHANCRE De L'HevsA). — 1 brochure in-8° de 49 pages avec 15 figu- res (Résumé en anglais). Batavia, 1917. Le chancre de l’Jevea se manifeste sous deux formes: l'une caractérisée par l'apparition de taches lie de vin sur l'écorce, l’autre reconnaissable à des stries vertica- îles, noires, qui s'étendent graduellement. La maladie débute généralement dans le voisinage des incisionsfai- tes pour récolter le latex ; elle conduit au dépérissement et à la pourriture de portions plus ou moins étendues de l'écorce. L'auteur démontre, par des expériences + 600 d’inoculation, que l’une et l’autre forme du chancre sont dues à ra organisme parasite, le Phytophtora Fa- beri Maubl., la même Péronosporée qui provoque le chancre etla pourriture des fruits du cacaoyer, Les ta- ches lie de vin apparaissent sur l'arbre après l’introduc- tion d’un fragment de mycélium dans une blessure de l'écorce adulte; les stries noires se montrent dans le voisinage d’incisions, que l’on a badigeonnées d’eau te- nant en suspension des conidies. Fré quemment, à quel- que distance des incisions, le symptôme stries noires passe au symptôme taches lie de vin. Quand les taches ont disparu, et que l'écorce sous- jacente est morte, il se forme généralement autour des, tissus attaqués un manteau de cambium secondaire, Ce- lui-ci donne naissance à du bois et peut rester actif pendant plusieurs mois, des années même. C'est ainsi que s'explique l'apparition de nodules ligneux et de tu- meursirrégulières, caractéristiquespour les arbres ayant eu le chancre, Pour combattre la maladie, les mesures préventives sont encore les meilleures : éclaircir les plantations, en- lever ce que l'on cultivait entre les' Æevea, et, comme l'humidité trop forte est favorable à l’envahissement par le parasite, drainer le sol. Le traitement consiste à exciser les taches rouges, enduire les stries noires de carbolineum, et ne pas soustraire de latex, provisoire- ment, aux troncs attaqués, En. V. 3° Sciences médicales Richet (Charles), Membre de l'Institut, Professeur à l'Université de Paris. — La Sélection humaine. — 1 vol, in-8° de 262 p. de la Bibliothèque scientifique internationale (Prix cart. : 6 fr. 60).\ Librairie Félix , Alcan, Paris, 1919. Apert (D'). — L'Hérédité morbide. — 1 vol. in-18 de 306 p. de la Bibliothèque de Philosophie scientifique (Prix : 5fr.50). Eug. Flammarion, éditeur, Paris, 1919. L'idée qui sert de point de départ au Prof. Richet, dans le premier de ces ouvrages, c’est que le progrès de l'humanité ne peut provenir que d'un-développement de la science, et que la science ne grandira que si l’homme peut faire grandir l'intelligence humaine. Le progrès se ramène donc à la création d’une race humaine plus saine et plus vigoureuse, mais surtout plus intel- ligente. Or cette évolution ne s’accomplira que par la sélection, voulue et méthodiquement pratiquée par l’homme, et sans laquelle notre race est condamnée à la stagnation, sinon à la décadence. La sélection utilise un fait posi- tif, l'hérédité. En règle générale, des parents vigoureux et intelligents donneront naissance à des enfants égale- ment vigoureux et intelligents. Et il semble hors de doute que, par un effort sélectif prolongé, portant sur un certain nombre de générations et éliminant sans pitié tous les reproducteurs médiocres au double) point de vue physique et intellectuel, l’homme arriverait à se constituer en une race humaine vigoureuse et intelli- gente, Comment arriver pratiquement à ce but? Le grand effort des sociétés civilisées actuelles consiste surtout à protéger les faibles, les infirmes, les incurables, ete., et à leur permettre de perpétuer leur race, qui ne peut être composée que d’enfants chétifs et tarés. Le plus souvent, la Nature se charge de faire disparaître ces dégénérés, Mais il y a lieu d'appuyer l'effort sélectif de la Nature, et d'empêcher l'humanité de se dégrader, et le seul moyen, c’est la prohibition de la procréation. On peut y arriver de deux façons: par la stérilisation ou la castration, remède absolu, mais qui ne semble pas près d'entrer dans nos mœurs, quoique adopté déjà par un Etat au moins de la grande République américaine, ou par l'interdiction du mariage aux défectueux. A ce sujet, le Prof, Richet réclame non seulement des prohi- bitions individuelles, mais aussi des prohibitions BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ———————————————"“"—"“ ethniques. A ses yeux le principe de l'égalité des races humaines est une immense erreur; la race noire et même la race jaune sont absolument inférieures à la race blanche: les nègres n’ont rien apporté au patri- moine intellectuel de l'humanité; les jaunes ont pro- duit une très antique civilisation, mais qui s’est arrêtée depuis 25 siècles dans son évolution, et le réveil du Japon en ces dernières décades prouve seulement la puissance d’assimilation et d'adaptation des jaunes, mais non leur force créatrice, qui est faible ou nulle. D'ailleurs le mélange de la race blanche avec les autres | races a toujours eu des résultats déplorables : les métis ont toujours été des êtres médiocres, malgré quelques brillantes exceptions. Il faudrait donc sévèrement interdire aux blancs le mariage avec tout individu d’une autre race, si l’on veut conserver intacte notre « intel- ligence'de blancs », supérieure à toutes les autres. Mais ces mesures ne seront que conservatrices ; elles empêcheront la dégradation et la décadence de la race blanche, elles n'aboutiront pas à la création d’une huma- nité supérieure. Pour faire progresser physiquement et intellectuellement l’être humain, il faudra de bonne heure et sans relâche exercer le corps et l'intelligence des enfants ; il faudra ensuite ne pas permettre à ceux: qui embrassent les carrières intellectuelles de laisser leurs muscles s’affaiblir, ni aux travailleurs manuels de laisser leur intelligence s’étioler ; surtout, il faudra que l'intelligence des femmes soit cultivée ; « après les avoir tenues pendant des siècles dans une sujétion humiliante, il est temps de leur donner la même nourriture intellec- tuelle qu'aux hommes ; à laisser les femmes dans l’hébé- tement, on ne peut attendre qu’une descendance hébétée ». Tout l'effort social de l'avenir devrait donc résolument porter sur l'éducation des jeunes : formation du carac- tère, grandissement de l'intelligence, développement du corps. Et, pour opérer la sélection, l’auteur proposé que ceux qui dépasseront les autres soient avyantagés au point de vue du mariage, tandis que ceux qui n’attein- dront pas un certain niveau d'intelligence ou de vigueur ne seront pas autorisés au mariage. C’est aussi de l’avenir de la race, et particulièrement de l'influence qu’exerce sur celui-ci l’hérédité morbide, que s’occupe le D' Apert dans le second ouvrage que nous allons analyser. Par hérédité morbide on entend l'existence, chez un individu, d’un trouble de la santé dont l’origine est attribuable à un état de maladie d’un ou plusieurs ascendants. Dans certains cas cette hérédité est simi- laire, c'est-à-dire que la forme morbide est la même chez le descendant et l’ascendant, comme dans le groupe curieux des maladies familiales : atrophie musculaire progressive, hématurie familiale, atrophie essentielle du nerf optique, daltonisme, etc. On se trouve ici en présence de l’hérédité vraie, identique à l’hérédité des caractères normaux, et obéissant par conséquent aux lois de Galton et de Naudin-Mendel, La connaissance de ces lois a permis d’énoncer un certain nombre de règles dont l'application aurait pour résultats d'empêcher le retour de la maladie dans la descendance des familles atteintes. Mais, dans la grande majorité des cas, l’hérédité morbide est dissemblable, c'est-à-dire que la maladie du descendant est différente, au point de vue nosolo- gique, de la maladie de l’ascendant. L'hérédité morbide est ici le résultat d'actions intercurrentes qui troublent l'évolution naturelle. L’œuf humain est le résultat de la conjugaison d’un élément paternel, le spermatozoïde, et d’un élément maternel, l’'ovule, sur qui retentit l'état de santé du père et de la mère, les intoxications ou les infections dont ils peuvent être atteints; en outre, pendant tout le cours de son développement, l'embryon, qui reste attaché à la mère, continue à subir l'influence de l’état pathologique de cette dernière, Il y aura alors hérédo-intoxication, à laquelle peut venir s'ajouter l’hérédo-infection, lorsque le microbe, 4 J transmis par la mère au fœtus à travers la paroi pla- centaire, vient agir pour son propre compte sur l’enfant infecté. Parmi les hérédo-intoxications, le D' Apert étudie surtout l’hérédité alcoolique, — qui peut provenir aussi bien du père que de la mère, et dont les conséquences se manifestent surtout sur le système nerveux des enfants par l'apparition de maladies telles que: idiotie, convulsions, épilepsie, troubles mentaux divers, folie, — puis l’hérédité des tabagiques, des morphinomanes, des saturnins, En ce qui concerne l’hérédilé infectieuse, l’auteur s'arrête d’abord à l’hérédité tuberculeuse, Pour lui, la grande fréquence des manifestations tuberculeuses chez les enfants de parents atteints de tuberculose pulmo- naire ne peut s'expliquer par une hérédité de graine, possible mais très rare venant de la mère, et plus inexplicable encore venant du père, non plus que par une hérédité de Lerrain, les enfants jouissant plutôt d'une résistance spéciale à cette infection ; elle semble provenir uniquement de la contagion, qui est particu- » lièrement facile et répétée chez les enfants des tuber- culeux. Par contre, l’hérédo-intoxication (par les toxines du microbe) produit chez les descendants de tubercu- leux une proportion exagérée de malingres, de mal bâtis, de mal conformés : c’est l’hérédodystrophie para- tuberculeuse. La syphilis est une maladie essentiellement hérédi- taire. En règle générale, tout enfant né d’une femme atteinte de syphilis virulente, que la contamination date des premiers mois de la grossesse ou remonte à plusieurs années, est atteint lui-même de syphilis viru- lente, le placenta se laissant très facilement traverser par le tréponème ; ce n’est que si la contamination a eu lieu dans le dernier mois de la grossesse que l'enfant naît généralement sain. La syphilis de l'embryon ou du foetus entraîne le plus souvent rapidement la mort, et la grossesse s’interrompt alors par un avortement. Le traitement antisyphilitique, lorsqu'il est régulière- ment suivi et assez longtemps (au moins 4 années), atténue suffisamment les conséquences fâcheuses de a maladie pour que la femme contaminée puisse donner naissance à des enfants sinon complètement normaux, du moins exempts de syphilis virulente. Ils peuvent néanmoins être tarés d’une autre façon, par l’action des toxines qui, à défaut du micro-organisme syphili- tique, ont traversé le placenta. Les anomalies provo- quées par celles-ei — ou hérédodystrophies parasyphi- litiques — sont surtout morphologiques et fonctionnelles: … déformations du crâne, lésions dentaires et oculaires, déformations osseuses, etc. L'auteur, pour terminer ce chapitre, réfute la conception de l’hérédo-syphilis pater- nelle exelusive : la transmission du virus du père à l’en- fant ne peut se faire que par l’intermédiaire de la con- tamination maternelle. Il nous est impossible d’insister sur l’hérédité du can- cer, sur laquelle on est d’ailleurs aussi mal renseigné qne sur la nature même de cette maladie; sur l’héré- dité des maladies locales, nulle pour les mutilations, et qui rentre dans le cas des maladies familiales pour certaines affections du foie, des os, de la vue et de l’ouïe ; sur celle des affections des glandes endocrines, à laquelle se rattache l’hérédité des tempéraments et des diathèses. ; Au point de vue de l’hérédité, un certain nombre de groupes doivent être constitués dans l’ensemble des maladies nerveuses et mentales. Les affections fami- liales du système nerveux s’héritent selon les lois de Galton-Mendel. Les affections parasyphilitiques du système nerveux n'ont par elles-mêmes aucune in- fluence sur la descendance, Les affections organiques du système nerveux : hémorragie cérébrale, paralysie infantile, méningite, ont une hérédité variable selon leur origine et leur nature, Dans le grand groupe des ” BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 601 névroses, le tempérament névropathique est souvent familial et s’hérite suivant les lois de Galton-Mendel; l'hystérie se développe à la fois du fait d’influences hé- réditaires et d’influences accidentelles; dans la genèse de lépilepsie, on peut le plus souvent mettre en relief labsinthisme, parfois la syphilis d’un des parents; la neurasthénie, les convulsions ne se développent guère que sur un terrain névropathique; pour la chorée, l'influence rhurhatismale prédomine, Enfin, dans les psychoses (aliénation mentale, etc.), l'hérédité est de beaucoup l'élément étiologique le plus important; à ce point de vue, la criminalité est assimilable aux psy- choses, La mise en lumière des phénomènes de l’hérédité morbide a conduit certains auteurs à la conception d'une dégénérescence progressive de l’espèce humaine. ‘Le D: Apert consacre les derniers chapitres de son li- vre à montrer ce que, d'après lui, cette doctrine a d’excessif et comment la connaissance des phénomènes de l’hérédité et de la sélection, de l'influence des mi- lieux et les applications qui en découlent permettent de lutter contre les conséquences fâcheuses de l’héré- dité morbide : c’est là d’ailleurs l’un des buts d’une science nouvelle, l'Eugénique, En somme, la dégénéres- cence ne parait pas devoir être plus fixe que les autres modifications dues au milieu biologique. Elle ne sau- rait donc avoir pour la descendance de conséquences irrémédiables, surtout si l’on soustrait les générations nouvelles aux causes dont ont souffert les ascendants, Envisageant la lutte pratique contre l'hérédité mor- bide, l’auteur signale d’abord les moyens préconisés pourentraver la reproduction des individus tarés : la stérilisation des aliénés, des criminels, etc., appliquée aux Etats-Unis, et la réglementation du mariage en vigueur dans certains états du même pays et depuis 1919 en Norvège. Il lui semble toutefois qu’il n’y a pas grand’ehose à attendre des lois sans une réforme des mœurs : l'examen médical des deux futurs époux avant le mariage devrait être exigé par les familles tant dans l'intérêt des personnes en cause que dans celui de leur postérité ; c’est là heureusement une pratique qui tend à s'introduire dans plusieurs pays. La lutte contre l’hérédité morbide doit se compléter par des mesures | de protection de la femme enceinte et de la première en- fance, et par l'admission, au nombre des causes du divorce, de l'existence d’une maladie héréditaire d’un des conjoints. Enfin, il faudrait intensifier la lutte con- tre les principales maladies génératrices de l’hérédité morbide : alcoolisme, syphilis, tuberculose. A l'heure où les hécatombes de la grande guerre de 1914-1918 viennent d'appauvrir l’humanité de mil- lions d'individus dont beaucoup appartenaient à une élite, les peuples se doivent plus que jamais de pren- dre toutes les mesures nécessaires à la conservation et au perféctionnement de la race. Peut-être les appré- hensions du Prof. Richet relativement à la décadence de celle-ci sont-elles trop pessimistes, et la sélection naturelle, ainsi que le changement des conditions de milieu, sont-ils suffisants à l'empêcher dans une grande | mesure; [le D' Apert nous parait ici plus près de la réa- lité. La lutte contre toutes les causes de dégénérescence n’en est pas moins nécessaire et urgente. On peut dif- férer d'opinion sur le choix des méthodes à employer et penser, par exemple, que les mesures de réglementa- tion du mariage n’aboutiront qu’à augmenter le nom- bre des unions libres et des naissances illégitimes, sans aucun profit pour la race. C’est qu’il y a ici peut- être avant tout un problème moral, dont la solution dépend d'une éducation des masses qui est presque tout entière encore à faire, Des ouvrages comme ceux de MM. Richet et Apert, en attirant l’attention du pu- blie sur ces questions, y contribueront dans une bonne mesure, Dr A. WaAUCLIN, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 15 Septembre 1919 19 SCIENCES PHYSIQUES, — MM. H. Le Chatelier et B. Bogitch: Propriélés réfractaires des produits alu- mineux. On sait que les briques de bauxite ne peuvent pas lutter avec les briques de silice dans la construc- tion des fours d'aciérie, bien que la silice soit infiniment plus fusible que l’alumine, Les auteurs, par des expé- riences de résistance à l’écrasement à chaud, montrent que cela tient à ce que tous les produits alumineux de- viennent plastiques aux températures comprises entre 1.200° et 1,500°.L'alumine,complètement infusible à ces températures, nage dans un magma fondu qui permet à ses grains de glisser l’un contre l’autre; la masse n'a plus aucune cohésion, Aux mêmes températures, la silice, quoique bien plus fusible, résiste parfaitement parce que la,cristallisation de la tridymite a donné nais- sance à un réseau au milieu duquel se loge-le magma fondu sans en modifier la continuité. Les auteurs, en agglomérant l’alumine avec 20 0/, de bauxite blanche ou 10 °/, de kaolin, ont cependant constitué des briques qui ne se ramollissent pas encore à 1.600" et permettent la construction de petits fours de laboratoire. — MM.1L. Guillet, J. Durand et J. Galibourg : Contribution à l'étude de la trempe de certains alliages d'aluminium. Les auteurs ont reconnu que la trempe desalliages con- nüs sous le nom de duralumin produit le maïntien de l’état stable à température élevée et que la dureté est acquise par un revenu qui peut se produire lentement à la température ordinaire, mais dont la vitesse est augmentée par une élévation de température ne dépas- sant pas 200°, Il existe donc un parallélisme frappant entre le mécanisme dé la trempe de|cet alliage et de celle des aciers. 20 SCIENCES NATURELLES. — M. A. Carpentier : Sur les fructifications du Sphenopteri$ herbacea Boulay: L'auteur a découvert à la fosse de Roeulx des mines d'Anzin des portions stériles et fertiles du Sphenopteris herbacea, avec tous les passages des unes aux autres. L'étude de cés fructifications montre que cette plante rentre dans le genre Urnatopteris de Kidston. — M. L. Daniel : Sur la stabilité et l'hérédité des Cratixgomes- pilus et des Pirocydonia, Les Cratægomespilus (hybri- des de greffe entre Néflier et Epine blanche, nés sur le bourrelet de la greffe) ont une stabilité incomplète et présentent à des degrés divers la disjonction des carac- tères parentaux, morphologiques et physiologiques ; bien qu’en apparence bien conformés au point de vue sexuel, ils sont stériles: ce sont des mulets de greffe, Les Pirocydonia (hybrides de greffe de Poirier et Co- gnassier) sont au contraire stables; mais chez eux la sexualité semble avoir complètement disparu. — M. Y. Galippe : lésistance des agents vivants intra-cellulaires à l'action de certaines substances chimiques. Ni la glycé- rine, ni l'alcool, ni le chloroforme, ni le temps ne détrui- sent les microzymas des Lissus. Ces différents facteurs peuvent seulement diminuer ou suspendre leur acti- vité. — M, M. Herlant : Nouvelles recherches sur l'ac- tion inhibitrice exercée par le sperme de Mollusque sur la fécondation de l'œuf d'Oursin. La propriété inhibi- trice du sperme de #Wytiius semble due à la présence d'une substance qui se fixe sur les Spermatozoïdes du Pañracentrotus, L'action inhibitrice résiste à une tempé- rature de 43° ou de 60°: elle disparait par l’ébullition. Elle peut être déviée: il suffit pour cela d'ajouter au mélange un troisième sperme ne possédant aucune action inhibitrice vis-à-vis du sperme d’Oursin, tel que le sperme de Sabellaria, lequel fixe, alors la substance agglutinante du sperme de Mytilus etrend la liberté au sperme de Paracentrotus. ; Séance du 22 Septembre 1919 M. le Président annonce le décès de M. G. Retzius, Correspondant pour la Section d'Anatomie et Zoologie. 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. G. Sagnac : Æther et mécanique absolue des ondulations. Généralisant la relativité newtonienne de la matière, l’auteur étend à l'énergie de radiation l'existence d’un temps dynamique et d’un espace absolus et universels. Il arrive ainsi à des lois absolues et rigoureuses, qui concilient les hÿpo- thèses opposées des diverses théories de l’éther et de la matière en les rattachant à une synthèse purement mécanique. — M. L. Bruninghaus: Sur Les conditions d'excitation de la fluorescence. Les phénomènes de phos- phorescence et de fluorescence sont caractérisés par cette propriété particulière que le rendement du proces, sus d’excitation est maximum lorsque la solution est très diluée et la radiation excitatrice très faiblement absorbée. — MM. J. Guyot et Li. J. Simon: Action des hydrates etoxydes métalliques et des carbonates alcalino- ierreux sur le sulfate diméthylique. KOH en solution méthyl-alcoolique réagit sur le sulfate diméthylique en solution dans le même solvant en fournissant présque quantitativement le méthyl-sulfate de potassium. La baryte ou la chaux, en présence d’un excès d’eau, don- nent de même le méthylsulfate correspondant, tandis que la baryte et la chaux vive n’ont aucune action sur le sulfate diméthylique. La baryte et la chaux éteinte donnent un dégagement d'oxyde de méthyle. En pré- sence dés carbonates alcalino-terreux, le sulfate dimé- thylique distille dans quelques cas sans altération, dans d’autres avée formation d'oxyde de méthyle. — M. J. Delpech : Sur les poudres sans flammes. Les poudres B atténuées à la vaseline ou à l’huile lourde de pétrole permettent d’éteindre parfaitement les lueurs produites par les canons de 75,105, 120 long et 155 long. Moyen- nant des modifications convenables de vivacité et de charges, l'emploi de ces poudres permet de réaliser-les vitesses courantes avec les pressions normaleë, Il ya lieu de noter que les additions de vaseline exercent en plus de l’action antithermique une puissante action sta- bilisante sur les poudres B. : Vr, 2° SCIENCES NATURELLES. — M. Bourgeat : Sur la dé- couverte de schistes charbonneux sur les bords de la Serre. L’auteur signale la découverte d’une lentille de schistes charbonneux dans le Permien qui touche au massif primitif de laSerre au NE de Dôle. — M. E. Cha- put : Xemarques sur les origines et la classification des Desmoceras. L'auteur divise les Desmoceras en deux séries. La première comprend 4 groupes, représentés par D. Beudanti, D.Sayni, D. difiicile et D. cassida ; les formes de ces quatre groupes peuvent être rattachées aux premières Zeopoldia dont les tours deviendraient plus embrassants et dont l’ornementation s’atténuerait. La seconde renferme. 3 groupes; représentés par 2. Mayorianum, D; latidorsatum et D, Rebouli; les formes de ces groupes paraissent dériver, par l'atténuation de l’ornementation, des Spitidiscus valanginiens.Ces deux séries ont, semble-t-il, une origine commune dans les * Idoceras Burckhardt du Kimméridgien du Mexique. — M. F. Morvillez: L'appareil conducteur foliaire des Hamamélidacées et des formes voisines. L'appareil con- : ducteur foliaire des Balsamifluées se rattache à celui des Hamamélidacées par l'intermédiaire des Bueklan- : diées. Les Platanes présentent, avec cet ensemble de types, un certain nombre d’analogies, — M. J. Dufré- noy: Sur les tumeurs bactériennes expérimentales des Pins, L'action des Coccus sur le Pin, d’abord excitante, provoque le développement d’hyperplasies, de cellules . comblantes dans les lacunes ou dans les canaux, et de . thylles, surtout au bord des rayons médullaires, Enfin suit la fonte résineuse des tissus. — M, G. Bazile : Nouveaux procédés de destruction des Acridiens. De tous les moyens expérimentés par l’auteur daos la lutte contre les criquets (lance-flammes, produits toxiques, appâts empoisonnés), le lance-flammes semble appelé à rendre le plus de services. Son emploi doit être recom- mandé et généralisé, dès l’an prochain, avec l'aide de la main-d'œuvre militaire. — M. P. Godin : Différence de progression de l'indice de croissance x dans le sexe masculin et le sexe féminin. La progression de l'indice de croissance x chez la fille est groupée, précoce, prépu- bertaire; chez le garçon, elle est dispersée, tardive, postpubertaire, ou tout au moins péripubertaire. Les partisans de la coéducation doivent tenir compte de ce facteur biologique : c'est d’après l'indice de croissance æ et non d’après l’âge qu'il faut grouper les enfants des deux sexes. . & Séance du 29 Septembre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A.Riccé : Lutitudes héliographiques des protubérances solaires (1880-1918). L'auteur résume les observations spectroscopiques des _protubérances faites aux Observatoires de Palerme et de Catane pendant 40 ans. L'allure générale des latitu- des des protubérances est semblable à celle des taches; mais les premières sont toujours plus élevées que les secondes (de 15° à 30°). Les minima des latitudes des protubérances ont lieu un peu après les maxima deleur fréquence dans la période undécennale et les maxima des latitudes ont lieu près de l’époque des minima de la fréquence, en accord avec la loi de Carrington et de - Sporer pour les latitudesdes taches. En somme, la cause première de la périodicité des phénomènes solaires ‘est _ la même pour tous et agit régulièrement et de la même manière pour les produire, ; 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. Grard : Zraitements - thermiques d'alliages d'aluminium. L'auteur recom- mande deux traitements : 1° celui qui donne au métal lemaximum de malléabilité ou traitement d'adoucis- sement, correspondant au chauffage à 350° avec vitesse de refroidissement de 100° à l'heure; 2° celui qui donne au métal les propriétés de résistance maximum ou traitement final, correspondant au chauffage à 475° avec trempe à l’eau. — MM. A. Blondel et Touly : Sur de nouveaux dispositifs amplificateurs potentiométriques universels. Les auteurs ont déjà décrit divers montages - permettant de combiner des audions amplificateurs avec _ les différentes méthodes de mesure antérieurement connues pour la mesure des faibles différences de poten- tiel. Ils ont remplacé depuis les ponts de Wheatstone ordinaires par des dispositifs potentiométriques où les batteries forment une partie des potentiomètres, et pour réduire le nombre des batteries ils ont utilisé le principe de la régénération d’Armstrong. Ils ont puobte- nir ainsi une sensibilité aussi grande qu'on peut la désirer sur n'importe quel instrument de mesure en courant continu ou ‘alternatif, — M. C. Benedicks : Thermo-électricité du mercure liquide démontrée au moyen du galvanomètre. Par la méthode d’étranglement + stationnaire, modifiée de façon à se combiner avec l’em- ploi d’un galvanomètre, l’auteur a confirmé l’existence de courants thermo-électriques de première espèce dans le mercure liquide soumis à une chute detempéra- ture asymétrique. Dans tous les cas, l'effet est pour le mercure (—) de signe contraire à celui du cuivre (--). -L’intensité des forces thermo-électriques de première espèce du mercure augmente bien plus rapidement que les chutes de température. — M. J. Delpech : Sur les - lueurs produites par le tir de l'artillerie. Procédé géné- ral d'extinction de ces lueurs, L'énorme globe de flam- _ mes incandescentes qui se forme à la bouche des canons _au moment du tir est dû à la haute température de certains gaz provenant de la combustion de la poudre (CO et CH“), qui provoque leur auto-inflammation. On peut empêcher la formation de la lueur en refroidissant uflisamment les gaz de la poudre, On y arrive le mieux en incorporant à la charge un composé carboné, tel que < ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 603 la vaseline, qui réagit sur CO? en absorbant de la cha- leur. Pour les canons jusqu’au 95, il suflit de graisserle projectile ; pour les canons de 155, il faut graisser la surface entière des gargousses avec une quantité de vaseline atteignant 100/, du poids dé la charge. J’SCIENCES NATURELLES, — $S. À, S. Albert, prince de Monaco : Les mines errantes sur l'Atlantique nord. Depuis la fin des hostilités, 33 mines ont été rencon- trées dans l'Atlantique nord, dont 26 dans la région des Açores, revenant d'Amérique après un flottage de 4 années dans la circulation du grand courant océanien. . Ces découvertes confirment les précédentes conclusions de l’auteur sur la circulation des mines errantes dans l’Atlantique.et les zones dangereuses qui persisteront encore pendant de nombreuses années (voir p. 59). — M. P. Thiéry: Quelques observations nouvelles sur les débris de nappe (klippes) de la plaine d'Alais (Gard). L'auteur a trouvé dans la vallée de l’Avène un klippe s'étendant sur plus de 3 km. et formé d'Urgonien repo- sant sur de l’Hauterivien, tous deux fortement myloni- tisés. Ses‘observations confirment pleinement les con- clusions de MM, Termier et Friedel : les klippes de la plaine d’Alais sont des débris? posés sur le Tertiaire, d’une nappe d’'Eocrétacé réduite presque entièrement à l’état de mylonite. — Mlle M. Goldsmith : Le compor- tement du Convoluta roscoffensis en présence du rythme des marées. Les Convoluta restent étalées à la surface du sol aussi longtemps qu'une couche d’eau sufli- sante les recouvre, c’est-à-diretoujours,saufune période de temps qui se place vers la fin de la marée basse. Cette période se confondant pratiquement avec celle où la mer approche, on a été amené à expliquer les mouve- ments des Convoluta par l'action d'un facteur à venir, tandis qu’ils résultent en réalité d’une cause actuelle. — M. F. Ladreyt : Dédifférenciation physiologique et rajeunissement cellulaire dans l'épithélium intestinal. 1° Les cellules à plateau et les éléments muqueux de l'intestin sont génétiquement dépendants et présentent une alternance de fonction consécutive à leur dédifféren- ciation physiologique, 20 Dans les régions épithéliales où le surmenage physiologique parait neutraliser les facultés mitosiques des noyaux (sommet des villosités), l'intégrité morphologique et fonctionnelle des cellules intestinales est assurée par la greffe leucocytaire qui a pour résultante le rajeunissement de l'élément épi- thélial. ACADÉMIE D’AGRICULTURE Séances de Juin et Juillet 1919 MM. G. Fron et Lasnier présentent quelques ren- seignements sur les tumeurs de la Lu=erne produites par l'Urophlyctis alfalfæ. Ce parasite abrège la durée des luzernières de 4 ou 5 ans. Cette maladie, qui avait été trouvée il y a 4 ou 5 ans près de Paris, existe aujourd’hui dans le Vendômois. — MM. A. Gouin et P. Andouard communiquent les résultats de leurs expériences sur Les dépenses de la croissance chez les Bovins. Les animaux déjà grands ne consomment que les 3/5 des rations pres- crites par les normes allemandes généralement adoptées. Les aliments prennent, dans le tube digestif, une allure de digestion qui leur est propre; leur volume et leur richesse en eau doivent intervenir pour modilier la quantité de matière sèche nécessaire à la nutrition de 100 kilogs de poids vif.— M. Schribaux : Sur la planta- tion estivale des pommes de terre. L'auteur donne les indications suivantes : détruire une partie des yeux, exposer les tubercules à la lumière pour avoir quelques germes vigoureux. L'expérience indique que jusqu'au mois d'août on peut faire la plantation en terre fertile et obtenir 4 à 5 fois la semence. — M. Moussu expose la question de la vente des chevaux galeux de l'Armée. Beaucoup de ces chevaux ont été vendus pour la bou- cherie, ce qui représente une perte de plus de 1.000 fr. par rapport au prix ordinaire. Mais d’autres ont été vendus à la culture et ont propagé la maladie. Il existe divers traitements antiparasitaires excellents lorsqu'ils 604 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES sont appliqués avec soin. L'auteur recommande l'huile saturée d’acide sulfureux (5 à 10 °/,). — M. le D' Fey- taud a étudié l’action de la chaleur et de la sécheresse sur la Cochylis. Ce sont des observations faites dans le Bordelais de 1909 à 1919. Un graphique les résume d’une façon très claire et montre que la Cochylis est particulièrement sensible aux variations de température et d'humidité. Elle trouve les convenances les meilleures pour son développement dans les étés frais et humides (1909 et 1910). Elle est, par contre, éprouvée et réduite par les étés chauds et secs (1916, 1911, 1918). — MM. G. Fron et M. Rigotard ont rédigé une note sur l'amélio- ration de la flore fourragère au Maroc. Ils appellent l'attention sur le Lotus arenarius qui peut faire l’objet d’une culture spéciale introduite dans l’assolement avant une céréale. M. Hickel donne des indications sur les travaux de la Station des recherches forestières de la Suède : recherches sur les Pins sylvestres, écologie des sols forestiers, introduction des Mélèzes de diverses espèces. C’est le Mélèze de Sibérie qui convient le mieux au Nord et au Centre de la Suède. Le Mélèze du Japon convient au Sud, Les insectes parasites des Cônes d’Epi- cea et de Pin ont aussi fait l'objet de mémoires impor- tants. — M. Adrien Berget étudie la protection des vignobles d'Alsace-Lorraine et la reconstitution des vigno- bles septentrionaux éprouvés par la guerre. Les pre- miers, représentant 30.000 hectares environ, pourraient bénéficier d’un fonds de défense et de reconstitution de 12 à 15 millions de francs par an, obtenu à l’aide d’une surtaxe de protection locale qui frapperait la circula- tion des vins importés en Alsace-Lorraine. Les vigno- bles détruits par la guerre sont groupés autour de la montagne de Reims, les côtes de Verdunet le grand Cou- ronné de Nancy. D'après les chiffres de notre élève ,J. Riston (1910), cela représente 5.000 hectares dévastés en Lorraine, et, au total, 15.000 à 20.000 ha. del’'Ourcq à Altkirch, La restauration pose des problèmes aussi bien au point de vue financier qu’au point de vue cultu- ral : les frais de culture étaient avant la guerre de 1,000 fr. à l’ha. en Lorraine et 3.000 à 3.500 fr. en Cham- pagne; au taux de 1920 ce seront des frais qui vont s’éle- ver de 400 0/,, et devenir de 4.000 à 15.000 fr. L'auteur, abordant le problème cultural,envisage la nécessité d’un Office de la reconstitution viticole. Pour les recherches ethybridations nouvelles, il souhaite la création à l’'Uni- versité de Nancy d'un /nstitut de Viticulture septen- trionale, qui aborderait toutes les questions intéressant les vignobles situés au-dessus de 45° de latitude nord. L'Office régional agricole du Nord-Est pourrait certaine- ment prendre la direction de recherches de ce genre. — M. J. Dybowski présente une note sur la production coloniale des matières grasses. La statistique indique environ 14.000.000 de tonnes de graines oléagineuses pour les colonies et pays chauds, alors que l'Europe ne produit que 1/10 de ce chiffre. L'Europe est donc sous la dépendance de la production tropicale, dont les Alliés représentent 9/10 environ. — M. L. Lindet pré- conise l'emploi de la mélasse de canne comme engrais. On la déverse sur les fumiers pour en faire un com- post dit « saccharogène », pouvant produire des éléva- tions de rendement de 5 à 10 °/,. (A suivre.) ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 29 Mars 1919 1° ScreNGEs MATHÉMATIQUES. — M. Jan de Vries : Une involution dans l’espace à rayons, déterminée DPEA une congruence bilinéaire de courbes gauches biquadratiques elliptiques. — M. L. E. J. Brouwer : Sur des involu- tions topologiques. — MM.J. Cardinaal et H. A. Lorentz présentent un travail de M. J. A. Schouten : Sur des développements en série de grandeurs covariantes et contravariantes de degré supérieur dans le groupe linéaire homogène. — MM. J, C. Kluyver et W. Kapteyn pré- sentent un travail de M. J. Droste: Sur des équations intégrales liées à des équations différentielles. — Ep. GAIN. MM, L. E. J. Brouwer et H. A. Lorentz présentent un travail de M. H. B. A. Bockwinckel : Sur le théorème de Mac Laurin dans le calcul fonctionnel. I, — M. W. de Sitter: Théorie des satellites de Jupiter. I. L'orbite intermédiaire. Développement de la théorie esquissée dans les comptes rendus du23 mars 1918. — MM. W. de Sitter et J. C., Kapteyn présentent un travail de M. J. Woltjer Jr.: Sur les termes de perturbation dans le mouvement d'Hypérion, qui sont parallèles à la pre- mière puissance de l’excentricité de Titan. — MM. W. de Sitter et J, C. Kapteyn présententun travail deM. A, Pannekoek : Examen d'une nébuleuse de la Voie lac- tée dans Aquila. Numération d'étoiles sur quelques photographies faites de la nébuleuse au N. W. de 7 Aquilae, en vue de soumettre au contrôle une méthode photographique pour obtenir des données concernant l'augmentation de la densité stellaire correspondant à une diminution de la netteté limite. 2 Sciences PHYSIQUES. — MM. H. A. Lorentz et J. D. van der Waals présentent un travail de M. J. D. van der Waals Jr.: Sur la théorie du frottement interne des fluides. II. Etude des modifications que l’écoule- ment d’un gaz dans un champ de force produit dans la distribution des densités. Application au voisinage du - point critique. — MM. W. H. Julius et J. P. van der Stok présentent un travail de M. H. Groot: Sur la température effective du Soleil. Quelques remarques à propos d’un article de Defant sur la diffusion et l’absorp- tion dans l'atmosphère solaire. — MM. C. A. Crom- melin, J. Palacios Martines et H. Kamerlingh Onnes : /sothermes de substances monoatomiques et de leurs mélanges binaires. XIX. /sothermes du néon de 20° à — 217° C. —MM.H.HagaetF.Zernike: Sur des courants thermo-électriques dans le mercure. Expérien- ces contredisant l'existence d’un effet thermo-électri- que découvert par C. Benedicks. — MM. P. Zceman et S. Hoogewerif présentent deux travaux de M.A.Smits: Sur le phénomène succédant à la polarisation anodique. I (en collaboration avec MM. G. L. C. La Bastide et J.A. van den Andel) et II. Mesure du potentiel du fer immédiatement après l'ouverture du circuit, au moyen d'un commutateur tournant; après la polarisation ano- dique, la variation de potentiel du métal est de sens contraire à celle qui se produit durant le passage du courant. Le même phénomène fut observé pour le nickel et le chrome. Explication du phénomène. — MM. J. Boëseken et F. M. Jaeger présentent un travail de MM. F. E. C. Scheffter et G. Meyer : Sur une méthode indirecte d'analyse d'hydrates de gaz par voie thermo-dynamique et son application à l'hydrate d'hy- drogène sulfuré. I. — MM. F. M. Jaeger et J. J. Woldendorp : Xecherches sur le principe de Pas- teur concernant le rapport entre les dissymétries moléculaire et cristallographique. IX. Sur le malo- nate double de potassium et de chrome et sa scission en antipodes optiques. — M. P. van Romburgh pré- sente un travail de M, A. W. K. de Jong: La trimor- phie de l'acide allocinnamique. Les arguments invoqués par Stobbe et Schünburg en faveur d’une isomérie chi- mique sont faux. Tous les résultats obtenuss’expliquent parfaitement par une trimorphie des acides allocinna- miques. — MM.J. Boëseken et J. P..Kuenen présentent untravail de M. H. P. Barendrecht : L’uréase et la théorie de l'action des enzymes par rayonnement. IL. — MM. H. A. Lorentz et H. Kamerlingh Onnes présentent un travail de M. D. Coster: L'emploi de l’audion dans la télégraphie sans fil. 3° ScrenNCEs NATURBLLES. — M. I. K. A. Wertheïm Salomonson: Sur la mesure de la chronaxie. Simpli- fication des méthodes du condensateur et de l’inducteur, J.-E. V. Le Gérant : Octaye Doux. ————@—_————— aa Sens. — Imp, LEVÉ, 1, rue de la Bertauche. ni N°21 15 NOVEMBRE 1919 $ 1. — Physique La découverte des objets invisibles par les radiations calorifiques. — Dans la guerre de ranchées, l’activité était souvent considérable pendant la nuit; le « no man's land » était sillonné de patrouilles et de reconnaissances qui profitaient de l’obseurité pour essayer de se dissimuler à l’ennemi ; seules, les fusées éclairantes venaient de temps en temps jeter quelques lueurs sur le terrain. Dès le début de 1918, les Améri- cains recherchèrent s’il n’était pas possible de déceler la nuit par d’autres méthodès des hommes ou d’autres objets à la surface du sol, et en particulier par la radia- tion thermique qu'ils émettent lorsque leur température est supérieure à celle de leur entourage. Une méthode de ce genre présenterait, en effet, de grands avantages: seul un instrument récepteur est nécessaire ; il n’est pas nécessaire de projeter un faisceau de radiations sur le corps, qui fournit lui-même son propre rayonnement sans pouvoir, à moins de précautions spéciales, l’empé- cher de s'échapper et de déceler sa présence; en outre, l'individu aperçu n’a aucun moyen de se rendre compte qu'il est en observation. M. S. O. Hoffman, de la Divi- sionscientifique et de recherches de l'Armée américaine, a réussi à mettre au point un appareil fondé sur ces principes !. Cet appareil consiste en principe en une thermopile de Hilger, montée au foyer d'un miroir parabolique ar- genté de 36 em.,etun galvanomètre d'Arsonval. Le miroir estun miroir parabolique de projecteur de la Marine; la piledeHilgera une surface sensible de 0,1>< 1 em. et une résistance de 3 ohms ; la sensibilité du galvanomètre est de 5 mm. par microvolt sur une échelle distante de 1 m.; sa période est de 6 secondes, et la résistance d’amortis- sement critique de 60 ohms, Ce dispositif décèle très facilement des hommes debout à une distancede 180 m, Un homme caché dans une dépression du terrain à une distance de 120 m. est infailliblement révélé dès qu'il montre la partie supérieure de sa tête au-dessus du sol. . Ces résultats ont été confirmés au cours de différentes nuits et avec des arrière-plans différents. i EE 1. The Physical Rev., % sér.,t. XIV, n° 2, p.163 ; août 1919. RÉVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Revue générale Sciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER Direcreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine, Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande.} CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE D'autres essais avec un miroir de 10 em, seulement ont donné de très grandes déviations (8 cm.) pour une cheminée distante de 90 m. Il décelait des hommes à 15 m.,et permettait de distinguer entre le côté peint et le côté non peint d'une pièce de tôle par les nuits très claires. À des distances modérées, un homme ne peut traverser le champ de l'instrument, soit en rampant lentement, soit en courant, sans donner une indication marquée. Enfin, cet appareil permet de recevoir des si- gnaux secrets, obtenus simplement en se couvrant et se découvrant le visage. En général, lorsqu'on oriente l'instrument dans une série de directions différentes, on obtient une large dé- viation permanente, due à l'arrière-plan. Celle-ci doit être compensée par un potentivomètre à fil latéral, main- tenant la tache lumineuse au centre de l’échelle, Des essais préliminaires ayant montré que l’observa- tion de la radiation thermique pouvait permettre de déceler des aéroplanes, par des nuits claires, un instru- ment spécial a été construit dans ce but, pourvu d'un miroir de 60 em. monté de façon à pouvoir être orienté dans toutes les directions, Il porte des thermopiles « croisées », dont les éléments sont des piles séparées, isolées électriquement et reliées à des galvanomètres différents. Des essais ont été faits en janvier 1919 à Langley Field (Virginie) par une nuit sombre, avec un aéro- plane Curtiss volant à une altitude d'environ 1.100 m. à une vitesse de go km. à l'heure, en développant une puissance de 50 chevaux à peine. On n’a eu aucune dif- ficulté à déceler l'avion ou à maintenir l'image obscure sur la pile. Les déviations étaient très prononcées; en. moyenne 10 em., avec un maximum de 25 em. Elles n'étaient pas proportionnelles à la distance; elles pa- raissent dépendre de l'angle sous lequel se présente l’aéroplane. Le mouvement de la tache lumineuse débute brusquement, puis s'éteint graduellement, par suite de l’effet des gaz d'échappement chauds. Tant que le champ de l'instrument n'est pas traversé par des nuages, le galvanomètre est remarquablement uni- forme; mais la moindre trainée de nuages produit un rayonnement chaud aussi fort que celui de l'avion. 1 606 L'exploration du ciel en vue des aéroplanes est done un peu incertaine. Toutefois la déviation provoquée par les nuages est d'une nature différente de celle que pro- duit l'avion ; le départ brusque fait défaut. Manomètre à levier optique. — La jauge de Me Leod est utilisée depuis longtemps pour la mesure de pressions comprises entre plusieurs millimètres et un cent millième de millimètre de mercure. Dans deux cas principaux, toutefois, cetle jauge n'est pas ulilisa- ble : lorsqu'on a affaire à des vapeurs et lorsqu'il faut enregistrer des variations rapides de pression. Dans le premier cas, la jauge de Me Leod devient inutilisable du fait que la loi de Mariotte ne s'applique pas aux va- peurs. Dans le deuxième cas, la jauge de Mc Leod, dont le fonctionnement est lent, ne convient pas davantage, MM. Shrader et Ryder! ont décrit récemment un nouveau modèle de jauge dont le principe est indiqué par la figure 1. On prend un manomètre à mercure, en U, constitué à la manière ordinaire, sauf que les surfa- ces du mercure ont des aires relativement grandes, Au dessus d’une des surfaces, à l’inté- rieur du tube, est disposé un levier optique supporté par les arêtes de deux couteaux 4-4, quireposent sur des boucles de fil scel- lées dans les parois du tube; une perle de verre b, fondue à l'extrémité du bras de levier, agit com- me un flotteur sur la surface du mer- eure, dont il trans- met le mouvement au bras de levier. Un miroir M, fixé dans la position in- diquée sur la figure, réfléchit, à la ma- nière habituelle, un faisceau lumineux issu de la lampe €, sur une échelle d, dans le cas où la jauge doit être uti- lisée comme instrument indicateur, Si la jauge doit servir à enregistrer les variations de pres- sion, on peut remplacer l'échelle par un dispositif photographique analo- gue à celui que l’on em- ploie pour l’obtention des oscillogrammes,. Sur la figure 2 on a in- diqué comment on peut utiliser la jauge précé- dente, Le dispositif e per- met de faire le vide dans le système tout entier au moyen d’une pompe branchéesur le tube silué à gauche du schéma. On ‘peutainsilirerapidement le zéro, après quoi on introduit par le tube de droite les gaz ou les va- peurs dont on veut me- surer la pression, Le dispositif permet également de mesurer de faibles variations de Fig, 1. — Schéma du manomètre à levier optique. Afmesphere Fig. 2. — Dispositif d'emplor de la jauge. 1. J. E. Sunaper et H. M. Rypex: Physical Review, 2° série, t. XIII, p. 321-325; mai 1919, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE pression à partir d'une pression initiale quelconque, dont la valeur n'’affecte en rien la sensibilité absolue. Cette jauge peut fonctionner comme un instrument de mesures absolues, puisque la pression qui corres-" pond à une déviation d’une division de léchelle peut être calculée à partir des dimensions de la jauge, Ea plus faible pression observable est celle qui'donne le minimum de mouvement appréciable du mercure; on peut l’évaluer, d’après les mesures faites, à environ un millionième de millimètre de mercure, pour une jauge convenablement construite. La seule source d'erreur provient de l’adhésion du merçeure aux parois du tube, la déviation observée étant inférieure à la déviation réelle. Si le mercure est très propre et le verre en bon état, une large surface de mer-w cure réduit l'erreur à une valeur négligeable. Onntilise le plus souvent des surfaces de mercure de 5 à 10 em. de diamètre. Dans quelques modèles, on munit le tube d’une fenêtre fermée par une glace plane à l'endroit où traverse le rayon lumineux, afin d'éliminer les phéno- mènes de réfraction que pourrait produire la courbure des surfaces de verre. La figure 3 donnera une idée des variations depression Time _in seconds, o 5 40 13 æo aç ED EL C2 Fig. 3. — Oscillalions de la pression enregistrées D'ou la jauge sur de la vapeur d'eau refroidie par l'air liquide. ù - les plus rapides qui puissent être enregistrées au moyen! de la jauge précédente. Elle reproduit la courbe obte- nue photographiquement en refroidissant de la vapeur, d’eau au moyen d'air liquide. Les oscillations sont dues” à la brusque chute de pression et ont une période légè- rement inférieure à 2 sec. (La jauge utilisée contenait, environ 1.000 gr. de mercure.) La. construction de la jauge peut être effectuée de manière à réduire cette période, ; A. B. Le frottement statique et les propriétés lu- | brifiantes de certaines substances chimiques. — Lord Rayleigh a observé ‘que, dans certains cas, le frottement de deux surfaces est plus grand en présence d’une grande quantité d'huile qu'en présence d’une: fai- ble quantité de la même huile. MM. W. B. Hardy et J.M K. Hardy !, pour essayer d'expliquer ce fait, ont entre- pris des expériences sur le frottement statique entredes surfaces de verre parfaitement propres et sur l'effet d’un certain nombre de liquides purs employés commen lubrifiants. & Î Ils ont constaté que les surfaces propres « collent » et M que, lorsqu'on applique pour les faire glisser une force langentielle suilisante, le premier effet est de les faire éclater en morceaux. Les liquides examinés serépartis- sent en deux classes, La première, qui constitue les li- quides inactifs n'ayant aucun effetlubrifiant, comprend l'eau, l'alcool éthylique, l'éther éthylique, le benzène, l'ammoniaque concentrée et la glycérine; mais cette dernière peut exercer un effet lubrifiant maximuni siles surfaces y sont plongées. La seconde, celle des fluides actifs, renferme les acides srlfurique, chlorhydrique, acélique, butyrique et oléique, un certain nombre de bases organiques, l'huile de ricin et la parafline, Pour certains acides, le frottement est légèrement plus grand quand les surfaces sont immergées qu'avec une pellicule invisible de liquide; mais ce phénomène peut être . RC ME De NE 7 2 LC OO ml 5 1, Philos, Magazine, t. XXXNIII, pp. 32-48; 1919. ete J'TE 2 y 1 produit par la présence d’une trace d’eau qui diminue l'effet des fluides actifs. - Ces expériences semblent donc démontrer que la lu- brification n'est pas une fonction de la quantité du lu- brifiant quand celui-ci est une substance chimique pure et que sa viscosité n’est pas très élevée, $ 2. — Chimie physique L'adsorption sélective et ses conséquen- “ces. — L'adsorption sélective a été récemment l'ob- jet de divers travaux qui permettent de mieux préci- ser son rôle probable dans un certain nombre de phénomènes naturels. > On sait que divers colloïdes adsorbent, plus rapide- ment que l'acide, la base libre des sels dissociés par hydrolyse dans leur solution aqueuse. j Ils rougissent la teinture de tournesol en adsorbant la base bleue. Dans une solution d'un sel bleu dont la base libre est rouge, ces colloïdes, adsorbant la base rouge, se colorent métachromatiquement en rouge. Des colloïdes basophiles se trouvent dans les com- posés histologiques (libres de coton, membranes pec- iques)? et cytologiques; on en rencontre dans les sols (argile, matières humiques), dans les dépôts de baré- gine.… 1 ” Les terres diles acides doivent du moins en partie eur propriété de rougir le tournesol à des colloïdes basophiles : matières humiques*, argiles, silicates, oxy- des de fer i-, Les gels basiques, au contraire (oxydes de Z, Th, Al, La, Zn, Be, Fe et Cr), adsorbent l'acide de la tein- ture de rouge Congo : quand on les chauffe en pré- sence d’une solution de Congo, ils montrent la couleur ouge caractéristique des selsf. Par là s'explique que des eaux thermales (eaux de Barèges) ramènent au rouge, à l'ébullition, les solu- ions de Congo bleuies par les acides, avec précipita- ion de l'acide bleu insoluble isomère de lacide rouge du Congo. Par leur adsorption sélective, divers colloïdes devien- ent des réactifs d'analyse’, capables de séparer les ifféregts ions d’électrolytes.en solution, et d'isoler des corps difliciles à isoler chimiquement. Dans l'être vivant, une adsorption sélective varia- le avec les conditions métaboliques peut expliquer que a chromatine nucléaire fixe. suivant les cas, les bleus (noyaux basophiles) ou les rouges (noyaux acidophi- les)$. nur la Nature, il s'établit entre les colloïdes baso- philes des végétaux et ceux du milieu une « lutte pour es bases » : les Zooglées basophiles des barégines dé- inéralisent les eaux thermales; les Diatomées (Synedra..) possèdent, sous leur test siliceux, une mince —__—————_————— .——————————“——————————_— Q 1. LANGERON : Précis de Microscopie, p. 378; 1916. 9, ManGin : Jour. de Bot., 1894. — H. Devaux : P.-V, Soc. Lin. Bordeaux, p. Xxx111, LVI113 1901. — Pemnir, cbid. 3. E. J. Russeic ‘ Part played by colloids in Agric. lenom. Rept. Br. Ass. Adv. Se..p. 73et 75; 1919. 4,3. W. Ames et C. J. SCHOLLENBERGER: Lime and lime requirement of soil, Ohio Agr. Exp. St. Bull. 306, pp. 297, 306-330 (Bibliographie); Wooster, dec. 1916. 5. Guarke: Thé data of Geochemistry, p. 211.Wash., 1916. f. : HarrweLL et Psuger : Soil Acidity. Soil Sc., revue in ot. Gaz., p. 519; juin 1919. 6.E. WevekinD et H. Rurixsocot: Les teintures du Congo et l'adsorption comme phase prélim. de l'union chim. Ber., 1919, t. LII; anal. in J. Chem, Soc., Abst., . 278, juillet 1919. » 7. L'utilisation du pouvoir adsorbant de la terre à foulon, ev. gén. Se., t. XXIX, 1918.— On sait que la terre à fou- lon, grâce à son adsorption sélective sur les hydrocarbures ion suturés (Gilpin et Schneeberger, 1913), permet, par fil- tration, de séparer un pétrole en fractions d'inégales visco- sité et densité (Day, 1900), 8. Dancearp.— MozLtarD : Rev. gén. Bot.,p. 35-45; 1897.— . DuFRÉNOY : Compt. rend., p.545, 22 sept, 1919. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 0 607 membrane capable de fixer les bases métalliques, même sur le vivant; beaucoup de poils absorbants prennent contact avec le sol par une membrane pecti- que basophile, Enfin, les tissus qui réagissent victo- rieusement à l'infection parasitaire montrent une baso- philie marquée, qui peut s'opposer à la migration des bases de l'hôte vers le parasite. Les milieux qui retiennent fortement les bases, sols acides, ne laissent vivre que des formes spécialement adaptées (Vaccinium corymbosum...), à moins d'apports de bases, de chaulages suflisants pour dépasser leur pouvoir d’adsorption basophile, J. D. $ 3. — Chimie industrielle La fabrication synthétique du caoutchouc en Allemagne pendant la querre. — Depuis une dizaine d'années, des travaux très importants ont été entrepris en vue de réaliser la synthèse du caout- chouc par la polymérisation de divers hydrocarbures dontle principal est l’isoprène!, Ces essais, qui avaient déjà donné des résultats encourageants dans divers pays avant la guerre, ontélé poursuivis avec activité en Allemagne depuis 1914, en vue de suppléer à la disette de caoutchouc naturel provoquée par le blocus des Alliés. Voici, d’après une récente communication de M. K. Gottlob?, les principaux résultats obtenus dans celle voie, Le caoutchouc synthétique fabriqué aux dépens du méthylisoprène s’est montré nettement supérieur à celui qui provient de l’érythrène ou de l’isoprène; mais, que la polymérisation soit effectuée à froid, à chaud ou à l’aide du sodium, le produit obtenu est trop enclin à l'oxydation et refuse de se combiner au soufre en quantité appréciable en l'absence d’un catalysateur, Une autre différence marquée entre le caoutchouc syn- thétique et le produit naturel, c'est qu'il n’a aucune tendance à devenir plastique quand il est travaillé entre des rouleaux; la substance obtenue par le procédé à chaud-et le procédé au sodium conserve son élasticité ‘et sa ténacité, tandis que le produit préparé à froid est dur et blanc et d'une structure granulaire persistante En agitant l’isoprène avec une émulsion aqueuse d’al- bumine ou d'autres substances similaires, et en faisant agir la chaleur, on parvient toutefois à fabriquer un caoutchouc possédant des propriétés plus attrayantes. On a trouvé d'autre part que diverses bases organi- ques ont le pouvoir deretarder l'oxydation du méthyl- caoutchouc ; certaines bases, comme la pipéridine, accé- lèrent aussi notablement la réaction avec le soufre à, ‘ Des substances comme l’aldéhyde-ammoniaque, la pipé- ridine, le thiocarbonate de pipéridyle et le dipipéridyle, qui sont des accélérateurs actifs de la vulcanisation, préviennent d’une façon marquée la détérioration par oxydation. En ajoutant certains dérivés de la cellulose au méthyl-caoutchouc au stade de la polymérisation, il est également possible de le rendre très résistant à l'oxy- dation. La première substance vulcanisée satisfaisante pré- parée avec le caoutchouc synthétique a été obtenue en 1913 : avec l’aide d’un catalysateur organique, le mé- thyl-caoutchouc a été vulcanisé à un degré tel que les liaisons non saturées de la molécule avaient presque en- tièrement disparu, avec la tendance à l'oxydation. La “vuleanite (ou caoutchouc durci) ainsi préparée contenait 23-26 ‘}, de soufre combiné (C!/2H2$? en contient 28,1°/,) et, au point dé vue des caractères mécaniques (résistance diélectrique et résistance à la chaleur), elle 1. Voir à ce sujet B. D. W. Lurr : L'état actuel du pro- blème de la synthèse du caoutchouc, Rev, gén. des Sc. du 15 wars 1917, t. XXVIII, p. 148. 2. Gummi-Zeitun2. 1919: reproduit dans /ndiarubber Journ., t. LVIU, pp. 305, 348, 391, 433: 1919. 3. Sur ce sujet, voir aussi la Rev. gén. des Sc. du 15 juil= let 1917, p. 388. 608 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE était de peu inférieure aux produits similaires prove- nant du meilleur caoutchouc de Para. Le produit syn- thétique se distinguait seulement par sa transparence et sa couleur rouge en plaques minces. A la fin de 1914, l'Allemagne ne produisait pas encore commercialement du caoutchouc synthétique. En 1915, en ajoutant de l'huile au méthyl-caoutchoue, on parvint à étirer de petits bâtons cylindriques lisses pour la pré- paration d'antennes en vulcanite, qui satisfirent à toutes les conditions exigées et constiluèrent la pre- mière application heureuse de la substance sur une grande échelle commerciale, L'application suivante fut la construction de cellules pour accumulateurs, qui nécessitent l'exclusion de toute substance minérale des mélanges. Une autre application fut la substitution à une partie du caoutchouc naturel dans les mélanges pour enveloppes de pneumatiques et dans certains caoutchoucs récupérés où le produit naturel était em- ployé comme liant. Vers la fin de 1915, plusieurs centaines de tonnes de méthyl-caoutchouc préparé à froid furent commandées pour les sous-marins, où ce produit fut employé sur- tout dans les boîtes d'accumulateurs, mais aussi dans les allumeurs Bosch. Grâce à l'expérience acquise, il devint possible de réduire le pourcentage de méthyl- caoutchouc à 4o°/,, et même d'y ajouter un peu de caoutchouc récupéré pour les feuilles épaisses d’aceu- mulateurs, Le méthyl-caoutchouc a été également utilisé à la préparation de produits pour lesquels on emploie du caoutchouc tendre, telles que feuilles d’em- ballage à haute pression, tissus pour couvertures, iso- lement des fils, pneumatiques; on s’est servi dans ces cas du produit polymérisé à chaud, car il est seul solu- ble. L'emploi du méthyl-caoutchoue pour les masques à gaz a dû être abandonné par suite du manque de tissu. Par contre, on l’a utilisé avec succès pour les enveloppes de ballons, et aussi pour l’isolement des càbles terrestres et sous-marins. Pour la fabrication des enveloppes de pneumatiques, on a rencontré une difliculté dans la très faible élasticité du méthyl-caoutchouc vulcanisé, ce qui a nécessité l’ad- dition de certaines substances huileuses ou « élastica- teurs », Leur action est purement physique et l’on peut employer toutes les huiles en général, minérales et vé- gétales; mais on applique couramment la diméthylani- line et la toluidine, qui sont aussi des préservateurs. Ces élasticateurs diminuent considérablement la ten- dance du méthyl-caoutehouc à devenir tout à fait dur à quelques degrés au-dessous de zéro. Pour des pneuma- tiques solides, le mélange contient 60 ‘/, de méthyl- caoutchouc (préparé à froid), le soufre nécessaire, 6° d’élasticateur et la charge minérale (oxyde de zine ou lithopone). Les pneumatiques vulcanisés sont durs et non élastiques à la température ordinaire, mais devien- nent élastiques après avoir été chauffés légèrement. Ils s’usent par désintégration plutôt que par abrasion. Les essais de fabrication des chambres à air n’ont pas eu grand succès. $ 4. — Zoologie Le rôle et la valeur économique des oi- seaux !. — L'oiseau est propriété de la collectivité :et l'Etat doit être son tuteur en raison des services qu'il rend à l’agriculture : il détruit les insectes nuisibles, leurs œufs et leurs larves, les campagnols et autres petits mammifères qui dévastent les récolles, des masses de graines de plantes sauvages nuisibles; enfin, il joue dans maintes occasions le rôle de balayeur, d'égoutier. Les dégâts causés par les parasites de l'agri- culture atteignent, certaines années, le dixième, le cin- quième et même le quart de la récolte. En 1867, un sa- vant entomologiste, Guérin-Méneville, estimait à plus 1. À. MenneGaux : Le rôle et la valeur économique des oiseaux. L'Agriculture pratique des pays chauds, décem- bre 1913. de 600 millions l'impôt annuel prélevé parles insectes sur les récoltes, et, aux Etats-Unis, Sullivan, dans une bro- chure officielle, estimait ces pertes de 300 à 8oo millions de dollars par année. Aussi bien, dès 1886, le Gouver- nement de Washington instituait au Département de l'Agriculture une Section de Mammalogie et Ornitho- logie économiques, qui a pour mission d'étudier et de préciser les rapports des mammifères et des oiseaux avec l’homme. La Hongrie possède un Comité ornitho- logique, l'Allemagne, un Institut de Biologie, qui dépen- dent du, Ministère de l'Agriculture, et, à Préloria, on a créé un vaste Institut de Phytopathologie, En France, le Service des maladies des plantes a été transformé en 1915 en Service des Epiphyties, et l’on a créé à côté le Comité consultatif des Epiphyties, appelé à se prononcer sur toutes les questions se rattachant à la protection des cultures, et complété en 1916 par l'ins- titution d’associés et de correspondants. Le Service d'inspection phytopathologique de la production horti- cole, fondé en 1g11, a été étendu à toute la production agricole en 1915 !. Enfin, la Convention internationale de Rome, du 4 mars1g14, où 32 Etats. étaient repré- sentés, a été chargée d'établir le projet d'une entente internationale pour la protection des végétaux. Le nombre des insectes qui s'attaquent aux racines, aux tiges, aux feuilles, aux fruits et aux graines des plantes est énorme; Kaltenbach en compte 537 sur le chêne, 396 sur le saule, 299 sur les conifères, 285 Sur le pommier et le poirier, 237 sur le prunier, 53 sur . le blé, 49 sur le chou, 33 sur la vigne, 8 sur l'olivier, elc. Presque tous jouissent d’un pouvoir effrayant de multiplication : la mouche domestique en trois mois peut pondre 700.000 œufs ; le Doryphora colorado de la pomme de terre peut donner, par une seule ponte au printemps, 60 millions d'individus. La voracité des larves est non moins prodigieuse, par suite de leur rapide croissance : un ver à soie en 36 jours consomme en feuilles 86.000 fois le poids qu'ilavait à sa naissance. Michelet avait raison de dire que le fléau de tous les instants, de tous les lieux, c’est l’insecte. L'accroissement de la population, joint à notre ins- tinct plus ou moins latent de destruction irréfléchie et imprévoyante, exige impérieusement une limitation du sport de la chasse, à mesure qu'augmentent et'que se perfectionnent les engins de destruction : lacets, filets, gluaux, électricité, armes à feu, à mesure que le défri- chement des landes, l’asséchement des marais, la régu- larisation des cours d’eau font disparaître les abris où les oiseaux trouvaient place et sécurité pour leurs cou- vées. La culture moderne impose des champs immenses, uniformes, dépourvus d'arbres et de haies, en même temps que,dans les forêts modernes de haute futaie, on ne tolère plus ni taillis, ni broussailles, ni vieilles sou- ches ou arbres creux. A la destruction des abris natu- rels s'ajoutent d’autres causes directes de destruction, provenant de l'intensité de la circulation et du dévelop- pement des moyens de transport: chemins de fer, fils télégraphiques et téléphoniques, phares contre lesquels viennent se tuer les migrateurs, attirés et éblouis par leur lumière pendant les nuits sombres, L'homme agit à son tour par la chasse qui détruit par gloriole ou par lucre, par le dénichage des jeunes et des œufs, par l’en- lèvément des œufs de certaines espèces pour la consom- mation. On ne saurait objecter que la chasse aux petits oiseaux constitue une ressource alimentaire ; il ne s’agit que de quelques grammes de chair qui ne sauraient entrer en comparaison avec l'intérêt général qui setrouve ainsi lésé. Enfin, les éléments atmosphériques : pluies prolongées en été, hivers trop rudes, grêle, tempêtes, sont encore des facteurs accidentels de destruction, ——_—_—_—__—————…—…—…—…—.———————————————— 1. Cf. Le Service de protection des plantes de divers pays, in-4°, Rome, 1911 [publication de l’Institut international d'A- griculture].— P.MarcnaL: Les sciences biologiques appliquées à l’agriculture et la lutte contre les ennemis des plantes aux Etats-Unis, in Annales des Epiphyties, t. NI, 1914 [publica- tion du Ministère de l'Agriculture ]. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 609 La conséquence de ces faits, c’est la diminution pro- gressive et forcée des individus; depuis moins de cinq ents ans, 140 espèces au moins auraient disparu de la surface du globe, 63 ne sont connues que par des osse- ments, des plufnes ou des œufs, 47 espèces sont presque éteintes et51 sont menacées d'extinction, dans un délai plus ou moins rapproché. Pierre Clerget. $ 5. — Biologie Sur la vitesse de locomotion des bactéries. — Kn observant à l’ultra-microscope, dans une goutte suspendue, des germes mobiles, on reste frappé non seulement par la forme des trajectoires qui diffèrent selon les espèces bactériennés, mais aussi par la difré- rence, souvent notable, des vitesses. Les uns se dépla- cent presque indolemment, les autres se meuvent avec agilité dans une direction ou dans l'autre; il y ena enfin qui traversent le champ du microscope avec une itesse telle qu'ils donnent l'impression d’une flèche se détachant de son arc. On peut naturellement calculer, d’une manière ap- proximative, la vilesse moyenne dé chaque espèce bac- térienne si l’on a soin de suivre, dans une goutte sus- pendue contenant peu de germes, les individus qui, entrant à un moment donné dans le champ microsco- pique, le parcourent presque diamétralement jusqu’au point opposé, On peut déterminer ainsi, avec un compteur à la main, la durée de latraversée, . M. G. Sanarelli!, directeur de l’Institut d'Hygiène de Université de Rome, reprenant des récherches anté- rieures de MM. Gabritschewsky, Stigell et Lehmann et Fried, a déterminé la vitesse de locomotion du vibrion cholérique à la température ambiante de 25°C., avec des ultures de diverses souches, âgées de 24 h., dévelop- -pées sur agar et ensuite délayées dans du sérum de cobaye. Ila trouvé que la vitesse moyenne apparente est de 10 em. par seconde ; la vitesse réelle correspondante est de 0,125 mm, par seconde, c’est-à-dire de 7,5 mm. à la minute, ou 45 em. à l'heure. Néanmoins ces chiffres sont impuissants à donner une idée de la vitesse vertigi- neuse du vibrion qui frappe l'œil au microscope. C’est qu’en effet l'impression de vitesse ne dépend pas de la vitesse effective, mais de la vitesse angulaire. Envisagé à ce point de vue, le déplacement du vibrion cholérique donne la même impression qu'un train qui passerait devant l'observateur à la distance de 40 mètres en par- courant 16 m. à la seconde, soit 57,6 km. à l'heure. _ Le vibrion cholérique a une vitesse de déplacement de beaucoup supérieure à celle de tous les autres micro- bes expérimentés par l’auteur. Elle est 3 fois plus grande que celle duZ. prodigiosus et du 8. pyocyanique, 5 fois plus grande que celle du B. typhique, 10 fois plus grande que celle du colibacille et du Proteus vulgaris, 12 fois plus grande que celle du Z. megatherium. Toutes ces bactéries élant pourvues d’une quantité de cils souvent très remarquable, tandis que le vibrion cho- lérique n’ena d’ habitude qu’ un seul, il faut croire que la vitesse des microbes n’est pas en relation avec le nom- re de leurs organes de locomotion. $ 6. — Sciences médicales Le rôle des mouches dans Ia propagation de la dysenterie bacillaire.— Pendant leur séjour en Macédoine, les troupes alliées ont payéun tribut considérable à la dysenterie bacillaire. Les médecins anglais, en particulier, se sont livrés à une étude appro- - 1. Ann. de l'Inst. Pasteur, 1. XXXIII, n°9, p. 569 ; sept. 1919. fondie de cette affection, et le Colonel Dudgeon vient de faire paraître un Rapportétendu sur les constatations et les recherches auxquelles elle a donné lieu !, Nous y empruntons quelques données intéressantes sur la propagation de cette maladie, La croyance àla propagation de la dysenterie et d’au- tres affections intestinales par la mouche domestique est courante; elle se base surtout sur des considé- rations générales et, aussi sur quelques investigations bactériologiques de Faichnie, Graham-Smith et Babr. Les observations et expériences faites en Macédoine lui apportent un appui décisif. L'enquête a porté sur trois points : s°le nombre de mouches présentes aux diverses saisons dans une cer- taine aire a été comparé avec le nombre de cas de dysenterie bacillaire dans cette aire ; 2° des expériences ont été faites pour s'assurer si une mouche préalable- ment infectée avec un bacille du groupe dysentérique transporte celui-ci; 3° on a recherché si les mouches à l’état naturel transportent le bacille dysentérique. Deux années de séjour dans la région de Salonique ont montré que, si la dysenterie bacillaire se présente parmi les troupes dans les moisles plus chauds, toute- fois elle prédomine de beaucoup au printemps et au comméncement de l'été, puis à la fin de l'automne, pé- riodes où le fléau des mouches est à son comble. Le nombre des mouches a été déterminé au moyen de pièges ; il atteint son maximum en mai, puis décline pour remonter de nouveau à la fin d'octobre; la dimi- nution estivale est attribuable à la sécheresse du sol qui n’est pas favorable à l’éclosion des pupes. Les périodes de prédominance de la dysenterie bacillaire correspon- dent donc à celles de prédominance des mouches. Dans le second groupe d'expériences, on a alimenté des mouches dans des cages improvisées avec des sub- stances contenant les bacilles de Flexner ou de Shiga,. Trois méthodes ont été utilisées pour retrouver le bacille : 1° on laisse une mouche -se promener pendant 15 minutes sur une plaque de milieu de Me Conkey, puis on la tue et on met la plaque à incuber; cette méthode reproduit le processus naturel, car la mouche peut infecter le milieu en nettoyant ses pattes, par régurgitation ou par défécation, comme dans la conta- mination des aliments; 2° on recueille les excreta de la mouche et on les émulsionne dans une solution saline stérile, qu’on dépose ensuite sur plaque de culture; 3° on tue l’insecte, on détache les pattes qu’on fait incu- ber dans du bouillon pendant 6 à 12 h. Par toutes ces méthodes, on obtient une quantité variable de culture, souvent trop forle pour un éxamen convenable par la 1e et la 3e. La seconde est préférable pour l'isolement du bacille dysentérique. Le nombre total de mouches examinées a été de 382; les résultats ont été positifs dans 79 cas. La troisième série d’expériencesa porté sur des insec- tes pris dans les diverses parties de deux hôpitaux, dont aucun ne renfermait de salles affectées à des dysentériques. On a constaté que les mouches vivant dans des conditions naturelles peuvent être porteuses de bacilles dysentériques, mais d’une façon plutôt peu fréquente. Sur 1.650 mouches examinées à diverses épo- ques, 7 seulement renfermaient la bacille de Flexner ou de Shiga. Quoique le nombre de cas positifs soit très petit, il ne faut pas oublier que le nombre de mouches examinées est lui-même infime par rapport au nombre total de mouches de la région. Les trois séries de constatations s'accordent donc à montrer que la mouche domestique joue un rôle pré- pondérant dans la propagation de la dysenterie bacil- laire. g 1. Medical Research Committee : n° 40, Londres, 1919. Special Reports Series, 610 LA DIFFÉRENCIATION DE L'HUMANITÉ EN TYPES RACIAUX Comment l'humanité s’est-elle différenciée en types aussi variés que le Nègre, le Mongol, et le Caucasien ou Européen? voilà un problème qui a excité l'intérêt des penseurs depuis les temps les plus anciens. Pendant longtemps, l’explica- tion mosaïque — la théorie de la tour de Babel — a été considérée comme une solution sufli- sante de cette difficile question, Aujourd’hui la plupart d’entre nous ont adopté une explica- tion qui diffère à bien des points de vue de celle que rapporte le livre de la Genèse. Noé a dis- paru de nos théories, et il a été remplacé dans le lointain des âges par « une souche ancestrale commune ». Notre histoire commence mainte- nant, non à la fin d’un déluge historique, mais au terme d’une époque géologique si distante de nous que nous n’en pouvons calculer la date avec le moindre degré de certitude. Sem, Cham et Japhet, réputés les ancêtres des trois gran- des races des temps modernes, — les types dis- tincts blanc, noiret jaune de l'humanité, — ont aussi disparu de nos spéculations; nous ne croyons plus que les dessins qui ornent le tapis bigarré de l'humanité ont tous été filés en même temps; nous pensons que quelques-uns sont d’ancienne date et ont conservé plusieurs des traits qui caractérisaient le modèle « ancestral » commun, et que d’autres sontde date plusrécente, le dessin ancien y étant altéré dans plusieurs de ses détails. Nous avons fait intervenir, comme Darwin nous l’a enseigné, tout le mécanisme de l’évolution — lutte pour l’existence, survi- vance du plus apte, origine spontanée des varia- tions struciurales, hérédité de ces variations — comme le métier sur lequel la Nature façonne ses dessins biologiques. Nous avons remplacé le doigtcréateur par la machine évolutionniste, mais nul plus que l’étudiant des races humaines n’est conscient des limitations de cette machine. Nous sommes tous familiers avecles traits du type humain racial qui se groupe autour du cœur de l'Afrique; nous reconnaissons le Nègre au premier coup d'œil à sa peau noire, luisante, glabre, à sa chevelure crépueë, à son nez aplati, à ses yeux sombres grands ouverts, à ses lèvres fortement moulées, à ses dents étincelantes et à ses fortes mâchoires. Il a une démarche et des proportions du corps qui lui sont propres; il possède une qualité de voix et une activité céré- brale particulières. [Il est, même pour un œil non exercé, nettement différent du Mongol indi- gène du Nord-Est de l'Asie; la peau, la cheve- lure, les yeux, la qualité de la voix et du cer- veau, la démarche et les proportions des membres au corps font du Mongol un type hu- main rigoureusement différencié. L'indigène de l’Europe centrale — le type humain aryen ou caucasien — se distingue à la fois de l’un et de l’autre ; on le reconnaît à la pâleur de sa peau et à ses traits faciaux — particulièrement à son nez étroit et proéminent et à ses lèvres minces. Nous sommes si accoutumés à la proéminence du nez caucasien que seul un Nègre ou un Mon- gol peut apprécier sa singularité dans notre monde aryanisé. Quand nous nous demandons comment ces trois types — l’Européen, le Chinois et le Nègre — ont acquis leurs traits distinctifs, nous som- mes obligés de convenir que le mécanisme évo- lutif nous fait défaut : les processus de la sé- lection naturelle et de la sélection sexuelle peuvent préserver et exagérer les traits du corps et de l'esprit, mais ils sont impuis- sants à produire ce complexe de caractères qui distingue un type racial d’un autre. La Na- ture tient à sa disposition quelque mécanisme secret par le moyen duquel elle tisse ses nou- veaux dessins dans les corps de l’homme et des animaux — mécanisme presque ignoré à l’épo- que de Darwin, mais que nous commençons à percevoir et à comprendre confusément. C’est l'influence de ce mécanisme créateur ou morpho- génique sur l’évolution des races modernes de l'humanité que je me propose d'examiner main- tenant. ë * * * Il existe, enfouies dans diverses parties du corps humain, une série de corps ou glandes plus ou moins obscurs, au nombre de cinq, dans lesquels on a reconnu, à une époque récente, des parties de l'organisme qui règlent la crois- sance du corps. Ils ne constituent qu’une petite fraction de l’organisme, 1/180° à peine. L’étu- diant en médecine d'aujourd'hui est familier avec chacun d'eux; ce sont: le corps pituitaire, de la dimension d'une cerise müre, attaché à la base du cerveau et logé dans le plancher du crâne; la glande pinéale, située également dans le cerveau et à peine plus grosse qu'un grain de blé; la glande thyroïde, placée dans le cou à cheval sur la trachée-artère, et formant une” masse plus volumineuse ; les deux corps surré-. naux, situés dans l'abdomen et coiffant les reins, \ et les glandes interstitielles, englobées dans la - substance du testicule et de l’ovaire. Le méde- cin moderne n’ignore pas non plus que la crois- sance du corps peut être relardée, accélérée ou complètement altérée lorsqu'une ou plusieurs de ces glandes deviennent le siege d’une lésion ou d’un désordre fonctionnel. Ily a33 ans, le D' Pierre Marie, de Paris, reçut la visité d’une première femme, puis d’une se- conde, cherchant la guérison d’une migraine » persistante, et qui lui signalèrent incidemment que leur figure, leur corps, leurs mains et leurs pieds avaient subi de telles altérations depuis quelques années que leurs meilleures amies ne les reconnaissaient plus. Cet incident marque : le commencement de notre connaissance de la glande pituitaire comme partie intrinsèque du mécanisme qui règlele modelage de notre corps » et de nos traits. Le D' Marie a désigné cet état sous le nom d'acromégalie. Depuis lors, on a observé des centaines d'hommes et de femmes présentant des symptômes semblables aux pré- cédents, et dans tous lés casoù les modifications acromégaliques étaient typiques et accentuées on a trouvé une hypertrophie où une tumeur du corps pituitaire. L’œil exercé reconnaît au » premier abord l'aspect bouffi de l'acromégali- que, tellement les traits du patient sont caracté- | | | | ristiques. Ils peuvent donner une physionomie spéciale à toute une famille. La glande pituitaire est également en rela- | tion avec une autre perturbation de la crois- sance, le gigantisme.Dans tous les cas où un jeune _ garçon s'est transformé, entre 15 et 20 ans, en - un individu grêle de 7pieds ou plus, c'est-à-dire est devenu un géant, on constate que sa glande _ pituitaire est le siège d'une hypertrophie désor- donnée. La pituitaire fait partie d’un mécanisme . qui règle notre taille, et la taille est une carac- téristique de la race. Le géant est générale- ment acromégalique en même temps qu’é- lancé, maïs les deux états ne sont pas nécessairement combinés : un jeune garçon peut subir les changements corporels qui caractéri- . sent l’acromégalie et ne pas devenir d'une stature anormale, ou bien il peut — mais Le cas est rare — devenir un géant sans prendre les traits de l’'acromégalique. Il existe un troisième état de croissance dé- sordonnée où la pituitaire joue un rôle et dont les caractéristiques sont les suivantes : la lon- gueur des membres augmenté d’une façon dis- _ proportionnée, le système sexuel et tous les ca- . ractères sexuels secondaires du corps et de l'esprit ne sont pas développés ou ont disparu, _ la graisse tend à se déposer sous la peau, en | , CEE: y 1 # r EN TYPES RAGIAUX 611 ——————————— particulier sur les fesses et les cuisses, bref le corps tout entier prend l’état eunuchoïde. Chacun de ces trois états semble être sous la dépendance d’une action désordonnée et exagé- rée de la glande pituitaire; il doit exister des conditions d’une nature opposée, où les fonc- tions de la pituitaire sont troublées et réduites. On a noté, en effet, un certain nembre de cas de nanisme, où des garçons et des filles ont con- servé leur infantilisme pendant toute leur vie, apparemment parce que leur glande pituitaire avait élé envahie et partiellement détruite par des tumeurs. Nous verrons que le nanisme peut également résulter d'un défaut de la glande thyroïde. Lt D’après les faits acquis, dont le nombre aug- mente d'ailleurs rapidement, nous sommes donc justifiés à considérer la glande pituitaire comme un des principaux pignons du mécanisme qui règle la croissance du corps humain et qui exerce une influence directe sur la détermina- tion de la taie, le modelage des traits, la tex- ture de la peau et le caractère des cheveux, — qui sont tous des marques de la race. Si nous comparonsles trois principaux types raciaux de l'humanité, — nègre, mongol et caucasien ou européen, — nous pouvons reconnaitre chez le dernier une plus grande prédominance dela pi- tuitaire que chez les deux autres. La nasalisalion prononcée de la face, la tendance aux fortes arca- des sourcilières, le menton proéminent, la ten- dance à la corpulence et à la stature élevée chez la majorité des Européens ne peuvent mieux s’ex- pliquer, dans l’état actuel de nos connaissances, que par l'intervention de la fonction pituitaire. L'intérêt qui s'attache au mécanisme de la croissance a sans qul doute été stimulé, en ces dernières années, par les observations et les dé- couvertes des médecins chez les individus souf- frant de désordres pituitaires; mais on savait déjà depuis fort longtemps qu'une autre toute petite partie du corps peut influer sur la crois- sance et les caractères de l’ensemble de l’orga- nisme. Depuis bien des siècles, il est de noto- riété commune que l’ablation des glandes. génitales altère la forme extérieure et la nature interne de l'homme et de l'animal. Plus tôt l'opération est effectuée après la naissance, plus ses effets sont certains. Si un naturaliste d'un monde unisexué venait visiter le nôtre, il serait difficile de le convaincre qu’un frère et une sœur sont de la même espèce, ou que l’eu- nuque ridé à visage blême, avec sa face im- berbe, ses membres longs et effilés, sa démar- che hésitante, son aspect désagréable et sa Lo 612 Prof. Arrnur KEITH. — LA DIFFÉRENCIATION DE L'HUMANITÉ corpulence, estle frère de l’athlète robuste et trapu au visage barbu. On a découvert il y a 70 ans déjà que le testi- cule et l'ovaire renferment, éparpillé dans leur substance, un petit élément glandulaire qui n’a rien à faire avec leur fonction principale — la production des cellules génitales —; mais c'est tout récemment qu'on a acquis la preuve que cet élément disséminé — la glande interstitielle — à un rapport direct avec le mécanisme de la croissance. Tous les changements qu’on observe chez la jeune fille etle garçon à l’époque de la puberté — phase de la croissance qui met en pleine évidence leurs caractères raciaux — dé- pendent de l’action des glandes interstitielles. Si on les enlève ou sielles restent en non-activité, le développement du corps est à la fois différé et altéré. En cherchant le mécanisme qui a façonné l’humanité en races, nous devons donc prendre en considération la glande interstitielle. J'estime que la différenciation sexuelle — les manifestations vigoureuses des caractères mas- culins — est plus accentuée chez le type cauca- sien que chez les types nègre ou mongol. Ces deux derniers, dans leur forme la plus repré- sentative, nous montrent un visage imberbe et un corps presque glabre, et certains types nè- gres, spécialement chez les tribus nilotiques, avec leurs jambes longues, pareilles à des échas- ses, semblent bien la manifestation d’un arrêt dans l’action des glandes interstitielles. A la fin de la vie sexuelle, on voit souvent les traits de la femme prendre une apparence plus grossière et plus masculine. Les capsules ou glandes surrénales s’asso- cient aux glandes interstitielles, au moins au point de vue du développement. Nous savons depuis 1894 que ces deux corps relativement minimes, de la dimension d’une côte d’orange moyenne, sont en relation avec la pigmentation de la peau; à cette date, le D' Th. Addison, médecin au Guy’s Hospital de Londres, observa que la destruction graduelle de ces corps par la maladie provoquait une teinte plus sombre ou une pigmentation de la peau, tout en donnant naissance à d'autres symptômes et modifica- tions plus graves. Il y a 150 ans, John Hunter, en se basant sur les faits qu'il connaissait, était arrivé à la conclusion que la couleur originelle de la peau humaine est le noir, et toutes les con- naissances que nous avons accumulées depuis sont en faveur de cette déduction. Du fait que le pigment commence à se rassembler dans la peau et à la rendre plus foncée dès que les cap- sules surrénales deviennent le siège d'une aflec- tion destructive, nous inférons qu’elles jouent un rôle dans l'élimination du pigment et que nous Européens nous devons la blancheur de notre peau à quelque vertu particulière résidant dans les corps surrénaux. Comme l’ont montré lesrecherches de S. Scha- fer, de T. R. Elliott et de W. B. Cannon, leurs fonctions sont complexes et multiples. Il y a 15 ans, Bulloch et Sequeira ont établi le fait suivant : lorsqu'un corps surrénal devient le siège d'une forme particulière d'hypertrophie maligne dans l'enfance, le corps du garçon ou de la fillette subit certaines modifications extraor- dinaires de croissance. Les organes sexuels attei- gnent rapidement leur maturité, et à travers le cadre de l'adolescence jaillissent soudain les caractères de cette maturité: poitrine bombée, muscularité des membres, voix de basse, face barbue et corps couvert de poils. Des change- ments analogues se produisent chez la jeune fille — même à un âge peu avancé — avec une ten- dance à revêtir des caractères masculins. Le Pro- fesseur Glynn! a récemment rassemblé un cer- tain nombre de ces cas et systématisé nos connaissances sur ces étranges dérangements de croissance. Il n’y a aucun doute que les corps surrénaux ne constituent une partie importante du mécanisme qui règle le développement et la croissance du corps humain et aide au déter- _minisme des caractères raciaux de l’humanité, Nous savons que cerlaines races arrivent plus rapidement que d’autres à la maturité sexuelle, et que les races varient au point de vue du déve- loppement de la pilosité et du pigment; il est donc raisonnable de supposer qu’on arrivera à une explication satisfaisante de ces caractères quand on aura acquis une connaissance plus complète du mécanisme surrénal. Ces dernières années nous ont apporté une découverte tout à fait inattendue : c’est que la petite glande pinéale du cerveau peut donner naissance à une suite de symptômes très analo- gues à ceux qui résultent de la formation d’une tumeur dans le cortex des capsules surrénales. Dans quelques cas, la maturité sexuelle précoce observée chez un enfant est, en apparence, le résultat d’une affection de la glande pinéale. Nous avions considéré jusqu'ici cette glande, à peineplus grosse qu'un grain de blé et profon- dément enfouie dans le cerveau, comme le ves- tige inutile d’un œil médian ou pariétal, prove- nant d’un ancêtre humain éloigné chez qui cet œil était fonctionnel ; mais les preuves cliniques 1. Quart. Journ. of Medicine, t. V,p. 157; 1912, et expérimentales qui s'accumulent rapidement nous obligent à lui assigner une place dans le mécanisme qui contrôle la croissance du corps. Nous arrivons maintenant à la glande thy- roïde, qui, du point de vue anthropologique, doit être regardée comme le plus important de tous les organes ouglandes à sécrétion interne. Ici, toutefois, je dois attirer l’attention sur une généralisation que j'ai laissée de côté en par- lant des glandes pituitaire et surrénales. Cha- cune de ces glandes jette dans le sang circulant deux séries de substances : les unes qui agissent immédiatementen mettant en accord les parties de l’organisme quine sont pas sous l'influence de la volonté pour exécuter leur travail quand le corps est au repos et quand il exerce un effort; les autres — que le Professeur Gley a nommées morphogénétiques — n'ont pas un effet immé- diat, mais éloigné: elles règlent le développe- ment etcoordonnent la croissance des diverses parties du corps. En ce qui concerne la fonction immédiate de la glande thyroïde, nous savons aujourd’hui-que cette glande fabrique une substance qui, en cir- culant dans le corps, règle le taux de combus- tion des tissus; quand nous exécutons un effort musculaire, ou quand notre corps est exposé au froid, ou quand nous sommes victimes d’une infection, la thyroïde entre en jeu pour aider à mobiliser tout le combustible utilisable des tis- sus. Si nous considérons seulement sa fonction immédiate, il est clair que la thyroïde esten rela- tion avec la sélection et avec la survivance des races humaines. . Si, d'autre part, nous regardons à ses effets éloignés, ou morphogénétiques,sur la croissance, son importance comme facteur de façonnement des caractéristiques de la race humaine devient encore plus évidente. Dans les régions où la thy- roïde est sujette à cette forme d'affection qu’on appelle le goitre, on sait que les enfants quien sontatteints deviennent des crétins, c’est-à-dire des nains idiots avec un aspecttrès caractéristi- que de la face et du corps. La maladie de la thy- roïde arrête et altère la croissance du corps de telle façon que les sujets de ce désordre peuvent véritablement être classés comme une espèce distincte d'humanité. Si la thyroïde devient malade après l'achèvement de la croissance du corps, il se produit certaines modifications, observées pour la première fois par Sir W. Gull en 1873, qui donnent naissance à la perturbation connue sous le nom de myxædème. Dans cet état, la peau est froide, sèche et rude; elle trans- * pire peu ou pas, et peut prendre une teinte jau- BEVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES EN TYPES RACIAUX 613 nâtre ; une rougeur prononcée apparait dans la région malaire. La peau dans son ensemble parait transparente; les cheveux deviennent clairsemés ; les poils du pubis et de l’aisselle, ainsi que les cils et sourcils tombent souvent; dans de nombreux cas, les dents sont fragiles et cariées. Tous ces signes disparaissent après administration d’extrait thyroïde. C'est une preuve concluante que la thyroïde agit directe- mentsur la peau et la pilosité, qui sont des carac- tères employés dans la classification des races. humaines. L'influence de la thyroïde sur le développe- ment d’autres parties du corps, en particulier sur la croissance du crâne et du squelette, n’est pas moins profonde. La base dû crâne et le nez nous en présentent surtout l’exemple. L'arrêt de croissance porte principalement sur la partie basale du crâne, et produit les conséquences sui- vantes : la racine du nez paraît aplatie et tirée en arrière entre les yeux; la partie supérieure du front fait saillie ou bombe; la face semble aplatie, et la charpente osseuse du nez est forte- ment réduite, surtout par comparaison avec la proéminence des mâchoires. Or les traits du visage que je viens d’énumérer sont ceux qui donnent à la face du Mongol son aspect caracté- ristique, et, à un moindre degré, on les retrouve aussi chez le Nègre. En fait, chez une branche aberrante de la race noire, — les Boschiman de l'Afrique du Sud, — le facies «thyroïde » est même plus nettement accusé que chez les Mon- golsles plus typiques. A mon avis, la thyroïde — ou une réduction ou altération d’activité de cette glande — a été l’un des facteurs déterminants de quelques-unes des caractéristiques raciales des Mongols et des Nègres. Je puis indiquer une preuve parlante à l'appui de cette hypothèse : Il y a quelques années mourait, dans l’East End de Londres, un Chinois géant — sujet, probablement, d’une action excessive de la glande pituitaire, glande que je considère comme jouant un rôle prédo- minant dans le modelage de la face et de la forme du corps des Européens. Lesquelette de ce géant a été préparé pour être conservé au Musée du London Hospital Medical College, et quiconque l’étudie peut observer que, si certains traits chi- noïs sont toujours reconnaissables, la région nasale et les arcades supra-orbitales de la face ont acquis le type européen le plus accusé. Il existe deux formes particulières et bien définies de nanisme, qui toutes deux doivent être envisagées comme dues à un défaut du méca- nisme thyroïdien régulateur de la croissance. L’une de ces formes de nanisme est connue des 9 PA 614 médecins sous le nom d'achondroplasie, parce que la croissance du cartilage y est particulière- ment affectée ; mais, en langage populaire, on peut désigner les patients atteints de cette affec- tion par les termes de « boule-dogues » et de « bassets ». Chez le « basset », les membres sont fortement raccourcis et noueux, mais le nez ne subit aucune réduction, tandis que chez le « boule-dogue » le nezetla partie nasale du visage sont fortement réduits et enfoncés et pré- sentent un degré exagéré de mongolisme. Chez les nains achondroplasiques humains, on observe les deux types, mais la forme « boule-dogue » est beaucoup plus commune que la forme « bas- set». Le raccourcissement des membres avec rétraction de la région nasale du visage — qu’on peut désigner sous le nom de prosopie — a un intérêt très direct pour les anthropologistes, étant donné que des membres courts et un tronc allongé sont des caractéristiques raciales bien connues des Mongols. Dans la seconde espèce de nanisme que nous avons des raisons d'attribuer à une altération fonctionnelle de la thyroïde, les traits mongo- liens sont si apparents que les patients atteints de ce désordre sont connus des médecins sous le nom d'édiots mongoliens, car non seulement leur croissance est arrêtée, mais leur cerveau fonctionne d’une manière particulière et aber- rante, Le D' Langdon Down, qui a créé cette désignation il y a 55 ans, ne connaissait rien de la doctrine moderne des sécrétions internes; mais cette doctrine a été appliquée il y a quelques années par le D'F. G. Crookshank! pour expliquer les traits et l’état des enfants imbéciles mongoloïdes, Récemment aussi? j'ai montré qu'on peut le mieux expliquer les diver- ses formes des singes anthropoiïdes en se ser- vant de la doctrine moderne d’un mécanisme glandulaire contrôlant la croissance, Chez le gorille, nous voyons les effets d'une prédomi- nance des éléments pituitaires; chez l'orang, de la thyroïde. Feu le Prof. Klaatsch a essayé de rendre compte des ressemblances superficielles entre le Malais et l’orang en postulant une rela- tion génétique éntre eux ; pour la même raison, il fait dériver le type nègre d’un ancêtre gorillien. Parfois, on observe un homme ou une femme, de souche européenne supposée pure, présentant des traits mongoloïdes définis. On a l'habitude d'expliquer de telles manifestations par la théo- rie, qui a eu son heure de succès, d’après laquelle une race mongoloïde s'est répandue sur l'Europe à une certaine époque, et les traits mongoloïdes 12; 1. Universal Medical Record, t. II, p. 2, Journ, of Anat, and Physiol.; 1913. 1913, Prof, Arraur KEITH. — LA DIFFÉRENCIATION DE L'HUMANITÉ ne seraient que des récurrences ataviques. Mais l'examen des restes humains de l’ancienne Europe n'apporte aucune preuve en faveur d’une invasion touranienne ou mongole de l'Europe. * CE Toutes les manifestations sur lesquelles j'ai attiré l'attention — la manifestation sporadique de caractères mongoloïdes chez des enfants ma- lades et des Européens adultes en bonne santé, les caractères génériques qui séparent une espèce de singe de l’autre, les traits corporels et mentaux qui distinguent les diverses races de l'humanité — s'expliquent done au mieux par la théorie que je défends, à savoir que la conforma- tion de l’homme et du singe et de tout autre Ver- tébré est déterminée par un mécanisme commun de contrôle de la croissance, résidant dans un système d'organes glandulaires peuvolumineux, mais complexes. Regardons maintenant de plus près la façon dont ce mécanisme opère. Pour cela, rappelons brièvement les résultats des re- cherches exécutées par Bayliss et Starling au commencement de ce siècle. Ces savants recherchaient l'explication du fait que le pancréas déverse son suc digestif dès que le contenu de l’estomac commence à passer dans la première partie du duodénum. On savait alors que, lorsqu'on applique un acide sur la membrane épithéliale de revêtement du duodé- num, le pancréas commence à fonctionner; on savait également que le message qui met en mouvement le pancréas n'est pas transmis du duodénum au pancréas par des nerfs, car le mécanisme continue à agir après section de ces derniers. Bayliss et Starling ont résolu l’énigme en préparant une émulsion de l’épithélium duo- dénal imbibé d’acide et en injectant un extrait de cette émulsion dans la circulation sanguine : immédiatement le pancréas entrait en activité, Ils nommèrent sécrétine la substance particulièré ainsi déversée dans la circulation sanguine et agissant à la façon d’un messager (ou hormone) sur le pancréas, et le pancréas seul. - Les deux physiologistes anglais n'ont pas seulement éclairci le mécanisme de la sécrétion pancréatique; ils ont fait en même temps une découverte bien plus importante : ils ont décou- vert un moyen nouveau par lequel une partie du corps humain peut communiquer avec une autre et exercer sur elle un contrôle. Jusqu’alors nous étions comme des visiteurs étrangers dans une cité étrange : nous croyions que les fils télégra- phiques et téléphoniques visibles étaient les seuls moyens de communication entre ses habi- tants, Nous pensions que, dans le corps animal, \ EN TYPES RACIAUX 615 \seules les fibres nerveuses établissaient les com- | musculaires. Au commencement de l'effort mus- munications, Bayliss et Starling ont montré qu’il existe aussi un système postal. Les missives jetées dans la circulation générale sont dûment distribuées àleur destination. La façon dontelles parviennent à leur adresse exacte a une grande importance pour nous : nous devons supposer que la missive ou hormone circulant dans le sang et la boîte à laquelle elle est destinée ont une attraction ou affinité spéciale l’une pour l'autre — due à leur constitution physique — et que, par conséquent, elles, et elles seules, se rencon- trent quand le sang fait le tour de l'organisme. La sécrétine est une hormone qui effectue rapidement et immédiatement sa mission, tan- dis que les hormones de croissance, ou morpho- génétiques, déversées dans la circulation par les glandes pituitaire, pinéale, thyroïde, surrénales et génitale, agissent lentement et à longue échéance. Mais elles sont toutes semblables en ceci : c’est que le résultat dépend non seulement de la nature de l'hormone ou missive, mais aussi de l’état du récipient local. Ce dernier peut être particulièrement avide, et saisir plus que sa bonne part de la manne en circulation ; ou bien il peut avoir des « doigts collants » et s'emparer de ce qui n’est pas réellement destiné à la con- sommation locale. Nous voyons done que la croissance locale — le développement d’un trait ou caractère particulier — dépend non seulement des hormones fournies à cette partie de l’orga- nisme, mais aussi de la condition du méca- nisme réceptif de cette partie. C’est ainsi que nous pouvons comprendre les perturbations locales de croissance : une acromégalie ou un gigantisme borné à un doigt où aux arcades sour- cilières, au nez, à un côté du visage, et de * telles manifestations locales ne sont pas rares. C’est dans la variation de sensibilité du récipient local que nous trouvons l'explication de l’infinie variété qu’on observe dans le développement relatif des caractères individuels et raciaux. Six ans environ après que Starling eut for- mulé la théorie des hormones, le Prof. W. B. Cannon, de l'Université de Harvard, rassemblant les résultats desrecherches de T. R. Elliot etdes _ siennes propres sur l’action des glandes surré- nales, a mis en lumière un mécanisme hormoni- que merveilleux, qui va nous aider à interpréter l'action des hormones régulatrices de la crois- sance. Lorsque nous nous préparons à un effort intense, il est nécessaire que nos muscles s’inon- dent de sang, pour qu'ils aient à leur disposition les substances nécessaires au travail — l'oxygène et le sucre sanguin, combustibles des moteurs culaire, les glandes surrénales sont mises en mouvement par des messages qui leur parvien- nent du système nerveux central; elles déversent dans la circulation sanguine une hormone — l’adrénaline — qui produit un double effet : l’adrénaline ouvre les écluses de la circulation,de façon à permettre au maximum de sangde passer dans les muscles; en même temps elle agit sur le foie de telle manière que le sang qui traverse cet organe se trouve chargé de sucre. Nous avons ainsi une idée de la manière élégante et puis- sante dont les hormones sont utilisées dans l’éco- nomie de l'organisme vivant. De cet aperçu, nous pouvons tirer un fil con- ducteur pour expliquer ce remarquable désordre de la croissance du corps humain qu’on appelle l'acromégalie. C’est une manifestation patho- logique d'un mécanisme d'adaptation qui nous. est familier. Nous savons tous que nos corps répondent au fardeau qu’on leur fait porter. Plus nous exerçons nos muscles, plus ils augmentent en volume et en force; mais l’aug- mentation de dimensions de nos muscles serait sans utilité si nos osnese renforçaient pas d’une façon correspondante.Ilfaut un plus grand afflux de sang pour les nourrir : par conséquent, la puissance du cœur doit s’accroiître également ; il faut plus d'oxygène pour la combustion : donc la capacité pulmonaire doit s'agrandir; il faut, enfin, plus de combustible : donc l’ensemble des systèmes digestif et assimilateur, y compris l’ap- pareil masticatoire, doit subir une hypertrophie. Un tel pouvoir de réponse coordonnée de la part ? de tous les organes du corps pour faire face aux besoins de l'entrainement athlétique, présup- pose un mécanisme de coordination. Nous avons toujours considéré ce pouvoir de réponse comme une propriété inhérente à l'organisme vivant; mais, à la lumière de nos connaissances accrues, il devient clair que nous nous trouvons en pré- sence d’un mécanisme hormonique, qui repose en premier lieu sur la glande pituitaire. En étudiant les modifications de structure qui ont lieu dans la première phase de l’acromégalie!, on constate que non seulement les os se sont ac- crus et hypertrophiés d’une façon particuliere, mais aussi les muscles, le cœur, les poumons, les organes de la digestion, en particulier les mâchoires; d’où les modifications accentuées de la face, car la forme de la face est déterminée par le développement des mâchoires supérieures et inférieures. L'interprétation rationnelle de ‘l'acromégalie est donc la suivante : c’est un 4. Lancet, 1911, t. II, p. 993; 1913, t. I, p. 305. 616 Prof. Arraur KEITH. — LA DIFFÉRENCIATION DE L'HUMANITÉ \ ———————————— ———————— — —————— ——————"————— désordre pathologique du mécanisme de réponse par adaptation; dans le corpsen état de santé, la pituitaire déverse dans la circulation une quan- tité de substance régulatrice de la croissance juste suffisante pour amener les muscles, les os et les autres structures à donner une réponse normale à la tâche imposée au corps. Mais, dans l’acromégalie, le corps est tellement inondé de cette substance queses tissus deviennent hyper- sensibles et répondent par l’hypertrophie aux moindres efforts et mouvements. Quand nous voyons comment le corps et ses caractères sont transformés au début de l’acromégalie, il n’est pas exagéré d'espérer qu’une connaissance plus complète de ces mécanismes dela croissancenous donnera la clef des principes dela différenciation des races. Il peut exister bien d’autres mécanismes réglés par les hormones et dont nous sommes encore totalement ignorants.Je n’en citerai qu’un exem- ple : celui qui concerne la régulation de la tem- pérature du corps. Noussavonsque la glandethy- roide etaussi les surrénales jouent un rôle dans ce mécanisme; elles sont également en relation avec le dépôt et l'absorption du pigment de la peau, qui doivent constituer une partie de ce mécanisme régulateur de la chaleur; c’est pro- bablement dans cette voie que nous trouverons un guide pour résoudre la question de la colora- tion des races!. Prof. Arthur Keith, Membre de la Société Royale de Londres, 1. Discours d'ouverture de la Section d'Anthropologie au Congrès de Bournemouth de l’Association britannique pour l’Avancement des Sciences. Lo théorie des hormones a déjà été appliquée plusieurs fois à la solution des problèmes biologiques : en 1908 par J.T. Cunningham au problème de l'hérédité, en 1910 par G. C. Bourne et en 1911 par A.Dendy aux problèmes de l'évolution, en 1916 par Mac Bride aux problèmes de la morphogénèse. d M. FOURNIOLS. — LA CONSTRUCTION DES CHALANDS 617 LA CONSTRUCTION DES CHALANDS ET DES NAVIRES DE MER EN CIMENT ARMÉ Le ciment armé, employé sous une forme ru- dimentaire et empirique dès le milieu du xix° siè- cle!, à titre tout à fait exceptionnel, d’ailleurs, * » a fait sespreuves depuis une trentaine d'années, et s’est révélé comme un matériau de tout pre- mier ordre. Il a permis de réaliser des ouvrages qui l’au- raient été très diflicilement, ou avec une dé- - pense bien plus forte, avec le fer ou avec la ma- connerie : nos lecteurs n'auront que l'embarras du choix pour en trouver des exemples?. Ci- tons, entre tant d’autres, les encorbellements de la rue de Rome, à Paris, sur la tranchée des Chemins de fer de l'Etat, encorbellements qui supportent non seulement le trottoir, mais une partie de la chaussée, et ont subi l’épreuve du passage des rouleaux compresseurs dela Ville de Paris, pesant plus de 20 tonnes. Citons aussi le pont, très surbaïissé, de 100 mètres de portée (pont du Risorgimento), jeté surle Tibre, à Rome, il y a une dizaine d'années : il n'aurait pas été possible d’édifier une arche en maçonnerie de cette portée, avec un surbaissement aussi accen- tué. Citons encore un chevalement de mine édi- fié en 1912 à la houillère de Camphausen, près Sarrebrück, chevalement qui porte non seule- ment les poulies (#0olettes) des câbles d’extrac- tion, mais les machines électriques ou treuils d'extraction, qui sont ainsi placés au-dessus même du puits : disposition qui s’est trouvée im- posée par les conditions locales et le manque de place. En dehors des,applications à la construction, le béton armé s'est affirmé propre à des emplois très variés, parfois inattendus : traverses pour voies ferrées (qui, à vrai dire, n’ont pas encore vaincu, en France du moins, la vieille traverse en bois de nos prédécesseurs, mais qui rendent 1. Il est intéressant de rappeler que le premier bateau en ciment armé a été construit en France, en 1849, par M. Lam- bot, de Carrès (Var). Il a fait breveter, en 1855,son procédé « qui a pour objet une combinaison de fer et de ciment, dite . ferciment, et destinée à remplacer le bois dans les construc- tions navales, en tous les cas où l'humidité est à craindre (caisses à eau, etc.). On forme un réseau métallique d'une forme appropriée à l'objet qu'on veut créer, et on l'empâte avec du ciment hydraulique ». » 2. Sur ce sujet, on lira avec intérêt l’article de M. Ch. Ragur : L'Evolution scientifique de l’art de bâtir, dans la Revue gén. des Sciences du 30 avril 1918, t. XXIX, p. 229- 245, de grands services dans bien des pays, et qui seront indispensables pour les lignes transsaha- riennes et transsoudanaises projetées); caissons de quais maritimes ou fluviaux amenés en place par flottage, puis échoués et fixés à leur empla- cement par un lest en terre ou en pierres; l’un des plus remarquables caissons de ce genreest celui q ui constitue la carcasse de la «Batteriedes Maures », station maritime d'essais des tor- pilles du Creusot, située en mer, près de La Seyne (Var), et amené par flottage sur l’ilot qui lui sert de fondation. à On a mêmeréalisé,en Franeeet aux Etats-Unis, des wagons en ciment armé : citons un wagon à charbon de 50 tonnes de l'Illinois Central Rail-. road, etun wagon-réservoir particulier, circu- lant depuis peu sur le réseau français de l’Etat, comme l’a indiqué M. Herdner à la Société des Ingénieurs civils, dans la séance du 25 avril dernier. Quoi qu’il en soit de toutes ces applications, encore exceptionnelles, comme wagons, ponts roulants, portes d’écluses, etc., nous nous pro- posons d’en examiner ici une autre, de plus grande envergure peut-être, et qui a cessé au- jourd'hui d’être une simple curiosité. La guerre dont nous venons de saluer la fin a donné, en effet, un véritable essor aux constructions navales en ciment armé, et déjà, aux Etats-Unis, on a entrepris la construction de cargos de 4.000 à 5.000 tonnes. Le momentest donc venu de don- ner quelques renseignements généraux sur cette branche nouvelle de l’industrie. I. — CHALANDS EN CIMENT ARMÉ Les inventeurs ont, tout naturellement, entre- pris d’abord, probablement sans faire beaucoup de calculs, la construction de petits bateaux fluviaux, pour lesquels il suffisait, somme toute, de copierla construction en bois. Tel fut, no- tamment, le rôle de la « Società Cemento ar- mato e retinato Gabellini », de Rome, qui, dès 1900, fabriquait des pontons pour divers ponts flottants établis sur le Pô, en remplacement de pontons en bois trop vétustes. Le prix de ces appareils était intermédiaire entre celui d’un ponton en fer et celui d’un ponton en bois, mais la durée et les frais d’entretien étaient bien moindres, surtout moindres que dans le cas des pontons en bois, nécessitant des réparations 618 sérieuses au bout de cinq ans et le remplace- ment au bout:de dix ans en moyenne. Du ponton, on passa aisément au chaland, qui n'en diffère pas énormément. Dès 1906, le cha- land Ziguria, de 150 tonnes, transportait lechar- bon dans le port de Civita-Vecchia : il a eu d’in- nombrables successeurs. Le « cemento retinato » du système Gabellini consistait en une armature de tiges en fer, sup- portant un treillis de fil de fer à mailles serrées, sur les deux faces duquel on appliquait, avec une truelle, des couches superposées de mortier de ciment à prise lente. Grâce à cette construc- tion toute manuelle, relativement coûteuse, on 2 Plancher en chêne de 3 rl ll LU M 777777777777 M. FOURNIOLS. — LA CONSTRUCTION DES CHALANDS teurs, de faible tonnage. Il s'agissait dès lors, non plus de constructions à section sensible- ment rectangulaire, mais de constructions à for- mes effilées comme celles d’un navire ordinaire, ‘avec une quille, uneétrave, etc. Il était aussi nécessaire, par économie, de monter la construction dans une forme en bois, de façon à construire en série, au lieu de faire tout à la main, et de recommencer chaque fois le travail complet, comme dans le système précé- dent. Aussi les chantiers norvégiens adoptèrent- ils le système de la construction « quille en l'air », qui donnait beaucoup plus de facilité pour le montage, et, par suite, le lancement dans totale 9,700 centim. LIT Fig. 1.— "Coupe du chaland Lorton en ciment arme. obtenait des parois minces parfaitement polies, étanches et résistantes malgré leur épaisseur de 3 à 4 centimètres seulement. ‘ Pour un chaland de 150 tonnes, M. ,Gabellini en réalisait la coque au moyen de deux parois de ce genre, entretoisées par des nervures ou cloisonnages, également en ciment armé, qui leur assuraientun espacement de 15 centimètres. Des cloisons transversales réparties sur la lon- gueur du chaland (17 m. de longueur, 5m.50 de largeur) donnaient encore plus de rigidité à tout l’ensemble, tout en permettant de varier les matières transportées simultanément. Ce sys- tème de coque à doubles parois assure pratique- ment l’insubmersibilité, car une collision ne défoncera, en général, qu'un ou deux panneaux de la coque extérieure, sans entamer la coque intérieure. La réparation est aisée, en plaçant dans la brèche une armature bien solidarisée avec les bords de l’ancienne armature, et en la recouvrant de mortier comme pour la construc- tion primitive. Vers 1910-1911, on s’est mis, en Allemagne, en Russie, en Espagne, et surtout en Angleterre et dans les pays scandinaves, à construire des chalands et des chalutiers ou caboteurs à mo- cette même position. Un ingénieux artifice per- mettait d'obtenir le redressement quasi automa- tique de la coque, flottant après son lancement ; Su N st fz « la quille en l’air » : on admettait l’eau dans certains compartiments, ce qui changeait les positions respectives du centre de poussée et. du centre de gravité du système, d’où le renver- sement et le retour à la position normale, quille en dessous. Il fautcependant constater, sans que nous puissions en préciser la, raison, que ce mode de construction n’a pas prévalu en France, et les chalands ou cargos dont nous allons par- ler maintenant sont lancés suivant la méthode habituelle, quille en dessous, et soit en travers, soit en bout, suivant les dispositions locales du chantier. Nous signalerons, parmiles constructeurs fran- çais qui ont entrepris pendant la guerre le maté- riel de batellerie en ciment armé : M. Lorton, Ingénieur des Ponts et Chaussées ; M. Lossier, Ingénieur-constructeur à Argenteuil; M. Henne- bique, le spécialiste parisien bien connu, con- structeur d'immeubles et de trayaux publics remarquables; la Société « Le Matériel flottant »,' etc. Le système mis au point par M. Lorton, dès PP UN | Ji Ré “Don sai à ET DES NAVIRES DE MER EN CIMENT ARMÉ 619 avant la guerre, et dont un certain nombre de spécimens ont été construits à Paris à partir de 1916, est caractérisé (fig. 1) par la forme et la multiplicité des nervures intérieures qui raidis- sent la coque proprement dite, et lui assurent une grande résistance. Partant de la conception d’un bateau en bois ou en fer, tous les inventeurs ont naturellement prévu pour leurs bateaux en béton armé desséries de puissantesnervures for- mant couples transversaux, et d’autres nervures struit la coque en y rapportant et en y incorpo- rant dans lebétonnage de la carcasse les calottes bombées, toutes préparées et moulées d'avance. En général, cependant, on préfère procéder au moulage simultané de tous les éléments de la coque. Les chalands de 700 tonnes établis par M.Lor- ton ont 45 mètres de longueur sur 7 m. 50 de largeur, avec formes eflilées aux extrémités, et 3 m. detirant d’eau en charge. Leur poids propre Fig. 2. — Plan, élévation et coupes d'un chaland hollandais, système Boon, pour le transport des cendres el des vases. horizontales dont la plus haute et la plus impor- tante forme plat-bord pour la circulation, tandis que les autres servent simplement à raidir l'en- semble de la coque, en entretoisant les couples à intervalles assez étroits. M. Lorton a développé ce compartimentage jusqu'à le transformer en une coque cellulaire à alvéoles carrées, aussi bien sur les parois transversales que sur le fond ; en outre, le fond de chaque alvéole, au lieu d’être plan ou de faire partie dela surface courbe géné- rale de la coque, est formé par une calotte bom- bée individuellement, et résistant à la pression extérieure comme une petite voûte isolée, arc- boutée sur les nervures de l’alvéole qui lui sert de cadre. Cette constitution particulière de la coque, composée en quelque sorte d’une carcasse d’al- véoles carrées, très solides, et d'autant de calot- ‘tes bombées obturant le fond de chaque alvéole, a même été mise en relief, dans les premiers ba- teaux réalisés, par Le fait qu’on aréellement con- atteint environ 170 tonnes. Grâce à la disposi- tion des plaques cintrées, l'épaisseur de ces plaques n’est que de 4 centimètres. Enfin, le poids d'acier employéne représente que 12 tonnes environ, alors qu’un bäteau similaire en profilés et en tôle en absorberait au moins 80 tonnes. Les autres constructeurs français ou étran- gers s’en sonttenus, dans leurs études de cha- lands ou de navires de mer, à la disposition cou- rante des ouvrages en béton armé, se bornant à donner à leurs navires les formes courantes, et à entretoiser les parois par de robustes poutres ou nervures, comme dans la construction mé- tallique. Aussi serait-il fastidieux d'entrer dans les dé- tails de construction qui les distinguent les uns des autres. Bornons-nous à dire qu'on en con- struit en Norvège, en Angleterre (Pollock and C!°), en Hollande (Boon, d'Amsterdam), en Espagne (Sociedad anonima Construcciones y Pavimen- tos), etc. La maison Coignet en a construit pour 620 le port de Bahia (Brésil). Les figures 2 et 3, em- pruntées à la revue spéciale de Londres Concrete and Constructional Engineering, en donnent quelques exemples. On a également construit des pontons flottants, qui sont en somme des chalands très massifs, et même des docks flot- tants pour navires, qui sont, tout compte fait, de très gros pontons d'un gabarit approprié à l’entrée et à la sortie des bateaux dans leur in- térieur, et munis des pompes et engins néces- saires à ces manœuvres particulières. Un exemple intéressant, qui montre les facili- tés d'exécution que donne le béton armé, avec un chantier bien organisé et des ouvriers qui tra- vaillent, est donné par un cargo de 125 pieds de longueur, construit à Montréal par l'Atlas Con- struction C°. Du 4er au 30 septembre 1917, toute M. FOURNIOLS. — LA CONSTRUCTION DES CHALANDS en fut quitte pourune réparationsur place, avant de repartir vers Rouen. Enfin, grâce aux cloi- sons transversales étanches qu'on peut multi- plier le long de la coque (au prix, il est vrai, d’une gêne appréciable pour la vidange des com- partiments par bennes-griffes automatiques), un chaland, même défoncé en un pointde sa coque, peut continuer à flotter et être ramené au chan- tier de réparations. Etant donné qu’un de ces ba- teaux coûte actuellement une centaine de mille - francs, il estde première importance d’en assu- rer la conservation, même après un accident grave, surtout s’il s’agit de chalands de mer, qui sont presquesürementperduss'ils viennent à cou- ler sur des fonds rocheux ou vaseux. Les cloisons étanches paraissent donc très recommandables. Au point de vue commercial, M. Lavaud a Fig. 3. — Coupe d'un chaland en béton armé de 50 mètres cubes pour le port de Bahia: l’armature et le coffrage ont été mis en place, et il ne restait plus qu’à procéder au bétonnage, travail pour lequelil faut, naturellement, letemps nécessaire, et qu'on ne peut accélérer à son gré, demême qu’on ne peut enleverles coffrages avant un délai minimum, sans quoi la prise ne serait pas suffisante. La valeur technique et commerciale des cha- lands en ciment armé a été discutée, devant la Société des Ingénieurs civils de France (séance du 25 avril 1919), par M. Lavaud, sous-directeur de la Société de Touage et de Remorquage. Au point de vue technique, il ya eu des mé- comptes de construction, surtout au début, et certains chalands ont coulé par suite de chocs, et de voies d’eau qui en furent la conséquence.Mais, par contre, les exemples de chalands qui ont vic- torieusement résisté à des heurts de piles de ponts et de murs d’écluses ne sont pas rares. C'est ainsi qu’un chaland du type Lossier, le Ga- bès, a cassé plusieurs ares en fonte d’un pont de Rouen, le 9 janvier 1918, sans subir aucune fis- sure de coque; de même, l'Amiens ayant heurté violemment, pendant la cruede la Seine, en avril dernier, deux piles du Pont au Change, à Paris, comparé les frais de construction, d'entretien et d'exploitation, de chalands en acier et en ci- ment armé, de 45 mètres de longueur et 8 mètres de largeur, portant les uns et les autres 700 ton- nes de marchandises. Il estime qu’actuellement, un chaland en acier vaut environ 75.000 francs, et en ciment armé, 90.000 à 400.000 francs. Comme entretien normal, le ciment armé ne demande à peu près rien, tandis que la tôle exive des peintures ou enduits antirouille assez coûteux; il faut les renouveler assez souvent, quand on transporte de la houille, cas des plus fréquents, car la houille humide attaque la tôle d’une façon très appréciable. Au point de vue frais d'exploitation, le cha- land en acier pèse environ 80 tonnes, le chaland en ciment pèse 180 à 200 tonnes. Ce supplément de poids mort, qu'il faut remorquer constam- ment, représente une dépense assez considé- rable de remorquage, qui constitue une charge au détriment de l’armateur dont la flotte est composée d'unités en ciment armé, Néanmoins, pour les grands bateaux, pour la navigation sur les grands fleuves ou sur mer, la proportion de ces charges s’atténue, et l'emploi du ciment armé reste très intéressant. : = AE Te TP ti ET DES NAVIRES DE MER EN CIMENT ARMÉ 621 Il. — REMORQUEURS ET CARGO-BOATS Les constructeurs français et surtout étran- gers se sont lancés dans la construction, bien plus intéressante encore que celle des simpies chalands ou allèges, des remorqueurs et des car- gos d’une certaine importance. Nous en citerons quelques exemples, en com- mençant par les petits cargos charbonniers que construit la Compagnie maritime franco-an- glaise, dans son chantier de Neuilly-sur-Seine. Ces bâtiments, qui portentle nom de Comafran 1, Comafran I], ete., n'ont que 45 mètres de lon- gueur et 8 m. de largeur, avec 3 m. 20 detirant d’eau en charge. Aussi, leur cargaison est-elle limitée à 500 tonnes de houille (ils sont spéciale- bre, de façon à simplifierles approvisionnements et le travail de « ferraillage ». Les superstructures sont également en ciment armé, et ne font qu’un avec la coque ; les emmé- nagements du pont et la passerelle sont seuls en bois. Nous avons dit que la coque est divisée, dans sa longueur, en six compartiments. Après les deux grandes cales à marchandises viennent la chambre des moteurs et les réservoirs d'huile et de carburant. En effet, les moteurs sont à essence, du type Panhard et Levassor (usines d'Ivry, près Paris); il yen a deux, qui action- nent chacun une hélice. Ces moteurs de 120 che- vaux tournent à 4.200 tours-minute, mais un réducteur à engrenages à chevrons en acier Fig. 4, — Vue latérale schématique du Gomafran I. ment destinés à faire le service entre Paris, Rouen, et les ports anglais.) La coque, dont la figure 4 donne une éléva- tion latérale schématique, est partagée en six compartiments par cinq cloisons étanches; la chambre des moteurs est à l'arrière. L’épaisseur du hourdis est de 6 em. seulement, mais l’ossa- ture de la coque est constituée par de robustes nervures formant couples dans le sens transver- sal et lisses dans le sens longitudinal. La pres- sion maximum prévue sur cet ensemble est de 4 tonnes par mètre carré; les calculs de résis- tance ont été faits en prévision, soit de la charge complète, soit au contraire de l’échouage au bassin, la quille supportant tout le poids du bateau, soit enfin du cas où le navire est porté, soit par une seule lame, soit par deux lames avec le vide entre les deux, sous la quille. La construction de la coque se fait à terre, dans un vaste moule en bois dont les éléments démontables permettent de démouler après la prise du béton, puis de remettre en forme pour la construction d’une autre coque, après lance- ment de la première. Il entre 45 tonnes d’arma- tures en aciers ronds dans cette coque; les diamètres de ces armatures sont en petit nom- 4 taillé ramène la vitesse de l'hélice à 200 tours. Les paliers sont munis de roulements à billes, et, autre dispositif également destiné à donner toute sécurité, les réservoirs d’essence (9 mètres cubes) sont munis du système Rolland-Mauclère, c'est-à-dire que l’essence est déplacée par pres- sion d’un gaz inerte qui empêche éventuellement toute propagation d'incendie et inflammation du contenu des réservoirs. Le lancement s'effectue par l'arrière, tandis que, pour les chalands de mêmes dimensions, on l’effectue souvent par glissement latéral, ou bien on soulève le chaland avec une machine semblable à une bigue, et on le descend dans l’eau. Les remorqueurs eonstruits à Paris, pour le service fluvial du Ministère des Travaux publics, par la Société Pelnard-Considère,Caquot et Cie, sont plus petits encore, puisqu'ils n'ont que 25 mètres de longueur sur 5 mètres de largeur; ils déplacent 125 tonnes. La coque est divisée en cinq compartiments par des cloisons étanches et elle a 6 em. d'épaisseur. _L’étrave est protégée par une pièce d'acier. Le, moteur est unique ; c’est un moteur à essence ou un‘moteur Diesel de 300 chevaux. Il est logé 622 M. FOURNIOLS. — LA CONSTRUCTION DES CHALANDS dans le quatrième compartiment, tandis que le cinquième comprend les logements du patron et de l'équipage. Beaucoup plus intéressants sont les cargos de mer déjà construits en grand nombre par les Norvégiens, les Anglais, les Américains surtout. C’est ainsi que, dès 1918, l'Emergency Fleet Cor- poration, organisation officielle américaine créée emménagementsdans les étages supérieurs, ainsi que dans les ponts surélevés des gaillards d’a- vant et d’arrière, Il y a quatre cloisons étanches, dont deux qui délimitent la chambre des machines. L'un deces navires a été construit dans la baie de San Francisco, par la San Francisco Ship- building C°, surun chantier qui comportait de vastes échafaudages, des bétonnières etdes trans- Fig. 5. — Plan, élévation et coupe d'un voilier en ciment armé système Pollock. pour accélérer, pendant la guerre, les construc- tions navales en grande série, a fait construire des cargos de 3.500 tonnes, pourvus d’une ma- chine à vapeur de 1.400 chevaux, et donnant 10 nœuds à l'heure. Ces cargos ont 85 mètres de longueur et 14 de largeur avec 7 m. 20 de tirant d'eau en charge. Ils pésent environ 3.000 tonnes à vide, alors qu'un navire similaire en acier n’en pèse que 1.600. La cargaison peut atteindre 2.800 tonnes, et le dé- placement à pleine charge 6.000 tonnes, tandis que le navire en acier porterait 3.000 tonnes uti- les et déplacerait}seulement 5.000 tonnes envi- ron. C’est évidemment une infériorité sensible pour le cargo en béton armé. La coque est divisée par deuxentre-ponts, avec les chaudières etles machines dans la cale, et les porteurs de béton. Les armatures étaient en bar- … res d'acier carrées, et crénelées pour donnerplus d’adhérence avec le béton; elles sont, dans le hourdis courant de la coque,-disposées en séries dont les unes sont verticales et horizontales,tan- dis que les autres sont en diagonales inclinées à 45° par rapport aux précédentes. A côté des coques moulées d’une seule pièce, dans un immense coffrage en bois, ce qui est actuellement le cas le plus usuel, nous devons signaler plusieurs systèmes anglais, procédant par éléments moulés à l'avance, et assemblés au moment de construire le navire. Nous citerons en : particulier le système Ritchie, exploité par la Concrete Seacraft C°, à Fiddlers Ferry (Angle- terre). Les éléments A, B (fig. 7) comportent ! chacun une partie de la coque et une partie de couple ou de nervure; à l'assemblage, ils viennent se juxtaposer et former un ensemble solidaire, grâce aux armatures diagonales N, et aux élé- ments diagonaux P , qui les entretoisent. Les pou- ‘tres longitudinales J sont moulées sur le chan- . tier, et complètent cet entretoisement. Les plus _ importantes sont les consoles C supportant le pont K, les membrures L supportant les cloisons ou «hiloires d'écoutilles » M, enfin les poutres de fond E et de quille D, … On revendique pour ce procédé l'économie de * bois des coffrages, la rapidité de la construction, \ Fig. 6. — Demi-coupe de la carcasse d'un remorqueur de mer en ciment armé construit pour l'Amirauté britannique 0 . 7 par la Wear Concrete Building C°. l’économie réalisée par le moulage en grande - série de chaque type d’élément, et enfin l'obten- . tion d’unesurface extérieure de coque, qu’on peut _ lisser à la truelle avant prise complète du béton, ce qui diminue le coefficient de frottement dans - l’eau. Ce point a une importance notable pour les navires de mer; on sait que ceux qui ne sont _ pas passés au bassin depuis longtemps et dont - la carène, incrustée de coquillages, est devenue _ rugueuse, perdent beaucoup de leur vitesse. Ajoutons' que l’on s'efforce, tout naturellement, de réaliser le béton de poids spécifique le plus léger possible pour diminuer le poids du navire. * Aux Etats-Unis, on a obtenu d’appréciables résul- _ tats dans cette voie, en substituant au gravier or- dinaire de petits morceaux d’argile cuite dans _ des fours à briques, puis concassée et criblée ET DES NAVIRES DE MER EN CIMENT ARMÉ 623 aux dimensions voulues; le sable est également remplacé par la poussière de cette même argile cuite. Le dosage de ciment est un peu renforcé. D’après une note récente de l’Engineering, on obtient ainsi du/ béton n'ayant que 1,80 de den- sité, et résistant à près de 300 kilogs par centi- mètre carré, à la compression. + Il est difficile de prévoir, actuellement, quel avenir est réservé aux constructions navales en Fig. 7. — Eléments de coque en béton armé moulés d'avance en série et assemblés sur le chantier (d’après Engineering). béton armé. La preuve est faite maintenant que ce matériau est parfaitement utilisable, et donne : satisfaction au point de vue technique, à condi- tion, bien entendu — comme pourtoute construe- tion quelconque — qu'il soit bien calculé, etbien mis en œuvre, car il ne supporte pas de malfa- çons. Au point de vue économique, son excès de poids par rapport àla tôle d’acier faitque, suivant lesprixrespectifs des matières premières,on aura intérêt à préférer l’une oul'autre construction.En tout cas, pendant un certain nombre d’années au moins, la pénurie générale d’acier,*surtout dans les pays non producteurs, fera grandement ap- prévier les services du béton armé, même si ces services ne doivent être que temporaires. M. Fourniols. 624 » LES FORÊTS A Madagascar est extrêmement peu boisé; dès 1872, une carte schématique dressée par M. A.. Grandidier, à la suite de ses explorations, a mon- tré dans ses grandes lignes la curieuse disposi- tion des forêts qui, d’après les récentes études de M. Fauchère, ne couvriraient que le tren- tième de la superficie de l’ile; en effet, le mas- sif central est pour ainsi dire dépourvu d'arbres et le Sud, dont le climat est très sec, n'offre qu'une brousse semée çà et là d’arbres et de plantes xérophiles. Les seules régions vérita- blement boisées sont, d’abord et surtout, le versant oriental tout le long duquel s'étend sans interruption, depuis Fort-Dauphin jusqu’auprès de Vohémar, la grande forêt de l'Est; elle est composée d'arbres à feuilles persistantes! et est coupée de nombreux et vastes sahapoka nus ou déboisés, immenses clairières couvertes de grandes plantes herbacées, — telles que /on- goza ou amomes, etc., — de bambous, de rayi- nala (arbres du voyageur) et de menus bosquets; puis la région occidentale où les arbres, dont les feuilles tombent pendant la saison sèche, forment des forêts ou bois plus ou moins éten- dus, disséminés dans toute cette zone : d’après le Rev. R. Baron, on retrouve à peine dans l'Ouest 4 % des végétaux de l'Est. 1 L'aspect pittoresque des forêts qui s'étagént sur le versant oriental, couvrant une série de pies et de vallées sur une largeur de 40 à 70 kilo- mètres, et la puissance apparente de la végéta- tion tant arborescente qu'herbacée qui le revêt, ont avec raison suscité l'admiration des voya- geurs; mais ceux qui ne se sontpas contentés de jeter sur elles un coup d’æœil hâtif et qui ont étudié, d’une part, le sol et, d'autre part, les végétaux qui y poussent sont moins lenthou- siastes de la fertilité de la majeure partie de cette région, pourtant si belle au premier as- pect. Ces forêts ont souvent un aspect grisâtre dû aux lichens et aux mousses qui tapissent les troncs et les branches de la plupart des arbres; néanmoins, si ceux-ci ne témoignent pas d’une végétation forte et luxuriante, les lianes très nombreuses qui s#’enroulent autour d’eux pas- sent de l’un à l’autre, et rendent impénétra ‘es 1. H n'y a que quelques essences qui perdent leurs: : ail- les en saison froide : voamboana (Dahlbergia), maitsoririna {Celtis gomphophylla), hazotokana (Vernonia), ramy (Cana- rium) et sevalahy (Piplademia Pervillei). G. GRANDIDIER. — LES FORÊTS A MADAGASCAR MADAGASCAR des massifs entiers, les bambous et les fougè- res y abondent et les nombreuses plantes épi- phytes donnent au paysage un charmant aspect. Le solest produit par la désagrégation des roches cristallines anciennes; ilaune composi- tion minéralogique assez uniforme, à l'exception de certains cantons très limités, qui ont une origine géologique différente; l'argile rouge,.… très compacte, qui le constitue est essentiel- lement ingrate; la silice et l’alumine, qui sont des principes inertes, y abondent et les éléments minéraux indispensables à la formation des tissus végétaux y manquent presque totalement; ! l'argile rouge de Madagascar n’est pas en effet un silicate double d’alumine et de potasse, maisun simple silicate d’alumine; cette pauvreté en principes alcalins empêche les microorganismes nitrificateurs d’exercer leur action biologique et fait que, en présence desacides humiques libres, l’azote se maintient longtemps en combinaisons organiques dont les végétaux ne tirent pas di- rectement profit. Avec le temps, sur cette terre rouge s’est dé- posée une mince couche d’humus de 10 à 20 cen- .timètres sur les versants, malgré la décomposi- tion sur place des matières végétales depuis des siècles, et de 25 à 75 dans les bas-fonds et les vallées; beaucoup de ces forêts n'ayant encore jamais été exploitées, il peut paraître étonnant qu'elles n’aient pas enrichi ce sol sur une pro- fondeur plus considérable, mais c’est que, dans la plupart, la végétation est lente! et les arbres, qui presque tous sont à feuilles persistantes, ne fournissent que peu d’apports organiques capa- bles de l’amender. | Ces forêts ne sont pas composées comme en Europe de deux ou, trois essences seulement; elles en comprennent une centaineetplus, pous- sant pêle-mêle, formant un taillis serré, ce qui n’est ni bon, ni utile?; d'autre part, ce sont à 1. «En étudiant les couches annulaires des troncs, quiindi- quent l'accroissement annuel de l'arbre, on voit que leur épaisseur est toujours faible, de 1 à 2 millimètres ‘seule- ment pour les bois durs et lourds, de 4 à 5 au plus pour les bois très légers; cet accroissement est inférieur à celui | qu’on trouve d'ordinaire en France, de sorte que la végé- tation des forêts à Madagascar, pays tropical, n'est pas aussi vigoureuse que dans nos pays tempérés.: » (Tuiky, ins= pecteur-adjoint des Eaux et Forêts à Madagascar : La forêt de Manjakandriana, Bull. Econom. de Madag., 1902, p. 247. 2. di a une grande variété d'essences et un mélange d'arbres de tous les âges et de toutes les dimensions: « dans la forêt de Manjakandriana (à l'ouest, de l’Antsi- hanaka et de la vallée de Mangoro), on trouve en moyenne ’ peu près les mêmes essences qu’on retrouve en allant du nord au sud, en se tenant à une même altitude, mais, quand on va de l’est à l’ouest, il y a des différences dans l’aspect et la constitu- tion des peuplements forestiers'. Dans la zone littorale on trouve des ravinala, des vakoas, des » Cycas, des filaos et divers palmiers?, des copa- liers*, des Aëntsina (Afzelia bijuga), des ramy (Canarium), des hatafa où badamiers (l'ermina- lia cCatappa), des vontaka (Brehmia spinosa), etc.; dans la zone moyenne abondent diverses espèces de vahkoas, des Dracænas, des bambous, . des rafias, et ainsi que dans la zone supérieure, des ébéniers ‘, des voamboana, hazovola ou vo- Lomboronaÿ qui donnent du bois de palissandre, des andramena ou bois de rose, des vintanina (Callophyllum parviflorum\, des takamaka (C. inophyllum), des nato (Imbricaria madagasca- riensis), des ambora (Tambourina divers), des rotra (Eugenia divers), des Zalona (Weinmannia divers), des amy de différentes espèces, etc. Les zones littorale et moyenne, depuis le bord de la mer jusqu’à l'altitude de 600 mètres envi- _ron, ont été déboisées en partie par les incen- . dies qu'y allument dès longtemps les Betsimisa- raka pour cultiver le riz de montagne, et, depuis | quelques années, par les Européens pour y … prendre du bois®, et, une fois déboisé, le sol, 50 espèces ligneuses par hectare, chaque arbre semblant avoir de la répulsion pourses semblables » (Tairy : loc. cit. * 1902, p. 323). — Les essences précieuses sont un peu plus abondantes que les essences secondaires. M. Louvel, qui a - fait le compte des diverses essences dans 16 lots pris au ha- sard dans la forêt d'Analamazaotra, lots couvrant une super- ficie de 139 hectares, a trouvé qu'il y avait en moyenne, par _ hectare, 539 essences précieuses, soit 14 vieux arbres (d’une circonférence supérieure à 1 m,. 40), 52 arbres moyens (ayant de 1 m. à 1 m. 40 de circonférence) et 473 petits arbres (ayant une circonférence de 0 m 25 à 1 m.). (Louvez, garde général stagiaire des Eaux et forêts de Ma- dagascar : loc. cit., 1909, p. 318 et 322.) 1. Aussi bien du reste que dans les forêts de la région occidentale (Girop-GENÈT, ancien chef de la Mission fores- tière à Madagascar : Aperçus sur les foréts de Madagascar, 1904, p. 16). A titre d'exemple on peut citer la forêt de Manjakandriana qui s'étend à l'ouest de la vallée du Mangoro et de l'Antsi- hanaka sur une largeur de 5 à 20 kilomètres et dans la- quelle les essences qui abondent dans la partie orientale se * rencontrent rarement dans la partie occidentaie. Par contre, du nord au sud, les essences varient peu sui- vant les méridiens, * 2. Areca lutescens, divers Neodypsis, Chrysalidocarpus, etc. 3. Nandrofo ou Tandrorofo (Hymenæa verrucosa). k. Hazomainty (Diospyros divers), thirina, lavaravina, et belapao (3 espèces de Diospyros dont la première donne . un bel ébène, la seconde un bois moins noir et la troisième un ébène de qualité inférieure), hazo mafana (D. megase- pala) [bois médiocre]. 5. Dahlbergia divers. 6. Notamment dans la région de la baie d'Antongil qui con- . stitue un des massifs forestiers les plus importants de la côte Est. Cette forêt, qui s'étend jusqu’à 70 ou 80 kilomètres à l'in- térieur, a été, depuis 1887, l’objet de nombreuses exploitations qui, quoiqu'elles ne se soient attaquées qu'aux régions voi- sines de la côte, n'ont pas donné de résultats brillants. G. GRANDIDIER. — LES FORÊTS A MADAGASCAR qui est d'ordinaire fort aride, se couvre unique- ment de plantes herbacées, notamment des lon- goza (Amomum angustifoliun), au milieu des- quelles se dressent quelques arbres échappés à l'incendie, fréquemment des ravinala qui, grâce au tissu spongieux et aqueux de leurs tiges, résis- tent au feu, ou bien ont repoussé dans quelque coin de bonne terre. La zone supérieure est en- core très boisée, et, tandis que, dans les zones inférieure et moyenne, les essences précieuses sont aujourd’hui assez rares, elle en contient encore beaucoup au milieu de bambous, de fou- gères arborescentes, de lianes, d’épiphytes, de ronces, etc. La destruction des forêts du versant oriental, quis’est accentuée depuis 1880, a-t-elle pour con- séquence une modification de climat défavorable pour l’agriculture ? Cette opinion a été soutenue; toutefois, il semble difficile d'admettre, dans un pays où domine le régime régulier des moussons, que le déboisement puisse avoir un effet analo- gue à celui qu'il a dans nos contrées à vents variables. La région occidentale a aussi de belles forêts s'étendant parallèlement à la côte depuis le -cap d’Ambre ! jusqu’à l’Onilahy en larges bandes qui toutefois ne sont pas continues et n’offrent pas de futaies serrées comme dans la région orien- tale, mais forment d'importants massifs coupés d'espaces nus ou le. plus souvent de plaines semées d'arbres isolés ? ou réunis en bosquets #; les principaux massifs sont ceux de la province d’Analalava, des bassins de la Sofia et du Maha- jamba, du versant occidental du Bemaraha dans le Menabé et d'Analavelona entre le Mangoky et l’'Onilahy. Tandis que le versant occidental du Bemaraha est boïsé, le plateau qui domine la chaine est balayé toute l’année par des vents violents et n’a par conséquent aucune végétation arborescente, pas plus d’ailleurs que le versant oriental, tant par suite des conditions météorologiques que par la nature du sol; il n’y a d’arbres que dans les fonds de vallée et Le long des rares ruis- seaux qui y coulent. - Beaucoup de personnes croient que toute la région de l'Ouest était jadis boisée; c'est peu vraisemblable, car s’il est certain d’une part que 1. Les végétaux caractéristiques de l'Ouest ne se montrent qu'à partir d'Anorontsangana; au nord du 14° parallèle la flore a de grandes analogies avec celle de l'Est. 2. Lataniers (satrana), baobabs, tamariniers, sakoa (Spen- dias edulis). 3. Plusieurs ébéniers (Déospyros), le santal, l’hazomalany ?), le nangarahara (Colea longipetiolata) et diverses espèces existant aussi dans l'Est, telles que nato, voamboana, lalona, rotra. l 626 les Sakalava ont défriché par le feu certaines parties boisées pour y faire leurs Aatsaka ou champs de maïs, de manioc, il l’est aussi de l’autre que leurs défrichements ne se sont atta- qués qu'au taillis, à la brousse et que par consé- quent les gros ANNE n'ont pas pu être atteints par l'incendie. La côte Ouest est bordée de beaux bois de palé- tuviers qui entourent les baies ainsi que, les estuaires des fleuves ; ce sont des arbres exclu- sivement marins; certains ont leurs racines et une partie du tronc perpétuellement immergés, tandis que d’autres sont soumis aux alternatives du flux et du reflux; sur les dunes de sable qui longent la plage, au milieu d’une brousse clair- semée! s'élèvent çà et là quelques kily ou tama- riniers, des /amoty où pruniers malgaches, des mokotra (Brehmia spinosa) et divers palmiers, dans le Sud, des satrana (Hyphene *coriaceu), dans l'Ouest et le Nord-Ouest, des 7atlaka ou mokoty (Strychnos spinosa), des dimaka (Boras- mus flabellifer); au delà des dunes, il y a des bois assez denses que dominent les baobabs, les tama- riniers, les sa/oa (Spondias dulcis) et, plus à l’est, de belles forêts où croissent les /opingo (Diospy- ros leucomelas et D. Perrieri) ou ébéniers, les manary |(Dahlbergia de diverses espèces) ou palis- sandres, les érimaha masabary (?) on bois de rose, les z2asonjany (Santalina madagascarien- sis) ou santals?, et où se trouvent de nombreuses lianes donnant du caoutchouc; enfin, dans le Menabé, sur le versant occidental du Bemaraha, s’étale la grande forêt d’Antsingy qui renferme des ébéniers, des ramy (Canarium de diverses espèces), etc. Dans ces forêts Le sous-bois n’y est pas un fourré inextricable comme dans l'Est ; les arbres de haute futaie y sont plus droits ét ten- dent à se grouper par essences; contrairement à ce qui se passe dans celles de l'Est où l’humi- dité, qui y est constante, entretient la végétation toute l’année, les arbres de l'Ouest perdent leurs feuilles pendant la saison sèche. Quant à la région centrale, on n'y aperçoit guère en fait d'arbres que quelques Ficus, aviapy (F. megapoda), amontandahy (F. tricophlebia) et amontambasy (F. Baroni), qui ont une grande puissance végétative*, et des arbres fruitiers 1. Composée principalement de benjavily (?), d'alanda (?), de satroboay épineux (Amaranthus spinosus), ete. 2. Dont parlent déjà le R. P. Mariano en 1614, Boothby en 1644, le colonel Robert Hunt en 1650, etc, 3. On y trouve encore cà et là quelques arbres et arbus- tes : lampivahitra où hazondrano (Mascarenhasia speciosa), fantskahitra (Plectronia buxifolia), mokarana (Mokaranga d'espèces diverses), {siho (Salit madagascariensis), malambo- vany (Gomphia persexefolia), taimboalavo (?), ambiaty (Verno- nia appendiculata), sévabé (Solanum auriculatum), ete. G. GRANDIDIER., — LES FORÈTS A MADAGASCAR ainsi que des eucalyptus et des lilas du Cap Eu ont été importés assez récemment; aussi toute cette région a-t-elle un aspect monotone. Autour du massif de l’Ankaratra, dont le sol d'origine volcanique est meilleur, il y a çà et là des boqueteaux de qüelques dizaines d'hectares « de superficie et qui, tous ensemble, ne couvrent 4 guëre plus d'un millier d'hectares ; là commen- cent les petits bois de apia (Chien micr'o- £ phylla et Ch. Bojert), qui constituent des groupes sans mélange couvrant entre 20 et 150 hectares, ainsi que le {sitoavina |Dodonæa madagascarien- sis) qui sert, comme le /apia, à l'élevage des vers à soie. Dans la même région, on trouve encore çà et là quelques arbres et arbustes : topo (?), voara (Ficus tiliaefolia), lalona (Weinmannia Boje- riana), tsitsihina (Dicoryphe viticoides) [dans le Vakinankaratra], ésitakajaza(Vaccinium secundi- « lorum), hazontoho (Myrsine madagascariensis), dindadingana (Psiadia dodoneaefolia) [arbuste à, fleurs jaunes en grappes épaisses]..., ete. — À Antsirabé, il y a quelques Eucalyptus et des. Melia az HUE introduits par les missionnaires. norvégiens. 4 4 ï d 2 L'Extrême-Sud a, comme nous l'avons déjà mentionné plus haut, une végétation particulière, « étrange : pas de futaies, mais des plantes xéro- philes qui se sont adaptées au climat extraordi- nairement sec sous lequel elles vivent; généra- lement, ces plantes se constituent une réserve aqueuse dans leurs tiges ou dans leurs rameaux qui sent soil laticifères, soit spongieux ; elles sont épineuses et leurs feuilles, lorsqu'ilyena, … ne font qu’une brève apparition pendant la courte durée des pluies : ce sont des Euphorbia=- cées arborescentes, cactiformes, à tiges soit li- gneuses, soit charnues et épineuses, soit aplaties ou cylindriques, des Didierea qui sont de très curieuses Sapindacées ‘, des Pachypodium, de « la famille des Apocynacées, dont la tige, tout - hérissée d’épines acérées, est gorgée d’eau, et, aujourd’hui, des nopals ou figuiers de Barbarie qui entourent presque tous les villages d’une: ceinture quelquefoisépaisse de plusieurs dizaines de mètres. ; 4 # ’ * x : Des forêts de Madagascar, on tire de bons bois pour la construction, qu’on emploie dans la charpente et la menuiserie ; d’autres qu’on uti- lise avec succès pour l’industrie, l’ébénisterie, 1. Par conséquent de la même famille botanique que les marroniers d'Inde, dont ils nerappellent cependant ni le port, ni le facies, ayant l'aspect d’un cactus cierge. G. GRANDIDIER. — LES FORÊTS A MADAGASCAR 627 oo le bordage des navires et la fabrication de piro- LE gues ou qu’on transforme en pâte à papier. Le commerce du bois de charpente, comme , celui du bois de chauffage, avait une grande im- portance dans le centre deMadagascar quiestnu, presque sans arbres ; le transport à dos d'homme, avant l'ouverture des routes actuelles, en élevait _ beaucoup le prix, et, dans la plupart des maisons, on brülait de l’ Horbe sèche ou de la paille, qu'on - vendaitencore au marché de Tananarive, en 1897, de 0 fr. 40 à 1 fr. 60 la botte selon sa grosseur. > Les bois de charpente et de menuiserie sont nombreux : ébène, palissandre, bois de rose, acajou, bois de Éautals ayant eu une croissance très lente dans le mauvais sol qui constitue la . plupart des montagnes malgaches, ils sont durs et résistants, et ils ont souvent une densité supé< rieure à celle de nos meilleures essences ; il y en a d'excellents pour pilotis et pour taire ces grands plats creux qu’on appelle des batées et qui servent au lavage de l’or alluvionnaire. Dans le Sud et dans l'Ouest, on se sert ou du moins on se servait de « vaisselle en bois » {que faisaient les hommes, tandis que les femmes fai- | saient les vases en terre, siry où jarres et pilany - ou marmites) : plats creux ronds ou carrés, por- tés par quatre petits pieds, cuillers, angolo ou | tronçons d’arbre creusés qui servent comme fon- | taines pour conserver l’eau dans les maisons ou comme seaux pour aller chercher l’eau à la rivière. Les Roandriana et les Anakandriana, ou no- bles antanosy, « étaient, pour la plupart, char- pentiers », dit Flacourt en 1658, et 200 ans plus tard il en était encore de même; ils maniaient le ciseau, le poinçon et la gouge âvec fierté et tenaient ce métier à honneur. De tout temps, les Malgaches ont construit et construisent encore avec une grande habileté des boutres et surtout des embarcations, canots et pirogues,ces dernières simples ou à balan- . ciers, qui tiennent fort bien la mer. _ Avec certaines écorces, on fait d’excellent tan et des teintures résistantes, ou encore de la van- nerie et des cordes. Il y a des plantes les unes textiles, les autres tinctoriales, et d’autres qui fournissent d’excellent caoutchouc, diverses gommes et résines ou des graines oléagineuses. _ Les indigènes utilisent l’écorce de divers arbres des forêts pour tanner les cuirs, mais ce sont les écorcés des palétuviers des côtes Nord- Ouest et Ouest, dont la teneur en tanin appro- che de 25 % de l'écorce sèche, qui donnent lieu * depuis quelques années à un commerce impor- tant. Ils se servent aussi des écorces de nom- . breux arbres pour teindre leurs tissus en rouge- brun, en noir et en jaune, quoique, pour cette dernière nuance, ils emploient de préférence le safran ou tamotamo (Curcuma longa); le bleu est obtenu à l’aide d'indigo ou engitra, aika (Indigo- fera tinctoria). Avec certaines plantes de la forêt, rafia, akon- dro-sarika, somangana, fanto, on fait des vête- ments ; avec d'autres, telles que /akatra, lafa, dara et plusieurs plantes de marais, on fait des corbeilles, des étuis; les fibres du vakoa, du sa- trana, du dimaka peuvent être utilisées pour des nattes ou des sacs. Il y en a, comme les vonitra, avec lesquelles on fait des brosses, et d’autres : hirija, boutaka, lombiro, hafotra, besofina, qui donnent de la filasse. L’exportation des fibres de ra/fia, qu'emploient les horticulteurs pour le greffage et les vigne- rons pour attacher les ceps, estimportante. Il y a longtemps qu'on connaît l’existence à Madagascar de plantes donnant du caoutchouc. En 1768, Rochon parle déjà du « finguière » [fin- gttra] du Nord-Est, « qui donne un suc laiteux, se coagulant en une substance singulière, la gomme élastique », et, la même année, de. Val- gny cite le « lounagoum-nano » [/omano an- drano], « gomme élastique s'étendant à volonté comme une corde de boyau et, lorsqu'on lâche un bout, seretirant sur l’autre avec vitesse ».Mais ce n’est que depuis le milieu du xix° siècle qu'il s’estfaitun certain commerce decaoutchoucdans l'Est ; le Gouvernement merina, ayant à cette époque cessé toutes relations avec l’Europe,/a vendu toute la production à M. Mack, gérant à Majunga d’une maison américaine de New-York au prix de 60 à 80 francs les 100 kilogs. Depuis Radama IL, l'exploitation s’est développée; elle a été intense, de 1868 à 1888, sur la côte Nord- Estentre le cap Masoala et la rivière Lokoho qui en est distante de 170kilomètres environ :le pre- mier envoi du Sud-Est, de 12 tonnes, a été emporté de Mananjary, en 1870, par le capitaine Cavaro; le kilogramme revenait aux traitants, qui le payaient moitié en argent et moitié en marchandises, à 0 fr. 60 et ils le vendaient au navire 1 fr. 60. Depuis lors l'exportation a pris un grand essor et les prixont monté; lekilogramme valait déjà, en 1872, à Tamatave 3 fr. 50, en 1890 de 4 fr. 70 à 5 fr. 30 ; à Mananjary et à Vohemar, de 3 fr. à 3 fr. 50, et à Majunga, de 4fr. à 4 fr.60. Dans l'Ouest, on en a fait,en 1873, au Menabé, 55 tonnes, qui en séchant ont perdu 42 % de leur poids et ont été vendues à Nosy bé au prix de 2fr. 70 à 3 fr. le kilogramme; à Tulear, le kilog de caoutchouc était payé, en 1909, de 3 fr. à 4 fr. 50 et, en 1910, de 4fr. à 6 fr. 50. 628 Tandis que, en Amérique, au Lagos,en Afrique et à Java, les caoutchoutiers sont d'ordinaire de beaux et grands arbres, les essences malgaches sont plus modestes; il y a à Madagascar une grande diversité de plantes à latex donnant du caoutchouc, du herotra [litt. : de la crème] ou du matezaroritina [litt.: (une matière) qui se laisse étirer] comme disent les Malgaches en général, ou du mpira selon l’expression des habi- tants du Nord-Ouest qui ont adopté le nom soa- hili; on compte en effet une vingtaine d’Apocy- nées (Landolphia et Mascarenhasia),une dizaine d’Asclépiadées (Cryptostegia, Marsdenia, Kom- pitsia), deux ou trois Euphorbiacées (Euphorbia), etc., mais la plupart sont des plantes grimpan- tes, des lianes, ou des arbustes, d'ordinaire con- finés dans des zones de peu d’étendue. Si les espèces caoutchifères sont nombreuses, elles sont disséminées, et la plupart des forêts ont été promptement appauvries. La richesse de leur latex en caoutchouc est extrêmement varia- ble : par exemple, on compte environ pour les lombiro (Cryptostegia, madagascariensis) 2 %, pour les mavohavana (Plectaneia microphylla) 10 %, pour les ravinengitra (Landolphia crassi- pes), les fingotangitra (L.?) et les talandoha (L. Richardiana) 12 %, pour les péralahy (L. Per- rieri) d'excellente qualité 17 %, pour les fingo- mena (L. hispidula), les raiabo (L. sphærocarpa) etles langalora (Secamonopsis madagascariensis) de 15 à 25 %, pour les pérahazo (Euphorbia pira- hazo) de 30 à 40 % , et pour les barabanja {Mas- carenhasia arborescens et M. lanceolata) et les kidroa (M. aneeps et M. lisianthiflora) de 40 à 50 % ; du reste, cette teneur du latex en caout- choucvarie non seulement suivantl’époque, étant beaucoup plus grande à la fin de la saison sèche qu'en saison de pluies, maïs aussi suivant l’alti- tude et même suivant les sujets. La quantité de caoutchouc qu’on peut retirer annuellement de ces diverses plantes est égale- menttrès variable : pour les bokalahy (Marsde- nia verrucosa) 12 à 20 grammes, les Æompitso (Kompitsia elastiva) 20 à 30 gr., les langolora (Secamonopsis madagascariensis) 10 à 40 gr. sous la forme d’arbustes et 125 gr. sous la forme de lianes, les Æidroa (Mascarenhasia arborescens) 300 à 500 gr.et les pérahazo (Euphorbiapirahazo) 400 à 800 gr. et 4 à 5 kilogrammes si on le détruit ; en abattant l’éntisy (E. éntisy), ce qui est l’usage, on recueille 500 gr. de caoutchouc. Le suc laiteux et visqueux qui s'écoule des in- cisions qu’on fait à ces diverses plantes et qu’on obtient soit en tailladant, en saignant le tronc, soit en coupant la tige et les rameaux en tron- çons qu’on laisse égoutter, soit en broyant les : G. GRANDIDIER. — LES FORÊTS À MADAGASCAR écorces, se coagule difficilement suivantla plante dont on le tire, tantôt spontanément {éntisy, ‘ki- droa, pirahazo, lokabé), où par simple ébullition ({ombiro, barabanja du Nord-Est,etc.), tantôt par l'addition d’acide sulfurique étendu d’eau ou bien de jus de citron, d'acide citrique, d’eau de mer ou de sel de cuisine {qui sonttous les quatre de mauvais coagulants) ou encore du suc de plantes diverses; le mode de coagulation, ainsi que l’époque de la saignée, ont une grande im- portance au double point de vue de la quantité et de la qualité et par conséquent de la valeur du caoutchouc, C’est le matin et le soir que se pra- tiquentles saignées:il ya des Malgaches,comme les Antimorona, qui obtiennent le caoutchouc des Mascarenhasiaen allumant du feu au pied de l'arbre et arrachant l'écorce qui se détache sous l’action de la chaleur et qu’ils pilonnent dans leurs mortiers à riz. , Dans quelques concessions, on a introduitdes machines qui broient les lianes et donnent de bons produits, mais comme elles les détruisent, on oblige les exploitants à constituer des ré- serves. La dessiccation diminue notablement le poids du caoutchouc que les traitants achètent aux in digènes, quelquefois de près de moitié, et il y a des commerçants qui, au début de leurs trans- actions, ont fait de ce chef des pertes considé- rables. , Il y a naturellement diverses qualités de caout- chouc et les Malgaches ne se font pas faute de frauder, de falsifier les produits qu'ils vont ré- colter en forêt, soit en englobant dans les boules des corps étrangers, terre, cailloux ou autres, soit, depuis qu'on exige qu'ils présentent les boules coupées, en mélangeant des caoutchoucs de qualités différentes ou même en y ajoutant des gommes visqueuses, non élastiques, comme le robanga; on a pris, il y a quelques années, des mesures qui empêchent jusqu’à un certain point ces falsifications et on en a pris aussi pour empêcher la disparition des lianes : les Mal- gaches auxquels est accordée l’autorisation d’ex- ploiter les forêts domaniales doivent en replan- ter. Dans l'Est, on a fait des semis des meilleures essences indigènes, et on a tenté récemment d'acclimater debonnes espèces étrangères, telles que Funtumia elastica, Castilloa, Hevea brasi- liensis et Manihot Glaziovir. Aujourd'hui, si l'on laisse de côté les lianes pauvres en caoutchouc ainsi que celles qui sont trop rares pour être utilisées industriellement ou qui, ayant été l'objet d’une exploitation in- ténsive, n'existent plus qu’en petit nombre, il ne reste dans l’ouest de Madagascar, dit M, Perrier « G. GRANDIDIER. — LES FORÊTS À MADAGASCAR 629 de la Bâthie, pouvant être utilement exploités que le Landolphia Perriert et les Mascarenhasia arborescens, lisianthifolia et lanceolata, dont le nombre par hectare varie suivant les régions de 4 à 8, sauf aux environs du Sambirano où il en a . compté de 25 à 30. Parmi les gommes qui, à Madagascar, sont l'objet d'un commerce assez important, la prin- cipale est produite par le copalier [Trachylobium verrucosum], le tandroroho où nandrorofo des Betsimisaraka et des Antankarana, et le {androna des Antaimorona; les indigènes la désignent sous le nom de ditin-frandroroho ou sandarosy, ce dernier mot étant l'appellation soahili. Les copaliers sont communs depuis Vohémar _ jusqu'à Andovoranto, mais c’est dans la zone 4 ( sui. à: cb at lis Sd _Éé. mine. à littorale sablonneuse comprise entre l'ancien fort d'Amboaniho {au sud de Vohémar) et Anta- laha, sur une longueur d'environ 160 kilomètres et une largeur de 4 à 5, qu’ils sont le plus abon- dants et le plus productifs : plus au sud, jusqu’à Tamatave et même jusque dans l’Anosy, on trouve des copaliers ainsi que dans l’extrème nord, mais ils sont beaucoup moins nombreux et produisent moins de gomme. Les exploitations forestières sont généralement localisées sur les côtes. Mème dans celles qui sont dirigées par des Européens, l’abatage des arbres est défectueux, les indigènes, comme le rémarque avec raison M. Thiry, ne les coupant pas au ras de la terre, de sorte que les rejets partent du tronc et non de la souche, et ne fai- sant pas avec leur hache une section nette, de sorte que l’eau de la pluie qui l’imbibe amène promptement la pourriture du chicot; d'autre part, comme ils abattent les arbres à toute épo-, que et les équarrissent etles débitent dès qu'ils sont abattus, le bois, se desséchant trop rapide- ment, se déforme et souvent se crevasse jusqu’au centre. É C’est du 15 avril au 15 septembre, et surtout en juin et en juillet qu'il faut couper les arbres à Madagascar, afin d'éviter la fermentation de la sève et la pourriture du bois. Dans l'Est, les indigènes connaissent l’usage de la scie de long que leur ont appris les créoles, mais, d'ordinaire, ils ne font que deux planches dans le plus bel arbre, le fendant en deux et, avec la hachette, réduisant chaque moitié à l’épaisseur voulue. Il faut ajouter que, dès 1821, le charpentier français Legros a importé la scie de long en Imerina, mais son usage n’a jamais été généralisé. Comme conséquence d’études récentes et en vue d'augmenter le rendement en bois de Mada- gascar, les agents forestiers voudraient éliminer des forêts de l'ile certaines espèces secondaires tellés que l’harongana (Haronga madagascarien- sis), l'andrarezina (Trema Commersonii), le lan- demy (Anthocleista rhizophoroïdes), le vantsilana (Cussonia r'acemosa), etc., et propager des espè- ces locales utiles, l’hazotokana (Vernonia sp?), le pipaona (Dilobeia Thouarsü), le faralaotra (?), le véntanina (Calophyllum parviflorum), le nato (Imbricaria coriacea\, le manary (Dahlber- gia trichocarpa),lambora (Tambourissa parvifo= lia), etc., par exemple. Cette substitution, sédui- sante au premierabord,peutréussir en desrégions privilégiées au point de vue du sol, mais il semble difficile qu'un résultat sérieux puisse être obtenu dans la majeure partie des terrains forestiers. G. Grandidier, - Secrétaire général de la Société de Géographie, 630 BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 1° Sciences mathématiques Petrovitch (Michel), Professeur à l'Université de Bel- grade. — Les Spectres numériques. — 1 vol. gr. un-8° de 110 pages, avec préface de M, Emie BoreL (Prix : fr.). Gauthier-Villurs et Cie, éditeurs, Paris, 1919. : Parmi les mathématiciens de l'heure présente, M. Pe- trovitch se distingue par une incontestable originalité, qui déjà s’élait fait jour dans plusieurs de ses publica- tions antérieures, notamment dans le curieux opuscule intitulé La mécanique des phénomènes fondée sur les analogies (paru en 1906 dans la collection Scientia), et qui s'affirme avec plus de force encore dans son nouvel ouvrage, La conception sur laquelle repose celui-ci est, en effet, vraiment neuve et même, peut-on dire, impré- vue. Elle consiste, en-fait, dans une algorithmie nouvelle comportant des procédés opératoires inédits, suscepti- bles d'applications curieuses etintéressantes, Cela est loin d’être banal. * Qu'est-ce done qu’un spectre numérique, au sens de M. Petrovitch? Etant donnée une suite de nombres entiers, positifs, complétons chacun de ces nombres par un certain nombre (constant ou variable, croissant ou périodique, nul'au besoin) de zéros, placés à sa gauche, et formons un tout continu au moyen des divers grou- pes de chiffres ainsi constitués, placés sans interruption les uns à la suite des autres ; nous avons alors un spec- tre numérique. On saisit immédiatement la raison d'être de cette appellation par suite d’une évidente analogie de struc- ture avec les spectres lumineux, Chacun des groupes réunis dans le spectre en constitue une franche, dont les zéros placés à gauche forment la partie sombre, et les chiffres significatifs, à droite, la partie brillante, ou cannelure, chaque chiffre qui y figure jouant ici le rôle de raie, etc. Le groupement ainsi formé n'offrirait par lui-même aucun intérêt s'il ne se trouvait doué de propriétés importantes au regard de la suite des nombres entiers lui ayant donné naissance et ne se prêtait, lorsqu'il s'agit de déterminer cette suite, en vue de répondre à ‘ éertaines conditions, à des procédés opératoires d'un nouveau genre, simples et expéditifs. Supposons, par exemple, que cette suite denombres entiers se confonde avec celle des coeflicients d'un certain développement (ou, tout au moins, que celle-ci s’y ramène par une transformation appropriée), à Le spectre correspondant, dans lequel le premier groupe à gauche est séparé du reste par une virgule, donne naissance à un nombre fractionnaire décimal qui peut apparaître comme la valeur d’uné certaine expres- sion analytique, dite génératrice spectrale, formée au moyen des nombres liés aux données, Cette valeur une fois obtenue, il suflit d'y distinguer les tranches succes- sives du spectre, pour avoir d’un seul coup tous les coellicients du développement cherché. On aura peut-être, par ce qui précède, l'intuition de ce que l’auteur appelle le procédé spectral de calcul nu- mérique,qui consiste, d’après sa propre remarque, « à disperser en un spectre numérique les valeurs des in- connues, comme le prisme disperse le faisceau des rayons lumineux en un spectre lumineux, l'expression analytique ®, la génératrice spectrale An problème, y jouant ainsi un rôle analogue à celui du prisme ana- lyseur ». k Encore bien qu'assez vagues et incomplètes, les indi- cations qui précèdent sufliront sans doute à faire saisir de quoi il s’agit dans ces nouvelles études du savant pro- fesseur serbe. Le volume dans lequel il les développe se divise en quatre parties. ET INDEX Dans la première, sont établis les principes fonda- mentaux se rapportant non seulement aux spectres numériques tels qu'ils ont été ci-dessus définis pour une suite d’entiers positifs, mais encore à ceux que l'auteur fait correspondre à des suites d’entiers quelcon- ques, réels ou imaginaires, et qui, au nombre de deux pour telle suite, sont constitués respectivement au moyen des valeurs absolues des parties réelles et des coeflicients de l’imaginaire i dans ces nombres. Une notion de première importance dans cette théorie est celle du rythme spectral, visant la loi de succession des groupes de zéros qui constituent les parties sombres du spectre. Pour un rythme donné (les plus simples élant le rythme constant et le rythme uniformément accéléré), M. Petrovitch montre comment on peut déter- miner la génératrice spectrale correspondante permet- tant le calcul numérique du spectre, considéré, ainsi qu'il a été dit plus haut, comme un nombre fractionnaire décimal, ; Deux autres notions, sur lesquelles s'arrête l’auteur, jouent encore un rôle important dans cette théorie: la caractéristique spectrale principale, qui ne dépend que dés valeurs seules des termes de la suite et nullement du spectre considéré, et la caractéristique qualitative, qui ne dépend, au contraire, que de la répartition des cannelures, dans les spectres, ainsi que des signes des. parties réelles et imaginaires des nombres de la suite, et aucunement de leurs valeurs numériques. Toutes les propriétés fondamentales dans lesquelles interviennent ces diverses notions, établies dans la pre- mière partie, sont utilisées dans les trois autres, d’où se dégage le véritable intérêt du sujet, plus particulière- ment de la quatrième, ‘ La deuxième partie est consacrée à un mode de cor- respondance entre les fonctions d’une variable et les suites de nombres entiers ; elle met, par suite, en évi- dence le rôle que les spectres numériques peuvent être appelés à jouer dans l'étude de telles fonctions, grâce à des’ concepts à la fois ingénieux et profonds dont la mise en œuvre se fait par ‘une savante analyse. La possibilité d'établir une correspondance définie entre une fonction d'une variable et:une suite de nom- bres entiers conduit bien naturellement à la notion de spectres de telles fonctions, étudiée en détail dans la troisième partie, Dès lors sont fondées les assises de la méthode spec- trale de calcul, à laquelle est réservée toute la qua- trième partie, et dont l’auteur-fait ressortir d’une façon frappante les curieuses analogies avec l'analyse spec- trale en Chimie. « Les inconnues, fait-il justement observer, se trou- vent, dans le spectre numérique rattaché au problème, dispersées, séparées et déterminées comme cannelures et raies spectrales d’une manière analogue à celle par laquelle les éléments inconnus d’une substance chimi- que sont déterminés en analyse spectrale. La caracté- ristique spectrale y joue un rôle analogue à celui du faisceau lumineux émis par la substance à analyser; la génératrice spectrale joue un rôle analogue à celui du prisme analyseur, » U Le rapprochement est assurément des plus curieux; mais il ne se borne pas là. L'auteur fait voir encore, en illustrant sa thèse d'exemples bien caractéristiques, que les transformations par lesquelles on ramène, dans tous les cas, les inconnues à être des nombres entiers, sont l'équivalent des modifications préalables que, dans certains cas, on fait subir au faisceau lumineux émis par la substance à analyser avant de le disperser par le prisme, que les variations produites dans la disper- sion d’un spectre numérique par le choix de la carac- téristique qualitative sont de même genre que celles PORT ST qui sont dues, pour les spectres lumineux, au change- ment dés conditions de l'expérience (température, pres- . sion, raréfaction), etc. Les applications qui suivent, d'ordre arithmétique ou analytique, attestent la souplesse et la fécondité de cette méthode spectrale qui n’a sans doute pas dit son dernier mot; les unes ont trait à la partition-des nom- bres, au nombre des diviseurs d’un entier variable, aux sommes des puissances semblables des nombres entiers consécutifs ; les autres comprennent un procédé spec- tral dedéveloppement en séries, un procédé spectral d'évaluation des intégrales définies, enfin un mode de détermination spectrale des fonctions, à propos duquel l’auteur développe des aperçus très originaux jetant une lumière nouvelle sur le rôle joué par les suites de chiffres dans la détermination des fonctions, rôle que M. Borel avait eu, de son côté, l’occasion d'indiquer à propos de considérations d'un autre ordre sur la notion - de fonction en général; ce mode de détermination ren- ferme, au reste, le principe d’une classification des fonc- tions, sous le rapport spectral, qui, malgré son carac- tère artificiel, offre l'intérêt « de déterminer des fonctions définies par des conditions très générales et dépen- dant, dans un autre mode de classification, d'un nom- bre infini de paramètres, à l'aide d'un nombre fini de données numériques ». Nulle caution ne pouvait valoir pour l'ouvrage celle qui lui est constituée par la préface de M. Emile Borel. Ce maître éminent, après avoir loué M. Petrovitch de sa féconde innovation, ajoute : « Ses lecteurs, que je lui souhaite nombreux, trouveront dans ce livre, sous une forme aussi claire et simple que possible, l'expo- sition complète de sa théorie, rendue lumineuse par des | exemples bien choisis, » Nous ne pouvons que fous associer sans réserve à ce souhait et à cette apprécia- tion. M. D'OcAGne, L Professeur à l’Ecole Polytechnique. Clerc (L.-P.), /ngénieur, préparateur à la Faculté des Sciences de l Université de Paris, — Les Reproduc- tions photomécaniques polychromes. SÉLECTIONS TRICHROMES, ORTHOCHROMATISME, PROGÉDÉS D’INTER- PRÉTATION. — { vol, in-18 de XX1V-339 p de l'Encyclopédie scientifique (Prix cart. : O. Doin et fils, éditeurs, Paris, 1919. | 2° Sciences physiques . avec 73 fig., 7 fr. 50). L'auteur de ce livre avait déjà écrit, pour l'Encyclopé- die scientifique publiée sous la direction du D: Toulouse, . un traité des /mpressions photomécaniques monochro- ” mes. Il n'avait donc plus à répéter, dans ce nouveau . volume, l'exposé très complet qu’il avait fait des procé- dés de gravure photographique en général, et il devait | s’en tenir aux particularités propres aux impressionsen - couleur. Ayant ainsi limité l'objet de son travail, ila - pu réunir dans ces 339 pages tout ce qu’il est utile de | savoir sur la question, lant au point de vue théorique qu'au point de vue pratique. . L'Introduction est un bref historiqué de la trichromie. 4 La première partie contient une suite de considéra- | tions préliminaires : nature de la lumière, notion de la _ couleur, lumières colorées et couleurs pigmentaires, cou- _ leurs complémentaires, cercle chromatique, principes du procédé trichrome. s La deuxième partie traite de la sélection des couleurs : écrans colorés, tramés polychromes, pratique de la sélection, La troisième partie a pour objet la synthèse du colo- ris; on y trouvera une étude très détaillée des encres, : de l'établissement des planches d'impression et du tirage des épreuves. k Dans la quatrième partie, divers procédés d’interpré- | tation un peu spéciaux sont successivement analysés : . interprétation monochromatique de documents colorés | {polychromes où monochromes); illustration en deux BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 631 couleurs; interprétations ques, etc, Bien que l’ouvrage se suffise parfaitement à lui-même, M. Clerc y a ajouté un Index bibliographique:qui faci- litera les recherches à ceux qui désireraient approfondir davantage certaines questions, polychromes, faux décal- Ernest CousTer. 3° Sciences naturelles DÉPARTEMENT DE L'AGRICULTURE AUX INDES NÉERLAN- DAISES. — Mededeelingen van het Proefstation voor thee (Communications de la Station expérimen- tale pour le thé)., n° L VII : De Theecultuur in verschillende landen (LA CUuLTUBE DU THÉ DANS DIVERS PAYS). 1. C. P. Cohen Stuart : De theeplant en de theecultuur in Fransch-Indochina (LE THÉIER ET LA CULTURE DU THÉDANS L'INDOCHINE FRANÇAISE). 2. Ch. Bernard : De cultuur en de bereiding van thee in de Vereenigde Staten (LA CULTURE ET LA PRÉPARATION DU THÉ AUX ETATS-Unis). 3. Ch. Bernard: Theein Britsch-Nieuw-Gui- nea (LE THÉ DANS LA NoUVELLE-GUINÉE BRITANNIQUE). 4. J. J. B. Deuss : Thee in Natal (Le rné AU NATAL). — 1 brochure in-8° de 40 p. avec 1 carte. (Résumé en francais par Cn. BERNARD.) Batavia, 1913. Les lecteurs dela Xevue s'intéresserontsurtout au pre- mier de ces quatre rapports. M. Cohen Stuart y a ras- semblé les données bibliographiques, éparses et assez maigres, concernant la culture du thé au Tonkin, en Annam et dans la Cochinchine. En général, cette cul- ture est passablement arriérée. Si l’on en excepte quel- ques rares établissements européens, le thé est à peu près exclusivement cultivé par les indigènes, dont les procédés sont surannés, et qui voient leurs bénéfices déprimés par l’intervention d'accapareurs chinois. Dans le Haut-Tonkin notamment, on ne fait la cueilletteque trois fois par an, alors que le climat est comparable à celui des Indes anglaises et néerlandaises et le sol de bonne qualité; on plante à des distances de cinq à six pieds, ce qui réduit la production à moins de la moitié de ce qu’elle est à Java: enfin la récolte se fait en cou- pant les branches au niveau du tronc pour en enlever toutes les feuilles, jeunes et vieilles, alors que seules les jeunes feuilles, comme on sait, peuvent donner un thé convenable. Cependant les types de théier cultivés en Indochine semblent bons, et même avec leur fabrication défectueuse, les thés indigènes se paient à des prix assez élevés. Il suflirait donc que le Gouvernement et le capital français s'intéressent davantage à cette culture pour la développer d'une manière satisfaisante, Sous ce rapport, l’auteur attend beaucoup de l’activité et de la compétence de M. Chevalier. En vue du travail général de sélection entrepris par la Station expérimentale pour le thé à Buitenzorg, les botanisies hollandais se sont mis en relation avec les Services de l'Agriculture en Indochine, lesquels se sont empressés de leur fournir du matériel des plantes de thé indigènes dans l’Asie française. Cette collaboration est de la plus haute importance, puisqu'on doit se pro- curer les types avant que les stations originales aient été défrichées et que des croisements aient eu lieu. Il est très curieux d'apprendre qu'entre le delta du Tonkin et le Yunnan, on a découvert plusieurs stations du théier sauvage, sans que les habitants de la région aient songé à l’exploiter, sans même qu'ils aient soup- çonné son existence. On sait que presque partout ail- leurs les populations indigènes — et cela est également le cas pour le thé dans le Yunnan, au Siam, en Birma- nie — connaissent depuis des époques qu'il n’y a plus moyen de déterminer historiquement les plantes à caféine de leur pays. Ed. V. 632 à BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Smallwood (W.M.). — A text book of Biology, {or students in general, medical and technical courses. Third edition. — 1 vol. in-8° de 306 p. avec 935 fig. et 8 pl. (Prix cart. : 3doll.). Lea and Febiger, éditeurs, Philadelphia et New- York, 1918. Le Professeur Smallwood vient de publier une troi- sième édition considérablement augmentée de son Manuel de Biologie. © Voici rapidement Sie le plan de cet ouvrage: L'auteur débute par la monographie détaillée, à la fois anatomique, physiologique etembryologique, d’un animal de type complexe.Cette monographie comprend les sept premiers chapitres, et l’animalchoisi est la Gre- nouille, À propos de la Grenouille, M. Smallwood exa- mine brièvement, au fur et à mesure de leur rencontre, les différents problèmes biologiques généraux. Cette monographie constitue une solide introduction à l'étude de la Biologie. La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à l'étude des organismes unicellulaires, toujours envisagés au triple point de vue de l’anatomie, de la physiologie et des modes de reproduction : comme type d'animal uni- cellulaire est choisi le Paramecium, comme type de plante, le Pleurococcus ; un dernier chapitre enfin, le dixième, est relatif aux Bactéries et aux Levures. Leonzième chapitre traite de cette queslion : qu'est-ce que la vie ? Les chapitres xir à xix sont d’intéressantes mono- graphies de plantes et d'animaux divers. Dans les chapitres suivants (xx à xxin) sont succes- sivement examinés : les processus d'adaptation, et à leur propos le parasitisme et la symbiose, — le rôle des organismes dansles maladies, — l’évolution organique, — la variation et l'hérédité. Le dernier chapitre (vingt-quatrième) est enfin consa- cré au comportement des animaux et aux conclusions d'ordre psychologique que l'on peut tirer de l’observa- tion des réactions. Tous les problèmes généraux importants qui se posent en Biologie sont en somme passés en revue dans ce pelitlivre, qui a en outre le grand mérite de faire une place importante aux questions d'anatomie et d’or- ganisation que négligent trop d'habitude les ouvrages de Biologie générale, surtout ceux qui s’impriment en Europe. Dans un manuel qui s'adresse à des étudiants et qui traite de questions aussi complexes que le sont celles de la Biologie, le diflicile est de rester sans cesse à la portée de ses lecteurs, de ne pas se laisser aller à des discussions dont l'intérêt leur échapperait et qui leur fatigueraient l'esprit en pure perte, de savoir extraire, pour eux d’un amoncellement de faits ce qui est fondamental et essentiel, d’un amoncellement d'idées ce qui déjà sans discussion s'impose, qui doit certaine- ment rester et que par conséquent il faut savoir. On peut dire que M. Smallwood'a complètement sur- monté ces difficultés multiples. Son livre, écrit en un style précis et clair, très abondamment illustré de figures originales ou habilement choisies dans les clas- siques ou les mémoires, restera un modèle auquel devront se conformer ceux qui poursuivront le même but que lui : préparer les jeunes gens à l’étude de la Biologie et les inciter à devenir des chercheurs. R. ANTHoNy, Anthony (R.). — Catalogue raisonné et descriptif des Collections d'Ostéologie du Service d'Anato- mie comparée du Muséum d'Histoire naturelle. Mammifères. Fasc. 1X: Pholidota (PANGor1Ns). 1 vol. in-8° de 40 pages avec 98 fig. (Prix: 5 fr.). Fasc. X : Tubulidentata (OnycréroPes), 4 vol. in-8° de 24 pages avec 21 fig. (Prix : fr.). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1919. L'apparition de ces deux fascicules est le commence- ment d'une grande œuvre dont la valeur et la nécessité seront appréciées à juste titre par les anatomistes de tous les pays. Depuis les œuvres classiques de Cuvier, la science a fait beaucoup de progrès qu’ont marqués de nombreux travaux et de nombreuses monographies concernant les différents types de Vertébrés; mais il n’y a pas eu jus- qu'à présent un travail complet et synthétique résumant toutes les recherches des différents auteurs. Il y a quelques années Max Weber, le savant hollan- dais, a écrit en allemand une Anatomie comparée des Mammifères qui, dans une certaine mesure, comble les lacunes de la littérature, C’est avec une grande satisfaction que nous saluons l'œuvre d’un savant français bien connu, qui remplit aussi, et plus complètement à certains égards, un im- portant desideratum. M.Anthony annonce dans le premier fascicule le pro- gramme de la publication tout entière. L'ordre des fas- cicules sera le suivant en ce qui concerne les Mam- mifères : | Fascicule préliminaire, Fascicule I : Monotremata (Monotrèmes), — 11 : Insectivora (Insectivores vrais, Galéo- pithèques, Cheiroptères). — Il: Marsupialia (Marsupiäux). | — IV : Primates (Primates). — V : Carnivora (Carnassiers fissipèdes et pinnipèdes). — VI : Ungulata (Ongulés). — VII : Sirenia (Siréniens). — VII : Cetacea (Cétacés). — IX : Pholidota (Pangolins). (Paru.) — X : Tubulidentata (Oryctéropes). (Paru.) — XI : Edentaia (Edentés). — XII : Rodentia (Rongeurs). Ce programme caractérise déjà suflisamment l’indi- vidualité de l’auteur dans l’arrangement de la matière. Analysons les fascicules qui ont déjà paru pour pou- voir juger par avance de ce que sera l’œuvre tout entière, L’auteur commence, comme nous le voyons, par une classe d'animaux qui sont parmi les moins con- nus. Le fascicule Pholidota (Pangolins) débute par une caractérisation générale du type; suivent la distribu- tion géographique, les subdivisionsde l’ordre, les carac- tères des familles, a description — abondamment illus- trée au point de vue ostéologique — des genres et des espèces, au moins de celles qui répondent à des carac- tères anatomiques tranchés et précis; viennent alors des considérations générales, une clef analytique, la bibliographie des principales publications qui concer- nent l’anatomie du squelette, et enfin — ce qui justifie le titre de Catalogue — l'énumération et la description succincte des squelettes et des animaux conservés utili- sables pour les études d’Ostéologie que possède le Service d’Anatomie comparée du Muséum d'Histoire naturelle. Le fascicule Tubulidentata(Oryctéropes) est ordonné suivant le même plan. Il suffit de parcourir ces deux premiers fascicules pour apprécier l'effort et la profondeur des conceptions de l’œuvre commencée par M. Anthony. Elle présente deux avantages, nous aurons bientôt ce qui nous a manqué jusqu'ici, un Traité d'Ostéologie comparée complet, élaboré avec la connaissance de toutes les acquisitions modernes, et, d'autre part, les Collections anatomiques du Muséum d'Histoire natu- relle de Paris seront plüs accessibles aux chercheurs étrangers; ces derniers ne possèdent le plus souvent qu'un matériel insuffisant pour leurs travaux, et ils donneraient beaucoup pour pouvoir intégralement profiter decelui si richequiexiste dans les Collections du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Et, comme l’on sait partout que l’accès en est extrêmement facile, il est certain que la publication de M. Anthony attirera en France un très grand nombre de chercheurs, Ce sera d’une part très profitable pour la science, Et c’est grâce à de tels efforts que la France liera d'autre part des D "à au dé it. ÈS. SR Dé … relations de plus en plus étroites avec le monde scienti- fique étranger. Ilne nous reste qu’à féliciter M. Anthony et à lui sou- haiter que son œuvre puisse prendre le développement qu'elle comporte ; le plus essentiel est qu'il trouve des collaborateurs qui, sous sa savante direction; puissent continuer cette œuvre magnifique et l'aident à l'achever avec succès. Edouard Loru, D: ès sciences et D' en médecine, Professeur d'Anatomie à l'Université de Varsovie (Pologne). 4° Sciences médicales Deschamps (D° Albert). — Les Maladies de l'es- prit et les asthénies. — 1 vol. in-8° de 710 pages (Prix : 22 francs). Félix Alcan, éditeur, Paris, 1919. ‘« La thèse que j'expose aujourd’hui essaie de réaliser, dans la mesure du possible, une juste adéquation du paraître à l'être, de la description toujours arbitraire des opérations psychiques à leur réalité. Elle a un double but : substituer aux concepts rationnels et arti- ficiels des psychonévroses, les groupements expérimen- taux des syndromes en général, et des syndromes psy- chiques en particulier; montrer l’unité de la pathologie psychique et par conséquent de la fonction psychique, sous l'immense complexité des phénomènes, » — « Les erreurs rationaliste, anthropomorphique, entitaire, et statique doivent être remplacées par la notion expéri- mentale de la vie fonctionnelle, qui représente à la fois l'union indivisible de l'esprit et du corps, de la psycho- logieet de la biologie, le mouvement, l'échange et l’adap- tation. » — Ainsi s'exprime l’auteur dans une introduc- tion où il attire l'attention sur l’insuflisance des clas- sifications actuelles (en particulier sur la distinction des psychonévroses et des états mentaux), et sur la néces- sité de reviser ces classifications, dictées par la ten- dance normale de l'esprit à découper dans les réalités mouvantes et complexes des catégories artificielles, à y créer des entités qui encombrent et immobilisent trop souvent la psycho et la neuropathologie. Poursuivant ainsi la dissociation minutieuse et l’ana- lyse objective des « états physiques et psychiques assemblés arbitrairement sous le vocable neurasthé- nie », l’auteur a déjà, dans un livre antérieur (Les ma- ladies de l'énergie, les ‘asthénies générales), étudié le côté physique du problème des asthénies. — Dans le volume que nous présentons aujourd’hui, il en étudie le côté psychique, complémentaire du précédent; il étudie les relations de l’asthénique avec les milieux où il vit, les troubles de ses fonctions, de ses réactions d'adapta- tion, el toutes les modifications de ses expériences psy- chologiques internes (intelligence, sensibilité, volonté, conscience, subconscience, personnalité) et de ses expé- riences psychologiques externes (procédés employés par les asthéniques pour s'adapter à la réalité, et essayer d'atteindre la vérité; réactions de l'esprit asthénique dans ses rapports avec la réalité, logique de l’asthéni- que). — Divers chapitres, très intéressants, pleins de faits, sont consacrés aux mécanismes généraux des ré= actions d’inadaptation : la déformation ou paralogisme, qui se manifeste lorsque « l’objet construit par le sujet avec l’excitant n'est pas conforme à cet excitant réel; la pensée est donc déformée, et les mouvements consé- cutifs à cette assimilation défeclueuse ne sont pas en rapport direct avec la réalité » ; — la rumination men- tale, « ce singuliertravail psychique qui consiste à tour- ner interminablement dans son esprit des pensées qui n’aboutissent à rien, et qui rappelle la mastication des animaux ruminants » ; — la dérivation, « substitution . d'actes et de pensées faciles, ou de réactions viscérales BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 633 quelconques, à des pensées et à des actes plus difficiles mais logiquement adaptés à la réalité »; la désagréga- lion, qui se développe lorsqu’ « un paralogisme fixé par la croyance ne se détruit pas, s'organise, done conserve une existence isolée, et tend à se reproduire toutes les fois que la cause du choc se répète ». Après avoir ainsi éludié, analysé les différents symp- tomes qui apparaissent au cours des états psychopatho- logiques d'origine asthénique, après avoir décrit les réactions systématisées d'inadaptation, lesquelles consti- tuent des syndromes et non des maladies entilés (obses- sions, phobies, agitation motrice, tics), et souligné les troubles de la fonction psychophysique de constructi- vité, que l’on observe comme caractéristique fondamen- tale des états asthéniques, l’auteur passe en revue, à la lumière d’une longue et pénétrante expérience person- nelle, les divers moyens d'action thérapeutique que possède le médecin. La thérapeutique à appliquer ne peul être ni exclusivement psychique, ni systémalique ; il faut instituer une psychothérapie fonctionnelle. « Nous n'avons pas à soigner des entilés indépendan- tes, et fixes, au moyen de procédés ou d’agents indépen- dants. » — « Ce n’est pas une fonction isolée dans une tour d'ivoire, mais unefonclion qui fonctionne, si j'ose dire, et qui est par conséquent en rapport permanent avec les milieux et les circonstances, conditionnée donc par eux, et par ces circonstances, » — Il faut utiliser avec discernement les procédés psychiques et les agents physiques, en les adaptant à chaque cas individuel, sans esprit de système (repos, exercice, isolement, air, régime alimentaire, reminéralisation, etc…., bypno- tisme, suggestion, persuasion, direction, rééducation, psycho-analyse), Ces différents procédésthérapeutiques une fois étudiés, l’auteur les applique à chacun des états psychiques d’origine asthénique décrits (traitement des troubles des expériences internes, el des troubles des expériences externes). Enlin un chapitre d’une grande élévation de pensée, et qui dépasse largement le domaine de la thérapeuti- que, est consacré au traitement des inadaptations mora- les et sociales : ce chapitre montre quelle mission hau- tement humaine se trouve êlre, dans ces circonstances, celle du médecin. — « La méthode que je préconise n’a pas pour seul but de soigner et de guérir les accidents, crises, ou maladies des névropathes ; elle a une täâche plus haute, qui fait de la médecine ainsi comprise un vérilable enseignement psychologique, logique, moral et social, et du médecin, un professeur d'équilibre, d'unité, de maintien d'ordre, de discipline et d’adapta- tion .. Si l'on veut bien admettre avec moi que les acci- dents nerveux sont des erreurs d'adaptation,que l’adap- tation gouverne la pathologie et la psychologie, comme la biologie, que certains sujets sont, par jfrédisposition constlilutionneile ou acquise, incapables de s'adapter à tous les milieux et à toutes les circonstances, et mar- qués par le destin biologique pour l'effort constant et les sacrifices inévitables, on ne s’étonnera plus de voir une méthode thérapeutique élargir ses procédés afin d'enseigner au névropathe le moyen de s'adapter tel qu'ilest à la vie telle qu’elle est, ce qui est proprement, d'un mot légué aux modernes par les anciens, « la sagesse ». L'on ne peut essayer de résumer un travail aussi im- portant, aussi plein de faits, aussi chargé d'observations patientes et pénétrantes, aussi riche en vues personnel- les originales. — La clarté et l'élégance de l'exposition ne le cèdent en rien à l'abondance el à la variété de la documentation. — Il y a lieu de penser que oet ouvrage, rencontrera un accueil aussi favorable que l’ouvrage précédent du même auteur, dont il est le digne com. plément. D: Henri LAUGIER. 634 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 6 Octobre 1919 1° SCIENCES PHYSIQUES. — M. H. Deslandres : Xe- marques sur la constitution de l'atome et les propriétés des spectres de bandes, L'auteur montre que tous les spectres de bandes d'émission où d'absorption, résolus ou non en raies fines, peuvent être rattachés à la for- mule générale qu'il a précédemment donnée (voir p.456). Lorsque les raies ou les bandes sont équidistantes, la formule devient plus simple : » — 2,73 m + 223,25 n + 192,566 p, m variant de — 44 à + 37, n de — 7 à + 19 et p ayant les valeurs 5, 6, 7, 9, 13, 16 et 195. Les spectres d'absorption dont les bandes se succèdent à in- tervalles constants sont assimilables aux vibrations longitudinales des verges; d'autre part, les spectres d'émission ont été rapprochés déjà des vibrations trans- rsales de ces mêmes verges. La formule générale, qui comprend 3 termes en m, n, p et à termes en m°, n°, p?, est, dans cet ordre d'idées, la somme algébrique de brattone longitudinales et de 3 vibrations trans- versales, qui Sont réunies comme les composantes d’un son résultant. Elle correspond au mouvement le plus général d’un corps solide suivant les trois dimensions de l’espace. — M, J.Rey : Prédétermination expérimen- tale en laboratoire de la caractéristique d'un phare à l'horizon. La prédétermination dela caractéristique d’un feu à l'horizon, c'est-à-dire la répartition de l'intensité lumineuse dans le plan horizontal, peut être effectuée en laboratoire à l’aide ‘d’un véritable crible lumineux, constitué par une série de plaques métalliques vertica- les percées de trous en quinconces, de petit diamètre. En plaçant chaque réflecteur, éclairé par la source lumi- neuse, devant ce crible, on peut recueillir sur un écran les rayons lumineux parallèles, triant ainsi ceux qui, seuls, peuvent atteindre l'horizon. Puis, en faisant tourner le réflecteur devant l'appareil, on arrive ainsi à délimiter exactement, pour chaque position angulaire, Ja région active du miroir dans cette direction. — M. E. Ariès : l'équation d’état du formiate d’éthyle. L'équation d'état du formiate d’éthyle, déduite des re‘ cherches de l’auteur, représente d’une façon très satis- faisante les propriétés thermiques de ce fluide, sauf en ée qui concerne la chaleur de vaporisation -et la densité de la vapeur, dans un intervalle qui s'étend de la tem- pérature critique à 35°environ au-dessous, — MM.G. Charpy et J. Durand : Sur une cause de rupture des rails et un moyen de la supprimer. Une cause fréquente de rupture des rails consiste dans la formation de fis- sures très fines qui se produisent au bout d'un certain temps sur la surface de roulement, Ce phénomène se retrouve dans un grand nombre de cas où l'acier est soumis à un écrouissage intense, limité à une couche superficielle : meulage, cylindres de laminoirs, érosion de l’âme des canons. Le durcissement produit par l’écrouissage peut être à chaque instant supprimé par un recuit convenable; par des recuits effectués à des intervalles convenablement espacés, on peut donc em- pêcher la formation des fissures et prolonger la durée de vie de certaines pièces métalliques. — MM. Ch. Boulin et L. J. Simon : Action du chlorure stannique sur le sulfate diméthylique. À froid, ces deux substan- ces réagissent très lentement pour donner du chlorure de méthyle et du méthylsulfate de chlorostannyle. A chaud, ce dernier se décompose à son tour pour former du chlorure de méthyle et du sulfate stannique. 2° SCIENCES NATURELLES. — M. G. À. Boulenger : Sur le genre Saphæosaurus, #hynchocéphalien du Kimmérid- gien de Cérin. Répondant à des critiques de Watson, l'auteur montre que l'attribution du Saphæosaurus Thollierii à une famille spéciale, celle des Sauranodon- tidæ, est parfaitement justifiée. Il ne présente pas la moindre analogie avec le ?leurosaurus. Séance du 13 Octobre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Maur. Leblanc : Sur les rotations très rapides. Il y a deux manières de franchir la vitesse critique d'un rotor monté sur un arbre flexible : :° opposer une force d'amortissement artificielle aux déplacements de son axe de figure; 29 traverser très rapidement la zone dangereuse, La première est la plus sûre, car elle ne demande aucun tour de main ; mais elle oblige à disposer des coussinets spéciaux à l’endroit où les bouts d'arbres s’encastrent dans le rotor pour recevoir l’action des freins. — M.Em. Belot: Mouvement de translation d'un tore gazeux dans un milieu résistant : application aux nappes planétaires d'Uranus et de Neptune. L'auteur a déterminé la courbe méridienne de translation dans l'air de tores gazeux formés par de la fumée de tabac, et l’a comparée avec la courbe ‘méridienne de translation des nappes plané- taires dans la nébuleuse primitive. Ses observations confirment complètement les conclusions théoriques qu'il avait établies antérieurement. à 29 SCIENCES PHYSIQUES, — M. G. Sagnac : Mécanique absolue des ondulations et relativité newlonienne de l'énergie. Les lois des liaisons de la mécanique absolue des ondes et de la relativité newtonienne de l’énergie de radiation dans le même champ et dans le même temps universel constituent la Mécanique nouvelle de la radiation, qui rattache les lois ondulatoires et le mouvement absolu à la relativité newtonienne de l'énergie et de la matière. Ainsi la radiation est placée au centre d’une Mécanique classique généralisée. — M. L. Majorana: Sur la gravitation. L'auteur a été amené à penser quela force de gravitation peut s’affai- blir en traversant la matière pondérable, par l’effet d’une sorte d'absorption, Avant de construire un appa- reil pour mettre cet effet en évidence, il a cherché à dé- terminer quelle doit être sa sensibilité pour qu'on puisse s’en servir avec succès. De considérations sur la constitution solaire, il conclut que le facteur k d’amor- tissement par unité de densité doit être de l’ordre de 10—12 depuis la densité 2 jusqu’à la densilé 10. — M.G. Claude : Sur l'emploi industriel de pressions élevées. L'auteur montre que, en cas de nécessité, il n'y a aucune difliculté réelle à comprimer les gaz jusqu’à 1.000 at- mosphères. Ce qui est diflicile, en effet, ce n’est pas de consiruire des parois assez épaisses pour résister avec sécurité à ces pressions : c'est d'assurer l'étanchéité des joints. Or les cuirs emboutis fonctionnènt d'autant mieux que la pression est plus élevée, gt ils sont bien plus petits, en raison de la réduction énorme de volume des appareils (à débit de gaz égal). — MM. V. Crémieu et À. Lepape : Séparation,par solidification, de l'anhy- dride carbonique pur d'un mélange gazeux, Les auteurs ont constaté que, quand on refroiditun mélange gazeux contenant CO? suilisamment pour solidifier ce dernier, la neige carbonique se précipite à l’état pur et exempte des autres éléments du mélange, — M. A. Bolland : Réactions microchimiques de l'acide thiosulfurique./au- teur décrit les réactions microchimiques de l'acide thio- sulfurique Na?S?203%,5H20 avec l’azotate thalleux (pris- mes, bâtonnets et croix, vitreux ou noirs, du système rhombique), BaCPË (prismes vitreux ou lamelles rectan- gulaires, rhombiques), l’acétate de plomb (rhombes vi- treux, prismes et tablettes ayant l'éclat dela nacre), la benzidine (aiguilles incolores, prismes, lamelles, tables hexagonales, du système rhombique), — MM.J. Guyot et L. J. Simon: Action de l'acide sulfurique concentré sur l'alcool méthylique. L'alcool méthylique, traité par des quantités croissantes d'acide sulfurique (1/2, x, 2, ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 639 rendement de 8,4, 22,2, 31,2 et 44,4 °/, du rendement théorique. Il se forme d’abord du sulfate acide, qui se transforme ensuite en sulfate diméthylique. L'alcool méthylique détruit ces deux derniers avec formation d'oxyde de méthyle. Pour améliorer le rendement en sulfate diméthylique, il faut renoncer à l'emploi d'acide sulfurique et lui substituer son anhydride ou un oléum riche en anhydride, — MM. Ch. Moureu et Ch. Du- fraisse : Sur La stabilisation de l'acroléine. I. Les modes ® d'altération spontanée de l'acroléine. L'acroléine s’al- tère spontanément en se transformant, soit en une ré- sine soluble, soit en une résine insoluble. La résine in- soluble, formée de disacryle, se produit mème aux dépens de l’acroléine pure, mais sa formation est beau- coup accélérée par la présence d’impuretés et l’action de | 3 mol. d'acide), fournit du sulfate diméthylique avec un : | | F | | la chaleur et de la lumière, La résine soluble, visqueuse, ne se produit qu'avec les acroléines impures, surtout celles qui contiennent des bases libres ou des sels meétal- liques.” : 3° Sciences NATURELLES, — M. J. Barthoux : Succes- sion de roches éruptives anciennes dans le désert arabi- que. La série de roches éruptives du désert arabique paraît s'être succédé dans l'ordre suivant : 1° granites, microgranites, rhyolites, diorites; 2° formation des schistes ; andésites, entre les schistes et les brèches vertes ; 3° série dioritique : diorites, labradorite, andé- site (porphyre rouge antique); 4° deuxième série grani- tique : granites, granulites, microgranites, aplites, rhyolites, diabases, — M. J. Pellegrin : Contribution nouvelle à la faune ichthyologique du lac Tchad, Les déterminations que l’auteur a faites des Poissons rap- portés par les dernières missions au Tchad confirment sa conclusion précédente, à savoir que la faune ichthyo- logique du Tchad et de ses tributaires présente les plus grands rapports avec celle des bassins voisins : Niger, Nil, Sénégal, Congo. En effét, bien que riche et variée, ‘elle est constituée surtout par des espèces à vaste distribution géographique et, contrairement à ce quise passe pour les grands lacs de l'Afrique orientale, elle se fait remarquer par le nombre assez réduit des formes qui lui sont particulières. — M. F. Ladreyt: La cellule complexe symbiotique. D'après les observa- tions de l’auteur, la cellule parait être un complexe symbiotique dont les éléments : cytoplasme, chon- driome,moyau, forment une association harmonique où chacun des membres tire profit de la vie en com- mun. — M. J. Amar: Respiration dans l'air confiné. L'influence d’un air confiné est double : 1° Il abaisse l'hématose et ralentit la vie cellulaire, d'où l’étiolement et l’asthénie des intoxiqués par le gaz carbonique; 2° Il augmente la ventilation en approfondissant les respira- tions et soutenant l’effort expiratoire pour mieux vider les poumons; c’est un mécanisme nerveux de défense existant même chezlestuberculeux.— M.F. Bordas: Sur la préparation et la conservation des sérums et vaccins par la dessiccation dans le vide absolu. Les nombreuses expériences pratiques faites depuis plusieurs années avec des pulpes vaccinales desséchées et conservées dans le vide absolu démontrent que cetté méthode offre toutes les garanties voulues et que la dessiccation est réellement le procédé de choix lorsqu'il s’agit d’expé- dier au loin, dans les régions chaudes du globe, des vac- cins et des sérums. Séance du 20 Octobre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. G. Bigourdan : Projet de classification uranographique complétant les autres classifications aujourd'hui en usage. L'auteur propose une classification uranographique faisant con- naître immédiatement la région du ciel qu’on a en vue. Il réserve les numéros simples 1 à g pour désigner les pôles, l'axe du monde, l'équateur... Puis il divise la surface céleste en 12 fuseaux horaires par r2 cercles horaires sensiblement équidistants, embrassant deux à deux les constellations écliptiques, etil donne les n° 11- _19 aux constellations du fuseau d’Aries, 21-29 à celles du fuseau de Taurus, 121-129 à celles du fuseau de Pisces, En outre, dans chaque série, le numérotage irait en croissant du NauS, Ce numérotage aurait l'avantage de faire connaître immédiatement l'ascension droite et la déclinaison approximatives de la constellation cor- respondante. 2% SCIENCES PHYSIQUES. — M, A. Blondel : Caracté- risliques d'oscillation des lampes à trois électrodes utili- sées comme généraleurs d’oscillations entretenues. L'auteur étudie l’amorçage des oscillations des lampes à trois électrodes et la stabilisation de leur amplitude en ramenant la théorie à celle des caractéristiques d’oscil- lation, par analogie avec la théorie connue de l'arc chantant musical. Il montre comment ces caractéristi- ques dynamiques peuvent se déduire par transformation graphique du réseau des caractéristiques statiques expérimentales connues reliant le potentiel U mesuré entre filament et plaque au courant de plaque [. — M. A. Bochet : Sur un système de pointage sur objectifs aériens. Dans les dispositifs ordinaires de pointage, le pointage en azimut est toujours diflicile et même impos- sible dans une certaine zone morte, Pour éviter ce défaut, l’auteur a disposé horizontalement l'axe fixe et a monté l'appareil de manière à ce qu’il puisse tourner autour de cet axe horizontal, puis d’un second axe per- pendiculaire au premier; d'autre part, il a réalisé un: système de commande du projecteur d’un poste suflisam- ment éloigné; ce poste comprend un levier dont les déplacements angulaires en tous sens sont reproduits exactement, au moyen d'un système de cäbles et de poulies, par Faxe du projecteur. Quand l'objectif ne peut être distingué à la vue, on recourt à l'écoute pour déterminer sa position, et les indications de l'appareil d'écoute sont transmises automatiquement au poste de manœuvre du projecteur. — MM. G. Chavanne, L. P. Clerc et L. J. Simon : Analyses d'essences alle- mandes d'aviation. La combinaison de la distillation fractionnée et de l'emploi de la température critique de dissolution dans l’aniline a permis d'attribuer à ces essences la composition moyenne suivante : carbures aromatiques, 8,5 0/,; carbures cycliques, 4o (/,; car- bures acycliques, 50,5 0/,. À 3° SCIENCES NATURELLES, — M. G. B. M. Flamand : Sur la découverte d’une lentille de houille à Port-Guey- don. L'autéur a découvert, dans une petite baie à envi- ron 1! km. au nord de Port-Gueydon, au-dessus des grès et marnes de Dellys, une couche de charbon d'environ 3 m, de largeur, Cette houille semble appartenir au ter- rain houiller. Peut-être en trouverait-on d’autres gise- ments dans la direction de Tunis. — M. M. Bézagu : Variations de la respiration des cellules de la feuille avec l’âge. L'intensité respiratoire de la cellule, très fai- ble dans les cellules jeunes, va en croissant jusqu’à un certain maximum, qui correspond sensiblement au mo- ment où la feuille atteint son plein développement; à mesure que la feuille vieillit, l'intensité respiratoire décroit. Le quotient respiratoire des feuilles, faible à l’état jeune, croît très rapidement jusqu'à un maximum; puis il s’abaisse très lentement jusqu’à l’état adulte; enfin, il continue à baisser régulièrement après que la feuille a atteint ses dimensions définitives. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 7 Octobre 1919 M. le Président annonce le décès de M. Paul Rey- nier, membre de l’Académie, et de M. G. Retzius, Associé étranger. MM. E. Lenoble et F, Daniel : L'alcool dans le liquide céphalo-rachidien. La dose minima d’alcool in- géré nécessaire pour donner une réaction positive dans le liquide céphalo-rachidien de l’homme estde 325 cm*; à ce Laux, on trouve 0,02 em? d'alcool pour 1.000 dans l'humeur rachidienne. La présence de l'alcool ne modi- fie ni la cytologie ni la formule de Meslrezat de l'hu- meur rachidienne, Le temps nécessaire à l'élimination du toxique est de 10 jours en moyenne. — M. A. Sar- tory : Onychogryphoses et onychomycoses. Tous les cas d'onychogryphose (hypertroplie de l’ongle) examinés par l’auteur au point de vue microscopique ont décelé la présence d’un champignon mycélien : Scopulariopsis, Penicillium et Aspergillus. Dans les onychomycoses, il a décelé, suivant les cas, des parasites cryptogamiques appartenant soit au genre Scopulariopsis, soit au genre Aspergillas où Trichophyton ; ce dernier diminue l’épais- seur de l’ongle, contraifement aux autres champignons qui en augmentent l'épaisseur (onychogryphose). — MM. Gourdon et Dijonneau: Ze rendement profes- sionnel des mutilés. Les observations des auteurs les ont amenés aux conclusions suivantes : 1° Les amputés d'une cuisse ou d’une jambe, les estropiés d’un seul membre inférieur susceptibles de se maintenir en sta- tion verticale prolongée peuvent être éduqués et réa- daptés ; 2° L'éducation des mutilés diminués fonction- nellement, d’une façon appréciable, d’un seul membre supérieur réclame trop de temps et d'efforts de la part du sujet pour être conseillée; 3° On peut, au contraire, réadapter à leur métier les anciens ajusteurs amputés de la main et de l'avant-bras, bien appareillés, avec un gain suflisamment rémunérateur, en les spécialisant comme limeurs; 4° Les anciens ajusteurs ampulés de bras, ceux atteints de paralysies du membre supérieur, de pseudarthroses de l’humérus ou des os de l’avant- bras, munis d'appareils de prothèse, sont aptes à être utilisés comme contremaitres. Séance du 14 Octobre 1919 L'Académie procède à l'élection de trois Correspon- dants étrangers dans la Division de Physique et Ghimie médicales et Pharmacie. MM. Bruylants (de Louvain), Paterno (de Rome) et Machado (de Lisbonne), sont élus. M. Louis Martin : 25 années de sérothérapie anti- diphtérique. Avant la découverte de Roux, les plus for- tes mortalités par diphtérie enregistrées par 100.000 habitants étaient de 200 décès (Berlin, 1893)et 100 déeès (Paris, 1882). Depuis l'invention de la sérothérapie, la plus forte mortalité a été de 27,7 pour Paris pendant l'épidémie de 1901-1902; les chiffres minima se sont abaissés à 2,6 pour 100.000 à Utrecht en 1908. L'action du sérum est certaine quand on peut intervenir dès les - premières heures de la maladie et pratiquer une injec- tion précoce ; il importe doncde faire un diagnostic elini- que rapide. — M.J. Lignières : Nouvelle méthode pour la recherche et la culture des anaérobies, pouvant servir au diagnostic des affections causées par ces microbes. L'auteur préconise l'emploi de gélose au quart, c’est- à-dire ne renfermant que 0,25 gr. au lieu de 1 gr. d’agar- agar pour 100 gr. de bouillon, Ce milieu, semi-fluide, peut être simplement peptoné ou additionné de pro- duits variés. Après l’ensemencement habituel, les tubes sont placés à l’étuve, où le microbe anaérobie pousse dans toute l'épaisseur du milieu, au fond et jusque vers la surface, après 24 à 28 heures en moyenne, SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 18 Octobre 1919 MM. H. Violle et L. de Saint-Rat : Les porleurs de tænia. Réaction spécifique; réaction syphilitique. 1° Les lipoides extraits du tænia se comportent, en tant qu'antigène, comme un antigène syphilitique, ce qui confirme la non-spécificité de l’antigène syphiliti- que. 2° Le sérum des sujets atteints de tænia ne paraît contenir aucune substance spécifique se comportant comme anticorps. — MM, B. A. Houssay et A. Sor- delli : Venin de serpents et coagulation du sang in vivo. 1° Les venins accélèrent fortement la formation de la thrombine. Ils produisent une phase positive intense, disproportionnée avec leur pouvoir coagulant in vitro, 2° Le venin anticoagulant produit une phase positive sans défibriner le sang, parce que son pouvoir anticyto- zymique est faible, et qu’il accélère fortement la coagu- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES à lation du fibrinogène par la thrombine. — M, A. Bach- mann : Présence de substances spécifiques dans les leucocytes des animaux immuuisés, En chauffant les produits leucocytaires des animaux immunisés à 95° en présence d’une petite quantité de gélatine, on réussit à détruire leS endolysines communes à tous les leuco- cytes ; les produits spécifiques auxquels les leucocytes immunisés doiventleurs propriétés nouvelles restent intacts. — M. J. Cantacuzène : Une infection expé- rimentale chez l’Ascidia mentula. L'auteur a inoculé à travers la tunique del’Ascidie quelques gouttes d’émul- sion d’une culture obtenue avec une bactérie isolée de l'intestin de l’Aplysia punctata, Les bactéries qui, du 2e au 4e jour, ont abondamment envahi le sang, dis- paraissent de la circulation versle 7e jour. La destruc- tion des microbes se fait à l’intérieur des amibocytes hyalins. La fin du processus est marquée par l’appari- tion d'amibocytes basophiles. Les propriétés aggluti- nantes, qui manquent dans le sang normal ou au début de l'infection, apparaissent vers le 6° jour, — M. Ed. Retterer : Evolution des greffes testiculaires sur le bouc. Ne survivent dans le testicule greffé (entier ou fragments) que les portions superficielles qui continuent à recevoir du plasma nutritif. Mais les cellules épithé- liales qui survivent modifient leur structure et leur évo- lution : fort peu continuent à se diviser pour produire des pelits noyaux et des têtes de spermatozoïdes; la plupart se transforment, dans ces nouvelles conditions, en une masse à cytoplasma commun qui finit par évo- luer en tissu conjonctif réticulé. — MM. Ch. Dhéré et A. Schneider : 1° Sur la dissociation des oxyhémocya- nines. Les auteurs ont constaté que les oxyhémocya- nines d’escargot et de homard sont aisément réducti- bles par dissociation physique : barbotage d’un gaz inerte ou action combinée du vide etde la chaleur. 2° Sur une combinaison de l’hémocyanine d’escargot avec le bioxyde d'azote. La solution d'hémocyanine d’escargot dans le carbonate de soude, traitée par le bioxyde. prend une belle coloration vert-pré due à la formation d’un nouveau pigment, l’hémocyanine bioxyazotée. Par dialyse de ses solutions dans NaCI, celui-ci précipite à l’état cristallisé, ACADÉMIE D’AGRICULTURE * Séances de Juin et Juillet 1919 (fén) M. A. Truelle : Sur la richesse saccharine , des pommes à cidre. Ces recherches de dix années ont porté sur une douzaine de variétés appartenant aux trois saisons de maturité : la situation des terrains exerce une influence sur la production du sucre dans plusieurs variélés; tantôt c’est le coteau qui est le plus favorable, tantôt c’est la vallée. Les écarts de richesse saccharine des pommes ont une grande amplitude. Sur un même terrain, les écarts sont réduits et faibles puis- qu'ils ne dépassent pas 1 à 10 gr. par litre de jus. C'est done la nature de la variété qui prime l'influence de la composition du sol. S'il s'agit de fabriquer des cidres supérieurs finement fruités et de longue garde, les varié- tés restant les mêmes, ce sont les pommes des coteaux qui sont préférables à celles des vallées. Le sol, en effet, ici modifie la composition des jus en dehors du sucre. — M. Emile Mer : Expériences de sylviculture concer- nant l'effet des éclaircies. La distance entre les sujets, exploités et ceux qu'on réserve est le facteur prépondé- rant dans l’efficacité des éclaircies. Des éclaircies suc- cessives ne peuvent done produire le même effet. Les expériences de l’auteur ont confirmé la supériorité des taux de production des petits arbres (50 à 8o cm. de dia- mètre) sur ceux des gros (plus de 80 cm. de diamètre). On peut done appliquer, dans la préparation des éclair- cies, la méthode d'inventaire par arbres d'avenir choi- sis isolément dans les massifs. 2 : Le Gérant : Gaston Don. ——————————…—…—…—….…….—_—_—…———.—….——…—.…—…………_…_______—_—_— eee, Sens. — Imp. Levé, 1, rue de la Bertauche. N° 22 30 NOVEMBRE 1919 0 ANNÉE Kevue générale des Sciences pures et appliquées FonpaTeur : LOUIS OLIVIER £ Dinecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l’Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. | CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Nécrologie . Gustave Magnus Retzius (1842-1919). — . Le 21 juillet dernier mourait, âgé de 77 ans, Gustave agnus Retzius, Professeur d'Anatomie à l'Institut Magnus Retzius, Carolin de Stockholm. Sa dispari- tion constitue une perte très grande pour son pays el pour la science mondiale. _ Petit-fils d’un professeur d'Histoire naturelle à Lund, Gustave Retzius était le fils du fameux anthropologiste ‘Anders Retzius, auquel il succéda dans sa chaire. Anders Retzius fut, on le sait, en Anthropologie physi- que un de ceux auxquels Broca dut le plus : le premier il attira l'attention sur l’importance de la comparaison des diamètres craniens chez l'Homme; c’est de lui que _ date notre connaissance de l'indice céphalique et de sa valeur d'utilisation, ainsi que nos notions classiques de _brachycéphalie et de dolichocéphalie. _ La première œuvre scientifique du jeune Gustave _Retzius fut la publication des travaux de son père, _ dont il se fit le continuateur direct par un ensemble de recherches de premier ordre sur l’Anthropologie de la Suède, Tout le monde connaît les Crania Suecica anti- qua qu'il publia en 1900, documents fondamentaux our la connaissance et l’étude des races préhistoriques de la Scandinavie. Mais c’est surtout dans le vaste champ de l'Anatomie comparée que Retzius, pendant sa longue carrière, _ développa sa remarquable et inlassable activité. Les prets qu'il a abordés sont si nombreux qu'on ne peut songer qu'à en énumérer les principaux : structure de la cellule, morphologie des spermatozoïdes,terminai- sons nerveuses, structure microscopique du cortex cérébral, oreille interne, etc. Mais il convient de faire une mention particulière de ses études sur la morphologie du cerveau. C’est surtout grâce à lui et à l’éminent anatomiste anglais G. Elliot Smith que nous comprenons aujourd'hui le: rhinencé- hale des Mammifères ; et ses magnifiques ouvrages sur le eerveau de l'Homme (Das Menschenhirn, 1896), sur les cerveaux des Singes (Das Affenhirn, 1916) (qui l'ont, au cours de mes propres recherches sur le néo- 2 REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES pallium des Primates et son développement, rendu de si grands services) resteront toujours la base d’études indispensable à tous ceux qui voudront aborder les difficiles questions dont ils sont le sujet. Possesseur d’une ‘immense fortune, Retzius eut le rare mérite de la consacrer à la science et plus spécia- lement à la publication de ses travaux. IL Jaissera au monde le souvenir d’un savant éminent et modeste et l'exemple d’une vie consacrée tout entière au travail. R. Anthony. $ 2. — Art de l'Ingénieur LeV°Congrèsnational de Navigation inté- rieure.—Le choix deStrashourg par l'Association géné- ralede Navigation intérieure pour y tenir sa 5° session était particulièrement heureux et avait attiré de très nom- breux congressistes. A la joie de retrouver une Alsace française, dont l'accueil dans toutes les réceptions nous a été particulièrement sensible, s’ajoutait la certitude d’emporter de la grande cité rhénane une intéressante leçon de choses. Notre espérance n’a pas été déçue, et nous tenons à exprimer ici la reconnaissance des par- ticipants à la Chambre de Commerce de Strasbourg, et en particulier à son actif secrétaire général M. Haug, frère de l’éminent géologue, pour l’organisation destra- vaux du Congrès et l'artavee lequel ils ont su mélanger l’agréable à l’utile. Le Congrèss’est tenu du 1° au 4 sep- tembre sous la présidence effective de M. René Taver- nier, inspecteur général des Ponts et Chaussées et pré- sidentdel'Association généralede Navigationintérieure, grâce à l’activité duquel tout le programme très chargé a pu être réalisé. L'ordre du jour portait non seulement sur les voies navigables qui viennent se croiser à Strasbourg, mais aussi sur la Seine et sur quelques problèmes connexes concernant la navigation intérieure. A la suitedes rap- ports de MM. Thiéry, Imbeaux et Houpert, le Congrès a rappelé et maintenu ses conclusions relatives à l'ur- gence de la création du canal du Nord-Est, dont notre collaborateur, M. B. Auerbach, a exposé toute l’im- portance aux lecteurs de cette Revue, il y a dix-huit 1 L 635 ans !, En vue'd’accroitre le trafic du canal de la Marne au Rhin, et du canal des houillères de la Sarre, le Con- grès a estimé qu’il y avait lieu d’en doubler les écluses et d'électrifier la traction sur toute leur longueur. La Moselle devra être canalisée entre Metz et l’aval de Thionville, de même que les embranchements de l'Orne et de la Fench; ilconviendrade l’aménager pour qu’elle puisse recevoir dans l’avenir des bateaux du Rhin, du type de 1,200 tonnes; par là pourront s'échanger les mi- nerais de Lorraine contre le coke des houillères de Westphalie. À la suite du rapport de M. Schwob, le Congrès, considérant que la Saône et le canal du Rhône au Rhin constituent une section essentielle de la grande voie naturelle de la Méditerranée au Rhin, a émis le vœu que l’établissement d’une voie praticable aux chalands de grande navigation soit réalisé le plus promptement possible, de façon à aller de pair avec les aménagements prévus pour le Rhône etpour le Rhin. On travaille acti- vement à l'agrandissement des écluses du canal du Rhône au Rhin pour le rendre accessible sur tout son parcours aux bateaux de 300 tonnes. D'un autre côté, la Saône supérieure, en amont de Saint-Symphorien, devra recevoir toutes les améliorations nécessaires pour relier utilement la Lorraine à la voie navigable du Rhône, y compris l’achèvement du canal de Montbéliard à la haute Sadne, qui forme voie de secours entre les deux. Le Con- grès a encore émis deux vœux pour la continuation des études du canal de Roanne à Givors par Saint-Etienne, et l'achèvement des travaux en cours qui permettront aux chalands du Rhône l’accès du port de Cette: Les rapports de MM. Armand et de Dumas ont exposé sous son double aspect technique et économique le grand problème de l'aménagement intégral du Rhône?. Le projet de loi déposé par le Gouvernement et prévoyant la.constitution d’une Compagnie nationale du Rhône n’a pu être voté avant la fin de la législature, mais le Con- grès a émis le vœu que cette Compagnie füt rapidement constituée et qu’en vue d’une réalisation plus rapide, elle ait le droit de rétrocéder l'aménagement des ports et leur outillage aux collectivités locales qui en feront la demande, Ce serait la bonne méthode, préconisée à juste titre par M. René Tavernier?, et dont nous avons pu voir une des illustrations les plus frappantes dans le port de Strasbourg, auquel nous consacrerons pro- chainement une note spéciale, de même qu’au problème dél’aménagement du Rhin. C’est encore aux collectivités locales que le Congrès a fait appel pour la construction et l'outillage des ports de la région parisienne, signalant, en particulier, l’ur- gence de relier directement à la Seine le port de Bon- neuil afin de permettre sa pleine utilisation par le trafic entre la mer et l'Est et réciproquement. Sans entrer en discussion sur la question de Paris port de mer, que nous avons déjà exposée aux lecteurs de la Revue‘, le Congrès, après avoir entendu les rapports de MM. Vidal et Basile, a émis le vœu que l’amélioration de la Seine entre Rouen et Paris soit poursuivie confor- mément au programme adopté par l’Etatet comportant la création d’un tirant d'eau minimum de 4 m. 50, néces- saire à la circulation éventuelle des allèges de mer, étant entendu qu'on ménagera, dans les ouvrages de sujétion, la possibilité d’un approfondissement supplé- mentaire pouvant aller jusqu'à 8 m. Sur le rapport présenté par M. Lavaud, le Congrès a émis le vœu queles canaux établissant la jonction entre deux bassins ou desservant une ligne de trafic impor- tante, permettent le passage d'un bateau ayant les carac- téristiques suivantes : longueur : 60 à 65 m., largeur: PT 2 Aie, RAP C SES EOR EE S 1. B. Aurneacu : Le Canal du ‘Nord-Est. Revue gén. des Sciences, 1902, p. 140 et suivantes. 2. P. CLencer : L'aménagement du Rhône, Revue génér. des Sciences, 30 avril 1919, 3. René Tavernier : L'aménagement du Rhône par le groupement des intéressés. La Houille blanche, n°455, novem- bre-décembre 1918. 4. Prennue CLerGer : Le projet d'un canal maritime entre Rouen et Paris, Revue gén. des Sciences, 15 juillet 1911. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 7 m. 80 à 8m. 20, avec un tirant d'eau quine devrait jamais tomber en dessous de 2 m, 20. Cette réforme sup- primerait une des principales causes de l’infériorité de notre navigation fluviale. Enfin, comme suite au rapport de M. Descombes, l’infatigable apôtre du reboisement, le Congrès a rappelé que la navigation fluviale doit unir ses efforts à ceux de l’agriculture, de l’industrie et de la houille blanche pour faire aboutir les lois et obte- nir les crédits indispensables à la régénération fores- tière. Il est nécessaire que l'Etat favorise énergique- ment par son exemple, par son enseignement, par ses appuis matériels el moraux, par ses immunités fiscales et par l’adaptation de sa législation au concours des capitaux collectifs ou particuliers, le maintien et l’amé- lioration des forêts existantes, l'aménagement sylvo-t pastoral des montagnes et le reboisement des surfaces dénudées. Pierre Clerget. $3. — Physique L'application des rayons ultra-violets au signalement. — Quelques mois avant l'entrée en guerre des Etats-Unis, le Bureau des Poids et Mesures fut sollicité par la Marine américaine d'établir une lampe destinée à être utilisée comme fanal arrière, et pouvant être perçue par les autres navires d’une escadre à 1.000 yards (914 m.) en arrière, mais invisible à de plus grandes distances et diflicile à déceler par des na- vires ennemis. MM. I. G. Priest et K.S. Gibson! suggérèrent la pos- sibilité de voiler la source lumineusepar unfiltre trans- parent à l’ultra-violet, mais opaque aux rayons visibles, et de l’observer avec un détecteur fluorescent. Des. expériences préliminaires ayant montré que ce projet était réalisable, les auteursont mis au point la méthode de la façon suivante : $ Ils ont pris comme source lumineuse soit un arc au carbone à angle droittraversé par un courant pouvant aller jusqu'à 25 ampères, soit un arc au fer vertical avec un courant allant jusqu’à 15 ampères. Comme écran on a employé tantôt une verre Corning G-55-A-62, tantôt une solution aqueuse de sulfate de nickel ou de p-nitro- sodiméthylaniline, ne laissant passer qu'une étroite bande aux environs de 340-350 y. Les expériences ont été faites en plein air, sur une distance d'environ 654 m. Le récepteur consistait en une lentille de quartz à court foyer formant une image sur un écran fluores- cent qu’on observait du côté opposé avec un oculaire positif à faible puissance, L’œil de l’observateur est complètement protégé contre tout éclairage étranger. … Tous les essais ont été faits de nuit, mais dans des conditions variables d’éclairement par la lune ou le ciel. f Lesexpériences des auteurs ont donné lieu aux remar- ques suivantes : Dans les conditions ci-dessus, on observe des images fluorescentes nettement visibles quand la source lumineuse est presque ou tout à fait invisible à l'œil nu, Mais, même avec le meilleur filtre ultra-violet, la source est toujours visible quand on en est proche. A la station réceptrice, quand on observe soigneusement dans la direction de la source invisible, on peut apercevoir un halo indéfini, d’un bleu gris, couvrant une grande partie du ciel; ce phénomène semi- ble dû à la fluorescence des milieux de l'œil, plutôt qu'à la visibilité véritable de la lumière transmise par le filtre ultra-violet. L’équation personnelle dans la vi- sibilité de ce halo bleuâtre estconsidérable; il peut être invisible pour quelques-uns et tout à fait visible pour d’autres. Sa visibilité diminue quand l'âge augmente, La clarté de la nuit influe sur la visibilité à l’œil nu, mais non sur l'observation par le détecteur. | Les auteurs concluent qu’il n'est pas possible de constituer, pour échanger pratiquement des signaux paten ne rte ppt ge D M A OT à) or RSR ER EE 1. The Physie. Rev., [2], t XIV, n° 2, p.188; août 1919. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 639 à travers l'atmosphère, une source ultra-violette abso- lument sombre, c’est-à-dire invisible dans l'obscurité complète, car cette source est révélée, bien que d’une façon vague et indéfinie, par la fluorescence même de l'œil, Ils ont reconnu toutefois que cette méthode peut ren- dre des services dans un autre cas : de nuit, la source ! lumineuse ultra-violette peut être rendue complète- ment invisible à l'œil nu en « camouflant » la station “ émettrice au moyen de sources lumineuses jaunes bril- lantes (lampes à filament de carbone ou ares) placées près d'elle; l'éclat de ces sources oblitère le faible halo bleuätre. il semble que ce dernier procédé pourrait être appliqué dans certaines circonstances militaires et na- » vales, Les phares ordinaires placés le long des côtes F pourront de la même manière envoyer des signaux À ultra-violets perceptibles seulement par les vaisseaux . . dd munis d’un détecteur fluorescent. Sur quelques propriétés des diapasons en- tretenus électriquement. — M. Dadourian ayant eu à étudier, en vue de problèmes de guerre, un grand nombre de ‘diapasons a publié le résultat de ses mesures!. J Le diapason était travaillé dans un bloc d’acier doux | : et galvanisé par un procédé électrolytique. Les branches avaient 39,5 em. de longueur, 0,95 em. d'épaisseur, 1,90 em. de largeur et 2,90 em. d'écartement. Les courbes extérieures de l'extrémité pleine du diapason, aussi bien que la courbe interne, étaient circulaires. 4 Le diapason était fixé sur un bloc rectangulaire de … laiton. L'électro-aimant était muni de pièces polaires mobiles disposées à l'extérieur des branches ; cette caractéristique, introduite par la Western Electric Co en vue de certaines applications, n’est pas essentielle; en fait, d’après M. Dadourian, le type ordinaire d'élec- tro-aimant, avec pièces polaires disposées entre les branches, est préférable quand on désire avant tout as- surer une fréquence constante. Les contacts électriques, au nombre de quatre, sont disposés sur une même per- pendiculaire à la direction générale des branches. Enumérons rapidement les principaux résultats obtenus : 1. 1l résulte de considérations théoriques que la base . sur laquelle est fixé le diapason devrait avoir une masse nulle, ou bien une masse infinie pour n’absor- _ ber aucune énergie. M. Dadourian a constaté que la période diminue quand on augmente la masse de la base du diapason et celle de la table sur laquelle il est fixé. La variation observée, toutefois, n'atteint pas un ” dix-millième. _ 2, La période varie également quand on modifie les constantes électriques du circuit comprenant l’électro- aimant. Cet effet est encore inférieur à un dix-millième dans le cas’ des faibles changements qui sont néces- _ saires pour maintenir constante l'amplitude de la vibra- tion. 3. La période augmente linéairement avec l'écarte- ment entre le ressort et la pointe de contact; dans le cas des diapasons utilisés, cet effet atteint un cinq- centième pour une variation de la longueur de l’inter- valle égale à 0,1 mm. . 4. Pour un diapason donné, il existe une amplitude pour laquelle la période garde une valeur constante ; celle-ci peut être maxima ou minima suivant la dispo- .sition des contacts électriques. Dans le cas des faibles amplitudes, la variation de période due à une variation . d'amplitude peut être considérable. * 5. La période varie avec la température,Ce point a été établi depuis longtemps et de nombreux physiciens ont déterminé le coeflicient de température, c'est-à-dire la variätion relative de période pour une élévation de température de 1°, M. Dadourian a repris cette dé- .termination en se plaçant dans les conditions les 1. H. M. DAvounran: Physical Review, 2 série, t. XIII, p. 337-359 ; mai 1919. / plus favorables pour assurer la constance du fone- tionnement et en opérant dans des chambres dont la température pouvait être maintenue constante. Les va= leurs extrêmes du coeflicient de température sont : 1,04.10—4 à — 25°C. 1,43.10—4 à + 56°C. Les valeurs relatives aux températures supérieures à o° C: sont supérieures de 20 à 40 °/, à celles obtenues par les autres expérimentateurs ; au-dessous de 0° C., aucune donnée n'avait été publiée jusqu'ici. 6. Si l’on maintient constantes la température, la, longueur de l'intervalle entre les contacts et l'ampli- tude, un diapason bien construit peut donner une période constante à un cinquante-millièeme près, 7. L’expression relative à la période de vibration transversale d'un barreau, déduite de la théorie de l’élas- ticité, s'applique au diapason à condition de prendre comme largeur la projection de la ligne médiane des branches sur l’axe et d'ajouter un léger terme de correc- tion (Mercadier). D’après M. Dadourian, on obtient des résultats très approchés en supposant nul le coefficient de correction de Mercadier. 8. L'application de la formule permet de calculer la vitesse de ‘propagation du son dans l'acier dont est formé le diapason : V — 5,09.10° em: sec, et le coeflicient d’élasticité : E — 19,r.1011, Propriétés photo-électriques de minces feuilles de métal. — MM. Compton et Ross!, étu- diant les propriétés photo-électriques de minces feuilles d’or et de platine, formulent les conclusions suivantes! Les électrons excités photo-électriquement à l’intérieur d'un méta} perdent leur énergie cinétique initiale à la suite de catastrophes définies ou de collisions, plutôt que par un processus graduel ou une série de pertes faibles d'énergie. La distance moyenne que puisse parcourir un électron avant de perdre son énergie par üne de ces collisions ne dépend pas de la vitesse initiale ; elle est du même ordre de grandeur que la distance entre les atomes. IL est donc probable que les électrons perdent au moins la plus grande partie de leur énergie cinétique par des ren- contres avec les atomes et qu’ils peuvent perdre entiè- rement leur liberté dans ces rencontres. Les mesures indiquent un libre parcours moyen de 2,67.10—7 em. dans le platine et 5,0.10—7 em, dans l'or. Les feuilles de platine d’épaisseur inférieure à 2y et les feuilles d’or d'épaisseur inférieure à 8ux sont impar- faitement conductrices-par suite de l'existence de régions isolées qui ne sont pas en contact électrique avec la partie principale de la feuille. Les feuilles de platine semblent donc plus homogènes que les feuilles d'or. Le faible pouvoir de pénétration des électrons émis photo-électriquement rend extrêmement improbable qu’on puisse expliquer l’émission thermo-ionique des métaux en la considérant comme un effet photo-électri- que de l’ensemble du métal sous l’action du rayonne- ment intégral correspondant à la température du métal. $ 4. — Chimie La production de Fhydrogène par l'action de l’oxyde de carbone sur la chaux éteinte.— M. W. H. Engels? a étudié les conditions dans lesquel- les la réaction entre l’oxyde de carbone et l’hydrate de calcium pourrait être le mieux utilisée à la fabrication technique de l'hydrogène. Cette réaction a été signalée ily a quelque quarante ans par Merzet Weith 3, qui n’observèrentaucun indice de la formation de composés intermédiaires — formiate 1. K. T. Courron et L. W. Ross : Physical Review, 2° série, t. XIIS, p. 374-391 ; mai 1919. A Jour. für Gasbeleucht., t. LXU, p. 477 et 493 ; 1919: 3. Ber, deutsch. chem. Ges., t: XIII, p. 720; 1880. : 640 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE ou oxalale — dans l’action de CO sur la chaux éleinte y pour le décomposer, et CO? mis en liberté aideraït\à el conclurent que la réaction aboutit directement à la formalion de carbonate de chaux et d'hydrogène à une température variant entre 200°et 3009, M. Engels a repris l'étude de cette réaction en se servant de la loi de lPaction de masse, el il a recherché si elle est repré- séntée par l'équation -CO -H°0 7 CO? + H? ou par Ca(OH}? + CO T CACOS + H2. tals obtenus sont en faveur de la seconde équation, quoiqu'un peu d'hydrogène provienne également de la Les résul- celle autre : première. L’optimum de la réaction est aux environs de oo, - Il faut éviter la présence, dans le mélange de gaz à l’eau (qui sert dans l'industrie à la place d'oxydede car- bone pur), d'une quantité de vapeur d'eau supérieure à celle qui correspond à la tension de vapeur de l'hydrate de calcium à la température où l’on opère. La réaction entre l'oxyde de carbone et la chaux éteinte est accélé- rée 11 fois au moins par Paction catalytique du fer. L'inflammabilité de la poudre d'alumi- niuim. — La poudre d'aluminium en tas brûle tran- quillement; mais, si le tas vient à être remuné de façon à produire une nuage de poussière dans l'air, la com- bustion se poursuit avec explosion, Si on enflamme un- nuage de poudre d'aluminium dont la densité est com- prise entre les limites d’explosion, cette dernière peut intervenir avec une très grande violence. Plusieurs explosions désastreusesde ce genre s ’étant produites dans des usines américaines, le Bureau des Mines des Etats-Unis a entrepris l'étude des propriétés physiques èt chimiques de la poudre d'aluminium, par- tieulièrement au pointde vue de l’inflammabilité, et des moyens d'éteindre la combustion et de diminuer la force des explosions. -, M. A. Leighlon, qui s'est chargé de ces recherches, n'apu parvenir à déterminer exactement les condi- tions d’inflammabilité de la poudre d'aluminium. Il a reconnu toutefois qu'elle s'allume à une température plus basse que la poudre de charbon. Elle dégage, d’au- tre part, une quantité de chaleur presque quadruple, ce qui explique la violence des explosions auxquelles elle donne lieu. Il est très dangereux de jeter de l'eau, pour l’éteindre, sur une masse de poudre d'aluminium en combustion; il se produit immédiatement. un dégagement violent d'hydrogène, qui projelte la poudre dans l'air en pro- voquant une explosion terrible, On a essayé d'utiliser le tétrachlorure de carbone comme extincteur, mais il est aussi mauvais que l’eau. Il se forme probablement AICI sous l’action de la cha- leur, et le carbone libéré s’unit à l'oxygène. Dans une fabrique où l'on manipule de la poudre d'aluminium, on a l'habitude de verser de l'huile sur le feu jusqu'à ce qu'elle s’enflamme et étouffe la combus- Lion du métal; puis on verse du tétrachlorure de car- bone pour éteindre la combustion de l'huile. Dans une autre fabrique, on verselentement du sable sur le las de poudre en combustion, on isole l'incendie et on finit par l’étouffer, Il semble que la poudre de schiste fine, comme celle qu'on répand dans les houil- lères pour prévenir les explosions de grisou, pourrait rémplacer le sable avec avantage, car elle formerait un revèlement plus dense qui empêclierait plus complète- ment l'accès de l'air, En outre, eette poudre ne s'éboule pas, et avéc elle il y a moins de dangér ment du tas ne provoque la formation d’un nuage; si, par accident, un nuage se produisait, il entranerait probablement assez de poudre inerte dans l'air pour éviler une explosion désastreuse. M. Leiglhlon recommande d'essayer aussi l'emploi du carbonate de sodium sec pour l’extinetion de ces incendies. Une grande quantilé de chaleur est nécessaire The inflammability of aluminium dust- Buréau of Mines, Washington, 1918. 1. A. Leicuron Technical paper 152, ‘par distillation, ou tout au moins un corps présentant. qu'un mouve-! étouffer l'incendie. = L'auteur remarque, en terminant, que tout liquide uti- lisé pour combattre les incendies de substances en pou- dre doit posséder une faible tension superficielle, afin : que la poudre soit « mouillée », Comme pratiquement tous ces liquides, tels que l’alcool,etc., sont'très inflam- mables, il semble dificile de concevoir une méthode d'extinction par voie humide, $ 2. — Chimie biologique ; 4 Sur la présence de l'acide formique dans les poils urticants de l’ortie, — Quand on appli- que les poils urlicants de l'ortie commune (Urtica dioica) sur une feuille de papier de tournesol bleu, ilse forme dés taches fortement colorées en rouge, Parexpoz sition prolongée à l'air, la couleur rouge diminue gra duellement d'intensité, sans toutefois disparaitre com- plètement, même au bout de quelques sémaines. On en 1 a conclu que le rougissement est dû, au moins en grande « partie, à un acide volatil, etla plupart des traités l’iden- | tifient à l'acide formique. ù | L'examen des travaux originaux effectués sur Je su jet montre que les preuves sur lesquelles se base cette aflirmation n’ont rien de très convaincant, Gorup-Besa- nez!, le premier, a obtenu de l'acide formique en distil- lant des orties finement hachées avec de l’eau, avec ou. sans addition d'acide sulfurique; mais rien ne prouve qu'il provient des poils urticants, car des organes végé- taux très divers donnent également de l'acide formique les réactions réductrices de ce'dernier. Haberlandt? à accepté sans autres preuves la présence d'acide formi- que dans les poils, tout en attribuant la plus grande partie de l’action urticante à un corps de naturé enzy- matique. Gibson et Warhamé#, par contre, n'ont pas trouvé la moindre preuve de la présence d’acide formi- que dans les poils, dont ils inclinent plutôt à attribuer l'action urticante à l'acide tartrique, Enfin Petriet, qui a déterminé la quantité d'acide contenu dans les feuilles fraiches de l'ortie arborescente et de l’ortie commune, s’estrangé, sans la moindre vérification, à l'opinion courante. è Pour dissiper l'incertitude qui plane donc sur cette question, M. L. Dobbinÿ s’est attaché, au Laboratoire de Chimie de l'Université d'Edimbourg, à obtenir une. preuve coneluante de la présence ou de l'absence de” l'acide formique dans les poils urticants de l’ortie, « Dans ce but, des bandes de papier filtre d’une grande pureté sont imprégnées de carbonate de baryum fine- « ment divisé, en les trempant d'abord dans une solution à 20 0/, d'hydrate de baryte, puis en les exposant à l'air pendant une période assez prolongée, Par un beau. jour, lorsque le feuillage est see, on applique fortement « deux de ces feuilles contre les surfaces inférieure et su= périeure d’un grand nombre de feuilles d'ortie, On re- cueille ainsi rapidement le liquide exprimé par des mil- liers de poils urticants, et l’acidelibre qu’il contient est fixé parle carbonate de baryum sans êlre contaminé par des substances étrangères, Le sel de baryum formé est extrait deux fois par l’eau distillée froide, et l'extrait { filtré est mélangé avec de l'acide phosphorique, puis soumis à la distillation, Le filtrat, légèrement acide, a été transformé en sel de plomb et également en sel de baryiim, qu'on a fait cristalliser Surunelamelle de verre \ pour l'examen au microscope. pe L'étude mierochimique, faite par M. Balsillie,'a révélé { que les cristaux obtenus se rapportent sans le moindre x doute au formiate de plomb et au formiate de baryum, : Û 1. J. prakt, Chem., t. XLVII, p. 191 : 1849. . | 2. Sitzungsber. K, ‘Alhad. der Wiss. Wien, t. XCIII, p. ‘130: À À: OR | . Proc. Liverpool pa Soc., t. IV, p. 93; . Proc. Linn. Soc. N. S. Wales, XXXE, 5. Proc. Royal Soc. A Edinburg, ‘. XXXIX, p. 137; D 66 p. 30 ; 1906. 1919. ee. [l CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE | 641 l * JLest done formellement établi que l'acide Jibre des - poils urticants d’ortie est bien l'acide formique. Toute- fois, ces recherches laissent ouverte la question de sa- voir si cet acide est la cause de l'irritation intense pro- … duite par ces poils, question sur laquèlle, comme on l’a - vu, Haberlandt s’est prononcé pour la négative. À $6. — Géologie : Le minerai de manganèse!.— Avant la guerre, » les quatre grands pays producteurs de minerai de man- yanèse étaient les Etats-Unis, la Russie, l'Inde et le - Brésil2. Les Etats-Unis ont notablement augmenté leur extraction pendant la guerre, ce qui neles empèchait pas d'importer encore annuellement 500.000 tonnes de minerai, dont 8o0/, venait du Brésil les dernières an- . nées; leur production se compose de minerais pauvres qu'ils cherchent à utiliser de plus en plus, en perfec- . tionnant la technique du traitement, de façon à être moins dépendants des minerais étrangers. Le Brésil a augmenté son exportation pendant la guerre; ce sont _ des minerais riches qu'il produit, mais leur teneur a baissé, etl’on prévoit que les mines brésiliennes en exploitation ne pourront pas maintenir longlemps leur production actuelle, | > L'Inde, qui, en 1913-14,expédiait plus de 700.000 ton- nes de minerai, dont un tiers en Angleterre, a vu ses - exportations se réduire et tomber à {00.000 tonnes en + 1918-19. Les raisons en sont la crise du tonnage, la - disparition du marché belge et la forte réduction des envois en France et aux Etats-Unis ; c'est l'Angleterre . qui, pendant la guerre, absorbaïit la presque totalité . des expéditions. Les Etats-Unis, qui achetaient 168.000 tonnes en 1912-13, n’en prenaient plus que . 10,000 tonnes en 1918-19. Commæinde produit des minerais riches el d'une teneur remarquablement uni- - forme, il est probable que ses anciens clients lui revien- _ dront, : =: C'est la Russie qui possède les gisements les plus étendus du monde. Les plus riches sont ceux de Niko- pol, sur le Dniepr, mais les plus puissants sont ceux de _ Tchialouri, en Transcaucasie. Leur exportation a cessé depuis la guerre, et la Russie est restée seule consom- matrice. L'extraction s’est réduite de plus de moilié, et . l'été dernier, il y avait à Tchiatouri et dans le port de Poti plus d’un million de tonnes disponibles, d’un mine- rai titrant de 50 à 60 °/; de manganèse pur. _ L'Angleterre exportait avant la guerre une grande - quantité de ferro-manganèse, particulièrement aux Etats-Unis. Aujourd'hui, ce dernier pays produit avec - ses minerais pauvrestoute sa consommation en spiegel; - quant au ferro-manganèse, ses importations sont tom- » bées de 128.000 tonnes,en1913,à 27.000tonnes, en 1918, tandis que sa production s'élevait à 326.000 tonnes. Pierre Clerget. $ 7. — Biologie qui én assurent la pollinisation. — M. H. _ Ricôme a signalé récemment à la Réunion biologique … de Lilleë le cas curieux d’une plante dont les fleurs, profondément adaptées à la pollinisation par les Insec- - tes, font cependant périr en grand nombre, en les rete- nant par leur trompe, ces agents indispensables à la » production des graines. = Ils’agit d’une Asclépiadée grimpante,du genre 4rauja, cultivée dans les jardins; la fleur est celle d’une Asclé- nm” = 1. The Times Trade Supplement, 1°" novembre 1919, ” 2, La production mondiale de 1912 s'élevait à 2.300.000 ton- nes, dont 990-000 aux Etats-Unis, 766,000 en Russie, 648.000 - dûns l'Inde, 155,000 au Brésil. La France ne produisait que … 5.576 tonnes (Hautes-Pyrénées 2,996, Saône-et-Loire 1.33%, Aude 1,142): notre importation s'élevait à 223.000 tonnes, dont 95.008 de l’Inde, 88.000 de Russie, 27.010 d'Esnagne. 3, C. r. Soc. Biol., t. LXXXIT, p. 1045; 25 oct, 1919. _ Une plante dangereuse pour: les insectes piadée à pollinies. Pour atteindre au pollen, l'insecte doit engager sa trompe entre les étamines et la corolle. Alors il la retire aisément, Les rétinacles, auxquels sont suspendus deux pollinies, piétinés par les pattes anté- rieures, se collent aux tarses. Mais il arrive que l'animal glisse sa trompe, non en dehors des étamines, mass entre l’un des rêlinaeles et les bords contigus de deux anthères voisines. Le rétinacle possède un sillon visqueux qui embrasse la trompe, produisant une grande adhérence, C’est de là que vient tout lé mal. Les fourmis ailées sont impuis- santes à extraire les deux pollinies de leur loge eL péris- sent sur place, la trompe simplement engluée par le rétinaele qui l’enserre dans son sillon. Les insectes plus vigoureux parviendraient à entraîner l'appareil pollinique, s’il ne survenait un autre empèche- ment. Un Sphinx peutintroduire l'extrémité de sa trompe par une pression qui écarte légèrement les deux éta- mines et ouvre le sillon du rétinacle. Le passage étroit” franchi, l'extrémité de la trompe se trouve entre les, faces latérales de deux anthères dures, dont les bords externes en arêtes cornéés se touchent. L’insecle l’en- fonce jusqu'au moment où les tissus de la fleur ne prêé- tent plus, maintenus par la rigidité des étamines et l'étroitesse de la corolle. Lorsqu'il veut la ramener en arrière, il exerce une traction sur le massif stamino-. carpellaire, ce qui a pour effet de rétrécir cé massif, d'appliquer l’une contre l’autre les faces contiguës des anthères et de comprimer la partie de la trompe qui s’est engagée. L'étau se resserre d'autant plus que la traction est plus forte, alors que par, l’adhérence du réti- nacle à la trompe, celle-ci fait corps avec tout le massif central solidement fixé. : La trompe des Sphinx est trop large pour passer entre les deux arêtes contiguës des anthères. Il n’en est pas de même pour les Abeilles qui, en se débattant, arrivent parfois à arracher le rétinacle, mais engagent la trompe entre les deux arêtes. Or le rélinacle est trop volumi- neux pour passer dans cette fente. Faut-il voir, dans ces circonstances, un défaut d’adap- tation de nos Insectes à ùne fleur exotique? Ce point mériterait d'être étudié dans le pays d'origine de la. plante. En tout cas, itfautéviter de cultiver cette éspèce là où l’on élève des Abeilles : la plupart des fleurs re- tiennent quelques victimes, et les Abeilles y figurent en grand nombre. $ 8. — Géographie et Colonisation L'exploitation des bois coloniaux; les bois. de Ia Côte d'Ivoire, du Gabon et de l’ancien Cameroun.— Si la France souffre aujourd’hui de la pénurie de beaucoup de matières premières indispensa- bles, pour presque toutes c’est à nos colonies qu’elle peut et doit s'adresser pour refaire ses approvisionne- ments ; le toutest de prendre d’eflicaces mesures pour tirer profit de leurs richesses considérables. La question des bois est au nombre desplus importantes, en raison du déficit de la production métropolitaine et des besoins qui naissent de la restauration urgente des régions - dévastées. Or, notre domaine forestier colonial est assez étendu pour y trouver toutes les ressources en boïs qui nous font en ce moment défaut, Dans une récente étude publiée sur ce sujet, le D' Chauveau estime que la su- perticie totale des forêts coloniales, bien qu’elle soit encore imparfaitement connue, approche, si elle ne le dépasse, du chiffre de 150 millions d’hectares, tandis qu'en France notre domaine boisé n'occupe pas plus de 9 millions d’hectares!. Presque toutes nos colonies peuvent nous fournir des apports, mais dans des mesures diverses. Les forêts ont une grande extension sur tout le sol de l’Indochine et leurs essences sont très variées; l’une d'elles, très 1. D' CuauveAu, sénateur de la Côte-d'Or: L'utilisation des forêts coloniales (La nouvelle Revue, 1 décembre 1918, lp. 233-248). d 642 estimée, est le teck (Zectona grandis). La Guyane a aussi de vastes étendues boisées où l'on trouve à peu près toutes les espèces de la zone tropicale américaine; la densité forestière a pu être appréciée à 60 arbres par hectare. Les forêts couvrent à Madagascar de 10 à 12 millions d'hectares !. En Algérie, il n’y en a que 3 millions d'hectares, mais il faut ajouter beaucoup d'arbres isolés ou en petits bouquets ; le principal pro- duit'est le liège. Pour la Tunisie, le chiffre est plus fai- ble, mais encore doit-il aux reboisements d’avoir pro- gressé. Mais, de toutes nos colonies, ce sont celles de l’Afri- que tropicale qui peuvent nous fournir la plus ample quantité de bois, et parmi elles ce sont la Côte d'Ivoire etle Gabon dont le taux de boisement est le plus élevé. L'une et l'autre offrent cet avantage de pouvoir, en rai- son de leur situation géographique, communiquer plus aisément avec la métropole, de sorte que leurs bois peu- vent lui rapporter une contribution plus forte et plus immédiate ?, tandis que de grandes colonies plus éloi- gnées, comme l’Indochine et Madagascar, ne peuvent en ce moment lui fournir que des apports limités, tout en demeurant pour elle d'importantes réserves. La reconnaissance et l’étude des richesses forestières de nos grandes possessions de l’Afrique Occidentale et Equatoriale sont dues aux nombreux explorateurs et savants qui les ont parcourues, mais surtout à quelques spécialistes, et parmi eux on doit mettre aü premier rang M. Auguste Chevalier, docteur ès sciences, chef de la Mission permanente d'Agriculture coloniale du Ministère des Colonies, dont les remarquables travaux forment la plus solide documentation qui existe sur nos bois coloniaux et sont demeurés la base de toutes les investigations ultérieures. Ce fut à la suite de la mission oflicielle remplie par lui de 1906 à 1907 que M. Auguste Chevalier publia la Première étude sur les bois de la Côte d'Ivoire #; dans ce voyage, il avait recueilli plus de 220 échantillons de bois appartenant à autant d’essences différentes. Après la mission Chevalier, une autre mission, celle-là privée, dirigée par le capitaine Gros, explora une partie ! de la même forêt en 1909, et elle donna, elle aussi, des conclusions très favorables sur la nature des bois qu'elle contient et sur leurs possibilités d’exploita- tion #, Au cours d’une nouvelle mission, en 1908-1910, M. Chevalier compléta ses recherches et put mieux montrer encore ce qu'il y avait à faire. | Quant aux bois du Gabon, ils ont fait aussi l’objet d'études approfondies de la part de l’infatigable explo- rateur et savant botaniste Auguste Chevalier, qui, à la suite de plusieurs missions dans la colonie, a publié récemment un important ouvrage sur la vaste forêt gabonaiseÿ, 1. Toute une bibliographie concernant les bois coloniaux pourrait êlre établie; ne pouvant l'entreprendre ici, nous nous bornons à signaler quelques-uñhs des travaux récents d'un caractère général qui les concernent : Henri JUMELLE : Les ressources agricoles et forestières des colonies françaises, Marseille, Barlatiér, Paris, A. Challamel, 1907; G. Capus et D. Bois : Les produits coloniaux, Paris, Armand Colin, 1912, p. 342-358 ; Emile Penror : Les bois industriels des colonies françaises, dans le volume Les grands produits végétaux des colonies françaises, Paris, Emile Larose, 1915 ; Fernand Rou- GET : Pourquoi et comment ël faut développer l'exploitation des bois coloniaux, Paris, Emile Larose, 1919. 2. On peut voir sur lesbois de ces deuxrégions africaines : Notice officielle sur les bois coloniaux. Les bois de la Côte: d'Ivoire etdu Gabon (Bull. de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale, mars-avril 1919, p. 284-298). 3. Paris, A, Challamel, 1909. L'ouvrage forme le fasci- cule V de la série : Les végétaux utiles de l'Afrique tropicale française, paraissant sous la direction de M. Aug. Chevalier. L'auteur y rappelle tous les travaux antérieurs à sa mission. k. Capitaine Gnos : Mission géodésiqneet forestière de la Le d'Ivoire (La Géographie, t. XXI, 4% sem. 1910, p. 72- 81). € 5. Aug. Cuevarter : La forët et les bois du Gabon; Paris, A. Challamel, 1917. Ouvrage formant le fascicule IX de la série : Les végélaux utiles de l'Afrique tropicale française. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE D ——_———_—— De ces dèux grandes zones forestières de l'Afrique tropicale, c’est celle du Gabon quiest de beaucoup la plus vaste. Elle s’étend de la frontière de l’ancien Came- roun allemand, au nord, à celle du Congo belge, au sud, sur une longueur de 700 kilomètres et ayant à tra: vers ie Gabon une largeur moyenne de 200 kilomètres, sa superficie totale dans notré colonie, sans tenir compte du Cameroun, n’est pas inférieure à 140.000 kilomètres carrés. M. du Vivier de Streel, dont on sait la compé- tence coloniale, estime que l'Afrique Equatoriale fran- çaise est l’un des pays du monde les plus favorisés au. point de vue de l'abondance des richesses forestières et! des facilités que présente leur exploitation!, A ces richesses forestières du Gabon s'ajoutent aujourd’hui celles du Cameroun conquis; on a pu évaluer à plus de 3 millions'd’hectares l’étendue des forêts avoisinant la côte et desservies par les voies aboutissant dans.les ports français du Cameroun. Quelque peu moindre est l'étendue de la forêt équato- riale de la Côte d'Ivoire. Large d'environ 200 kilomè- tres et longue de 600, la zone forestière recouvre une superficie de 120.000 kilomètres carrés ?; mais ce qui est venu beaucoup amoindrir son importance, ce sont les abattages qui ont été faits par les indigènes pour éta- blir des cultures; il en résulte que la véritable forêt vierge, en raison des vides qui ont été créés, ne couvre plus guère aujourd’hui que la moitié de cette surface, soit environ 60,000 kilomètres carrés, Mais l’on s'efforce de réparer ces pertes et, pour le moment, la Côte d'Ivoire offre pour nous cet avantage, par rapport au Gabon, d’être la plus proche de nos colonies suscepti- bles de suppléer à nos besoins. M. Auguste Chevalier avait toujours cherché, par ses nombreux travaux, à guider dans un sens pratique l'exploitation des b en pleine voie de réalisation et résoudre au plus tôt les problèmes multiples que soulève cette exploitation. En. dehors des questions se rattachant à l'outillage écono- mique, transports et main-d'œuvre, dont l’administra- tion se préoccupe et qu'il importe de solutionner acti- vement, l’intensification de la production forestière coloniale en soulève aussi, comme le fait fort juste- ment remarquer M. Fernand Rouget*, un certain nom- bre d’autres d'ordre pratique et technique, depuis le moment de l'abattage jusqu’à l’arrivée sur le marché. Aussi était-il nécessaire d'envoyer sur place une mis- sion forestière spéciale chargée de préparer une exploi- tation rapide et eflicace. A ce but répondit la mission d’études d'économie forestière coloniale qui fut envoyée en Afrique sous la direction de M. le capitaine, depuis commandant André- Bertin, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, De cette mission faisaient partie aussi M. le capitaine G. Launois, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, le sergent Betten- feld, industriel mobilisé, et M. K. Fleury, botaniste, préparateur au Muséum, qui a été le très dévoué colla- borateur de M. Aug, Chevalier dans ses missions. Ayant laissé Bordeaux le rer octobre 1916, la mission a, pendant environ une année, fait porter ses études sur les parties les plus importantes au point de vue fores- tier de l'Afrique Occidentale Française, de l'Afrique Equatoriale Française et des territoires de l’ancien Cameroun aujourd'hui rattachés à cette dernière colonie, La Côte d'Ivoire et le Gabon furent, avec le Cameroun, celles des régions qui, nécessairement, 1. Du Vivier De STREEL, président de la Chambre syndi- cale des importateurs de boïs africains : L'exploitation fores- tière en Afrique Equatoriale Française. Coulommiers, Impr. Dessoint et Cie, 1916. À 2, Les limites actuelles en ont été précisées dans le livre de M, Gaston Josern, administraleur des colonies : La Côte d'Ivoire. Le pays. Les habitants. Paris, Emile Larose, 1917. p. 78. — M. le Gouverneur général ANGouLvANT à donné de cette forêt une belle description dans son ouvrage : La pacification de la Côte d'Ivoire, 1908-1915. Paris, Emile Larose, 1916, p. 4. 3. Ouvrage précité, p. 99. coloniaux. Mais il faut entrer ah, Cor” | | | | | 4 ‘devaient appeler le plus son attention. En même temps que des explorations étaient faites dans de nombreux massifs forestiers, il était installé des chantiers de prospection chargés d'évaluer les cubes de bois en essences utilisables et des ateliers d'étude ; des négo- ciations furent entamées avec des fournisseurs éventuels et des marchés furent passés. Ces recherches techniques faites sur place, et qui cor- respondaient à l’organisation d’un Service forestier colonial, permettent d'entrer plus sûrement dans la réalisation d’une mise en valeur rationnelle, et une série d'ouvrages publiés par M. le commandant Bertin se présente désormais comme des instruments néces- saires pour l'effectuer!. \ Dans les deux premiers tomes, composés selon un plan identique, M. le commandant Bertin a réuni des documents précis permettant aux forestiers coloniaux de reconnaître pratiquement les arbres qu'ils pourront utilement exploiter à la Côte d'Ivoire et au Gabon. Le chef de mission a établi un vocabulaire et « état civil » des bois usuels, afin de fixer une appellation précise de chaque essence, en empruntant la classification et la terminologie aux travaux de M. Aug. Chevalier, Puis, reprenant les espèces sélectionnées, illesrépartit d’après les ressources qu'elles peuvent offrir pour une utilisa- tion immédiate; il passe en revue leur densité, leurs genres d'usage, leurs caractères physiques ; il donne enfin un répertoire des noms vernaculaires, qu'il est nécessaire de connaitre pour identifier toutes les espèces ligneuses. ; Le tome III, beaucoup plus développé, est destiné à montrer la haute importance de la question forestière coloniale, et à expliquer quelles seraient les meilleures solutions de tous les problèmes de l’exploitation et de la mise en valeur, Beaucoup des points traités se réfè- rent aux questions purement forestières qui étaient le but essentiel de la mission, mais il en est aussi de fort intéressants au point de vue exclusivement scientifique, comme les aperçus donnés sur les familles et espèces étudiées. Les volumes déjà parus seront suivis d’un opusecule .sur les bois et forêts du Cameroun conquis et d’une publication sur les bois et forêts dela Guyane française, l'un des membres de la mission, M. Bettenfeld, ayant été envoyé dans cette colonie pour y effectuer méthodi- quement les mêmes reconnaissances et la même exper- _ tise des bois les plus répandus. En même temps que la mission Bertin remplissait cette utile tâche, une autre mission, conduite par le gouverneur Salesses, lieutenant-colonel du génie, par- courait également l'Afrique tropicale pour procéder à une étude des bois coloniaux en vue des besoins immé- diats des chemins de fer français, dont il était l’'envoyé, et des pays africains eux-mêmes. Déjà, en 1905, il avait fait une enquête détaillée sur tous les chemins de fer de l'Afrique et, en juillet 1914, s'étant embarqué pour Dar-es-Salam, il dut revenir à la nouvelle des hostili- tés. Mais. depuis, il a pu remplir cette mission forestière des grandes compagnies de chemins de fer et, de janvier à décembre 1917, il a visité successivement, suivant un programme arrêté d'avance, le Sénégal, la Guinée fran- çaise, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, le Gabon, le Congo 1. Mission d'études forestières envoyée dans les colonies françaises par les Ministères de la guerre, de l'armement et des colonies. Chef de Mission : Commandant À. BERTIN. Paris, Emile Larose, 4 vol. in-8°, — Tome I. Les bois de la Côte d'Ivoire, 1918. — Tome II. Les bois du Gabon, 1918, — Tome III. La question forestière coloniale, 1919, 2 fascicules. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 643 belge, l’ancien Est africain allemand et toute l'Afrique du Sud!, Les résultats forestiers de la mission furent l’objet de rapports et de pièces diverses adressées aux compa- gnies. De plus, les deux chefs de mission, Bertin et Salesses, s'entendirent au sujet des conditions d’établis- sement de l'état civil des essences forestières tropicales afin d’en arrêter d'un commun accord les principes et ils publièrent ensemble une petite notice sur les bois de la Côte d'Ivoire ?. Gustave Regelsperger. L'émigration actuelle aux Etats-Unis. — Les dernières statistiques oflicielles montrent à quel point le grand mouvement d'émigration vers les Etats- Unis a été arrêté par la guerre ?. L'immigration aux Etats-Unis, dont la moyenne annuelle pour la décade qui a précédé la guerre se chiffrait par 1.218.480 per- sonnes, est tombée pour l’année 1919-1918 (du 1e° juillet au 30 juin) au nombre relativement insignifiant de 110.618 personnes. Les restrictions législatives récentes ne sont intervenues que très faiblement dans cette di- minution; car il n’y a eu que 7.297 demandes d’immi- gration rejetées (ou 3,3 °/,), dont 23 °/, seulement par application de la nouvelle loi. Les entrées ci-dessus ne représentent qu'une faible addition à la population permanente du pays, car, durant la même année, 94.585 étrangers ont émigré, le gain net n'étant que de de 16.033 personnes. Dans l’ensemble, le nombre des immigrants est le plus faible qui ait été enregistré depuis 1844, à l'exception de l’année 1862 où il a été de 72.183. Il serait évidemment illogique detirer des statistiques de ces dernières années, quiréfléchissent les conditions anormales à la fois des Etats-Unis et du reste du monde, des conclusions sur l'avenir de l’immigration, tant au point de vue du nombre que des caractéristi- ques raciales. noter qu’en 1918 les contrées qui ont fourni le plus grand nombre d’émigrants vers les Etats-Unis sont: la Grande-Bretagne, le Mexique, le Japon, la Scandinavie (y compris le Danemark) et l'Espagne. Dans l’excès des arrivées sur les départs (en ne tenant pas compte des voyageurs et résidents temporaires), on observe un ordre différent des races et nationalités: ici les Japo- nais sont en tête, avec un excès d’immigrants sur les émigrants de 8.610; puis viennent les Africains (noirs) avec 4.415, les Scandinaves avec 4.096 et les Espagnols avec 3.727. D'autre part, parmi les 14 nationalités dont l’'émigration a dépassé l'immigration, on note en tête les Mexicains, avec un excès de départs de 5.482, puis’ les Russes avec 3.413 et les Italiens avec 2.901. La même situation s’est continuée pendant la période de juillet 1918 à mars 1919 : les Britanniques sont toujours en tête de l'immigration, suivis par les Mexicains et Japonais. Le nombre total d'immigrants permanents dans ces neuf mois a été de 91.200, tandis que 63.144 étrangers ont quitté le pays, laissant une augmentation de 28.056 personnes t, 1. La Géographie, tome XXXI, 1916-1917, p. 472; t. XXXII, 1918, p. 140 et 265. 2. Les bois de la Côle d'Ivoire étudiés par les missions Salesses et Bertin. Bingerville, Imprim. du Gouvernement, 1917. 3. Ann. Rep. of the Commissionner general of Immigration for the fiscal year ended Jen 30, 1918. Dep. of Labour, Washington, 1918. 4. U. S. Immigration Service Bull. 1 mai 1919. Il n’est cependant pas sans intérêt de 644 JAMES WATT Mc. J. RIVIÈRE. — JAMES WATT SON ROLE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA MACHINE A VAPEUR A PROPOS DU CENTENAIRE DE SA MORT Le centenaire de la mort de James Watt a été célébré récemment en Angleterre avec une solennité toute particulière. Nos amis et alliés honorent Watt à juste titre comme un des fonda- teurs de leur richesse et de leur puissance na- tionales. Les découvertes qui lui sont dues ont contribué pour une part énorme au développe- ment industriel de l'Angleterre, en lui permet- tant de tirer parti de ses grandes ressources en charbon. Il peut être intéressant de rappeler briève- ment ce qu'a été l'existence de Watt, etde passer en revue la série des progrès successifs qu’il a fait faire à la machine à vapeur; quand il a abordé ses recherches sur cette question, ilse trouva en présence d’une machine très rudimentaire, dis- pendieuse, d'un rendement très faible; il l'a transformée au point de la laisser fort peu diffé- rente de ce que nous la connaissons maintenant. Les perfectionnements apportés à la machine à vapeur depuis le début du xixe siècle sont relati- vement peu de choses en comparaison de ceux qui sont dus à Watt et qui furent réalisés dans l’espace d'une trentaine d'années. Pa James Watt est né à Greenock en Ecosse, le 19 janvier 1736; il est mort à Heathfield, le 25 août 1819, à l’âge de 83 ans. Son père était un constructeur de bateaux assez considéré, et tenant bien sa place parmi les notabilités de Greenock. L'enfance de Watt s’écoula tranquille dans un milieu dénué de toute étroitesse d’esprit et qui fut certainement favorable au développement de son génie. Très tôt, le jeune James fit preuve de disposi- tions scientifiques marquées ; on raconte de lui qu'à l’âge de six ans il dessinait des figures de géométrie sur la pierre du foyer paternel; avant quinze ans,il avait déjà lu deuxfois les « Eléments de Philosophie Naturelle » de S’Gravesande, qui l'initièrent aux découvertes et aux théories de Newton. Un ouvrage d’un ingénieur français, Bélidor (1693-1761), sur « l'Architecture hydrau- lique » l’intéressa aussi de très bonne heure. Il suivit les classes des différentes écoles de tres; chez lui, il lisait constamment et avait tou- jours quelque expérience ou quelque travail de recherche en train; en outre, ilse faisait remar- quer dans l'atelier de son père par une grande habileté manuelle qui faisait dire de lui « James a une fortune au bout des doigts, » La profession de constructeur d'appareils de mathématiques l'ayant tenté, il alla faire son ap- prentissage à Londres à l’âge de dix-huit ans. Un an lui suffit pour s’assimiler tous les secrets du métier eten 1756 il se fixa à Glasgow, où ilobtint le titre et la charge de fabricant d'instruments de mathématiques et de physique pour l'Université. Pendantles loisirs que lui laissait son travail, il étudiait la Chimie, réparait les instruments de musique et construisit même un orgue de toutes pièces. En 1760, il ouvrit un atelier pour son propre compte et en 1764 n'avait pas moins de 16 employés et ouvriers sous ses ordres, mais cette prospérité ne devait pas durer longtemps. C'est du début de,1765 que date sa première découverte concernant la machine à vapeur, la découverte du condenseur distinct du cylindre. Et à partir de ce moment, son travail de recher- chés va prendre de plus en plus une place pré- pondérante dans son existence, aux dépens du métier qui était son gagne-pain. Par suite, son atelier de construction d'appareils périclita peu à peu; il dut le fermer et devint en 1766 géomètre-" arpenteur, puis ingénieur civil et à ce titre sur- veilla les travaux de construction du canal Calé- donien, du canal de la Forth à la Clyde, ete. Ces diverses occupations l’intéressaient peu et lui rapportaient moins encore. « Toutes mes pen- sées, disait-il, ont pour objet la machine à vapeur; je ne sais songer à autre chose. » Ses premièresexpériences sur ces machines, qu’il devait transformer et perfectionner à untel point par la suite, l’endettèrent tout d'abord rapidement. Un hasard heureux lui fit alors ren- contrer le Dr. Roebuck, fondateur des Forges Carron. Frappé par l'intérêt que présentaient les recherches de Watt, il s’associa avec lui, s’enga- geant à supporter les frais des expériences, à faire breveter les nouvelles découvertes, puis à faire construire des machines dans ses usines, moyennant les deux tiers des bénéfices qui Greenock, mais il doit peu de choses à ses mai- | seraient réalisés dans l'affaire. ; l Grâce à cet appui, Watt put entreprendre des travaux suivis, tout en conservant les fonctions modestes d'ingénieur qu’il remplissait alors, et en 1769 il prit son premier brevet : « Sur une méthode nouvelle pour diminuer la consomma- tion de vapeur et de charbon dans les machines à vapeur. » En quoi consistaient ces machines dont l’étude passionnait Watt à un tel point ? . re Denis Papin, vers 1698, avait conçu le plan d’une machine à vapeur qui peut être considérée comme le type des « machines atmosphériques» qui furent en usage pendant soixante ans. Au - fond d’un cylindre vertical, ouvert au sommet et dans lequel se mouvait le piston, Denis Papin placait de l’eau qu'il faisait chauffer. La tension de la vapeur devenant bientôt égale à la pression atmosphérique, le piston se trouvait soulevé par la chute d’un contrepoids relié à sa tige par l’in- termédiaire d’une corde passant surdeux poulies. Lorsque le piston était arrivé au haut de sa course, on ‘enlevait le feu, la vapeur se conden- sait et le piston redescendait sous l'influence de la pression atmosphérique, entraînant avec luile contrepoids. Ce projet de machine, théorique- ment exactetintéressant, n’étaitguère réalisable en pratique, un seul et même récipient devant servir à la fois de chaudière, de cylindre et de condenseur. Et ilest assez curieux de constater que c’est en rendant indépendant les uns des autres ces trois organes essentiels : chaudière, cylindre et condenseur, que Newcomen d’abord, Watt ensuite, ont perfectionné et rendu prati- quement utilisable la machine trop schématique de Denis Papin. k En 1705, Newcomen sépara donc la chaudière de l’autre récipient, cylindre et condenseur à la fois. En outre, il employa un artifice pour accé- lérer la condensation de la vapeur. Sa machine ‘comportait un cylindre vertical ouvert au som- met et placé sous l'une des extrémités d’un balancier horizontal mobile autour d’un axe également horizontal passant par son centre et relié à son autre extrémité à un contrepoids par exemple. La vapeur d’eau provenant de la chau- dière, à une pression à peine supérieure à une atmosphère, était admise dans le cylindre sous le piston; celui-ci se trouvait soulevé par cela même, et, arrivé au bout de sa course, on coupait la communication avec la chaudière; l'injection d’une petitequantité d’eau froide dansle cylindre y provoquait la condensation rapide de la vapeur. La pression atmosphérique s’exerçcant au-dessus du piston le refoulait alors vers le bas,actionnant REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES SON ROLE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA MACHINE À VAPEUR 645 le contrepoids et effectuant un certain travail. L'eau injeclée et la vapeur condensée s'échap- paient du cylindre par un tuyau d'écoulement. Les machines de Newcomen furent assez em- ployées pour actionner des pompes aspirantes. Le « Guide des Etrangers dans la ville de Lon- dres » signale, en 1720, « qu’on pouvait voir, au bord de la Tamise, une haute tour de bois et une machine élévatoire d'un nouveau modèle capable d'élever 3 mètres cubes d’eau du fleuve en une minute, au moyen de la vapeur produite dans une chaudière constamment entretenue en ébul- lition.. cette eau est montée dans un grand ré- servoir en plomb situé au haut de la tour et delà s'écoule dans des canalisations qui alimentent plusieursmilliers de maisons.Cette machine peut passer à juste titre pour une grande curiosité. Etant données ses dimensions restreintes, son faible prix d'établissement et d’entretien et la quantité d’eau qu’elle est capable d’élever,son rendement est de beaucoup supérieur à celui de la célèbre machine de Marly. » Un assez grand nombre de machines de New- comen était un usage dans les mines pour épuiser l’eau dans les puits. Il existait une machine de Newecomen dans la collection d'appareils de l’Université de Glas- gow. Elle tomba entre les mains de James Watt en 1763. Ayant eu là curiosité de l’étudier de près et de la faire fonctionner, il fut de suite frappé par le fait que le refroidissement et le réchauffement successifs du cylindre,-à chaque coup de piston, entraînaient forcément un fonc- tionnementextrêmement lent et une dépense de vapeur très exagérée. Le cylindre ne pouvait se remplir, par suite le piston ne pouvait commen- cer à se soulever, avant qu'une certaine quantité : de vapeur se fût condensée en pure perte uni- quément pour réchauffer les surfaces froides. Et Watt observa que cette consommation de vapeur était d'autant plus grande que l’on injectait une quantité d’eau froide plus considérable afin d'obtenir un vide plus avancé sous le piston. Il commença alors une série de recherches méthodiques sur les propriétés de la vapeur d’eau, déterminant expérimentalement la rela- tion qui lie sa densité et sa pression à la tem- pérature. À l’aide d’une bouilloire, d’un tube de verre recourbé et d’un récipient plein d’eau, il établit : « qu'une certaine quantité d’eau trans- formée en vapeur peut échauffer environ six fois son poids d’eau de la température ambiante à 2129 F. (100° C.), c’est-à-dire jusqu’à ce qu’elle ne puisse condenser une plus grande quantité de va- peur. Frappé par ce faitremarquable etn'en com- prenant pas la raison, j’en parlais à mon ami le ) LT 646 Mc. J. RIVIÈRE. — JAMES WATT D: Black, qui m’exposa la théorie de la chaleur latente d’ébullition et de condensation qu'il avait découverte quelques mois auparavant. » De sesexpériences, Watt déduisit deux condi- tions essentielles au fonctionnement économique de la machine à vapeur à condensation : la tem- pérature de la vapeur condensée devait être main- tenue aussi basse que possible (1000 F., ou moins encore), afin de réaliser un vide suffisant, et d’au- tre part « le cylindre devait constamment rester aussi chaud que la vapeur qui y pénétrait, venant de la chaudière ». Ces deux conditions étaient incompatibles dans une machine de Newcomen, Watt s’attaqua alors à ce problème dont la solution ne lui apparut qu'après une longue suite de réflexions. Brusquement en 1765, durant une promenade, il entrevit que, si la condensa- tion de la vapeur se faisait dans un récipient distinct du cylindre, plus rien n’empêchait d’avoir une température de condensation relati- vement basse, tout en maintenant le cylindre aussi chaud que l’on voulait. Dans l’idée de Wait, le récipient qui devait servir à la conden- sation de la vapeur pouvait être refroidi soit en y injectant de l’eau froide, comme dans la ma- chine de Newcomen, soit en le soumettant à un courant d’eau froide extérieur ; de toutes façons on pouvait réaliser un vide partiel à l'intérieur du condenseur ; en ouvrant la communication avec le cylindre, la vapeur s’y précipiterait alors et se condenserait ; la pression dans le cylindre s’abaisserait autant que dans le condenseur; le piston descendrait par suite sous l'influence de la pression atmosphérique et l’on pourrait recueil- lir du travail à l'extrémité du balancier ; la tem- pérature dans le cylindre pouvait rester sinon constante, du moins élevée, pendant toute la durée du fonctionnement de la machine, C’est là Fidée fondamentale de Watt, le point de départ de ses travaux ultérieurs sur la machine à vapeur ; elle date de 1765, mais elle ne fut vraiment mise au point et brevetée qu’en 1769, en même temps qu'un certain nombre d’autres dispositifs accessoires intéressants. Pour atténuer le rayonnement de la chaleur et diminuer le refroissement du cylindre, Watt entoura tout d’abord celui-ci d’un revêtement de bois; par la suite, il perfectionna encore ceci et réalisa, entre le cylindre et son enveloppe mauvaise conductrice de la chaleur, une chemise de vapeur à température élevée. IL ferma aussi le haut du cylindre, toujours dans le but d’en diminuer le refroidissement, et subetitua la pression de la vapeur à la pression almosphérique pour provoquer la descente du piston. Dans la machine du Newcomen, une petite couche d’eau placée sur le piston était destinée à assurer la fermeture aussi complète que possi- ble du cylindre. Watt lui substitua une garniture métallique hermétique et utilisa les huiles de graissage pour faciliter le glissement du piston. Si, dans la plupart de ses machines, la conden- sation de la vapeur était obtenue par injection d’eau froide dans le condenseur, il y a lieu de signaler aussi que Watt établit un modèle de condenseur à tubes en tous points analogue à ceux utilisés actuellement dans les puissantes machines dela marine. Pour maintenir le vide dans le condenseur, Watt imagine d'adjoindre une « pompe à air» mue par la machine elle-même et destinée à enlever l’eau de la condensation, l’eau injectée et l’air qui pouvait pénétrer dans lé condenseur. Comme dans la machine de Newcomen, l’ali- mentation de la chaudière se faisait au moyen d’un tuyau ouvert de 36 pieds ou plus, assez long pour que la colonne d’eau équilibre la pression de la vapeur. Tels sont les divers points qui font l’objet du premier brevet pris par Watt en 1769. Ils réali- sent somme toute dans leur ensemble une ma- chine du type de celle de Newcomen, entraînant une dépense de combustible moins grande, pouvant travailler plus vite, mais toujours capa- ble seulement de mouvements de va-et-vient, à simple-elfet, avec admissionde la vapeur à pleine pression pendant toute la course du piston, celui-ci actionnant un balancier par l’intermé- diaire d’une chaine mobile sur un arc de cercle, * * % Vers 1770, l'appui financier du D' Rocbuck | venant à lui manquer, Watt trouva bientôt un nouvel associé : Boulton, le puissant fondateur. des grandes usines de constructions métalliques de Soho; aux environs de Birmingham. En 1774, Watt, abandonnant définitivement la carrière d'ingénieur civil et l'Ecosse, s’installa à Birming- « ham dans le voisinage immédiat de Boulton. Il « va $e consacrer uniquement dorénavant à de nou- velles recherches sur la machine à vapeur. L’as- sociation \Watt-Boulton mérite une mention par= ticulière pour l'accord qui ne cessa de régner entre les deux partenaires. pendant vingt-six années consécutives. Boulton, ayant reconnu très vite le mérite de Watt, le laissait travailler et chercher à sa guise sans jamais l’influencer. On peut vraiment dire que le haÿard avait merveil- leusement servi Watt en lui permettant de ren- contrer Boulton et de l'intéresser à ses travaux. ! « Watt, dit Smiles, aurait pu chercher dans 4 | | | PVR l'Europe entière sans trouver un homme plus | capable que Mathew Boulton de répandre son invention dans le monde. » En 1775 le brevet de Watt est prolongé pour une période de vingt-cinq ans ; telle est aussi la durée du contrat d'association avec Boulton. L'année suivante sortent enfin de l’usine de Soho les deux premières machines destinées à l'industrie ; l’une d’entre elles n'a pas cessé de fonctionner jusqu'en 1898, et depuislors est con- servée absolument intacte parmi d’autres souve- nirs de James Watt. Dès 1777, la machine de Watt supplante celle de Newcomen dans les mines de Cornouailles. Sur quarante machines à vapeur construites en 1778 dans les usines de Soho, vingt étaient destinées à ces mines, qui à ce moment ne comp- taient déjà plus qu'une seule machine de New- comen en action. En 1781, Watt fit breveter « certains procédés pour transformer le mouvement de va-et-vient SON ROLE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA MACHINE A VAPEUR des machines à vapeur en un mouvement circu- laire autour d’un axe, leur permettant par suite CNT ET TT) ! ET, . | d’actionner les roues de moulins ou d’autres machines », Il préconisa, en outre, l'emploi du volant. | En 1782, il prend un brevet : « sur quelques nouveaux perfectionnements apportés à la ma- chine à vapeur », perfectionnements dont l'im- portance semble du reste lui avoir échappé en : partie et parmi lesquels figurent l’emploi de la détente de .la vapeur dans le cylindre, le prin- cipe de la machine à double effet {admissions successives de la vapeur de part et d'autre du piston dans le cylindre) et le principe de la machine à expansion multiple, par suite à plu- sieurs cylindres. L'année 1784 amena la découverte du fameux r parallélogramme articulé » que Watt considé- 647 à défendre ses droits contre certains concur- rents, qui n’hésitérent pas à s'approprier ses découvertes et à lui disputer la priorité de ses inventions. Les procès fameux de Boulton et Watt contre Bull et contre Hornblower durèrent six et sept ans et coûtèrent plusieurs milliers de livres sterlings, mais finalement les verdicts rendus établirent sans conteste les droits de Watt. Son premier brevet tomba du resté dans le domaine public en 1800. Quelques découvertes n'ayant pas trait à la machine à vapeur sont aussi dues à Watt: il imagina un micromètre pour les instruments d'optique et la presse à copier du-modèle encore employé maintenant. I! semble avoir eu une part dans la découverte de la composition de l’eau ; il écrivait en effet en avril 1783 à Priestley « que l’eau était composée d’air déphlogistiqué et de phlogiston privés d'une partie de leur chaleur latente». Il est difficile de saisir exactement le sens de ces termes surannés et de savoir jusqu’à quel point l'hypothèse de Watt a devancé la découverte de Cavendish. C'est à Watt qu'est due l'introduction de la notion du « cheval-vapeur » : la puissance d’une machine était dite d’un cheval-vapeur lors- qu’elle était capable de soulever 33.000 Ibs. à-la hauteur d’un pied en une minute. La valeurainsi déterminée était déduite d’expériences réelles faites avec des chevaux; en réalité, elle est exa- gérée comme évaluation du travail que peut four- nir un cheval moyen, mais cette exagération était voulue, dans un but purement commercial. + * James Watt s'était marié deux fois et eut six, enfants; l’un de ses fils dirigea pendant de lon- gues années les usines de Soho avec un fils de Boulton. Watt fut nommé membre de la Société Royale de Londres en 1785; élu correspondant de l'Aca- - rait comme l’une de ses découvertes les plus im- portantes et dont il fit deux applications fonda- mentales : la transformation du mouvement DST rectiligne alternatif du piston en un mouvement continu de rotation,et lacommande automatique d'admission de la vapeur au moyen du régulateur à force centrifuge, ou régulateur à boules. : _ En outre il construisit les registres de vapeur . à papillon, ainsi que divers compteurs et mano- _ mètres, et inventa « l'indicateur dynamométri- que » ou indicateur de Watt, destiné à l’éva- - Juation du travail de la vapeur dans le cylindre. Vers 1790, ayant à peu près épuisé le sujet de . ses recherches après cette belle série de travaux importants, Watt se désintéresse peu à peu de la construction des machines à vapeur. Il dut à cette époque consacrer une ‘partie de son temps démie des Sciences en 1808, il fut choisi, en 1814, l’un des premiers parmi les huit associés étrangers. Il mourut à Heathfield dans les environs de Birmingham en 1519. Comme l’a bien souligné M.A.Rateau, délégué par l’Académie des Sciences et la Société d'En- couragement à l’Industrie nationale aux fêtes du centenaire de Wait, l’œuvre de celui-ci est le résultat de beaucoup d'observation et de persé- vérance, Merveilleusement doué et s'intéressant à toutes les branches de la science, Watt n’a pas été un empirique ; une méthode logique et précise a toujours dirigé ses recherches; il mesurait les Dh HT ah rt “É > FLCQRE pales GSS à 648 a ———————————————————— phénomènes, -inventant au besoin les instru- ments de mesure nécessaires, et il & su réaliser dans son travail cette application méthodique de la science à l’industrie que l’on préconise tant actuellement. Seul l'usage de la vapeur surchauffée et par suite à des pressions élevées et l’emploi beau- coup plus généralisé de l'expansion multiple, différencient les machines à vapeur actuelles de celles construites dans les usines de Soho au début du x1x° siècle et répandues à profusion dans l’espace de quelques années dans tous les centres industriels de l'Angleterre. L'importance vraiment nationale de l’œuvre de Watt rend bien compte du véritable culte que les Anglais ont voué à cet inventeur, qu'ils ont enterré au milieu dé leurs grands hommes dans l’abbaye de Westminster. Dans la crise traversée actuellement par l'in- dustrie anglaise, la solennité avec laquelle vient d'être célébré le centenaire de Watt devient assez significative : tous les efforts nécessaires seront faits pour que l’œuvre de James Watt ne périclite pas et que les industries nationales entrent dans une nouvelle ère de prospérité. Ceux que le souvenir de Watt avait rassemblés à Birmingham le mois dernier ont ressenti forte- ment cette impression à la suite du discours de sir David Brooks, lord mayor de la patrie d'adop- tion de Watt. L'Université de Birmingham se propose de créer une chaire pour l’enseignement de « l'art de l'ingénieur » (chaire James Watt) et destinée en outre à faciliter les recherches sur « les principes fondamentaux qui régissent la produc- tion de Ja force et l'étude de la conservation des, sources naturelles d'énergie ». En souvenir de Watt, Birmingham vise à devenir pour les ingé- nieurs et techniciens ce qu’est Stratford-on-Avon Louis BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE + aux fervents de Shakespeare et la Mecque aux fidèles de Mahomet. M. G. Tangye, le propriétaire actuel de Heath- field Hall, à conservé absolument intact l'atelier de Watt; il l’avait aimablement ouvert aux visi- teurs pendant les fêtes du centenaire; ceux-ci y sont venus nombreux, désireux de voir le cadre où Watt a consacré tant d'années à ses recherches et à ses expériences. Pour ces visiteurs également, on a fait fonc- tionner, à Ocker Hill, une des premières ma- chines à vapeur sorties des ateliers de Soho. Cette machine est munie du premier indicateur construit par Watt; des diagrammes ont été pris pendant la visite et distribués aux assistants. Parmi les discours prononcés à l’occasion du centenaire de Watt, nous citerons ceux du Prof. F. W. Burstall, sur les Progrès dans la construc- tion des machines; du Prof. Hele-Shaw, sur James Watt inventeur, et du Prof. J. D. Cor- mack, sur /e Modèle de la machine de Newcomen réparé par James Watt. Enfin sir Olivier Lodge, dans un exposé très attrayant et évocateur, parla des Sources de l'énergie, surtout des sources nouvelles que nous entrevoyons, que l'avenir saura utiliser sans doute : des réserves formidables que représente l'énergie intra-atomique. « La désintégration d’un certain poids de radium, dit sir Lodge, libère une quantité d'énergie un million de fois plus grande que celle obtenue par la combus- tion du même poids d'hydrogène. » Les mines de charbon de l’Angleterre et du monde entier ne sont plus que bien peu de choses en compa- raison d’une telle source d'énergie. Mais quand surgira un nouveau James Watt qui rendra cette : puissance utilisable ét saura la dompter ? ! Mg. J. Rivière, Agrégée de l'Université, Ancienne élève de l'Ecole Normale supérieure. LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE On sait l’œuvre remarquable accomplie pen- dant la guerre par les Sociétés nationales de la Croix-Rouge des pays belligérants. Cette œuvre, qui à l’origine devait se borner au soin des sol- dats blessés ou malades, s’est étendue en plu- sieurs pays à l'assistance aux populations civiles victimes du grand conflit mondial, des priva- tions et des maladies qu’il a entrainées. Etant donnésle grand développement pris par les associations de Croix-Rouge, le prestige qu'elles possèdent dans chaque pays et l’expé- rience qu’elles ont acquise dans un grand nom- bre de domaines se rattachant à la santé publique, étant donnés aussi les besoins urgents de l'après-guerre et les services qu'elles sontencore susceptibles de rendre, M. H. P. Davison, de la Croix-Rouge américaine, à conçu le projet de proposer aux Croix-Rouges du monde entier de continuer leur travail en temps de paix et de s'unir en vue d'un effort systématique pour Lours BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE 649 prévenir, diminuer et secourir les misères cau- sées par la maladie et les grandes catastrophes. Ce projet, soumis aux Sociétés nationales de la Croix-Rouge des cinq grandes puissances de . l’Entente, rencontra un accueil très favorable et, avec l'approbation et l’appui de leurs Gouverne- ments respectifs, celles-ci ont finalement cons- titué à Paris, le 5 mai 1919, la Ligue des Sociètés * de la Croix-Rouge, sur laquelle nous nous pro- posons de donner ci-après quelques détails. I. — Burs ET CONSTITUTION DE LA LIGUE La Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, en se constituant, a tout d’abord tenu à rendre un hommage empressé à « l’action exercée en faveur de l'humanité par le Comité international des Croix-Rouges à Genève, qui duranttant d'années a stimulé et encouragé les œuvres de secours et d'assistance pour le temps de guerre ». Les nécessités actuelles ont obligé la Ligue à ne pas différer sa constitution ; mais elle se pro- pose de travailler en parfait accord et de coopé- rer avec le Comité international de Genève — avec lequel elle s’est d’ailleurs tenue en rapports constants — et de lui servir de complément natu- rel pour le temps de paix. Cettecoopération con- duira sans doute avec le temps à une union organique des deux institutions, qui maintiendra les glorieuses traditions de lee fondée en 1863 par Dunant. Les buts de la Ligue, tels qu’ils sont exposés dans ses statuts, sont les suivants : 1° d'encourager et de favoriser, dans chaque pays du monde, l'établissement et le développe- ment d'une organisation nationale de Croix- Rouge, indépendante et dûment autorisée, ayant pour but d'améliorer la santé, de prévenir la maladie et d’atténuer les souffrances de tous les peuples du monde, en s’'assurant leur coopéra- - tion à cet effet; 2° de contribuer au bien-être de l'humanité en intervenant comme intermédiaire pour mettre à la portée des peuples le bénéfice des faits déjà connus, des nouvelles découvertes scientifiques -et médicales et de leurs applications; 3° de constituer un intermédiaire qui coordon- nera les efforts des œuvres d'assistance en cas de grandes calamités nationales ou internatio- nales Ces buts ont été approuvés par le Pacte de la Société des Nations, à l’art. XXV, en ces termes: « Les membres de la Société s'engagent à en- courager et favoriser l'établissement et la co- opération des organisations volontaires de ‘la ‘Croix-Rouge, dûment autorisées, qui ont pour objet l'amélioration de la santé, la défense contre la maladie et l’adoucissement de la souffrance du : monde. » La Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge espère d’ailleurs entretenir des relations suivies avec la Société des Nations, comme avec chaque Gou- vernement particulier, tout en conservant son caractère volontaire, sans allure politique, gou- vernementale ni confessionnelle. C’est dans ce but qu’elle a établi ses bureaux à Genève, dési- gné comme le siège futur du Secrétariat général de la Société des Nations, et où fonctionne déjà depuis longtemps le Comité Men des Croix-Rouges. La Ligue, fondée à l’origine par les Sociétés de la Croix-Rouge des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, d'Italie et du Japon, admet dans son sein toute autre Société qui poursuit les mêmes buts et qui est dûment autorisée par son propre Gouvernement. Depuis la date de sa fondation, les Croix-Rouges des pays suivants ont été admises dans la Ligue : République Ar- gentine, Australie, Beigique, Brésil, Canada, Chine, Cuba, Danemark, Espagne, Grèce, Hol- lande, Inde, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pérou, Portugal, Roumanie, Serbie, Etat Sud-Africain, Suède, Vénézuéla. Y La gestion des affaires de la Ligue a été con- fiée à un Conseil général et à un Conseil des Gouverneurs. Le Conseil général, formé de représentants de toutes les organisations nationales membres de la Ligue, se réunit au moins une fois tous les deux ans et décide des grandes questions d’or-. dre général qui doivent être soumises à l’adop- tion de la Ligue. Le Conseil des Gouverneurs se compose de. 15 membres au plus, dont cinq désignés par les sociétés fondatrices à raison d’un par société! et dix membres désignés par les autres sociétés faisant partie de la Ligue, et de deux membres d’oflice, le Directeur général et le Secrétaire gé- néral de la Ligue, nommés eux-mêmes par le Conseil des Gouverneurs ?. Le Conseil des Gou- verneurs a pleins pouvoirs pouragir à la place du 1. Ces cinq membres sont actuellement : M. H. P. Davison, de la Croix-Rouge américaine, Président ; Sir Arthur Stanley, de la Croix-Rouge britannique ; le comte Jean de Kergorlay, de la Croix-Rouge française; le comte G. Frascara, de la Croïix-Reuge italienne, et le Prof. A. Ninagawa, de la Croix- Rouge japonaise. 2. Le Conseil des Gouverneurs a nommé directeur général Sir David Henderson, et secrétaire général M, William Rap- pard. Il a également fait les nominations suivantes : Tréso- rier général, M. André Pallain ; Directeur général des Ser- vices médicaux, le C'R.P. Strong ; Conseiller technique des Services internationaux de Santé publique, le Prof. R. Santo- liquido; Directeur des Services d'initiative et d'extension, M. W. F. Persons; Directeur des Services d'informations et publications, M. W. R. Hereford, 650 Conseil général lorsqu'il ne siège pas, pour adopter des règlements et faire toutce qu'il juge nécessaire ou désirable pour poursuivre les buts dé la Ligue, conformément aux statuts. Un fonds spécial {don de la Croix-Rouge amé- ricaine) servira pendant une certaine période à couvrir les dépenses d'organisation et de fonc- tionnement de la Ligue. Le moment venu, chaque membre sera appelé à contribuer pour sa part aux dépenses. II. — La CoNFÉRENCE MÉDICALE DE CANNES Afin de préparer un programme qui püt servir. de directive aux peuples du monde entier dans une campagne universelle pour la préservation et l’amélioration de la santé publique, le Comité qui a préparé la fondation dela Ligue des Socié- tés de la Croix-Rouge avait convoqué à Cannes, du 1e’ au 11 avril de cette année, une Conférence médicale à laquelle il avait invité des médecins éminents des cinq grandes puissances de l’'En- tente, spécialistes dans les diverses AUÉRO ES se rapportant à la santé publique. Ces savants, sous la présidence de M. Emile Roux, membre de l’Institut, directeur de l’Insti- tut Pasteur, ont tout d’abord approuvé l'initia- tive prise par le Comité d'organisation de la Li- gue quant à l'extension du champ d’action des Sociétés de la Croix-Rouge, « nulle autre organi- sation n'étant aussi bien préparée actuellement à prendre ces grandes responsabilités-et nul autre mouvement ne méritant d'avantage l'appui cor- dial et enthousiaste de tous les peuples ». D'autre part, les membres de la Conférence médicale se sont répartis en six Commissions spéciales : Médecine préventive, Sauvegarde de l'enfance, Tuberculose, Paludisme, Maladies vénériennes et «Nursing », qui ont formulé, dans des Rapports approuvés à l'unanimité par la Con- férence, les tâches à entreprendre par la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge. Voici un aperçu des conclusions de ces rapports : $ 1. — Création d'un Conseil international et d'un Bureau central de Santé Dans un rapport très documenté, le Dr R. P. Strong a d’abord montré la nécessité d'établir une organisation qui s'attache à l'étude des plus urgents problèmes de l'hygiène et de la santé publique et s'efforce à les résoudre de la façon la plus eflicace. Dans ce but, il a préconisé la création d’un Conseil international de Croix- Rouge et d’un Bureau d'Hygiène et de Santé publique, dont les fonctions essentielles seraient les suivantes : 4° Attirer l'attention en tout pays sur les situa= Louis BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE tions particulièrement urgentes qui nécessite- raient des secours médicaux ou sanitaires ; indi- quer quelles méthodesil conviendrait d'employer pour la distribution de ces secours et par quels agents il conviendrait de les distribuer. Arriver à répartir ces secours de la façon 1a plus satisfai- sante, soit par l'intermédiaire d'organisations nationales déjà existantes, soit par la création de commissions spéciales; 2° Encourager de nouvelles recherches surles questions relatives à la santé publique et créer. au besoin des Commissions spéciales pour pour- suivre ces. recherches si elles semblent partieu- lièrement urgentes, recommandables ou néces- saires ; 3 Expérimenter et faire connaître ls décou- vertes et méthodes nouvelles reconnues efficaces dans la lutte contre les maladies contagieuses, ainsi que les nouveaux appareils et procédés sanitaires relatifs à l'hygiène et à la santé pu- blique ; ; ° Recueillir aussi rapidement que possible toutes informations importantes relatives à la santé publique et toutes méthodes nouvelles pour prévenir les maladies contagieuses et enrayer leur développement; propager dans le monde entier ces renseignements et ces méthodes; 5° Tenir un compte exact des institutions, écoles et laboratoires sanitaires de tous les pays intéressés et des travaux qui y sont entrepris; 6o S’efforcer . d'améliorer et de standardiser l’'éducation de la santé publique dans le monde entier. Le Bureau central devra avoir à sa dispos bon pour le travail : a) un Laboratoire d'Hygiène pour l’expérimen- tation des nouvelles méthodes de lutte contre les maladies contagieuses (méthodes de diagnostic bactériologique, vaccination, sérothérapie, sté- rilisation, ete.) ; b) un Musée où seraient exposés tous les nou- veaux appareils sanitaires avec leur mode de fonctionnement. Il serait bon, d’autre part, de, faire chaque année au Bureau central une expo- sition d'Hygiène plus vaste; c) une Bibliothèque où seraient reçus et col-. lectionnés tous les documents relatifs à l'hygiène et à la santé publique, en particulier ceux qui présentent un caractère international. Il serait nécessaire aussi que des revues mensuelles fussent publiées dans lesquelles paraîtraient di- vers articles, rapports et circulaires utiles. La Conférence médicale s’est ralliée entière- ment au programme général ci-dessus. Toutefois, elle a recommandé à l'organisation centrale de la Ligue d'agir surtout parle moyen des Sociétés . nationales de la Croix-Rouge, là où il en existe, en évitant de supplanter, mais au contraire en s’efforçant de fortifier et d'aider toutes autres organisations nationales ou privées qui ont pour but le soulagement de la souffrance et le déve- . loppement de la santé. | Un des devoirs immédiats de la Ligue sera d'aider à la création de Sociétés de la Croix- Rouge dans les pays où il n’en existe pas, et de - fortifier et d’unir en vue des œuvres de santé les Sociétés de la Croix-Rouge déjà existantes. Quand le Bureau de Santé aura été établi, d'autres points importants de la santé publique, en dehors de ceux qui ont été préparés et consi- dérés à la Conférence médicale, devront être exa- minés, par exemple : l'hygiène mentale, l'hygiène industrielle, l'alimentation et la nutrition, ete. | $ 2. — Rapports des Commissions spéciales 1. Commission de Medecine préventive. — La Médecine préventive comprend pratiquement tout le domaine de la santé publique. Certains sujets très importants ayant été étudiés par les autres Commisions, la Commission de Médecine préventive a examiné seulement quelques ques- tions plus’ vastes concernant la législation et l'administration de la santé publique et deux ou . trois sujets d'importance immédiate. L'adoption d'une bonne législation de santé _ publique, qui fait encore défaut dans plusieurs pays, doit être précédée d’un mouvement d’opi- _nion. Le Bureau de Santé pourra y contribuer efficacement en rassemblant et commentant les lois de santé publique et les codes sanitaires des pays et villes importants d'Europe et de l’Amé- ‘rique du Nord, en les distribuant aux fonction- naires des services de santé publique, en aidant les Sociétés nationales de la Croix-Rouge à ré- diger les lois-types pouvant s'adapter aux condi- tions administratives et aux coutumes de leurs pays respectifs. _ En ce qui concerne l'administration de la santé publique, le Bureau central pourra prêter son concours : en créant des initiatives tendant au perfectionnement des statistiques d'état civil et _ de déclaration des maladies infectieuses, fonde- ment indispensable de toute amélioration des _ conditions de la santé; en stimulant et encoura- . geant la création de laboratoires de santé publi- que dans tous les pays ; en favorisant la formation _ d’infirmières de santé publique ou infirmières - visiteuses par la création de centres d'éducation _ « standardisés »; en aidant par tous les moyens > (presse, cinéma, afliches, expositions, confé- _rences) à l'éducation du peuple en matière de _ santé publique. «4 Ta: d 6 : Lours BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE 651 Le Bureau central devra s'intéresser d’une façon toute particulière à la question de l’amé- lioration du logement ouvrier et des plans de ville, en conseillant aux Sociétés nationales de la Croix-Rouge de s'attacher à titre consultatif un ou plusieurs architectes s’occupant de cons- tructions urbaines et de cités ouvrières, et en faisant connaître les meilleurs plans et les cons- tructions les plus pratiques en usage dans les divers pays. Mais les deux problèmes les plus urgents auxquels les efforts qui leur seront consacrés apporteront les solutions les plus rapides et les plus profitables sont la sauvegarde de l'enfance et la lutte contre le typhus. Ces deux points devraient être soumis à l’examen immédiat du Bureau central. La première question a fait l’objet d’un Rap- port spécial d’une des Commissions de la Confé- rence; nous allons y revenir. Quant à la lutte contre le typhus, la Commis- sion de Médecine préventive a élaboré un pro- gramme d'action que la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, dès sa constitution définitive, a commencé à mettre en exécution, notamment. par l'envoi d’une Mission médicale interalliée en Pologne; nous consacrerons également un : chapitre à cette question pour terminer. 2. Commission de la Sauvegarde de l'enfance. — Les enfants, étant les êtres les plus faibles de la société, sont les premiers et les plus forte- ment éprouvés par les conditions hygiéniques, sociales et économiques défavorables. La guerre a augmenté la mortalité infantile et diminué for- tement la natalité dans certains pays. La santé de nombreux enfants qui ont survécu a été con- sidérablement altérée par suite d’une nourriture non appropriée et de négligences involontaires. De plus, la guerre et les récentes épidémies ont fortementaugmenté le nombre des enfants aban- donnés, particulièrement dans les régions dévas- tées. Les enfants représentant l'avenir de chaque pays, une campagne universelle pour la sauve- garde de l'enfance est un des plus pressants be- soins de l’heure actuelle, tant au point de vue humanitaire qu'au point de vue économique. Les problèmes les plus urgents sont : 19 sauvegarder les enfants dans le sein de la mère et favoriser leur développement normal: 2° rendre à la santé les enfants qui souffrent par suite de maladie ou d'alimentation défec- tueuse, favoriser leur croissance normale et leur développement et surveiller la santé de ceux qui n'ont pas encore souffert du manque de nourri- ture ; \ 3 venir immédiatement en aide aux enfants abandonnés. La Commission spéciale a établi un programme très complet pour l’œuvre de la sauvegarde de l'enfance, qu’elle a divisée en six parties, corres- pondant aux différentes périodes de la vie de l'enfant : 1° Avant la conception : considérations eugé- nésiques concernant les futurs parents ; 20 Période pré-natale, pendant laquelle l’en- fant est sauvé par les soins donnés à la mère; 130 Naissance : soins obstétriques à donner à la mère ; 4° Période s'étendant de la naissance à l’âge scolaire, se subdivisant elle-même en deux par- ties : le bas-âge (jusqu’à 2 ans) et la période de 2 à Gans. Dans la première, les deux points es- sentiels sont l'alimentation de l’enfant (allaite- ment maternel de préférence) et une surveillance constante {consultations de nourrissons ou vi- sites à domicile par les infirmières de santé publique ou les visiteuses sanitaires); dans la seconde, une surveillance générale sur l’alimen- tation et l'hygiène doit être continuée : elle per- mettra de découvrir les commencements de mala- dies organiques, de prévenir ou corriger les imperfections physiques ou les difformités; 5° Période scolaire, de 6 à 14 ou 16 ans : ensei- gnement de l’hygiène à l'école (et des éléments de puériculture aux fillettes); 6° Période de l'apprentissage, de 14 à 18 ans : application des lois sur le travail des enfants et adoption de mesures nouvelles, comme l'examen médical des enfants avant l’entrée dans l’indus- trie et la cessation de tout travail qui entraverait la croissance normale. En se basant sur ces considérations, la Com- mission a formulé une série de vœux destinés à orienter l’activité du Bureau central et des ‘Sociétés de la Croix-Rouge dans ce domaine. 39 Commission de la Tuberculose. — La tuber- culose étant l'une des maladies les plus répan- dues et dont les conséquences sont le plus funes- tes à tous les égards, une importance spéciale s'attache à la lutte contre cette affection. La Commission de la Tuberculose a recommandé à l'attention de la Ligue des Sociétés de la Croix- Rouge un certain nombre de points dont nous relevons les suivants: ; 1° Dans toute campagne bien conduite contre la tuberculose, il est indispensable de s'assurer au préalable les moyens d’action qui suivent: a) Dispensaires suffisants, avec laboratoires pour le diagnostic précoce par les médecins spécialistes; infirmières visiteuses qualifiées Louis BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE | pour soigner, conseiller et instruire les ma- lades ; b) Inspection attentive et régulière des enfants d'âge scolaire en vue du dépistage précoce de la tuberculose; c) Traitement d'hôpital pour les cas de tuber- culose aigus, avancés et désespérés; d) Possibilité de traitement en sanatorium pour tous les cas adéquats; e) Education du peuple par toutes œuvres et moyens appropriés sur tout ce qui concerne la tuberculose, ses causes, les moyens de préven- tion, etc, 29 La tuberculose est si intimement liée aux conditions générales d’existence et de travail du peuple, que tous les efforts tendant à l’amélio- ration de ces conditions devront être encou- ragés. La Commission considère comme particu- lièrement importants à cet égard : le soin de l’enfance, les problèmes du logement, du net- toyage, de l’alimentation et de l'alcoolisme: 3° [1 convient d'encourager l'établissement d'écoles de plein air à l'usage des enfants déjà atteints ou suspects de tuberculose; il convient également de protéger les enfants contre le danger de contamination dans leurs foyers, en les plaçant dans des familles saines à la campa- gne, ou dans des asiles, s’il n'est pas possible d'enlever du foyer le malade tuberculeux; « Le sytème de plein air devra être étendu à toutes les institutions ou établissements où il y a des agglomérations d'individus : casernes, orphelinats, pénitenciers, etc. ke [’une des plus grandes difficultés étant de trouver une occupation qui convienne aux tuber- culeux capables encore d’un certain travail dans des conditions favorables, il convient d'en- courager les effort tentés pour établir des colo- nies agricoles et des organisations d'industries appropriées qui seraient rattachées aux dispen- saires et sanatoriums sous la surveillances des médecins. h. Commission du Paludisme. — La Commis- sion a abouti aux conclusions suivantes : À. Œuvre immédiate. — 4 Un Bureau central. du Paludisme devra être institué aussitôt que possible, élémentindispensable d’un plan général d'action bien conçu dans ce domaine. 2 Ce Bureau cherchera, par l'intermédiaire des Sociétés nationales de la Croix-Rouge, à entrer en relations et en collaboration avec tou- tesles organisations nationales qui luttent con- tre le paludisme. 3 Il se tiendra au courant de la lutte contre le paludisme dans tous les pays et se servira de ‘ « Ruth Louis BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE 653 tout ce qui sera accompli dans chaque pays pour | encourager et diriger les autres. . : &° Dans la mesure où les occasions se présen- teront etlà où des ressources seront disponibles, il collaborera avec les organisations existantes - dans la lutte active contre le paludisme. B. Renseignements, propagande etexpériences. — 5° Une étude complète sera faite de tous les | ouvrages relatifs au paludisme, ainsi que sa - répartition géographique. Tous les faits essen- | tiels ainsi recueillis seront groupés sousles titres | suivants: a) régions qui sont particulièrement en proieau paludisme; b) degré de l'infection . ou nombre de cas dans les districts infectés; | c)importance du paludisme en tant que détermi- _ nant l'incapacité de gain(par pays); d) mesures _ contre le paludisme dont l'efficacité a été cons- tatée expérimentalement. 6° Des séries d’expériences coneluantes sur le paludisme serontfaites quand il sera possible, en notant dans chaque cas les conditions locales auxquelles on seheurtera,les mesures qu’on adop- tera, les détails du processus suivi, les résultats _ obtenus et la dépense par tête qui en résultera. | 70 Tous les renseignements recueillis seront exposés sous forme brève, claire et vivante, et abondamment répandus dans les pays atteints. VU US 7 5. Commission des Maladies veénériennes.— Bien que dans maïints pays des efforts aient été ten- _ tés pour prévenir les maladies vénériennes et les _ traiter d’une façon adéquate, il est besoinactuel- . lement d'une action beaucoup plus intense, par _ suite surtout de l’augmentation considérable des . individus infectés pendant la période de guerre ._ et des conséquences désastreuses qui en résul- teront pour l'avenir de la race et de la société. Aussi la Commission a-t-elle élaboré un pro- gramme très complet des efforts à accomplir % dans ce domaine. Tout plan complet de lutte contre les mala- dies vénériennes doit comprendre les principes généraux suivants: . 4° Mesures pourla protection desindividus non . encore contaminés : éducation, distractions et l- récréations et développement du bien-être au foyer, encouragement des mariages précoces, traitement préventif immédiat ; 2° Mesures pour l'élimination de toutes condi- tions de milieu favorisant la dissémination des maladies vénériennes : répression de la prosti- _tution publique et de la promiscuité sexuelle, contrôle de l’usage de l'alcool, etc. ; 3° Mesures pour le dépistage, traitement et surveillance des individus contaminés partout où il sera nécessaire ; SX Tim affiches et fournissant des conférenciers qua- & Mesures pour l'observation et l’enregistre- | ment rigoureux des données relatives aux efforts tentés pour combattre ces maladies ; £ 50 Mesures pour le progrès des recherches et l’expérimentation des méthodes nouvelles ten- dant à réduire l’expansion de ces maladies : gnostic des porteurs de bacilles, traitement, immunisation, etc.; 60 Mesures éducatives. La Commission à estimé que les premiers tra- vaux à entreprendre par le Bureau central doi- vent être les suivants : \ 1e Préparer un code des lois et mesures pris dans les divers pays et qui ont paru les plus efli- caces dans la luttecontreles maladies vénériennes et les communiquer à toutes les Sociétés de la Croix-Rouge; Re 2° Développer la propagande populaire en * recueillant, classant etcommuniquant toutes les brochures de propagande bien faites déjà exis- tantes, préparant des films cinématographiques 12 spéciaux, fournissant tous renseignements pour à articles de journaux et revues, procurant des | dia- lifiés ; 11418 3° Préparer un appel à tous les corps législatifs rA les invitant à inscrire au programme de toutes | les écoles de médecine l’enseignement du traite- ment et de la préservation des maladies véné- riennes ; 4° Faciliter l’étude de ces questions par les infirmiers et infirmières, les travailleurs sociaux, les éducateurs laïques et religieux. 6. Commission de « Nursing! ». — On sait les L services considérables qu'ont rendus pendant la xl [l Fr guerre les infirmières diplômées ou non. L’acti- Fi vitéféminine est appelée à se poursuivre après la guerre, particulièrement dans les Services de Santé publique en voie d’extension. Etant donnée l'importance d'une formation appropriée qui mette les infirmièrés en état de concourir à l’édu- £ cation hygiénique et sanitaire du peuple, la Com- mission du « Nursing » a émis les recommanda- tions suivantes: Le Bureau de Santé recueillera, analysera, 14 publiera et répandra les renseignements relatifs au «nursing » et à l’action féminine dans le do- . maine de la santé publique, c'est-à-dire dans | certaines questions particulières telles que la lutte contre la tuberculose, la sauvegarde de l'enfance, le traitement de l'ophtalmie infantile, le soin des femmes enceintes, le service so- cial, etc. 1. Ce terme anglais, qu'on a conservé faute d'une traduction f 1 française littérale, équivaut à « soins aux malades », & 654 Une propagande sera entreprise, autant qu'il sera possible, dans les päys où les services d’in- firmières qualifiées d’hôpitaux ou de santé pu- blique ne sont pas encore développés en vue d'encourager l'établissement d'écoles profession- nelles pour infirmières. On répandra largement les renseignements relatifs à l'importance du « nursing » de santé publique, à l'insuffisance des moyens de prépara- tion d’'infirmières qualifiées. On vulgarisera de même toutes indications relatives à la transfor- mation des cours préparatoires dans les écoles existantes en vue de les mettre en état de pré- parer des infirmières de santé publique, et l’on s’efforcera de créer des écoles spéciales en nom- bre suffisant pour répondre aux immenses be- soins qui se révèlent dans ce domaine. Bien que limité, le programme de travail tracé par la Conférence médicale de Cannes à la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge est déjà considérable. Il sera mis progressivement à exé- cution, dès que les divers services de la Ligue auront été organisés. Mais dès aujourd’hui l’une des mesures urgen- tes préconisées par la Conférence de Cannes, la lutte contre Le typhus, est en voie de réalisation. Il nous reste à dire brièvement ce qui a été fait dans cette voie. III. — LA LUTTE CONTRE LE TYPHUS EN POLOGNE ET DANS L'EsT DE L'EuRoPE L'une des plus funestes conséquences de la ‘dévastation de la Pologne par la guerre est la terrible aggravation des conditions sanitaires de la population polonaise. Cette aggravation s’est manifestée par un accroissement extraordinaire du taux général de la mortalité, dû particulière- ment à l’épidémie de typhus qui sévit depuis quelque temps dans le pays. Cette situation a engagé le D' T. Janiszewski, ministre dé la Santé publique, à demander l’assistance de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge en vue d’enrayer cette épidémie en Pologne et dans les contrées orientales, en même temps que l'expansion d’autres maladies, notamment le choléra, la peste et la dysenterie, qui, de Russie, menacent de gagner l’Europe à travers la Pologne, Cette requête concordant avec le programme même de la Ligue, celle-ci, après consultation de la Commission sanitaire interalliée et de l'Office international d'Hygiène publique, a décidé d'envoyer en Pologne une Mission médi- cale chargée d’enquêter sur la situation sani- taire et de signaler les meilleurs moyens de venir en aide à ce pays dans la lutte contre l'épidémie Louis BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE de typhus. Cette Mission a été composée de M. H.S. Cumming, du Service de Santé publi- que des Etats-Unis, de M. G. S. Buchanan, pre- mier oflicier de Santé au Ministère de la Santé “ britannique, de M. A. Castellani, du Service de Santé italien, et de M. Visbecq, médecin princi- pal de 1'e classe dans l'Armée française. Partie de Paris au milieu d'août, elle a séjourné enwvi- ron un mois en Pologne, et a parcouru la plus grande partie du pays, inspectant les hôpitaux, les camps de réfugiés, les camps de prisonniers, les habitations des pauvres tant dans les villages que dans les villes. Voici le résümé de ses con- statations : ke Il est bien connu que le typhus est une mala- die à caractère endémique en Pologne. Cepen- dant, avant la guerre, il ne se manifestait d’une. manière générale que, par des cas isolés. Il en fut autrement quand l'invasion, la misère et toutes les autres causes issues de graves troubles so- ciaux apparurent dans le pays en 1914. Le typhus trouva alors les conditions les plus favorables à sa propagation, et il devint un fléau qui attei- gnit des proportions formidables en 1918 et4919. Actuellement la presque totalité du pays est contaminée par la maladie. L'Est et le Sud (Volhynie et Galicie) ont souffert le plus; mais les cas ont été aussi exceptionnellement nom- breux dans le Sud-Ouest. Dans la Pologne telle qu'elle a été délimitée par le Congrès de Vienne de 1815, le nombre des cas déclarés fut de 124.620, avec 9.657 décès (soit 7 % ), du 1°" janvier au 27 juillet 1919, et ces chiffres sont certaine- ment de beaucoup inférieurs à la réalité, En Galicie, où les informations sont plus sûres, les statistiques officielles accusent, pendant le même laps de temps, 21.208 cas, avec 2.812 décès (soit 13,26 %). Dans l’armée, de janvier à août 1919, on a signalé 5.688 cas dans les dépôts, et de mars à juillet 5.863 dans les troupes du front, avec une mortalité de 9,4 %. D’une façon générale, les progrès de l'épidémie furent constants de janvier à avril, devenant presque stationnaires d'avril à juin époque à laquelle ils commence- rent à décroitre. Il est à noter que presque par- toutune épidémie de fièvre intermittente coïncide avec celle de typhus; les cas de la première sont même plus nombreux dans certaines régions, mais la mortalité est beaucoup moindre. Les conditions qui ont favorisé l'extension du typhus en Pologne sont les suivantes : 1° La pléthore d'habitants dans les immeubles, par suite de la destruction des habitations dans des régionsentières et du défaut de constructions nouvelles dans l’ensemble du pays, alors que la population de la Pologne a augmenté par suite F réchaahte “ésninrinii lité | + . -de l’arrivée d’un grand nombre de rapatriés et de . réfugiés venant de Russie ; 2 La sous-alimentation et la misère générale ; une fois de plus le typhus s'est révélé comme le mal inhérent à la misère physiologique, laquelle a suffi à réveiller le feu qui couvait et à généra- liser les épidémies locales; 3 La pullulation des poux de tête etde corps; on sait que ces parasites sont les moyens directs de la contagion du typhus et de la fièvre inter- mittente. D'après les observations de la Mission aussi bien que les témoignages de tous les méde- cins exerçant parmi les milieux ouvriers et les elasses pauvres, la pédiculose est presque uni- verselle ; 4 La non-déclaration d’un grand nombre de cas et de décès, la pénurie de médecins, d'appa- reils et d’antiseptiques, qui empêchent de prendre les mesures d'isolement et de désinfec- tion nécessaires ; 5° Le renouvellement constant de la contami- nation par les nombreux réfugiés (dont un cer- tain nombre atteints de typhus) qui cherchent à quitter la Russie et traversent journellement la frontière ; 6° L'existence de nombreux camps de prison- niers près des villes, où le typhus ne cesse de régner. Toutes ces conditions sont de nature à faire craindre, malgré la diminution des cas pendant les mois d'été (qui est de règle), une recrudes- cence formidable de l'épidémie de typhus (et conjointement de la fièvre intermittente) pen- dant l'hiver qui vient, si les mesures les plus énergiques ne sont pas prises pour remédier à la situation. Même si la Pologne était isolée de l’Europe occidentaleet de l'Amérique, sasituation actuelle serait suffisamment triste pour faire naître une sympathie universelle et pour lui assurer une aide efficace. Mais il est aussi de l'intérêt bien entendu des peuples occidentaux de lui prêter assistance dans sa lutte contre le typhus. Même dans l’état politique et militaire actuel de l’Eu- rope centrale, il y a un mouvement important de gens allantet venant de Russie et de Pologne en Europe occidentale et en Amérique, tels que réfugiés, prisonniers de guerre rentrant dans leurs foyers, soldats ou simples voyageurs. Toutes ces personnes sont capables de propa- ger la maladie La récente épidémie de typhus en Hollande en est la preuve, de même que l'in- troduction du typhus à Gênes et ailleurs par des prisonniers et par l'infiltration continue de la maladie de Russie en Pologne. Dans certaines parties de l'Europe occiden- Louis BRUNET. — LA LIGUE DES SOCIÉTÉS DE LA CROIX-ROUGE 655 tale, il existe à l’heure actuelle des conditions telles de surpopulation, de/sous-alimentation, de manque de vêtements et de combustibles, qu'elles favoriseraient immédiatement une forte épidémie de typhus si le virus y était introduit. Au point de vue international, c’est donc le moment psychologique pour prendre des mesu- res appropriées en vue d'enrayer l'invasion des épidémies russes, tout en débarrassant la Pologne elle-même du typhus et des différentes maladies qu’on peut prévenir. La Mission médicale a étudié ces deux ques- tions. Quant à la protection contre l'épidémie russe, l'établissement d’un cordon sanitaire complet à la frontière orientale de la Pologne n’est pas à recommander, à cause des difficultés quasi insurmontables auxquelles on se heurte- rait et de l’extension déjà considérable du ty- phus en deçà de cette barrière. Mais une mesure très utile, sinon indispensable, serait l’installa- tion, sur les principales routes venant de l'Est, et par lesquelles les réfugiés arriventen masses, de stations appropriées où ces derniers seraient examinés individuellement, désinfectés et, selon le cas, envoyés à l'hôpital ou retenus en obser- vation. Celles-ci fonctionneraient sinon comme une barrière absolue à la contamination, du moins comme -un premier filtre rudimentaire, mais précieux. Des stations de ce genre existent déjà, mais la plupart manquent de personnel, de: matériel, de vêtements de rechange et de nour- riture, que les autorités polonaises ne peuvent fournir en quantité suflisante. C'est de ce côté qu'un secours est absolument nécessaire, La Mission arrive à la même conclusion en ce qui concerne la campagne contre le typhus en Pologne proprement dite. Les autorités polo- naises se rendent parfaitement compte de la gravité de la situation, et le Ministère de la Santé publique, d'une part, le Service de Santé de l’Ar- mée, d'autre part, ont tracé un plan d'action tout à fait rationnel et bien compris. Mais les moyens sont déplorablement insuflisants. Ainsi, pour 28 millions d'habitants environ, la Pologne ne possède que 3.800 médecins,dont 1.400 mobilisés dans l’armée, soit 1 médecin à peine pour 10.000 civils. La pénurie d'infirmières expéri- mentées est quasi absolue, etle matériel fait un peu partout défaut. Déjà plusieurs Sociétés de la Croix-Rouge ont apporté spontanément leur concours à l’amélio- ration de la situation sanitaire en Pologne, no- tamment la Croix-Rouge américaine par l'envoi de médecins, diaconesses, infirmières et volon- taires et de matériel — auquel le Gouvernement américain a ajouté l’envoi d’un détachement \ 656 Fécix BATTESTINI. — LES TRANSFORMATIONS DES IMAGES OPTIQUES sanitaire de 500 hommes de l'Armée américaine — et la Croix-Rouge britannique, en distribuant presque tout le matériel hospitalier qui.se trou- vait entre les mains de son représentant à Var- sovie. Une Société polonaise de la Croix-Rouge s’est fondée récemment pour prendre sa part de la lutte, mais elle aurait besoin elle-même d’être aidée dans son développement. La nécessité s'impose de compléter dans une grande proportion les mesures déjà prises, par une action volontaire de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge. La Mission médicale estime que cette dernière rendrait un service inappréciable si elle concentrait maintenant sur la Pologne les ressources dont elle peut disposer. Les mesures à prendre devraient porter sur les 4 points sui- vants : É 1° Organisation. L'aide à donner ne doit pas être localisée, mais doit combattre et traiter la maladie dans la Pologne tout entière. Certaines parties du travail auront avantage à être faites directement par la Ligue, tandis que d'autres pourront être effectuées plus facilement par le moyen des Sociétés nationales dela Croix-Rouge participant à l’œuvre Il semble essentiel que l’activité de la Ligue soit dirigée sur place par un représentant en relations étroites avec les différents services gouvernementaux et les orga- nisations volontaires. 2° Renfort en matériel. Les articles suivants sont indispensables : savon, sous-vêtements, linge, couvertures, vêtements pour les réfugiés, et les convalescents, vivres pour les hôpitaux (malades et personnel), création d’hôpitaux et ‘contingent de 50 médecins et de 100 infirmières d’ambulances, remèdes, matériel d’épouillage (fixe et mobile), outils et matériel pour la con- struction de bâtiments en bois. 3° Renforis en médecins et infirmières. Un expérimentées serait immédiatement nécessaire, Ceux-ci pourraient être engagés par la Ligue, pour un an par exemple. | &° Développement de la Société de la Croix- Rouge polonaise. La Ligue devrait former une section spéciale chargée d'aider cette Société dans : a) son organisation générale, b) la mise en état et la répartition de ses hôpitaux et autres unités, c) un enseignement destiné à former des infirmières et les meilleurs moyens d'utiliser les activités volontaires. a Telles sont les conclusions du Rapport de la Mission médicale interalliée sur les besoins actuels de la Pologne en vue de la lutte contre le typhus. Nous les avons rapportées avec quelques détails pour bien fixer par un exemple la nature des problèmes dont la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge est appelée à s’occuper et le con- cours qu'elle peut apporter à leur solution. Il est à souhaiter que les efforts qu'elle va dé- ployer dans le cas de la Pologne —et ceuxqu'elle se propose de provoquer de la part des Gouver- nements eux-mêmes, car la tâche est de celles qui dépassentses propres ressources — aboutis- sent à un résultattellement éclatant qu’il justifie sans réserves la création de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge etle rôle qu’elleaspire à jouer : dans le progrès de l'humanité. Louis Brunet, LES TRANSFORMATIONS DES IMAGES OPTIQUES PAR DES RÉFLEXIONS MULTIPLES Cet article a pour but d'étudier, d’un point de vue général, l'emploi des miroirs ou des prismes à réflexion totale dans les instruments d’opti- que, comme redresseurs d'images, et de préciser leur effet qui n'apparaît pas toujours d’une ma- nière évidente. Il traite en particulier le cas du renversement d’une figure par deux réflexions successives. I. — GÉNÉRALITÉS SUR LES RÉFLEXIONS ‘. 1. Remarque initiale. — On ne peut parler du sens d’une image qu’à la condition de préciser comment on la regarde ; mais il est possible de déduire préalablement certaines conséquences des lois de la symétrie auxquelles se conforment les réflexions optiques, sans avoir à parler de l'observateur. i 2. Transformations par réflexions d'un espace . orienté. — Dans ce but, nousorienterons l’espace au moyen (fig. 1): EE 1° de deux axes rectan- gulaires choisis dans le plan de la première ima- ge, les plus commodes !: OY, 0Z5 Fig. 1 1. Nous entendons par plus commodes ceux dont les trans- formations sont les plus faciles à suivre. Dans le cas d’un véhicule de Porro par exemple, ce sont évidemment les axes parallèles aux arètes des deux prismes rectangles. 2° d’un troisième axe normal à l’image et défi- nissant le sens de propagation dela lumière: OX. Il est connu : ; a) Qu’une réflexion seule, équivalente à une transformation de symétrie par rapport à un plan, donne une image qu'il n’est plus possible de superposer à l’objet; si l’on met en coïnci- dence deux des trois axes précédents, parmi les quels OX, et leurs images, le troisième axe et . son image sont opposés l’un à l’autre ; b) Que deux réflexions successives rendent la deuxième image superposable à l’objet. Le premier résultat s'étend évidemment à un . nombre impair de réflexions successives, le deuxième à un nombre pair. | Mais du fait qu'un nombre pair de réflexions rend l’image et l'objet superposables, on ne doit _pas être tenté de conclure que l’image est droite, au sens courant du mot; elle est dans une posi- tion quelconque, elle peut être renversée ; il est seulement possible de la mettre droite par une rolation. De ce qui précède, nous conclurons seule- une des directions de l’objet supposé plan comme l'image, et que, par suite, un instrument d'optique qui donne d’un objet une image sem- blable, mais orientée d’une manière quelconque, . doit compter un nombre pair de réflexions: Le cas des réflexions sur un dièdre (prisme à toit)ousurun trièdre droit — qui diffère, au point de vue de la rencontre des faces réfléchissantes par le faisceau lumineux, du cas des réflexions successives, puisque la lumière incidente se par- tage entre les faces — est soumis aux mêmes règles en ce qui concerne le résultat, puisqu'on peut ne considérer qu’une fraction du faisceau rencontrant les faces successivement. IE. — RENVERSEMENT D'UNE FIGURE PAR DEUX RÉFLEXIONS SUCCESSIVES Deux réflexions peuvent renverser une image, avons-nous dit ; nous allons le montrer en défi- nissant cette fois la position de l'observateur. Etudions d'abord les conditionssouslesquelles il est possible de passer d'une position à l’autre d'un même objet par deux réflexions. Voici leur énoncé : Pour qu'il soit possible de passer d’une posi- tion à l'autre d’un même objet au moyen de deux réflexions, il faut et il suffit que trois points de la première, joints aux points homologues de la _deuxième,définissent trois droites parallèles àun même plan, et queles projections des points sur ce même plan — constituant par le fait de la remière condition deux triangles égaux — ment qu’un nombre impair de réflexions inverse, PAR DES RÉFLEXIONS MULTIPLES 657 soient superposables sans retournement. Ces conditions étant satisfaites, toutes les solutions, en nombre infini, qui conviennent sont telles que l'intersection des deux plans de réflexion leurest commune ; le choix du premier plan est arbi- traire. La condition est nécessaire : Soit en effet (fig. 2) A,B,C les trois points, #,8,y leurs images données par la première réflexion, A',B', C'leurs images définitives; l'intersection des deux plans de réflexion est à la fois perpen- diculaire à Az, B5, C7; A'«, B'6, C'y. Elle est donc aussi perpendiculaire à AA’, BB', CC, et lestrois droites sont parallèles au plan normal à cette in- tersection. Les deux projections sur ce plan abc, a'b'ce' sont superposables comme homologues après deux réflexions. La condition est suflisante: Projetons en effet les deux triangles ABC, A'B'C' sur le plan directeur. Les projections sont des triangles : égaux en vertu de l'égalité de leurs trois côtés, qui sont en effetles projections detron- çons de droites égaux compris entre des plans pa- rallèles, etsuperposables en vertu de l'hypothèse. Il est alors facile de voir que deux réflexions sur deux plans normaux au plan directeur, pas- sant par l'intersection P des perpendiculaires élevées sur les droites aa’, bb', en leur milieu, et dont le premier est quelconque, superposent les triangles abc, a'b'e. Il en est évidemment de même pour lés trian-- gles de l'espace ABC, A’B'C' dont les précédents sont les projections, puisque aA — «’A', etc. Donc finalement les deux figures homologues à trois dimensions sont superposées, du fait que deux réflexions n'inversent aucune des dimen- sions par rapport aux autres. Ceci posé, revenons au problème de renverser par deux réflexions une image optique. La solu- tion en est immédiate si l’on complète préalable- ment l'énoncé; nous choisirons pour cela des 658 Féuix BATTESTINI. — LES TRANSFORMATIONS DES IMAGES OPTIQUES conditions supplémentaires qui se rencontrent généralement dans la pratique. Application. — Empruntons un exemple à la constitution des télémètres et mettons qu'il s’agisse de redresser l’image d’une lunette visant horizontalement et dont l’axe optique devra parvenir à l’observateur dans un plan normal à l'axe de l'objectif et suivant une direction déter- minée inclinée sur le plan horizontal de l’angle (fig.3). OB, OC sera l’image objective, O'B', O'C' l’image après deux réflexions. Poser le problème ainsi, c’est se fixer la direc- tion des axes, O'A', O'B', O'C', — O'’B', O'C' LÀ = C ea RU LR RES NC: À Fig. 3 étant renversés par rapport à OB, OC pour un observateur droit, ayant la tête en A d’abord, en A'ensuite. On doit en somme trouver les positions du point O’telles que les trois droites O0’, BB’, CC’ soient parallèles à un même plan et qu’en outre leurs projections obc, o‘b'c' soient superpo- sables. La traduction analytique de’ ces condi- tions est obtenue en écrivant que les trois plans perpendiculaires à O0’, BB’, CC'en leur milieu ont une droite commune; nous ne la transcrivons pas ; elle situe le point O’ sur une droite définie comme l'intersection du plan vertical où l’on doit amener l'axe de l’oculaire: O’X', O’Z' et d’un certain plan répondant à l'équation : 24 y+ Le point O’ étant choisi sur son lieu géomé- trique, l’intersection des plans de réflexion, commune à l'infinité des solutions possibles répond aux deux équations : (1) (x — 2) — y = 0, +, étant l’abscisse du plan vertical O’X’, 0’7’, (1 — cos i)z sin ==,0; (2) (4— cos {)y — sin 13 + y, (1 — cos i) (L=— cos à) 02 pe té d 4108871 É Yo & étant avec x, les coordonnées de 0”. Il est une manière simple d'interpréter ce ré- sultat. On retrouve les deux plans que repré- sentent ces équations en choississant, parmi toutes les solutions, celle du typeF. T. 25 Barr et Stroud, qui comporte (fig. 4) une première réflexion sur le plan vertical (x — x, — y = 0) faisant45°avec l'axe de l'objectif, etune deuxième sur le plan parallèle à ce même axe, et incliné de t/2 sur le plan horizontal, # étant l'inclinaison: qu'on veut donner à l’axe de l’oculaire, (1—cosi)y — sin i3 etc... —0. i L'intersection de ces deux plans définit la « 0 YX ; Fig. k — 4 : ® droite où devront passer tous les plans de ré- flexion qui satisfont au problème. Es Ç < III. — Coxczusroxs U De l'étude qui précède nous retiendrons : 1° que, dans un instrument d'optique compre= nant des véhicules redresseurs d'images par ‘réflexions, la considération du trièdre orienté dont un des axes se confond avec l’axe optique | de l'instrument est une manière sûre et simple de comprendre ou d'expliquer le rôle des véhi- * cules. Il suffira de connaître, en plus de l'axe |: optique de l'instrument, la transformation subie par un des axes, choisi convenablement dans le plan de Mes le troisième axe du trièdre- se déduira 5 fait qu'un nombre impair de réflexions renverse le sens du trièdre et qu’ un nombre pair le rétablit; à 2 que, dans le cas DC LUIEES où la transfor- | mation d'une image est effectuée par deux ré= » flexions, il existe un nombre infini de solutions. 1 où l’on AHbtaiea la meilleure au point de vue de … la construction de l'instrument, en s'inspirant 4 de considérations diverses telles que : moindre encombrement, facilité de tenue, moindre sensi-. 4 bilité aux variations de température, longueur À de trajet minima de la lumière afin de réduire. F les pertes de clarté par absorption — relatives à | la pièce de verre dont deux des faces opérant des réflexions totales réaliseront les plans choisis. Cette deuxième conclusion nous a été suggérée par l'examen du système central d’un télémètre stéréoscopique allemand à deux réflexions, qu'il est difficile de définir simplement, autrement que du point de vue général que nous avons ex- posé, mais dont nous ignorons cependant s’il a été dessiné d’après ces idées de principe. Félix Battestini, Ingénieur de la Marine. D BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 659 1° Sciences mathématiques - Annales de l'Observatoire Royal de Belgique, publiées sous la direction de G. LecoinTe, puis de - P. Srroopanr. Nouvelle Série, Physique du globe. … Tome VI, fasc. I. 1 vol. in-4° de 142 p. avec 4 pl. et ” 6 fig. l'asc. IT. 1 vol. in-4 de 170 p. avec ? pl. et 7 fig. ayez, imprimeur, Bruxelles, 1914 et 1918. | Ces deux volumes renferment d’abord des observa- tions faites à l'Observatoire d'Uccle sur : le magné- tisme terrestre (1913), l'électricité atmosphérique (1913), - la température du sol à différentes profondeurs (1913) et les secousses sismiques (1910 à 1913), avee la des- cription du Pavillon sismologique de l'Observatoire. On y trouvera, d'autre part, deux mémoires de M. O, Som- ville, astronome à l'Observatoire, dont nous voudrions indiquer brièvement le contenu. Le premier est une « contribution à l’étude des mou- vements microsismiques ». En général, on donne le nom de microsismes à tous les mouvements que seuls les appareils sismiques permettent d'observer, tandis que l’on appelle macrosismes les tremblements de terre cun instrument, Les microsismes — ou tremblements de terre microscopiques, comme on s’est plu à les appe- ler — se divisent en deux grandes espècessuivant qu'ils sont dus à des causes géologiques, donc internes, ou à des causes extérieures. La première espèce ‘com- prend, d’une part, les ondes provenant de trem- blements de terre éloignés, devenues trop faibles ou trop lentes pourinfluencer encore les sens; d'autre part, __ les vibrations correspondant aux faibles secousses sis- miques qui se produisent dans le voisinage des ins- truments. Quant à la seconde espèce de microsismes, ._ elle comprend toutela série des mouvements de l'écorce terrestre qui, à l'opposé des précédents dont les durées totales sont toujours très courtes, présentent ün carac- tère de continuité. C’est à cette seconde espèce de mou- vements que s'appliquent exclusivement aujourd’hui les appellations de mouvements ou agitations microsis- | miques du sol, et c’est d'eux seuls que s'occupe M. Som- ville dans son mémoire. Bien que les mouvements microsismiques soient si- gnalés depuis nombre d'années déjà, nos connaissances à leur sujet présentent encore beaucoup de lacunes. Hecker, d’après des observations faites à Potsdam en 1904 et 1905, les a répartis, suivant leurs périodes, en quatre espèces différentes, pour lesquelles il y a lieu de rechercher des causes distinctes : 1° Mouvements de très courte période (jusqu'à 4 se- condes, limités par M. Somville à moins de 2 secondes); ils ne sont pas dus à descauses naturelles; on se trouve là en présence de vibrations communiquées au sol par la circulation générale et par les nombreuses machines des usines; il y a lieu d'en tenir compte au moment de choisir l'emplacement d’une station sismologique; 2° Mouvements de 7 secondes environ (de 3 à 9 se- condes dans la classification proposée par Somville) ; cé sontles plus importants et les plus intéressants. Dans certaines stations, on les observe presque toute l’année, leur intensité étant toutefois très minime pen- dant l'été ; ils se fontsentir presque avec la même inten- . sité jusqu’à 1.000 m. de profondeur. D'après Wiechert, | ils seraient dus au mouvement rythmique des vagues se brisant contre les côtes ; d’après Wilip, à Poulkowa, ils dépendent principalement de la direction du vent sur la mer Baltique; pour Potsdam, Hecker a trouvé une relation entre cette classe de microsismes et la diffé- rence de pression barométrique sur l'Europe; Klo!z, à Ottawa, est arrivé à une conclusion analogue ; Omori, _ lressentis directement par les sens, sans le secours d’au-, BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX , au Japon, les rattache en général aux cyclones du Pa- cifique ; 3° Mouvements de 30 secondes environ de période; très irréguliers, ils sont dus aux vents locaux, donc au frottement de la masse d'air en mouvement sur la sur- face du sol; 4° Mouvements de 1 minute et plus de période (ou pulsations); ils sont aussi très irréguliers et provien- draient, directement ou indirectement d’après Guten- berg, de l’action du froid sur la surface du sol. C’est aux mouvements de la seconde catégorie (d’une période de 3 à 9 secondes), sur lavéritable cause des- quels règne le plus d’incertitudes, que M. Somville s'est spécialement attaché. [1 nous est impossible d’en- trer ici dans le détail de ses recherches, mais voici les conclusions auxquelles il arrive : 1 1° Les vagues de la mer se brisant contre les côtes ne peuvent pas être considérées comme étant la cause pre- mière des mouvements microsismiques de 3 à g secon- des d'amplitude. Les relations qui ont été trouvées entre le mouvement des vagues et les amplitudes de celte classe de microsismes sont des relations secon- daires entre des phénomènes qui dérivent des mêmes causes. ; IL est, d’ailleurs, difficile à saisir comment les vagues de la mer se brisant contre les côtes peuvent être la cause de mouvements rythmiques de périodes aussi longues. Lorsqu'une tempête se déchaine, par exemple, sur les côtes Ouest des Iles Britanniques ou de la Nor- vège, tous les points de la côte ne sont pas frappés simultanément par des vagues qui se succèdent à inter- valle régulier d’environ 6 secondes, mais, sur une pa- reille étendue de côtes, des chocs se produisent d’une façon ininterrompue. Dès lors, on ne comprend pas que, d'une série de chocs inégaux se succédant très rapide- mept, il puisse résulter, surtout à de grandes distances à l’intérieur des terres, un mouvement régulier d’une période allant jusqu’à 8-ou g secondes. 2° Pour les Observatoires d'Europe dont M. Somyville a pu utiliser les données (Poulkowa, Uccle, Hambourg, Gæœttingue, Gratz et Postdam), il existe une relation étroite entre les amplitudes des mouvements microsis- miques considérés dans leur ensemble et les différences depression barométrique sur une étendue géographique restreinte ayant respectivement chacune deces stations comme centre, Il y a, dans cette liaison, une preuve pé- remptoire d'une dépendance directe existant entre les moûvements microsismiques et les perturbations baro- métriques. 30 Lorsqu'on considère les amplitudes moyennes diurnes des microsismes pour les diverses stations de l'Europe, on constate que très souvent pour un certain nombre de ces stations, plus rarement pour toutes à la fois, ces amplitudes montrent des fluctuations sensible- ment parallèles durant un certain nombre de jours con- sécutifs. Dans tous les cas rencontrés, on a constaté toujours /que les localités intéressées étaient couvertes par une même dépression atmosphérique et occupaient des positions à peu près analogues par rapport aux lignes isobares, En outre, les larges dépressions avec isobares soi-disant parallèles courant à travers toute l'Europe avaient, au point de vue de la production de forts microsismes, une influence plus grande que les dépressions avec isobares très concentriques. En un mot, dans le cas des mouvements microsis- miques d’une période de 3 à 9 secondes, ce sont les dépressions atmosphériques qui, en Europe, mettent le solenoscillation, et lorsque l’on prend en considération tous les éléments des perturbations barométriques, savoir : la différence de pression, l'extension des dépres- sions, la forme des isobares, le degré de régularité de f 660 celles-ci, les troubles secondaires, ete., il est possible, dans la majorité des cas, de trouver dans les fluctuations de ces éléments la contre-partie des variations de l’in- tensité des microsismes dans chaque localité, Toutes les grandes dépressions qui apparaissent sur l'Europe ayant presque toujours leur centresur l’océan, si la mer exerce une influence sur la production des mouvements microsismiques d’une période de 3 à 9 se- condes, c'est dans ce sens que cette influence doit être interprétée. Le second mémoire de M, Somyville est relatif à une question beaucoup plus spéciale, celle « de la différence de phase entre les mouvements du pendule et du galva- nomètre dans l’enregistrement des ondes sismiques par la méthode électromagnétique ». On sait que les appa- reils sismiques du Prince Galitzine pour l’enregistre- ment des mouvements horizontaux du sol se composent de pendules dutype Züllner fortement amortis agissant sur des galvanomètres apériodiques. Dans le cas d’un mouvement harmonique du sol, le Prince Galitzine a démontré que le déplacement du galvanomètre peut se représenter par une sinusoïde simple ayant la même | période que l’onde sismique, en d’autres termes que le mouvement du galvanomètre est le même que celui du sol ; mais entre les deux mouvements il y a une différence de phase (r+-r), r étant la différence de phase entre le mouvement du pendule et celui du sol et +’, la différence de phase entre le mouvement du galvano- mètre et celui du pendule. M. Somyville a reconnu que la solution de ce problème donnée par le Prince Galitzine n’est qu'un cas particu- lier et qu'il existe une äutre solution également exacte, Pour savoir laquelle des deux doit s’appliquer dans la pratique, l’auteur a fait appel à trois moyens de vérifi- calion : 1° comparer des sismogrammes obtenus simul- tanément par la méthode optique directe et par la méthode d'enregistrement galvanométrique appliquées toutes deux au même pendule apériodique; 2° faire osciller le pendule sans amortissement et observer directement au pendule et au galvanomètre les instants précis des maximha des oscillations; 3° comparer des sismogrammes obtenus simultanément par deux pen- dules apériodiques installés parallèlement l’un à l’autre et reliés à des galvanomètres de périodes très diffé- rentes, Les résultats de ces trois ordres de vérifications s'accordent pour montrer l’exactitude de la nouvelle formule proposée par M. Somville, tandis que celle du Prince Galitzine, actuellement en usage, conduit à des retards de temps importants, qui augmentent très rapi- dement avec la période de l’onde sismique. L. PaNcrAuD. Aubert (Jean), Lieutenant d'artillerie. — La pro- babilité dans les tirs de guerre. Préface de M. D’'OcaGNe, Professeur à l'Ecole Polytechnique. — 1 vol. in-8° de VIII- 13? p. avec 37 fig.(Prix : 9 fr.). Gau- thier- Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1919. aux üirs de intéressant : L'application du calcul des probabilités guerre vient de donner lieu à un très ouvrage du Lieutenant Aubert. Se plaçant à un point de vue purement pratique, l’auteur a cherché à s'affranchir de deux conventions très répandues et qui sont à la base des solutions don- nées jusqu'ici aux problèmes des tirs de guerre. La pre- mière consiste à n’envisager que des tirs comprenant un très grand nombre de coups, la seconde à admettre pour chacun d’eux l'existence d’un point moyen fixeet invariable, L'auteur, en s'appuyant sur la condition des points moyens apparents relatifs à un petit nombré de coups, peut s'affranchir de la première des deux hypothèses précitées. La notion d'erreur de hausse en découle logi- quement, Sont ensuite étudiés: la question de la précision de la détermination des erreurs probables d’un canon et les problèmes relatifs au tir simultané de plusieurs pièces. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX Le cas du tir dans une atmosphère variable fait l’ob- jet de la 5° partie; celui du tir réel est traité dans la 4° partie. De nombreux exemples et applications numériques permettent à tous les artilleurs d'utiliser aisément les règles déduites par l’auteur deses calculs. Ainsi que le constate M. d'Ocagne dans la substan- tielle préface de l'ouvrage : « Dans son ensemble, le travail du Lieutenant Aubert nous semble une impor- tante contribution à l’application du Calcul des Proba- bilités aux problèmes du tir envisagé d’un point de vue purement pratique. » On ne saurait queratifier le jugement émanant d'un juge aussi autorisé. P, BourGorw, Ingénieur général d’Artillerie Na vale. x Û 2° Sciences physiques Ostwald (Wolfgang), Privat-docent à l'Université de Leipzig. — An introduction to theoretical and applied Colloid Chemistry (THE WORLD OF NEGLEC- TED DIMENSIONS). Traduit de l'allemand en anglais par M. H. Fiscuer, professeur à l’Université de Cincin- nati, — 1 vol. in-8° de 232 p. avec 45 fig. (Prix cart. : 11 sh. 6 d.). John Wiley and Sons, New-York ; Chap- man and Hall, Londres, 1917. The Chemistry of Colloids. Part I : Chemistry of Colloids, par R. Zsigmondy, Professeur à l'Uni- versité de Gættingue. Traduit de l'allemand en anglais par E. B. Srkar. Part Il : Industrial colloidal Che- mistry, par E. B. Spear, Professeur-adjoint à l'In- stitut de Technologie du Massachusetts, avec un chapitre de J. EF. Norron. — 1 vol, in-S8° de 288 p. avec 39 fig. (Prix cart. : 13 sh. 6 d.). John Wiley and Sons, Nes POrE Chapman and Hall, 11, Henrietta Street, Covent Garden, Londres, 1917. L'étude des colloïdes, inaugurée par les travaux de Graham en 1861, a pris un tel développement depuis le début de ce siècle qu'une douzaine au moins de trai- Lés spéciaux — presque tous allèmands — lui ont été consacrés pendant la décade qui a précédé la guerre. Deux autres ouvrages, de Wolfgang Ostwald et de R. Zsigmondy, se sont ajoutés plus récemment à la série, et ils viennent d’avoir les honneurs d'une traduc- tion anglaise, Le premier est constilué par une suite de cinq confé- rences, données par l’auteur en 1913 et 1914 devant un certain nombre d'Universités et de Sociétés savantes des Etats-Unis et du Canada. La première traite des propriétés fondamentales de l’état colloïdal et des mé- thodes de préparation des solutions colloïdales; la seconde, de la classification des colloïdes, de leurs pro- priétés physico-chimiques et de la manière dont elles varient avec le degré de dispersion ; la troisième, des changements d'état des colloïdes. Les deux dernières sont consacrées à quelques-unes des applications, déjà du Ve de la Chimie colloïdale aux problèmes scientifiques (analyse, photo-chimie, colorants, catalyse, météorologie, minéralogie, agronomie, biologie, etc.) et techniques (lubrification, coloration des verres, céraz : mique, ciments hydrauliques, métallurgie, teinture, tannage, etc.), Cet ouvrage constitue. une bonne revue générale de la Chimie colloïdale moderne, pure et appli- quée, sous une forme intelligible à tout lecteur pourvu d’une culture générale, L'ouvrage de Zsigmondy- -Spear Énput à peu près le même programme, mais d’une | façon beaucoup plus approfondie. La partie théorique, due à nd peut elle- même se divisèr en deux parties: l’une qui expose la préparation, la classification et les propriétés des col- loïdes en général et qui se termine. par une théorie de l’état colloïdal ; l’autre qui traite de la préparation et des propriétés ‘des divers colloïdes, elassés dans l’ordre suivant:colloïdes métalliques, colloïdes métalloïdiques, ln 4 à AO EU 7 » oxydes coiloïdaux, sulfures colloïdaux, sels colloïdaux, - colloïdes, organiques, colorants, corps protéiques. » La seconde partie, due à Spear, décrit, dans une série de chapitres assez courts, les applications de la chimie colloïdale à quelques problèmes techniques qui se pré- sentent dans : la précipitation des fumées et des parti- cules liquides, la fabrication du caoutchouc, le tannage, : la laiterie, la préparation du graphite colloïdal, l'in- dustrie des argiles. Enfin M. J. F. Norton a terminé l'ouvrage par un chapitre sur les rapports de la chimie colloïdale avec l'épuration des eaux d’égouf. Les deux ouvrages, surtout le second, renferment . d'assez nombreux renvois aux mémoires originaux, Tous ceux que la question des colloïdes intéresse les _consulteront avec profit. Mais pourquoi se fait-il que - nous n’ayons aucun ouvrage français sur ce sujet ? Son importance actuelle et future mériterait pourtant de _ tenter auteur et éditeur. Louis Brunet, Î | Robertson (T. Brailsford), Ph. D., D. Sc., Profes- | sor of Biochemistry and Pharmac ology in the Univer- sity of California. — The Physical Chemistry of the Proteins. — 1 vol. in-80 de XV-482 p.(Prix cart. 95 sh.). Longmans, Green and Co, éditeurs, Lt 1918. Les problèmes soulevés par l’élude des protéines ap- D étient de plus en plus l'intervention de la physico- _ chimie, parce que les réactions de cette classe de com- posés et souvent leurs propriétés biologiques sont fonctions non seulement de leur constitution chimi- que, mais encore de leurs propriétés physiques : les ferments, la coagulation de certaines albumines, l’état colloïdal, etc., etc., en fourniraient la preuve, s’il en ties : la première est consacrée à l’histoire chimique des matières protéiques, constilulion, préparation, détermination quantitative, réactions, combinaisons iverses avec les composés organiques et minéraux. C'est un exposé général des acquisitions qui, depuis une vingtaine d'années, ont transformé nos connaissan- ces, restreintes et incertaines, sur les albumines en un chapitre de la Chimie biologique qui, en dépit de gran- des lacunes, est aujourd'hui coordonné et assez bien éclairé sur quelques points. Dans la seconde partie, l'auteur s'étend longuement sur l’éleetrochimie des protéines: formation et dissocia- tion des sels, mécanisme de la coagulation, etc. La troisième partie.est consacrée aux propriétés phy- siques des colloïdes albuminetx : propriètés optiques, . diffusion ;Cryoscopie, tension superficielle, magnétisme, pression osmotique, etc. Enfin, la dernière partie, qui n’est pas la moins inté- ressante, estune application des données précédentes à l'étude scientifique et précise du mécanisme de l'hydro- lyse des poly peptides et des substances protéiques par les diastases, aussi bién que de la synthèse de cescom- posés par l'action réversible de ces mêmes ferments. Ce volume n'est pas toujours d’une lecture facile, et il . laisse, comme beaucoup de traités de physico-chimie, - l'impression, sans doute inexacte, que les résultats "acquis, dont personne ne songe d'ailleurs à contester la portée, ne correspondent pas toujours à l'effort déve- loppé pour les obtenir, Ceci ne saurait être une critique de l'ouvrage de Brailsford Robertson, qui est un exposé consciencieux, complet, clair d’un ensemble de questions très impor- tantes et que nul n’a le droit d'ignorer: car, de plusen _ plus, elles dominent la science et substituent des lois ._ mathématiques aux notions empiriques d'autrefois. _ Le volume, qui est d’ailleurs fort bien imprimé, est complété par un chapitre supplémentaire consacré à la technique des mesures électrochimiques dans la série des protéines. Une bibliographie abondante (sujets et . était besoin. L'ouvrage de M. Robertson est divisé en quatre par- | | $ 1 L. ’ BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 661 noms d'auteurs) ajoute à l'intérêt de l'ouvrage un élé- ment qu'on né saurait trop apprécier. D'L. HuUGouNENQ, | Professeur de Chimie médicale à la Faculté de Médecine de Lyon, Membre correspondant de l’Académie de Médecine. \ 3° Sciences naturelles Moreau (F.). — Notions de Technique microgcopi- que. APPLICATION A L'ÉTUDR DES CIHAMPIGNONS. — 1 vol. de 59 pages avec 35 fig. Léon Lhomme, éditeur, 3, rue Corneille, Paris, 1919: L'étude cytologique des Champignons a fait depuis un quart de siècle des progrès considérables.En France, M. Dangeard, par ses belles découvertes, dans le domaine de la sexualité des champignons notamment, a montré tout l'intérêt des études cytologiques pour l'exploration du domaine de la Biologie. Aussi, nom- breux sont les chercheurs qui se sont engagés dans cette voie et il n’est pas douteux qu'un guide ne soit utile et bienvenu. L'opuscule de M, Moreau est une leçon de technique prétise, concise et très pratique. M. Moreau prend pour ainsi dire l'élève par la main et, sans lacunes comme sans digressions, il le conduit au but. Il lui montre com- ment il doit s s'y prendre, non seulement pour l'examen rapide d’une Agaricinée, par exemple, dont on se con- tentera de reconnaitre l’hymenium et lés spores, mais encore pour étudier le noyau et ses divisions, le cyto- plasma etses inclusions, les corpuscules métachroma- tiques et lechondriome. Pour permettre cetle élude approfondie, l’auteur donne à l'étudiant toutes les indications nécessaires et suflisantes sur le microscope et son emploi, les mensu- rations et le dessin, sur la fixation, clusion à la parafline, la pratique des coupes au micro- tome en séries, Le collage et le séchage des coupes, leur coloration, le montage au baume. Il guide l'observateur dans l'examen de la préparation une fois réalisée, pour l'étude du noyau, des corpuscules métachromatiques, du chondriome. L'auteur n'a pas voulu rédiger un traité. Il donnenon pas les diverses méthodes que l'on peut employer, mais celles qu'il vaut le mieux employer, el il en indique très peu, le plus souvent une seule, la plus éprouvée condui- sant au meilleur résultat. L'autorité acquise par l’au- teur dans, ses travaux de Cytologie appliquée à la Myco- logie en fait un guide aussi sûr que possible. Son expérience a déjà fait la sélection dont profite l'élève, c'est là le principal intérêt de son travail, L'étudiant n’a pas à se perüre dans un dédale de théories, dé pro- cédés divers dont. il n'est pas à même de discerner l'échelle des valeurs. IL arrivera certainement au but dans les meilleures conditions en suivant les indications de M. Moreau. Lorsqu'il aura appris de cette façon à reconnaitre lescorpuscules mélachromatiques, lenoyau et ses divers états, lechondriome, sa curiosité éveillée, son intérêt stimulé, le porteront à employer d’autres méthodes, à étendre ses éssais et.à comparer les résul- tats obtenus. L'opuscule de M. F. Moreau servira à franchir la pre- mière étape au delà de laquelle on sera à même de jouir de toutes les ressources d’untraité aussi riche que celui de M. Langeron, par exemple, ou de celles qui se trou- vent éparses dans les mémoires originaux, Ce travail estaccompagné de 33 figures, représentant non Seulement loutillage à mettre en -œuvre, mais encore, à l’aide de dessins empruntés à M. Guillier- mond, les résultats que l’on peut obtenir. En terminant ce bref compte rendu, nous voulons féliciter, non pas M. F. Moreau, qui n’en aurait que faire, mais les mycologues débutants qui trouveront ainsi l’essentiel de leur technique misau point et exposé de main de maitre. Plus favorisés que leurs ainés, ils rencontreront tout fait un travail que ceux-ci ont dû la coloration, l’in= 662 laborieusement préparer en recherchant dansles mémoi- res originaux les linéaments de cette technique, en les assemblant au mieux de leur jugement pour les soumet- tre à l'épreuve de l'expérience. x J. BEAUVERIE, Professeur à la Faculté des Sciences de Clermont-Ferrand, Cabrera (Angel). — Genera Mammalium. Mono- tremata. Marsupialia. — { vol. gr.in-8 de 177 pa- ges, avec 19 planches en couleur. Junta para Amplia- cion de Estudios é Investigaciones cientificas, 1, Moreto, Madrid, 1919. Le Genera Mammalium dont M. Angel Cabrera vient de commencer la publication (car il nous faut espérer que cet important fascicule, qui concerne les Monotrè- mes et les Marsupiaux, n’est que le premier d’une série où seront successivement passés en revue tousles ordres mammaliens) est conçu sur le type du Genera Insecto- rum de Wytsman, dont les entomologistes apprécient à la fois la concision et la clarté. Voici brièvement exposé le plan qu’a suivi l’auteur : Pour chaque ordre (Monotremata, Marsupialia) est donnée une clef analytique, d’abord des sous-ordres, quand il y a lieu, ensuite des familles. A propos de chaque famille, sont successivement indiqués les caractères distinetifs, les modes de vie ét de reproduction, la distribution géographique, les for- mes disparues et la bibliographie. Vient enfin une clef analytique des genres. Chaque genre est alors pris en particulier avec sa -synonymie, l'indication de son espèce type, ses carac- y D , à tères, sa distribution géographique et l’'énumération de ses espèces avec leur référence et leur habitat, Ce rapide aperçu donnera peut-être une idée des grands services qu'est appelé à rendre aux mammalo- gistes l'ouvrage de M. Angel Cabrera, Il est écrit en un style clair et simple, et, autant que l’on peut en juger déjà (car la valeur d’une œuvre semblable ne peut s’ap- précier pleinement qu'à l'usage), sa documentation est sûre et de première main. Ayant conçu moi-même en même temps que M. Angel Cabrera l’idée d'un ouvrage très comparable au sien et dont deux fascicules sont déjà publiés ! (Catalogue rai- sonné et descriptif des Collections d’Ostéologie du Service d'Anatomie comparée du Museum d'Histoire naturelle, Paris, Masson, 1919. — Fascicules parus : Pholidota, Tubulidentata), ayant par conséquent longuement réfléchi de mon côté aux moyens de surmonter les dif- ficultés très complexes que soulève la réalisation de l'objectif que l’un et l’autre nous poursuivons, je me permettrai de présenter les quelques observations qui vont suivre et qui d'ailleurs ne| diminuent en rien les très grands mérites de l'ouvrage du savant natura- liste espagnol. J'aurais désiré voir l’auteur tenir plus de compte encore qu'il ne l'a fait de l'ensemble des caractères ana- tomiques, Dans l’état actuel de nos connaissances, lorsque l’on envisage des catégories aussi compréhen- sives que les familles et les genres, on ne saurait vou- loir s’en tenir, en Taxinomie, à la seule considération, précieuse sans doute pour la distinction des espèces au point de vue de la pratique, des caractères dits zoologi- ques, c’est-à-dire de l'extérieur, du crâne et de la den- tition. Ceci ne paraît point discutable si l’on admet 1. Voir la Revue gén, des Sciences du 30 avril 1919, p. 232, et du 15 novembre 1919, p. 632. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX. ——————— ;: qu'une classification doit, en même temps qu'être d'usage commode, rendre compte des affinités, J'aurais voulu voir aussi l’auteur discuter la valeur des espèces établies et non point se borner à les énu- mérer simplement. La difliculté est peut-être insurmontable lorsqu'il » s’agit d’Insectes où presque dans chaque genre le nom- bre des espèces est considérable; elle ne l’est pas à proprement parler en Mammalogie, La connaissance des Monotrèmes et des Marsupiaux dont M. Angel Ca- brera fait preuve nous fait vivement regretter qu’il ne se soit pas imposé cette légère tâche supplémentaire. Mais il m’objectera peut-être qu’alors son genera n’eûùt plus été un genera ! à Enfin, j'aurais préféré voir les nombreuses figures qui sont réunies en 19 planches à la fin de son volume réparties dans son texte. Pour un ouvrage comme le sien, appelé à devenir, comme le Catalogus de Troues- sart, un sade-mecum des mammalogistes, et qui par. conséquent doit avant tout viser à être d'un usage pratique, le détail a son intérêt. Le Genera Mammalium est écrit en langue espa- gnole. . En même temps que l’auteur pour son œuvre éminem- ment utile, nous devons féliciter la /unta para Amplia- cion de Estudios e Investigaciones cientificas ainsi que le Musée national des Sciences naturelles de Madrid sous les auspices desquels elle a été entreprise, | : R. ANTHony. 4° Sciences médicales Piouffle (H). — Les psychoses cocaïniques. —. 1 vol, in-8° de 270 pages avec à planches hors texte (Prix : 12 fr.). A. Maloine et fils, éditeurs, Paris, 1610. ‘ L'auteur s'est placé résolument à un point de vue pratique et clinique, et a écarté de propos délibéré tout ce qui est exposé de recherches de laboratoire. Il présente d'une part une étude sommaire de la question de la coca et de la cocaïne au point de vue historique, botanique et chimique, et d'autre part une description des psychoses auxquelles donne lieu l’intoxication cocaïinique. La substance de cette partie de l'ouvrage. est essentiellement constituée par l'analyse de sept, observations caractéristiques, qui permettent à l’auteur de faire l'étude des éléments constitutifs essentiels des délires cocaïniques (impulsions, illusions hallucina- toires, rêves; — les chapitres consacrés aux troubles du langage écrit, et aux dessins, sont illustrés d’excel- lentes reproductions photographiques, qui rendent » directement saisissables aux lecteurs les troubles étu- diés, leur évolution au cours de l’intoxication, leur guérison sous l'action d’un traitement approprié). — Enfin l’auteur expose une classification personnelle des délires cocaïniques et décrit les différents états psycho- patiques qui résultent de l’intoxication aiguë et chro- nique. Get ouvrage, écrit spécialement pour les! médecins, leur sera un guide précieux, car il leur facilitera le dia- gnostic entre les psychoses d’origine cocaïnique et tous les syndromes psychiatriques qui peuvent être confon- dus avec elles : l'importance de ce diagnostic est grande, car, l’étiologie cocainique d’une psychose étant, une fois reconnue certaine, un pronostic favorable s'impose, À D' Henri LAUGIER. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 663 ACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 27 Octobre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. J. Volmat: Appli- cation de la photographie aérienne aux levés hydrogra- phiques: La photographie aérienne par hydravions se prèle à une détermination rapide et exacte des éléments terrestres des cartes hydrographiques : trait de côte, détails de planimétrie, contour des roches découvrant à basse mer. De plus, les photographies permettent de "découvrir des hauts-fonds dangereux pour les navires par l’aspect que présente soit le fond de la mer, soit sa surface . En effet, les fonds sous-marins impressionnent la plaque photographique s'ils sont suflisamment éclai- rés, ce qui exige que le Soleil soit haut sur l'horizon et la mer calme. D'autre part, par l'effet des courants les hauts-fonds provoquent à la surface de la mer une agi- tation et des remous caractéristiques, qui se traduisent sur les photographies prises au fort des courants de marée. ! 2° ScreNCES PHYSIQUES, — M. J. Ubach : Observations magnétiques faites à Buenos-Ayres pendant l'éclipse annulaire de Soleil du 3 décembre 1918. Pendant la durée de l’éclipse, la déclinaison a varié de la façon suivante : dès le commencement, el surtout lorsqu'une partie importante de la surface solaire était déjà occul- riée, l'aiguille a dévié vers l'Ouest; cette déviation a été en augmentant jusqu'à la phase maxima où annulaire. A partir de cet instant, l'aiguille est revenue vers l'Est, entement d’abord, puis plus rapidement lorsque la moitié de la surface du Soleil a été découverte, et plus rapidement encore pour revenir à sa valeur normale ers la fin de l’éclipse. — M. C. E. Brazier : Sur les relations du vent avec le gradient dans les couches bas- ses de l'atmosphère, M. Angot a montré que le vent au sommet de la tour Eiffel fait avec le vent mesuré à la terrasse du Bureau ‘central météorologique un ängle vers la droite. L'auteur a reconnu que cet angle est d'autant plus petit que la température décroit plus rapidement entre le niveau des toits et le niveau de 300 m. En outre, pour une distribution donnée des tem- pératures dans la couche de 300 m., la variation de la direction du vent quand on s'élève dans l'atmosphère est fonction de la grandeur du gradient et d'autant plus petite qué le gradient est plus fort. — M. L. Majorana : Expériences sur la gravitation. L'aûteur a poursuivi ses recherches sur l’absorption possible de l'attraction néwtonienne par les masses qu'elle traverse (voir p.634). -Au moyen d’une balance appropriée, il a constaté une diminution de 0,000g mgr. sur une masse de 1.274 gr. mercure contenus dans un cylindre qui entoure la masse, Cette diminution de 7.10—10 de la masse du plomb, quoique bien minime, paraît à l’auteur tout à fait sûre ; elle est de l'ordre de grandeur qu'il avait prévu. — M. H. Muraour : Comparaison des températures d'ex- » plosion calculées à partir des chaleurs spécifiques et à partir des pressions explosives. Les températures caleu- lées à partir des chaleurs spécifiques de Mallard et Le Châtelier ou de Sarrau sont nettement supérieures à celles qu'on calcule à partir des pressions Table mano- métrique jusque vers 1.500°, où elles deviennent égales, - De 1.500 à 1.700’, le calcul effectué par l'une ou l’autre des deux méthodes conduit à des températures qui sont certainement au-dessous des températures réelles. Les températures calculées d’après les chaleurs spécifiques de Schreber sont entre 1.300° et 2.700° en accord satis- ‘faisant avec les températures calculées à partir des pressions Table C (table du Laboratoire central de la Marine et du Laboratoire central des Poudres). — M. P. Chevenard : Sur la viscosité des aciers aux _ de plomb lorsque celle-ci est entourée par 104 kgr. de ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES .DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER températures élevées. Pour tous les aciers proprement dits, ordinaires ou spéciaux, les aciers rapides exceptés, le revenu d'adoucissement, effectué dans les conditions usuelles (exposition d'une durée de quelques heures à 60o°-500°, refroidissement moyennement lent), suflit largement à assurer la destruction pratique des tensions internes résultant des traitements thermiques et méca- niques antérieurs, MM. Ch. Moureuet Ad. Lepape : Sur la stabilisation de l’acroléine. Procédé empirique de stabilisation. Les autéurs ont remarqué que, parmi les impuretés de l’acroléine brute, les unes, si elles sont présentes en quantité suflisante, jouissent du pouvoir d'immuniser l’acroléine contre sa transformation en disacryle insoluble, tandis que les autres, même S'il n’en existe que des traces, provoquent plus ou moins rapidement sa transformation en résine soluble. Prati- quement, la proportion eflicace des impuretés stabili- santés et l'élimination des impuretés nuisibles sont obtenués en soumettant à une condensation partielle le mélange global des vapeurs issues de la préparation de l’acroléine, de telle sorte que ces vapeurs entrent en- suite dans l'appareil liquéfacteur (réfrigérant à eau très froide) à une température voisine de 70°. — M. Chelle: Sur la transformation de l'acide cyanhydrique en acide sulfocyanique au cours des putréfactions cadavériques ; expériences faites in vitro. Au cours des phénomènes putréfactifs, HON et les cyanures alcalins sont détruits ou transformés, Cette transformation, qui commence très vite, est partiellement réversible, c’est-à-dire que son produit est susceptiple de régénérer HCN par un traitement approprié (aclion de l'acide chromique ou des chromates en milieu acide). Le produit de la trans- formation de HOCN est de l'acide sulfocyanique prove- nant de l’action, sur le premier de ces acides, des élé- ments sulfhydriques de la putréfaction. 3° SciENCES NATURELLES, — M. L., Joleaud : Sur la tectonique des environs de Tilouanet (Oran). Les obser- vations de l’auteur sur les sondages effectués à Tiloua- net confirment l'existence de phénomènes de charriage dans l’Afrique du Nord et montrent que ceux-ci ont affecté également l'Atlas tellien intérieur, jusqu’au voi- sinage de la grande plate-forme jurassique de la Meseta/ dé Saïda. Les charriages oranais sont post-helvétiens et anté-tortoniens. — M. E. Sollaud : /nfluence des con- ditions de milieu sur les larves dk Palæmonetes varians microgenitor Boas. Tous les élevages de ce Palémonide faits au Laboratoire en eau saumâtre ont fourni une proportion très élevée'de larves anormales, possédant une armature céphalothoracique réduite par rapport à celle qui existe, aux stades correspondants, chez la grande majorité des individus qui ont évolué en milieu normal. Ces résultats proviennent à la fois de la difré- rence de salinité et d’un ensemble complexe de facteurs difficiles à préciser : différences dans le mode d’alimen- lation ou dans l’aération de l’eau, absence d’inso- lation directe dans les récipients d'élevage, etc. — M. J. Nageotte : Ostéogénèse dans les greffes de carti- lage mort. L'autéur a observé, dans des rondelles de cartilage auriculaire de. lapin, fixées dans l'alcool! et greffées dans l'oreille d'animaux de même espèce, un processus d’ostéogénèse, très analogue à l'ossification enchondrale de l'embryon. Là, comme dans la greffe d'autres tissus morts, le tissu greffé attire les fibro- blastes et produit leur métaplasie. — M. A. Paillot : La karyokinétose; faits nouveaux et considérations gé- nérales. L'auteur a observé la karyokinétose (voir p.569) chez plusieurs autres chenilles avec diverses espèces microbiennes entomophytes. Le produit microbien qui la provoque est caractérisé par sa grande thermostabi- lité : l’ébullition, même prolongée quelques minutes, l’altère à peine. La karyokinétose doit être considérée ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES “ comme une réaction d'immunité, — MM. A. Marie, C. Levaditi et G. Banu: Nouveaux essais de transmis- sion du tréponème de la paralysie générale au lapin. Les auteurs ont pu,comme déjà en 1913, transmettre au lapin le tréponème circulant he le sang des paralyÿli- ques généraux et oblenir ainsi 3 souches de virus neu- rotrope. Toutefois, ces souches diffèrent de celle qu'ils ont eue entre les mains en 1913 par la localisation des lésions, préputiale et anale avec les virus récents, exclu- sivement scrotale avec l’ancien virus, En outre, cette fois-ci, ils ont constaté une manifestation palpébrale, de nature métastatique. Séance du 3 Novembre 1919 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Ch. Frémont : Nouvelle méthode d'essai de fragilité des tubes métalli- ques. Cet essai s'effectue par la flexion dynamique de la paroi d’une virole détachée du tube et entaillée perpen- diculairement à la fibre fléchie. L'essai de flexion doitètre effectué, suivant l’usage auquel est destiné le tube, soit en long el l’entaille est alors perpendiculaire aux géné- ratrices du tube, soit ei travers et l’entaille est alors parallèle aux génératrices. Cette entaille doil être d’au- tant plus étroite que lé tube doit présenter en service une plus grande résistance vive. L'essai de fléxion en long s'effecthe au choc d'un mouton ou d’un marteau à ressort ; l'essai en travers, par évasement, jusqu’à rup- ture, sous le choc d’un mouton frappant sur un cône. entrant dans le tube, — M. M. Ringelmann: Sur les recherches de résistance à l'usure des pièces de machines agricoles. Les pièces sont déplacées dans un sol déter- miné par un grand manège mû, à la vitesse voulue, par un moteur électrique; un compleur enregistre le che- min parcouru L,.ayant provoqué une usure 4 pour un genre donné de pièce. Un étalon en métal homogène d'une usure {rès rapide, ayant les mêmes dimensions que les pièces essayées, indique aw manège une usure A pour un parcoursbien plus réduit L Pour obtenir le apport des usures des pièces dans des sols différents, on fait faire ensuite dans les champs,dont les terres sont de diverses naturés,un parcours l'aux pièces étalons qui révèlentuneusure A'.Il suflit alors de comparerles usures . À et À avec a et d'en déduire les parcours L'que chaque nature de métal peut supporter dans différentes terres avant que-la pièce soit assez usée pour être remise en état à la forge ou jetée au rebut. — MM, G. Fayet et A. Schaumasse: Xelour de la comète périodique 1g11 vu (Schaumasse). Les auteurs ont calculé les perturba- tions produiles par le passage de cette petite comète près de Jupiter et l’époque de son prochain retour au périhélie, Grâce à ces calculs, ils ont retrouvé dans les nuits du 29 et 30 octobre une comète très faible, qui pa- rait identique à celle de 1911, mais dont le passage au périhélie a été avancé, d'où ils concluent que le moyen mouvement adopté pour 41911 était trop faible de 3”. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M.H. Deslandres : /emar- ques sur la constitution de l'atome et les propriétés des spectres de bandes. L'auteur-a comparé les fréquences de la bande ou partie la plus intense dans tous les spec- tres ultra-violets, lumineux et infra-rouges, dus à l'azote et au carbone ; la plupart des spectres sont d'émission ; quelques-uns sont obtenus par phospho- rescencé et absorption, Cette comparaison a fait ressor- tir la relalion très simple : Les fréquences de la bande maxima sont des multiples d'une même fréquence infra- rouge. Il est possible que cette fréquence élémentaire, qui se retrouve plusieurs fois dans les trois éléments, C, N, CN, soit la même pour tous les corps ou un groupe imporlant de corps. L'auteur indique une structure de l'atome qui pourrait rendre compte de ces faits. —M,G. Brubhat : Séparateurs de radiations : application à la spectropolarimétrie. Le séparateur de radiations se compose en principe d'une fente-source de largeur ré- glable, d'une lentille collimatrice, d'un système de pristues et d'une lentille-objectif qui, pour une lumière monochromatique, donné de la fente;source une image de largeur d,., En lumière blanche, ces images forment un spectre, dont une partie passe à travers une fente diaphragme de largeur d, L'auteur montre que, pour une largeur de bande spectrale donnée, le flux luminew est maximum pour d — dy, L'auteur a employé cet, appareil à l'étude de la dispersion rolatoire au voisinage de bandes d'absorption étroites. Avec les solutions de tarlrate neutre d'uranyle, il a vérifié la règle de Natan- son et la rêgle dé Bruhat.— MM. Ledoux-Lebard et Dauvillier : Sur les constantes fondamentales de Læ spèctr ométrie des rayons X, MM.Bragg, dans leur déter= mination de la structure de la calcite par les rayons X, sont arrivés, pour la distance réticulaire des plans p du rhomboëdre, à la valeur 3,04>< 10—8 em.; d’autres sa- vants ont donné des valeurs un peu divergentes. Etant. donnée l'importance de cette constante, les auteurs en ontrepris le calcul en se servant des données de Comp- ton ét Uhler, de Siegbahn et de Uhler et Cooksey, et. ils arrivent aux nombres concordänts, 8,0348 et, 3,0346 X 10—8 cm. — M. P. Loisél:Sur la radioactivité de l'eau de la grande source de Bagnoles de l'Orne et ses varialions, La radio-activité des gaz de cette source a été trouvée égale : en 1904 à 0,0113 microëurie par litre, en 1907 à 0,0024 microeurie, L'auteur a constaté. que la quantité de radium dissoute par litre d'eau. est. en moyenne de 68 >< 10 —l2gr., avec des variations. allant du simple au quintuple; la quantité d'émanation en dissolution varie de 2 à 15 dix-milli-microcuries. — MM. J.Guyot et L. Simon: Action de l'anhydride sul=" lureux et de l’oléum sur l'alcool méthylique. Préparatio. £ du sulfate diméthylique, L'aetion de l’oléum à 6oc/, sur. l'alcool méthylique pur en proportion calculée conduit à la formation du sulfate diméthylique avee un rende. ment supérieur à 90 °/. — MM. P. Sabatier. el Ac Mailhe : Sur lu réduction catalytique des éthers acéti=" ques halogénés. Les auteurs ont vérilié que leur procédé de réduction directe sur le nickel en système gazeux peut être appliqué à des molécules dont le groupe fonc-. tionnelest stable vis-à-vis de l'hydrogénation, Il en est” ainsi pour les éthers acétiques halogénés. Avecle mono= - chloracétate d’éthyle, on obtient del'acétate d'éthyle et. HCI et dé petites quantités d'aldéhyde et d'éthylène provenant d’une action exercée sur l'acétate d'étliyle lui-même, Avec le di-et le tri-chloracétate d'éthyle, on” obtient de même lacétate d’éthyle, mélangé d’un peude produits mono- et dichlorés.— M. E. Léger : La ë-cin=" chonine et ses isomères; ses relations avec la niquine.n L'auteur montre que la d-cinchonine de Jungfleiseh el. Léger doit être considérée comme un mélange de deux. bases, qu’il nomme #- et £-cinchonhydrine, F. 144°,4 et K.195°,8, En chauffant pendant 24 heures à reflux la-® cinchonhy drine avec SO'H® à 50°, on Ja transforme en un nouvel isomète, la y-cinchonhydrine, amorplie. IL est probable que la niquine se forme aux dépens de la : quinine par le même processus que les &- en drines aux dépens dela cinchonine. ï 3° SCIENCES NATURELLRS, — MM P. Termier ét G. Friedel: Sur la structure du bassin houillér du Gard. J Les observations des auteurs sur les rapports du fais- ceau de Sainte-Barbe avec les faisceaux de la Grandé-" Combe et du Pradel, sur la région dela Cèze et de l'A zonnét, et Sur la région de Laval et du Mas-Dieu, mon- trent, pour toute la partie du bassin dû Gard qui estau nord du parallèle de Laval, une alluretectonique unique conforme dans son ensemble à la conception génialede Marcel Bertrand d’un grand charriage ayant produit le: recouvrement d'un système plus jeune par un système | plus ancien, — M,J. de Lapparent: Sur les roches à. Radiolaires des terrains dévoniens de la vallée de là Bruche (Alsace). L'auteur a fait l'étude micrographiques détaillée des phtanites de la vallée de la Bruche etra reconnu/que ce sont des roches à Radiolaires, Dans une masse de calcédoine, ces organismes sont distribués en trainées parallèles à la stratification desbances, Dansu grand nombre de cas, ils sont transformés en une chlo= rite de très faible biréfringence ; dans d’autres, ils sont remplacés par du ica blanc associé à du quartz Le: roches noires des conglomérats v oisins sont encore des a < roches à Radiolaires, mais dans lesquelles le squelette de ces organismes est complètement transformé en silli- manite.— MM. P.Mazé, Vila et Lemoigne : Ac/ion de la cyanamide et de la dicyanodiamide sur le développe- ment du maïs. Les résultats obtenus par les auteurs mettent bien en lumière les propriétés physiologiques de la cyanamide et de la dicyanodiamide. Ni l'une ni l'autre ne sont des aliments azotés de la plante. La toxicité de la première, qui tue la plantule en 48 b., explique bien les mécomptes enregistrés par les prali- ciens ; l’inertie de la seconde, qui ne se transforme pas n urée, est une cause d’abaissement de rendement comparativement à l’azoteammoniacal lorsque l’engrais éommercial en contient des quantités sensibles, — M, J. Pellegrin: Surlafaune ichtyologique des eaux douces du Maroc. L'auteur donne la récapitulation des espèces de Poissons, au nombre de 24, rencontrées jusqu'ici dans les eaux fluviales du Maroc. Parmi les types exclu- sivement duleaquicoles, il faut signaler une série de ‘Cyprinides, la plupart appartenant au genre Barbeauet spéciaux au Maroc. Fee se divisent en deux groupes distincts, l'un à caractères nettement africains: l'autre à caractères européens, quicoexistent dans les mêmes eaux. — M. J. Legendre: Régime alimentaire de l'Eleotris Legendre lellégrin. Le régime alimentaire de l'Zleotris à Madagascar est strictementcarné. Enbiver, il est le plus vorace etse nourrit presque exclusivement d'alevins de son espèce. En d’autres saisons, il compose ses repas de petites crevettes et surtout d'insectes divers: chironomes, culicides, notonectes et éphémères. — M. NW. Galippe : Des microorganismes vivant dans le pa- pier ; leur résistance à l'action de la chaleur et à celle du temps. L'auteur a constaté l'existence de bacilles ovoïides, réunis en amas dans le papier filtre stérilisé à Jautoclave à 120°. Les mêmes organismes se retrouvent dans des papiers du xvur et du xve siècle, des manu- scrits chinois et des papyrus égyptiens. Après 3 heures d'hydratation, ces microorganismes intra-cellulaires se montrèrent doués de mouvements. — M. F. d'Hérelle : Sur une épisootie de typhose aviaire. Une grave épizoo- ie sévit actuellement en France sur les Gallinacés. Sur 67 échantillons de sang de poules ayant succombé, l’auteur a isolé 56 fois le B. sanguinarum Moore. Il s'agit donc, au moins dans la grande majorité des cas, de la typhose aviaire, maladie dont l'existence n'avait pas encore été signalée en France et qui a été étudiée Surtout aux Etats-Unis. Elle semble avoir débuté en 916 et le foyer le plus ancien parait être-celui d’Arcis- sur-Aube., Il est impossible de dire si la maladie exis- ait auparavant sous une forme bénigne ou sielle a été importée des Etats-Unis par les chevaux ayant séjourné avant leur départ dans des écuries conlaminées. Séance du 10 Novembré 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. A. Véronnet : Temps et température de formation d’un astre. L'auteur, appliquant au Soleil les résultats généraux obtenus pour le temps et la température de formation d'un astre, arrive aux conclusions suivantes : IL semble que le oleil primitif n’a pas pu dépasser une température tri- -ple de sa température actuelle, ni son rayon une.valeur double. Même dans ce cas, le temps de formation ‘aurait dù être inférieur à 1 million d'années. Les con- dilions physiques n’ont jamais été très différentes des conditions actuelles. 29 SCIENCES PHYSIQUES. — M. P. Garrigou-Lagrançge : La cinématographie des mouvements atmosphériques et la prévision du temps. L'auteur montre que la cinéma- tographie des mouvements atmosphériques, jointe à la connaissance des conditions de la circulation générale, ‘permet de définir à l'avance les traits principaux des périodes de refroidissement et de réchauffement, comme celles que nous venons de traverser, d’en déterminer l'importance et la durée et d'en préciser le caractère es- sentiellement transitoire. — M. C.-E. Brazier : Sur les rapports du vent avec le gradient dans les couches ba sses de: l'atmosphère. L'auteur a constaté : 1° que | LAS CRT TE 5 ÉTRES L' de s D ka JE Te PET D EN AA" + | È C'ME RCA es NES : l ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 665 même à 300 m. au-dessus du sol la vitesse du vent n’est pas directement proportionnelle au gradient; 2° que la loi suivant laquelle la vitesse du vent varie, à distri- bution verticale des températures constante, en fonc- tion de la vitesse théorique peut être représentée à la terrasse du Bureau central météorologique par une for- mule logarithmique telle que :log V=loga-+blog Ve, dans laquelle V représente la vitesse mesurée, VG la vitesse théorique, a et b étant des nombres inférieurs à l'unité, mais tendant à s’en rapprocher à mesure que le décroïssement de la température devient plus accentué. — M. A. Blondel : Sur une solution de La photométrie hétérochrome permettant une mesure physique de l'inten- sité lumineuse, L'auteur décvit une méthode spectro- photométrique qui permet d'obtenir facilement la mesure de l'intensité visible d’une source lumineuse au moyen d'un bolomètre où d’un thermo-élément, ce qui exige une énergie lumineuse notable, Pour obtenir celte éner- gie, il utilise le spéctroscope à la manière inverse, c'est-à-dire qu'il place sur la glace dépolie de celui-ci un diaphragme découpé suivant les courbes des coelli- cients de visibilité des radiations; si l’on éclaire le verre dépoli par la source à étudier et qu'on place devant la fente un bolomètre ou un thermo-élément, cet appareil recevra des radiations provenant de toute la surface du verre dépoli, et chacune d'elles sera affai- blie précisément suivant la sensibilité de la couleur qu’elle produit, — M, Girousse : Sur un calcul du cou- rant lancé dans le sol par les rails des tramways électri- ques. 1° Dans le cas d’une voie reliée à l'usine par une de ses extrémités, la densité du courant de perte, prise en valeur absolue, atteint à chaque instant son maxi- mum absolu à cette extrémité ; elle présente ensuite un maximum secondaire au point occupé par le tram- way. 2° Dans le cas d’une voie reliée à un nombre quelconque de feeders régulièrement espacés ou équipo- tentialisés, la plus grande densité du courant de perte se produit aux points d'attache des feeders de retour; une autre série de maximums secondaires se rencontre au milieu des intervalles qui les séparent et aux extré- mités de la voie, mais leur grandeur n’atteint que la moitié des maximums principaux. Les points neutres se trouvent aux 3/7 des intervalles des maximums suc- cessifs, comptés à partir des points d’attache des feeders. _— M. H. Colin et Mlle A. Chaudun : Sur l'inversion diastasique du sacchkurose : influence des produits-de la réaction sur la vitesse d’hydrolyse. A1 faut: attribuer à l'augmentation de la viscosité le retard apporté à l’inversion diastasique du saccharose par la présence du sucre interverti, du glucose et du lévulose; les pro- duits de la réaction n’agissent donc pas autrement que ne le ferait un corps neutre quelconque, la glycérine par exemple. — MM. A. Goris et Ch. Vischniac : Caractères et composition du primevérose. Les auteurs ont isolé de la Primevère oflicinale deux glucosides, la primevérine et la primulavérine, donnant tous deux par dédoublement le même biose, le primevérose, Celui-ci cristallise anhydre et fond à 20g°-210°.1l possède la multi- rotalion; son pouvoirrotatoire initial est de + 22°,7, son pouvoir rotatoire fixe de —3°,43. Son poids molécu- laire lui assigne la formule C!IH201, Il donne la réaction des pentoses. L'hydrolyse par l'acide sulfu- rique à 2 0/, le dédouble en glucose et xylose: — M. G. Tanret : Sur la miellée du peuplier. L'auteur a fait l'analyse de l’enduit sucré qu'on observe parfois, dans les étés chauds, sur la face supérieure des feuilles de Peuplier noir. Il est composé en majeure partie de mélézitose, de glucose et de lévulose. Le phénomène de la miellée parait dù à l'excrétion des pucerons qui vivent fixés sur les feuillbs. — M. L. Chelle : Recherche de l'acide cyanhydrique dans un cas d'empoisonnement. Sa transformation post mortem en acide sulfocyanique. L'auteur a vérifié que, dans un cas d’empoisonnement par un eyanure, l'acide cyanhydrique s’est transformé en acide sulfocyanique au cours ‘de la putréfaction cadavérique, comme il l'avait déjà démontré in vitro pour lé sang. Par action d'un oxydant approprié, on fa. € 1 peut régénérer l'acide cyanhydrique. Les experts ont donc maintenant la possibilité, à la suite d'un examen tardif d’un empoisonnement par l'acide prussique, de conclure à la réalité de cel empoisonnement, 3° SCIENCES NATURELLES, — M, H. Douvillé : À propos de la protogine du Mont-Blanc. Les recherches de l’au- teur l'ont amené aux conclusions suivantes : 1° Les gneiss de la série ancienne représentent les plus anciens sédiments de l'écorce terrestre, 29 Les granits résultent de la fusion des gneiss, par suite de leur enfoncement dans les synclinaux (Termier). 3* Quand cette fusion atteint les gneiss granuliliques et les micaschistes, le granite se charge d'éléments granulitiques et passe à la protogine, 4° La chaine des Aiguilles Rouges était for- mée et a été arasée à la fin des temps paléozoïques, 5° La chaîne du Mont-Blanc n'a pris son relief actuel qu’à l’époque des grands mouvements alpins ; à cette époque, elle a été plissée et déversée vers l'Ouest, et en même temps déplacée et charriée dans cette direction. —M.J.Barthoux: Xelations des éruptions volcaniques avec les transgressions marines en Egypte. En considé- rant les mouvements positifs du rivage et l’âge des épanchements volcaniques en Egypte, on s'aperçoit qu'il existe, entre les deux phénomènes, une relation étroite, indépendante de tout autre mouvement orogé- nique : Andésites des brèches vertes Trangression » postérieures aux schistes ? ) Basalle du Sinaï Transgression Jurassique -Cénomanien Cénomanien- Sénonien Coulées du Ouadi-Natasch » Régression éocène Basaltes méditérranéens lransgression vindobonienne — M. A. Briquet : Sur l’âge des cordons littoraux anciens des Bas-Champs de Picarcie. L'auteur a reconnu que les amas de galets de Conchil-le-Temple (et les autres amas des Bas-Champs qui se trouvent en des conditions d'altitude analogues) sont contemporains des terrasses d'alluvions fluviatiles pléistocènes formées dans les vallées voisines pendant la période de creuse- ment. Par leur altitude relativement faible, ils doivent être rapprochés de la terrasse de Menchecourt (vallée de la Somme) ou peut-être d'une terrasse moins élevée encore. — M. Ph. Glangeaud : Le plateau de Milleva- ches : ses cycles d'érosion, ses anciens glaciers et ses tourbières. Le plateau de Millevaches (à l’ouest du Mas- sif Central) a surtout acquis son modelé actuel (en dehors des mouvements tectoniques) par l'effet de l’éro- sion pluviale (ruissellement) et torrentielle (3 cycles), des glaciers, et enfin par l'établissement de multiples tourbières sur une grande partie de son'territoire, — M. J. de Lapparent: Des conglomérats de la vallée de la Bruche et du caractère des brèches d'origine sédimen- taire. Les conglomérats de la vallée de la Bruche sont formés d’une roche tonsolidée au large (phtanite à Radiolaires), remaniée dans la matière d’un sédiment littoral ou formé non loin du littoral (grès grossier), Quelle que soit l’idée qu'on puisse se faire de la cause du phénomène qui a produit les brèches sédimentaires, il faut admettre qu’elles doivent leur origine à un mou- vement de la mer agissant, soit positivement en entrai- nant vers le rivage les sédiments déjà consolidés du large et les mélangeant à la matière des dépôts lilto- raux, soit négativement en entraînant ces derniers vers le large et fragmentant du même coup les sédi- ments marins, — M. L. Cuénot : La coaptation des fémurs antérieurs et d'e la tête chez les Phasmes. Chez un très grand nombre de Phasmides, les fémurs anté- rieurs présentent dans leur région proximale une par- tie amincie et courbée, la concavité étant du côté de la tête; dans la pose de repos diurne, lorsque les pattes antérieures s'étendent en avant et s’accolent dans le prolongement du corps, en formant à elles deux une mince gouttière rigide dans laquelle se logent les an- tennes rapprochées, les courbures fémorales moulent exactement la tête, en dessousdes yeux,en laissant ceux- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ei à découvert. On a donné diverses interprétations de: ce dispositif. L'auteur montre qu'il est probablement dû à un accident mécanique fortuit, indépendant de“ toute question d'utilité ou d'usage : à la fin de l’éclo- sion, la tête, en-dessous des yeux, est coincée entre les fémurs antérieurs, qui paraissent s'appliquer très forte-w ment sur elle; ii est probable que c'est à ce moment" que se fait le moulage des fémurs, alors extrêmement mous, sur la tête plus résistante. L'animal tre ensuite parli de ce dispositif coaptatif, mais c’est « lui qui a déterminé l'attitude et non l'attitude qui a M provoqué l'apparition du dispositif. — MM. G. Ber-… trand, Brocg-Rousseu et Dassonville : Destruc- tion du charançon par la chloropicrine. Le charançon attaque les grains de blé, de maïs, de riz, dont il fait disparaitre presque toute la partie farineuse. Introduit : dans un entrepôt de grains, il commet rapidement de graves dégâts. Les auteurs ont constaté qu’on peut s'en débarrasser complètement par l'emploi de la chlorepi- crine. En en versant 20 à 25 gr. sur chacun des sacs couchéssur le sol d'un local elos, une vingtained’heures suflisent pour assurer la mort de tous les charançons, -qui sortent presque tous des grains; ils peuvent être ainsi facilement éliminés à l’aide d’un tarare, et le grain » donné en nourriture aux animaux, — M. J. Nageotte : - Formation de fibres conjonctives en milieu clos non vivant, aux dépens de protoplasma mort. E'auteur a, constaté que, dans les greffes de cartilage mort, le pro- toplasma mort se transforme en fibres “collagènes dans uné zone de diffusion très étroite, au voisinage d’une masse importante de substance collagène, et cela, sem- ble-t-il, sous l'influence d’une substance peu diffusible émanée de cette dernière. — M. J. Amar : Mécanisme de la toux dans les maladies respiratoires. La toux est un trouble de l'acte respiratoire caractérisé par un rapide accroissement de la pression pulmonaire et par des ondulations, simples ou multiples, du plateau qui figure l'expiration. Ces ondes aériennes successives : résultent dela vive impulsion de l'air sous l'effort de contraclion des muscles expirateurs, recevant eux- | mêmes une irritalion due à une cause pathologique. La. contraction soudaine des muscles fait vibrer toute la masse fluide, la projette contre les cordes vocales plus! tendues, et produit un son caractéristique. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 21 Uctobre 1919 MM. C.Sigalas, E. Doumer et P. Guiart sont élus Correspondants nationaux dans la Division de Physi- que et Chimie médicales et Pharmacie. M. A. Calmette : Xéponse à une demande de rensei- gnements concernant la diminution de natalité, la mor- bidité et la mortalité des enfants français des régions occupées par l'ennemi pendant la guerre. 11 n’est pas M possible de donner des statistiques précises par suite de 4 la destruction des registres de l’état civil On peut : toutefois présenter les chiffres suivants : A Lille, le chiffre des naissances a été : en 1913, de 4. 885. en 1914, de 4.541; en 1915, de 2.154; en 1916, de COTES en 1917, de 602; en 1918, de 6og, soit un déficit de 15,000 nais- sances pour une population de 200.000 âmes. Sur 18.036 enfants que comptaient, lors'de l'armistice, les écoles publiques et privées de Lille, un peu plus de 8:000 ont dù être hospitalisés ow envoyés dans des colo: { 1 | nies de convalescence. Dans l'ensemble des groupes sco- laires, à la fin de l'occupation, 60 0/0 des enfants avaient subi un arrêl marqué de croissance et 40 0/0 environ présentaient des signes manifestes de tuberculose gan= glionnaire ou ganglio-pulmonaire, — MM. C. Sieur et R. Mercier : Le tétanos chez les blessés de guerre! en 1918. Dans un groupe d'armées ayant fourni 150.000 blessés, on a noté : x chez les blessés hospita- lisés dans la zone d'armée (rapidement récupérables, où intransportables), 0,06 pour 1.000 de tétaniques; 20 chez les blessés hospitalisés dans la zone des étapes (blessés . moyens), 0,19 pour 1,000 de tétaniques ; 3° chez les blessés hospitalisés dans la zone de l’intérieur, "0,30 pour 1.000 de tétaniques. Ces résultats, qui offrent un contraste frappant avec les nombreux cas du début de la guerre, sont dus à une injection plus précoce et plus systémati- que du sérum antitétanique, à l'évacuation plus rapide des blessés et à l'amélioration des techniques chirurgi- cales. ‘ Cl 4 Séance du 28 Octobre 1919 M. le Président annonce le décès de M. R. Wurtz, . membre de l'Académie. MM. A. d'Arsonval et F. Bordas : Technique de la ‘conservalion du vaccin. Les auteurs rappellent qu'ils ont montré dès 1906 qu'ilest possible de desséther sans alté- ration, par distillation et dessiccation dans le vide, des . matières. albuminoïdes telles que les sérums et les vac- cins,et de conserver pendant très longtemps ces extraits desséchés à la condition de les maintenir enfermés dans des tubes de verre scellés sous le vide de Hittorf. Cette technique a été appliquée depuis avec succès à la con- servation de la pulpe vatcinale. On peut encore aug- menter la sécurité du transport des tubes scellés con- tenant la poudre vaccinale en les isolant du milieu extériear; dans ces conditions, les transports de pou- dre vaccinale dans les régions torrides où la tempéra- ture au soleil dépasse 550 n'offrent plus aucun incon- vénient et la poudre y conserve son activité pendant plusieurs années. 4 Séance du & Novembre 1919 = M. H. Vaquez est élu membre titulaire dans la Sec- tion de Thérapeutique et d'Histoire naturelle médicale. — MM. Banti (de Florence), van Ermengem (de Gand) et Pawinski (de Varsovie) sont élus correspon- dants étrangers dans la Division de Médecine. M. G. Bosc : Un progrès social. Un moyen simple de diminuer la mortalité infantile et les abandons de _ nouveau-nés. La crèche de l'hôpital de Tours a eu, depuis sa fondation en 1902 jusqu’à la fin de 1906, pour princi- pale clientèle les nouveau-nés abandonnés; la morta- lité, de tout temps très élevée, y a dépassé 50°}, en 1916. À cette date un arrêté prescrivit que toute femme ? sortant de la Maternité devait être hospitalisée dans une des grandes salles de la crèche, transformée en dortoircommun; ces femmes sont reçues à la seule condition d’allaiter leur enfant, en principe pour une | période de 3 mois; elles sont logées et nourries et tou- chent 1 fr. 25 par jour. Depuis cette organisation, 271 femmes, dont 239 filles-mères, ont passé par ce service. La mortalité des enfants est tombée de 50 à 2,7 °/o. Sur les 271 enfants, il y a eu encore 51 abandons, pro- venant de femmes qui n'ont passé que quelques jours à la crèche; mais, fait capital, de toutes les femmes qui . y ont séjourné plus de 10 jours — qui ont vu leur bébé grandir et leur faire leur premier sourire — aucune, depuis bientôt trois ans, n’a abandonné son enfant, même celles qui, en entrant, en avaient manifesté l’in- tention. Une pareille mesure mériterait d’être appli- quée à toutes les maternités. 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ‘ Séance du 25 Octobre 1919 .- MM. B. G. Duhamel et R. Thieulin: Sur la toxicité de l'or colloïdal. Les auteurs,en expérimentant sur l’ani- - mal, ont puintroduire dans les veines des quantités con- Sidérables d'or colioïdal électrique sans avoir à noter aucun phénomène alarmant ou simplement anormal, Des lapins de2.000 gr.environ ont ainsi pu recevoir plusieurs injections de 50 em?chaque. L'examen des organes, après sacrifice des animaux, n’a montré aucune lésion appré- ciable. — M. P. Remlinger : Mort subite du lapin au cours d'inoculations sous-cutanées de substance nerveuse homologue. Cette mort ne semble pas êtreun accident anaphylactique, car elle se produit quel que soit l’inter- valle entre les injections et ne s'observe pas sila der- nière injection est intra-cérébrale, non plus que dans les ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 667 combinaisons lapin-cobaye, cobaye-cobaye, cobaye- lapin, — M. André-Thomas: Les plaques d'aréflexie pilomotrice dans les blessures de la queue de cheval et de la moelle. Le projectile, en traversant le corps, ren- contre des filets nerveux qu'ilsectionne, d’où l'appari- tion de plaques d’aréflexie pilomotrice correspondant au territoire du filet nerveux interrompu. On peut en con- clure que, dans les affections susceptibles d’irriter ou de détruire, on peut observer des plaques d’aréflexie pilo- motrice, —M. H. Chabanier : Glycémie et acétonurie. Il existe,chez le sujet sain comme chez le diabétique, un taux de la glycémie ou glycémie critique, pour lequel le ‘métabolisme des hydrates de carbone cesse d'être nor- mal, ce qui se traduit par le déclanchement brusque d'une acétonurie intense, La glycémie critique étant différente chez le sujet sain et chez le diabétique, et d'autant plus élevée que le diabète est plus accentué, il est indiqué de proposer la recherche de la glycémie critique comme un critère du diabète et de l'intensité de ce dernier. — M. J. Lignières: /echerche des qualités du lait par la culture de microbes appropriés. La Pasteu- rellæ aviaire pousse abondamment dansle laitsans chan- ger l'aspect du milieu; un coli ou un streptocoque coa- gule le lait avec une réaction acide; un paratyphique se cultive en changeant l’aspect du milieu et en lui don- nant une réaction fortement alcaline, L'absence ou le retard de ces réactions culturales donne des indications sur les qualités normales du lait. — M.J.Cantacuzène : Anticorps normaux et expérimentaux chez quelques In- vertébrés marins.Le sang du Bernardus, du Maia agglu- tine normalement les globules rouges de mammifères; cette propriété s'accroît chez les individus qui ont reçu plusieurs injections d’hématies. L'inoculation de globules rouges de mouton chez le Bernardus fait apparaitre dans son sang une substance capable de réactiver un système leucocytaire sensibilisé. On n'observe rien de pareil chez le Maia immunisé contre les globules de mouton. — M. R. Turro : Vaccination contre le virus” charbonneux avec des substances non spécifiques. 1° Les œufs de poule battus accusent en présence de l’ammo- niaque des diastases bactériolytiques manifestes vis-à- vis du Z. anthracis. 20 La simple addition de cette sub- stance dans l'organisme des lapins n'empêche ni ne retarde l'explosion de la bactérihémie; elle la favorise au contraire. 3° Les lapins solidement immunisés avec cette substance nôn spécifique sont réfractaires à l’ino- culation du virus charbonneux. 4° Le sérum des ani- maux ainsi immunisés jouit de propriétés bactérioly- tiques vis-à-vis du Z. anthracis très supérieures à celles du sérum normal. — M, Ed. Retterer: Évolution des greffes testiculaires du bélier, Le testicule greffé évolue comme-chez le bouc (voir p. 636) : le tissu épithélial se transforme en tissu réticulé et ne fonctionne plus que dans le sens endocrine. SOCIÉTÉ FRANCAISE DE PHYSIQUE Séance du & Juillet 1919 MM. H. Abraham et Eug. Bloch : Sur la mesureen valeur absolue des périodes des oscillations électriques de haute fréquence. Les longueurs d'onde étalon de La T.S.F.1. La détermination précise des longueurs d'onde des oscillations électriques de haute fréquence utilisées en télégraphie sans fil a une grande importance prati- que. Elle intervient en particulier dans l’étalonnage des ondemètres ou contrôleurs d'ondes, et dans toutes les mesures de haute fréquence, On l’a fait reposer jus- qu'ici sur l'emploi de selfs et de capacités étalonnées, associées de manière à constituer un circuit oscillant de longueur d'onde connue, Mais il parait diflicile de dépasser ainsi la précision de 1°/,. La méthode que les auteurs proposent, et qui paraît préférable, consiste à déterminer directement en valeur absolue la période de l’oscillation par comparaison avec celle d’un diapason étalonné. La longueur d'onde se caleule ensuiteen mul- tipliant la période par la valeur connue de la vitesse de propagation des ondes. Cette méthode a été étudiée Le à 668 :ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES pendänt les années 1916 et 1917 pour les besoins de la Radiotélégraphie militaire. 2. Les opérations à réaliser sont les suivantes : A, On étalonne un diapason à 1.000 périodes par seconde par comparaison avec une horloge garde-temps, de manière à avoir la valeur exacte en secondes de la période du diapason. B. On constitue une source d'oscillalions électriques entretenues, dont la fréquence’ fondamentale puisse être rendue égale à * celle du diapason, et l’on règle exactement l'égalité des fréquences, C, Cette source doit être choisie de manière à posséder un nombre suflisant d'harmoniques, au moins quelques dizaines, Les harmoniques d'ordre élevé correspondront à des fréquences d’oscillations élettri- ques usuelles : ainsi le 50° harmonique d’un oscillateur de fréquence fondamentale 1.000 aura la fréquence 50.000, c’est-à-dire une longueur d'onde voisine de de 6,000 m. C’est une longueur d'onde de télégraphie sans fil, D. Il faut enfin comparer la fréquence ou la longueur d'onde d'un harmonäue d'ordre connu ayec celle des oscillations de haute fréquence que l’on se propose de mesurer, 3, Les auteurs donnent quelques indications sur les dispositifs utilisés et sur les résultats obtenus. A. L'étalonnage des diapasons au moyen d’une horloge battant la seconde a été fait par une méthode photographique et par une méthode stroboscopique. Quelques détails sont donnés sur ces méthodes qui fournissent sans difliculté des résultatsexacts à un dix- millième près !. B, La réalisation d'oscillations électri- : ques entretenues de fréquence fixe et réglable n'offre pas non plus de difliculté, grâce à l'emploi des lampes à deux électrodes auxiliaires (audions). Les oscillateurs connus sous le nom d'hétérodynes fournissent une des solutions du problème, Le réglage à l'unisson de la fréquence fondamentale de l’oscillateur et de celle du diapason peut être fait avec une précision du dix-mil- lième, enutilisant la méthode des battenients. C. Les hétérodynes ordinaires possèdent quelques harmoni- ques. On pourrait donc s’en contenter à la rigueur en procédant par échelons avec plusieurs hétérodynes, dont chacune aurait une fréquence fondamentale accor- dée sur la fréquence de l’harmonique 3 ou 4 de la pré- cédente. Il est plus sûr et plus précis de constituer un oscillateur électrique très riche en harmoniques, qui permette de passer sans intermédiaire d’une fréquence musicale aux fréquences de sans fil. C'est après avoir, au cours d'autres essais, réalisé nn oscillateur de ce genre, que les auteurs ont été amenés à en faire l’application/qui fait l’objet de la présente com- munication. Ils ont donné à cet oscillateur le nom de multivibrateur. 1 fournit, en effet, en plus de l’onde fondamentale, tous les harmoniques jusqu'à des rangs très élevés (200 ou 300). L'appareil consiste en un groupe de deux lampes L, et L, (fig. 1),convenablement couplées par capacités C, et C, et par résistances R, et R»,r, et r,, et sa fréquence fondamentale se règle par la variation des capacités, La propriété qu'il possède d’être extraordinairement riche en harmoniques est due à ce que le circuit oscillant est parcouru par des déchar- 1. M. Bull a bien voulu contrôler les résultats à l'Institut Marey par une méthode pholographique tout à fait directe : l'accord s'est maintenu au dix-millième près. ges alternatives très brusques, dont la durée est extrê- mement courte par rapport à l'intervalle de temps qui les sépare, D. Enfin la comparaison de la période d'un harmonique d'ordre connu (50 ou 100 par exemple) avec la période du circuit à étalonner se fait par résonance rm LE AAAMAN nn AMV se &Vours Fig: 1. “ électrique. Le circuit du multivibrateur est couplé très faiblement avec le circuit étudié, et l’on établit la réso= ” nance par réglage de ce dernier circuit. Pour constater la résonance, le circuit éludié est lui-même couplé très “faiblement avec un amplificateur-détecteur, qui permet de vérifier la résonance au téléphone. On opère comme dans une réception ordinaire de télégraphie sans fil en ondes entretenues. Aussi est-ilcommodeet précis d’uti- liser, comme en T.S.F., une hétérodyne auxiliaire, qui permet de choïsir un son de battements et fournit des ! résonances. d’une extrême finesse. L'opération de mise 1 1.000 longueur d'onde à étalonner. En résumé, en utilisant un multivibrateur riche en harmoniques, dont Ja fré- uence fondamentale est comparée directement à celle du diapason et, par lui, à la seconde fondamentale, et = en combinant son emploi avec une méthode de réso=. nance électrique, qui permet de comparer les harmoni- ques du multivibrateur aux oscillations propres d'un circuit de haute fréquence, on détermine directement en valeur. absolue La période du circuit oscillant. La pré- cision globale atteinte dans l’ensemble des opérations est au moins du rhillième, Ce procédé de comparaison directe de l’unité de temps (la seconde) aux périodes d'oscillations des circuits électriques, qui peuvent se trouver un million de fois plus courtes, pourrait être rapproché du procédé employé par Michelson pour com= parer directement l'unité de longueur (le mètre) aux lon- gueurs d'ondes lumineuses. en résonance peut se réaliser à moins de près de la | Ê Le Gérant : Gaston Don. TTYTYTY-Y-Y-Y-Y>-O--->->->->->ODD OO OO Sens, — Imp, Lrvé, 1, rue de la Bertauche. ” % Dons = 30° ANNÉE N° 23 15 DÉCEMBRE 1919 DirecTEURr $ 1. — Distinctions scientifiques Elections à l’Académie des Sciences de Paris. — Dans ses dernières séances, l'Académie a procédé à l’élection de deux Associés étrangers, en remplacement de MM. Dedekind et Metchnikofr, décé- dés, - Son choix s’est porté sur Sir J. J. Thomson, le repré- sentant le plus éminent de la Physique britannique à heure actuelle, et sur M. Ch, D. Walcott, le secrétaire de la grande Institution smithsonienne et l'un des pre- miers géologues et paléontologistes des Etats-Unis. Les Médailles de la Société Royale de Lon- dres. — Ces distinctions, si estimées dans le monde savant, ont été décernées comme suit, à la séance anni- versaire de la Société qui s'est tenue le 30 novembre : les Médailles royales au Prof. J. B. Farmer pour son œuvre en cytologie végétale et animale et à M. J. H. Jeans pour ses recherches de Mathématiques appli- quées ; la Médaille Copley au Prof. W.M. Bayliss pour ses contributions à la Physiologie générale et à la Bio- ‘himie; la Médaille Davy au Prof. P. F. Frankland pour son œuvre chimique, en particulier dans le domaine de l'activité optique et de la fermentation; la Médaille Syl- vester au Major P. A. Mac Mahon pour ses recherches de Mathématiques pures, spécialement en Théorie des nombres et en Analyse ; et la Médaille Hughes à M. C. Chree pour l’ensemble de ses travaux sur le magnétisme terrestre. Les prix Nobel. — Les Prix Nobel de Physique pour 1918 et 1919 ont été décernés au Prof. Max Planck, de Berlin, l’auteur de la célèbre théorie des quanta, et au Prof. H. Stark, de Greifswald, qui a découvert l’analogue électrique de l'effet Zeeman. Le Prix Nobel de Chimie a été attribué au Prof. F. aber, de Berlin, connu surtout par ses travaux sur la synthèse industrielle de l’ammoniaque, et, malheureu- sement, pour avoir été l’âme de la « guerre des gaz » au &. Q. G. allemand. On ne saurait donc s’élonner que ce dernier choix de la Commission suédoise, en particu- REVUE GÉNÉRALE DES -(IRNCES Revue générale des Sciences pures et appliquées Fonpareur : LOUIS OLIVIER J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P. LANGLOIS, 8, place de l'Odéon, Paris. — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE lier, soit loin de rencontrer une approbation unanime, même en dehors des pays de l’'Entente, $ 2. — Astronomie Le principe de relativité généralisé et l'Eclipse de Soleil du 29 mai 1919. — L'idée que nous ne pouvons observer que des phénomènes relatifs n’est pas neuve et depuis Platon bien des phi- losophes y sont revenus. Cette idée très vague, la Mécanique classique de Galilée la précise en aflirmant qu'un mouvement uniforme n’engendre pas de forces à l'intérieur d’un système entrainé. Les habitants d’un tel système ne peuvent donc juger de leur mouvement qu'en portant leurs regards à l’extérieur. Mais ceci ne concerne que la Mécanique : on pouvait espérer que les phénomènes optiques ou électriques qui font intervenir les ondulations d’un milieu univer- sel, l'éther, nous permettraient de mesurer, an moyen d'expériences purement lerrestres, notre vitesse par rapport à ce milieu. Bien des tentatives ont été faites dans cette voie; la plus célèbre fut celle de Michelson et Morley en 1887. Elles ont toutes échoué. Et Lorentz en est venu à énoncer ce principe qu'il est impossible, par quelque moyen physique que ce soit, de mettre en évidence un mouvement uniforme de translation. Deux diflicultés subsistaient néanmoins : l'énoncé du principe ne parle que de vitesses uniformes, il laisse de côté les accélérations ; de plus, il se pourrait que des expériences portant sur la gravitation réussissent là où les autres phénomènes n’ont rien donné. La théorie de la Relativité en faveur il y a dix ans demandait done à être étendue : c'est à quoi M. A. Einstein a consacré l'œuvre! qui vient de recevoir lors de la dernière éclipse une brillante confirmation. Reprenons une hypothèse faite jadis par Poincaré et supposons la Terre couverte de nuages impénétrables. Nous ne pourrions acquérir la certitude de sa rotation. —————— ———_—_———————_——_——————— 1. Voir A. S. Enpw&rox : Report on the Relativity Theory of Gravitation, Londres, 1918. — On trouvera dans cet ouvrage la liste complète des Mémoires originaux. 670 CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Car nous aurions toujours le droit d’attribuer la force | obtenu des résultats négatifs. centrifuge dont nous constaterions les effets à une vraie force d’origine extérieure et qui agirait sur tous les objets terrestres également, Nous apercevons alors le complément nécessaire du principe de Relativité de Lorentz. Un champ de force peut toujours être rem- placé par une accélération convenablement choisie des axes coordonnés, C’est ce qu'Einstein appelle le Prin- cipe d'Equivalence, Or ce principe s'applique à la gravitation tout aussi bien qu'à la force centrifuge. Comme celle-ci, en effet, la gravitation agit pareillement sur tous les corps sans exception, On pourrait hésiter si la masse gravilique différait de la masse cinétique, en jeu pour la force centrifuge. Mais les expériences d'Eôtvôs sur le pen- dule (1890) font prévoir l'identité complèe des deux masses. Rien ne s’oppose dès lors à ce que, cessant de voir dans la gravitation une force effective, nous l’envi- sagions comme une propriété géométrique de l’espace! où nous vivons, qui deviendrait non-euclidien au voi- sinage des corps attirants, et celte propriété serait de même nature que la force centrifuge dans l'espace tournant, La loi de Newton n’est pas conforme au Principe de Relativité. Quelle est alors la loi exacte? Il est évident que la loi cherchée, pour ne pas dépendre des coordon- nées arbitraires que nous pouvons choisir, doit s’expri- mer par une série de relations entre les paramètres de ceiles-ci, relations qui doivent subsister quand on change d’axes, de même que les vérités géométriques subsistent quand on passe des coordonnées cartésiennes aux coordonnées polaires. — Ceci revient à dire que les équations qui définissent la gravitation ne doivent comporter que des tenseurs où vecteurs généralisés, dont le calcul ? est d’ailleurs d’une extrème complication qui a jusqu'ici effrayé beaucoup de physiciens. La formation des tenseurs qui peuvent convenir à la question est toutefois, grâce aux conditions aux limites, moins arbitraire qu’on ne le croirait à première vue et, si les calculs d’Einstein sont pénibles, leur ré- sultat final peut se mettre sous une forme simple qui laisse espérer que l’on trouvera bientôt une voie plus directe ou du moins un moyen de débarrasser la théo- rie des échafaudages ayant servi à la construire, Les conséquences vérifiables de la loi trouvée sont jusqu'ici de trois sortes : 1° Le périhélie de Mercure doit tourner, dans le sens direct, de 43" par siècle; 20 Les rayons lumineux doivent être déviés de leur route par les corps pesants. Pour ceux qui rasent le Soleil, la déviation doit s'élever à 1”,75. C’est juste le double du chiffre qu'avait trouvé autrefois Einstein lui- même, rien qu'en admettant la pesanteur de l’énergie et en traitant la lumière comme un projectile; 3° Les raies spectrales émises par un corps pesant tel que le Soleil doivent être légèrement déviées vers le rouge (de 0,008 À environ). La première conséquence est absolument conforme aux faits : elle rend compte d’un phénomène qui, depuis Le Verrier, a beaucoup intrigué les théoriciens. On peut, il est vrai, lui trouver d’autres interprétations assez plausibles, telles que les perturbations engendrées par un anneau de corpuseules analogue % la lumière zodiacale, Mais ce que l’explication d’Einstein a de remarquable, c’est que, rigouréuse et nécessaire par elle-même, elle ne fait appel à rien d’hypothétique : seules des quantités connues figurent dans le calcul : la période et l’excentricité de la planète, la distance Soleil-Terre et la vitesse de la lumière, Le troisième point n’a jusqu'ici pu être vérifié. M, S' John et M. Evershed ont, indépendamment#, . À 4 dimensions, le temps étant compris, x « Caleul différentiel absolu » de Christoffel, Ricci et Levi- Civita. 3, Astrophysical Journal, t. XLVI, p. 249; 1917. La chose mérite d'être étudiée de plus près et le sera certainement : nous ne connaissons peut-être pas encore, en effet, toutes les causes de variation des longueurs d'onde solaires, Restait le second phénomène. Il fallait savoir si, en photographiant à la fois le Soleil et les étoiles très voi- sines, — à la faveur d’une éclipse, — ces dernières paraitraient déviées de la quantité prévue. En 1914 et 1918 des essais de ce genre n’avaiént guère donné de résultats. Cette année, les astronomes ont été plus heu- reux!. Deux Missions anglaises avaient été organisées. L'une s'était rendue à l'Ile du Prince, sur la côte d'Afrique : elle était dirigée par M. A. E. Eddington, théoricien éminent de la Relativité, Une hasard mal- heureux a voulu qu'elle fût peu favorisée par le temps. Deux clichés sur 16 manifestèrent pourtant une dévia- tion (ramenée au bord du disque) de 1”,6+0”,3. L'autre mission, celle de M. Crommelin, a eu plus de chance à Sobral, au Brésil. Bien qu'une série de plaques se soit trouvée gàtée par un déréglage accidentel, un second appareil donna 5 excellents clichés sur 8, qui révélèrent une déviation très nelte (réduite au bord) de 1”,98. L'en- semble des chiffres des deux missions est done tout à fait en faveur de la théorie d’'Einstein. On pourrait pourtant faire une objection. En quoi l’elfet signalé se distingue-t-il d'une réfraction dans l'atmosphère solaire? Tout d’abord la réfraction ne donnerait point, comme le phénomène d'Einstein et comme on l’observe, de déviation inversement propor- tionnelle à la distance de l'étoile au centre du Soleil. De plus, elle exigerait une densité de 0,005 à o »0:7 par rapport à SE normal, à 15° du Soleil, ce qui est énormè. Un/milieu aussi dense ne manquerait pas d'exercer sur les comèêtes qui le traversent (comme l’ont fait, notamment, celles de 1880 et 1882) une résistance sensible qui n’a jamais été constatée. = En somme, la dernière éclipse a été, pour le Principe de Relativité généralisé, l’occasion d’un succès qui atti- rera sans doute l’attention des physiciens et aussi celle. des mathématiciens, La grande séduction de cette belle théorie c'est, croyons-nous, son harmonieux accord avec l'évolution passée des idées scientifiques. Quand bien même l'expérience suggérerait dans la suite cer- taines modifications, la tentative d'Einstein s'imposait logiquement et ses difficultés mathématiques méritaient d’être abordées pour ne pas laisser la Gravitation faire indéfiniment seule exception à une des plus grandes et des plus générales lois de la Nature, Jean Bosler, Astronome à l'Observatoire de Meudon. $ 3. — Météorologie Le refroidissement du sol pendant la puit et les gelées de printemps. — En étudiant le refroidissement du sol pendant la nuit, ses lois et les conséquences qui peuvent en résulter pour les cultures, on s’est presque toujours basé sur les tèémpératures observées juste au-dessus du niveau de la couche her-. bacée qui recouvre généralement le sol, et l’on a ordi- nairement méconnu les différences, parfois considéra- bles, qui existent entre ces températures el celle du niveau du sol proprementdit. Aïtken a pourtant signalé un cas où cette différence a dépassé 10° C. et il lui assi- gneune valeur moyenne de plus de 4° C. Une étude du refroidissement du sol absolument nu et de l'influence de diverses couches protectrices s’imposait donc; M.T. B. Kranklin l’a entreprise au cours de l'hiver dernier en Ecosse, et il vient d'en faire connaître les principaux résultats ?, {. The Observatory, vol. XLII, p.859; 1919, — Rapport de l'E olipee du 29 mai 1919. Proc. of the Royal Soc, of Edinburgh,t. XXXIX, part Il, p- 120; 1919. Le refroidissement du sol par les nuits claires est dû à la radiation. Les efforts de celle-ci sont d’abord contre- balancés par la conduction, qui amène vers la surface la chaleur des couches profondes ; puis, lorsque la sur- face commence à se congeler, la chaleur latente decon- gélation de l’eau est libérée el doit être rayonnée avant . qu'une chute nouvelle de la température du sol puisse se produire. Ce n'est que le surplus de la radiation, après qu'elle a équilibré ces deux influences, qui agit pour abaisser la température fu sol, Aussi quand la surface du sol est sèche et la conduclibilité réduite, ou quand la température des couches profondes est basse, ‘la radiation refroidit bien plus rapidement le sol. La température de la surface du sol doit donc dépendre : 1° de l'humiditérelative de l'air; 2° deMa sécheresse des couches superficielles, 3° de la température des couches sous-jacentes. s ! M. Franklin a déterminé l'importance de ces divers facteurs; pour le calcul de la conduction, il a mesuré la température à la surface et à 10 cm. de profondeur; entre ces deux points, le gradient de température est à _ peu près uniforme Lant que la surface ne gèle pas. Les résultats des observations de l’auteur montrentque les considérations dontilest parti sont bien exactes. En particulier la radiation du sol, par les nuits claires et calmes, quand les étoiles de 5° grandeur sont visi- bles, est une fonction de l'humidité relative. Les autres + causes (condensation, évaporation, etc.) ont peu d’ef- fet sur la température du sol. La température de la surface tend à s’abaisser rapidement au-dessous de la température à la profondeur de 10 em. d’un nombre de degrés tel que la conduction à partir de cette profon- deur équilibre la radiation ; après que cet équilibre a été atteint, la température superficielle ne peut s’abais- $er plus/rapidement que celle de la couche de 10 em. de profondeur et une température suffisamment élevée du sous-sol rend le gel improbable. La différence de température entre la surface èt!la profondeur de 10cm. qui établit l'équilibre entre la conduction et la radia- Lion est probablement d'environ 5°,5 C. pendant l'hi- ver, quand le sol est presque invariablement humide, et d'une conductivité maximum uniforme, mais elle _ peut s'élever à 11° C. après une période sèche au prin- temps ou au commencement de l’été. D'après ces don- nées, il paraît possible de prévoir la gelée pour la nuit d’après des observations faitesl'après-midi et portant sur les divers facteurs ci-dessus. x Lorsqu'on recouvre le sol d’une substance mauvaise conductrice de la chaleur, on diminue considérable- ment la radiation calorifique de la surface du sol par les nuits claires. Pour déterminer l’eflicacité de diverses substances de ce genre, M. Franklin a fait une série d'observations sur la température minimum de la sur- face du sol recouvert d’une couche de 12,5 mm, d’épais- seur de : 1° terre meuble, bien ratissée; 2° cendres; 3° engrais ; 4° feuilles mortes ; 5° herbe et mousse pous- sant naturellement, et les a comparées avec la tempé- rature minimum du sol nu. L’eflicacité thermique maximum de ces diverses couches a été en moyenne de « terre meuble ratissée, 1°,9 C.; cendres, 3°,3; “engrais, 30,6; feuilles mortes, 4° ; herbe et mousse naturelle, 5°,5. Pendant l’hiver 1918-1919, jamais le sol recouvert d'herbe ou de mousse n’a gelé, En recouvrant le sol d'une couche de cendres et posant un écran au-dessus, l’auteur a pu dans un cas maintenir le sol à 5°,5 au-dessus de la température du sol nu, égalant ainsi, mais sans le surpasser, l’eflet de la couverture naturelle de mousse ou d'herbe. Sur les talus des fossés, à l'abri dés haies et dans les bois, protégées contre le vent et contre les effets de la radiation par une couche de feuilles mortes, d'herbe - ou de mousse, les racines des fleurs de printemps peu- vent ainsi traverser l'hiver sans être atteintes par le gel. Si même une période de pluie chaude en décembre vient apporter. au sol juste la chaleur néeessaire, elles commencent à pousser leurs feuilles et elles peuvent fleurir alors que l'hiver sévit dans toute sa rigueur. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE / 671 Ainsi M. Franklin a observé une primevère qui, sti- mulée par le temps doux de décembre 1918, avait poussé à travers un gazon moussu qu'il observait et qui fleurit le 10 février 1919, — ses feuilles et fleurs étant à une température aérienne de — 99,5, et racines à une température souterraine. de - 09,5, soil une différence de 109 C. En ce qui concerne les fleurs sauvages printanières, la température de l'air ne parait donc jouer qu'un rôle très secondaire par rapport à la température souterraine dans la détermination d’un printemps précoce ou tardif. ses $ 4 — Art de l'Ingénieur La Navigation, rhénane!, — Le Rhin est un! fleuve commercial d’une importance exceptionnelle, à côté duquel le Danube semble bien insignifiant: le seul port rhénan de Duisburg a un tonnage supérieur à celui de tous les ports danubiens réunis. Ses progrès onL été * tout à fait remarquables, comme en témoignent Îles chiffres suivants : le tonnage des marchandises fran- chissant la frontière Hollande-Allemagne a monté de 573.000 tonnes en 1850, à 1.962.000 tonnes, en 1870, 13.191,000 tonnes en 1900, 18.834.000 tonnes en 1912. Le tonnage total des ports rhénans en aval de Stras- bourg, qui était de 25 millions de tonnes en 1890, attei- gnait en 1912 83 millions de tonnes, et il approche de 100 millions de tonnes en y ajoutant le tratie sur les ! voies aflluentes et celui avecles ports hollandais, belges et baltiques. Le nombre de bateaux s'élevait en 1912 à 12.453 (de plus de 15 tonnes), montés par 35.16 hommes d'équipage. q Cette importance s'explique d’abord par des condi: tions géographiques très favorables. Le Rhin débouche dans l'Atlantique dans la région où passent les plus grands courants du commerce maritime; son bassin s'étend sur des pays. très peuplés et très industriels : depuis l'Alsace jusqu'à la Hollande, on trouve tout le long du fleuve de grandes cités et une densité de popu- lation triple dela moyenne de la France. Les industries riverainesréclament des matériaux lourds pour lesquels la voie d’eau est plus économique que la voie ferrée, et le fleuve longe un des bassins houillérs les plus riches de l'Europe. A ces avantages de position, le Rhin joint des facilités naturelles pour la navigation : en aval de Strasbourg, sa pente est. très régulière et, sauf entre Bingen et Bonn, constamment inférieure à\o,5°/,. Son régime hydrologique est un des plus constants, grâce à . la compensation exercée par le régime imi-fluvial mi- glaciaire du fleuve et de ses aflluents, Les: interruptions ‘ de la navigation sont ainsi réduites au minimum, 20 à 25 jours au maximum, etle gel ne eompte pas pratique- ment. L’Etatet les villes riveraines ont su tirer lemeil- "# leur parti de ces avantages naturels en aménageant la voie et ses stations : on évalue à plus de 300 millionsde. franes les dépenses consenties avanti900 pour entretenir ou améliorer l'état du chenal navigable, En 1912, les dépenses annuelles moritaient de ce chef à plus de 7 millions, sans compter les dépenses pour les ports, qui étaient de 10 millions. Le gros tonnage du Rhin s'explique encore par les relations que lui valent quelques-uns de ses aflluents ainsi que lescepaux avec lesquels il communique. Le Neckar est nayigable jusqu’à Heilbronn, le Main jusqu'à Bamberg, et. par le canal Ludwig, la jonction s'opère avec le Danube. Par ses bouches, qui rejoignent cellesde la Meuse, le Rhin rayonne dans les Pays-Bas et la Bel- gique; par le canal Dortmund-Ems, amorce du fameux Mittelland-Kanal, il tend vers la Weser et l'Elbe; par les canaux alsaciens, il communique avec le bassin supérieur de la Moselle et plonge jusqu’à la Marne et au Rhône. Enfin, la profondeur du fleuve est telle dans son LE. pe MaRToNNE : Conditions Physiques et économiques de la Nävigation rhénane. Travaux du Comité d'études. 4 br. in-4e, avec 10 cartes-graphiques au 1 : 2.000.000, Paris, Im- primerie nationale, 1918, ' 672 cours inférieur que des navires de mer peuvent remon- ter jusqu'à Cologne, de telle sorte que le trafic maritime rhénan s'élevait à 478.000 tonnes en 1912, non compris le tonnage de Rotterdam, véritable port de mer où s’opère la soudure des deux navigations maritime et fluviale. C’est ainsi que se pose le problème international du Rhin. C’est un fleuve mondial qui intéresse non seule- ment les Etats riverains, mais encore ceux qui lui en- voient ou lui enverront de gros chargements, comme la Belgique, l'Angleterre, l'Espagne, la Suède, la Russie, les Etats-Unis. Le droit romain disait des fleuves qu'ils sont « de droit commun, libres et ouverts à tous » comme l'air et la mer. Ce principe, méconnu pendant le Moyen Age, fut repris à la fin du xviresiècleparla Convention, qui, au nom des principes du droit naturel, proclama la liberté de navigation de l'Escaut, Celle du Rhin fut sti- pulée dans l’artiele V du traité du 30 mai 1814 ; elle fut reprise dans la convention du 17 octobre 1868, signée par la France, les Etats riverains allemands, la Prusse et les Pays-Bas; ce traité, qui annulait les codes anté- rieurs de 1815 et de 1831, posait les principes suivants : la liberté de navigation du fleuve, ouvert aux navires de toutes les nations; l’interdiction de percevoir des taxes ; la liberté du transit; lemaintien des ports francs et la possibilité d’en ouvrir de nouveaux. La France fut exclue de la Convention de 1871, l'Allemagne ne tarda pas à exercer un pouvoir dictatorial sur le régime du fleuve. En attendant qu'une convention nouvelle soit élaborée, la partie XII des clauses du traité de paix de Versailles a fixé la composition de la Commission qui sera chargée de veiller à l'application du régime du fleuve et au contrôle de la navigation, et qui ressemblera à la Commission européenne du Danube. Son siège sera à Strasbourg et c'est à la France qu’en échoit la prési- dence ; elle sera composée de 5 Français, 2 Anglais, 2 Italiens, 2 Belges, de 4 Allemands, 2 Hollandais et 2 Suisses. Le même article du traité de paix nous fait ” céder par l'Allemagne des remorqueurs et des bateaux, des paris d'intérêts dans les Compagnies allemandes de navigation, une partie des installations que ces Compa- gnies possédaient dans le port de Rotterdam, et enfin le droit exclusif à l’utilisation de l'énergie hydraulique du Rhin dans la section formant frontière avec l'Alle- magne. Cette dernière concession est d'importance, En effet, - en amont de Strasbourg, le thalweg du fleuve est _sinueux, il se déplace ; le fonds est mobile; la pente est beaucoup plus forte qu'en aval; la profondeur de 1 m. 80 ne se maintient que pendant deux mois en fait. A la suite des rapports de M. l'Ingénieur Cottin et de M. Daniel Mieg, le Congrès de Strasbourg, dont nous avons récemment entretenu nos lecteurs, a estimé que l'utilisation rationnelle de la force motrice du Rhin, en amont de Strasbourg, et qui est évaluée à 800.000 H.P., ne peut être réalisée que par un canal latéral, auquel la situation topographique des terrains de la rive alsa- cienne est particulièrementfavorable; que, d’autre part, en raison des conditions de pente et de l'instabilité du lit du fleuve, et de la formation progressive de rapides, l’établissement d’un tel canal est la condition indispen- sable d’une navigation commerciale économiqueininter- rompue entre Strasbourg et Bâle. Satisfaction sera ainsi donnée aux Suisses, qui escomptent l'extension du commerce rhénan sur leur territoire et qui ont étudié un projet de canal du Rhône au Rhin par l’Aar et les lacs de Bienne, de Neuchâtel et de Genève, Et l'Alsace pourra disposer pour ses besoins industriels d'uneéner- gie considérable. Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. $ 5. — Physique Variation de l'intensité du son émis par les résonateurs et les tuyaux d'orgue sui- vant la pression du courant d'air, — Il n’est CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE a —_—_]_——" besoin d'aucune expérience délicate pour démontrer que le son émis par un tuyau d'orgue augmente d'intensité quand le courant d'air devient plus fort. Il est plus diflicile d'établir la relation quantitative entre ces deux facteurs, l'oreille ne pouvant être utilisée pour des mesures, même grossières, de l’inten- sité. Miles Love et Dawson { ont mesuré les intensités des sons émis par un résonateur de longueur variable (fig. 1) et par un tuyau d'orgue au moyen d’un résonateur de LordRayleigh ? convenablement modifié (fig. 2). Un disque de verre M, suspendu par un fil de quartz d, est disposé dans le tube de communication d’un résona- - teur double AB. Quand l’appareil est convenablement accordé au son extérieur, il se produit une résonance Fig. Fig, 1. — Résonateur de longueur variable. W, manomètre à eau, s Fig. 2. — Résonateur de Lord Rayleigh modifié, — À,B, réso- nateur double; C, diaphragme; M, miroir; S, source lumineuse; L, lentille; N, échelle; d, fil de quartz. qui fait tourner le disque d’un petit angle qu’on mesure par une méthode optique. La déviation est très sensi- blement proportionnelle à l’intensité du son. On accorde le résonateur en réglant la longueur et, par suite, le : volume de B, et en faisant varier l’ouverture du dia- phragme C. { La méthode suivie pour les mesures esl la suivante : On actionne lé résonateur par un courant d'air cons- tant et on règle la hauteur du son émis de manière à observer le maximum de déviation au résonateur de Rayleigh., Augmentant successivement la pression de l'air de petites quantités, on réduit la hauteur du son rendu par le résonateur de manière à avoir, dans cha- que cas, la déviation maxima durésonateur. On obtient ainsi une série de mesures simultanées de la pression du courant d’air et de l'intensité du son produit. Les auteurs ont constaté qu'il y a très sensiblement proportionnalité entre l'intensité du son émis et la pression du courant d'air. Les résultats obtenus mon- trent, en outre, qu’on n'obtient de son stable que pour des pressions du courant d’air supérieures à 10 cm. d’eau, La hauteur du son s'élève aussi avec la pression, _ en sorte qu'il faut augmenter le volume du résonateur pour ramener la pression à une valeur donnée. Les auteurs font remarquer que les résultats ne sont pas d'accord avec ce que fait prévoir la théorie, Lord Rayleigh a montré que la puissance mise en jeu quand on souflle dans un sifflet est proportionnèlle à la pres- sion p,et au volume s de l'air envoyé par seconde, Si toute cette énergie était utilisée à la production du son, l'intensité de ce son I serait :1 = X p v, k désignant une constante. Si l'on suppose que le volume d’air envoyé 4. Beryl F. Love et Margaret E. Dawson : 2 série, t, XIV, p. 49-53; juillet 1919. 2, Lonp RayLeiGu : Phil. Mag., 1. XIV, p. 186 ; 1882. Physical Review, n par seconde soit proportionnel à la pression, cette relation deviendrait : 1 — x, p?. ; Comme les auteurs ont constaté expérimentalement que l'on a : I — 4, p, ilfaut en conclure que toute l’éner- gie du‘courant d'air ne se transforme pas en énergie sonore, mais seulement la fraction qu'on aurait en supposant constante la vitesse », A. B. Etude des vibrations sonores de certains gels d’acide silicique.— Kohlrausch ! et Hatschek? ont remarqué que les gels d'acide silicique vibrent en produisant un son quand on frappe légèrement sur les récipients qui les renferment. MM. Holmes, Kaufmann et Nicholas * ont étudié les conditions qui affectent la fréquence du gel et ont pu obtenir ainsi quelques indications sur la structure des gels et la cause de la vibration. » On constitue un excellent mélange pour ces recher- ches en ajoutant, à une solution de silicate de sodium de densité d —1,15, un égal volume d’une solution d'acide chlorhydrique six fois normale. L'ensemble donne, au bout d’une heure environ, un gel solide qui fournit la fréquence de vibration la plus élevée dans deux jours environ. On peut effectuer les expériences dans des tubes à essai ordinaires (150 >X< 17 mm.), le vo- lume du gel sur lequel on opère dépassant de 20 cm celui de la moitié du tube. La mesure de la hauteur du son émis présente certaines diflicultés ; le timbre des sons obtenus en frappant sur les tubes de gels diffère tellement de ceux produits par un piano, une sirène ou un sonomètre, qu'on ne peut faire des comparaisons précises avec ces instruments. Les auteurs ont utilisé une vieille boîte à musique dans laquelle le son est pro- duit par des dents métalliques de différentes longueurs raclant sur un cylindre; on peut facilement connaitre la hauteur des sons émis par les différentes dents, et ce son a un timbre suflisamment voisin de celui pro- duit par les gels pour permettre les comparaisons. La hauteur du son émis ne dépend pas de la longueur de la colonne de gel sur laquelle on opère. Ainsi des colonnes de gels de 60, 90 et 120 mm. de longueur, mais d’égal diamètre, vibrent avec la même fréquence de 1024 pér : sec, ce qui indique que les vibrations ne sont pas longitudinales. Les auteurs ont ensuite opéré sur des colonnes de même longueur, mais de différents dia- mètres: la fréquence du son, pour la colonne de 34 mm. de diamètre, est341 pér : sec, celle de la colonnede 23 mm. de diamètre, 640 pér : sec, celle de la colonne de 15 mm. de diamètre, 1152 pér : sec. La fréquence varie sensible- * ment en raison inverse du diamètre, ce qui indique que les vibrations sont transversales. Les auteurs ont remarqué que la hauteur du son augmente avec la concentration de l'acide silicique formé. Elle augmente aussi quand on produit les gels par des acides de plus en plusionisés ou quand on opère en présence d’un excès d'ions hydrogène. Les gels basi- ques, obtenus en mélangeant la solution desilicate avec une quantité d’acide insuflisante pour réagir avec tout le silicate de sodium, vibrent avec une fréquence très faible, La rigidité du gel est sans contredit le facteur prin- cipal dans la production du son, Des gels dispusés dans des tubes à parois épaisses donnent des sons plus éle-. vés que les colonnes de même diamètre disposées dans des tubes à minces parois. Le diamètre total du gel aug- menté du verre est plus grand dans l’un des cas, mais l'effet d'une plus grande rigidité du verre compense l'in- fluence d’un plus grand diamètre. LeS auteurs étudient ensuite le phénomène qu'ils désignent sous le nom de syneresis et qui consiste dans 1. Kouzrauscu : Z. phys. Chem.,t. XII, p. 773; 1893. 2. HarscurK : Introduction to the Physics and Chemistry of Colloids. Blakiston, 1916, 2° éd., p. 59. 3. N. Houues, E. KAurmaxx, O. Nicnouas:J. Amer. Chem. Soc., t. XLI, p. 1329 ; septembre 1919. CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 673 la séparation de liquides aqueux à partir de substan- ces fortement hydratées comme le sont les gels d'acide silicique ; la séparation du lait en caillé et petit-lait constitue un exemple vulgaire de ce phénomène si répandu. Il peut n'être pas étranger à la vibration de certains gels. Ces gels vibrentcomme dessolides rigides, mais il semble bien qu'ils soient soumis à des eflorts de tension tendant à les contracter. C’est ce qu’on peut vérifier en recouvrant d’une mince couche de vaseline l'intérieur des tubes utilisés : les gels obtenus dans ces conditions se contractent beaucoup et acquièrent un diamètre bien inférieur à celui du tube ; il faut en con- clure que les gels, dans les tubes non vaselinés, doivent être dans un état de tension considérable, aussi long- temps que le gel adhère au verre. Ua gel produit dans un tube vaseliné, 8 à 10 jours après le mélange, se contracte suflisamment pour pouvoir être enlevé du tube et fournir un son, tout comme celui pro- duit dans un tube non vaseliné et demeuré adhérent au verre, Mais la fréquence vibratoire du gel dans le tube était 1024 pér : sec pour un diamètre de 20 mm., tandis que le gel produit dans le tube vaseliné et étudié hors du tube s’est contracté jusqu'à n'avoir plus que 16,6 mm. de diamètre et fournit une vibration de 768 pér : sec. Comme la hauteur varie, d'une manière générale, en raison inverse du diamètre, on pourrait s’attendre à ce que le gel contracté fournisse un son plus âigu, d’au- tant plus que sa densité est plus grande. Le fait qu’il est plus grave montre l'importance de la tension dans la production du son, car plus la tension est grande et plus grande est la rigidité. La « syneresis » augmente avec la concentration en acide silicique et avec un excès d'acides minéraux; elle diminue sous l'influence d'un excès d'acides orga- niques. Pour les gels acides, les mêmes facteurs qui augmentent la fréquence de vibration (en augmentant la tension et la rigidité) augmentent également la syne- resis, La fréquence de la vibration et la syneresis sont en relation directe avec la tension. Les gels basiques se comportent à cet égard d’une manièrequel- que peu anormale. La syneresis croiteomme l’étendue de la surface libre. Quand un gel se contracte dans un tube vaseliné, le volume de liquide qui se sépare est beaucoup plus grand que pour un même volume de gel. contenu dans un tube ordinaire auquel le gel adhère. A. B. $ 6. — Chimie physique Sur le poids atomique du plomb-radium. — Nous recevons la lettre suivante : «Monsieur, « Certaines considérations théoriques! donnent à penser que le poids atomique du plomb-radium est 206. « La discussion, dans les formes mathématiques ordi- naires, des déterminations récentes de ce poids atomi- que ? ne permet pas de formuler une telle conclusion ; elle conduit en effet au chiffre 206,5 + 0,05 et la con- clusion suivante s'impose : « ILest actuellement hasardeux de fixer le poids ato- mique du plomb-radium à 206; il est plus vraisembla- ble que ce poids atomique est 206,5, sauf erreur systé- matique entachant toutes les déterminations directes ui ont été faites. « Veuillez agréer, etc.» R. de Montessus de Ballore. $ 7. — Chimie industrielle La fabrication de l’alumine à partir de l'argile ordinaire. — Avant la guerre, la plus grande partie de l’alumine destinée à la fabrication de 1. Cf. p. e. Revue gén. des Se. du 30 oct. 1919, p. 581. 9. Cf. p.e. 1bid., 15 juin 1919, p. 331. Ÿ :e de cette argile peut être rendue soluble dans HCI par - 1 D CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE me SP A OU 2 SOS UT ANS US SIN l'aluminium était préparée en Allemagne avec des | les fabrications de guerre (aéronautique et mitrailleuses) bauxites d'origine française, Dès que cette source vint à lui faire défaut, l’industrie allemande dut s'adresser à des bauxites très impures disponibles chez elle et Q “. : . . « : A » chez ses alliés, puis à l’argile ordinaire, constituée par un silicate d’alumine également impur. M. V. Gerber vient de faire connaître les résultats des recherchés qui ontété faites dans cette dernière voie!. L’argile allemande qui a servi de base à la fabrication D ävait là composition suivante : SiO0?, 46,08 2, ; AO, 33,88: Fe205, 3,48; CaO, 0,70; MgO, 0,31; (NaK}?0, 2,61; perte au feu, 13,44. L'expérience a montré que l'alumine * chauffage préalable de la substance: la calcination à So pendant 3 heures rend soluble 84 ?;, de l’alumine, ; wi Ÿ mais une grande quantité de silice se dissout en même terhps. L'auteur suppose que le chauffage a pour effet de former un aluminosilicate soluble, et non, comme le - pense M. Le Chatelier, de décomposer complètement la kaolinite en deux molécules de silice et une d’alumine. Quand la calcination est poussée jusqu'à 900°, une fai- ble quantité d'alumine est solubilisée, sans doute par suite de la formation d’une modification insoluble de , laluminosilicate, L'addition de chaux à l'argile avant » en mème temps, la température peut être portée jus- À qu'à ÿo0° sans risquer d'obtenir un produit insoluble, Le procédé d'extraction par un acide offre un dé- savantage : l’alumine est souillée de fer et de silice, qui doivent ètre séparés par un traitement ultérieur. Dans les procédés basés sur la fusion avec un alcali, les frais * sont considérablement accrus par la perte d’alcali due à la formation d’un silicate alcalin. On a essayé d'éviter dE cetle perte en faisant combiner la silice, avec de la … chaux. On’a fondu de l'argile avec un mélange de car- bonate ‘de soude et de carbonate de chaux à 8000-1.2000 et l’on a extrait par l’eau la masse pour dissoudre l’alu- minate de soude, On a reconnu que les meilleures pro- Iportions à employer sont : 1 molée. de Na?CO* pour M moléc. de AÏ20* et 2 moléc. de GaCO# pour 1 moléc. bonate de baryum au carbonate de soude. On chauffe l'argile, à environ 1.150°, avec un mélange de carbonates de Ba et Ca dans les proportions suivantes : 1 mol. BaCO®? pour 1 mol, AI2O# et 2 mol. GaCO* pour 1 mol, SiO?, “_ … avec environ 8 mol. de chlorure de sodium pour sérvir LE est extrait par l’eau (rendement 95 °/4) et le baryum est de fondant. L'aluminate de baryum soluble qui se forme | récupéré par précipilation avec le carbonate de soude, La solution d'aluminate de soude ainsi obtenue est en- A a CAP » 4° . Suile traitée par Le procédé Baeyer, comme dans la puri- “… fication habituelle de la bauxite. Dans la fusion, il faut éviter un excès de carbonate de baryum, qui conduit à ù Ja formation d’un aluminosilicate de baryum insoluble. Mais, si l’on remplace la totalité du carbonate de calcium par du carbonate de baryum, le composé ternaire inso- luble ne se forme plus dans ces conditions. \ Ces procédés sont mis en œuvre dans plusieurs usines allemandes, créées de toutes pièces depuis la guerte, et dont la plus importante est celle de l'Erftwerk A. G., à Grevenbroich, sur la rivé gauche du Bhin. La production de l'aluminium pendant la guerre ?. — L'emploi intensif de l’'alumininm dans 1. Zertsch, f. Elektroch., t. XXV, 193-208 ; 1919. 9, The Times Trade supplément, & octobre 1919. | a provoqué un remarquable accroissement de la pro- duction. Celle-ci qui, pour le monde entier, s'élevait, en 1913, à 98.790 tonnes, a passé à 112,000 tonnes en capacité des usines existantes et les projets en voie d'exécution, que la production mondiale atteindra 200,000 tonnes dans un avenir très proche. { Tandis que les pays producteurs d'Europe: France, | Suisse, Angleterre et Allemagne, éprouvaient beaucoup _de difficultés pour étendre leur fabrication, cette indus- trie faisait de grands progrès aux Etats-Unis dont la production passait de 30.000 tonnes en1913 à plus de g0.000 tonnes en 1917. Le problème le plus difficile à résoudre est celui de l'approvisionnement en pas certain que les giséments connus puissent suflire à la demande ; la consommation de bauxite, seul minerai propre l’extraction du métal, a augmenté beaucoup de- puis la guerre: elle a triplé aux Etats-Unis, qui venaient au second rang, en 1913, alors que la France occupait le premier avec $es riches gisements du Var, de l’'Hé- rault et des Bouches-du-Rhône !. De vastes dépôts de bauxite ont été reconnus en Guyane anglaise et, s’ils peuvent être exploités d’une façon intensive, ils pourront fournir une base solide. d’approvisionnement à l’industrie américaine.Une partie ‘a été concédée à la Northern Aluminium Cy, du Canada, une filiale de l’Aläminium Cy of America, qui possède des usines aux Shawinigan Falls, dans la province de Québec, La production de ces usines Canadiennes a atteint 12,000 tonnes de métal en 1917. Quoique le Canada doive importer entièrement sa matière première, la fabrication de l'aluminium y est intéressante en rai- son des facilités d'obtenir l’énergie électrique et dé son bon marché. Une grande partie de la production des 1916, et à 173,500 tonnes en 1917. On estime, d’après la matières premières; il n’est: Etats-Unis est, d’ailleurs, obtenue au moyen de l'énergie électrique importée du Canada, : , P.C: $ 8. — Bactériologie Emploi de la silice gélatineuse comme milieu bactériologique. — M. A. T. Legg? recom- mande pour certaines recherches bactériologiques un milieu de culture formé d’une gelée de silice, qu'il pré- pare de la façon suivante : On dissout dans un litre d'eau distillée 100 gr, de silicaté de sodium pur, refondu, puis on versè lentement la solution dans un volume égal d'acide chlorhydrique redistillé, de densité 1,10. Après agitation et un repos | : de 3 à 4 heures, on fait dialyser le liquide dans de l'eau distillée, qu'on change à chaque heure jusqu'à ce que l'acide silicique soit nentre au tournesol (cela demande en général environ deux jours). La gelée neutre, addi- tionnée de substances nutritives, est ensuite portée à l’ébullition pendant 5 min. pour chasser l'air, mise en. tubes pendant quelle est chaude et immédiatement portée dans un autoclave où on la maintient pendant 20 min. à 135v-140° C. : Pour obtenir les membranes nécessaires à la dialyse, : M. Legg recommande d'opérer ainsi : on fait dissoudre 6 gr, de coton-poudre dans 100 em d'alcool-éther (1 : on fait reposer pendant 24 h. 5oo em* de cette solution, puis on la décante à travers un filtre en laine de verre. On prépare ensuite les membranes à la manière ordi- naire, en faisant évaporer de petites quantités de solu- tion sur les parois d’un tube à essai. 1. En 1912, la production française de bauxite s'élevait à 959,000 tonnes, dont 203.000 pour le département du Var, 46.000 pour l'Hérault et 6.000 pour les Bouches-du-Rhône, 2, Biochem, Journ., t. XILE, p. 107-110 ; 1919, D EL “ { _. Jean VILLEY. — LA COLLABORATION SCIENTIFIQUE FRANCO-ROUMAINE 675 France et Roumanie La Revue générale des Sciences, sous la direction de son regrette fondateur L. Olivier, a toujours entretenu avec la Roumanie les relations les plus étroites et les plus cordiales. Avant 1914 la Roumanie formait à l'étranger le noyau le plus nombreux et le plus fidèle de ses lecteurs et de ses col- laborateurs. Les changements importants introduits dans l'échiquier européen par la guerre mondiale qui vient de se terminer ont eu une répercussion profonde sur notre amie des bons et des mauvais jours. … À l'heure actuelle le Royaume de Roumanie atteint une population de 18 millions d'habitants. Les Roumains, qui ont si apprécié l'assistance de nos missions militaires, se tournent encore vers la France pour lui demander son apput intellectuel. L'article de M. Villey, Maître de conférences à l'Université de Rennes et membre de la Mission … universitaire française en Roumanie, que nous publions dans ce numéro, expose et les desiderata de La Roumanie et l'effort que doit faire la France. Malgré les desillusions légitimes que l'attitude du Conseil suprême vis-à-vis de notre alliée aurait pu provoquer dans le royaume danubien, les Roumains persistent à demander à la France des éducateurs dans toutes les branches de l'enseisnement, du matériel scientifique et du matériel scolaire. Malgré les efforts du ministre de France à Bucarest, M. de Saint-Aulaire, et du ministre de Roumanie à Paris, M. Antonesco, le courant qui doit s'établir entre les deux grands pays est encore trop lent, parce que l'opinion française n'est pas suffisamment avertie de lalquestion. Le Directeur de la Revue générale des Sciences, sous la suggestion de nos amis de Roumanie, à pensé qu'il devait dès aujourd'hui commencer une campagne pour favoriser les relations franco- + roumaines, et assurer sa coopération, auprès des autorités qualifiées, à tous ceux qui désireraïent connaître les demandes .du Ministère de l'Instruction publique de Roumanie comme personnel » enseignant et comme matériel d'instruction. Prochainement un numéro entier, consacré à la Rou- - manie, paraîtra; mais dès maintenant la Revue se met à la disposition de tous ceux qui désireraïent avoir des renseignements sur l'organisation de l'enseignement franco-roumain, enseignement double puisqu'il doit comprendre un échange de professeurs entre la France et la Roumanie, et un appel d'élèves roumains dans nos Écoles et nos Universités. | | J. P. Langlois, Directeur de la Revue générale des Sciences. LA COLLABORATION SCIENTIFIQUE ET UNIVERSITAIRE - FRANCO - ROUMAINE Dans ces pages, les lecteurs de la Revue gencé- rale des Sciences trouveront, au lieu des études scientifiques*substantielles auxquelles elle les a habitués, un appel en faveur d’une cause qui mérite d'intéresser tous ceux que passionne le relèvement de la France et des nations amies _après les sacrifices consentis en commun pour la cause de l'humanité. Cette cause touche tout spécialement ceux qui ont à cœur les progrès de la science, dans l’ac- _ ception la plus générale de ce terme, et de la science française en particulier : c’est à ce titre surtout — c'est aussi poussée par des sympathies aussi vives qu'anciennes entre elle et ses lecteurs roumains — que la Revue a bien voulu sortir un peu de son cadre habituel, pour lui accorder l'hospitalité de ses colonnes et l'appui dé son crédit près du monde scientifique. Nous n’entreprendrons pas de rappeler les rai- sons nombreuses et profondes, depuis la com- munauté d'origine jusqu’à la communauté des épreuves et des dangers récemment partagés, sur lesquelles repose l'amitié franco-roumaine. Bien des voix autorisées ont déjà dit au publie français combien sincère et ardente est l'affection des Roumains pour tout ce qui est français: il suffit de passer bien peu de temps en Roumanie pour ressentir et comprendre vraiment la profon- deur de ce sentiment séculaire, grandi, confirmé 676 et précisé par la grande tourmente où les deux pays ont tant souffert pour le même idéal. Autant que la .France en effet, plus même encore qu’elle si c'est possible, la Roumanie en sort blessée, saignante encore, et momentané- ment épuisée par ses pertes en humain, par l’ar- rêt prolongé de toute son activité économique, par le pillage éhonté auquel, s’est méthodique- ment adonné l’envahisseur. C’est alors qu’il lui faut réaliser, dans tous les domaines d’activité, un effort énorme d'organi- sation pour reconstituer en une nation puissante et respectée les divers lambeaux de son terri- toire, enfin arrachés à ses oppresseurs. Malgré les graves difficultés internationales dans lesquelles elle se débat encore, malgré les déboires et les amertumes qu’elles ont suscités chez elle, — elle aime trop la France pour lui en faire injustement le grief, — la Roumanie, tou- jours fidèle à son amitié traditionnelle pour notre pays, se tourne vers lui pour demander l’appui moral et les secours effectifs qui lui sont momentanément nécessaires. L'intérêt que présente pour les deux paysune collaboration non seulement loyale, mais affec- tueuse, intime et permanente, au seuil d’un ave- nir encore plein d'inconnu, en face d’un adver- saire qui n’a pas encore sincèrement renié son passé, ses rêves de conquête et les prétentions d’une race follement convaincue de sa supério- | rité et imbue de ses prétentions à l’hégémonie universelle — cet intérêt commun est trop évi- dent pour qu'il soit utile d’en rappeler ici toutes les bases politiques et économiques. Comme elle le fait dans tous les autres domai- nes, la Roumanie demande à la France son con- cours pour réorganiser et développer l’enseigne- ment, aussi bien littéraire que scientifique et technique, qui formera chez elle les générations de demain, ; Publiquement, officiellement même, les mai- tres universitaires et les chefs politiques rou- mains ont tenu, et tiennent encore, en complet accord avec le sentiment à peu près unanime de la nation, le langage suivant aux représentants de la France et de la science française : « Malgré notre désir de secouer le joug d’un adversaire tenace dans son entreprise de con- quête pacifique, finalement transformée en une tentative de conquête militaire, nous avons dù subir, avant la guerre mondiale, l’emprise éco- nomique allemande, Notre pays, amputé de ses régions industrielles, ne pouvait alors vivre indé- pendant. Toutes nos affinités de race nous pous- saient vers la France, maïs les conditions géo- JEAN VILLEY. — LA COLLABORATION SCIENTIFIQUE ET UNIVERSITAIRE graphiques faisaient la partie trop avantageuse à ses adversaires; peut-être aussi les Français ne comprenaient-ils pas toujours assez claire- ment tout ce qu'ils auraient pu faire chez nous. Cette infiltration économique permettait à nos ennemis de préparer sans bruit l’organisation méthodique d’une conquête éventuelle, dont les dangers se sont, hélas! manifeslés dans toute … leur ampleur, au cours de la guerre : elle à conduit notre pays jusqu'au bord de l’abime. « Leur travail se poursuivait même dans le domaine intellectuel, et l'effort persévérant de leurs agents cherchait à faire, dans l'esprit de nos jeunes générations, à la science allemande etaux méthodes allemandes, une place exagérée, au mépris du génie latin de notre race, auquel nous devons d’avoir conservé notre unité ethni- que, malgré toutes les conquêtes et toutes les oppressions. « Cette entreprise a failli nous conduire à la catastrophe totale dans laquelle aurait définiti=. vement sombré notre pays. La victoire s’est fina- lement rangée du côté du droit, et nous allons voir enfin, nous l’espérons du moins, se consti- tuer définitivement notre unité politique et éco- nomique. La leçon a été trop dure pour que nous ne fassions pas tout ce qui est en notre pouvoir pour barrer la route à de nouvelles tentatives analogues. F « Pour cela, il nous faut agir en communauté parfaite de vues et d'efforts avec ceux de qui nous rapprochent non seulement tant de raisons historiques et sentimentales, mais aussi la me- nace commune d’un adversaire toujours dange- reux. « La paix va nous rendre les éléments d’une nation puissante; mais il nous faut organiser cette nation, et l’organiser assez vite pour que, en temps utile, la seule manifestation de ses moyens d’action contribue efficacement à l’œu- vre de protection commune. Pour cette organi- sation rapide, des collaborations nombreuses nous sont nécessaires, dans tous les domaines (économique, industriel, technique, scientifique, intellectuel), et c’est à la France que nous vou- lons les demander. « En particulier, il'nous faut d'urgence pren- dre les mesures nécessaires en vue de préparer un personnelinstruit et cultivé, en nombre sufli- sant, pour toutes les branches d'activité; il nous faut donc développer nos Universités et nos Ecoles Techniques, et reconstituer entièrement l'Enseignement dans celles où nos oppresseurs s'étaient installés en maitres : à la France nous demandons les professeurs qui nous manquent, Enfin, pour que la science française et la pensée française puissent librement et largement ap- porter leur ferment fertilisateur, nous voulons, dans toute la Grande Roumanie, développer et répandre l’enseignement de votre langue autant et plus encore qu’il ne l'était avant la guerre, | dans l’ancien royaume! : pour cela encore, nous vous demandons de nous aider en nous fournis- | sant des professeurs pour compléter nos cadres» . Voilà, en substance, quelles demandes nous sont adressées, et l'on ne saurait trop les faire connaître à tous les Français. Ils comprendront mieux quelle confiance et quelle affection les . Roumains nourrissent pour la France, et de quel prix peuvent être, pour les deux pays, l'amitié et la collaboration qu'appellent de telles démar- _ ches. Ce programme n’est pas resté à l’état de plan théorique. Formulé dès le début de la collabo- ration roumaine, il s’est précisé aux jours les plus sombres de l'invasion allemande en Rou- manie. Chassés de Bucarest, et réfugiés à Jassy, _ succombant enfin sous le nombre et momenta- _ nément écrasés parce que leurs alliés ne pou- k vaient leur porter secours, les Roumains n’ont | pas cessé d’avoir confiance en eux et de mani- | fester leur attachement à la France; loin d’aban- . donner le projet dontnous venons d'indiquer les * grandes lignes, ils ont continué à en préciser le plan de réalisation pour des jours meilleurs. | Les universitaires roumains avaient heureuse- ment trouvé, dès le début, des encouragements ardents et une foi égale à la leur chez quelques * Français, avec qui ils ont préparé les premières bases de réalisation de leur programme. Le re- présentant officiel de la France en Roumanie a su voir immédiatement jusqu'à quel point les intérêts des deux pays étaient mêlés dans cette ._ affaire, et mettre toute son autorité au service de cette cause, où quelques officiers de la Mission militaire française lui ont apporté le concours d’un dévouement infatigable et d’une foi sans défaillance ?. Avec un tel accueil, et des collaborations aussi + dévouées, l’entreprise devenait pleine d'espé- 1. Même bien averti de la diffusion de la langue française, ôn ne peut se défendre, en arrivant dans l’ancienne Rouma- nie, d'un sentiment de surprise et d'émotion en voyant que tous les Roumains cultivés manient notre langue avec une ._ aisance parfaite, au point de l'utiliser, non seulement avec - Jeurs hôtes français, mais même dans leurs propres conver- sations. 2. Parmi ceux-ci, M. Robert de Flers n'a cessé depuis lors . d'apporter à la cause de l'amitié franco-roumaine le concours - de son talent et de son autorité tant littéraire que politique, et M. Henri Farge n'a pas hésité à se consacrer entièrement, pendant de longs mois, avec un rare désintéressement, à la réalisation du projet roumain. —_,. REVUE GÉNÉRALE DES SCIFNCES FRANCO-ROUMAINE 677 rances pour ses promoteurs, çt la confiance, mère du succès, leur était permise : ils ont eu l'immense mérite de la conserver jusqu’au bout, même aux mauvais jours. Un certain nombre d'entre eux, détachés en mission à Paris, y avaient trouvé d’ailleurs, dans le milieu univer- sitaire et scientifique, le même accueil empressé et confiant, la même attention, si amplement justifiée non seulement par l'amitié entre alliés, mais aussi par l'intérêt commun des deux pays. Dès le retour de jours meilleurs, sitôt que la victoire commune des Alliés a rendu au Gouver- nement roumain sa liberté d'action, le projet, dont l’étude n’avait pas été abandonnée, avait suffisamment pris corps pour entrer dans la phase des réalisations pratiques. à Officiellement, le Gouvernement roumain a demandé alors au Gouvernement français sa collaboration pour reconstituer ou élargir les cadres de son enseignement public. Une Mission universitaire désignée par le Ministère de l’Ins- truction publique français s’est rendue à cet effet à Bucarest, en deux échelons successifs (mai et juin 1919), pour étudier les mesures de réalisa- tion effective, et pour arrêter la convention qui règle le statut des professeurs français détachés dans les établissements d'enseignement public roumains. Pour bien marquer le prix qu’il attache à ces collaborations, le Gouvernement roumain a spon- tanément offert des conditions très généreuses, susceptibles d'encourager et de multiplier les candidatures : aux professeurs français il assure en effet, en sus du traitement de leurs collègues roumains, la totalité du traitement auquel ils ont droit dans les cadres français !. De son côté, le Gouvernement français a mani- festé l'intérêt qu'il portait à cette question, en déléguant à Bucarest, pour la signature de la convention, le vice-recteur de l’Université de Paris, et en maintenant aux professeurs français de tous ordres qui seront détachés en Roumanie tous leurs droits à l'avancement dans les cadres français ; il a même nommé, auprès de la léga- tion de France en Roumanie, un inspecteur de l'Enseignement secondaire français, pour rendre effectives les garanties accordées à ce point de vue aux professeurs disséminés dans les lycées roumains. 1. La formule adoptée assure des conditions méme un peu plus favorables, car les traitements français actuels, qui servent de base au calcul, sont presque toujours supérieurs aux traitements roumains pour les fonctions correspondantes. Dès que les conditions de change seront redevenues normales, elle reviendra purement et simplement au doublement du traitement français. Li 678, - Jean VILLEY. — LA COLLABORATION SCIENTIFIQUE ET UNIVERSITAIRE Pour les lycées, un premier contingent de quarante professeurs français a été préparé par une Commission franco-roumaine de recrute- ment,etilest actuellement en cours d'installation. Des demandes ultérieures ont été annoncées par le Gouvernement roumain : les opérations de recrutement, facilement effectuées pour le pre- mier contingent, malgré les circonstances désa- vantageuses créées par les vacances scolaires, donnent à penser que les suivants pourront être encore fournis dans de très bonnes conditions. La présence des professeurs français du premier groupe, et les relations continues qu'ils conser- vent en France, contribueront d’ailleurs puis- samment à vaincre, chez les candidats éventuels, les hésitations et les timidités injustifiées, et l'Administration française saura les encourager à collaborer à une œuvre d'expansion aussi inté- ressante pour la France elle-même que pour la Roumanie. Pour les Universités, une première demande officielle (Universités de Bucarest et de Kluj) de professeurs français de diverses disciplines! a été également formulée. Les Roumains ont eu là d’ailleurs une occasion particulière de mani- fester combien sincère et agissante est leur vo- lonté de vaincre toutes difficultés pour mener à bien la réalisation de leur programme. Un arrêt de cinq années dans le recrutement normal de chercheurs scientifiques, puis le gros effort né- cessaire pour reconstituer, sur de larges bases, l'Université de Strasbourg, ont créé une situa- tion assez difficile pour donner immédiatement satisfaction à toutes les demandes des Univer- sités roumaines. Celles-ci se rendent bien compte de ces difficultés, et, officieusement, elles ont suggéré à l'Administration française une solution provisoire d'attente, ainsi exposée, en substance, à la Mission universitaire fran- caise : « Pour assurer aux professeurs français, avec une situation morale indiscutée, une action effi- cace immédiate sur nos étudiants, nous désirons recruter des professeurs appartenant déjà, au moins en majorité, aux cadres de l'Enseignement supérieur français. Les circonstances actuelles compliquent momentanément le problème, et nous ne pouvons demander à la France de désor- 1. Droit romain ; Pandectes, — Anatomie ; Physiologie; Pharmacodynamie, — Mathématiques générales ; Physique gé- nérale; Chimie générale; Chimie technologique (métallurgie); Chimie physique; Géographie physique, — Langue et litté- rature françaises; Histoire des Arts; Histoire de la culture latine; Etudes préhistoriques. ‘ k ganiser son propre enseignement; mais nous voulons faire tout ce qui dépend de nous pour réaliser la coopération française immédiate à notre enseignement supérieur : Nous sommes prêts à accepter, à titre provisoire (chaque fois que la chose sera possible, et nécessaire pour nous assurer les collaborations que nous dési- rons), la concentration de certains enseigne- ments dans un semestre scolaire. Une concen- tration complémentaire dans l’autre semestre, consentie par les Universités françaises, per mettrait à des professeurs d’assurer ces’ ensei- gnements chez nous sans désorganiser leur service en France. L'enseignement (cours, confé- rences et direction d'étudiants) à densité double qui leur sera ainsi imposé momentanément sera sans doute préjudiciable à leurs recherches scientifiques personnelles ; mais l'importance du but à atteindre, et les avantages pécuniaires considérables réalisés par cette solution provi- Soire, détermineront sans doute des candidatures telles que nous n’hésiterons pas à l’adopter. Dans deux ou trois ans, les conditions normales de recrutement étant rétablies, il deviendra d'ail- leurs possible de remplacer ces professeurs, à leur gré, dans l’une ou l’autre des Universités (française et roumaine) à laquelle ils appartien- dront, pour les ramener à un enseignement à densité normale, plus compatible avec la pour- suite active de leurs travaux personnels. » Devant une manifestation st nette du prix que l'Enseignement supérieur roumain attache à des collaborations françaises immédiates, quelle Université française hésiterait à prendre, dans la distribution de ses enseignements, les mesures nécessaires pour rendre possibles des solutions provisoires de ce genre ? \ Pour l'Enseignement technique enfin (indus- triel, agricole et commercial}, le Gouvernement roumain à annoncé que des demandes nom- breuses de professeurs français seraiént faites aussitôt arrêté, par une loi actuellement soumise au Parlement roumain, le plan de réorganisation d'ensemble de ces enseignements. Le recrutement de professeurs français de tous ordres n’est pas le seul mode de coopéra- tion envisagé par l’Université roumaine. Elle demande aussi des facilités et des encourage- ments pour multiplier les contacts de ses étu- diants avec la France et la science française, tant par des voyages de vacances que par des stages prolongés dans les établissements d'enseigne- ment ou de recherches, universitaires et technis ques. Et là encore, en dépit des conditions très 3 FRANCO-ROUMAINE 679 défavorables que créent les circonstances actuel- les, elle a tenu à manifester, par des réalisations immédiates, que son désir est agissant : malgré les charges financières très lourdes imposées aux intéressés par un change anormal et ruineux, un voyage de vacances de quatre-vingts étudiants roumains en France a pu être organisé et réalisé l'été dernier par l’Université de Jassy ; d’autre part, cinquante étudiants sont envoyés, pour l’année scolaire en cours, dans diverses Univer- sités françaises, par le Comité directeur transyl- vain. Il ne tient qu'à la France d’étendre et de développer ce mouvement. A côté des pouvoirs publics, les sociétés d'Amis de nos Universités ou de nos grandes Ecoles, et des groupements de tous ceux qu’'intéresse le rayonnement de la science et de la pensée françaises, peuvent agir utilement en vue de réaliser les conditions intel- lectuelles et matérielles qui créeront en France des centres d'attraction pour les AUTRE roumains. Des séries de conférences échangées entre les Universités françaises etroumaines compléteront les points de contact et achèveront de resserrer les liens intellectuels entre les deux pays. Là encore, des réalisations effectives, amorcées par une courte série de conférences des notabilités littéraires et scientifiques françaises qui accom- pagnaient en Roumanie le recteur de l’'Univer- sité de Paris, ont été commencées par des invi- tations officielles à trois savants roumains, qui exposeront cet hiver, tant au Collège de France qu’à la Sorbonne, une partie de leurs recherches et travaux personnels. La collaboration scientifique et universitaire française comporte enfin un dernier aspect, aussi important que les précédents : c'est la fourniture des ouvrages et revues scientifiques, du matériel de recherches scientifiques et médicales, de la librairie scolaire, et du matériel scolaire. Toutes ces fournitures jouent un rôle essentiel dans l'orientation des enseignements oraux dont elles ne peuvent être séparées. Avec une claire notion de ce rôle, les Roumains demandent à la France de les leur assurer en même temps qu'elle leur fournit les professeurs appelés à les utili- ser : Ils lui proposent de: prendre, chez eux, en ces matières, un monopole de fait, et, vu l'urgence de leurs besoins, recherchent dès maintenant des collaborations financières qui permettent des livraisons immédiates malgré la situation momentanément désastreuse du change roumain. Ces diverses fournitures représentent, au point de vue commercial, un marché important offert à la France, si elle peut fairé l'effort de l’occuper immédiatement : les commerçants et indus- triels français intéressés feront évidemment tout leur possible à cet effet. Dès maintenant, une exposition d'appareils de précision, de matériel de laboratoires, de produits chimiques, et de matériel scolaire, est en prépardtion à Bucarest, sur la demande pressante de l’Université de Bu- carest, et avec la collaboration active de l'Office commercial français en Roumanie, Mais l'intérêt économique de cette question est bien peu de chose, auprès de son intérêt moral : le détachement de professeurs français … en Roumanie, officiellement entrepris par le’ Gouvernement français, a pour complément in= dispensable la fourniture des ouvrages et du matériel scientifiques. Une partie de ces fourni- tures est tout à fait urgente ; l'avance financière qu’elles nécessitent doit donc être assurée immé- diatement — par des mesures officielles, ou par des initiatives privées si cela est nécessaire — sans quoi la France aura trompé les espoirs et la = confiance de l’Université roumaine. Qu'il s'agisse de ces fournitures, de l'entretien … des étudiants roumains en France, ou du recru- … tement de professeurs français, une même diffi- culté apparaît en effet sans cesse, et paralyse les ” meilleures volontés. Ce sont là les divers aspects d'une entreprise pleine de promesses pour les deux pays, mais qui nécessite, en toutes ses parties, une mise en route immédiate, sans quoi l'urgence des besoins pourra obliger la Rouma- nie, malgré ses préférences.et malgré ses ins- tances auprès de la France, à subir des collabo- rations qu'elle veut éviter. Pour ces réalisations diverses, il faut, aux Universités roumaines et au Ministère de l’Ins- truction publique roumain, de l’argent français P q g Ç immédiatement disponible : Les exportations roumaines en France ayant été suspendues depuis cinq ans, l'Administration roumaine n’en a pas actuellement, et, si elle veut s’en procurer pour effectuer des ‘paiements, elle doit l’acheter avec une plus-value de 150 à 200 %. Dans dix-huit mois, ou deux ans au maximum, la Roumanie aura déjà pu nous fournir assez de pétrole et assez de blé pour disposer en France de larges crédits, et y régler ses dettes à un change très voisin du pair. Après toutes les ruines causées par la guerre, le Ministère de l’Instructjon publi- que roumain ne peut, dans ces conditions, mul- tiplier des achats ou des engagements réglables immédiatement en argent français. Au contraire, si cet argent francais lui est prêté en France, 2 : | e 680 Dr A. WEBER. — REVUE D’'EMBRYOLOGIE remboursable dans un délai de deux ans, toutes les difficultés disparaissent. La collaboration universitaire française ne saurait être assimilée aux questions commercia- les générales, et subordonnée à la mise au point d’une convention financière compliquée, que celles-ci nécessitent. H s’agit d’ailleurs seule- ment d'avancer pour deux ans aux Universités roumaines quelques centaines de mille francs; si cette avance ne peut être réalisée par une _ opération officielleentreles deux gouvernements, des initiatives privées pourraient sans doute la fournir assez facilement, car des intérêts élevés seraient éventuellement consentis par les Uni- versités, avec la garantie officielle du Gouverne- ment roumain. C’est là seulement d'ailleurs l'effort le plus urgent; le développement normal du recrute- ment pour la Roumanie, et des centres roumains d'études en France demande aussi que l'opinion française s’y intéresse activement. Tous ceux qui comprennent l’importance morale et politique de la collaboration scientifique et universitaire franco-roumaine peuvent utilement travailler, soit individuellement, soit en groupant leurs efforts, à sa réalisation effective. Cette tâche, si elle intéresse tous ceux qui désirent la grandeur de la France et de ses alliés, doit attirer tout d’abord ceux que passionne son rayonnement intellectuel : c’est pourquoi le présent appel ne pouvait chercher meilleure hospitalité que celle dela Revue générale des Sciences. Jean Villey, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Rennes. REVUE D'EMBRYOLOGIE PREMIÈRE PARTIE Dans notre dernière revue !, nous-attirions l’at- tention sur la crise que traverse l’Embryologie, Le développement rapide de cette science est dû principalement à l'enthousiasme créé par la diffu- sion des théories de Darwin et de Haeckel. Pour de nombreux chercheurs, la question de l’origine des espèces trouvait sa solution dans les décou- vertes embryologiques. Ces coups de sonde dans le passé des êtres s'autorisaient de la croyance presque unanime à la loi biogénétique fondamen- tale ou! loi de Haeckel : le développement de l'être se calquerait sur celui de son espèce; l’on- _ togénie récapitulerait la phylogénie. L’'Embryo- logie descriptive devenait ainsi une science his- torique, mais combien fragile, Depuislongtempsles paléontologistes, Depéret entreautres, ont montré clairement que beaucoup d'embryologistes avaient confondu le dévelop- pement phylogénétique des espèces avec celui . des organes considérés isolément. C’est le plus _ souvent chez des espèces qui n’ontaucune parenté entre elles qu'on a pu ainsi établir l’évolution ou l'involution de portions du squelette ou de viscères. . Les critjques d'embryologistes tels que O. Hert- wig, Keibel, Vialleton n’ont pour ainsi dire 1. Voir la Revue gén. des Sciences du 15-30 octobre 1914, p. 779 et suiv, rien laissé subsister de la loi biogénétique fon- damertale. Son abandon presque unanime a laissé désorientés ceux qui cherchaient dans l'édification des êtres la clef de leur origine loin- taine ou de leurs parentés. Bien que la loi de Haeckel n’ait aucune tendance à renaître, il est possible que l'avenir soit moins absolu en ce qui concerne la valeur phylogénétique de l’'Embryo-, Jogie. Après tout, comme le remarque O. Hertwig, sinous rangeons la Sacculine, parasite du Crabe, parmi les Crustacés, c’est uniquement grâce à l’étude de son développement. | Il semble aussi que les recherches embryo- logiques se soient ressenties de la nouvelle orien- tation des conceptions de l’hérédité: La diffusion et le succès des expériences entreprises en vue de vérifier les lois de Mendel n’ont pas peu con- tribué à créer chez les embryologistes une men- talité toute nouvelle. Il est presque certain que l’'Embryologie purement descriptive a donné la plus grande part de ce qu’on pouvait espérer d'elle. C’est avant tout un procédé analytique au service de l’Anatomie comparée, par les rensei- gnements fournis sur les homologies, les analo- gies d'organes, leurs adaptations fonctionnelles, leur valeur morphologique ou physiologique. Par contre, une nouvelle forme d’embryologie est née récemment; c'est ce que les Allemands ‘appellent l'Erntwicklungsmechanik et Brachet Î LA Dr A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE l’'Embryologie causale. Dans ce nouvel état d’es- prit, les chercheurs ne se préoccupent plus d'expliquer le passé, mais d’explorer les causes actuelles du développement des êtres. Ce que l'Embryologie a perdu ainsi en étendue au point de vue spéculatif, elle l'a assurément gagné en ‘précision, en s’engageant dans la voie expéri- mentale. Cette revue portera principalement sur les travaux récents imprégnés de cet esprit nouveau. Le plus grand nombre de ces travaux sont publiés en langue allemande. Le Professeur Roux, de Halle, est un des premiers à s'être engagé dans cette nouvelle voie; il y a entrainé de multiples élèves. Le périodique où paraissent la plupart de leurs travaux, les Archi für Entwicklungs- mechanik der Organismen, n’a pas interrompu sa publication pendant la guerre. Tandis que pres- que tous nos journaux scientifiques cessaient de paraitre, les revues allemandes continuaient à manifester une activité à peine amoindrie, tant il est vrai que si pour nous la guerre était une question de vie ou de mort, elle n’était pour nos ennemis qu’une affaire. Ces considérations permettront de comprendre combien la valeur scientifique du livre de Bra- chet! sur L'œuf et les facteurs de l'ontogenèse se double d’un succès moral. Réfugié à Paris après l'invasion de la Belgique, le professeur d’Anato- mie de Bruxelles a rédigé et publié en 1917 les remarquables conférences qu'il avait faites au Collège de France. Ce petit livre richement do- cumenté est à la fois une excellente mise au point des principaux travaux d’Embryologie causale, mais aussi un point de départ pour des recher- ches nouvelles dans des directions très variées. Dans les lignes qui vont suivre, le livre de Brachet nous servira de guide dans l’analyse et le classement des travaux concernant les facteurs de l’ontogenèse. I. — REPRODUCTION AGAME ET REPRODUCTION SEXUÉE Dès le début de son livre, Brachet expose les analogies et les différences entre la reproduction sexuée et la reproduction agame, qui assurent l’une ou l’autre la continuité de la vie de tous les êtres. La reproduction agame coexiste tou- jours avec la reproduction sexuée; elle n’est, dit Brachet, qu'une phase épisodique de la vie de l'individu. Ce sont sans aucun doute les varia- tions du milieu extérieur qui sont la cause de ces variations. Il semble que la reproduction 1. Bracuer : L’œuf et les facteurs de l'ontogenèse. Biblio- thèque de Biologie générale de l'Encyclopédie scientifique. O. Doin, Paris, 1917. 681 asexuée soit conditionnée par une nutrition abondante et durable, une croissance rapide etune vie large, ou bien inversement par des variations de la température, des altérations chimiques du milieu ou de la nourriture. Le résultat identique de ces influences contraires est dû à un mécanisme dont la découverte est récente, mais qui commence à être bien connu: c’est l'isolement physiologique des parties d’un être, qui, n'étant plus soumises aux corrélations dominantes des autres organes, sont capables de révéler des potentialités telles que la reproduction ou la régénération. Ces considérations ont été développées dans les nombreux travaux de C. M. Child!, qui, par de multiples expériences dont la plupart ont porté sur des Planaires, a bien mis en évidence les corrélations entre les diverses parties d’un même être : Des organes ou des régions tiennent sous leur dominance tout le reste de l'individu, sans doute sous l'influence d’une transmission d'énergie chimique. Le foyer le plus actif de ce métabolisme est constitué par la tête; ce quise comprend facilement si l’on admet avec Child l’influence du système nerveux dans le transport de cette énergie chimique. Le degré de l’activité métabolique va en diminuant à mesure qu’on s'éloigne du système nerveux central, de la tête vers la queue, de la région dorsale vers la région ventrale, du moins chez les Vertébrés. Par différentes expériences faites sur des Pla- naires avec des excitants chimiques variés, Child est arrivé à apprécier la valeur et l’étendue de l'influence du foyer métabolique maximum. Au delà de cette limite, l'isolement physiologique des parties existe et la reproduction agame est. possible. Dans une série d’expériences fort bien con- duites sur les germes très jeunes d’œufs d’Oi- seaux, Rabaud? a montré qu'avant l’apparition de la circulation vitelline il y a indépendance physiologique entre les différentes parties de l'embryon; la destruction de l’une d’elles n'a à 1. C. M. Gui : des Organismus als Auslosungsfaktor der Bildung neuer Lebewesen und der Restitution, Vorträge und Aufsätze ub, Entwick. mech. d. Organ., 1911. — Studies on the dynamic of morphogenesis and inheri- tance in experimental reproduction. Archis f. Entwickl, mech. d. Organ., Bd XXXVII; 1913. — Certain dynamic faclors in experimental reproduction and their significance for the problems of reproduction and development. Archiv f. Entwickl., mech. d. Organ., Bd XXXV; 1913. — À dynamic conception of the orgauic individual.Proceed. of the National Acad.of Sciences ofthe U. S. of America, 1915. 2, E. Ragaup : Les phénomènes respiratoires et les corré- lations physiologiques chez l'embryon d'oiseau. Bulletin de la Société philomathique de Paris, série IX, t. X, 1908. Die physiologische Isolation von Teilen - 682 D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE \ ce moment aucune influence sur les autres. Re- cherchant l'influence de la pression localisée sur les germes d'Oiseaux, Rabaud avait été amené à les recouvrir d'un petit fragment de lamelle de verre. Toute la partie couverte meurt par priva- tion d'oxygène ; le reste se développe normale- ment. En substituant au verre un fragment de coquille poreuse, le développement est normal; la compression pure est sans effet. L'embryon emprunte donc directement à l'air ambiant l'oxygène dont il a besoin, sans l'intermédiaire du jaune ou d’une autre partie de l’œuf. Le re- tentissement des ébauches les unes sur les autres s'établit par divers milieux internes; ces milieux créent les différenciations, mais ne président pas à la répartition des substances nutritives. En dehors des relations physiologiques, il s’établit un équilibre stable d’où résulte la forme de l’or- ganisme. Les corrélations physiologiques ne paraissent pas se confondre avec les corrélations embryologiques, du moins en ce qui concerne ‘les échanges de matériaux. { En ce quiconcerneles animauxunicellulaires, : les expériences de mérotomie dans lesquelles on | { / ._… découpe des portions nucléées d’Infusoires mon- _trent que l'isolement physiologique d’une partie de la cellule est suivi de la reconstitution de l'élément en totalité. L'œuf, d’après Brachet, ne \se comporte pas autrement qu’un organisme uni- cellulaire où entrent enjeu les corrélations fonc- tionnelles. Dans la reproduction sexuée, l’acte de la fécon- dation est Le fait de cellules à potentialités spé- ciales, qui s’isolent dès la segmentation de l'œuf et sont disjointes en éléments mâles et femelles. - Il s’agit là encore d’un isolement physiologique dont le mécanisme est inconnu. Îlest, par contre, certain que la conjugaison des cellules est néces- saire à Ja continuité de la vie, qu'il s'agisse d’In- :fusoires ou de Métazoaires; la reproduction sexuée est la conclusion normale de la vie de tout être; la reproduction agame n’est qu’un ' Pie ., . ., » ñ - épisode lié à certaines conditions extérieures, II. — ConpirioNs DE LA FÉCONDATION Passant en revue les phénomènes de la fécon- dation, Brachetexamine les raisons pour lesquel- les la pénétration de l’œuf est limitée à un sper- matozoïde ou à quelques-uns seulement; une autre question, qui se pose également, est celle- ci: pourquoi, dans la polyspermie physiologique, un seul spermatozoïde déclanche-t-il les phé- nomènes résultant de la fécondation ? Au momént où la cellule mâle pénètre dans . l'œuf, ce dernier se rétracte et expulse un liquide périvitellin. est possible, comme le pense 7 Bataillon, que ce liquide soit légèrement agglu- tinant pour les spermatozoïdes qui viennent ensuite, mais lorsque les enveloppes de l’œuf sont déchirées et que le liquide périvitellin s'écoule, les mêmes phénomènes se produisent. Fig. 1. — Energides spermatiques se repoussant dans un œuf polyspermique de Grenouille, Les deux traînées pigmentaires indiquent le chemin suivi par les spermatozoïdes (d'après Brachet), L'emploi de sperme très concentré amène chez la Grenouille une polyspermie qui a permis à Fig 02 Fig 6. Fig. 2,3 et 4. — Noyaux spermaliques ayant pénétré dans un œuf de Grenouille très fortement polyspermique. L'attraction entre ces pronuclei mâles se produit avant que leurs énergides ne se soient manifestées (d'après Brachet). Brachet ! et à Herlant? une analyse très fouillée de ces phénomènes. \ Les nombreux spermatozoïdes qui pénètrent ainsi dans l'œuf donnent naissance à des dñergi- des qui. se repoussent réciproquement; leurs 1. À. Bracugr : Lu polyspermie expérimentale comme moyen d'analyse de la fécondation, Archiv f, Entwicklungs- mech, d, Organ., Bd. XXX; 1910, 2, M. Hensanr : Recherches sur les œufs di- et trispermiques | de Grenouille, Archives de Biologie, t. XXVI; 1911. S irradiations sont séparées par une sorte de zone neutre, Chaque énergide est impénétrable pour un nouveau spermatozoide (fig. 1). Dans les œufs où le cytoplasme est relative- ment peu abondant, la polyspermie atteint très vite une limite qui ne peut être dépassée. Dans les conditions normales de la fécondation, le sperme est beaucoup plus dilué; l'énergide qui se forme lors dela pénétration du spermatozoïde Fig. 5. — /rradiation astérienne se développant à côté d'un fragment de téle de spermatozoïde pur, dans un œuf de Nereis centrifugé au moment de la fécondation. S, autre portion de la tête du spermatozoïde, avec le centrosome mâle, inelus dans la membrane de l’œuf, en dehors du eytoplasme ovulaire; pf, noyau de l’œuf (pronucleus femelle) (d'après Lillie), prend assez vite des dimensions suffisantes pour s'opposer à l’arrivée d’autres spermatozoïdes. Ce sont les centrosomes des spermatozoïdes qui déterminent la formation des énergides; les centrosomes ont donc tendance à se repousser, tandis que les noyaux s’attirentréciproquement. La fusion du noyau du spermatozoïde ou pronu- cleus mäle avec le noyau de l’œuf ou pronucleus femelle est possible parce que ce dernier noyau est dépourvu de centrosome et partant ne forme pas d'énergide. Il semble que ce soit une loi générale bien mise en évidence par Brachet que celle de l’attraction réciproque des noyaux de sexe quelconque qui prennent, dans un cyto- plasme ovulaire commun, l’aspect fonctionnel de pronuclei, Bien avant que l’irradiation partie Dr A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE 683 des centrosomes ne se manifeste, il arrive que, dans des œufs fortement polyspermiques, les noyaux provenant de la tête de cellules mâles se gonflent, s’attirentet se fusionnent (fig, 2,3,4). D'autre part, la formation de l’aster des énergi- des autour du centrosome spermatique n’est peut-être pas un phénomène absolument géné- ral. F. R. Lillie ! centrifuge des œufs de Merers dans le cytoplasme desquels la tête du sperma- tozoïde commence à s’enfoncer. Dans ces con- ditions, le spermatozoïde se brise et son centro- some ne pénètre pas dans l'œuf; pourtant il se produit une énergide à côté du pronucleus mâle (fig.5). On verra du reste plus loin que, dans les expériences de Bataillon, des irradiations asté- riennes se forment dans des œufs où des débris variés ont été introduits par de fins stylets de verre ou de platine. Ces irradiations sontconsi- dérées par Brachet comme étant une coagulation temporaire des colloïdes cytoplasmiques sui- vant des lignes radiées et ne constituant nulle- ment un organe permanent de la cellule composé de filaments réels. III. — PnysioLociR DE L'œŒur Sous ce titre, Brachet examine l’état actuel de nos connaissances surles manifestations carac- téristiques de la vie dans la cellule-œuf arrivée à maturité. Cette cellule meurt si le phénomène de la fécondation ou un phénomène analogue ne se produit pas. L’œuf arrivé. à l'équilibre de maturation, suivant l’expression de Fauré- Frémiet, est en état de vie latente ; abandonné à lui-même, il subit une agonie d'autant plus pro- longée qu'il est moinsen contact avec l'oxy- gène, De nombreux cytologistes : R. Hertwig, Popolf, Child ont comparé l'œuf mür aux Infu- soires en état de dépression ou de sénilité et dont la conjugaison amènera le rajeunissement comme l’a montré Maupas. Cette sénilité de la cellule-œuf se traduirait par une imperméabilité presque totale. La fécondation rétablit cette perméabilité. De même, Bataillon a montré que l'œuf mür est en hypertension osmotique. La rétraction de l’œuf lors de la fécondation etl'ex- pulsion du liquide périvitellin amènent une déshydratation de l'œuf et un abaissement de sa tension osmotique, En outre, le liquide périvitellin expulsé est chargé de déchets et surtout d'acide carbonique. L'œuf en état d'équilibre de maturation était une cellule qui asphyxiait, la fécondation lui permet de se désintoxiquer, L'œuf fécondé est à 1. F. R, Lie : Studies on fertilization in Nereis. Journal of experimental Zoology, t, XII ; 1912, 684 D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE nouveau perméable, il expulse les déchets accu- mulés dans son cytoplasme. Ces excreta n’ap- paraissent pas toujours comme un liquide péri- vitellin, mais peuvent se retrouver aussi, comme l'a montré Fauré-Frémiet, dans la membrane de l'œuf fécondé. Tout ce côté de la physiologie ide l’œuf mür est à l'heure actuelle encore peu connu. Le sens dans lequel ont été surtout dirigées les recher- ches est celuique Brachetnomme la morphologie causale ; c’est le problème de la forme envisagé au point de vue actuel, en le dégageant de toute préoccupation phylogénétique. C’est à ce propos que se pose la question de la valeur respective des cellules sexuelles mâles et femelles. Les expériences de mérogonie montrent qu'un fragment anucléé d'œuf peut être fécondé et donner naissance à une larve normale. La mérogonie peut être associée à une fécon- dation croisée. Aïnsi un fragment anucléé de cytoplasme d’œuf d’Oursin, pénétré par un spermatozoide de Crinoïde, donne naïssance à une larve d'Oursin et non à un embryon de Cri- noïde. Le cytoplasme de l’œuf a donc une vérita- ble potentialité ontogénique ; ce n’ést pas seu- lement une réserve de matériaux destinés à la naissarice du germe. Ces expériences de méro- gonie avec fécondation croisée montrent bien que, dans le développement d’un fragmentanu- cléé d’œuf sous l'influence d’une tête de sper- matozoïde étranger, il n’y a pas, comme le pen- sait Giard, une parthénogenèse mâle, pas plus que le noyau de l'œuf n’est le seul substratum des qualités héréditaires maternelles. D'autre part, les observations de polyspermie dans l’œuf de Grenouille faites par Brachet et Herlant ont montré que la destinée d’un sper- matozoïde ou même d’un noyau quelconque est sous la dépendance absolue de la qualité du cyto- plasme dans lequel il se trouve plongé. Le sper- matozoïde est avant tout un agent de division. Les cellules sexuelles mälesetfemelles sont donc loin d’avoir la même potentialité, comme on le croyait il y a encore peu de temps. Dans la parthénogenèse expérimentale, l’équi- libre de maturation de l’œuf est rompu et, le mécanisme étant déclanché, suivant l’expression de Delage, le développementse poursuivraitjus- qu’à l’état adulte, si les conditions d'élevage des larves en captivité n'étaient pas habituellement défectueuses. Les nombreuses expériences de parthénoge- nèse expérimentale prouvent qu’à l'inverse du spermatozoide l'œuf possède la potentialité de former un organisme nouveau. La fécondation n'est autre chose que l’acte qui, grâce à la péné- . tration du spermatozoïde, fait sortir l’œuf vierge de son état d'inertie, Il ne semble pas que l'œuf non encore mûr possède les potentialités onto- géniques que la fécondation met en évidence. Comment apparaissent ces potentialités et à quel moment, le problèmeest seulement posé à l'heure actuelle. IV. — MANIFESTATIONS DYNAMIQUES DE LA FÉCONDATION Sous ce titre, Brachet analyse les transforma- tions principales qui se produisent dans l’œuf qui a perdu son équilibre de maturation lors de la pénétration d’un spermatozoïde. Les expériences de parthénogenèse expéri- mentale et de mérogonie ont bien démontré que l’acte essentiel de la fécondation n’est pas la fu- sion des noyaux mâle et femelle, comme on l'avait cru à la suite de la découverte de Van Bene- den. De plus, le pronucleus mâle n’a pas pour seul rôle l'apport d’un certain nombre de carac- tères héréditaires; le premier résultat de l’am- phimixie, c’est de doubler la quantité de chroma- tine du noyau de l'œuf. Or on sait actuellement qu'il y a une relation entre la masse nucléaire et la longueur du fuseau de la division mitotique. La fusion des deux pronuclei a comme consé- quence immédiate l'allongement du fuseau de la première division. Une plus grande quantité de cytoplasme est ainsi intéressée dans cette première caryocinèse et les deux premiers blas- tomères peuvent s’isoler régulièrement et suf- fisamment aux dépens de la volumineuse cellule- œuf (fig 6 et 7). Brachet considère comme faisant aussi partie des actes de la fécondation, la détermination du sexe. Depuis longtemps, on soupçonnait que le sexe était déterminé par la fécondation. La ques- tion a fait un grand pas avec la découverte du dimorphisme des éléments sexuels mâles. Tous les pronuclei femelles comportent le même nombre de chromosomes, tandis que chez un grand nombre d'animaux, peut-être même chez l’homme, d’après von Winiwarter! (fig 8 et 9), il se forme en nombre égal deux espèces de sperma- tozoïdes, qui se distinguent par la présence chez les uns d’un chromosome accessoire ou hétéro- chromosome (fig 10 et 11). Le dimorphisme sper- matique paraît une généralité, et si l'œuf mür a déjà son sexe déterminé par sa constitution même,comme le pense Caullery par exemple, la fécondation est susceptible de le maintenir ou de le changer suivant qu’il pénètre dans l’œuf un spermatozoïde de l’une ou de l’autre espèce, 1. H, von Winiwanrer: Etudes sur la spermatogenèse humaine. Archives de Biologie, t. XXVII; 1912. sons à ai de. ©. D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE 685 En ce qui concerne l'apport de caractères | plus intéressant; les observations de Herlant paternels par le spermatozoïde, Brachet et son | sur les œufs di et trispermiques de Grenouille élève Herlant ont fait de très curieuses consta- | sont à ce point de vue particulièrement remar- tations sur des larves’ polyspermiques de Gre- | quables. nouille. Dans ces têtards, la fraction normale Pendant la gastrulation, période de formation Fig. 10 et 11. — Divisions de spermatides de Locusta viridis avec et sans hétérochromosome x. (D'après O. L. Mobr, figures empruntées au livre de M. Brachet.} des feuillets germinatifs, et pendant l’édifica- Fig. 6 et 7. — Figures caryocinétiques d'un amphicaryon tion des principaux organes de la larve, l'allure | et d'un monocaryon ou noyau spermatique, ; pos | dessinées 4 Hême set ci du développement n’est nullement modifiée Le fuseau du monocaryon est plus petit que celui des deux pronuclei fusionnés (d'après Herlant). du corps qui possède des cellules à noyaux volu- mineux provenant de la conjugaison des pro- _ nuclei est indiquée par le nombre de sperma- tozoïdes ayant pénétré et survécu dans l'œuf. Fig. 8 et 9. — Spermatocytes humains montrant l'hélérochromosome h (d'après von Winiwarter). Fig. 12. — Tétard dispermique âgé de 93 Jours (d'après Herlant). Ainsi, dans une larve dispermique, une moitié du MAS Télérd Roanne de (0 DU corps est normale; dans une larve pentasper- | m», masse nécrosée en voie d'élimination (d'après Herlant). mique,un cinquièmeseulement du têtard possède des cellules normales. Les autres éléments sont | par la polyspermie. Amphicaryons ou blasto- formés par la prolifération des spermatozoïdes | mères dérivés de la segmentation du noyau en surnombre. amphimixique, et monocaryons ou pseudo- Le développement de pareilles larves est des | blastomères qui proviennent des divisions 686 D: A. WEBER. — REVUE D’EMBRYOLOGIE successives des noyaux spermatiques non em- ployés à la fécondation s'accordent parfaitement au début. Ces pseudo-blastomères d’origine uniquement paternelle sont plus petits et plus fragiles que les cellules normales; ils sont aussi plus fragi- les dès l’origine et présentent des manifesta- tions de nécrose. Suivant la place où se pro- duisent ces phénomènes de mort cellulaire, la Fig. 14.— Cellules cartilagineuses provenant des amphicaryons chez un embryon trispermique de Grenouille âgé de 10 jours (d'après Herlant). gastrula est possible ou non. Dans ce dernier cas, la larve ne poursuit pas son développement et meurt, Brachet également avait reconnu que Fig. 15. — Cellules cartilagineuses du même embryon provenant de monocaryons (d'après Herlant), pour les œufs polyspermiques la gastrula était le stade critique. Les larves polyspermiques qui franchissent celte phase décisive ont un aspect un peu diffé- rent des làrves normales (fig. 12 et 13) ; les unes sont plus globuleuses, les autres présentent une asymétrie marquée ou des anomalies apparem- ment graves: anus double, occlusion des yeux, absence des membres postérieurs, etc. D'après les dimensions des noyaux des tissus de ces larves, on peut toujours facilement re- connaître d’où ils proviennent : de monocaryons ou d’amphicaryons (fig. 14 et 15). Cette asymétrie d'ordre microscopique s'accompagne d'asymé- tries plus ou moins considérables de valeur plus grande, souvent même macroscopique, entre les différents organes ou les diverses parties de la larve.Certaines ébauches d'organes sont non seu- lement plus petites, mais incomplètes. Herlant a vu par exemple le cristallin faire défaut dans l’ébauche oculaire formée par les monocaryons, malgré la présence d’une rétine sans anomalie appréciable (fig. 16). En tout cas, plus la partie normale de la larve est réduite, plus vite la mort se produit, même lorsque l’aspect extérieur de la larve est presque totalement typique. Les causes de cette fragilité du têtard n'apparaissent pas au premier abord. Fig. 16. — Coupe transversale de la téte d’un létard trispermique de 54 jours. L'œil droit formé par les monocaryons est plus petit que le gauche et ne possède point de cristallin (d’après Herlant), Il ne semble pas que le seul fait d’avoir des or- ganes plus petits ou des régions moins déve- loppées détermine une moindre vitalité. Brachet nous propose dans un premier travail deux hypothèses, dont il a définitivement adopté la seconde'lors de la publication de son livre sur les facteurs de l’ontogenèse. | Voici quelles sont ces deux suppositions : La première attribue la mort rapide des larves polyspermiques à l'insuffisance de chromatine dans les monocaryons, ou noyaux purement spermaliques, qui ne contiennent que la moitié du nombre normal des chromosomes. Cette hypothèse s'appuie sur les nombreuses dégé- nérescences par nécrose des monocaryons dans le cours du développement des tétards poly- spermiques. La seconde hypothèse, la plus séduisante, fait remarquer l'hétérogénéité qui résulte des - propriétés individuelles de multiples sperma= tozoïdes. Ainsi est produite une disharmonie incompatible avee la continuation du développe- ment et le fonctionnement coordonné des tissus ! h Bt des organes. L'embryôn, suivant l'expression de Herlant, succomberait parce que sa paternité est multiple. É Ainsi Brachet nous fait saisir le moment pré- cis où l'influence spécifique du spermatozoïde commence à se manifester. Les caractères indi- viduels, les variations que l’on peut observer pendant la segmentation, la gastrulation, la fer- meture du blastopore et la formation des orga- nes axiaux de l'embryon, seraientdonc d'origine uniquement maternelle et nullement en rapport avec l'action de la cellule sexuelle paternelle. Quelques exemples de ces, variations sont donnés par Brachet ‘ : Dans le développement des Amphibiens anoures, la cavité archentérique peut confluer avec la cavité de segmentation ou substitue progressivement à elle. Tous les œufs d’une même ponte évoluent suivant l’une de ces modalités, à l'exclusion de l’autre. Bra- chet, pour expliquer ces variantes, admet que la différence de tension osmotique entre le li- quide archentérique et celui de la cavité de seg- mentation est sensiblement la même dans tous les œufs d’une même femelle fécondés par le même mâle. Cette différence de tension peut s'élever ou s’abaisser légèrement dans d’autres pontes écondées par d’autres mâles. Dans tous les œufs de certaines pontes de Rana fusca, Brachet a trouvé un petit prolon- gement qui part de la crête ganglionnaire, ébau- he des ganglions annexés aux nerfs craniens. Ce petit prolongement longe les faces latérales du tube nerveux comme une véritable ébauche ganglionnaire spinale. Il y a done dans les œufs fécondés de certaines femelles un tactisme qui attire, dans la tête, certaines cellules de la crête neurale comme dans toute l'étendue du tronc. Dans d’autres cas, il est possible de faire re- monter l'origine de la variation jusqu'aux pro- priétés de l'œuf vierge. Ainsi, dans les œufs de Grenouille rousse, une heure et demie à deux heures après la pénétration du spermatozoïde, il se forme dans une moitié de l'hémisphère infé- rieur un croissant grisâtre. Si l'on divise en plu- sieurs lots lès œufs d'une même femelle et que l'on féconde chaque lot avec le sperme d’un mâle différent, le croissant gris se forme dans tous ces œufs au même moment et avec le même as- pect. C’est donc dans l’œuf seul que se trouve l'origine de cette variation. Bien plus, le crois- santgris des œufs parthénogénétiques est abso- iment identique à celui des œufs fécondés de la même ponte. ©. Bracuer : Variations individuelles précoces au cours u développement embryonnaire. C. A. de la Société de iologée, tome LXXIX ; 1916. D: A. WEBER, — REVUE D'EMBRYOLOGIE variations est d'autant plus considérable qu’on 687 Dans certains cas, le spermatozoïde peut être cause d’une variation précoce : Des œufs de Grenouille sont placés dans de mêmes conditions extérieures, puis fécondés par le sperme de mà- les différents. Les œufs pénétrés par les sperma- tozoides d'un même mâle commencent à se seg- menter au même moment. Il y a ainsi des écarts assez considérables suivant les spermes, écarts pouvant aller jusqu'à une demi-heure. Ce quifait la valeur de toutes ces variations, dit Brachet, c’est qu’il est possible d’en analyser le mécanisme et qu’elles présentent toutes une valeur d'ordre purement quantitatif, susceptible de mesure exacte. Les observations de Brachetsont à rapprocher de celles de K. Peter' qui ont porté sur des Echinodermes et des Ascidies. Les résultats obtenus se résument ainsi. L’amplitude et la naturedes variationssont identiques pourchaque espèce et pour chaque organe; il est possible de les préciser pour chaque stade du déve- loppement. Dans l’ensemble, l'amplitude des Al s'adresse à de plus jeunes stades. Certains facteurs : température, corps chimiques, sont capables d'action sur l'amplitude de la variation en l’augmentant ou en la diminuant. Les varia- tions sont surtout remarquables par la compa- raison d'embryons d’origine différente et sans parenté. Les variations embryonnaires suivent les même lois que celles des organismes adultes. En ce quiconcerne l’hérédité, Brachet se range parmi les cytologistes qui ne lui reconnaissent pas un substratum morphologique unique. « L’hé- rédité, dit-il, trouve son expression tout entière dans la composition physique et chimique des cellules. En somme, l'hérédité est l’ensemble de toutes les propriétés de l’œuf fécondé; son subs- tratum c’est {out ce qui participe à leur réali- sation. » Comme exemples de manifestations dynami- ques de la fécondation, Brachet rapporte d'inté- ressantes observations faites sur les œufs de Batraciens, On sait qu'on a pu mettre en évidence dans presque tous les œufs des localisations ger- minales. La manifestation extérieure de ces loca- lisations est une polarisation très marquée de l'œuf, Ainsi l’un des pôles de l’œuf de Grenouille est noir et l’autre est blanchätre. Le point expé- rimentalement variable où pénètre le spermato- zoiïde dans un de ces œufs détermine la position du plan médian, plan de symétrie bilatérale de la larve. 1. K. Peter : Experimentelle Untersuchungen über indivi- duelle Variation in der eierischen Entwicklung. Arch. f. Entwicklungsmechanik d. Org., Bd. XX VII ; 1909. 688 Dr A. WEBER. — REVUE D’EMBRYOLOGIE Au moment où l'œuf est mis en contact avec le sperme, ou bien jusqu’à 40 minutes plus tard, si l’on détruit une portion de cet œuf le dévelop- pement n’est pas entravé; en opérant au bout d’une heure, on obtient une larve asymétrique. Une heure et demie plustard, la même expérience donnerait une larve incomplète; la destruction d’une partie de l’œuf provoque l’absence totale de la région correspondante de l’embryon. Ces expériences ne démontrent pas que l'œuf de Grenouille est dépourvu de localisations ger- minales, mais que la fécondation remanie et stabilise ces localisations primitives. Les locali- ‘ sations germinales ovulaires sontvaguesetinsta- bles, celles que détermine le spermatozoïde lors de la fécondation de l’œuf sont fixes et définitives. C’est là principalement ce que Brachet nomme manifestations dynamiques de la fécondation. Les observations de Fauré-Frémiet!, dont nous avons parlé dans la précédente revue d’Embryo- logie, tendraient à démontrer que ces manifes- tations se rapportent à un abaissement de la tension superficielle du contenu de l’œuf. V.— FÉCONDATION ET PARTHÉNOGENÈSE Lors de la fécondation, le spermatozoïde apporte à l'œuf un centrosome autour duquel se produit une irradiation de filaments cytoplasmi- ques qui servent à l’édifrcation de la première division de segmentation. Dans la parthéno- genèse artificielle, il se produit également une énergide, suivant l’expression de Brachet. Cette manifestation, qui prouve que l’œuf sort de son état d'inertie, n’est bien entendu autre chose qu'une énergide femelle. La formation d’une ou de plusieurs de ces énergides paraît se faire avec la plus grande faci- lité dans l’œuf. C’est ce que montrent les expé- riences de Bataillon dans lesquelles des débris de noyaux ou des éléments cellulaires sont intro- duits à l’intérieur d'œufs de Batraciens. Tout autour de ces différents corps étrangers se for- ment des énergides, qui diminuent d'autant la masse de protoplasme ovulaire que l’énergide femelle aura pour tâche de diviserlors dela seg- mentation (fig. 17). L'influence de certaines substances chimiques peut suflire à provoquer l’apparition de multiples énergides dans le cyto- plasme ovulaire. C’est ce que montrent les expé- riences de Me Clendon? sur des œufs d’Astérie 1. Fauré-Frémigr : Le cycle germinatif chez l’Ascaris megalocephala. Archives d'Anatomie microscopique, t. XV; 1913. 2, F. Mc CLennon : The segmentation of Aslerias forbesii deprived of domain, Arch. [. Entwicklungsmech. d. Organ., Bd. XXVI; 1908, Dans ces conditions, il apparaîtde multiples éner* où le pronucleus femelle était détruit ou tou au moins fortement altéré. Cesœufs étaient sou- mis à l'action de l’eau de mer et de l'acide car= bonique, puis replacés dansdel’eau de mer pures gides et il se produit une sorte de segmentation dont la mort de l’œuf empêche la continuation, Dans la fécondation normale, l'augmentatio de la chromatine due à l’apport du pronucleus mâle permet une extension suffisante du fuseau: de la première division de l'œuf. Le procédé de” parthénogenèse expérimentale de Bataillon, par piqüre de l’œufet introduction d'éléments cel-" lulaires quelconques au bout du stylet, permet. Fig. 17, — Œuf de Grenouille piqué avec un stylet, suivant la méthode de Bataillon. On remarque nettement les deux énergides développées M à l'endroit piqué et la trace pigmentée du stylet f qui les sépare ; à droite du centre, on aperçoit le noyau de l’œuf (pronucleus femelle). | (D'après Herlant, figure empruntée au livre de Brachet.) + la division totale de l’œuf en limitant la zone de. cytoplasme où s'exerce l’action de l’énergide, ovulaire. Un autre moyen qui permettrait la division suffisante de l’œuf dans la parthénogenèse expé- rimentale serait l'augmentation de la chromatine de l’œuf, et c'est sans doute ce qui se passe dans certaines expériences avec des corps chimiques. Ainsi Delage a constaté un doublement du nom= bre des chromosomes sous l'influence d'acide: ou du tanin. Les expériences de parthénogenèse expérimen tale, telles que celles pratiquées par Bataillon en piquant des œufs, mettent en outre en évi= dence des manifestations dynamiques identi- ques à celles dela fécondation. Des localisations germinales et la symétrie bilatérale, invisibles jusqu'alors, apparaissent ainsi, Il en est de même-en actipant l'œuf par des produits chimi- ques (Herlant). Par contre, dans la piqûre de l'œuf, il n’y a aucune corrélation entre le point entrée du stylet et le plan de symétrie bilaté- rale de la larve. Il y a donc, d’après Brachet, une mosaïque de otentialités dans l’œuf de Grenouille. La par- énogenèse expérimentale met en évidence ces otentialités, que la fécondation remanie et dé- lace. . Brachet rapporte ensuite des observations fort curieuses de fécondation croisée dans lesquelles e noyau du spermatozoiïde étranger se fusionne raiment au pronucleus femelle. Le développe- ment commence, puis le germe subit une sorte decrise au cours de laquelle la chromatine mâle est expulsée des noyaux. Lorsque la larve sur- monte cette crise, le développement continue ormalement. Dans d'autres cas, la chromatine mâle n’est pas expulsée, mais le développement de la larve (Oursins ayant pour pères des Crinoïdes) ne ma- nifeste aucune trace d'hérédité paternelle. Bra- chet suppose que là encore il doit y avoir un oment où se produit l’épuration des noyaux; de plus, il établit un rapprochement entre ces expulsions de chromatine et ce qui se passe dans la maturation ovulaire ou dans la formation des spermatozoïdes dimorphes. Considérée à la lumière de tous ces faits, la parthénogenèse naturelle apparaît comme étant une activation de l’œuf dont l’origine peut être très variable. D'une facon presque absolue, la parthénogenèse naturelle ne peut assurer indé- finiment la continuité de l’espèce. « La féconda- tion, dit Brachet, est l’aboutissant final d’unesérie qui se dégrade peu à peu; elle semble vraiment sauver l’espèce de l'extinction totale. » Pourtant, dans certaines conditions de milieu, il semble que} la reproduction parthénogénique puisse devenir indéfinie. VI. — SIGNIFICATION DE LA SEGMENTATION Le développement de l’œuf étant commencé, quelle est la signification que possède la segmen- tation ? C’est uniquement un morcellement de l'œuf, sans aucune valeur formative. Il n’y a dans ce moment du développement aucune création et aucun déplacement de localisations germi- nales. À ce sujet se posela question des rapports du premier plan de segmentation avec le plan de symétrie bilatérale de la larve. ’ Les expériences de Brachet à ce sujet sont des D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE 4 689 fécondé de Grenouille, l'orientation des premiers plans de segmentation par rapport au plan de symétrie bilatérale, ce dernier se maintient dans tout le cours du développement. La segmentation ne change rien aux localisa- | tions germinales. Les premiers stades du dévelop- pement apparaissent ainsi comme préparant les différenciations ultérieures des blastomères, en donnant aux cellules de l'embryon la taille nor- male des cellules de chaque espèce par un véri- table émiettement de la volumineuse cellule- œuf. Chaque blastomère découpé par la segmenta- tion possède une potentialité réelle, qui corres- pond au rôle qu’il joue dans un développement typique de l'embryon. La potentialité totale correspond à des propriétés dont habituellement rien ne trahit l'existence. Cette dernière poten- tialité est très variable suivant les animaux ; chez les uns elle est infime, chez d'autres elle est telle qu’un des premiers blastomères est capable de donner à lui seul une larve totale. Pour quela potentialité totale ait toutson effet, il est nécessaire que le blastomère possède des ressources matérielles nécessaires et que la répartition de ces ressources puisse être rema- niée pour constituer un état d'équilibre analogue à celui de l'œuf. La polyembryonie n’est autre qu'un cas où la potentialité réelle et la potentia- lité totale se superposent. Comme conclusion, Brachet examine diverses hypothèses sur la nature physico-chimique|des localisations germinales. Pour lui, l’idioplasme est synonyme de protoplasme de l’œuf, cellule type de chaque espèce animale. Le protoplasme fondamental de l'espèce se transformera dans la majorité des cellules sous l'impulsion des corrélations entre les divers tissus et organes de l'être vivant. L'empreinte des corrélations, moins accentuée dans les pro- duits sexuels ou dans les organes formateurs de bourgeons, permettra aux éléments cellulaires en question de revenir à l’état typique sous l'influence de circonstances favorables. Nous quitterons maintenant le guide que cons- tituait pour nous le livre de Brachet pour exa- miner, dans une seconde partie, quelques tra- vaux qui ne rentrent pas dans son cadre. D' A. Weber, Professeur d’'Anatomie, aux Universités de Genève et d'Alger. | , . Y | | É plus remarquables : Quelle que soit, dans l’œuf 3% LL. * : BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 690 BIBLIOGRAPHIE ANALYSES 4° Sciences mathématiques Knibbs (G. H.), Commonwealth Statistician, — The mathematical Theory of Population, ofits charac- ter and fluctuations, and of the factors which influence them. (Appendix À, vol, I, of the Census of the .Commonwealth of Australia.) — 1 vol, in-4° de 466 p. avec 107 fig. Commonwealth Bureau of Census and Statistics, Melbourne, 1918. Le travail considérable publié par notre excellent collègue M. Knibbs est une monographie servant d’ap- pendice au Rapport sur le Recensement de l'Australie de 1910. L'étude des nombreux documents qu'il a pu recueillir lui a donné l'idée de réunir les éléments d'une théorie mathématique de la population et de faire l'analyse des différents aspects des phénomènes vitaux. On peut distinguer,dans le travail de M. Knibbs, deux parties principales : une partie purement technique et une partie concernant les applications pratiques. M. Knibbs a divisé son étude en 18 chapitres dont chacun d’eux forme un tout qui aurait pu être publié à part. ! PREMIÈRE PARME : THÉORIE I. — Dans l'introduction, M. Knibbs rappelle les pré- dictions de Watson relatives à l’accroissement de la population des Etats-Unis et montre par cet exemple l'importance, au point de vue économique, de l’étude du problème de la variation de population, Il ne suflit pas évidemment d'examiner ce qu’a été le passé, mais il faut essayer de déduire de cet examen ce que séra l’avenir, et c’est pour cette raison qu’il convient d'employer toutes les ressources scientifiques dont on peut disposer, en particulier les procédés d'Analyse ma- thématique qui paraissent parfaitement convenir à des extrapolations dont on peut mesurer les erreurs. La nature du mouvement de la population est très complexe : en se bornant à une courte énumération, on distingue les causes de variation suivantes : taux de natalité, taux de mortalité, migrations, épidémies, mo=. difications des mœurs, changement des conditions éco- nomiques provenant des effets naturels, etc. \ L'étude des populations est donc. excessivement ardue, car on doit s'attacher à rendre clairement les caractéristiques des fluctuations diverses, à définir leurs causes et leurs effets, à déterminer les moyennes, les taux, etc., à faire les interprétations des valeurs trou- vées, à extrapoler dans les limites convenables les résul- tats trouvés et enfin à mettre en relief les caractères variables dé la population. IL. — L'étude mathématique des divers types de mou- vement de population peut se faire en supposant soit un taux de variation constant, soit un taux variable selon une fonction du temps; le second chapitre de l'ouvrage de M. Knibbs est consacré à cette étude, qui est com- plétée par l'indication des divers facteurs ayant une influence séculaire sur le taux d’aceroissement de la population. M, Knibbs est ainsi conduit à donner quel- ques indications sur les variations probables du taux pendant de longues périodes, exprimées par des séries contenant des termes exprimés en fonction trigono- métrique du temps; M. Knibbs passe. également en revue les modifications qui peuvent être apportées par l’homme dans les territoires nouveaux, les effets impor- tants des migrations, et il arrive à calculer une courbe exponentielle exprimant la variation du taux d’accrois- sement considéré comme fonction du temps. Il en fait une application en considérant pour le passé ET INDEX l'accroissement intrinsèque de différentes populations pendant la période 17go-1910 et la variation effective des taux d’accroissement (sauf pour l'Irlande) de ce mêmes populations. 2 Il est intéressant de rappeler les diverses évaluations que l’on a faites de la population du monde. î Vas le milieu du xvine siècle, les évaluations varient de 500 millions (Struyck) à 1 600 millions (Voltaire). — (il voyait grand !) — alors qu'à la même époqu & Susmilch arrivait à 1,100 millions. s Vers 1800, Malte-Brun comptait 640 millions contre 437 indiqués par Volney ; ; puis les chiffres varient peu, 1 de 600 à 800 millions jusqu’en 1840, bien que Berghon estime la population mondiale à 1.272 millions en 184334 mais, à partir de 1860, les recensements se font plus exacts, les nombres paraissent plus correctset croissent. asssez régulièrement pour atteindre 1.610 millions dans l'Annuaire statistique de la France et 1.649 millions en 1914 d’après les travaux de Knibbs. $ En appliquant à la population actuelle le taux äel variation qu'il a calculé pour une période récente, M. Knibbs fait remarquer que le nombre actuel des. humains pourrait descendre d’un seul couple à partir de l’année 132 de notre ère; si l’on appliquait le taux” moyen daceroissement de 1804-1914, il faudrait monter au temps de Darius (— 483) ; enfin si le taux d’accrois- sement du doublement de! la population en 60 ans environ se maintenait, on arriverait dans 10.000 ans au nombre colossal de 22.184 >< 1016 habitants, Avec le taux d’accroisséement de la France, quie particulièrement faible (0,0016), il aurait fallu 12.84 années pour qu’un couple, püt produire le nombre actuel d'humains. En définitive, il résulte de cette étude que le taux de variation a subi de grandes oscillations dans le passé# mais, s’il paraît impossible de donner une indication précise sur le caractère de sa variation dans l'avenir, ik semble bien que le taux actuel ne pourra être maintenu pendant une longue période; — la guerre récente vient, hélas, de confirmer les prévisions de M. Knibbs Res en 1914. " - III, — Ce chapitre est consacré au caleul des condtens tes permettant de déterminer une courbe de variation des taux dans diverses hypothèses; les courbesexaminées sont, soit des exponentielles, soit diverses courbes se rapprochant de cette forme générale: de nombreux graphiques iliustren y! les calculs et permettent de faire un choix approprié ux résultats obtenus dans 18 pass afin de pouvoir extrapoler. IV. L'étude de fonctions : g — Pe ( RE dissymétriques analogues à une courbe de probabilité fait l’objet de ce chapitre, qui développe les résultats déjà obtenus par Palin Elderton dans son beau travail : « Frequency Curves and Correlation »: V. — Une étude très complète des formules corres-" pondant à des fonctions de différences successives est à signaler, car elle peut rendre de grands services dans de nombreux problèmes; elle est développée dansle cha- pitre V. x. VI, — Le sixième chapitre est consacré à la somma- tion et à l'intégration, qui conduisent à des surfaces et des volumes correspondant à deux ou trois variables. IL se termine par un rappeldes intégrales des fonctions LP: VII, — L'importance des graphiques et de l’ajuste- ment est indiquée dans le chapitre VII, qui étudie qua- tre classes principales de phénomènes statistiques : la. fréquence des phénomènes à différentes époques (varia- tion de la population, des décès, etc.); les taux de fréquence (taux de natalité, etc.); la fréquence rappor- tée à divers caractères (nombre de personnes par âge...); le taux de fréquence correspondant à ces caractères (taux de mortalité par âge). L'ajustement peut être faitgraphiquement ou numéri- quement soit à l’aide de différences successives des nombres, des logarithmes, mais l’auteur fait remarquer l'importance du nombre (poids) des observations, VIIL. — Les caractères divers d'une population peu- vent être étudiés sous différents aspects : . les phénomènes vitaux proprement dits : naissances, décès, maladies... ; les phénomènes anthropométriques : croissance, éte.; les phénomènes anthropologiques : évolution générale de l’homme ; les phénomènes sociologiques : l'évolution économique ; les phénomènes divers : migration, colonisalion, etc. Chaque classe est étudiée avec détail et M. Knibbs énumère soigneusement les différents points de vue qui peuvent donner lieu à des classifications statistiques utiles à Connaître. M. Knibbs termine cet intéressant exposé par un rap- pel de notions actuarielles concernant l'espérance de vie (expectation of life)etlareprésentation par une formule du type Gompertz-Makeham du nombre des vivants à l’âge x pour une population normale ; cette formule est intéressante à citer : densité, action de er aa Gb? — 52.674 (0,99961)::10808" >< (0,189g8)1101435" DEUXIÈME PARTIE : PRATIQUE IX. — Ce chapitre est consacré à l'étude pratique d’un Census ; quelque soin que l’on apporte à son éta- blissement, il faut compter sur les erreurs. M. Knibbs . signale l’attirance de l’âge finissant par zéro et une moins grande tendance pour la déclaration des âges finissant par 5, 6, 8, que pour la déclaration d’äâges se terminant par 1,3, 7,9. Il compare les répartitions par groupe d'âges des hommes et des femmes d’après divers recensements et il conclut dé l'étude des courbes figuratives qu’il n’est pas possible de faire des prévisions sur la distribution des vivants par groupes d'âges dans le futur. X. — Le rapport du nombre des représentants du sexe masculin et du sexe féminin est, on le sait, difré- rent suivant les pays: inférieur à un en Norvège (0,992), presque égal à un aux Etats-Unis (1,044), supérieur à un à Ceylan (1,14); ce rapport varie d’ailleurs suivant l'âge, suivant la position géographique des populations étudiées, et suivant le temps. Une étude spéciale de la population de la Nouvelle- Galles du Sud depuis 1829 montre qu'à l’origine, par suite de l'immigration, la population masculine l’'em- portait de beaucoup, mais la correction annuelle prove- nant des naissances l'a réduite peu à peu, A la nais- _Sance, le rapport de masculinité des enfants naturels paraîtplus grand que celui des enfants légitimes, L'auteur passe en revue les différentes théories de la mMmasculinité qui ont été étudiées très en détail dans le bel ouvrage de René Worms et il termine par un ta- bléau relatif à la France, qui montre que l’excès des naissances masculines se maintient à peu près le même avant et après la guerre de 1890; il sera intéressant de constater dans quelques années l'effet de l’effroyable guerre de 1914-1918. XI, — La natalité s'étudie généralement par les taux de natalite ; l'auteur montre que ces taux ne sont pas nécessairement comparables, même pour des popula- tions réparties de la même manière par âge; un grand L , BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX ——_—_—————_——ZEZE 691 nombre dé phénomènes affectent en effet la natalité: la répartition des femmes par âge, la fécondité relative à chaque âge,le nombre relatif de femmes mariées et céli- bataires. L'auteur examine au point de vue mathématique l'allure générale du nombre des naissances, celle de la mortalité infantile dans divers pays et il indique des considérations intéressantes sur la représentation à l’aide de surfaces de natalité ; des tableaux très complets résument la variation des taux en divers pays de 1860 à 1914; notre pays tient, malheureusement, la dernière place avec 19 pour mille alors que la moyenne est de 25 et que certains pays (Hongrie) atteignent 86. Une étude fort intéressante du malthusianisme est à signaler. Les fluctuations saisonnières sont chiffrées pour l’Aus- tralie et ont conduit M. Knibbs à étudier l'influence au point dé vue.de la natalité de la position de certaines fêtes dans le calendrier. XII. — Le taux.de nuptialité est défini par le rapport entre le nombre de mariés et de célibataires: il faut évidemment l’étudier par âge; sa considération est na- turellement importante en ce qui concerne les femmes et est en relation directe avec la fécondité ; le taux de nuptialité part naturellement de zéro, puis croît et dé- croit ensuite; l'époque du maximum est très variable suivant les pays et oscille entre 55 et 45 ans. ü Quant à sa valeur intrinsèque, elle est également très différente et dans le voisinage du maximum varie de 1,67 à 4,50. Il faut noter une table de nuptialité relative à l’Aus- tralie qui donne pour chaque àge les proportions de cé- libataires, de mariés et de divorcés, Le maximum de mariés apparait à l'âge de 48 ans pour les hommes (33 80), la mortalité des célibataires est supérieure à celle des mariés; pour les femmes, la mortalité des femmes mariées est supérieure à celle des célibataires jusqu'à 44 ans et inférieure ensuite; cette différence devrait faire l’objet d’études plus approfondies, mais les statistiques utiles manquent encore. XVI. — L'effet des migrations est très complexe, car il modifie l’âge, le sexe et la constitution de la race; ces divers facteurs peuvent être étudiés dans un pays tel que l’Australie et donnent lieu à des remarques fort intéressantes ; des tables montrent par exemple la proportion par âge des individus nés hors de l’Aus- tralie, la corrélation entre l'âge et la durée de la rési- dence, etc. XVII. — Dans ce dernier chapitre, M. Knibbs récapi- tule divers résultats qu’il a pu obtenir et qui ne trou- vent pas place dans les chapitres précédents ; il donne des considérations très justes sur la mesure de la pré- cision des résultats statistiques et montre par des cour- bes les relations indirectes qui peuvent exister entre les divers phénomènes concernant la population ; il ter- mine par une table des diverses intégrales et de for- mules diverses qui lui ont servi dans le cours de son travail. XVII, — M, Knibbs conclut en signalant l'intérêt que les peuples auraient à établir des statistiques compara- bles; c’est le but que se proposait l'Institut Interna- tional de Statistique, dont la vitalité semble aujourd’hui bien compromise, M. Knibbs rappelle que la consommation du blé est d'environ 5,7 bushels par acre, correspondant, pour 33 milliards d’acres de terre labourable, à une produc- tion de 132 milliards de bushels à consommer par le milliard et demi d'êtres actuellement vivants; si l’ac- croissement de la population se maintenait au taux de 1°/, il faudrait moins de 700 ans (68r ans) pour que la production supposée au plein (22,8 bushels par acre) soit inférieure à la consommation, en admettant que la consommation par individu reste constante; la loi de Malthus jouerait en plein; mais il est bien probable que des modifications importantes et que nous ne pouvons actuellement concevoir seront alors intervenues ; quoi qu’il en soit, le problème de la population est un de ceux qui doivent retenir l'attention, La conclusion de M. Knibbs serait à citer tout entière ; il dit que l'homme est à la fois le jouet du destin et la victime de ses propres désirs; il doit donc se rendre compte des formidables problèmes non encore effleurés qui vont se présenter dans un avenir prochain touchant: la puissance reproductive de la race humaine, la consti- tution organique de la Nature et les moyens dont dis- pose l'humanité pour combattre l'influence de ses actions défavorables, l’accroissement de la productivité de la Nature et les limites de son exploitation, le mé- canisme intime de l'organisation sociale et le plan de son contrôle, enfin l’internationalisation et la solidarité de tous les êtres humains. Il faudra que les organismes directeurs forment une opinion généraleintelligente comprenant la nécessité des enquêtes statistiques relatives à la population et à la richesse. Les recensements sont coûteux (moins qu'une guerre), mais ils sont la base de toutes les études sta- tistiques concernant l'humanité; leur valeur serait im- mense s'ils pouvaient être établis avec précision. J En résumé, le travail de M. Knibbs est une œuvre ma- gistrale qui fera époque et sera souvent consultée dans l’avenir ; l'abondance des matières, la technique sûre de l’auteur font de ce livre un véritable traité rassemblant les éléments dispersés avec des études absolument iné- dites et personnelles, L'auteur a fait soigner particu- lièrement la présentation générale — tous les travaux qui nous viennent de l'office dirigé par M. Knibbs sont d’ailleurs admirablement édités — et il a fait une œuvre réellement utile qui lui fera le plus grand honneur; nous tenons à l’en féliciter de tout cœur, A. BARRIOL, Secrétaire général de la Société de Statistique de Paris, Actuaire-Conseil. Jacob (L.), Ingénieur général de l’Artillerie navale. — Résistance et Constructiondes Bouches à feu. Autofrettage. ?° édition. — ? vol. in-18 jésys de l'En- cyclopédie scientifique, formant 582 p. avec 131 fig. dans le texte et 10 graphiques hors texte (Prix cart. : 15 fr.). O. Doin et fils, éditeurs, Paris, 1920. La deuxième édition de l'ouvrage Résistance et Con- struction des Bouches à feu qui parait aujourd’hui diffère sur quelques points essentiels de la première édi- tion, publiée plusieurs années avant la guerre. La pré- face de l’auteur met très heureusement ces points en évidence. + Tout d'abord, et en ce qui concerne le fonctionne- ment du frettage, l'Ingénieur général Jacob met en lumière l’insuflisance de la théorie du frettage due au général Virgile et reposant sur la limitation directe des tensions. On sait aujourd’hui que, quel que soit le mode de frettage employé, la puissance élastique du tube fretté ne saurait atteindre celle de ce même tube supposé nu. L'application des formules relatives à la résistance des . bouches à feu frettées est rendue laborieuse par leur complication, L'auteur montre que l'application de la méthode nomographique des points alignés de M. d'Oca- gne permet de faire toutes les études de bouches à feu à l’aide d’épures et en n'ayant pour ainsi dire pas recours au calcul.. Des tables numériques réduisent encore l'importance de celui-ci. A la vérité, le colonel Henry avait déjà donné une méthode tendant au même but, Toutefois, elle n’était applicable qu'aux seuls tubes qui subissent des déformations élastiques pures. La méthode donnée est beaucoup plus générale, puisque affranchie de cette restriction. La question de l’autofrettage, au cours de l'exposé » de laquelle l’auteur ne manque pas de rappeler le nom de M. l'ingénieur en chef Malaval, qui y est si étroi- tement lié, est l’objet d'une étude théorique très appro- fondie. Au cours de celte étude, la longueur du tube autofretté est supposée infinie. Dans la pratique, il n’en est rien et l'influence des extrémités se traduit par une irrégularité des déformations intérieures qui per- turbe profondément les résultats théoriques précédents, IL est possible qu'on arrive à surmonter cette grave difficulté à l'aide de dispositifs expérimentaux judi- cieux. Pour l'instant, il n’en est encore rien. À cet égard, on peut regretter que l'auteur n'ait donné aucune description des procédés expérimentaux mis en œuvre pour obtenir l’autofrettage d’un tube, Cette description, rapprochée des résultats expérimentaux obtenus par l'application des procédés en question, aurait permis au lecteur de se faire une idée des ditlicultés restant à-surmonter pour faire entrer définitivement l’auto- frettage dans le domaine de la-pratique. L'ouvrage de M. l'ingénieur général Jacob apporte néanmoins une contribution intéressante à cette question. Le tome IL traite de la résistance longitudinale des bouches à feu et des conditions théoriques d'établisse- ment des fermetures de culasses. IL donne enfin la des- cription des principaux systèmes d'artillerie, depuis l'origine de l'artillerie rayée jusqu’à nos jours, . L'auteur signale à plusieurs reprises l'avantage des viroles. Le fait qu'au cours de la dernière guerre les canons sans virole ont montré une résistance remar- quable au déculassement nous rend quelque peu scep- tique à cel égard. Au surplus, le virolage indépendant effectué à chaud, et avec un filet de la virole se termi- nant en forme de coin, peut donner lieu, au refroidis- sement, à la production de tensions considérables et par suite dangereuses, La série de déculassements de canons de ce système, observée il y a une douzaine d'années au champ d'épreuves de Ruelle, semble mon- trer que le danger que nous venons de signaler est malheureusement très loin d'être hypothétique. Pour toutes ces raisons d'ordre expérimental, je pense que le virolage doit être limité aux gros calibres, et qu'il y a avantage à l’effectuer à froid lorsqu'on fait usage d'une virole indépendante. Les mortiers Filloux de 370, construits suivant ce système, se sont d’ailleurs comportés pendant la dernière guerre d’une manière très satisfaisante, Quantité de canons anglais sont également établis comme il vient d’être dit. 13 BOURGOIN, Ingénieux général d'Artillerie navale > (du cadre de réserve). 2° Sciences physiques Bayliss (W.M.), Professeur de Physiologie générale à University College (Londres). — The nature of Enzyme action. 4° édition. — 1 vol. in-8° de 190 avec 9 fig. de la collection Monographs on Bioche- ._mistry (Prix cart. : 7 sh. 6 d.). Longmans, Green and Co, 39, Paternoster Row, Londres, 1919. Depuis sa première édilion, qui remonte à dix ans (voir la Revue du 15 août 1909,t. XX, p. 673), l'ouvrage du Prof. Bayliss s'est considérablement enrichi, jusqu'à doubler de volume. : Le plan général est resté le même ; le but de l’auteur est surtout d'ordre théorique : ce qu’il veut mettre en évidence, c'est l’analogie de l’action des enzymes ou diastases avec celle des catalyseurs minéraux, Par l’em- ploi des diastases, l'organisme vivant estrendu capable d'effectuer, dans les conditions ordinaires de tempéra- ture et de concentration modérée en acide ou en alcali, des réactions chimiques qui nécessiteraient sans elles . une température élevée ou des réactifs puissants. _ L'étude détaillée des diastases montre bien, d’ailleurs, qu'elles obéissent aux lois usuelles des phénomènes catalytiques. Les quelques déviations qu'on a pu obser- ver tiennent à leur nature colloïdale, qui fait que les réactions ont lieu en système hétérogène et que les BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 693 divers phénomènes qui dépendent de l'action de sur- face entrent en jeu d’une façon marquée, Les recherches récentes ont confirmé la natureréver- sible de l'action diastasique, d'où résulte leur action synthétique, indiquée pour la première fois par Croft Hill et pleinement établie par les expériences de Bour- quelot. Il est très probable que le « composé » d'enzyme et de substratum, regardé généralement comme prélimi- naire à l’action, estde la nature d'un composé d’adsorp- tion colloïdal, de sorte que l’action des diastases en général doit être considérée comme exercée par leur sur- face. Par condensation de surface, les constituants réa- gissants sont amenés en contact intime, et la réaction est accélérée par l’action de masse. Il n'existe pas de preuve certaine qu'une combinaison chimique entre la diastase et le substratum se produise à une stade quel- conque du processus, Mais on a reconnu expérimenta= lement que les diastases agissent par leur surface dans des liquides où elles sont complètement insolubles. L’autocatalyse, positive ounégative, joue un rôle con- sidérable dans les variations d'activité d’une diastase au cours de son action. Il faut aussi prendre en considé- ration le déplacement, par des produits fortement adsorbés ou des substances étrangères, du substratum de sa position de concentration à la surface de l’en- zyme. Telles sont les principales questions abordées par M. Bayliss dans son ouvrage. Tous ceux qui s’intéres- sent aux actions diastasiques le liront avec fruit; la copieuse bibliographie qui le termine(près de 400 numé- ros) leur fournira ensuite toutes les indications néces- saires pour se documenter plus complètemeht. A. DELESSE. 3° Sciences naturelles Grattefossé (R.M.), Ingénieur chimiste, et Lamo- the(L.). — Culture et industrie des plantes aromatiques et des plantes médicinales de mon- tagne.{e édition.— 1 vol. in-8° de 182 p. avec OÙ photo- graphies. Editions scientifiques francaises, 25, rue Lauriston, Paris, 1917. Il est très souhaitable que nos cultures françaises de plantes aromatiques prennent un essor grandissant. D'immenses surfaces dans les Alpes et les Cévennes pourraient donner chaque année une récolte supplémen- taire de plusieurs millions de francs, car la lavande peut être plantée sur les causses, les garrigues et les cailloutis. Ce livre est un véritable traité de la produc- tion de la lavande, et pourra contribuer au développe- ment de cette culture spéciale (p. 11 à 110). Les auteurs ont fait une place aux questions botaniques, mais sur- tout aux études industrielles concernant la distillation, les parfums éthrérés et leurs applications. Ils donnent aussi d'importantes directives pour l'établissement des lavanderaies artificielles et pour leur culture. De nom- breuses photographies s'ajoutent aux textes et aux nombreuses conclusions d'ordre pratique. Parmi les autres plantes, qui donnent liea à des exposés moins étendus, nous citerons le thym, la sauge sclarée, le romarin, l'hysope, la camomille romaine, l’angélique. L'ouvrage se termine par un Calendrier des plantes médicinales, Les populations rurales qui restent fidèles à la montagne peuvent certainement trouver dans la récolte des plantes utiles à la pharmacie et à l’herboristerie un sérieux revenu d'appoint !. Elles peu- vent nous affranchir de l'importation de 20 à 30 mil- lions de francs de produits. Edmond Gaix, Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy. 1. Voir à ce sujet l’article de M. L. Beirre : L’Industrie des plantes médicinales, paru dans la Revue gén. des Sc. du 30 novembre 1917, p. 637-642. (N. p. 1. R.) / 4° Sciences diverses Universitatum et eminentium Scholarum Index generalis. ANNUAIRE GÉNÉRAL DES UNIVERSITÉS. THE YgaArBooKk or Universinies. Publié sous la direction de M. de Montessus de Ballore, Professeur à l'U- niversité catholique de Lille, Professeur libre à la ue des Sciences de Paris. — 1 vol. petit in-8° de 768 p. (Prix broché, 18 fr. ; relié, 21 fr.). Gau- hier Villars et Cie, éditeurs, Paris, 1919. Depuis 1914, on a plus d’une fois mis en lumière les tentatives d’hégémonie de l'Allemagne, non seulement dans les domaines politique, économique et industriel, mais aussi dans le domaine scientifique. Dans une foule de publications : Æ£rgebnisse, Jahrbücher, Zeit- schriften, Centralblätter, Lexikon, Enzyklopedien, ete., nos voisins de l'Est présentaient l’état actuel de certai- nes connaissances ou résumaient périodiquement toute les acquisitions nouvelles de la science, et d'une façon très complète, tout en faisant la part belle à leurs pro- pres travaux ;‘ils étaient ainsi parvenus à acquérir un quasi monopole en cette branche de la documentation, qui prend chaque jour une importance plus considé- rable. Dans plusieurs organes, et ici même, l’atlention des savants a été appelée sur la nécessité de se libérer de cette prédominance, en particulier par la création de nouvelles publications, internationales par le fond et le contenu, mais dont la direction et l'édition auraient été placées entre les mains de savants et d’éditeurs des na- tions de l’Entente, Actuellement, plus d’une année après la fin des hostilités, il n’a presque rien été tenté dans cette voie. La réalisation de ces projets se heurlait sans doute à d’assez grosses difficultés; mais il semble sur- tout quedes initiatives hardies aient fait défaut et qu'on se soit borné à des palabres là où il aurait fallu des actes, Et il est à craindre que, devant l’absence de con- currence, les publications allemandes ne s'imposent de nouveau à tous ceux qui ont. besoin, pour poursuivre leurs recherches, d'une documentation précise et com- plète?. 11 nous est agréable de signaler tout au moins une exception à cet état de choses : c'est l’apparition d’un Annuaire général des Universités, à la publication du- quel se sont attelés, dès avant la fin de la guerre, d'une part M.R, de Montessus de Ballore, d'autre part la mai- son d'édition Gauthier-Villars et Cie, Il n’est guère de professeur, d'étudiant, de libraire, de constructeur d'appareils scientifiques qui m’ait eu l’occasion — ou l'obligation — ‘de consulter une fois ou l’autre Minerva, le « Jahrbuch der gelehr- ten Welt » publié par les Allemands et qui, au moment de la déclaration de guerre,atteignait sa 2/° année. Les perfectionnements successifs apportés à cette publica- tion au cours de sa longue carrière en avaient fait un annuaire presque parfait — il faut le reconnaitre — et il était impossible de trouver ailleurs des renseigne- ments aussi complets et aussi précis sur les Universités, grandes Ecoles, Bibliothèques, Musées, autres Institu- tions, el Sociétés savantes du monde entier. C’est cet annuaire — qui d'ailleurs, eroyons-nous, n'a pas paru depuis 1914 et va même probablement dispa- 1. Voir la Revue des 30 janvier 1917, p. 38, et 15 juin 1917, p. 326. 2. Cette question se double, pour la France, d'une autre, non moins grave, Un grand nombre de périodiques scienti- fiques français, qui ont dû suspendre leur publication pen- dant la guerre, sont sur le point de disparaître définitive- ment plusieurs l'ont déja annoncé à leurs abonnés et d'autres vont suivre, Il en résulte que plus d'un savant, qui a actuellement des mémoires prêts à être livrés à l'impres- sion, se trouve dans l’impossibilité de les publier, I ya là, au point de vue des intérêts de la science française et de son influence dans le monde, une situation angoissante, sur la- quelle la Revue aura d'ailleurs l'occasion de revenir. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX raître — que l’/ndex generalis se propose de rempla- cer. La tâche était considérable, et les temps troublés qne nous continuons à vivre y ajoutaient des diflicultés spéciales. Les promoteurs de la nouvelle publication ont compris que, pour aboutir rapidement et faire bien, mieux valait restreindre, au moins à l’origine, le champ de leur annuaire, et ils se sont bornés aux renseigne- ments, déjà volumineux, qui concernent les Universités et Grandes Ecoles, dans le monde entier, exception faite toutefois des pays qui ont été en guerre avec la France. Sont également omises, dans l'édition actuelle les indications relatives à la Roumanie, la Tchéco- Slovaquie, la Pologne, la Sibérie et la Russie non- bolchéviste, pays où l’enseignement supérieur vient de passer par une phase de réorganisation; mais on les trouvera dans l'édition de 1920, en préparation, et qui paraîtra en,rmaï prochain. Le classement adopté nous paraît beaucoup plus heu- reux que celui de Minerva : dans ce dernier, les rensei- gnements étaient classés par ordre alphabétique de noms de villes; dans l’/ndex generalis, on a réuni en- semble tout ce qui est relatif à nn même pays, et lors-. que celui-ci possède des colonies, celles-ci figurent im- médiatement après Ja métropole. On peut ainsi se faire plus rapidement une idée de tous les établissements d'enseignement supérieur d’une nation. La partie essentielle de l'Annuaire consiste, pour chaque établissement, dans l’énumération des chaires et de leurs titulaires : professeurs, chargés de cours, maï- tres de conférences, elc. Dans Minerva, toutes ces indi- cations étaient données exclusivement en allemand; l’Index generalis les fournit presque toujours dans la langue où se donne l’enseignement : français, anglais, italien, espagnol, portuguais, allemand (pour la Suisse alémanique); pour les pays qui parlent d’autres lan- gues, on a adopté le français, Les termes employés sont d’ailleurs de ceux que tout le monde comprend, et de petits vocabulaires viennentles rendreintelligibles dans les cas un peu difliciles. On trouvera encore dans l'/ndex generalis deux caté- gories de renseignements qui ne figurent pas dans Minerva, Ce sont d'abord; pour quelques grands pays : France, Empire britannique, Italie, Espagne, Etats-Unis, des « {ntroductions », plus où moins développées, sur l’organisation de l'enseignement supérieur dans ces | contrées. L’Introduction française, qui a été faite avec un soin extrême, est un guide complet et sûr de l'étu- diant, qui y trouvera tout ce quiconcerne les conditions d'inscription, la durée des études, les droits à acquitter, les diplômes délivrés, etc. k D'autre part, l’/ndex, generalis se termine par une liste d'échanges, où peuvent se faire inscrire gracieuse- ment tous les savants, professeurs ou non, qui désirent échanger avec leurs confrères les mémoires originaux. qu’ils ont publiés; la désignation des sujets qui les intéresse précède leur nom. "C'est là une heureuse inno- vation, qui ne peut manquer d’accroitre les relations scientifiques internationales. Tout l’ensemble du volume témoigne du soin extrême apporté à la recherche des documents ; la plupart des renseignements ont été mis à jour vers le milieu de 1919 par les recteurs, MU bRE ou secrétaires des di- verses institutions, D'autre part, la composition typo: graphique se distingue par sa netteté et le choïx heureux des caractères, et la présentation extérieure du volume relié est des plus attrayantes, Félicitons donc très chaleureusement M. R,. de Mon- tessus de Ballore, qui a assumé la lourde tâche de la. direction de l’/ndex generalis, et la maison Gauthier- Villars et Cie, qui s'est montrée dans l'exécution maté- rielle à la hauteur de sa vieille réputation, Le succès, qui aujourd'hui comme autrefois va aux esprits entre=. prenants, ne peut manquer de couronner leur intelli- gente initiative. Lours BRUNET. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 695 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER * ACADÉMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 17 Novembre 1919 M. le Président annonce le décès de M, R. Lépine, Correspondant de l'Académie. — Sir J. J. Thomson est élu Associé étranger, en remplacement de M. Dedekind, décédé. | 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. G. Fayet : Retour de la comète périodique Finlay. Découverte au Cap le 26 septembre 1886, cette comète, de 6 ans 1/2 de révolu- tion environ, a pu être observée de nouveau en 1893 et en 1906, mais nôn en 1913 à cause de conditions de visi- bilité défavorables. Le retour cette année se présentait, au contraire, dans d’excellentes conditions, et le 25 octobre la comète a été vue, en effet, à Kioto par M. Sasaki, en avant de l'étoile Z Capricorne. Le calcul des éléments indique qu'il faut apporter au moyen mou- vement publié en 19:3 une correction égaleà — :”.9. 2° ScrENCES PHYSIQUES. — M. A. Baldit : Sur l'effet produit par l'électricité de la pluie sur un fil isolé. L'au- teur conclut de ses premières observations qu'un fil isolé, soumis aux précipitations de diverses natures, se comporte comme un égaliseur de potentiel, et que les Derturbations constatées sur les lignes pendant les pluies d'orage proviennent plutôt ‘du champ électrique terrestre, qui atteint à de tels moments des valeurs considérables, que des charges électriques apportées elles-mêmes au fit par la pluie. — M. J. Carpentier : Présentation de cinématographies en couleurs des Eta- blissements Gaumont. Les Etablissements Gaumont sont parvenus à réaliser d’une façon pratique la cinémato- graphie en couleurs, en se servant du procédé trichrome de Cros et Ducos du Hauron. Sur les tilms, les images se succèdent par groupes de trois et l'appareil, avec une source lumineuse unique, comporte trois objectifs. La plus grande diflculté a été le repérage parfait et con- tinu des images sur l'écran, qui est réalisé au moyen d'un organé, dit correcteur, permettant de ramener tou- ours, grâce à deux leviers, deux des monochromes sur la troisième, prise comme centre. — M. A. Chéron : Appareil pour l’'evamen simultané d'un même cliché sté- réoscopique par deux personnes. Cet appareil ressemble à un stéréoscope classeur de modèle courant, mais il est pourvu de deux paires d'oculaires disposées en face l'une de l’autre sur le même axe passant par le centre du liché. L'une d’elles occupe donc la place du verre dépoli; ce dernier, surmonté de l'appareil d'éclairage, est fixé horizontalement en haut du stéréoscope et en- castré dans le couvercle. Deux glaces sans tain, incli- nées à 45° sur le cliché, renvoient la lumière tombant du verre dépoli respectivement vers l’une et l’autre paire d’oculaires. Chaque observateur voit done par transparence, à travers la glace sans tain située de son côté, le cliché qui se trouve éclairé par la lumière réflé- ‘chie sur la glace située du côté opposé. Pour un obser- vateur il y a inversion de l’image, mais non du relief. M. À. Lartigue : Sur une forme nouvelle donnée aux ormules des spectres de lignes. L'auteur transforme la formule générale : ] 198 1 1 \ — —N (2 _— à) ondes par em. El "LU @ nn. = 4108 fp\3fa 1 USA L Er im = ee (2) G+ri-——) angstrôms, Où q —p — m. La seconde équation permet de décomposer toute série de longueurs d'onde rentrant dans la pre- mière en trois suites de termes élémentaires, la première de ces suites étant constante, ou quasi constante, et les deux autres tendant vers zéro. — M. G. A. Hemsa- w lech : Sur les phénomènes lumineux observés au voisi- nage d'une lame de graphite portée à une haute tempé- ralure à l'aide d’un courant électrique. À mesure que la température de la lame incandescente s'élève, elle s’en- toure d’une couche de vapeurs qui, vers‘ 2.500, devien- nent bleuâtres ; vers 3.0000 apparait le long de la sur- face inférieure de la lame une frange rouge, due au passage dans la vapeur lumineuse d’un courant d'élec- trons qui décomposent les molécules et créent des cen- tres d'émission différents de ceux de la vapeur lumi- neuse. — MM. Ch. Moureu et Ad. Lepape : Sur la stabilisation de l’acroléine. WI. Préparation de l'acro- léine. Le meilleur agent déshydratant de la glycérine pour la préparation de l’acroléine parait être le mélange de 5 parties de bisulfate de potasse et 1 partie de sul- fate neutre. Il faut chauffer une pâte formée de 4 parties du mélange catalyseur et r partie de glycérine, en renouvelant cette dernière au fur et à mesuré que la réaction l’épuise. On doit, en outre, agiter le mélange réagissant et éviter toute surchauffe, même locale, du vase à réaction, Ce procédé est applicable industrielle- ment et donne le meilleur rendement en acroléine brute, contenant peu d'impuretés nocives. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. H. Ungemach : Sur un remarquable gisement de chalcostibite au Maroc. La chalcostibite Cu?S.Sb?S est une des plus grandes rare- tés minéralogiques. L'auteur vient d'en trouver un gise-- ment abondant dans la vallée de l’Oued Cherrat, à l'Est de Casablanca, au lieu dit Rar-el-Anz, où elle avait été prise pour de la panabase. On y rencontre de magnifi- ques cristaux, l’un atteignant 9 em. de longueur. Maisils ne sont que très exceptionnellement frais; leur surface est altérée en chessylite. Ces cristaux sont entremêlés de dolomite en cristaux transparents. — MM. P. Mazé, Vila et M. Lemoigne : Transformation de la cyanamide en urée par les microbes du sol. Les microbes capables de transformer la cyanamide en urée sont des espèces banales abondantes dans toutes les terres en bon état de culture. On doit en conclure que, dans un sol fertile riche en humus, la cyanamide donne rapidement de l’urée et que, dans les terrains acides, pauvres en micro- bes, son hydrolyse est nécessairement beaucoup plus lente. L’urée formée produit, sous l’action de nombréu- ses bactéries ammonisantes, du carbonate d'ammonia- que assimilable par les plantes supérieures. — M. H. Bierry : Carnivores et aliments ternaires. L'auteur montre que les grands carnivores qui se nourrissent de proies vivantes consomment d’abord de leurs victi- mes les parties qui sont le plus riches en hydrates de carbone et en graisses, ce qui confirme la nécessité d’un quantum de sucre et de graisse dans la ration d'entretien de l’organisme. — MM. F. Mesnil et M. Caullery : Sur un processus normal de fragmentation, suivi de régénération, chez un Annélide polychète, Syllis gracilis ‘Gr. Les auteurs ont observé chez un Syllidien un nou- vel exemple de reproduction asexuée par fragmentation du corps en plusieurs morceaux capables de reconstituer l'animalentier. Les fragments appartiennent à la région moyenne du corps ou à la suivante et sont formés de 7 sétigères en moyenne. La fragmentation se fait par des constrictions ectodermiques entre deux anneaux. La régénération de la partie antérieure du tube digestif se fait complètement. — M. F. d'Hérelle : Sur le rôle du microbe bactériophage dans la typhose aviaire. L'auteur a trouvé-dans le contenu intestinal de toutes les poules un microbe filtrant bactériophage. Ce microbe n'est virulent pour le bacille de la typhose aviaire que dans les milieux contaminés. Quand le microbe non virulent acquiert chez un animal des propriétés bactériophages vis-à-vis d'un bacille pathogène, cette propriété se trans- met aux individus de même espèce. On doit donc 696 pouvoir immuniser les poules contre la typhose aviaire enlleur administrant le microbe bactériophage, — MM. Ch.-Nicolle et Ch. Lebaïlly : L'évolution des spi- rochètes de la fièvre récurrente chez le pou, telle qu'on peut la suivre sur les coupes en série de ces insectes. Chez un lot de poux infectés sur un homme atteint de fièvre récurrente, on constate ceci : Les spirochètes se montrent dans toute la longueur du tube digestif, puis ils se logent dans les cellules épithéliales de l'intestin antérieur, où paraît se faire leur évolution, Au 6° jour des spirochètes nouveaux apparaissent dans le liqnide sanguin ; leur abondance y est extrême, surtout dans les espaces lacunaires des pattes et jusqu’à l’extrémité des antennes. Ces organes sont d’une extrême fragilité; le moindre traumatisme les brise. Les spirochètes vien- nent alors souiller la peau et l’ongle contaminé les ino- cule facilement au travers des téguments excoriés ou par frottement des yeux. Séance du 24 Novembre 1919 M. Ch. D. Walcott est élu Associé étranger, en remplacement de M. Metchnikofr, décédé. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. —M, A. Portevin : Ztude de l'influence de divers facteurs sur la création des efforts internes longitudinaux lors du refroidissement rapide de cylindres d'acier. Les efforts internes augmen- tent très rapidement avec la température d'immersion, quand cette dernière croît de 2000 à 600°; ils restent pratiquement nuls pour les températures inférieures à 200°. À la température de 650°, les efforts internes sont de 2 à 4 fois plus faibles après immersion dans l'huile qu'après immersion dans l’eau. Ils décroissent avec la température de l’eau au point de devenir sensiblement nuls pour la température de 100°, Les efforts internes augmentent avec la durée d'immersion, Enfin ils dimi- nuent en général avec le diamètre des pièces. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Bayeux: Le pou- voir ozonogénique de la radiation solaire à l'altitude de l'Observatoire du Mont-Blanc. À 4.360 m. d'altitude, la radiation solaire ne polymérisé pas l'oxygène en ozone. L'ozone que l’on trouvedans les couches moyen- nes et basses de l'atmosphère n’y est pas formé par une action locale et directe du Soleil. On ne doit pas attri- buer à un tel-processus chimique, comme on l’a pré- tendu, les effets thérapeutiques de la cure solaire, — M. E. Henriot : Sur le calcul des biréfringences: L'au- teur montre que, dans le cas de la fluorine comprimée, du verre comprimé, du quartz, la biréfringence semble provenir de la différence petite de deux termes relati- vement grands etdont le rapport doit,s’écarter peu de — 1. Il donne une explication théorique de cefait. — M. M. de Broglie: Sur le spectre de rayons X du tungstène. L'auteur signale deux bandes d'émission et un certain nombre de lignes notvelles dans le spectre de rayons X du tungstène. Les positions des bandes d'absorption montrent un iatervalle fondamental de fréquence 4, dont la variation est conforme à la théo- rie de Sommerfeld. Par contre, quand on compare les fréquences des bandes d'absorption à celles des raies qui font partie du même groupe, on constate que les secondes ne sont pas toujoursinférieures aux premières; comme cela devrait être. — MM. Ledoux-Lebard et A. Dauvillier : Sur la distance réticulhire de la cal cite et son influence sur la détermination deh. Les au- teurs sont amenés à rectifier leur calcul de la distance réticulaire de la calcite (voir p. 664) et à prendre pour celle-ci la valeur 3,02825 + 0,00225 >< 10-8 em. Ils en déduisent, pour la valeur de la constante de Plank 4, 6,5564 + 0,015 >X 10-27, — MM. G. Baume et M. Ro- bert : Sur quelques propriétés de l'anhydride nitreux pur ou en solution dans le peroxyde d'azote. L'anhy- dride nitreux pur ne parait exister qu'aux très basses températures, à l'état solide, ou à l’état liquide sous pression de NO ; auxtempératures supérieures à — 100", N20% se dissocié, la phase liquide s’enrichissant en N204 et la phase gazeuse en NO. On ne peut donc dis- tiller N203% dans le vide, pat suite dela formation immé- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES diate d’une atmosphère de NO, aux températures oùla distillation serait pratiquement possible; celle-ci ne peut être effectuée que par entrainement dans ur excès de NO sous pression. — M. W. A. Noyes jr: Surle potentiel nécessaire pour électrolyser les solutions de fer: Le potentiel minimum nécessaire pour électrolyser une solution ferreuse entre électrodes de fer électrolytique (qui présentent la moindre passivité envers les acides} baisse avec l'augmentation de température, d’abord de 0,007 volt par degré C. et ensuite plus graduellement, atteint une valeur minima vers 110°, puis recommence à croitre au delà. — MM. J. Bougauilt et P. Robin 1 Sur l'oxydation des hydramides. Les auteurs ont étudié l’action oxydante de l’iode et du carbonate de sol Sur trois corps du groupe des hydramides : benzhydra= mide, anishydramide et pipérhydramide, Dans les trois cas, ils ontobtenules cyanidines correspondantes, avec des rendements de 30 à 4o0/,. Par hydrolyse de ces” dernières avec HCI en solution acétique, ils ont obtenu une certaine quantité d’amidines correspondantes, — MM. A. Goris et Ch. Vischniac : Constitution du pri-t mevérose, de la primevérine et de la primulavérine: Les auteurs montrent que, dans le primevérose (biose. se dédoublant en glucose et xylose), la fonction aldé- hydique libre est celle du glucose; la formule dé ce su- cre est donc la suivante : l CHO—(CHOH)—CH—0—CH—CH—(CHOH)?--CHOH" N0/7 La primevérine est le composé de ce sucre avec: l'éther méthylique de l'acide 8-méthoxyrésoreylique, la” primulavérine le composé avec l’éther méthylique de l'acide m-méthoxysalicylique, — MM. L. Maquenne et E. Demoussy : Sur la richesse en cuivre des terres cul: tivées. Tous les sols contiennent du cuivre, mais en quantité très variable avec leur mode de culture. Les. terres arables proprement dites n’en renferment que” très peu, quelques millionièmes seulement de leur, poids. Les terres à vignes régulièrement traitées en contiennent, au contraire, une proportion notable; il. semble que ce soitles/terresles plus fines qui retiennent. le mieux le cuivre. Le! cuivre apporté par les pulvérisa= tions ne pénètre qu'avec une extrême difliculté dans les profondeurs de la terre; il reste confiné dans une cou- che superficielle de 30 cm. d'épaisseur, où il paraît s’in- solubiliser. Le: 3° ScIENCES NATURELLES. — M. G. Mouret : Sur quelques effets du laminage des roches, observés dans, la partie occidentale du Massif central de la France, Des observations de l’auteur il semble résulter que les gneiss du Massif central qui ne sont pas primitifs — si tant est qu’il ait existé ou qu'il existe encore de ces. sortes de gneiss — ne sont pas non plus toujours dus à. une injection ou pénétration de granite entre les feuil- lets d’un schiste (théorie de Delesse et de Michel-Lévy) ou à un autre mode de métamorphisme, mais qu'ils peuvent être en certains cas, ainsi que les schistes mi: cacés, le produit d’un laminage des granites, commen cela à été reconnu ailleurs. — M. P. Morin : Sur les coefjicients de ruissellement des cours d'eau dans le Massif central. L'auteur à déterminé, par dix années d'observations (1909-1918), le régime des précipitations atmosphériques et le régime des débits des cours d’eau dans ke bassin du Haut-Cher. Il en déduit deux règles qui paraissent avoir une portée générale :,1° Le coefli= ficient de ruissellement dépenddirectement de la pluvio= sité ; à répartition semblable, il croît avec la pluviosité et plus rapidement qu’elle; 2° à pluviosité égale, le coeflicient de ruissellement estinférieur quand la période chaude reçoit relativement plus d’eau — M. L. Daniel : Recherches expérimentales sur les causes d'émersion des feuilles de nénuphar. En certains endroits, le feuilles de nénuphar, au lieu d’étaler leur limbe à 1 surface de l’eau, restent dressées en l'air. Les varia tions du niveau de l’eau ne jouent aucun rôle dans produetion de ce phénomène, qui est dù soit à 1 concurrence qui s'établit, dans un espace limité, en les propres feuilles de la plante, soit à ,la lutte, en espace libre, entre les plantes nageantes voisines. — M. M. Molliard : Action des acides sur la composition des cendres de Sterigmatocystis nigra. Lorsque le my- célium de ce champignon est cultivé en présence d'HCI, on constate que la composition des cendres subit une modification prononcée : S diminue, K est en quantité iotablement réduite, Mg surtout passe de 32 à 1 pour des mycéliums qui présentent cependant des poids de Substance sèche assez voisins. La perméabilité des cel- ules est done moditiée d’une manière essentiellement différente suivant les éléments considérés. — M, L. Boutan : Sur la rotation de la région anale et du tor- tillon de la coquille larvaire chez les Gastéropodes. L'auteur montre que tous les Gastéropodes à coquille larvaire nautiloïde, c'est-à-dire tous, les Gastéropodes sauf les Amplhineures, subissent, à l’état embryonnaire, une torsion autour de laxe longitudinal du corps; _ mais cette torsion n'influence pas toutes les régions du corps : 1° la région céphalo-pédieuse ne se tord jamais ; 20 la région abdominale se tord toujours; 3° la région moyenne se tord dans un certain nombre de cas seule- ment (Prosobranches et certains Opistobranches). La détorsion n'existe chez aucun Gastéropode, où l’on ren- contre seulement des phénomènes de régularisation. — M. A. Pézard: Facteur modificaleur de la crois- sance normale et loi de compensation. L'auleur a cons- taté que la perturbation de la courbe de croissance de la poule (phase de creusement de Houssay) est condi- tionnée par l'ovaire; elle ne se produit pas chez les poules ovariectomisées. D'autre part; dès que cesse l’ac- tion del’ovaire, l'organisme réagit contre le retard qu’il a subi et accélère ses processus morphologiques jus- - qu’à ce qu'il retrouve sa courbe vraie (loi de compensa- tion), — M. Barthélemy : Lasurvie définitive deschiens saignés à blanc, obtenue par un moyen autre que la » transfusion du sang. L'auteur a constaté qu'au moyen desinjections intraveineuses d’eau, salée gommée il esL ossible de lutter contre l’anémie aiguë avec autant _ d'efficacité et à moins de frais que par la transfusion de sang ou de plasma. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 11 Novembre 1919 M. H. Martel : L’approvisionnement en lait de Paris Let de sa banlieue, Avant la guerre, en 1913, il arrivait à Paris, par voie ferrée, pour être distribués dans la apitale et la banlieue, environ 830.000 litres de lait par jour, auxquels venaient s'ajouter 115.000 litres fournis, par les lailiers-nourrisseurs de Paris et de la banlieue. Pendant la guerre, les arrivages ont diminué progressivement; au 4 novembre 1919, ils n'étaient plus que de 413.000 litres par jour, et la production locale ne dépassait pas 60,000 litres. Si l’on tient compte de l’ac- croissement de la population, on arrive à la conclusion » que chaque habitant du département de la Seine ne dis- pose que d'une quantité tout à fait infime de lait à con- sommer par jour : un dixième de litre environ. Les causés d’un tel état de choses sont multiples : destruction . presque complète du troupeau laitier en régions enva- _hies, sécheresse de l’été dernier, extension et gravité de la fièvre aphteuse, emploi du lait pour l'élevage des veaux gras (15 à 20 litres de lait par jour et par animal) ‘et pour la fabrication des beurres, fromages et marga- \rine qui atteignent des prix très élevés. Pour remédier à cette situation, dont les enfants, les vieillards et les . malades sont les premières victimes, il est absolument écessaire : d'exiger de l’Allemagne la livraison rapide es vaches laitières prévues au traité de paix, et d’inter- dire ou au moins réglementer la fabrication des froma- ges à la crème et l'élevage des veaux fins gras. Sur la demande de M. Pinard, l'Académie nomme une Commis- sion pour s'occuper de cette question, — M. A, Cal- mette : Les acquisitions récentes de la Médecine expé- rimentale dont il faut tenir compte désormais dans nos efforts de lutte antituberculeuse. La lutte antitubercu- ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 697 leuse, qui s'impose plus que jamais er France, à la suite des pertes humaines de la guerre et de la faible natalité, doit s'appuyer résolument sur les dernières acquisitions de la science. Les facteurs essentiels de la contamination sont les semeurs de germes virulents, Mais ceux-ci ne sont pas exclusivement, comme on l'avait cru, les phti- siques cracheurs et les porteurs de tuberculoses ouver- tes; ce sont aussi les tuberculeux octultes ou latents qui, bien portants eux-mêmes, ignorant presque toujours leur aptitude à réagir à la tuberculine, éliminent par intermittence des bacilles avec leurs excrétions glandu- laires et leurs déjections. Ces semeurs de germes et les germes qu'ils sèment sont si nombreux que, dans les villes, — ainsi que l’attestent les épreuves tuberculini- ques méthodiquement effectuées, — les enfants à l’âge de 5 ans sont déjà contaminés dans la proportion de 55 0/,, et au delà de la 15° année 5°/, à peine de la popu- lation totale reste complètement indemne, 11 faudrait donc continuellement prémunir contre le danger d’in- fection surtout les jeunes enfants et les jeunes animaux - domestiques dans les milieux non encore infectés; pour cela il est indispensable d'éviter l’ingestion de lait sus- peet et la contamination possible des aliments par les bacilles provenant des déjections. D'autre part, il faut organiser, autour des sujets porteurs de germes, tout un système de dépistage basé sur l'examen clinique et bactériologique, ainsi que sur l’emploi judicieux des ré- actions tuberculiniques. — M. le D' M. Baudouin : La platybrachie et les races humaines néolithiques. L’anteur a signalé antérieurement l'existence, à l’âge de la pierre polie, sur les humérus des jeunes enfants, de la platy- brachie, c'est-à-dire d’un fort aplatissement latéral, au tiers supérieur de cet os, qui, à l’âge adulte, devient presque cylindrique, dans certaines races au moins, Ces faits, observés sur des pièces provenant de l’allée cou- verte de Vaudancourt (Oise), ont élé retrouvés sur de nombreux ossements de la ciste vierge des Cous (Ven- déc). L'auteur y a noté également la présence d’un humé- rus d'adulte, ayant la forme désignée au tibia sous le nom de lame de sabre, et présentantunindice de platy- brachie marqué. De l’ensemble de ses mesures, M, Bau- douin déduit qu'il existait au Néolithique deux races très différentes : 1° celle à humérus présentant un tiers supérieur presque cylindrique (indice de platybrachie variant de 95 à 100), avec perforation oléocranienne dans la proportion de 10 à 30 (/,; 20 celle à humérus ayant une partie supérieure nettement aplatie (indice de platybrachie de 85 à 93, et descendant à 66,66 et même à 61,53 chez l'enfant), et ne présentant la perforation oléocranienne que très rarement (2 à 3 °/.). La première de ces races est le résultat d’un mélange de brachycé- phales avec des dolichocéphales ; la seconde est, au con- traire, une race absolument pure, que l’auteur appelle la race dolichocéphale de petite taille des mégalithes funé- raires de l'Ouest de la France. Séance du 18 Novembre 1919 M. J. Lignières : Contribution à la prophylaxie géné- rale de La tuberculose humaine. Tout en conservant les mesures applicables aux tuberculeux cliniquement malades, notamment l’hospitalisation hâtive, il est nécessaire, suivant l’auteur, que la prophylaxie géné- rale à employer contre la tuberculose s'applique désor- mais contre toutes lesexpectorations, de quelque nature qu'elles soient, c’est-à-dire provenant de personnes sai- nes où malades, et à toutes les poussières. Il faut donc demander que les pouvoirs publies reconnaissent et poursuivent comme un délit l'action de cracher à terre et de faire de la poussière dans les lieux habités. Iln’est pas indispensable de stériliser les crachats émis dans les habitations ;: il suflit de les entrainer encore humi- des au dehors, On ne doit pas tousser librement dans un lieu habité ; pendant la toux, un obstacle doit être placé devant la bouche, main ou mouchoir, pour éviter la pulvérisation dans l’air ambiant de gouttelettes dan- gereuses. C'est aux médecins traitants, au personnel des dispensaires, à celui des œuvres antituberculeuses,.….. que revient la tâche si importante d'agir auprès des malades pour leur faire prendre toutes les précautions nécessaires et pour éduquer aussi leur entourage ; mais c’est au public, instruit des causes. principales de la tuberculose, d'exiger des autorités la stricte application des mesures générales de prophylaxie antitubercu- leuse. Séanre du 25 Novembre 1919 M. le Président annonce le décès de M. R. Lépine, Associé national, et de M. P.-L. Ladame, Correspon- dant étranger. — M. G. Petit est élu mémbre titulaire dans la Section de Médecine vétérinaire, —MM. Gérard (de Lille), L. Maillard (d'Alger) et Aug. Lumière (de Lyon) sontélus Correspondants nationaux dans la Divi- sion de Physique et Chimie médicales et Pharmacie. M. H. Martel : Au sujet de l'approvisionnement en lait de Paris et de la banlieue. La Commission nommée par l’Académie pour étudier cette question (voir p. 697) propose le vœu suivant : 1° Interdire la vente, sur les marchés aux bestiaux, dans les abattoirs, halles, mar- chés et étaux de boucherie, de la viande de veau gras dit « veau de lait » ou « veau blanñe » ; 2° Supprimer la vente des fromages du type dit « petits suisses »; 30 Exiger la stricte application du décret du 10 octo- bre 1919 sur l’usage du lait frais et de la crème à l’état frais et interdire la consommation de lait frais ou con- servé dans les cafés, bars et maisons de thé; 4° Inviter la Préfecture de la Seine à étudier un système de répar- tition qui aurait pour but de mettre en tout temps à la disposition des malades du lait à l’état frais. Ce vœu est adopté par l'Académie. — M. L. Lapicque: Chro- naximétrie du cœur au point de vue pathologique et thérapeutique. L'auteur montre que, dans un cœurnor- mal, la vitesse fonctionnelle du faisceau de passage pré- sente un rapport déterminé avec les vitesses fonction- nelles, d'ailleurs égales entre elles, des diverses cavités cardiaques. Diverses substances modifient d’une façon inégale la chronaxie fasciculaire et la chronaxie auri- culo-ventriculaire ; dès que le rapport deces chronaxies s’écarte suffisamment de la proportion normale, la con- duction intracardiaque est profondément troublée ou même arrêtée, et l’allorythmie se produit. Le fonction- nement normal du cœur est donc lié à un hétérochro- nisme défini entre le faisceau et les cavités. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Séance du 8 Novembre 1919 MM. P. Carnot, P. Gérard et Mlle S. Moisson- nier : Présence, dans le sang de grands azotémiques) d’un corps azoté différent de l’'urée. Dans le sang de grands azotémiques, les chiffres de dosage d'azote par l’'hypobromite et l’uréase sont très supérieurs aux chif- fres donnés par le xanthydrol: le xanthydrol précipite électivement toute l’urée; une partie de l’azote dosépar l'hypobromite ou par l'uréase ne doitpas être rapportée à l'urée comme on le fait d'habitude et appartient à un autre corps plus ou moins voisin, — MM. H. Roger et Levy-Valensi : Recherches comparatives sur les albu- mines du sang et des expectorations. Les albumines des expeclorations des tuberculeux et des pneumoniques ne proviennent pas d’une transsudation sanguine, car elles coagulent entre 42° et 43°, l’'albumine du sang coagulant à 50°; dans l’œdème aigu du poumon, l’albumine pro- vient du sang, car elle coagule à 50°. La méthode des précipitines conduit aux mêmes conclusions, — M. J. Turchini : /'ole du chondriome dans la sécrétion rénale. Quel que soit le mode d'introduction du bleu de méthy- lène, il commence, sans jamais être éliminé au niveau des glomérules, par s’amasser dans les espaces inter- lobaires ; de là, progressant vers la lumière du tube, il teint le chondriome représenté par les bâtonnets de Heidenhain, se répand dans le cytoplasime superficiélet parvient dans la lumière du tube, — M, J. Cluzet: Ftude électro-cardiographique et radioscopique du cœur des athlètes. L'effort maximum s'accompagne seu- ! colibacille ne sont tués qu'après plusieurs jours (de 3 à ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES lement de tachycardie, sans aucun trouble du rythme fondamental du cœur. Lorsque les muscles compris dans la dérivation du courant cardiaque ont participé l'exercice d'entraînement, les tracés présentent uné au mentation d'amplitude des ondulations secondaires: L'effort s'accompagne, en outre, d’une rétraction impor= tante de l’aire cardiaque. — M. A. Sézary : Vaccino- thérapie intensive du rhumatisme blennorragique. Le lipo-vacein antigonococcique qui contient quinze mil liards de germes non altérés par cm* permet un traite- ment réellement intensif de cette affection. Au bout des quinze jours, l'articulation a retrouvé sa mobilité, sinon sa souplesse, normale, 4 à 6 injections sont le plus souvent nécessaires. — MM. J. Bourcart et H. Laugier : Action du changement d'altitude sur léclo- sion des accès de paludismesecondaire. Dans un batail- lon opérant en Albanie méridionale, le passage d’une” faible à une forte altitude (2.000 m.) produisit une. augmentation considérable temporaire de la fréquence des accès de paludisme secondaire. Puis l'adaptation se fit et la fréquence redevint sensiblement Aa même qu'à, faible altitude. — MM. C. Pezzi et A. Clerc: Action. de la quinine sur le cœur du chien. La quinine a (sur lex cœur une action dépressive.el modératricé, mais aussi, une action modératrice, voire même paralysante, sur les systèmes nerveux inhibiteur et accélérateur. En outre, l’excitabilité même duù cœur est remarquable-" ment diminuée. — M. H. Piéron : De la loi de varia- tion des temps de latence en fonction des intensités\ excitatrices pour les sensations auditives. L'auteur as repris ses expériences antérieures sur le sujet en utili-" sant cette fois comme source sonore la lame vibrante d'un chronoscope de Hipp en marche, que le sujet … écoute à distance au moyen d’un transmetteur télépho- nique. Les résultats obtenusmontrent quelessensations " auditives, comme les sensations cutanées, dues à une excitation électrique, admettent la validité,en première approximation, d'une formule déduite de la loi d'Hoor- weg-Weiss : :1— a + bt, où i est l'intensité excita-. trice et { le temps de latence. — M. A. Boquet : Sur les effets des injections intraveineuses d'hydrosols de gélose. Ces injections produisent chez le cheval, qui yest extré-, mement sensible, des phénomènes analogues au choc anaphylactique. Les accidents ainsi provoqués sem- blent résulter d’un obstacle mécanique à la circulation sanguine, sous la forme d’embolies. 28 Séance du 15 Novembre 1919 8 M. Clogne : Du dosage de l'alcalinité du sang. En effectuant des dosages successifs sur une mème quantité. de sérum, avec des quantités différentes de solution décinormale acide, on voit l’alcalinité de la solution, croître en raison directe de la quantité de solution acide, utilisée au départ, — M. M. Tiffeneau : Sur la diacé-, tylapomorphine. Elle fournit un chlorhydrate soluble dont les solutions sont stables ; elle est deux fois plus active que l'apomorphine qu’elle contient et agit chez | le chien avec la même rapidité que cette dernière, quel. que soit le mode d'injection, Le dédoublement de cette. substance dans l'organisme ne paraît done pas néces- saire pour produire l’elfet émélique ; on peut cependant. supposer que ce dédoublement a lieu au niveau de las cellule sensible, — MM. B. G. Duhamel et R. Thieu- lin : Localisation de l'or colloïdal électrique dans les organes. La rate et le foie ont un rôle prépondérant dans la fixation des granulations métalliques. Il ya absence de lésions histologiques notables dans les vis=. cères des animaux traités par l'or colloïdal électrique, = MM. A. Rouquier el R. Tricoire : Action de l’éther sur certains microbes pathogènes ounon pathogènes pour l'homme. Certains microbes sont tués après un contact avec l’éther de 1/4 d'héure à 1 heure (bac. pyocyanique, méningocoque B, bac. de Shiga; etc.); d’autres (baë diphtérique, bac. de Hiss, bac. de Strong, ele.) son tués en moins dé 24 heures et en plus d’une heure. Le streptocoque, l’entérocoque, le staphylocoque doré, le / 15). Le pneumocoque n’est pas tué après 10 jours; certains anaérobies sporulés sont encore vivants après 8 jours. — MM. E. Gley et A. Quinquaud : La sécré- tion surrénale d'adrénaline n'est pas nécessaire au maintien de la pression artérielle. Les auteurs ont répété les expériences de Strohl et Weiss sur cette question et sont arrivés à un résultat absolument con- traire : jamais l’extirpation de la surrénale droite, sui- vie de la ligature de la veine lombo-surrénale gauche, n’a fait baisser la pression artérielle. — M. M. Artbus : Venin de Daboïa el extraits d'organes, Ce venin est coagulant : injecté à dose suflisante dans les veines du lapin, il provoque une thrombose généralisée; ajouté au sang extrait des vaisseaux au moment de la prise, il en accélère la coagulation, Le venin de Dahoïa est rigou- reusement équivalent aux extraits d'organes en ce qui concerne ses aclions coagulantes. Action antagoniste du venin de Daboïa et du venin de Cobra sur la coagu- lation des plusmas oxalatés et citratés. Le venin de Cobra est anti-coagulant in vivo et in vitro. Il exerceune action nettement antagoniste de celle du venin de Daboiïa, — M. Et. Leblond : Le passage de l'état de gel à l'état de sol dans le protoplasme vivant. La structure colloïdale des protoplasmas mise hors de conteste, on considère généralement qu’ils se présentent à l’état de gels. L'étude que l’auteur a faite d'un grand nombre d'algues d’eau douce le conduit à admettre l'existence d'hydrosols dans la substance vivante. Hydrogels et hydrosols semblent constituer des états transitoires et alternants du protoplasma, répondant chacun à des stades particuliers de l'évolution cellulaire. — M. H. Piéron : femps de latence et temps d'action liminaires, Interprétation de la loi générale de variation en fonction des intensités excitatrices. Lorsque la loi théorique it— a + bt est applicable, la signilication des cons- tantes est la suivante : l’une, la constante a, représente l'énergie correspondant au seuil pour l'intensité limi- naire absolue (rhéobase de Lapicque), et par suite, si celle-ci est faite égale à 1, par convention, le temps pendant lequel l'excitation rhéobasiqueajouteses effets, c’est-à-dire le. temps de sommation limite (pendant lequel l'addition latente de l'énergie l'emporte sur la fuite) ; la constante b représente l’appoint énergétique nécessaire pour compenser la fuite d'énergie et donne par conséquent une mesure de l'importance de cette fuite dans chaque cas. — M. J. Comandon : 7uctisme produit par l’amidon sur les leucocytes. Enrobement du charbon. Levaditi et Mutermilch ont montré que la phagocytose s'opérait en deux temps : 1° attachement de l’antigène ou du microbe sensibilisé au leucocyte; 2° enrobement, puis digestion de l’antigène, Les expé- riences de l’auteur montrent que; dans bien des cas, on doit considérer un troisième temps, qui se place au début du phénomène : c’est le temps du factisme, de l'attraction à distance, Des parasites comme l’'Hémato- zoaire, des corpsétrangers comme l’amidon, provoquent ces lrois Lemps: 1° tactisme ; 2° attachement et enrobe- ment ; 3° digestion, Le charbon ne subirait que le deuxième temps : attachement et enrobement. M. À. Mawas et H. Guilleminot sont élus mem- bres titulaires dela Société. | Séance du 22 Novembre 1919 M. J. Giaja : Action successive des deux genres d'é- mulsines sur l’'amygdaline. Un ferment qui était capable de mettre en liberté HCN et du sucre réducteur aux dépens de la molécule d’amygdaline n’est plus en état de mettre ces substances en liberté lorsqu'elles sont contenues dans des produits de désagrégation de cette molécule. Les actions fermentaires sont donc influencées par la constitution chimique de la molécule, qui n’est plus attaquable du “fait qu'elle a été simplifiée, tout en contenant encore les produits que le ferment mettait en liberté avant qu’elle ne fût sim- * plifiée. — M. L. Pron : Mucus gastrique et réaction du -biuret. Il est diflicile d'établir une relation entre la teneur des liquides gastriques en mucus et l'intensité ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 699 de la réaction du biuret qu’ils donnent à froid. De plus, l'estomac peut contenir, en outre, de la pseudo-mucine biliaire ; et d'autre part le mucus se trouvant dans l’es- tomac existe sous des conditions de digestibilité varia- ble. — M. M. Arthus : De l'état d'anaphylaxie à l'état d'immunité. Après la 6e outinjection, l’immunité anti- crotalique (venin de Cretalus adamanteus) a succédé à l’'anaphylaxie crotalique, pour la dose de 4 em* d’une solution à 1 pour 20,c00 de venin injectée dans les vei- nès.— M. E. Wollman : Larves de mouche(Calliphora vomitoria) ef vitumines. Lorsqu'on nourrit de jeunes rats: avec du riz et de la cervelle stérilisés à 134° pendant une heure et demie, ils se comportent comme des ani- maux mis à un régime très pauvre en vitamines. Il suilit d'ajouter à leur nourriture de petites quantités de larves élevées sur cervelle stérilisée pour que la crois- sance soit fortement activée, IL semble que les larves emmagasinentet concentrent les vitamines qui se trou- vent à l’état de traces dans leur nourriture, — Mlle M. Parhon : Sur la teneur en calcium et en magnésium du sang total, frais et désséché, dans l’épilepsie, la manie et lu mélancolie. Dans la mélancolie, la quantité de Ca et de Mg du sang est beaucoup plus forte qu'à l’état nor- mal; or on sait que ces éléments en grande quantité ont une action inhibitrice sur le Système nerveux; c’est ce qui pourrait expliquer jusqu’à un certain point l’état de dépression et l’apathie de ces malades. Dans la manie et dans l’épilepsie, on trouve parcontre une dimi- nution de Ca et Mg dans le sang, fait qui pourrait expliquer l’hyperexcitabilité du système nerveux. — MM. B. G. Duhamel et R. Thieulin : Action des injections intraveineuses d'or colloïdal sur le cœur, la pression sanguine et la respiration. Les injections intra-veineuses d’or colloïdal électrique chez l'animal provoquent, pour la respiration, une augmentation pas- sagère du nombre des mouvements, avec augmentation d'amplitude. L'action sur le cœur se traduit par une augmentation lente du nombre et de l’amplitude des contractions. L'action immédiate sur la pression arté- rielle est faible et échappe à la mesure. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 14 Novembre 1919 MM. P. Nicolardot et Ch. Coffignier indiquent les résultats obtenus par l'étude de dix échantillons de résines de Cochinchine, remises par l’'Oflice colonial. Ces résines, cassantes et friables, ne semblent pas pou- voir convenir pour la fabrication des vernis. — M, G. Tanret : Sur la miellée du peuplier (voir p. 665). SOCIËTÉ DE PHYSIQUE DE LONDRES x ” Séance du 24 Octobre 1919 M.J. H. Shaxby : Microbalance simple et peu coùû- leuse. Cet instrument, qui a été combiné pour des recherches bactériologiques,consiste en une longue fibre horizontale joignant les extrémités inférieures de deux barres verticales, chacune pivotant très peu au-dessus de son centre de masse, Un petit poids agissant sur le milieu de la fibre provoque ainsi une dépression con- sidérable. On lit celle-ci au moyen d’un curseur glis- sant sur une échelle verticale graduée en mm.et placée à environ 65 cm. en avant, de telle sorte que le milieu de la fibre et une seconde fibre courte placée juste der- rière elle soient en ligne avec un trou situé sur le curseur. Les déviations sont converties en masses au moyen de poids calibrés. Cet appareil a été bâti avec des pièces du jeu « Mecano », — M, J..-W. T. Walsh : La réso- lution d’une courbe en un certain nombre de composan- tes exponentielles. L'auteur donne une méthode pour la résolution d’une courbe de la forme exponentielle composée n pe» 2ime — ét 1 700 ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES RER PORN PP ET Se AE LLC ME DUT dans ses composantes ; les valeurs de a et} pour les n termes exponentiels différents s'obtiennent au moyen de 2n valeurs de B, équidistantes le long de l'axe des t. L'auteur donne aussi une méthode pour trouver les valeurs les plus probables de ces constantes d’après un nombre quelconque (= 2n) de valeurs observées de B prises à des intervalles irréguliers de £, ACADEMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM Séance du 3 Mai 1919 10 SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. L. E. J. Brou- wer: Ænumération des transformations périodiques du tore. — MM. J. Cardinaal et W. Kapteyn présentent deux notes de M. Fred. Schuh: Définition générale de limite avec application à des théorèmes de limites. Déf- nition générale de la convergence uniforme avec applica- tion à la permutabilité des passages à la limite, — MM. H. A. Lorentz et J. C. Kluyver présentent deux travaux de M. H. B. A. Bockwinkel : *emarques sur le développement d'une fonction en une série à facultés. 111. Sur la condition nécessaire et suffisante pour qu'une fonction soit développable en une série à coefficients bi- nomiaux. — MM. J. Cardinaal et H. Lorentz présentent un travail de M. J. A. Schouten : Sur des développe- ments en série de formes algébriques à diverses rangées de variables de degrés différents. 2° SCIENÇES PHYSIQUES. — M. P. Zeeman: La propa- gation de la lumière dans des solides transparents en mouvement. I. Appareil pour l'observation de l'effet Fiseau dans des solides, — M. P. Zeeman et Mlle A. Snethlage: La propagation de la lumière dans des so- lides transparents mobiles. II. Mesures de l'effet Fiseau dans le quartz. — MM. H. A. Lorentz et W. H. Julius préséntent un travail de MM. L. S. Ornsteinet F.Zer- nike: La courbe d’hystérésis pour des agrégats cristal- lins. Correction de la théorie de Weiss en tenant compte de la force démagnétisante. — MM. W. H. Julius et H. Haga présentent un travail de M. P. H. van Cittert : La constitution du rayonnement solaire. La distribution de l'intensité lumineuse sur le disque solaire s'explique bien en admettant que le Soleil est une masse gazeuse incandescente, dont la température et la densité dimi- nuent d’une manière continue de l'intérieur vers l’exté- rieur et dont les couches extérieures se composent de masses gazeuses peu lumineuses, peu absorbantes, mais fortement diffusantes et réfractant irrégulièrément la lumière. — MM. J. Boeseken et J. P. Kuenen présen- tent un travail de M. H./P. Barendrecht : L'uréase et la théorie de rayonnement de l’action des enzymes. II. Etude de l'influence de substances étrangères sur l’aeti- vité de l’uréase. — M.P. van Romburgh présente une note de M. A. W.K. de Jong: Les acides truxilliques. — MM. J. Boëseken et A. F. Holleman présentent un travail de M. H. J. Prins: Sur la condensation du for- maldéhyde avec quelques combinaisons non saturées. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. J. F. van Bemmelen: Le rapport des espèces du genre Saturnia, jugé d'après Le dessin coloré de leurs ailes. — MM. F, À, F. C. Went et J. W. Moll présentent un travail de M. H. L. van de Sande Bakhuyzen : Photoréaction de croissance et sensibilité à La lumière chez l'Avena sativa. | Séance du 31 Mai 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M, H. A. Lorentz et J. C. Kluyver présentent un travail de M. H. B. À. Bockwinkel : Sur deux points relatifs aux fonctions génératrices de Laplace, — MM. W. de Sitter et J. C. Kapteyn présentent un travail de M. J. Weeder: La flexion des cercles d'une lunette méridienne. 29 SCIENCES PHYSIQUES, — MM. H. Kamerlingh Onnes et H, A. Lorentz présentent un travail de M. G. Nords- trom : Xemarques sur l'absence de rayonnement d'une charge électrique se mouvant conformément à des condi- tions de quanta. L'auteur montre que, lorsqu'on dit que la théorie atomique de Bobr est en contradiction avec l'Electrodynamique classique, parce qu’elle admet qu'un électron qui se meut conformément à des conditions de quanta ne rayonne pas d'énergie, on n’exprime pas exactement en quoi la contradiction existe, — M. P. Zeeman et Mile A. Snethlage : La propagation de la lumière dans des solidestransparents mobiles.Il. Mesures de l'effet Fiseau dans le quartz (suite). — MM. H. A. Lorentz et P. Zeeman présentent un travail de M. TP. van Lohuyzen: L'effet Zeeman anomal, L'auteur se pose la question de savoir si la décomposition magné- tique dépend uniquement des trajectoires entre lesquel- les passe l’électron ou si la façon dont le passage a lieu joue un rôle, Sa réponse est que le mode de passage n’a pas d'influence. —MM, W.H. Julius et J.P. Kuenen pré- sentent un travail de M. K. F. Niessen: Zhéorie d'une méthode de déduction de la distribution de l'énergie dans un domaine spectral étroit à partir de la distribu- tion observée dans un interféromètre.— MM.J. Boeseken et S. Hoogewerff présentent un travail de M. H. P. Barendrecht: L’uréase et la théorie de rayonnement de l'action des enzymes. IV. L'auteur conclut que l’en- zyme uréase agit par un rayonnement qui est absorbé uniquement par son substratum, l’urée et les ions H, Cette théorie explique les faits observés. L'auteur émet en outre l'hypothèse que le rayonnement de l’uréase lorsqu'il est affaibli produit la synthèse de l’urée, — M. P.van Romburgh: Sur l'alcool non saturé contenu dans l'huile essentielle de feuilles de thé fraichement fermentées. Cet alcool est identique au £y-hexénol, 30 ScreNGES NATURELLES. — M. C. Winkler: Sur la cyclopie avec conservation du rhinencéphale. Examen de quebques monstres présentant la cyclopie, souvent accompagnée de Synotie; une forme remarquable de cy- clopie est la forme cébocéphale, parce que le rhinencé- phale est intact. — MM. Max Weber et C, P. Sluiter présentent un travail de M. P. N. van Kampen: Sur la phrlogenèse du poil des Mammifères. L'auteur sup- pose que les poils des Mammifères ont même origine que les organes fémoraux des Sauriens ; ils proviennent de glandes cutanées. — MM. H. Zwaardemaker et H. Zeehuisen : Sur la relation qui existe pour les matières odorantes entre le phénomène de charge électrique par pulvérisation et l'intensité de l'odeur. L'intensité de l'odeur et le pouvoir de charge atteignent leur limite de perceptibilité vers le même degré de dilution. — MM.G. A. F. Molengraaff et J. F. van Bemmelen présentent un travail de M. P. Kruizinga : Quelques nouvelles espèces de blocs erratiques sédimentaires de Groningue. JU EVe ACADÉMIE DES SCIENCES DE BELGIQUE Séance du 14 Juin 1919 19 SCIENCES MATHÉMATIQUES, — M. A, Demoulin : Sur les transformations de Ribaucour, En 1911, l'au- teur a énoncé et démontré trois théorèmes rela- tifs à une pareille transformation. Il résume mainte- nant la démonstration d'un de ces théorèmes et en démontre d’autres. 2° SCIENCES PHYSIQUES. — M. J. E. Verschaffelt : Les différences de potentiel anodique et cathodique dans le transport de l'électricité par un électrolyte. Applications de la théorie osmotique des forces électromotrices de contact entre un métal et une solution d'un de ses sels; lois du courant électrique entre deux électrodes métal- liques plongées dans un électrolyte. — M. Th. de Don- der: La gravifique. II. Applications de la théorie à divers champs gravifiques. JE. Le Gérant : Gaston Don. A ….….…."_——_——__————…————…——…———— Sens. — Imp. Levé, 1, rue de la Bertauche. 30° ANNÉE N° 24 30 DÉCEMBRE 1919 Revue générale RU0S Sciences pures et appliquées FONDATEUR : LOUIS OLIVIER Dinecreur : J.-P. LANGLOIS, Docteur ès Sciences, de l’Académie de Médecine Adresser tout ce qui concerne la rédaction à M. J.-P, LANGLOIS, 8, place de l’'Odéon, Paris, — La reproduction et la traduction des œuvres et des travaux publiés dans la Revue sont complètement interdites en France eten pays étrangers y compris la Suède, la Norvège et la Hollande, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE $ 1. — Distinctions scientifiques Elections à l’Academie des Sciences de Paris. — Dans sa séance du 8 décembre, l'Académie a procédé à l'élection d’un membre dans la Section des Académiciens libres, en remplacement de M. Landouzy, décédé. Une Commission spéciale avait présenté la liste suivante de candidats: 1° M. Paul Janet; 2° MM. M. d'Ocagne, J. Renaud, A. Robin, P. Séjourné et E. Simon, Au second tour de scrutin, M. Paul Janet a . été élu par 38 suffrages, contre 25 à M. A. Robin et 1 à M. M. d'Ocagne. Le nouvel académicien, qui est profes- seur à la Faculté des Sciences de Paris et directeur de l'Ecole supérieure d’Electricité, est bien connu par d'importants travaux en Electricité pure et appliquée, Dans sa séance du 15 décembre, l'Académie avait à pro- céder au choix d'un 5° membre dans la nouvelle Division des Applications de la Science à l'Industrie, d'après une liste de candidats comprenant : 1° M. Louis Lumière; 2° M. Ch. Rabut; 3° MM. B. de Fontviolant, L. Guillet, M. Laubeuf et M. Prudhomme. Au premier tour de seru- tin, M. Louis Lumière a été élu par 37 suffrages sur 60 votants. Le nom du nouvel académicien, comme on le sait, est inséparable des progrès qui ont été réalisés en France depuis plus de 30 ans dansle domaine des appli- cations de la Chimie à la Photographie. $2. — Physique Déformation élastique isotherme ef adiaba- tique.— Une déformation élastique brusque, qui pro- duit des changements de longueur d’un corps ou d'une * partie d’un corps, est accompagnée, chez tous les corps dont le eoellicient de dilatation n’est pas nul, d’un chan- gement de température dont l'effet sera, dans tous les cas, une diminution de la déformation. Si, au bout d'un certain temps, les températures primaires se rélablis- sent, on voit la déformation élastique, produite par la force constante, augmenter légèrement, Si la force dé- formante cesse brusquement, le corps ne revient que lentement à sa forme primitive. Ce phénomène est sou- KEVUE GÉNÉRALE DES SCIRNCES vent confondu avec un défaut d'élasticité (déformation résiduelle, viscosité). M. Aug. Piccard! vient de signaler une petite expé- rience, facile à faire même dans un cours, qui met la nature du phénomène bien en évidence ; On produit par un poids une faible flexion d’un tube de verre, que l'on amplifie par la projection ; la déformation retardée est très visible, On répète la même expérience pendant que le tube trempe dans l’eau ; le retard dela déforma- tion est encore visible, mais la position finale est atteinte beaucoup plus vite, parce que l’eau rétablit très vite les températures initiales, Le problème peut facilement être traité analylique- ment au moyen de second théorème de la Thermody- namique. On trouve pourla déformation ultérieure chez l'acier et chez le laiton à peu près 1 °/,, chez le verre 3 0/0, tandis que l'observation faite au cours a donné à l'auteur 2,5 °/, avec un tübe de verre. Le phénomène décrit peut occasionner des erreurs dans certains appareils de mesure qui sont étalonnés statiquement et employés balistiquement, s'ils sont munis d'un ressort à flexion ou d’une corde tendue. L'emploi des tuyaux sonores pour la déter- mination du nombre de vibrations d'un son quelconque. — Si, à l'embouchure d'un tuyau fermé ou ouvert, on place un corps vibrant, par exemple un diapason, le son produit par ce corps subit un renforcement, c’est-à-dire une augmentation d’inten- sité, Et si la longueur du tuyau peut varier, on sait qu'on obtient le maximum d'intensité lorsque l'air vibre dans le tuyau à l'unisson avec le corps, ce qui devrait arriver lorsque le tuyau a une longueur L donnée par la formule : L=—+/4 N pour un tuyau fermé, où L= v/2 N pour un tuyau ouvert, L représentant la longueur que le tuyau devrait avoir, v la vitesse de propagation du son dans l'air à la température de l'expérience et N le nombre des vibrations complètes de l'air par seconde, lorsque le tuyau donne la note fondamentale, c’est-à- dire la note la plus grave qu'il peut donner. l. Arch. des Sc, phys. etnal,, 5° pér.,t. I, p, 549; nov, 1919. l CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE Mais l'expérience montre que cette longueur esttou- jours un peu plus grande que la longueur L du tuyau. Cela tient, comme l'a signalé M. F, Borrini à la dernière séance de la Société suisse de Physique!, à ce que, pour déduire les formules, on a admis qu’à l'em- bouchure du tuyau fermé, ou aux deux embouchures du tuyau ouvert, se produisent des ventres quand l'air vibre, alors qu’effectivement ils se produisent à une petite distance de l'embouchure ou des embouchures du tuyau. Par tâätonnements, il n’est pas diflicile de déter- miner expérimentalement la vraie position que le diapason doit occuper pour que le renforcement du son soit maximum. On le dispose avec les branches perpen- diculaires à l'axe du tuyau, l’une au-dessus de l’autre, et à une distance de quelques em. du tuyau, après avoir déterminé par tàätonnements et avec une certaine approximation la longueur que le tuyau doit avoir pour que le renforcement du son soit à peu près maximum, On approche alors le diapason du tuyau et on règle de nouveau peu à peu la longueur du tuyau par de petits allongements ou raccourcissements jusqu'au moment où l’on arrive à trouver la position vraie que le diapa- son doit occuper pour que le renforcement du son soit maximum. M. Borrini s’est proposé de rechercher la relation qui existe entre la distance du diapason au tuyau trouvée par l'expérience et la même distance déduite par le calcul ; il a expérimenté avec deux diapasons sur des tuyaux fermés et des tuyaux ouverts. Les résultats obtenus montrent que, pour les tuyaux fermés, la valeur L—/ calculée est égale à la valeur L—/ mesurée, tandis que, pour les tuyaux ouverts, L—/ me- surée esttoujours à peu près la moilié de L—{ calculée ; cela prouve que des perturbations se produisent aux deux extrémités des tuyaux ouverts. $ 3. — Chimie physique Relation entre les propriétés magnétiques des métaux et leur pouvoir d'occlusion pour l'hydrogène.— M.P.Smith, dans une étude très do- cumentée?, formule une remarque intéressante relative à la relation entre les propriétés magnétiques des mé- taux et leur pouvoir d’occlusion pour l’'hydregène. Des données qu'il a rassemblées, il résulte que les éléments dontles susceptibilités magnétiques spécifiques sont supérieures à environ 0,9.10—6 appartiennent, à l'exception du rhodium, à la catégorie deceux qui absor- bent l'hydrogène en proportions notables,Inversement, tous les éléments qui ont eté reconnus susceptibles d’oc- clure l’ hydrogène à un degré mesurable ont des suscep- tibilités qui dépassentla valeur précédente, à l'exception peut-être du cuivre et du thorium. Ainsi, la capacité d'un métal à occlure l'hydrogène serait corrélative de propriétés magnétiques intenses, La raison de cette corrélation n'est pas connue, De nom- breuses mesures de propriétés magnétiques et de no voirs d'ocelusion seraient d’ailleursnécessaires pour l’éta- blir définitivement, Il y a là, croyons-nous, tout un champ d’études intéressant que nous signalons à l’atten- tion des physico-chimistes. ARNE EE $ 4. — Agronomie Le Sump, Balanites ægyptiaca Del. — M. Paul Ammann publie dans l'Agronomie coloniale un certain nombre de renseignements sur cet arbre de l'Afrique Occidentale. Parmi les documents intéressants apportés par l’auteur à la connaissance de cette espèce, l’étude des fruits mérile une mention spéciale, Ils sont 1. Arch. des Sc, phys. ct nat., 5e pér., t. 1, p. 541; nov. 1919. 2, Donald P, Smiru : Journalof PhysicalChemistry, t. XXI, p. 186-202; mars 1919. 3. Sur l'utilisation du Sump (Balanites ægypliaca Del.). L'Agronomie Coloniale, sept.-oct. 1919, Larose, éditeur. composés d’une amande fusiforme oléagineuse enfermée dans une coque dure et fibreuse, Ce noyau est lui-même contenu dans une pulpe sucrée qu’entoure une enve- loppe légèrement parcheminée. L'amande contient 41,80 °/, de matière grasse el 25,32 °/, de matières azotées, mais le noyau présentant des diflicultés très grandes pour son concassage, l’utilisation industrielle de l’amande, qui ne représente que 8,8 °/, du fruit, semble sans intérêt. La pulpe externe, au contraire, par la matière fermen- tescible qu'elle contient, capable de donner 9,7 à 10,8 em* d'alcool pour 100 gr. de fruits, parait suscep- tible d'utilisation. Toutefois ce rendement ne peut satis- faire une industrie qui importerait les fruits du sump, Leur utilisation sur place — les indigènes en font une boisson par macération dans l’eau — paraît seule possible. L'ensemble des résultals de l'étude de ces fruits est résumé par les nombres suivants : Composition du fruit : Pulpe sucrée 42,9 °/o Coque 48,3 °lo Amande oléagineuse 8,8 % La pulpe sucrée contient 40,3 0/, de sucres. Enfin la quantité de fruits que l’on pourrait réunir chaque année au Sénégal atteindrait cinq à six mille tonnes. L.R. $ 5. — Zoologie La destruction des larves de moustiques dans l’eau renfermant des Chara foetida. — M. A. Caballero rapporte une observation curieuse ! faite au cours de l'été dernier au Laboratoire de Bota- nique de l’Université de Barcelone. Dans trois grands cristallisoirs en verre, on cultivait, pour les besoins de l’enseignement, diverses plantes aquatiques, soit : en A, des Chara foetida et quelques Lemna minor; en B, des Æelodea canudensis et Potamo- geton pectinatus; en C, des Potamogeton fluidans et Apium nodiflorum. Aun certain moment, le Laboratoire se trouva envahi par une foule de Stegomytia, et simul- lanément on constata la présence de nombreuses larves de ce moustique dans les cristallisoirs B et C, tandis que le cristallisoir À en était totalement dépourvu, L'examen d’un réservoir de 4 m. de surface et de 1 m. de profondeur, d'où avaient été pris les Chara, révéla également une absence complète de larves de mousti- ques, bien que les Culex abondassent dans le voisinage. Pour démontrer s’il existe bien une relation de cause à effet entre la présence de Chara dans l’eau et l'absence de larves de moustiques, M. Caballero a entrepris une série d'expériences très précises, D'une part, il plaçait un cristallisoir plein d’eau contenant des Chara dans un endroit où pullulaient les moustiques ; jamais il n’a observé la moindre ponte, ni le moindre développement de larve dans cette eau. D'autre part, il apportait, dans un cristallisoir analogue, des œufs, des larves ou des nymphes de Stegomyia, de Culex et d'Anopheles et il en observait le développement; dans tous les cas, celles- ci meurent au bout d'un temps plus ou moins long, sans donner naissance à des insectes parfaits. En même temps, M. Caballero a observé que, dans les cristallisoirs renfermant des Chara, il commence à se former, au bout de 24 heures, des taches blanchâtres, avec irisalions, ressemblant à celles que produisent les gouttes de pétrole, et qui envahissent peu à peu la sur- face de l'eau jusqu'à former, dans certains cas, une fine pellicule continue, de couleur gris clair; cette pellicule, frottée entre les mains, est de consistance solide et pro- duit la sensation d'une substance grasse. On la retrouve dans le réservoir extérieur contenant des Chara. Il ne parail pas douteux que cette substance constitue un 1. Boletin de la Real Soc. española de Historia nat., t. XIX, n° 8, P: 449 ; oct, 1919, CHRONIQUE ET CORRESPONDANCE 703 obstacle à la respiration deslarves de moustiques, etque celles-ei meurent par asphyxie. L'auteur n’est pas en mesure de préciser la quantité minimum de Chara qu'il faut cultiver dans un-volume donné!d’eau stagnante pour empêcher le développement des larves de moustiques; mais il l’estime à :/5 au moins . du volume de l’eau. Ilest possible que d’autres Characées exercent sur les larves de moustiques une action semblable à celle de la Charu foetida. En tout cas, la rusticité de cette dernière et la rapidilé de sa multiplication doivent encourager à l’introduire dans toutes les mares et lagu- nes qui sont les lieux préférés de ponte des moustiques. $ 6. — Géographie et Colonisation Le trafic du Rhin et le port de Stras- bourg!.— C'est sur le bas Rhin,en aval de Duisburg, que le trafic est aujourd’hui de beaucouple plus impor- tant et qu'il a le plus progressé. Tandis que le courant de Duisburg à Mannheim n'a gagné, de 1y00 à 1912, que 2 à 3 millions de tonnes (1510/5), celui en aval de Duisburg a augmenté de 10 millions de tonnes (950/5). Les principaux éléments de trafic sont le charbôn, les céréales, les minerais et les fers. Le Rhin est de plus en plus un fleuve charbonnier,quis’approvisionne dans le bassin de la Rubr et qui se répand par le Main jus- qu'à Francfort et Hanau, par le Neckar jusqu'à Heil- bronn, qui suit le canal Dortmund-Ems, qui pénètre en Hollande et en Belgique et qui, à l’autre extrémité du fleuve, remonte le canal de la Marne au Rhin, à la ren- contre du charbon de la Sarre. On peut prévoir dans l'avenir un courant d'échange entre la houille anglaise et nos minerais lorrains. Le trafic des céréales a augmenté d'intensité de 1900 à 1912, mais il n’a pas cessé d’être un courant d'impor- tation dirigé à peu près exclusivement vers l’amont, en provenance des ports belges et hollandais, où arrivent les blés d'Amérique, de Russie et de Roumanie, à des- tination principalement despays allemands, de l'Alsace et de la Suisse. Le tralie des minerais comprend un cou- rant d'amont, qui n’a guère augmenté et qui est de beaucoup le plus faible, composé des pyrites et surtout du minerai de fer de la Sieg, arrivant par la Lahn, et un courant d’aval, en forte progression, alimenté par les minerais de Suède, d'Espagne et d'Algérie, qui arri- vent principalement à Rotterdam. Tous ces minerais sont destinés à la métallurgie de la Rubr, centre vilai de la navigation rhénane, à la fois foyer d’appel et cen- tre de diffusion, Quelle est la part de Strasbourg dans le trafic rhé- nan”? Quelles sont ses possibilités d'avenir? Pendant longtemps les bateliers strasbourgeoïis sillonnèrent le Rhin jusqu’à son embouchure et exercèrent leur pré- pondérance sur la navigation; c’est que Strasbourg, comme l'indique son nom, était un nœud de routes terrestres importantes où les marchandises venaient emprunter la voie d’eau, et presque tout le trafic se fai- sait à la descente, Il en fut ainsi jusqu'au moment où les progrès dela navigation maritime provoquèrentune révolution économique complète dans les conditions économiques du bassin rhénan. Les routes maritimes remplacèrent les routes terrestres, et Strasbourg perdit peu à peu de son importancecomme place de commerce. Napoléon lui donna un regain de prospérité en en fai- sant de nouveau un centre d’entrepôt et de transit; la navigation reprit surtout à partir de 1826, mais, en 1855, elle cessait complètement, dans l'impossibilité de tenir tête à la concurrence des chemins de fer. Stras- bourg se retournait alors complètement vers la France, 1. Cf. les cartes très expressives que M. E. DE MARTONNE a dressées pour illustrer son étude déjà citée: Conditions physiques et économiques de la navization rhénane. Travaux du Comité d’études. Paris, Imprimerie Nationale, 1918. — Strasbourg, port du Rhin. 1 plaquette illustrée, avec 3 car- tes hors texte. Pnblication de l'Administration municipale des ports de la ville de Strusbourg. Strasbourg, 1914. attirée par le tralie des canaux français : le canal du Rhône au Rhin, achevé en 1832, et le canal de la Marne au Rhin, inauguré en 1853. Le traité de Francfort vint rejeter Strasbourg du côté du Rhin et de l'Allemagne, mais il lui fallut de longues années pour reprendre sa place dans la navigation rhénane. Après avoir long- temps hésité entre un canal latéral et l'aménagement du fleuve, la ville se décida à créer un port à la jonction des deux eanaux français et du Rhin; il fut inauguré en 1892, et son tralic progressait immédiatement de 11.000 tonnes, l’année d'ouverture, à 354.000 tonnes, en 1896. Reconnu insuflisant, un nouveau port était construit de 1898 à 1901, dans l'ile des Epis, entre le Rhin et l’un de ses bras, le Petit-Rhin. En 1907, com- mençaient les travaux de régularisation du fleuve, en accord avec les Etats riverains. L'augmentation du tralie a marché de pair avec lesaméliorations apportées à la voie fluviale, et l’on est arrivé, en 1915, au chiffre de 1.989.000 tonnes, soit 1.656.000 tonnes aux arriva- ges, el 333.000 tonnes aux expéditions. Le courant d’aval se compose principalement de combustibles miné- raux (56,46 !/;) et de céréales (31,20/,), Toutes les entreprises de navigation qui desservaient jusqu'ici le port de Mannheim étendent maintenant leurs services jusqu’à Strasbourg, à l'exception des services de voya- geurs. En 1912, Strasbourg venait déjà au 6e rang des ports rhénans, dépassé seulement par Duisburg, Mannheim, Ludwigshafen, Düsseldorf et Alsum; sa prospérité a poussé le Grand-duché de Bade à créer en face, sur l’autre rive, le port concurrent de Kehl, en faveur duquel rien n’a été négligé pour lui assurer la prépon- dérance. Cependant, en 1912, Kehl n’atteignait que le quart du trafic de Strasbourg, soit 415.000 tonnes. Le port de Kehl se compose de deux bassins se trouvant à la hauteur d’un coude du fleuve; son accès est plus facile que celui de Strasbourg, mais la plaine badoise est étroite, tandis que celle d'Alsace, beaucoup plus large, a facilité l'établissement des canaux d'accès. D’autre part, des précautions ont été prises dans le traité de paix, qui porte que les ports de Kehlet de Strasbourg seront constitués en un organise unique, avec un directeur français, sous le contrôle de la Commission centrale du Rhin, pendant une période de 7 ans, qui pourra être prolongée de 3 ans par ladite Commission. L'avenir de Strasbourg est intimement lié au dévelop- pement età l'aménagement des canaux d’accès. C'est là une de ses supériorités sur les autres ports rhénans, et c’est ainsi, notamment, qu’il peut distribuer le char- bon à meilleur compte que Mannheim, de même qu'il se trouve relié à deux bassins houillers différents, celui de la Ruhr et celui dela Sarre. Un autre avantage lui est réservé au point de vue du fret de retour : si Kehl dispose des bois de la Forêt-Noire, Strasbourg bénéfi- ciera des sels de potasse de la Haute Alsace. Grâce à la liberté de navigation sur le fleuve, Stras- bourg peut être considéré comme un port de la mer du Nord et assimilé aux ports maritimes français ; c’est un vœu du commerce strasbourgeoïis qui doit être réalisé et que les grandes Chambres de Commerce françaises ont approuvé, Mais, pour cela, il faut dispenser de la surlaxe d’entrepôt les marchandises qui arriveront à Strasbourg par Anvers ou Rotterdam, Enfin, si la navigation rhénane doit continuer jusqu'à Bâle par le canal latéral dont nous avons parlé, et si Strasbourg cesse d’être un terminus, il faut qu’à l'instar de Mannheim, il compense la perte de sonrôle de trans- bordeur par le développement de sa fonction indus- trielle. Rien ne lui manque pour cela: les terrains d’agrandissement du port, le charbon, les matières premières minérales et agricoles, l'énergie électrique que lon retirera bientôt du fleuve, sans compter l’admi- rable initiative de ses habitants, de sa Municipalité et desa Chambre de Commerce. Pierre Clerget, Directeur de l'Ecole supérieure de Commerce de Lyon. 704 L. JOLEAUD. — LES MIGRATIONS DES MAMMIFÈRES AMÉRICAINS ET AFRICAINS LES MIGRATIONS DES MAMMIFÈRES AMÉRICAINS ET AFRICAINS A TRAVERS LES RÉGIONS ATLANTIQUES | PENDANT LES TEMPS NÉOGÈNES L'Europe et l'Amérique du Nord ont appar- tenu, pendant de longues périodes géologiques, à un même continent, le continent nord-atlan- tique. À l’époque nummulitique, cette vaste terre était divisée en deux par une mer néri- tique s'étendant du Spitzherg, du Grünland, de l'Islande et des iles Britanniques au bouclier finno-scandinave, Par un large détroit compre- nant l'Angleterre sud-orientale et la France du Nord-Ouest, la mer de l’Europe septenirionale communiquait avec l’océan géosynclinal de la Thetys. Celui-ci embrassait d’immenses surfaces, depuis la Bretagne et le Portugal, jusqu'à la Nouvelle-Angleterre, l'Amérique centrale et le Vénézuela. I. — Les COMMUNICATIONS CONTINENTALES ENTRE L'EurorE £T L'AMÉRIQUE AU NUMMULITIQUE Dès le début des temps tertiaires, de grandes étendues en Europe étaient déjà émergées et habitées par des Mammifères identiques à ceux qui vivaient alors dans l'Amérique du Nord. Cette analogie_des faunes de l’'Ancçien et du Nou- veau Monde a'été clairement démontrée par les travaux d'Osborn et de Depéret pour La phase éonummulitique (Éocène inférieur); elle a cessé d'exister lors du Mésonummulitique (Éocène moyen etsupérieur), puis à reparu au Néonum- mulitique (Oligocène). Les communications ter- restres entre l'Europe et l'Amérique, interrom- pues par la transgression géosynclinale du Lutétien-Priabonien, étaient assurées auparavant par une large bande de terres émergées réunis- santles noyaux anciens de l’ Écosse, de l'Irlande, du Cornouailles, de l'Armorique, du Plateau central et de la Meseta ibérique aux régions côtières occidentales de l'Amérique du Nord. Dans la mer néritique qui, au Lutélien, s’est substituée à cette zone continentale, vivaient des espèces de Mollusques identiques, Venericardia planicosta, par exemple, en Angleterre, en Bel- gique, en France, dans le Maryland, la Califor- nie, l’'Alabama. Les rares Mammifères originaires d'Amérique arrivés dans nos pays au Mésonummulitique, des Artiodactyles en particulier, seraient, suij- vantStehlin, venus par un isthme oceupant l’em- placement du détroit de Behring. Avec eux sans doute immigrèrent des types asiatiques C’est seulement, semble-t-il, au Rupélien qu'apparaissent en Europe les premiers Mammi- Édenté pholidote, Leptomaris, et un Edenté tubulidente, Archæ- orycleropus. Vers la mème époque existaient, d’ailleurs, en Afrique des Quadrupèdes vraisem- blablement de provenanceeurasiatique, des Ron- seurs pseudosciuridés, des Créodontes hyéno- RATE des Artiodactyles anthracothériidés et suidés. Des communications terrestresentre l'Europe et l'Afrique se seraient donc établies au Néo- nummulitique, grâce à une régression générale dans les géosynelinaux. À la suite de cette régression, une mer néri- tique s’étendit en continuité, le long de con- trées émergées, depuis l’Aquitaine et les régions méditerranéennes jusqu'à l’Alabama, la Floride et l'Amérique centrale : « On constate une telle ressemblance entre les Polypiers oligocènes de Castel Gomberto près Vicence (Rupélien) ou ceux du {trétage méditerranéen de Turin (Bur- digalieu) et ceux des couches correspondantes des Antilles, féres à facies africain: un qu'il est absolument nécessaire, pour expliquer la dispersion de ces Polypiers, d'admettre l'existence, le long des tropiques, soit d’une chaine d'iles, soit même d’une ligne de côtes continue jusqu'à l’époque du premier étage méditerranéen !. » C'est également dans le Vicksburgien supé- rieur (Oligocène supérieur) que les Nummulites font leur apparition en Amérique : elles sont associées à des Lepidocyclina du groupe Rau- lini-Mantelli qui est également représenté en Europe. Enfin les données fournies par les animaux terrestres conduisent aux mêmes conclusions paléogéographiques, comme le montre la répar- tition ancienne et Insectivores zalambdodontes (fig. 1). Représentés au Sannoi- sien aux Etats-Unis par les genres Apternodus, Microplternodus, ete., ce groupe de Mammifères a disparu du territoire nord-américain dès lle Miocène Il trouva vraisemblablement alors un refuge aux Antilles, où il vit encore, avec un seul genre, Solenodon, propre à Cuba et actuelle des moyen 2e La Face de la Terre, I,p. 510. : Bull. Amer.: Mus. Nat. Hist., t. XXXWM, A, 1. Su£ss : 2, MATTHEW p. 307; 1913, . A TRAVERS LES RÉGIONS ATLANTIQUES à Haïti. Les autres types actuels de ces Insecti- vores habitent le Congo, le Cap et Madagascar. Ils témoignent ainsi de l’existence, au Nummu- litique récent, d’une liaison continentale entre l'Amérique du‘Nord: les Indes occidentales, l'Afrique et Madagascar. Des données du même ordre nous sont four- nies, d’après les travaux de Roman, par divers Mollusques terrestres. Un Zonitidé, Sadga, aujourd'hui propre à la Jamaïque, a vécu en Europe (Portugal, Souabe) depuis le Rupélien Floride, aux Antilles et au Brésil, d’autre part : elle comprenait les Açores, Madère et les Cana- ries. If. — Les COMMUNICATIONS CONTINENTALES ENTRE L'EUROPE, L'AFRIQUE ET L'AMÉRIQUE ’ AU NÉOGÈNE La liaison entre l’Europe, l'Afrique et l'Amé- rique par les régions atlantiques aurait cessé d'exister au Néogène, suivant Osborn. Ce serait de nouveau par Ja voie asiatique qu'auraient Fig. 1. — Distribution géographique des INSECTIVORES ZALAMBDODONTES : Centétidés (Palæoryctites, Apternodus, Polamogale, Oryzorictinés, Centélinés) : noms soulignés d’un trait (A, zone d'habitat #* actuel); Solénodontidés (Micropternodus, Solenodon) : noms soulignés de deux traits (B, zone d'habitat actuel) ; re ce 12 4° Necrolestidés (Necrolestes) ® Chrysochloridés (Xenotherium, Arctoryctites, Chrysuchloris) : noms soulignés de quatre traits ; : noms soulignés de trois traits (C, zone d'habitat actuel); » D : Migration thanélienne (Eocène inférieur); E : Migrations rupéliennes (Oligocène supérieur); F : Gisements fossililères jusqu'à l'Helvétien. Un autre Zonitidé, Artemon, maintenant cantonné au Brésil, a habité l'Eu- rope (Portugal, bassin de Mayence) du Rupélien au Pontien. Un Hélicidé, Janulus, actuellement localisé à Madère et aux Canaries, a été observé en Europe (Portugal, Souabe) depuis ie Rupé- lien jusqu'au Pontien. La zone de soudure continentale entre l'Eu- rope et l'Amérique, qui s'étendait vers la lati- tude de l’Angleterre, de la France septentrio- nale, du Maryland et de la Californie à lÉonummulitique, aurait été limitée, au Néo- nummulitique, à l'Aquitaine et aux contrées riveraines de la Méditerranée, d'une part, à la 1. Comunicacoes da Comissao de Serviço Geolgico de Por- tugal, t. XII, p. 79, 90, 99; 1917. pénétré chez nous un assez grand nombre de Quadrupèdes miocènes d’origine nord-afri- caine. Cette manière de voir parait, au premier abord, peu conciliable avec les caractères des formations néritiques de ces deux contrées, qui semblent, au contraire, témoigner de l'existence d'une zone continentale, au moins intermittente, à travers l'Atlantique. « L'analogie est telle entre les faunes néogènes marines des Antilles et cel- les de la Méditerranée que l’on est en droit de conclure à l'existence d’ûne trainée d'iles et de faibles profondeurs entre les deux régions, au moins au début de la période. » Ces iles et ces hauts fonds auraient fait partie 1. E. Hauc : Traité de Géologie, p. 1732. 706 L. JOLEAUD. — LES MIGRATIONS DES MAMMIFÈRES AMÉRICAINS ET AFRICAINS d’une aire continentale, coupée de chenaux, lors des grandes régressions géosynelinales, àl'Aqui- tanien et au Pontien. C’est par cette voie, correspondant peut-être à un géanticlinal secondaire de la zone axiale du grand géosynelinal transverse, que se serait effectuée une partie des migrations de Mammi- feres d'Europe et d'Afrique en Amérique, ou inversement!. III. — Les cH&NAUXx NORD-BÉTIQUE, SUD-RIFAIN, NORD-FLORIDIEN ET SUP-CARAÏBIEN Les déplacements des lignes de rivage qui ont permis ces échanges fauniques sont évidemment synchroniques de ceux qui se sont produits au Néogène dans la Méditerranée. Celle-ci commu- niquait alors ayec l'Océan par les détroits Nord- bétique et Sud-rifuin. L'évolution géologique de ces chenaux a été magistralement élucidée par les belles découvertes de Louis Gentil?. Ouverts au Burdigalien, ces chenaux se sont refermés à la fin de la période tortonienne. Ils ont été plus tard remplacés par le détroit de Gibraltar. Les mouvements épirogéniques qui ont déter- miné ces phénomènes ont eu leur répercussion dans la mer des Antilles. Les Quadrupèdes des États-Unis et de l'Argentine, qui comptaient au Montien des types communs, sont ensuite restés à peu près tous différents jusqu'à l’Astien. Les chenaux qui séparaient alors les deux Améri- quesn’occupaient pas l'emplacement de ceux qui encadrent aujourd'hui les Antilles. Un détroit: Nord-floridien était situé entre la Caroline, la Louisiane et la Floride. Un chenal Sud-caraïbien, qui s’avançait au sud de la chaîne caraïbe des Guyanes et du Vénézuela, correspondait à la plaine des Llanos. L'histoire géologique du plus septentrional de ces détroits peut être aisément reconstituée grâce aux travaux récents des géologues américains. Ainsi la région des Antilles nousapparait comme ayantété le théâtre: 40 D'un soulèvement à l’Oligocène et au début du Miocène, avec formation d’un archipel assez étendu dont la Floride faisait partie; 20 D'un affaissement au Miocène moyen avec approfondissement des zones marines néritiques {aussi la faune des couches de Chesapeake n’of- fre-t-elle que très peu d'espèces communes avec celle des dépôts synchroniques de l'Ielvétien d'Europe); 3° D’un nouveau soulèvement au Miocène supé- 1. L. JourauD : Compt. rend. Acad, Sc,, t. CLAVIIT, p. 177, 310, 412, 955: 1919. 2, Notice sur les titres et travaux scientifiques de Louis GenriL. Paris, Larose, p. 55-57; 1918. rieur, ayant entrainé l’adjonction au continent de la Floride méridionale. À cette phase corres- pondent les dépôts continentaux d’Alachua dans le Nord de la Floride et la formation des riches gisements de phosphates de la presqu'ile; 4 D'un orientale et méridionale de la Floride au Pliocène ancien à l'époque de lasédimentation marine des Coloosa- hatehie ; t£ 5° D’un soulèvement au Pliocène récent, syn- chronique des formations continentales de Peace beds dans le Sud de la Floride ; 6° D'un affaissement au début du Pléistocène. Les changements survenus pendant le Néogène= au tracé des chenaux Nord-floridien et Sud- caraibien semblent done avoir été synchroniques de ceux qui ont affecté leurs symétriques, les détroits Nord-bétique et Sud-rifain. La cordil- lière des Antilles qui, partant des sierras du Honduras, passe par la Jamaïque, Haïti, Port-au- Prince, les petites Antilles, la Trinité, et va rejoindre la chaine Caraïbe dans le Vénézuela, dessine une courbe convexe vers l'Est, tandis que sa symétrique la guirlande Cordillère béti- que-Riff est fermée vers l'Ouest: l’une comme l’autre enveloppent un effondrement en « oyale méditerranéen ». affaissement des zones Peut-être lors du soulèvement oligocène, une liaison continentale plus ou moins directe s’éta- blit-elle entreles deux Amériques!. C’est grâce à elle qu'aurait pu arriver jusqu'à l'Orégon un Édenté de la Plata, Megalonyx ?, dont les restes. proviendraient des « Mascall beds ». Ces formations, généralement rapportées au Vindobonien, renferment un Équidé, Kalobatip- pus gracilis, qui, plus petit que les À. præstdns et agalensis, aquitaniens, remonterait au début du Néogène *. < IV.— LEs MIGRATIONS DES ÉQUIDÉS, DES ÉDENTÉS ET DES PKOBOSCIDIENS AU DÉBUT DU NÉOGÈNE Kalobatippus præstans Cope a été observé sur la côte du Pacifique, dans l’Orégon. Un autre Kalobatippus, K. agatensis, qui est plus évolué que À. præstans, a été découvert dans le centre des États-Unis (Nebraska). Ainsi genre d'Équidé aurait, au cours de son développement, émigré des rives du Pacifique vers le Mississipi pendant l’Aquitanien récent. Son proche parent, Anchitherium aurelianense Cuvier, apparaît en France, dans l’assise de base du Burdigalien, où ce 1. Scuarrr: Amer. Natural, XLIII, p. 513-531 ; 1909. 2. SincLair : Univ. Cal., Bull. Dept. Geol., t. V, n° 2, p- 6569; 1906. 3. Oseorn : Mem. Amer. Mus. Nat. Hist., new ser., t. II, 1'e part., p.69 et fig. 51 ; 1918. A TRAVERS LES RÉGIONS ATLANTIQUES 707 PR il est représenté par une forme de faibles dimen- sions, À. aurelianense blesense Mayet, à laquelle succèdent des types de plus grande taille, C’est seulement à l’'Helvétien que À. aurelianense semble s'être répandu dans l'Europe centrale. Inconnu dans la série miocène de l’Inde, Anchi- therium se trouve en Chine, mais seulement dans le Pontien. Ainsi Kalobatippus-Anchitherium aurait im- migré de la côte pacifique au Mississipi, à l'Aqui- tanien, puis en Europe, par l'Atlantique central, américains ont un ancêtre commun. Celui-ci a vécu nécessairement avant le Miocène : Ame- ghino a, d’ailleurs, depuis longtemps indiqué des Mégalonychidés dans l’Astraponothéen et le Pyrothérien, c’est-à-dire dans l'Éocène et l'Oligecène de l'Argentine. Au début du Miocène se produisait aussi une migration de l’Ancien vers le Nouveau Monde. Un Proboscidien, Mastodon (Trilophodon) cono- don Cook!, originaire d'Afrique, arrivait en Amérique au Burdigalien. Ce Pachyderme du KALOBATIPPUS quit.su Orégon Nebraska) + + ANCHITHERIUM Fig. 2. — Distribution géographique des KALOBATIPPUS-ANCHITHERIUM (Equidés). A : Migration aquitanienne-burdigalienne (Miocène inférieur) ; B : Migration sarmalienne-ponlienne (Miocène supérieur). au début du Burdigalien, enfin en Chine au Pontien (fig. 2). Il est possible que Megalonyx se soit déplacé vers la même époque et en sens inverse, du Bré- sil à l'Orégon, par les Antilles et la Floride. Les chenaux Sud-caraïbien et Nord-floridienauraient donc été partiellement émergés vers l’Aquita- nien. Les cinq genres de Mégalonychidés récem- ment découverts ! dans le Quaternaire de Cuba et de Porto-Rico, Megalocnus, Microcnus, Me- socnus, Miocnus, Acratocnus, seraient les des- cendants des épaves laissées par cette migration. Matthew aflirme, en effet, que ces Édentés, comme Megalonyx, ne sont point les descendants de ÆEucholeops où de Megalonychotherium du Néogène inférieur de Patagonie, mais que les huit genres sud-américains, antillais et nord- 1. MarTuew : Bull. Geol. £oc. Americ., t. XXX; 1919. Nebraska est remarquable par ses dents à émail très mince, qui rappellent celles de Palæwomas- todon Beadnelli Andrews de Fayoum. Or M. Depéret ? a découvert dans le Burdiga- lien de Kabylie une « forme naine de Mastodonte I. pygmaæus) qui est la plus primitive connue jusqu’à ce jour de ce genre de Proboscidien. Par l'extrême simplicité de ses collines, par la pré- sence d’une notable quantité de cément, cet ani- mal forme une véritable transition entre nos- Mastodontes européen du type angustidens et leurs ancêtres oligocènes, les Palæxomastodon ». La longueur de la dernière molaire inférieure, qui était de 70 mm. seulement dans ce dernier genre, atteint 87 mm. dans Mastodon pygmaæus l'Oligocène du 4. Amer. Journ. Sc., t. XXVINII, p. 183. 9. Notice sur les travaux scientifiques de M. Drprrer. Lyon, Rey, pp. 22, 33, 44; 1913. 708 L, JOLEAUD. — LES MIGRATIONS DES MAMMIFÈRES AMÉRICAINS ET AFRICAINS du Burdigalien de Kabylie, 105 mm. dans Mas- todon angustidens Cuvier, du Burdigalien supé- rieur des Angles (Gard) et des sables de l'Or- léanais, ete, Les Mastodontes, originaires d'Égypte, seraient done d'abord venus en Berbérie, puis aux États- Unis, au Burdigalien (fig. 3). V. — Les MIGRATIONS DES ÉQUIDÉS, DES HYSTRICIDÉS ET DES HIPPOTRAGINÉS AU MILIEU pu NÉOGENE La liaison continentale de l'Amérique, de l'Afrique et de l’Europe, rompue par la grande +Mconodon PALAFOMASTOD® MOERITHERIU (Step. Egypte) l'Europe, de l’Asie et de l'Afrique. Ces impor- tantes observations semblent contredire l’hy- pothèse émise, d’ailleurs dubitativement, d'une migration d'Arpparion au Miocène supérieur de l'Amérique du Nord en Europe par la voie asia- tique !. Le plus petit ///pparion de laKloride, Æ., minor Sellards, est en même temps celui qui présente la taille la plus faible de tout le genre. Il est peut-être un descendant assez direct de l’ancè- tre des Ælipparion de l'Amérique et de l'Ancien monde. Ce groupe d'Équidés se serait différen- ciéen Floride, puis aurait gagné au Sarmatien= Mangustidens + (Tort,à Sarm, Inde) + ÉMIMASTODON Aquit Belqutchista Fig. 3. — Distribution géographique des MASTODONTES archaïques (Proboscidiens). A : Gisements fossililères d’ancètres des Mastodontes (Meæritherium, Palæomastodon, Hemimastodon); B : Gisements fossilifères des Mastodontes du groupe de M. angustidiens ; C : Migration aquitanienne-burdigalienne (Miocène inférieur}. transgression géosynclinale helvétienne, fut ré- tablie par la régression sarmatienne-pontienne ; elle se maintient plus ou moins complète jus- qu'à l’Astien. Dans la belle monographie qu'il vient de con- sacrer aux Équidés oligocènes, miocènes et plio- cènes de l'Amérique du Nord, Osborn a réparti les espèces d’Æipparion du Nouveau Continent en quatre groupes!. Les groupes de 71. occiden- tale Leidy et de /7 gratum Leidy seraient propres à l'Ouest de l'Amérique. Au contraire, les groupes d'/1. plicalile Leiïdy et d'A. venustum Leidy comprennent toutes les espèces pontien- nes de la Floride et de la Caroiine du Sud, de 1. Mem, Amer, Mus. Nat. Hist., new ser,,t. Il, 1, p.175 et 192 ; 1918, Pontien, d'une part, l'Ancien continent, par les terres émergées qui s’étendaient des Antilles à la Méditerranée, d'autre part, les Grandes Plai- nes et la Californie (fig. 4). C’est aussi par la voie atlantique qu'a immigré dans l'Ancien Monde le genre Aystrix (fig. 5). Ce Rongeur, originaire de l'Amérique du Sud?, n'a pas dû passer par l'Amérique du Nord, pres- que aucun Mammifère de LaPlata n'ayant pénétré dans cette contrée entre le Montien et l'Astien. La famille des Ilystricidés était représentée au Miocène inférieur,en Patagonie, parlesgenres Aceramys et Steiromys, apparentés aux types 1. Devéner : Compt. rend, Ac. Se., t.CXLIII, p. 1120;1906, 2, Depéret: Compt. rend. Ac. Sc., L. CXLVII, P- 1120; 1906, L A TRAVERS LES REGIONS ATLANTIQUES 709 mm actuels de l'Argentine. Arboricoles dans le Nou- | puis en Europe, se serait effectuée à une veau monde, ces animaux sont devenus fouis- | période géologique défavorable à la végétation seurs en Afrique, dans le Sud de l'Asie et de | arborescente, peut-être sous l'influence d’un sers « “ + + Fig. 4. — Distribution géographique des HIPPARION {Æ£quidés). A : Migration sarmatienne-pontienne (Miocène supérieur). l'Europe, toutcomme un autre Rongeur africain, | climat steppique, comme celui de l’époque pon- Xerus, originaire de l'Amérique du Nord, et | tienne. venu en France au Tortonien. La migration des Une migration synchronique, mais de sens Pores-épics de l'Amérique du Sud en Afrique, | inverse, s’est produite par la même voie. Un > Pont. Hesse :-Sarmat.Bavière Villers Auvergne. Î) PERTE. LU _ ARousallo a re int) Fig. ». — Distribution géographique des HYSTRICIDÉS (Pores-épics). A ; Zone d'habitat actuel; B : Zone d'habitat abandonnée depuis le Pléistocène; C : Gisements fossilifères tertiaires; D : Migration aquitanienne-burdigalienne (Miocène inférieur); E : Migration sarmatienne-pontienne (Miocène supérieur). REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES EN APS 710 4, L. JOLEAUD. — LES MIGRATIONS DES MAMMIFERES AMERICAINS ET AFRICAINS où hs NEOTRAGOCERUS a : à Pont LEON +(Pont Nebraska) Fig. 6. — Distribution gé ‘ographique de la série phylétique PALAEORYX (et TRAGOREAS ORY XOIDES) — ORYX —> NEOTRAGOCERUS (Antilopes Hippctraginés). : Gisements fossilifères tertiaires de Palæoryx, Tragoreas, Neotragocerus ; : Zone d'habitat abandonnée depuis le Pléistocène par Oryz ; : Zone d'habitat actuel d’Oryx ; : Migralion sarmatienne-pontienne, TRE D QJà PAÉTEOR us | ï NAERR 2) g LENS AILUROPUS sf ] (4 NT e ] % _AILURUS Er LEPTARCTUS \ {Pontinf Dakotä) … à PHLAOCYON * ha Gode) N RAS CERCOLEPTES TS BASSARICYON "N à BASSARISCUS X PROGYON À NASUA € L CYONASUA t NASU SEE B AMPHINASUA +20 PACHYNASUA 4 D + (Flais,Ast.Patagoni8) Fig. 7. — Distribution géographique des PROCGYONIDÉS {(Ratons) : 1° Cercoleptinés |[Cercoleptes) et Procyôninés | Bassaricion, Bassariseus, Phlaocyon, Leptarctus, Procyon, Cyonasua, Amplinasua, Pachynasua, Nasua) : A, zone d'habitat actuel; C, gisements fossilifères tertiaires ; 2 Ailurinés [Parailurus, Ailurus, Ailuropus) : B, zone d'habitat actuel; C, gisements fossilifères tertiaires ; D, migrulion plaisancienne-ustienne A TRAVERS LES RÉGIONS ATLANTIQUES ”. A 1. Brachylagus ; © Fig. 8. — Distribution géographique des LÉPORINÉS (Lièvres et Lapins) Zone d'habitat actuel des sous-genres archaïques du genre Lepus Romerolagus; 3. Sylvilagus ; 4. Limnolagus ; 5. Oryctolagus ; 6. Caprolagus : 7. Nesolagus : 8. Pentalagus B : Autres zones d'habitat actuel du genre Lepus ; C : Gisements fossilifères tertiaires (Palæolagus : Pontien du Kansas ; Astien du Roussillon, de la Bresse et de l'Egypte; Villafranchien de l'Auvergne et de la Toscane; Pliocène de l'Inde) ; Sannoisien du Montana: Rupélien du Dakota et du Colorado; Zepus : Aquitanien de l'Oregon et du Dakota; D : Migration plaisancienne-astienne (Pliocène ancien). he. à V D) Le REAS A iltafs Anverone le F, € ne Toscane PIRCUEPROS (Haians;S 5 es Et Aa Pont Grèce Perse) up Nevada (Act Afr cent et S) : DE [a = Fig. 9. — Distribution géographique de la série phylélique PROTRAGELAPHUS (et PALÆOREAS) —= TRAGELAPHUS (et OREAS — ILINGOCEROS (Antilopes Tragelaphinés). A : Gisements fossilifères tertiaires de Protragelaphus, Palæoreas, Illinsoceros : B : Zone d'habitat abandonnée depuis le Pléistocène par Tragelaphus et Oreas ; C : Zone d'habitat actuel de Tragelaphus et Oreas: D : Migration plaisancienne-astienne, 712 L. JOLEAUD. — LES MIGRATIONS DES MAMMIFÈRES AMÉRICAINS ET AFRICAINS Antilope d’origine africaine, Neotragocerus dira envahiles Grandes Plaines au Pontien supérieur. Il était apparenté aux Hippotraginés, en parti- culier à Palæoryx Stutzeli Schlosser du Pontien de Samos et à Oryx beisa, espèce actuelle de l'Éthiopie. Surtout abondant en Grèce, le genre Palæ- oryx présente dans ce pays deux types de faible taille, P. parvidens Gaudry et P. Stutseli. En Arabie vit aujourd’hui le plus pétit Oryx, O. bea- trix Gray, qui est intermédiaire entre les groupes actuels de l'O. leucoryx et de l'O. beisa. L’Oryx d'Arabie était probablement assez voisin du type ancestral du genre, Il semble donc'que le pays d’origine de Palæoryx et d'Oryx ait été situé vers les confins de l’Europe, l’Asie et de l'Afrique. De là ce type a du étendre de bonne heure son aire de dispersion jusqu’à l'Atlantique. Comme je l'ai montré?, l’'Oryx leucoryx, qui vit encore en Mauritanie (Rio de Oro, Seguiet el Hamra) et dans l’Extrême-Sud marocain (oued Noun), ha- bitait le Maroc septentrional (Taza) au Quater- naire, et l'Algérie dès le Pliocène récent. C’est donc par les terres émergées de l’Atlan- tique central que des Hippotraginés, apparen- tésà Palæoryx et à Oryx, paraissent avoir en- vahi l'Amérique au Pontien, et non par le détroit de Behringet l’Asie, comme en a émis l’hypo- thèse Osborn * (fig. 6). VI, — Les MIGRATIONS DES PROGYONIDÉS, DES LÉPORINÉS EL DES TRAGÉLAPHINÉS À LA FIN DU NÉOGÈNE Lorsque à l’Astien les communications devin- rent faciles entre les deux Amériques par la soudure des Antilles et de la. Floride aux Guya- nes et à la Géorgie, l’on vit des Carnivores nord-américains arriver dans la Néogée. Les Procyonidés, qui habitaient les Etats-Unis de- puis le Burdigalien (/Alaocyon) et y vivaient encore au Pontien (Leptarctos), gagnèrent si- multanément, d'une part, l'Argentine ( Cynona- sua, Amphinasua, Pachynasua), d'autre part, l'Angleterre et l'Allemagne (Parailurus) au Pliocène ancien et moyen (fig. 7). Ce serait aussi à l’Astien qu'aurait immigré en Europe le genre Lepus. Le Lièvre et le Lapin sont, en effet, d’après Osborn ‘, tous deux origi- 1, Marruew and Cook : Bull. Amer. Mus. Nat. Hist., t. XXVI, 27, p. 413; 1909. 2, L. JoskAuD : Bull, Soc. Géogr. Archéol. Oran, 4, XXXVIH, p.°7,sq.; 1918. 3. The Age of Mammals, 1910, p. 357 et fig. 156. k. Ann. N. F. Acad, Sc., t. MII, p. 58 ; 1900. naires du Nouveau Monde, où Lepus est apparu dès l’Aquitanien. Le Lapin d'Europe serait apparenté au L.(Syl- vilagus) sylpaticus Brehm, des Etats-Unis du Sud, et au L. (S.) bresiliensis L., de la Guyane, qui vivent dans les arbres creux, mais ne font jamais eux-mêmes de terriers. La discontinuité de l'aire de dispersion des sous-senres de Lepus apparentés au Lapin (Oryctolagus) (fig. 8) té- moigne de l’ancienneté de ces types', qui, de terricoles subarboricoles, ont fini par devenir terricoles hypogés. De même, un Antilope américain, /léngoceros, découvert dans le Pliocène inférieur des Gran- des Plaines et que Osborn? place dans la sous- famille des Tragélaphinés, me parait, par la forme de ses cornes, confiner aux genres afri- cains Tragelaphus, OUreas et au genre pontien Palæoreas. Je rappellerai que Palæoreas a été indiqué dans le Pliocène supérieur d'Algérie, que Oreas et Tragelcphus élaient sûrement re- présentés au Quaternaire dans cette contrée. Ainsiles Tragelaphinés auraient,un peu après les Hippotraginés, suivi la voie atlantique pour aller d'Afrique en Amérique (fig. 9). VII. — Coxcrusion Des traces subsistent donc, dans la faune quaternaire et actuelle des Antilles, des mi- grations qui se sont produites entre les deux Amériques, tout comme sont demeurés, au: Pléistocène et jusqu'à aujourd’hui, des animaux européens ou africains dans les iles de la Médi- terranée. Mais tandis qu’en Corse, en Sardaigne, ete., dominent des formes de petite taille, aux Antilles, se sont maintenus des types de fortes dimensions, de gros Rongeurs, Capromys et Plagiodontia, originaires de la Néogée, un Muridé géant, Moschophoromys, et de grands Insectivores,So/enodon, provenant de l'Amérique du Nord, etc.‘ Au Pléistocène, la faune de Cuba compiait des Édentés gigantesques(Megalocnus), celle d'Anguilla et de Saint-Martin, des Rongeurs (Amblyrhizsa) de la taille d'un Ours. La faune quaternaire et actuelle des Antilles aurait été affectée par le gigantisme, celle des iles méditerranéennes par le nanisme. La pre- mière, à facies surtout sud-américain, était arrivée, à la fin du Tertiaire, à un stade plus 1. Souanrr : Distribution and Origin of Life in America Londres, p. 224-226; 1911. 2, The Age of Mammals, p. 55%. 3, Cf. Merniam : Univ. Cal., Publ, D:pt. Geol. t. VI, 11, p. 293,300, fig. 73, 78-80; 1911. M, Souanre : Loc. cit., p. 282-285, D: A. WEBER. — REVUE D’EMBRYOLOGIE avancé que la seconde, à caractère un peu éthio- pien. Le milieu insulaire serait ainsi également favorable à la conservation des formes naines primitives et, parsuite, insuffisamment spéciali- 743 sées, comme des types géants très évolués et, en conséquence, spécialisés à l'excès. L. Joleaud, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Paris. REVUE D'EMBRYOLOGIE DEUXIÈME PARTIE! VII. — MobELAGE DES FORMES EXTÉRIEURES DE L'EMBRYON HUMAIN Dans un mémoire très original, Bujard? passe en revue tous les jeunes embryons humains connus au point de vue des formes extérieures, et les étudie par des procédés géométriques. Bujard décrit d'abord un certain nombre d’axes et d’angles observables sur les jeunes embryons. De la comparaison des divers stades envisagés à ce point de vue se dégage la notion de courbes embryotectoniques, caractéristiques de chacuve des périodes du développement (fig. 18). L'étude de ces courbes permet de saisir de nombreuses variations individuelles et des anomalies graves que le petit nombre de très jeunes embryons humains connus amenait à considérer.comme faisant partie des stades typiques de l’évolution : ainsi l’ensellure dorsale excessive des embryons dits en double C. Les courbes embryotéctoniques sont donc un crité- rium qui permet de décider si tel embryon est normal ou anormal; de plus, elles sont l’ex- pression du mécanisme du développement des formes extérieures. Grâce à ces courbes, Bujard est arrivé à ana- lyser les périodes successives du modelage des embryons. Dans une première période, qui est avant tout une période de croissance, l'aire embryonnaire s'étale et grandit tandis que se différencient les premiers rudiments d'organes : canal neuren- térique, ligne primitive, plaque médullaire, corde dorsale, mésoderme. Pendant la deuxième période, le modelage est très actif ; les organes s’individualisent. Corréla- tivement l'embryon s’enroule en spirale. IL y a une prolifération intense au niveau du canal 1. Voir la première purtie dans la Revue du 15 décembre, p. 680. 2. E. Buyaro : Remarques sur le mécanisme du modelage des embryons humains (jusqu'à 6 à 7 mm. de longueur) ; courbes embryotectoniques. Anatomische und entwicklungsgeschicht- lische Monographien, 1914. neurentérique, dansla région caudale. L'embryon est ainsi projeté en avant; sa tête décrit dans l'espace une trajectoire parabolique et la queue s’enroule en arc de cerele autour d'un centre qui estle pointde suspension de l'embryon = En VW CO II me X Fig. 18. — Profils de Jeunes embryons humains dé développement typique (d'après Bujard). au niveau de l’origine de l’allantoiïde. La courbe du dos est à ce stade une courbure elliptique. Le mouvementde projection en avantet d’allon- gement de l'embryon est arrêté par les phéno- mènes d'organisation de l’ébauche cardiaque. La tête s'enroule alors en spirale et ce processus se propage graduellement à la région dorsale. Pendant une troisième période, l’enroulement spiral de l’embryon atteint son maximum, puis le début d’un mouvement de déflexion se dessine. En outre, l'examen de ces courbes embryotecto- niques permet des remarques des plus intéres- santes sur la topographie relative des différents organes embryonnaires. Ainsi le modelage de la tête de l’embryon humain se fait par une série de glissements qui amènent progressivement le cer- veau postérieur au-dessous du pharynx et.de Ja région branchiale. Ces glissements déterminent un effacement graduel des somites céphaliques. Une autre constatation intéressante et d’une portée générale, c'est celle d’un rythme dela crois- sance de l'embryon :aux périodes où le modelage est le plus accentué succèdent régulièrement des périodes de croissance maxima. VIII. — CROISSANCE EMBRYONNAIRE Les recherches de Robertson Braïlsford ! ont surtout une valeur générale concernant toute l’évolution de l'individu. La plus grande rapidité de croissance se trouve, d’après lui, lorsque la croissance totale est à moitié achevée, Comme rentrant plus particulièrement dans le cadre de cette revue, il faut citer le travail de Bialaszewiez?, qui s’est adressé aux embryons d'Amphibiens pour l’étude de la croissance, Les premiers stades du développement de ces animaux affectent une forme sphérique presque parfaite, dont il est possible de mesurer le dia- mètre avec assez d’exactitude. Pendant les pre- mières heures après la fécondation, ce diamètre augmente avec régularité, puis le pôle animal s’aplatit et le volume de l’œuf diminue. A ce moment estrejeté le liquide périvitellin qui cor- respond, comme on l’a vu précédemment, à une déshydratation et à une épuration du eytoplasme de l'œuf. Immédiatement après ce phénomène, le vo- lume de l'œuf recommence à augmenter. Cette croissance est particulièrement rapide pendant les phénomènes de la gastrulation. Lorsque la forme de la larve se constitue, les mensurations de diamètres doivent être remplacées par des pesées etdes mesures de densité. Ces recherches montrent qu’à ce stade il y a diminution de vo- lume.I]mmédiatementaprès l’éclosion, époque où la larve quitte les membranes de l’œuf, il y a une croissance très rapide, que certainsobservateurs, Davenportet Schaper entre autres, ont rapportée à une absorption considérable d’eau. En outre, une partie des enveloppes est utilisée pour la nourriture des larves. Auxjeunes stades du développement, l’augmen- tation de volume se fait par accumulation d’eau dans Ja cavité de segmentation. Bialaszewiez, Chambers? et Doms' se sont 1. T. Ronenrson BraïzsronD: On the normal rate of growth of an individual and its biochemical significance. Arch, f. Entwickl. mech. d, Org., Bd XXV, 1908. 2, K. Braraszewicz: Beiträge zur Kenntnis der Wachs- tumvorgänge bei Amphibienembryonen. Bull. de l'Acad. des Sciences de Cracovie, 1908, 3, R. Cuamgenrs : Einfluss der Eigrosse und der Temperatur auf das Wachstum und die Grosse des Frosches und dessen Zellen. Arch. f. mikroskopische Anatomie, 1911, Dr A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE aussi occupés de l'influence de la température sur Ja rapidité de la croissance des embryons d'Amphibiens. Dans l’ensemble, ces travaux vérifient entre 10° et 200 la loi de Van tHofï- Arrhénius sur les vitesses de réaction. Bialaszewicz a trouvé que, quelle que soit la rapidité du développement sous l’influence de températures variables, la quantité d’eau absorbée par la larve, quantité qui mesure sa croissance, est constante. L'élévation de température accé- lère la formation des blastomères au stade de segmentation dans la proportion où elle accroît l'hydratation des cellules. Cette absorption d’eau serait corrélative des échanges respiratoires de la larve. En outre, l'augmentation de température amène une perméabilité plus grande de l’œuf vis- à-vis du milieu ambiant. Les œufs de Grenouilles varient detaille suivant la région de l'ovaire dont ils proviennent. Cham- bers a fait divers lots de ces œufs et les a soumis à des variations de température. Les têtards pro- venant des œufs les plus volumineux se déve- loppent plus rapidement, lorsqu'ils commencent à manger; ils résistent mieux aussi à une tempé- rature élevée. Les œufs les plus petits donnent des larves à cellules moins volumineuses; mais les différences de taille des larves s'atténuent dans le cours du développement. Par contre, la tempé- rature à une influence sur les dimensions cellu- laires des têtards. Plus la température.est élevée, plus les cellules sont petites. Doms a vérifié l'application de la loi de Van t'Hoff aux premiers stades du développement des œufs des Grenouilles. À ce moment une augmentation de dix degrés aux températures moyennes amène une croissance trois fois plus rapide; mais cette proportion n’est plus vérifiable quand les tissus et les organes ont commencé à s’édifier. Chaque tissu réagit alors d’une manière particulière, due tout autant à sa consti- tution qu'aux corrélations organiques. Ainsiles houppes branchiales se ramifient plus abondamment et plus rapidement sous l’in- fluence d’une élévation de température. Le froid arrête la produetion de ces appendices. Chez les embryons refroidis, le foie et le rein primitifs sont plus volumineux que chez les larves réchauffées; de plus,on trouve des différences de structure qui portent sur des tissus variables, qui expliquent ces différences de volume et qui mon- trent comment les variations de température agissent différemment suivantles éléments. Ainsi dans le rein des larves refroidies, c'est le tissu tum und Differenzierung der Organe während der Entwick- lung von Aana esculenta. Arch. f. mikroskopische Anatomie, 4. H, Dous : Ueber den Einfluss der Temperatur auf Wachs- ! Bd LXXXVII, 1915. D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE : 715 lymphoïde et conjonctif qui s’est accru, tandis que dans les embryons réchauffés la partie active, les canalicules et les vaisseaux, serait plus déve- loppée. Dans le foie des têtards refroïdis, ce sont les éléments épithéliaux qui prédominent ; dans le même organe des embryons réchauffés, le tissu vasculaire l'emporte au contraire. IX. — IxFLuENcE D’AGENTS MÉCANIQUES SUR LE DÉVELOPPEMENT Les seules influences auxquelles nous fassions allusion ici sont les phénomènes de compression et la force centrifuge. Aux phénomènes de compression on a rap- porté fort souvent la production d'anomalies ou de monstruosités. Cette manière de voir, qui s’appliquait particulièrementaux œufs d'Oiseaux, _parait tomber en complète défaveur. De nom- breuses expériences réalisées dans diverses classes d'êtres vivants ont montré que les phéno- mènes de compression pouvaient amener des déformations, mais pas de modifications pro- fondes dans la marche du développement. Rabaud ! a repris la question au sujet de la production de l’omphalocéphalie, monstruosité dans laquelle la tête de l'embryon s’engage dans lé tube digestif, après s'être fortement fléchie et en partie atrophiée. Fol et Warynski avaient cru réaliser cette disposition par compression de la tête d’embryon de Poulet. S. Kaestner admet, comme les précédents auteurs, quele refroidisse- ment momentané de l'œuf en incubation amène une dilatation du jaune qui comprimerait l’em- bryon contre la coquille. Rabaud n’a pas eu de peine à démontrer l'inanité de ces observations par trop superficielles. Par des expériences bien conduites, il a prouvé que si la compression peut amener un ralentissement de croissance, sans doute par gêne de la nutrition et principalement de la respiration directe des éléments cellulaires, jamais la monstruosité del’omphalocéphalie n’ap- paraît Gans ces conditions. D'une façon générale, la compression sur des œufs en voie de développement a surtout été employée en vue de la modification des plans de segmentation des blastomères. Chez les espèces où les premiers blastomères ont une destinée fixe, il était particuliérement intéressant detrou- bler ainsi l’évolution et d'en observer le résultat. Morgan ? s’est adressé dans ces conditions aux 1. E. Rasaup : Recherches expérimentales sur l'action dela compression mécanique intervenant au cours de l'ontogenèse des oiseaux, Arch. f. Entwicklungsmech. d. Orszan., Bd XXVI, 1908. 2. Morcax : The effects of altering the-position of the clea_ vage-planes in eggs with precocious specification, Arch, f. Entivichklungsmech. d. Orz., Bd XXIX, 1910, œufs de MVereis et de Ciona. La compression de l’œuf exercée avant la première division de seg- mentation n’a aucun effet nocif si l'œuf est remis en liberté après l’achèvement de la séparation entre les deux premiers blastomères. Lorsque la compression est continuée, le troisième clivage des blastomères, au lieu d’être équatorial, est méridien comme les deux premiers. Les larves obtenues dans ces conditions sont anormales, les localisations germinales de l'œuf fécondé ayant été en partie brouillées par cette segmenta- tion atypique. Une compression modérée n’em- pêche pas le développement de ces œufs, mais apporte un trouble dans la différenciation des organes. D’autresauteurs, Browne !etDederer?,ontvéri- fié également sur différents œufs l’influence de la compression dans l’orientation des divisions des blastomères. Girgoloff * a constaté comme Rabaud la diminution de vitalité des blastomeres sous laseule action de lacompression. L'influence sur l’évolution de la larve d’Ascaris est d'autant plus marquée que la segmentation est plus avan- cée, Lorsque cette action mécanique se fait sentir seulement au début du développement, les blas- tomères reprennent ensuite leur place normale et l'embryon ne présente aucune malformation. La compression la centrifugation oriente les fuseaux de division des blastomères. Les expériences où l’action de la force centrifuge a été employée dans l’étude du développement ont eu surtout pour but d'analyser les matériaux constituants de l'œuf, d’en troubler les locali- sations germinales et d'observer ensuite l’évo- lution dont la fécondation est le point de départ. La centrifugation agit comme une augmenta- tion considérable de la pesanteur. Suivant leur densité, les constituants du cytoplasme et sur- tout ceux qu’on nomme deutoplasmes se rangent en couchesstratifiées, parallèles, souvent de co- loration différente. C’est ce que Mc Clendon‘ a bien mis en évidence sur les œufs d'Oursin_ou de Grenouille. Il semble que cette séparation de substances comme 1. Browxe : Effects of pressure on Cumingta eggs. Arch. f. Entivicklungsmech. d. Org., Bd XXIX, 1910. 2, Denener : Pressure experiments on the egg of Cerebra- tulus lacteus. Arch. f. Entiwicklungsmech. d. Organ., Bd. XXIX, 1910, 3, S. Gimcocorr : Kompressionsversuche am befruchteten Ei der Ascaris megalocephala. Arch. f. mikrosk. Anatomie, Bd LXXVI, 1910. 4. MG Crexpox: Chemical Studies on the effects of centrifu- gal force on the eggs of sea-urchin. American Journal of Plysiology, 1. XXII, 1909. — Cytological and chemical Stu- dies of centrifuged Frog eggs. Arch. f. Entwicklunzsmech. d. Org., Bd XXVII, 1909. 716 de densités différentes n'altère en tien les lo- calisations germinales de l’œuf. Dans des œufs de Mollusques, Conklin ! a pu modifier par cen- trifugation les couches diversement colorées du cytoplasme, mais le premier plan de segmenta- tion et la bilatéralité qui se manifeste très tôt par une asymétrie notable ne sont nullement altérés ou modifiés. À mesure que la différencia- tion de l'œuf augmente et que, sans doute sous l'influence de la fécondation, un nouvel ordre dé localisations g'erminales s’élabore, la centri- fagation devient plus éflicace et les troubles apportés au développement sont plus considé- rables. Certains auteurs s'étaient même demandé si les modifications profondes apportées dans les prerniers stades de développement par la cen- trifugation n'étaient pas capables de modifier le sexe des produits fécondés ; les recherches de Whitney? ont montré qu'il n’en est rien. Lorsque la force centrifuge cesse d’agirsur les œufs en voie de développement, il y a une réac- tion du germe qui tend à reprendre une forme typique. Cette régularisation exige la remise en place de substances déplacées par la centri- fugation. Ainsi lorsqu'on expérimente sur un stade de quatre blastomères et que la cloison équatoriale se forme immédiatement après l’ex- périence, les substances déplacées ne peuvent plus se répartir dans les blastomères nouvelle- ment isolés et les germes meurent. C'est ce qu'ont montré les recherches de B. Konopacka* sur des œufs de Grénouille. Dans ces expériences, il ÿ aurait aussi une dé- viation du premier plan de segmentation; le pronucleus femelle étant déplacé par la centrifu- gation, le spermatozoïde, dont le trajet décide dela direction de ce premier plan, est amené à changer de route. D'intéressantes observations de Morgan mon- trent que les figurés caryocinétiques se dépla- cent comme des corps solides sous l'influence de la centrifugation et agissent sur des régions de l'œuf où se sont accumulées des substan- ces diverses, telles que du pigment, du vitellus ou bien une matière huileuse, sans que ces mo- difications du cytoplasme influencent là division 1, Ec. Conkun : The effects of centrifugal feïce upon the organization and development of the eggs of freshwater Pulmonates. Journ. of exper. Zool., IX, 1910. 2, D. Wmirwey : The effect of a centrifugal force upon the development and sex of parthenogenetic eggs of #y- datina senta. Journ. of exper. Zool., VI, 1909, 3. B, KoxorackA : Die Gestaltungsvorgänge der in ver- schiedenen Entwicklungsstadien zentrifugierten Frosch- keime, Bull, de l'Académie des Sciences de 1908 4, Tu. MorGan : Cytological studies of centrifuged eggs. of experiment. Zool., IX, 1910, Cracovie, Journ. D: A. WEBER. — REVUE D’EMBRYOLOGIE cellulaire et Ja séparation des premiers blasto= mères. X. — INFLUENCE DE DIVERSES RADIATIONS SUR LE DÉVELOPPEMENT Stevens ! a utiliséles rayons ultra-violets dans l'étude du développement; d'Ascaris megaloce- phala. Un ou plusieurs blastomères sont arrêtés dans leur développement; suivant le stade lésé, l'embryon est complet ou anormal. L'exposition prolongée des œufs à ces radiations ne les tue pas inimédiatement, mais arrête définitivement leur développement; les mitoses s’achèvent, les blastomères peuvent changer de position à l'intérieur de la coque, maïs aucune segmenta- tion ne se produit plus. En somme, l’action des rayons ultra-violets ne modifie pas les divisions cellulaires en cours, vantes dont les chromosomes sont fragmentés irrégulièrement. Fauré-Frémiet? a fait sur le même objet des constatations identiques Guyénot* s’est adressé aux œufs et aux larves d’une Mouche, Droso- phila ampelophila. Les œufs pondus exposés aux raÿons ultra-violets ne se dév eloppent pas. Par contre, la seule modification qui apparaisse chez les larves irradiéesest uné mortalité plus grande. Les Mouches en train de pondre, soumises aux rayons ultra-violets, donnént des œufs qui se développent normalement ou avortent suivant qu'ils ont été, pondus immédiatement après l'irradiation ou quelques jours plus tard.Il y a des résultats plus éloignés : Des Mouches des- cendant d'œufs irradiés dans le corps de la mère présentent des formes mélaniques et une stérilité partielle ou même totale. C'est également dans les divisions cellulaires que se manifeste l'influence des rayons X, ainsi que l'a vérifié Gaskell'. Les mitoses sont ralen= ties ou même inhibées. Dans ces conditions, le développement des embryons est considérablement retardé, sinon complètement arrêté; mais, comme il n'y a pas de spécificité dans l’action de ces rayons, les proportions des divers organes ou tissus ne sont pas troublées. L'action du radium sur le développement istegbet pod fre Pete PR PER tps PRES 1, N. M. Srevens : The effect of ultra-violet light upon the developping eggs of Ascaris megalocephala. Arch. f. Entwi- ckl, mech. d. Organ., Bd XXVII, 1909. 2. E. Faunt-Frémier : Action des ré ayons ultra-violets sur l'œuf de l’Ascaris megalocephala. C.r. Sn . E, Guyénor saptite ampelophila. D NE t. XLVIII; . GASKELL : Proceed, of. Roy. Soc., : Action des rayons ultra-violets sur Dro- Bull. Scientifique de la France et de la 1914. The action of X Rays on the dévelop- ing se 1911, mais altère les mitoses sui- . Acad. Se., t. CLVIT,. embryonnaire a suseité un nombre de travaux bien plus considérable. J. Tur', notamment, a expérimenté sur des germes très variés de Vertébrés ou d'Invertébrés. Les résultats de ses travaux peuvent être résu- més ainsi: Les effets du radium ne sont pas immédiats. Il y a une période où l’action est pu- rement latente, puis apparaissent des destruc- tions spécifiques de cellules, qui sont limitées à certaines formations, principalement aux élé- ments nerveux embryonnaires et aux premières ébauches des muscles. Lorsque l'irradiation a été suffisamment précoce et efficace, toute trace de l'embryon est détruite : on obtient des germes sans embryon ou germes anidiens. Certains œufs sont plus sensibles que d’autres à l’action du radium : ainsi les œufs de Canard montrent des altérations plus complètes que ceux de Poules,.sans doute en raison du développement plus lent de leur germe. Hertwig? a retrouvé dans les œufs d'Amphi- biens la période de latence dans l’action du radium. Comme dans les expériences de Tur, ce sont les ébauches nerveuses et musculaires qui sont les premières altérées. Les tissus de soutien, les ébauches du tube digestif sont beaucoup plus résistants. L’altération des cellules porterait presque exelusivement sur le noyau. Payne con- firme ces résultats : il a observé dans ces condi- tions un émiettement irrégulier des chromo- somes. Par contre, Packard‘ affirme que les altérations dues au radium portent aussi bien sur le cytoplasme que sur le noyau. Il Semble que cela varie du reste suivantles espèces, Dans les mêmes conditions, Packard a obtenu une 1. J. Tux : Nouvelle série d'expériences sur l'action térato- gène des rayons du radium sur les embryons de la Poule. Comptes rendus de la Société scientif. de Varsovie, t. 1, 1918. — Sur le développement des œufs de Philine aperta expo- sés à l’action du radium. C. r. Acad. Sc., t. CXLIX, 1909. — Expériences sur l'influence des rayons du radium sur les embryons du Canard. Comptes rendus de la Société scientif. de Varsovie, t. 11, 1909, — Sur le développement des œufs de Scyllium exposés à l'action du radium. Comptes rendus de l'Association des Ana- tomistes, 13° réunion, Paris, 1911. 2. O. Herrwic: Die Radiumstrahlung in ihrer Wirkung auf die Entwicklung tierischer Eier, Sitz. Ber. Akad. Wiss. Berlin, 1910. — Neue Untersuchungen über die Wirkung der Radium- strahlung auf die Entwicklung Lierischer Eier, Sitz. Ber. - Akad. Wiss. Berlin, 1910. 3. F. PAYNE : A study of the effect of radium upon the eggs of Ascaris megalocephala urivalens. Arch. f. Entw. mech. d. Organ., XXXYI, 1913. 4. C. Packaun ; The effect of radium radiations on the fertilization of Nereis, Journ. of experiment. Zool., t, XNI, 1914. — The effects of the beta and gamma rays of radium on protoplasma. Journ. of experiment, Zool., 1. XIX, 1915, Dr A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE 717 cytoplasmolyse dans des œufs de Vereïs, tandis que chez l’Arbacia c’est la chromatine du noyau qui paraît seule atteinte, Vernoni! a constaté que, dans l’action du ra- dium sur le germe de l’œuf de Poule, il n'y avait pas seulement des phénomènes de régression, mais des excitations de tissus qui amènent une augmentation de certains éléments, tels ceux du mésoderme.En même temps, ces cellules perdent leur aspect spécifique, deviennent indifférentes et prennent des aspects de cellules cancéreuses. Après des destructions partielles, notamment dans l'ébauche du système nerveux, il y a des phénomènes de régénération. En outre, l’action du radium permet des constatalions intéres- santes sur les différenciations cellulaires de l'embryon. XI. — [INFLUENCE D'AGENTS CHIMIQUES SUR LE DÉVELOPPEMENT Laissons de côté les expériences de parthéno- genèse expérimentale au moyen de substances variées, pour attirer l’attention sur quelques expériences où les produits chimiques agissent sur le germe en voie de développement, Le choix de ces substances est ou bien consécutif à une idée préconçue ou bien purement empirique. Ainsi Coventry? a étudié l'influence des acides chlorhydrique et acétique et de la soude sur les tétards de Crapaud. Jenkison* s’est servi de chlo- rure de sodium ensolution variée pour agir surles œufs de Grenouille en voie de développement. Reinke*, Stockard*, emploient l’éther et con- statent des modifications dans le développement desébauches nerveuses. Par l'emploi de solutions salines, Loeb® obtient une diembryonie chez l'Oursin. Toutes ces recherches donnent l’im- pression d’être livrées au hasard et leurs résul- tats ont plutôt une valeur de curiosité qu’une portée vraiment générale. Plus intéressantes sont les observations de 1. G. Verxon! : Studi di Embriologia sperimentale, L'azione del radio sull’ uovo di poilo. Arch f. Entwwiekl. meck. d. Or- gan., Bd XXXI, 1910. 2. F. Covenrkx : Note on the effect of hydrochloric acid acetic acid and sodium hydrate on the variability of tadpole of the Toad, Arch. f. Entiwickl. mech. d. Organ., Bd XXI, 1910. 3. J, Jewkisos : The effect of sodium chloride on the growth and variability of the tadpole of the Frog. Arch. f. Entwichl. mech. d. Organ., Bd XXX, 1910. 4. F. Reinke : Durch Aether erzeugte atypische Entwi- cklung des Gehirns der Salamanderlarve. Arch. f. Entwickl. mech. d, Organ., Bd XXVII, 1908. 5. C, Srocrano : The arlificial produetion of éye abnormal- ties in the Chick embryon. Anat. Record, t. VII, 1914. 6. J. Lors : Ueber die chemischen Bedingungen für die Entstehung eineiiger Zwillinge bejm Seeigel. Arch. f. Ent- wickl, mech. d. Organ., Bd XXVIH, 1909, 718 D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE A Werber {. Cet auteur considère les monstruosi- tés naturelles comme résultant de l’action de substances provenant du métabolisme patholo- giquedes parents, ainsi l'acide butyriqueou l'acé- tone. Ces substances ont une action tératogène très nette, qui se manifeste principalement là où les cellules embryonnaires ont un métabolisme le plus actif, ainsi dans la tête. Le résultat de cette action est une blastolyse qui se traduit par diverses monstruosilés. Les expériences dans lesquelles on fait agir sur les œufs ou les germes des substances chi- miques, nécessitent une étude préalable des conditions suivant lesquellesce produit estappli- qué. C’est l'oubli de ce côté de la question qui enlève toute valeur aux recherches de Wælsch?, qui s’est servi du rouge écarlate pour influencer des œufs de Poule en voie d'évolution. On sait qu’une large brèche faite à la coquille permet de suivre le développementnormaldes embryons d'Oiseaux. Nous avons montré, Ferret et moi*, qu’il n’en est pas de même lorsque la lésion des enveloppes de l'œuf est très réduite, à} la suite d’une piqüre d’aiguille par exemple. Il est juste d'ajouter que nos travaux, écrits en langue;fran- çaise, datent d’une époque où la science germa- nique ignorait ce qui se passait au delà des Vosges. Wzælsch avait employé le rouge écarlate en solution dans l'huile, à la suite des observations de Fischer{ qui, introduisant cette substance sous la peau de l'oreille de Lapins, avait obtenu des proliférations épithéliales d'aspect carci- nomateux. C'est également à l’action excitante du produit en question que Wælsch rapporte les monstruosités qu'il a provoquées etqui affectent exclusivement les ébauches du système nerveux central. Par simple piqüre de l'œuf sans intro- duction d’aueun agent chimique, nous avions, Ferret et moi, obtenu toutes les malformations 1. F. Wenger : Experimental studies on the origin of monsters. Aunetiolowy and an analysis of the môrphogenesis of monsters. Jôourn, of experiment. Zoology, t. XXI, 1916. — Blastolysis as a morphogenetic factor in the development of monsters. Anat. Record, t. X, 1916. 2, L, WzæLsen : Ueber experimentelle Erzeugung von Epi- thelwucherungen und Vervielfactungen des Medullurrohres (Polymyelie) bei Hühner Embryonen. Arch, /. Entwickl. mech. d. Organ., Bd XXX VIII, 1914. 3, P. Ferrer et A. Weger : Nouveau procédé tératogéni- que applicable aux œufs d'oiseaux, C. r. Soc. Biologie, 1904. — Spécificité de l'action tératogénique de la piqûre des en- veloppes secondaires dans l'œut de poule. Comptes rendus de la Société de Biologie. Paris, 1904. P. Fenrer : Essai d'Embryologie expérimentale. Influence tératogénique des lésions des enveloppes secondaires de l’œuf de poule. Archives d'Anatomie microscopique, t. IV, 1904. 4. B. Fiscuer : Die experimentelle Erzeugung atypischer Epithelwucherungen und die Entstehung bosartiger Gesch- wiülste. Münchener mediz. Wochenschrift, 1906. décrites par Wælsch. On dirait que la plupart des dessins de son travail ont été calqués sur ceux du mémoire de Ferret, tant leur identité est complète. Dans une autre revue, nous discute- rons les explications données par Wælsch sur le mécanisme de certaines monstruosités, telles que l’ourentérie; mais actuellement faisons remar- quer que, si le rouge écarlate possède une action sur le germe de l’œuf de Poule, cette action se superpose à celle de la simple piqüre de la mem- brane coquillère et de l’albumine de l'œuf. Dans un travail plus récent, Wælsch ! décrit des proliférations épithélialesobtenues en intro- duisant du rouge écarlate sous la peau de larves de salamandres. XII. — TRANSPLANTATIONS D'EMBRYONS OU DE TISSUS EMBRYONNAIRES Le principe de ces expériences est la recher- che des causes des tumeursen général, des téra- tomes en particulier. Depuis fort longtemps, les Fig. 19.— Germe de Crapaud ayant séjourné trois jours dans la cavité péritoncale d'un adulte. Segmentation irrégulière. (D'après Belogolovy }) embryologistes ont été amenés à greler des em- bryons danslestissusadultes d'individus de même espèce. Citons ainsi Leopold?, Féré, Wilms#, 1. L. WæLsen : Ueber experimentelle Erzeugung von Epi- thelwucherungen. Arch. f. Entwickl. mech. d. Organ., Bd XLII, 1917. 2, Lroroup : Experimentelle Untersuchungen über das Schicksal implantirter Fôten. Arch. f. Gynekologie, Bd XVIII, 1881. 3. Cu. Féré : Note sur la production expérimentale de tératomes. Arch. d'Anatomie microscop., t. I, 1897. 4. Wiims: Wachstum embryonalen Implantation und Gesch- wulstbildung. Patholog. Gesellschaft, Breslau, 1904. D: A. WEBER. — REVUE D'EMBRYOLOGIE Petroff!, Oppel?, Schwalbe*, résultats sont des plus variables et d'intérêt Osowski'; les Fig. 20. — Ebauche d'un organe, vraisemblablement d'une vésicule oculaire, dans une masse syncytiale d'un germe de Crapaud 23 jours après transplantation (d'après Bélogolovy). inégal. Il semble que les causes favorables à cestransplantationsdoiventserechercherdans les différences d'espèces. La greffe d’un em- bryon d’une espèce ne réussit presque jamais sur un individu d'espèce différente, même voi- sine; d'autre part, des greffes d’embryons de même espèce ne réussissent pas dans le péri- toine de Lapins et se développent dans celui du Rat. Il semble aussi que, pour chaque ani- mal, il y ait des régions différentes où les transplantations se fassent dans de meilleures conditions. L'influence du système nerveux de l'adulte parait nulle sur l’évolution du greffon embryonnaire. Parmi tous les travaux récents, celui qui nous a paru présenter le plus d'intérêt pour 1. Pernorr : Ein experimentelle erzeugtes Hodenembryon. Centralblatt. {. Pathol , 1906. 2. OPrEL Kausal-morphologische Zellenstudien, Die Explantation von Säugeliergeweben, ein der Regulation von seiten des Organismus nicht unterworfenes Gestaltungsge- schehen. Arch. f. Entwick. mech. d. Organ., Bd XXXIV, 1912. 3. E. Scuwause Ueber SelbstdiMerenzierung und abhängige Differenzierung der Gewebe in experimentellen Teratoiden. Arch. f. Entwickl. mech. d. Organ., Bd XXX, 1910. 4. H. Osowskt : Ueber aktive Zellbewegungenim Explan- tat von Wirbeltierembryonen. Arch, f. Entwickl. mech. d. Organ., Bd XXXVIII, 1914. les lecteurs de cette revue est celui de Belogo- lovy!. Sesexpériences consistent dans l'introduction, dans la cavité péritonéale de Grenouilles ou de Crapauds adultes, d'œufs de ces mêmes animaux en voie de développement. Les œufs de Gre- nouille ne sont pas tués dans l'organisme du Cra- paud et inversement, ce qui ne serait certaine- ment pas le cas chez des Mammifères plus diffé- renciés les uns des autres au point de vue de la composition chimique des milieux intérieurs. Belogolovy dépouille les œufs de leur enve- loppe albumineuse etles introduit dans l'animal adulte, alors qu'ils se trouvent encore aux pre- miers stades de leur évolution : morula, blastula, gastrula, neurula.Ces germes deviennent de véri- tables parasites dans un milieu très favorable à la vie de leurs éléments. IL s’ensuit une sim- plification de leur forme et de leur structure, véritable adaptation fonctionnelle à un genre de vie plus facile. L'auteur a poursuivi ses obser- vations pendant plusieurs mois ; il a obtenu des résultats très intéressants ettrès variés. Seules ses interprétations apparaissent comme passibles d’objections fréquentes. Fiy. 21. — Formation embryonnai re dans un germe de Grenouille, 50 jours après transplantation. c, cartilage ; #, canalicule urinaire; gl, glande épidermique (d'après Belogolovy). Voici quelques aperçus sur les faits eux- mêmes (fig. 19 à 22): Le développement typique de l'œuf des Am- phibiens anoures, devenu parasite de la cavité 1. G. BezocoLoy x : Die Einwirkung parasitären Lebens auf das sich entwickelnde Amphibienei., Arch. f. Entiwickl. mech. d. Organ., Bd XL, 1918. 720 Dr A. WEBER. — REVUE D’EMBRYOLOGIE péritonéale d’un même animal adulte est d’au- tant plus modifié que le germe en question est transplanté à un stade plus précoce. Ce serme se dissocie en amas cellulaires ou en cel- lules isolées; les uns et les autres peuvent se comporter de manières très différentes : ou bien apparaissent des tissus ou fragments d'organes typiques tels que cartilages, glandes, tissus osseux, portions de muscles, corde dorsale, vési- cules cérébrales; ou bien se constituent des nier, la conception de l’individualité est assez simpliste : L'être vivant est une portion de l’espace limi- tée par un ectoderme. À l'intérieur est un milieu très favorable à la vie des éléments cellu- laires ; au dehors il y a des conditions beaucoup moins propices à la matière vivante. Dans les expériences que nous venons de résu- mer, le milieu extérieur serait aussi favorable à la vie que le milieu interne; l’ectoderme, per- Fig. 22. — Cellules d'apparence sarcomateuse détachées d'un germe de Grenouille transplanté depuis 83 Jours et pénélrant les tissus de l'hôte adulte (d'après Belogolowy). formations des qui different normaux, tels que kystes, plasmodes, cellules d'apparence sarcomateuse. complètement tissus L'action du parasite embryonnaire sur son hôte adulte est des plus intéressantes. Les cel- lules embryonnaires d'aspect sarcomateux pé- nètrent dans les tissus de l’hôte, détruisent ses organes et le tuent après quelques mois. Les organes adultes, au contact du parasite em- bryonnaire, présentent une croissance et une régénération beaucoup plus active que dans des conditions normales. Il serait intéressant d'appliquer les idées de Child, dont nous avons parlé au début de cette revue, à l'explication de la germes observée par Belogolovy. Pour ce der- dissociation des dant sa raison d’être, se détruit et cesse de limiter l'être vivant, qui se dissocie et abandonne son individualité. Les interprétations que donne l’auteur des formations kystiques ou plasmodiales, com- parées à des êtres pluricellulaires s’adaptant aux conditions nouvelles de vie créées par le para- sitisme, sont également sujettes à discussion. Il n’en résulte pas moîns des faîtstrès curieux, dont un des plus imporlants.est sans contredit la transformation d'éléments naires en cellules de nature cancéreuse. directe embryon- D' A. Weber, Professeur aux Universités d'Alger et de Genève. BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX BIBLIOGRAPHIE ANALYSES ET INDEX 4° Sciences mathématiques Demozay (L.). — Relations remarquables entre les éléments du système solaire. — 1 vol in-8° de 137 p. avec 57 fig. (Prix : 12 fr.), Gauthier- Villars et Cie, édi- teurs, Paris, 1919, L'auteur se défend de vouloir faire de la Cosmogonie, Il juge, avec Poincaré, qu'il serait tout à fait prématuré d'essayer d'expliquer les détails du système solaire et de les relier à la formation originelle, beaucoup trop éloignée. Cependant, il tient à signaler des relations qui lui paraissent permanentes et dont on devrait tenir compte dans tout essai de Cosmogonie, Il établit d’abord des relations entre les densités des planètés, la distance et la durée de rotation de leurs sa- tellites, ce qui lui permet de les ranger en trois grou- pes : Mercure seul, puis Vénus, la Terreet Mars dans le second, les grosses planètes dans le troisième, La den- sité du Soleil ne cadre pas du tout, Les considérations pour établir que ces relations approximatives sont éternelles paraissent bien aléatoires, [1 montre ensuite que les périhélies des planètes se trouvent situés dans chaque groupe sur une même spi- rale, Comme on peut toujours faire passer une spirale par trois points, ce fait perd de son importance. De plus les périhélies sont variables, et il est diflicile d'y voir un reste de nébuleuse spirale, mêrne en admettant que ce sont « les points de l'espace représentant les premiers centres de condensalion » (p. 31). D'autres relations sur les distances des planètes au Soleil, les inelinaisons de leurs axes et les longitudes des périhélies,sur leur durée de rotalion et lexcentricité de leurs orbites, déduites des précédentes, ont aussi leur intérêt, mais un intérêt également relatif, d'autant plus qu'elles s'appliquent aux différents groupes de planètes plutôt qu’à l’ensemble. Les chapitres sur la « forme primitive supposée à la nébuleuse et son mode de déplacement dans l’espace », sur « l'examen de divers modes possibles de formation des spirales », ou « l'aperçu d'ensemble sur une évolu- tion possible de notre système Solaire », ne manquent pas d’aperçus intéressants, mais paraissent reposer sur des bases aussi lointaines que fugitives. Il semble bien qu'il faudra essayer de nous rendre compte des grandes lignes de l’évolution avant celles des détails, de la formation des étoiles dans lé milieu nébulaire avant celle des planètes et des satellites, La résolution du problème de l'attraction d’un ou de plu- sieurs centres dans un milieu homogène indéfini per- mettra seule d’en aborder l'étude. Alex. VÉRONNET, Astronome à l'Observatoire de Strasbourg, Chalkley (A. P.), 8. Sc. Londres; A4. M, Inst. C. E.; A.1.£, E. — Les moteurs Diesel. Type fixe sttype marine. /ntroduction par feu le D R. Dresez. Traduit sur la 4 édition anglaise par M. Ch. Lorbier, /ngé- nieur civil des Mines. — 1 vol. in-4° de XV + 303 pa- ges avec 182 figures (Prix: 30 fr.), H. Dunod et E! Pinat, éditeurs, Paris, 1919. Le moteur Diesel date d’une bonne vingtaine d'années, et, si l'étude de son cycle a fait couler dés flots d’encre de la plume des théoriciens, les améliorations de son fonctionnement se sont poursuivies et se poursuivent encore avec succès indépendamment des recherches spéculatives. D'ailleurs, le fait de développer directement dans le cylindre du moteur l'énergie empruntée à un combustible liquide a constitué une révolution écono- mique dans l'industrie des machines motrices : l'emploi des huiles lourdes végétales et animales épargne notre richesse houillère et celui des huiles minérales diminue dés trois quarts les frais de transport du combustible, Les ingénieurs d'usine et surtout ceux de la marine doivent être familiarisés avec le moteur Diesel : ceux qui débutent trouveront dans le livre de M. Chalkley un guide descriptif très simple et fort bien documenté. Voicil'énumération des titres des chapitres : 1. Théorie générale des moteurs thermiques avec application spé- ciale aux moteurs Diesel; 2. Marche et fonctionnement du moteur Diesel; 3. Construction; 4. Installation et marche; 5. Essais ; 6. Moteur type marine ; 9. Construc- tion du moteur type marine; 8. Etude des principaux organes des moteurs Diesel; 9. Avenir du moteur Diesel. Les documents relatifs au type marine nous ont paru plus complets que tout ce qu'on trouve dans d’autres ouvrages, Il convient d'attirer l'attention sur eux au moment où notre marine, aussi bien que celles de nos voisins, est en voie de reconstitution, Ces documents d'actualité passeront sans doute vite, mais les chapitres d'un caractère général — écrits dans l'esprit pratique anglais — garderont longtemps encore de l'intérêt. La traduction de M. Lordier sera d'autant mieûx appréciée que la crise actuelle du charbon va sans doute devenir endémique, A. BOULANGER, Professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers. Gilbert(J.), Membre de la Société des Ingénieurs civils de Krance. — Adductionet distribution d'eau. TyPr DE RAPPORT EXPLICATIF ET JUSTIFICATIF DE L'ALIMENTA- TION EN EAU D'UNE VILLE, POUR PETITES VILLES OU GOM- MUNES, — 1. vol. in-49 de 34 p. avec 6 pl. (Prix : 6 fr.). H. Dunod et E. Pinat, éditeurs, Paris, 1910, M. Gilbert, ayant eu à étudier ladduction et la dis- tribution d’eau d’une petite ville, avait rédigé un rap- port explicatif et justificatif pour l'établissement de son projet et l'approbation de ce dernier par le Conseil municipal, C'est ce rapport qu’il publie, Il donne des renseigne- ments intéressants aux jeunes ingénieurs désireux de s’instruire et, à l’occasion, de faire des projets de dis- tribution d'eau. On trouve sur ce sujet des indications générales intéressantes dans les publications du Service des Améliorations agricoles; M. Gilbert les a complé- tées par une application à un cas d'espèce, ÎIl y a dans ce travail de très bonnes choses. L'auteur préconise son système de joints qui est excellent, puis à prévu, ce qui est très rare, des robinets de vidange assez nombreux, ce dont nous le félicitons, F, DiéNerT, Chef du Service de Surveillance des Eaux de Paris. 2° Sciences physiques Macfarlane (Alex.), Ancien Président de l'Association internationale pour promouvoir l'étude des quaternions. — Lectures on ten British Phyÿsicists of the nine- teenth century. — 1 vol. in-8o de 154 p. avec 4 pl. (Prix cart. : 7 sh. 6 d.). John Wiley and Sons, New- York; Chapman and Hall, Londres, 1919. Ce volume reproduit dix conférences données par M. Alex, Macfarlane, de 1902 à 1904, à l'Université Lehigh, sur des physiciens britanniques du xrx® siècle. Il étudie successivement la vie et l’œuvre de J. Clerk Maxwell (1831-1879), l'immortel auteur de la théorie élec- tromagnétique de la lumière; de W. J. M. Rankine (820-1872), l’un des fondateurs de la Thermodyÿnami- que ; deP. G. Tait (83rigor), connu à la fois par ses tra- vaux sur les quaternions et sur la théorie dynamique 1 Le] Le] BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX de la chaleur; de Sir William Thomson, plus tard Lord Kelvin (1842-1909), le plus grand des physiciens anglais du xixe siècle; de Ch. Babbage (1791-1871), l'un des premiers pionniers dans le domaine des machines à calculer ; de William Whewell (1794-1866), dont l'œuvre principale touche plutôt à l’histoire et à la philosophie des sciences; de Sir G. G. Stokes (1819-1903), l’un des maitres de la Physique mathématique; de Sir G. B. Airy (1801-1892), qui s’est distingué dans le même do- maine en même temps qu'en astronomie; de J. C. Adams (1819-1892) et de Sir J. F. W. Herschell (1792-1871), qui comptent parmi les grands astronomes anglais. Ces conférences ont été prononcées devant un audi- toire comprenant à la fois des professeurs et des étu- diants et le grand public ; elles ne sauraient prétendre à donner une idée complète et une revue critique de l’œuvre et de l'influence de chacun des savants qui en forment l’objet; elles intéresseront néanmoins un cer- cle étendu de lecteurs. L. B. Getman (Frédérick H.), Ancien professeur adjoint de Chimie au Collège de Bryn Mawr. — Outlines of Theoretical Chemistry (GÉNÉRALITÉS SUR LA CHIMIE THÉORIQUE), Seconde édition entièremént revue et augmentée. — 1 vol. in-$° de X111-539 p. avec 111 fig. (Prix cart." 16 sh.6 d.). John Wiley and Sons, New- York; Chapman and Hall, Limited, Londres, 1918. Bon manuel, de lecture facile, où la Chimie générale et la Chimie physique sont présentées sous une forme di- dactique, claire, avec suflisamment d'exemples typiques, de figures schématiques et de tableaux ; les méthodes de mesures les plus indispensables et des problèmes y sont en bonne place. Citons parmi les chapitres les plus intéressants ceux qui traitent de la classification des éléments, de la radio-activité,des colloïdes,de l'hydrolyse, de la photo- chimie. Il est toutefois regrettable que la bibliographie fran- çaise ne comporte pas dans cet ouvrage une plus grande place. A. Horranrn, Docteur ès sciences. 3° Sciences naturelles Thayer (Gerald H.). — Concealing coloration in the animal Kingdom. An exposition of the Laws of Disguise through color and pattern : Being a Sum- mary of Assor H. Taayer’s Misclosures. New edition with a new Preface. — 1 vol. in-4° de XIX-260 p. avec 140 fig. et 16 pl. en couleurs (Prix cart. : 25 sh.). The Mac Millan Company, New-York, 1918. Lorsqu'il parut pour la première fois en 1909, le livre de M. Gerald H. Thayer s’adressait aux seuls bio- logistes; sa nouvelle édition publiée l’an dernier, excitera très vivement la curiosité non plus seulement des biologistes, mais de tous ceux qu'à un titre quel- conque l’art de la guerre intéresse. On sait combien, pendant cette guerre, les procédés de ce que l’on a appelé le camouflage ont été à l'ordre du jour et le grand parti qu'on en a su tirer, Le livre de M. Gerald H, Thayer est l'exposé des lois suivant lesquelles le camouflage est réalisé dans la Nature ; et c’est un exposé si clair, et si complet dans les détails, que s’en déduisent en quelque sorte d’elles-mêmes des méthodes d'utilisation pratique d’une précision inatten- due, On peut dire que l'ouvrage de M. Gerald H. Thayer nous apporte le fondement scientifique de l’art du camouflage. Outre les biologistes et les militaires, les peintres, enfin, le consulteront avec le plus grand intérêt et le plus grand profit. Le problème du mimétisme est sans aucun doute l’un des plus mystérieux de la Biologie générale, On a remarqué depuis longtemps que de nombreux animaux imitent, par leur coloration générale, les dessins de leur surface, la forme de leurs contours, certains détails du milieu inanimé ou animé dans lequelils vivent ; et cette imitation, ce mimétismedont la précision parfois décon- certe, aurait la valeur d’un véritable caractère adaptatif, car le plus souvent elle semble de nature à protéger l'animal qui porte-un tel déguisement. Un Hémiptère de Borneo, le Ælatoïdes, qui vit sur les troncs des arbres couverts de lichens, possède une couleur et des détails qui empêchent de l'en distinguer ; les Phasmes ont l’as- pect de petits bâtonnets qui se confondent absolument avec les branches des arbrisseaux où ils se posent ; on pourrait dans cet ordre d'idées citer des centaines d'exemples, et leur nombre augmente tous les jours à mesure que les observations se multiplient...Quoi qu’il en soit,personne n’a pu jusqu'ici donner du mimétisme une explication acceptable, c'est-à-dire d'ordre scienti- fique rigoureux. M. Gerald H, Thayer ne nous apporte pas non plus cette explication, et la rechercher n était d’ailleurs pas son but; mais, en précisant beaucoup mieux qu'on ne l’avait fait jusqu'alors les données de ce diflicultueux problème, il nous met sur la voie qui doit conduire à le résoudre tôt ou tard. L'objet principal de ce beau livre est le développe- ment de la loi découverte en 1896 par M. Abbot H. Thayer et qui peut s’énoncer ainsi : les animaux présentent naturellement une couleur plus sombre sur les parties de leur corps qu'éclaire la lumière du ciel et vice versa. On sait, en effet, que, d’une façon générale, tous les animaux dont l'attitude normale est d’avoir la région dorsale dirigée en haut et la région abdominale en bas présentent une teinte généralement foncée de la première et généralement claire de la seconde. Ceux dont l'attitude normale est renversée, qui en d’autres termes vivent dans cette posilion que j'ai appelée ail- léurs notothétisme, présentent au surplus une inversion de leur teinte, le dos étant chez eux plus clair que le ventre; de nombreux exemples typiques pourraient être cités. Si l’on examine les faits avec plus de détails, on s'aperçoit pourtant que tout ne consiste pas en ce que les parties supérieures du corps soient plus sombres que les inférieures, mais que le corps tout entier est, si l’on peutdire, ombré en sens inverse (counter shaded). Il résulte de ces faits qu’un animal ainsi teinté, vu dans son attitude normale et dans son milieu, est absolument invisible, si l'on ajoute à cela qu'il présente une colo- ration générale et des détails de dessin qui reproduisent églement la coloration générale et les détails habituels de son milieu. Il faut bien noter d’ailleurs, et l’auteur insiste comme il convient sur ce point excessivement important, que l’identité de la coloration et des détails de dessin serait absolument incapable de réaliser l'invi- sibilité, si ce qu’il appelle le counter shading, lombrage en sens inverse, n'existait pas. Et c’est de là que res- sort toute l'importance de la loi de Abbot H. Thayer. Une série d'expériences ingénieuses, pratiquées à l’aide de modèles artificiels, rendent manifestes les conclu- sions que viennent appuyer une longue série d'exemples, empruntés le plus souvent au monde des Oiseaux. On ne peut songer à suivre l’auteur dans le détail de ses développements et à ciler tous les faits particuliers de très haut intérêt qu'il énumère, Suflise, après avoir indiqué l’idée directrice de son livre, d'en recommander vivement la lecture. Ceux qui s’y reporteront y trou- veront une question ancienne traitée sous un jour abso- lument nouveau etprésentée aussi d'une manière excep- tionnellement agréable et instructive.Le livre de M.G.H. Thayer est abondamment illustré ; il contient un grand nombre de planches en couleur, peintes par lui-même, et qui sont des œuvres d’un talent rare. Pour réaliser un telouvrage, il fallait la collaboration d'un savant et d’un grand artiste. L'un et l'autre se sont trouvés réunis en M. Gerald H. Thayer. R. ANTHONY. Dunn (D' Courtenay). — The natural history of the Child. — 1 vol. petit in-8 de 319 p. avec 1 pl. en couleurs (Prix cart, : 7 s. 6 d.). Sampson Low, Mars- ton and Co., Ltd., Londres et Edimbourg, 1919. Comme le reconnaît l’auteur lui-même, « après avoir BIBLIOGRAPHIE — ANALYSES ET INDEX 723 écrit un livre, la grande difficulté est souvent de lui trouver un titre », et celui qu'il a choisi pour son œuvre pourrait bien induire en erreur sur son contenu. Il ne s'agit pas, en effet, d’un ouvrage didactique de Psychologie ou de Pédagogie, quoique ces deux disci- plines y aient une large place, mais bien d'une série d'observations, de réflexions et surtout d'anecdotes de tous les pays et de tous les temps relatives à l'enfant, à sa vie et à son développement. Le D: Courtenay Dunn — dont on ne saurait récuser la compétence en la matière, puisqu'il s'avoue le père de sept enfants — à habilement groupé ses récits en 1{chapitres intitulés : Avant sa naissance ; Ses parents ; Ses premières années ; Son nom; Son milieu; Son lan- gage ; Ses jours d'école ; Ses études ; Son développement ; Ses jeux ; Sa religion ; Son état mental; Ses défauts; Ses chagrins. L'auteur, faute de place, ne donne pas ses références, mais il annonce qu'il les a soigneusement vérifiées et que l'authenticité de ces récits est certaine, « autant qu'il est possible de prouver quelque chose ». Tous ceux qui aiment l'enfance se délecteront à la lecture des pages, pleines de charme et d'humour, du Dr Courtenay Dunn. AVE 4° Sciences médicales Tissié (D' Ph.), Président de la Ligue française de l'Education physique. — L'Education physique et la race. — 1 vol. in-18 de 336 :p. avec 24 fig. dela Bibl. de Philosophie scientifique (Prix : 5 fr. 75). Ernest Flammarion, édileur, Paris, 1919. Le Parlement, sous la pression énergique deM. Henry Paté, Président du Comité national d'Education physi- que et d'Hygiène sociale, a voté en 1919 un crédit de 2.500.000 fr. pour favoriser le développement de l’édu- cation physique, crédit qui est prévu de 10 millions pour 1920. Cette somme peut paraitre à première vue considérable, mais il faut penser que seul le développe- ment des jeunes sujets peut permettre d'envisager la réduction du service militaire à un an, et l’on comprend alors que 10 millions consacrés au développement des futurs soldats représentent un placement superbe en se plaçant uniquement au point de vue financier. Parmi ceux qui auront le droit de se féliciter de l'importance enfin reconnue de l'éducation physique, il faut mettre au premier rang le D Philippe Tissié, « apôtre véri- table qui, depuis vingt-cinq ans, lutte par la plume et par la parole, avec un désintéressement rare, pour le triomphe de l'éducation physique!». Pendant le dernier siècle, la gymnastique pratique en France, dans nos établissements scolaires, fut la gym- nastique aux agrès, la méthode amorosienne, gymnasti- que absurde, antiphysiologique, visant à faire de quel- ques élèves de médiocres acrobates, mais non d’assurer le développement de la majorité; et cependant on aurait pu apprécier les excellents résultats de la méthode suédoise, de la méthode de Ling. Le D' Tissié s’est constitué le grand défenseur de cette méthode; son dernier livre, qui fait l'objet de cette notice, en est l’apologie enthousiaste. Il insiste sur les deux 1. Général CanoNGe : De l'Education physique en France. gymnastiques qui doivent assurer le développement harmonique de l'organisme humain, la gymnastique de formation et de constitution, suivie par la gymnastique d'application et d'adaptation. Dbans ces dernières années, sous l'influence notam- ment de Demeny, la méthode de Ling a subi dans les programmes ofliciels quelques transformations, d’où le terme de méthode éclectique donné à cette nouvelle direction. Le D° Tissié expose, avec peut-être un peu d’amertume, lescontroverses qui séparentencore aujour- d'hui les éclectiques et les rationalistes. Nous espérons que le nouveau règlement général d'éducation physique que vient d'adopter la Commission consultative insti- tuée au Ministère dela Guerre, conciliera les camps ad- verses, dans la limite où ils sont conciliables, J. P. LANGLors, Membre du Comité technique de l'Education physique du Ministère de la Guerre. Lalesque (D' F.), Membre correspondant de l’Acadé- mie de Médecine. — Arcachon, Ville de santé. MONOGRAPHIE SCIENTIFIQUE ET MÉDICALE.— { vol. in-8° de 798 pages avec 2? pl., 64 graphiques et 13% fig. (Prix : 25 fr.). Masson et Cie, éditeurs, Paris, 1919. Ce livre, ouvrage de physiologie climatologique autant que de géographie régionale, dépasse les cadres d'une monographie, en ce qu’il résume les résultats généraux acquis au cours de ces dernières années par les méthodes climatothérapiques. Grâce en grande partie aux travaux de l’auteur, la cure marine d'été et d'hiver réclame maintenant la tuberculose pulmonaire, la péritonite tuberculeuse, la coqueluche, et diverses affections cardiaques ; la «cure libre » du malade dans sa famille remplace la cure en sanatorium, L'auteur décompose les facteurs agissant dans ces cures : la pureté atmosphérique, la luminosité, le vent, le repos, la diversion morale. Il montre comment la chaleur, l'humidité, la pluie, la pression barométrique, les vents, les facteurs chi- miques (ozone et térébenthine, sel, iode) caractérisent Arcachon comme station de climat marin atténué. Il définit le elimat marin d’après les agents physi- ques et ne laisse aux agents chimiques qu'un rôle secon- daire. A côté du climat, les autres facteurs du milieu phy- sique et biologique font l’objet d’études approfondies, qui expliquent l’évolution d'Arcachon en tant qu'orga- nisme social. L'étude de la flore locale et des pins maritimes, celle de la faune du Bassin, de la pêche et de l’ostréiculture fournissent des documents curieux sur les « genres de vie » des habitants. La présentation et l'illustration de l’ouvrage mon- trent heureusement que, malgréles diflicultés de l'heure, la librairie française peut mettre au jour des publica- tions n'ayant rien à envier à celles de l'étranger. Une bibliographie de 700 auteurs en fait une source de documents pour ceux qu'intéressent non seulement la région d'Arcachon, mais la Climatologie et la Biologie en général, J' D: ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES ———————————.— ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE ET DE L'ÉTRANGER ACADEMIE DES SCIENCES DE PARIS Séance du 1* Décembre 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. Auric: Sur le cy- cle des éclipses. Le temps qui s'écoule entre deux éelip- ses de Lune doit être à la fois un multiple de la lunaison (29,930588 jours) et de la révolution draconitique (27,21222 jours), Pour trouver ces multiples communs, on réduit en fractions continues le rapport de ces deux nombres et on obtient une série de réduites, dont la plus utilisée, 242/223, correspond à la périodede 18 ans 11 jours, déjà connue des Chaldéens sous le nom de Saros. L'erreur est seulement de 0,036 jour en 18 ans. Les réduites suivantes donnent des erreurs encore plus faibles, L'auteur propose d'utiliser la fraction 4904/4519 qui ne donne qu'une erreur de o,0003 jour en 365,4 ans, et qui permettrait de prédire et de vérifier les dates des éclipses pendant plusieurs milliers d'années. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. R. Soreau : Lois expé- rimentales de variation de la pression barométrique et du poids spécifique de l'air avec l'altitude. Les formules barométriques en usage, si utilesenaviation, présentant des écarts considérables aux altitudes de l'ordre de 10.000 m., l’auteur propose la formule suivante : Z —5 (3.064 + 1,93 P — o,oo11 P2) log (960/P), qui reproduit d'une façon pour ainsi dire parfaite les pressions moyennes P entre 2.000 et 17.000 m. L'auteur indique également une formule donnant le poids spécifique de l'air aux grandes altitudes, — MM. H. Abraham, E. Bloch et L. Bloch : Sur la cinématographie ultra- rapide. Les auteurs ont constaté que, grâce à l'emploi de décharges condensées fractionnées par soufllage, il est facile de prendre des vues cinématographiques à la vitesse de 20.000 photographies par seconde, — M. G. A. Hemsalech : Sur les spectres émis par la frange rouge et la vapeur lumineuse au voisinage d'une lame de graphite incandescente. Les spectres de bandes et de raies donnés par les vapeurs au voisinage d’une lame de graphite, chauffée par un courant électrique, doivent leur origine à deux espèces différentes de centres d'émis- sion : 1° Ceux créés par l’action de la chaleur sur les carbures de métaux et dont le spectre est régi par la température de la lame (excitation thermo-chimique) ; ces centres ne sont pas sensiblement influencés par un champ magnétique; 2° Ceux produits par le courant thermo-électronique et dont le spectre est régi simulta- nément par des actions thermiques et électriques (exei- tation thermo-électrique) ; ces centres d'émission sont, au contraire, très susceptibles aux forces magnétiques.— M.S.Procopiu: Couches de métal d'épaisseur minima, mesurée par leur force électromotrice, On a cherché à partir de quelle épaisseur la f. 6, m.du Pt, recouvert d’un dépôt électrolytique mince, devient invariable et l’on a trouvé une épaisseur minima de o,7uy pour Cuet 2,5uu pour Zn. L'auteur s’est proposé de rechercher l’in- -fluence du métal, qu’on recouvre du dépôt Zn ou Cu, sur l'épaisseur minima. Pour Zn, les couches minima sur les divers métaux sont les suivantes : Al 0,3; Pt 0,8 ; Fe 1,6 ; Ag 2,9; C 4,2; Ni 4,8uu. — M. Ch. Staeh- ling: Sur la radioactivité de l'uranium. L'auteur a cons- taté au cours du temps une baisse d’activilé non péné- tranle de tous les oxydes d'uranium, allant de 1 à 30,7 °/0. Les oxydes diminuent d'autant plus d'activité que leur couleur va plus vers le vert. L'oxyde noir vert dont l’activité avait baissé a été traité à l'acide nitrique, puis le nitrate obtenu calciné à nouveau pour oxyde noir : l’activité de cet oxyde est remontée à sa valeur primitive. M. G. Claude : Sur La synthèse de ll'ammoniac aux pressions très élevées. L'auteur a reconnu qu'aux pres- sions très élevées la combinaison de N et H s'effectue avec une grande facilité, sans que toutefois l'emploi d’un catalyseur approprié cesse d'être indispensable, Alors qu'aux pressions employées par la Badische Anilin on est limité à dés teneurs inférieures à 13 °/,, on atteint plus de 40 */, à 1.000 alm., et la faible dépense supplé- mentaire d'énergie nécessaire pour obtenir ce résultat est très largement rachetée. La zone des températures utilisables reste comprise entre 500° et 7000, — M, JL. Guillet : Sur les transformations subies par certains al- liages d’aluminium.Les transformations d’alliages d'alu- miuium précédemment signalées par l’auteur ont des causes différentes : l’alliage AI-Mn subit une transfor- mation allotropique ; l'alliage Al Sb s'’oxyde à l'air hu- mide ; les alliages Al-Fe et AI-Ni ne subissent pas tou- jours de transformation; celle-ci semble due à une impureté que l’auteur ne peut préciser. — M. P.Dejean: Sur les points critiques d’aciers auto-trempants. Des observations faites sur ur acier aunickel-chrome-cuivre, il résulte que la dureté maxima de trempe est atteinte en deux stades, comme s’il y avait deux équilibres la- biles correspondant respectivement à la production des points B,et B,. L'auteur ayant montré précédemment la relation qui existait entre la production dupoint Bet celle de la martensite, il semble qu'il y ait pour un même acier plusieurs martensiles ou plusieurs aspects marten- sitiques. — MM. A. Kling, D. Florentin, A. Lagsieur et R. Schmutz: Préparation des chloroformiutes de méthyle chlorés. Les auteurs ont préparé Je chloro- formiate de méthyle CI,CO?CHÉ en faisant agir, à une température aussi basse que possible, le phosgène sur l’alcool méthylique. On chlore ensuite aisément le pro- duit obtenu en faisant agir CI en présence de lumière. Une chloruration plus avancée donne les dérivés di, puis les tri-chlorés,. 30 SCIENCES NATURELLES. — M. P. A. Dangeard : Sur la distinction du chrondiome des auleurs en vacuome, plastidome et sphérome. D'après l'auteur, le cytoplasme renfermerait trois formations différentes par leur origine et par leur rôle : 1° le vacuome, dont les métachromes et les vacuoles se colorentélectivement parles colorants vitaux ; ils renferment la métachromatine qui peut se condenser en corpuseules métachromatiques et grains d’aleurone, accumuler des lipoïdes et fournir l’antho- cyane ; 20 le plastidome, formé par diverses sortes de plastes : mitoplastes, amyloplastes, chloroplastes et chromoplastes, dont la fonction est l'élaboration de l’amidon et celle des pigments chlorophylliens et caro- tinoïdes ; 3° le sphérome, constilué par les microsomes souvent imprégnés de substances oléagineuses. — M. P. Bugnon : Sur l'emploi d'encres commerciales en histologie végétale, L'auteur montre que l'emploi d'en= cres commerciales à base de tanin et de sulfate de fer communique aux membranes peelo-cellulosiques une teinte d’un beau bleu, capable de s'opposer avee avan- tage à des rouges, bruns ou verts, Elle s’allie très faci- lement au Soudan III et au vert lumière, Une autre encre noire, l'encre moderne Antoine, à base de cam- pêche, mérite aussi de devenir un réactif histologique courant. — M. J. Offner : Remarques phytogéogra- phiques sur les massifs du Vercors et du Pévoluy. Le Vercors est surtout caractérisé par l'apparition de plu- sieurs espèces faisant partie de ce qu'on appelle l'élément alpin méridional. La flore alpine du Dévoluy est incom= parablement plus riche que celle du Vercors ; la cause en réside sans doute dans l'histoire des déplacements de la flore alpine depuis la période glaciaire, — M. G. A. Boulenger: La distribution en Afrique des Barbeäux du sous-genre Labeobarbus. L'auteur pense que les Labeobarbus, après s'être lancés dans toutes les diree- tions dès leur arrivée en Afrique, ont été tenus en échec par leurs précurseurs les grands Characinides, et refou- lés en certains points peu favorables à la vie de ceux-ci. ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES } Débarrassés de cette compétition, ils s'y sont épa- nouis et diversifiés en une multitude de formes dont l’origine n’est pas très lointaine, au point de vue géolo- gique, Chacun de ces types primitifs aurait produitdes espèces secondaires qui se ressemblent, — MM. L.Mer- cier et C. Lebailly : Cancer primitif du pancréas et cellules géantes chez la souris. Les auteurs ont observé à l’autopsie d'une souris une tumeur sarcomateuse du pancréas. A la base du processus cancéreux parait s'être trouvée une lésion primitive à action irritative prolon- gée. L'accroissement de la tumeur s’est fait uniquement par la multiplication des cellules cancéreuses déjà exis- tantes, et non par transformation de cellules saines de l'organisme en nouvelles cellules cancéreuses. On peut donc admettre que, dèsla création de la ou des premières cellules cancéreuses, il n'y a plus eu contamination de cellules nouvelles de l'organisme souris par un virus cancéreux, — M. T. Kabeshima : lecherches expéri- mentales sur La vaccination préventive contre le bacille dysentérique de Shiga. I est probable que l’immunité .est acquise à la suite d’une attaque de dysenterie de la même façon que dans les expériences de l’auteur, c'est- à-dire par l'absorption des produits de la dissolution du bacille de Shiga dans le tube intestinal humain sous l'influence du mierobe bactériolysant de d’'Hérelle. On peut done espérer que, si ces lysats ne provoquent pas chez l'homme une trop forteréaction, ils pourrontservir à la vaccination préventive contre la dysenterie. D'autre part, leur usage est indiqué dans l’immunisation des animaux, en vue de la production d’un sérum antitoxi- que ou agglutinant. — M. M. Baudouin: Le péroné du nouveau-né à la Pierre polie et conséquences en Anato- mie philosophique. L'auteur a étudié et mesuré un pé- roné humain, provenant d'un très jeune enfant, trouvé dans un ossuaire vierge de la Pierre polie. La courbure est presque identique à celle des radius jeunes, et en sens contraire de celle du tibia. Cetle conformation môntre qu'au membre inférieur c'est le péroné qui re- présente le radius, ou plutôt que leradius n'est qu'un péroné de l’avant-bras. Par suite, le cubitus est letibia, et la rotule n'est que l’olécrane devenu libre. Cette con- statation montre que la théorie de l’inversion de l'humé- rus est parfaitement erronée, Les modifications au membre supérieur résultent de l'adaptation spéciale de ce membre à la préhension dès que homme est de- venu bipède. — MM. G. Bertrand, Brocq-Rousseu et Dassonville : /nfluence de la température et d'autres agents physiques sur le pouvoir insecticide de la chloro- icrine, Dans l'emploi de la chloropicrine contre les insectes, il n’y a pas à se préoccuper de l'influence de la lumière ou de l'obscurité, ni du degré hygrométique de l'air : ces circonstances sont sans effet. Au contraire, la température augmente d’une manière très impor- tante, comme dans le cas des réactions chimiques, la vitesse d'action dela vapeur insecticide. Il y a donc in- térêt, quand c’est possible, à élever la température des locaux où l’on utilise la chloropicrine pour la destruc- tion des insectes. Séance du 8 Décembre 1919 M. Paul Janet est élu Académicien libre, en rempla- cement de M. Landouzy, décédé. 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. —M, Em. Belot : Causes possibles de la courbe de lumière et de la pulsation des Céphéides. Application au noyau solaire primitif. L'au- teur établit des rapprochements entre la densité des Céphéides du type solaire et celle du. noyau du Soleil primitif, ainsi qu'entre leurs durées de pulsation, ce qui conduil à supposer que les Céphéides doivent, comme ce noyau, leur pulsation au choc de la nébu- leuse amorphe qui a produit les branches spirales de la Voie lactée. — M.J. Guillaume : Observations du Soleil faites à l'Observatoire de Lyon pendant le deuxième tri- mestre de 1919. La seconde moitié du trimestre a été marquée par une recrudescence d'activité Lelle qu'il faut remonter à l’aunée du dernier maximum, en 1917; pour rencontrer un développement comparable des taches et des facules. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M, Eug. Mesnard : Les formations cycloniques de l'atmosphère. Sous ce nom, l’auteur désigne l’ensemble des masses de vapeurs pro- cédant de formations nuageuses primitives, excitées, condensées et groupées par la répereussion des trem- blements de terre, cyclones, raz de marée et syzygies. Il estime que la connaissance de la densité, de l'étendue et de la position de ces formations cycloniques rendrail possible la prévision du temps à pluslongue échéance. Les observations enregistrées au jour le jour par les météorologistes,auxquelles viendrontpeut-être s’ajouter les indications fournies par la t. s. f., permettront d'y arriver. — M. Ed. F'ouché : Xecherche d'une équation caractéristique appropriée à l'air atmosphérique. L'au- teur, en partantdes résultats des mesures de Witkowski, a cherché à établir l'équation caractéristique d'un gaz fictif, qu'il nomme aéroide, aussi voisin que possible de l'air par ses propriétés physiques. IL arrive à l’équa- tion : f © 7 \(p— b)=RT (r (ACRe 5) h)—RT, où p est la pression en kgr. par m°, s le volume de de 1 kgr. du fluide, b — 0,000850, n — 0,000350, R — 29,3, 9 — B— 2 log. vulg. © (x — 18,662; 8 — 55,914). Les isothermes de l’aéroïde tracées d'après cette équa- tion correspondent en général très exactement à celles de l'air, sauf dans la zone critique. — M. G.A. Hemsa- lech : Sur l’origine des radiations lumineuses émises par les vapeurs dans un four électrique à tube de résistance. Le spectre émis par les vapeurs à l’intérieur d’un four électrique à tube de résistance est causé par deux émis- sionsindépendantes, dont l’une est régie par des actions d'ordre thermique et l’autre par celles d'ordre électri- que. Dans le four, ces deux actions sont toujours super- posées, tandis qu’en opérant avec une seule lame de graphite portée à haute température par un courant électrique, l’auteur a pu les mettre séparément en évi- dence (voir p.699 et 724).--M. BP. Jolibois : Sur un ap- pareil permettant de réaliser dans un temps très court des mélanges liquides homogènes. Lorsqu'on cherche à préparer certains précipités en mélangeant les deux liquides qui y donnent naissance, on est frappé du manque de constance de la composition des solides qui se forment. Pour obvier à cet inconvénient et réaliser le mélange rapide et homogène des liquides, l’auteur à réalisé un appareil dont le principe, très simple, con- siste à faire arriver les deux liquides par les deux bran- ches d’un tube en Y, afin qu’ils se mélangent dans la troisième branche. En faisant varier au moyen de robi- nets la vitesse du débit de chacun des liquides, on peut réaliser la proportion que lon désire dans leur mé- lange. -- MM. Ch. Moureu, Ch. Dufraisse et P. Ro- bin: Sur la stabilisation de l'acrotéine. IV. Recherche de composés stabilisants contre la formation de disa- cryle. Les auteurs ont analysé la mélange des produits résultant, avec l’acroléine, de la déshydratation de la glycérine en présence du bisulfate de potasse et recher- ché lesquels de ces produits jouissaient du pouvoir sta- bilisant. Parmi ces corps, deux surtout sont à retenir : l'acide benzoïque et le phénol; tous les composés phé- noliques semblent d’ailleurs doués de l’action stabili- sante. — MM. W. Grignard, G. Rivat et Ed. Urbain: Recherches sur la chloruration du formiate et du chloro- forniiate de méthyle. Les auteurs ont préparé le chloro- formiate de méthyle trichloré en faisant réagir le chlore sur le formiate ou le chloroformiate de méthyle sous l’action des rayons ultra-violets (produits par une lampe en quartz à vapeur de mercure) à une tempé- rature s’élevant progressivement de 30° à 80°. Dans ces conditions, on obtient des liquides titrant de So à g0!/, de chloroformiate trichloré. — M,A, Piédallu: Sur le rôle du fer dans la casse bleue des vins. L'auteur a reconnu que tous les vins ayantvoyagé dans des wagons- foudres en fer non protégé cassent, et que les vins On LD [en atteints de casse bleue se dépouillent du fer par oxyda- tion ; ilsuflit, pour conserver leurs qualités marchandes, de les mettre en milieu réducteur, Mais il vaut toujours mieux, comme on le sait déjà, éviter de mettre les vins en présence de fer. 3° SCIENCES NATURELLES, — M. L. Blaringhem : An0- malies florales observées sur la descendance de l’hy- bride Linaria vulgaris x L. striata. L'hybridation expé- rimentale entre lignées sauvages normales de LZinaria vulgaris et de L,striata est possible, quoique de réussite délicate. En F,, les hybrides sont uniformes, intermé- diaires, avec facies de striata; isolés des parents, ils fructifient. peu. En KF,, les graines, plus nombreuses, germent mieux, mais donnent naissance à des individus très différents, tous vigoureux et doués d’une longue pérennité, Sur 17 plantes, l’une paraît avoir fait retour complet à Z. striata ; les 16 autres sont manifestement hybrides, Dans le cours de la 5° année, l’une d'elles fournit des pélories sur des rameaux tardifs fasciés, une autre des corolles pourvues d'appendices catacorollaires, une troisième les déformations caractéristiques de la dichogamie macrostaminée des Labiées. — M. Paul Descombes : Sur le concours des arbres pour soutirer de l’eau à l'atmosphère. L’auteur signale un certain nombre d'observations qui démontrent que, même en l'absence de pluie, les arbres provoquentune abondante condensation des eaux météoriques. Il a calculé que l'apport total d’eau dans une zone montagneuse des Pyrénées où la tranche pluviale est de 1 m. et dont les herbages couvriraient uniformément 4o°/, serait: de 1,16 m. sur un sol complètement déboisé, de 1,51 m. sur un sol possédant 50}, de bois et 5°/,de broussailles, et de 2,97 m. sur un sol boisé à 30 */,. — Mlle L. De- horne : /ermaphrodisme et scissiparité. L'auteur a constaté que la Myrianida pinnigera jeune, qui com- mence à bourgeonner, possède le sexe oO” et ne forme que des Pobybostrichus; mais lorsqu'elle vieillit elle prend le sexe ® el ne bourgeonne plus que des Sacco- nereis. En d’autres termes, elle est hermaphrodite, pro- térandre, Ce changement de sexualité est corrélatif de l’état métabolique. — M. Ch. Oberthür : La symbiose des fourmis et des chenilles de Lycaena. L'auteur a constaté que la chenille de Zycaena alcon, après avoir commencé son développement dans la fleur de gentiane, le termine dans les fourmilières où elle vit aux dépens des larves des fourmis. Il semble que les fourmis intro- duisent ces chenilles dans leur habitation à cause d’une sorte de miel sécrété par les chenilles et dont les four- mis sonttrèsfriandes. — M. Ch. Richet : /njections de gommeou de plasma après hémorragie. À propos des ex- périences récentes de M. Barthélemy (voir p.697), M. Ri- chet faitobserver que cet auteur n’aobtenu la survie que de chiens ayant perdu moins de 70 /, de leur sang,ce qui peut se produire même sans traitement. Ce qui im- porterait, ce serait de faire vivre des animaux ayant perdu plus de 9o1/, de sang; or M. Richet n’a obtenu cette survie qu'avec une injection de sérum, de plasma ou de sang. — M. H. Bierry : /nanilion, lempérature, glycémie. L'organisme animal ne peut faire servir à ses besoins physiologiques immédiats que le glucose, et ce glucose doit être fourni à un degré convenable de con- centration, En d’autres termes, à un niveau thermomé- trique donné doit correspondre un niveau glycémique adéquat. A l’état normal, la température de chaque ho- méotherme est ainsi conditionnée, entre autres choses, par un seuil glycémique au-dessous duquel elle ne peut être maintenue. — M. A. Richaud : Action de l’oua- baïne et de la strophantine sur la sécrétion salivaire, et mécanisme de cette action, L'auteur a constaté que l’in- jection d’une quantité suflisante d’ouabaïne ou de stro- phantine chez le chien produit une augmentation de salivation, qui parait coïncider avec la phase d’augmen- tation de pression, L'expériencemontre que ce n’est pas par une action sur le système nerveux glangdulaire que l'alcaloïde produit cette hypersécrétion; il agit proba- blement sur les cellules glandulaires elles-mêmes, — MM. À. Clerc et C. Pezzi : Adrénaline et quinine ; jonctivite granuleuse). ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES leur antagonisme. Il y a anlagonfsme complet dans les cellules du centre bulbaire du pneumogastrique entre l’adrénaline, qui l’excite, et la quinine, qui le paralyse. Cette remarque s'applique aussi à l'action cardiaque : excitante et accélératrice pour l’une, ralentissante et dépressive pour l’autre. Sur la pression artérielle, même antagonisme : l’une est hypertensive, l’autre hypoten- sive. Mais l’adrénaline détermine l'hypertension par une action cardiaque et vasculaire combinée, tandis que la quinine provoque l'hypotension par son action cardiaque dépressive quil'emportesur l'action vasocon- strictive propre aux deux substances, — M. A. Paillot: L'immunuté naturelle chez les Insectes. Etude d'un cas d'immunité humorale. L'auteur a constaté qu'un mierobe isolé du hanneton, et très pathogène pour ce dernier, le B. melolonthx non liquefaciens :, est sans action sur les chenilles de £ymantria dispar, d'Euproctis chrysorrhea, ete. Chez celles-ci, il est détruit par l’action d’une bac- tériolysine non préformée dans le sang, etqui apparait peu après l’inoculation du microbe;la phagocytosene joue ici qu'un rôle très secondaire. — MM. Ch. Nicolle, A. Cuénod et G. Blanc : Pémonstration expérimentale du rôle des mouches dans la propagation du trachôme (con- Les expériences des auteurs montrent que : 1°la mouche quia touchéun œil tracho- mateux est capable de transmettre linfection pendant un délai de 24 h. au moins ; 2° le résultat est le même si le produit virulent à été conservé 6 h, (cas de linges souillés) ; 3° dans les mêmes conditions et le même délai, la mouche est incapable de transmettre la conjonctivite aigué ; 4° sans nier la part de la contagion directe, il y a lieu d'attribuer à la mouche un rôle im- portant dans la propagation du trachôme. ACADÉMIE DE MÉDECINE Séance du 2 Decembre 1919 M. L. Camus est élu membre de l’Académie dans la Section d’Anatomie et Physiologie, M. G. Bidou : Zéquille permettant le déplacement des jambes à l’aide des bras. L'auteur présente un appareil adaptable à toute béquille, permettant le déplacement des membres inférieurs à l’aide des bras, grâce à une action de la main sur un levier produisant le soulève- ment de la jambe par la transmission du mouvement au moyen de càbles flexibles. C’est la marche rendue possible à un grand nombre de paralysés. Seance du 9 Décembre 1919 M. Capitan : Un traitement spécifique de l'angine de Vincent. L'angine de Vincent est une maladie presque exclusivement militaire et d’ailleurs assez rare ; jusqu'ici tous les traitements mis en œuvre n’en réalisent la gué- rison que très lentement. L'auteur décrit un traitement spécifique, qui stérilise l’ulcération en 48 heures et la guérit complètement en quelques jours. Il consiste dans une piqûre intra-musculaire, dans la fesse, de 6 em d’ar- senie colloïdal de Fouard; exceptionnellement, s'il ya persistance de quelques bacilles fusiformes et spirilles, on peut faire une seconde piqüre 48 heures après la première. SOCIETE DE BIOLOGIE 29 Novembre 1919 M. H. Piéron: /mportance des divers facteurs senso- riels dans le sens du retour de la Patelle. Ce sontles re- pères topographiques fournis par l'exploration tactile du relief qui dominent dans le retour. Sauf en cas de sur- face tout à l'ait lisse et polie, l'orientation de la Patelle, sur la place sur laquelle elle est adaptée, régie par l'exploration des tentacules palléaux, est toujours exclusivement conditionnée par le relief local. — M. A. Guieysse.Pellissier : Origine de la cellule à poussières des alvéoles pulmonaires. Elle a comme origine une cel- lule épithéliale profondément modiliée et adaptée à une fonction de phagocytose. — M. M. Arthus : /mmunité Seance du ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES 7 et Anaphylaxie. Ce sont deux états distincts pouvant exister simultanément chez le mème animal, états dont les manifestations peuvent, du reste, se masquer. Ce ne sont pas des manifestations distinctes d’un seul et même état. — M. L. Mercier: Production expérimentale de Mouches à corne. L'auteur a observé sur une #ucellina maritima une curieuse malformation consistant en une petite corne insérée entre les deux yeux, due vraisem- blablement à ce que la vésicule frontale était restée coïncée à un moment donné. Il a pu reproduire expéri- mentalement cette malformation en faisant éeclore des pupes de la mouche dans des tubes de verre très étroits. — MM, Ch. Achard, 4. Ribot et L. Binet: //yperslr- cémie provoquée dans les pancréatites expérimentales. L'hyperglycémie provoquée par l'injection de glycose n’est pas modifiée par la ligature du canal de Wirsung, ni par la panceréatite hémorragique déterminée par l’in- jection de bile dans le canal de Wirsung. Par contre, l'extirpation totale du pancréas prolonge d'une façon anormale la durée de l'hyperglycémie provoquée par l'injection de glycose. Mais cette extirpation rend im- possible l’hyperglycémie adrénalinique. Si l’extirpation est incomplète, l'hyperglycémie adrénalinique se pro- duit. — M. E. Wollmann: Le B. coli révélateur de la protéolyse. Lorsqu'on ensemence du 2. coli dans un milieu albuminoïde où pousse un microbe qui attaque les protéines, le 2. coli produit de l’indol. Cette réaction peut servir à mettre en évidence la protéolyse dans les milieux albuminoïdes liquides.— M. J.Jacobson: L’al- cool bencylique dans la tuberculose expérimentale (in vitro). 19 L'alcool benzylique a une action dissolvante sur les bacilles de Koch. 2° La culture de bacilles de Koch frais, macérée dans l'alcool benzylique, perd 75- 80°/, de son poids et se décolore partiellement. 3° L’al- cool benzylique désagrège les bacilles de Koch et les rend moins colorables par la fuschine phéniquée à 1°/,. 4° L'alcool benzylique liquélie les crachats en les ren- dant blanchätres et mousseux. — M. Ed. Retterer: Du cortical osseux des dents simples. Il se développe aux dépens du ligament dentaire dont les cellules con- jonctives commencent par élaborer un cytoplasma clair abondant et par prendre la forme et la structure de petites cellules osseuses. Les lamelles ont la structure de lamelles osseuses à trabécules orientées perpendicu- lairement à la racine, de même que le sont les trainées amorphes et calcifiées intermédiaires, Le ligament den- taire s’ossilie done pour produire le cortical d’après le même processus que le périoste ou les tendons. — M. Hassan el Diwany: L'embryotrophe hématique chez quelques Mammifères et le fer foetal. L'embryotrophe hématique est cette provision de sang, destinée à four- nir à l'embryon le fer nécessaire, qui est réalisée par l'hémorragie placentaire bien connue. Les matériaux d'origine hématique et de nature biliaire s'accumulent dans la région apicale de la cellule, d’où ils sont rejetés par décapitation du corps cellulaire, Au contraire,dans la région basale du corps cellulaire, s’amassent les graisses et le pigment ocre qui, des cellules épithé- liales, passent dans le tissu conjonctif de la villosité et de là à l'embryon, — MM. L. Camus et E. Gley : Immunisation croisée. Les auteurs ont constaté que des animaux irmmunisés contre le sérum de murène résis- tent au sérum d’anguille; inversement, des animaux immunisés contre le sérum d’anguille résistent au sérum de murène, Il y a donc pour ces deux ichtyotoxines immunisalion croisée. Ce phénomène se produit toute- fois avec le sérum d'animaux appartenant au même groupe zoologique. Séance du 6 Decembre 1919 MM. Grynfeltt et Euzière : Aôle de l'épithélium épendymaire dans la sécrétion du liquide cérébro-spinal, Le mode de mise à mort produit des modifications dans l'aspect du chondriome des cellules épendymaires et pa- rallèlement dans les cellules choroïdjennes, Ce phéno- mène semble traduire une étroite parenté fonctionnelle. On peut donc admettre que le revêtement épendymaire 12 re possède une activité sécréloire de même ordre, mais à intensité bien moindre, que celle des plexus choroïdes. — M. W. Kopaczewski : Tension superficielle et réac- tion de fixatiun. L'apparition de la réaction positive de Bordet-Wassermann s'accompagne d'une auymenta- tion de la tension superficielle et de la diminution de la viscosité sérique; c’est une indication nette en faveur d'une précipitatiou micellaire qui constitue la base de ce phénomène. — MM. L. Launoy et M. Lévy-Brubhl : Aclion du sérum des animaux infectés par le bacrlle pyocyanique sur la protéase de cette bactérie, 1° L'action antitryptique du sérum n'est pas modifiée chez le lapin; elle estun peuaugmentée chez le cobaye; 2° Le sérum des animaux infectés, lapin et cobaye,ne contientpas d'antLi- protéase spécifique ; 3° Les mêmes sérums ontune ac- tion agglutinante très marquée pour les germes de la soucheantigène. —MM.R.Thieulin et Bernard: Action du fer colloidal électrique sur la viscosité du sang. Le fer colloïdal électrique favorise le retour rapide à une visco- sité normale, c'est-à-dire aide à l'enrichissement molécu- laire de la massesanguine, — M. L. Musso : £lude chi- mique des cultures du Cryptocoque de Rivolta. 1° Hn'ya pas de pouvoir fermentatif, 2° Il se développe surtout dans les sucres du groupe des hexoses ; cette consomma- tion se fait régulièrement, La production d’ammoniaque est plus importante en eau peplonée qu’en eau glucosée. 3° Les colonies sont formées d'organismes très riches en eau (801/;). — M. Hassan el Diwany : L'absorption intestinale chez quelques Invertébrés hématophages et l'alimentation hémoglobique. De cette étude il résulte que la dégradation de la molécule de l’'hémoglobine, . tout en donnant lieu à des pigments biliaires excrétés, produit des matériaux utilisables et absorbés, parmi lesquels figurent la graisse et les composés ferrugi- neux, SOCIETÉE FRANCAISE DE PHYSIQUE Seance du 21 Novembre 1919 M. Pomey : Sur l'évaluation de n! On sait que l’on a pour z! la valeur asymptotique nte—" |2rn; mais si l’on examine les démonstrations données dansles traités d'Analyse de Jordan, d’Humbert et d’'Adhémar, on se trouve en présence des intégrales eulériennes ou de savants développements en série; or le physicien n’a pas besoin en général de connaitre le facteur V27; dans la théorie cinétique des gaz, il suflit d’avoir la formule : (a, œ), k élant une constante. La démonstration de la formule peut se faire de la façon la plus élémentaire. — M. A. Baïilloul : Vesure du pouvoir inducteur spécifi- que des liquides. Quincke a indiqué, pour mesurer le pou- voir inducteur spécifique des liquides, la méthode de dénivellation. Son appareil est formé d’un condensateur plan dont les armatures horizontales, plongées dans le liquide à étudier, enñprisonnent une bulle d'air. Quand on établit le champ électrique, le condensateur tend à augmenter sa capacité, la pression de la bulle d'air augmente et cette variation de pression peut servir à déterminer la valeur de K. Ce dispositif n’est pas com- mode, et l’auteur en a utilisé un autre, construit par M. Michaud, préparateur à la Sorbonne, pour des expé- riences de cours, et que M. Bailloul a perfectionné pour des mesures. Cet appareil est constitué par un conden- sateur cylindrique à axe vertical, entre les armatures duquel le liquide s'élève sous l’action du champ élec- trique. Une dénivellation se produit dans un tube latéral formant avec le condensateur des vases communicants. Une théorie très simple de l’appareil montre que l’on a : K — 1 — BôA/E?, où B est une constante égale à 1,796. 107, à la densité duliquide, la dénivellation dans le tube latéral et E la différence de potentiel entre les deux armatures. L'auteur a étudié différents liquides et obtenu les résultats suivants : nl = knre—r\n Benzine chimiquement pure K = 2,28 » pure du commerce 2,23 Cyclohexane de synthèse 1,87 Essence de térébenthine (D,;=— 0,870) 2,24 Huile de vaseline pure du commerce 2,19 Pour les solutions de phénol dans la benzine, la courbe de variation de K en fonction de la concentration passe par un maximum pour une concentration d’envi- ron:11 ‘/,. L'appareil modifié convenablement peut servir comme électromètre, même pour des f. é. m. alter- natives. — M. A. Dauviller : Sur les constantes fonda- mentales de la spectrométrie des rayons X (voir p. et ). L'auteur arrive théoriquement, pour la distance réliculaire de la caleite, à la valeur dy — 3,02825 + 0,0022b. 108 em. ; les déterminations expérimentales ont donné des valeurs variant de 3,0279 à 3,04.10-S cm, Pour le sel gemme, il semble illusoire de calculer la distance des plans réticulaires, à cause de la variation de sa densité provenant des inelusions. Toutefois, par comparaison avec la valeur trouvée pour la caleite, on arrive à 2,8125 + 0,0028.10—S em. SOCIÉTÉ CHIMIQUE DE FRANCE Séance du 28 Novembre 1919 MM. L. C. Maillard et E. Murlay: Composé addi- tif de la cinchonine et du chlorure de cacodyle. Les au- teurs ont reconnu que lé chlorure de cacodyle se fixe très aisément sur la cinchonine par addition directe, pour donner naissance à la combinaison équimoléceu- laire CI9H2N20,(CH) AsCI. Recxistallisée par évapora- tion de solution chloroformique à la température ordi-. naire, on oblient de gros cristaux transparents qui seraient aisément mesurables et renferment 2CHCÏ de cristallisation. Ils s’effleurissent par perte de chloro- forme; en tube scellé, ils se conservent indéfiniment. En présence de l’eau, le composé subit instantanément une décomposilion hydrolytique, qui le scinde en chlor- hydrate basique de cinchonine et oxyde de cacodyle; lhumidité atmosphérique suflit, et la substance, lors- qu'elle n’est pas fraichement préparée, exhale odeur de l'oxyde de cacodyle. Dans le composéétudié, le chlore du chlorure de cacodyle est instantanément et totale- ment précipitable à froid par le nitrate d'argent. Les auteurs pensent done que le groupement (CH*)As — et l’atome CL — ne sont pas fixés sur les carbones du chaïi- non vinylique de la cinchonine, mais simplement sur un atome d'azote comme dans le cas d’un iodométhylate, — M. M. Tiffeneau : Migration phénylique dans la série tétrahydr onaphtalénique. L'auteur, après avoir rappelé que les iodhydrines des phénylglycols linéaires se transposent par NOŸAg en aldéhydes ramifiés, montre qu'il en est de même lorsque la chaine supportant IOH est une chaine fermée : CH CHOH CH VEN CE 4 ° | NU NIMES j | CEX /\ CH? CHK A CH? CH CHE CH CH Avec liodhydrine isomère, de même que dans le cas des iodhydrines CFH5-CH°2-CHOH-CHI-R, il n’y a pas transposition ; il y a formation d'oxyde d’éthylène : CH2 CH? 7 \CHOH 7 \ŸCH | | | —JHI | | | 0 A CHI CH CH2 CH2 Ainsi, le caractère tétrahydrocyclique de ce dérivé n'intervient pas pour provoquer une migration analogue à celle observée dans la série cyclohexanique, pas plus que la position de l'atome d’iode n'est suilisante pour ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES produire une migration analogue à celle qui est attri- buée à l'atome de brome dans la transformation du di- bromure d'estragol, SOCIÉTÉ DE CHIMIE DE LONDRES Séance du 6 Novembre 1919 MM, F.G,Donnan et W.E. Garner : Equilibre à tra vers une membrane de ferrocyanure de cuivre et une membrane d'alcool amylique. Les équilibres qui s’éta- blissent à travers les membranes semi-perméables sont d'accord avec la théorie de Donnan dans le cas des membranes de ferrocyanuredecuivreetd’alcoolamylique. Les solutions de ferrocyanure de K etde Na sont en équi- libre à travers une membrane de ferrocyanure de Cu quand le rapport des concentrations de K à Na est le mème des deux côtés de la membrane. Les solutions de ferrocyanure de Na et de Ca sont en équilibre quand le rapport du carré de la concentration totale du Na à la concentration totale du Ca est le même des deux côtés de la membrane, Les résultats des mesures des équi- libres des ions Li et CI des deux côtés de la membrane d'alcool amylique confirment également la théorie, — MM. R. R. Le G. Worsley el P. W. Robertson : Les peroxydes de bismuth, Les auteurs décrivent les produits obtenus par l'oxydation des sels de Bi par Cl en solution alcaline. Le produit qui se forme en employant un aleali dilué est un mélange d’oxydes et d’oxydes hydratés qui peuvent être séparés par l’action de l’acide nitrique à diverses concentrations. — MM. T. M. Lowry et R. G. Early : Les propriétés du nitrate d'ammonium. I. Le point de solidification et les températures de tran- sition. Le point de solidification, qui ne peut être déter- miné avec précision que si la substance a été pulvérisée avant dessiccation, est de 169° C, En refroidissant le nitrate fondu, on observe des points d’arrêt distincts dans la courbe des températures à 125°, 84° et 32° C. ACADÉMIE DES SCIE Seance du 5 Juillet :NCES DE BELGIQUE 1919 19 SCIENCES PHYSIQUES. — M. A..de Hemptinne: La loi de Faraday et l'action de l’effluve électrique sur les oxydes métalliques. I. Mesure de la quantité d’hydro- gène fixé sous forme d’eau lors de la réduction de l'oxyde de plomb par l’eflluve électrique et de la quan- tité d'énergie électrique nécessaire pour effectuer cette réduction. 2° SCIENCES NATURELLES. — Mlle Jeanne Terby : Les Taraxacum de graine sont-ils différents des Taraxa- cum de bouture ? L'auteur se demande si un organisme tel que le Taraxacum, où il n’y a pas de réduction chro- matique, se maintient constant ou s'il est tout de même capable de varier. Les expériences semblent dé- montrer qu'il n’y a pas de variabilité. Aott 1919 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES. — M. À. Demoulin : Sur les surfaces réglées, les surfaces cerclées et les surfaces à lignes de courbure sphériques dans un système. L'au- teur se sert de deux méthodes, celle du trièdre mobile et celle du pentasphère mobile. 20 SCIENCES PHYSIQUES. — M. À. de Hemptinne : Za loi de Faraday et l'action de l'effluve électrique sur les gaz. La loi de Faraday se retrouve sous certains rapn= ports pour les réactions qui s'effectuent dans les gaz sous l'influence de l'eflluve électrique, à condition d'opérer à des pressionsassez faibles. — M, W. Mund: Sur les tensions de vapeur de l'anhydride sulfureux. Description de la méthode de mesure et communication des résultats. Séance du a — Le Gérant : Gaston Doi. C ET Sens. — Lup. Lrvé, 1, rue de le Bertauche. TA BL E CONTENUES DANS LE TOME XXX DE LA REVUE GÉNÉRALE ANALYTIQUE DES MATIÈRES DES (DU 15 JANVIER AU 30 DÉCEMBRE 1919) — CHRONIQUE Astronomie et Géodésie Boser (J.). — Le principe de relativité généralisé et l’éclipse de Soleil du 29 mai 1919. . . . Moxe (M.). — Application de la photométrie photo- électrique à l'Astronomie. . . . . 4 Les étoiles naines , . Nouvelles observations sur le ray on vert artificiel. ESS T OS MOEE | : le rayon vert Anatomie AnTHonx (R.). — Un projet de Catalogue des Collec- tions d'Ostéologie comparée du Muséum. . He Botanique et Agronomie _ CLEerRGrT (Pierre). — Les ee PE Le de caoutchouc en ) Malaisie. . . . . . : SEE Ricoranp (L.). — Le sump (Balanites” æ, gypliace) . RicoTarD (M. ). — L'expérimentation ayr icole en Algéri ie, — Alimentation du bétail et cultures fourragères aux Indes "0: 5. Me ES RCE 8 fa Le forçage artificiel des racines mn: OA 20 - La science agronomique aux Etats-Unis. , Recherches sur les pneumatocarpes L'origine et le support physique de la suceulence ‘chez les plantes. Se Les effets d'orientation des lumières monoc bromatiques d’égale intensité sur les spores et les rhizoïdes de Fucus "> . ee L'utilisation industrielle des sauterelles comme ‘engrais. _ Sur la vitesse de locomotion des bactéries LEE Une- plante dangereuse pour les ingetes qui en assurent À laspollinisation: = ; . . : . (1. Chimie physique et générale Bercoc (G.). — A propos de l’occlusion des gaz dans à les métaux. 4 pe Monressus DE BaLLORE (R. Je — Sur le poids atomi- que du plomb- radium , . . La réduction de l'acide formique et la production ‘d'aldé. hyde formique et d'alcool mé thylique aux dépens des formiates . Adsorption des gaz par des surfaces planes de verre, dr de mica et de platine, . . La nature de l’afnité chimique etla v alence des atomes. La rouille du fer en contact avec d’autres métaux et j alliages . . . “4e Poids «tomique du plomb extrait de la samarskite LE £ Matière et lumiére. Essai de synthèse de la Mécanique j 4 { chimique . . La stabilisation de l'hypochlorite de chaux. : La formation de l'acide graphitique et la nature du PRADILLEE Se - Nas 7er AUS TPE D: Saveur et constitution chimique He à Les méthodes de production de gros cr istaux ‘homogènes dans les solutions . e _ Absorptiondedifférents anions per le sulfate de baryum HRPOIDIEE RER nn dut MR _ L'attaque de l'acier au nickel par 1h "oxyde de carbone … L'adsorption sélective et ses conséquences . _ Sur le poids atomique du plomb-radium . . . . . Relation entre les propriétés magnéliques des métaux et leur pouvoir d'ocelusion pour l'hydrogène . REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES ET CORRESPONDANCE 131 Chimie industrielle CcerGer (Pierre). — La production minière et métallur- gique aux Etats-Unis pendant la guerre . Desmarers (M.). — Nouveau procédé de cémentation au moyen d'un bain de sels, . . Ricorarp (L.), — Fabrication d'huile ‘de palme neutre. L'effet de la chaleur sur la verrerie de laboratoire. L'augmentation de la résistance des pavés de bois . . La préparation commerciale de l'hélium pour le DRE ment des dirigeables . d L'emploi de composés chimiques pour déceler la sur- chauîe des paliers ou des parties de machines . L'extraction du tlhallium des OS des gaz de grillage des pyrites. . . La production de la glycérine aux ‘dépens des mélasses. L'action des condilions MARS sur la luine et CG OT ER RE M REA QU La fabrication de la glycérine par fermentation en Alle- magne pendant la guerre. ; La fabricalion synthétique du caoutchouc en ‘Allemagne pendant la guerre . La production dé l'hydrogène par Taction ‘de l'oxyde de carbone sur la chaux éleinte. . . LEE L'inffammabilité de la poudre d'hlümimume La fabrication de l'alumine à partir de l'argile ordi” RS MONET E RUE YU La production de l'aluminium pendant la guerre HIER Chimie biologique Etudes biochimiques sur le liquide des urnes de Ne- penthes. £ REC La diffusion de l'aluminium. dans ïes plantes AE Le Recherches sur les peroxydoses. 7 À Recherches récentes sur la biochimie des hydrates ‘de carbone , Sur la présence de l'acide formique dans les poils urti- cants de l'ortie. L'emploi de la siice gélatineuse ‘comme milieu baeté= MOIDBIQUE LC LENS NE MEN ENT EE TE outs MAS Distinctions et solennités scientifiques Elections à l'Académie des Sciences de Paris, 1, 65, 129, 229, 329, 361, 393, Les Médailles de la Sociélé Royale de Londres . . . . Mes tEric Noel LC A ie ee ce: mretet -e fae Électricité industrielle Emploi des lampes à inçandescence à 8 gazeuse pour la projection. .. - Effets inductifs des courants électriques de traction sur les circuits téléphoniques et télégraphiques. Géographie et Colonisation CLERGET (Pierre). — La JeHRASE des et écono- miques françaises . ent Car ÉTAT: — La voie ferrée du 45° : parallèle . ES AETERS — Un nouveau tracé de chemin de fer Lransenhrie: n. — Lu navigation rhénane. . nt — Le trafie du Rhin et le port de Strasbourg DR Te 293583 SCIENCES PURES ET APPLIQUÉES TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES ReGeLsPERGER (Gustave). — La Mission de délimitation Afrique Equatoriale française-Cameroum, dirigée par l'Administrateur L. Périquet, de 1912 à 1914 . — Nouvelle exploration du Danois Rasmussen dans le Groenland septentrional , HAE Ste Pete -— L'exploitation des bois ‘coloniaux: les bois de la Côte d'Ivoire, du Gabon et de l’ancien Cameroum. Géologie et Paléontologie L'émigration industrielle aux Etats-Unis . . . .. CLERGET (Pierre), — Le nouveau bassin houiller de la région lyonnaise . . . DO OC Do — Le minerai de manganèse, MON Me Re MEN Le Un continent dévonien, le Falklandia La nature des explosions volcaniques. . , Le puits le plus profond du monde. . . Production de fer oxydulé magnétique dans une roche pardeichautare aa MR RS Ce CIE Institutions scientifiques La deuxième session de la Conférence interalliée des AcademiensGientiques CET CCR La Conférence des Académies alliées et associées à Bruxelles et la création d’un Conseil international de Recherches scientifiques. . . Mathématiques Léna TIDN NS E4 DE EN OO NE TS Mécanique et Génie civil CLERGET (Pierre). — L'aménagement du Rhône. — Le tunnel sous la Manche, 3 — Le Ve Congrès national de Navigation intérieure, — La navigation rhénane. . . — Le trafic du Rhin et le port de Strasbourg . Les recherches du Bureau américain des Mines sur “la combustion dans les foyers de chaudières. , . . Recherches sur les causes de la corrosion ou de l'éro- sion des hélices propulsives . . , . . . . . . . .. Météorologie et Physique du Globe Boszer (Jean). — Les aérolithes et la composition du Globe. 20.21. : L'influence du vent sur la distribution des glaciers. Quelles sont les conditions météorologiques qui influent sur la santé . 6 va Phénomènes magnétiques observés pendant les éclipses de Soleil . Le refroidissement du sol ‘pendant la nuit et les gelées Le PONENIPEE A0 ee ALL EME AR NAN Nécrologie ANDRE (G.) — Th. Schlæsing (1824-1919). . . . ANTHONY (R.). — Gustave Magnus Retzius (1844- 1919). LecomrTe (Henri). — Edouard Bureau , . . . . . . . ManGiN (L.). — William Gilson Farlow, . . SAWilTamiOiookes € cn, Lord Raÿleigh . Photographie Simplification du DER contrôlé des plaques autochromes. . . . PT LE EE RIRE Ne Physiologie Le rôle des graisses dans l'alimentation , - Le temps de réaction de quelques réflexes chez ‘les oi- SAULT RE. : Les activités des poulets décérébrés et décérébellés. La survie des globules sanguins transfusés dans la cir- culation, RANCE AR RE TES o TES L'énigme du cerveau des Oiseaux . MTS Une nouvelle conception du strabisme et le traitement quien dérive . ,, Le rôle des EE sanguines ‘dans l'immunité natu- relie t-#- 0e . AN ESA L'anoxémie, ses causes et son traitement. : La température de la peau de l'homme, , . . . .. Physique MAQUENNE (L.). — A propos d’une Rompee à mercure à remontage automatique NC . Maruieu (Paul), — Au sujet d'une trompe à mercure à remontage automatique . Sur le pouvoir inducteur spécifique des métaux. Propriétés des métaux soumis à l’action des rayons #. Conduetibilité de l’eau de mer pour les courants de fré- quence radiotélégraphique . Les travaux du Laboratoire national de Physique à an- glais en 1917-1918 . . . . . DR Influence d'un champ magnétique transversal sur la dé- charge dans un tube de Geissler . . Une nouvelle théorie des rapports de la gravitation et de l'électricité . Action de la lumière sur les particules ‘ultramicrosco= piques . : ; Détermination du nombre de particules z émises ; par le TAJINE Ce ee : Emploi du violet méthyle pour sensibiliser les plaques photographiques dans le rouge. Phosphoresceuces de types divers. Variation de la résistance électrique pendant la fusion des métaux . . . EE, NUS Variations du courant photo=élé ctrique produites par l'échauffement, l'occlusion et l’émission des gaz. Propriétés des écrans RPC utilisés en radio- graphie. . . . . CRE L Mesure de l'épaisseur de la pellicule formée par les liquides sur le verre et'le sable. : .. ."".. 1 Sur le vieillissement des lampes en quartz à vapeur de mercure TEE nee CIC CRE . L'application de la ir De à la mesure des pressions Ale lee fe CT Méthode oscillante pour mesurer les dimensions des particules ultramicroscopiques . . . . . . . + Sur la transformation directe de la chaleur en érlenpie électrique par d’autres voies que les couples thermo- électriques . Un nouveau tube à vide à Eros Érlénienet À Recherches sur le recuit des verres d'optique . Sensibilité photoélectrique et PESPRAUe rectifiantes de la molybdénite. Eee Enregistrement des particules œ, des particules 8 et des impulsions dues aux TENOUE 7 et aux rayons X. La protection des surfaces argenlées. . . .. La découverte des objets invisibles par les radiations CRIONAQUES ERP CN CRE DR 0 a Me Manomètre à levier OPEL PE EL Le frottement statique et les propriétés lubrifiantes de certaines substances chimiques . . , . . , . . .. L'application des rayons ultra-violets au signalement, Sur quelques propriétés des diegpsoné entretenus élec- triquement . . . . .. . Propriélés photo- “électriques de minces feuilles de métal. Variations de l'intensité du son émis par les résonateurs et les tuyaux d'orgue suivant la pression du courant ÉNM E ER E EME e Giolle ET « Etude des vibrations sonores de certains col d' acide BICIQUE ser e atKe Ma TEE Déformation élastique isoters me et ‘adiabatique : Emploi des tuyaux sonores pour la détermination du nombre de vibrations d'un son quelconque . . . . Sciences médicales REGELSPERGER (Gustave). — La peste bovine en so Occidentale française. L'action du sulfate de cuivre sur Le plankton da eaux d'alimentation . L'état actuel de la chimiothérapie # 14 taberculens “ lesdificultés du problème..." La peste aux Indes depuis vingt ADS; 0) RER e L'agent pathogène de la fièvre jaune. . . te L'antiseptisation des vêtements du combattant. Ste Nouvelles recherches sur l'étiologie de la fièvre jaune. Le role des mouches dans la propagation de la dysen- terie bacillaire. . . . . . Zoologie GLenGer (Pierre). — Le rôle et la valeur économique des: 01B6aux A1 SEAT SE LES Le vol des moustiques OOo TT /N cite APTE La formation des fils de soie . . . 5 L'habitude du retour au nid chez un Mollusque pulmoné, La restauration de la vitalité par conjugaison chez les Protozoaires. k L'hivernage de la Rouche domestique. MTS : La destruction des larves de moustiques dans l'eau ren- fermant des Charatfælida ts... MN TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 7 II. — ARTICLES ORIGINAUX Anthropologie Keiru (Prof. Arthur). — La différenciation de l'huma- nité en types raciaux Astronomie et Géodésie BosLer (Jean). — Edward C. Pickering et son œuvre, — Revue d'Astronomie (années 1917 et 1918). . . .. Biologie générale LEGRAND (D' Louis), — Une conception RRRepE nou- velle de la cellule. ARE PS 2 6 Botanique et Agronomie Beauverie (J.). — Les méthodes de sélection appliquées aux céréales de semences. Etat actuel de la question. 79; — Revue d° ssouense D ED TE PACS 370, Benvarp (D° Ch.). — La culture du thé aux ados néer- landaises, . LE vof le Qi TROUS AAA GRANDIDIER (G.). — Les FOrets à Madagascar. 1e ee PécuouTre (F.,. — Revue de Botanique, , . , . . . . Chimie BecquereL (Paul). — Les chlorures des eaux potables de la craie de Picardie. 5 AR RQ BerTHOUD (A.). — La structure des atomes. : DELEsNE (A.). — L'occlusion des gaz par les métaux à liSdgeléte Raraday.1 "4.21; AN te it. DEMENGE (Emile). Les industries métallurgiques françaises Devans guerre. Leur avenir. +... .:. Jaecer (F.-M.). — Recherches nouvelles sur le prin- HO CON ER EUR TR EEE MaiLne (A.). — Revue de Chimie minérale. . . . . .. MaRTINET (J.). — Couleur et Constitution chimique. . Enseignement CamicHeL (C.). — Le projet de loi Pottevin et les Ins- tituts techniques d'Universités. : Cuaine (J.). — L'Enseignement professionnel de la fil lette musulmane et la rénovalion des arts féminins NI RES EAU NERO CT NÉ de tele nie LanGLois (J. P.). — France et Roumanie. . . . . . Vizcey (Jean). — Les Laboratoires d'enseignement et de recherches de Physique et Mécanique industrielles, — La collaboration scientifique et universitaire franco- roumaine , Géographie GRANDIDIER (G.). — Les forêts à Madagascar. Géologie, Minéralogie et Paléontologie CuaurTarD (Jean). pétrole. Joceaup (L.). — Les migrations des Mammifères amé- ricains et africains à travers les régions atlantiques pendant les temps néogènes. . . . . . .. DC Réviz (J.). — Revue de Géologie, 1'* partie. . SO Parte RCE CRUE. 27e. LL Wirz (Aimé). — Le champ de potasse H'AISACE EVE — La recherche des DE de Histoire des Sciences Borrazzi(Fil.). — La vie et l'œuvre de Léonard de Vinci. (A pronos ce quatrième centenaire de sa mort). RIVIÈRE (Mg. J.). — James Watt. Son rôle dans le déve- loppement ii la machine à vapeur. . . . . . . .. Mécanique et Génie civil DesmaReTs (M.). — La combustion de surface. L'organisation scientifique du travail. Revue ‘de quelques ouvrages récents traitant ce sujet. OusNTous (M.). — La construction des chalands et des navires de mer en ciment añmé, . . .. . . . . . MarcHAND (Henri). — La soudure ATABRNES Ses pro- 610 397 211 675 233 675 624 Météorologie et Physique du Globe GAIN (Louis). — La prévision des houles sur la côte du Maroc. : Koppen (W.). — © Une nouvelle classification sé inérale des CS Mo Roucu (J.) et Gaïx {L. l. — er es cartes des vents à o usage des aéronautes. . . . . . . . ete MERE Nec o tone BosLer (Jean,. — Edward C. Pickering et son œuvre Physiologie Canxox (Major W, B.). — Les bases physiologiques de OR RS oO A TE GLEY (E.). — La Physiologie fet* la Station zoologique “A Naples. 0-07 Nate Ve MER DS : Phparque BarresriNi (Félix). — Les transformations des images optiques par des réflexions multiples. BerrHoup (A.). — La structure des atomes, . . , . BourariG (A.). — L'émission d'électricité par les corps incandescents. 1'*° partie : Les résultats expérimen- taux et les théories . ANT 2e partie : Les applications. Bourroux (Léon). — Sur l’harmonique Anistoreniennel FoRTRAT (R.). — Entropie et probabilité. ï JAEGER (F. M.). — La détermination exacte des ten- sions superficielles, du poids spécifique et de la conduetibilité EU des liquides à des Ye ratures ses He WegsTEr (A. G du son, Sciences diverses Ce que le traité de paix doit exiger de la Science et de j{Hndustuelallemandes 1071 NN UN Le rôle du Gouvernement britannique dans l organisa- tion de la recherche scientifique, . . . . . OrLer (Paul). — Les Associations internationales et la reconstlilution de l'après-guerre. Sciences médicales BecQUEREL (Paul). — Les chlorures des eaux potables de la craie de Picardie, . Bruwer (Louis). — La Ligue des Sociétés de la Croix- ROUE RE EE CHAviGny (P.). — L'invasion des poux | aux ‘armées en campagne pendant la guerre de 1914-1918. 1°* par- tie : Biologie du pou du corps. 2e partie : Moyens de destruction des parasites, Zoologie et Anatomie ANTHONY (R.) et VazLois (H.). — Revue d'Anatomie, . . CHaviGny (P.). — L'invasion des poux aux armées en cÉmpAsse FER la guerre de 1914-1918, 308, DUERDEN (J. — Les résultats des recherches ré- centes sur MAGedches . . 554, Durkénoyx (J.). — Les réactifs biologiques de l'espèce et la spécificité parasitaire. . . GLEY (E.). — La Physiologie et la Station 20ologique de Naples CRE... GRAVIER (Ch.). — ‘ La Station zoologique de Naples. Loir (A.) et pe NEUx (H.). — La Pisciculture d'eau douce en France. PéÉrronievics (B.). lative — La loi de l'évolution non corré- Weser (A.). — Revue d'Embryologie 680 Revues générales ANTHONY (R.) et VazLois (H.). — Revue d'Anatomie. , , BEAUVERIE (J.). — Revue d'Agronomie, . , . . . . .. BosLer (Jean). — Revue d'Astronomie (années 1917 et 1918) CRAN NO DD a 0 LOS MAtLHE (A.). — Revue de Chimie minérale. : : . . PÉcHouTre (F.). — Revue de Botanique. . . . . ReviL (J)-. — Revue de Géologie, 1'* partie. — 2e partie. . Four: WeEr (A.). — Rev ue d'E mbry ologie. 689, 31 408 550 168 133 69 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES IT. — BIBLIOGRAPHIE 1° SCIENCES MATHÉMATIQUES Lecar (Maurice). — La tension de vapeur des mélanges de liquides : l'Azéotropisme. |. Données expérimen- Mathématiques tales./Bibliographie MEN NC ETES MACGFARLANE (Alex.}. — Lectures on en british rhin, BoreL (Emile). — Leçons sur les fonctions monogènes cists of the 19 th century. uniformes d'une variable complexe . . . . . . + 88 | Parar (M.). — Installations à hautes tensions ef usines BouLiGANb (Georges), — Cours de Géométrie analy tique. 563 centrales: ut ne ROME ANNE EN ARE ER Bourroux (Pierre). — Les principes de l'Analyse ma RiGHi (Aug.). — Fenomeni elettro- atomici sotto l” azione thématique. Exposé historique et critique. 492 del magnetismo. . bé SNS CASTELNUOVO (Guido). — Calcolo delle Probabilita. 452 Ropsr (Julien). — Notions d' acoustique. Instn non tE de GounsAr (Edouard). — Cours d' Re pAhemaque 385 musique. Le Télharmonium. , . . . . . ., HALPHEN (G. H.). — Œuvres. . . M. . à . Le. 251 SILBERSPEIN (Ludwik}. — Simplified method of tracing Hancock (H.). — Elliptic inteyrals. Be AM OO E 26 l'ays through any oplical system of lenses, prisms Kiss (G. H.). — The mathematical theory of popula- and mirrors. PRE CONS TR tion, . . . . 690 — Elements of the ‘electromagnetic theory of light. MACCAFERRI (Eugenio). — Calcolo numerico approssi- Tizzieux (J.). — Leçons élémentaires de Physique expé- UOTE LE TOO ONU NEC DORE UE UN 393 rimentale, selon les théories modernes. . . , .. PETROVITCH (Michel). — Les spectres numériques. 630 TurriÈre (E mile). — Sur Je calcul des objectifs Lt TeixrikA (EF. Gomès). — Œuvres mathématiques. Traité nomiques deFraunhofer: -MAMNEMeN et DURS des courbes spéciales planes et gauches. . , . , ANA Le Les progrès de la Physique moléculaire. . . . . . . . . Mécanique générale et appliquée Chimie La surchauffe de la vapeur; ses avantages. . . 563 | Axscuurz (R.) et MERwEIN (A.). — Traité de Chimie APPeLL (P.) et Daurnevizze (S.). — Précis de Mécani- organique. Série cyclique. . . . . . . . . . . . . que NE PAR ET SES GA PME RS PARA AUX 88 Bayuiss (W. M.). — The nature of enzyme action. .….. Auger (Jean). — La probabilité dans les tirs de guerre. 660 | Bone (W. A.). — Goal and its scientifie uses, . . . . | BLancuen (Capitaine). — Cours d'Automobilisme appli- Carré (Pierre). — Précis de Chimie industrielle, CRTC ROM ET VON AE a a A ARE PE PR a 26 | Cnencuerrsk* (N.). — Détermination.de la provenance BuGAT- PuyoL. {Capitaine;. — Statique graphique. 155 d’un naphte ou de ses dérivés. sde fonre sil ens CamieneL(Ch.), Expoux (D.)et Ganiez (Maur.). — Etude Copaux (H.).— Introduction à la Chimie générale. théorique et expérimentale des coups de bélier. 452 | EcLène (Léon). — La Chimie du cuir EN à CHaLkLey (A.-P.). — Les moteurs Diesel : Type fixe et Escaxp (Jean). — L'Aluminium dans l’ ‘Industrie . . : e type marine. . . : 791 Férasson (Louis). — L'industrie du fer, . . . . . . =. . Derusr (J.). — Chaudières à vapeur. HE HELSE de 492 | Fryer (P. J.) et Westox (F. E.). — Technical def DesGarpes (E.). — Calcul des ressorts, Formules pra of nie fats and waxes, 11. Practical and analy- ques otDaremes NTM NME NET ARE U\28p tical. . AC POMPES A RE ONE Os |: GILBERT (J.). — Adductions et distributions d’eau . 721 Gain (Ed.). — Précis de Chimie agricole. . CAT MONS LE Jacog (L.). — Résistance et construction des bouches à Getman (F.H.). — Outlines of theoretical Chemistry, . feu. nee 692 | Giua (Michele). — Chimica delle Sostanze esplosive, . JAQUIN (F.). — L'organisation rationnelle des Ateliers GRañDMouGIN (Eug. et Paul). — La réorganisation de de mécanique Fe ARE, CNE L 419 l'Industrie chimique en France, , , . . . . . . . Lecorxu (Léon), — La RE "Les idées et les GuiLer (Léon) et PORTEvIN (Albert). — Précis de Métal- faits. LE PATATE ET 184 lographie microscopique et de Macrographie, . . . MasMéJEAN (A.) et BÉRERARE (E) — Les moteurs à Hare (Arthur). — The shoes of Electrolysis in explosion dans l'aviation. 1. Études préliminaires. 532 chemical industry. . .. ..:. : ...... Massor (L.).— La taille des métaux, d’après les expé- HERO (G. G.). — Catalysis in industrial Chemis n d à Ds too Re 0 io PE EE quete L'EURO ESS ET RENE ru 2; Ge “fe Le tn A forme rationnelle des 353 | JAUr us (Pierre), FRomENT(H. B.) et SrePuEex (R. E.). Meyen (Adolph-F. = The Elerente of Hydrology : 218 — L'industrie allemande et la guerre. Perrico (Oscar E.). — Les Tours. . . 251 | ManriNer (J.). — Synthèses dans la série de l'indol. Perir (Henri). — Traité élémentaire d’ Automobile, suivi - Homologues du dioxindol et de l'isatine. . . de notes techniques. . . 532 | Mouinart(E.). — Trattato di Chimica generale ed appli- Varinois (Maurice). — Le Fraisage. 251 cata all'industria, I. Chimica inorganica . . , . . Mowrcozrier (Pierre de). — La tourbe et son utilisa= 1 1 LU PCR M EL IDR O S a EE DE GS LEA E CRUE (Reste Namias (Prof. R.). — 11 chimico siderurgico. Analisi Demozay (L.), — Relations PA r AU entre les élé- dell acciaio e dei prodotti siderurgici. ments du système solaire. , . . . . . . . . . 721 | Osrwazp (Wolfgang). — An introduction to theoretical Duuxm (P.}.— Le Système du monde. Histoire des does and applied Colloid Ghemistry. trines cosmologiques de Platon à Copernic. 318 | PErxin (A. G.) et Everesr (A. E.). — The natural orga= Kaxx (G. R.). — The Astronomical Observatories of Jai nig-colouring Matlers M ENTRER RRE Singh. \ 419 Rogerrson (T. Brailsford). — The Physical Chemistry Annuaire pour lan 1919, publié par le Bureau des Lon- Ofithe (Proleimst ME TEL ESC RERO ER + gitudes. SR RER RES ASUS PR QE 120 Tiiben (Sir Willium A.) —Sir William Ramsay. . . . CEE de l'Observatoire Roy al de Belgique. Physique Van Erckk (Ch.). — Exploitation industrielle de Ja du Globe LU EAU UP CARRE TEE ANT 4 DS RE JOUA 659 tourbe: ts Ve I Ne RS RAR NES WeyLz(Th.). — Les méthodes ‘de la Chimie organique, 2° SCIENCES PHYSIQUES Traité concernant les méthodes de laboratoire. Monographies. . . . . Es 8): ee CRE : ' Zsicmoxpy (R.) et SPEaAR ( — The emistry 0 LOpHUUE Colloids AL OU ZE ot ee SN ee LINE , Bourakic (A.). — Contribution à l'étude du pouvoir absorbant de l’atmosphère terrestre. . . , i ; 185 8° SCIENCES NATURELLES CLerc (L.-P.). — Les reproductions photomécaniques Géographie polychromes, Pa tee AMIE TETE 631 Duxwoony (Halsey). — Notes, Problems il Hors Cviic (Jovan), — La Pé ninsule n'a Géographie tory Exercisesin Mechanics, Sound, Light, Thermo- hamaine nn lee; ÆANENSN Le AR Cr mechanics and Hydraulies. . . . . . . . . . . 532 Ducanp (Henry). — Le Mecs APM) 18: CRE Gaurnier (H.). — La température en Chine et à quel- Fixeu (V. C. Ée (0. E.). — Geography of Wo orld’s ques stations voisines. , . . . . . . . . 322 Agriculture, RE SE LE TN 2 POP AC ES Husrnr (Henry). — Sur l'emploi des avions en n Afrique Reca.us (Onésime).— "L Atlantide, Pays del’ Atlas : Algérie, occidentale pour les recherches d'ordre scientifique. 8 Maroc, TMD MN RE. he LACET RE 563 693 56 b 32900) 533 419 ÿ 564 JM 19:00 322 1 255.228 56 722 494 | 420 00 88 Fe v. 286000 4:93 1008 38600 > 253 L 354 * 89% | 598: / 660 ne N 6611084 ‘26 4 598 = à * TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES SARASIN (Fritz). — La Nouvelle-Calédonie et les iles MORE ET Se Ua ets Cr PNEU Srépnani (Philippe;. — Les tunnels des Alpes : Mont- Cenis, Saint-Gothard, Simplon, Lætschberg, Jura, Eancule, Mont-Blanc: 1. NUE ET RER Le Annuaire et Mémoires du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique Occidentale française . Bulletin du Comité d'Etudes historiques et scientifiques de l'Afrique Occidentale française . . . . . . « . . Statistique générale de la Tunisie (année 1917). . . . . Géologie, Minéralogie et Paléontologie CasrRo BAREA (P.). — Los Aragonitos de Espana . . CaamBerLAIN {Ch. Joseph). — The living Cycads. Merzcer (Hélène). — La genèse dela Science des Cris- EUR A ce Aeien dires Pete ue) à x Sue Suess (Ed.). — La face de la Terre. British Antarctic Expedition 1907-09 : Reports | on the scientitic investigations. Geology. Contributions to the Palacontology and Petrology of South Victoria EE RS AR DA Eee Botanique et Agronomie BerNaRp(Ch.). — La culture et la préparation du thé aux Etats-Unis, Le thé dans la Nouvelle-Guinée BANQUE NS DUO ee : Cuauveau (Dr C.). — La France agricole etla guerre ; Conex STuaRT (C. P.). — Le théier et la culture da thé dans l'Indochine française . . . Comses (Raoul). — Recherches biochimiques expérimen- tales sur le rôle physiologique des glucosides chez les végétaux. I. Etude-préliminaire . . . . Deuss{J.J. B.). — Le thé au Natal, ; Faucnère (A.). — Guide pratique d’ Agriculture tropi- cale. I. Principes généraux . . . GRATTEFOSSÉ (R. M.) et Lamorue (L.). = Culture et in- dustrie des p'antes arom sn ares et des plantes mé- dicinales de montagne . . Hexry (Yves). — Matières pre mières africaines. Caout- choue, textiles, matières grasses . . Moreau {F.}. — Notions de Technique micr oscopique Application à l'étude des Champignons . . . ROLET (A. ). — Plantes à parfum et plantes aromatiques. Rurcrers (A. A. L.). — Le chancre de l'Heveas. . . . Van Tixcuem (Ph.. — Eléments de Botanique . Vinc ENS (François). —1 Recl rerche S organogéniques sur quelques Hypocréales. . . ::. SE tique agricole annuelle (916) : Zoologie, Anatomie et Physiologie ANTHONY (R.). — Catalogue raisonné et descriptif des Col- lections d'Ostéoiogie du Service d'Anatomie com- parée du Muséum d'Histoire naturelle, Mammifères, Pangolins, Oryctéropes. . Bixer (Léon). — Recherches sur letremblement : ! CasrrRA (Angel). — Genera Mammalium. Monotremata. SENTE CORRE M RE Et TE DowxinG (Elliot R.). — The third and the fourth gene- ration, An Introduction to Heredity. . Dunx (D: C.). — The natural history of the child, Hanver {S. K.). — Report on Getacea stranded on the Britieh Chats iorimpMsIs MN CRE ae Hexperson (Lawrence J.). — The order of nature. An essay . . . IPÉzARD (A.). — Le conditionnement physiologique des caractères sexuels secondaires . . . . . . . . 0 PorTier (Paul). — Les Symbiotes . . L Smazzwoop (W. M.). — À text book of Biology s Taaver (G.H.). — COREPOURE coloration in the animal LIT RUN RER LR CR 2 CES Wanp (H. B.) et WniPPLE (G. Po jé = Freshw ater Bio- Lo à à PE NES ARE ETES 4° SCIENCES MÉDICALES Médecine et Chirurgie Desser (Pierre). — Biologie de la plaie de guerre. . . Descuamps (Albert), — Les maladies de l'esprit et les aethénios "NN EAU MEME NS MAUR Dumas (Georges). — TTeoublen NÉ et troubles ner- MOUXAUS PUALLO Le AM Le à 2 MU U es le MORE — et Aimé (Henri). — NE ee et psy choses de guerre chez les Austro-Allemands,. ARMES 5:50 FiessiNGER (Noël). — Biologie de la plaie de guerre. Fiouix (Jean), — Essais sur la Chirurgie moderne, ; Le Forr (René). — Les projets inclus dans le médias- I 0 6e Oo NE LOT ON BEIC Moure {Prof, E.), Liésaucr (De G.) et EN TEE (D G. ). — Patholos gie de guerre du larynx et de la traché ie. Piourree (H.). — Les psychoses cocaïniqués . Poror (A:) et Hesxaro (A.). — Psychiatrie de guerre, RoGues pe Fursac (J.), — Manuel de Psychiatrie. Souzier (Paul), Guarrisr, Rose (Félix) et ViLLANDRE. — Traité clinique de Neurologie de guerre. . . . . Hygiène publique et Thérapeutique APERT (D'). — L'hérédilé morbide, . . . .. Frick(P.).— Considérations sur l’ établissement des. pro- jets de distribution d'eau potable dans les commu- TUE Poe HéricourT (us J. je — Ses maladies des Sociétés . . . Lazesoue (D' F.)., — Arcachon, ville de santé. 4 Racror (Gaston), — La Natalité- tete. Et Ricuer (Charles). — La sélection humainé AU Tissié (Ph.), — L'éducation physique et la race, 4: é 5° SCIENCES DIVERSES Caimsox (Victor). — Où allons-nous? , . . . . . . .. CauLzerY (Maurice). — Les Universités et la vie scien- tifique aux Etats-Unis . . . . . . . . Cuavicwyx (D R.}. — SRE Du du avai FUI LUCE EU EE CLerGer (Pierre). — ane d’ Ec onomie Rametoall (La technique de l'Exportation]. . . . . . . . . FLacey (E.).— Comment devenir ingénieur; par l Ecole QUA PATAAU AMC RENE UN NEO RE GÉRiN (O.-7.). — Précis intégral de publicité : GRAVIER Cr — Les frontières historiques de la SONO CR EMMA RER ARTE ST: NDS PIC 2 LarriGuE (Alfred). — Lettres à l'Académie des Sciences sur l'unification des forces et PÉT CE de la NEO 108 LS OMR ENCORE AE Se Lauxay (L. de). — Problèmes dir ten d'après ÉENLEN a 0 SEE EE RE EEE Leczerc (Max). — La Dematon desi ingénieurs à ar tee geneoteniErante EME PRIRENT - 0 UE Lrsis = "L'erreur Mrancaisen se 1e LM De Monressus pe BALLORE (R.). — Universitatum et eminentium Scholarum Index generalis (Annuaire enéral des çUniversités]é. 2-0. OL EE SepGwick (W. T.) et Tycer {H. W,). — A short story CHISCIENCE > CRAN Re LAUICR NE 20 2 SouLter (Edouard). — La Hollande amie . . . . . . . Vicnow (Louis). — Un programme de politique colo- niale. Les questions indigènes . . . . .. . . . Carnegie Institution of Washington. Year-book n° ‘17 CAATE) RE RAT LE AS RE Et M 733 TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES IV. — ACADÉMIES ET SOCIÉTÉS SAVANTES DE LA FRANCE Académie des Sciences de Paris Séances des — 23 et 30 | a _— 13 = 20 27 » _ 10 et 17 -- 24 3 10 et 17 — 24 et 31 — 7 et 14 — 22 et 28 = 5ret 12 — 19 et 26 3 — 10 — 16 —— 23 = 30 — 7 et 15 — 21 et 28 — k et 11 — 18 — 25 == qor a 8 — 15 et 22 — 29 — 6 et 13 — 20 — 27 — 3 — 10 — 17 — 24 — der — 8 Académie de Séances des 3 et 10 —_ 17 et 24 — 31 ss. 29 AG Hareton 2: 27 — 3 _ 10 Les 17 24 — ir et 8 — 22 et 29 janv. 1919.. déc. Médecine déc. 1918.. janv. 1919.. mars avril mai juin juil. oct. 9 déc. 1918.. [1 29 59 91 92 D 0 CO! EH LORD 388 ET DE L'ÉTRANGER Séances des Séances des Société française de Séances des & nov. 1919 667 11et 18 — — 697 25 ,— — 698 2 et 9 déc. — 726 Société de Biologie 23 nov. 1918.. 30 7 déc. — 60 21 — — 9% 11janv.1919.. 94 25 — — 125 8 et 22 févr. — 190 1er et 8 mars — 225 15 et 22 — — 258 29 — _— 291 12 avril — 325 3 et 10 mai — 358 17 et 24 — — 389 31 — — 425 7 juin — 425 21 et 28 — — 458 5 et 12 juill. — 498 19 — —_ 238 2% — — 539 18 oct — 636 25 — _— 667 8 et 15 nov. — 698 22 — — 699 29 — — 726 6 déc. — 727 Physique 15 nov. 1918.. 31 6 déc. — 31 20 — _— 62 17 janv. 1919... 126 7 févr. — 159 21 — 225 7 mars — 225 21 — 259 & avril — 325 2 mai — 360 16 — — 426 6 juin — 459 20 — — 499 4 juil. — 667 921 nov. — 727 Société chimique de France Séances des Académie d'Agriculture Séances de 13 déc. 1918.. 97 27 — _— 10 janv.1919.. DU NE 28 — — 11 avril — 23 mai — 13 juin — 27 — — 11 juil. — 14 nov, — 28 — — de France nov. 1918.. Séances de déc. 1918 95 — janv. 1919 191 _- févr. — 292 — mars — 292 — avril — 428 — mai — 428 — juin et juil. — 603,636 Société Royale de Londres Séances des 27 juin 1918 (fin). 31 — 7 nov. — 62 — 14 — — 63 — 21 — 127 — 5 déc. — 127 — LIRE 128 — 23 et 30 janv. 1919.. 226 06,13, 2UetOTteNr 1327 — 6 et 13 mars — 360 _ 20 et 27 — 390 == 3 avril — 390 — 15 mai — 460 22 5 et 19 juin — 500 ne 26 RE 571 Société de Physique de Londres Séances des 25 oct. 1918.. —_— 8 nov. — _ 14 et 28 févr. 1919.. 2e 9 mai — — 13 juin — — 2koct.— 6% 128 328 540 540 699 Société chimique de Londres Séances des 7 nov. 1918.. — 5 déc. — — 6 févr. 1919.. — 43 mai — — 5 juin — — 6 nov. — Société anglaise de Chimie industrielle Communications 128, 227, 268, 360, Académie des Sciences de Belgique Séances de janv. 1919.. — du 8 févr. — — 1° mars — 5 avril — 6 mai — — 14 juin — 5 juil. — —_ 2 août — Académie des Sciences d'Amsterdam Séances des 29 juin 1918., — 29 sept. — — 26 oct. — — 30 nov, — — 28 déc. — — 25 janv. 1919.. — 22 févr. — — 29 mars — — 3 et 31 mai — 6% 192 259 540 540 728 391 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS‘ A clous (J. E.), 423. Abonnenc (L.), 224, Abraham (H.), 423, "456, 495, 497, 537, 568, 667, 7%. SE (Ch.), 93, 159, 189, 257, 458, 49, 727. Adhémar (R. d’), 385, 492, Adriani (Mlle H. G.), 392. Agdubr (Erik), 572. Aimé (Henri), 323. Albert (F.), 61. Albert (Prince de Monaco), 59, 603, Alezais, 30, Alilaire (E.), 289. Allemand-Martin (A.), 389. Allen (H. S.), 64. Aloy (J.), 423, Amar (J.), 91, 324, 666. Ameuille, ee Andel (J. A. van den), 604. Andouard nt 95, 192, 428, 603. Andoyer (H.), 495. Andre (Emile), 291. André (G.), 30, 293. André- Thomas, 667. Anschutz (R.), 562 Anthony CR), IAL à 154, su 189, 232, 254, ; 632, 637 : 062, 722. Apert (Dr), 606. Appell (P.), 88, 563. Archbutt (S. TA) 390. and (R } 539. Ariès (E.), 124, 189, Arkel (A. E. van), 30. Arvmaingaud, 159, Armand-Delille (P. F.), 458. Armstrong (E. F.), 500. Arsonval (A. d’), 667. Arthus (M.), 359, 699, 7 Ash (H.), 128. Aston (F. W.), 571. Aubert (Jean), 660. Auclair, 496. Audebeau-Bey (Ch.), 456. Audubert (R.), 224, 256, 289, 357. Auger (v. }, 459. Auric, 724. 357, 457, 567, 635, 289, 357, 456, 634. B Bachelier, 192, 292, Bachmann (A.), 636. Baiïlhache (G.), 223. Baillaud (B.), 423. Baillaud (R.), 5 568. Baïlloul (A.), 72 Bailly (0.), Er 259. Baker (0. it RL Baldit (A.), 255, 456, 695, Balls (W, L. m 360. Balthazard (V.), 458, 459. Balzer (F.), 458, Banti, 667, % Banu (G.), 664. Barbary (F.), 94 Barbé (E.), 93. Barbé (G.), 322. Bardier (N. E.), 458. Barendrecht (H. E°) 604, 700, Barriol (A.), 692. É ? 1. Les noms imprimés en caractères gras sont ceux des auteurs des articles originaux. Les chifires gras reportent à ces articles 1 Barrois (Ch.), 256. Barthélémy, 291, 697. Barthoux (J.), 635, 666. Bastert (Mile Ch.), 572. Battestini (Félix), 656 à G5S. Baudouin ({M.), 457, 697, 725, Bauer (Edm.), 225, 427. Baume (G.), 696, Baurier, 459, Bayet (Ad.), 257. Bayeux (R.), 696. Bayliss (W, M.), 693. Bazile (G.), 603, Beauchamp (P. qe 455). Beauverie (J.), 57, 69 à S7, 108 à 114,3%0ù 384, A1LLà BIS, 662, Béclère, 291. Becquerel (Paul), AS8 à 491. Begeer (N. G. W. H.), 228, 260, 392. 427, 499, Béhal (A :); 357, Belin, 25 Belloc (G. ), 131. Belot (Em.), 188, 634, 725. Bemmelen (J. F. van), 228, 260, 700, Bemmelen (W. van), 260. Bénard (H.), 1 26. Benedicks (C ). Benjamin (H.) 358. Benoist (L.), 2 Benoit (A.), 19 Bérard, 389. Berckmans (V. S. F.), 32. Béréhare (E.), 532. Berger (René), 428. Berget Me 604. Bergonié (J.), 157. Bernard D: Ch. }, 516 à 521,631. Berthelot (Ab, ), 125: Berthelot (D.), 3, 188, 357. Berthier, 498. Berthoud (4A.), 578 à 588. Bertrand (Ed.), 224. Bertrand (G.), 289, 571, 666, 725. Bertrand (P.), 123, 290, 357, 565. Besredka (A.), 496. Besson (A.), 126, 191. Bettencourt (N. de), 499. Beyerinck (W.), 572, Bézagu (M.), 635. Bezançon Na 94, 225, 358. Bidou (G.), 726. Hey EE 390, 456, 538, 539, 695, 726. Bigot (A.), 223, 289. Bigourdan F ), 91,423, 635, Bijl (A. J.), 32, 298. Bijvoet (J. "M. 32, 226. Binet (L.), 93,121, 458, 498, 727 Binnendijk (A. (ESE 399. Biquart (R.), 324. Bireckenstock, 539. Blackman (P.), 54( Blanc (G.), 94, 726. Blanchard (R.), 93, 189. Blanchet (Capitaine), 26. Blaringhem (L.), 458, 538, 568, 570, 726, Bloch (Eug.), 259, 286, 423, 456, 495, 497, 533, 537, 068, 667, 724. Bloch: (Mme E. N 538. Bloch (L.), 457, 497, 7 Blondel (A.), 603, 635, 663. Blount (B.), 540. Bochet {A.). 635. Bockwinckel (H. B. A.), 32, 228, 604, 700, Boeke (J.), 572. Boeseken (J.), 392. 356, 424, 457, Boez (L.), 559, Bogitch (B), 602, Boguet, 188. Bohn (G. h. 459, 539, Bois (D.), 28. Bolk (L, à Boll (M.). 4 Bolland AS eue, Bone (William A.), 55, 460, Bonnefon, 126. Bonnet (P.), 568. Boquet (A.), 698. Bordas (F.), 635, 667. Borel (Emile), 88. Bose (G.), 667, Bosler (Jean), 453% à 135, 261, 419, 321 à 531, 0671. Bossan, 190, Botelho (C.), 30. Bottazzi (Fil), 1G3 à 47%. Bouasse (H.), 385. Bouché, 292, Bouchet (Paul), 538 Boudet, 95, 191. Bou;rault (J.), 360, 569, 696. Boulanger (A.), 721. Boulenger (G. A.), 91, 93, 257, 634,72, Bouligand (Georges), 563. Boulin (Ch.), 569,63. Bourcart (J.), 324, 698. Bourygeat, 602, Bourgoin (P.), 660, 693. Bourion (F.), 91, 92, 124, Bourquelot (Em), 124, 157, 188, 256, 388, 423. Boussinesq (J.), 537. Boutan (B.), 697. Boutaric (A.), 171 à.183, 185, 198 à DLL, 354, 357, 569. Boutroux (Léon), 265 à 251. Boutroux (Pierre), 492. Bouvier (E.), 428, 569. Boyé (G.}, 125. Boyer (Jacques), 28. Boyer-Guillon, 496. Braesco (P.), 158. au Hanguet (CE He e Brazier (E.), 123,424, 663, 66, Bréchot LS Jane Bridel (M 4157, 256, 388: Brillouin M. }, 495. Brinkman (R. i, 228. Briquet (A.), 666. Brives (A.), 290. Broca (A.), 538. Brocq (P.), 292. Brocq-Rousseu, 570, 666, 725. Brodin (P.), 61, 188, 190, 258, 496. Brodsky (G.), 328. Broglie (A. de), 427. Broglie (M. de), 324, 696. Brouwer (H. A.), 392. Brouwer (L. E. J.), 391, 392, 604, 700. Bruce (Sir David), 29. Brubat (G.), 664. Brumpt {E.), 224. Brunet (Louis), 27, 453, 656, 661, 694. Bruninghaus (L.), 602. Bruntz (L.), 9%. Brush (Ch.), 32. Bruylants (P. ]É Bryan {(G. B.), 226. Brylinski (E.), 537 Buyat- -Pujol (C ‘apitaine), 155. 325, 326, 459, 537, 599, 648 à 128, 636. 6 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS ' TS SRCES Bugnion (E.), 498. Bugnon (P.), 91, 7: Buisson (H.), 326. Bullock (W. E.), 327 Bureau (E.), Hé Burfitt (R. Ve ; 328. Burger (H. , 228, 572, Burnham (T. CH. }, < 07. Burton (E. F j, 460. C Cabannes (J.), 158 Cabouat (P.), 498. Cabrera (Angel), 662, Cadiot, 189, ee Calmette (A .), 158, 227, 666, 697. Cambon (Victor), 58. Camichel (C.), 39 à ÆÆ, 452 Camus (L.), 498, 726, 727. Cannon (Major W. B.), 69 à 59. Cantacuzène (J.), 539, 636, 667. Canuyt (D' G.), 156. Capitan, 324, 726. Cappe de Baiïllon (P.), 457. Cardot (H }, 257. Carles (P.), 3 Carnot (P.), 325, 497, 698. Carpenter (C. W.), 64. Carpentier (A.), 602. Carpentier (J.), 695. Carré (Pierre), 322. Castel, 389. Castelnuovo (Guido), 452, Castex (A.), 425. Castro Barex (P.), 599. Cath (P. G.), 260. ape (Maurice), 121, Cayeux (L.), 428. Cebrian de Besteiro (Mme D.), 189. Cesari /E. P.), 290. Chabanier (EH 667. Chabrié (G.), 420. Chaine (J.), NUS BA à 21%. Chalkley (A. P.), 7 Challenger (F.), 259 Chamberlain (Ch. Joseph), 565. Champy (Chr.), 499. Chantemesse {A.), 189. Chaput (E.), 602. Chardonnet (H! de), 61, 356. Charlier (C. L.), 569, Charpy (G.), 59, 495, 634. Charüer, 221, Chatelin (Gh.), 291. Chaudun (Mlle A.), 457, 665. Chauffard (A-), 189. Chaussin (J.), 258, 291, 359 Chautard (Jean), : 28 à ne Chauveau (D' C.), 155. Chauvierre (Marc), 95, 360. Chauvigné, 428. Cha vanne (G.), 423, 495, 497, 568, 635. Chavastelon (R.), 56, 212, Chavigny (P.), 308 à 31 349. Chavigny {Dr R.), 90. Chazy (J.), 92. Chelle FA ), 663, 665. Chéneveau [Ch.), 224, 256, 289, 367. Chercheffsky (N.), 533. Chéron (A.), 695: Chevenard (P.), 663. Chevrel (F.), 126. Chiot (J.), 223. Chinmayanandam (T,. Chree (C.), 127, 390. Cittert (P. H. van), 700. Civatte (A.), 358. Claude (G.), 125, 389, 63%, 724. Clausmann (P.\, 388, 537, Glémencet vu (G.), 60 Clerc (A.), 698, 726. Clerc !L. P. }, 631, 635. Clerget (Pierre), 36, 56, 67, 90, 101, 197, 230, 231, 25%, 264, 502, 599, 609, 638, 641, 672, 674, 703. Clogne, 698. 99E o2 425, 695. €, 342 à K.}, 63. Cluzet (J.), 498, 698, Coflignier (Ch.), 160, 699. Cohen Stu: art (C. PR: j, 631, Colin (H. )}, 256, 457, 538, 1665. Colle (P.), 499,2 Collie (J. N.), 3 Colman (H. G.), “hd Colson (Alb.), 256, 357 Comarden (J.), 699, Combes (Raoul), 386, Copaux (H.), 255, 419. Cordier, 291. Cornec (Eug.), 223. Cornil (L.), 191,292, 539. Cornu Thénard ia. ), 495, 568 Corrales (M.), Cosserat nt 255, 569. Costa (A. GC. da), 495. Costa (S.), 94. Coster (D.), 604, Couespel (R.), 369, Coupin (H.), es 225, Courmont (P. }, 3 Courtois (Ch.), HA Coustet (Enest), (HE Coutière (H0}, 389, 456. Couvyreur (E.), 292. En dE F.), 64. Craig (J. T.), 301. Ce AA JE 327. Crémieu (V.), 124, 634. Crespo (M.), 427, Crivelli, 389. Crockett (J. A.), 391. Crommelin (G. A.), 60%, Crookes (Sir William), 289. Croze (F.), 120. Cuénod (A.), 726. Cuénot (L.), 666. Cvijie (Jovan), 89. 388, 567. D Dalloni, 388. Dangeard (P. A.), 724. Daniel (F.), 635. Daniel {L.), 93, 2 Dantan (J. L. ): 955. Dantony, 292, 570. Darier, 189. Dassonville, 570, 571, 666, 725. Dautzenberg (ES ), 123, Dauvillier (A.), 255, 664, 696, 728 Dauzère (C.), 497, David (M.), 94. Davies (A. C)., 64, 226. Davies (A. H. À. 397. Dawson (H,. Dearle (C.\, 227: Debains (E.), 157. Debat- ee (Mme S.), 425. Debré (Robert), 225, 425, 459, Dechambre, 292, 498. Dechevrens (M.), 224, Déchosal (M.), 94. Décombe (L.), 62,159, Decorps (G.), 495. Deerns (Mile W, M.), 392, Dehaut (E. G.), 389. Dehorne {Mlle L.), 60, 726. Déjardin (G.), 123, 225. Dejean (P.), 724, Dejust (J.), 492. Delage (Y.}, 91. Delagenière, 291, Delbet (P.), 351, 497. Delépine (G.), 158. Hbelesne (A.}, 1% à 19, 56, 89, 693. Delezenne (C. k 124. Delpech (J.), D 602, 603, , 567, 602, 696. Delphin (L.), 221. Delsman {H. C. 32. Deltheil (R.), 15% ; Bbemenge (Emile), 220, 288, 506 à 516. Demenge (RObEEE 455, Demonchy, 190, Demoulin (A. ), 428, 460, 700, 728. Demoussy (E.), 2 Demozay (L.}, 721. Denès, 93. Denis (Marcel), 91. Denjoy (Arnaud), 32. Depéret (Ch.), 29, 356. Deschamps (Dr° Albert), 633, Descombes (P.), 796, Desgardes (E.), 286. Desgrez, 538. Deslandres (H.), 664. 3, 259, 696. 29, 123, 356, 456, 634, Hbesmarets (M.), 274 à 228, 286, : 523, ie 386, 388 à 591. } Deuss (0:10, B; ), 631, Dévé (F.), 258, 358. Dhar (N. R.), 572. Dhéré (Ch.), 636. Diamond (W.), 227. à Dienert (F.), 387, 496, 721. ; Dijonneau, 636. : Distaso (A.1, 859. 24 Dobbie (Sir J.), 398. À Dollfus (G.), 123, à Dollfus (R.), 93. à Donder (Th. de), 228, 428, 460, 700, " Dopter (Ch.), 425. j # Doumer (E.), 359, 666. Douris {R.), 195 D, Douvillé (H.), 256, 388, 666. Downing (Elliot R.), 58 à Doyon (M.), 389. À Dronglesver PEUR (A. B), 32, 392.2 Droste (J.), 6 | Drzewina ee A.), 459, 539. > Dubois (Eugène), 260, 392, 4 Dubois (R.), 95. ‘4 Dubrisay (R.) 59, 91. À} Dubuisson (R.), 224, SR Duclaux (J.), 426. ca Duerden (J. E.), 554 à 562, 592 à 59%. [ee Duflield (W. G.), 327. # Duffour (A.), 497, Dufour (Ch.), 92. Dufraisse (Ch.), 635, 725, ( Hufrénoy (J.), 44 à 46, 9,5, 495, 539, 602. af Dufton (S. F.), 260. : Dugard (Henry), 56. Duhamel (B. G.), 389, 458, 667, 699. Duhem (P.), 318. Duhot (E.), 359. Dumas (Georges), 323, Dumas {J.), 390. Dunn (D° C.), 723. Dunoyer (L.), 157, 189, 255 493, 537. Dunstan (R.), 328. | Dunwoody (Halsey), 532, Durand (J.),602, 634. Dusser de Barenne {J, G.), £ Dustin (A. P.), 496. Duvergey (J.). 156. Dybowski (J.), 96, 192, 604. E 289, or ol 19 Eblé (L.), 92. Eccles (W. H.), 328. Eecke (Ch. van), 588. Effront (Jean), 157. Eglène (Léon), 564. Emmerez de Charmoy (d'}, 569, Ennos (F. R.), 227. Eriksson (J.), 189. Ermengem {van), 667. Escard (Jean), 219, 286, Esclangon (E.), 123, 257, 567. Euzière, 727. Eydoux (D.), 452. F Fabre, 389. Fabry (Ch.), 499, Fabry (L.), 188. Faillebin, 497. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS LÉ Faivre, 359, Faucher (D.), 189, Fauchère {A.), 27 Faure (E.), 188. Fauré-Frémiet (E.), Favre (M.), 358. Fayet (G.), 568, 664,695, Férasson (Louis), 322, Fernandez-Navarro (L.), 9. Fernet, 325. Ferrand (L.), 540, Ferrié, 423. Ferrier {D'), 389. Féry (Ch.), 259, 427. Feuillié (E.), 291. * Feytaud (D'), 604. Fiessinger (N.), 390, Finch (V. CG.) 221. Fiolle {Jean), 566, Flagey (E.), 156. Flamand (G. B.M.), 635. Fleury LIEU se Florentin (D.), 7 Foex, 428. Fokker (A. D.), 228. Forcrand ({R. de), 457, 538, Fortrat (B.), 135 à 140. Fosse (R.), 157, 356, 424, 497, Foster (R, B.), 391. Fouassier (M. }, 334, Fouché (Ed.), 725. Fourneau {E.), 291, 427 Fourniols {M.), 617 : à 621. Kox:(3 J:), 227. Franchini (G.); 538. Frankland (P. F.) Frasey (V.\, 425. Frémont (Ch.!, 29, 91, 664. Frick (P.), 387. Friedel (G.), 389, 664. Froment (H. B.), 356, Fron (G.), 603, 604. Frouin (A.), 539. Fryer (P. J.,, 253. Fujimori (Y.), 458. G Gain (Edmond), 56, 428, 604, 693. Gain (L.), 16S à 171, 408 à 411. Galibourg (J.), 602. Galippe (V.); 567, 60, 665. Gariel (Maur.), 452. Garrigou-Lagrange (P.), 665. Garsaux, 538. Garvin, 289, Gaté (J.), 94. Gatin (Mme V. Ch.), 30. Gaubert (P.), 59, 125. Guudion (G.), 256, 397. Gauthier (H.), ee Gautier (D'), # Gautier (A.), 388. 537. Gautier (C1.), 61, 539. Gautrelet (J.), 121, Gauwain, 292. Genevrier (J.), 358. Gentil (L.) 537, 568. Gérard (de Lille), 698, Gérard (L.), 325. Gérard (P.), 497, 698, Gérin (0.3,), 494, - Gessard (C.), 389, 498, Getman (F. H.),722. Ghosh (P. N.), 500. Giaja (J.), 458, 498, 699. Gibson (G. R.), 128. Gigon (A.), 291. Gilbert (J.), 721, Girard (L.), 94. Girard (P.), 455, Girousse, 665. Giua (Michele), 494, Glangeaud (Ph.), 60, 424, 666. Gley (E.), 122, 368 à 369, 460, 699, ra (M.), 497. 568. 158, 96, 156,287, 292, 497. REVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES Godin (P.), 603, Goldsmith (Mile M.), Gorceix (Ch.), 29, 457. Goris (A.), 665, 696, Gouin (A.), 95, 192, 498, 603, Gourdon (D'), 93, 636, Gourmain, 326 Goursat (Edouart Gramont (A. de), 33 Grandidier (G.), 621 à 629. Grandjean (H ). 99. Grandmougin (Eug. et Paul), 420. Grard, 603. Grattefossé (R, M.), 693. Gravier (Ch.J.), 50, 289, 466 à 36%. Gravier (Gaston), 455. Gravis (A.), 460. Grigault (A.), 60. Grigaut (A.), 94, 126. Grignard (Xe }, 406, 537 , 725. Grijns (G.), 228. Grimbert (L. }, 291, 357: Groot {H.), 604, Gross (G.), 291, Gruat (E.), 126. Gruzewska (Mme Z.), 539. Grynfeltt, 727. Guchtenaeie (H. de), 260, Guébhard (A.), 569, Guérin (F.), 60, 95, 126, Guérin TS Le Fr Guiart (P.), Guieysse- Peliesier (A.), 190, 726. Guignard (L. }, 292, Guilbert (G.), 189, 2 Guillaume (J.),725. Guillaumin (G,), 569, 570. Guilleminot (H.), 699. Guillet (A.), 31, 427, Guillet (Léon), 88, 602, 724 Guilliermond (A.), 359, Guinet (L.). 493. Guldberg(A.), 324, Gutton, 125. Guyon (L.), 459, Guyot (J.), 388, 456, Guyot (R.), 125. 603. 00, 495, 570, 602, 634, 664, H Haak (J: J.), 228. Hadfield (Sir R. A.), 32, Haga (H.), 604, Hale (Arthur), 286, Hale (G. E.), 62, Haller (P.), 391. Hallopeau (L.), 257. Halphen (G, H.), 251. Hamaide (E.), 9%. Hamburger (H. J.), 228. Hamburger (L.), 392. Hamy (M.), 29, Hancock (H.), 26. Harmer (S. K.), 420. Hartmann (H.), 257, 424. Hassan el Diwany, LI Hatschek (E.), 127. Hayem (G.), 324. Hebert-Stevens (J.), 537, Hemptinne (A. de), 428, 460, Hemsalech (G. A.), 695, 724, 725, Henderson (G. G.), 493, Henderson (Lawrence J,), 187, Henriot (E.), 571, 696. Henrot (D'), 189. Hensard (A.), 536. Hercus (E. 96 } 63, Hérelle (F. > 29, Héricourt ti) 454 Hérissey (H. ÿ 188, 498. Herlant (M.), 602. Herrera (A. L.), 388. Herroun (E. F.), 540. Herwerden (Mlle M. A. van), 228. Hesse (E.), 356. Heuyer (G.), 358. Heyst(F. A. van), 32 Hickel, 604. 223. 255, 665, 695, Hicks {W. Hildebrandsson (. Hilditch (T. Hill (C Li Hill [L.), Hitier (H.), Holleman (A. F.), oi] Holst(G.), M.), P.),: 128. 296 }, 1227: 192. Hogewind (F.), 572, Hollande (A. Ch.), 225, 390, 495. Hollard (Auguste), 420, 722. 260, Horsch, 128, Horton (F.) 64 » de H°), 255. 10. 9572. 392. 929; [14 Houssay (B. A.). 636. Hovasse (R.), 538. Howkins (H. }, 2: $ Hubert (H. Hueber (A. L:),1390: , 098. Hugounenq Œ. s . 661. ) Huizinga (J.), 392. ARE 225. Hurmuzeseu (D.), 459, Ingle (H.), Iwashima, Jackson (Sir H.) Jacob {L.), I 391. 496, J , 296. 692. Jacobson (J.), 727. Jacquet (P.), 258 dJaeger (F. M.), & à 308, 292, 604. Janet (Paul), Jaquin (F.), Jauffret (A.), 256. Jauréguy (Pierre), 386 Jeanselme (E.),497,. Jeffcott (H. H.), Jeffreys (H. Jekhowsky Joannis (A, Joleaud 15; 289, 725 419. sl. h 571. (B), 560. ) not 23, 157, 188, 397, 668, SO04 à 713. Jolibois (P.), 124, 725. Jolly (J.), 30, 225, 498. Jenes (F. B.), 2 Jong (A. W. K. de), 228 27. 2 392, 60%, 700. Jordan (F. W.), 328, Jovinet (P.), 49%. Julien, 428. Julius (W. Jumelle (H. H.), 32 92. ) 1 K Kabeshima (T.), 725. Kampen (P. N. van), 7C0. Karpen (V.) , 496. Kaye (G.R.), 419, Keesom (W. H.), 228. Keith (Prof. Arthur), 610 à 616. Kidd (F.), 127: Kilian (W.), 124. Klein (Félix), 260. Kling (A.), 290, 724. Klotz, 325. Kluyver (J. Knibbs Kolkmeyer (N H.), 8 Kollmann | ch (G. H.) 228. M.), 19 Koopmans (A. N.), Kopaczewski (W.), KHoppen , Kruyt (H. R.) 599. 2, 298. 1, 498, 539. 399, 567, 727 W.), 550 à 554. Krempf (A ), 496. Kruizinga (P°. ) Krutkow (G.), , 32, 392. 70. 0. 392. Kumagai (T.), 359. L Laar (J. J. vas 260, 572 La ÉANe Labbé (G. (G, ; 325. L. C.), 604. 738 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS ——@ 22222 Laby (T. H ),63. Lacroix (A.), 157, 256, 356, 456, 568, 570. Ladame (P. L.) 698. Ladreyt (F.), 325,603, 635, Lafosse, 428. Laguesse (E.), 61, Laignel-Lavastine (M.), 30 Lalesque (Dr K.), 723, Lambert, 290. Lameere (Aug.), 60. Langlois (G.), 388. Langlois (J.-P.), 58, 675, 723, Dos 358. Lapicque (L.), 60, 93, 458, 698. Lapicque (Mme L ST 458. Lapparent (J. de), 30, 96, 664, 666. REA [A.),:587. Lartigue (Alfred), 222,695. Lasnier, 603. Lassieur (A.), 7 724. Laugier (Henri), 536,633, 662, 698. Launay (L. de}, 536. Launoy (L.), 30, 126, 425, 458,7 Laurent (O.), 258. Lavaux (J.), 538. Laveran (A.), 93, 290, 538. Lebailly (Ch.), 60, 290, 498, 695, 725. Lebeuf (A.), 322. Leblanc (Maur.), 634. Leblond ({Et.), 699. Lécaillon (A. ) 158, 191, 2928. Lecat (Maurel, 386. Lecène, 30. Le Chatelier (H.), 602. Leclerc (Max), 288. Le Clerc (R:), 257. Lecointe (Georges), 260. Lecomte (Henri), 98. Lecornu (Léon), 184, 223, 356, Ledoux-Lebard (R.), 255, 664, 696. Le Fort (René), 288. 457, 190, 225, 359. ), Legangneux (H.), 258, 350 à 352. Legendre (XL), 665, léger (E.), ee 324, 497, Léger (L.), 3 Léger (M.), LE. Legrand (Louis), 39% à 108. Legroux (R.), 94. Lelieuvre (M.), 88, 218. Lely (D.), 392. Lemoigne, 665, 695, Le Moignic (E. S 190, 539. Lemoine (Dr), 358. Lemoine iGeorges). R DRE Le Nain (Louis), 2 Lenoble (E.), 635. Léopold- Dés, 292, 358, 495. Lepape (A.), 634, "663, 7695. Lépine (R.), 695, 698. Leriche (M.), 570. Leroy (André), 540, 664. Le Roy (G. F 2 ta 124, Lesage (P.), Lesieur (CB: HAT Lesne (Ed.), 258 Pope (R.), 496. Létang, 495. Letulle qu 2915887 Letulle ( Fa 495," de (C.), 664. Er ant ‘R. ), 937, 567. Lévi, 259. Léa (3. ), 223. Lévy (Pierre- -Paul), 359. Lévy- Bruhl (M.), 727. Lévy-Valensi, 698. Lhéritier (A. \, 225, Liapounoff, 196. Liébault (Dr G. ), 156. Lienhart, 497 Liévin (O.), 538. Lignières (J.;, 636, 667, 697, Lindet (L.), 292, 604. Linossier (G.), 258, 3925, LiPPEnn 1G9, 92; Lobry de Bruin (C. A:), 32: Lohuyzen QU van), 700. Loir {A.), 258, 350 à 352. Loiseau (G.), 190. Loisel (P.), 664. Loth (Edouard), 633. Luce (E.), 457, 200, Lumière (Aug.), 257, 698, Lumière (L.), 59 Lusk (G.), 388. Lysis, 58. M Maccaferri (Eugenio), 3 Macfarlane (Alex.), 721. Machado, 636. Mac Lennan {J. C.), 128, 227, Madinaveitiu (A), 499. Madsen {Th.), 225. Maignon (F:),189,325: Maigre {Et.), 538. Mailhe (A.), 357, 442 537, 664. Maillard (C.), 219, 252, 492, 532. Maillard (L.), 160, 425, 728. Mailiet (Edm.), 125. Main (S. A.), 32. Majorana (L.), 634, 663. Mallmann (de), 423. Mallock(A.}, 63,327, 571. Mangenot (G}, 225, 360. Mangin (L.), 124, 192, 543. Maquenne (L.), 163, 223, 259, 696. Marage, 125, 425, Marbais (S ni 95, 225. Marchadier (A. L.), 191. Marchal (P.), 567. Marchand (Henri), 433 à 442. Marchoux (E.), 325, Margerie (Emm. de\, 564. Marie (A.), 425, 539, 664. Marie (C.), 386, 539. Marie {P.), 291. Marinesco (G.), 190, 258, 390. Marquis (R.), 539. Martel (H.), 158, 291, 357, 358, 697, 698. Martel (L.), 453. L Marti, 423, 568. Martin (Louis), 189, 390, 636. Martinet (J.), 253, 256, 287, 334 à 342, 456, 494, 538. Mascré (M.), 423. Masméjean (A.), 532. Masmonteil (F.), 258. Massé, 95, 96, 292, 498, Masson /P.), 94, 95, 191. à 451, 554, Massot (L. ), 353. Mathias (E.), 92, 124, 158, 456. Mathieu (D' Paul), 288, 355, 566. Mathieu (Paul), os. Matruchot (L.), 536. Mauguin (Ch.), 496, 569, 570. Maunoury, 357. Maurain (Ch.), 496. Mauriac (P.), 498. Mawas (A.), 699. Mawas (J.), 126, 191. May (E.), 291. Mayer (A.), 59, 190. Mazé (P.), 60, 191, 665, 605. Meerwein (A.), 563. Mennesson, 192. Mer (Emile), 96, 636. Mercier (L.), 498, 725, 727. Mercier (R.), 666. Merton (T. R.), 390. Méry (H.), 94. Mesnard (Eug.), 92, 725, Mesnil (F.), 425, 695. Mestrezat (W.), 60. Métivet (G.), 225, 259. Metzger (Hélène), 534, Meunier (J.), 62 Meyer ARE “F, );:218. Meyer {André}, 160, 191, Meyer (G.), 572, 604. Meyer (N. Ë. Groeneveld}, 32. Meyer (J. de), 428. Michaud (F.), 290, 434. ‘ Michaux (F.), 223. Michaux (J.), 94. Michel-Durand, 189. Michielsen (J.), 428. Michotte, 96, 428. Mignard (M.), 324. Mignonac (G.), 567. Mirallié, 93, 291, Mirande (M.), 125, 157. Moissonnier (Mlle S.), 698. Molinari (E.), 354. Moll (L.), 392. Molliard (M.), 359, 697. Mongenot, 428. Montessus de Ballore (R. de), 673. Montgolfier (Pierre de), 89, Monziols, 389, Moreau (F. ), 661! Moreau (L.i, 190, 457. Morel (H.), 124. Morel (L.), 292. Morin (P.), 696. Morvillez (F. }» 602, Mougeot (A.), 191. Moure (Prof. 'E. ), 156. Moureau (M.), 498. Mouret ((G.), 185, 696. Moureu (Ch.), 635, 663, 695, 725, Mouriquand (G.), 30, 94. Moussali (A.), 539. Moussu, 292, 603. Moutet (Mme), 358. Moutier (F.), 9%. Moye (M.), 544. Muguet (A.), 497. Mund (W.), 428. Muraour ARS sou 663 Murlay (E.), 7 Musso (L.), 727. 29, 59, 158, 223, 292 ) N Nageotte (J.), 95, 426, 459, 663. Namias (Prof. R.), 598. Nègre (L.), 188. Nemirowski (A.), 62, 567. Neuberg (J.), 571. Neuville (H.), 30. Nevill (E.), 127. Nevin (Mile M. ). 191. Nicaise (Ch.), 572. Nicholls (N. A.), 259. Nicholson (J. W.), 390. Nicolardot (P.), 95, 158, 160, 191, 224, 959, 326, 360, 459, 564, 569, 598, 609. Nicolas (E.), 157, 359. Nicolle (Ch.\, 60, 290, 459, 696, 796. Niessen (K. F.)\, 700. Nodon (A.), 125. Noizet (G.), 224. Nordstrom (G.), 700. Nordstrom van Leeuwen (Mme C.), 228. Norero, 539. Nort (H.), 572. Noyes (Ab. ), 388. Noyes ] jr (W. A.), 606. O Oberthur (Ch.), 726. Ocaygne (Maurice d’), 251, 631. Oelsnitz (M. d’), 191, 539, Offner (J.), 724, Onnes (H. Kamerlingh}, 604. Oosterhuis (E.), 260, 392. Ornstein (L. S.), 228, 570, 700. Os (GC. H. van), 228, Osato (S.), 359. Ostwald (Wolfgang), 660. Otlet (Paul), LEE à 119. Owen (D.), 64. Oxley (A.-E.), 571. P Pachon, 358. Paillot (A.), , 125, 538, 569, 663, 726: Palacios M: LE (d. } 604. Panchaud (L.), 660. Pannekoek (A.), 260, 604. Pantel (J.), 124. Parat (M.), 353. Parenty (H.), 324. Parhon (Mlle M.), 699. Parmentier (P.), 569. Pasteur Vallery-Radot, 225. Paterno (E.), 496, 636. Pawinski, 667, Payman (W.), 64. Pechoutre F.), 242 à 250. Pellegrin (J.), 357, 497, 635, 665. Pelseneer (P_), 389. Perkin (A.G.;, 453. Perrigo (Oscar E.), 251. Petit, 428. Petit (G.), 188. Petit (Henri), 53°. Petrie (G. G.), 391. Petronievies (B.),240 à 242, Petrovitch (Michel), 630. Pettit (A.), 30. Peyret (D°O.), 538. Peyron, 30, Peyron (A.), 424. Pézard (A.), 253, 697. Pezzi (C.), 698, 726. Phocas (J.), 359. Picard ;Em.), 423. Piccard (Aug.), 225. Picon, 324, 356, 496. Piédallu (A.), 725. Pienkowski (S.), 572. Piéron (H.), 30, 126, 424, Pignot (J.), 9%. Pinard (A.), 93, 324. Pintenet, 258, Piouffle (H), 662. Pluchet, 95, 498. Poirson (E.), 537. Pomaret (M.), 94. Pomey, 727. Pommay-Michaux (Mme), 94,126. Porak (R.), 190, Porot (A.), 536. Portevin (A.), 59, 88, 97, 158, 289, 567, 696. Portier (P.), 95, 125, 535. Posternak (S.), 456, 496, 537. Postma {O.), 228. Potin (L.), 286, 353, 386, 419. Poucholle, 360. Prins (H. J.), 700. Procopiu (St.),724. Pron (L.), 60, 699. Pruvost (P.), 59, 92, 256, 290. Pussenot (Ch.), 569, 570. Q Quarelli (G.), 225. Quinquaud (A.), 460, 699, R Rabut (Ch.}), 91, 124, 255, Radossavlievitch (A.), 60, 292, Rageot (Gaston), 421, Ramart-Lucas /Mme), 427. Rankine (A. O.), 540. Ranque (A.), 126. 191. Rateau (A.), 29, 255, 424, 457, 493. Rathery (F.), 94. Ratu Langi-Houtman (Mme), 392. Raveau(C.), 224. Rayleigh (Lord), 496. Reboul(G.), 157,189, 255, 289, 356, 456, 537. Reclus Onésime), 599. Regaud (C1.), 94, 95, 258. Regelsperger (Georges), 598. Regelsperger (Gustave), 38, 187, 333, 432, 566, 599, 643. Reglade (A.), 158, 360. Remlinger {P.), 126, 191, 258, 291, 358, 498, 667. Renaud (J.), 188. 698, 699, 726. Renaud (M.), 389. Rénon (L.), 225, 424. Répelin (J.), 124. Rétif (E.), 258. Retterer (Ed.), 30, 95, 126, 190, 389,426, 458, 636, 667, 727. Rettie (T. J.),128. Retzius (G.), 602, 635. Revil (J.), 20 à 25, 47 à 54. Rey (J.), 223, 570, 634. Reynier (P.), 257, 635. Rhein (M.), 190. Ribot (A.), 458, 498, 727. Ricco (A.), 603. Richardson (L. F.),360. Richaud (A.), 726, Richet (Ch.), 188, 22%, 257, 496, 600,726. Richet fils (Ch.), 291, 324. Richmond (H. D.), 227. Rieux, 425. Righi (A.), 252. Rigotard (L.), 100. Rigolard (M.), 89, 196, 286, 387 598, 60%. Ringelmann (M.), 664. Ritchie (J.), 128. Rivat(G.), 537, 725. Riverain, 498, Rivière (G.), 223. , Rivière (Mme Mg. J.), 644 à 618. Robert (M.-P.). 388, 427, 696. Robertson (T. Brailsford), 661. Robin (A.}, 224, 291, 389, 458. Robin (P.), 94, 569, 696, 725. Rochon-Duvigneaud (A.), 496. Rodet (Julien), 26. Roels (F.), 392. Roger (H.), 426, 698. Rogues de Fursac {J.), 287. Rolet (A.), 287. Rollin (F.), 292, Romburgh (P. van), 700. Romme (Mlle M.), 60. : Ronchèse (A. D.), 94, 191. Rose (Félix), 221. Rosenblatt (Mme M.), 356. Rosenhain (W.), 390. Roubaud (E.), 29, 570. Roubertie (P.), 567. Rouch (J.)}, 157, 168 à 171, 457, 497, 568. Roule (L.), 27, 357. Rouquier {A:), 698. Roux /E.), 358, Roy (Louis), 157. Rubinstein (M.), 60, 292, Russo (P.), 290. Rutgers (A. A. L.), 599. Rutgers (K. W.), 391. Rynberk {G. van), 392. S Sabatier (P.), 256, 357, 537 Sacquépée, 325. Sagnac (G.), 602, 634. Sagnier (H.), 95, 192. Saint-Girons (F.), 61,188, 190, 258, 496. Saint-Rat (L. de), 636. Sakakami, 496. Sanarelli (G.), 91, 224. Sande Bakhuyzen (H. L, van de), 7 Sanfourche (A.), 124, 157, 188. Sarasin (Fritz), 220. Sargnon (A.), 358. Sarjant {R. J.), 460. Sartory (A.), 636. Sauvagean (C.), 457. Sauvineau (Ch.), 425. Scal (C.), 356. Schaake (G.), 572. Schaefer (Sir E. S.), 61, 499. Schaeffer (G.), 190. Schaumasse (A.). 568, 66%, Scheffer (F. E. C.), 228, 392, 572 Schloesing (Th. père), 157. Schmutz (R.}, 290, 724. Schneider (A.), 636. 464, 00, 60%. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS EE Schoute (C.), 32. Schouten (J. A.), 32, 391, 604. Schouten (W.J. A.), 260, 392, 700. Schribaux, 428, 603. Schryver (S. B.), 127, Schuh (Fred.), 700. Sedgwick (W. T.), 28. Sencert (J.), 95, 389. Sénéchal (A.), 91, 92. Senez (Ch.), 126, 191. Sequeira (J. H.), 540. Sergent (E.), 291. Sergent [L.}, 425. Serre (Paul}, 192. Seurat (G.), 30, 539. Sezary (A.), 190, 539, 698. Shaxby (J. H.), 699. Siedlecki (Michel), 126. Sieur (C.), 60. 666. Sigalas (C.), 666. Silberstein (Ludwik), 219, 286, Simon (L. J.), 388, 423, 456, 495, 496, 497, 537, 567, 568, 569, 570, 602, 634, 635, 664. Sissingh (R.), 228. Sitter (W,. de,, 604. Skelton (E. W.), 227. Skinner (S.), 328. Skupienski (F. X.), 29. Slosse (Aug.), 257. Smallwood (W. M.), 632. Smith (J, L.), 128. Smits (A.), 32, 298, 579, 604. Snethlage (Mlle A.), 700. Sollas (W,. J.), 460. Sollaud (E.’, 663. Sollier (Paul), 221. Somigliana {C.), 92. Sommelet (M.), 540. Sordelli (A.), 636. Soreau (Rod.), 72%. Soret (A.), 569. Souchon (A.), 96, Souèges (R.), 290. Soulier (Edouard), 422. Sourdel (M.), 325. Spear (E. B.), 660. Speer (N. E.), 127. Spek (Jac. van der), 32. Spielmann (P. E.), 391. Spillmann (L.), 9%. Spruit (C.), 392. Staehlirg (Ch.j, 72%. Stefanescu (S.), 93, 189, 356, 456. Stéphani (Philippe), 599. Stephen (R. E.), 386. Stiles (W.), 127. Stodel {G.), 123. Stok (J. P. van der), 260. Stopes (Mile M. C.), 128. Struik (D. J.), 391. Strutt (R. J.), 63, 327, 500. Stuyvaert (Modeste), 260, 460. Suess (Ed.), 323. Swyngedauw (R.), 29, 92, 124. T Taboury (F.), 457, 497, 538. Tanret (G.), 665, 699. Tardy, 192. Teissier (J.), 292. Teixeira (F. Gomès), 218. Terby (Mlle J.), 728. Tergau (Mlle G. W.), 392. Termier(P.), 389, 495, 664. Terroine (E. F.), 425. Thayer (G. H.), 722. Thibierge (G.), 257. Thiéry (Paul), 356, 537, 603. Thieulin /R.), 667, 698, 699, 727. Thole (F. B.), 391. Thomas (André), 258. Thomas (W.), 32, 392. Thomson (Sir J. J.), 695. Thoulet, 567. Tiffeneau (M.), 698, 728. Tilho, 456, 457, 570. 739 740 TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS | Tillieux (J.), 492. Tilmant, 62. Tisserand, 292. Tissié (Ph.),723. Tissot (J.), 457. Tixier, 498. Toquet, 59, 91. Touly, 125, 603. Trannoy (R.), 93. Tricoire (R.), 698. Trillat (A.), 224. Tripier, 59, 91. Troisier (J.), 94. Truche (C.), 458. Truelle (A.), 96, 636, Truffaut (G.), 96. Tuffier (Th.), 189. Tupa (A.}, 390. Turchini (J.), 698. Turrière (Emile\, 120, 219. Turro (R.), 667, Tutton (A. E. H.), 571. Twiss(D. F.), 360. U Ubach {J.), 496, 663. Ungemach (H.), 695. Urbain (Ed.), 356, 496, 726. V Vaeher (A.), 59. Vacher (Marcel), 292, 428. Vahram (A.), 567. Vaillant (P.), 256, 200, Vaillard, 321, 358. Valeur (A.), 457, 500. Vallois(H.), 141 à 154, 289. Vandel (A.), 424. Vandevelde (A. J. J,), 572. Vaney (C.), 389. Van Tieghem (Ph,), 420. Vanverts, 389. Vaquez (H.), 667. Varine (de), 453, Varinois (Maur, 251, Vaulx (R. de la), 497. Vavon, 497. h 1, Vayssière {(P.), 567. Vergne (V. de la), 325. Verkade (P. E.), 57 Vermorel, 192, 292, 570, Vernes (A.), 125 ,191, Véronnet (Al.), 188, 665, 721. >| 572, * Verschafelt (J, E.), 32, 392, 460, 700, Viala (P.), 125, 423. Vialleton (E.), 568, Vignon (Louis), 566. Vila, 665, 695. Vilcoq, 192. Villandre, 221. Villey (Jean), 233 à 210, 635 à 6s0. Vinaver (Mme S.), 425, Vincens (Francois), 56. Vincent (H.), 123, 257, Violle (H.), 567, 636. Violle (P.-L.), 539. Vischniac (Ch.), 665, 696, Visser (S, W.), 32. Vitry, 325. Viès (F.), 158, 224, 990, 325, 388, 568. Volmat {J.), 663. Vournasos (A.C.), 356. Vries (Jan de), 228, 392, 572, 604. wW Waals Jr, (J. D. van der), 392, 579, 604. Waddell, 29. Walcott (Ch. D.), 696, Wallich (V.), 359, 300. Walsh (J. W. T.), 699. Walther, 424, Wandenbulcke (F.), 496, Ward (H. B.), 454. Watabiki (T.), 225. Watson (G. N.), 31, 327, Watson (H. E.), 82. Watteville (C. de), 290, 326. Wauclin (A.), 422, 601, Weber (A.), 498, GS0 à 689, 513 à 20. Webster (A. G.), 347 à 550. Weeder (J.), 700, Weill (E.), 94. Wells (E. M.), 327. Went (F. A. F. C.), 228. Wertheim Salomonson (J. K.A.), 32,802, 604. Weston (F. E.), 253. | Weyl (Th., 453. Weyman (G.), 227. 1 Wheeler (R. V.), 102. t Whipple (G. C.), 454, + Wichmann (C. E. A.), 302. * Widal (F., 457. Wijhe (J, W. van), 392, L Wildeman (E. de), 569, ; Wilson (E.), 227, 540. , Winkler (G.), 700. NWitz (Aimé), A77 à 488, 532, 568. M Woldendorp (J.43.), 604, : Wolf (J.), 228, 572. . Wollman (E.), 425, 699, 727, Woltjer jr. (J.), 392, 604, Wood (H.), 391. | Woodmansey, 391, ; Woog (P.). 457. Woude (W. van der), 572, | Wright (Sir A.), 09. Walt (O.), 225. Wurtz (R.), 458, 498, 667. 24 Yamanouchi, 496. Yeoman (E. W.), 227. 4 Yersin, 291. Young (F. T.}, 227. Young (W. H.), 460, Z 2 Zaepffel (E.), 539. Zeehuizen (H.), 32, 700, Zeeman (P.), 700, j Zernike (F.), 228, 604, 700. Lilva (S. S.), 327. Zimmern (A.), 425, 459, Loretti(L.), 156. 4 Zsigmondy (R.), 660. Zwaardemaker (H.), 82, 426, 572, 700. TABLE ALPHABÉTIQUE DES CONTENUES DANS A Ausonpriox. — Vitesse d'absorption comparée de divers sels par les tissus végétaux , . — Sur l'absorption parles milieux troubles, 224, 256, — Absorption de différents anions par. le sulfate de baryum précipité . . AcaDémig, — Elections à l'Académie des Sciences de Paris . . . . . . . 1,65, 299, 399, 361, 393, 669, — La deuxième session de la Conférence interalliée des Académies scientifiques , . S — La Conférence des Académies alliées et associées à Bruxelles et la création d'un Conseil international de Recherches scientifiques . . . De ES ACCÉLÉROGRAPHE. — Sur un accélérographe. SUR Acine. — La réduction de l'acide formique et la pro- duction d'aldéhyde formique et d'alcool méthylique aux dépens des formiates . . — Réaction mutuelle de l'acide oxalique et de l'acide iodique. , . . , — Réaction microchimique de l'acide thiosulfurique ; — Sur la présence de l'acide formique dans les poils urticants de l'ortie , . — Sur la transformation de l'acide cyanhydrique en acide sulfocyanique au cours des putréfactions cada- vériques ; sa rechérché . . , MORTE ACIER. — Sur la résistance dy namique de l'acier , . — Influence de divers facteurs sur la yitesse critique de trempe des aciers au carbone . . , — La formation de la troostite à basse température dans les aciers au carbone et l'influence de la tem- pérature d'émersion dans les trempe interrompues. — L'attaque de l'acier au nickel par l'oxyde de carbone. — Sur la viscosité des aciers aux températures élevées. — Influence de divers facteurs sur la création des efforts internes longitudinaux lors du refroidisse- ment rapide de cylindres d'acier . , . RONA — Points critiques d'aciers auto- trempants re ACOUSTIQUE. ions d'Acoustique. Instruments de musique. Le Télharmonium. , . Se ACRIDIENS, — Quelques procédés de destruction des Acridiens et leur application. . Het DT: AcroLéINE. — Sur la stabilisation de l'acroléine . 635, 663, 695, ACTINIAIRES. — Pédogénèse et TR chez les Acti- niaires . , Acrixies. — Sur l'adaptation du pied ‘au milieu am- biant chez les Actinies des MR fonds sous- marins. , . , ile . : ELLE ADRÉNALINE. — Antagonisme avec la quinine RS ADSORPTION. — L'adsorption sélective et ses consé- quences . AéroLirues. — Les aérolithes et la composition ‘du Globe , . . AÉROPLANES, — Théorie du vol des aéroplanes aux di- verses altitudes. , . . . 424,457, ArriiTé. — La nature de l’afinité chimique et la valeur des atomes . . AFRIQUE. — La Mission de ‘délimitation Afrique équa- toriale française-Cameroun, dirigée par L. Périquet, de 1912 à 194 . . . . — Annuaire et Mémoires du Comité d'Etudes histori- ques et scientifiques de l'Afrique Occidentale fran- caisé: 0, — La peste bovine en Afrique Occidentale française. — Sur l'emploi des avions en Afrique Occidentale pour les recherches d'ordre scientifique . . , . . LE TOME XXX DE LA RÊÉVUE GÉNÉRALE DES SCIENCES PURES E! 1. Les chiffres gras reportent aux articles originaux. MATIÈRES l APPLIQUÉES AGRIQULTURE, — Guide pratique d'Agriculture lropi- 27 sale LT. Prineipes généraux. MU. UT NE — La France agricole et la guerre , , . , . . . 155 — Geography of the World’s Agriculture , . UE AGRONOMIE. — La science agronomique aux Etats- Unis, 100 — Revue d'Agronomie , . +: . .3r0, AIMANTATION. — Sur les coeflicients d’aimantation des gaz paramagnétiques et la théorie du magnéton , . 225 AimanTs. — Champs magnétiques des aimants perma- nents. . . UN NOREURSE Aix. — La conductibilité technique ‘de l'air PA DOLIEU LME CT — Equation caractéristique appropriée à l'air , , . 72 ALBUMINE. — Albumines du sang et des expectorations, 698 ALCALI. — La détermination de l'alcali dans les liqueurs au permanganate , . , 4, . . 391 ALCALOÏDE. — Réactions microchimiques et localisations de l’alcaloïde de l'Zsopyrum thalictroides L. , . . . 157 AzLcooz. — Isolement et caractérisation des alcools à l'état d'allophangies MU M NN 07 — Amino-alcools , 09 6 QU — L'alcool dans le liquide céphalo- rachidien. : : 635 ALASALIEME — L'alcoolisme et l'aliénation mentale chez la femme dans le département de la Manche . . . 257 ALGÉRIE. — L'expérimentation agricole en Algérie , . 195 ALGuEs., — De l'élaboration de silice et de calcaires sili- ceux par les algues du groupe des Girvanella. . 30 — Emploi des algues marines pour l'alimentation des CHEVAUX Me le ec le User Le .60, 457 ALIMENTATION. — Alimentation du bétail et cultures fourragères aux Indes. , , ë "5 ANSE ALIMENTS. — Carnivores et aliments ternaires ue 695 ALLEMAGNE. — Ce que le traité de paix doit exiger de la Science et de l'Industrie allemandes . . , , 102 ALLIAGES. — Comparaison entre l'équilibre élastique interne des alliages après trempe et après écrouis- sage par étirage à froid. . . . Ash AU -— Traitements thermiques d' alliages d'aluminium, 603 ALsAce. — Le champ de potasse d'Alsace . , . . . . 45% ALSAOK-LORRAINE, — Problèmes agricoles, élevage. . 96 ALTERNATEURS. — Sur la réaction d'induit des alterna- LU LEON ON AE : 06932 ALUMINE. — Propriétés réfractaires des produits alu- mineux . , . 602 — La fabrication de l'aluntine à partir de l'argile | or- dire. 20 673 ALUMINIUM. — l'aluminium dans. l' Industrie. Métal pur, Alliages d'aluminium. . 219 — Analyse des alliages d'aluminium et de l'alumi- nium métallique. ., . « CE TRE — L'inflammabilité de la poudre ‘d' oluminium , NC SOU — La production de l'aluminium pendant la guerre, 67% — Transforinmations subies par certains alliages d'Al. 724 AMMONIAQUE. — L'ammoniaque concentrée commerciale et ses impuretés A 227 — Sur une conséquence importante ‘de la sy nthèse in- dustrielle de l'ammoniaque . . Ut il ROBE — Synthèse aux pressions élevées. | | | 72% AMPLIFICATEURS, — Amplificateurs pour courants con- tinus et pour courants de très basse fréquence. . . 495 — Application des amplificateurs à l'inscription mé- canique des signaux de t.s.f, . 568 — Sur de nouveaux dispositifs amplilicateurs poten- tiométriques universels . , . , , . à \ 603 Aupurés. — La reprise du travail PR les amputés et estropiés de guerre. . . 40 , ‘ 93 ANAÉROBIES. — Nouvelle méthode pour la Fachérche et la culture des anaérobies . , . + RO ANALYSE. — Cours d'Analyse mathé ématique V2. 1. RO Pn 742 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ANALYSE. — Les principes de l'Analyse mathématique. Exposé/historiquelelicritique CN MCE 192 ANAPHYLAXIE. — Recherches sur lens are . 188, 191, 359, 496, 699 ANATOMIE, — Revue d'Anatomie, , . NICE en. AE ANESTHÉSIQUES, — Anesthésiques locaux . . le 458 ANNÉLIDE. — Sur un processus normal de fragmentation, suivi de régénération, chez un Annélide polychète. 695 ANNUAIRE. — Annuaire pour l'an 1919, publié De le Bureau des Longitudes 120 — Universitatum et eminentium Scholarum Index. ge- neralis . È 693 ANOPHELES, — Antagonisme du ‘bétail et de Vhomme dans la nutrition sanguine de l'Anopheles maculi- pennis . . cn EÙ sue MS ON O 570 ANOXÉMIE. — L'anoxémié, ses causes et son traitement. 50% ANTARCTIQUE. — British Antarctic Expedition 1907-1909 564% ANTHOZOAIRES. — Sur un stade primitif, essentiel, non encore reconnu dans le développement des Antho- ZOBILES = on 496 APRÈS-GUERRE. — Les Associations internationales et la reconstitution de l'après-guerre , . , . 111 ARAGONITES. — Los Aragonitas de Espana . 599 ARBRES. — Les périodes de vibration latérale des arbres CharTRÉB TEA Le . 31 — Influence de la grosseur des arbres sur l'efficacité des éclaircies, , , Us ee 96 — Concours des arbres pour soutirer l'eau à l’atmo- DATE Mr TA OT AR ENS er, A5 ARCACHON, — Arcachon, ville de SANLE ANT NS eee703 ARCS, — Les arcs à faible voltage dans les vapeurs mé- talliques . . 013128 — La pression sur les pôles de l'arc électrique . 327 ARGENTURE, — La protection des surfaces argentées. 574 ARTHROPODES. — Le membre des Arthropodes . 456 ARTICULATIONS. — Des articulations métacarpo-phalan- giennes des Carnivores et des Ongulés . se ne ann 0 ASCIDIE. — Infection expérimentale chez l’Ascidia men- TRES 636 ASQUES. — Sur la formation des asques chez l'Endo- myces Lindneri (Saito) . . . .….,225, 360 ASSOCIATIONS. — Les Associations internationales el la reconstitution de l'après-guerre. , . 2. is LEA ASTHÉNIES. — Les maladies de l'esprit et les asthénies. 633 ASTRE. — Temps et température de formation d’un astre. 6 SE : mn 00 ASTROLABE, — Sur un n appareil. genre astrolabe à prisme, destiné à la mesure des variations de latitude , , . 92 — Astrolabe photographique impersonnel . . , . . 568 ASTRONOMIE. — Revue d’Astronomie (années 1917-1918). 521 — Application de la Photométrie photo-électrique à l'Astronomie , . . k 543 ATELIERS. — L’ organisation rationnelle des Ateliers de mécanique , . 419 Arcanrine, — L'Atlantide. Pays de l'Atlas : : Algérie, Ma- roc, Tunisie d É ; 599 ATMOSPHÈRE, — Les pouvoirs s refroidissant et év aporant del atmosphère déterminés par le cata-thermomètre. 128 — Gontribution à l'étude du pouvoir absorbant del’'at- nr pie terrestre. . . « . PME VONEMONE Périodicité des vagues atmosphériques SR 22: — Réflexions préliminaires sur les mouvements géné- raux de l'atmosphère. te LE. Sue 259 À 29 — Les formations cycloniques de l'atmosphère 72 ATOME, — Remarques sur la constitution de l'atome et les propriétés des spectres de bandes. 356, 634, 664 — Actions mécaniques à hérédité discontinue par pro- pagation; essai de théorie dynamique de l'atome à quanta . , . ; te TO EU NS 495 — La structure des atomes J4 SR M 0 AUSCULTATION, — L'auscultation focale. Etre PTE AUTOMOBILE. — Traité élémentaire d'Automobile et notes techniques. RCE CEE CS UT AUTOMOBILISME. — Cours d’Automobilisme appliqué. 26 AuUTRUucHE. — Les résultats des recherches récentes sur l'Autruche. . . 554, 592 AVIATION, — Les blessés et l'aviation & au ‘Sahara : 189 — Les moteurs à explosion dans l'aviation. I. Etudes préliminaires , , LS AVION, — Avion radio-médico- ‘chirurgical (Aëroc hirj. A 4162 — Sur l'emploi des avions en Afrique Occidentale pour les recherches d'ordre scientifique , , 27.598 AZÉOTROPISME. — La tension de vapeur des l'élanges de liquides ; l'Azéotropisme . , ESA AZOTE. — Dosage Pr TS de l'azote non protéi_ que du sang . L 61 — Sur la constitution des ‘vapeurs nitreuses 124 AzOTE. — Sur l'oxydation du bioxyde d'azote par l'air sec 157 : — Le cycle d'oxydation du bioxyde en présence d'eau, 188 — Sur quelques propriétés de l'anhydride nitreux PRE ou en solution dans le peroxyde d'azote 696 Azorunes. — Les azotures normaux de nickel et de cobalt #4 NE EME NEC ce : 356 B Bacizze. — Rôle de l’arginine et de l’histidine pour la culture du bacille tuberculedx LV 2 .' 1210010 BAGTÉRIE. — Oxydation de l’ac. lactique par Îles B CAS 60 — Une bactérie voisine des Pasteurella, pathogène pourl'homme . . L 7e TOR — Sur la vitesse de aordiion des. bactéries 609 BACTÉRIOLOGIE. — Emploi de la silice gélatineuse comme milieu bactériologique A A, 2 Bazxans. — La Péninsule balkanique , . - s9 BALLONS. — La vitesse ascensionnelle des ballons- -pilo- COUTPNES Re I =. BARBEAUX. — Distribution en ‘Afrique ÉTEUS 724 BASALTE. — Sur la formation des colonnes de basalte. 497 — À propos de la prismation des coulées basaltiques. 569 BATRACIENS. — Le iuR EE des Batra- ciensiese A4 SEULS NP RE BaumEs. — Alcooly se des baumes : : : 427 BényL. — Traitement du béryl pour en extraire la glu- cine, , 255 Béron. — Sur la cause de l'adhérence du béton au fer dans les constructions en béton armé . . 496, 569, 570 BeTrERAVES. — La production du sucre de betteraves en France par la graine de betterave à sucre française. 192 BIOLOGIE. — Freshwater Biology . . . . . . . . . 15% — ‘À text book of Biology . . 632 BIRÉFRINGENCES. — Sur le calcul des biréfringences . 696 Bois. — La détermination des bois de deux Dalbergia de Madagascar , . 51 et 0 MSP DE — L'exploitation des bois coloniaux; les bois de la Côte d'Ivoire, du Gabon et de l'ancien Cameroun . 641 BomByx. — Reproduction et développement. . . 158, 223 BoREe. — Sur la présence de bore dans quelques silico- aluminates basiques naturels . . . . . . . . . 356 BOTANIQUE. — Revue de Botanique. . . . . . . . 242 — Eléments de Botanique . . : NEED Boucue. — Hygiène quotidienne de la bouche : son importance prophylactique en cas d'épidémie. . 94 — Résistance et Construction des Bouches à feu. Auto- frelta se A RENE NE EME CR RE BouiLLiEes. — Efficacité comparée des bouillies borde- laises ordinaires et des bouillies bordelaises caséi- nées pour la préservation desgrappes . . 570 BRècues. — A propos d'un mémoire de M. J. de Lap- parent sur les brèches des environs d'Hendaye . . 388 BrResr. — Sur la morphogénie de la rade de Brest. . , 59 BRISES. — Sur les brises de terre et de mer à Bayonne. 197 BrouILLARDS. — Appareil destiné à l'étude de la forma- tion et de la persistance des brouillards . . . . . 224 C CABLE. — Résistance et réactance effectives d'un câble armé triphasé pour les harmoniques 3 du eou- Tran: 0.0 - 1. V 2998 — Sur les per tes d’ énergie dans les diélectriques des cäbles armés . , ot CADMIUM. — Sur le spectre du cadmium dans les gaz inactifs. . . 32 CAucAIRE, — Le calcaire carbonifère dans la région de NICE + CRT ME M eee AE CALCANÉUM. — L'architecture du calcanéum. SR LT SES CALCUL — Calcolo numerico approssimatlo , , 353 — Calcolo delle Probabilita , . . 452 CALENDRIER. — Projet de réforme du calendrier civil actuel (julien, grégorien) . . SMOMEL ES Cancer, — Recherches expérimentales s sur r Je cancer, 30 — Cancer de la langue chez lesanimaux , . é 189 — Considérations sur le problème du cancer. Plan d'expériences . . ARR OES PRPES + 257. — Le cancer au Havre TUE . 258 — L'hydratation, le résidu soluble et le résidu inso- luble, l'azote, dans le cancer du foie. Une nouvelle conception sur la geaèse du cancer , . , 389, 458 — Cancer primitif du pancréas. . Se 725 Caourcenouc. — Les RTS de caoutchoue en Maluisie . . FOIRE : Vale DIRE — Le caoutchouc considéré comme un ‘colloide SAS NES il — La fabrication synthétique du caoutchouc en Alle- 4 6 magne pendant la guerre CS ‘à > UE NAN CAR TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES CarBONATES. — Méthode physico-chimique de dosage des carbonates alcalins en présence des bases alca- lines. Application à l'analyse des gaz des fumées. 91 CarBurEs. — Préparation de quelques carbures acéty- léniques au moyen de l'acétylène monosodé. . . GARTILAGE. — Du cartilage articulaire et costal des individus adultes et vieux. . . . 126 — Du mode d'ossification des cartilages ‘du larynx. 190 Casse. — Rôle du fer dans la casse bleue des vins . 725 JASSURES. — Sur certaines cassures défectueuses des éprouvettes de traction prélevées en « travers » dans l'acier. , , 567 CATALOGUE. — Un projet ‘de Catalogue ‘des collections d'Ostéologie comparée du Museum . . . . . 232, 632 CATALYSE. — Catalysis in industrial Chemistry. 493 — Etude des actions AC sur les surfaces UC ECS PES RME ie 500 CéCITÉ. — Queiues expériences de cécité des couleurs. 128 CELLOBIOSE. — Synthèse biochimique du cellobiose à Nadédeldienusnes io. LAN SEE Q CELLULES. — Influence de la concentration extérieure sur la position de l'équilibre atteint dans l'absorp_ tion des sels par les cellules végétales, . . : — Une conception biologique nouvelle de la cellule. 397 — Schème physique pour servir à l’étude de la nutri- tion minérale de la cellule , . . Co PAU Lo — Relation entre l'état électrique de la paroi de la cellule et sa perméabilité à un ion donné . : 497 CÉMENTATION. — Nouveau procédé de cémentation au moyen d'un bain de sels . . . : . 363 Cépuéioes. — Causes possibles dela courbe delumière. 725 CÉRÉALES. — Les méthodes de sélection appliquées aux céréales de semence. Etat actuel de la ques- tion. .. 5 TO - 91108 CERVEAU. = Lténigme #e cerveau des Oiseaux. . . 297 Céracés. — Report on Cetacea stranded on the British Coast during 1918 . . . : : 420 CéÉTIMINES. — Synthèse des cétimines par voie cataly- tique. . . SOA : 567 CÉTONES. — Surun nouveau mode d'obtention des céto- nes bicycliques . , . . ‘ . 497 Cuazanps. — La construction des chalands et des navi- res de meren ciment armé , . . 5 CODE lc CHALCOSTIBITE, — Sur un remarquable gisement de chalcostibite au Maroc . . . 0 CuALeurs. — Calcul du rapport des ‘chaleurs spécifiques principales du benzène et du cyclohexène par la méthode cyclique de M. Ledue , , . . ... 123 — Chaleurs de vaporisation des liquides , . 124, 189, 456 — Déterminalions du coeflicient de transmission de la chaleur à travers les parois d'un wagon fortement 0 COM > « 126 — Comment Carnot a calculé l'équivalent mécanique de la chaleur . . . . 224 — Sur la théorie des chaleurs ‘spécifiques des corps solides . . . : 258 — Sur la transformation directe dela chaleur en éner- gie électrique par d'autres voies que les couples thermo-électriques . . . . . . . où TEA MEME PT) Cuampi6xoNs. — Conservation du ferment oxydant OT LOE Camps, — Ghamps magnétiques des aimants _perma- nents.." «°° , Sie 6 459 CHARANGON. — Destruction du RE par 1 chloro- picrine. . . SU RE e - 10 0BB Carson. — Coal and its scientific uses ee 55 — Les quatre constituants visibles du charbon bitu- mieux ADander 1: [2-0 - : 128 CHARRIAGE. — Phénomènes de charriage, d'âge alpin, dans la vallée du Rhône, près d'Avignon , 495 — Sur les écailles on nappes de charriage de la région HAlhis (Gard) 0 625 37 URI RE CSD 597 Cuaupières. — Chaudières à vapeur. ; + 492 Cuemix DE FER. — La voie ferrée du 45° parallèle 2197 — Un nouveau tracé de chemin de fer transsuharien, 263 CueNILLES. — Sur les maladies parasitaires des che- nilles processionnaires des Pins d'Arcachon . 495, 539 — Symbiose des fourmis et des chenilles de Lycaena. 726 CHePpTEL. — La réorganisation mélhodique du FU FPANCHTS SE : 292 Cnevaux. — Sur les causes de la mortchez les cheve aux immunisés avec les bactéries tuées ou les extraits bactériens , . SUN AT NS TA 457 Cuire. — Précis de Chimie agricole. Re ARE 156 — Trattato di Chimica generale ed applicata all” iadustria. I. Chimica inorganica, , . . . . 354 — Introduction à la Chimie générale , . . . . . . 419 — Revue de Chimie minérale. . . . . . . . 412 CuimiEe. — Les méthodes de la Chimie organique. Mono- graphies . , es: — Catalysis in du elrial Chemistry. PP pr S — Traité de Chimie organique, If. Série cyclique. — Outlines of theoretical Chemistry. . . . CHINE. — La température en Chine et à quelques stations MOISIneSs LU Ne + Md22 CutaURGIE, — Essais sur ‘Ja chirurgie moderne 66 CuLoke. — Indice de chlore comme mesure pare” tive de la richesse des terres en humus 5 : 93 — Sur le pouvair absorbant de la terre sèche ou humide vis-à-vis du chlore gazeux . . . 93 — Sur les systèmes chlore-acide bypochloreux- hypo- chlorite de soude. 3 423 CHLOROFORMIATES — Pré iparation des chloroformiates de méthyle chlorés , 270735 CHLOROPICRINE. — Sur la haute toxicité de la chloropi- CRE viS- à- vis de certains animaux inférieurs el sur la possibilité d'emploi de cette substance comme parasiticide. . . . . - 289, 570, 571, 666, 795 CuLorures. — Sur la formation cataly tique des Chloe res forméniques à partir des alcools primaires 137 Cuoc.— La toxicité des muscles broyés au point de vue de la pathogénie:duichoë:.. 2... 10 497 ai een QUTCHO GE. RE LENCO 538 — La suppression du choc , . MA a iou te - UN CuoLéra. — De la pathogénie du choléra, LANCE — Recherches sur le vibrion cholérique , . . . n25, 539 CHOLESTÉRINÉMIE. — Relation de la cholestérinémie et du pronostic, dans certaines conditions cliniques et expérimentales , . : 190 CHONXDRIOME, — Sur le chondriome, du protoplasme des Chara . .T. MAN Be 125 — Le chondriome des cellules adipeuses. ET 325 — Rôle dans la sécrétion rénale . . . . 698 —.Distinction du chondriome en vacuome, plastidome et sphérome, , . . 724 CHROME. — Sur l'évolation et l'oxydation! de l'hydrate chromique en solution alcaline. . . . . . . 91, 92 — Chromate double magnésico-potassique , . , . . 497 CHRONAXIMÉTRIE, — Chronaximétrie du cœur au point de vue pathologique et thérapeutique . . 698 CicaTRiGEs. — Note sur le traitement chirurgical des cicatrices Bidez blessures de guerre. . . . 2.0 PA Ciez. — Projet de classification uranographique VAL CiMENT. — La construction des chalands et des navires de mer en ciment armé. k 61% CincHONIDINE. — Contribution à l'étude de la cinchoni- dine-#. : ; 497, 540 CINCHONINE. — Recherches s sur Ja cinchonine et ses iso- mères. . . SE EN 158, 226, 664, 728 CINÉMATOGRAPIIE. — Représentation de cinématogra- phies en couleurs des Etablissements Gaumont, . 695 — Sur la cinématographie ultra-rapide . . . , . . 724 Circuirs. — Les diagrammes vectoriels de quelques circuits oscillants employés avec les tubes thermo- ioniques . . . 328 — Effets inductifs des courants électriques de trac- tion sur les circuits téléphoniques ettélégraphiques. 394 C1RESs. — Technical Handbook of oils, fats and waxes. IT. Practical and analytical. . . 253 Ccimars. — Une nouvelle classification générale des climats , . ; . 550 CoaGuLATION. — Etude des formes prises par les gout- tes et les vortex d'un liquide gélatinisant dans di- verses solutions coagulantes . . . . 127 CoAPTATION. — La coaptation des fémurs antérieurs et de la tête chez les Phasmes , . . eue 666 CoBazT. — Sur l’oxydation spontanée des complexes or- ganiques du cobalt. . . : 238 CoccoBAciLes. — Coccobacilles nouveaux ‘parasites du hauneton . . . 59 CocuyLis. — Action ‘de la chaleur et de la sécheresse sur la Cochylis . . . . - 60% CoerricienT. — Le coefficient hématopnéique é 457 CokE. — Sur les conditions de formation du coke, . . 4935 CoiBaAciLze. — Recherches biochimiques. . 191, 729 — Suryivance dans les eaux. , Fan pe Pr CozLop1on. — Sur les pellicules de collodion . : . 61 CozLoines. — Une nouvelle méthode de pesée des parti- cules colloïdales, , . . 460 — An introduction to theoretical and ‘applied Colloïd Chemistry. . . Sr re ENST: 660 — The Chemistry of Colloids £ 660 CoLontres. — Un programme de portique coloniale. Les questions indigènes. , . 3 566 CoLonne. — Colonne à distiller pour laboratoire. 960, 388 7h4 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES COLORATION, — Sur une nouvelle méthode de colora- tion élective des membranes végétales lignifiées.,, 1 — Concealing colorationin the Animal Kingdom. . 722 Cougusriox. — Les recherches du Bureau américain des Mines sur la combustion dans les foyers de chau- CÉLC LP PARIS (08 — La combustion de SRE TES 4e -:!.… 264 Core. — Sur le prochain retour de la comète pério- ‘dique 1911, VII (Schauumasse) , . 4. «0 568, 664 — Retour de. la comète périodique Finlay AU 695 ComPreur. — Présentation d'un modèle réduit du comp- teur de vapeur , . 6 324 GonpucrisiLiTÉ. — La détermination exacte des ten- sions superficielles, du poids spécifique et de la con- ductibilité électrique des liquides à des tempéra- tures très élevées . . CE MP 5 5 — La conductibililé thermique dé DAC | Va Il 08 ConcLomérArs. — Des conglomérats de la vallée de la Bruche et du caractère des brèches d'origine sédi- mentuire . . . 666 Concrès. — Le Ve Congrès national de Navigation in- térieure . . 637 CONJUGAISON, — La restauration de la vitalité par con- jugaison chez les Protozoaires . . . 431 Coxsei. — Création d'un Conseil international ‘de Recher- ches scientifiques , . . ., 541 Coxsriruriox. — Couleur et constitution ‘chimique. . . 334 CoxvozuTa. — Le comportement du Convoluta rosco/ffen- sis en présence du rythme des marées. . , . . 603 Coupoxs. — Sur l’âge des cordons littoraux anciens des Bas-Champs de Picardie . : 666 Corrosion. — Recherches sur les causes de la corro- sion ou de l'érosion des hélices propulsives. 295 Corox. — Existence d'anneaux de croissance journalière dans la paroi cellulaire des fibres de coton . . 360 Couceur. — Couleuret constitution chimique . . . . 334 Cours DE BÉLIEK. — Etude théorique et expérimentale des coups de bélier , M RTE (| CouranxTs. — Sur la superposition ‘des courants aériens au-dessus de la presqu'ile du cap Vert (Sénégal) . 92 —- La variation diurne du courant dant tn véttieul delatterre à ALLAN M ET EuE 224 — Sur la production d'un courarit continu par appli- cation d'une f. 6. m. alternative à un vollamètre à électrodes de'platine)}.1.1040 4/00 Cent ans ET Couuses. — Œuvres mathématiques. Traité des cour- bes spéciales planes et gauches , , , 248 — La résolution d'une courbe en un certain ‘nombre de composantes exponentielles ae 699 Craie. — Les chlorures des eaux potables de la craie de Picardie « . G 488 CRisTAUX. — Sur la coloration artificielle ‘des cristaux liquides ANSE £ 59 — Méthode pour l'examen de la pureté optique ‘des cristaux de quartz é 7 . 326 — Les méthodes de production de gros ‘cristaux ho- mogènes dans les solutions . , , ARE Te PEU DD — La genèse de la Science des cristaux te 534 Croissance, — Différence de progression de l'indice de croissance dans le sexe masculin et le sexe féminin, 603 — Facteur modificateur de la croissance normale et loi de compensalion , , . 697 Cnoix-RoucE, — La Ligue des Sociétés de la GCroix- Roger 14101: : . . . 648 CRUEs. — Sur le mouvement graduellement varié et la propagation des crues 125 CRusTacis, — Sur la morphologie ‘du membre des Crustacés. LS 89 Crroscopir, — Réduction aux ‘lois ‘de la solubilité 388 — Cryoscopie dans le tétrabromure d’acétylène. . . 496 Cusirus. — Déplacements du eubitus au cours de la rolation antibrachiale , , 258 Cuivur.— Sur une réaction très sensible du cuivre. Appli- cation à l'analyse des cendres et desterres arables.223, 696 Cuzrurrs. — Cultures maraîchères expérimentales au bord de la mer , , . : . È u3 — Résultats obtenus par des coopératives de culture des terres. 192 CYANAMIDE, — Ac tion de la cyanamide et de la dicyano- diamide sur le développement du maïs 665 — Transformation de la cyanamide en urée par Îles microbes du sol, 695 CYANOGÈNE, — Sur la préparation du chlorure de cyano- gène par la méthode de Held FPE: . b69, 570 CYcADÉES., — The living Cycads , , . , . QUE TERRE 56à CxeLonr, — Sur quelques exemples de « compression deRYSLO TO in NTM DUREE 05e D DÉGHANGE, — Influence d’un champ magnétique trans- versal sur la décharge dans un tube de Geissler . . — Expériences avec des électrodes perforées sur la nature de la PUR ER dans les gaz à faible pres- HIOU. 47 - . . . Déronmarion. — Déformation élastique isotherme et udiabatique . DéLIMITATION. — La délimitation des régions écono- miques françaises , . DÉMINÉRALISATION, — La déminéralisation osseuse el son traitement , . viare ts RENE ETS DENTINE, — Structure de Ja ‘dentine ou ivoire 5 DENrs. — Modifications des dents du cobaye produites par/un régime scorbitique M CT NE EN — Du cortex de la racine des dents. — Du cortical osseux des dents simples, . Denue. — Sur la structure des papilles et de la couche superficielle du derme chez l’homme, , . , . DÉSHYDROGÉNATION. — Déshydrogénation catalytique par le nickel en présence d'hydrogène... . . Desmocrnas. — Remarques sur les origines et la classi- fication des Desmoceras .. . . Déroxariox. — Sur les sensations phy siologiques de dé- lonation, . . . . . ... DrarAsons, — Sur quelques propriétés des diapasons entretenus électriquement . . . . . DiéLecrriQues. — Sur la décomposition de liquides diélectriques au sein desquels jaillit un are : DirrRAGTION. — Sur la diffraction des images solaires. Dirrusion. — La diffusion de la lumière par les subs- tances solides... , . : . — Diffusion de la lumière pa la pluie, les nuuges 0 ou le brouillard, . . Divesrion. — Etude comparée ‘de la digestion du son meunier par le chien etpar lelapin.. , . DimonpuismE. — Un cas intéressant de dimorphisme sexuel chez un serpent africain (Bothrolycus ater Gunther). .:. . DE 'E ’ DissoLurIoN, — Températures critiques de dissolution dans l'aniline des principaux carbures d'hydrogène renfermés dans les essences de pétrole, . . . DiStiiLATION. — Les limites de séparation par distil- lution fractionnée : une nouvelle colonne rectifica- ENLCE AO TU RER NE tale Re Det" Duap, — L'action des cohditipas atmosphériques sur la laine et le drap. . . £ DYSsENTERIE, —+ Sur le rôle ‘du iniorobe ‘filtrant ‘bacté- riophage dans la dysenterie bacillaire,. , . . . . — Recherche sur les bacilles dysentériques . — Le rôle des mouches dans la propagation de la dy- senleriéhacillaire Qt 0 MORE EME — Vaccination préventive. . . . + . . . . . - E Eau. — Conductibilité de l’eau de mer pour les cou- rants de fréquence radiotélégraphique. . se — L'action du sulfate de cuivre sur le plankton des eaux d'alimentation, . M — Considérations sur l'établissement des projets de distribution d'eau potable dans les communes, . . — La javellisation des eaux de boisson aux armées françaises pendant la guerre.. . . « — Les chlorures des eaux potables de la craie de Picardie, , , A AVEC NTÉT — Adduction et distribution d' eau PRE, à 5 Ecuinoïpes, — Lu morphologie et l'évolution de l’am- bulacre des Echinoïdes. . . 4 à EcLipse. — Sur les observations de l'éclipse annulaire du 3 décembre 1918 faites à Buenos-Ayres, , , — Phénomènes magnétiques observés pendant les éclipses de Soleil., . . . — Le principe de relativité généralisé et l'Eclipse de Soleltdu 29 mal 1919 MORE CREER TEE — Sur le cycle des éclipses. os ST NE Pi Le LUE Ecoxomik. — Manuel d'Economie commerciale, La technique de l'Exportation . : — Problèmes économiques d’ après guerre.. . : EcouLemenT, — Sur les lois de l'écoulement des liqui- des par gouttes dans les tubes cylindriques. . . Ecrans. — Propriétés des écrans renforçateurs utilisés en radiographie, . . . ES : — Sur de nouveaux écrans fluorescents pour la radio= scopie, . LS OL EE Ecrrrure, — Un cas d'écrilure en miroir. . EbucaTION. — L'éducation physique et la race . 66 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 74 5 RE 5 Ecxere. — Relations des éruptions volcaniques avec les transgressions marines en Egypte. . : 666 — Affaissement du nord du delta égyptien, depuis l'Empire romuin.® * ” Q 456 Ecasricrré. — Influence de la température sur l'élas- ticité des métaux, . . A TE LE 327 EcecrriciTÉ. — Une nouvelle théorie: des rapports de la gravitation et de l'électricité. . . 98 — La conservation de l'électricité et la théorie élec- tronique. . D ais tee Ent PET Le 159 — L'émission d'électr icité parles corps incandescents. I. Les résultats expérimentaux et les théories. 181 IT. Les applications... . 19% ELgcrroLyse. — The applications of Electrolysis in chémicallindustry. : #2. «4e Un © . 2. 286 Ecæcrrox. — L'électron annulaire . . . . Le 2 EN EN ME ELECTRO vVIBRATEUR. — Un électro- tibrôteur SUR VS 27 Ecémenrs. — Une nouvelle classificalion périodique des éléments . . . 360 ELrorris. — Sur les Eleotris des eaux douces de Mada- gascar . . 497 — Régime alimentaire del'£ leotris Legendre Pellegrin 665 Ecépnanrs. — Structure des lames des “molaires et phy- logénie des Eléphants NÉE er Cr ET Bot. 456 Emawarions. — Sur l’action nocive des émanations de l'usine de Chedde , . . . Us 424 EMBAUMEMENT. — Embaumement mercuriel médiévall 29 EusryoLocie, — Revue d'Embryologie. . . 680, 513 EmeryrorroPue. — L'embryotrophe de et le fer foetal . . . ; T2 EmiGraTiON, — L’ émigration actuelle aux Etats: Unis . 643 EMOTIVITÉ. — Origine et conséquences de l’émotivité féminine . . gt EmPaYSÈME. — Etude expérimentale de l'emphysème du médiastin . , Ce el CARS EuuLsiNEs. — Action sur l'amygdaline so # 210699 EmuLsiow. — Sur quelques propriétés optiques des émulsions bactériennes, . . PV MD AE, er 90) Encres. — Emploi en histologie végétale Ho 2 724 Enrawrs. — Etat sanitaire des enfants des écoles dans les régions libérées , , ON. RIDE 666 — The natural history of the child. . . . 5 + 722 Ennecisrremenr. — Méthode d'enregistrement graphi- que au moyen d’un jet gazeux, . . 2,109 Enseicwemenr. — L'enseignement professionnel ‘de la fillette musulmane et la rénovation des arts féminins indigènes au Maroc , . . . . 211 ExromopaTHORA. — Sur la vie saprophytique d’un Entomophthore . . . . . . . MONET te Ve ExrroPie. — Entropie et probabilité SEE . « . 135 Enzyme. — The nature of Enzyme action , . . . . . 693 Evrcepsie. — Des résultats du traitément de l'épilepsie par le régime achloruré et le bromure . . 291 Eriruécium, — Dédifférenciation physiologique et rajeunissement cellulaire dans l'épithélium inles- tinal. . AA AE DOS Envrnème. — La réactivation ‘tuberculinique de l'éry- thème noueux. , . MST). Esrrrr. — Les maladies de d esprit ‘et Îles asthénies MEME Essexces. — Sur la composition de TASSE essences de pétrole asiatiques . . . Ne EC RS be AE GB - ÉsSTIME. — Sur les erreurs d’ eslime que peut entrainer la connaissance incomplète du régime aérologique. 432 Esromac. — Chimisme gastrique . . ! +2 -160,699 Erars-Unis. — Les Universités et la vie scientifique aux Etats-Unis , . PROIZE — La production minière et ‘métallurgique aux Etats- Unis pendant la guerre : LE T AAENl — L'émigration actuelle aux Etats-Unis . A 5) Eruer. — Inflammation spontanée des PE d'air et de vapeurs d'éther . . Ne 209 — De l'action de l'acétylène monosodé sur quelques éthers halogénés des alcools secondaires . . 324 Eroices. — Les étoiles naines . . : 1 — La répartition des grandeurs absolues entre les T'étoiles dans la Voie lactée et en dehors . 5.%1392 — Sur quelques étoiles dont le mouvement propre annuel total est supérieur à 0°5 , . . . . 569 EuxicteN. — Fausse incubation chez un Eunicien. Les pontes de l'Heteronereis Malgremi De he 60 Eurext1e. — L'eutexie et les solutions étendues : 20357 Evozurion. — L'évolution est-elle réversible ? Considé- valions au sujet de certains Poissons . SC TR) | — Evolution à rebours chez un Lézard . . . . . . 93 — La loi de l'évolution non corrélative . . . . . 240 ExrLosirs. — Les Explosifs dans les Mines . 453 — Chimica delle Sostanze esplosive . ANS RO , ExpLosions, — Ebranlements du sol causés par des explosions , . . : EU ER te lie 92 — La nature des explosions volcaniques D... OU — Comparaison des températures d'explosion calcu- lées à partur des chaleurs spécifiques et à partir des pressions explosives . . . . . .« .« + + + . 66: F Faure. — Nouvelles observations sur la «Faille des Cévennes ». . LS ee ie MONO FALKLANDIA. — Un continent dévonien, le Falklandia 332 FER. — Re dberche dans les tissus , . 191 — Notes sur la détermination du soufre dans L'oxy de de fer épuisé , , 227 — La relation entre la structure moléculaire et l'activité vis-à-vis de l'hydrogène sulfuré de l’oxyde defer . . se AL227 — Sur le potentiel nécessaire pour électrolyser les solutions de fer * * * * * ” 2 696 Fièvre. — Du rôle du microbe filtrant bactériophage dans la fièvre typhoïde . . . . . . . . . . . ‘255 — L'agent pathogène de la fièvre jaune . . . 464, 577 — L'évolution des PAPERS tes de la fièvre récurrente chez le pou . . ; MAN E 696 FILTRATION, — Nouvelles parois poreuses à à filtration dissymétrique. . 495 FLAGELLÉS. — Sur quelques Flagellés d'Insectes ‘obte- pus en culture pure eten DE tr sur le Crithi- dia melophagi . . . . . 538 FLEXION, — Sur les essais de flexion par choc de bar= reauxentaillés . 495, 568 FLOSULATION. — Recherches sur ‘L'état d'agrégation. IV. La floculation des colloïdes par les sels conte- nant des ions organiques univalents . . . . . . 127 Fiuipes. — Sur l'écoulement des fluides . . 223 _— Formule donnant la densité d'un fluide à Vétat de saturation . . MIO 0 ct te, LUE — Equation d'état des fluides . : : 34-0807 Fivorrscence. — Etude du spectre de lignes du so- dium excité par la fluorescence . . . AT 500 — Sur les conditions d'excitation de la fluorescence. 602 Fiuorinx. — Le « Blue John » et les autres formes de fluorine . . . RES NE CERCLE FuvoromÈèTre, — Sur un fluoromètre . . . 2497 FLUORURES, — Influence des fluorures sur la végéta- 388 Ron MEN IE «Te AMPLI FozLicuces. — Existence normale de ‘microbes dans le tissu des follicules lymphoïdes . . . 94,95, 491 Foxcriows. — Leçons sur les fonctions monogènes uniformes d’une variable complexe . . . - 88 Fonre, — Nouvelle machine pour mesurer la résistance de la fonte par la méthode du cisaillement . . . 29 ForcAGe. — La forçage artificiel des racines. Lu. 67 Forces. — Lettres à l'Académie des Sciences sur |’ uni- fication des forces et des phénomènes de la Nature 222 — Note préliminaire sur l'étude des effets de la force centrifuge sur l'organisme . . . . . . . . 538 Forers. — Les forêts à Mridbennese We € 5 . 624 Formoz. — Action stérilisante des vapeurs ‘de formol. Fours. — Les fours électriques de laboratoire . . . 286 Fovia. — La double fovéa rétinienne des Rapaces diur- LCR ES AVES 5:96 FRAGILITÉ. — Nouvelle méthode d'essai de fragilité des tubes métalliques . . . - . . . . . + . . . . 66% Fraisace. — Le Fraisage : . (NT Froip. — Les industries du froid ar Exposition univer- selle de San Francisco , . RU — D'un vêtement insubmersible et ‘protecteur contre le froid . . HS RE FROTTEMENT. — Le frottement statique et les propriétés lubrifiantes de certaines substances chimiques * * 606 Feurrs. — Conservation des fruits dans l'eau froide. 424, 457 Fueus. — Les effets d'orientation des lumières mono= chromatiques d’égale intensité sur les spores et les rhizoïdes de lucus . . « . 545 FuzmmarTe. — Recherches sur dre fulminate de mercure et quelques-unes de ses impuretés . . . . . + . 191 G GaLe. — Sur le traitement de la gale des PAPE par les vapeurs de chloropicrine . . . 571 GALvaANOmMÈTREs. — (Galvanomètres inscripteurs à ‘fer mobile. 537 GANGLION. — Histologie pathologique ‘du ganglion de Wrisberg. Paralysie générale . . . . . . . . 30 746 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES , résultats du traitement de GANGRÈNE GAZEUSE. — Les la gangrène gazeuse par le sérum multivalent * — Diagnostic pathogénique précoce de la g. gazeuse GasrTÉROPoDEs. — Sur la rotation de la région anale et du tortillon de la coquille larvaire chez les Gas- téropodes. . - Gaz. — La lumière diffusée par ‘les gas é tion et son intensité. . . . — Les séquelles des intoxications par les gaz de combat. , . x — Variations du courant “photo- électrique produites des sa pose par l'échauffement, l’occlusion et l'émission gaz. . 07 a 0 — Mesure de pe tites quantités d'humidité . : . GeLées. — Le refroidissement du sol pendant la nuit et les gelées de printemps . GENERA. — Genera Mammalium. Monotremata. Mar- Supialla-..- Ste Pelle GÉOGRAPHIE. — Géographie mathématique GLS GÉoLoGiEe. — Revue de Géologie . . . . . . . .20. GÉOMÉTRIE, — Cours de Géométrie analytique GeuminaTiON. — Utilisation de la courbe des limites de la germination des É après séjour dans les solutions . . . APCE AS Et ere) Neil LE Gesnéracées. — Leurs canaux sécréleurs GLAciERS, — L'influence du vent sur la distribution des glaciers . . . Nepliogle GLanpes. — Glandes endocrines el fièvre . de — La radio-sensibilité des glandes à sécrétion interne. Application à la surrénale. , . OS GLoBuLes.— La survie des rs sanguins tranfusés danslacireulation , .,. : Ê GLUGINE. — Traitement du béryl ‘pour en extraire la glucine, . . . GLUGOSIDES. — Synthèses biochimiques de glucosi- CEST 5 drone — Recherches biochimiques expérimentales sur le rôle physiologique des glucosides chez les végétaux.I. GLYCÉMIE. — Glycémie et acétonurie . GLYCÉRINE. — La production de la glycérine aux dépens des mélasses , . : : — La fabrication de la glycérine par fermentation en Allemagne pendant la guerre . . . . . . GLycose. — Utilisation dans les maladies fébriles. GLycosuriE. — Glycosurie et carbonaturie. Glycosurie par la théobromine, , . SENS UE GoMena. — Sur la constitution de l'ile de Gomera. Gourres. — Sur les sons produits par des gouttes tom- bantsurl'eau , , . : - . Gnains. — Difficultés rencontrées dans l'étude des grains par suite de l'incertitude sur l'heure des observa- tions. . site . : . — Sur la prévision des grains orageux en Afrique Occidentale. . GraissEs. — Le rôle des graisses dans l'alimentation. — Technical Handbook of Oils, Fats and Waxes, II. Practical and analytical GRAPHITE. — La formation de l'acide graphitique et là nAtDre du prAPRITE MN TN Ee ee GRAVIFIQUE. — La Gravifique 128, GRAYITATION. — Une nouvelle théorie des ‘rapports de la gravitation et de l'électricité . , — Recherches expérimentales sur la gravitation. 12 24, 634, Grerre. — Recherches sur les greffes de tissus morts, 95 2 — Observations, recherches et traitements. 60, 94, 126, 225, 257, 324, 389, GKROENLAND. — Nouvelle exploration du-Danois Rasmus- sen dans le Groenland septentrional , . . , , . . H HARMONIQUE, — Sur l'harmonique aristoxénienne. . . IHérices. — Recherches sur les causes de la corrosion ou de l’érosion des hélices propulsives . Hézium, — La préparation commerciale de l'hélium GRIPPE. pour le gonflement des dirigeables , , , HéMOGYANINE. — Dissociation des oxyhé imocyanines HÉMOGLOBINES, — Propriétés spectrules de quelques hémoglobines d'Annélides. Hémorysines, — Spécificité des hémolysines naturelles . HÉMORRAGIE. — Sur la cause de l’hémorragie mens- truelle, . , # — Injections de gomme ou de plasma après hémor- ragie. < : 4 Héréniré, — The third and fourth Generation. An in- troductiaon to\Heredity ». + . LR Fee 188 223 36 253 395 700 98 663 426 496 HéréDitTÉé. — Suggestion sur la nature et les causes de l'hérédité ségrégative (caractères mendéliens) et de l'hérédité agrégative (caractères non mendéliens). — L'Hérédité morbide , . . - Hérépo-syxpHiLis, — La pro phylaxie et le traitement collectif des enfants hérédo-syphilitiques ; les asiles Welander. . … . Due : HERMAPHRODISME. — Hermaphrodisme et scissiparité à HEveA. — Heveakanker. . , . 2 CUS HEXAMÉTHYLÈNE-TÉTRAMINE. — Action de l'acide formi- que sur l’hexaméthylène-tétramine . , . . . . . HozLanpe. — La Hollande amie , , Houizze. — L'intoxication arsenicale dans les industries de la houille, , , . DANONE — Recherches sur la chimie ‘de. la houille SAS HouiLLer. — Le nouveau bassin houiller de la région lyonnaise , . LAS ENG — ‘Le terrain houiller du Nord de Ja ‘France, flore et faune). 2 200 A0 — Le terrain houiller de la prov. d'Oran Eee — Structure du bassin houiller du Gard. , , Houes. 66% — La prévision des houles sur la côte du Maroc 405 Huize. — Fabrication d'huile de palme neutre, 99, 292 — Technical handbook of oils, fats and waxes. II. Prac- tical and analytical. . . . QUE , Le 02408 Huirues. — Action des condiments antiseptiques sur le pouvoir infectant des huîtres. . . . a . 291 HumANITÉ. — La différenciation de l’ humanité en types raciaux . 610 HYBRIDE.— Anomalies florales chez les hybrides de Lina- ria vulgaris X L. Stricta . . . 2 PAT HyprAMIDES. — Sur l'oxydation des hydramides +" +:0 0.206098) HYDRATES DE CARBONE, — Recherches récentes sur la biochimie des hydrates de carbone 5 . 363 Hyprocène. — Surles conditions d'utilisation de l'ap- pareil de Schilling pour le contrôle de l'hydrogène industriel. . . 124 — La production del ‘hydrogène par ‘l’action del’ ‘oxyde de carbone sur le chaux éteinte. PR CN, ne ions HyproOLOGIE. — The elements of Hydrology. : 218 HyPERGLYCÉMIE, — Recherches sur l'hyperglycémie provoquée . . . + 399, 498, 0727 HYPOCHLORITE. — Ta Habilisation de l'y pochlorite de chaux . . . 128, 8363 — Action de l'hyposulfite de sodium sur les hypo- chlorites . . . : ‘496 HYPOCRÉALES. — Recherches organogéniques sur quel- ques Hypocréales PPS ECS RIRE 56 I Icrère. — Le spirochète de l'ictère infectieux. ë 60 ImaGes. — Les transformations des images Un par des réflexions multiples, , . . . - |. 656 Immuniré. — Recherches expérimentales si sur l'immunité anti-streptococcique. . . . . . ne 425 — Le rôle des plaquettes sanguines dans l'immunité naturelle LEE Ne ENT PT RE 4:64 — Anaphylaxie etimmunité. RL VS eo °.699, 726 — Immunisation croisée , , hey SERRE — Immunité naturelle chez les Insectes 3 726 INGENDIES. — Sur les incendies provoqués par les ondes hertziennes. , . a Etre NS ATSONRIBE INDES. — La peste aux Indes depuis vingt ans. ,. . "365 — Alimentation du bétail et cultures fourragères aux Indes; 00e TROT — La culture‘du thé aux Indes néerlandaises, 4 5 EG INDIRUBINES. — Sur les indirubines 238 Ixpoz. — Synthèses dans la série de l'indol. Homolo- gues du dioxindol et de l’isatine , . . RE QU) Ixousrtkie, — L'industrie allemande et la guerre : 386 — La réorganisation de l'industrie chimique en France. É 420 INFECTION. — Un nouveau facteur du mécanisme de l'in- fection bactérienne. 327 INFLAMMABILtrÉ. — Les limites d'inflammabilité par di- lution des mélanges gazeux , . ET. LIRE 6% — Inflammabilité de la poudre d’ aluminium. : 640 INFLAMMATION, — L'inflammation des mélanges d’ éthune et d'air dans un vase clos; les effets de la turbu- lence, Menus AN CCR: UE CICR INGÉNIEUR. — Comment devenir ingénieur: par l'Ecole où par l'Usine? . . . rs: PODE — La formation des ingénieurs à ‘l'Étranger t'en France . 288 Inosire. — Sur la ‘synthèse ‘de l'éther hexaphosphori- que de l’inosite et son identilé avec le principe phos- pho-organique de réserve des plantes vertes. 537 ‘ Insecres. — Absence d’alexine dansle sang des insectes. 225 — Action toxique de substances volatiles . , . . . 356 — Une plante dangereuse pour les insectes qui en assurent la pollinisation Ce RE à GH1 {xsrirurs. — Le projet de loi Pottevin et les Instituts techniques d'Universités. . RME D CUS! - 39 Inxsrirurion. — Carnegie Institution of Washington. Vens iBook di(AI18) Me USA NE LINEAR, L5b INTÉGRALES. — Elliptic Integrals . . . . . . . . . 6 INTERSEXUALITÉ, — L'intersexualité chez un Crustacé RÉCENT ER RERO RTE Ions. — Recherches sur le pouvoir ionisant des ions po- sitifs d'un filament de tantale incandescent dans l'hé- res AO MON ON RE ARE RE NOR IRRiGATIONS. — Les irrigations etles arrosages en Syrie eten Palestine CM le lent 0e eh 989 IsATINE. — Sur quelques dérivés de l’isatine . 59, 160 Iscanpe. — The botany of Iceland . . . . . . . . . 90 DRÉRAMION-- Litération 0... 0. 0 0 161 J Jer. — Quantité de mouvement totale et vitesse moyenne du jet de gaz sortant d'un réservoir qui se vide par HNPREUYÉTE. Mer ENST eee Pipe le ile 255 K KanYoOKkYNÉTOsE. — La karyokynétose, nouvelle réaction d'immunité naturelle observée chez les chenilles de Macrolépidoptères. , 569, 663 Kuippes. — Les débris de nappe, ou klippes, de la HÉROS RE PORTE 389, 603 Kysres. — Recherches sur les kystes hydatiques . 258, 358 L LABOHATOIRE. — Les travaux du Laboratoire nalional de Physique anglais en 1917-1918 . . . . . . 65 , . — Les Laboratoires d'enseignement et de recherches de Physique et Mécanique industrielles . . . 233 Laine. — L'action des conditions atmosphériques sur la laine et le drap. . . . 504 Larr. — L'approvisionnement en lait de Paris et de sa DANONE DE D ME ER . 097 0698 Larrue. — Recherches sur le développement comparé de la laitue au soleil et à l'ombre. . . . . . . . . 256 Lamerzes. — Sur les couleurs des stries dans le mica et la radiation des limites dilfractantes des la- MALE SE MR Ne tee re pale e Qu 25 à DO 0) Lampes. — Emploi des lampes à incandescence à atmosphère gazeuse pour la projection dr 3 — Sur le vieillissement des lampes en quartz à vapeur de mercure. SOC. SLR DEC) Po Er TT — Caractéristiques d’oscillation des lampes à trois électrodes utilisées comme générateurs d’oscillations DATÉE OT EE OR MS RU 0. de 21099 LaRyNx. — Pathologie de guerre du larynx et de la trachée. . . 156 Larencr. — Recherches sur les temps de latence. 4, 3 À 698, 699 Laves. — Dacites et dacitoïdes, à propos des laves de LR CON ET RC ER PO TS Er) — Les laves leucitiques de Trébizonde et leurs trans- OR On Te er us ie Poe re 0200 — La constitution minéralogique et chimique des laves des voleans du Tibesti. , . . . . . . . . 570 Lépiporrères. — Etudes sur les Lépidoptères nuisibles, 61, 539 Leucocxre. — Recherches expérimentales sur la fragi- HÉMIOUCOCYÉURE CAS MN UE 0441 498 — Tactisme produit par l’amidon. RCD Lohette 099) Levés. — Application de la photographie aérienne aux levés hydrographiques DE te de 4663 LeVURE. — Sur une levure à copulation hétérogamique. 359 — Le globule de levure dépouillé de sa membrane. , 458 — Formes levures pathogènes observées dans le sang CN SOA Ne TE — La levure vivante provoque-t-elle la fermentation du sucre uniquement par sa zymase . . . . . . 498 LiGue.— La Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge. . 648 Livracées. — Structure du pédoncule des fleurs . . .+ 30 Luie.— Considérations sur l'État sanitaire de la ville de Lille pendant l’occupation allemande . RTE ER LiNALOL. — Nérol et linalol. . . . . . . . . . . . 499 Liquipes. — La détermination exacte des tensions super- ficielles, du poids spécifique et de la conductibilité 2}: 8 4 Us des liquides à des températures très éle- es. at TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 74 1 SE —————"————————— Liquipes. — Pression de vapeur des liquides en lames minces ere. Lire el: Tee: - 424 — Mesure du pouvoir inducteur spécifique . . . . . Lor, — Remarques sur les droites représentant la loi deMonele fi MERE Re Re. 01325 Loncirunes. — Sur un projet du Bureau des Lengiludes relatif à la détermination d'un réseau mondial de longitudes et dé latitudes . . . . . . . . . . . 423 LonocLossiNe: — Découverte d'un glucoside nouveau, laloroglossmie APE TE NENEN 0 ERENT. 20 LuBRIFIGATION, — Le frottement statique et les pro- priétés lubrifiantes de certaines substances chimi- CC POS SOL) Ge NCA UC RTE AS à al MUUE Lueurs. — Sur les lueurs produites par le tir de l'ar- tillerie. Procédé général d'extinction de ces lueurs. 603 Luwière. — La lumière diffusée par les gaz; sa pola- risation etison intensitét.4. M1 02,0 7 Lu OMS — Sur la diffusion de la lumière par les molécules de Mani le 158 — Elements of the Electromagnetic theory of Light. 28 — Sur la vitesse de la lumière dans les milieux trou- CE LA eve I POP ORNE ALES RUOIES MES): Er) — Matière et lumière. Essai de synthèse de la Méca- nique, chimique . . . .) . . . «+ . . . … =: . : 361 — Éa transmission de la parole par la lumière. . . 540 LumiNEscENCE. — Sur les phénomènes de luminescence accompagnant l'oxydation du potassium ou du so- die RM SU ALES — Phénomènes de luminescence électrolytique présen- tés par certaines anodes métalliques. . . . . . . 538 LymPpHANGiTE. — La lymphangite épidémique des Soli- pèdes; traitement . . . . . . . . . . . 188, 257 Lysoropnus. — La structure du Lysorophus, telle qu'elle se montre par les coupes en série. . . . . . . . 460 M MACHINE A VAPEUR. — James Watt. Son rôle dans le développement de la machine à vapeur . . . . . GM4 MacroLériporTÈres, — Cytologie du sang des chenilles de Macrolépidoptères . . . . . . . . . . . . . 538 MapacaAscar.— Les forêts à Madagascar . AE RO RTE MacnéTisme. — Les anomalies magnétiques du Bassin PARISIEN Ne M ra els ne NOEL — Fenomeni elettroatomici sotto l’azione del magne- EE IR SR EE Ge or Pp Macnérire. — Les propriétés magnétiques des variétés detmepnoliel DE NE NE IC NS GR en Macnéron. — Sur les coefficients d’aimantation des gaz paramagnétiques et la théorie du magnéton , rer Mains. — L'éducation et l'utilisation égale des deux mains . . . . a Et ANS MaLanie. — Maladie de C. Chagas au Brésil . . . . . 22% (Les maladies des Sociétés . ; 4... Ru?i MammirèRes. — Les migrations des Mammifères amé- ricains et africains à travers les régions atlantiques sendant les temps néogènes. 123, 157, 188, 357, SOA — Morphologie du centre phrénique . . . . . . . 188 Mawcue. — Le tunnel sous la Manche , . . . . . . 501 Mancanèse. — Dosage volumétrique du manganèse déris Men ACIENS dde ue tete ER US UD _— Le minerai de manganèse. . . . . . . . . . . (641 Manioc. — Sur la farine de manioc et la production HenrRiÈre = et MR ee chielee ess eee ee eV NU MaxomèTre. — Manomètre à levier optique . . . . . 60€ MaxcuERITE. — Variations florales chez la Grande Mar_ guerile (Leucanthemum vulgare). . . . . . . . . 538 Mandes= LeMarocide 1918-0024 --1-0-1 0. 1-01 ob — L'Enseignement professionnel de la fillette musul- | mane et la rénovation des arts féminins indigènes BAUME TOC ME ON A à 0 ee Ur ae Ur = RL — Observations géologiques au Maroc . sat 290 — La prévision des houles sur la côte du Maroc. 108 — Sur la faune ichtyologique des eaux douces du MarOCR- 4 A sn esh lies DE Met HE ED Massres. — Sur une nouvelle forme canonique des mis- OT M EE EP Re VER OO IR Es Marière. — Matière et lumière . . . . . . . . . 301 Matières. — The nalural organic colouring Matters . 453 — Matières premitres africaines. Caoutchouc, Textiles, Maléhes grasse Es to or line US a se ee its 008 Mécanique. — Précis de Mécanique rationnelle , . . ss — La Mécanique. Les idées ct les faits , , . . . . 18% — Notes, Problems and Luboralory exercises in Mechanics, Sound, Light, Thermomechanies and Hydeinlics SN EE TER RAT er CUS Re MÉLANGES. — Appareil pour les réaliser dans un temps trés court ARE CR EE Er à ER MéLAsses. — La production de la glycérine aux Ron des mélasses , ,. . MEMBRANE. — Equilibre à travers des membranes de ferrocyanure et d'alcool amylique. . . . Mesures. — Appareils sensibles PER les mesures en courants alternatifs. . . FN à : MérTaAL, — Propriétés phétdiélecttiques de minces feuilles de métal, . . able Ne — Couches de métal d'épaisseur minima, mesurées par leur f. 6. m. . SE MérALLOGRAPHIE. — Précis de Métallographie microsco- pique et de Macrographie. . . . NON MéTaALLURGIE. — Les industries métallurgiques fran- çaises d'avant guerre. Leur avenir. . . . Méraux. — Sur le PE inducteur HRRTTE des métaux. . . . 1% — L'occlusion des gaz par les métaux à la Société Faraday. . . . L à 5 — Propriétés des métaux soumis à l'action ‘des rayons ® |... . . PEACE — La taille des métaux, d'après les expériences de F. W. Taylor, et la forme rationnelle des outils . . — La fracture intercristalline des métaux sous l'appli- cation prolongée d'un effort, , . . ARRETE — Relation entre les propriétés magnétiques des métaux et leur pouvoir d’ocelusion pour l'hydrogène. MéréoroLoGie. — Sur l'origine et le groupement des phénomènes météorologiques, . . At — Recherches sur une nouvelle méthode de | prévisions météorologiques . , . FRS . . — Quelles sont les conditions météorologiques ‘qui influent sur la santé À MérHyLsuLFATEsS. — Rechérches sur les méthylsulfates. 388, 456, 537, 567, 569, 570, 602, 634, Mica. — Sur les anneaux de Haïdinger dans le mica. — Sur les couleurs des stries dans le mica et la radia- tion des limites diffractantes des lamelles . . . . MicrOBALANGE.— Microbalance simple et peu coûteuse. MicroBes. — Action de l’éther. . . MicropnoNE. — Sur un microphone à alvéoles multi- ples . 6 y bite ts Mieiuée. — Sur la miellée du peuplier : ve ce MiGrATION. — Migration phénylique dans la série télra- hydronaphtalénique. cf DL Minerais, — Sur l'inventaire des minerais de fer dé la presqu'ile armoricaine , . 3 A: à Mines. — Marche des mines flottantes dans l’Âtlan- tique nord et l'Océan as) pendant et après la guerre .! . ne HN ETAT 59 — Les explosifs dans les mines site CES Mirocnonvkies. — Mitochondries et symbiotes MER Mogrriré. — Sur la mobilité des atomes d'hydrogène dansles molécules organiques . . Morzze, — Les réactions pilomotrices et les réflexes pilomoteurs dans les blessures de la moelle Le Mozrusoue. — L'habitude du retour au nid chez un Mollusque pulmoné. , ONDES PES NE — L'hybridation chez les Mollusques SLASENRE nt Mocygoénire, — Sensibilité photo-électrique et pro- , priétés reclifiantes de la molybdénite. . . . . Monnr. — Le système du Monde. ‘Histoire des doctrines cosmologiques de Platon à Copernic, . . . . . . MONOMÉTHYLAMINE. — La préparation de la monomé- thylamine au moyen de la chloropicrine. Moxr-Donr. — Le groupe volcanique adventif ou ‘de superposition du Massif du Mont-Dore . . . , , MoRBIHAN. — A propos d’une submersion récente des côtes du Morbihan , . EME MoRrTaLiTÉ. — Un progrès social. Un moyen simple de diminuer la mortalité infantile et les abandons de nouveau-nés , . Morgur. — Petit moteur à courant direct utilisant des tubes thermo- -ioniques au lieu de contacts glissants, — Les moteurs à explosion dans l'aviation , , , . — Les moteurs Diesel, types fixe et marine, . . . Moucurs. — Contribution à la lutte contre les mouches. — L'hivernage de la mouche domestique . . . , . — Le rôle des mouches dans la propagation de Ja dysenterie bacillaire , . . a UE. — Production expérimentale de Mouches à corne 6 — Rôle des mouches dans la propagation du trachôme, Mousriques. — Le vol des moustiques . . . — La destruction des larves de moustiques dans les eaux renfermant des Chara , … . . Museres. — De la reconstitution de muscles isolés ou de groupes musculaires par la faradisation rythmée OMR OEE 2 MO RUE UPS ML 506 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES , oo Muscues. — Recherches sur la température des mus- cles du squelette dans certains états pathologiques du système nerveux. . . . Le Murarions. — Mutations brusques dans la formation d'une nouvelle race microbienne , , . . .. — Mutation d’une Caridine en Ortmannie et observa- tions générales sur les mutations évolutives des Crevettes d'eau douce de la famille des Atyidés . . MusiLés. — Le rendement professionnel des mutilés.. Myxomycère. — Sur la sexualité chez une espèce de Myxomycète Acrasiée, Dictyostélium mucoroides . . N Napure. — Détermination de la provenance d’un naphte où, doses dérivés Sr QU ENS LOTUS RES RES NATALITÉ.— La natalités, .":° ER Narure. — The order of Nature. An 'essay £ NAYIGATION. — Indicateur jalonneur de route pour la navigation aérienne à l'estime TE STI — Le V* Congrès national de Navigation intérieure. — La navigation rhénane ES A NéguLeuses. — Sur les nébuleuses ‘spirales LAS $ NéMaropes. — Dimorphisme sexuel chez les Nématodes » — Géonémie des Nématodes . , . Nénupuar. — Recherches expérimentales s! sur les causes d'émersion des feuilles de nénuphar. ë NéopLasmes. — L'histogénèse des nécplesrses épithé- JADE À . NEPENTHES. — Etudes biochimiques sur le liquide des urnes de Nepenthes. . NERF. — Sur la régénération ‘fonctionnelle du nerf preumorpasirique ft -eu --METCTENC RE RITEE NéroL.— Nérol et linalol, . . A NeURoLOGIE. — Traité clinique de Neurologie de guerre. Névroses. — Névroses et psychoses de guerre chez les Austro-Allemands . . NickeL. — Dosage du nickel dans les ferro-nickels et dans lesaciers au nickel, .. NouvreiLe-CALÉDONIE. — La Nouvelle-Calédonie et les iles Loyalty. . RL A DUT Nuaces. — Mesure de l'eau dans les nuages , . Nummuzires. — Les Nummulites : évolution et classifi- CAHONL SALUE NRC IE EEE O Ogsecrirs. — Sur le calcul des chjectifs astronomiques de Fraunhofer. . . . OBsERVATOIRE. — The Astronomical Observatories of Jai Singh. . . . . . . . . . . . . . . — Annales de l'Observatoire Royal 5 Belgique. Phy- sique du globe RE: TA Occrusion. — L'occlusion des” gaz par les métaux à la Société Faraday . . . k — Relation entre les propriétés magnétiques ‘des mé- taux et leur pouvoir d’occlusion pour l'hydrogène . Œuvres. — Œuvres de G. H. Halphen . . . . . — La vie etl'œuvre de Léonard de Vinci. . . . . Oursin. — Nouvelles recherches sur l’action inhibitrice exercée par le sperme de Mollusque sur la féconda- tion de l’œuf d'Oursin. . . Oiseaux. — Le temps de réaction de ‘quelques “réflexes chez les Uiseaux . . 4 > SITE — L'énigme du cerveau. des Oiseaux. EUR NT — Le rôle et la valeur économique des Oiseaux Nic Onpe. — Coordination géométrique des vecteurs inter- venant dans la structure et la propagation de l'onde lumineuse, . . RTS © : — La diffraction des ondes électriques par la Terre. — La transmission des ondes En à autour de la Terré it re . S ONDULATIONS, — Ether ‘et mécanique absolue ‘des ondu- Jattons. ADSL MON QE MEN: 07608 OPACIMÈTRE, — Sur un opacimètre destiné aux dosuges bactériens . . SAUT NL OPniprens, — Mue et kératinisation. De OraAGEs. — Sur les orages de froid et leurs trajectoires, — Les orages magnétiques . OnGanismes. — Nouvelles recherches sur la présence d'organismes vivants dans les cellules des glandes génitales mâles . , . . 5 OmieNrATION. — Les effets d' ‘orientation des lumières monochromatiques d'égale intensité sur les spores et les rhizoïdes de Fucus . . OnTiE. — Sur la présence de l'acide formique ‘dans les poils urticnnts de l'ortie . . . : OsciLLarions. — Oscillations électriques non amorties de courte longueur d'onde. , . . . . . . ... . TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 749 —__— —————_—_——— OsacrLLarioNs.— Sur une analogie électro-technique des k oscillations entrelenues , . . ; — Sur la mesure en valeur absolue des périodes des oscillations électriques de haute fréquence . . 423, — Sur l'entretien des oscillations mécaniques au moyen des lampes à trois électrodes , . . . . . OsTÉOGENÈSE. — Processus de l'ostéogenèse, , , à … Osréouocre. — Catalogue raisonné et descriptif des col- lections d'Ostéologie du Service d'Anatomie compa- rée du Muséum d'Histoire naturelle. Mammifères. Pholidota (Pangolins). Tubulidentata (Orycté- ropes).. : 232, Orocrras. — Couches à ‘Oloceras de l'Arménie et de F l'Himalaya., . : OxyDasEs. — Recherches histologiques sur les oxydases — Oxydases et peroxydases des tissus, , . . . . . 1 PALæMONETES. — Influence des conditions de milieu sur les larves du Palæmonetes varians microgenilor Boas. » Parumismur. — La figure du sang dans le HNAURS V2 AAROUUT CEE Den die a à - Parier. — Des microorganismes vivant dans le papier. - Parazys1e. — Nouveaux essais de transmission du tré- È ponème de la paralysie générale au lapin … Parr:cuzrs. — Méthode oscillante pour mesurer les di- r mensions des particules ultramicroscopiques . . . — Enregistrement des particules #, des particules 8 £ et desimpulsions dues aux rayons à etaux rayons ‘a 14 Pavés, — L'augmentation de la résistance des pavés de Dors. Le Te PSE _ Peau. — La température de la peau de l'homme Poudre PezLicuze. — Mesure de l'épaisseur de la pellicule for- mée par les liquides sur le verre et le sable . . . | Péroné. — Le péroné du nouveau-né à la Pierre polie. Peroxxpases. — Recherches sur les peroxydases. 163, — Sur les peroxydases dans les laits, , . . . . . - Pesre. — La peste aux Indes depuis vingt ans . . Pérroze. — La recherche des gisements de pétrole. — Délermination du benzène ct du toluène dans le ï pétrole. . : .’. 3 — Préparation de quelques hydrocarbures volatils acyeliques ou cycliques saturés renfermés dans les y essences de pétrole. . , . — Emploi de la température critique ‘de dissolution (T. GC. D.) dans l’aniine à l'analyse sommaire d’une essence de pétrole DT. COMTE - Puacocyrose. — Sur la vitesse de réaction de la phego- cytose . . . ‘ 21" | Pare. — Phare de grand alterrage avec optique à s réflecteurs métalliques : x — Prédétermination expérimentale en laboratoire de la caractéristique d'un phare à l'horizon. . . . . Puassipes. — La calcium, forme de réserve . . . . _ _— Coaptation des fémurs antérieurs et de la tête Re Puënoz. — Sur la miscibilité du phénol et des liqueurs PIECE NS EUR RP PE … PuosGÈèxE. — Sur la préparation du phosgène , FE PaospHaTE. — Action des iodures alcooliques sur le phosphate trisodique en solution aqueñse . . _PuospnOREesceNcEs. — Phosphorescences de types LCR ES HO AN OP NE EE » Puoro-ÉLecrriciré. — Variations du courant photo- x électrique produites par l'échauffement, l'occlusion et l'émission des gaz. . __ — Propriétés photo- électriques de minces feuilles de metal. 0, : ° PHorockAPHie. — Applications de’ la photographie aérienne à l'agronomie . . . - Puoromérere. — Application de la Photométrie photo- électrique à l'Astronomie . . . è : — Sur une solution de la photométrie hétérochrome. Puoropnorèse. — Action mécanique et osmotique de l'énergie rayonnante sur les milieux qu’elle traverse. Théorie de lu photophorèse , . . Puysique. — Les progrès de la Physique moléculaire. _ !— Leçons élémentaires de Physique LOL Er . | selon les théories modernes . . . - — Lectures on ten British Physicists of the 19th M Gentury. . . .. ‘ ë è Prézo-éLecrriciTé. — L'application de la piéro-électri cité à la mesure des pressions . . ET — Corrélation entre la glande du jabot du pigeon et les glandes génitales. . . , . . . S | Pins. — Sur les tumeurs bactériennes expérimentales Lt PAROISSE 1. EU 3e 289 Î 667 456 190 PiscICULTURE. — La pisciculture d'eau douceen France. 8350 PiTHÉCANTHROPE. — Sur quelques caractères du fémur du Pithécanthrope . . : 289 PLaies. — Recherches biochimiques « sur les plaies de guerre. . ‘ nor. .: 6098125 —"Les lois de cicatrisation des plaies sont-elles ré- ductibles aux lois rate de croissance des orga- nismes, . MR ONU 1e) — Biologie de la pluie de guer re | | à A 354 PLANAIRE. — Sur le déterminisme des deux modes de reproduction d’une Planaire À cornuta Johnson . 424 PLANKTON. — L'action du sulfate de cuivre sur le plank- ton des eaux d'alimentation . , . : 68 PLantes. — Influence de la lumière sur l'absorption des matières organiques du sol. . . 5 :..0189 — Etude spectrographique des cendres de ‘plantes marines . . . . : 223 — Utilisation du glucose et du lévulose par les plan- tes supérieures . . . PRO EE Val — Plantes à parfum et plantes aromatiques T0 287 — Culture et industrie des plantes Pa ML et des plantes médicinales de montagne 693 PLAQUE. — Emploi du violet méthyle pour ‘sensibilis ser les plaques pholographiques dans le rouge . . 163 — Simplification du développement contrôlé des pla- ques autochromes . . ARERRO UE PLaQuerres. — Le rôle des plaquettes sanguines dans l’immunité naturelle . . . . : 46% PLATINE. — Remplacement du platine par un | alliage dans les appareils d'analyse électrolytique . . . . 95 — Réduction du chloroplatinale de K. . .. . 123 — Evolution des solutions d'ac. tétrachloro- “platinique 423 PLarTyskAcui£. — La platybrachie et les races humai- nes néolithiques . . . PO RE ne RE PLÈVRE. — Sur l’endo- -plèvre HR 539 PLomB., — Poids atomique du plomb extrait de la samarskite . . . ANT ME AES S ET) — Sur le poids atomique du plomb-radium re 674 PLure. — La pluie en France. . …_. 92, 1% — Esquisse d’une théorie de la pluie. Influence de l'altitude. , . . noter ds — Sur l'effet produit par l'électricité de la pluie sur un fil isolé . . . . ANS de DRE Poips. — La détermination ‘exacte des tensions super- ficielles, du poids spécifique et de la conductibilité électrique des liquides à des températures très éle vées. us: « FE : 5 — Poids atomique du ‘plomb extrait de la samars- | kite. . : : 331 = Appareil isotonique (isosmotique) pour comparer les poids moléculaires . , . MAS Wii) — Sur le poids atomique du plomb- -radium., ! : : : 678 PoinTAGe. — Sur un système de pointage sur objectif, aériens. 5 TND Porssoxs. — Les Poissons fossiles du terrain houiller du nord de la France . . . RIT ENRR RS E 51 — Sur des poissons fossiles de la région côtière du Congo et sur la présence de l’Eocène dans cette PÉDIDD M. Le NES MEME NA LEE Tete AID Poix. — Le point de ramollissement de la poix. . . . 391 POLARISATEUR. — Sur un nouveau polarisateur . . . 328 POLAkISATION. — Force contre-électro-motrice de pola- risation dans l'acide sulfurique. . . . 388 PoLes. — Sur.le rôlede l'assise nourricière ‘du pollen. 423 PoLLinisaTION. — Une plante dangereuse pour les insecles qui en assurent la pollinisation. . . . . 641 PoLyconacres. — Embryogénie ae .. 290 Pommes. — Sur Ja richesse saccharine des pommes à cidre. : 636 PoruLATION.— The mathematical Theory of population 690 Porasse. — Le champ de potasse d'Alsace . . . . . 42% PoreNTi£Ls. — Influence des diélectriques surles poten- tiels disruptifs . . . . . ile + URSS — Gradient de potentiel électrique et opacité atmo- 3 sphérique à l'Observatoire de Kew ©: 1... 127 — Détermination expérimentale du potentiel d'ionisa- tion pour les électrons dans l'hélium, . . . . . . 226 Poupxe. — Sur les phénomènes qui se produisent dan, la combustion de la poudre en vase clos . | . . . 495 — Sur les poudres Bpures . . . . . . . . . . . 570 — Sur les poudres sans flammes. . . STE 602 PouLe. — De la possibilité, pour les éleveurs, d'obtenir à volonté des mâles ou des femelles dans les races gallines . . . 497 Poumon. — Pénétration d'une substance médicamen- 4 Hofnës 2. ot te 00 * INOPSS SO Y Se "+ © LLIBRARY Z- PR SA | : TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 750 s Poumox, — Ventilation pulmonaire. , , . . 324, 357 RAYONNEMENT. — Intervention de la Chimie dans la — Force élastique des poumons malades, : 567 théorie du rayonnement calorifique. L Pouvoirs. — Existence d'une relation approchée entre Rayons. — Propriétés des métaux soumis à l’action des les deux pouvoirs rotatoire (ordinaire et dispersif). 537 VAYONS LE ee Mode cl ONE TUE NU REIROE OA ERS — Mesure du PORTO inducteur PARUS des FE — Nouvelles observations sur le rayon vert: le CT pre . SVAEU 0); le Wie 7 rayon vert artificiel. . Poux. — L'invasion dés. poux aux Tnebh en campagne —. Simplified method of tracing 1ays through any pendant la guerre de 1914-1918. . 308, 312 optical system of lenses, prisms and mirrors , . PRESSIONS. — Sur les actions mutuelles des basses pres- es Sur la structure spectrale des rayons. . . .. sions. 255 — Sur une modification à la méthode fluorométrique — Sur l'emploi industriel de’ pressions élevées : 65% de mesure des rayons X, el sou application à la — Lois expérimentales des variations de la pression 3 mesure du rayonnement des ampoules Coolidge . barométrique . . . RC . 724 — Spectroscopie des rayons X. Sur le spectre d’ab- PRÉvIsION. — Sur une règle de prévision des variations sorption L du radium, . . . è ONE P barométriques COS coelficient AE RRqe. 158,189, 537 — Enregistrement des particules æ, de. particules 8 RSS — Caractères et ARTS u HET ji et des impulsions He rayons et aux rayons X. Piuncire. — Recherches nouvelles sur le principe de ES Ru FE ae de rayons ; des SÉnen ete IL À DA ar 298 1 “PP ication des A ultra-violels au signa- Prisonniers. — Le syndrome d’hypotrepsie chez les pas F tanlet fond ASC prisonnicrs français rapatriés d'Allemagne. , . , 32% au pret #1 consier e: ondamenta es ere spectro- Prix. — Les prix Nobel . as OO 0 5 . 669 BR nee DH AN d Go £ 28 : b RE 696; PRoBARILITÉ. — Entropie et robabilité IS IDATÉ 135 eCHERCHE. — Le rôle du Gouvernement britannique Prosrcrires. — Les eue inclus dans le médias- dans l'organisation de la recherche scientifique . tin 288 — Création d’un Conseil international de Recherches PROJECTION, — En bor des lampes’ à ‘incandescence à scientifiques. . . . . NE SE 2e atmosphère gazeuse pour la projection É 3 | Récorres. — Magasinage en commun des récoltes ! ProrecrioON. — De la protection maternelle et infantile RéFLExES. — Le temps de réaction de quelques réflexes pendant la quatrième année de guerre dans le camp chez les Oiseaux. . . . . . IN ee car 93 | RérRAGrION. — Méthode par immersion pour la mesure PROTÉINES. — The Physical Chemistry of the Proteins. 661 des indices de réfraction des corps solides . . . . Proréozyse. — Mesure de la protéolyse microbienne 126 | RerRotniSsemENT. — Le refroidissement du sol pen- PKoToGinE. — A propos de la protogine du Mont-Blanc. 666 dant la nuit etles gelées de printemps . . ProrozoAIREs. — La restauration de Ja vitalité par con- RELATIVITÉ, — Le principe de la relativité généralisé jugaison chez les Protozoaires . ? 431 BR etl’Eclipse de Soleil du 29 mai 1919 . . . . + PuiorugéRAnces. — Latitudes héliographiques ‘des pro- EPRODUCTIONS. — Les reproductions photomécaniques tubérances solaires (1880-1918). . . . £ 663 polychromes . : PsEUDO-GRASSERIE, — La pseudo- grasserie, maladie RÉSISTANCE, — Rapports entre la résistance globulaire nouvelle des chenilles de Lymantria dispar. aux solutions chlorurées sodiques et la dimension PsycnrATRiE. — Manuel de Psychiatrie , LA TOATSUNE PE de l'héruatie. . . . — Psychiatrie de guerre . . . ML moe ne den résistance électrique pendant a fu- Psycnoses. — Les psychoses cocaïniques . . on des mélaux. . . Ne Pete es DÉC intégral de cainiques RE — Le coeflicient de température ‘de la résistance de Puceron. — Le cycle évolutif du Puceron lanigère du l'eau à la tension. Pommier (Eriosoma lanigera Haussmann). . . . . 567 RESPIRATION. — Variations dela respiration des cellules Purrs. — Le puits le plus profond du monde. . . . . 544 B de la feuille avec l'âge . . . . : EE Punuse. — Destruction de la punaise des lits (Cimex EssorTs. — Caleul des ressorts. Formules pratique, lectularius Mer.) par la chloropicrine . . . . . . 570 Ré gi pare GES FYÈNC RE Le ee 2 ÉTINE, — Persistance des vibrations lumineuses en Q différentesrégions . . ee à QuanTa. — La formule de Ritz et la théorie des Quanta. 457 | RETOUR au ni. — [' habitude du retour au nid chez nn QUATERNAIRE. — Essai de coordination chronologique É ae GUENE 2 MARS ET RNERRT aa . énérale des temps quaternaires , , . . . . .29, 8356 EVUE. — Reyue de Géologie . : . . : . - . , 8 Ps R ? Trip med Asie mis ban jolis lotte sie — Revueide Botanique. CHANCES CRC Racines. — Le forçcage artificiel des racines, . . 67 — Revue d’Agronomie . . RON CONS , © oui — Sur le lieu d'absorption de l'eau par la racine. 388 — Revue de Chimie minérale . . QME — Modifications FRAMAEAUES des racines par action — Revue d'Astronomie (années 1917 et 1918) . mécanique . . . $ 538 — Revue d'Embryologie . . . . EN !: 680, — Sur l'absorption des sels minéraux par le sommet Ruin. — La navigation rhénane. . : de la racine. . . : 567 — Le trafic du Rhin et le port de Str bourg . RADiaTIONS. — La découverle des objets invisibles par RHône. — L'aménagement du Rhône & . .... 2" les radiations calorifiques . , . è 605 | Ricin. — Sur la culture du ricin à Marseille. . . . . . — Séparateurs de radiations ; application à la spec- RipeAUx. — Sur la genèse des formes de terrain appe- tropolarimétrie . . . ns PT lées rideaux en pays crayeux. . . . . . . 537, — Le pouvoir ozonogénique ‘de Ja radiation solaire à Riz. — Action diurétique du riz. . . l'altitude de l'Observatoire du Mont-Blanc . 696 | Rocues. — Sur la signification et le rôle de la lapiésa- RADIO-ACTIVITÉ, — Radio-activité de l'uranium . . . . 724 tion dans la désagrégation des roches granitiques RADIOGRAPHIE. — Propriété des écrans renforça- en Portugal. . . . ; M do teurs ulilisés en radiographie , . . . ste 262 — Production de fer oxydulé magnétique dans une RADIOTÉLÉGRAPHIE, — Radiotélégraphie par rayonne- roche par le chauffage . b d ment infra-rouge , , 537 — Succession de roches éruptives anciennes dans le RADIUMTHÉRAPIE, — La radiumthérapie ‘des tumeurs en désert arabique La: CR oto-rhino- “laryngologie À 358 —_ Surles roches à Radiolaires des terrains ‘dévoniens Race. — Au sujet de l'épizootie de rage qui ‘sévit dans de la vallée de la Bruche (Alsace) , . D la région parisienne , , , RATE 158, 189 — Sur quelques effets du laminage des roches + RS — Recherches sur la rage: immunité, immunisation, RoTATIONS. — Sur les rotations très rapides , . . . vaccination, ele. . . . TS 191, 258, 291, 498 RouiLLe. — La rouille du fer en contact avec d'autres RAILS. — Sur une cause de rupture des rails et un métaux etalliages , . . CU. CNP moyen de la supprimer, : 634 Roumanie, — France et Roumanie se RCE — Sur un calcul du courant lancé dans le sol par Îles — Collaboration scientifique et universitaire Franco- rails des tramways électriques. . 665 Roumaine . . 6 RAT RArTION. — Ration d'entretien. si ‘370, 495, 538 RUISSELLEMENT. — Sur les! coeffcients de ruissellement RATIONNEMENT. — Bases physiologiques du vationne- des cours d'eau daus le Massif central . . . . ment. . . . 325 | Ruprure. — Sur la rupture prématurée des pièces RAVITAILLEMENT, — Ravitaillement civil de l’ Allemagne d'acier soumises à des efforts répétés , . . . . . penbantlaipuere FN ere MENT ten AUe RuT. — Rut et menstrualion , . . . . . . . . . 165 521 °13 671 703 229 192 568 359 356 575 635 664 696 63% 23 "675 675 696 91 TE ’ TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES EEE S SAGGHARINE. — L'analyse de la saccharine commer- RUE CCE 2 NUE RACE SRE CE UT SAGCHAROSE. — Inversion du saccharose. 423, Samara. — Sur la faune ichthyologique du Sahara Otientale ete pus mel mens Le Mar [Que Sazive. — Pouvoir amylolytique de la salive. UE _— Action de l’ouabuine et de la strophantine sur la secrétion salivaire . . . . . « + + + + + + + Saw. — Différenciation des premières cellules sanguines. — Variation de la masse sanguine chez les blessés . — Sur une méthode de coloration élective du sang paludéen . . . . . . . . — Modifications au moment de — Dosage de l'alcalinité. . . . . + . — Teneur en Ca et My dans l'épilepsie . . . . . . SANTÉ. — Quelles sont les conditions météorologiques qui influent sur la santé? , . . . . . . + . . . SaAucissox. — La maturation du saucisson . . . . . Saumon. — Recherches sur la biologie des saumons. 29, Saunopsinés. — Epiphyses et cartilage de conjugaison. SauTeRELLEs. — L'utilisation industrielle des sauterelles comme Engrais. . «+ + e + + + re + + Saveur. — Saveur el constitution chimique , . . . . ScApoLiTE. — Sur une scapolite des pegmatites de Madagascar constituant une gemme. . . . «+ - - Science. — À short history of Science . . . . . . . SéLecrion. — Les méthodes de sélection appliquées aux céréales de semences. Etat actuel de la ques- RO = Ne ne MN ee, dec me: Met ca: 9, — La sélection humaine. . . . . . . . . . . - - SéLéxiares. — Les séléniates doubles monocliniques du’groupe/duicobalt ... . , . . « -n< Sergie. — Les frontières historiques de la Serbie . . SÉRIE. — Note sur le décrément de l'intensité dans la la naissance , . . . 297 665 307 291 726 30 6l 258 198 698 699 261 290 397 568 575 430 568 28 Séneetbalner ee HU Ne De EE ee 1300 SÉROTHÉRAPIE. — 25 années de sérothérapie antidiphté- RUE 0 NO EE RE OT SéRuM. — Action antagoniste contre les protéases . 126 - Pouvoir antitoxique du sérum et du plasma chez les chevaux producteurs de sérum antitétanique et Enteiphie UP ND SR. CES "190 — Sur la séroréfraction du sérum sanguin. . . . . 191 — Sérums antipneumococciques . . . . . . .« - . 458 — Sur la préparation et la conservation des sérums et vaccins par la dessiccation dans le vide absolu. 635 SEXUALITÉ. — Le conditionnement physiologique des caractères sexuels secondaires . . . . . . . . . 203 Si1FFLETS. — Quelques expériences d'acoustique sur des SUHE LS CE dent Us RUN TON eee NUE 1528 SicnaLemENT. — L'application des rayons ultra-violets ÉpnAlemONnt EME ENNEMI ME IT-IE F1088 SiLice. — Emploi de la silice gélatineuse comme milieu ARNO ASE RME CES RTE Sopammoxium. — Le sulfate de sodammonium, un nou- vel engrais TR RE EST UE LE Os ET O0, Soi£. — La formation des fils de soie . . . . . . . . 36 SiLice. — Sur la silice amorphe précipilée. , . . . 158 Sociéré. — Les médailles de la- Société Royale de LORS TR NON LERE DPRE EEE Sotr. — Les bases physiologiques de la soif , . . 69 Soz, — La stérilisation partielle du sol . . . . 96 Soueiz. — Température centrale du Soleil. . . . . . 188 — Observations magnétiques faites à Buenos-Ayres - pendant l'éclipse annulaire de Soleil du 3 décem- HR RO I PE SR ee PNR An Le tlo delete Je. 060 "Observations faites à Lyon . . . . . . . . . . 725 — Relations remarquables entre les éléments du temelsolairons ee Ml ee ere Dole sv. 721 SozugiuirÉ. — Théorie de la solubilité . . . . . . . 256 SonbaGEe. — Sur un procédé de sondage en mer, à bord d'un bateau en marche, basé sur la propagation du L'on nn ECO CE NE ASPECT Soxnentr. — Fonctionnement de la sonnerie électrique. Expemence dercours 6 et Eu 0 1027 Sons. — Sur les sons produits par des gouttes tombant PRO ER RE. EN MNERE RE DU 0 eue 00 08 — Sur une nouvelle détermination de la vitesse du ÉMRIP Dre. | … eee ace ue de 00125 — La mesure absolue de l'intensité du son . . . 547 — Mesure de la vitesse de propagation des ondes sonores dans l'eau de mer . PRET BE Pre tre DUB — Variation de l'intensité du son émis par les résona- teurs et les tuyaux d'orgue suivant la pression du end aie ee M ect SEUTe 2 672 Sons. — Etude des vibrations sonores de certains gels d'acide siiciquor MONS CREME. -L: 673 — Emploi des tuyaux sonores pour la détermination du nombre de vibrations d’un son quelconque . . . 701 SorGno, — Sur la question du S0TBDO : ee - LUE Soupuxe. — La soudure autogène. Ses progrès pen- Gt DÉMO ONE PSN ERA 5. 00 133 Sourke. — Constilution de la vapeur de soufre 528 SPARTÉINE. — Action de H?0? sur la spartéine , . . . 200 SPEcrREs. — Les spectres des gaz monoutomiques . 226 — Surles spectres d'absorption et les potentiels d'ioni- sation du calcium, du strontium et du baryum. 227, — Emission et absorption dans le spectre infra-rouge du mercure, du zine et du cadmium, . . . . . . 227 — Remarques sur la constitution des spectres d'ab- AONP TON NL NE MESURES DS — Remarques sur la constitution de l'atome et les pro- priétés des spectres de bandes. . 456, 634, 664 — Etude du spectre de lignes du sodium excité par latfinorescence 2eme due Ent UN DD — Sur les spectres des rayons X des éléments . . . 537 — Les spectres numériques . MU ALT Tes RENTAL ERAU — Sur une forme nouvelle donnée aux formules des spectres derlignesi.l. ©"... 4. . . 1469 — Sur le spectre de rayons X du tungstène . . . . . 696 — Spectres émis au voisinage d'une lame de graphite INCAN ESCORT EE MER NE Re ect 724, 00725 SpiRiLLES. — Les spirilles des végétations vénériennes. 358 SriRocuÉTosE. — Travaux sur la spirochétose ictéro- hémorragique NT eee OU RUE STABILISATION. — Sur la stabilisation de l’acroléine. 695 SrarnyLocoours. — Classification des staphylocoques. 225 SraTion. — La Station zoologique de Naples. . . . . 366 — La Physiologie et la Station zoologique de Naples. 368 STATIQUE. — Statique graphique . . . . . . : . 159 Sranisrique. — Statistique agricole annuelle (1916). 323 Sréréoscopie. — Appareil pour l'examen simultané d’un même cliché stéréoscopique par deux personnes. 695 SrEntGMATOCysTIs. — Recherches biochimiques sur le Sterigmatocystis nigra. . . . .*. 59, 158, 228, 292, 697 SrÉéRILISATION. — La stérilisation partielle du sol . 96 STRABISME. — Une nouvelle conception du strabisme et le traitement qui eu dérive. RARES" 2 DNS RSS SuceuLence. — L'origine et le support physique de la succulence chez les plantes . . . . . . . . . . 332 SucrAsE. — Loi d'action LR ORNE CAN" CNET SuLrare. — Action du sulfate diméthyiique sur diverses substances. . 388, 456, 537, 567, 569, 570, 602, 634 SuLroxes. — Sur la stabilité des sulfones formées par les iodures desodium, de rubidiumetdecésium. 457, 538 SumP. — Le Sump, Balanites ægypliaca . . . . . . 702 SurcHAuUrre. — L'emploi de composés chimiques pour déceler la surchauffe des paliers ou des parties de TOR CHIDOSE ee ES EN TR. 1 MATRA? — La surchauffe de la vapeur ; ses avantages, . . . 563 SurorTÉés, — Causes et durées de certaines surdités de puerr es dd NE UNNERMMEUR Te 1.) ECO DEN2A2R — Oreille et surdité du musicien. . . . . . . . . 425 SurFAces. — L'air des surfaces. , , ee Ne EE SuscgrrimiLirés. — Mesure des susceptibilités magné- tquestdiordreteibles ME EN CCD NET — Influence de la constitution moléculaire et de la température sur la susceptibilité magnétique . 571 SYLvICULTURE.— Expériences de sylviculture concernant l'effet deséclaircies. NL ee ATOS NAUnE Sypurzis, — Séro-diagnostic de la syphilis. 60, 125, 292, 498 LA 5 y Tacues. — Sur la nature des taches solaires. . . . . 62 Teua». — Contribution nouvelle à la faune ichthyologi- que dONAC IE CRA EN ONE bon Tecaxique.— Notions de Technique microscopique (ap- plication à l'étude des Champignons) . . . . . . . 661 TéLépbnonte. — Sur un procédé de téléphonie secrète. 537 TEMPÉRATURE, — La température en Chine et à quel- ques stations voisines. . . . . . . . . . . . . 322 — Sur la détermination des températures atteintes dans les réactions explosives, . . . . . . . . . 388 Tem»s. — Sur l'unification du temps astronomique et du ROM DAIGIYI tee US lee irc er ee — Sur la transformation mécanique du temps sidéral en temps moyen, . . PROS 1 © SIONOEMO LS — La cinématographie des mouvements atmosphéri- ques et la prévision du temps . . . . . . . . . 1 TENSIONS. — La détermination exacte des tensions super- ficielles, du poids spécifique et de la conductibilité électrique des liquides à des températures très ÉIBVÉRRE » 0e : — La tension de vapeur des mélanges de liquides : l'Azéotropisme. , , . Ge OA ns À (LISE VE Terre. — La face de la Terre EE ; TesTicpLEe. — Placentomes et choriomes du testicule ; Téranos. — Voie d'absorption de la toxine tétanique, — Le télanos chez les blessés de guerre en 1918 TuauLium, — L'extraction du thallium des poussières Tué. — La culture du thé aux Indes néerlandaises , — La culture du thé dans divers pays . . , . . . Taéories. — Les théories émissives et le PEPneiDs de Doppler-Fizeau . . . , ED . « THÉRAPEUTIQUE. — La thérapeutique jugée par les chiffres. . . ; NEA - TugrMo-ÉLECTRICITÉ, — Thermo-électricité du mer- cure liquide démontrée au moyen du galvanomè- tres." Tisesri. Esquisse géologique du Tibesti, ‘du Bor- kou, de l'Erdi et de l'Ennedi . . . , Eire WA — Les volcans du Tibesti , , . CON es Trrs. — La probabilité dans les tirs de guerre das Tissu coNsoNcrir.— Histogenèse. , . . . . 61, 190, — Disparition dans l'organisme , . . £ — Formation aux dépens de protoplasma mort 5 Tour8e. — La tourbe et son utilisation, , , . . . , — Exploitation industrielle de la tourbe , . . . TourBILLONS. — Sur les tourbillons d'une veine fluide Tours. — Les tours . . . . Toux. — Mécanisme de la toux dans les maladies res- ‘piratoires . . TRAGHÉE. — Pathologie de guerre du jarynx et de latra- chéo tee Mot eue Tuacuome, — Rôle des mouches dans sa propagation. TrAacreurs. — L'emploi des tracteurs BRU l'arrachage des betteraves. . , . TRAiTÉ. — Ce que le traité de paix doit ‘exiger de la science et de l’industrie allemandes , . , , TranspoRTs. — L'organisation économique des trans- ports industriels automobiles dans une grande VLLOP AE SA LT ant ANA De (DE Travail. — Organisation du travail intellectuel — L'Organisation scientifique du travail , TrRémarODEs. — Continuité de la lignée des cellules germinales chez les Trématodes , . VE "E TremMBLeMENT. — Recherches sur le tremblement ROBE Trempe, — Contribution à l’étude de la trempe de cer- tains alliages d'aluminium . . . . TrocHaAnTER. — Mode d'ossification du grand trochan_ ter chez l’homme de la Pierre polie . . . . . . Tromex, — À propos d’une trompe à mercure à remon- tage automatique PRE GES Trougzes. — Troubles mentaux et troubles nerveux de FAO) NE MECS . : ° CANAL E ae TRYPANOSOMES, — Sur Îles variétés acentrosomiques artificielles des Trypanosomes , . . d Tuge. — Un nouveau tube à vide à anode extérieure — L'impression radiographique du tube Coolidge , TuBEeRGULOSE. — Fréquence de la tuberculose pulmo- naire chez les représentants des races colorées im- portées en France, . . — L'état actuel de la chimiothérapie ‘de la lubercu: lose et les difficultés du problème F ‘ — Sur la déclaration obligatoire de Ja tuberculose 225,257,291,324, — La réaction de fixation avec les antigènes de Cal- mette et Massol et le pronostic de ja tuberculose pulmonuire . . . PL DNS LD. ss Te PME — Une épreuve de guérison de ië tuberculose pul- monaire $ — Héliothérapie préventive de la tuberculose chez l'enfunt. L'école au soleil , , RSS CUS — Les acquisitions récentes de la médecine expéri- mentale dont il faut tenir compte désormais dans nos éfforts de lutte antituberculeuse, , , . . . — Contribution à la prophylaxie générale de la tu - berculose humaine — L'alcool benzylique dans la tuberculose ABATTN.- TunisiE, — Statistique générale de la Tunisie (1917) Tumeurs. — Tumeurs dites coccygiennes de Luschka. , Tunnez, — Principes et règles scientifiques pour l’éta- blissement des longs tunnels sous nappe d’eau — Letunnel sous la Manche, , , — Les Tunnels des Alpes . . 503 387 290 430 459 190 196 328 Unée. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES TyPuique. — Mécanisme de l'infection typhique chez le lapin. Vaccination antityphique par la voie buccale Typuose. — Surune épizootie de typhose aviaire 665, Typnus.— Les infections expérimentales inapparentes, Exemples tirés de l'étude du typhus exanthémati- MORE D VUE RATE du liquide ‘céphalo- rachidien ; : : : — Entretien du virus , , , . , , . . U Universités, — Les Universités et la vie scientifique aux Etats-Unis . . . . . Te Us MAIRES Uranium, — Le rouge d’ uranium APR ES AE x — Radio-activité de l'uranium , . UréAsE. — Mécanisme de l'action toxique de l’uréase — Procédé précis de dosage de l’urée dans de faibles quantités de sang . .. Or "= — Formation, par oxydatien des substances organi- ques, d'un terme intermédiaire produisant sponta- nément de l’urée , . . — Le mécanisme de la formation artificielle de l’u- rée par oxydation et la synthèse des principés naturels chez les végétaux , , . . . . … . Ur£grA. — L'Urera Humblotit H. B . , . Unine. — Excrétion urinaire , . . AE Usines. — Installations à hautes tensions et usines centrales. Usure, — Sur les recherches de résistance à l'usure des pièces de machines agricoles . , . . . . . . A4 VAGeiN. — Lipo-vaccin antigonococcique . . . . . — Vaccination contre le virus charbonneux . . ,. . — Le vaccin sec. Technique de sa préparation — Technique de la conservation du vaccin , . . . VACCINATION. — Vaccination jennérienne dans les usi- nes de guerre de la région parisienne F * VALENCE. — La nature de l'uflinité chimique et ja va- lence des atomes , . e n VARDAR. Contribution à la détermination des ni- veuux lacustres de la basse vallée du Vardar, 189, VaIOLE. —La variole à Paris et dans la banlieue pendant la guerre (août 1914 à juin 1919). , . . VéGéraL. — Eléments minéraux et azote chez le végétal VexINs. — Recherches sur les venins , . 309,636, Venr. — Recherches surle vent, sa vitesse, son inten- sité, ses relalions avec les variations des éléments météorologiques et lu prévision du temps . 123,280,356,424,456,457,496,568, 571, 663, — Les cartes des vents à l’ usage des aéronautes. VENTILATION, — Courbe de ventilation pulmonaire. EE VER-LUISANT. — Le ver-luisant provençal . . . Verre. — Mesure de l'épaisseur de la pellicule formée par les liquides surle verre et le sable . . . . . — Pecherches sur le recuit des verres d'optique , . — Sur l'attaque des verres réduits en poudre F1. VerTÉBRés. — Considérations sur la constitution du système musculaire général des Vertébrés . . . VeRRER‘E, — L'effet de lu chaleur sur la verrerie d, laboratoire. . site AUS VÈTEMENT. — L’ antiseptisation des vêtements du com- battant, $ VIANDE, — La consommation de la viande fri gorifiée en France, . . : CAES 5 PATTIAENNRNNES — Produetion de la ne (de pore À VignariON. — Expériences démontrant un effet électri- que dans les métaux en état de vibration , . VIGNOBLES. Lorraine et la reconstitution des vignobles NS tentrionaux éprouvés par la guerre , . ViscosiTÉ, — Sur une application nouvelle de la vis Coste Lt . SEE CORRE PES Fo << VITAMINES. — Vitamines et champignons F st — Larves de mouches et vitamines , . . . , . . Voix. — Timbre chez les sourds et les muets , , , VozcAn. —Le volcan du Sancy.Ses volcans secondaires etibes lache Vi sn Ve TON: NC Z Zinxconium. — Sur le dosage du zirconrum , , . . — La protection des vignobles d’Alsace- - Vues ia #} it este RITES HT Lis Cri iore te CE FREEE